Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des Affaires sociales
Crédits du ministère des Affaires
sociales
Séance du mercredi 23 juin 1971
(Seize heures dix-huit minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Etudes des crédits des Affaires
sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai relu les comptes rendus de
l'étude de l'an dernier des crédits des deux ministères,
et le député de Montmagny avait suggéré, à
ce moment-là, que nous ayons une discussion d'ordre
général au début avant d'entreprendre l'étude de
tous les crédits de façon détaillée. Si cette
procédure agréait à tous les membres de la commission, je
pourrais faire un exposé qui, j'espère, ne sera pas trop long
mais qui permettrait de faire ressortir les faits saillants des
activités, des objectifs, des orientations du ministère pour
lancer cette discussion d'ordre général et avant que nous
entreprenions l'étude détaillée des crédits.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
Faits saillants des activités du
ministère
M CASTONGUAY: Alors, tout comme l'an dernier donc, je voudrais vous
présenter, en premier lieu, les hauts fonctionnaires du
ministère. J'ai avec moi, ici, le Dr Jacques Brunet, sous-ministre, que
vous aviez rencontré l'an dernier; M. Aubert Ouellet, sous-ministre
adjoint à la planification et à la recherche; M. René
Bergeron, sous-ministre adjoint à la programmation; M. Jean-Guy Houde,
sous-ministre adjoint à l'administration; M. Edgar Guay, sous-ministre
adjoint aux programmes spéciaux; M. Gilles Gaudreault, sous-ministre
adjoint aux relations professionnelles; M. Claude Forget, sous-ministre adjoint
au financement; et M. Gilles Beausoleil, sous-ministre adjoint aux affaires
extra-ministérielles. Egalement, M. Michel Amyot, secrétaire du
ministère; et M. Raymond Quirion, mon chef de cabinet. Il y a
également présents ici, cet après-midi, M. le juge Gill
Fortier, président de la Régie des rentes du Québec; M.
Robert Després, président de la Régie de
l'assurance-maladie, et M. Roger Marier, le président du Conseil des
affaires sociales et de la famille.
Je n'ai pas invité le président de la Commission d'appel
des allocations sociales.
Etant donné le statut de cette commission il ne me semble pas
qu'il pourrait être assimilé ou placé exactement sur le
même pied. Si, toutefois, au cours de l'étude des crédits,
des membres voulaient rencontrer M. Bouchard, le président de cette
commission, je n'ai aucune objection.
Pour aborder l'exposé, je crois qu'il est bon de rappeler
brièvement au tout début l'évolution et surtout
l'augmentation des dépenses publiques dans les secteurs de la
santé, des services sociaux et de la sécurité du revenu,
évolution extrêmement rapide depuis un bon nombre d'années.
A titre d'exemple, je cite le sixième exposé annuel du Conseil
économique du Canada, publié en 1970, dans lequel on analyse ces
dépenses et où l'on conclut que les dépenses publiques du
secteur de la santé ont augmenté au rythme de 14 p.c. par
année depuis 1950. Les secteurs de la sécurité du revenu
et des services sociaux, sont des secteurs où l'accroissement des
dépenses publiques a été extrêmement rapide.
Simplement à titre d'exemple, dans le secteur des affaires sociales, au
niveau du gouvernement du Québec, alors que le budget en 67/68
était de $932 millions, il est en 71/72, selon les crédits que
nous allons étudier, de l'ordre de $1.5 milliard, soit, dans une
période de quatre ans, une augmentation de l'ordre de 50 p.c. A ce
budget, toujours au niveau du gouvernement du Québec, nous devons
ajouter les dépenses qui sont effectuées par la Régie de
l'assurance-maladie et qui, sur une base annuelle, excèdent $300
millions, les dépenses de la Régie des rentes du Québec,
même si cette commission ne répond pas à l'Assemblée
nationale et ici, par le truchement du ministère des Affaires sociales
ou du ministre des Affaires sociales, nous devons aussi ajouter les prestations
de la Commission des accidents du travail, qui sont de la même
nature.
M. CLOUTIER (Montmagny): La Régie des rentes, c'est combien?
M. CASTONGUAY: Au plan des déboursés cette année,
à combien s'élèvent les prestations au cours d'une
année, à quel niveau sommes-nous rendus? A environ $40 millions.
Et cela augmente, comme vous le savez, de façon très rapide
d'année en année. Malgré ces dépenses
élevées, le rythme rapide de progression, il est exact de dire
que ces dépenses demeurent insuffisantes en regard des besoins.
Il y a des besoins nouveaux, un accroissement de besoins qui se
manifestent sur divers plans. Premièrement, il y a la
nécessité toujours plus grande de rendre universellement
accessibles à tous les plans aussi bien les services de santé que
les services sociaux. Il y a également le progrès scientifique,
le progrès technologique qui, avec tous les bienfaits qui en
découlent, entrafnent tout de même, sur le plan des coûts,
une augmentation rapide des dépenses. Il y a également les
modifications ou l'évolution de la population avec le vieillissement de
la population, les nouvelles catégories, disons, d'enfants qui,
autrefois, étaient bien souvent condamnés à une existence
plus ou moins sans avenir et qui, aujourd'hui, grâce à l'aide de
divers types de soins, de services, peuvent avoir une chance de se
développer convenablement dans la vie. Je
pourrais citer d'autres facteurs d'augmentation des dépenses
publiques dans ces secteurs. Mais ces facteurs, c'est ce qui est important de
rappeler, sont pratiquement incompressibles et exercent, par conséquent,
une pression considérable sur les budgets, qu'ils soient au niveau des
dépenses publiques ou au niveau des dépenses privées
personnelles.
Nous devons également, dans le secteur de la
sécurité du revenu, par suite des changements rapides dans
l'économie, par suite du phénomène de plus en plus
clairement identifié, des personnes qui sont aux prises avec le
chômage chronique dû au manque d'emplois, dû à une
scolarité insuffisamment élevée, ou encore dû
à un déplacement de la demande; et aussi, additionnés
à cette catégorie de personnes, les emplois dont les revenus sont
insuffisants malgré le fait que les personnes sont sur le marché
du travail. Nous avons également, de ce côté, une pression
considérable pour augmenter la redistribution des revenus en direction
de ces personnes.
D'une part, malgré l'évolution rapide des dépenses,
ces dépenses publiques demeurent insuffisantes, et les facteurs
sous-jacents à l'augmentation des dépenses vont continuer
d'exister et vont continuer d'exercer des pressions.
Nous devons et c'est la voie que nous devons suivre, à
notre avis faire bien souvent des choix dans les programmes que nous
devons établir. Nous devons également planifier le
développement des services, des ressources, que ce soit en
équipement ou en personnel, d'une façon toujours plus rigoureuse.
Nous devons également, par tous les moyens, rechercher et ceci
à tous les plans la plus grande efficacité possible et la
meilleure utilisation des ressources disponibles, malgré toutes les
contraintes, toutes les résistances qui peuvent exister. Ceci afin de
faire en sorte que, dans la plus grande mesure possible, les besoins qui
existent, qui se manifestent, soient satisfaits.
Nous verrons, au cours des discussions, qu'à partir des
projections que nous avons faites pour l'avenir et je crois que ceci est
un aspect extrêmement important les projections de l'accroissement
naturel des dépenses du ministère à partir de certaines
hypothèses ne nous laissent qu'une marge extrêmement
réduite malgré les niveaux qui peuvent être
considérés comme assez élevés de ces
hypothèses, au plan des immobilisations qui seront possibles au cours
des prochaines années, si l'on tient compte des dépenses de
fonctionnement qui accompagnent généralement les nouvelles
immobilisations. Et nous verrons d'ailleurs ce que nous entendons proposer pour
faire en sorte que nous sachions aussi clairement que possible comment, au
cours des prochaines années, nous pourrons planifier les immobilisations
et à la fois être capables de respecter nos engagements sur ce
plan des immobilisations déjà effectuées, pour les
dépenses de fonctionnement de ces immobilisations, des
équipements qui ont été réalisés et pouvoir
maintenir, d'une façon relati- vement équilibrée, le
développement de nouveaux services.
Ce contexte de contraintes budgétaires est celui dans lequel nous
devons étudier le bilan de l'année qui vient de s'écouler,
et aussi examiner les objectifs que nous nous sommes fixés.
Sur ce plan, je ne ferai pas un bilan détaillé, complet de
toutes les activités du ministère aussi bien aux plans
législatif et administratif qu'au plan du développement des
services, de leur fonctionnement. Je vais plutôt, avec votre permission,
faire une liste aussi brève que possible et tenter de dégager
seulement les aspects qui paraissent les plus importants.
Pour ce faire, je tiendrai compte du fait que le ministère des
Affaires sociales existe depuis le début de l'année 1971. A vrai
dire, au début de cette année, j'avais fait une brève
revue de l'année et nous nous étions fixé un certain
nombre d'objectifs. Ceci nous paraissait nécessaire non seulement
uniquement au plan des contraintes budgétaires mais aussi compte tenu
des effectifs en place au ministère, compte tenu aussi de la
réorganisation, de l'intégration des deux ministères qui,
pour une période donnée, ne pouvaient faire autrement que
ralentir quelque peu le rythme d'activité du ministère.
Je peux relire très brièvement ce texte et nous pourrons
faire le point. Je pourrai, sur certains des aspects, donner un peu plus de
détails quelques minutes après.
A la fin de l'année 1970, je disais que cette année avait
été fertile en réalisations dans le domaine des affaires
sociales et que les trois événements les plus marquants avaient
sans doute été l'entrée en vigueur de la Loi de
l'assurance-maladie et sa mise en application, celle de la Loi de l'aide
sociale et la création du ministère des Affaires sociales.
Au cours de l'année 1971, nous nous étions fixé
trois grands objectifs prioritaires, soit l'élaboration et l'affirmation
d'une politique de sécurité du revenu, et ceci en coordination
avec une politique de main-d'oeuvre; deuxièmement, l'intégration
à tous les niveaux des anciens ministères de la Santé, de
la Famille et du Bien-Etre; troisièmement, la rationalisation et le
contrôle du fonctionnement des établissements de santé et
de bien-être aux plans législatif, administratif et financier.
La réalisation de ce dernier objectif je cite toujours le
texte constitue une étape tout à fait essentielle avant
que nous procédions à la régionalisation de la
distribution des services et à leur intégration de façon
que ceux qui les utilisent et les consomment n'aient plus à se relier
à une multitude de points de distribution. Nous entendons,
également, de façon parallèle à ces objectifs
prioritaires, poursuivre la réalisation de certains objectifs
secondaires.
Premièrement, l'extension du régime d'assurance-maladie
aux médicaments, pour les bénéficiaires de l'aide sociale,
et aux soins dentaires, pour les enfants de sept ans et moins. Cette loi est
maintenant approuvée. Nous pourrons, au
besoin, parler des négociations qui sont en cours.
Deuxièmement, l'élaboration et la présentation
à l'Assemblée nationale, au cours de la session d'hiver, de
diverses législations relatives aux corporations professionnelles dans
le domaine de la santé et des services sociaux. Ce travail est
extrêmement avancé. J'espère toujours que nous serons en
mesure de présenter les projets de loi avant l'ajournement.
Troisièmement, l'élaboration d'une politique de recherche
dans le domaine des affaires sociales. Nous pourrons également vous
faire état des gestes que nous avons posés, des actions que nous
avons prises dans ce secteur.
Quatrièmement, l'élaboration et la présentation
à l'Assemblée nationale, au cours de la session de l'automne
prochain, d'une loi sur les offices régionaux de santé de
services sociaux. Nous avons, sur ce point, accéléré le
travail, et également sur ce plan, je suis confiant qu'avant
l'ajournement des travaux, nous pourrons présenter en première
lecture ce projet de loi, de telle sorte qu'au cours de l'automne si le
coeur vous en dit au cours de l'été nous pourrons entendre
les représentations qui pourraient nous être faites, car il
s'agira là d'un projet de loi extrêmement important.
Cinquièmement, l'implantation de certains centres communautaires
de services sanitaires et sociaux. Sur ce point j'aimerais revenir dans
quelques instants et vous donner plus de détails sur le progrès
que nous avons réalisés, sur les objectifs que nous entendons
poursuivre.
Sixièmement, négociations avec le gouvernement
fédéral relativement à la formule de financement des
services de santé. Egalement, nous pourrons faire état des
travaux dans ce secteur.
Enfin, je le dis en terminant, il est bon de rappeler que
l'assainissement des finances, dans le domaine des affaires sociales, et le
contrôle de la croissance des coûts constituent des
opérations qui conditionnent la réalisation de tous nos objectifs
aussi bien prioritaires que secondaires.
De plus, il faut insister sur le fait que la philosophie sous-jacente de
toute cette réforme dans le secteur des affaires sociales est
centrée sur l'homme, la famille et leurs problèmes sociaux. Et
ceci est conforme à ce que nous avions discuté l'an dernier.
Sur le point de l'assainissement des finances et le contrôle de la
croissance des coûts, nous pourrons également vous faire part des
initiatives prises, des progrès réalisés, des
difficultés éprouvées.
Alors, les points sur lesquels il me paraît le plus important
d'insister ce seraient les objectifs que nous avions identifiés comme
étant les objectifs prioritaires. Sur les autres points, et pour le
reste, j'aimerais mieux attendre vos questions pour que nous puissions en
discuter.
Quant au premier objectif, l'intégration des deux
ministères en un ministère des Affaires sociales, vous aviez de
façon générale signalé l'été dernier
la nécessité d'intégrer ces deux ministères. Vous
aviez toutefois rappelé les dangers ou les difficultés que nous
pourrions éprouver dans cette intégration. Il est évident
c'est le conseil qui avait été donné et qui
était justifié que ç'a été une
opération difficile mais elle progresse de façon très
satisfaisante. Je crois que ce qui est le plus important, c'est que la
décision de procéder rapidement s'est avérée en fin
de compte une bonne décision; de même, la décision
d'intégrer les deux ministères sur divers plans apparaît
également une bonne décision à l'expérience.
En plus de cette intégration sur laquelle nous pourrons parler
davantage, et c'est une des raisons pour lesquelles je vous ai fait parvenir,
même s'il n'était pas imprimé et s'il n'est pas dans son
format définitif, un document de travail à partir duquel nous
allons terminer notre rapport annuel. Je vous ai fait parvenir ce document
parce que je crois qu'il donne un portrait aussi exact que possible,
peut-être incomplet, probablement incomplet, mais assez exact du moins,
de l'organisation du ministère au stade ou nous en sommes rendus.
Je dois dire que, même s'il y a un peu de retard dans la
présentation de ce rapport annuel, nous avons, malgré tout, je
crois, procédé un peu plus rapidement que par les années
passées. Le contenu a été changé et ceci a
facilité la rédaction; elle a été un peu plus
rapide. En plus de l'intégration des deux ministères, ou en
parallèle avec cette intégration, car il ne s'agissait pas
uniquement d'une intégration physique ou structurelle nous avons
aussi, je crois, deux points à souligner: c'est que la direction ou la
division de l'hygiène du milieu a été
détachée du ministère pour être placée sous
la responsabilité du ministre d'Etat à l'Environnement. Je crois
qu'il s'agissait là d'un geste qui s'imposait. Cette direction
était composée d'un personnel compétent, dynamique, mais
dont l'action bien souvent ne débouchait pas suffisamment sur des
résultats, compte tenu de la fragmentation des autres responsables dans
ce secteur.
De la même façon, nous avons au cours de l'année
confié à la Régie des rentes du Québec
l'administration du régime d'allocations familiales de même que du
régime d'allocations scolaires. Cette opération, à toutes
fins pratiques, est terminée et aujourd'hui la Régie des rentes,
en plus d'administrer le régime des rentes, la loi des régimes
suppplémentaires de rentes, d'assumer des fonctions administratives en
ce qui a trait aux décrets dans le domaine de la construction,
administre également ces deux régimes.
Nous avons également modifié certaines des politiques dans
le domaine de l'hébergement des personnes âgées,
l'idée générale étant sur ce plan de confier
à la Société d'habitation du Québec les fonctions
qui se relient directement à celle de l'habitation, ou du logement
directement.
Egalement, au cours de l'année, nous avons
fait un effort considérable à divers plans, au plan des
discussions avec les associations, les institutions concernées pour
clarifier, modifier dans une certaine mesure l'équilibre dans les
relations entre le ministère et les institutions d'une part et dans les
responsabilités que chacun assume. Le but visé est d'assumer
toujours davantage ou plutôt de permettre aux institutions une plus
grande autonomie dans leur administration à l'intérieur de
normes, de cadres définis et précisés, et d'autre part, au
plan du ministère, d'assumer davantage les fonctions de planification,
de programmation, de financement et au plan de la programmation
particulièrement en vue d'une étape subséquente de
régionalisation.
Alors ceci constitue un déplacement de responsabilités qui
s'effectue graduellement et que nous avions annoncé l'an dernier.
Au plan de la sécurité du revenu, nous avons au cours de
la conférence des ministres du Bien-Etre, conférence
fédérale-provinciale en janvier 1971, exposé les grandes
lignes de la politique que nous entendions poursuivre. Je n'ai pas, je crois,
à revenir sur ce document qui avait été rendu public et
qui a été distribué. Dans ce document, nous mentionnions
que les deux aspects les plus importants, ou les deux étapes
premières à franchir touchaient les allocations
famialiales d'une part et la modification, d'autre part, de la Loi de l'aide
sociale. Ceci d'une façon intégrée et coordonnée.
Nous avions également mentionné à ce stade-là que
les niveaux des prestations à fixer pouvaient varier et c'est la raison
pour laquelle nous n'avons pas à ce stade rendu publics les niveaux de
prestations ou des niveaux précis de prestations étant
donné le fait que le jour où ces prestations seront
annoncées, évidemment, nous sommes susceptibles de soulever des
espoirs qui, par la suite, pourraient être déçus si, au
plan du financement, nous n'étions pas en mesure d'y donner suite.
J'ai ici le document dans lequel nous résumons les
éléments plus importants de cette politique de
sécurité du revenu, et si vous me le permettiez, j'en ferais la
lecture.
Les objectifs de cette politique sont les suivants: la garantie d'un
revenu fondé sur les besoins à partir d'une évaluation des
revenus, la participation à l'activité économique et
sociale, les personnes à faible revenu qui le peuvent, la reconnaissance
du droit des citoyens à des ressources minimales.
Le système proposé prévoit l'inclusion, dans le
cadre d'un système intégré, des principaux régimes
existants, dans un ensemble comportant trois paliers principaux: les
allocations sociales, les assurances sociales et les allocations familiales. En
ce qui a trait aux allocations familiales et scolaires, ces programmes doivent
faire l'objet d'un examen immédiat. Le caractère prioritaire des
allocations familiales implique qu'il serait souhaitable de
légiférer au cours de l'autonme 1971. Je vous rappelle qu'ici ce
n'est pas un document qui a été préparé pour les
fins de l'étude, c'est le document de travail que nous avions
élaboré au lendemain de la conférence
fédérale-provinciale de janvier dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors les dates peuvent changer?
M. CASTONGUAY : Pas nécessairement. Les éléments
essentiels de la politique proposée sont les suivants: cette politique
prévoit la compensation, les charges minimales des enfants des familles
dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté, comme le
recommande le rapport de la Commission d'enquête sur la santé et
le bien-être social. Cette compensation est assurée par une
combinaison des allocations familiales et des allocations scolaires. Elle
comporte la compensation partielle des charges constituées par les
enfants pour les personnes qui se situent au-dessus des seuils de
pauvreté. Cet élément correspond à la fonction de
charnières essentielles du régime des allocations familiales par
rapport au régime d'assurance sociale, et également au
régime général d'allocations sociales dont fait mention le
rapport de la commission.
Elle comprend un dernier élément qui correspond à
la compensation des charges minimales des enfants de quatrième rang et
plus dans le cas des familles nombreuses. Cet élément correspond
au maintien d'une dimension importante du régime actuel des allocations
familiales du Québec qui donnent lieu à une allocation
privilégiée des versements en faveur des familles nombreuses. A
mesure que l'incidence, particulière au Québec, du fardeau des
charges familiales, que les familles nombreuses s'estomperont historiquement,
cette dimension du régime proposé perdra de son importance.
Tenant compte des objectifs et des éléments de la
politique proposée, les caractéristiques du régime des
allocations familiales du Québec seraient les suivantes: les prestations
demeureraient universelles. Elles seraient imposables de la façon
suivante: une table spéciale d'imposition serait utilisée; la
base des revenus consisterait dans le revenu familial à l'exclusion
seulement des coûts d'acquisition du revenu; des exemptions fiscales pour
les enfants reconnus par l'impôt fédéral sur le revenu
seraient éliminées, et les rentrées fiscales qui
correspondent seraient affectées au financement du régime des
allocations familiales.
Les allocations familiales seraient indexées pour tenir compte de
la hausse des prix à la consommation. Elles tiendraient compte de
l'âge et du rang des enfants, le régime des allocations scolaires
serait intégré à celui des allocations familiales. Une
allocation de maternité serait établie pour compléter le
régime des allocations familiales et scolaires. Ici, une première
proposition a été faite: le niveau initial des prestations serait
établi initialement à 80 p.c. du seuil de revenu minimum dans le
cas
des prestations versées aux familles en-deça du seuil de
pauvreté.
Quant aux allocations de maternité, l'objectif est de compenser
en tout ou en partie les frais impliqués par la naissance d'un enfant.
Cette compensation peut s'effectuer sous la forme d'un montant
spécifique versé, soit une partie pendant la grossesse et l'autre
à la naissance. Nous avions à ce moment estimé le nombre
des bénéficiaires possibles à environ 96,000 par
année, au niveau actuel des naissances.
Je dois dire que, sur ces deux programmes, les travaux de planification,
les travaux préliminaires à la programmation ont progressé
depuis que certains des points que je vous ai mentionnés sont
susceptibles d'être modifiés. Par exemple, l'imposition, par la
suite, des allocations versées aux familles dont les revenus
excèdent un certain montant est une formule. Une autre formule peut
être envisagée, soit celle de la récupération
dès le paiement, à partir d'une déclaration de revenus
antérieurs. Les avis sont partagés. Ce sont des questions qui
méritent d'être réétudiées de façon
attentive, mais le travail se poursuit de façon active.
Quant au régime général d'allocations sociales,
l'établissement d'un tel régime en remplacement du programme
actuel de l'aide sociale constitue une étape essentielle de la politique
de sécurité du revenu pour assurer la réalisation des
objectifs de cette dernière. Les éléments essentiels de la
politique proposée sont les suivants:
L'instauration d'un régime général requiert
l'application d'un critère de revenu plutôt que d'un
critère de besoins:
La réalisation du caractère intégré d'une
politique de revenu minimum implique l'intégration des programmes de
supplément de revenu garanti pour les personnes âgées et
l'allocation de formation professionnelle dans les éléments de ce
dernier programme qui remplissent une fonction de sécurité du
revenu. Par ailleurs, il existe d'autres programmes destinés aux
immigrants et à d'autres catégories de personnes. Les
caractéristiques du régime prévu d'allocations sociales
seront les suivantes:
L'accès au régime serait universel lorsque les personnes
ou les familles se trouvent dans une situation d'insuffisance du revenu;
Le régime remplacerait ou compléterait le revenu
jusqu'à concurrence d'un seuil préétabli;
Le régime comporterait deux formules d'allocations correspondant
à deux stades :
L'allocation de 2e stade pour les adultes s'établirait à
un seuil reconnu de revenu minimum. Ici encore un premier chiffre est à
suggérer... Initialement, le niveau des allocations correspondrait
à 80 p.c. du seuil de revenu minimum;
L'allocation de base du premier stade serait fixée à un
certain pourcentage de l'allocation de deuxième stade. C'est clair,
comme on peut le voir. L'allocation du deuxième stade serait
réduite pour tenir compte des revenus des allocations et les allocations
sociales seraient intégrées pour tenir compte de l'augmentation
du coût de la vie.
L'intégration des programmes, le supplément de revenu
garanti et l'allocation de formation professionnelle et autres au régime
général apparaît nécessaire à la
lumière des considérations suivantes: l'existence d'un
régime basé sur des normes différentes pour les personnes
âgées ne pourrait s'expliquer que par une discrimination en leur
faveur, difficile à justifier. Dans le cas des allocations de formations
professionnelle, vu qu'une large partie des prestations versées sert
à assurer un substitut au revenu du travail, une faible partie seulement
des frais d'éducation, le programme concerné doit donc être
intégré à la sécurité du revenu et en
respecter les objectifs et les modalités dans les politiques.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce qu'il y aurait des objections
à ce que vous nous fassiez tenir une copie de ce que vous venez de
lire?
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas d'objection, pour autant qu'il est bien clair
que, lorsque je parle des seuils de 80 p.c, ce sont des seuils temporaires.
Vous comprendrez que je ne peux engager le gouvernement sans les avoir fait
approuvé dans le processus normal.
M. LAURIN: Ce serait bien entendu que nous considérerions
ça comme une hypothèse de travail.
M. CASTONGUAY: De la même façon pour les allocations de
maternité, il existe ici une note suggérant une allocation qui se
situerait au niveau de $100 par enfant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour faire suite à la question du
député de Bourget, est-ce qu'il serait possible que nous les
ayons avant que nous ajournions nos travaux ce soir? Le ministre pense bien que
ce long congé, nous allons le consacrer entièrement à lui
préparer des bonnes questions à partir de ces documents.
UNE VOIX: Il n'y aura pas de parade à la Saint-Jean-Baptiste.
M. CASTONGUAY: Il est inutile de rappeler que la réalisation
intégrale de ces objectifs... Je m'excuse. Avant de passer à ce
point, comme troisième étape, des modifications seront
nécessaires au Régime des rentes du Québec, à la
Loi des accidents du travail, de telle sorte que ces régimes viennent
s'intégrer dans l'ensemble de façon aussi adéquate que
possible.
Il est inutile de rappeler également que la réalisation de
ces programmes ou de ces objectifs implique, quant à nous, des
modifications au plan de la constitution. Sur ce plan, nous avons fait des
propositions, nous avons d'une
part distingué entre deux types de programmes, et je parle de
mémoire pour ne pas prolonger la discussion...
M. LAURIN: Vous pouvez ne pas parler de mémoire.
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais pas qu'on me dise: Vous avez sauté
un programme dans l'énumération, d'autant plus que ce document,
je n'en connais pas la source, la façon par laquelle il a
été transmis, alors je ne peux pas l'utiliser.
UNE VOIX: Transmission de pensées.
M. CASTONGUAY: Alors, nous avons distingué entre deux
catégories de programmes, ceux sur lesquels nous avons affirmé
devoir avoir la primauté législative.
Une seconde catégorie sur laquelle il nous apparaît
nécessaire, si on veut avoir un ensemble qui s'harmonise
raisonnablement, si on tient à la poursuite d'objectifs
cohérents, donc c'est une deuxième catégorie de programme
sur laquelle un processus institutionnalisé de consultation doit exister
et aussi le maintien pour ces programmes des dispositions de l'article 94 a) de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Dans la première catégorie qui comprend le
supplément du revenu garanti, la formation, les allocations de formation
professionnelle aux adultes tout au moins en ce qui a trait à la partie
qu'on peut assimiler à la sécurité du revenu et quant aux
allocations familiales et scolaires, nous croyons que cette façon
d'exercer notre primauté peut être réalisée de la
façon suivante. Si le gouvernement fédéral, le Parlement
du Canada légifère et que nous croyons devoir
légiférer dans le même secteur, notre législation
doit avoir préséance sur la législation
fédérale dans la mesure où notre législation y
pourvoit et qu'à ce moment les citoyens de la province de Québec
ne doivent ni être pénalisés ni être avantagés
au plan financier par l'exercice d'une telle option.
D'autre part, pour les autres programmes, comme celui de
l'assurance-chômage, nous croyons que dans ce cas, ce programme est
lié dans une assez large mesure au fonctionnement de l'économie
et que dans le cadre des régimes fédéraux c'est un type de
programme qui doit être administré au niveau du gouvernement
fédéral. Mais avec la clause, tout comme dans l'article 94 a)
actuel, que l'application ou l'administration, la modification de ce programme
ne doit pas porter atteinte à une législation du Québec
dans le même secteur.
Le programme de la sécurité de la vieillesse a
été également introduit dans cette catégorie
étant donné que c'est un programme qui maintenant, dans les
nouvelles conceptions de la sécurité du revenu, a
été stabilisé.
Ce programme, quant à nous, est stabilisé. Le
régime canadien d'assistance publique est également compris dans
cette seconde catégorie étant donné le fait que c'est le
mécanisme par lequel le gouvernement fédéral participe au
financement des allocations sociales et, au lieu que ce soit fait par le
pouvoir général de financer, nous croyons que c'est mieux de le
préciser de façon claire dans le texte constitutionnel.
Quant aux services sociaux, le développement des services peut
prendre tellement de temps ou toucher tant de questions particulières
que je ne toucherai pas ce que nous avons fait au plan des institutions. Nous
pourrons discuter de cas particuliers, nous pourrons même exposer de
façon aussi détaillée que possible les approches
générales que nous avons prises.
Toutefois, le développement de centres locaux de santé et
de services sociaux va constituer, dans les orientations que nous avons prises,
la base de l'organisation des services de santé, des services sociaux et
aussi un lien important dans l'ensemble des services que l'on peut regrouper
dans le cadre plus général d'une politique sociale, soit les
services de main-d'oeuvre, loisirs, etc.
Si vous me permettez, je pourrais vous donner ici également, un
exposé, quitte à vous donner un texte, possiblement à la
prochaine séance, plus détaillé donnant les
caractéristiques principales de ces centres.
Je pourrai également vous donner une liste des endroits où
nous sommes en voie de mettre sur pied ces centres et également des
endroits ou des régions dans lesquelles nous croyons, au cours d'une
période de 18 à 24 mois, pouvoir mettre en place un premier
groupe de centres locaux de services communautaires. Dans certains endroits,
nous n'indiquons que la région étant donné que les
statistiques à notre disposition qui, bien souvent dans le passé,
étaient utilisées pour déterminer la localisation, les
équipements, étaient des statistiques se reliant aux lits
d'hôpitaux alors que présentement ces centres locaux de services
communautaires font appel à un autre ordre d'analyse pour déceler
où les besoins semblent être les plus grands. C'est pourquoi, dans
certaines régions, nous n'indiquons que la région et il nous
faudra préciser aussi rapidement que possible les endroits plus
précis où ces implantations devront se faire.
Si vous me le permettez, je pourrais également vous lire un texte
qui m'a été remis. Je ne l'ai pas lu malheureusement avant de
vous le lire. C'est peut-être prendre un certain risque. C'est pourquoi,
avant de le distribuer, j'aimerais voir s'il y aurait des modifications
possibles à lui faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous allons surveiller la physionomie du
ministre.
Services de santé et services sociaux
M. CASTONGUAY: Dans le but de remédier
au morcellement, de favoriser la coordination d'un ensemble de services
à l'individu, à la famille et au groupe, de corriger les
disparités régionales et locales dans ce domaine, le
ministère des Affaires sociales entend développer un
réseau intégré de distribution de services de santé
et de services sociaux. Au niveau local, cette intégration de services
se fera au sein de centres locaux de services communautaires. La
création de ce réseau de centres locaux s'inscrit pleinement dans
la politique sociale du ministère qui a pour but principale de mieux
adapter les services aux besoins de la population, de les rendre plus
accessibles et d'en assurer la qualité et la continuité.
Dans une perspective plus large, la création d'un tel
réseau devient un moyen important parmi d'autres pour atteindre les
grands objectifs sociaux que s'est fixé le ministère des Affaires
sociales à savoir l'amélioration de l'état de santé
de la population, les conditions sociales des individus et des groupes ainsi
que l'état du milieu où s'inscrivent leurs activités. Ces
centres locaux de services communautaires seront le point d'entrée ou le
premier point de contact des individus avec les services socio-sanitaires. Par
conséquent, ils devront offrir aux individus, aux familles, à
l'ensemble de la collectivité locale des services de base dans les
secteurs de la santé et des services sociaux. Le nombre, la nature et
l'ampleur de ces services de base peut varier en fonction de plusieurs facteurs
tels que l'incidence et la prévalence de problèmes locaux, la
nature des besoins, les priorités d'action, la proximité ou
l'éloignement des autres éléments du régime, les
différentes densités de population, les ressources disponibles
etc.
Il serait prématuré, à ce stade-ci du moins, de
dresser une liste systématique et exhaustive de ces services de base.
Ainsi, un modèle rigide qui définirait un contenu
standardisé, indépendamment de la nature de l'ampleur et de
l'évolution des besoins dans le temps et dans l'espace, serait contraire
à l'esprit même que présuppose cette approche nouvelle des
services communautaires. C'est plutôt dans une perspective de souplesse
que pourront s'élaborer des programmes variés mieux
adaptés à l'évolution des besoins en fonction des
objectifs à atteindre. L'office régional et ici on touche
à l'étape de régionalisation dont nous pourrons reparler
et auquel j'ai fait allusion précédemment en collaboration avec
les centres locaux et les autres centres offrant des services de santé
et des services sociaux spécialisés, sera plus en mesure
de préciser et d'adapter des programmes de base aux besoins locaux. Il y
a certains services qui, pour des raisons d'efficacité, à cause
de leurs implications, ont avantage à être centralisés au
niveau régional, l'adoption par exemple, tandis que d'autres doivent
être décentralisés au niveau local.
En somme, pour qu'un centre local de services communautaires puisse
exister, il faut qu'il assure un certain nombre de services de santé et
de services sociaux de base. A titre d'exemple, mentionnons les services
d'accueil, d'orientation, de consultation psycho-sociale, un service d'urgence
avec un nombre limité de lits d'observation pour une durée
maximale d'un jour, des soins dentaires, des services de base de diagnostic et
de laboratoire, des services d'hygiène maternelle et infantile, des
services d'éducation sanitaire et sociale, des services d'animation et
des services sociaux et médicaux qui doivent être rendus à
domicile, à l'école ou dans les différents milieux de
travail.
Il pourrait également assurer, à la suite d'une entente
avec l'office régional, d'autres services en fonction de besoins locaux
tels que, par exemple, un service de garderie, de consultation
budgétaire et d'autres types de consultations et de services de base. De
plus, afin de conserver une approche globale aux divers problèmes
rencontrés, le centre local pourrait intégrer ou du moins assurer
un rôle de coordination avec d'autres éléments
alliés à la politique sociale, tels les centres de main-d'oeuvre,
les bureaux d'aide sociale et les autres ressources au sein de la
collectivité.
La création d'un réseau de centres locaux de services
communautaires est déjà une première réponse au
morcellement et au manque d'intégration des services actuels.
Complémentarité et coordination, d'une part au niveau du
système de distribution des services de santé, des services
sociaux, à l'échelle régionale, et intégration,
d'autre part, au niveau de l'approche même des problèmes de
l'homme à l'échelle locale.
En effet, des liens fonctionnels et organiques devront être
prévus avec les autres centres plus spécialisés du secteur
de la santé et des services sociaux. L'objectif fondamental étant
d'assurer l'accessibilité et la continuité de ces services
communautaires à la population, il devient impérieux de relier
les différents éléments du réseaux sur la base
d'une complémentarité, tant au niveau des objectifs qu'au niveau
des fonctions, des programmes et des activités qui en
découlent.
Les implications mêmes d'une telle approche supposent, entre
autres, une décentralisation des moyens d'intervention aux offices
régionaux des Affaires sociales. Egalement, l'intégration des
services sociaux implique, au niveau des centres locaux, une approche
polyvalente, pluri et interdisciplinaire. Cette pratique d'équipe
s'avère un moyen important voire même nécessaire pour
atteindre une autre objectif qui est de relier les programmes de
prévention aux activités de traitement ainsi que la condition des
individus à leur milieu de vie où naissent et se
développent les causes des divers déséquilibres.
La composition de l'équipe, quant à son nombre et à
son éventail, devrait être en fonction du type et de l'ampleur des
programmes de base assumés au niveau du centre local. Elle pourrait
comprendre des professionnels de la santé, des services sociaux, un
personnel auxiliaire, un personnel administratif ainsi que
des consultants selon les besoins. La contribution des personnes du
milieu au niveau de la distribution de ces services pourrait être un
apport positif et souhaitable. Peut-être que des expériences
comparables, réalisées à l'étranger, ainsi que
l'évaluation constante du fonctionnement des premiers centres locaux de
services communautaires permettront de définir des équipes
minimales de base pour qu'elles soient efficaces, et des bassins de population
minimaux pour que leur implantation soit économiquement justifiable.
Sans être une panacée, la création d'un
réseau de centres locaux de services communautaires devient un outil de
développement important au service des populations locales. D'où
l'importance de ne pas poser, a priori, des normes trop rigides quant à
leur structure, leur composition et leur mode de gestion interne. Les diverses
expériences qui s'inscrivent dans l'optique d'une intégration de
services communautaires sont peut-être encore trop à l'état
embryonnaire pour qu'on puisse les fixer en modèles idéaux.
Encore là, il y a place pour des évaluations successives
et pour des études comparatives des différentes
expériences. Vue dans une perspective de développement, la
création de centres locaux nécessite l'implication des citoyens
à différents niveaux. Il ne s'agit pas de les considérer
uniquement comme des consommateurs passifs et des assistés, mais bien
comme étant surtout des ressources qui seront appelées à
jouer un rôle positif et dynamique au niveau de l'implantation, du
fonctionnement, de l'évolution et de la gestion de leurs centres.
Il devient de plus en plus urgent d'essayer de discerner les tendances
positives qui se manifestent dans les différents milieux afin de les
transformer en objectifs, puis en programmes d'action. L'implantation de ces
centres locaux de services communautaires pourrait tenir compte d'un ensemble
intégré d'indices significatifs de développement.
De façon plus opérationnelle, différentes
composantes du développement pourraient être retenues comme par
exemple l'état de santé de la population, les conditions
socio-économiques, l'état du milieu, les perspectives de
croissance et les densités projetées.
A l'intérieur de chacune de ces composantes, certains indices
pourraient être évalués, pondérés et
regroupés. De là émergeront certaines zones prioritaires
et des étapes plus précises d'implantation.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut faire la même demande, M. le
Président, pour ce document?
M. CASTONGUAY: J'ai mentionné que c'était un texte que je
n'avais pas lu avant et j'aimerais le revoir avant de le distribuer à la
prochaine séance.
Vous avez maintenant dans le même texte des graphiques, un peu
plus de détails techni- ques. Pour le moment, je pense bien que ce
serait prolonger inutilement la lecture que de la faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière question avant que le
ministre change de document. Je comprends que c'est un document de travail, un
document de base, c'est l'élaboration d'une politique d'implantation de
centres de santé à partir de certains critères. Est-ce que
le travail est assez avancé pour qu'on ait également, à
partir de ce document de base, un exemple concret tenant compte des
critères sur lesquels on travaille sans doute au ministère?
Est-ce qu'on pourrait avoir un cas concret qui illustrerait, en pratique,
l'application de ces normes, de cette politique de développement? Je
prends un exemple qui me vient à l'idée. Je pense qu'Asbestos est
un des premiers cas qui ont été annoncés et qui peuvent
s'intégrer même si le projet avait été
étudié et réétudié plussieurs fois.
Peut-être que c'est un projet qui pourrait s'intégrer et qui
pourrait être un centre local de santé. A partir de ce projet
concret qui a été annoncé, qui a été
décidé, est-ce qu'on ne pourrait pas en voir une application
pratique qui pourrait faciliter aux membres de la commission et au public en
général la compréhension d'un texte et d'un programme
assez difficiles à saisir?
M. CASTONGUAY: D'accord. D'ailleurs, c'est pourquoi nous voulons
procéder avec autant de précautions que possible. Mais je puis
vous dire que nous pourrons vous apporter, aussi bien au plan du personnel, la
conception d'un cas bien concret. Le Dr Brunet me dit que ce sera possible pour
le centre Hochelaga-Maisonneuve et ç'a l'avantage d'en être un
qui, je pense, a été conçu davantage comme un centre local
de services communautaires qu'à Asbestos, où on est parti d'une
situation où il était nécessaire de fermer un
hôpital et de combiner des éléments qui sont
différents.
En plus, nous avions simplement parce qu'on a voulu mettre
l'accent beaucoup plus sur le personnel, son fonctionnement, les fonctions que
sur les édifices également préparé une
première maquette qui illustre comment on pourrait organiser les locaux
d'un centre je ne sais pas si on peut même appeler ça un
centre type de telle sorte qu'on ait vraiment en même temps
l'image concrète d'un tel centre. Si cette maquette existe encore,
elle existe on pourrait l'apporter la semaine prochaine et vous
la montrer.
Nous préparerons donc ces choses pour une prochaine
séance.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est bon.
M. CASTONGUAY: J'ai ici une liste que je vais distribuer aussi de
l'endroit où nous croyons devoir procéder, après des
études aussi sérieuses mais qui, malgré tout, contiennent
une marge d'arbitraire, pour l'implantation prioritai-
re d'un premier groupe de centres. Je le rappelle ici, les
données ne sont pas les mêmes que pour les institutions
hospitalières où, au cours des années, on a
développé des critères de nombre de lits par 1,000 ou
100,000 de population.
Alors, avec un peu de crainte, je la distribue parce que, autant
à certains endroits, ça peut soulever des réactions
favorables, autant, malheureusement, ça va peut-être soulever
aussi des réactions défavorables à d'autres endroits.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre n'a rien à craindre, les
documents qu'il va nous transmettre vont peut-être être
reçus avec plus de compréhension qu'en d'autres milieux.
Grandes lignes du budget
M. CASTONGUAY: Avant de terminer, il y aurait deux derniers points au
plan du budget que je vais vous donner très brièvement, ce que
l'on a pu considérer comme étant les points saillants du budget
du ministère par rapport à l'an dernier. Au lieu de simplement
procéder par des comparaisons détaillées, telles qu'on les
retrouve dans le livre jaune, si vous me le permettiez, je pourrais vous donner
les grandes lignes, les grands faits saillants de ce budget, de ces
crédits qui sont demandés.
Le budget total pour 71/72 est de $1,492,360,000; comparés aux
chiffres de l'année 70/71 arrêtés au 30 septembre 1971,
nous obtenons un accroissement de $140 millions, grosso modo. Toutefois,
l'augmentation réelle, soit le budget comparé aux dépenses
probables pour l'année 70/71, dont le détail apparaît
à l'état annexé, est de $65 millions. En effet,
l'Assemblée nationale a voté, lors du deuxième budget
supplémentaire de l'année 70/71, un montant de $35.6 millions
pour le ministère des Affaires sociales, et à ce moment, j'avais
indiqué quelles étaient les affectations de ce budget
supplémentaire. De plus, la mise en vigueur de la Loi de l'aide sociale
a entraîné des dépenses additionnelles de $40 millions
effectuées à même le fonds consolidé du revenu.
En ce qui a trait aux soins généraux actifs, nous
calculons que l'augmentation du nombre des lits et des autres services
destinés aux malades hospitalisés va entraîner une
augmentation des coûts de $38 millions. L'amélioration des
services externes, une augmentation de l'ordre de $13 millions. La fermeture de
1,000 lits dans certaines régions à cause de l'existence d'un
nombre excédentaire de lits et pour d'autres raisons, une
réduction de l'ordre de $21.5 millions. Ce sont des objectifs. Les soins
aux malades mentaux, l'augmentation du nombre de lits visés de l'ordre
de 400 et l'embauche de personnel additionnel, des dépenses
additionnelles de l'ordre de $2.5 millions. Les soins Au malades chroniques,
l'amélioration des services et l'augmentation du nombre de lits
d'environ 540, des dépenses additionnelles de l'ordre de $5.5 millions.
La fermeture d'un certain nombre de lits dans les foyers d'assistan- ce
publique, une réduction de l'ordre de $1 million. Les services sociaux
généraux, développement des services, embauche d'une
centaine d'employés, diminution de la participation des divers conseils
d'oeuvres, une augmentation de $1,300,000; c'est la continuation en d'autres
termes du programme déjà engagé de prise en charge
graduelle des services au plan financier par le ministère. Service de
l'enfance en institution, développement des services, embauche de 218
personnes et augmentation de 3,300 lits, une augmentation des coûts de
l'ordre de $16,600,000. Service aux adultes en institutions,
développement des services, embauche de 300 personnes et
sécurité plus grande des institutions, $1,700,000.
Développement des ressources, augmentation de 4,000 lits environ par
suite de constructions et de rénovations entraînant des
dépenses additionnelles de l'ordre de $4 millions. Ce sont, je crois,
les changements majeurs par rapport au budget de l'an dernier, regroupés
en fonction de grandes catégories de services. Ces chiffres, je crois,
donnent environ $4 millions pour des hospices, foyers d'hébergement.
Il me resterait deux choses à mentionner avant de terminer. J'ai
été peut-être un peu plus long que prévu. J'ai
reçu au cours du mois de mars, de M. Latulippe, député
Ralliement crédi-tiste, une lettre dans laquelle il me posait un certain
nombre de questions relativement à la Loi de l'aide sociale. Nous
pourrons, au cours de l'étude des crédits, fixer un moment pour
répondre à cette lettre dans laquelle il soulevait un certain
nombre de questions. Il y a aussi un domaine que je n'ai pas touché,
mais je crois qu'il serait important que nous en discutions, il me ferait
plaisir de le faire, à tout le moins si vous le désirez, c'est
celui des services psychiatriques.
Services psychiatriques
M. CASTONGUAY: Nous sommes en 1971 à une époque où,
après un développement considérable des services
psychiatriques, diverses remises en question s'effectuent par la suite de
l'intégration des deux ministères et de la disparation de la
direction des services psychiatriques. Un certain malaise a pu se
développer. Nous négocions aussi avec les psychiatres en
institution ou salariés. Ceci, évidemment constitue toujours un
élément dans les relations d'un ministère et n'importe
quel groupe d'employés ou de professionnels. Alors il existe, je pense,
dans ce secteur présentement, une situation un peu particulière
et je crois que nous sommes disposés à en discuter. Nous serions
aussi intéressés à entendre vos suggestions, commentaires
ou critiques.
Mon dernier commentaire avant de terminer est celui-ci: Si vous croyez
au cours des prochaines séances qu'il est possible de le faire,
peut-être pourrions-nous fixer un certain programme de discussion, de
telle sorte que je ne
mobilise pas inutilement tous les fonctionnaires du ministère qui
sont ici cet après-midi ou les présidents de régies.
Croyez-vous que l'on peut établir un tel programme?
M. LAURIN: Si le ministre a terminé, est-ce que je pourrais
demander un autre renseignement? Je ne sais pas si M. Garneau vous a fait
parvenir une lettre que nous lui avions adressée, demandant des
réponses aux fonds presque statutaires sur des postes, sur des services
contractuels et honoraires. Quelques ministères nous ont répondu
en nous donnant d'avance les chiffres demandés. J'aimerais savoir s'il
serait possible pour votre ministère de faire quelque chose
d'équivalent. Cela nous éviterait beaucoup de questions.
M. GASTONGUAY: Les réponses ont été
apportées à cette lettre. Si nous les avons vendredi,
peut-être pourrons-nous les envoyer porter au bureau de tous les membres
de la commission parlementaire, pour les sous-articles 1, 3, 11, 32, 33.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je veux dire quelques
mots seulement aujourd'hui. Je crois bien qu'il serait préférable
de ne commencer la discussion de fond que lundi prochain, parce que nous
ajournons la Chambre dans quelques minutes. Je voudrais faire seulement
quelques commentaires. Je remercie le ministre de son exposé, de la
revue qu'il nous a faite il y a quelques instants et des documents qu'il nous a
fait parvenir, entre autres le livre jaune, document pour les crédits de
71/72 qui est un premier jet, si vous voulez, du rapport qui sera publié
instamment. Je veux également le remercier pour les documents dont il a
consenti à nous donner copie pour les travaux, les études que
nous allons entreprendre. Je préfère que nous gardions cette
habitude de travail que nous avions d'ailleurs depuis quelques années
dans le domaine des Affaires sociales auparavant, la Santé et le
Bien-Etre social de faire une discussion d'ordre général.
Le ministère s'y prête bien, d'abord par le sérieux des
questions en discussion et l'envergure aussi des programmes
discutés.
Je crois bien que notre travail sera beaucoup plus positif et
cohérent et nous permettra d'avoir une bien meilleure vue d'ensemble du
rayonnement et de la mission que s'est donnée le ministère des
Affaires sociales. Cela ne nous empêchera pas, sur chacun des articles,
de pousser un peu plus loin notre analyse des postes budgétaires qui,
cette année, sont présentés de façon
complètement différente en vertu de la nouvelle proposition d'un
budget par programme.
Quant aux questions d'ordre général, je voudrais
simplement en indiquer quelques-unes. Je n'ai pas consulté mes autres
collègues des autres partis politiques, mais je crois bien que lundi, au
début des travaux, nous pourrions chacun faire notre suggestion de
questions générales que nous voudrions traiter, afin de faciliter
aussi le travail des trois groupes, de ce côté-ci de la table, de
sorte que nous épuisions un sujet avant d'entrer dans un autre.
De toute façon, l'expérience s'est bien
déroulée l'an dernier et je crois que l'analyse des
prévisions budgétaires du ministère des Affaires sociales,
à la relecture du journal des Débats, sera réellement
intéressante et instructive pour ceux qui ne peuvent pas assister aux
séances de la commission et qui prennent connaissance des travaux du
ministère par le débat que nous en faisons ici.
Pour ma part, j'attendais l'exposé général du
ministre, avant de préciser le propre plan de travail de notre groupe.
Je voudrais déjà indiquer au ministre qu'il a touché la
plupart des sujets que nous voulions traiter. Entre autres, le ministre s'y
attend probablement, comme première question, nous voudrions parler de
la sécurité sociale. A la suite des positions qui ont
été prises et annoncées par le gouvernement, qui sont
publiques maintenant, nous voudrions parler aussi des différentes
étapes qui sont possibles maintenant, parce que je pense bien que le
ministère des Affaires sociales est celui qui est le plus directement
touché actuellement par la question constitutionnelle.
Ce n'est pas notre intention de faire ici un débat qui
relèverait plutôt de la Chambre. Il y aurait peut-être des
suggestions que nous voudrions faire et il y a peut-être des remarques
aussi que le ministre des Affaires sociales dont l'opinion a pesé
très lourd dans la décision gouvernementale voudra nous
indiquer, à son point de vue, quelles sont maintenant les
possibilités pour le ministère des Affaires sociales de mettre de
l'avant certaines politiques, certains programmes, compte tenu du contexte
actuel, qui n'a pas évolué dans le sens où nous l'aurions
voulu. Quand le ministre parle d'intégration des programmes dans la
sécurité du revenu, je pense bien que maintenant ça se
présente d'une façon un peu différente.
Quand il s'agira d'établir des seuils de revenu, des seuils de
pauvreté, pour un programme de revenu minimum garanti, je pense que si,
à ce moment-là, le Québec n'a pas cette primauté
législative qu'il a demandée, le problème se pose de
façon différente non seulement en ce qui concerne les
modalités du régime, mais aussi les étapes et les
échéanciers que le ministre et ses fonctionnaires
s'étaient fixés et qui maintenant vont devoir être
modifiés.
De toute façon, c'est une question extrêmement importante
que nous voudrions aborder, je ne sais pas si le ministre... Il a tantôt
semblé vouloir faire un commentaire.
M. CASTONGUAY: Cela me surprend un peu que vous vouliez aborder cette
question, je pensais que vous étiez fatigué d'en entendre
parler.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je l'ai dit au ministre tantôt, il ne
s'agit pas d'aborder tout le problème fondamental, mais le ministre a
certainement à nous livrer à ce moment-ci des réflexions
personnelles sans engager définitivement le gouvernement et le conseil
des ministres. Il a certainement songé à ce moment-ci, on le voit
réfléchir, on l'entend réfléchir, on
interprète ses silences.
Je ne sais pas si c'est par déformation professionnelle, mais
ayant occupé ce poste pendant quelques années, je me suis
toujours demandé moi aussi quelle serait l'étape
subséquente advenant que les réponses ne correspondent pas
à nos atteintes. De toute façon, il ne s'agit pas, je le
répète, d'entreprendre un débat de fond, mais je pense
qu'à ce moment-ci il serait peut-être possible d'échanger
quelques réflexions afin que, quand les lois futures viendront, nous
ayons eu le temps, chacun de son côté, de prévoir et
d'apporter une contribution positive, parce que c'est là le rôle
majeur de l'Opposition et c'est ainsi que nous le comprenons.
Il y a d'autres sujets, évidemment, que nous apporterons, comme
la question que j'avais notée ici: Quelle place ou quelle
priorité occupe la politique sociale dans les politiques
gouvernementales? C'est une question qui est discutée chaque
année lors de l'établissement des budgets. On fixe des
priorités, d'après les déclarations gouvernementales,
depuis l'an dernier. Il est évident que l'économique est une
priorité première, si vous me permettez l'expression, dans la
politique gouvernementale. L'Education et les Affaires sociales ont
occupé et occupent encore une place importante du budget. Le ministre
nous a donné des chiffres, tantôt. Il s'agit, dans le cas des
Affaires sociales, cette année, d'envoron 35 p.c. à 36 p.c. du
budget provincial. L'Education en prend aussi une partie majeure, de sorte
qu'à ces deux ministères sont consacrés envoron 70 p.c.
à 75 p.c. des budgets gouvernementaux.
On voudrait savoir du ministre aussi quelle est la place ou la
priorité que le secteur social va occuper cette année et surtout
les années futures, parce que le ministre a parlé de projection
tantôt dans les politiques gouvernementales. On s'interroge, dans
certains milieux, à savoir si la politique économique doit primer
le développement du secteur social ou si le secteur social doit
céder le pas. Je pense que la question est pertinente, surtout si on
tient compte de l'évolution, si on tient compte des mouvements divers
que l'on constate dans la population, des exigences toujours de plus en plus
considérables, des réactions qui sont parfois violentes et
imprévues. C'est une question que bien des gens se posent. Je crois
qu'il serait bon, ici à la commission, d'y réfléchir un
peu.
C'est aussi une question de priorité à l'intérieur
du ministère. C'est entendu qu'une fois que les priorités
gouvernementales ont été établies à
l'intérieur du ministère des Affaires sociales, on s'applique
aussi à définir des priorités. Je voudrais que le ministre
nous dise aussi sur quels critères on s'est basé, à
l'intérieur du ministère, pour attribuer à certains
programmes plus de valeur qu'à d'autres programmes, compte tenu de
l'ensemble du portrait que le ministre nous a tracé.
Il y a aussi la législation à venir qui est importante,
parce que les programmes seront, en partie, basés sur la
législation, d'autres ne sont que le résultat de mesures
administratives. En ce qui concerne la législation, nous aurons, comme
l'an dernier, l'occasion d'en parler. Nous aurons l'occasion de parler des
développements de la psychiatrie. C'est justement dans l'ordre des
priorités. Le ministre vient de nous indiquer qu'actuellement on fait
une révision des programmes psychiatriques. Cela pourra entrer à
l'intérieur d'une discussion sur les priorités.
Le député de Louis-Hébert a dit tantôt: Je ne
sais pas s'il serait désirable que tous nos fonctionnaires
supérieurs qui sont ici restent avec nous pour toute la discussion des
crédits. Si le ministre veut mon avis là-dessus, je pense qu'il
est extrêmement important pour les fonctionnaires supérieurs du
ministère, du moins en ce qui concerne la discussion
générale, d'assister à la discussion
générale parce que j'imagine qu'ils travaillent en équipe
et qu'ils sont responsables chacun d'un secteur particulier. Ce secteur
particulier n'est pas isolé dans le ministère. Que ce soit celui
qui est responsable du financement, de la programmation ou des affaires extra
ministérielles, je pense que chacun est impliqué dans un appareil
assez important. Pour ma part, même s'ils ont des tâches
extrêmement importantes et urgentes à accomplir au
ministère, j'aimerais qu'ils assistent à cette révision,
à cette discussion avec nous afin de voir quelles sont nos
préoccupations, de voir, selon les réponses du ministre, quelle
est son opinion sur certains sujets.
De toute façon je crois qu'ils prendront peut-être
eux-mêmes connaissance en même temps que nous de certaines
orientations que l'on veut donner au ministère; le travail sera accompli
ici et le ministre n'aura pas besoin de le recommencer à
l'intérieur du ministère, il va épargner du temps.
Quant aux présidents des régies gouvernementales, le
président de la Régie de l'assurance-maladie est avec nous, le
président de la Régie des rentes et le président du
Conseil des affaires sociales, également. Même s'ils sont moins
directement concernés par tous les postes budgétaires, je crois
qu'il serait désirable aussi qu'ils assistent à toutes les
séances de la commission des Affaires sociales. C'est mon opinion mais
ce n'est pas à moi à prendre la décision.
M. BOIS: M. le Président, pour autant que nous sommes
concernés, nous aimerions favoriser l'ajournement aussitôt que
possible. C'est
pour ça que, si M. le ministre agréait, nous aimerions
réserver tous nos commentaires généraux pour la prochaine
réunion et traiter, par exemple, des choses qui concernent
l'administration générale, les services, bénéfices,
et ensuite le partage des responsabilités
fédérales-provinciales, les effets des crédits de la
Santé sur les finances publiques en général ainsi que le
droit des individus en regard des possibilités
québécoises. Je pense bien que, pour le moment, tout le monde
aimerait jouir d'une bonne fin de semaine, M. le ministre aussi, M. le
président et les autres. Alors si cela vous agréait, M. le
Président, nous aimerions soumettre je pense bien, à l'instar du
député de Montmagny, nos commentaires généraux lors
de la prochaine séance et après passer à l'étude de
chacun des articles et des sous-articles comme nous l'avons fait la
dernière fois.
M. LAURIN: Pour ma part, je n'aimerais pas que cette première
réunion se termine sans que je témoigne au ministre toute la
satisfaction que j'ai eu à entendre son exposé. Je pense qu'il
est évident qu'on ne peut que se féliciter du dynamisme dont a
fait preuve le ministère au cours de l'année. Il nous a
présenté des législations très importantes que la
population attendait depuis longtemps et qui ont commencé à
être mises en application.
Deuxièmement, appréciation quant aux grandes orientations
qui avaient été esquissées l'an dernier mais qui ont
reçu cette année un commencement de réalisation. Plusieurs
restent encore sur la planche à dessin mais ce que nous a dit le
ministre montre qu'on peut attendre pour très bientôt, juin et
peut-être à l'automne, les premières réalisations.
Malgré les déceptions que les récents
événements infligent à nos rêves, j'espère
qu'il sera possible de réaliser dans la plus grande proportion possible
ces projets que le ministre nous a détaillés, cette fois, d'une
façon beaucoup plus explicite. Je pense que là aussi cela
correspond à un problème urgent, criant, pressant qui existe
depuis longtemps et que les années ne font qu'aggraver. C'est pour
ça que malgré ces difficultés j'espère qu'on
donnera suite à ces projets sans en changer les orientations, bien
sûr, mais sans en changer non plus les étapes, les
échéances de réalisation dans la mesure où les
contraintes budgétaires plus serrées maintenant le permettront.
Donc, je voulais simplement dire la satisfaction que me donne ce rapport
annuel, les projets dont on a encore entendu parler cet après-midi.
Quant aux questions que nous aurons à poser, bien sûr,
elles porteront sur certains des grands sujets qui ont été
mentionnés cet après-midi dans l'exposé du ministre, et en
particulier sur les modifications qui devront être apportées
maintenant, en particulier en ce qui concerne l'implantation du régime
de soins et aussi en ce qui concerne la nouvelle harmonisation à
laquelle il faudra quand même en arriver entre les politiques
québécoises et les politiques cana- diennes. Pour le reste il y
aura bien sûr plusieurs questions à poser sur les grands sujets
qu'a mentionnés le ministre, que ce soient les services psychiatriques,
l'application de la Loi d'aide sociale, que ce soit le régime des
garderies qui commence à revêtir une très grande
importance, que ce soient les négociations avec les divers corps de
professionnels impliqués. Mais je pense que justement, au fur et
à mesure que nous passerons ces divers projets les uns à la suite
des autres, il nous sera possible d'avoir des renseignements plus
détaillés.
Je me joins à la suggestion du député de Montmagny,
à savoir qu'aussi longtemps que nous en serons aux questions
générales, il n'est peut-être pas mauvais qu'au moins les
hauts fonctionnaires du ministère assistent afin qu'ils aient la chance
de voir les articulations de leurs services réciproques, et qu'ils ne
perdent jamais de vue, eux non plus, l'orientation globale de leur section ou
de leurs orientations particulières quitte à ce que, lorsque nous
passerons aux articles précis, nous puissions les dégager les uns
à la suite des autres. A ce sujet, je pense que la nouvelle façon
dont les crédits sont présentés pour le ministère
cette année va rendre la tâche plus facile. Pour ma part, je
trouve l'ordre de succession de présentation des divers articles du
ministère très logique. Lorsque nous arriverons à la
discussion en détails des articles, je pense qu'on pourra les
libérer les uns après les autres.
M. CASTONGUAY: Très bien.
M. ROY (Beauce): M. le Président, juste avant de terminer, on a
dit que M. Després assisterait aux séances. Je voudrais demander
s'il serait possible à ce moment-là d'avoir certaines
réponses aux questions que nous pourrions poser en ce qui a trait
à la Régie des rentes du Québec en particulier.
M. CASTONGUAY: La Régie des rentes ou la Régie de
l'assurance-maladie?
M. ROY (Beauce): La Régie des rentes. M. CASTONGUAY: M.
Fortier?
M. ROY (Beauce): M. Fortier, est-ce que ce sera possible?
M. CASTONGUAY: Oui. M. ROY (Beauce): Très bien.
M. CASTONGUAY: Tout dépendra de la nature des questions
évidemment.
M. ROY (Beauce): Je pense que c'est à l'étude des
crédits du ministère des Affaires sociales, qu'il est possible de
discuter de ces questions.
M. CASTONGUAY: Il y a la commission des
régies mais je pense qu'on peut aborder des questions ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a parlé à deux
reprises de la Commission des accidents du travail, est-ce qu'on pourra faire
venir le président de la commission?
M. CASTONGUAY: J'ai parlé des modifications à
apporter.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a parlé des modifications
dans le domaine des accidents du travail. Là aussi, il y a une certaine
intégration à faire. Est-ce que le ministre a rencontré le
président de la Commission des accidents du travail pour commencer
à discuter d'une forme d'intégration?
M. CASTONGUAY: En parliez-vous à votre ancien
collègue?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour ça que je pose la
question.
M. LAURIN: J'ai posé une question lors de la Commission du
travail et le ministre du Travail m'a envoyé au ministre des Affaires
sociales.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'admets au ministre que j'ai peut-être
une arrière-pensée. Je connais la jalouse surveillance du
président de la commission sur tout ce qui relève de son
autorité.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à lundi.
L'heure sera indiquée par le leader parlementaire, ce sera probablement
vers quatre heures.
(Fin de la séance: 17 h 44)
Séance du lundi 28 juin 1971(Vingt heures sept
minutes)
M. LEDUC (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Nous continuons les crédits du ministère des Affaires
sociales. Je crois que le ministre des Affaires sociales a quelques
réponses à donner à des questions qui lui ont
été posées antérieurement.
M. CASTONGUAY: Je tiens pour acquis, à la suite de
l'exposé général que j'ai fait mercredi dernier et des
commentaires faits par chaque parti, qu'à ce stade-ci je peux
répondre de façon générale à certaines des
questions qui ont été posées et ensuite engager la
discussion de façon plus précise. Il y a deux points quant
à l'organisation des travaux. Le président de la Régie des
rentes m'a mentionné qu'il aimerait quitter vendredi pour ses vacances,
j'imagine. Si on a des questions à lui poser, il aimerait qu'on le fasse
demain ou après-demain. De même M. Marier, qui est le
président du Conseil des Affaires sociales et de la famille, va
être absent une partie de la journée de demain. Il sera de retour
demain soir. Si nous avions aussi des questions à lui poser, nous
pourrions attendre à demain soir ou à mercredi pour ce qui a
trait au Conseil des affaires sociales et de la famille.
Politique sociale
M. CASTONGUAY: Une des questions qui a été soulevée
était celle de la place de la politique sociale dans le budget
gouvernemental. A ce sujet, je voudrais simplement vous référer
au texte du discours du budget de M. Garneau où il donnait les grands
objectifs poursuivis par le gouvernement qui étaient, en premier lieu,
d'assurer une participation active des dépenses de l'Etat à la
reprise de l'activité économique par l'accroissement des
dépenses d'immobilisation; en second lieu, de limiter le plus possible
le taux de croissance des dépenses courantes, sauf pour les programmes
ayant une incidence plus immédiate sur le soutien de l'activité
économique; en troisième lieu, d'assurer une partie du rattrapage
des sommes dues aux commissions scolaires; en quatrième lieu, de faire
coïncider le niveau des dépenses apparaissant au budget avec le
niveau réel des dépenses dans le secteur des affaires sociales,
compte tenu des nouvelles politiques de gestion proposées par le
ministère. Sur ce point plus particulier, si vous vous souvenez, nous
avons présenté, au cours du mois de mars, un budget
supplémentaire qui, en parallèle avec le projet de budget global,
vise à soulager dans une certaine mesure le frein qui était
appliqué aux dépenses des hôpitaux par l'approbation de
budgets qui étaient généralement assez serrés.
On a voulu faire un rattrapage sur le plan des règlements des
sommes dues au terme des exercices financiers antérieurs, de même
qu'au plan des emprunts à court terme faits auprès des banques
dans le but d'entrer dans le nouveau système que nous mettons
présentement à l'épreuve, qui est celui des budgets
globaux.
Dans ce cadre général, exposé par le ministre des
Finances, je dois dire aussi que l'importance accordée à la
politique sociale du budget gouvernemental ne peut être uniquement
jugée ou appréciée par les crédits qui sont
demandés ici. A ce sujet-là je dois rappeler d'une part
l'implantation du régime d'assurance-maladie qui a signifié
l'augmentation des dépenses publiques dans le secteur des affaires
sociales au cours du dernier exercice financier, augmentation qui, sur une base
annuelle, excède $300 millions. Egalement, en date du 1er novembre
dernier, toujours si on se réfère aux chiffres
donnés par le ministre des Finances, et on peut voir ce chiffre plus
précisément à la page 7 de l'annexe 2 de son discours du
budget la mise en vigueur de la nouvelle Loi de l'aide sociale, plus le
fait que les prévisions avaient été quelque peu
sous-estimées à cause du taux élevé de
chômage, a signifié un dépassement sur les
prévisions budgétaires de l'ordre de $40 millions au titre de la
Loi de l'aide sociale.
J'ai mentionné le budget supplémentaire il y a quelques
instants. Egalement, et ceci n'est pas reflété
présentement dans les prévisions budgétaires...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je m'excuse, pourriez-vous
répéter le montant du budget?
M. CASTONGUAY: Dans le texte du discours du budget, c'était $39.5
millions, à peu près $40 millions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
M. CASTONGUAY: Même si ce n'est pas reflété pour le
moment dans les prévisions budgétaires, ceci indique la place que
le gouvernement accorde au secteur des affaires sociales, c'est la formulation
ou l'élaboration d'une politique de sécurité des revenus
différente dans ses aspects fondamentaux de la politique ou des mesures
d'assistance sociale et d'allocations familiales existantes.
Egalement, comme vous le savez, ceci n'est pas reflété
dans les prévisions budgétaires. L'Assemblée nationale a
approuvé, il y a environ deux ou trois semaines, le bill 69 portant sur
les médicaments, d'une part, pour les bénéficiaires de
l'aide sociale et les bénéficiaires du supplément du
revenu garanti et, d'autre part, l'accessibilité aux soins dentaires
pour les enfants de sept ans et moins.
Je vous ai également mentionné le fait que c'était
notre désir, tout dépend de la date de la fin des travaux de
l'Assemblée nationale, de présenter avant l'ajournement un projet
de loi portant sur l'organisation des services de santé
et des services sociaux. Ce projet est destiné à
remplacer, en grande partie ou totalement, selon le cas, la Loi des
hôpitaux, la Loi des hôpitaux privés, la Loi des
hôpitaux psychiatriques, etc., de même que la législation
touchant aux corporations professionnelles.
Ces quelques grands sujets indiquent l'importance que le gouvernement
apporte au secteur des affaires sociales même si, pour l'exercice
commencé le 1er avril, l'augmentation du budget des anciens
ministères de la Santé, de la Famille et du Bien-Etre social
n'est pas nécessairement aussi élevée que par les
années antérieures.
On m'a également demandé à cette occasion quelles
étaient les priorités à l'intérieur du
ministère. Ici, je crois que la meilleure réponse qu'il est
possible de donner à ce stade-ci est de vous référer aux
objectifs que nous nous sommes tracés pour l'année en cours et
que j'ai eu l'occasion de lire tout en rappelant qu'il est nécessaire,
étant donné le type de service, que ce soient les services
de santé, que ce soit dans les mesures de sécurité du
revenu, que ce soit dans le cadre des services sociaux ou les services de
bien-être social de maintenir les programmes établis tant
et aussi longtemps que ces programmes ne seront pas graduellement ou autrement
remplacés par de nouveaux programmes.
La marge que nous avons pour modifier les affectations
budgétaires, une fois que l'on a tenu compte de l'accroissement naturel
des postes budgétaires pour entrer dans les
considérations, l'accroissement naturel de la demande ou encore d'autres
facteurs comme l'augmentation du personnel est relativement
limitée d'une année à l'autre.
Ce sont des changements qui doivent s'effectuer, lorsqu'on regarde le
montant global du ministère, de façon relativement graduelle.
Alors c'est le premier des commentaires sur ce point. Le deuxième, c'est
que tant et aussi longtemps également que nous fonctionnons en vertu,
d'une part, au plan du partage financier avec le gouvernement
fédéral dans le cadre de l'assurance-maladie et dans le cadre de
l'assurance-hospitalisation nous sommes limités. Etant donné que
les arrangements définitifs ne sont pas encore effectués sur ce
plan des accords financiers avec le gouvernement fédéral, car ces
deux programmes couvrent une partie importante des dépenses
effectuées dans le secteur de la santé, nous sommes
limités aussi dans une certaine mesure quant aux changements des
priorités que nous pourrions vouloir effectuer.
Ce sont les deux commentaires qui peuvent être ajoutés
à la liste des objectifs que j'ai exposés l'autre jour et qui
constituent en définitive, ces objectifs ou cette liste, les
priorités à l'intérieur du ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, ma première
remarque, vous m'y avez invité en aparté tantôt, c'est de
souligner la venue à la présidence de la commission du
président de la commission des Affaires municipales. Je ne voudrais pas
établir de parallèle entre les deux ministères, mais je
pense que le député de Taillon va retirer de la participation, de
l'assistance à nos débats une expérience dont il saura
faire bénéficier son ministre des Affaires municipales quant
à la dimension humaine des problèmes que l'on peut retrouver
aussi dans d'autres ministères.
UNE VOIX: Ceux des polyvalentes, par exemple.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je suis tenté de vous rappeler
à l'ordre!
M. CLOUTIER (Montmagny): Résistez à la tentation, M. le
Président. J'ai eu l'occasion, mercredi dernier, après la revue
qu'a faite le ministre des Affaires sociales des objectifs, de la politique de
son ministère de faire un bref commentaire.
Il en a été de même des deux autres partis de
l'Opposition.
M. le Président, maintenant que le ministre a répondu
à deux questions précises sur lesquelles je n'ai pas l'intention
de revenir, du moins pas à ce moment-ci, sauf plus tard au cours de la
discussion, peut-être par incidence, je voudrais que nous entrions dans
la discussion générale proprement dite. Pour ma part, je crois
que la meilleure discussion générale que nous pourrions faire
serait de prendre un par un les trois objectifs que le ministère s'est
fixés pour l'année 1971 et qui sont décrits dans le
rapport annuel de 71/72, rapport qui est en préparation. Dans ces trois
chapitres, je pense que nous pouvons également, les trois partis de ce
côté-ci de la table intégrer facilement chacun les sujets
d'ordre général dont nous voudrions parler.
Sécurité du revenu
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part, je voudrais prendre le premier
objectif. Il s'agit de l'élaboration d'une politique de
sécurité du revenu en coordination avec une politique de
main-d'oeuvre. J'ai dit mercredi dernier que je n'avais pas l'intention de
reprendre le débat constitutionnel ou de susciter à ce moment-ci
un débat. Nous avons eu l'occasion de le faire en Chambre lors d'une
motion que nous avons apportée avant la conférence de Victoria.
D'autre part, le ministre, pour ajouter au rapport annuel en
préparation, nous a remis la semaine dernière un document qui est
intitulé "Les éléments de la politique de
sécurité du revenu".
Je voudrais que mes questions soient les plus précises possibles
afin de limiter le cadre de nos discussions. J'ai retenu de ce document que le
ministre, avant la conférence de Victoria évidemment, avait
souhaiter légiférer à l'automne de 1971 sur les
allocations familiales et scolaires. C'était un des
éléments de la politique de
sécurité du revenu. Cela m'est toujours apparu à
moi aussi, M. le Président, durant les dernières années,
comme étant une politique prioritaire.
Nous avions d'abord, en 1967, proposé à l'Assemblée
législative la création d'un régime
québécois d'allocations familiales. En 1969, nous sommes revenus
à la charge avec un livre blanc sur les allocations familiales, livre
blanc qui avait été préparé en tenant compte de la
Loi de l'aide sociale qui serait présentée, qui a
été effectivement présentée et adoptée par
la Chambre en décembre 1969, et devant faire partie
ultérieurement d'une politique plus globale de sécurité du
revenu quand le rapport de la commission Castonguay-Nepveu aurait
été déposé. Ce qui s'est produit depuis.
M. le Président, je voudrais demander au ministre, étant
donné que son calendrier est peut-être modifié je
l'ignore à ce moment-ci, peut-être que le ministre non plus ne
peut pas donner de précision définitive quant au délai ou
quant aux modifications qu'il entrevoit dans l'établissement d'une
politique de sécurité du revenu comme première
question, si le programme des priorités qu'il avait tracé et qui
s'appuyait certainement sur des impératifs que l'on peut facilement
déceler dans le chevauchement des systèmes actuels, les
insuffisances de certains régimes, les pressions qui sont
exercées sur un régime tel que celui de l'aide sociale, pressions
aux tables, les tarifs qui sont payés, les allocations qui sont
payées et qui ne tiennent pas compte évidemment de la taille de
la famille ou du moins qui n'en tiennent pas compte suffisamment,
l'insuffisance du régime d'allocations familiales fédéral
actuel, quant à la compensation pour les charges familiales, ce sont des
impératifs, et je demande au ministre si son calendrier est
modifié. S'il ne l'est pas, de quelle façon et à quel
moment il entend apporter cette législation de base quant aux
allocations familiales et allocations scolaires.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je pense qu'il serait
peut-être bon d'indiquer de nouveau pourquoi l'insistance ou pourquoi la
priorité aux allocations familiales.
Ce n'est pas un choix arbitraire, c'est un choix qui nous apparaît
absolument fondé sur les faits. D'une part, vous savez que depuis
l'établissement de la Loi de l'aide sociale tout comme avant, une
pression considérable s'exerce d'une part sur le gouvernement sur ce
plan. Les personnes qui ont des charges de famille reçoivent des
prestations qui, dans un certain nombre de cas, sont considérées
comme insuffisantes. Si vous haussez ces prestations, vous courrez d'autre part
le risque de leur donner ou de donner des montants de prestations qui
deviennent relativement élevés par rapport au revenu que ces
personnes peuvent gagner sur le marché du travail, ce qui est plus ou
moins sain comme situation.
A notre avis, la clé permettant de résoudre ce
problème qui est double, à la fois un revenu suffisant pour les
personnes qui ont des charges de famille et non pas seulement les pères
de famille, mais aussi les veuves qui ont des enfants à charge, les
couples dont le père est invalide, par exemple, les personnes
séparées qui ont des enfants à charge, ceci
représente un problème absolument prioritaire à notre
sens. D'autre part, on ne peut ignorer également le fait qu'au
Québec le taux des naissances est relativement bas par rapport aux
années antérieures; et même s'il n'est pas prouvé
que des allocations plus adéquates pourraient avoir une incidence sur le
taux de natalité, il n'en demeure pas moins que des allocations plus
adéquates et une compensation plus adéquate des charges
familiales n'auraient certainement pas un effet négatif et pourraient
peut-être avoir un effet positif.
Ce sont donc les données du problème que nous vivons
présentement, non pas seulement comme gouvernement, mais qu'un grand
nombre de personnes vivent. Hausser les prestations de l'aide sociale pour les
personnes qui ont des charges de famille ne constitue pas une solution, d'une
part, étant donné le problème de la concurrence avec les
revenus du travail. C'est pourquoi le gouvernement antérieur avait aussi
établi un régime additionnel, un régime
supplémentaire d'allocations familiales qui mettait l'accent entre
autres choses sur les familles plus nombreuses mais le livre blanc reprenait
aussi les mêmes thèmes.
Dans les propositions que nous vous avons exposées
brièvement, dans le texte que je vous ai remis, et qui sont en grande
partie inspirées du rapport de la commission, nous allons un pas plus
loin et nous proposons dans cette politique que l'on concentre davantage pour
les familles à faible revenu les sommes qui seraient affectées au
titre des allocations familiales et d'après diverses modalités
qui sont exposées sommairement dans ce document.
Pour réaliser ce programme, nous ne pouvons ignorer le fait que
présentement il y a un régime fédéral d'allocations
familiales qui existe, qu'il y a le régime québécois
d'allocations familiales déjà établi et qu'il y a le
régime d'allocations scolaires pour les enfants de 16 et 17 ans, donc
trois régimes avec ce que cela signifie sur le plan administratif comme
dédoublement, comme complications pour les personnes qui
reçoivent de ces prestations. Cela est la situation actuelle.
Si nous voulons faire un pas de plus et nous engager dans le type de
régime qui est proposé, d'autres complications évidemment
en résulteront, complications qui sont d'un ordre de grandeur encore
plus important que simplement des dédoublements administratifs. En ce
sens que si nous effectuons une récupération à partir d'un
certain niveau de revenu, il faut d'une part faire une évaluation des
revenus; et aussi faire la somme des allocations versées de part et
d'autre et faire les prélèvements sur les allocations, soit avant
paiement ou après paiement par le truche-
ment du rapport d'impôt. Cela est une des difficultés qu'il
nous parait devoir être résolues avant de pouvoir établir
un tel régime.
Deuxièmement, il y a le fait que présentement, dans le
régime familial tout comme dans le régime
québécois, ce sont des régimes universels et que pour
atteindre les objectifs que nous proposons, il ne s'agit pas uniquement
d'ajouter aux dépenses publiques dans ce secteur. Il s'agit beaucoup
plus d'utiliser les mêmes sommes et de les répartir en les
concentrant davantage vers les personnes qui n'ont pas d'autres sources de
revenu, les personnes à faible revenu ou à revenu moyen. C'est un
objectif parce que nous avons bien établi que dans ce secteur, si nous
voulons compenser comme nous le disons les charges familiales de façon
aussi complète que possible, nous ne pouvons le faire pour l'ensemble de
la population sans qu'il en résulte des coûts extrêmement
élevés.
De plus, nous avons exposé dans ce texte que le lien doit
être fait avec le régime destiné à remplacer la Loi
de l'aide sociale, c'est-à-dire ce que nous avons appelé le
régime général d'allocations sociales. De telle sorte que
pour les personnes qui sont en dessous des seuils établis, nous
compensions non pas seulement pour le quatrième enfant et les suivants
les charges familiales de façon complète, mais pour ces personnes
qui seraient en dessous du seuil de revenu établi, que nous les
compensions de façon complète.
Pour cela, il va falloir faire cette compensation, à ce
moment-là, par le truchement du régime général
d'allocations sociales, si nous ne voulons pas gonfler de façon
disproportionnée les dépenses publiques. Donc, il faut que les
deux régimes soient conçus et administrés en coordination
aussi étroite que possible.
C'est pour cette raison, premièrement, que nous avons
insisté de façon particulière sur la
nécessité de pouvoir légiférer, d'avoir un pouvoir
prioritaire dans ce secteur. Tant et aussi longtemps que ces objectifs ne sont
pas réfutés comme étant des objectifs valables, je ne
crois pas que le gouvernement doive changer sa politique. Et à ce
stade-ci, il me semble et ceci depuis le mois de janvier, au moment
où nous avons rendu public le rapport de la commission, au moment
où nous avons exposé ces objectifs, au mois de février, de
façon plus détaillée qu'il n'y a pas eu de
critiques disant que ces objectifs n'étaient pas valables.
Au contraire, des organismes comme le Conseil national de
bien-être social, le Conseil canadien de développement social, qui
sont des organismes nationaux, qui sont des organismes, même,
subventionnés en tout ou en partie par le gouvernement
fédéral, ont appuyé fortement la politique que nous
préconisions. Nous avons également reçu, à la
veille de la conférence fédérale-provinciale de Victoria,
des mémoires de l'Association des manufacturiers canadiens, même
de chambres de commerce de la province de Québec, mais appuyant
également la position du gouvernement sur ce plan et disant qu'il est
nécessaire d'adapter les politiques sociales dans le secteur de la
sécurité du revenu, à la situation du Québec en
particulier.
Pour cette raison, à ce stade-ci, il ne m'apparaît pas que,
fondamentalement, la politique énoncée doive être
modifiée. Il reste donc deux problèmes: le problème
financier, d'une part, le problème constitutionnel, d'autre part, ou
encore des arrangements au plan constitutionnel, au plan administratif avec le
gouvernement fédéral, d'autre part. Sur le plan financier, nous
avons eu, comme vous le savez, des négociations bilatérales avec
le gouvernement fédéral, depuis la conférence des
ministres du Bien-être, et ces négociations bilatérales ont
eu pour but d'explorer l'ensemble du secteur à la suite de la
publication du livre blanc, par le gouvernement du Canada, sur la
sécurité du revenu.
Tel que l'a mentionné le premier ministre du Canada, le
gouvernement canadien semble être conscient de la nécessité
d'affecter des sommes additionnelles à ce secteur. L'issue de ces
négociations bilatérales, aussi bien au plan financier qu'aux
plans constitutionnel et administratif, pour les raisons que j'ai
exposées l'autre jour et aujourd'hui, plus précisément au
plan administratif, doit être résolue avant qu'il nous soit
possible de légiférer.
A quel moment sera-t-il possible d'en arriver à une entente? Il
ne m'est absolument pas possible de répondre à cette question. En
même temps, il me semble et je suis convaincu que les raisons ou les
motifs pour lesquels il nous apparaissait nécessaire d'améliorer
la situation au plan des programmes de sécurité de revenu
existent encore, c'est-à-dire les besoins de la population dans ce
secteur. Lorsque nous avons dit que nous espérions pouvoir
présenter une législation au cours de l'automne, c'est que nous
étions conscients d'une part des problèmes que posent la
rédaction d'une telle législation, l'établissement des
mécanismes administratifs, et que nous avions convenu ou que nous avions
voulu nous accorder un délai raisonnable pour franchir ces
étapes, mais il y a sur ce plan également de nouveaux facteurs
qui sont intervenus pour justifier des retards dans la présentation de
cette législation.
C'est pourquoi cette échéance demeure aussi valable
qu'elle l'était lorsque nous l'avons annoncée. Les
problèmes qui restent sont des problèmes au plan des accords qui
doivent intervenir entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du
Québec.
Donc, en résumé, au plan des objectifs d'une part, rien ne
nous indique que ces objectifs ne soient pas valables mais, d'autre part,
l'échéance, étant donné la nature des
problèmes, est encore justifiée à notre sens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je dirais au ministre que je suis d'accord avec
lui quand il dit que l'échéancier qu'il s'était
fixé quant à l'automne de 1971 est encore et doit demeurer aussi
valable, parce que le ministre en est conscient et nous aurons
l'occasion de discuter
là-dessus au cours des prochaines heures des pressions
extrêmement considérables sont exercées actuellement par
les groupements, par les assistés sociaux, les
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale quant à
l'insuffisance dans bien des cas du taux de prestation qui est versé.
Les projets de tables qui ont été retenus par
réglementation sont ceux de 1969 il y a déjà deux
ans et la pression s'accroît de mois en mois et ce ne sont pas des
pressions inconsidérées. Le ministre sait et ses fonctionnaires
savent qu'il va falloir le plus tôt possible faire un rajustement dans ce
secteur mais pas n'importe quel rajustement. Il y a un large secteur des
assistés sociaux qui est composé de familles nombreuses qui,
assurément, ne peuvent pas être satisfaits du taux de l'allocation
versé. Par contre, il y en a d'autres, et particulièrement les
familles peu nombreuses, les familles composées de deux adultes, ou un
célibataire, une personne seule, qui peuvent se tirer beaucoup plus
facilement d'affaire alors que les handicapés physiques, mentaux et
autres personnes soumises à des plans analogues affrontent certainement
beaucoup de difficultés avec les niveaux de prestations qui leur sont
versées.
Alors, il y a une redistribution urgente des ressources dans ce secteur.
Ce qui me fait dire que l'échéancier tracé par le
ministre, qui comporte, en première étape, la
réorganisation de ce secteur des allocations familiales, des allocations
scolaires est assurément la base de toute la réforme de la
sécurité du revenu que veut instaurer le ministre. C'est la
première étape et les autres viendront compléter et
s'harmoniser avec elle.
Une autre question que l'on se pose, évidemment, est la suivante:
Si la nouvelle rédaction de l'article 94 a) était mieux faite
selon ce qu'on a dit, si elle était davantage explicitée, si on
savait ce que veulent dire les mots "législation concurrente" ou
"primauté dans ce secteur", je pense bien qu'à partir du moment
où "concurrence" ne veut pas nécessairement dire
"primauté" pour le gouvernement central, que le ministre des Affaires
sociales et le gouvernement du Québec pourraient poser des gestes dans
le domaine de la réorganisation de la sécurité sociale et
élaborer une législation qui pourrait être acceptée
par le gouvernement central.
Je m'élève contre cette tendance du gouvernement central
de toujours vouloir uniformiser tous les programmes dans le domaine social et
de conserver un monolithisme. Prenons un terme: par exemple le ministre parle
des seuils de pauvreté. La législation sociale que le ministre se
propose d'apporter, que ce soit dans le domaine des allocations familiales,
scolaires, dans le domaine de la sécurité du revenu, est
basée sur des seuils de pauvreté et les différents stades
d'introduction de prestations. Les seuils de pauvreté dans le
Québec, tenant compte des inégalités régionales,
n'ont peut-être pas les mêmes implications que dans d'autres
provinces canadiennes où il y a plus d'uniformité entre le niveau
économique des différentes régions. Si on voulait fixer,
surtout de façon unilatérale au gouvernement central, des normes,
des standards quant au seuil de pauvreté, je pense que ça
apporterait des complications presque insolubles au niveau du
Québec.
Je ne sais pas si le ministre a une idée, à ce moment-ci,
à savoir quels seraient les seuils de pauvreté sur lesquels
pourrait être basée la réforme des programmes de
sécurité sociale. Plusieurs études ont été
faites sur les seuils de pauvreté. A certains moments, on a
mentionné $4,000; à d'autres moments, on a mentionné
$3,000. Si je comprends bien, c'est le palier qui va servir de ligne de
démarcation entre certains avantages du régime. Il y a certains
avantages dont pourront profiter certains bénéficiaires et,
au-delà de cette ligne, bien des avantages dont ne pourront pas
bénéficier ou vont bénéficier partiellement ceux
qui vont tomber sous le coup de cette législation. Sur les seuils de
pauvreté, est-ce que le ministre pourrait nous donner quelques
indications ou si ces études ne sont pas assez avancées à
ce moment-ci?
M. CASTONGUAY: Le facteur déterminant sur ce plan est la
capacité financière du gouvernement quant à la
disponibilité de supporter des seuils de pauvreté pour des fins
comme celles-là, d'une part. En première étape, du
côté des allocations familiales, on peut imaginer ou on peut
retenir comme chiffres, lorsqu'on dit au moment où nous voulons
compenser de façon complète les charges familiales, que les
montants pourraient être de l'ordre de $400 par année par enfant,
ceci dans le cadre du document que j'ai exposé.
Si nous pouvions être plus généreux, nous pourrions
certes aller à des niveaux plus élevés mais
déjà des montants de l'ordre de $400 par année par enfant
en moyenne, pour compenser les charges familiales minimales seraient des
montants relativement adéquats à notre sens. Il ne faut pas
oublier aussi qu'il y a un autre aspect qui est relié à celui-ci,
c'est celui de la politique fiscale. Et en ce qui a trait au Québec, les
exemptions pour les enfants à charge ont été
éliminées lorsque le régime d'allocations familiales
québécois a été établi.
Par contre, en ce qui a trait à l'impôt
fédéral sur le revenu, les exemptions pour les personnes à
charge, pour les enfants à charge dans l'impôt personnel du revenu
ont été maintenues et même là, dans le récent
discours du budget, on propose de hausser ces exemptions. On ne peut ignorer
l'effet au plan de la compensation des charges familiales de ces exemptions. Ce
qui est un peu difficile à rajuster dans ce secteur c'est le fait que le
maintien d'exemptions pour les enfants à charge joue dans une certaine
mesure en direction opposée à la compensation des charges
familiales pour les personnes à faible revenu. Mais on ne peut
malgré tout les ignorer.
C'est pourquoi je mentionne un chiffre d'environ $400. En ce qui a trait
au seuil qui pourrait être établi par la Loi de l'aide sociale, un
facteur déterminant encore une fois sur ce plan est celui du nombre de
bénéficiaires éventuels d'un tel régime et
également la participation du gouvernement du Canada sous une forme ou
sous une autre au financement de ce régime.
Dans le document que nous avons remis, nous mentionnions
l'établissement de ces seuils, environ 80 p.c. des seuils
proposés par le Conseil économique du Canada et rajustés
à l'année 1971. Mais ces chiffres ne sont purement que des
chiffres proposés comme première approximation pour
déterminer si nous sommes dans un ordre de grandeur qui puisse
être envisagé. Mais nous sommes évidemment, sur ce plan,
encore à une étape qui n'est pas suffisamment
élaborée pour pouvoir dire si c'est ça. Il pourrait
être retenu éventuellement ou non.
Mais en ce qui a trait aux allocations familiales qui constitueraient la
première étape de l'établissement de la politique
énoncée, nous croyons que des montants de l'ordre de $400 pour
les cas où nous compensons pleinement, soit dans le cadre du
régime d'allocations familiales pour le quatrième enfant et les
suivants, ou encore pour les personnes à faible revenu ou qui n'ont pas
de revenu, par une combinaison du régime d'allocations familiales et du
régime général d'allocations sociales, qu'un montant de
l'ordre de $400 en moyenne serait raisonnablement adéquat.
On peut imaginer à ce moment-là que la compensation des
charges familiales dans le cadre de la Loi de l'aide sociale perdrait de son
importance étant donné que nous visons une compensation plus
complète. A ce moment-là les sommes affectées en vertu de
la Loi de l'aide sociale pourraient être réaménagées
pour tenir compte des situations où, présentement, il y a
évidemment une pression considérable qui s'exerce,
c'est-à-dire pour les veuves, les invalides qui n'ont pas de personnes
à charge.
Nous sommes conscients qu'il y a là un problème.
D'autre part, on ne peut oublier, comme je le mentionnais tantôt,
que l'an dernier, nous avons augmenté les dépenses au titre de la
Loi de l'aide sociale de l'ordre de $40 millions, et cette année, tel
qu'on peut le voir à la page 40 des prévisions
budgétaires, nous avons une estimation qui excède celle de l'an
dernier de quelque $48 millions. Ce sont des augmentations considérables
et qui exercent une charge qui ne peut être ignorée sur le budget
de la province.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, avant l'ajournement, je vous remercie
à titre de président, ainsi que M. le ministre, j'avais
simplement demandé de faire mes remarques générales
à la reprise.
Je crois bien que, lors du débat, nous n'ennuierons pas le
ministre en examinant les articles un par un, parce que nous comprenons fort
bien que ses fonctionnaires et les sous-ministres ont administré d'une
façon très juste les deniers ou les millions qui sont mis
à la disposition de M. le ministre pour administrer son budget.
Cependant, nous comprenons, d'après ce que l'honorable ministre
nous mentionne la dernière fois, par exemple que de 67/68
à 71/72 il y a eu une augmentation dans les bénéfices
sociaux de $932 millions à $1.5 milliard. Nous comprenons fort bien
qu'il y a eu plusieurs bénéfices qui ont été
ajoutés, mais nous saisissons aussi qu'une proportion de ces
bénéfices vient du fait qu'il y a beaucoup de chômage,
même si la proportion des besoins familiaux a diminué à
cause de la diminution proportionnelle du nombre d'enfants ou de la croissance
de la natalité dans la province de Québec.
Il y a peut-être des questions que nous aurons à poser en
ce qui concerne le régime des rentes. A ce moment-là, il sera
possible sans doute d'avoir la réponse. C'est surtout une question qui
concernera les placements. Dans le cas de la politique du revenu, il y a une
chose sur laquelle nous demandons à M. le ministre, lorsque cela lui
conviendra, de bien vouloir nous fournir des précisions. Il est
mentionné ici, dans le document, par exemple, "la garantie d'un revenu
fondé sur les besoins à partir d'une évaluation des
revenus". Alors, dans un cas comme celui-ci, est-ce que ce seraient les revenus
de la province dans leur entité ou leur aspect global ou le revenu des
particuliers?
Nous comprenons que récemment M. le ministre a eu des
négociations avec le gouvernement fédéral et je tiens
à mentionner ici, M. le Président, que nous ne serons satisfaits
que lorsque la province de Québec administrera ses
bénéfices sociaux dans leur entier. A ce sujet, nous vous
appuyons M. le ministre, de répéter et de réitérer
vos demandes parce que nous croyons que le domaine que vous administrez
à l'heure actuelle en est un qui est vraiment le nôtre.
Vous nous avez fait part aussi des dangers, des difficultés qu'il
y a eus dans l'intégration des deux ministères. Nous le
comprenons fort bien. D'ailleurs nous avions prévenu le ministre
l'année dernière. Nous comprenions, je pense bien, que le gros
des problèmes dans son cas est venu surtout des services qui ont pu
être fournis par les bureaux, peut-être à cause du manque de
personnel, dans certains cas, une chose à laquelle le ministre a eu
à faire face, ce qui n'a pas été facile et a produit, de
la part du public, bien des réactions défavorables.
Une chose qui nous satisfaits, c'est de constater que le ministre nous
parle, M. le Président, d'établir les allocations familiales
d'après un index qui suivrait la hausse des prix à
la consommation. Nous croyons que c'est une des choses les plus justes
et pour lesquelles, comme tenants d'une idée, nous avons plaidé
depuis des années. Et si vraiment vous vous adonnez à ce genre de
services auprès des familles, je crois que ce serait très bien
vu, nonobstant les restrictions que peut vous imposer le ministre des Finances
avec l'argent qui est disponible ou qui est mis à votre disposition, M.
le ministre.
Il y a une chose aussi sur laquelle nous aimerions avoir certains
éclaircissements. En ce qui concerne la réduction des
impôts accordée par le fédéral et qui servira
à faire varier, par exemple, les allocations familiales versées
à d'autres familles. Il y a peut-être ici le sujet d'une entente
particulière que vous êtes à négocier avec le
gouvernement fédéral ou que vous avez déjà
négociée. Ce serait sans doute une bonne chose d'éclairer
la commission à ce sujet.
Nous croyons vraiment que la famille, qu'elle soit nombreuse ou petite,
est encore celle qui a le plus de besoins devant le chômage qui
sévit présentement. Il y a des cas d'assistance sociale et ici,
je me réfère surtout à la partie, par exemple, qui
concerne les allocations sociales et qui traite surtout du bill 26 où
nous constatons de la fraude. Le pire, c'est qu'il nous est extrêmement
difficile, M. le Président, de faire des enquêtes ou de les
conduire à bonne fin parce que le tout est généralement
agrémenté de la loi du silence. C'est peut-être un genre
d'omerta comme on en trouve dans d'autres pays, mais alors que les veuves sont
souventefois obligées, malgré leurs déclarations de bonne
foi, de trimer dur et de réaliser une existence au-dessous du seuil de
la pauvreté comme vous l'avez si bien dit de vivre avec
des allocations, d'autres personnes peuvent s'organiser soit en dehors du
mariage ou autrement et d'une façon assez facile, semble-t-il, pour
obtenir des allocations.
Je regrette infiniment, M. le ministre, il y a déjà
quelques enquêtes que j'essaie de conduire personnellement et
j'espère un jour pouvoir vous fournir des affirmations précises,
à vous ou à un de vos officiers supérieurs.
Il y a une chose que j'apprécie de la part du ministère,
M. le Président, c'est quand on parle présentement de la
décentralisation des moyens d'intervention, ce qui fait sans doute une
juxtaposition qui est très bienvenue à la centralisation dont
nous parlons en haut. De toute évidence, je crois que ce sera
certainement apprécié du peuple parce que vous allez placer, M.
le Président, la réception ou la venue des
bénéfices beaucoup plus près du peuple. Les gens seront en
mesure de connaître les officiers non pas pour les influencer mais pour
avoir un accès rapide à une réponse à des besoins
qui souventefois sont extrêmement urgents.
M. le Président, il y a une chose à laquelle je
demanderais à M. le ministre de porter une attention particulière
dans l'étude de son bud- get général, c'est la situation
des aveugles. Il se produit des cas où l'aveugle, même s'il avait
une bonne santé physique, est malheureusement démuni de moyens de
travailler ou encore de moyens d'approcher de l'industrie. Il est normal que,
dans les complexes industriels modernes, on va lui dire: Il y a peut-être
certaines choses qui feraient très bien pour vous, mais d'un autre
côté, même si vous avez la santé, malheureusement on
doit totalement vous refuser. Il semblerait, M. le Président, que, dans
le cas de beaucoup d'aveugles, ce soit un problème extrêmement
complexe d'obtenir des allocations raisonnables ou encore des allocations qui
seraient sur un palier identique à celui des bénéfices
sociaux que d'autres personnes reçoivent.
Pour terminer, je crois que le problème de notre ministre, M. le
Président, c'est bien celui du taux des dépenses pour faire le
rattrapage en faveur des montants dus aux commissions scolaires parce que nous
comprenons que tous les ministères sont quand même touchés
les uns par les autres quand ils ont à discuter de politique sociale ou
encore d'éducation. Cependant, nous croyons qu'il y a
définitivement des retouches à faire dans le cas des personnes
à très faible revenu ou de celles qui sont près du seuil
de la pauvreté ou qui assurément sont en dessous.
Dans le cas des allocations, nous comprenons que cela ne constitue pas
un remède complet. Cependant nous croyons qu'il y aurait lieu que le
ministre des Finances soit saisi peut-être d'un autre système, et
je me fais ici l'interprète du dernier rapport de la Commission
Nepveu-Castonguay et j'aurai l'occasion d'ailleurs de vous en faire
part, M. le Président, lors d'une prochaine séance rapport
où justement on mentionne des remèdes extrêmement pratiques
grâce auxquels on pourrait sans doute venir à bout en très
grande partie des difficultés auxquelles votre ministère a
à faire face dans le moment.
M. le Président, je pense bien que, dans les commentaires
généraux, ce sont surtout ceux que j'avais à faire. Comme
je vous l'ai dit, M. le Président, nous ne tenons pas du tout à
créer des difficultés à M. le ministre dans
l'exposé de son budget. Nous comprenons en effet qu'avec ses
sous-ministres et ses officiers cela demande un travail énorme que de
penser à ce que la province aura à dépenser dans les
bénéfices sociaux cette année.
Sur ce, disons que je termine mes commentaires et que je réserve
quelques questions sur certains points, lors de la revue article par article.
Je vous remercie, M. le Président.
M. CASTONGUAY: Je pensais que vous partiez pour dire que vous n'ajoutiez
pas à mes problèmes sachant que j'en avais assez...
M. BOIS: C'est à peu près cela que j'ai dit à M. le
ministre, M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'idée de poser des questions au
ministre a pour but de faire réfléchir sur ces problèmes
et d'essayer d'y apporter ensemble des éléments de solutions. Il
me reste peut-être un commentaire à faire car je n'avais pas fini
de discuter des éléments de la politique de
sécurité du revenu. J'avais d'autres questions précises.
Je pensais que le député de Saint-Sauveur voulait enchaîner
sur ce sujet particulier. Si le député de Sainte-Marie a des
commentaires d'ordre général à faire, je suis prêt
à lui laisser la parole, quitte à revenir au premier point sur
lequel j'avais commencé une discussion avec le ministre.
M. ROY (Beauce): J'aurais en effet des commentaires, M. le
Président, si vous me le permettez...
M. CASTONGUAY: Avant, M. le Député, est-ce que vous me
permettriez de faire certains commentaires à la suite de ceux du
député de Saint-Sauveur?
M. ROY (Beauce): Certainement.
M. CASTONGUAY: Je vais essayer d'être assez bref parce que je sais
que nous allons revenir sur un certain nombre de ces questions. Vous avez
parlé de la Régie des rentes. Le président de la
Régie, M. Gill Fortier, est ici et, s'il y a des questions au sujet du
Régime des rentes, de la loi du Régime des rentes
supplémentaires, il se fera certainement un plaisir, et moi-même
si je le peux, de répondre à vos questions.
En ce qui a trait aux placements, par contre, je voudrais simplement
rappeler que la Caisse de dépôt et placement est un organisme
totalement distinct de la Régie des rentes et que cet organisme, en ce
qui a trait à l'Assemblée nationale, répond à
l'Assemblée nationale par le truchement du ministre des Finances et non
par celui des Affaires sociales.
M. BOIS: Là-dessus, M. le Président, ma question sera
extrêmement simple, c'est celle-ci: Quelle est la part que vous
réservez pour le placement pour le transférer à la Caisse
de dépôt sur les cotisations que vous demandez?
M. CASTONGUAY: Ah bon! Je vais demander au président de la noter.
Il pourra vous apporter une réponse. Quant aux autres questions, vous
avez parlé de façon particulière du problème des
allocations aux personnes à faible revenu ou en dessous du seuil de
pauvreté sous divers aspects, soit celui de l'administration du
régime de l'aide sociale, l'impôt fédéral, des
aveugles, un cas particulier, des cas où il peut y avoir soit de la
fraude ou des abus et aussi de votre appui aux solutions proposées par
la commission d'enquête sur la santé et le bien-être
social.
Certaines des réponses aux problèmes que vous avez
soulevés, ne pourront en fait être apportées de
façon vraiment significative que par le changement du régime
actuel de l'aide sociale. Ceci est dû au fait que, présentement,
ce régime est basé sur l'évaluation des besoins des
individus. Qu'on le veuille ou non, une telle évaluation revêt un
certain caractère arbitraire. Comment distinguer entre les besoins d'un
aveugle ou encore d'une personne de 45 ans par rapport à une personne de
60 ans, ou encore d'une invalide par rapport à une autre personne? C'est
la raison pour laquelle, d'une part, nous voulons introduire une
évaluation basée sur les revenus que la personne a. Si elle n'a
pas de revenu, il est clair qu'elle en a besoin. Le critère de revenu
doit être aussi précis, aussi objectif que possible. Si elle a des
revenus qui sont insuffisants, compte tenu des seuils établis,
l'évaluation est relativement rapide et enlève un large
degré d'arbitraire. Au plan de l'administration de la Loi de l'aide
sociale, ceci aurait pour effet à notre avis de simplifier
l'administration de l'aide sociale. Malgré toutes les mesures que nous
avons prises pour en améliorer le fonctionnement, nous savons fort bien
que c'est une mesure qui va toujours présenter des difficultés
sur le plan administratif.
De la même façon, lorsque nous parlons comme vous
l'avez fait de l'impôt fédéral, tant et aussi
longtemps qu'il n'y a pas d'objectifs clairs qui sont établis, à
savoir compenser pour une insuffisance de revenus, nous pouvons avoir divers
régimes qui existent et qui poursuivent des objectifs qui ne sont pas
nécessairement toujours cohérents.
Je pense que le maintien d'exemptions pour les enfants à charge
dans la loi fédérale, par rapport à la loi provinciale sur
le revenu d'une part et par rapport aux mesures de sécurité de
revenus n'est pas de nature à clarifier la situation. Et je pense que
c'est une autre des raisons pour lesquelles il est nécessaire d'avoir
des objectifs clairs, c'est-à-dire compenser pour l'insuffisance de
revenus.
De la même façon, pour les aveugles. Les aveugles, tout
comme les invalides qui n'ont pas d'enfants à charge, ou qui ont des
enfants à charge, mais qui n'ont pas eux de possibilités
d'obtenir un revenu du travail, nous savons fort bien présentement que
les allocations qui sont versées sont à un niveau qui crée
des problèmes. Encore là, pour pouvoir améliorer la
situation, il nous faut d'une part régler le problème qui nous
apparaît prioritaire, celui des charges familiales. Il est vraiment
prioritaire à mon sens et si nous pouvons le régler, nous
enlevons une certaine pression sur la Loi de l'aide sociale et à partir
de ce moment, nous pourrons viser l'objectif de compenser de façon plus
adéquate pour les invalides, pour les aveugles, etc.
En même temps, et c'est ce que nous tentons de faire, c'est de
subventionner ou d'aider les organismes qui s'intéressent de
façon particulière à un groupe comme celui des aveugles de
telle sorte que ces personnes puissent dans
toute la mesure du possible, redevenir en possession, soit de leurs
moyens, ou encore compenser pour leur déficience et s'intégrer au
marché du travail. Et sur ce plan, un travail extrêmement
prometteur se fait, alors qu'il y a un certain nombre d'années l'aveugle
n'était pas en mesure de fonctionner de façon aussi
complète qu'aujourd'hui. Aujourd'hui par diverses techniques qui exigent
une aide financière, l'aveugle est de plus en plus en mesure de
s'intégrer au monde des voyants.
Il y a le problème d'une part du revenu, d'autre part le
problème d'intégration au marché du travail. Ce sont
quelques commentaires qu'il m'apparaissait nécessaire de faire parce
qu'ils sont toujours reliés au même problème qui est celui
d'une politique plus adéquate de sécurité du revenu.
M. BOIS: Une petite question: Est-ce que M. le ministre croit qu'un jour
ou l'autre nous pourrons avoir le contrôle absolu sur l'administration de
nos bénéfices sociaux, au point de vue provincial?
M. CASTONGUAY: Si vous me permettiez de reporter cette question à
un peu plus tard.
M. BOIS: A demain.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mes remarques seront très courtes, je
remplace le Dr Camille Laurin, député de Bourget et qui est
membre de cette commission. Je pense qu'il avait plusieurs remarques à
faire, des remarques d'ordre général. Tout ce que je souhaiterais
c'est que l'article 1 ne soit pas adopté tant que le
député de Bourget ne sera pas présent. Je crois qu'il sera
ici vers 10 heures et quart.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Sainte-Marie peut
être rassuré, l'article 1 ne sera pas adopté.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Comme remarque personnelle, je serai
très bref, je pense que toutes les bonnes intentions et le programme du
ministre en matière sociale seront avantageux pour le Québec,
à condition que dans les négociations avec Ottawa on
récupère au Québec toute la politique en matière
sociale. Je dis personnellement au ministre de continuer à être
ferme dans ses revendications.
J'espère qu'il pourra appliquer toute sa politique à
condition de récupérer d'Ottawa toute cette politique qui
appartiendra au Québec.
M. LE PRESIDENT: Pendant que le député de Sainte-Marie
tient le fort en attendant l'arrivée du député de Bourget,
on va passer au député de Beauce.
Aide sociale
M. ROY (Beauce): Je remercie l'honorable ministre de tous les
renseignements qu'il nous a donnés vendredi dernier et ce soir. Je
voudrais aborder un peu plus profondément la loi 26 à propos de
laquelle j'ai posé plusieurs questions en Chambre. Disons que la loi 26,
à l'heure actuelle, n'a pas donné à mon sens les
résultats qui avaient été anticipés au tout
début. Je sais que le gouvernement est limité par une politique
financière et est limité par un budget. Tout de même, il y
a certaines dispositions dans la loi qui ne tiennent pas compte des besoins des
gens qui sont obligés de s'en prévaloir comme unique source de
subsistance.
Je vais faire ça un peu à brûle-pourpoint si vous me
le permettez. Si on prend à la page 32 de la loi et si on regarde le
tableau dans lequel on indique le nombre d'adultes et le nombre d'enfants
à charge, il y a tout de suite une anomalie au tout début. Si on
regarde à l'article "deux adultes", on constate qu'on accorde aux
besoins généraux comme nourriture, vêtements et besoins
personnels $76, alors que si on regarde dans la même page où il y
a un adulte et un enfant de 16 ou 17 ans ce qui fait en quelque sorte
deux adultes on accorde $85. Il y a $9 de différence, alors que
ce sont deux adultes aussi.
Dans tout le tableau, c'est exactement la même chose. Nous avons
de plus, dans la loi à l'article 3.03, le coût mensuel des frais
afférents à l'habitation d'un propriétaire est le
douzième de son déboursé annuel à titre des taxes
municipales et scolaires de l'assurance-feu et du remboursement de
l'intérêt et du capital sur l'hypothèque de sa
résidence plus un montant de $10 pour dépenses courantes
d'entretien. Je veux souligner à l'intention du ministre que ce montant
de $10 pour entretenir une résidence est insuffisant. Nous savons que
dans les régions du Québec, à peu près 80 p.c.
à 85 p.c. des gens sont propriétaires de leur résidence.
Cela fait $120 par année qu'on accorde pour l'entretien d'une
résidence, une résidence qui peut valoir $8,000, $10,000 et
même $12,000. Il est évident que ce montant-là ne permet
pas aux gens d'être capables de faire les petites réparations qui
s'imposent. Avec $120 aujourd'hui, surtout quand on regarde toutes les
implications des décrets de la construction, la Loi du salaire minimum
et autres, on ne peut pas faire grand-chose avec ces montants-là.
Deuxièmement, je voudrais aussi souligner le fait que les
montants qu'on accorde pour les logements sont complètement
irréels avec le coût des loyers, surtout depuis l'augmentation que
nous avons eue au Québec depuis deux ans. On accorde pour deux
personnes, dans la zone 1, $55 par mois de loyer et dans la zone 1, on
considère des centres comme Saint-Georges-de-Beauce qui a tout de
même 14,000 de population on n'a pas tenu compte de la ville, on a
tenu compte des municipalités. Comme il y a
deux municipalités dans la ville, ce n'est pas
considéré comme un centre. Les gens sont obligés de se
contenter de $55 par mois parce que c'est limité à ce montant
alors que les loyers coûtent $75, $80 et $85.
J'ai l'occasion je ne sais pas si le ministre a l'occasion comme
nous, il n'a probablement pas le temps de rencontrer les gens du
comté qui viennent nous voir à nos bureaux
régulièrement tous les lundis. Depuis quatre semaines, nous ne
pouvons pas parce que nous sommes obligés de siéger. Normalement,
les gens viennent nous voir et nous exposer leurs problèmes. En ce qui
concerne notre comté et ce n'est pas pire qu'ailleurs, c'est la
même loi qui s'applique ailleurs dans la province les coûts
ne sont pas supérieurs chez nous à ailleurs. C'est la même
chose. De ce côté-là, il y a une déficience nette
dans la loi qui devrait être corrigée le plus vite possible.
Il y a un autre point dans la loi. Le ministre pourra peut-être me
dire que tout cela va prendre de l'argent, je suis entièrement d'accord
avec lui. On a voulu faire de la loi 26 une loi unique. Je pense bien que le
but que le ministère avait visé à ce moment-là
était bon sur le plan des principes mais, sur le plan pratique, on
oblige des invalides, des infirmes, des aveugles, des mères
nécessiteuses, et des personnes qui sont rendues à 60 ou à
61 ans en attendant la pension de vieillesse à se promener
continuellement devant les bureaux régionaux de l'aide sociale.
On les oblige à subir j'insiste sur ce mot subir
régulièrement les inspecteurs qui viennent voir quels sont leurs
problèmes avec les risques que la pension soit diminuée de $4, de
$5, ou de $6 et même de $10 et de $15 dans certains cas s'il y a certains
changements ou si elle a répondu d'une façon différente
à certaines questions. Ces gens vivent sous une tension que je qualifie
d'inacceptable. C'est inacceptable en 1971 de faire vivre ainsi des gens qui
justement sont dans des situations exceptionnelles et de leur faire subir
régulièrement cette contrainte. Je sais que c'est la même
chose pour tous les députés de n'importe quel comté de la
province de Québec. D'ailleurs, nous admettons que la Loi de l'aide
sociale sera toujours une loi difficile d'application. Mais il demeure que
lorsque des gens sont considérés invalides et invalides de
façon permanente, le ministère aurait avantage à statuer
sur ces gens et à régler leurs problèmes d'une
façon définitive en leur allouant une pension. J'opterais, en ce
qui me concerne, pour des pensions statutaires pour certaines catégories
de personnes. Je pense que le ministère y trouverait son compte. Ces
gens pourraient s'organiser par eux-mêmes. Ils sauraient d'avance quels
sont les montants qui sont à leur disposition. Ils pourraient
s'organiser pour vivre ensemble.
Nous avons des cas, par exemple, de deux personnes, soit une veuve qui
va vivre avec son fils ou encore avec sa fille ou encore deux veuves, deux
soeurs qui s'organisent pour vivre ensemble. Elles sont obligées par
toutes sortes de moyens avec la loi actuelle, à la minute où
elles pourraient s'organiser pour en bénéficier davantage, pour
avoir un meilleur rendement de l'allocation que le ministère leur verse,
d'en accepter la diminution. Je vais citer un exemple. Prenons le cas de deux
personnes adultes qui ont un bail de location, un loyer. Ces deux adultes
prenons la zone 2 comme base de comparaison ont le droit d'avoir
$65 par mois. Si la personne devient veuve et qu'à ce moment-là
elle va demeurer chez une parente qui est dans la même situation ou
l'invite à venir vivre avec elle, là, on diminue elles
sont encore deux personnes mais on diminue le loyer à une
personne à $55 par mois. En plus de ça on considère
l'autre personne qui vient vivre avec elle comme obligée, en loi, et on
déduit encore un montant de $24. Alors que d'autres personnes se sont
organisées pour prendre un loyer conjointement je ne sais pas si
le ministre me comprend bien elles se sont organisées pour
prendre un loyer et elles l'ont pris conjointement et là elles peuvent
bénéficier de $55 chacune et vivre mieux. Mais là elles
ont des complications avec le propriétaire. Le locateur ne veut pas
toujours être obligé de faire signer deux bails pour le même
loyer et à ce moment ce sont toutes les complications administratives
qui arrivent, les déclarations et tout. J'ai vu des quantités de
cas, des dizaines et des dizaines de cas de personnes qui, justement, ont connu
ces difficultés, qui ont eu à se prévaloir de la loi et
qui ont eu à faire face à toutes ces dispositions de la loi.
Il y a également le cas des obligés en loi. Prenons, par
exemple, le cas des mères nécessiteuses qui demeurent, disons,
pour fins de comparaison, avec trois enfants. A ce moment-là elles sont
considérées comme quatre personnes à la maison. Elles ont
droit jusqu'à concurrence de $90 pour payer le loyer. A l'instant
où les enfants terminent leurs études elles sont
considérées comme obligées en loi mais à ce moment
on ne considère par le loyer pour quatre personnes mais pour une
personne si les trois enfants ont terminé leurs études. Alors,
à $55 par mois les trois enfants sont tenus de rembourser $24 chacun
selon les exigences de la loi, pour aider au logement. Cela veut dire
qu'à $72 par mois la personne trouve son allocation diminuée d'un
montant supérieur à celui qu'on lui a accordé pour son
loyer. Cela veut dire qu'à partir de ce moment on est obligé de
prendre son allocation de subsistance pour équilibrer les normes de la
loi.
Ce sont tous ces problèmes-là que je veux souligner au
ministre. Je sais qu'il est conscient du problème, d'ailleurs je lui ai
soumis plusieurs cas par lettre, nous en avons discuté à quelques
reprises. Je pense qu'il est urgent à l'heure actuelle de reviser la loi
26, la Loi de l'aide sociale même si, je me permets d'aller plus loin,
les conférences constitutionnelles ne nous don-
naient pas ce que nous anticipons, ce que nous croyons être
logique de recevoir, parce que ces gens sont dans des situations
précaires et je pense que la situation est assez urgente.
Maintenant, dans la Loi de l'aide sociale, je pense à la
politique sociale du gouvernement à l'heure actuelle, quoiqu'il arrive
des négociations avec le gouvernement fédéral, parce que
nous avons appris par la voix des journaux la semaine dernière qu'il y
avait la compensation fiscale qui demeurait comme objet de négociation.
Il avait semblé à ce moment-là, par les rapports que nous
avons vus que le gouvernement fédéral semblait plus
réticent à accorder l'équivalence fiscale qu'à
accorder les droits.
Si le gouvernement récupère les droits de la
sécurité sociale, il est évident qu'il va falloir que le
gouvernement récupère, à ce moment-là, la
compensation fiscale pour être capable d'appliquer cette loi chez nous.
Le député de Saint-Sauveur a souligné tout à
l'heure les montants qui sont versés chaque année à la
Régie des rentes. Je me demande sérieusement si, à l'heure
actuelle, on n'est pas en train de se payer au Québec deux
régimes de sécurité sociale pour de nombreuses
années à venir pour n'en bénéficier que d'un et, de
ce fait, grever énormément le budget.
J'ai ici le bilan de la Régie des rentes du Québec devant
moi, constatez! Il est évident que tout le Régime de rentes du
Québec a été fait selon des calculs actuariels par des
actuaires dont je ne doute aucunement de la compétence parce que j'ai
fait affaires avec eux dans la vie privée et nous avons
été très bien servis. Il demeure tout de même que,
l'année dernière, la Régie des rentes du Québec a
eu un excédent de revenus sur les dépenses de $328,911,652. Et
chose curieuse, c'est qu'en plus des revenus de cotisation nets de $283
millions, la Régie des rentes a eu un revenu d'intérêts sur
dépôt de $79,729,000, comparativement à $54,890,000
l'année dernière.
Je fais un parallèle et je parle de l'intérêt sur
dépôt parce que cet intérêt est versé par la
Caisse de dépôt et placement qui administre le fonds de la
Régie des rentes du Québec, alors que les prestations qui ont
été versées au cours de l'année ont
été de l'ordre de $26 millions moins quelques dollars
comparativement à $12,506,000 l'année précédente.
Il y eut une augmentation de prestations versées de $13 millions alors
qu'il y a eu des revenus d'intérêt supplémentaires de
l'ordre de $25 millions pour découvrir qu'il y a des gens à
l'heure actuelle qui retirent de la Régie des rentes du Québec
des sommes aussi minimes que $2.40 par mois, $2.65, $3.20 par mois, j'en ai
rencontré plusieurs.
Il est évident qu'à ce moment-là le petit montant
qu'ils retirent de la Régie des rentes du Québec est
compensé par l'aide sociale. Les gens payent des cotisations à la
Régie des rentes du Québec pour favoriser un régime de
sécurité sociale dont ils ne peuvent bénéficier
avant un certain nombre d'années et, de ce fait, le gouvernement est
obligé de taxer la population d'une part ou d'encaisser des
déficits énormes pour payer l'autre régime de
régime de sécurité sociale dont nous avons besoin pour
satisfaire les besoins actuels de la population.
M. le ministre je soumets cela à votre attention, parce que je
pense que de ce côté-là, il va falloir être
extrêmement pratique dans le Québec et regarder où sont les
urgences et à quelle sphère de l'administration nous pouvons
légiférer, en vertu des pouvoirs que nous avons. Il est
évident qu'au niveau de la négociation avec le
fédéral, je sais et je loue tous les efforts que le ministre peut
faire, mais seulement il n'est pas le premier à faire des efforts de ce
côté-là et les efforts de ses prédécesseurs
n'ont pas été tellement fructueux. Quant au droit de veto des dix
provinces on constate que l'Ile-du-Prince-Edouard a à peu près un
droit de veto équivalant à celui de la province de Québec
pour tout ce qui peut regarder les modifications de la Constitution alors que
l'Ile-du-Prince-Edouard représente à peu près deux
comtés ruraux du Québec que je pourrais comparer à la
Beauce, mon comté, et le comté de Dorchester. H est
évident à ce moment-là que nous sommes pris dans une
situation, sur le plan fédéral, qui rend les négociations
de plus en plus difficiles et je pense que le ministre en est conscient.
Ce sont les observations que j'avais à faire relativement
à notre politique de sécurité sociale. Je compte bien que
le gouvernement tiendra compte de nos remarques pour trouver les solutions au
problème des personnes qui, à l'heure actuelle, sont dans le
besoin et qui vivent dans l'insécurité.
Je suis bien à l'aise, nous sommes bien à l'aise, notre
groupe, pour parler de politique sociale parce que je pense que les
créditistes au Québec n'ont certainement pas été
les derniers à parler de sécurité sociale, de politique
sociale. Ils en ont parlé bien avant l'existence des pensions de
sécurité de vieillesse; ils en ont parlé bien avant la
venue des pensions aux mères nécessiteuses et la venue des
allocations familiales. Mais il demeure que nous en avons parlé
et aussi ceux qui en ont parlé avant moi en fonction de
modifications assez profondes d'un système économique qui nous
régit, parce que tout de même la politique que nous avons
préconisée et que nous préconisons encore repose sur deux
grands principes. On me permettra, M. le Président, de prendre une
minute additionnelle pour souligner deux grands principes parce que j'aimerais
revenir un peu dans le domaine de la sécurité sociale par la
suite.
Le premier principe, c'est l'utilisation du crédit de la
société pour financer le secteur public, le tout basé
scientifiquement sur le crédit réel. Il est évident que
ceci permettrait de mettre au travail des personnes qui, sont sans travail
à l'heure actuelle à cause du manque d'emplois et du manque de
capitaux nécessaires
au développement économique de la province de
Québec alors que ce développement attend. Il suffit de regarder
au domaine de la voirie, au domaine des travaux publics et au domaine du
développement des richesses naturelles pour s'en rendre compte. Ceci
permettrait le développement de l'économie d'une telle
façon que je pense qu'on pourrait à peine l'imaginer. Mais en
développant cette économie, en rendant productifs des gens qui ne
demandent pas mieux que de l'être et qui, à l'heure actuelle,
bénéficient de subventions de l'Etat, à ce
moment-là ces gens deviendraient des gens productifs et ils
contribueraient à alimenter le trésor provincial, d'où
l'énorme différence qu'il y aurait entre les
déboursés et les revenus de l'Etat. Les revenus de l'Etat se
trouveraient accrus en même temps en favorisant une diminution des
déboursés. Il est évident que ces personnes les
invalides, les veuves, les mères nécessiteuses pourraient
bénéficier d'allocations supplémentaires et ceci sans
grever le budget de la province. C'est une deuxième option que nous
offrons au gouvernement. Si le gouvernement veut la prendre, je suis convaincu
qu'il va être au pouvoir longtemps. Ceci permettrait par la suite la
distribution d'un revenu social qui serait basé sur la plus-value de la
société, l'augmentation de l'actif.
Pour justifier notre point de vue, je vais me permettre de citer une
phrase d'un personnage qui a vécu avant moi et qui se nomme Thomas
Edison, inventeur et ingénieur qui a vécu de 1847 à 1931.
Voici ce qu'il dit, dans le même sens que que je viens de le souligner:
"C'est le public qui constitue la base du crédit du gouvernement.
Pourquoi alors le public ne peut-il pas retirer l'avantage de son propre
crédit, de premier ordre, en recevant une monnaie exempte de la charge
d'intérêt au lieu que ce soient les banquiers qui reçoivent
les bénéfices du crédit du peuple par des obligations
porteuses d'intérêt"? Je n'ai jamais entendu dire que M. Edison
fût un créditiste mais je pense que nous sommes entièrement
d'accord avec lui. Maintenant il ajoute ceci...
UNE VOIX: Il n'avait pas trouvé la lumière.
UNE VOIX: Il n'était peut-être pas au courant.
M. ROY (Beauce): C'est un homme qui avait beaucoup de lumière,
c'est le cas de le dire. "Si le gouvernement adoptait cette politique et
il continue d'augmenter la fortune nationale sans contribuer à
nourrir le collecteur d'intérêts, toute la dette nationale est
faite de charges d'intérêt, vous verriez dans ce pays une
ère de progrès et de prospérité qui ne pourra
jamais venir autrement". Je pense que c'est toute la base du défi que
nous avons à relever en 1971 parce qu'au Québec il y a
énormément de gens, à l'heure actuelle, que nous sommes
obligés d'orienter vers les bureaux de bien-être social pour leur
permettre de faire vivre leur famille alors que ces gens commencent par venir
nous demander, à nos bureaux : Est-ce que vous connaissez des endroits
où je pourrais me trouver du travail?
C'est un point extrêmement important.
Il y a un deuxième point, c'est qu'ayant affaire à une loi
unique à l'heure actuelle et en basant les personnes qui n'ont pas de
revenu et qui sont des personnes aptes au travail sur le même niveau que
des personnes qui sont invalides à l'heure actuelle, il y a un danger.
Je ne dirai pas à l'heure actuelle que les personnes qui sont invalides
en ont suffisamment, ça devrait être augmenté.
Il y a le danger, par exemple, je pense que le ministre l'a
très bien souligné tout à l'heure, il en est conscient,
mais je me permets tout de même de le souligner encore davantage
que ce soit plus avantageux pour un père de famille de plusieurs enfants
de retirer des allocations de bien-être social que de travailler. Ceci
est un fait dans bien des milieux, dans des milieux ruraux et dans des milieux
défavorisés dans les villes, là où les gens, par
exemple, ne travaillent pas dans les usines, là où il y a des
syndicats qui leur permettent d'avoir une sécurité d'emploi et
d'avoir des meilleurs salaires ou autres.
Il y a le danger, à l'heure actuelle, que des gens qui sont
obligés de se contenter de $280 à $290 par mois de salaire
j'ai fait des calculs pourraient, se prévaloir de la Loi de
l'aide sociale et pourraient retirer jusqu'à $340 par mois de l'aide
sociale. En vertu des dispositions de la loi actuelle, ces gens peuvent
s'inscrire au bureau du bien-être social et avoir ce qu'on peut appeler
un supplément de revenu. Maintenant, le supplément de revenu ne
fait que combler la différence entre ce qu'ils pourraient retirer et le
montant qu'ils retirent effectivement. On ne tient pas compte des
dépenses de transport pour aller à leur travail et, assez
souvent, des dépenses des dîners qu'ils sont obligés de
faire à l'usine. La personne vient nous dire à nos bureaux:
"Ecoutez, je n'ai plus les moyens de travailler". C'est aussi simple que
cela.
Alors par le régime d'allocations familiales, le gouvernement
pourrait accorder de meilleures allocations familiales, mais il est
évident que la différence que le ministère serait
appelé à combler comme aide sociale à la personne qui
n'est pas capable de travailler serait différente de celle qu'une
personne pourrait retirer comme salaire, et à ce moment-là, je
pense que ce serait à l'avantage du gouvernement et de cette personne
parce que celle-ci serait réellement motivée de se trouver du
travail. Cela serait payant pour elle de chercher à obtenir par
elle-même un supplément de revenu, c'est-à-dire s'occuper
elle-même de son moyen de subsistance.
M. le Président, je termine là-dessus mes observations
générales, mais je dis encore une fois au ministre que les normes
de la loi 26
méritent d'être revisées. C'est très urgent
que ce soit fait parce qu'il va encore y avoir une augmentation de 4 p.c. du
coût de la vie au cours de 1971. Cela veut dire une diminution
générale de 4 p.c. sur le pouvoir d'achat de tous ceux qui ont
comme seul revenu la Loi de l'aide sociale.
M. LE PRESIDENT: Avant de laisser la parole au ministre, je voudrais
rappeler aux membres de la commission qu'il avait été convenu
qu'il serait fait des considérations d'ordre général avant
d'entrer dans les sujets. Malgré la tentation que j'ai eue, à
certains moments, d'interrompre le député de Beauce qui aurait pu
discuter des deux points dont il a fait mention aux articles 6 et 17, je me
suis retenu. J'espère que les membres de la commission sont d'accord
pour, d'abord, faire les considérations d'ordre général
telles qu'elles avaient été engagées au début,
pour, ensuite, traiter des points spécifiques. M. le ministre.
M. CASTONGUAY: Pour ne pas enfreindre vos directives, M. le
Président, je vais être aussi bref que possible. Je dois dire que,
sur l'évaluation des problèmes, je suis, de façon
générale, en accord avec le député de Beauce sur
certaines des solutions à apporter, les moyens peuvent différer
selon les problèmes discutés. Pour parler en premier lieu de la
Loi de l'aide sociale, le problème du manque d'encouragement à
intégrer le marché du travail, le travail que vous avez
traité en dernier, je suis totalement d'accord avec vous que ce
problème existe, et comme vous l'avez mentionné, c'est la raison
pour laquelle nous plaçons la priorité sur la refonte du
régime des allocations familiales.
Sur la Loi de l'aide sociale, bill 26, de façon plus
générale, je dois dire que lorsque cette loi a été
approuvée par l'Assemblée nationale, sous le gouvernement
précédent, on avait à ce moment-là jugé bon
de faire disparaître des catégories comme les invalides, les
aveugles, les mères nécessiteuses. C'est l'état dans
lequel se trouve la loi présentement parce qu'il ne faut pas oublier
qu'antérieurement l'existence de catégories distinctes
créait d'autres types de problèmes.
Là, évidemment on voit un certain nombre de
problèmes qui existent mais on oublie qu'antérieurement à
l'adoption du bill 26, il y avait des problèmes d'autre nature qui
existaient. Possiblement, le député de Montmagny aimerait
souligner certains de ces problèmes à un moment donné.
Depuis l'adoption de la Loi de l'aide sociale, nous sommes conscients de
certains problèmes et je crois qu'au moment où nous l'avons mise
en application, nous avions pris soin d'indiquer que nous évaluerions le
fonctionnement de cette loi et que nous tenterions graduellement d'en
améliorer l'application. Déjà au moment où je
parle, à deux reprises nous avons apporté des modifications au
règlement. D'une part, la première fois cela touchait. beaucoup
plus les montants attribués ou le pouvoir de rendre des décisions
ou encore les engagements que devaient prendre les personnes. Ces amendements
au règlement avaient été de façon
générale, reçus avec satisfaction.
La deuxième série de mesures que nous avons prises
touchait beaucoup plus au plan de l'administration. Encore là les
amendements ou les mesures administratives que nous avons annoncés
avaient été bien reçus, je pense. Nous avons
également en parallèle présenté à
l'Assemblée nationale et il s'agit maintenant d'une loi, le bill 69,
destinée à couvrir les médicaments pour les
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale, d'une part et les
soins dentaires pour tous les enfants de zéro à sept ans. Encore
là il s'agit d'une mesure qui va certainement aider les
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale sur les deux plans.
Présentement au ministère nous étudions certains
des problèmes que vous avez mentionnés. Comme vous l'avez
mentionné, nous ne pouvons ignorer l'incidence des changements qui
pourraient être apportés au règlement sur les
dépenses qui en résulteraient. Dans la mesure où d'autres
modifications peuvent être apportées, qui se situent à
l'intérieur des contraintes budgétaires qui sont les
nôtres, nous allons les proposer.
Le problème plus particulier des aveugles et des invalides, j'en
ai traité tantôt et le geste le plus important à poser
d'ailleurs vous l'avez mentionné vous-même pour
permettre d'attaquer celui-là, c'est encore une fois la clé, le
problème des allocations familiales.
Quant à l'autre problème plus précis du montant qui
doit être déduit pour les personnes au-dessus de 18 ans, au titre
de revenu, que ce revenu existe ou n'existe pas, c'est un des problèmes
qui fait présentement l'objet d'études au ministère. Et de
la même façon pour les logements, nous sommes dans un ordre de
problèmes analogues, nous sommes à réévaluer les
régions pour voir si les tables utilisées sont adéquates.
J'espère que dans un délai raisonnable nous pourrons encore une
fois apporter, dans le cadre de la loi actuelle, des modifications. Vous pouvez
être assurés d'une chose, c'est qu'aussi bien par le truchement de
la correspondance que nous recevons, que de vos commentaires et vos remarques
ici ou à l'Assemblée nationale, nous sommes bien conscients du
fait que c'est une loi qui doit être adaptée ou ajustée
à l'expérience et nous sommes bien ouverts sur ce plan, toujours
dans la limite de nos possibilités.
En ce qui a trait au Régime de rentes du Québec, je pense
que le facteur le plus important ou les deux facteurs les plus importants que
nous devons mentionner, c'est qu'il s'agit en premier lieu d'un régime
d'assurance sociale, qu'ici il ne s'agit pas d'un régime financier
à même les dépenses publiques ou le budget
général de la province. Les personnes qui contribuent au
Régime de rentes du Québec sont les travailleurs d'une part et
leurs employeurs, mais uniquement les personnes qui, à
un moment ou à un autre, font partie de la main-d'oeuvre.
Pour ces personnes, et particulièrement celles qui, à
court terme, celles qui, au cours des dernières années, ou celles
qui, au cours des prochaines années, deviennent
bénéficiaires de ce régime, il y a une chose qui est
très claire, c'est que la valeur des prestations que ces personnes
reçoivent ou vont recevoir dans l'avenir, tant et aussi longtemps
qu'elles vivront ou qu'elles demeurent admissibles à ces prestations,
excède de beaucoup les contributions qu'elles ont payées.
Même si, dans certains cas, il s'agit de prestations qui sont
relativement faibles, elles excèdent toujours de beaucoup les
cotisations qu'elles ont versées. Ce n'est qu'après une
période de transition qu'un équilibre entre les cotisations et
les prestations s'établira.
Sur ce plan-là, c'est une première distinction qu'il faut
faire. Et on voit d'ailleurs que, d'année en année, le montant
des prestations versées par la Régie des rentes va en augmentant
très rapidement. D'ici quelque temps, je déposerai à
l'Assemblée nationale l'analyse actuarielle prévue dans la loi,
l'analyse quinquennale. Là, nous serons en mesure de voir plus
clairement le comportement de ce régime.
Il est évident que, dans le cadre de la politique
générale de sécurité de revenu que nous avons
énoncée, nous allons apporter des modifications au Régime
des rentes du Québec. Particulièrement en ce qui a trait aux
rentes payables aux veuves, aux invalides, et mêmes fort probablement,
aux personnes à la retraite. Nous attendons présentement de
pouvoir bien établir à la fois le régime d'allocations
familiales, le régime général d'allocations sociales, en
fixer l'orientation avant d'apporter des amendements au Régime de rentes
du Québec. Mais nous sommes conscients du fait que les revenus dans les
cotisations ont été plus élevés que prévus,
attribuable à la hausse plus rapide des salaires, la hausse plus rapide
des prix à la consommation et que, malgré le fait qu'à
mesure que nous avançons dans la période de transition, les
déboursés de la régie augmentent rapidement d'une
année à l'autre. Nous sommes conscients du fait que nous avons
une certaine marge qui peut être utilisée pour améliorer
les prestations, tout en maintenant l'équilibre du régime.
Enfin, en ce qui a trait au développement de notre
économie par des politiques monétaires ou de crédit
différentes de celles qui sont présentement les nôtres, la
seule chose que je puis dire je ne veux pas entrer dans une discussion
d'ordre très technique c'est que je suis d'accord encore une fois
sur le principe de développer dans la mesure du possible notre
économie et de permettre aux gens en mesure de travailler de pouvoir le
faire. Au plan des moyens, j'aimerais mieux et je le dis de façon
aussi sérieuse que possible que ce soit vous, comme groupement,
qui, un jour, puissiez convaincre la population du bien-fondé des
politiques que vous mettez de l'avant et les appliquer, plutôt que moi,
comme membre du gouvernement, qui accepte de mettre en pratique cette
politique.
Je voudrais simplement faire une remarque sur ceci, et encore une fois
je sais à l'avance quelle réponse on va probablement me faire:
les gouvernements créditistes se sont fait élire en
Colombie-Britannique et en Alberta et, à ma connaissance, ils ont suivi
des politiques au plan économique beaucoup plus traditionnelles que
celles des autres gouvernements. J'aimerais qu'on me fasse la preuve que le
gouvernement de la Colombie-Britannique et celui de 1'Alberta ce n'est
peut-être pas le cadre, dans les crédits du budget ici, mais
à une autre occasion ont mis vraiment en pratique les politiques
décrites par le député de Beauce.
De toute façon, comme ce n'est peut-être pas le moment de
le faire, puisque nous avons une discussion plus générale dans le
cadre de l'approbation du budget général de la province, tout ce
que je puis dire en réponse à ceci, c'est que, comme
gouvernement, nous entendons nous en tenir aux cadres de la politique
énoncée dans le discours du budget par le ministre des
Finances.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que vous me permettez
une petite question? Je ne voudrais pas revenir sur le point que le ministre a
soulevé, mais si le ministre nous permettait d'aller aux
conférences constitutionnelles, on pourrait rencontrer les gars de la
Colombie-Britannique et discuter avec eux. Je veux revenir au sujet du
régime de retraite, au régime de rentes. Il y a eu une discussion
lors de l'étude des crédits du ministère des Finances
relativement au régime de retraite des fonctionnaires et au
régime de retraite des enseignants. C'est un peu dans cet
esprit-là que j'avais fait mon intervention tout à l'heure. Le
ministre des Finances nous avait dit, à la suite d'une demande de
crédit de $1,000, en ce qui avait trait au régime de retraite des
fonctionnaires, que les pensions et remises de contribution, ce que le
régime de retraite des fonctionnaires devait verser aux fonctionnaires,
était de l'ordre de $15,326,000, moins les contributions versées
par les fonctionnaires durant l'année de $15,325,000. On demandait donc
un crédit de $1,000, ce qui voulait dire que les contributions de
l'année servaient à payer les déboursés
c'est-à-dire les obligations que le régime de retraite devait
envisager.
Pour ce qui a trait au régime de retraite des enseignants, c'est
sensiblement la même chose. Le gouvernement avait des demandes de
déboursés de $26,133,000 avec un remboursement de contributions
versées par les enseignants de $23,210,000. On demandait donc un
crédit net de $2,923,000. A la question posée par le
député de Montmagny et à la suite d'une intervention que
j'avais également faite, le
ministre des Finances nous avait dit: Si le gouvernement se basait sur
des calculs actuariels et devait payer sa part, et je cite la
réponse du ministre des Finances un déficit actuariel dans
ce cas-ci serait d'après les rapports préliminaires que j'ai eus
d'environ $1 milliard, ce qui voudrait dire que le coût à l'Etat
serait ça. Cela coûterait $1 milliard à l'Etat pour
renflouer la caisse de retraite selon des calculs actuariels. Cela est au
niveau des fonctionnaires, et comme les montants sont de 75 p.c. à 80
p.c. supérieurs en ce qui a trait au régime de retraite des
enseignants, cela serait sensiblement la même chose. Cela veut dire que
ça coûterait de $2.5 milliards à $3 milliards pour
alimenter la caisse afin qu'elle fonctionne selon un régime
actuariel.
Conclusion a été donnée que nous n'avions pas les
moyens au Québec d'accumuler ces sommes d'argent afin de permettre le
calcul actuariel. C'est un peu en parallèle avec ça que je
demanderais au ministre de repenser le Régime de rentes du Québec
en fonction des engagements que le gouvernement est obligé de faire
cette année. Avant d'accumuler le montant d'argent nécessaire
comme vous l'avez expliqué tout à l'heure pour satisfaire les
exigences de ceux qui pourront s'en prévaloir plus tard, il est
évident que le gouvernement va accumuler un montant d'argent de $10
à $12 milliards. On va atteindre, je pense, $2 milliards cette
année avec des déboursés de l'ordre de $35 à $38
millions.
M. CASTONGUAY: Sur ce point, j'aimerais simplement faire un commentaire.
Dans le cas des enseignants et des fonctionnaires, la décision a
été prise il y a plusieurs années de financer ces pensions
à même le fonds consolidé du revenu, de créditer
d'une part les contributions et de débiter les prestations. A mesure que
nous allons avancer dans le temps, déjà dans le cas des
enseignants cela paraît évident les cotisations vont
devenir de moins à moins adéquates pour payer les pensions et la
charge sur le budget a de fortes possibilités d'aller en augmentant. Je
ne sais pas si le ministre des Finances vous a donné des projections des
montants de déboursés mais c'est ce que telle projection
indiquerait.
Dans le cas du Régime de rentes et là il y a une
dimension un peu différente il s'agit d'un régime à
l'endroit de tous les travailleurs aussi bien du secteur public comme celui des
fonctionnaires, des enseignants que les travailleurs du secteur privé,
il s'agit de constituer pour l'avenir des pensions soit d'invalides, soit de
veuves, soit de retraite.
A ce moment, il n'est pas aussi simple de reporter à une
génération future les déboursés additionnels qui
pourraient résulter éventuellement d'un système analogue
à celui des fonctionnaires et des enseignants. D'autre part, aller
à un système où toutes les rentes seraient pleinement
capitalisées n'apparaissait pas non plus indiqué. Et lorsque le
régime a été établi, ce qui a été
visé, c'est que pour un avenir prévisible on fixe un niveau de
cotisation qui demeurerait stable. Ceci signifiait l'accumulation d'une caisse
qui atteindrait un niveau maximum durant une certaine période et qui
décroîtrait par la suite. Nous allons voir, lorsque nous aurons la
prochaine analyse actuarielle, quel a été le comportement du
régime, quelles sont les prévisions. C'est dans ce sens que nous
allons apporter des modifications au régime et que nous allons essayer
de maintenir cet équilibre mitoyen entre les deux.
Pour terminer, je pense que c'est important je crois qu'il
est nécessaire d'apporter certaines distinctions dans le financement de
ces divers régimes. Il y a également le régime des
accidents du travail où nous couvrons des employés qui de
façon générale sont dans le secteur privé. Comme il
s'agit de pensions qui sont versées à des personnes subissant
soit des maladies ou des accidents du travail, il semble juste d'en imputer
complètement la charge aux employeurs qui emploient ces employés
et de l'imposer complètement au moment où l'accident se produit.
C'est pourquoi, dans le cas du régime des accidents du travail, au
moment où une pension est octroyée, on capitalise de façon
complète la pension qui va être versée au
bénéficiaire. Enfin, on a trois types de situations ici qui, je
l'admets, peuvent peut-être être modifiées quelque peu mais
qui, dans les grandes lignes, répondent aux impératifs que je
viens d'indiquer.
M. LE PRESIDENT: Pour revenir aux considérations
générales, l'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, après ce long
détour qui nous a permis de rencontrer Edison, de rencontrer aussi
à distance le major Douglas c'est comme ça qu'on l'appelle
on a pas osé frôler Gilberte Côté-Mercier,
question de vertu.
M. ROY (Beauce): Pardon?
M. CLOUTIER: On n'a pas osé frôler Gilberte
Côté-Mercier, c'est peut-être la vertu qui nous a
retenus.
M. BELAND: Vous l'avez dans votre esprit.
M. ROY (Beauce): C'est l'ancien ministre qui désire se rapprocher
peut-être.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je dis ça, ce n'est pas pour faire
des reproches au député de Beauce. Evidemment il avait le droit
à ce moment-ci de faire des considérations mais j'avais
commencé, question d'ordre général, sur un des premiers
objectifs prioritaires du ministère pour 1971. J'y reviens, M. le
Président, en parlant des éléments de la politique de
sécurité du revenu quitte à revenir plus tard sur les
sujets qu'a abordés le député de Beauce, sujets
extrêmement intéressants et importants tels que la Loi de l'aide
sociale et le régime de rentes, quand nous passerons sur les articles
pertinents.
Dans les éléments de la politique de
sécurité du revenu, dans son document, le ministre fixe trois
objectifs de cette politique, objectifs qui sont des principes de base. D'abord
la garantie d'un revenu fondé sur les besoins à partir d'une
évaluation des revenus, alors c'est un changement d'optique complet.
Maintenant, au lieu de prendre comme critère comme c'est
actuellement le cas dans la Loi d'aide sociale les besoins des individus
et des familles, la législation va s'appuyer sur un critère de
revenu.
La question que je voudrais poser au ministre étant donné
que c'est un changement complet est la suivante: Quels seront les moyens
employés parce qu'il y a des handicaps, je crois, à
connaître les revenus totaux d'une personne ou d'une famille? On a
déjà des dispositions dans certaines lois les lois
fiscales ou autres mais je crois qu'à ce moment-ci le
caractère principal de cette législation dans le domaine du
revenu minimum garanti doit s'appuyer sur le revenu.
Est-ce qu'à ce moment-ci on devra renforcer certaines lois,
certains contrôles, certains rapports, certaines communications entre les
différents ministères, entre les différents agents de
l'économie pour pouvoir percevoir justement quelle est
l'évaluation des revenus des personnes parce qu'on entre dans un
régime qui comporte un caractère d'universalité même
si le seuil de pauvreté est établi à un niveau tout de
même assez bas?
M. CASTONGUAY: Sur ce plan, il y a d'une part l'expérience de
l'administration, d'abord l'analyse des dispositions du régime
fédéral des suppléments garantis qui peut nous servir de
source d'information extrêmement valable, parce que, comme on le sait, le
supplément du revenu garanti est accordé présentement
à partir d'une évaluation des revenus.
Deuxièmement, nous avons également, même si cette
source de données est possiblement moins intéressante pour fins
de comparaison, les régimes qui ont été établis
dans certaines provinces avant l'établissement du régime
universel d'assurance-maladie, régimes en vertu desquels le gouvernement
accordait un subside d'après une évaluation des revenus des
individus. Ce sont donc deux sources d'information qui existent, aussi bien au
plan de la législation adoptée que de l'administration, de
l'application de ces lois.
Il n'en demeure pas moins, malgré ces deux sources
d'expérience ou de connaissances que nous devrons faire une certaine
part de travail et nous avons formé à cette fin au sein du
ministère et en liaison, si ma mémoire est bonne, avec la
Régie des rentes ou avec la collaboration de certains officiers de la
Régie des rentes, un comité qui est chargé justement
d'étudier de façon plus spécifique les problèmes
pratiques que nous allons rencontrer dans l'application de cette politique,
problèmes aussi bien de définition du revenu qui sera tenu en
ligne de compte.
A ce stade-ci, nous avons énoncé comme principe
général que le revenu devrait être le revenu de
l'unité familiale jusqu'à preuve que cette base de revenu ne soit
pas utilisable pour des fins pratiques, déduction faite des
dépenses encourues pour gagner ce revenu lorsqu'il s'agit de revenu du
travail, cotisation syndicale et autres. Donc nous avons énoncé
le principe avec lequel tous semblent ici d'accord et il y a maintenant
l'étape de la planification plus spécifique avant d'en arriver
à la législation.
Nous avons d'une part un groupe qui est au travail présentement
et comme je l'ai mentionné, une certaine expérience à
partir de laquelle nous pourrons puiser pour trouver les réponses
concrètes qu'il va nous falloir apporter à un certain nombre de
problèmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a mentionné comme source
d'information le supplément du revenu minimum garanti dans le cas des
personnes âgées. A la lumière des discussions
récentes, est-ce qu'il pense être capable d'obtenir les
renseignements du gouvernement central quant à ce programme qui
relève actuellement du gouvernement central et dont je n'ai pas vu
l'inclusion dans la liste des programmes qui pourraient faire l'objet d'une
juridiction concurentielle, tels que les allocations familiales, les
allocations scolaires et la formation de la main-d'oeuvre?
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il s'agit de questions de nature
différente, au plan administratif. Je ne sais pas si nous sommes
entrés en communication avec le gouvernement fédéral, je
peux le demander aux officiers du ministère.
Participation à l'activité économique et
sociale
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a des possibilités que ces
renseignements-là soient obtenus du gouvernement central, renseignements
qui sont une source d'information pour le contrôle d'évaluation
des revenus.
J'aimerais passer, M. le Président, au deuxième principe
qui est, à mon sens, extrêmement important même si la
rédaction la rédaction en est parfaite évidemment
laisse supposer un champ d'activités très
considérable. On dit: La participation à l'activité
économique et sociale des personnes à faible revenu qui le
peuvent. Alors c'est tout un programme. Cela implique toute la revalorisation,
si on veut, de l'assisté social tel qu'on l'appelle actuellement. Et
dans le cadre d'un régime plus général, régime de
sécurité du revenu, ça prend d'autant plus d'importance
parce que l'assiette de la clientèle va s'élargir. Dans un
contexte actuel, dans un contexte tel qu'on le connaît, marqué
des
difficultés économiques et de chômage assez
considérables, une recommandation, un principe comme celui-là
prend véritablement tout son sens.
Alors, j'aimerais demander au ministre s'il songe, en retenant un
principe comme cela dans la future législation, à des programmes
d'envergure de façon à exercer un certain contrôle
nécessaire sur la clientèle qui va bénéficier de
cette législation à caractère social, de façon
à ne pas accentuer démesurément la dépendance
sociale et l'incitation à ne pas bénéficier du travail,
à ne pas utiliser d'abord le travail comme principale source de revenu
mais utiliser principalement les mesures de sécurité sociale pour
atteindre le seuil de pauvreté.
M. CASTONGUAY: Ici, il s'agit d'abord d'un objectif. Il est
évident qu'entre l'énoncé d'un objectif et sa
réalisation, surtout un objectif comme celui-là, il y a une marge
à combler qui présente un grand nombre de difficultés. Si
l'on regarde d'abord l'objectif au plan des programmes de
sécurité du revenu, ce que nous visons et la façon de
l'atteindre ou de l'atteindre en partie à tout le moins est la suivante:
d'abord, pour enlever l'aspect négatif vis-à-vis du marché
du travail qui provient d'une compensation des charges familiales, trop
importantes comme l'a souligné le député de Beauce, par la
Loi de l'aide sociale, il nous faut aussi complètement que possible, par
le régime des allocations familiales, compenser les charges familiales.
Pour les familles plus nombreuses, nous voulons le faire par le régime
des allocations familiales; pour les familles moins nombreuses, nous voulons le
faire partiellement par le régime des allocations familiales. Quant
à ces dernières, malgré un régime d'allocations
familiales qui compenserait les charges de façon partielle, nous voulons
compléter par le régime général d'allocations
sociales. C'est le premier aspect, dissocier autant que possible les charges
familiales du régime, en fait le plus important, général
d'allocations sociales.
Le deuxième aspect, c'est d'introduire davantage la
possibilité, dans un tel régime, de cumuler en même temps
que les allocations familiales un revenu du travail de telle sorte que la
personne qui est bénéficiaire présentement de l'aide
sociale et qui, pour des raisons que nous connaissons, pourrait possiblement
travailler soit à temps complet soit à temps partiel, ou encore
travailler et gagner un revenu qui n'est peut-être pas suffisant mais qui
pourrait être un revenu assez significatif, nous voulons introduire une
plus grande possibilité de cumuler revenu du travail et allocations
sociales. Ce qui constituerait un autre encouragement à
réintégrer l'activité économique de façon
générale.
Sur ce plan aussi, la technique pour le réaliser serait de faire
en sorte que, par le cumul du revenu du travail et des allocations familiales,
la personne, le bénéficiaire s'y retrouve gagnant, c'est que la
somme des deux est plus intéressante que le choix entre l'un ou
l'autre.
Quant à la participation sociale, toujours dans le cadre des
mesures de sécurité de revenu, je crois que la preuve est assez
claire que le changement de l'évaluation des besoins vers un
critère de revenu va réduire considérablement la
nécessité de faire des enquêtes qui, aujourd'hui, dans bien
des cas, identifient trop clairement le bénéficiaire de la Loi de
l'aide sociale et fait en sorte qu'on distingue une partie de la population sur
un plan où il n'est pas juste de la distinguer. Je crois que sur ce
plan, dans le cadre des mesures de sécurité de revenu, le
changement d'un critère des besoins, un critère de revenu, peut
vraiment constituer un pas significatif dans la poursuite de cet objectif.
Quant au plan de réintégration elle-même au marché
du travail, il y a évidemment l'offre ou la demande plutôt sur le
marché du travail. Je pense que le député admettra que ce
n'est pas le moment de rediscuter ici les politiques de stimulation au
développement de l'économie, mais c'est évidemment un
facteur clé qu'il y ait aussi une demande adéquate. Je voudrais
plutôt me limiter à l'aspect plus particulier, plus
spécifique de l'aide à apporter aux travailleurs ou aux anciens
travailleurs qui ont été bénéficiaires de la Loi de
l'aide sociale et qui ont besoin d'aide pour réintégrer le
marché du travail en plus d'une aide financière. Sur ce plan, le
gouvernement a chargé de façon plus spécifique le
député de Joliette de prendre en charge cette
responsabilité et de stimuler ou d'activer, d'augmenter les efforts
faits jusqu'à ce jour pour aider les bénéficiaires de
l'aide sociale à réintégrer le marché du
travail.
Avant de demander au député de Joliette de donner un
exposé sur ce point, j'aimerais aussi rappeler ici une des initiatives,
entre autres, que le gouvernement a prises au cours des derniers mois,
c'est-à-dire celle qui a été désignée sous
le nom de l'Opération 2,000, qui a été un prolongement des
programmes ou des projets pilotes qui avaient été mis en branle
sous le gouvernement précédent...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela a été diminué,
c'était l'Opération 5,000, si je me rappelle bien.
M. CASTONGUAY: C'en était une autre qui visait à trouver
des emplois disponibles. Celle-là visait plutôt à
intégrer dans le domaine de la reforestration 2,000 assistés
sociaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne voudrais pas
entrer avec le député de Joliette à ce moment-ci de la
discussion dans des projets précis. Nous aurons l'occasion au cours des
crédits ce sera extrêmement intéressant de
voir en pratique ce qui se fait et quels sont les résultats. On a
qu'à lire les bulletins mensuels ou trimestriels du retour à la
vie normale pour voir en pratique ce que cela donne. Je pense que les
résultats sont là, ils sont probants. On n'a aussi qu'à
lire le rapport que le ministre a déposé en Chambre aujourd'hui.
Je
l'ai feuilleté rapidement, mais je me suis arrêté
à des opérations de réintégration des
assistés sociaux en 68/69, 69/70 et dans les années
subséquentes en ce qui concerne la forêt en particulier. Nous
aurons l'occasion d'y revenir, mais ce que je voulais souligner à ce
moment-ci de la discussion, c'est l'importance de ce critère, de cet
objectif, de ce principe dans l'ensemble de l'établissement d'une
politique sociale, politique de sécurité du revenu.
Je pense que c'est là le noeud gordien, la difficulté
à laquelle on s'est toujours buté, d'abord du côté
gouvernemental, pour trouver des programmes véritablement
cohérents. Il y a eu différents essais de faits, à
différents moments, pour convaincre les autres ministères du
gouvernement du Québec de participer pleinement à cette
opération qui est une opération véritablement positive,
à plusieurs points de vue, non seulement pour la personne mais pour
l'économie en général, et d'autre part, pour convaincre
et cela je le dis sans faire une attaque à fond de train, ce
n'est pas mon intention de faire une charge aussi le gouvernement
central qui, je l'ai dit antérieurement une fois qu'un programme est
fixé, comme le Régime canadien d'assistance publique,
hésite trop longtemps à accepter des programmes de substitution.
Je me souviens de l'exemple, particulièrement, des opérations
forestières de réintégration des assistés sociaux
bûcherons où le gouvernement central a hésité,
à mon avis, un trop long moment avant d'accepter un programme qui,
aujourd'hui, fait ses preuves.
Etant donné que j'ai eu l'occasion de toucher du doigt, dans le
ministère des Affaires sociales et dans d'autres ministères,
l'importance d'un critère comme celui-là pour atténuer la
dépendance sociale et éviter qu'une partie de la clientèle
qui doit être active se résigne à ne
bénéficier que des allocations ou des prestations sociales, je
pense que ce critère doit faire véritablement même
si cela comporte des difficultés de le transposer en pratique
l'objet d'études très approfondies et doit faire l'objet
d'études quant à sa possibilité de le réaliser
pleinement malgré sa complexité.
Pour ma part, après m'être renseigné sur des
expériences que d'autres pays ont tentées dans le domaine de la
sécurité sociale, j'hésiterais à accepter un
programme de sécurité du revenu qui va trop loin, qui est trop
vaste, sans qu'on ait pris certaines précautions nécessaires au
point de vue de la motivation des personnes et au point de vue de la
réintégration du plus large secteur possible de la population
active. Le ministre en est conscient. Il s'agit, dans ce domaine de la
législation à caractère social, d'une loi qui, sur le plan
théorique, comporte beaucoup d'attraits quant à
l'établissement de ces politiques, surtout quant à la recherche
de la cohérence entre ces différents programmes.
Par contre cela comporte aussi des dangers et des risques dont le
ministre est conscient. Il y avait des risques quant il s'est agi
d'établir l'assurance-maladie, quand il s'est agi d'établir
l'aide sociale, quand il s'est agi d'établir un équilibre entre
cette législation à caractère social et le marché
du travail, les inégalités régionales, les taux de salaire
minimums, différentes politiques. Je sais que le ministre en est
conscient. Il est conscient des coûts que cela peut entraîner,
même s'il est désirable que nous fassions le plus rapidement
possible l'instauration de ces différentes lois. Je pense que d'autres
gouvernements aussi, soit les gouvernements provinciaux et même le
gouvernement central, ont une certaine réticence à entrer dans un
régime de revenu minimum garanti, justement à cause des craintes
que je viens d'énoncer quant à la dépendance sociale,
l'influence directe que ces mesures peuvent comporter sur la motivation des
travailleurs, sur l'incitation à la dépendance sociale. C'est un
régime qui, dans un contexte comme celui où nous vivons, peut
inciter des gens, qui ont pratiqué un métier depuis bien des
années, à bénéficier facilement, sans effort, des
lois sociales, et ils y prennent goût et ça devient pour eux de
plus en plus difficile de se réintégrer au marché du
travail.
Je pense que de ce côté-là il y a une campagne
d'éducation à faire. Il y a déjà des efforts qui
ont été faits dans ce sens-là. Je pense qu'il y a encore
beaucoup à faire, si on veut démontrer d'un côté
quels sont les avantages d'une législation à caractère
social, législation de sécurité de revenu, quels sont
aussi les avantages qu'on peut retirer à participer activement au
développement économique.
Je voulais aller un peu plus loin qu'où le ministre avait
été tantôt dans ses remarques. Je pense qu'il en est
conscient et quand il s'agira pour la Chambre d'étudier ces lois, je
pense que nous devrons vérifier si toutes les précautions ont
été prises pour ces lois à caractère social
atteignent bien les objectifs pour lesquels elles ont été
proposées à la Chambre.
Je ne sais pas si le ministre veut ajouter quelque chose
là-dessus.
M. CASTONGUAY: Non, je partage, il n'y a aucun doute, les
préoccupations exprimées par le député.
Droit à des ressources minimales
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant au troisième objectif de la
politique de sécurité du revenu, la reconnaissance du droit des
citoyens à des ressources minimales, je pense qu'il est normal
qu'à partir du moment où on veut consacrer un certain
caractère d'universalité, et enlever tout ce que ça peut
comporter de discriminatoire, je pense qu'on doit reconnaître un principe
tel que celui-là avec ses conséquences. C'était pour les
allocations familiales.
Quant aux allocations de maternité, je me réfère
toujours au document très bien préparé, très bien
charpenté, que le ministre nous a remis mercredi dernier. Le seul regret
qu'on pourrait exprimer à ce moment-ci, c'est qu'on n'ait pas pu, ni le
gouvernement précédent, ni le
gouvernement actuel, précéder le gouvernement central dans
ce domaine des allocations de maternité que le gouvernement central a
introduit par le biais de sa législation d'assurance-chômage. Nous
n'avons pas encore les garanties et la loi est entrée en vigueur
aujourd'hui.
A mon point de vue, c'est une intrusion malheureuse, par le
régime d'assurance-chômage, c'est une intrusion dans le domaine de
la santé et je crois bien que le ministre des Affaires sociales n'est
certainement pas d'accord avec cette mesure ou cette extension du régime
d'assurance-chômage qui en fait empiète encore, c'est une
façon d'envahir un champ de juridiction provinciale et j'appuie sans
réserve le ministre quant aux objections le ministre du Travail a
fait des objections, le ministre des Affaires sociales en a fait qui ont
été faites sur cette disposition de la Loi fédérale
d'assurance-chômage.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, sur ce point, je voudrais mentionner
qu'à la suite de représentations que nous avons faites, une
modification a été apportée au texte de la Loi de
l'assurance-chômage, qui est à peu près du même ordre
que celle présentement contenue dans l'article 94 a) de la Constitution.
C'est-à-dire que cette loi ne doit pas porter atteinte à
l'application d'une loi provinciale dans le domaine des allocations de
maternité ou de maladie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela va être un bel endroit pour faire un
test des intentions.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il n'y a pas d'autres
considérations d'ordre général, peut-être
pourrions-nous passer au poste 1.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a trois objectifs, M. le Président.
J'ai parlé du premier objectif, j'aimerais bien parler des deux
autres.
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le deuxième objectif prioritaire
à poursuivre par le ministère, c'est la rationalisation et le
contrôle du fonctionnement des établissements de santé et
de services sociaux au triple plan législatif, administratif et
financier. Au point de vue législatif, le ministre nous a laissé
entendre qu'une législation globale serait peut-être même
déposée avant le prochain ajournement, quant à
l'organisation des soins de santé et des services sociaux qui
viendraient remplacer la Loi des hôpitaux, la Loi des hôpitaux
psychiatriques, les hôpitaux publics, les hôpitaux privés,
et aussi les établissements de bien-être. Est-ce que le ministre
peut nous donner un peu plus de détails que tout à l'heure
concernant cette législation?
M. CASTONGUAY: Vous comprendrez qu'il m'est difficile, à ce
stade-ci, de donner toutes les caractéristiques de ce projet de loi qui
est très avancé présentement, compte tenu du fait qu'il
n'a pas traversé toutes les étapes avant de pouvoir être
soumis à la Chambre. Le but visé, de façon
générale, est de regrouper toutes les dispositions que nous
retrouvons dans les diverses lois que vous venez d'énumérer et
même d'autres comme la Loi de l'assistance publique parce qu'en vertu de
cette loi, un certain nombre d'institutions, particulièrement dans le
domaine du bien-être, sont financées par le ministère et
cette loi n'était vraiment pas destinée à établir
un cadre de fonctionnement pour les organismes qui sont financés par le
truchement de cette loi. D'ailleurs, dans certains nombre de cas, la loi est
complétée par des arrangements soit des contrats ou des
ententes.
Le but est à la fois de fondre dans un ensemble toutes ces
dispositions, de les mettre à jour et aussi de modifier compte tenu de
l'expérience, un certain nombre de dispositions qui, soit dans la Loi
des hôpitaux, soit dans la Loi des hôpitaux privés ou les
autres, apparaissent comme n'étant plus tout à fait
adéquates. Ceci afin que les relations, de façon
générale, entre le ministère d'une part et ses organismes
d'autre part soient clarifiées, que le cadre de fonctionnement soit plus
clair, que les responsabilités de chacun soient précisées,
que le pouvoir d'intervention lorsque l'intervention est nécessaire soit
clairement établi, que les dispositions relativement à
l'émission des permis, à leur renouvellement, à leur
annulation soit clarifiées, que le pouvoir réglementaire aussi
soit bien précisé. Ceci aussi afin que toutes les institutions
qui sont en définitive de nature analogue, bien que les services qui
sont rendus peuvent différés selon qu'il s'agit des services de
santé de différentes natures ou encore des services sociaux, qui
fonctionnent à l'intérieur d'un cadre aussi complet et aussi
uniforme et cohérent que possible.
En même temps, dans cette législation comme je l'ai
mentionné, c'est notre intention de poser les premiers jalons de la
régionalisation ou de la décentralisation du ministère de
telle sorte qu'au plan des régions, des structures soient
établies, qui possèdent certains pouvoirs vis-à-vis de ces
organismes et rendent les relations plus souples, un peu plus adaptées
aux besoins des diverses régions.
Je pense qu'il est pas mal difficile pour moi d'aller plus loin. Je puis
dire que présentement, en ce qui concerne ce projet de loi, j'ai
toujours l'espoir de pouvoir le déposer avant l'ajournement des travaux
et comme je l'ai mentionné, étant donné l'importance d'un
tel projet de loi, le référer immédiatement, lors de la
première lecture, à la commission ici de telle sorte que tous les
intéressés puissent faire leurs représentations et que,
tout comme pour le bill 69, on puisse bénéficier du travail de la
commission pour l'adapter autant que possible et entendre les parties
intéressées qui voudraient se faire entendre.
De la même façon, au plan des corporations
professionnelles, même si c'est relié moins directement au
fonctionnement des établissements, certaines dispositions des lois des
corporations professionnelles vont être modifiées et vont avoir
une certaine incidence sur cet objectif qui est ici énoncé.
Au plan législatif, disons que ce sont les grandes lignes de ce
que nous préparons présentement. A l'automne, à la suite
des travaux de M. Raymondiss du bureau des études psychiatriques, nous
espérons également être en mesure de présenter une
législation sur l'hygiène mentale. Nous avons reçu de M.
Raymondiss un rapport décrivant les objectifs qu'il propose pour une
telle législation, un premier document qui constitue un document de
travail pour la préparation d'une telle législation et un premier
projet de règlements qui pourraient accompagner une telle
législation.
C'est notre intention d'aller de l'avant, maintenant que nous avons ce
travail en main sur ce plan de telle sorte que le complément, au plan de
la santé mentale, de la législation dont je viens de parler
puisse être complété par une loi de l'hygiène
mentale dès l'automne.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le premier ministre est arrivé, il
pourrait peut-être...
M. BOURASSA: Vous n'êtes pas trop dur, j'espère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, à moins que le premier ministre
nous y force. Le ministre des Affaires sociales a été très
prudent, il n'a pas engagé au-delà du raisonnable le gouvernement
et le premier ministre, lui laissant toute la latitude de régler
globalement la question constitutionnelle et non pas seulement de régler
son propre secteur.
M. BOURASSA: Mais les finances, c'est ce qui m'intéresse.
M. CLOUTIER (Montmagny): De peur de se faire rappeler à l'ordre
par le président, on n'a pas osé traiter parallèlement la
question du rapatriement de la sécurité sociale, la question du
partage des pouvoirs, mais c'était sous-jacent. Les membres de la
commission ont évidemment fait le lien. Le ministre nous parlait surtout
de la contraite budgétaire qui a retenu l'attention du gouvernement dans
l'établissement des priorités à l'intérieur du
gouvernement et des priorités aussi à l'intérieur du
secteur social. Nous comprenons facilement que le ministre des Affaires
sociales ne peut pas entrer dans la réalisation de ce programme de
politique sociale, la politique de sécurité du revenu si, par
contre, la question du nouveau partage des resssources fiscales n'est pas aussi
réglée parallèlement. De toute façon, M. le
Président, nous ne voulons pas en faire une discussion, ce serait hors
du cadre ici...
M. LE PRESIDENT: Je suis convaincu que le député de
Montmagny ne veut pas oser.
M. CLOUTIER (Montmagny): De même que nous n'oserions pas, M. le
Président, malgré votre compétence, entrer dans le champ
des affaires municipales. Nous nous en tiendrons strictement au champ de la
sécurité sociale.
Le premier ministre est invité à rester avec nous s'il
veut ajouter à ce que son ministre des Affaires sociales a dit
tantôt ou s'il avait d'autres développements dans le domaine des
discussions avec son homologue le premier ministre canadien, mais je comprends
qu'il n'a pas de déclaration à faire à ce moment-ci. Je
continue donc à parler de rationalisation et de régionalisation
des soins de santé et pour dire au ministre qu'évidemment c'est
une législation extrêmement importante qui va remplacer des lois
qui ont servi depuis de nombreuses années à fixer les relations
entre le ministère et ses différentes institutions et ont aussi
permis à ces institutions, selon la forme qu'elles ont prise, de rendre
des services à la population.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il appréhende des
résistances quant à ces modifications importantes sur le plan
législatif? Si j'ai bien compris les explications du ministre et
à partir des notes qui sont contenues dans le rapport annuel, des notes
explicatives, il s'agirait de tracer un cadre législatif, un cadre
opérationnel aussi à l'intérieur duquel, tenant compte des
normes et des critères qui sont fixés, une certaine marge
d'autonomie peut-être même plus grande que celle que les
institutions ont dans le moment, une certaine marge d'autonomie leur serait
accordée à l'intérieur de cette législation. Est-ce
que mes impressions sont fondées ou si ce n'est pas le cas quand on
parle de contrôle de ces institutions, quand on dit le contrôle du
fonctionnement des établissements de santé et de services
sociaux, est-ce qu'on veut parler par là d'un contrôle accru, d'un
contrôle différent ou d'un contrôle diminué?
M. CASTONGUAY: Au plan de l'appréhension de difficultés,
quant à la présentation, quant à la réception de ce
projet de loi, je pense qu'il faut dire que depuis un certain nombre
d'années dans le secteur de la santé, dans le secteur des
services sociaux, toute cette question a fait l'objet de discussions nombreuses
au sein des associations telles l'Association des hôpitaux, au cours de
colloques de diverses natures et aussi en relation avec les travaux de la
commission d'enquête sur la santé et le bien-être
social.
En fait, ce qui sera proposé dans cette loi n'a rien de
révolutionnaire. C'est plutôt une mise à jour d'une part de
la législation pour en faire un ensemble qui recouvre toutes les
institutions et en même temps au plan, comme je le mentionnais, des
structures du ministère, d'une étape dans le processus de
décentralisation qui semble être bien désiré
également.
Il peut évidemment y avoir des réactions moins positives
vis-à-vis de certaines dispositions particulières de ce projet,
mais je pense bien que ça demeurera limité à des aspects
bien particuliers, c'est mon opinion. Quant au contrôle lorsque
nous parlons du contrôle du fonctionnement, je ne crois pas qu'on puisse
en déduire qu'il s'agit nécessairement d'un contrôle accru
au contraire nous voulons, d'une part, assumer plus pleinement, soit au
niveau du ministère et au niveau des régions, un rôle plus
grand dans la planification et le développement des ressources d'une
part. Alors que dans le passé, il y a plutôt un certain nombre
d'années, les institutions elles-mêmes planifiaient le
développement de leurs services à partir de la perception des
besoins de la population qu'elles desservaient et que graduellement, au cours
des dix, douze dernières années, au fur et à mesure que le
gouvernement a été appelé à intervenir davantage au
plan du financement aussi bien des immobilisations que du fonctionnement, le
ministère est intervenu davantage dans la planification et le
développement des ressources. Nous voulons clarifier cette fonction de
façon plus précise dans la législation, et en
contrepartie, donner une plus grande latitude au plan de l'administration des
hôpitaux ou encore au plan de l'administration des services de
santé, des services sociaux, aux corporations, aux conseils
d'administration qui sont chargés de la responsabilité
d'administrer ces services.
Sur ce plan, l'expérience qui est présentement en cours en
collaboration avec un certain nombre d'hôpitaux, est déjà
un indice très concret de l'orientation que nous entendons prendre.
Sur le plan plus précis qui est lié plus
étroitement, aux aspects financiers, si la question vous
intéresse de façon plus particulière, je pourrais demander
à M. Forget qui est sous-ministre adjoint de faire le point sur cette
expérience qui est présentement en cours.
M. CLOUTIER (Montmagny): Peut-être plus tard au cours des
crédits quand on passera sur un des articles, soit les hôpitaux
généraux, l'assurance-hospitalisation, à ce
moment-là, on pourra. Est-ce que le dépôt de cette
législation-cadre va s'accompagner du dépôt aussi d'un plan
de régionalisation quant aux institutions qui rendent des services dans
le secteur de la santé et dans le domaine du bien-être?
M. CASTONGUAY: Nous travaillons présentement, divers gestes ont
été posés de telle sorte qu'aussi rapidement que possible
nous en arrivions à un plan, soit pour trois ans, soit pour cinq ans,
qui pourrait être révisé annuellement et à un
programme de développement des ressources aussi général
que possible.
Alors diverses initiatives ont été poursuivies ou
amplifiées ou ont été prises dans ce but, par exemple, en
collaboration avec les facultés de médecine en ce qui a trait aux
hôpitaux d'enseignement, au sein du ministère. Mais nous ne sommes
pas en mesure présentement de présenter un tel plan. Possiblement
que l'an prochain, lors de l'étude des crédits du
ministère, nous serons en mesure d'accompagner l'étude des
crédits d'un tel programme triennal ou quinquennal de
développement des ressources dans le secteur des services des affaires
sociales de façon générale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans la préparation de ce plan, est-ce
que les institutions ou les agents qui sont dans le champ et qui dispensent des
services de santé ou des services sociaux sont à ce moment-ci
consultés ou est-ce qu'ils participent à l'élaboration de
ce plan ou, de leur côté, est-ce qu'ils préparent aussi un
plan qui pourrait être comparé avec celui du ministère?
Je m'excuse, je ne sais pas si le ministre a donné une
réponse, j'étais distrait.
M. CASTONGUAY: Je n'aurais pas osé le faire.
Nous avons demandé, par exemple, aux hôpitaux
d'enseignement, aux facultés de médecine les
facultés de médecine évidemment doivent discuter avec les
hôpitaux d'enseignement de préparer ou d'analyser leurs
priorités en ce qui a trait au développement des ressources aussi
bien au plan des services que de l'enseignement. Dans le secteur des
institutions pour l'enfance, nous avons annoncé récemment une
première reprise des projets qui avaient été suspendus
l'an dernier.
Dans ce cas, nous avons eu un certain nombre de consultations aussi bien
au niveau des institutions qu'au niveau...Est-ce que c'était à ce
moment-là l'Association des hôpitaux? Nous avons également
demandé ou indiqué notre désir à des associations
comme l'Association des hôpitaux de continuer, d'accentuer les
initiatives visant à la régionalisation des services. Nous ne
comptons pas toutefois demander à chaque institution ou agence, sur une
base individuelle, de nous indiquer quel devrait être le
développement, à son avis, des ressources.Nous croyons que, pour
voir plus clairement ce qui doit être fait au plan du
développement des ressources par rapport aux besoins, il faut prendre un
coup d'oeil qui couvre plus d'une institution, analyser la question non pas du
point de vue d'une institution, mais sur un plan plus général,
soit au niveau d'une région, soit au niveau de l'ensemble. Dans le
moment, le processus n'est pas encore complètement établi pour
faire en sorte que dans le développement de ces programmes, nous ayons
un mécanisme de consultation aussi adéquat que possible. La loi
va y ajouter par les dispositions relatives à la décentralisation
du ministère sur ce plan. Nous avons déjà pris un certain
nombre d'initiatives, ou maintenu ou accentué d'autres initiatives qui
avaient été prises dans le passé. Lorsque ce programme
sera suffisamment développé, nous pourrons aussi comme
ministère effectuer des consultations lorsqu'elles n'auront pas
été faites
au préalable comme dans le cas par exemple des institutions
d'enseignement. Au moment aussi où un tel programme sera rendu public,
nous entendons le rajuster probablement sur une base annuelle de telle sorte
qu'aussi bien à l'analyse, à la critique, selon
l'évolution des besoins, des ressources, ce programme puisse être
remis à jour périodiquement.
A ce stade-ci, le procédé n'est pas complet, les
structures ne sont pas complètes, mais nous comptons poursuivre dans
cette voie en tenant bien compte de la nécessité de consulter,
mais non pas sur une base d'institutions individuelles.
M. CLOUTIER: Il existe dans la province quelques comités de
planification, entre autres dans les cantons de l'Est, il y en a dans
Montréal, il y en a dans Hull, dans le Nord-Ouest
québécois, Hull-Outaouais. Quelle serait la place de ces
comités de planification régionaux dans l'élaboration de
cette politique de régionalisation?
M. CASTONGUAY: Nous comptons encore une fois sur ce plan dans la mesure
où ces comités font des travaux valables, utiliser ce qui a
été construit et continuer de bâtir sur ce qui existe.
Comme principe général, c'est ce que nous entendons faire.
Maintenant comment intégrer précisément de la façon
la plus systématique, de façon plus permanente ces comités
qui ont été mis en place pour l'avenir? Je crois que c'est une
question qu'il nous faudra discuter de façon peut-être plus
précise au moment où nous déposerons le projet de loi.
M. CLOUTIER: Le ministre est prudent, M. le Président, j'ai
parlé des deux premiers objectifs. Quant au troisième objectif,
l'intégration à tous les niveaux des anciens ministères de
la Santé et de la Famille, étant donné qu'il y aura sous
cette rubrique des questions assez précises, je
préférerais pour ma part attendre à l'article 1 pour
traiter de cet objectif, au poste de l'administration, pour parler des
directions générales, des différents services, savoir
où en est rendue l'intégration, quelles sont les
difficultés, quel est l'échéancier. Pour ma part,
étant donné que le député de Bourget nous a fait
l'honneur de venir se joindre à notre commission, je lui laisserais la
parole s'il a des commentaires d'ordre général.
M. LE PRESIDENT: Avant de céder la parole au député
de Bourget, je voudrais tout simplement lui rappeler un peu l'entente qui avait
été convenue au tout début de l'étude des
crédits, à l'effet que l'on entrait ce soir dans des
considérations d'ordre général, quitte à revenir un
peu plus tard à chacun des articles du budget. Le député
de Bourget.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je dois ajouter que
j'ai donné, en aparté, au député de Bourget, le
cheminement que nous avions suivi jusqu'à maintenant dans l'étu-
de des prévisions budgétaires, et je lui ai donné
également les thèmes sur lesquels nous nous étions
arrêtés.
M. LAURIN: M. le Président, n'ayant malheureusement pas eu le
privilège d'écouter les questions du député de
Montmagny et les réponses du député de Louis-Hébert
sur le premier objectif du document de travail sur l'étude des
crédits, je demanderais au ministre de m'excuser si je fais une
répétition de certaines questions qui ont été
posées. En rapport avec le premier objectif, l'élaboration...
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait au premier objectif, je commence
à être habitué de répéter...
M. LAURIN: Je ne voudrais pas reprendre toutes les questions d'ordre
général qui ont pu vous être posées à un
moment ou l'autre, mais je voulais simplement savoir, s'il est possible de le
savoir, si, en réponse aux propositions que vous avez faites, depuis un
bon nombre de mois, sur une politique de sécurité du revenu, il
vous a été donné d'étudier des contrepropositions
d'un autre gouvernement ou d'un autre ministre en vue de l'harmonisation des
politiques de sécurité du revenu du gouvernement
fédéral ou du gouvernement québécois?
M. CASTONGUAY: A la conférence des ministres du Bien-Etre social,
en janvier dernier, il était apparu assez clairement qu'il y avait des
différences assez importantes entre les objectifs énoncés,
d'une part, dans les documents que je vous ai distribués et les
objectifs énoncés dans le livre blanc du gouvernement
fédéral. A la suite des représentations que nous avions
faites, il y a eu des négociations ou des discussions sur trois plans:
au plan des objectifs des programmes de sécurité de revenu, au
plan de l'harmonisation nécessaire avec la politique fisclae, et enfin
au plan des dispositions de la constitution.
Au plan des objectifs visés dans le domaine de la
sécurité du revenu et des moyens d'y parvenir, un progrès
considérable a été fait. Encore là, lorsqu'on dit
harmonisation, cela n'était pas tellement pour nous l'objectif
visé d'en arriver nécessairement à une entente parfaite,
étant donné aussi la position que nous avions prise dans ce
secteur, c'est-à-dire de pouvoir établir nos objectifs et d'avoir
au moins les outils nécessaires à l'application, à la
réalisation de ces objectifs.
Par contre, il était nécessaire de poursuivre ces
discussions de telle sorte que, dans un programme comme celui du régime
canadien d'assistance publique, qui sert de mécanisme de financement
présentement ou de partage des coûts pour le régime d'aide
sociale, nous avons discuté de la nécessité de changer les
critères de ce régime ou de les adapter pour que non seulement
les critères de besoin ou une évalua-
tion des moyens "means who needs test" existent mais aussi qu'il soit
possible d'y introduire un critère de revenu.
Sur ce plan, à tout le moins, dans le cadre des discussions que
nous avons eues, nous avions progressé de façon satisfaisante.
Nous avions également, au cours de ces discussions, remis en cause dans
une certaine mesure le principe du partage des coûts sur une base
d'environ 50/50 à l'échelle du pays, étant donné
que, dans le cadre de ce régime, les provinces aux prises avec un niveau
de l'emploi plus faible doivent assumer des coûts plus
élevés. L'introduction d'autres facteurs dans le partage des
coûts a été abordée également.
Au plan des allocations familiales, nous avons eu également des
discussions qui visaient d'une part à mettre en relief le fait que les
propositions dans le livre blanc n'étaient pas adéquates. Nous
avons surtout poursuivi ces discussions pour convaincre le gouvernement du
Canada de faire un effort financier plus grand dans ce secteur. Et encore
là, dans le cadre des discussions spécifiques auxquelles je fais
allusion, nous avons fait des progrès significatifs.
Au plan de la politique fiscale, nous avons rappelé qu'au
Québec les exemptions pour les personnes à charge ont
été éliminées, qu'un régime
supplémentaire d'allocations familiales a été
établi et que, dans le cadre des objectifs que nous visons ici, le
maintien d'exemptions pour les personnes à charge devenait
contre-indiqué pour les personnes à faible revenu ou sans revenu
du travail. Si les allocations familiales compensent pour des charges
familiales à un niveau reconnu comme étant acceptable, les
exemptions fiscales, pour les enfants à charge comme principe, ne sont
plus justifiées, d'autant plus que dans le système actuel
d'impôt fédéral sur le revenu des particuliers, ces
exemptions favorisent en définitive les personnes à mesure que le
revenu augmente.
Sur ce plan, à en juger par le discours du budget prononcé
la semaine dernière, nos représentations n'ont pas eu de
résultats d'autant plus que l'on propose une augmentation des exemptions
pour les personnes à charge.
En ce qui a trait aux modifications à la Constitution, comme vous
le savez et j'ai mentionné ici à la commission l'autre
jour les grandes lignes de ce que nous poursuivons comme objectif la
proposition qui a été faite ne nous apparaît par
acceptable.
M. LAURIN: Nous avons entendu dire il y a deux semaines que la
contreproposition précise du ministre fédéral pouvait
répondre à une très grande partie des objectifs poursuivis
par la proposition québécoise. A quoi se
référait-on exactement?
M. CASTONGUAY: Aux ajustements et aux modifications envisagés au
régime canadien d'assistance publique, d'une part, et aux ajustements
envisagés aussi au régime fédéral d'allocations
familiales. Là, je pense qu'il y avait une divergence; même si on
a pu faire cette affirmation, ce n'était pas l'objectif que nous visions
et que nous visons.
M. LAURIN: Donc, c'était plutôt un voeu pieux qu'une
affirmation qui collait aux faits?
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné plus tôt, il y a
présentement, dans ce secteur, au Québec, trois régimes.
Il ne s'agit pas uniquement du dédoublement dans les administrations
qu'il serait bon d'éviter ou de diminuer. Il y a également le
fait que, dans les propositions que nous avons formulées ou les
éléments de politique que nous avons formulés, il s'agit,
en ce qui a trait aux allocations familiales, d'un régime visant
à compenser, de façon aussi totale que possible et de
façon partielle, les charges familiales selon les niveaux de revenu, ce
qui implique une récupération au moment du paiement des
allocations à partir de l'évaluation des revenus
antérieurs, ou encore par le truchement de l'impôt sur le revenu
des allocations pour les personnes à partir d'un certain niveau de
revenu ou excédant un certain niveau de revenu. Ceci deviendrait
extrêmement difficile s'il y a deux régimes en parallèle,
et aussi compte tenu du fait que, pour les trois premiers enfants, dans les
éléments de politique que nous avons énoncés pour
compléter la compensation des charges familiales pour les personnes
à très faible revenu, le régime général
d'allocations sociales devra intervenir. On ajoute encore aux
difficultés.
Il y a également le fait que, dans ce secteur, compte tenu de
l'importance, au Québec, d'un régime adéquat d'allocations
familiales, il s'agit de plus qu'une harmonisation sur le plan
législatif ou administratif.
M. LAURIN: Le plan Munro était plus basé sur des
critères de besoin ou sur des critères de sécurité
du revenu.
M. CASTONGUAY: Vous avez vu le livre blanc qui a été rendu
public, à l'automne, et l'énoncé des objectifs
était assez flou. On visait plutôt, dans ce livre blanc, à
une mise à jour des programmes existants avec un changement dans le cas
des allocations familiales c'est-à-dire une
récupération...
M. LAURIN: Le plan était plus axé sur les besoins que sur
la sécurité du revenu.
M. CASTONGUAY: ...alors que là, le chemin que nous avons parcouru
au cours des discussions a visé à faire reconnaître, de
façon beaucoup plus précise, la nécessité
d'objectifs bien identifiés.
M. LAURIN: Est-ce que le projet Munro comprenait cette compensation sous
forme d'allocations sociales pour les trous laissés par un programme
basé plutôt sur les besoins?
M. CASTONGUAY: Non. Sur ce plan il s'agit vraiment du complément
du régime et dans ce secteur-là des discussions que nous avons
eues avec le gouvernement fédéral nous n'avons pas voulu aborder
cette question étant donné que nous croyons que ça devait
être fait dans le cadre du régime général
d'allocations sociales.
M. CLOUTIER: Je trouve le ministre bien poli dans son
appréciation du plan Munro parce que je n'y ai pas retrouvé
l'élément de cohérence et d'analyse serrée qu'on
retrouve dans le plan du Québec, c'est le moins qu'on puisse dire.
M. LAURIN: Est-ce que le projet Munro incluait les trois projets
fédéraux que nous connaissons maintenant, celui qui a
été mis en vigueur en avril pour les personnes
âgées, celui que va entrer en vigueur le 1er juillet pour
l'assurance-chômage et celui qui va entrer en vigueur en septembre pour
les allocations familiales? Est-ce qu'il incluait ces trois projets sans
changements majeurs ou s'il y avait des éléments nouveaux?
M. CASTONGUAY: Si nous prenons, premièrement, le
supplément du revenu garanti, je dois dire qu'il n'y a pas eu de
consultations préalables avant que cette législation soit
adoptée ou présentée au Parlement du Canada. En ce qui a
trait au régime d'assurance-chômage, les modifications à la
Loi de l'assurance-chômage ont été préparées
par le ministre du Travail qui a rendu public au mois de juin dernier, si ma
mémoire est bonne, le livre blanc sur l'assurance-chômage et les
discussions que nous avons eues ont été conduites avec le
ministre du Travail. Et à la suite des représentations que nous
avons faites, certains amendements ont été apportés au
projet ou disons aux modalités envisagées dans le livre blanc.
Alors il y a eu certains amendements que nous avons retrouvés dans le
projet de loi.
En ce qui a trait aux allocations familiales, cela s'est fait dans le
cadre que je viens d'exposer des discussions que nous avons eues depuis la
conférence du mois de janvier dernier. Alors il s'est agi de trois
opérations complètement distinctes.
M. LAURIN: Et dans le projet qu'on a présenté à
Victoria ces trois éléments-là étaient à peu
près inchangés. Il n'y avait pas beaucoup
d'éléments qui avaient été ajoutés ou
modifiés.
M. CASTONGUAY: A la conférence de Victoria il n'a
été question que des amendements apportés à la
Constitution ou à la question constitutionnelle et non pas des aspects
spécifiques des programmes.
M. LAURIN: Dans le projet qui va devenir en vigueur au mois de juillet,
il y a quelque chose de prévu pour les services sociaux, les primes pour
les congés de maladie, les primes pour les congés de
maternité, cela reste tel quel.
M. CASTONGUAY: Sur ce plan, nous avions fait des représentations
et la Loi de l'assurance-chômage contient maintenant une disposition de
la même nature que la disposition de l'article 94a) de la Constitution
qui dit que les dispositions de la Loi de l'assurance-chômage, justement
au titre des prestations de maternité, de maladie, ne doivent pas porter
atteinte à une loi provinciale.
M. LAURIN: Pour le moment cela demeure théorique...
M. CASTONGUAY: D'accord!
M. LAURIN: ... puisqu'on ne peut pas faire évacuer ce
champ-là à toutes fins pratiques.
M. CASTONGUAY: Le test n'a pas été fait.
M. LAURIN: Maintenant, étant donné qu'il y a peu
d'éléments nouveaux qui ont été ajoutés et
qu'on demeure à peu près dans le statu quo, est-ce qu'il sera
possible d'harmoniser une proposition comme celle dont on parle avec le projet
que vous nous avez énoncé, qui est basé sur la
sécurité de revenus, qui prévoit un régime
d'allocations sociales? Est-ce qu'il sera possible d'harmoniser ce qu'on sait
des trois projets fédéraux qui forment l'essence de la
proposition fédérale avec les projets qui ont été
énoncés par le Québec, et jusqu'à quel point, si
c'est possible?
M. CASTONGUAY: Si l'on prend la situation telle qu'elle existe
présentement, nous avons la loi de l'assurance- chômage. En effet,
c'est ces jours-ci, je pense même que c'était aujourd'hui qu'elle
prenait effet, c'est un régime en fait, qui, dans une large mesure,
précède les autres mesures de sécurité du revenu,
à l'exclusion des allocations familiales.
Pour l'avenir, ce qui importe à mon sens, c'est de faire en sorte
que, quant au niveau des prestations dans ce secteur, ce niveau ne soit pas
trop élevé par rapport au niveau de revenu établi dans les
seuils pour un régime d'allocations sociales, de telle sorte qu'il y a
une certaine relation entre les deux. De la même façon, il importe
aussi qu'il y ait une reconnaissance du fait que les personnes à faible
revenu ont davantage besoin en période de suspension des revenus, de
prestations non pas directement proportionnelles à leurs revenus
antérieurs, mais de revenus reliés à leurs besoins, si
l'on veut que pendant la période où elles feront appel aux
prestations d'assurance-chômage, elles n'épuisent pas les
épargnes qu'elles ont pu faire.
Sur ce plan, c'est la raison pour laquelle nous avons demandé que
le statut du régime d'assurance-chômage soit modifié d'une
part au
plan constitutionnel et qu'il y ait une nécessité
clairement reconnue de consultation au préalable avant toute
modification à ce régime.
Au plan du supplément du revenu garanti, il s'agit là d'un
régime qui répond aux objectifs généraux que nous
visons dans le régime général d'allocations sociales. La
raison pour laquelle ça parait nécessaire d'avoir une
primauté législative quant à ce régime, c'est que
même si ce régime est présentement conforme aux objectifs
que nous visons, il n'en demeure pas moins qu'il est nécessaire que les
niveaux de prestations en vertu de ce régime viennent à
s'harmoniser avec les niveaux de prestations avec tout un régime
général d'allocations sociales.
C'est la raison pour laquelle nous l'avons inclus dans le groupe des
programmes pour lesquels nous croyons nécessaire d'avoir la
primauté au plan législatif.
Quant aux autres mesures, nous revenons en fait au commentaire que je
vous faisais précédemment en ce qui a trait au régime
d'allocations familiales et au régime général
d'allocations sociales.
M. LAURIN: Si le projet du fédéral que nous connaissons
est adopté en septembre, est-ce que ceci va amener le Québec
à modifier son propre régime d'allocations familiales et de
quelle façon?
M. CASTONGUAY: On entre en fait dans le domaine des hypothèses.
Je ne suis pas en mesure de vous répondre à ce stade-ci.
M. LAURIN : Dans le projet qui a été
présenté par le Québec, soit à la conférence
de Victoria ou auparavant, est-ce qu'il y avait des éléments qui
pouvaient répondre aux objections que le fédéral pouvait
faire à savoir que ceci pouvait entrer en conflit avec certains
objectifs fédéraux comme par exemple, l'établissement de
normes nationales; deuxièmement, la transférabilité des
avantages pour les citoyens d'une province qui se déplaceraient à
un autre province?
M. CASTONGUAY: Ce sont des points qui ont été
avancés. Pour prendre le deuxième, celui de la
transférabilité, nous avons fait valoir le fait que, dans tous
les régimes où ces exigences se posent, l'Assemblée
nationale a toujours, à ma connaissance, accepté sans
hésitation que les régimes que ce soit
d'assurance-hospitalisation, régime de rentes, régime
d'assurance-maladie comportent de telles dispositions. A ma
connaissance, le Québec n'a jamais fait d'objection non seulement au
plan législatif mais aussi au plan de l'application de ces mesures.
Au plan de l'établissement de normes nationales, on nous a fait
aussi valoir ce type d'argument. Encore sur ce point, la réponse que
nous avons apportée et qui m'apparaft valable, c'est que s'il y a un
secteur où des normes nationales n'existent pas, c'est bien
celui-là, étant donné que le complément de toutes
les mesures d'assurance sociale comme celle du régime des allocations
familiales réside présentement dans les lois adoptées en
vertu du régime canadien d'assistance publique.
C'est simplement pour les personnes âgées de 65 ans et plus
qu'il y a vraiment des normes nationales. Toutes les législation
d'assistance varient énormément d'une province à l'autre
quant au niveau des prestations.
M. LAURIN: Le Québec est-il le premier Etat à proposer une
norme qui aurait pu devenir la norme nationale et qui était basée
sur un seuil de pauvreté, un seuil de revenu? Donc il était
prématuré de dire que le projet québécois ne
répondait pas aux normes nationales puisque celles-ci n'étaient
pas encore définies et que le Québec était le premier
à en proposer une.
Quant à la transférabilité, votre plan comportait
les mécanismes qui auraient permis éventuellement cette
transférabilité d'une province à l'autre.
M. CASTONGUAY: Dans le document que je vous ai distribué et qui
est la base, en fait, des éléments de notre politique, nous
n'avons pas détaillé de dispositions précises mais nous
avons justement les précédents qui constituent une garantie sur
ce plan.
Selon la législation qui sera doptée, nous pourrions
donner à partir de ces précédents l'assurance qu'il y
aurait des dispositions adéquates sur ce plan-là.
M. LAURIN: Est-ce que les faits accomplis généraux que
nous connaissons et dont certains ont déjà force de loi
interdiront à toutes fins pratiques la mise en vigueur d'un plan, d'un
projet tel que celui que vous avez mis de l'avant en janvier?
M. CASTONGUAY: Qu'est-ce que vous entendez par les faits accomplis?
M. LAURIN: La législation sur la sécurité de la
vieillesse, la législation sur l'assurance-chômage et la
législation sur les allocations familiales.
M. CASTONGUAY: Je dois dire que dans le cas de
l'assurance-chômage, il y a eu, en 1942 ou aux alentours de 1942, un
amendement apporté à la Constitution...
M. LAURIN: En 1940.
M. CASTONGUAY: ... dans un contexte différent, où on a
établi à partir de l'identification des besoins au fur et
à mesure qu'on est devenu conscient de ces besoins, des régimes
visant à résoudre autant que possible le nouveau type des besoins
identifiés.
M. LAURIN: Pour certain nombre de semaines.
M. CASTONGUAY: Oui. Vous avez cet amendement à la Constitution
qui a été apporté et qui donne une juridiction exclusive
présentement au gouvernement fédéral dans le domaine de
l'assurance-chômage.
Dans le cas des pensions de vieillesse, il y a eu un amendement qui a
été apporté et qui donne dans les faits certaines
primautés législatives au gouvernement du Canada, à partir
du moment où il a occupé le champ et que la situation n'a jamais
été clarifiée quant à la nécessité de
compenser ou non financièrement si une province légifère
dans le même secteur. Nous sommes dans une situation plus
imprécise. Dans le cas des allocations familiales, nous avons l'autre
situation où le gouvernement du Canada a utilisé ce qu'il appelle
son pouvoir général de dépenser.
M. LAURIN: A un certain moment, vous avez dit que la mise en application
d'un projet tel que vous suggérez requerrait quand même une
contribution du fédéral d'à peu près $350 millions.
A la lumière des récents développements et compte tenu de
vos intentions, est-ce que vous continuez à penser que la mise en
application relative d'un projet modifié maintenant requerrait des
sommes à peu près équivalentes ou supérieures?
M. CASTONGUAY: Ce chiffre était, si ma mémoire est bonne
je ne me souviens pas exactement du montant, mais retenons pour les fins
de la discussion $350 millions. C'était un montant qui
était avancé dans le rapport de la commission d'enquête. Il
y a une petite précision qui s'impose, c'est que ce rapport a
été remis au gouvernement en janvier ou fin décembre et
j'avais quitté la commission depuis mars 1970. Si je fais cette
distinction, c'est pour bien indiquer clairement que la commission a poursuivi
son travail et a fait une évaluation des coûts d'un tel
régime en prenant comme seuil des revenus, des seuils proposés
par le Conseil économique du Canada et en les ajustant pour
l'année 1971. Quant à nous, nous avons comme gouvernement
exposé les éléments politiques qui s'inspiraient du
rapport de la commission et nous n'avons à aucun moment établi ce
que nous croyons que devraient être les niveaux de prestations ou les
seuils de revenus. Parce que d'une part du côté des allocations
familiales, comme je l'ai mentionné la semaine dernière, nous
avons apporté certaines modifications par rapport aux propositions de la
commission. De telle sorte que l'on compense d'une façon plus
complète à partir du quatrième enfant dans le cadre du
régime d'allocations familiales et dans le cadre du régime
général qu'on complète pour les trois premiers enfants
avec la compensation des charges. Voilà le premier facteur. Comme
deuxième facteur, nous avons été bien conscients du fait
que, dans ce secteur, le gouvernement du Canada devait consentir un effort
accru dans la mesure où il est disposé à le faire aussi
bien du côté des allocations familiales que du côté
du régime canadien de l'assistance publique. Cela va avoir un effet sur
le niveau à la fois des prestations et des seuils qui pourront
être établis.
M. LAURIN: Est-ce qu'il est exact d'affirmer que la révision du
projet québécois d'allocations familiales devra maintenant
s'ajuster sur le projet fédéral?
M. CASTONGUAY: Non, il n'est pas exact d'affirmer cela tant et aussi
longtemps...
M. LAURIN: C'est encore sujet à la négociation,
étant donné que la loi fédérale n'est pas encore
adoptée. Je me demandais s'il était exact de le dire.
M. CLOUTIER: Je pensais que quelqu'un de l'autre côté
l'avait affirmé...
M. LAURIN: Il y a des gens du comté de Montmagny... Je reprends
la queston.
M. CASTONGUAY: Non.
M. LAURIN: Donc, il n'est pas exact d'affirmer cela. Ce qui veut dire
qu'on peut penser qu'il y aura des rencontres ou des discussions qui peuvent
encore aboutir à une harmonisation du projet québécois
d'allocations familiales et du projet fédéral d'allocations
familiales.
M. CASTONGUAY: Le premier ministre a fait une déclaration, si ma
mémoire est bonne, vendredi dernier, indiquant le désir du
gouvernement sur ce plan je ne voudrais pas ajouter...
M. LAURIN: Je pose la question parce qu'il y a certains
éléments du projet fédéral qui correspondent
à ce que le gouvernement du Québec fait déjà et
surtout a l'intention de faire. Donc je me demandais si le terrain qu'occupe le
fédéral par son nouveau projet va être évacué
par le provincial.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas l'objectif que nous visons.
M. LAURIN: D'accord. Est-ce qu'il est exact de dire quand même
que, même si un certain consensus semble se dessiner au niveau des
objectifs, en ce qui concerne les critères, l'harmonisation est loin
d'être faite, puisque le critère d'un des programmes est
basé davantage sur les besoins, selon une politique maintenant
traditionnelle, et que l'autre est basée sur les critères de
sécurité du revenu? Même si l'objectif est le même,
ce qui est une redistribution des revenus de la collectivité de
façon à éviter la pauvreté à chacun des
citoyens canadiens ou québécois, il est quand même
important de voir le mécanisme de base, la méthode de base qu'on
entend utiliser pour arriver à cette fin.
Est-il exact de dire qu'ici le critère de base en cause est aussi
important ou presque que l'objectif qui est poursuivi?
M. CASTONGUAY: Avant de répondre à cette question, je dois
dire que le gouvernement du Canada n'a jamais, malgré les discussions
que nous avons eues, énoncé de façon claire et
précise les gestes qu'il entend poser dans ce secteur depuis le moment
où il a rendu public son livre blanc. Nous avons eu des discussions,
mais il n'y a jamais eu une politique définitive qui a été
énoncée par le gouvernement du Canada.
M. LAURIN: Malgré que c'est une interprétation qu'on peut
faire à l'étude ou qui ressort très clairement des
politiques actuellement en vigueur.
C'est tout pour la sécurité du revenu. Je veux simplement
dire en terminant que je souhaite bonne chance au ministre dans la continuation
de ces négociations, et que je continue à espérer que les
objectifs québécois et les buts énoncés, les
méthodes mises de l'avant que je partage entièrement
auront finalement préséance, à cause de leur
rationalité, à cause de leur logique surtout, sur celles qui sont
proposées en d'autres lieux.
M. CLOUTIER: De toute façon, je voudrais rassurer le ministre,
nous allons probablement avoir l'occasion d'en reparler. Le ministre n'a pas
encore épuisé le sujet.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pouvons...
M. CLOUTIER: Pas au cours des prévisions budgétaires
actuelles, plus tard.
M. LE PRESIDENT: ... maintenant aller à l'article 1 du poste
1?
M. LAURIN: Il me reste deux ou trois questions, des questions
générales.
M. LE PRESIDENT: Je dois vous dire que jusqu'à présent le
député de Bourget s'en est bien tiré. Il a eu des
questions de considération très générale. Cela a
bien été.
M. LAURIN: N'est-ce pas? Quand le ministre définit comme objectif
prioritaire la rationalisation et le contrôle du fonctionnement des
établissements de santé au point de vue législatif,
qu'est-ce qu'il entend exactement? Est-ce qu'il entend une réforme de la
Loi des hôpitaux? Est-ce qu'il entend l'harmonisation de la
législation en ce qui concerne les hôpitaux psychiatriques avec la
législation qui concerne les hôpitaux généraux?
Est-ce qu'il entend une réforme de la législation qui gouverne
les unités sanitaires, etc.?
M. CASTONGUAY: Nous avons eu plus tôt ce soir l'occasion de
couvrir passablement de détails. Je vais être un peu plus bref
afin de ne pas retenir trop longuement les autres membres de la commission.
Le but visé est de faire en sorte que les lois actuelles, soit la
Loi des hôpitaux, la Loi des hôpitaux privés, la Loi des
hôpitaux psychiatriques, la Loi de l'assistance publique en vertu de
laquelle on finance un certain nombre d'institutions et probablement d'autres
lois dont je n'ai pas la liste complète à la mémoire,
soient intégrées, soient refondues dans une loi de l'organisation
des services de santé et des services sociaux. Cette loi va aussi
comporter quelques amendements à la Loi de l'hygiène publique, la
Loi des unités sanitaires. Mais la refonte de cette Loi de
l'hygiène publique et de son complément, celle des unités
sanitaires viendra plus tard de façon plus profonde. Cette loi de
l'organisation des services de santé et des services sociaux va
également être complétée, nous l'espérons,
à l'automne par une loi d'hygiène mentale. Nous avons
reçu, au cours des derniers jours, le rapport de M. Raymondis dans
lequel nous avons un exposé des objectifs pour une telle
législation, un avant-avant-projet de loi et un avant-avant-projet de
réglementation.
J'aurai l'occasion possiblement demain, si cela convient, de donner un
bref exposé de l'orientation que le ministère entend poursuivre
en ce qui a trait à cet aspect plus particulier de l'hygiène
mentale. Disons que ce projet de loi, de façon générale,
est vraiment une refonte de l'ensemble des dispositions législatives
gouvernant les hôpitaux, les hôpitaux privés, etc. et aussi
une première étape visant à décentraliser les
structures du ministère. Il introduit une certaine participation au plan
régional et précise les relations entre le ministère et
les institutions aussi bien dans le domaine de la santé que des services
sociaux.
M. LAURIN: Le ministre a sûrement pris connaissance des
discussions qui ont entouré la présentation du projet de loi sur
la curatelle dans ses incidences psychiatriques et, à l'occasion,
j'avais regretté qu'on nous présente un projet de loi partiel sur
un aspect de la vie du malade psychiatrique. On m'avait répondu
précisément à l'époque que bientôt une
législation générale serait présentée
où les objections que nous avions fait valoir à l'époque
pourraient entrer en considération pour l'amélioration du statut
général du malade mental.
Quand vous dites au point de vue administratif et financier, est-ce que
vous voulez parler surtout du projet qui a été mis en vigueur
cette année dans une vingtaine d'hôpitaux en ce qui concerne
l'enveloppe budgétaire?
M. CASTONGUAY: Au plan financier, oui d'une part. C'est un des aspects
importants. Il y a d'autres aspects aussi qui sont relativement importants
aussi bien au plan administratif qu'au plan financier. Les nouvelles structures
du ministère établissent, je crois, un cadre de
relations plus uniforme entre l'ensemble des institutions et le
ministère d'une part, ce qui ne peut qu'améliorer les choses au
plan administratif. Toujours au plan administratif, il y a un changement assez
important d'orientation en vertu duquel comme ministère, nous voulons
établir la situation de fait plus clairement que ce n'était le
cas au cours des dernières années et ainsi faire en sorte que le
contrôle de la planification des services, l'allocation des ressources et
la programmation se concrétisent, soient en premier lieu la
responsabilité du ministère, quitte à ce que, au plan
régional ou autrement, on y introduise les mécanismes de
participation au lieu que ce soit une responsabilité assumée par
les institutions et individuellement.
Par contre, en contrepartie, nous visons à donner une plus grande
latitude aux administrations dans leurs responsabilités au plan
administratif, non pas seulement cette fois-là aux hôpitaux mais
éventuellement à l'ensemble ou à la très grande
partie des institutions aussi bien du côté de la santé que
des services sociaux.
M. LAURIN: Ceci nous amène tout naturellement au troisième
grand objectif.
M. CLOUTIER: Si le député de Bourget me permet, nous
avions gardé le troisième objectif pour entamer la discussion de
l'article numéro 1 du poste no 1.
M. LAURIN: Vous n'aviez pas touché au...
M. CLOUTIER: Non. Nous avions parlé des deux premiers objectifs.
Maintenant, M. le Président, on pourrait entrer à l'article no 1,
mais avant, je ferai remarquer au député de Bourget qu'il a
posé plusieurs questions que nous avions nous-mêmes posées.
C'est la preuve que nous avons les mêmes préoccupations, il ne
faudrait pas en conclure que c'est déjà le fusionnement total et
complet des deux options.
M. CHARRON: De toute façon, il se fait par la base.
M. LE PRESIDENT: Je me permets de vous inviter à étudier
le poste 1 : Bureau du ministre et des sous-ministres, secrétariat
général et affaires extraministérielles.
Bureau du ministre et des sous-ministres
M. CLOUTIER: Etant donné que le troisième objectif
prioritaire est l'intégration des deux anciens ministères
à tous les niveaux, la première question que je poserais au
ministre sur le poste 1 c'est: qui fait l'intégration, combien de temps
peut durer la période transitoire qu'il nous a expliquée dans le
volume et enfin quel est, même si ce n'est pas totalement précis,
l'échéancier qu'il entrevoit avant que l'opération soit
complétée?
M. CASTONGUAY: Je vais donner quelques indications de façon
générale. Je demanderai après au Dr Brunet de donner des
détails plus précis et au besoin je ferai appel à d'autres
fonctionnaires du ministère pour préciser encore davantage cette
réponse. Lorsque nous avions discuté cette question l'an dernier
au moment de l'étude des crédits des deux ministères,
j'avais probablement indiqué que nous avions fait appel aux services de
M. Austin Page à titre de conseiller pour amorcer ce travail.
Au début, M. Page a contribué de façon très
active à préciser ce que devraient être les principales
structures du ministère, à clarifier les fonctions, à
définir les grandes étapes de l'intégration, et à
mesure que nous avons progressé dans le temps et que nous avons
passé l'étape de l'adoption de la loi intégrant les deux
ministères, que nous avons abordé la discussion avec le
ministère de la Fonction publique pour l'approbation plus
spécifique des organigrammes, des directions, que nous avons poursuivi
les discussions avec la commission de la Fonction publique pour la
classification des postes, graduellement, la mise en marche de
l'intégration des deux ministères a été
assumée de façon de plus en plus complète par les
fonctionnaires du ministère, de telle sorte qu'aujourd'hui, je pense
qu'il est exact de dire que le travail qu'il reste à effectuer est
assumé à 100 p.c, à toutes fins pratiques, par les
fonctionnaires du ministère.
A quelle étape en sommes-nous rendus précisément?
Sur certains plans, il est assez difficile de distinguer. Nous avons, avec le
ministère de la Fonction publique, la commission de la Fonction
publique, franchi toutes les étapes en ce qui a trait à un
certain nombre des grandes directions générales du
ministère. Dans deux ou trois des directions, si ma mémoire est
bonne, incluant le secrétariat général, ce travail n'est
pas tout à fait complété mais il se poursuit au plan
concret de l'intégration des structures qui existaient, le regroupement
du personnel. Cela varie d'une façon trop précise pour que je
puisse répondre de façon détaillée.
Sur ce point, ce sont les grandes explications que je peux vous donner
pour compléter ce que j'avais mentionné mercredi dernier. Je vais
demander au Dr Brunet ou aux autres officiers du ministère de tracer un
portrait plus précis du progrès réalisé ou de ce
qui reste à réaliser sur ce plan-là.
Brièvement, on peut dire, presque, que l'intégration a eu
lieu, c'est-à-dire l'intégration des activités à
l'intérieur du ministère. Il reste à intégrer,
à l'occasion, du personnel ou certains programmes qui ont pu demeurer
tels quels pour le moment. C'est beaucoup plus dans la phase d'organisation que
ce n'est pas terminé, c'est-à-dire que la nomination des
sous-ministres adjoints est terminée, chacun est en place, notre plan
d'organisation a été approuvé, dans son ensemble
sauf pour certains points, comme le secrétariat où ce n'est pas
terminé par la commission de la Fonction
publique, le Conseil du trésor. Il reste les concours qui sont
ouverts actuellement, au niveau des cadres supérieurs, qui vont avoir
lieu au cours de l'été, au cours des mois de juillet et
août.
Ces concours vont nous permettre de compléter, de façon
assez satisfaisante, les cadres supérieurs à l'intérieur
du ministère, et ça nous paraît une étape majeure
dans son importance et aussi pour la survie de tous ceux qui sont ici ce soir,
du côté du fonctionnement du ministère, c'est-à-dire
que l'établissement de niveaux en dessous de celui de sous-ministres
adjoints est essentiel pour la bonne marche et le fonctionnement du
ministère. C'est à peu près où on est rendu, c'est
beaucoup plus dans l'organisation concrète que dans l'intégration
elle-même. L'intégration est faite, que ce soit au niveau de la
planification, de la programmation, du financement. Par exemple, du
côté du financement, l'intégration du personnel est
complétée.
On a intégré complètement les aspects financiers de
l'assurance-hospitalisation, de la psychiatrie et de l'ensemble des autres
programmes.
M. CLOUTIER: Ma question s'adresserait plutôt au ministre à
ce moment-ci. Il y avait des écueils majeurs à éviter,
écueils qu'on a mentionnés lors de l'adoption de la loi en
Chambre. Evidemment, il est plus facile de fusionner et d'intégrer deux
ministères sur papier qu'en pratique. Cela comporte certaines
difficultés tant du point de vue technique que du point de vue humain.
En touchant à des structures, on touche aussi à des hommes on
touche à des personnes qui sont là depuis de nombreuses
années et qui ont acquis une compétence et une expérience
en plus de la formation de base qu'ils avaient déjà à leur
entrée au ministère.
J'ai été heureux d'entendre tantôt le ministre dire
qu'au début les conseillers ont dirigé l'opération, en ont
établi les modalités, l'échéancier et que
maintenant la responsabilité en est davantage pour ne pas dire
complètement confiée aux fonctionnaires du ministère.
C'est heureux parce que les fonctionnaires en place peuvent beaucoup plus
facilement résoudre les problèmes humains, évaluer les
compétences que les conseillers qui viennent de l'extérieur. Ces
derniers sont évidemment, dans leur domaine, très
compétents mais ils sont obligés d'apprendre les rouages et le
fonctionnement du ministère, si on me permet l'expression
son imbrication avec les autres ministères aussi et ses relations avec
le Conseil du trésor, la Fonction publique, enfin tous les organismes de
gestion centrale.
Un autre écueil qu'on avait mentionné à ce
moment-là, un autre danger qu'il fallait éviter également,
c'était d'empêcher ou de ne pas permettre suffisamment aux
fonctionnaires du ministère qui sont là depuis un certain
nombre d'années et qui je le répète, ont acquis
l'expérience et la compétence d'accéder à
des postes supérieurs. Je comprends que dans l'équipe dont s'est
entouré le ministre des Affaires sociales, il y a des nouveaux venus au
niveau des sous-ministres particulièrement. On les voit dans
l'équipe et on connaît même leurs états à
l'extérieur du ministère des Affaires sociales, on connaît
leur préparation et on connaît leur compétence.
Il reste que tout de même, à l'intérieur du
ministère, il y a certainement parmi les directeurs
généraux, parmi les chefs de service, des fonctionnaires qui sont
habilités et qui sont préparés à occuper des postes
supérieurs et qui peuvent profiter aussi de promotion par des concours
d'avancement. Le sous-ministre nous a parlé il y a un instant de
concours qui ont été rendus publics récemment.
On nous a fait parvenir à chacun des députés les
avis de concours pour des postes supérieurs, des postes de directeurs
généraux, des postes de chefs de service. Ma question est
celle-ci: Est-ce que les fonctionnaires supérieurs du ministère
sont habilités à participer à ces concours et à se
qualifier de façon à accéder à ces postes qui sont
tout de même assez rémunérateurs et qui, si on analyse la
description de la tâche, et la responsabilité, sont certainement
des postes très importants au sein du ministère des Affaires
sociales?
M. CASTONGUAY: Avant de répondre de façon
spécifique à cette question-là, il y a une
précision à apporter afin qu'il n'y ait pas de malentendu.
Lorsqu'au début nous avons fait appel à un conseiller de
l'extérieur, c'est qu'il nous apparaissait utile d'avoir une personne
qui, tout en étant experte en administration, puisse aussi voir d'une
façon un peu plus détachée que les fonctionnaires en
place, les aspects les plus importants de la structure envisagée pour
les niveaux au ministère. Il n'en demeure pas moins, malgré le
rôle important qu'il ait pu jouer au début, que ce conseiller
n'était pas le responsable des décisions à prendre sur ce
plan-là. Graduellement, à mesure que nous avons avancé
comme je le mentionnais, son rôle s'est estompé de telle sorte
que, lorsque nous avons adopté le projet de loi et que les grandes
lignes des structures ont été bien établies, le grand
"départage" des fonctions a été fait à
l'intérieur même des directions principales. Nous avons
initialement regroupé les services existants et le travail
d'intégration pour reprendre l'exemple que mentionnait le Dr
Brunet précédemment s'est fait au plan le plus
précis avec la collaboration des officiers du ministère de telle
sorte que ce travail de précision, d'intégration puisse se faire
en bénéficiant d'une part, comme vous l'avez mentionné, du
personnel en place, et que nous puissions bénéficier de son
expérience et aussi, en même temps, évaluer la
qualité de ce personnel. Et déjà, au cours de cette phase,
des officiers en place ont été confirmés dans les
nouvelles structures et, pour certains, ceci a pu
signifier déjà, je pense, ce qu'on peut qualifier comme
étant des promotions.
Dans d'autres cas où les postes sont demeurés ouverts et
où nous procédons par voie de concours, ces derniers sont
évidemment ouverts aux officiers du ministère. D'ailleurs au
cours des derniers jours, dans un cas bien spécifique, on me mentionnait
que, sur un certain nombre de candidats qui étaient retenus par le jury
comme répondant à tout le moins aux exigences minimales, il y
avait au moins la moitié des candidats sinon plus qui étaient des
officiers du ministère présentement en fonction et qui postulent
ce poste particulier. Par la voie d'une lettre que le sous-ministre a
adressée aux fonctionnaires, nous les avons invités à se
présenter à ces concours. Je n'ai aucune raison de croire qu'ils
ne le feront pas d'une façon assez générale.
J'espère qu'ils vont le faire.
M. CLOUTIER: Je suis satisfait de l'affirmation que vient de faire le
ministre à l'effet que les fonctionnaires du ministère ont toute
la chance de se qualifier devant le jury pour occuper ces postes
supérieurs. Une autre difficulté d'intégration que nous
avions constatée, pour notre part, c'était que parce que deux
ministères ont vécu côte à côte dans le
même édifice pendant quelques mois ou quelques années,
disons de 1967 à 1970, il y avait là deux groupes de
fonctionnaires qui avaient été habitués à
travailler chacun dans un ministère distinct. Dans certaines directions
ou dans certains services, il y avait peut-être un peu plus de
cloisonnement que dans d'autres. Il n'y avait pas de problèmes au niveau
supérieur, parce que plus on s'approchait du niveau du fonctionnarisme
très supérieur des fonctionnaires de cadre, les communications
étaient plus faciles. Elles l'étaient moins quand... Pardon?
M. CASTONGUAY: Vous croyez?
M. CLOUTIER: Non seulement je le crois, mais j'en suis sûr. Elles
étaient moins faciles à des niveaux inférieurs. La
difficulté que nous avions vue, c'était que nous ne voulions pas
donner l'impression que c'était un ministère qui absorbait
l'autre ministère, mais que c'était évidemment, sur un
pied d'égalité, une collaboration très étroite
après une période d'adaptation, de réflexion et de travail
en commun. Même s'il n'y avait pas fusion des deux ministères,
avec le temps, une certaine habitude s'était faite de travailler en
collaboration de sorte que la fusion et l'intégration seraient plus
faciles. Est-ce que le ministre trouve que cela a été une
difficulté de prévenir cette intégration d'un
ministère par l'autre mais de réussir plutôt une
opération sur un plan d'égalité et un plan
d'équité, même si l'on tient compte de la compétence
de chacune des équipes en place?
M. CASTONGUAY: Il y a eu une foule de difficultés dans
l'intégration des deux ministè- res. Je pense que l'on ne peut
pas s'en cacher. Cela a été une opération difficile et
comme le mentionnait d'ailleurs le Dr Brunet tantôt, il reste encore une
phase extrêmement importante, celle de combler les postes d'une
façon adéquate dans le cas où les postes demeurent ouverts
et où l'on doit procéder par voie de concours. Je crois qu'avec
la nomination de l'équipe des sous-ministres adjoints qui a
été faite, nous avons réussi à garder un
équilibre qui a été sain, de telle sorte qu'il n'a pas
été possible de déceler dans l'intégration du
ministère un genre de prépondérance par exemple du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social sur l'ancien
ministère de la Santé ou vice versa. Nous avons, je crois, une
équipe de sous-ministres adjoints qui est tout aussi
intéressée par les problèmes ou le développement
des politiques dans le domaine de la santé que dans le domaine des
services sociaux que dans le domaine de la sécurité du revenu.
Nous avons fait bien attention pour que dans ces nominations ce type
d'équilibre soit maintenu. A ma connaissance, à ce jour, nous
avons, à en juger par les réactions, atteint dans la mesure
où il était possible de le faire un équilibre qui
était sain.
Au plan de l'intégration des structures internes, je ne crois pas
que le danger qui, à prime abord, pouvait exister, comme vous l'avez
mentionné, savoir que ce soit un ministère qui intègre
l'autre, a été tellement la grande difficulté. Cela a
été plutôt celle, réduite à des dimensions un
peu plus limitées, de deux groupes qui pouvaient assumer des fonctions
relativement analogues dans deux cadres différents et qui, voyant
l'intégration de ces deux groupes, avaient une certaine
inquiétude, de part et d'autre, vis-à-vis des fonctions qu'ils
auraient à assumer, vis-à-vis de la nomination des responsables,
problèmes tout à fait naturels, tout à fait humains, mais
qui, dans l'ensemble, se sont résolus graduellement de façon
satisfaisante. Un des tests, c'est, d'une part, le nombre de départs de
fonctionnaires qu'a occasionnés l'intégration, départs dus
à l'intégration, par cause d'insatisfaction ou encore l'esprit au
sein du ministère.
Quant au nombre de départs, et là je parle du niveau en
dessous de celui des sous-ministres adjoints, il a été
extrêmement limité; enfin, on peut les compter sur les doigts
d'une main, à ma connaissance. Quant à l'esprit qui règne
au sein du ministère, je dois dire que nous avons passé une
période assez difficile vers les mois de décembre, janvier,
février, étant donné que nous étions dans la phase
où il y avait le plus d'incertitude. Mais aujourd'hui, l'esprit qui
règne au ministère m'apparaît très bon et
s'améliore constamment, à mesure, justement, que les choses
continuent de se préciser.
Dans ce sens-là ce n'est pas tellement le problème que
nous ayons eu à vivre, celui de l'intégration d'un
ministère par l'autre, ni plutôt des problèmes bien
spécifiques se posant au
niveau de groupes d'individus qui, à un moment donné, ont
dû se former en un seul groupe et où il fallait préciser
les fonctions, changer, dans une certaine mesure, les fonctions qui
étaient assumées antérieurement, décider des postes
de responsabilité, ne retenir qu'un responsable dans chacun des
services.
M. CLOUTIER: Quels sont les moyens que l'on a pris, soit le ministre ou
le sous-ministre ou les sous-ministres adjoints, pour expliquer aux
fonctionnaires tout ce mécanisme d'intégration, les objectifs que
l'on poursuit, afin de les faire participer à cette opération et
non pas la leur imposer? Est-ce qu'il y a eu des réunions, des
discussions à l'intérieur des directions générales
ou des services avant ou après un regroupement?
M. CASTONGUAY: D'abord, il y a eu deux grandes réunions
générales de tous les cadres supérieurs des deux
ministères, ou du ministère, une fois que l'intégration a
été faite, réunions que nous avons tenues, une au cours du
mois d'octobre, si ma mémoire est bonne, et l'autre au cours du mois de
mai. Au cours de la première, nous avons exposé les grands
objectifs, dévoilé le premier organigramme que nous retrouvons
dans le document de travail que nous vous avons distribué. Nous avons
exposé les grandes lignes de cheminement que nous entendions
poursuivre.
Lors de la deuxième réunion, nous sommes allés dans
plus de détails et nous avons aussi à ce moment-là
reçu beaucoup plus les réactions, étant donné que
le processus était passablement avancé.
Sur un autre plan, il y a eu d'une part des directives d'ordre
général et d'ordre plus particulier au fur et à mesure que
nous avons progressé dans l'intégration et ces directives ont
été envoyées soit sous la signature du Dr Brunet ou de M.
Jean-Guy Houde, sous-ministre adjoint à l'administration. Je ne me
souviens pas exactement depuis quelle date, mais depuis quelques semaines, tous
les lundis, nous avons une réunion de ce que nous appelons
l'exécutif du ministère, soit moi, le sous-ministre, les
sous-ministres adjoints, le secrétaire du ministère, mon chef du
cabinet. Toutes les semaines, nous nous réunissons. Nous avons eu aussi
à l'occasion à faire face à certains des problèmes
que posait l'intégration. Au fur et à mesure que ces
étapes se déroulaient, les sous-ministres adjoints et le
personnel plus immédiat qui leur était assigné ou qui
relevait d'eux ont eu également à accomplir un travail
d'animation, de précision des fonctions, de discussion en vue de
préciser les organigrammes à être soumis au
ministère de la Fonction publique et en vue de préciser les
niveaux de classification des employés.
Il y a eu en fait du travail qui s'est fait sur trois plans : celui des
grandes réunions, celui des lettres ou des rapports ou directives
émis soit sous la signature du Dr Brunet ou de M. Houde, et aussi le
travail que chacun des sous-ministres a effectué en collaboration avec
le personnel ou les personnels sous leur direction.
M. CLOUTIER: La direction du personnel au ministère a un
rôle extrêmement important à jouer dans ce processus
d'intégration quant aux relations avec le ministère de la
Fonction publique et quant au statut de chacun des fonctionnaires, la
description des tâches et enfin toutes les formalités requises.
Est-ce que, du côté de la direction du personnel, on a
donné au ministère toute la collaboration requise dans les
circonstances ou si, de ce côté-là, il n'y a pas eu
certaines difficultés particulières quant à la
réalisation du processus d'intégration?
M. CASTONGUAY: Sur cette question-là, si vous le permettez, je
vais demander au Dr Brunet ou à M. Houde de répondre.
Sur le plan général, le service du personnel à
l'intérieur du ministère a été rattaché
à M. Houde. Dans ce processus d'intégration, M. Houde et la
direction du personnel ont joué un rôle extrêmement actif
d'animation pour les rencontres avec les personnes mises en cause et aussi dans
les nouvelles affectations de tâches à l'occasion.
Pour ce qui est des relations avec la Fonction publique, elle s'est
faite par l'intermédiaire de M. Houde aussi particulièrement, et
malgré certaines difficultés que, je pense, tous ceux qui ont
vécu dans un ministère peuvent connaître, je pense qu'on
peut dire que la collaboration a été extrêmement
étroite, positive. Il y a eu des retards normaux mais ils ont
été limités au minimum, si on considère l'ampleur
de l'opération, le temps limité dans lequel cela s'est fait et le
fait qu'un certain nombre des sous-ministres adjoints sont entrés en
fonction les derniers.
Si je me souviens bien, M. Ouellet est entré en fonction il y a
quelques mois. C'est tout de même, je pense, assez positif et le fruit
d'une collaboration étroite avec la Fonction publique qu'on ait pu faire
reconnaître notre plan d'organisation dans un temps aussi court et sans
définition de tâches d'effectifs jusqu'au niveau inférieur
complet, ce qui aurait été impossible avant un an encore.
M. CLOUTIER: Combien de directeurs généraux reste-t-il
à recruter? Combien sont en place dans toutes les directions
générales et combien en reste-t-il à recruter?
M. CASTONGUAY: Vous me prenez au dépourvu quant au nombre
précis. Je pense que le nombre des directeurs généraux
à recruter peut se situer entre dix et douze, un peu au-delà
d'une dizaine. Le nombre de cadres aux environs de 30 à 35. Le nombre
total de postes qui font l'objet d'un rectutement à l'heure actuelle
se situe aux environs de 70, 80, tous au moins à un niveau
professionnel.
M. CLOUTIER: Dans combien de temps...?
M. CASTONGUAY: Je sollicite votre indulgence sur ces
chiffres-là.
M. CLOUTIER: Non, d'accord! Ce n'est pas pour avoir des chiffres au cent
près là, c'est pour avoir une approximation du travail de
recrutement qu'il reste à accomplir. Je vois par la réponse de
sous-ministre adjoint qu'il reste encore à recruter un nombre assez
impressionnant de fonctionnaires supérieurs puisqu'il parle d'une
dizaine ou d'une douzaine de directeurs généraux dans un
ministère. Cela reste un chiffre extrêmement important. Dans
combien de temps à peu près, tenant compte des avis de concours,
dans l'opération de recrutement des fonctionnaires supérieurs
peut-elle être terminée? C'est véritablement à
partir de ce moment que le ministère va se mettre à fonctionner,
prendre une vitesse de croisière parce que là, j'imagine que,
pour recruter 75 fonctionnaires de cadres supérieurs, il y a des trous
dans le ministère à ce moment-là.
M. CASTONGUAY: Disons que nous entendons procéder par
étapes. Les fonctionnaires supérieurs tenant les concours
d'abord, ce qui veut dire les directeurs généraux en premier lieu
de façon qu'eux, ensuite, puissent participer si possible, au choix de
leurs chefs de service et ensuite au choix des professionnels principaux qui
les épauleront. Une estimation de temps, relativement parlant : deux
à trois mois pour les directeurs généraux comprenant leur
entrée et une intégration minimum, les chefs de service dans le
mois ou les deux mois qui suivront et, d'ici six mois tout au plus,
l'opération entière devrait être complétée.
C'est un maximum. Le minimum se situerait entre trois et quatre mois, je pense,
compte tenu des contraintes normales.
M. CLOUTIER: Quel est le statut actuel des directeurs
généraux dont la direction générale est
touchée par l'intégration? Il y en a qui sont touchés, il
y en a qui peut-être demeureront en poste après s'être
qualifiés par concours. Il y en a qui demeureront peut-être en
poste parce qu'il n'y a pas équivalence de compétence et
d'expérience peut-être. Quel est leur statut actuellement dans
cette période de transition et dans cette période d'attente?
Est-ce que le fonctionnement du service et de leur direction
générale est assuré quand même? Peut-être que
ma question devrait s'adresser davantage au ministre. En tout cas, si le
sous-ministre veut me répondre, est-ce que là il y a une
insécurité qui empêche le fonctionnement normal du
ministère et qui peut, disons, créer des problèmes
particuliers à l'intérieur du ministère?
M. CASTONGUAY: Il est difficile de répondre de façon
objective.
On peut dire que dans le personnel en place, il n'y a actuellement
personne qui peut être considéré comme nuisant au
fonctionnement du ministère.
Là où est la plus grande difficulté, c'est qu'il y
a certaines directions qui sont surchargées et qui manquent de
personnel, au niveau supérieur, de façon très importante
pour, comme vous appelez, prendre une vitesse de croisière. Par exemple,
la programmation qui, jusqu'à un certain point, a des aspects nouveaux
à l'intérieur du ministère. Il y a des absences, par
exemple, des problèmes de gestion, de mise en place du processus de
gestion plus moderne, et pas tellement à l'intérieur du
ministère mais vis-à-vis des milieux hospitaliers, des agences,
ou des différents établissements qui dépendent de
nous.
Cela ne s'est pas organisé de façon dynamique encore. De
cette façon, on peut identifier certains vides ou certains vices de
fonctionnement, mais je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il y a du personnel
à l'intérieur du ministère qui nuit au fonctionnement. On
a eu une excellente collaboration de tous les nouveaux mais aussi de tous les
anciens. Malgré, à certaines occasions, une grande
insécurité, peut-être une certaine agressivité
à notre égard, on a essayé de les écouter et de
l'absorber et de la prendre en considération, mais on ne s'est jamais
servi de ça, à ma connaissance, pour bloquer le fonctionnement
lui-même du ministère.
M. CLOUTIER: Quelles sont les directions générales qui ont
été transférées à d'autres
ministères? Je pense particulièrement à l'Environnement
qui a été transféré au député de
D'Arcy McGee. Je pense à l'assistance médicale qui a
été transférée à l'assistance-maladie, les
allocations familiales, les allocations scolaires qui ont été
transférées à la Régie des rentes. Est-ce qu'il y
en a d'autres? Il n'y a pas eu d'autres transferts? Etant donné
l'absence d'un ministère de l'Equipement, ma question s'adresse au
ministre: Est-ce que l'équipement, restera définitivement au
ministère des Affaires sociales ou si, éventuellement, ça
pourrait être transféré dans un autre ministère
à venir?
M. CASTONGUAY: Dans l'avenir, à court terme ou même
à moyen terme, il n'est pas question, quant à nous, de
transférer la direction de l'équipement à un
ministère de l'Equipement, pour le moment. Il s'agit d'un secteur
extrêmement spécialisé, il y a eu des expériences
qui ont été faites au cours desquelles le ministère des
Travaux publics a assumé la responsabilité de la conception et de
la construction d'équipement dans le secteur hospitalier. Ce que je sais
de ces expériences nous indique, dans la mise en place d'un
ministère de l'Equipement, qu'il y a, en tout cas, une phase
d'intégration, de perfection des mécanismes, etc., avant que nous
puissions vraiment songer à un transfert des responsabilités dans
ce secteur-là.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que le ministre et le
député de Montmagny auraient objection à reporter le reste
des questions générales à demain, étant
donné qu'il n'y a pas d'obstruction ici?
M. CLOUTIER: J'avais une autre question, je pense bien qu'elle ne sera
pas longue, la réponse sera courte aussi.
Je veux demander au ministre quelles sont les fonctions
particulières, les responsabilités qu'il a confiées au
ministre d'Etat, le député de Joliette, et à son adjoint
parlementaire, le député de Beauharnois, je pense.
M. CASTONGUAY: Ces fonctions ont été confiées au
député de Joliette, le Dr Quenneville, ministre d'Etat, par le
premier ministre par le truchement d'un arrêté en conseil et non
par moi. Tant et aussi longtemps que le Dr Quenneville n'a pas eu assumé
ses responsabilités au mois de février, nous avons dans la mesure
du possible et quand je dis dans la mesure du possible, ce n'est pas une
réflexion sur le désir de collaborer du Dr Quenneville, mais
c'est plutôt dû au statut qui mérite d'être
précisé, je pense, celui des fonctions des ministres d'Etat...
Après l'expérience de quelques mois, des fonctions bien
précises ont été confiées au Dr Quenneville par le
truchement d'un arrêté en conseil de façon que cette
imprécision des responsabilités qui étaient les siennes
soit clarifiée.
Pour répondre à cette question comme à celle que
vous adressiez plus tôt quant aux initiatives, aux mesures prises ou
à prendre pour faire en sorte que les bénéficiaires de la
Loi de l'aide sociale puissent réintégrer soit partiellement ou
totalement le marché du travail, j'aimerais demander au Dr Quenneville,
soit ce soir ou demain...
M. CLOUTIER: Le Dr Quenneville voudra un peu expliquer ses
responsabilités qui sont importantes à notre point de vue. Alors,
à demain, M. le Président, et que la nuit porte conseil au
député de Joliette.
M. BELAND: Juste une question, étant donné qu'il a
été question dans une certaine mesure de l'intégration des
deux ministères et qu'il y avait évidemment des postes à
combler vis-à-vis de certaines fonctions, de certains postes
spécifiques. Est-ce que, pour combler ces postes, on va faire appel
principalement à la compétence ou si on va faire appel à
ce qui a semblé exister dans plusieurs endroits de la province, à
savoir à des personnes qui, officieusement peut-être, mais
spécifiquement semblaient travailler à réduire le plus
possible le montant à être accordé aux assistés
sociaux?
M. CASTONGUAY: Les postes qui sont ouverts sont des postes qui n'ont pas
trait de façon générale à l'administration de la
Loi de l'aide sociale. Ces postes vont être comblés à la
suite de concours. La sélection à l'occasion de ces concours, qui
comportent aussi bien un examen écrit qu'un examen oral, est faite sous
recommandation d'un jury où le ministère de la Fonction publique,
de façon générale, la Commission de la Fonction publique
et notre ministère sont représentés.
Dans le cadre de la législation actuelle, je pense que c'est un
processus aussi objectif que possible et aussi étanche que possible.
Quant à l'application de la Loi de l'aide sociale, je dois dire
et même si, pour les députés, c'est une impression
qui se dégage du travail fait par les agents de sécurité
sociale qu'ils ont instruction d'appliquer aussi justement que possible
la Loi de l'aide sociale. C'est un travail difficile, mais je dois dire que, de
façon générale, comme ministre, je suis satisfait du
travail qu'ils font parce qu'il s'agit d'un travail difficile, un travail
généralement ingrat.
De façon générale ils s'acquittent bien de leur
tâche quant à moi. Je me dois de faire ce commentaire parce que
bien souvent, je pense, on est porté à blâmer les agents de
sécurité sociale. Bien souvent le ministère ne peut
qu'apporter des solutions partielles et les éléments les plus
importants des solutions ne résident pas toujours dans nos mains.
M. BELAND: Je n'entrais pas à ce moment-là, M. le
ministre, tous ceux qui ont une fonction quelconque dans les bureaux d'aide
sociale. Je ne les entrais pas tous dans le même barème, mais par
contre il existe, il a certainement existé à l'intérieur
de chaque bureau du moins c'est ce qui a semblé d'une
façon assez frappante certaines personnes spécifiques qui
font en sorte justement de durcir la vis de l'argent qui doit être
donné aux assistés.
M. CASTONGUAY: Je ferais remarquer, en plus des commentaires que j'ai
faits, que bien souvent on a mentionné, à diverses occasions, le
fait qu'il y avait des abus aussi dans l'administration des lois d'assistance,
que des prestations étaient versées à des personnes qui
n'en avaient pas nécessairement besoin ou en montants trop
élevés. Alors, garder l'équilibre entre les deux est une
tâche assez difficile.
M. LE PRESIDENT: Pour la gouverne des membres de la commission,
l'article 1 n'est pas adopté et nous reviendrons, sans vouloir vous
contredire, messieurs, à cet après-midi après la
période des questions.
UNE VOIX: Ce n'est pas demain matin?
M. LE PRESIDENT: Demain matin c'est la commission des bills
privés et publics. On devra malheureusement s'absenter.
M. CASTONGUAY: Cela peut être malheureux pour vous, mais...
M. LE PRESIDENT: A cet après-midi, après
la période des questions ce qui devrait être à peu
près vers quatre heures.
(Fin de la séance : 0 h 6)
Séance du mardi 29 juin 1971
(Seize heures cinquante-huit minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Nous sommes heureux de voir que les membres de l'Opposition sont
revenus. Nous allons passer aux différents articles. Au poste
budgétaire no 1 : Bureau du ministre et des sous-ministres.
M. CLOUTIER: M. le Président, nous nous excusons d'abord du
délai du député de Bourget et de celui qui parle. Le
ministre d'Etat aux Affaires sociales était interrogé en Chambre.
Etant donné que c'est lui qui avait la parole j'avais posé
des questions hier soir je croyais qu'il reviendrait en Chambre pour
participer aux débats. C'est ce qui explique notre retard. D'autre part,
il aurait été mauvais qu'en notre absence le ministre soit rendu
au dernier article du budget. Il aurait perdu une magnifique occasion de voir
tout le travail que ses fonctionnaires ont fait pour préparer cet
immense et volumineux dossier. En même temps que nous il va prendre
connaissance de l'importance du budget du ministère des Affaires
sociales. Nous avions commencé au poste budgétaire no 1, M. le
Président.
Intégration des anciens
ministères
M. LAURIN: Il y avait quand même, M. le Président, un
dernier objectif sur lequel pour ma part je voulais poser des questions:
l'intégration à tous les niveaux des anciens ministères de
la Santé, de la Famille et du Bien-Etre social. Je pense que vous
n'aviez pas épuisé le sujet, d'ailleurs. Ce troisième
objectif...
M. CLOUTIER: On l'avait gardé pour le poste budgétaire no
1...
M. LAURIN: Oui.
M. CLOUTIER: Vous pouvez continuer dans ce cas-là.
M. LAURIN: En ce qui concerne cette intégration des deux
ministères pendant tout le temps que se poursuivaient les
échanges hier soir, je me disais que pour que cette intégration
réussisse il faut toujours tenir à l'esprit deux
impératifs. Le premier, c'est que l'intégration doit se faire le
plus rapidement possible; le second, que le personnel qui est destiné
à être intégré soit dûment informé,
sensibilisé, amené à participer à cette
intégration, convaincu de sa nécessité et, ce qui est un
corollaire de la même remarque, que ces fonctionnaires et surtout ces
hauts fonctionnaires soient très conscients des problèmes des
activités de tous les services et les agences dont ils ont à
s'occuper jusqu'au niveau
de l'action concrète, c'est-à-dire bien loin du
ministère dans les différents endroits.
Bien sûr, ceci ne demande pas un voyage dans toute la province,
une visite de tous les hôpitaux, de tous les services de bien-être,
mais quand même une connaissance concrète des problèmes et
des activités, afin que l'intégration ne se fasse pas dans
l'abstrait, ne se fasse pas dans l'absolu, mais avec une connaissance des
problèmes humains que cela comporte.
En entendant parler d'intégration hier, j'avais toujours à
l'esprit ces deux impératifs: premièrement, la
nécessité d'une intégration rapide et d'une participation
de chacun des fonctionnaires concernés à cette
intégration, et, deuxièmement, une connaissance intime des
mécanismes des problèmes et des activités des agences ou
des services dont ils sont responsables. Et je me demandais dans quelle mesure
ces deux impératifs avaient été respectés et dans
quelle mesure et par quels moyens on avait réussi à les
harmoniser.
M. CASTONGUAY: Encore une fois, sur ce point je vais être assez
bref, étant donné que nous en avons discuté dans une
certaine mesure hier soir, avant votre arrivée. En ce qui a trait
à une intégration rapide, c'est un objectif que nous nous
étions fixés. Je crois que la présentation de la loi, au
cours de l'année 1970, en était une indication bien
concrète. Toutefois deux facteurs ne pouvaient être ignorés
et ont limité le rythme d'intégration: d'une part, le fait que
les services du ministère devaient continuer de fonctionner pendant
l'intégration et aussi la nécessité de préciser des
organigrammes et de les faire approuver aussi bien par le ministère de
la Fonction publique que par la Commission de la fonction publique, en ce qui a
trait à la classification des postes, etc. D'autre part, il y avait
également la nécessité comme vous l'avez
mentionné de faire participer, dans la mesure du possible, les
fonctionnaires concernés.
Ceci évidemment constitue un facteur qui joue dans une certaine
mesure contre la rapidité de l'intégration. J'ai mentionné
que, d'une part, nous avons tenu des séances d'information.
Il y a eu des directives et des messages sous la signature du
sous-ministre, le Dr Brunet, qui ont été envoyés
périodiquement. Lorsque les grandes structures ont été
établies, au début, les services ont été
regroupés dans ces grandes structures sans pour autant être
intégrés immédiatement. C'était plutôt un
regroupement et, c'est à partir de cette étape que nous avons
tenté, comme vous l'avez mentionné, de faire participer les
fonctionnaires intéressés ou concernés dans la
définition plus précise des fonctions de l'organisation plus
détaillée des diverses directions.
Nous avons eu, en définitive, dans la mesure où cela a
été possible de le faire, les mêmes préoccupations
que vous avez mentionnées et avec les contraintes que je viens
d'indiquer.
M. LAURIN: Comme exemple de ma question, je pourrais citer le fait
qu'une ancienne direction se trouve scindée en trois sections. Je
prends, par exemple, la direction générale de la psychiatrie qui
est scindée en trois sections: programmation, financement et
planification. Quand on éparpille un personnel comme ça, il est
bien évident que la nouvelle intégration avec cette scission, cet
éclatement d'une ancienne structure, peut poser le genre de
problèmes que j'essayais de fixer en termes généraux. Je
ne sais pas si c'est l'endroit ici de faire écho aux articles de
journaux qui ont paru dans le temps et de demander au ministre comment,
finalement, cela s'est soldé. Peut-être qu'on est mieux d'attendre
à une autre...
M. CASTONGUAY: J'ai préparé en collaboration avec les
officiers du ministère, un bref texte donnant la philosophie
générale que nous entendons poursuivre en ce qui a trait à
la psychiatrie. Nous pourrions possiblement reprendre au poste 7, article 2 sur
la question.
M. LAURIN: D'accord, parfait.
M. CLOUTIER: Hier soir, j'avais demandé au ministre, avant
l'ajournement, quelles étaient les fonctions précises du ministre
d'Etat aux Affaires sociales, le député de Joliette, et de
l'adjoint parlementaire, le député de Beauharnois. Le
député de Joliette, j'imagine, est disposé à
répondre à cette question.
Tâche du ministre d'Etat
M. QUENNEVILLE: Effectivement, le 10 février dernier, le Conseil
exécutif m'a confié un mandat qui visait trois objectifs:
l'organisation du service de placement étudiant, c'est-à-dire la
responsabilité de ce service.
Deuxièmement, l'organisation d'un système
d'intégration des assistés sociaux au marché du travail.
Finalement, la troisième partie qui consistait à établir
des relations avec les universités en vue de définir des travaux
qui pourraient être effectués pour le gouvernement par des
étudiants sous-gradués ou post-gradués.
Les mêmes arrêtés ministériels
prévoyaient aussi la formation d'un comité
interministériel comprenant des représentants des principaux
ministères intéressés, et en même temps
prévoyaient l'organisation de structures d'un organisme qui,
incessamment, devrait se mettre au travail afin de constituer un service de
placement des étudiants qui ne soit pas seulement un service de
placement pour les emplois d'été mais qui débouche en
même temps sur un service de placement pour les étudiants qui
arrivent chaque année sur le marché du travail, soit des
polyvalentes, des CEGEP ou des universités.
Etant donné l'urgence de la mise en marche de ce service, tous
nos efforts se sont d'abord concentrés sur les structures mêmes de
ce
service. Nous avons, cette année, organisé un service.
Comme dans toute organisation nouvelle, la première année on a
peut-être parfois fait de petites erreurs, mais dans l'ensemble je pense
qu'on peut être satisfait des résultats. Je pense bien que l'an
prochain le service sera suffisamment rodé pour fonctionner avec
énormément de résultats.
Intégration des assistés sociaux au
marché du travail
M. QUENNEVILLE: Pendant ce temps, pour ne pas perdre de temps, le
comité interministériel s'est réuni à cinq ou six
reprises pour définir les grandes politiques de ce que devait être
l'intégration des assistés sociaux au marché du travail.
Il a, pour commencer, cherché les causes d'insuccès parce que,
devant les chiffres que nous avions au point de vue du placement des
assistés sociaux, il y avait quand même des questions à
poser. Il a cherché, dis-je, les causes de ces insuccès, il a
essayé d'identifier les lacunes des programmes antérieurs. Enfin,
il a fait un inventaire de toutes les mesures, soit par arrêté
ministériel ou autrement, qui prévalaient dans l'organisation de
ce service d'intégration des assistés sociaux au marché du
travail.
Nous prévoyons d'ici une quinzaine de jours avoir terminé
les opérations au point de vue du placement étudiant et nous
entendons à ce moment-là, avec la même équipe, nous
lancer dans le domaine de l'intégration des assistés sociaux.
Des lacunes ont été relevées par le comité
interministériel jusqu'ici. Il faut d'abord dire qu'il s'agissait de ne
pas mettre de côté les grandes directions qui jusqu'ici avaient
fonctionné. Il y a sûrement des choses qui étaient
excellentes là-dedans. Il fallait composer avec les efforts de nos
prédécesseurs et en même temps améliorer en comblant
les lacunes que nous avions trouvées.
Au point de départ il faut quand même souligner un point
bien important, c'est que le service de l'intégration des
assistés sociaux au marché du travail relève de deux
ministères en particulier. Effectivement, c'est un problème du
ministère des Affaires sociales, qui appartient au ministère et
dont la solution se trouve au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
C'est donc dire qu'en plus de s'adresser à tous les
ministères, faute de quoi il est absolument impossible de réussir
une intégration normale des assistés sociaux, il faut à ce
moment-là s'adresser surtout en particulier à deux
ministères, c'est-à-dire à celui des Affaires sociales et
à celui de la Main-d'Oeuvre.
Les statistiques dont je parlais tantôt, je pense bien, montrent
d'une façon particulière l'importance de ce problème,
quand on pense qu'en avril 1971, sur 234,000 chômeurs enregistrés
au Québec, 101,000 sont âgés de 14 à 24 ans, et
qu'au cours du même mois, le nombre de bénéficiaires de
l'aide sociale a atteint 201,600.
D'après le rapport annuel de 69/70 du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, seulement 2,273 assistés sociaux auraient
occupé un emploi par rapport à un nombre total de 43,001
placements effectués. Ce qui veut dire, il me semble au premier abord,
que le principal problème se situe dans le manque de communications
entre le bureau d'aide sociale et les centres de main-d'oeuvre du
Québec.
Ce qui se produit en fait c'est que les bureaux d'aide sociale sont
surchargés d'abord, parviennent difficilement à dresser des
listes d'assistés sociaux aptes au travail, et lorsque ces listes
d'assistés sociaux parviennent aux centres de main-d'oeuvre du
Québec, malheureusement ces listes subissent un sort qu'on ne voudrait
pas qu'elles subissent, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas
considérées.
Par ailleurs, il faut dire aussi que nous avons affaire à une
clientèle un peu particulière, celle des assistés sociaux.
Tout le monde sait qu'en plus de fournir un travail aux assistés
sociaux, il faut aussi les motiver. C'est donc dire en plus que, sur un nombre
imposant d'assistés sociaux que nous ne pouvons placer, il n'y en a
qu'une partie très minime qui vient à bout de se motiver pour
rester au travail. Le problème n'est pas tellement de trouver des
emplois mais de maintenir les assistés sociaux au travail.
En raison de ces considérations et il fallait
naturellement procéder par le biais des centres de main-d'oeuvre du
Québec le comité interministériel a proposé
des solutions qui feront le sujet d'une étude du conseil des ministres
très bientôt.
Compte tenu du fait que les assistés sociaux, comme je le disais
tantôt, constituent une clientèle particulière; compte tenu
surtout du défaut de prospection d'emplois pour assistés sociaux
à ce moment-là, nous avions eu une rencontre avec les
représentants des centres de main-d'oeuvre du Québec qui
prétendaient qu'à cause de la surcharge des arrêtés
en conseil, en particulier de l'arrêté 4119, les employés
ou les agents à l'intérieur de centres de main-d'oeuvre du
Québec n'avaient réellement pas le temps de faire de la
prospection d'emplois, en particulier pour les assistés sociaux
compte tenu aussi du manque de connaissance des emplois disponibles chez les
chercheurs d'emplois et tous les bénéficiaires d'aide sociale par
région, nous avons créé une équipe ambivalente et
munie d'un système mécanographique, et nous croyons que, pour
autant qu'elle aura les instruments nécessaires, elle devrait donner
d'excellents résultats.
Il faut considérer que jusqu'ici la collaboration des autres
ministères a été excellente. Il reste quand même
entre les ministères et le service certains points de juridiction qu'il
faudra nécessairement définir pour que cette intégration
des assistés sociaux connaisse réellement du succès.
M. CLOUTIER: M. le Président, je suis heureux que le ministre des
Affaires sociales ait
confié ce travail à un responsable bien identifié,
un ministre qui assiste au conseil des ministres, qui peut proposer des
programmes et qui peut s'appliquer à faciliter la coordination
interministérielle.
Je suis heureux que le ministre ait confié à son
collègue cette responsabilité particulière. Evidemment,
devant les chiffres qu'il vient de nous donner, même s'il y a un travail
assez considérable qui est fait depuis plusieurs années, on
serait peut-être porté à se décourager devant les
résultats obtenus. Il y a 2,273 assistés sociaux qui ont eu un
emploi et qui l'ont conservé sur une possibilité de 40,000 aptes
au travail sur un contingent de 200,000 assistés sociaux et 234,000
chômeurs, qui eux, ne sont pas tous des assistés sociaux,
même si quelques-uns peuvent recevoir des prestations additionnelles
à leur assurance-chômage.
Quant à ce secteur je laisse de côté pour le
moment, ce n'est pas la place à cette commission de parler des
étudiants, du placement étudiant et de la formation universitaire
je retiens seulement la troisième option, soit
l'intégration des assistés sociaux au marché du travail.
J'ai dit hier dans mes remarques que, de ce côté-là, cela
m'apparaîssait un secteur d'activités qui doit retenir l'attention
du ministre des Affaires sociales et du gouvernement tout entier bien que les
résultats ne soient pas toujours tangibles, ne soient pas toujours
immédiats. Je pense qu'il faudra que le ministre d'Etat, le
député de Joliette, sensibilise encore davantage ses
collègues des autres ministères à l'occasion de la mise en
place de programmes, je pense au ministère des Terres et Forêts en
particulier, au ministère de l'Agriculture, au ministère de
l'Industrie et du Commerce par son service des pêcheries. Je pense que
cela a été transféré avec la collaboration qui a
toujours existé entre le service des pêcheries et le
ministère de la Famille, en ce qui concerne particulièrement les
assistés sociaux de la Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine.
Il y a une foule de ministères qui, par leur action, peuvent
aider le ministère des Affaires sociales à soulager son budget
pour réintroduire, sur le marché du travail, des assistés
sociaux. Il y a trois catégories de personnes qui sont bien
identifiées. Il y a d'abord les chômeurs qui relèvent
particulièrement du programme d'assurance-chômage et qui attendent
un emploi qu'ils ont quitté temporairement ou même peut-être
définitivement. Il y a aussi cette catégorie dont on vient de
parler, celle des assistés sociaux, mais dans cette catégorie, il
y a aussi deux clientèles bien particulières.
Il y a les handicapés physiques et les handicapés mentaux
pour lesquels la société paye une contribution assez importante.
Les handicapés physiques d'abord ne sont pas tous en institution et
même la majorité ne l'est pas. D'autre part les handicapés
mentaux, eux, à l'âge de 18 ans, peuvent déboucher sur le
marché du travail en ateliers protégés. Alors on sait,
lorsqu'on passera sur cette section, combien cela coûte de deniers
à l'Etat pour tenter de réhabiliter des personnes et tenter de
leur faire donner le maximum de productivité, de les intégrer le
plus possible à une vie normale.
Je voudrais, en plus des programmes réguliers et c'est une
question que plusieurs se posent que les différents
ministères à vocation économique puissent mettre sur pied
des projets. N'y aurait-il pas un effort collectif qui pourrait être
tenté pour les intégrer dans des projets qui seraient tout de
même acceptables? Il faudrait à ce moment-là faire preuve
d'initiative, sortir un peu des sentiers battus. Cela se fait dans certains
autres pays, cela se fait dans des Etats américains. Il ne faut pas voir
là un aspect péjoratif de résoudre le problème,
parce que souvent on nous fait la réponse suivante: Il n'est pas
désirable, il n'est pas souhaitable de tenter de régler
collectivement le problème des assistés sociaux qui sont aptes au
travail et qui désirent travailler, en les réintégrant
n'importe où sur le marché du travail et en exigeant en retour
une compensation de travail. Le point est justement de revaloriser la notion de
travail.
J'attire l'attention du ministre sur ce point, parce que l'on parle
depuis plusieurs années on n'a pas fini d'en parler de
programme de maintien du revenu, de sécurité du revenu, du revenu
minimum garanti, que ce soit par le truchement des programmes que le ministre
veut nous proposer ou par d'autres lois comme celle de
l'assurance-chômage. On parle de plus en plus de reconnaître des
droits d'abord à des revenus minimums garantis, de procurer une
assistance pour des besoins essentiels. Je pense que l'on devrait faire un
effort aussi pour revaloriser la notion du travail. Il n'est pas
dégradant, ni pour l'Etat, ni pour l'assisté social, de se
rencontrer et d'accepter mutuellement d'entrer dans des programmes.
Autrefois on avait trouvé les programmes de travaux d'hiver qui
avaient été fortement discutés. C'était dans une
période d'abord qui ne convenait pas beaucoup pour certains genres de
travaux. Il y a d'autres périodes dans l'année, par exemple, qui
seraient certainement plus favorables à la mise en place ou la mise en
oeuvre de ces certains programmes collectifs qui seraient plus larges que ceux
mêmes des opérations forestières.
Pour ma part, je ne sais pas ce que le ministre des Affaires
sociales en pense je crois qu'avec les travaux du comité
ministériel on devrait se pencher davantage sur ce problème et
explorer davantage ce secteur de façon que ces gens, ces 40,000
personnes qui sont classées comme aptes au travail je comprends
que le classement commence et qu'il sera de plus en plus perfectionné
puissent fournir quelque chose à la société en
retour d'une certaine sécurité, de certaines garanties, d'une
certaine compensation que l'autre moitié de la société est
prête à payer pour eux.
J'apporte ces considérations, tout en ayant à
l'esprit l'idée que des programmes de sécurité du
revenu seront forcément dispendieux, quelle que soit la
récupération de l'argent que l'on reçoive du gouvernement
central, quel que soit le transfert de fonds que l'on fasse d'un programme
à un autre, de façon à redistribuer la richesse,
redistribuer les ressources. Il reste que la mise en place de programmes comme
ceux-là sera dispendieuse.
Non seulement elle sera dispendieuse, mais dans le contexte dans lequel
on vit, avec la motivation au travail qui est de plus en plus difficile
à accepter, je pense qu'il faudra prendre certaines précautions,
et ça rejoint les opinions que j'exprimais hier soir quant au
préalable à l'instauration de programmes de
sécurité du revenu.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'aimerais simplement faire un
commentaire, parce que le député de Montmagny s'interrogeait sur
ce que je pensais à ce sujet. Au cours de l'été dernier et
des mois d'automne, nous avons demandé aux différents
ministères du gouvernement d'analyser, de faire un effort d'imagination
pour identifier des projets ou des types de travaux où il serait
possible de réserver des emplois ou donner une priorité à
des bénéficiaires de l'aide sociale. Nous avons reçu un
certain nombre de suggestions, ces suggestions ont été
analysées. Dans certains cas, à l'analyse, nous nous sommes rendu
compte que c'étaient des opérations qui se faisaient passablement
chaque année, alors il n'y avait vraiment rien de nouveau.
Dans d'autres cas, nous nous sommes rendu compte, à l'analyse,
que ces projets étaient peu pratiques ou présentaient des dangers
analogues à ceux qui ont été expérimentés
dans le cadre des travaux d'hiver, c'est-à-dire que mettre en marche
certains de ces projets signifiait beaucoup plus de dépenses en
équipement, en personnel professionnel, en expertise, en personnel de
supervision, et qu'en fin de compte un nombre d'emplois extrêmement
limité pouvait être créé pour des
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale.
D'autres projets se sont avérés, en nombre
extrêmement limité, comme pouvant être poursuivis et
probablement concrétisés. Vis-à-vis de cette
expérience, nous avons fait des efforts pour que soient ranimé,
en même temps que le Dr Quenneville a reçu son mandat, le
comité interministériel qui avait été formé
sous le gouvernement précèdent, comité dont les
activités étaient de moins en moins grandes pour diverses
raisons, semble-t-il, dans le but, justement, d'apporter une attention aussi
active que possible à ce problème auquel, aussi bien moi que le
gouvernement, nous croyons que nous devons attacher autant d'importance que
possible.
En définitive, nous nous sommes rendu compte que la simple
demande de collaboration des ministères ou un effort sporadique
d'imagination de leur part, avait des chances de s'avérer plus ou moins
fructueux au plan des résultats.
A la suite de la conférence fédérale-provinciale
des ministres du Bien-Etre en janvier, où cette question a
été justement discutée, le Dr Quenneville a pris cette
initiative de communiquer avec la Colombie-Britannique qui semble avoir
développé un système assez intéressant de formation
en cours d'emploi où il est possible, avec la collaboration
d'entreprises, de réintégrer, de réadapter, dans une
certaine mesure, dans l'entreprise des bénéficiaires de la Loi de
l'aide sociale d'une façon plus efficace que par le système
actuel des cours de formation professionnelle. Ici, je fais le lien avec les
demandes que nous avons formulées pour intégrer la formation
professionnelle au plan des allocations dans le système de
sécurité de revenu d'une part et aussi pour clarifier cette
question au plan juridique de telle sorte que nous puissions nous qui
avons ce problème, qui le vivons, qui sommes vraiment pris avec lui
adapter les diverses approches de formation professionnelle au cours de
formation en cours d'emploi aux besoins et aux capacités aussi bien de
l'économie que de la population de la province.
M. CLOUTIER: Le ministre vient de dire qu'il y a un effort de
prospection qui est fait auprès des autres ministères et on a
même demandé à d'autres provinces de faire rapport de leurs
propres expériences, de leur propre système. Je pense qu'il y a
un endroit où on pourrait solliciter une collaboration qui pourrait
s'avérer véritablement efficace, c'est auprès des
municipalités. Si le même travail de prospection était
demandé aux municipalités quant aux travaux qu'elles aimeraient
voir réaliser sur leur territoire que ce soit pour la promotion
industrielle, que ce soit pour la promotion de l'industrie touristique,
l'aménagement de territoires forestiers en collaboration avec le
ministère des Terres et Forêts je pense qu'il y aurait
là une mine importante d'informations et de suggestions venant de toutes
les municipalités de la province et cela pourrait déboucher sur
des programmes réellement intéressants. C'est une suggestion que
je fais.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je remercie le
député de Montmagny des suggestions. Comme je l'avais
souligné dans mon exposé, nous sommes surtout à faire
l'inventaire actuellement d'abord de ce qui existe comme formule à
l'intérieur des différents ministères en ce qui regarde
l'intégration des assistés sociaux au marché du travail et
aussi faire l'inventaire en même temps des mesures incitatrices à
l'intérieur des arrêtés en conseil. C'est la raison pour
laquelle nous nous sommes adressés à la Colombie-Britannique qui
avait un programme qui nous semblait fort intéressant au point de vue
des mesures incitatrices pour l'assisté social à son retour au
travail.
Au premier coup d'oeil, lorsque nous avons
parcouru les documents antérieurs de ce qui s'était fait
au point de vue de l'intégration des assistés sociaux au
marché du travail, il y a un point qui nous avait semblé un peu
plus marqué que les autres, c'était que le comité
interministériel qui avait été formé était
tout feu tout flamme au début mais que ses efforts n'étaient pas
soutenus.
Etant donné que ceci était compris dans l'inventaire, J'ai
personnellement assisté aux réunions du comité
interministériel de façon qu'elles aient au moins lieu et que
tous puissent axer leurs efforts dans le même sens.
Par ailleurs, j'ai moi-même visité des ateliers
protégés pour voir exactement quels étaient leurs
problèmes. Je les ai visités naturellement sans avertissement
préalable. Je pense que nous avons quand même trouvé
là des choses assez extraordinaires et des possibilités qui
méritent sûrement d'être encouragées.
J'ai rencontré des groupes un peu plus agressifs puisque,
à deux ou trois reprises, je suis allé rencontrer les jeunes
chômeurs dans les maisons du chômeur. Ces journées ont
été un peu longues mais je pense qu'elles ont été
quand même très fructueuses. Eux-mêmes nous ont
suggéré des formules qui sont fort intéressantes et qui
méritent aussi d'être considérées.
Au sujet des travaux des municipalités, je peux dire que
déjà nous avons entrepris avec le ministère des Affaires
municipales un programme qui intéressera sûrement les
municipalités et qui nous permettra peut-être de promouvoir des
travaux qui seront faits par des assistés sociaux sous forme de
subventions au niveau des municipalités.
Je pense qu'actuellement nous sommes passablement avancés dans
cet inventaire dont je parlais. Je pense bien qu'une fois que tous ces faits
seront colligés, il nous restera tout simplement à prendre des
mesures pour essayer de connaître des jours plus heureux.
M. CLOUTIER: Est-ce que le ministre a suffisamment de personnel?
M. QUENNEVILLE: Actuellement nous sommes à une période
marquant le point culminant du placement étudiant. Il y a au bureau
environ une quarantaine de fonctionnaires qui nous viennent du ministère
des Affaires sociales, du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Je compte parmi ces quarante employés les jeunes filles de bureau et je
peux vous dire, à titre d'exemple, que les trois quarts de nos filles de
bureau sont justement des assistées sociales.
M. CLOUTIER: Est-ce que ce personnel a été
détaché du ministère des Affaires sociales? Est-ce que le
budget...
M. QUENNEVILLE: Elles sont assignées tout simplement pour le
moment.
M. CASTONGUAY: Etant donné que le ministre d'Etat n'est pas
responsable d'un ministère et qu'il n'a pas d'autorité
législative pour affecter des dépenses ou un budget
spécifique, ce sont des affectations de personnel soit à partir
de notre budget ou encore des affectations de personnel...
M. QUENNEVILLE: De l'Education.
M. CASTONGUAY: ...d'autres ministères.
M. CLOUTIER: Quel est le fonctionnaire supérieur qui assiste le
ministre d'Etat? Est-ce qu'il y a un directeur général dans votre
projet?
M. QUENNEVILLE: Le directeur général ou coordonnateur est
M. Germain Dallaire, un fonctionnaire qui vient de l'OPDQ.
M. CLOUTIER: Est-ce que le ministre d'Etat aux Affaires sociales a aussi
travaillé en collaboration avec un des sous-ministres du
ministère des Affaires sociales en ce qui concerne ces projets
spéciaux?
M. QUENNEVILLE: Par le biais du comité interministériel,
le sous-ministre du ministère du Travail fait partie de ce
comité.
M. CLOUTIER: Est-ce que le sous-ministre, M. Guay, qui est à
l'administration des programmes spéciaux, a encore accès à
ce domaine de la réintégration des assistés sociaux?
M. QUENNEVILLE: Le ministère des Affaires sociales a
délégué M. Paul Périard pour faire partie du
comité interministériel. Ceci ne nous empêche pas de
consulter très fréquemment M. Guay dont l'expérence est
bien connue dans ce domaine.
M. CLOUTIER: Ce que je voulais dire, c'est que M. Guay a accumulé
au cours des années une expérience extrêmement
précieuse et des dossiers assez complets et surtout une motivation qu'on
voit rarement. Je ne voudrais pas blesser sa modestie mais je pense qu'il est
important que l'on sache ce qui a été fait dans ce
domaine-là, quels en sont les responsables et quel est le travail qu'il
reste encore à accomplir dans ce domaine et utiliser toutes les
ressources et toutes les compétences.
M. CASTONGUAY: Comme le comité interministériel a
principalement comme fonction de faire un travail de recherche, de
planification, d'analyse pour en arriver justement à formuler, comme le
Dr Quenneville le mentionnait, des propositions, et élaborer des
programmes, nous avons cru préférable que ce soit un
fonctionnaire de la planification et de la recherche qui soit
désigné à ce comité. Par contre, comme le mentionne
le Dr Quenneville, au plan des
programmes concrets ou des activités concrètes, le service
du Dr Quenneville est en relation étroite avec, selon les besoins, M.
Edgar Guay qui est le sous-ministre adjoint responsable des programmes
spéciaux.
Il faut aussi distinguer la fonction parce que nous sommes
extrêmement conscients de l'intérêt que porte M. Guay
à ce genre de problèmes et c'est la raison spécifique pour
laquelle il a été affecté à des fonctions
administratives qui touchent justement à des activités de ce
type. Quand on passera plus précisément aux articles du budget,
on pourra demander à M. Guay de nous exposer plus
précisément en quoi consiste cette direction. C'est là
où nous voyons le plus de souplesse pour ce type de collaboration auquel
vous faisiez allusion.
M. CLOUTIER: Je voulais faire préciser et je suis content
que le ministre l'ait précisé qu'entre la conception de
ces programmes et la mise en marche et l'application, il y a toute une marge.
Sur le terrain, lorsqu'il s'agit de faire appel à tous les agents de
l'économie qui mettent en place, qui font les relations avec ceux qui
exécutent le plan, c'est un domaine un peu plus compliqué et
ça prend de l'expérience. De toute façon, je suis
satisfait de voir que l'on utilise les compétences à
l'intérieur du ministère des Affaires sociales.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, étant donné que
tantôt l'honorable ministre d'Etat a parlé d'un point
précis relativement à la motivation des recyclés
assistés sociaux en vue de leur faire reprendre le marché du
travail, premièrement est-ce qu'il pourrait nous dire si tous les
barèmes ont été regardés de près? Pourquoi y
avait-il une plus ou moins grande motivation après avoir suivi les
cours?
A l'intérieur de cette quantité d'éléments
qui entrent en ligne de compte en vue de la motivation ou de la non-motivation
après avoir suivi des cours, est-ce que l'honorable ministre a
constaté certaines déficiences chez peut-être un petit
nombre mais un certain nombre quand même de professeurs qui auraient
été plutôt des agents stimulateurs, en vue de les agencer
vers une idée de révolte au lieu, justement, de leur enseigner de
la bonne façon et de les stimuler vers un retour au travail de la
façon la plus normale possible?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, nos études jusqu'ici ne
nous permettent pas de conclure à un effet plutôt mauvais de la
part de l'enseignement de ces professeurs. Il n'en reste pas moins quand
même que les personnes recyclées peuvent certainement trouver
parfois des difficultés à être employées. Il reste
aussi qu'il faut considérer, qu'on passe une époque où il
y a énormément de contestations. Et aussi longtemps que ces
éléments de protestation restent positifs, je pense bien que tout
ce qu'on peut faire c'est encore de les utiliser au meilleur escient. Il est
sûr que dans certains cas, par exemple dans les cas de maisons du
chômeur, il arrive parfois qu'on rencontre des éléments qui
ne contestent pas de la façon qu'on voudrait. Il reste quand même
qu'il faut les convaincre et c'est le travail du service que je dirige.
M. BELAND: C'est évident qu'il s'agit probablement de cas
particuliers auxquels, dans l'avenir, il faudra prendre garde, surtout tant et
aussi longtemps qu'il n'y aura pas, à mon avis, de programme à
long terme, bien défini, bien planifié de façon à
ce que, justement, lorsqu'ils entrent à ladite école, ils
puissent avoir la quasi-certitude, sinon la certitude même, d'être
embauchés définitivement, à condition, bien entendu qu'ils
aient une certaine réussite dans leurs cours, c'est évident.
Est-ce que vous envisagez d'agencer tout un organigramme planifié
au niveau provincial en vue de faire en sorte qu'il y ait une
possibilité d'emploi très spécifique? Tantôt, il y a
eu certains ministères qui ont été mentionnés
à l'intérieur desquels il y aurait des possibilités, mais
il reste quand même qu'il y en a d'autres aussi. C'est entendu qu'au
niveau municipal, il y a certainement possibilité de ce
côté, ainsi qu'au ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche.
Tantôt, il a été question de la
Colombie-Britannique. Cette province a un programme assez bien établi
relativement au nettoyage des bords de routes, bords de lacs, enfin, des
programmes d'embellissement qui méritent d'être regardés de
près et qui, peut-être, pourraient s'appliquer ici avec certaines
modifications. Naturellement, ce n'est pas dans le même contexte, mais
là encore, il y a aussi possibilité vis-à-vis du
ministère des Terres et Forêts qui pourrait en englober une bonne
partie, mais à la condition expresse que, encore là, ce soit pour
des besognes déterminées. C'est évident que certaines
personnes ont stimulé une certaine quantité de ces
étudiants à la sortie de l'école d'une façon...
Enfin c'était une expérience peut-être, mais d'une
plus ou moins bonne façon à mon sens parce qu'il y a eu certaines
choses regrettables qui se sont passées. C'est entendu que
c'était à l'état d'expérience et tout programme de
la sorte, je pense, ne se bâtit pas sans vivre des expériences
plus ou moins agréables. Mais par contre, est-ce que réellement
il y a quelque chose de précis qui est pensé présentement
pour être agencé dans un avenir assez rapproché afin de
combler ce vide?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je le répète
encore une fois, nous en sommes encore un peu à la période de
prospection au point de vue des possibilités. Il est bien évident
que nous envisageons une planification à long terme de
façon qu'à un moment donné, même avec les
cours de formation professionnelle, de recyclage, nous n'arrivions pas avec des
métiers dont la population est nettement saturée. C'est la raison
pour laquelle d'ailleurs nous établissons actuellement tout ce plan et
que nous faisons toutes ces recherches.
Lors de rencontres avec les jeunes chômeurs, nous en sommes quand
même venus à une conclusion qui nous a fait un peu toucher du
doigt le bobo que vous soulevez en ce sens que, dans la population des jeunes
chômeurs du Québec, il y en a quand même actuellement 50 p.
c. qui font partie des sciences humaines. Je pense qu'à la
lumière des recherches que nous faisons nous devrions être
capables à long terme de pouvoir diriger jusqu'à un certain point
l'orientation des jeunes lorsqu'ils sortent des polyvalentes, des CEGEP et des
universités. C'est le but lointain, si vous voulez, du plan que nous
avons, mais sûrement celui qu'on vise.
Par ailleurs, lorsque vous proposez des emplois le long des routes,
etc., je pense quand même qu'il faut faire attention et nous prenons
toutes les précautions imaginables pour que l'attraction ne semble pas
péjorative à l'assisté social. Effectivement, je peux vous
dire que nous avons déjà changé des formules telles que
celles que l'on appelait de retour à la vie normale, ce qui nous
semblait passablement péjoratif. Nous parlons maintenant
d'intégration des assistés sociaux au marché du travail et
nous tentons autant que possible à diriger les assistés sociaux
vers des emplois absolument réguliers soit dans l'industrie ou n'importe
où de façon que l'assisté social ne se sente pas
montré du doigt.
M. LAURIN: Une dernière question, M. le Président. Je
crois que jusqu'ici dans vos efforts vous avez tenté surtout
d'inventorier les emplois disponibles, soit dans les projets des divers
ministères, soit dans les municipalités, soit en prospectant le
marché du travail proprement dit. Mais avez-vous l'impression que cela
va être suffisant ou s'il ne sera pas opportun plutôt que votre
branche, que votre section lance elle-même des projets spéciaux
une fois que tous les assistés sociaux seront identifiés dans
toutes les régions, que vous les connaîtrez d'une façon
plus personnelle? Est-ce que c'est votre intention de lancer des projets qui
partiraient de votre ministère ou de votre section et auxquels vous
intéresseriez les autres ministères ou les organismes
privés et dont vous seriez vous-même le promoteur de projets
permanents qui contribueraient à régler d'une façon plus
définitive ce problème?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je pense que la suggestion du
député de Bourget vaut surtout pour une certaine classe. Elle
vaut pour les assistés sociaux de 40 ans et plus. J'ai eu l'occasion,
comme je le disais tantôt, de rencontrer les jeunes chômeurs. Je
pensais exactement comme le député de Bourget avant de les
rencontrer. Je me suis aperçu que j'avais peut-être
dépassé moi aussi 40 ans parce que je ne pensais pas exactement
comme les jeunes chômeurs. Eux ne veulent absolument pas de ces formules
où on arrive avec un projet tout cuit. Ils veulent absolument penser par
eux-mêmes. Ils veulent trouver des emplois à l'intérieur de
projets qu'eux-mêmes ont lancés. Remarquez bien que, pour la
population d'assistés sociaux de 40 ans et plus, votre suggestion,
à mon avis vaut. En bas de cela, je me demande jusqu'à quel point
il ne faut pas quand même respecter le mouvement de contestation de ces
jeunes qui veulent se faire valoir...
M. LAURIN: Mais quand je parlais de projets lancés par le
ministère, je parlais aussi bien de projets que le ministre lancerait,
mettrait sur pied lui-même, que de projets qui pourraient lui être
suggérés après consultation et participation avec les
groupes intéressés, mais que le ministère
élaborerait, établirait et budgétiserait par la suite.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, c'est justement ce que je
pensais moi aussi. Lorsque je les ai rencontrés, ils n'ont même
pas été intéressés à cela. Il faut
absolument que cela vienne de leur initiative. Ils sont prêts, même
à l'intérieur des projets qu'ils veulent faire, à calquer
leurs industries sur...
M. LAURIN: Mais là, vous parlez des jeunes chômeurs plus
que des jeunes assistés sociaux...
M. QUENNEVILLE: Je parle en partie des jeunes chômeurs. Ce sont
quand même les jeunes chômeurs.
M. CLOUTIER: Est-ce que le ministre a eu l'occasion de rencontrer les
chefs syndicaux pour discuter leur acceptation ou leur point de vue sur une
telle opération qui mobiliserait un assez fort contingent
d'assistés sociaux?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je n'ai pas eu encore l'occasion
de rencontrer les chefs syndicaux du Québec. Je peux vous dire qu'avant
de le faire, nous allons fouiller davantage les mesures qui ont
été prises en Colombie-Britannique où on a eu à
faire face au même problème. A première vue, il semble que
la façon de procéder était tout simplement, après
entente avec les chefs syndicaux, de fixer un pourcentage d'assistés
sociaux pouvant travailler à l'intérieur de l'industrie par
rapport au nombre total des ouvriers de la même industrie. Supposons que
les chefs syndicaux étaient prêts à accepter que dans
l'industrie de la construction il y ait jusqu'à 7 p.c, 8 p.c. ou 10 p.c.
d'assistés sociaux qui pouvaient travailler sur les chantiers.
M. CLOUTIER: Cela, c'est pour la partie des
assistés sociaux qui s'intègrent dans une industrie.
M. QUENNEVILLE: Oui.
M. CLOUTIER: Mais un projet d'initiative gouvernementale pourrait
être proposé par le ministre d'Etat et n'aurait pas de relation
particulière avec l'industrie. Je pense à un projet dans le
domaine du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, c'est-à-dire un
projet collectif d'embellissement de la province et de promotion de tourisme.
C'est une idée comme cela. Je ne suis pas prêt à la
concrétiser, mais cela n'a pas de relation directe avec l'industrie et
avec le marché du travail. Je ne sais pas quelles seraient leurs
objections. Est-ce qu'une opération majeure comme celle-là peut
être entreprise sous l'initiative du ministre d'Etat?
M. QUENNEVILLE: Je ne peux pas vous dire quelle sera la réponse
à ces suggestions. J'ai l'intention de les rencontrer, de leur exposer
exactement nos vues, dialoguer avec eux avant d'établir notre programme,
de façon que nous n'ayons pas à un moment donné des
frictions ou même des conflits.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre est au courant que, dans certains
pays, il y a une législation qui oblige les entreprises à
embaucher un certain pourcentage 4 p.c. ou 5 p.c. de
handicapés physiques et psychologiques? Est-ce que cette
procédure ou ces initiatives ont été
étudiées par le ministre avec possibilité d'application au
Québec?
M. QUENNEVILLE: Je n'ai pas étudié cette façon de
procéder. Je peux vous dire qu'en Colombie-Britannique la
différence qu'il y a avec ce que nous avons actuellement ici comme plan,
c'est qu'au Québec nous nous adressons aux employeurs avec des mesures
incitatrices. En Colombie-Britannique, on a trouvé que ce n'était
pas suffisant d'avoir des mesures incitatrices vis-à-vis de l'employeur.
On y a institué un système de mesures incitatrices, mais
vis-à-vis de l'employé et de l'employeur en même temps, de
façon que, pendant les six permiers mois, l'assisté social qui
retourne au travail puisse au moins être intéressé à
demeurer au travail pour des raisons financières pour le moment.
Pendant les six mois, il y a toujours des possibilités qu'il
puisse se motiver à demeurer au travail. C'est un peu la formule que
nous avions ici avec les services de retour à la vie normale.
M. LAURIN: Selon les informations qui me sont parvenues, certaines
législations ont été passablement efficaces,
particulièrement en Hollande et en Belgique. Je soumets ça
à l'attention du ministre.
M. QUENNEVILLE: J'espère que le gouvernement m'enverra en
Hollande pour voir ça.
M. LAURIN: Ce n'est peut-être pas nécessaire.
M. CLOUTIER: Le député de Bourget parle de
législations qui faciliteraient directement l'embauchage
d'assistés sociaux. Est-ce que le ministre croit que la Loi de l'aide
sociale, telle qu'elle est faite actuellement je n'ai pas le texte
précis, il n'avait dans la loi des dispositions qui insistaient sur le
caractère de réhabilitation des assistés sociaux
est suffisante ou s'il songe à apporter des modifications à la
Loi de l'aide sociale pour faciliter davantage la réintégration
de l'assisté social au marché du travail?
M. QUENNEVILLE: Au point où nous en sommes dans nos recherches,
nous avons l'impression nette qu'il va falloir ajouter d'autres mesures
incitatrices pour arriver à...
M. CLOUTIER: Par législation? Et par programme administratif.
M. QUENNEVILLE: Par législation.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez ici un commentaire, dans le cadre
des mesures de sécurité de revenu, soit pour la formation
professionnelle ou pour d'autres fins.
Je pense qu'il est important de se souvenir qu'il nous apparaît
nécessaire d'avoir un régime avec des incitations, un
régime qui ne distingue pas les personnes, quitte à ce que, pour
des fins précises, on ajoute des encouragements mais qui viennent
d'autres sources. On a un exemple de ceci en formation professionnelle. Il y a
évidemment un problème de maintien de revenu mais, en plus, il y
a un problème de frais de transport, achats de livres, et
peut-être un certain encouragement financier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre n'est pas prêt à aller
plus loin que l'incitation?
M. CASTONGUAY: Dans le cas des mesures de sécurité de
revenu, il est important d'en arriver à un régime qui est aussi
bien structuré que possible et qui évite les contradictions
possibles. Dans l'étude des autres moyens qui pourraient être
pris, je pense que là, on doit faire certaines distinctions entre les
deux. Je voulais simplement apporter cette précision. Je ne crois pas
que ce soit tellement par le biais de ces mesures de sécurité de
revenu qu'on doive concevoir ces incitations, sans cela, on se trouve dans des
problèmes qui peuvent devenir assez difficiles, comme la discrimination,
et l'administration, etc. Je crois que cela devra être fait plutôt
par le truchement de programmes bien identifiés visant des buts bien
précis.
M. CLOUTIER: Ce qui arrive c'est que, même pour certains
programmes qui sont bien pensés, bien structurés, qui comportent
aussi un élément intéressant pour l'activité
économique
prenons le projet des opérations forestières, qui
est très rentable, d'après les expériences qui ont
été faites depuis quelques années seulement des
mesures incitatives, dans bien des cas, ce n'est pas suffisant. Quant à
inciter une personne à se présenter au travail, et une fois
qu'elle y est à y demeurer, le ministre, je sais, a certainement lu des
rapports sur les expériences qui ont été faites. On a
constaté bien souvent que des assistés sociaux d'une
région, alors que le programme avait été conçu
spécialement pour eux, un programme très convenable dans un
métier qu'ils connaissent bien, qu'ils ont exercé, à ce
moment-là, l'enrôlement, si on me permet l'expression, sur le
marché du travail, ne répond pas à ce qu'on attendait du
programme au début.
M. CASTONGUAY: Il faut dire que présentement, dans le cadre du
programme de la Loi de l'aide sociale actuelle, on force presque un choix entre
soit le travail soit l'aide sociale. Certains de ces projets auraient
peut-être eu plus de résultats s'ils avaient été
conçus en parallèle avec une loi tenant compte des principes que
nous exposons maintenant.
Il y a aussi, dans tout ceci, une certaine phase d'analyse qui doit se
poursuivre. J'ai obtenu, au cours des derniers jours, un premier rapport sur
les dispositions relatives à l'aide préventive dans la Loi de
l'aide sociale. On voit qu'un nombre de bénéficiaires qui va
toujours en augmentant, font appel à ces dispositions de la loi. Pour en
arriver à un "pattern" assez clair pour pouvoir analyser vraiment
à quelle fin cette aide a été consentie, quels sont les
résultats aussi, après un certain nombre de mois, parce que
l'effet va être valable pour autant qu'il va être relativement
durable, il est encore trop tôt ici pour le voir. Mais en
parallèle aux travaux que le Dr Quenneville et ces gens effectuent et
doivent effectuer, c'est évident que nous allons aussi analyser les
effets des dispositions de la Loi d'aide sociale.
M. LAURIN: Vous devez recevoir comme nous, M. le ministre, des
mémoires, des recommandations des associations d'handicapés
physiques qui vous font des recommandations, qui font des pressions. Est-ce
que, parmi votre personnel, il y a des fonctionnaires qui sont
spécialement affectés à trouver des
débouchés pour ces handicapés physiques, ces invalides,
ces aveugles, ceux qui souffrent d'handicap orthopédique et tous ces
gens-là, à part ceux visés par la législation dont
on parlait tout à l'heure?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, c'est prévu de toute
façon dans l'organigramme que nous aurons ce personnel. Comme je l'ai
dit au début, jusqu'ici nous avons été pris avec le
problème du placement étudiant et on n'a pas pu donner suite,
peut-être, à toutes les fonctions prévues par
l'organigramme. Assurément, nous prévoyons avoir un personnel
affecté à cette tâche.
M. LE PRESIDENT: Il est six heures. La commission ajourne ses travaux
à huit heures et quart.
M. CLOUTIER: D'accord!
Reprise de la séance à 20 h
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs ! Poste 1.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous avions
terminé, avant l'ajournement, avec la description des
responsabilités du ministre d'Etat aux Affaires sociales. Pour ma part,
je n'ai pas d'autres questions à lui poser sauf qu'au poste 5, article
2, on pourra alors avoir du ministre d'Etat ou du sous-ministre, M. Guay,
quelques détails sur les projets spéciaux en cours et d'autres
projets envisagés.
Comme autre question, j'avais demandé au ministre hier soir
quelles étaient les responsabilités qu'il avait confiées
à son adjoint parlementaire, le député de Beauharnois?
Responsabilités de l'adjoint
parlementaire
M. CASTONGUAY: Le député de Beauharnois est adjoint
parlementaire au ministre d'Etat aux Affaires sociales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour moi, C'est du nouveau.
M. QUENNEVILLE: Je pense qu'il n'est pas normal qu'un ministre d'Etat
ait un adjoint parlementaire. M. Gérard Cadieux, député de
Beauharnois, a été nommé officiellement adjoint
parlementaire au ministère des Affaires sociales et assigné au
service du placement étudiant. On sait que M. Cadieux avait de
l'expérience en ce domaine et il nous a aidé
considérablement du côté de l'industrie privée. Cela
a été la besogne qui lui a été affectée.
Pour le moment, il continue encore de travailler au niveau du service de
placement étudiant.
M. CLOUTIER (Montmagny): On sait que la tâche de ministre des
Affaires sociales, avec le budget de $1.5 milliard, la responsabilité de
la Régie de l'assurance-maladie et la responsabilité de la
Régie des rentes, le travail sessionnel, comporte de lourdes
obligations. Est-ce que le ministre avec son équipe il est
évidemment entouré de fonctionnaires supérieurs, d'un
sous-ministre, des sous-ministres adjoints, des directeurs
généraux pense qu'il pourra assumer seul toutes ces
responsabilités pendant le terme qui lui est assigné sans avoir
des collègues qui peuvent avec lui, au Conseil des ministres, faire les
représentations nécessaires et partager le travail du
ministère?
M. CASTONGUAY: La fonction étant maintenant unique depuis
l'intégration des deux ministères, c'est plus simple que ce ne
l'était avant, d'une certaine façon. En ce sens qu'au lieu
d'avoir deux structures, deux sous-ministres qui ont chacun leurs
responsabilités en vertu de deux lois, deux groupes de fonctionnaires
qui assument des responsabilités dans cha- cun des deux
ministères et qui acheminent des problèmes, des questions aux
deux sous-ministres, aujourd'hui, le tout est fait d'une façon
unifiée, ce qui simplifie par rapport à la situation
antérieure.
Un deuxième aspect, c'est qu'il a été
également possible en même temps que l'intégration des deux
ministères était faite, d'adopter des structures qui, pour les
deux anciens ministères, sont maintenant aussi uniques. Et avec cette
structure que nous avons établie comportant un certain nombre de
sous-ministres adjoints responsables chacun d'un secteur, cela permet les
réunions hebdomadaires, auxquelles j'ai fait allusion, d'un
comité exécutif. Encore là, il est possible de pouvoir
suivre de façon assez immédiate ce qui se passe dans le
ministère, quels sont les problèmes et être en mesure
d'assumer vraiment la responsabilité.
Egalement, nous avons détaché du ministère la
partie de l'hygiène du milieu même si on retrouve des
crédits ici, étant donné que les lois ne sont pas encore
adaptées à cette situation; il y a eu aussi de confiés
à la Régie des rentes les régimes d'allocations familiales
et scolaires, et encore là il y a un certain allégement des
responsabilités. Enfin, des programmes de retour ou d'intégration
au marché du travail des assistés sociaux, qui demandent
passablement de travail d'organisation, de promotion, de conception. Cette
responsabilité étant assumée par le Dr Quenneville,
député de Joliette, il en résulte, il me semble, un
ensemble bien structuré quant au ministère des Affaires sociales
proprement dit qui se divise en trois grands secteurs: services de
santé, sécurité du revenu et services sociaux.
Il est évidemment possible de tailler des secteurs à
l'intérieur de ceux-ci ou des fonctions qui pourraient être
attribuées théoriquement à un ministre d'Etat. Toutefois,
dans une période qui est assurément une période de
transition comme celle que nous traversons, où plusieurs des politiques
sont remises en cause, j'ai parlé hier des nouvelles lois
il y a une nécessité de suivre de façon aussi
rapprochée que possible les divers éléments des
problèmes de façon que le tout demeure aussi cohérent que
possible.
Dans une période stable où les choses sont raisonnablement
stabilisées, à partir d'une telle situation, il serait à
mon sens plus facile de sectionner ou d'isoler certaines responsabilités
spécifiques qui pourraient être confiées à un
ministre d'Etat.
Présentement, pour en tout cas un avenir plus visible, je crois
que la situation est satisfaisante et permet de faire ces transitions que nous
effectuons, ces modifications que nous apportons d'une façon aussi
cohérente que possible.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre assiste aux
réunions de l'exécutif? Est-ce que le ministre signe des
documents dans le ministère ou si toutes les signatures sont
déléguées aux officiers supérieurs?
M. CASTONGUAY: Non, je signe je peux
demander à M. Jean-Guy Houde qui est ici, ou à d'autres de
donner plus de précisions mais pour ce qui est des nominations de
personnel, des promotions, etc. je les signe pour la très grande partie,
presque la totalité en fait.
Le ministre signe tout ce qui touche les cadres, les adjoints aux cadres
et tout ce qui touche les arrêtés en conseil et les demandes au
Conseil du trésor. Vous avez là en fait tous les
éléments les plus essentiels de la politique administrative.
Et j'en retourne un certain nombre avec de petits papillons demandant
des questions ou des précisions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici pourquoi je pose la question, le ministre
le sait bien. Un ministère est un peu comme une entreprise. Il faut que
le grand patron, surtout au début, s'impose certaines tâches qui
sont un peu plus fastidieuses mais qui, par contre, lui font prendre davantage
connaissance des rouages administratifs de son ministère. Ils lui font
prendre contact d'abord avec les rouages et aussi avec les hommes.
L'an dernier, quand le ministre a présenté son premier
projet de loi en Chambre, c'était pour déléguer
essentiellement certaines tâches, certaines responsabilités, entre
autres, la signature de documents.
A ce moment-là, j'avais fait la remarque au ministre au sujet de
la façon qui m'apparaissait la plus logique de connaître son
ministère. C'était, au début surtout, de prendre
connaissance d'une foule de documents qui évidemment, avec la
répétition, comportent moins d'intérêt, mais qui
font prendre conscience, au titulaire, de la dimension du ministère et
aussi des problèmes dans différents secteurs.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser au ministre une autre
question. Son ministère est en transition, en transformation dans ses
structures et aussi dans la législation transformation
occasionnée par les lois passées et les lois qu'on entrevoit
on a parlé à différents moments de ce contact
humain qui doit exister à l'intérieur du ministère pour
atténuer des frictions inévitables, l'insécurité ou
toute autre faiblesse qu'il faudrait écarter pour que le
ministère fonctionne bien. En plus des contacts que le ministre a avec
son sous-ministre, et qui, je n'en doute pas, sont des contacts quotidiens et
constants, il rencontre son exécutif à toutes les semaines.
Est-ce que vis-à-vis d'autres fonctionnaires supérieurs, comme
les directeurs généraux qui tout de même ont des
responsabilités importantes à l'intérieur du
ministère parce que ce sont eux qui en somme voient au bon
fonctionnement de toute cette section qu'ils ont sous leur
responsabilité, le ministre a aussi des contacts?
M. CASTONGUAY: Non. Je dois dire que c'est un des problèmes. Il
provient de deux sources: une première, c'est qu'il m'apparaît
difficile de ne pas respecter la ligne hiérarchique ou la ligne
d'autorité, c'est-à-dire le sous-ministre, les sous-ministres
adjoints, les directeurs généraux. Sur des questions
particulières, à l'occasion d'une réunion de travail, il
va y avoir des directeurs généraux, des directeurs de services,
ou encore des professionnels qui vont assister et nous allons discuter d'un
problème. Mais de façon courante, dans le processus
d'administration, de prise de décisions, c'est extrêmement rare
que cela se produit.
Deuxièmement, il y a le fait que nous nous partageons entre les
fonctions administratives, législatives, à titre de membre du
cabinet, et que le temps que nous pouvons consacrer au ministère,
c'est-à-dire dans les murs du ministère, est relativement
limité et il y a aussi une certaine partie du temps qui doit être
consacrée à des fonctions reliées directement au cabinet
du ministre: courrier avec l'extérieur, analyse des mémoires,
réception de délégations ou encore de groupes qui veulent
venir exposer leurs vues. La division du temps entre toutes ces tâches,
la lecture, l'analyse, la signature des documents, etc., laisse
extrêmement peu de temps pour chaque fonction, chaque type
d'activité. C'est pour cela que ce mécanisme d'un comité
exécutif qui se réunit une fois par semaine m'apparaît le
compromis idéal, malgré que je sois d'accord que, s'il
était possible de rencontrer plus souvent les directeurs
généraux, il serait bon de pouvoir le faire davantage. Mais, des
raisons d'ordre structurel et aussi à cause des fonctions qui sont
celles d'un ministre, ce n'est pas possible de le faire bien souvent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il est important, comme le ministre l'a dit
tantôt, de respecter la ligne d'autorité, la hiérarchie,
mais ce dont je voulais m'assurer, c'est que le ministre, occasionnellement et
le plus souvent possible, rencontre en groupe et peut-être même,
individuellement dans des circonstances spéciales ses directeurs
généraux. Mais c'est important qu'il les rencontre surtout en
groupe, étant donné leur poste, leurs responsabilités,
qu'ils se sentent impliqués aussi je parle pour les directeurs
généraux et les chefs de service dans tout ce processus
d'évolution, de transformation du ministère et qu'ils le
comprennent. Non pas qu'ils le subissent, mais qu'ils le comprennent et qu'ils
sentent qu'ils participent à une opération qui est logique, qui a
une orientation, qui a été définie et qui s'en va vers une
réalisation. Ce sont des problèmes humains, je sais que le
ministre en est conscient, mais quand on est quotidiennement aux prises avec la
lourde responsabilité de la charge, on n'a pas toujours le temps de
s'arrêter pour y penser.
C'est donc une occasion magnifique ici à l'occasion de
l'étude des crédits de préparer
ceux qui demain assumeront ces responsabilités pour qu'ils ne
l'oublient pas.
M. CASTONGUAY: Je ne suis pas en mesure de dire si les fonctionnaires ne
font que me subir ça serait plutôt à eux de le dire
qu'à moi mais quant à la compréhension de ce qui se
passe, je dois aussi souligner que dans la loi du ministère, le
sous-ministre assume les fonctions de sous-chef du ministère; et quant
au sous-ministre je le vois quotidiennement. J'ai l'occasion chaque jour de
voir un, deux ou trois des sous-ministres adjoints et le sous-ministre
lui-même voit beaucoup plus fréquemment les directeurs de service,
les directeurs généraux, etc.
Par ce système, j'ai l'impression qu'au plan de la
compréhension des objectifs, des orientations prises graduellement les
choses se clarifient. Dans une période comme celle que nous traversons,
il y a aussi des problèmes de communication. D'ailleurs, c'est dans ce
sens-là que nous avions je l'ai mentionné hier soir
tenu une couple de séances d'information. C'est notre intention de le
faire à nouveau. A l'automne j'espère bien être en mesure
de faire une tournée des régions de la province et à ce
moment-là inviter quelques fonctionnaires à venir avec moi selon
les régions, faire une certaine rotation pour, comme vous le
mentionniez, qu'ils soient mis au courant des réactions de la
population, des organismes avec lesquels nous entretenons des relations.
M. LAURIN: Il y a combien de directeurs généraux
actuellement?
M. CASTONGUAY: En fonction à l'heure actuelle, dans la structure
proposée, je pense qu'il y a environ au-delà de 30 directeurs
généraux et il y en a très peu qui sont confirmés
dans leur poste peut-être une dizaine en fait, les autres faisant l'objet
de concours.
M. LAURIN: Et des chefs de service?
M. CASTONGUAY: J'évaluerais à environ 40 à 50 le
nombre des services et le nombre de chefs de service en fonction est
probablement d'environ la moitié.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant au cabinet du ministre, est-ce qu'il peut
nous décrire les fonctions, les qualifications, rapidement?
Est-ce qu'il y a un économiste? Est-ce qu'il y a un
sociologue?
M. CASTONGUAY: Il y a mon chef de cabinet, M. Raymond Quirion; il y a
mon attaché de presse, M. Gilbert Athot; M. Jean-Guy Villeneuve, M.
Richard Rivest ainsi que M. Michel Nadeau agissent à titre de
secrétaires particuliers adjoints. Il y a évidemment aussi, sur
l'étage, du personnel de bureau. Quant à mon personnel,
attaché directement à mon cabinet, ce sont ces cinq personnes,
soit MM. Raymond Quirion, Gilbert Athot, Jean-Guy Villeneuve, Pierre Delisle et
Michel Nadeau.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, au poste
budgétaire 1...
M. LAURIN: Je ne sais pas si c'est l'endroit. Je vois au poste
budgétaire 1 : Bureau du ministre et des sous-ministres,
secrétariat général et affaires
extraministérielles. Je sais qu'on prévoit une direction
générale des affaires extra-ministérielles, mais comme les
crédits des affaires extraministérielles arrivent au poste
budgétaire 1, je ne sais pas si ce serait le moment de demander,
quelques informations supplémentaires?
M. CASTONGUAY: Je céderai la parole au sous-ministre adjoint
responsable de cette direction, M. Beausoleil, qui pourra vous donner plus de
détails.
Le ministère entretient des relations avec un certain nombre
d'organismes à l'extérieur, et il doit être bien au courant
de ce qui se produit à l'extérieur, aussi bien au sein des autres
ministères qu'au sein des autres gouvernements. Il y a, malgré la
présence du ministère des Affaires intergouvernementales qui est
sur un autre plan, cette nécessité, bien souvent, d'entrer en
communication avec l'extérieur, de suivre, surtout, et d'analyser ce qui
se produit, de collaborer, au besoin, avec les Affaires intergouvernementales
ou encore avec des groupes de travail formés à l'extérieur
du ministère, toute une série d'activités.
M. Beausoleil, qui assumait une fonction de directeur
général de la planification et de la recherche au
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, avait eu, dans le
passé, l'occasion d'entretenir des relations un peu du même ordre
pour des fins peut-être un peu différentes, et il a
été confirmé à ce poste de sous-ministre adjoint.
Je lisais justement en fin de semaine un rapport des travaux effectués
au cours des derniers mois, des travaux en cours et des travaux
projetés.
C'est une direction qui est extrêmement active et qui est
appelée à le devenir toujours davantage. Je demanderais à
M. Beausoleil de compléter par des commentaires plus précis.
M. LAURIN: Je vois que le personnel jusqu'ici était inclus dans
le personnel général du bureau du ministre. Est-ce que M.
Beausoleil pourrait nous dire le personnel qui est actuellement affecté
et qui le sera d'une façon spécifique à la direction et
quel est celui qui est prévu?
M. CASTONGUAY: Est-ce que je reprends l'autre question ou si je prends
la dernière?
M. LAURIN: Vous pouvez commencer par celle du personnel.
M. CASTONGUAY: La question du personnel à la direction peut se
préciser en deux temps ou de deux façons. Il y a une
première équipe qui a été constituée au
moment de la fusion des deux ministères. C'est une équipe
relativement limitée qui comprend à peu près douze ou
treize personnes et qui en fait a assuré le commencement des travaux
depuis le mois de février ou le mois de mars. En ce qui concerne le
personnel ultérieur, c'est dans le cadre du réaménagement
des effectifs du ministère que le nombre sera défini d'une
façon plus précise.
Au plan du personnel responsable il y a actuellement en concours sept
postes dont trois pour des directeurs de service et des adjoints et une
personne qui a été nommée. Le choix des sept autres
personnes se fera par concours.
M. LAURIN: Mon autre question était précisément la
même que celle que le ministre a commencé à aborder. Quelle
relation ou coordination prévoyez-vous avec le ministère des
Affaires intergouvernementales et l'Office de planification? Je vois qu'ici
dans le document qui nous a été remis on dit qu'un des
rôles de la direction sera d'harmoniser les politiques des
ministères fédéraux ou provinciaux oeuvrant dans le
même domaine d'une part et, deuxièmement, la coordination des
politiques sociales avec les politiques de développement
économique, d'aménagement du territoire. De quelle façon
entendez-vous effectuer ce travail d'harmonisation et de coordination avec
d'autres gouvernements ou avec d'autres ministères qui peuvent marcher,
parfois à première vue, sur vos brisées ou qui peuvent
avoir besoin de votre aide ou dont vous pouvez avoir besoin de l'aide pour
élaborer des politiques communes?
M. CASTONGUAY: Je pense qu'on peut essayer de répondre à
la question que vous posez sur deux plans. Je pense qu'il y a un plan assez
général de développement de mécanismes de
coordination qui se fera, pour ce qui est de la contribution de la direction
des affaires extra-ministérielles, par voie d'études et
d'analyses, nos responsabilités portant plus sur les programmes que sur
les relations administratives ou les relations courantes.
Il s'agit donc de mettre en place un certain nombre d'examens
systématiques, d'études, de synthèses sur les relations
qui existent entre les programmes du ministère des Affaires sociales et
les programmes des autres ministères ou des autres organismes
gouvernementaux, y compris l'Office de planification qui est mentionné
dans le rapport qui vous a été remis. A mon point de vue, pour un
certain nombre de mois, la concentration de nos efforts devrait se faire
et j'espère qu'on pourra le faire ainsi sur cette approche au
problème de coordination. Il y a beaucoup de questions qui se posent en
termes de relations entre les programmes, mais ce qui nous semble ne pas
être suffisamment fait à ce moment-ci, au moment où nous
commençons à travailler, ce sont des tableaux d'ensemble, ce
sont, un peu comme je le disais tout à l'heure, des synthèses de
l'ensemble des relations d'interdépendance entre les programmes du
ministère des Affaires sociales et des autres ministères et
organismes.
Je pense donc qu'il va y avoir une concentration d'analyses et
d'études qui pourra facilement prendre une année, ne serait-ce
que pour voir d'une façon plus claire ces ordres de relations. Le
deuxième plan sur lequel nous travaillons est un travail qui en
dépit du caractère très récent de la direction, est
déjà engagé sur plusieurs opérations. Pour ce qui
est des relations interministérielles, c'est de travailler sur certains
projets interministériels. Dans le cas de l'office, ce sont des travaux
qui ont trait aux études de développement économique, aux
schémas de développement économique, aux travaux qui sont
en...
M. LAURIN: Sur quel plan est situé votre travail?
M. CASTONGUAY: Notre travail ne se situe pas tellement au plan de
coordinations des plans régionaux. Actuellement, ce sur quoi nous nous
concentrons, c'est plus sur les travaux de type global de l'office,
étant donné que les travaux régionaux sont assez souvent
des travaux de programmation ou d'administration de programmes et ce sont
plutôt les autres directions du ministère qui assurent ces
liaisons. C'est plutôt sur les études un peu globales, que ce soit
le développement économique, le développement spatial ou
ce type de travaux qui nous est demandé, à nous comme aux autres
ministères, et sur lesquels nous avons commencé à apporter
une certaine contribution qui devrait s'accroître avec le temps.
Dans les autres secteurs, dans les autres problèmes d'ordre
interministériel, il y a certains problèmes comme les
problèmes qui ont trait aux programmes pour les Indiens et les Esquimaux
ou certains programmes conjoints avec la Main-d'Oeuvre que nous
commençons à examiner. Mais il est assez évident
qu'étant donné les questions de relations
fédérales-provinciales au cours des derniers mois, une certaine
concentration de temps et d'énergie a été consacrée
à cet ordre de problèmes. Il n'est pas bien nécessaire de
préciser la nature de ces travaux, je pense.
M. LAURIN: On ne reviendra pas à ça.
M. CASTONGUAY: Je pense que ç'a déjà
été pas mal fait, j'imagine.
M. LAURIN: Mais quand vous parlez de coordination avec les
activités publiques extraministérielles, à ce
moment-là, à quoi surtout faites-vous allusion?
M. CASTONGUAY: Il y a la dimension des
relations. Il y a deux plans: il y en a un qui est celui de la politique
scientifique, et dans le cas de la politique scientifique, cela implique des
relations avec les universités ou, par exemple, avec la commission de
recherche. Mais au plan des programmes, il y a l'examen de questions,
l'information, l'analyse de programmes qui débordent même le pays
au plan international. L'une des activités que nous avons eues
récemment a été de recevoir une délégation
de spécialistes français en planification sociale, de favoriser
des contacts, de discuter avec eux.
Et il y a toute la dimension des relations interprovinciales où
nous avons eu un certain nombre de discussions avec, par exemple, des
fonctionnaires des provinces de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick. Nous avons eu
des contacts avec des gens du Manitoba sur les problèmes de
développement des programmes. Alors, ces types d'activités se
regroupent tranquillement dans le cadre de la direction qui est
concernée, mais vu les multiples choses auxquelles nous avons à
faire face, la position que nous prenons c'est d'y aller un peu lentement.
M. LAURIN: Je pense que vos trois services, ce sont la coordination des
programmes et de la législation, la coordination de la politique
scientifique et la documentation, j'imagine?
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. LAURIN: En ce qui concerne, le deuxième, la coordination de la
politique scientifique, est-ce que vous avez commencé à faire des
études sur la coordination à effectuer entre l'Institut national
de la recherche scientifique et le Conseil médical de la recherche?
M. CASTONGUAY: Ici, si vous me permettez, avant d'aller plus
spécifiquement sur ces questions, le Conseil exécutif a
formé un comité ministériel, composé du ministre de
l'Education, du ministre des Affaires sociales, du ministre de l'Industrie et
du Commerce et du ministre d'Etat à l'Environnement, chargé,
justement, de poser les jalons d'une politique de la recherche scientifique au
Québec, et nous avons tenu un certain nombre de réunions. Ce
comité a un secrétaire, M. Larry Gauvin. Et M. Louis Rousseau, je
ne me souviens pas de son titre exact, qui a une responsabilité au
domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche au
ministère de l'Education, assiste aux réunions. Et du
côté du ministère, les avis, les analyses qui sont
nécessaires pour participer activement à ce comité...
M. BELAND: Il serait préférable, M. le ministre, que vous
vous approchiez du micro.
M. CASTONGUAY: ... ont été effectués, justement,
sous la responsabilité de M. Beausoleil à titre de sous-ministre
aux affaires extraministérielles. En passant, lundi prochain, nous
tiendrons un deuxième colloque sur cette question, où nous avons
invité un nombre assez considérable de personnes qui assument des
fonctions de direction ou des postes de chercheurs ou des fonctions au sein de
comités comme celui de la recherche médicale, pour faire
état de nos travaux et pour aborder avec eux certaines questions de
façon plus spécifique qu'il n'était possible de le faire
au tout début en février, lorsque nous avions tenu un premier
colloque. Et avant longtemps, nous serons en mesure de faire les
permières propositions concrètes au cabinet.
M. LAURIN: J'imagine que le ministère a déjà
étudié le rapport de la recherche faite par l'ACFAS,
l'Association canadienne-française sur l'avancement des sciences, sur
les opinions des chercheurs québécois en ce qui concerne les
orientations de la recherche et les diverses options que se dessinent, la
crainte que certains de ces chercheurs ont à l'endroit de l'Etat. La
prépondérance que l'on doit accorder aux universités,
à l'industrie privée ou aux chercheurs individuels ou au
gouvernement, selon le cas.
J'imagine aussi que le ministère doit suivre, avec une
extrême attention, la création d'un ministère scientifique
à Ottawa et je suis heureux d'apprendre que déjà des
efforts sont entrepris au niveau du ministère. Est-ce qu'on peut en
conclure que, d'ici une année, il y aura peut-être des nouveaux
organismes ou une nouvelle politique scientifique qui sera
élaborée dans le ministère et en coordination avec les
autres ministères?
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à l'aspect plus
général de la question, nous croyons, comme comité
à ce stade-ci, qu'il serait ambitieux de faire le tour de l'ensemble de
la question avant de faire des propositions au Conseil exécutif.
D'autant plus qu'en regard d'un certain nombre de questions, une fois
passé le niveau des principes, c'est assez bien de clarifier les choses,
les lignes d'orientation mais ça ne débouche pas souvent sur
quelque chose de bien concret et de bien pratique si ce n'est pas appuyé
par des gestes, par des organismes, etc.
M. LAURIN: Oui...
M. CASTONGUAY: C'est pour ça que nous voulons faire certaines
premières propositions au Conseil exécutif. Au sein du
ministère même nous avions; outre le comité de la recherche
médicale que vous avez mentionné précédemment, deux
autres comités dont un est chargé des recherches dans le domaine
épidémiologique et des recherches opérationnelles et,
l'autre, plus particulièrement dans le secteur de la recherche
sociale.
Egalement, nous ne pouvons ignorer l'existence du Conseil des affaires
sociales et de la famille qui, bien que n'étant pas au premier
titre un organisme de recherche, doit effectuer des consultations et des
études.
En ce qui a trait aux trois comités, nous avons, au sein de ces
comités, des membres de l'extérieur, qui nous viennent de
diverses universités, et un représentant du ministère.
Nous avons essayé de tracer avec eux certaines priorités de telle
sorte que les fonds ou les subventions, les bourses distribuées par le
truchement de ces comités ou sous la recommandation de ces
comités, le soient toujours davantage en fonction d'objectifs que nous
poursuivons comme ministère.
Je pourrais peut-être demander au Dr Brunet, pour chacun des
comités, d'expliquer plus précisément comment ce travail
d'exploration, de détermination des priorités s'est
effectué.
Quant au Conseil des affaires sociales et de la famille, nous lui avons
déjà confié trois questions en priorité pour
étude. Le conseil va aussi, au fur et à mesure qu'il va prendre
sa vitesse de croisière, pouvoir d'engager lui-même dans des
études. Mais déjà, nous avons confié au conseil
trois questions en priorité à examiner et, sous peu, nous
entendons lui en confier une quatrième qui est en voie
d'élaboration.
Brièvement, les trois comités. Le comité de la
recherche médicale existe déjà depuis un certain nombre
d'années. Après des discussions, il a été
jugé préférable de le maintenir tel quel. Ce comité
répond aux ministères qui donnent des subventions aux chercheurs.
Il avait des objectifs qu'on lui a demandé de préciser et on lui
a demandé de s'orienter un peu dans le sens du rapport de la commission
sur la recherche, c'est-à-dire d'assurer la mise en place de jeunes
chercheurs, particulièrement dans les milieux défavorisés
et de s'efforcer aussi d'identifier les secteurs plus prometteurs et plus
défavorisés au Québec dans le domaine de la recherche
médicale.
L'autre comité de la recherche opérationnelle a
été formé il y a presque dix mois, et a comme rôle
d'étudier. Ces études portent surtout à la fois sur la
détermination de priorités et sur la qualité des
études qui sont faites et a comme fonction de favoriser le
développement de la recherche dans le domaine de l'évaluation des
soins, de la recherche épidémiologique, de l'organisation des
soins. Assez rapidement et par des circonstances heureuses, plusieurs
chercheurs sont revenus dans les universités travailler dans ces
domaines, autant à Sherbrooke qu'à Laval, qu'à
Montréal et à McGill.
On a eu en fait une augmentation considérable des subventions de
recherche dans ce domaine. Le troisième comité sur la recherche
socio-économique a été formé très
récemment, au cours des derniers mois et l'objectif, ici encore, c'est
de s'efforcer que l'argent distribué le soit dans divers secteurs avec
une certaine cohérence et vis-à-vis des problèmes qui nous
apparaissent prioritaires que ce soit celui de la pauvreté, que ce
soient des types de problèmes qui sont des préoccupations
majeures tout en laissant au comité une entière liberté de
la détermination de ces choix. Je veux dire que les
déterminations des priorités se font avec les membres du
comité et sans aucune imposition de critères absolus.
M. LAURIN: Est-ce qu'il serait possible d'avoir la composition de ces
deux autres comités de recherche?
M. CASTONGUAY: Certainement. On pourra vous les apporter...
M. LAURIN: Simplement les déposer comme documentation.
Est-ce que la question des relations entre ces trois comités qui
existent et qui font du travail avec l'Institut national de la recherche
scientifique et les organismes fédéraux homologues est en train
d'être étudiée actuellement? Est-ce que c'est parmi vos
projets actuellement ou si c'est déjà en cours?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas vraiment en cours de façon formelle.
On se retrouve toujours avec des membres présents aux deux niveaux comme
vous le savez fort bien; il n'y a pas de relation formelle. Je pense que pour
nous il semble essentiel d'attendre le rapport du comité
ministériel qui travaille sur ces problèmes-là;
deuxièmement, pour nous il y a une troisième chose à faire
c'est d'établir les relations à l'intérieur du
ministère des trois comités entre eux. On a voulu y aller
très progressivement. On a eu des discussions assez longues, par
exemple, avec le Conseil médical de la recherche sur son rôle, son
avenir et son degré d'indépendance ou de relation avec le
ministère. On a essayé de trouver un équilibre à ce
niveau-là et probablement que le prochain pas sera d'établir des
relations formelles entre les trois comités. Ce ne seront pas des
relations quant aux subventions, mais quant aux grandes orientations et quant
aux priorités à déterminer, probablement par un
président, les trois présidents plus peut-être
moi-même ou M. Beausoleil, qui pourront discuter des priorités et
essayer d'en arriver à des consensus pour une orientation. Par exemple,
on a des études actuellement qui sont en cours, qui sont dans le
même sens que le développement, par exemple, pour les centres
communautaires de santé. C'est une priorité dans l'implantation.
On calcule que, si on veut évaluer la qualité et aussi le
rendement de ces centres, il faut avoir des études sur
l'évaluation de la qualité. Le Dr Rochon, à Laval, est
particulièrement intéressé au problème
d'évaluation. Il travaille dans ce sens-là en collaboration
jusqu'à un certain point avec nous, mais de façon totalement
indépendante.
M. LAURIN: Combien de réunions a tenues jusqu'ici le
comité interministériel chargé d'élaborer cette
politique scientifique?
M. CASTONGUAY: Je dirais cinq ou six, peut-être quatre ou cinq. Je
ne me souviens pas.
M. LAURIN: A quel mois a-t-il commencé à fonctionner?
M. CASTONGUAY: Les choses passent tellement vite. J'imagine qu'il a
été formé peu de temps après la première
réunion que nous avons eue à la maison Montmorency qui si
ma mémoire est bonne a eu lieu au cours de l'automne dernier. Le
comité a été formé peu de temps après. Cette
réunion-là avait pour but d'écouter tous les chercheurs,
une bonne représentation des chercheurs, comme je le mentionnais
tantôt. C'est après cette réunion que nous avons
formé le comité et que le Dr Gauvin est venu s'y joindre comme
secrétaire et que nous nous sommes mis au travail.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est la responsabilité de M.
Beausoleil de maintenir des relations avec les organismes parapublics, les
organismes familiaux, les organismes tels que les conseils de bien-être,
l'association des hôpitaux? Il y avait des tables rondes qui existaient,
est-ce qu'elles existent encore?
Ce sont des comités conjoints: ministère organismes
familiaux, ministère association des hôpitaux,
ministère conseils de bien-être?
M. CASTONGUAY: Ces comités existent encore. Ils ne sont pas dans
le secteur des affaires extraministérielles, ils sont
considérés presque comme partie des activités courantes de
la programmation et du financement et ces comités siègent avec
des représentants de ces deux directions en majorité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je lis à la page 9: "La direction des
affaires extraministérielles est chargée d'assurer les relations
du ministère des Affaires sociales avec les organismes extérieurs
dans le double but de permettre une coordination et d'ouvrir des perspectives
sur le développement à long terme du domaine des affaires
sociales". Quels seraient ces organismes extérieurs?
M. CASTONGUAY: Par les définitions qui ont été
apportées, les organismes extérieurs sont des organismes
extérieurs au ministère, enfin au secteur des affaires sociales
et dans ce sens, aujourd'hui même, je participais à une
réunion d'un comité sur des questions économiques et
fiscales: c'est un bon cas d'organisme extérieur. Ce sont plutôt
des organismes reliés à d'autres secteurs d'activités mais
qui sont en relation d'interdépendance avec le ministère que les
organismes parapublics dans le secteur des Affaires sociales.
Si vous me le permettez, il y a une clarification à faire entre
tous ces types d'associations et d'organismes. L'association des hôpitaux
groupe les hôpitaux et s'intéresse de façon
particulière au bon fonctionnement des hôpitaux, aux
négociations avec le personnel dans les hôpitaux, à des
problèmes de regroupement, pour des fins précises, etc. C'est
pourquoi, sur un plan, ces associations ont des relations suivies avec les
directions, par exemple la programmation du financement. Il y a d'autres
organismes comme le Conseil de bien-être du Québec, les conseils
de développement social et un certain nombre d'autres qui sont
particulièrement intéressés à la formulation des
politiques, c'est-à-dire par leur perception de problèmes
particuliers, de besoins, leur "membership". Dans ce cas, nous sommes en voie
d'essayer de clarifier quelles doivent être les relations avec le
ministère, d'autant plus que nous avons maintenant le Conseil des
Affaires sociales et de la famille. J'avais demandé, lors de la
nomination de M. Marier à titre de président, d'effectuer un
certain nombre de rencontres auprès de ces organismes, de songer au
problème des relations, de telle sorte qu'on puisse canaliser d'une
façon un peu plus structurée, aussi bien auprès du
ministère que par le truchement du conseil, toutes les voix qui veulent
se faire entendre auprès du gouvernement ou auprès du
ministère et qui le font spontanément, donc dans un cadre qui
n'est pas organisé. Un jour, c'est une association d'handicapés
qui vient vous présenter un point de vue. Vous trouvez cela
extrêmement intéressant, mais vous retournez à vos
activités quotidiennes. Le lendemain ou le surlendemain, c'est un autre
groupe qui vient d'une autre région et qui vous parle d'un tout autre
problème. Il y a un besoin d'organisation dans ce secteur. En même
temps que M. Marier a effectué ses contacts, nous avons, au sein du
ministère, au sein de notre direction de la planification et de la
recherche, établi le point de vue du ministère quant à la
façon d'organiser les relations avec ces organismes. Nous allons
transmettre d'ici peu au président, pour soumission et étude par
les membres du conseil, cette position du ministère, et nous accorderons
alors les choses de telle sorte qu'on en arrive à des mécanismes
aussi appropriés que possible.
Il y a enfin le secteur des organismes familiaux qui, par leurs
préoccupations, débordent dans une certaine mesure le secteur
propre aux Affaires sociales, soit les services de santé et de
sécurité du revenu, services sociaux.
Pour cette raison, étant donné la nature un peu
particulière de points de vue qui débordent nettement le cadre de
notre ministère, aussi bien au sein du Conseil des affaires sociales,
nous avons ajouté cette dimension et nous avons demandé aussi
à M. Beausoleil, à titre de sous-ministre adjoint aux affaires
extraministérielles de s'intéresser de façon
particulière à toute politique, tout développement, toute
mesure pouvant toucher la famille. Je pense qu'il y avait cette
nécessité de clarifier aussi les titres d'organismes en ce qui a
trait aux relations à entretenir avec le ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme autre
question générale celle-là on va
entreprendre...
M. LAURIN: J'aurais une autre question à propos de la
conférence nationale de la santé et du bien-être. Lorsque
vous dites ici que vous avez constitué des groupes de travail qui ont
institué les études sur les thèmes majeurs, dois-je
comprendre que c'est plutôt à votre direction qu'a incombé
cette tâche, plutôt qu'à l'Office de planification au
ministère des Affaires intergouvernementales ou est-ce que ça a
été fait en collaboration avec ces deux organismes? Et si oui,
par quelle méthode? Est-ce que l'office ou le ministère des
Affaires intergouvernementales a détaché un haut fonctionnaire
pour travailler en collaboration avec votre direction, ou le contraire? De
quelle façon ces groupes de travail ont-ils travaillé et
préparé leur rapport?
M. CASTONGUAY: Dans le cas des travaux de préparation des
conférences cela s'est fait aussi comme ça dans le
passé avant mon arrivée au ministère il a des
travaux qui se font habituellement à l'intérieur du
ministère, en collaboration avec les directions, les fonctionnaires
concernés qui sont au courant des diverses questions discutées
lors de ces conférences et peut-être surtout avec les
fonctionnaires de la planification, avec les fonctionnaires du secteur du
financement. C'est là qu'en fait les problèmes sont posés
que les questions sont examinées.
Depuis une année, le ministre a participé à
plusieurs conférences fédérales-provinciales et aussi il y
a eu des réunions de fonctionnaires. C'est à peut près la
façon que nous avons utilisée. Par rapport aux travaux de ces
groupes avec les organismes de l'extérieur, il y a le cas de l'Office de
planification. L'office, par ses préoccupations et ses objectifs, a
été assez peu mêlé je pense qu'on peut dire
qu'il ne l'a pas été à ces ordres de
préoccupations, étant donné qu'il n'a pas de programme
majeur encore dans le domaine du développement social, mais s'est
concentré dans les problèmes de développement
économique ou de développement régional.
En relation avec les Affaires intergouvernementales, ce sont des
relations assez régulières. Les travaux se font à
l'intérieur du ministère, il y a des échanges avec des
fonctionnaires du ministère des Affaires intergouvernementales. Il y a
des échanges au niveau des sous-ministres et il y a des échanges
qui se situent dans le cadre des décisions de l'ensemble du Conseil
exécutif. C'est autant par contacts, échanges, soumission de
textes, que par groupes formels...
M. LAURIN: J'avais posé la même question lors de
l'étude des crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales, et on m'avait donné une réponse
très sibylline que j'essaie d'expliciter ce soir.
M. CASTONGUAY: Remarquez que, possiblement dans d'autres
ministères, les choses se passent différemment. Quant à
nous, nous avons entretenu, spécifiquement pour les fins des
conférences fédérales-provinciales, ou interprovinciales
comme vient de le décrire M. Beausoleil des relations
très étroites. Un fonctionnaire qui joue un rôle
extrêmement actif sur ce plan-là, c'est Mme Mercedes
Chartier-Gauvin, dont je me demande parfois si elle est aux Affaires
intergouvernementales ou chez nous. Là, elle est chez nous.
M. LE PRESIDENT: A l'article 1, est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant de terminer le poste 1, il y a des
organigrammes pour chacune des directions générales du moins pour
celles qui sont en place. Pas nécessairement tout de suite, mais est-ce
qu'on pourrait les avoir au cours de l'étude des crédits?
M. CASTONGUAY: Cela voudrait dire demain.
M. CLOUTIER (Montmagny): On pourrait les avoir demain. On les aura pour
lundi prochain. Le poste budgétaire 1 serait adopté. Nous avons
traité d'une direction générale, pour ma part j'avais
gardé la direction générale des affaires
extraministérielles pour en parler au poste budgétaire 2. De
toute façon c'est fait alors on entre dans les autres directions
générales. Le poste budgétaire 2: Directions
générales. Article 1 : Administration.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1. Directions générales
Administration
M. CLOUTIER (Montmagny): Comment peut-on comparer les postes de cette
année avec les postes de l'an dernier dans la direction
générale de l'administration? Est-ce qu'il y a beaucoup plus de
postes d'autorisés?
M. CASTONGUAY: Vous avez reçu, M. le député, un
tableau comparatif qui vous donne une base de comparaison entre février
1970 et février 1971, dans la réponse à la question
posée par le député de Bourget.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est 581 contre 585, donc il y a une
diminution.
M. CASTONGUAY: Oui, il y a une légère diminution.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a beaucoup de postes
vacants?
M. LAURIN: 76.
M. CASTONGUAY: 76, oui. Vous avez le tableau.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui est le directeur général de
l'administration?
M. CASTONGUAY: Dans chacun des grands secteurs du ministère, le
sous-ministre adjoint est en fait le directeur général de cette
direction.
M. CLOUTIER (Montmagny): Jusqu'à ce que le poste soit
comblé?
M. CASTONGUAY: Dans la structure actuelle, disons qu'il se retrouve sous
chaque sous-ministre adjoint des directeurs qui seront probablement des
directeurs généraux. Le poste de directeur général
de l'administration comme tel n'existe plus ou est assumé en fait par le
sous-ministre adjoint comme ce sera le cas dans chacune des autres
directions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela sera le cas aussi dans les autres
directions générales?
M. CASTONGUAY: Au financement, à la programmation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Jusqu'au recrutement, mais dans le
recrutement...
M. CASTONGUAY: Non, dans les nouvelles structures. Ce sont les formes
adoptées par la nouvelle structure alors qu'il existait auparavant
spécifiquement un directeur général de l'administration.
Le poste n'existe plus comme tel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les concours pour les 76 postes
vacants sont ouverts actuellement?
M. CASTONGUAY: Vous savez que, sur un nombre de 5,000 fonctionnaires,
vous avez nécessairement par le jeu de la rotation, des remplacements,
des démissions, etc. un pourcentage nécessaire de postes vacants
et qui sera toujours à un certain niveau par la force des choses. Au
niveau de l'administration, ce pourcentage me semble à peu près
conforme à la moyenne, à la normale quoique certains concours
sont en marche pour combler certains postes précis.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le sous-article 1 est adopté?
M. BELAND: Un instant, M. le Président. A l'intérieur de
ces 76 postes, est-ce que l'on va procéder de la façon que le
ministre l'a expliqué hier soir pour tous ces postes en ce qui a trait
à la nomination des personnes attitrées à chacun d'eux?
Est-ce que le processus va être exactement celui qui a été
expliqué hier soir?
M. CASTONGUAY: Celui prévu par la loi, les règlements de
la Commission de la fonction publique.
M. BELAND: En ce qui concerne la différence qui apparaît au
tableau les $3,740,000 et les $3,373,200, est-ce que c'est simplement
attri-buable à l'augmentation graduelle des salaires, plus la
quantité prévue si les postes étaient remplis, ou s'il y a
d'autres spécifications?
M. CASTONGUAY: Non, il existe une formule standardisée à
travers les ministères pour calculer au chapitre des traitements le
montant du crédit pour l'année, formule qui prévoit les
salaires des postes comblés plus un certain pourcentage des postes
vacants à être comblés et cette formule donne
mathématiquement le résultat que vous avez.
M. BELAND: Très bien, merci.
M. LAURIN: A la page 29, on lit - d'ailleurs le ministre en a
déjà parlé qu'on est en train de transférer
à la Régie des rentes l'administration du régime de l'aide
sociale. Est-ce que le ministre peut nous dire la date approximative à
laquelle ce transfert sera complété?
M. CASTONGUAY: La Loi de l'aide sociale, comme vous le savez tous par
les questions en Chambre, par la représentation que vous recevez comme
députés, par tout le contexte, est une loi difficile
d'application, qui nécessite des changements à la
réglementation, qui a nécessité aussi l'ouverture de
nouveaux bureaux, la réévaluation du personnel dans les bureaux,
du fardeau de travail dans les bureaux. Il y a une certaine période de
stabilisation qui n'est pas terminée et qui, à notre avis,
implique nécessairement que ce soit relié assez
étroitement au ministère. Il y a bien des fois où nous
aimerions voir le président de la Régie des rentes avoir tous ces
problèmes au lieu de nous. Mais il semble que c'est plus en relation
avec nos responsabilités que de continuer de garder l'administration de
cette loi tant qu'elle ne sera pas bien stabilisée.
Une fois ce stade atteint, s'il est possible de l'atteindre,
étant donné que nous sommes dans un secteur où il y a
passablement d'évolution on a vu le nombre des
bénéficiaires augmenter, on a vu la loi être
modifiée, les règlements être modifiés ce
n'est pas une situation qui est susceptible de se stabiliser facilement, mais
une fois cette stabilisation effectuée, je crois qu'il serait possible
d'envisager le transfert à la Régie des rentes.
Présentement, il ne m'est pas possible du tout de vous donner une date
où on pourra envisager un tel transfert.
M. LAURIN: A la page 27, M. le Président, on lit que les fusions,
groupements ou regroupements ont assuré progressivement
l'intégration
du personnel à l'intérieur des cadres nouveaux. On a
l'impression, en lisant ce paragraphe, que c'est complété. Est-ce
effectivement le cas?
M. CASTONGUAY: A toutes fins pratiques, oui, la phase du regroupement
à l'intérieur des nouvelles structures est
complétée.
M. LAURIN: Cela veut dire que tous ceux qui travaillaient dans des
services ou dans des directions qui ont été refaits,
restructurés différemment ont tous trouvé place dans le
nouvel organigramme, avec une description de tâches qui a
été complétée et des fonctions effectives qui ont
été assumées.
M. CASTONGUAY: Dans ma direction c'est le cas, parce que les changements
n'ont pas été importants, du moins pas aussi importants que dans
le cas de certaines autres directions. On peut dire que tous ont trouvé
place, non pas nécessairement une place équivalente je me
réfère aux explications du sous-ministre, hier soir mais
tous ont trouvé une place assez précise à
l'intérieur de descriptions de tâches qui, au niveau des services
à tout le moins et même au niveau des divisions, sont maintenant
complétées.
Il faut dire aussi, dans ce cas-ci, qu'une certaine intégration
avait été effectuée alors même que les deux
ministères, celui de la Santé et celui de la Famille et du
Bien-Etre social, continuaient d'exister séparément.
M. LAURIN: S'il m'est possible de revenir au poste 1, ou peut-être
sera-t-il possible d'en parler un peu plus tard, dans le rapport on voit que le
secrétariat du ministère administre quand même un certain
nombre de programmes, comme le service des bourses, les subventions à la
recherche, est-ce qu'on pourrait en parler plus tard ou si on peut en parler
tout de suite?
M. CASTONGUAY: Si vous voulez, on peut l'aborder immédiatement.
Est-ce que vous voulez qu'on aborde immédiatement le secrétariat
général?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. LAURIN: Cela fait partie du secrétariat. D'accord! A la page
32 du rapport on lit une phrase: "Le secrétariat contrôle la
qualité des soins et les normes de sécurité dans les
institutions." Le ministre nous a déjà donné quelques
détails en Chambre lorsqu'on lui a posé des questions sur la
direction de l'accréditation. Ce soir je voudrais plutôt lui
demander quels sont les mécanismes utilisés par le
secrétariat pour contrôler la qualité des soins et les
normes de sécurité? Quels mécanismes a-t-on
utilisés? Par qui ce travail se fait-il?
M. CASTONGUAY: En premier lieu, si vous me permettez juste une
observation d'ordre général, il a paru important de placer cette
direction au sein du secrétariat, de telle sorte qu'au sein des autres
directions générales, qui sont impliquées soit dans des
activités de financement, de programmation, dans des relations
constantes avec des organismes qui seraient en quelque sorte obligés de
passer des jugements dans une certaine mesure sur les résultats de leur
travail ou de passer des jugements qui parfois pourraient être
faussés par le fait que ces jugements peuvent être difficiles
à accepter par l'interlocuteur et qui pourraient fausser les relations,
si les directives générales sont trop impliquées à
la fois, il est difficile de leur demander d'agir d'une certaine façon
comme l'évaluateur des activités qui se déroulent au sein
des institutions ou des services.
C'est pour cette raison principale que nous avons placé cette
direction dans le secrétariat et aussi pour qu'il y ait un lien aussi
étroit, aussi immédiat que possible avec le sous-ministre,
étant donné l'importance de cette activité.
En fin de compte, c'est dans une certaine mesure une des
activités extrêmement importantes pour la protection de la
population. Si vous le permettiez, je pourrais demander au Dr Martin Laberge,
qui est le directeur, de vous donner les grandes lignes du fonctionnement de sa
direction, du personnel, des activités en cours.
Il s'agit de la direction générale de
l'accréditation. Le mot "accréditation" n'est pas français
mais sera remplacé prochainement. On n'a pas pris le mot
"agrément" parce qu'en anglais on avait traduit ça par
comité de l'agrément et on avait écrit: "recreation
committee". On a pensé qu'au début on garderait le terme
"accréditation" pour plus tard le changer pour le mot "agrément".
La direction générale de l'agrément...
M. LAURIN: Est-ce l'agrément pour les directeurs de ces
institutions-là?
M. CASTONGUAY: ... est donc divisée en trois services. Un premier
service s'occupe de la conception de normes. Actuellement, nous avons 17
catégories de normes différentes qui sont en élaboration.
Sur les 17, il y en a douze de complétées, elles ont faites par
des fonctionnaires du ministère avec le concours d'individus...
M. LAURIN: Est-ce que je peux vous demander si ce sont des
professionnels des champs concernés qui ont établi ces
normes?
M. CASTONGUAY: Toutes ces normes ont été faites par des
professionnels. Quelques-unes ont même été faites
complètement en dehors du ministère. Je reviens à un des
services qui est la constitution des normes. On a par exemple des normes pour
les établissements d'enfants qui ont été faites par des
gens qui sont des
professionnels dans ce domaine, des gens de Montréal qui
appartiennent au ministère; on a des normes psycho-pédagogiques
qui ont été faites par des psycho-pédagogues, on a des
normes de pharmacie qui ont été faites avec un pharmacien du
ministère, mais dans chaque cas, le pharmacien s'est adjoint trois
individus en dehors du ministère pour former un comité et
écrire les normes.
Les normes de pharmacie sont terminées. Les normes des services
alimentaires ont également été faites par une
diététicienne du ministère qui a formé un
comité avec trois diététiciennes prises dans des
hôpitaux de la province, Montréal, Trois-Rivières,
Québec. Les normes de soins infirmiers pour les hôpitaux
généraux et également des normes de soins infirmiers pour
les hôpitaux psychiatriques ont été faites là encore
avec une infirmière du ministère assistée de trois
infirmières dans le domaine de la psychiatrie.
Des normes d'archives médicales ont été faites par
l'archiviste du ministère qui était le responsable avec, encore
là, un comité formé d'autres archivistes et pris en dehors
du ministère. Des normes pour les laboratoires ont été
confiées en totalité à l'Association des gens de
laboratoire. Les normes de radiologie, c'est également l'Association des
radiologistes de la province qui nous les fait. Pour les unités de soins
intensifs, on a demandé à des individus en dehors du
ministère de nous fournir leurs normes et de nous les
préparer.
Pour les unités coronariennes, ce sont des cardiologues; il y a
quatre cardiologues à qui on a demandé de préparer les
normes. Quand ces normes-là seront toutes terminées, c'est
un service et nous croyons que ce sera possible d'ici quinze jours ou trois
semaines on aura toutes les normes en main. A ce moment-là, les
normes sont vues au ministère, sont étudiées, sont
corrigées et on fait appel à des consultants de
l'extérieur, c'est-à-dire des organismes de l'extérieur du
ministère qui vont former un comité permanent pour nous permettre
de mettre à jour les normes, de les réviser
périodiquement.
En effet, on croit que si les normes restent les mêmes pendant x
années, elles deviennent plus ou moins bonnes. Je prends le domaine de
la psychiatrie, par exemple. On a déjà eu des communications avec
le Dr Kahn, le Dr Lortie, le Dr Lazure, le Dr Potvin, qui sont des
médecins en dehors de la psychiatrie, en dehors du ministère et
qui vont venir. On va demander à l'Association des hôpitaux
psychiatriques d'être là pour étudier ces normes.
Quand on regarde les normes médicales, en fait, c'est une
explication des règlements découlant de la Loi des
hôpitaux, des règlements actuels que l'on a découlant de la
Loi des hôpitaux. Avant d'arriver à l'adoption définitive
de normes médicales, on va consulter. On a dix organismes sur la liste,
dont le Collège des médecins, les facultés de
médecine ou le comité des Doyens, l'Association des
hôpitaux, l'Association des bureaux médicaux, les
fédérations de médecins spécialistes ou
d'omnipraticiens. Tous ces gens vont venir et feront partie d'un comité
permanent du ministère pour tenir les normes à jour et nous faire
leurs représentations. C'est là un des trois services, celui de
la conception des normes.
Le deuxième service s'appelle contrôle des
établissements. Il y a encore un terme à changer, c'est le mot
contrôle qui est un peu vigoureux, mais il s'agit d'aller dans les
différents établissements, et il y a plus d'établissements
que l'on pensait. Il y en a environ 1,700 je dis environ, parce qu'il y
a un certain nombre d'établissements clandestins. Ce terme n'est
peut-être pas très bon, les établissements peuvent
être bons, mais ce sont des établissements sans permis, qui n'ont
pas eu de permis pour des raisons x ou qui n'en ont jamais eu. Il y en a
environ 1,700 en tout. Cela comprend les trois sections du domaine de la
santé, les hôpitaux généraux et les hôpitaux
publics ou privés généraux, les hôpitaux de malades
chroniques, les hôpitaux psychiatriques, les hôpitaux
spécialisés comme les hôpitaux pour enfants ou instituts de
cardiologie. Ensuite, si on laisse le côté de la santé,
l'on va du côté des établissements que l'on appelle
à vocation sociale. On a environ 500 établissements pour
personnes âgées et 500 établissements dans le domaine de
l'enfance.
M. LAURIN: Cela vous donne en somme l'occasion de faire un inventaire
qui n'avait jamais été fait et de faire des
découvertes.
M. CASTONGUAY: Oui, nous avons fait certaines découvertes.
Ce deuxième service que l'on appelle contrôle des
établissements et qui est le plus gros des services a pour objectif ou
pour mission d'aller dans les établissements et de faire un rapport sur
la qualité des services. Cela comprend la qualité des soins, cela
comprend le nursing, cela comprend la pharmacie et cela comprend tout ce qui se
trouve dans le service, l'hygiène, en tout cas. Nous avons un rapport.
Jusqu'à présent, en commençant à la fin de janvier
1971 jusqu'au 31 mai 1971, nous avons fait environ 500 visites, exactement 482
visites d'établissements. On espère que, d'ici la fin de
l'année, même au rythme où l'on va, nous allons avoir
facilement terminé la visite de tous les établissements. Au cours
des visites, nous avons d'abord une liste prioritaire d'établissements
que l'on avait soumis à notre attention ou qui avaient été
en suspens pour des raisons x. Il y a eu, comme vous êtes certainement au
courant quelques fermetures. Actuellement, le nombre en est de 40, c'est un
chiffre, ce n'est pas un pourcentage, mais on a actuellement 40
établissements qui ont été fermés ou qui ont
été avisés qu'ils seraient fermés
prochainement.
Le troisième service est un service que l'on
appelle évaluation des normes et émission des permis. Dans
ce service, nous prenons le dossier qui arrive du contrôle des
établissements et chaque consultant ou chaque consultante, dans son
domaine, étudie si le service est adéquat, par exemple si le
service alimentaire est adéquat, si la pharmacie est
appropriée.
Puis, on décide ou non d'émettre le permis.
On émet le permis ou encore on retient le permis pour un certain
temps en faisant des recommandations à l'établissement
concerné de vouloir bien entreprendre certaines modifications, ou encore
on donne le permis sans aucune restriction.
M. LAURIN: Dans la conception...
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous juste un mot? Il y a lieu de parler des
relations avec le ministère du Travail au plan de la
sécurité.
Les deux objectifs de notre direction sont, premièrement, la
sécurité et, deuxièmement, la qualité. Au lieu des
soins, j'aime mieux le terme "services" parce que c'est plus large que
seulement les "soins".
La sécurité des pensionnaires ou des malades, qui sont
dans un établissement, a été confiée au
ministère du Travail, c'est-à-dire qu'on a eu une entente ou un
protocole de collaboration avec le ministère du Travail. On a
préparé des normes et les ingénieurs du ministère
des Affaires sociales, des Affaires municipales et du ministère du
Travail, ont revu ensemble des normes qui ont été
acceptées d'ailleurs par arrêté en conseil en
février ou mars. Ce sont les techniciens ou les officiers du
ministère du Travail qui feront la partie sécuritaire.
C'est pourquoi la relation ou la collaboration entre le ministère
du Travail et notre ministère est très importante. Une partie du
travail de notre direction est faite par le ministère du Travail qui
nous fait parvenir le rapport de son enquête et, en même temps,
fait parvenir le rapport à l'établissement concerné.
La deuxième partie, la qualité des services, est faite par
notre direction: les deux objectifs sont donc: sécurité et
qualité des services. La sécurité relève du
ministère du Travail; la qualité des services relève de
notre ministère. On met tous les dossiers ensemble à la fin pour
savoir si on doit ou non émettre un permis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le domaine de la conception des normes,
une fois que vous aurez terminé l'opération, dans quinze jours ou
trois semaines vous avez douze normes de complétées, il y
en a seize à compléter il y aura d'autres processus de
vérification. Vous avez expliqué tantôt que des consultants
de l'extérieur seront demandés. Mais quel est le
mécanisme, à l'intérieur du ministère, pour
vérifier la transposition pratique des normes? Il y a des implications
budgétaires considérables dans chacune des normes qui ont
été établies. Ce n'est pas la même chose
d'établir des normes dans le domaine du service alimentaire, des normes
sévères ou des normes moins sévères dans le domaine
de l'équipement, que ce soient les unités coronariennes ou
d'autres services d'équipement. Evidemment, toutes les normes
conditionnent, que ce soit en pharmacie ou ailleurs, les budgets des
hôpitaux et des institutions.
Quel est le mécanisme qui va être utilisé pour faire
une vérification pratique avant qu'elles ne soient promulguées et
officielles?
M. CASTONGUAY: Au lieu de normes, j'ai demandé de parler de
projet de normes. Tant qu'on ne sera pas rendu à des normes, c'est un
projet de normes.
Le mot sur lequel on a le plus insisté, c'est celui de minimal,
c'est-à-dire partir de là où nous sommes actuellement. Si
on met des normes maximales ou optimales, ça peut coûter $50
millions ou $100 millions au ministère. Avant que les normes aillent
devant les organismes consultatifs dont je vous ai parlé plus tôt,
les normes vues par les différentes directions du ministère,
c'est-à-dire l'exécutif du ministère, la programmation,
les finances, pour connaître leur implication au point de vue
financier.
On a été extrêmement prudent sur les normes qui
concernent le personnel, par exemple. On a même essayé, autant que
possible, de ne pas les mentionner immédiatement. On a des normes qui
sont faites, les normes d'archives, les normes de pharmacie mais je ne veux pas
qu'on mentionne le nombre d'individus qu'il faut par rapport à un
hôpital de tant, à ce stade-ci. Cela peut varier
considérablement et j'aimerais mieux que ce soit vu par les autres
directions du ministère avant d'arriver à des normes aussi
précises que ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont des normes qui vont servir autant pour
les hôpitaux privés que pour les hôpitaux publics.
M. CASTONGUAY: Exactement les mêmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... les institutions à caractère
privé. Alors quand il s'agit d'un manque de personnel, évidemment
ça entraîne des coûts et le ministère est
obligé de les absorber en plus de la convention collective de travail.
C'est là où ça devient dispendieux.
M. CASTONGUAY: Je voudrais juste mentionner que je pense qu'il
faut que cela soit clair ce n'est pas à l'accréditation de
déterminer les normes de personnel. Je pense que c'est important que les
normes de...
M. LAURIN: Est-ce qu'on a tenu compte des normes établies par des
vieux organismes qui font cela depuis un très grand nombre
d'années? Je pense, par exemple, au Collège des médecins,
au Collège royal, au Conseil
canadien d'accréditation ou au Conseil américain
d'accréditation. Est-ce qu'on a tenu compte de toutes ces
normes-là afin de les harmoniser, de les augmenter?
M. CASTONGUAY: Tous les organismes que vous avez mentionnés plus
les normes de toutes les provinces canadiennes sont au ministère. Elles
ont été étudiées et évaluées. Les
normes américaines, le Conseil canadien d'accréditation... on ne
veut pas faire de duplication avec eux, mais comme vous le savez, ces
organismes vont dans les hôpitaux qui les demandent seulement.
M. LAURIN: Je sais.
M. CASTONGUAY: Cela est déjà un gros handicap.
Deuxièmement, ils s'annoncent à l'avance, cela en est un autre.
Troisièmement, on paie leurs visites, quand ils viennent dans un
hôpital, les frais de leur accréditation sont payés par le
gouvernement du Québec. On paie cela mais ils ne veulent pas nous donner
le rapport. Ils donnent le rapport à l'hôpital, mais pas à
nous. Une autre affaire, c'est que les hôpitaux qui ne le demandent pas
ce sont ceux qui auraient besoin d'une accréditation ou d'un
agrément.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut penser qu'à la longue l'immense
somme de renseignements que vous allez recueillir et qui va conduire non
seulement à l'élaboration de normes, mais à la
vérification constante des normes, peuvent aboutir à la
disparition des autres organismes d'agrément?
M. CASTONGUAY: Les autres organismes d'agrément, il y en a un qui
est très important avec qui on collabore, qu'on rencontre
régulièrement, c'est le Collège des médecins. Quand
il s'agit d'actes médicaux ou d'évaluation de la pratique
médicale, on a des rencontres régulières avec le
Collège des médecins en ce qui concerne cet aspect-là.
M. LAURIN: Est-ce qu'on vous trouve trop dynamique dans certains
milieux?
M. CASTONGUAY: On me trouve trop chirurgical.
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CASTONGUAY: Sur ce plan, j'aurais deux commentaires à faire
sur la dernière remarque du Dr Laberge. J'ai retenu la suggestion du
député de Bourget de prévoir une procédure d'appel
dans la future loi de l'organisation des services de santé et des
services sociaux non pas sur la décision prise parce que c'est une
décision qui doit être celle du ministère. C'est le
ministère qui a la responsabilité, ou le ministre, mais sur la
procédure suivie. Alors, s'il y a des vices de procédure dans le
travail de cette direction, il y aura une procédure d'appel. C'est un
aspect qui, j'imagine, est tellement peu litigieux qu'il va être retenu
dans le projet de loi en voie de préparation.
Sur la deuxième question, je pense qu'au sujet des organismes
d'agrément nationaux ou nord-américains, il y a un aspect que
nous ne pouvons pas ignorer, c'est que ces organismes visent dans une certaine
mesure à des normes d'excellence. Je pense que, même si sur
certains plans, on trouve leur fonctionnement, comme le mentionnait le Dr
Laberge, peu adapté au type de responsabilités que nous avons
comme ministère, il n'en demeure pas moins qu'il pourrait être
mauvais subitement de demander aux hôpitaux de ne plus entretenir de
relations avec ces organismes au plan de la réputation des
professionnels, des hôpitaux, des institutions, la motivation de ce
personnel, etc.
Je crois qu'il sera nécessaire au cours des prochains mois ou des
prochaines années d'analyser d'un peu plus près l'impact qu'ont
ces organismes sur l'organisation de nos institutions, les coûts en
équipement qui en résultent et le fonctionnement de nos
institutions. Parce qu'il y a là une intervention qui vient de
l'extérieur, qui ne tient pas compte de nos contraintes
budgétaires, des priorités que nous pouvons avoir et qui peuvent
venir fausser vraiment le travail de planification, d'allocation de ressources
limitées que nous devons effectuer.
Une fois le travail lancé, bien établi de la direction au
plan de l'établissement de normes minimales, de l'évaluation, ce
sera une responsabilité ou un examen qui devra sûrement être
fait en collaboration avec les autres directions du ministère.
M. LAURIN: Il faut dire aussi que l'élaboration des normes peut
parfois ressortir à certains objectifs qui peuvent être
différents de ceux qu'un ministère poursuit. Par exemple, je
pense aux normes d'enseignement, je pense aux normes des services de recherche.
Je ne pense pas que les agréments que vous visez couvrent d'une
façon spécifique ou d'une façon élaborée ces
divers champs. A ce moment-là, il y aurait place pour d'autres
organismes d'agrément qui viendraient compléter ou qui
viendraient spécifier un agrément.
Je pense qu'on est amené fatalement à se poser la question
du problème de la coordination entre les bureaux de la direction
générale du ministère et les organismes extérieurs
qui se consacrent d'une façon bien spécifique à certains
types d'agrément. Par exemple celui du Collège des
médecins qui vise de plus en plus les hôpitaux d'enseignement,
aussi bien que certains organismes américains que mentionnait le
ministre et qui touchent d'une façon plus spécifique les
écoles de médecine et, par voie d'extension, les hôpitaux
universitaires. Je suis bien conscient avec le ministre que ces organis-
mes américains ont un standard d'excellence tel pour les
hôpitaux universitaires que ceci amène des dépenses
très fortes.
Par contre, on peut penser que ces dépenses très fortes
peuvent être nécessaires lorsqu'il s'agit d'écoles de
médecine qui sont responsables de la formation de tous nos futurs
professionnels. Vous envisagez quand même le problème d'une
coordination à établir entre cette nouvelle direction pas
nouvelle puisqu'elle existait cette nouvelle direction
réorganisée du ministère avec tous les les autres
organismes d'agrément.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il y aura une phase d'analyse des
incidences...
M. LAURIN: Ce que vous disiez tout à l'heure au sujet de la
constitution d'un tribunal d'appel, est-ce que l'information a
été communiquée aux institutions qui ont reçu la
visite des inspecteurs du ministère? Et est-ce que...
M. CASTONGUAY: Non.
M. LAURIN: Elle n'a pas été communiquée
encore...
M. CASTONGUAY: Cela n'existe pas. C'est dans le projet...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je reviens à une remarque du directeur
de l'accréditation, le Dr Laberge, qui a parlé tantôt de 40
établissements à fermer. Est-ce que ce sont des
établissements du secteur privé?
M. CASTONGUAY: Il y en a dans les deux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Secteur public et secteur privé? ...
M. CASTONGUAY: Du secteur public et du secteur privé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelles sont les précautions qui sont
prises quant à la reclassification des employés des
établissements à fermer?
M. CASTONGUAY: La première précaution, c'est de les
prévenir, selon les règlements, selon la loi, 60 jours à
l'avance pour qu'ils puissent prévenir leur personnel que dans 60 jours
l'établissement sera fermé.
La deuxième, c'est que nous travaillons en étroite
collaboration avec le sous-ministre adjoint aux relations professionnelles, M.
Gaudreault. Ces fonctionnaires vont sur place, dressent une liste des gens qui
seront mis à pied et tentent de les replacer dans d'autres
établissements, ce qui constitue un "pool" dans lequel il y a un certain
nombre d'employés qu'on n'a pas réussi à replacer. Mais
aussitôt qu'un établissement nouveau va naître ou va ouvrir,
nous offrirons ces emplois en priorité aux gens qui ont
été mis à pied à cause de fermeture ailleurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ces 40 établissements
représentent combien de lits?
M. CASTONGUAY: En général, ce ne sont pas de gros
établissements, 27, 30, 18, 16, 4 vous êtes comptable vous
pouvez compter vite 198, 26, 25...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cent quatre-vingt dix-huit lits quel est cet
établissement?
M. CASTONGUAY: Relocalisation. C'est un établissement que nous
avons fermé, qui s'appelait: "Aide à la femme, au coin des rues
Ahearne et Hochelaga à Montréal où il y avait 240 malades,
dont à peu près 200 étaient alitées dans un
édifice en bois, qui était tout près d'être
centenaire et qui avait été condamné à plusieurs
reprises. La ville de Montréal avait des ennuis avec ça. Cela a
été relocalisé dans l'école des infirmières
de l'hôpital Saint-Luc qui est une école complètement
à l'épreuve du feu, à partir du quatrième au
douzième... Oui, elles ont été accueillies avec beaucoup
d'enthousiasme. Les pensionnaires sont là actuellement, sont très
heureuses et l'aide à la femme, elle-même...
M. LAURIN: La femme est mieux aidée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on a pu réintégrer tout
le personnel?
M. CASTONGUAY: Au complet.
M. CLOUTIER (Montmagny): A Saint-Luc?
M. CASTONGUAY: Tout au complet, à Saint-Luc. C'est relié
à Saint-Luc, en dessous de la rue Sanguinet, avec un tunnel et ils ont
des contrats de service pour la buanderie, les services alimentaires, la
pharmacie et les soins médicaux qui sont à 100 pieds de
l'établissement.
M. LAURIN : Est-ce que le Manoir Charles-de-Foucault est inclus dans ces
40 établissements?
M. CASTONGUAY: Non, il n'est pas fermé.
Il y en a dans le domaine des hôpitaux généraux,
dans le domaine des foyers et dans le domaine des établissements pour
l'enfance. Il y a des établissements de 10, 10, 33, 65 lits.
M. LAURIN: A propos de Charles-de-Foucault, est-ce qu'on peut demander
où en sont les activités, par exemple le nombre de pensionnaires
qui sont encore là? Combien ont été relocalisés et
où?
M. CASTONGUAY: La dernière fois -je
peux vous donner certains renseignements et au besoin si vous voulez des
renseignements plus précis, vous les demanderez soit à M.
Gaudreault ou à un autre j'ai rencontré, en compagnie du
Dr Brunet, de M. Gaudreault, M. Pleau, directeur général de
l'hôpital Saint-Sacrement, à qui nous avons confié le
mandat d'agir comme administeur de la remise en fonctionnement du Manoir
Charles-de-Foucault. A ce moment, les enfants avaient été
transférés à la Calèche et il proposait, quant
à lui, de ne pas les ramener au manoir immédiatement, compte tenu
du fait d'abord que leur année scolaire est en voie de se terminer,
qu'un autre déménagement ou transfert aurait pu avoir de
mauvaises conséquences. Il s'attaquait à ce moment-là plus
précisément à résoudre les problèmes
d'équipement, l'édifice lui-même, à régler
les griefs du personnel, les problèmes au niveau de la corporation et
graduellement à préparer la voie pour que les enfants reviennent
pour reprendre pleinement, au mois de septembre, les activités.
Si vous voulez des renseignements plus précis, le 10 août
les activités vont reprendre, les enfants devraient revenir au cours de
septembre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que l'abbé Landry est encore
là?
M. CASTONGUAY: L'abbé Landry n'est plus au manoir
Charles-de-Foucault. Il y aura une nouvelle corporation.
M. LAURIN: Dans le service du secrétariat aussi on voit que c'est
le secrétariat qui s'occupe de l'administration courante des subventions
à la recherche et des bourses d'études particulièrement au
titre des projets de recherche du gouvernement fédéral. Est-ce
que le ministre ou un de ses assistants pourrait nous dire le nombre de projets
de recherche qui ont été subventionnés par le
fédéral au cours de la présente année ainsi que les
secteurs principaux et si cette administration a donné lieu à des
problèmes particuliers?
M. CASTONGUAY: Les trois comités qui sont responsables
reçoivent tous les projets de subvention quelle que soit leur nature et
la transmission se fait; cela dépend des programmes, il y a deux ou
trois programmes au moins. Disons qu'il y a probablement une dizaine de
programmes fédéraux-provinciaux. Actuellement, on a obtenu une
promesse et dans la réalité cela s'est matérialisé:
aucun projet du Québec n'est accepté par le gouvernement
fédéral sans qu'il ait été approuvé par
nous. Actuellement, les relations sont excellentes de ce
côté-là et on a une garantie formelle à ce
sujet.
M. LAURIN: Est-ce qu'on prend soin de s'assurer que chacune des
institutions de haut savoir a la quote-part qui correspond à son nombre
d'étudiants ou aux efforts de rattrapage qu'elle doit faire dans ce
domaine?
M. CASTONGUAY: On ne pourrait pas vous donner des statistiques
précises. On a eu des études. A première vue, je vous
dirais que le Québec actuellement reçoit sa quote-part de
façon satisfaisante dans la plupart des secteurs.
M. LAURIN: Et à l'intérieur du Québec, les
institutions?
M. CASTONGUAY: Il y a encore la même tendance qui persiste de
façon moindre mais la même tendance : les plus gros ont plus
à manger que les petits.
M. LAURIN: Est-ce à dire que la déclaration de M. Beaulieu
qu'on a eu l'occasion de lire dans les journaux il y a quelques mois
était partiellement vraie seulement, en ce qui concerne le secteur
médical?
M. CASTONGUAY: Je ne pourrais pas vous donner des chiffres pour
l'année qui vient de se terminer. Je ne pense pas qu'on les ait. On
pourrait vous les apporter demain.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui est directeur du service juridique, de
l'information et des mesures d'urgence?
M. CASTONGUAY: Le directeur du service juridique est Me Jacques Morency,
de l'information, M. Patrick Thériault et des mesures d'urgence M.
Raymond Gendron.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le Service juridique relève
du ministère de la Justice?
M. CASTONGUAY: Ce sont les mêmes structures ou les mêmes
modes de relation qui existaient sous le gouvernement
précédent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant à l'information, elle
relève de l'Office d'information jusqu'à ce que de nouvelles
structures soient implantées avec la législation qui est devant
la Chambre. Quant au secrétariat, M. le Président,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1...
M. CLOUTIER (Montmagny): On est revenu au poste budgétaire 1 pour
le secrétariat. On était au poste budgégaire 2, article 1
: Administration. Je voudrais revenir sur une déclaration qu'a faite le
ministre tantôt.
Est-ce qu'il y a danger, que d'ici un an, le programme d'administration
de l'aide sociale soit transféré à la Régie des
rentes?
M. CASTONGUAY: Lorsque vous dites "danger" est-ce que vous y voyez
un...?
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas un mot au hasard.
M. CASTONGUAY: Justement, je me doutais de cela. Alors pourquoi est-ce
que je pourrais, pour répondre...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a dit tantôt qu'il avait
certaines appréhensions tant que le programme ne serait pas
stabilisé. C'est pour ça que je veux savoir si, d'ici un an, le
ministre pense transférer à la Régie des rentes le
programme d'aide sociale. S'il a l'intention de le transférer d'ici un
an, nous allons en parler.
M. CASTONGUAY: A ce stade-ci, je serais extrêmement surpris
d'autant plus que, pour le faire, il nous faudrait, de toute façon,
présenter une loi à l'Assemblée nationale, ce qui
donnerait l'occasion de discuter de la question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis conscient que le ministre est prudent
là-dedans. Je suis d'accord avec lui parce que c'était un
programme qui a nécessité des centralisations, l'installation de
bureaux locaux, des bureaux régionaux, le recrutement d'un personnel
nombreux, un processus de vérification, des révisions, une
commission d'appels, enfin il y a là un régime important à
roder. Je ne pense pas que ce soit une sage décision pour le
ministère de songer à un transfert tant que l'appareil
administratif, législatif et la réglementation et aussi tous les
accessoires importants tels que les communications avec les centres de
main-d'oeuvre, la réintégration des assistés sociaux sur
le marché du travail enfin tous ces secteurs n'auront pas subi
une expérience appréciable. Je suis donc satisfait de la
réponse du ministre pour autant qu'il me dira que, d'ici un an, il n'est
pas question de transfert. Nous aurons l'occasion de mesurer les progrès
accomplis dans l'administration de la Loi de l'aide sociale. C'est un nouveau
régime. Ce n'est pas après six mois qu'on peut se faire une
opinion. Comme pour l'assurance-maladie d'ailleurs, ce n'est pas après
six mois de l'exercice du régime qu'on peut porter un jugement
définitif sur un régime. On peut entrevoir que le régime
va bien fonctionner et c'est la même chose pour l'aide sociale. C'est
pour ça que j'invite le ministre à la prudence. Je sais qu'il
n'est peut-être pas difficile pour lui d'être prudent mais,
à tout événement, c'est mieux qu'il soit un peu plus
prudent dans ce domaine.
M. CASTONGUAY: De toute façon, si par hasard, d'ici un an le
transfert devait être prévu ou devait commencer à
s'effectuer, il faudrait présenter un projet de loi en Chambre. Mais je
ne le crois pas. Le sous-ministre me dit que le président de la
régie ne verrait pas ça, à ce stade-ci, parce qu'il vient
d'absorber aussi le régime d'allocations familiales et scolaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, on en reparlera, le président
de la régie est ici. Demain, on aura l'occasion d'en parler. Mais avant
ça, le ministre parle de présenter une loi en Chambre. Même
à ce moment-là, s'il présentait une loi,
déjà le geste est posé. L'étape du transfert,
à ce moment-là, est déjà presque acquise. Une fois
la législation déposée en Chambre, on peut n'être
pas d'accord sur le principe mais le principe va être accepté
quand même. On peut faire modifier les modalités.
A ce moment-là, est-ce que le ministre songerait aussi à
une consultation avec les directeurs des bureaux régionaux et locaux
parce que ce sont eux qui sont dans le champ quotidien, qui administrent la loi
et la direction de l'aide sociale au ministère et qui,
véritablement, sont conscients de tous les problèmes que pose en
pratique l'application d'un tel régime?
M. LAURIN: Est-ce que ça n'impliquerait pas aussi un amendement
constitutionnel, un déblocage sur le plan constitutionnel dont tout le
monde entendrait parler?
M. CASTONGUAY: Non, nous pouvons, tout comme nous l'avons fait pour les
allocations familiales et scolaires, confier par voie de législation
à la Régie des rentes d'autres responsabilités que celles
qu'elle a présentement. Mais il y a aussi une autre garantie que ce
transfert ne se fera pas de façon brusquée, il n'y a aucun doute,
c'est le fait que le régime est appelé aussi à être
modifié à nouveau lorsque le critère de revenu y sera
introduit. C'est une autre étape à franchir, nous sommes assez
loin de cette étape.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il est dix heures.
M. CASTONGUAY: Comme la Chambre poursuit ses travaux, semble t-il, si
vous n'aviez pas d'objection...
M. LE PRESIDENT: ... à adopter...
M. CASTONGUAY: On vient de nous dire que la Chambre poursuit ses
délibérations au-delà de dix heures. Si vous n'avez pas
d'objection on peut peut-être continuer quelque peu.
M. LE PRESIDENT: On est rendu au financement. Administration,
adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à l'article 1,
sous-article 1: Traitements, on nous a dit qu'il y a une diminution de
personnel et une augmentation des salaires, augmentation de l'ordre de
$300,000. J'imagine que le chiffre réel de l'an dernier n'est pas de
$3,373,000.
M. CASTONGUAY: Nous avons éprouvé certaines
difficultés dans la réadaptation relative au niveau de la nature
des dépenses, ça peut expliquer le genre de variante que vous
soulignez, M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au sous-article 3 : Honoraires et commissions,
est-ce que le ministre pourrait me donner quelques détails?
M. CASTONGUAY: On a ça dans le document.
M. LE PRESIDENT: Sous-articles 1 et 2, adoptés. Sous-article
3?
M. CLOUTIER (Montmagny): Honoraires et commissions: $660,000, est-ce que
le ministre pourrait nous donner quelques détails?
M. CASTONGUAY: Vous avez le détail à l'annexe b).
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a un poste spécial pour
la commission d'enquête Nepveu...
M. CASTONGUAY: Malheureusement, il y a eu un oubli. Le mandat de la
commission se terminait, je ne me souviens plus trop à quelle date, je
pense que c'était le 31 mars. Il devait se terminer le 31 mars et on
était en discussion. Nous avions demandé au président de
nous indiquer à quel moment il entendait pouvoir terminer son travail,
et pendant que nous attendions sa réponse, les travaux ont
continué pour la préparation des crédits et cela a
été oublié. Alors, la solution proposée par le
ministre des Finances pour le reste du mandat, qui va certainement se terminer
au cours de l'année, cela va être de faire appel au fonds de
secours du ministère des Finances.
Si nécessaire, à l'heure actuelle, on nous a
autorisé à puiser dans les crédits généraux
de l'administration. Si nécessaire, nous avons l'assurance de pouvoir
puiser dans les fonds de secours. Ce ne sera pas un montant
élevé, de toute façon.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a oublié son passé,
il a tourné la page.
M. CASTONGUAY: Ce sont plutôt ses fonctionnaires qui l'ont
oublié.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre trouvait que les
études étaient complètes? Il en savait assez? Alors, cela
va pour le sous-article 3, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4.
M. BELAND : Un instant, est-ce que tout ce montant de $808,100 a
été absorbé ou s'il est resté à la fin de
l'année une partie de cette évaluation?
M. CASTONGUAY: Si vous voulez attendre quelques secondes. C'est une
question très technique. Normalement, il devrait subsister un
léger solde.
Nous ne l'avons malheureusement pas au niveau de la nature des
dépenses, je m'excuse. Demain, nous pourrions vous donner ce
renseignement-là.
M. BELAND: Mais si l'on se réfère à l'annexe, on
voit pour l'exercice 71/72 $663,200, et l'on constate les différentes
dislocations, par exemple, en quatre étapes différentes.
Est-ce qu'à ce moment-là on s'est basé strictement
sur l'évaluation approximative de l'an passé? Il y a quand
même un décalage de tout près de $200,000. Est-ce qu'on
s'est basé strictement là-dessus ou si d'autres critères
sont entrés en ligne de compte pour qu'il y ait une possibilité
de diminution dans ce sens?
M. CASTONGUAY: Non, c'est une analyse assez approximative des besoins du
ministère pour l'année courante parce que, dans une phase de
réorganisation, au niveau des diverses directions, certaines
prévisions ont été faites qui ont conduit à ce
chiffre de $663,000 que nous avons retenu et qui représente, en fait,
une estimation aussi raisonnable que complète.
Un autre élément, c'est le ralentissement dans les projets
de construction d'hôpitaux. Le développement des centres locaux va
fort probablement aussi entraîner une baisse dans les honoraires pour les
ingénieurs, par exemple là où les problèmes de
construction ne sont pas les mêmes.
M. BELAND: D'accord.
M. LAURIN: M. le Président, Traitement électronique des
données, est-ce qu'on peut savoir à quelle maison ces contrats
ont été accordés?
M. CASTONGUAY: Le Centre de traitement électronique des
données.
M. LAURIN: D'accord.
M. CASTONGUAY: Pour la plus large part.
M. LAURIN: Et, réalisation de films, est-ce qu'on peut avoir les
titres de certains films qui ont été réalisés par
le ministère?
M. CASTONGUAY: Ce serait plutôt du ressort du
secrétariat.
M. LE PRESIDENT: Alors, les sous-articles 4, 5, 6, 7 et 8,
adoptés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Services contractuels.
M. BELAND: Je ne suis pas très bavard habituellement mais disons
que je peux quand même poser certaines questions, je pense.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4: Frais de bureaux.
M. BELAND: Sous-article 4, adopté. M. LE PRESIDENT: Sous-article
5. M. BELAND: Adopté également. M. LE PRESIDENT: Sous-article 6.
M. BELAND: Adopté également. M. LE PRESIDENT: Sous-article 7.
M. BELAND: Justement à celui-ci, dans le montant de $77,700, pour
70/71, est-ce qu'on inclut le montant d'évaluation qui contenait la
valeur de l'ameublement qui aurait dû être livré dans les
différents bureaux régionaux ou si ça ne concerne que les
bureaux très généraux, par exemple certains
édifices du ministère ou si l'on inclut à
l'intérieur de cela les différents bureaux de comté?
UNE VOIX: Cela, c'est un autre article?
M. CASTONGUAY: Non, de façon générale les
sous-articles auxquels vous référez se retrouvent dans le budget
du ministère des Travaux publics. Ce n'est qu'exceptionnellement que
nous retrouvons de l'équipement de bureau dont nous sommes
nous-mêmes les propriétaires, les poinçonneuses, ou autres
choses semblables, mais tout l'équipement général de
bureau vous le retrouverez dans le ministère des Travaux publics.
M. BELAND: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 7, adopté?
M. BELAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 8?
M. BELAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 9?
M. BELAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 10?
M. BELAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 11?
M. LAURIN: M. le Président, en réalisation de films, je
voulais surtout savoir si c'étaient des films d'information ou des films
scientifiques?
M. CASTONGUAY: Pour autant que je puisse savoir, sous réserve, il
s'agit selon toute probabilité de films médicaux faits au niveau
des universités qui sont subventionnés parce qu'il n'y a pas
de...
M. LAURIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 11?
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Bourget avait
posé une question sur les films... On peut passer... on peut suspendre
11.
M. CASTONGUAY: Selon toute probabilité ce sont des films
d'éducation médicale faits à l'intérieur des
universités.
M. LE PRESIDENT: Alors le sous-article 11...
M. CASTONGUAY: Il y a eu le film préparé pour la Loi de
l'aide sociale.
M. LAURIN: Ah bon!
M. CASTONGUAY: Cela a été la majeure partie du
coût.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 13?
M. LAURIN: Le sous-article 13, M. le Président, les bourses au
montant de $60,000 ce sont pour des étudiants en médecine cela,
j'imagine?
M. CASTONGUAY: Sous-article 13: Allocations et bourses?
M. LAURIN: Au poste budgétaire 2, article 1, sous-article 13:
Bourses.
M. CASTONGUAY: Cela, c'est au niveau du personnel du ministère.
Dans notre programme de formation normal, s'il y a une réduction, c'est
que le programme est en voie de réévaluation et que nous avons un
peu ralenti dans une phase de réorganisation; mais il va reprendre un
peu plus tard au cours de l'exercice financier de la même façon
qu'à l'exercice antérieur.
M. LAURIN: Ce sont donc des bourses pour le personnel du
ministère?
M. CASTONGUAY: Oui, de façon générale.
M. LAURIN: Et les cours de perfectionnement aussi?
M. CASTONGUAY: Oui, cours de perfectionnement et choses semblables.
M. LAURIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 15?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors sous-article 15, adopté. 29?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: 32?
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont les remboursements? $125,000? De
quelle nature?
M. LAURIN: Les remboursements de la Régie des rentes du
Québec pour la location du temps de l'ordinateur pour les allocations
familiales du Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est cela, ça nous a été
remis...
M. CASTONGUAY: Merci, Dr Laurin. On voit que c'est un médecin, il
est rapide dans les chiffres!
Financement
M. LE PRESIDENT: Finances, direction générale du
financement...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela relève de monsieur?
M. CASTONGUAY: M. Claude Forget.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a un directeur
général ou si c'est M. Forget qui assume...
M. CASTONGUAY: On va demander à M. Forget.
Comme dans le cas de M. Houde, les remarques qu'il a faites relativement
à sa direction générale s'appliquent pour celle-ci, il n'y
a pas de directeur général. Le sous-ministre adjoint assume ces
fonctions. Le poste de directeur général n'existe pas comme
tel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on retrouve là tous les
comptables, toutes les sections de finance de la section psychiatrique,
l'assurance-hospitalisation, l'assistance publique et les institutions de
bien-être?
M. CASTONGUAY: La direction du financement compte quatre directions ou
quatre secteurs. La plus importante en nombre, au point de vue des
fonctionnaires qui ont été regroupés, est celle des
budgets. C'est là qu'on retrouve les professionnels au nombre d'environ
66, je crois, qui se trouvaient précédemment à la
direction générale des finances institutionnelles du
ministère du Bien-Etre et de la Famille, à la section des
finances de la direction générale de psychiatrie et au service
des finances de l'assurance-hospitalisation, ainsi qu'un certain nombre
d'individus qui ont pu y être affectés lors du
réaménagement. Les autres directions de la direction
générale de financement, sont celles de la gestion des fonds, qui
regroupe principalement ce qui constituait le service administratif de
l'assurance-hospitalisation, ainsi que certains services du ministère du
Bien-Etre social. Une troisième direction est celle des immobilisations
et de l'équipement, qui regroupe, en plus d'un certain nombre
d'individus détachés des directions déjà
nommées, une forte proportion du personnel précédemment
affecté au service des programmes conjoints.
Enfin, la quatrième direction générale n'existe que
sur le papier, en ce moment, en attendant des titulaires, c'est la direction de
la planification financière.
M. CLOUTIER (Montmagny): Où se retrouvent les anciens directeurs
de chacune des sections de financement du ministère? M. Fournier, de la
psychiatrie; M. Marcoux et M. Lavoie qui l'a remplacé, après que
M. Marcoux eut été nommé sous-ministre, et M. Dubois, au
ministère de la Famille.
M. CASTONGUAY: M. Dubois pour commencer par le dernier en liste
est maintenant à la direction générale de
l'administration.
M. Laliberté, qui était son adjoint à la direction
générale des finances institutionnelles, du côté du
bien-être, est maintenant responsable du service d'analyse et de
contrôle budgétaire, qui est un des trois services de la direction
des budgets.
Il a comme adjoint M. Lavoie, anciennement directeur des finances de
l'assurance-hospitalisa-tion, qui a, en outre, des responsabilités
spéciales pour ce qui est des problèmes de vérification et
des relations et de la suite à donner au rapport du vérificateur
général de la province, ainsi que pour ce qui est de
l'exécution du mandat de vérification des vérificateurs
externes.
M. Fournier, anciennement directeur des finances de la psychiatrie, agit
maintenant, et depuis le mois de février, comme responsable, par
intérim, de la direction des immobilisations et de l'équipement.
Je ne sais pas si j'ai oublié quelqu'un dans cette liste.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Marcoux.
M. CASTONGUAY: M. Marcoux a quitté le ministère. Je crois
qu'il a pris sa retraite. Il a demandé de prendre sa retraite, il avait
le nombre requis d'années de service, il a demandé d'être
mis à la retraite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Où est M. Gagnon?
M. CASTONGUAY: M. Gérard Gagnon?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Gérard Gagnon, le
trésorier.
M. CASTONGUAY: Il demeure responsable des services comptables qui, comme
vous le savez sans doute, sont rattachés au ministère des
Finances. Ses fonctions, fondamentalement, n'ont pas changé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand la di-
rection de la planification financière va-t-elle être mise
sur pied?
M. CASTONGUAY: Dès que le poste de directeur sera comblé,
ce que nous espérons faire lors des concours qui ont été
ouverts et qui se sont terminés, au point de vue de l'inscription, le 25
juin.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un de ces services qui approuve le budget
de ces institutions.
Est-ce qu'on a apporté des modifications sensibles dans les
méthodes d'approbation des budgets dans l'échéancier?
M. CASTONGUAY: Le service de l'analyse et du contrôle
budgétaire qui regroupe tous les professionnels
précédemment affectés aux services et aux directions
générales précités est le service qui assure
l'analyse des demandes budgétaires et prépare les recommandations
d'approbation de budget pour l'ensemble des établissements à
budget subventionnés par le ministère. C'est-à-dire
environ 800 institutions puisqu'il faut faire, à partir du chiffre qu'on
vous a mentionné tantôt pour ce qui est de l'accréditation,
la défalcation d'un certain nombre d'institutions qui ont un
régime de financement différent. Soit par exemple dans le cas des
foyers affiliés aux institutions psychiatriques qui sont payées
par l'intermédiaire des institutions psychiatriques elles-mêmes.
Tous ces budgets sont étudiés par les professionnels du service
d'analyse et de contrôle budgétaire qui assument en
général les rapports quotidiens ou réguliers de la
direction du financement avec l'ensemble des établissements.
Au point de vue des méthodes de travail, il y a certainement eu
un certain nombre de changements qui ont été faits ou qui sont en
voie de se faire et de se compléter de façon continue. Et de
façon peut-être moins spectaculaire que ce dont j'ai parlé
tantôt au sujet des méthodes d'approbation des budgets, nous
sommes à voir, à chercher une définition de plus en plus
rigoureuse et une application de plus en plus rigoureuse de la notion de
service assuré sous les différents programmes. Ceci comporte une
élaboration et une interprétation des directives relativement aux
dépenses qui sont admissibles aux différents programmes et
à un contrôle des dépenses en fonction de ces directives et
en fonction de la réglementation existante.
Pour l'exécution de ce travail au niveau de l'organisation et au
niveau des structures, on peut voir deux applications principales: il y a, au
point de vue des structures elles-mêmes, la création d'un poste
nouveau pour lequel nous n'avons à l'heure actuelle qu'un titulaire mais
auquel d'autres titulaires viendront s'ajouter, c'est le poste de coordinateur
financier. Ce poste, qui est occupé par une personne avec l'aide d'une
petite équipe, est chargé non pas de l'étude des budgets
mais d'une coordination comme le mot l'indique des critères de
financement, des contrats qui lient les établissements entre eux ou avec
d'autres organismes, d'une mise en ordre et d'une mise à jour des
directives et, en général, d'un contact et d'une jonction avec
les autres directions générales comme celle de la planification
ou de la programmation pour l'ensemble d'un programme, par exemple
l'hospitalisation.
Mais il y en aura d'autres tels que les services communautaires ou
peut-être les services de psychiatrie, etc. selon les classifications
à établir en fonction des budgets-programmes qui sont
progressivement mis sur pied dans l'ensemble du gouvernement et du
ministère.
Le deuxième aspect de cette recherche d'une application plus
stricte des règlements vise à modifier sensiblement le rôle
des professionnels au sein de la direction de financement et au sein du service
d'analyse et du contrôle budgétaire pour les rapprocher le plus
possible d'un contrôle en temps réel, en quelque sorte un
contrôle simultané de l'exécution des budgets, et de les
faire se départir, dans une certaine mesure du travail de
vérification après coup dans lequel il passait jusqu'à
maintenant une proportion beaucoup plus considérable de leur temps que
ce ne devrait être le cas et que ce n'est de fait le cas dès
maintenant.
Donc, il y a des structures nouvelles. D y a aussi des méthodes
de travail, une approche de travail des représentants financiers du
ministère, des comptables, des experts-comptables du ministère
qui est en voie de se faire.
Sur le plan du processus budgétaire lui-même, nous avons
fait cette année une expérience d'un mode d'étude et
d'approbation des budgets dite de budget global avec un nombre limité
d'hôpitaux publics, des hôpitaux cependant très importants
par le volume de leurs opérations et par leur budget. Il s'agit en fait
de 23 hôpitaux choisis dans les régions de Québec, de
Montréal et de Sherbrooke et avec lesquels nous avons en collaboration
très étroite cherché à élaborer une nouvelle
méthode de financement par budget global. Cette étape est
pratiquement terminée. Ces budgets sont maintenant au ministère.
Ils sont, essentiellement, soit approuvés et analysés soit en
voie de l'être. Le chemin parcouru est considérable, n l'a
été à la satisfaction à la fois du ministère
et des établissements concernés qui les uns et les autres, voyant
dans ce nouveau processus d'approbation budgétaire un moyen de
décentraliser effectivement la prise de décision et, pour le
ministère, un moyen de ne pas perdre de vue les grands objectifs de
financement dont, bien sûr, l'objectif de contrôle de
l'accroissement des prix.
Cette expérience de budget global est probante à titre
d'expérience. Elle nous montre que cette mesure est possible, elle a
fait découvrir au ministère, à ses fonctionnaires et aux
hôpitaux, aux milieux hospitaliers, un nouveau mode de procéder,
un nouveau mode
de collaborer. Elle nous met en mesure, je pense, pour l'an prochain,
d'envisager une application plus générale de cette formule.
M. LAURIN: Plus générale ou générale?
M. CASTONGUAY: Plus générale au point d'être
entièrement appliquée à l'ensemble des
établissements. Cela ne constitue cependant qu'un départ parce
que la méthode d'élaboration d'un budget global cherchait
également, non seulement à assurer une décentralisation,
une certaine liberté, une certaine flexibilité dans la gestion,
mais cherchait également à assurer un aspect du
phénomène de rattrapage financier, si on veut, et s'inscrivait
dans un changement plus général du processus
budgétaire.
En effet, la formule d'approbation du budget n'est qu'un des
éléments. Parmi les autres éléments, il y a le
renflouement de la liquidité des établissements hospitaliers par
une mise à jour plus rapide des règlements de fin d'année.
Durant les trois premiers mois de 1971, à comparer aux trois premiers
mois de 1970, le ministère a effectivement versé aux
hôpitaux publics, au titre des années antérieures et ceci
pour les deux années, une somme qui était le double de celle des
années passées.
Ceci reflète à peu près exactement l'accroissement
dans le rythme d'étude et d'évaluation des états
financiers et le rythme donc des règlements de fin d'année. Donc
accélération, accroissement des paiements ou
accélération des paiements, amélioration dans une certaine
mesure de la liquidité de ces établissements qui
finançaient et qui financent encore dans une certaine mesure
puisque le problème n'est pas entièrement réglé
leurs opérations, leurs fonds de roulement à même
des emprunts à court terme, soit auprès des banques ou
auprès des fournisseurs impayés.
L'intervention du ministère dans les relations entre les
institutions de crédit et les hôpitaux constitue probablement une
étape nécessaire dans n'importe quel développement ou dans
n'importe quel affermissement du contrôle budgétaire du
ministère quant aux dépenses du secteur hospitalier.
Jusqu'à maintenant, ce contrôle, étant donné les
dispositions législatives et réglementaires existantes,
s'affirmait surtout par une certaine pénurie dans le financement, une
non-approbation des dépenses. Cette situation ne fait que reporter
à une date future un règlement éventuel, étant
donné l'absence de sources alternatives de financement pour les
institutions du secteur parapublic. D'un autre côté, la situation
de pénurie financière et l'utilisation du crédit bancaire,
sans intervention du ministère, créent un climat de
relâchement administratif puisque cette porte de sortie, cette soupape de
sûreté nécessaire dans un tel régime apparaît
bientôt comme un moyen aussi d'éviter la sanction
financière du ministère et était, je pense, sans faire
d'injustice, utilisée par les hôpitaux dans une certaine mesure
pour échapper au contrôle financier imposé par le
ministère.
Donc, l'intervention du ministère dans les relations entre les
banques, les institutions financières et les hôpitaux peut
désormais être faite et il existe une politique établie
pour pratiquer cette intervention qui n'a pas encore été
appliquée, mais qui le sera durant les prochains mois.
Voilà donc pour ce qui est des changements plus ou moins acquis
dans la situation à l'heure actuelle. Pour ce qui est du
développement futur du budget global, nous partons d'un point de
départ historique en quelque sorte dans la détermination d'un
budget global. C'est ce qui fait son avantage au point de vue du renflouement
de la liquidité des établissements. C'est aussi ce qui fait sa
faiblesse au point de vue d'une espèce de justice distributive entre les
différents établissements puisqu'on les trouve tous au point de
départ dans des situations inégales.
Donc, l'application plus générale de la formule de budget
global doit, pour être juste et pour nous donner des véritables
critères d'efficacité, de rendement, plutôt que simplement
un mode de financement, s'accompagner d'une évaluation de la performance
financière et administrative sur un plan global, sur un plan
général des établissements.
Et notre projet d'étendre le mécanisme du budget global
à tous les établissements s'accompagne d'un effort pour
évaluer de façon systématique, au niveau de chaque centre
d'activité, la performance des établissements, et de
déterminer, à partir de l'évaluation de la performance de
chaque centre d'activité, des objectifs financiers que chaque
établissement s'engagerait à atteindre de concert avec le
ministère.
Ceci aurait l'avantage d'accroître le dialogue entre les
établissements et le ministère qui est, de façon continue,
une difficulté à laquelle on se bute dans un ministère
dont les responsabilités sont aussi considérables. Cela nous
donnerait une occasion de briser l'espèce de mur qui sépare le
ministère des établissements, dans la détermination des
budgets. La détermination d'objectifs financiers serait faite de
façon très rigoureuse en fonction d'un objectif de
réduction des coûts. Et c'est ce qui viendrait compléter la
formule actuelle qui est incomplète à cet égard.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie le sous-ministre de ces
explications. J'aurais une couple de questions additionnelles à lui
poser.
Quel est le mécanisme prévu de discussions
ultérieures du budget de l'institution avec le service du financement?
S'il se produit, en cours de route, une situation imprévue, si les
services sont plus considérables que ceux qui avaient été
entrevus au début de l'année, s'il se présente des
problèmes de personnel, est-ce qu'il y a des mécanismes de
revision prévus qui
sont tout de même assez souples qui permettent à
l'institution de fonctionner en cours d'année?
M. CASTONGUAY: La formule de budget global est basée sur un
certain nombre de facteurs qui se complètent. Le budget global est
basé sur une expérience vécue des coûts de
fonctionnement que l'on corrige par un certain nombre de coefficients, de
facteurs de correction.
Les premiers facteurs de correction sont ceux qui ont pour but de
refléter l'accroissement prévisible, inévitable des
coûts d'un exercice financier à un autre exercice financier,
c'est-à-dire essentiellement l'augmentation des salaires prévus
aux conventions collectives, le glissement du personnel dans les
échelles et l'augmentation des prix telle qu'on peut la prévoir
quitte à la corriger lorsqu'on a une connaissance des faits plus
complète.
Une deuxième série de corrections peut intervenir pour
refléter les augmentations en volume d'activité. Ces
augmentations sont faites en fonction de la partie des budgets, ou de la partie
des dépenses qui varient en fonction du volume précisément
en tenant compte du fait que les établissements parapublics comportent
une très forte proportion de coûts fixes, de dépenses qui
ne varient pas en fonction du volume.
Donc, dans la mesure où le volume varie et dans la mesure
où des coûts variables existent et ils existent, certainement
à l'égard des fournitures, par exemple, les budgets globaux
varient de la même façon. Ils ne varient pas, cependant, de
façon proportionnelle et la partie relativement invariable est celle
constituée par le personnel.
Maintenant dans l'optique d'une évaluation de la performance de
chacun des centres d'activité, il nous sera possible ce qui ne
nous est pas possible dans le moment pour cette année de faire
varier également le budget en fonction d'une évaluation du point
où en est chaque centre d'activité par rapport à son
potentiel en quelque sorte de service. Puisqu'à l'aide de comparaisons
entre établissements semblables sur le plan des centres
d'activités seulement et non pas considérés globalement,
il nous sera possible de voir là où les pressions de service, du
volume de service sur les ressources disponibles sont les plus grandes et dans
la mesure où cette pression sera manifestement forte, nous pourrons
procéder à des révisions.
Dans les autres cas, en dépit d'une augmentation de volume il est
essentiel à la notion de contrôle budgétaire et de budget
global de maintenir les approbations budgétaires inchangées.
Encore une fois, tous ces facteurs de variation doivent être basés
sur l'évaluation la plus réaliste possible de ce qui vraiment
varie lorsque le volume varie en fonction du volume et non pas en fonction de
décisions qui sont prises d'augmenter les services, d'augmenter
l'utilisation des services pour un volume inchangé de
clientèle.
C'est à ce niveau que l'inquiétude est la plus grande, au
niveau du contrôle des coûts puisque, pour toutes sortes de
raisons, il y a une tendance à faire augmenter l'utilisation des
services pour une clientèle inchangée ou à faire augmenter
l'utilisation des services de façon plus que proportionnelle avec
l'augmentation de la clientèle. Pour résoudre ce problème,
je pense que les méthodes purement budgétaires sont sans
ressources ou sans objet. Il faudra nous avons d'ailleurs l'intention de
nous préoccuper de cette question tenter d'obtenir, dans la plus
grande mesure possible, la collaboration des véritables ordonnateurs de
dépenses, c'est-à-dire de la profession médicale dans le
secteur hospitalier du moins, de façon qu'une plus grande conscience des
coûts impliqués par les décisions prises sur un plan
professionnel soient une chose plus répandue qu'elle ne l'est dans le
moment. On peut s'inspirer là-dedans de l'expérience d'un certain
nombre d'hôpitaux ou d'autres juridications où on a stimulé
la création de comités d'utilisation par exemple et où on
peut de toute façon, par certaines procédures administratives et
certaines aides à la prise de décision comme des systèmes
d'informatique médicale, par exemple, faire ressortir les écarts
et en saisir les professionnels impliqués de façon
qu'étant mis au courant des écarts et de leur utilisation
relativement à d'autres services, ils puissent y apporter certaines
corrections.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cela va se discuter? Vous parlez de
la profession médicale, du volume des ordonnateurs de soins, du volume
des soins, de leur fréquence. Est-ce que cela va se discuter dans la
section du financement ou avec une autre comme celle de la programmation?
M. CASTONGUAY: Je pense que le problème...
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que là on entre plutôt dans
le cadre général des normes, à ce moment-là le
budget...
M. CASTONGUAY: Nous n'entrerions pas dans ce domaine avec l'idée
de fixer des normes, très certainement. Nous voudrions simplement,
à titre de responsables du financement, alerter tous ceux qui feront un
impact sur le financement, sur les implications de leurs actions...
M. CLOUTIER (Montmagny): Des implications sur le
développement...
M. CASTONGUAY: ...et, dans la mesure du possible, leur fournir, si cela
nous est possible, des instruments qui leur permettent de mieux comprendre ces
implications...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous feriez la même chose pour
l'équipement...
M. CASTONGUAY: Oui, en général, la même chose avec
l'équipement.
M. CLOUTIER (Montmagny) : Vous le feriez avec l'accréditation
dont nous avons parlé tantôt, le financement pourrait saisir la
section...
M. LAURIN: Pour prendre un exemple pratique, à supposer qu'un
hôpital régional qui est encore sous-développé, juge
nécessaire d'ajouter un service, une unité coronarienne par
exemple, quelles sont les méthodes que vous suivrez pour approuver?
M. CASTONGUAY: Quant à ces questions, dans tous les cas, nous
avons, au point de vue strict du financement, refusé de
considérer même la formulation d'une réponse à des
demandes de ce genre. Nous avons dans tous les cas référé
à la programmation qui doit nous guider dans ces matières. Une
fois saisi de la recommandation, on peut appliquer à ces services
nouveaux les normes générales de financement à intervenir
quant à la décision d'implanter un service ou de le
supprimer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière question, quant à
moi, est-ce que ces professionnels qui sont dans le service du financement sont
toujours attitrés au même type d'hôpitaux, aux mêmes
institutions ou s'il y a une certaine polyvalence à l'intérieur
du service?
M. CASTONGUAY: Avec le regroupement de tous les professionnels dans un
même service, et afin de souligner le caractère professionnel du
travail qu'ils ont à accomplir, et afin aussi de favoriser
l'intégration, un échange à l'intérieur du
ministère et une certaine harmonisation, une certaine
interprétation des politiques, il nous apparaît bon de ne pas trop
spécialiser des professionnels dans l'exercice de leurs fonctions de
professionnels.
Cependant et ça vient un peu en conflit avec le besoin
d'assurer aussi une continuité il est sûr que les
établissements doivent avoir le sentiment qu'ils ont un interlocuteur,
à la direction du financement en particulier ailleurs aussi sans
doute et ce sentiment serait vite avarié, si les changements
étaient trop fréquents.
D'un autre côté ceci joue dans le même sens
que la première considération de professionnalisation et
d'harmonisation il est probablement bon d'éviter qu'un
professionnel, un fonctionnaire, s'identifie pendant de trop nombreuses
années avec le même établissement, de façon à
faire de la cause de l'établissement sa propre cause. Il faut qu'il
demeure le représentant du ministère et soit plus
identifié au ministère qu'à l'établissement.
Il y a une question d'équilibre à observer, je pense, et
en pratique une rigidité absolue ne s'est jamais maintenue et ne
pourrait jamais se maintenir pour toutes sortes de raisons, des changements de
personnel, des mutations, etc.
M. LAURIN: Une enquête nationale avait été
effectuée l'an dernier sur l'accroissement des coûts hospitaliers.
Si ma mémoire est bonne, il semble que pour le Québec, pour
l'année qui vient de s'écouler, l'augmentation des coûts
avait été de 11 p.c, c'est-à-dire les années
précédentes. Est-ce qu'on a une idée pour 70/71 de
l'accroissement des coûts hospitaliers des institutions
hospitalières par rapport à 69/70?
M. CASTONGUAY: Je pourrais vous fournir ces statistiques, elles sont
disponibles, il me semble même qu'elles étaient dans la même
série de publications que celle à laquelle vous faites allusion.
Je pourrais certainement vous...
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a eu une réduction au cours de
l'année?
M. CASTONGUAY: Une réduction dans les coûts?
M. LAURIN: Dans l'accroissement des coûts.
M. CASTONGUAY: Dans l'accroissement des coûts, s'il y en a eu une,
elle est très faible. Il y en a eu une relativement à
l'accroissement observé ailleurs, oui. Mais l'accroissement des
coûts demeure malgré tout, relativement moindre qu'il est
observé ailleurs.
M. LAURIN: Vous pourrez nous fournir ce chiffre exact?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BELAND: Pour faire suite à cette question-là si l'on
compare avec d'autres pays quasi analogues, à ce moment-là quelle
est l'augmentation, quel est le taux d'augmentation du coût relatif aux
hôpitaux?
M. CASTONGUAY: De mémoire je ne pourrais vous le dire. Des
statistiques historiques comparatives ont été publiées par
la commission mais cela date de quelques années. La dernière
étude qui a été faite de ce type-là à ma
connaissance, c'est celle qui avait été publiée en annexe
au rapport de la commission et qui analysait de façon assez
complète les coûts aux Etats-Unis, en France, en Grande-Bretagne
et en Suède. On voyait que dans tous ces pays, ces juridictions, les
coûts ont augmenté d'après le même rythme au cours
des dernières années. Il y avait aussi des comparaisons avec
l'Ontario et on voyait que, per capita, le Québec avait des coûts
aussi élevés que l'Ontario.
M. BELAND : Aussi élevés ou plus élevés?
M. CASTONGUAY: Tout dépend des secteurs qui étaient pris.
Si on prenait les hôpitaux généraux publics comme groupe,
les coûts, si ma mémoire est bonne, s'avéraient un peu plus
élevés en raison du plus grand nombre de personnel au niveau des
catégories moins spécialisées du personnel et probablement
aussi à cause du facteur de syndicalisation générale dans
le milieu hospitalier.
M. LAURIN: M. le Président, la direction de la planification
financière n'a pas encore de titulaire mais, j'en suis sûr
d'après ce que vient de nous dire le sous-ministre, il y a quand
même eu une élaboration de cette nouvelle politique de financement
pour l'ensemble des établissements. Ce que le sous-ministre a dit sur la
généralisation du budget global en est une indication. Est-ce
qu'on pourrait savoir du sous-ministre quels sont les critères qui ont
servi à l'établissement du budget global? Est-ce que c'est, par
exemple, par rapport au budget des années antérieures? Si c'est
par rapport au budget des années antérieures, est-ce que
ça ne risque pas de préjudicier certains établissements
qui en sont à un stade peu avancé de leur développement?
Est-ce qu'il n'y a pas danger de geler, de fixer ou de freiner le
développement de ces institutions?
M. CASTONGUAY: Quand j'ai fait mes remarques tantôt, j'ai
laissé entrevoir que nous sommes conscients du problème de se
baser sur des coûts historiques, des coûts de l'année
précédente tel qu'observé, à la fois parce que les
établissements ont atteint un niveau différent d'un
établissement à l'autre quant à leur efficacité,
quant à leur productivité et aussi parce qu'ils ont atteint des
niveaux différents de développement.
Pour ce qui est de la première difficulté, je pense qu'on
peut y répondre et qu'on y répondra effectivement si on peut
analyser les performances de chaque établissement et mesurer avec un
certain degré d'approximation, bien sûr, mais mesurer
malgré tout la pression du volume d'activité sur les ressources
existantes de façon à faire les corrections.
M. LAURIN: Mais si l'évaluation des performances vient, comme
vous l'avez dit, après la fixation d'objectifs financiers qui sont
eux-mêmes centrés sur la réduction des coûts et qui,
eux-mêmes, ont une relation avec l'efficacité historique de
l'établissement, est-ce qu'on ne risque pas de faire un cercle
vicieux?
M. CASTONGUAY: Non. Les objectifs financiers seraient fixés,
seraient codéterminés, avec les établissements et le
ministère, après l'évaluation de la performance et en
tenant compte non seulement d'une situation historique mais d'une
évolution sur deux ans et d'une évolution possible.
Au niveau du développement d'institutions qui sont encore,
à leurs yeux, au moins, trop peu développées ou en voie de
développement par rapport à d'autres qui ont atteint un point de
maturité, le budget global ne couvre, malgré tout, malgré
sa généralité, que les services existants à un
moment donné durant l'année de base. Pour les services nouveaux
qui lui sont accordés en vertu d'un mécanisme d'approbation
régulier après une recommandation de la direction de la
programmation, le budget global les accommode puisqu'on ajoute des sommes
correspondant aux nouveaux services.
Donc ça ne préjudicie en rien les établissements en
leur développement, et ce n'est qu'après que les nouveaux
services auraient fonctionné de façon régulière
pendant une période de douze mois qu'ils seraient intégrés
dans la base d'un futur budget global. Comment détermine-t-on à
ce moment les additions ou les corrections au budget global pour les nouveaux
services? On les détermine de la même façon qu'on les
déterminerait selon une méthode traditionnelle d'approbation
budgétaire, c'est-à-dire largement, article par article, en se
fiant à l'observation des normes de financement
général.
M. LAURIN: Vous avez aussi parlé du rattrapage en ce qui concerne
le remboursement des dettes, si on peut employer ce mot, du ministère
à l'endroit des hôpitaux. En effet, nous avons vu passer un budget
supplémentaire où on a vu qu'un effort immense de rattrapage
avait été fait. Il reste cependant que plusieurs hôpitaux,
pour parler des institutions hospitalières, avaient contracté des
dettes depuis un certain nombre d'années. Est-ce qu'on peut savoir le
montant de la dette totale nette des établissements hospitaliers?
M. CASTONGUAY: Ce chiffre, si surprenant que ça soit, n'est pas
encore disponible. Cela manifeste, je pense, un peu, les difficultés de
communication avec les établissements. Nous avions préparé
un mandat conjoint de vérification pour les vérificateurs
externes pour l'année 1970, qui devait nous donner, qui doit encore nous
donner, d'ailleurs, au 31 décembre 1970 l'état de la dette,
ventilée de toutes sortes de façons, des hôpitaux à
cette date.
Malheureusement, et peut-être à cause de la date
d'échéance de l'année financière des hôpitaux
qui coincide malheureusement avec d'autres échéances des
professionnels en question, les délais se sont allongés et les
rapports que nous attendons n'ont pas été compilés parce
qu'ils n'ont pas encore été tous reçus.
M. LAURIN: Donc, vous aurez ça, j'imagine dans le courant de
l'année.
M. CASTONGUAY: Cela sera disponible dans le courant de
l'année.
M. LAURIN: Maintenant, je vois que le ministère se propose
d'intervenir dans le champ du crédit bancaire des hôpitaux.
Personnellement, je pense qu'il le fallait aussi. Est-ce que ceci veut dire que
chaque hôpital, avant d'émettre une émission d'obligations,
de contracter un emprunt, devra avoir l'autorisation du ministère?
M. CASTONGUAY: Cela a toujours été le cas pour les
emprunts pour des fins d'immobilisation, puisque ces emprunts faisaient l'objet
de subventions pour fins de construction. Pour ce qui est de l'utilisation du
crédit à court terme, du crédit bancaire, cela n'a jamais,
je pense, été le cas sauf dans des circonstances
extrêmement spéciales. Une réglementation actuelle nous
permet de le faire et, par implication, l'utilisation du crédit qui ne
serait pas soumis à une telle autorisation devient relativement
marginale et sujette à de plus grandes réserves que par le
passé, puisqu'il y a maintenant une voie...
M. LAURIN: Est-ce à dire que toutes les opérations
financières des institutions seront désormais
contrôlées par le ministère?
M. LE PRESIDENT: Je pense que le député de Bourget...
M. CASTONGUAY: Est-ce que l'on va voter?
M. LE PRESIDENT: Nous allons suspendre les travaux jusqu'à demain
après-midi.
M. CLOUTIER (Montmagny): La Chambre siège à 10 heures
demain matin, alors ce serait après la période des questions.
M. LE PRESIDENT: Alors, vers 11 heures, demain matin. La commission
ajourne ses travaux à demain matin, vers 11 heures.
(Fin de la séance: 22 h 49)