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(Treize heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des affaires sociales est
réunie pour entendre les personnes et les groupes
intéressés à faire des représentations en regard de
l'adoption de la réglementation sur l'organisation et l'administration
des établissements découlant de la loi 27.
Les membres de la commission sont: MM. Boucher (Rivière-du-Loup),
Lafrenière (Ungava), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Gravel
(Limoilou), Johnson (Anjou), Mmes Juneau (Johnson), Lavoie-Roux (L'Acadie), MM.
Leduc (Fabre), Picotte (Maskinongé), Rochefort (Gouin), Sirros
(Laurier).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville),
Bélanger (Mégantic-Compton), Bisaillon (Sainte-Marie), Blais
(Terrebonne), French (Westmount), Mme Harel (Maisonneu-ve), MM. Hains
(Saint-Henri), Laplante (Bou-rassa) et Marx (D'Arcy-McGee).
Comme il s'agit de notre première réunion, il serait dans
l'ordre de désigner un rapporteur, s'il vous plaît.
Les groupes qui ont été invités à participer
aujourd'hui sont l'Association des hôpitaux du Québec,
l'Association des centres d'accueil du Québec, l'Association des centres
hospitaliers et des centres d'accueil du Québec et l'Association des
centres de services sociaux du Québec.
M. Johnson (Anjou): Pour ajourd'hui, M. le Président, il
faudrait ajouter l'Association des CLSC également ce soir.
Le Président (M. Desbiens): L'Association des CLSC en
soirée, comme cinquième intervenant.
M. le ministre, vous avez des remarques préliminaires?
Décès de M. Fabien
Bélanger
M. Johnson (Anjou): Oui. M. le Président, d'abord, encore
une fois, je m'excuse auprès de vous, auprès des collègues
et auprès de nos invités pour les modifications à
l'horaire d'aujourd'hui, reliées à des problèmes
techniques plus qu'autre chose.
Deuxièmement, comme il s'agit de notre première
séance, je voudrais, au nom des députés de ce
côté-ci de la table, exprimer nos sympathies à nos
collègues d'en face et à la famille du député de
Mégantic-Compton. Nous suspendrons les travaux des commissions
parlementaires - donc les travaux de cette commission - mercredi, à
l'occasion des funérailles de M. Fabien Bélanger.
Ordre des travaux
J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec Mme la députée de
L'Acadie au sujet de l'horaire, étant donné que l'horaire initial
que nous avions prévu prévoyait que nous devions siéger
mercredi, ce qui est impossible. Et, par ailleurs, les engagements que Mme la
députée a, ou que j'ai moi-même, ne simplifient pas notre
tâche. Cependant, je pense que nous en sommes arrivés à
dresser un calendrier dont je voudrais faire état ici et qui
m'apparaît recueillir l'assentiment de ceux qu'on aura pu consulter, dans
la mesure où on les a déplacés. Je m'excuse auprès
de ceux qu'on n'a pas eu le temps de consulter. Je me dis que cela devrait
être cependant le calendrier final sur lequel on arrête.
Aujourd'hui, il y aurait donc, à compter de maintenant
jusqu'à environ 18 heures ce soir, l'Association des hôpitaux du
Québec, l'Association des centres d'accueil du Québec,
l'Association des centres hospitaliers et des centres d'accueil privés
du Québec. Ce soir, à compter de 20 heures, l'Association des
centres de services sociaux du Québec et l'Association des CLSC du
Québec. Jeudi, le 6 octobre, nous commencerions nos travaux à 9 h
30 le matin plutôt qu'à 10 heures pour les terminer à 13 h
30 plutôt qu'à 13 heures. Nous entendrions à ce moment la
Corporation des médecins du Québec, ce qui était
déjà prévu, je pense, dans l'horaire initial et, dans la
mesure où cela lui est possible, l'Association des conseils des
médecins et dentistes du Québec. Il y a une certaine
cohérence, d'ailleurs, à entendre ces deux groupes à
l'enfilade, compte tenu de leurs préoccupations et des lois qui les
régissent.
Nous ne siégeons pas jeudi après-midi. Cependant, nous
reprendrions en soirée, cette fois, à 19 h 30 plutôt
qu'à 20 heures, pour entendre la corporation des infirmières,
l'Association des pharmaciens des établissements et la
Fédération des administrateurs des services de santé et
des services sociaux du Québec - la FASSQ - en soirée jeudi, qui
vient, encore une fois, à compter de 19 h 30.
Mardi, le 11 octobre, nous ne siégeons pas pendant la
journée, des engagements nous retenant de part et d'autre. Cependant,
nous commencerions nos travaux cette fois à 19 heures jusqu'à
probablement 22 h 30 ou 23 heures. Nous entendrions mardi soir la coalition -
ce qu'on a convenu d'appeler la coalition - c'est-à-dire le regroupement
des corporations professionnelles non médicales et non
infirmières impliquées dans le secteur de la santé en
particulier. À l'intérieur de ce mémoire, il y aura aussi
la présentation de deux interventions particulières de deux
groupes que, pour les fins de la discussion, on va appeler les groupes A et B.
Deuxièmement, l'Association des cadres intermédiaires des
affaires sociales ou l'ACIAS.
Mercredi, le 12 octobre, ce sera une bonne journée pour tout le
monde. Le matin, à compter de 9 h 30, la corporation des
infirmières auxiliaires suivie de la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec. L'après-midi, à
compter de 15 heures, l'association des directeurs généraux
suivie de la conférence des conseils régionaux de la santé
et des services sociaux. En soirée, nous entendrions les
représentants de la Fédération des médecins
spécialistes du Québec.
Pour la gouverne des gens de l'auditoire et de nos collègues,
nous aurons normalement, d'ici une heure, une copie dactylographiée de
ce projet d'horaire.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: De fait, j'avais convenu avec le ministre qu'on
pouvait s'organiser à l'intérieur de cet horaire. Mais, nous
procédons actuellement à l'étude d'un projet de
règlement. Je ne sais pas si c'est arrivé fréquemment; je
me souviens d'avoir assisté à l'étude d'un
règlement très court dans le secteur de l'habitation. De
mémoire, je ne me souviens pas qu'il y ait eu d'autres règlements
soumis à une consultation comme celle-ci. Évidemment, on se
trouve dans un contexte tout à fait différent de celui d'un
projet de loi pour lequel on procède par un discours de deuxième
lecture. Mais surtout, on procède en commission parlementaire à
des amendements article par article. Alors, il n'est pas question de
procéder de cette façon ici. J'aimerais simplement, M. le
Président, par votre entremise, demander au ministre si on peut compter
sur sa bonne foi pour qu'une fois tous les mémoires entendus, sans qu'il
y ait proposition d'amendement ou de vote - enfin, pas de proposition
d'amendement formelle - les membres de cette commission parlementaire puissent
repenser, avec le plus de célérité possible, les
règlements, sinon on pourrait se demander quelle serait la place
même de l'Opposition à ce moment-ci, parce que les gens vont venir
exprimer leurs griefs, enfin leurs griefs ou leurs remarques - ce ne sont pas
nécessairement des griefs - et il n'y aura pas de lendemain, sauf que le
ministre retournera avec ses règlements au Conseil des ministres et la
réglementation sera éventuellement adoptée. Est-ce qu'on
pourrait trouver une procédure pour qu'à la fin de cette
commission parlementaire, de part et d'autre, comme je le disais tout à
l'heure, en fonctionnant avec célérité, on puisse
étudier un par un les articles, que le ministre nous indique ses
intentions et que, de notre côté, nous puissions également
lui faire d'autres suggestions qu'il intégrera ou n'intégrera
pas? Il me semble que cela donnerait une signification plus grande au travail
que nous nous apprêtons à accomplir dans les jours qui
viennent.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, avant de passer
à mes propos préliminaires sur ce que je pourrais me permettre
d'appeler l'économie générale du projet de
règlement qu'on a devant nous, j'aimerais faire certains rappels. Le
règlement que nous avons en ce moment et qui régit, notamment, le
domaine hospitalier, est un règlement qui remonte à 1972. Nous
avons créé un précédent, cette année, en
invitant les associations à venir s'exprimer en commission
parlementaire. M. Castonguay et M. Forget, dans le passé, ont
adopté de la réglementation qui touchait les
établissements. Ils sont venus en commission parlementaire. Cependant,
ce n'étaient pas des commissions parlementaires où on entendait
des parties, mais strictement des commissions parlementaires au cours
desquelles il y avait des échanges entre les députés. En
ce sens, nous croyons que, cette année, le précédent que
nous créons va dans le sens de la plus grande ouverture possible et du
plus grand échange possible de points de vue venant des principaux
intéressés, disons-le, qui sont des intéressés
organisés dans le réseau des affaires sociales, en
présumant, évidemment, que les députés s'occupent
des principaux intéressés aussi, de leur part, qui sont
l'ensemble des citoyens. En ce sens, je pense que, loin d'être
restrictive, au contraire, notre approche est beaucoup plus réceptive
que ce qu'on a connu, de fait, dans le passé.
Deuxièmement, je voudrais souligner que je pourrai faire part, je
pense, en cours
de route, de certaines de mes réactions à des propositions
qui sont faites. Je pense, cependant, que je ne peux malheureusement pas
prendre l'engagement de dire que nous allons faire l'équivalent d'une
discussion article par article, dans la mesure où, en fin d'audition,
disons le mercredi soir 12 octobre, il sera extrêmement tôt pour
réagir, d'autant plus que nous aurons reçu d'autres
mémoires de personnes et de groupes qui n'ont pas été
convoqués à cette commission. Il y a des rencontres de hauts
fonctionnaires et de celui qui vous parle avec d'autres groupes
également. Je pense qu'ils veulent se faire entendre là-dessus,
mais en dehors du cadre formel de la commission parlementaire, pour toutes
sortes de raisons. Dans ce sens-là, il serait peut-être un peu
prématuré de dire que je pourrai faire connaître la
position arrêtée sur chacun des articles; c'est évident.
Cependant, j'accepterais, si mes collègues y consentent aussi, qu'on
puisse faire une espèce de tour de table sur l'ensemble du projet et
regrouper par thèmes plutôt que par articles les
préoccupations qui seront dégagées ici, probablement
après avoir entendu la Fédération des médecins
spécialistes, qui sera le dernier groupe, le mercredi soir. Je ne pense
pas que cela prenne quatre heures. Cela prendra sûrement une heure et
demie, probablement deux heures. C'est un mémoire qui a sûrement
une certaine importance, mais on aura, à ce moment-là, je pense,
une heure au cours de laquelle je pourrai recevoir, avec grand plaisir, les
propos de l'Opposition.
Je donne l'assurance à Mme la députée de L'Acadie
ainsi qu'à ses collègues que, s'ils veulent me faire parvenir des
commentaires ou des points de vue, je serai absolument réceptif a cela
à la suite de la commission parlementaire. Le règlement ne sera
pas adopté dans la semaine qui suivra, qu'on se comprenne bien. Cela va
prendre quelques semaines avant qu'on y arrive. Au cours de cette
période, encore une fois, je pourrai recevoir, sur une base
individuelle... Mme la députée de L'Acadie connaît ma
disponibilité, quand elle doit me rejoindre, et je recevrai
sûrement les commentaires de l'Opposition de la même façon
que je recevrai les commentaires d'autres groupes alors qu'on sortira de la
commission parlementaire. (13 h 30)
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je ne sais pas si c'est la
formule idéale. Je remercie le ministre quand même pour son
ouverture. Est-ce qu'on pourra, simplement en dégageant les grands
thèmes, arriver aux mêmes fins? On manque un peu
d'expérience dans ce genre de processus. On va essayer de fonctionner
à l'intérieur de ces balises, surtout avec l'assurance que le
ministre continuera de recevoir des représentations qui pourraient lui
être faites par l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): Alors, on peut passer aux
commentaires préliminaires? L'entente est satisfaisante? Oui,
excusez-moi.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est peut-être pas le moment, mais
comme le ministre indiquait que plusieurs groupes - je ne sais pas s'il y a des
invididus - qui ont envoyé des mémoires ne seront pas entendus,
je demanderais qu'ils soient inscrits au journal des Débats.
M. Johnson (Anjou): Sûrement, je n'ai aucune objection. Je
déposerai l'ensemble, à compter de la séance de ce soir ou
à compter des séances de jeudi, au fur et à mesure
qu'entreront les mémoires que nous recevons en identifiant le
rédacteur, celui qui a le mandat de façon précise, et on
les déposera, pour les fins de la transcription, au journal des
Débats. Je m'excuse, le secrétariat me souligne que j'ai fait un
lapsus ou, pire, une erreur. Les mémoires seront déposés,
proprement dit, devant la commission, et seront accessibles pour consultation
par la suite. Ils ne sont pas transcrits dans le journal des Débats.
Mme Lavoie-Roux: Mais ils font partie des archives.
M. Johnson (Anjou): Ils font partie de l'ensemble des documents
de la commission. Aucun problème, sauf qu'ils ne sont pas transcrits
dans le journal des Débats.
Le Président (M. Desbiens): Alors, je reviens à une
étape de la procédure. De toute façon, je reviens à
la nomination d'un rapporteur. Il faut qu'un rapport soit soumis et
déposé, de toute façon, alors cela nous prend un
rapporteur. Est-ce qu'il y a une proposition pour nommer un rapporteur?
M. Johnson (Anjou): Le député de
Rivière-du-Loup?
Le Président (M. Desbiens): Le député de
Rivière-du-Loup est proposé.
M. Boucher: L'adjoint au leader a-t-il le droit d'être
rapporteur?
Le Président (M. Desbiens): M. Boucher
(Rivière-du-Loup) agira comme rapporteur. M. le ministre, pour les
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson (Anjou): Nous y voici, M. le Président.
L'adoption du règlement sur l'organisation et l'administration des
établissements revêt évidemment une importance majeure pour
les établissements et les structures organisées qu'on retrouve
dans le réseau des affaires sociales. Il vise essentiellement à
s'intégrer dans une perspective de vision d'ensemble des services
sociaux et sanitaires dont notre population dispose, à travers un
réseau complexe d'établissements et de lois, dans des objectifs
qui sont fort connus, qui sont d'accès à des services de
qualité, de complémentarité entre les parties
constituantes et d'harmonisation des rôles des nombreux intervenants.
La conception d'une telle rédaction, d'une telle
réglementation est une activité, par définition, fort
complexe. Qu'il me soit permis de rappeler qu'en 1962, au moment des
premières grandes réformes d'intervention de l'État au
niveau des services de santé, il aura fallu presque sept ans pour mettre
au point les premières réglementations. Évidemment, le
contexte dans lequel nous travaillons aujourd'hui est quelque peu
différent. Des réglementations ont touché les
établissements à compter de 1972 et de 1974 également et
le processus de modification de la réglementation a pu
s'accélérer avec le temps.
Il n'en demeure pas moins que ce sont des sujets d'une certaine
complexité pour lesquels, diront certains, les gens ne se battent pas
dans les autobus et qui semblent loin des préoccupations quotidiennes
des citoyens, mais qui sont des enjeux importants pour nos
établissements et ceux qui y sont des acteurs importants.
C'est pourquoi le projet de règlement qui a été
publié dans la Gazette officielle et qui fait l'objet de cette
consultation publique et ouverte en commission a été
précédé d'une série de consultations très
diversifiées, très nombreuses et je dirais très intenses,
à un niveau privé, avec certains intervenants qui ont
accumulé avec l'expérience une certaine sagesse des choses,
peut-être, et aussi de consultations informelles avec des organismes, en
tant qu'organismes, dont je dirais, pour l'essentiel, sûrement la
majorité des intervenants que nous voyons ici aujourd'hui.
J'ai fait valoir, au moment de l'adoption de la loi 27, les grandes
orientations que nous avions choisies. On me permettra ici d'en rappeler
quelques-unes dans la mesure où elles sont reliées à ce
projet de règlement. D'abord et avant tout, premier objectif ou
première priorité, je devrais dire, de la mise en vigueur des
dispositions de la loi 27 quant à sa réglementation, le
rapprochement et une forme d'intégration la plus harmonieuse possible et
sûrement en tout cas une intégration accrue de la profession
médicale à l'établissement.
C'est ainsi qu'à l'occasion de la loi, nous avons défini
de façon nuancée, pour utiliser un euphémisme, les chefs
de départements cliniques dans la structure hospitalière. Dans le
même ordre d'idées, le rapprochement entre les médecins et
l'institution, on préconise dans ce règlement la constitution
d'un comité mixte consultatif à la direction
générale des établissements des centres hospitaliers afin
de favoriser, sur les questions importantes et principales, un échange
du point de vue médical et du point de vue administratif dans
l'établissement hospitalier.
Dans le même esprit, nous favorisons l'intégration du
pharmacien dans l'organisation hospitalière. Je sais que nous aurons
à cet égard des points de vue très diversifiés qui
nous seront soumis. Nous voulons également favoriser
l'intégration des ressources médicales et autres dans les
départements de radiologie et de biologie médicale, dans la
mesure où il s'agit là de départements qui ont cette
caractéristique d'être des soutiens à l'activité
générale hospitalière, mais également d'être
dans bien des cas des départements où il y a déjà
des formules d'expérimentation et de vécu très concret
d'une relation particulière entre la profession médicale et la
dimension administrative, comme les autres professions, donc d'être un
laboratoire, dis-je, d'une certaine façon de cette
intégration.
Dans ce même souci d'intégration, nous avons opté
également pour la création dans tous les hôpitaux de courte
durée d'un département de médecine générale
et pour l'organisation d'un service médical dans tous les centres
d'accueil d'hébergement. Encore une fois, sur les modalités, je
suis sûr que nous aurons, venant des différents intervenants, des
points de vue extrêmement intéressants à entendre.
Deuxièmement, une autre grande orientation ou une priorité
qu'on retrouvait dans l'adoption de la loi 27, c'était la
régionalisation de certaines problématiques en même temps
que des moyens à mettre en oeuvre pour régler certains des
problèmes. C'est ainsi que nous avons inscrit dans la loi - je le
rappelle - que certaines questions devaient impliquer le conseil
régional à différents titres, que ce soit au niveau des
plans d'effectifs médicaux, de la procédure des changements de
vocation ou des politiques d'admission.
Aux fins d'assurer la plus grande équité possible pour nos
concitoyens, nous estimons nécessaire d'introduire dans la
réglementation un système régional et possiblement
sous-régional pour les admissions en centres
d'accueil d'hébergement et les centres hospitaliers de soins
prolongés. Il faut tenir compte évidemment de l'alourdissement
considérable des services pour les bénéficiaires dans ces
établissements et de la nécessité, d'une part,
d'être équitable vis-à-vis des citoyens et, d'autre part,
de mieux utiliser les ressources. C'est pourquoi nous nous proposons de mettre
en place un système intégré pour les admissions dans ces
établissements, sous la responsabilité de chacun des conseils
régionaux. Nous voulons en outre, ce qui m'apparaît majeur pour ne
pas dire essentiel, que ce système soit étroitement
coordonné avec l'ensemble des ressources très diversifiées
que nous avons sur notre territoire pour le maintien à domicile et
notamment la ressource remarquable que constituent dans ce cas les centres
locaux de services communautaires.
Un tel système vise donc à intégrer les efforts
d'un ensemble d'établissements coordonnés au niveau des
régions, avec des comités, dans certains cas,
sous-régionaux pour certaines activités, le tout fondé sur
une évaluation médico-sociale qui vise à utiliser au
maximum les ressources disponibles de telle sorte qu'elles soient
utilisées aussi de la façon la plus pertinente possible.
Troisième grande série de priorités ou de
préoccupations que l'on retrouvait dans la loi 27. Nous avons
manifesté un souci particulier pour permettre au conseil
d'administration de chaque établissement d'agir par lui-même sur
un certain nombre d'activités très importantes décrites
à l'article 8 du règlement et qui, d'ailleurs, historiquement, se
retrouvaient en général normées par le règlement
gouvernemental. En ce sens, je dirai que ce règlement comporte, par sa
seule existence, une forme de déréglementation importante: nous
passons d'un règlement ou d'un ensemble de règles juridiques de
législation déléguée de quelque 300 articles
à un règlement qui en aura une centaine. On réduit presque
des deux tiers la réglementation affectant les établissements, en
étant conscient cependant qu'on change des choses et certaines choses,
d'importance.
Que ce soit, par exemple, pour l'organisation de l'enseignement, de la
recherche, de la répartition des lits, de l'organisation des services
religieux, de la condition de vie des bénéficiaires, nous
estimons que les conseils d'administration de chaque établissement sont
les mieux habilités à prendre des décisions locales pourvu
qu'elles respectent les orientations générales du
ministère et les priorités régionales.
Je m'en voudrais, avant de clore ces premiers commentaires, de ne pas
souligner le caractère particulier que comporte donc l'adoption de ce
règlement. Encore une fois, c'est un précédent que les
établissements du réseau des affaires sociales et les structures
qui y sont organisées, professionnelles, corporatives ou syndicales,
soient appelés à venir s'exprimer dans ce forum. Je pense que
cela en vaut sûrement le coup pour le ministère qui y trouvera des
éclairages importants et cela en vaut le coup - j'en suis sûr -
également pour nos collègues qui se préoccupent, je
dirais, de certains des aspects de cette réglementation, sûrement
pas de l'ensemble. Je souhaite donc que nos travaux puissent commencer avec
célérité et qu'ils nous permettent, encore une fois, dans
une attitude caractérisée par l'ouverture d'esprit, de trouver
certaines solutions dans l'adoption de ce règlement d'importance pour
nos établissements.
Le Président (M. Desbiens): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord remercier le ministre d'avoir accédé à notre
demande réitérée de tenir cette commission parlementaire.
Je pense que c'est heureux et c'est un heureux précédent.
D'ailleurs, cela se situe dans la ligne des projets de réforme des
travaux de l'Assemblée nationale auxquels mon collègue de
Westmount a été particulièrement associé.
C'est évident, comme le ministre l'a souligné, que ce
projet de règlement se situe dans le sillage de la loi 27. On ne se
référera pas ici au débat sur la loi 27 qui a
été un débat assez épique, assez long et qui a eu
lieu à des heures assez tardives, dans lequel on a tenté de
sauver les meubles concernant les efforts très importants de la part du
ministère de contrôler davantage les établissements, de
leur soustraire des prérogatives, particulièrement en ce qui a
trait à l'organisation de leurs conseils d'administration, et ceci au
profit d'une centralisation plus grande qui s'est faite par le truchement des
conseils régionaux de services sociaux et de services de santé ou
encore directement aux mains du ministère. C'est presque
déjà de la vieille histoire, on ne pourra pas modifier la loi. On
va plutôt s'arrêter au projet de règlement lui-même.
(13 h 45)
Le ministre a bien indiqué - je voudrais moi aussi le souligner -
que les efforts qui sont faits dans le but d'une intégration accrue de
la profession médicale en établissement hospitalier c'est une
chose dont les médecins s'étaient plaints depuis longtemps et qui
était fondée sur des faits réels, étant
passée dans ce mouvement de balancier alors que l'on accordait peu
d'importance à l'apport des médecins dans l'administration
hospitalière... On est passé de cette attitude où les
médecins étaient les seuls maîtres à bord à
cette attitude opposée
et maintenant on revient à une attitude qui m'apparaît plus
réaliste et qui devrait procurer un équilibre plus facile pour le
fonctionnement des hôpitaux. Vous avez mentionné quelques moyens
qui sont prévus pour cela, comme le comité consultatif, sur
lesquels les différents groupes auront des remarques à nous
faire.
Il y a également - comme le ministre l'a souligné - la
régionalisation de certaines problématiques
particulièrement eu égard à l'admission. Là, on
entre dans cette tendance du ministère à vouloir toujours tout
uniformiser, alors que cette formule peut s'avérer heureuse - quoiqu'on
n'en ait pas encore fait la démonstration - dans certaines
régions. Elle ne s'avère peut-être pas aussi
nécessaire dans d'autres régions plus petites.
Je voudrais surtout situer mes propos, M. le Président, dans ce
que j'appellerais le climat dans lequel devront s'appliquer ces nouveaux
règlements qui tirent leur faiblesse du fait qu'on fait des
règlements sans en être arrivé à des réponses
plus précises sur une foule de questions fondamentales. Entre autres, la
complémentarité des établissements en trop qui,
d'ailleurs, a été soulevée par le ministre et qui reste
tout autant en suspens aujourd'hui qu'hier.
Depuis quelques années, le ministère des Affaires sociales
a entretenu, sinon provoqué, une grande ambiguïté
relativement au mandat confié par la loi aux différents
établissements du réseau des affaires sociales. Les rumeurs de
changement de structures ont été constantes. Au moment où
les compressions budgétaires soumettaient des établissements
à rude épreuve, le réseau aurait eu besoin de toutes ses
énergies pour faire face à la crise et trouver moyen de servir la
clientèle aussi bien avec moins de ressources. Dans un moment comme
celui-là, il aurait fallu donner des orientations claires,
cohérentes et surtout bien ajustées aux réalités de
l'heure.
Malheureusement, si on circule le moindrement dans le réseau, on
se rend compte que l'attitude du ministre a probablement aggravé la
situation. On observe que toutes les hypothèses ont cours tant sur
l'avenir des services que sur les présumées orientations du
ministère. L'énergie qui devrait être au service de la
clientèle est détournée par des débats dont l'enjeu
est confus. On doit dépenser temps et efforts pour faire
reconnaître des réalités expérimentées
quotidiennement avec souvent un sentiment de futilité devant l'absence
de rationalité et le peu d'écoute auxquels les intervenants du
milieu sont confrontés.
Il faut bien réaliser, M. le Président, que ce n'est pas
ce genre de climat qui peut permettre au personnel que les coupures ont
épargné de faire preuve d'engagement et de
créativité. C'est dans ce contexte que le projet de
règlement sur l'organisation et l'administration des
établissements a été publié le 10 août
dernier, en pleine période de vacances. Ce règlement est
caractérisé, entre autres, par un désir d'uniformiser,
sans égard aux coûts - on pourrait prendre comme exemple
l'obligation qui est faite de créer une clinique de radiologie partout,
quelle que soit l'importance de l'hôpital, le rôle qu'il remplit,
etc. - de saper aussi les conseils d'administration des établissements,
en détaillant pour eux d'une façon presque exhaustive tous les
titres de règlements de régie interne qu'ils devront faire sur
une foule de sujets, leur laissant peu d'initiatives, et peut-être en
occupant leurs énergies à des choses moins utiles que d'autres,
compte tenu des besoins particuliers de chacun des milieux. Il y a aussi des
modifications dans les pouvoirs et mandats des divers établissements et
des conseils régionaux qui sont de nature à augmenter la
confusion plutôt qu'à clarifier les choses, qu'il s'agisse des
CHSP, des CAH, des CLSC ou des CSS et on est bien loin de cette
définition claire du rôle de complémentarité
mentionné par le ministre au début de son allocution.
On aurait espéré que cette clarification des missions des
divers établissements se fasse sur la place publique et ne soit pas
laissée au hasard des rivalités internes du ministère
venant se concrétiser par des règlements dont la
cohérence, à certains égards, est pour le moins
boiteuse.
Tous sont conscients que les priorités médicales et
sociales se sont déplacées au cours des dernières
années ou ont évolué au cours des dernières
années, d'une part à cause du vieillissement de la population et
d'autre part à cause d'une exacerbation des problèmes sociaux
causés par une crise économique qui se prolonge et une
évolution des valeurs traditionnelles qui taxe plus fortement la
famille, la jeunesse et les personnes seules. Non seulement ce débat ne
se fait pas, mais on n'hésite même pas, pour en arriver à
des modifications dans les pouvoirs et les mandats des établissements,
à utiliser le projet de règlement pour modifier certaines
dispositions de la loi. Du moins, c'est l'évaluation que nous en faisons
et le ministre pourra nous corriger si nous avons tort.
Ainsi dans le domaine de l'admission des bénéficiaires
dans les établissements de soinsprolongés et
d'hébergement, pourquoi confier au conseil régional certaines
fonctions de gestion du système élaboré par lui, fonctions
qui sont actuellement assumées par des établissements du
réseau? S'il y a un problème de fonctionnement, pourquoi passer
immédiatement à une solution structurelle? Pourquoi faire assumer
par les CLSC la fonction de placement dévolue aux CSS aux termes de la
loi (loi S-5, article 1, paragraphe j)? Peut-être y a-t-il lieu de le
faire? Mais qu'on ne le fasse pas par
règlement, qu'on le fasse dans un débat public.
Également, le projet de règlement fait du pharmacien un
chef de département clinique au même titre que les médecins
et sans égard à son statut de cadre intermédiaire. Il lui
donne certains statuts et privilèges quant à l'évaluation
de sa pratique professionnelle, privilèges et statuts qu'il n'a jamais
eus dans la loi. Je ne me prononce pas sur le bien-fondé de cette
décision, mais sur la façon dont on procède pour
l'introduire dans les faits.
Pourquoi ne retrouve-t-on plus dans ce projet de règlement
l'hôpital de convalescence? Le ministre aura peut-être des
explications. Est-ce un oubli ou a-t-on décidé de faire
disparaître ce type de ressources pourtant indispensables, à ceux
qui ne peuvent trouver dans leur milieu la sécurité et les soins
nécessaires à cette étape de transition avant le retour
à la vie normale? À moins qu'on n'envisage de les soigner dans un
centre hospitalier, au coût élevé que l'on connaît et
dans le contexte d'engorgement et de listes d'attente que l'on connaît
aussi.
L'impact de ce projet de règlement sur la population
elle-même est moins évident à première vue puisqu'il
s'agit de l'organisation et de l'administration des établissements. Il
n'est pas nécessaire, toutefois, d'être expert dans
l'administration des services de santé et des services sociaux pour
savoir que le cadre organisationnel peut favoriser ou au contraire entraver la
dispensation de services valables. Certaines règles peuvent soumettre la
clientèle à des expériences pénibles,
précisément au moment où les personnes sont malades ou aux
prises avec des problèmes personnels ou familiaux assez graves pour
faire appel à des services sociaux.
Ainsi, pourquoi soumettre à un examen psychologique de routine
toute personne âgée, handicapée ou malade lorsque sa
condition ne lui permet plus de demeurer à domicile et nécessite
un hébergement?
Comment peut-on imaginer qu'un délai de 24 heures peut suffire
pour aviser un bénéficiaire de sa sortie d'un CHSP ou d'un CAH
quand on sait que le séjour dans ces établissements est parfois
de plusieurs mois et souvent de plus d'un an et que plusieurs de ces personnes,
croyant y finir leurs jours, n'ont plus de milieux où retourner? Je
crois qu'à cet égard, le ministre devrait s'abstenir de
suggérer qu'un délai de 24 heures peut être suffisant. Il
devrait plutôt se fier aux établissements pour assurer une
préparation adéquate de ces sorties et leur assurer la
contribution du personnel nécessaire pour favoriser, quand c'est
possible, une réinsertion dans un milieu plus normal. Ce n'est qu'un
exemple de la façon dont se manifestent des règlements qui,
à première vue, ne semblent pas toucher à la vie des
bénéficiaires, mais qui quand même sont faits en fonction
des services aux bénéficiaires.
Ce dernier point que je soulève illustre ce que nous
déplorons souvent, à savoir que la préoccupation du
système prévaut sur la préoccupation de la
clientèle. On a le sentiment qu'il faut que cela roule, il faut que l'on
case les gens, et tant pis s'ils ont des problèmes.
À plusieurs reprises, on a l'impression que le gouvernement, une
fois de plus, veut régler par de la "structurite" et parfois de la
surréglementation des problèmes de ressources. L'info-admission
de la région de Montréal, par exemple, est
considérée par certains comme inefficace, comme n'ayant pas
réussi, parce que justement ils n'ont pas su s'organiser, parce qu'il y
a un manque de ressources, il y a un manque de lits. Je n'ai pu
m'empêcher de sourire en voyant la règle du non-dépassement
de 48 heures en salle d'urgence, laquelle, pourtant, avait fait l'objet d'une
directive de la part de l'ancien ministre, le Dr Lazure, il y a maintenant
près de trois ou quatre ans. On connaît tout le succès
qu'elle a eu parce que précisément il y avait un manque de
ressources. Cela devait, à ce moment-là, être la grande
solution au problème de l'engorgement des urgences.
M. le Président, ce ne sont là que quelques remarques qui,
je pense, illustrent bien que si, d'une part, je conviens que j'accepte les
explications du ministre selon lesquelles on a fait des consultations
nombreuses et privées - a-t-il pris soin de dire - il reste que ce
projet de règlement, il est fort heureux qu'on l'amène ici.
D'ailleurs, la substance importante contenue dans plusieurs des mémoires
indique bien que la consultation avait besoin de se faire publiquement.
J'aimerais aussi que le ministre nous indique pourquoi les
clarifications des vocations des établissements dans le réseau
n'ont pas été faites avant de procéder un peu à la
pièce pour introduire des modifications aux établissements du
réseau sans que le vrai débat ait eu lieu. Je regrette, par
exemple, à cet égard... On sait qu'il y a un vieux débat -
je ne sais pas s'il est vieux - mais en tout cas relativement vieux, entre la
vocation des CSS, la vocation des CLSC, la vocation des centres hospitaliers de
soins prolongés et les centres d'accueil d'hébergement. Si, d'une
part, l'initiative qui est prise dans le règlement d'accorder un service
médical dans les centres d'hébergement s'avère une chose
qui m'apparaît sage, compte tenu de l'alourdissement des
clientèles, d'autre part, il faut bien constater que c'est une
espèce de statu quo pour les centres hospitaliers de soins
prolongés pour lesquels, du moins dans les règlements, on ne
prévoit pas de tâches
ou de vocation de travail de réadaptation auprès des
clientèles qu'ils servent. Je pense que ceci rejoint les remarques que
je faisais lors de l'étude des crédits en disant que, tant dans
le cas des bénéficiaires des hôpitaux de soins
prolongés que dans celui des personnes âgées en centre
d'accueil -quoiqu'il y ait certaines indications ici, dans le projet de
règlement, pour ces dernières -dans le premier cas, on n'a
vraiment pas développé, au sein du ministère, une
philosophie pour le soin des bénéficiaires qui doivent
séjourner dans les hôpitaux de soins prolongés.
M. le Président, je ne veux pas continuer mes remarques plus
longuement, mais je pense que nous verrons, au fur et à mesure des
interventions qui seront faites devant la commission, si ces remarques sont
appropriées ou si, au contraire, elles ne reflètent pas, dans une
certaine mesure, les plaintes et l'insatisfaction que l'on rencontre dans le
réseau, à savoir qu'à l'intérieur du
ministère des Affaires sociales, il y a un malaise profond quant aux
orientations qui doivent être données aux différents
établissements pour vraiment retrouver ce réseau
d'établissements qui sont complémentaires les uns par rapport aux
autres et non pas en venir, par une incapacité de prendre des
décisions ou de discuter de ces problèmes sur la place publique,
à une paralysie plus ou moins grande des établissements qui, au
point de départ, doivent être utilisés pleinement au
service des bénéficiaires. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Johnson (Anjou): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Pierre-Marc Johnson (réplique)
M. Johnson (Anjou): Je pense que la députée de
L'Acadie comprendra - avec tout le respect que j'ai pour les gens que nous
devons entendre et c'est pour cela que nous sommes ici - qu'il y a des choses
que je ne peux évidemment pas laisser passer - je pense que la
députée de L'Acadie me connaît assez bien pour cela -
surtout à l'égard des faits et aussi à l'occasion de
certains procès d'intention qui peuvent nous être faits. Je
reprendrai certains de ces éléments le plus rapidement possible.
(14 heures)
J'y vais un peu en vrac. D'une part, on nous dit: Vous obligez les
conseils d'administration à adopter toutes sortes de règlements,
c'est une approche centralisatrice qu'on retrouve dans cela comme dans
l'admission, comme dans les décisions que vous prenez sur les CLSC, les
CSS, etc. Je dirai que, dans le cas des conseils d'administration, ce qu'on
fait essentiellement, c'est qu'on fait une nomenclature des objets sur lesquels
doivent se prononcer les conseils d'administration, compte tenu de la
définition qui est donnée de leur vocation et de leurs
responsabilités. Et on dit qu'ils doivent adopter des règlements
sur ces matières. Donc, on présuppose qu'ils s'arrêtent et
qu'ils réfléchissent un peu à certains aspects de
l'administration des services, des comités de
bénéficiaires, de la présence des services de pastorale et
d'une série de choses comme celles-là, et que c'est à eux
de prendre la décision alors qu'historiquement, ce qu'on faisait, c'est
qu'on mettait cela dans le règlement "provincial". C'est pour cela que
notre règlement passe de 300 et quelques articles à une centaine.
On délègue, à toutes fins utiles; il y a
possibilité pour des établissements de préciser certaines
choses eux-mêmes dans la mesure où, le cas échéant,
cela s'applique à eux.
Deuxièmement, concernant les 48 heures de durée maximale
dans les salles d'urgence, ce qui fait sourire la députée de
L'Acadie, je dirai que la coalition des malades présidée par M.
Brunet est entièrement d'accord avec cette disposition-là. Non
seulement elle est d'accord, mais elle la réclame depuis un certain
temps.
La pression sur nos établissements de courte durée est
évidente. Nous la connaissons. La problématique du vieillissement
de la population est une problématique qui est au coeur du
développement du réseau des affaires sociales. Pour faire face
à cette question de fait qui est le vieillissement de notre population,
il faut, d'une part, espérer que l'ensemble du réseau chez les
intervenants que sont les médecins, que sont les administrateurs, que
sont les personnels nombreux et multidisciplinaires qu'on rencontre dans les
établissements de santé et de services sociaux, que tous ces
intervenants deviennent conscients, profondément conscients des
exigences de ce que signifie le vieillissement de la population.
Je donnerai un exemple de cela qui s'est passé tout
récemment dans la région de Montréal: l'hôpital de
Verdun, où il y a un département de santé communautaire.
Dans ce département de santé communautaire, en 1976, les gens de
65 ans et plus constituaient 8,4% ou 8,9% de la population. En 1986, dans deux
ans, ils constitueront plus de 12% de la population. Quand on a fermé le
service d'obstétrique, sur recommandation du conseil régional de
Montréal, cela a été un drame. Je me souviens d'ailleurs
que les
députés d'en face l'ont évoqué. J'ai eu le
plaisir de constater hier qu'on inaugurait une unité de gériatrie
active dans cet hôpital. Et, avec l'argent, avec les ressources
libérés par cette rationalisation, on répondait à
un nouveau besoin de la population dans un coin donné du territoire.
C'est cela qu'il faut voir se faire un peu partout sur le territoire.
Je pense qu'à partir du moment où des décisions
difficiles doivent être prises par le pouvoir politique en matière
de rationalisation, les établissements sont aptes à
répondre à ces nouveaux besoins, parce qu'il y a là une
expertise assez remarquable, sauf qu'il nous appartient quand même de
donner des orientations et de décider des priorités de
développement, puisque c'est notre responsabilité de dispenser
des deniers publics et, comme personnes élues au suffrage universel,
jusqu'à nouvel ordre, de choisir et de justifier des orientations qu'on
prend sur la place publique. C'est exactement ce que nous faisons ici.
Je ferai remarquer aussi à Mme la députée de
L'Acadie que, de 1976 à 1983, il y a eu ouverture de 8014 lits de
centres d'accueil d'hébergement, dont 3932 dans la seule région
6-A, c'est-à-dire l'île de Montréal. Il y a en ce moment,
à différents stades de construction, de mise en plan, d'appel
d'offres ou autres, 1400 lits de plus qui sont en préparation. Je lui
ferai remarquer également que, pour la période 1982-1986,
à différents stades de développement - j'inclus
là-dedans des choses qui sont des ouvertures, d'autres qui s'en viennent
et d'autres qui sont en construction ou en plan - on parle, pour une
période de cinq ans, de 1149 lits de plus en courte durée sur le
territoire du Québec, dont presque les deux tiers dans la région
montréalaise; j'inclus cette fois, évidemment,
Laurentides-Lanaudière et la Montérégie. Une croissance de
443 lits, pour la même période, de soins prolongés. C'est
très clair qu'il y a une pression sur nos hôpitaux de courte
durée. Il y a des problèmes à régler. Cela veut
dire, par définition, l'injection de ressources additionnelles; je viens
d'en faire le bilan et les perspectives. Mais cela veut dire aussi
l'utilisation maximale des ressources disponibles.
Je reviens à une autre remarque qu'elle vient de faire où
elle nous présente un peu l'approche de la nécessité
d'encadrer le processus d'admission sur le plan régional. D'abord, une
question de fait m'apparaît extrêmement importante. Qu'est-ce que
le règlement dit? Il n'impose pas une formule unilatérale
à toutes les régions du Québec en termes d'admission au
niveau des comités régionaux ou sous-régionaux. Il dit que
chaque région doit se doter d'un système d'admission. C'est ce
que le règlement dit. On a cité l'exemple de Montréal pour
dire: Info-admission - je ne cite pas Mme la députée de L'Acadie;
j'en cite d'autres -c'est tout croche. C'est vrai qu'il y avait des aspects
d'info-admission qui étaient "tout croches". C'est vrai qu'il y avait
des formulaires en quatorze copies, en douze pages et demie, avec
l'intervention d'une demi-douzaine de personnes, que ce soit l'hôpital,
le travailleur social de l'hôpital, mais peut-être aussi revus par
le CSS, sans compter celui du CLSC qui pouvait intervenir, le médecin,
à travers tout cela, en cabinet privé ou celui qui travaille au
département de médecine qui s'occupe des personnes
âgées dans un hôpital de courte durée, le tout s'en
allant au conseil régional et, de temps en temps, se perdant dans la
poste royale. Ce que le projet vise à faire et ce qui se passe dans la
région de Montréal depuis cet été, c'est qu'il y a
maintenant une formule d'évaluation unique. Il n'y a plus 32
intervenants. Il y en a deux. C'est clair pour le citoyen, c'est clair pour les
professionnels qui interviennent. C'est vrai que c'est exigeant pour ceux qui
ont des points de vue différents. Mais au moins le citoyen ne sera pas
renvoyé d'une place à l'autre. Il y a un intervenant qui doit
assumer une responsabilité. Il y a évidemment une expertise
sociomédicale qui doit être au dossier.
Dans le cas de l'expertise médicale, je rencontrais
récemment des médecins qui font de la pratique gériatrique
dans la région de Montréal, encore une fois, qui se disent, je ne
dirai pas enchantés, mais absolument satisfaits de ce formulaire qui a
l'avantage d'être bref, d'être clair, d'être précis et
de permettre de façon efficace l'expression d'un jugement médical
sur la nécessité, par exemple, ou la "souhaitabilité", si
on me permet de m'exprimer ainsi, de classifier un bénéficiaire
pour les fins d'hébergement.
Je reprendrai aussi la notion des 24 heures. On nous dit: C'est bien
épouvantable! Là, vous voulez que les hôpitaux aient le
moyen de dire à quelqu'un qui est en CHSP depuis quatorze ans qu'il sort
dans 24 heures alors qu'il n'a plus de milieu familial. D'abord, je suis
sûr que c'est un lapsus de la députée ou qu'elle ne voulait
pas dire cela. Je ne tiens pas pour acquis que, dans les hôpitaux, il y a
du monde qui met dehors des gens qui sont là depuis douze ans pour les
envoyer dans la rue. Je ne connais pas cela. À ma connaissance, cela
n'existe pas dans le réseau des affaires sociales, et si cela existe, ce
doit être des cas marginaux.
Ce que le règlement dit, c'est que, pour une personne qui est en
établissement, le minimum d'avis qui doit lui être donné,
si elle est en soins prolongés, c'est 24 heures. En ce moment, il n'y a
pas de minimum. Je pense qu'il n'y a personne qui fait des folies comme cela,
mais il faut en mettre un quelque part dans le règlement pour s'assurer
que, si jamais quelqu'un, à un moment donné,
décidait quelque part, marginalement, de faire maison nette, il y
ait un minimum d'encadrement et de protection pour le citoyen à cet
égard.
Sur la question des CLSC et des CSS, le choix que nous faisons dans
cette réglementation, pour clarifier peut-être un peu une fois
pour toutes la notion d'une responsabilisation d'un organisme, encore une fois
pour le bien-être des citoyens, pour qu'ils ne se fassent pas renvoyer
d'un endroit à un autre, le choix que nous faisons, dis-je, c'est de
valoriser dans le processus d'admission le rôle du centre local de
services communautaires, là où il existe, par définition;
il n'y en a pas partout. Pourquoi? Parce que le centre local de services
communautaires, s'il arrive à l'occasion qu'on fasse des études
sur les possibilités de malaria en l'an 2028, en cas d'inondation d'une
rivière, parce qu'il y a quelqu'un qui a eu un Canada au travail ou un
Chantier-Québec pour faire une étude de cette nature, il reste
que, fondamentalement, les CLSC sont des organismes bien branchés sur
les ressources communautaires.
Deuxièmement, ils sont axés sur des services que
j'appellerais non médicaux ou périmédicaux, des services
importants pour les citoyens, le maintien à domicile qui inclut la
dimension de soutien de nature infirmière, par exemple, ou encore les
services à domicile qui peuvent être de brancher quelqu'un sur les
popotes roulantes, de s'assurer que des équipes peuvent aller faire le
grand ménage une fois de temps en temps, quand ce n'est pas de les
brancher sur un organisme bénévole qui s'occupe de faire un appel
téléphonique tous les jours pour savoir si les gens sont bien,
parce que le besoin de sécurité pour les personnes
âgées à domicile est un besoin qui n'est pas de nature
purement médicale.
Évidemment, il y a des problèmes de nature médicale
et où intervient un processus médical ou infirmier, mais il y a
aussi des besoins de sécurité. La réponse à ces
besoins de sécurité des personnes âgées peut venir
des organismes communautaires du CLSC et de l'implication dans la
communauté de personnes qui fournissent ce type de services et souvent
de nombreux organismes bénévoles.
Quant aux hôpitaux de convalescents, je prends bonne note de ce
que me dit la députée de L'Acadie. Je dirai simplement que le
projet de règlement, dans sa formulation, n'a jamais prétendu ou
ne veut pas abolir les hôpitaux de convalescents. La première
analyse juridique que nous avons faite, devant les réactions de certains
de ces établissements, est qu'on les identifie aux hôpitaux de
courte durée et que c'est le régime juridique des hôpitaux
de courte durée, ce qu'ils recherchent d'ailleurs, qui s'appliquerait
à eux.
Ceci dit, si, pour des fins de clarification, des besoins de
sécurisation, il faut clarifier les textes pour s'assurer qu'on ne fera
pas des hôpitaux de convalescents d'autres types d'établissements
que ce qu'ils sont; on est ici pour cela. On est ici pour écouter ce que
les gens ont à dire et déjà d'ailleurs plusieurs d'entre
eux m'ont fait connaître leur inquiétude devant cela, mais n'y a
pas là d'intention cachée. Il y a simplement le fait que,
juridiquement, nous pensions, en définissant deux catégories
d'établissements dans le secteur hospitalier, qu'on simplifiait les
choses. Nous pensions que nous protégions la vocation des hôpitaux
de convalescents. Il semble que certains juristes du côté de ces
hôpitaux soient inquiets. Je veux dire qu'on va régler le
problème dans ce sens. Il ne s'agit pas de changer leur vocation
unilatéralement, absolument pas, surtout dans le contexte de
l'utilisation d'une réglementation comme celle-là.
Je conclus donc ainsi. Je pense avoir répondu à certains
des arguments sur des questions de fait. Je pense avoir évoqué un
bilan et des perspectives de ressources qui ont crû et qui vont continuer
de croître au niveau des centres hospitaliers de courte durée
comme de soins prolongés d'accueil et d'hébergement. Je pense
aussi - j'espère -avoir clarifié certaines choses au niveau de
nos intentions puisqu'il est donné à l'Opposition, je
présume, d'avoir ce rôle qui est peut-être souvent
extrêmement stimulant intellectuellement, mais je dois vous dire que j'ai
fait ma croix sur l'idée que je serais dans l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on ne peut pas se
répondre tout l'après-midi. Mais je ferai remarquer au ministre
que, pendant au moins - disons qu'il a pris vingt minutes pour répondre,
en tout cas, peu importe; douze minutes, bon - huit ou neuf minutes, il a
répondu à côté des points que j'avais avancés
en me faisant une longue description du nombre de lits qu'il avait ouverts et
sur le fait que notre population vieillissait. Mais pas plus tard que vendredi
dernier, j'ai parlé du vieillissement de la population et comment elle
exerçait de pression sur nos établissements, j'en ai parlé
aujourd'hui même dans mon intervention, mais j'en suis sur la
façon dont on a fait les règlements - c'est surtout
là-dessus qu'a porté mon intervention - sans avoir au
préalable clarifié les missions respectives des différents
établissements dans le réseau. Quand j'ai parlé des CLSC,
je n'ai pas parlé de leur vocation, parce que vous nous avez fait une
longue description de ce qu'ils pouvaient faire dans la communauté pour
les
soins à domicile. Pour ce qui est des services à domicile,
tout le monde est d'accord là-dessus. Je vous ai posé la
question: Est-ce qu'on ne va pas modifier une loi par un règlement?
C'est la question précise que je vous ai posée. Quand j'ai
parlé des 48 heures au ministre, M. le Président, j'ai dit: On
peut bien mettre 48 heures; on l'a déjà fait dans une directive
et on peut le mettre dans cinq règlements, mais tant que la pression ne
diminuera pas, les 48 heures deviennent, à toutes fins utiles,
nécessaires. On peut se donner l'impression de régler quelque
chose.
En passant, je dirai au ministre que c'est vrai qu'il a ouvert 3000
places en centres d'accueil dans la région de Montréal. Je l'ai
mentionné vendredi et je vous en ai même accordé le
crédit. Mais il y avait 3000 personnes sur les listes d'attente en 1981
et il y a encore 3000 personnes sur les listes d'attente en 1983, justement
à cause du vieillissement de la population.
M. Johnson (Anjou): II y en a 1200 à Montréal
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas où vous avez pris vos
chiffres, car ce sont des chiffres que j'ai obtenus jeudi dernier.
M. Johnson (Anjou): Je ne vous demanderai pas vos sources.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on a dû les obtenir au conseil
régional.
M. Johnson (Anjou): Ils viendront nous expliquer cela la semaine
prochaine.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, le problème de
vieillissement, tout le monde s'entend là-dessus. Les 24 heures, le
ministre les interprète dans le sens d'au moins 24 heures. Je pense que
ce serait peut-être mieux de parler d'un délai raisonnable,
puisqu'au moins 24 heures, cela donne la possibilité à un
établissement de dire: J'ai donné mon délai de 24 heures
et c'est suffisant. On peut se chicaner là-dessus, mais je ne crois pas
que le ministre ait répondu aux objections de base que j'ai
soulevées dans mon introduction. Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): Je comprends que, ne pouvant
terminer la discussion, on va passer aux auditions. Le premier groupe est
l'Association des hôpitaux du Québec, représentée
par M. André Brousseau, président. Si vous voulez
présenter les gens qui vous accompagnent, s'il vous plaît.
J'aimerais quand même rappeler, au début, ce qu'on fait à
chaque audition.
Autant que possible, on essaie de se limiter dans la présentation
du mémoire comme tel, puisque cela permet d'allonger le temps de la
discussion, le temps étant toujours limité. C'est un rappel qu'on
fait couramment. M. Brousseau, si vous voulez y aller.
Auditions Association des hôpitaux du
Québec
M. Brousseau (André): M. le Président, M. le
ministre des Affaires sociales, mesdames et messieurs les
députés, je suis particulièrement heureux, à titre
de président de l'Association des hôpitaux du Québec...
Le Président (M. Desbiens): C'est vous qui allez faire le
commentaire. Est-ce qu'il serait possible de vous placer au centre?
M. Brousseau: J'allais les présenter, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Ce n'est pas cela. Excusez,
vous m'interprétez mal. Est-ce vous qui allez présenter le
mémoire?
M. Brousseau: Oui.
Le Président (M. Desbiens): S'il vous plaît,
j'aimerais que vous vous placiez au centre pour que tout le monde puisse vous
voir.
M. Brousseau: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Pour que les gens ne prennent
pas un torticolis.
M. Johnson (Anjou): On ne veut pas seulement vous entendre, mais
on veut aussi vous voir, M. Brousseau.
M. Brousseau: M. le Président, M. le ministre des Affaires
sociales, mesdames et messieurs les députés, je suis
particulièrement heureux, à titre de président de
l'Association des hôpitaux du Québec, d'avoir l'occasion de vous
faire connaître le point de vue des 200 centres hospitaliers du
Québec que nous représentons sur ce projet de règlement si
important pour eux et dont les conséquences peuvent être
ressenties d'une façon significative au niveau des services à la
population.
À cette fin, je suis accompagné, à ma gauche, du Dr
Jacques Mackay qui a dirigé le comité ayant procédé
à la rédaction du mémoire que nous vous avons transmis; du
directeur général de l'association, M. Jacques Nadeau; du
directeur général adjoint, M. Normand Choinière, et de Me
Ghislaine Gosselin, adjointe au directeur général pour les
affaires juridiques à l'association.
Nous sommes à votre disposition et
nous essaierons d'apporter des réponses à vos
interrogations. Mais, avant de ce faire, j'aimerais vous rappeler les
principaux thèmes que nous avons beaucoup plus longuement
développés dans notre mémoire et son annexe.
Le premier, c'est le comité consultatif à la direction
générale. Tout d'abord, nous tenons à vous rappeler notre
ferme volonté de nous associer à la poursuite des principales
visées de ce projet de règlement et, en particulier, de celles
découlant d'une orientation fondamentale tracée par le projet de
loi 27 adopté en 1981. Notre association, au nom des centres
hospitaliers publics du Québec, souscrit pleinement à cette
intention de poursuivre le processus d'intégration des médecins
à la vie hospitalière en s'assurant particulièrement de
leur contribution à la définition des objectifs de l'organisation
et en les impliquant dans les divers mécanismes de décision
conduisant à l'allocation et à l'organisation des ressources de
l'établissement. C'est ainsi que nous accueillons très
positivement, sujettes à quelques ajustements, les principales
dispositions touchant la constitution d'un comité consultatif à
la direction générale. Ce mécanisme déjà
instauré dans plusieurs hôpitaux selon diverses modalités a
démontré son utilité. En ce faisant, le gouvernement
confirme aux médecins une position privilégiée leur
permettant d'influencer plus que tout autre groupement professionnel la gestion
de leur établissement. C'est là une étape majeure du
processus auquel nous faisions antérieurement
référence.
La deuxième tête de chapitre: Les départements
cliniques. Le gouvernement nous semble, toutefois, prendre une position
nettement excessive en matière d'organisation hospitalière. Les
articles 69 et 70 du projet imposent, sans nuances, un modèle unique
dans les secteurs de la radiologie et des laboratoires en confiant des
responsabilités particulières aux départements cliniques.
Bien plus, de façon franchement irréaliste, il impose la
constitution de tels départements cliniques dans tous les hôpitaux
et ceci, sans égard à la pertinence ou à la
faisabilité.
Tous connaissent l'allure que confère la formule: une pointure
habille tout le monde. Les hôpitaux la refusent. Nous avons longuement
motivé notre requête de retrait de ces articles dans notre
mémoire. Cette seule formule proposée par le gouvernement ne
peut, non plus, être remplacée par une autre panacée. Les
solutions seront individuelles, propres à chaque hôpital. Qui,
d'ailleurs, mieux que le conseil d'administration de chacune de ces
institutions est mieux placé pour décider de ce qui peut et doit
être fait, compte tenu du contexte humain et social? Le chemin parcouru
est déjà intéressant et les hôpitaux reconnaissent
les besoins à combler en termes de médecins-cadres formés
à l'administration et intégrés à l'équipe de
gestion.
Il faut que le gouvernement réalise, toutefois, que sa
proposition contribuera bien plus à amplifier qu'à
résoudre les problèmes auxquels elle s'adresse. Il devrait se
rappeler la première règle de l'art en médecine: d'abord,
ne pas nuire.
Concernant les privilèges, les statuts et le membership du
Conseil des médecins et dentistes, ce mémoire s'est voulu
constructif et nous croyons, en plusieurs domaines, avoir émis certaines
propositions dignes d'intérêt. Soulignons nos recommandations en
matière de composition du Conseil des médecins et dentistes et en
matière de modalités d'exercice des fonctions des chefs de
départements cliniques. Nos propositions à cet effet veulent
encore accentuer les orientations prises par le projet de loi 27: rôle
prépondérant en matière d'octroi de privilèges, de
statut, de plans d'effectifs médicaux, de fixation des exigences propres
de l'établissement à l'égard de ses effectifs
médicaux et dentaires, etc.
Nous avons voulu aussi nous inscrire dans la foulée des
visées de la loi 27 en matière de définition du statut des
médecins et dentistes en le rattachant à l'établissement
plutôt qu'au Conseil des médecins et dentistes et en
établissant un lien tant avec l'activité clinique qu'avec le plan
d'effectifs médicaux et dentaires. Nous avons aussi apporté
certaines suggestions favorisant une mise à jour de la notion de
privilège, celle-ci étant élargie aux fonctions
spécifiques exercées par les médecins dans
l'établissement.
Relativement à la pharmacie, ce projet de règlement fut,
pour le milieu hospitalier, une surprise de taille en ce qui touche la
pharmacie. L'approche gouvernementale, qui calque l'organisation du service et
l'organisation professionnelle des pharmaciens sur celle des
départements cliniques et des médecins, a déjà
été rejetée par notre organisme au moment de l'adoption de
la loi 27. Le point de vue que nous avions exprimé nous semblait alors
compris, car aucune disposition législative nécessaire à
la poursuite des objectifs, aujourd'hui repris, ne fut introduite.
Au-delà de ces considérations, les mesures envisagées nous
semblent nettement inopportunes et ceci, à maints égards. Quoique
nous comprenions le désir de nos pharmaciens et la valeur de leur apport
professionnel, nous sommes forcés de résister à cette
démarche qui en ferait des professionnels à part.
Nos pharmaciens exercent des fonctions indispensables, mais pas plus que
les biochimistes ou les psychologues. Chaque professionnel de la santé
est un chaînon essentiel dans le processus de distribution des
soins. En vertu de cette réalité, il serait opportun que
le gouvernement, s'il entend promouvoir le rôle de quelques
professionnels de la santé, le fasse par des moyens plus contemporains
et équitables.
L'organisation régionale des admissions. Notre mémoire, au
chapitre de l'organisation régionale des admissions dans le secteur des
soins prolongés et de l'hébergement, invite à l'adoption
de mesures plus réalistes et simples, comme à un changement de
cap en faveur de la prise en charge de cette question par les
établissements plutôt que par les conseils régionaux. Il
est, d'ailleurs, assez explicite quant aux modalités d'organisation au
coeur desquelles se retrouve, notamment, un comité de
référence géré par les établissements. Ce
comité est supporté par le conseil régional au chapitre de
l'organisation, conseil à qui est dévolu un important rôle
de promotion, conforme au mandat général que lui confie la
loi.
Nos recommandations visent aussi à simplifier une plomberie
complexe, lourde et déshumanisante en limitant à des cas plus
particuliers ce long cheminement qui a pour point de départ le CLSC et,
comme point de chute, le conseil régional et son comité. Encore
là, nous rencontrons une application excessive du système: une
pointure habille tout le monde.
La classification des établissements. Nous avons longuement
explicité dans notre mémoire notre point de vue sur l'importante
question de la classification des établissements. Nous n'insisterons
jamais assez sur les effets néfastes pour notre régime de
santé et de services sociaux qu'entraîneront les orientations
envisagées par le gouvernement. Toute structure d'organisation, comme ce
régime, exige que ses diverses composantes soient bien définies
et comportent des exigences de clarté de rôles et de
cohérence des fonctions. Le projet soumis, loin de repréciser en
cette occasion les règles du jeu, contribue à la confusion qui
s'installe graduellement. Un coup de barre s'impose.
La classification des établissements doit, d'abord,
reconnaître que les centres hospitaliers existent pour satisfaire
prioritairement les besoins de santé des Québécois et que
les centres d'accueil doivent prioritairement s'adresser, quant à eux,
aux besoins de nature sociale, notamment par la mise en place de services
d'hébergement et de réinsertion sociale. Cette orientation doit
être prise fermement et transmise clairement.
Nous voudrions, à titre de conclusion, résumer les grandes
lignes de notre message: poursuivre le processus d'intégration des
médecins à la vie hospitalière par des mesures positives
comme le comité consultatif à la direction
générale; ne pas nuire à ce processus et ne pas instaurer
de tensions inutiles dans les établissements en imposant des formules
sans nuances et impraticables au chapitre de l'organisation administrative. Le
gouvernement devra donc retirer les articles 69 et 70, en laissant la voie
libre à d'autres modalités. Il devra s'appuyer surtout sur la
capacité des conseils d'administration de décider ce qui peut et
ce qui doit être fait pour atteindre cet objectif qu'ils partagent
d'ailleurs et à l'égard duquel plusieurs d'entre eux se sont
déjà engagés. (14 h 30)
Le gouvernement doit aussi supporter l'objectif d'intégration des
médecins par d'autres moyens, comme la précision des tâches
dévolues aux chefs des départements cliniques, la révision
de certaines notions, comme les privilèges et statuts, ainsi que la
définition du membership du Conseil des médecins et dentistes;
revenir à des visées plus réalistes et raisonnables tant
à l'égard de l'organisation clinique et professionnelle de la
pharmacie que dans le domaine des admissions en centre d'accueil et
d'hébergement et en centre hospitalier de soins prolongés;
clarifier les missions des diverses catégories et classes
d'établissements en adoptant une position précise quant aux
objectifs devant être poursuivis par le secteur social et le secteur de
la santé.
Ces principaux éléments corrigés, nous pourrons
alors convenir que la législation la plus significative dans le domaine
des affaires sociales, introduite par l'actuel ministre des Affaires sociales
il y a près de deux ans, aura été bien
complétée par sa réglementation. Merci.
Le Président (M. Desbiens): Merci, M. Brousseau. M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, M. Brousseau, du travail qui, comme
d'habitude, est fait de façon exhaustive par votre association
relativement à des projets de loi ou à des projets de
règlements et, deuxièmement, d'avoir eu la gentillesse de nous
faire un résumé de votre mémoire.
Je me permettrai quelques commentaires et surtout quelques questions.
Dans un premier commentaire au sujet des pharmaciens, tout en comprenant votre
point de vue, je vous rappellerai que vous semblez identifier le pharmacien
à tous les autres -dites-vous - professionnels non médicaux de la
santé qu'on retrouve dans les hôpitaux. Je me permets de vous
souligner - peut-être voulez-vous qu'on entende un de vos
collègues qui vous accompagnent commenter cela - que le pharmacien est
le seul professionnel de la santé qui, en vertu de la loi
régissant cette corporation, a le droit de refuser une ordonnance
médicale ou de procéder à une substitution. Si je ne me
trompe pas, aucun autre professionnel de la
santé oeuvrant dans l'établissement, à part les
médecins, n'a ce type de privilège qui lui est consacré
par une loi. C'est de cette notion de base que nous nous sommes inspirés
pour introduire cette orientation. À partir même de la loi 27, il
ne s'agit pas d'isoler le professionnel qui est le pharmacien. Notre objectif,
au contraire, c'est de mieux l'intégrer à l'activité
clinique puisqu'en vertu des lois et en vertu de la pratique il y est
intimement relié. Je ne dis pas que les infirmières ne le sont
pas; je ne dis pas que les physiothérapeutes ne le sont pas. Je dis
simplement que la responsabilité de l'acte de donner une ordonnance
juridiquement, est ultimement partageable entre le médecin et le
pharmacien. On sait que cela n'arrive pas souvent. Il reste que la loi a
toujours reconnu ce pouvoir au pharmacien de refuser une ordonnance ou de
procéder à une substitution. Cela m'apparaît une
réalité juridique et surtout historique, de même qu'une
façon de qualifier l'activité clinique de ce professionnel en
particulier. Cela m'apparaît un élément important à
intégrer à ces commentaires.
Quant à la classification des établissements, j'aurais un
commentaire également. Je ne veux pas utiliser des mots ou une phrase
excessive, mais il me semble que votre mémoire est un peu
réductionniste sur la notion de ce qu'est un établissement de
santé, par exemple, un CHSP par opposition à un centre d'accueil
d'hébergement. La réalité des centres d'accueil
d'hébergement, à cause, justement, du vieillissement de la
population et de ce qu'on appelle l'alourdissement des clientèles, c'est
qu'ils ne sont plus seulement des endroits où se fait de
l'hébergement. De plus en plus de centres d'hébergement - ils
s'en plaignent dans bien des cas, d'ailleurs, et c'est pour cela qu'ils nous
demandent plus de ressources - sont aux prises avec un groupe de patients qui
exigent une attention et des services d'une nature qui relève, par
exemple, des soins infirmiers à un niveau beaucoup plus
élevé que c'était le cas il y a dix ans. C'est ce qu'on
appelle l'alourdissement "qualitatif et quantitatif", entre guillemets, des
clientèles en centres d'accueil d'hébergement. Je comprends que
c'est du jargon, mais je pense qu'on peut se comprendre au niveau du jargon.
D'ailleurs, c'est vous, en général, qui l'avez inventé; ce
ne sont pas les politiciens.
Cela m'apparaît une réalité importante. Est-ce que
je me trompe en disant que vous semblez en faire un peu abstraction dans votre
façon de vouloir définir vraiment des champs très
différents alors qu'il y a une certaine compénétration des
réalités au niveau des bénéficiaires, donc, des
exigences de services à l'égard de ces citoyens et de ces
citoyennes?
J'aimerais, par ailleurs, spécifiquement vous entendre sur la
question des services cliniques. Je crois comprendre de votre mémoire et
du résumé que vous en faites que ce que vous demandez, c'est le
retrait de deux articles. Vous dites: II y aurait peut-être autre chose.
J'aimerais peut-être vous entendre parler sur autre chose, sur d'autres
possibilités. Comment ferait-on faire un pas à cette
présence médicale au niveau des services cliniques dans
l'organisation administrative? Évidemment, après vous avoir
entendu, je suis sûr qu'on entendra les commentaires de toutes sortes
d'autres groupes là-dessus. J'aimerais voir si vous avez des solutions
de rechange à nous proposer. Par exemple, est-ce que - je ne sais pas -
cela devrait être les blocs de chirurgie plutôt que la radiologie
ou le laboratoire? Est-ce que cela devrait être les unités de
soins où cette structure s'applique? J'aimerais peut-être vous
entendre un peu là-dessus. Ensuite, j'aurai une question sur le
système régional, pour vous, M. Brousseau, ou vos acolytes,
évidemment.
Mme Lavoie-Roux: Acolytes! M. Johnson (Anjou):
Collègues.
M. Nadeau (Jacques): M. le ministre, il y a plusieurs questions
dans tout cela. Je vais essayer de les prendre une par une. D'abord, la
question de la pharmacie. Je pense que c'est vrai que le pharmacien peut
refuser une ordonnance et faire une substitution. Cependant, il ne change pas
la médication. Il va changer le médicament, mais il ne changera
pas la prescription médicale du médecin. Je pense que ce n'est
pas une raison suffisante pour changer le statut de pharmacien dans
l'établissement comme on est en train de le faire. Ce n'est pas possible
parce qu'il n'y a pas de fondement, d'une part, légal aux modifications
que vous voulez apporter. Que le pharmacien puisse être dans
l'établissement en contact avec les médecins, qu'il soit membre
du Conseil des médecins et dentistes, je pense qu'on a
déjà fait un pas important à ce niveau. Qu'on lui donne la
responsabilité de chef de service, qu'on le fasse nommer sur
recommandation du Conseil des médecins et dentistes, qu'on le fasse
évaluer par le Conseil des médecins et dentistes, il me semble
que ce n'est pas dans le cadre de ce qu'on voulait quand on a parlé de
la loi 27, quand on a parlé d'inclure le pharmacien au niveau du Conseil
des médecins et dentistes. Tout cela me semble
dépassé.
Le chef de service de pharmacie, c'est un cadre de
l'établissement, à l'heure actuelle. Un chef de service
médical, c'est un entrepreneur libre. Ces gens sont régis par des
conditions de travail qui sont différentes. La nomination des cadres
est
soumise au conseil d'administration qui fait cela par le biais du
directeur général. Là, cela passerait par le Conseil des
médecins et dentistes. On disait: La loi ne prévoit pas par
règlement de statut et de privilèges que le conseil
d'administration pourrait accorder au pharmacien. On est un peu surpris de voir
que, partis de l'objectif de voir participer les pharmaciens à la vie du
Conseil des médecins et dentistes, on se ramasse avec un chef de
service, on se ramasse avec un modèle qui est comme celui du Conseil des
médecins et dentistes. Il me semble que cela n'a pas de sens.
En ce qui concerne les missions des établissements, je pense que
c'est un dossier important. Le rapport Castonguay disait: Il faut clarifier la
mission santé, il faut clarifier la mission sociale. Il faut que cela
soit clair. Il est arrivé au cours des années un certain nombre
de réalités, dont le vieillissement de la population auquel vous
faites référence, qui ont amené des modifications et
certaines incohérences. Par exemple, dans les CHSP - c'est le
problème que vous soulevez - et les centres d'accueil, on trouve des
clientèles qui sont peu différenciées. Il y a, dans les
CHSP, des gens qui devraient être dans des établissements
d'hébergement. Il y a dans les centres d'hébergement des cas
lourds, de l'alourdissement, des cas qui devraient être en CHSP. On est
conscient de cela. On vous a, d'ailleurs, déjà proposé un
certain nombre de mesures pour corriger des choses comme cela: une meilleure
évaluation et une orientation subséquente des patients, une
révision de certaines vocations en fonction des besoins réels -
d'ailleurs, on sait que vous en faites à certains endroits, non sans
difficulté, mais on en fait - une revue continue des ressources, ce qui
peut vouloir dire des transferts de ressources entre établissements ou
en ajouter.
Cependant, votre projet de règlement, au lieu de clarifier ces
missions, je pense qu'il jette plus de confusion. Par exemple, on parle au
niveau des centres d'accueil d'un même programme en matière
d'activités thérapeutiques de jour. Quand on parle des centres
d'accueil, on essaie d'y ajouter une mission hospitalière; on veut les
doter d'un service médical, d'un service de pharmacie. Je pense qu'il
faut voir tout cela dans un certain contexte au cours des dernières
années. Il faut se rappeler que les centres de santé sont
passés du côté social et que la majeure partie du budget de
ces centres de santé provient à 80% des centres hospitaliers.
Il ne faut pas ignorer la tentative de discussion qu'il y a eu à
l'intérieur de votre ministère - vous savez, c'est grand, le
ministère des Affaires sociales - de faire un type
d'établissement avec les centres hospitaliers de soins prolongés
et les centres d'accueil d'hébergement.
Quand on regarde tout cela et quand on regarde l'emphase que vous mettez
à décrire dans les classifications les centres d'accueil, on a
l'impression que vous voulez leur donner, parce qu'il y a de l'alourdissement
de clientièle, presque des mandats de centres hospitaliers de soins
prolongés. Nous disons que ce n'est pas ce qu'il faut faire. Il y a de
la place pour de l'hébergement et aussi pour les soins prolongés,
pour les gens qui doivent être en institution de soins prolongés.
Définissons cela clairement. S'il y a des patients qui ne sont pas
à la bonne place, qu'on les mette à la bonne place; s'il y a des
ressources qui ne sont pas à la bonne place, qu'on les mette à la
bonne place. On est prêt à faire cela.
Ce n'est pas pour dire que cela doit être tous des centres
hospitaliers. S'il y a des centres hospitaliers de soins prolongés qui
font de l'hébergement, ce seront des centres d'accueil. S'il y a des
centres d'accueil qui sont d'alourdissement, ils devraient être des soins
prolongés. Or, c'est ce qu'on dit: Il y a de la confusion
là-dedans. Le projet de règlement, quand il définit les
centres d'accueil, les centres hospitaliers de soins prolongés - je
reparlerai plus des convalescents parce que c'est un problème qu'on
considère réglé - vient mettre de la confusion et il y
aurait avantage à préciser ces rôles de sorte que les
patients soient à la bonne place. C'est dans l'intérêt des
patients. Quand ils ont besoin de plus de ressources médicales, ils sont
en CHSP; quand ils ont besoin de plus de ressources sociales, ils sont en
centres d'accueil. C'est comme cela qu'on le voit.
Si on voulait seulement défendre la cause des hôpitaux, ce
qu'on appelle du corporatif, on ne vous dirait pas aujourd'hui: S'il y a des
gens mal placés, placez-les, s'il y a des établissements de soins
prolongés mal classés, classez-les différemment et, s'il y
a des centres d'accueil mal classés, classez-les
différemment.
Je pense que c'est ce qu'on veut dire quand on parle de classification,
quand on parle de clarification des rôles. Cela me paraît
très important et on vous a proposé à cet effet des
définitions qui, je pense, sont simples. On ne voit pas comment cela
n'atteindrait pas les objectifs que vous poursuivez et que vous venez de
m'énoncer.
Les départements cliniques. Nous étions pas mal convaincus
que vous alliez nous en parler. Avec la loi 27, l'objectif était
l'intégration des médecins. Vous vous rappelez sans doute
qu'à la commission parlementaire sur la loi 27 notre association y
était très favorable. C'est évident qu'on l'est encore
sauf qu'on pense que cela ne peut s'appliquer sans nuances. C'est une solution
simple à un problème complexe. Le seul modèle, c'est comme
si on voulait en
faire une religion. C'est pour cela qu'on vous dit que cela semble
excessif et ce n'est pas sûr que tous les professionnels seraient heureux
de cela. Je ne parle pas seulement des autres professionnels; je parle aussi de
certains professionnels médecins qui seraient obligés de le
faire.
On veut que l'intégration se fasse. Comment? Vous nous posez un
certain nombre de questions. Vous nous dites: Avez-vous des alternatives
à cela? Serait-ce mieux qu'on s'en aille en chirurgie, dans les
unités de soins? Je pense que vous connaîtriez la réponse
plus que moi. (14 h 45)
On sait qu'il y a des approches différentes dans notre milieu.
Et, si on regarde dans le milieu anglophone, on voit que c'est quelque chose
d'assez répandu. Dans les gros centres hospitaliers, on ne voit pas de
problème majeur à intégrer davantage les centres
hospitaliers. Dans les milieux universitaires, il y a des pas
intéressants qui se font. On sait qu'actuellement - vous le savez sans
doute - il y a des établissements qui sont en train d'en faire, de ces
pas. Cependant, il y a des choses qu'on ne sait pas et il serait
intéressant qu'on les regarde ensemble parce qu'il y a sûrement
des conditions préalables à tout cela. Par exemple, est-ce qu'on
va admettre et est-ce que tout le monde sera d'accord pour dire que le chef de
département, qui gère les ressources non seulement
médicales, mais l'ensemble des ressources d'un établissement, est
un cadre de l'établissement, qu'il est alors dans la ligne
hiérarchique de l'établissement et est payé comme cadre
avec des conditions de travail comme cadre? Ce sont des éléments
qu'on n'a pas regardés ensemble et qui réapparaissent
extrêmement importants. La rémunération de ces gens. On l'a
fait, par exemple, avec les départements de santé communautaire.
Il y a des succès importants à ce niveau, mais je pense qu'il y a
toute une problématique qu'il faut regarder à l'intérieur
de cela. Demander à des chefs de départements cliniques de
diriger des employés, de diriger des ressources, si ce n'est pas un
cadre de l'établissement, cela ne nous apparaît pas avoir de
l'allure. Il faut aussi regarder ces questions.
Au lieu d'arriver avec 56 solutions et de vous dire: On pourrait
peut-être faire la chirurgie demain matin, on pourrait peut-être
faire une couple d'unités de soins, nous disons: Écoutez, on
vient de faire un pas extrêmement intéressant au niveau du
comité consultatif à la direction générale. Les
médecins et les chefs de départements ont là une position
privilégiée pour se faire entendre.
Au niveau des privilèges et des statuts, vous avez vu dans notre
document qu'on demande aux chefs de départements de jouer un rôle
particulier à ce niveau. Nous disons que tout cela créera un
certain nombre de conditions favorables qui vont faire que, dans le milieu,
tenant compte de leur spécificité propre, tenant compte des
ressources qu'ils ont, ils pourront faire des pas à ce niveau. On ne
pense pas pouvoir dire demain matin: Commencez donc par la pédiatrie ou
commencez donc par cela, cela ira mieux. Je pense qu'on fait des pas
intéressants qui suivent la loi 27. On les implique au comité
consultatif: c'est un endroit privilégié par rapport à
tous les autres professionnels; je veux dire qu'il y a là un travail qui
se fera avec l'équipe de gestion, cela suivra son cours normal et vous
aurez de plus en plus de chefs de départements qui auront des
responsabilités administratives; encore faudra-t-il qu'on règle
un certain nombre de choses.
Il y a aussi le problème de la formation. Si on a formé
pour diriger certains services, par exemple, des techniciens qu'on a
envoyés pour être formés en administration ou des choses
comme cela, on peut le faire avec autant de succès -c'est bien
évident - avec les médecins. C'est clair qu'ils peuvent
être de bons gestionnaires s'ils sont formés. C'est pour cela
qu'on est d'accord avec l'objectif, sauf qu'il faut regarder tout cela et faire
en sorte que ces conditions favorables existent. C'est un peu cela, notre
position. J'aimerais cela pouvoir vous dire: M. Johnson, on fera telle autre
chose et je pense qu'on fera un pas dans ce sens. Mais le meilleur pas à
faire pour que cela réussisse, à notre connaissance, c'est celui
qu'on vous dit. Et là on respecte les personnalités des
établissements, on respecte les mentalités. Ce sont les
conditions favorables pour qu'on puisse réussir à faire ces
choses.
Dans les régions périphériques, par exemple,
où on a à peine le nombre de médecins suffisant pour
soigner les patients, ce n'est pas sûr qu'ils voudront faire de la
gestion. Même eux sentent qu'ils n'ont pas assez de confrères
à côté d'eux pour les supporter; ce n'est pas sûr
qu'ils voudront faire de la gestion. Alors, c'est tout cela. C'est
évident que vous aimeriez mieux entendre: Faisons-le à telle
place et à telle autre, parce qu'on ferait un pas plus concret. Je sens
que c'est cela que vous voulez faire; vous voulez faire un pas un peu plus
concret. Je vous dis qu'à la façon dont on vous le propose on en
fera des pas concrets dans les prochaines années dans le réseau
et ce sont des pas qui apporteront quelque chose. Si on l'impose à
l'heure actuelle, on fera un pas, mais qui risque de créer des tensions,
de ne rien apporter et même d'aller à l'encontre de l'objectif
d'intégrer davantage les médecins dans l'administration des
choses hospitalières.
C'est comme cela qu'on le voit. J'aimerais avoir d'autres solutions que
celle-là à vous proposer, mais on pense que c'est
la meilleure.
M. Johnson (Anjou): Puisque vous êtes sur la question des
départements, M. Nadeau, est-ce que vous auriez des commentaires
spécifiques sur la question du département de médecine
générale? C'est, évidemment, du ressort des opinions des
fédérations syndicales et de la corporation.
M. Nadeau: Quant à nous, on n'a pas fait de réserve
par rapport à la proposition que vous avez faite.
M. Choinière (Normand): On a des modifications de
concordance avec nos observations sur les articles 69 et 70.
M. Johnson (Anjou): Oui, je m'en doutais.
M. Nadeau: Sur le fond comme tel, quant à la
création, on n'a pas d'objection. Vous m'aviez dit, M. Johnson, que vous
étiez pour me poser une question sur le système régional
d'admission.
M. Johnson (Anjou): Oui. D'abord, si on se comprend bien,
à moins que vos juristes ne soient pas d'accord avec les nôtres,
ce qu'on propose dans le règlement, c'est que, dans chaque
région, il y ait obligation de mettre sur pied un tel système.
Vous décrivez un processus qui peut sembler être long du CLSC aux
centres hospitaliers de courte durée, aux CHSP ou aux centres d'accueil
avec la présence du CRSSS et du CSS le cas échéant, parce
qu'il y a une évaluation médico-sociale en cours de route. Je
présume que vous tentez de référer à ce qui a
déjà existé à Montréal qui est un endroit
où c'est vécu, peut-être un peu moins à ce qui
existe maintenant et à ce qui existe, notamment, aussi dans la
région de Québec. On pourrait peut-être vous entendre
expliquer un peu la question du système. Je comprends que la base de
votre position au niveau du mémoire, c'est de dire: À partir du
moment où un patient est dans notre hôpital, laissez-nous donc
décider, s'il devrait aller en CHSP ou en CAH.
M. Nadeau: On ne conteste pas que le conseil régional ait
un rôle à jouer là-dedans. Je pense qu'il a un rôle
de promotion et un rôle d'organisation, sauf qu'il n'a pas un rôle
de gestion. Je pense que c'est bien important. Ce sont les
établissements qui doivent se prendre en main et assumer cela. Dans le
cadre du CRSSS, on n'a absolument pas d'objection. On ne veut pas
éliminer le CRSSS là-dedans. On trouve qu'il a un rôle
tellement important au niveau de la planification, de la concertation entre les
établissements qu'on veut qu'il se consacre le plus possible à
cela. On ne voudrait pas qu'il puisse gaspiller des énergies à
faire de la gestion quand on a des administrateurs compétents de tous
les types d'établissements qui sont en mesure de faire cela. Notre
proposition est dans ce sens-là.
Quant aux objectifs du système et tout cela, on se rejoint assez
bien. Donc, on est prêt à travailler en collaboration avec le
CRSSS. Ce sont des gens qui viennent des établissements, il y a un
comité de référence qui peut être divisé par
sous-régions, comme vous le mentionniez tout à l'heure. Où
il y a un problème et où on ne se rejoint pas, c'est au plan de
l'admission. Lorsque vient une admission d'une personne qui est à
l'extérieur du réseau de l'établissement,
c'est-à-dire qui n'est pas dans l'établissement, on est d'accord
avec votre orientation pour que cette personne passe à la
première ligne. Vous retrouvez cela dans notre mémoire, dans le
texte, à la page 59, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
M. Nadeau: Alors, à 34, c'est le texte exact et ce qu'il y
a de plus clair. Quand une personne n'est pas dans le réseau
d'établissement à l'heure actuelle, on pense qu'elle passe par la
première ligne qui s'appelle les CLSC, et on est d'accord avec cela.
Quand la personne est déjà en établissement et dans un lit
quelque part, ou une clinique externe, elle a déjà fait l'objet
d'une évaluation, elle est déjà sous traitement
médical ou sous traitement de professionnels. Ces gens-là savent
ce dont a besoin cette personne. On trouve inutile que le dossier repasse par
les CLSC. Cette recommandation peut aller directement au comité de
référence. Si, dans l'évaluation, on s'est trompé,
le comité de référence pourra toujours envoyer le dossier
à un CLSC. Cela pourrait se produire assez rarement, étant
donné que ces patients, on les a déjà sous notre
responsabilité. C'est un "red tape", à notre sens, qu'on veut
éviter et qui n'a pas sa place. Je veux vous faire remarquer que c'est
une modalité qui n'entrave en rien l'objectif que vous poursuivez.
Donc, c'est un système simple qu'on veut, géré par
les établissements, pris en charge par les établissements, peu
coûteux, fait par des gens des établissements. On a des
médecins qui viennent des établissements, des infirmières
qui viennent des établissements et qui sont proches des besoins de la
population. Vous savez, il y a peut-être 50% ou 60% des gens qui sont
déjà en établissements qui font l'objet de demandes de
placement. C'est cela que nous voulons. Je ne vois pas que cela ne nous
permette pas d'atteindre notre objectif de placer les gens en priorité
au niveau des régions. On diffère légèrement sur
les modalités, mais, quant à l'objectif, la façon qu'on
vous propose permet de le réaliser.
Vous me direz sans cloute que ce que je vous propose n'empêche pas
que cela fonctionne comme ceci. Je serai d'accord avec vous, sauf que je vous
dirai: On veut absolument que cela marche comme on vous le propose.
M. Johnson (Anjou): Je vous reconnais!
M. Nadeau: M. le ministre, je veux ajouter une chose. C'est que
tantôt on parlait de la clarification des missions
d'établissement. Je crois qu'avec ce système on va aller placer
les gens à la bonne place et c'est cela qu'on voulait tantôt en
clarifiant les critères de mission des différents types
d'établissement. On fait avec cela un pas vers le placement aux bons
endroits dans les établissements tant sociaux que de santé; c'est
évident et il faut le reconnaître.
M. Johnson (Anjou): J'ai deux remarques, mais peut-être
sous forme de questions pour mieux comprendre. Le système qu'on propose,
malgré les inconvénients que vous pouviez y voir, a au moins le
double avantage de permettre une bonne analyse régionale et
sous-régionale des ressources disponibles en termes institutionnels. Un
exemple classique de cela: vous savez comme moi qu'il y a, sur le territoire du
Québec, dans certaines régions, des concentrations de centres
d'accueil - je prends la Beauce à titre d'exemple - où je crois
qu'il y en a deux par village. Le ministre de la Santé a peut-être
déjà été originaire de là, à une
certaine époque. Il y en a juste un dans le comté d'Anjou. Il y a
donc des concentrations. Le problème est finalement la disparité
dans la répartition de ces ressources. Les immeubles sont là ou
ils ne sont pas là. Il y a des pressions démographiques qui
s'exercent. Je regarde le nord de Montréal, par exemple, qui est
énorme, la rive sud de Montréal, certains endroits; on nous dit
qu'en Gaspésie on pourrait avoir des problèmes au bout d'un
certain nombre d'années à cause du vieillissement de la
population et du fait que les jeunes en sont partis ou en ont migré de
façon importante à une certaine époque. Il y a le
problème, dans chacune des régions, de l'accessibilité des
ressources en termes de CAH en regard notamment de la présence ou pas,
très près, d'un CH ou d'un CHSP, de courte durée ou de
soins prolongés. Un des objectifs qu'on a dans cela - je voudrais
seulement que vous me rassuriez sur cela -vous acceptez le principe que ce
n'est pas à l'établissement d'aller bouffer toutes les ressources
qui sont à huit coins de rue de là. Sur cela, on se comprend
bien.
M. Nadeau: Absolument, cela n'a pas de sens.
M. Johnson (Anjou): Parfait. C'est un principe de base et qui
est, en ce qui a trait aux objectifs, essentiel pour permettre un meilleur
équilibre et un meilleur accès aux ressources pour les
citoyens...
M. Nadeau: Absolument.
M. Johnson (Anjou): ...indépendamment des décisions
immobilières qui ont pu être prises dans le passé.
Deuxièmement, l'autre dimension: qui est-ce que vous proposeriez
dans la formule? Qui pensera à la dimension "services légers,
maintien à domicile"? On sait que le CLSC va se poser cette question par
définition.
M. Choinière: Fondamentalement, il y a deux endroits
où c'est possible. Un endroit où d'abord, naturellement, cela
devrait se faire, et peut-être que l'exercice va contribuer à
l'éducation dans ce domaine, quoiqu'elle soit déjà assez
élevée, c'est en ce qui concerne le demandeur de services.
Imaginons que c'est un centre hospitalier de soins aigus - cela arrive,
semble-t-il - un centre hospitalier de soins prolongés aussi. D'une
part, ils devraient eux-mêmes demander à un CLSC, par exemple, sur
leur territoire, que des services soient rendus à un
bénéficiaire qu'ils ont, les services qu'on appelle "les services
alternatifs". Ils devraient être capables de le faire eux-mêmes.
Donc, il y a une entrée possible vers le CLSC à partir des
établissements existants qui ont fait une évaluation
biopsychosociale, comme on le mentionne dans notre mémoire, du
bénéficiaire. (15 heures)
Le deuxième niveau. C'est là qu'est le contrôle de
sécurité, appelions cela comme ceci. C'est au niveau du
comité de référence. Si, par hasard, on s'est
trompé et qu'on a demandé soit de l'hébergement, soit de
l'hospitalisation pour un bénéficiaire dont on a fait
l'évaluation biopyschosociale, le comité de
référence, par ses comités techniques qu'on a
décrits et qui peuvent fonctionner sur une base sous-régionale,
donc près du monde et des établissements, peut arrêter
cette demande, la retourner à un CLSC ou à d'autres
établissements, d'autres ressources, et orienter cette demande vers les
ressources pertinentes, si les ressources qui sont nécessitées ne
sont pas des ressources d'hébergement ou d'hospitalisation. Donc, il y a
une valve de sécurité possible dans le modèle qu'on met
sur la table, mais cela nous évite de faire passer toutes les demandes
par le CLSC.
M. Nadeau: Si vous le permettez, M. Johnson, je voudrais ajouter
que votre proposition fait en sorte que notre système est
géré par les gens des établissements, ce sont eux qui
s'autodisciplinent, ce sont eux qui s'autocontrôlent. C'est plus motivant
que
de se faire imposer des choses et cela peut nous apporter un meilleur
résultat.
M. Johnson (Anjou): La réponse que vous me donnez, pour
pallier ce que vous voyez comme un inconvénient, à savoir que la
personne retourne dans le système à partir du CLSC, c'est que,
dans le fond, l'établissement, au niveau pratique, celui du travailleur
social, du médecin traitant...
M. Choinière: Il y a une chose importante: je ne sais pas
si cela a été bien perçu, mais le système
d'évaluation, le mécanisme d'évaluation, les
critères adoptés par le conseil régional devraient
être les mêmes. Quand on fait cette évaluation
biopsychosociale, selon notre modèle, dans un CHSP ou dans un CH de
soins aigus, on le fait à partir des mêmes critères. En
fait, on pense qu'il y a peut-être, là aussi, moyen de sauver un
certain nombre de ressources parce que effectivement, dans un CHSP ou dans un
CH de soins aigus, on a des médecins, des psychologues, des
infirmières, des travailleurs sociaux, la gamme de professionnels de la
santé aptes à faire ces évaluations standardisées.
Il n'est pas question d'introduire un bilan personnel dans un
établissement, il s'agit d'agir à partir des mêmes
critères, les mêmes critères qui existeraient, en fait,
s'il n'y avait qu'une seule porte, comme le projet semble l'indiquer. Cela est
indispensable; sans cela, on retombe dans l'espèce de capharnaüm
d'une période qu'on a connue et que le ministre a mentionné avec
justesse tout à l'heure.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Merci de vos commentaires.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
également remercier l'Association des hôpitaux de son
mémoire.
Vous indiquez dans votre mémoire, du côté des
pharmaciens, ce qui est prévu pour les pharmaciens. À votre avis,
si le ministre procédait tel que prévu dans le règlement,
est-ce qu'on se trouverait devant une situation ultra vires par rapport
à ce qui existe présentement dans la loi?
M. Nadeau: Nous ne sommes pas des vrais...
Mme Gosselin (Ghislaine): Si vous me permettez, effectivement,
dans la loi, il y a eu l'introduction, tel que le soulignait M. le ministre
tout à l'heure, des pharmaciens au Conseil des médecins et
dentistes, ce à quoi nous avons consenti. Or, l'introduction s'est faite
en spécifiant qu'il s'agissait des employés de
l'établissement; alors, toutes les modifications quant au "statut"
d'employé qu'on reconnaît à un pharmacien dans la loi se
trouvent ultra vires. Si on regarde les articles du règlement, ils
seraient ultra vires, en ce sens qu'ils demandent au pharmacien d'avoir un
statut et des privilèges comme ceux d'un médecin et d'un
dentiste. Donc, il deviendrait un professionnel autonome, ce qui va quand
même à l'encontre de l'article 129 de la loi qui dit que ce sont
les médecins et les dentistes de l'établissement qui ont des
statuts et des privilèges. Cela n'exclut pas le fait qu'il soit membre
du Conseil des médecins et dentistes.
Maintenant, quant à la possibilité, pour le Conseil des
médecins et dentistes, de dévaluer l'acte professionnel du
pharmacien, etc. - parce qu'il y a également des dispositions concernant
le pharmacien au niveau du comité d'examen des titres, du comité
d'évaluation médicale, du comité de discipline, etc. - on
se réfère carrément aux dispositions de la loi qui nous
dit que, principalement, le rôle du Conseil des médecins et
dentistes est d'évaluer l'acte médical et dentaire, et non pas
l'acte d'autres professionnels.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez obtenu une opinion de vos
conseillers juridiques là-dessus?
M. Johnson (Anjou): Sur cela, spécifiquement en ces
termes, on n'a pas d'opinion dans le sens que ce serait ultra vires, sauf que
madame vient de nous en émettre une. Je présume que...
Mme Gosselin: Humblement.
M. Johnson (Anjou): ...vous ne nous enverrez pas d'honoraires.
Mais j'ai cru voir les juristes prendre quelques notes.
Si Mme la députée de L'Acadie me le permet...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...juste pour revenir sur une chose qui
touche la définition, on me faisait une note là-dessus. Vous
sembliez reprocher tout à l'heure à notre définition de
"centre d'accueil" le fait qu'elle était longue, disant qu'un
hôpital, cela n'a pas l'air de grand-chose et qu'un centre d'accueil,
cela a l'air bien important. Si je vous disais que, dans le règlement,
la raison pour laquelle la définition de "centre d'accueil" est plus
longue provient du fait que, d'une part, on définit la notion de
pavillon, qui est une notion réelle - vous la connaissez et elle est
utile à bien des établissements - et que, deuxièmement, on
définit des centres de jour. Il y en a 70. Ce n'était pas parti
comme cela il y a quelques années; il y a 70
centres de jour maintenant dans les centres d'accueil.
Troisièmement, on introduit la définition des foyers de groupes,
qui est également une pratique à laquelle le Dr Mackay est
extrêmement sensible. Aussi, on fait la distinction des
clientèles. Exemple: les mésadaptés socio-affectifs qui
ont un traitement particulier en vertu de la loi 24. Si je vous décris
tout cela et que je vous explique que c'est pourquoi cela prend quatorze lignes
de plus, est-ce que vous pensez que j'ai répondu à votre
objection?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Johnson (Anjou): En partie.
M. Nadeau: En fait, on comprend ces
éléments-là et on comprend que c'est important que vous
souligniez ces choses. Que ce soit un peu long, d'accord, c'est un peu long. Ce
qu'on voudrait, c'est que vous fassiez la même chose au niveau de la
santé. Il y a aussi des centres de jour dans la section de la
santé. On peut aussi, dans la question de la réadaptation, par
exemple, regarder cela. Quand on lit cela, c'est comme si de la
réadaptation, il s'en faisait seulement dans les centres d'accueil.
Regardez cela dans ce sens et vous allez comprendre ce qu'on veut dire. Faites
à peu près la même opération pour les centres
hospitaliers et vous allez voir qu'on va bien se comprendre.
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'il n'y a pas des hôpitaux qui
ont des permis de centres d'accueil?
M. Nadeau: Oui, il y en a. Une voix: Oui, il y en a.
M. Johnson (Anjou): II me semble que j'en signe
régulièrement, des demandes de modification de charte; de plus en
plus, d'ailleurs, depuis trois ou quatre ans.
M. Nadeau: Ce ne sont pas tous les hôpitaux, cependant.
M. Johnson (Anjou): Pardon?
M. Nadeau: Ce ne sont pas tous les hôpitaux, cependant.
M. Johnson (Anjou): Non, non, ce ne sont pas tous les
hôpitaux.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela rejoint la deuxième
question que j'allais vous poser. À la page 9, quand vous dites qu'il
faudrait "promouvoir la fonction de réadaptation et contrer l'image de
"mouroirs" publics en ce qui touche les hôpitaux de soins
prolongés, dans le fond, je pense que le ministre... Moi aussi je peux
simplement "intuitionner" ce qu'il a l'intention de faire.
M. Nadeau: On fait de la réadaptation dans ces
centres-là.
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'impression que la dimension de la
réadaptation, particulièrement dans les centres hospitaliers de
soins prolongés, est une notion qui pourrait être un peu plus
explicitée dans la définition des hôpitaux.
M. Nadeau: Mme Lavoie-Roux, dans ces centres-là, il se
fait de la réadaptation. C'est important qu'il continue de s'en faire et
on voudrait que cela soit reconnu une fois pour toutes, que ce soit clair pour
tout le monde.
M. Johnson (Anjou): II faut dire que c'est déjà
défini dans la loi.
M. Nadeau: C'est cela. Mais, mettons-le dans le règlement
aussi; cela va être plus clair.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! Ah, c'est seulement cela? J'aimerais
entendre votre conseiller juridique là-dessus.
M. Nadeau: Vous savez, les centres d'accueil aussi étaient
définis dans la loi.
Mme Gosselin: Cela va me faire plaisir quand même de vous
faire part de mon opinion.
M. Johnson (Anjou): Oui. Mme Gosselin: Je suis...
M. Johnson (Anjou): Je suis sûr de cela, Mme Gosselin.
Juste une seconde, si vous permettez. Je veux simplement faire lecture
rapidement de l'article 1 du chapitre S-5, l'ancien chapitre 48, au paragraphe
h, où l'on dit: "centre hospitalier": une installation où l'on
reçoit des personnes pour fins de prévention, de diagnostic
médical, de traitement médical, de réadaptation, physique
ou mentale, à l'exclusion toutefois d'un cabinet privé de
professionnel..." Donc, la notion est très claire dans la loi. Il ne
faudrait pas voir, dans le fait qu'on ne le spécifie pas dans le
règlement, un sombre projet de vous empêcher d'en faire.
Mme Gosselin: Alors, si vous me le permettez, je vais tenter
quand même de faire part de mes commentaires. Je ne sais pas s'ils sont
tous d'ordre juridique, mais il y en a sûrement une partie qui le
sont.
Dans un premier temps, s'il y a l'article lh de la loi, il y a aussi
l'article lk qui définit les centres d'accueil. Ici, en
résumé, strictement en termes de longueur, c'est encore plus long
pour les centres d'accueil, dans la loi, que pour les centres hospitaliers.
Alors, ce n'est certainement pas à cause du contenu dans la loi qu'il
faut donner le juste équilibre au niveau du règlement. Ce qu'il
est peut-être bien important de souligner, d'une part, c'est l'importance
de la réadaptation et de qualifier la réadaptation qui se fait et
qui est quand même différente dans un centre hospitalier de soins
prolongés par rapport à un centre d'accueil. Eu égard
à sa mission, justement, de santé, le centre hospitalier de soins
prolongés a un rôle de réadaptation active, d'où
l'importance d'y inclure une équipe médicale, alors que le centre
d'accueil - je suis sûre que les centres d'accueil pourront l'expliciter
davantage -selon ma compréhension, a plus une réadaptation de
soutien. C'est effectivement le même terme, "réadaptation", mais
ayant une qualité différente. Le fait de noter, au niveau des
centres d'accueil, la réadaptation sans la qualifier et de ne pas en
parler au niveau des centres hospitaliers, cela nous crée quand
même un problème d'interprétation, de compréhension
à tout le moins.
D'autre part, il faut quand même ajuster à toute cette
classification les conséquences qui découlent de votre projet de
règlement, à savoir que le processus d'admission est le
même tant pour un centre hospitalier de soins prolongés que pour
un centre d'accueil. Ce qui fait que tout l'aspect médical du centre
hospitalier n'est pas mis en évidence comme on le fait de façon
bien claire et bien identifiée au niveau d'un centre hospitalier de
courte durée. En gros, il y a ces nuances à apporter en termes de
réadaptation active pour le centre hospitalier.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Si Mme la députée me le permet
encore une fois, je vais simplement vous faire lecture d'une définition.
Comme dans les "quiz", je vais vous demander à quoi cela s'applique.
Une personne âgée ou un autre adulte dont l'état
physique et/ou psychique et/ou psychosocial est très
détérioré, ce qui la rend dépendante quant à
la satisfaction de ses besoins essentiels, requiert donc hébergement,
protection, aide physique et sociale, surveillance médicale
régulière et nursing. C'est la définition de ce qu'on
appelle un "A-4". Cela ressemble beaucoup à ce qu'on retrouve en CHSP
aussi. Ce qu'on essaie - encore une fois, on est ici pour entendre les
intervenants - ce qu'on veut mettre en évidence par cette recherche
d'une définition plus étendue des centres d'accueil
d'hébergement, c'est le fait que, juste à cause de
l'évolution du temps, le rapprochement des "clientèles" en termes
de portrait type, donc les besoins qui découlent à l'égard
de ces clientèles sur le plan du soutien qu'on doit leur donner, est de
plus en plus semblable et il y a quelque chose d'un peu dichotomique. C'est
peut-être un biais -je ne dis pas que c'est catégorique - mais il
y a une espèce de biais un peu dichotomique, je pense, dans votre
façon de le présenter. Mais, finalement, quand on regarde les
patients et les citoyens et quand on regarde leurs besoins, on
s'aperçoit que, pour de grandes catégories ou de grandes masses
de citoyens qui sont "A-3" ou "A-4", il y a des besoins qui sont, je ne dirais
pas identiques, mais sûrement bien plus analogiques que ne le laisse
entendre l'espèce de clivage qu'on voudrait introduire quand vous
définissez ce qu'est la santé et ce qu'est un CAH.
Maintenant, la façon d'y arriver, c'est une autre chose. Nous en
proposons une. On va écouter ce que vous avez à dire et ce que
d'autres auront à dire là-dessus. Mais c'est très clair
que, dans la réalité, le problème est là.
M. Mackay (Jacques): M. le ministre, si on est d'accord qu'il y a
des zones grises et si on n'est pas contre la souplesse qui est souvent fort
nécessaire et qui même, parfois, est encore plus désirable
que celle qui nous est permise, il me paraît évident que, si on
s'oriente vers des catégories d'établissement, on devrait au
moins définir où est la majeure, l'aspect prioritaire. Il y a
déjà assez de zones grises; ne créons pas des
règlements qui les rendent encore plus grises, à tel point qu'on
ne saurait plus si ce sont bien deux sortes d'établissements
différents ou si c'est le hasard qui fait qu'il y en a un qui s'appelle
un centre hospitalier de soins prolongés et un autre qui s'appelle un
centre d'accueil avec des cas très lourds. Si les cas sont lourds au
point que cela prend tout un équipement médical, un conseil des
médecins et tout ce qu'il faut pour faire fonctionner un hôpital,
changeons-en la vocation et, cette fois-là, appelons-le un centre
hospitalier de soins prolongés et révisons les clientèles
qui se trouvent dans ces endroits.
Ce qui nous paraît dangereux, c'est de consacrer dans le
règlement le fait que les deux types d'établissement, au fond,
font la même chose. Je pense qu'il y a lieu de décrire au moins
une priorité qui soit spécifique à la vocation principale
de chacun des deux établissements. C'est cela, au fond, notre
démarche. Tout ce qu'on demande, c'est de souligner bien clairement
qu'il y a une majeure, une priorité différente d'un centre
d'accueil par rapport à un centre
hospitalier de soins prolongés; sans cela, ce n'est pas
sérieux. C'est un peu le hasard qui va décider que tel centre
d'accueil fonctionne comme un hôpital et que tel centre hospitalier
fonctionne comme un centre d'accueil. À ce moment-là, vous allez
être obligé de doubler vos ressources, un peu au hasard, parce que
vous n'aurez pas eu de critères dans vos règlements qui vous
obligent à cerner une définition un peu plus rigoureuse. On admet
qu'il y aura toujours des zones grises. Il y en a déjà bien
suffisamment sans en créer d'autres. (15 h 15)
Mme Gosselin: Si vous me permettez, je vais compléter.
Le Président (M. Desbiens): Me
Gosselin, oui.
Mme Gosselin: Je vous remercie. À la suite de ce que le Dr
Mackay a dit et peut-être pour justifier justement quel est
l'intérêt de faire cette classification au niveau des centres
hospitaliers, il va sans dire que la loi donne une mission. La classification
pourrait donner quand même une vocation particulière. Au niveau
des centres hospitaliers de soins prolongés, comme je le soulignais tout
à l'heure, en termes de réadaptation active, il y a lieu de tenir
compte que ce sont des personnes dont l'état de santé est en
évolution, contrairement aux personnes qui ont besoin de la
réadaptation aux centres d'accueil où, pour elles, c'est de
l'entretien. La nuance est importante. Elle implique des coûts
supplémentaires au niveau des centres hospitaliers de soins
prolongés.
M. Johnson (Anjou): II ne faut pas qu'on s'engage dans un
débat qui dure trop longtemps, surtout que je suis en train de prendre
le temps de la députée de L'Acadie. C'est assez fondamental ce
que vous évoquez, Mme Gosselin. C'est toute la notion de la
"chronicisation" et de la perception qu'on a de la "chronicisation". Je ne suis
pas sûr que ce soit aussi clair que cela. Je pense qu'il y a un
débat qui se fait dans les milieux médicaux en ce moment. Quand
je regarde le développement des unités de gériatrie, quand
je regarde le développement des unités d'évaluation et
quand je vois comment cela a fonctionné, il n'y a pas si longtemps, il y
a cinq ans, il y a sept ans maintenant, au moment où j'étais
interne dans les hôpitaux, cela n'est pas le Moyen Âge, je me
souviens, on passait sur les étages à l'hôpital Saint-Luc
et on ne passait pas au sixième est. C'étaient des "chroniques".
Dans l'entraînement médical, on n'était pas
sensibilisé à cela. Aujourd'hui, je vois exactement le contraire.
La perception qu'une personne âgée hospitalisée devient un
chronique, c'est fini; je pense que c'est une perception qui est en train
d'évoluer, Dieu merci, dans les milieux médicaux. Sur le plan de
ce qu'ont à faire les institutions et comment elles s'adaptent à
l'égard de la réalité démographique, c'est
extrêmement important.
Je vais vous donner un peu le genre de perspective que cela implique.
Cela implique probablement que les CHCD vont à l'avenir
développer leur présence à l'égard des personnes
âgées beaucoup plus à partir de services de
gériatrie dits actifs qu'à partir de services de la nature de
l'hébergement. Est-ce que ces mêmes choses doivent ou devraient
exister dans un CHSP? C'est une autre paire de manches. Je pense qu'il va
falloir voir aller les choses pendant un certain nombre d'années avant
que beaucoup de ces choses se clarifient, que la profession médicale
évolue, que les professionnels impliqués là-dedans
évoluent et que la perception des solutions administratives qui se
rapportent à cela aussi évoluent. Cela m'apparaît
important. Je veux simplement traduire, pour ma collègue la
députée de L'Acadie, que c'est à partir de ce type de
préoccupation qu'on introduit ce que le Dr Mackay appelait un peu plus
de gris dans les zones grises. Je veux bien comprendre ce que vous voulez dire,
mais je ne peux pas accepter qu'on revienne en arrière sur les
perceptions qui, à mon avis, sont en évolution dans le milieu
médical.
M. Mackay: M. le ministre, on ne vous propose pas de revenir en
arrière. On propose de s'assurer que, dans la direction en avant
où on s'en va, les définitions soient aussi claires que possible
pour qu'on n'encourage pas les gens à faire tous la même chose
alors qu'ils sont en principe étiquetés différemment et
qu'ils ont censément des vocations différentes. Si la zone grise
est inévitable, essayons que nos règlements nous donnent au moins
une espèce d'orientation pour qu'on sache encore dans trois ans faire la
différence entre ce que c'est, un hôpital à soins
prolongés et un centre d'accueil. C'est élémentaire de le
dire. Cela n'appellera pas nécessairement les mêmes ressources
médicales. Cela n'appellera pas nécessairement la même
sélection de la clientèle. Faisons tranquillement le portrait de
l'avenir pour savoir si on doit changer la vocation de certains
établissements, mais maintenons qu'il doit y avoir une définition
spécifique à chaque type d'établissement, même si,
après cela, on aura encore toujours des zones grises, on en
convient.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est à moi? Bon! Le conseiller juridique
aussi avait des avis sages à nous donner; je pense que c'est
quand même une discussion pour essayer de faire avancer les
choses. Je vous écoute parler sur les hôpitaux de soins
prolongés et les centres d'accueil. Évidemment, on est
passé des A-l, A-2 aux A-3, A-4 dans les centres d'hébergement.
Tout le monde s'entend. C'est devenu tellement lourd, c'est presque devenu
analogue à des hôpitaux de soins prolongés. Est-ce que vous
êtes en train de nous dire que dans le fond - là, il faudrait
examiner la clientèle qui se retrouve à l'intérieur de
chacun des centres d'accueil actuels - finalement, il y a peut-être une
bonne partie de nos centres d'accueil qui sont maintenant des hôpitaux de
soins prolongés et qu'on devrait les reconnaître comme tels?
Est-ce que c'est ce que vous nous dites? Sinon, la zone grise sera toujours
grise.
M. Nadeau: Je pense que ce que vous dites n'est pas faux, mais je
pense que c'est vrai d'un côté comme de l'autre.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Nadeau: C'est pour cela qu'on dit: Peut-être qu'il
faudrait replacer les choses et mettre les ressources où elles doivent
être.
Mme Lavoie-Roux: Alors, selon ce que j'ai pu observer, les
centres d'accueil se sont tranquillement non pas convertis, que ce sont encore
des centres d'accueil mais doivent prendre soin d'à peu près le
même type de clientèle que celle qu'on retrouve dans les
hôpitaux de soins prolongés. Par contre, il y a des centres
d'accueil qui n'ont pas des cas aussi lourds a cause strictement de leurs
facilités physiques ou, enfin, parce qu'ils ne peuvent faire un tel tri.
Ils restent encore avec peut-être davantage des A-2 que des A-4.
M. Nadeau: Les deux sont vrais.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, c'est une décision du
ministère qui dit: On a deux types. On a les centres d'accueil qui
s'occupent plus strictement des gens qui peuvent continuellement aller et
revenir jusqu'à un certain point dans la communauté et on a les
hôpitaux de soins prolongés pour les personnes qu'on peut rendre
plus ou moins autonomes à l'intérieur de l'institution; dans
certains cas, on peut peut-être même les retourner pour des
périodes temporaires dans la communauté. Mais c'est vraiment une
clientèle différente de celle des centres d'accueil. C'est que
les deux ont évolué en se rapprochant, finalement. Oui,
d'accord.
M. Nadeau: M. le ministre a dit qu'il acceptait de clarifier
certaines choses?
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que cela a aussi une
répercussion sur le type de personnel qu'on met à la disposition
des centres d'accueil qui, à l'heure actuelle...
M. Nadeau: Remarquez bien... Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Nadeau: ...qu'avec la politique d'admission qu'on propose, qui
rejoint les objectifs du ministre, on va corriger cette situation pour
l'avenir, c'est-à-dire qu'on risque de placer les gens dans les bons
endroits, c'est évident, dans la mesure où les bons endroits sont
bien définis. C'est aussi important dans le cadre de cette
politique.
La situation que vous évoquez est vraie dans les deux sens: il y
a des CHSP qui ont des cas d'hébergement et il y a des centres d'accueil
qui ont des cas lourds qui devraient être en CHSP. C'est vrai dans les
deux cas et, à ce moment, il y a des problèmes de ressources. Il
y a peut-être des CHSP qui ont trop de ressources parce qu'ils ont des
cas d'hébergement et il y a des centres d'accueil, sûrement, qui
n'ont pas assez de ressources pour faire face à cette clientèle.
Il y aurait sûrement aussi des ressources à changer en fonction de
cela.
Je dis qu'avec le système d'admission on va venir corriger
l'avenir; je pense qu'il serait intéressant de corriger le
présent et ce serait plus clair pour tout le monde. Je pense que c'est
dans l'intérêt des bénéficiaires de soins.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est un peu incident. Vous dites qu'il y a
peut-être des hôpitaux de soins prolongés qui ont des
bénéficiaires qui devraient se retrouver en centres d'accueil. Si
on refaisait la distribution des clientèles, est-ce qu'il y a
suffisamment de places dans les hôpitaux de soins prolongés pour
recevoir cette clientèle lourde qui serait normalement la
clientèle des hôpitaux de soins prolongés, en sortant ceux
qui sont autonomes? Enfin, autonomes, toutes choses étant relatives.
M. Nadeau: C'est une question intéressante parce qu'on
nous le dit et on le voit, l'orientation du ministère, c'est de
créer des centres d'accueil. Alors, on nous dit que la clientèle
qui s'en vient est une clientèle d'accueil. Sauf qu'on constate
aujourd'hui que de plus en plus cette clientèle est lourde. On investit
dans les centres d'accueil. On ne dit pas que ce n'est pas justifié
qu'on investisse là aussi. Peut-être qu'il faudrait faire des
choses également au niveau des soins prolongés. Mais pour vous
donner des chiffres définitifs, je n'en ai pas devant moi.
Mme Lavoie-Roux: Tout cela reste à la
réflexion. Je voudrais revenir aux départements cliniques.
Vous dites, à la page 19 de votre mémoire, "qu'environ 30% des
centres hospitaliers de courte durée ne pourront tout simplement pas se
doter de tels départements cliniques et ceci pour des
considérations d'ordre éminemment pratique." J'aimerais
peut-être demander au ministre: Est-ce que vous faites une
évaluation de cet ordre de grandeur ou si, pour vous, cela n'est pas un
fait?
M. Johnson (Anjou): Cela existait déjà dans la
radiologie en vertu de l'ancien règlement.
M. Nadeau: C'est sûr que, si on prend la radiologie de
laboratoire, il en existe à peu près partout, mais ce n'est pas
partout qu'ils ont un département organisé. C'est ce qu'on veut
dire.
M. Johnson (Anjou): Dans ce cas, ils relèvent du DSP, si
je ne me trompe pas.
M. Nadeau: Ils peuvent relever d'un autre département.
M. Johnson (Anjou): C'est le DSP qui assume la
responsabilité équivalente d'un chef de département si je
ne me trompe pas? C'est cela.
M. Nadeau: Ils peuvent relever d'un autre département.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. On dit dans le fond qu'il
faudrait que ce soit comme cela quand c'est comme cela.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'il y a quand même une
question de coût rattachée à cela; évidemment, je ne
peux pas l'évaluer. Mais vous dites que "le plan d'organisation d'un
centre hospitalier de soins de courte durée doit prévoir la
formation d'un département clinique de radiologie sous l'autorité
du directeur des services professionnels. Le chef de ce département..."
Cela implique qu'il y aurait un chef de département qui aurait
directement autorité sur les ressources humaines et sur les cliniques de
ce département. Est-ce qu'on a évalué au ministère
des Affaires sociales - la même question vaut pour l'article 70 - ce que
cela représentait comme coût? Est-ce que l'affirmation de
l'Association des hôpitaux du Québec est fondée, à
savoir que cela n'existe pas partout et que cela impliquera des coûts
supplémentaires? Cela peut peut-être entrer en ligne de compte
dans les décisions que vous avez à prendre.
M. Johnson (Anjou): II y a trois éléments
distincts. D'une part, la nécessité d'avoir un département
de radiologie. Cela existe dans le règlement actuel à l'article
182 qui dit: "Le plan d'organisation d'un centre hospitalier de soins
spécialisés doit prévoir l'institution d'un
département de médecine, d'un département de radiologie,
d'un département de chirurgie et d'un département
d'anesthésiologie." Voici ce que dit le projet de règlement,
à son article 69 -vous voyez comme on a réduit le nombre
d'articles - "Le plan d'organisation d'un centre hospitalier de soins de courte
durée doit prévoir la formation d'un département clinique
de radiologie."
La notion qu'on introduit, qui est différente, se trouve
cependant quant à qui assume la responsabilité de la direction
des ressources humaines, matérielles etc. Ce qu'on introduit comme une
nouvelle notion de base, c'est le fait que ce serait un médecin qui est
le chef du département clinique qui aura recours à ce que dit la
loi 27 et à ce que précise le règlement quant aux
ressources qu'il contrôle. Avant, il y avait de tels départements,
mais ils n'étaient pas nécessairement sous la direction du chef
de département. Éventuellement - et je n'ai pas de doute
là-dessus - au fur et à mesure que des médecins occuperont
des postes de chefs de départements, j'ai l'impression qu'ils vont
demander une forme de rémunération et de rétribution pour
cela. Je ne vous dirais pas que c'est bonnet blanc, blanc bonnet, mais il reste
que, dans la mesure où il y a des chefs responsables de l'allocation et
de la gestion des ressources humaines, ce sont des gens en vie et ils sont
payés. Je présume que les médecins vont demander de
l'être s'ils prennent la place de ces gens, le cas
échéant.
Je ne peux pas vous donner une évaluation des coûts. Il est
clair qu'à long terme cela implique au minimum une réallocation,
possiblement une augmentation. Je ne peux pas vous dire si, dans l'ensemble des
établissements, cela implique une augmentation, théoriquement, en
tout cas, pas nécessairement, dans la mesure où il y a quelqu'un
qui assume la responsabilité de la gestion des ressources humaines et
matérielles et que cette personne est payée. Si c'était un
médecin, je présume qu'il demandera d'être
rétribué, au moins partiellement, pour cela.
Le Président (M. Desbiens): Docteur Mackay.
M. Mackay: Dans ce qui vient de nous être lu, il est bien
question de centre hospitalier spécialisé. On voit mal dans le
règlement que des petits services de radiologie qui ont un radiologiste
à temps partiel se constituent, tout à coup, en
départements de radiologie, ce que le nouveau texte impose
à tous.
M. Johnson (Anjou): À Montréal, sur 53
établissements, il y en a un qu'on appelle le petit hôpital de
Rosemont qui n'est pas considéré comme un hôpital
spécialisé au sens du règlement.
M. Mackay: II n'y a pas seulement Montréal dans la
province. Il y a des hôpitaux...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ils parlent de 30%, d'ailleurs; ils
disent que, dans 70%, cela existe ou, enfin, c'est organisé d'une
façon structurée. Mais ils parlent des autres 30% qui
impliqueront des coûts supplémentaires et là, on a une
règle d'uniformité pour toute la province. Je ne sais pas si
c'est justifié ou non. Ils semblent penser que ce ne l'est pas
nécessairement.
M. Johnson (Anjou): Dans la mesure où, par exemple, dans
certains endroits, on sait que la radiologie est assumée par des
itinérants, je prends bonne note que cela pourrait causer un
problème. (17 h 30)
M. Mackay: Un autre type d'établissement qui a un
problème d'un tout autre ordre, ce sont les établissements
psychiatriques qui sont compris comme des hôpitaux de courte durée
dans la mesure où ils ont des lits de soins aigus. Chez nous, par
exemple, on a un service de radiologie que je ne verrais pas du tout
transformé demain matin en département de radiologie avec un
radiologiste qui vient une fois par semaine pour gérer les ressources.
Il faut penser à toutes ces nuances vu qu'on a finalement aboli la
plupart des catégories pour n'avoir plus que des soins aigus et des
soins prolongés. Il faut penser à cet aspect. Aussi, si on veut
faire l'expérience de rendre un chef de département responsable
de la gestion clinique de toutes ces ressources, ce n'est peut-être pas
par la radiologie nécessairement qu'il faudrait commencer si on veut
faire des expériences pilotes.
M. Johnson (Anjou): Ce serait par quoi, Dr Mackay? M. Nadeau ne
voulait pas nous le dire tout à l'heure. Ce serait par quoi, Dr
Mackay?
M. Nadeau: Je veux tellement que cela réussisse.
M. Johnson (Anjou): D'accord, notez dans le cas des
établissements psychiatriques.
M. Mackay: Pourquoi ne pas laisser une certaine autonomie aux
plans d'organisation des établissements, qui sont de toute façon
visés et approuvés par les conseils régionaux?
Là où cela s'imposerait les plans d'organisation
pourraient l'inclure sans que ce soit une obligation, dans les
règlements, pour tout le monde.
Mme Lavoie-Roux: Savez-vous, M. le ministre, tout ce que je vous
ai dit tantôt, ce n'était pas complètement faux.
M. Johnson (Anjou): C'est pour cela qu'on est ici, madame, parce
que nous, on ne prétend pas être parfaits.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que vous pensez que vous n'irez
jamais dans l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. Nadeau.
M. Nadeau: J'aimerais ajouter, si vous me le permettez, que, dans
le cadre de ces plans d'organisation d'effectifs médicaux, le ministre
peut intervenir aussi.
M. Johnson (Anjou): II n'aime pas cela et vous autres, non
plus.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas que ce soit long. Est-ce que
le même raisonnement vaudrait pour ce qui est prévu dans l'article
70? J'ai aussi une deuxième question sur l'article 70. Est-ce que vous
pouvez me dire si, dans les centres hospitaliers où il y a un
département clinique de laboratoire de biologie médicale, il, n'y
en a pas un certain nombre qui sont sous la direction de biochimistes? Que
va-t-il arriver de ce personnel? Je pense que c'est depuis assez longtemps.
J'aimerais que vous répondiez à ces deux choses-là.
M. Mackay: C'est oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est oui. Dans le premier cas, est-ce que le
raisonnement qu'on a appliqué du point de vue des coûts aux
départements cliniques de radiologie s'applique de la même
façon ou peut-être à un degré moindre à
l'établissement d'un département clinique de laboratoire sous la
direction d'un directeur médical?
M. Mackay: C'est le même problème, il me
semblerait.
Mme Lavoie-Roux: Même problème.
M. Mackay: Même coût excessif et inutile.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, dans
le cas des
départements cliniques où justement ce n'est pas un
médecin qui est actuellement en charge, mais un biochimiste, ce qu'il a
envisagé? Ces gens peuvent être là en fonction depuis un
certain nombre d'années ou même plusieurs années. Est-ce
que vous prévoyez des exceptions, pas d'après le
règlement?
M. Johnson (Anjou): Pas au niveau du règlement dans la
mesure où il serait maintenu dans sa forme actuelle; cela
présupposerait une période transitoire où les
règles habituelles, contractuelles, de lien entre les personnes et les
établissements s'appliqueraient. Il y a des mécanismes
réguliers d'encadrement par le Code civil, le droit des contrats, etc.,
ou les conventions collectives, quoiqu'il s'agisse ici des chefs, donc ce sont
des gens qui ne sont pas syndiqués. Il n'y a rien de spécifique
qui serait prévu dans la formulation actuelle.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous prévoiriez que cela
puisse relever de l'administration du centre hospitalier qui a cette personne
à son emploi de décider de la période de transition
jusqu'au moment du départ de cette personne? Enfin, surtout s'il y avait
une tradition d'un certain nombre d'années.
M. Johnson (Anjou): J'en prends note.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si vous pourriez simplifier -
c'est assez complexe, du moins cela l'est pour moi mais sûrement pas pour
le ministre - tout le chapitre sur la question du statut et des
privilèges des médecins. Je sais que vous y avez accordé
une réflexion assez longue. Vous faites des suggestions qui me semblent
assez pratiques. Est-ce que vous pourriez le faire peut-être pour avoir
une réaction du ministre? Je comprends qu'il n'a pas posé de
questions parce qu'il en a posé plusieurs autres.
M. Nadeau: On a introduit à ce niveau des changements
très importants et nécessaires. D'abord, en ce qui concerne les
privilèges, il faut dire qu'il y a là des changements mineurs par
rapport à ce qui existait déjà. On veut ajouter que les
privilèges peuvent inclure la description de certaines fonctions
spécifiques, dont les obligations de garde. Ce n'était pas
prévu antérieurement dans les privilèges et nous voulons
ajouter des choses. On pense à la santé au travail, par exemple,
des choses comme cela, au chef d'une équipe multidisciplinaire. On pense
qu'il faut que ce soit mentionné dans les privilèges. C'est une
modification mineure par rapport à ce qui existait
déjà.
C'est au niveau du statut du médecin que la modification est
importante. Dans le projet de règlement déposé, le statut
est en fonction de l'activité du médecin au sein du Conseil des
médecins et dentistes du Québec. On dit que cela n'a pas
d'allure. Le statut du médecin doit être en fonction de son
activité professionnelle dans l'établissement. C'est parce qu'on
lui donne des privilèges qu'on lui donne un statut. Son statut est soit
actif, soit associé. Un médecin actif, c'est un médecin
qui travaille principalement dans le centre hospitalier, la partie majeure de
son travail, c'est dans le centre hospitalier. Un médecin
associé, c'est celui qui le fait de façon subsidiaire. Un
médecin conseiller, c'est celui qui vient occasionnellement au centre
hospitalier. Un membre honoraire, c'est un type...
On associe cela aux plans d'effectifs médicaux. Quand on regarde
les plans d'effectifs médicaux, on n'a pas besoin d'une personne active
au sein du Conseil des médecins et dentistes. On a besoin d'une personne
active au plan professionnel dans l'établissement. On relie le statut
à l'activité professionnelle dans l'établissement. C'est
une modification importante. C'est ce statut dans l'établissement qui
lui donne des obligations vis-à-vis du Conseil des médecins et
dentistes, dont tout le monde est membre. Cela veut dire qu'un médecin
actif, dont la majeure partie du travail se fait dans l'établissement, a
des obligations différentes en ce qui concerne le Conseil des
médecins et dentistes. Il doit faire partie des comités. Il peut
voter et il peut faire partie de l'exécutif. Si le médecin vient
à l'hôpital de façon subsidiaire, il ne peut pas faire
partie de l'exécutif, mais il peut assister à des comités,
s'il le désire, ou si le Conseil des médecins et dentistes le
fait par règlement. Si le médecin est consultant, c'est
exactement la même chose.
Donc, ce que nous disons, c'est que la vieille notion de statut
vis-à-vis du Conseil des médecins et dentistes est
dépassée. On le fait vraiment en fonction des activités de
l'établissement. Cela correspond à la philosophie que l'on veut
développer, cela correspond à ce dont on a besoin pour
bâtir nos plans d'effectifs médicaux. C'est essentiel que ces
modifications soient apportées.
M. Johnson (Anjou): Un commentaire rapide.
M. Nadeau: Je peux vous faire remarquer également qu'on
fera jouer - c'est dans le cadre de l'objectif poursuivi par la loi - un
rôle plus important dans l'octroi des privilèges et des statuts
aux chefs de départements. Cela nous paraît extrêmement
important.
Le Président (M. Desbiens): M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Simplement pour répondre à la
préoccupation de la députée de L'Acadie, je trouve que
cette suggestion ne manque pas d'intérêt: elle est majeure et ce
n'est pas exactement une parenthèse. J'ai bien hâte d'entendre la
corporation et les deux fédérations sur ce sujet. Le concept que
vous introduisez est, je ne dirais pas avant-gardiste, mais il va
sûrement dans le sens de la progression et de la notion d'une implication
de plus en plus grande des médecins dans l'établissement.
Cependant, il peut se heurter à toutes sortes de choses en ce qui a
trait à la corporation ou en ce qui a trait aux
fédérations pour d'autres raisons, pour d'autres motifs. Nous
aurons des questions à poser à la corporation, à la FMSQ
et à la FMOQ sur ce sujet.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie. Je savais que la discussion
reprendrait avec les fédérations et les corporations. Je trouve
important que cela soit clarifié ici.
J'ai une dernière question à poser, on pourrait en avoir
d'autres. C'est davantage une question au ministre sur la proposition no 16,
que vous faites à la page 91 de votre mémoire, de
réévaluer le contenu des annexes II et III. On aurait pu le faire
avec un autre groupe, parce qu'il y a d'autres groupes qui soulèvent la
même difficulté. Les annexes II et III contiennent les exigences
d'information que le ministère impose touchant le type de services, le
type de bénéficiaires, etc., dans les établissements.
Voici la question que j'aimerais poser au ministre: Est-ce qu'il a, a
cet égard, consulté la Commission d'accès à
l'information créée par la loi 65? Il nous semble qu'il y a
tellement de détails là-dedans que, d'abord, cela va prendre du
temps au plan humain et au plan des coûts. Est-ce que vraiment cela
protège la confidentialité des médecins?
M. Johnson (Anjou): Sur la question de la confidentialité,
d'abord, je ne crois pas que cette disposition soit à l'encontre de la
loi 65. Ce qu'on recherche c'est essentiellement des données
statistiques. Cette pratique existe déjà dans le cadre des
négociations des conventions collectives. Ce type de renseignements en
est un qui fait, je dirais, l'objet quasiment permanent d'échanges entre
les différentes associations d'établissements et le
ministère au niveau de la Direction générale des relations
du travail. Donc, sur le plan de la conformité avec la loi 65, je ne
suis pas inquiet quant à cela. Enfin, la question n'a pas
été posée spécifiquement en ces termes, si ce n'est
que la liste qui est là fait partie des données qui sont
régulièrement transmises, me dit-on. Mais, encore une fois, c'est
pour des fins d'évaluation statistique, de performance des normes,
d'évaluation d'indices de productivité, etc. S'il devait y avoir
quelque chose, il est bien évident qu'on se conformerait à la loi
qui exige un avis de la commission.
Deuxièmement, 80% des effectifs visés par cette
catégorisation d'éléments qu'on veut aller chercher
à titre d'information sont déjà disponibles et
informatisés par une douzaine de banques informatisées - si je me
souviens bien dans le cas des hôpitaux - qui ramassent les données
sur 80% des effectifs dans 50% des établissements. Cela veut donc dire,
pour répondre à l'autre aspect de votre question - quant au
premier on ira devant la commission, si vous pensez qu'il y a un
problème et si on pense qu'il y en a un -que sur ce que cela
représente comme personnes et investissement de temps et
d'énergie, le ministère est prêt à entreprendre des
pourparlers - on l'a déjà évoqué avec les
associations, si je ne me trompe pas - à chercher une façon de
procéder pour permettre aux petites unités d'avoir recours
à des services informatiques. Je ne dis pas qu'on va envoyer des
microordinateurs partout, une fois qu'il y en aura dans les écoles. Je
dis simplement qu'il est évident que ce type de préoccupation,
dans 50% des établissements, même si c'est juste 20% de la
main-d'oeuvre dont on parle, il faut être capable de colliger cela. Il ne
s'agit pas d'employer des Chantiers Québec et des Canada-Travail toutes
les semaines pour avoir des gens qui tiennent les livres à jour. Il va
falloir trouver une méthode un peu plus rationnelle, y compris faire du
"pooling" de ressources sur le plan de l'utilisation de l'informatique ou
encore avoir recours, dans certains cas, à la micro-informatique.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
M. French: Sur le même sujet, M. le Président, je
voudrais d'abord demander à Me Gosselin si elle a été
saisie des implications de la loi 65 pour le réseau hospitalier?
Mme Gosselin: Nous en avons été saisis. Il y a
même eu des sessions de formation qui ont été
données, ou offertes en tout cas, à l'ensemble des centres
hospitaliers, et les autres catégories d'établissements y ont
d'ailleurs participé, sous la gouverne de Me Jean-Guy Fréchette.
On pourra vous faire parvenir le document - d'ailleurs très bien fait -
qu'il a fait. En tout cas, comme première, je pense qu'on peut souligner
l'apport très positif de son travail. On est bien conscient que c'est
une loi nouvelle et qu'il va y avoir des impacts sur les centres hospitaliers.
D'ailleurs, ce que nous avons tenté de soulever, étant conscients
que c'est
une loi nouvelle, tout en reconnaissant l'intérêt pour le
ministre d'avoir les renseignements lui permettant d'établir des
statistiques, c'est s'il était pertinent que, dans tous les cas, ces
renseignements soient nominatifs. C'était la question. De façon
secondaire, je me permets de vous glisser que l'annexe 3, qui concerne les
employés, nous la jugions mal inscrite lorsque vous y faisiez
référence quant à l'enregistrement, l'inscription et
l'admission des bénéficiaires. C'est pourquoi nous avons fait un
commentaire spécifique à la fin. On trouvait cela un peu
spécial de le raccrocher aux bénéficiaires. D'accord.
M. Johnson (Anjou): Vous avez raison.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
M. French: Là-dessus, je pense que c'est très
important pour le ministre de reconnaître que, si dans sa lettre, le
projet de règlement ne va pas à l'encontre du projet de loi 65,
il le fait certainement dans son esprit. Je ne suis pas prêt à
accepter que cela ne va pas à l'encontre de la lettre de la loi.
En ce qui concerne, par exemple, l'économie de la loi quant
à l'autonomie des établissements, il est effectivement
prévu dans le projet de loi 65 que les établissements du
réseau seraient indépendants quant à la gestion des
renseignements nominatifs et quant à la gestion, d'ailleurs, de leur
documentation et de leurs informations, leurs renseignements. Il est clair et
net qu'il ressort de l'annexe 3 et de l'article 24 que le règlement ne
prévoit pas l'indépendance ou l'autonomie des institutions du
réseau par rapport à la gestion de leurs renseignements
personnels. Cet aspect de la loi n'est pas encore en vigueur; il le serait
d'ici trois ans. Je pense que, d'une part, le ministre doit déposer
officiellement le projet de règlement devant la commission pour avoir
l'avis des membres et, d'autre part, il doit essayer - peut-être avant
qu'il fasse cela - de faire en sorte que les exigences soient de niveau
statistique plutôt que nominatif, si, effectivement, le besoin en est un
de statistique. Je répète qu'il est sûr et certain que,
dans la mesure où le règlement enlève l'autonomie de
l'établissement de gérer ses propres renseignements et d'en
être responsable devant la loi et devant la commission, le projet de
règlement va à l'encontre de l'esprit de la loi 65.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Oui. Là-dessus, je connais
l'intérêt du député de Wesmount pour ces questions
et je dois lui dire que je partage ses préoccupations quant au secret
professionnel, quant à l'accès à l'information en
même temps qu'à la confidentialité de l'information. Je
n'ai pas de problème avec cela. Je pense qu'on a eu les mêmes
professeurs, d'ailleurs, à l'université à ce sujet.
Il y a d'abord la procédure. Il est évident que, dans la
mesure où la loi 65 exige un dépôt officiel devant la
commission pour opinion, cela va être fait. Deuxièmement, le
caractère agrégatif, c'est notre objectif, c'est pour faire des
statistiques, tantôt pour des fins d'analyse des mandats et
d'élaboration des mandats de négociation avec le front commun.
Quand on arrive dans des grandes discussions autour d'une table de
négociation, à quatre heures du matin, sur le temps partiel, sur
le nombre d'heures de vacances, etc., il faut avoir des instruments qui ont du
bon sens parce qu'on parle de sommes absolument mirobolantes quand on parle de
ces données-là. Cela, c'est d'une part. C'est un domaine un peu
plus délicat; je prends bonne note de la question du
député et on va essayer de le fouiller de façon
très précise, quitte à aller devant la commission de
façon spécifique là-dessus.
À l'égard de l'application des règles, par exemple,
du service de placement des affaires sociales, c'est-à-dire la
main-d'oeuvre en disponibilité pour les fins de reclassifier le
personnel dans le rayon de 50 kilomètres, c'est un objectif qui est
extrêmement important pour le ministère. En termes de fonds
publics, cela représente des sommes importantes. On a réussi
relativement bien dans beaucoup d'établissements à faire en sorte
qu'une majorité du personnel des nouveaux établissements qui
ouvraient allait être puisée dans une banque centralisée du
personnel en disponibilité en vertu des conventions collectives. Et on a
ici rationalisé et utilisé les ressources humaines et
financières de façon beaucoup plus adéquate. On a eu
là-dessus, je dois le dire, de façon générale, une
excellente collaboration de la part des établissements. Mais il reste
qu'on peut avoir des données importantes dont on a besoin, ne serait-ce
qu'au niveau des droits qu'ont les personnes qui se ramassent au service des
affaires sociales; la longueur du temps écoulé entre la mise
à pied et le moment où intervient le
désintéressement; les offres qui sont faites à quelqu'un
d'accepter un poste et son refus de l'accepter qui implique qu'il perd son
statut, etc. Ce sont des données extrêmement importantes. Je vais
vérifier auprès des services. Je prends bonne note de la
question. Je vais m'assurer que si on a des objectifs précis quant
à cela, on s'assure aussi que ce soit conforme aux objectifs de la loi
65.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Westmount.
M. French: II est peut-être possible, M. le
Président, d'avoir deux annexes, une annexe aux fins de l'emploi et une
autre pour aux fins de statistiques. À ce moment-là, les
renseignements nécessaires pour les fins de la rationalisation de
l'emploi sur le marché du travail dans le domaine des affaires sociales
pourraient être plus restreints en quantité de données,
etc.
J'ai une autre question et je vais revenir, d'ailleurs, à nos
invités avec une vieille question. C'est fort possible que je n'aie pas
compris exactement la dynamique des articles 69 et 70 concernant les
départements cliniques, mais je veux parler de ces 30%
d'établissements qui n'ont pas l'un ou l'autre de ces deux
départements cliniques.
On a dit qu'un des secteurs affectés peut être le secteur
des hôpitaux psychiatriques. Je présume que, pour le reste, il
s'agit d'institutions relativement petites. Ce qui me préoccupe aux
articles 69 et 70, c'est que j'y vois une arme pour un CRSSS qui a des
objectifs de niveau régional qui sont souvent rationalisés en
termes quantitatifs des normes de productivité, etc., qui ne permettent
pas de tenir compte de la réalité d'une institution locale et de
son importance. Par exemple, la distance que doivent parcourir les clients pour
aller à une institution n'est jamais comptabilisée dans les
chiffres d'un CRSSS. Ce que je vois, aux articles 69 et 70, c'est une
invitation au CRSSS de fermer, encore une fois, plus de petites institutions
qui sont souvent très valables. Je ne crois pas personnellement,
d'ailleurs, qu'elles soient moins efficaces; c'est un phénomène
qu'on peut discuter longuement. Mais je me demande si vous partagez le
même genre de crainte que moi relativement aux articles 69 et 70.
M. Johnson (Anjou): Je vais me permettre de commenter pendant que
les gens se consultent là-dessus.
M. French: Pendant que le caucus se poursuit.
M. Johnson (Anjou): Premièrement, on ne l'a pas fait
à l'égard des "petites" institutions. On veut changer la
vocation, on le sait, de deux importantes institutions de Montréal, et
on est devant les tribunaux. Parfois cela me fait penser à une guerre de
100 ans à cause de Jeanne d'Arc.
M. French: Le ministre pense que je parle d'une institution dans
mon comté, ce qui n'est pas le cas. Je ne fais pas
référence à ce cas-là.
M. Johnson (Anjou): Non. Vous faites référence
à autre chose, mais il n'y a pas d'autres cas. Deuxièmement, je
ne vois pas comment les articles 69 et 70 pourraient être...
M. French: Non, au contraire. M. le ministre, un instant!
Mme Lavoie-Roux: ...de toute façon, c'est presque...
M. Johnson (Anjou): Non, mais je ne vois pas comment les articles
69 et 70 pourraient être utilisés. C'est ce que j'essaie de...
M. French: D'abord, oublions le... D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Nous en avons une situation.
M. French: C'est sub judice. On n'en parle pas.
Deuxièmement, je fais référence à la
problématique suivante. En tant que CRSSS, je veux essayer de faire le
plus possible avec mes ressources. Comment le ministre ou mon conseil peut-il
les évaluer? C'est en évaluant un certain nombre de ressources,
un certain nombre de gens qui entrent et qui sortent. Je fais valoir un point
qui n'est pas très original, mais c'est important. Souvent, ces
chiffres-là ne captent pas, ne saisissent pas la réalité
du client. Avec les articles 69 et 70, je vois une autre raison pour le CRSSS
de regarder, de façon négative, les petites institutions qui sont
souvent extrêmement importantes pour la communauté. Je ne parle
pas du comté de Westmount et je ne parle pas de l'île de
Montréal. Je vois le CRSSS qui a, depuis longtemps, une couple de
petites institutions en vue. On va les fermer. On va faire voyager les gens au
centre et ce sera mieux. Du point de vue des chiffres, c'est impeccable. Du
point de vue des chiffres, cela fonctionne, c'est très bien, c'est une
bonne idée. Ils disent: Maintenant, il faut que vous ayez un
département de radiologie, un département de microbiologie, etc.,
et c'est inconcevable que vous en ayez un; donc on va fermer votre institution.
C'est la dynamique. Je ne sais pas si ma crainte est justifiée, mais
c'est celle que j'ai.
M. Nadeau: En tout cas, notre position, c'est que nous ne
favorisons pas que soit fermé le service de radiologie dans ces petits
hôpitaux. Ce qu'on dit, c'est que la grosseur de ce service ne justifie
pas qu'il y ait un chef de département.
M. French: Je comprends, mais n'est-ce pas le cas, dans le fond,
de certaines de ces institutions? On parle de quelque chose qui
ne sera jamais digne du nom de département, mais qui est
très utile pour les fins de la cause. Si on ne peut pas, en aucune
façon, construire quelque chose qui s'appelle un département dans
le domaine, le CRSSS va avoir un autre argument contre ces petites
institutions. Peut-être que je me trompe, peut-être que je ne
comprends pas la dynamique à l'intérieur du CRSSS, mais c'est de
cela que j'ai peur.
M. Johnson (Anjou): Je ne veux pas paraître cynique, mais
dans le fond, le CRSSS, s'il voulait vraiment être méchant comme
cela, ne serait pas obligé d'avoir recours au fait qu'il n'y a pas de
service de radiologie en vertu des articles 69 et 70. Il pourrait simplement
dire qu'il ne renouvelle pas les équipements parce que c'est lui qui les
contrôle. Il n'aurait pas besoin de cela pour faire des
méchancetés pareilles. Je me dis: Je ne pense pas que ce soit
cela non plus qu'il fasse, même si de temps en temps j'entends des
hôpitaux se plaindre qu'ils n'ont pas assez d'équipement et qu'on
ne renouvelle pas certains équipements. Je ne pense pas qu'il faille
voir cela comme cela.
Je comprends la problématique qu'évoque le
député et du danger de visions de gigantisme qui ne
photographient pas toute la réalité et qui ne sont que des
colonnes de chiffres. D'une part, en fin de compte, il faut savoir qu'un CRSSS
ne change pas la vocation d'un établissement. C'est le ministre qui a le
droit de faire cela en vertu de la loi. Le CRSSS est dans un processus
consultatif et de recommandation. Donc, porter ce bébé comme un
ballon de football, cela n'appartient pas aux gens qui ne sont pas élus
aux CRSSS, cela appartient à ceux qui sont élus, d'une part.
Deuxièmement, sur le plan des instruments, je pense qu'on nous a
bien sensibilisés à certaines des dimensions dans le cas des
établissements, notamment, des établissements en
périphérie où ces services sont peut-être de moindre
importance matérielle réelle. Il y a des problèmes qui se
voient. Mais je ne pense pas qu'il y ait de rapport entre votre
préoccupation et les articles 69, 70.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Au nom des membres de la commission, je remercie les
représentants de l'Association des hôpitaux du Québec de
leur participation à nos travaux. J'invite...
M. Brousseau: Si vous permettez...
Le Président (M. Desbiens): M.
Brousseau, oui.
M. Brousseau: ...de faire un dernier commentaire. Je voudrais
remercier les membres de la commission de leur accueil et je vous remercie
aussi de l'intérêt que vous avez porté à notre
mémoire. Je voudrais remercier aussi mes collègues qui ont
participé activement à cet exercice. En terminant, je voudrais
tout simplement rappeler au ministre qu'avec les principaux
éléments corrigés dont nous avons fait part cet
après-midi, on pourra convenir que la législation la plus
significative dans le domaine des affaires sociales qu'il a introduite, il y a
deux ans, aura été bien complétée par sa
réglementation. Merci.
M. Johnson (Anjou): Merci.
Le Président (M. Desbiens): Merci. J'invite...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous le permettez,
est-ce qu'on pourrait suspendre les travaux cinq minutes?
Le Président (M. Desbiens): D'accord. Entre-temps, je
demanderais à l'Association des centres d'accueil du Québec de
s'installer à la table, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
(Reprise de la séance à 16 h 13)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Association des centres d'accueil
La commission des affaires sociales reprend ses travaux. Je demanderais
à M. Marcellin Dallaire, président, de bien vouloir
présenter les membres qui l'accompagnent avant de nous faire part de son
mémoire. Je rappelle aux membres de la commission et aux intervenants
également, bien sûr, qu'il reste à notre disposition 110
minutes, ce qui ferait s'il y a deux associations qu'on aurait en gros 55
minutes par groupement. S'il est possible évidemment, étant
donné... À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! S'il
est possible de synthétiser la présentation du mémoire
cela laissera évidemment plus de temps pour la discussion. M.
Dallaire.
M. Dallaire (Marcellin): M. le Président, M. le Ministre,
Mesdames, Messieurs les députés, ici à ma droite j'ai M.
Pierre-Paul Lachapelle, directeur général du Centre d'accueil
Alternatives et qui est la personne-ressource face à ce dossier;
à ma gauche, M. Pierre Cloutier, directeur général de
l'Association des centres d'accueil du Québec; M. Jean-Denis Godbout,
directeur général du Centre d'accueil Champlain et
vice-président de l'association pour le secteur de l'hébergement;
à l'extrême gauche, M.
Gilles Langelier, directeur des services professionnels à
l'Association des centres d'accueil du Québec.
Si vous me permettez, je vais prendre seulement une minute, ce sera
peut-être un peu redondant pour M. le ministre mais j'aimerais situer un
peu l'association. Cela va prendre une minute.
L'association regroupe des établissements qui offrent des
services de toute première nécessité à plus de 43
000 personnes que l'on catégorise généralement sous le
vocable suivant: les personnes âgées en perte d'autonomie; des
jeunes mésadaptés socio-affectifs; des personnes
handicapées mentalement; des personnes handicapées physiquement;
des femmes nécessitant des services d'assistance maternité, et
des personnes alcooliques et toxicomanes. C'est aussi 24 000 personnes de
formation diverse et de provenances diverses qui travaillent dans près
de 400 établissements qui représentent pratiquement la
moitié des établissements du réseau des affaires sociales.
En moyenne, ce sont de petits établissements où se retrouvent 60
employés pour 100 bénéficiaires. Seize
établissements ont une organisation administrative légère
et hautement personnalisée et ce, pour deux raisons: la taille de
l'organisation et la nature même des services offerts et les technologies
utilisées qui supposent une grande intensité de relations entre
le bénéficiaire et les employés. Ce regroupement, c'est
aussi, en 1983, 958 000 000 $ de l'argent du public, 10% du budget des
établissements du réseau des affaires sociales 44% de cette
somme, c'est-à-dire des 958 000 000 $, vont à
l'hébergement et 56% à la réadaptation. Ces constatations
situent le cadre de référence des responsables des centres
d'accueil lorsqu'ils abordent l'étude d'une loi ou d'un
règlement.
Avec une bureaucratie faible et un type de relations axées
constamment sur la personnalisation du rapport
bénéficiaires-employés, il va de soi que les centres
d'accueil s'inquiètent de l'augmentation des charges et des
contrôles, danger potentiel de toute nouvelle réglementation. Trop
souvent avons-nous vu des réglementations qui affectent
négativement les services à la clientèle alors même
qu'elles visent le contraire. Cette expérience nous incite à
aborder cette réglementation avec une certaine prudence.
Mon propos sera quelques notes d'introduction qui vont camper le point
de vue de l'association sur l'ensemble de la réglementation. Ensuite, je
ferai quelques commentaires sur les points reliés au centre d'accueil
d'hébergement. Ces commentaires couvriront la définition du
centre d'accueil, le comité d'admission, le plan d'intervention, les
services médicaux en centre d'accueil d'hébergement.
Quelques commentaires sur les points reliés aux centres d'accueil
de réadaptation. À ce moment, ce sera la définition du
centre d'accueil de réadaption, le centre d'accueil de
réadaptation d'assistance-maternité, la famille d'accueil de
réadaptation, le comité d'admission. Le point suivant sera
l'accès de la clientèle aux services: enregistrement, inscription
et dossiers. Le dernier point: quelques commentaires sur les règlements
que le conseil d'administration doit adopter et les renseignements à
fournir au ministre.
Quelques notes d'introduction. Nous voyons présentement que nous
sommes devant un système qui est en consolidation. Il y a seulement un
peu plus de dix ans, la notion même de centre d'accueil n'existait pas.
Avec la professionnalisation, la syn-dicalisation, l'animation même du
ministère, il y a eu une certaine cohérence du système et
des orientations de ce réseau. Nous avons l'impression que les
règlements s'inscrivent dans cette continuité. Les
règlements reflètent cette maturation du système, une plus
grande articulation et sa stabilisation.
C'est pour cette raison que nous voudrions mentionner les quelques
améliorations que nous avons notées. L'association remarque la
pertinence des intentions et des moyens qu'on entend se donner, notamment au
niveau de la régionalisation des services et de l'articulation de
certains mécanismes permettant une meilleure
complémentarité des établissements. Ainsi, il faut
mentionner de façon particulière la partie des règlements
concernant les admissions en centre d'accueil d'hébergement et en centre
hospitalier de soins prolongés. Pour autant que les systèmes
d'admission tiendront compte des perspectives sous-régionales et du
rôle de première ligne de certains types d'établissement,
nous avons l'impression que des mécanismes efficaces de travail pourront
s'articuler et faciliter, pour les intervenants du réseau, la prise en
charge de leurs responsabilités.
À travers la grande majorité des articles du projet de
règlement, nous pouvons sentir la présence de critères
exigeants pour améliorer la qualité des services. Ces exigences
peuvent parfois faire peur, mais autant que nous aurons les moyens
d'intervenir, il n'est pas dit que les défis ne seront pas
intéressants à relever.
Nous y avons vu également des écueils. Lire le projet de
règlement, c'est pour nous lire le cadre administratif qu'on nous
propose. Comme tout le monde, nous ne sommes pas friands de nous faire indiquer
nos limites, les balises à nos interventions ou la façon de
rendre des comptes. Nous partons donc avec l'idée que nous ne sommes
pas tellement attirés par la perspective d'avoir à vivre
avec plus de contraintes.
Une autre réserve concerne l'augmentation des charges
administratives opérationnelles des établissements,
particulièrement les charges inhérentes à la transmission
de renseignements. Ces demandes du ministère peuvent présenter
des problèmes majeurs parfois en termes de confidentialité, mais
surtout - pour les centres d'accueil - en termes de faisabilité et de
coût, en plus de bureaucratiser davantage les établissements.
Cette bureaucratie, on la voit aussi comme un empiètement sur cette
personnalisation que l'on doit vivre tous les jours.
L'ACAQ voudrait souligner également une troisième
réserve, soit la présence persistante de structures
administratives bicéphales. La proposition nous mentionne, entre autres,
la famille d'accueil de réadaptation et les services médicaux en
centres d'hébergement. C'étaient les quelques notes
d'introduction.
Face au centre d'hébergement, la définition. Nous avons
été surpris de voir que la proposition semblait réduire
à certaines activités de base l'activité du centre
d'hébergement, le gîte et le couvert, alors qu'il nous semblait
que l'occasion était propice de consacrer son dynamisme et son
expertise, acquise au cours des années, et de définir le centre
d'hébergement plutôt par des services que par des activités
et des lieux. C'est ainsi que nous avons soumis la proposition de transformer
le paragraphe ainsi: "Les centres d'hébergement qui, en plus de fournir
l'hébergement, offrent des services spécialisés aux
adultes et des services gérontologiques aux personnes
âgées."
L'admission, je passe très rapidement là-dessus. Quand
à l'admission dans son approche globale et sa régionalisation,
nous exprimons un accord face à ceci. Cependant dans
l'opérationalisation, on propose que le conseil régional voit
à l'élaboration et au bon fonctionnement d'un système pour
l'admission des bénéficiaires dans les établissements
offrant des services de soins prolongés ou en hébergement et
qu'on remplace le dernier paragraphe de l'article 33 en disant: "Le centre
local de services communautaires, ou à défaut le centre de
services sociaux, doit tenir à jour un registre où sont
consignées les demandes d'admission du territoire desservi." Donc, c'est
de donner des instruments de travail aux centres d'accueil.
Le plan d'intervention pour la personne âgée qui est en
centre d'accueil d'hébergement. Rapidement, nous soulignons notre accord
du fait que l'on soit passé d'un plan de soins à un plan
d'intervention qui considère la personne dans sa globalité.
Cependant, nous en profitons pour mentionner à la commission et au
ministère que déjà il y a une carence de ressources dans
les centres d'accueil. Pour compléter notre travail et le mener à
bon port, il faut souligner le besoin de ressources en termes de nombre et en
termes de formation.
Le service médical. Cette proposition qui, au départ, nous
avait semblé tout à fait attrayante nous a laissé, comme
association, face à une grande difficulté que je vais tenter de
résumer en quelques points. La proposition situe le soin médical,
de façon particulière. Nous avons beaucoup de difficulté
à l'heure actuelle à voir cette position dans l'organisation du
centre d'accueil. Nous croyons que la personne âgée qui nous est
confiée, quel que soit son niveau de difficulté, est d'abord et
avant tout une personne qui a besoin d'être aidée dans l'ensemble
de ses activités. Donc, elle a besoin d'une approche plus globale, qui
tienne compte également de ses besoins en termes de
sécurité, de ses besoins en termes psychologiques ou en termes
médicaux. Cette approche donnait un statut particulier à
l'approche médicale et nous nous sentons mal à l'aise face
à cela. Cet ensemble propose une "bicéphalie" dans notre gestion.
Le fait que ce service médical soit rattaché directement au
conseil d'administration crée une difficulté quant à la
gestion concrète de ce service.
La difficulté que nous y avons vue également c'est que ce
service ne se trouve pas à résoudre les difficultés que
nous avons face à la délégation des actes, et cela demeure
un problème entier. Ces constatations étant faites, c'est la
raison qui fait que nous avons proposé le retrait, du projet de
règlement, de toute la section relative aux services médicaux en
centre d'hébergement et ce jusqu'à ce que des solutions plus
acceptables aient été trouvées. Ce que l'on propose
à la commission et au ministre c'est peut-être de compléter
l'étude de notre système.
Le centre d'accueil de réadaptation. La définition que
l'on nous propose a quelques éléments intéressants.
Cependant, on aimerait qu'elle soit un peu plus ouverte et que l'on reconnaisse
de cette façon l'histoire de ce qui est déjà acquis dans
l'ensemble du réseau québécois de la réadaptation.
Que l'on reconnaisse d'une façon plus globale, en désignant le
foyer de groupe, par exemple, que le centre d'accueil a une diversité
d'instruments pour faire de la réadaptation. Dans ce contexte nous avons
soumis la proposition que les centres de services de réadaptation qui
ont le mandat d'offrir des services spécialisés d'adaptation ou
de réadaptation, dispensés en internat, en externat ou à
domicile... ces services substitutifs assurent au bénéficiaire
son maintien ou son retour dans son milieu de vie habituelle, son
intégration sociale et
professionnelle ou le développement de son autonomie.
Le projet passe sous silence une catégorie de centres d'accueil
qui existent présentement, les centres d'accueil de réadaptation
d'assistance maternité. À ce chapitre, nous avons soumis deux
propositions. Une première qui est, à toutes fins utiles,
d'ajouter un autre type de catégorie de centres d'accueil de
réadaptation. Donc, dire qu'il y a à l'article 32 une autre
catégorie: les centres de réadaptation d'assistance
maternité pour mères en difficulté grave d'adaptation. Une
deuxième façon serait de modifier l'article A et d'y lire: Les
centres de réadaptation pour handicapés socialement qui offrent
des services aussi bien aux personnes mésadaptées
socio-affectives, aux contrevenants délinquants qu'aux mères en
difficulté grave d'adaptation.
Les familles d'accueil de réadaptation. À notre point de
vue, c'est une amélioration sur le système. Le bien-fondé
de l'existence de la famille d'accueil comme un élément
intégré de réadaptation, nous le reconnaissons. Que cette
famille d'accueil soit utilisée non plus pour assurer un gîte mais
pour assurer une intervention spécifique, nous le reconnaissons. Nous
reconnaissons également la compétence légale et
l'expertise des centres de services sociaux et du centre d'accueil de
réadaptation dans le domaine respectif de la famille d'accueil et de la
réadaptation. Les problèmes de structure organisationnelle entre
les établissements auprès des familles des
bénéficiaires, ceci est un des éléments, quoique
dans la gestion il y aura certaines difficultés. (16 h 30)
Ayant retenu ceci, l'ACAQ propose que la famille d'accueil de
réadaptation suppose un contrat spécifique entre le centre des
services sociaux et le centre offrant des services de réadaptation,
lequel devrait définir le rôle des établissements face
auxdites familles d'accueil, face aux bénéficiaires ainsi que le
mécanisme de liaison interétablissements.
L'accès de la clientèle aux services. Je le mentionne, la
proposition d'enregistrement, d'inscription est un net avantage. Cependant,
dans les mots présentement, l'enregistrement n'a qu'un caractère
médical; c'est le médecin qui recommande l'enregistrement dans un
établissement. Dans ce cas, nous croyons qu'il y a une difficulté
de concordance avec le centre d'accueil, les professionnels qui y travaillent
et son mandat. L'enregistrement devient aussi un élément
important face aux centres d'accueil pour mésadaptés
socio-affectifs quand une personne est recommandée par la Direction de
la protection de la jeunesse pour un placement en urgence sociale. Nous avons
à ce moment une difficulté en termes légaux: qu'est-ce qui
est un enregistrement, qu'est-ce qui est une inscription et à quel
moment c'est une personne admise? Pour cette raison, nous demanderions qu'il y
ait une étude plus attentive sur l'enregistrement en centre d'accueil.
L'inscription est une conséquence de cette première.
L'admission en centre d'accueil. Nous faisons deux distinctions. Dans
les cas particuliers, nous proposons que l'admission se fasse comme
présentement, sur recommandation et comité d'admission, pour les
mésadaptés socio-affectifs. Pour les autres catégories et
pour autant que possible, le gouvernement devrait voir à ce que
l'accès aux services, tout en étant justifié bien
sûr, soit plus souple et moins lourd. En d'autres mots, il faut
éviter d'augmenter, par un contrôle excessif, les structures
administratives du processus d'admission.
En conséquence, l'association demande que les centres de
réadaptation pour personnes handicapées mentalement et les
centres de réadaptation d'assistance maternité fonctionnent,
à l'instar des centres de réadaptation pour personnes
handicapées physiquement ou personnes toxicomanes, avec un comité
d'admission formé à l'intérieur du centre. C'est un
changement majeur.
Le dossier du bénéficiaire. Nous demandons qu'il y ait une
révision de plusieurs éléments de la terminologie qui nous
est fournie, parce que souvent cette terminologie est à base
médicale. L'exemple que je mentionne et qui est le plus simple est qu'on
parle souvent de diagnostic alors que, dans notre domaine, c'est
l'évaluation qui est l'équivalent. En ce qui a trait au dossier
du bénéficiaire, nous croyons qu'il est important qu'il
contienne, d'une façon claire et précise, les interventions
pertinentes à son plan de développement, sans pour autant ajouter
un nombre très long de ces données à notre dossier.
Dans le dossier - j'imagine que c'est déjà connu - nous
avons signalé les problèmes de concordance entre les lois
d'exception et la réglementation du S-5. C'est-à-dire qu'il y a
des éléments de concordance qu'il faut absolument
réétablir entre la Loi sur les jeunes contrevenants et les
différentes réglementations face au dossier du
bénéficiaire.
Dernier point. Face aux règlements que l'on demande au conseil
d'administration d'édicter, j'ai entendu les commentaires de M. le
ministre tout à l'heure, mais tout de même, à
l'association, nous avons l'impression qu'il y a d'abord une augmentation de ce
nombre de règlements que le conseil d'administration doit édicter
et que peut-être il y aurait une divergence quant à son rôle
premier. Est-ce que le conseil doit tenter de voir à administrer
l'établissement ou voir à édicter et vérifier
la procédure ou encore l'encadrement d'un certain nombre de
fonctions?
Les renseignements à fournir au ministre. Je les divise d'abord
en deux et je pense que l'Association des hôpitaux a fait quelques
commentaires similaires. À l'annexe II, qui est l'annexe concernant les
bénéficiaires, la prudence qu'on suggère, c'est que jamais
ces informations ne soient personnalisées. Quand on donne de
l'information au ministre, qu'il n'y ait pas de possibilité de
personnaliser l'information par un numéro quelconque.
L'autre point, qui est un point de coût pour nous, c'est
qu'à peine 10% des centres d'accueil ont un système
mécanisé ou informatisé des dossiers des
bénéficiaires. Pour les centres d'accueil, à cause de leur
taille, à cause de leur organisation, il y a un problème de
faisabilité pour répondre à toutes ces questions. Il y a
un problème face à la codification également parce que
dans le domaine social il n'y a peut-être pas d'entente face à la
codification des personnes quant à leurs besoins, leurs programmes.
L'annexe III contient un peu les mêmes propositions qui ont
été faites tout à l'heure, c'est-à-dire enlever
tout ce qui pourrait être personnalisant. Je pense que le débat
est déjà ouvert là-dessus. Ici, on a peut-être 57%
des centres d'accueil qui ont un certain niveau d'informatisation. Donc, il y a
encore un problème réel quant à la faisabilité de
fournir cette information.
M. le Président, je pense que cela a été
très rapide pour permettre, peut-être, par les questions, de mieux
comprendre la position des centres d'accueil.
Le Président (M. Desbiens): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Je vous remercie, M. Dallaire, de votre
mémoire considérable. Merci de l'avoir résumé pour
nous. Je relève certaines affirmations dans votre mémoire et dans
vos commentaires ce matin. Il y en a une qui me préoccupe beaucoup,
c'est votre opposition à ce que vous appelez la "bicéphalie" et
votre inquiétude devant cette "bicéphalie". J'aimerais vous
entendre un peu plus longuement là-dessus.
M. Dallaire: Je ferai une introduction rapide. En
général, le centre d'accueil est petit. Pour le gérer, il
y a le conseil d'administration et le directeur général. Et les
propositions que parfois on avait, surtout face au service médical, qui
rattachaient le médecin au conseil d'administration créaient chez
nous une structure bicéphale où le directeur
général et le médecin avaient des interventions à
faire, et en termes organisationnnels.
M. Cloutier (Pierre): Si vous me permettez?
Le Président (M. Desbiens): Oui, allez- y.
M. Cloutier: La réalité du milieu fait en sorte
qu'il y a effectivement un besoin d'encadrement de la pratique médicale
en centre d'accueil. Et vous pouvez être assuré, M. le ministre,
qu'on se creuse la tête tout comme vous pour essayer de trouver une
formule qui atteindrait cet objectif-là, sauf que l'évaluation...
En tout cas, on a présenté cela à nos membres, le genre de
propositions qui est sur la table... Il y a cette question de la
"bicéphalie" dont on vient de vous parler. Il y a le fait de ramener le
conseil d'administration des centres d'accueil à une dimension un peu
exécutive vis-à-vis du rôle du médecin en centre
d'accueil. Les problèmes de fond sur le terrain, c'est, entre autres, la
délégation des actes médicaux et infirmiers que vous
connaissez bien. Et, par cette proposition, on ne règle pas les
problèmes des centres d'accueil.
Et il y a aussi probablement une dimension de coût
là-dedans qu'il nous est très difficile d'évaluer, mais en
ce moment, la pratique médicale, aussitôt que les médecins
sont d'accord pour venir travailler en centre d'accueil - et Dieu sait combien
cette forme de pratique n'est pas la plus recherchée au Québec,
je pense que vous le savez... Dans ce sens-là, on ne croit pas que la
proposition qui est sur la table va beaucoup nous faire avancer dans l'ensemble
de ces dimensions-là. Notre proposition est donc, malgré
l'urgence de toucher cette question-là, de prendre un délai
relativement court mais un délai quand même, d'asseoir autour
d'une table les groupes intéressés - je pense, notamment, aux
centres d'accueil d'hébergement, bien sûr, mais je pense aussi
à la Corporation des médecins et à d'autres
catégories d'établissements comme les CLSC, les hôpitaux,
etc. - et d'essayer de trouver un modèle qui soit nouveau - je pense
qu'il y a un certain nombre de difficultés à transférer
tel quel le modèle hospitalier en centre d'accueil à cause de la
petitesse de la structure - essayer de trouver une forme d'encadrement de la
pratique médicale.
Bien sûr, ce que les établissements utilisent en ce moment
dans la grande majorité des cas pour pouvoir accéder à
cette délégation des actes médicaux et infirmiers, c'est
les contrats de services interétablissements. C'est quand même une
approche intéressante du modèle de complémentarité
des différentes catégories d'établissements. Je pense
qu'il y a quelque chose d'important à regarder dans cette lignée,
dans la proposition qu'on vous soumet. Je pense, entre autres, au CLSC centre
d'accueil. Le modèle veut qu'il y en ait un
par territoire de MRC éventuellement. Il y a peut-être des
partages et des collaborations qu'on pourrait développer qui feraient en
sorte que la pratique médicale serait encadrée comme vous le
désirez, mais qui n'imposeraient pas une structure qui nous
apparaît très grosse, très exigeante, qui compromet un
certain nombre d'habitudes de gestion des centres d'accueil en ce moment qui,
je pense, ont quand même prouvé une certaine performance; je pense
aux coûts, au per diem, à la quantité de clientèles
qu'on héberge, etc. Cette approche nous permettrait de trouver une
solution. Nous vous le soumettons.
M. Johnson (Anjou): Un bref commentaire. Je vous remercie...
M. Lachapelle: M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Oui. Je m'excuse.
M. Lachapelle (Pierre-Paul): Un commentaire
supplémentaire. À la page 9 de notre mémoire, on parle de
deux problèmes de "bicéphalie": le service médical en
centre d'hébergement dont il vient d'être question et
également le problème de la famille d'accueil de
réadaptation. Si on lit, par exemple, le règlement 7, au
troisième paragraphe, on dit: La famille d'accueil de
réadaptation qui fournit un maximum de quatre personnes, un programme
actif de réadaptation conjointement avec le centre de services sociaux
selon un plan d'intervention établi pour une durée
limitée, pour chaque bénéficiaire, par un
établissement offrant des services de réadaptation. Le
problème qu'on vit dans les établissements, c'est qu'on se
retrouve avec deux types d'établissements. Quel est le lien de ces deux
établissements avec la famille d'accueil et avec le
bénéficiaire, le jeune? Comment établir un plan de
réadaptation lorsque l'intervention est au niveau des relations
humaines? Cela suppose une interaction et une vérification constante. Il
y a d'autres mécanismes dans le projet de règlement où on
parle de révision de plan d'intervention et, là-dessus,
tantôt, notre président a laissé entendre comment
c'était important une révision du plan d'intervention et
l'ensemble du plan d'intervention. Ces aspects-là font que c'est
difficilement applicable. Devant des structures bicéphales, pour le
jeune qui se retrouve devant deux intervenants et deux types
d'établissements, on pense qu'il y a certaines structures qu'il faut
élaborer pour éviter qu'au moins les chicanes de clocher entre
types d'établissements et intervenants ne se fassent pas sur le dos des
familles d'accueil et des bénéficiaires également. C'est
un autre exemple du problème de "bicéphalie".
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Au sujet de vos remarques sur la
"bicéphalie" de type hospitalier, à cause de la présence
des médecins, je trouve extrêmement intéressant vos propos
et je retiens une chose. Vous dites que vos établissements sont petits.
C'est vrai et ils peuvent difficilement s'accommoder d'une structure de type
hospitalier. Je comprends que c'est une donnée de fait extrêmement
importante.
Deuxièmement, vous posez toute la question de la
délégation des actes médicaux et infirmiers qui est une
espèce de capharnaüm... En tout cas, on n'est pas prêt de
sortir de cela d'ici à quelques années, quand on regarde ce que
sont les intérêts en cause, les corporations, etc.
Troisièmement, vous évoquez - je trouve cela
extrêmement intéressant; j'aimerais vous entendre un peu plus
longuement là-dessus - les contrats de services
interétablissements dans le cas de l'utilisation qu'on fait des centres
d'accueil. Si je comprends bien, grosso modo, vous avez des personnes
hébergées chez vous qui ont besoin d'un certain suivi
médical. Vous avez peut-être besoin aussi d'une
disponibilité dans certains cas; je pense ici à l'accueil et
l'hébergement pour personnes âgées en particulier. Vos
contrats de services sont-ils nombreux? Deuxièmement, sont-ils, en
général, avec des départements de santé
communautaire ou avec des CLSC? Troisièmement, faites-vous appel
à des ententes, si ce ne sont pas des contrats de services, avec la
médecine dite privée, des polycliniques ou des regroupements
d'omnipraticiens?
M. Cloutier: Je pense que le dernier modèle n'existe pas.
Il s'agit de dire cela.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que je peux vous demander
pourquoi?
M. Cloutier: Je ne le sais pas. J'ai l'impression qu'on
soupçonne peut-être un certain nombre de raisons.
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas sûr. Je pose la
question. Très candidement, je constate aussi qu'il n'existe pas
à bien des endroits et je m'interroge toujours là-dessus.
M. Cloutier: Je pense que cela n'existe pas, effectivement. J'ai
l'impression que les gestionnaires des centres d'accueil ont surtout
gardé la collaboration interétablissements dans ce sens et ont
surtout développé cela. Ce n'est pas tout à fait vrai si
vous voulez pousser un peu plus dans le cas de la pharmacie, par exemple. Dans
certains cas, vous allez retrouver des
modèles avec la pratique privée. Je pense qu'en pratique
médicale, c'est surtout avec les autres catégories
d'établissements. C'est très diversifié. Je n'ai pas de
chiffres à vous citer aujourd'hui, mais il y en a avec des centres
hospitaliers. Il y en a avec des services de santé communautaire. Il y
en a aussi avec des CLSC. Les trois façons existent. Ce qu'on a aussi
pratiqué, M. Johnson, si vous permettez...
M. Johnson (Anjou): Je vous en prie.
M. Cloutier: ...c'est de regrouper un certain nombre de centres
d'accueil où pratiquent un certain nombre de médecins et de
créer une certaine dynamique entre eux qui fait qu'il y a une certaine
possibilité d'échange ou une certaine possibilité de
collaboration, etc. Le modèle est plus explicite dans la pratique
pharmaceutique. C'est moins clair du côté médical, mais
c'est quand même une approche intéressante peut-être aussi
à regarder.
M. Johnson (Anjou): Écoutez, on se comprend bien sur les
objectifs, peut-être pour les fins de mes collègues de la
commission. Première constatation: alourdissement des clientèles
dans le cas de l'hébergement des personnes âgées en
particulier. Constatation qu'à certains endroits, cet alourdissement
nous amène dans ce que le Dr Mackay appelait des zones grises qui n'en
finissent plus, où finalement on se demande vraiment si ce n'est pas de
la "clientèle" de CHSP ou l'inverse. Deuxième constatation, il y
a donc là, à cause de cela, des besoins de services
médicaux. Troisième constatation, c'est que dans le régime
juridique dans lequel on vit et dans le type de système qu'on a mis sur
pied au Québec et aussi en fonction d'une notion qui a 3000 ans, depuis
Hyppocrate, il y a une notion de responsabilité professionnelle du
médecin qui fait que cela s'accommode très mal d'un lien
hiérarchique entre un administrateur et un professionnel qu'est le
médecin.
C'est évident qu'il va y avoir de plus en plus de médecins
qui vont mettre les pieds dans les centres d'accueil. C'est un fait. Je pense
que vous le constatez avec nous. Comment est-ce qu'on va s'assurer que cette
pratique, sur le plan de la responsabilité et de la planification des
interventions est encadrée dans des normes qui sont des normes
médicales? C'est la recherche de l'équivalent d'un CMD dans le
fond dans l'hôpital où, collectivement, la profession sur le plan
local se donne un instrument de jugement d'opportunité, de formation des
gens, de pertinence des gestes, etc. Vous dites: On est trop petit pour avoir
cela. Et en plus de cela, vous n'aimez pas bien cela, évidemment, qu'une
catégorie de votre personnel parle directement au personnel
d'administration. Dans les hôpitaux, ils sont habitués à
cela. Vous ne tenez pas à vous habituer à cela, si je comprends
bien.
M. Cloutier: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): C'est cela? Avant de conclure
là-dessus, je ne prétends pas que c'est final comme conclusion,
remarquez, avant de conclure notre échange... Dans le cas des rapports
interétablissements que vous avez, avec les CLSC, par définition
ce sont des médecins salariés, ils ne font pas cela à
l'acte. Dans le cas des services de santé communautaires ou des centres
hospitaliers, la rémunération est à l'acte? Où
est-ce qu'elle peut être à l'acte, ou elle peut être
seulement...
M. Cloutier: Elle est en général, je pense,
à l'acte, mais ce médecin, généralement, est sur le
territoire du DSC, il y appartient donc, il fait partie du CMD de
l'hôpital et il a un contrat de services avec les deux
établissements. Donc, il bénéficie des pouvoirs de
délégation des actes, etc., et, bien sûr, du contrôle
de la pratique au sens large dont on parlait tantôt.
M. Dallaire: On pourrait peut-être ajouter, M. le ministre,
que dans plusieurs endroits, dans les centres d'accueil et
d'hébergement, ils ont un contrat avec un CMD pour la
délégation des actes. C'est un fait aussi et cela peut être
avec un CLSC ou avec une autre catégorie d'établissements. On
nous dit aussi qu'il y a pour les psychiatres, dans les centres d'accueil de
mésadaptés socio-affectifs, des contrats avec un centre
hospitalier. Dans les centres d'accueil d'assistance-maternité, il y a
des contrats avec des cliniques privées à certains moments. Cela
fait quand même certains niveaux d'entente qui sont déjà
expérimentés à l'heure actuelle.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Je comprends que vous n'avez pas de
chiffres, mais comme approximation, ordre de grandeur, vous avez quoi? 10%?
20%? Ecoutez, si vous n'avez pas assez de données j'accepterai que vous
me disiez que vous préférez ne pas répondre.
M. Cloutier: Je ne suis pas assez certain des données
qu'on pourrait vous transmettre.
M. Johnson (Anjou): D'accord.
M. Cloutier: Quelques centres d'accueil aussi ont leur CMD parce
que jusqu'à ce que la réglementation présentée
maintenant soit adoptée, si elle l'est, c'est possible pour un centre
d'accueil parce que la réglementation
et la loi omettent l'appellation "centre d'accueil". On avait donc une
interprétation élargie de la possibilité d'avoir un CMD en
centre d'accueil. Il doit y en avoir cinq ou six, peut-être même
une dizaine qui ont structuré eux-mêmes, à
l'intérieur de leurs cadres, un CMD selon le modèle hospitalier.
Ce sont par contre les plus gros établissements, c'est-à-dire
qu'on parle là de 250 bénéficiaires et plus.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Est-ce que vous pourriez avoir ces
données disponibles assez rapidement ou si cela présuppose que
vous êtes obligés de faire un sondage important auprès des
400 établissements?
M. Cloutier: On peut faire un sondage auprès des 400
établissements mais on est équipé pour faire ce genre de
travail. On peut vous sortir des données.
M. Johnson (Anjou): Rapidement? M. Cloutier: Oui.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas trop compliqué de sortir
de l'information des établissements?
M. Cloutier: Dans la mesure où elle n'est pas
personnalisée, vous savez... Vous ne voulez pas le nom des
médecins, n'est-ce-pas?
M. Johnson (Anjou): Nos données nous disent qu'il y a 20%
de centres d'accueil avec des CMD. Mais ce qui m'intéresse beaucoup
plus, pour les fins de la discussion et de l'évolution de la
présence médicale dans le milieu de l'hébergement
où les cas s'alourdissent, c'est la formule de contrat de service. Je
pense qu'il y a des choses à gratter là-dedans et à mettre
au point pour éviter peut-être certains des inconvénients
que vous verriez, mais en même temps s'assurer que les objectifs d'un
certain contrôle collectif des médecins par eux-mêmes est
maintenu.
Sur la question des familles d'accueil, j'ai pris note de ce que vous
disiez, M. Lachapelle. Je n'ai pas de commentaires. M. Dallaire, vous parliez
tout à l'heure de la difficulté de la codification des besoins
sociaux. J'aimerais vous entendre, vous ou certains de vos acolytes, parler de
cela un petit peu, brièvement.
M. Lachapelle: Un exemple dans le domaine de l'alcoolisme et de
la toxicomanie. Présentement au ministère il n'y a pas d'entente
entre les centres d'accueil et au niveau même de l'équipe
ministérielle sur le type de codification qu'on doit faire, sur les
critères d'après lesquels on doit la faire. Il est
évident...
M. Johnson (Anjou): Pourquoi? Je m'excuse. C'est parce
qu'on...
M. Lachapelle: Pourquoi?
M. Johnson (Anjou): On est entre députés... C'est
quoi la codification, les besoins...?
M. Lachapelle: Dans le cas, par exemple, de la codification pour
l'identification de la nature de la problématique, dans un centre
d'accueil on ne parle pas de personnes malades, on ne prend pas les manuels de
classification nosologique. On n'a pas d'entente présentement au niveau
de ce type de centres d'accueil, à savoir comment on identifie la
problématique, à partir de quels critères et qu'est-ce qui
est important.
Dans le cas des toxicomanes, par exemple, est-ce qu'on doit identifier
la problématique à partir de la substance consommée - quel
type de drogue - ou par rapport au degré de détérioration
de la personne? Ce sont des choses qui ne sont pas faites et...
M. Johnson (Anjou): Pourtant c'est important ces choses.
M. Lachapelle: C'est important. Quelle sorte d'information
peut-on vous transmettre s'il n'y a pas d'entente sur la nature de la
problématique? Qu'est-ce qui fait qu'il y a problème? Est-ce que
c'est la substance consommée ou la façon dont la personne vit,
son style de vie? Je vous donne un exemple; on pourrait avoir d'autres types,
illustrer... Au niveau des mésadaptés socio-affectifs, qu'est-ce
qu'un mésadapté socio-affectif léger, grave ou moyen?
Là-dessus il y a pas d'entente. Il faut faire des travaux sur cela. Il
faut expérimenter aussi pour voir si, lorsqu'on codifie, lorsque chacun
des praticiens va codifier, on codifie comme il faut, parce que, en fin de
compte, si on codifie tout croche, on verra ce que cela donnera. Des recherches
ont été faites là-dessus dans des hôpitaux ou
ailleurs qui font que le problème de classification et d'identification
est un problème important, surtout lorsqu'on touche au domaine de la
santé mentale et de l'intervention sociale, c'est évident. Au
niveau des interventions c'est le même problème.
Ce qu'on dit c'est que ce sont des choses à faire, que cela
devrait se faire dans un processus où on va penser... Il faut que cela
se fasse avec des gens qui sont dans le champ de l'intervention pour comprendre
aussi la nature du problème de la codification.
M. Cloutier: Si vous me permettez aussi d'ajouter quelque chose.
Je pense que sur le principe de fournir un certain nombre de renseignements qui
sont des outils de planification, d'orientation, etc., il n'y a aucun
problème. Les établissements s'entendent pour dire qu'on est
redevable dans ce sens au ministère - les deniers publics, les
orientations, etc. - et il faut s'organiser pour fournir des choses. Par
contre, les programmes en centre d'accueil -je pense, entre autres, à la
mésadaptation sociale, aux handicapés mentaux et à
d'autres - l'appellation d'un programme à un endroit n'est pas du tout
la même à l'autre endroit et ce sont peut-être les
mêmes contenus.
À l'inverse, vous pouvez avoir des contenus très
différents qui sont la même chose. Autrement dit, on n'est pas
sûr que les chiens jappent et que les chats miaulent partout. On voudrait
s'assurer non pas sur le principe de fournir des données, mais qu'il y
ait un certain temps qui soit accordé au réseau pour ajuster son
langage, se bâtir un dictionnaire, concevoir les mêmes idées
derrière les choses qu'on pourrait vous transmettre et, ensuite, vous
transmettre l'information dont vous avez besoin. C'est un problème. Il y
a une mesure de temps et de réflexion. Je vous rappelle
l'expérience qu'ont vécue les CLSC à leur départ.
Cela a été un long exercice. Je pense avec raison qu'on va devoir
les agacer ou leur dire qu'on espère faire plus vite, mais il faudra
faire le même cheminement.
L'autre dimension, c'est l'équipement de base dans les
établissements pour manipuler ces choses. On vous parlait tantôt
de systèmes d'information dans les centres d'accueil. Il n'y a pas 10%
d'établissements qui ont touché aux outils nécessaires
pour faire cela et on parle d'investissements et de coûts, bien
sûr, mais on n'a pas les outils pour traiter les cas. Je vous cite
l'exemple du centre d'accueil Cartier, par exemple, qui reçoit 3500
clients par année, qui n'a pas de système informatisé pour
codifier ces choses, les traiter, les agglomérer, etc. Ce sont les deux
dimensions de notre problème par rapport à la codification.
M. Johnson (Anjou): Seulement pour répondre à l'une
de vos préoccupations, pourquoi veut-on des données nominales
dans certains cas, notamment au sujet des employés? Qu'on se comprenne
bien, ce n'est pas pour savoir si M. Untel ou Mme Unetelle fait telle chose, il
s'agit de trouver des mécanismes de protection de la
confidentialité, mais le numéro d'assurance sociale est
extrêmement utile pour mesurer la mobilité du personnel dans le
réseau, la notion de double emploi, encore une fois pour des fins
statistiques, et le calcul du coût du système, en fonction du
nombre d'années que les gens sont dans le système. C'est pour
cela que, lorsqu'on parle du numéro d'assurance sociale, ce qu'on
recheche... Il n'y a pas moyen de savoir si quelqu'un est employé dans
trois hôpitaux différents ou de savoir si une personne est
passée d'un centre d'accueil à un centre hospitalier, de faire
des études sur la mobilité de la main-d'oeuvre du réseau
si on n'a pas le numéro d'assurance sociale. Cela ne nous
intéresse pas de savoir quel est le nom et quel est le salaire
intrinsèquement, c'est de faire des agrégats, mais en suivant les
gens un peu comme si le numéro d'assurance sociale était un
marqueur de mobilité du personnel, pour savoir quelle est la
concentration.
Encore une fois, je veux vous rassurer là-dessus. On n'est pas
à C-157. C-157, c'est la loi sur la police civile fédérale
pour ceux qui n'étaient pas sûrs.
Vous nous proposez - et on vous en remercie - une solution pour les
mères en difficulté de la catégorie. Il y a
peut-être une solution très simple à cela, c'est de faire
une annexe et de les énumérer. Je pense qu'il y en a six, si je
ne me trompe pas. Plutôt que de faire une définition bien
compliquée, on va les annexer, on les connaît. J'en ai
déjà visité quelques-unes.
Dernièrement, c'est le système d'admission. Je comprends
que vous nous dites être d'accord avec les objectifs, d'accord avec les
principes, d'accord avec la notion de comité, la notion de
système unique sur le plan régional. Est-ce que je me trompe ou
si ce que vous remettez en cause, c'est strictement la dimension du CRSSS
administrateur vis-à-vis du coordonnateur? C'est cela pour l'essentiel,
il n'y a pas d'autres éléments? (17 heures)
M. Cloutier: Si vous me permettez un commentaire sur ce point,
peut-être qu'on se situe à l'inverse de nos
prédécesseurs. Je pense qu'il est essentiel qu'il y ait une liste
ou un registre par sous-région, par territoire de CLSC, par territoire X
qu'on définira.
M. Johnson (Anjou): C'est bien sûr.
M. Cloutier: Si on veut à un moment donner une
priorité aux besoins des gens, il faut qu'il y ait une seule liste. Si
chaque établissement garde sa petite liste de demandes et qu'à
chaque comité d'admission qui se réunit chacun arrive avec son
papier et sa pile de demandes et qu'on essaye d'agglomérer ces
choses-là, je pense qu'on ne s'en sortira jamais.
Une des qualités du système proposé, c'est qu'on
puisse avoir par territoire quelconque une liste et c'est à partir de
cette seule liste qu'on peut donner priorité aux cas; sinon, on n'en
sort pas. Il faut être sûr de servir la personne qui en a le
plus
besoin; donc, c'est la personne qui est en haut de la liste qu'il faut
d'abord servir. Il y a une centralisation quelque part qu'on souhaite au
CLSC.
M. Johnson (Anjou): Cela va.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Je voudrais revenir sur la question de la
"bicéphalie" eu égard à la collaboration que vous avez
actuellement, qui doit se pratiquer sous une certaine forme entre les centres
d'accueil et les centres de services sociaux. Comment cela fonctionne-t-il dans
les faits? Ce sont les centres de services sociaux qui évaluent les
familles. Comment se partagent les responsabilités?
M. Dallaire: Si on part des faits, c'est-à-dire non pas
sur la prospection ou sur quoi que ce soit, présentement le CSS est
responsable d'évaluer la famille et de l'accréditer. Si je pars
du point de vue du centre d'accueil, il recommande qu'une personne soit
placée. La personne est placée à partir du moment
où c'est accepté par le CSS. C'est le cheminement quotidien dans
les faits à l'heure actuelle.
Présentement, le plan d'intervention n'est pas
nécessairement défini ou par l'un ou par l'autre ou, s'il est
défini, il est défini par la bonne entente qu'il peut y avoir
entre les personnes. Si on prend la famille d'accueil ordinaire, elle ne fait
pas nécessairement une intervention de réadaptation, mais elle
assure le gîte, le couvert, etc. La famille d'accueil spéciale va
assurer gîte et couvert, mais à des personnes qui ont des
difficultés spéciales.
Cependant, quand on arrive avec le concept nouveau - et c'est là
qu'on le voit avec intérêt, mais prudence - dans les faits,
comment cela va-t-il se faire véritablement? C'était la question
soumise tout à l'heure par M. Lachapelle. Présentement, c'est le
CSS qui a la responsabilité de l'opération en famille
d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'êtes pas d'accord avec cela.
M. Dallaire: Sur la famille d'accueil de réadaptation,
quant au programme d'intervention, on aimerait que soient plus clairement
spécifiés - c'est la proposition que l'on fait - le travail
d'intervention qui peut se faire et les mécanismes de jonction entre les
deux types d'établissements.
M. Cloutier: Les cas perturbés, les
enfants-problèmes, par exemple, ayant de grandes difficultés,
très souvent, nécessitent l'intervention de spécialistes -
sans pré- tention - de la réadaptation. Là-dessus, les
centres d'accueil croient avoir développé au cours des
années une certaine expertise. Or, on a publié il y a quelques
années aussi un document qui s'appelle Le centre d'accueil, agent
privilégié de réadaptation. On pense que dans le secteur
de la mésadaptation sociale, l'outil que la société
québécoise s'est donné pour traiter ces questions, ce sont
les centres d'accueil pour mésadaptés socio-affectifs. Or, ce
qu'on essaie de faire en ce moment, tout en reconnaissant aux centres de
services sociaux la responsabilité des familles d'accueil, c'est comment
on peut faire apporter la contribution ou l'expertise des centres d'accueil
pour les aider à supporter les enfants qu'on placerait dans ces familles
d'accueil de réadaptation.
Je pense que dans ce sens-là, la proposition qu'on vous fait,
c'est une structure "matricielle", entre guillemets, qui comporte un certain
nombre de problèmes d'application. On pense que, si la
réglementation précisait davantage, cela faciliterait le discours
entre les deux catégories d'établissements.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les praticiens des centres de
services sociaux n'ont pas aussi développé une expertise
d'intervention auprès des enfants-problèmes, depuis probablement
plus longtemps que les centres d'accueil eux-mêmes?
M. Cloutier: Ce sont des réseaux qui se sont
développés aux mêmes années vers 1940 ou quelque
chose comme cela au Québec. Quand on parle des centres d'accueil de
réadaptation, ils ont quand même une plus longue histoire que les
centres d'accueil d'hébergement. On reconnaît que les centres de
services sociaux ont développé certains travaux ou certaines
expertises du côté de la mésadaptation sociale, par
exemple. Sauf que, lorsqu'on parle de clientèles avec de plus grandes
difficultés - c'est tout à fait normal - le réflexe est de
faire appel aux ressources plus équipées qui s'appellent les
centres d'accueil. Dans toute la mesure du possible si les centres de services
sociaux sont capables de s'occuper d'enfants ayant certaines
difficultés, ils le font et tant mieux, il faut que cela soit comme
cela. C'est-à-dire qu'on utilise, d'abord, la famille d'accueil
régulière, la famille d'accueil spéciale et la famille
d'accueil de réadaptation, on n'a aucun problème avec cela. Il
reste que, malgré cela, il y a un certain nombre d'enfants qui se
ramassent en centres d'accueil pour mésadaptation sociale ou pour
handicapés mentaux, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: Habituellement, quand ils sont replacés
dans une famille d'accueil, n'est-ce pas parce que l'enfant a
fait un certain progrès et est rendu à une phase de son
traitement qui permet son placement dans une famille d'accueil où
l'approche sera différente de celle qui se fait dans un centre
d'accueil? Sans cela, vous le garderiez en centre d'accueil.
M. Dallaire: Le concept est précisément en train
d'évoluer face à cela. À certains moments, la famille joue
ce rôle. C'est pour cela que le rôle doit être joué en
plus par la famille parce que la personne avait peut-être des
problèmes plus grands et a toujours besoin de la même relation
avec son professionnel; je m'excuse de l'expression. C'est cela que l'on veut
préserver dans l'évolution pour cette période importante
de transition, ce que j'appellerais l'unité d'intervention ou la
sécurité face à l'intervention. D'autant plus que si la
recommandation vient du centre d'accueil pour aller en famille d'accueil pour
un cas spécial, la personne était vraiment en situation
difficile. Donc, elle a eu besoin d'une intervention spécialisée.
À ce moment, il y a deux clientèles. Il y a la clientèle
que j'appellerais, si vous me permettez l'expression, un peu plus
légère avec laquelle le travailleur social est peut-être
plus habitué à travailler, où l'intervention est
relativement de créer un milieu familial favorable. Là, on parle
vraiment des clients qui arrivent des centres d'accueil et qui ont besoin d'une
intervention spécialisée.
M. Lachapelle: Le problème qui se pose dans cela, d'une
part, c'est que la réadaptation se fait encore - et c'est
nécessaire - dans des internats, dans le concept classique. De plus en
plus, heureusement, on considère que cela doit se faire dans le milieu
le plus normal possible. On utilise à ce moment les moyens
d'intervention les plus normaux possible. La famille, dans le cas d'un
bénéficiaire qui a besoin de services de réadaptation, n'a
plus cette fonction de réinsertion sociale, mais a une fonction de
réadaptation. C'est un agent de réadaptation, c'est un
intervenant de réadaptation. Devant cela l'ACAQ est bien d'accord. On
pense qu'on s'en va vers une société qui se prendra plus en main,
puis où on ne marginalisera pas trop le monde. On est bien content de
cela.
Par contre, le problème que cela nous pose, c'est: comment le
plan d'intervention s'applique-t-il? Ce n'est pas sur le concept d'un accueil -
je reviens sur cela - qu'on a de la misère. C'est que l'application du
plan d'intervention qui suppose - on le voit même dans la formulation du
règlement - deux types d'établissements. C'est là qu'on
dit que ce n'est pas applicable s'il n'y a pas une certaine façon
d'administrer cela, si l'on ne s'assure pas qu'il n'y a pas deux intervenants
qui peuvent dire au même bénéficiaire, au même jeune,
des informations contradictoires. Le jeune vit un processus. C'est dynamique.
Il change. Alors, il faut une adaptation constante. Il peut arriver dans ce cas
aussi, pour éviter la multiplication des intervenants, que le jeune
puisse être référé à un centre d'accueil
internat, mais que, quelques semaines plus tard, il s'en aille ailleurs. Il
faut arrêter de multiplier les intervenants. Ce qu'on veut s'assurer,
c'est que le plan d'intervention puisse être appliqué de
façon intelligente. C'est pour cela qu'on dit: Oui, avec des balises.
Cela ne se fait pas par personnes interposées, un plan d'intervention;
c'est cela que nous voulons dire. On ne donne pas une commande à
quelqu'un de faire telle chose. Il faut que cela soit supervisé de
façon beaucoup plus immédiate.
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'impression qu'il y a des conflits
d'intervenants dans le problème que vous nous décrivez.
M. Lachapelle: II ne faut pas qu'ils se vivent et dans la
famille, et sur le dos du bénéficiaire. C'est pour cela que les
règles du jeu doivent être prévues dans la
réglementation.
Mme Lavoie-Roux: L'un ou l'autre pourrait intervenir, mais il
faut qu'on s'entende sur qui intervient. C'est ce que vous dites?
M. Lachapelle: Ce que je dis, c'est lorsqu'il y a quelqu'un qui a
besoin des services d'adaptation et qu'on l'envoie dans un centre d'accueil
d'adaptation, que ce centre d'accueil puisse intervenir aussi avec des outils
assez variés pour qu'on évite l'institutionnalisation de ces
jeunes.
Mme Lavoie-Roux: À la page 34, vous vous réjouissez
qu'il soit question d'un plan d'intervention en centre d'hébergement
pour mieux desservir les personnes âgées, alors que ce plan
d'intervention dépasse la notion de plan de soins et qu'il s'agit d'un
plan global touchant l'ensemble des dimensions physiques, psychologiques et
sociales de la personne. Vous indiquez qu'évidemment, pour faire ceci,
il faudra que plus de ressources soient mises à votre disposition. Mais
est-ce qu'ils n'existent pas, à l'intérieur des centres d'accueil
pour personnes âgées, ces plans d'intervention globale?
Peut-être avez-vous besoin de plus de ressources, mais c'est comme si
tout à coup, jusqu'à maintenant, vous vous étiez
préoccupé des dimensions physiques et que désormais on
vous permet de vous préoccuper globalement de la personne. Enfin, c'est
d'après ce que je lis dans votre texte. Est-ce que l'interprète
mal?
M. Cloutier: À tout le moins de façon
restrictive pour un angle, mais je pense qu'il existe des plans de soins
en ce moment qui ont surtout un axe nursing ou santé. Notre perception
des services à rendre aux personnes âgées en centre
d'accueil est beaucoup plus large que cela. Prenons, par exemple - je pense que
vous allez bien me comprendre - l'intervention des services sociaux
auprès des clients âgés. Il y a seulement sept travailleurs
sociaux dans tout le Québec qui donnent - qui ne font pas des listes
d'admission et qui ne font pas des évaluations pour les éventuels
comités d'admission - des services sociaux, qui font des interventions
de nature sociale auprès des 30 000 personnes âgées qu'on a
en centre d'accueil; il y en a sept. On pense qu'un plan d'intervention, si on
veut que cela rime à quelque chose, devra s'occuper aussi de ces
dimensions.
Parlons d'évaluation et de besoins psychologiques. Si on n'a pas
un certain nombre d'outils pour faire ce genre de chose, on va se retrouver
avec un plan peut-être un peu plus large que le plan de soins, mais au
fond ce n'est pas prendre l'ensemble de la personne sur le plan global. Bien
sûr, on essaie d'assumer cela avec les moyens qu'on a - M. le ministre
est bien au courant de nos demandes répétées en termes de
personnel, etc. - mais il faut quand même constater qu'on en est à
des équipes de premier niveau d'intervention en termes de services
gérontologiques. Parlons de la physiothérapie, parlons de
l'ergothérapie, etc., que ce soit de la réadaptation dite de
support, de correction ou autre, moi, cela m'importe peu, mais ce sont des
services dont les personnes âgées ont besoin, qu'on ne donne pas.
Quand on fait appel à la notion de plan d'intervention, nous pensons
à tout cela. Alors, on dit: II va falloir injecter des choses, c'est ce
que cela veut dire, sinon on aura un plan de soins équipés.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous me dire - non en termes de
mortalités ou de départs vers des hôpitaux de soins
prolongés - en termes de retour dans la communauté, si vous avez
des statistiques sur le taux de mobilité de votre population dans les
centres d'accueil pour personnes âgées? Est-ce que le fait
d'ajouter ces ressources dont vous parlez permettrait un plus grand va-et-vient
- je pense qu'il serait souhaitable - entre la communauté naturelle, si
on peut dire, et l'institution?
M. Cloutier: Je pense que, par rapport à votre
deuxième affirmation, un coffre d'outils plus complet permet de mieux
travailler et de mieux combler les besoins, donc d'éventuels retours
beaucoup plus fréquents.
Mme Lavoie-Roux, j'ai entendu le chiffre de 2% de retours à la
communauté, mais je ne pourrais pas vous le confirmer. Peut-être
les spécialistes du ministère ont-ils aussi des données
là-dessus, mais il me semble que ce soit le chiffre que j'ai entendu, je
n'ai pas fait d'enquête.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question. Le ministre a
passablement abordé la question de l'équipe médicale
à l'intérieur et vous lui avez donné certaines pistes
d'exploration. Pouvez-vous me dire dans quelle mesure les
bénéficiaires qui sont admis chez vous peuvent continuer de
recevoir les services médicaux ou les consultations médicales de
leur médecin traitant avant d'avoir accès aux centres
d'hébergement? (17 h 15)
M. Cloutier: Excusez-moi, je n'ai pas saisi la question.
Mme Lavoie-Roux: Les bénéficiaires qui sont admis
dans les centres d'accueil et qui avaient, avant leur admission dans le centre
d'accueil, un médecin traitant qui était, soit un médecin
de famille, un médecin qui les suivait depuis longtemps - il pouvait
être un spécialiste aussi, peu importe - dans quelle mesure
peuvent-elles continuer d'avoir accès à ces médecins?
M. Cloutier: Je pense que sur le plan des principes, la
réponse est que, bien sûr, on essaie dans toute la mesure du
possible que les gens puissent avoir accès à leur médecin.
Je vous cite un cas que je connais: dans un centre d'accueil de 60 lits, il y a
eu, à un moment donné, 17 médecins qui intervenaient, les
uns selon les horaires du soir, les autres selon les horaires du matin; les
uns, de temps en temps, le samedi et de temps en temps, le dimanche, parce que
chacun a sa forme de pratique, etc. Je vous avoue que c'est "unmanageable", si
vous me permettez l'expression anglaise. La structure des soins et des
interventions, par exemple, des infirmières, pour donner le support
nécessaire à ces visites médicales, etc., ce n'est pas
possible physiquement. Alors, il a fallu restreindre cela par des ententes avec
les médecins en question dans certains cas et essayer de discuter
comment on pourrait s'aménager autrement. Dans la mesure du possible, je
vous avoue qu'on essaie de respecter cela de façon très certaine.
Mais, ce n'est pas toujours facile.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la loi ou les règlements
prévoient que les gens aient la liberté de choix?
M. Cloutier: Oui, tout à fait.
M. Johnson (Anjou): Là-dessus, si on me permet une
question.
Mme Lavoie-Roux: Le problème nous est soumis, pas tous les
jours. Oui.
M. Johnson (Anjou): Le problème peut être cosmique:
c'est toute la notion de la liberté de choix et tout cela. Mais, dans la
mesure où - regardons-le en termes de quantité - de plus en plus,
dans les centres d'accueil, les centres d'hébergement, il y a des
populations plus lourdes qui exigent des services médicaux que ce soit
par contrat de services ou par l'équivalent de l'instauration d'un CMD
qui se rattache au conseil d'administration comme ce qui est proposé
dans le projet, cela devient, à toutes fins utiles, de la pratique en
établissement. Or, un citoyen qui est à l'hôpital Saint-Luc
ou à l'hôpital Saint-Sacrement ici à Québec, qui est
hospitalisé dans cette boîte où il y a une structure qui
s'appelle un CMD n'a plus la "liberté de choix" entre quillemets. Il ne
peut pas faire venir son médecin de famille de Sept-Îles. Il faut
que le médecin qui met les pieds dans l'établissement ait des
privilèges dans cet établissement. C'est tout cela dans le fond.
L'équilibre à trouver là-dedans vient à partir de
cela. Tant et aussi longtemps qu'on n'a pas changé cela, il reste que le
critère le plus absolu qui demeure, c'est celui de la liberté de
choix de l'individu. On sait, cependant, que cela comporte des
inconvénients sérieux, à la fois pour le patient, pour le
médecin en termes de disponibilité, de possibilité de s'y
rendre, sans compter qu'à certains endroits on connaît certaines
aberrations de pratique qui sont reconnues par les fédérations
elles-mêmes.
La pratique à l'acte en centre d'accueil est un mode de
rémunération qui ne colle pas bien finalement aux besoins.
D'ailleurs, la Fédération des médecins omnipraticiens a
reconnu dans la dernière entente qu'il fallait trouver d'autres
solutions. On s'est entendu sur une chose: la rémunération
à l'acte en centre d'accueil - on s'entend sur le principe, c'est
écrit dans la lettre d'entente - n'est pas un mode adéquat. Il
faut trouver autre chose. Cela peut produire des aberrations. Il va falloir
trancher dans cette espèce de noeud gordien de la notion de la
liberté pour l'individu de choisir son propre médecin. Mais on ne
pourra justifier d'enfreindre ce principe général dans nos lois
que dans la mesure où il s'agit de l'équivalent d'un
établissement. Personne ne se pose la question de la liberté de
choix dans les hôpitaux. Tu ne fais pas venir ton médecin de
famille à l'hôpital s'il n'a pas de privilèges
d'hospitalisation dans cet hôpital.
Mme Lavoie-Roux: C'est le point où je voulais en venir.
Vous avez des objections, vous avez soulevé des questions quant à
l'établissement d'un conseil de médecins et dentistes à
l'intérieur du centre d'accueil.
Est-ce que ceci ne permettrait pas, justement, de régler cet
autre problème qui n'est pas toujours, comme vous le dites, à
l'avantage du bénéficiaire ou même n'est certainement pas
souvent à l'avantage du centre d'accueil?
M. Cloutier: Partiellement. L'existence d'un conseil des
médecins et dentistes n'augmente pas nécessairement le nombre de
médecins qui y pratiquent. Je connais beaucoup de petits centres
d'accueil, de 30, 40, 50, 60 lits, où il y a un médecin qui
intervient dans cet établissement. De là le problème de
l'encadrement de la pratique médicale, bien sûr, mais le
problème d'accessibilité est d'autant plus simple dans ce genre
d'établissement.
Chez les praticiens, généralement, ou les médecins
qui intervenaient dans plusieurs établissements où ce
problème se posait, il y a eu une discussion un peu collégiale
entre eux et, lorsque cela devenait trop compliqué à administrer,
certains ont décidé soit de se retirer, soit d'intensifier leur
intervention. Ils ont fait, si on veut, un nouveau partage de clientèle.
Ils en ont convenu entre eux. J'ai un cas en mémoire où il y
avait trop de médecins dans un même établissement et les
gens ont décidé de discuter avec leurs clients de la
possibilité de... et il y a eu des aménagements
intéressants. On travaille avec les réalités du milieu
dans ce sens-là. Mais je ne pense pas que l'existence de structures
comme telles...
Mme Lavoie-Roux: Vous parlez davantage d'un service
médical que du Conseil des médecins et dentistes.
M. Cloutier: Oui. Cela n'augmente pas le nombre des
médecins nécessairement.
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait régler en partie...
Merci.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai quelques questions de nature
générale qui ne touchent pas directement ces règlements,
mais qui touchent l'ensemble du réseau des centres d'accueil.
Pourriez-vous nous donner une estimation des coûts par jour pour une
personne âgée dans un centre d'hébergement par rapport aux
coûts dans une famille d'accueil, ou pour n'importe quelle
catégorie, que ce soit une personne handicapée ou autre? Quel est
le ratio des coûts? C'est ce que je cherche; pas le coût
absolu.
M. Cloutier: Pour bien comprendre votre question, mentionnons que
la comparaison qu'on établit généralement, Mme la
députée, se situe entre les centres
d'accueil d'hébergement et les centres hospitaliers de soins
prolongés et les pavillons, parce que c'est généralement
qu'on retrouve les mêmes genres de clientèle. La famille d'accueil
de réadaptation ou la famille d'accueil est plutôt comparable au
centre d'accueil de réadaptation.
Mme Dougherty: Prenons l'exemple d'une catégorie où
on peut comparer une famille d'accueil et un centre d'accueil. C'est cela que
je voudrais comparer.
M. Cloutier: Je pense que, pour une famille d'accueil -
peut-être que mes collègues des centres de services sociaux
connaissent ces chiffres-là mieux que moi -l'aide sociale accorde 22 $
par jour. 13,52 $, me dit-on, pour ce qui est des familles d'accueil.
Mme Dougherty: Mais si on ajoute d'autres services,
médecin, transport, etc., les services itinérants
consacrés à ces personnes dans des familles d'accueil? Le
ministre pourrait peut-être répondre, parce que la deuxième
partie de ma question est la suivante: Si on avait plus de familles d'accueil
pour certaines catégories, est-ce qu'on pourrait, dans l'ensemble du
réseau, fonctionner avec moins de centres d'accueil? Je parle de
certaines catégories. Il y a certaines personnes pour lesquelles la
famille d'accueil est hors de question; je comprends cela. Je pose ces
questions parce que j'ai l'impression que, dans l'évolution des centres
d'accueil que vous avez brièvement tracée au début, nous
sommes arrivés à un point qui est au-delà, qui a atteint
l'optimum des coûts-bénéfices par rapport aux services.
Aussi, compte tenu que notre but est de garder nos citoyens dans les milieux
les plus normaux possible - c'est un principe très important - on
pourrait, dans l'ensemble du réseau des affaires sociales, être
plus efficaces sur le plan économique et en même temps sur le plan
personnel.
M. Johnson (Anjou): D'abord, voici quelques données de
fait. Je comprends que l'Association des centres d'accueil ne soit pas
versé nécessairement dans les chiffres sur les familles
d'accueil; c'est notre rôle à nous. Il y a 2938 familles d'accueil
d'hébergement pour personnes âgées, pour un total de 9453
personnes qui sont hébergées dans ces familles. Il y a à
peu près, comme on voit, en moyenne, quelque quatre personnes par
famille. Deuxièmement, pour les enfants, c'est-à-dire la
réadaptation, mésadaptés socio-affectifs,
handicapés, etc., déficience mentale, protection, 10 729 familles
d'accueil pour un total de 15 154 bénéficiaires. Comme on le
voit, ce n'est même pas deux enfants par famille d'accueil. En gros, il y
a un problème de disparité sur le territoire. Si on regarde les
milieux à très forte concentration urbaine comme Montréal
on manque de familles d'accueil pour personnes âgées. Il semble
que la technique de pavillonnement, pour toutes sortes de raisons, soit celle
qui est la plus apte à répondre aux besoins de la culture
urbaine. Les gens sont plus isolés, etc., peut-être que les
maisons s'y prêtent moins qu'en milieu rural.
Dans le cas des enfants, si je me souviens bien, il ne manque pas
beaucoup de ressources globalement, compte tenu des besoins exprimés
jusqu'à maintenant. La vraie question que vous posez sur un plan
philosophique ou d'orientation est, à mon avis, très importante.
Je pense que là-dessus, on serait peut-être surpris de voir la
réaction des centres d'accueil. Les centres d'accueil sont de plus en
plus ouverts vers cette notion qu'il faut permettre aux gens d'être le
plus possible dans un milieu naturel. Ce qui nous manque, c'est des familles
d'accueil dites spécialisées, c'est-à-dire des gens qui
sont prêts à prendre des cas complexes, un peu plus lourds, plus
exigeants. Cela prend du monde qui a beaucoup de persévérance
dans beaucoup de ces cas parce que les problèmes sont de plus en plus
complexes, de plus en plus difficiles. Le clivage des générations
se fait sentir. Il y a de moins en moins de nouvelles jeunes familles.
Maintenant, dans le règlement, on essaie de se donner un instrument.
C'est pour cela qu'on introduit la notion des classes de familles d'accueil
parce que, éventuellement, on peut trouver toutes sortes de moyens pour
stimuler la présence de ce type de ressource, ce qui allégerait
certains des problèmes des centres d'accueil de réadaptation.
Quand je dis stimuler ce type de ressource, c'est par une approche
budgétaire de tarification, d'encadrement, de ressources, de contrats de
service CSS versus centres d'accueil de réadaptation, etc. C'est pour
cela qu'on introduit cette catégorie dans le règlement, qui
correspond à une réalité. Il ne nous en manque pas
globalement. Il nous en manque de spécialisés pour les cas
difficiles.
M. Dallaire: M. le Président, je pense qu'effectivement,
depuis les dernières années, surtout si je parle du secteur des
handicapés mentaux, cela a été un changement qui s'est
effectué assez radicalement. Dans les centres d'accueil qui au
départ étaient des endroits où il y avait en internat
beaucoup de personnes il y a maintenant moins de personnes en internat, mais il
y a plus de foyers de groupe, de familles d'accueil. Là, vous pouvez
inventer parce que le vocabulaire est assez variable à l'heure actuelle
pour différents types de résidences où les personnes sont
intégrées à la communauté. Peut-être que des
études du
ministère pourraient démontrer que le coût n'a pas
augmenté d'autant, c'est-à-dire qu'on a été capable
de faire cela en maintenant, malgré l'augmentation des coûts, le
même niveau de services et même en les améliorant parce
qu'il y a une intégration communautaire. C'est une recherche qui est
certainement, à l'heure actuelle, au niveau des handicapés
mentaux, du quotidien. Je pense que, du côté des
mésadaptés socio-affectifs, ce sont les éléments,
et pour les handicapés physiques aussi.
M. Cloutier: II est sûr que c'est la perspective ou la
direction vers laquelle il faut aller. Dans ce sens, on souscrit totalement
à votre préoccupation d'optimalisation des coûts parce que
la société a des limites là-dessus. Il faut dire aussi
qu'il y a de nouvelles techniques qu'on peut développer pour aider ces
familles d'accueil, pour mieux les encadrer, etc. Il y a du nouveau
matériel là-dedans. À l'étranger, il y a quelques
expériences fort intéressantes dont il faut profiter aussi et on
essaie dans ce sens de les importer. (17 h 30)
C'est, d'ailleurs, pour la même raison que vous noterez dans notre
mémoire jusqu'à maintenant personne n'en a fait état -
qu'on enlève la limite du chiffre 5 pour les foyers de groupe. C'est
pour permettre que le coffre d'outils ou les moyens de recours en
réadaptation puissent être le plus souples possible et
adaptés aux besoins. Dans certains cas, il y a des familles d'accueil
qui vont pouvoir prendre un seul jeune et cela va nécessiter tout un
investissement et un encadrement majeur du centre d'accueil. C'est dans ce sens
qu'on vous dit que la limite de cinq, qui est un chiffre tout à fait
discutable quant à nous, pour les foyers de groupe devrait être
retirée pour utiliser davantage ce genre de modèle plus souple,
plus intégré, moins dispendieux, je pense.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires ou interventions? Sinon je remercie, au nom des membres de la
commission, les représentants de l'Association des centres d'accueil du
Québec de leur participation à nos travaux.
M. Dallaire: M. le Président, on remercie la commission et
M. le ministre de nous avoir permis d'exprimer à la fois nos
préoccupations face au projet de règlement et nos
capacités de favoriser un cheminement qui amènera peut-être
des solutions aux quelques problèmes qui restent quant au projet de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): Merci. J'inviterais maintenant
l'Association des centres hospitaliers et des centres d'accueil privés
du Québec à s'approcher, s'il vous plaît.
Association des centres hospitaliers et des
centres d'accueil privés du
Québec
Le Président (M. Boucher): M. Groulx, si vous voulez
procéder à la lecture de votre mémoire.
M. Groulx (André): M. le Président, M. le Ministre,
mesdames et messieurs les députés, il me fait plaisir en tant que
président de vous présenter aujourd'hui le court mémoire
de l'Association des centres hospitaliers et des centres d'accueil
privés du Québec. Pour accomplir cette tâche et pour
répondre à vos interrogations, je suis accompagné de Mme
Clémence Labrèche, membre du conseil d'administration et
directrice générale du Centre d'accueil Saint-Hilaire, et de M.
Gilles Gaudreault, directeur général de notre association.
M. le Président, comme vous le savez sans doute, les
établissements privés conventionnés de soins de
santé et de services sociaux ont défini leur mission à
l'intérieur de la notion d'entreprise privée. Le
législateur a d'ailleurs reconnu ce droit à l'existence du
secteur privé dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. Le caractère représentatif de la charte n'est
donc plus à établir. Le secteur privé a occupé et
occupe une place importante dans l'ensemble des services de santé et des
services sociaux offerts à la population.
L'Association des centres hospitaliers et des centres d'accueil
privés du Québec est une association née le 8 mai 1979 du
regroupement de deux associations d'établissements privés du
réseau. Elle regroupe aujourd'hui 105 établissements regroupant
plus de 7000 lits répartis dans des catégories de centres
d'accueil d'hébergement, de centres d'accueil de réadaptation et
de centres hospitaliers de soins prolongés avec un budget de près
de 150 000 000 $.
Les commentaires dont nous allons vous faire part s'inscrivent à
l'intérieur de deux objectifs principaux qui sont des
éléments déterminants de notre association, à
savoir: protéger et promouvoir l'entreprise privée dans le
domaine de la santé et du bien-être et promouvoir
l'amélioration constante de la qualité des soins donnés
aux bénéficiaires. Notre approche, qui ne sera certainement pas
très longue, représente à nos yeux un
élément important de la conception d'une concertation dans le
réseau et d'un intérêt marqué de la participation
des bénéficiaires dans tout le système.
Mme Labrèche (Clémence): Les commentaires de la
charte à la section II, catégories de familles d'accueil,
à l'article 7. L'Association des centres hospitaliers et des
centres d'accueil privés du Québec constate avec
satisfaction que le ministère des Affaires sociales se préoccupe
du développement des ressources alternatives dans le réseau
d'établissements des affaires sociales. L'honorable ministre peut
être assuré de la collaboration effective des membres de notre
association pour lui aider à développer de façon
économique l'utilisation de telles nouvelles ressources
alternatives.
Nous nous permettrons cependant de suggérer que le
développement des ressources alternatives s'inscrit dans un contexte de
continuité des soins à offrir aux bénéficiaires.
À notre sens, un même établissement devrait pouvoir prendre
en charge un bénéficiaire depuis le moment où sa condition
réclame une surveillance sociale ou de nursing et lui assurer
graduellement les soins requis par l'alourdissement de son état de
santé.
Section II, article 33: Accès aux services dispensés par
les centres hospitaliers et les centres d'accueil.
Le conseil régional élabore un système pour
l'admission des bénéficiaires dans les établissements
offrant des services en soins prolongés ou en hébergement.
Un tel système doit tenir compte de l'ensemble des ressources du
territoire desservi, y compris les familles d'accueil et les ressources de
maintien à domicile et des permis des établissements. Il doit
tenir compte également de la quantité des heures cliniques telles
qu'établies et autorisées par le MAS pour les
établissements privés visés dans les articles 176 et 177
de la loi.
Le système d'admission doit prévoir -c'est la demande
qu'on fait - la représentativité de chaque catégorie
d'établissements; à cela s'ajoute, bien sûr, tel que
décrit dans le projet de réglementation, la participation d'un
médecin, d'un travailleur social et d'un infirmier ou d'une
infirmière.
Le système d'admission doit établir l'ordre de
priorité des admissions pour les établissements concernés
dans la région. Une copie de toutes les demandes d'admission
reçues par les centres locaux de services communautaires ou les centres
de services sociaux doit être envoyée au conseil régional.
À cet article - ce n'est pas inscrit à l'intérieur de
notre mémoire, mais nous l'avons ajouté hier soir - c'est au
niveau du système d'admission. On vous demande la
représentativité par catégorie d'établissements.
Nous vous proposons aussi un ajout en termes de représentativité.
On comprend que le projet de réglementation s'assure de la participation
d'un médecin et d'un travailleur social, d'une infirmière ou d'un
infirmier, mais, comme le projet de réglementation doit prévoir
un système d'admission, c'est bien sûr parce qu'il y a des
bénéficiaires à admettre. Alors, n'y aurait-il pas lieu de
s'assurer de la représentativité de la clientèle, qui est
le bénéficiaire lui-même, en attente de placement à
l'intérieur du processus d'admission? Ce représentant, on le
voyait particulièrement pour les bénéficiaires qui sont
à domicile.
Je m'explique. Les bénéficiaires qui sont en attente de
placement et qui sont actuellement à l'intérieur des
hôpitaux de courte durée, je pense qu'ils ont, par ces mêmes
établissements, des représentants qui s'expriment en leur nom.
Soyez assuré que, pour le bénéficaire qui est à
l'hôpital, si son attente de placement se fait trop longue, en tant que
membres - je suis membre d'un comité d'orientation-admission - nous
sommes contactés et on nous le dit. Alors que, pour le
bénéficiaire qui est à domicile, la question qu'on se pose
souvent, c'est: Qui est là pour parler en son nom? Qui nous fait
vraiment connaître ses préoccupations et son état de
détérioration quand il est à domicile? Bien sûr, les
dossiers sont mis à jour, mais au fond, je pense que, s'il y avait au
sein des dix comités un représentant de la clientèle
à domicile, cela permettrait aux administrateurs de s'ajuster, de
favoriser et de donner la priorité de façon égale à
la clientèle qui est dans les hôpitaux et à celle qui est
à domicile.
Nous ne voudrions pas qu'il y ait une sorte de tendance à vouloir
favoriser une partie de la clientèle au détriment de l'autre. Ce
qu'on veut, tout le monde ensemble, c'est bien de favoriser également
l'accessibilité aux ressources.
À la page 3, l'accès aux services dispensés par les
centres hospitaliers et les centres d'accueil, la section II, l'article 35 dans
le projet de réglementation, se lisait ainsi: "Un établissement
offrant des services de soins prolongés ou d'hébergement doit
admettre une personne nécessitant des services d'urgence." Nous, on vous
demande de biffer le mot "urgence" pour garder le reste du texte. Merci.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci. Je remercie l'ACHAP de venir nous
faire part de certains de ses commentaires. C'est simplement pour assurer
qu'à l'égard de la page 2 de votre mémoire, sur
l'application des articles 176 et 177, dans le fond, c'est le contrat qu'on
signe. Il est bien évident que c'est dans le cadre des
négociations, je pense, qu'on peut régler cela. C'est le seul
endroit. Certains prétendraient même qu'on devrait faire cela avec
les hôpitaux en général, mais c'est le seul endroit
où on tient compte, dans les montants qu'on vous verse sous forme de
subventions, d'une quantité des heures
cliniques. Il est bien évident qu'il faut que la concordance soit
faite. Je pense que ce n'est pas dans le règlement, cependant. C'est
dans le cadre des ententes qu'il faut le faire.
Je suis heureux de constater que vous êtes d'accord avec nous sur
l'ouverture vers les familles d'accueil. Est-ce que je dois voir là un
intérêt pour votre association de les regrouper? Je sais qu'il
existe déjà des regroupements dans ce domaine.
Sur la notion de la présence des bénéficiaires aux
comités d'admission, je prends bonne note de votre préoccupation.
Cependant, j'y vois a priori beaucoup plus d'obstacles que de
possibilités à ce stade-ci.
Quant à la question de l'accès aux services
dispensés par les centres, je ne comprends pas vraiment pourquoi vous
voulez supprimer l'expression "d'urgence" et j'aimerais peut-être vous
entendre là-dessus. Un établissement offrant des services de
soins prolongés ou d'hébergement doit admettre une personne
nécessitant des services d'urgence qu'il peut lui fournir, une
pétition de principe dans notre système. Vous recommandez que le
mot "d'urgence" soit biffé. Je me demande pourquoi.
Mme Labrèche: En fait, c'est tout simplement parce qu'on
se disait que la notion d'urgence est clairement établie. On doit lui
donner tout simplement les services qu'il peut lui fournir. On ne voyait pas la
nécessité de mettre le mot "urgence".
M. Groulx: Cette notion nous apparaissait un peu hors nature par
rapport aux vocations dont on dispose et on trouvait cela dommage de
s'embarquer dans un libellé comme cela. C'est un besoin qui nous
amène le bénéficiaire et ce n'est pas une crise à
laquelle il fait face instantanément, telle une crise physique.
Mme Lavoie-Roux: Comme dirait notre ex-ministre de
l'Éducation - non, notre actuel ministre de l'Éducation - cela
vous apparaît superfétatoire.
M. Johnson (Anjou): Non, je dirais que ce n'est pas pour rien
qu'on met "d'urgence", parce que, si on laisse l'article comme vous le
proposez, "un établissement offrant des services de soins
prolongés ou d'hébergement doit admettre une personne
nécessitant des services qu'il peut lui fournir", cela voudrait dire
qu'à travers cela, il n'y a pas tellement de concordance avec la notion
de comités d'admission et le reste. L'établissement serait le
seul à décider n'importe quand, devant n'importe quel besoin, il
peut fournir des services s'il voit un patient et lui dit: Vous entrez chez
nous. Alors que ce dont on parle, c'est l'obligation pour
l'établissement de répondre à un besoin d'urgence s'il
peut répondre à une demande d'urgence et non pas à
n'importe quelle demande. Le citoyen qui se promène et qui va frapper
à la porte du Pavillon Saint-Georges ou de n'importe quel autre
établissement et qui dit: Vous autres, vous êtes un CHSP. J'entre
ici cet après-midi. Justement, si on met sur pied tout un
mécanisme qui nous permet un peu de répondre de façon
prioritaire aux besoins les plus urgents et de distribuer en
équité des ressources pour les citoyens, il est bien
évident qu'on a besoin de cette notion.
Mme Lavoie-Roux: Je vais interpréter... Apparemment, les
gens y donnent une interprétation différente. C'était dans
le sens que quelqu'un avait la responsabilité juridique dans une
situation d'urgence, de ne pas refuser quelqu'un à la porte. Je pense
que c'est ce que cela veut dire.
M. Johnson (Anjou): Dans une situation d'urgence.
(17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: II y a eu des situations où les
hôpitaux n'ont peut-être pas montré assez de
célérité ou les ont fait promener d'un hôpital
à l'autre. Je pense que c'est cela, qu'un hôpital ne pourrait
jamais, si c'était une situation d'urgence, se justifier.
M. Gaudreault (Gilles): C'est notre préoccupation que
quelqu'un qui a besoin de soins ne puisse pas être refusé, mais
si, par la suite il n'est pas au bon endroit, il sera dirigé vers
l'endroit où...
M. Johnson (Anjou): En urgence, cela va, mais pas à
n'importe quelle heure du jour, pas n'importe comment et dans n'importe quelle
condition. On peut, par exemple, arriver à la porte d'un centre
d'accueil et dire: Savez-vous, moi, cela fait huit mois que j'ai le goût
de me trouver une place en centre d'accueil, je viens frapper à votre
porte, vous avez un lit de libre, admettez-moi. Il est évident qu'on ne
peut pas laisser aller cela ainsi. Si on parle des centres d'accueil
privés autofinancés, c'est une autre paire de manches, cela les
regarde. Mais, si on parle des centres d'accueil privés
conventionnés, donc subventionnés, ils font partie, à
l'égard du système d'admission, du réseau public et des
critères qu'on veut appliquer dans le secteur public. Cela dit, s'il y a
une question d'urgence, c'est bien évident qu'il faut que
l'établissement fournisse les ressources qu'il est apte à fournir
à ce moment. Je pense qu'on se comprend tous les deux sur l'objectif,
c'est peut-être sur la façon de l'exprimer qu'on
diffère.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une seule question, c'est au dernier
paragraphe de la page 1. J'essaie de comprendre l'intention de ce paragraphe
dans lequel vous dites qu'un même établissement devrait pouvoir
prendre en charge un bénéficiaire depuis le moment où sa
condition le réclame et lui assurer graduellement les soins requis par
l'alourdissement de son état de santé. C'est que vous le situez
après les paragraphes touchant les familles d'accueil. Je ne sais pas
l'intention. Comme principe, je suis d'accord; pris séparément,
je suis d'accord avec vous, dans la mesure où c'est possible. Mais, en
l'ajoutant aux catégories de familles d'accueil, est-ce que vous voulez
dire que, par exemple, dans le cas des centres d'accueil privés, vous
pourriez utiliser les familles d'accueil? J'essaie de saisir l'intention
reliée aux familles d'accueil de ce dernier paragraphe.
M. Gaudreault: ...le sens de notre intervention à ce
sujet, c'est la possibilité de développer des ressources
alternatives dans le réseau des établissements privés.
Mme Lavoie-Roux: Qui pourraient être des familles d'accueil
ou qui pourraient être...
M. Gaudreault: C'est cela. Elles pourraient donner une
continuité de soins. Évidemment, c'est plus dirigé
actuellement dans le secteur public, et le réseau des
établissements privés pourrait développer cette
initiative. Il y a déjà des projets qui ont été
présentés dans ce sens pour permettre une forme de
continuité de soins.
M. Johnson (Anjou): Reliés ou pas aux CSS? Parce que, dans
le fond, c'est...
M. Gaudreault: Dans la dynamique, cela s'inscrivait exactement
dans une même orientation que ce qu'on peut retrouver dans le secteur
public.
M. Groulx: Cela va aussi un peu plus loin que cela dans l'optique
qu'il nous apparaît peut-être souhaitable d'examiner
l'opportunité qu'un même établissement possède deux
vocations qui se complètent, ce qui, à notre sens,
éviterait certains problèmes de transposition d'individus
après X années dans le même lieu géographique. Cela
va jusque-là. En parallèle avec les familles d'accueil, qu'on
retrouve à cette étape, on voulait aussi vous faire part d'une
certaine inquiétude de ne pas trop schématiser dans de petites
unités des spécificités, mais de les encadrer dans une
organisation qui, elle, peut les faire cheminer pour conserver le
bénéficiaire dans une entité. C'est cet aspect qu'on
voulait soulever.
M. Johnson (Anjou): Ce que vous dites, c'est la notion
d'extension, un peu comme l'ACAQ nous en parlait tout à l'heure dans son
cas. L'extension des services de vos établissements vers des familles
d'accueil, c'est un très large débat. Et la question de qui a la
responsabilité des familles d'accueil, j'ai tendance à dire que
ce sont les CSS qui l'ont. Ils ont l'expertise, ils ont les données.
Est-ce qu'il faut maintenant permettre à d'autres types
d'établissements d'être un relais additionnel avec un
professionnel de plus aux yeux du citoyen? Je ne suis pas sûr de cela,
mais je comprends cependant que vous vous inscrivez dans la même
perspective. Vous dites: Ce n'est pas parce qu'on est des établissements
privés qu'on pense qu'on ne devrait pas avoir accès à la
même perspective que l'Association des centres d'accueil du
Québec, par exemple. Dans ce sens, je pense que vous avez parfaitement
raison. Si jamais on décidait de permettre aux centres d'accueil publics
du Québec d'avoir des espèces d'émanations qui sont des
familles d'accueil ou l'équivalent, des foyers de groupes, etc., je ne
vois pas pourquoi on ne vous le permettrait pas à vous autres. Je peux
vous rassurer quant à cela.
M. Gaudreault: Permettez-moi, M. le ministre, de revenir aussi
à l'article 33. Je pense que la dimension qu'on veut faire ressortir en
demandant l'inscription de la quantité des heures de cliniques, telles
qu'établies et autorisées par le MAS, va un peu plus loin que la
discussion qu'on peut avoir, ou la négociation qu'on peut avoir de
façon quasi permanente maintenant avec le ministère concernant
l'établissement de la quantité des heures. Dans la perspective
actuelle de cet article, le conseil régional, ou le CLSC, enfin tout le
processus qui semble s'établir graduellement, on tient compte dans le
texte original des familles d'accueil, des ressources de maintien à
domicile et des permis émis aux établissements. Dans notre
secteur, évidemment, il y a aussi l'aspect de la quantité de
soins qu'on ne peut pas dépasser et qui peut causer, à un certain
moment, des désagréments aux établissements. Si, par
hasard, les listes des conseils régionaux ou les listes du
système d'admission ne contiennent que des A-4 par exemple, qui
demandent quatre heures-soins, alors que, pour 50% ou 60% de nos
établissements, la quantité d'heures-soins autorisée se
situe aux environs de deux heures-soins-patient par jour, on pourrait se
trouver, à un moment donné, dans un cul-de-sac. C'est une
dimension qu'on aime faire ressortir. Remarquez que, si les heures-soins sont
réévaluées périodiquement et accordées en
fonction des services à donner, on est prêt à prendre tous
les malades chroniques que vous
nous présenterez. Il n'y a pas de problème de ce
côté-là. Mais, dans une autre perspective, on aimerait que
cette quantité d'heures-soins devienne une dimension dont le
système d'admission doit tenir compte. Je ne sais pas si je m'exprime
bien.
M. Johnson (Anjou): Je prends bonne note.
M. Groulx: Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose sur la
représentativité des catégories d'établissements?
Avec la nouvelle mécanique, en tant que partenaire des CRSSS, cela nous
apparaît un élément important qu'au niveau de la
réglementation, on puisse avoir une certaine certitude. Les
expériences qu'on a vécues ici dans la région de
Québec, depuis un an et demi - à Montréal, depuis quelques
mois - nous font percevoir qu'un tel système est efficace pour autant
qu'il y ait concertation des gens et que les gens se sentent des gestionnaires
sécurisés dans un tel système par une certaine forme de
représentativité. Alors, c'est ce qu'on a mis là - et cela
allait aussi dans cette optique depuis l'expérience vécue - la
suggestion d'un représentant qui pourrait être un groupement de la
fédération de l'âge d'or, etc.
M. Johnson (Anjou): Sur la question de la présence des
membres de votre association, il est évident... Vous avez 105 membres
sur tout le territoire du Québec. Si on mettait dans le règlement
que vous devez être dans le comité mis sur pied dans chaque
région, vous convenez avec moi que ce ne serait pas possible. Cependant,
dans la mesure où vous avez une forte concentration
d'établissements dans une région ou une sous-région, vous
pouvez compter sur nous pour dire aux conseils régionaux, dans
l'établissement de la procédure qu'ils vont mettre sur pied
à chacun des endroits, de tenir compte de cette
réalité.
M. Groulx: M. Johnson, je m'excuse, cela va plus loin que cela.
Dans notre optique, c'est l'ensemble du réseau. Les centres d'accueil et
les CHSP, avec le conseil régional, font bifurquer le problème
des comités d'admission de leur clientèle. Et on se dit que, dans
un tel système qui est orchestré par le conseil régional,
pour le bon fonctionnement de ce système, il faut absolument qu'on ait
une sécurisation au niveau des établissements de
représentativité au sein des comités d'admission. Ce sont
des structures qu'ils se donnent et le règlement est clair
là-dessus dans chacun des conseils régionaux. Mais c'est une
approche qui est un élément aussi important que lorsqu'on
décrit d'une façon définitive certaines personnes qui
doivent en faire partie. Cela nous apparaît important dans ce
sens-là pour l'ensemble des établissements.
M. Johnson (Anjou): On en prend bonne note.
M. Gaudreault: Pour l'ensemble.
M. Groulx: Pour l'ensemble des établissements, pas
nécessairement pour les établissements privés.
M. Johnson (Anjou): Oui, je comprends. Mais vous faites
déjà tous partie du conseil d'administration du conseil
régional.
M. Groulx: C'est exact.
M. Johnson (Anjou): Toutes les catégories
d'établissements sont représentées. Il y a un conseil
d'administration. Cela ne veut pas dire nécessairement qu'il y a des
gens de toutes les catégories qui siègent à tous les
comités.
Une voix: Non.
M. Johnson (Anjou): On finit toujours par trouver une
"rationale", comme ils disent dans la langue de Shakespeare.
M. Groulx: Sauf que le pouvoir d'admission étant
bifurqué ailleurs, chacun des conseils ayant perdu cet
élément-là...
M. Johnson (Anjou): Mais je présume que vous allez brasser
le pommier au conseil d'administration si cela ne va pas bien.
M. Groulx: Vous avez raison de le présumer, M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas d'autres
intervenants. Je vous remercie de votre participation.
M. Groulx: Je vous remercie, au nom de l'ACHAP. Il nous a fait
plaisir de vous faire part de nos commentaires.
M. Johnson (Anjou): Merci, messieurs. Mme Lavoie-Roux:
Merci beaucoup.
Le Président (M. Desbiens): L'Association des centres de
services sociaux du Québec et l'Association des CLSC se
présenteront ce soir, à 20 heures.
La commission élue permanente des affaires sociales suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise de la séance à 20 h 07)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente des affaires sociales reprend
ses travaux afin de poursuivre son mandat qui est d'entendre des personnes et
des groupes intéressés à faire des représentations
en regard de l'adoption de la réglementation sur l'organisation et
l'administration des établissements découlant de la loi 27, Loi
sur les services de santé et les services sociaux. Ce soir, les deux
organismes que nous entendrons sont l'Association des centres de services
sociaux du Québec, dans un premier temps, et l'Association des CLSC du
Québec.
Je vais me permettre de lire un billet qui m'a été
transmis. Je l'ai trouvé sur ma table de travail au retour. C'est une
prière d'une non-fumeuse demandant s'il serait possible de cesser de
fumer. Je vais peut-être vous prier de diminuer, étant
donné la salle, parce que je n'oserais pas faire une promesse de cesser
personnellement. C'est donc un appel tout simplement à la bonne
volonté. C'est le président qui fume le plus.
Mme Lavoie-Roux: On va vous rappeler à l'ordre, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): L'Association des centres de
services sociaux, M. Thibeault, si vous voulez présenter les personnes
qui vous accompagnent et également faire la présentation de votre
mémoire.
Association des centres de services sociaux du
Québec
M. Thibeault (Louis-Philippe): D'accord. Merci, M. le
Président. M. le ministre, MM. les membres de la députation de la
présente commission, j'aimerais vous dire, dans un premier temps, que
nous sommes très honorés de pouvoir présenter notre point
de vue à la commission. Pour les centres de services sociaux, c'est un
projet de réglementation important. Je vais passer immédiatement
à la présentation des personnes qui m'accompagnent. À ma
droite, M. Jean Beaudry, qui est directeur général par
intérim de l'Association des centres de services sociaux. À mon
extrême gauche, M. Claude Lancop, qui est un permanent à
l'Association des centres de services sociaux; Mme Isabelle Tousignant, qui est
membre du conseil d'administration de l'association; M. Jean-Pierre Duplantie,
directeur général du Centre des services sociaux de l'Estrie, et
Louis-Philippe Thibeault, votre porte-parole, votre interlocuteur; je suis
directeur général du Centre des services sociaux
Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau - c'est un nom qui est long, c'est une
grande région - et président de l'association.
Je voudrais, avant d'entrer dans le contenu du mémoire pour vous
l'expliquer sommairement, revenir peut-être sur certains grands
éléments. Dans un premier temps, j'aimerais vous faire partager
une réflexion personnelle que j'ai eue à la suite de la lecture
du règlement et, en particulier, en regard des points que les centres de
services sociaux mettent de l'avant. Ma réflexion est à peu
près la suivante. Un journaliste me demandait tout à l'heure de
résumer en deux mots notre position sur le règlement. En termes
un peu poétiques, je lui disais que, depuis dix ans, on a essayé
de mettre sur pied un réseau de services de santé et de services
sociaux complémentaires. Ce qu'on constate après dix ans, c'est
que les vertus de la complémentarité sont difficiles à
s'articuler et sont surtout difficiles à vivre parce qu'elles mettent en
cause non seulement des changements au niveau des modes de fonctionnement, mais
surtout des mentalités et des attitudes dans le réseau.
L'impression que j'ai eue du règlement, à sa
première lecture, c'est qu'en regard de certaines difficultés
rencontrées dans l'objectif recherché de la
complémentarité on tente de régler ces problèmes
non pas en essayant d'aller vers une plus grande complémentarité,
mais en essayant de revenir sur, je dirais, des modèles qu'on avait cru
qu'on avait mis de côté dans le passé. On semble revenir
à une approche plus compartimentée par catégories
d'établissements, voire même par catégories d'intervenants.
C'est une réflexion que je dépose présentement.
Probablement que vous allez m'inviter un peu plus tard à l'expliciter
davantage, mais on verra à la présentation de notre
mémoire que beaucoup d'éléments qui sont contenus dans
cette réflexion sont repris, finalement, dans des formes très
concrètes lorsqu'on parle de complémentarité du
réseau.
Si vous le permettez, je vais vous situer notre mémoire de
façon globale. Il y a un peu moins de deux ans, l'Association des
centres de services sociaux se retrouvait devant cette même commission
parlementaire afin de présenter ses vues sur le projet de loi 27
modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
Depuis ce temps, de nombreux débats ont eu lieu au Québec dans le
domaine des services sociaux. Les centres de services sociaux ont
été associés de très près à certains
de ces débats. Qu'il nous suffise de mentionner la Loi sur l'adoption,
la Loi sur les jeunes contrevenants et les travaux de la commission
parlementaire concernant la Loi sur la protection de la jeunesse. Plusieurs
personnes, dont certains d'entre vous, peuvent témoigner du dynamisme et
de la collaboration des centres de services sociaux dans l'amélioration
de la distribution des services sociaux au Québec.
Par contre, durant cette même période, les centres de
services sociaux, comme d'autres éléments du réseau
d'ailleurs, se voyaient privés de toute possibilité significative
de participer à d'importantes réflexions affectant la dynamique
actuelle du réseau. Le présent projet de règlement
illustre cet état de choses, tout autant que ce fameux cadre de
référence qui se construit sans que, jusqu'à ce jour,
soient réellement mises à contribution l'expérience et
l'expertise développées dans les centres de services sociaux. Une
consultation formelle de tous les partenaires du réseau, avant le
dépôt du projet de règlement, aurait sûrement permis
de proposer des règlements qui s'inspirent davantage de
l'évolution de la dynamique du réseau. Non seulement devons-nous
déplorer l'absence d'une consultation formelle, mais également
souligner notre étonnement de voir le ministère des Affaires
sociales s'engager, par le biais d'une réglementation, dans une
modification importante de l'équilibre dynamique du réseau qui,
sous certains aspects, va au-delà de ce que la loi constitutive du
réseau prévoit, sinon dans sa lettre, du moins dans son
esprit.
L'impulsion que donne le projet de règlement à
l'émergence de ce nouvel équilibre fait que nous nous
interrogeons d'autant plus qu'il n'apparaît pas être
accompagné d'une évaluation des coûts additionnels
consécutifs à son implantation. À notre avis, on ne peut
raisonnablement penser que la nouvelle réglementation pourra
s'opérationnaliser sans que des fonds additionnels soient requis. Il
n'est, évidemment, pas dans notre propos de nous inscrire en faux contre
toute modification du réseau mais nous croyons essentiel que, dans une
conjoncture où tout nous invite à la rationalisation des
investissements, ne soient retenues que les modifications qui assurent
l'amélioration des services aux bénéficiaires et que les
coûts de ces modifications soient préalablement et clairement
établis. (20 h 15)
Fondamentalement, c'est un règlement qui porte sur l'organisation
du réseau. Alors, nos commentaires seront de cet ordre. Je vais passer
rapidement sans détailler plus qu'il ne faut les explications qui
sous-tendent nos affirmations, mais je vais passer en revue les principales
positions de l'Association des centres de services sociaux. Dans un
deuxième temps, je vous laisserai le soin de nous interroger pour voir
le rationnel qui sous-tend nos prises de position.
Le premier concept qu'on met de l'avant en regard de la
réglementation, c'est le concept de ce que nous appelons un plan de
services. On a remarqué que, dans la réglementation, on a
introduit des concepts nouveaux: les plans d'intervention. On voit dans cette
réglementation des éléments qui vont dans le sens d'un
meilleur suivi, d'un meilleur encadrement et d'un meilleur contrôle de la
pratique dans le réseau des affaires sociales. On est en accord avec
cette préoccupation, sauf qu'on soumet bien respectueusement que le
règlement serait enrichi si on parvenait à y introduire le
concept de ce que nous appelons le plan de services. En deux mots, le plan de
services, c'est ni plus ni moins qu'un ensemble de plans d'intervention. J'en
veux comme exemple les débats qui ont eu cours lors du sommet sur les
personnes handicapées où les organismes de pression ont
réclamé à plusieurs reprises et avec insistance qu'il y
ait dans chacune des régions administratives du Québec un
organisme régional responsable de la coordination des plans de services.
Un plan de services, cela veut dire qu'à l'égard des besoins d'un
bénéficiaire il peut y avoir un organisme responsable de faire en
sorte que toutes les catégories d'établissements -voire
même les instances hors réseau -puissent mieux se coordonner dans
leurs différents plans d'intervention auprès de ce
bénéficiaire pour pouvoir répondre adéquatement
à ses besoins.
Ce concept de plan de services, qui a pris forme depuis quelques
années et qui rentre de plus en plus dans le vocabulaire, est pour nous
un concept clé, parce que, dans le fond, quand on parle de la
complémentarité du réseau, c'est là qu'on peut voir
les formes concrètes de la complémentarité du
réseau. C'est à l'intérieur de ces plans que doivent
s'inscrire l'ensemble des plans d'intervention.
Le deuxième élément sur lequel je passe rapidement
concerne les classes et types d'établissements en CAH. En particulier,
nous attirons l'attention sur le fait que, dans le libellé ou dans la
définition des centres d'accueil d'hébergement, on ne voit pas
apparaître une préoccupation suffisamment marquée à
l'égard de certaines clientèles, en particulier les adultes et
les personnes âgées qui présentent des troubles de
mésadaptation sociale, d'alcoolisme, les marginaux ou les asociaux et
aussi les jeunes mésadaptés sociaux affectifs qui, une fois
qu'ils ont atteint l'âge de 18 ans, quittent les centres d'accueil de
réadaptation et se retrouvent devant un manque de ressources et, de
plus, les clientèles souffrant de troubles psychiatriques. L'Association
des centres d'accueil, tout à l'heure, a dit qu'il y a sept travailleurs
sociaux au Québec pour s'occuper des clientèles en CAH pour
répondre à leurs besoins d'ordre psychosocial. On veut attirer
votre attention sur le fait que présentement, dans le libellé,
effectivement la dimension psychosociale, du moins à la lecture des
règlements, ne semble pas suffisamment présente, ne semble pas
reconnaître de façon suffisante le besoin des personnes
hébergées en centre d'accueil
d'hébergement en rapport avec les services de consultation
psychosociale.
Une troisième prise de position, c'est la distinction
qu'introduisent maintenant les règlements entre ce qu'on peut appeler
l'inscription et l'admission pour l'accès à des services fournis
par des centres d'accueil. Pour nous, il y a un rationnel qui sous-tend une
prise de position. On se montre tout à fait en désaccord avec
cette distinction parce que, principalement, les centres d'accueil de
réadaptation sont et doivent être perçus comme des
ressources rares, des ressources spécialisées. Si ce n'est pas
spécialisé au sens où on peut l'entendre, ce sont du moins
des ressources coûteuses. Or, à partir de cette constatation, il
nous apparaît impératif que, dans chacune des régions
administratives du Québec, il existe un mécanisme de
rationalisation quant à l'utilisation de cette ressource et ce, autant
pour des services à l'interne que pour des services à
l'externe.
Une troisième opinion, toujours en rapport avec l'accès
aux services des centres d'accueil de réadaptation. Le règlement
introduit maintenant deux mécanismes différents selon qu'il
s'agit de centres d'accueil pour les mésadaptés socio-affectifs
ou les déficients mentaux par rapport aux handicapés physiques,
aux alcooliques ou aux toxicomanes. Toujours à partir du principe qu'il
s'agit là d'une ressource rare et coûteuse, il faut absolument
qu'on introduise un mécanisme de rationalisation. Dans ce sens, on pense
qu'un seul et même système d'admission serait
préférable.
Quant à la quatrième affirmation, je n'insisterai pas plus
qu'il ne le faut. Je pense que d'autres associations en ont parlé aussi.
C'est le rôle qu'on veut confier au conseil régional à
l'égard des mécanismes d'admission en CAH et en CHSP. Sur cette
dimension, on est d'accord avec les autres associations que le conseil
régional devrait avoir une responsabilité de mettre en place un
système efficace et adapté à chacune des régions,
mais qu'il ne devrait pas en assumer la gérance. La gérance
devrait être confiée à un établissement.
Là-dessus, on pense qu'il y aurait lieu de tenir compte des acquis
depuis dix ans dans ce domaine.
Une autre affirmation, le projet de règlement prévoit que
les personnes âgées qui désirent un hébergement
s'adressent aux CLSC. Sur cette question, nous sommes tout à fait
d'accord. Les CLSC ont un rôle important à jouer à
l'égard des besoins des personnes âgées. Ce qu'on a compris
aussi, c'est que l'objectif recherché était de répondre
par une mobilisation de ressources légères, dans un premier
temps, plutôt que par des ressources lourdes. Orienter la demande des
personnes âgées vers les CLSC est certainement de nature à
contribuer à atteindre cet objectif auquel on croit, d'ailleurs.
Par contre, lorsqu'on entre dans le domaine du placement des personnes
âgées, nous sommes d'opinion que les CSS devraient garder la
responsabilité de procéder à l'évaluation de
placement. Il y aura des liens de continuité à assurer avec les
CLSC. Je pense qu'il y aura des ententes qui devront intervenir pour faciliter
la liaison entre le CLSC qui a suivi une personne âgée à
domicile et la ressource d'hébergement, dans un second temps. Cela nous
apparaît fondamental, parce qu'à partir du moment où on
parle de placement, on est rendu à un niveau qu'on pourrait qualifier
d'assez vulnérable ou de très vulnérable de ces personnes.
Elles doivent sortir de leur milieu naturel et elles s'en vont soit dans des
ressources comme les familles d'accueil, pavillons, centres d'accueil ou encore
CHSP. À partir du moment où il quitte son milieu naturel, un peu
selon le même rationnel que l'on retrouve en matière de protection
de la jeunesse, il est très important qu'une personne ait la
responsabilité du bénéficiaire et qu'elle le suive
à travers tout le système. Quand on parle de continuité de
services, cela nous apparaît un élément important.
Du côté des familles d'accueil, la proposition de la
réglementation qui va dans le sens de distinguer trois types de familles
d'accueil, on y souscrit d'emblée, d'autant plus qu'elle traduit
l'évolution de notre réalité par la force des choses pour
mieux répondre aux besoins diversifiés de nos clientèles.
Dans ce sens, je pense que la proposition est intéressante, sauf qu'il
faudra noter - et il en a été question cet après-midi avec
l'Association des centres d'accueil - que, lorsqu'on parle de famille d'accueil
de réadaptation où le règlement prévoit qu'un plan
d'intervention est fait par le centre d'accueil, nous pensons qu'on ne peut pas
dissocier cela de l'intervention que doit nécessairement faire le centre
de services sociaux a l'égard du bénéficiaire et à
l'égard de sa famille. Dans ce sens, si on réfère au
concept qu'on développait en premier lieu, c'est-à-dire le plan
de services, il n'apparaît pas conflictuel qu'un plan de services puisse
être élaboré de concert avec les intervenants
concernés et ce, sous la responsabilité du centre de services
sociaux et il ne paraît pas conflictuel que le centre d'accueil puisse
assumer la responsabilité d'un plan d'intervention au sens où on
l'entend ici auprès du jeune dans la famille d'accueil, qui va
préciser les objectifs que la famille d'accueil va poursuivre. Ceci
revient à dire que le plan d'intervention, si on veut se limiter au
libellé de sa définition dans le règlement, c'est
finalement dans les faits -ça, on n'y échappe pas - une
responsabilité conjointe. Si on introduit dans la réglementation
le concept de plan de services, je pense qu'on pourrait démarquer
plus facilement les responsabilités respectives du centre de
services sociaux et des centres d'accueil.
On attire votre attention concernant l'accès aux familles
d'accueil, à l'article 50.1a qui dit que, pour un placement en famille
d'accueil, une évaluation doit être faite. Par contre, en aucun
moment on ne précise qui fait cette évaluation. Il nous
apparaît impératif qu'un établissement soit
identifié comme responsable de l'évaluation.
Dossiers des bénéficiaires. Il y a deux choses à
l'intérieur des dossiers de bénéficiaires. Par exemple,
dans la réglementation, on dit que, lorsqu'un bénéficiaire
ne reçoit que des services d'évaluation, de diagnostic ou
d'orientation, il n'est pas nécessaire d'ouvrir un dossier. Pour nous,
le dossier, c'est quand même l'endroit où sont consignées
les interventions que l'établissement fait auprès d'un
bénéficiaire. Cette distinction, qui dans d'autres
catégories d'établissements peut peut-être s'avérer
heureuse, pose dans les centres de services sociaux un problème majeur.
Le problème majeur, c'est que ce que nous appelons évaluation,
diagnostic ou orientation, c'est, dans bien des cas et en particulier dans le
domaine de la protection de la jeunesse, une activité professionnelle
très significative. Dans ce sens, on ne peut concevoir que les
activités qui ont été faites par le centre de services
sociaux et le Directeur de la protection de la jeunesse à l'égard
de ces clientèles ne soient pas retenues comme information dans le
dossier du bénéficiaire. Il y aura un ajustement à faire
de ce côté.
Toujours en regard des dossiers, nous avons été
très surpris de voir que la réglementation disait que,
dorénavant, les professionnels d'un établissement qui oeuvrent
dans un autre établissement n'ouvriront plus de dossiers. En termes
concrets, ce que cela veut dire, c'est que les travailleurs sociaux et les
travailleuses sociales du centre de services sociaux qui oeuvrent en milieu
hospitalier, en centre d'accueil de réadaptation et en CHSP n'ouvriront
plus de dossiers à l'égard des bénéficiaires
auxquels ils donnent des services.
Pour nous, au-delà de la question du dossier, il y a une question
de reconnaissance que la personne peut aussi être
bénéficiaire de deux établissements, même si elle
est hébergée dans un établissement. Les actes
professionnels qui seront posés par nos professionnels, je pense qu'on a
toujours, en vertu de la loi, l'obligation de les consigner dans un dossier. En
tout cas, cela nous laisse apparaître des perspectives où, d'un
concept de contrat de services, qui avait été introduit dans la
loi pour favoriser les échanges de services interétablissements
et la complémentarité du réseau, on semble évoluer
vers un concept de prêt de personnel où ces gens dorénavant
travaillent dans l'hôpital, mais, jusqu'à un certain point, le
centre de services sociaux n'a plus droit de regard sur les activités
professionnelles. En tout cas, nous nous interrogeons. Dans le passé, il
y a eu des difficultés à la suite de l'intégration des
travailleurs sociaux du milieu hospitalier et même du milieu scolaire.
Mais on pense qu'avec le temps il y a beaucoup de difficultés qui se
sont estompées et on peut même dire que, il y a quelques
années, il y a eu une étude de l'AHQ qui témoignait d'un
haut taux de satisfaction à l'égard des services sociaux
dispensés en milieu hospitalier.
Enfin, un dernier commentaire - et je n'insiste pas plus qu'il ne le
faut, parce que d'autres l'ont noté aussi - sur les annexes au
règlement, les données personnalisées. Je n'y reviens pas,
d'autant plus que j'ai cru comprendre, cet après-midi, que la question
serait soumise à la commission qui voit à l'application de la loi
65.
Rapidement, ce sont là les points de vue des centres de services
sociaux.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Encore une fois, merci à votre
association, à ses permanents et sans doute à un des
comités de son conseil d'administration qui nous a rédigé
un mémoire fort fouillé, et merci d'en avoir fait un
résumé. (20 h 30)
Quelques questions. Certaines peuvent vous paraître banales ou
naïves, mais aucune n'est ironique, je vous en assure tout de suite. Quand
on parle de la dimension psychosociale des besoins des personnes en centre
d'accueil d'hébergement, vous référiez dans votre
résumé au fait que, cet après-midi, l'Association des
centres d'accueil nous disait: Vous savez, on a l'énorme chiffre de sept
travailleurs sociaux qui s'occupent des besoins psychosociaux des - je ne sais
pas, on doit être rendu à cela - 29 000 ou 30 000 personnes en
centres d'accueil d'hébergement. Je vous soumets, pour les fins de la
discussion, que si une personne est en centre d'accueil d'hébergement,
il n'y a pas dans son cas de possibilité qu'elle en ressorte pour
être intégrée à un milieu familial, à une
ressource plus légère ou en service à domicile et,
deuxièmement, qu'il y a un minimum de services à
l'intérieur de la boîte en termes de loisirs, présence
normale, souhaitable et humanisante de bénévoles. Quel est le
rôle du travailleur social dans ce contexte?
M. Thibeault: Pour savoir la contribution spécifique que
peut apporter un travailleur social ou une travailleuse sociale à
l'égard de ces bénéficiaires, je pense qu'il
faut retourner à leurs besoins. La dimension des services
psychosociaux réfère à toute intervention faite
auprès du bénéficiaire pour l'aider, par exemple, à
accepter sa maladie. Ce n'est pas toujours accepté. Pour une personne
âgée, une fois qu'on lui a trouvé une place, on ne vient
pas de régler son problème. D'accord? Il faut aider le
bénéficiaire à accepter ses déficiences dans
certains cas, à développer ses capacités d'autonomie, du
moins ce qui en reste; à renforcer ses liens avec l'extérieur,
c'est une dimension fort importante. Quand on dit qu'une fois qu'on est
entré là on n'en ressort plus, c'est peut-être parce qu'on
n'investit pas suffisamment pour entretenir des liens avec sa famille, par
exemple, avec l'extérieur. Dans certains cas, bien que ce ne soit pas un
volume énorme, je pense qu'un travail peut être fait pour
préparer la réinsertion familiale et sociale de ces personnes. Il
y a parfois des personnes qui quittent des centres hospitaliers de soins
prolongés pour retourner dans leur milieu. Ce n'est pas la
majorité. C'est un peu comme partout dans la population, ce ne sont pas
toutes les personnes qui requièrent ces services, c'est bien sûr.
Mais il y a un besoin fort important et je vous référerai
à une étude qui a été réalisée par
des personnes de votre ministère où on a quantifié les
besoins en services sociaux de ces bénéficiaires.
M. Johnson (Anjou): Je sais qu'il y a un document; enfin, je ne
l'ai pas vu, mais on m'a dit récemment que le document
démontrait, par exemple, que le taux d'états dépressifs
était beaucoup plus élevé chez les personnes en
institution que chez des groupes du même âge dans un milieu de
maintien à domicile. C'est à se demander si c'est le centre
d'accueil qui rend les gens comme cela ou si ce sont les gens comme cela qui se
ramassent dans les centres d'accueil. C'est toujours le même
problème dans ces croisements statistiques. Vous parlez de la
contribution spécifique du centre à l'égard de
l'acceptation de la maladie, du maintien du maximum d'autonomie et d'un lien
avec l'extérieur qui soit le plus développé possible. Je
vais vous dire - et, encore une fois, c'est pour les fins de bien me faire
comprendre -que, pour moi, c'est l'évidence même. Je me dis que
quelqu'un qui a un centre d'accueil et qui ne pense pas que ces trois
choses-là sont une partie du travail de son personnel, d'après
moi, ne devrait pas diriger un centre d'accueil. Vous allez peut-être me
dire que vous pourriez m'en nommer quelques-uns, c'est possible.
M. Thibeault: Non, je ne m'embarquerai pas sur ce
terrain-là.
M. Johnson (Anjou): En d'autres termes, ce que j'essaie de vous
dire, c'est qu'à l'égard de ces notions, bien que dans certains
cas cela puisse prendre le caractère d'une intervention ponctuelle
très spécifique dans le cadre du règlement d'un
problème de succession du beau-frère sur la Curatelle - je ne
parle pas de cela; je parle de façon générale - l'approche
des personnes âgées en hébergement, à mes yeux,
implique que l'ensemble du personnel du centre d'accueil, il me semble, du
directeur jusqu'au préposé aux bénéficiaires, en
passant par les gens des cuisines, devrait être sensibilisé
à ces notions de base.
M. Thibeault: Vous avez tout à fait raison. Un centre
d'accueil qui n'est pas sensibilisé à cela, d'après moi,
ne mérite pas de porter le titre de centre d'accueil
d'hébergement. Le problème qu'on rencontre, c'est que, bien
sûr, tous les intervenants auprès de ces
bénéficiaires en centre d'accueil doivent travailler à ces
différents niveaux pour répondre à leurs besoins, mais il
arrive des situations qu'on pourrait qualifier de plus difficiles. C'est un peu
comme dans le domaine de la santé. Tout le monde peut soigner ses petits
bobos, sauf qu'il peut arriver des degrés de détérioration
parfois où on doit recourir à des services un peu plus
spécialisés. Encore là, je pense qu'il ne faut pas
charrier non plus. Ce n'est pas tout le monde en centre d'hébergement
qui a besoin de ce type de service, sauf qu'on devrait trouver des moyens pour
le rendre disponible à ceux qui en ont besoin. Dans le fond,
jusqu'à un certain point, les centres de services sociaux
répondent à ces besoins à ce moment-ci. Ce sur quoi on
attire votre attention, c'est qu'effectivement, dans la réglementation,
on ne voit pas suffisamment apparaître la reconnaissance de ces
besoins.
M. Duplantie (Jean-Pierre): Si vous me permettez d'intervenir,
j'aimerais aussi souligner le fait que, très souvent, après qu'on
a placé une personne en centre d'accueil, elle est laissée au
personnel du centre d'accueil. Notre personnel et les travailleurs sociaux ne
suivent pas les bénéficiaires, même pour une période
d'intégration, parce qu'on n'a pas le personnel suffisant à cet
effet. Il y a au moins une période qui serait profitable très
souvent - encore là, il ne s'agit pas d'exagérer; il y a un
certain nombre de cas - en termes d'intégration. On parlait, cet
après-midi, de la possibilité d'avoir plus de familles d'accueil.
Il faut dire qu'une des difficultés pour une famille d'accueil, c'est
que, très souvent, elle se retrouve avec un bénéficiaire
tandis que le bénéficiaire lui-même n'a pas
été assez bien suivi par la suite, lors de son intégration
dans la famille d'accueil, et a tendance à vouloir la quitter.
Également, dans la population, on a
l'impression que la famille d'accueil, ce n'est pas la place où
aller. Il faut aller vers les centres d'accueil. Toute la notion de famille
d'accueil n'est pas nécessairement bien vendue dans la population en
même temps que les familles d'accueil, tout comme les centres d'accueil,
n'ont pas toujours l'instrumentation ou l'aide professionnelle pour bien
intégrer la personne. Cela ne veut pas dire de suivre une personne
pendant six mois, un an ou deux ans, même en centre d'accueil. Il s'agit
simplement d'avoir une période pour permettre une meilleure
intégration et aux professionnels dans le milieu d'assurer le suivi
comme tel.
M. Thibeault: Si vous me le permettez, je compléterais le
tableau parce qu'il est intéressant et cela nous permet de
déborder des préoccupations, d'ailleurs, immédiates du
réseau des affaires sociales. On parle beaucoup du
phénomène d'alourdissement dans les centres d'accueil
d'hébergement. Certaines études ont même
démontré, assez paradoxalement, que 40% ou 45% des gens qui
étaient dans les centres d'accueil d'hébergement ne devaient pas
y être. On tombe de notre chaise parce que les centres de services
sociaux, depuis dix ans, je pense, se sont vu confier la responsabilité
d'une meilleure utilisation de ces ressources. On doit certainement compter
qu'une partie de ces 40% sont des bénéficiaires qui
étaient là avant 1973 et qui sont encore là. Ils y sont
peut-être entrés jeunes et bien portants et ils y sont encore.
Par contre, ce qui est paradoxal, c'est la situation suivante. On a
mesuré les besoins des bénéficiaires à partir d'un
instrument où on quantifie, de façon très exhaustive, les
besoins en soins. On ne quantifie pas les besoins de type social ou très
peu. On arrive à la conclusion que 40% des clientèles ne
devraient pas être dans les centres d'accueil d'hébergement. On
dit: Cela fait curieux, d'autant plus que la même étude conclut en
disant que les principales causes de placement en centre d'accueil
d'hébergement, ce sont, finalement, des causes sociales. C'est quoi?
C'est le phénomène d'isolement des personnes âgées,
ce sont des conditions de logement inacceptables et, enfin, c'est un
problème d'insuffisance de revenus. Ce sont toutes des causes sociales;
aucune cause médicale.
Là, on a un problème. Quand on regarde cela en termes de
réseau, on dit: On a tendance à vouloir évoluer pour
mettre dans les centres d'accueil d'hébergement des clientèles
qui requièrent des soins et, pourtant, ceux qui doivent, à un
moment donné, sortir de leur milieu, c'est pour des raisons sociales. Il
faut toujours penser réseau de familles d'accueil. On doit admettre que
les investissements importants que le gouvernement a faits depuis quelques
années dans les politiques de maintien à domicile et dans les
programmes ont certes été de nature à soulager de ce
côté-là, sauf qu'on doit admettre aussi, quand on regarde
les nombreuses demandes qui demeurent, que nous avons évaluées et
dont le besoin s'avère fondé pour un placement, que ce soit pour
des raisons strictement médicales ou des raisons sociales, que les
besoins sont encore très nombreux. J'ai l'impression qu'on est en train
de créer une espèce de vide pour ce besoin-là. Je pense
qu'à partir du moment où on recense les causes et qu'une des
causes, entre autres, c'est le problème du logement, il y aurait des
liens à faire avec la Société d'habitation du
Québec, les municipalités et leurs politiques de HLM. Il y a une
complémentarité à ce niveau-là qui nous
apparaît de plus en plus évidente et démontrée.
M. Johnson (Anjou): Je vous suis très bien, M. Thibeault,
et c'est l'objet d'une réflexion partagée qu'on fait au
ministère en ce moment. Ce que je trouve remarquable dans votre
affirmation, quand on parle des personnes qui sont dans les centres d'accueil
d'hébergement et qui, dans le fond, ont une espèce de
degré d'autonomie adéquat sur le plan physiologique et
fonctionnel, vous dites: On se rend compte que les causes, c'est insuffisance
de revenus, isolement ou logement inadéquat. Mais les réponses ne
sont pas aux CSS, elles sont au ministère des Finances, au
ministère de l'Habitation, au ministère des Affaires sociales par
les CLSC et les organismes bénévoles et il y a un bout aussi
où les réponses, c'est la vie. Cela me frappe. Je comprends que,
comme agents définisseurs de la problématique, les centres de
services sociaux et leur personnel nous apportent une contribution
évidente. La préoccupation qu'on retrouve en ce moment au
ministère de l'Habitation, la réflexion qu'on fait sur le
Régime de rentes etc., nous sont inspirés assez largement par des
préoccupations constatées dans les centres de services sociaux.
À un moment donné, cela devient tellement évident que tout
Je monde trouve que c'est le bon sens. Vous aurez peut-être eu le
mérite de le définir plus clairement que d'autres, un peu avant
les autres. Mais il reste que les réponses, ce n'est pas en soi dans une
structure qui s'appelle le CSS ou en soi dans le travail du travailleur social.
La réponse est dans des politiques d'habitation et des politiques de
sécurité du revenu et peut-être aussi dans toutes sortes de
formes de soutien à domicile et de sécurisation des citoyens.
Sur le cadre de référence, une remarque seulement. Je sais
que c'est dans la nature depuis un bout de temps. Je voudrais bien que cela
aboutisse en même temps que le règlement. Je crois, cependant - et
je ne voudrais pas qu'on soit enduit
d'horreur ou induit en erreur - qu'il y a eu une consultation qui a
été faite vendredi, je pense, ou enfin une rencontre
additionnelle avec des directeurs généraux et tout cela. Je sais
que c'est long. On a tous des horaires un peu compliqués de ce temps-ci.
On prépare les règlements de la loi 27. Quant à la
consultation formelle, je ne sais pas si vous en envisagez une plus formelle
que celle d'une commission parlementaire; dans notre régime
démocratique, cela m'apparaît important. Une chose que j'ai mal
comprise, c'est au sujet de la notion d'inscription et d'admission.
Pourriez-vous recommencer un peu votre explication? Je ne suis pas sûr
que j'ai bien saisi votre opposition ou les raisons de votre opposition,
à la distinction qu'on fait entre l'inscription et l'admission.
M. Thibeault: C'est que, dans les règlements qui sont
proposés, on prévoit maintenant une distinction entre inscrire un
bénéficiaire en centre d'accueil et l'admettre. L'admettre, cela
fait référence aux services internes, donc, à
l'hébergement et aux programmes de réadaptation à
l'interne. L'inscrire, c'est pour fins de lui dispenser des services sur une
base externe, mais cela demeure quand même des services de
réadaptation. On s'entend bien parce que, si ce n'est pas de la
réadaptation, cela n'a pas d'affaire dans les centres d'accueil. Si ce
sont des ressources légères, ces services, je pense qu'il faudra
peut-être envisager d'envoyer cela dans les CLSC. Cela demeure une
ressource rare, les services à l'externe, une ressource qui reste quand
même coûteuse, qui est peut-être moins coûteuse que les
programmes administrés à l'interne, il va sans dire, mais c'est
quand même une ressource rare et coûteuse avec un caractère
de spécialisation. Là, je ne veux pas tomber dans les
définitions des qualificatifs. Nous on pense que, par rapport à
cette ressource, il faut qu'il existe un mécanisme de régulation,
de coordination, et un mécanisme d'une bonne utilisation de ces
ressources.
À partir du moment où on dissocie l'inscription, cela
ouvre la porte aux centres d'accueil à donner des services à
l'externe sans que viennent jouer ce que j'appelle les règles de la
complémentarité interétablissement. Disons que cela a
évolué depuis quelques années, mais au départ
-d'ailleurs, la loi le prévoit - un centre d'accueil ne peut donner des
services qu'à des enfants qui lui sont référés par
le centre de services sociaux ou en vertu de la Loi sur la protection de la
jeunesse. Ici, on introduit une distinction qui nous laisse un peu perplexes
par rapport à cette disposition de la loi parce que, finalement, ce
qu'on comprend, c'est que par rapport aux programmes à l'externe les
gens pourront s'adresser directement au centre d'accueil, le centre d'accueil
pourra leur donner des services. On sait que cette voie risque de devenir aussi
une voie un peu privilégiée pour être admis en centre
d'accueil. C'est là-dessus qu'on dit: II faudrait absolument que les
gens qui ont recours aux services de réadaptation à l'externe
passent par le même mécanisme d'admission que celui prévu
pour les programmes à l'interne de façon à s'assurer qu'on
dessert bien les bonnes priorités, qu'on a une vue d'ensemble et qu'on
utilise bien ces ressources. D'ailleurs, à l'expérience, je peux
vous dire que, dans certaines régions cela fonctionne déjà
de cette façon pour plusieurs programmes à l'externe et cela
fonctionne bien. (20 h 45)
M. Johnson (Anjou): D'accord. Seulement pour préciser
encore cette dimension, je vais prendre des exemples. Je pense qu'il n'y a rien
comme prendre des exemples dans ces choses. Vous visez ici seulement les
centres d'accueil de réadaptation. Vous ne parlez pas des CAH.
M. Thibeault: Non. Non. Seulement les centres d'accueil de
réadaptation.
M. Johnson (Anjou): Parce que le centre de jour en CAH...
M. Thibeault: Oui. Je pense que, même si le centre de jour
est défini comme un service à l'externe, il faut bien comprendre
que le centre de jour n'entre pas dans ce que nous appelons une ressource rare
et coûteuse. Je pense que c'est de plus en plus répandu. C'est une
ressource légère et on pourrait même dire que cela devrait
possiblement être administré par les CLSC.
M. Johnson (Anjou): J'espère que les gens de l'ACAQ en ont
pris bonne note. Je suis sûr qu'on va entendre la
Fédération des CLSC nous répéter cela tout à
l'heure.
M. Thibeault: Les gens de l'ACAQ sont passés.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas des centres de
réadaptation, ce que vous nous dites dans le fond, c'est: Ou bien c'est
un service de nature... Je pense aux déficients mentaux, par exemple.
J'ai visité récemment, à Alma, la Villa des Lys, qui est
un centre assez remarquable où les gens ont réussi conjointement
à impliquer des handicapés physiques et des handicapés
mentaux. Ils ont acheté un garage ou ont conclu un contrat de services
avec Irving. Tout le monde trouve son bonheur là-dedans, cela fait une
bonne image à Irving et ils vendent de l'essence. En même temps,
ils ont permis aux handicapés physiques d'encadrer les handicapés
mentaux dans l'administration de ce poste d'essence. C'est assez extraordinaire
comme intégration au milieu de vie et cela
rend les gens effectivement plus autonomes. On a été
à même de le constater; cela donne un degré d'autonomie
absolument extraordinaire à ces gens. Est-ce que ceci exigerait une
admission ou une inscription?
M. Thibeault: J'appelle cela une sortie. On n'est plus dans le
processus d'avoir recours à des services spécialisés ou
à des ressources rares. Il s'agit plutôt de la
préoccupation que ces centres d'accueil doivent avoir en collaboration
avec les organismes du milieu, et les organismes du milieu sont les
établissements, mais il y a aussi beaucoup d'organismes. Cela va
même dans le secteur privé, si je me fie à
l'expérience que vous me citez où on doit avoir la
préoccupation d'amener ces gens à devenir autonomes et à
s'insérer dans la société.
Je ne pense pas que ce qui est proposé et que ce que nous
proposons, en disant: N'ayons qu'un seul mécanisme et faisons en sorte
qu'on utilise bien les ressources des centres d'accueil tant à l'interne
qu'à l'externe, aille à l'encontre de possibilités comme
celle-là. Pas du tout.
M. Johnson (Anjou): Je suis sûr que cela n'irait pas
à leur encontre intrinsèquement. Les gens d'Alma, d'ailleurs,
qu'ils soient au CSS, au CLSC ou à l'hôpital, marchent. Cela m'a
toujours frappé dans cette région-là, entre autres. Mais
j'essaie de faire cette distinction et elle m'apparaît importante. Par
exemple, la notion d'inscrire un handicapé physique de la région
au centre d'accueil Villa des Lys permet que ce type d'activité, qui
exige beaucoup d'énergie et beaucoup de gens qui ont mis des mois
à préparer cela, faisant des téléphones, finalement
a réussi à fonctionner. La dernière chose dont ils ont
besoin, c'est l'intervention horizontale d'un autre service qui rentre avec ses
formules. Ils l'ont fait parce que c'était à partir du centre
d'accueil. Je pense que techniquement ils pouvaient le faire sans
l'intervention du CSS. Est-ce que je me trompe?
M. Thibeault: Effectivement, dans le cas que vous citez, il y a
eu une collaboration, sauf que cela ne s'est pas fait formellement à
travers un mécanisme d'admission.
M. Johnson (Anjou): La question est de savoir si cela doit se
faire formellement ou non.
M. Thibeault: Je vous retournerais la question en disant:
Êtes-vous d'avis que les centres d'accueil constituent à
l'égard des besoins des gens des ressources rares et dispendieuses et
qu'il y a nécessité d'avoir un mécanisme pour s'assurer de
leur bonne utilisation? Dans le fond, ce n'est pas de la technique dont on
parle quand on veut faire la distinction entre inscription et admission.
Fondamentalement, ce que cela dit, c'est: Est-ce qu'on est d'accord pour que
les centres d'accueil, finalement, sans avoir un mécanisme de
coordination, aient, par rapport à des programmes à l'interne,
l'obligation de s'astreindre à une mécanique de coordination pour
bien utiliser les ressources à l'interne et, par rapport à des
ressources à l'externe, n'aient pas à s'astreindre à cette
nécessité?
Un peu en parallèle, je dirais: Prenons le modèle
médical. Jusqu'à quel point on accepterait, par exemple, que les
gens s'adressent directement à des spécialistes? On les oblige
déjà à passer par un généraliste. C'est une
façon de rationaliser l'utilisation de cette ressource. C'est un peu le
modèle quand on parle des services de réadaptation, qu'ils soient
à l'interne ou à l'externe.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Merci, j'en prends bonne note.
J'avais une dernière question. Pourriez-vous reprendre très
rapidement la question des CAR, alcool versus mésadaptés
socio-affectifs, la formule unique? Quand vous parliez de la formule unique,
est-ce de cela qu'on parlait, de l'inscription-admission?
M. Thibeault: Oui. C'est que le règlement prévoit
un mécanisme d'admission dans les centres d'accueil pour les
mésadaptés socio-affectifs et les déficients mentaux,
alors qu'elle ne prévoit pas le même mécanisme pour
l'utilisation des ressources, en centres d'accueil, pour la toxicomanie et les
handicapés physiques.
M. Johnson (Anjou): Alors, vous en avez à l'égard
de la double distinction qu'on fait de l'inscription-admission et,
deuxièmement, du fait qu'on introduise deux mécanismes qui sont
distincts?
M. Thibeault: Oui.
M. Johnson (Anjou): Vous ne pensez pas que, dans le cas de
l'alcool, des toxicomanies et de la mésadaptation socio-affective, juste
empiriquement - on pourrait faire de la philosophie là-dessus, j'en suis
sûr, pendant des heures - on arrive souvent à isoler et à
identifier des agglomérations et des regroupements humains très
différents et que cela justifie que le processus soit un peu
différent?
M. Thibeault: II y a peut-être une question de volume
effectivement. Particulièrement, quand on fait référence
aux centres d'accueil pour handicapés physiques, ce sont aussi
très souvent des ressources
suprarégionales. Effectivement, cela exige non seulement une
coordination régionale lorsqu'il y a une ressource par rapport aux
toxicomanes, par exemple, mais également une coordination
suprarégionale. Sur ce plan, je pense que les centres de services
sociaux ont fait la preuve qu'ils peuvent s'organiser adéquatement pour
assurer une bonne utilisation des ressources suprarégionales. Prenons
comme référence la relève qu'ont prise les centres de
services sociaux par rapport à la coordination des admissions dans le
réseau des centres d'accueil pour jeunes où, effectivement, il y
a des mécanismes régionaux et provinciaux. Dans le fond, le
rationnel par rapport à ces centres d'accueil, c'est finalement la
même question à savoir si on considère ces ressources comme
rares et coûteuses au point de se donner des garanties en termes de
mécanismes pour assurer une bonne utilisation. C'est la même
question finalement. C'est pour cela que, pour notre part, on répond
affirmativement aux deux. Peut-être que Jean-Pierre aurait un
complément.
M. Duplantie: Un complément simplement dans la perspective
de la rationalisation des ressources. On se dit que le centre d'accueil est
aussi une continuité dans une perspective d'utilisation des ressources
les plus légères possible. La continuité se fait par
rapport à la famille d'accueil, par exemple. Il y a de ces
bénéficiaires qui pourraient...
M. Johnson (Anjou): Ils ne diront pas que vous ne vous êtes
pas mouillé.
M. Thibeault: Quand on plonge, on plonge.
M. Duplantie: Dans la perspective de toute la coordination des
ressources, on veut utiliser les ressources les plus légères
possible. Il y a donc à prévoir, entre autres, l'utilisation de
la famille d'accueil. Alors, le CSS, présentement, coordonne
l'utilisation des familles d'accueil. On prévoit des familles d'accueil
de différents niveaux aussi, soit plus légères ou
régulières par rapport à des familles d'accueil plus
spécialisées. On peut voir le centre d'accueil dans une
continuité. Très souvent, on pourrait être tenté
d'orienter quelqu'un vers le centre d'accueil alors qu'il y a d'autres
ressources qui pourraient tout à fait être utilisées. C'est
un peu l'argument qu'on a vis-à-vis de l'ensemble des clientèles:
personnes âgées, personnes handicapées ou jeunes
mésadaptés. Pourquoi ne pas avoir un organisme qui a la vision
globale de cet ensemble et qui peut favoriser la rationalisation des
ressources?
M. Johnson (Anjou): Merci, M. Duplantie. Je pense que ce sont des
choses qui vont nous éclairer à l'égard du projet de
règlement et aussi à l'égard du cadre de
référence.
M. Thibeault: C'était notre objectif, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): J'ai cru le comprendre aussi. Merci.
Le Président (M. Desbiens): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord remercier l'Association des centres de services sociaux pour son
mémoire, avant de passer aux questions. Il y a plusieurs
éléments que vous avez développés en détail,
mais ce sont quand même des questions précises que je voudrais
vous poser. À la page 2, vous parlez, au deuxième paragraphe,
"des coûts additionnels consécutifs à son implantation", il
s'agit de l'émergence de ce nouvel équilibre... À quels
coûts additionnels faites-vous allusion?
Le Président (M. Desbiens): M. Beaudry.
M. Beaudry (Jean): Je peux peut-être donner quelques
éléments. On n'a pas fait une étude exhaustive de cette
dimension. À titre d'exemple, qu'il suffise de mentionner les annexes
où on demande des renseignements. Ceux qui ont fait des
représentations ont tous précisé au cours de la
journée que, selon les catégories d'établissements, et
à l'intérieur des catégories d'établissement - il y
avait un niveau de préparation qui était très variable,
qui allait nécessiter du personnel et parfois des équipements. Un
autre élément de coût inhérent à
l'implantation de la réglementation qu'on peut supposer, c'est que dans
la mesure où on fait intervenir d'autres mécanismes, que ce soit
par le biais des conseils régionaux avec les responsabilités
additionnelles de coordination et de régulation des ressources, il est
évident que cela ne se fait pas par un simple transfert des effectifs.
Mais on n'a pas, non plus, comme je le disais au départ, fait d'analyse
exhaustive. Ce qu'on suggère, cependant, c'est qu'il devrait y avoir une
analyse plus précise de faite avant que la réglementation prenne
forme de façon définitive et que, s'il y a lieu, effectivement,
d'avoir des budgets ou des ressources additionnelles, ce soit
déjà planifié en conséquence.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Ma deuxième question porte sur le
transfert de la responsabilité des placements ou de l'offre des services
de placement des CSS aux CLSC. C'est une question à la fois au ministre
et à vous. Est-ce que vraiment, au
point de vue de la loi existante, on ne vient pas à ce moment-ci
d'affecter par le règlement, compte tenu des obligations qui sont faites
aux CSS par la loi 48 ou, enfin, des responsabilités eu égard aux
services de placement, ensuite, eu égard à la loi 24 qui confie
au Directeur de la protection de la jeunesse le placement des
mésadaptés socio-affectifs? Je ne sais pas si vous l'avez
vérifié ou si le ministère l'a vérifié.
C'est un peu dans le même ordre d'idées que la question que j'ai
posée aux pharmaciens. Ce n'est pas sur le fond de la chose, mais est-ce
que...
M. Johnson (Anjou): L'intra ou l'ultra vires?
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que c'est quand même important
qu'on ne se serve pas d'un règlement pour le faire. Qu'on modifie les
lois s'il le faut.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, c'est cela. Une seconde! Le
ministère s'est appuyé sur l'article 173 de la loi qui
établit - oui, vous vous souvenez des discussions qu'on a eues à
ce sujet en commission parlementaire lors de l'étude du projet de loi 27
- au paragraphe c): "En outre des pouvoirs de réglementation qui lui
sont conférés par la présente loi, le gouvernement peut
faire des règlements pour déterminer les formalités
d'inscription, d'admission et de sortie des bénéficiaires dans un
établissement ou de leur prise en charge par une famille d'accueil
suivant, s'il y a lieu, la catégorie, la classe ou le type
d'établissement ou la catégorie de la famille d'accueil,
déterminer les modalités de création des comités
d'admission dans les centres d'accueil et les centres hospitaliers." C'est en
s'appuyant essentiellement sur ces dispositions et peut-être d'autres.
Vous posez la question. Nous répondrons sûrement avant d'adopter
le règlement, mais a priori cela ne semblait pas causer de
difficulté. (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce qu'il reste qu'au chapitre 48
l'article 1 dit: "Confère aux CSS le placement." Est-ce que la loi
127... En tout cas, c'est à vous de faire la vérification.
L'avez-vous examinée?
M. Thibeault: On ne l'a pas examinée sur la base du
libellé de la loi comme tel, mais cela nous apparaît effectivement
une dimension qui nous intrigue beaucoup. D'abord, le règlement en soi -
j'ai attiré l'attention tout à l'heure sur l'article 50.1a -aux
deux endroits, lorsqu'il est question de l'évaluation pour fins de
placement des personnes âgées ou de l'évaluation pour fins
de placement des enfants, est silencieux sur qui fait l'évaluation. Nous
pensons que, par la logique qui a été développée
dans les règlements et qui veut que la personne âgée
s'adresse au CLSC, il y a peut-être des intentions de confier cette
responsabilité au CLSC. Si tel était le cas, d'une part, on ne
sait pas jusqu'à quel point cela va à l'encontre de la lettre de
la loi, mais cela va certainement à l'encontre de l'esprit quand on a
départagé les missions, dans la loi, des différentes
catégories d'établissements, en faisant référence
à l'article 1 qui précise la mission du centre de services
sociaux et qui confie une responsabilité explicite au CSS en cette
matière.
Deuxièmement, au plan de la pratique professionnelle, nous
restons convaincus que, lorsque arrive le moment d'évaluer un besoin qui
nécessite un placement, il est important que cette évaluation
soit faite par un organisme et non par plusieurs. Aussi, il faut que, à
partir de l'évaluation, il y ait une prise en charge qui soit faite
aussi par l'établissement selon le modèle qu'on retrouve dans le
cadre de la Loi sur la protection de la jeunesse, parce que, tout compte fait,
autant du côté des personnes âgées que des jeunes, on
à affaire à des clientèles très vulnérables;
il faut qu'il y ait quelqu'un qui la suive à travers le système,
parce que la personne est susceptible de cheminer.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être eu égard à
la loi 24 aussi qu'il faudrait l'examiner.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas du placement d'enfants, notamment
à cause du recours à la ressource qu'est la famille d'accueil sur
laquelle il y a une juridiction très précise dans le cas des
centres de services sociaux, je pense que ce caractère quasi exclusif
des centres de services sociaux ne pose pas de problème. Cependant, dans
le cas du placement des personnes hébergées, si on regarde la
définition du CLSC à g) de l'article 1, on dit: "...si
nécessaire, en les dirigeant - en parlant des
bénéficiaires -vers les établissements les plus aptes
à leur venir en aide." C'est aussi du rôle des CLSC d'orienter les
personnes vers un type d'établissements. On peut présupposer que
le particulier excluant le général et le reste, les grosses
choses étant dans les petites - je ne me souviens pas de la formule
latine -dans la mesure où il n'y a pas une responsabilité
spécifique et exclusive accordée à un autre
établissement, le pouvoir réglementaire de 173 nous permet, en
vertu de la définition de l'article lg, de confier une
responsabilité spécifique au CLSC. Il reste que cela a le
mérite d'avoir été souligné et on doit s'assurer
qu'on ait les assises juridiques pour le faire. Je présume que cela a
été fait, bien que la question nous soit posée de
façon beaucoup plus précise, et on va vérifier.
Le Président (M. Desbiens): M.
Duplantie voudrait ajouter quelque chose.
M. Duplantie: Oui. Au-delà de la lettre, il
m'apparaît que la position que nous développons est basée
sur le fait qu'il y a un organisme qui devrait avoir la responsabilité
à partir du moment où la personne est vraiment en besoin de
protection. Donc, nous distinguons deux phases; une phase de maintien à
domicile qui, d'après nous, doit appartenir au CLSC. Donc, il s'agit de
toute l'entrée dans le réseau qui est de l'ordre de l'accueil et
de l'évaluation quant aux besoins nécessités et de
favoriser, par tous les moyens, le maintien à domicile. Mais, à
partir du moment où on s'aperçoit que, de fait, ce n'est plus
possible de maintenir une personne dans son domicile, qu'il faut avoir recours
à d'autres types de ressources, on se dit: II faudrait que l'orientation
soit d'envoyer, vers un établissement régional qui, d'une part,
coordonne, jusqu'à maintenant au moins, l'ensemble des ressources, les
différents types de ressources de familles d'accueil et aussi les
ressources de centres d'accueil. D'autre part, il y a tout le problème
de préparer un bénéficiaire quant au type de ressources
qui lui est le plus approprié. Par préparation, on veut dire
motiver quelqu'un à utiliser des ressources comme celles-là. La
famille d'accueil, par exemple, cela n'est pas accepté facilement pas
une personne âgée. Il faut penser que même les membres de la
famille, les proches de la personne âgée, n'aiment pas tellement
qu'une autre famille s'occupe de leur père ou de leur mère en
leur donnant l'impression qu'eux en sont incapables. Alors, tout de suite
là, il y a un travail à faire, à la fois avec la personne
âgée et avec les proches de cette personne. Ensuite, il y a le
suivi à faire dans la famille d'accueil. Je parle de la famille
d'accueil, mais on peut aussi parler du centre d'accueil de la même
façon. Il s'agit de voir, à ce moment-là, quelle est la
ressource la plus appropriée à utiliser pour cette personne.
C'est dans cette perspective qu'on se dit que le maintien à domicile, il
se doit d'être au niveau du CLSC. Mais il y a vraiment une
deuxième dimension qui est celle de la protection qu'on devrait,
à notre avis, conserver au niveau des centres de services sociaux.
M. Thibeault: Un dernier complément d'information. Une
lecture étroite du règlement nous permettrait de tirer à
peu près la constatation suivante. On dit qu'une évaluation pour
fins de placement doit être faite, mais on ne dit pas par qui, à
l'article 50. C'est la même chose concernant l'admission d'une personne
âgée. Donc, cela ouvre la porte à bien du monde qui
pourrait évaluer pour fins de placement. Et assez curieusement, on doit
en déduire qu'une fois que quelqu'un, quelque part, peut-être
même dans un organisme bénévole, a dit que cette
personne-là devait aller en famille d'accueil, le CSS se verra
placé dans l'obligation de trouver une ressource à cette
personne-là, sans avoir à intervenir sur les composantes de son
milieu qui justifient finalement le besoin. Dans ce sens-là, je pense
que reconnaître la responsabilité de l'évaluation lorsqu'il
s'agit d'utiliser une ressource en dehors du milieu naturel, cela devient
aussi, par le fait même, un mécanisme régulateur entre les
deux secteurs d'activité. Le CLSC ayant une responsabilité de
maintien à domicile, s'il faut qu'une fois qu'il a diagnostiqué
le placement, c'est une ordonnance que les autres exécutent, je pense
qu'il y a là un mécanisme régulateur qui n'existe pas. Et
il y aurait peut-être des tendances naturelles, comme on connaît la
nature humaine, à recourir de façon excessive à cette
ressource.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie. J'aurais une autre question.
Au début, vous énumérez trois ou quatre catégories
de bénéficiaires potentiels qui, selon vous, ne sont pas couverts
par les classes et types de centres d'accueil: les adultes, les personnes
âgées présentant des troubles de comportement, les jeunes
mésadaptés et les personnes souffrant de troubles psychiatriques.
Est-ce que, quand même, dans les catégories qu'on retrouve dans le
règlement, à l'article 3, ces gens-là ne sont pas
couverts, dans le cas du paragraphe a, en ce qui concerne les jeunes
mésadaptés socio-affectifs et dans le cas des adultes et
personnes âgées présentant des troubles de comportement:
alcooliques, marginaux, etc., dans des centres de réadaptation, par
exemple, de toxicomanes ou des centres de réadaptation pour personnes
handicapées mentales dans le cas des... Peut-être que, concernant
les personnes souffrant de troubles psychiatriques, vous pensiez davantage en
termes de foyers de transition ou de maisons de transition, je pense, et que
ceux-là n'étaient pas couverts. Mais les deux autres, je ne suis
pas certaine qu'ils ne soient pas couverts dans les types de clientèles
ou de centres de réadaptation qui sont énumérés
à l'article 3.
M. Thibeault: J'allais dire: Je vais tenter un premier
élément de réponse. Je pense que, dans la façon
d'identifier les types de centres d'accueil d'hébergement, il nous
apparaît qu'il y a des clientèles qui sont laissées un peu
pour compte et ce n'est peut-être pas tant dans la définition des
titres de centres d'accueil d'hébergement qu'il faut les
reconnaître par des sous-catégories, mais davantage en
introduisant des éléments de programmation qui devraient
répondre aux besoins spécifiques. L'approche
qui semble être dans les règlements, c'est qu'on parle de
centres d'accueil d'hébergement en faisant référence
à une clientèle qui semble homogène alors que, dans les
faits, on sait que c'est une clientèle hétérogène.
Et il n'y a rien dans les règlements ni dans les lois qui parle de
programmes spécifiques à l'égard de certaines
clientèles dont les trois qu'on nomme ici principalement. Alors, ce
n'est pas tant par la définition de sous-catégories, mais bien en
essayant d'introduire dans les règlements la nécessité
d'avoir des programmes de réadaptation ou des programmes
d'hébergement adaptés aux besoins de ces
bénéficiaires.
Mme Lavoie-Roux: J'essaie de bien saisir. Dans le cas des
personnes souffrant de troubles psychiatriques, pensez-vous aux personnes
âgées qui, à l'intérieur d'un centre d'accueil, ne
trouvent pas de programmes ou de dispositions qui puissent tenir compte de
leurs difficultés de fonctionnement au plan émotif?
M. Thibeault: Je vais céder la parole à M. Lancop,
parce que, effectivement...
M. Lancop (Claude): ...Mme la députée, ce sont des
programmes spécifiques comme ceux-là pour certaines
catégories de centres d'accueil où on pense qu'il y aurait lieu,
vis-à-vis des clientèles plus problématiques, des
clientèles de personnes âgées présentant des
problèmes de comportement ressemblant à des problèmes
psychiatriques ou des problèmes de confusion... On a eu de la
difficulté, jusqu'à présent, dans le réseau des
centres d'accueil d'hébergement, à faire entrer ces personnes
parce qu'elles posaient des problèmes particuliers parmi d'autres
personnes âgées. On pense que, s'il était prévu,
pour ces centres d'accueil, davantage de programmes spécialisés,
l'entrée de ces bénéficiaires dits litigieux serait plus
facile.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je me demande si le
ministère crée certaines obligations, à savoir que les
centres d'accueil pour personnes âgées doivent desservir, en tout
cas dans une certaine proportion, ce type de clientèle avec des
programmes qui soient adaptés, parce qu'il y a 10% de la population qui
demeure quelque peu entre deux eaux. Je connais un centre d'accueil où
on a fait certaines adaptations. Je pense à Saint-Jean-de-la-Lande. Ce
n'est pas très répandu, si bien que cela devient souvent des gros
problèmes presque insurmontables pour la famille et la
communauté.
M. Johnson (Anjou): Effectivement, vous dites que le chiffre est
d'à peu près 10%. Cela tombe à peu près pile. Sur
les quelque 30 000 personnes hébergées, nous en avons 3000 qui
justifient des budgets spécifiques. Il faut dire que ce n'est pas
généralisé, mais certains établissements ont des
budgets spécifiques dans ce qu'on appelle la psychogériatrie. Je
pense, notamment, à Pierre-Joseph-Triest - je ne sais pas si, c'est le
cas de Saint-Jean-de-la-Lande aussi - à Ernest-Routhier, Paul-Gouin,
Henri-Bradet, Lapinière et Armand-Lavergne, qui sont des centres
d'accueil beaucoup plus récents -dont l'un sera inauguré
d'ailleurs d'ici une semaine ou deux - où on a attribué des
budgets particuliers à cause de la dimension psychogériatrique.
C'est clair que cela ne règle pas le problème de distribution.
Cela présuppose qu'on concentre et qu'il y a, à ces endroits, un
niveau plus élevé de cas psychogériatriques, en souhaitant
qu'il y en ait moins ailleurs. Mais, globalement, je pense qu'on peut dire
qu'on répond aux besoins d'environ 3000 personnes, ce qui correspond au
chiffre d'environ 10%.
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous dire qu'il en traîne pas mal
dans la communauté. Est-ce parce qu'il n'y a pas de ressources? Vous
n'en faites pas une obligation à ces centres-là. Dans le fond, ce
que l'Association des centres de services sociaux nous dit, c'est qu'il n'y a
peut-être pas de prévisions assez précises, même
à l'intérieur des catégories que vous avez dans votre
règlement, pour qu'à tour de rôle ou un peu dans chacune
des régions, on demande à des centres d'accueil d'assumer ce type
de responsabilité. Je me demande s'il y aurait lieu, sans créer
un nouveau type, mais en créant certaines responsabilités aux
centres d'accueil...
M. Johnson (Anjou): L'instrument est probablement beaucoup plus
dans la programmation budgétaire. Je ne suis pas sûr qu'on ait
besoin d'une assise réglementaire pour le faire. On le fait
déjà dans la programmation budgétaire. C'est en fonction
de l'analyse des besoins et des ressources qu'on a et des priorités
qu'on se donne, pour une ou des années. (21 h 15)
Essentiellement, cela se traduit par plus de ressources sur le plan
financier pour les établissements... Et c'est là qu'on retrouve
une certaine unicité décisionnelle dans le système
régional qui permet, effectivement, d'attribuer à cette personne
l'assignation à un endroit où on a de meilleures ressources.
Encore une fois, ce ne sera jamais parfait.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous l'avez dans l'ensemble des
régions?
M. Johnson (Anjou): On en a dans beaucoup de régions,
à ma connaissance, mais je ne sais pas si on en a dans toutes
les régions. Cela ne couvre pas toutes les régions. Cela
fait quelques années qu'on le fait, mais on n'est pas rendu dans toutes
les régions.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment, vous exposez les gens
à aller d'une région à l'autre et ainsi de suite. Quand il
y a un manque de ressources, c'est un problème.
La dernière question que je voudrais vous poser concerne la tenue
des dossiers, si je peux retrouver la page exacte. C'est à la page 18.
Vous semblez assez préoccupés du fait que vous fonctionnez, en ce
qui a trait aux milieux scolaire et hospitalier, avec des contrats de services.
Vous gardez quand même la responsabilité du fonctionnement
professionnel de la personne que vous prêtez, que ce soit à un
centre hospitalier, que ce soit à une commission scolaire. En ce sens,
le fait d'avoir un dossier chez vous, cela vous permet d'assurer, j'imagine, la
qualité du travail professionnel. Est-ce que c'est l'esprit de votre
recommandation?
M. Thibeault: Oui, entre autres. Je voudrais juste noter, au
passage, concernant la question des dossiers, que je n'en ai pas parlé
tout à l'heure parce que cela a un haut degré, je dirais, de
technicité. Dans notre mémoire, on retrouve des recommandations
concrètes pour résoudre des problèmes. Dans les
règlements, il est prévu, trois choses. Dans certains cas, on
dit: On n'ouvre pas de dossier, on ne fait qu'enregistrer. Là-dessus, on
dit: Cela pose un certain problème à l'égard de certaines
clientèles, le fait de ne pas ouvrir de dossier, on a fait un travail
professionnel important et, finalement, le client a le droit d'avoir un dossier
et on n'en a pas.
Deuxièmement, il y a un autre problème, c'est qu'on
introduit la question des dossiers de groupes ou les interventions de groupes.
On dit: II n'y a pas nécessité d'avoir de dossier et on fait des
recommandations qui vont dans le sens de distinguer peut-être les groupes
de type d'animation, qu'on retrouve particulièrement dans l'approche des
CLSC, les groupes d'information par rapport aux groupes thérapeutiques
que l'on retrouve dans les clientèles du CSS où, finalement,
c'est un travail de groupe, mais à l'égard de
bénéficiaires individuels qui ont un problème commun. Il y
aura peut-être des concordances à faire, mais je n'entrerai pas
dans tout cela.
Je reviens maintenant à votre question de dossier. Le
règlement dit qu'à l'intérieur des ententes de services ou
des contrats de services avec les établissements, en particulier, les
centres hospitaliers et les commissions scolaires, même les centres
d'accueil de réadaptation, l'établissement n'ouvre plus de
dossier. Le CSS n'ouvre plus de dossier. On trouve cela assez curieux quand
même parce que c'est la non-reconnaissance du fait que ce
bénéficiaire, qui est en milieu hospitalier, par exemple, n'est
pas aussi bénéficiaire du centre des services sociaux lorsqu'il
requiert des services du centre des services sociaux. Comment peut-on, dans un
deuxième temps, donner des services à ces gens, répondre
à leurs demandes et ne pas, je dirais, garantir leur droit à un
dossier?
Il nous semble, en tout cas, qu'on a une vision à travers la
réglementation, à savoir que les gens qui oeuvrent en milieu
hospitalier ou en milieu scolaire, ce sont finalement des prêts de
personnel en disant aux commissions scolaires ou aux hôpitaux: Faites ce
que vous voulez avec. Pour nous, le concept du contrat de services n'a jamais
été vu comme un prêt de personnel, mais vraiment un contrat
par lequel les établissements s'entendent pour donner des services
à l'intérieur d'un centre hospitalier et répondre aux
besoins spécifiques de certains bénéficiaires.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais peut-être poser une question
au ministre. Lors d'une poursuite à l'endroit d'un professionnel, dans
le cas présent, la poursuite serait faite à l'endroit de
l'établissement des CSS et non pas de l'hôpital. Il n'a même
pas de dossier ouvert dans l'établissement.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend de la nature de l'action
en dommages, si c'est pour une faute professionnelle ou si c'est pour...
Mme Lavoie-Roux: Supposons que ce serait une faute
professionnelle.
M. Johnson (Anjou): Si c'est pour une faute professionnelle, je
pense que par définition ce qu'on va mettre en cause, dans un premier
temps, c'est le professionnel; deuxièmement, si je ne me trompe pas, la
jurisprudence...
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que les deux peuvent être
poursuivis.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. La jurisprudence, de plus en
plus, a tendance à rendre responsable l'établissement.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas des professionnels
salariés, par exemple, un travailleur social, l'établissement est
habituellement poursuivi solidairement et conjointement et habituellement
condamné s'il est trouvé responsable. Dans le cas des
médecins, la tendance de la jurisprudence récente - je lisais un
article de Me Crépault
là-dessus - c'est que, dans la mesure où le citoyen n'a
pas vraiment exercé un choix, par exemple, dans un service d'urgence, on
a une tendance, dans une certaine jurisprudence, depuis deux ou trois ans,
à considérer que l'établissement est également
responsable et qu'il n'y a pas seulement le professionnel qui est en cause.
Mme Lavoie-Roux: Pour quelle raison je pose cette question? En
égard à la poursuite qui pourrait être intentée
à la fois contre l'établissement et contre le professionnel,
est-ce que ceci ne justifie pas le maintien d'un dossier dans
l'établissement qui a la responsabilité du professionnel au
premier chef? En tout cas, c'est...
M. Johnson (Anjou): C'est une bonne question.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait peut-être y
réfléchir parce que je me dis que ce sont eux qui gardent la
responsabilité de la qualité de l'acte professionnel, ils sont
employés du CSS.
M. Johnson (Anjou): Qui agit per alium agit per se... C'est ce
que je cehrchais dans le...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Votre latin vous revient.
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est cela. Cela revient. Mais cela aide
quand on en a qui ont cela tout frais à l'esprit.
Mme Lavoie-Roux: Je vous suggérerais d'aller chercher le
ministre des Affaires intergouvernementales. Il était bon dans le
temps.
M. Johnson (Anjou): Le ministre de l'Éducation n'est pas
si mauvais non plus.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Mais là, il est plongé
dans ses études, dans ses réflexions.
M. Johnson (Anjou): En fait, je prends bonne note de cette
préoccupation, de ce qui est un problème tout à fait
distinct - je comprends ce qu'évoque M. Thibeault là-dessus -
dans la mesure où les professionnels deviennent
"prêtés".
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): II dit: Dans le fond, nous n'avons plus le
"contrôle" en tant qu'établissement sur l'activité du
travailleur qui est "prêté". Est-ce qu'en soi, c'est une bonne
idée qu'il soit prêté? M. Thibeault nous dit: Nous pensons
qu'on devrait continuer, qu'on devrait avoir un dossier et qu'on devrait avoir
la juridiction. C'est un jugement qu'on porte sur le mode de fonctionnement.
Quant aux conséquences juridiques, je pense qu'effectivement il faut au
minimum s'interroger là-dessus. Merci.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): Cela va. Je remercie
l'Association des centres de services sociaux du Québec de leur
participation à nos travaux ce soir...
M. Thibeault: Merci de votre attention.
Le Président (M. Desbiens): ...et j'invite la
Fédération des CLSC du Québec à s'approcher, s'il
vous plaît! La commission suspend ses travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 24)
(Reprise de la séance à 21 h 32)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! La
Fédération des CLSC du Québec, M. Marcel
Sénéchal, président.
Fédération des CLSC du Québec
M. Sénéchal (Marcel): Bonsoir.
Le Président (M. Desbiens): Voulez-vous présenter
les personnes qui vous accompagnent?
M. Sénéchal: Oui, avec plaisir.
Le Président (M. Desbiens): Et, ensuite, procéder
à la lecture du mémoire.
M. Sénéchal: À ma gauche, je vous
présente M. Maurice Charlebois qui est directeur général
de la Fédération des CLSC. Je continue: à ma gauche, M.
Denis Perras et M. Jean-Pierre Bélanger qui sont conseillers à la
Fédération des CLSC. À ma droite, M. Paul Le Guerrier qui
est vice-président à la Fédération des CLSC.
Le Président (M. Desbiens): Oui, si vous voulez
procéder.
M. Sénéchal: M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs les députés, la
Fédération des CLSC du Québec est très heureuse de
se présenter devant cette commission permanente des affaires sociales
pour faire partager aux membres de cette commission ses réflexions et
ses recommandations sur les projets de règlement relatifs à
l'organisation et à l'administration des établissements du
réseau des affaires sociales.
Qu'il nous soit permis de souligner aux
membres de cette commission notre satisfaction quant à
l'économie générale du projet de règlement. Nous
remercions le ministre de sa préoccupation à améliorer
davantage la complémentarité du réseau.
La Fédération des CLSC est particulièrement
heureuse des nouvelles dispositions concernant le système d'admission
des bénéficiaires dans les établissements de soins
prolongés ou d'hébergement. L'implication des CLSC s'inscrit
parfaitement dans sa vocation telle que définie à l'article 1 de
la Loi sur les services de santé et les services sociaux, soit de
diriger les personnes qui requièrent des services vers les
établissements les plus aptes à leur venir en aide. En ce sens,
le projet de règlement confirme donc l'importance des CLSC pour agir au
niveau des services de première ligne, constituant ainsi, comme il se
doit, la porte d'entrée du réseau des affaires sociales. Au
même effet, la fédération se réjouit des efforts
faits par le ministre pour simplifier les questions d'enregistrement,
d'inscription et de tenue des dossiers pour les personnes qui requièrent
un type particulier de services qui ne nécessitent pas une lourdeur
administrative, chose dont on a heureusement tenu compte dans le projet soumis
à cette commission.
En somme, il s'agit là de l'essentiel des dispostions qui ont un
impact sur l'organisation des CLSC, ce qui explique la modestie de notre
mémoire. Si d'aucuns décrient parfois l'excès de
réglementation, la Fédération des CLSC est heureuse de
constater cette fois que le gouvernement a modéré son
appétit réglementaire.
Dans son mémoire, la Fédération des CLSC n'a pas
voulu - à bon escient, d'ailleurs - commenter les dispositions relatives
à l'organisation d'autres types d'établissements qui constituent
l'essentiel du projet de règlement. C'est pourquoi les commentaires que
nous formulons sont brefs car ils tiennent compte des préoccupations
particulières des CLSC. Permettez-nous donc de vous en livrer la
substance principale.
Articles 2 et 3 du règlement. On y mentionne
spécifiquement que les CHSP et les CAH pourront dispenser des
"programmes d'activités thérapeutiques et préventives de
jour."
Nous comprenons qu'il peut apparaître nécessaire de
spécifier explicitement que ces institutions pourront offrir de tels
services puisque cela n'est pas nécessairement évident dans la
définition qu'on en donne.
La loi elle-même définit en effet les CAH comme des
institutions d'hébergement. Il est donc nécessaire
d'élargir leur mandat si on veut qu'ils offrent des activités de
jour.
Dans le cas des CHSP, ce n'est pas la loi elle-même, mais
plutôt la définition de la classe dite des centres hospitaliers de
soins prolongés apportée dans le règlement qui en limite
les activités. Si, en effet, on les définit comme des
institutions qui reçoivent principalement des
bénéficiaires dont le séjour est supérieur à
trois mois, il devient nécessaire de spécifier dans le
règlement qu'ils pourront aussi offrir d'autres activités.
Nous croyons cependant que la façon dont ces
spécifications sont apportées est susceptible de créer des
ambiguïtés. Les CHSP et les CAH n'ont pas l'exclusivité des
programmes d'activités thérapeutiques et préventives de
jour. La loi permet aussi aux CLSC d'offrir de telles activités et, dans
les faits, déjà plusieurs CLSC dirigent des centres de jour pour
personnes âgées. Or, dans sa formulation actuelle, le
règlement ne fait pas mention explicitement de ce rôle possible
des CLSC et cela risque, selon nous, d'être une source de confusion.
Il nous semble d'autant plus nécessaire d'apporter explicitement
cette précision que le ministère n'a pas encore fait
connaître sa politique sur les centres de jour. Il y a donc
déjà une certaine confusion qui règne actuellement dans le
réseau quant à la vocation des établissements à
l'égard des centres de jour et il faudrait éviter, quant à
nous, d'alimenter davantage une telle confusion.
Nous croyons aussi que la formulation du texte du règlement est
trop vague et risque d'être une source de confusion additionnelle. On
parle en effet de "programmes d'activités thérapeutiques et
préventives de jour" au sens large sans spécifier de quelle
clientèle il est question. A la limite, cela pourrait inclure à
peu près toute la vocation des CLSC. Nous croyons comprendre que ce qui
est en cause surtout - et presque exclusivement - ce sont ici les centres de
jour pour personnes âgées en perte d'autonomie. Nous pensons qu'il
serait préférable de spécifier davantage à quelle
clientèle ces activités thérapeutiques et
préventives de jour seront offertes.
Article 26 du projet de règlement. Page 6 de notre
mémoire. Il nous apparaît que, dans la mesure où une partie
du centre hospitalier de courte durée serait réservée
à des soins prolongés, certains problèmes
d'interprétation quant à la juridiction des personnes ou
organismes autorisés à admettre un bénéficiaire
pourraient être soulevés.
En effet, la juridiction des CRSSS, des CLSC et des CSS, selon le cas,
ainsi que la procédure d'admission prévue aux articles 33 et 34
du projet de règlement seront-elles mises en péril devant
l'article 26 qui prévoit l'admission d'une personne à la suite
d'une demande faite par un médecin membre du CMD? Est-ce à dire
que les médecins pourront admettre une personne pour y recevoir des
soins prolongés dans un CH de courte durée où une partie
serait consacrée aux soins prolongés?
Certes, idéalement, nous comprenons qu'un CH de courte
durée ne devrait pas, selon l'article 2 du projet de règlement,
offrir des services de soins prolongés. Toutefois, telle n'est pas la
situation à l'heure actuelle et rien ne nous indique que la conjoncture
évoluera dans ce sens dans un avenir rapproché.
En conséquence, nous recommandons que le projet de
règlement précise à l'article 26 que l'admission par un
médecin est faite seulement dans des cas où la personne ne
requiert pas des soins prolongés.
Articles 33 et 34. Ces articles concernent l'établissement d'un
mécanisme d'admission dans les établissements offrant des
services de soins prolongés ou d'hébergement et
définissent les étapes à franchir ainsi que les
rôles de chacun des intervenants.
Dans l'ensemble, nous sommes d'accord avec les propositions qui sont
faites, notamment avec cette idée que le système d'admission doit
prévoir "la participation d'un médecin, d'un travailleur social
et d'une infirmière ou infirmier." Nous sommes convaincus, en effet,
qu'un tel processus de décision doit reposer sur une évaluation
multidisciplinaire de la situation des bénéficiaires.
Dans le système proposé, ce sont les CLSC, ou à
défaut les CSS lorsqu'il n'y a pas de CLSC, qui reçoivent les
demandes écrites d'admission. Dans une deuxième étape, on
procède à l'évaluation de la demande, mais on ne
précise pas cependant qui doit procéder à cette
évaluation.
Nous pensons qu'il faudrait spécifier que cette évaluation
est faite aux CLSC selon, évidemment, les critères et les
procédures établis par le CRSSS. Sinon, il n'y a aucune raison de
spécifier que les demandes d'admission doivent être
adressées aux CLSC. Les CLSC ne sauraient se contenter, en effet, de
jouer ici un simple rôle de boîte aux lettres et d'avoir à
subir la pression de la clientèle, puisque c'est à eux que les
postulants auront remis leur demande, dans un processus où ils
n'auraient aucun rôle à jouer.
Nous croyons, au contraire, qu'il relève de la vocation du CLSC
de procéder à de telles évaluations. Normalement, en
effet, les CLSC ont, de par leur vocation, le personnel multidisciplinaire
nécessaire pour procéder à ces évaluations. Mais,
de façon plus générale aussi, toute l'économie de
la réforme qu'on veut implanter au niveau des admissions suppose que
l'évaluation des bénéficiaires tienne compte le plus
possible des possibilités de leur entourage et des ressources
disponibles du milieu. Ce processus suppose donc une connaissance approfondie
des milieux locaux, ce que le CLSC est plus facilement en mesure de faire. Nous
croyons donc qu'on aurait dû spécifier explicitement que
l'évaluation de la situation des bénéficiaires sera faite
par les CLSC.
Nous croyons aussi qu'il y a un risque de confusion dans l'utilisation
des termes "évaluation psychologique", puisque cela pourrait faire appel
à une expertise professionnelle dont la pratique est exclusive aux
membres d'une corporation. Le risque de confusion est d'autant plus grand qu'on
ne prévoit pas la présence de psychologues dans l'équipe
multidisciplinaire chargée de l'évaluation (troisième
alinéa de l'article 33). Pour éviter cette confusion, on pourrait
simplement parler d'évaluation psychosociale.
Article 47. Concernant l'article 47 du projet de règlement, nous
aimerions souligner une légère contradiction dans la formulation
du texte. En effet, on dit que le bénéficiaire inscrit à
un CLSC ou à un CSS par l'intermédiaire d'un groupe est
dispensé de s'y inscrire personnellement et, par la suite, on dit que le
nom de ce bénéficiaire non inscrit doit figurer dans un registre.
Nous croyons qu'un tel libellé porte à confusion, à savoir
si l'on inscrit ou non une telle personne, avec les règles
administratives que cela comporte. Nous croyons que le libellé suivant
traduirait mieux la réalité vécue en matière de
services rendus à des groupes. Donc, on pourrait lire l'article 47 de la
façon suivante: "Une personne qui reçoit des services d'un centre
local de services communautaires ou d'un centre de services sociaux par
l'intermédiaire d'un groupe est dispensée de s'inscrire.
Toutefois, les noms de ces bénéficiaires non inscrits doivent
figurer dans un registre conservé par le centre".
Quant aux commentaires que nous avons à formuler concernant les
annexes, nos réserves vont dans le même sens que celles
formulées par les associations d'établissements qui nous ont
précédés. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Merci, M. Sénéchal. Et,
à vous aussi, merci d'avoir préparé un mémoire fort
substantiel qui a l'avantage de se concentrer sur les aspects qui vous touchent
directement, et d'en avoir fait un résumé. (21 h 45)
Toute la question des soins prolongés en milieu de courte
durée est une question qui en soi est un peu complexe et qui devient
encore plus compliquée quand on regarde les textes. Je vais me permettre
simplement de vous décrire ce que peut être la
réalité et ce que vous souhaitez devant ce type de
réalité. On peut dire que la politique générale du
ministère, c'est que l'ensemble des centres hospitaliers de courte
durée devraient accepter que 10% de leurs lits
soient consacrés aux soins prolongés, répondant
ainsi à des pressions démographiques et des besoins
évidents dans notre société. Il appert que le
problème pour beaucoup d'hôpitaux - nous sommes sensibles à
cela; j'évoquais récemment devant l'Association des
hôpitaux, pas plus tard qu'hier midi, les orientations que le
ministère entend prendre dans ce domaine - que le débordement de
ces 10% cause des ennuis évidents à beaucoup d'hôpitaux au
niveau de la fourniture des services de première, de deuxième ou
de troisième ligne, mais en courte durée. Je ne remets pas en
question personnellement le principe qui veut qu'il y ait 10% des lits des CHCD
qui soient en soins prolongés. Il faudra simplement trouver des
façons de régler le problème quant à ceux qui sont
pris avec des taux inacceptables, inadmissibles, et qui rendent le
système inefficace.
Ce que je voudrais savoir, c'est qu'à partir du moment où
un hôpital de courte durée a une unité de soins
prolongés, une section vraiment réservée aux soins
prolongés, est-ce que vous êtes d'avis que les lits de cette
section de soins prolongés devraient être considérés
comme dans le pool général sous la juridiction du comité
avec le processus qui est suggéré, ou encore si vous acceptez la
notion, comme semblait le réclamer l'Association des hôpitaux, ce
matin, que l'ensemble de ces lits situés en hôpitaux de courte
durée pour des fins de soins prolongés demeurent sous la
juridiction, je dirai, exclusive de l'établissement pour les fins de
leur utilisation?
M. Sénéchal: Je pense que la recommandation qui est
faite vaut d'autant plus que vous n'avez pas l'intention de remettre en
question les 10%. La réponse à votre question, c'est oui.
M. Johnson (Anjou): La réponse, c'est que vous
acceptez...
M. Sénéchal: C'est-à-dire, que si on doit
maintenir, dans des centres hospitaliers de courte durée, 10% de lits
pour soins prolongés, ce que nous pensons, c'est que ces 10% devraient
être sous le coup de la révision qui est faite du processus
d'admission.
M. Johnson (Anjou): Donc, contrairement à ce que demande
l'AHQ. D'accord. Je veux juste que ce soit bien clair.
M. Charlebois (Maurice): Je me permettrais d'ajouter que, s'il y
a eu des pressions démographiques justement pour qu'on réserve
plus de lits de soins prolongés, je pense qu'à plus forte raison
ces lits devraient rentrer dans le pool.
M. Johnson (Anjou): Cependant, vos commentaires semblent
s'adresser à l'excédent de cette unité si, par "accident"
ou problème de congestion de soins prolongés dans un
hôpital donné, dans une région donnée, cela
déborde ces 10% ou l'unité proprement dite. Vous dites: Nous
autres, on ne veut rien avoir à faire avec cela. Est-ce que c'est
cela?
M. Sénéchal: Ce devrait être inscrit dans le
processus à partir... Ce n'est pas seulement pour le surplus; cela va
pour l'ensemble des lits...
M. Johnson (Anjou): C'est l'ensemble.
M. Sénéchal: ...disponibles en soins
prolongés.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Cela a l'air un peu technique, mais
cela m'apparaissait fondamental de clarifier les enjeux là-dedans.
Cela va pour l'essentiel. Je pense que votre mémoire parle par
lui-même quant au reste. Je n'ai pas d'autres questions ni commentaires,
sinon pour vous remercier de votre présentation.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux également remercier la
Fédération des CLSC pour son mémoire. On semble être
devant des gens qui sont satisfaits de leur sort. Alors, cela diminue les
questions d'autant.
Dans votre première recommandation, vous mentionnez que l'article
devrait être précisé dans le sens où vous le dites,
"les centres hospitaliers de soins prolongés, les centres
d'hébergement et les centres locaux de services communautaires peuvent
dispenser un programme d'activités thérapeutiques et
préventives de jour aux personnes âgées en risque de perte
d'autonomie", pour y inclure les CLSC, si je comprends bien. Les centres
hospitaliers de soins prolongés n'ont pas uniquement des services pour
les personnes âgées, c'est-à-dire des activités de
jour pour des personnes âgées ou des activités
thérapeutiques de jour pour des personnes âgées. Si vous
pensez aux hôpitaux psychiatriques, par exemple, ils peuvent fort bien
avoir des activités de jour pour des patients qui ne sont pas des
personnes âgées ou il peut y avoir d'autres types de
clientèles aussi.
M. Charlebois: Les hôpitaux psychiatriques sont des CHSP au
sens de la loi.
Mme Lavoie-Roux: CHSP.
M. Charlebois: En fait, notre préoccupation, je pense
qu'elle est explicitée dans le préambule à notre
recommandation...
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez être là-dedans, mais
peut-être que la formulation n'est pas celle qui devrait être
retenue.
M. Charlebois: Notre préoccupation se rapporte aux centres
de jour pour personnes âgées, et cette préoccupation, on
l'a parce que les CLSC sont largement impliqués dans les services
à domicile et dans les programmes de maintien à domicile
auprès des personnes âgées. Plusieurs CLSC ont des
activités de regroupement de jour de ces personnes. On a mis, tout le
long dans le texte, les termes "centre de jour" entre guillemets, si vous avez
remarqué. C'est qu'il n'y a pas de politique comme telle du
ministère des Affaires sociales. Nous, on veut bien appeler nos
activités "centre de jour". Il y a d'autres définitions qui
circulent concernant le centre de jour. C'est un débat qui n'est pas
tranché et on ne veut pas - je pense que c'est ce qu'il faut comprendre
de notre intervention - qu'à travers une modification apportée au
règlement, on dispose de cette question des centres de jour ou du
rattachement des centres de jour pour personnes âgées. C'est notre
préoccupation. Alors, qu'on dispose de cette question dans les
amendements au règlement.
C'est ce qu'il faut comprendre par l'intervention qu'on fait. C'est pour
cela qu'on préconise, finalement, une formulation générale
qui fasse en sorte que toutes les catégories d'établissements, y
compris le CLSC, puissent développer de telles activités,
étant entendu que viendra, par la suite, une politique concernant les
centres de jour.
Mme Lavoie-Roux: Pour les autres points, je pense que c'est assez
clair. Il y aurait quand même une question qui touche au transfert de la
responsabilité des demandes d'admission qui désormais passerait
par les CLSC. Je pense que j'ai cru saisir des propos du ministre que la
justification de ce transfert est un désir - il peut y avoir plusieurs
raisons; en tout cas, c'est ce qui est exprimé - que, les CLSC
étant les gens qui offrent toute la gamme des services à
domicile, on serait mieux assuré que vraiment on ferait une
évaluation réaliste des solutions de rechange possibles au
placement en institution, enfin comme une des dimensions.
Dans l'hypothèse où toutes ces demandes de personnes
âgées passeraient chez vous - ce ne serait peut-être pas
uniquement des personnes âgées, mais aussi des personnes qui
requièrent des services à domicile - est-ce que, dans
l'état actuel des choses, les CLSC disposent des ressources pour
proposer comme solution de rechange, dans le cas du placement des personnes
âgées ou des demandes, qu'elles proviennent de personnes
âgées ou de leurs familles, qu'elles soient placées en
institution, pour justement permettre, toujours, ce choix de la ressource
alternative qui est le maintien à domicile avec les services que cela
implique?
M. Charlebois: La réponse, c'est non. C'est-à-dire
que les CLSC n'ont pas les ressources pour ce faire. Je connais certains CLSC
qui le font, où il y a eu transfert de ressources du CSS. Mais, dans les
cas où cela ne se fait pas et que le CSS assume déjà cette
responsabilité, les ressources sont au CSS; elles n'ont pas
été transférées. Cela supposerait qu'il y ait un
transfert de ressources si on reconnaissait...
Mme Lavoie-Roux: Même s'il y avait transfert de ressources,
parce que là je parle des services à domicile, est-ce que ceci
serait suffisant pour permettre que toujours la ressource alternative soit
offerte à la personne qui fait la demande ou qui adresse une demande
chez vous?
M. Charlebois: II y a deux niveaux. D'un côté, il y
a tout le processus d'admission, y compris l'évaluation. C'est une
chose. Actuellement, je pense que le règlement porte sur une modificaton
au système d'admission et un déplacement des
responsabilités aussi en ce qui concerne l'évaluation. Pour
exercer cette nouvelle responsabilité, les CLSC vont devoir obtenir des
ressources qu'ils n'ont pas actuellement. Les CLSC n'exercent pas cette
responsabilité. Nous, on est d'accord avec cette proposition. On
demande, cependant, qu'il soit clairement établi que le CLSC ait
l'évaluation à faire. Le sens de ce changement, c'est de
rapprocher finalement des communautés locales cette question de
l'évaluation, de rapprocher cela de l'établissement qui
lui-même offre les services à domicile et qui, par la force des
choses, est amené à connaître mieux la clientèle qui
est en perte d'autonomie et qui a besoin d'hébergement. C'est une
première chose. C'est l'évaluation.
Deuxième chose, concernant les ressources alternatives. Il y a
peut-être déjà eu des discussions au cours de la
journée -on vient juste d'arriver - concernant cette question des
ressources alternatives, vu qu'avec des nouveaux critères d'admission on
devrait être en mesure de faire en sorte que, dans les centres
d'hébergement des CHSP ou dans les centres d'accueil
d'hébergement, on retrouve les personnes qui ont vraiment besoin de s'y
trouver. Cela implique forcément un alourdissement de la
clientèle de soins et de services à domicile pour les CLSC et
cela implique nécessairement le développement d'autres
ressources dites alternatives. Si vous nous demandez si, demain matin,
tout le réseau des CLSC serait capable de subir un alourdissement de sa
clientèle, bien entendu, on va vous répondre dans la
négative. Cependant, toutes ces autres ressources sont à
développer. C'est le sens du travail qui est fait par les CLSC et ce
sont les orientations largement préconisées par les programmes de
services à domicile des CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Dans quelle mesure donnez-vous la
priorité dans vos services -tout le monde s'entend pour dire que la
population vieillit et que les besoins augmentent; sur cela, on tient tous le
même discours - dans les CLSC, au développement des services
à domicile, d'autant plus qu'on vous donnera cette responsabilité
d'une façon beaucoup plus large qu'autrefois dans vos budgets? Je ne
voudrais pas être méchante -d'ailleurs, je pourrais même
être dénoncée par les féministes - mais j'entendais
à la radio cette semaine qu'un CLSC - je ne le nommerai pas, c'est une
bonne cause -offrait des cours de karaté aux femmes. Je comprends que
c'est de l'autodéfense. Je suis pour l'autodéfense des femmes, je
ne veux pas faire de digression. Quelle priorité accordez-vous vraiment
aux problèmes des personnes âgées?
M. Johnson (Anjou): Une très bonne question!
M. Charlebois: Concernant les cours de karaté, il faudrait
voir si c'est offert par du personnel de CLSC ou si le CLSC facilitait...
Mme Lavoie-Roux: C'est le CLSC qui les offrait, c'est très
clair.
M. Charlebois: À ma connaissance, il n'y a pas beaucoup de
professeurs de karaté dans les CLSC, mais enfin! Ce n'est pas un type
d'emploi dans la convention. Il faudrait se référer aux emplois
non prévus.
Plus sérieusement, comment les CLSC privilégient-ils la
question du maintien des services à domicile? Je crois qu'il y a un
indice qui parle par lui-même. Les CLSC reçoivent des enveloppes
protégées pour les services et les soins à domicile; c'est
un budget protégé. Tel CLSC reçoit 100 000 $, il doit
dépenser 100 000 $ ou 200 000 $, peu importe. Plusieurs CLSC
dépensent plus que ce montant, c'est-à-dire qu'ils pigent
à même leur budget global et injectent les sommes dans le maintien
des services à domicile. Les CLSC sont conscients de ces
problèmes et de la pression faite par la population, ou les pressions
démographiques tout simplement.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre.
(22 heures)
M. Johnson (Anjou): M. le Président, en terminant, avant
de remercier les gens de la Fédération des CLSC, je veux dire que
le rôle des CLSC m'apparaît extrêmement important. La
définition que donne la loi des responsabilités et du mandat des
CLSC est très large et peut, à l'occasion, justifier
techniquement qu'on veuille s'adonner à des cours d'arts martiaux pour
des fins de défense d'un groupe social déterminé, mais un
groupe social très déterminé.
Cependant, je voudrais dire que l'expérience que j'ai des CLSC
depuis a peu près un an et demi - j'aurai l'occasion de m'entretenir
avec leurs représentants lors de leur congrès dans une semaine ou
deux -c'est qu'ils sont bien conscients, ils sont bien branchés sur des
besoins de la communauté, sur les ressources disponibles. C'est une
structure qui, comme la structure hospitalière, et peut-être
même un peu plus, pour toutes sortes de raisons, est très sensible
à l'évolution démographique et aux exigences de
"priorisation". Les CLSC ont connu une époque de développement,
je dirais, en toile d'araignée. Je crois maintenant qu'ils auront
tendance à se développer de façon un peu plus
précise, c'est-à-dire de faire des choix à même les
ressources. Ils m'apparaissent mûrs pour le faire. Merci.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas d'autres
commentaires. Nous vous remercions de votre participation. La commission
élue permanente des affaires sociales ajourne ses travaux à jeudi
matin, 9 h 30.
(Fin de la séance à 22 h 01)