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(Quinze heures quinze minutes)
La Présidente (Mme Dionne): Si vous voulez, on va
commencer. Je déclare ouverte cette séance de la commission des
affaires sociales. J'aimerais rappeler le mandat de la commission, si vous me
le permettez. La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 150, Loi modifiant la Loi sur les services de garde à l'enfance.
Est-ce qu'on a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) est remplacé par Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata); M. Blais (Terrebonne) par M. Claveau (Ungava);
M. Latulippe (Chambly) par M. Richard (Nicolet).
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la
secrétaire. Si vous voulez, on pourrait commencer dans l'ordre.
J'entends beaucoup de bruit. Mme la ministre, j'aimerais savoir si vous avez
des remarques préliminaires.
Remarques préliminaires
Mme Gagnon-Tremblay: Non. La seule chose que je me demandais, Mme
la Présidente, c'est si on s'entend pour ne pas relire les articles et
aller aux commentaires ou si on préfère lire les articles.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Mme la Présidente, on aura peut-être
l'occasion d'y revenir au moment où on abordera l'étude article
par article. J'aimerais vous signaler Immédiatement que nous entendons
déposer une motion par laquelle nous souhaiterions entendre
Concertaction interrégionale - dont deux représentants sont parmi
nous cet après-midi - qui a fait parvenir depuis bientôt deux
semaines au secrétariat de la commission un télégramme ou
une lettre dans laquelle elle souhaitait être entendue avant que nous
commencions nos travaux.
Avant de faire la motion, je voudrais profiter du moment qui nous est
imparti pour faire quelques remarques préliminaires à l'occasion
du début de nos travaux. Comme vous le voyez, nous serons nombreux dans
l'équipe de l'Opposition pour faire l'examen du projet de loi 150. Nous
avons pris la décision de procéder très
sérieusement, très systématiquement, très
minutieusement à l'examen de ce projet de loi qui, pour nous, constitue
un recul et non pas une avancée que l'on pourrait pourtant souhaiter
dans le contexte de dénatalité que le Québec connaît
présentement.
Mme la Présidente, je voudrais certainement saisir l'occasion qui
m'est donnée, à l'ouverture de nos travaux, pour rappeler
qu'à l'occasion de la loi 150 le gouvernement abandonne, à toutes
fins utiles, la responsabilité de sa politique de services de garde
entre les mains du Conseil du trésor. La mise en tutelle du
développement des services de garde par le Conseil du trésor est
quelque chose qui dépasse tellement l'entendement et le bon sens que
nous ne pouvons pas imaginer que l'article 22 du projet de loi, qui
prévoit qu'une fois préparé le plan de
développement aille directement se faire approuver par le Conseil du
trésor, soit intégralement maintenu, à moins,
évidemment, que le gouvernement n'ait décidé d'abdiquer
complètement ses responsabilités, d'abandonner
complètement cet important volet, qui était pourtant
considéré comme majeur dans la politique familiale, aux mains du
Conseil du trésor.
Il faut sans doute faire un bref rappel historique pour constater que,
contrairement aux prétentions maintes fois
répétées, ce n'était pas la première fois
qu'un énoncé de politique était rendu public, au moment
où Mme la ministre rendait public son énoncé l'automne
dernier. Au contraire, c'est la première fois qu'un énoncé
rendu public sera totalement abandonné puisque le sort de cet
énoncé, ce qui arrivera dans les deux prochaines années,
n'est absolument pas confirmé. A aucun moment durant les périodes
de questions où j'ai soulevé le sort de cet énoncé
pour les deux prochaines années, Mme la ministre responsable du dossier
n'a voulu confirmer que les annonces faites allaient être
réalisées. Chaque fois que je lui ai posé la question - et
je pense que c'est au moins à quatre reprises - elle m'a
répété que le gouvernement y verra en temps et lieu,
reportant à plus tard l'engagement de son plan de développement
et de son plan de consolidation pour les deux prochaines années. On a pu
voir malheureusement le recul que cela occasionne pour la présente
année, en regard de ce qui avait d'abord été
annoncé.
On doit aussi se rappeler qu'un plan de développement, ce n'est
pas nouveau, ce n'est pas inusité, ce n'est pas inédit. Il y a
bien longtemps, soit depuis sa création, que l'Office des services de
garde à l'enfance en a la responsabilité dont il s'est
acquitté, d'ailleurs, par un plan de développement quinquennal
dès 1983. Il est certainement bon d'insister sur le fait qu'un tel plan
de développement n'avait pas besoin du projet de loi 150 pour être
répété, que dans la Loi sur les services de garde à
l'enfance adoptée en 1979, déjà, à l'article 68, si
ma mémoire est bonne, où étaient
énumérées les fonctions de l'Office, on retrouvait ceci:
"L'Office est chargé de veiller à ce que soient assurés
des services de
garde à l'enfance de qualité; il visera également
à promouvoir un développement harmonieux de ces services avec les
autres politiques familiales. "Il surveille l'exécution de la
présente loi et de ses règlements; à cette fin - je lis
toujours l'article 68, paragraphes 1° et 9° de la loi de 1979, Mme la
Présidente - il doit notamment: "1° Identifier, après
consultation des personnes et organismes Intéressés, les
priorités et les besoins de la population et les ressources existantes
en matière de services de garde à l'enfance; "9°
établir annuellement un plan de développement des ressources
à être créées telles qu'identifiées
après les consultations prévues au paragraphe 1°."
Alors, il n'y avait pas besoin de la loi 150 pour prévoir que
l'Office avait la responsabilité d'élaborer un tel plan de
développement et de consulter les personnes et les organismes
Intéressés pour Identifier les priorités et les besoins de
la population, de même que les ressources existantes. C'était
déjà contenu, défini, il y a dix ans, dans les fonctions
attribuées à l'Office. C'est, quand même, assez
insignifiant de prétendre que le projet de loi 150 devrait être
adopté maintenant pour permettre à l'Office d'adopter ce plan de
développement et, dans le fond, pour le permettre à l'Office et
au Conseil du trésor, parce que le plan de développement, c'est
une chose, mais il faut bien voir qu'à l'article 22 du projet de loi le
plan de développement est approuvé par le Conseil du
trésor.
Finalement, qu'est-ce que ça introduit, ça? C'est comme
s'il était possible d'abandonner une volonté politique
d'établir ce que doit être le rythme de croisière, le
rythme de développement et de consolidation des services de garde en
n'exerçant pas les responsabilités qui nous Incombent dans un
gouvernement. J'ai eu l'occasion de le signaler, c'est une sorte d'abdication.
En tout cas, ce serait de la négligence coupable de la part d'un
gouvernement qui prétendrait que c'est au Conseil du trésor que
les décisions, les arbitrages doivent se faire en matière de plan
de développement des services de garde. C'est pourtant ce que dit
l'article 22 du projet de loi 150, sans examen par une commission
parlementaire.
J'ai eu l'occasion de le signaler, mais je veux le reprendre à
l'occasion de l'ouverture de nos travaux: la ministre
déléguée, responsable de ce dossier, ne peut quand
même pas se réserver seulement le rôle de médiatrice,
de manière à paraître Intercéder en faveur des
services de garde auprès des gens du Conseil du trésor. C'est son
gouvernement, son Conseil des ministres, qui a à porter la
responsabilité du financement ou du sous-financement, du
développement ou du sous-développement en matière de
services de garde. Le Conseil du trésor n'est pas l'arbitre
suprême. On n'élit pas le Conseil du trésor et on ne peut
pas le démettre. Le Conseil du trésor doit relever du
gouvernement et non pas le plan de développement relever du Conseil du
trésor. Je pense bien que ça ne s'est jamais vu et je mets
vraiment au défi les services juridiques de nous trouver dans une loi
une disposition qui prévoit que le principal objet de la
responsabilité d'un ministre - parce qu'on dit ministre
déléguée à la Condition féminine
chargée du dossier des services de garde - le dossier des services de
garde, on en confie l'approbation du plan de développement, qui est
l'essentiel, finalement, de ce qu'on envisage comme devant être le
service rendu en regard des besoins et en regard des ressources, au Conseil du
trésor. J'aimerais avoir un exemple d'un volet majeur d'une politique
sociale dont l'arbitrage est confié au Conseil du trésor. C'est,
malheureusement, une façon certaine de se dégager comme
gouvernement do la responsabilité dans ce dossier que d'agir ainsi.
Qu'on pense que, simplement en ce qui regarde les quantums d'immigration
au Québec, les niveaux d'immigration, le nombre de nouveaux arrivants
que le Québec doit accueillir chaque année, déjà,
il est convenu que le Conseil des ministres, pas le Conseil du trésor
évidemment, malgré que cette décision occasionne des
coûts de programmes importants pour le Québec, prenne la
décision des niveaux d'immigration, mais que, préalablement, la
question doit être examinée par une commission parlementaire
puisqu'il n'y a pas, évidemment, lieu de créer des dissensions
dans une société sur les niveaux d'immigration; II faut qu'il y
ait un large consensus pour que l'intégration se fasse. Alors, il nous
semble qu'il n'y a pas plus de raisons d'agir autrement Ici, compte tenu de
l'importance stratégique du dossier du développement des
ressources de garde, Importance stratégique qui est, pourtant,
abondamment commentée dans la plate-forme électorale du Parti
libéral qui a réussi à parler des problèmes sans
jamais aborder les solutions.
Quand j'ai lu ce document récemment adopté par le conseil
général du Parti libéral, je me suis dit que
c'était assez dangereux d'avoir cette attitude d'irresponsabilité
qui consiste à agiter des problèmes devant la population comme un
drapeau rouge et à n'indiquer aucune solution. Cela crée un
sentiment de panique devant tous ces problèmes qui sont exposés
et un sentiment, évidemment, de profonde Inquiétude devant
l'absence de solutions concrètes, l'absence de responsabilité
à proposer concrètement des façons de maîtriser les
problèmes qui sont étalés.
C'est particulièrement dangereux, je le répète,
étant donné que ces problèmes sont non seulement
réels, mais qu'ils sont aggravés par la situation
particulière - je pense, entre autres, au problème de
dénatalité, au problème de population - du peuple
québécois en Amérique du Nord. C'est évident que
l'îlot que nous constituons dans une mer anglophone est
particulièrement fragile en regard de ces questions de
population, de ces questions de dénatalité et de leur
corollaire qui est, évidemment, la question de l'immigration. Il faut
procéder sur ces questions-là avec énormément de
doigté. Le moins qu'on puisse dire, c'est que, sans doute pas par
mauvaise volonté - je n'essaie pas de le qualifier, on sait ici qu'on ne
peut pas présumer des intentions - c'est évident que le
résultat des gestes posés par la ministre depuis trois ans et
demi en matière de services de garde est complètement
désastreux. (15 h 30)
Après avoir suscité des espoirs considérables et
des espoirs répétés année après
année, le premier geste qu'elle a posé en arrivant a
été d'annuler la seconde partie de la conférence
économique sur les droits économiques des femmes. Cette seconde
partie, qui devait justement porter, entre autres, sur les services de garde,
avait été jugée prématurément par la
ministre comme un mauvais spectacle. Je me rappelle très bien le
sentiment que j'avais à cette époque, au moment où
j'étais responsable du dossier de la Condition féminine. J'avais
dit à la ministre, au mois de mai, au moment de l'étude des
crédits: Écoutez, on jugera l'arbre à ses fruits. Vous
dites que la stratégie de vos prédécesseures n'a pas
été la bonne, n'a pas donné de bons résultats,
seulement de la confrontation? Vous dites que vous ferez mieux avec une autre
stratégie qui en sera une de concertation? Vous dites que cela apportera
des résultats tangibles? On verra, on verra. Si vous avez raison,
ça se saura.
C'était vraiment la première fois - je pense bien que tout
le monde va en convenir - que le réseau des services de garde se
mobilisait à ce point contre les dispositions libérales en
matière de services de garde. Je ne pense pas simplement à la
manifestation de 3000 personnes devant le parlement, 7000 à
Montréal. Des manifestations de 7000 personnes, selon les chiffres
officiels, en plus de ça, rapportés par les corps policiers,
indiquent une très profonde déception.
La déception, pour bien la comprendre, II faut,
évidemment, la resituer dans un contexte où la ministre,
nouvellement arrivée, annonce à tout un réseau qu'elle va
s'en occuper autrement et mieux, et le premier geste qu'elle pose, c'est de
dire: Attendez, je ne veux plus travailler année après
année. Moi, ce que je vous propose, c'est un énoncé de
politique sur trois ans, avec un plan de développement sur cinq ans et,
comme ça, vous allez souffler. La première année, qu'elle
ne puisse pas y arriver, il y a tellement de bonne volonté dans le
milieu qu'on se dit: Cela doit être un peu plus difficile qu'elle ne
l'avait Imaginé; elle arrive, elle ne s'y connaît pas tellement.
Alors, que cela n'ait pas eu lieu la première année et que bon
nombre d'éducatrices dans le milieu aient décidé, encore
une fois, de se sacrifier - plusieurs n'ont pas eu d'augmentation, se sont
contentées, se sont satisfaites de ce qui piétinait - elles l'ont
fait en se disant:
De toute façon, c'est encore juste pour un an et, là, on
va sortir certainement des difficultés. Entre-temps, rien n'était
indexé, ni l'exonération aux parents, ni les places au permis. La
ministre, au début, avait une seule fois augmenté de 0,50 $ les 4
$ par place au permis.
La première année se termine et la ministre annonce un
comité ministériel pour lui recommander quelle sorte de
modifications apporter, modifications globales, évidemment. C'est un
comité ministériel composé de douze personnes. Ce
comité, finalement, lui fait un rapport en juin 1987 - il y a maintenant
deux ans - un rapport extrêmement bien reçu dans le milieu, un
rapport qui, malheureusement, a complètement été mis de
côté au moment de l'élaboration de l'énoncé,
en tout cas sur ses aspects les plus importants. La ministre aura beau me dire
que 70 % du rapport ont été retenus, c'est 70 % des
recommandations mineures. Mais les recommandations majeures, celles qui avaient
trait aux garderies privées, celles qui avaient trait également
au mode de développement du réseau qui ne devait pas, selon le
comité, reposer simplement sur les épaules des parents, notamment
la recommandation d'augmenter immédiatement en juin 1987 de 1 $ par
place au permis le financement direct des garderies, ces recommandations
majeures sont totalement mises de côté.
Un an et demi plus tard... Entre-temps, évidemment, la ministre
avait déjà préparé son énoncé de
politique; prudemment, ses collègues lui avaient conseillé
d'attendre la fin des élections fédérales avant de le
rendre public puisque, comme dans Perrette et le pot au lait, elle
dépensait l'argent que le fédéral annonçait.
Finalement, l'automne dernier, trois ans plus tard, un énoncé de
politique est venu ajouter à la déception en ne prenant pas
clairement la voie de consolider réellement les services de garde.
Évidemment, il faut se rappeler qu'à l'automne comme maintenant,
il manque toujours 15 000 000 $. La ministre a beau faire de la
prestidigitation et transformer ses 45 % en 30 % plus 30 000 $, elle joue
toujours avec, finalement, les mômes cartes qui sont juste des deux et
des trois et dans lesquelles II n'y a pas assez de dix et d'as. Elle a beau
tourner sa soupe n'importe comment, il manque toujours de l'alphabet dedans
parce qu'il manque véritablement 15 000 000 $.
En écoutant les discussions entre le ministre responsable du
Conseil du trésor et mon collègue de Lévis vendredi
dernier, je me disais que ça ne devait pourtant pas être si
compliqué de les trouver. Depuis le dépôt des
crédits du Conseil du trésor, c'est 522 000 000 $ qui, en trois
mois, ont été périmés. Le président du
Conseil du trésor l'a confirmé; il appelait ça de la bonne
gestion. C'est de l'argent budgétisé et annoncé, il y a
trois mois, dans des programmes qui sont déjà
considérés comme n'allant pas fonctionner. C'est de l'argent qui
est sur papier, mais qui ne sera jamais dépensé.
La Présidente (Mme Dionne): Votre temps est
écoulé, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, mon temps est
écoulé. Évidemment, je sens que j'aurai l'occasion de
revenir sur cette question. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Harel: Mme la Présidente, n'avez-vous pas
invité Mme la ministre à faire des remarques
préliminaires?
La Présidente (Mme Dionne): Elle a commencé et, en
répondant à sa question, vous avez...
Mme Harel: Non, Mme la ministre nous a dit qu'elle n'en avait
pas.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas parce que je n'en avais
pas.
La Présidente (Mme Dionne): Mais elle peut
répondre.
Mme Harel: La réplique est de combien de temps?
Mme Gagnon-Tremblay: J'avais commencé par parler de
l'étude article par article.
Mme Harel: Les remarques préliminaires ne sont pas la
réplique.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pensais qu'on commençait
immédiatement par la lecture des articles. J'ai demandé si on
commençait Immédiatement les articles.
La Présidente (Mme Dionne): Effectivement.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, c'est Mme la députée de
Maisonneuve qui a pris la parole.
Mme Harel: Non, Mme la Présidente, je regrette infiniment,
on va demander les galées parce qu'on ne va pas interpréter ce
qui s'est produit. Vous avez demandé à Mme la ministre, comme
dans toute commission parlementaire, si elle avait des remarques
préliminaires. Elle a dit non. Elle a dit qu'elle avait une question,
mais pas de remarques préliminaires. Sa question était de savoir
si on lisait ou pas les articles quand on allait les examiner. Donc, des
remarques préliminaires, c'était évident, elle a dit
elle-même qu'il n'y en avait pas.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, j'aurai, de toute
façon, sûrement le temps de répondre aux inexactitudes qui
ont été mentionnées par la députée de
Maisonneuve lors de ses remarques préliminaires. J'y reviendrai, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. Nous passons donc
aux motions préliminaires.
Mme Harel: II y a peut-être d'autres remarques des membres
de la commission.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Johnson, vous avez dix minutes.
Mme Juneau: Je pense que c'est 20 minutes.
La Présidente (Mme Dionne): Je m'excuse. Vous avez 20
minutes.
Mme Juneau: On a chacun 20 minutes.
La Présidente (Mme Dionne): Allez-y, Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup. Mme la Présidente, comme je
n'ai pas eu l'occasion de m'exprimer en Chambre compte tenu des circonstances
et des horaires, des fois, incompatibles parce que tu dois être à
une commission parlementaire ou à une autre et qu'avec la Chambre, ce
n'est pas toujours possible d'en arriver à faire toutes les
Interventions que tu souhaiterais faire, vous me permettrez d'exprimer ce que
j'aurais fait en Chambre comme intervention au sujet de la loi 150. D'autant
plus, Mme la Présidente, que J'ai eu à maintes et maintes
reprises, à mon bureau de comté, des représentantes de
garderies, des représentants de parents, des représentants de
travailleuses et de travailleurs en garderie qui sont venus m'exprimer leur
déception par rapport au projet de loi 150. Je suis fort aise de venir
exprimer aujourd'hui ces représentations faites, j'en suis
persuadée, dans les bureaux de tous les députés. Quel que
soit le côté de la table où on est assis, je suis
persuadée que chaque député a reçu à son
bureau de comté des représentations négatives par rapport
au projet de loi 150.
Sous bien des aspects, ce projet de loi ne rencontre absolument pas,
dans leur totalité bien sûr, les aspirations justifiées des
travailleurs et travailleuses en garderie. On aurait souhaité, comme les
gens du milieu, que ce projet de loi y corresponde. Il y a tellement longtemps,
tout autant que les infirmières, que les travailleuses en garderie y
mettent leur coeur, y mettent des heures, font du bénévolat et
que les parents qui sont obligés d'utiliser les garderies font tout leur
possible, payent de leurs personnes pour être en mesure d'étirer
une piastre et de joindre les deux bouts dans les garderies.
Dix ans après l'adoption, en 1979, de la Loi sur les services de
garde à l'enfance par le gouvernement du Parti québécois,
bien sûr, voilà
que le projet de loi 150 modifie ce qui existait déjà et
qui répondait, finalement, à l'époque aux besoins et aux
attentes des gens du milieu.
Mme la Présidente, II y a deux points majeurs sur lesquels je
voudrais discourir aujourd'hui. S'il est possible, par les éclairages
que l'Opposition apportera durant cette commission parlementaire, que Mme la
ministre apporte des amendements, les intervenantes et les intervenants du
milieu des garderies pourront, à ce moment-là, en profiter
pleinement. Je pense qu'on n'est pas Ici pour se battre. On est ici pour
essayer de trouver ensemble des solutions qui seront adéquates par
rapport aux demandes. Je pense qu'on est tous bien conscients de ça et,
avec un peu de bonne volonté, on va pouvoir, finalement, arriver
à un consensus qui sera véritablement ce que souhaiteraient les
milieux familiaux en garderie.
Mme la Présidente, je trouve ça un peu beaucoup aberrant
que le projet de loi 150 mette l'accent sur le financement des garderies
à but lucratif. Je trouve ça aberrant pour deux ou trois raisons.
Premièrement, à l'Office des services de garde à
l'enfance, 75 % des plaintes provenaient du milieu des services de garde
à but lucratif. Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui? Le projet de loi 150
va faire en sorte que les garderies à but lucratif seront
avantagées avec ce projet de loi. Alors, je me suis dit: Mais qu'est-ce
qui se passe? Est-ce qu'on n'a pas entendu l'Office des services de garde
à l'enfance, est-ce qu'on n'est pas conscients que c'est
précisément le milieu de garde à but lucratif qui a fait
le plus d'interventions et de plaintes? (15 h 45)
C'est vraiment incompatible et je n'ai pas compris l'analyse que la
ministre et les personnes qui l'entourent ont dû faire pour arriver avec,
précisément, une aide renforcée, supplémentaire,
augmentée, en ce qui concerne les services de garde à but
lucratif. En effet, 75 % des plaintes venaient de ce milieu-là. Si la
ministre en est capable, dans la réponse qu'elle pourra faire tout
à l'heure, j'aimerais bien qu'elle m'explique comment II se fait qu'on
multiplie les efforts pour aider les services de garde à but lucratif
quand c'est ceux-là qui ont causé le plus de troubles et pour
lesquels il y a eu le plus de plaintes.
Deuxièmement, Mme la Présidente, ce qui est incompatible
avec l'orientation du projet de loi, c'est que la ministre
déléguée à la Condition féminine recommande
de ne plus octroyer de permis à des garderies à but lucratif. Je
me suis encore cassé la tête pour savoir comment il se fait, alors
que le comité consultatif mis sur pied par la ministre
déléguée à la Condition féminine recommande
de ne plus octroyer de permis à des garderies à but lucratif,
que, vlan! avec le projet de loi 150, celles qui vont être les plus
représentées en ce qui concerne ce projet de loi sont,
évidemment, les garderies à but lucratif. Par quelle analyse, par
quelle grande noirceur la ministre a-t-elle été entourée
pour en arriver, de façon tout à fait incohérente,
à ce qu'il n'y ait plus de recommandation de donner des permis aux
garderies à but lucratif et que le projet de loi 150 vienne contredire
ce qui avait été exprimé par un comité mis sur pied
par la ministre? Je me répète: C'est elle-même qui avait
demandé qu'on lui fasse rapport à savoir comment se comportaient
les gens dans les services de garde à but lucratif. Comme 75 % des
plaintes provenaient de ce milieu, II y avait eu, bien sûr, une
recommandation de ne plus accorder de permis aux services de garde à but
lucratif. Et voilà, le projet de loi 150 fait tout autrement que ce qui
avait été conseillé par le comité.
Il y a aussi une troisième raison, Mme la Présidente, et
cette troisième raison, c'est, je pense qu'il est plus qu'évident
qu'on aurait dû aller vers une orientation contraire, c'est-à-dire
accorder toute l'attention, la confiance et la flexibilité
nécessaires à ce que le projet de loi 150 puisse
reconnaître le travail extraordinaire qui se fait dans les services de
garde à but non lucratif. Mme la Présidente, êtes-vous au
courant qu'il y a eu 411 projets présentés par des corporations
sans but lucratif, formées majoritairement de parents, et qui
étaient sur la liste d'attente de l'Office des services de garde
à l'enfance, et ceci au 31 mal dernier? 411 projets
présentés à l'Office des services de garde à
l'enfance. Le gouvernement dit oui aux services de garde à but lucratif,
et, malgré des demandes nombreuses et répétées de
l'ensemble des régions du Québec, elles n'ont pas eu
l'écoute attentive de la ministre. Elles n'ont pas eu, non plus, la
possibilité de dire que toutes les manifestations, tous les
écrits, toutes les participations vis-à-vis de chacun des
députés ici à l'Assemblée nationale ont
été entendus par la ministre.
Mon Dieu, qu'est-ce qu'on va faire pour être entendus par la
ministre? Est-ce qu'on écoute les gens qui ont le plus d'argent, les
gens qui veulent faire de l'argent? Est-ce simplement cette raison qui a
été l'élément déclencheur pour que le projet
de loi 150 privilégie plutôt les services de garde à but
lucratif que les nombreuses demandes de ceux sans but lucratif?
Il faut toujours penser, lorsqu'une loi est faite ici à
l'Assemblée nationale, qu'elle doit être faite non pas pour
réprimer ou opprimer, mais dans le but premier de rendre service
à une population donnée, que ce soit les services aux gens
âgés, que ce soit les services dans les hôpitaux, que ce
soit les services de garde. La loi doit toujours être faite dans l'esprit
de rendre service; elle doit être la mieux rédigée possible
et avoir le moins de contraintes possible pour que les gens qui
réclament justice à l'égard d'une situation vécue
quotidiennement l'obtiennent. Le projet de loi 150 n'est pas, mais pas du tout,
ce qu'on attendait en ce qui concerne les services de garde à
l'enfance.
Je disais tout à l'heure, Mme la Présidente, que j'ai
rencontré à plusieurs reprises dans mon
bureau de comté des gens de notre région que Mme la
ministre connaît bien parce qu'elle fait partie de ma région. Je
suis fière de la région de l'Estrie. Je voudrais être aussi
fière des projets de loi que la ministre met sur pied. Malheureusement,
pour le moment, je ne peux pas dire que l'en suis fière puisqu'on est
très conscients en Estrie, comme ailleurs, que le projet de loi ne
rencontre pas ce qu'on souhaitait dans les milieux de garde.
J'imagine que, dans les grands centres urbains, ce doit être la
même chose, mais étant donné que Je viens d'une
région, je peux vous parler plus facilement de ma région. On a
chez nous, dans certains comtés de notre région, des milieux
pauvres de la société. Ces gens-là ont besoin,
peut-être encore plus que ceux qui proviennent d'un milieu riche, d'avoir
deux salaires qui rentrent à la maison parce qu'ils ne sont pas capables
de joindre les deux bouts. Â ce moment-là, ils sont obligés
d'envoyer leurs enfants dans une garderie sans but lucratif et d'avoir des
tarifs leur permettant de se prévaloir de ce service.
Avec la définition du projet de loi 150 et les orientations dont
la ministre nous a fait part la journée avant le budget, le 30-30, c'est
loin, Mme la Présidente, mais loin de ce à quoi on s'attendait en
région. Je reviens encore avec mes régions pauvres, les
régions où on aurait eu le plus besoin d'aide et d'un esprit
compréhensif de ce qu'on vivait. Elle est très au courant que,
dans notre région, on vit des situations comme celles-là. Elle
pourrait l'exprimer tout aussi bien que moi. Je suis Inquiète pour les
régions défavorisées, les endroits, les comtés, les
villes, les villages où on a des garderies sans but lucratif à
des prix acceptables. Je me demande ce que ces gens, ces parents à
faibles revenus vont faire pour arriver à envoyer à la garderie
un enfant. Quand c'est un, ce n'est pas si mal. On fait des efforts pour que
les familles augmentent compte tenu de la situation démographique. On
fait des efforts pour encourager les jeunes familles à avoir plus d'un
enfant par famille. C'est bien beau de donner un cadeau à la naissance
de l'enfant, d'arriver avec 4500 $ payables sur trois ans à raison de
375 $ à tous les trois mois. C'est bien beau, mais ce n'est pas
suffisant! Avec ce que ça coûte en couches par semaine, ce que
coûte une caisse de lait Enfalac, ce que ça peut donner ne paie
même pas ces deux éléments dont ont peut avoir besoin pour
un bébé qui arrive en surplus dans une famille.
Alors, comment imaginer que ces gens vont payer la garderie avec les
tarifs dont Mme la ministre nous a fait part la veille du budget? C'est une
moyenne claque, une tape dans la face du pauvre monde encore une fois, une tape
dans la face des Jeunes familles qui, elles, souhaiteraient avoir des
garderies. La ministre aurait dû songer aussi aux garderies sans but
lucratif, sans privilégier par son projet de loi 150 les garderies
à but lucratif. Je ne dis qu'il faut effacer l'un ou l'autre. Il aurait
fallu que la ministre utilise son autorité si nécessaire. Non,
elle a fait le contraire de ce que le comité qu'elle avait
elle-même mis sur pied lui recommandait. Comment voulez-vous que les gens
du milieu soient contents?
Dans les Jours mêmes qui ont suivi le dépôt à
l'Assemblée nationale du projet de loi 150, avec les annonces de la
ministre responsable... A ce moment-là, on pensait qu'elle était
responsable des services de garde; on s'est rendu compte qu'elle s'en lavait
les mains parce qu'il y a un article de la loi qui dit que ce ne sera
même plus elle qui va discuter des demandes de l'Office des services de
garde à l'enfance. Elle s'en lave les mains. Cela va être le
Conseil du trésor qui va décider ça. Je trouve ça
regrettable.
Les gens du milieu sont drôlement inquiets. Je suis
persuadée, pour l'avoir lu et en avoir eu connaissance personnellement,
qu'il y a eu des personnes en quantité importante qui se sont rendues au
bureau de la ministre. Je les ai vues. C'est chez nous, c'est proche. Donc, je
me suis rendu compte que la ministre avait eu de la visite fort nombreuse
à son bureau de comté pour aller lui exprimer ce que je dis
aujourd'hui. La ministre le sait très bien. Alors, je me demande
pourquoi elle ne réagit pas positivement aux demandes maintes fois
répétées et aux besoins qu'on lui a clairement
Indiqués. Ce n'est pas pour rien que les gens descendent dans la rue. Ce
n'est pas pour rien qu'ils sont allés assiéger le bureau de la
ministre déléguée à la Condition féminine.
Ce n'est pas pour rien. Ce n'est pas parce qu'ils sont contents que les gens
sont venus chez nous me dire ce qui n'allait pas. Ce n'est pas parce qu'ils
sont heureux de ce qui s'est décidé, bien au contraire. C'est
parce que la ministre, soit qu'elle le veuille ou que ce soit contre sa
décision... Je me dis que, si la ministre responsable prenait
d'autorité ses responsabilités, une telle chose n'arriverait pas.
S'il faut donner des coups de poing sur la table, on les donne quand c'est
nécessaire et on arrive à gagner le point de vue qui
reflète les besoins et les attentes de la population.
Mme la Présidente, Je souhaite, par cette commission
parlementaire que nous commençons, que les interventions de l'Opposition
offrent un éclairage qui sera le déclencheur pour que la ministre
corrige ce qui ne fait pas l'affaire des gens du milieu, qu'elle puisse
modifier son projet de loi et en arriver à plus de conformité aux
attentes et aux demandes du milieu. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Merci. Mme la
députée de Johnson. Mme la députée...
M. Leclerc: En vertu de l'alternance.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Taschereau.
M. Jean Leclere
M. Leclere: Merci beaucoup. Mme la Présidente, force nous
est de constater que l'Opposition n'a pas l'Intention, dans l'immédiat
à tout le moins, de procéder à l'étude article par
article du projet de loi. C'est tout à fait son droit d'utiliser le
temps qui est dévolu à chaque parlementaire pour faire des
motions, des remarques préliminaires. Nous, de ce côté-ci,
on est en droit de se demander qu'est-ce qui justifie dans les faits l'attitude
de l'Opposition. Que l'Opposition soit insatisfaite des montants que le
gouvernement du Québec a consacrés à l'Office des services
de garde à l'enfance lors du dernier budget, c'est tout à fait
son droit. Mais qu'elle se serve de l'étude du projet de loi 150 pour
démontrer à la population et au gouvernement son insatisfaction,
cela m'apparaît, à tout le moins, une procédure pas tout
à fait conforme au projet de loi que nous avons à étudier.
Je ne veux pas prêter d'intentions à l'Opposition, mais ce serait
encore plus dommage qu'elle se serve du projet de loi 150 dans sa
stratégie globale de fin de session. Ce serait également fort
dommage. (16 heures)
Quand on regarde les notes explicatives du projet de loi, on se rend
compte qu'il résout un bon nombre d'attentes du milieu des garderies au
Québec. Je rappelle également à l'Opposition que c'est
à l'intérieur du discours sur le budget que se dévoilent,
année après année, et sous tous les gouvernements, les
niveaux de dépenses dans tous les secteurs de l'activité
québécoise et, également, pour ce qui est des garderies.
Quand on voit, par exemple, dans les notes explicatives: "Ce projet de loi
modifie la Loi sur les services de garde à l'enfance, notamment en ce
qui concerne les définitions de service de garde en garderie, en
halte-garderie et en jardin d'enfants pour faire en sorte qu'un permis soit
requis lorsqu'au moins sept enfants sont gardés", je ne crois pas que
l'Opposition soit contre ça. "Il modifie aussi la définition de
service de garde en milieu familial pour permettre que la personne responsable
d'un service de garde en milieu familial puisse garder seule jusqu'à six
enfants et précise la définition de service de garde en jardin
d'enfants." Je ne crois pas, non plus, que l'Opposition soit contre ça.
"Le projet de loi fixe la capacité maximale des agences de services de
garde en milieu familial à 150, prévolt que leur permis Indique
un territoire et spécifie comment sont déterminés cette
capacité et ce territoire." L'Opposition n'est pas contre ça, non
plus. "Il précise le rôle et le fonctionnement des comités
consultatifs de parents devant être formés par certains titulaires
de permis." L'Opposition n'est pas contre ça. "Il introduit des
règles nouvelles en ce qui a trait à la délivrance des
permis, des demandes de relocalisation et d'augmentation de la capacité
des services." Je ne crois pas que l'Opposition soit contre ça. "Le
projet de loi prévoit la possibilité d'accorder une assistance
financière afin d'encourager l'expérimentation dans le domaine
des services de garde." Je suis sûr que l'Opposition n'est pas contre
ça. "il permet l'octroi de subventions aux commissions scolaires qui
organisent des services de garde en milieu scolaire - l'Opposition n'est
sûrement pas contre ça - aux garderies à but lucratif - je
vais y revenir, Je crois que l'Opposition a des réserves quant à
cet aspect - ou sans but lucratif non gérées par les parents et
aux jardins d'enfants."
Qu'en est-il des garderies à but lucratif alors qu'on sait que
l'Opposition se surprend que nous leur accordions quelques subventions? Il faut
lui rappeler que les subventions que nous voulons accorder aux garderies
à but lucratif sont des subventions pour aider, pour rechercher
davantage de qualité. Qu'on pense aux subventions de formation; je pense
que les travailleurs de garderies à but lucratif ont droit à la
même formation que les travailleurs de garderies sans but lucratif. Qu'on
pense aux subventions spéciales pour les poupons; j'imagine que la
surcharge de travail occasionnée par les poupons est la même dans
une garderie à but lucratif que dans une garderie sans but lucratif.
Qu'on pense aux subventions spéciales pour enfants handicapés;
cela coûte aussi cher dans une garderie à but lucratif que dans
une garderie sans but lucratif de recevoir des enfants handicapés. Et,
enfin, qu'on pense aux 2000 $ de matériel pédagogique qui vont se
rendre directement aux gens concernés, directement aux enfants. Je ne
vois rien de scandaleux à offrir ces quelques subventions aux garderies
sans but lucratif, quand on regarde le type de clientèle que l'on vise,
quand on sait que les travailleurs de garderies à but lucratif devraient
avoir droit à la même formation que les travailleurs des garderies
sans but lucratif.
Également, le projet de loi donne à l'Office le pouvoir
d'exiger, dans la mesure prévue par règlement, qu'un titulaire de
permis ait à son emploi une personne responsable de la gestion du
service de garde ou de l'agence. Encore là, des choses avec lesquelles,
je crois, l'Opposition est en accord. Qu'on pense simplement aux subventions
à la formation. On sait très bien qu'il y a un certain nombre
d'années nos prédécesseurs ont exigé qu'un
travailleur ou une travailleuse sur trois en garderie possède un
diplôme d'études collégiales. Mais jamais ils n'ont investi
les sommes d'argent nécessaires pour aider les garderies à le
faire. À tout le moins, notre projet de loi a l'avantage de consacrer
des sommes réservées à la formation.
Jamais dans le passé, également, nos
prédécesseurs n'avaient offert aux garderies des formules de
subventions indexées, alors que nous
allons offrir des formules de subventions Indexées. Qu'on se
remémore la position du Parti québécois sur les garderies
à but lucratif. Jamais II ne les a subventionnées, il est vrai,
mais, quand on regarde sa loi de 1979, il les a reconnues de plein droit. Alors
qu'elles sont reconnues maintenant depuis dix ans, qu'elles offrent un service
à la population, qu'elles ont à leur emploi des travailleurs et
des travailleuses, nous ne pouvons fermer les yeux et ne pas voir que les
travailleurs ont des besoins de formation et que, lorsqu'ils ont des poupons ou
de jeunes handicapés, il leur en coûte davantage.
Par conséquent, je trouve tout à fait dommage l'attitude
de l'Opposition, mais c'est tout à fait son droit. Je ne le mets pas en
doute, mais Je pense qu'on aurait Intérêt, tous tant que nous
sommes et quelle que soit notre formation politique, à passer à
l'étude article par article du projet de loi 150. Je crois deviner que
nos amis de l'Opposition voudront que nous procédions à des
consultations particulières. Nous avons procédé à
des consultations particulières il y a un certain nombre de mois. Nous
avons rencontré tous les groupes, toutes les garderies, tous les
regroupements de garderies qui manifestaient l'intention de rencontrer les
membres de l'Assemblée nationale. Je crois que l'étape des
consultations a été bien faite, mais, après les
consultations, il faut passer à l'action. Le projet de loi 150 se veut
une partie à tout le moins des gestes que le gouvernement veut poser en
matière de garderies au Québec.
En terminant, Mme la Présidente, je considère qu'avec la
feuille de route du Parti québécois en matière de
garderies, non pas que nous prétendions être parfaits et
régler tous les problèmes du Québec, tous les
problèmes de l'Office des services de garde à l'enfance, nous
pouvons mettre sur la table nos propositions sans être
gênés, d'aucune façon, quand on se rappelle l'état
des garderies, par exemple, en 1982, alors qu'elles ont dû s'agenouiller
devant le gouvernement à plusieurs reprises, quand on sait le nombre de
points que le projet de loi 150 va permettre de régler, notamment, la
planification régionale qui manquait, il faut bien l'admettre. Je trouve
toujours malvenue la position de l'Opposition qui se refuse à
procéder immédiatement à l'étude de l'article 1.
C'est tout à fait son droit, mais je pense que, pour l'avancement des
services de garde au Québec, nous aurions tous intérêt
à procéder à l'étude article par article
plutôt qu'à nous complaire dans un certain nombre de motions qui
ne feront que retarder l'adoption du projet de loi 150. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Taschereau. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L . Blackburn Mme Blackburn: Merci, Mme la
Présidente.
Je voudrais, peut-être avant de faire les commentaires que
m'inspire le projet de loi que nous allons examiner article par article,
répondre un peu, pas aux propos du député de Taschereau -
dans Taschereau, il y a aussi des populations défavorisées - mais
bien à l'impression qu'il veut laisser que c'est l'Opposition qui
s'oppose au projet de loi. Je trouve que c'est vraiment une distorsion à
la vérité qui doit être relevée, parce que
l'Opposition ne fait ici que traduire ce que les groupes communautaires, ce que
les différentes garderies, les regroupements de garderies sont venus
dire et répéter depuis des mois. Ce n'est pas l'Opposition qui,
pour son plaisir, pour le plaisir de faire durer les échanges entre
nous, vient ici contester le projet de loi. On se fait ici les porte-parole de
tous ceux et toutes celles qui vous disent: Ne procédez pas. C'est la
réalité.
Allez-vous croire que, si nous étions les seuls à penser
que vous êtes dans l'erreur, l'Opposition serait ici en train d'essayer
de vous faire entendre raison là-desus? Mais non. On vous dit que le
projet de loi devrait être modifié dans le sens où les
organismes sont venus vous le dire. C'est essentiellement le rôle de
l'Opposition: essayer de faire entendre raison au gouvernement, alors que tous
les groupes estiment qu'il erre dans les circonstances.
La ministre et ce gouvernement avaient pris de nombreux engagement, y
compris celui d'investir des sommes Importantes pour assurer l'ouverture d'un
certain nombre de places en garderie. Malheureusement, la ministre
dépensait de l'argent qui n'était pas dans ses goussets. La
députée de Maisonneuve a tenté à plusieurs reprises
de lui faire dire quelle serait la situation dans l'hypothèse où
le gouvernement fédéral n'allongerait pas tous les budgets tel
que prévu. Elle n'avait pas prévu, dans son propre budget, une
aire de retournement au cas où le fédéral se retirerait
tel qu'il l'a fait. En fait, elle dépensait l'argent que le gouvernement
fédéral annonçait, mais qu'il n'avait pas encore
budgété. C'est fort imprudent, comme le montre la suite des
débats là-dessus et des événements.
La décision du gouvernement fédéral nous permet
d'observer une certaine convergence dans les décisions prises par le
gouvernement du Québec et par le gouvernement d'Ottawa. Vous aurez
remarqué que les premiers groupes à être
pénalisés, les personnes qui se volent dénier le droit du
gouvernement de respecter ses engagements, tant à Ottawa qu'à
Québec, cela a d'abord été les jeunes en
difficulté, les pauvres et les femmes. À Ottawa, on a
coupé dans les garderies, alors que cela avait fait l'objet de leur
campagne électorale qui avait porté sur deux points: les
garderies et le libre-échange. Pour le libre-échange, on
connaît la suite des événements; alors, on se permet de
couper dans les garderies. Les femmes sont encore aujourd'hui sans pouvoir,
parce que ce sont majoritairement elles qui sont concernées lorsqu'il
s'agit de la
garde des enfants, et les gouvernements, dans l'évaluation qu'Us
font des Impacts d'une décision ou d'un engagement qui n'est pas
respecté, estiment qu'Us peuvent Impunément renier les
engagements pris à l'endroit des femmes et des jeunes.
Au gouvernement libéral, c'est exactement la môme chose:
les engagements qu'on n'a pas respectés, la parité de l'aide
sociale, l'aide financière aux étudiants, les garderies, le
régime de rentes au foyer, ça touche essentiellement les jeunes
et les femmes. Et vous remarquerez qu'il y a une convergence, finalement, dans
la lecture que font les gouvernements des groupes qu'on peut impunément
tromper ou à l'égard desquels on peut renier les engagements
pris; ce sont essentiellement les jeunes et les femmes.
Le Parti libéral du Québec se targuait d'être
meilleur négociateur. En fait de meilleur négociateur, on a
déjà vu mieux. Il est évident que, dans le dossier des
garderies, le Québec s'est fait faire, mais le Québec n'avait pas
l'aire de retournement qu'il aurait dû avoir pour prendre les
décisions correspondant aux engagements que la ministre avait pris. Par
ailleurs, il faut reconnaître également que, pour le gouvernement
libéral, ce n'est pas une priorité. SI c'eût
été une priorité, on aurait engagé les sommes tel
que promis.
Ce gouvernement se targue également de vouloir doter ■ le
Québec d'une politique familiale. Une prime à l'enfant, ça
vous arrange. Admettons que c'est 3000 $ pour le premier enfant. Le
deuxième enfant?
Une voix: Le deuxième, 4500 $. Mme Blackburn: Le
deuxième? Une voix: 4500$
Mme Blackburn: Alors, pour garder un enfant en garderie, vous
savez ce qu'il en coûte? Il coûte plus cher de placer un enfant en
garderie que de l'envoyer à l'université. Si vous demeurez
à Québec, comme c'est le cas du député de
Taschereau, et que vous avez un enfant, vous payez ses frais de
scolarité 570 $ et ses frais de subsistance ou son matériel
scolaire et ça s'arrête là. Mais, si vous placez un enfant
à la garderie, c'est 4000 $ plus ses frais de subsistance; ça
vous coûte plus cher que d'envoyer un enfant à
l'université. C'est absolument inconcevable, et ce gouvernement
prétend encourager la famille.
Il prétend encourager la famille, et c'est toujours très
paradoxal. Il dit aux assistés sociaux ou aux parents d'assistés
sociaux: Tenez-vous bien, si vous faites un enfant, vous allez être
responsables de cet enfant jusqu'à l'âge de 30 ans. Même si
vous avez de petits revenus, si on traverse une nouvelle crise
économique, faites-nous des enfants, mais on vous dit tout de suite que,
si vous en faites, si le Parti libéral est encore là, vous serez
responsables de cet enfant-là jusqu'à l'âge de 30 ans,
quels que soient vos revenus ou à peu près. C'est ça, les
politiques familiales, et c'est ça, encourager la famille. Je sais que
le député a une partie de son comté qui est dans un milieu
défavorisé. Qu'est-ce qu'U dit à ces gens-là
lorsqu'on parle de services de garde et lorsqu'on parle aussi des obligations
de la famille qui décide d'avoir des enfants? Est-ce qu'on leur dit que,
dorénavant, ils devront être responsables de leur enfant
jusqu'à 30 ans? C'est ça, une politique familiale? (16 h 15)
Ma collègue de Johnson disait tout à l'heure: On voudrait
intervenir à nouveau sur ce projet de loi parce qu'on pense amener la
ministre à le modifier. Je dois vous dire que j'ai peu d'espoir en ce
sens. Ou moment où elle a abdiqué ses responsabilités et
les pouvoirs qu'elle avait de déposer et d'adopter elle-même son
plan de développement, du moment où elle est capable d'abdiquer
ses pouvoirs aux mains du Conseil du trésor - pas du Conseil des
ministres, pas de la ministre responsable de la politique familiale; non, aux
mains du président du Conseil du trésor - si elle est capable de
faire ça sans aucune gêne, sans se sentir mal à l'aise,
j'ai peu d'espoir quant aux possibilités de l'amener à entendre
raison et à écouter ce que les organismes sont venus lui dire,
tant dans son comté que dans le mien, tant à travers le
Québec qu'ici même à l'Assemblée nationale.
Au moment où on étudiait le projet de loi en
deuxième lecture en Chambre, j'ai fait un certain nombre de remarques
sur la privatisation du réseau des services de garde. La privatisation,
pour le gouvernement libéral, c'est un credo, un dogme. Il a fait de la
privatisation son cheval de bataille aux dernières élections. Il
a fait de cette question un dogme repris de façon brillante, d'ailleurs,
dans le rapport Gobell. Dans le rapport Gobeil, on évoquait la
possibilité de confier à des firmes externes la gestion
complète des hôpitaux - ou on sait qu'avec le libre-échange
cela pourrait même être les Américains qui le feront - la
privatisation des centres hospitaliers de taille petite ou moyenne -
actuellement, l'hôpital de Bellechasse, qui est un hôpital
privé, coûte plus cher à gérer et a plus de
subventions qu'un hôpital public - l'utilisation plus poussée de
la politique du faire-falre en confiant par des contrats à des firmes
privées la gestion des services de soutien, la création de
nouveaux centres médicaux appelés "organisations de soins
Intégrés de santé", on sait que nous y sommes rendus.
Dans les services de garde à l'enfance, où sont les
avantages de la privatisation, voulez-vous me le dire? Ma collègue
rappelait d'abord que 75 % des plaintes portées à l'endroit des
services de garde l'étaient contre des garderies à but lucratif.
Vous iriez constater le nombre de plaintes levées par des personnes
âgées dans les
centres d'accueil et vous constateriez la même situation. La
majorité des plaintes portées par des personnes
âgées qui résident dans les centres d'accueil le sont
à l'endroit de centres d'accueil privés. Ce n'est pas
compliqué. Cela se comprend facilement. Vous n'avez pas besoin de faire
de longues analyses. Si vous avez exactement le même budget que dans le
public pour faire garder un enfant - parce que c'est établi, il y a des
normes là-dedans - votre seule façon de faire des
bénéfices, pour que ce soit lucratif - c'est ça, un
établissement à but lucratif - c'est de gruger soit sur la
qualité des services, soit sur la nourriture - dans le cas des personnes
âgées, c'est ce qui arrive - ou soit sur les salaires des
employés. Vous n'avez pas dix façons de faire des
économies.
La députée me dit: Sur la gérance. Il faut aller
voir ce que ça donne dans les établissements gérés
par des entreprises privées. Cela illustre précisément ce
qu'on dit: II y a un dogme, c'est certainement meilleur si c'est privé.
Le gouvernement libéral a fait de la privatisation un dogme, ce qui fait
qu'il vient d'introduire dans les services de garde les garderies à but
lucratif subventionnées. Qu'y y ait des garderies à but lucratif,
je n'ai rien contre. Il peut s'en développer tant qu'on voudra. Qu'on
les paie à même les deniers de l'État, c'est anormal. Qu'on
accepte, comme gouvernement, que les personnes âgées, comme les
enfants, soient devenues un marché lucratif avec lequel on peut faire de
l'argent, c'est indécent. Dans ce sens, on parle de garderies à
but lucratif. Les enfants sont devenus un marché lucratif, c'est
inacceptable. Mme la Présidente, l'Introduction dans ce projet de loi
des garderies à but lucratif aux fins de subvention, c'est totalement
inacceptable.
L'État - c'est généralement reconnu partout - a la
responsabilité d'organiser les services essentiels à la
population. Ceux qui veulent s'organiser des services particuliers ont la
responsabilité de payer pour. Je dirais la même chose en
matière d'écoles privées. Les écoles privées
sont subventionnées; elles ne sont pas, cependant, à but
lucratif, mais elles sont subventionnées et elles sélectionnent
leur clientèle. Au Québec, on a la situation suivante: dans la
région de Québec, Sherbrooke et Montréal, vous avez entre
25 % et 30 % des enfants du secondaire qui se retrouvent dans des écoles
privées subventionnées. Le résultat est que, dans les
écoles publiques, vous avez un taux anormalement élevé
d'enfants qui éprouvent des difficultés d'adaptation ou
d'apprentissage. Les enfants handicapés, intellectuels et physiques, ne
sont, d'ailleurs, pas admis dans les écoles privées. Donc, les
écoles privées, en plus de sélectionner leur
clientèle ont eu droit, cette année, à une augmentation de
près de 18 % de leur budget contre 4 % dans les écoles publiques.
C'est ça, quand on fait de la privatisation; le secteur privé a
toutes les vertus et le secteur public a tous les vices.
Mme la Présidente, je suis étonnée et
déçue que la ministre ait cédé son droit de regard
sur l'établissement du pian de développement des garderies, parce
que la ministre, comme nous - je vais parler un peu plus au nom des femmes -
est consciente des difficultés qu'on a toujours eues, quel que soit le
gouvernement, à faire comprendre les besoins reliés aux familles.
Elle sait que, pour faire passer certaines lois, pour faire investir davantage
le gouvernement dans les politiques familiales, dans les garderies, II faut
mettre toute, toute son énergie. Lorsqu'une partie des pouvoirs qui sont
dévolus aux quelques femmes ministres s'en vont dans un
ministère... On l'admettra, ce n'est pas demain matin qu'il y aura une
femme à la tête du Conseil du trésor, ce sera encore des
hommes. Allez-vous me dire qu'ils ont la môme perception des besoins des
familles, pour le moment? Non, malheureusement. J'ai hâte que ça
change, par exemple, mais, pour le moment, c'est un fait, ça n'existe
pas. La ministre sait très bien, lorsqu'il s'agit de défendre des
dossiers au sein du Conseil des ministres, comme II est difficile de faire
comprendre aux gens l'Importance d'Investir en matière de services de
garde comme en matière de politiques familiales.
Je déplore et regrette, comme l'ont fait tous les organismes
ainsi que la porte parole de l'Opposition dans ce dossier, qu'elle ait
cédé ce pouvoir au Conseil du trésor, qu'elle ait
accepté que ce pouvoir soit transféré entre les mains
d'autres personnes qui ont d'autres préoccupations. Le Conseil du
trésor a la préoccupation de maintenir un équilibre
budgétaire. Verrait-on le ministre de l'Éducation confier au
Conseil du trésor la décision d'adopter son plan de
développement dans les écoles? Voyons donc, ça n'existe
pas, ça ne se fait pas.
Demandez donc è la ministre de la Santé et des Services
sociaux si elle laisserait le Conseil du trésor fixer le plan de
développement des CLSC, des centres d'hébergement pour personnes
âgées, des centres d'accueil, etc. Ça n'existe pas.
Pourquoi est-ce que, tout à coup, on est en train de changer ce qui
était les règles du Jeu antérieurement? Je ne comprends
vraiment pas. Je ne comprends pas, ça m'apparaît comme une
humiliation profonde qu'on fait subir à la ministre
déléguée à la Condition féminine, mais on
n'oserait pas faire subir le même sort à ses collègues
masculins. C'est ça que J'entends.
Mme la Présidente, j'ai peu d'espoir de voir des modifications
Importantes être Introduites dans le projet de loi qui est
déposé, parce que, sur l'essentiel, la ministre a
déjà abdiqué. Elle a déjà abdiqué,
même si elle connaît mieux que moi les conditions tout à
fait précaires des travailleurs et des travailleuses dans les garderies.
Elle connaît le salaire moyen des travailleurs et des travailleuses qui
les place au seuil de la pauvreté. Elles savent ce que ça veut
dire travailler. Elles font encore, ces femmes - parce que ce sont
majoritairement des femmes - l'équivalent du bénévolat.
Elles doivent encore une fois,
parce que ce sont des femmes et qu'elles oeuvrent dans des secteurs peu
reconnus, travailler à des salaires moindres parce que ça touche
des femmes.
Le président du Conseil du trésor,
précisément celui à qui elle va confier la
responsabilité d'établir le plan de développement des
garderies, prétendait qu'il n'y avait pas d'inéquité
salariale entre les fonctions occupées majoritairement par les femmes et
par les hommes. Il faisait cette déclaration en Chambre au moment
où on lui demandait s'il prévoyait prendre en
considération, au cours de la présente négociation, la
nécessité de rétablir une échelle salariale qui
tiendrait compte de l'inéquité salariale par rapport à
certaines fonctions majoritairement occupées par des femmes. On sait,
par exemple, que - dans les garderies, c'est un cas - pour les
bibliothécaires, les agents d'information et certaines autres fonctions,
il existe également ce qu'on appelle l'inéquité salariale.
La ministre accepte de confier au môme président du Conseil du
trésor la réalisation du plan de développement des
services de garde. Mme la Présidente, si la confiance règne de ce
côté, moi, j'ai bien des doutes par rapport à ce que
ça pourra donner pour les garderies.
Je voudrais rappeler en conclusion que, si nous nous opposons à
ce projet de loi, ce n'est pas parce que, personnellement, la
députée de Chicoutimi est contre. Moi, des enfants, je n'en ai
plus dans des garderies. Mes petits-enfants y entreront bien un jour, mais je
n'ai pas encore de petits-enfants et je n'ai pas d'enfants dans les garderies.
Cependant, Mme la Présidente, nous nous faisons les porte-parole de tous
les organismes qui sont venus chez nous, qui sont venus à
l'Assemblée nationale, qui sont allés à votre bureau - je
n'en doute pas, puisqu'ils sont venus aussi à mon bureau - et au bureau
de la ministre elle-même pour dire que le projet de loi ne
répondait pas aux attentes qu'on avait laissé entrevoir dans ce
dossier, qu'il ne répondait pas aux attentes et aux besoins en
matière de services de garde. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Dlonne): Merci, Mme la députée
de Chicoutimi. Est-ce que c'est tout pour les remarques préliminaires?
M. le député d'Un-gava, c'est à votre tour.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Si vous me permettez quelques minutes, Mme la
Présidente, je vais faire aussi quelques remarques préliminaires
sur le projet de loi qu'on s'apprôte à étudier. Je pense
que c'est important. D'ailleurs, ce projet de loi, par analogie, me fait penser
à un autre projet de loi 150 qu'on a étudié il y a trois
ans; c'était la Loi sur les forêts. Vous savez dans quel fiasco
monumental on s'est embarqués actuellement avec la Loi sur les
forêts. Alors, je me demande si ce n'est pas un numéro de projet
de loi qui est prédestiné à avoir des problèmes
d'application dans l'avenir. Toujours est-il qu'à la lecture
préliminaire de ce projet de loi, on a l'impression de s'embarquer,
encore une fois, dans quelque chose qui va nous amener dans un cul-de-sac
à peu près incompréhensible pour les différentes
personnes qui vont avoir à travailler avec le projet de loi, qui vont
avoir à l'appliquer dans l'avenir.
On constate aussi, d'après les réactions de la ministre,
qu'elle a probablement, à l'égal de son collègue des
Forêts qui avait, lui aussi, un projet de loi 150, beaucoup de bonnes
intentions. Elle nous dit, on l'entend murmurer par derrière: Ce n'est
pas ça que ça veut dire. Vous n'avez pas compris. Mais le texte
de la loi, c'est une autre chose. À partir du moment où on a une
intention réelle, à mon avis, en tant que législateur, il
faut la transcrire le plus parfaitement possible dans un texte de loi qui va
faire en sorte qu'on ne pourra pas interpréter autrement l'intention
qu'on avait au départ.
Là-dessus, par exemple, je m'en prendrais à toute la
question du financement des garderies privées. J'ai entendu la ministre
à d'autres occasions, lors des différentes étapes du
projet de loi, dire: Écoutez, l'Opposition n'y est pas. Ce n'est pas
vrai; on ne finance pas les garderies à but lucratif au même titre
que les garderies sans but lucratif. Soit, pour le moment, l'intention est
peut-être là, de la part de la ministre. Je ne doute pas de ses
bonnes intentions, mais ce qu'elle fait, par le projet de loi, c'est qu'elle
ouvre une porte toute grande au financement des garderies à but
lucratif, dans l'avenir, au même titre que les garderies sans but
lucratif. (16 h 30)
Pour reprendre l'exemple auquel se référait tout à
l'heure ma collègue de Chicoutimi, on l'a vu dans le domaine de
l'enseignement privé. On se retrouve dans une période difficile
de compressions budgétaires et on a des augmentations plus grandes pour
l'enseignement privé que ce qu'on donne à l'enseignement public
en termes de pourcentage. Vous vous imaginez dans quelle espèce de
cul-de-sac on est en train de s'embarquer à partir du moment où
vous ouvrez le financement aux garderies à but lucratif qui sont,
d'abord et avant tout, des entreprises privées, des entreprises dans
lesquelles les gens investissent pour faire de l'argent, c'est bien clair. J'ai
assisté ici à la consultation en commission parlementaire,
là-dessus. Il y avait des personnes qui représentaient des
garderies à but lucratif qui disaient: Vous voyez, nous faisons
ça, mais ce n'est pas pour faire de l'argent. Allons donc! Quand on
investit 150 000 $, 200 000 $ ou 300 000 $ pour acheter un édifice,
qu'on investit pour l'équipement et pour le personnel qui va travailler
là, probablement que, la première, la deuxième, la
troisième année, comme investisseur, on va peut-être s'en
tirer un salaire et dire: J'investis pour créer mon propre salaire et
faire travailler du monde. Mais ce
n'est pas ça, fondamentalement, l'idée d'une entreprise
privée. Si les investisseurs sont capables d'y ajouter une plus-value,
de lui donner une valeur ajoutée pour en tirer des
bénéfices mercantiles, II est bien évident qu'ils vont le
faire. Quand on Investit dans l'entreprise privée, peu importe le
service dans lequel on investit, on investit d'abord pour faire de
l'argent.
On pourrait appliquer le même principe aux quincailliers. Un
quincaillier va peut-être dire: Moi, j'investis parce que je sais que les
gens dans mon milieu ont besoin de bois, de vis et de pentures, et ça me
fait plaisir de leur en offrir. Sauf que ce bols, ces vis et ces pentures, M va
les vendre pour faire de l'argent et, autant que possible, il va essayer de
donner une valeur ajoutée à sa quincaillerie pour la revendre
plus tard s'il veut s'en débarrasser, en faisant de l'argent. Le
même principe vaut aussi dans le cas d'une garderie à but
lucratif. Vous ne me ferez pas accroire que des gens vont investir des
dizaines, des centaines de milliers de dollars pour faire des garderies
à but lucratif, alors qu'ils pourraient prendre le même argent et
l'investir ailleurs, uniquement pour les beaux yeux des enfants de leur
secteur, même si ça ne veut pas dire par là qu'ils n'aiment
pas les enfants, bien au contraire. Mais il y a autre chose; sinon, ils
feraient comme les autres parents, ils s'organiseraient pour développer
des garderies sans but lucratif et pour envoyer leurs propres enfants dans des
garderies sans but lucratif.
La ministre aura beau dire ce qu'elle voudra là-dessus, mais le
rapport Presser, ça doit lui dire quelque chose. À ma
connaissance, ce n'est pas un rapport péquiste, du moins quand on a
déposé le rapport, il y avait à peu près 18 mois
qu'elle était au pouvoir.
Mme Harel: C'est elle qui l'avait commandé.
M. Claveau: Ce n'est certainement pas un rapport qui émane
de l'administration péquiste. Qu'est-ce que le rapport disait? Il y
avait un certain nombre de recommandations. Le rapport disait: Ne donnons plus
de permis à de nouvelles garderies privées à but lucratif;
donc, suspendons l'émission des permis, d'une part. Au lieu de faire
ça, qu'est-ce que la ministre fait? Elle va plus loin. Elle ne
considère même pas la recommandation no 2 du comité qu'elle
a elle-même mis en place. En plus de ne pas arrêter
l'émission des permis, elle va jusqu'à financer, en partie, ces
garderies dans certaines de leurs activités. Cela valait la peine de
payer encore pour un comité. Qu'est-ce que la recommandation no 3
disait? "Que les enfants qui s'inscriront dans une garderie à but
lucratif ne soient pas admissibles au programme d'exonération
financière, les enfants déjà couverts par ce programme
conservant leurs droits acquis.' Cela va, quand même, assez loin.
Je dis donc qu'il y a sûrement un problème.
Quand on disait, tout à l'heure, par exemple, que 75 % des
plaintes qui arrivent à l'Office des services de garde à
l'enfance émanent du secteur des garderies à but lucratif, cela
veut dire quelque chose. Probablement que le comité Presser s'est
penché là-dessus dans son rapport. Quand on regarde la
recommandation no 4: "Que l'Office des services de garde à l'enfance, en
collaboration avec l'inspecteur du Service des compagnies du Québec,
élabore un programme de conversion pour permettre aux garderies à
but lucratif de se transformer, sur une base volontaire, en garderies sans but
lucratif", il devait y avoir des raisons pour en arriver là.
La ministre aurait eu avantage à prendre plus au sérieux
les recommandations du comité qu'elle avait elle-même
formé. Je pense que ça devait être un comité
sérieux et je donne crédit à la ministre quant à la
composition de ce comité, en supposant qu'elle n'a pas pris n'importe
qui. Donc, je lui donne crédit quant à sa capacité de
choisir des gens compétents pour former un tel comité. Alors, si
ces gens arrivent aux conclusions dont on vient de faire état, comment
se fait-Il, en se revirant de bord, que la ministre ait dit: C'est bien
dommage, je vous remercie bien, mais vous avez travaillé pour rien? En
plus de ne pas suivre vos recommandations, je vais aller plus loin, je vais
commencer à les financer, je vais ouvrir la porte à un
financement plus global dans l'avenir?
À partir du moment où on en donne un peu aujourd'hui,
l'année prochaine, elles vont en demander un peu plus, dans deux ans,
elles vont en demander un peu plus et, dans trois ans, elles vont en demander
un peu plus. Vous savez que, lorsqu'on a un droit acquis, c'est difficile de
revenir là-dessus. C'est le risque qu'on prend actuellement. Dans le
fond, si on continue, en souhaitant qu'on ne continuera pas encore bien
longtemps avec un gouvernement comme celui qu'on a actuellement, mais c'est une
hypothèse éventuelle, on peut bien se retrouver, dans dix ans,
avec des services de garde à l'enfance à but lucratif qui soient
mieux appuyés par un gouvernement libéral que les services de
garde à l'enfance sans but lucratif.
Même si la ministre dit aujourd'hui: L'Opposition exagère
en disant ça, l'Opposition a de bonnes raisons de le croire puisque, en
plus de ne pas prendre en considération le rapport de son propre
comité, elle ouvre déjà la porte au financement. Il n'y a
rien dans le comité presser qui dit qu'on doit ouvrir la porte au
financement des garderies à but lucratif. Ce serait intéressant
de savoir quel genre de pressions la ministre a dû subir pour en arriver
à renier complètement le rapport de son comité d'experts
et à aller tout à fait dans le sens contraire même.
Au 31 mars 1989, Mme la ministre doit sans doute se rappeler qu'elle
avait quelque chose comme 411 demandes de garderies sans but lucratif qui
étaient sur son bureau. J'en avais moi-même dans mon comté.
Donc, elle nous dit
tout de suite après - te 31 mars 1989, ça ne fait pas
longtemps - au moment des problèmes de coupures avec le
fédéral et tout ça: II n'y a pas d'argent. On n'a pas
d'argent. Je ne pourrai pas atteindre mes objectifs. Le fédéral
vient de me donner une jambette. Mais, au lieu de profiter du petit peu
d'argent qu'elle aurait pour répondre aux 411 demandes de garderies sans
but lucratif qu'elle avait sur son bureau, elle ouvre la porte au financement
des garderies à but lucratif.
Elle va nous dire, après ça, que son affaire est
cohérente, qu'il n'y a pas de problème là, que c'est
l'Opposition qui n'a pas compris. Il y a une chose que l'Opposition a comprise,
c'est qu'il y a un certain nombre de demandes qui traînent depuis
longtemps sur son bureau et pour lesquelles elle dit qu'elle n'a pas d'argent.
Qu'elle commence à satisfaire ce monde-là et à remplir
toutes les demandes de garderies sans but lucratif qui lui arrivent et,
après, s'il lui reste de l'argent, on pourra peut-être la
comprendre de vouloir ouvrir un peu sur un nouveau champ d'intervention dans le
domaine des garderies à but lucratif. Je suis loin de garantir
qu'à la limite on accepterait ça, mais ce serait plus acceptable
que de prendre le peu d'argent qu'elle a, dit-elle, pour en mettre dans le
domaine des garderies à but lucratif, alors qu'elle a des demandes sur
son bureau, depuis des mois et des mois, pour ouvrir des garderies sans but
lucratif dans des secteurs où II n'y en a pas et qu'elle n'a pas
d'argent pour faire face à ces demandes. Il y a comme un problème
là. On dira ce qu'on voudra.
Quant à la question du Conseil du trésor, c'est bien
évident, Mme la Présidente, qu'à partir du moment
où tu dois aller quêter d'année en année devant le
Conseil du trésor pour savoir si tu vas bien avoir tes crédits,
la ministre aura beau faire les grimaces qu'elle voudra pour essayer de
convaincre l'Opposition qu'on n'a pas raison, mais, quand tu vas quêter
année après année au Conseil du trésor, c'est parce
que c'est le Conseil du trésor qui te contrôle. La ministre nous
disait qu'elle avait un programme. Elle nous annonçait, II n'y a pas si
longtemps encore, avant les coupures ou avant la Jambette
fédérale, 8676 places pour 1989-1990 et elle montait
jusqu'à 14 401 nouvelles places pour 1993-1994. Elle se permet
d'annoncer des affaires semblables. Dans un premier temps, elle l'a
annoncé sans avoir fait de vérifications.
Cela me fait penser au problème qu'on a chez nous avec la route
du nord. Vous savez, lors des élections partielles à Roberval, le
député de Roberval s'est fait élire en promettant une
route dans le nord pour relier Chibougamau à la Baie James. Une fois
qu'il l'a promise et qu'il s'est fait élire là-dessus, le
ministre des Transports lui a dit: Je suis prêt à en payer 25 000
000 $, mais les 50 000 000 $ qui manquent, c'est le fédéral qui
va les donner. Mais ce n'est pas le fédéral qui a fait cette
promesse électorale, par exempte. On commence par s'assurer d'une
entente avant de promettre le résultat.
Là, la ministre nous arrive avec le même problème
dans les garderies. Elle nous en a promis plein la vue, il y a à peine
six mois, et, là, tout à coup, comme le gouvernement
fédéral ne marche plus, elle dit: Que voulez-vous, je suis
obligée de reculer à cause du gouvernement fédéral.
Voyons donc! On commence par s'assurer qu'on a le gâteau avant de le
promettre. Vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, comme on dit
souvent par chez nous, ce n'est pas toujours payant. Commencez donc par abattre
un ours, de temps à autre, et arrêtez de vendre des peaux.
Il n'y a rien d'exceptionnel dans la démarche de la ministre.
Elle ne fait qu'utiliser le modèle. Elle n'a pas l'habitude; c'est la
première fois qu'elle arrive à une conclusion dans un de ses
dossiers. Mais il y a des ministres qui, depuis quelques années, ont
souvent des conclusions dans leurs dossiers. La ministre, actuellement, suit la
même démarche, c'est-à-dire qu'après en avoir
tellement promis, avoir jeté de la poudre aux yeux de tout le monde,
avoir gonflé la "balloune", elle se sent coupable quand elle ne peut pas
le réaliser. Dans son cas, cela a bien tombé, le gouvernement
fédéral n'avait plus d'argent. Mais elle l'avait promis, quand
même; c'est ça, le problème de ce gouvernement.
Donc, on se retrouve devant un projet de loi où on dit: C'est
bien malheureux, mais comme on est un peu serrés financièrement,
pour développer notre programme, on va devoir retourner devant le
Conseil du trésor tous les ans. Elle vient dire que ce n'est pas une
tutelle du Conseil du trésor. Écoutez, c'est loin d'avoir
l'importance stratégique que peuvent avoir les services de garde
à l'enfance sur l'ensemble de la population du Québec, mais
même dans le domaine de l'exploration minière, tous les
Intervenants du milieu sont restés sidérés, Us n'en
revenaient pas quand ils ont appris que SOQUEM perdait son indépendance
pour retourner devant le Conseil du trésor, année après
année, se négocier des budgets. On se disait: Cela ne se peut,
cela n'a pas d'allure, même dans ce domaine-là. Imaginez-vous!
Comment peut-on développer l'industrie minière, s'il faut subir
la tutelle du Conseil du trésor, année après année,
les aléas des entrées et des sorties d'argent de ce
gouvernement?
Mais la ministre prend le même principe et elle l'applique
à la garde à l'enfance. Cela commence à être grave,
là. Cela veut dire que ton enfant sera gardé si le gouvernement a
plus d'argent et, s'il en a moins, il aura moins de chance d'être
gardé. En même temps, elle vient nous dire: Mais non, c'est moi
qui contrôle le développement du programme de garderies. Voyons
donc! C'est comme ce qu'elle a fait l'an passé; elle contrôle du
vent, elle contrôle certains principes qu'elle voudrait voir se
réaliser, mais elle n'a pas les pouvoirs de les
faire réaliser. La preuve, c'est que ce n'est pas elle qui va
contrôler l'argent, c'est le Conseil du trésor, devant lequel elle
va devoir aller s'agenouiller, année après année, pour
avoir les fonds.
Je voudrais juste faire une remarque en passant, puisqu'on est dans le
développement des garderies. Tout à l'heure, le
député de Taschereau, nous a fait une affirmation qui
démontre vraiment, d'une façon on ne peut plus éloquente,
son manque de connaissance du dossier des garderies. Il disait: Les gens de ce
gouvernement, avec ce qu'ils ont fait dans les garderies, comment peuvent-ils
parler? On n'a rien à apprendre d'eux. Je voudrais juste dire au
député de Taschereau, si jamais il ne s'en souvient pas
personnellement, qu'au 31 mars 1976, c'est-à-dire quatre mois
après l'arrivée au pouvoir du Parti québécois, II y
avait 9596 places. Pardon, six mois avant l'arrivée au pouvoir du Parti
québécois, il y avait 9596 places. Je le répète une
deuxième fois pour qu'il se le rappelle comme II faut: 9596 places, au
total, en garderie sur l'ensemble du territoire du Québec. Au 31 mars
1986, c'est-à-dire, pas tout à fait quatre mois après le
départ du Parti québécois et l'arrivée de ce
gouvernement au pouvoir, on avait 51 004 places. Donc, en neuf ans, on est
passés de 9596 places à 51 004 places en garderie. Et il vient
dire que le PQ n'a Jamais rien fait dans les garderies, qu'il ne sait pas ce
que c'est des garderies. Mais il n'y a jamais eu de politique sur les garderies
avant 1976. Il y avait des garderies qui ouvraient ici et là au bon
vouloir des gens du milieu, mais c'est le gouvernement du Parti
québécois qui a établi les premières
véritables politiques de services de garde et qui a
développé les garderies au rythme de 14 %, 20 %, 15 %, 13 %, et
39 %, en 1981, d'augmentation dans les garderies; 24 000 places en une seule
année en 1981; 30 632 places en 1982, c'est-à-dire qu'on avait
augmenté de 6000 places en 1982, en pleine crise économique. On a
créé 6246 nouvelles places en garderie. À partir de 1983,
il y a eu comme un ralentissement pour les raisons qu'on connaît sur le
plan économique pour revenir, en 1985-1986, la dernière
année où on a été au pouvoir, avec 8925 places en
garderie. Il y avait une augmentation constante des places en garderie, puis
tout à coup, il y a eu un ralentissement: en 1987, 8000; en 1988, 5006;
en 1989, 6007 et les prévisions pour 1990 sont de 6002. On s'en va en
diminuant. (16 h 45)
La Présidente (Mme Dionne): II vous reste une minute, M.
le député d'Ungava.
M. Claveau: C'est ça, la réalité. On ne
viendra pas nous dire qu'on ne connaît rien aux garderies. C'est le Parti
québécois qui a fait la première politique dans ce
domaine, c'est le Parti québécois qui a compris que, si on
voulait avoir une véritable politique de développement des
garderies au Québec, ce n'était pas par le secteur privé
qu'il fallait passer, mais par les garderies sans but lucratif, avec la
participation des parents dans le développement, pour avoir des
mécanismes de contrôle local, pour que toutes les plaintes
n'aillent pas se ramasser à l'Office des services de garde à
l'enfance, qui n'a pas de mécanisme de contrôle local. On avait
aussi compris ça. Aujourd'hui, on se retrouve devant un projet de loi
qui remet, finalement, tout ça en cause. Je n'ai pas parlé du
financement, je n'ai pas eu le temps; j'en reparlerai, lors d'une autre
intervention, du mécanisme de financement qui nous est proposé,
avec les 30 000 $ et les 30 %, qui, encore là, va favoriser uniquement
les garderies dans les milieux les plus favorisés, les garderies dans
certains secteurs où le niveau moyen des salaires est de 60 000 $
à 70 000 $. Ils vont pouvoir augmenter leur quota pour aller chercher
plus dans les 30 %, tandis que, dans les secteurs pauvres, où on assiste
à des fermetures d'usines et tout ça, comment voulez-vous que les
parents puissent augmenter leur participation au financement du coût
quotidien de la garderie pour avoir les 30 % auxquels ils auraient droit? On en
repariera tout à l'heure, mais ce n'est pas le député de
Taschereau qui va venir nous faire la leçon ici, par exemple, sur ceux
qui savent comment ça marche dans les garderies.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente.
Mme Harel: Mme la Présidente, à moins qu'il n'y ait
d'autres remarques préliminaires...
La Présidente (Mme Dionne): On a terminé...
Mme Harel: ...Je souhaiterais maintenant pouvoir déposer
une motion.
La Présidente (Mme Dionne): Un instant, Mme la
députée de Maisonneuve. Y a-t-il d'autres intervenants pour ce
qui est des déclarations? C'est tout. Alors, on va maintenant passer aux
motions préliminaires.
Motion proposant la tenue de consultations particulières avec
Concertaction
Mme Harel: Alors, je vais vous faire tenir copie de la motion que
je voudrais déposer, au nom de l'Opposition, qui est la suivante: "II
est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission des affaires sociales tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 150, Loi
modifiant la Loi sur les services de garde à l'enfance, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende: Concertaction
interrégionale des garderies du Québec."
D'abord, Mme la Présidente, |e vous rappelle qu'il vous faut vous
prononcer sur la recevabilité de la motion et qu'une fols la motion
jugée recevable j'aurai, Je pense, 30 minutes pour en démontrer
le bien-fondé.
La Présidente (Mme Dionne): La motion est recevable et,
effectivement, vous avez 30 minutes, Mme la députée de
Maisonneuve. Par la suite, Mme la ministre aura 30 minutes pour sa
réplique et chaque membre aura 10 minutes pour intervenir sur la motion.
Alors, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Certainement, Mme la Présidente. Je vous en
fais parvenir des copies pour les membres de la commission parlementaire. Mme
la Présidente, d'abord, il nous faut certainement souligner la
présence parmi nous des porte-parole de Concertaction
interrégionale des garderies du Québec, qui sont prêts
à se faire entendre dès que la commission aura approuvé
cette motion. Je veux également signaler la demande que Concertaction a
fait parvenir, il y a déjà maintenant deux semaines, je crois, au
secrétariat de la commission parlementaire. Nous avons reçu, de
chaque côté de cette table une copie de cette demande. Ce n'est
donc pas là une motion frivole, Mme la Présidente, puisqu'il y a
bientôt deux semaines qu'une telle demande a été
acheminée.
Parmi les motifs pour lesquels il faut entendre Concertaction
Interrégionale des garderies du Québec, il y a, d'abord, le
caractère représentatif de Concertaction Interrégionale,
puisque c'est sur tout le territoire du Québec que des organisations
régionales de services de garde en garderie se sont regroupées
pour se donner une politique d'intervention commune, des interlocuteurs
mandatés pour parler en leur nom, et l'on sait le caractère
éminemment représentatif et démocratique qui est reconnu
à Concertaction Interrégionale des garderies du
Québec.
Pourquoi est-il nécessaire de les entendre à ce moment-ci?
Certainement parce que le projet de loi 150 marque un recul dangereux, non pas
simplement en regard de l'année, bien que, même s'il né
s'agissait que de l'énoncé budgétaire ou des crédit
8 pour l'année 1989-1990, on pourrait certainement réagir avec
exaspération, déception et Inquiétude. Mais c'est d'autant
plus important que ce que nous allons faire peut avoir un caractère
définitif, tout au moins pour plusieurs années. C'est ce qui nous
engage à vouloir mettre en garde les membres de la commission
parlementaire de s'engager dans la voie qu'a déjà
manifestée le député de Taschereau en prétendant
que le projet de loi 150 est de nature à améliorer la situation
des services de garde au Québec.
Mme la Présidente, /'aimerais profiter de l'occasion qui m'est
donnée, d'abord, pour vous rappeler ce sur quoi le projet de loi 150
recule. Le permler aspect, je l'ai noté et j'insiste: Qu'on me trouve
une autre disposition d'un seul autre projet de loi où l'on confie
l'approbation d'un plan de développement au Conseil du trésor,
comme c'est le cas à l'article 22 du projet de loi 150. Que ce soit en
matière d'éducation, en matière de santé, en
matière de services sociaux, quelle que soit la nature des
législations sociales ou de sécurité du revenu,
prétendre faire arbitrer par le Conseil du trésor un plan de
développement, c'est complètement aberrant. Si ce n'est pas
l'intention de la ministre, qu'elle le dise immédiatement après
l'intervention que je fais et qu'elle retire le deuxième alinéa
de l'article 22. C'est normal que, pour tout plan de développement, II y
ait un avis du Conseil du trésor. Ce n'est pas ça qui est en jeu.
Ce qui est en jeu et ce qui est anormal, c'est que, dans une loi, il y ait
l'approbation du Conseil du trésor. Ce n'est pas du tout la même
chose dont il est Ici question. Je ne sache pas, moi, qu'il y ait un seul
mémoire déposé au Conseil des ministres sur un quelconque
sujet qui n'aille pas chercher l'avis du Conseil du trésor. Ça,
c'est une chose, mais c'est d'autre chose qu'il est question, ici. Il est
question d'un plan de développement qui doit être
approuvé.
Depuis quand le Conseil des ministres abdlque-t-il ses
responsabilités? Première question. Si la ministre veut
sérieusement faire avancer les travaux, qu'elle réponde à
nos questions maintenant et qu'elle y réponde clairement. Pourquoi
abdiquer la responsabilité de l'approbation du plan de
développement entre les mains du Conseil du trésor?
Deuxièmement, comment peut-on justifier le recul sur les droits des
requérants en regard de l'émission et du renouvellement de permis
ou de la relocalisation du service? Comment considérer autrement que
comme faisant montre de faiblesse et d'une absence de volonté politique
un ministre et son gouvernement qui, pour viser (es garderies privées,
éclaboussent tout le réseau des services de garde? Comment
interpréter autrement l'article 14 du projet de loi qui retire - c'est
très rare dans un projet de loi - des droits de révision et des
droits d'appel qui existent déjà? Et on ne le fait pas
impunément, on ne le fait pas sans que l'opinion publique et sans que
les faiseurs d'opinion... Je pense aux éditorialistes qui ne le savent
pas encore, mais qui l'apprendront certainement à l'occasion des travaux
que l'on fait maintenant. Ce n'est pas impunément qu'on recule et qu'on
retire des droits de révision et d'appel qui existaient
déjà dans l'actuelle loi, aux articles 20 et 42.
A l'article 20, sous prétexte que le plan de développement
est au-dessus de tout - assez pour que le gouvernement le mette en tutelle au
Conseil du trésor qui est au-dessus de tout - sauf au-dessus du Conseil
du trésor, évidemment, aucun titulaire de permis n'aura un
droit de révision ou d'appel. À l'article 14
du projet de loi 150, on modifie le droit de révision, qui était
déjà en vigueur à l'article 20, pour retirer ce droit de
révision qui est un droit strict d'être entendu. Je regrette
d'avoir oublié la phrase latine. Il y en a quatre ou cinq comme
ça qu'on apprend. Delegatus non partem... c'est ça? Il y avait
aussi delegatus non potest delegare. Mais celle-là, je la retrouverai et
je vous la citerai en soirée. Cela fait partie des principes
inaliénables du droit. Ce sont des principes que l'on apprend en latin
parce qu'ils sont les mêmes, quelle que soit la société
dans laquelle on vit, qu'on soit en Europe ou en Amérique, que ce soit
une faculté qui enseigne en français ou en anglais. Cela fait
partie des principes tellement convenus, comme s'il s'agissait, dans le fond,
de droit élémentaire, d'une certaine façon: le droit qu'il
n'y ait pas de décision qui nous concerne sans qu'on ait la
possibilité d'être entendu. Ce droit de révision existe
présentement. Cette révision se fait actuellement devant le
tribunal administratif. Elle se faisait... Je ne sais plus ce qu'il en est tout
à fait, mais le tribunal administratif de l'Office était,
jusqu'à tout dernièrement, en tout cas, compose de procureurs
extérieurs qui, à ma connaissance, jouissaient d'une bonne
crédibilité, en générai. Le projet de loi retire le
droit de révision lorsque le titulaire de permis qui l'avait
déjà entre en conflit avec le plan de développement.
Il en va de même pour le droit d'appel existant
à l'article 42 de la loi actuelle. Ce droit d'appel devant la Commission
des affaires sociales est aussi retiré quand ce qui est en cause, c'est
qu'un titulaire de permis est entré en conflit avec le plan de
développement. Il va falloir qu'on nous explique pourquoi. SI on
prétend que c'est de cette façon qu'on va civiliser la
progression des garderies privées, on fait fausse route. On vise les
garderies privées en éclaboussant tous les autres titulaires de
permis. Cette perte de droit n'est pas justifiable, de toute façon parce
que les garderies privées qui en auront les moyens, contrairement aux
autres titulaires de permis qui ne les auront pas, très souvent,
indépendamment des dispositions des articles 14 et 19 du projet de loi
150, iront directement devant la Cour supérieure. Ce recours ne sera
ouvert qu'aux demandeurs de permis qui ont de l'argent et pour qui obtenir ou
non un permis signifie une perte ou un profit. C'est une erreur de restreindre
les droits de tous les titulaires de permis dans le cas d'une émission,
d'un renouvellement, d'une relocalisation, et de le faire pour le motif qu'on
veut diminuer la progression des garderies privées.
Si on a la volonté politique de le faire, qu'on
agisse clairement, sans détourner la question. Si c'est ce qu'on vise,
qu'on le dise de manière que le résultat soit celui qu'on
recherche. Pourquoi viser tout le monde si c'est ça, le projet? À
ce moment-ci, sérieusement, quelle garantie a-t-on que le plan de
développement serait plus que parfait? Quelles sont les garanties
nouvelles du projet de loi 150? On nous avait promis une régionalisation
pour 1988-1989. (17 heures)
Je vais vous retrouver, d'ailleurs, à cet effet, le
communiqué de presse qui émanait du cabinet de la ministre et qui
s'intitulait: 'Développement des services de garde - je cite - une
planification régionale dès 1988-1989." Ce n'est pas le titre qui
coiffait les textes de l'Opposition, c'est le titre du communiqué de
presse du jeudi 24 novembre émanant du gouvernement du Québec, du
cabinet de la ministre déléguée à la Condition
féminine. On disait ceci: "En rendant public son "Énoncé
de politique sur les services de garde à l'enfance, la ministre
déléguée, Mme Gagnon-Tremblay, a annoncé que le
développement des services de garde serait désormais
planifié en concertation avec les partenaires régionaux,
notamment les municipalités, les municipalités régionales
de comté, les communautés urbaines. Un plan triennal
déjà en voie d'implantation a été retenu afin de
dresser un portrait plus précis des régions et de
déterminer les besoins prioritaires."
Le projet de loi 150 n'en dit pas un mot, pas un seul. Vous regardez les
fonctions qui sont dévolues à l'Office des services de garde
à l'enfance et, au sujet des fonctions nouvelles, qui correspondent
à l'article 68 de la loi actuelle, à l'article 22 dans le projet
de loi 150, on lit: "L'Office établit annuellement un plan de
développement des ressources à être créées
après Identification, suite à la consultation des personnes et
organismes Intéressés, des priorités et des besoins de fa
population." Ce sont, tels quels, les paragraphes 1° et 9° de l'article
68 actuel. Dites-moi quels sont les changements dans les fonctions de l'Office
pour régionaliser son plan? Où sont-Ils dans le projet de loi
150? Il n'y a pas le début d'un mot, d'une phrase, d'un paragraphe pour
donner suite à l'engagement de régionalisation pris par la
ministre. Alors, II faudrait penser que le projet de loi 20 est adéquat.
On nous en promet la régionalisation. On nous dit que le plan de
développement est tellement plus que parfait qu'on retire les droits
d'appel et de révision, et on le fait approuver par le Conseil du
trésor. Or, on n'a aucune garantie - j'en demande des minimales - de
régionalisation après que cela a été promis. Alors,
au minimum, il est évident qu'il faut s'attendre que l'Opposition
dépose des amendements pour que la régionalisation promise soit
entreprise.
Mme la Présidente, c'est évident que Concertaction
interrégionale a des choses à dire sur cette Importante question
de la régionalisation, comme elle a beaucoup à nous dire
également sur les modalités d'élaboration du plan de
développement et sur l'ensemble des autres reculs du projet de loi 150.
Je suis contente que le député de Taschereau soit ici pour
pouvoir
écouter ce qui est, malheureusement, un recul dans le projet de
loi 150 en regard de ce qui avait été annoncé. Il n'est
certainement pas au courant, pour avoir prononcé le discours qu'il a lu
tantôt. Il nous parlait des modifications qui devaient être
apportées aux subventions accordées aux garderies en milieu
scolaire, sans se rendre compte...
Une voix: C'est une augmentation.
Mme Harel: C'est vraiment insuffisant, M. le député
de Taschereau, parce que, voyez-vous, l'enveloppe prévue,
annoncée de 3 900 000 $ pour permettre, justement, la rénovation,
sinon, à l'occasion, la construction de services de garde en milieu
scolaire, est diminuée des deux tiers. L'ensemble des services de garde
en milieu scolaire ont fait part - et je les cite - "de leur
exaspération" devant ce recul où les 3 900 000 $ se
réduisent à 1 300 000 $, une réduction de près de 2
600 000 $, soit les deux tiers, ce n'est pas compliqué, de ce qu'on leur
avait dit, II n'y a pas des années de ça. C'est réduit des
deux tiers de ce qui avait été publié comme allant
être fait en milieu scolaire. Il en va de même, évidemment,
pour les haltes-garderies. On leur avait annoncé une nouvelle
définition de la halte et, finalement, c'est reporté sous
prétexte que ça nécessite encore une étude
préalable, comme si les trois années et demie qui viennent de
s'écouler n'avaient pas été suffisantes pour conduire
l'étude sur la définition de la halte-garderie.
Évidemment, il en va de même pour le développement
des places en garderie. Non seulement ce sont un peu plus de 2000 places de
moins - plus exactement 2468 places de moins - en services de garde en regard
de ce qui avait été annoncé, non pas il y a des
années, mais l'automne passé, mais, quand on regarde l'annonce
globale faite par Mme la ministre... Comme elle va avoir l'occasion de me
répondre, j'aimerais bien qu'elle le fasse mieux qu'elle ne l'a fait
durant toutes les périodes de questions où je lui ai
demandé de confirmer son énoncé pour les trois prochaines
années. Elle va avoir l'occasion de s'en expliquer. Chaque fois, elle
m'a dit: Cette année, nous livrons la marchandise, refusant toujours de
s'engager pour les prochaines années. Je la cite, c'était le 5
avril 1989: "Cette année, nous livrons la marchandise". Pour tout de
suite, on ne nous a jamais rien garanti, mais elle va avoir l'occasion de le
faire. Je suis convaincue que, voulant accélérer les travaux,
elle va nous garantir les 60 830 nouvelles places annoncées pour les
cinq prochaines années. Il faut comprendre que le déficit
s'accumule avec seulement 6208 places confirmées cette année. Si
on fait une moyenne sur cinq ans, 60 830 nouvelles places, c'est en moyenne, 12
166 places par année. On est loin du compte, cette année, avec
les 6208 places. Il en manque 5958. Déjà, avant même
d'être entrepris, le plan de développement est assez mal pris, si
vous me permettez l'expression. On est déjà en manque, par
rapport, en tout cas, à ce qui avait été annoncé,
d'au moins 2468 places.
Je voudrais citer les chiffres les plus exacts que nous avons
préparés, évalués en fonction des dernières
données qui ont été fournies lors de l'étude, ici
même, en avril, des crédits aux engagements financiers. Ces
chiffres démontrent un ralentissement dans le développement des
services de garde; c'est une chute, en fait, non seulement par rapport à
ce qui était prévu dans l'énoncé, mais par rapport
à la croissance des services de garde depuis les dix dernières
années.
De 1976 à 1981, le taux de développement s'est
situé, en moyenne, à 20 %; de 1982 à 1986, il a un peu
diminué, au rythme de 16 %; de 1976 à 1986, le taux moyen
était donc de 18,5 %; de 1986 à 1989, ça passe à
11,9 %; cela comprend l'année 1988. Donc, les trois dernières
années, le taux de croissance diminue à 11,9 % et, en 1989-1990,
le taux de développement chute à seulement 8,7 %.
Je pourrais vous citer le développement des places en services de
garde. Il en va de même pour le développement dans tous les autres
réseaux, il en va de même pour le développement du
réseau des services de garde en milieu familial et la croissance de
l'ensemble du nombre de places prévues ralentit. C'est certainement
là un sujet d'inquiétude pour l'ensemble des gens de
Concertaction et il serait souhaitable que la commission parlementaire puisse
discuter avec eux des conséquences que ce plan de développement
peut avoir.
Un autre aspect qui mérite d'être souligné est le
fait que les parents n'ont pas le répit qui leur avait été
annoncé. L'échelle salariale, la correction de
l'exonération financière pour réduire moins rapidement
chaque tranche de revenu, c'est reporté en 1990. Plus encore, le fardeau
sur les épaules des parents avec la formule de financement n'est pas
près de diminuer. On sait que les 45 % des revenus de garde sont
remplacés par un montant forfaitaire de 30 000 $ avec une subvention
à 30 % des revenus de garde. Cela avantage les garderies ayant un permis
pour 30 enfants et moins. Cela désavantage les garderies ayant un permis
pour un plus grand nombre d'enfants. Plus la garderie rend de services, plus
elle est désavantagée. Évidemment, le problème de
fond qui n'est pas résolu est que c'est toujours le même montant
d'argent que brasse la ministre quand elle donne les chiffres. Le montant,
à peine une augmentation de 2 500 000 $, vient compenser une diminution
aux autres postes. Par exemple, l'absence de bonification de
l'exonération financière aux parents joue sur la capacité
d'augmenter les tarifs des garderies. Ce sont des vases communicants,
finalement. Tout ça est reporté au 1er avril 1990. Pour un an, II
y a nettement une diminution de l'aide aux parents. Évidemment, je ne
parle même
pas de l'abandon de la subvention d'implantation à 75 % du
coût total qui avait été annoncée pour, finalement,
en arriver à maintenir les 50 %, donc, le retour au statu quo
présentement.
Je ne peux pas ne pas souhaiter qu'on discute avec les
représentants de Concertaction d'une réalité, d'un
défi qu'ils ont à relever présentement qui est celui d'un
personnel qui est totalement exaspéré. Je parle des
éducatrices en services de garde. Je voudrais pouvoir discuter des
conséquences que l'absence de négociations a sur les trois
questions Importantes: congé de maternité, financement et
assurance, dans le climat des services de garde présentement. Je
rappelle l'engagement ou l'entente verbale qui était Intervenue entre le
premier ministre lui-même et le président de la CSN, II y a
déjà trois ans, sur la tenue de négociations sur ces trois
questions. C'est, quand même, aberrant de penser que des
éducatrices qui travaillent tous les jours avec des enfants n'ont
toujours pas un vrai congé de maternié pour en avoir
elles-mêmes. Les négociations qui avaient été
interrompues en septembre sont encore en flottement. Le premier ministre a de
nouveau, verbalement, pris un engagement auprès du président de
la CSN, celui d'ouvrir les caisses pour donner suite aux demandes en
matière de congé de maternité, d'assurance et de
financement. Encore là, il semble qu'une fois la rencontre
terminée l'Interprétation de Mme la ministre et de l'Office ait
été tout autre que celle que le premier ministre avait
donnée au président de la CSN. Est-ce qu'on attend encore des
débrayages dans les garderies pour enfin régler cette question
pourtant bien simple d'un congé de maternité et d'assurance
collective minimale pour des employées qui, au salaire qui leur est
payé, ne sont pas en mesure de faire face à des
difficultés ou à des risques de maladie, car les services de
garde n'ont pas la marge de manoeuvre ni les crédits, malgré
l'Intention qu'ils peuvent en avoir, pour offrir une véritable
disposition de congé de maternité et d'assurance collective? (17
h 15)
Pour toutes ces raisons, il nous serait certainement Inestimable
d'entendre les représentants de Concertaction interrégionale. Je
vous en informe tout de suite. C'est le seul organisme que l'Opposition vous
proposera. Il ne s'agit pas de créer un précédent pour
que, par la suite, on dépose une autre motion, mais refuser de les
entendre durant une heure serait bien cavalier, surtout quand Concertaction,
à plusieurs reprises, a demandé une rencontre avec le premier
ministre, qu'elle n'a jamais pu obtenir. Surtout qu'on va décider du
sort des services de garde, peut-être pas pour longtemps, si les
élections peuvent nous permettre de vous remplacer, malheureusement pour
trop longtemps s'il n'en était pas ainsi. Il me reste simplement une
minute, Mme la Présidente. Si tant est que la commission ou les
ministériels refusaient d'en- tendre Concertaction interrégionale
des garderies du Québec, je pense que la ministre serait bien mal
avisée de ne pas répondre aux questions que je lui ai
formulées, si elle veut sérieusement aborder l'étude du
projet de loi qui est devant nous. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la ministre, pour vos 30 minutes.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, Mme la Présidente. La
députée de Maisonneuve me demande d'entendre le groupe
Concertaction interrégionale des garderies du Québec. Elle me
demande de l'entendre au nom du recul quant au projet de loi. Si c'est au nom
du recul, je vous dis immédiatement que c'est faux, il n'y a pas de
recul quant au projet de loi.
Mme Harel: Mme la Présidente, une question de
règlement. Mme la ministre n'a pas à présumer de mes
Intentions. Je n'ai pas demandé d'entendre Concertaction pour ces
raisons-là. J'ai demandé d'entendre Concertaction pour une foule
de raisons. Il n'y en a pas qu'une, alors...
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la députée de Maisonneuve,
vous avez parlé du recul, au début. Pourquoi les entendre? Entre
autres, vous avez parlé du recul. De toute façon, Mme la
Présidente, j'y verrai tout à l'heure, car j'ai quand même
des réponses à donner à l'Opposition. Depuis tout à
l'heure, j'entends des accusations Incroyables. Je ne sais pas si, justement,
on sent des élections dans l'air, mais je n'ai jamais entendu autant de
démagogues que cet après-midi.
Mme la Présidente, au début, je voudrais vous parler,
justement, des garderies à but lucratif. En 1979, lorsque le Parti
québécois a adopté la Loi sur les services de garde
à l'enfance, à son article 4.5, il a accepté d'ouvrir des
garderies à but lucratif sans aucun contingentement. Il a
accepté, à ce moment-là, de laisser développer des
garderies à but lucratif. Qu'est-il arrivé depuis ce temps,
c'est-à-dire depuis 1979? Bien sûr, des garderies à but
lucratif avaient été ouvertes avant, iI y en a qui ont
été ouvertes entre-temps et il y en a qui ont été
ouvertes également depuis que nous sommes arrivés. Tout ça
pour vous dire qu'il y a maintenant tout près de 250 garderies à
but lucratif qui sont en activité.
On a été les premiers à les contingenter par une
directive administrative, il y a deux ans. Maintenant, l'article 68.1 du projet
de loi 150 vient confirmer cette directive, c'est-à-dire l'article 22
qui inscrit l'article 68.1. C'est vrai que l'article 68 prévoyait un
plan de développement, sauf que nulle part ailleurs dans la loi les
dispositions ne venaient s'appuyer sur le plan de
développement. C'est ce que le projet de toi 150 vient faire
actuellement: appuyer ce plan de développement. On avait le choix, Mme
la Présidente, entre fermer les garderies à but lucratif ou les
aider. On a décidé de les aider au nom de la qualité.
D'ailleurs, le Parti québécois l'a fait déjà,
aussi. Il a financé les garderies à but lucratif pour, entre
autres, rendre leurs locaux, conformes aux dispositions de la loi. Je ne veux
pas blâmer le gouvernement antérieur de l'avoir fait, puisque ces
garderies existaient, on devait leur accorder une certaine aide pour les rendre
conformes.
Mme la Présidente, comme je le mentionnais, le gouvernement avait
un choix: soit fermer ces garderies ou bien, tout simplement, permettre un
certain financement relié à la qualité, selon des normes
très spécifiques et toujours reliées aux comités
consultatifs de parents opérationnels. C'est curieux parce qu'on parle
des garderies à but lucratif et on s'imagine que n'importe qui
choisissait d'y envoyer ses enfants. Les parents qui choisissent ces garderies
à but lucratif et qui les défendent en plus, j'imagine que ce ne
sont pas tous des imbéciles. Ces parents ont foi en ces garderies
puisqu'ils y envoient leurs enfants.
On parlait tout à l'heure de plaintes. On énumérait
les nombreuses plaintes qui existent au sujet des garderies à but
lucratif. Je veux bien croire qu'il peut y avoir des plaintes. Par contre, Mme
la Présidente, les plaintes ne sont ni plus ni moins nombreuses qu'elles
ne l'étaient en 1982-1985. En termes de statistiques, il y a des
plaintes, c'est indiscutable. Cependant, on oublie de se demander pourquoi il y
a plus de plaintes dans ce secteur. Quand vous avez des garderies sans but
lucratif, dont les conseils d'administration sont composés
majoritairement de parents, les plaintes sont dirigées d'abord aux
parents membres du conseil d'administration. Ce n'est pas le cas pour les
garderies à but lucratif et cela signifie que les plaintes viennent
directement à l'Office des services de garde à l'enfance.
Il est faux aussi de dire que le projet de loi 150 privilégie les
garderies à but lucratif. Au contraire, pour la première fois, le
développement des garderies à but lucratif sera soumis au plan de
développement et au contingentement par rémission de permis.
Alors, il est faux de croire que ces garderies ne sont pas
contingentées. C'est nous qui avons, pour la première fois, par
une directive administrative, contingenté l'ouverture des garderies
à but lucratif, il y a deux ans.
Quant aux comités consultatifs de parents, on vient, justement,
dans le projet de loi 150, ajouter des contraintes pour rendre
opérationnels ces différents comités consultatifs. Comme
je le mentionnais tout à l'heure, c'est vrai qu'on prévoit du
financement, mais ce financement est très orienté vers la
qualité des services, c'est-à-dire la formation du personnel, la
subvention aux poupons, la subvention aux enfants handicapés, de
môme que 2000 $ pour du matériel pédagogique, toujours
à la condition que les comités de parents soient
opérationnels et veillent à la qualité des services de
garde.
On a parlé également du rapport Presser à plusieurs
occasions. On cite ce rapport hors contexte. Vous vous souviendrez que, lorsque
j'ai mandaté le comité Presser pour me faire ses recommandations,
11 avait le mandat de me faire des propositions à l'intérieur
d'une enveloppe globale qui représentait le statu quo.
C'est-à-dire qu'en premier lieu on lui avait demandé de trouver
des solutions à l'intérieur de l'enveloppe existante. Bien
sûr, Mme la Présidente, que le comité Presser nous a
suggéré, entre autres, de ne pas subventionner les garderies
à but lucratif. Il nous a aussi suggéré un moratoire sur
les garderies à but lucratif puisqu'on devait fonctionner à
l'intérieur d'une enveloppe restreinte qui ne nous permettait pas de
subventionner les garderies à but lucratif et qui ne nous permettait
pas, non plus, étant donné l'aide financière
accordée aux parents, de vraiment contrôler l'ouverture de ces
garderies à but lucratif, mais qui nous obligeait à subventionner
quand même les parents qui envoyaient leurs enfants dans de telles
garderies. On a jugé bon de leur accorder des fonds et certaines
subventions, comme je le mentionnais, à certaines conditions.
Si, justement, l'ancien gouvernement n'avait pas introduit ces garderies
à but lucratif dans la loi, le problème ne se poserait pas
aujourd'hui. On n'aurait pas à en discuter. Si l'ancien gouvernement a
introduit les garderies à but lucratif dans la loi, comment nous,
aujourd'hui, lorsqu'on en a développé 250, pourrions-nous les
laisser pour compte, sans leur accorder une certaine aide au nom de la
qualité? Si on veut chercher des coupables, on peut en trouver
également de l'autre côté. Le parti a décidé
de les maintenir, mais pas à n'importe quel prix. C'est un choix que
nous avons fait et nous le maintenons, Mme la Présidente, concernant les
garderies à but lucratif.
Je voudrais parler également du recul. Depuis le début,
j'entends parler du recul. Mais, avant de parler du recul, Mme la
Présidente, j'oubliais quelque chose de très intéressant
et, comme je vois que le député d'Ungava est revenu, ce serait
peut-être important que je lui souligne cela. En novembre 1987, je
faisais la vérification des engagements financiers des organismes
relevant de la Condition féminine et, à ce moment-là,
c'était la députée, Mme Vermette, qui posait des questions
sur les engagements financiers. Je cite Mme Vermette qui, justement,
m'interrogeait sur les garderies à but lucratif: "II leur est
très difficile de faire des profits. Les garderies se maintiennent tout
simplement et, très souvent, les salaires ne sont pas ceux qu'on
pourrait retrouver dans une entreprise privée. Très souvent,
considérant la qualité du personnel, ces salaires sont vraiment
très minimes, à mon avis." Elle ajoutait: "Alors, pour tout cela,
effectivement, je pense qu'il faut repenser, finalement, vers où on s'en
va. Pour
nous, antérieurement, si je me souviens bien, Mme Denise
LeBlanc-Bantey avait reconnu les garderies privées en leur accordant
certaines subventions pour les aider, une fois de temps en temps, selon que les
garderies demandaient de l'aide pour répondre aux normes et aux
exigences de l'Office." Elle poursuit: "Écoutez, dans le rapport
Presser, on parle de la qualité des Intervenants. Et Je pense que cela
fait partie un peu de la problématique que doivent envisager les
garderies privées parce qu'elles devront aussi avoir à
répondre à certains critères en ce qui concerne les
exigences de leur personnel. C'est une raison pour laquelle elles se sont
retournées vers le ministère ou votre gouvernement pour demander
un peu d'aide financière parce qu'elles devront répondre à
ces exigences qui sont nouvelles pour elles aussi."
Je pense, Mme la Présidente, qu'on aurait avantage à
consulter la députée de Marie-Victorin qui a une pensée
beaucoup plus libérale.
Une voix: C'est le moins qu'on puisse dire. C'est textuel.
Une voix: C'est hors contexte. Elle parle des garderies
privées.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est explicite.
La Présidente (Mme Dionne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Gagnon-Tremblay: Je voudrais revenir au recul. Depuis tout
à l'heure qu'on se fait accuser de recul. C'est complètement faux
de dire que le projet de loi est un recul. Au contraire, il y a des
modifications Importantes contenues dans ce projet de loi. Est-ce que, par
exemple, le fait qu'on n'émettra maintenant des permis qu'à la
condition qu'on respecte le plan de développement qui aura
été fait à partir de la planification régionale est
un recul? Est-ce que, par exemple, la réduction du nombre d'enfants en
milieu familial, surtout dans la garde non régie, est un recul? Il y a
des éléments majeurs qui viennent circonscrire les règles
régissant les comités de parents, entre autres. Est-ce aussi un
recul?
Le plan de développement: nous nous sommes engagés
à doubler les places en services de garde et cela a été
reconfirmé dans le dernier discours sur le budget de M. Levesque. Bien
sûr, cette année, pour maintenir le niveau de financement qui
avait été annoncé dans l'énoncé de politique
et, dans certains cas, même pour bonifier ce financement pour une
meilleure consolidation, nous avons dû réduire le
développement et reporter certaines places à l'an prochain. Mais,
Mme la Présidente, je voudrais bien qu'on détaille ces places.
Prenez les places en garderie. Nous avons reporté 370 places à
l'an prochain et ces promoteurs recevront la somme nécessaire pour leur
permettre de préparer leurs projets, car nous leur avons donné
l'assurance qu'ils pourront les développer l'an prochain. Les places en
agence: nous avons réduit les places en agence pour le milieu familial
de 481. Là où la coupure a été plus substantielle,
c'est pour les places en milieu scolaire, 1616, après avoir
consulté le ministère de l'Éducation et s'être rendu
compte que, compte tenu du moment où l'énoncé de politique
a été publié et aussi du temps qu'on pourrait prendre pour
mettre en vigueur ces nouvelles places en milieu scolaire, il serait
probablement impossible de développer autant de places en milieu
scolaire. (17 h 30)
Alors, Mme la Présidente, quand on fait le décompte et
qu'on regarde un service par rapport à l'autre, je pense qu'on n'a pas,
quand même, à décrier aussi fort le fait qu'on reporte
à l'an prochain certaines places en garderie si ça nous permet de
maintenir les subventions actuelles et même, dans certains cas, comme je
le mentionnais, de les bonifier.
Quant à la planification, elle est déjà
annoncée et mentionnée dans l'énoncé de politique.
On retrouve, dans le projet de loi 150, plusieurs articles qui confirment la
planification. Je pense, entre autres, à l'article 8, deuxième
alinéa, à l'article 11 du projet, qui introduit l'article 17.1,
à l'article 12 du projet, qui Introduit l'article 18.1.1°, à
l'article 22 du projet, qui introduit l'article 68.1.
Je voudrais parler, Mme la Présidente, de l'Introduction de
l'article 68.1 qui semble faire problème et Je voudrais aussi prendre un
certain temps pour expliquer la raison pour laquelle nous avons introduit cet
article. Il est bien mentionné à l'article 68.1 que "l'Office
établit annuellement un plan de développement des ressources
à être créées." Bien sûr, le plan est
approuvé par le Conseil du trésor, au plan légal, c'est ce
qui se fait régulièrement. On aurait pu ne pas le mentionner. Je
vais expliquer la raison pour laquelle on l'a mentionné et, si ça
fait tant problème, Mme la Présidente, on l'enlèvera, cela
ne dérange rien. Cela pourrait déranger quelque chose puisque
ça donne quand même une poignée supplémentaire
à l'Office des services de garde à l'enfance pour contrôler
le développement, mais, de toute manière, je suis prête
à en discuter et à le retirer si c'est le seul article qui fait
problème.
On a Introduit l'article 68.1 pour donner au plan de
développement plus d'importance. Ce qui en découle, c'est que la
délivrance des permis est rattachée au plan de
développement et ça, c'est nouveau. Cela permet à l'Office
de refuser un permis qui n'est pas prévu au plan de
développement. En somme, la planification régionale va nous
permettre d'identifier les besoins des parents, d'Identifier les types de
services et, une fois que l'Office aura établi son plan quinquennal,
bien sûr, et c'est tout à fait normal, il doit retourner devant le
Conseil du trésor pour faire approuver financièrement son plan
annuel, parce
qu'il arrive qu'il y a des types de services qui sont plus coûteux
que d'autres et c'est absolument important, à ce moment-là, quant
à l'impact financier. Justement, lorsqu'on dit que le plan est
approuvé par le Conseil du trésor, ça permet à
l'Office des services de garde à l'enfance, compte tenu de cet impact
financier, de refuser de délivrer des permis de garderies. Cela lui
donne plus de pouvoir, entre autres, pour refuser de délivrer des permis
de garderies à but lucratif. Et c'est à la demande, justement, de
l'Office des services de garde à l'enfance que cet article a
été introduit, pour donner plus de pouvoir à l'Office de
refuser compte tenu de l'Impact financier que peut avoir le plan qui est
approuvé, de toute manière, au niveau légal par le Conseil
du trésor. Si on n'y met pas un impact financier, comment serions-nous
Justifiés de refuser un permis? On est plus vulnérables par
rapport à la délivrance des permis, entre autres, des garderies
à but lucratif, comme je le mentionnais tout à l'heure.
Encore là, si la perception qu'on a, c'est que la ministre peut
se désengager, alors que, comme je le mentionne, le plan, à la
suite de la planification régionale, sera toujours établi tel
qu'annoncé dans l'énoncé de politique - on a introduit
à plusieurs endroits dans le projet de loi des articles qui permettent,
justement, cette planification - si c'est ce qui fait problème, Mme la
Présidente, je n'hésiterai à aucun moment à ouvrir
ou à modifier cet article 68.1, si on peut trouver des solutions
différentes.
On nous fait des reproches concernant la politique. On parle, par
exemple, du plan de développement. On oublie de parler, cependant,
naturellement, des éléments positifs de la politique des services
de garde. On ne parle que du projet de loi 150 qui comprend à peu
près une trentaine d'amendements, mais on oublie, par contre, les
éléments positifs, les principes directeurs, les orientations
contenus dans cette politique. On oublie l'indexation des différentes
mesures. C'est la première fois qu'on indexe des mesures. Si, justement,
l'ancien gouvernement avait indexé les différentes subventions,
on n'en serait pas aujourd'hui à faire ce rattrapage de dix ans. Si
l'ancien gouvernement, au moment où on a obligé les garderies
à se conformer à une technicienne sur trois, avait accordé
un budget pour la formation, aujourd'hui, les garderies seraient conformes.
Nous sommes obligés de faire l'introduction de la formation parce que,
après cinq ans, les garderies ne sont pas toutes conformes. Je doute,
Mme la Présidente, qu'on soit contre le fait de contrôler
l'émission des permis des garderies à but lucratif, de
réduire le nombre d'enfants dans la garde non régie, qui passe de
neuf à six.
On peut critiquer les niveaux de financement. Je pense que c'est de
bonne guerre. Cela fait partie, finalement, du Jeu de l'Opposition, môme
s'il est amélioré considérablement, même si, cette
année, au cours d'une seule année, on y ajoute une augmentation
de 27 %. Au cours des trois dernières années, nous avons
injecté 40 000 000 $ dans les services de garde, en plus des 27 % au
cours d'une seule et même année, ce qui est quand même
significatif. Bien sûr, on avait des choix à faire. On aurait bien
pu ajouter davantage, mais les choix qu'on a à faire comme gouvernement,
c'est pour les personnes âgées, c'est pour l'éducation,
c'est pour la santé et les services sociaux.
Alors, Mme la Présidente, je pense que cet effort
considérable, c'est Important de le reconnaître cette
année. Les formules sont dans le but d'améliorer le
système. Comme je le mentionnais, nous avons pour la première
fois un budget pour la formation, des mesures indexées, des subventions
indexées. Et, parce que l'année 1989-1990 se terminera à
la fin de 1989, cela ne veut pas dire, pour autant, que c'est terminé
pour les garderies, qu'elles n'auront plus droit à des subventions,
qu'elles n'auront plus droit à d'autre argent supplémentaire.
C'est un début et, compte tenu des nombreux besoins, je comprends que ce
n'est peut-être pas suffisant, que ce n'est peut-être pas ce qu'on
aurait souhaité, mais je pense que, dans le contexte actuel, c'est un
effort majeur, une politique d'ensemble et qu'il faut le reconnaître.
Comme je le mentionnais, c'est facile de laisser croire à la
population que tout est négatif. Je pense que c'est de bonne guerre,
sauf que je voudrais, quand même, rappeler certains
éléments. Je pense que le milieu s'en souvient, d'ailleurs. Je
n'ai pas besoin de m'adresser au milieu, à ce moment-là, il s'en
souvient. En 1982, entre autres, on disait: En dépit de toutes les
belles promesses du gouvernement québécois et de la
création de l'Office des services de garde à l'enfance, il y a
près de trois ans, le gouvernement Lévesque n'a vraiment pas pris
les moyens pour doter le Québec d'un vaste réseau de garderies.
Les garderies crient au secours, dans le journal Le Droit du 13 novembre 1984:
"Les garderies populaires doivent-elles mourir?" À Montréal, on
crie au désarroi et aussi on allait dans les bureaux de
députés pour manifester. "Des conditions de travail minables"
ici. C'est la CSN, le 20 octobre 1982. "La santé financière des
garderies, un tableau fort sombre." Le 24 mars 1982: "La moitié des
garderies menacées de fermeture". Là, ça peut
peut-être soulager un peu la députée de Johnson puisque
c'était dans la région; on mentionne, justement, une
manifestation devant le bureau de Fréchette. "Plus de la moitié
des 22 garderies sans but lucratif des Cantons de l'Est pourraient être
contraintes de fermer leurs portes si elles ne reçoivent pas à
très brève échéance une aide plus
généreuse du gouvernement québécois." C'est le 2
avril 1985.
Une voix: Cela allait mal.
Mme Gagnon-Tremblay: "Une planification à long terme
souhaitée"; c'était le 23 novembre
1985. La planification régionale souhaitée, Mme la
Présidente, c'est nous qui l'énonçons actuellement dans le
cadre de la politique. Je ne voudrais pas passer sous silence, non plus, le
fait que ma prédécesseure, qui avait été
mandatée, justement, en 1982 pour faire un plan de développement
et une politique d'ensemble, n'a pas procédé à
l'élaboration d'une politique globale. Je voudrais aussi mentionner que,
lors de Décisions 85 - puisque la députée de Maisonneuve y
fait référence souvent, bien qu'elle ne se souvienne pas ou
qu'elle ne se référé pas, justement, aux critiques des
journaux de l'époque pour voir comment les groupes ont pu critiquer
cette intervention du gouvernement - on s'était engagés à
développer 12 000 nouvelles places par année, mais on avait
oublié d'aller au Conseil du trésor. On avait oublié
d'avoir l'aval du Conseil du trésor.
Je voudrais vous dire aussi, que, durant la campagne électorale
de 1981, on parlait de créer 45 000 nouvelles places de garde en milieu
scolaire en quatre ans, dont 10 000 au moins la première année.
Après cinq ans, on était très loin des 45 000 places
promises puisque seulement 11 747 places avaient été
créées. Aussi, concernant les enfants d'âge scolaire, c'est
le Parti québécois qui, en 1984, abolissait la mesure existante
en faisant en sorte qu'un service de garde ne puisse être
réclamé plus d'une demi-journée pour un enfant d'âge
scolaire. Alors, il ne faudrait pas que l'Opposition oublie ça, Mme la
Présidente.
Tout à l'heure, on me blâmait de m'être fiée
sur le gouvernement fédéral et d'avoir dû faire,
finalement, des coupures dans le développement. Je dois rappeler que,
compte tenu des circonstances, du contexte, oui, les gouvernements ont des
choix à faire. D'ailleurs, c'est ce que le gouvernement a dû
faire, à un moment donné. C'est ce que le chef actuel du Parti
québécois a dû faire quand il a coupé les salaires
des fonctionnaires de 20 %. Il a dû faire des choix, je ne le blâme
pas; il a dû faire des choix parce qu'il yavait un contexte
spécial. Alors, finalement, c'est le contexte dans lequel on se
retrouvait, nous aussi. Nous avons également dû faire des choix.
Alors, Mme la Présidente, vous comprenez qu'à propos de la
politique des services de garde au Québec je pense que je n'ai pas de
leçon à recevoir de l'Opposition. On peut me blâmer, on
peut dire n'importe quoi, je pense que c'est de bonne guerre. On peut faire des
accusations partisanes, mais je n'ai pas de leçon à recevoir.
Pour répondre, puisqu'il me reste quelques minutes, Mme la
Présidente, à la demande de la députée de
Maisonneuve, je lui dis que, si elle consent à ce qu'on entende
Concertaction interrégionale des garderies du Québec pour la
prochaine demi-heure et qu'on passe immédiatement, je dis
Immédiatement, à l'article 1 du projet de loi, je consentirais
à l'entendre.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la ministre.
Mme Harel: Pardon, Mme la Présidente. Je voudrais que vous
rappeliez que ce n'est pas une demande, c'est une motion. On va devoir voter
par appel nominal sur la motion. Il faut d'abord s'entendre sur la motion.
C'est une proposition que la ministre peut faire. Enfin, c'est souhaitable
qu'on s'entende sur un temps, un délai, mais je pense que mes
collègues ont aussi le droit d'intervenir sur la motion.
La Présidente (Mme Dionne): Effectivement, Mme la
députée.
M. Claveau: Une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Juste à titre d'information, est-il normal que
la ministre, à toutes fins utiles, pour accéder à une
motion, pose des conditions qui peuvent aller à rencontre du
règlement?
Mme Gagnon-Tremblay: De quel règlement, Mme la
Présidente?
M. Claveau: Le règlement n'est pas suspendu, à mon
avis.
Une voix: Quel article?
M. Claveau: C'est une demande de directive, appelez-la comme vous
voudrez. Est-il normal qu'on pose des conditions qui pourraient suspendre des
droits qui sont donnés aux parlementaires par le règlement?
M. Leclerc: Par consentement, on peut faire ce qu'on veut. S'il y
a consentement, on peut passer à l'article 1.
La Présidente (Mme Dionne): Oui, Mme la ministre. Sur une
question de règlement?
Mme Gagnon-Tremblay: Sur une question de règlement, Mme la
Présidente. Je comprends qu'on devra se pencher sur la motion qui a
été apportée par la députée de Maisonneuve,
sauf que, si on n'accepte pas d'entendre ces gens et de passer
immédiatement à l'article 1, sans entendre les membres de
l'Opposition, Mme la Présidente, à ce moment-là, je
tiendrai pour acquis qu'on veut tout simplement boycotter, ralentir la
discussion du projet de loi 150.
Mme Harel: Une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Je pense que les propos que Mme la ministre vient de
tenir devant la commission ne sont pas appropriés. Elle n'a pas à
décider des droits des membres de cette commission parlementaire. Vous
seule, Je pense, pouvez en statuer. Alors, il y a une motion qui est devant
nous et, au moment du vote par appel nominal, chacun des membres de cette
commission portera la responsabilité du geste qu'il posera. Nous l'avons
dit clairement, je le répète: Nous n'avons pas l'intention de
déposer une autre motion. C'est la seule motion afin d'entendre un
groupe, Concertaction interrégionale des services de garde, parce qu'il
est représentatif des garderies sur tout le territoire du Québec.
J'ai dit clairement, également, que nous allons proposer que l'entretien
avec Concertaction dure au plus une heure.
La Présidente (Mme Dlonne): Mme la députée
de Malsonneuve, je m'excuse de vous arrêter, c'était sur une
question de règlement, donc c'était sur la forme et nous
en...
Mme Harel: La question de règlement est la suivante. Nous
en sommes, Mme la Présidente, tout simplement aux Interventions sur la
motion. Ce n'était pas approprié de prétendre terminer
immédiatement avant que les Interventions soient
complétées, je vous demande de les compléter. Nous
disposerons ensuite de la motion sous forme d'un vote. Comme je le signalais,
de ce côté-ci nous avons déjà pris les engagements
qu'il s'agissait de la seule motion, que cette motion ne concernait qu'un seul
organisme, que nous ne la répéterions pas, et que nous voulions
l'entendre durant au plus une heure.
La Présidente (Mme Dlonne): Une dernière
intervention sur la question de règlement.
M. Leclerc: J'essaie de voir ce qu'il y a d'inopportun parce que,
fréquemment, on voit ce genre d'offre, que ce soit en commission
parlementaire ou à l'Assemblée, où on demande par
consentement, pour accélérer nos travaux, de passer à
telle étape de l'étude du projet de loi. Par conséquent,
si les députés de l'Opposition sont d'accord pour que l'on
entende tout de suite les gens, Us feront ainsi preuve de leur bonne foi,
montrant qu'ils veulent accélérer nos débats plutôt
que de les éterniser. S'ils veulent continuer à parler sur une
motion que nous sommes déjà d'accord pour accepter à la
condition que nous passions ensuite à l'article 1, vous comprenez qu'ils
perdent leur temps et qu'ils nous font perdre notre temps.
M. Claveau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Dionne): Je m'excuse. Sur les motions
préliminaires, nous avons des procédures à suivre qui sont
30 minutes pour l'auteur, 30 minutes pour la ministre et dix minutes pour
chaque membre de la commission. Si vous voulez, nous allons procéder.
Mme la députée de Johnson avait demandé le droit de
parole.
Mme Harel: Si vous me permettez une question de règlement,
à moins qu'il n'y ait consentement du côté de l'Opposition
pour procéder...
La Présidente (Mme Dionne): Ce que j'ai compris, c'est
qu'il n'y avait pas consentement.
Mme Harel: ...je voudrais une suspension de quelques minutes et
je vais vous en parler.
La Présidente (Mme Dionne): On suspend les travaux pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 47)
(Reprise à 17 h 48)
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Mme la députée de
Malsonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'ai consulté mes
collègues. C'est évident que, si on nous avait demandé le
consentement pour procéder ainsi, il n'y aurait certainement pas eu la
réaction qu'on a pu constater. On nous a mis devant une sorte de diktat,
devant une sorte de fait accompli, devant une sorte de condition sine qua non.
C'est loin d'être dans l'esprit de notre règlement quand on
cherche un consentement.
Cela dit, Mme la Présidente, nous pensons qu'il serait opportun,
comme nous l'avons mentionné - c'est la raison pour laquelle nous avons
déposé notre motion - d'entendre Concertaction
interrégionale. Nous pensons que nous devons le faire comme il est de
mise dans une commission parlementaire, c'est-à-dire avec un temps
dévolu à Concertaction pour exprimer son point de vue et, comme U
est de mise par notre règlement, un temps offert à l'Opposition
et au gouvernement pour discuter avec notre invité. Alors, nous pensons
que nous pourrions procéder ainsi: 20 minutes avec Concertaction
interrégionale, comme nous le faisons habituellement quand nous
entendons le point de vue des groupes qui viennent devant les commissions faire
entendre ce qu'ils ont à dire. Si c'est sur cette base, nous consentons,
c'est-à-dire sur la base d'une rencontre qui a lieu avec Concertaction
durant au plus une heure avec l'expression de son point de vue, d'abord, et une
discussion avec les députés de chaque côté par la
suite.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre, est-ce qu'il
y a consentement?
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, est-ce que j'ai la
confirmation que nous aborderons l'étude article par article
immédiatement après?
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Ah, je...
M. Leclerc: II y a d'autres types de motions. Ce n'est pas la
première commission qu'on fait, quand même!
Mme Harel: Alors, on a le plaisir de... Un instant, je vais
le...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Certainement, avec plaisir, Mme la Présidente.
C'est, d'ailleurs, avec beaucoup d'Impatience que nous souhaitons
déposer les amendements que nous avons à apporter au projet de
loi 150 au moment où nous en ferons l'étude article par
article.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve, si J'ai bien compris, vous donnez votre consentement pour
commencer l'étude du projet de loi article par article aussitôt
que l'organisme...
Mme Harel: Que sera complétée l'heure
dévolue pour entendre et discuter avec Concertaction
interrégionale des garderies du Québec.
La Présidente (Mme Dionne): C'est une heure de
consultation.
Alors, s'il y a consentement des deux côtés, c'est sur
trois points: ie premier, que l'organisme soit entendu; le deuxième, que
l'audition dure une heure, 20 minutes pour la présentation de
l'organisme et 40 minutes réparties également entre les deux
partis pour les questions et commentaires et, troisièmement, que, tout
de suite après cette heure, il y ait étude de l'article 1. Y
a-t-il consentement des deux côtés? Est-ce qu'on commence cette
audition à 20 heures?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 52)
(Reprise à 20 h 10)
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux. J'aimerais,
dans un premier temps, rappeler l'entente Intervenue avant la suspension de 18
heures, soit que nous entendions, dans un premier temps, Concertaction
interrégionale des garderies du Québec pendant une heure,
c'est-à-dire 20 minutes de présentation par les intervenants de
cet organisme et 40 minutes réparties entre les deux formations, soit 20
minutes pour la formation ministérielle et 20 minutes pour l'Opposition
et, troisièmement, que l'on procède par la suite à
l'étude détaillée du projet de loi.
Auditions
J'aimerais, tout d'abord, souhaiter la bienvenue aux
représentants de Concertaction interrégionale des garderies du
Québec, et demander au porte-parole de se nommer et de présenter
la personne qui l'accompagne. On vous laisse 20 minutes pour la
présentation.
Concertaction Interrégionale des garderies du
Québec
M. Himbeault (Gaston): Merci. Si vous le permettez, nous serons
deux porte-parole, nous allons nous partager le temps de la
présentation, ce qui va peut-être enlever un peu de monotonie au
ton. Nous remercions la commission de nous recevoir. Tantôt, on nous
disait, en blague, qu'on avait déjà prévu le coup et qu'on
avait préparé notre mémoire, mais je dois vous dire que
c'est un peu dans les habitudes du regroupement d'essayer d'être le plus
précis possible. Si on ne s'était pas fait entendre,
forcément, on avait quand même fait la démarche
officiellement entre nous. C'est, naturellement, avec beaucoup de plaisir qu'on
participe à ces débats, sans avoir la prétention de tout
régler, en disant ce qu'on pense, en énonçant aussi notre
perception du milieu. On espère que ça contribuera à ce
que le projet de loi soit des plus respectueux des gens concernés,
particulièrement les enfants, les parents et ceux qui oeuvrent dans le
milieu.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que je pourrais vous
demander de vous présenter, tout d'abord, pour le bénéfice
du Journal des débats?
M. Himbeault: La personne qui m'accompagne est Sylvie
Charbonneau, du Regroupement des garderies du Montréal
métropolitain, et mon nom est Gaston Himbeault, je suis coordonnateur
à l'Alliance des garderies dans la région 03. Je souligne aussi
que Mme Pitre-Robin, qui, normalement, est la porte-parole officielle
puisqu'elle est la présidente de Concertaction, ne peut être Ici
ce soir. Je dois vous dire qu'on lui a parié juste avant de monter ici
et qu'elle aurait bien souhaité être présente parmi nous;
cependant, la maladie d'un de ses enfants, une très grave maladie, la
retient à l'hôpital actuellement.
Cela dit, comme II a été mentionné, on va y
aller article par article. On aurait souhaité se faire entendre
sur le fond, mais, comme cela n'a pas été possible, on va faire
nos commentaires et nos propositions sur chaque article. Vous avez le document
devant vous. À la troisième page - ce n'est pas paginé,
mais c'est la troisième feuille - II y a déjà des
commentaires. À gauche, vous avez la loi telle qu'elle a
été adoptée, le projet de loi et on a mis nos
commentaires, question de faciliter un peu la compréhension de nos
interventions. Je vous ferai également remarquer que c'est un peu de
type télégraphique. Il y a aussi une question de temps. Je dois
vous dire qu'on n'a quand môme pas eu beaucoup de temps à y
consacrer. Étant donné que le délai était assez
court, on est allé au plus pressant. Naturellement, ce n'est pas le
reflet de toute la réflexion qu'on aurait voulu apporter. Cependant, on
a essayé d'aller au principal, à ce qui nous a semblé le
plus important.
À l'article 1.3°, on parle du remplacement des
définitions des expressions "service de garde en jardin d'enfants" et
"service de garde en milieu familial". Mme la ministre l'a mentionné au
début, elle se demandait si on devait relire les articles. Je ne pense
pas que ce soit nécessaire de relire tous les articles car vous avez le
texte devant vous. Nous nous posons la question: Pourquoi les jardins
d'enfants, compte tenu de la tradition... Je dois vous dire que l'appellation
"garde en jardin d'enfants" est très peu utilisée.
Habituellement, quand on parie de jardin d'enfants, on veut dire un endroit
où on envoie notre enfant non pas parce qu'on a des besoins de garde,
mais parce qu'on veut que notre enfant vive des activités de groupe, de
développement personnel. Dans certaines régions, ce sont les
services des loisirs qui organisent ces jardins d'enfants. Comme on n'avait pas
besoin de permis à l'époque, etc., cela s'est installé
tranquillement. On sait que les communautés religieuses aussi avaient
des jardins d'enfants dans les années cinquante, soixante. Je pense que
la question des jardins d'enfants a précédé, môme,
celle des maternelles, au Québec.
On se pose la question: Comment se fait-il qu'on le traite vraiment
comme un service de garde? Cela nous semble un peu bizarre, puisque les gens
qui envoyaient leurs enfants là préféraient les envoyer
deux jours par semaine, mais des demi-journées. Très souvent,
cela se résumait à deux heures, deux heures et demie. On allait
Jusqu'à trois heures dans certains cas. Maintenant, c'est quatre heures.
Pourquoi la quatrième heure? On se pose la question. On semble lui
donner comme vocation celle d'un service de garde à temps partiel.
Là, on se pose de sérieuses questions. Si on parle de services de
garde à temps partiel - môme si on ne le mentionne pas comme tel,
II nous semble que c'est cela - est-ce qu'ils vont être soumis aux
mêmes règlements que les garderies? Si les garderies accueillent
un enfant à temps partiel, elles sont soumises aux mêmes nonnes,
aux mômes règlements et aux mêmes ratios, etc., alors que,
dans les jardins d'enfants, il n'y a aucune de ces normes.
SI on veut régler la question qui fait que les garderies ne
peuvent pas accueillir facilement des enfants à temps partiel, parce
qu'on sait que c'est à temps partiel, donc c'est un demi-revenu...
Compte tenu de la situation actuelle des finances des garderies, je pense que
je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'habituellement on essaie d'offrir
la place à un enfant qui vient toute la journée, qui a vraiment
un besoin de garde, on essaie de lui donner cette priorité. Donc, si on
voulait régler la question des services de garde à temps partiel,
à demi-temps, comment se fait-il qu'on n'ait pas tendu la perche aux
garderies existantes qui ont les normes de qualité qu'on connaît
afin de permettre à ces enfants, qui avaient vraiment des besoins de
garde, de s'en prévaloir, mais en donnant une allocation spéciale
ou je ne sais quoi? En tout cas, concernant les modalités, on pourrait
en parier longtemps.
Nous, on trouve que les jardins d'enfants vont remplacer les services de
garde à temps partiel, sans les normes de qualité. On a
l'impression que c'est un service à rabais. On ne croit pas qu'il soit
nécessaire d'ajouter une quatrième heure dans ce type de service.
On croit que ce service répond à des besoins, oui, mais pas avec
une quatrième heure. Cela viendrait, justement, concurrencer les
services de garde déjà Installés, bien souvent, dans ce
secteur.
Ensuite, lorsqu'on parie de reconnaître les enfants en
pouponnière, de subventionner ces places-poupons dans les services de
garde en milieu familial, on croit que ces derniers devraient avoir les
mêmes normes pour la pouponnière que celles qu'on a en garderie.
À notre connaissance, cela n'existe pas comme tel et on s'apprête
à les financer au môme titre. On sait que ce n'est pas pour rien
qu'en garderie on demande d'avoir au plus cinq enfants avec une
éducatrice dans un lieu bien précis, qui est séparé
du reste du groupe. Même si c'est dans la même garderie, même
si les enfants peuvent se voir et, de temps en temps, se côtoyer, 1 reste
que, pour les activités et pour les siestes, c'est quand même
séparé, alors que, dans un service de garde en milieu familial,
il n'y a pas ce genre de norme. Comment se fait-il qu'on reconnaisse
d'emblée les services de pouponnière et qu'on puisse même
aller jusqu'à quatre enfants et avec des enfants de tous âges?
Là, on se pose des questions. Comment se fait-il que la
réglementation soit si forte pour les garderies? Cela, on y croit. On se
demande pourquoi elle n'est pas aussi forte pour les pouponnières.
L'autre remarque concerne l'expression "éducation
préscolaire". Je pense que Mme Marcotte, présidente de l'Office
des services de garde à l'enfance, pourra aussi confirmer ce que je vais
dire. C'est qu'on a déjà, dans certaines
régions, vécu des problèmes avec les enfants qui
fréquentaient les services de garde en milieu scolaire. On avait
tendance, dans ce milieu, à aller chercher des enfants de quatre ans et
des enfants de trois ans. Cela m'amène à vous dire que la
définition d'âge préscolaire... Je comprends qu'on veuille
adapter le langage Ici à celui du ministère de
l'Éducation, mais, pour nous, préscolaire, ça veut dire
tout ce qui est avant scolaire. D'accord? Dans la définition du
ministère de l'Éducation, ce sont des enfants de cinq ans qui
fréquentent les maternelles, ce qu'on appelle les maternelles
traditionnellement, et aussi les enfants qui reçoivent des services
spécifiques d'une commission scolaire, dans de3 endroits
spécifiques et dans des régions désignées. Eux
aussi, dès qu'ils reçoivent des services, peuvent avoir
accès aux services de garde en milieu scolaire.
Nous déplorons cet état de fait parce que, pour les cinq
ans, le ratio peut aller Jusqu'à 1-15. On sait que, dans les services de
garde en milieu scolaire, effectivement, on peut arriver à avoir ce
ratio, sauf que, quand on parle des enfants de quatre ans et quand on parle
même des enfants de trois ans, dans certains cas, ce n'est plus la
même chose. S'il n'y a aucune réglementation pour ces enfants, si
on en a en garderie pour les enfants de trois et de quatre ans avec des ratios
très précis, comment se fait-il qu'on pourrait permettre, compte
tenu de l'appellation "préscolaire", aux services de garde en milieu
scolaire de recevoir des enfants de trois et de quatre ans?
Jusqu'à maintenant, on a essayé d'intervenir dans les cas
que je vous soulignais où, justement, il y avait une espèce de
maraudage pour aller chercher les enfants de quatre ans, même s'ils ne
recevaient pas, dans certains cas, les services de la commission scolaire. Une
intervention a été faite par notre regroupement et aussi par
l'Office de services de garde à l'enfance. Aux dernières
nouvelles, ça me semblait entré dans l'ordre, mais ça
reste à vérifier. Ce que nous demandons, c'est d'ajouter:
"préscolaire, cinq ans". Cela va préciser davantage que ce sont
vraiment les enfants de cinq ans qu'on vise dans les services de garde en
milieu scolaire. Les enfants de quatre ans et de trois ans, laissons-les aux
services de garderie des quartiers. Je peux vous dire que, dans certains cas,
II a été bien facile d'aller chercher de la clientèle. Ce
n'est pas la question de la qualité des services qu'on remettait en
cause, c'étaient, des fois, les coûts parce que, à la
commission scolaire, on arrivait à demander un peu moins cher, et aussi
les facilités d'invitations. Il y a eu comme une espèce de
maraudage de fait et cela peut, dans certains cas, mettre en péril
certains services pour les 0-3 ans. Si la garderie n'arrive plus, elle ne
pourra pas maintenir ses services parce que, justement, on est allé
chercher sa clientèle. Ce serait dommage qu'on arrive à faire une
espèce de guerre de clientèles. Nous disons: Pour trancher la
question, mettons donc "préscolaire, cinq ans". L'âge de cinq ans,
on sait très bien, dans les garderies, ce que ça veut dire quant
aux ratios. On sait aussi ce que ça veut dire également quant aux
besoins, à la qualité et à la formation, etc.
Si j'arrive à l'article 2 de la présente loi, et non pas
du projet, nous aurions un ajout à faire, au tout début. Vous
savez que. dans la colonne de droite, c'est marqué: À conserver
et à respecter, naturellement, sauf que c'est à respecter avec un
ajout assez particulier. Pardon?
Mme Harel: Pour donner force.
M. Himbeault: C'est cela, pour donner force à cet article,
au lieu de dire: "Un enfant a droit de recevoir", nous, on dit qu'il serait
peut-être mieux- de voir: Tout enfant a droit de recevoir." Cela Implique
que ce n'est pas dans certains cas, mais dans tous les cas. Tout enfant a droit
de recevoir, jusqu'à la fin du niveau primaire, des services de garde de
qualité - et nous, on ajoute - équivalents avec continuité
et de façon personnalisée partout sur le territoire du
Québec. Cela vient donner une force au fait que les services de garde ne
sont pas que pour quelques privilégiés dans la
société, qu'ils sont pour tout le monde et pour tout enfant
concerné en âge de recevoir des services de garde. Si on met
"équivalents" en qualité, c'est parce qu'on désire que ce
ne soit pas nécessairement dans les milieux déjà
privilégiés que la qualité soit plus grande, mais aussi
dans un milieu déjà défavorisé qui a
peut-être besoin de services de très haute qualité,
justement, pour pallier à ces besoins-là.
On dit aussi, à l'article 3, qu'il faudrait trouver les moyens
pour faire réellement respecter ce règlement et éliminer
la garde au noir. On sait que l'Office doit faire en sorte que les gens qui
offrent des services de garde aient un permis. Je pense que ni la ministre, ni
même la commission n'ignorent le fait que la garde au noir
prolifère. Dès que les tarifs sont trop éievés,
c'est très tentant pour certains parents qui ont des difficultés
financières et qui ne sont pas nécessairement admissibles
à une forte exonération financière d'aller du
côté de la garde au noir parce qu'ils n'en ont peut-être pas
le choix. Quand on parle de choix et de droit, je pense qu'il faut donner
également les moyens.
Je sais bien qu'on va me dire qu'on a fait beaucoup d'efforts dans ce
sens, mais je dis qu'il faut aller encore plus loin. L'Office des services de
garde à l'enfance nous a déjà répondu
dernièrement - et, actuellement, il est aux prises avec les mêmes
problèmes - qu'il lui était pratiquement Impossible de
régir ça de façon très efficace, compte tenu des
ressources dont il peut disposer. Nous, on dit qu'il faudrait
sérieusement s'attaquer à ce problème.
Particulièrement, les garderies dénoncent habituellement les
services
de garde au noir de leur localité. Les CLSC en font tout autant,
les DSC l'ont déjà fait. Les réponses ne sont pas toujours
celles qu'on attendait, c'est-à-dire que le service continue
malgré peut-être certains petits avertissements. Nous, on veut que
ce soit plus que des avertissements, qu'il y ait vraiment des mesures de prises
pour que, si la personne veut continuer à offrir des services, elle
passe, comme tout le monde, par des procédures et se conforme à
certaines normes.
Je peux vous dire qu'il y a des témoignages de DSC et de CLSC de
la région - je vais surtout vous parler de la région ici - qui
disent que, si la ville n'était pas intervenue dans certains cas, Ils
n'auraient vraiment. pas réussi avec l'Office des services de garde
à l'enfance à faire fermer les services de garde au noir. Je me
dis qu'il y a peut-être une lacune et qu'il faudrait s'y attaquer
sérieusement. Je ne pense pas que ce soit ce qu'on désire et ce
n'est pas pour rien qu'on se réunit pour parler des services de garde,
parce que la garde au noir continue.
L'article 2 du projet, au bas de la page, dit que les personnes membres
du personnel d'une garderie et parents d'un enfant qui fréquente la
garderie n'ont pas le droit d'être comptées, dans le conseil
d'administration, comme parents. Elles peuvent être membres du conseil
d'administration comme représentantes des employés, mais,
d'après la loi, elles ne pourraient pas être
comptabilisées, quand on dit "majoritairement composé de
parents", dans le nombre de parents. On trouve cela restrictif; on dit aussi
que ça brime la liberté d'implication et d'expression. Il se peut
fort bien que, même si elle travaille là, une personne veuille
représenter son droit de parent et non pas son droit d'employé.
Dans ce sens, on ne comprend pas pourquoi on vient enlever ça. Comme ces
personnes sont élues démocratiquement, même si elles sont
employées, je ne vois pas vraiment de conflit majeur où les gens
pourraient dire qu'elles sont juge et partie. Je vous donne comme exemple la
première question qui pourrait nous venir en tête: Est-ce que,
quand II est question de salaires, ces gens ne seront pas pris un peu avec la
question? Je me dis que c'est la même chose au gouvernement. Je pense que
les gens ont réussi à se voter des augmentations de salaires,
comme s'ils étaient leur propre employeur. Je pense que ces gens sont
élus démocratiquement et ils devraient conserver leur droit de
parole.
La Présidente (Mme Dionne): M. Himbeault, je vous
interromps une seconde pour vous dire qu'il vous reste moins de quatre minutes
et vous avez...
M. Himbeault: Ah bon!
La Présidente (Mme Dionne): Le temps passe très
vite. Alors, U me faudrait le consen- tement des deux partis si on veut
dépasser les vingt minutes qui vous ont été
accordées.
M. Himbeault: Je laisserais la parole à Mme Sylvie
Charbonneau.
La Présidente (Mme Dionne): Mme Charbonneau.
Mme Charbonneau (Sylvie): Oui, je vous réfère aux
articles 10 et suivants du projet de loi. L'article 10 concerne le transport et
le fait de céder un permis. On comprend mal que ce ne soit plus permis
puisque cela facilitait les choses qu'on puisse transporter ou céder un
permis d'une corporation à l'autre plutôt que de faire une demande
de permis lorsque, par exemple, un organisme sans but lucratif vendait ses
installations à une municipalité. C'est une question.
Je regrouperai ensuite les articles 11, 14 et 18 concernant les
questions de révision, de pouvoir être entendu dans les cas de
relocalisation, d'augmentation du nombre maximal d'enfants pour un permis, de
refus de délivrer un permis et de suspension ou d'annulation d'un
permis. Nous croyons que ce droit d'être entendu devrait être
donné dans tous les cas, y compris les cas touchés par le plan de
développement. On pense que chacun est touché par cette
limitation à ses droits et devrait pouvoir faire valoir devant une
Instance de l'Office ses droits.
Maintenant...
La Présidente (Mme Dionne): Mme Charbonneau?
Mme Charbonneau: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Je vous arrête parce que
vous touchez à plusieurs articles en même temps.
Mme Charbonneau: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): J'aimerais seulement vous
informer qu'il y a consentement des deux partis afin que vous puissiez
compléter au-delà des vingt minutes...
Mme Charbonneau: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): ...en retranchant à
chacun des partis le temps qui vous est alloué.
Mme Charbonneau: Merci.
La Présidente (Mme Dionne): Vous pouvez aller plus...
Mme Gagnon-Tremblay: Plus lentement... (20 h 30)
La Présidente (Mme Dionne): ...lentement. Peut-être
que ce sera plus clair.
Mme Gagnon-Tremblay: ...pour qu'on soit capables de se retrouver.
Là, on saute d'un article à l'autre et c'est difficile.
Mme Charbonneau: Oui, effectivement.
J'ai passé vite sur l'article 10. Je parlais de l'article 11 du
projet de loi où on apporte un amendement, un ajout, l'article 17.1,
où, au dernier paragraphe, on vient limiter le droit d'être
entendu pour une demande d'augmentation du nombre d'enfants à un permis
et pour une relocalisation.
J'ai parlé également de l'article 14 où, lors d'un
refus de délivrer un permis ou lors d'une décision de l'Office de
suspendre ou d'annuler un permis, on limite également le droit
d'être entendu, c'est-à-dire que, dans les cas soumis dont le
motif est que ça n'est pas conforme au plan de développement, on
vient limiter le droit d'être entendu. Alors, dans ces cas et dans le cas
du droit d'appel à l'article 19 du projet de loi où on vient
également limiter le droit d'être entendu devant l'Office et
devant la Commission des affaires sociales, nous pensons que ce droit devrait
être maintenu pour tout le monde parce que les droits d'une personne ou
d'un organisme sont affectés dans ces cas. On devrait avoir un recours,
un droit d'être entendu devant une instance de l'Office.
Maintenant, on s'est inquiété que, dans tout le projet de
loi, II n'y ait pas de mécanisme précis prévu pour ces
demandes de révision. On ne sait pas exactement devant qui on peut
être entendu lors d'une demande de révision et quel est le
mécanisme exact de cette audition. On se demande s'il ne serait pas
possible de prévoir comment est nommé le tribunal administratif,
si on peut l'appeler comme ça, de façon à s'assurer que
les auditions soient faites de façon impartiale.
Je vais vous référer ensuite à l'article 15 du
projet de loi où il est question, évidemment, des subventions aux
garderies à but lucratif, où on vient donner le pouvoir à
l'Office de subventionner les garderies à but lucratif. On
répète qu'on n'est pas d'accord avec ça et que plusieurs
groupes, lors de la commission parlementaire, n'étaient pas d'accord
avec ça. On pense que le fait de contingenter, par le biais du plan de
développement, le développement des garderies à but
lucratif, ce n'est pas la meilleure façon. Il faudrait le faire d'une
façon directe et franche, de façon à ne pas empêcher
les autres garderies de se pourvoir en révision.
C'est un peu le sens aussi de l'article 15. Mais, puisque le
gouvernement semble persister dans son désir de subventionner les
garderies, II nous semble, au troisième paragraphe, que l'Office devrait
exiger du titulaire d'un permis de donner la preuve qu'y a bel et bien eu
l'approbation du comité consultatif pour obtenir les subventions dont
les modalités seront prévues dans le règlement. Je
réitère, à l'article 16, ce que nous avons dit un peu
avant pour la défini- tion de "garde en milieu scolaire",
c'est-à-dire d'ajouter le "préscolaire, cinq ans", et ce, pour
les mêmes raisons que je ne répéterai pas ici puisque le
temps nous presse.
Je vous référerai ensuite à l'article 22 du projet
de loi où il est question du plan de développement. Ce qui nous
Inquiète dans cet article et dans le reste du projet de loi, c'est de ne
pas voir apparaître les questions de régionalisation et d'avoir un
plan sur trois ans. Ici, on mentionne encore "annuellement". La
régionalisation, pour nous, est un élément important, de
façon que toutes les régions du Québec puissent être
pourvues adéquatement de services de garde. Cela semblait, un peu plus
tôt dans la journée, pour la ministre, un fait acquis qu'on
procéderait par régionalisation. Pourquoi, à ce
moment-là, ne pas l'inclure dans le projet de loi? C'est ce qui nous
Inquiète et nous fait poser des questions.
C'est d'autant plus Important qu'il y a eu des erreurs, dans le
passé, qui se sont glissées. Par exemple, à
Montréal, on peut voir trois garderies qui ont été
relocalisées; elles sont à trois coins de rue l'une de l'autre,
ce qui fait qu'il y a des problèmes de fréquentation puisqu'elles
sont très proches l'une de l'autre. Evidemment, la
régionalisation pourrait prévenir ce type de problème.
Par contre, ce qui nous Inquiète également, c'est qu'il
n'y ait pas encore de modalités attachées à la
régionalisation. Il ne faudrait pas que le fait de développer
globalement des services dans une région soit le prétexte pour
éviter de développer des services dans une localité
précise parce que les ressources existent dans la région de
façon globale. On sait très bien que le choix des parents ne sera
pas d'aller mener leurs enfants dans une garderie de la municipalité
voisine, mais bien dans leur municipalité. Donc, il faudrait voir, dans
cette régionalisation, à ce que tous les besoins et les choix des
parents soient également respectés. De plus, nous nous
Inquiétons de savoir si les premiers intéressés,
c'est-à-dire les regroupements de services de garde, seront
consultés en plus, évidemment, des intervenants des
régions.
Le plan sur trois ans et même le plan quinquennal, nous semblait
Important pour qu'on puisse faire un sain développement. On ne le
retrouve pas, non plus, dans le projet de loi et je pense que c'est un
élément important. Bien évidemment, le fait de soumettre
à l'approbation du Conseil du trésor ce plan de
développement nous inquiète particulièrement parce qu'on
se dit: Si le mécanisme est de préparer un plan de
développement selon les besoins et les études qui auront
été faites par l'Office et, ensuite, de le soumettre au Conseil
du trésor qui dira non parce qu'on ne veut pas débloquer plus que
tant d'argent, comment, dans le public, saura-t-on quels sont les
véritables besoins et quel serait un véritable plan de
développement si, tout de suite,
le Conseil du trésor vient couper ce plan de
développement? Je pense qu'il est essentiel que l'Office puisse
défendre pleinement les besoins des parents auprès des ministres
concernés et auprès des députés qui nous
représentent, finalement.
Je vous référais à l'article 23 du projet de loi
où, au paragraphe 5°, il est question d'ajouter l'article 16 1°
à l'article déjà existant, afin d'exiger que le titulaire
d'un permis dans une garderie, dans un jardin d'enfants, dans une
halte-garderie ou dans une agence de garde en milieu familial ait à son
emploi une responsable de la gestion et, en plus, puisse déterminer les
fonctions de cette personne. On pense que c'est une ingérence qui n'est
absolument pas justifiée puisque, dans ces services, II existe
déjà des responsables. C'est bien évident que les conseils
d'administration engagent des responsables de la gestion, c'est essentiel quand
on gère des budgets de cette importance. On nous a dit - et on y tient -
que nous sommes des organismes autonomes et privés. Dans cette mesure,
c'est à nous, comme organisme, de décider qui on doit embaucher
et ce qu'on doit faire faire à ces personnes.
De plus, il existe déjà des articles au sein du pouvoir de
réglementation de l'Office, les paragraphes 8e, 9° et
10°, qui prévoient déjà des modalités, des
formalités administratives que doivent remplir les titulaires de permis.
Cela donne une garantie qu'il y aura une gestion de faite. Entre autres, il
doit y avoir des livres comptables qui seront remplis, des bilans, etc. Je
pense que cela donne une garantie qu'il y aura un suivi au sein de la gestion.
De plus, si ce qu'on veut par cela, c'est avoir une saine gestion au sein des
garderies, on n'a pas l'impression que c'est par un article de loi qu'on va y
arriver. C'est plus par un soutien technique de la part de l'Office, en
créant des outils ou en répondant à des questions qu'on va
assurer cette qualité de gestion. C'est un article qui, pour nous, est
absolument superflu, puisque ce sont déjà des choses qui sont en
place. En plus, cela constitue une ingérence pour nous.
J'aimerais ajouter qu'en ce qui a trait à la
réglementation il serait intéressant que l'Office puisse exercer
un pouvoir de réglementation sur tous les services de garde, comprenant
les services de garde en milieu scolaire, de façon à s'assurer
qu'il y ait une qualité de services dans tous les services de garde. Je
pense que c'est essentiel pour les enfants.
À l'article 29 du projet de loi, au paragraphe 3°, on nous
dit que l'article 5 de la loi qui concerne les jardins d'enfants n'entrera pas
en vigueur pour l'instant. Il n'y a aucune date de prévue. Alors que
l'article 3 de la même loi exige qu'il y ait des permis d'émis,
entre autres, pour les jardins d'enfants, quand les modalités d'octroi
de ces permis ne sont pas édictées, comment peut-on
émettre des permis? Surtout, comme on vient d'augmenter le nombre
d'heures par jour, cela va créer un tas de droits acquis. Au moment
où l'article entrera en vigueur, on sera devant un état de fait,
II y aura un tas de services qui existeront sans être tout à fait
conformes à l'article 5. On pense que cet article devrait être
promulgué en même temps que les autres. Je termine ainsi mon
intervention.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme Charbonneau. On a
quinze minutes de chaque côté. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, Mme la Présidente. Merci de
votre intervention. Je pense que cela valait la peine de vous entendre. Par
contre, vous le comprendrez, vous soulevez quantité de points qui
méritent réflexion et je pense que notre conseillère
juridique pourra, quand même, prendre le temps qu'il faut pour voir leur
implication, etc.
Il y a peut-être quelques points sur lesquels je voudrais revenir.
Vous parlez de l'article 22, de la régionalisation, entre autres. Je
voudrais bien qu'on se comprenne lorsque vous parlez de régionalisation.
Pour moi, II n'est pas question de régionalisation dans le sens de
décentralisation. Quand je parle de régionalisation, je parie de
planification régionale, ce qui signifie, par exemple, que, dans toutes
les régions du Québec, avec l'aide des municipalités, des
municipalités régionales de comté, des intervenants du
milieu déjà, des services de garde et des différents
regroupements, de même que des chambres de commerce et des entreprises,
en somme, de tous les gens qui pourraient identifier avec nous les besoins et
les types de services, nous ferons un plan de développement. C'est
à partir de ça qu'on pourra dire: Bien, voici, il y a encore de
la place pour tant de garderies, tant d'agences en milieu familial, en milieu
scolaire, etc. Mais il ne s'agit pas d'une régionalisation dans le sens
d'une décentralisation. Est-ce que c'est bien ça que vous aviez
compris ou si...
Mme Charbonneau: Oui, c'est bien ça que nous avions
compris, même si on utilisait le terme "régionalisation".
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Charbonneau: Effectivement, c'est ce qu'on avait compris,
sauf que le concept n'est pas là. Par contre, pour ce qui est des permis
d'agences de garde en milieu familial où on dit qu'on va donner des
permis en circonscrivant un territoire, c'est un peu ce concept, d'après
ce que je comprends, qui se retrouve là, mais on ne le retrouve pas
comme concept général, comme principe pour tout le plan de
développement.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. Himbeault...
La Présidente (Mme Dionne): M. Himbeault. (20 h 45)
M. Himbeault: SI vous me le permettez, oui. Voici pourquoi on y
accorde une Importance. SI vous vous en souvenez, en commission parlementaire,
on n'était pas contre nécessairement une planification
régionale, sauf que les mêmes questions, on se les pose encore.
D'une part, on n'a retrouvé nulle part dans les textes que les
regroupements comme les nôtres, pour les services de garde en milieu
familial ou en milieu scolaire, étaient concernés, étaient
interpellés. Les exemples étaient souvent autour des organismes
des municipalités, mais pas nécessairement des organismes des
services de garde. Donc, on sait très bien que, lorsque c'est
écrit dans une loi, c'est plus difficile de s'y soustraire que lorsque
c'est annoncé comme ça, comme un voeu pieux. Pour toutes sortes
de bonnes raisons, on pourrait toujours arriver à dire: On n'a pas pu le
faire.
Effectivement, on croit à une planification régionale; je
pense que ça fait plusieurs fois qu'on dit à l'Office des
services de garde à l'enfance qu'on veut travailler conjointement pas
seulement pour le développement, mais particulièrement dans ce
cas-là. Donc, on souhaiterait que ce soit écrit de façon
officielle et engageante aussi, de sorte que les municipalités ou tous
les autres organismes se sentent vraiment interpellés, qu'ils sentent
que c'est vraiment sérieux, qu'on va faire appel à eux, et que ce
ne soit pas uniquement un voeu pieux. Alors, c'est dans ce sens-là qu'on
se questionne encore, étant donné que ça ne paraît
nulle part, sauf, comme le disait Sylvie tantôt, pour les services de
garde en milieu familial où c'est une approche.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, c'est sûr
que la planification régionale représente une pièce
majeure de l'énoncé de politique. Je pense que c'est absolument
essentiel et on y tient énormément. Finalement, si on n'est pas
en mesure d'identifier les besoins et les types de services, à ce
moment-là, on va les développer un peu à partir de la
demande et là, justement, on pourrait mettre en péril les
garderies existantes. Il m'apparaissait que, automatiquement et Implicitement,
dans le développement, on retrouvait la planification régionale,
d'autant plus que je mentionnais cet après-midi, entre autres, qu'il y a
plusieurs articles qui sont reliés dans l'énoncé de
politique, par exemple, à la planification. Bien sûr que dans le
projet de loi, on ne retrouve pas la planification comme telle; je pense que
c'est beaucoup plus au niveau administratif.
Par contre, à l'article 68.1, lorsqu'on parle des "organismes
Intéressés", pour mol - je ne sais pas si c'est clair - ça
comprend également les groupes qui s'occupent des services de garde dans
les régions. C'est sûr qu'on ne peut pas faire une planification
si tous les groupes Intéressés ne sont pas consultés. Je
pense que c'est une consultation très ouverte et c'est la seule
façon de faire un plan par la suite qui pourra, bien sûr,
être révisé. Parce qu'on sait très bien que, si on
fait un plan de trois ans, par exemple, on devra toujours le mettre à
jour étant donné que les besoins changent et que les enfants
vieillissent dans certains secteurs. Mais c'est sûr que, lorsqu'on
mentionne des "organismes intéressés", pour moi, ça
comprend également les regroupements de garderies.
La Présidente (Mme Dionne): M. Himbeault.
M. Himbeault: Comment se fait-Il que vous ne teniez pas à
ce que ça paraisse dans le texte de loi? Est-ce que c'est une question
technique? On ne comprend pas, là. Vous nous répondez.. Je
comprends vos intentions et tout mais...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En disant "plan de développement"
ça suppose la planification régionale. Remarquez que,
personnellement, qu'on ait inscrit la planification régionale, ça
ne me dérange pas, sauf que, pour les conseillers juridiques qui ont eu
à travailler sur la loi, c'est Implicite. C'est déjà
prévu. C'est déjà là. Donc, on n'avait pas besoin
de le réécrire et de le mentionner. Pour eux, ça semble
tout à fait évident que ça se retrouve à
l'intérieur lorsqu'on parle de plan de développement.
La Présidente (Mme Dionne): M. Himbeault.
M. Himbeault: Est-ce que vous pouvez parler à vos
conseillers juridiques et leur dire qu'on serait intéressés
à le voir?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense, d'ailleurs, que, lorsqu'on
arrivera à l'étude...
Une voix: Je vous écoute.
M. Himbeault: Ha, ha, ha! Je ne savais pas qui
c'était.
Mme Gagnon-Tremblay: ...article par article, on aura quand
même, à ce moment-là, des commentaires aussi. On pourra
faire valoir ces points-là et faire la démonstration que, pour
nous la planification régionale est absolument importante et se retrouve
actuellement garantie dans le projet de loi. De toute manière, on pourra
toujours en discuter et, si ce n'est pas si évident que ça, soyez
assurés que je serai prête à faire des modifications. Parce
que, pour moi, la planification régionale - je le répète
encore - c'est une pièce majeure de l'énoncé de
politique. Elle est très importante et je peux vous assurer que
l'Office travaille actuellement pour tout mettre en oeuvre afin que cette
planification puisse s'amorcer très tôt cet automne. Il s'agit
d'établir des critères, d'établir sur quelle base on va
travailler, de quelle façon on va le faire, avec qui on va le faire,
qui, à l'Office aussi, va pouvoir en être responsable. Mais,
actuellement, on est en train de tout mettre en oeuvre pour pouvoir s'assurer
que le plus tôt possible à l'automne on amorcera la planification
régionale.
La Présidente (Mme Olonne): Mme Charbon-neau.
Mme Charbonneau: Pour compléter, l'article est
écrit un peu dans les mêmes termes qui se retrouvaient
déjà dans l'ancien article. Le pian de développement par
région n'existait pas. Même, s'il se faisait, II n'existait pas
comme tel dans la loi. Comme vous avez dit que c'est un volet majeur de
l'énoncé de politique, ça nous étonnait de ne pas
le retrouver à l'intérieur de la loi de façon explicite.
À ce moment-là, on se dit: Est-ce que c'est, finalement, un
principe sur lequel on peut revenir l'an prochain?
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, la planification est absolument
importante pour moi si on veut faire du développement harmonieux. SI on
veut aussi expérimenter certains types de services, si on veut
diversifier, à ce moment-là, il faut absolument faire cette
planification. Elle est absolument essentielle.
J'aurais une autre question aussi. Vous avez parlé de l'article
23, paragraphe 5°, où on exige que le titulaire du permis "ait
à son emploi une personne responsable de la gestion". C'est sûr
que l'Office pourra déterminer les fonctions de cette personne par
réglementation. Par contre, vous avez mentionné tout à
l'heure, que c'est généralisé, c'est-à-dire que
cela existe déjà actuellement et qu'on a, par exemple, des
gestionnaires dans les garderies. Pourquoi, à ce moment-là, vous
opposez-vous à ce qu'on l'Inscrive dans la loi, puisque cela semble
être généralisé?
La Présidente (Mme Dionne): Mme Charbonneau.
Mme Charbonneau: Effectivement, quand on parle seulement
d'imposer une personne responsable, ce n'est pas menaçant, mais quand on
parle de déterminer les fonctions de cette personne-là par
règlement, c'est un peu de l'ingérence dans ce qu'une corporation
autonome qui a son droit de gérance peut décider de ce que sa
responsable à la gestion fait ou ne fait pas comme fonctions. C'est
quand même excep-tionnel que, sans payer cette personne-là, le
gouvernement vienne déterminer les fonctions et exiger... Ce n'est pas
avec une obligation qui vient d'une loi, comme je le disais tantôt, qu'on
va s'assurer qu'il y aura une saine gestion et qu'il y aura un suivi de la
gestion.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, Mme la Présidente, ce qu'on
avait visé à ce moment-là, c'était de s'assurer,
finalement, que la gestion de la garderie soit faite par une personne qui en
soit responsable, alors qu'on retrouve dans plusieurs garderies - je ne dis
pas, par exemple, que c'est la majorité - ce qu'on peut appeler une
cogestion. On ne sait pas, finalement, qui peut en avoir la
responsabilité. Il m'apparaissait important, lorsqu'on a
écouté les recommandations qui nous ont été faites
en commission parlementaire et aussi à la suite d'une tournée que
j'ai faite dans tout le Québec en ce qui a trait aux services, qu'il y
ait une personne qui doive répondre, une personne qui soit, quand
même, responsable, parce que, avec la cogestion, entre autres, on ne sait
plus toujours qui peut répondre de ces services. C'est un peu cela qui
était visé dans cet article.
La Présidente (Mme Dionne): M. Himbeault.
M. Himbeault: Ce pourquoi on dit que c'est un peu de
l'ingérence c'est parce que les services de garde ont à faire le
choix du type de gestion qu'ils doivent avoir dans leurs garderies. Je pense
que la cogestion est assez peu répandue. Dans les garderies,
habituellement, le modèle qu'on retrouve et qu'on a tendance à
retrouver, c'est la gestion participative. Je sais qu'il y a encore de la
gestion un peu traditionnelle, hiérarchique, mais habituellement ce
qu'on essaie d'Installer le plus possible, c'est de la gestion participative de
sorte que les gens se sentent concernés, pas seulement les parents du
CA, mais aussi le personnel et également les autres parents.
On trouve un peu que c'est vraiment jouer là-dessus dans le sens
que, si on intervient également dans les fonctions de la personne
responsable là, je pense que cela donne un droit que l'Office des
services de garde à l'enfance, n'avait pas dans le respect, justement,
des corporations que l'on dit privées. Je pense qu'on a employé
cette expression parfois avec un sourire aux lèvres: C'est privé,
également, vos garderies. Vous-même, je pense que vous avez
employé cette expression. Je me dis, moi: Même si on est des
corporations privées sans but lucratif et qu'on favorise la
participation des parents, en venant imposer un modèle de gestion et
également un modèle de fonction, je ne pense pas qu'on puisse
vraiment laisser la place à la créativité de certaines
garderies qui, je pense, se sont donné des modèles de gestion
très très
intéressants.
Je pourrais vous rappeler que, dernièrement - je pense que vous
êtes bien au courant - la garderie Les Petits Mulots, à
Québec, a remporté le concours Iris. Pour le définir un
peu, vous savez que toutes les entreprises du Québec peuvent participer
au concours Iris, même la gestion du gouvernement. La garderie Les Petits
Mulots, par un modèle de gestion - si je vous l'apprends, tant mieux -
des ressources humaines, a gagné le premier prix, la palme d'or au
concours Iris. Je pense que c'est la première fois qu'une garderie
l'emporte, une toute petite entreprise très humble, par la voie du
développement qu'on a tendance à vouloir créer. De sorte
que, si on promulgue dans une loi des modèles de gestion ou des
définitions de tâches d'une coordonnatrice, il se peut très
bien que cette créativité... Je pense que cela a
été reconnu - il y avait là, quand même, la
compagnie Bombardier, La Laurentienne, le gouvernement; tout le monde
était là, et le Jury était un jury assez prestigieux -
qu'il y avait eu effectivement dans cette garderie particulière un
avancement pour la gestion et je peux vous dire que ce modèle de gestion
des ressources humaines est en train de se propager.
Au nom de l'autonomie, on peut quand même inciter les gens et
c'est pour cela qu'on dit que l'Office des services de garde à l'enfance
peut également aider certaines garderies qui ont peut-être
éprouvé ou évoqué des problèmes de
définitions ou qui ne savaient pas trop où la coordonnatrice se
branchait. Ce n'est pas nouveau dans certaines garderies, sauf que je pense que
ça ne se règle pas par le biais de la loi. C'est pour ça
qu'on s'y oppose en disant: Laissons, quand même, de l'espace aux gens.
Il faut faire confiance à la créativité des gens et
à leur bon sens.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Himbeault.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais terminer, Mme la Présidente,
peut-être avec les jardins d'enfants, seulement deux secondes. Vous
parliez tout à l'heure de mettre l'article en application le plus
rapidement possible. Je dois vous dire que, nous aussi, on voudrait bien le
faire, sauf que je pense que c'est important d'avoir la réglementation
qui va accompagner, qui va appuyer ça. Alors, tant et aussi longtemps
qu'on n'aura pas terminé, entre autres, la réglementation qui
pourrait régir les Jardins d'enfants, ce sera difficile de mettre cet
article en application. Toutefois, c'est quelque chose qu'on va essayer de
faire le plus rapidement possible. Peut-être que vous pourrez
répondre tout à l'heure.
La Présidente (Mme Dionne): Votre temps est
écoulé. Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci. C'est avec beaucoup d'intérêt que
je prends connaissance des modifications que vous souhaitez au projet de loi
150. C'est avec énormément d'intérêt que j'ai
écouté la discussion que vous avez poursuivie avec Mme la
ministre. Je crois vraiment à bon droit, puisque j'en avais fait la
motion, que le fait de vous avoir entendus va certainement faciliter nos
travaux.
Je n'aurai peut-être pas l'occasion de discuter avec vous sur
toutes les questions, mais heureusement j'ai pris des notes. Alors, J'aurai
l'occasion d'y revenir lors de l'étude article par article. Il y a deux
questions de fond que vous avez soulevées. Les deux concernent à
la fois le développement des garderies privées et la
planification régionale. Étrangement, ces questions seraient
toutes les deux examinées, si vous me permettez l'expression, aux
articles 14 et 22. C'est ce que nous a dit la ministre, selon ce que J'ai cru
comprendre de la discussion qu'elle a eue avec vous; elle a dit que
c'était Implicite et, quand Je l'écoutais, je me disais: II y a
erreur sur le document. Une loi, pour en avoir fait beaucoup dans ce Parlement,
ne repose ni sur les bonnes intentions, ni sur les suppositions, ni sur ce qui
est implicite. Elle disait tantôt: Pour mol, ça suppose, pour moi,
ça comprend. Je ne doute pas de sa bonne foi, mais je pense qu'il faut
voir un peu plus loin que soi parce qu'il n'est pas certain que nous serons
toujours au poste, d'abord. Et puis, la loi nous dépasse. Ce n'est pas
un papier que signe l'auteur. L'auteur change et le papier se modifie. La loi
est partie quand elle est adoptée, mais elle dépend des ministres
qui se succèdent et des gouvernements. (21 heures)
Concernant la planification régionale qui, selon la ministre, est
une pièce majeure de l'énoncé de politique, cela me
rappelait des mauvais souvenirs: l'énoncé de politique, volet
majeur de la politique familiale. Je me suis dit: Cela commence à
ressembler à ce qui a déjà été
abandonné. Présumons qu'elle a raison pas sur le fond, mais dans
les suppositions, qu'elle est de bonne foi. Alors, quelles sont les solutions?
Les solutions, mais c'est incroyable de vouloir nous faire voter, pour corriger
une situation, exactement ce qu'on retrouvait déjà dans la loi
antérieure.
Prenons le cas de la planification régionale. On a dit: II va y
avoir maintenant un plan de développement. Mme la ministre, compte tenu
des suggestions que semblait lui faire son entourage, a exprimé que de
toute façon c'était Implicite que vous soyez consultés,
car vous faisiez partie des groupes intéressés prévus
à l'article - lequel est-ce maintenant? - 22 du projet de loi. Cela
allait de sol que ça vous comprenait, que ça vous supposait. Mais
l'article 22, c'est Intégralement l'article 68 de ce qui existe
déjà. En quoi cela va-t-il être différent? En quoi
changer quatre trente-sous pour une piastre va-t-il améliorer la
situation? À l'article
68, paragraphes 1° et 9°, on retrouve Intégralement le
libellé de l'article 22. Alors, les mômes fonctions qu'il aura
maintenant étaient attribuées à l'Office. En quoi
étlez-vous consultés avant? En quoi le seriez-vous maintenant
plus qu'avant? Ce sont les mêmes fonctions. Il n'y a rien de
changé. Écoutez, à un moment donné, il ne faut pas
prendre les petits enfants pour des oiseaux du bon Dieu. Pourquoi est-ce que
les choses changeraient par la simple magie de passer de l'article 68,
paragraphes 1° et 9°, à l'article 22? Qu'y a-t-il de
différent entre les deux? Rien.
Je veux croire aux bonnes intentions de la ministre, mais l'enfer est
pavé de bonnes intentions, parce que la loi ne repose pas sur de bonnes
intentions, ni sur des suppositions. SI on veut modifier la situation, il faut
que ça paraisse dans la loi; sinon, c'est vraiment dérisoire de
prétendre qu'il y aura un plan de développement
régionalisé quand ce sont finalement exactement les marnes
fonctions que l'Office avait avant qu'il aura maintenant. Qu'on nous dise
exactement le mandat sur la régionalisation, les modalités et
peut-être qu'on va y croire. Sinon, comment pourrait-on y croire?
Évidemment, sur la question des garderies privées à
but lucratif, la ministre nous a dit qu'elle voulait les contingenter. Vous
étiez présents quand elle faisait grief au Parti
québécois, à tort - et Je sors les galées pour la
citer - qui avait introduit une disposition en faveur des garderies
privées. La ministre a fait des études juridiques; elle sait ce
que les mots veulent dire et elle sait qu'elle a tort quand elle dit ça.
Cela se peut, des fois, que les mots dépassent notre pensée; cela
m'arrive aussi et je comprends que ça puisse lui arriver. Ce qu'elle
veut dire, c'est qu'U y a une situation de vide juridique qu'il faut corriger.
La situation de vide juridique qu'il faut corriger, il faut la corriger
sérieusement. Je lui donne mon consentement pour la corriger pour que
les émissions de permis se fassent en fonction de l'intérêt
public.
Ce n'est pas ce qu'on a. L'émission de permis va se faire en
fonction d'un pian de développement que l'Office pouvait faire avant
autant qu'il peut le faire maintenant. C'est exactement le même article.
L'article prévoit que l'Office établit annuellement un plan de
développement des ressources à être créées"
et que ce plan est fait après avoir consulté les organismes
intéressés et identifié les besoins de la population. Il
n'y a rien de nouveau là-dedans. C'est intégralement la loi
actuelle. Qu'y a-t-il de corrigé et par rapport à la
régionalisation et par rapport aux garderies privées? Rien n'est
corrigé. L'Office pourra refuser une demande de permis, une demande de
relocalisation et une demande d'augmentation de capacité sur la base de
ce plan de développement. Il pouvait maintenant, il a toujours le mandat
de faire le plan. Qu'est-ce qui l'a empêché de refuser des permis,
des relocalisations ou des augmentations de capacité sur ta base du plan
de développement?
Rien ne l'empêchait. A contrario, rien ne lui permettra de faire
plus que ce qu'elle avait avant comme pouvoir, vu qu'elle n'a rien d'autre que
ce qui était déjà inclus.
De même, c'est en fonction de ce plan que seront fixés la
capacité et le territoire d'une agence de services de garde en milieu
familial. C'est bien dit que c'est juste les services de garde en milieu
familial. Alors, là, il faut être sérieux. Je ne sais pas
quelle est votre opinion, mais j'aimerais savoir, puisque vous avez
étudié de près toute cette question, vous là, pour
corriger la situation des garderies privées et de la
régionalisation, sérieusement, qu'attendez-vous d'une loi?
La Présidente (Mme Dionne): Mme Charbon-neau.
Mme Charbonneau: Oui. Pour ce qui est de la
régionalisation, en tout cas, si on s'entend sur le terme,
c'est-à-dire une planification régionale, il est essentiel, pour
nous, de l'insérer à l'intérieur de la loi pour qu'on
retrouve le concept et qu'il soit clair que l'Office doit soumettre le plan de
développement à une planification concertée
régionale. Pour ce qui est des garderies à but lucratif, c'est
certain qu'essayer de les contingenter par le biais du plan de
développement, ça ne peut pas être une mesure efficace.
Cela ne peut pas, non plus, être une mesure efficace de limiter les
droits de révision et les droits d'appel dans ces cas-là. La
seule solution est, bien évidemment, de faire un moratoire afin
d'empêcher le développement de nouvelles garderies à but
lucratif. C'est d'y aller directement.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Cela m'apparaît presque de la
naïveté. En quelque sorte, je trouve cela dérisoire de dire:
Cela va changer et la preuve que cela va changer, c'est qu'on va reconduire
exactement, mot pour mot, les fonctions qui étaient déjà
prévues. Et là, on vous garantit que ça va changer. Cela
va changer, cela va être contingenté. Cela va changer, cela va
être régionalisé. C'est exactement, intégralement ce
qui était déjà là.
La Présidente (Mme Dionne): M. Himbeault.
M. Himbeault: C'est bien évident que ça demande une
volonté politique quand on vient jouer là-dedans. D'accord? Quand
on empêche directement un certain réseau de se développer,
je pense que c'est une volonté politique. Cela démontre quel
genre de services on veut développer avec l'argent de l'État.
D'accord? C'est bien évident, quant à nous, qu'on s'attend
à une volonté politique et je pense que ça fait des
années aussi. Je ne veux pas entrer dans les
débats des partis, mais iI reste que la position des
regroupements n'est pas nouvelle. Nous, on dit que la qualité des
services passe avant tout par le contrôle des parents. Quand on dit
contrôle des parents, si on sait qu'ils sont majoritaires aux conseils
d'administration, donc, c'est plus qu'un conseil consultatif, c'est vraiment
décisionnel.
Je pense que, dans plusieurs discours qu'on a entendus depuis des
années, on frôlait ça, mais en même temps
c'était un peu agaçant. Il y a eu beaucoup de lobbying - je pense
qu'il ne faut pas se le cacher - de part et d'autre. On s'attendait que, dans
ce projet de loi, II y ait, justement, une prise de position. Je sais que cela
demande du courage et on pourra dire: Les autres n'en ont pas eu. Nous, on ne
veut pas entrer là-dedans. Peu Importe qui, on s'adresse aux gens qui
sont là actuellement et on s'attend à une loi ferme
là-dessus.
On pourrait revenir, parce qu'on n'a pas eu le temps de le mentionner,
sur tous les comités, actuellement, qui sont proposés, si jamais
vous persistez dans cette démarche. Vous le savez, notre position est
très claire là-dessus. On n'en veut pas, nous, de
développement des garderies à but lucratif. On sait très
bien qu'il y a des droits acquis. Je pense que cela fait partie aussi de
l'entendement, mais il reste qu'à partir d'aujourd'hui on aimerait bien
que ce soit des garderies sans but lucratif. On a toujours été
très clairs là-dessus.
Pour ce qui est de la planification régionale, c'est vrai qu'on
ne s'est pas sentis souvent interpellés là-dessus. Pourtant, la
loi le permettait, y Incitait et môme l'exigeait jusqu'à un
certain point. On ne comprend pas pourquoi. Maintenant, si on parle de
planification régionale et que là on veut vraiment la mettre de
l'avant, à mon avis, il ne faut pas lésiner là-dessus.
Selon nous, il faut que cela apparaisse quelque part et que ce soit assez
défini.
La grosse différence, pour ajouter peut-être à ce
que Mme Harel disait, c'est qu'on soumet ça maintenant au Conseil du
trésor. Là, ça nous met dans une drôle de situation.
Est-ce qu'on va aller négocier nos choses avec le Conseil du
trésor maintenant ou si on s'adresse toujours à la même
personne qui est responsable du dossier? Vous savez que cela a
été dit. C'est ce qui est dit actuellement. Mol, je peux vous
dire, pour vous donner un exemple, qu'il y a une de mes amies qui a dit: Tiens,
il paraîtrait que ce n'est plus la Condition féminine qui a les
services de garde. J'ai dit: Non, non, ce n'est pas comme cela qu'il faut le
comprendre. Il reste que, quand on dit qu'on soumet au Conseil du trésor
notre plan de développement, cela revient, à toutes fins utiles,
à dire: II faut absolument avoir son assentiment. On comprend ça
sur le plan des finances, globalement, mais on ne le comprend pas sur des
détails. Je pense que ça nous met dans une drôle de
situation quand on est dans des services de garde et qu'on dit: A qui doit-on
s'adresser maintenant? On aimerait bien que ce soit à une personne qui
est responsable du dossier et non pas à un autre interlocuteur.
Maintenant, s'il faut qu'on y aille, on va y aller, bien sûr.
Même si, des fois, on a l'impression que ce n'est plus à
l'interlocuteur qu'on doit s'adresser, on va le faire, mais on aimerait bien
que ce soit très clair. On ne s'attend pas que le Conseil du
trésor ait à intervenir là-dedans. Je pense qu'il y a des
personnes qui sont peut-être un peu plus habilitées à se
prononcer sur le plan de développement.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, je vais conclure en vous
remerciant d'avoir été présents à ces travaux. Je
pense que la présence du Conseil du trésor est une sorte d'astuce
pour, prétendument, rendre plus pesant le plan de développement
en regard des affrontements que certaines demandes de permis des garderies
privées, en particulier, pourraient soulever. C'est une manière
de penser que ça pourrait être plus facilement contingenté.
Avez-vous une idée de tout ce qui est mis en place pour ne pas dire la
chose clairement? À la fois, on retire les droits qu'avaient
déjà les titulaires de permis d'aller en révision sur la
relocalisation ou sur une demande d'augmentation de capacité, on retire
le droit d'appel qu'ils avaient déjà, tout ça pour en
arriver possiblement à diminuer le contingentement, ce qui n'est pas
évident parce que ces personnes-là pourront se pourvoir
directement devant la Cour supérieure. Passer par l'astuce du Conseil du
trésor pour essayer d'apporter plus de poids à la décision
de refuser un permis à une garderie privée, c'est tourner autour
du pot, pour ne pas dire le mot.
On ne fait pas des lois en tournant comme ça, ce n'est pas
possible. On est à neuf jours de la fin des travaux de cette commission
parlementaire et, dans l'état actuel de cette loi, Je considère
ce projet de loi 150 comme étant vraiment en deçà de ce
qu'on attend d'une vraie loi dans ce Parlement.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la ministre, pour le mot de la
fin.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, pour terminer, Mme la
Présidente, je veux tout simplement relever une intervention. On disait,
tout à l'heure, qu'on voulait que le plan de développement soit
soumis aux groupes. Je voudrais éclaircir quelque chose parce qu'il
m'apparaît important de consulter les groupes en région pour
Identifier les besoins et les types de services, mais, bien sûr, ce n'est
pas dans le but de soumettre le plan aux groupes. Je pense que c'est au
gouvernement de prendre la décision une fois que les besoins et les
types de services sont
Identifiés. Tout à l'heure, on pariait de l'article 18,
mais on y ajoute que l'Office peut refuser de délivrer un permis, ce qui
n'était pas le cas auparavant.
Je vois qu'il peut y avoir une perception différente, pour toutes
sortes de raisons. Je pense qu'on a aussi besoin d'éclaircissements sur
les différents articles. On aura l'occasion, lorsqu'on étudiera
le projet de loi article par article, d'apporter notre point de vue. Remarquez
que, si ça fait problème ou si ça ne semble pas aussi
clair que nous le prétendons, à ce moment-là, on apportera
les modifications nécessaires. Merci de votre présence.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, Mme Charbonneau, M.
Himbeault, au nom des membres de cette commission et en mon nom personnel,
j'aimerais vous remercier d'avoir contribué aux travaux de la
commission. Merci et bon retour.
Mme Charbonneau: Merci, bonsoir.
M. Himbeault: Bonsoir.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Dionne): Pour le bénéfice
des membres de la commission, j'appelle maintenant l'article 1 du projet de
loi.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que je peux reprendre la question du
début, Mme la Présidente? Est-ce qu'on doit faire la lecture de
l'article ou si on peut tout simplement faire le commentaire?
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce qu'on procède
alinéa par alinéa?
Mme Harel: Je pense bien qu'on pourrait le faire alinéa
par alinéa, mais on n'a pas besoin de le lire.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon. Cet article modifie le paragraphe
2° de l'article 4 de la Loi sur les services de garde à l'enfance
qui permet la délivrance d'un permis de service de garde en garderie
à une corporation sans but lucratif dont le conseil d'administration est
composé majoritairement de parents d'enfants qui sont ou seront inscrits
dans cette garderie. La modification vient préciser que les parents qui
forment la majorité au conseil d'administration doivent être des
parents qui ne font pas partie du personnel de la garderie.
Une voix: Ce n'est pas l'article 1.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas l'article 1? Excusez-moi, Mme
la Présidente.
Mme Harel: Vous étiez trop en avance. (21 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela. Voilà, je vais me
familiariser avec le texte. Je m'excuse, je reviens sur le commentaire, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Oui, Mme la ministre.
Interprétation et application
Mme Gagnon-Tremblay: Les paragraphes 1° et 2° visent
à modifier les définitions des services de garde en garderie et
en halte-garderie afin qu'elles comprennent des services qui reçoivent
sept enfants et plus. Un permis sera donc requis lorsque ces services
reçoivent sept enfants.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de... Excusez-moi. Voulez-vous compléter, Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: On pourra peut-être continuer avec
l'autre paragraphe. Préférez-vous y aller paragraphe par
paragraphe?
Mme Harel: Oui, c'est préférable.
La Présidente (Mme Dionne): À l'alinéa 1,
Mme la députée de Malsonneuve.
Mme Harel: On retrouvait donc à l'article 1 de la loi
actuelle, à la définition de "service de garde en garderie: un
service de garde fourni dans une installation où on reçoit au
moins dix enfants de façon régulière et pour des
périodes qui n'excèdent pas 24 heures consécutives." Donc,
maintenant, on diminue le nombre d'enfants de dix à sept et on annule,
cependant, la disposition concernant la présence des enfants. Est-ce
qu'on peut me rappeler si on la retrouvera ailleurs ou si on la retrouve
seulement à "service de garde en milieu familial"? Je parle de ce qui
existait déjà dans la loi actuelle, les 24 heures
consécutives. Est-ce à dire que dorénavant le service de
garde en garderie peut se faire comme une pension, sans qu'il y ait des heures
limites?
Mme Gagnon-Tremblay: Cela existait auparavant, c'était tel
quel. C'est tout simplement maintenu.
Mme Harel: C'est maintenu.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est maintenu. Cela existait
déjà auparavant.
Mme Harel: La modification consiste sim-
plement à remplacer le mot "dix* par le mot "sept".
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la députée de Maisonneuve,
ce qui est très important à cet article, c'est qu'on vient
réduire le nombre d'enfants dans le non-régi. On sait que des
demandes des agences en milieu familial nous avaient été faites
dans le but de le réduire étant donné qu'il est
très difficile de recruter des gardiennes dans le milieu familial, par
exemple. Si vous n'avez pas de permis, vous pouvez garder jusqu'à dix
enfants. Par contre, si vous avez un permis, vous ne pouviez, auparavant, en
garder plus de quatre. Nous avons apporté une modification; c'est
jusqu'à six, maintenant, sauf que dorénavant le non-régi
devra aussi obtenir un permis si on garde plus de six enfants.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Quand avez-vous l'Intention de proclamer cet
alinéa sur le service de garde en garderie?
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En juillet 1991. Nous voulons nous donner
deux ans pour pouvoir bien informer la population et aussi permettre aux
personnes qui le font de voir comment on pourrait rendre ce service. Il ne faut
pas, non plus, priver quantité de gens qui obtiennent déjà
des services. En même temps, cela va nous permettre d'expérimenter
des plus petites tailles de garderie, peut-être avec des normes qu'on
pourra voir. On veut aussi expérimenter des garderies de plus petite
taille. C'est pourquoi on veut prendre deux ans avant de mettre l'article en
vigueur.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Voulez-vous dire des garderies de plus petite taille
régies par la loi?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela. Des garderies régies par
la loi et qui pourraient être - je ne sais pas - de 15 ou 20, selon... Il
faut, quand même, l'expérimenter pour voir si c'est possible de le
faire et à quelles conditions on peut le faire.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que c'est
adopté?
Mme Harel: Je ne sais pas s'il y a d'autres interventions. C'est
adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, le
deuxième...
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, le paragraphe
3° modifie...
La Présidente (Mme Dionne): On a adopté le
paragraphe 1°.
Mme Gagnon-Tremblay: 1° et 2°.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que le paragraphe
2° est adopté?
Mme Harel: Non, pas le paragraphe 2°.
Mme Gagnon-Tremblay: Non? D'accord.
Mme Harel: Le deuxième alinéa.
Mme Gagnon-Tremblay: Le deuxième alinéa, c'est de
la concordance.
Mme Harel: Le deuxième alinéa vise à
définir l'expression "service de garde en halte-garderie". Du mot "dix"
par le mot "sept". D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté?
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, pour les fins de
la commission, Me Camille Faucher pourra m'assister, de même que Mme
Nicole Marcotte, présidente de l'Office des services de garde à
l'enfance.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord, c'est
noté.
Mme Harel: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. Maintenant, le
paragraphe 3°.
Mme Gagnon-Tremblay: Le paragraphe 3° modifie les
définitions de "service de garde en jardin d'enfants" et de "service de
garde en milieu familial". La définition de "service de garde en |ardin
d'enfants" est changée afin de comprendre les services qui
reçoivent sept enfants et plus. La période maximale pendant
laquelle les enfants peuvent être gardés en jardin d'enfants passe
de trois heures à quatre heures. La définition est, de plus,
précisée pour correspondre plus exactement à la
réalité de ces services.
La définition de "service de garde en milieu familial"... Ah,
non, excusez-moi, c'est l'autre paragraphe. Est-ce que ça fait partie du
tout?
Une voix: Cela fait partie du paragraphe 3°, c'est une autre
définition.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, c'est une
autre définition, mais qui fait toujours partie du paragraphe
3°. La définition de "service de garde en milieu familial" est
modifiée pour permettre que la personne responsable d'un tel service
puisse garder seule jusqu'à six enfants. Parmi ces six enfants, il ne
doit toutefois pas y avoir plus de deux enfants de moins de 18 mois. La
définition permet la garde de neuf enfants si la personne responsable du
service de garde en milieu familial est assistée d'une autre personne.
Dans ce dernier cas, il ne peut toutefois pas y avoir plus de quatre enfants de
moins de 18 mois parmi les neuf enfants gardés.
Alors, étant donné que nous subventionnons, pour la
première fois, la garde des poupons, nous avons limité quand
môme le nombre de poupons à deux pour la garde en milieu familial.
Alors, voilà pour le paragraphe 3°. Nous passerons au paragraphe
4°, tout à l'heure.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Alors, Mme la Présidente, j'ai un
amendement à apporter à l'article 1 du projet de loi, au
paragraphe 3°, au deuxième alinéa, "service de garde en
jardin d'enfants."
La Présidente (Mme Dionne): "Service de garde en jardin
d'enfants"?
Mme Harel: Deuxième alinéa du paragraphe 3° de
l'article 1. Est-ce que je le lis bien juridiquement?
La Présidente (Mme Dionne): Oui. Mme Harel: Du
paragraphe 3°.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'amendement est
prêt, Mme la députée?
Mme Harel: Oui, l'amendement est prêt, mais je vois qu'il y
a peut-être une question à régler et qui est la suivante:
puisqu'on amende la loi actuelle, dans la mesure où on veut revenir au
texte de loi actuel, faut-il modifier le projet de loi, par exemple, par le
remplacement, dans la quatrième ligne de la définition de
"service de garde en jardin d'enfants" introduite par le paragraphe 3°, du
chiffre "4" par le chiffre "3" heures par Jour? Mais, de cette façon, on
revient au texte en vigueur présentement. Alors, vaut-il mieux l'amender
pour remplacer le chiffre "4" par le chiffre "3" ou l'amender pour revenir au
texte actuel?
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la députée de Maisonneuve,
est-ce qu'il y aurait possibilité...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: ...de préciser davantage?
Mme Harel: C'est une question...
La Présidente (Mme Dionne): Une question de
recevabilité.
Mme Harel: ...qui est posée à la commission pour
l'ensemble de ce qu'on aura à faire; ce n'est pas seulement pour cette
fois-ci, mais pour toutes les fois subséquentes. Je pense bien qu'il
faudra décider si on vous présente tous nos amendements sous la
forme de modifications au projet de loi 150 ou sous la forme simplement de
laisser la loi actuelle en vigueur. C'est une loi qui modifie la Loi sur les
services de garde à l'enfance, ce n'est pas une loi nouvelle.
La Présidente (Mme Dionne): On pourrait le déposer,
oui. Oui, Mme ia députée de Maison-neuve.
Mme Harel: Selon mon conseiller, il serait plus simple, pour s'y
retrouver, d'amender le projet de loi de la ministre. Et, si on a des
modifications à apporter à ia Loi sur les services de garde
à l'enfance comme telle, ce seraient des ajouts ou, en fait, ce seraient
des articles qui ne sont pas modifiés par le projet de loi
lui-même. Donc, je dépose un amendement qui modifie le projet de
loi 150 à son article 1, paragraphe 3°, deuxième
alinéa, s'intitulant "service de garde en jardin d'enfants".
Mme Gagnon-Tremblay: C'est le troisième.
Mme Faucher (Camille): C'est le troisième paragraphe de
l'article 1 qui modifie la définition de "service de garde en jardin
d'enfants." Je pense que ça, c'est vraiment précis parce que
c'est dans le troisième paragraphe. C'est le premier
alinéa, si on veut, du troisième paragraphe, mais c'est la
définition de "service de garde en jardin d'enfants". C'est ça,
il faudrait dire: La définition de "service de garde en jardin
d'enfants", édictée par le paragraphe 3° de l'article 1, est
modifiée par...
Mme Harel: Je veux, de toute façon, apporter un amendement
au paragraphe "service de garde en jardin d'enfants".
Des voix: Ha, ha, ha!
Motion d'amendement à la définition de
"service de garde en jardin d'enfants"
La Présidente (Mme Dionne): On va s'entendre sur une
phrase et ensuite on verra à sa recevabilité. Me Faucher, je vais
le lire pour l'enregistrer. Alors, vous me direz si c'est ça: L'article
1 du projet de loi est modifié par le remplacement, dans la
quatrième ligne de la définition "service de garde en jardin
d'enfants"
introduite par le paragraphe 3°, du chiffre "4" par le chiffre
"3".
Une voix: C'est ça.
La Présidente (Mme Dlonne): C'est l'amendement tel que
présenté par Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: D'accord?
Une voix: Sur la forme... (21 h 30)
La Présidente (Mme Dionne): Alors, on vérifie sa
recevabilité. L'amendement est rece-vable. Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Mme la Présidente, il y a actuellement au
Québec 262 jardins d'enfants - ce n'est pas moi qui le dis, c'est
à la page 23 de l'énoncé de politique - qui offrent un
service qui n'est pas un service de garde. En fait, qui ne devrait pas
l'être, puisque le jardin d'enfants est toujours considéré
comme un service de socialisation pour l'enfant. Ce n'est pas pour un enfant
qui a besoin de garde ou pour des parents dont l'enfant a besoin de garde, mais
pour un enfant qui a besoin de socialisation, qui a besoin de se retrouver dans
un milieu d'activités de loisir qui lui permettent d'échanger
avec des enfants de son âge. C'est dans cet esprit que les
activités régulières n'excédaient pas trois heures.
De toute façon, en général, les spécialistes de ces
questions considèrent qu'après deux heures et demie d'animation
à l'intérieur d'un groupe stable, habituellement, l'enfant
à qui ce type d'activités est offert ne peut plus faire de
nouveaux apprentissages.
Il y a un danger réel dans le projet de loi 150 de transformer le
service de jardin d'enfants, habituellement offert par des centres de loisir,
par des organismes sans but lucratif, en marge des activités que peuvent
avoir les parents, en un service de garde à mi-temps. Les
représentants de Concertaction interrégionale en ont fait
état dans leur présentation. C'est d'autant plus
inquiétant que c'est là un service qui n'est pas encore
réglementé. On ne prévoit pas la promulgation des
dispositions qui le réglementent. C'est un service, celui des jardins
d'enfants, qui, à cause de son caractère qui l'exclut du service
de garde proprement dit, n'a pas encore à respecter les mêmes
ratios, les mêmes règlements qui viennent régir la garde en
garderie.
Ce qui est inquiétant, c'est que, d'une certaine façon,
dans ce dossier, c'est comme dans bien d'autres des dossiers que la commission
des affaires sociales est chargée d'étudier. Je pense, entre
autres, à la loi 116 sur les régimes complémentaires de
retraite, où on se rend compte qu'on surréglemente tout le
secteur des régimes privés, en laissant totalement
dérégle- mentée la progression vertigineuse des REER
collectifs: 47 % en deux ans. Et, à côté, on a un secteur
réglementé que presque plus personne chez les employeurs
n'utilise parce qu'ils ont les mêmes avantages fiscaux en offrant
malheureusement une retraite à rabais à des travailleurs dans un
secteur qui n'est pas réglementé. On étudiera cela
à partir de demain, Ici même, à la commission des affaires
sociales.
C'est le môme phénomène qui joue ici: un secteur
réglementé, avec des ratios définis pour des âges
donnés différents, avec toute une réglementation sur le
type d'éducatrices, sur les diplômes qu'elles doivent
détenir, sur le type de local d'habitation dans lequel la garderie peut
se loger, en fait, une série de réglementations utiles et
nécessaires pour un secteur de garde à côté duquel,
finalement, II y en a un autre qui est totalement laissé à la
déréglementation et qui deviendra une sorte de secteur pour des
enfants qui seront gardés, dans le fond, comme à mi-temps.
C'est Inquiétant parce que ça dénote une absence de
volonté politique d'offrir un véritable service de garderie, s'il
le faut, puisque c'est nécessaire, à des enfants qui ont besoin
de garde à mi-temps. C'est, évidemment, le cas pour un
très grand nombre de travailleuses mères de Jeunes enfants
puisqu'on sait que 23 % d'entre elles travaillent à temps partiel.
Malheureusement, plutôt que de voir à élargir les services
offerts par les garderies pour leur permettre de soutenir financièrement
une offre de garderie à temps partiel, on va, à côté
du service en garderie, ouvrir largement, sans la réglementer, une garde
en jardin d'enfants qui va aller, finalement, en se multipliant et qui n'aura
pas à respecter des critères de formation pour ses
éducatrices, des ratios.
C'est suffisamment inquiétant pour qu'on souhaite que la ministre
revienne à la situation actuelle qui prévoit que le service en
jardin d'enfants n'excède pas trois heures par jour et pour qu'on lui
demande pourquoi elle a retiré du projet de loi les services
préscolaires organisés par une commission scolaire ou une
corporation de syndics. En fait, il s'agit essentiellement, j'imagine, du
service de maternelle ou de prématernelle. La prématernelle et la
maternelle ne sont offertes qu'à mi-temps, deux heures et demie en
moyenne par jour. De toute façon, II n'y avait même pas besoin de
l'exception pour les couvrir, mais, s'il fallait le faire, encore faudrait-il
savoir s'il s'agit de la maternelle et de la prématernelle quand on
mentionne les services préscolaires.
M. le Président, nous déposons cet amendement pour tenter
de clarifier cette réalité au Québec qui amènerait,
par la nouvelle disposition de la loi 150, deux catégories de services
de garde pour des enfants qui ont pourtant besoin des mêmes ressources de
garde. Nous croyons qu'il faut distinguer clairement, comme le faisait la loi
Jusqu'à maintenant, le jardin d'enfants
comme offrant un tout autre type de services que la garde à
mi-temps.
Sur le dépôt de cet amendement, M. le Président,
pouvez-vous me signaler combien j'ai de temps à ma disposition? J'ai 20
minutes. C'est d'autant plus Inquiétant que je prenais connaissance des
dispositions de mise en vigueur et on peut constater qu'en matière de
service de garde en jardin d'enfants aucune disposition n'est
édictée quant à la mise en vigueur de ce service. C'est
donc dire, finalement, que la loi 150 est complètement muette sur les
conditions dans lesquelles le service pourra être offert.
Je vous mentionnais qu'il y a 262 jardins d'enfants présentement.
Évidemment, la question qu'il faut se poser, c'est: Quel rôle
veut-on faire jouer à ces jardins d'enfants? Là-dessus, on va
certainement attendre le point de vue de la ministre. Pourquoi allonger la
période où une sorte de service de loisir est donné de
manière que ce besoin de courte durée devienne une sorte de
service à mi-temps? L'horaire des jardins d'enfants ne correspond pas
présentement à une demi-journée de travail. Les jardins
d'enfants n'étaient pas faits pour ça. Ils n'étaient pas
faits pour les parents travaillant à temps partiel. Il faut plutôt
aménager la garderie pour les enfants qui ont besoin de garde parce que
les parents travaillent à temps partiel.
Les articles de la loi concernant les jardins d'enfants ne sont pas
encore en vigueur. Dans l'énoncé de politique, l'Office
prétendait ne pas disposer... Je cite: "L'Office ne dispose pas de tous
les éléments lui permettant de bien saisir la
réalité des haltes-garderies et des jardins d'enfants." La
ministre signe un énoncé gouvernemental où elle dit,
à la page 30, que l'Office ne dispose pas de tous les
éléments lui permettant de bien saisir la réalité
des jardins d'enfants. Il est difficile de comprendre et de s'expliquer que,
n'en saisissant pas la réalité, on la modifie.
Je continue. Je cite l'énoncé: "En outre, cette
méconnaissance Influe sans doute sur les préférences de
certains parents à l'égard de ces modes de garde et sur la nature
du développement qui pourrait être envisagé pour eux." Je
pense bien qu'il y a là toute une clarification à faire sur les
intentions de la ministre à l'égard des besoins de courte
durée et de longue durée, parce que c'est là le
vocabulaire utilisé dans l'énoncé de politique. Est-ce
à dire que le service en garderie n'est conçu que pour des
besoins de garde de neuf à cinq? Si c'est le cas, Mme la ministre
envisage des services autres pour des besoins de garde à mi-temps. Mais,
à ce moment, pourquoi créer deux classes de services offerts aux
enfants: ceux de haut de gamme, régis par des ratios, par des
dispositions de règlement, et ceux de bas de gamme qui, eux, ne le
seraient pas? Pourquoi un enfant qui est quatre heures durant dans un endroit
subirait-il moins son environnement qu'un autre qui l'est à temps plein?
En quoi les conditions déficientes peuvent-elles avoir moins d'impact?
Parce qu'il est là moins longtemps?
Un enfant, ce n'est pas tant le temps qu'U passe qui compte que
l'influence des contacts qu'il a durant ce temps. Alors, pourquoi être
moins exigeant pour la garde de courte durée? De courte durée, il
faut s'entendre. Pourquoi être moins exigeant pour la garde à
mi-temps que pour celle à temps plein? Les enfants ont les mêmes
besoins d'avoir du personnel qualifié, les mêmes besoins de ne pas
être trop nombreux, bousculés dans des groupes; à mi-temps,
ils ont les mêmes besoins que les enfants à temps plein.
Je pense qu'il y a une confusion entre la garde de courte durée
qui devrait être offerte aux enfants à mi-temps et le jardin
d'enfants qui offre un tout autre service que celui de garde, mais qui offre un
service de socialisation dans des activités essentiellement de loisir.
(21 h 45)
Évidemment, si nous n'avons pas d'explication raisonnable sur
l'abolition des deux dernières lignes qu'on retrouve dans la loi
actuelle, "à l'exception des services préscolaires
organisés par une commission scolaire ou une corporation de syndics",
pour lesquels il y avait déjà la possibilité
d'excéder les trois heures prévues, nous examinerons la
possibilité d'introduire un autre amendement.
Le Présidents (Mme Dionne): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, Mme la Présidente. Je tiens tout
simplement à souligner que le projet de loi traduit finalement les
orientations politiques. Si on a mentionné quatre heures, c'est pour
tenir compte, entre autres, du temps partiel, à la suite aussi des
nombreux besoins des parents qui travaillent à temps partiel, il est
faux, je pense, de prétendre que le jardin d'enfants n'est pas un
service de garde. De toute façon, je pense que c'est défini comme
un service de garde dans la loi de 1979. C'est déjà
précisé comme tel dans la loi de 1979. D'autre part, je pense que
la socialisation n'exclut pas la notion de garde. Au contraire, je pense que la
notion de garde signifie, entre autres, la socialisation.
Je dois dire de même que les garderies n'acceptent pas tous les
enfants à temps partiel, on ne les accepte que très rarement,
étant donné que ça peut aussi "débalancer", entre
autres, le taux d'occupation. Il arrive, par exemple, que, si on garde un
enfant à temps partiel, II faut en avoir un autre à temps partiel
pour combler le temps complet d'une garderie. Voilà autant de raisons
qui nous ont motivés à inscrire quatre heures au lieu de trois
heures.
Je dois souligner, en plus, que personne, lors de la commission
parlementaire, n'a contesté
le fait que nous mentionnions quatre heures au lieu de trois heures,
puisque c'était déjà inscrit dans l'énoncé
de politique, entre autres, à la page 37. Personne, lors de la
commission parlementaire, n'a contesté le fait d'ajouter une heure.
Voilà, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'on y va par alternance? Cela va. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. L'article tel que
libellé pourrait avoir les mêmes effets que ceux qu'on retrouve
dans le réseau de l'éducation. Vous allez me dire: C'est encore
une comparaison avec le réseau de l'éducation. C'est parce que,
dans le réseau de l'éducation, on ne réglemente pas les
écoles privées. Vous avez toutes sortes d'écoles
privées qui ne sont pas subventionnées. Ces écoles
privées non subventionnées - je voudrais que la ministre
écoute un peu - ce sont des écoles qui peuvent aller de
l'informatique à charme et maintien - il y a toute une gamme - et qui se
trouvent à être reconnues par le ministère de
l'Éducation, alors que le ministère de l'Éducation n'a
aucun contrôle. Il ne peut, en vertu de la loi, avoir aucune exigence sur
les espaces, sur les locaux, sur la qualification, sur le programme. Il appose
son estampille comme quoi elle est autorisée par le ministère de
l'Éducation, mais il n'a absolument aucun contrôle sur la
qualité.
Le problème qui se pose actuellement en éducation touche
précisément cette situation que le ministre veut régler
avec raison, parce que la loi lui fait obligation de reconnaître ce type
d'écoles, alors qu'il n'a aucun contrôle sur la qualité de
ce qui est offert. Les gens se prévalent de ce titre, parce que
ça Impressionne tout le monde. Les gens disent: Écoutez, on a une
reconnaissance du ministère de l'Éducation. On tente, au
ministère de l'Éducation, de sortir de ce piège. Ce
piège est majeur. Cela pourrait dégénérer en
réseau parallèle, c'est-à-dire qu'on aurait là un
réseau parallèle qui n'aurait aucune obligation quant aux
qualifications de son personnel, quant aux programmes qui sont
dispensés, quant au type d'animation qui pourrait être offert. On
peut retrouver n'Importe quoi dans ce réseau. D'ailleurs, dans mon
comté, on offre ce type de services. Ils vont vous promettre toutes
sortes de choses, autant l'initiation à l'anglais qu'à
l'informatique à trois ou quatre ans, un genre de fourre-tout. Ça
ressemble beaucoup, à s'y méprendre, à ce qui se fait en
matière d'éducation. Je ne pense pas que ce soit souhaitable
parce que les parents qui vont envoyer leurs enfants là vont les y
envoyer pour les socialiser, mais ils vont exiger que ce soit dans de bonnes
conditions. À moins que la ministre ne décide de mieux les
encadrer et d'établir des exigences, de définir le niveau de
qualification, de définir les conditions des locaux, de définir
ce que serait ce réseau pour assurer aux parents une bonne
qualité des services qui y sont offerts, je trouve que c'est ouvrir la
porte à une pratique... Vous allez créer un réseau
parallèle sans avoir les garanties auxquelles les parents sont en droit
de s'attendre au moment où on définit ce type de services dans
une loi. Vous allez avoir à peu près les mêmes
résultats que le ministère de l'Éducation avec la
reconnaissance des écoles de tous types, des écoles
privées non subventionnées qui peuvent offrir n'importe quoi
à n'importe quelle condition. Généralement, parce qu'il y
a la reconnaissance ministérielle, ça leur confère une
crédibilité que, dans les faits, elles ne méritent pas.
Encore une fois, peut-être que quelques-unes le méritent, mais je
dirais que c'est l'exception. On retrouve de tout là-dedans. Vous entrez
dans leur bureau, Ils ont un certificat du ministère de
l'Éducation, ça Impressionne les gens qui ne savent pas comment
ça fonctionne. Ce sera le même type de services et, à moins
que la ministre ne nous explique pourquoi elle va dans cette direction, j'ai
peine à vous suivre à cause de l'expérience de
l'éducation.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, Mme la Présidente, tout ce
que je peux ajouter, si j'ai bien compris le début de la question de la
députée de Chicoutimi, c'est qu'il est prévu, justement,
que la promulgation des articles sur les jardins d'enfants sera
accompagnée d'une réglementation minimale. C'est la raison pour
laquelle nous ne promulguons pas immédiatement les articles puisque
c'est déjà prévu dans la loi depuis 1979. Ces articles,
aussi bien pour les jardins d'enfants que pour les haltes-garderies, n'ont
jamais été promulgués. Nous envisageons de promulguer ces
articles, sauf qu'avant de les promulguer nous voulons nous assurer qu'une
réglementation accompagnera la promulgation de ces articles.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Pourquoi créer un réseau
parallèle? Parce que c'est ce que ça va devenir. Disons que vous
le portez à quatre heures, c'est vraiment le mi-temps et c'est un
réseau parallèle.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne comprends pas que ce soit un
réseau parallèle puisque c'était déjà
prévu dans la loi de 1979 d'ouvrir des jardins d'enfants.
Mme Blackburn: Trois heures.
Mme Gagnon-Tremblay: D'ailleurs, II existe déjà des
jardins d'enfants. Les jardins d'enfants ont quand môme un objectif
différent, par exemple, des garderies. Les garderies, en
général, offrent un service d'une pleine journée. Il peut
arriver qu'une place puisse être utilisée par deux enfants, par
exemple, ou par plusieurs enfants au cours de la journée, mais ce n'est
pas la pratique courante. Les jardins d'enfants existent et ont leur raison
d'être. Par contre, justement, Hs ne sont pas régis par la loi
actuellement et je trouve que c'est tout à fait Important puisque le
besoin est là. Je pense que ça répond à un besoin.
Il ne s'agit pas d'avoir un réseau parallèle, mais il s'agit, je
pense, de diversifier le plus possible nos types de services de façon
à répondre aux besoins des parents. C'est l'objectif qu'on
vise.
Mme Blackburn: Pourquoi ne pas conserver trois heures si c'est
l'objectif que vous visez? Vous pouviez l'atteindre avec trois heures.
Mme Gagnon-Tremblay: Si nous avons décidé
d'inscrire quatre heures au lieu de trois heures, c'est justement - c'est ce
que nous avions décidé dans les orientations de
l'énoncé de politique - parce que plusieurs parents, pour toutes
sortes de raisons, sont au travail pendant quatre heures seulement; par
exemple, de 9 heures à midi, le temps d'aller chercher les enfants, et
ainsi de suite. C'est tout simplement à la demande des parents que nous
avons décidé d'inscrire quatre heures. Comme je l'ai
mentionné, ces quatre heures étaient prévues dans
l'énoncé de politique à la page 36 et personne, en
commission parlementaire, n'est venu contester le fait d'ajouter une heure dans
la définition des jardins d'enfants.
Mme Harel: Comme cela, ce sera ajouté?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ajouté à la page
36.
La Présidente (Mme Oionne): Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, Mme la Présidente. Pourquoi est-ce
que, dans l'article initial, on retrouvait "à l'exception des services
préscolaires organisés par une commission scolaire ou une
corporation de syndics"? Pourquoi est-ce exclu de l'article actuel du projet de
loi?
La Présidente (Mme Dlonne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: A ce moment-là, je demanderais
à Me Camille Faucher de répondre, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dlonne): D'abord, l'expression
"services préscolaires" ne se réfère à aucun
concept qui existe soit dans les lois sur l'Instruction publique ou dans la Loi
sur les services de garde à l'enfance. Il fallait se poser la question:
Comment modifier cette expression? La définition de "service de garde en
jardin d'enfants", c'est la définition qui sert à établir
à qui on va donner le permis de service de garde en jardin d'enfants.
Quand on fait une exception, on vient dire que les gens qui sont dans
l'exception n'ont pas besoin d'être titulaires d'un permis de service de
garde en jardin d'enfants. De toute façon, quand on se
référait aux services organisés par une commission
scolaire, cela pouvait être deux choses, soit des services de maternelle
et d'éducation préscolaire, qui s'adressent à des enfants
de cinq ou de quatre ans dans certaines conditions, ou des services de garde en
milieu scolaire. De toute façon, on ne visait pas des enfants de deux
ans. Cette expression était Inutile, en plus parce que ce n'est pas un
service de garde. C'est un service d'éducation. C'est pourquoi
l'expression a été enlevée.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: À ce moment-là, vous admettez que
c'est un service de garde parallèle que vous voulez constituer.
Mme Gagnon-Tremblay: La définition est dans la loi
actuelle, dans la loi de 1979. C'est un service de garde, actuellement. On ne
modifie pas la définition.
Mme Blackburn: Alors, quelle distinction faites-vous entre ce
type de jardins d'enfants et des garderies à temps partiel?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est quoi, une garderie à temps
partiel?
Mme Blackburn: Celles qui les garderaient quatre heures. Est-ce
que ce n'est pas cela qu'on est en train de créer, finalement, sans
qu'on leur impose les exigences prévues pour les garderies à
temps plein?
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Sauf que les services de trois heures ou de
quatre heures, on leur donne justement la définition de jardins
d'enfants. C'est pour les distinguer, par exemple. Comme je le mentionnais,
c'est depuis 1979 qu'on a cru valable de distinguer déjà les
garderies des jardins d'enfants et les jardins d'enfants des haltes-garderies.
Encore là, entre jardins et haltes, il y a une différence
importante. C'est pour permettre une meilleure définition des
différents services afin que nous puissions aussi réglementer
d'une façon différente ces services
car Ils sont très différents l'un de l'autre.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je ne vois pas la nécessité de
créer un réseau parallèle de cette nature sans qu'il y ait
au moins des exigences et qu'on les applique de façon aussi rigoureuse
que pour les autres. Du moment qu'on leur confie des enfants, il faut que les
parents puissent leur faire confiance. Je ne vois pas qu'on doive avoir deux
types de garderies. Ou on admet qu'on est en train de créer une
espèce de réseau parallèle et, à ce
moment-là, on leur pose les mêmes exigences ou, finalement, on
conserve la disposition qui était là au préalable,
c'est-à-dire trois heures.
La Présidente (Mme Dionne): D'accord, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, je ne comprends
pas. On n'introduit pas de nouveaux modes de garde. On a toujours prévu
quatre modes de garde. Ce n'est pas nouveau, c'est là depuis 1979. Et
là, on n'introduit pas un nouveau mode de garde. On dit qu'on doit
promulguer les articles puisque ces services sont donnés actuellement.
On a mentionné le nombre de jardins d'enfants. Ces services existent,
mais, justement, Ils ne sont pas réglementés. Nous voulons les
réglementer, mais, avant de les réglementer, il faut, d'abord,
promulguer les articles. Le tout se fait en même temps. Il ne s'agit pas
d'un nouveau type de services de garde, puisqu'on avait déjà
défini qu'il existerait au moins cinq types de services de garde.
Naturellement, l'intention est de diversifier les types de services pour les
adapter aux besoins des parents. Tout à l'heure, nous viendrons avec
d'autres types de besoins; par exemple, Je pense à la garde en milieu
rural. Nous avons parlé tout à l'heure de plus petites garderies,
c'est tout simplement dans le but de répondre aux besoins des parents.
Ce n'est pas un caprice du gouvernement.
Mme Blackburn: Lorsque la ministre parle...
La Présidente (Mme Dionne): Dernière question, Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...de réglementation minimale, à
quoi songe-t-elle?
Mme Gagnon-Tremblay: Actuellement, l'Office des services de garde
à l'enfance est à travailler sur une réglementation. Je
pense qu'avant de penser à une réglementation II faut voir ce qui
se fait actuellement dans les jardins d'enfants, comment cela pourrait
être régi, de quelle façon et si les règles pour les
éducatrices et les gardiennes devraient être les mêmes, par
exemple. Je pense que c'est sur toutes ces questions que travaille l'Office des
services de garde à l'enfance à partir des expériences
déjà vécues.
Mme Blackburn: Là, vous êtes en train de nous dire
que la modification est là; vous parlez d'une réglementation.
Vous nous amenez dans une avenue qui élargit les possibilités de
ce type de services de garde et, en même temps, vous n'avez pas une
idée plus arrêtée que ça sur la
réglementation qui va accompagner cette modification. Est-ce que j'ai
bien compris?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons quand même des
idées, Mme la Présidente, sauf qu'actuellement je pense qu'il
faut prendre la peine de faire une réglementation. C'est pourquoi nous
ne promulguons pas ces articles immédiatement. Nous le prévoyons
dans la loi et nous nous accordons encore un certain temps pour terminer la
réglementation. D'autres règlements devront être
apportés aussi dans le cadre de ce projet de loi. Je pense qu'il y a
certains articles qu'il faut commencer par mettre en vigueur avant de
définir une réglementation.
Mme Blackburn: Mais est-ce qu'il n'est pas normal...
La Présidente (Mme Dionne): Alors, Mme la
députée...
Mme Gagnon-Tremblay: L'inverse ne se fait pas, finalement.
La Présidente (Mme Dionne): ...de Chicoutimi, vous pourrez
reprendre; la commission doit suspendre ses travaux pour dix ou quinze minutes,
vous serez la première...
Mme Blackburn: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): ...compte tenu du temps
Imparti.
(Suspension de la séance à 22 h 1)
(Reprise à 22 h 31)
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Mme la députée de
Chicoutimi, vous aviez la parole. Il vous reste du temps. On vous
écoute.
Mme Blackburn: Oui. Mme la Présidente, pour revenir sur la
question, si c'est un jardin d'enfants, un jardin d'enfants n'est pas un
service de garde. On l'a défini ici comme un jardin d'enfants.
Mme Gagnon-Tremblay: C'était dans la loi
de 1979.
Mm* Blackburn: Mais pourquoi le définir à ce moment
et conserver une définition si on n'a pas les mômes exigences - je
reviens avec ça - de qualité pour les personnes qui travaillent
dans les jardins et les mômes exigences par rapport aux locaux, aux
espaces et à la sécurité?
Mme Gagnon-Tremblay: Je répète encore ce que j'ai
dit. Lorsque nous allons promulguer les articles, nous allons joindre à
la promulgation une réglementation.
Actuellement, c'est un service de garde, c'est un service qui existe
dans la définition depuis 1979, c'est un service qui est
déjà offert à la population, puisqu'il y a tout
près de 200 jardins d'enfants qui existent déjà sur le
territoire québécois. Donc, c'est un service qui existe mais,
comme je le mentionne, lorsque nous allons promulguer nos articles, cette
promulgation sera accompagnée d'une réglementation.
Mme Blackburn: SI le jardin d'enfants est considéré
comme un service de garde, est-ce que les frais de garde sont
déductibles d'impôt?
Mme Gagnon-Tremblay: SI on donne un reçu, si ce n'est pas
une garde au noir. Si, par exemple, la personne qui offre actuellement ses
services donne un reçu en compensation de la somme qu'elle
reçoit, c'est déductible d'Impôt.
Mme Blackburn: Est-ce que ces services vont être
subventionnés? Non?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un choix qu'on aura à faire.
Actuellement, ils ne le sont pas. Dans le nouveau projet de loi, on accorde
à l'Office des services de garde le pouvoir de subventionner si, par
exemple, le gouvernement, par la suite, décide de subventionner les
jardins d'enfants. Sauf qu'à ce moment-ci ça n'est pas
prévu dans notre politique des services de garde.
Mme Blackburn: Comme ce n'est pas subventionné, peut-on
penser que ces services peuvent être accessibles à des gens
à faible revenu? Non? J'imagine qu'H y a toute une catégorie de
personnes qui vont être exclues de ce type de services. Toutes celles qui
n'ont pas les moyens...
Mme Gagnon-Tremblay: Actuellement, on n'est pas rendu à
savoir, par exemple, si on doit les subventionner ou non puisque, comme je le
mentionnais, il y a déjà au-delà de 200 jardins d'enfants
qui existent, qui fonctionnent et pour lesquels les parents paient
déjà le service. Ces parents ont droit à une
déduction fiscale. Maintenant, est-ce que les parents qui n'ont pas les
moyens pourraient être subventionnés? C'est quelque chose qu'on
devra envisager par la suite. On verra s'il y a lieu. On sait très bien
que c'est un type de services qui répond à des besoins et on
verra par la suite. Actuellement, dans l'énoncé de politique, on
n'a pas décidé de les subventionner. Je pense qu'il faut
commencer par les promulguer et les réglementer. Après, on
verra.
Mme Blackburn: Mais ça exclut quand même toute une
catégorie de personnes, de parents qui pourraient vouloir que leur
enfant se socialise, fasse des apprentissages mais, faute de moyens, ne
pourront pas les envoyer là. C'est un peu comme dans les écoles
privées.
Mme Gagnon-Tremblay: On a prévu un budget spécial
dans l'énoncé de politique. À la suite des
représentations qui nous ont été faites par les groupes
à la commission parlementaire, nous avons prévu une enveloppe
fermée qui nous permettrait, par exemple, de subventionner des enfants
ou des cas qui nous seraient référés par les CLSC, entre
autres, ou des centres de services sociaux. On pourrait faire la même
chose pour ces enfants. Peut-être qu'il n'est pas nécessaire que
ces enfants passent une journée entière à la garderie mais
il se pourrait qu'une demi-journée ou quatre heures par jour dans un
jardin d'enfants soit suffisant pour la socialisation de cet enfant. Alors,
tant et aussi longtemps que la loi n'est pas promulguée, c'est bien
sûr qu'on ne peut pas prendre ces décisions, sauf qu'il pourrait
fort bien arriver que l'on puisse payer pour ces services qu'on rend aux
enfants qui nous sont référés.
La Présidente (Mme Dionne): Cela va. Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Oui, Mme la Présidente. Merci.
Si on part de la prémisse qu'un jardin d'enfants n'est pas
subventionné au moment où on se parie - c'est ce que j'ai compris
de votre réponse - je me demande simplement comment il se fait que vous
commenciez à réglementer les jardins d'enfants sans que le
gouvernement ne leur offre ou ne leur donne aucune subvention.
Les jardins d'enfants existent chez nous et je sais aussi que ce sont
les parents qui se partagent la tâche. Ce qui existe dans les garderies
n'existe pas dans les jardins d'enfants, c'est-à-dire un
éducateur spécialisé qui a suivi les cours
préalables au service de garde. Dans les jardins d'enfants, comme je
vous l'ai dit, les parents se partagent en quelque sorte la tâche. Donc,
en partant de là, on se demande quelles sont les raisons profondes pour
lesquelles on arrive aujourd'hui à vouloir réglementer les
jardins d'enfants ou les haltes-garderies, compte tenu de la situation. Une
garderie est un endroit d'éducation pour les enfants, comme les jardins
d'enfants où on répond à un besoin de socialisation des
enfants. Un enfant unique a besoin de rencontrer d'autres petits pour former
cette
facette de son caractère. A ce moment, ce n'est pas du tout la
même chose. Dans les services de garde, c'est une éducation, une
formation que les éducateurs spécialisés donnent aux
enfants. À ce moment, je me dis que ce sont deux types tout à
fait différents l'un de l'autre parce qu'ils n'ont pas la môme
vocation. Ils gardent des petits, on s'entend là-dessus, mais ce que les
petits reçoivent dans ces deux milieux est bien différent l'un de
l'autre.
Si on ne subventionne pas, si les gardes dans ces milieux sont deux
gardes absolument différentes, pourquoi sommes-nous aujourd'hui en train
d'évaluer que le projet de loi, par certains articles, va
réglementer une halte-garderie ou un jardin d'enfants? Je pense que si
on part de l'enfant lui-même, si les parents ont choisi de l'envoyer dans
un jardin d'enfants ou une halte-garderie, ce n'est pas pour la même
chose, lis sont d'accord pour payer le travail et les heures que l'enfant va
passer dans une halte-garderie ou dans un jardin d'enfants. C'est bien
sûr qu'ils sont d'accord.
Est-ce que ce sont les parents qui ont demandé que la
halte-garderie ou le jardin d'enfants devienne la même chose qu'une
garderie? Je me demande aussi si les parents seront d'accord pour augmenter la
réglementation jusqu'à ce que ça devienne exactement comme
une garderie. Est-ce que c'est ça, le but, Mme la ministre responsable,
de faire des jardins d'enfants un type de garderie qui va s'apparenter
directement aux garderies qu'on connaît aujourd'hui? Est-ce que c'est
ça, le but, d'en venir après un certain temps à ce qu'il
n'y ait pas deux sortes de garderies, qu'il y ait simplement les garderies
à but lucratif et sans but lucratif, qui est autre chose qu'un jardin
d'enfants, autre chose qu'une halte-garderie?
À ce moment-là, je me dis: Si c'est ça, les
aspirations de la ministre responsable, j'aimerais qu'on le sache tout de suite
et que les parents soient conscients, que les personnes qui utilisent ce mode
de garde pour leur enfant soient conscientes de ce qui les attend, finalement.
Est-ce que ça va être au même coût? Est-ce que c'est
ça?
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, je ne voudrais pas disserter sur
la pertinence ou les raisons qui ont motivé notre choix puisque ce choix
existe depuis 1979, comme je le mentionnais. Ce n'est pas un service qui prend
la place de quoi que ce soit, c'est un service complémentaire au service
de garde existant actuellement.
Tout à l'heure, vous avez parlé de financement. Bon.
Jusqu'à maintenant, je mentionnais que dans les orientations du
gouvernement il n'était pas prévu, pour le moment, de
subventionner ces types de services, c'est-à-dire ces jardins d'enfants.
Même si on voulait le faire actuellement, on ne peut pas le faire puisque
les articles ne sont pas promulgués. Lorsque nous déciderons de
promulguer les articles, nous devrons accompagner cette promulgation d'une
réglementation. L'un ne peut pas se faire sans l'autre.
Mme Juneau: Est-ce que c'est à la demande...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: ... des parents que vous commencez à
réglementer ou à avoir une position différente de celle
qui existe déjà? Est-ce que c'est à la demande des parents
ou si c'est de votre propre chef?
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: II n'y a pas de position différente,
Mme la Présidente. C'est vous autres mômes qui avez adopté,
en 1979, la Loi sur les services de garde à l'enfance. Aux articles 5 et
6 de la loi, on parte des jardins d'enfants, on parle des haltes-garderies,
mais finalement on a toujours laissé développer ces deux types de
services sans les réglementer, sans définir c'est quoi exactement
les services. Ce que nous faisons à l'intérieur du nouveau projet
de loi, c'est que nous voulons promulguer ces articles qui existent. Nous
voulons aussi réglementer ces services qui fonctionnent actuellement au
Québec. Ce n'est pas nouveau. C'est ce que nous voulons faire.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Je comprends ce que vous voulez dire. Ce que je veux
savoir, moi, c'est si c'est dans le but que, dans quelque temps d'ici,
ça ne devienne qu'une seule sorte de garderies, que ce soient des
garderies à but lucratif ou sans but lucratif. Les jardins d'enfants,
tels qu'on les entend aujourd'hui, sont un endroit où le petit se fait
garder, ce n'est pas un endroit où il reçoit une formation
quelconque, mis à part le fait qu'il est mêlé à
d'autres petits de son âge. Je ne pense pas que dans les jardins
d'enfants il existe de l'éducation, des choses semblables. C'est
ça que je veux vous faire dire.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: il y a quand même des programmes
d'activités qui existent actuellement à l'intérieur des
jardins d'enfants. Il y a même des jardins d'enfants qui vont très
loin dans l'enseignement aux enfants, dans la sociali-
sation des enfants. Cela existe déjà, bien sûr. Et
ce que nous voulons faire, c'est diversifier nos types de services. Ce que nous
voulons, c'est différents types de services pour répondre aux
besoins des parents. Il y aura des jardins d'enfants. Il y aura des
haltes-garderies. Il y aura des garderies. Il y aura du milieu familial. Il y
aura du milieu scolaire. Il y aura d'autres types de services aussi que nous
prévoyons expérimenter au cours des prochaines années pour
diversifier.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée de
Johnson. (22 h 45)
Mme Juneau: Mais, à ce moment, Mme la Présidente,
dans les jardins d'enfants et les haltes-garderies, est-ce qu'on obligera du
personnel à être des éducateurs spécialisés
ou si, comme aujourd'hui, ce sont des parents qui s'échangeront les
services, finalement? Les personnes responsables de ces haltes-garderies ou de
ces jardins d'enfants devront-elles obligatoirement être des
éducateurs spécialisés?
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, c'est la
réglementation qui nous le dira. Bien sûr qu'on prévoit
réglementer parce que nous croyons que nous devons quand même nous
soucier de la qualité de ces services, comme dans tous les autres
services. Déjà, dans de nombreux jardins d'enfants, il y a des
éducatrlces qualifiées qui donnent ces services. Je pense que les
parents qui envoient leurs enfants dans de tels jardins ont aussi à
coeur le bien de leurs enfants, et ces parents ont une responsabilité.
Je pense qu'il faut faire confiance aux parents.
Mme Juneau: Absolument.
Mme Gagnon-Tremblay: Les parents doivent être bien
Informés sur le plan de la qualité, mais je pense qu'on doit
quand même leur faire confiance.
Mme Juneau: Absolument, ce n'est pas du tout dans ce sens, Mme la
Présidente, que portait mon intervention, ce n'était pas sur un
manque de confiance des parents. Vous comprendrez que, comme mère d'une
famille nombreuse, j'ai toujours pensé que j'étais assez
responsable pour définir les services que mes enfants devaient recevoir.
Mais c'est dans le sens que c'est un choix des parents d'envoyer un enfant dans
une halte-garderie ou dans un jardin d'enfants alors que d'autres parents, eux,
préfèrent avoir des services de garde; c'est leur choix, ce sont
des parents responsables, bien sûr, mais c'est leur choix pour leurs
petits. Ce n'est pas du tout dans ce sens, je voulais simplement obtenir un
éclairage, que la ministre nous dise si oui ou non elle
réglementera dans les jardins d'enfants, si ce sera la même
politique pour tout le monde, al ce seront des éducateurs
spécialisés pour tout le monde et si les critères seront
les mêmes pour tout le monde. C'est tout ce que je voulais savoir, ce
n'est pas du tout un manque de confiance envers les parents. Je ne voudrais
surtout pas qu'on m'attribue des choses comme ça, vraiment pas.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, je pense que j'ai répondu
à la question, Mme la Présidente, je n'ai rien à
ajouter.
La Présidente (Mme Dionne): D'autres interventions? Du
côté ministériel, ça va? Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, la députée de
Johnson a entièrement raison, les parents qui envoient leurs enfants
dans un Jardin d'enfants ne s'attendent pas à ce que le jardin d'enfants
devienne une garderie de deuxième catégorie. C'est ça qui
va se produire.
D'abord, Mme la ministre - encore une fois, je suis obligée de
vous reprendre - vous avez dit tantôt, à tort: Ce que nous faisons
par ce projet de loi, c'est de promulguer les articles et adopter les
règlements. Justement, si c'était fait dans le projet de loi, je
ne crois pas que ça soulèverait les questions qu'on
soulève maintenant, mais ce n'est pas fait. Je ne vois pas pourquoi vous
dites des choses qui ne sont pas. Le projet de loi 150 ne prévoit rien
d'autre sur les jardins d'enfants que d'en faire des garderies de seconde
catégorie où il n'y aura pas de règlement concernant les
éducatrices, pas de règlement concernant les ratios,
c'est-à-dire qu'il pourra y avoir le double d'enfants que ce qu'on
permet dans les garderies, ça n'a plus d'importance, ce n'est pas
couvert par le règlement.
Il faut retourner votre énoncé, d'ailleurs, pour
comprendre ce que seront les jardins d'enfants. Après avoir
signalé que l'Office ne disposait pas de tous les éléments
lui permettant de bien saisir la réalité des jardins d'enfants,
vous dites, à la page 36, que dans les trois prochaines années le
gouvernement entend intégrer progressivement les services de jardins
d'enfants à l'ensemble des services régis par la loi.
Précisément, ne laissons pas croire aux membres de la commission
que ce sera fait avec la loi, ce ne sera pas fait avec la loi. Vous nous
demandez un chèque en blanc. Une loi, ce n'est pas fait pour donner des
chèques en blanc à un gouvernement. Et là vous nous dites:
Faites-nous un chèque en blanc, modifiez la disposition des jardins
d'enfants pour que ça devienne quatre heures durant, à mi-temps,
et tout ça, on va le faire sans promulguer les dispositions sur les
jardins d'enfants, sans qu'on le régisse au règlement et sans
qu'on accorde de subventions gouvernementales, non plus. Je cite votre
énoncé: "Bien que cette intégration n'entraînera
aucune
subvention gouvernementale...". On annonce déjà que,
même promulgués, même régis, il n'y aura pas de
subvention gouvernementale. C'est cela qui est annoncé. Vous comprendrez
qu'avant d'être promulgués ou régis les 232 qui existent
déjà vont dire: Écoutez, vous n'êtes pas pour nous
imposer des éducatrices diplômées, des ratios
diminués, des considérations de salubrité et de locaux
sans nous donner les moyens financiers d'appliquer les règlements que
vous nous prescrivez. Qu'est-ce qui va se produire? Vous n'annoncez aucune
subvention gouvernementale. Est-ce que cela veut dire que les règlements
vont être à la baisse concernant les ratios, les
éducatrices et les locaux?
C'est évidemment détourner les dispositions qui
concernaient les jardins d'enfants qui se retrouvaient dans la loi depuis 1979.
Le jardin d'enfants et la garderie étaient différents, non pas
parce que l'un était à temps plein et l'autre à temps
partiel. Vous voulez nous faire accroire maintenant que c'est la même
chose que ce qui était dans la loi auparavant parce que, finalement,
c'était déjà différent. Ce n'était pas
différent pour des raisons de temps, c'était différent
parce que cela ne répondait pas du tout au même service ni au
même besoin, l'un étant un besoin de garde à court ou
à long terme et l'autre étant beaucoup plus un besoin
d'activité et de socialisation pour des enfants au moment où les
parents n'avalent pas nécessairement besoin de garde. Et la grande
question, c'est que vous êtes en train de détourner ce
qu'étaient les jardins d'enfants pour en faire autre chose et c'est cela
qui est inquiétant, c'est évident. Ce n'est pas simplement de
passer de trois heures à quatre heures. Vous en faites des garderies,
essentiellement. Passer de dix à sept, c'est finalement les calquer sur
les garderies. Cela va en faire des garderies pas nécessairement
petites, un jardin d'enfants, cela peut aller chercher 60 enfants et plus
même. Il n'y a pas de ratio, pas de limite, pas de nombre.
On va imposer d'aller se chercher un permis quand il y aura promulgation
sans que ce soit régi ou en tout cas sans que ce soit - et vous
l'annoncez déjà - financé par des subventions
gouvernementales. A partir de ce moment-là, évidemment, on a
recrée une voie... C'est un peu comme les allégés dans
l'ancien système d'éducation au niveau secondaire. Il y avait la
voie royale du secondaire et, à côté, il y avait une voie
pour les allégés. On ne leur offrait pas les mêmes
conditions de formation. C'est finalement ce qu'on a l'Impression que vous vous
apprêtez à faire en ne promulguant pas, en ne réglementant
pas, en ne subventionnant pas, mais en élargissant ce mode de garde.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce qu'il y a d'autres Interventions?
Est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Harel: Par appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la secrétaire,
qu'on appelle les députés pour le vote. Je lis l'amendement
à nouveau: L'article 1 du projet de loi est modifié par le
remplacement dans la quatrième ligne de la définition "service de
garde en jardin d'enfants" introduite par le paragraphe 3° du chiffre "4"
par le chiffre "3".
La Secrétaire: Mme la ministre? Mme Gagnon-Tremblay:
Contre.
La Secrétaire: Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata?
La Présidente (Mme Dionne): Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Taschereau?
M. Leclerc: Contre.
La Secrétaire: M. le député de Pontiac?
M. Middlemiss: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Trois-Rivières?
M. Philibert: Contre.
La Secrétaire: M. le député de
Notre-Dame-Grâce?
M. Thurlnger: Contre.
La Secrétaire: Mme la députée de Chicoutimi
n'est pas là. M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Pour.
La Secrétaire: Mme la députée de
Maison-neuve?
Mme Harel: Pour.
La Secrétaire: Mme la députée de
Johnson?
Mme Juneau: Pour.
La Secrétaire: L'amendement est rejeté.
Le Président» (Mme Dionne): L'amendement est donc
rejeté. On revient au texte, au paragraphe 3° en tant que tel.
Est-ce que le paragraphe 3° est adopté?
Mme Harel: Mme la Présidente, je vais vous demander de
l'appeler alinéa par alinéa.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, j'appelle le premier
alinéa du paragraphe 3°...
Mme Harel: Qui commence par les mots...
La Présidente (Mme Dionne): .qui est la définition
du service de garde en jardin d'enfants. C'est le premier alinéa.
Mme Harel: Sur division.
La Présidente (Mme Dionne): Le premier paragraphe est
adopté sur division. J'appelle le deuxième alinéa du
paragraphe 3°.
Mme Harel: Le deuxième, Mme la Présidente, commence
par les mots "service de garde en milieu familial"...
La Présidente (Mme Dionne): Service de garde en milieu
familial. C'est exact.
Mme Harel: Et ça se termine par...
Mme Gagnon-Tremblay: Service de garde...
La Présidente (Mme Dionne): Le premier alinéa est
adopté sur division. Est-ce que le deuxième alinéa
est...
Mme Harel: Le deuxième comprend quelle expression?
La Présidente
(Mme Dionne): "Service de garde en
milieu familial". La définition qui se retrouve... Il y a un premier
paragraphe...
Mme Gagnon-Tremblay: 1°, 2°, 4°.
La Présidente (Mme Dionne): 1°, 2° et 4°.
D'accord. C'est le service de garde en milieu familial tel que défini
par 1° et 2°.
Mme Harel: 1° et 2° et 4°.
La Présidente (Mme Dionne): À 4° on revient
à...
Mme Gagnon-Tremblay: Milieu scolaire.
La Présidente (Mme Dionne): C'est le quatrième
paragraphe. D'accord?
Mme Harel: Très bien.
La Présidente (Mme Dionne): Nous en sommes toujours au
troisième paragraphe.
Mme Gagnon-Tremblay: "Milieu familial" se termine avec le
deuxième paragraphe.
La Présidente (Mme Dionne): C'est ça. Est-ce que
vous avez des commentaires, Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: Non.
La Présidente (Mme Dionne): Ça va. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Quel est le point de vue de l'Office concernant les
pouponnières en garde en milieu familial? L'Office entend-il assujettir
les pouponnières en garde en milieu familial aux mômes normes que
pour les pouponnières en garderie?
Mme Gagnon-Tremblay: Au départ, il faut dire que nous
avons mis quand même une restriction pour la garde en milieu familial
concernant les poupons, on ne peut pas garder plus de deux enfants de 18 mois
et moins en milieu familial alors que ce n'est pas le cas en garderie.
Déjà je pense qu'il y a une restriction. Maintenant, bien
sûr qu'on ne peut pas.... Nous compléterons par une
réglementation parce que nous devons également réglementer
la garde en milieu familial qui ne l'a jamais été jusqu'à
maintenant. Je pense aux agences en milieu familial. Il faut dire cependant
qu'on ne pourra pas, bien sûr, compte tenu du nombre, compte tenu aussi
des lieux, réglementer de la même façon que les garderies,
comme actuellement on ne réglemente pas non plus la garde des enfants en
milieu familial comme dans les garderies.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, Mme la Présidente, je vais vous dire que
le point qui touche plus spécifiquement la garde en milieu familial
m'intéresse d'autant plus que dans mon coin de pays il n'y a pas
beaucoup de garderies et c'est souvent par le biais de la garde en milieu
familial qu'on réussit à se dépanner, vous comprendrez. On
a des demandes de garderies, entre autres pour des endroits comme
Poste-de-la-Baleine, qui sont sur votre bureau depuis des mois et qui ne
semblent pas avancer tellement. Pourtant il y a des gens qui ont des besoins de
services de garde dans ces coins-là aussi. Alors la garde en milieu
familial est souvent la façon de se dépanner. Dans le fond, c'est
de l'entraide entre familles qui vivent les mêmes problèmes et de
l'entraide qui se fait moyennant une certaine rémunération et qui
est souvent même assez arbitraire selon les relations qu'il peut y avoir
entre les individus. Ce que je me demande à première vue, quand
on parle de garde en milieu familial, est-ce qu'il s'agit vraiment de
réglementer l'ensemble de ces services qui peuvent se donner dans des
milieux où, pour toutes sortes de raisons, votre ministère n'a
pas encore cru bon retenir l'Implantation de garderies? C'est une question que
je pose. (23 heures)
Mme Gagnon-Tremblay: Je m'excuse.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je veux savoir, lorsqu'on parle de garde en milieu
familial, si ça touche l'ensemble de cette garde qui se fait dans les
milieux où votre ministère n'a pas encore cru bon de retenir
l'implantation de garderies.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: ...vous avez deux sortes de garde en milieu
familial: vous avez la garde régie, c'est-à-dire ceux qui font
partie, qui sont affiliés à une agence en milieu familial, et
vous avez la garde non régie, pour laquelle, par contre, on a
réduit le nombre d'enfants, de la môme façon dont nous le
faisons actuellement pour les agences en milieu familial.
M. Claveau: Cela veut dire que ça couvre l'ensemble de
cette garde qui peut se faire...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Claveau: ...entre amis, parents, etc.
Mme Gagnon-Tremblay: Régie et non régie, puisque,
par exemple, actuellement, dans la garde non régie, vous pouviez garder
jusqu'à neuf enfants. Nous avons réduit; nous avons
apporté une modification à la loi actuelle, de sorte que, dans
cette garde non régie aussi bien que dans la garde en milieu familial,
on ne puisse pas recevoir plus de six enfants.
La Présidente (Mme Dionne): M. le
député...
Mme Gagnon-Tremblay: Sauf, naturellement, dans la garde
régie. Si, par exemple, vous avez deux personnes, vous avez droit
jusqu'à concurrence de neuf enfants.
M. Claveau: Quand vous dites...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: ...que c'est six enfants - "Incluant ses enfants, au
plus six enfants parmi lesquels au plus deux enfants peuvent être
âgés de moins de 18 mois" - cela pourrait vouloir dire, par
exemple, qu'une famille qui pourrait rester à deux maisons de chez moi -
c'est un exemple - où II y a quatre enfants, dont un jeune de seize
mois, en supposant que j'aie des jumeaux de neuf mois, je ne pourrais pas les
faire garder là.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous parlez des enfants qui
appartiennent déjà à la famille d'accueil, la
famille...
M. Claveau: Bien, c'est écrit 'Incluant ses enfants...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Claveau: ...au plus six enfants parmi lesquels au plus deux
enfants doivent être âgés de moins de 18 mois". Est-ce que
ça inclut les enfants du ménage qui reçoit les
enfants?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous me dites que les parents ont six
enfants.
M. Claveau: Ce que je vous dis...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: ...j'essaie de lire ça. Supposons que j'ai un
couple de jumeaux de neuf mois. Le deuxième voisin de chez nous a quatre
enfants avec qui on s'entend bien, etc., ce sont des amis. Je veux faire garder
mes enfants chez eux, sur une base régulière, parce que je n'ai
pas de service de garderie dans le coin. Eux, Us ont un bébé qui
a seize mois, supposons. D'accord? Cela voudrait dire que Je n'ai pas le droit
de faire garder mes jumeaux chez eux s'ils sont âgés de moins de
dix-huit mois.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire qu'étant
donné que vous en avez deux de neuf mois, tant que l'autre n'aura pas
dix-huit mois, ils ne pourront pas les garder. Vous allez pouvoir garder, par
contre, quatre enfants de plus de dix-huit mois, mais non pas... Étant
donné que les vôtres ont neuf mois, vous ne pouvez pas garder plus
de quatre enfants.
M. Claveau: Si c'est moi qui veux faire garder les miens
là, ils ne pourraient pas y aller.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que si vous voulez
faire...
M. Claveau: En supposant.
Mme Gagnon-Tremblay: ...garder vos enfants ailleurs, cela ne vous
en empêche pas, mais si vous avez déjà deux enfants qui
sont des poupons à la maison...
M. Claveau: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...étant donné que nous devons
limiter les poupons - je pense que c'est au nom de la qualité, c'est
tout à fait Important de réglementer à ce niveau puisque
c'est la première fois que nous subventionnons la garde des poupons en
milieu familial. Il faut
s'assurer aussi qu'on ne se retrouvera pas avec six poupons. On sait
très bien qu'une personne avec six poupons dans une résidence
familiale, là où souvent on n'a pas, par exemple, la
cuisinière comme on a en garderie, et toutes les facilités, c'est
impensable de croire de pouvoir garder six poupons.
M. Claveau: Ma mère en a eu, en moyenne, trois aux couches
pendant dix ans.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Une voix: Ça, c'est des gens extraordinaires! Vous
n'étiez pas propres de bonne heure.
Mme Harel: Donc, vous n'étiez pas trois à
naître en même temps!
M. Claveau: Non, mais je vous dirais que lorsqu'il y en a un qui
naît à tous les onze mois ou onze mois et demi, année
après année, cela veut dire qu'il y en a toujours plusieurs aux
couches en même temps. Je peux vous donner l'exemple de ma famille, c'est
comme ça.
Une voix: ...parier à ton père.
M. Claveau: Non, mais j'essaie de comprendre.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: En tout cas, il y a quelque chose là-dedans
qui me met mal à l'aise un peu, par rapport à des milieux comme
le mien. Je regarde comment ça se passe dans mon comté, que ce
soit à Radisson, à Kuujjuarapik, à Kuujjuaq, à
Joute) ou dans des endroits où il n'y pas de garde et où c'est
très difficile d'avoir de la garde, je ne sais pas en raison de quoi. Je
peux vous dire que j'ai eu personnellement à affronter ces
problèmes à certains moments. Je ne sais pas pour quelle raison
je ne pourrais pas faire garder des enfants de moins de 18 mois par des gens
auxquels je me fie, avec lesquels les enfants sont en confiance et tout
ça, sous prétexte qu'une loi dit que, s'il y a deux enfants de
moins de 18 mois dans la maison, tu n'as pas le droit de les faire garder
moyennant rémunération. J'essaie de comprendre comment... Je ne
le sais pas. En tout cas, II y a quelque chose qui me chicote là-dedans.
Je vous le dis honnêtement.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, finalement, c'est
au nom de la qualité. Vous êtes toujours dans la garde
régie. Dans de la garde régie, nous disons: Pas plus de deux
poupons. Dans la garde non régie, si on veut garder six poupons, c'est
un choix. Sauf que la garde n'est pas régie à ce
moment-là. Ce sont les parents qui devront prendre la
responsabilité d'envoyer leurs enfants dans de tels lieux.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Cela va. C'est quelque chose qui me chicote et je me
demande quelle est la différence entre la garde régie et la garde
non régie en milieu familial. Est-ce que cela représente... Vous
m'avez dit qu'il y en a qui font partie des agences et d'autres ne le font
pas.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: La garde régie est coordonnée
par une agence qui est obligée d'avoir un permis pour fonctionner, avec
un certain nombre de places et, à partir de la nouvelle loi, sur un
territoire donné. Pour pouvoir adhérer à cette agence ou
ce qu'on appelle de la garde régie, il faut se conformer à
certaines normes et à une certaine réglementation que nous
mettrons en vigueur. Quant à la garde non régie, cela suppose que
vous pouvez garder jusqu'à neuf enfants sans aucune
réglementation, sans faire partie, par exemple, d'une agence. C'est
votre droit. Nous, pour la première fois dans le projet de loi, nous
disons qu'étant donné que c'est une garde non régie,
étant donné que nous avons aussi eu des recommandations de la
part du Comité de la protection de la jeunesse à l'effet qu'on
devait limiter le nombre d'enfants pour ces personnes de la même
façon qu'on le fait dans la garde régie actuellement, nous avons
décidé d'abaisser le nombre d'enfants de neuf à six, tout
comme pour la garde régie, pour nous assurer d'un minimum de
qualité.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: D'accord. Mais cela signifie, dans ce que vous
appelez la garde régie, que les parents ont droit à de l'aide,
à une subvention, est-ce exact?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Dans la garde régie, les parents
qui envoient leurs enfants dans le milieu familial, tout comme les parents qui
envoient leurs enfants dans des garderies, sont admissibles à l'aide
financière qu'on accorde aux parents.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, Mme la Présidente, qu'est-ce qu'un parent
doit faire pour avoir accès à la garde régie?
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: À ce moment-là, II doit se
référer tout simplement à une agence. Alors
l'agence...
M. Claveau: L'agence, cela veut dire qu'il faut plusieurs
garderies de la même sorte dans le même milieu ou quoi?
Mme Gagnon-Tremblay: L'agence est composée d'un personnel
de deux ou trois personnes qui coordonnent les gardiennes à domicile,
par exemple, qui voient à recruter des gardiennes à domicile,
d'une part, et qui voient à recruter les enfants à garder. Cette
agence met en contact les gardiennes avec les familles qui ont des enfants
à garder et elle voit au bon fonctionnement et, autant que possible,
à une façon d'uniformiser les services sur son territoire.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je vois ça très bien.
Mme Gagnon-Tremblay: Je peux vous donner un cours sur les
services de garde. On va passer la nuit si on commence à parler des
services.
M. Claveau: Non, je vols bien.
M. Leclerc: La députée de Maisonneuve pourra se
recycler également.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, depuis deux ans,
j'ai tellement parlé des services et expliqué chacun des services
tant de fois, Je ne pensais pas qu'au cours du présent projet de loi on
aurait à recommencer à définir ce qu'est un service de
garde, une agence, un jardin ou une halte-garderie. Mais j'ai beaucoup de
patience et je suis prête à éclairer le
député d'Ungava.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je vous remercie, Mme la Présidente, et
j'entends bien profiter de l'occasion pour éclairer ma lanterne au
maximum. Ce dont on parle ici et ce que vous m'expliquez, effectivement, dans
un milieu urbain à forte concentration de population, ça me
semble être correct, enfin dans la mesure où on s'entend
là-dessus, mais pas dans un milieu comme le mien et comme dans beaucoup
de secteurs ruraux dans tout le Québec. Que je sache, les mêmes
lois s'appliquent partout sur le territoire du Québec, sauf exception,
par exemple la Convention de la Baie James au nord du 49e parallèle.
Alors, quand vous me dites qu'il faut passer par une régie pour avoir
droit à des services de garde subven- tionnés, en milieu
familial, etc., je vous dirai que ça signifie que mon monde qui reste
à Desmaraisville où II y a quelque 30 familles, qu'elles ont des
problèmes de garde assez fréquents, et que la place la plus
près, à toutes fins utiles, est Chapais, à 120
kilomètres, cela veut dire qu'elles ne peuvent avoir de subvention pour
faire garder les enfants. Cela me surprendrait beaucoup qu'on développe
une agence de placement d'enfants en milieu familial avec du personnel stable
et compétent dans un endroit comme Desmaraisville. Donc, la personne qui
doit faire garder ses enfants est condamnée à ne pouvoir avoir
accès au programme.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Elle a droit à des déductions
fiscales, bien sûr.
M. Claveau: Mais pour le reste, elle n'y a pas droit.
Mme Gagnon-Tremblay: Non. Par contre, il faut dire que bien
souvent l'agence en milieu familial est créée justement pour
répondre à ce type de besoin, parce que, comme elle oeuvre sur un
territoire donné, elle peut desservir cinq, six, sept, huit, dix petites
municipalités, selon l'étendue de son territoire. Alors, l'agence
en milieu familial vient combler un besoin pour ces petites
municipalités, là où le nombre ne justifie pas l'ouverture
d'une garderie.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Cela va pour le moment. Mme la ministre aura
sûrement l'occasion de continuer de m'expliquer bien des choses d'ici la
fin de l'étude du projet de loi.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Je me dis que ça pourrait être un
très bon engagement électoral d'assurer la population d'Ungava
que le député mettra tout en oeuvre pour créer une agence
de garde en milieu familial.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, si le
député d'Ungava prend cet engagement, je vais lui faciliter la
tâche pour respecter son engagement, s'il est réélu, bien
sûr.
Une voix: C'est justement la convention de son adversaire ce
soir.
M. Claveau: Au moment où on se parle, ne devriez-vous pas
être là, M. le député, mon
parrain?
Une voix: Non, je ne me mêle pas de ça, vous le
savez.
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît! On revient à Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: II y a eu une présentation du groupe qui
s'appelait Kativik, je crois, devant la commission parlementaire qui
était composé de représentantes d'Inuit de
générations différentes qui ont réclamé de
pouvoir gérer le budget afférent à leur territoire, de
manière à ne pas être régies par des règles
qui semblaient ne pas leur convenir.
Mme Gagnon-Tremblay: À Kuujjuaq aussi.
Mme Harel: Là, je ne sais pas où ça en est
rendu, parce qu'il devait y avoir un comité avec l'office pour discuter.
Y a-t-il eu des suites?
Mme Gagnon-Tremblay: Dans le moment, non.
Mme Harel: On va aussi confier le dossier au député
d'Ungava qui est très près de ces milieux-là...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: On va le mettre au travail. Comme ça,
il pourra s'instruire plus facilement.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je devrais dire à Mme la ministre que dans ce
cadre-là...
Mme Harel: II les visite régulièrement, quand
même.
M. Claveau: ...il faudra qu'elle s'ajuste avec le
référendum qui s'est tenu en milieu inuit le 11 avril dernier,
afin justement de former un gouvernement régional qui aura à
gérer les transferts globaux et les fonds de tous les ministères
pour l'application des différents programmes du gouvernement, dont celui
sur les garderies. Alors, il est fort probable qu'au moment où on mettra
ça en place Mme la ministre devra s'ajuster aux demandes qui ont
été faites par le groupe Kativik qui était
présent.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Les groupes deman- dent et le gouvernement
dispose.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava. (23 h 15)
M. Claveau: En ce qui concerne la garderie de Kuujjuaq à
laquelle vous faites référence, je dois dire que j'en suis assez
fier dans la mesure où c'est une garderie qui fait exemple en milieu
Inuit. Je dirais que les gens d'Iqaluit - Iqaluit, c'est Frobisher Bay pour les
moins initiés - les gens de Sanikiluaq, enfin les gens des villages de
la terre de Baffin et des îles regardent avec un oeil
intéressé ce qui se passe à Kuujjuak.
Par contre, Mme la ministre, vous êtes au courant qu'en
parallèle une demande de Kuujjuarapik traîne sur la table depuis
longtemps où les gens ont besoin d'une garderie et que cela commence
à être pressant. Généralement, le problème
qui se pose dans nos milieux, c'est un problème d'interconnexion, si
vous voulez, ou de complémentarité des usages dans les
différents aspects de la garde à l'enfance. Je donnerai à
titre d'exemple la garderie de Chapais que je connais très bien pour
avoir participé de très près à son
développement depuis 1982 pour le moins, et qui reçoit aussi
beaucoup d'aide de la municipalité qui loge la garderie, etc. C'est un
exemple intéressant. Cette garderie doit donner des services
complémentaires pour réussir à répondre aux
différents besoins du milieu. Ce sont des choses que je retrouve
difficilement dans la formulation du projet de loi. Par exemple, on donne au
même endroit des services de garde à la journée ou à
la semaine, si vous voulez, jour après jour; aussi, des services de
halte-garderie ou des services du type jardin d'enfants, ne serait-ce que pour
répondre, par exemple, aux besoins d'une madame toute seule qui doit
prendre un après-midi durant la semaine pour faire son épicerie
et qui va y laisser ses enfants pendant deux ou trois heures.
Mme Harel: Ou un monsieur.
Mme Gagnon-Tremblay: Ou un monsieur.
M. Claveau: Ou un monsieur, et je pourrais vous en parler en
connaissance de cause, Mme la ministre. il y a certains milieux où on
doit être beaucoup plus flexibles ou plus adaptables et on doit donc
permettre dans la loi un minimum d'adaptation à des milieux
spécifiques, du genre, par exemple, d'un petit village agricole de 850
habitants, quelque part dans la Vallée de la Matapédia, où
probablement le problème ne sera pas tout à fait le même
que dans l'Est de Montréal. C'est ce genre de flexibilité que je
ne retrouve pas, a priori, dans le projet de loi. Sans m'y être
penché globalement pour être capable de vous donner des solutions
là-dessus, il reste que j'ai des préoccupations par rapport
à mon milieu et certaines approches qui sont faites là-dessus
dans des milieux auxquels je me réfère
mériteraient d'être regardées avec une
lunette attentive.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre, avez-vous des
commentaires?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, je n'ai pas de commentaires.
La Présidente (Mme Dionne): Cela va? Mme la
députée de Maisonneuve. Y a-t-il d'autres interventions? Le
deuxième alinéa commençant par "service de garde en milieu
familial", incluant 1° et 2°, est-il adopté?
Mme Harel: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. On passe au
paragraphe 4°.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, le paragraphe
4° est une disposition de concordance qui introduit dans la loi les termes
"éducation préscolaire" et "enseignement primaire' pour
être en accord avec la terminologie utilisée dans la Loi sur
l'instruction publique, 1988, chapitre 84, relativement à la maternelle
et au primaire.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Je voudrais déposer, Mme la Présidente,
un amendement qui se lirait comme suit: Le paragraphe 4° de l'article 1 du
projet de loi est modifié par le remplacement dans la quatrième
ligne des mots "éducation préscolaire" par les mots
"éducation préscolaire-cinq ans". Si l'amendement est recevable,
Mme la Présidente, j'en ferai la présentation.
La Présidente (Mme Dionne): On pourrait peut-être
entendre une Intervention de chaque côté sur la
recevabilité.
Mme Harel: Dans le fond, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: ...je pense que c'est recevable puisque ça
vient amender le projet de loi pour préciser de quelle éducation
préscolaire il s'agit. Il est possible que dans certains milieux...
Évidemment, pas partout parce qu'il y a bien des services de garde en
milieu scolaire qui rencontrent des problèmes de locaux, des
problèmes d'équipement et qui, même, ne peuvent plus
répondre à la demande de garde des enfants d'âge scolaire
de niveau primaire premier cycle, mais I arrive aussi que l'éducation
préscolaire ne soit pas clairement définie, qu'H s'agisse des
enfants de la maternelle cinq ans ou des enfants de prématernelle quatre
ans. Il n'est pas dit, éventuellement, qu'on ne pourrait pas
prétendre que la garderie en milieu scolaire est ouverte aux enfants
d'âge préscolaire, c'est-à-dire quatre ans, cinq ans, et
pourquoi pas trois ans, s'il n'y a pas une définition qui est
introduite.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre, toujours sur
la recevabilité de l'amendement.
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, Mme la Présidente,
actuellement, sur le plan du régime pédagogique, on dit que tout
enfant qui a atteint l'âge de cinq ans avant le 1er octobre de
l'année scolaire en cours et dont les parents ont fait la demande
d'admission et d'inscription est admis à l'éducation
préscolaire. Par contre, il y a une admission particulière
lorsque la commission scolaire organise l'éducation préscolaire
pour des élèves de quatre ans et des élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage et de milieu
économiquement faible. Si, finalement, on porte à cinq ans le
préscolaire, dans ces cas, ça touche des cas spécifiques,
surtout des milieux défavorisés, et, à ce
moment-là, ça vient restreindre la portée de l'article
pour le milieu scolaire. Cela signifie, par exemple, qu'une fois que la
maternelle est terminée on est obligé d'envoyer les enfants de la
maternelle à fa garderie, mais on ne peut pas donner le service en
milieu scolaire. On vient restreindre la portée, alors que tout ce qu'on
demande, finalement, c'est la concordance.
La Présidente (Mme Dionne): D'après ce que j'ai pu
entendre, l'amendement est recevable. Mme la députée de
Maisonneuve.
Motion d'amendement à la définition de
"service de garde en milieu scolaire"
Mme Louise Harel
Mme Harel: Oui, c'est une question très importante et qui
est Intéressante pour la suite des choses parce qu'elle met en cause,
d'une certaine façon, la conception qu'on se fait de l'Instruction.
Aussi, elle va nous obliger à préciser l'opinion qu'on a du
milieu dans lequel les enfants d'âge scolaire ou préscolaire
doivent évoluer.
À la suite de la commission parlementaire sur les services de
garde, j'ai fait venir le mémoire dont avaient parlé les
représentants de la Fédération des commissions scolaires
du Québec sur la petite enfance. C'est un mémoire qui a
été préparé par le directeur de la régionale
Dollard-des-Ormeaux à Saint-Jérôme, qui était
lui-même responsable du comité d'éducation de l'Association
des directeurs généraux du Québec. J'ai pris connaissance
du mémoire qu'H avait soumis au congrès de l'Association des
directeurs généraux du Québec sur la petite enfance, et je
l'ai rencontré par la suite. Je suis entrée en
contact avec le Conseil scolaire de 111e de Montréal qui m'a fait
parvenir des études réalisées aux États-Unis sur
cette question du milieu dans lequel les enfants devaient évoluer.
Le Conseil scolaire de l'île de Montréal, qui est sans
doute l'institution qui a le plus poursuivi d'études sur la question de
l'intégration scolaire des enfants de milieu défavorisé et
aussi l'intégration scolaire des enfants de familles immigrantes, ne
recommande pas le milieu scolaire pour les enfants de moins de cinq ans. Le
Conseil scolaire est non seulement réticent, mais il ne considère
pas que la prématernelle... Mme la ministre a fait
référence à la prématernelle qui est offerte. J'ai
fait venir les chiffres du ministère de l'Éducation. Il y a au
total, au Québec, 6000 enfants en prématernelle scolaire. Alors,
ce n'est môme pas 10 % de l'ensemble des enfants d'âge scolaire.
Et, au contraire, il y en a un peu plus de 85 000 qui sont volontairement
inscrits par les parents à la maternelle cinq ans. Ce qui est assez
phénoménal parce que la maternelle cinq ans n'est pas obligatoire
et, volontairement, il y en a 85 000 sur à peu près 90 000 en
tout au Québec qui sont inscrits a la maternelle cinq ans. Il m'est
apparu que dans la pratique parentale elle-même - si vous me permettez
l'expression - autant que dans les points de vue et les opinions des gens
éclairés sur la question et qui l'approfondissent - en tout cas
après toutes ces interrogations que j'ai voulu éclaircir avec eux
- l'école n'était pas propice à des apprentissages et
n'était pas un milieu où devaient évoluer des enfants de
moins de cinq ans. Ce n'est pas parce que l'expérience française
introduit les enfants à l'école dès l'âge de trois
ans - n'oublions pas que c'est une société qui a une sorte de
lourdeur sociologique et qui entrevoit des rapports beaucoup plus rigides que
nous dans les apprentissages - que ce modèle nous conviendrait pour
autant.
Et moi, honnêtement, en tout cas, disons après avoir
exploré la question à partir des documents que le Conseil
scolaire de l'île m'a fait parvenir, qui recommandent, surtout pour les
enfants de milieu défavorisé, un apprentissage d'abord dans un
milieu de socialisation... C'est souvent les apprentissages les plus
élémentaires qui ne sont pas acquis, même pas ceux que l'on
retrouve en prématernelle scolaire parce que c'est le modèle
scolaire qui prévaut, celui de l'instruction qui est transmise. Et dans
toutes les études que le Conseil scolaire de l'île m'a fait
parvenir concernant les milieux défavorisés, ce que l'on
recommande ce sont simplement des apprentissages de premier niveau, les
rapports humains où l'enfant se voit insuffler une certaine confiance en
lui que son milieu n'a pas pu lui transmettre. Et la recommandation c'est que
cela se fasse dans des garderies éducatives et non pas dans le milieu
scolaire.
Alors, je suis d'autant plus à l'aise de déposer cet
amendement pour qu'il soit bien clairement compris que (es services de garde en
milieu scolaire s'adressent à des enfants d'âge préscolaire
cinq ans, et que l'on n'ouvre pas la porte à ce qui pourrait
s'avérer comme étant un très mauvais service qu'on se
rendrait comme société et qu'on rendrait aux enfants, soit celui
d'ouvrir une sorte de services de garde parallèle dans un milieu
scolaire qui n'est pas, à proprement parler, préparé. SI
on prétend que les enfants des milieux défavorisés vont
retrouver un milieu plus propice dans le milieu de la garde scolaire que dans
celui de la garde en garderie, alors je dis: Faites attention, parce que
là vous prétendez que le ratio de la garde en milieu scolaire qui
est le double du ratio en garderie, soit une éducatrice pour quinze
enfants en garde scolaire, tandis qu'on retrouve à l'âge de quatre
ans, je pense, une éducatrice pour huit enfants en garderie... (23 h
30)
Alors, comment imaginer qu'un enfant en milieu défavorisé,
qui nécessite souvent une attention plus soutenue des
éducatrices, se retrouverait dans un milieu plus adéquat dans un
milieu de garde scolaire qui n'a pas été pensé,
conçu ou réglementé pour des enfants de cet âge? La
garde en milieu scolaire est pensée comme un supplément aux
heures régulières. C'est pour ça qu'on a prétendu
qu'un ratio de 1-15 était suffisant parce que c'est une garde de
quelques heures seulement. Si on prétend que cette garde va maintenant
venir combler le demi-temps qui n'est pas offert même en
prématernelle, je trouve ça bien Inquiétant. Avec des
ratios de 1-15, ce serait vraiment une autre façon d'ouvrir, pour des
enfants de milieu défavorisé, une garde de deuxième
catégorie.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mm» Gagnon-Tremblay: Merci, Mme la Présidente. SI
vous me le permettez, je vais demander à la présidente de
l'Office des services de garde, Mme Nicole Marcotte, d'apporter des
précisions quant à ce qui a pu nous motiver à maintenir
cet article tel quel.
La Présidente (Mme Oionne): Mme Marcotte.
Mme Marcotte (Nicole): Je voudrais rappeler que cet article est
d'abord un article de concordance et que, quand on réfère
actuellement à la garde en milieu scolaire, on vise la clientèle
inscrite à l'école. C'est ce qui se fait déjà. On
parle de la maternelle cinq ans et, pour des cas d'exception autorisés
tel qu'on l'a mentionné tout à l'heure, de la maternelle quatre
ans. Cette modification ne vient donc pas élargir la notion de garde en
milieu scolaire. C'est simplement une concordance avec la Loi sur l'instruction
publique.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Malsonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, si les mots ont du sens, je
ne vois pas pourquoi il y aurait un quatrième paragraphe dans le projet
de loi 150, si ce n'était qu'il modifie la définition de services
de garde en milieu scolaire qu'on retrouve dans la loi actuelle. Il ne le
modifie pas simplement par concordance. Dans la loi actuelle, la
définition est claire au moins; ce sont les cours et services
éducatifs du niveau de la maternelle et du primaire. Cela vise donc les
enfants de cinq ans et d'âge scolaire primaire.
La Présidente (Mme Dionne): Mme Marcotte.
Mme Marcotte: Ils ont toujours été
interprétés selon la règle du milieu scolaire, maternelle
cinq ans et maternelle quatre ans. Si vous vérifiez ce qui se fait
depuis l'avènement de la loi en 1980, c'est exactement la môme
chose. Ce n'est donc pas une nouveauté ou une ouverture additionnelle
à la loi. Remarquez qu'on peut s'Interroger et qu'il yaurait
probablement lieu de penser à resserrer éventuellement les normes
pour les enfants de la maternelle quatre ans et cinq ans, mais ce n'est pas une
modification à ce qui se fait actuellement. C'est vraiment
Interprété comme ça depuis 1980. C'est uniquement un
article de concordance et on ne l'a fait qu'à la demande du
ministère de l'Éducation parce que, dorénavant, il se
rapporte à l'éducation préscolaire plutôt
qu'à la maternelle.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Écoutez, Mme la Présidente, on est en
train de modifier la loi. Mme la présidente de l'Office me dit que ce
serait là une interprétation qui aurait outrepassé une
disposition qu'on retrouve dans la loi actuelle. Ma question est la suivante:
Est-ce qu'on va s'ajuster maintenant quant à cette
Interprétation? En quoi est-elle légitime et justifiée?
Elle ne l'est pas plus. Ce n'est pas parce que cela se faisait qu'il faut pour
autant légaliser maintenant. Ce qu'on nous demande, c'est de modifier la
loi pour que, dorénavant, les mots "l'éducation
préscolaire" comprennent des enfants qui ne sont plus de l'âge de
la maternelle et du primaire. Cela pourrait être élargi à
plus.
Même si l'interprétation qu'on en faisait était plus
large, I faudrait d'abord se demander si c'est une bonne interprétation.
Est-ce souhaitable que cette interprétation ait été
tolérée et est-ce qu'il faut pour autant maintenant ajuster la
loi à l'interprétation? Je me dis que, si vous le faites, en
conséquence, définissez le môme ratio pour ces enfants que
celui en garderie. Sinon, si vous ouvrez, par les mots "l'éducation
préscolaire", à des enfants de moins de cinq ans, et qu'au
même moment vous n'appliquez pas la disposition en introduisant un ratio,
cela va laisser ouverture à un ratio complètement
différent pour des enfants de môme âge dans un service de
garde régi.
La Présidente (Mme Dionne): Me Faucher.
Mme Faucher: C'est tout simplement que l'interprétation du
terme "maternelle" qui existait dans la loi était faite par le
régime pédagogique. Une maternelle équivalait à
l'éducation préscolaire où ne pouvaient être admis
que des enfants de cinq ans, de façon générale et, de
façon particulière, les enfants de quatre ans dans les deux cas
que Mme Gagnon-Tremblay a énoncés tantôt. Depuis l'adoption
du projet de loi 107 qui réfère à la terminologie
"éducation préscolaire", c'est le terme "éducation
préscolaire" qu'on a adopté en concordance. Il n'y a aucune
modification d'élargissement d'interprétation ou quoi que ce
soit, c'est une question de terme, uniquement.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, je voudrais savoir de la
ministre si elle entend laisser le service de garde en milieu scolaire ouvert
aux enfants de quatre ans.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense qu'avec toute l'Information qu'on a
donnée précédemment il faut ajouter aussi: Est-ce qu'on
va, par contre, obliger les parents qui envoient leurs enfants à la
maternelle à aller chercher ces enfants pour les reconduire dans une
garderie alors qu'actuellement on offre ces services? Cela n'a aucun sens.
Est-ce que c'est ce qu'on veut? Est-ce qu'on veut obliger les parents, à
un moment donné, d'aller chercher ces enfants et de les amener dans une
garderie? Je ne pense pas que ce soit l'objectif qu'on vise.
Une voix: Ce n'est pas un système de navette.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Dans la définition antérieure de la
loi, on parlait du niveau de la maternelle et du primaire. J'ai entendu parier,
dans les écoles, de prématernelle. Quel âge a un enfant qui
est à la prématernelle?
Une voix: Quatre ans.
M. Claveau: II a quatre ans. C'est du préscolaire.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans la définition de maternelle
quatre ans.
M. Claveau: Cela veut dire qu'il peut y avoir...
Mme Gagnon-Tremblay: Dans des cas d'exception.
M. Claveau: Pardon?
Mme Gagnon-Tremblay: Dans des cas d'exception. Dans un milieu
défavorisé où on a besoin d'un apprentissage
spécialisé, dans des cas d'exception.
M. Claveau: La prématernelle se fait dans des cas
d'exception, c'est ce que vous me dites.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour les quatre ans.
M. Claveau: Pour les quatre ans. La maternelle, c'est cinq ans,
et l'école, six ans.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça.
M. Claveau: Cela veut dire que partout où il y a des
prématernelles II y a des enfants de quatre ans.
Mme Gagnon-Tremblay: Des cas spécifiques.
M. Claveau: Non, mais ça veut dire que, si le principe de
la prématernelle a tendance à se répandre, à ce
moment-là on peut penser que la garde en milieu scolaire, avec la
nouvelle définition que vous allez lui donner, va avoir tendance
à se répandre pour les enfants de quatre ans aussi.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: La seule chose que je pourrais ajouter, je
reviens encore à la question des parents: Est-ce qu'on veut rendre
service aux parents où est-ce qu'on veut obliger les parents à
prendre l'enfant de la maternelle et le reconduire dans une garderie? Est-ce
que c'est ce qu'on veut? On veut essayer d'éviter des problèmes
aux parents.
M. Claveau: Le service de garde...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, Mme la Présidente. Le service de garde en
milieu scolaire, ça peut représenter combien d'heures par jour
pour un enfant?
Mme Gagnon-Tremblay: Ça dépend de l'âge des
enfants.
M. Claveau: Normalement, je pense qu'en prématernelle ou
en maternelle les enfants passent deux ou trois heures, soit une
demi-journée.
Une voix: Deux heures et demie.
Mme Gagnon-Tremblay: Ils entrent à 9 heures.
M. Claveau: Deux heures et demie. Ça veut dire que
ça pourrait couvrir le reste de la journée en garde en milieu
scolaire. Donc, des enfants de quatre ans, avec un ratio de 1 pour 15.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela pour le moment.
M. Claveau: Donc, c'est à souhaiter que la
prématernelle ne se développe pas trop rapidement au
Québec, si je comprends bien.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: La prématernelle, comme on le dit
actuellement, concerne vraiment des cas très spécifiques. Comme
on le mentionnait, c'est pour de l'apprentissage, c'est pour des milieux
défavorisés.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a quelque chose en soi dans la Loi sur
l'instruction publique qui empocherait les commissions scolaires de
développer des services de prématernelle de plus en plus
répandus sur le territoire du Québec? On sait qu'il y a de larges
secteurs de la population qui vont en s'appauvrissant depuis 1985, alors...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, je pense qu'avant
d'apporter quelque modification que ce soit à la loi actuelle il est
important d'avoir aussi la réaction des parents; ils ont une
décision à prendre. On doit s'assurer de leur réaction si
demain matin, par exemple, on enlevait ce service, qui, je pense, existe dans
plusieurs écoles actuellement.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: J'essayais juste de comprendre en vertu de quelle
logique on va permettre qu'un enfant de quatre ans qui va passer en garderie en
milieu scolaire... Cela ne lui fait pas une grosse différence, à
son âge. Il va passer quelque 5 ou 6 heures en garderie, selon un ratio
de 1 pour 15, parce qu'il vient d'un milieu défavorisé
et qu'on l'a mis en prématernelle plutôt que de
l'envoyer... À ce moment-là, il sera condamné à
recevoir au minimum deux fois moins d'attention qu'un enfant qui est dans une
garderie normale pour le même âge.
Mme Harel: Je pense que c'est 1 pour 20, en plus.
M. Claveau: 1 pour 20, c'est encore pire, Mme la
députée. Mon Dieu, Seigneur, ça empire!
Mme Harel: ...oui ils demandent 1 pour 15, mais c'est 1 pour
20.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente...
M. Claveau: 1 pour 20? En vertu de quel principe acceptez-vous
ça pour le milieu scolaire, alors que vous exigez des normes beaucoup
plus sévères pour des enfants qui vont peut-être passer
moins d'heures en garderie dans des garderies normales, telles que
définies par la loi?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce que nous...
La Présidente (Mme Dionne): Un Instant, Mme la ministre.
Je sais que c'est difficile à cette heure-ci, mais je demanderais la
collaboration de tous les membres de cette commission et de leurs visiteurs,
s'il vous plaît. Merci. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, je pense qu'il
s'agit ici tout simplement d'un article de concordance. il ne s'agit pas, pour
le moment, d'avoir à décider si le ratio est trop
élevé ou pas assez. Je pense qu'à un autre moment, si on
trouve que le ratio est trop élevé, à ce moment-là,
on aura à apporter des modifications. Il s'agit ici, tout simplement
d'un article de concordance qui, par exemple, nous permet de s'ajuster à
ce qui existe actuellement. Quant à savoir si le ratio est trop
élevé et qu'on doit le modifier, c'est une autre chose, et
ça ne fait pas partie de l'article que nous étudions
actuellement.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Vous ne vous êtes pas adonnée à
penser à ça, tout en écrivant le projet de loi, je
suppose. Vous savez, c'est bien beau de concorder, mais il faut savoir quoi;
c'est le problème. Si on a un article de concordance sous
prétexte de concordance et qu'on fait un article qui va vraiment nous
amener vers un double traitement ou des traitements complètement
disproportionnés pour la même catégorie d'enfants, selon le
milieu d'où ils viennent ou des services que la commission scolaire va
donner en termes d'éducation préscolaire, II me semble qu'en tant
que ministre responsable vous auriez dû vous poser la question avant de
faire votre article de concordance, à savoir si c'était vraiment
justifiable pour les services de garde d'être concordants, dans ce cas,
avec la définition donnée par un autre ministère qui, lui,
n'a rien à voir avec la garde d'enfants.
Je ne le sais pas, mais, si on prend le même principe, on pourrait
peut-être s'imaginer que la garde en milieu familial risque d'avoir des
problèmes, parce qu'il y a bien des femmes qui ne sont pas
intéressées de concorder aux lois de l'impôt, vous savez,
concernant les revenus qu'elles recevront de la garde d'enfants. En tout cas,
je trouve que ce n'est pas suffisant de vouloir être concordants d'une
façon - j'oserais dire - simpliste, entre guillemets, sans attaquer
personne. Cela me semble un peu arbitraire de dire: S'il faut être
concordants, on va concorder. Qu'on se donne donc une Image pour le moins un
peu réaliste des effets que pourrait entraîner cette concordance
sur une certaine catégorie d'enfants qui auraient à la subir.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le député
d'Ungava. En réplique, Mme la ministre? Non? Mme la
députée de Malsonneuve. (23 h 45)
Mme Harel: Mme la Présidente, de deux choses l'une; ou
bien c'est la définition du préscolaire cinq ans qui est retenue,
ou bien c'est un amendement selon lequel le service de garde fourni par une
commission scolaire ou par une corporation de syndics aux enfants à qui
sont dispensés dans ces écoles l'enseignement primaire et
l'éducation préscolaire le sera selon le ratio en services de
garde en garderie. SI on nous dit qu'il ne faut pas hypothéquer les
parents qui voudraient bénéficier, dans le môme lieu, soit
l'école, d'un service de prématernelle et d'un service de garde
en garde scolaire, et si ce qui est recherché, c'est le bien-être
de l'enfant, à quatre ans on n'Ira pas le mettre dans des ratios de 1
pour 20. À ce moment-là, ce serait simplement une manoeuvre pour
que ça coûte moins cher de faire garder les enfants. Cela ne
serait pas vraiment pour correspondre aux besoins des parents et aux besoins de
l'enfant. SI on refuse l'amendement de préscolaire cinq ans pour le
motif que ça rend service à des parents que l'enfant de quatre
ans reste à la garde en milieu scolaire, soyons conséquents et
maintenons le ratio en services de garde en garderie pour les enfants
d'âge préscolaire quatre ans.
M. Claveau: On pourrait avoir, si vous me le permettez...
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Malsonneuve, vous avez terminé?
Mme Harel: Oui, j'annonce simplement que si l'amendement
concernant la définition de l'éducation préscolaire cinq
ans qui m'apparaît
venir véritablement cerner ceux à qui sont destinés
les services de garde en milieu scolaire, en espérant, de toute
façon que... Malheureusement, il n'y a pas de politique de la petite
enfance au Québec, parce que s'il y en avait une, II est évident
que le ministère de l'Éducation serait invité à
développer des programmes éducatifs pour les quatre ans des
milieux défavorisés dans ies garderies et pas à
l'école. Puisqu'on n'en est pas là maintenant, il faudrait au
moins convenir que, pour les enfants de quatre ans, le ratio est celui qui est
en vigueur en services en garderie.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve, il faudrait peut-être disposer du premier amendement
avant toute autre chose. Sur cet amendement, est-ce qu'il y a d'autres
remarques? Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout ce que je peux ajouter, Mme la
Présidente, c'est qu'on n'est pas contre le fait qu'on devrait revoir la
question du ratio, mais est-ce que c'est dans la loi qu'on doit le
prévoir, ou dans une réglementation? Actuellement, lorsqu'on
parte de ratio pour les services de garde, on le retrouve dans une
réglementation. Si on devait modifier, pour une raison ou pour une
autre, 11 faudrait également modifier la Loi sur l'instruction publique.
Je ne pense que ce soit l'objet visé par l'article actuel.
M. Claveau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: J'essaye de comprendre, Mme la Présidente.
À moins que je ne sois complètement hors sujet, Mme la ministre
vient de dire que les ratios sont dans la réglementation et non dans la
loi. Pourtant on vient juste de voter tout à l'heure un alinéa
qui dit "incluant ses enfants, au plus six enfants parmi lesquels deux", etc.
Qu'est-ce que c'est? Ce ne sont pas des ratios?
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre, en
réplique.
Mme Gagnon-Tremblay: Ha, ha, ha! J'avais bien compris, M. le
député d'Ungava, sauf qu'il s'agit vraiment de quelque chose qui
est très différent, puisque c'est aussi de la garde non
régie. Ce n'est pas par une réglementation concernant une garde
non régie, il faut vraiment, dans le cadre d'une loi... Ha, ha, hal Je
m'excuse, Mme la Présidente, je ne sais si c'est parce qu'il se fait
tard mais...
Je pense que la seule réponse est celle-là: II s'agit
d'une garde non régie qui s'impose à l'ensemble des familles ou
des personnes qui voudraient garder en dehors d'un cadre régi.
Naturellement, cela ne va pas par une réglementation, puisqu'on n'a pas
à faire une réglementa- tion pour ce type de service. On
l'assujettit tout simplement à un article de la loi. Tandis que pour
toutes les autres formes de garde, que ce soit au niveau des garderies, des
agences ou quoi que ce soit, ces types de services sont assujettis à une
réglementation ou devront l'être pour ceux qui ne le sont pas
encore.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, est-ce que
l'amendement...
Mme Harel: Une dernière remarque.
La Présidente (Mme Dionne): Oui, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: On ne peut quand même pas signer un
chèque en blanc dans une loi. Un énoncé de politique,
c'est une intention. On a vu que, même sur des intentions rendues
publiques, on peut se rétracter. Une loi, ça ne peut pas
être un chèque en blanc si on n'a pas le règlement. Si on
avait voulu faire adopter des articles sérieusement, on aurait aussi
déposé le règlement. Ce n'est pas le cas, on n'en est pas
là.
Là, on nous dit: La Loi sur l'instruction publique prévoit
telle définition, celle qui prévoit que l'éducation
préscolaire et l'enseignement primaire remplacent les niveaux de la
maternelle et du primaire. C'est tout simplement une question de concordance.
Mais nous disons à la ministre: Écoutez, II y a un
problème réel, c'est le problème de la progression des
enfants de quatre ans dans la garde en milieu scolaire qui n'est pas
régie pour recevoir des enfants de cet âge. Ce n'était pas
à eux que le service devait être offert parce que ce n'est pas un
service qui a été planifié pour répondre à
leurs besoins, c'est un service qui vient s'ajouter à un horaire
scolaire régulier. Dans ce contexte, évidemment, si on ne retient
pas notre amendement, j'annonce tout de suite qu'on en fera un sur le ratio qui
devrait présider dans la garde en milieu scolaire pour les enfants
d'âge préscolaire.
La Présidente (Mme Dionne): L'amendement est-il
adopté? On passe à la mise aux voix. L'amendement que nous avons
sur la table se lit comme suit: Le paragraphe 4° de l'article 1 du projet
de loi est modifié par le remplacement dans la quatrième ligne
des mots "éducation préscolaire" par les mots "éducation
préscolaire-cinq ans".
Mme Harel: Par les mots "éducation préscolaire-cinq
ans".
La Présidente (Mme Dionne): Moins cinq ans.
Mme Harel: Tiret cinq ans.
La Présidente (Mme Dionne): Tiret cinq ans?
Mme Harel: Ce n'est pas moins cinq ans, c'est cinq ans.
Mme Gagnon-Tremblay: On passe au vote, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Rejeté sur
division?
Mme Harel: Oui, surdivision.
La Présidente (Mme Dionne ): Est-ce que le paragraphe
4° est adopté?
Mme Harel: Je vais procéder rapidement, et on va en
disposer. Si on veut être cohérent en regard de ce qu'on a dit
précédemment, je ne pense pas qu'on puisse rejeter cet
amendement. Le paragraphe 4° de l'article 1 du projet de loi est
modifié par l'inversion des mots l'enseignement primaire" et par
l'ajout, après les mots "et l'éducation préscolaire", des
mots "selon le ratio en service de garde en garderie". Cela se lit comme suit:
"Service de garde en milieu scolaire: un service de garde fourni par une
commission scolaire ou une corporation de syndics aux enfants à qui sont
dispensés dans ses écoles l'enseignement primaire et
l'éducation préscolaire selon le ratio en service de garde en
garderie."
M. Claveau: II s'agit d'un article de concordance.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, pour les
môme raisons qu'on a déjà mentionnées, à
savoir qu'en ce qui concerne Ies ratios ça doit se retrouver dans une
réglementation, on devra voter contre l'amendement.
Mme Harel: Le service de garde en milieu familial est un service
de garde qui est régi, et on prévoit le ratio dans la loi. Ce
n'est pas un service de garde non régi. C'est le service de garde en
milieu familial régi par la loi, il n'y a pas de raison que ça
n'en soit pas ainsi pour le service de garde en milieu scolaire.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve, de toute façon, vous allez déposer l'amendement
écrit, pour que ce soit clair. À cette heure-ci, ça nous
prend des choses claires. Quand nous l'aurons par écrit, nous pourrons
en disposer.
M. Claveau: On pourrait en parler tout de suite.
La Présidente (Mme Dionne): Je regrette, M. le
député d'Ungava, tant et aussi longtemps que nous ne l'aurons pas
par écrit, nous ne pourrons pas juger de sa recevabilité.
M. Claveau: C'est un article de concordance, rien de plus.
La Présidente (Mme Dionne): Étant donné que
l'amendement, tel que formulé par la députée de
Maisonneuve, n'est pas rédigé, nous allons attendre et passer
plutôt à l'amendement à la version anglaise qui se lit
comme suit: "Article 1. Le texte anglais du paragraphe 3° de l'article 1
est modifié par le remplacement, dans la troisième ligne de la
définition de "nursery school", du mot "steady" par le mot "stable". Mme
la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, c'est seulement un
mot qu'on doit changer pour une bonne traduction. J'avais peur de l'oublier en
revenant à la prochaine séance, alors si on peut l'adopter
immédiatement.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Maisonneuve, sur cet amendement?
Adopté? La commission ajourne donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 57)