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(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Leclerc): Avec la permission des membres
de cette commission et selon l'ordre de la Chambre, nous allons reprendre
l'étude détaillée du projet de loi 116, Loi sur les
régimes complémentaires de retraite. Comme M. Bélanger, le
député de Laval-des-Rapides, sera en retard de quelques minutes,
il m'a prié, avec votre permission, de commencer les travaux. J'aimerais
demander à Mme la secrétaire s'il y a des remplacements.
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Articles en suspens
Le Président (M. Leclerc): Non. Merci. À la
dernière séance où nous avons étudié le
projet de loi 116, nous étions rendus à l'article 45, bien que
les articles 6 et 36 étalent suspendus. J'aimerais savoir de votre part
si vous voulez tout de suite passer aux articles 6 et 36 ou continuer où
nous en étions?
M. Bourbeau: M. le Président, je crois qu'on avait
proposé un amendement à l'article 6.
Le Président (M. Leclerc): On l'a ici.
M. Bourbeau: Je ne sais pas si l'Opposition est disposée
à considérer l'amendement à ce stade-ci de nos travaux?
Est-ce que la nuit a porté conseil?
Le Président (M. Leclerc): Nous allons laisser Mme la
députée de Maisonneuve sortir ses papiers.
Mme Harel: Évidemment, M. le Président, il faut
prendre en considération que, dans mon cas, j'ai successivement à
faire face à deux ministres différents qui se relaient l'un
l'autre pour occuper mon temps, n'est-ce pas?
Le Président (M. Leclerc): Mme la députée de
Maisonneuve nous sommes fort conscients que vous travaillez très fort.
Ce que nous nous demandons, c'est ce que font les autres?
M. Bourbeau: C'est une femme-orchestre, M. le
Président.
Une voix: C'est le moins qu'on puisse dire.
Mme Harel: Ils ont beaucoup d'activités de leur
côté. Vous savez qu'un Parlement comme le nôtre, avec le
règlement qu'on a adopté il y a quatre ans - cinq ans maintenant,
en 1984 - ce n'est pas fait pour une sous-représentation dans
l'Opposition. Quand les partis ont convenu du nouveau règlement, il y a
cinq ans, Ils l'ont convenu dans un ordre de représentation en Chambre
qui équivalait à 40-60. C'était là d'ailleurs la
composition de l'Opposition libérale et du gouvernement et ça
reflète les pourcentages dans l'état de l'opinion publique.
Le Président (M. Leclerc): Donc, ce que vous voulez dire
c'est que notre système électoral n'a pas suivi la réforme
de nos institutions parlementaires.
Mme Harel: II est plein de distorsions, c'est ça. Il n'y a
pas un parti politique aussi sûr de lui qui prétend
représenter 80 % de l'état de l'opinion. Pourtant c'est ce qu'il
représente comme sièges à l'Assemblée. On est dans
un système de commissions parlementaires où on ne devrait, dans
le fond, siéger qu'à une seule commission.
M. Bourbeau: Le Parti québécois a eu neuf ans pour
amender le système, M. le Président.
Le Président (M. Leclerc): J'ai déjà dit
ça à Mme la députée de Maisonneuve a quelques
reprises dans le passé.
Mme Harel: Mais nous reviendrons. Il y a une deuxième
chance qui nous permettra de compléter ce que nous n'avons pas pu
compléter la première fois.
M. Bourbeau: On verra on temps et lieu. J'ai beaucoup de
sympathie pour la députée de Maisonneuve, M. le Président,
qui, semble-t-il, a beaucoup de travail. Elle embrasse beaucoup,
peut-être qu'elle étreint un peu moins bien. Mais peut-être
pourrait-on...
Le Président (M. Leclerc): Connaissant ses
capacités, on ne peut rien présumer.
M. Bourbeau: Peut-être pourrait-on lui demander de se faire
accompagner par des collègues qui pourraient prendre une partie de sa
charge, à moins qu'elle ne soit la seule compétente...
Le Président (M. Leclerc): Je sais qu'elle a de
très bonnes adjointes avec elle.
M. Bourbeau: ...dans son parti pour traiter de ces dossiers.
Mais, on peut l'aider, M. le Président, on peut l'aider.
Mme Harel: Je ne sais si le ministre est au courant que son
collègue le ministre du Travail a, lui, failli à la tâche
de le remplacer à la période de questions, hier matin, sur le
chômage parce qu'il considérait que seul le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pouvait
être responsable des questions relatives à l'augmentation du
chômage au Québec, à l'augmentation du nombre de faillites,
à (augmentation du nombre de fermetures.
Le Président (M. Leclerc): L'interprétation des
statistiques.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que J'aurai le droit
de réplique là-dessus? Parce que je pourrai dire à la
députée ce que je lui aurais dit si elle m'avait posé la
question en Chambre, pour lui parier de la baisse de chômage depuis
1985...
Le Président (M. Leclerc): Remarquez qu'avec consentement
elle pourrait vous poser la question ici.
M. Bourbeau: ...M. le Président, la baisse du
déficit, la baisse des Impôts, bref, une baisse
générale de tout ce qui était charge aux
Québécois depuis quatre ans.
Mme Harel: C'est une baisse relative, l'écart n'a jamais
été aussi grand entre le Québec et l'Ontario.
M. Bourbeau: Évidemment, la hausse de l'emploi, on
pourrait parler de la hausse de l'emploi, M. le Président, la hausse
également des Investissements, du développement
économique. Bref, la députée de Maisonneuve...
Le Président (M. Leclerc): Alors, si on parlait de
l'article 45, ce serait agréable.
Mme Harel: J'invite le ministre à regarder les chiffres du
mois de mai. Je lui en reparlerai, d'ailleurs. Je ne les al pas cités au
ministre du Travail parce que vraiment il n'y avait pas assez de
consistance.
M. Bourbeau: C'est tout fait. J'attends vos questions avec
impatience.
Mme Harel: Mais les chiffres du mois de mai sont assez tragiques
quant à la réduction de la création d'emplois.
M. Bourbeau: Encore faudrait-il que vous soyez en Chambre pour la
période de questions
Le Président (M. Leclerc): Alors, sur ces
considérations...
Mme Harel: Vous vous prenez pour le whip, vous là!
Le Président (M. Leclerc): Sur ces considérations,
je propose que nous passions à l'article 45 ou à l'article 6 avec
notre amendement
Mme Harel: Dans le fond, vous surveillez ma présence pour
voir si je vais vous poser des questions.
M. Bourbeau: Je vous ai à l'oeil.
Mme Harel: Cela vous détend de savoir que je vais
téléphoner dans l'antichambre.
Le Président (M. Bélanger): Ce ne sont pas des
remarques préliminaires, ce sont des considérations
préalables. Alors, bonjour!
M. Bourbeau: Nous faisions du coq à l'âne, M. le
Président, en attendant votre arrivée.
Le Président (M. Bélanger): On passe donc aux
articles 6 et 36.
Mme Harel: M. le Président, j'avais demandé un
document, ici môme à la bibliothèque nationale, le plus
exhaustif possible qui prenne en considération l'ensemble de toutes les
modifications, article par article, qui étalent demandées par les
groupes ou associations qui ont présenté des mémoires
devant nous. J'avais signalé au responsable de ce service de recherche
à la bibliothèque que j'entendais bien le mettre à la
disposition de tous les membres de la commission parlementaire. J'ai pu avoir
copie de ce travail colossal hier après-midi. Alors, évidemment,
on ne reprendra pas, M. le Président de la Régie, le travail qui
est déjà complété sur les articles
déjà adoptés, mais pour la suite, j'indique simplement
à mes collègues, membres de cette commission, que ce travail a
été réalisé et toujours aussi bien que tous ceux
produits par la bibliothèque. Alors, je vous en informe.
Sur division.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): On a, à
l'article 6, un projet d'amendement qui ajoute le mot "principalement*: 'Dans
la quatrième ligne du deuxième alinéa de l'article 6, est
inséré, après le mot "affecté", le mot
"principalement"." Je relis donc le deuxième alinéa: "À
moins qu'il ne soit garanti, tout régime de retraite doit avoir une
caisse de retraite où sont notamment versés les cotisations ainsi
que les revenus qui en résultent. Cette caisse constitue un patrimoine
fiduciaire affecté principalement au versement des remboursements et
prestations auxquels ont droit les participants et
bénéficiaires." Cet amendement est-il adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Est-ce
que l'article 6 est adopté tel qu'amendé?
M. Bourbeau: Adopté.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): L'article 6, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 45. Il y avait
aussi l'article 36, est-ce qu'on fait son... M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, si j'ai bonne souvenance,
l'Opposition voulait avoir une explication additionnelle relativement à
l'article 36. Avec le . consentement de la commission, j'aimerais faire
entendre M. Yves Slater, actuaire à la Régie des rentes du
Québec et qui est ici à ma gauche. Il pourrait fournir aux
membres de la commission les explications supplémentaires requises.
Le Président (M. Bélanger): M. Slater.
M. Slater (Yves): Merci. À l'article 36, au
deuxième paragraphe, il est prévu une période de 24 mois
pendant laquelle la participation du salarié peut continuer avant qu'il
soit considéré comme ayant cessé d'être actif. C'est
pour répondre a certains régimes qui sont surtout
négociés, où les participants, même s'ils cessent
leur emploi, demeurent sur une liste de rappel pendant une certaine
période de temps, ce qui leur permet, lorsqu'ils sont rappelés,
de tout de suite commencer leur participation au régime. La
période est limitée à 24 mois, cependant, pour que cette
prolongation ne soit pas trop longue et vienne priver le participant du droit
à la transférabilité si elle était plus longue que
24 mois. C'est la raison des 24 mois.
Mme Harel: M. le Président, peut-on nous expliquer, au
premier paragraphe, les effets ou la portée des mots "ou qu'il ne
satisfasse plus aux conditions d'adhésion"? A l'article 36, on dit:
"Pour l'application de la présente loi, tout participant à un
régime de retraite est considéré comme actif
jusqu'à ce qu'il cesse d'y adhérer suivant les conditions de
retrait ou qu'il ne satisfasse plus aux conditions d'adhésion.* Les
conditions d'adhésion, peut-on nous en donner la portée?
M. Slater: Les conditions d'adhésion doivent être
conformes à celles de la loi, c'est-à-dire qu'un régime ne
peut pas exiger plus d'un an de travail, à raison soit de gains
supérieurs à 35 % du MGA ou de 700 heures de travail. Aussi, les
conditions de participation font référence à la
catégorie d'emploi. Cela pourrait faire en sorte qu'un salarié
qui change de catégorie d'emploi ne soit plus admissible au
régime.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 36,
est-ce qu'il y a d'autres questions? Est-ce que l'article 36 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Cotisations (suite)
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 45.
M. Bourbeau: L'article énonce qu'un régime à
cotisations déterminées peut prévoir que les cotisations
patronales portent intérêt au même taux que les cotisations
salariales versées à ce régime ou à un autre
régime lorsque les participants décident de leurs placements.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce qu'on pourrait nous expliquer cette disposition
en langage de monde?
M. Bourbeau: En langage vernaculaire. On va demander à M.
Slater.
Le Président (M. Bélanger): M. Slater.
M. Slater: La règle générale dans un
régime à cotisation déterminée c'est que les
cotisations tant salariales que patronales portent intérêt au taux
de rendement réalisé par la caisse de retraite, ce qui a
été énoncé à l'article 44. Ici l'article 45
vient permettre une flexibilité additionnelle pour certains
régimes qui sont construits d'une façon telle que ce sont les
participants qui, avec leurs propres cotisations, décident des
placements à faire et l'employeur, lui, garantit aux participants qu'il
va mettre autant d'argent que leurs cotisations, de même qu'autant de
rendements que le participant a réussi à réaliser sur ses
propres cotisations. Donc, c'est pour permettre cette
flexibilité-là.
Mme Harel: L'Association de bienfaisance et de retraite des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal recommandait, dans
le mémoire qu'elle présentait en commission parlementaire, que la
méthode de calcul des taux de rendement ainsi que la méthode
d'application du taux d'intérêt mensuel puissent également
être déterminées par les dispositions du régime de
retraite.
M. Slater: C'est prévu à l'article 46.
M. Bourbeau: Tel que la députée l'a sûrement
vu lorsqu'elle a fait l'étude de la loi, M. le Président.
Mme Harel: À l'article 45 proprement dit, I n'y a pas eu
de demande de modification, que je sache.
Le Président (M. Bélanger): L'article 45, tel que
rédigé, est-il adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 46.
M. Bourbeau: Cet article dénonce, en cas de silence du
régime, les personnes qui sont chargées de déterminer la
méthode de calcul du taux de rendement obtenu sur le placement de ta
caisse de retraite ou la méthode d'application du taux
d'Intérêt mensuel sur les cotisations.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'article 46?
Mme Harel: Oui, qu'on nous l'explique. Je le mets au défi
de nous l'expliquer pour qu'on le comprenne.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: L'expliquer c'est une chose...
Le Président (M. Bélanger): Le comprendre, c'est
autre chose. Alors, on entend bien, mais ça ne veut pas dire qu'on
comprend bien.
M. Bourbeau: M. Slater.
Le Président (M. Bélanger): M. Slater.
M. Slater: Tout régime doit créditer un taux
d'intérêt qui est défini par les articles 44 et 45.
Maintenant, de dire que c'est le taux de rendement de la caisse, c'est une
chose. De diverses façons, on a calculé ce taux de rendement.
L'article vient dire ici que le régime peut le prévoir dans son
texte. C'est ce que dit le début de l'article, le texte du régime
peut en disposer, sinon ça devra être le professionnel, qui est
soit comptable, soit actuaire, retenu par le comité de retraite qui
devra établir la formule pour considérer tous les genres de
revenus, que ce soit des gains de capitaux, des dividendes, des revenus
d'intérêts qui devront être amalgamés pour arriver
à déterminer le taux de rendement de la caisse du
régime.
Mme Harel: Si un tel article 46 n'existait pas est-ce que, pour
autant, le comptable ou l'actuaire choisi par le comité de retraite, en
l'absence de dispositions déjà prévues au régime ou
à défaut que ce soit un régime garanti par l'assureur, ne
pourrait pas en avoir le mandat du comité de retraite, même si ce
n'est pas prévu par une disposition de la loi?
M. Bourbeau: De façon générale, la
méthode devrait être la méthode généralement
reconnue comme valable par les professionnels que sont les actuaires ou
les comptables. Maintenant, le régime pourrait prévoir une de
ces méthodes et si le régime a indiqué que telle
méthode devrait être appliquée, c'est ce qu'on va faire.
Maintenant, si le régime ne prévoit rien, les profes- sionnels
devront choisir la méthode.
Mme Harel: Si Je comprends bien, avant la
réimpression...
M. Bourbeau: C'est-à-dire que les professionnels devront
plutôt appliquer la méthode choisie par le comité de
retraite.
Mme Harel: Avant la réimpression, dans la disposition
prévue à cet effet, il n'était pas prévu que le
régime puisse disposer de ses propres méthodes de calcul. C'est
ça? Alors, vous avez donné suite à la recommandation de
l'Association de bienfaisance et de retraite des policiers de la
Communauté urbaine de Montréal.
M. Bourbeau: Pour faire plaisir à la députée
de Maisonneuve et à l'Association de bienfaisance, bien sûr, mais
surtout pour améliorer le projet de loi.
Mme Harel: C'est bien dit. Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 46 est
adopté. J'appelle l'article 47.
M. Bourbeau: Qui précise jusqu'à quel moment
courent les intérêts sur les cotisations versées en vertu
d'un régime de retraite.
Le Président (M. Bélanger): A l'article 47, y
a-t-il des questions?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Oui?
Mme Harel: N'est-ce pas...
Le Président (M. Bélanger): Alors. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: D'abord, à une simple lecture, l'article 47 ne
prête pas immédiatement une compréhension certaine. On y
lit: "Lorsque le participant ou bénéficiaire a acquis droit
à une prestation au titre du régime de retraite." Là, il
n'y a pas de problème. Cela se comprend bien. "Les cotisations
volontaires, les cotisations salariales ou patronales versées au titre
d'un régime à cotisation déterminée ou en vertu de
dispositions qui, dans un régime à prestations
déterminées, sont identiques à celles de ce régime,
les cotisations salariales qui excèdent le plafond fixé par
l'article 60." Cela, c'est le plafond fiscal?
M. Slater: Non, c'est la règle de 50%, la cotisation
patronale minimale de 50 %.
Le Président (M. Bélanger): On remercie M.
Slater.
Mme Harel: "...Continuent - alors, c'est ça, la
règle de l'article 47 - de porter intérêt au taux
visé à l'article 44 ou 45 jusqu'à ce que, selon le cas,
elles fassent l'objet d'un transfert prévu à l'article 97 ou 99
ou d'un remboursement, ou jusqu'à ce qu'une rente additionnelle
prévue à l'article 83 soit constituée avec ces
cotisations." Que se passe-t-U exactement avec l'article 47?
M. Slater: Cet article vient assurer les participants que leurs
cotisations vont porter intérêt jusqu'au moment où ils vont
soit quitter le régime en amenant avec eux la valeur de leurs droits, ou
jusqu'au moment où Us vont commencer à recevoir une rente.
Mme Harel: En fait, c'est là qu'on dit que c'est
indexé, mais ça l'est jusqu'à ce qu'Us prennent leur
retraite. Quand Ils prennent leur retraite, ça ne l'est plus.
M. Slater: Non, c'est-à-dire que les cotisations portent
intérêt, elles ne sont pas indexées, mais plutôt
elles portent intérêt jusqu'au moment où Us prennent leur
retraite, parce qu'à ce moment-là, il y a une vérification
en ce sens que ta valeur de la rente qu'ils vont recevoir correspond à
certains minimums, dont les cotisations accumulées avec
intérêt. C'est la dernière vérification qui se fait
au moment du service de la rente.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions à l'article 47?
Mme Harel: A l'article 47, il y a eu une seule
représentation faite par Abitibi Price Inc. dans le mémoire qui a
été déposé par eux, à savoir que cette
disposition, qui était l'article 46 auparavant, allait rendre difficile
de calculer l'intérêt jusqu'au jour réel du paiement. Qu'en
pensez-vous, M. le ministre?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je trouve que ce n'est pas parce que c'est
difficile, que ce n'est pas faisable. Ce n'est pas la seule chose difficile
qu'il y a dans ce bas monde et les gens de la Régie des rentes sont
parfaitement compétents pour faire ce genre de calcul.
Mme Harel: M. Slater, est-ce que vous pensez que l'article 47
permet de calculer l'intérêt jusqu'au jour réel du
paiement? (12 heures)
M. Slater: Bien sûr. Souvent, le paiement d'une rente de
retraite est le premier du mois qui suit l'atteinte d'un âge. Donc, cela
devient très facile de calculer l'Intérêt jusqu'à ce
moment-là, tout comme il est facile de calculer le salaire d'un individu
jusqu'à son dernier jour de travail.
Mme Harel: De quel transfert s'agit-il quand on lit le dernier
paragraphe de l'article 47?
M. Slater: Les articles 97 ou 99?
Mme Harel: Oui.
M. Slater: Oui, c'est le transfert dans un instrument de
transférabilité qui sera défini par règlement ou
dans un autre régime, lorsque l'individu a quitté
l'employeur.
Mme Harel: Ah oui! On dit: Donc, cela continue de porter
intérêt au taux, tel qu'on vient de légiférer,
jusqu'à ce que, selon le cas, ces cotisations soient
transférées dans un autre véhicule ou remboursées
si, à ce moment-là, la période de participation n'est pas
terminée.
M. Slater: C'est cela.
Mme Harel: Ou jusqu'à ce qu'une rente additionnelle
prévue à l'article 83 soit constituée avec ces
cotisations. De quoi s'agit-H?
M. Slater: Lorsque l'individu arrive à la retraite...
Mme Harel: ...56 ans.
M. Slater: ...il a droit, avec ces cotisations-là,
d'obtenir une majoration de sa rente de base ou une rente additionnelle dans
les faits.
Mme Harel: Bien. Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 47 est
adopté. J'appelle l'article 48.
M. Bourbeau: Cet article, M. le Président, prévoit
que les cotisations échues et non versées portent
intérêt à compter de ta date du défaut du
versement.
Mme Harel: En d'autres termes, l'employeur qui ne verse pas
à temps ses contributions, cela vaut aussi pour les employés qui
ne le feront dans les régimes à cotisations volontaires ou
salariales, c'est bien le cas?
M. Slater: Oui.
M. Legault (Claude): En fait, pour les employés, c'est
toujours retenu à la source.
Mme Harel: Oui.
M. Legault: Dans le cas des cotisations volontaires, il n'y a pas
d'obligation puisqu'elles sont volontaires. C'est dans le cas des cotisations
patronales où le patron a retiré de la paie des employés
la cotisation salariale, il y a, dans plusieurs cas, sa propre cotisation
également, à
verser. Alors, s'iI est en défaut, cela porte
Intérêt jusqu'à la date du versement.
Mme Harel: Cela m'apparaît étonnant maintenant, mais
le Conseil provincial des métiers de la construction avait
recommandé que le régime de retraite de l'industrie de la
construction soit exclu des dispositions de l'article 47. C'est l'article 48
maintenant; l'article 47 était l'ancien, celui qu'on étudie
présentement.
M. Bourbeau: M. le Président, on va les exclure par
règlement, en vertu de l'article 2.
Mme Harel: De l'article 48, précisément?
Une voix:...
Mme Harel: Ah! de l'ensemble de tout le régime.
M. Legault: Voilà. Les métiers de la construction
ont fait des représentations, devant la commission parlementaire, qui
avaient déjà été faites à la Régie
lors de rencontres précédentes. On est tout à fait
d'accord avec eux qu'une grande partie de la présente loi ne peut
s'appliquer à ce régime, mais ce n'est pas une raison pour qu'ils
soient exclus de l'appartenance à cette loi-là donc, d'en
être visés, mais une multitude d'articles ne s'appliqueront pas
à eux parce qu'il s'agit d'employeurs multiples et de petits employeurs
dans plusieurs cas. Alors, il faut donc faire exception. C'est un régime
qui est déjà bien encadré par le décret qui l'a mis
sur pied.
Mme Harel: Mais ces exceptions contiendront-elles notamment
l'article 48?
M. Legault: Oui. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 48 est
adopté. J'appelle l'article 49.
M. Bourbeau: Cet article prévoit que les cotisations ainsi
que les Intérêts accumulés que détient l'employeur
ou qu'il doit verser sont réputées en fiducie.
Mme Harel: II s'agit de l'article 49.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, l'article 49.
Mme Harel: Qui se lit comme suit: 'Jusqu'à leur versement
à la caisse de retraite ou à l'assureur, les cotisations et les
Intérêts accumulés sont réputés
détenus en fiducie par l'employeur, que ce dernier les ait ou non
gardés séparément de ses biens." Il y a eu beaucoup de
représentations... Non il n'y en a pas eu du tout, excusez-moi, je fais
erreur, il n'y a eu aucune représentation sur cet article. Cela a l'air
clair pour tout le monde, ça devrait l'être pour mol aussi. C'est
donc une présomption de fiducie sur les cotisations et les
intérêts qui sont détenus par l'employeur.
Adopté.
Le Présidant (M. Bélanger): L'article 49
étant adopté, l'appelle l'article 50.
M. Bourbeau: L'article prévoit l'obligation pour
l'employeur d'aviser l'assureur ou l'administrateur du régime de toute
variation Importante et des cotisations à verser.
Mme Harel: Plusieurs commentaires ont été
exprimés au moment de la commission parlementaire sur cet article 50.
Ah! mon Dieu oui, ils sont très très nombreux. D'abord on nous
dit...
M. Bourbeau: M. le Président, la plupart des observations
qui ont été faites lors de la commission parlementaire nous
indiquaient qu'avec un article comme celui-ci, cela donnerait lieu à
toutes sortes de tracasseries administratives à chaque variation. Nous
avons donc ajouté le mot "importante" pour bien signaler que les
variations dont on parle sont des variations importantes, justement, et non pas
des variations minimes, qui n'auraient pas créé de
problème. Je pense qu'on a répondu avec ça aux
Inquiétudes de la plupart de ceux qui ont fait des remarques sur
l'article 50.
Mme Harel: Ce n'est pas évident, parce que leurs remarques
étaient en ce sens que la portée de l'article ne semblait pas
claire. Est-ce qu'elle l'est plus en ajoutant le mot "importante"? Je pense,
entre autres, à l'Institut canadien des actuaires qui disait:
L'application de ces articles nous apparaît irréaliste. Dans la
très grande majorité des cas, les montants mensuels varieront
constamment. Abitibi Price disait: Exigence déraisonnable, il nous
apparaîtrait suffisant que l'administrateur du régime enregistre
périodiquement à la Régie un rapport actuariel et qu'il
certifie, lors de la préparation de la déclaration annuelle de
renseignements, que les montants et les dates de versement des cotisations ont
été conformes aux dispositions législatives. William
Mercer, qui est bien connu pour son expertise en ce domaine, parlait à
la fois des articles 50 et 51, en fait, disant: Les articles 49 et 50 qui ont
été réimprimés...
Le Président (M. Bélanger):
Renumérotés.
Mme Harel: . renumérotés 50 et 51, apparaissent
difficiles à appliquer. L'expression "toute variation des cotisations"
n'est pas définie. Est-ce qu'on vient satisfaire en ajoutant
"importante"? De plus, celui qui gère la caisse - c'est l'expression
qu'on va retrouver...
On ne retrouve plus l'expression "celui qui gère la
caisse", cela a été modifié avec la réimpression? -
n'est pas nécessairement aussi le gardien des valeurs et n'est
peut-être pas en mesure de contrôler le dépôt des
cotisations. Celui qui gère, est-ce le comité de retraite?
M. Bourbeau: C'est ça. c'est changé pour "le
comité de retraite".
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: M. le Président, peut-être que le
président de la Régie des rentes du Québec aurait des
informations.
Mme Harel: Vous m'avez bien dit que celui qui gère c'est
le comité de retraite?
M. Bourbeau: Le comité de retraite est celui qui est
responsable au premier chef de l'administration et il peut
déléguer la gestion à l'employeur ou à un autre
gestionnaire.
Mme Harel: On me rappelle, effectivement, qu'avec les amendements
apportés en commission parlementaire, c'est l'employeur qui gère
pour autant qu'il y ait un comité de retraite.
M. Bourbeau: Non, absolument pas. Ce n'est pas ce que dit la loi.
La loi ne dit pas ça, elle dit que c'est le comité de retraite
qui est responsable de l'administration. Le comité de retraite peut
déléguer la gestion, non pas nécessairement uniquement
à l'employeur, mais à un autre organisme qui pourrait
gérer pour le comité de retraite. L'employeur est une des
possibilités et non pas la seule possibilité.
Mme Harel: Mais le comité de retraite est majoritairement
composé de l'employeur. L'employeur domine le comité de retraite.
Alors c'est finalement la décision que l'employeur va prendre qui va
compter, parce que, évidemment, je pense bien que dans les faits,
même si c'est le comité de retraite qui, théoriquement,
gère, comme le comité de retraite est dominé par
l'employeur, on peut dire sans se tromper que c'est l'employeur qui va
gérer.
M. Bourbeau: II n'est pas dit que l'employeur va être
nécessairement intéressé ou habilité à
gérer une caisse de retraite. L'employeur va peut-être
décider de demander au comité de retraite de suggérer que
la gestion soit faite par un autre organisme.
Mme Harel: Si tel est son bon vouloir.
M. Bourbeau: Si telle est la décision du comité de
retraite.
Mme Harel: Dominé par l'employeur.
M. Bourbeau: C'est à voir.
Mme Harel: Là, vraiment, c'est blanc bonnet Vous voudriez
que je répète: Le cheval blanc de Napoléon est noir, le
comité de retraite majoritairement composé de l'employeur n'est
pas dominé par l'employeur. Je ne peux pas répéter
ça, là, ce n'est pas vrai.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est la conclusion que tire
la députée de Maisonneuve, que le comité de retraite va
être dominé par l'employeur. La loi dit que le comité de
retraite doit comprendre au moins deux représentants des travailleurs,
une personne neutre, une tierce partie qui n'est ni l'employeur ni les
employés et, quant au reste, l'employeur peut déléguer le
nombre d'administrateurs qu'il veut. Il peut y en avoir un, il peut y en avoir
deux, il peut décider que ce soit paritaire, comme ça arrive
présentement dans bien des cas, et ça va continuer, où
l'employeur peut déléguer plus de trois personnes. Donc, ce n'est
pas dit que, dans tous les cas, l'employeur va dominer le comité de
retraite comme semble l'affirmer la députée de Maison-neuve,
c'est à voir.
Mme Harel: Bon, c'est au bon vouloir de l'employeur, c'est lui
qui décidera en fin de compte de la parité ou non du
comité. Alors, c'est l'employeur qui domine, c'est un comité
d'employeur auquel il est tenu de faire participer minoritairement des
travailleurs, c'est la seule obligation à laquelle il est tenu, il n'y
en a pas d'autres.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'a jamais
nié...
Mme Harel: Prendre ses désirs pour des
réalités, là, dans une législation, je regrette,
une législation, ce n'est pas de la supposition et des bonnes
intentions, ce sont des dispositions.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'a jamais nié
mais jamais nié que le comité de retraite pouvait être
dominé par l'employeur, je l'ai dit et répété
à satiété. Alors, que la députée de
Maisonneuve ne vienne pas déchirer ses vêtements aujourd'hui. Ce
n'est pas une nouvelle qu'on annonce ce matin.
Mme Harel: M. le Président, je n'ai absolument pas
l'intention de déchirer les beaux vêtements que je porte. Ha, ha,
ha!
M. Bourbeau: Alors, que la députée de Maisonneuve
ne se scandalise pas, on l'a dit depuis le début que la commission
parlementaire, que notre intention n'est pas de faire un comité
paritaire. Boni Cela, c'est clair. Alors, si l'employeur le désire,
c'est évident qu'H pourra avoir la majorité au comité de
retraite, c'est ce que la députée de Maisonneuve voulait
m'entendre
répéter, je le lui répète encore ce matin,
avec plaisir.
Mme Harel: Alors, l'article 50. Est-ce qu'on satisfait tes
nombreuses associations qui sont venues dire que c'était là une
exigence déraisonnable?
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends que la
députée de Maisonneuve a fait faire un travail important par la
bibliothèque de l'Assemblée nationale et qu'elle a devant elle le
tableau des 50 organismes, ou je ne sais pas combien, qui sont venus devant la
commission parlementaire et qu'elle nous lit patiemment l'analyse de ce qu'a
dit chacun des organismes qui est venu nous voir.
Mme Harel: Je leur attribue plus d'expertise qu'à moi.
M. Bourbeau: Je comprends, M. le Président. Mais
là, I ne faudrait quand môme pas exagérer, si la
députée de Maisonneuve veut nous refaire la commission
parlementaire une deuxième fois ce matin, on n'en finira plus. Moi, je
tiens pour acquis que la députée de Maisonneuve a
digéré tout ce que les gens ont dit à la commission
parlementaire et qu'elle va nous arriver avec ses conclusions et non pas une
lecture fastidieuse de tout ce qui a déjà été dit
une fois. Maintenant, moi, je dis à la députée: Notre
objectif, ce matin, n'est pas de satisfaire chacun des organismes qui est venu
devant la commission parlementaire nous dire ce qu'il pensait du projet de loi.
La députée vient de poser la question: Est-ce qu'on satisfait les
organismes? Moi, je ne suis pas ici pour satisfaire les organismes, d'ailleurs,
c'est impossible parce que, dans bien des cas, ils ont tenu des propos
contradictoires. Certains voulaient que ce soit blanc, d'autres que ce soit
noir. Alors nous, nous avons tranché en faisant en sorte de modifier le
projet de loi, je dirais môme de l'améliorer dans le sens des
grandes orientations que nous avions énoncées au début.
C'est évident que plusieurs organismes ne seront pas satisfaits des
solutions que nous apportons, parce que nous ne pouvons pas à la fois
satisfaire totalement les représentants des travailleurs et les
représentants des employeurs.
Donc, nous avons devant nous un projet de loi qui est un juste milieu et
d'avance je dis à la députée de Maisonneuve: Non, nous ne
satisferons pas chacun des organismes, c'est évident. Certains seront
satisfaits à l'occasion, certains ne le seront pas, mais tout ce qui
compte, pour moi, c'est que la commission en vienne à la conclusion que
le projet de loi, tel que réimprimé, est une amélioration
Importante par rapport à la version originale, qu'il est actuellement,
à mon avis, acceptable et dans le sens des meilleurs
Intérêts des travailleurs et du Québec. (12 h 15)
Mme Harel: M. le Président, le ministre a bien tort de me
faire grief de vouloir vérifier, moi qui ai consenti et voté la
réimpression du projet de loi. Il a bien tort de me faire grief de
vérifier. Si cette réimpression diffère du texte original
et comme il présume que j'ai, justement, bien assimilé les
modifications espérées par les différents organismes qui
sont venus devant la commission parlementaire, I me semble que c'est tout
à fait légitime et justifié de vérifier, à
l'occasion de cette étude article par article, les effets et la
portée des modifications qui ont été introduites au moment
de la réimpression. Je n'entends pas, M. le Président, changer de
façon de travailler. Je crois que c'est à l'avantage de ce que
l'on fait, du résultat final que l'on sera extrêmement heureux, la
semaine prochaine, de présenter à la population, que de
procéder à cet examen attentif et sérieux.
M. Bourbeau: On verra, M. le Président. On jugera l'arbre
à ses fruits.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 50,
est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Mme Harel: Oui. J'aimerais ça que... On n'en a pas fait
encore, M. le Président. C'étaient simplement des commentaires
dilatoires.
M. Legault: Voilà, si vous pouvez me permettre, M. le
Président, d'expliquer brièvement le but de l'article 50 et on
verra que même s'il y a eu plusieurs griefs, c'est que les gens ont
interprété à la lettre la variation dans les cotisations.
La Régie devra émettre des Instructions générales
pour Indiquer aux administrés de quelle façon on veut être
avisés et dans quel cas. Mais pour répondre, dans un premier
temps, on a donc ajouté le mot "Importante* de sorte qu'il est
évident que d'un mois à l'autre, les cotisations vont toujours
varier. Il s'agit qu'il y ait un nouvel employé pour les faire monter
à la hausse. Mais si la Régie veut être informée, ce
n'est pas pour suivre au jour le jour, c'est que s'il y a 300 mises à
pied dans une usine, donc, la variation va être telle qu'on doit
être avisés chez nous qu'il s'agit peut-être d'une
terminaison partielle. C'est dans ce but que l'article 50 a été
écrit.
Mme Harel: Donc, c'est une information mensuelle puisque le
versement, par une autre disposition de la loi, est prévu mensuellement.
Donc, le comité de retraite pourra suivre mensuellement l'état de
variation dans la situation, non seulement de la caisse, mais de l'emploi.
M. Legault: Un des commentaires que vous avez cités tout
à l'heure, quand les gens disent que l'administrateur ou le
comité de retraite - que maintenant on doit lire - n'est pas toujours
celui qui a la garde des valeurs. Dans le contrat de garde des valeurs, celui
qui reçoit
l'argent, ce fiduciaire-là, n'a qu'à avoir l'obligation de
donner un rapport mensuel à l'administrateur et il en sera
informé. Donc, II y a des gens qui ont cherché des poux, comme on
dit souvent, dans le texte préliminaire qui était dans leurs
mains.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 50?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 50 est
adopté. J'appelle l'article 51.
M. Bourbeau: Cet article Impose au comité de retraite ou
à l'assureur, selon le cas, l'obligation d'aviser la Régie des
rentes du Québec de toute cotisation non versée et ce dans les 60
jours de leur échéance. Je pense, M. le Président, que
l'article est clair.
Mme Harel: Est-ce que c'est 60 Jours de l'échéance
de la cotisation non versée?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Mme Harel: Quelle est l'utilité de connaître
l'employeur qui n'a pas versé sa cotisation? Qu'est-ce que la
Régie a comme moyens pour intervenir, pour obliger une fois que l'avis a
été obtenu?
M. Bourbeau: M. le Président, la Régie des rentes,
au terme du projet de loi, a des pouvoirs accrus et si elle est mise au courant
suffisamment rapidement du défaut d'un employeur de déposer les
cotisations, elle pourrait intervenir. À la limite, même, elle
pourrait décréter une tutelle sur le régime.
Mme Harel: Est-ce que la tutelle est le seul moyen d'intervention
que la loi donne à la Régie?
M. Bourbeau: M. le Président, on pourrait peut-être
demander au président de la Régie de donner des explications
additionnelles.
M. Legault: En fait, il s'agit de procéder le plus
rapidement possible à la fermeture d'un régime dans lequel
n'entre plus de cotisation. On ne peut pas laisser des droits s'accumuler si
l'argent n'entre pas également. Donc, la Régie, si elle est
avisée, fera enquête immédiatement auprès de
l'employeur et sur place afin de s'assurer des raisons qui ont motivé ce
retard. Si on se rend compte qu'il y a un danger de faillite, que la compagnie
est en difficulté, voilà, ce sera l'obligation de mettre fin au
régime et non de laisser croire aux gens que le régime continue
à leur accumuler des droits alors qu'il n'y a plus d'argent dans la
compagnie. Il y a des cas comme ça. Malheureusement, lorsqu'on arrive
à la situation de faillite où il y a six mois qui n'ont pas
été versés, mieux vaut mettre fin au régime que
d'avoir des droits qui s'accumulent que vous ne pouvez plus liquider ensuite et
vous devez diminuer les droits de tout le monde au prorata à cause du
manque d'argent dans la caisse. Il y a un avantage à pouvoir intervenir
rapidement et cet article n'existait pas antérieurement. Maintenant, on
aura donc un moyen de plus d'être avisé dans les délais
raisonnables.
Mme Harel: Évidemment, c'est d'autant plus important que
l'on sait que le nombre de faillites connaît une progression absolument
vertigineuse au Québec. Les trois dernières années, entre
1985 et 1988, le pourcentage des faillites a augmenté de 32 % à
38 %, simplement au Québec. Je regardais les chiffres pour les quatre
premiers mois de l'année, janvier, février, mars et avril, ce
sont 1000 faillites durant ces quatre premiers mois seulement. Le Bureau de la
statistique du Québec prévoit pour l'année - en fait, il a
annualisé ces prévisions - 3000 faillites au total et ce,
seulement au Québec. J'imagine qu'un certain nombre d'entre elles touche
justement des entreprises où il y avait une caisse de retraite.
M. Legault: C'est le but de cet article.
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment, plus il
se crée d'entreprises, plus les chances de faillites sont grandes. On
sait, en général, que le risque de faillites est beaucoup plus
grand chez les entreprises naissantes, les entreprises qui sont
créées. Comme il se crée un très grand nombre de
compagnies, d'entreprises depuis l'arrivée au pouvoir du Parti
libéral du Québec, les risques de faillites augmentent
évidemment C'est le prix qu'il faut payer pour avoir du
développement économique. Quand on ne crée pas
d'entreprises, M. le Président, elles ne vont pas en faillite. C'est
bien évident.
Mme Harel: Évidemment, s'il n'y a pas eu paiement pendant
les 60 jours, la Régie fait enquête et intervient. La Régie
a-t-elle le pouvoir d'obliger la partie patronale à verser sa
contribution?
M. Slater: Les administrateurs de la corporation employeuse en
sont personnellement responsables et la Régie peut faire inscrire
certains privilèges sur les biens de l'entreprise pour assurer que les
cotisations vont être versées.
Mme Harel: Les administrateurs, dites-vous, du comité de
retraite c'est-à-dire les membres du comité de retraite? Non.
M. Slater: Non, si les membres, on va le voir dans les prochains
articles, du comité de retraite, le comité de retraite a
avisé la Régie dans les 60 jours sa responsabilité n'est
pas
engagée. Mais celle des administrateurs de l'employeur, eux, leur
responsabilité peut être engagée s'ils n'ont pas pris les
mesures nécessaires pour que soient versées les cotisations.
Mme Harel: À qui faites-vous référence par
les mots les administrateurs' des employeurs?
M. Slater: Aux membres du conseil d'administration.
Mme Harel: De l'entreprise. D'accord. Au moment d'une faillite,
je ne pense pas que vous allez pouvoir les récupérer, il est trop
tard. Quand la faillite est déclarée...
M. Slater: C'est la loi fédérale qui
s'applique.
Mme Harel: C'est la loi fédérale de la faillite qui
s'applique.
M. Slater: Cependant...
Mme Harel: Pouvez-vous vous inscrire, au nom des travailleurs,
comme créancier, à ce moment-là?
M. Slater. C'est le comité de retraite qui va le
faire.
Mme Harel: C'est ça. Mais, évidemment, ça
prend beaucoup de temps, en plus de ça, et la perte est presque
Inévitable.
Le Président (M. Bélanger): L'article 51 est
adopté.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
52.
M. Bourbeau: Cet article dispose, quant aux cotisations à
verser, de la responsabilité des membres du conseil d'administration de
la corporation qui agit à titre d'employeur partie au régime. On
avait un texte différent dans la version originale et à la suite
des représentations qui ont été faites en commission
parlementaire, le nouveau libellé de l'article 52 nuance sensiblement
les termes de l'article de façon à atténuer d'une certaine
façon les clauses qui prévoyaient la responsabilité des
administrateurs. Je dois dire que le libellé qui est employé
maintenant dans l'article 52 a été emprunté plus ou moins
aux lois qui gouvernent le ministère du Revenu. Cela tient compte
également, M. le Président, des représentations qui ont
été faites par le Barreau du Québec à ce sujet.
Mme Harel: Alors, ce qui est nouveau dans la numérotation
de l'article 52 qui est l'ancien article 51, ce sont donc les...
M. Bourbeau: C'est l'ancien...
Mme Harel: ...mots: "Sauf s'iIs ont agi avec prudence, diligence
et compétence - c'est bien ça - comme l'auraient fait en
pareilles circonstances des personnes raisonnables ou s'ils n'ont pu, dans ces
mêmes circonstances, avoir connaissance du défaut...' Alors, ils
peuvent donc se protéger finalement, s'exclure de la responsable s'iIs
font la preuve qu'ils ont agi avec prudence, diligence et compétence. En
fait, le Barreau avait dit que la loi devait reconnaître que
l'administrateur assumait une obligation de moyens et non une obligation de
résultats, c'est ça? C'est comme nous ici à
l'Assemblée nationale.
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: On a une obligation surtout dans l'Opposition.
M. Bourbeau: Pourvu, M. le Président, qu'on fasse...
Mme Harel: On n'a pas l'obligation de résultats.
M. Bourbeau: ...ce qu'on peut au...
Mme Harel: Le gouvernement l'a, par exemple.
M. Bourbeau: ...meilleur de notre connaissance.
Mme Harel: Nous avons l'obligation de prendre tous les moyens
pour essayer d'empêcher le gouvernement de commettre des mauvais
coups...
Le Président (M. Bélanger): D'avoir des
résultats.
Mme Harel: ...mais on ne peut pas être tenus responsables
de ceux qu'ils commettent. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je dois dire, M. le Président, que dans le
choix des moyens, vous êtes difficile à battre.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur l'article 52?
Mme Harel: Le plafond de six mois prévu au premier
alinéa ne s'applique pas lorsque l'employeur gère la caisse de
retraite. Qu'est-ce que ça signifie? Lorsque le comité de
retraite a confié la responsabilité de gestion à
l'employeur, là, l'employeur est responsable des cotisations
échues et non versées jusqu'à ce que mort s'ensuive. C'est
ça?
M. Legault: En fait, il est assez normal de
voir cet ajout puisque c'est lui-même qui se remet les
cotisations. Alors donc, il est drôlement visé si elles n'ont pas
été versées.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 52 est
adopté. J'appelle l'article 53.
M. Bourbeau: Cet article fixe les règles gouvernant
l'application de la responsabilité personnelle des membres du conseil
d'administration prévue à l'article 52.
Mme Harel: En fait, c'est une prescription de deux ans. C'est
ça. Il faut le comprendre comme ça?
M. Bourbeau: Oui, c'est comme dans le droit des compagnies et
c'est comme, également, ce qui a été prévu dans
l'ancien projet de loi 58.
Mme Harel: Ce qui est ajouté finalement à l'article
53, c'est la référence à l'article 52. C'est bien
ça?
M. Bourbeau: C'est...
Mme Harel: À l'occasion de la réimpression. C'est
ça?
M. Bourbeau: Non, II n'y a pas de changement. C'est la
renumérotation. (12 h 30)
Mme Harel: C'est simplement la renumérotation.
Adopté.
Remboursement et prestations
Le Président (M. Bélanger): L'article 53 est
adopté. J'appelle l'article 54.
M. Bourbeau: Cet article énonce la portée de
l'expression "période de travail continu d'un travailleur" et son
application particulière dans le cas d'un changement d'employeur.
Peut-être que M. Slater pourrait nous donner quelques renseignements
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): M. Slater.
M. Slater: La période de travail continu est une notion
fréquemment utilisée par les régimes de retraite pour
définir les droits ou la satisfaction de certaines conditions
d'admissibilité à des droits au titre du régime. Ici, la
loi vient préciser ce qu'est la période continue et aussi le fait
qu'un changement d'employeur au régime ne vient pas interrompre la
période de service continu.
Mme Harel: Cela couvre l'interruption temporaire d'emploi. Cette
interruption, dont certains vous ont dit qu'elle n'était pas claire-
ment définie dans la disposition, n'a subi aucune modification.
M. Slater: C'est ça. Cela correspond à la
disposition de la toi actuelle en vigueur depuis 1966.
Mme Harel: Qui n'a pas posé de problème
jusqu'à maintenant ou qui a été l'objet de
contestation?
M. Slater: A ma connaissance, elle n'a pas posé de
problème.
M. Bourbeau: Pourquoi changer ce qui va bien? Dans la loi
actuelle...
Mme Harel: Le changement d'employeur, c'était
déjà là.
M. Slater: Non, c'est ajouté.
Mme Harel: C'est nouveau, j'imagine. Parce que cela tient compte
des dispositions sur la transférabilité, qui sont nouvelles. 'Le
changement d'employeurs, pourvu que la Régie ait autorisé le
transfert d'engagements dans les cas visés à l'article 22 ou au
chapitre XI..." Cela veut donc dire que la Régie va autoriser le
transfert pour chaque travailleur. Comment cela va-t-il se...
M. Slater: Non, ce sont des cas de scission ou de fusion de
régimes qui doivent être autorisés par la Régie.
Donc, cela couvre des groupes de travailleurs.
Mme Harel: Les cas de substitution d'un nouvel employeur à
un ancien ou la transformation, c'est ça?
M. Slater: II n'y a pas de changement d'employeur, à ce
moment-là. C'est surtout substitution d'employeur ou scission de
régime parce qu'il y a vente d'une partie de l'entreprise et un autre
employeur prend la place du précédent.
Mme Harel: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 54 est
adopté. J'appelle l'article 55.
M. Bourbeau: Cet article précise le sens que doit prendre
l'expression "services reconnus". Adopté, M. le Président.
Mme Harel: Je voudrais connaître les effets de cette
disposition.
M. Slater: Encore là, il s'agit de termes utilisés
par les régimes.
Mme Harel: Qu'est-ce que les services
reconnus?
M. Stator C'est la partie du travail continu qu'un régime
va reconnaître aux fins de créditer des prestations.
C'est-à-dire lorsqu'un régime va reconnaître du service
passé, il peut le faire sur la totalité de la période de
travail du travailleur ou tout simplement sur une partie. Si le régime
est instauré après que le travailleur a déjà 20 ans
de fait, ce n'est pas sûr qu'il va reconnaître les 20 ans
passés. Donc, on arrive à distinguer le travail continu et les
services reconnus.
Mme Harel: D'accord. Cela introduit la distinction entre la
période de travail continu et la période de services reconnus.
À ce moment-là, j'ai un peu de difficulté à
comprendre pourquoi l'Association canadienne des compagnies d'assurances tenait
tant à ce que la mention relative à l'acquisition des droits soit
supprimée à cet article. Pourquoi, à l'inverse, est
introduite cette règle? Pourquoi compte-t-on les services reconnus? Il
me semble que ça parle de soi, les services reconnus, c'est la
période que le régime reconnaît des années qui
seront comptées pour le droit à la prestation.
M. Slater: Je ne sais pas ce que l'ACAP avait en tête
lorsqu'elle a fait le commentaire.
Mme Harel: Bien, alors, adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 55 est
adopté. J'appelle l'article 56.
M. Bourbeau: De toute façon, M. le Président,
c'était le mot à mot du projet de loi 58.
L'article 58, je veux dire 56, M. le Président...
Mme Harel: M. le Président, si le ministre me cite le
projet de loi 58, on va lui Introduire une amendement: tout ce qu'il a
enlevé du projet de loi 58.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne veux pas
réintroduire le projet de toi 58, mais si c'était bon pour le
projet de loi 58...
Mme Harel: S'il introduit juste...
M. Bourbeau: ...ça peut être bon aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): L'article 55 est
adopté. J'appelle l'article 56.
Mme Harel: ...ce qui était Indifférent, je vais lui
Introduire ce qui n'est plus dedans.
M. Bourbeau: Cet article, M. le Président, Impose
l'obligation, aux fins de l'acquisition du droit aux prestations, de compter
les services reconnus avant la date de terminaison partielle d'un régime
interentreprises, lorsque le participant demeure un participant actif
après cette date. Peut-être que M. Slater pourrait
compléter mes remarques, M. le Président.
M. Slater Oui. Dans un régime interentreprises,
régime où iI y a plusieurs employeurs, il peut arriver qu'une
entreprise cesse ses activités. A ce moment-là, le régime
fera l'objet d'une terminaison partielle, mais le travailleur demeurera dans ce
milieu de travail et a le choix de demeurer participant au régime,
même s'il n'a plus d'employeur, parce qu'il a de fortes chances d'en
trouver un autre dans les semaines qui suivent. On dit que même si le
travailleur a déjà été visé par une
terminaison partielle, aux fins de l'acquisition du droit, on doit
considérer non seulement les services après la terminaison
partielle, mais aussi ceux avant. Normalement, la terminaison partielle a pour
effet de déterminer entièrement les droits de quelqu'un.
Mme Harel: C'est une évaluation qu'on fait longtemps
après. On ne la fait pas nécessairement au moment où se
termine un régime de retraite interentreprises.
M. Slater: S'il se termine partiellement. Mme Harel: C'est
un...
M. Slater S'il se termine totalement, c'est la fin. Si c'est une
terminaison partielle, à ce moment-là, le travailleur demeure et
c'est plus tard, lorsqu'il va peut-être perdre un autre employeur, qu'on
devra établir son droit. Là, on dit qu'on doit considérer
non seulement les années depuis la terminaison partielle, mais aussi les
années avant, afin d'établir son droit.
Mme Harel: S'il s'agit d'un régime de retraite
Interentreprises, où le travailleur est resté à l'emploi
d'une autre des entreprises liées par le régime de retraite;
c'est ça?
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: C'est comme si ça devenait continu. On
présume qu'il y a eu continuité, au moment où on fera le
calcul de sa rente de retraite.
M. Slater Absolument.
Mme Harel: Et cela, c'est même si le régime de
retraite n'est pas considéré comme tel par l'application de
l'article 11. Cela veut dire que la Régie évaluera s'il
s'agissait, dans les faits, d'un tel régime de retraite
Interentreprises, même si le régime n'avait pas été
reconnu comme tel. C'est bien ça?
M. Slater: Oui, l'article 11 permet à certains
régimes de ne pas être Interentreprises. Ce sont les
régimes selon lesquels les employeurs décident, aux fins de
l'article 11, et non pas la Régie.
Mme Harel: D'accord. En fait, ce que vous voulez, c'est tout
couvrir?
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Vous voulez couvrir les régimes reconnus comme
tels et ceux que l'employeur a considérés comme ne l'étant
pas, mais que vous considérez comme l'ayant été.
M. Slater: Qui l'auraient été au départ,
oui. Mme Harel: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 56 est
adopté. J'appelle l'article 57.
M. Bourbeau: L'article énonce une règle qui veut
que les cotisations patronales, la méthode pour les calculer ainsi que
la méthode pour calculer la rente normale ne peuvent varier pour les
participants faisant partie d'un môme groupe et pour une même
période de services reconnus, en fonction du nombre d'années de
travail ou de services reconnus. Peut-être que M. Slater pourrait nous
expliquer davantage.
M. Slater: Cet article a pour but d'empêcher un
développement éventuel des régimes dans un sens qui ferait
que dans les régimes, on tenterait d'éviter les règles
concernant l'acquisition rapide, qui sont maintenant après deux
années de participation, en mettant tout simplement un taux de
cotisation très faible les premières années et très
fort la quinzième ou la vingtième année de service pour
faire en sorte que les gens n'accumulent qu'à la fin. Donc, le principe
est que le taux de cotisation doit être uniforme à moins d'avoir
été approuvé par la Régie. La Régie entend
se doter de normes pour faire en sorte qu'il y ait des variations possibles,
mais uniquement celles qui sont justifiées par la différence de
coût entre une prestation à l'âge de 25 ans et une
prestation à l'âge de 65 ans.
Le Président (M. Bélanger): Concernant l'article
57...
Mme Harel: C'est un pouvoir par lequel la
Régie se voit autorisée par la loi à examiner la
variation des cotisations patronales, en fait. C'est bien le cas?
M. Legault: C'est bien le cas, oui.
Mme Harel: On peut comprendre, comme le soulignait d'ailleurs le
ministre, que parfois les commentaires soient contradictoires et que certains
d'entre eux dévoilent bien les intérêts qui y sont
défendus. Relativement à cet article, il y avait tout de
même un commentaire qui réapparaissait peut-être pertinent
en ce sens qu'un tel pouvoir qui était accordé à la
Régie, qui est un pouvoir important - eux l'appelaient trop de pouvoir,
moi, je le qualifierais d'un certain pouvoir accordé à la
Régie - devait quand même être balisé par le fait
qu'on devait retrouver dans l'article une formulation indiquant que les
critères recherchés étaient l'équité et la
conformité aux règles d'acquisition. En l'absence de
critères comme ceux-là, l'explication de Me Slater
peut-être?
M. Slater: Non.
Mme Harel: Non, monsieur.
M. Bourbeau: II est mieux que maître, il est actuaire.
Mme Harel: Vous pensez que c'est au-dessus, oui? Même que
ministre? Ha, ha, ha!
L'explication de M. Slater est raisonnable, mais elle pourrait valoir
pour d'autres motifs aussi. L'usage de ce pouvoir discrétionnaire de la
Régie... Comme le soulignait M. Slater, dans la formulation comme telle,
il n'est pas dit que c'est pour se rendre conforme aux règles
d'acquisition. Cela pourrait être pour toute autre raison.
M. Legault: On peut essayer de trouver des raisons, mais tous les
gens qui sont du domaine de la retraite savent que c'est la seule raison que
ça peut viser. En fait, je ne sais trop de qui venait le commentaire que
vous nous filiez tout à l'heure, mais...
Mme Harel: Hyatt, Wyatt.
M. Legault: Wyatt. J'étais sûr que c'était
une maison d'actuaires, c'est ce que je voulais dire, peu importe laquelle.
Mais on sent qu'à un moment donné, il y a quelque chose qu'elle
n'aime pas tellement. Il faut donc savoir qu'antérieurement, il n'y
avait aucune variation qui était possible. La loi disait: La formule de
rentes pour chaque année de service future doit être uniforme.
Maintenant, on dit: Avec l'autorisation de la Régie. Cela se peut. On
peut permettre qu'elle ne soit pas uniforme. Mais si elle n'est pas uniforme,
elle doit être faite dans le sens de la présente loi et non pas
afin de priver le travailleur des règles d'acquisition ou de la
cotisation patronale minimale de 50 %. Donc, il faut s'assurer qu'on ne
contourne pas la loi, même si on veut apporter toute la souplesse
à ceux qui ont la responsabilité de dessiner les régimes
de retraite.
Mme Harel: Les motifs que vous venez d'invoquer sont justes et
raisonnables, soit celui
de ne pas faire contourner les dispositions sur la contribution minimale
de 50 %, l'autre motif étant de ne pas contourner les règles
d'acquisition. Tant que vous serez à la présidence de la
Régie, on pourra se sentir assurés que ce seront les motifs qui
seront utilisés. Mais les présidents passent et les régies
restent. Il en va de môme pour les ministres et les gouvernements.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas ce que veut
Insinuer la députée de Maisonneuve. Il n'est pas du tout question
de faire des changements à la présidence de la Régie des
rentes du Québec. (12 h 45)
Mme Harel: Non, mais il est possible que la loi dure plus
longtemps, pour des raisons qui ne seraient pas liées à votre
volonté mais à celle, possiblement, du président de la
Régie qui souhaiterait peut-être, dans des temps lointains,
assumer d'autres fonctions ou tout simplement vaquer à d'autres
occupations...
M. Bourbeau: Êtes-vous en train de faire du recrutement
pour la prochaine?
Des voix: Ha, ha. ha!
Mme Harel: Cela dit, je reprends plus sérieusement. Dans
les lois, habituellement, quand on accorde des pouvoirs comme ceux-là,
on lit que c'est par règlement.
M. Legault: Voilà. Ici... Excusez-moi.
Mme Harel: Mais là, il n'y a aucun règlement. Cela
pourrait éventuellement être pour d'autres motifs. Vous dites:
C'est pour ne pas faire contourner les droits d'acquisition ni la cotisation
minimale. Mais qui sait si la Régie ne pourrait pas ajouter des motifs
frivoles? Pas sous votre gouverne.
M. Legault: Je ne suis pas inquiet pour ceux qui sont
passés avant moi ni pour ceux qui me succéderont.
Mme Harel: Mais on ne légifère pas en fonction des
personnes, on légifère Indépendamment des personnes. Nul
ne connaît son avenir.
M. Legault: Mais je pense que la Régie des rentes est un
organisme qui se doit d'être respectueux de la loi qu'elle administre.
Les Instructions générales qu'elle aura à émettre
seront justement les outils privilégiés pour que la loi ne soit
pas alourdie et qu'on soit capable d'ajuster les directives administratives aux
lois qui seront en vigueur bientôt. Or donc, par les Instructions
générales, on viendra dire aux gens quelles sont les
méthodes qu'on accepte et qu'est-ce qu'on ne peut pas accepter. Si on
veut mettre tout ça dans la loi, il y a des dangers d'alourdir la loi et
de venir régulièrement y apporter des modifications, à
cause de toutes sortes de nouvelles situations qui peuvent se présenter.
C'est pour ça que le texte est écrit de cette façon. Ce
point a été analysé. Nos conseillers juridiques et autres
nous ont dit qu'avec les instructions générales, on avait tous
les outils nécessaires pour bien traduire la volonté du
législateur.
Mme Harel: Ils ont bien raison et ils vous ont bien
conseillé de ne pas alourdir inutilement le texte de loi. C'est pour
ça que les règlements sont faits C'est pour ça qu'ils sont
bien balises. Le danger, de plus en plus, est que les lois croulent sous le
poids d'une hyperréglementatlon qui, elle, est sans gouverne. Le
présent gouvernement lui-même a, dès son arrivée,
adopté une loi sur la réglementation qui en promettait beaucoup
plus que ce qu'elle offrait.
M. Bourbeau: Les fruits n'ont pas rempli la promesse des
fleurs.
Mme Harel: Dans cette loi, on y prévoit notamment la
prépublication de 45 jours. On prévoit un certain nombre de
dispositions qui ne seront absolument pas utilisées parce que les
instructions générales ne sont pas assujetties à des
critères de publicité. C'est vraiment du domaine interne de la
Régie. De toute façon, je vais l'adopter, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Nous aussi. Donc,
l'article 57 est adopté. J'appelle l'article 58.
M. Bourbeau: L'article prévoit que, sauf exception, toute
rente servie à un participant ou à un bénéficiaire
doit être viagère et ne peut être payée que sous
forme de rente de son vivant. Je pense que l'article dit bien ce qu'il dit.
Mme Harel: Alors, pourquoi avoir ajouté "autre qu'une
rente anticipée*?
M. Bourbeau: Voilà le point que je demanderais à M.
Slater de nous expliquer, M. le Président.
M. Slater. SI ces mots n'avaient pas été
ajoutés, dès que quelqu'un aurait été admissible
à une rente de retraite à 60 ans, au titre du régime de
rentes du Québec, il n'aurait pas pu continuer de recevoir ce qu'on
appelle des prestations de raccordement - ou, en anglais, des "bridge benefits"
- qui sont temporaires jusqu'à ce qu'une rente soit payable par un
régime public. Donc, il pourra y avoir des rentes temporaires Jusqu'au
moment où les rentes du Régime de rentes du Québec seront
pleinement payables, c'est-à-dire jusqu'à l'âge de 65 ans.
Si on n'avait pas ajouté ça, cela aurait arrêté
à l'âge de 60 ans.
Mme Harel: Et durant cette période où le
participant reçoit une rente anticipée, sous quelle forme est
versée la rente de retraite, si elle n'est pas viagère?
M. Slater: Ça va être une rente sous une forme qu'on
appelle temporaire, c'est-à-dire jusqu'à 65 ans ou jusqu'à
ce que l'individu reçoive une rente du Régime de rentes du
Québec, ce qui fait que, étant temporaire, elle n'est pas
viagère, donc elle serait illégale si on n'avait pas fait le
changement.
Mme Harel: Alors, adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 58 est
adopté. J'appelle l'article 59.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article énonce la
règle de l'égalité des montants périodiques
versés au titre d'une rente. L'article prévoit trois exceptions
et j'aimerais, M. le Président, introduire un amendement à
l'article 59. On va distribuer l'amendement. L'amendement se lirait comme suit:
Au paragraphe 2° de l'article 59, les troisième et quatrième
lignes sont remplacées par ce qui suit: "rente, en raison d'options
autorisées par les paragraphes 1° à 4° et 6° de
l'article 92 ou en raison du partage des droits du participant avec son
conjoint effectué conformément au chapitre Vll.l;"
M. le Président, cette modification prévoit que les
montants payables au titre d'une rente peuvent devenir inégaux en raison
du partage des droits accumulés par un participant à la suite de
la dissolution de son mariage ou d'une séparation de corps.
Mme la députée de Maisonneuve est au courant des raisons
qui motivent l'atterrissage de cet article ici à cette commission.
C'est, si je comprends bien, M. le Président, en vertu d'un cadeau que
nous a fait la commission parlementaire lors de l'étude du projet de loi
156 où nous avons convenu, semble-t-il, de partager le travail avec
cette commission. Bref, c'est pour introduire les éléments du
dossier qui concerne le partage des droits économiques des
conjoints.
Mme Harel: Ce qui fait une difficulté, évidemment,
c'est la notion de conjoint. Alors, je ne sais pas si on entreprend le
débat maintenant...
Le Président (M. Bélanger): On l'a
déjà fait amplement ailleurs.
Mme Harel: Ah oui! Mais pas encore ici, M. le Président,
et pourtant on devra disposer de cette question Importante. La question est de
savoir si le Québec continue d'accumuler le retard qu'il a à
l'égard de l'Ontario et du régime fédérai en
matière de partage des rentes privées, parce qu'on sait que,
déjà, l'Ontario a légiféré, le
fédéral également, pour reconnaître possible le
partage entre conjoints de fait après un certain nombre d'années
de vie commune; et là, chacune des lois, je crois, a une durée
qui diffère, mais le principe est tout de môme Introduit. D'autre
part, le principe l'est aussi déjà dans un certain nombre de
régimes privés de retraite. Je pense entre autres aux
travailleurs de la construction qui avaient déjà - ce n'est pas
un petit régime, ça concerne quelques centaines de milliers de
travailleurs - 2 500 000 000 $ de fonds de caisse de retraite, et
déjà ils avaient une définition de conjoint qui
était celle d'une vie commune de trois ans, pour les conjoints de
fait.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que, selon mes
conseillers, la députée de Maisonneuve n'est pas très bien
informée en ce qui concerne le droit au partage à la retraite
dans l'Industrie de la construction. On m'indique qu'il n'y a pas de tel
partage dans ce régime. Si la députée veut...
Mme Harel: Je vais pouvoir vérifier ça à
l'heure du dîner, M. le Président. J'ai passé quelques
heures avec les représentants, notamment, du Conseil provincial. J'ai
reçu une belle lettre de M. Pouliot qui est un ami, je pense, de M.
Bourbeau...
M. Bourbeau: Un ami de la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: ...ou de son parti qui loue... M. Bourbeau: M.
le Président...
Mme Harel: ...qui rend hommage au travail...
Une voix: On a des millions d'amis. M. Bourbeau: Nous
avons un très...
Mme Harel: ...de la députée de Maisonneuve.
M. Bourbeau: ...grand nombre d'amis, M. le Président.
Mme Harel: Je vous conseille, M. le Président, de proposer
par consentement qu'on s'interrompe pour le dîner parce que je n'ai pas
l'intention d'adopter l'article 59. J'ai beaucoup de choses à dire
concernant l'article 59. Ce n'est pas simplement concernant les conjoints.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il y a une
demande de suspension des travaux jusqu'à 15 heures. Est-ce que c'est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
Alors,
la commission suspend ses travaux Jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 56) (Reprise à 15 h
19)
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales reprend ses travaux afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 116, Loi sur les
régimes complémentaires de retraite. Nous en étions
à l'article 59 et M. le ministre désirait apporter un papillon
à cet article.
M. Bourbeau: Un papillon qui a été
distribué...
Le Président (M. Bélanger): Distribué,
effectivement.
M. Bourbeau: ...aux membres de la commission et à
l'égard duquel ceux-ci ont sûrement eu le temps de se pencher
longuement. M. le Président, quant à moi, Je serais
disposé à adopter l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): Il y a une proposition
d'amendement sur la table à l'article 59. Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Voulez-vous me faire lecture de l'amendement, M. le
Président, s'il vous plaît?
Le Président (M. Bélanger): Avec plaisir. Au
paragraphe 2° de l'article 59, les troisième et quatrième
lignes sont remplacées par ce qui suit: 'rente, en raison d'options
autorisées par les paragraphes 1° à 4° et 6° de
l'article 92 ou en raison du partage des droits du participant avec son
conjoint effectué conformément au chapitre Vll.l;"
M. le ministre disait que c'était une question de concordance
avec le projet de loi 146 qui est en adoption.
Mme Harel: Par contre, les dispositions relatives aux
régimes complémentaires de retraite ont été
retirées du projet de loi 146 pour être Introduites et
examinées dans le projet de loi 116, M. le Président. C'est un
beau cadeau que la commission des institutions a pensé faire à la
commission des affaires sociales...
Le Président (M. Bélanger): Elle n'est pas capable
de faire son travail, elle?
Mme Harel: ...parce qu'elle avait un horaire relativement...
M. Bourbeau: C'est parce qu'on sait que la députée
de Maisonneuve a l'intention de prendre son temps avec la loi 116 et qu'elle
aura tout le temps qu'il faut pour étudier ça ici, M. le
Président.
Mme Harel: M. le Président, Je ne l'accepte pas. La
députée de Maisonneuve procède...
Le Président (M. Bélanger): Est très
coopérative.
Mme Harel: ...à une vitesse qu'on ne voit pas souvent dans
l'étude de bien d'autres projets de loi devant ce Parlement.
Le Président (M. Bélanger): En tout cas,
supérieure à celle du députée de Lévis. Cela
a été établi tout à l'heure.
M. Bourbeau: Quand on compare avec le député de
Jonquière, effectivement, c'est plus rapide, c'est vrai.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je pense que c'est... Non, le temps qu'on y met est
tout à fait proportionnel à la complexité de la loi.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, si on
revenait à l'article 59?
Mme Harel: Je pense qu'on pourrait nous faire grief d'avoir
été des "rubber stamps"...
Le Président (M. Bélanger): Ah oui.
Mme Harel: ...qui se seraient contentés sans rien
comprendre, d'approuver une loi faite à leur insu, n'est-ce pas?
Le Président (M. Bélanger): Exact.
Mme Harel: Alors, que se passe-t-il avec cet amendement? Est-ce
que, selon les auteurs, on doit ici faire le débat sur la notion de
conjoint? À quel moment pourrons-nous le faire?
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je n'avais pas
compris que la députée nous avait dit que le débat avait
été fait ailleurs et qu'on ne ferait que... La
députée entend faire le débat Ici sur les droits des
conjoints, oui? Elle ne l'a pas fait lors de l'étude de la loi 146?
Mme Harel: On voulait aller trop vite avec la loi 146, alors on a
pensé que ce serait lors de l'étude de la loi 116 qu'il serait
préférable de le faire.
M. Bourbeau: Est-ce que la loi 146 est adoptée? M. le
Président, est-ce qu'on ne pourrait pas faire une motion pour renvoyer
ça à l'étude de la loi 146?
Le Président (M. Bélanger): Ha, ha, ha!
Une voix: On pourrait faire une petite partie de ping-pong.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, vous voulez
combattre votre amendement?
M. Bourbeau: M. le Président, on appelle ça un
cadeau de Grec.
M Leclerc: M. Sirros n'est pas ici, pourtant)
M. Bourbeau: C'est à l'article 105.1 qu'on pourra faire le
débat existentiel dont rêve la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: J'en prends bonne note.
M. Bourbeau: C'est-à-dire, M. le Président, la
semaine prochaine.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Harel: Le ministre lui-même prétend qu'il
mettrait de côté cette importante loi au profit de certaines
autres lois qui sont pourtant tellement critiquées. C'est quand
même rare d'obtenir trois éditoriaux, deux
Téléjournal pour un projet de loi où il n'y a même
pas eu encore l'examen d'un article. Le ministre va prétendre que c'est
en vertu de cette impopularité qu'il est pressé de faire adopter
un autre projet de loi qui va mettre de côté l'important projet de
loi 116. Il en portera les conséquences.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le ministre
suggère que le débat sur la notion de conjoint se fasse à
l'article 105. Est-ce qu'il y a consensus là-dessus?
Mme Harel: Quelles sont les options autorisées par les
paragraphes 1 à 4 et 6 de l'article 92? De quelles options
s'agit-il?
M. Bourbeau: On peut demander à M. Slater, M. le
Président, de compléter la réponse.
Le Président (M. Bélanger): M. Slater, la rondelle
est à vous.
M. Slater: il s'agit d'options qui font en sorte que les
paiements mensuels d'une rente peuvent varier plutôt qu'être
égaux. Entre autres choses, ce sont des paiements qui peuvent varier en
raison de prestations payables par les régimes publics comme le
Régime de rentes du Québec, le Régime de pensions du
Canada ou la Sécurité de la vieillesse. Cela peut être des
paiements qui varient parce qu'ils sont indexés partiellement ou
complètement à l'indice des prix à la consommation. Cela
peut être des paiements qui varient en raison de dispositions
prévues en cas de décès du participant. Cela peut
être aussi un paiement ou une série de paiements qui remplace la
rente lorsqu'il y a invalidité du participant et que cette
invalidité réduit son espérance de vie. Cela pourra
être aussi d'autres types de prestations qui pourront être
déterminés par règlement.
Mme Harel: M. le Président, je suis à la recherche
d'un document.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous
désirez qu'on suspende quelques instants?
Mme Harel: Non, pas nécessairement. J'espère le
retrouver immédiatement. C'est un document qui a été
produit à la Régie des rentes le 6 mars 1989 - c'est assez
récent, il y a un peu plus de trois mois - qui s'appelle "Le fonds de
revenu viager" et qui porte sur les instruments de liquidation du
capital-retraite.
L'article qu'on examine présentement n'est pas
indifférent. Ça porte, dans le fond, sur les instruments de
liquidation du capital-retraite qui peuvent varier, c'est-à-dire que les
montants périodiques payables au titre d'une rente doivent être
égaux, à moins qu'il n'y ait des instruments différents.
C'est bien ça?
M. Slater: C'est ça. L'instrument auquel vous
référez, "le fonds de revenu viager", c'est le document produit
par la Régie en mars, de façon à en discuter avec les
autres organismes provinciaux qui surveillent les régimes de retraite
pour que cette flexibilité soit insérée partout au Canada
et qu'elle soit accessible à tous les participants à un
régime de retraite.
Cette flexibilité sera permise par la possibilité qu'ouvre
l'article 91 du projet de loi 116 qui est, comme vous le voyez au premier
paragraphe de l'article 59, une des exceptions aux paiements égaux,
puisque dans le fonds de revenu viager, les paiements seront viagers, mais, du
moins à chaque année, le montant variera en fonction des
rendements qu'obtiendra la personne sur la gestion de son capital.
Mme Harel: Est-ce qu'il faut comprendre alors que le fonds de
revenu viager a été retenu comme un instrument de liquidation du
capital-retraite?
M. Slater: L'accord de principe a été obtenu au
niveau de tous les organismes provinciaux. Évidemment, il s'agit de
fonctionnaires, non pas de membres du gouvernement. Pour concrétiser
ça, il devra y avoir des amendements aux différents
règlements dans chacune des provinces et aussi, les institutions
financières devront commercialiser ce véhicule, si elles le
jugent approprié.
Mme Harel: Essentiellement, ce qui diffère, je pense, dans
cet instrument, c'est que la prise en compte de la mortalité est
différée jusqu'à l'âge de 80 ans. C'est ça?
On ne tient pas
compte...
M. Slater C'était l'hypothèse qu'il y avait dans ce
document, oui.
Mme Harel: Oui. Est-ce que c'est celle qui se retrouve dans
l'accord de principe?
M. Slater C'est celle qui apparaît toujours répondre
aux objectifs visés. Dans les faits, c'est un Instrument qui est
à mi-chemin entre ce qu'on a aujourd'hui, comme la rente viagère
traditionnelle pratiquée par les assureurs, et ce qu'on appelle le fonds
enregistré de revenu de retraite, qui est une façon de liquider
l'épargne-retraite, sur une période de temps limitée, du
moins, parce qu'à 90 ans, cela doit être liquidé. C'est un
Intermédiaire entre les deux. C'est le mode de fonctionnement du fonds
enregistré de revenu de retraite avec l'aspect viager de la rente
viagère.
Mme Harel: Présentement, ce n'est pas ouvert.
M. Stator: Non, ça prendra un règlement pour
l'ouvrir.
Mme Harel: Cela supposera une loi ou un règlement?
M. Slater: Un règlement.
Mme Harel: Simplement par règlement, ça pourrait
modifier l'encadrement. Je croyais que les lois d'encadrement des
régimes de retraite n'autorisaient que la rente viagère.
M. Slater: Au Québec, ce n'est pas le cas. Si vous
regardez l'article 91 qu'on verra tout à l'heure, par règlement,
il peut y avoir des alternatives. Dans les autres provinces, c'est possible que
ça demande des amendements aux lois, selon le cas. Il faudrait examiner
chacune pour voir s'iI y a lieu de faire des amendements.
Mme Harel: Des travailleurs sont venus me voir avec ces
dispositions pour me dire que c'était, de loin, beaucoup plus favorable
quand quelqu'un pouvait différer un peu le moment. Je pense qu'il faut
quand môme un certain délai avant de pouvoir toucher sa rente de
retraite, môme si on y a droit, pour lui permettre d'accumuler un
rendement, non?
M. Slater Non, pas nécessairement Dès que le
travailleur voudra avoir un revenu de retraite, il pourra utiliser ce
véhicule et avoir une rente annuelle. Évidemment, si la personne
veut avoir un revenu à partir de l'âge de 55 ans, il sera beaucoup
plus faible que s'il commence à 65 ans, c'est sûr. (15 h 30)
Mme Harel: Oui.
M. Slater: Parce qu'iI va être payable plus longtemps.
M. Legault: En fait, ce qui est intéressant dans ce
nouveau véhicule proposé, c'est de donner la môme souplesse
à une personne qui a accumulé son épargne à partir
d'un régime complémentaire, qu'à une autre qui l'a
accumulée dans un REER. On dit: Quand c'est dans un REER, ce n'est pas
bloqué. Quand il passe par un régime complémentaire, c'est
bloqué. Voilà deux différences Importantes, mais ça
devrait se limiter à cela. On peut transférer un REER dans un
FERR, et on ne peut retirer du FERR, dans les premières années,
que les montants correspondant aux Intérêts produits par le fonds,
par exemple. Mais on dit que vous pouvez retirer davantage dans le FERR. Vous
pouvez le retirer complètement dans une année. On revient
à celui accumulé à partir d'un régime
complémentaire, et on dit: Voilà, tu pourras retirer sous des
formes variées, donc inégales dans le temps, à la
condition qu'une partie soit également utilisée pour une
assurance viagère, de sorte que, rendu à tel âge, tu auras
un revenu viager. Donc, pour que les gens ne deviennent pas dépendants
de l'État à 80 ans, on les oblige à avoir une portion
assurée, mais iI s'agit d'assurer simplement la vie après 80 ans.
Donc c'est très peu comme coût. Tout le restant du capital est
disponible et vous l'utilisez selon vos besoins, soit plus dans les
premières années si vous avez 60, 62 ou 64 ans, et moins si vous
avez 78, 79 et 80 ans. On a apporté la môme souplesse. C'est une
originalité du Québec qui fart consensus au Canada.
Mme Harel: Parce que, évidemment, à ce
moment-là, les véhicules différents du régime
complémentaire et du REER c'est que, dans un cas c'est de
l'épargne-retraite et dans l'autre c'est de l'épargne.
M. Legault: Voilà!
Mme Harel: Mais, finalement, l'un était encore plus
avantagé parce qu'il avait une souplesse...
M. Legault: Plus de souplesse. Mme Harel: ...que l'autre
n'avait pas. M. Legault: Voilà!
Mme Harel: Je suis convaincue que ça va beaucoup
intéresser nos collègues au moment où ils vont comprendre
les conséquences que ça peut avoir sur leur propre fonds de
retraite. Là, Je sens que ce n'est pas d'un intérêt
majoritaire, mais ça viendra, j'en suis convaincue. Quand, pensez-vous,
que ce sera mis en vigueur?
M. Bourbeau: C'est parce qu'Us sont plus
jeunes que nous.
Mme Harel: Parlez pour vous.
Le Président (M. Bélanger): Vos 25 ans sont
reconnus, madame.
Mme Harel: II a décidé de me donner des coups par
en dessous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Mais je parlais du président de la
Régie et de moi.
Mme Harel: Ah bon!
Quand pensez-vous qu'un tel Instrument sera rendu disponible?
M. Slater: Les règlements adoptés en vertu de la
loi sont supposés entrer en vigueur le 1er janvier 1990, comme la
loi.
Mme Harel: Ils sont censés entrer en vigueur le 1 er
janvier 1990?
M. Slater: Comme entrera en vigueur le projet de loi quand il
sera adopté.
Mme Harel: C'est ça. L'article 91 le rendra possible, mais
comme tel, l'instrument existera-t-il à ce moment là?
M. Legault: On ne peut pas, nous, créer l'instrument. On
peut permettre l'instrument. Alors, les institutions financières vont
s'empresser de l'offrir. En fait, c'est quelque chose de nouveau et d'attrayant
pour tout le monde. Donc, on est assurés... Toutes ces discussions ont
eu lieu avec les institutions financières également. Les gens
sont déjà avises de ça. La Régie a consulté
largement cette approche. On est donc assurés que les Institutions vont
mettre le produit sur le marché.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 59? D'abord sur l'amendement qu'a apporté M.
le ministre?
Mme Harel: Simplement une dernière information sur
l'article 92. À quoi se réfère l'article 92? Quel est son
effet, puisqu'il s'agit des deuxième et troisième paragraphes de
l'article 59?
M. Slater: C'est de permettre différentes options qui vont
faire en sorte que le paiement d'une rente va pouvoir varier d'un mois à
l'autre ou d'une année à l'autre, pour les raisons que
j'énumérais tout à l'heure, soit à cause d'une
prise en compte des régimes publics, d'une indexation, de la prise en
compte de prestations de décès, ou encore en cas d'inva-
lidité.
Mme Harel: D'accord. Parfait.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur les modifications
apportées par M. le ministre, cet amendement est-il adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement est
adopté. L'article 59 est-il adopté tel qu'amendé?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. J'appelle
l'article 60.
M. Bourbeau: Cet article, M. le Président, impose à
l'employeur le versement d'une cotisation patronale minimale en disposant que
les cotisations salariales ne peuvent servir à acquitter plus de 50 % de
la valeur d'une prestation acquise. Cette disposition ne s'applique pas aux
prestations qui résultent de l'application de régimes en tout ou
en partie à cotisation déterminée ni à celles qui
résultent d'un transfert, ni à la rente additionnelle.
Peut-être qu'on peut demander à M. Slater de
compléter l'information.
M. Slater: II s'agit ici de la règle de la cotisation
patronale minimale de 50 % ou de la cotisation salariale maximale de 50 % dans
les faits. Donc, cela établit le principe que l'employeur doit
défrayer au moins 50 % du coût de toute prestation prévue
par un régime. Évidemment, un tel principe ne s'applique pas dans
un régime à cotisation déterminée puisqu'il est de
la nature même du régime de définir l'apport financier de
chacun plutôt que de définir la prestation résultante.
Également, il ne s'applique pas à des dispositions qu'on dit
à cotisation déterminée dans un régime à
prestation déterminée. Ce sont tout simplement des régimes
qui ont les deux formes qu'on appelle les régimes mixtes. il y a un
premier palier à cotisation déterminée et un second
à prestation déterminée. Dans ce cas, il ne s'applique
qu'au second palier. Finalement, il ne s'applique pas aux cotisations qui
proviennent d'un autre régime, où on a déjà
appliqué, finalement, la règle des 50 %. Il ne faut pas la
réappliquer lorsqu'il y a transfert dans un second régime. C'est
ce qui a été ajouté.
Mme Harel: Cela veut donc dire qu'en vertu de l'article 60, au
deuxième paragraphe "si le participant est décédé
sans avoir acquis droit à une rente, de toute prestation à
laquelle un bénéficiaire acquiert droit", cela va aussi. C'est
couvert.
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Dans le cas de ses ayants droit,
il n'y aura pas plus de 50 % de la cotisation salariale qui aura pu
être utilisée pour acquitter la rente. L'employeur aura aussi
l'obligation d'y contribuer pour 50 %.
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Par ailleurs, l'employeur peut y contribuer en prenant
congé de contribution sur les surplus.
M. Slater: Ce qu'il faut comprendre ici, c'est que lorsqu'on
parle de contribution de l'employeur, c'est calculé au moment où
l'individu, soft quitte le régime parce qu'il s'en va chez un autre
employeur, soit lors de son décès On ne parte pas ici du rythme
de capitalisation du régime, année après année.
C'est simplement une vérification qui est faite lorsque l'Individu
quitte son emploi à savoir si cette règle est respectée.
Donc, cela n'affecte pas les cotisations courantes à chaque
année. C'est très globalement que ça affecte les
cotisations.
Mme Harel: À l'article... Comment peut-on l'appeler Ici?
Le paragraphe 3, deuxième alinéa? C'est ça. Alors, le
paragrahe 3° du deuxième alinéa qui est de droit nouveau
s'Intitule "Aux prestations qui résultent de droits ou d'actifs ayant
fait l'objet d'un transfert visé au chapitre VII". À l'occasion
de la réimpression, vous avez ajouté ce troisième
paragraphe. Pour quelle raison?
M. Slater: Il s'agit d'une situation qui n'apparaissait pas avant
et qu'on voulait clarifier pour être sûr que lorsque quelqu'un
avait fait transférer dans le régime auquel il participe
maintenant des prestations ou des cotisations qui provenaient d'un autre
régime, on n'ait pas à appliquer la règle des 50 % une
deuxième fois parce que cela avait déjà été
appliqué dans le régime précédent. Donc,
c'était pour bien clarifier que cela ne s'appliquait pas puisque cela
avait déjà été appliqué.
Mme Harel: C'est avant le transfert que cela va être
appliqué.
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Le paragraphe 4° est de droit nouveau aussi; non
pas la rente additionnelle, mais la référence à l'article
78 ou 83 est nouvelle, je pense.
M. Slater: C'est possible que ce soit à cause de la
renumérotation. Il faudrait que je vérifie. C'est uniquement une
renumérotation.
Mme Harel: Ah bon! Qu'est-ce que ça signifie, alors?
M. Slater: La rente additionnelle est justement constituée
des cotisations salariales qu'on dit excédentaires. Une fois qu'on a
calculé les 50 % de l'employeur, cela fait en sorte qu'il y a ce qu'on
appelle des cotisations salariales excédentaires et on dit Le
participant a le droit d'obtenir une rente additionnelle avec ces cotisations
salariales excédentaires. Il ne faudrait pas, à ce
moment-là, réappliquer la règle des 50 % puisqu'elle
résulte, justement, de l'application de cette...
M. Legault: On ne finirait jamais. M. Slater: On ne
finirait jamais.
Le Président (M. Thuringer): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Bourbeau: Non.
Le Président (M. Thuringer): Est-ce que l'article 60 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Mme Harel: Un instant, M. le Président.
M. Bourbeau: Mme la députée a une autre question
à poser au témoin. Votre seigneurie!
Mme Harel: C'est parfait. Adopté.
Le Président (M. Thuringer): J'appelle l'article 61.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article énonce les
hypothèses et les méthodes qui peuvent servir a la
détermination de la valeur des prestations auxquelles s'applique la
règle de la cotisation patronale minimale prévue à
l'article 60.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: C'est l'article 61.
Le Président (M. Thuringer): Est-ce qu'il y a des
questions9
Mme Harel: Oui, je vous dis qu'il y a des commentaires sur cette
disposition. Eh mon Dieu!
M. Bourbeau: Mme la députée est en train de lire
les 42 mémoires déposés en commission parlementaire, M. le
Président. Je croyais qu'elle les avait assimilés.
Mme Harel: Leur rappel m'est d'autant plus utile. D'abord, avant
de donner suite à toutes les demandes de modification qui ont
été émises, j'aimerais bien qu'on me décrive la
portée de l'article 61.
M. Bourbeau: Vous auriez pu le demander avant. M. Slater aurait
pu commencer, il y a cinq minutes, à vous le dire. M. Slater,
allez-y.
M. Slater: L'article précise sur quelle base doit
être déterminée la valeur des droits qui doivent être
payés à un participant. Il offre deux possibilités
c'est-à-dire, soit selon les hypothèses et méthodes qui
sont soumises par l'administrateur et qui doivent être conformes aux
principes actuariels généralement reconnus, soit sur la base
d'une soumission ou d'une proposition d'assurance qui doit, à ce
moment-là, respecter certains critères qui sont
énoncés aux paragraphes 1 à 4 du deuxième
alinéa et qui sont là pour s'assurer qu'il s'agit bien d'une
proposition qui correspond à ce qu'il y a de disponible sur le
marché et que c'est similaire, en termes de droit, à ce qu'un
participant pourrait faire dans un véhicule de transfert.
Mme Harel: II y a des conditions. D'abord, on dit que tout
ça doit se faire, soit sur la base des hypothèses et
méthodes d'assurance, soit sur la base des hypothèses et
méthodes actuarielles. C'est ça? Et S y a des conditions qui
doivent être remplies, quelle que soit la méthode.
M. Slater: C'est-à-dire que les conditions qui sont
énoncées à cet article s'appliquent uniquement lorsque la
valeur des droits est déterminée sur la base d'une proposition
d'assurance. (15 h 45)
Mme Harel: Donc, les paragraphes 1, 2, 3, 4 ne valent que dans le
cadre des prestations déterminées sur...
M. Slater: Dont la valeur est déterminée...
Mme Harel: Dont la prime est déterminée par un
assureur. Est-ce que c'est une disposition qui existait déjà?
M. Slater: Non. Ce sont de nouvelles dispositions, compte tenu de
l'introduction de la transférabilité" par le présent
projet de loi.
Actuellement, le participant n'a pas ce droit de transfert, donc n'a pas
le droit de voir la valeur de ses droits déterminés être
transférée hors du régime.
Mme Harel: Vous avez sûrement pris connaissance des
nombreux commentaires qui ont été faits à la commission
parlementaire. Mais je crois comprendre qu'il n'y a pas de modifications
majeures qui ont été introduites à l'occasion de la
réimpression. Il y a beaucoup de numérotations pour la
référence aux articles 97 et 98, au chapitre VII, à
l'article 60, mais peut-être que la seule véritable modification
dans le cas des prestations auxquelles s'applique l'article 60, c'est que 'ces
hypothèses et méthodes doivent être transmises à la
Régie par le comité de retraits"?
M. Slater: Oui, plutôt que "par l'administrateur", puisque,
maintenant, le comité de retraite est un administrateur.
Mme Harel: C'est ça. Donc, c'est plutôt de la
concordance. Vous avez reconduit presque intégralement, avec quelques
modifications mineures, la disposition qui existait avant la
réimpression, telle quelle, sans prendre en considération les
différents commentaires.
M. Slater: C'est-à-dire qu'après la prise en
considération des commentaires, finalement, il nous est apparu qu'il n'y
avait pas de changement à apporter.
Mme Harel: II ne vous semble pas, comme le souhaitait
l'Association canadienne des compagnies d'assurance de personnes, que les
hypothèses et méthodes de calcul devraient être
obligatoirement déposées à la date d'enregistrement du
régime? C'était là une de leurs exigences, de demander que
les hypothèses et méthodes de calcul soient
déposées à la date d'enregistrement du régime. Cela
ne se retrouve pas là.
M. Slater: Vous avez raison là-dessus. On
vérifiera, mais je crois qu'on le retrouve ailleurs dans le projet de
loi.
Mme Harel: Oui. J'espère que ça Intéresse le
ministre?
M. Bourbeau: Absolument, M. le Président, c'est
passionnant. Je dois dire que ce n'est pas la première fois que le
ministre discute de ces sujets-là avec ses fonctionnaires. C'est
devenu...
Mme Harel: II peut en avoir omis, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: Ah oui! Errare humanum est.
Mme Harel: Je suis convaincue qu'il est content que l'Opposition
passe une deuxième fois pour bien vérifier la fiabilité de
ce projet de loi.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve ne sait pas à quel point on estime sa contribution à
cette commission. On se sent plus en sécurité quand on adopte une
loi après que la députée de Maisonneuve l'a passée
au crible.
M. Slater: J'ai trouvé la réponse.
Le Président (M. Thuringer): D'accord, allez-y.
M. Slater: La suggestion de l'ACCAP a été
retenue, mais c'est dans le règlement qu'elle va
apparaître, c'est-à-dire que lorsqu'il y a enregistrement d'un
régime, différents documents doivent être
déposés, doivent accompagner l'enregistrement. Un de ces
documents, qui sera prescrit par règlement, sera les méthodes et
hypothèses qui seront en application dès la naissance du
régime.
Mme Harel: Vous nous dites ça et vous nous demandez un
chèque en blanc. Le règlement, on ne l'examinera pas ici, en
commission parlementaire. Alors, j'aimerais bien que le ministre nous confirme
que c'est bien là son intention.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, c'est notre
intention.
Mme Harel: Donc, il y aura publication, dans le règlement,
d'une disposition prévoyant que les hypothèses et méthodes
de calcul seront déposées à la date d'enregistrement du
régime.
Le Président (M. Thuringer): D'autres questions?
Mme Harel: Oui. Est-ce que vous avez aussi l'intention de
soustraire le régime de retraite de la construction à ces
dispositions prévues à l'article 61?
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne
l'industrie de la construction, en principe, on a convenu que les articles du
projet de loi 116 qui seraient incompatibles avec le régime en vigueur,
on pourrait les exclure du projet de loi 116. Des réunions ont
déjà eu lieu entre le contentieux qui représente
l'Industrie de la construction, entre les avocats et notre contentieux et
d'autres réunions doivent se tenir au cours des prochaines semaines. Je
ne peux pas répondre à la question précise de la
députée. Au fur et à mesure qu'on va passer au crible le
projet de loi 116 avec les représentants de l'industrie de la
construction, on va déterminer quels articles pourront s'appliquer et
lesquels ne le pourront pas. Alors, tout ce que Je peux dire à la
députée, c'est qu'en principe, on est convenu, comme je l'ai dit
tout à l'heure, d'exclure les articles de la loi 116 qui seraient
incompatibles, mais, en pratique, on n'a pas encore pris de décision
finale relativement à chacun des articles.
Mme Harel: Bien.
Le Président (M. Thuringer): Adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Thuringer): J'appelle l'article 62.
M. Bourbeau: Cet article Impose l'obligation de tenir compte de
l'évolution de la rémunération du participant, pour la
détermination de toute prestation prévue au régime,
lorsque la rente normale est établie d'après l'évolution
de cette rémunération. L'article prévoit deux exceptions
à l'égard desquelles je demanderais peut-être à M.
Slater d'élaborer un peu.
M. Slater La première exception est lorsque le
régime de retraite prévoit que l'individu, le participant peut
cesser sa participation sans nécessairement cesser son emploi. Donc, le
régime peut arrêter de tenir compte de l'évolution du
salaire avant la cessation de l'emploi, s'il y a cessation de participation
active au régime. Mais le projet de loi dit bien que ça ne peut
pas être avant la cessation de participation active au régime.
C'est la première exception.
La deuxième, c'est lorsque le régime est modifié
pour cesser de prendre en considération l'évolution des
prestations pour l'avenir.
Mme Harel: Vous voulez dire que c'est là la portée
de l'article 62 du projet de loi?
M. Slater C'est ça, oui
Mme Harel: Vous dites ceci: '1° lorsque le régime de
retraite prévoit que cette rente cesse de tenir compte de
l'évolution de la rémunération du participant avant la fin
de sa période de travail continu, pouvu que ce ne soit pas avant la date
où ce dernier cesse d'être participant actif".
Le principe général est que la prestation doit tenir
compte de cette évolution jusqu'à la fin de sa période de
travail continu. On a bien distingué période de travail continu
de service continu, la période de travail n'étant pas liée
au régime de retraite, mais au service à l'employeur, c'est bien
ça?
M. Slater Oui.
Mme Harel: Deuxièmement, 'lorsque le régime de
retraite est modifié pour prévoir qu'à l'égard des
services reconnus au participant à compter de la date de prise d'effet
de ta modification, cette rente n'est plus établie d'après
l'évolution de sa rémunération."
Comment le régime pourrait-il être modifié? Par une
décision du comité de retraite?
M. Slater: Par la décision de ceux qui sont
habilités à le faire en vertu du régime.
Généralement, le comité de retraite va n'être que
l'administrateur. Il va administrer le contrat qu'on lui confie. Maintenant, ce
contrat, est-ce qu'il a été négocié ou pas, est-ce
qu'il est de façon unilatérale de la part de l'employeur? C'est
dans le contrat qu'on va découvrir qui peut le modifier.
Mme Harel: Cet article est la réimpression
telle quelle de ce que l'on retrouvait dans le projet de loi initial. La
critique assez virulente qui en avait été faite, c'est que,
finalement, il permettait de changer en tout temps les règles du jeu
pour les participants et de réduire rétroactivement les
crédits de rente.
M. Slater: C'est-à-dire que cet article est le reflet de
ce qui existe en ce moment, mais il ne permet pas de réduire
rétroactivement. Il permet à un régime, pour autant qu'il
soit modifié, d'arrêter de prendre en considération
l'évolution des salaires. Donc, un régime de type salaire final,
deviendrait salaire final au jour de la modification et, par la suite, ce
serait autre chose. Mais il ne prendrait plus en considération
l'évolution des salaires, après la modification.
Mme Harel: Et cela peut se faire unilatéralement? Disons
que, parce que le comité de retraite administre, un employeur
décide que c'est de son intérêt de mettre fin à la
rente basée sur le salaire fin de carrière. C'est à
ça que cela revient. À ce moment-là, il doit envoyer une
copie de cette modification, par exemple, aux travailleurs. La seule obligation
de la loi, c'est que les travailleurs le sauront avant de prendre leur
retraite. Mais, finalement, ils n'auront pas un mot à dire sur ces
changements.
M. Legault: Je pense qu'on peut faire une analogie avec le
salaire. Un employeur peut décider de diminuer les salaires à
l'avenir mais il ne peut pas les diminuer dans le passé. Donc, ce qui
est acquis est acquis. Voilà! Il y a des règles qui font en sorte
qu'il peut dire: Tu as acquis une rente basée sur une évolution
du salaire, mais je modifie mon régime et ce n'est plus ça
maintenant, c'est autre chose. Alors, s'il a des droits unilatéraux
d'agir, II a encore ces mêmes droits, mais si le régime a
été négocié, il devra s'asseoir avec ces
partenaires pour s'entendre.
Alors, ce que cela vient ajouter de beaucoup par rapport à la
situation présente, c'est que, d'abord, iI y a un comité de
retraite où il y a des employés qui, à travers les
discussions, voient venir cette modification. Non seulement, ils en sont
informés, mais il y a une obligation d'informer, par le comité de
retraite, l'ensemble des participants. Donc, les gens sont informés. Eh
bien voilà! C'est à eux, maintenant, d'agir dans le cadre des
relations du travail qui existent dans une entreprise particulière.
Alors, ici, on ne vient pas créer un droit à la
négociation, on vient dire aux gens: Au moins, vous serez avisés
de ce qui se passe, alors agissez comme il se doit. C'est là qu'il y a
une différence avec le passé.
Mme Harel: L'analogie tient jusqu'à ce qu'on prenne en
considération le fait qu'habituellement, pour les modifications de la
rémunération, on doit tenir compte de la convention
signée. Elles ne peuvent pas être faites en cours de convention
collective.
M. Legault: Vous avez la même chose si votre régime
est négocié. Les régimes qui sont négociés
ne peuvent pas être ouverts en tout temps et modifiés en tout
temps, mais aux dates prévues, oui, il y a possibilité de les
amender. En ce qui concerne les régimes qui ne sont pas
négociés, eh bien, c'est comme les conditions de
rémunération qui ne sont pas négociées; elles
peuvent être modifiées en tout temps. C'est la situation qui
prévaut dans le monde du travail actuellement, donc on reflète la
même chose dans la Loi sur les régimes complémentaires.
Mme Harel: Évidemment, on ne dit pas comme tel, dans cette
disposition, qui prend la décision. C'est lorsque la décision est
prise. Il y a quand même toujours une responsabilité, pour la
Régie, de vérifier si elle l'a été
conformément au régime.
M. Legault: Eh voilà! Est-elle conforme aux dispositions
du régime et les participants en ont-ils été
avisés? La Régie se satisfait de ça puisque, dans
plusieurs régimes, il est inscrit que l'employeur peut modifier le
régime en tout temps. Alors, on dit oui, mais à la condition,
à tout le moins, d'aviser les parties.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je vais adopter cette
disposition sur division.
Le Président (M. Thuringer): L'article 62 est
adopté sur division?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Thuringer): J'appelle l'article 63. M. le
ministre. (16 heures)
M. Bourbeau: Oui, M. le Président Cet article
prévoit que, pour les services effectués au cours d'un exercice
financier du régime, l'assureur doit accorder sa garantie au fur et
à mesure qu'il reçoit les cotisations prévues au
régime. S'il s'agit de services antérieurs à la
période de l'exercice financier en cours, la garantie doit être
accordée dès réception du montant de la prime
exigée par l'assureur. Peut-être que M. Slater pourrait nous
donner un complément d'explication.
M. Slater: Oui. Il s'agit tout simplement de définir les
caractéristiques d'un régime garanti. Les prestations ne sont
accordées que lorsqu'il y a paiement de la cotisation. Il ne doit pas y
avoir transit des sommes dans une caisse puisqu'il n'y en a pas dans le cas
d'un régime garanti.
Mme Harel: C'est maintenant, à l'article 63, une
obligation qui est faite à l'assureur. C'est bien ça?
M. Slater: Oui. C'est-à-dire que, pour qu'un régime
soit garanti, iI doit respecter ces conditions. S'iI ne respecte pas les
conditions de cet article, ça devient un régime non garanti pour
lequel un assureur garantirait certaines prestations.
Mme Harel: Qu'est-ce qui fait la différence entre un
régime garanti... Quels sont les avantages d'un régime garanti
à l'égard d'un qui ne l'est pas?
M. Slater: il existe, tout d'abord, très peu de
régimes garantis maintenant, mais vu qu'il en existe certains, iI faut
prévoir la situation. Dans le cas d'un régime garanti, tout le
chapitre sur le financement et la solvabilité n'est pas applicable vu
qu'à ce moment-là, ce sont les réserves de l'assureur qui
se trouvent à garantir les droits. Donc, nous, pour nous assurer que ce
sont les réels régimes garantis qui sont exemptés,
finalement, de nos règles de financement et de solvabilité, on
doit mettre certaines réserves.
Le Président (M. Thuringer): Est-ce que l'article 63
est adopté?
Mme Harel: Un instant, M. le Président. Au deuxième
paragraphe, on lit: "Quant aux services reconnus au titre d'une période
antérieure à l'exercice financier en cours, la garantie doit
être accordée dès réception du montant total de la
prime exigée par l'assureur.'
M. Slater. Oui, c'est le pendant du premier paragraphe,
effectivement.
Mme Harel: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Thuringer): Adopté. J'appelle
l'article 64.
M. Bourbeau: Cet article énonce les règles
gouvernant... L'article, comme je le disais, M. le Président,
énonce les règles gouvernant la désignation du
bénéficiaire et la révocation d'une telle
désignation. L'article rend applicable les articles 2540 à 2555
du Code civil du Bas Canada, relatifs aux bénéficiaires
désignés dans le domaine des assurances.
Le Président (M. Thuringer): M. Slater.
M. Slater: Si ma mémoire ne me fait pas défaut, cet
article fait en sorte que, lorsque ce sera le conjoint qui sera
désigné comme bénéficiaire, ce sera
considéré comme irrévocable alors que, pour tout autre
bénéficiaire, ce sera révocable. Avec cet article, il y a
du droit transitoire, au dernier chapitre, qui ajuste la situation par rapport
à maintenant.
Mme Harel: Alors là, vraiment, M. le minis- tre, vous
allez devoir m'expiiquer comment il se fait que vous allez à rencontre
de tout le courant actuel qui est de permettre la révocabilité
des bénéficiares?
M. Bourbeau: Dans les assurances? Mme Harel: Bien oui.
M. Bourbeau: M. le Président, auriez-vous objection
à ce qu'on entende un illustre avocat ici, expert en matière
d'assurances, qui pourrait nous donner un complément de réponse?
Étant donné que la députée de Maisonneuve est
avocate et que, moi, je ne le suis pas, j'aimerais peut-être permettre
à un avocat de lui répondre.
Le Président (M. Thuringer): Oui. Pourriez-vous vous
identifier?
M. Roy (Jean-Aimé): Jean-Aimé Roy, de la
Régie des rentes. En fait, ici, on a le parallèle exact dans le
cas des bénéficiaires désignés en matière
d'assurances. Donc, c'est une nouvelle règle, contrairement aux
règles actuelles. Actuellement, on a le droit de révoquer en tout
temps la désignation d'un bénéficiaire. Maintenant,
lorsqu'on désignera un conjoint comme bénéficiaire, ce
sera Irrévocable à moins de stipulation contraire et lorsque ce
sera une autre personne que le conjoint, la règle sera Inverse, à
savoir que ce sera toujours révocable à moins de stipulation
contraire.
Mme Harel: Alors vous allez me définir la notion de
conjoint.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ah bien, certain! Vous allez me définir la
notion de conjoint ou bien on suspend l'article jusqu'à ce qu'on fasse
le débat, mais on ne va pas adopter ça morceau par morceau. Ce
n'est pas une peinture à numéros. Je veux avoir le portrait final
avant d'en disposer.
M. Roy: En ce qui concerne les prestations, la notion de conjoint
se retrouve à l'article 85 où on a tant le conjoint de fait que
le conjoint légal.
Mme Harel: Pour les prestations de décès, vous
voulez dire.
M. Roy: Les prestations de décès. Mme Harel: Pour
le conjoint survivant.
M. Roy: Cela comprend la prestation de décès et la
rente au conjoint. Excusez-moi. Effectivement, pour la désignation, les
règles qui s'appliquent sont celles du Code civil du Bas Canada, donc il
faut que ce sort le conjoint
légal.
Mme Harel: Oui, mais M. le Président, s'il vous
plaît! On est en pleine réforme du Code civil depuis 20 ans. Cela
fait dix ans que c'est sérieusement entrepris et ce n'est pas même
pas terminé qu'on voudrait déjà nous faire
légiférer pour l'avenir avec du droit du passé. Je ne
trouve pas ça sérieux dans une loi statutaire. La réforme
du Code civil va vraisemblablement modifier ces dispositions. Alors, on a beau
me dire qu'on les modifiera après, je regrette, mais dans les lois
statutaires, on n'est pas tenus d'être assujetis au Code
Napoléon.
M. Roy: II faut comprendre qu'il doit y avoir une harmonie dans
les régimes de retraite puisqu'on couvre à la fois des
régimes garantis et des régimes non garantis. C'est ce qui fait
qu'on a une règle uniforme pour tous les régimes. Or,
généralement, les régimes garantis sont régis par
le domaine des assurances.
Mme Harel: Est-ce qu'on suspend ou est-ce qu'on fait le
débat? Si on fait le débat... Est-ce qu'on suspend cette
disposition?
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consensus pour suspendre l'étude de cet article ou est-ce qu'on veut en
continuer l'étude?
M. Bourbeau: Où allons-nous le suspendre, M. le
Président?
Mme Harel: Soit à l'article 85, soit à l'article
105.
M. Bourbeau: On veut faire un débat de
société rendus à l'article 85 ou 105. M. le
Président, je suis prêt à tous les accomodements pour que
la députée de Maisonneuve continue à boire son café
en paix.
Le Président (M. Bélanger): On est peut-être
mieux de le régler tout de suite. Cela va être fait et...
M. Bourbeau: Je ne veux certainement pas...
Le Président (M. Bélanger): ...après
ça, on reprendra notre rythme de croisière.
M. Bourbeau: ...perturber sa journée. Le
Président (M. Bélanger): Bien, on... M. Bourbeau:
Notre rythme de croisière.
Le Président (M. Bélanger): ...va sur le fond?
Mme Harel: SI on va sur le fond, je vais vous demander de
suspendre. Je vais sortir mes documents et on va déposer des
amendements.
C'est ça l'idée.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est vous qui êtes en
charge de la commission. Moi, je suis prêt à boire mon calice
jusqu'à la lie.
Mme Harel: Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
susprendre?
Le Président (M. Bélanger): On va suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 9)
(Reprise à 16 h 10)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux On suspend l'article 64 et
on passe à l'article 65.
M. Bourbeau: L'article 65, sauf les exceptions
énoncées à l'article, rend non applicable aux cotisations
volontaires l'ensemble des dispositions relatives au chapitre intitulé
'Remboursement et prestations".
M. Slater: Oui, étant donné que les cotisations
volontaires sont généralement assimilées à une
épargne, je dirais, volontaire et individuelle de la part des
participants, les articles qui sont applicables aux cotisations requises, aux
cotisations salariales, ne leur sont pas rendus applicables, à
l'exception de quelques-uns qui visent à protéger les
participants à cet égard.
Mme Harel: Les cotisations volontaires constituent-elles
toujours, si vous voulez, un régime de retraite parallèle
à celui qui est déjà offert? Pour qu'il y ait un
régime basé sur les cotisations volontaires, en faut-il toujours
un qui soit complémentaire, d'abord?
M. Slater: C'est-à-dire que ça prend un
régime de base, qu'il soit contributif ou non, c'est-à-dire qu'il
y ait des cotisations salariales ou non...
Mme Harel: C'est vrai.
M. Slater: ...et, après ça, il peut y avoir des
cotisations volontaires si le régime le permet.
Mme Harel: Alors, il faut donc qu'il y ait un régime de
base où on ne peut pas se soustraire, à ce moment-là, aux
dispositions pour qu'il y ait ensuite un régime de cotisations
volontaires où on peut s'en soustraire. C'est bien ça?
M. Slater: C'est exact. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 65 est
adopté. J'appelle l'article 66.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article énonce
les conditions d'ouverture du droit au remboursement des cotisations salariales
qu'un participant a versées et des cotisations patronales versées
pour son compte, avec intérêts. Ce droit, dis-je, n'est ouvert que
si le participant cesse d'être actif et s'il n'a pas droit à une
prestation, généralement, à une rente
différée.
Cet article est Impératif en ce sens que le régime ne peut
déroger à la régie édictée par la loi.
M. Slater: D'accord. Cet article est là pour
prévoir que si le participant n'a pas satisfait aux règles
relatives à la rente différée, c'est-à-dire aux
règles qui lui donnent droit à la part-employeur après
deux années de participation, donc s'il quitte avant d'avoir satisfait
à cette règle, il pourra avoir droit au remboursement de ses
propres cotisations, avec intérêts. Donc, c'est pour ça
qu'on dit qu'il y a droit, sauf s'il est actif, donc s'iI n'a pas cessé
sa participation, et sauf s'il a droit à une prestation, donc à
une rente différée, à moins que le régime ne lui en
donne une avant qu'il ait satisfait la règle des deux ans, dans le cas
d'un régime qui serait plus généreux que la règle
des deux ans. Là, on laisse finalement le choix au régime de
donner, soit le droit à la rente, soit le remboursement des
cotisations.
Par ailleurs, on dit bien aussi, au deuxième alinéa, que
le régime ne pourrait pas faire en sorte que le participant ait droit
à un remboursement de façon plus large qu'il n'est prévu
là, c'est-à-dire que le régime ne pourrait pas dire: Moi,
je vais être plus généreux, donc, Je vais donner droit
à un remboursement en tout temps. Donc, la loi, elle, stipule que le
fait de donner droit à un remboursement en tout temps ne va pas dans le
sens d'être plus généreux parce que, ce qui est
visé, c'est de constituer un revenu à la retraite.
Mme Harel: Donc, ça reste bloqué dans un
régime d'épargne-retraite...
M. Slater: Bien...
Mme Harel: ...c'est-à-dire que c'est un véhicule,
plutôt, d'épargne-retraite.
M. Slater: Dans un mécanisme qui va être
défini par règlement, mais qui va ressembler beaucoup à un
régime d'épargne-retraite.
Mme Harel: Et qui va être constitué comment? Le
départ se fait. La personne a droit à une prestation et,
maintenant, avec l'article 66, son employeur doit lui verser un
Intérêt minimal. C'est bien ça? Et puis, où
va-t-elle? Elle n'a pas encore un nouvel emploi.
M. Slater: D'accord, mais si la personne a droit à un
remboursement, elle peut faire ce qu'elle veut avec. C'est uniquement
lorsqu'elle aura droit à la valeur d'une prestation que, là,
ça va être immobilisé jusqu'à la retraite. Dans le
cas du remboursement, la personne peut, à ce moment-là, le
retirer et payer l'impôt, évidemment, parce que c'est de l'argent
à l'abri de l'Impôt, puis s'en servir comme bon lui semble.
Mme Harel: Cela veut donc dire..
M. Slater: Mais, passé cette période-là,
c'est mobilisé.
Mme Harel: ...à ce moment-là, que les personnes qui
travaillent successivement durant deux ans ou trois ans peuvent, pendant des
décennies, ne Jamais se constituer un fonds de retraite, puisque c'est
un minimum de trois ans maintenant: une année pour l'adhésion et
deux années pour la participation.
M. Slater: C'est-à-dire que c'est le maximum que la loi
alloue, évidemment. Mais un régime pourrait permettre
l'adhésion dès la première Journée de travail.
Mme Harel: En connaissez-vous? Beaucoup? M. Legault: Oui.
M. Slater: Ah oui!
M. Legault: Effectivement, il y a beaucoup de régimes dont
l'adhésion au régime est une condition d'emploi, que ce soit au
gouvernement ou dans plusieurs grandes compagnies, dès que vous arrivez
chez l'employeur ou, à d'autres endroits, après une
période de probation de trois ou six mois. il y a beaucoup de
régimes qui le rendent obligatoire. (16 h 15)
Mme Harel: C'est au chapitre de l'adhésion.
M. Legault: Au chapitre de l'adhésion. Lorsque, c'est
obligatoire, on verra plus loin dans le projet de loi que, pour les
travailleurs à temps partiel, cela devient obligatoire dans les
mêmes conditions, soit après six mois, soit après un an,
soit immédiatement. Il y a beaucoup de régimes comme ça.
Mais ce qu'on voulait éviter surtout, dans la rédaction de ce
projet de loi, c'est qu'il y ait des situations absolument Inacceptables, comme
de faire attendre les travailleurs cinq ans avant de pouvoir participer
à un régime ou d'avoir un peu une espèce de discrimination
en fonction de l'âge où on dirait: II faut avoir tant de temps
chez l'employeur et avoir atteint 25 ou 30 ans d'âge. Cela, c'est
éliminé. Il y avait des régimes bâtis comme
ça, mais ce sera éliminé. On parle donc d'une
période maximale de trois ans. Dans beaucoup de cas, ça
sera deux ans ou deux ans et demi.
Mme Harel: Cette obligation, qui se retrouverait dans plusieurs
régimes, d'adhérer immédiatement, dès l'emploi, n'a
pas comme résultat de diminuer pour autant la période
d'acquisition au régime. Cela peut toujours être trois ans,
môme si la période d'acquisition commence dès le jour
où on commence à adhérer. Les deux années
courent?
M. Legault: C'est bien ça. Les deux ans sont toujours deux
années de participation au régime. Si votre participation
commence le premier jour de travail, c'est à l'intérieur de deux
ans.
Mme Harel: Cela veut dire que, dans le cas de ces régimes,
c'est un minimum de deux ans pour avoir le droit d'acquisition.
M. Legault: Ce sont donc deux ans qui deviennent une
règle.
Mme Harel: Un minimum.
M. Legault: On retrouve ces régimes dans les endroits
où on s'attend que les gens fassent carrière, comme au
gouvernement ou dans les municipalités, alors l'adhésion devient
immédiate.
Mme Harel: Dans les autres cas où les gens sont
peut-être plus de passage, où ça peut être plus
transitoire, c'est vraisemblable que les conditions ne soient pas
réunies pour qu'ils accumulent de l'épargne-retraite.
M. Legault: C'est possible, mais comme vous savez que le
consensus canadien visait deux ans, les orientations du gouvernement ont
été de ramener ça à une année. En fait, on
sait que ça ne plaît pas à tout le monde, sur le plan
administratif, de tenir des registres pour les travailleurs qui ne seront
à l'emploi que durant un an, mais ce n'est quand même pas si
terrible que ça. Il ne s'agit pas d'obliger immédiatement. Cela
aurait été autre chose, parce qu'il y a des travailleurs qui
travaillent à un emploi pendant deux mois; trois mois. Donc, il n'y a
pas d'obligation de tenir de registre pour ces gens, puisque la participation
est reportée à une année. Cela dépend du genre
d'entreprises.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 66?
Mme Harel: Oui. Avant trois ans, s'il y a cessation d'emploi, le
travailleur ou l'employé quitte avec sa participation, ses cotisations,
plus un taux d'intérêt minimal. Après trois ans,
généralement, il y aura» à ce moment-là, le
mécanisme de "transférabilité" qui jouera.
M. Legault: Voilà. Lorsqu'on emploie l'expression taux
d'intérêt minimal", il faudrait plutôt se
référer à un taux d'Intérêt véritable.
Il ne s'agit pas d'un taux d'intérêt minimal dans le sens de
parler de 3 % alors que le marché offre 10 %. Il s'agit d'un taux
fixé, d'un rendement externe ou du rendement de la caisse, et ce n'est
pas déterminé cas par cas, c'est le régime qui le
prévoit, qui prend l'un ou l'autre. C'est un taux de rendement
véritable, comme si les gens avaient épargné ces sommes
dans une institution financière.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais ajouter une
chose. Les deux ans, c'est la période maximum permise. Un régime
peut stipuler un an ou six mois...
Mme Harel: Pour l'acquisition?
M. Bourbeau: ...pour l'acquisition, mais le maximum permis, le
plus long que ça peut être, c'est deux ans.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 66,
est-ce qu'il y a d'autres interventions? Adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 67.
M. Bourbeau: Cet article édicté les conditions
d'ouverture du droit au remboursement des cotisations volontaires
portées au compte d'un participant avec les intérêts
accumulés.
Le Président (M. Bélanger): Adopté? Mme
Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 67.
M. Bourbeau: Cet article édicté les conditions
d'ouverture du droit au remboursement des cotisations volontaires
portées au compte d'un participant, avec les intérêts
accumulés.
M. Slater: De façon générale, l'article dit
que le participant a le droit de retirer les cotisations volontaires qui sont
portées à son compte lorsqu'il cesse d'être actif, sauf les
cas où elles seraient d'anciennes cotisations à un autre
régime qu'il aurait transférées dans le régime
auquel il contribue en ce moment et qu'elles proviendraient de cotisations
salariales ou patronales. À ce moment-là, elles doivent rester
immobilisées. Ou si, à l'intérieur du régime, il a
transformé ces cotisations en rente, une fois que cette transformation
est faite, bien sûr, on ne peut plus retourner en arrière, donc
ça demeure une rente. Le principe général est que le
participant a le droit de les retirer.
Mme Harel: Quand se prend la décision de les constituer en
rente?
M. Slater: Généralement, c'est au moment de la
retraite.
Mme Harel: Est-ce que ça peut l'être à un
autre moment?
M. Slater: Cela pourrait l'être à un autre
moment.
Mme Harel: À tout moment?
M. Slater: Les régimes qui offriront cela sont assez
rares.
M. Legault: il peut avoir une rente différée,
laquelle sera versée par le régime, mais cette partie
provenant de cotisations volontaires pourrait être recevable
immédiatement sous forme de rente.
Mme Harel: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
avait pris personnellement connaissance d'un document préparé par
une économiste de l'Université du Québec à
Montréal, du nom de Ruth Rose et qui a été rendu public
sur le thème "Les personnes assistées sociales de plus de 55 ans,
victimes de la réforme des régimes de retraite soumise par le
ministre Bourbeau?"
M. Legault: Point d'interrogation.
Mme Harel: II faut lire le titre sous forme interrogative. Le
document analyse le projet de loi 116, Loi sur les régimes
complémentaires de retraite, en regard des dispositions des personnes
assistées sociales de plus de 55 ans. L'auteure cite le fait que le
projet de loi risque de passer inaperçu l'aspect qui peut être
discriminatoire à l'égard des personnes de 55 ans. Vous n'avez
pas pris connaissance?
M. Legault: Non, mais je sais de quoi vous voulez parler, je
crois.
Mme Harel: Finalement...
M. Bourbeau: Disons que je n'ai pas eu l'honneur, à ma
connaissance, de recevoir une copie du document.
Mme Harel: II a beaucoup circulé, pourtant.
M. Bourbeau: Cela dépend dans quels milieux
Mme Harel: Certainement pas ceux où...
M. Bourbeau: Les milieux de gauche, peut-être.
Mme Harel: ...vous vous retrouvez habi- tuellement.
Le Président (M. Bélanger): Au Cercle des notaires.
Non?
Mme Harel: Oui, peut-être, pourquoi pas, je pense que ce
serait utile de le faire circuler parce que, de toute façon, ça
accélérera nos travaux puisqu'on a l'intention de déposer
des modifications relatives au document.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 67.
est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Harel: Sur la formulation même, les commentaires
critiques qui avaient été formulés au moment de la
commission parlementaire, notamment à l'égard du 2°
alinéa de l'article 67, étalent en ce sens que la formulation
négative n'était peut-être pas justifiée.
Plutôt que de lire les mots suivants: "Ce droit de retraite ne peut
être exercé que dans les 180 jours', lesquels semblaient
limitatifs, finalement... C'était Wyatt qui recommandait de modifier la
formulation de façon qu'on puisse lire: 'Ce droit peut être
exercé dans les 180 jours qui suivent la date à laquelle le
participant a cessé d'être actif."
M. Slater: On a vérifié cet aspect auprès de
nos légistes et ils nous assurent qu'il n'y a pas de problème,
c'est-à-dire que c'est un droit minimum; et compte tenu de l'article 5,
un régime peut toujours accorder des droits plus généreux,
donc permettre le transfert plus fréquemment que ne le prévoit le
deuxième alinéa.
M. Legault: Je crois également, M. le Président,
que les Interventions qui ont été faites par certains groupes
étaient dans le sens de faire enlever la négation et qu'on dise:
Ce droit peut être exercé dans les 180 jours. Cela devient
limitatif, c'est-à-dire qu'il ne peut plus l'être après.
C'était le but que certains recherchaient, alors qu'ici on dit: Dans les
180 jours ou dans les 180 jours qui suivent toute période de cinq ans.
Le but recherché était de dire: Que le bénéficiaire
exerce son droit et s'il l'a oublié, eh bien voilà. iI l'a perdu.
Ici c'était le but recherché, et c'est beaucoup plus extensible
pour les participants.
Mme Harel: En fait, le retrait pourrait être possible tous
les cinq ans en vertu du deuxième alinéa de l'article 67.
M. Legault: Tous les cinq ans, iI y a 180 jours au cours desquels
on peut le demander.
M. Slater: Au minimun, par l'article 5, un régime pourrait
le prévoir en tout temps.
Mme Harel: Sauf si les cotisations ont servi à constituer
une rente, ou si elles résultent de la
conversion de cotisations salariales ou patronales qui ont fait l'objet
d'un transfert prévu à l'article 97 ou 99, c'est-à-dire
sauf si cela avait déjà été transféré
comme étant la suite d'une cessation d'emploi ailleurs; c'est
ça?
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: C'est comme si ça ne pouvait pas l'être
une deuxième fois.
M. Slater: C'est-à-dire que ça peut toujours
être transféré.
Mme Harel: Déjà cela avait été
accumulé à la suite d'acquisitions, alors il faut que ça
reste de l'épargne-retraite, et non pas de répagne qu'on
pourrait...
M. Slater: C'est ça. Ça peut toujours être
transféré, mais ça ne peut pas être
dégelé, il faut que ça demeure jusqu'à la
retraite.
Mme Harel: Adopté.
Rente différée
Le Président (M. Bélanger): L'article 67 est
adopté. J'appelle l'article 68.
M. Bourbeau: Cet article définit la rente
différée et fixe les caractéristiques obligatoires de
cette rente. Celles-ci doivent être les mêmes que pour la rente
normale, sauf en ce qui concerne son ajournement et le complément qui
peut être prévu par le régime pour le versement d'une rente
normale minimale.
M. Slater: C'est ce qui définit la rente
différée, et on exclut de ça certains régimes pour
s'assurer que les participants auront un minimum de revenu, auront
inséré des rentes minimales pour quelqu'un qui fait toute sa
carrière chez un employeur. Cela est exclu de la rente
différée, tout comme l'est depuis 1966 le complément pour
que la rente minimum soit atteinte. Les caractéristiques de la rente
ajournée sont des questions de revalorisation qui ne sont pas
applicables avant l'âge normal et c'est pourquoi elles sont exclues. Le
1° est uniquement technique.
Mme Harel: L'âge normal de la retraite est 66 ans, dans le
projet de loi. C'est bien le cas?
M. Slater: C'était.
M. Legault: On va y venir avec un amendement. Il y a un papillon
qui est apporté aujourd'hui.
M. Bourbeau: On veut le ramener à 65 ans.
Mme Harel: 65 ans.
M. Slater: 65 ans et quelques jours; c'est le premier jour du
mois qui suit le 65e anniversaire.
Mme Harel: Au paragraphe 1° de l'alinéa 2 de l'article
68, il est dit: "Elle doit comporter les mômes caractéristiques
que la rente normale, à l'exception: 1° de celles relatives à
la rente ajournée prévues aux articles 76 à 80". Quelles
sont ces caractéristiques? (16 h 30)
M. Slater: Une rente ajournée est tout d'abord une rente
normale, mais que quelqu'un ne retire pas à l'âge normal, parce
qu'il continue de travailler et qu'il demande qu'elle soit payable uniquement
plus tard. La loi vient dire, à ce moment-là, que cette rente
doit être revalorisée. Revalorisée veut dire
augmentée pour dépendre du fait qu'elle va être
payée moins longtemps et que la somme qui la constitue va être
investie plus longtemps. Donc, c'est pour reposer sur ce
phénomène, ce qui n'est pas applicable à une rente
différée, puisqu'une rente différée, c'est avant
l'âge normal. Elle est différée à l'âge
normal. Donc, cela ne s'applique tout simplement pas.
Mme Harel: Pouvez-vous m'expliquer la portée du
deuxième alinéa?
M. Slater: Oui, c'est que certains régimes
prévoient une formule de rentes donnée et, en plus de cette
formule de rentes, Us prévoient un minimum en termes de X dollars par
mois de rente pour quelqu'un qui fait carrière entière chez
l'employeur; on veut assurer un minimum à tout le monde. Par contre,
quelqu'un qui quitte l'employeur avant la retraite, actuellement, n'a pas droit
à ce minimum. C'est la pratique qui existe depuis 1966, sauf que
ça prend l'autorisation de la Régie. Pourquoi? Parce que par un
tel minimum on pourrait en arriver à contourner l'objet de la loi qui
est de permettre une accumulation graduelle et faire en sorte que tout se
retrouve dans le minimum, ce que la Régie veut empêcher. C'est
pour ça qu'on a mis "avec l'autorisation de la Régie". C'est la
disposition de l'article 19 du règlement qui, à toutes fins
utiles, dit la même chose.
Mme Harel: Dans les régimes gouvernementaux, RREQOP et
autres, est-ce que l'immobilisation est obligatoire dès le début
de la participation au régime de retraite? C'est deux ans
après?
M. Slater: Non, actuellement, le...
Mme Harel: II n'y a aucune Immobilisation, excusez-moi.
M. Slater: C'est la règle...
Mme Harel: Dans le fond, I n'y en a pas, c'est ça.
M. Slator. ...qui prévaut dans la loi actuelle sur les
régimes supplémentaires, soit la règle des 45 ans
d'âge et 10 ans de service, comme dans tous les régimes.
Après l'application de la loi 116 pour les régimes des
entreprises privées, ce sera deux ans. Pour ce qui est des
régimes du gouvernement, la décision sera à suivre
sûrement, mais iI doit y avoir d'abord un pas de fait pour l'ensemble des
régimes.
Mme Harel: C'est-à-dire pour l'ensemble des régimes
privés.
M. Slater: Privés.
Mme Harel: La modification ne sera pas introduite pour les
régimes privés, mais gouvernementaux?
M. Slater Quant à nous, on n'a rien à y dire. Je ne peux
pas vous dire si elle le sera ou ne le sera pas. C'est autre chose.
Mme Harel: Même une fois la loi 116 adoptée, les 300
000 employés du secteur public et parapublic seront toujours assujettis
à la règle des dix ans?
M. Slater La loi 116 n'a pas pour effet de modifier la loi du
RREGOP ni les autres lois qui couvrent les employés du gouvernement dans
leur régime de retraite.
Mme Harel: Je me rappelle. C'est ce qui faisait d'ailleurs dire,
même au Conseil du patronat, que le gouvernement décidait pour lui
ce qu'il ne voulait pas s'appliquer à lui-même comme
employeur.
M. Slater: Je pense que c'était peut-être
prématuré. On verra si le gouvernement veut se l'appliquer ou
non.
M. Bourbeau: Vous avez été là durant neuf
ans, vous n'aviez qu'à le changer.
Mme Harel: Mais c'est vous qui y êtes maintenant.
M. Bourbeau: Bien oui! On ne le change pas non plus, on fait
comme vous.
Mme Harel: L'article 68 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): L'article 68 est
adopté. J'appelle l'article 69.
M. Bourbeau: Cet article fixe les conditions d'ouverture du droit
à la rente différée, laquelle ne peut être
accordée que si le participant a été actif durant au moins
deux ans avant le moment où I cesse de l'être.
M. Slator: II s'agit ici du remplacement de la règle du
45-10 par la règle des deux années de participation.
Mme Harel: Je rappelle la recommandation de la
Fédération des policiers du Québec qui invoquait que
puisque le principe de l'acquisition plus rapide va produire des effets dans
une génération ou à peu près, il devrait être
étendu à l'ensemble de la période de participation parce
que cela ne vaut que pour la période qui s'ouvre maintenant,
c'est-à-dire les gens qui ont maintenant 45 ans. Quelle est la situation
qui est faite pour les gens de 48 ans?
M. Legault: Actuellement - je peux présumer de votre
question - le projet de loi actuel, le projet de loi 116, n'a pas d'application
différente selon l'âge des gens. Il y a seulement les deux ans de
participation qui compteront. Il n'y a plus de référence à
l'âge. Je pense que votre question vise, parce que je me
réfère un peu à la recommandation dont vous venez de faire
état, les années de service courues jusqu'à
l'entrée en vigueur de la loi 116 qui seront régies par
l'application de l'ancienne loi. Donc, c'est la règle des 45 et 10 ans
qui s'applique pour cette période. Les crédits de rente
accumulés à compter du lendemain de l'application de la nouvelle
loi, c'est la règle des deux ans. Donc, la recommandation était
d'apporter un élément de rétroactivité qui aurait
couvert le droit à une rente différée pour toute personne
qui avait déjà deux ans de participation à un
régime de retraite. C'est une règle de
rétroactivité importante qui n'est pas retenue dans le projet de
loi 116 devant nous.
Mme Harel: Ça veut dire qu'un travailleur à
l'emploi d'une entreprise depuis quelques années, qui cotiserait deux
années, par exemple, l'aurait été pour sept ans. Il aurait
déjà un service reconnu pour cette année et à la
date de la mise en vigueur de la loi. Est-ce qu'il a à satisfaire aussi
à toutes les nouvelles conditions d'acquisition et
d'adhésion?
M. Slater: C'est-à-dire qu'à compter du 1er janvier
1990, si la personne a déjà deux années de participation,
tout bénéfice qui s'accumule après le 1er janvier 1990 lui
est Immédiatement acquis parce qu'elle a déjà satisfait
les deux années de participation pour y avoir droit. Pour ce qui est
d'avant le 1er janvier 1990, c'est la règle prévue au
régime qui peut être aussi tardive que 45 ans d'âge et dix
années de service, si le régime s'est collé à la
loi qui existe en ce moment.
Mme Harel: On prend en considération, à partir du
1er janvier 1990, les années de participation antérieures. Il y a
quand même une certaine rétroactivité.
M. Legault: II y une certaine rétroactivité. Vous
avez raison. À partir du 1er janvier 1990, dès le lendemain,
celui qui participe depuis sept ans à un régime a donc
accumulé ses deux ans. Donc, il vient d'avoir son droit à une
rente différée des le 2 janvier 1990, mais son droit à une
rente différée sera calculé en fonction des valeurs
accumulées après 1990 et ça rouvre son droit
immédiatement.
Mme Harel: Après ces deux années où il y a
eu immobilisation.
M. Legault: C'est-à-dire que tes années 1988 et
1989 vont servir comme deux années à courir afin d'ouvrir droit
à une rente différée. Donc, il aura droit à une
rente différée dont la valeur sera pour les crédits de
rente accumulés après 1990. Il ne doit pas attendre jusqu'en 1992
avant d'avoir droit à une rente différée.
Mme Harel: S'il quitte en février ou en mars 1990, non
volontairement, parce que son département ferme, mais pas pour autant
son régime parce que l'entreprise continue d'opérer... S'il est
mis en cessation d'emploi.
M. Slater: D'accord iI peut y avoir deux possibilités.
S'il quittait volontairement, il aurait évidemment droit aux
bénéfices depuis le 1er janvier 1990 jusqu'au mois de mars, par
exemple.
Mme Harel: Là-dessus, il n'y a pas de
rétroactivité.
M. Slater: Non. Oui, si cette partie est immobilisée et,
pour la partie avant...
Mme Harel: La partie de l'employeur et de l'employé.
M. Slater: C'est ça, 50 %.
Mme Harel: Pour trois mois seulement.
M. Legault: C'est ça.
Mme Harel: Pour la partie antérieure?
M. Slater: Ça dépend des règles du
régime. À ce moment-là, s'il n'a pas satisfait les
règles du régime, il n'a droit qu'à un remboursement de
cotisations avec intérêts depuis le 1er janvier 1990 jusqu'au jour
du départ. Pour les intérêts avant...
Mme Harel: Ça va mettre du temps avant que cette loi,
qu'on adopte maintenant, ait une portée bénéfique.
Ça va mettre beaucoup de temps, parce que le travailleur qui a pourtant
45 ou 50 ans - ou la travailleuse - va voir les services reconnus
antérieure calculés en fonction des dispositions anciennes. La
personne pourra partir sans même intérêts actuels sur...
M. Slater Jusqu'au 1er janvier 1990, ça dépend des
dispositions du régime.
Mme Harel: Mais si le régime n'en prévoyait pas, iI
n'y a rien qui vient corriger ça?
M. Slater: II n'y a rien de rétroactif en ce sens. Par
contre...
Mme Harel: Rien ne corrige l'absence d'intérêts sur
cette période? Disons que c'est une loi pour les futures
générations.
M. Slater: II y a aussi un autre aspect. Si l'individu ne quitte
pas volontairement son emploi, mais le perd à cause d'une fermeture
d'entreprise, c'est une situation différente.
Mme Harel: S'il y a une terminaison, vous vouiez dire.
M. Slater: Ça devient une terminaison partielle du
régime et, à ce moment-là, l'individu a droit à
toutes les prestations prévues. C'est parce que là, on le
prive...
Mme Harel: Ça me fait exactement penser à ce que
les professeurs de droit disaient quand on étudiait en première
année, à savoir que dans la preuve, dans un accident
d'automobile, à l'époque, il valait mieux tuer que blesser;
ça coûtait beaucoup plus cher...
Vous me dites: il vaut mieux que l'entreprise soit fermée
plutôt que l'employé seul, perde son emploi. Si l'entreprise est
fermée, il a des chances de s'en sortir mieux que s'il n'y a que lui et
quelques compagnons qui perdent leur emploi.
M. Slater: C'est la distinction. Lorsqu'un employé quitte
volontairement, c'est lui qui décide de quitter pour quelque raison que
ce soit et, quand il perd son emploi, on le prive de la possibilité de
satisfaire les conditions. À ce moment-là, on lui donne de toute
façon.
Mme Harel: Mais je ne comprends pas que vous ne fassiez pas la
distinction entre celui qui perd son emploi parce qu'il est mis à pied
et celui qui le perd parce que... Je ne comprends pas que vous ne fassiez la
distinction. S'il perd l'emploi, pourquoi prendre en considération les
motifs différents pour lesquels il le perdrait, que ce soit parce qu'il
y a fermeture de département ou fermeture d'entreprise? Il ne sera pas
traité de la même façon, dépendamment d'une
situation ou de l'autre.
M. Slater: S'il y a fermeture d'entreprise...
Mme Harel: il a des chances d'être mieux traité que
si c'est seulement son département qui
est fermé.
M. Slater: Habituellement, quand ça touche un groupe
d'employés, iI y a une déclaration de terminaison partielle selon
la cause.
Mme Harel: Pourquoi dites-vous habituellement? Atlas a
fermé un département et l'entreprise a continué. Ça
dépend de...
M. Slater. Il peut y avoir terminaison partielle de régime
sans qu'il y ait fermeture complète de l'entreprise.
Mme Harel: Dans quel cas y a-t-il ter. minaison partielle?
M. Slater. Généralement lorsque des groupes
d'employés quittent au cours d'une période donnée parce
qu'un département va être fermé; une usine parmi les sept
ou huit va être fermée, ou des choses comme ça.
Mme Harel: Est-ce que c'est fréquent qu'il y ait
terminaison de régime quand il y a un département qui ferme?
M. Slater C'est fréquent.
Mme Harel: Mais ce n'est pas automatique, de toute
façon.
M. Slater. Non.
Mme Harel: Êtes-vous en train de préparer la
terminaison du régime de la Vickers à Montréal?
M. Bourbeau: Ni celui de la députée de Maisonneuve
non plus.
Mme Harel: Différez votre plaisir. Une voix: C'est
viager.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 69?
Mme Harel: Adopté sur division. Rente
anticipée
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. J'appelle l'article 70.
M. Bourbeau: Cet article définit la rente anticipée
en fonction de son service qui débute avant l'âge normal de la
retraite.
Mme Harel: Ce qui a l'air d'une simple définition est au
coeur d'un problème.
M. Bourbeau: Ah bon! Un autre. (16 h 45)
Mme Harel: C'est essentiellement le problème qui est
posé par le texte dont vous avez maintenant copie, je crois. A l'article
70, la difficulté est la suivante: "La rente anticipée - lit-on
à l'article 70 - est la rente de retraite dont le service débute
avant l'âge normal de la retraite." La difficulté qui se
présente c'est la crainte que, par un règlement qui ne
relèverait pas de la Régie mais qui relèverait de la
législation sociale, par exemple, on force une retraite anticipée
afin de réduire les prestations d'un régime de
sécurité sociale.
D'ailleurs, à l'article 60, paragraphe 3 du règlement
proposé sur la sécurité du revenu, on retrouve les
dispositions suivantes: La valeur des crédits de rente accumulés
à la suite de l'adhésion à un régime de retraite
ainsi que les sommes accumulées avec Intérêts à la
suite de la participation du prestataire à un autre instrument
d'épargne-retraite - on voit que les auteurs étalent bien au fait
des nouvelles dispositions de transférabilité - qui, en vertu du
présent régime d'aide sociale, de l'instrument d'épargne
ou de la loi, ne peuvent être retournés aux participants avant
l'âge de la retraite, ne sont pas comptabilisés et ne servent donc
pas à réduire la prestation d'aide sociale. Ce qui veut dire que
tous les autres instruments sont comptabilisés et peuvent servir
à réduire la prestation d'aide sociale. Je le relis encore pour
que le ministre sache quelle modification il doit apporter à son projet
de règlement.
M. Bourbeau: M. le Président. Je ne savais pas qu'on
faisait l'étude du règlement sur la sécurité du
revenu aujourd'hui. Avoir su ça, j'aurais apporté le
règlement. Si la députée veut le lire une autre fois, on
va écouter attentivement.
Mme Harel: Parce que si ce n'est pas modifié dans le
règlement de l'aide sociale, on va apporter un amendement ici à
l'article 70 pour qu'il n'y ait jamais obligation pour un participant de
prendre une retraite anticipée afin de réduire les prestations
d'un régime de sécurité sociale.
M. Bourbeau: On vous écoute.
Mme Harel: Alors, le paragraphe 3 de l'article 60 se lit comme
suit: La valeur des crédits de rente accumulés à la suite
de l'adhésion à un régime de retraite ainsi que les sommes
accumulées avec intérêts à la suite de la
participation du prestataire à un autre Instrument
d'épargne-retraite qui, en vertu du présent régime de
l'Instrument d'épargne ou de la loi ne peuvent être
retournés au participant avant l'âge de la retraite, ne sont pas
comptabilisés et ne servent donc pas à réduire la
prestation d'aide sociale. Cela veut dire que tout ce qui peut être
retourné au participant avant l'âge de la retraite, peut
être comptabilisé et servir à réduire la prestation
d'aide sociale. C'est donc dire que
dans le chapitre qui s'ouvre avec l'article 70 qui s'intitule "La rente
anticipée", la valeur de ce crédit de rente qui peut être
retournée aux participants avant l'âge de la retraite, pourrait
être comptabilisée et servir à réduire la prestation
d'aide sociale.
M. Bourbeau: À ma connaissance, ce n'est pas l'intention
du ministère de forcer les assistés sociaux à prendre une
retraite anticipée ou à être obligés de demander une
retraite anticipée de façon à diminuer d'autant les
prestations d'aide sociale. La députée nous sort ça tout
à coup d'une façon impromptue. Je n'ai pas avec moi le
règlement sur la sécurité du revenu. Je suggère
qu'on suspende l'étude de l'article 70. Je vais demander à mes
fonctionnaires, non pas ceux de !a Régie du logement qui sont avec moi,
mais ceux de la sécurité du revenu, de sortir la documentation
et, lors de la reprise des travaux, ce soir à 20 heures, je serai en
mesure de donner à la députée de Maisonneuve toutes les
explications requises.
Le Président (M. Bélanger): Bien. L'article...
Mme Harel: M. le Président, j'apprécie que le
ministre procède de cette façon. Je voudrais porter
également à son attention non seulement l'article 60 du projet de
règlement mais également l'article 69 du même projet de
règlement qui spécifie que ta valeur des sommes ou des
crédits de rente visés au paragraphe 3° de l'article 60 qui,
en vertu du régime ou de l'instrument de retraite visé ou de la
loi, peuvent être retournés au participant; ainsi que le
paragraphe 2° le capital provenant du versement d'une somme ou d'un
crédit de rente visés au paragraphe 1° s'il est
utilisé dans les 30 Jours de sa réception aux fins d'une
contribution à un autre régime de retraite ou instrument
d'épargne-retraite. Il s'agit de l'article 69 du projet de
règlement et également de l'article 30 de la loi qui donnent le
droit justement de faire ce que le ministre souhaite ne pas faire,
c'est-à-dire obliger le participant à prendre son crédit
de rente pour réduire sa prestation.
L'article 30 dit ceci: L'adulte seul et les membres de la famille
doivent exercer leurs droits ou se prévaloir des avantages dont ils
peuvent bénéficier en vertu d'une autre loi - ça pourrait
être l'article 70 du projet de loi 116 - si la réalisation de ces
droits et avantages avait un effet sur l'admissibilité de l'adulte ou de
la famille à un programme ou réduisait leurs prestations. La
grande question est la suivante: Est-ce qu'on entend considérer les
crédits de rente accumulés dans les régimes
complémentaires comme étant véritablement un Instrument
d'épargne-retraite ou des dispositions vont-elles venir contourner de
manière à réduire finalement à être
considérés comme un revenu au sens de la sécurité
du revenu?
M. Bourbeau: M. le Président, l'intention de l'article 30,
c'est d'obliger des assistés sociaux qui auraient des droits, à
les exercer. Par exemple, un individu qui serait héritier d'une
succession de 3 000 000 $, qui serait un assisté social et qui
refuserait la succession parce qu'il voudrait demeurer à l'aide sociale,
on pense que la loi devrait l'obliger à exercer ses droits pour
s'enrichir.
Le Président (M. Bélanger): Ou à subir un
examen psychiatrique.
M. Bourbeau: C'est dans ce sens qu'on dit que quand quelqu'un a
des droits qui sont susceptibles de l'aider à sortir de l'aide sociale,
il doit les exercer. Ma compréhension, c'est que l'intention du
ministère n'est pas de forcer un assisté social à prendre
prématurément une retraite évidemment escomptée et
diminuée. Je crois que l'article 60 que lisait la députée
tout à l'heure vise à mettre en vigueur ce que je viens de dire.
Il est possible qu'il y ait des imperfections ou des inexactitudes
là-dedans. On va vérifier et ce soir, à 20 heures, j'aurai
avec moi quelqu'un qui pourra certainement donner à la
députée de Maisonneuve toutes les précisions dont elle a
besoin.
Mme Harel: Alors, nous y reviendrons.
Le Président (M. Bélanger): L'article 70 est
suspendu. J'appelle l'article 71.
M. Bourbeau: L'article fixe les conditions d'ouverture de la
rente anticipée. Cette rente n'est accordée que si le participant
cesse de travailler de façon continue durant la période de dix
ans qui précède l'âge normal de la retraite et s'il a
été participant actif durant deux ans. Cet article prévoit
en outre qu'un participant peut, en certaines circonstances, avoir droit aux
services d'une rente anticipée même s'il n'a pas cessé de
travailler auprès d'un employeur.
M. Slater: Le droit est accordé à toute personne
qui a déjà satisfait les conditions pour avoir droit à une
rente différée, donc, qui a déjà au moins deux ans
de participation, si cette personne cesse son emploi dans les dix ans qui
précèdent l'âge normal. Tout comme il est accordé
au titre d'un régime antérieur auquel elle aurait
participé et ce, peu importe si elle a quitté ou non son emploi
actuel.
Mme Harel: Première question, M. le ministre. Pourquoi
avoir prolongé de cinq à dix ans la période de travail
continu qui précède l'âge normal de la retraite en regard
du projet de loi 58? Vous faites très souvent référence au
projet de loi 58 depuis le début de l'après-midi.
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons tenté,
dans la mesure du possible, de nous coller
à ce qu'on a appelé le consensus canadien et celui-ci est
à l'effet de prévoir une période de dix ans. Nousavons Jugé Intéressant de suivre cet exemple. Cela
confère une plus grande flexibilité aux travailleurs qui ont une
période de dix ans pour s'en prévaloir plutôt que de cinq
ans.
Mme Harel: Peut-on m'expliquer les modifications qui sont
intervenues à l'occasion de la réimpression du projet de loi
à l'article 71?
M. Slater: Oui. Ce qui a été précisé,
c'est un oubli dans la première version. Le droit à la rente
anticipée était donné à toute personne qui avait
droit à une rente, qui avait déjà satisfait le droit
à une rente, alors qu'on avait oublié de le spécifier dans
la première version, ce qui fait qu'on aurait pu assister à
certains problèmes. C'est-à-dire que si quelqu'un avait
quitté l'employeur et n'avait pas demandé une rente
anticipée, il n'aurait eu droit qu'à un remboursement alors que
s'il demandait une rente anticipée, il y avait droit, ce qui fait que
c'était un petit peu déséquilibré. Alors, on a
précisé que c'était bien quelqu'un qui avait satisfait le
droit à la rente différée comme c'est le cas dans toutes
les autres provinces. En fait, c'est pour mieux refléter le consensus
canadien.
Mme Harel: Or donc, la rente anticipée est maintenant
ouverte à partir de l'âge de 55 ans.
M. Slater Oui. Cela peut être avant si l'âge normal
du régime est avant 65 ans. Supposons que l'âge normal est de 60
ans, alors, elle sera ouverte à partir de 50 ans. C'est toujours en
fonction de l'âge normal du régime de retraite et pour quelqu'un
qui a au moins deux années de participation au régime puisqu'il
doit avoir satisfait les conditions pour ouvrir droit à la rente
différée.
Mme Harel: L'Association de bienfaisance et de retraite des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal recommandait que
l'actualisation de la valeur... Ah non, c'est l'article suivant, je crois, il y
avait plusieurs commentaires, mais vous venez de me signaler que vous y avez
donné effet finalement, en modifiant...
M. Slater: C'est possible, oui.
Mme Harel: ...la disposition 71. Oui, c'est juste.
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 71 est
adopté. J'appelle l'article 72.
M. Bourbeau: Cet article fixe la valeur minimale que doit avoir
la rente anticipée.
M. Slater: Alors, on dit tout simplement que la valeur d'une
rente anticipée est la même valeur que la rente normale, sauf que
c'est actualisé dans le temps puisqu'elle devient payable dix ans plus
tôt ou quelques années plus tôt si c'est à
l'intérieur de la période de dix ans.
Mme Harel: Le commentaire de l'Association de bienfaisance et de
retraite des policiers auquel Je référais tantôt disait que
l'actualisation de la valeur de la rente anticipée devrait être
faite à la date où débute le service de celle-ci et en
fonction des hypothèses actuarielles de l'évaluation en vigueur
à ce moment-là.
M. Slater: Elle est faite au moment où le service va
débuter. Pour un, c'est déjà le cas.
Mme Harel: Le service de la rente anticipée, voulez-vous
dire?
M. Slater: Oui, c'est ça. C'est fait à ce
moment-là. Quant aux hypothèses à utiliser, je pense qu'il
faut distinguer les hypothèses utilisées pour la capitalisation
du régime qui peuvent être établies en tenant compte de
différentes contraintes et être tout à fait
inappropriées pour déterminer un droit individuel d'une personne
dans un régime.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 72 est
adopté. J'appelle l'article 73.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais demander une
suspension.
Le Président (M. Bélanger): Nous suspendons pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 1 )
(Reprise 17 h 17)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales reprend ses travaux
à l'article 73.
M. Bourbeau: Vous avez bien dit 73, M. le Président?
Rente normale
Le Président (M. Bélanger): L'article 73, M le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article définit
la rente normale comme étant celle dont le service débute
à l'âge normal de la retraite. Il fixe de plus à 65 ans
l'âge normal maximal qui peut être établi par un
régime. J'aimerais, M. le Président, déposer un amendement
à l'article 73, justement, pour remplacer le deuxième
alinéa de l'article 73 par le suivant:
"L'âge normal de ta retraite ne peut excéder le premier
jour du mois qui suit celui au cours duquel le participant atteint l'âge
de 65 ans."
Cette modification a pour but de rendre cette disposition
législative plus cohérente avec les pratiques administratives des
régimes de retraite qui coordonnent l'âge normal avec le premier
jour du mois au cours duquel est effectué le premier versement de la
rente de retraite.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors,
l'amendement de M. le ministre ferait en sorte que l'article se lirait comme
ceci: 'La rente normale et la rente de retraite dont le service débute
à l'âge normal de la retraite. "L'âge normal de la retraite
ne peut excéder le premier jour du mois qui suit celui au cours duquel
le participant atteint l'âge de 65 ans*.
Est-ce qu'il y a des questions sur cet amendement?
Mme Harel: Oui. D'abord, première question, puisqu'on est
à l'amendement comme tel: Pour quel motif donnez-vous finalement suite
aux représentations qui ont été faites en commission
parlementaire de fixer à 65 ans plutôt qu'à 66 ans
l'âge normal de la retraite?
M. Bourbeau: Parce que nous estimons que ceux qui nous ont fait
ces représentations avaient un point de vue qui se défend
très bien.
Mme Harel: Quels sont les effets de ce point de vue?
M. Bourbeau: De ramener d'un an l'âge de la retraite.
Mme Harel: Quelles modifications cet amendement apporte-t-il?
Le Président (M. Bélanger): M. Legault.
M. Legault: Voici, ça donne des droits plus grands aux
participants. Lorsque vient le temps de calculer une rente anticipée, il
s'agit de savoir jusqu'à quel âge on doit faire le calcul avant de
calculer ta réduction. Si la pleine rente est payable, comme
c'était le cas dans l'ancienne loi, à 71 ans, et bien,
voilà, ça diminue d'autant la valeur de la rente. Donc, de
l'avoir ramenée à 66 ans, c'était le consensus canadien.
La plupart des régimes, par contre, ceux qui veulent établir un
régime à l'avantage des participants, prennent 65 ans et beaucoup
de régimes visent le premier jour du mois qui suit, afin de coordonner
ça avec le premier versement de la rente.
Donc, il s'agit d'étirer les 65 ans de quelques jours pour en
arriver à une moyenne de 65 ans et quinze jours. Alors, cette
prolongation est pour arriver avec une pratique administrative et, de l'avoir
ramenée à 65 ans, c'est pour donner un avantage à la suite
de représentations faites en commission parlementaire et ailleurs.
Mm« Harel: M. le Président, il faut donc comprendre que
l'âge normal de la retraite ne peut excéder le jour du 65°
anniversaire. Il peut donc être plus avantageux encore. L'âge
normal peut être réduit à...
M. Legault: À 60 ans.
Mme Harel: ...60 ans, par exemple. Est-ce qu'y y a une
disposition dans le projet de loi ou dans le règlement qui
prévoira interdire que, lorsque le régime prévoit un
âge normal en deçà de l'âge légal - c'est un
âge légal, ici - il doit être le même pour les hommes
que pour les femmes? L'âge légal ici vaut pour les hommes comme
pour les femmes, mais dans tes régimes, actuellement - le
président m'a confirmé qu'il y avait des régimes qui
prévoyaient un âge en deçà de l'âge
légal - il y a parfois des discriminations fondées sur le sexe.
Est-ce que le ministre a l'intention d'introduire une stipulation voulant que
si un régime prévoit un âge normal en deçà,
il devrait être le même pour les hommes et pour les femmes?
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de
Maisonneuve a connaissance de régimes où on discrimine
présentement à l'égard du sexe en ce qui concerne
l'âge de la retraite?
Mme Harel: En ce qui concerne (a bonification, non pas
l'âge de la retraite légal, mais en ce qui a trait à !a
possibilité d'avoir une retraite anticipée, oui, puisque la
retraite anticipée est calculée selon l'âge de la retraite
qu'on retrouve au régime. L'âge de la retraite qu'on retrouve au
régime peut être, par exemple, de 60 ans. Il peut même
être de 65 ans, malgré que l'âge légal,
présentement, est de 71 ans, à la limite, mais c'est
légal, l'âge qu'on ne peut pas excéder.
M. Slater: Occasionnellement, dans le passé, il a pu y
avoir des régimes où l'âge normal était
différent pour les hommes et les femmes. Dans ces cas, l'âge
normal de la retraite pour les femmes était plus précoce que pour
les hommes. Je ne crois pas que l'on retrouve de tels régimes. Ils ont,
pour ta plupart, tous été modifiés pour que tous, hommes
et femmes, soient sur la môme base d'âge normal.
Mme Harel: Alors, c'est la même chose pour la rente
anticipée?
M. Slater: C'est toujours dix ans avant l'âge normal. Avec
la disposition du présent projet de loi, tout va être
uniforme.
Mme Harel: Me confirmez-vous que pour le calcul de la rente
anticipée, il n'y a pas d'utili-
sation d'un barème qui donne ouverture à la rente
anticipée à un âge différent pour un homme et pour
une femme, dans aucun des régimes?
M. Slater: Je ne vous dis pas qu'actuellement, ça n'existe
pas, mais avec le fait qu'on ouvre la rente anticipée dix ans avant
l'âge normal, les régimes qui sont plus généreux que
cela sont très rares. Là, la loi va ouvrir dix ans avant
l'âge normal pour tout participant, quel que soit son sexe.
Mme Harel: Ce n'est pas la même réponse que vous me
donnez. Vous me dites: L'ouverture de la rente anticipée se fera dix
années avant l'âge normal. L'âge normal étant
fixé à 65 ans, l'ouverture de la rente anticipée le sera
à 55 ans pour tout le monde.
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Très bien. Tantôt, vous me disiez
vous-même qu'il y avait quand même pas mal de régimes qui
prévoyaient un âge normal différent, plus
généreux, réduit à 60 ans, ce qui ouvrait la rente
anticipée à 50 ans.
M. Slater. C'est ça.
Mme Harel: Je veux vérifier que c'est le même
traitement dans les régimes qui sera appliqué aux hommes comme
aux femmes.
M. Legault: C'est tout simplement une erreur de conjugaison.
Quand on dit "qu'ils prévoyaient', on veut dire qu'anciennement,
antérieurement, il y avait des régimes qui prévoyaient, et
non pas antérieurement à l'entrée en vigueur de la
présente loi Actuellement, on vous dit que... Je n'ai pas
vérifié tous les régimes, mais on ne connaît plus de
situation où l'âge de retraite normal est différent pour
les hommes et pour les femmes. Maintenant, on dit qu'il n'y en a pas, qu'il y a
un âge normal de retraite. Cette discrimination en fonction de
l'âge n'est pas permise en vertu de la charte des droits. On ne doit pas
dire: Les femmes, c'est un âge, les hommes, c'est l'autre. Même si
des gens sont portés à croire que le fait d'avoir droit à
une rente normale à 60 ans est un avantage, eh bien, ce n'est pas le
cas, puisque souvent la rente n'est pas suffisante pour permettre une retraite
digne et les femmes sont obligées de quitter, ou elles se sentent
obligées parce que c'est l'âge normal de la retraite. Tout
ça est arrivé avec l'abolition de l'âge obligatoire de la
retraite. Aujourd'hui, on ne voit plus cette situation. C'est le même
âge pour les deux, soit dix ans avant l'âge normal.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement
déposé par M. le ministre à l'article 73, deuxième
alinéa, est-il adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'article 73, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Bien. J'appelle
l'article 74.
M. Bourbeau: Cet article énonce le principe de l'ouverture
du droit à la rente normale au moment où le participant atteint
l'âge normal. Ce principe souffre d'une exception dans le cas de la rente
a|ournée, M. le Président.
Mme Harel: Cela veut donc dire que c'est un âge obligatoire
de la retraite?
M. Legault: En fait, II ne s'agit pas d'un âge obligatoire
de la retraite, puisqu'on parle d'ajournement de la rente. Cela veut dire que
si vous continuez votre service auprès de l'employeur, vous ne touchez
pas à votre rente et vous continuez à travailler. Votre rente
sera améliorée, bonifiée. 'Sauf lorsque l'article 76
prescrit l'ajournement..." donc, dans des conditions où il y a
continuation d'emploi, malgré qu'on ah atteint l'âge normal de la
retraite. Sauf dans ces conditions, la rente normale est payable à
l'âge normal de la retraite.
Mme Harel: Lorsque le participant demeure au travail..
M. Legault: Au travail.
Mme Harel: à l'emploi de son employeur. Est-ce que la
disposition est la même dans les régimes dos employés de la
fonction publique?
M. Slater: C'est-à-dire que la rente est ajournée,
oui, mais le mécanisme de revalorisation est différent.
Mme Harel: La rente est ajournée, à ce
moment-là?
M. Slater: Oui.
Mme Harel: Très bien. Adopté. Rente
ajournée
Le Président (M. Bélanger): L'article 74 est
adopté. J'appelle l'article 75.
M. Bourbeau: Cet article définit la rente
ajournée.
Mme Harel: Donc, c'est nécessairement la
rente de retraite qui débute après 65 ans, c'est
ça?
M. Legault: Après l'âge normal de la retraite.
Mme Harel: L'âge normal étant fixé à
65 ans?
M. Legault: La plupart du temps, mais il peut l'être avant.
L'âge normal peut être à 60 ans.
Mme Harel: C'est un droit d'ajourner sa rente et de rester
à l'emploi de l'employeur. C'est une disposition d'ordre public dans nos
lois, c'est ça?
M. Legault: Voilà. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 76 est
adopté. J'appelle l'article 77.
M. Bourbeau: L'article 77...
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi. La boisson! Je
retire, on efface. J'appelle l'article 76. Ha, ha, ha! Je ne prendrai plus un
coup.
M. Bourbeau: Cet article prévoit que la rente normale doit
être ajournée si le participant demeure au travail après
l'âge normal de la retraite.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 76 est
adopté. J'appelle l'article 77.
M. Bourbeau: L'article prévoit les cas où toute ou
partie de la rente normale peut être servie au participant durant la
période d'ajournement de sa retraite.
M. Slater: II s'agit des dispositions actuelles de la Loi sur les
régimes supplémentaires qui sont reprises, lesquelles disent
qu'un participant a droit au service d'une partie de sa rente pour compenser
une réduction de rémunération survenue pendant
l'ajournement. De plus, s'il s'entend avec son employeur et si le régime
ne l'interdit pas, II peut également recevoir la totalité de sa
rente, peu importe son niveau de rémunération. (17 h 30)
Mme Harel: II n'y a pas d'interdiction pour qu'il cumule à
la fois sa rémunération et sa rente, si le régime le
permet.
M. Slater: Et qu'il y a entente avec l'employeur.
Mme Harel: Évidemment. Et d'où peuvent venir les
stipulations contraires?
M. Slater: Ou régime.
Mme Harel: Du régime lui-même. Et pourquoi le
troisième paragraphe: "Le participant ne peut exercer ce droit plus
d'une fois par période de douze mois, sauf entente avec le comité
de retraite*?
M. Slater: Si le participant avait différents niveaux de
salaire durant l'année, à toutes les fois que son salaire
changerait, il pourrait faire une demande pour qu'une partie de rente devienne
payable. De façon administrative, on dit qu'une fois par année,
c'est un droit absolu et le reste est sur entente.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 77 est
adopté. J'appelle l'article 78.
M. Bourbeau: Cet article fixe la valeur minimale que doit avoir
la rente additionnelle constituée à partir des cotisations
salariales versées en période d'ajournement.
M. Slater: L'article vient tout simplement dire que si des
cotisations sont versées par un salarié pendant la période
d'ajournement, on doit lui accorder une rente supplémentaire qui, en
valeur, est au moins égale à ces cotisations accumulées
avec intérêt. C'est en sus de la revalorisation qu'on va voir dans
les prochains articles.
Mme Harel: Mais pourquoi se satisfaire uniquement des
Intérêts accumulés, finalement, pour des cotisations
versées après plusieurs années de participation à
un régime?
M. Slater: Non, il s'agit des cotisations qui sont versées
durant l'ajournement.
Mme Harel: D'accord.
M. Slater: Ce sont les cotisations qui sont versées durant
l'ajournement, donc après l'âge normal. Celles-là
uniquement sont accumulées avec intérêt et servent à
acheter une rente additionnelle, mais pas celles versées avant
l'âge normal, au cours de toute la carrière de l'individu.
Mme Harel: Pourquoi est-ce qu'on obligerait la personne à
verser des cotisations?
M. Slater: Le projet de loi ne l'oblige pas. Il dit bien: "S'il y
en a de versées". C'est un minimum.
Mme Harel: Le régime peut l'obliger.
M. Slater: Le régime pourrait l'obliger, c'est sujet
à la négociation. Comme le régime pourrait aussi
prévoir des bénéfices supérieurs à ce que
prévoit l'article 78.
Mme Harel: Regardez bien, je vous donne l'exemple d'une
travailleuse ou d'un travailleur, mais ce sont souvent les femmes qui
retournent sur le marché du travail à 50 ans. D'ailleurs, la
catégorie d'âge qui a eu la plus forte réinsertion sur le
marché de l'emploi, c'est justement celle des femmes de 45 ans et plus,
au cours des trois dernières années. Si tant est qu'elles se
retrouvent, par exemple, pour certaines d'entre elles, sur le marché du
travail après un veuvage, et qu'elles ont changé d'emploi,
pourquoi ne prévoit-on pas que si leur travail continue, ce soit un
service reconnu? En d'autre termes, pourquoi ne prévoit-on pas qu'elles
soient traitées comme tous les autres travailleurs qui ont satisfais aux
conditions d'adhésion, aux conditions d'acquisition, et qui auront
possiblement droit à l'intérêt sur leurs cotisations, mais
qui ont droit aussi, pour le travail continu, à un service reconnu?
M. Slater: C'est parce que dans le...
Mme Harel: C'est injuste. Je considère que c'est de la
discrimination. Je ne sais pas si le ministre...
M. Slater: Le choix a été fait en 1982 entre une
revalorisation ou des années de service additionnelles reconnues. Le
choix qui a été retenu, la revalorisation, donne beaucoup plus de
droits aux travailleurs que le fait de reconnaître des années
additionnelles, sauf pour quelqu'un qui aurait peut-être moins de six ou
sept ans d'ancienneté. Pour toute personne qui a plus de six ou sept
années de service reconnues au moment de ta retraite, à 65 ans
cela lui donne plus d'avoir une revalorisation que d'avoir des années de
service additionnelles. C'est le choix qui avait été fait
à l'époque que l'on maintient dans le projet de loi.
Mme Harel: Un choix fait par qui?
M. Slater: Le gouvernement de l'époque.
Mme Harel: Dans quel cadre?
M. Slater: Lorsque la retraite obligatoire a été
abolie. Ce sont des dispositions que l'on retrouve textuellement dans la loi
actuelle.
Mme Harel: On n'aurait pas intérêt à les
repenser avec l'éclairage du retour sur le marché du travail des
femmes de 50 ans et plus? Ce choix est fait en fonction des personnes qui ont
plus de six ou sept années de travail continu. Je ne veux pas qu'on
recule sur les possibilités de choix, mais je voudrais qu'on offre le
choix, que le choix soft offert soit de revaloriser, soit d'ajouter des
années de service additionnelles. Pourquoi déciderait-on de
favoriser les personnes qui ont plus de six ou sept années de service
continu et qu'on se trouve, par le fait môme, à ne pas bonifier ou
avantager de la même façon les personnes qui ont moins de six ou
sept années de service continu?
M. Slater: C'est-à-dire que toute personne qui arrive
à l'âge normal de retraite verra sa rente revalorisée si
elle ajourne le moment de sa retraite. Cela s'applique à tout
participant, peu Importe le nombre d'années de service reconnues.
Après cela, ce que dit le projet de loi, c'est que, dans le fond, les
parties peuvent convenir du bénéfice qu'elles veulent bien. Un
régime pourrait reconnaître des années de service
après l'âge normal s'il le voulait. Tout ce que le projet de loi
dit, c'est que, au minimum, s'il y a des cotisations de versées, elles
doivent être retournées en valeur aux salariés. Cela
n'empêche absolument pas de créditer des années de service
additionnelles, mais le minimum est la revalorisation de tout ce qu'il y avait
d'accumulé au moment de la retraite, lorsque l'ajournement prendra fin,
de façon à protéger les droits de tous les
participants.
Mme Harel: Mais justement en fonction de ce dont on discutait
tantôt, les dispositions du projet de loi vont plutôt favoriser les
jeunes participants que ceux qui terminent, finalement, parce qu'ils ne vont
pas accumuler de crédits de rente pour plus longtemps que les
années qu'il leur reste à combler. Cela peut vouloir dire, en
termes pratiques, que la revalorisation se fait, finalement, sur un
crédit de rente accumulé où il n'y avait pas
d'intérêts fixés.
M. Slater: Je suis d'accord mais il y a.
Mme Harel: C'est seulement pour les années à partir
du 1er janvier 1990. Une personne qui a 64 ans, 63 ans, 62 ans, même si
la revalorisation se fait, elle se fait quand même sur la partie la plus
Importante des années de service où elle n'avait, peut-être
pas un sou d'intérêt sur les cotisations versées.
M. Slater: Oui.
M. Legault: En fait, ce qu'il faut aussi savoir, c'est que le
débat est très théorique parce que, malgré la loi
qui permet de travailler après l'âge normal de la retraite,
très peu de travailleurs s'en sont prévalus.
Mme Harel: Combien à peu près9
M. Legault: C'est négligeable. On n'a pas de statistiques
précises, mais dans tous les sondages qu'on a faits, pour la plupart, on
a toujours agi par échantillonnage. Dans les compagnies, la
réponse c'est non, non, non. Au contraire, la tendance est que
les gens...
Mme Harel: Permettez-moi de vous poser une question.
M. Legault: Oui.
Mme Harel: Si vous n'avez pas d'échantillonnage, comment
peut-on penser que c'est inexistant...
M. Slater: Non, je n'ai...
Mme Harel: ...parce qu'on connaît des personnes... Cela
dépend des milieux dans lesquels on évolue. Dans le milieu
ouvrier où j'évolue, il y a des femmes qui travaillent longtemps
après l'âge de 65 ans parce qu'elles sont pauvres. C'est ça
ou la pension et le supplément.
M. Legault: Je ne suis pas certain que ces personnes qui sont
souvent désavantagées ont seulement la chance de participer
à un régime de retraite. Je ne dis pas que c'est inutile, mais
par la revalorisation de la rente, c'est déjà un avantage et
elles sont mieux servies qu'avant l'existence de cette notion de
revalorisation.
Mme Harel: Qui existe depuis sept ans.
M. Legault: Absolument. C'est difficile de départager et
de permettre les deux. On dit: Oui, c'est permis par un régime mais de
le rendre obligatoire, c'est un peu plus difficile.
Mme Harel: Pourquoi?
M. Legault: En fait, les régimes sont dessinés en
fonction d'un âge normal de retraite et on dit: Bien voilà, si les
gens continuent à travailler, on doit prévoir une
mécanique quelconque qui va leur donner la pleine valeur de leur rente
qui a été ajournée. Après ça, on dit: On
permet d'en utiliser une partie pour combler un manque à gagner de
salaire et on dit que si, par contre, le régime fait qu'il y a des
retenues à la source, elles vont être traitées d'une
façon telle qu'ils vont avoir autant que si c'était un
régime à cotisations déterminées. Donc, l'argent
que vous accumulez portera intérêt. Ça sera traduit en
amélioration de la rente. C'est vrai qu'il y a d'autres
mécaniques qui pourraient remplacer ça, dont les années de
participation. Les années de participation, les années reconnues,
ont souvent plus d'avantages pour donner droit à une rente
anticipée. Certains régimes stipulent que lorsque tu as fait 20
ans dans la compagnie et que tu as tel âge qui combine les deux et qui
atteint le chiffre magique de 85 ou 90, ça donne droit à une
rente normale. C'est plutôt dans ce sens qu'on essaie de faire
reconnaître des années. Ce sont les années
antérieures et non les années postérieures à
l'âge normal. Je ne vous dis pas que votre argument est tout à
fait inutile, mais je vous dis que ce qui a été reconnu depuis
1982 est reporté ici et a une Importance certaine dans la valeur de la
rente. Les gens en ont réellement pour leur argent.
Mme Harel: Tenant pour acquis que votre argumentation repose sur
les difficultés administratives d'agir autrement et le peu de personnes
à qui ça pourrait bénéficier, ne trouvez-vous pas
injuste cependant, que les cotisations salariales versées portent
intérêt et non pas les cotisations patronales accumulées?
Une personne qui a pu satisfaire aux conditions d'adhésion et
d'acquisition et, finalement, reste à son emploi, elle est dans le fond
pénalisée, puisque par les cotisations qu'elle verse, elle va
pouvoir n'avoir qu'une certitude qu'elle va avoir les mêmes taux que si
elle les mettait à la caisse populaire.
M. Slater: En ce qui concerne les cotisations patronales, c'est
le régime qui va définir s'il y en a de versées et quel
est le traitement que ça donne.
Mme Harel: Pourquoi ne traite-t-on pas cette personne comme tout
autre participant qui a un droit d'acquisition?
M. Slater: C'est le régime qui a défini les
années de service où les bénéfices s'accumulaient
entre l'âge où la personne adhéra au régime et
l'âge normal. L'âge normal, c'est le point où I n'y a plus
cumul normalement.
Mme Harel: Adopté sur division.
Le Président (M. Bélanger): L'article 78 est
adopté sur division. J'appelle l'article 79.
M. Bourbeau: L'article 79 impose la revalorisation de la rente
qui n'est pas versée en période d'ajournement.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 79 est
adopté. J'appelle l'article 80.
M. Bourbeau: L'article 80 fixe le moment où cesse
l'ajournement de la rente normale. (17 h 45)
Mme Harel: Dans les modifications que l'Institut canadien des
actuaires recommandait à l'article 81...
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, on est
à l'article 80.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que
l'article 80 est adopté? Mme Harel: Adopté.
Le Présidant (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 81.
Mme Harel: Attendez. L'article 81, c'est bien ça.
D'accord.
M. Bourbeau: L'article 81 encadre la revalorisation qui doit
être accordée à la rente payable à la fin de
l'ajournement de la retraite. Peut-être que M. Slater pourrait ajouter
quelque chose.
M. Slater Oui. Cet article précise que ta rente doit
être revalorisée et que la revalorisation doit être telle
qu'à la fin de l'ajournement, la rente soit actuariellement
équivalente à celle qu'il y aurait au au début de
l'ajournement. Cela doit tenir compte à la fois du fait que la rente est
payable moins longtemps, puisque son service aura débuté plus
tard et que les sommes auront été investies plus longtemps.
Le deuxième alinéa précise que l'équivalence
actuarielle doit être effectuée sur la base des hypothèses
actuarielles qui ont été transmises à la Régie et
qui servent à déterminer la valeur des prestations, comme on l'a
vu tout à l'heure à l'article 60. Quant à la
méthode, elle est déterminée par l'actuaire.
Mme Harel: Justement, je faisais écho tantôt aux
recommandations faites par l'Institut canadien des actuaires, à savoir
de retirer le deuxième paragraphe de l'article 81.
M. Slater: II a été modifié...
Mme Harel: il a été modifié, justement.
Quelle est la nature des modifications qui ont été
introduites?
M. Slater: Je crois que les deuxième et troisième
alinéas ont été éliminés pour être
remplacés par le deuxième alinéa que vous avez sous les
yeux actuellement. L'ancien deuxième alinéa se lisait comme suit:
"La majoration de la rente ajournée résultant de sa
revalorisation ne peut être effectuée que sur la base de la valeur
des montants de rente non versés en raison de l'ajournement." Cela
limitait les méthodes possibles, ce qui n'est plus le cas maintenant.
C'était aussi un principe qui gouvernait la revalorisation, à
savoir que ça ne doit pas affecter la solvabilité du
régime, tant en termes de déficit que de surplus. C'est
remplacé par une référence aux hypothèses
actuarielles qui sont soumises par le régime à la
Régie.
Mme Harel: Est-ce qu'il est exact, M. le ministre, que dans le
régime des employés du secteur public I n'y a pas cette
obligation de revalorisation qui est faite au moment de l'ajournement?
M. Slater: Dans les régimes des employés du secteur
public, effectivement, il n'y a pas de revalorisation, iI y a cumul des
crédits additionnels.
Mme Harel: Le gouvernement entend-il, un jour, accorder aux
employés du secteur public les mêmes avantages qu'il entend
reconnaître par la présente loi au secteur privé?
M. Bourbeau: M. le Président, sous certains aspects le
régime du secteur public est différent des régimes
privés. À certains égards, il est plus intéressant,
comme par exemple l'Indexation qui apparaît dans le régime public
et qui n'apparaît pas dans les régimes privés. À
certains autres égards, il peut être moins Intéressant.
Disons qu'une carrière dans la fonction publique a des avantages en
termes de sécurité, etc., que n'a pas une carrière dans le
secteur privé. C'est difficile de comparer les deux systèmes. II
est bien sûr que si on ne compare que les avantages de l'un sans comparer
les Inconvénients, on n'a pas un portrait global de la situation. Pour
l'Instant, Je ne sache pas que le gouvernement ait l'intention de
procéder à ce que vient d'évoquer la députée
de Maisonneuve. Je pourrai en traiter avec mon collègue, le ministre
délégué à l'Administration, et peut-être que
Je pourrai éventuellement en reparler à la députée
de Maisonneuve en temps et lieu, un jour.
Le Président (M. Bélanger) L'article 81 est-il
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Rente d'Invalidité
Le Président (M. Bélanger) Adopté. J'appelle
l'article 82.
M. Bourbeau: L'article prescrit que la valeur de la rente
d'invalidité d'un régime de retraite doit être au moins
égale à la valeur des droits qu'aurait autrement acquis le
participant au moment du début du service de cette rente.
M. Slater: Le but de l'article, c'est de s'assurer que toute
rente d'invalidité qui sera payable à un participant aura au
moins la valeur de ce que le participant aurait eu s'il avait tout simplement
quitté l'employeur pour un autre. Donc, c'est la valeur de la rente
différée.
Mme Harel: À l'occasion de l'étude de l'article 82,
permettez-moi de vous demander où se retrouve la disposition dans le
projet de loi concernant les congés de maternité? L'employeur
doit-il continuer de verser la contribution dans le cadre d'une Interruption
temporaire pour
congé de maternité?
M. Bourbeau: Les congés de maternité ne font pas
partie du projet de loi sur les régimes supplémentaires de
rentes. C'est un règlement qui dépend de la Loi sur les normes du
travail.
Mme Harel: Alors là, je ne parle pas du congé de
maternité comme tel, je parle du versement de la cotisation au fonds de
retraite. Pourquoi la travailleuse qui bénéficie d'un
congé de maternité perdrait-elle les avantages de sa retraite
durant ces mois qui sont jugés comme étant d'utilité
sociale.
M. Bourbeau: Donc, c'est le maintien des avantages sociaux
payés par l'employeur pendant une absence pour cause de
maternité, quoi? Est-ce de cela dont parle le députée?
S'il y avait obligation pour les employeurs de maintenir le paiement des
avantages sociaux, ce serait certainement dans la Loi sur les normes du travail
et non pas dans la Loi sur les régimes complémentaires de
retraite. Alors, on aura l'occasion d'en reparler lors des discussions qui
viendront certainement au sujet des modifications de la Loi sur les normes du
travail.
Mme Harel: Alors, le ministre a quand même tort de ne pas
envisager maintenant, et on aura peut-être l'occasion de le faire par un
amendement, une disposition similaire dans la foi sur les régimes
complémentaires à celle qui existe déjà...
M. Bourbeau: Elle n'existe plus.
Mme Harel: ...dans la loi de la Régie des rentes du
Québec. Il est déjà prévu à la Régie
des rentes du Québec que si la travailleuse... Ce n'est pas une
disposition très connue et je vous assure que l'on n'en fait pas une
grande diffusion, malheureusement. Je souhaiterais tellement qu'il y ait plus
de travailleuses qui sachent que, dans la mesure où elles versent leur
cotisation au régime de rentes public pendant leur congé de
maternité, l'employeur est également obligé de verser sa
cotisation. Il y en a très peu qui le savent, alors elles ne versent pas
cette cotisation et, en contrepartie, l'employeur ne la verse pas non plus. Ce
qui fait qu'elles ont, évidemment, un trou dans les années de
service cotisées. Il y a une disposition autre concernant la garde d'un
enfant de moins de sept ans, mais cette règle-là ne vient pas
cotiser pour ces années de service.
M. Legault: Après vérification, ce que l'on me dit
et sous toute réserve de vérification ultérieure, à
l'heure du souper, une personne en congé de maternité, dans le
cadre du Régime de rentes du Québec, si elle le désire,
peut verser les cotisations, et non pas ses cotisations et que son employeur
soit obligé de les verser. Elle peut verser, comme un travailleur
autonome, les cotisations représentant autant les siennes que celles de
l'employeur. Il peut y avoir toutes sortes d'autres dispositions ailleurs, mais
l'obligation de les recevoir, quant à nous, n'est pas une obligation
créée envers les employeurs. Mais je vais vérifier,
à l'heure du souper.
Mme Harel: Vérifiez-le parce que c'était dans le
mémoire du Conseil du statut de la femme devant la commission
parlementaire qui a entendu les associations les 9, 10 et 11 mai. Je me
rappelle parce que, moi-même, n'étant pas bien informée de
cette possibilité, j'en ai informé Mme Audet qui m'accompagne et
qui est généralement très bien Informée, qui,
elle-même, a accouché il y a à peine quelques mois et qui,
ignorant la disposition, ne l'a pas utilisée. Il faudrait donc
vérifier ce droit ouvert de verser les cotisations pour ne pas avoir des
années en moins. Si c'est le cas dans la Loi sur la Régie des
rentes pour la rente publique, je ne vois pas pourquoi on n'offrirait pas aussi
pour la rente privée cette possibilité de racheter des
années de service. Il y a le congé parental qui devrait
être introduit à la fin de la présente session, comme un
avant-projet de loi.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve connaît la grande sollicitude et l'intérêt que
j'ai pour la cause des femmes. Je vais certainement demander à mes
adjoints de vérifier l'état de la situation pendant la
suspension. On pourra revenir ce soir et apporter des informations
additionnelles.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 32
est adopté?
Mme Harel: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Sous réserve de
vérification.
Mme Harel: Cela n'a pas vraiment de rapport. Je ne voudrais pas
qu'on confonde rente d'invalidité et rente à l'occasion d'un
congé de maternité. Cela pourrait être un paragraphe
additionnel dans cette section, par ailleurs.
Quant à la rente d'invalidité proprement dite, je cite la
Fédération des policiers du Québec qui
s'inquiétait...
Une voix: Encore eux autres!
Mme Harel: ...que le projet de loi était silencieux sur le
sort réservé au participant qui devient invalide. Leur
recommandation était la suivante: 'Nous croyons que la loi doit exiger
que les années d'invalidité soient comptées comme des
périodes de participation à un régime de retraite. Nous
croyons également qu'elle doit prévoir l'exonération des
cotisations du participant dans le cas d'un régime à prestation
déterminée et, dans le cas d'un régime à
cotisa-
tion déterminée, que l'employeur verse
également la cotisation du participant pour toutes les périodes
d'invalidité prolongée."
Ce qui est intéressant, c'est que la recommandation
de ta Fédération des policiers du Québec, est exactement
la même, à peu de choses près, que celle que nous
acheminait la Confédération des syndicats nationaux qui
souhaitait que l'exonération des cotisations salariales durant la
période d'invalidité et l'accumulation des crédits de
rente soient prévues comme si le participant était actif,
l'invalidité devant être protégée par le
régime d'assurance collective, jusqu'à ce que le participant
atteigne l'âge de la retraite.
Je constate, à l'article 82, qu'il n'y a eu
absolument aucune modification de la définition qu'on retrouvait avant
la réimpression. Cela veut donc dire que le travailleur ou la
travailleuse qui cesse de travailler à la suite d'une période
d'Invalidité qui peut être le fait de son travail, dans le cadre
de la santé et de la sécurité du travail, peut être
complètement exclu, à partir du moment où il est reconnu
Invalide, en vertu de l'article 82, des avantages d'un régime de
retraite.
M. Bourbeau: Dans ces cas, la personne en question a une rente de
la Commission de la santé et de la sécurité du
travail.
Mme Harel: Jusqu'à 65 ans seulement.
M. Bourbeau: ...de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail plutôt.
Mme Harel: Jusqu'à 65 ans seulement, et la discrimination
à l'égard de ces travailleurs à l'âge normal de la
retraite est évidente.
M. Bourbeau: M. le Président, tout ce que je peux dire
c'est que la demande dont on parle a été
considérée, les coûts seraient extrêmement
importants, le consensus canadien n'a pas retenu cette solution et l'ancien
projet de loi 58 non plus, d'ailleurs, je dois le dire.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 82,
est-ce qu'il y a d'autres Interventions.
Mme Harel: M. le Président, oui. Nous avons l'Intention de
déposer un amendement dès l'ouverture de nos travaux, ce
soir.
Le Président (M. Bélanger): À l'article 82?
Mme Harel: C'est bien ça.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
la commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 17)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
On va commencer nos travaux dans quelques Instants pour
reprendre l'étude détaillée du projet de loi 116, Loi sur
les régimes complémentaires de retraite. Nous en étions
à I article 82. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article
82?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, il va y avoir un amendement.
On va suspendre, si vous le permettez, le temps qu'il soit
complété et on va poursuivre.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Vous demandez
qu'on suspende les travaux pour quelques instants?
Mme Harel: Non, non.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Bourbeau: M. le Président, il avait été
question ce matin d'un problème qu'a soulevé la
députée de Maisonneuve relativement au fonds de retraite. .
Le Président (M. Bélanger): Des assistés
sociaux, l'article 60 et l'article 69.
M. Bourbeau: ...aux articles 60 et 69 et à l'article 30 de
la loi.
Le Président (M. Bélanger): C'est ça.
M. Bourbeau: J'ai demandé à des fonctionnaires du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
qui sont spécialisés en la matière de venir nous rendre
visite pour m'assister étant donné que c'était hautement
technique. Je ne sais pas si la députée de Maison-neuve aimerait
qu'on revienne tout de suite à ce problème.
Mme Harel: Bien oui. Profitons de leur présence.
Le Président (M. Bélanger): Bien, alors, c'est
M...
M. Bourbeau: Me François Bélanger...
Le Président (M. Bélanger): François
Bélanger.
M. Bourbeau: ...qui est avocat...
Mme Harel: Qui fait des erreurs d'écriture.
Une voix: Non, jamais, jamais.
Mme Harel: Alors, qui l'a fait?
M. Bourbeau: Me Bélanger est sans erreur.
Mme Harel: Qui a fait l'erreur d'écriture du projet de loi
144?
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, si vous pouviez...
M. Bourbeau: M. le Président, c'est l'imprimeur qui a fait
l'erreur.
Le Président (M. Bélanger): II y a toujours un imprimeur
quelque part. Mme la députée de
Maisonneuve, si vous vouiez reformuler la question à l'intention
de Me Bélanger.
Mme Harel: Certainement. Mais la question ne lui a pas
été transmise par le ministre?
M. Bourbeau: Oui, on en a discuté, mais
J'apprécierais que vous précisiez un peu les points que
vous voulez éclaircir. C'était un peu vague...
Le Président (M. Bélanger): Vous ne vous en
rappelez plus?
M. Bourbeau: ...cet après-midi. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: C'était pour accélérer nos
travaux, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui, j'en suis
sûr. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Oui, tout à fait. J'aimerais faire un rappel de
quelques dispositions de la Loi sur la sécurité du revenu. En
fait, il s'agit de la loi 37 et de son projet de règlement. Alors, on y
lit ceci: "Les prestations d'aide sociale sont réduites en tenant compte
des revenus, des avoirs liquides et de 2 % de la valeur des biens qui
excèdent 1500 $ dans le cas d'une personne seule et de 2500 $ s'il
s'agit d'une famille. Plus spécifiquement, les prestations provenant
d'un régime de retraite ou les montants d'une rente viagère
achetée avec un REER servent à réduire les montants
versés par l'aide sociale." L'article 60, troisième paragraphe,
du projet de règlement sur la sécurité du revenu
spécifie que la valeur des crédits de rente accumulés
à la suite de l'adhésion à un régime de retraite
ainsi que les sommes accumulées avec intérêts à la
suite de la participation du prestataire à un autre instrument
d'épargne-retraite qui, en vertu du présent régime, de
l'instrument d'épargne ou de la loi, ne peuvent être
retournées au participant avant l'âge de la retraite, ne sont pas
comptabilisées et ne servent donc pas à réduire la
prestation sociale. Il faut donc lire que, à l'inverse, si ta valeur des
crédits accumulés à la suite de l'adhésion à
un régime de retraite ainsi que les sommes accumulées avec
Intérêts à la suite de la participation du prestataire
à un autre instrument d'épargne-retraite en vertu de l'aide
sociale, de l'instrument d'épargne ou de la loi, peuvent être
retournées au participant avant l'âge de la retraite, elles seront
comptabilisées et pourront servir, donc, à réduire la
prestation d'aide sociale.
L'article 89 du projet de règlement spécifie que certains
avoirs liquides, jusqu'à concurrence de 60 000 $, ne réduisent
pas la prestation. Ces avoirs liquides incluent, premier paragraphe, la valeur
des sommes ou des crédits de rente visés au troisième
paragraphe de l'article 60 qui, en vertu du régime, de l'instrument de
retraite visé ou de la loi, peuvent être retournés au
participant ainsi que, deuxième paragraphe, le capital provenant du
versement d'une somme ou d'un crédit de rente visé au premier
paragraphe, s'il est utilisé dans les 30 jours de sa réception,
aux fins d'une contribution à un autre régime de retraite ou
instrument d'épargne-retraite, ce qui met en cause les instruments de
transférabilité qu'on est en train d'étudier à
l'intérieur de la loi 116.
Puisqu'on prend en considération l'article 30, à savoir
que l'adulte seul et les membres de la famille doivent exercer leurs droits ou
se prévaloir des avantages dont ils peuvent bénéficier en
vertu d'une autre loi - ça pourrait être la loi 116 - si la
réalisation de ces droits et avantages avait un effet sur
l'admissibilité de l'adulte ou de la famille à un programme ou
réduisait leurs prestations.
Puisque l'âge normal de la retraite, en vertu du projet de loi
116, ne doit pas dépasser le 65e anniversaire, dans le cas d'un
régime à prestations déterminées, toujours en vertu
du projet de loi 116, il ne sera pas possible de transférer les fonds
vers un autre régime ou vers un véhicule, comme prévu
à l'article 87, troisième paragraphe, du projet de loi 116,
après le 55e anniversaire. En fait, plus précisément, dans
les dix ans précédant l'âge normal de la retraite.
Puisque la combinaison des articles du projet de loi 116 rend impossible
le transfert de fonds à un autre régime après le 55e
anniversaire, l'obligation de l'employeur d'offrir l'option d'une rente
anticipée - c'est l'article 70 toujours de la loi 116 - qui va
être réduite selon les règles actuarielles - c'est
l'article 71 - qui prévoient que ça peut être réduit
jusqu'à 6 % pour chaque année dont la date de la retraite
précède l'âge normal, le danger, avec la nouvelle Loi sur
l'aide sociale, c'est que le ministre pourra forcer une personne de 55 ans et
plus à se prévaloir de sa rente tout de suite, même si ce
n'est pas envisagé comme étant du meilleur
intérêt de la personne pour ses années de retraite.
C'est vraiment l'Interprétation juridique que l'on peut faire à
la fois de l'Impossibilité de transférer à un autre
régime après 55 ans d'âge ou, en fait, plus ou moins
après les dix ans précédant l'âge normal de 65 ans,
donc, c'est 55 ans; c'est à l'article 97, troisième paragraphe,
combinée avec l'obligation pour un employeur d'offrir une rente
anticipée et combinée avec sa réduction actuarielle de la
rente. Le danger est l'obligation de convertir l'ensemble des montants d'une
rente anticipée de retraite au mauvais moment pour être
écarté des prestations de sécurité sociale et en
même temps perdre, à l'âge normal de ta retraite, les
avantages de son fonds accumulé. Voilà.
M. Bélanger (François): Vous avez soulevé
l'article 3C de la Loi sur la sécurité du revenu qui
établit un principe général qu'un adulte ou une famille ou
un membre adulte de famille doivent exercer leurs droits et se prévaloir
des avantages dont ils peuvent bénéficier en vertu d'une autre
loi. C'est un principe général dont on trouve la sanction
à l'article 33 qui établit le principe que le ministre peut, s'il
y a violation de cet article entre autres, refuser une demande, réduire
les prestations ou cesser de les verser. Dans le cas des rentes de retraite,
problème qui existait déjà, étant donné
qu'il est possible actuellement pour une personne de prendre sa retraite avant
l'âge prévu, qui est de 65 ans, et de voir ainsi sa prestation de
retraite diminuée, je pense que c'est de 0,5 % par mois - l'anticipation
c'est ça? - compte tenu de cette situation bien particulière, il
y a une directive qui existe actuellement et qui va être reproduite dans
le cadre de l'application de !a Loi sur !a sécurité du revenu de
ne pas obliger les gens à exercer ce droit de prendre une retraite
anticipée, c'est-à-dire avant 65 ans. Étant donné
que, premièrement, c'est facultatif et que, deuxièmement, iI y a
un caractère qui peut être pénalisant, c'est-à-dire
qu'au moment où la personne décide de prendre sa retraite, cela
lu! fait une rente moins élevée, on donne aux gens l'option de
continuer et d'attendre l'âge de 65 ans avant de prendre leur retraite.
Il n'y a aucune sanction en ce qui concerne la prestation dans les cas
où une personne décide d'utiliser cette option. Il n'y a aucune
sanction de prise actuellement et aucune ne va être prise dans le cadre
de la nouvelle loi parce que la directive est très claire
là-dessus. C'est une interprétation aussi qui est raisonnable,
l'article 30, qui établit un principe général mais qui,
appliqué à ce cas-là, pourrait donner un résultat
un peu spécial d8 forcer des gens à faire appel à leur
régime de rentes de façon anticipée. Ce n'était pas
du tout l'intention visée par l'article 30. L'article 30 vise, de
façon générale, les droits et obligations que les gens
ont. Pour cette partie-là, Je pense qu'il n'y a pas de
précédent et il n'y a pas non plus d'Intention d'agir
différemment qu'actuelle- ment. On n'oblige pas les gens à
exercer leur droit de faire appel à leur retraite de façon
anticipée.
Pour l'aspect avoir liquide dont il était question dans le projet
de règlement, ça demeure un problème relié au
règlement sur la sécurité du revenu. Je dois admettre
qu'à ce moment-ci - ça vient de m'être soulevé - je
ne pourrais pas répondre de façon précise pour ce qu'on
peut faire avec l'avoir liquide. ll faudrait que je prenne...
Mme Harel: M. le Président, je voudrais bien que le
ministre comprenne qu'on ne peut pas se satisfaire, surtout dans un dossier
où les bonnes intentions ont pavé l'enfer, ont pavé la
voie punitive vers l'enfer pour les personnes assistées sociales, je ne
pense pas que le ministre croit qu'on puisse se satisfaire de s'entendre dire
que l'intention n'y est pas. L'Intention peut ne pas y être mais la loi,
elle, y est. Normalement, on présume les bonnes intentions du ministre
malgré un passé assez chargé.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que c'est que ces insinuations?
Le Président (M. Bélanger): On parle de votre
passé, M. le ministre, mais ce n'est pas grave.
Mme Harel: Un passé lourd.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée a des choses
concrètes à soulever? Je n'ai aucune honte de mon passé,
M. le Président. Je peux le mettre en parallèle avec celui de Mme
la députée de Maisonneuve sans aucun problème.
Le Président (M. Bélanger): C'est ce qu'on tenait
pour acquis, M. le ministre, de la députée de Maisonneuve
Mme Harel: Ceci dit, la directive n'est pas satisfaisante
évidemment parce que la loi elle, est bien claire. En tout temps, la
directive peut changer. La directive, ça n'existe pas. Dans la
réalité législative, la directive c'est le - comment
dit-on? - bon vouloir du prince. Disons que ce n'est plus de mode maintenant En
général, on s'attend que ce soit dans la réglementation ou
dans la loi qu'on aille chercher l'intention du législateur Pour tout de
suit6, l'intention du législateur est Inscrite à l'article 30 qui
permet un tel recours. (20 h 30)
Par ailleurs, le projet de règlement prévoit, à
l'article 60, troisième paragraphe, de comptabiliser la valeur des
crédits de rente et de s'en servir pour réduire la prestation
d'aide sociale si ces crédits de rente peuvent être
retournés au participant avant l'âge de la retraite. Ce n'est pas
moi qui improvise. Je vous lis le texte môme de l'article 60,
troisième paragraphe, du projet
de règlement. Quand cela peut être retourné aux
participants avant l'âge de la retraite, comment cela s'appelle-t-il?
Cela s'appelle retraite anticipée. Donc, quand S y a possibilité
de retraite anticipée...
M. Bélanger (François): Quand on parle de
l'âge de la retraite, on parle de l'âge de la retraite effective,
l'âge auquel la personne prend sa retraite.
Mme Harel: Mais on dit que, quand cela ne peut pas être
retourné aux participants à l'âge de la retraite...
M. Bélanger (François): Avant le moment où
elle prend sa retraite.
Mme Harel: On dit "avant l'âge de la retraite*. Quand cela
peut l'être avant l'âge de la retraite, c'est parce que c'est
anticipé à l'âge de la retraite. Si les mots ont un sens,
"la valeur des crédits de rente", vous connaissez le règlement,
vous l'avez devant vous?
M. Bélanger (François): Le règlement?
Oui.
Mme Harel: La valeur des crédits de rente accumulés
à la suite de l'adhésion à un régime de retraite
ainsi que les sommes accumulées avec intérêt à la
suite de la participation du prestataire à un autre instrument
d'épargne-retraite qui, en vertu du présent régime, de
l'instrument d'épargne ou de la loi, ne peuvent être
retournées au participant avant l'âge de la retraite. Par
l'article 70, on vient Justement faire obligation à l'employeur de
retourner au participant, par le biais d'une rente anticipée, avant
l'âge de la retraite, la valeur des crédits de rente
accumulés avec, évidemment, à l'article 71, une
réduction actuarielle de 6 %.
M. le Président, c'est exactement ou presque l'analogie avec les
dispositions relatives à la pension alimentaire dans les lois qui
prévoient des mesures accessoires au divorce. C'est exactement la
même chose. Nulle part, on dit qu'il y a une obligation d'entamer des
procédures de séparation ou de divorce. On ne le dit pas. On ne
le dit pas non plus dans la Loi sur l'aide sociale ou dans la loi sur les
mesures accessoires au divorce. Mais, dans la Loi sur l'aide sociale, à
l'article 30, on dit que, si vous n'exercez pas tous les droits ou si vous ne
vous prévalez pas de tous les avantages dont vous pouvez
bénéficier en vertu d'une autre loi, alors on peut réduire
votre prestation. On ne dit pas que vous êtes obligé d'intenter
une procédure en divorce; on ne dit pas que vous êtes
obligé de réclamer une pension alimentaire. On ne le dit pas.
C'est la même chose ici. On ne dit pas que vous êtes obligé
de demander une rente anticipée. On ne le dira pas plus que, nulle part,
on dit que vous êtes obligé de demander une pension alimentaire.
Mais allez voir, par exemple, dans tes faits, lorsqu'une chef de famille
monoparentale, qui a fait un séjour d'hébergement dans une maison
pour femmes battues, fait une demande d'assistance, si la première chose
qu'on ne va pas lui fixer comme condition c'est d'entamer des poursuites et de
reprendre contact pour aggraver et détériorer un peu plus la
situation.
M. Bélanger (François): L'idée visée
au troisième paragraphe de l'article 60 du règlement sur la
sécurité du revenu, c'est que tant que la valeur des
crédits de rente accumulés ne peut pas être
récupérée par la personne, c'est visé par
l'exemption qui est là et il n'y a pas de pénalité
appliquée à la personne qui est dans une telle situation.
À partir du moment où elle peut retirer ce montant, on passe
à l'article 69, premier et deuxième paragraphes et là il y
a une limite qui est fixée à 60 000 $ à partir du moment
où elle peut en disposer. Lorsqu'il n'y a pas possibilité de
liquider cette somme - c'est l'article sur l'obstacle en droit - du fait que la
personne est prise avec un montant dont elle ne peut disposer, à ce
moment-là, l'exemption est totale pour cette somme. À partir du
moment où elle peut en disposer, où elle peut le toucher, c'est
limité à 60 000 $.
Mme Harel: Vous allez lui faire obligation. 60 000 $ ça
vaut pour les REER quand elle peut toucher son capital. Ce n'est pas de
ça dont il est question, c'est d'une rente anticipée qui est une
rente viagère. Vous allez lui faire obligation, avant le temps, non pas
le temps de la loi parce que la loi prévoit que la rente
anticipée est ouverte dans les dix ans qui précèdent la
date où la personne atteindra l'âge normal de la retraite. C'est
cela l'ouverture. Vous pouvez l'obliger, en vertu de l'article 30, comme vous
obligez les chefs de famille à intenter des recours pour obtenir une
pension alimentaire, même si elle n'est pas payée et même si
l'ex-conjoint n'a pas de moyens, il faut qu'elle l'Intente parce qu'on
prétend, à l'article 30, qu'elle doit exercer tous ses recours.
C'est cela la vérité.
M. Bélanger (François): Je pourrais peut-être
ajouter quelque chose sur l'article 30, non?
Mme Harel: Non, je vais terminer avant, si vous permettez, M. le
Président. Vous dites ceci, à l'article 70 de la loi 116 - du
projet plutôt, j'anticipe - on dit que la rente anticipée est la
rente de retraite dont le service débute avant l'âge normal de la
retraite et à l'article 71 on prévoit que l'ouverture de cette
rente anticipée est possible dans les dix ans qui
précèdent la date où la personne atteindra l'âge
normal de la retraite. Cela veut donc dire, possiblement 55 ans. La question
reste ouverte: En quoi le ministre peut-il s'engager, par une disposition de la
loi, à ne pas obliger, à ne pas forcer une personne à se
prévaloir de sa rente anticipée? Je
ne vous parie pas de 60 000 $. Dans la pension alimentaire, ce n'est pas
un montant forfaitaire. La rente anticipée est une rente viagère
qui peut être obtenue avec une diminution actuarielle chaque mois. Cela
veut donc dire qu'à chaque mois qu'elle est versée, ce versement
viendrait d'autant réduire, pour chaque dollar versé, un dollar
de prestation d'aide sociale.
M. Bourbeau: Ce n'est pas ça qui va arriver.
Mme Harel: Alors, dites-nous ce que vous allez corriger dans les
dispositions actuelles de la loi pour que ça ne se produise pas. Tout
est mis en place présentement pour que ce résultat soit
obtenu.
M. Bélanger (François): Pour reprendre
l'explication de tantôt sur l'article 30, qui exprime un principe
général à savoir qu'une personne doit exercer ses recours
et qui est sanctionné par l'article 33... L'article 33 est soumis au
contrôle de la Commission des affaires sociales et une application
déraisonnable de l'article 33 par rapport à l'obligation de
l'article 30 pourrait être cassée par la Commission des affaires
sociales. Dans un cas comme celui-là, et c'est pour ça qu'il y a
une directive à cet effet, I ne serait pas raisonnable de
pénaliser une personne qui décide de ne pas prendre sa retraite
tout de suite pour toucher...
Mme Harel: Si vous me permettez de demander au ministre de dire
lui-même ses propos. Parce que, voyez-vous, dit par vous, je regrette
infiniment mais ça n'engage pas le gouvernement.
M. Bourbeau: M. le Président, tant que la
députée nous pose des questions d'ordre technique, j'estime que
Me Bélanger est très bien placé pour répondre. Mais
si la députée veut des réponses en matière
d'orientation...
Mme Harel: C'est que Me Bélanger est en train de me donner
des réponses d'ordre et de choix politique. Si vous les partagez,
exprimez-les.
M. Bourbeau: M. le Président, si la députée
de Malsonneuve voulait prendre un ton un peu plus serein, le ministre va vous
répondre...
Mme Harel: M. le Président, si le ministre veut passer ses
commentaires à ses adjoints, qu'il ne le fasse pas en ma
présence.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai toute la liberté de
parler aux gens qui m'entourent Je ne demanderai certainement pas la
permission à la députée de Maisonneuve pour adresser la
parole à ceux qui m'accompagnent.
Mme Harel: Le ministre sait très bien à quoi je
fais référence.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
est-ce qu'on pourrait revenir à l'objet de nos discussions, le vrai.
Mme la députée de Maisonneuve voulait savoir si M. le
ministre endosse les propos de Me Bélanger.
M. Bourbeau: Premièrement, pour faire en sorte que la
députée de Maisonneuve obtienne satisfaction dans ses nombreuses
réclamations, j'ai demandé à des adjoints qui ne sont pas
des spécialistes du tout en matière de fonds de retraite, mais
qui sont des spécialistes en matière de la Loi sur la
sécurité du revenu de venir expliquer à la
députée de Maisonneuve et la loi et le règlement sur la
sécurité du revenu. Vous considérerez, M. le
Président, qu'on est un peu hors d'ordre et je suis très
reconnaissant à mes collègues de ne pas le souligner.
Si la députée de Maisonneuve veut qu'on apporte des
amendements à la Loi sur la sécurité du revenu, je lui
souligne qu'il y a un projet de loi au feuilleton qui s'appelle le projet de
loi 144; II est encore ouvert, et je serais disposé, si elle le
désire, à suspendre l'étude de la loi 116 et à
procéder, dans les meilleurs délais, à l'adoption de la
loi 144. Là, on pourra apporter des amendements à la loi 144, si
c'est ce que souhaite la députée de Maisonneuve.
Je la prierais, si elle veut vraiment continuer à discuter d'une
façon paisible, de descendre de ses grands chevaux et d'avoir un ton un
peu plus serein.
Cela étant dit, je veux bien continuer à parler d'autres
lois que de celle qui nous occupe, à condition que vous ne souligniez
pas le caractère irrégulier de la question, pour dire que
l'intention, les orientations du gouvernement là-dedans, c'est de ne pas
forcer les gens qui ont droit à une pension, en vertu de la loi 116 -
qui est une pension du type de celle dont on parle quand on parle de la loi sur
les régimes supplémentaires de rentes, les régimes
complémentaires de retraite, plutôt, en vertu de la nouvelle loi -
à appeler ou à être obligés de demander que la rente
leur soit payée avant l'âge de la retraite avec réduction
actuarielle. Ce n'est pas l'intention, ça n'a Jamais été
fait comme ça, ni maintenant, au moment où on se parle, ni dans
le temps où le gouvernement du Parti québécois
était au pouvoir. La députée de Maisonneuve crie au
scandale, mais du temps où elle était au gouvernement, du temps
même qu'elle était ministre dans le gouvernement du Parti
québécois, on procédait, à moins que Je ne me
trompe, de la même façon qu'on procède maintenant, par
directives. II n'y a pas de changement...
Mme Harel: Je voudrais rappeler au ministre que les articles 60
et 69 du projet de règlement sont du droit nouveau.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas terminé
encore; j'ai la parole.
Le Présidant (M. Bélanger): S'il vous plaît, on va
laisser M. le ministre terminer.
M. Bourbaau: La députée de Maisonneuve a eu de
très longs silences, cet après-midi. On a attendu que ses
silences soient terminés et on lui a laissé la parole, alors je
préférerais terminer, s'il n'y a pas d'objection.
Depuis un certain nombre d'années, au ministère, depuis
qu'on peut prendre une retraite anticipée, on traite les cas de la
façon administrative qu'a expliquée, tout à l'heure, Me
Bélanger. Si la députée de Maisonneuve n'est pas
satisfaite de la façon de procéder que nous continuons, qui est
celle qui était en vigueur dans son temps, dans le temps où elle
siégeait au gouvernement, je veux bien regarder des modifications,
l'intention étant ce que j'ai dit tout à l'heure. Mais ces
modifications devront venir par le biais de la loi 144, qui est la loi qui
traite justement de la sécurité du revenu. Je n'ai pas
d'objection à ce qu'on procède avec la loi 144. Voilà, M.
le Président, ce que j'avais à dire.
Mme Harel: M. le Président, il faut comprendre que ce qui
est du droit nouveau, ce sont les articles 60 et 69 du projet de
règlement. Puisqu'il n'est pas dans l'intention du ministre de forcer
les gens qui ont droit à une pension à s'en prévaloir de
façon anticipée, j'annonce que je vais introduire un amendement
à l'article 70 de la loi 116. (20 h 45)
La Présidant (M. Bélanger): Un instant. Nous sommes
à l'article 62, actuellement.
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est la loi 116 ou la loi 144?
Mme Harel: M. le Président, si vous suiviez un peu...
Le Président (M. Bélanger): J'ai suivi...
Mme Harel: ...vous sauriez que nous discutons actuellement de
l'article 70 qui était suspendu.
M. Bourbeau: Ah! Un peu de respect pour la présidence,
s'il vous plaît!
Le Président (M. Bélanger): Non. Je m'excuse,
madame, on ne discutait pas de l'article 70, on a appelé l'article 82,
tout à l'heure, et on a accepté d'avoir un complément de
réponse à une question qui avait été posée
antérieurement.
Mme Harel: Sur l'article 70 qui est suspendu.
Rente anticipée (suite)
Le Président (M. Bélanger): Alors, on revient
à l'article 70 qui est suspendu...
Mme Harel: Merci, M. le Président, c'est ce que je
souhaitais.
Le Président (M. Bélanger): ...et vous vouiez faire
quoi?
Mme Harel: Ce que je viens de dire.
Le Président (M. Bélanger): Voulez-vous le
répéter, S'il vous plaît?
Mme Harel: J'annonce que j'introduis un amendement à
l'article 70 du projet de loi 116.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous avez la
formulation de votre amendement?
Mme Harel: Oui. Je l'annonce tout de suite et on va vous en faire
parvenir copie. Cet amendement va consister à prévoir qu'un
participant ne peut être forcé de se prévaloir de cette
rente anticipée.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous nous
formulez votre amendement, s'il vous plaît, madame?
Mme Harel: Certainement. On rédige. M. le
Président, l'objectif poursuivi est le suivant: dans le projet de loi
116, il y a un amendement pour garantir qu'une personne ne soit obligée
de réclamer sa rente de retraite ou sa rente différée
qu'à la date choisie par elle.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
M. Bourbeau: Ce n'est pas la bonne loi, c'est dans la loi 144,
Loi sur la sécurité du revenu.
Mme Harel: Ah! Non. Cela vaut pour... M. Bourbeau: Cela n'a pas
de sens.
Mme Harel: ...l'ensemble des règlements, conventions,
lois, décrets qui pourraient s'appliquer à cette personne, pas
simplement la Loi sur la sécurité du revenu.
M. Bourbeau: Cela vient, l'amendement? Mme Harel:
Certainement.
M. Bourbeau: Ne vous Inquiétez pas, on a tout le temps
qu'il faut.
Mme Harel: Vous n'avez pas l'air pressé
vous-même.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement
proposé est le suivant. L'article 70 du projet de loi 116 est
modifié par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant:
"Un participant ne peut se voir obligé de réclamer sa rente
anticipée qu'à la date choisie par lui." Sur la
recevabilité, s'il vous plaît!
Mme Harel: Évidemment cette loi va prévaloir sur
tout règlement, convention collective, disposition contraire.
Le Président (M. Bélanger): On va faire faire des
copies. On va suspendre quelques
Instants, le temps d'avoir les copies pour discuter sur la
recevabilité.
(Suspension de la séance à 20 h 54)
(Reprise à 20 h 59)
Le Président (M. Bélanger): Sur la
recevabilité, s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 70 de la Loi sur
les régimes complémentaires de retraite est un article qui
établit la définition de ce qu'est une rente anticipée.
Or, on veut, avec l'amendement, modifier cet article, qui est essentiellement
un article de définition, pour ajouter un élément, qui est
totalement étranger au sens de l'article 70. Si un amendement comme
celui-ci devait être acceptable, il me semble que ce n'est pas à
l'article 70 qu'il devrait être, mais à un autre article, ce n'est
pas à moi à dire lequel, mais certainement pas dans un article
qui est essentiellement un article de définition. Dans ce
sens-là, je pense que l'amendement n'est pas recevable.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'ai fort heureusement avec
moi ce soir un expert de ces questions qui siège ici à
l'Assemblée depuis plus de quinze ans et qui me rappelle, à bon
droit, que c'est assez frivole, le propos que le ministre vient de
transmettre.
Ce qui est Important, ce n'est pas qu'un article traite de ceci ou de
cela; ce qui est important c'est que c'est accessoire. La question sur laquelle
vous nous consultez c'est: Est-ce recevable?
La recevabilité porte sur le fond, pas sur l'accessoire. La
recevabilité ce n'est pas: Est-ce le bon endroit pour le recevoir?
C'est une question accessoire, et j'imagine que l'endroit où cela
peut être, c'est, pourquoi pas à l'article 70 où,
justement, on établit que la rente anticipée est une rente de
retraite dont les services débutent avant l'âge normal de la
retraite. On peut très bien y définir qu'un participant ne peut
avoir l'obligation de réclamer sa rente - celle qui vient d'être
définie au même article - autrement qu'à la date choisie
par lui.
Ce qui est Important, c'est que soit introduit dans le projet de loi
116, au chapitre qui traite de la rente anticipée, une disposition
disant que ce n'est pas par une simple directive qu'on pourra venir changer ce
qui sera introduit dans une loi. Tantôt, on m'a fait état de
directives qui assuraient les bonnes Intentions du ministre. Tant mieux! Il
maintiendra ses directives. Mais au moins J'aurai la garantie que les
directives ne pourront pas être modifiées puisque, pour le faire,
il faudra qu'il passe par un amendement à la loi.
Je voudrais vous lire les dispositions relatives à la
recevabilité des amendements dans le recueil des décisions
concernant la procédure parlementaire. La question en cause est la
suivante: Selon quels critères le président doit-il juger la
recevabilité des amendements? Décision: Le président
entend juger la recevabilité des amendements selon les critères
suivants: en vertu de l'article 244, les amendements doivent, dans tous les
cas, se rapporter à l'objet du projet de loi et être conformes
à son sujet et à son sujet et à la fin qu'il vise.
Évidemment, M. le Président, notre amendement est en tout point
conforme à ce premier critère puisque nous nous rapportons
à l'objet du projet de loi des régimes complémentaires de
retraite, au sujet qui est visé - la rente anticipée - et
à la fin qui est visée, c'est-à-dire une rente offerte
avant l'âge normal de la retraite.
Deuxième critère: les amendements qui visent à
ajouter des dispositions de concordance sont recevables. Troisième
critère: un amendement ne doit pas viser à corriger des erreurs
d'écriture qui se seraient glissées dans une loi qui ne fait pas
l'objet de l'étude de la commission. Cela ne s'applique pas. Et, dernier
critère: le Président ne peut juger de la légalité
d'un amendement eu égard à sa rétroactivité. Il
s'agit d'une question de droit que le Président n'a pas à
trancher. Ce qui s'applique à nous c'est le premier critère tel
qu'énoncé dans la décision sur la recevabilité des
amendements, à savoir: l'amendement doit, dans tous les cas, se
rapporter à l'objet du projet de loi, être conforme à son
sujet et à la fin qu'il vise. C'est exactement, M. le Président,
ce qui est confirmé par l'amendement qu'on vous a
déposé.
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment, je ne
suis pas avocat comme la députée de Maisonneuve. Je n'oserais pas
prétendre à une expertise aussi grande que la sienne en la
matière. Ce que je peux vous dire c'est que si vous admettez cet
amendement - et je vous laisse bien libre de le faire - ce sera certainement de
la mauvaise législation. Les gens qui m'accompagnent et qui sont des
experts en la matière me disent qu'en matière de
légistique,
c'est tout à fait contraire à la façon de
procéder normalement reconnue que de légiférer comme
ça. Si on est pour faire des lois qui sont bien construites, alors
là, l'article qui sortirait d'un amendement comme celui-là serait
un mauvais article, mal écrit, qui pourrait donner lieu à de
mauvaises interprétations. La députée de Maisonneuve ne
serait certainement pas fière d'avoir écrit un article semblable.
M. le Président, si c'est le genre de loi que te députée
de Maisonneuve veut écrire, elle peut en écrire comme elle veut,
mais je ne pense pas que nous, de ce côté-ci, on sort
disposés à venir torpiller nos projets de loi avec des bouts de
phrases écrits sur le coin de la table qui viennent "bâtardiser"
un peu un projet de loi qui, par ailleurs, était assez bien
écrit.
Mme Harel: M. le Président, si vous me le permettez, les
propos du ministre ont certainement excédé sa pensée parce
que, comme justement il n'est pas avocat, il est bien mal placé pour
prétendre ce qu'il vient de dire. D'autre part, comme il aura à
disposer de l'amendement, c'est à ce moment-là qu'il pourra
certainement envisager de suggérer...
Une voix: S'il le fait sien...
Mme Harel: C'est ça, s'il le fait sien. SI le ministre
fait sien l'amendement je lui laisse tout à fait l'entière
initiative de le mettre là où il veut. Encore faudrait-il que
j'aie son consentement.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne prendrai jamais
à mon crédit un amendement qui n'est même pas écrit
en français ou qui est écrit en mauvais français,
certainement pas, premièrement. Deuxièmement, je
répète que le principe qui veut qu'un participant ne soit pas
tenu de réclamer une rente anticipée, ce principe doit aller dans
la Loi sur la sécurité du revenu puisqu'on s'adresse à des
cas d'assistés sociaux. C'est cela le problème.
Mme Harel: M. le Président, tout de suite j'interromps,
c'est sur le fond. Sur le fond j'aurais aussi des représentations
à faire.
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez on va laisser
M. le ministre faire son plaidoyer sur ta recevabilité et on vous
entendra par la suite.
Mme Harel: Mais là, ce n'est plus sur la
recevabilité.
Le Président (M. Bélanger): Sur la
recevabilité, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'objet de cet amendement
est de faire d'une façon détournée ce que la
députée de Maisonneuve ne peut pas faire d'une façon
directe. Elle veut, par un amendement de portée générale,
vraiment générale, s'Introduire par la porte d'en arrière
- si je peux «n'exprimer ainsi - dans la loi 37, Loi sur la
sécurité du revenu, et venir amender cette loi d'une façon
indirecte. M. le Président, ce n'est certainement pas avec un coup de
canon semblable qui va tirer dans toutes les directions, où on ne saura
pas quelles sont les conséquences cachées d'un amendement
semblable, que je vais accepter de régler un problème
particulier. Si la députée de Maisonneuve veut régler un
problème particulier, je n'a! pas d'objection qu'on en discute dans le
cadre de la loi 144, si elle le veut, peut-être qu'il y aurait moyen de
trouver un accommodement, mais certainement pas avec un amendement comme
celui-là dont on ne peut absolument pas prévoir, à ce
moment-ci, les conséquences, et qui est mal placé, pas au bon
endroit, en plus.
Mme Harel: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: Je pense bien que le ministre n'a pas pu
démontrer qu'un tel amendement ne portait pas sur l'objet de la loi, sur
le sujet qu'il vise, que, d'autre part, puisque nous n'aurons pas l'occasion,
sans doute, de rouvrir la Loi sur les régimes complémentaires de
retraité, je pense bien que c'est fort opportun que dans une loi... Je
ne vise pas que les dispositions d'un projet de règlement sur la
sécurité du revenu, je vise tout autre directive, décret,
disposition qui pourraient venir obliger un participant à se
prévaloir prématurément d'une rente anticipée. Le
ministre a bien tort de me faire grief d'Introduire de façon
générale, justement, un amendement que je souhaite de
portée générale. L'objectif que je vise, c'est que pour
que des modifications soient apportées, il faudra le faire par une loi.
C'est là l'objet, M. le Président, du travail qu'on fait ici en
commission. Quand c'est dans une loi, ça suppose un amendement
législatif pour que l'effet contraire soit obtenu. Je vous rappelle
également, dans les décisions concernant les procédures
parlementaires, une décision sur la recevabilité et sur le
principe de la motion de fond qui a été émise par le
président Jean-Guy Lemieux à savoir qu'il estime que le doute
doit jouer en faveur du motionnaire et juge donc recevable la motion
d'amendement visant - enfin, c'est dans un autre cas - à interdire la
subdélégation.
Le Président (M. Bélanger): Vous m'avez cité
abondamment Beauchesne et dans l'esprit de ce qu'il disait, c'est relativement
vrai. Maintenant, il faut revenir à l'article 197 des règlements
des commissions parlementaires qui définit le contenu des amendements.
À l'article 197, 1 est dit ceci: "Les amendements doivent concerner
le même sujet que la motion et ne peuvent aller
à l'encontre de son principe. Ils ne visent qu'à retrancher,
à ajouter ou à remplacer des mots." Dans ce sens-là, nous
sommes, à l'article 70, face à un article qui définit la
rente anticipée, c'est-à-dire la rente anticipée et la
rente de retraite dont le service débute avant l'âge normal de la
retraite. Dans ce sens-là, Beauchesne dit qu'au sujet de la
recevabilité des propositions d'amendement en comité, et j'ajoute
ce que vous ne nous avez pas dit tout à l'heure, page 238 de la
jurisprudence parlementaire Beauchesne, article 773.3, "s'il est
présenté au mauvais endroit du projet de loi". Ce que je veux
signifier par ceci, c'est que sur le fond, je pensa qu'il est recevable dans le
sens du projet de loi, mais dans un article de définition il
m'apparaît comme non recevable.
En conséquence, l'amendement est rejeté il est recevable,
mais pas à ce moment-ci ou à cette définition qui est
contenue à l'article 70.
Mme Harel: Alors, à quel moment nous proposez-vous
d'Introduire l'amendement, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas au
président de le faire, madame, c'est votre travail. Je m'en excuse
mais...
Concernant l'article 70, y a-t-il d'autres
propositions?
Mme Harel: M. le Président, l'article 70 est-il toujours
en suspens?
La Présidant (M. Bélanger): Oui. Actuellement il
est à l'étude. On a disposé d'un amendement, maintenant I
s'agit de voir ce qu'on fait avec l'article 70.
Mme Harel: Oui. On va prendre quelques minutes.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie. On
suspend les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 13)
(Reprise à 21 h 22)
La Présidant (M. Bélanger): On revient à
l'article 70.
M. Bourbeau: II me semble qu'on recule pour avancer, M. le
Président.
La Présidant (M. Bélanger): C'est pour mieux
sauter, M. le ministre. Pour l'article 70, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 70?
Est-ce que l'article 70 est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Rente d'Invalidité (suite)
Le Président (M. Bélanger): L'article 70 est
adopté. Nous revenons à l'article 82. Concernant cet article,
nous avions eu un certain nombre d'Interventions avant la suspension pour le
souper. Est-ce qu'il y a d'autres Interventions sur l'article 82?
Mme Harel: Oui, M. le Président, j'ai un amendement pour
('article 82.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Harel: L'amendement se lit comme suit: "La valeur de la rente
qu'accorde le régime de retraite au participant pendant la durée
de son invalidité doit prendre en compte les années pendant
lesquelles dure cette invalidité comme des périodes de
participation active à un régime de retraite. "Pendant la
durée de son Invalidité, s'il s'agit d'un régime à
prestations déterminées, le participant est exonéré
du paiement de ses cotisations. Lorsqu'il s'agit d'un régime à
cotisation déterminée, l'employeur est tenu de verser (a
cotisation du participant."
Le Président (M. Bélanger): On va faire faire des
copies de l'amendement.
Nous recevons le texte de l'amendement à l'article 82 qui se lit
comme suit: "La valeur de la rente qu'accorde le régime de retraite au
participant pendant la durée de son Invalidité doit prendre en
compte les années pendant lesquelles dure cette Invalidité comme
des périodes de participation active à un régime de
retraite. "Pendant la durée de son Invalidité, s'il s'agit d'un
régime à prestations déterminées, le participant
est exonéré du paiement de ses cotisations. Lorsqu'il s'agit d'un
régime à cotisations déterminées, l'employeur est
tenu de verser la cotisation du participant ."
Mme la députée de Maisonneuve, si vous voulez nous
présenter votre amendement sur le fond.
Mme Harel: M. le Président, je pense bien que cela suppose
qu'on le présente sur le fond et sur la forme, parce que ce n'est pas
juste sur le fond que vous jugez de la recevabilité, mais sur la forme
également.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, madame,
les décisions du président sont Indiscutables, alors je vous
prierais de respecter notre règlement.
Mme Harel: Comme je respecte votre décision, je vais
devoir intervenir sur le fond et sur la forme.
Le Président (M. Bélanger): Sur la forme
d'abord, si vous voulez.
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve ne devrait
pas mettre en doute les...
Mme Harel: Est-ce qu'il y a une question de règlement, M.
le ministre?
M. Bourbeau: Oui. Question de règlement. Mme Harel:
Laquelle?
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve ne devrait
pas discuter les décisions du président. Elle peut
peut-être plaider sur la sentence, mais certainement pas discuter les
décisions du président.
Mme Harel: C'est tout à fait ce que je m'apprête
à faire pour ne pas en discuter.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
sur la forme et ensuite on vous entendra sur le fond.
Mme Harel: M. le Président, il s'agit là d'un
amendement qui se conforme certainement à toutes les exigences de
définition de la rente d'invalidité. L'amendement apporté
nous permet de ne pas maintenir le projet de loi silencieux sur le sort
réservé au participant qui devient invalide. On dit que,
dorénavant, la valeur de la rente qui sera accordée au
participant qui devient invalide sera en fonction des années durant
lesquelles cette invalidité dure, c'est-à-dire qu'elles
compteront comme des périodes de participation. L'amendement est pour
modifier le texte initial qui, lui, prévoit de façon
accessoire... Puisque la définition de la rente d'invalidité
demeure, c'est la méthode de calcul qui diffère puisque, dans la
méthode proposée à l'article 82, le droit prend fin,
tandis que dans celle que nous proposons, le droit demeure durant la
période d'invalidité.
M. le Président, je pense bien qu'il sera difficile de ne pas
considérer comme recevable cet amendement qui, à tous
égards, nous permet de définir ce que devrait être la rente
d'invalidité d'un participant actif.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, sur la
forme.
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
que je ne suis pas avocat, j'oserais à peine plaider sur la
recevabilité et je m'en remets à votre bon jugement.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez fait allusion
tout à l'heure à une décision du président Lemieux,
qui disait, en cas de doute, de toujours donner le préjugé
favorable à celui qui déposait l'amendement afin de permettre la
discussion. Nous allons recevoir cet amendement pour que si on voulait
maintenant discuter sur le fond, nous puissions en disposer.
Mme Harel: Comme je vous le signalais, M. le Président, le
projet de loi est silencieux sur le sort réservé au participant
qui devient Invalide. Dans le projet de loi initial, la valeur de la rente que
le régime de retraite accorde au participant invalide qui a dû
cesser de travailler ou a dû cesser d'être participant actif... Son
invalidité le met à l'écart, le soustrait, lui
enlève son statut de participant actif. Nous pensons que le participant
devenu invalide doit être au contraire beaucoup mieux
protégé par l'économie générale du projet de
loi. C'est tout de même plus fréquent que l'on ne croit que des
travailleurs cessent leur activité régulière à la
suite d'une maladie industrielle ou d'un accident du travail. Il est assez
injuste de considérer que le fait de cette invalidité va les
priver de la protection d'une rente au moment où ils auront l'âge
normal de l'obtenir.
C'est dans ce contexte, M. le Président, que nous avons fait
nôtres des demandes de modification qui ont été
proposées en commission parlementaire les 9, 10 et 11 mai dernier, en
prenant en considération qu'il était certainement souhaitable, au
moment où nous nous apprêtons à rajeunir tout le dispositif
relatif à la protection de la rente, qu'il était important
d'introduire une protection réelle pour les travailleurs qui deviennent
invalides, pour ne pas les priver du bénéfice de la rente du fait
de leur invalidité.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'amendement proposé
par Mme la députés de Maisonneuve procède certainement
d'un bon naturel. Elle est d'une nature certainement très
généreuse et je ne peux qu'être sensible à un
amendement semblable qui vise à faire en sorte d'améliorer le
sort des personnes qui, étant au travail, sont frappées
d'invalidité.
Le problème est qu'en légiférant de cette
façon, on se trouve à accroître d'une façon
substantielle le fardeau des entreprises en demandant, à toutes fins
utiles, à l'employeur de payer pendant une période de temps qui
peut être extrêmement longue la prime ou les cotisations tant de
l'employeur que de l'employé. Si ce principe était
accepté, c'est ajouter au fardeau des entreprises et ouvrir la porte
aussi à des demandes qui pourraient survenir à l'avenir pour des
paiements semblables par l'employeur à l'égard du service
passé des employés et des prestations qui devraient être
payables aux femmes en situation de maternité. Par cette brèche
qui serait ouverte, on pourrait demander éventuellement aux employeurs
de payer les cotisations à toute une série de travailleurs qui
seraient, momentanément ou d'une façon permanente, incapables de
continuer à travailler.
Justement, l'essence même de ce projet de loi est que la rente est
constituée dans la mesura où iI y a un travail qui se fait et des
cotisations qui se paient. Si on commence à admettre le principe que,
dorénavant, une rente peut s'accumuler môme si aucune cotisation
n'est payée ou si aucune prestation de travail n'est faite, on ouvre
évidemment la porte à toute une série de
conséquences assez Imprévisibles, à ce moment-ci. Je
répète que l'objectif de venir en aide aux personnes invalides
est un objectif louable, et on devrait certainement tenter de venir en aide
à ces personnes. Déjà, la CSST s'occupe des personnes
invalides jusqu'à au moins l'âge de 65 ans. Dans bien des cas chez
les employeurs, des assurances collectives font en sorte que les primes peuvent
être payées par l'assureur en cas d'invalidité. C'est une
autre façon de pallier, en partie, au problème.
Je signalerais que, nulle part au Canada, une telle mesure n'existe.
Nous serions la seule province canadienne à introduire dans notre loi un
principe semblable. Je peux d'ores et déjà voir les
réactions extrêmement négatives des employeurs qui n'ont
pas été mis au courant d'une possibilité semblable et qui
auraient certainement des objections très importantes. Je ne veux, en
aucune façon, qu'on s'Imagine que le gouvernement a un billet plus
favorable envers les employeurs qu'envers les travailleurs. D'une façon
générale, ceux qui ont examiné le projet de loi 116 ont vu
que le gouvernement a certainement un préjugé favorable envers
les travailleurs, étant donné que le projet de loi 116 a pour
objet d'améliorer d'une façon importante la situation des
travailleurs, souvent au détriment des employeurs qui s'en sont plaint.
Mais ii faut quand même garder une mesure dans tout ça. Je ne
pense pas que le gouvernement soit disposé, à ce moment-ci,
à ouvrir une telle porte, pas plus, d'ailleurs, que l'ancien
gouvernement n'avait ouvert une telle porte avec la loi 58 qui ne
prévoyait absolument pas une ouverture semblable, mais qui s'en tenait
essentiellement aux termes mêmes de l'article 32 que nous avons
présentement.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, bien que, sur le plan
humain, Je sois extrêmement sensible aux problèmes que
soulève la députée de Maisonneuve, je ne peux pas
souscrire à l'amendement.
Mme Harel: M. le Président, je dois donc tenir compte du
fait que lorsque c'est un inconvénient, le ministre me cite la loi 58
et, lorsqu'il y avait des avantages dans le projet de loi 58 et qu'on ne
retrouve plus dans le projet de loi 116, le ministre parte de droit nouveau. Le
préjugé est tellement favorable à l'égard des
travailleurs, dans le projet de loi 116, que le ministre a cru bon retirer les
dispositions centrales du projet de loi 58 qui créaient des
comités paritaires de gestion des caisses de retraite. Le
préjugé étouffe tellement son gouvernement qu'il a
préféré diminuer la représentation des travailleurs
au sein des comités de retraite pour assurer qu'ils soient toujours en
minorité. Ce préjugé est tellement fort qu'il
l'amène à ne pas encore dévoiler si son gouvernement aura
le courage, comme celui du voisin d'à côté, d'au moins
discuter de l'Indexation des prestations de retraite. C'est tellement exigeant,
le préjugé qui anime le ministre, qu'il n'y a aucune disposition
dans le projet de loi 116 qui prévoit au moins le principe de
l'Indexation. On est à peine à onze ans de l'an deux mille et on
envisage encore des rentes de retraite qui ne sont pas Indexées, que ce
soit en partie seulement. . On envisage possible qui n'y ait aucune indexation
à l'indice des prix à la consommation, en sachant pertinemment
l'impact que ça peut avoir sur des retraités.
Évidemment, je ne parle pas, M. le Président, des
congés de contribution parentale qui peuvent se prendre à
môme les surplus des caisses de retraite sur lesquels, pourtant, il y a
un moratoire. Cela donne un peu une idée de ce qu'on peut attendre de ce
que nous donne un préjugé, le préjugé dont le
ministre vient de parler.
Malheureusement, la CSST ne compense pas l'invalidité au moment
de la retraite. La CSST termine les versements de ses prestations à 65
ans. Pourtant, le régime juridique qui prévaut au Québec
en matière de santé et de sécurité du travail,
c'est que l'employeur achète, par un régime juridique, une paix
sociale puisqu'un travailleur Invalide ne peut pas Intenter des poursuites au
civil pour dommages-intérêts. Ce recours lui est retiré au
profit de versements d'indemnité qui sont faits pour son
invalidité. Là, on lui fait part que cette Invalidité sera
compensée jusqu'à 65 ans mais, après 65 ans, c'est le
régime d'assistance publique qui vient prendre la place. En plus
d'être invalide, en plus d'une perte de revenus, il doit assumer n'avoir
aucune protection au moment de la retraite.
Tant qu'à rajeunir une loi 58 vieillie par l'oubli de quatre
années dans les tiroirs gouvernementaux, M m'aurait semblé
souhaitable que le ministre donne suite à une telle modification. Je
vais vous demander d'appeler le vote, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Sur l'amendement
déposé par Mme la députée de Maisonneuve, j'appelle
donc le vote. M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Bourbeau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Contre M.
Bélanger (Laval-des-Rapides). Contre. Mme Legault (Deux-Montagnes).
Mme Legault.:Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. M. Laporte
(Sainte-Marie).
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce).
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Harel
(Maisonneuve).
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Donc, l'amendement est
rejeté. Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 82? (21 h 45)
Mme Harel: Adopté sur division.
Rente additionnelle
Le Président (M. Bélanger): L'article 82 est
adopté sur division. J'appelie l'article 83.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article prévoit
le paiement d'une rente additionnelle lorsque, à la date où une
rente devient payable selon le régime, les cotisations salariales et les
intérêts qui s'y rattachent excèdent 50 % de ta valeur de
toute prestation à laquelle un participant acquiert te droit. L'article
s'applique en outre aux cotisations volontaires accumulées avec
intérêt. Cet article énonce qu'un régime peut
cependant permettre un choix entre la rente additionnelle et une autre
prestation égale en valeur. M. Slater.
M. Slater: Le but de l'article est de permettre à un
participant, après application de la règle des 50 % concernant la
cotisation patronale minimale, avec ces cotisations excédentaires qu'il
a, de transformer celles-ci en rente qui lui sera payable durant toute sa
retraite. Cet article ne s'applique cependant pas à un régime
à cotisation déterminée puisqu'il n'est pas dans la nature
d'un tel régime de payer des rentes. Ce qui va arriver dans un tel
régime avec, entre autres, non pas les cotisations excédentaires
puisque ça ne s'applique pas non plus, mais avec les cotisations
volontaires, c'est que le participant va les transférer soit
auprès d'un assureur ou auprès d'une institution qui
émettra une rente viagère autorisée pour la transformer en
rente.
Le deuxième alinéa offre une flexibilité
additionnelle à l'égard des cotisations volontaires, en ce sens
que ce peut être, si le régime le permet, soit une rente
additionnelle, soit une prestation d'égale valeur, prestation
s'entendant d'une rente qui n'est pas nécessairement viagère,
pour ce qui est des cotisations volontaires.
Mme Harel: C'est donc dire, M. le Prési- dent, qu'on
revient à la discussion que nous avions, cet après-midi, sur un
possible nouvel instrument de liquidation du capital retraite qui pourrait
s'intituler "Fonds de revenu viager*. Est-ce ce qui est introduit par cette
possibilité, à la fin du deuxième alinéa?
M. Stator: Dans la mesure où cet instrument sera Introduit
par règlement...
Mme Harel: Celui-là ou un autre, c'est ça.
M. Slater: ...il sera accessible aux personnes qui ont des
sommes, soit dans un instrument de transfert, soit dans un régime
à cotisation déterminée, alors que dans un régime
à prestations déterminées, c'est le régime qui doit
fournir la rente, puisqu'il est dans la nature d'un tel régime de payer
des rentes.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 83 est
adopté. J'appelle l'article 84.
M. Bourbeau: Cet article, M. le Président, précise
que la rente additionnelle doit être déterminée selon les
mêmes principes que la rente normale et comporter les mêmes
caractéristiques, à l'exception du complément que peut
prévoir le régime pour le versement d'une rente minimale,
à l'âge de la retraite. Les hypothèses et les
méthodes actuarielles qui servent à établir cette rente
doivent être identique à celles qui servent à la fixation
des attires prestations dont le droit s'acquiert à la date de la
détermination de cette rente.
Mme Harel: De quelle exception s'agit-il quand on retrouve, au
deuxième alinéa, les derniers mots "à l'exception du
complément de rente prévu par le régime de retraite pour
le versement d'une rente normale minimale*?
M. Slater: Certains régimes prévoient que les
participants, peu importe le nombre d'années de participation ou ce que
donnerait la formule du régime, auront droit à une rente
minimale. Ce concept de la rente minimaie ne s'applique pas, bien sûr,
à la rente additionnelle puisqu'elle est achetée avec des
cotisations soit excédentaires ou volontaires.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 84 est
adopté. J'appelie l'article 85.
Mme Harel: M. le Président, /'aimerais, à ce moment-ci,
introduire une sous-section 6.1. L'amendement se lirait comme suit: Le projet
de loi 116 est modifié par l'insertion, après la sous-section 6,
de la sous-section suivante: "6.1 Début du service de certaines rentes".
L'article 84.1 se
lit comme suit: 'Malgré toute disposition législative et
réglementaire contraire, un participant ne peut être tenu de
réclamer une rente différée, anticipée ou
additionnelle qu'à la date choisie par lui."
Le Président (M. Bélanger): On va vous entendre sur
la forme.
M. Bourbeau: M. le Président, il faudrait qu'on ait au
moins copie de l'amendement pour... Est-ce qu'on peut suspendre deux minutes, M
le Président?
Le Président (M. Bélanger): La commission suspend
ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 51)
(Reprise à 21 h 59)
La Présidant (M. Bélanger): Je demanderais à
chacun de reprendre sa place afin que nous reprenions nos travaux Nous recevons
un ajout à la sous-section 6.1. Le projet de loi 116 est modifié
par l'insertion, après la sous-section 6, de la sous-section suivante:
"6.1 Début du service de certaines rentes. '84.1 Malgré toute
disposition législative et réglementaire contraire, un
participant ne peut être tenu de réclamer une rente
différée, anticipée ou additionnelle, qu'à la date
choisie par lui."
Nous avons entendu Mme la députée de Maisonneuve sur la
forme. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je m'en remets encore
à votre bon jugement même si, la dernière fois, ça
n'a pas été tellement rentable.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, encore
une de môme... Excusez-moi!
M. Bourbeau: Si je perds encore, M. le Président, je vous
promets de plaider sur la prochaine fois.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): La proposition
d'amendement est recevable. Sur le fond, maintenant.
Mme Harel: Sur le fond. M. le Président, je pense bien
qu'il faut souhaiter qu'il n'y ait aucune directive Interne qui puisse modifier
une situation de droit, qui serait Introduite par l'ajout de la section 6.1,
qui confère au participant un droit complet de réclamer, au
moment où c'est le plus avantageux, une rente différée,
anticipée ou additionnelle. Je souhaite beaucoup, M. le
Président, qu'on puisse distinguer l'épargne faite en vue de la
retraite comme une épargne qui, en cours de vie, ne peut pas être
détournée à d'autres fins. On connaît
déjà la progression vertigineuse des REER collectifs qui ne sont
pas un véritable véhicule d'épargne-retraite et dans
lesquels sont accumulés des fonds qui peuvent être utilisés
à d'autres fins. C'est un mauvais service, collectivement, qu'on rend
à la population ou aux participants d'un régime de ne pas les
prémunir contre le fait qui arrivera inexorablement - à moins que
l'amende ne survienne avant, surtout avec la longévité,
l'espérance de vie qui s'accroît - des années où il
n'y aura plus d'autres revenus que ceux - à part l'assistance publique,
ce qui n'est pas souhaitable - accumulés dans des Instruments
d'épargne-retraite. Si cela vaut pour les lois que l'on adopte de
manière à protéger cette épargne-retraite, à
la bloquer, comme ce sera le cas dans le projet de loi 116 au moment de la
cessation d'un emploi, lorsque le travailleur qui a déjà rempli
tes conditions d'acquisition peut obtenir ta partie de ses cotisations et celle
versée par son employeur avec l'intérêt, il ne pourra pas
en disposer comme il le veut puisque ce sera bloqué dans un
véhicule de transférabilité. À ce moment-là,
que l'État ne vienne pas, d'aucune façon, par une quelconque
disposition, directive ou règlement, modifier, détourner
l'épargne constituée pour la retraite pour la faire servir
à d'autres fins, avant la retraite.
De toute façon, c'est un mauvais service qu'on se rend parce que,
inévitablement, au moment de la retraite, I y aura à prendre en
charge, sur le plan de l'assistance publique, des personnes que l'on aura
obligées, souvent à leur désavantage... C'est l'autre
aspect de la rente anticipée. Elle est versée avec une
réduction actuarielle qui peut aller, je pense, jusqu'à 6 % par
année qui précède l'âge normal. C'est là un
désavantage qui n'est pas souhaitable et il y a là un geste que
l'État doit s'abstenir de poser, de manière à clairement
légiférer, dans un dispositif comme celui qu'on adopte, que c'est
de l'épargne-retraite et que l'État n'entend pas Intervenir pour
changer les règles du jeu au moment où ce n'est pas avantageux
pour le participant.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'amendement que propose la
députée de Maisonneuve, bien que partant d'une bonne intention,
n'a pas de sens, ne se comprend pas dans le contexte de la loi que nous avons
devant nous. L'amendement dit qu'aucun participant ne peut être tenu de
réclamer une rente différée, anticipée ou
additionnelle. Or, rien dans la loi n'oblige un participant à
réclamer une rente. On tente donc, dans cette loi, de faire en sorte de
prodamer que nul n'est tenu de faire quelque chose qui est, en vertu de la loi
môme, permis. À aucun endroit, dans ta loi, on n'oblige quelqu'un
à rédamer une rente Donc, ça n'a pas de sens. On ne peut
pas voir pourquoi la députée de Maison-
neuve nous arrive avec un amendement semblable qui est non avenu parce
qu'il tente de colmater une brèche qui n'existe pas. On se demande
pourquoi ta députée de Maisonneuve introduit un amendement
semblable qui n'a pas de sens.
Mais, effectivement, en écoutant les propos de la
députée de Maisonneuve, on comprend l'objectif recherché
qui est d'amender, de façon détournée, la loi 37, la Loi
sur la sécurité du revenu. Dans les explications que la
députée de Maisonneuve nous a données tout à
l'heure, on a très bien vu que c'était le cas d'une tentative
d'amendement de la loi 37 ou de ses règlements, puisqu'elle nous a
parié de directives internes. Les directives Internes, c'est ce dont
partait tout à l'heure Me Bélanger en traitant de la
sécurité du revenu. Dans ses explications, la
députée de Maisonneuve a également élaboré
davantage sur la procédure utilisée dans le règlement sur
la sécurité du revenu ou dans la loi qui permet, dans certains
circonstances, d'exiger des assistés sociaux qu'Us fassent valoir leurs
droits. On a indiqué tout à l'heure à la
députée de Maison-neuve que les directives administratives sont
dans le sens de ne pas exiger des assistés sociaux qu'ils exercent ces
droits s'ils en ont, afin de percevoir leur rente par anticipation, quand ce
sont des rentes du type de celles qui font l'objet du projet de loi 116.
D'autre part, M. le Président, si on veut vraiment discuter
à fond ce problème, il est bien évident que la loi qui
devrait être amendée, c'est la loi 37, et non pas la loi 116. Or,
Je le répète, nous avons la possibilité de discuter
d'amendements à la loi 37 puisque nous avons devant nous le projet de
loi 144 qui, justement, vise à amender la loi 37. Je dis donc à
la députée de Maisonneuve que si elle veut discuter d'amendements
à la loi 37, nous pourrons le faire aussitôt que nous aurons
terminé l'étude du projet de loi 116, lors de l'étude du
projet de loi 144.
Quant à moi, je suis incapable, M. le Président,
d'accueillir un amendement comme celui-là, puisqu'on tente de faire
indirectement ce qu'on devrait faire directement en amendant une autre loi.
Mme Harel: M. le Président, malheureusement, la
brèche existe déjà. Elle consiste en un article de loi,
l'article 30 du projet de Soi 37. Elle n'existe pas de façon claire et
limpide, c'est une brèche qui s'est infiltrée sans qu'elle soit
clairement "perpétrée", dirais-je. Par l'article 30, la loi en
vigueur actuellement prescrit que la prestation peut être réduite
si un adulte ou un membre de la famille n'exerce pas un droit ou ne se
prévaut pas d'un avantage dont il peut bénéficier en vertu
d'une autre loi. Avec les dispositions que l'on a déjà
adoptées, notamment aux articles 68, 70 et 83, c'est évident
qu'il y a maintenant l'ouverture d'un droit, celui de se prévaloir d'une
rente anticipée dix années avant l'âge normal de la
retraite, du droit de se prévaloir d'une rente différée,
ou de se prévaloir d'une rente additionnelle.
Je mets au défi le ministre de me citer une loi où on
oblige quiconque à réclamer une pension alimentaire; ça
n'existe pas dans aucune loi. Pourtant, c'est la pratique qui est en vigueur et
qui consiste à obliger toute personne qui demande de l'aide à
intenter d'abord un recours en pension alimentaire avant d'y faire droit. C'est
la même chose. Le danger, c'est que des directives Internes ne
garantissent absolument aucune protection en regard de l'article de loi qui est
déjà adopté et malheureusement en regard des articles 60
et 69 du projet de règlement, lesquels viennent confirmer la situation
qu'on a déjà envisagé de comptabiliser la valeur des
crédits de rente accumulés et de les faire servir à des
fins de réduction de la prestation d'aide sociale,lorsque ces
crédits de rente sont accumulés dans un régime de retraite
qui peut être retourné aux participants avant l'âge de la
retraite. C'est la définition môme de la retraite
anticipée, celle que l'on peut obtenir avant l'âge de la
retraite.
C'est évident que ça a augmenté, intensifié
notre inquiétude quand on a pris connaissance des articles 60 et 69 du
projet de règlement, notamment lorsqu'on y prévoit la conversion
du montant. Par exemple, ça pourrait être le montant qui est
déjà accumulé dans un instrument de
transférabilité. Il pourrait certainement, en vertu de l'article
69, mettre le participant dans l'obligation de convertir ce montant en une
rente de retraite viagère réduite actuariellement qui pourrait le
rendre inadmissible à de l'aide. Ce ne sont pas là de pures
hypothèses. Malheureusement, tes règlements que je vous cite, M.
le Président, je n'en suis pas l'auteur. Ils sont contenus dans un
projet de règlement qui a déjà été
examiné en commission parlementaire des affaires sociales. Quand, dans
ce projet de règlement, on lit que la valeur des crédits de rente
accumulés qui pourra être retournée au participant avant
l'âge de la retraite sera comptabilisée et pourra servir à
réduire la prestation d'aide sociale, M. le Président, c'est
là du droit nouveau. Ce n'est pas une disposition qui existait
jusqu'à maintenant dans le règlement II est évident que la
brèche existe. Elle est ouverte.
Il faut souhaiter que maintenant, à l'intérieur du projet
de loi 116, on empêche les conséquences qu'une telle utilisation
peut avoir pour diminuer la protection des participants à la retraite en
les obligeant, même si c'est à leur désavantage, à
se prévaloir de la rente de façon anticipée, même si
ce n'est pas dans le meilleur intérêt du préretraité
ou de la préretraitée.
Il est bien évident que ce n'est pas la directive Interne qui
peut donner une protection, parce que la pratique actuelle est d'exiger,
jusqu'à la limite de ce qui est envisageable, que les droits ou les
avantages éventuels soient exercés avant même que l'on
recoure à de l'aide.
D'ailleurs, le meilleur exemple, M. le Président, est
certainement celui de S'avoir liquide, puisque présentement, dans la
plupart des cas, des personnes veuves qui ont pu bénéficier de
l'assurance-hypothèque en cas de décès de leur conjoint,
quand elles habitent une maison qui leur appartient mais sans avoir de revenu,
sont obligées d'aliéner cette maison qui est souvent celle de
toute l'histoire de leur existence et de vivre du produit de la vente. Je ne
vous parle pas de cas hypothétiques, malheureusement, ce sont des cas
réels qui ont été soumis au ministre. (22 h 15)
J'avais, encore dernièrement, l'occasion d'en parler avec Me
Fortin, de Québec, qui a pu gagner un recours en première
instance contre le ministère en Invoquant que ce règlement
était inconstitutionnel, parce que concernant l'avoir liquide, ça
ne reposait pas sur une disposition législative. De cette façon,
il a pu soustraire la veuve en question au sort tragique que bien d'autre3 ont
connu en étant obligées de se déraciner souvent dans des
municipalités rurales pour aller trouver un logement après la
vente de leur maison. Le ministère a porté la cause en appel et
présentement, Me Fortin est à constituer un recours collectif
concernant cette question.
J'ai en tête d'autres exemptes; je pensais aux pensions
alimentaires et, entre autres, à cette obligation. L'obligation n'est
pas dans une loi, mais on utilise l'effet de l'article 30 pour obliger une
personne à se prévaloir d'un avantage dont elle peut
bénéficier en vertu d'une autre loi. C'est le cas pour la pension
alimentaire, même quand il y a manifestement peu d'espoir d'en obtenir
une. Il faut que les pour suites soient intentées et que (a garantie de
ces poursuites soit apportée à l'agent pour que l'aide soit
examinée. Il en est de même avec cet autre exemple qui porte sur
l'avoir liquide.
M. le Président, le sort qu'un certain nombre de nos concitoyens
connaissent m'inquiète suffisamment pour que Je ne sois pas
rassurée par la directive Interne qui porte sur la valeur des
crédits de rente accumulés dans des rentes anticipées ou
sur la possibilité, en tout cas, d'obtenir des rentes anticipées,
différées ou additionnelles. Je ne suis pas la seule, il y a un
bon nombre de gens qui en ont parlé dans leur mémoire. Ce n'est
pas que moi qui porte à la considération de la commission cette
modification nécessaire. Je pense entre autres à la Centrale de
l'enseignement du Québec qui, dans son mémoire,
considérait que la loi devait contenir des dispositions garantissant
que, notamment, la retraite anticipée ne soit pas utilisée pour
éjecter du marché du travail les travailleurs âgés
et pour que le participant ne soit pas contraint par un règlement
à prendre une retraite anticipée afin de réduire des
prestations de régime de sécurité sociale.
Il y avait d'autres mémoires qui étaient dans le
môme sens. Alors, le ministre ne peut pas prétendre simplement
qu'il n'y a pas danger, il y a possibilité réelle en vertu de
l'effet combiné de la loi actuelle et des règlements qui sont
proposés. À ce moment-ci, c'est à l'intérieur de la
loi 116 et Je ne vois pas où ailleurs il pourrait clairement être
garanti que nonobstant, comme le souligne l'amendement, toute autre disposition
législative et réglementaire contraire, qu'elle..
Particulièrement l'article 30 de la loi 37. Mais imaginez-vous comment
il serait possible, dans un autre projet de loi, de prévoir toutes les
possibilités. Imaginez si on suivait le raisonnement du ministre. il
faudrait modifier la loi 37 à l'égard de tous les droits ou de
tous les avantages dont on devrait obligatoirement tenir compte pour
réduire les prestations. Ce serait évidemment Invraisemblable. Ce
n'est pas un raisonnement qui peut tenir, celui qui consiste à dire
qu'il faut modifier la loi 37 pour réaliser l'objectif que le
présent amendement poursuit. C'est évidemment à
l'intérieur d'un projet de loi qui modifie la Loi sur les régimes
complémentaires de retraite qu'on peut adéquatement s'assurer que
quels que soient les règlements ou les dispositions de quelque loi que
ce soit, l'épargne-retraite ne sera pas utilisée à
d'autres fins que ce pour quoi le participant l'a accumulée,
c'est-à-dire lui donner la protection que lui seul peut juger
satisfaisante au moment où il en a besoin.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement apporté par Mme la députée
de Maisonneuve? Cet amendement esta adopté?
Mme Harel: Adopté.
M. Bourbeau: Rejeté, M. le Président
Le Président (M. Bélanger): Rejeté. Bien.
L'amendement est rejeté. J'appelle l'article 85.
Mme Harel: M. le Président, avant d'entreprendre une
nouvelle section sur les prestations après décès. .
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: ...donc de quitter la section qui nous a permis
d'examiner les prestations...
Le Président (M. Bélanger): Sur les rentes
additiornelles?
Mme Harel: C'est cela. J'aimerais avoir la réaction du
ministre à la question qu'on lui posait cet après-midi concernant
le congé de maternité. Cet après-midi, le ministre nous a
dit qu'il ferait le point sur les dispositions, qu'il ferait la
vérification et qu'il nous donnerait l'état de la situation
concernant les dispositions qui sont en vigueur au moment d'un congé
de
maternité.
M. Bourbeau: La députée pourrait-elle
préciser un peu la nature des renseignements qu'elle veut avoir? La
mémoire me fait défaut à cette heure tardive.
Mme Harel: Oui. Effectivement, cet après-midi, compte tenu
des modifications qu'on apporte actuellement aux régimes privés
de retraite, je demandais au ministre s'il entendait apporter une disposition -
parce que je pense que le projet de loi est totalement silencieux - sur le
maintien de la participation au régime durant le congé de
maternité et le congé parental, puisqu'il existe un congé
parental présentement, et sur le versement des cotisations...
M. Bourbeau: Par l'employeur?
Mme Harel: ...par l'employeur durant ledit congé.
M. Bourbeau: M. le Président, tout à l'heure, dans
l'allocution que J'ai prononcée relativement à l'amendement que
la députée de Maisonneuve avait proposé au sujet de
l'article 82, j'ai donné les raisons pour lesquelles le gouvernement ne
pouvait pas se rendre à la demande de la députée,
relativement à l'ouverture additionnelle qu'elle réclamait par
rapport à cette catégorie de cotisants. Par analogie, ouvrir
également la porte en ce qui concerne les femmes en congé de
maternité, procède à peu près de la même
philosophie de faire en sorte que les régimes complémentaires de
retraite deviennent, d'une certaine façon, accessibles à une
catégorie de citoyens qui ne travailleraient pas et qui ne paieraient
pas de cotisations.
Sur le plan des principes, c'est tout à fait louable de vouloir
permettre à des femmes enceintes de continuer à
bénéficier des avantages d'un régime de retraite et de
voir les cotisations payées par l'employeur. La môme chose pour
les gens qui seraient visés par l'amendement qu'avait
déposé la députée à l'article 82. On
pourrait aller loin dans cette philosophie.
Je disais à la députée que, en ce qui concerne
l'article 82, ça n'existait nulle part ailleurs au Canada. D'autre part,
en ce qui concerne la problématique du remplacement du revenu des femmes
en congé de maternité, il nous apparaît que cela
dépend beaucoup plus de l'économie de la Loi sur les normes du
travail que de la Loi sur les régimes complémentaires de
retraite. De toute façon, nous sommes à faire certaines
vérifications, tel que je l'ai déclaré cet
après-midi. Malheureusement, ces vérifications ne sont pas
terminées et je dois demander à (a députée de
Maisonneuve de patienter jusqu'à demain alors que nous serons
probablement en mesure de lui donner une réponse plus
élaborée.
Mme Harel: Nous sommes à la section des prestations. Si le
ministre me dit qu'il va consentir demain, à défaut qu'il y ait
une intervention ministérielle, à ce que nous puissions
introduire un amendement, nous n'allons pas le faire ce soir.
Voyez-vous, M. le Président, j'avais pensé que le ministre
nous ferait part du règlement, qui est présentement prévu
à l'égard de la Loi sur les normes minimales de travail et qui
oblige un employeur à continuer de verser des cotisations à une
participante en congé de maternité et à calculer ses
semaines de congé de maternité comme des semaines de service aux
fins du calcul des années de participation à un régime de
retraite si l'employée pale ses propres cotisations.
Comme c'est une disposition qui est en vigueur mais que personne
ne connaît, y compris le ministre responsable de l'application de la
loi...
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas dit que je
n'étais pas au courant du règlement, J'ai dit que nous sommes en
train de faire des vérifications additionnelles pour donner une
réponse plus complète à la députée sur
l'ensemble de la problématique. Je n'ai pas dit que je n'étais
pas au courant. La députée de Maisonneuve prend ses rêves
pour des réalités.
Mme Harel: Puisque le ministre est au courant de cette
disposition qui est très peu connue, au point où la
majorité des travailleuses qui prennent un congé de
maternité ne versent pas leurs cotisations aux régimes
complémentaires de retraite, ne le sachant pas, et en
conséquence, perdent tout le bénéfice de la cotisation de
l'employeur qui n'est pas obligé de la verser puisque la cotisation de
la salariée n'est pas versée, nous pensons que pour obtenir un
effet de publicité salutaire, c'est à l'intérieur du
projet de loi sur les régimes complémentaires de retraite qu'il
faut introduire une telle disposition, dans la section des prestations, qui va
concerner les participantes qui prennent un congé de
maternité.
Il est certainement souhaitable qu'une meilleure information soit
donnée par le gouvernement et la meilleure façon de la donner,
c'est de le faire par l'adoption d'une disposition législative. Nui
n'est censé ignorer la loi. C'est une garantie, évidemment, qui
est certainement souhaitable dans les circonstances. (22 h 30)
Par ailleurs, M. le Président, un argument que le ministre a
invoqué m'étonne, soit celui ne pas retrouver une telle
disposition dans les autres lois des provinces voisines.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement. J'ai dit, dans le texte que j'ai lu tout à l'heure,
qu'une telle disposition n'existait pas à
l'égard de l'amendement apporté à l'article 82 et
non de l'amendement dont la députée parle présentement
Mme Harel: J'ai bien cru comprendre... De toute façon, M.
le Président, la question n'est pas de savoir si une telle disposition
existe ou non dans les autres législations. La question est: En
avons-nous besoin ici, au Québec? Gomme une telle disposition existe
déjà dans le règlement, ce serait être
jésuite que de prétendre qu'un règlement est adopté
pour ne pas être appliqué, puisque le règlement existe et
que son application est quasi inexistante tellement iI est méconnu. Il
est certainement souhaitable d'en faire l'objet d'une disposition
législative. De toute façon, en quoi cela peut-il nuire, en
regard des autres législations, puisque ça existe
déjà? Cela ne serait pas du droit nouveau. Ce serait du droit qui
est déjà réglementaire.
Un autre argument qui milite certainement en faveur de toute la
publicité possible autour d'une telle disposition, c'est que,
contrairement aux autres provinces, on oublie parfois que !e défi que le
Québec a à relever, en regard de son taux de natalité, est
totalement différent de celui qui prévaut dans les autres
provinces. On oublie que le taux de natalité de 1,4 %, qui est celui du
Québec, est le plus bas de toutes les provinces canadiennes, y compris
les Territoires du Nord-Ouest. Quand on l'examine de près on se rend
compte que, dans les provinces de l'Ouest, dans les Prairies, le taux de
natalité est actuellement autour de 2 % et qu'en Ontario, il est autour
de 1,8 %, le taux qu'on souhaiterait un jour pouvoir obtenir avec des mesures
énergiques sur le plan des politiques familiales. Finalement, on n'a pas
du tout à se conformer à ce qui est en vigueur autour des
politiques familiales ou de natalité dans les autres provinces, parce
que leur réalité est bien différente de la nôtre sur
le plan de l'indice de fécondité, tellement différente que
c'est finalement nous qui diminuons toute la moyenne canadienne qui est autour
de 1,6 %.
Pour toutes ces raisons, c'est-à-dire le fait que ce n'est pas du
droit nouveau, que c'est déjà une réglementation qui n'a
malheureusement pas tout l'éclairage souhaité, il serait
souhaitable, pour qu'elle soft appliquée en toute connaissance de cause,
qu'elle soit dans la loi puisque ainsi, le comité de retraite en ferait
largement la publicité. Il y aurait donc utilisation de ce
bénéfice par les travailleuses qui utilisent un congé de
maternité. Je pense que c'est souhaitable. On n'adopte quand môme
pas des dispositions comme celles-là pour qu'elles restent dans
l'anonymat ou incognito. I! est évident que si elles sont Introduites
dans le projet de loi 116, elles vont avoir une publicité et elles vont
aussi être administrées par le comité de retraite, dans les
entreprises.
M. le Président, je ne tiens pas à en être l'auteur.
Si le ministre veut le reprendre à son compte, à sa
manière, à sa façon, je lui en laisse la paternité.
Je lui en laisse la totale paternité. Mais je pense que ce serait,
à tous les égards, souhaitable. Ce n'est peut-être qu'une
omission regrettable qu'on peut tout simplement porter au compte de l'erreur
d'écriture.
M. Bourbeau: M. le Président, avec beaucoup de
délicatesse, je dois le dire, la députée de Maisonneuve a
mis des gants blancs pour essayer de convaincre le ministre de la justesse de
ses propos. Je dois dire que Je suis très sensible aux arguments qu'elle
développe et que je suis Intéressé aussi à ce qu'on
favorise au maximum la natalité au Québec. Ainsi, les clauses qui
existent présentement dans le règlement sur la Loi sur les normes
devraient certainement être mieux connues, entre autres celles qui font
que, pendant la maternité, un employeur peut être tenu de verser
des cotisations si l'employée fait de même. Le règlement
sur la Loi sur les normes n'est pas connu de tout le monde, c'est bien
évident, et la députée nous le souligne; même les
travailleuses ne le connaissent pas. Par contre, les membres de la commission
le connaissent très bien, puisque c'est la deuxième fois que la
députée nous l'explique aujourd'hui; elle en a parlé cet
après-midi et à nouveau ce soir. Il ne faudrait pas que la
députée pense qu'on ne connaît pas l'existence du
règlement parce que, même si on ne le connaissait pas ce matin,
ça fait deux fois qu'on en discute au cours de la journée.
Ce que propose la députée est Intéressant. Je suis
tout à fait d'accord avec le fait de tenter de publiciser davantage ce
règlement. Maintenant, la question que je me pose, depuis que la
députée a soulevé la question cet après-midi, est
la suivante: Est-ce que c'est vraiment par le biais d'un amendement au projet
de loi 116 qu'on doit soulever ce point ou est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres
façons d'atteindre les mêmes objectifs que ceux recherchés
par la députée de Maisonneuve? C'est dans ce sens que je lui
avais demandé d'être patiente et d'attendre un peu pour nous
permettre de faire certaines vérifications. Ces vérifications ne
sont pas complétées. Je peux dire à la
députée que je présume que, demain, on sera en mesure de
prendre une décision quant à ta proposition qu'elle nous fait,
que je comprends être une proposition dont le but est de mieux publiciser
le règlement en question. Évidemment, l'ajouter au projet de loi
116 renforcerait encore davantage la mesure. Comme on le dit souvent, ce serait
la ceinture en plus des bretelles, si la députée me le permet,
même s'il s'agit, en fait, d'une question qui s'applique aux femmes, mais
il n'y a rien qui empêche d'employer cette expression dans ce cas. Je
dirai que oui, en ce qui concerne l'objectif recherché, j'y souscris. En
ce qui concerne la méthode suggérée, je prends ça
en délibéré et, dans les prochaines heures, je
l'espère, on sera en mesure de donner une réponse favorable,
sinon à la mesure, du moins
au principe.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, Mme la
députée de Maisonneuve, au début de son intervention, vous
a demandé si vous étiez ouvert à la possibilité que
demain ou au moment où vous rendrez votre réponse, on puisse
revenir à un éventuel article 84.1. 84 2 ou je ne sais trop, mais
en tout cas, à quelque chose qui s'insérerait quelque part
là, au bout de l'article 84, pour faire une proposition d'amendement, eu
égard à l'objet de son intervention. Alors, êtes-vous
ouvert, M. le ministre, à ce qu'on garde un espace là, môme
s'il n'est pas numéroté, avec la possibilité d'y revenir,
ou est-ce que vous rejetez d'emblée cette proposition?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que ça
infère des propos que j'ai tenus tantôt, à savoir que si on
en venait a la conclusion que oui, il y aurait moyen de renforcer davantage la
publicité autour de cette mesure en l'inscrivant dans le projet de loi
116, il faudrait effectivement, quelque part dans le projet de loi, introduire
un amendement. Maintenant, je ne crois que ça devrait se situer à
l'article 84; mes conseillers me disent que c'est plutôt aux articles qui
traitent des cotisations. Je pense que c'est prématuré un peu de
parler du numéro de l'article. Disons que si jamais nous en venons
à la conclusion qu'il est souhaitable de renforcer le principe en le
traitant dans le projet de loi 116, on trouvera bien un article et on
accueillera un amendement qu'on pourra fignoler, conjointement avec
l'Opposition. La porte est ouverte, M. le Président, et, en tant que
député de Laporte, je sais ce dont je parle.
Le Président (M. Bélanger): SI je comprends bien,
M. le ministre, vous seriez prêt à donner votre consentement pour
qu'on revienne en arrière ou qu'on aille plus loin en avant pour faire
cet éventuel amendement, s'il y a lieu?
M. Bourbeau: Le cas échéant.
Le Président (M. Bélanger): Le cas
échéant. Mme la députée de Maisonneuve, est-ce que
cela vous satisfait?
Mme Harel: C'est bien, M. le Président Le Président
(M. Bélanger): Bien.
Mme Harel: Le ministre pourra peut-être prendre en
considération que l'objectif de mieux légiférer, comme le
signalait le rapport Fortier, consiste aussi à moins réglementer
et à mieux légiférer. Dans cet esprit, il vaut mieux
introduire une disposition dans le projet de loi 116 que prétendre qu'un
règlement satisfait cet objectif de publicité.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis d'accord avec le
principe de base. Cependant, je dois être certain que le projet de loi
116 est vraiment le bon projet de loi pour la mettre et non pas les normes du
travail, il y aurait une autre possibilité, soit de !a mettre dans la
Loi sur les normes du travail, si la députée veut une disposition
législative plutôt que réglementaire. C'est tout ça
qu'on va regarder dans les prochaines heures. Je vois que mes conseillers en
ont déjà commencé l'étude.
Le Président (M. Bélanger): Je pensais qu'ils
discutaient de l'endroit où ils allaient luncher après.
M. Bourbeau: On y reviendra, M. le Président.
Mme Harel: D'accord.
Prestations après décès
Le Président (M. Bélanger): Sur cette entente, nous
passons à la sous-section 7,
Prestations après décès. J'appelle l'article 85. Y
a-t-il des interventions?
M. Bourbeau: Cet article donne la définition de conjoint,
aux fins de l'admissibilité aux prestations de décès, et
indique le moment où s'établit la qualité de conjoint.
Mme Harel: II y a des modifications qui ont été
apportées au dernier alinéa. Peut-on nous en expliquer la
portée?
M. Slater: Oui, les modifications concernent le moment où
s'établit la qualité de conjoint et ont pour objet de permettre
à un régime d'établir cette qualité, soit au moment
où débute le service d'une rente ou encore au moment du
décès, après le début du service d'une rente, selon
ce que le régime prévoira Si le régime ne prévoit
rien, c'est le premier des deux moments, donc le service de la rente, pour ce
qui est du droit à une rente de conjoint survivant, après le
service d'une rente au participant.
Mme Harel: C'est important. On ne fera pas tout le débat
sur la définition du conjoint puisque, dans toute cette sous-section,
Prestations après décès, il y a déjà une
définition qui nous semble satisfaisante. La grande question est: Quand
va être établie la qualité de conjoint? Quand on dit:
"...débute le service de la rente du participant", c'est au moment de
l'âge de la retraite, en fait...
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Et, quand on dit: "...ou au jour qui
précède son décès", ça peut donc être
avant la retraite, à ce moment-là.
M. Slator. Pour ce qui est de la prestation de
décès avant le service d'une rente - on peut parler de tempe de
rente de retraite ou d'invalidité - à ce moment-là, le
décès avant le début du service d'une rente, c'est le
conjoint le jour précédant le décès.
Mme Harel: Cela peut être un conjoint différent,
suivant l'une ou l'autre des deux options que retient le régime de
retraite.
M. Slater: Les options sont possibles uniquement après que
le service d'une rente a commencé, soit au moment où
débute le service de la rente ou après. Cela pourra impliquer des
conjoints différents si jamais le participant change de conjoint entre
le moment où débute le service de ses rentes et celui où
il décède, dans l'éventualité où le
régime aurait retenu le conjoint au décès.
Mme Harel: Donc, la qualité du conjoint n'est
définie qu'au moment où débute le service de la rente, au
moment de la retraite.
M. Slater: Si le régime a retenu cette hypothèse,
oui.
Mme Harel: Qu'arrive-t-il si le décès est intervenu
avant le moment où la retraite a commencé?
M. Slater: À ce moment-là, c'est le conjoint au
décès. C'est la première éventualité. (22 h
45)
Mme Harel: Tel que formulé, est-ce que ça ne peut
pas prêter à confusion, du fait que la qualité de conjoint
s'établit... suivant celle de ces options que retient le régime
de retraite ou, à défaut, suivant la première de ces
éventualités*? C'est comme si la première des
éventualités ne survenait qu'à défaut de l'option
retenue dans le régime de retraite. Ça veut donc dire que, si le
régime prévoit que c'est le début du service et que le
décès intervient avant, ça va être, malgré
tout, le début du service qui va être retenu? Tel que
stipulé?
M. Slater: Ça ne pourrait pas arriver à ce
moment-là, parce que le service ne peut commencer vu que le participant
est déjà décédé. Donc, ça va
être celui au moment du décès, du moins c'est ce qui est
visé.
Mme Harel: Si le décès intervient après,
nécessairement, c'est le début du service de la rente et, si le
décès intervient avant, de toute façon, i n'y a pas eu de
début de service de rente.
C'est bien ça? Si le décès a lieu après le
début de la retraite, c'est nécessairement ou bien la
première option, c'est-à-dire le début du service, ou bien
ce qui est dans le régime, c'est-à-dire que ça pourrait
être le décès?
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Et si le décès est survenu avant,
évidemment, ça ne peut pas être ce qui est contenu dans le
régime, le début du service...
M. Slater: Puisque c'est inapplicable.
Mme Harel: ...puisqu'il n'y a pas encore eu de début de
service, alors c'est nécessairement le décès. Vous
êtes certain que ça ne peut pas être
interprété différemment?
M. Bourbeau: Je ne le pense pas, M. le Président.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Thuringer): J'appelle l'article 86.
M. Bourbeau: Cet article dispose du droit qu'a le conjoint ou,
à défaut, les ayants droit d'un participant, dont le
décès survient avant le début du service, à toute
prestation dont il a acquis le droit.
M. Slater: Avant le début du service d'une rente, le
conjoint du participant a droit à la pleine valeur de la rente qui
aurait été payable au participant s'il avait quitté le
régime. C'est la valeur de la rente différée avec, selon
le cas, les cotisations salariales excédentaires, puisqu'on applique,
à ce moment, ta règle de la cotisation patronale minimale de 50
%. Il en est de même pour les cotisations volontaires, s'il y en a de
versées au régime, plus les intérêts, bien sur.
Mme Harel: Évidemment, l'article 86 a beaucoup fait parler,
beaucoup, beaucoup. Je pense que presque la moitié de tous les
mémoires présentés en ont parlé. Je vois les
modifications qui ont été introduites à l'avant-demier
alinéa. Cela nous vaut cette disposition qui commence par "Doivent
être ajoutés, le cas échéant, aux valeurs
visées aux paragraphes 1°et 2° du premier alinéa
les cotisations volontaires portées au compte du participant et les
cotisations salariales qui excèdent le plafond fixé par l'article
60, avec les Intérêts accumulés "
C'est nouveau par rapport au projet initial?
M. Slater: C'était présent dans le deuxième
paragraphe du premier alinéa du projet de loi 116 initial. Mais, dans
les faits, ça devait s'appliquer tant au premier paragraphe qu'au
deuxième. Alors, ça a été déplacé
dans un deuxième alinéa pour le rendre applicable, tant au
premier qu'au deuxième paragraphe.
Mme Harel: C'est un article quand même important,
celui-là, parce qu'il met en cause les droits du conjoint survivant
avant l'âge de la
retraite du décédé. C'est bien ça?
M. Slater: Oui, avant qu'il commence à recevoir une rente,
quelle qu'elle soit.
Mme Harel: ...de la retraite du décédé.
Est-ce bien ça?
M. Slater: Oui. Avant qu'il commence à recevoir une rente,
quelle qu'elle soit.
Mme Harel: Que ce soit la conjointe ou le conjoint survivant, ce
qui est en cause c'est souvent quelqu'un qui peut avoir charge d'enfants. Cela
vaut pour les ayants droit. Le Conseil du statut de la femme proposait
qu'à l'article 86 soient examinées d'autres avenues que le
versement intégral de la prestation de décès tel que le
versement d'une rente viagère ou encore l'immobilisation d'une partie de
la prestation jusqu'à ce que la conjointe atteigne l'âge de la
retraite. Est-ce rendu possible par les nouvelles dispositions?
M. Slater: C'est-à-dire que je conjoint reçoit la
totalité de la valeur qu'il va pouvoir transférer en franchise
d'impôt dans un régime enregistré
d'épargne-retraite. À partir de ce moment-là il appartient
au conjoint de décider de l'usage qu'il en fait, s'il le retire ou s'il
le garde pour plus tard. Toute la flexibilité est là.
Mme Harel: La flexibilité est d'abord dans le choix de
l'Instrument. C'est ça? Parce que c'est dans un seul versement.
Nécessairement, avec l'application de l'article 26, II y a un seul
versement au conjoint survivant. Est-ce ça?
M. Slater: L'article 86 oui, il y a un seul versement.
Mme Harel: L'article 86.
M. Slater: À moins que le régime prévoie
qu'il verse une rente et, auquel cas, la rente doit avoir une valeur au moins
égale à ce que le conjoint aurait pu avoir en un seul
versement.
Mme Harel: Vous dites que si c'est prévu au régime,
il pourra y avoir d'autres avenues que le versement intégrai.
M. Slater: C'est-à-dire la seule autre possibilité
que peut prévoir un régime, c'est le versement d'une rente au
conjoint survivant. À ce moment-là, le projet de loi fait que
cette rente doit avoir une valeur au moins égale à celle
qu'aurait le versement comptant. Mais une fois que le conjoint a reçu la
somme et l'a transférée dans son régime enregistré
d'épargne-retraite, l'utilisation de cette somme peut être comme
bon lui semble. S'il désire se procurer une rente auprès d'un
assureur, il peut le faire. S'il désire retirer l'argent et payer
l'impôt, il peut le faire aussi.
Mme Harel: C'est déjà prévu à
l'article 1 que le versement payable en une seule prestation doit être
d'une valeur au moins égaie à la valeur de toute rente à
laquelle le participant avait droit avant son décès. C'est donc
déjà prévu que le conjoint survivant peut au moins
recevoir la valeur Intégrale de la pension du
décédé.
M. Slater: Cette circonstance-là, c'est lorsqu'un
participant aurait quitté un régime, par exemple, à
l'âge de 48 ans et aurait laissé sa rente différée
dans le régime, mais ne serait pas arrivé à l'âge
où il pouvait obtenir une rente en service. Donc, il aurait
laissé la valeur d'une rente dans le régime. C'est ce qu'on lui
dit.
Mme Harel: C'est le paragraphe 2?
M. Slater: Le paragraphe 1, "la valeur de toute rente à
laquelle le participant avait droit avant son décès." Il avait
droit à une rente différée qui n'était pas payable
immédiatement, mais il y avait droit.
Mme Harel: Quelle est la différence avec le paragraphe 2
qui parle justement de la valeur de la rente différée?
M. Slater: C'est le participant qui est encore actif. Il accumule
encore des droits. Il n'avait pas droit à une rente, parce qu'il n'avait
pas cessé sa participation activa qui est la dernière condition
pour ouvrir le droit à une rente.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Thuringer): Y a-t-il d'autres questions?
L'article 86 est-il adopté?
Mme Harel: II y a eu des remarques comme quoi cet
article-là portait à confusion. Vous avez dû en prendre
connaissance, évidemment. On reprochait finalement à la
formulation de porter à confusion pour les raisons suivantes: C'est le
groupe Sobeco qui a fait cette remarque. On ne peut comprendre cet article que
si l'on sait que, pour avoir droit à une prestation, il faut à la
fois remplir les conditions d'admissibilité à la prestation et
avoir effectivement cessé de participer au régime ou avoir pris
sa retraite.
M. Slater: C'est effectivement le cas.
Mme Harel: Ce sont là les conditions
d'admissibilité à la prestation. Les gens de Sobeco ajoutaient:
On avait l'habitude de dire que l'acquisition se faisait dès qu'on
remplissait les conditions d'admissibilité.
M. Slater: C'est cela. Le projet de loi ne fonctionne pas
comme cela. Il faut avoir satisfait
les conditions imposées par le régime qui, elles, doivent
être conformes au projet de loi et, aussi, avoir terminé la
participation active au régime; donc, dans bien des cas, avoir
cessé son emploi.
Mme Harel: C'est conjonctif; c'est l'un et l'autre à la
fois.
M. Slater Tout à fait.
Mme Harel: Donc, à la fois remplir les conditions
d'admissibilité et avoir effectivement cessé de participer au
régime...
M. Slater: C'est cela.
Mme Harel: ...ou remplir les conditions d'admissibilité et
avoir pris sa retraite.
M. Slater: C'est cela, en fait, c'est avoir cessé sa
participation active au régime. Celui qui a pris sa retraite devient un
participant non actif.
Mme Harel: Mais il y a toujours la possibilité
évidemment... Où la retrouve-t-on Justement? Au dernier
alinéa? Le fait d'être conjoint survivant d'un participant qui,
à la fois, remplit les conditions d'admissibilité et qui continue
d'être un participant jusqu'à son décès.
M. Slater: Oui. C'est au deuxième paragraphe du premier
alinéa.
Mme Harel: Cela veut dire quoi, le deuxième paragraphe du
premier alinéa? Les mots commencent par...
M. Slater: C'est le 2°.
Mme Harel: Ah! "Si le participant n'avait pas...
M. Slater: C'est cela.
Mme Harel: ...droit à une rente avant son
décès...' Je dois vous dire que vous avez raison.
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 86 est
adopté. J'appelle l'article 87.
M. Bourbeau: Cet article prescrit le paiement d'une rente pour le
conjoint d'un participant à qui, au moment de son décès,
une rente était versée. Le conjoint peut renoncer à une
telle rente. Cette disposition fixe, en outre, que le montant de la rente de
conjoint doit représenter au moins 60 % de celle payable au participant.
Elle détermine aussi la valeur minimale de cette rente. Je pense que
c'est clair.
La Préaident (M. Bélanger): Sur l'article 87...
Mme Harel: Oui, M. le Président. Évidemment, ma
première question à bon droit, c'est: Quel est l'effet du dernier
paragraphe en fait et de la modification Introduite à l'occasion de la
réimpression dans le dernier paragraphe? (23 heures)
M. Slater: Dans le projet de loi 116 initial, on disait
"équivalente à la rente que le participant aurait reçue
sans conjoint." On a remplacé cela par ta rente que le participant
aurait reçue n'eût été du droit accordé au
conjoint par le présent article". Dans le projet de loi initial, on
faisait référence comme standard à la rente qu'une
personne célibataire aurait reçue alors que, déjà,
des régimes prévoient des bénéfices pour le
conjoint en cas de décès qui, à certains égards,
sont Inférieurs cependant à ce qui est prévu ici.
C'est-à-dire ils peuvent prévoir une rente réversible
à 50 %. On est venus dire: Non, le critère de base, ce n'est pas
la rente de personne célibataire, mais la rente que prévoit
aujourd'hui le régime pour les gens mariés. C'est pour ça
qu'on dit dans l'article 87, au troisième alinéa: "n'eût
été du droit accordé au conjoint par le présent
article." C'est compte tenu du droit nouveau qu'on l'accorde maintenant. Sinon,
le bénéfice aurait été Inférieur.
Mme Harel: Nécessairement, le conjoint survivant voit
toujours sa prestation réduite Pour bien nous situer, il faut qu'il y
ait eu décès pour qu'il y ait eu cette prestation.
M. Slater: Oui. Je vais essayer de vous expliquer cela. La somme
de la rente du participant et de la rente réversible à 60 % doit
être actuariellement équivalente non pas à une rente
simplement payable au participant, mais à ce qui existe aujourd'hui,
donc dans certains cas à la rente payable au participant et à
raison de 50 %, par la suite, au conjoint. Tout cela fera que ce sera une
réduction moindre comparé à la rente qu'aurait
reçue uniquement le participant, comme c'était anciennement
formulé.
Mme Harel: Ce n'est pas moins généreux. Cela donne
plus d'ouverture...
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: ...que ce qui était formulé auparavant
et qui limitait à l'équivalent de la rente d'une personne
célibataire.
M. Slater: C'est cela.
Mme Harel: Cela pouvait Inciter à la renonciation, le fait
que le participant pouvait obtenir une rente moindre avant son
décès et après que commençait le service de la
rente, si le calcul actuariel de l'éventuelle rente au conjoint
survivant avait été basé sur la rente d'une personne
célibataire pour les deux.
M. Slater: C'est ça. Si quelqu'un avait suivi la
règle énoncée dans le projet de loi 116 initial, la
réduction pour le participant de son vivant aurait été
plus forte.
Mme Harel: Et l'incitation à faire renoncer le conjoint
aurait été plus grande. Évidemment, la diminution pouvait
mener à une sorte d'incitation à ta renonciation.
M. Slater: Dans la mesure où la diminution est une
Incitation, oui.
Mme Harel: La renonciation est toujours possible, à ce
moment-là.
M. Slater: Tout à fait.
Mme Harel: Au premier paragraphe.
M. Slater: Oui.
Mme Harel: Le ministre se rappelle certainement la demande
formulée par les cercles de fermières, à savoir de retirer
la possibilité de renonciation à la rente de conjoint survivant.
Je me rappelle la plaidoirie que faisaient les cercles de fermières en
invoquant qu'habituellement, cette renonciation intervenait au moment où
les cieux étaient au beau et cela devenait irrévocable.
M. Bourbeau: Un ciel sans nuage.
Mme Harel: II n'y avait pas possibilité de revenir sur
cette décision.
M. le Président, dites-moi, comment interviennent les
règles du partage, en regard de l'article 87? Le partage de la rente qui
est prévue dans le projet de loi 146, mais que nous allons certainement
examiner sous forme d'amendement au projet de loi 116.
M. Bourbeau: Oui, mais ça c'est dans l'article 88.
Mme Harel: C'est dans l'article 88 et ça n'a aucun effet
sur l'article 87?
M. Bourbeau: Est-ce que cela a un effet sur l'article 87?
M. Legault: Cela n'a pas d'effet sur l'article 87.
Mme Harel: Quel est l'effet? L'article 87 dit qu'il peut y avoir
renonciation au droit d'une rente de conjoint survivant, et il m'avait
semblé que les dispositions prévues étaient aux fins de
prévoir un partage automatique.
M. Bourbeau: Sans droit de renonciation.
Mme Harel: Sans droit de renonciation?
M. Slater: À l'article 87, il s'agit de conjoints qui sont
toujours mariés, et le conjoint peut renoncer. Maintenant, en ce qui a
trait au partage, ce qui a été prévu dans le projet de loi
146, finalement, c'est que les régimes de retraite font partie du
patrimoine familial et pourront être partagés réellement ou
non selon qu'il y a substitution de biens ou non.
Mme Harel: En fait, quand ils sont mariés, ils peuvent
renoncer, et quand il y a dissolution du mariage, Us doivent obligatoirement
partager. S'il y a eu, au départ, renonciation, il n'y aura plus rien
à partager au moment de la dissolution.
M. Slater: C'est-à-dire que la rente du participant entre
dans le patrimoine familial.
Mme Harel: La rente du participant vivant. M. Slater: Vivant,
oui.
Mme Harel: De son vivant oui. Vif mais pas mort, est-ce
ça? Quant le participant est vivant la rente entre dans le patrimoine,
sauf lorsqu'il y prestation après décès ou il y a pu avoir
renonciation.
M. Slater: Sauf lorsque c'est un régime qui est assujetti
à une loi qui prévoit une prestation après
décès. Effectivement, a ce moment-là, ça n'entre
pas dans le patrimoine familial, compte tenu des dispositions du projet de loi
146, peu importe qu'il y ait eu renonciation ou non.
Mme Harel: Là, franchement, vous allez être
obligé de reprendre ça, parce que je ne peux vraiment pas vous
suivre.
M. Legault: II faudrait y aller par étape.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
suspendre une minute?
Le Président (M. Bélanger): La commission suspend ses
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 10)
(Reprise à 23 h 17)
Le Président (M. Bélanger): La commission reprend
ses travaux. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que la
députée de Maisonneuve désire qu'on suspende de
nouveau?
Le Président (M. Bélanger): Non, cela va. On
reprend nos travaux.
M. Bourbeau: M. le Président, la question posée par
la députée de Maisonneuve est extrêmement pertinente, et Je
dois dire qu'à première vue, il semble que la situation soit
assez complexe en ce qui concerne la renonciation par un conjoint à la
rente d'un participant. Étant donné que dans le projet de loi sur
le partage des droits économiques des conjoints, nous entendons ne pas
permettre la renonciation au partage, comment peut-on Justifier l'introduction
de l'article 87? Je crois que le problème se situe là. La
réponse à laquelle nous en sommes venus, c'est qu'il n'y a pas de
contradiction entre l'article 87 et l'interdiction du partage en vertu du
projet de loi sur les droits économiques des conjoints, parce que la
renonciation prévue à l'article 87, en fait, ne pénalise
pas réellement le conjoint en ce sens qu'à cause du fait que le
conjoint renonce à une rente, la rente du participant est
bonifiée en vertu de la renonciation. Or, dans la mesure où le
couple demeure un couple pendant tout le mariage, le conjoint qui a
renoncé bénéficie Indirectement du surplus d'apport de
cette rente bonifiée au profit des époux. Subséquemment,
s'il y avait divorce, séparation, etc., cette rente bonifiée
ferait partie du partage et serait partagée moitié-moitié
entre les deux. Donc, lors du partage éventuel de la rente, chacun des
deux époux aurait une demi-rente plus élevée que s'il n'y
avait pas eu cette bonification. Finalement, il ne semble pas y avoir de
problème.
Mme Harel: On a fait quelques scénarios possibles
où il y a renonciation. Pour bien comprendre, il faut envisager la
renonciation dans l'hypothèse où il y a décès et
dans celle où il y a divorce. S'il y a renonciation, dans
l'hypothèse où il y a décès, le conjoint survivant
est exclu.
M. Bourbeau: Sans qu'il y ait eu, entretemps, séparation
ou divorce.
Mme Harel: Sans qu'il y ait eu séparation ou divorce.
M. Bourbeau: À ce moment-là, le couple, si je peux
m'exprimer ainsi, a bénéficié d'une rente majorée
durant un certain temps. Il survient un décès et, à ce
moment-là, il n'y a plus du tout de rente. La rente est
éteinte.
Mme Harel: Si le décès survient avant le
début du service de la rente, si le décès survient avant
l'âge de la retraite, ce sont les dispositions de l'article 86 qui
joueront. C'est bien le cas?
M. Bourbeau: Peut-être que M. Slater peut
répondre.
M. Slater: Oui. La renonciation n'a pas d'effet, parce qu'elle
n'a d'effet qu'à I égard de la rente versée au conjoint
survivant après le début d'un service. Donc, c'est l'article 86
qui jouera, et la pleine valeur de la rente différée est payable
au conjoint.
Mme Harel: C'est bien ça. II faut bien distinguer entre
les articles 86 et 87. L'article 86, c'est lorsque le participant
décède avant l'âge de la retraite - en fait, entendons-nous
comme ça et l'article 87 c'est lorsque le participant
décède après l'âge de la retraite. Dans le contexte
où c'est après l'âge de la retraite, si l'ex-conjoint y a
renoncé, c'est exclu du patrimoine. Si le décès Intervient
avant l'âge de la retraite, on ne fait pas jouer la règle de la
renonciation. C'est ça9
M. Slater: C'est ça II peut y avoir eu renonciation, mais
elle n'a pas d'effet.
Mme Harel: Elle n'a aucun effet. On le verra sans doute dans les
amendements que vous introduirez, mais déjà une difficulté
se présente à cause de l'adoption de l'article 462.2 du projet de
loi 146. C'est déjà adopté, mais la difficulté est
réelle en regard de l'interprétation que le ministre et son
conseiller viennent de nous donner. Il y a, à l'article 462 2, un
alinéa qui se lit ainsi: 'Sont toutefois exclus du patrimoine familial,
si la dissolution du mariage résulte du décès, les gains
visés au deuxième alinéa ainsi que les droits
accumulés au titre d'un régime de retraite régi par une
loi - c'est le projet de loi 116 - qui accorde au conjoint survivant le droit
à des prestations de décès."
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Ne faudrait-il par mettre "sauf celui qui y
renonce"?
M. Slater: Non, parce que, lorsque le conjoint y a renoncé
et que cela a trouvé une application, donc que la rente est en service,
le participant a une rente bonifiée du fait de la renonciation, donc le
couple jouit d'une rente supérieure de ce fait, et...
Mme Harel: II n'y a pas de divorce, là. C'est
toujours...
M. Slater: C'est ça. Et supposons que le participant qui
reçoit la rente décède quelques années
après; à ce moment-là, il ne restera plus rien dans le
patrimoine qu'est le régime de retraite, parce que l'effet de la
renonciation en est que la rente est payable sur la simple vie du participant.
S'il décède, l'éventualité est arrivée.
Mme Harel: II y a d'autres hypothèses, notamment celle
où la renonciation a eu lieu, mais où le participant -
c'est-à-dire qu'il ne l'est plus - le retraité meurt un an
après le
début du service, alors...
M. Stator: C'est vrai, mais il peut aussi mourir 30 ans
après le début du service. C'est à évaluer par les
personnes qui y renoncent, en fin de compte.
Mme Harel: À ce moment-là, il est
préférable qu'il y ait eu dissolution du mariage. S'il y a eu
dissolution du mariage, la personne aura pu partager et elle pourra partager sa
rente le restant de ses jours. C'est l'anachronisme de cette disposition. C'est
que si le retraité décède et que la personne est toujours
en mariage, c'est fini, elle n'aura rien. Si auparavant il y a eu dissolution
du mariage et partage, elle est assurée d'avoir au moins la
moitié jusqu'à la fin de sa propre vie.
M. Bourbeau: Ça vaut pour tous les biens.
Mme Harel: Mieux vaut mourir divorcée que veuve
éplorée.
M. Bourbeau: Si le conjoint veut être sûr d'avoir son
pécule, il est toujours mieux de divorcer, il est certain d'avoir 50 %
de la maison principale, de la maison secondaire et de tout, c'est sûr.
Je signale à la députée de Maison-neuve, cependant, qu'on
pourrait avoir des cas où un mari vend la résidence principale,
la convertit en argent liquide, divorce cinq ans après, et la somme
d'argent aura disparu. Il sera toujours préférable de divorcer si
on veut être sûr de pouvoir mettre la main sur le patrimoine
familial.
Mme Harel: Évidemment, il y a des mécanismes. Dans
un cas comme celui-là où la personne mariée, la veuve ou
le veuf se volt totalement soustraire de toute rente du fait du
décès du retraité duquel elle avait renoncé il y a
toujours la possibilité soit par des assurances-vie, parce qu'il y a
toujours vie commune, soit aussi par l'effet de succéder pour tous les
biens possiblement aussi, vu qu'il y a vie commune...
Permettez-moi une question, M. le Président. Il pourrait arriver
- ce ne sont pas là des hypothèses farfelues parce qu'il faut
voir la réalité sociale - qu'il y ait un conjoint qui soit un
conjoint tel que défini au paragraphe 2° de l'article 85, qui vit
maritalement et qui renonce et, qu'ensuite, le participant se marie avec un
nouveau conjoint qui ne renonce pas. C'est toujours le dernier conjoint
qui...
M. Stator: Ça dépend. Si son mariage survient
après le début du service de la rente, à ce
moment-là, si le régime ne prévoyait rien, c'était
donc le conjoint au début du service de la rente. Donc, dans ce
cas-là, il n'y a pas de conjoint. Ce sont les ayants droit. C'est une
rente tout simplement payable sur la vie du participant.
Mme Harel: Donc, au départ, c'est le premier conjoint qui
définit le reste de la rente.
Par exemple, supposons que dans la vie d'un participant, il y ait deux
conjoints successifs avant son décès.
M. Bourbeau: C'est celui qui s'adonne à être
là au moment de la retraite qui emporte le gros lot.
M. Legault: Ce n'est pas le premier. Il faut qu'il soit là
à ce moment-là.
M. Bourbeau: C'est le conjoint qui a la chance ou la
présence d'esprit d'être là au moment où
débute la retraite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Legault: C'est une question de "timing".
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Dites-moi, comment doit-on appliquer, à ce
moment-là, tes dispositions de l'article 64 au
bénéficiaire? Ça ne concerne pas la rente, à ce
moment-là? Vous savez, l'article 64 qu'on a déjà suspendu,
la désignation de bénéficiaire et sa
révocation.
M. Slater: C'est à l'égard de la prestation de
décès avant retraite pour les années de service
effectuées avant l'entrée en vigueur de la présente
loi.
Le Président (M. Bélanger): Cela est du langage
actuariel.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Prestation de décès avant retraite pour
les années de service avant l'entrée en vigueur du projet de loi
seulement.
M. Slater: Oui, sinon c'est le conjoint, lorsqu'il y a
présence de conjoint. Lorsqu'il n'y a pas présence d'un conjoint,
à ce moment-là, ça s'applique aussi, pour ce qui est des
bénéficiaires. (23 h 30)
Mme Harel: Lorsque...
M. Slater: Parce que, lorsqu'il y a présence d'un
conjoint, c'est la loi qui définit exactement ce qui se passe et,
là, c'est le conjoint au sens de la loi qui est
bénéficiaire, donc, les dispositions du Code civil. Même
s'il y avait une désignation, la loi l'emporte sur la désignation
que ferait un participant.
Mme Harel: Ah! pour la période qui va s'ouvrir avec
l'application de la loi?
M. Slater: Pour ce qui est de la prestation
de décès avant le service d'une rente relative au service
reconnu, après l'entrée en vigueur de la loi. Pour ce qui est de
la prestation de décès après le service d'une rente,
là, c'est le conjoint, tel que défini par la loi, ça ne
trouve pas d'application.
Mme Harel: Donc, la portée de l'article 64 est restreinte
simplement au bénéficiaire désigné avant, lorsque
le décès survient avant la retraite...
M. Slater. C'est ça.
Mme Harel: ...pour la période, pas pour la
période...
M. Slater: Pour la période avant l'entrée en
vigueur de la loi, dans tous les cas...
Mme Harel: Pour la prime versée, pour la période
avant.
M. Slater: Oui, si on veut, et pour la période
après, lorsqu'il n'y a pas de conjoint parce que, à ce
moment-là, il pourrait désigner une personne, un ayant droit, il
pourrait le désigner nommément. Et aussi, s'il n'y avait pas de
conjoint au moment du service de la rente, il pourrait peut-être y avoir
un bénéfice décès, c'est-à-dire une rente
payable de façon viagère, mais avec un minimum de 60 versements
à effectuer. Donc, si le participant décède avant que les
60 versements soient effectués, il faut la payer à quelqu'un, et
ce serait son bénéficiaire désigné, dans la mesure
où II n'y a pas de conjoint.
Mme Harel: Donc, nécessairement l'article 64 prend effet
lorsqu'il y a absence de conjoint, pour l'application de la nouvelle loi.
M. Slater: C'est ça. M. Bourbeau:
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): On peut marquer
"adopté par défaut". Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Quand on ne réussit pas à trouver des
failles, on adopte.
Mme Harel: Une question qui reste toujours en suspens, là,
c'est malgré tout la situation de la personne qui a renoncé. On
peut admettre, au sens de la loi 116, qu'elle ait renoncé mais, au sens
du patrimoine familial, pourquoi ne pas concevoir que ça entre dans le
patrimoine?
M. Slater: Non, parce que lorsqu'elle renonce, cela implique un
calcul actuariel pour bonifier la rente du participant, qu'il va recevoir de
son vivant. Elle a été bonifiée en tenant compte
uniquement de l'espérance de vie du participant, donc de
probabilité de décès du participant. Là, le
participant décède, donc les probabilités se
réalisent, il a son dû et il ne reste plus rien, à ce
moment-là, parce qu'on avait pris le risque de la survie du participant
et on avait mis tous les revenus là-dessus.
Mme Harel: Oui, et il n'a pas survécu. M. Slater: Ah!
bien.
Mme Harel: Alors, il y a des sommes d'argent qui vont
s'accumuler.
M. Slater: Non, il n'y a pas de sommes d'argent, parce qu'il y a
des participants qui vont décéder après deux ans de
service de rente et d'autres après 30 ans. En moyenne, tout
s'équilibre, ce sont là les techniques actuarielles qui font
qu'on peut calculer des rentes.
Mme Harel: C'est la rigueur implacable de la moyenne, en
n'oubliant pas qu'on peut toujours se noyer dans trois pieds d'eau en
moyenne.
Une voix: Oui.
Mme Harel: Môme pas trois pieds d'eau? Deux pieds et
demi?
Une voix: II ne sait pas nager, lui.
Mme Harel: Évidemment, il y en a qui vont se noyer dans
une disposition comme celle là, et d'autres qui vont surnager.
M. Bourbeau: C'est comme la loterie.
Mme Harel: II vaut mieux ne pas jouer à la
renonciation.
M. Bourbeau: On en parlait précédemment dans les
cas d'assurances. Il y a des gens pour qui ça peut être
intéressant de renoncer pour bonifier la rente du vivant du mari, et on
supplée avec une assurance-vie. On se protège avec une
assurance-vie contre l'éventualité du décès
prématuré du conjoint. Cela peut être économiquement
rentable.
Mme Harel: Dans la loi 146, quand on dit: Sont toutefois exclus
du patrimoine familial, si la dissolution du mariage résulte du
décès... On ne fait pas la distinction si c'est avant ou
après l'âge de la retraite.
M. Slater: Avant la retraite, le bénéficiaire de la
prestation de décès c'est le conjoint, alors il a
l'entière valeur du régime de retraite à titre de
bénéficiaire.
Mme Harel: Pourquoi ne serait-il pas
envisagé que - dans un cas comme on l'a prévu pour la loi
146 où la courte durée du mariage va exclure du patrimoine - la
courte durée du service de rente permette de rembourser les prestations
versées et d'obtenir une rente de conjoint survivant?
M. Slater: À ce moment-là, c'est un défi
à la science actuarielle, dans le sens qu'il n'y a plus personne qui va
vendre des rentes si on assure tout le monde d'en avoir pendant très
longtemps.
M. Bourbeau: C'est manger son gâteau et le garder.
Mme Harel: On me fait valoir que jamais une personne
n'achèterait dix ans de renonciation, parce que ça
coûterait vraiment trop cher. Cela pourrait très bien être
déterminé après un an, par exemple, comme ça l'est
pour la courte durée du mariage.
M. Slater: II est possible que, à la suite d'une
renonciation, un régime offre d'autres options au participant. On parle
d'une rente au participant suivie d'une rente au conjoint de 60 % contre une
rente sur la stricte vie du participant. Il y a des intermédiaires,
c'est-à-dire une rente sur la stricte vie du participant plus une
garantie de 60 mois, le régime peut l'offrir. À ce
moment-là, le montant va être moins important, puisqu'il faut
payer pour la garantie.
Mme Harel: On va être plus à l'aise
intellectuellement, on va voter sur division.
Le Président (M. Bélanger): L'article 87 est-il
adopté?
Mme Harel: Sur division.
M. Bourbeau: M. le Président, avant de voter...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
connaître les raisons...
M. Bourbeau: Je ne suis pas impressionné du manque de
courage...
Mme Harel: Parce qu'on ne cherche pas de l'autre
côté des façons d'atténuer les rigueurs de la
renonciation dans certaines situations.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
de
Maisonneuve s'y est prise à dix reprises pour tenter de trouver
une seule faille dans l'article et n'y a pas réussi, et malgré
ça elle émet un vote de non-confiance envers les
rédacteurs de la loi. Je suis...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, c'est
son privilège.
M. Bourbeau: Je suis très déçu.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
88.
M. Bourbeau: Cet article énonce que le conjoint d'un
participant, dont la rente a été ajournée et qui
décède pendant la période d'ajournement, a droit à
une rente et détermine la valeur minimale de celle-ci. Je n'ai pas
d'amendement à apporter. Alors c'est ça, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 88?
Mme Harel: Peut-on considérer que c'est la même
formule qu'à l'article 87, sauf dans le cas de la rente
ajournée?
M. Slater: L'article 88 est pour les participants qui sont en
période d'ajournement. Donc, ceux-ci peuvent recevoir en partie une
rente et avoir l'autre partie ajournée, parce qu'Us continuent à
travailler. Ce que fait cet article, I! donne en quelque sorte le meilleur de
deux mondes au conjoint de ce participant, en disant qu'il va avoir la plus
élevée de deux valeurs: soit la valeur qu'il aurait pu recevoir
en application de l'article 87, qui prévoit la rente au conjoint
à 60 %, si le service de la rente est présumé avoir
débuté la veille du décès; soit la valeur de la
prestation de décès, donc 100 % de la rente qu'il aurait pu
recevoir, si on considère que le participant n'est pas à la
retraite, qu'il est toujours actif. Mais, il faut bien comprendre que la valeur
de 100 % de la rente différée, s! le participant est toujours
actif, ne s'applique qu'aux années de service reconnues depuis
l'entrée en vigueur de la loi. Donc, I faudra un certain temps avant que
cela ait une valeur substantielle. C'est pour ça que pendant
peut-être les dix prochaines années, ce sera le 1° qui va
s'appliquer, qui sera le plus grand. Par la suite, graduellement, ce sera le
2° qui deviendra le plus grand. Donc, il s'est agi, en quelque sorte, de
donner le meilleur de deux mondes au conjoint d'un participant qui va
être dans cette situation.
Mme Harel: Alors, ça veut donc dire que le conjoint
reçoit la rente bonifiée, puisque son conjoint
décédé était encore un participant, mais en
période d'ajournement.
M. Slater: En partie.
Mme Harel: En partie. Comme il y avait revalorisation, d'une
partie tout au moins, le conjoint survivant peut en bénéficier,
s'il n'a pas déjà renoncé.
M. Slater: Même pas. Pour la partie de la rente qui est
déjà en paiement le conjoint
survivant va avoir droit à une rente au conjoint de 60 %,
à moins qu'il n'ait renoncé. D'accord? Pour la partie qui n'est
pas en paiement, on regarde quelle option donnerait la plus
élevée des deux valeurs au conjoint, à savoir de
considérer en paiement cette partie et lui appliquer un facteur de 60 %
de rente au conjoint, ou de ne pas la considérer en paiement et de
donner 100 % de la valeur. Mais, iI faut bien comprendre que 100 % de Sa valeur
cela ne s'applique qu'à l'égard des années de service
après 1990. Donc, ça prendra un certain nombre d'années
avant que cela ait une valeur substantielle. C'est donc pour ça qu'on
prend la valeur la plus élevée des deux.
Mme Harel: Pourquoi le Barreau considérait-il qu'à
l'article 88, la disposition était contraire?
M. Slater: C'était l'ancien article 88.
Mme Harel: C'est vrai, que vous n'avez pas
réimprimé, que vous avez aboli. Mon Dieu, c'est
Intéressant!
M. Bourbeau: C'est même passionnant, M. le
Président.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 88 est
adopté. J'appelle l'article... Il y avait un papillon à l'article
88, me dites-vous?
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais introduire
l'article 88.1.
Mme Harel: Si vous vous forcez un peu on va peut-être se
rendre à l'article 100.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'y tient pas. On ne veut
vraiment pas que la députée de Maisonneuve s'éreinte.
Le Président (M. Bélanger): On ne veut pas aller au
bout de notre sang.
M. Bourbeau: On tient à la conserver jusqu'au bout, M. le
Président, et en santé. J'aimerais insérer, après
l'article 88, l'article suivant. M. le Président, est-ce qu'on l'a
distribué? On l'a distribué.
Mme Harel: On l'a eu cet après-midi. (23 h 45)
M. Bourbeau: M. la Président, vous me ferez grâce de
vous lire le nouvel article 88.1 que nous voudrions voir adopté, mais
j'aimerais quand même dire que ce nouvel article prévoit
l'extinction du droit aux prestations de décès lorsqu'il y a
dissolution du mariage ou séparation de corps, à moins que le
participant n'ait désigné son conjoint comme héritier ou,
si aucun partage des droits à la retraite n'a eu lieu dans les faits,
qu'il n'ait décidé de l'avantager de la rente au conjoint.
L'article est rédigé de manière à
sauvegarder les droits d'un nouveau conjoint lorsqu'il y a eu remariage avant
le début du service de la rente du participant. Peut-être que M.
Slater pourrait nous donner quelques renseignements additionnels.
M. Slater: Cet article est conséquent aux dispositions du
projet de loi 146 qui doivent maintenant être Incorporées dans le
projet de loi 116 et prévoit donc qu'après la séparation
de corps, le divorce ou l'annulation du mariage, le droit à une rente de
conjoint survivant s'éteint, sauf dans certaines situations bien
précises. Pour ce qui est de la prastation de décès avant
retraite, c'est dans la mesure où le participant maintient son
ex-conjoint comme ayant droit et qu'il n'y a toujours pas de nouveaux conjoints
de présents. Dans le cas de la prestation de décès
prévue pour après la retraite, c'est dans la mesure où il
n'y a pas eu partage effectif des droits au régime de retraite,
c'est-à-dire que même si le régime de retraite entrait dans
le patrimoine familial, iI y a eu substitution de biens et on n'a pas
touché au régime de retraite. Donc, à ce moment-là
le participant peut décider de maintenir son ex-conjoint comme
bénéficiaire de la rente réversible à 60 %, dans la
mesure où II en avise le comité de retraite.
Mme Harel: Évidemment, dans les deux cas c'est lorsque le
participant a maintenu, finalement, l'ex-conjoint sort comme un ayant droit ou
soit comme conjoint survivant.
M. Slater: Ou comme conjoint désigné.
Mme Harel: Comme conjoint désigné. Vous voulez
ouvrir la possibilité que ça se fasse. Ce serait
méritoire. J'imagine que ce ne sera pas nécessairement
fréquent. Si ce sont des exconjoints, ils n'ont pas
nécessairement partagé le régime de retraite.
M. Slater: C'est-à-dire que le régime de retraite
est entré dans le patrimoine familial où il n'a pas
été nécessairement touché. Il a pu y avoir
substitution, l'auto pour le régime de retraite, peu importe. Donc,
c'est dans le cas où il n'a pas été touché qu'il
peut être maintenu. Dans le cas où il a été
touché, le conjoint a une valeur qui provient du régime de
retraite et tout est recalculé, alors...
Mme Harel: À ce moment-là, comment envisagez-vous
que les choses puissent se passer, comment le ministre peut-il concilier le
fait que, pour la prestation de décès et pour l'application de
l'article 88.1, ça s'adresse à des conjoints qui sont
définis à l'article 85 et qui ne sont pas nécessairement
ceux qui ont droit au patrimoine, puisque la définition des conjoints
qui ont droit
au patrimoine est beaucoup plus restreinte que la définition des
conjoints qui ont droit à la prestation après
décès? Cela veut dire que le droit aux prestations ne serait pas
ouvert s'il s'agissait de conjoints qui avaient un enfant né de leur
union.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 88.1 dit que le
droit aux prestations...
Mme Harel: Pourquoi pas?
M. Bourbeau: ...s'éteint par la séparation de
corps, le divorce ou l'annulation du mariage. Il faut donc qu'il y ait un
mariage pour que le droit existe.
Mme Harel: Vraiment je suis surprise, parce que là on
ouvre un droit.
M. Bourbeau: Vous n'êtes pas vraiment surprise.
Mme Harel: On va retirer un droit qui est accordé
simplement s'il y a eu la présence de conjoints dans le mariage. Ce
droit, finalement, c'est simplement celui de laisser son ex-conjoint comme un
ayant droit ou de le maintenir comme bénéficiaire. Cela veut donc
dire que la rente qui est versée ne le sera pas si, par exempte, un
enfant est né de l'union et qu'il y a eu séparation sans que,
pour autant, il y ait eu divorce ou annulation du mariage. Si le participant
souhaite pouvoir laisser... Regardez comme c'est absurde: il aurait eu le droit
de désigner son conjoint, avec qui il a eu un enfant, comme étant
son conjoint survivant; il aurait eu le droit de faire cela. La loi le lui
donne aux articles 85 et suivants. Il le désigne donc comme un conjoint
survivant.
M. Bourbeau: C'est la loi qui le désigne.
Mme Harel: C'est la loi qui le désigne.
Exactement, plutôt. La loi le désigne comme conjoint
survivant et ne lui permettrait pas de rester le conjoint survivant.
M. Slater: Bien sûr, à l'égard d'un conjoint
de fait, dont vous parlez, il n'y a aucune extinction de droit de
prévue, donc...
Mme Harel: Même s'il n'y a plus de vie commune?
M. Slater: Même s'il n'y a plus vie commune, si le conjoint
de fait, pour ce qui est de la rente au conjoint survivant à raison de
60 %, était le conjoint au début du service et que c'était
l'option que le régime avait retenue, le conjoint de fait est toujours
le bénéficiaire de la rente au conjoint survivant.
Mme Harel: Même s'il ne vit pas maritale- ment?
M. Slater: II devait vivre maritalement au moment du début
du service...
M. Bourbeau: Au moment du début du service.
M. Slater: C'est là que s'est établie la
qualité de conjoint et elle demeure établie.
Mme Harel: Et M ne pourra jamais y mettre fin? Ça ne
pourra jamais être un autre conjoint?
M. Slater: Dans ce cas-là, non.
Mme Harel: Ce sera toujours le conjoint en début de
service.
M. Bourbeau: Celui qui a eu la présence d'esprit
d'être là au bon moment.
Une voix: Même s'il se marie par la suite?
Mme Harel: S'il se marie par la suite, ça va quand
même continuer d'être le conjoint en début de service?
M. Slater: Oui.
Mme Harel: C'est bizarre. Le ministre est-il conscient de toute
la portée de l'amendement?
M. Bourbeau: C'est comme cela qu'il a été
présenté depuis le début et personne de la commission
parlementaire ne s'y est opposé, que je sache, à moins que je ne
me trompe.
La Préaident (M. Bélanger): On ne le savait pas.
M. Bourbeau: Bien, je pense que...
Le Président (M. Bélanger): Pourquoi est-ce comme
cela?
M. Bourbeau: Écoutez, M. le Président, il y a eu
des firmes d'actuaires qui sont venues; la CSN était
représentée par des actuaires, cela a été
scruté à la loupe depuis le début par toute une
série de gens qui sont experts en la matière. Cela n'a jamais
été contesté.
Le Préaident (M. Bélanger): Mais pourquoi est-ce comme
cela? Qu'est-ce qui justifie cela?
Mm» Harel: M. le Président, je voudrais seulement
soulever une question. Personne n'est intervenu parce que ce n'était pas
dans le texte initial du projet de loi 116. Le texte initial disait: "Le droit
à la rente au conjoint s'éteint par le divorce, l'annulation du
mariage ou, dans le cas de conjoints non mariés, par la cessation de vie
maritale survenue depuis au moins douze
mois et pour une cause autre que le décès."
M. Bourbeau: M. le Président, je m'excuse, J'avais mal
compris. C'est que...
M. Slater: Le projet de loi initial prévoyait l'extinction
du droit dans tous les cas de divorce, séparation ou cessation de vie
maritale pour les conjoints de fait. Lors des auditions publiques en commission
parlementaire, plusieurs intervenants s'étaient opposés à
cette extinction de droit.
Mme Harel: Au nom du partage. C'était pour le motif de
partage.
M. Slater: D'accord.
Mme Harel: Pas pour le motif qu'il ne devait pas y avoir
extinction, que cela devait être...
M. Slater: C'est cela, mais dans le cas de conjoints de fait, il
n'y a pas partage. Le partage ne vaut que pour les conjoints mariés.
Mme Harel: Qu'est-ce que vous proposez comme solution? On va
continuer.
M. Slater. Le droit à la rente de conjoint survivant est
maintenu. Il n'y a plus d'extinction du droit.
Mme Harel: C'est fantastique, vraiment extraordinaire. Quand vous
êtes marié, si votre conjoint décide de divorcer, vous
perdez votre sécurité parce qu'à ce moment-là, il y
a partage. Sinon, vous avez la pleine...
M. Slater: Dans le cas de conjoints mariés, lorsqu'il y a
partage, chacun des conjoints obtient un droit immédiat à 50 % de
la valeur. Dans le cas de conjoints de fait, le droit à une rente au
conjoint survivant n'est qu'un droit éventuel à 60 % de la rente,
au cas où le participant décéderait, ce qui peut survenir
dans 15 ans, 20 ans.
M. Bourbeau: II faut être chanceux pour que l'ex-conjoint
meure prématurément.
Mme Harel: C'est un humour bien particulier.
M. Bourbeau: À minuit moins cinq, M. le Président,
on peut s'en permettre.
Mme Harel: II y a matière à réflexion au
sujet de ces dispositions. Cela veut donc dire que dans le cas où il n'y
aurait pas eu dissolution, ça va toujours à celui qui est
conjoint au début du service.
M. Slater. À moins que le régime n'ait prévu
que c'est celui au décès. On a vu qu'il y avait une
possibilité, une flexibilité pour le régime, à
l'article 86.
Mme Harel: Absolument, cela peut être des personnes
différentes, celle qui est conjoint au début du service et celle
qui l'est au décès.
Le Président (M. Bélanger): Celle qui est à
l'autre service.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Bon, le président qui met son grain de
sel.
Le Président (M. Bélanger): C'est que j'essaie de
comprendre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Legault: Quand on dit au début du service, on veut dire
au début du service de la rente, pas au début du service
funèbre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): À l'autre bout,
c'est celle qui reste pour l'autre service. J'avais compris.
Mme Harel: C'est le conjoint en début de service. Si c'est
un conjoint de fait et que le retraité se marie ensuite, son conjoint ne
pourra rien partager. Il n'y aura rien à partager, étant
donné que c'est...
M. Bourbeau: C'est le droit éventuel au moment du
décès. Il faut qu'il décède. Après
s'être marié, il faut qu'iI décède.
Mme Harel: Mais lorsqu'il décède, c'est le conjoint
en début de service qui, éventuellement, pourra toucher la rente
de 60 %. Le conjoint marié ne pourra rien partager.
M. Slater: il n'aura aucun droit à la rente qui va
s'être accumulée durant la vie commune, puisque le participant
s'est marié après la retraite, alors qu'il avait terminé
l'accumulation de ses droits.
M. Bourbeau: Ce n'est pas le conjoint marié qui a
enduré l'ex-mari durant les années où il payait sa rente,
n'oubliez pas ça.
Mme Harel: À ce moment-là, on ne fera pas de calcul
des années de vie commune?
M. Slater: Aucun droit n'est accumulé durant les
années de mariage. Ce sont des années qui sont toutes durant le
service de la rente.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Concernant l'amendement
à l'article 86.1, tel que proposé par M. le ministre, est-ce
qu'il y a d'autres Interventions?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que cet
amendement est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
Adopté sur division.
M. Bourbeau: M. le Président, je vous signale que si vous
vous retournez, vous verrez qu'on arrive à... À moins que
l'Opposition ne soit d'accord pour prolonger...
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de
l'heure...
Mme Harel: Écoutez, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): ...la commission...
Mme Harel: On consent. Est-ce que c'est une proposition?
Le Président (M. Bélanger): Non. Compte tenu de
l'heure...
M. Bourbeau: M. le Président, je suis bien prêt
à rester, aucun problème...
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
la commission...
M. Bourbeau: ...tout le temps qu'il faut.
Le Président (M. Bélanger): ...ajourne ses travaux
sine die.
M. Bourbeau: C'est le président qui décide.
Le Président (M. Bélanger): On va recevoir de
nouveaux ordres de la Chambre demain.
Ça prend le consentement unanime? C'est non. Ha, ha, ha!
(Fin de la séance à 0 h 1)