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(Dix heures)
Le Président (M. Desbiens): La commission des affaires
sociales reprend ses travaux pour entendre les personnes et les groupes
intéressés à faire des représentations à
l'égard de l'adoption de la réglementation sur l'organisation et
l'administration des établissements découlant de la loi 27.
Les membres de la commission sont: MM. Boucher (Rivière-du-Loup),
Gravel (Limoilou); Mmes Dougherty (Jacques-Cartier), Harel (Maisonneuve); M.
Johnson (Anjou); Mmes Juneau (Johnson), Lavoie-Roux (L'Acadie); MM. Leduc
(Fabre), Picotte (Maskinongé), Rochefort (Gouin), Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville), Bisaillon
(Sainte-Marie), Blais (Terrebonne), French (Westmount), Hains (Saint-Henri),
Lafrenière (Ungava), Laplante (Bourassa) et Marx (D'Arcy McGee).
Aujourd'hui, il y a d'abord une série de mémoires qui ont
été présentés pour dépôt. Ce sont ceux
de la Corporation professionnelle des physiothérapeutes du
Québec, la Corporation professionnelle des ergothérapeutes du
Québec, la Corporation professionnelle des orthophonistes et
audiologistes du Québec, la Corporation professionnelle des
technologistes médicaux du Québec, la Corporation professionnelle
des diététistes du Québec, l'Ordre des techniciens en
radiologie du Québec, les Conseils consultatifs du personnel clinique,
l'Ordre des chimistes du Québec, l'Ordre des pharmaciens du
Québec et l'Association des biochimistes cliniques du Québec.
Je demanderais à la Corporation professionnelle des
infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec de s'approcher,
s'il vous plaît! en deuxième lieu, la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec; suivront: l'Association des
directeurs généraux des services de santé et des services
sociaux du Québec, la Conférence des CRSSS du Québec et,
finalement, la Fédération des médecins spécialistes
du Québec.
Alors, Mme Boily.
Mme Garon (Claire): Mme Garon, secrétaire de la
corporation.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous me permettez,
j'aimerais dire aux gens qui sont dans la salle, notamment ceux qui
représentent la Fédération des médecins
spécialistes, qu'il n'est pas impossible, compte tenu de la
rapidité de nos travaux, puisque les intervenants ont la gentillesse de
résumer leur mémoire qu'on a déjà lu, qu'on puisse
finir sans devoir revenir ce soir. On pourra étudier tous les
mémoires, probablement trois ce matin et deux cet après-midi.
Le Président (M. Desbiens): Mme Garon. CPIIAQ
Mme Garon: M. le ministre, mesdames, messieurs les
députés, mon nom est Claire Garon. Je suis secrétaire de
la Corporation professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires
du Québec.
Je me permets de présenter ce mémoire sur le projet de
règlement sur l'organisation et l'administration des
établissements. Je vous ferai grâce de la lecture des nombreux
articles; on commencera tout de suite par l'article 1.
Nous constatons que le gouvernement abandonne la définition de
"professionnel" qu'on retrouvait à l'ancien paragraphe d de l'article 1
du règlement d'application de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux (RRQ, chap. S-5, r. 1). Or, cette définition
n'englobait pas les infirmières et infirmiers auxiliaires, membres de la
CPIIAQ. Ils sont pourtant des professionnels à part entière, en
vertu du Code des professions (LRQ, chap. C-26). Le retrait de cette
définition aura pour effet d'établir pour l'avenir la
primauté du Code des professions, quant à la définition du
terme "professionnel", sur le règlement d'application de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux.
Article 8, alinéa premier, paragraphe 7. Cette disposition
stipule: "Le conseil d'administration d'un établissement public doit
adopter des règlements portant sur les objets suivants, lorsqu'ils
relèvent du champ d'activité de l'établissement. "7 la
désignation des actes et la détermination des conditions
prévues au règlement sur les actes visés à
l'article 31 de la Loi médicale qui peuvent être posés par
des classes de personnes autres que des
médecins (RRQ, 1981, chap. M.9, r. 1), et au règlement sur
les actes visés à l'article 36 de la Loi sur les
infirmières et les infirmiers qui peuvent être posés par
des classes de personnes autres que des infirmières ou infirmiers (RRQ,
1981, chap. 1-8, r. 1)".
La CPIIAQ est heureuse de constater que le ministre des Affaires
sociales réitère sa volonté de voir appliquer les
règlements sur les actes délégués.
Nous constatons, toutefois, que certains termes utilisés dans le
premier alinéa de l'article 8 portent à confusion, notamment les
termes "établissement public" et "lorsqu'ils relèvent du champ
d'activité de l'établissement". i) Établissement
public:
En effet, le règlement sur les actes visés à
l'article 36 de la Loi sur les infirmières et infirmiers qui peuvent
être posés par des classes de personnes autres que des
infirmières ou infirmiers (RRQ, 1981, 1-8, r.r, art. 2.02, paragraphe A)
n'établit aucune distinction entre les établissements publics et
les établissements privés. Ainsi l'article 1.01, paragraphe d,
dudit règlement définit le terme "établissement" comme
suit: "Tout é-tablissement tel que défini par la Loi sur les
services de santé et services sociaux."
Il ressort clairement des articles 2.02, 3.01 et 3.02 dudit
règlement que les obligations d'un établissement s'appliquent
sans distinction tant aux établissements publics que privés.
Par ailleurs, il est bien établi qu'un règlement doit non
seulement être conforme à la loi habilitante, mais
également aux autres règlements édictés par le
gouvernement, sous peine de nullité.
D'autre part, l'alinéa 1 de l'article 8 du projet de
règlement est adopté en vertu de l'article 173 paragraphe a de la
Loi sur les services de santé et les services sociaux qui stipule: "En
outre des pouvoirs de réglementation qui lui sont conférés
par la présente loi, le gouvernement peut faire des règlements
pour: a) établir des catégories de familles d'accueil et, au sein
de chacune des catégories d'établissement fixés par la
présente loi, des classes d'établissement et au sein de chacune
des classes, des types d'établissement et déterminer les
activités que chacune de ces classes ou types d'établissement
peut exercer et statuer sur les règlements qu'un conseil
général ou un établissement peut ou doit adopter."
Nous constatons que cette disposition ne fait aucune distinction entre
l'établissement privé ou l'établissement public quant
à l'obligation d'adopter des règlements et qu'on utilise le terme
"un établissement" et non "des catégories d'établissement"
ou "des classes d'établissement" ou "des types
d'établissement".
Le législateur, en accordant un pouvoir réglementaire au
gouvernement, lui a permis, dans l'exercice de ce pouvoir réglementaire,
de faire certaines distinctions entre différentes catégories,
classes et types d'établissement, dans des cas particuliers, mais non en
ce qui concerne le pouvoir de statuer sur les règlements qu'un
établissement peut ou doit adopter. ii) "Lorsqu'ils relèvent du
champ d'activité de l'établissement." Cette terminologie nous
semble permettre une échappatoire au conseil d'administration quant
à son obligation d'adopter un règlement.
Nous comprenons que les établissements de santé n'ont pas
tous le même champ d'activité et les mêmes besoins.
Toutefois, dans le cas des règlements sur les actes
délégués qui ont été adoptés en date
du 11 juin 1980 et qui, depuis cette date, connaissent une application
différée dans la majorité des établissements de
santé, nous sommes d'avis qu'une disposition coercitive s'impose et nous
suggérons comme solution que le gouvernement adopte une disposition
distincte quant à l'obligation pour le conseil d'administration d'un
établissement d'adopter un règlement visant la désignation
des actes et la détermination des conditions prévues aux
règlements sur les actes délégués.
Cette solution aurait pour effet de contourner le problème
créé par l'utilisation des termes "établissement public"
et "lorsqu'ils relèvent du champ d'activité de
l'établissement". iii) Le paragraphe 7 du premier alinéa de
l'article 8: Ce paragraphe nous semble mal formulé, compte tenu que le
pouvoir réglementaire du conseil d'administration de
l'établissement en vertu des deux règlements de
délégation des actes n'autorise ce dernier qu'à
désigner par règlement les actes qui ne peuvent être
posés et à déterminer les conditions locales requises pour
poser ces actes. D'ailleurs, cette interprétation a été
reproduite dans une circulaire récente émise par le sous-ministre
des Affaires sociales aux directeurs généraux des
établissements de santé dont nous nous permettons de citer un
extrait: "De toute urgence, chaque conseil d'administration
d'établissement qui n'a pas déjà tout au moins
identifié les actes infirmiers ne pouvant être posés, doit
procéder, dans les plus brefs délais, à l'adoption d'un
règlement afin de préciser quels sont ces actes."
La CPIIAQ propose, afin d'établir une concordance entre les
règlements sur les actes délégués et le
règlement sur l'organisation et l'administration des
établissements, d'adopter une disposition distincte quant à
l'obligation pour les établissements d'adopter de tels règlements
qui se liraient comme suit: "Le conseil d'administration d'un
établissement doit adopter des règlements portant sur les objets
suivants:
"La désignation des actes qui ne peuvent être posés
et la détermination des conditions locales prévues au
règlement sur les actes visés à l'article 31 de la Loi
médicale qui peuvent être posés par des classes de
personnes autres que des médecins (RRQ, 1981, chap. M.9, r.1) et au
règlement sur les actes visés à l'article 36 de la Loi sur
les infirmières et les infirmiers qui peuvent être posés
par des classes de personnes autres que des infirmières ou des
infirmiers. (RRQ, 1981, chap. I-8, r.1). "Une copie des règlements
adoptés en vertu du présent article est transmise aux
corporations professionnelles qui en font la demande."
Article 18 alinéa premier, paragraphe 3. Cette disposition
stipule que le Comité consultatif à la direction
générale doit analyser et faire les recommandations qu'il juge
nécessaires en ce qui concerne l'élaboration du plan
d'organisation du centre hospitalier.
L'expérience nous enseigne que le plan d'organisation d'un centre
hospitalier prévoit souvent des droits et obligations pour nos membres
alors que celui-ci nous demeure inaccessible.
Nous suggérons qu'une disposition soit ajoutée afin de
prévoir que le plan d'organisation adopté par le centre
hospitalier soit disponible aux corporations professionnelles qui en font la
demande.
Article 55 premier, paragraphe 4: La CPIIAQ est heureuse de constater
que le gouvernement a clarifié l'ancien article 87 en remplaçant
le terme "membre du personnel professionnel" par le terme "membre du personnel
clinique".
Articles 76, paragraphe 2 et 85, paragraphe 2. Ces dispositions se
lisent respectivement comme suit: article 76. "Sous l'autorité du
directeur des services professionnels du centre hospitalier, le chef de
département de pharmacie ou le pharmacien établit et applique des
politiques sur la préparation, la distribution et le contrôle de
l'utilisation des médicaments, drogues ou poisons dans le centre
hospitalier."
Article 85. "Sous l'autorité du directeur général,
le chef du service de pharmacie ou le pharmacien exerce les fonctions
suivantes: Établir et appliquer des politiques sur la
préparation, la distribution et le contrôle de l'utilisation des
médicaments, drogues ou poisons dans le centre." Il est question du
centre d'hébergement ici.
Depuis un certain temps, la corporation constate que plusieurs centres
d'accueil établissent et appliquent des politiques sur la
préparation et la distribution de médicaments ou de drogues
contrôlés qui vont à l'encontre du règlement
concernant les actes visés à l'article 36 de la Loi sur les
infirmières et les infirmiers qui peuvent être posés par
des classes de personnes autres que des infirmières ou infirmiers, en
permettant à des éducateurs ou à des
préposés ou bénéficiaires d'administrer des
médicaments, contrairement à la Loi sur les infirmières et
les infirmiers.
Afin d'éviter d'autres infractions, nous suggérons que le
paragraphe 2 de l'article 76 ainsi que le paragraphe 2 de l'article 85 soient
modifiés en ajoutant la phrase suivante: "...conformément
à la Loi sur les infirmières et infirmiers et au règlement
sur les actes visés à l'article 36 de la Loi sur les
infirmières et infirmiers qui peuvent être posés par les
classes de personnes autres que des infirmières ou infirmiers."
En conclusion, la Corporation professionnelle des infirmières et
infirmiers auxiliaires du Québec espère que ces recommandations
seront étudiées attentivement et que le gouvernement
procédera aux modifications suggérées au règlement
sur l'organisation et l'administration des établissements afin d'en
faciliter l'application. Je vous remercie de votre attention et de votre
bienveillance.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, Mme Garon, pour votre mémoire
extrêmement précis. On vous remercie d'avoir soulevé la
notion de l'établissement public et de l'établissement
privé. Il s'agit pour nous de trouver une formulation, je pense,
satisfaisante et adéquate et d'écrire à nouveau l'ensemble
de ces articles pour s'assurer, dans le fond, qu'on couvre aussi les
établissements qu'on veut couvrir, parce que la notion de conseil
d'administration est un peu différente de la notion de
propriétaire qu'on retrouve dans le secteur privé.
Quant à toute la question qui touche la délégation
des actes - nous sommes conscients que le règlement de base n'est pas
celui-ci, mais celui de la délégation des actes qui
découlent de la Loi médicale et de la Loi sur les
infirmières et infirmiers et est finalement probablement la source de la
formulation que vous trouvez peut-être insatisfaisante qu'on retrouve
dans le projet de règlement de la loi 27 - nous croyons qu'il faut au
minimum - c'était l'objet de la directive envoyée par le
sous-ministre à l'ensemble des établissements - s'assurer qu'en
vertu de l'article 2.02 de l'autre règlement, celui qui est la base de
la notion de la délégation des actes, les établissements
puissent identifier dans un premier temps les actes ne pouvant pas être
posés. Cela nous paraît évident. Vous souhaiteriez
évidemment qu'on s'inspire plus de la formulation de l'article 3.01 qui
est la désignation des actes et non pas l'exclusion de certains actes.
On en est conscient. Je ne pense pas qu'on puisse trancher le débat de
façon définitive.
De toute façon, il ne sera jamais tranché dans notre
société, par définition, dans la mesure où il y a
un champ et une zone grise absolument gigantesque entre les infirmières
et les infirmières auxiliaires dans le domaine hospitalier. Nous prenons
cependant bonne note de certains des commentaires quant aux formulations que
vous nous faites. Nous allons continuer d'insister auprès des
établissements pour qu'ils appliquent l'article 2.02, en souhaitant
qu'ils le fassent.
A l'égard de ce qu'on retrouve à la page 5 au sujet de
rendre disponibles aux corporations professionnelles les plans d'organisation,
je pense que c'est une suggestion extrêmement intéressante. De la
même façon qu'on voudrait rendre accessibles aux corporations
professionnelles, pour les fins d'application de la déontologie ou des
plaintes, les dossiers, encore une fois non pas aux membres, mais aux
corporations en tant qu'entités ayant des responsabilités
spécifiques, je pense que votre suggestion qu'on retrouve à la
page 5, au sujet de l'article 18, s'inscrit aussi avec une certaine
cohérence dans les objectifs qu'on recherche. (10 h 15)
Finalement, vous soulevez la question des centres d'accueil et de la
distribution des médicaments et drogues contrôlés. Nous
sommes extrêmement hésitants à mettre sur pied des
structures et des formulations très très lourdes alors que dans
certains centres d'accueil, par exemple, de réadaptation les
psychoéducateurs ne prescrivent pas, mais peuvent être
appelés à remettre physiquement et, à finalement, faire le
geste que le citoyen ferait avec une ordonnance médicale,
c'est-à-dire prendre le pot puis remettre le médicament avec un
verre d'eau à celui qui en a besoin. On comprend vos
préoccupations à l'égard du contrôle et des actes
qui sont visés à l'article 36. Il n'en reste pas moins qu'on ne
voit pas vraiment l'utilité de se doter de structures très
complexes pour des choses relativement simples. Faudrait-il trouver
peut-être un moyen de supervision général, plutôt que
de voir là-dedans une structure qui s'applique à chaque acte
à chaque moment où il est posé.
Mme Garon: Sans être très complexe, elle pourrait
être très vigilante, compte tenu des conséquences.
M. Johnson (Anjou): Oui. Comment verriez-vous cela très
concrètement? Disons qu'on a un centre d'accueil de réadaptation
dans lequel il y a essentiellement des psychoéducateurs, le personnel de
soutien qui est avec eux et qu'il y a dans le groupe deux ou trois
bénéficiaires qui prennent des médicaments et qui sont
contrôlés par ordonnances médicales, qui sont suivis,
comment voyez-vous la mécanique d'intervention?
Mme Garon: Pour cela précisément je n'ai pas de
réponse concrète applicable tout de suite à vous apporter.
On a été pris devant une situation de fait. On s'est
aperçu que c'était une pratique dans certains centres.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Alors je vous remercie Mme Garon.
Encore une fois on vous remercie de la qualité de votre exposé,
de la précision de votre mémoire, merci infiniment.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux remercier la
Corporation professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires du
Québec pour leur mémoire. Le ministre a repris chacun de points
que vous apportez. Moi, je suis très sensible à la proposition
que vous faites à l'article 8. Dans le fond c'est peut-être
ça... Je ne veux pas minimiser l'importance des autres recommandations
que vous faites, mais ceci est vraiment le point le plus litigieux et qui reste
en suspens depuis trop longtemps. Je comprends que vous vouliez profiter - je
ne le dis pas dans un sens péjoratif - de la rédaction des
règlements pour demander que ce point soit clarifié. Et je
réalise que le ministre vous fait une réponse tout à fait
semblable à celle qu'il m'a faite lors de l'étude des
crédits - je l'ai devant moi - le printemps dernier, quand il m'a dit: -
je vais le résumer, parce que l'échange a été assez
long - les Français ont crié cela au Moyen Âge et ils ont
encore des problèmes, en parlant de la délégation des
actes et des interférences entre les responsabilités des
différentes corporations professionnelles.
M. Johnson (Anjou): C'est un philosophe.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre est un philosophe?
M. Johnson (Anjou): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui, ou un historien.
M. Johnson (Anjou): Pas si pire que ça
j'espère.
Mme Lavoie-Roux: II reste qu'il y a là un problème
qui a été débattu très très longtemps, qui a
donné lieu à une commission parlementaire qui a duré aussi
très très longtemps. Je pense que c'était l'ancien
ministre de l'Éducation qui était responsable, à ce
moment-là des corporations professionnelles. Nous avions entendu
à peu près les mêmes personnes que nous entendons depuis
quelques jours sur le fameux projet de règlement. Et le tout
s'était terminé par un
décret qui, espérait-on, aurait réglé
certaines choses. Dans la réalité - là je pense que le
ministre pourra me corriger, il est certainement plus au courant des faits dans
les différents établissements; peut-être que vous autres
pourrez nous dire exactement comment les choses se passent - il semble bien que
chacun y va selon ses propres décisions. Dans les faits, il y a peu de
choses de changées en dépit du décret, qui a
été adopté après de nombreuses journées de
représentations, assez vives à certains moments, si ma
mémoire est bonne.
Mme Garon: Vous décrivez assez bien l'état de
fait.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre pourrait peut-être alors me
dire comment il se fait que, finalement, on en laisse l'application aux humeurs
de chacun.
M. Johnson (Anjou): En vertu du règlement lui-même.
Dans le règlement auquel on se réfère il y a une
responsabilité spécifique qui est accordée... Ce n'est pas
le ministère des Affaires sociales qui dit: Dans le fond, on va laisser
ça aux humeurs de chacun des établissements. On constate que la
pratique est très différente selon les établissements, et
c'est pour ça qu'on a été appelé à envoyer
cette directive du sous-ministre récemment, incitant les
établissements à procéder en vertu de 2.01 du fameux
règlement que vous évoquez, parce que 3.01 dit que ce sont les
établissements qui le font.
Donc, on n'a pas le pouvoir, à moins qu'on modifie le
règlement de l'office, d'obliger les établissements. On souhaite
simplement, puisque je vois des représentants de l'association des
hôpitaux, qu'ils y voient, avec insistance. Et probablement que l'un des
mérites de la présence de Mme Garon ici, aujourd'hui, aura
été de nous amener à réitérer notre
volonté de voir les établissements hospitaliers procéder
à l'application de 2.01, en vertu des pouvoirs qu'ils ont à
3.01.
Encore une fois, ce n'est pas tellement qu'on veut laisser ça
aller aux humeurs; on leur a rappelé qu'ils ont une
responsabilité et on leur demande d'assumer cette
responsabilité.
Mme Lavoie-Roux: II faut bien se rendre compte que cela a
différents types de répercussions, selon que l'on
délègue ou qu'on ne délègue pas ou qu'on fasse un
choix dans la délégation des actes délégués.
Cela a des répercussions au plan de l'engagement - et, comme à ce
moment-ci on n'engage pas tellement de personnel - au plan de la suppression
des postes. C'est pour ça que le problème devient aigu. Je ne le
fais pas politiquement, mais il reste qu'il y a 18 000 auxiliaires
infirmières au Québec qui ont rendu d'énormes services et
qui continuent d'en rendre. Je pense qu'on n'a pas le droit de les traiter, pas
plus qu'on n'a le droit de traiter n'importe quelle autre profession selon que,
budgétairement, ça fait notre affaire ou que ça fait
l'affaire d'une autre corporation. Peu importe le fond du litige sur lequel je
ne voudrais pas poser de jugement final, parce que je suis certaine qu'il y a
des éléments qui peuvent me manquer, il reste que strictement au
plan de la justice et du désir du législateur, je comprends que
c'est par règlement, mais il reste quand même que cela a
été discuté longuement ici à l'Assemblée
nationale. En tout cas, je ne sais pas, vous dites: à moins qu'on
l'introduise dans le règlement actuel, et vous ne voulez pas
l'introduire à cause des contraintes que vous impose le Code des
professions. Alors, ce n'est pas de votre ressort?
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire, à la rigueur...
Soyons clair, ça pourrait être du ressort du gouvernement de le
faire, mais par une modification du règlement initial, qui est celui qui
relève du ministre responsable du Code des professions. Cela ne
demanderait pas un amendement législatif; je ne crois pas. Il faudrait
un changement dans la réglementation, sauf que ça ressort
évidemment d'un débat qui est particulièrement difficile.
Je veux simplement dire à la députée de L'Acadie que je
suis très sensible à ce qu'elle me dit. Le paradoxe
là-dedans, c'est que si le ministère avait juste une vision
budgétaire de cette question, il aurait plutôt tendance à
être favorable à la position des infirmiers et infirmières
auxiliaires, dans la mesure où c'est un personnel... Plus la zone grise
est occupée par les infirmiers et infirmières auxiliaires, on
pourrait dire qu'il y a l'équation simpliste qui nous amènerait
à considérer que moins ça va coûter cher, parce que
de fait les infirmières diplômées ont en
général des niveaux de rémunération plus
élevés que les infirmières auxiliaires. Le but de la
souplesse introduite à l'article 3.01 dans le règlement du
ministre responsable du Code des professions, c'était de dire qu'il faut
donner la souplesse nécessaire pour que Chibougamau ne soit pas
considéré sur le même pied que Notre-Dame, puisque la
réalité est très différente. On sait très
bien que dans la mesure où les règlements ne sont pas
adoptés, cependant, ce qui s'est passé à l'époque
des compressions budgétaires les plus importantes c'est que celles qui,
en général, ont écopé le plus, c'étaient les
infirmières auxiliaires. Non pas parce qu'elles "coûtaient plus
cher", mais beaucoup plus parce que les infirmières
diplômées étaient dans des positions stratégiques
des établissements, à la direction des services infirmiers, par
exemple, pour prendre ce type de décision, et que leur décision,
ma foi,
s'explique un peu par quelques affaires assez fondamentales dans la
nature humaine. On essaie de se protéger avant de protéger les
autres. Effectivement les infirmières auxiliaires, à certains
endroits, ont écopé dans ce contexte-là. Mais il reste
que, globalement, dans la mesure où on envisagerait qu'on n'aurait plus
à vivre des situations aussi difficiles, sur le plan des effectifs, les
préoccupations de la députée de L'Acadie on les a aussi.
On pense que si les établissements appliquaient l'article 2.02, en vertu
du pouvoir habilitant qu'ils ont en vertu de l'article 3.01 de l'autre
règlement, normalement ça devrait, en tout cas, permettre
d'atténuer ces événements-là qui ont
été plus importants, qui ont été connus. Je pense
que cela reste la meilleure voie, que cela reste la solution qu'il faut
privilégier pour des besoins de souplesse, et du fait qu'on pense qu'il
faut que les établissements assument leurs responsabilités.
Mme Lavoie-Roux: Oui, là-dessus, vous savez qu'on s'entend
bien. Les établissements assument leurs responsabilités, mais il
reste que j'ai l'impression qu'il y a un peu de laisser-faire de la part du
gouvernement ou du ministère à cet égard, puisque dans le
fond, la volonté du gouvernement a été exprimée par
le décret qui rendait officielle la nature des actes
délégués. Je comprends que ce n'est pas une
responsabilité directe -vous l'avez expliqué - du
ministère, mais quelque part il y a un décret qui dit qu'il y a
tel type d'actes qui sont délégués et on passe à
côté du décret pour... Enfin, on pourrait rentrer dans
toutes sortes de considérations. C'est comme si le ministre disait:
Bien, écoutez, c'est vrai que le décret est là, que c'est
tel type d'actes qui doivent être délégués, mais on
va laisser la nature prendre soin de ces choses-là.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire que ce que le
règlement dit, c'est qu'il y a des actes qui peuvent et d'autres qui ne
peuvent pas être posés pour les fins de respecter la
diversité des établissements, la situation relative qui est
différente. Il y a certains hôpitaux - qui ne sont pas
légions, je le reconnais - par exemple, où les infirmières
auxiliaires jouent un rôle, je dirais presque dominant dans
l'activité clinique non médicale - encore une fois, ce n'est pas
la majorité des cas, je le sais - et où ces
problèmes-là sont réglés peut-être plus
rapidement par la force des choses ou en tout cas, je dirais quasiment par le
rapport de la force professionnelle dans le milieu. Mais il reste que le
règlement ne dit pas: Voici les actes interdits, puis voici les actes
délégables, et puis c'est comme ça. Le règlement
dit: II y a des actes qui peuvent être exclus, il y a des actes qui
peuvent être posés par certains groupes, d'autres qui ne peuvent
pas l'être et on dit qu'il appartient à chacun des
établissements, à l'intérieur de cette
réalité, de procéder aux désignations ou de
procéder aux exclusions. (10 h 30
Le ministère non seulement ne se contente pas de laisser aller la
loi de la jungle, il essaie de vivre avec une certaine cohérence ce qui
a été décidé dans le cadre du règlement
qu'on invoquait tout à l'heure, puis il fait des pressions. Il n'y a pas
une fois où j'ai rencontré le président de l'AHQ où
je ne lui en ai pas parlé depuis deux ans. Chaque fois que je le
rencontre, je lui dis: Je présume que ça avance, la
délégation des actes.
Puis, le sous-ministre a envoyé une directive qui a
été très longue à élaborer, très
complexe. C'est rare que le sous-ministre envoie une directive de cette nature;
on pense que normalement les gens devraient comprendre cela. Ils savent
très bien que s'ils ne le font pas, ils vont nous mettre un jour dans
l'obligation de trancher puis le jour où on va trancher, les gens vont
venir nous expliquer ici que c'est bien épouvantable que le gouvernement
vienne tout normer au niveau national. Alors, on souhaite encore une fois que
cette discussion nous permettra de faire des pressions additionnelles sur les
établissements.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas l'intention de modifier
l'article 8, de considérer la requête...
M. Johnson (Anjou): Dans la formulation actuelle, non, pas
à ce stade.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je vous remercie Mme Garon.
M. Johnson (Anjou): Merci madame.
Le Président (M. Desbiens): J'invite la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
à s'approcher, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Si vous permettez, est-ce qu'il y a quelqu'un
de l'Association des directeurs généraux qui est ici? Si on
pouvait les aviser... M. Perreault, les DG sont-ils là? Il serait
peut-être utile qu'ils viennent se présenter devant nous, il y a
des chances qu'on puisse les entendre ce matin.
Bonjour, madame.
Le Président (M. Desbiens): Dr Richer FMOQ
M. Richer (Clément): M. le Président, mesdames et
messieurs les membres de la commission, je voudrais tout d'abord vous
présenter les gens de notre table. Partant de
l'extrême droite, le Dr Gilles DesRosiers, omnipraticien et
directeur des affaires professionnelles à la fédération,
le Dr Jean Rodrigue membre du bureau de la fédération, le Dr
Rodrigue pratique depuis dix ans, je pense que c'est notre plus ancien
médecin de CLSC à Lac-Etchemin; le Dr Georges-Henri Gagnon,
premier vice-président de la fédération; il est
omnipraticien depuis 24 ans à Rimouski; Me François Chapados,
conseiller juridique et chef négociateur de la fédération;
Me Nicole Fournier, chef du contentieux à la fédération et
le Dr Georges Boileau qui est omnipraticien et directeur des communications
à la fédération.
M. le Président, je vais essayer d'écourter un petit peu
notre mémoire. Je vous l'ai soumis, comme on devait le faire, à
votre attention. Je vais résumer peut-être les deux premiers
chapitres, les préambules, les paramètres et peut-être
insister un peu plus longuement sur l'organisation médicale pour revenir
au résumé au moment de nos remarques sur le chapitre qu'on a
intitulé "Le médecin" et les conclusions.
Depuis quelque vingt ans, la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec mène une lutte de tous
les instants en vue de la promotion de l'omnipratique en milieu institutionnel.
C'est pourquoi la fédération attache une importance capitale aux
règlements susceptibles de découler de l'application de la loi
27, loi qui, on le sait, privilégie la voie réglementaire. Selon
la FMOQ, cette réglementation édictera en effet et ce, pour de
nombreuses années à venir, les bornes principales qui encadreront
la pratique institutionnelle de la médecine générale.
Les commentaires et recommandations contenus au mémoire de la
fédération s'inscrivent à l'intérieur de
paramètres bien déterminés. Ceux-ci correspondent à
autant de préoccupations de la fédération et ont pour
noms: sens du réalisme, volonté de participation des
médecins omnipraticiens au fonctionnement du réseau
institutionnel, dignité individuelle ou collective des dispensateurs de
soins médicaux, suite logique de l'action gouvernementale en
matière de démographie médicale et, enfin, volonté
d'action au niveau de l'agir politique et réglementaire.
Je vous reporte maintenant, pour l'organisation médicale,
à la page 8 de notre mémoire. En matière d'organisation
médicale, le projet de réglementation soumis pour étude
parle de deux façons distinctes: d'une part, par son contenu en regard
des centres hospitaliers et des centres d'accueil et d'hébergement;
d'autre part, par des silences à l'endroit des CLSC et des centres de
réadaptation. Les commentaires qui suivent s'inspirent d'ailleurs de
cette dichotomie. Ceci étant, nous traiterons de l'organisation
médicale que propose la réglementation en regard des centres
hospitaliers, des centres d'accueil et enfin des centres locaux de services
communautaires.
Lors de la présentation de son mémoire en commission
parlementaire, relativement au projet de loi no 27, la fédération
avait demandé que, par la loi, soit décrétée
l'obligation pour tout centre hospitalier, désigné ou non, de
prévoir la formation d'un département de médecine
générale; que par réglementation soit
précisée la vocation clinique du département de
médecine générale, notamment en ce qui a trait aux
services d'urgence de première ligne et aux services externes
généraux et, enfin, lors de la discussion susceptible d'entourer
l'adoption d'un règlement en application de la loi 27, qu'il soit
discuté de la vocation du département de médecine
générale vis-à-vis de certaines unités de soins que
l'on retrouve en centres hospitaliers de courte durée, notamment les
unités pour malades chroniques et soins prolongés.
Pour ce qui est du projet de réglementation soumis, celui-ci
propose, quant à l'existence du département de médecine
générale, que les CH mentionnés à l'annexe 4 soient
exemptés de l'obligation d'avoir un département de
médecine générale; que le plan d'organisation de tout
autre CH de courte durée prévoie la formation d'un
département de médecine générale à vocation
clinique et, quant aux fonctions et attributions de ce département, que
le plan d'organisation d'un centre hospitalier peut prévoir que le
département clinique de médecine générale comprend
les services d'urgence, les soins externes généraux et les soins
prolongés.
En ce qui a trait à l'existence du département de
médecine générale, trois constats s'imposent:
Premièrement, la fédération note avec satisfaction la
vocation clinique que le projet octroie au département de
médecine générale. Selon elle, il s'agit là d'une
clarification qui atteste de façon non équivoque de la place qui,
en milieu hospitalier, doit être faite à la pratique de la
médecine générale. Deuxièmement, en ce qui a trait
aux centres hospitaliers visés à l'annexe, la
fédération peut comprendre l'approche que véhicule le
projet de réglementation soumis. Troisièmement, la
fédération souscrit entièrement à la
réglementation soumise lorsque celle-ci, à l'exception des
centres hospitaliers visés à l'annexe 4, propose pour tout autre
centre hospitalier de courte durée l'établissement obligatoire
d'un département de médecine générale.
À cet égard, la réglementation soumise appelle
l'appui inconditionnel de la fédération et des 6000
médecins omnipraticiens qu'elle représente. Il devrait d'ailleurs
en être ainsi du bénéficiaire, puisque la dispensation
rationnelle, fonctionnelle et efficace des
soins de santé présuppose, en milieu institutionnel, une
organisation qui réponde à ces mêmes critères.
En ce qui a trait, néanmoins, aux fonctions et attributions,
l'article 67 du projet de loi les octroie aux départements de
médecine générale dans les termes suivants: "le plan
d'organisation peut prévoir que le département clinique de
médecine générale comprend les services d'urgence, les
cliniques externes de soins généraux et les soins
prolongés."
La fédération déduit du libellé
proposé que le législateur n'entendrait pas, par voie
réglementaire, statuer de façon complète et
appropriée sur les rôles et fonctions du département
clinique de médecine générale, notamment pour ce qui est
des soins d'urgence de première ligne, des soins externes
généraux et des soins prolongés. La
fédération ne peut que s'opposer avec la plus grande
énergie et détermination à la voie facultative qu'annonce
la réglementation soumise. Selon la fédération, cette
approche va à l'encontre de la vocation première de toute
réglementation qui est celle d'ordonner la matière sur laquelle
elle porte d'une façon rationnelle, fonctionnelle, juste et efficace,
critères que le projet soumis ne rencontre pas à cause de
l'emploi qu'il fait du vocable "peut" et des situations d'abus qu'il risque de
perpétuer.
En matière de réglementation, il y a telle chose que la
norme; il y a également telle chose que l'exception. Celle-ci ne doit
pas pouvoir se substituer à celle-là. Pas plus d'ailleurs que
celle-ci ne doit rendre celle-là inapplicable, inefficace ou
inopérante.
Pour ce qui est des soins d'urgence de première ligne ou des
soins externes généraux, les quelques rares exceptions qui
existent encore, sont à l'origine le fruit d'injustices historiques que
la fédération ne peut cautionner directement ou indirectement en
acquiesçant à une réglementation susceptible d'assurer la
perpétuation de ces injustices.
Enfin, toujours pour ce qui est des fonctions et attributions qui
devraient être celles du département de médecine
générale, la fédération note que le projet soumis
est silencieux en regard du rôle que celui-ci devrait jouer en rapport
avec le fonctionnement de toute unité d'enseignement clinique de
médecine générale ou de médecine familiale
susceptible d'exister dans un CH affilié, parmi lesquelles les
unités de médecine familiale (UMF) actuellement existantes.
Cette remarque n'a pas de quoi surprendre. D'une part, les
médecins omnipraticiens devront accroître dans l'avenir leur
participation à l'enseignement de la médecine
générale aux résidents et aux internes. D'autre part, il
importe que cet enseignement clinique puisse refléter le plus
fidèlemnt possible les situations et milieux dans lesquels auront
à exercer les futurs médecins omnipraticiens.
Enfin, sur un plan structurel et organi-sationnel, il importerait que
dans tout CH affilié dispensant de l'enseignement dans le cadre d'un
programme de formation en médecine générale ou en
médecine familiale les rôles, fonctions et attributions du
département de médecine générale soient
précisés à cet égard.
À l'ensemble des motifs qui précèdent, la
fédération recommande donc que l'article 67 du projet de
réglementation se lise dorénavant comme suit: "À
l'exception des centres hospitaliers mentionnés à l'annexe 7, le
plan d'organisation d'un CH de soins de courte durée doit prévoir
la formation d'un département clinique de médecine
générale. Le plan d'organisation doit également
prévoir que le département clinique de médecine
générale comprend les services d'urgence de première
ligne, les cliniques externes de soins généraux et les soins
prolongés, de même que toute unité d'enseignement en
médecine générale ou en médecine familiale existant
dans l'établissement."
Toujours en ce qui a trait à l'organisation médicale en CH
de courte durée, les commentaires de la fédération
porteront enfin sur les articles 17, 66 et 71 du projet de
réglementation soumis.
Pour ce qui est de l'article 17 du projet de réglementation,
celui-ci propose la création d'un comité consultatif à la
direction générale des centres hospitaliers. La
fédération souscrit, en principe, à cette initiative.
Selon elle, il s'agit là d'une expérience de gestion qui
mérite un essai loyal de la part de tous ceux qui ont à coeur le
bon fonctionnement des centres hospitaliers.
Urgence de première ligne; soins externes généraux
et, enfin, soins prolongés. Ce sont là autant de champs
d'activité qui, dans un CH, occupent une position
névralgique.
Pour sa part, l'urgence de première ligne est la porte
d'entrée du CH et le grand public est très sensible à son
bon fonctionnement; l'on ne saurait ignorer par ailleurs les problèmes
qui, à ce niveau, se sont posés au cours des dernières
années. La même remarque vaut également pour les
unités de soins prolongés qui existent en CH de courte
durée. Enfin, quant aux soins externes, le fonctionnement rationnel et
efficace de cette unité ne saurait échapper à quiconque se
préoccupe des coûts qu'entraîne toute hospitalisation.
À ces motifs, la fédération propose que le chef du
département de médecine générale soit membre
d'office de ce comité consultatif.
En conséquence, la fédération recommande donc que
l'artilce 17 du projet de réglementation soit amendé de
façon qu'il
se lise dorénavant comme suit: "Le CA d'un CH doit constituer un
comité consultatif à la direction générale. Outre
le directeur général qui le préside, ce comité est
composé des cadres supérieurs et des chefs de départements
cliniques désignés par le conseil d'administration, de même
que du président du CMD, du chef de département de santé
communautaire, du chef de département de médecine
générale et de la personne responsable de la coordination de
l'enseignement dans l'établissement."
En ce qui concerne l'article 66 de la réglementation soumise, la
fédération note que cette disposition statue simultanément
sur deux réalités bien distinctes, soit les règles de
soins applicables à un acte médical, d'une part, et, d'autre
part, ce qui semble être la juridiction ratione materiae des
départements cliniques.
En ce qui a trait aux règles de soins applicables à un
acte médical, l'article 66 du projet soumis énonce le principe de
l'unicité des règles de soins applicables à tout acte
médical. La fédération ne peut que souscrire
d'emblée à ce principe. À cet égard, d'ailleurs, le
libellé de cette disposition lui apparaît adéquat et
mériterait d'être conservé. La fédération ne
peut cependant en dire autant du libellé apparaissant au début de
ce même article, libellé énonçant: "Les
départements cliniques prévus au plan d'organisation d'un CH ne
doivent pas couvrir les mêmes activités médicales et
dentaires qu'un autre département clinique."
Tel que déjà noté, cette disposition semble
référer à la juridiction ratione materiae des
départements cliniques par rapport aux activités
médicales. Notant l'ambiguïté qui découle des
vocables "activités médicales" employés seuls, la
fédération soumet que le libellé proposé sera
difficilement applicable et source d'une grande confusion au niveau de son
interprétation.
Ceci étant, la fédération propose donc que la
première partie de l'article 66 soit supprimée et que cette
disposition, pour l'ensemble des motifs qui précèdent, se lise
dorénavant comme suit: "Les départements cliniques
élaborent les règles de soins relatives aux activités
médicales et dentaires relevant de chacun d'entre eux. Chaque acte
médical doit être soumis à des règles de soins
uniques, approuvées par le CMD."
Cette formulation a, selon la fédération, le mérite
de permettre d'en rester à un certain statu quo réglementaire. En
outre, même si les vocables "activités médicales" s'y
retrouvent, ceux-ci sont employés en conjonction avec les mentions
relevant de chacun d'entre eux, mentions reflétant les consensus de fait
qui, en la matière, existent dans les divers centres hospitaliers. (10 h
45)
Enfin, en rapport avec l'article 71 du projet de réglementation
soumis, disposition qui édicte: "Le chef de chacun des
départements cliniques, à l'exception de celui visé
à l'article 67, doit être un médecin détenteur d'un
certificat de spécialiste de la Corporation professionnelle des
médecins du Québec et être membre actif du conseil des
médecins et dentistes du centre hospitalier", la
fédération n'hésite pas à souscrire volontiers
à cette formulation pour autant cependant, et à la condition
expresse, que l'on donne suite à ses recommandations concernant les
rôles, fonctions et attributions du département clinique de
médecine générale. Dans la perspective de la position
qu'elle a prise en matière d'organisation clinique, la position que
prend la fédération en regard de l'article 71 est donc
parfaitement logique et conséquente.
Dernière remarque qui n'est pas sans pertinence, l'approche
qu'adopte la fédération envers les articles 67 et 71 du projet de
réglementation soumis, tout en tenant compte du présent et de
l'avenir de la profession médicale, ne fait que traduire, au plan de
l'organisation de la pratique médicale en CH, le contenu de certaines
dispositions de l'entente récemment conclue entre le ministre et la
fédération, nommément les paragraphes 2.01 et 2.02 de cet
accord.
Centres d'accueil. Dans un mémoire préparé en mai
1982, l'Association des centres d'accueil du Québec, rejetant toute
velléité d'installation d'une unité de services
médicaux ou toute autre structure similaire tel un département de
médecine générale, par exemple, proposait la
création d'un poste de médecin responsable à vacation, ce
dernier devant relever du directeur général ou de son
représentant.
La fédération a déjà stigmatisé cette
approche qui, en plus de traduire une soif de pouvoir et de contrôle
bureaucratique, proposait une structure d'autorité
étrangère aux notions de participation auxquelles croient les
médecins omnipraticiens du Québec, structure incompatible avec
l'exercice d'une profession telle la médecine.
Des articles 79 et suivants du projet de réglementation soumis,
la fédération retient donc que le ministère signifie par
là sa volonté de ne pas s'engager dans un consensus
organisationnel qui, en fin de compte, constituerait un état de servage
déguisé pour les membres de la profession médicale
appelés à oeuvrer dans ce type d'établissements.
Quant au contenu des articles 79 et suivants précités, la
fédération note que ces dispositions prévoient la
formation d'un service médical dans tout centre d'accueil et
d'hébergement où exercent au moins trois médecins; la
nomination d'un médecin responsable; l'octroi à celui-ci de
pouvoirs précis, et enfin, l'établissement d'un lien
direct entre le médecin responsable et le conseil
d'administration de cette catégorie d'établissement.
La fédération souscrit d'emblée au contenu de ces
dispositions qui, néanmoins, gagneraient à être
bonifiées. À titre d'exemple, mentionnons le fait que le projet
soumis est silencieux quant à la vocation du service médical dont
la création est proposée. L'on pourrait d'ailleurs en dire autant
sur les fonctions et attributions précises du conseil des
médecins et dentistes lorsque celui-ci existe.
Quant aux modifications expresses que la fédération entend
proposer relativement aux articles 79 et suivants du projet soumis, celles-ci
ne seront pas limitatives aux centres d'accueil et d'hébergement. Elles
viseront également les centres de réadaptation et les centres
locaux de services communautaires. Ceci étant, elles apparaîtront
à la suite des commentaires qu'appelle l'organisation médicale en
CLSC.
Il n'y a pas là de quoi surprendre. En matière
d'organisation médicale, les besoins de ces deux types
d'établissements semblent permettre plusieurs parallèles, parmi
lesquels: la nécessité de structures souples et efficaces; le
nombre restreint de médecins; la présence ou l'absence, selon le
cas, d'un CMD; et, enfin, la même tentation, chez certains gestionnaires,
d'expurger leur établissement de toute structure à vocation
médicale.
Centres locaux de services communautaires. L'adoption de la loi 27 a
été très durement ressentie par les médecins qui
exercent leur profession dans les CLSC. Cette loi a, d'une part,
augmenté de trois à cinq le nombre de médecins requis pour
former un conseil des médecins et dentistes. D'autre part, la même
loi édicte que, dans un CLSC où il n'y a pas de conseil des
médecins et dentistes, les médecins et dentistes de cet
établissement font obligatoirement partie du personnel clinique de
l'établissement visé. Alors, comme aujourd'hui d'ailleurs, les
médecins oeuvrant en CLSC ont, compte tenu du vécu de leur
pratique en milieu institutionnel, toujours considéré ces mesures
comme vexatoires et destinées à rendre plus difficiles dans ces
établissements toute structuration d'ordre médical.
En surplus, la réglementation soumise pour étude est, de
façon tout à fait inacceptable, absolument silencieuse quant
à tout type de mesures complémentaires susceptibles de
réglementer l'organisation médicale en CLSC.
Comment interpréter ce silence? Que signifie exactement cette
discrétion exemplaire, sinon, de la part d'autorités
gouvernementales, un refus délibéré d'ordonner, par voie
réglementaire, l'ensemble de l'organisation médicale en CLSC et
l'articulation de celle-ci avec les autres composantes de ce type
d'établissement?
Ni la fédération, ni les médecins visés ne
sauraient, par leur inertie ou leur acquiescement, permettre que l'organisation
médicale en CLSC, ou partie de celle-ci, ne soit laissée, dans
cette catégorie d'établissement, à l'arbitraire des
autorités locales.
Dans les CLSC où oeuvrent au moins trois mais moins de cinq
médecins, la structure médicale appropriée devrait
s'inspirer de l'approche retenue en centre d'accueil et d'hébergement.
La réglementation ne saurait, à ce chapitre, demeurer muette.
Cette insistance de la fédération et des médecins
exerçant leur profession en CLSC n'a rien de surprenant, bien au
contraire.
Ce mémoire a déjà traité de la tentation de
certains gestionnaires du réseau des affaires sociales d'expurger leur
établissement de toute structure d'ordre médical. Cette
idéologie se vérifie trop souvent, malheureusement, dans certains
établissements du réseau des CLSC.
En annexe 1 du présent mémoire, la
fédération soumet d'ailleurs certains extraits du mémoire
que la fédération des CLSC a présenté relativement
au projet de loi no 27. Bien que les extraits en cause ne soient pas tous
reliés directement au sujet débattu, ils sont néanmoins
révélateurs d'un état d'esprit, et ce d'autant plus qu'ils
émanent de l'organisme représentatif de cette catégorie
d'établissements.
Quant aux modifications spécifiques que la
fédération entend proposer en rapport avec les articles 79 et
suivants du projet de réglementation soumis, la fédération
rappelle que les modifications qu'elle entend proposer visent également,
outre les CLSC, les centres de réadaptation.
Dans cette optique, à l'égard des motifs
énoncés aux sections B et C du présent chapitre, la
fédération propose donc que la section V des règlements
soit remplacée par la nouvelle section V suivante: "Service
médical dans les CLSC et dans les centres d'accueil. "79. Le plan
d'organisation d'un établissement visé à la
présente section où au moins trois médecins exercent leur
profession doit prévoir la formation d'un service médical lorsque
l'établissement n'a pas déjà institué un conseil
des médecins et dentistes. "80. Le conseil d'administration d'un
établissement visé à la présente section doit
nommer annuellement, sur recommandation du CMD ou, à défaut du
service médical, un médecin responsable des soins
médicaux. "81. Sous l'autorité directe du conseil
d'administration, le médecin responsable des soins médicaux
exerce les fonctions suivantes: "1) Assurer que la dispensation des soins
médicaux est conforme au besoin des
bénéficiaires; "2) Voir à ce que soient faits le
contrôle et l'appréciation des actes médicaux dans
l'établissement à l'égard: "a) de la répartition
des tâches entre les médecins; "b) du maintien de la
compétence des médecins; "c) des modalités d'attribution
de garde aux médecins; "d) du maintien de la discipline des
médecins. "82. Le service médical est composé des
médecins et pharmaciens exerçant leur profession dans
l'établissement. "83. Les pouvoirs et prérogatives du CMD d'un
établissement visé à la présente section sont
régis, mutatis mutandis, par les dispositions du chapitre VII des
présents règlements. De la même façon, ces
dispositions s'appliquent également au service médical lorsque
celui-ci existe."
À noter enfin que la proposition d'amendement apparaissant
à l'article 83 ci-dessus s'inspire et se fonde sur les motifs
évoqués en annexe 2 du présent mémoire.
Eh bien, M. le Président, à ce stade-ci, je vous reporte
à la page 3 de notre résumé, ce qui nous permettra
d'accélérer la présentation de notre mémoire.
Le médecin. À ce chapitre la fédération
traite de questions concernant avant tout le médecin. Celles-ci ne sont
pas pour autant sans intérêt pour le bénéficiaire de
soins de santé.
Ainsi, relativement au statut du médecin (article 89) la
fédération propose un resserrement de la définition de
médecin associé. En outre, elle propose la réintroduction
du statut de médecin visiteur et, transposant cette notion au niveau des
CHSP et des CEH, elle souligne qu'un recours à ce statut permettrait
d'articuler, dans ces établissements, les modes généraux
de rémunération: vacation et honoraires fixes, susceptibles
d'être implantés avec le droit qu'a un bénéficiaire
au médecin de son choix.
En matière disciplinaire, la fédération propose une
révision des articles 105 et 106 du projet de réglementation
soumis de façon que les dispositions visées précisent les
sanctions susceptibles d'être imposées à un médecin,
tout en garantissant à celui-ci l'exercice du droit d'être alors
entendu.
Enfin en regard des articles 25, 26 et 34 de la réglementation
soumise pour étude, dispositions traitant de l'admission des
bénéficiaires en centre hospitalier, en CHSP ou en CEH, la
fédération suggère certaines modifications à ces
dispositions, modifications qui, ayant pour objet une clarification du
rôle qui devrait alors incomber à tout médecin, auraient
pour effet de bonifier et d'accélérer le processus
d'administration et d'inscription dans les établissements
visés.
Dans la rédaction et la présentation de son
mémoire, la fédération a été animée
du désir de participer activement à l'élaboration d'une
réglementation qui, en application de la loi 27, puisse ultimement se
traduire par une amélioration de la qualité des services qui, au
Québec, sont dispensés aux bénéficiaires des soins
de santé.
Dans son mémoire, c'est ce que la fédération
rappelle aux membres de la commission parlementaire permanente des affaires
sociales en les priant de donner suite, comme il se doit, aux commentaires et
recommandations qui y sont contenus.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci Dr Richer de votre mémoire
fouillé et passablement précis sur le plan des suggestions de
modifications au règlement que vous nous proposez.
Je voudrais aussi souligner la cohérence de votre approche,
même si je trouve qu'à l'occasion le ton est un peu revendicateur,
mais cela fait partie, après tout, de vos fonctions.
J'aurais quelques éléments sur lesquels je voudrais vous
entendre en particulier. Uniquement aux fins de simplifier et de bien situer le
cadre de notre discussion, je vais me référer à des textes
que nous avons déjà, qui ont été proposés
par exemple dans d'autres mémoires - je pense notamment au
mémoire de la corporation - au sujet de la définition des
départements de médecine générale ou de leur
présence. La corporation suggère qu'à 67, par exemple,
plutôt que de dire, à l'exception des centres hospitaliers
mentionnés à l'annexe 4, "le plan d'organisation d'un centre
hospitalier de soins de courte durée doit prévoir la formation
d'un département clinique de médecine générale; le
plan d'organisation peut prévoir que le département clinique de
médecine générale comprend les services d'urgence, les
cliniques externes de soins généraux et les soins
prolongés."
Ce que la corporation nous suggère à cet article. Elle
reprend essentiellement le premier paragraphe de la même façon et
le deuxième paragraphe dit: "ce département "doit" - ici on peut
avoir une discussion sur le "doit" ou le "peut", je sais que cet
aspect-là vous le soulevez - ce département doit assumer entre
autres la responsabilité des soins de première ligne fournis par
un médecin à la clinique d'urgence et aux cliniques externes de
soins généraux du centre; il peut aussi assumer les
responsabilités de soins prolongés."
Ce que je trouve assez important, c'est que je regarde vos textes, puis
je regarde le nôtre, je regarde celui de la corporation - et on va voir
celui de la FMSQ cet après-midi - dans nos cas, on parle de chaque acte,
si
on pense à 66; la corporation a tendance à parler
d'exercice de la profession et vous, vous évoquez la notion
d'activité médicale.
Je pense que la question de base qui se pose autour de 66, 67 c'est la
définition même de ce qu'est un département clinique d'une
part; deuxièmement, le "doit" par opposition au "peut"; et
troisièmement comment en arriver à cerner l'activité?
Est-ce à travers la notion d'actes, d'exercice professionnel
d'activités médicales. J'aimerais vous entendre élaborer,
vous et vos collègues, sur cet ensemble.
M. Richer: Très bien, M. le ministre. Je vais essayer de
détailler ce qu'est pour nous un département clinique de
médecine générale. Notre insistance à vouloir
absolument être déterminé, désigné comme
département clinique, vient du fait tout simplement qu'un omnipraticien
dans un centre hospitalier, quand il livre des soins de santé, le fait
dans le cadre de la médecine clinique, c'est-à-dire que quand je
traite un infarctus ou un coma toxique à l'hôpital, comme
omnipraticien, j'ai l'impression de faire de la médecine clinique et non
pas de la médecine de type administratif. Alors c'est notre
volonté, si vous voulez, d'être désignés dans un
département clinique en concordance avec le statut de n'importe quel
autre département clinique dans l'hôpital. 11 heures)
La vocation première de l'omnipraticien - c'est ce qu'on nous
apprend à l'université -au fond, c'est de faire de la
médecine de première ligne. La première ligne, cela veut
dire que le médecin omnipraticien est là au moment du premier
contact avec le malade, quelle que soit sa maladie. On pense que c'est le
rôle à peu près exclusif de l'omnipraticien d'assurer cette
médecine de première ligne. D'ailleurs, c'est le médecin
omnipraticien qui permet d'avoir des soins dans tous les centres hospitaliers
du Québec par sa présence, si vous voulez, en première
ligne. Je pense que le médecin spécialisé doit assurer la
deuxième ligne et la troisième ligne; c'est son rôle c'est
ce pour quoi il est formé.
Le médecin de première ligne pratique
particulièrement à l'urgence - par définition, à
l'urgence, c'est le contact avec la porte d'entrée de l'hôpital,
si vous voulez; donc c'est la médecine de première ligne - aux
cliniques externes de soins généraux; et si on inclut les
unités de soins prolongés, la gériatrie ou la
gérontologie, peu importent les termes - le concept recouvert, je pense
que c'est celui-là - c'est parce que pour le moment en tout cas, ici au
Québec, la gériatrie, c'est de la médecine de
première ligne, encore une fois, qui demeure non seulement un contact
quotidien avec les médecins - vous savez comment les gens
âgés sont délicats de ce côté-là - mais
aussi une continuité de soins que les omnipraticiens, par leur vocation,
par la définition de leurs tâches, si vous voulez, sont, je ne
dirais pas les seuls - je ne dis pas qu'ils sont exclusivement capables de le
faire - mais je dis que les omnipraticiens, ça relève de leur
tâche principalement de rendre ces soins-là.
Alors, c'est pour ça qu'on souhaite que le département de
la médecine générale soit décrit comme un
département clinique. C'est parce que c'est en concordance avec
l'activité médicale qu'on fait à l'hôpital.
Deuxièmement, on souhaite que notre vocation soit
précisée dans les règlements parce que, encore là,
c'est une photographie de la réalité actuelle dans plus de 95%
des hôpitaux actuellement au Québec et ce, depuis longtemps.
Les soins à l'urgence et à la clinique externe, M. le
ministre, par votre remarque la corporation admet qu'ils doivent être
inscrits dans la vocation. Nous, on va un petit peu plus loin. On pense que la
gériatrie ou la gérontologie, parce que c'est de la
médecine de première ligne, doit être inscrite au
département de médecine générale.
Maintenant, comme je vous le dis, on ne revendique pas
l'exclusivité de cette pratique. S'il y a de nos confrères
spécialistes qui pratiquent en gériatrie, par goût, par
formation, ils seront les bienvenus, exactement comme ils le seraient
d'ailleurs s'ils le souhaitaient, au service d'urgence ou au service de
clinique externe de soins généraux; ils le sont en
gériatrie et ils pratiqueront, à ce moment-là, dans un
service qui sera dirigé par un chef de département de
médecine générale, exactement comme l'omnipraticien.
Chacun de nous le fait très fréquemment. Quand on fait de
l'obstétrique, par exemple, on va dans un autre département
pratiquer sous l'autorité d'un chef de département
spécialisé et cela ne pose aucun problème dans la gestion
courante, si vous voulez, des différents départements dans
l'hôpital.
Je ne sais pas si je suis assez clair dans mes réponses ou s'il y
a de mes collègues qui veulent ajouter quelque chose.
M. Gagnon (Georges-Henri): Je pense que le président a
été très clair. C'est exactement la réalité
des choses qui se produit dans les milieux hospitaliers; peut-être plus
en régions éloignées mais je pense que cela se produit
partout, dans tous les hôpitaux du Québec comme ça. C'est
clair, mais s'il y a d'autres questions, on pourra y répondre.
M. Johnson (Anjou): Je pense que vous nous avez situé le
contexte. On va attendre la Fédération des médecins
spécialistes cet après-midi pour nous décrire cela
à sa façon
aussi. Je ne sais pas s'ils vont pouvoir revendiquer la
réalité comme vous le faites. On comprend bien cependant - je
veux juste être sûr qu'on clarifie - que dans la mesure où
les règles de soins ont un caractère unique, il n'y a pas de
problème à avoir un département clinique de
médecine générale. C'est bien évident.
Quant à la dimension de l'aspect facultatif que vous
dénoncez avec véhémence et quelques autres mots qui m'ont
frappé, on évite de confier à des unités de soins
polyvalentes à un département. C'est pour ça qu'on ne
parle pas des unités de soins.
On évite de confier, par règlement, les soins intensifs ou
le bloc opératoire aux chirurgiens, par exemple. Et c'est, encore une
fois, à cause de l'aspect polyvalent de ces unités-là et
d'une immense diversité sur un territoire.
Je prends l'exemple de l'hôpital Saint-Laurent, à
Montréal. Si je ne me trompe pas, à l'hôpital Saint-Laurent
de Montréal, les omnipraticiens ont la responsabilité des soins
intensifs, ce qui est assez exceptionnel, ce qu'on retrouve très
rarement ailleurs, à ma connaissance; en tout cas, sûrement pas
dans les milieux de médecine universitaire.
La formule que propose la corporation me paraît
intéressante en ce sens. Est-ce que vous réagissez, d'une
façon générale, assez favorablement à la formule
que propose la corporation ou si vous pensez que vous devez vous en tenir
à la vôtre? Je ne vous demande pas de trancher d'une façon
définitive dans notre échange, mais quels sont les aspects
intéressants de la formule de la corporation, à vos yeux?
M. Richer: Je pense que la corporation reconnaît que la
vocation du département de médecine générale
devrait au moins être bien déterminée en ce qui a trait au
service d'urgence et au service de soins généraux en clinique
externe. Sa position quant à l'unité de soins prolongés,
c'est probablement à cause du qualificatif lui-même. On l'a
appelée "unité de soins prolongés" dans certains
établissements; on l'a appelée, dans plusieurs autres, un service
de gériatrie ou de gérontologie.
En fait, notre prétention là-dessus, c'est que la nature
des soins qui se donnent en unité de soins prolongés ou
plutôt, dans notre cas, en service de gériatrie, ce sont des soins
dits de première ligne. C'est pour ça qu'on souhaiterait que ce
soit déterminé dans la vocation du département de
médecine générale.
Il ne faut pas oublier non plus que ces soins-là doivent
être donnés dans toute la province. Des gens âgés, il
y en a partout; des gériatres, il n'y en a pas beaucoup, actuellement,
au Québec. Les omnipraticiens démontrent un intérêt
sûr dans la gériatrie et la preuve, les cours que le Dr DesRosiers
organise annuellement depuis plusieurs années, en gériatrie
spécifiquement, qui sont toujours à guichet fermé. Ces
cours-là sont suivis; donc, les omnipraticiens manifestent un
intérêt à se former d'une façon continue
après la réception de leur permis de pratique et ils doivent
exercer partout en province. Nos ressources actuelles, comme profession
médicale, ne nous permettraient pas... Autrement dit, on va créer
une pénurie sur papier en confiant ça uniquement à ce
qu'on pourrait appeler "des gériatres".
Nous pensons donc que c'est de la médecine de première
ligne. Éventuellement, je ne nie pas qu'il puisse y avoir une
spécialité en gériatrie; ce sera l'avenir de la
médecine qui en décidera mais, pour le moment et peut-être
pour les prochaines années, c'est de la médecine de
première ligne. Nous avons l'effectif pour la délivrer, cette
médecine; nous avons des gens qui sont intéressés, des
gens qui se forment et nous avons des gens qui sont disponibles dans tous les
CH du Québec. C'est pour ça, et en toute cohérence avec le
système actuel, qu'on propose de prendre notre façon de voir le
département de médecine générale plutôt que
celle de la corporation, c'est-à-dire qu'on ajoute un petit peu à
la corporation parce que, finalement, avec le "peut", la corporation admet que
ça puisse être dans le département de médecine
générale.
M. Johnson (Anjou): Je suis sûr que ce sera très
instructif d'entendre le point de vue de la FMSQ sur le même sujet, cet
après-midi. On va sans doute se rendre compte que les infirmiers et les
infirmières auxiliaires, c'est de la petite bière à
comparer à ce qui se passe entre les spécialistes et les
omnipraticiens.
Je vous remercie de votre position très claire, je pense, sur ce
sujet.
Deuxièmement, quant au comité consultatif, en gros, ce que
vous nous dites, c'est ceci: On veut être sûrs d'être
là. En ce sens, on vous ajoute à la liste de ceux qui seront
invités dans les amphithéâtres qu'on va construire dans
tous les hôpitaux pour avoir les réunions du comité
consultatif. Je comprends cette préoccupation. Or, de la même
façon et pour les mêmes raisons, je serais appelé à
comprendre les préoccupations, par exemple, des médecins
spécialistes qui nous demanderaient d'en faire partie même si,
dans un hôpital, disons, sous-régional, un hôpital de
premier niveau, il y avait un ou deux spécialistes et de quinze à
vingt-cinq omnipraticiens. Les médecins spécialistes auront
tendance à nous dire: On voudrait être au comité
consultatif. Il reste que dans la mesure où il y a une telle chose,
qu'un département de médecine générale et que,
comme vous l'avez expliqué, dans la pratique, l'urgence, par exemple,
est une porte d'entrée extrêmement importante
dans le système, je vois mal comment, de façon
générale, il n'y aurait pas une présence de l'omnipratique
au comité consultatif. Je ne dis pas qu'il ne pourrait pas y avoir des
exceptions. Je pense à certains hôpitaux universitaires où
l'omnipratique est ramenée à sa plus simple expression,
administrativement comme autrement.
Ce qui m'amène à un autre sujet, au troisième, qui
est ce que vous évoquez au sujet des unités d'enseignement. Je
dirai deux choses là-dessus. La première, c'est que dans notre
système québécois, depuis sa création, depuis les
années soixante, un choix a été fait ici, contrairement
à ce qu'on retrouve en Angleterre ou aux États-Unis, en se
disant: L'omnipraticien a sa place dans l'hôpital. En Angleterre,
l'omnipraticien n'a pas sa place dans l'hôpital, il est à
l'extérieur de l'hôpital. Aux États-Unis, quand on regarde
la composition des effectifs médiciaux et la quantité de
spécialistes par rapport aux omnipraticiens, à toutes fins
utiles, il y a à peine 20% d'omnipraticiens, si je ne me trompe pas.
Donc, les hôpitaux, c'est dans le fond, les boîtes des
spécialistes. En Angleterre, c'est la même chose. Au
Québec, on a choisi que l'hôpital soit une boîte mixte; je
pense que ce choix est maintenu en termes d'orientation générale.
Il est même consolidé dans certains secteurs. C'est ce qui fait
que notre système a quelque chose d'un peu original peut-être.
Cependant, au niveau de l'enseignement de la médecine, la voie
que nous choisissons pour toutes sortes de raisons dans lesquelles je ne veux
pas entrer, à moins que vous n'y teniez, c'est la voie contractuelle
avec l'université; c'est ce que la loi prévoit. Et elle
prévoit que dans le cas des hôpitaux universitaires, il doit y
avoir un contrat avec l'université. Plutôt que de
référer à la voie réglementaire, on
réfère vraiment à la voie contractuelle du contrat de
services avec l'université. La seule chose qu'on impose, c'est la
consultation qui doit être faite entre l'établissement et
l'université pour les fins du choix du directeur du département
universitaire.
On préfère persister dans cette voie. Je suis conscient
que les omnipraticiens sont intéressés à l'enseignement.
Je suis conscient d'ailleurs que souvent, de façon très
informelle, de façon absolument informelle, les omnipraticiens
participent au minimum à une certaine initiation des internes, si ce
n'est des résidents, mais en général des internes,
à ce qu'est la médecine d'urgence dans certains centres
hospitaliers. Il n'en reste pas moins qu'à notre avis, il faut que ces
questions se résolvent entre l'université et l'hôpital. Le
ministère est extrêmement hésitant à intervenir par
voie réglementaire là-dedans.
Quant au statut des médecins, la deuxième chose sur
laquelle je voulais vous entendre, là aussi on a eu quelques propos qui
nous ont été suggérés par l'AHQ. Une
réaction de la corporation semblait peut-être préliminaire
à cela. Je pense que la proposition de l'Association des hôpitaux
du Québec - encore une fois je ne dis pas qu'on va la retenir - est
extrêmement intéressante. Elle est riche comme objet de
discussion. Il s'agirait de catégoriser le statut, les statuts des
médecins, pas seulement en fonction du fait de l'appartenance au CMD, ce
qui reste une réalité de base cependant, et aussi en fonction de
la pondération de l'activité en termes de temps de l'individu
concerné par rapport à l'établissement, la notion de
pratique subsidiaire clinique par opposition à la pratique principale
dans l'établissement. Finalement, les notions de
médecins-conseils et de médecins honoraires, ce qui nous
appartiendra sans doute au bout d'un certain nombre d'années dans nos
établissements respectifs.
Dr Richer, j'aimerais vous entendre sur la proposition de l'Association
des hôpitaux du Québec.
M. Richer: Voici quelques commentaires à la suite de vos
propos, M. le ministre. Il est certain que les omnipraticiens souhaitent
être membres de facto du comité consultatif, à cause du
libellé de l'article 17 qui est comme suit: "Outre le directeur
général qui le préside, ce comité est
composé de cadres supérieurs et de chefs - au pluriel - de
département." Or, il n'y a qu'un chef de département
omnipraticien dans un hôpital. Donc, il y aura nécessairement
partout des chefs spécialistes. Sur ce point, on est totalement
d'accord. Mais on voudrait être là de facto parce que dans
beaucoup d'hôpitaux du Québec, probablement dans la
majorité, il y a presque uniquement des départements de
médecine générale actuellement. Il y a peu de
spécialistes, mais même dans ces hôpitaux-là on
agrée au fait que nos confrères spécialistes puissent
faire partie de ce comité et le libellé même de l'article,
s'il n'était pas modifié, par le pluriel si vous voulez, et par
notre présence unique assure cette représentativité, de
sorte que cela va être les seul commentaire qu'on souhaiterait faire. (11
h 15)
Pour les unités d'enseignement, on pourrait peut-être
demander au Dr DesRosiers, notre expert en formation continue, de faire part
des réflexions de la fédération. Quant au statut, je
demanderai à Me Chapados d'intervenir.
M. DesRosiers (Gilles): Je comprends, M. le ministre, votre
approche de privilégier d'une certaine façon la concertation ou
les contrats entre les centres hospitaliers et les universités pour les
fins de la formation. Par
contre, on se rend compte actuellement, un peu comme on s'est rendu
compte au cours des années, de la nécessité de mettre dans
la réglementation spécifiquement un département clinique
de médecine générale. La même perception
actuellement nous oblige à demander de définir ou d'inclure cette
unité par voie de réglementation, de la rattacher au
département de médecine générale.
Pourquoi? D'une part, l'unité d'enseignement a été
créée pour permettre la formation spécifique des
différentes catégories de médecins spécialistes ou
généralistes. C'est une unité d'apprentissage qui veut
reproduire, en partie, le milieu où aura à exercer le futur
professionnel médecin, soit le cardiologue en un milieu de cardiologie.
De façon tout à fait spontanée, naturelle et logique, il
n'y a aucun problème; je pense que ce ne sont même pas des
contrats d'affiliation qui disent que l'unité de cardiologie
d'enseignement doit être rattachée au département de
cardiologie, de même que l'unité de chirurgie... Et je pourrais
poursuivre cette nomenclature pour toutes les spécialités.
Il n'en est pas de même pour l'unité de médecine
familiale ou l'unité d'enseignement clinique en médecine
générale. Certains ont tendance à la rattacher à
d'autres unités, départements cliniques qu'à un
département de médecine générale. À ce
moment-là, la vocation première de cette unité, qui est de
reproduire le milieu dans lequel exercera le futur médecin, de trouver
un endroit où le professeur clinicien est en contact avec le praticien
de la même discipline, n'exiterait pas. Donc, pour nous, il est essentiel
de déterminer par réglementation le rattachement de
l'unité qui forme des médecins omnipraticiens au
département clinique de médecine générale avec la
même logique, le même naturel que se fait le rattachement des
autres unités aux autres départements cliniques sans que ce soit
spécifié nulle part. Mais en médecine
générale, malheureusement, on a vécu le passé, par
rapport au département d'omnipratique et actuellement, dans
l'enseignement, on voudrait bien qu'il n'y ait pas d'ambiguïté
parce que l'implication des médecins omnipraticiens en formation est
présente depuis quelques années et excessivement présente
et, nécessairement, sera appelée à se développer vu
que 50% des étudiants et peut-être plus s'orienteront vers la
médecine générale.
M. Johnson (Anjou): Merci, Dr DesRosiers.
M. Richer: J'ajouterais peut-être, M. le ministre, que -
disons que j'ai fait mon cours de médecine dans des temps
immémoriaux à la fin des années cinquante - pendant mon
internat je n'ai jamais rencontré un autre médecin omnipraticien.
Je pense que c'est une formation déficiente que j'ai eu en termes, je ne
dirais pas en termes scientifiques, mais en termes d'apprendre ce que c'est la
médecine générale, c'est-à-dire une médecine
qu'on veut rendre plus humaine, une médecine qui se veut d'abord
centrée sur l'approche globale du patient pour essayer d'être
capable de pratiquer notre art, si vous voulez. Or, pendant mon internat, je
n'ai eu que des stages multidisciplinaires, si vous voulez. Je ne nie pas
complètement l'utilité de tenir des écarteurs pendant une
intervention chirurgicale pour la formation d'un omnipraticien, mais je pense
qu'il y a d'autres stages beaucoup plus importants que celui-là. Par
exemple, assister à une entrevue d'un patient faite par un
confrère omnipraticien dans un milieu d'omnipraticiens qui, la plupart
du temps, est le cabinet, ou une clinique ou un CLSC. Ceci devrait faire partie
de la formation d'un omnipraticien, de la formation prédoctorale, et
c'est dans ce cadre qu'on tente de faire inscrire, par voie
réglementaire, que l'unité d'enseignement devrait être la
responsabilité du département de médecine
générale, l'unité d'enseignement pour les omnipraticiens.
Encore là, on ne revendique pas, bien sûr, il faut que ce soit
bien clair, l'exclusivité dans la tâche de la formation de nos
confrères omnipraticiens. C'est sûr qu'on veut que l'ensemble de
la profession participe à ça. Dans quelle proportion? Peu
importe, on ne se chicanera pas gros là-dessus, mais on souhaite, par
exemple, avoir une structure clairement déterminée par voie
réglementaire dans un centre hospitalier où les médecins
omnipraticiens pourront aller apprendre à faire leur futur métier
d'omnipraticien. On pense qu'il n'y a rien de mieux qu'un briqueteur pour
montrer à un autre briqueteur comment poser de la brique. C'est dans
cette logique, dans cette cohérence, si vous voulez, qu'on demande
ça.
M. Gagnon (Georges-Henri): Peut-être ajouterai-je un mot
là-dessus en disant que cette formation est très importante. Dans
l'approche globale du patient, un questionnaire adéquat et un examen
adéquat pourraient diminuer de beaucoup certains examens de laboratoire
et des choses comme ça qui se font parfois à outrance depuis ces
dernières années. Souvent, avec un bon questionnaire, un examen
physique complet, on peut arriver, dans 75% des cas, à avoir
déjà une bonne idée du diagnostic avant de commencer
à faire des examens de laboratoire et autres. C'est très
important pour l'approche globale du patient.
M. Johnson (Anjou): Un dernier commentaire à partir de la
planche que vous
m'offrez. Si je comprends bien, il y a un avenir pour l'enseignement,
pour des stages d'internat dans les CLSC, dans la mesure où il y a plus
de cinq médecins dans le CLSC.
Compte tenu de l'état actuel de la loi, est-ce que - soit dit en
passant - ça ne se développe pas justement au niveau de
l'internat ou de la résidence, en médecine familiale
évidemment? Enfin, pour une deuxième année d'internat, si
on veut, est-ce que ça ne se développe pas, Dr Rodrigue, dans le
cas de certains CLSC?
M. Rodrigue (Jean): Bien, c'est-à-dire qu'il y a des CLSC
où il se fait de l'enseignement, sauf qu'il se fait dans des structures
qui sont assez difficiles parce qu'il n'y a pas de reconnaissance
universitaire, et puis les stages qui sont faits sont toujours faits de
façon élective. Par exemple, si chez nous on offre des stages, un
mois de stage aux internes, sur douze stages possibles, on réussit
rarement à remplir ce que les universitaires appellent des "slots". On
ne réussit jamais à remplir nos "slots", tout simplement parce
que les spécialistes ou encore d'autres milieux universitaires disent
aux internes: Ce n'est pas la place où il faut aller, il faut vraiment
apprendre la vraie médecine dans les hôpitaux. Je pense que pour
les omnipraticiens, autant ceux des CLSC que ceux qui sont en pratique
privée, on est bien conscient que c'est un milieu
privilégié, la pratique à l'extérieur des
hôpitaux, tout simplement parce que la grande majorité des
informations que le médecin omnipraticien fait, il les fait en dehors de
l'hôpital. L'autre chose qui arrive aussi, c'est qu'il y a toute la
question de la continuité des soins, à laquelle nous sommes
sensibles. Il nous apparaît, autant pour les soins prolongés que
dans les autres situations, que les médecins omnipraticiens non
seulement traitent un individu, mais le traitent plusieurs fois dans sa vie.
Ils le traitent dans plusieurs établissements. Il pourrait même
arriver que des gens dans la pratique privée le traitent dans les CLSC,
si les règlements le permettent. Et puis je pense qu'à ce
moment-là il y a beaucoup d'autres possibilités qui font que le
médecin omnipraticien est présent à l'intérieur
d'une famille ou d'une communauté. Ce qui est une condition absolument
privilégiée dont on voudrait faire profiter les internes et les
résidents. Mais dire qu'actuellement il y a des stages dans les CLSC ou
dans certaines polycliniques - par exemple, à Cap-Rouge, ici, il y a des
stages pour les internes et les résidents de médecine familiale;
il y en a à la clinique médicale de Sainte-Foy - c'est une chose;
c'est une autre chose de dire que les stages de médecine
générale font vraiment partie intégrante d'un programme de
formation de l'interne puis du résident.
M. Johnson (Anjou): En somme, à ce niveau-là, on
peut dire qu'on est au début pour ne pas dire au balbutiement de quelque
chose qui pourrait devenir une tradition. C'est un peu le cas de la
gériatrie aussi, qui est la dernière chose dont je vais traiter
rapidement.
Les soins prolongés en milieu de médecine aiguë,
d'hôpitaux à CHCD ne sont pas nécessairement des
unités de soins actifs gériatriques. Je ne suis pas sûr si
j'ai bien saisi que dans votre exposé vous faisiez tout le temps la
distinction. Je pense qu'on a parlé des uns et des autres
indistinctement en cours de route. Est-ce que vous pourriez y revenir
rapidement?
M. Richer: Dans une unité de soins actifs, donc ce serait
à ce moment-là un service de gériatrie. Entendons-nous
bien pour employer le même niveau de langage, c'est encore de la
médecine de première ligne. Ce service de gériatrie
devrait être rattaché au département de médecine
générale en vertu du principe que c'est de la médecine de
première ligne et qu'on a des médecins qui peuvent distribuer ces
services partout dans le réseau des hôpitaux du Québec, des
médecins qui sont intéressés et qui vont se former en
formation continue par des cours qui sont organisés, entre autres par la
fédération, mais on n'a pas l'exclusivité, heureusement,
de l'organisation de ces cours. Alors, bien spécifiquement, le service
de gériatrie, donc un service de soins actifs, devrait, à notre
idée, être rattaché au département de
médecine générale.
Quant aux unités de soins prolongés, elles le sont dans
les faits, comme vous le savez, M. le ministre. En général,
presque partout au Québec les unités de soins prolongés
sont à peu près l'apanage exclusif des médecins
omnipraticiens. Donc on revendique de continuer à s'occuper de
ça; on a acquis une bonne expérience là-dedans et personne
ne nous dispute d'ailleurs ce champ d'activité.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci M. le Président. Je pense que le
ministre a fait pas mal le tour du jardin, comme on dit. Ma question va
s'adresser au ministre, vu qu'il vous a beaucoup questionné. Il semble
qu'une grande partie de votre inquiétude - en page 11 - soit
reliée au plan d'organisation qui peut prévoir que le
département clinique de médecine générale comprend
les services d'urgence, la clinique externe... Enfin, c'est le mot "pouvoir"
plutôt que "devoir". C'est peut-être celui-là qu'on pourrait
mettre. Est-ce que le ministre peut nous dire pourquoi il a retenu le mot
"pouvoir"? Est-ce parce qu'il attend l'opinion de la Fédération
des
médecins spécialistes du Québec ou est-ce qu'il a
voulu faire une différence peut-être, quoiqu'elle n'est pas faite
dans la réglementation, entre les hôpitaux généraux
et les hôpitaux universitaires? Qu'est-ce que c'est? Cela n'a pas
été mis là par hasard.
M. Johnson (Anjou): Oui. Il y a bien des raisons. La
première, c'est qu'il fallait bien partir de quelque chose pour voir
comment les gens réagissaient. Deuxièmement, on veut, dans la
mesure du possible, que la réglementation ait la souplesse
nécessaire, pour permettre aux réalités locales de
s'adapter à ça. On est conscient qu'on est dans un univers
où les traditions du milieu sont très très
différentes selon le type d'établissement.
Je dois dire qu'à l'origine, on envisageait de faire une
distinction entre les hôpitaux dits universitaires et les autres etc.. On
a eu de longues discussions avec la corporation, avec les
fédérations etc. Finalement on a retenu l'approche qui dit: dans
le fond, le département de médecine générale,
ça devrait être une espèce de règle; "y compris",
dans le fond, ça couvre comme possibilité les milieux
universitaires. Entre ça et l'imposer par un "doit", qui ne
refléterait pas nécessairement tout à fait ce qui se passe
dans certains milieux, et, d'autre part, ne rien dire ou introduire des
distinctions qui feraient qu'on exclue le département de médecine
générale de certains établissements, on a choisi une voie
qui, encore une fois, pour l'esprit, n'est pas absolument satisfaisante, mais
qui nous apparaît un peu plus empirique.
Cependant, je trouve que dans les mémoires qui nous ont
été soumis, même si on a pu remarquer une certaine
polarisation qu'on serait à même de constater cet
après-midi, en tout cas une attitude de balancier où les gens se
situent vraiment aux antipodes, il reste que je pense aussi que l'approche de
la corporation est une synthèse assez intéressante. J'ai
trouvé assez remarquable d'ailleurs qu'elle retienne beaucoup des
expressions qu'on avait utilisées. Je pense qu'il faut, en d'autres
termes, à ce stade-ci, au moment où ça commence, permettre
une certaine souplesse. Par contre, d'affirmer et de réaffirmer d'une
certaine façon la place nécessaire et obligatoire, à notre
avis, que doit avoir la notion de la médecine générale
dans nos hôpitaux, c'est un choix fait dans notre système de
santé depuis plusieurs années et il faut le confirmer. Il y a de
la place pour l'omnipratique dans les hôpitaux. Il ne faut pas percevoir
les hôpitaux comme étant strictement l'apanage des
spécialités.
Il faut tenir compte aussi du fait que le Québec, encore une
fois, est probablement l'un des endroits au monde où il y a le plus
d'hôpitaux universitaires par pied carré ou enfin où les
pieds carrés occupés par les hôpitaux universitaires sont
les plus importants, compte tenu de notre population, à territoire
égal, pour toutes sortes de raisons d'ordre culturel, historique, du
développement de quatre facultés de médecine au
Québec etc. et que ça, dans le fond, ça renforce dans bien
des cas, la notion que certains hôpitaux ont, celle de se percevoir comme
étant, à toutes fins utiles, des hôpitaux de
spécialités. (11 h 30)
L'affirmation qu'on choisit dans la réglementation, celle de
dire: "II y a des départements de médecine générale
partout", tend à dire: Oui, mais il y a une limite à cela quand
même, même dans le cas des hôpitaux universitaires.
Le facultatif est là pour tenir compte du fait d'une certaine
réalité, d'une dominance réelle des
spécialités dans certains milieux, que l'on s'est donnée
et puis qui correspond encore une fois à l'histoire et à la
réalité de ce qui est vécu.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais poser une
question au Dr Richer: Est-ce que par rapport à ce qui existait, ce
n'est pas une confirmation quand même plus grande de la place de
l'omnipraticien à l'intérieur des hôpitaux? Où sont
vos plus fortes réticences? Évidemment peut-être que
certains n'en créeront pas ou que certains ne le feront pas, mais est-ce
que ça n'indique pas quand même un pas en avant par rapport aux
omnipraticiens?
M. Richer: Oui, c'est clair.
On est bien conscient que vraiment, il y a une amélioration dans
le libellé actuel sur la définition de la vocation par rapport
à ce que c'était antérieurement.
Juste une chose. On parle des hôpitaux universitaires, par
exemple, pour décrire que peut-être là, il ne devrait pas y
avoir de service d'urgence dans le département de médecine
générale. Et nous on insiste, on pense qu'un hôpital
universitaire qui n'a pas un département de médecine
générale est déficient. Pourquoi? Parce qu'un
hôpital universitaire, c'est en général pour traiter des
cas plus lourds, premièrement, parce que c'est un hôpital
superspécialisé, mais deuxièmement c'est aussi pour faire
de l'enseignement. C'est un des deux pôles d'actions d'un hôpital
universitaire.
L'enseignement à la clinique d'urgence, qui sera la vocation de
futurs omnipraticiens, on pense devoir y participer. C'est pour cela qu'on
voudrait être dans les hôpitaux universitaires. On est dans presque
tous les hôpitaux universitaires actuellement et depuis très
longtemps. On ne souhaite pas en ressortir. On ne souhaite pas laisser non plus
à la discrétion, pour ne pas arriver à des
incohérences tout simplement, des hôpitaux
de créer des départements qui pourraient être le
département d'urgence. Pourquoi? On l'a vécu dans le
passé, on l'a vécu il n'y a pas très longtemps; on a
été obligé d'aller en arbitrage avec cela. On a
gagné notre arbitrage, mais ce n'est pas agréable d'aller en
arbitrage pour faire défaire un département d'urgence dans un
hôpital de Montréal, alors qu'on l'assumait très bien. Cela
créé évidemment des tensions entre les omnipraticiens du
département de l'urgence et les omnipraticiens du service de l'urgence
du département de médecine générale. On pense que
le règlement doit vraiment photographier puis entourer la
réalité telle qu'elle est.
Il y a des incohérences dans le système actuellement.
Prenez l'hôpital Maisonneuve à Rosemont, c'est une grosse
boîte, c'est universitaire. Il y a un service de médecine
générale, parce qu'il y a un département de santé
communautaire - c'est une autre des incohérences de l'ancien
règlement - il y a des omnipraticiens qui assument l'urgence 24 heures
par jour, sauf que de 8 heures le matin, à 16 heures
l'après-midi, ils n'ont des privilèges qu'en médecine.
Donc, les cas lourds, les cas longs, les cas pas payants - il faut bien le dire
- à partir de 16 heures l'après-midi, donc jusqu'à 8
heures le lendemain matin, ils ont des privilèges en chirurgie. Ils ont
des privilèges en traumato. On trouve que c'est incohérent. C'est
du "cheap labor". Évidemment, on se refuse à cela. On est en
1983, avec le respect de la dignité de tout le monde, le statut de
l'égalité. On veut que l'hôpital Maisonneuve à
Rosemont fonctionne, mais possède des privilèges identiques 24
heures par jour. Notre capacité d'agir, ce n'est pas en termes
d'heures.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est un cas isolé, quand vous
parlez des grands hôpitaux, une situation comme celle-là,
où il y a des chiffres - excusez le terme populaire en termes
d'utilisation par les omnipraticiens et par les spécialistes ou si c'est
une règle assez répandue.
M. Richer: Non, c'est un cas isolé, Mme Lavoie-Roux.
Seulement, c'est une grosse boîte, cela touche un certain nombre
d'omnipraticiens. Il y a d'autres hôpitaux universitaires, un petit
nombre, fort heureusement, qui n'ont pas du tout de département de
médecine générale. C'est à leur détriment,
actuellement. C'est pour cela que je suggère bien humblement à la
commission que dans chaque CHCD de la province, il devrait y avoir un
département de médecine générale avec une vocation
bien spécifique, c'est-à-dire de faire de la médecine
générale qui, pour nous autres, s'appelle au moins la
médecine de première ligne: urgence, clinique externe et
gériatrie.
Mme Lavoie-Roux: Êtes-vous capable de me donner un
pourcentage des CHCD qui n'en auraient pas?
M. Richer: C'est moins de 5%.
Mme Lavoie-Roux: Au sujet des admissions, je pense que c'est
à l'article 34, vous demandez que le médecin traitant puisse
faire une demande d'admission directement à l'établissement sans
passer par les CLSC ou les CRSSS. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Richer: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la raison de cette demande? Parce
que, d'autre part, vous semblez reconnaître le rôle de coordination
du CRSSS.
M. Richer: Je demanderais au Dr Rodrigue de répondre
à cette question.
M. Rodrigue (Jean): C'est parce que, finalement, les
omnipraticiens avaient la perception que, quand on a un patient qu'on suit
depuis plusieurs années, on est très bien placé pour
compléter un formulaire. Puis nous, les médecins de CLSC on a
été pris dans plusieurs CLSC, à être obligés
de remplir un formulaire qui s'appelle le CTMSP, sans connaître le
patient, sans connaître le médecin traitant. On a
été placé dans des situations où on ne pouvait pas
évaluer, comme omnipraticiens, la situation d'un patient aussi bien que
le médecin traitant lui-même.
On en a discuté au niveau du bureau, au niveau des
différents groupes d'omnipraticiens. Il nous apparaît beaucoup
plus logique que le médecin traitant remplisse le formulaire et que ce
formulaire soit considéré sur le plan médical comme le
formulaire définitif. On ne voit pas comment un autre médecin
omnipraticien pourrait réévaluer un formulaire sur le strict plan
de l'omnipratique. Il peut l'évaluer sur le plan administratif ou des
choses comme cela. À ce moment-là, il ne fait pas un travail
d'omnipraticien. On pense que, sur le strict plan de l'évaluation
médicale, c'est le médecin traitant qui connaît la famille,
qui connaît toute la situation, qui est le mieux placé pour
présenter une demande sur un plan médical à l'organisme
qui s'en occupe.
On ne voit pas comment cela devrait être doublé par un
autre omnipraticien qui ferait une autre évaluation sans connaître
le patient, sans connaître le milieu. Par exemple, j'ai été
placé dans une situation dernièrement où une demande a
été évaluée pour le placement d'une dame
âgée, sans tenir compte de la situation familiale qu'elle vivait.
Comme médecin traitant, je savais très bien quelle situation
familiale la
personne vivait. La raison de l'hospitalisation était d'ordre
familial. Je le savais comme médecin traitant. Le travailleur social ne
le savait pas, l'infirmière ne le savait pas non plus et le
médecin qui était au comité de sélection ne le
savait pas non plus.
À ce moment-là ils ont fait une évaluation qui ne
tenait pas compte des connaissances que j'avais, moi, comme médecin
traitant.
Les revendications qu'on vous propose à cet effet, je vous
rappelle qu'on en propose aussi au niveau des CLSC. Je n'ai pas eu beaucoup de
questions jusqu'à maintenant mais je serai ici quelques minutes encore
si vous me le permettez.
Mme Lavoie-Roux: Je vais revenir là-dessus. Ce sera ma
prochaine question.
M. Rodrigue (Jean): À cet effet, la question qu'on pose au
sujet des demandes d'admission n'est pas pour court-circuiter le réseau
des affaires sociales, c'est seulement pour affirmer de la façon la plus
ferme possible que le médecin omnipraticien, qui est le médecin
traitant, est le mieux placé pour évaluer la condition
médicale, c'est-à-dire psycho-physique d'un individu, et faire
les recommandations en conséquence à l'organisme qui doit
régir les admissions.
L'autre élément aussi, c'est que dans la plupart des CLSC,
souvent, cela peut arriver dans certains milieux ruraux, mais dans beaucoup de
milieux urbains les admissions se font à un niveau régional et
non pas à un niveau strictement local. À ce moment-là on
pense qu'il est important que le comité d'admission ait
l'évaluation par le médecin traitant.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous excluez qu'il participe à
cette évaluation tel que prévu dans le règlement? C'est
l'infirmier ou l'infirmière et le travailleur social...
M. Rodrigue (Jean): Non.
Mme Lavoie-Roux: L'évaluation du médecin traitant
ou de l'omnipraticien serait suffisante à vos yeux?
M. Rodrigue (Jean): On pense que l'évaluation
médicale doit être parfaite par le médecin traitant. Cela
ne nie pas la compétence des autres professionnels ni du
réseau.
Mme Lavoie-Roux: Si cela allait directement à l'organisme
qui coordonnerait, en l'occurrence le CRSSS, est-ce que cela devrait comprendre
les trois éléments ou si l'évaluation médicale est
suffisante à votre point de vue?
M. Rodrigue (Jean): Cela comprend les trois
éléments.
M. Johnson (Anjou): C'est important, ce que vient de dire le Dr
Rodrigue qui, en ce sens, reprend dans ses mots et à sa façon
d'autres commentaires qui nous ont été faits avant.
Il y a peut-être une ambiguïté dans le texte tel qu'il
existe. Nous ne voulons pas et nous ne signifions pas que l'évaluation
de chaque patient doive être faite par un professionnel du CLSC. Ce qu'on
dit, c'est que le réseau, pour que la demande chemine, doit passer par
là. Ceci veut dire que le médecin traitant, par exemple, qu'il
soit en pratique privée à l'hôpital ou ailleurs,
l'omnipraticien qui a suivi un patient dans son milieu familial remplit la
grille CTMSP et il y a toujours une place pour les commentaires, y compris sur
la situation familiale.
Ce qu'on dit, c'est qu'une fois que le professionnel a porté son
jugement, le cheminement de la demande doit passer par le CLSC, ce qui ne
signifie pas que l'évaluation professionnelle doive passer par le
CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Ou qu'elle doive être refaite.
M. Johnson (Anjou): On précisera en cours de route, s'il
le faut.
Mme Lavoie-Roux: Le CLSC sera une boîte aux lettres.
M. Johnson (Anjou): II y a toute l'évaluation, la grille
de la capacité pour le réseau de fournir le maintien des services
à domicile et les ressources alternatives qu'on assume de façon
transitoire, que ce soit à l'hôpital de convalescence ou ailleurs,
où il y a d'autres ressources disponibles. Ce n'est pas le rôle de
l'omnipraticien qui est à son bureau et qui connaît le
problème; les ressources du milieu pour répondre à ce
problème-là, il ne les connaît pas nécessairement de
façon idéale. Lui, il constate qu'il faut que son patient soit
hébergé ou que ça serait - entre guillemets
-"préférable" qu'il soit hébergé.
En cours de route, on se rend compte qu'avec l'ensemble des
données que l'on a, on peut lui permettre d'être gardé
à domicile pendant une certaine période, jusqu'à ce qu'on
puisse lui trouver une place. C'est pour ça qu'il faut que ça
aille au CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Ceci implique que le CLSC, jusqu'à un
certian point, va refaire une évaluation qui aura déjà
été faite. À moins qu'on ne la fasse qu'en regard des
disponibilités du CLSC d'offrir des services à
domicile.
M. Johnson (Anjou): C'est un élément qui doit
entrer en ligne de compte. Deuxièmement, il y a la pondération
relative des demandes qui va se faire au niveau du comité ou du
système que mettra sur pied chacune des régions ou des
sous-régions.
Donc, il y a la pondération relative des demandes. Encore une
fois, je voudrais préciser que notre objectif, ce n'est pas d'avoir des
personnes grabataires chez elles, au deuxième étage, attendant
que le postier frappe à la porte par hasard et insiste pour savoir si
elles sont encore là. On doit faire en sorte qu'on puisse
pondérer à partir des ressources que l'on a, sur le plan de
l'hébergement, et utiliser au maximum ces ressources pour le maintien
des services à domicile chez ceux chez qui ça peut être
fait. Cela présuppose qu'on ait l'ensemble des données indiquant:
Voici, sur 250 personnes, la notion - entre guillemets - de priorité, ce
n'est pas le jugement que peut porter l'omnipraticien à lui seul. Lui,
il voit un patient, il n'en voit pas 250.
Le comité, sur le plan régional ou sous-régional,
avec le praticien médical, le praticien social et l'infirmière
auront le rôle de pondérer ça. Le CLSC, dans ce contexte,
doit voir dans quelle mesure il peut maximiser ses ressources de maintien des
services à domicile là où cela s'applique, par
définition.
Mme Lavoie-Roux: Sur ce point, c'est peut-être juste
à l'épreuve qu'on le verra, mais il me reste quand même une
inquiétude dans la tête. Autant je crois au bien-fondé
d'examiner les possibilités de maintien des services à domicile
ou des ressources alternatives, si on veut, il ne faudrait pas non plus que ce
soit un dédale de plus qui retarde et qui fasse attendre les gens car on
sait que les demandes... Je n'accuse personne de quoi que ce soit. C'est
très très lent.
C'est déjà pénible pour les personnse
âgées, pour les familles de suivre le processus ordinaire;
à ce moment-là, on les oblige à en recommencer un qui,
finalement, va aboutir à la même chose. Il va falloir, en tout
cas, que les articulations soient rapides et que ce soit bien fait, sans quoi,
on va créer encore plus de frustrations et on ne résoudra
peut-être pas tellement de problèmes à créer cette
ligne intermédiaire. (11 h 45)
Ma dernière question est la suivante: Quels commentaires - je
pense qu'ils sont assez analogues, finalement - sur votre place dans les
centres d'accueil et votre place dans les CLSC? Cela m'a fait un peu rire de
lire votre troisième paragraphe, article 79 qui se rapporte aux centres
d'hébergement. Si c'était retenu tel quel cela constituerait une
étape de servage déguisée pour les membres de la
profession médicale appelés à oeuvrer dans ce type
d'établissement.
Hier soir, vous avez dû en entendre d'autres aussi qui se sentent
malheureux de devenir possiblement en servage pour la profession
médicale. Alors, c'est à peu près le même langage.
J'aimerais que vous répondiez précisément à ma
question relativement aux centres d'accueil. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas?
On sait qu'il y a des centres d'accueil où il n'y a même pas de
services médicaux. Mais dans la mesure où le plan d'organisation
prévoit la formation d'un service médical là où il
y a trois médecins qui pratiquent... Est-ce que ce n'est pas quelque
chose qui vous satisfait par rapport à l'état actuel des choses?
Également, je sais qu'au début, cela a été une
cohabitation difficile entre les différents groupes des
différentes professions des CLSC. Mais concrètement, quels sont
les problèmes?
M. Richer: Je vais vous parler des centres d'accueil et je
laisserai mon collègue, Jean, répondre au sujet des CLSC. La
réglementation proposée sur le service médical dans un
centre d'accueil nous satisfait pleinement. C'est exactement ce que la
fédération, par l'entremise d'un document produit par le Dr
DesRosiers, avait suggéré, vers 1980. Nous souhaitons que
là où il y a trois médecins, il y ait un service
médical avec un responsable de ce service médical qui agirait
comme une sorte de chef de département. Ce responsable agirait sous
l'autorité, non pas d'un DG, mais d'un conseil d'administration. C'est
ce que traduit fidèlement le projet de règlement.
Donc nous sommes tout à fait d'accord avec ça. Le
problème qu'on a, c'est dans les CLSC actuellement. Je laisserai Jean
s'exprimer à cet égard car il connaît très bien ce
dossier.
M. Rodrigue (Jean): Faudrait peut-être ajouter au centre
d'accueil aussi ce que l'on discutait cette semaine. Il ne faut pas
s'illusionner non plus; de plus en plus dans les centres d'accueil il y a des
cas qui sont relativement lourds sur le plan médical, sur le plan
infirmier aussi, je ne le nie pas, mais ça va être de plus en plus
important de bien structurer dans les centres d'accueil les soins à
donner aux patients de quelque ordre que ce soit.
Il arrive que la tradition médicale a fait... Il y a des conseils
de médecins et dentistes où les services médicaux, dans la
plupart des établissements... Nous pensons que la complicité des
cas qui de plus en plus arrivent dans les centres d'accueil, va faire que ce
service médical devra être très bien structuré en
termes d'évaluation de l'acte médical, pour être à
même de donner les meilleurs soins médicaux aux patients.
Auparavant, il y avait beaucoup de
centres d'accueil. Je me souviens, il y a dix ans, le centre d'accueil
était une résidence pour les personnes âgées.
Pratiquement, il y avait beaucoup de personnes qui étaient
très autonomes. Je m'aperçois actuellement, lorsque je fais ma
tournée à chaque mois, que l'autonomie des personnes
âgées dans les centres d'accueil a diminué de beaucoup et
que les interventions que l'on doit faire sur le plan médical ont
augmenté en termes de complexité. Tout simplement pour ajouter
quelques mots à ce que le Dr Richer a dit par rapport aux centres
d'accueil. Je vous remercie de vous intéresser au CLSC, Mme
Lavoie-Roux.
M. Johnson (Anjou): Nous aussi on s'y intéresse.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'êtes pas un peu supporté
à l'intérieur du ministère, des CLSC.
M. Rodrigue (Jean): Je ne sais pas s'il y en a pour les
omnipraticiens dans les CLSC, mais pour les réseaux, on le sait.
J'entendais encore ce matin que le ministre avait annoncé un nouveau
CLSC dans la région de Québec. Je pense que les réponses
que l'on avait envie de donner, on les a données dans le rapport. Il y a
une grande question c'est que le ministre a très bien fait le tour du
jardin des hôpitaux, il a très bien affirmé qu'il y avait
une place pour les omnipraticiens dans les hôpitaux. La question que l'on
se pose quand on regarde les règlements c'est: pour le ministère,
quelle est la place des omnipraticiens dans les CLSC? Parce que, finalement, je
pense que le ministère ne peut pas ignorer les problèmes qu'il y
a pour les omnipraticiens, pour l'exercice de l'omnipratique dans les CLSC.
Si le ministre l'ignore, c'est parce qu'il ne se promène pas dans
les CLSC, ou encore c'est parce qu'il n'invite pas l'association des
médecins des CLSC de temps en temps comme consultants. Mais je pense
qu'on ne peut pas ignorer les problèmes de la pratique de la
médecine générale dans les CLSC.
Je ne comprends pas qu'il n'en soit fait mention dans les
règlements. J'aimerais d'abord, si c'est possible, avoir une
réponse du ministre là-dessus. Quel est le raisonnement? Je vous
avoue que nous, les médecins de CLSC, étions estomaqués de
voir...
Mme Lavoie-Roux: Avant que le ministre nous réponde,
pourriez-vous répondre à ma question? J'ai un peu
d'expérience, après quatre jours. Quand il commence à
répondre...
Ce n'est pas un reproche, on a quelque peu convenu de cette approche au
cours de cette commission parlementaire.
On a modifié la loi, je m'en souviens, au moment de la loi 27.
Par exemple, au lieu d'exiger la présence de trois médecins,
maintenant, on en exige cinq, pour former un conseil de médecins et
dentistes. Vous réagissez à ça. On peut discuter à
savoir s'il en faut trois ou cinq; il y a un peu d'arbitraire là-dedans,
mais quels sont les points qui vous empêchent de bien fonctionner comme
omnipraticiens dans les CLSC? C'est vraiment la question que je vous pose.
M. Rodrigue (Jean): D'abord, je vous rappellerai que c'est une
proposition éclairée de votre parti qui a fait que, de cinq
médecins dans les CLSC, on est descendu à trois.
Le problème important dont il faut se souvenir par rapport
à l'organisation des CMD, des médecins dans les
établissements est le suivant. Les médecins omnipraticiens
exercent une profession qui est, on peut dire, spécifique, qui implique
des transactions avec une clientèle, un assez grand nombre de patients.
La tradition dans la société québécoise, les
habitudes de consultation des gens font qu'ils vont d'emblée vers le
médecin omnipraticien beaucoup plus facilement que vers un programme
d'intervention ou encore vers les intervenants sociaux.
Ce n'est pas mépriser les autres intervenants, c'est simplement
une situation qui fait que l'achalandage de l'omnipraticien est
différent; ça correspond, finalement, à l'histoire du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus facile d'être malade
physiquement que d'être malade psychologiquement ou socialement.
M. Rodrique (Jean): Je pense que c'est vrai. Si vous me permettez
une parenthèse, je pense que c'est plus complexe d'être malade
socialement parce qu'on est obligé d'intervenir avec beaucoup plus de
thérapeutes, dans beaucoup plus de programmes. Donc, quelqu'un qui avoue
un problème social est souvent obligé de se déculotter
beaucoup plus "profondément", je dirais, que le strict fait de se
déculotter.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais pourtant que c'était pour la
médecine.
M. Rodrigue (Jean): On en arrive à la conclusion que le
médecin omnipraticien a un achalandage particulier. Dans un CLSC,
même s'il y a une pratique multidisciplinaire, il n'en reste pas moins
que la plupart des personnes interviennent individuellement. Elles
n'interviennent pas toujours en groupe.
Quand je vois des personnes âgées, ou quand je fais du
planning familial à mon bureau, on n'est pas quatre ou cinq, il n'y
a
que mon client ou ma cliente et moi. C'est la même chose pour les
autres intervenants. Il y a donc une grande partie du travail de
l'omnipraticien qui concerne seulement l'omnipratique. C'est une
constatation.
Quels sont les problèmes que l'on a vécus depuis dix ans?
Je passerai rapidement sur la brochette de directeurs généraux ou
de directeurs des services communautaires que l'on a eue dans toute
l'année. Il y a toujours eu une espèce de flou, quant au
rôle exact des CLSC qui commence tranquillement à se
préciser depuis deux ou trois ans, à la suite du quatrième
ministre des Affaires sociales que je connais. Il y a donc, actuellement, des
problèmes précis. Dans des CLSC, l'omnipraticien ne peut pas
pratiquer la médecine générale aussi bien qu'il le
voudrait. Par exemple, dans un CLSC, un directeur général oblige
une femme médecin à aller pratiquer dans un autre village que
l'endroit où elle pratique sous prétexte que, dans cet autre
village, il n'y a pas de femme médecin et que la population à le
droit d'avoir une femme médecin. Cette décision est prise sans
consultation médicale.
Dans un autre CLSC, le directeur des services professionnels - parce
qu'il y en a dans les CLSC - qui est un animateur communautaire prend
régulièrement une pile de dossiers médicaux et les lit
pour voir ce qu'il y a dedans. Les dossiers médicaux des clients. Dans
un autre CLSC, un médecin ne peut pas voir de patient après 17
heures, ce qui veut dire que si, par exemple, un enfant souffre de
température et d'otite, les parents sont intéressés
à ce que ce soit le médecin traitant qui voie le patient. Alors
si la mère ou le père appelle le médecin pour lui demander
de voir le patient à la fin du bureau, ce médecin ne peut pas le
voir, sous prétexte que c'est une décision administrative et que
c'est au directeur général ou au coordonnateur à
décider si le médecin verra ou non le patient.
Je pourrais continuer à vous donner des exemples jusqu'à
tard ce soir. Ce qu'on revendique, ce n'est pas un conseil de médecins
et dentistes qui va décider de l'avenir du CLSC; ce n'est pas un conseil
de médecins et dentistes qui va contrôler les programmes
préventifs ou les programmes d'intervention multidisciplinaire. Ce n'est
pas notre but. Notre but à nous, c'est d'avoir, au même titre que
dans tous les autres établissements, une structure opérationnelle
qui permette aux médecins de déterminer les conditions les plus
propices de l'exercice de la médecine générale; qui
permette aux médecins omnipraticiens de déterminer des
règles d'évaluation des actes médicaux qu'ils posent, de
déterminer des règles de formation médicale continue. On
demande aussi, si c'est possible, d'être consultatif au conseil
d'administration et aussi à l'administration, eu égard aux
implications administratives ou médico-administratives de
l'établissement.
Il y a toujours eu une espèce de phobie de la part de
différents intervenants, à savoir que le conseil des
médecins et dentistes était un pouvoir que je dirais pratiquement
néoplasique à l'intérieur de la structure du CLSC. On n'a
jamais revendiqué ça.
On espère toujours que les règlements ou les lois
solutionnent les problèmes. On pensait que la réglementation
répondrait à certains problèmes. Surtout que depuis la
dernière réglementation il y a un avis du contentieux du
ministère des Affaires sociales, un avis juridique qui se promène
dans tous les CLSC, à savoir que la réglementation
antérieure, que vous allez bientôt modifier, ne concerne que les
centres hospitaliers et que, de ce fait, tous les articles du règlement
qui concernent le conseil des médecins et dentistes en centre
hospitalier ne s'appliquent pas nécessairement dans les CLSC, entendant
par là que le directeur général ou le conseil
d'administration puissent décider ce qu'il veulent dans le CLSC, ce qui
fait que l'on arrive à des situations aussi aberrantes qu'un directeur
général refuse d'entendre le conseil des médecins et
dentistes pour avoir son opinion sur le type de garde ou de services d'urgence
qu'il devrait y avoir dans un établissement.
Nous, ce qu'on pense, c'est qu'il devrait y avoir dans la
réglementation... La FMOQ est d'accord avec nous là-dessus:
d'ailleurs c'est pour ça qu'on en fait partie.
On s'entend avec la FMOQ pour dire que, dans les CLSC, il doit y avoir
un CMD et que, dans les règlements, il doit y avoir un chapitre
précis qui concerne l'organisation médicale dans les CLSC, parce
que l'on sait très bien que depuis 5 ans, il est excessivement difficile
de convaincre un directeur général d'avoir un CMD dans son CLSC
et qu'il est très difficile que ce CLSC soit opérationnel, soit
écouté par l'administration.
On en arrive à des solutions, le Dr Richer parlait tantôt
de faire imposer un département de médecine
générale par un hôpital. On a été dans des
situations de grief aussi. L'arbitre a demandé à un CLSC de bien
vouloir constituer son CMD tel qu'il était obligé par la loi,
parce que le directeur général de l'établissement ne
voulait pas qu'il y ait un CMD, même s'il y avait cinq médecins
dans cet établissement.
Est-ce qu'on a eu un gros deuil du fait d'être passé de
cinq médecins à trois médecins? Je vous avouerai que
maintenant le deuil est résolu. On pense que, quand il y a cinq
médecins, il devrait y avoir une structure analogue, pour ne pas dire
identique, à la structure dans les hôpitaux. Lorsqu'il y a de
trois à cinq médecins on pense que pour la qualité de la
médecine
dans cet établissement - parce que l'on suppose que ces
médecins vont faire de la médecine, à moins que ce ne soit
une intention différente de la part du ministère -c'est une
façon habile de prévoir un service qui devra répondre au
conseil d'administration de l'évaluation de l'acte médical et des
actes médicaux qui se posent dans l'établissement. (12
heures)
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous aviez posé une question
au ministre... Je pense que c'est éclairant ce que vous dites. Il y a
certainement un malaise, et le ministre doit prendre bonne note de vos
commentaires, sans aucun doute.
M. Johnson (Anjou): Je vous remercie, Dr Rodrigue de
l'exposé que vous venez de nous faire. Je dirai que je ne suis pas
nécessairement d'accord avec les solutions que vous proposez comme
étant des solutions aux problèmes que vous avez
évoqués dans tous les cas.
Par exemple, ce que vous avez donné sur les DSP, qui est un
animateur communautaire qui consulte des dossiers, je ne suis pas sûr que
ce soit du ressort de la réglementation. Vous avez donné quelques
autres exemples où je ne suis pas sûr que la structure du CMD
répondrait à ça.
Je pense cependant que l'avantage de votre intervention c'est d'avoir
évoqué des problèmes que vous considérez comme
réels dans les CLSC. Je ne doute pas de la légitimité ni
de la représentativité de vos propos.
Il reste que, tenons pour acquis qu'on part de cinq, c'est ce que dit la
loi, devant ce que le Dr Rodrigue a appelé un deuil résolu. J'ai
vu les quatre phases cependant de Kübler Ross être
manifestées par les médecins de CLSC, du "why me" à la
résolution.
Il y a trois raisons pour lesquelles on n'intervient pas. La
première c'est que l'on n'a pas d'assises juridiques pour intervenir de
façon précise dans le pouvoir réglementaire à 176.
Deuxièmement, je ne suis pas sûr que la réglementation
résoudrait, en soi, beaucoup des problèmes que vous
évoquez, même si on avait des assises juridiques pour le faire. Je
pense que ça touche, en soi, une mécanique qui n'est pas garante
de la résolution de ces problèmes-là.
L'exemple que vous donnez c'est celui des horaires: je ne pense pas que
ce soit dans les fonctions d'un CMD; il y a une espèce de contradiction
intrinsèque quand vous dites: On ne voudrait pas que le CMD remplace le
CLSC dans la définition de son rôle etc., de son fonctionnement.
C'est vrai. La seule chose qui va permettre ça, c'est que les gens
apprennent à vivre ensemble. La corporation a un rôle quant
à l'évaluation de la pratique médicale, qui est son
rôle d'évaluer, en vertu de la loi de la corporation. En l'absence
de CMD, c'est la corporation qui joue ce rôle-là.
Ceci dit, la corporation n'a pas des armées de personnes pour
faire le tour, dans les cas les plus évidents, là où il y
a des problèmes plus évidents concernant la qualité de ce
qui est visé par ce qu'est le rôle d'un CMD dans un
établissement ou le rôle de la corporation, la corporation,
à ma connaissance, intervient si elle est saisie de tel type de
problèmes.
La dernière dimension - je suis sûr que ma réponse
ne vous satisfera pas; je ne suis même pas sûr qu'elle me satisfait
moi-même entièrement; je pense que l'on vivra dans une
espèce de laboratoire à l'égard de la problématique
de l'omnipratique dans les CLSC encore pour un petit bout de temps -la
dernière question, c'est le caractère multidisciplinaire. Il faut
dire les choses comme elles sont: si je devais résumer très
brutalement ce que fait la loi 27 et ce que fait le règlement qui en
découle, je dirais dans le fond: À l'hôpital, les
médecins ont un rôle majeur à jouer là-dedans, et il
faut maintenant que les textes reconnaissent ça et que le fonctionnement
permette une meilleure intégration.
Dans le cas des CLSC, c'est une débat qu'on avait abordé
avec la corporation des psychologues hier, dans le cas des CLSC, comme dans le
cas de certains types d'interventions en centre d'accueil ou de
réadaptation en particulier, il y a là une reconnaissance de fait
depuis dix ans, qu'il y a une espèce de caractère
multidisciplinaire à l'activité de ces établissements. On
les considère comme faisant tous partie du personnel clinique; et on
n'introduit ni dans la réalité, ni dans la réglementation
cette distinction très très nette qui a toujours existé,
et qui est renforcée en vertu des règlements que l'on adopte,
dans le cas des hôpitaux, quant au rôle du médecin. C'est un
univers qui reste un peu plus flou et qui fait qu'on souhaite que se
développe sur le terrain une approche plus multidisciplinaire. Je dois
dire, Dr Rodrigue, que même si j'allais au Lac-Etchemin alors que vous
n'y étiez pas, il y a deux ans, même si je suis allé dans
plusieurs CLSC où j'ai rencontré des médecins
omnipraticiens, j'ai toujours été frappé par le fait qu'il
semble exister là un climat un peu différent de ce qu'on retrouve
dans les établissements hospitaliers.
La multidisciplinarité c'est aussi une affaire de comportement,
et je pense que ce comportement est différent dans les CLSC. L'ouverture
des médecins omnipraticiens, leur perméabilité, par
exemple, aux psychologues, aux travailleurs sociaux, à ceux qui sont,
entre guillemets, les "paramédicaux", me semble marquée par moins
de tension que ce qu'on retrouve dans les milieux hospitaliers. Il reste qu'il
y a des univers professionnels
qui s'entrecroisent. Il y a des problèmes très
délicats comme celui que vous avez soulevé de la
confidentialité du dossier médical. Que je sache, il n'y a pas de
corporation des animateurs sociaux là. Il me semble que ça
n'existe pas encore. Je suis sûr qu'il y a quelqu'un qui voudrait en
créer, mais ça n'existe pas encore et je n'ai pas de projet de ce
côté-là, je dois vous rassurer.
Il y a un problème d'accès aux dossiers que vous
évoquez qui m'apparaît réel. Encore une fois, on doit tenir
compte de la loi, du rôle de la corporation, de la
nécessité de former des CMD là où il y en a plus de
cinq. Aussi du fait qu'il faut que continue dans la réalité cette
interpénétration d'une certaine vision multidisciplinaire
à la résolution des problèmes sociaux dans une vision de
première ligne.
L'autre voie, ça aurait pu être celle que nous
suggéraient récemment certains groupes en disant: mettez les CLSC
dans les hôpitaux. Je n'ai pas d'objection à ce que les CLSC se
servent d'emplacements physiques situés dans les hôpitaux,
à l'occasion. C'est une bonne chose dans la mesure où c'est une
utilisation intelligente des ressources; mais qu'il y ait une confusion du
rôle de l'hôpital et du rôle du CLSC, je me dis:
peut-être dans dix ans. peut-être dans quinze ans, car le
réseau de CLSC sera complété et qu'il aura derrière
lui 10 à 15 années d'expérience et le milieu hospitalier
aura évolué en fonction d'une certaine vision qui n'est pas que
médicale des problématiques de nature sociale et de l'approche
à la prévention. Mais à ce stade-ci, ça
m'apparaît prématuré de vouloir transposer le moderne.
C'est pour ça que l'on essai, entre guillemets, de "protéger les
CLSC". Ce n'est pas un geste idéologique, ce n'est pas non plus des
règlements de coin de table pour avoir la paix. C'est simplement que
c'est une structure qui a encore une certaine fragilité, mais où
se vit une chose, à notre avis, extrêmement importante dans
l'évolution des années qui viennent, dans l'évolution du
réseau des affaires sociales, quant à sa capacité de
prendre en charge de multiples formes des problèmes des citoyens. Cela
doit se vivre aussi par les professionnels. Vous évoquiez tout à
l'heure, à mon avis avec beaucoup de justesse, ce qu'on retrouve bien
plus dans les CLSC que dans la plupart des salles d'urgence des grands milieux
urbains, soit que le médecin traitant, prend son patient de façon
peut-être un plus globale. Certains vous diront que c'est à cause
du mode de rémunération. Je ne suis pas sûr que ce soit
seulement ça, mais c'est clair que ça peut jouer dans certains
cas. Il y a moins de pression pour du volume, il y a moins de pression pour des
actes. La pression pour le volume et pour les actes, a par ailleurs des
avantages en termes de productivité du système et
d'accessibilité à bien des endroits. Je pense qu'il faut
permettre à cette expérience-là de progresser.
Cela dit, nous réaffirmons que lorsque l'on prévoit dans
la loi 27, dans le cas où il y en a 5 et plus... Je vais aller
bientôt à la fédération des CLSC; je pense qu'on va
s'entretenir de ça, de la formation des conseils de médecins et
dentistes là où il doit y en avoir.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. J'aimerais poser
une question au ministre. J'ai cru comprendre qu'il a dit qu'il n'avait pas les
pouvoirs réglementaires pour créer un service médical dans
les CLSC. J'aimerais lui demander où il prend ses pouvoirs pour les
centres d'accueil.
M. Johnson (Anjou): Bonne question. L'article 173i. C'est
cela?
Mme Lavoie-Roux: "Déterminer selon la catégorie de
l'établissement, les directions, services et départements que le
plan d'organisation doit prévoir".
M. Johnson (Anjou): Mais dans la mesure où dans le cas des
centres d'accueil, on se sert de 173i pour prévoir la notion de services
médicaux dans les centres d'accueil, on ne pourrait pas en vertu de
l'article 173i, créer l'équivalent d'un CMD parce que le CMD,
lui, c'est dans la loi.
On ne crée pas l'équivalent d'un CMD dans le cas des
centres d'accueil. On dit simplement qu'il y a un service...
Mme Lavoie-Roux: Médical.
M. Johnson (Anjou): ...au plan d'organisation. Évidemment,
le Dr Rodrigue...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le...
M. Johnson (Anjou): ...disait: Faites donc la même chose
avec les CLSC en vertu de 173 i...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela que je...
M. Johnson (Anjou): ...je ne suis pas sûr que ça
répondrait à toutes ses préoccupations. Dans la mesure
où on parle de CMD et de la vision qu'on nous présentait de ce
que doit être un CMD...
Mme Lavoie-Roux: Un service médical.
M. Johnson (Anjou): Un service médical, sûrement
qu'on aurait les assises pour faire, entre guillemets "un service
médical"; mais pas un CMD.
Le Président (M. Desbiens): Dr
Rodrigue.
M. Rodrigue (Jean): J'aurais une dernière intervention qui
ne sera pas très longue. Si on tient compte finalement de la loi qui
prévoit un CMD dans les CLSC où il y a plus de cinq
médecins, je me permets de soumettre bien humblement au gouvernement que
son contentieux va pouvoir, demain ou lorsque les règlements seront
publiés, écrire la même lettre aux CLSC, laquelle leur dira
que finalement les règlements de la loi 27 ne s'appliquent pas dans le
cas des CLSC. On pense que c'est déjà s'en aller dans une chicane
qui ne finira pas.
Je comprends toutes les préoccupations du ministre Johnson. Le
CMD se réunit une fois par mois chez nous; ce qui ne nous empêche
pas de participer aux programmes socio-économiques ou à tous les
programmes multidisciplinaires qu'il voudra bien. La seule préoccupation
qu'on a quand on se réunit comme CMD, c'est ce qu'on véhicule
à tous les médecins qui sont dans les CLSC, c'est vraiment
l'évaluation de la qualité de l'acte médical et la
formation continue. Que je sache, ce n'est pas contraire à
l'équipe multidisciplinaire, et, deuxièmement, ça ne nuit
pas au fonctionnement des CLSC.
L'autre problème précis qu'on a, c'est que si les
règlements demeurent de la même façon, on se retrouve
demain de la même façon qu'on s'est retrouvé en 1976,
c'est-à-dire avec des documents qui émanent de la
fédération des CLSC où on dit clairement que les
règlements de CMD ne s'appliquent pas dans les CLSC. On pense qu'il
devrait y avoir dans la réglementation un article précis qui
dirait que les règlements de CMD de centre hospitalier s'appliquent
également dans les CLSC, de telle façon qu'on élimine ce
problème de devoir refaire une réglementation qui est
déjà faite dans les règlements et qui est bien faite.
M. Johnson (Anjou): Une dernière remarque sur ce que vient
d'évoquer le Dr Rodrigue, l'article 112 de la loi dit que le conseil des
médecins et dentistes, selon des modalités qui peuvent être
déterminées par règlement, est responsable
vis-à-vis du conseil d'administration du contrôle de
l'appréciation des actes médicaux et dentaires posés dans
l'établissement, du maintien à un niveau suffisant de la
compétence des médecins et dentistes qui exercent dans
l'établissement pour assurer un service de qualité à la
population en ce qui a trait aux soins médicaux et dentaires, de faire
des recommandations nécessaires afin que les services médicaux et
dentaires soient distribués de façon appropriée, de faire
des recommandations sur l'organisation scientifique et technique de
l'établissement, de donner son avis sur les règles de soins
médicaux et dentaires et sur les règles d'utilisation des
ressources élaborées par un chef de département clinique,
d'établir des modalités du système de garde permanent du
centre hospitalier. Dans la mesure où il y a un CMD, c'est-à-dire
là où il y a plus de cinq médecins, ça s'applique.
Ce qui ne s'applique pas, ce sont les règlements par exemple sur les
comités, les différents comités qu'on retrouve dans les
CMD en milieu hospitalier. Mais là il y a un problème de masse
critique.
M. Rodrigue (Jean): Non. Cela s'applique très bien, parce
que vous stipulez - je ne sais pas à quel article, j'ai oublié le
numéro - le texte dit que lorsqu'il n'y a pas assez d'effectif dans un
CMD, les fonctions des comités sont assumées par le CMD, pas par
l'exécutif, par le conseil des médecins et dentistes. C'est dans
un article du dernier règlement qui a été publié
à la Gazette officielle. Il n'y a donc pas de problème de masse
critique; il n'y a pas de problème à l'évaluation de
l'acte médical. Nous, ce qu'on veut, c'est que la réglementation
prévoie une structure qui va permettre aux médecins
d'évaluer leurs actes médicaux, puis d'évaluer les
conditions dans lesquelles les actes médicaux doivent être
posés pour qu'ils soient posés le plus adéquatement
possible. C'est sûr qu'on ne fait pas d'autopsie chez nous.
M. Johnson (Anjou): Oui, on se comprend bien Dr Rodrigue. Dans la
mesure où il y en a plus que cinq, 112 s'applique chez vous; et puis
tout ce qui est fait par les comités dans un hôpital où il
y a 60 médecins est fait par un CMD ou son exécutif, selon le
cas. (12 h 15)
M. Rodrigue (Jean): C'est vrai, sauf qu'on est pris avec un
organisme qu'on peut appeler peut-être patronal, la
fédération des CLSC qui fait une analyse différente
à partir de documents juridiques que votre service du contentieux leur
fournit. Le contentieux du ministère des Affaires sociales dit que les
règlements des CMD dans les centres hospitaliers s'appliquent
exclusivement aux centres hospitaliers. Vous pouvez vous en inspirer, mais vous
pouvez aussi les modifier.
Alors, nous disons que cette situation ne règle rien. On arrive
avec des documents par lesquels, pour la nommer, la fédération
des CLSC dit: II n'est pas bon que les médecins se réunissent
trop souvent et on ne prévoit pas plus d'une réunion annuelle de
l'assemblée générale du Conseil des médecins et
dentistes.
M. Johnson (Anjou): Qui décide ainsi?
M. Rodrigue (Jean): C'est un document de la
fédération des CLSC qui a été envoyé
à tous les CLSC. Donc, ce sont les directeurs
généraux lorsqu'ils prévoient le fonctionnement du CMD.
Ça peut paraître drôle aux gens de la direction des services
communautaires, mais c'est quand même le fait. Il n'en reste pas moins
que c'est la situation. On a énormément de difficultés
à proposer une structure d'évaluation de l'acte médical ou
une structure de CMD dans les CLSC sans faire face à une obstruction
systématique de l'administration.
Si vous publiez des règlements qui vont permettre à votre
contentieux de simplement photocopier la lettre qu'il a écrite en 1981,
je pense que cela ne résout pas les problèmes des CMD dans les
CLSC.
M. Johnson (Anjou): On pourrait peut-être leur envoyer une
photocopie des débats de la commission parlementaire avec vos
interventions. Merci.
Mme Lavoie-Roux: J'ai terminé, je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): M. Gagnon.
M. Gagnon (Georges-Henri): Un petit commentaire tragi-comique,
peut-être. Au début, vous avez dit que les omnipraticiens
étaient responsables des soins intensifs à Saint-Laurent. Je
tiens à vous dire qu'à Rimouski, c'était les
anesthésistes qui étaient responsables quand il y en avait.
Alors, on pourrait peut-être réévaluer leur rôle au
niveau des soins intensifs parce que c'est difficile, en ce moment, de
l'appliquer, il manque des anesthésistes.
M. Johnson (Anjou): Ils ne sont pas nombreux, mais ils vont
être cinq la semaine prochaine.
M. Gagnon (Georges-Henri): Ils vont peut-être reprendre
leur rôle aux soins intensifs.
M. Johnson (Anjou): Merci.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Pour revenir à l'article 67, à la
page 11, vous avez parlé des situations d'abus qui risquent d'être
perpétuées si on garde le caractère facultatif de
l'article 67. Pouvez-vous développer cette idée?
M. Richer: C'est l'exemple que j'avais donné, Mme la
députée, de l'hôpital Maisonneuve à Rosemont. Les
médecins omnipraticiens ont des privilèges d'exercer à
l'urgence, puisqu'ils y exercent. Cependant, de 8 heures le matin à 16
heures l'après-midi, il y a une restriction de ces
privilèges.
On trouve ça inéquitable de restreindre la
compétence ou la possibilité de quelqu'un d'agir dans un service
d'urgence en fonction des heures et non pas en fonction du seul critère
que l'on admet, celui de la compétence à poser un geste
médical. Celui-là, on l'accepte très bien. Si on n'est pas
compétent, on dit: On va apprendre davantage, on va se former davantage;
mais on accepte mal d'être compétent de 8 heures le matin à
16 heures l'après-midi.
M. Johnson (Anjou): On n'est compétent que la nuit, si je
comprends bien.
M. Richer: C'est cela, c'est une compétence
sélective par un cycle circadien.
Mme Dougherty: Au dernier paragraphe de la page 11, vous avez
parlé de la possibilité d'exception à la règle.
Mais dans votre formulation de l'amendement que vous avez proposé
à la page 13, vous ne prévoyez pas d'exception. Comment
pourriez-vous accommoder cette idée dans l'amendement?
M. Richer: On accepte le libellé du premier paragraphe de
l'article 67 qui dit: à l'exception des centres hospitaliers mentionnant
l'annexe IV, l'Institut de cardiologie, le MNI, le Montreal Children's. On dit:
D'accord, on peut comprendre cette approche, c'est un hôpital à
vocation unique, généralement très
spécialisé; on peut comprendre l'approche du ministère.
Donc, on admet cette exception, mais on ne veut pas que l'exception
dépasse le cadre du règlement pour que ça puisse devenir
une règle.
Mme Dougherty: Prévoyez-vous d'autres exceptions?
M. Richer: Non, on dit que dans tous les autres
établissements, tous les autres centre hospitaliers de courte
durée, il devrait y avoir un département de médecine
générale, tel que le règlement le propose, d'ailleurs.
Mme Dougherty: Donc, les seules exceptions prévues sont
déjà dans l'annex IV.
M. Richer: C'est exact. Et on les accepte. On peut comprendre
cette approche.
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autres
interventions, je remercie les membres de la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec.
M. Johnson (Anjou): Merci, messieurs.
M. Richer: Merci, messieurs et mesdames de la commission.
Le Président (M. Desbiens): J'invite l'Association des
directeurs généraux des services de santé et des services
sociaux du Québec à s'approcher.
M. Bélanger, si vous voulez présenter les personnes qui
vous accompagnent et procéder à la lecture de votre
mémoire ou de son résumé.
Association des directeurs
généraux
des services de santé et des services
sociaux du Québec
M. Bélanger (Guy): M. le Président, M. le ministre
des Affaires sociales, MM. les membres de la commission, au nom de
l'association, il nous fait plaisir d'être ici aujourd'hui. Alors, les
confrères qui aujourd'hui soutiendront le point de vue des directeurs
généraux dans la présentation du mémoire sont,
à ma gauche: M. Mathieu Vaillancourt pour la section des hôpitaux,
et il est l'ex-président de l'Association des directeurs
généraux, M. Philippe Lupien, DG de CLSC, qui répondra aux
questions sur l'aspect CLSC, et M. Ronald Tellier, pour les centres d'accueil
d'hébergement et de réadaptation. À droite, le directeur
général de l'association des directeurs généraux,
M. Gaston Fréchette, qui répondra à toutes les questions,
s'il y a lieu.
MM. les membres de la commission, l'association dont nous vous livrons
ici les réflexions représente les directeurs
généraux et leurs principaux adjoints immédiats des divers
établissements de santé et de services sociaux du réseau
des affaires sociales du Québec. Ces individus qui sont les principaux
gestionnaires de ces établissements sont au nombre d'environ 850 et sont
responsables de la gestion des centres d'accueil, des centres hospitaliers, des
centres locaux de services communautaires, des centres de services sociaux et
des conseils de la santé et des services sociaux.
À ce titre et en vertu de cette forme de regroupement, notre
association constitue le seul organisme pouvant collectivement véhiculer
les points de vue des principaux actionnaires du réseau, sans
égard aux catégories d'établissements dans lesquels ils
oeuvrent. C'est pourquoi nous croyons que les opinions de l'association peuvent
représenter un actif précieux à l'occasion de
l'élaboration et des discussions des règlements fort importants
qui sont actuellement soumis à la consultation.
L'association que nous représentons ne prétend pas
refléter la position des conseils d'administration, ni celle des
associations d'établissements, mais elle veut apporter, en regard de
cette réglementation, l'éclairage des directeurs
généraux et de leurs principaux adjoints quant à
l'exercice spécifique de leurs fonctions de gestion et aux implications
directes sur ces fonctions des mesures proposées par le présent
projet. C'est donc dire que nos commentaires et considérations, portant
tantôt sur les conseils d'administration, tantôt sur la gestion
interne, tantôt sur l'organisation professionnelle et tantôt sur
les services aux bénéficiaires, seront toujours formulés
en tenant compte de cet éclairage particulier.
Enfin, l'Association des directeurs généraux des services
de santé et des services sociaux du Québec se veut aussi
très soucieuse des droits des bénéficiaires, car,
finalement, ces derniers sont la seule raison d'être de nos
établissements. Pour nous, le présent projet de règlement
doit tendre à améliorer la qualité des services à
travers l'organisation et l'administration des établissements. Cela
devrait être, en tout cas, l'objectif majeur que l'on devrait y
retrouver. Pour ce faire, nous devons rappeler que l'organisme responsable et
fondamental pour encastrer les services dans un établissement, c'est le
conseil d'administration.
Ce fut et c'est une des valeurs de base du gouvernement que cette
autonomie des conseils d'administration soit constamment présente et
affirmée.
Le maître d'oeuvre de l'application des décisions et des
politiques de services aux bénéficiaires qui sont faites par le
conseil d'administration, c'est le directeur général. Ce dernier
est l'exécutant privilégié des décisions du conseil
d'administration et, à ce titre, on estime qu'on doit lui fournir les
instruments nécessaires à une bonne gestion.
S'il y a trop d'entraves dans sa gestion, par exemple une multiplication
des paliers décisionnels et des règlements, il lui est difficile
d'agir avec cohérence et de maintenir la qualité des services qui
est l'objectif ultime de son établissement. Or, étant l'artisan
de la mise en application de la réglementation du conseil
d'administration, il importe donc que le directeur général puisse
coordonner les activités de dimension administrative, professionnelle ou
médicale de l'établissement. C'est mon premier défi.
Avant d'aborder dans le texte un certain nombre de points précis
sur lesquels l'association veut soumettre ses commentaires, nous voulons
brièvement vous situer les principes généraux auxquels
nous voulons référer tout au long de notre texte, autrement dit
les grandes orientations que nous voulons privilégier eu égard du
projet de règlement en cours. (12 h 30)
D'abord, la révision des règlements. Pour l'ADG, c'est une
opération très utile. L'association reconnaît
qu'après une dizaine d'années d'existence le réseau avait
besoin d'une révision importante et d'une refonte en profondeur de
certains des règlements en vertu de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Compte tenu de
l'évolution technologique, de toutes les choses nouvelles qui
s'ajoutent dans les façons de gérer les établissements, de
les organiser, de dispenser les services, on croit que cette
réorganisation des règlements, cette révision
s'imposait.
L'efficacité de notre système de santé et de
services sociaux. Notre conviction profonde comme directeurs
généraux est que toutes les interrelations qui ont lieu entre les
divers intervenants du réseau sont susceptibles d'accroître d'une
façon quelconque l'efficacité de chacun. Pour que cela soit
possible et pour que les choses continuent d'évoluer, nous pensons qu'il
est essentiel d'éviter que tous ces intervenants ne soient
enfermés dans des carcans administratifs et procéduriers qui les
rendent prisonniers de règles établies et dépourvus de
toute initiative. Trop de règlements, c'est pire que pas assez. On
devient vraiment prisonnier, on devient pris dans une série de
procédures. La place à la créativité, à
l'initiative n'est plus possible dans les établissements.
Voilà pourquoi, sur le plan des principes, à
l'étude d'une réglementation comme celle qui nous concerne ici,
il s'avère important du point de vue de l'ADG, que les relations entre
le ministère des Affaires sociales et les établissements du
réseau ne soient pas paralysées par des montagnes de rapports et
de chiffres qui mobilisent de précieuses énergies à des
tâches qui ne résultent pas, finalement, en des services à
la population ni en une augmentation de l'efficacité de notre
système de santé et de services sociaux.
On formulera plus loin quelques commentaires à partir de ces
principes sur le projet de règlement.
Ce que nous souhaitons, c'est un réseau de services. Dans le sens
de l'évolution des services dans le réseau des affaires sociales
au cours des dernières années et dans le sens aussi de la
compréhension que nous avons de son avenir, il nous apparaît, au
niveau de l'association, que les efforts investis dans la révision de la
réglementation actuelle devraient mettre l'accent sur un réseau
de services qui ne se limite pas aux structures des établissements, mais
qui prévoit plutôt des missions générales pour les
établissements, tout en leur laissant de grandes marges de manoeuvre
favorisant la concertation et l'initiative des gestionnaires du réseau.
La concertation régionale, je pense que c'est une chose à
développer de plus en plus. Des efforts ont été faits dans
les dernières années; on croit, à ce niveau, qu'ils
devraient être poursuivis et même encouragés.
Une réglementation sur des objectifs plutôt que sur les
moyens. Un dernier principe général qui nous apparaît
important et auquel nous croyons beaucoup est qu'il faille, selon notre
association, concevoir une réglementation du genre de celle qui nous
préoccupe comme devant mettre surtout l'accent sur des objectifs et des
résultats à atteindre plutôt que sur des moyens
précis et uniformes pour y arriver.
En ce sens, l'association croit à l'importance pour le
gestionnaire d'avoir constamment en tête une vision d'ensemble du
réseau et, à plus forte raison, de son établissement. Nous
estimons qu'il peut être facile pour tout gestionnaire de tomber dans le
piège qui le guette, de développer une vision morcelée des
choses au détriment de l'ensemble, surtout si les instruments dont il
dispose, les attentes que l'on a envers lui et les préoccupations qu'il
entretient sont canalisés vers des procédures et des
détails de fonctionnement. Or, la réglementation, d'après
notre association, devrait favoriser une telle orientation.
À titre d'illustration de ce principe, nous faisons
référence, par exemple, au budget global instauré dans les
établissements il y a plus de dix ans. L'association est d'avis que le
budget global est un instrument essentiel mis à la disposition du
gestionnaire afin de lui permettre la flexibilité et la marge de
manoeuvre nécessaires pour ajuster et réallouer les ressources
impliquées dans la dispensation des services en fonction de
l'évolution des besoins de la population dans sa région. Ainsi,
nous estimons que la définition du budget global contenue dans le projet
de règlement sur la question financière des établissements
(une sorte d'enveloppe globale que l'établissement doit respecter et
contre laquelle il applique lui-même les prévisions
budgétaires essentielles à sa gestion) respecte bien la
philosophie de ce que doit être un budget global et que c'est suffisant
pour que le gestionnaire se sente concerné et agisse en
conséquence avec responsabilité. Compte tenu du fait que le
ministre des Affaires sociales dispose déjà par ailleurs de tous
les pouvoirs nécessaires pour, au besoin, obtenir les renseignements et
intervenir auprès des établissements qui ne respectent pas leur
enveloppe budgétaire globale, nous croyons que l'esprit et la lettre de
cette philosophie devraient être gardés intacts sans être
dilués. Ceci amène donc notre association à proposer,
à ce sujet, que ce projet de règlement sur la gestion
financière des établissements soit finalement adopté en
concordance avec celui qui porte sur l'organisation et l'administration des
établissements.
Une dernière considération amène l'association
à insister dans le sens d'un accent à mettre dans les
règlements sur les objectifs plutôt que sur les résultats,
c'est-à-dire, à privilégier des objectifs et une
centration sur des résultats plutôt que sur des moyens ou sur des
façons d'y arriver. On croit qu'il devrait exister dans le réseau
des
incitatifs à la bonne gestion. Tant au niveau de l'organisation
et de l'administration générale des établissements qu'au
niveau de la gestion financière, nous sommes d'avis que les
établissements qui démontrent une bonne performance dans leur
gestion doivent être supportés par des incitatifs qui les
stimulent à continuer dans la même voie.
En ce sens, l'association croit fermement que l'on devrait
insérer clairement et concrètement cette notion d'incitatifs
à la bonne gestion dans le présent projet de règlement. En
d'autres mots, les établissements qui respectent leurs engagements
financiers, qui offrent de plus en plus de services, qui démontrent une
volonté et une capacité évidentes à régler
eux-mêmes leurs problèmes, bref, qui dénotent un niveau de
performance satisfaisant, doivent recevoir clairement le message qu'ils sont
dans la bonne voie et qu'ils doivent continuer. Nous pensons qu'une telle
démonstration serait susceptible d'amener une réaction en
chaîne des plus positives et des plus productives, eu égard
à la qualité des services aux bénéficiaires qu'il
faut viser à travers l'organisation et l'administration de nos
établissements.
Plusieurs des commentaires à venir de l'association
s'inspireront, d'ailleurs, de cette approche que nous souhaitons voir partager
par ceux qui préparent la version finale du règlement.
Commentaires particuliers. À partir des principes
généraux que nous venons d'énoncer, l'association
désire maintenant soumettre quelques commentaires particuliers se
rapportant au texte même du projet de loi sur l'organisation et
l'administration des établissements.
Administration des établissements. Article 8, règlements
du conseil d'administration. L'association, devant la longue liste des
règlements spécifiés ici comme devant être
adoptés par les conseils d'administration, croit que l'on devrait
laisser plus de latitude à ces derniers dans l'élaboration de
leurs règlements internes. En effet, chaque établissement
étant en soi une corporation au sens du Code civil, il a donc le droit
et la possibilité d'adopter tout règlement jugé pertinent.
Il nous semble qu'une réglementation comme celle-ci ne devrait pas
s'attarder à en faire une liste exhaustive qui relève parfois
beaucoup plus du domaine des procédures que de celui des dispositions
générales. Par contre, pour ce qui est de l'article 8 dans son
esprit, le conseil d'administration ici peut se donner des objectifs et prendre
ses responsabilités, de la façon dont il est formulé. Il
s'agit finalement de permettre à chaque conseil d'administration
d'adopter des règlements qui collent à la réalité
de son établissement.
Nous ne saurions trop insister sur ce point qui est crucial pour le
conseil d'administration. Il est le mieux placé pour assumer la
responsabilité de fixer les règlements en fonction des besoins de
l'établissement et des besoins pour améliorer la dispensation de
services aux bénéficiaires.
Cela n'empêche en rien une consultation des professionnels. Au
contraire, je pense que les professionnels qui oeuvrent dans
l'établissement devraient être consultés. Mais le conseil
d'administration de par sa préoccupation première devant la
population de la qualité des services, doit demeurer le seul
décideur en cette matière et, là-dessus, il ne devrait
être soumis au contrôle de personne d'autre, d'aucune structure ou
d'aucun autre groupe de professionnels. Il nous apparaît très
important que cet élément soit respecté.
Le comité consultatif à la direction
générale dans les centres hospitaliers; l'article 17, si ma
mémoire est fidèle. Sur le plan du principe, l'association croit
que l'existence d'un comité consultatif à la direction
générale dans les centres hospitaliers, tel que
préconisé dans le présent projet de règlement, est
probablement fort souhaitable dans bon nombre d'établissements, car elle
vise à assurer la participation indispensable des professionnels et des
divers intervenants concernés par la bonne gestion des
établissements.
Toutefois, l'association soutient qu'un tel comité, qui est en
définitive un moyen pour atteindre un objectif important, ne devrait pas
être imposé indistinctement partout, et surtout pas par voie de
règlement, sans tenir compte des pratiques de gestion et des
particularités des milieux respectifs. Nous suggérons
plutôt, comme ce fut fait déjà il y a quelques
années dans la loi en ce qui concerne le comité administratif,
que le règlement dise que l'on "peut" constituer un tel comité
dans les établissements.
De plus, ces considérations étant formulées en ce
qui concerne l'existence du comité, il va de soi dans une saine gestion
que la composition d'un tel comité, ses mandats de travail et la
fréquence de ses réunions devraient relever strictement du
directeur général lui-même qui aura choisi ce moyen pour
impliquer dans la gestion un certain nombre d'intervenants clés de son
établissement.
Ce comité consultatif, là où il serait
implanté, pourrait permettre - je pense que c'est l'esprit du
présent règlement - une responsabilité accrue des
professionnels dans le milieu, et c'est louable. Mais nous devons éviter
qu'il ne devienne un autre comité de régie, un comité
administratif ou une sorte de structure de cogestion parallèle qui ne
ferait que compliquer la gestion d'établissements déjà
complexe. Dans un hôpital, par exemple, le médecin est,
évidemment, une ressource privilégiée,
comme l'est aussi l'infirmière, comme l'est aussi le pharmacien,
comme le sont tous les autres groupes de professionnels. C'est pourquoi il est
important que le pouvoir de décision demeure entier au conseil
d'administration qui mandate, lui, le directeur général pour la
mise en oeuvre des services et la qualité de ces derniers.
Toute structure bicéphale rendrait hasardeuse l'atteinte de ces
objectifs. Ici, nous pensons à la situation qui prévaut dans les
CLSC où, par exemple, les CMD ont des pouvoirs et le CCPC, lui, n'en a
pas. Cela crée des distorsions et cela crée des
difficultés de gestion très grandes. D'ailleurs, je pense que
l'association qui est passée avant nous a fait état de
difficultés de ce genre. Si on situe ces difficultés, on
s'aperçoit que souvent c'est à cause d'une problématique
de structure bicéphale comme cela. Cela tend à laisser supposer,
à l'occasion, qu'il y a deux groupes de professionnels dans
l'organisation. En termes d'esprit, en termes d'harmonie du milieu, en termes
d'harmonisation des ressources et d'une meilleure rentabilité des
organisations, cela devient plus difficile.
Accès aux services dispensés par les établissements
et les familles d'accueil. Enregistrement, inscription ou admission. Ici, nous
comprenons difficilement pourquoi, à l'intérieur d'un chapitre
orienté sur les bénéficiaires de services, on demande
à l'établissement, à l'article 24, de fournir au ministre
des Affaires sociales une longue liste d'informations sur le personnel
salarié de son établissement. (Annexe III).
Par ailleurs, particulièrement en ce qui concerne, eu
égard à cette demande du ministre, la préparation des
dossiers reliés à la négociation des conventions
collectives, nous sommes conscients que des informations de ce type sont
effectivement requises et doivent être disponibles pour le ministre des
Affaires sociales. Si le sens de ces dispositions doit être ainsi
compris, l'association suggère alors d'enlever cette demande du chapitre
consacré aux bénéficiaires et de la traiter à part
en fonction d'un objectif clairement identifié, connu de tous et que
nous approuvons hautement. Je pense que c'est évident que c'est
nécessaire que le ministre ait ces informations.
Chapitres IV et V. Accès aux services dispensés par les
établissements et les familles d'accueil et dossiers des
bénéficiaires. D'une façon générale, compte
tenu, cependant, de nos remarques précédentes concernant l'annexe
III, nous estimons que les dispositions de ces deux chapitres sont aptes
à favoriser les bénéficiaires. Dans ce sens, l'association
trouve positive et intéressante la présence de cette
préoccupation dans la réglementation.
Organisation des centres hospitaliers, article 68. Départements
cliniques dans un hôpital de soins de courte durée. En abordant la
question des départements cliniques sous un angle de gestion, qui est
notre préoccupation, l'association veut faire valoir le principe que
chaque établissement, en fonction de son plan d'organisation, doit avoir
la possibilité de structurer ses départements, de préciser
les rôles et responsabilités des chefs de ces départements
et d'organiser la gestion de leurs ressources humaines, matérielles et
financières de la façon la plus susceptible de lui permettre
d'atteindre ses objectifs et d'assumer sa mission. Ces structures ne devraient
pas, selon notre association, faire l'objet d'une réglementation
uniforme et détaillée pour tous les établissements.
Toujours aussi dans la même optique de cohérence dans la
ligne de gestion, le chef d'un département clinique, dans son rôle
de gestionnaire de ressources, doit exercer ses prérogatives - enfin, on
le souhaite et on souhaite que les dispositions du règlement l'y
incitent - en harmonie avec le reste de la philosophie de gestion de
l'établissement. Cela nous apparaît très important. (12 h
45)
Pharmacie dans les centres hospitaliers. Dans un premier temps,
l'association s'interroge sur les raisons qui font que la pharmacie est ici
dissociée des autres activités professionnelles non
médicales. Il nous apparaît important que ces raisons puissent
être identifiées pour en apprécier le
bien-fondé.
Par ailleurs, toujours sous l'angle de certains principes de gestion
généralement reconnus, l'association estime qu'un chef de
département comme celui du département de pharmacie, qui est un
cadre intermédiaire dans l'établissement, devrait être
nommé comme les autres cadres intermédiaires, par le directeur
général de l'établissement et non par le conseil
d'administration. D'autant plus - autre commentaire particulier
là-dessus -que les ressources sont minces dans beaucoup
d'établissements et qu'il est important de pouvoir les coordonner
efficacement si on veut que les investissements de nature différente que
sont le médical, le pharmaceutique et l'administratif soient productifs.
Non pas que les DG veulent intervenir dans le secteur de la pharmacie comme
tel. Nous voulons plutôt coordonner les investissements, les rentabiliser
et maintenir la qualité des services aux bénéficiaires.
L'objectif premier, finalement, de nos interventions de gestionnaires, c'est
toujours d'assurer une plus grande qualité de services aux
bénéficiaires. Il faudrait éviter les entraves.
On pourrait ajouter, dans notre exposé, que le principe que nous
avançons s'applique aussi à certains centres d'accueil
d'hébergement: on pourrait, à ce moment-là,
faire référence à l'article 84. Il me semble aussi
que cette disposition va à l'encontre de la loi qui régit la
fonction du directeur général, article 105d. Il y a un
problème de concordance, en tout cas, entre ce qui est
préconisé dans le projet de règlement et ce qui existe
dans la loi à l'article 105d sur la fonction de directeur
général.
En conclusion et en terminant, M. le Président, nous sommes
conscients que la contribution de notre association à l'étude de
ces règlements met davantage l'accent sur des principes
généraux ou sur des orientations fondamentales que nous croyons
partager à plusieurs égards et parfois avec quelques nuances avec
de nombreux intervenants du réseau. Une telle approche nous a
été dictée par l'importance, à notre avis, de
partager, d'abord, le plus largement possible des vues communes avant de
s'appliquer à préciser dans des textes le résultat de ces
orientations. Nous espérons que les réflexions de notre
association pourront contribuer à améliorer les règlements
actuellement soumis à la consultation et nous demeurons disponibles pour
poursuivre d'éventuels travaux ou échanges en ce sens.
En fait, M. le Président, nous croyons que le présent
projet de règlement ne doit pas être élaboré en vue
de régler certains cas particuliers qui peuvent exister dans le
réseau. Ce serait faire une généralisation un peu vaste et
qui pourrait être une entrave à la créativité de la
majorité des gestionnaires du réseau. Pour nous, c'est aussi pour
appuyer les principes d'une véritable décentralisation que nous
favorisons un réseau de services plutôt qu'un réseau
d'établissements. Mais, car il y a un mais, le tout repose sur les
moyens ou marges de manoeuvre dont disposeront les gestionnaires du
réseau. Nous sommes convaincus que des gestionnaires ayant des marges de
manoeuvre tel le budget global, une structure administrative souple et
cohérente - seront plus novateurs et motivés à la
complémentarité et à l'élaboration d'un vrai
réseau de services.
Les directeurs généraux sont ouverts au principe de
complémentarité. D'ailleurs, nous participons aux commissions
administratives, aux tables de concertation générale. Il y a dans
toutes les régions des tables d'échange et de concertation
où s'établissent des consensus. Donc, c'est sûr - et on le
reconnaît - que ce fut un pas difficile pour nombre de directeurs
généraux. Pour nous, on est prêt à faire fi du
passé, à l'oublier et à considérer qu'il y a une
évolution et que le présent est garant de l'avenir. Donnez-nous
des objectifs clairs et non des contraintes à la gestion. Donnez des
marges de manoeuvre et des incitations positives aux gestionnnaires. En fait,
respectons, dans ce processus, l'autonomie que le gouvernement a donnée
aux conseils d'administration des organismes. Donnons aux gestionnaires la
latitude et la confiance et les moyens de concertation régionaux ne
seront que meilleurs, sans parler de l'incidence directe sur la qualité
des services aux bénéficiaires.
Remarquez qu'à d'autres niveaux nous souhaitons cette attitude.
Je pense, entre autres, aux tables de négociation avec les divers
syndicats ou corporations professionnelles, où de tout temps, nous
croyons qu'il aurait été intéressant d'impliquer les
directeurs généraux. Cela nous faciliterait d'autant la gestion
du réseau par la suite.
Enfin, si vous permettez un dernier commentaire, l'association est
heureuse que l'on repense les règlements après dix ans de
vécu du réseau. Elle constate aussi que le présent projet
touche surtout l'aspect de la santé. Nous aurions souhaité une
démarche d'une telle envergure pour la dimension sociale du
réseau, non pas que l'on veuille développer la
réglementation; oh! que non! loin de nous cette idée. Nous
croyons surtout que la révision d'un certain nombre de règlements
au niveau du secteur social pourrait être une excellente occasion de
réflexion sur l'ensemble de ce réseau social.
M. le ministre, c'étaient les propos des directeurs
généraux.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci pour votre mémoire dans lequel
vous évoquez, dans un premier temps, des principes
généraux avec lesquels on peut difficilement ne pas être en
accord. Ils sont, cependant, le fruit d'une expérience et d'une
façon de vivre les choses dans le réseau qui, je pense, leur
donnent d'autant plus de valeur: la recherche de l'efficacité, le
réseau de services, la réglementation qui touche les objectifs.
Sur la recherche d'efficacité, ma foi, vous ne seriez pas payés
si ce n'était pas votre rôle, surtout ces temps-ci; cela entre
dans la définition de vos fonctions, je suis sûr de cela.
Sur le réseau de services, si je comprends bien, vous dites que
vous êtes d'accord avec cette approche. Vous dites cependant que c'est
difficilement compatible avec la décentralisation dans les derniers
commentaires que vous avez passés. Je souhaite que ce que vous
écrivez soit vécu et ressenti comme tel dans l'ensemble du
réseau. Il faut de plus en plus que chacun des établissements,
donc que chacun des directeurs généraux soit conscient qu'il fait
partie d'un réseau de services aux citoyens et qu'il n'est pas là
seulement pour défendre sa boîte, bien qu'il soit parfaitement
légitime qu'il le fasse.
A l'égard de la réglementation et des
objectifs, j'aurais plutôt tendance à vous dire que les
objectifs sont dans la loi et que la réglementation, c'est un peu les
moyens. On commence à parler un peu des moyens. On en connaît les
limites. Je pense qu'on répond à une recherche chez vous de
diminuer la paperasse et le reste dans la mesure où effectivement on
réduit de façon considérable, je pense, le
règlement, ne serait-ce qu'en termes de lignes agate et de
contraintes.
Concernant les règlements du conseil d'administration, je dois
vous avouer qu'à la page 6 de votre mémoire, si on retenait votre
solution, il n'y aurait pas de règlements du tout, je pense. Parce qu'il
faut que ce qui a fait l'objet, pendant dix ans, de règlements
gouvernementaux puisse faire l'objet de décisions locales ou d'un
encadrement, d'une réglementation locale au niveau des conseils
d'administration, encore faut-il dire à l'ensemble des
établissements, que ce sur quoi ils sont censés se faire une
idée et avoir des approches qu'ils formalisent dans des
règlements. C'est l'objet du chapitre 3, dis-je, du
règlement.
Évidemment, la chose sur laquelle on ne peut pas s'entendre - et
encore une fois, je ne suis pas sûr que je comprends pourquoi vous le
revendiquez - aussi bien le dire d'emblée, c'est le fait que le
comité consultatif, cela devrait être laissé à
chacun des établissements et des directeurs généraux de
décider: un, de son existence, deux, de sa composition. C'est
déjà là. Il n'y a rien qui interdit à un directeur
général, en ce moment, de se faire un comité consultatif,
mais je constate qu'ils n'existent pas partout. Il y a peut-être des
endroits où ce serait absolument souhaitable qu'ils existent. Si on veut
bien laisser une certaine souplesse quant aux compositions locales, etc., quant
au rôle extrêmement important que joue le directeur
général dans la synthèse qu'il peut faire des dossiers et
des orientations de l'établissement, parce qu'il est le maître
d'oeuvre et l'exécutant principal du conseil d'administration, il n'en
demeure pas moins qu'il nous apparaît non seulement utile, mais
souhaitable, et c'est absolument voulu, de dire qu'il faut contraindre - on
peut l'expliquer dans ces termes - le directeur général à
faire face à l'expression des opinions sur les orientations de base de
l'établissement provenant, notamment, des chefs de départements.
Je dis bien notamment.
Sur la question des renseignements, nous prenons bonne note de ce que
vous évoquez. Effectivement, il faudrait peut-être sortir cela des
renseignements personnels. Merci de votre commentaire.
Page 8, quant aux départements cliniques, si je comprends bien,
vous seriez d'accord avec la formulation telle qu'elle existe, à
l'exception, cependant, du fait qu'on identifie radiologie et laboratoire.
Est-ce que c'est comme cela que je dois comprendre votre texte?
M. Vaillancourt (Mathieu): M. le ministre, si vous nous le
permettez, dans le cas des chefs de départements cliniques, parce que le
conseil d'administration devra, de toute façon, adopter un plan
d'organisation qui devra prévoir les différents
départements, services, etc., qu'il devra prévoir, bien
sûr, les fonctions attachées aux chefs de ces départements,
on demande de laisser le soin au conseil d'administration de définir les
fonctions qui seront dévolues aux chefs de départements, compte
tenu de la diversité dans le cas des centres hospitaliers. Vous avez
plus de 200 établissements allant d'un petit hôpital de 25 lits
à des hôpitaux de 1000 lits. On dit de laisser le soin au conseil
d'administration des établissements de définir les fonctions de
ces gens. Ce que vous nous proposez dans le règlement, on sait que cela
existe déjà dans un certain nombre d'hôpitaux. Je veux dire
que les chefs de départements, du laboratoire ou de la radiologie,
gèrent les ressources humaines, financières et
matérielles. Cela existe déjà dans certains
établissements. L'établissement a jugé que c'était
la meilleure façon de fonctionner. Sauf que l'on remarque que là
où cela existe, à notre connaissance, à ce jour en tout
cas, c'est principalement dans les gros hôpitaux universitaires. Or,
compte tenu de la disparité non seulement en termes de taille, mais
même en termes de répartition sur le territoire, il y a des
hôpitaux, à toutes fins utiles, qui ne pourront pas compter sur
des médecins qui vont pouvoir faire ce type de gestion. Il y a des
médecins qui, soit en radiologie ou en laboratoire, entre autres, sont
des commis voyageurs dans des régions en dehors de Montréal et
Québec, qui font deux, trois ou quatre hôpitaux et qui n'auront
pas le temps, puis il y en a d'autres qui n'auront pas le désir de faire
ce type de gestion. On dit à ce moment-là de laisser le
soin aux conseils d'administration de proposer au niveau de leur plan
d'organisation un habit qui est fait sur mesure pour leur établissement,
qui tient compte des contraintes que vit l'établissement et qui tient
compte de l'environnement.
M. Johnson (Anjou): J'ai bien entendu, même si j'ai
été absent pendant dix secondes à la fin de votre
exposé.
La corporation des médecins nous dit -je trouve cela
intéressant parce qu'ils ont une expérience sur l'ensemble
du territoire du Québec - on est conscients qu'il y a 30% des
établissements qui peuvent avoir des problèmes à former
cela. Néanmoins, globalement, donc pour la majorité, l'immense
majorité des centres, cela nous paraît être une voie
valable. Et nous, au
niveau de la réglementation, peut-être faudrait-il trouver
des formes qui permettent des regroupements ou que certaines de ces fonctions
soient assumées par d'autres, compte tenu des situations locales. Je ne
suis pas sûr qu'en laissant le règlement complètement vide
là-dessus on puisse faire progresser ce qui est une volonté
affirmée dans la loi 27.
Sur les pharmacies en centre hospitalier, je connais bien la position de
votre association, qui a été clairement évoquée. Je
vous remercie pour votre mémoire, messieurs.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux vous
remercier pour votre mémoire.
Vous insistez beaucoup sur l'initiative qui doit être
laissée aux conseils d'administration. Vous ne le dites pas dans ces
termes, mais, somme toute, dans la valorisation des conseils d'administration,
leur capacité de s'adapter aux besoins du milieu, enfin, je pense qu'on
retrouve ce message. Les règlements, tels qu'ils sont proposés,
de quelle façon viennent-ils diminuer cette capacité des conseils
d'administration d'être plus dynamiques, d'avoir plus de latitude
d'action? (13 heures)
M. Bélanger (Guy): Dans son enveloppe, comme on le disait,
on est favorable à ce qu'il y ait une révison de ces
règlements et on trouve important qu'elle soit faite. Après dix
ans de fonctionnement, une certaine révision de ces choses s'imposait.
Les évolutions technologiques et autres la favorisent et la rendent
nécessaire jusqu'à un certain point. Là où nous
voyons un danger, c'est... M. le ministre faisait allusion au comité
consultatif. Je pense que sur le principe, tout le monde est d'accord qu'il
doit y avoir des moyens de communication aussi privilégiés que
ces comités consultatifs qui permettent à chacun des
professionnels, à chaque groupe de professionnels - cela est très
important - d'établir des consensus et de se comprendre au niveau des
pratiques.
Il existe déjà des comités de régie interne
qui ont pour fonction de gérer à la fois l'administratif et le
médical dans un établissement, le professionnel et
l'administratif dans les autres catégories. C'est très important
de conserver cette intégrité dans les structures pour qu'on n'ait
pas d'organismes bicéphales ou qu'on n'ait pas tellement de structures
qui amènent des points de vue qui ont des pouvoirs décisionnels
à l'intérieur ou tellement de contraintes de règlement
qu'à un moment donné, il ne reste qu'un corridor étroit
et, finalement, on en arrive à une certaine
homogénéité, si vous voulez, des établissements. Je
pense que chaque établissement doit garder une identité propre,
doit avoir la possibilité d'exprimer cette identité à
l'intérieur des paramètres de sa mission et toujours dans le
meilleur intérêt des services aux bénéficiaires.
C'est ce qu'on veut préserver, ces marges de manoeuvre. On voudrait que
les règlements précisent des choses, précisent des
objectifs, oui, mais pas les moyens pour ne pas mettre des entraves, pour ne
pas couler dans le ciment, si vous voulez, des façons de faire qui sont
finalement des principes de bonne gestion.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez pris soin de noter, au début de
votre mémoire, que ceci ne représentait pas les positions des
conseils d'administration, mais vous vivez avec des conseils
d'administration.
M. Richer: Toujours.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais savoir si les conseils
d'administration eux-mêmes se sentent plus limités dans leurs
manoeuvres. Est-ce qu'il y a une démotivation chez les conseils
d'administration depuis la loi 27? On en a surtout parlé depuis la loi
27. C'est peut-être antérieur à cela, je ne saurais le
dire. Ce que vous apportez ici, est-ce que ce sont, en fait, les frustrations
des directeurs généraux, frustrations qui peuvent être fort
légitimes, remarquez bien?
M. Bélanger (Guy): Je ne voudrais surtout pas être
le porte-parole de tous les établissements et de tous les conseils
d'administration des établissements.
Mme Lavoie-Roux: Vous connaissez ceux avec lesquels vous
travaillez. Vous êtes quatre ou cinq ici.
M. Bélanger (Guy): Oui. Dans l'ensemble, je pense que les
conseils d'administration, bien sûr, lorsqu'ils décident d'une
façon bénévole de participer à la gestion d'un
établissement, y mettent du temps et des énergies. La
participation au conseil d'administration est une fonction quand même
très importante au niveau social. Les gens veulent avoir des marges de
manoeuvre. Ils veulent avoir des moyens d'infléchir, d'améliorer
ou de faire évoluer l'établissement dans lequel ils veulent
s'impliquer. Si nous gérons des procédures, si nous gérons
des paperasses, si nous gérons des formules, il est évident que
ce n'est pas très motivant pour les gens.
On ne dit pas que le présent projet va créer un sentiment
à un point tel que les conseils d'administration vont, demain, tous
disparaître. Au contraire, je pense qu'il reste encore une marge de
manoeuvre à nos conseils d'administration et elle est
importante. Mais ce qu'on voudrait, c'est qu'on n'oublie pas que pour
ces gens, l'intérêt premier est d'avoir les moyens de donner de
meilleurs services aux bénéficiaires dans l'établissement
dans lequel ils oeuvrent. On ne voudrait pas qu'il y ait d'entrave, le moins
possible. Et il y a certaines particularités des règlements qui
peuvent à cet égard créer certaines entraves en limitant
les rôles, en disant: On applique le règlement. On ne peut pas
être créatif là-dedans.
Au niveau de la gestion financière aussi, on a une
quantité importante de formules. On comprend qu'il y a des
établissements qui, dans le passé, ont fait des déficits.
On comprend que le ministre doive se préoccuper de la façon dont
sont dépensés les budgets dont il est responsable finalement au
niveau de la population, mais nos conseils d'administration sont aussi des
organismes très responsables et je pense que nous avons
déjà un certain nombre de moyens et de mesures qui nous
permettent d'intervenir lorsqu'un établissement est en difficulté
ou gère mal les sommes qui sont mises à sa disposition pour les
services. À ce moment-là, on croit fastidieux de grossir encore
le nombre de ces contrôles et de ces procédures. Vous savez, les
DGF1, les DGF2, les rapports de ceci, les rapports de cela, il y en a une
quantité très impressionnante. Si on en faisait le calcul et le
coût, juste pour remplir ces formules, c'est important. Il y a
peut-être d'autres moyens d'avoir toutes ces informations et d'arriver au
même résultat sans avoir tout cela. C'est un peu cela aussi qu'on
veut dire. Je dis: Faisons confiance aux conseils d'administration, ils sont
mandatés pour cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez parlé de l'administration
financière et vous y faites allusion à la page 5 de votre
dossier, de votre mémoire. Vous semblez satisfaits du budget global,
c'est-à-dire de la notion du budget global qui est conservé aux
établissements, mais qui, maintenant, provient du ministère,
alors qu'autrefois vous aviez l'initiative, si je ne me trompe pas, de
présenter un budget global au ministère qui l'acceptait ou,
enfin, proposait des modifications, ou le refusait. Est-ce que pour vous
autres, c'est du pareil au même?
M. Bélanger (Guy): Dans le fond, ce qui est
menaçant dans le présent projet pour les directeurs
généraux et pour les conseils d'administration, Mme Lavoie-Roux,
ce sont les composantes détaillées qu'on commence de plus en plus
à intégrer à l'intérieur du budget. On commence
à détailler des masses et à mettre des contrôles
particuliers là-dessus. Cette tendance, en tout cas, nous apparaît
dangereuse, parce que, tout à l'heure, ce ne sera plus un budget global,
ce sera vraiment un budget avec des composantes détaillées dans
tous les secteurs et on devra fonctionner à l'intérieur
d'enveloppes très précises, très particulières. Les
marges de manoeuvre et les incitations qu'on peut se donner à
l'intérieur de certaines pratiques, qu'on voudrait aussi, entre
parenthèses, voir augmenter, elles ne sont plus possibles de cette
façon. C'est cela qui nous apparaît dangereux. C'est ça
dont on voudrait que la commission soit très consciente.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, est-ce qu'on n'est pas en train
d'évoluer vers un système analogue à celui des commissions
scolaires où chaque chose était détaillée et
où, finalement, même les possibilités de transfert... Vous
autres, les possibilités de transfert demeurent assez d'un poste
à l'autre. Est-ce que l'enveloppe est encore assez globale pour que ces
masses dont vous parlez ne vous affectent pas de cette façon? J'essaie
de comprendre ce que vous nous...
M. Bélanger (Guy): C'est-à-dire qu'actuellement on
a des enveloppes globales dans certains cas par service et on ne voudrait pas
que le budget ne devienne que des enveloppes globales de service, si vous
voulez. Chaque service a son enveloppe globale, mais cloisonnée et
parcellisée. De telle sorte qu'on peut avoir des moyens là, en
manquer à d'autres places, et que ce serait juste intéressant de
faire des transferts de fonds ou de les passer. Si on a ces limites ou ces
contraintes, on ne sera plus capable de le faire à un moment
donné. C'est cela qu'on veut éviter.
Mme Lavoie-Roux: Vous parlez d'incitatifs. Pouvez-vous donner des
exemples concrets de ce que vous envisagez comme incitatifs à une
meilleure gestion?
M. Bélanger (Guy): Oui, des exemples rapides. Si un
établissement, pour une raison quelconque de bonne gestion, une raison
particulière de bonne gestion, a, à la fin de l'année, un
surplus, ce que l'on souhaiterait -je pense que, dans certaines régions,
on met une partie de ces surplus à la disposition de la région -
c'est que le reste soit laissé à l'établissement pour lui
permettre de réaliser un certain nombre de projets. Je ne parle pas de
s'engager dans des dépenses récurrentes qui pourraient,
après cela, recréer ce que l'on a voulu défaire dans le
passé, où chacun jouait à l'oreille et
s'équipait... Non. Mais certaines initiatives qui pourraient de
façon ponctuelle améliorer certains éléments de
qualité ou certaines façons de fonctionner, c'est cela que l'on
souhaiterait avoir. À ce moment-là, le gestionnaire est
motivé à demander plus à ses gens. Ses gens sont
motivés à donner un
petit peu plus parce qu'ils comprennent bien l'intérêt et
les enjeux de cela et les possibilités que cela donnera au bout. Donc,
cela devient un élément motivateur extrêmement
intéressant. C'est cela que l'on veut maintenir.
M. Vaillancourt (Mathieu): II y a une chose qui est sûre.
À une discussion que nous avions eue à notre conseil
d'administration sur cette question, les directeurs généraux nous
faisaient part de leur inquiétude que les établissements qui
avaient une bonne performance financière depuis plusieurs années
et encore aujourd'hui soient encore ceux qui paient les pots cassés pour
les établissements qui, malheureusement, ne réussissent pas
à avoir la performance qu'on devrait attendre d'eux. Et on voit
apparaître d'année en année des rectificatifs ou des
enveloppes qui sont dégagées sur le plan régional pour
venir aider des hôpitaux ou tout autre type d'établissements qui
sont en difficulté financière et qui sont, à toutes fins
utiles, des délinquants en la matière. Alors, on dit: "Performer"
pour aller aider un autre qui ne s'aide pas lui-même, ce n'est pas bien
encourageant. Dans la mesure où un établissement rend les
services qu'il doit rendre et est capable de "performer" sur le plan
financier... Un exemple d'incitatif, ce serait que l'établissement
puisse, à même ses surplus accumulés, peut-être
effectuer des dépenses non récurrentes, même en termes
d'immobilisation, ce qui n'est pas légalement ou
réglementairement possible actuellement. Cela pourrait être une
façon de dire aux gens qui sont dans les établissements: Vous
voyez, vous avez été performants, on a pu, grâce à
votre performance, additionner des équipements ou des installations qui
sont au service de la clientèle finalement.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je peux peut-être rapidement dire sur
cette notion d'incitatif que, premièrement, les performants
pénalisés, on reconnaît que c'est déjà
arrivé. Deuxièmement, sur la libération des surplus, le
projet sera au Conseil du trésor cette semaine ou la semaine prochaine.
On pense qu'on va tenir compte de cette dimension incitative: la notion
d'évaluation de dépenses qui, dans le fond, sera une
amélioration de productivité, le couloir que pourraient conserver
les établissements pour des fins de dépenses non
récurrentes et troisièmement, une certaine participation
peut-être aussi régionale à la libération du
surplus. J'aurai le plaisir de vous annoncer cela d'ici quelques jours.
J'espère que ce sera dans le sens de ce que vous souhaitez.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. Dans le projet de
règlement sur la gestion financière, on prévoit par
exemple que désormais - ou peut-être que c'était tout
à fait inexistant, je n'ai pas comparé avec l'ancien texte -
toute dépense de plus de 15 000 $ devra recevoir l'approbation du
conseil régional. Est-ce que, comme administrateurs - j'imagine que cela
peut davantage arriver dans les grands centres hospitaliers que dans les plus
petits établissements, - cela vous crée des embêtements?
Première question.
Deuxième question. Il y a la question des dotations et je suis
convaincue que cela arrive dans les centres hospitaliers - peut-être pas
dans les autres établissements - qui exigent, si la dotation
dépasse 30 000 $, une approbation, quant à son utilisation, du
ministre et du conseil régional. De quelle façon cela
affecte-t-il vos établissements? Est-ce que c'est une chose qui vous
apparaît raisonnable dans les deux cas?
M. Bélanger (Guy): Dans la gestion financière,
lorsque vous parlez de la limite de 15 000 $, je m'excuse, mon confrère
et moi, on ne trouve pas. Maintenant, a priori et rapidement, je pense que ce
que l'on pourrait dire là-dessus - et j'espère que je me ferai le
porte-parole fidèle de mes confrères - c'est qu'il n'y a pas
d'entrave, il n'y a pas de problème à travailler avec les
conseils régionaux et à s'entendre sur des dépenses qui
peuvent être d'une certaine envergure et sur un certain contrôle de
ces dépenses. Je pense que les conseils d'administration ne verraient
pas d'empêchement que l'on ait à consulter, que l'on ait un
certain dialogue avec le conseil régional sur ces dépenses
importantes. Je le pense en tout cas. Tel règlement, pour nous, ne nous
apparaîtrait pas limitatif. Pour ce qui est de la dotation au niveau des
hôpitaux, je vais laisser mon confrère y répondre. Il est
beaucoup plus familier que moi avec le secteur.
M. Vaillancourt (Mathieu): Une chose est sûre, c'est que,
dans le cas des dotations, le plancher avait été remonté,
si je me souviens bien, de 5000 $ à 30 000 $. C'est déjà
un premier pas. Là encore, je ne suis pas sûr que cela prend
nécessairement un chiffre de ce genre. Ce qui est important, - c'est,
à mon sens, que la lignée du mémoire que l'on a
présenté - ce qu'il faut créer comme obligation à
l'établissement, c'est que, quand il reçoit un don, quel que soit
le montant, il le dépense en fonction des services qu'il doit rendre. Et
la dépense qu'il fait avec ce don ne doit pas engendrer des frais
récurrents d'année en année pour lesquels, à un
moment donné, l'établissement sera obligé d'aller voir le
conseil régional ou le ministère pour demander une source de
financement.
(13 h 15)
Je pense qu'une fois qu'on a établi ce cadre, si on pouvait assez
bien cerner ceci dans un texte, il n'est même pas sûr qu'on aurait
besoin d'un plafond de 30 000 $. Mais ce qui est important, je pense, ce qui
est sous-tendu dans le fond, c'est l'esprit de dire à un
établissement que, même s'il reçoit de l'argent d'une autre
source, un don, etc., il ne faut pas qu'il s'engage dans des dépenses
qu'il ne pourra pas assumer lui-même et qu'il doit le faire en fonction
des services qu'on lui a demandé de rendre comme
établissement.
M. Bélanger (Guy): Peut-être une
particuliarité, Mme Lavoie-Roux. Il serait peut-être souhaitable
que l'annexe de la partie du règlement qui touche la gestion
financière fasse partie du règlement général et
soit aussi ouverte à la discussion. On aurait souhaité cette
ouverture.
Mme Lavoie-Roux: ...on se permet des petites licences.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il est tout à fait
opportun que ce soit soulevé parce que cela touche un autre sujet, qui
est assez vaste lui aussi. Je veux dire que le règlement sur la gestion
financière n'est pas encore décrété. Nous sommes en
discussion avec le Conseil du trésor sur certains aspects, mais on va
tenir compte de certains de vos commentaires simplement pour situer la notion
des dotations ou des fondations privées. De plus en plus, notamment dans
le domaine hospitalier - c'est vrai aussi dans certains types
d'établissements en réadaptation, mais surtout dans le cas des
centres hospitaliers - de plus en plus, l'on voit des fondations naître.
Je partage personnellement cette orientation qui veut que des gens
impliqués dans la communauté permettent à ceux qui veulent
exercer ce choix de contribuer un peu plus à la santé en plus de
leur niveau de taxation, qu'ils puissent le faire. Les caractéristiques
de cette intervention, pour moi, sont les suivantes: une initiative du milieu,
une capacité de s'impliquer dans la communauté et de ramasser de
l'argent. Et il ne faut pas nuire à cela. Cela m'apparaît
extrêmement important et j'aurais même tendance à dire qu'il
faut le stimuler par différents moyens.
Cela dit, il faudra aussi établir certaines choses quant aux
dépenses de ces fondations pour assurer un minimum de cohérence,
d'une part, à l'égard des répercussions des
dépenses provenant de ces fondations sur les' budgets de fonctionnement.
Je pense que cela va de soi. Je pense que les fondations dans l'ensemble sont
d'accord sur cette notion. Il va falloir établir une façon
d'être sûr qu'une fois qu'on décide de mettre un million
dans quelque chose, cela n'entraîne pas un budget de fonctionnement de
250 000 $ et que cela ne s'en va pas dans toutes les directions, dans 30 ou 40
hôpitaux en même temps.
Deuxièmement, dans le cas des équipements très
spécialisés, une certaine notion d'équilibre sur le plan
régional m'apparaît très importante.
L'exemple très concret de cela, c'est l'utilisation, par exemple,
des "emi-scan" ou, éventuellement, des appareils de résonance
magnétique ou des choses de cette nature, des lasers en ophtalmologie ou
des équipements très sophistiqués et très chers.
Tenant compte qu'une des caractéristiques de cette technologie, c'est de
se renouveler très rapidement, donc de rendre plus ou moins
désuets très rapidement certains de ces équipements
dispendieux, il nous apparaît nécessaire de trouver des formes de
mécanisme de concertation entre ces fondations au niveau régional
pour s'assurer que, dans une même région donnée, on ne va
pas investir au cours de la même année dans quatre
établissements sur tel type d'équipement. Ce qui a deux
effets.
D'une part, cela a pour effet de consolider un domaine de
spécialisation dans un établissement. Il faudrait que ce soit
cohérent avec les orientations générales.
Deuxièmement, quand les établissements voient ces
équipements remplacés par d'autres deux ans après, bien
s'assurer que l'on n'a pas ce problème dans toute la région,
c'est-à-dire qu'il faut tous les remplacer la même année.
Alors, il y a un certain équilibre.
Troisième caractéristique de la présence de ces
fondations au niveau des comportements, des attitudes et de l'univers
réglementaire et de concertation, c'est, à mon avis, la
nécessité, non pas tellement de créer des comités
spéciaux et des affaires par décret ou par loi, mais de s'assurer
qu'il y a un dialogue réel avec les intervenants principaux. Ces
intervenants sont encore une fois notamment les médecins
spécialistes dans beaucoup de ces domaines. Je pense ici notamment aux
grands centres urbains à cause du phénomène de la
"compétition" entre les établissements spécialisés.
Je pense qu'il faut, d'une façon ou d'une autre, trouver le moyen que
s'échangent des opinions quant à l'opportunité de certains
de ces choix.
C'est pourquoi deux choses en découlent. D'une part, le ministre,
en vertu du règlement, se garde un pouvoir d'autoriser certaines
dépenses, mais c'est pour les fins d'assurer une certaine coordination
et non pas de freiner ce mouvement. La deuxième conséquence,
c'est que le règlement qui touche la gestion financière devra
refléter, dans une certaine mesure, la cohérence que nous voulons
faire intervenir à l'égard de la présence, à mon
avis souhaitable, et à
stimuler des fondations privées.
Le Président (M. Desbiens): M.
Bélanger.
M. Bélanger (Guy): Pour réagir à ce que M.
le ministre vient de dire, ce sont là des prémisses
extrêmement intéressantes que vous énoncez. Ce sont des
points de vue de gestionnaire, en tout cas, que l'on a tendance à
partager.
Ce que l'on souhaiterait, M. le ministre, c'est qu'au niveau de la
gestion financière, on puisse comme partenaires -quand même,
à 800, on administre des milliards de dollars - s'asseoir et regarder
cela ensemble dans l'optique d'améliorer et de rentabiliser, de rendre
plus efficaces les principes de gestion financière. On serait d'accord
pour s'impliquer dans ce processus avec vous.
Alors, l'ADG vous offre ses disponibilités pour participer
à une telle consultation, d'une part. Pour ce qui est des limites et de
l'implication au niveau des fondations et des dotations, je ne me sens pas
compétent pour répondre à cette partie de la question.
Pour ce qui est de la limite de 15 000 $, avec droit de regard par les
conseils régionaux, je ne dis pas qu'on est toujours d'accord avec les
conseils régionaux, je ne dis pas que la concertation est toujours
facile. Loin de là, elle est "virile" parfois, mais elle est
nécessaire et je pense que cet exercice est à développer
et à continuer. Je pense qu'il y a là une voie de solution
à des particularités régionales et aussi peut-être
pour établir des principes d'équité régionale
très importants.
Dans ce sens, on aurait tendance à vous appuyer. Mais, comme je
vous le disais, tout cela est sujet à une discussion ensemble, parce que
j'aurais peur de cautionner des choses sans savoir jusqu'où je cautionne
une affaire. Je ne veux pas m'embarquer plus loin qu'il ne le faut. Je dis
oui...
M. Johnson (Anjou): Vous êtes prudent.
M. Bélanger (Guy): Je dis oui à des principes et je
dis qu'on est prêt à une consultation.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais corriger une impression que j'ai pu
créer bien involontairement. Je n'avais pas lu attentivement la limite
de 15 000 $ et, dans les faits, elle ne s'applique - peut-être qu'elle
s'applique à autre chose, vous me renseignerez - qu'à
l'informatique, pour le moment, et à tout ce qui est relié
à des contrats d'informatisation. Alors, c'est dans un secteur bien
précis. J'ai pu créer l'impression que c'était 15 000 $
partout.
M. Bélanger (Guy): Dans ce secteur, c'est une
réglementation qui peut être intéressante, qui peut limiter
des dépenses abusives, en tout cas.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie bien.
Le Président (M. Desbiens): Nous vous remercions de votre
participation à nos travaux. La commission des affaires sociales ajourne
ses travaux à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 23)
(Reprise de la séance à 15 h 08)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux pour entendre
d'abord la Conférence des CRSSS du Québec suivie de la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec.
M. André Bélanger, si vous voulez présenter les
personnes qui vous accompagnent.
Conférence des CRSSS du Québec
M. Bélanger (André): M. le Président, je
suis accompagné de M. Paul-André Quintin, un des
vice-présidents de la conférence et président du CRSSS de
Trois-Rivières, à ma droite, de M. Christian Gagnon, un autre
vice-président de la conférence, président du CRSSS 09,
Côte-Nord, et de Mme Lise Langlois, notre directrice
générale.
M. le Président, M. le ministre, mesdames et messieurs les
membres de la commission, je crois opportun dès le départ de
rappeler succinctement les fonctions principales et les plus significatives,
pour les fins de cette commission, des conseils régionaux. Je vous
réfère en particulier à l'article 18 de la loi qui dit
qu'un conseil régional a pour fonctions principales de susciter la
participation de la population à la définition de ses propres
besoins en matière de services de santé et de services sociaux
ainsi qu'à l'administration et au fonctionnement des
établissements qui dispensent ces services; d'assurer des communications
soutenues entre le public, le ministre et ces établissements; de
conseiller et d'assister les établissements dans l'élaboration de
leurs programmes de développement et de fonctionnement des services de
santé et des services sociaux; d'assumer les fonctions que le ministre
lui confie pour l'exécution de tels programmes et, enfin, de promouvoir
l'échange, l'élimination des dédoublements et une
meilleure répartition des services dans la région, ainsi que la
mise en place de
services communs à plusieurs établissements.
Quant à la conférence, elle-même s'est fixé
comme objets les suivants: Supporter les CRSSS quant à l'implantation
d'un réseau intégré de services de santé et de
services sociaux correspondant aux besoins de la population et favorisant
l'accessibilité, la continuité et l'amélioration de la
qualité des services, et ce, sur une base régionale; supporter
les CRSSS quant à la rationalisation des ressources sur une base
régionale; faire la promotion et participer à l'implantation de
la régionalisation, c'est-à-dire de l'administration
régionale des services de santé et des services sociaux, et
enfin, faire la promotion des échanges, des stratégies et des
actions communes à l'ensemble des CRSSS.
C'est dans l'esprit de ces objets et de ces fonctions des conseils
régionaux que nous avons abordé l'étude de ce projet de
réglementation, M. le Président, et que nous soumettons
aujourd'hui nos commentaires sur ce projet de réglementation.
D'une façon générale, nous considérons,
comme les autres intervenants, sinon tous du moins la plupart, que cette mise
à jour s'imposait après dix ans d'exercice et que ce projet de
réglementation est évidemment une amélioration
considérable sur ce que nous connaissions dans le passé.
Le législateur ayant introduit des modifications importantes
ainsi que de nouvelles dispositions au chapitre S-5, c'est-à-dire
à la Loi sur les services de santé et les services sociaux, en
décembre 1981, la réglementation portant sur l'organisation et
l'administration des établissements était attendue de tous les
intervenants. Un minimum de règles, évidemment,
s'avéraient nécessaires pour implanter le chapitre 22
conformément aux orientations législatives.
Les orientations principales qui nous ont guidés et qui ont
guidé la conférence, c'est que nous avons choisi de commenter les
dispositions qui ont un impact sur la mission de nos membres, les CRSSS, ou sur
un de ses objets. Ce sont les dispositions portant sur l'accès aux
services et sur les départements de santé communautaire. Si les
commentaires apportés sont appréciés à leur juste
valeur, ce sont quelques dispositions qui permettront de clarifier et de
consolider des pratiques déjà entreprises par les CRSSS et
fructueuses quant à la réalisation de réseaux
intégrés de services.
Nous avons, M. le Président, pris connaissance et
écouté attentivement les intervenants qui nous ont
précédés devant cette commission et, comme les membres de
la commission ont pu le constater, nous soulevons dans notre mémoire
toute cette question de la surréglementation. Le constat que nous avons
fait, un constat général de l'ensemble des mémoires qui
vous ont été présentés, c'est que ce genre de
constat a été fait aussi par plusieurs intervenants sinon la
grande majorité, parfois ouvertement, parfois sous des formes plus
voilées ou sous des expressions telles que carcan administratif ou trop
de procédure.
Ce règlement, comme je le mentionnais tantôt, est nettement
une amélioration. C'est certain, il y a une réduction
considérable du nombre d'articles. Il ne faudrait cependant pas oublier
que l'ancien règlement est remplacé, non pas seulement par celui
qui est à l'étude aujourd'hui, mais par au moins quatre autres
règlements: celui sur la gestion financière, la contribution des
adultes hébergés, les permis, le règlement sur les cadres.
Alors, c'est dans son ensemble qu'il faut voir cela.
Il reste qu'il y a une diminution qui est importante, mais ce n'est pas
parce que l'on réduit quantitativement le nombre d'articles que pour
autant on réduit les obligations qu'on peut mettre sur les
épaules des individus ou des structures concernées. D'autre part,
nous abordons cette étude en nous disant que rien n'est parfait ici-bas,
surtout pas une réglementation, que tout est perfectible et qu'il y a
peut-être encore place à certaines améliorations. (15 h
15)
En conclusion de cette appréciation générale du
projet, la conférence tient à indiquer que la
réglementation proposée devrait viser à mieux circonscrire
les seules orientations dont la nature l'exige ainsi qu'à imprimer des
orientations ministérielles.
Je voudrais maintenant insister sur les deux points qui nous
apparaissent les plus importants au niveau de cette réglementation quant
aux conseils régionaux et à la conférence des conseils
régionaux, quitte à ce qu'ensuite nous répondions aux
questions plus précises des membres de la commission quant aux autres
aspects soulevés par notre mémoire et quant à certains
articles plus précisément.
Je voudrais parler en particuler de la question du système
d'admission en me référant aux articles 33 et 34 et, en second
lieu, du département de santé communautaire en me
référant à l'article 73.
J'aborde immédiatement la question du système d'admission.
Le leadership assumé par les CRSSS quant à l'accès
à ces ressources s'est consolidé et a permis un
décloisonnement des critères d'admission ainsi qu'une
systématisation de l'évaluation des demandes de services
d'hébergement, tant en centres d'accueil d'hébergement, en
centres hospitaliers de soins prolongés, qu'en unités de soins
prolongés des centres hospitaliers de soins de courte durée. Les
CRSSS souhaitent réaliser cette approche d'une façon plus
organisée, plus systématique et plus globale.
Cependant, l'instauration de mécanismes régionaux
d'accès aux services qui sont efficaces requiert certains gestes
d'autorité
et d'arbitrage, particulièrement en matière d'admission
dans les ressources institutionnelles lourdes. Je veux préciser
immédiatement que la conférence se préoccupe d'abord et
avant tout des personnes âgées et des ressources alternatives
à l'hospitalisation. C'est surtout sous cet angle que nous avons
abordé cette problématique des systèmes d'admission.
Les CRSSS, M. le Président, ne sont pas des vues de l'esprit. Ce
sont des tables de concertation. Je vous ai rappelé tantôt ce
qu'en disait la loi quant à leur principale fonction. Ce sont des tables
de concertation où sont réunis des représentants non
seulement de la population, des instances municipales, mais aussi des
établissements. À ces tables il se fait
régulièrement, continuellement des arbitrages qui permettent
d'administrer régionalement le réseau des affaires sociales.
Lorsque, dans notre mémoire, nous nous sommes penchés sur cette
question des systèmes d'admission, nous nous sommes évidemment
prononcés en accord avec l'article 33 qui, je le rappelle, dit ceci: "Le
conseil régional élabore un système pour l'admission des
bénéficiaires dans les établissements offrant des services
en soins prolongés ou en hébergement." Lorsque nous avons entendu
les mémoires de plusieurs intervenants sur cette question, un
débat est revenu continuellement devant cette commission quant à
la gestion de ce service, de ce système d'admission.
Nous vous soumettions et nous parlions dans notre mémoire
d'améliorations à apporter à cet article 33 où nous
disions ceci: Le libellé du premier paragraphe devrait débuter
ainsi: Le conseil régional a la responsabilité d'élaborer
et de gérer un système régional d'accès aux
services.
Ce que nous voulons bien faire comprendre c'est que les conseils
régionaux ne sont pas ici pour réclamer des pouvoirs
additionnels. Notre premier souci est de nous assurer d'un véritable
réseau intégré de services. Et lorsque nous parlons de
gérer, dans la suggestion que nous formulions, pour nous cela signifie
ceci: qu'en plus d'élaborer le système, on confie au conseil
régional le soin ou la tâche de s'assurer de l'implantation et du
fonctionnement de ce système.
Un règlement, en effet, doit être opérant. Il ne
s'agit pas, il ne suffit pas simplement d'élaborer un système
pour s'assurer qu'il va fonctionner. Alors, notre souci, quant à ce
système d'admission, est de trouver une formule qui va assurer que
quelqu'un, quelque part, aura cette responsabilité, non seulement
d'élaborer, mais aussi d'implanter et de voir à faire fonctionner
ce système d'admission. Que ce soit le conseil régional ou que ce
soit une autre instance, que ce soit un groupe d'établissements ou une
nouvelle table qui soit formée ou une nouvelle structure sur la base
régionale, peu nous importe. Ce qui nous semble important, c'est que
quelqu'un quelque part ait la responsabilité de s'assurer que ce
système va fonctionner et fonctionner selon le plan
élaboré par le conseil régional.
Je voudrais maintenant discuter brièvement de l'article 73 qui
traite du directeur de département de santé communautaire.
Le département de santé communautaire, pour nous,
s'insère également dans la réalité
régionale. Il ne s'agit pas d'une instance ou d'un organisme qui peut
fonctionner en dehors de la réalité régionale. Ce que nous
suggérons à cet article 73, c'est de préciser que le chef
du département de santé communautaire qui, comme le dit
l'article: "doit notamment élaborer, évaluer, etc..." le fasse en
conformité avec les orientations et les priorités
régionales. Il nous apparaît que cet article, tel qu'il est
formulé, donne au chef du département de santé
communautaire les coudées franches, toute discrétion, ce qui lui
permettrait de se lever un bon matin et de décider que c'est tel type de
problème qu'il étudie, peu importent les orientations ou les
priorités qui auraient été régionalement
établies par le conseil régional.
Ce que nous suggérons donc, c'est de préciser que ce chef
de département de santé communautaire agit, par ailleurs, en
conformité avec les orientations et les priorités
régionales, comme je l'ai mentionné tantôt.
En conclusion, M. le Président, une autorité
générale en matière d'accès aux services
fondée sur la nécessité d'une vision d'ensemble
régionale, conjuguée à une obligation pour les DSC et les
CSS d'exercer leurs responsabilités en complémentarité
avec les CRSSS sont deux moyens concrets qui permettent la réalisation
d'un réseau intégré de services et sa meilleure
administration.
De plus, il est désormais acquis que le développement des
ressources doit être limité et contrôlé.
L'émergence de besoins nouveaux ne sera pas terminée pour autant.
Un des moyens privilégiés pour répondre à ces
besoins demeure la réallocation des ressources sur une base
régionale.
La conférence des CRSSS souscrit à l'intention du
gouvernement qui vise à instaurer une organisation encore plus
systématique des ressources du réseau des affaires sociales.
Malheureusement, quantité des dispositions soumises à la
consultation ne constituent pas nécessairement le bon moyen pour
atteindre l'objectif visé. C'est dans cette même perspective de la
distinction entre l'ordre des orientations et celui des moyens qu'en annexe, la
conférence a commenté une vingtaine de dispositions sur quelque
112 et ce, compte tenu de sa connaissance du réseau.
Nous invitons le gouvernement, après avoir entendu les organismes
convoqués à cette commission parlementaire, à
réviser chacune des dispositions qui auront été
commentées, à la lumière des questions suivantes: Cette
disposition est-elle nécessaire pour atteindre l'objectif visé?
Introduit-elle l'uniformisation d'un moyen alors que plusieurs autres moyens
pourraient être envisagés, inventés par les intervenants
parce que plus adaptés aux réalités du milieu et plus en
mesure d'atteindre ledit objectif?
C'est ce choix des moyens laissé aux administrations locales et
régionales qui, par ailleurs, devrait constituer l'objet de
l'évaluation-contrôle que se doit de réaliser le
ministère responsable du secteur des affaires sociales.
La conférence est certaine que le réseau souhaite des
orientations claires et complètes ainsi qu'une évaluation des
programmes qu'il gère. Il demeure cependant essentiel de lui laisser le
choix des moyens. Le gouvernement aurait avantage à repenser le
libellé de certaines dispositions de façon à imprimer
lesdites orientations sans imposer une façon uniforme de
procéder.
Ce que nous avons voulu faire, M. le Président, je le rappelle,
c'est attirer l'attention de la commisssion sur les questions qui nous
apparaissaient les plus importantes et qui ont été ici,
peut-être le plus souvent, vous rappelant que dans notre mémoire,
comme je viens de vous le dire, nous commentons plusieurs articles, soulevons
plusieurs questions et suggérons certaines modifications.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres de la
commission le cas échéant.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Oui, alors merci beaucoup, M.
Bélanger, du mémoire et du résumé que vous en avez
fait en insistant sur le contexte dans lequel vous évoluez, mais aussi
sur deux sujets particuliers. Je pourrais souligner la qualité de
l'annexe à votre mémoire initial en présentant des
alternatives de rédaction, ce qui est toujours utile quand on arrive
à prendre les décisions.
Sur la question de l'admission, j'aimerais vous entendre
détailler. Vous dites: On considère que le règlement dit
que les CRSSS doivent élaborer pour chacune des régions du
Québec un système d'admission. Vous proposez dans votre
mémoire: Ils doivent le gérer, ce qui a amené certains
intervenants qui vous ont précédés à dire qu'ils
trouvaient que ce n'était pas une bien bonne idée que le CRSSS se
mêle de ça au sens de la gestion. J'aimerais peut-être vous
entendre ajouter un peu à ce que vous évoquiez tout à
l'heure. Quand vous dites:
On veut le gérer, est-ce que vous dites: On veut assumer la
responsabilité que ça marche? Est-ce que ça veut dire par
définition que vous voulez que ce soit du personnel du CRSSS qui le
fasse?
M. Bélanger (André): Je pense que vous avez bien
compris le sens de l'explication que j'ai donnée hors texte
tantôt, M. le ministre. Effectivement le sens que nous donnions à
"gérer" c'est que notre préoccupation est de nous assurer que
ça marche. C'est bien beau de nous confier le soin d'élaborer un
système, mais il faut que quelqu'un quelque part ait l'autorité
ou s'assure que ce système sera appliqué et va fonctionner selon
les normes dans lesquelles il a été établi. Or, pour nous,
et je le répète, que ce soit du personnel des conseils
régionaux, que ce soit les conseils régionaux qui en
définitive gèrent au sens strict du terme - puisque c'est
là-dessus surtout que les autres interventions portaient - peu nous
chaut dans le fond, et cela pourrait prendre des formes très diverses
d'une région à l'autre. Nous avons toujours été
très respectueux à la conférence et très conscients
des diversités régionales. Nous n'avons jamais tenté de
forcer des unanimités ou des consensus là où vraiment il
faut bien reconnaître qu'il y a des diversités et que ces
diversités s'expriment de façon souvent différentes. Or,
ce qu'on suggère, puisqu'on demande aux conseils régionaux
d'élaborer le système, c'est qu'on leur donne aussi
l'autorité qu'il faut pour s'assurer que ce système va
effectivement prendre forme et fonctionner adéquatement. Mais on ne veut
pas dire par là, et je le répète, qu'on tient à ce
que ce soit le conseil régional qui assume la gérance, et cette
fois au sens strict du terme.
Et c'est dans ce sens que nous avions utilisé le terme
"gérer" au départ et c'est pourquoi dans mon exposé verbal
j'ai tenu à nuancer ou à préciser le sens que nous
apportions à ce terme qui a suscité, semble-t-il, de nombreux
débats.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous demandez d'avoir l'autorité,
vous dites: je ne suis pas tout à fait gérant, mais il va falloir
avoir l'autorité pour s'assurer que cela fonctionne. Où
faites-vous la nuance entre les deux? Gérer et avoir l'autorité
en dernier ressort - excusez-moi, M. le ministre -décider, mais cela ne
m'apparaît pas clair.
M. Bélanger (André): Alors, je vais demander
à M. Quintin de continuer.
M. Quintin (Paul-André): Si vous permettez, l'article 33
définit simplement que le conseil régional élabore un
système, mais en aucun cas n'identifie qui verra à mettre
ensemble les personnes intéressées ou
les établissements intéressés, qui verra à
s'assurer que le fonctionnement ou que la mise en oeuvre est là pour
assurer l'objectif de cet article. Alors ce qu'on dit, il faut d'une
façon ou de l'autre s'assurer que quelqu'un en soit responsable. Alors
la notion d'autorité est beaucoup plus la notion de
responsabilité.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que cela pourrait vouloir dire, par
exemple, dans la ligne que soulève Mme Lavoie-Roux, que dans une
région donnée, soit la région à laquelle vous
appartenez, M. Quintin, la région 04, la région
Mauricie-Bois-Francs, qu'il pourrait y avoir un système d'admission
approuvé élaboré par le conseil régional qui, je
présume, serait approuvé par son conseil d'administration? Il
assumerait la responsabilité et il y aurait une section Mauricie et une
section Bois-Francs, en fonction de la présence du fleuve Saint-Laurent,
comme dans les autres choses de votre région? Ce serait des
regroupements d'établissements, par exemple, qui le feraient dans la
région de la Mauricie et ce serait, je ne sais pas moi, plutôt le
département de santé communautaire dans la région des Bois
Francs? Est-ce que ce serait concevable dans votre esprit? (15 h 30)
M. Quintin: Oui, oui c'est très plausible et à
titre d'exemple, je vais dire que chez nous dans la région 04, on est
divisé en trois sous-régions et, déjà, la
région Shawinigan-Grand-Mère a son propre système
d'admission qu'elle est en train de roder.
M. Johnson (Anjou): Qui le gère, au sens très
général.
M. Quintin: C'est géré par la bonne volonté
des gens, mais, dès qu'il y aura un problème quelconque, il va
falloir que quelqu'un fasse l'arbitrage. Dès qu'il y en aura deux autres
à l'intérieur des deux sous-régions, il faudra qu'il y ait
des partages au niveau régional également.
Il s'agit donc, d'une part, de concevoir l'ensemble du système
avec ses critères, avec ses modes de fonctionnement, en collaboration
avec les gens, et de respecter le type de travail qui est déjà
amorcé dans la plupart des régions. D'une façon ou d'une
autre, il s'agit de voir quelle façon serait la plus efficace, mais en
ayant quelqu'un qui conserve un certain pouvoir au niveau régional, un
certain pouvoir d'arbitrage, parce que les consensus ne sont pas toujours
présents. Il faut parfois un peu travailler pour y arriver.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Merci.
M. Bélanger (André): Si vous me permettez de
compléter, M. le ministre, en répétant la formulation que
j'ai suggérée tantôt. L'article 33 pourrait dire que le
conseil régional doit s'assurer de l'implantation et du fonctionnement
du système. C'est cette responsabilité.
M. Johnson (Anjou): Merci. Quant aux départements de
santé communautaire, nous avons reçu un mémoire...
D'ailleurs, je vais évoquer en fin de réunion, cet
après-midi, l'ensemble des mémoires que nous avons reçus.
Nous en avons reçu un, si je ne me trompe pas, des médecins en
santé communautaire, l'Association des directeurs généraux
de départements de santé communautaire. Il semble, effectivement,
qu'on ait quelques ambiguïtés ou quelques problèmes de
formulation.
Je comprends votre préoccupation, au niveau des conseils
régionaux, de dire: On ne veut quand même pas que ces ressources,
dans un contexte qui n'est pas si abondant, servent à "n'importe quoi",
entre guillemets. Je tiens pour acquis qu'en général les
directeurs de départements de santé communautaire ne font pas
n'importe quoi, mais que ce n'est pas toujours pertinent aux décisions
et aux priorités régionales.
La difficulté dans votre proposition, au-delà des
difficultés philosophiques que cela pourrait poser pour certains, vient
du fait que les départements de santé communautaire appliquent
trois lois. Ils appliquent la loi sur la santé publique; c'est l'origine
des médecins hygiénistes, problèmes
d'épidémie, etc. et l'extension assez large qu'on a donnée
à cette loi avec les années.
Deuxièmement, ils s'occupent, en particulier, de la dimension de
la santé au travail, depuis l'adoption de la loi 17 sur la santé
et la sécurité du travail. Puis, ils ont évidemment un
statut et un rôle qui dépendent de la loi d'organisation des
services de santé et des services sociaux du Québec, l'ancien
chapitre 48.
Alors, ça pose une certaine difficulté dans la mesure
où ils sont actifs et c'est à eux, à toutes fins utiles,
de décider de l'énergie, des ressources qu'ils mettent dans l'une
ou l'autre. On présume qu'il se fait des arbitrages locaux pas simples.
On sait qu'en général la CSST, qui est un organisme
s'autofinançant - enfin, c'est une façon de parler, ils font
payer les entreprises, mais disons qu'ils ne viennent pas chercher cela au
fonds consolidé, ils vont directement taxer les employeurs. Ils ont
tendance à tirer beaucoup sur les ressources des DSC ou des
départements de physiothérapie et à mettre une sorte de
carcan.
Je ne sais pas comment vous voyez la formulation que cela pourrait
prendre, que les DSC soient branchés sur les priorités
régionales sans pour autant faire fi de leurs autres
responsabilités.
M. Bélanger (André): C'est surtout, M. le ministre,
en fonction du premièrement de l'article 73 que notre intervention
était faite. Quant aux autres, on dit: Le chef de département de
santé communautaire doit, notamment, élaborer, évaluer et
mettre à jour des programmes de santé communautaire et de
promotion de la santé destinés à la population du
territoire desservi par le département.
Quant à 2, 3 et 4, cela a peu de relation avec les orientations
ou les priorités. C'est un mandat qu'on lui donne d'établir le
profil de l'état de santé de la population. Cela, il le fait, il
doit le faire périodiquement.
Enquêter sur des problèmes de santé dont le taux est
élevé dans le territoire, encore là, cela n'a, comme tel,
rien à voir avec les priorités; en tout cas, tant qu'il n'y a pas
de problèmes particuliers d'identifiés. C'est la même chose
pour ce qui est de veiller à la prévention des
épidémies, mais quand on parle des programmes de santé
communautaire et de promotion de la santé, je pense qu'on entre
carrément dans le champ des préoccupations régionales qui
doivent concerner et qui concernent aussi l'ensemble de tous les intervenants
du réseau.
Là, la notion d'orientation et de priorité
régionale a son importance. On peut peut-être l'introduire dans ce
seul alinéa, le premier, mais il nous semble que, quelque part, on doive
l'indiquer. Comme vous le disiez, on peut bien présumer. D'ailleurs, si
on voulait présumer que tout le monde fait bien son travail, on ne
serait pas ici et on n'aurait pas besoin de réglementation.
M. Johnson (Anjou): C'est vrai.
M. Bélanger (André): II faut poser certaines
balises et c'est dans cet esprit que nous vous transmettons cette
préoccupation. Il y a une relation étroite. Vous dites que les
DSC sont régis par trois lois, mais ils sont aussi une
réalité dans le domaine de la santé régionale. Ils
se doivent - et ils le font de toute façon déjà - de
travailler en collaboration et avec le CRSSS et avec les CSS. C'est une
réalité à laquelle ils ne peuvent pas échapper. On
aurait souhaité que cela puisse se refléter dans le
règlement.
M. Johnson (Anjou): Je mets à part
l'Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord où la santé
communautaire et le conseil régional ont réussi une symbiose
assez remarquable et très empirique sur le territoire. Je dois dire que
dans bien des cas, cela semble tomber sous le sens, malgré les
résistances historiques des structures à ces questions.
Il reste que si on retenait la notion de l'élaboration de
l'évaluation et de la mise à jour des programmes de santé
communautaire et de promotion de la santé, c'est très large. Ce
qui permet, par exemple, au département de santé communautaire de
Rimouski - je voyais cela récemment dans un journal local - de se
prononcer sur les effets économiques à long terme de
l'utilisation de la tordeuse de bourgeons dans le Bas-du-Fleuve et à
Grande-Vallée et en engageant un économiste pour le faire. Ce
n'est pas qu'il ne faut pas qu'il se préoccupe de ces problèmes,
mais le mandat est suffisamment large pour qu'à la porte d'un
hôpital on voie un économiste qui fait un discours, le discours de
l'OPDQ qui nous parle de la santé des citoyens.
Dans la mesure où les départements de santé
communautaire ont déjà un mandat très large,
recèlent en général une expertise assez remarquable
à la fois sur le plan scientifique et sur le plan des ressources
disponibles en termes de services aux citoyens - je pense, notamment, aux
médecins à domicile, je pense à l'appareil qu'ils peuvent
rapidement mettre en branle en cas d'épidémie; on a vécu
des appréhensions d'épidémie récemment dans des
établissements de santé et les départements de
santé communautaire ont agi très rapidement car ils ont de bonnes
ressources pour le faire - si on tient compte de tout cela et qu'on leur dit,
à 73, que c'est en collaboration avec les CRSSS que vous allez faire
tout cela, vous allez sentir le besoin d'aller chercher de l'expertise.
M. Bélanger (André): Cette formule, quant à
nous, serait parfaitement acceptable également. Ce qu'on souhaite, c'est
qu'on indique quelque part, au département de santé
communautaire, qu'il y ait une interrelation et une collaboration absolument
nécessaires.
M. Johnson (Anjou): Oui, je n'en disconviens pas, mais ce que je
dis, c'est que si on exprime que cette collaboration est nécessaire,
encore une fois, il y a des endroits où cela tombe sous le sens commun,
qu'il faut une collaboration entre la région et le DSC, surtout quand il
y a une confusion du territoire ou presque, dans le cas de la Côte-Nord,
par exemple.
Le jour où les conseils régionaux doivent, en
collaboration avec les DSC, élaborer, évaluer, mettre à
jour les programmes de santé communautaire, ce qui est le mandat des
DSC, cela veut dire que les conseils régionaux vont venir nous expliquer
qu'ils ont besoin de personnel, qu'ils ont besoin de médecins
hygiénistes, qu'ils ont besoin de diplômés en santé
communautaire. C'est cela que je veux éviter.
M. Bélanger (André): C'est le genre de formule, M.
le ministre, qu'on a écarté au départ. C'était une
des formules qu'on avait
retenues après discussion. Mais en collaboration, cela veut dire
quoi dans un règlement et cela a quelle force? Quand on suggère,
quand on indique que c'est dans le respect des orientations et des
priorités régionales, il n'y a pas de confusion dans les
rôles et vous n'aurez pas à craindre qu'on vienne vous demander
des ressources additionnelles parce que, nous aussi, nous travaillons dans ce
champ. Ce qui est important pour nous, c'est de nous assurer que tous les
intervenants, dans chacune de nos régions, travaillent dans la
même orientation et dans le respect des mêmes priorités.
Depuis plusieurs mois, vous tenez, les membres du gouvernement tiennent un
discours où ils parlent continuellement de restrictions, de
périodes difficiles où les moyens sont limités et
continueront de l'être encore pendant plusieurs années. Dans un
contexte comme celui-là, pouvons-nous nous permettre qu'un
département de santé communautaire s'en aille à hue et
à dia sans se soucier aucunement des priorités et des urgences
régionales. C'est simplement cela qu'on voudrait que le règlement
traduise et qu'il l'indique clairement.
Si vous utilisez la formule "en collaboration", cela se fait
déjà, elle existe, cette collaboration, mais on sait ce qu'elle
veut dire dans un texte de loi. Dire que tu fais quelque chose en collaboration
avec quelqu'un, chacun va y donner son interprétation. Le DSC peut bien
dire: bien je les ai consultés, c'est en collaboration, je suis
allé les voir et c'est en collaboration. Les CRSSS, de leur
côté, vont donner un sens beaucoup plus large au terme
"collaboration" comme vous l'avez vous-même soulevé.
Pour nous, à ce stade-ci, je vous l'ai dit au départ ce ne
sont pas des pouvoirs qu'on est venus réclamer, ce n'est pas de
l'argent, ce ne sont pas des ressources. Ce qui nous importe, c'est un
véritable réseau de services intégrés. Ce qui nous
préoccupe, c'est que ce réseau fonctionne et que tout le monde
fonctionne selon la même gamme et à l'unisson. Si on nous assure
que les départements de santé communautaire vont agir, au niveau
de ce qui est mentionné à l'alinéa 1, dans le respect des
orientations des priorités régionales cela nous satisfera.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre. Oui.
M. Quintin: M. le ministre, si vous le permettez, j'ajouterais
là-dessus que la formule utilisée là, en conformité
avec les orientations ou les priorités du CRSSS, permet aussi une
variété de réponses selon les régions.
Effectivemnt, on ne veut pas régler sur une base structurelle, ce qui
est de fait un problème ou des problèmes normaux de
fonctionnement ou de rodage à l'intérieur des diverses
régions. On préfère une formule qui dit: lorsqu'il y a
entente ou lorsqu'il y a une décision sur des orientations
régionales, c'est autour de cela que les gens devraient travailler.
Mme Lavoie-Roux: On va revenir sur cette question. Dans le
moment, votre fonction c'est d'organiser, de planifier, de coordonner, d'animer
avec un paquet d'autres choses qui vous ont été accordées
avec le temps. Et là, cela ne vous suffit pas encore une fois. Vous
dites que les activités du DSC doivent se faire en collaboration avec le
CRSSS. Il me semble que déjà ces choses se font ou devraient se
faire. Si elles ne se font pas, ce n'est pas parce qu'on va le mettre dans le
texte de loi qu'elles vont se faire davantage. C'est une question de quel type
de relations vous êtes parvenus à développer avec les
établissements du réseau. Je trouve ça intéressant.
Je ne sais pas si c'est dans la première partie de votre mémoire
ou la deuxième, mais à un moment donné, vous dites: Vous
mettez trop de règlements pour les établissements. Il faut
permettre aux établissements de respirer, de pouvoir enfin, etc., c'est
un peu ce que vous dites. Et après cela vous revenez vous et vous dites:
maintenant on n'est pas tout à fait satisfaits de la façon dont
les DSC fonctionnent et je pense que c'est le même raisonnement encore
pour les CSS parce que vous faites la même demande pour les CSS qu'on
ajoute dans la loi qu'il faut que ce soit fait en collaboration avec le CRSSS
parce que finalement... Un des reproches qu'on fait c'est que
déjà - ce n'est pas un reproche quant à ses objectifs -
les gens se perdent en réunions au CRSSS. Parfois vous avez
jusqu'à je ne sais combien de dizaines et de dizaines de professionnels
qui sont en pourparlers avec leur CRSSS, réunions avec le CRSSS. Je
parle de la région de Montréal, je ne parle pas des autres, je ne
les connais pas; enfin je les connais beaucoup moins disons.
Maintenant vous voulez en avoir un peu plus. Ce n'est pas
nécessairement que vous en vouliez plus, mais ce que je pense c'est que
vous allez structurer d'une façon qui va être encore plus
contraignante pour tous les établissements qui va obliger à plus
de rencontres, de réunions. Encore pour moi, il y a un aspect
"structurite" là-dedans. Vous pensez résoudre des
problèmes alors que vous n'en résoudrez pas. C'est vraiment
basé sur autre chose. Je pense que vous avez en main des outils pour
faire la planification régionale avec tous les pouvoirs que vous avez
dans le moment.
M. Bélanger (André): C'est vrai madame que nous
avons actuellement des outils pour faire de la planification régionale,
déterminer des orientations et des priorités, nous
faisons, après, comme vous le dites, certaines réunions.
Je ne parlerai pas de la région de Montréal, je pense que ce
n'est pas le but ici. Mais vous dites: Vous voulez encore plus de pouvoirs,
vous.
Mme Lavoie-Roux: Je me suis corrigée avant. Pas
nécessairement plus de pouvoirs, mais que vous ajoutiez à une
structure qui est... (15 h 45)
M. Bélanger (André): Nous n'ajoutons rien à
cet article précisément. J'ai dit tantôt, en réponse
à une question du ministre, que la formule "en collaboration", nous, au
départ, elle nous avait semblé être une bonne formule, mais
qu'on l'avait écartée pour mentionner simplement que le DSC
effectue les fonctions - parlons simplement de l'alinéa 1 -
"d'élaborer, évaluer et mettre à jour des programmes de
santé communautaire et de promotion de santé destinés
à la population du territoire -on ajoute ceci - en conformité
avec les orientations et les priorités régionales". Cela ne
nécessite pas de réunion, Mme Lavoie-Roux. Cela ne
nécessite rien.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais supposons qu'ils en aient des
priorités différentes, eux.
M. Bélanger (André): Ce qu'on dit - si vous
permettez, je vais terminer ma réponse c'est que le conseil
régional, qui est composé, vous le savez, de représentants
de la population, de représentants de tous les établissements de
la région, établit périodiquement ses priorités
pour un an, pour deux ans, pour trois ans, ainsi que ses orientations. Une fois
que c'est fait, ce qu'on dit, c'est qu'il ne faut pas permettre à une
seule des structures, qui travaille au niveau régional de sortir de ce
cadre. Il faut simplement lui indiquer qu'elle doit accomplir la fonction
à laquelle elle est destinée dans le cadre de ces orientations et
de ces priorités. Nous n'ajoutons aucune structure, nous n'augmentons en
aucune façon la tâche du DSC. Nous lui fixons simplement ou
demandons qu'on lui fixe certaines balises, qu'on lui dise quels sont les
champs vers lesquels il devra diriger ses activités, en particulier en
fonction de ce qui est mentionné à l'alinéa 1 de l'article
73. C'est tout. Cela ne confère absolument aucun pouvoir additionnel au
conseil régional, ni aucune fonction additionnelle, ni aucune
responsabilité. Cela ne fait qu'indiquer au DSC qu'il doit oeuvrer dans
le cadre des priorités et des orientations régionales.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, j'avais dit que ce n'est
pas nécessairement plus de pouvoirs, mais ce que je crains, c'est que
cela ne complique l'articulation, puis le fonctionnement des
établissements eux- mêmes. Jusqu'à quel point cela va-t-il
être une contrainte, finalement, qui va se traduire par un peu plus de
bureaucratie, un peu plus de réunions, un peu plus de rencontres? C'est
cela que je crains parce que je me dis que vous avez déjà en main
tous les outils qu'il vous faut - la loi vous les donne - pour faire de la
coordination, etc. Je ne reviendrai pas là-dessus. Mais parce qu'il
semble que quelque part cela ne marche pas toujours exactement et puis qu'on a
des objectifs pas nécessairement divergents mais qui sont
peut-être parallèles ou un dédoublement de services, vous
dites qu'il nous faut ajouter, dans la loi, "en collaboration avec le CRSSS".
Je trouve que c'est quasiment redondant.
M. Bélanger (André): Pas "en collaboration", on a
écarté cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez écarté mais il est
quand même dans votre mémoire, votre "en collaboration".
M. Bélanger (André): Ce qu'on a dit, c'est "en
conformité avec les orientations et les priorités
régionales". C'est ce qu'on vous dit aujourd'hui, c'est le sens qu'on
voudrait -on en serait heureux - que le ministre prenne comme orientation. En
disant "en collaboration", on est conscient des pièges et des
difficultés que cela peut causer. Aujourd'hui, ce qu'on vous dit, c'est
qu'une formule qui dirait "en conformité avec les orientations et les
priorités régionales", quant à nous, nous conviendrait
parfaitement.
M. Johnson (Anjou): Au-delà de la discussion, puis de
l'appréciation des structures - je connais l'appréciation,
nuancée malgré tout, mais quelque peu différente de la
mienne, que fait la députée de L'Acadie des structures du
réseau - je vais donner un exemple très concret. Les
départements de santé communautaire en ce moment sont très
actifs en médecine du travail à cause de la loi 17. On peut
décider dans un coin donné que ce qui est important, c'est
l'audiologie, à cause des problèmes de bruit industriel. Il se
peut que le département de santé communautaire dise: Bon, cela,
pour nous, c'est très important, santé et sécurité
au travail, surdité, bon, on se fait une clinique d'audiologie ici.
Tout à coup, le CRSSS, à qui, par ailleurs, on a
donné des mandats un peu plus larges de planification, qui, à des
commissions administratives où siègent des multitudes de
médecins et de représentants des établissements, etc., des
services sociaux - mais je parle de la santé en ce moment -lui a
décidé que tel type de spécialité, on devrait
plutôt concentrer cela dans tel établissement.
Ce que nous demande, si je comprends
bien, M. Bélanger, avec la nuance qu'il a apportée
à son mémoire original, c'est: On voudrait que vous disiez au
département de santé communautaire qu'il ne peut pas prendre de
décision unilatérale en termes de développement sans tenir
compte des orientations qui ont été prises au niveau de la
région, alors que la formule initiale, il est vrai, présupposait
qu'il y avait une forme d'élaboration conjointe.
La Conférence des CRSSS nous dit: Écoutez, on ne veut pas
d'élaboration conjointe. Sur le plan des ressources régionales,
où on a l'expertise et dont c'est notre mandat de voir à leur
développement en termes de planification, on veut être sûr
que les DSC tiennent compte du travail qu'on a fait quand ils prennent des
décisions de développement. Dans le fond, ce qu'ils nous disent
un peu, c'est: On voudrait vous poigner, des fois, pour leur parler.
M. Bélanger (André): C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Soyons un peu franc, je pense que c'est un
peu cela. Vous voulez nous poigner pour être capables de dire au DSC:
Vous vous êtes trompés de ville pour développer
l'audiologie-orthophonie, même si c'était en soi une bonne
décision. C'est ce que je crois comprendre de leurs commentaires. C'est
intéressant, on en prend bonne note.
Les deux sujets majeurs, je pense que je les ai couverts pour ma part.
Le reste, on en a pris note. Je pense qu'il y a beaucoup
d'éléments où il y a consensus, où vous rejoignez
d'autres mémoires sur différents aspects. À moins que vous
ne vouliez ajouter quelque chose.
M. Bélanger (André): Si vous le permettez, M. le
ministre, je voudrais vous rappeler que la conférence s'est
donnée une structure très légère et peu
coûteuse, parce qu'on considère que les ressources
financières doivent d'abord servir à remplir la vocation
première qui est celle des conseils régionaux. Vous avez devant
vous aujourd'hui comme porte-parole, en outre de la directrice
générale, trois non-permanents du réseau. Vous ne nous
blâmerez pas d'avoir raffiné notre position, d'avoir
réfléchi davantage sur certaines formulations qui, finalement, ne
nous paraissaient peut-être pas des plus heureuses ou des plus conformes
à la volonté ou au désir qu'on voulait exprimer devant
cette commission. C'est pourquoi aujourd'hui on nuance ou on précise
certaines choses qui pouvaient être formulées autrement dans le
mémoire. Il faut comprendre qu'avec une structure aussi
légère il est difficile pour nous de nous rencontrer. Les
délais ont été également très courts.
Finalement, nous avons choisi de ne pas nous asseoir sur un texte rigoureux et
de prendre le risque - je pense que cela en valait la peine - de nuancer et de
préciser vraiment le fond de notre pensée sur ces questions.
M. Johnson (Anjou): Je vous sais gré, M. Bélanger,
de faire cette précision, d'autant plus que cela peut me permettre de
dissiper une perception que l'on a, que la conférence des CRSSS, c'est
une structure qui s'est ajoutée aux autres. À ma connaissance,
vous avez quoi, trois employés?
M. Bélanger (André): Un employé. M.
Johnson (Anjou): Oh, pardon!
M. Bélanger (André): Une directrice
générale et une secrétaire.
M. Johnson (Anjou): Deux employées à la
conférence des CRSSS.
M. Bélanger (André): Elles ne sont pas à
temps plein.
Mme Lavoie-Roux: Voici mes commentaires: Je pense que ce n'est
pas la conférence des CRSSS qui va faire la coordination avec les DSC.
Je n'ai jamais dit que c'étaient les CRSSS. Je pense qu'on se comprend
bien. Maintenant, à quelle place vous l'introduisez, pour les CSS, dans
votre mémoire? Parce que cette demande, je vais peut-être la
retrouver, c'était à l'article... Ce que vous dites sur les DSC,
il me semble que je l'ai vu quelque part. Ah oui, c'est en page 9, en
conclusion.
M. Bélanger (André): Oui.
Mme Lavoie-Roux: "Les DCS et les CSS, d'exercer leurs
responsabilités..." Vous faites la même réflexion pour les
CSS.
M. Bélanger (André): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Où l'introduisez-vous dans le
règlement?
M. Bélanger (André): Pas du tout au niveau de la
réglementation. Cela n'a aucune assise juridique; c'est simplement
l'expression de notre vue sur la question que nous formulons
là-dedans.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Bélanger (André): Nous ne faisons pas de
recommandation précise là-dessus.
M. Quintin: La raison pour laquelle c'est là, c'est qu'il
y a pour la première fois dans la réglementation la
définition du rôle d'un chef de département de santé
communautaire, et qui, là, dépasse la simple fonction
d'établissement; il y a une
responsabilité au niveau régional. C'est ce qui nous
oblige à intervenir.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, pourriez-vous nous donner un peu
plus d'explications concernant vos réflexions sur les familles
d'accueil? Est-ce que vous craignez que ce ne soit un peu trop rigide comme
division ou catégorisation des familles d'accueil?
M. Bélanger (André): Je vais demander à Mme
Langlois de répondre à cette question.
Mme Lavoie-Roux: Oui. On en a discuté à plusieurs
reprises.
Mme Langlois (Lise): Mme Lavoie-Roux, ce qu'on dit, par rapport
à l'approche qui est dans la réglementation, à savoir
mettre de l'avant trois catégories de familles d'accueil, c'est qu'on
pense qu'il y a actuellement des difficultés d'ordre administratif et
d'ordre professionnel par rapport aux programmes que sont les familles
d'accueil, soit enfants ou adultes. On perçoit la famille d'accueil
comme étant une ressource légère, une ressource souple,
qui justement se fond dans la société. On n'est pas capable
d'identifier du bout du doigt que, dans telle maison ou tel logement, il y a
une famille d'accueil. Ce qu'on dit, c'est qu'en venant catégoriser les
familles d'accueil, l'objectif qui est d'essayer de corriger les
difficultés administratives, c'est-à-dire les ajustements de per
diem quand un enfant ou un adulte exige un petit peu plus de la part de la
famille d'accueil, cela ne vient pas solutionner l'approche professionnelle
qui, dans un premier temps, devrait être de beaucoup
réexaminée et réévaluée par rapport à
ce qu'on doit donner à la ressource légère qu'est la
famille d'accueil. On dit que l'objectif qui est derrière cela est
valable, mais que ce n'est pas en les catégorisant et en mettant ce que
j'appelle moi, un galon, deux galons ou trois galons sur les épaules des
familles d'accueil qu'on va permettre à cette ressource
légère de continuer à faire le bon travail de
complémentarité avec les établissements. Dans ce sens, il
y a eu de longues discussions avec les représentants des familles
d'accueil qui souhaitaient, parce que c'est très diversifié et
très dynamique, le travail qu'on demande aux familles d'accueil, qu'il y
ait une plus grande catégorisation, justement, que seulement trois.
Alors, quand on a le choix entre ne pas les catégoriser ou les
catégoriser à un point tel qu'on leur donne une espèce, je
dirais, d'image d'établissement, à ce moment, on heurte le niveau
de souplesse qu'on veut donner à cette ressource.
Ce qu'on pense, c'est que le CSS a une responsabilité face
à toute la programmation des familles d'accueil, au recrutement, au
support, à la formation. Quelle que soit l'appartenance de
l'intervenant, qu'il soit dans un CSS, dans un CLSC, dans un centre d'accueil.
Ce qui est important, c'est que l'intervenant, s'il a des besoins
identifiés pour tel enfant ou tel adulte, puisse se tourner vers le CSS
et dire: Moi, j'aurais besoin pour Mme X de tel type de famille.
Peut-être que tel type de famille, si elle a été
accréditée trois galons, c'est-à-dire de
réadaptation, va voir son per diem diminuer juste en disant: Mais
peut-être que... parce qu'il y a aussi des problèmes d'occupation
à 100% dans les familles d'accueil.
Or, ce sont tous des problèmes administratifs qui, à notre
sens, brisent un petit peu, en les catégorisant à un niveau
réglementaire, la souplesse et l'utilisation qu'on veut en faire au
niveau régional. C'est dans ce sens qu'on a apporté notre
commentaire en disant: II y a probablement un besoin de catégorisation
de familles d'accueil, mais à un niveau davantage administratif que
réglementaire, parce qu'on sait qu'un règlement se change
beaucoup moins facilement qu'une directive administrative quand on travaille
régulièrement avec tous les intervenants qu'un réseau de
famille d'accueil implique nécessairement.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie. Est-ce que vous faites une
suggestion concrète ou si ce sont juste des commentaires que vous avez
faits là-dessus?
Mme Langlois: Ce qu'on vous dit, c'est qu'il devrait y avoir un
travail au niveau administratif de fait et au niveau professionnel. On ne vous
donne pas d'alternative; on vous dit tout simplement qu'on n'est pas d'accord
d'introduire des catégories de familles d'accueil au niveau
réglementaire.
M. Johnson (Anjou): Vous voudriez qu'on biffe l'article.
Mme Langlois: Voilà.
M. Johnson (Anjou): Et qu'on trouve des solutions au plan
administratif.
Mme Langlois: Et qu'on garde la souplesse de cette ressource dite
alternative.
Mme Lavoie-Roux: Si j'ai bien saisi votre mémoire, au
sujet de l'admission, je pense qu'il y a un consensus pour que ce soit
coordonné. Je pense que tous les intervenants étaient d'accord
pour que ce soit coordonné au niveau régional. Il y a
déduction à savoir si les CRSSS veulent gérer ou non. Dans
votre mémoire, vous parlez de gérer. Même, il semble qu'on
ne s'entend pas sur ce que
veut dire gérer l'admission dans les établissements.
Vous dites dans votre mémoire que les CSS qui avaient
jusqu'à maintenant cette responsabilité se trouvaient en conflit
d'intérêts parce qu'ils étaient sur un même niveau au
plan administratif. Si je le retrouvais.
M. Quintin: Page 6, deuxième paragraphe. (16 heures)
Mme Lavoie-Roux: "Dans le contexte de la réglementation
actuelle, l'établissement qu'est le centre de services sociaux (CSS),
ayant une responsabilité partagée en matière d'admission,
se retrouve en conflit de rôles, c'est-à-dire avec un statut
corporatif équivalant aux établissements dont ils se doit
d'obtenir la collaboration."
Avec la proposition qui est dans le projet de règlement,
où on déplace vers le CLSC, là où il n'y a pas de
CSS, le rôle qui était à ce moment-ci donné au CSS,
est-ce que le même raisonnement vaut?
M. Quintin: Est-ce que ce n'est pas l'inverse? On garde au CSS le
rôle lorsqu'il n'y a pas de CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est l'inverse. Enfin, quand il n'y a pas
de CLSC, on le donne au CSS.
Est-ce qu'à ce moment ils vont se trouver en conflit
d'intérêts si on suit votre raisonnement?
M. Quintin: Oui, ils vont participer à l'intérieur
du système. On va discuter avec eux. On va voir de quelle façon
un système peut fonctionner à un niveau régional. Le CSS
aura un rôle à jouer.
Mme Langlois: Dans le système actuel, si le CSS souhaite
la participation des CLSC dans une zone quelconque - au niveau, par exemple, de
l'évaluation, si on dit: On aimerait cela que vous procédiez
à l'évaluation de toutes les personnes âgées, par
exemple, qui demandent une admission en centre d'accueil d'hébergement -
si le CLSC a décidé, lui, qu'il mettait ses énergies
ailleurs parce qu'il a fait une programmation annuelle ou sur deux ans ou sur
trois ans et que ce n'est pas une priorité, bien c'est un
établissement qui dit à un autre établissement ce qu'il
voudrait avoir pour compléter le rôle qu'il doit jouer.
Nous, ce qu'on dit, c'est que comme conseil régional on n'a pas
un statut d'établissement, on a une mission de coordination. Alors, si
le CSS veut faire faire cela au CLSC, on va s'asseoir ensemble et on va
regarder comment, pourquoi il y a des contraintes du côté des
CLSC, pourquoi le CSS demande cela et, ensemble on va essayer de voir une
solution à cette dynamique sous-régionale, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: C'est votre justification pour que cette
responsabilité soit remise au niveau régional, au CRSSS, du moins
quant à l'organisation. Quant à la gérance, c'est une
autre affaire. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Desbiens): Je remercie la
Conférence des CRSSS. J'invite maintenant la Fédération
des médecins spécialistes du Québec à s'approcher
à l'avant.
À l'ordre, s'il vous plaît! Dr Desjardins.
Fédération des médecins
spécialistes du Québec
M. Desjardins (Paul): Bonjour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Bonjour. Je vous demanderais,
d'abord, de présenter les personnes qui vous accompagnent. Avez-vous un
résumé de votre mémoire?
M. Desjardins: Non, nous n'avons pas de résumé.
Nous allons en faire la lecture.
Le Président (M. Desbiens): Si vous voulez bien
procéder.
M. Desjardins: Alors, M. le Président, je vous
présente les membres qui m'accompagnent: à ma droite, Me
François Aquin, conseiller juridique de la fédération et
le Dr Jean-Marie Albert, -directeur des affaires professionnelles; à ma
gauche, Me Roger David, conseiller juridique et porte-parole, Me Patrick
Molinari, conseiller juridique, le Dr François Couture,
vice-président et le Dr John Seely, conseiller.
M. le Président, M. le ministre des Affaires sociales, mesdames
et messieurs les députés de cette commission, M. le sous-ministre
des Affaires sociales, l'importance très grande que la
fédération a apportée à la préparation de ce
mémoire, importance qui en explique tant le volume que le souci du
détail que l'on y retrouve, vient du fait qu'il s'agit là d'un
cas particulier de législation déléguée;
particulier, en effet, tant par sa nature spécialisée que par les
effets déterminants qu'il aura sur la santé publique.
Ceci veut dire, en clair, que le projet de réglementation qui est
soumis, bien qu'il réponde à un besoin maintes fois et fort
justement exprimé par le milieu, devra encadrer pour de nombreuses
années l'exercice de la médecine spécialisée en
milieu hospitalier, sans pour autant devoir retourner devant l'Assemblée
nationale. Il faut donc nous assurer que cette réglementation
corresponde le plus
exactement possible aux intentions et aux objectifs majeurs
exprimés par le législateur par le biais de la loi 27.
Comme on le sait, ces objectifs majeurs peuvent se résumer par la
phrase suivante: des soins médicaux de la plus haute qualité
possible, les plus accessibles possible au meilleur coût possible. C'est
le trépied de notre présentation et c'est dans cette optique bien
claire que nous avons voulu aborder le projet sous quatre facettes: la
participation médicale à la gestion des établissements,
l'organisation départementale, l'encadrement et le contrôle des
activités médicales et dentaires, et les droits des
bénéficiaires.
Je me permettrai de passer assez rapidement sur la première
partie; elle a déjà été discutée.
Le premier point, le principe de la consultation du Conseil des
médecins et dentistes dans l'exercice du pouvoir réglementaire.
Notre fédération se réjouit de l'intention du gouvernement
d'associer directement les médecins à l'exercice du pouvoir
normatif des établissements et, en particulier, des centres
hospitaliers.
Le deuxième point, le comité consultatif à la
direction générale. Nous n'avons pas l'intention de forcer
l'agrandissement de l'aréna qui devra être construite, car il y a
un "s" dans le projet de règlement et nous demandons au ministre des
Affaires sociales d'ajouter un troisième médecin
spécialiste; ainsi, ce n'est qu'un ajout, étant donné
qu'il y en a déjà deux.
Il y a quatre remarques sur cette page. La première remarque,
c'est que nous croyons qu'il devrait y avoir trois médecins
spécialistes, un de chacune des disciplines de la famille de cette
médecine spécialisée, nommés après
recommandation du Conseil des médecins et dentistes. Une autre remarque
a trait à l'expression "cadres supérieurs" que nous
suggérons de changer pour "directeurs administratifs" ce qui serait plus
approprié. Au dernier point sur cette page, on vous suggère de
changer l'expression "personne responsable de la coordination de l'enseignement
dans l'établissement par "médecin coordonnateur de l'enseignement
dans l'établissement".
Quant aux membres de ce comité, à l'article 18.5,
considérons qu'il est anormal que seules les activités des
médecins et dentistes soient l'objet d'un examen de leurs
conséquences administratives et financières. Le rôle du
comité étant celui de rechercher l'optimalisation de
l'affectation des ressources et de maximiser l'utilisation des budgets
d'opération, il serait plus conforme avec cette double mission que le
comité ait pour fonction d'analyser et de faire des recommandations
concernant "l'impact des activités professionnelles sur les programmes
administratifs et financiers."
Partie 2: l'organisation départementale. Les sections 1, 2 et 3
du chapitre VI du projet de règlement d'application formulent certains
principes d'organisation des départements cliniques et prévoient
certaines structures-cadres. La fédération estime que certains
éléments de réforme sont excellents. Elle croit,
toutefois, nécessaire que l'ensemble de ce chapitre soit
repensé.
Premièrement, les principes d'organisation. L'article 66 propose
deux principes d'organisation: le premier, la non-duplication des
activités; le second, l'unicité des règles de soins.
Quant au premier, concernant la non-duplication des activités
départementales, les principes sont énoncés, à
l'article 66 que nous citons. Voilà une règle que nous
considérons ambiguë. On pourrait en rechercher longtemps la
portée réelle. Qu'entend-on interdire? Toutes les
hypothèses sont possibles.
On peut aisément reconnaître que les départements
cliniques doivent fonctionner dans une relation de
complémentarité. Ce résultat peut actuellement être
atteint. D'une part, l'octroi des privilèges d'exercice balise le champ
d'activités des membres d'un département; d'autre part, par sa
politique d'allocation des ressources, l'administration d'un centre hospitalier
dispose d'une arme décisive pour restreindre les activités d'un
département clinique au domaine qui lui est propre.
Dans ce contexte, on pourrait douter sérieusement de
l'utilité d'inscrire au règlement d'application le principe de la
non-duplication des activités départementales. Mais il y a plus.
Comment appliquerait-on ce principe nébuleux? Qui arbitrerait le partage
étanche devenu obligatoire des sphères d'activités?
Voilà une pomme de discorde dont on peut utilement se passer.
Qu'adviendrait-il des départements cliniques nantis d'un secteur
de pointe et dont les activités sont susceptibles d'être
concurrentes par rapport aux activités plus traditionnelles d'un autre
département clinique? Seraient-elles interdites, alors que la logique
commande de les encourager? On pourrait le craindre: une application
étroite du principe de la non-duplication des activités, tel que
formulé par l'article 66, justifie d'emblée cette conclusion.
En bref, la fédération estime qu'un centre hospitalier a
déjà les moyens nécessaires pour assurer cette
complémentarité des activités. En conséquence, elle
demande de supprimer de l'article 66 la référence qui y est faite
au principe de la non-duplication des activités
départementales.
L'unicité des règles de soins. Le principe de
l'unicité des règles de soins est ainsi formulé. La
fédération est d'accord avec ce principe. Elle croit, par
ailleurs, nécessaire d'en préciser la portée. Les
règles
de soins pour une discipline doivent être élaborées
par le chef du département clinique de soins spécialisés
de la discipline concernée et pour toutes les activités relevant
de sa discipline. Donnons un exemple: en chirurgie, toutes les règles de
soins relatives aux chirurgies pratiquées dans le centre hospitalier, y
compris à l'urgence, devraient être établies par le
département de chirurgie. Pour nous, c'est ainsi que le principe
juridique de l'unicité des règles de soins se traduirait au plan
des faits par la pratique d'une même médecine, de même
qualité.
Nous formulons ainsi ce principe de l'unicité des règles
de soins: Chaque acte médical posé dans un centre hospitalier est
soumis à des règles de soins uniques, sans égard au
département dont le médecin est membre. (16 h 15)
L'article 66 du projet propose de confier au Conseil des médecins
et dentistes l'autorité d'approuver les règles de soins uniques.
Nous croyons comprendre que le gouvernement y a vu un moyen d'arbitrer des
litiges possibles entre des départements de soins
spécialisés et le département de médecine
générale. Tout en rejetant l'idée qu'une règle de
soins puisse emprunter la voie du compromis, la fédération estime
nécessaire que des mécanismes de concertation soient
établis. Nous proposons ici un mode particulier d'intégration de
la médecine générale dans l'organisation des
départements: la formule a pour but de garantir l'application du
principe de l'unicité des règles de soins.
Quant aux règles de soins appliquées dans le champ
d'activités de la médecine générale, nous faisons
trois recommandations. Premièrement, les règles de soins
relatives aux actes posés dans une discipline sont
élaborées par le chef du département clinique de soins
spécialisés; elles sont établies après consultation
du chef du département de médecine générale quant
aux actes susceptibles d'être posés par les médecins
omnipraticiens dans le champ d'activités de ce département.
Deuxièmement, les règles de soins sont établies par
le Conseil des médecins et dentistes lorsqu'il n'y a pas de
département clinique de soins spécialisés dans une
discipline. Troisièmement, le chef du département de
médecine générale est responsable de veiller au respect
des règles de soins quant aux gestes posés dans les secteurs
d'activités de la médecine générale.
L'exécution des ordonnances médicales. Le projet de
règlement d'application ne traite pas de l'exécution des
ordonnances médicales, question dont l'importance nous paraît
primordiale en regard de la qualité des soins et des coûts. Nous
proposons d'inscrire au projet la disposition suivante:
Les règles de soins doivent prévoir les modalités
d'exécution des ordonnances médicales et dentaires, ainsi que la
durée et la fréquence des traitements prescrits.
Cette règle me paraît bien réfléchir
l'étendue réelle de la responsabilité du médecin
face au malade auquel il prescrit une thérapie. En la libellant ainsi,
nous sommes d'avis que l'on mettrait un accent nécessaire sur l'impact
économique des thérapies, ce qui devrait favoriser la
répression des abus. C'est, nous semble-t-il, une dimension majeure du
concept "règles de soins" que le projet actuel passe sous silence.
Les structures-cadres. Le projet de règlement d'application
aménage certaines structures-cadres qu'il y a lieu d'examiner. Les
réformes proposées appellent, selon nous, d'importants
correctifs.
Les départements cliniques sous gestion intégrée.
L'article 69 prévoit la formation d'un département de radiologie
dont le chef aurait la responsabilité de gérer les ressources
humaines, matérielles et financières. Voilà une approche
véhiculée par le rapport Castonguay et qui s'est perdue au fil
des ans. La fédération y souscrit sans réserve: la
productivité, l'efficacité, la rationalité, le
contrôle de la qualité des soins et l'économie passent par
là.
Le gouvernement propose de faire de même en regard du
département clinique des laboratoires de biologie médicale. Cela
nous apparaît également nécessaire. Mais il y a plus.
À notre avis, il y aurait lieu d'étendre ce régime
d'organisation tant au département clinique de psychiatrie tel qu'il
apparaissait dans l'avant-projet, qu'aux unités de soins cliniques en
centre hospitalier.
Prenons l'exemple d'une unité de soins: il nous paraît
clair qu'on y gagnerait tant au plan de l'efficacité que de
l'économie si des unités de soins aussi importantes que le bloc
opératoire ou les soins intensifs étaient placées sous
l'autorité d'un chef de département clinique - ou d'un
médecin coordonnateur - responsable d'en gérer les ressources
humaines, matérielles et financières. Au vu du système
multigéré actuel, dont on connaît les incohérences,
l'improductivité et les coûts, nous sommes convaincus qu'il faut
essayer autre chose. Pourquoi pas le type d'organisation qui, ailleurs,
s'avère plus efficace? De plus, le chef d'une unité de soins doit
être nommé selon la procédure de nomination d'un chef de
département clinique.
Le département clinique des laboratoires de biologie
médicale. L'article 70 propose de créer un département
multidisciplinaire des laboratoires de biologie médicale. Il s'agit
d'une réforme importante dont il y aurait lieu de préciser
certains paramètres. Il nous paraît nécessaire de revoir
l'article 70, en y ajoutant la disposition suivante:
"Chacun des laboratoires de biologie médicale forme un service
clinique constituant. Il est dirigé par un médecin qui a
qualification de médecin spécialiste dans cette discipline;
toutefois, peut être nommé au poste de chef de service de
biochimie ou de microbiologie celui qui justifie d'un doctorat ou d'une
maîtrise dans une discipline appropriée."
J'ajoute au mémoire, M. le Président, deux commentaires.
Par anticipation, notre fédération tient à préciser
que le rôle de gestion tel que prévu aux articles 69 et 70 ne
brime en rien l'autonomie professionnelle du personnel oeuvrant à
l'intérieur du département ou de l'unité de soins. Par
ailleurs, les structures hospitalières existaient bien avant la
rédaction du Code des professions, et les dispositions du Code des
professions ne sont pas un modèle de structures
hospitalières.
Le département de médecine générale. Le
projet de règlement d'application propose la création de trois
types de départements: les départements cliniques, le
département de santé communautaire et le département de
pharmacie. À notre avis, il y a dans la réalité quatre
types de départements. En reconnaissant chacun d'eux en fonction de sa
spécificité - différent dans l'égalité -
nous sommes persuadés que tout le monde y trouverait son compte, et ce,
dans l'harmonie. Il y va du meilleur intérêt des malades. Nous
proposons de classer le département de médecine
générale dans une section distincte, tout comme le
département de santé communautaire, et d'y préciser sa
mission propre, de même que les fonctions du médecin omnipraticien
qui en dirigera les activités.
En regard de la mission du département de médecine
générale, nous estimons que la description qu'en donne le
deuxième paragraphe de l'article 67 peut être un objectif valable.
Par ailleurs, il nous semblerait excessif de ne pas y introduire une norme de
souplesse pour tenir compte des réalités locales, que l'on ne
peut supprimer d'un trait de plume. Nous proposons donc le libellé
suivant: "Le plan d'organisation doit prévoir les activités qui
sont exercées par le département de médecine
générale en regard de l'urgence des cliniques externes de soins
généraux et de soins prolongés."
Nous notons, par ailleurs, que le projet de règlement
d'application est silencieux quant aux activités exercées par les
médecins omnipraticiens dans les départements cliniques de soins
spécialisés, telle l'obstétrique.
Il nous paraîtrait logique que ces médecins, outre leur
appartenance aux départements de médecine générale,
soient associés au département clinique de soins
spécialisés, pour lesquels ils ont des privilèges de
pratique, et y soient représentés par un
délégué auprès du chef de ce département
clinique en regard de ces activités.
Nous formulons, à l'annexe A de ce mémoire, les textes que
nous proposons.
Partie 3. Encadrement et contrôle des activités
médicales et dentaires.
Premièrement, statuts et privilèges. Il faut se surprendre
qu'il n'y ait aucune disposition concernant les privilèges de pratique
au chapitre des statuts. C'est à l'article 97.2 que l'on peut en
retrouver une définition. Or, cet article est attributif de
compétence au comité d'examen des titres et il serait beaucoup
plus opportun de prévoir, dans une disposition spécifique, la
définition de la notion de "privilège de pratique" plutôt
que de la confondre dans un texte attributif dont l'interprétation
répond à des règles propres qui pourraient restreindre la
portée d'une notion aussi importante que celle de "privilège de
pratique".
La page suivante traite d'un sujet dont vous avez entendu parler
beaucoup ces derniers jours: l'absence d'assiette juridique pour bien asseoir
les pharmaciens dans le conseil des médecins et dentistes. Nous
pourrions reprendre un peu ce que Me Brodeur vous a exposé
précédemment. Vous êtes sensibilisés au
problème.
Je passe au contrôle disciplinaire. Juridiction du comité
de discipline. Compte tenu de la création d'un comité de
discipline, il nous paraît normal que la filière du contrôle
de la qualité des services médicaux et dentaires soit la plus
directe et la plus continue et évite de permettre qu'une instance tamise
les dossiers qu'elle pourrait être appelée à juger par la
suite.
Dès lors, il est souhaitable que le comité
d'évaluation médicale et dentaire puisse saisir le comité
de discipline d'une plainte concernant un professionnel dont il a
étudié le dossier, sans que cette plainte ne soit tamisée
par le comité exécutif du conseil des médecins et
dentistes. Il y a donc lieu de revoir la rédaction de l'article 100 sur
cette question.
Afin de bien marquer l'autonomie du comité de discipline, il
convient de retenir la formule déjà utilisée dans le Code
des professions, selon laquelle toute personne peut porter une plainte
auprès d'un comité de discipline. Même si c'est là
permettre à quiconque de se plaindre, il n'y a pas lieu de croire, si
l'on s'en remet par analogie à la situation prévalant dans les
corporations professionnelles, qu'il y aurait des abus qui entraveraient le bon
fonctionnement du comité de discipline. Il faut donc remanier les textes
projetés de manière à rendre possible ce mode de
dépôt de plaintes et à retirer au comité
exécutif du conseil des médecins et dentistes le pouvoir exclusif
de déposer une plainte auprès du comité de
discipline.
Enfin, le second paragraphe de l'article 101 réfère
à l'étude de dossiers et modifie la composition du comité
de discipline, selon que le dossier concerne l'une ou l'autre des
catégories de professionnels ou encore selon qu'il s'agit de cas
chirurgicaux ou de décès. Or, l'article 102 du règlement
projeté indique que le rôle du comité de discipline est
d'étudier toute plainte. Il nous semble que ce second paragraphe de
l'article 101, qui est une répétition du second paragraphe de
l'article 99, est inutile et rend confuse la juridiction du comité de
discipline. Il y aurait lieu tout simplement de supprimer le second paragraphe
de l'article 101.
Rôle du conseil d'administration. En matière disciplinaire
et compte tenu de la structure proposée par le règlement, le seul
rôle du conseil d'administration doit être celui d'imposer une
sanction. En effet, le professionnel concerné, médecin ou
dentiste, aura eu l'opportunité de se faire entendre et de faire valoir
ses moyens devant deux instances, soit le comité de discipline et le
comité exécutif du conseil des médecins et dentistes.
En conséquence, il n'est pas souhaitable de le soumettre à
une troisième audition sur la question de l'opportunité de
retenir une sanction. Toutefois, afin d'être le plus respectueux possible
des droits du professionnel concerné, il y a lieu de permettre à
celui-ci de se faire entendre par le conseil d'administration avant que le
conseil ne décide de la sanction qui doit lui être imposée.
Le libellé de l'article 106 doit donc être revu de manière
à prévoir sans équivoque que le conseil d'administration,
lorsqu'il est saisi d'une recommandation de l'exécutif du conseil des
médecins et dentistes, doit imposer une sanction. De plus, il importe de
bien préciser la nature des sanctions qui peuvent être
imposées. À cette fin, nous croyons que
l'énumération prévue à l'article 255 du
règlement actuel en vigueur fournit un éventail de mesures
suffisantes à l'exercice du devoir de sanctionner et doit être
reprise dans le texte du futur règlement.
Suspension d'urgence. S'il y a lieu de maintenir un mécanisme
exceptionnel de suspension immédiate, il faut néanmoins
l'assortir de garanties respectueuses des droits du professionnel visé
par la mesure et destinées à éviter tout risque d'abus de
cette procédure qui ne doit pas se substituer à la
procédure ordinaire du contrôle disciplinaire.
À cet égard, la fédération demande que:
premièrement, le pouvoir de suspension immédiate soit restreint
aux cas d'urgence grave; deuxièmement, le pouvoir de suspension
immédiate soit confié aux seules autorités
médicales et dentaires, en l'occurrence, le président du conseil
des médecins et dentistes, le chef du département
compétent et le directeur des services professionnels;
troisièmement, la suspension d'urgence emporte ipso facto l'introduction
d'une plainte devant le comité de discipline qui doit en disposer
immédiatement; quatrièmement, le comité de discipline
peut, avant de statuer sur la plainte, lever la suspension. (16 h 30)
Quatrième partie. Les droits des bénéficiaires.
Par-delà les questions relatives aux structures de gestion et aux
structures professionnelles dans les établissements de santé, la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec estime essentiel de formuler des commentaires sur des questions
relatives à la finalité même de ces établissements,
soit la prestation de services de qualité aux
bénéficiaires auxquels le législateur a reconnu des droits
importants.
Premièrement, le droit aux services. Le second paragraphe de
l'article 20 est d'une portée ambiguë et, ainsi, peut prêter
à plusieurs interprétations. On peut l'interpréter comme
une limite au droit du patient de recevoir des services. Si tel est le cas, la
réserve contenue à l'article 4 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux est largement suffisante et ce paragraphe
est inutile. Cette mesure pourrait peut-être aussi être
interprétée comme imposant aux médecins, exerçant
en cabinet sans être membre d'un conseil des médecins et
dentistes, le devoir de connaître les règles de soins et les
règles d'utilisation des ressources adoptées dans un centre
hospitalier avant d'y référer un patient pour fins de diagnostic.
Si tel était le cas, le second paragraphe serait encore inutile, puisque
le refus de services auquel serait confronté le patient pourrait se
fonder sur la réserve de l'article 4 de la loi.
Par ailleurs, en raison de l'importance pour le
bénéficiaire de faire l'objet d'une évaluation
adéquate de son état avant d'être admis dans un centre de
réadaptation, il y a lieu de prévoir à l'article 42 la
nécessité d'une évaluation médicale de
l'état du bénéficiaire. La décision d'admettre sera
dès lors plus éclairée et le risque d'une admission dans
un centre peu ou mal adapté aux besoins du bénéficiaire en
sera d'autant diminué.
Deuxièmement, les droits accessoires. Le droit à
l'information. Sans oublier les théories juridiques fondées sur
le droit à l'intégrité physique, c'est au droit du patient
à l'information que se rattache l'obligation d'obtenir son consentement
à des soins ou à des services. Or, ce droit à
l'information du patient découle surtout de l'obligation à
laquelle sont tenus les membres de presque toutes les corporations
professionnelles du secteur de la santé et des services sociaux par le
biais du code de déontologie de chacune des corporations. Il nous
semble
donc que le patient a le strict droit de recevoir l'information
nécessaire non seulement pour l'anesthésie et les interventions
chirurgicales, mais aussi pour les autres soins et traitements. Le patient
pourrait alors consentir de manière éclairée.
L'article 29 devrait donc compter deux paragraphes dont le premier se
lirait ainsi: "Une personne inscrite ou admise dans un centre hospitalier ou
son représentant légal doit recevoir les informations
appropriées aux examens, soins et traitements requis par son
état."
De plus, la fédération n'estime pas opportun que le
règlement impose au bénéficiaire, ainsi qu'à son
médecin ou à son dentiste l'obligation d'attester par
écrit que le bénéficiaire a reçu les informations
appropriées. La fédération voit mal comment on pourrait
contraindre le bénéficiaire à signer cet écrit et
surtout comment on pourrait voir au respect de cette obligation dont la
contravention emporterait en principe une sanction pénale. Ira-t-on
jusqu'à le menacer de poursuite pénale? Il est à
espérer que cette idée n'a jamais traversé l'esprit des
concepteurs du règlement. Si cette obligation doit avoir une
finalité, c'est d'une finalité pédagogique qu'il s'agit.
Il ne nous semble pas que le texte réglementaire soit le véhicule
approprié à cette fin et, en conséquence, nous
recommandons que l'obligation de l'attestation écrite soit
supprimée de l'article 29.
Outre le principe de la confidentialité du dossier, l'article 7
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux
énonce le droit d'accès du bénéficiaire au dossier
qui a été constitué pour lui dans un établissement.
Le législateur a formulé ce droit de telle manière qu'il
puisse s'exercer librement et sans autorisation préalable sauf les cas,
qui devraient être exceptionnels, où l'établissement refuse
de respecter ce droit. L'article 61 vient restreindre ce droit en soumettant
à la discrétion judiciaire le droit d'accès. En effet, la
vaste majorité des documents contenus dans un dossier sont soit des
originaux, soit des exemplaires uniques et, dès lors, ne pourront
être retirés sans autorisation judiciaire.
Il nous semble qu'il serait plus conforme avec l'esprit de la loi et
avec la valorisation du droit à l'information, de prévoir que
l'établissement doit, sur demande et moyennant une indemnisation
raisonnable, fournir au bénéficiaire une copie de tout document
inclus dans le dossier qui a été constitué. Le
défaut de respecter cette obligation pourrait être
sanctionné par un ordre d'un juge de la Cour supérieure. Si nous
optons pour ce tribunal, c'est en raison de ce que la notion de "tribunal",
entre guillemets, est, lorsque utilisée seule, imprécise et
pourrait mener le bénéficiaire auprès d'un "tribunal" qui
déclarerait ne pas avoir juridiction à cet égard. Pour ce
qui est du retrait des originaux, les règles ordinaires de la preuve et
de l'assignation des témoins suffisent pour permettre à tout
tribunal compétent de l'exiger.
Le droit à la confidentialité. La version actuelle du
règlement, à l'article 93, prévoit que les
représentants de la Corporation professionnelle des médecins,
ainsi que ceux de l'Ordre des dentistes peuvent prendre connaissance du dossier
d'un bénéficiaire pour fins d'évaluation des soins
dispensés par un membre de l'une ou l'autre corporation. L'article 62 du
projet propose d'étendre ce droit aux représentants de toute
corporation professionnelle. Un tel droit d'accès constitue un accroc
important au droit du patient à la confidentialité de son
dossier. La nécessité impérative d'un tel accroc doit
être démontrée pour pouvoir être justifiée.
Or, rien ne permet de croire que l'accès au dossier du
bénéficiaire constitue un prérequis essentiel à
l'exercice des fonctions d'inspection et de discipline de chacune des
corporations professionnelles du secteur de la santé et des services
sociaux. C'est uniquement dans le cas où le dossier témoigne de
la qualité des soins ou des services fournis par un professionnel, ce
qui, outre le cas des médecins et des dentistes, est plutôt rare,
que l'accès à ce dossier est nécessaire.
Pour les cas exceptionnels, le législateur a prévu,
à l'article 7 de la loi, un mécanisme judiciaire d'accès
au dossier. Il y aurait lieu de s'y reporter. Les représentants des
corporations professionnelles peuvent ainsi s'adresser à un tribunal
compétent et obtenir, après avoir convaincu le juge de
l'opportunité de leur demande, l'autorisation d'accéder au
dossier des bénéficiaires selon les modalités que le juge
estimera les plus appropriées.
En conclusion, la Fédération des médecins
spécialistes est, évidemment, d'accord avec le principe d'une
refonte importante apportée à une réglementation devenue
vétuste et quasi inopérante. Toutefois cette refonte doit tenir
compte de la nécessité absolue de maintenir - à tout le
moins - la qualité de la pratique de la médecine chez nous, en
même temps que s'amélioreront l'accessibilité et le
contrôle des coûts. C'est précisément à la
consolidation de ce triangle essentiel que nous voulons collaborer activement
par le dépôt de ce mémoire.
Je vous remercie, M. le Président et MM. les membres de cette
commission.
Le Président (M. Desbiens): Merci, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, Dr Desjardins, de votre excellent
mémoire, fouillé, précis, avec des alternatives
également. Je ne vous remercierai pas de l'avoir
résumé parce que vous l'avez lu. Néanmoins, étant
donné l'heure, ça ne pose pas de problèmes, d'autant plus
que je pense que ça nous a permis de saisir, ne serait-ce que par vos
inflexions, l'importance que vous accordez à certaines choses.
À la page 5, sur le principe de la non-duplication, "voilà
- nous dites-vous - une règle bien ambiguë. On pourrait en
rechercher longtemps la portée réelle. Qu'entend-on interdire?
Toutes les hypothèses sont possibles". Et vous procédez dans la
page qui suit à démontrer combien le principe de la
non-duplication vous apparaît comme un danger. Moi, je vais le poser
à l'envers. Peut-être avez-vous des réponses à nos
préoccupations. Exemple, l'échographie dans l'hôpital.
Est-ce que ce sont les gynéco-obstétriciens ou les radiologistes
qui vont avoir la juridiction sur ce secteur très important des
équipements que représente l'échographie? Je pourrais
peut-être parler de l'électro-myographie dans le cas de la
physiatrie ou des neurologues ou des choses de cette nature. C'est un peu ce
que l'on recherche. Dans le fond, finalement, il y a parmi les ressources
matérielles, entre autres, des ressources très importantes. Le
principe de la non-duplication de juridiction des départements sur ces
équipements nous apparaît une chose souhaitable qui va, par
définition, être tranchée au niveau du plan d'organisation
par le conseil d'administration qui, entre vous et moi, serait bien fou de ne
pas consulter le CMD avant de prendre sa décision. Dans le fond, c'est
un peu en pensant à des choses comme celle-là qu'on introduit ce
principe. J'aimerais peut-être vous entendre un peu réagir.
M. Desjardins: Le problème de l'échographie, c'est
l'exemple qu'on vous a soumis. Je vous remercie de l'avoir ramené pour
qu'on puisse en discuter. C'est un sujet très complexe qui touche
quelque neuf sortes de disciplines de la médecine
spécialisée. C'est la raison pour laquelle on vous demande de
supprimer cette portion de cet article; parce qu'il n'est pas possible que ces
neuf sortes de médecine spécialisée se retrouvent à
l'intérieur d'un seul département. C'est impensable. Cela prend
donc une accessibilité à cela pour les neuf sortes sans qu'il y
ait ce cloisonnement étanche qu'on comprend être le libellé
de cet article. Vous avez soulevé la radiologie, l'obstétrique et
la gynécologie, ajoutons à cela l'ophtalmologie, la
neurochirurgie, la neurologie, la cardiologie. La cardiologie, c'est pour eux
un outil de travail absolument indispensable. Vous ne pouvez pas avoir un bon
service de cardiologie, si vous n'avez pas, aujourd'hui en 1983, de
l'échocardiologie. C'est impensable. Même à Rimouski, M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, je prends note. Unicité des
règles de soins. C'est un peu plus corsé. Vous nous dites
qu'à l'égard des règles de soins, elles devraient
être uniques, ce qui est un principe qu'on a introduit. Son application
dans le cas de l'existence d'un département de médecine
générale qui a la juridiction ou enfin qui s'occupe de l'urgence
ou qui a la responsabilité de l'urgence en tant que médecine de
première ligne, vous croyez qu'il faudrait que les règles de
soins proviennent par définition du département
spécialisé. Exemple, les lacérations mineures, le
traitement des brûlures au premier degré, les rhumes. C'est bien
connu, d'ailleurs, la médecine, en général, ne peut rien
contre les rhumes. Pas plus la médecine omnipratique que la
spécialisée. Vous verriez que ces règles de soins, si on a
affaire à un hôpital où il y a des
spécialités, proviennent du chef de département
spécialisé.
M. Desjardins: C'est simple, M. le ministre, si vous me
permettez. On prétend que c'est la règle du plus
compétent, tout simplement. La règle doit être faite par
celui qui est le plus compétent. Ce que vous soulevez au niveau de la
chirurgie que vous appelez mineure, je dois vous dire que ce n'est pas toujours
facile de distinguer entre de la chirurgie mineure et la chirurgie majeure.
Vous savez, parce qu'on vous l'a déjà écrit, qu'il n'y a
pas d'anesthésie mineure.
M. Johnson (Anjou): On pourrait peut-être faire une
commission rogatoire et aller siéger à Rimouski. Il reste
cependant que je regarde les publications médicales, je regarde aussi
une certaine cohérence à la notion de la responsabilité
médicale, on est médecin ou on ne l'est pas. On n'est pas
nécessairement spécialiste, je n'en disconviens pas. La
corporation a un rôle de surveillance, non seulement l'application du
code d'éthique, mais de la qualité de ce qui est fait par les
médecins. Des médecins omnipraticiens dans des situations,
notamment, dans les régions périphériques où
notamment quand ils recouvrent leur privilège de faire de la chirurgie
mineure en fonction de l'heure du coucher du soleil, finalement, assument des
actes de responsabilité et entraînent leur responsabilité
professionnelle, la règle... Pardon.
M. Desjardins: II n'y a rien qui s'oppose à ça. Si
vous regardez le deuxièmement de la page 9, on dit que cela
relève du conseil des médecins et dentistes.
M. Johnson (Anjou): Et dans ce contexte, est-ce qu'une
formulation comme celle que suggère la corporation ne serait pas
intéressante? Le deuxième paragraphe de
66 dit que l'exercice professionnel des médecins des
différents départements cliniques doit répondre à
des règles de soins uniques approuvées par le conseil des
médecins et dentistes.
Est-ce que vous considérez qu'une bonne partie, sinon la
totalité des objectifs, que vous avez à la page 9, 1, 2 et 3,
serait remplie par une formulation comme celle de la corporation?
M. Desjardins: Pourriez-vous répéter, s'il vous
plaît?
M. Johnson (Anjou): La corporation suggère à
l'article 66, au deuxième paragraphe, que l'on dise ceci: L'exercice
professionnel des médecins des différents départements
cliniques doit répondre à des règles de soins uniques
approuvées par le conseil des médecins et dentistes.
M. Desjardins: Si je comprends bien, dans cela, il n'y a rien qui
dit qui l'a faite, d'où elle vient; il faudrait ajouter que cette
règle doit être édictée par le chef du
département clinique de médecine spécialisée.
À ce moment, je présume que la phrase reviendrait au
même.
M. Johnson (Anjou): J'allais vous répondre par la loi,
mais cela aurait été inexact. Vos conseillers juridiques, qui ont
beaucoup d'expérience dans ce domaine, m'auraient sûrement
rattrapé rapidement.
Vous vous référez à la règle du "plus
compétent"; je ne veux pas entrer dans un tel débat qui
soulève bien des choses. D'ailleurs, ça dure depuis
Hippocrate.
Il est bien clair que, si la vision qu'on a est celle d'un
département à l'intérieur d'un hôpital universitaire
avec tous les services, quand tu as quatorze internes dans une boîte,
quarante-huit chirurgiens, une douzaine d'omnipraticiens qui s'affairent
à l'urgence, il y a de bonnes chances que les omnipraticiens puissent
apprendre quelque chose de la boîte, c'est évident sur le plan
scientifique, sur le plan de la qualité, des nouvelles procédures
d'utilisation de certains nouveaux médicaments, etc. Il y a une
espèce de symbiose dans la réalité qui s'établit
habituellement dans les milieux spécialisés au niveau des
omnipraticiens. Si vous prenez un hôpital qui a une très forte
majorité d'omnipraticiens, qui pratique une bonne médecine,
à propos de laquelle la corporation n'a rien à redire, dont, en
général, les citoyens ne se plaignent pas et à juste
titre, vous avez, dans cet établissement, dans une région qui
n'est pas un grand centre urbain, mais qui n'est pas nécessairement non
plus au nord de Blanc-Sablon, et si vous avez un spécialiste en
médecine interne et qui s'adonne à faire surtout de la
gastro-entérologie et beaucoup d'endoscopie, je ne suis pas sûr,
moi, que les gens qui pratiquent la médecine générale de
première ligne et quasiment de deuxième ligne avec le management
des arythmies cardiaques, parce que c'est eux qui s'en occupent à
l'urgence, ne sont pas aptes à avoir une contribution extrêmement
importante. Est-ce que ça deviendrait la responsabilité du
gastro-entérologue dans cet établissement qui s'adonne à
être au département de médecine interne à faire ou
à "initier", comme vous dites, des règles de soins, alors que,
dans le fond, le gros et la majorité des activités sont celles
des omnipraticiens et, encore une fois, il y a un contexte qui balise cela et
qui, en présence de la corporation...
M. Desjardins: Est-ce que je peux répondre?
M. Johnson (Anjou): Oui, je vous en prie.
M. Desjardins: II me semble que c'est relativement simple sur le
plan des concepts. Un centre hospitalier se crée avec un petit nombre de
médecins. Ce petit nombre de médecins se regroupent dans un
conseil des médecins et dentistes. C'est la première chose. Le
conseil des médecins et dentistes voit au bon fonctionnement de ce
centre, que se soit les lits sur les étages, l'urgence, le premier
étage et tout ce qui peut s'y rattacher. Et tout à coup, cela
grossit, la population augmente, l'hôpital grossit, le nombre de
médecins grossit et vient un moment où le conseil des
médecins et dentistes dit: C'est trop gros pour nous; nous allons
maintenant former des départements. À partir du moment où
il se forme un département, il y a un chef de département
clinique, qui est un médecin spécialiste qui a ce rôle qui
lui est dévolu par le conseil des médecins et dentistes de faire
les règles de soins. En attendant que l'hôpital soit suffisamment
gros pour avoir des départements, le conseil des médecins et
dentistes a cette autorité et cette responsabilité.
Si vous me le permettez, je pourrais vous citer un bout de phrase que je
suis allé chercher dans le Conseil canadien d'agrément des
hôpitaux de mai 1983, où on reprend cette notion qui n'est pas une
vue de l'esprit, c'est quelque chose de canadien. Si on veut ajouter à
cela, l'American Joint Hospital Accreditation Committee dit à peu
près la même chose, mais dans une autre langue.
Je vais donc me servir du Conseil canadien d'agrément des
hôpitaux de mai 1983. À la section organisation et administration
des conseils de médecins et dentistes, il est dit: "On devrait
prévoir la formation de départements lorsque la
complexité des fonctions cliniques dépasse la
capacité du conseil des médecins et dentistes de s'en occuper."
Donc, ce n'est pas toujours nécessaire qu'il y en ait; mais lorsqu'il y
en a, ces départements doivent être dirigés par un chef de
département clinique qui est un médecin spécialiste qui,
lui, prend la responsabilité d'édicter cette règle de
soins qui doit être unique dans l'établissement.
Si vous me le permettez, je vais continuer avec un autre paragraphe qui
pourrait aller ici ou un peu plus loin. Je pourrai vous le reciter si vous le
voulez: "II serait souhaitable que les omnipraticiens établissent un
service de médecine générale ou de médecine
familiale; des privilèges cliniques limités dans certaines
unités de soins pourront être accordés de la même
manière que pour les départements cliniques
spécialisés. Les privilèges des omnipraticiens dans les
départements devront être la responsabilité du chef de
département spécialisé en question." Je recoupe deux
choses et je les réalise. Mais pour l'unicité de la règle
de soins, il n'y a qu'une façon de la formuler.
M. Johnson (Anjou): Quand vous me donniez la genèse d'un
établissement hospitalier - j'ai failli continuer votre raisonnement et
dire: À un moment donné, il va s'affilier à
l'université - vous me disiez...
M. Desjardins: Former une université.
M. Johnson (Anjou): II va former une université.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Johnson (Anjou): Dans le fond, au début, cela part car
il y a relativement peu de cliniciens et il y a un CMD; mais, à un
moment donné, les choses se complexifient à cause du nombre, de
la diversité des services et là, on crée un
département. J'aurais peut-être tendance à vous renvoyer,
en boutade: dans certaines régions du Québec, il n'y a pas de
danger qu'on crée des départements parce qu'il n'y a pas de
spécialistes. Tous les hôpitaux n'aspirent pas
nécessairement à devenir aussi complexes.
M. Desjardins: ...syndiqué pour parler du contingentement
des postes, M. le ministre?
M. Johnson (Anjou): Je sens qu'on pourrait se ramasser à
un quatrième niveau rapidement. On va peut-être laisser ce
sujet.
M. Desjardins: Cela se forme, des médecins
spécialistes.
M. Johnson (Anjou): En effet, c'est pour cela que le
Québec en forme plus qu'ailleurs au Canada.
M. Desjardins: Vous avez bien pris soin de ne pas mentionner les
États-Unis.
M. Johnson (Anjou): Sûrement, ils sont 80%. C'est pour cela
que les organismes que vous avez cités tout à l'heure disent que
ce sont des spécialistes qui doivent s'en occuper; ils dominent les
associations.
M. Desjardins: L'autre est canadien.
M. Johnson (Anjou): Oui. Je pense que sur la règle de
l'unicité, on prend bonne note à la fois de votre mémoire
et des affirmations que vous y faites. Je pense que c'est un problème
relativement complexe dans la mesure où on a affaire à des
réalités extrêmement diversifiées. Je crois
comprendre que l'ouverture que vous faites à cette notion d'implication
des médecins généralistes, c'est dans le paragraphe 2 de
la proposition que vous faites à la page 9 quand vous dites: C'est le
conseil des médecins et dentistes qui le fait lorsqu'il n'y a pas de
département clinique de soins spécialisés.
M. Desjardins: Au paragraphe 1 aussi, c'est une ouverture...
M. Johnson (Anjou): Une collaboration.
M. Desjardins: ...de telle sorte que tout puisse se faire dans
l'harmonie.
M. Johnson (Anjou): Sur l'exécution des ordonnances
médicales - j'aimerais peut-être entendre vos conseillers ou
vous-même pourquoi proposez-vous d'inscrire au projet la notion que les
règles de soins doivent prévoir les modalités
d'exécution des ordonnances médicales et dentaires ainsi que la
durée et la fréquence des traitements prescrits?
M. David (Roger): Bien, il s'agit simplement de savoir si les
rapports, qui sont parfois incertains entre les médecins,
spécialistes ou omnipraticiens, et les paramédicaux, doivent se
clarifier alors que l'on comprend, dans la réalité actuelle, que
ces clarifications sont nécessaires, surtout à partir du moment
où il faut - dans certains hôpitaux - s'adresser aux tribunaux
pour savoir si un médecin spécialiste peut garantir à son
patient que son ordonnance médicale sera exécutée selon sa
teneur. Tout ceci découle, malheureusement, de certaines fictions qui se
sont créées dans l'esprit des gens autour de la réforme du
droit des professions. On a confondu ce qui s'appelle l'autonomie
professionnelle avec une sorte de non-hiérarchisation des rapports entre
les professionnels, de telle sorte qu'on constate aujourd'hui que lorsque le
médecin spécialiste confie l'exécution d'une ordonnance de
traitements en physiothérapie - ou dans un autre secteur de traitements
- il a de la
difficulté à obtenir que son ordonnance soit
exécutée. Ce qui se passe en réalité, et c'est une
chose que déplore de plus le médecin spécialiste, c'est
qu'il a l'impression, voire la certitude, qu'une fois qu'il a donné son
ordonnance, son patient, celui auquel il doit répondre, celui dont il
est responsable des soins, va être récupéré par un
autre professionnel qui, bien intentionné, va le considérer comme
son propre patient. Cela devient un enfer au niveau des rapports entre les
divers intervenants professionnels dans un centre hospitalier. Essentiellement,
il s'agit de savoir qui est responsable du patient.
M. Desjardins: Si ce n'était pas "sub judice", on pourrait
demander au juge Sauvé de venir nous aider à argumenter sur
cela.
M. Johnson (Anjou): Oui, j'avais cru comprendre que vous
évoquiez des choses de cette nature, bien que mon expérience de
la réglementation, depuis environ deux ans, m'amène à
considérer qu'il est bien rare qu'un règlement puisse changer
quelque chose aux décisions de la Cour supérieure, surtout avant
que le jugement soit rendu. Peut-être que Me Molinari, Me Aquin ou Me
David veulent nous en parler, parce que je sais qu'ils ont tous les trois, et
en particulier deux d'entre eux, publié, à ma connaissance,
là-dessus. Ils voudraient peut-être détailler un peu.
Est-ce prévu dans nos lois professionnelles, par exemple, que dans le
cas de la physiothérapie, les phy-siothérapeutes ont une marge en
vertu de la loi elle-même à l'égard non pas de la
prescription, mais de l'exécution de l'ordonnance? N'y a-t-il pas une
base juridique?
M. Molinari (Patrick): Je conçois, M. le ministre, que
c'est un secteur particulièrement difficile. Le découpage des
champs professionnels dans le Code des professions est quelque chose qui a
été fait, il y a une dizaine d'années, dans des
circonstances qui n'étaient pas des plus harmonieuses et des plus
simples. Il est extrêmement difficile, je pense, à la lecture des
onze et douze lois professionnelles qui concernent des intervenants du secteur
de la santé et des services sociaux, de placer ou de déterminer
la hiérarchie qui peut exister. D'une part, parce qu'elle est mal
définie en tant que telle et, d'autre part, parce qu'elle ne tient pas
nécessairement compte non plus des milieux dans lesquels s'exerce
l'activité professionnelle. Je conçois, par exemple, que dans
certains cas, un physiothérapeute qui travaille effectivement pour un
club de hockey ait la liberté de choix d'un certain nombre de moyens. Il
n'y est pas aussi évident qu'un physiothérapeute qui travaille
dans un milieu hospitalier avec un physiatre ait une aussi grande
liberté de choix. C'est un peu dans cette perspective que la proposition
d'inclure dans les règles de soins le respect des ordonnances a
été formulée. (17 heures)
Je conviens avec vous qu'on ne peut pas dissiper les difficultés
ni les ambiguïtés par un texte réglementaire. On peut
cependant marquer des intentions et chercher à atteindre des
objectifs.
M. Aquin (François): Si vous me permettez, M. le ministre,
nous sommes soucieux comme vous de ne pas aller dans une voie de sur ou
d'hyperréglementation, mais je pense qu'un texte réglementaire
ici pourrait avoir l'avantage de déjudiciariser ces rapports. Je veux
revenir sur un point que Me David soulevait, que je trouve vital. C'est que,
lorsque est arrivé le Code des professions, le but, c'était la
protection du public, et le moyen, ce fut de donner aux corporations
professionnelles une autonomie; mais l'autonomie des corporations
professionnelles, ce n'est pas l'autonomie absolue des professionnels, à
telle enseigne que cela n'a pas changé les réalités
existantes. On n'a pas attribué plus de juridiction ou d'attributions
à des professionnels en particulier. On n'a pas
hiérarchisé des professionnels, on ne les a pas non plus
égalés. Ce que je trouve très important, c'est qu'aussi on
n'a pas changé le droit. Quand on est devant la primauté de
l'ordonnance médicale, on est dans le droit commun, parce que, lorsque
les médecins se retrouvent devant des tribunaux à
responsabilité professionnelle, l'équipe médicale est
encore considérée par tous nos tribunaux comme étant sous
la juridiction du médecin. Je penserais, nous pensons ici...
Évidemment nous serions devant un règlement dont la
rédaction, les règles de rédaction seraient assez
complexes, mais qui aurait l'avantage de poser des balises et de
réinscrire ici un principe.
M. Johnson (Anjou): À la page 11, où vous
suggérez d'étendre ce qu'on a introduit dans le cas de la
radiologie puis des laboratoires à la psychiatrie et aux unités
de soins cliniques, j'en prends note.
Dans le cas des départements cliniques des laboratoires de
biologie médicale, là aussi la corporation nous propose un texte.
Je remarque que vous nous en proposez un aussi. Vous êtes
extrêmement précis, vous dites: peut être nommé au
poste de chef de service de biochimie ou de microbiologie celui qui justifie
d'un doctorat ou d'une maîtrise dans une discipline appropriée. En
ce sens-là, à toutes fins utiles, c'est reconnaître la
réalité de nombreux établissements où ces
départements ou services, selon le cas, sont dirigés par des PhD
ou des MSc plutôt que des MD.
La corporation, elle, suggère une formulation à l'article
70 qui serait la suivante: Le plan d'organisation d'un centre hospitalier de
soins de courte durée doit prévoir la mise sur pied d'un
département clinique de laboratoires de biologie médicale; ce
département doit comprendre, entre autres, l'anatomo-pathologie, la
biochimie, l'hématologie et la microbiologie s'il n'existe pas de
département distinct. Sous l'autorité du directeur des services
professionnels, le chef de ce département clinique gère les
ressources humaines, matérielles...
On parle donc ici du département. On n'exclut pas qu'il puisse y
avoir des services. Je présume que, dans la mesure où il y a des
services - puisqu'on n'exclut pas la création de ces services - on ne
doit pas non plus exclure que les MSc ou les PhD puissent les diriger.
Remarquez que votre formulation a l'avantage d'être explicite dans
le cas de la microbio et de la biochimie.
M. Desjardins: Je pense que ce que la corporation dit et ce que
nous disons c'est exactement la même chose. La corporation a tenté
de préciser ce qu'était la biologie médicale en
énumérant les quatre disciplines.
M. Johnson (Anjou): Au fond, votre formulation serait plus
restrictive dans la mesure... Je suis sûr que la corporation nous
corrigera, quitte à ce que ce soit après la commission. Je crois
comprendre que, dans la formulation de la corporation, on n'exclut pas la
possibilité que le chef du département ne soit pas un
médecin. Est-ce que je me trompe?
M. Desjardins: À mon point de vue, oui, parce que ce n'est
pas cela que cela veut dire. Il y a un autre article un petit peu plus loin qui
dit: "que tous les départements doivent être, à l'exception
de celui de la médecine générale, sous la
direction..."
M. Johnson (Anjou): Vous semblez vous être livré
à de longues soirées d'exercice juridique, docteur.
M. Desjardins: Sans avoir de diplôme, toutefois.
M. Johnson (Anjou): Cela va pour ce point. Je pense que votre
texte est absolument explicite sur les départements de médecine
générale, quant à votre position, bien que j'essaie de
voir notamment à la page 14 quand vous parlez de la précision de
la mission propre, de même que des fonctions du médecin
omnipraticien, concrètement, par exemple, à l'égard de
l'urgence, comment cela se traduirait par opposition à la formulation
que nous proposons d'emblée. Comment verriez-vous, je ne vous demande
pas de me donner le texte réglementaire, mais la dynamique? En gros,
nous disons: II y a des départements de médecine
générale, il y en a partout, sauf au Montreal Neurological
Institute et à l'Institut de cardiologie, ou à peu près.
Ils s'occupent de l'urgence des soins prolongés. Dans votre formulation,
c'est quoi l'admission propre de la médecine générale?
M. Desjardins: C'est la même chose, nous l'avons en bas de
la page 14: l'urgence, les cliniques externes de soins généraux
et possiblement des soins prolongés, sauf que c'est concordant avec
l'unicité de la règle de soins.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Vous ne faites la concordance
qu'avec le principe de l'unicité de règle de soins. Cela va.
Statuts et privilèges, article 97.2, les définitions.
Est-ce que je pourrais vous entendre réagir à la proposition de
l'Association des hôpitaux du Québec, quant aux statuts actifs,
associés, conseils et honoraires en fonction, à toutes fins
utiles, de la notion d'une participation principale ou subsidiaire aux
activités cliniques de l'établissement?
M. Desjardins: On pense que c'est tourner le monde à
l'envers. Cela n'a pas de bon sens, on s'y oppose. On vous suggère de
maintenir les statuts d'appartenance au conseil des médecins et
dentistes comme cela existe dans le moment. C'est le mode d'intégration
au niveau du centre hospitalier par l'entremise du conseil des médecins
et dentistes. Après cela, le comité d'évaluation des
titres et le conseil des médecins et dentistes vont recommander au
conseil d'administration l'octroi d'un certain nombre de privilèges. Ces
privilèges sont en regard du champ d'activité de la
médecine que veut pratiquer le candidat.
Après cela, l'intégration de ce médecin dans son
département, c'est son chef de département clinique qui la fait.
Il reçoit les nouveaux médecins et c'est lui qui va
décider quelles sont les attributions et les responsabilités
qu'il leur accordera, mais ce n'est pas le contraire.
M. Johnson (Anjou): Vote opinion est extrêmement
claire.
Sur les comités de discipline, je dois vous dire - sans doute,
après vos explications, mon étonnement disparaîtra -un
certain étonnement devant la proposition que vous faites, que finalement
ce ne soit pas nécessaire de passer par l'exécutif du CMD pour
aller au comité de discipline. Pourquoi proposez-vous ce changement?
L'Association des conseils de médecins et dentistes, je pense,
s'inscrirait plutôt en faux à votre proposition. Est-ce que je
pourrais
avoir une explication?
M. David: L'explication est fort simple. Si l'on place le
comité exécutif comme tamis des plaintes, on a l'impression qu'on
va le placer, le cas échéant, dans une position intenable. Une
plainte qui, à sa face même, pourrait paraître frivole, il y
a moyen de faire un bon millage avec si l'on dit qu'elle a été
écartée sans même que le comité de discipline ait pu
la considérer et décider qu'elle était frivole. C'est
strictement pour éviter que l'on questionne ou que l'on s'interroge sur
l'impartialité du comité exécutif face au mécanisme
de plainte. Il n'y a rien de majeur là-dedans.
M. Johnson (Anjou): Quant au rôle du conseil
d'administration, j'ai tendance à retenir votre approche: dans le fond,
si les pairs, par les comités de discipline et par le cheminement que
vous proposez notamment, ont décidé qu'il y a eu un
problème, il n'appartient pas au conseil d'administration qui n'est pas
formé de pairs, justement, de décider de l'opportunité des
sanctions. Vous dites qu'il devrait l'imposer et, si je comprends bien, en
général, c'est plutôt pour toutes sortes de raisons. C'est
un peu embarrassant pour les conseils d'administration quand ils ont à
prendre une décision de la nature de la sanction à l'égard
d'un médecin quand ça vient de non-médecins. Or, ce que
vous voulez, c'est le renforcement de la règle des pairs, si je
comprends bien.
M. Desjardins: Que le conseil d'administration n'ait qu'à
appliquer la sanction.
M. Johnson (Anjou): Mais qu'il y ait des choix de sanctions, qui
sont ceux de l'ancien règlement.
M. Desjardins: Par ailleurs, cela nous paraît important que
ces choix soient déterminés; c'est le bas du paragraphe de la
page 21.
M. Johnson (Anjou): En reprenant le texte de l'ancien
règlement.
Page 22, sur la question du pouvoir de suspension immédiate, ce
que je vois à travers votre proposition, c'est, encore une fois, la
prédominance ou la quasi-exclusivité de la règle des
pairs; dans le fond, vous venez de faire sauter le DG à
deuxièmement.
M. Desjardins: Pour de bonnes raisons.
M. Johnson (Anjou): Bien, je suis sûr que vous allez
pouvoir nous en donner, docteur, je vous écoute.
M. Desjardins: Bon, ce sont des cas d'espèce qu'on
pourrait raconter.
M. Johnson (Anjou): On ne vous demandera pas de faire
ça.
M. Desjardins: Ce ne serait pas l'endroit pour le faire, non
plus.
Les DSP dans les centres hospitaliers, vous le savez, ce sont des
individus qui sont responsables. Quand dans un centre hospitalier le chef du
département clinique, le président du Conseil des médecins
et dentistes et le DSP ne pensent pas que la suspension immédiate doit
être appliquée, moi je trouve que le DG a une grosse côte
à remonter, quand lui décide tout seul de faire cela.
Alors, c'est pour cela qu'on a enlevé la possibilité pour
le directeur général d'y procéder et on laisse les trois
instances médicales, dont le directeur des services professionnels.
M. Johnson (Anjou): Les droits des bénéficiaires,
c'est considérable, ces dispositions de votre mémoire; je pense
que c'est un sujet extrêmement important. Vous nous faites une
démonstration presque par l'absurde qu'on est aussi bien de ne pas
l'avoir, l'article 20.
J'aimerais peut-être vous entendre reprendre votre raisonnement
là-dessus.
M. Molinari: Bien, il s'agit encore, M. le ministre, si vous le
permettez, de se demander à quoi correspond la nécessité
d'introduire une norme réglementaire alors qu'il existe
déjà des normes législatives qui sont susceptibles
d'application à des cas identiques. Je pense que de poser, comme le fait
le projet de règlement au 2e paragraphe de l'article 20, que
l'enregistrement du bénéficiaire est soumis au respect des
règles de soins, si on pousse ça à la limite, cela
signifie qu'on pourrait refuser d'enregistrer le bénéficiaire si
nous interprétons bien la teneur de cette disposition. Il faudra alors
se demander si l'établissement serait autorisé à formuler
un tel refus de services. Dans la vaste majorité des cas, la
réponse est oui; non seulement serait-il autorisé, mais la limite
prévue à l'article 4 de la loi sur le droit aux services
s'appliquerait de plein droit. En vérité, nous ne voyons pas le
type de problème que cherche à régler ce deuxième
paragraphe de l'article 20. C'est pour cela que nous en recommandons tout
simplement la supression, prétendant que la loi est tout à fait
suffisante à cet égard et que s'il y a des règles internes
de l'établissement que le patient ou le bénéficiaire ne
veut pas respecter, l'établissement est justifié de refuser de
fournir les soins et les traitements, selon l'article 4 de la loi.
(17 h 15)
M. Johnson (Anjou): Oui, mais quand l'article 4 parle des
ressources disponibles, c'est compte tenu de l'organisation et des ressources
des établissements qui dispensent les services. Par exemple, pour une
douleur abdominale, dans les règles de soins on dit: Ici, cela ne se
fait pas une plaque simple en radiologie de routine pour une douleur
abdominale. On pourrait sûrement prendre un exemple un peu plus
évident, celui-là ne l'est peut-être pas. Le patient, pour
une douleur abdominale, arrive avec une ordonnance de plaque simple.
L'établissement dit: On ne fait pas cela comme cela ici.
M. Molinari: II me semble, M. le ministre...
M. Johnson (Anjou): Pensez-vous vraiment qu'on peut s'appuyer sur
l'article 4 pour dire: Ici, dans l'hôpital, ce n'est pas comme cela qu'on
fait cela?
M. Molinari: II me semble que l'organisation des ressources
internes, c'est tout à fait cela ou cela devrait être cela.
M. Johnson (Anjou): Vous pensez que l'article 4 est
suffisant.
M. Molinari: Je vous dis oui. M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Molinari: Je permets à d'autres de différer
d'opinion.
M. Johnson (Anjou): J'aurais eu tendance à
considérer que, dans la mesure où on introduit de façon
assez précise dans la loi 27 la notion de règle de soins, dans la
mesure où on essaie de se doter d'une instrumentation quant à qui
ici approuve, comment cela se fait, etc, vous pensez que cela est assimilable
à la notion d'organisation plutôt qu'à la notion de
fonctionnement? C'est très clair, ils peuvent faire une plaque simple,
ils ont la radiologie pour la faire, ils ont le technicien, ils ont tout ce
qu'il faut. Ce n'est pas le manque de ressources, ce n'est probablement pas un
problème d'organisation dans la mesure où, si un individu arrive
à 14 heures, habituellement il y a sur place des techniciens en
radiologie pour le faire. Ne pensez-vous pas que quelqu'un pourrait plaider que
cela ne relève pas de la notion de l'organisation et qu'une règle
de soins, même si c'est une partie de l'organisation, ce n'est pas le
concept d'organisation qui s'applique?
M. Molinari: II n'est pas nécessaire que cela vide
l'ensemble du concept d'organisation. Il suffit de dire que cela fait partie de
l'organisation pour que ce soit un élément d'organisation sur
lequel puisse se fonder éventuellement l'établissement.
Par-delà cette discussion, comment réussit-on à mettre en
oeuvre ce deuxième paragraphe de l'article 20? C'est ce qu'on a
cherché à comprendre fort longuement et qu'on n'a pas
réussi à comprendre.
M. David: Sur ce point-là, M. le ministre, il y a
peut-être une question de rédaction. Si l'on veut simplement et
clairement dire: "celui qui est enregistré est soumis aux règles
de soins quant au traitement qu'il reçoit", cela sera très clair,
sauf qu'à partir du moment où on a trois hypothèses
d'interprétation juridique, on est confondu.
M. Johnson (Anjou): On prend note de vos propos et on fouillera
cela. Merci.
Deux choses quant au droit à l'information. Je dois avouer que je
vous suivais parfaitement jusqu'à la dernière phrase du premier
paragraphe de la page 26 sur la nécessité que les personnes
soient informées de façon adéquate, etc. Vous concluez
à la fin: "Et c'est pour cela qu'on veut que vous supprimiez l'article
29 au sujet du consentement."
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai eu aussi la même
réaction.
M. Johnson (Anjou): Oui?
M. Desjardins: On dit deux choses.
M. Johnson (Anjou): Oui?
M. Desjardins: On reprend le paragraphe en bas de la page 25 en
disant que ce droit à l'information doit dépasser
l'anesthésie ou l'intervention chirurgicale. Donc, on parle des examens,
soins et traitements requis par son état. C'est le premier point.
Quant au deuxième point, on revient en disant ce que la
corporation vous a expliqué longuement il y a quelques jours, soit qu'il
n'y a aucune utilité à avoir le bout de phrase qui dit: "Le
bénéficiaire, ainsi que le médecin ou dentiste, doivent
attester ce fait par écrit."
M. Aquin: Sur cette question de l'article 29, on est un peu
surpris qu'on vise deux champs très particuliers, quand on connaît
les données du droit commun actuellement, surtout les décisions
de la Cour suprême qui ont établi avec une ampleur
considérable le droit à l'information pour tout acte
médical. Quant aux dernières phrases, on pense que cela peut
donner un sens absolument imprévu dans des débats judiciaires
ultérieurs et que cela peut avoir comme effet d'aggraver, dans un sens
purement administratif, la responsabilité du
médecin. On dira: À tel moment, vous n'avez pas eu le
consentement écrit ou vous ne le retrouvez pas. On remarque aussi -
c'est probablement une lacune - qu'avec ce nouvel article on ne retrouve pas
des articles qui nous apparaissaient importants, soit les articles 58 et 66 de
l'ancien règlement, qui sont des consentements écrits aux soins,
aux interventions, des autorisations écrites.
M. Desjardins: Qu'on suggère d'ajouter.
M. Aquin: Les articles 58 et 66 du règlement nous
apparaissent vraiment vitaux.
M. Johnson (Anjou): Si je comprends bien, ces principes à
ceci près... Effectivement, je tiens compte de ce que vous dites au
sujet de l'intérêt que pourraient représenter les articles
58 et 66 et les reformuler pour les introduire dans le nouveau
règlement.
M. Aquin: Cela, ce sont deux clauses. M. Johnson (Anjou):
Deux choses.
M. Aquin: Mais c'est vraiment dans un cadre réglementaire
parce qu'il s'agit, administrativement, d'avoir des documents aux articles 58
et 66. Quand on arrive ici, on vous laisse juger. À l'article 29, est-ce
que c'est la place dans un règlement d'édicter un principe aussi
fondamental de droit que celui à l'information? Si vous optez pour le
faire, on a une formulation qui nous apparaît plus vaste que de le
limiter à deux champs de spécialisation. Quant aux
inconvénients pratiques d'une attestation écrite que
l'information a été donnée, nous disons deux choses.
D'abord, cela va poser des problèmes d'administration
considérables. Il faudra conserver ces documents. Cela peut aggraver une
responsabilité médicale dans un sens absolument imprévu.
Entre vous et moi, je ne pense pas qu'un tribunal de justice soit bien
impressionné par ce texte-là. Ce n'est pas parce que quelqu'un a
signé qu'il a reçu l'information adéquate que cela prouve
de quelque manière que ce soit que l'information a été
adéquate. Tout le fardeau de la preuve restera ouvert.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Je comprends la distinction que
vous faites entre la notion d'information et l'opportunité d'inclure,
par voie réglementaire, cette notion de droit à l'information par
opposition aux formules de consentement. Cependant, à l'égard des
formules de consentement, je comprends que c'est une distinction qu'on pourrait
faire dans l'article, mais une chose est certaine. Je pense que c'est bien
utile pour les gens au bloc opératoire de savoir si le monsieur ou la
madame qui est sur la table avec du démérol dans le corps depuis
une demi-heure a dit oui à se faire enlever un organe, par exemple. Dans
ce sens-là, la formule et la signature de cette formule apparaissent
importantes. Si je comprends bien, vous dites que tout cela devrait être
maintenu.
M. Aquin: L'autorisation, oui.
Une voix: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Parfait.
M. Aquin: On ne le retrouve pas ici. On trouve que cela est
primordial.
M. Johnson (Anjou): Cela va de soi.
M. Desjardins: Et que cela fait partie du règlement.
M. Johnson (Anjou): Vous ne l'évoquez pas, mais vous
parlez juste... Pardon?
M. Desjardins: Cela fait partie du règlement. Cela devrait
y être ajouté.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Le droit à la
confidentialité, l'accès par les autres corporations aux
dossiers. Je vais peut-être me permettre d'enfourcher le cheval que nous
a envoyé Me Aquin, dans le décor, tout à l'heure, sur le
droit des professions, ou est-ce que c'était Me Molinari? Je ne sais
plus. Ce qu'on a fait, il y a une dizaine d'années, au Québec,
avec le Code des professions et toutes ces lois qui régissent les
professions, cela n'a pas tellement été de modifier la pratique
des professionnels, dit-on, mais beaucoup plus, au nom de la protection du
public, de conférer une autonomie et des pouvoirs très
particuliers à l'ensemble des corporations professionnelles. Je vous
suis très bien dans ce raisonnement et il y a probablement eu une
confusion dans le champ pendant plusieurs années, parce qu'on se sert
souvent des lois de corporations pour affirmer des choses au niveau de la
pratique qui n'ont rien à voir avec la pratique.
Cela dit, dans ce contexte, n'apparaît-il pas normal et
souhaitable que ces organismes quasi publics que sont les corporations aient
justement un accès aux dossiers? On ne parle pas des professionnels. On
ne dit pas: l'ergothérapeute ou le travailleur social dans
l'établissement devraient avoir accès au dossier de chirurgie du
patient, mais on dit: Est-ce que la corporation des infirmières ne
devrait pas avoir accès au dossier médical dans le cadre de son
activité de contrôle de qualité et de protection du public
par voie d'enquête sur ses propres membres? C'est un peu comme cela qu'on
pose la question.
M. Aquin: Nous voulons être très prudents dans les
exceptions qu'on pourrait apporter à l'article 7, parce qu'on pense que
cet article est très bien rédigé et qu'il comporte
lui-même ses propres remèdes. On peut recourir à un
tribunal, obtenir le droit d'avoir la communication du dossier. On se dit que
l'hôpital est dépositaire du dossier du
bénéficiaire. On a laissé entendre, à un certain
moment, qu'il en était, pour une partie, propriétaire. Je pense
qu'il en est la dépositaire. À peu près tous les
Québécois, à un moment ou à l'autre, auront ce
dossier. Il est donc très important d'en protéger la
confidentialité.
Il y a eu, en 1975, une ouverture jurisprudentielle, avec laquelle on
n'est pas nécessairement d'accord, dans la cause de la
Société des assurances des caisses populaires contre
l'Association des hôpitaux du Québec. Dans une requête pour
jugement déclaratoire, la Cour supérieure a dit que dès
qu'un hôpital était poursuivi ou pensait être poursuivi, il
avait le droit de communiquer le dossier à ses assureurs. C'est
l'état du droit aujourd'hui; vous pourriez y remédier par une
réglementation si vous n'étiez pas d'accord avec cette
proposition, parce que l'article 7 permet de faire des règlements. Cela
a été une ouverture jurisprudentielle. Si on a une ouverture
réglementaire vis-à-vis de toutes les corporations
professionnelles, on pense que cette ouverture n'est pas justifiée et
que cela amènera aussi l'éventualité d'autres ouvertures.
On en revient au texte initial. Est-ce que ce texte initial n'est pas complet
par lui-même et ne permet pas, dans toutes les circonstances, comme il
aurait permis à l'hôpital qui est poursuivi par le biais d'un
recours au tribunal de communiquer le dossier? On a oublié cela quand on
a fait l'ouverture jurisprudentielle. Est-ce qu'on ne doit pas s'en remettre
aux données du droit commun? Vous comprenez que vis-à-vis des 40
corporations professionnelles il y aura un va-et-vient pratique dans ces
dossiers. Ce qui fait que chacun sera animé des meilleures intentions,
mais le dossier du bénéficiaire va commencer à être
assez ouvert et à beaucoup de sources différentes.
Ce sont les soucis qui nous ont animés en vous demandant
d'être le plus prudent possible dans les exceptions qu'on peut apporter
à cet article 7.
M. Johnson (Anjou): Je vous remercie de vos commentaires et de
vos références. Pourriez-vous commenter d'avantage, et je
terminerai là-dessus. Il y a quatre circonstances dans lesquelles les
personnes peuvent vouloir avoir accès au dossier, à part de
bénéficiaire lui-même, dont c'est le droit a priori,
à moins que l'établissement n'en décide autrement et
là, il y a recours judiciaire pour avoir accès à son
propre dossier. D'abord, il y a les curieux; il y a les professionnels dans le
cadre de leurs activités, quelle que soit la profession à
laquelle ils appartiennent, dans la mesure où ils jugent que le dossier
peut être utile: exemple, la loi 24; les corporations, pour des fins
d'inspection professionnelle et enfin, dans les causes de poursuites civiles
où cela peut même intéresser l'établissement -
d'où la jurisprudence que vous évoquez - qui veut transmettre le
dossier à l'assureur.
Je me demande dans quelle mesure - et on retiendra à la fois
votre mémoire, les annexes que vous pourriez nous avoir envoyées
là-dessus - on va recenser la littérature, le livre de M.
Molinari et on va consulter la commission créée en vertu de la
loi 65. On devrait arriver à quelque chose de prudent, je pense bien. Je
ne suis pas sûr que cela sera fonctionnel, mais ce sera prudent.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
(17 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Après une heure de questions, je ne sais
pas s'il en reste d'autres. Sur la question des départements cliniques
sous gestion intégrée, évidemment, vous y souscrivez. Dans
le cas de la création d'un département de radiologie - on a
même dit à l'article 69 que ceci s'appliquait également
à l'article 70 - il y avait le coût de la création de tels
départements dans tous les hôpitaux du Québec - qui sont
d'inégale importance, comme on le sait - qui était
impliqué Est-ce que vous avez envisagé ceci? Deuxième
question: Est-ce que du point de vue des spécialistes en radiologie il y
en aurait suffisamment pour répondre, tel que prévu dans la loi,
à une implantation de ces départements dans tous les
hôpitaux du Québec?
M. Desjardins: Si, par hasard, le règlement était
retenu et qu'il y avait un département de formé, ce
département pourrait, dans quelques situations, avoir un radiologiste
qui serait itinérant et non pas un radiologiste en permanence dans ce
centre hospitalier. À ce moment, sur le plan du contrôle de la
qualité de l'acte médical, le radiologiste s'occuperait,
lorsqu'il serait là, de cet aspect en relation avec le conseil des
médecins et dentistes. Pour la portion qui a trait à la gestion
des ressources humaines, financières et matérielles, cela devrait
relever du directeur des services professionnels. Toujours, si on regarde un
modèle théorique, hiérarchique d'administration, s'il
manque un jalon, c'est le supérieur immédiat qui doit assumer la
responsabilité du jalon manquant. On retourne directement au directeur
des services professionnels pour l'aspect de la gestion des ressources.
Mme Lavoie-Roux: Même avec les radiologistes
itinérants, il y aurait suffisamment de spécialistes en
radiologie à ce moment-ci pour assumer cela? Ce n'est pas toujours
chanceux les spécialistes itinérants, on l'a vu.
M. Desjardins: Oui. Ce que nous avons pu dire et je peux le
répéter, nous avons suffisamment de ressources en radiologie pour
fournir un radiologiste pour lire les films et faire en sorte que la population
du Québec ait accès à la lecture de ces films par un
radiologiste sur tout le territoire de la province.
Mme Lavoie-Roux: Vous proposez que ce soit étendu aux
départements cliniques de psychiatrie. On sait qu'il y a aussi des
problèmes majeurs de ressources en psychiatrie, je dirais, sauf dans les
grands centres: Québec, Sherbrooke, Montréal ou
Trois-Rivières et j'en oublie peut-être un, Chicoutimi, je ne sais
pas, en tout cas, peu importe. Pour le reste, les psychiatres y sont presque
inexistants. Quand ils y vont, c'est pour rendre des services finalement.
Là on demande de créer un département clinique de
psychiatrie.
M. Desjardins: La façon dont on comprend cet article,
c'est eu égard au plan d'organisation qui décide de mettre sur
pied un département de psychiatrie. À ce moment, le chef du
département clinique de psychiatrie est un médecin
spécialiste psychiatre et il a la responsabilité de cette
gestion. Si le centre hospitalier ne juge pas opportun, dans son plan
d'organisation, de mettre sur pied un département clinique de
psychiatrie, le problème ne se pose pas. Ce serait optionnel...
Mme Lavoie-Roux: Pas dans le même sens que pour les
articles 69 et 70 à ce moment.
M. Desjardins: Non. Ce serait de permettre la même
disposition, compte tenu que le plan d'organisation prévoirait
l'existence d'un département de psychiatrie. On ne dit pas qu'il doit
exister un département de psychiatrie dans tous les centres hospitaliers
de la province de Québec.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que moi j'ai dit: À notre
avis, il y a lieu d'étendre ce régime d'organisation, quant au
plan de psychiatrie, qu'aux unités de soins cliniques. Je l'avais
interprété comme une extension.
M. Desjardins: Je m'excuse, ce n'est pas clair.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Mon autre question, vous pourriez
peut-être m'éclairer là-dessus. Sur la question
d'exécution des ordonnances médicales que doivent prévoir
les modalités d'exécution des ordonnances médicales et
dentaires ainsi que la durée et la fréquence des traitements
prescrits, vous faites valoir, entre autres, que c'est relié à la
famille des unités de soins et aussi à des considérations
d'ordre économique qui limiteraient, d'une certaine façon, les
possibilités d'abus. C'est peut-être parce que je comprends mal ce
que cela veut dire, mais vous avez pris soin, tout à l'heure, de dire en
aparté que vous considériez important, que vous assuriez les
autres professions que vous ne brimeriez en rien l'autonomie professionnelle
des autres professions en ayant soin d'ajouter que la structure
hospitalière existait bien avant le Code des professions. On s'en
doutait. Cela ne veut pas dire qu'elle ne peut pas être changée,
mais voici l'objet de ma question. Selon l'interprétation que je fais de
l'exécution des ordonnances médicales - et je vois le
bien-fondé de votre recommandation - est-ce que, dans les faits, ceci ne
pourrait pas - brimer me semble un gros mot - à un moment donné
être une interférence avec l'activité professionnelle des
autres professions? Ce qui me vient en tête comme exemple, c'est le cas
de la physiothérapie. Est-ce que, si les règles de soins
prévoient la durée et la fréquence des traitements
prescrits, cela pourrait poser une interférence avec l'activité
professionnelle, par exemple des physiothérapeutes?
M. David: Tout à fait. C'est même l'un des buts les
plus apparents de ce qu'on peut lire dans le mémoire. Il s'agit de
savoir durant combien d'années...
M. Johnson (Anjou): Vous ne vous en cachez pas...
M. David: ...nous allons choisir de vivre avec des fictions
grammaticales. Il y a présentement - M. le ministre nous y
référait plus tôt - un code de déontologie de la
Corporation des physiothérapeutes. Il s'agit de savoir si le droit
commun tel qu'il existe, semble-t-il, dans le monde occidental prévoit
qu'un médecin est responsable des soins de son patient tout comme l'est
un physiothérapeute qui va pratiquer en cabinet privé. Il faut
donc savoir si, en centre hospitalier, le médecin qui va prescrire
certaines ordonnances de physiothérapie à son malade pourra
être assuré que le physiothérapeute à l'emploi de
l'hôpital va exécuter l'ordonnance telle que prescrite ou si le
patient sera un instrument entre les mains des professionnels, au nom de
l'autonomie. À ce moment-là, vous devrez introduire une nouvelle
règle innovatrice en droit commun disant que le médecin est
responsable de ce qu'il fait et que tous les autres sont responsables de
ce qu'ils font s'ils sont des professionnels autonomes. Sur ce point-là,
il est certain que vous trouverez la règle suivante dans le code de
déontologie de la corporation des physiothérapeutes: Le
physiothérapeute agit sur diagnostic médical. La corporation des
physiothérapeutes peut adopter une règle de prudence de ce
type-là. Cela signifiera que le physiothérapeute - qui est en
cabinet - avant de traiter SON patient, devra s'assurer que le patient a
été vu par un médecin. Mais lorsqu'on est dans le
régime hospitalier, la situation est tout à fait
différente. Le physiothérapeute n'agit pas sur diagnostic du
médecin. Il ne prend pas charge de ce patient-là. Ce patient
demeure le patient du médecin et c'est le médecin seul qui est
responsable de ses soins.
Si c'est vrai, l'approche que l'on prend pour la physiothérapie,
on devra l'étendre à l'ensemble des vingt-sept ou vingt-huit
corporations professionnelles, y compris aux infirmières et infirmiers
auxiliaires qui sont aussi constitués en corporation à titre
réservé. Il s'agit simplement de savoir quelles sont les
règles du jeu. C'est ce que je disais plus tôt. Dans le cas de
l'Institut de réadaptation, le centre hospitalier a dû s'adresser
aux tribunaux pour que les ordonnances des médecins physiatres soient
exécutées par les physiothérapeutes selon leur teneur.
M. Johnson (Anjou): Si Mme la députée de L'Acadie
me le permet, j'aimerais parler un peu de la physiothérapie. Je ne veux
pas généraliser et je sais qu'on a peut-être un peu plus de
physiatres au Québec que dans d'autres provinces mais,
généralement, l'ordonnance médicale de soins
physiothérapeutiques se lit - selon mon expérience dans une
couple d'hôpitaux -comme suit: "physiothérapie". Le patient part
avec cela et va voir le physiothérapeute.
Exemple: test d'évaluation psychologique. Le médecin
généraliste - je ne parle pas du psychiatre - ou l'interniste,
à l'occasion d'un problème qu'il voit chez un patient, pense
qu'il serait bon de lui faire une évaluation psychologique. Il ne dit
pas: un Rorschach ou un test de couleur de Lusher. Il dit: une
évaluation psychométrique ou quelque chose de ce genre-là.
La notion que vous voudriez introduire, à mon avis, aurait des
exigences. Remarquez que, sur le plan de la formation médicale continue,
elle aurait sûrement de très grands avantages dans certains de ces
domaines, mais il reste que dans le cas de la physiothérapie - je pense
que c'est de la psychologie et c'est sans doute vrai pour d'autres que je
connais moins bien - vraiment la relation en est presque une de collaboration
nécessaire et vitale, où une très large part d'exercice
dans la liberté et dans la formation de celui qui est
physiothérapeute est donnée à celui-ci. Cela ne met
aucunement en cause le fait qu'en fin de compte, je le sais, dans notre
régime - et c'est vrai en Occident et c'est vrai en
général - le patient qui entre à l'hôpital est sous
la responsabilité du médecin on le sait. Et quand il y a des
poursuites, c'est le médecin qui en fait l'objet, en
général; c'est assez rare que le physiothérapeute se fait
poursuivre. Il reste que, dans la pratique de tous les jours, il y a tellement
une large part donnée à ceux-là. Je ne parle pas des
départements de physiatrie spécialisés. Encore une fois
l'exemple que vous donnez de l'Institut de réadaptation a de quoi faire
dresser un petit peu les cheveux sur la tête dans la mesure où on
doit présumer que lorsque des physiatres spécialisés en
physiatrie à l'Institut de réadaptation donnent une ordonnance
précise, ils doivent savoir de quoi ils parlent. On a là une
lutte corporative. Je ne sais pas si je tombe dans le sub judice. En tout cas
on est dans le Parlement, je suis correct.
Mme Lavoie-Roux: Même pas. M. Johnson (Anjou): Même
pas?
Mme Lavoie-Roux: Non, je pense que non. Il faudrait que vous
montiez en haut.
M. French: C'est une nouvelle interprétation.
M. Desjardins: Je pense, M. le ministre, que là-dessus il
ne faudrait pas faire toute la question de l'éducation médicale
continue. On va structurer une autre université. Ce qu'on essaie de dire
ici, c'est que lorsque le psychiatre donne une ordonnance il précise ce
dont il a besoin et ce qu'il veut. Cette ordonnance doit être
exécutée selon sa teneur. On pourrait faire le tour de tout le
monde. C'est évident que dans les situations que vous pouvez soulever
qui sont du recoupage, cela ne s'applique pas.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous indiquez la durée et la
fréquence des traitements, il me semble que c'est très
précis. On pourrait le prendre peut-être même en
diététique où, à un moment donné, on a
établi une diète durant le séjour à
l'hôpital, vous demandez à une diététiste de suivre
le patient pour que la prescription soit remplie, etc. Quand vous parlez de
durée et de fréquence, je pense que vous entrez dans
l'activité professionnelle de d'autres corporations. J'ai pris les
physiothérapeutes et je ne savais même pas qu'il y avait quelque
chose devant les tribunaux là-dessus. C'est vraiment l'exemple qui
m'apparaissait le plus flagrant mais vous auriez la même chose à
l'égard de plusieurs
autres professions. Par exemple, quand vous référez
quelqu'un au travailleur social pour des entrevues avec la famille, en
préciser la durée et la fréquence cela m'apparaît
assez complexe.
M. Desjardins: Cela n'est pas une ordonnance.
Mme Lavoie-Roux: Non?
M. Desjardins: Non. Lorsqu'il s'agit d'une ordonnance, il ne faut
pas se méprendre; il existe également un règlement de la
corporation des médecins. Lorsque l'on inscrit "physiothérapie"
sur un document, ce n'est pas une ordonnance.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une ordonnance. Le règlement
de la corporation prévoit qu'il faut spécifier quel traitement
est prescrit. Dans ce cas-là, et c'est normal, il s'agit de patients
qui, à toutes fins utiles, sont dirigés en physiothérapie.
Vous avez un règlement qui doit s'appliquer à l'ensemble des
hôpitaux du Québec. Bien sûr que la situation variera selon
que vous aurez un département de physiatrie ou non.
M. Desjardins: Si le médecin physiatre inscrit: "Ultra-son
trois fois par jour pour sept jours", c'est une ordonnance, et elle doit
être exécutée selon sa teneur et non pas quatorze fois par
jour pendant 108 jours.
M. Johnson (Anjou): Pendant 108 jours ou huit jours?
M. Desjardins: 108 jours.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. Est-ce que
l'Association des médecins radiologistes a été
consultée par la fédération sur la création des
départements de...
M. Desjardins: 69?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
(17 h 45)
M. Desjardins: La fédération ne se permettrait pas
d'énoncer de telles choses sans avoir consulté ses associations
affiliées et sans avoir un consensus tout à fait majoritaire,
pour ne pas dire unanime. Mais pour aller au-delà de votre question, je
peux vous dire que l'Association des radiologistes, dans un souci de donner le
son de cloche le plus juste possible, a elle-même réuni tous les
chefs de départements à l'intérieur de l'association et a
fait parvenir un questionnaire à tous leurs membres dans lequel on
posait les questions: Avez-vous pris connaissance? Savez-vous ce que cela veut
dire? Êtes-vous d'accord? Comment vivez-vous cela chez vous? J'ai
été invité à assister à la dernière
de ces réunions et je peux vous dire que les médecins
radiologistes eux-mêmes, dans une proportion extrêmement
élevée, sont d'accord avec le libellé de l'article tel
qu'il existe et sont prêts à assumer les responsabilités
pour ceux d'entre eux qui ne les assument pas, parce que vous avez entendu, ces
derniers jours, que la situation existe dans certains centres comme l'article
est écrit. Mais, pour les centres où cela n'existe pas, ceux
d'entre eux qui y vivent et qui y travaillent sont prêts à assumer
des responsabilités inhérentes à l'adoption de cet article
69. Il n'y a aucun problème là-dessus et c'est toujours ainsi
à l'intérieur de notre fédération.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma dernière
question s'adresse au ministre et concerne une recommandation de la FMSQ
touchant l'évaluation de l'impact sur les programmes administratifs et
financiers, tel que prévu à l'article 18.5. Le texte est à
la page 3 du mémoire de la fédération. "Il est anormal que
seules les activités des médecins et dentistes soient l'objet
d'un examen de leurs conséquences administratives et financières
et ceci devrait s'étendre à d'autres activités
professionnelles." Je comprends qu'à ce moment-ci, le comité
consultatif étant surtout un comité médical, mais qui
regroupe quand même d'autres chefs de départements, leur question
est bien fondée et il y a eu des représentations de faites, hier
soir, et une suggestion - je ne sais pas si c'était du groupement La
coalition ou si c'était des psychologues en particulier - à
savoir qu'il y ait un représentant des professionnels non
médicaux à ce comité consultatif. Si cette recommandation
était retenue par le ministre, ceci justifierait peut-être que -
il faudrait que je retrouve le texte - les implications administratives et
financières de tous les professionnels puissent faire l'objet d'une
consultation, ce qui rejoindrait peut-être un des objectifs
économiques et administratifs que le ministre a en tête.
M. Johnson (Anjou): À l'origine, le règlement qui
découle de l'article 27 ainsi que ces aspects-là du
règlement ont été conçus comme des instruments
d'une meilleure intégration de l'activité médicale
à l'établissement. C'est pour cela que vous remarquerez que le
vocabulaire qu'on utilise est surtout de cette nature. Il demeure cependant que
la commission aura permis d'entendre, venant de tous les groupes qui,
tantôt, voulaient qu'on bâtisse des amphithéâtres et
qui, tantôt, nous disaient qu'ils trouvaient que ce serait une bonne
idée qu'on regarde l'ensemble...
Mme Lavoie-Roux: C'est une petite patinoire.
M. Johnson (Anjou): ...que, dans le fond, peut-être que la
vocation du comité consultatif et ses mandats, enfin ce dont il peut se
saisir, pourraient s'élargir. Je comprends que, pour les membres de la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec, quand ils nous disent, à la page 3, que c'est anormal que
seules les activités des médecins fassent l'objet d'un tel type
d'examen, ils pourraient avoir en tête des choses bien précises
dans les services administratifs et ils auraient peut-être des choses
à dire là-dessus. Faut-il modifier le texte de l'article 18
à cause de cela? Quant à ces mandats, il reste à les
évaluer. Je pense que c'est très clair; cela nous a
été dit ici par tout le monde pour des raisons absolument
diverses et diversifiées, mais tous les gens nous ont dit la même
chose quant à cela explicitement ou implicitement dans certaines de
leurs propositions.
Dans le cas des médecins, ils nous disent: Écoutez, on
subit déjà assez le préjugé qui veut qu'on soit les
seuls gros dépensiers, mais est-ce que ce n'est pas un peu de la nature
même de la médecine que de tirer sur des ressources? Je pense que
c'est dans la nature même de cette profession de tirer ses ressources de
l'établissement. Mais, ils nous disent: On est déjà
stigmatisé. Il y a des gens qui font des images faciles avec cela en
disant que, dans le fond, si cela coûte cher, c'est seulement à
cause des médecins, que ce n'est pas la faute des gens. Je comprends
qu'ils sont souvent affublés de ce préjugé. Ils disent:
Dans le fond, ne confirmez-vous pas un peu cette approche? Je suis sensible
à cette affirmation. On verra au moment de la rédaction; on va
tenir compte de ce qui a été dit par d'autres aussi.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, je pense que si
une représentation était ajoutée des professionnels non
médicaux au comité de consultation, cela permettrait de rejoindre
leurs préoccupations. Merci bien;
M. Johnson (Anjou): Merci, messieurs!
Le Président (M. Desbiens): Merci à la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec.
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! À
l'ordre!
M. le ministre, je crois que vous avez d'autres mémoires à
proposer.
Mémoires déposés
M. Johnson (Anjou): Je voudrais simplement, pour les fins du
journal des Débats et aussi pour l'information à la fois des
membres de la commission et de ceux qui sont intéressés,
simplement faire lecture de la provenance d'une série de documents qui
nous sont parvenus de groupes qui n'ont pas été entendus, mais
dont nous allons prendre connaissance des textes. Ce sont les mémoires
numérotés de 30 à 43 à la commission: la
Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal et
l'École de pharmacie de l'Université Laval, l'Association des
médecins de langue française du Canada et l'Union médicale
du Canada, l'Hôpital juif de convalescence, la Fédération
des médecins résidents et internes du Québec,
l'Association des résidents en pharmacie du Québec, le Conseil
des médecins et dentistes de l'hôpital Louis-H. Lafontaine,
l'Association des archivistes médicaux, l'Association des
diététistes cadres du Québec, le Centre hospitalier des
Laurentides, personnel clinique, le Centre hospitalier de l'Hôtel-Dieu
d'Amos, l'Association médicale du Québec, l'Association des
praticiens de service social en milieu de santé du Québec, la
Corporation des pavillons et familles d'accueil pour adultes, l'Association des
directeurs de département de santé communautaire. Copies de ces
mémoires ont donc été transmises au secrétariat des
commissions qui en fera parvenir une copie à chacun des membres de la
commission. Les mémoires sont accessibles pour les citoyens qui veulent
les consulter.
Conclusions M. Pierre-Marc Johnson
Deuxièmement, je pensais que peut-être, rapidement - j'ai
fait recenser, ce midi par mes collaborateurs l'essentiel des propos qui feront
l'objet de nos réflexions dans les semaines à venir avant
l'adoption du règlement, notamment à l'égard...
Le Président (M. Desbiens): Je m'excuse de vous
interrompre. Est-ce que vous entendez... Il y a une entente de conclue. Le
mandat de la commission est rempli, il s'agit de savoir si vous avez une
entente...
M. Johnson (Anjou): Pour ma part, M. le Président, j'en ai
pour à peine cinq minutes.
Mme Lavoie-Roux: J'aurai peut-être quelques questions
à vous poser après.
M. Johnson (Anjou): Je veux simplement évoquer les sujets.
Je présume que la députée de L'Acadie aura des remarques
ou des questions. Quant aux classes et types d'établissements, à
la section 1 du règlement, il y a des clarifications évidentes
qu'il faut apporter à l'égard des hôpitaux de
convalescents. Quant aux classes des centres d'accueil, au niveau des
centres....
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse M. le Président. J'ai eu une
distraction, est-ce que vous pouvez recommencer? Je m'excuse.
M. Johnson (Anjou): D'abord, dans un premier temps, quant aux
classes et types d'établissements de la section 1 du règlement,
des clarifications à apporter touchant les hôpitaux de
convalescents.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Quant aux classes de centres d'accueil, au
niveau des centres de réadaptation, il faudra clarifier certaines
choses, notamment à l'égard des établissements qui
s'occupent des mères en difficulté, ne serait-ce que par la
création d'une annexe ou simplement une nouvelle définition.
Quant aux familles d'accueil, je pense qu'on a bien attiré notre
attention sur la nécessité que cette voie réglementaire ne
vienne pas rendre plus rigide, alors que l'objectif est au contraire une
certaine souplesse et de se donner des instruments pour mieux allouer les
ressources dans ce domaine-là. Je pense que l'ensemble des intervenants
ont eu des commentaires extrêmement intéressants quant à
cela.
Au niveau des règlements qui touchent les conseils
d'administration, je pense qu'il faut rappeler que nos objectifs sont, encore
une fois, des objectifs de déréglementation et d'une
responsabilisation plus importante sur le plan local. Je pense que, de
façon générale, nous maintiendrons l'approche choisie au
niveau des pouvoirs donnés aux conseils d'administration. Nous retenons
les concordances à faire à l'égard des
établissements privés quant à certaines dispositions.
Au niveau du comité consultatif à la direction
générale, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de revenir
- je ne peux pas annoncer ici ce que seront nos orientations -sur la
problématique. On en a discuté abondamment et je pense qu'on a
appris toutes sortes de choses extrêmement intéressantes au cours
des trois jours où nous avons siégé.
Au niveau des secteurs d'activité qui nécessitent
l'autorisation du ministre, il y a également des clarifications à
apporter. Quant au chapitre 4 sur l'enregistrement, la clarification à
apporter dans le cas des centres d'accueil, des CLSC et des CSS apparaît
évidente et nécessaire. Au niveau de l'inscription, je pense
qu'on a eu une discussion très éclairante cet après-midi
sur le sujet. (18 heures)
Au sujet de l'annexe 2 et de l'annexe 3, on se rappelle les
renseignements nominatifs ou autres pour les fins statistiques qu'on demande
aux établissements. Nous distinguerons dans le règlement entre
les besoins d'information sur le personnel et les besoins d'information sur les
autres dimensions; les besoins d'information sur le personnel pour les fins de
négociation de convention collective et l'autre, c'est dans le cas de
bénéficiaires. Deuxièmement, le respect de la
confidentialité semble une préoccupation que nous avons et que
tous les intervenants ont. Troisièmement, nous n'élaborerons pas
la partie terminée de ce règlement que dans la mesure où
nous aurons suivi non seulement la lettre, mais également l'esprit de la
loi 65. D'ailleurs, à cet égard, on me dit que la commission a
émis un avis cet après-midi attirant l'attention et la
nécessité de procéder à ce mécanisme.
Quant à l'accès aux services en centre hospitalier de
courte durée... Non, je reviendrai là-dessus plus tard.
L'accès aux services en hébergement et en soins prolongés.
Je pense que, dans l'ensemble, on peut dire qu'il y a au minimum un consensus
quant à la nécessité d'avoir un système. Il y a
cependant, nous le savons, des clarifications à apporter, notamment,
quant au fait qu'il ne s'agit pas de mettre les CLSC dans une position
où ils refont des évaluations médicales. L'importance, par
ailleurs, du rôle des CLSC dans le système régional ou
sous-régional qui peut varier d'une région à l'autre et je
pense que cette importance du CLSC, c'est celle d'une orientation du
ministère. Même si elle ne fait pas l'unanimité, je pense
qu'on peut quand même dégager un minimum de consensus. Quant
à l'évaluation des besoins des bénéficiaires,
notamment, en termes médicaux et psychosociaux, je pense qu'on a franchi
des étapes importantes lors des discussions et que nous sommes
extrêmement sensibles quant au vocabulaire et aux réalités
qu'on veut couvrir par cette notion de l'évaluation.
À propos des dossiers, il reste à clarifier
également des parties importantes quant à l'accès, quant
à qui a accès, dans quelles circonstances, je pense aussi qu'une
partie des discussions qu'on a eues la semaine dernière et cet
après-midi en particulier là-dessus nous éclaireront.
Quant au contenu des dossiers, à l'article 56, la
possibilité de distinguer les contenus pour chaque catégorie de
dossier, les informations, par exemple, du dossier médical, en principe,
même à toutes fins utiles, ne devraient pas être transmises
aux professionnels non médecins, même dans le cas des CSS.
Cependant, reste la question, je pense, entière qui touche les enfants
et la Loi sur la protection de la jeunesse, l'application de la loi 24. Au
niveau des départements de santé communautaire, j'ai
trouvé que ce qu'a évoqué, cet après-midi, la
conférence des conseils régionaux est extrêmement
intéressante d'autant plus que leur position finale était
nettement plus souple et, à mon avis, beaucoup plus réaliste
que la position initiale présentée dans le mémoire
écrit. Au niveau des départements cliniques, je pense qu'on peut
retenir qu'il y a consensus à l'égard de l'objectif
d'intégration. Cependant, nous sommes conscients à la fois du
contentieux qui pourrait subsister entre les omnipraticiens et les
médecins spécialistes, d'une part. D'autre part, du contentieux
général qui subsiste entre le corps médical et l'ensemble
des autres professions dans les laboratoires et la radiologie.
Au niveau des services médicaux en CAH, l'importance d'avoir un
minimum d'organisation, je crois, qui touche la pratique médicale en
CAH. Je pense qu'on peut s'entendre sur cette notion, qu'il est important
d'avoir un minimum d'organisation, ce qui ne veut pas dire que la solution
qu'on propose est nécessairement idéale et qu'il faut donc
envisager de regarder des solutions de remplacement. Au niveau du statut des
médecins, si on n'avait pas entendu, cet après-midi, de
façon aussi brutale, que le corps médical n'est pas exactement
très chaud à la proposition de l'AHQ, j'aurais dit qu'on l'aurait
peut-être étudié plus profondément. Je pense qu'on
va l'étudier plus profondément. On est bien conscient du type de
résistance que cela pose. Il y a quand même des précisions
à apporter, notamment, au rôle des résidents et des
internes. Au niveau des comités de discipline, il faut bien analyser ce
qui a été évoqué tout récemment, à la
fois par la corporation et par les spécialistes.
J'ai fait le tour de l'essentiel des préoccupations qu'on pouvait
retenir de cela. Je suis conscient que c'est un peu mince à se mettre
sous la dent. Je ne prétends pas que nous apportons les réponses.
L'objectif de la commission n'était pas de me placer dans une position
où, à 18 h 05, je vous donnais nos réponses. S'il fallait
fonctionner ainsi, on nous le reprocherait. Nos idées n'étaient
pas complètement arrêtées même si nos orientations
l'étaient. Nous tiendrons compte du travail remarquable, je dois le
dire, qui a été fait grâce à la collaboration de ma
collègue d'en face et par les intervenants nombreux et patients que nous
avons entendus durant toutes ces journées. J'espère que nous
rendrons justice à tous ces commentaires dans le texte final qui sera
soumis au gouvernement, normalement d'ici environ deux mois.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Si vous me le permettez, je suis convaincue que
j'ai échappé beaucoup d'éléments
intéressants qui ont été apportés par les
intervenants ou ceux qui se sont présentés à la
commission. Un peu au hasard - le ministre en a repris - il est possible que je
répète, mais je voudrais que, si on ne les a pas pris en note, au
moins qu'on les reconsidère. Il y avait au point de départ toute
la question de la clarification de la vocation des établissements en
fonction des nouvelles caractéristiques et demandes dans le
système, mais cela me semble plus relié à une question
d'orientation à l'intérieur du ministère. Je pense, en
particulier, aux CAH et aux CHSP qui ne sont pas l'objet du
règlement.
J'aimerais peut-être rappeler au ministre la définition,
parfois un peu pauvre, attribuée aux centres d'accueil et
d'hébergement et celle un peu trop restrictive des services externes
offerts en centre de réadaption. Par exemple, plusieurs intervenants ont
parlé d'inclure, d'une façon un peu précise, la notion de
réadaptation dans les CHSP ou même dans les centres d'accueil. On
trouvait que ces notions-là -vous allez me dire qu'elles sont dans la
loi - on les a peut-être définies d'une façon plus
précise pour certains établissements et non pas pour
d'autres.
Est-ce qu'il y a aussi possibilité de créer dans le
règlement certaines responsabilités aux centres d'accueil et
d'hébergement face aux clientèles qui sont un peu entre deux
eaux? On a parlé, notamment, de la clientèle psychiatrique. Vous
m'avez dit que c'était fait à même le budget. Je pense en
particulier à certains cas de marginaux ou d'alcooliques qui trouvent
peu de place dans l'ensemble du réseau.
M. Johnson (Anjou): Rapidement sur ce sujet, si vous me le
permettez, je pense vous avoir induite en erreur l'autre jour. J'ai
découvert les chiffres par la suite. J'ai mentionné environ 3000
ou 1500 personnnes, je ne me souviens pas, mais le chiffre est plutôt de
l'ordre de quelques centaines et non pas de quelques milliers. C'est une erreur
qui a été commise tout à fait sans mauvaise intention.
Quant aux budgets spéciaux en géronto-psychiatrie, les
ressources qu'on y met sont nettement moindres que celles que j'évoquais
récemment.
Mme Lavoie-Roux: Une question a été soulevée
en particulier ici par mon collègue de Westmount. On a fait
disparaître - vous l'avez mentionné aujourd'hui - la
classification des hôpitaux généraux en termes
d'hôpitaux universitaires spécialisés ou
ultraspécialisés. Une classification différente
n'entraîne-t-elle pas une non-correspondance des budgets à la
vocation des centres
hospitaliers en raison du fait que cette dernière ne sera plus
précisée? Je me référerai, d'une façon plus
concrète, à l'article 19 dans le cas de l'hémodialyse et
toutes les décisions que le ministre se réserve. Je cite: "Un
centre hospitalier ne peut offrir de nouveaux services dans les secteurs
d'activité suivants sans l'autorisation du ministre." C'est
évidemment l'organisation des centres de recherche, tomographie axiale,
etc.
Le ministre ne nous a pas indiqué quelle était son
orientation quant aux besoins régionaux ou quant à la mise en
disponibilité de quel type de centres hospitaliers, des rubriques qui
réfèrent toutes à des soins spécialisés
sinon ultraspécialisés. Le ministre en réserve
l'autorisation et je le comprends, ce sont des sommes considérables.
M. Johnson (Anjou): II y a deux objectifs dans cette liste qui
n'est pas exhaustive, pourtant: d'une part, c'est dans le but d'une meilleure
rationalité dans l'utilisation des ressources et c'est en même
temps un moyen de pression considérable sur les conseils
régionaux et les regroupements d'établissements pour que,
à un moment donné, ils se branchent quant à la vocation de
certains départements, quant à la complémentarité
de certains types d'établissements surspécialisés.
Deuxièmement, c'est dans un but d'équité
interrégionale, dans la mesure où un pouvoir comme
celui-là peut, à l'occasion, permettre, dans le cadre du
développement d'une région qui n'est pas un grand centre urbain,
par exemple, qui n'est pas Montréal ou Québec... Même la
région de Trois-Rivières s'est relativement bien dotée en
termes de surspécialités, mais elle pourrait l'être plus
dans certaines choses. Mais l'objectif de ce pouvoir est de permettre une
meilleure distribution sur l'ensemble du territoire. Encore une fois, c'est un
instrument parmi d'autres. Le meilleur des instruments est l'instrument
budgétaire, c'est évident. Deuxièmement, c'est un mode de
pression au niveau des régions pour que les gens fassent des choix en
termes d'arbitrage de surspécialités.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Les hôpitaux de convalescents, vous
en avez parlé. Quant aux catégories de familles d'accueil,
plusieurs représentations ont été faites à cet
égard. Je pense que vous les avez entendues tout autant que moi.
Maintenant, les règlements du conseil d'administration, article
8. Cela a été débattu, je pense, d'une façon
contradictoire. Je ne sais pas si c'est venu des intervenants, de nous ou des
deux, peu importe. J'ai cru comprendre que quand les intervenants ou certains
ont dit que c'était trop contraignant pour les conseils
d'administration, c'est peut-être qu'il y a, dans le choix des
règlements que vous avez faits et que vous imposez aux conseils
d'administration, des règlements qui sont vraiment à
caractère très procédurier. N'y aurait-il pas lieu de
réviser la nomenclature même que vous avez? Peut-être qu'il
y en a qui devraient être ajoutés et d'autres soustraits. Vous
pourriez peut-être les réexaminer et laisser un peu plus de
latitude aux établissements dans ce sens.
Sur le comité consultatif de la direction générale,
quant à sa composition et à ses fonctions, on en a encore
discuté cet après-midi. La fréquence des réunions,
cela devient un détail dans tout cela. Peut-être est-ce vrai que
ce sont des établissements qui devraient décider s'ils se
rencontrent une fois par mois ou une fois tous les deux mois. Une fois qu'un
comité consultatif est créé, je suis d'accord pour qu'on
le crée officiellement et non pas qu'on le laisse à l'initiative.
La fréquence, c'est un détail.
Maintenant, il y a toute la question de l'enregistrement de
l'institution ou de l'admission qui reste confuse, à certains
égards. Ensuite, le ministre entend-il favoriser l'accès direct
aux services externes des centres de réadaptation, par exemple?
C'était un point particulier. L'aspect de la confidentialité,
vous y avez retouché ou vous vous proposez, en tout cas, de
l'examiner.
L'accès aux services dispensés par les centres
hospitaliers, les articles 25 et 26. Ce n'est pas clair dans mon esprit. Cela
touche quand même le choix du bénéficiaire quant à
son médecin traitant. Dans quelle mesure -je pense que c'est à
l'article 25 en particulier - s'assure-t-on, dans la mesure du possible et
compte tenu des contraintes que tout le monde connaît, que le choix du
bénéficiaire au médecin traitant soit le plus
généreux et le plus large possible? Les articles 25 et 26 ne
devraient pas venir restreindre, en dehors des limites physiques que l'on
connaît, le choix du bénéfiaire quant au médecin
traitant. Est-ce que toutes les balises sont mises pour protéger, dans
la mesure du possible, le choix du bénéficiaire quant à
l'établissement? Je pense en particulier aux centres d'accueil et aux
hôpitaux de soins prolongés. Je pense qu'un exemple très
vivant nous avait été apporté par une dame dont j'ai
oublié le nom. Peu importe. (18 h 15
Sur la question du système régional d'admission il y a
certainement un consensus sur la nécessité de la coordination
mais encore laisser la latitude aux régions quant au type de
système qu'elles veulent instaurer et il y a la fameuse question de la
gérance ou de la gestirn du système. Cela peut paraître un
détail dans l'ensemble parce qu'on n'en a pas parlé souvent mais
le délai de 24 heures à la sortie du bénéficiaire,
je pense qu'il y aurait peut-être moyen de le reformuler pour qu'il soit
plus généreux à
l'endroit du bénéficiaire.
J'imagine que le ministre a pris note de la question des assises
juridiques sur certaines modifications apportées eu égard aux CSS
et aux pharmaciens.
À l'article 45, est-ce qu'on peut assurer plus de droits et de
sécurité aux bénéficiaires qui risquent
d'être transférés d'un centre de réadaptation
à l'autre? Je trouve qu'un avis doit être envoyé aux
parents ou aux gardiens du bénéficiaire que l'on désire
transférer. Il y a ensuite le transfert des handicapés physiques
et des personnes toxicomanes. C'est surtout la suffisance de l'avis qui est
envoyé aux parents et aux gardiens. Est-ce qu'on transfère les
enfants et les parents sont avisés par la suite? Je ne suis pas
sûre que ce soit très précis.
L'accès aux familles d'accueil. Que le plan d'intervention soit
préparé étroitement avec le CSS.
Vous avez touché au dossier des bénéficiaires. Il
est question de certaines modifications pour que cela corresponde mieux aux
réalités sociales vécues soit par les centres d'accueil ou
les CLSC.
Relativement à la loi 24, la tenue des dossiers. Que les formules
d'autorisation à l'anesthésie ou à l'intervention
chirurgicale soient incluses comme pièces au dossier.
Article 53. Face à la notion de contrat de services, de
prêt d'un professionnel à un autre établissement, qui va
être responsabilisé?
Je pense que dans l'organisation des centres hospitaliers et des centres
d'hébergement particulièrement, eu égard à la
création obligatoire des départements de radiologie et de
laboratoire, on a eu des réponses partielles même de la FMSQ cet
après-midi à propos des chefs de départements cliniques
dans les laboratoires médicaux.
Il y aurait aussi la question des coûts qu'il faudrait
évaluer, si on le fait de façon générale,
même en mettant de côté la question de la
nécessité de le faire. Est-ce qu'on peut répondre de
façon adéquate aux exigences qui seront créées?
Il y a aussi la question du service médical dans les CLSC. On a
eu de longues discussions ce matin. On prévoit la création du
service médical ou du CMD, selon le cas, dans les centres d'accueil. Je
pense qu'il y a une assise médicale permettant la création d'un
conseil médical dans les CLSC. Je dois dire que je suis d'accord avec le
ministre sur l'écueil qui peut être présenté dans le
fait de trop médicaliser les CLSC et de leur enlever peut-être la
notion de multidisciplinarité et de prévention. On veut
s'efforcer de leur donner un service de première ligne, mais il reste
que les revendications qui ont été faites, tant pour les centres
d'accueil que pour les CLSC, concernant l'exercice satisfaisant, au plan
médical, cela m'apparaît important.
Concernant les conseils des médecins et dentistes, les statuts et
privilèges, je vais laisser cela au ministre qui en a discuté
longuement avec les deux fédérations. Je pense que vous allez
sans doute retenir la suggestion qui a été faite par les trois,
tant la corporation que les deux fédérations, à l'effet de
réintroduire le type de sanction qui apparaissait dans l'ancien
règlement.
Il y a aussi toutes les notions reliées au statut de membre
visiteur. Est-ce que vous allez en réintroduire? Vous allez le
réexaminer de toute façon. Cela ne nous sera pas soumis une autre
fois. Mais j'insiste beaucoup sur la notion de réadaptation dans les
centres d'accueil et dans les hôpitaux de soins prolongés,
même s'il y a possibilité de l'introduire dans les
règlements.
En résumé, rapidement, c'est ce que...
Le Président (M. Desbiens): En attendant le produit final,
je remercie les membres de la commission de leur collaboration de même
que tous les participants.
La commission permanente des affaires sociales ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 18 h 22)