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(Seize heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit pour
procéder à l'étude des crédits budgétaires
relevant de la ministre déléguée à la Santé
et aux Services sociaux pour l'année financière qui se terminera
le 31 mars 1990. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Leclerc
(Taschereau) sera remplacé par M. Messier (Saint-Hyacinthe).
Le Président (M. Bélanger): Bien. Il n'y a pas
d'autres remplacements, Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Non.
Le Président (M. Bélanger): Pas de remplacements de
votre côté. Bien. Nous en sommes au stade des remarques
préliminaires.
Mme Vermette: Est-ce que M. Filion est inscrit à la
commission?
Une voix: Non, il n'est pas membre.
Le Président (M. Bélanger): II n'est pas
obligé d'être membre. Il peut interroger et tout cela, mais, la
seule chose, c'est qu'il n'a pas le droit de vote. Vous voulez qu'il ait le
droit de vote? On va l'inscrire comme remplaçant. Ils ont droit à
trois votes.
Une voix: Hier, ils ont été quatre à
voter.
Le Président (M. Bélanger): C'est le
président qui s'est endormi sur la "switch".
Mme Robic: Ce n'était pas vous, le président, sans
doute?
Le Président (M. Bélanger): Non. Si vous saviez le
nombre de fois où on a voté ici, on l'a appris. Cela étant
dit, on va passer aux remarques préliminaires. Mme la ministre.
Remarques préliminaires Mme Louise Robic
Mme Robic: Merci, M. le Président. Mesdames et messieurs
les députés membres de la commission des affaires sociales,
j'aimerais, avant de passer à ces remarques, vous présenter
l'équipe qui m'entoure. Tout d'abord, à ma droite, Renée
Desmarais, ma directrice de cabinet, et M. Pierre Lebel, attaché de
presse. À ma gauche, j'ai M. Roger Prud'homme qui est cadre-conseil au
bureau des sous-ministres. Il a la responsabilité de l'application de la
loi 142. Il y a également, avec M. Prud'homme, M. Serge Dagenais, qui
est derrière moi. Il y a également Mme Isa lasenza,
conseillère au programme au bureau de coordination des services aux
communautés culturelles et, bien sûr, le groupe de l'Office des
personnes handicapées, M. Paul Mercure, président, M. Guy
Monette, directeur des communications et des services juridiques et Mme Anne
Falcimaigne, directrice de l'administration.
M. le Président, l'application de la loi 142, le plan d'action
pour l'accès aux services sociaux et de santé pour les
Québécois des communautés culturelles et l'Office des
personnes handicapées sont pour moi des nouveaux mandats que m'a
confiés récemment le premier ministre. Ce dernier me
témoignait alors sa confiance en me donnant le mandat de mettre en place
les outils nécessaires afin que les groupes minoritaires puissent
s'intégrer de la façon la plus harmonieuse possible à la
société québécoise, de manière que ces
paroles, "citoyens à part entière", ne soient pas que des mots
vides de sens, mais qu'ils décrivent bien une réalité de
tous les jours.
En avant-propos, M. le Président, si vous me le permettez, je
vais tracer les orientations que j'entends prendre dans chacun de ces trois
dossiers. En premier lieu, je vais aborder la loi 142 qui a modifié la
Loi sur les services de santé et les services sociaux, ensuite, le plan
d'action pour les membres des communautés culturelles avant de conclure
avec l'Office des personnes handicapées.
Pour tout citoyen, il est de la première importance de pouvoir
être sécurisé lorsqu'il fait appel à des services
qui lui sont prodigués par des organismes publics. Pour certains, cette
paix de l'esprit se trouve en sachant que des professionnels compétents
sauront comprendre rapidement leurs besoins et pourront apporter les correctifs
nécessaires leur permettant de reprendre la routine quotidienne. Pour
d'autres, c'est l'assurance que les soins qui leur seront donnés seront
de la plus haute qualité. Pour les Québécois anglophones,
à ces interrogations que peut avoir l'ensemble de la population s'ajoute
le désir de se voir bien compris afin d'être bien
soignés.
En adoptant la loi 142, le gouvernement avait reconnu qu'en demandant
des services de santé et des services sociaux les
Québécois d'expression anglaise pouvaient vivre une
appréhension supplémentaire quant à savoir s'ils
pourraient être bien compris et ainsi soignés adéquatement.
Cette loi revêt particulièrement un caractère humanitaire.
Elle vise à identifier les ressources disponibles dans le réseau
afin de donner aux Québécois d'expression anglaise, dans
leur langue, les services sociaux et de santé normalement
dispensés à la population. À cette fin, la loi 142
prévoit qu'un conseil régional doit élaborer en
collaboration avec les établissements, conjointement avec d'autres
conseils régionaux, le cas échéant, un programme
d'accès à des services de santé et à des services
sociaux en langue anglaise pour les personnes d'expression anglaise dans les
établissements que le conseil régional indique, compte tenu, bien
sûr, de l'organisation et des ressources de ces
établissements.
Voilà pourquoi le programme d'accès d'une région
donnée identifie sur son territoire quels sont les établissements
qui peuvent offrir des services en anglais et quels sont
précisément ces services. Jusqu'à ce jour, trois
programmes d'accès sur onze ont été approuvés par
le gouvernement. Ce sont ceux des régions de Québec, de
l'Abitibi-Témiscamingue et de la Côte-Nord. Dans la région
de Québec, sept établissements sont identifiés par le
programme d'accès pour donner soit des services d'accueil, de
référence, d'évaluation sommaire ou des services courants.
En Abitibi-Témiscamingue, ce sont six établissements qui
dispensent désormais des services allant de l'accueil aux services
courants. Sur la Côte-Nord, cinq établissements ont
été identifiés pour offrir ces mêmes services.
Dans chacune des régions, le conseil régional recevra les
plaintes des personnes jugeant ne pas avoir reçu les services auxquels
elles estiment avoir droit. Ces CRSSS offriront également un service
d'information en anglais.
Ce programme d'accès doit être approuvé par le
gouvernement. Les conseils régionaux de la santé et des services
sociaux doivent donc préparer les programmes d'accès à ces
services. Ils le font avec la mise sur pied d'un comité spécial
relevant du conseil d'administration, comité qui consulte la
communauté anglophone afin de connaître ses attentes pour tracer
un programme réaliste et acceptable. Cette consultation se fait
également en étroite collaboration avec les établissements
de leur région. Ces programmes d'accès visent donc à
identifier les ressources actuellement disponibles dans le réseau et
à améliorer les services offerts. À titre d'exemple, on
souhaite ainsi assurer à toute personne d'expression anglaise qu'en cas
de crise ou dans une situation d'urgence elle n'aura pas à vivre un
stress accru par la recherche de ressources disponibles dans sa langue.
Surtout, on désire que les citoyens de langue anglaise sachent où
s'adresser s'ils désirent obtenir tout simplement de l'information ou
des sévices d'accueil, d'orientation, de référence ou des
services courants dans leur langue.
Chacun de ces trois CRSSS a donc adopté un programme qui
répond aux besoins de la région qu'ils desservent
considérant qu'H peut y avoir des lacunes puisque c'est à
l'intérieur des ressources déjà existantes.
Je suis heureuse de voir que les orienta- tions présentées
récemment par la ministre de la Santé et des Services sociaux
visent aussi à rendre les services offerts par le réseau plus
accessibles et mieux adaptés aux besoins des différents groupes
ou communautés. Dans ce contexte, la loi 142 est fort pertinente, on le
voit, car elle permet d'atteindre cet objectif de mieux adapter le
système afin de promouvoir une meilleure organisation des ressources
existantes pour les citoyens d'expression anglaise.
Dans la même mesure, les orientations déposées par
le ministre de la Santé et des Services sociaux permettront de mieux
desservir tous les groupes de citoyens qui ont des besoins particuliers.
À ce chapitre, je voudrais vous signaler que j'ai la ferme intention de
déposer incessamment un plan d'action visant à tenir compte des
besoins particuliers des Québécois des communautés
culturelles en matière de services de santé et de services
sociaux. Ce processus est déjà en bonne voie de
réalisation et les Québécois des communautés
culturelles auront, eux aussi, un outil leur permettant de mieux se
reconnaître dans notre système de santé et de services
sociaux.
Regardons maintenant les orientations de l'Office des personnes
handicapées. D'entrée de jeu, je voudrais vous signaler, M. le
Président, que j'endosse les orientations contenues dans le document
d'ensemble du gouvernement au sujet des personnes handicapées, le
document "À part égale". Je suis d'accord avec ces objectifs,
car, tout comme l'ensemble des personnes handicapées, je souhaite que
ces dernières puissent vivre en société et obtenir leurs
services des mêmes ressources que les autres Québécois.
Elles ne pourront prendre leur place dans notre société que si
nous modifions nos mentalités et acceptons de les voir comme des
citoyens de plein droit, tout en reconnaissant qu'elles ont des besoins
particuliers.
Le document "À part...égale" identifie très bien
les demandes des personnes handicapées. Elles veulent que l'on respecte
leurs différences, tout en leur laissant leur autonomie, leur libre
choix et la capacité de prendre leurs responsabilités. Les
personnes handicapées veulent pouvoir être partie prenante aux
décisions qui les concernent et qui nous concernent tous, pouvoir vivre
une vie décente et pouvoir développer leurs capacités. Ce
qu'elles veulent, comme nous le désirons tous pour nous-mêmes,
c'est pouvoir participer entièrement à la vie sociale,
économique et culturelle du Québec.
Il est, d'ailleurs, très intéressant de noter que la
définition de "handicap", telle qu'on l'utilise constamment, ce n'est ni
plus ni moins que ces barrières que l'on place sur la route des
personnes que l'on dit handicapées. Ainsi, la personne en fauteuil
roulant qui ne peut pénétrer dans un endroit dépourvu
d'une rampe d'accès est handicapée par l'absence de cette rampe
et non pas parce qu'elle se déplace dans un fauteuil roulant.
Je vois un parallèle important, M. le Président, entre
l'intégration des personnes handicapées et des membres des
communautés culturelles. Dans chaque cas, la société doit
faire une place de plus en plus grande à ces Québécois qui
demandent d'être traités comme des Québécois
à part entière. Je vous ferais, d'ailleurs, remarquer que le
gouvernement du Québec utilise depuis 1985 le terme "à part
égale" pour décrire sa politique d'ensemble à
l'égard des personnes handicapées. Au Parti libéral du
Québec, nous avions utilisé le terme "à part
entière" pour notre document préélectoral concernant les
membres des communautés culturelles. À part entière ou
égale, cette concordance des termes pour décrire des
réalités différentes n'est pas surprenante parce que ces
réalités ne sont finalement pas si différentes. Autant les
membres des communautés culturelles que les personnes handicapées
veulent affirmer leur différence et veulent surtout exprimer leur
désir de pouvoir, comme tous les Québécois, jouir des
avantages d'une société juste et équitable.
Le discours d'intégration sociale des personnes
handicapées, comme celui touchant les membres des communautés
culturelles, identifie donc cette problématique et souhaite donner
à tous ces gens un rôle entier dans notre société.
Mais, au-delà des discours, qu'arrive-t-il? Que faisons-nous vraiment?
Ma collègue, ministre des Affaires culturelles et de l'Environnement,
disait récemment que nous devons arrêter d'entretenir le syndrome
"pas dans ma cour" en ce qui concerne les questions environnementales. Elle me
permettra de reprendre à mon compte cette expression, en soulignant
qu'il est plus que temps de faire comprendre à tous les paliers de
gouvernement, aux organismes et à ia société en
général que les personnes handicapées sont une
clientèle régulière qu'ils se doivent d'accueillir et de
desservir, au lieu de tenter de tout diriger vers un endroit unique, de les
"ghettoïser". Les Québécois handicapés doivent
maintenant jouer avec nous, "dans notre cour".
Comme je l'ai fait durant mes trois années comme ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration, je veux relever ce
même défi de l'intégration sociale des
Québécois handicapés. Voilà pourquoi j'estime que
l'Office des personnes handicapées est un instrument nécessaire
comme outil de prise de conscience du gouvernement et des citoyens du potentiel
des personnes handicapées. L'Office a ainsi pu développer des
programmes adaptés à ces personnes et qui ont répondu en
grande partie à leurs attentes. Les programmes de maintien à
domicile, de transport et d'hébergement, les services éducatifs,
l'adaptation de véhicules et de domiciles, les aides techniques, ainsi
que les contrats d'intégration au travail, les plans d'embauché
et les centres de travail adapté sont des outils appréciés
et qui ont fait leurs preuves. Mais il est maintenant temps que la
société entière et le gouvernement, en particulier,
assument leurs responsabilités face à leurs plus démunis.
C'est pour cela que j'endosse vigoureusement les objectifs de l'Office des
personnes handicapées du Québec de voir à la prise en
charge éventuelle des programmes d'aide matérielle de l'OPHQ par
les différents ministères et organismes. Pour que tous les
Québécois se sentent des partenaires égaux, il faut que
les personnes handicapées reçoivent des organismes et
ministères concernés les mêmes services que ceux qui sont
offerts à l'ensemble de la population, tout en tenant compte de leurs
besoins spécifiques.
Afin d'étudier les modalités des transferts en douceur, un
comité de coordination a été mis sur pied. Ce
comité, composé du président de l'OPHQ, M. Mercure, de M.
Paul Lamarche du ministère de la Santé et des Services sociaux et
de M. Gaston Perreault qui provient du milieu associatif, avait pour mandat de
fournir les grandes orientations et le cadre de référence
nécessaire aux travaux d'étude des sous-comités. Le
comité de coordination devait faire ce travail en respectant la
politique d'ensemble indiquée dans le document "À part...
égale".
L'opération de transfert des programmes de l'Office des personnes
handicapées vise, justement, à redonner aux organismes et
ministères sectoriels la prise en charge de certains services essentiels
à l'intégration sociale des personnes handicapées. Je
sais, toutefois, que plusieurs groupes représentant des personnes
handicapées ont exprimé des inquiétudes vis-à-vis
de ces prises en charge. J'ai eu, d'ailleurs, le plaisir de recevoir un de ces
groupes à mes bureaux hier matin. Je comprends parfaitement leur point
de vue et je veux, aujourd'hui comme hier, les rassurer. Je vais m'assurer que
l'OPHQ se servira de l'expertise de la confédération des
organismes des personnes handicapées dans ce processus de transfert des
programmes. Je suis également prête à rencontrer les
groupes régionaux qui en feront la demande afin d'entendre leurs
commentaires et avis. Je vais superviser attentivement l'accomplissement de ces
transferts, qui sera fait de façon progressive en faisant en sorte que
nous soyons certains du succès d'un premier transfert de programmes
avant d'aller de l'avant pour un deuxième. Toutefois, le
président de l'Office écrivait récemment au
président d'une association de personnes handicapées que la prise
en charge complète de services aux personnes handicapées par les
organismes et ministères sectoriels est tout à fait conforme
à l'esprit de la loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées et à la politique de l'OPHQ.
Le processus de transfert des programmes d'aide matérielle de
l'OPHQ a donc été mis en place par ce comité provincial de
coordination et neuf sous-comités. Un premier sous-comité s'est
intéressé aux normes. Sept autres ont étudié les
différents volets de l'aide matérielle dispensée par
l'Office, tandis que le dernier s'est penché sur le rôle futur de
l'OPHQ. Ce dernier comité joue un rôle vital puisque le transfert
des
programmes de l'OPHQ vers les ministères et organismes
concernés vise, justement, à redonner à l'Office le
rôle fondamental qui a présidé à sa fondation, soit
celui de veiller à la coordination des services aux personnes
handicapées, de les informer, de les conseiller, de promouvoir leurs
intérêts en vue de favoriser leur intégration scolaire,
professionnelle et sociale. Les neuf sous-comités ont tous
terminé leurs travaux, ainsi que leurs consultations auprès des
organismes externes et des clientèles touchées. (17 heures)
Le Président (M. Bélanger): Je vous inviterais
à conclure, Mme la ministre.
Mme Robic: Je pensais que j'avais vingt minutes.
Le Président (M. Bélanger): II vous reste une
minute.
Mme Robic: Ah, oui?
M. Filion: II y a consentement.
Le Président (M. Bélanger): II y a consentement
pour continuer? Bien. Alors, vous pouvez continuer.
Mme Robic: Merci beaucoup. De son côté, le
comité de coordination est à terminer les consultations des
ministères et organismes preneurs afin de formuler ses recommandations
aux ministres responsables. Le comité de coordination a, depuis,
déposé trois projets de mémoires. Le premier, celui qui
traite des compensations des limitations fonctionnelles des personnes
handicapées, a été adopté par le Conseil des
ministres en juin 1988.
Cette décision historique - d'ailleurs, c'est le président
de l'Office qui l'a ainsi qualifiée - stipule que le gouvernement
consacre le principe de la compensation des conséquences
financières des déficiences et des limitations fonctionnelles,
sans égard au revenu de la personne handicapée ou de sa
famille.
Le deuxième projet de mémoire devrait être
présenté d'ici quelques semaines au Conseil des ministres et il
touche un premier transfert de programme, celui du transport et de
l'hébergement. Ainsi, l'Office va transférer au ministère
de la Santé et des Services sociaux la responsabilité du
transport et de l'hébergement des personnes handicapées qui
doivent subir des traitements médicaux de réadaptation et
d'adaptation loin de leur lieu de résidence. Le ministère de la
Santé et des Services sociaux supervisera le programme qui sera
administré par les conseils régionaux de la santé et des
services sociaux. Le maintien à domicile sera le deuxième
transfert de programme à être présenté au Conseil
des ministres.
J'examine ces deux transferts vers le ministère de la
Santé et des Services sociaux avec attention, car il est primordial que
les personnes qui bénéficient de ce programme ne subissent aucun
préjudice au cours de la période d'ajustement. C'est un
engagement que je prends auprès de ces personnes. Comme je le disais
plus tôt, l'expérience vécue lors de chaque transfert sera
analysée et servira à éviter que des erreurs ne soient
commises lors du transfert des autres programmes. Aussi longtemps qu'un
programme n'aura pas été transféré de façon
satisfaisante, je veillerai à retarder le processus de transfert des
autres programmes.
Le transfert des programmes ne se fera, et je tiens à être
très bien comprise sur ce point, que lorsqu'on se sera assuré que
les personnes handicapées seront satisfaites de pouvoir être
traitées comme tous les citoyens québécois, tout en tenant
compte, bien sûr, de leurs besoins particuliers.
Il faut, cependant, aller de l'avant avec ces transferts de programmes
afin de redonner à l'Office des personnes handicapées les
coudées franches pour qu'il puisse reprendre son bâton de
pèlerin et forcer la réflexion du gouvernement et des organismes
sur le traitement réservé aux personnes handicapées, et
s'assurer de la qualité des services offerts.
Ma responsabilité à ce moment-ci est donc de bien veiller
à ce que les acquis des personnes handicapées soient maintenus et
qu'on leur offre, en plus, des services de meilleure qualité. Ce souci
de répondre aux attentes exprimées explique la prudence qui
m'anime dans ce dossier.
L'intégration dans tous les aspects de la vie quotidienne est la
seule façon d'assurer à ces Québécois qu'ils
pourront prendre leur place égale et entière au sein de la
société. C'est donc le but que je me suis fixé et c'est
l'objectif que je vais pouvoir atteindre avec l'appui des per-sonnes et des
organismes du milieu.
M. le Président, vous constatez l'importance des dossiers qui
m'ont été confiés. Il est évident que nous devons
tous travailler ensemble pour nous assurer que ces dossiers arrivent à
bon port et que le Québec se développe en société
juste et équitable pour tous ses citoyens. Nos minorités quelles
qu'elles soient pourront ainsi contribuer pleinement à toute la
société, qui ne peut que profiter de leur savoir-faire, de leur
expérience et de leur culture, et aider à bâtir une
société exemplaire qui servira de modèle pour le monde
entier. Merci, M. le Président, et merci de m'avoir permis de terminer
cette allocution.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, on
vous remercie. Pour les remarques préliminaires, je présume que
c'est Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, est-ce que vous me
permettrez de les faire après l'intervention de mon collègue qui
n'est ici que pour la loi 142?
Le Président (M. Bélanger): Bien sûr. Est-ce
qu'il y a des objections à ce qu'on fasse une petite entorse à la
procédure?
Mme Robic: Pas du tout.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Vous avez, selon
l'entente, 30 minutes, M. le député de Taillon.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président. Je souhaite
la bienvenue à la ministre, bien sûr, ainsi qu'aux gens qui
l'accompagnent. Je constate que, s'il y avait une partie qui se jouait ici, ce
serait 7 à 2 aujourd'hui et non pas 4 à 3.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Apparemment, c'est une commission toujours gagnante.
Il faut faire attention; il faut toujours garder le frisson
démocratique.
Le Président (M. Bélanger): On peut laisser
quelques gars de l'autre côté pour quelques minutes.
M. Filion: J'ai une demi-heure avec vous, Mme la ministre. Je
n'ai pas l'intention de faire de longs discours.
Mme Robic: D'accord. Je voudrais, peut-être, vous
présenter M. Prud'homme et M. Dagenais qui traitent...
M. Filion: Je les ai déjà rencontrés...
Mme Robic: Ah! Vous les connaissez. Merci.
M. Filion: ...par l'intermédiaire du discours que j'ai
lu.
Mme Robic: D'accord. Je ne croyais pas que vous étiez
là.
Application de la loi 142
M. Filion: Donc, une série de questions très
courtes et sans faire de discours trop longs. Je pense que la ministre
connaît notre opinion sur la loi 142. D'abord, sur le plan du budget, Mme
la ministre, où s'y retrouve-t-on là-dedans? Est-ce que je dois
comprendre qu'il n'y a pas de budget spécifique pour l'application de la
loi 142?
Mme Robic: En ce moment, il n'y a pas de budget
spécifique, mais nous sommes en négociation avec le gouvernement
fédéral en ce moment, ce qui pourrait nous amener des budgets
pour la mise en place de ces programmes, la traduction de documents, le suivi,
etc. Il pourrait y avoir des montants d'argent qui nous viendraient du
fédéral.
M. Filion: Le fédéral donnerait des mon- tants
d'argent au gouvernement provincial pour la mise en oeuvre de la loi 142?
Mme Robic: II donnerait, à travers un programme de
transfert, des montants d'argent au gouvernement provincial qui
déciderait comment les utiliser pour mettre en place ces plans.
M. Filion: Mais je ne me trompe pas, je n'ai rien retracé
du gouvernement provincial dans le budget que j'ai devant moi...
Mme Robic: C'est juste.
M. Filion: ...en ce qui concerne l'application de la loi 142,
qui, pour cette partie-là, relève de votre poste.
Mme Robic: On dit bien ici "compte tenu de l'organisation et des
ressources des établissements qui dispensent ces services". Alors, en ce
moment, il n'y a pas de budget qui accompagne ces plans.
M. Filion: Est-ce que vous avez besoin d'un budget pour ces
plans?
Mme Robic: Je crois qu'il y aura des besoins pour la mise en
place de ces plans, définitivement; il y a de la traduction à
faire, de l'information à diffuser à la clientèle, etc.
Également, peut-être, la redistribution de personnel à
l'intérieur d'une région. Donc, cela pourrait susciter quelques
dépenses.
M. Filion: Si je comprends bien, le gouvernement provincial ne
veut pas assumer les dépenses inhérentes à la loi qu'il a
fait adopter.
Mme Robic: Je vous dis seulement que le gouvernement provincial
ira chercher autant d'argent que possible du gouvernement
fédéral.
M. Filion: Est-ce que le gouvernement provincial a l'intention de
s'alimenter à la même source, c'est-à-dire auprès du
Secrétaire d'État au gouvernement fédéral qui vient
d'annoncer - d'ailleurs, je pense que c'est aujourd'hui - une subvention de 68
950 $ à Alliance Québec, dont 23 566 $ pour diverses
activités liées aux services sociaux et de santé en
anglais?
Mme Robic: Non, ce n'est pas...
M. Filion: À quel endroit, au gouvernement
fédéral, allez-vous aller chercher des sous pour appliquer la loi
142?
Mme Robic: Certainement pas à Alliance Québec.
M. Filion: Est-ce au même endroit où Alliance
Québec est allée chercher ses sous?
C'était cela ma question.
Mme Robic: Au Secrétariat d'État, c'est ce que vous
voulez dire? Oui, d'accord.
M. Filion: Cela, c'est dans le cadre de la loi C-72.
Mme Robic: C'est juste.
M. Filion: Où le gouvernement provincial a l'Intention
d'aller chercher des sous pour subventionner l'application de la loi 142.
Mme Robic: Certainement.
M. Filion: Combien d'argent, approximativement?
Mme Robic: Je ne peux pas vous le dire; nous sommes en
négociation en ce moment avec le gouvernement fédéral.
M. Filion: Approximativement, un ordre de grandeur de ce que la
loi 142 va coûter?
Mme Robic: Je ne crois pas que je puisse en ce moment vous parier
d'un ordre de grandeur.
M. Filion: Même pas! Est-ce qu'on parle de 100 000 $ par
année? Est-ce qu'on parle de 1 000 000 $, de 10 000 000 $ ou de 100 000
000 $? À peu près?
Mme Robic: Je ne suis pas en mesure aujourd'hui de vous parler de
montants, d'un ordre de grandeur. Tout ce que je peux vous dire aujourd'hui,
c'est que nous sommes en négociation avec le gouvernement
fédéral.
M. Filion: Mais le programme est déjà
implanté dans trois régions, vous l'avez dit tantôt. Il est
déjà implanté sur la Côte-Nord, en Abitibi et dans
la Mauricie, je crois.
Mme Robic: Le programme tel que présenté par le
CRSSS a été adopté par le Conseil des ministres, mais
ça ne veut pas dire que le programme est déjà
implanté. Maintenant, on passe à la Phase II, l'implantation du
programme, la distribution des ressources. Maintenant que les
établissements ont été identifiés, il faut
s'assurer que les ressources sont bien en place pour pouvoir donner les
services en anglais.
M. Filion: Je vais vous donner un exemple pour essayer de se
comprendre. La région de Québec, c'est une des régions
où la Phase I est terminée.
Mme Robic: C'est juste.
M. Filion: C'est juste. L'implantation des programmes
d'accès pour Québec coûte environ 50 000 $, 100 000 $?
Combien, pour Québec?
Mme Robic: Un instant, je vais sortir le plan de Québec.
En ce moment, le plan pour Québec qui a été adopté
par le Conseil des ministres sera mis en place sans ressources
financières additionnelles.
M. Filion: Pour Québec?
Mme Robic: Pour Québec. Il pourrait arriver que nous ayons
besoin de ressources, mais, en ce moment, on projette de le mettre en place
sans ressources additionnelles.
M. Filion: Donc, il est faux de dire que le conseil
régional de Québec évalue à environ 65 000 $ le
coût d'implantation des programmes d'accès pour la région
de Québec.
Mme Robic: Non, il n'est pas faux de dire cela. C'est,
d'ailleurs, pourquoi nous négocions en ce moment avec le gouvernement
fédéral. Je vous répète que, pour le moment, nous
n'avons pas de budget pour l'implantation de ces programmes. Nous sommes en
négociation. Il y aura des besoins, oui, et on accepte
l'évaluation que le CRSSS de Québec nous donne.
M. Filion: D'accord.
Mme Robic: Nous espérons pouvoir obtenir des fonds pour
pouvoir réellement compléter ces programmes.
M. Filion: A quel moment pensez-vous compléter
l'implantation des programmes pour l'ensemble du Québec?
Mme Robic: J'ai reçu un mandat très clair du
premier ministre. C'était trois mois; je vais peut-être en prendre
quatre. J'ai bon espoir qu'à la fin de juin, à la mi-juillet,
tout devrait être fini. Il y a le plan pour Montréal qui est un
peu plus difficile à compléter, et vous comprendrez pourquoi.
Quand je suis arrivée au ministère, on avait mis une date,
novembre, je crois. Alors, j'ai demandé de devancer cette date. J'ai bon
espoir qu'on pourra dire qu'on a tout complété pour... Je n'ose
pas dire mi-juillet parce que je ne voudrais pas qu'on m'entende à ma
gauche. Alors, je vais dire fin juin pour ma gauche et, à vous,
probablement mi-juillet.
M. Filion: Cela veut dire qu'en l'espace d'un an, grosso modo,
dans la pire des hypothèses, si je me place de votre point de vue,
l'implantation de ces programmes pour l'ensemble du Québec sera une
opération terminée.
Mme Robic: Cela devrait certainement l'être puisqu'on
travaille avec des ressources déjà existantes et il ne devrait
pas y avoir un très
grand problème. Je ne vois pas, en tout cas pas en ce moment, le
problème de s'assurer que le personnel et les services soient en
place.
M. Filion: Mme la ministre, il y a actuellement au Québec,
dépendant du point de vue où l'on se place, entre 58 % et 68 %
des institutions de santé anglophones qui n'ont pas soumis leur plan de
disponibilité de services en français à une
clientèle francophone qui, sauf erreur, à moins que cela n'ait
changé durant la nuit, constitue une solide majorité de la
population québécoise. La loi 101 est entrée en vigueur en
1977. Cela fait douze ans qu'il y a environ 150 institutions de santé
anglophones qui refusent ou qui négligent de déposer un plan de
disponibilité de services en français au Québec. Ce que
vous nous dites - évidemment, vous n'avez qu'un mandat, allez-vous me
répondre - c'est que, dans l'efficacité de vos fonctions, en un
an au maximum - je prends la pire des hypothèses, on se rend à
l'automne, si vous voulez - vous aurez complété l'implantation,
la mise en oeuvre de la loi 142 au Québec. Ne trouvez-vous pas qu'il y a
quelque chose quelque part qui n'a pas d'allure? (17 il 15)
Mme Robic: Premièrement, j'ai plus qu'un mandat.
M. Filion: Vous en avez deux.
Mme Robic: J'en ai trois.
M. Filion: Quel est le troisième?
Mme Robic: Les services aux communautés culturelles. J'ose
penser que je suis fort efficace. Ce n'est certainement pas un défaut.
Je voudrais vous faire remarquer que vous avez raison, d'ailleurs. Je
déplore qu'il y ait encore des établissements anglophones qui
n'ont pas déposé leur plan de disponibilité. Cela aurait
dû être fait et je le déplore comme vous. Cependant, je dois
vous dire que cela ne veut pas nécessairement dire que les services en
français ne sont pas disponibles. Cela est important à retenir,
M. le député. Je dois vous dire que ce n'est pas la
responsabilité que j'ai reçue du premier ministre. Je crois que
ces questions, vous devriez peut-être les adresser au ministre
responsable de l'application de la loi 101.
M. Filion: Mme la ministre, je vais vous poser la question
suivante. Vous allez me répondre, j'en suis sûr, dans votre grande
sincérité. Ce n'est pas parce qu'on a adopté la loi 142
que cela veut dire qu'avant la loi 142 il n'y avait pas de services disponibles
en anglais dans les institutions de santé francophones. Vous êtes
d'accord avec cela?
Mme Robic: Je suis d'accord avec cela.
M. Filion: Ce n'est pas parce que la loi 142 est arrivée
que les Québécois sont plus ou moins généreux. En
général, vous en conviendrez avec moi - je dis bien en
général - les gens qui vont dans des hôpitaux ou qui font
affaire avec des CLSC et qui sont reçus par du personnel, si les membres
du personnel sont capables de se débrouiller dans la langue du
bénéficiaire, Us vont le faire. Vous êtes d'accord avec
cela?
Mme Robic: Oui, je suis plutôt d'accord avec cela.
M. Filion: Plutôt d'accord.
Mme Robic: Plutôt d'accord avec cela.
M. Filion: Pour reprendre notre exemple, il n'y a pas plus
d'anglophones dans la région de Québec depuis qu'on a
implanté la loi 142 qu'il n'y en avait avant la loi 142.
Mme Robic: II faut bien comprendre que, dans des centres comme
Montréal et Québec, c'est peut-être plus facile pour les
anglophones de savoir où aller chercher des services dans leur langue.
Cependant, dans toutes les régions du Québec, ce n'est
peut-être pas la même histoire. Oui, il y a des services qui
peuvent être donnés en anglais. Mais quand on est en état
de crise, qu'on est malade, on ne doit pas se demander en plus, où on
doit aller pour recevoir des services dans la langue que l'on comprend le mieux
est-ce au CLSC 1, 2, 4 ou 5? On n'ajoute pas, on ne crée pas de services
parallèles, mais on va leur dire: Ne perdez pas votre temps, c'est au
CLSC 1 ou 5 ou dans tel centre hospitalier également que vous pouvez
aller. Là, vous pouvez être sûr que vous allez avoir de tels
services. Donc, on regroupe les services pour que, justement, les anglophones
sachent où les trouver. C'est tout ce qu'on fait.
M. Filion: Est-ce qu'il y avait véritablement un
problème au Québec? Vraiment?
Mme Robic: Je crois que oui. Il y avait certaines
frustrations...
M. Filion: Des frustrations, oui.
Mme Robic: ...dans certaines régions. Dans le fond, c'est
réellement une organisation des services qui, comme vous le dites
très bien, existaient un peu éparpillés, cependant. On
tend à les regrouper pour être tout simplement plus efficaces
là comme ailleurs.
M. Filion: D'accord. Vous parlez de frustrations. Je vais vous
raconter un cas. Vous me direz ce que vous allez faire.
Mme Robic: Ne me donnez pas le rôle de l'autre
ministre.
M. Filion: Non.
Mme Robic: C'est le premier ministre qui peut faire cela.
M. Filion: Non. Mais, vu que vous vous occupez de tout cela et
que vous faites le tour du Québec pour vérifier que les
bénéficiaires, les Québécoises et les
Québécois puissent recevoir des soins de santé dans leur
langue; vu que vous nous annoncez même dans votre discours que vous allez
examiner les services pour les autres communautés culturelles, que ce
soit les Italiens, les Portugais ou les Vietnamiens et cela, dans le but
d'offrir à ces gens des services de santé dans leur langue, que
vous dites d'ailleurs...
Mme Robic: En tenant compte beaucoup plus de leur culture.
M. Filion: Oui, en tenant compte de leur culture.
Mme Robic: En tenant compte des besoins culturels de ces
personnes.
M. Filion: Et tout cela dans le sens où vous dites: Pour
être bien soigné, c'est important d'être bien compris.
Voulez-vous que je vous raconte quelque chose? Un jeune qui sortait du Forum
après une partie de hockey s'est fait frapper par une voiture. Il a
été conduit à un hôpital que je ne nommerai pas. Il
est décédé. Son père s'est présenté
à l'hôpital et a voulu savoir de quoi il était mort. C'est
un francophone. Il n'a pas pu savoir en français ce qui avait
causé la mort de son fils. Cela ne s'est pas passé en Ontario,
cela ne s'est pas passé à Saint-John au Nouveau-Brunswick, ou
à Medecine Hat, en Alberta, ou à Victoria; cela s'est
passé à Montréal.
Moi, je vous pose la question suivante: Qu'est-ce que vous allez faire,
vu que vous êtes déjà en train de patauger dans ce dossier?
Je comprends que votre mandat n'est pas précisément
celui-là, mais vous êtes déjà là. Qu'est-ce
que vous allez faire pour garantir aux francophones qu'ils vont pouvoir
recevoir des établissements reconnus en vertu de l'article 113 f de la
Charte de la langue française des services de santé en
français, alors que 12 ans après l'entrée en vigueur de la
loi 101, il y a toujours 50 % à 60 % de ces établissements qui
refusent ou négligent de déposer leur plan de
disponibilité pour des francophones qui sont victimes d'accidents,
notamment dans l'ouest de Montréal, dans l'Estrie et dans les Cantons de
l'Est? Qu'est-ce que vous allez faire, vu que vous avez déjà la
main dans cette pâte?
Mme Robic: Je vous l'ai dit tout à l'heure et je vous le
répète: Je crois que c'est déplorable qu'il y ait des
établissements qui n'ont pas encore déposé leur plan. Le
fait que vous nous relatez, je suis absolument d'accord avec vous qu'il est
dommage que ça se soit passé. C'est inacceptable que ça se
soit passé. Cependant, vous connaissez très bien le ministre
responsable de l'application de la loi 101. Je n'ai pas du tout l'intention de
me substituer à lui. Cependant, comme mes confrères le font,
comme je le ferai et comme vous le faites très bien, d'ailleurs, nous
allons lui rappeler que des incidents comme ceux-là se produisent encore
et qu'il faudrait y mettre un terme le plus rapidement possible, aussi
rapidement que moi je mettrai en application la loi 142.
M. Filion: Mme la ministre, à la page 8 de votre discours,
vous écrivez: "A ce chapitre, je voudrais vous signaler que j'ai la
ferme intention de déposer incessamment un plan d'action visant à
tenir compte des besoins particuliers des Québécois des
communautés culturelles en matière de services de santé et
de services sociaux. Ce processus est déjà en bonne voie de
réalisation et les Québécois des communautés
culturelles auront, eux aussi, un outil leur permettant de mieux se
reconnaître dans notre système de santé et de services
sociaux."
Puisque vous en êtes rendu là - parce que là, on
parle des communautés culturelles, on parle des Italiens, des Grecs, des
Portugais et des autres minorités, on ne parle plus de la
minorité anglophone - n'êtes-vous pas d'avis que quelque chose,
quelque part, n'a plus de sens? Si on est rendus et que vous êtes rendue
comme membre du gouvernement à nous dire que vous êtes en train de
penser à vous assurer d'accorder - et c'est très bien, le
caractère humanitaire, j'en suis - aux citoyens québécois
de souche italienne des services en italien, c'est très bien. Mais
est-ce que, d'abord, Mme la ministre, il n'y aurait pas lieu de s'assurer que
les citoyens francophones puissent être compris en français,
puissent être soignés en français? L'absurdité de la
situation ne vous saute-t-elle pas aux yeux?
Mme Robic: M. le député, il y a certainement, comme
vous l'avez mentionné tout à l'heure, des occasions où des
francophones ne peuvent pas recevoir des services en français dans des
hôpitaux, mais je ne pense pas que ce soit une pratique répandue.
Quoique déplorable, je ne pense pas que ce soit une pratique
étendue.
La seule chose que je peux vous dire aujourd'hui, c'est que je vous
promets de sensibiliser à vos remarques le ministre responsable. On me
passe, justement, la liste des plaintes déposées en
référence à la question linguistique. Je dois vous dire
que, quand je dis que ce n'est pas une pratique répandue...
M. Filion: II y en a eu 114. Mme Robic: J'en ai 22.
M. Filion: Oui, mais cela dépend pour quelle
année.
Mme Robic: Du 1er avril 1988 au 31 mars 1989, pour
l'année.
M. Filion: Est-ce que c'est une pratique plus répandue ou
moins répandue que la pratique qui consistait avant la loi 142, selon
vous, à faire en sorte que des anglophones ne puissent pas, avec le
minimum de bonne volonté qu'ils ont, être soignés et
être servis en anglais, au Québec?
Mme Robic: Excusez-moi, je ne saisis pas votre question.
M. Filion: Vous ne me suivez pas? Mme Robic: Non.
M. Filion: Vous me dites que ce dont je vous parle n'est pas une
pratique très répandue.
Mme Robic: Oui.
M. Filion: Est-ce que les services de santé à la
communauté anglophone étaient plus déficients?
Comprenez-vous ce que je veux dire?
Mme Robic: Vous savez...
M. Filion: Vous me dites que ce n'est pas répandu, mais il
y a une loi, quand même, et vous mettez en branle toute une série
de procédures, d'activités. Vous allez un peu partout - on
l'apprend, d'ailleurs - dans les différentes régions, quand ce
n'est pas Alliance Québec qui le fait - je ferme la parenthèse et
je reviendrai là-dessus - et vous indiquez à des
établissements que, dorénavant, ils devront offrir des services
en anglais, etc.
Mme Robic: Je voudrais vous rappeler qu'on le fait en
collaboration avec les établissements. On ne force la main de personne;
on travaille en étroite collaboration avec les établissements,
avec les CRSSS, avec la population anglophone de la région, avec les
intervenants de la région pour préparer ce plan. Il n'y a pas de
tordage de bras. Je pense qu'il n'y a pas de contradiction, M. le
Président, entre un ou l'autre. Je pense que, comme
société, on doit reconnaître qu'il y a des besoins qui
changent. On doit s'adapter à ces besoins et, en même temps qu'on
s'assure que les francophones reçoivent des services dans leur langue
partout au Québec, on doit également essayer de concentrer les
services aux anglophones pour qu'ils n'aient pas de stress additionnel et
sachent où aller pour obtenir des services. Comme nos communautés
culturelles grandissent, vieillissent également...
M. Filion: Comme nous autres.
Mme Robic: ...comme nous, on se rend compte qu'il va falloir
regarder, là aussi, le côté l'humain de la question, pour
donner des services à toute notre société.
M. Filion: Comment se fait-il que ce soit Alliance Québec
qui annonce à des établissements qu'ils ont été
désignés en vertu de la loi 142?
Mme Robic: Je ne peux pas vous répondre, mais ce ne sont
certainement pas eux qui le savent avant moi. J'espère, en tout cas, je
fais confiance à mon personnel. J'ai un comité consultatif qui
travaille avec moi, une fois que la région m'a soumis un plan. Une
personne de cette région vient présenter le plan au comité
consultatif qui le regarde, l'étudié, fait ses remarques.
Quelquefois M. Prud'homme, qui est présent, doit retourner au CRSSS pour
obtenir des réponses aux questions qu'on nous pose. Je consulte
également les députés des régions. J'ai
consulté M. le député de Lac-Saint-Jean, aujourd'hui, sur
le plan du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je consulte les députés, ils
sont les mieux placés, ils sont sur le terrain; je consulte tout le
monde. Je ne fais pas ça en catimini. Il n'y a pas de secret
là-dedans. Donc, peut-être que par toutes ces personnes à
qui je parle, Alliance Québec peut avoir de l'information. Il faudrait
qu'elle fasse attention, cependant, parce que c'est seulement une fois
étudié au COMPACS et au Conseil des ministres que ça
devient un plan accepté.
M. Filion: Travaillez-vous de concert avec Alliance
Québec?
Mme Robic: Dans certaines régions, c'est Alliance
Québec qui représente la communauté anglophone. Dans
d'autres, c'est The Voice of English Quebec, The Townshippers, etc. Mais c'est
le Conseil des ministres qui prend la décision finale quant au plan
d'action.
Le Président (M. Bélanger): J'ai une question
très simple. Le problème est d'ordre syndical. Lorsque vous
affichez un poste bilingue ou dans une autre langue, souvent le syndicat va
refuser que le poste soit affiché comme tel pour privilégier
l'ancienneté. J'ai déjà vécu ce problème,
c'est pour ça que je peux vous en parler. À Mansonville,
où tout le monde parle anglais, celle qui avait eu le poste, finalement,
ne comprenait absolument pas l'anglais. Évidemment elle ne faisait rien
dans le bureau; elle n'était pas capable de travailler avec la
clientèle, mais elle avait obtenu le poste par ancienneté. Or,
comment allez-vous vous entendre avec les syndicats pour que cela soit
respecté, sinon votre plan ne tiendra pas? (17 il 30)
Mme Robic: C'est une question technique, M. le Président,
je vais laisser répondre l'expert.
Le Président (M. Bélanger): Oui, il peut
répondre. Pourriez-vous vous identifier, s'il vous plaît, et vous
approcher?
Mme Robic: Approchez-vous du micro, M. Dagenais. Vous pourriez
peut-être prendre celui-ci.
M. Dagenais (Serge): Serge Dagenais, du ministère de la
Santé et des Services sociaux. En réponse à votre
question, tout ce que je peux dire, c'est que, finalement, la loi 142
s'applique, mais compte tenu des dispositions de la Charte de la langue
française. Il est clair qu'il existe dans la Charte de la langue
française des dispositions au sujet de la connaissance du
français ou d'une autre langue pour occuper un poste dans
l'administration et cela continue de s'appliquer, compte tenu des dispositions
de la loi 142.
Le Président (M. Bélanger): Cela risque
d'être seulement des voeux pieux.
Mme Robic: II y a une loi qui s'applique et, quand un
établissement a été désigné et reconnu comme
devant dispenser certains services en anglais, l'établissement doit
s'assurer qu'il a le personnel pour le faire.
M. Filion: Dernière question, peut-être, à
l'intérieur de l'enveloppe de 30 minutes. Il y a, quand même, des
gens qui travaillent avec vous, il y a certains coûts que peuvent
encourir certains conseils régionaux immédiatement. Cela peut
sûrement arriver et on peut être appelé à
déplacer du personnel. Il doit y avoir des coûts pour ce qui a
été fait à ce jour.
Mme Robic: En ce moment, iI n'y a pas eu de coûts.
M. Filion: Écoutez, je vais vous donner un exemple plus
concret.
Mme Robic: Oui.
M. Filion: Excusez-moi de prendre M. Prud'homme comme exemple.
C'est un être humain à part entière ou à part
égale. M. Prud'homme consacre ses énergies à l'application
de la loi 142.
Mme Robic: D'accord.
M. Filion: Est-ce que je dois comprendre qu'à ce
moment-là, c'est le budget du ministère de la Santé et des
Services sociaux?
Mme Robic: C'est ça. M. Prud'homme est rattaché au
ministère de la Santé et des Services sociaux et c'est un des
mandats qu'il a reçus, entre autres - ce n'est pas la seule chose qu'il
fait - de voir à la préparation de ces plans.
M. Filion: Est-ce exact de dire que, si des dépenses
doivent être encourues par les établissements, par les conseils
régionaux ou par vous et votre équipe, toutes ces dépenses
viennent grever le budget du ministère de la Santé et des
Services sociaux ou sont prises à même le budget de la
Santé et des Services sociaux?
Mme Robic: Alors, pour mon personnel, c'est un budget additionnel
qui a été transféré au ministère, puisque
j'ai une enveloppe de ministre. Ce sont nos frais de cabinet.
M. Filion: Où est-ce dans le budget?
Mme Robic: C'est une enveloppe budgétaire. Quand on nomme
un ministre, vient avec le ministre une enveloppe budgétaire.
M. Filion: Où est cette enveloppe dans les
crédits?
Mme Robic: Je pense que, quand vous avez établi ça,
je n'étais pas là. Cela ne fait pas un mois.
M. Filion: C'est le livre des crédits, ça.
Mme Robic: Alors, elle est quelque part à
l'intérieur. Vous me posez une question...
M. Filion: On est à l'étude des crédits.
Mme Robic: Oui. Alors, vous voulez voir Louise Robic?
M. Filion: Non. Habituellement, c'est écrit traitements,
etc.
Mme Robic: Oui, d'accord.
M. Filion: Ce n'est pas une question qui est bien
sorcière.
Mme Robic: Je ne peux pas vous le dire.
M. Filion: Vous ne le savez pas. Mais vous n'avez pas de budget
spécial pour ça.
Mme Robic: Non.
M. Filion: Donc, cela doit être à l'intérieur
du budget du ministère de la Santé et des Service sociaux.
Mme Robic: Oui, d'accord.
M. Prud'homme (Roger): Le mien l'est, en tout cas. Le mien vient
du cabinet du sous-ministre et mon collègue dans...
Mme Robic: Bien, oui. D'accord, le vôtre et celui de M.
Dagenais
M. Filion: Le cabinet, c'est autre chose parce que cela peut
être à l'intérieur du programme des personnes
handicapées également. Vous avez un cabinet, vous n'en avez pas
deux.
Mme Robic: Non. J'ai un cabinet. Alors, l'enveloppe du cabinet
est séparée de toutes les autres enveloppes. D'accord?
M. Filion: Je vous remercie. J'espère qu'on n'a pas
dépassé nos 30 minutes.
Le Président (M. Bélanger): Non. Excusez-moi, mais
le député de Notre-Dame-de-Grâce M. le député
de Chambly avait des questions. Brièvement.
M. Thuringer: Merci, M. le Président. Mme la ministre,
vous avez parlé, j'en suis bien heureux, d'un timing" de quatre mois ou
même en juillet. Pouvez-vous faire le point sur les CRSSS, le plan
d'accès pour Montréal? Je sais que c'est une affaire
difficile.
Mme Robic: Alors, nous en sommes au point où on a des
parties du plan. Le comité, en ce moment, examine différentes
parties du plan, mais nous ne toucherons pas à la région de
Montréal avant d'avoir l'ensemble du plan. On a d'autres régions
sur lesquelles travailler. Les CRSSS travaillent sur le plan et on me dit que
cela va bien. Cependant, ça sera le dernier sans doute qui sera mis en
place. À mesure qu'on a un document qui nous arrive pour une section du
plan, tout de suite on le fait parvenir au comité consultatif. Je vous
dirai qu'on n'étudiera pas le plan comme tel avant d'avoir l'ensemble,
à moins qu'on n'ait fait tous les autres et qu'il ne nous reste du
temps.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly.
Une voix: II n'y a pas d'autres questions.
Le Président (M. Bélanger): On y reviendra.
M. Latulippe: Je voudrais comprendre de façon
concrète. Par exemple, un anglophone de Baie-Comeau, avant la loi 142,
avait-il accès à des services en anglais à
Baie-Comeau?
Mme Robic: Oui.
M. Latulippe: À quel endroit?
Mme Robic: C'est là qu'on ne pouvait pas vous le dire.
M. Latulippe: Un anglophone habitant Baie-Comeau savait-il, avant
la loi 142, qu'il pouvait aller à l'hôpital X pour avoir des
services en anglais?
Mme Robic: Peut-être qu'une journée il pouvait aller
à l'hôpital X et recevoir des soins en anglais et, trois jours
plus tard, au même hôpital, parce qu'il y avait eu un changement de
personnel, il n'y avait plus de services en anglais.
M. Latulippe: La même chose pour une personne qui habite
Mansonville, par exemple, dans les enclaves dont on a longuement parlé,
dans les Cantons de l'Est ou en Gaspésie. L'anglophone habitant une
petite ville de la Gaspésie, anglophone à 90 %, savait-il
où il devait aller pour avoir des services en région? C'est loin,
il n'y a pas 25 000 hôpitaux, N y en a un à Gaspé.
Savait-il où il devait aller?
Mme Robic: Sans doute. Encore une fois, il savait très
bien où aller pour avoir des services en anglais. Cependant, on ne lui
garantissait pas ces services en anglais. Du jour au lendemain, à cause
d'un changement de personnel, cette personne pouvait très bien aller
dans le même établissement et ne pas pouvoir obtenir des services
en anglais.
M. Latulippe: Pourquoi?
Mme Robic: Parce qu'il n'y avait aucune garantie de services en
anglais nulle part au Québec.
M. Latulippe: Voulez-vous dire, par exemple, que la personne qui
était bilingue pouvait, du jour au lendemain, ne plus être
à l'hôpital de Gaspé ou de Baie-Comeau mais être
à Sept-îles ou ailleurs?
Mme Robic: Elle ne pouvait pas nécessairement être
là 24 heures par jour. Elle pouvait très bien également
accepter un autre poste et être remplacée par une unilingue
francophone. Donc, le service n'existait plus.
M. Latulippe: Prenons toujours la Côte-Nord parce que c'est
déjà approuvé. À Baie-Comeau, qu'est-ce que
ça change par rapport à la situation qui précédait
l'application de la loi 142?
Mme Robic: En gros, ça ne change rien, mais, en fait,
ça change beaucoup. Ça identifie des établissements qui
doivent donner des services en anglais. Donc, la population anglophone de
Baie-Comeau sait maintenant que, si elle se présente à tel
hôpital, ce dernier doit lui fournir des services en anglais.
L'hôpital a une liste de personnes-ressources qui parlent anglais
à qui il peut référer cette clientèle. Donc, c'est
un service organisé.
M. Latulippe: Le bénéficiaire à Baie-Comeau,
qui savait qu'il devait aller à l'hôpital de Baie-
Comeau et qui aurait eu auparavant des services en anglais, de la
même façon que le bénéficiaire de Gaspé qui
allait à l'hôpital de Gaspé pour avoir des services en
anglais, qu'est-ce qui est changé pour lui? Est-ce qu'on lui dit, en
anglais, qu'il peut aller à l'hôpital de Baie-Comeau? Est-ce que
c'est ça qui est changé?
Mme Robic: Ce qui est changé, c'est qu'il y a une garantie
que, dans certains établissements de sa région, il y aura
toujours des services en anglais.
M. Latulippe: Avez-vous négocié ça avec les
syndicats? On parie de postes. J'imagine que ça veut dire qu'il y a des
postes bilingues. Cela veut dire que, dorénavant, il y aura en
permanence des postes occupés par des anglophones dans un hôpital,
des postes d'infirmières, des postes de préposés aux
bénéficiaires. Est-ce que c'est ça que ça veut dire
en pratique?
Mme Robic: Chaque établissement est reconnu pour donner un
certain nombre de services. Tous les établissements ne donnent pas
nécessairement tous les services. Quand on a négocié avec
les CRSSS et que les CRSSS ont négocié avec ces
établissements, ils ont accepté de donner ces services, nous
garantissant que, dans ces services, il y aurait une personne - certainement
pas unilingue anglaise, dans ces régions - bilingue qui pourrait
recevoir la clientèle anglophone et la servir en anglais. C'est ce qu'on
garantit à la population anglophone d'une région.
M. Latulippe: Oui, mais, en pratique, la personne qui va donner
le service en anglais à l'hôpital de Baie-Comeau doit avoir une
connaissance de l'anglais, c'est sûr. Après la loi 142 et depuis
que vous avez le plan, avez-vous fait des déplacements de personnel?
Avez-vous dit à cette personne, madame X, qui ne parle que
français: Désormais, madame, vous n'occuperez plus ce poste,
parce que vous ne parlez pas anglais, on va vous remplacer par un monsieur X
qui parle anglais?
Mme Robic: II n'est pas question de ça.
M. Latulippe: Mais comment pouvez-vous assurer que le service se
fasse?
Mme Robic: C'est avec une redistribution de personnel, avec le
personnel existant et, dans certains endroits, avec un personnel à qui
on pourra faire appel et qui pourra répondre à cette personne
dans sa langue.
M. Latulippe: Est-ce que des postes additionnels ont
été créés?
Mme Robic: Non, aucun poste additionnel. La loi dit bien: "compte
tenu des ressources des établissements qui dispensent ces services" et
de l'organisation qui existe présentement.
M. Latulippe: II n'y a pas eu de mutations à la suite de
ça. Donc, en pratique, c'est exactement la même chose qu'avant,
c'est la même personne qui continue de donner le même service, de
la même façon qu'elle le donnait auparavant S'i n'y a pas eu de
mutations, s'il n'y a pas de nouveaux postes, s'il n'y a pas eu de
licenciements, c'est le même monde.
Mme Robic: C'est le même monde, puisque c'est à
l'intérieur des services existants. On ne fait que s'assurer qu'il y a
des établissements reconnus qui auront à fournir un service en
anglais à la clientèle anglophone.
M. Latulippe: Qu'est-ce que ça change-Le
Président (M. Bélanger): M. le député de
Chambly, je suis obligé de vous interrompre. M. le
député de Not re-Dame-de-G race, il vous resterait deux minutes,
rapidement.
M. Thuringer: Rapidement, deux questions. L'une touche les
personnes handicapées, surtout les femmes handicapées battues;
est-ce qu'il y a des programmes ou des budgets pour ça?
Deuxièmement, qu'est-ce qui arrive avec les programmes de rampes pour
entrer?
Mme Robic: II ne faut pas confondre les dossiers. Les rampes,
c'est l'OPHQ. Les services aux anglophones, ce sont les services qui existent
déjà. Donc, on ne crée pas de nouveaux services.
M. Thuringer: Je sais.
Le Président (M. Bélanger): Que l'usager de la
rampe soit anglais ou français, ça ne change rien.
Des voix: Ha, ha, ha.
M. Thuringer: On va toucher ça tout à l'heure?
Le Président (M. Bélanger): On va en parler tout
à l'heure.
M. Thuringer: Je m'excuse, d'accord.
Office des personnes handicapées du
Québec
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie
beaucoup. Donc, j'appelle le programme 9, mais auparavant il y a l'intervention
préliminaire de Mme la députée de Marie-Victorin qu'on
avait remise pour permettre à M. le député de Taillon de
faire son intervention. Si vous voulez procéder, Mme la
députée, on vous écoute.
Mme Vermette: À mon tour de saluer les personnes qui vous
accompagnent, Mme la ministre. Je voudrais, d'abord, vous souhaiter de
réussir à faire en sorte que les personnes handicapées du
Québec puissent avoir une oreille attentive à leurs demandes.
Depuis 1985, si ma mémoire est bonne, c'est la quatrième
étude de crédits que je vais faire pour l'Office des personnes
handicapées. Depuis ce temps, j'ai entendu des personnes
handicapées réclamer qu'on les respecte. Elles ont
été obligées de descendre dans la rue plus d'une fois pour
faire entendre leurs justes revendications et pour qu'on réponde
à leurs pressantes demandes.
Vous savez fort bien, Mme la ministre, que la loi créant l'Office
des personnes handicapées a fêté son dixième
anniversaire cette année. Lors de son adoption, cette loi constituait un
premier geste concret en faveur des personnes handicapées. Elle leur
permettait de grands espoirs: une intégration sociale offrant la
possibilité de mener une vie sociale et professionnelle pleinement
satisfaisante. Les personnes handicapées ont fait entendre leur voix et
obtenu des engagements fermes de nos dirigeants. Rappelons-nous les engagements
de la politique "À part... égale" qui représentait pour
eux un premier pas. En passant, cette politique, j'en suis fort heureuse, fait
partie des réalisations de notre gouvernement a l'époque.
Comme responsable du dossier pour ma formation politique, j'ai suivi
attentivement son évolution depuis plus de trois ans. J'ai
rencontré beaucoup de personnes handicapées, des familles, des
associations et des organismes bénévoles. Ils sont unanimes
à parler de stagnation du dossier pour ne pas dire de recul. Cette
année encore, les personnes handicapées ont dû mener de
dures batailles contre le gouvernement pour faire respecter leurs droits.
D'abord, lors de l'adoption du projet de loi 37 sur la réforme de la
sécurité du revenu, ensuite en commission parlementaire portant
sur la réforme de l'instruction publique, la loi 107, et, enfin, lors du
refus du Conseil du trésor d'octroyer un budget supplémentaire
pour des demandes d'aide matérielle. (17 il 45)
Chacune de ces batailles a été perdue. Une fois de plus,
le gouvernement a démontré son absence de conscience sociale et a
renié ses engagements auprès des personnes handicapées. Le
projet de loi 37, qui crée deux catégories de
bénéficiaires, les aptes et les inaptes, s'inscrit à
contre-courant des approches mises de l'avant dans la politique "À
part... égale" et contribue au maintien des préjugés dans
la population. D'autre part, le principe de la contribution alimentaire des
parents impose aux familles des personnes handicapées des charges
supplémentaires et vient annuler les quelques mesures de soutien aux
familles mises en place par le ministère de la Santé et des
Services sociaux.
La réforme de la politique de la sécurité du revenu
vient remettre en question les progrès d'intégration que les
personnes handicapées ont réalisés depuis plus de dix ans.
Ceci est inacceptable, tout autant que le refus du ministère de
l'Éducation d'introduire dans le projet de loi 107 la reconnaissance du
principe directeur de l'intégration scolaire des élèves
handicapés. Comment justifier ce refus alors qu'il est tout à
fait évident que la scolarisation représente un
élément déterminant pour l'intégration sociale de
l'enfant handicapé? Cette demande des personnes handicapées
m'apparaît bien fondée et je m'explique mal le refus du ministre
de l'Éducation.
Depuis octobre dernier, l'Office des personnes handicapées a
dû faire face à une insuffisance de fonds au programme d'aide
matérielle. Le refus du Conseil du trésor d'accorder le budget
supplémentaire demandé de 4 125 000 $ pour terminer
l'année budgétaire a de lourdes conséquences pour les
personnes handicapées. La liste d'attente compte plus de 4000 noms
auxquels il faut ajouter ceux qui se découragent et renoncent à
attendre des services de l'Office.
Les personnes handicapées se retrouvent, encore une fois, dans le
chaos de l'automne 1986 face à un gouvernement incapable de respecter
ses engagements. On se rappellera les déclarations du premier ministre
lors de ia campagne électorale de 1985. Il promettait aux personnes
handicapées un ministère stable pour assurer une
continuité, de préserver les personnes handicapées des
coupures budgétaires. Il s'agissait, pour le premier ministre, d'une
question de dignité et d'équité sociale. Or, depuis 1986,
le dossier a changé de mains quatre fois. Quant aux coupures
budgétaires, la stagnation du budget pour l'aide matérielle et
pour les organismes de promotion n'est-elle pas une coupure?
J'aurais de nombreuses questions pour vous, Mme la ministre, et
j'espère que votre arrivée dans le dossier signifie un espoir
pour les personnes handicapées. Le 29 juin, vos collègues du
Conseil des ministres ont de nouveau pris un engagement ferme à leur
endroit, celui de compenser les conséquences financières des
limitations fonctionnelles sans tenir compte du revenu des personnes
handicapées ou de celui de leur famille. J'espère pouvoir compter
sur vous, Mme la ministre, pour veiller à ce que le gouvernement
respecte cette politique.
Mais, encore aujourd'hui, j'ai été obligée de
constater, justement, que les handicapés déballent leurs griefs
et, malgré le discours que vous avez pu nous lire tantôt, je me
suis aperçue qu'il y a loin de la coupe aux lèvres,
qu'effectivement, au cours des trois dernières années, les
personnes handicapées ont soulevé énormément de
griefs. D'année en année, on a changé les règles
budgétaires. Avant, on travaillait sur un budget ouvert, mais de plus en
plus, avec les décrets et les CT du Conseil du trésor, on est
presque rendus à travailler sur un budget fermé puisque,
d'année en année, on hypothèque les nouveaux budgets, on
les limite et les listes d'attente sont
de plus en plus longues.
La première question que j'aimerais vous poser serait la
ventilation globale (pour le budget d'aide matérielle pour
l'année 1989-1990.
Mme Robic: Je pense que vous allez la retrouver. Vous avez eu la
réponse; c'est une des questions que vous nous avez posées. Donc,
on vous a remis cette ventilation. Vous l'avez?
Mme Vermette: 1989-1990, la ventilation complète de l'aide
matérielle...
Mme Robic: Au 28 février 1989. Pour 1989-1990, je
m'excuse, M. le Président, mais on est en train d'étudier, je
crois, les crédits de 1988-1989.
Mme Vermette: Non. On est dans une nouvelle année
financière. On vient de terminer...
Mme Robic: Oui, mais je ne peux pas vous donner la
ventilation.
Mme Vermette: Le budget pour l'année 1989-1990, c'est
quoi?
Mme Robic: Ah! Si vous voulez le budget, c'est très facile
de vous le donner. Nous avons un budget global pour 1989-1990 de 56 846 000 $.
Pour l'aide matérielle, c'est 21 355 000 $. Est-ce que cela a
été divisé?
Mme Vermette: II y a 21 355 000 $ pour l'aide matérielle.
J'aimerais avoir la ventilation: où vont aller ces 21 300 000 $ à
l'intérieur de l'aide matérielle?
M. Mercure (Paul): II s'agit d'une seule enveloppe. Nous n'avons
pas, vis-à-vis du Conseil du trésor, une distribution interne de
ce montant. Actuellement, on est à travailler à la
répartition de ce budget. Il faut tenir compte du fait qu'une partie du
budget est déjà prise par des engagements qui continuent à
s'appliquer pendant les premiers mois de la présente année. Il y
a un montant d'environ 3 800 000 $, près de 4 000 000 $, et ce sont
carrément des engagements déjà pris.
Mme Vermette: Pour 1988-1989?
M. Mercure: Oui, c'est ça. A la suite d'une
décision du Conseil du trésor, il y a un autre montant de 1 000
000 $ pour lequel des engagements ont été pris pour deux
éléments de programme, soit adaptation de domicile et adaptation
de véhicules, qui doivent être aussi provisionnés dans le
budget de la présente année. Finalement, il y a des ententes sur
les deux éléments de programme qui doivent être
transférés au ministère de la Santé et des Services
sociaux. Il y a des ententes qui portent sur une autre partie du budget qui est
de 11 000 000 $.
Actuellement, on travaille à la répartition de la
différence qui est un montant de 6 000 000 $ pour prendre en
charge de nouveaux dossiers, donc pour appliquer ces éléments. Je
n'ai pas, à ce moment-ci, malheureusement, la répartition par
élément de programme parce que nos décisions ne sont pas
arrêtées dans la répartition du montant global.
Mme Vermette: Je vais vous donner des chiffres et vous me direz
si j'approche ou pas de la répartition dont vous tenez compte.
Mme Robic: Vous êtes en train de faire notre travail,
madame.
Mme Vermette: Voyez-vous, nous aussi, on veut poser de bonnes
questions et ce sont surtout les réponses qui nous font peur dans
certains cas. C'est pour ça qu'on cherche exactement où poser nos
questions. En ce qui concerne le maintien à domicile qui, j'imagine,
devra faire partie des transferts de programme le 1er mai, à partir de
quand les transferts de programme sont-ils effectifs?
M. Mercure: Actuellement, les dates retenues pour le transfert du
maintien à domicile, c'est le 1er juillet.
Mme Vermette: Le 1er juillet. Merci. Est-ce que vous auriez
comptabilisé à peu près 10 000 000 $ pour le maintien
à domicile?
M. Mercure: 9 500 000 $ est le montant qui est identifié
à ce moment-ci pour les services de maintien à domicile.
Mme Vermette: D'accord. L'hébergement et le transport,
est-ce de l'ordre d'environ 2 000 000 $?
M. Mercure: C'est 1 500 000 $.
Mme Vermette: L'intégration scolaire, c'est plus ou moins
5 000 000 $?
M. Mercure: Disons que ce montant-là n'est pas
déterminé à ce moment-ci, mais, dans les engagements que
l'on doit respecter, il faut le provisionner pour un montant de 2 175 000 $ et,
à ce montant, va s'ajouter un montant suffisant pour prendre en charge
les cas pour la prochaine année scolaire. Alors, il y a un autre
montant.
Mme Vermette: L'année dernière, c'était de
quel ordre environ?
M. Mercure: L'année dernière, c'est le montant que
vous mentionniez, 5 500 000 $. C'est le montant des engagements qui
s'appliquait à l'année scolaire - à l'année
scolaire, je dis bien - 1988-1989, parce qu'il y a une différence entre
l'année scolaire et l'année budgétaire de
l'Office.
Mme Vermette: En ce qui concerne l'année scolaire, est-ce
qu'il y a eu des crédits périmés ou si tous les
crédits ont été utilisés oa ont été
transférés pour compléter autre chose que l'année
scolaire?
Mme Robic: J'ai la liste. Si vous êtes
intéressée, je vous ai fait faire des copies de la liste des
crédits périmés. Si vous vouliez jeter un coup d'oeil
là-dessus. On pourrait peut-être les passer, s'il vous
plaît. Vous allez voir qu'il ne reste pas grand-chose.
Une voix: Merci.
Mme Vermette: En ce qui concerne les fournitures et le
matériel, cela peut être de l'ordre de 1 500 000 $ à peu
près? Est-ce que je suis assez près de la vérité en
vous donnant ces chiffres? Comme on le disait: Est-ce que je brûle?
M. Mercure: Cela dépend de ce qu'on vise.
Mme Robic: M. le Président, je m'excuse. On est
réellement dans...
Mme Vermette: Pas du tout. Tout ce qui entre à
l'intérieur de l'aide matérielle, c'est la distribution des 21
000 000 $.
Mme Robic: Ce n'est même pas décidé, M. le
Président. Ce sont des budgets qui n'ont pas été
décidés encore par l'OPHQ. Là, on dit: Peut-être que
c'est cela. Est-cela? Ce n'est pas cela. Je ne pense pas, M. le
Président...
Mme Vermette: Écoutez, vous avez comptabilisé les
21 300 000 $.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, Mme ia députée de Marie-Victorin...
Mme Robic: II peut y avoir des réajustements à un
moment donné.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, je pense qu'on va faire une petite mise au point. Il faut savoir
que, dans l'étude des crédits, Mme la ministre, il y a toujours
une latitude très large pour poser les questions autant
hypothétiques que non hypothétiques. C'est à vous de
répondre que ce n'est pas disponible ou que ce n'est pas prêt et
l'Opposition devra se satisfaire de cela. Je pense qu'on ne peut pas limiter
son droit de poser la question ou la façon de la poser. C'est son
privilège. C'est son droit. Cela appartient à la commission et,
là-dessus, je pense qu'on va toujours respecter cette latitude.
Mme Robic: Si on s'engage parce qu'on pense qu'il y a des
changements, la députée de Marie-Victorin nous dira: Ce n'est pas
ce que vous nous avez dit à la défense des crédits.
Lorsqu'il n'y a pas une décision arrêtée sur les montants
que nous allons accorder dans chacun de nos programmes, j'aimerais
peut-être mieux qu'on attende que ces montants soient bien définis
avant d'en parler.
Le Président (M. Bélanger): Ou présumer que
les réponses sont faites sous réserve d'autres modifications,
d'autres informations.
Mme Robic: Alors, sous réserve.
Mme Vermette: De toute façon, Mme la ministre n'a pas plus
à juger de mes intentions que je peux avoir à juger de ses
intentions, pour ce que je ferai plus tard avec les informations.
Le Président (M. Bélanger): Absolument.
Mme Vermette: Tout simplement, j'ai compris que c'était
sous réserve parce que je lui disais: C'est plus ou moins,
approximativement.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. Mme
Robic: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que
c'était important de faire la mise au point. Tout le monde est
satisfait, on peut continuer.
Mme Vermette: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, Mme la
députée.
Mme Vermette: En ce qui concerne les fournitures et le
matériel, c'est à peu près 1 500 000 $ qui seraient
dévolus à ce titre?
M. Mercure: Disons qu'à ce moment-ci on pense qu'on va
devoir avoir un budget de 800 000 $ à 900 000 $ pour les fournitures et
le matériel plutôt que le montant que vous mentionnez. Pour des
nouveaux engagements, on parle plutôt d'un montant de 800 000 $.
Mme Vermette: Un montant de 800 000 $? D'accord. Les loisirs et
les camps, ce serait à peu près 500 000 $?
M. Mercure: Non, c'est un montant beaucoup moindre que cela que
je n'ai pas, mais c'est beaucoup moins que 500 000 $, notre intervention dans
le domaine des camps de vacances où l'on ne paie, de toute façon,
que le transport. On n'intervient que pour le transport.
Mme Vermette: Si je fais un petit peu l'addition des chiffres que
vous me donnez, cela fait 9 500 000 $ pour le maintien à domi-
cile, 1 500 000 $ pour l'hébergement, plus 2 175 000 $, sans
tenir compte de l'année scolaire que vous n'avez pas encore, plus le
loisir et les camps - vous me dites que c'est beaucoup, c'est 800 000 $ pour
l'autre - si je calcule cela, déjà simplement au point de
départ, si je regarde le maintien à domicile, on est
déjà rendu à 9 000 000 $ et il vous reste 6 000 000 $, une
fois qu'on a fini d'enlever les 5 000 000 $, en fait. Je me dis qu'avec 6 000
000 $ il va vous manquer de l'argent quelque part pour répondre à
tout ce que vous vous êtes fixé. Déjà, au point de
départ, on peut dire que l'année 1989-1990 est
hypothéquée et on n'a rien fait, on a simplement compté
sur le crayon avec les chiffres que vous nous donnez.
Mme Robic: On l'a hypothéquée parce qu'on a
répondu à une demande qui nous a été faite par la
clientele.
Mme Vermette: Non. Vous avez déjà 4000 noms en
attente actuellement.
Mme Robic: Oui. (18 heures)
Mme Vermette: II y a une liste d'attente de 4000 noms. Vous
répondez en moyenne à peu près à 350 demandes par
mois, si je me souviens de ce qu'on a dit quand on a fait les engagements. Si
je fais un calcul, il vous reste 6 000 000 $. On part avec 21 000 000 $, on
enlève les 5 000 000 $ des engagements pris pour finir l'année
1988-1989.
Mme Robic: Non, non, non, 1 000 000 $.
M. Mercure: On a un montant inférieur à 4 000 000 $
pour les engagements déjà pris.
Mme Robic: C'est récurrent, ça.
M. Mercure: Oui, c'est ça, bien, c'est-à-dire
que...
Mme Vermette: Non, ce n'est pas récurrent.
M. Mercure: Ce sont des engagements déjà pris,
alors ce sont des soldes à verser, autrement dit, sur des engagements
déjà pris. Quand on utilise l'expression "récurrent", il
faut parler de dossiers dans lesquels il y a des dépenses courantes
comme le maintien à domicile ou l'intégration scolaire et dont
les décisions doivent être révisées. Pour ce qui est
du maintien à domicile, on a une petite idée du récurrent,
mais, pour ce qui est de l'intégration scolaire, il est beaucoup trop
tôt à ce moment-ci pour savoir quels sont les coûts de
l'intégration pour les élèves qui sont déjà
en classe régulière et pour lesquels on a déjà des
dossiers ouverts.
Mme Vermette: Moi, ce que j'aimerais savoir, M. Mercure ou Mme la
ministre, c'est combien I restera d'argent pour l'aide matérielle, une
fois qu'on va enlever les déductions précisément. Est-ce
que c'est 3 000 000 $ qu'il faut qu'on enlève des 21 000 000 $, au point
de départ? Est-ce que c'est 4 000 000 $, 1 000 000 $, combien
enlè-ve-t-on sur les 21 300 000 $?
M. Mercure: Pour?
Mme Vermette: Pour les engagements.
M. Mercure: Oui. J'ai dit tantôt, pour les soldes à
payer, un montant de 3 800 000 $. Pour les montants qui sont engagés,
parce qu'on va devoir les transférer s'il y a transfert de programmes,
un montant d'environ 10 500 000 $, parce qu'il faut que j'enlève des
soldes à payer sur les 11 000 000 $ de tout à l'heure. Il y a un
montant qui est donc de 6 000 000 $, 6 200 000 $ - je n'ai pas fait le calcul
arithmétique - pour prendre des décisions, disons, dans
l'intégration scolaire pour la prochaine année scolaire: si on
prend une décision pour un élève et que le coût
moyen est d'environ de 6000 $, on sépare toujours ce montant à 70
% dans la présente année financière et 30 % dans l'autre
année financière, ce qui correspond au nombre de mois de
l'année scolaire qui courent dans les années financières
de l'office.
Alors, il y a environ un montant de 6 000 000 $ pour prendre des
décisions sur l'intégration scolaire et sur les tout nouveaux
dossiers.
Mme Vermette: Les nouveaux dossiers, d'accord. Alors,
actuellement, vous avez 4000 noms en attente et déjà, à
l'époque, si je me souviens, de mémoire, les revendications des
groupes, quand ils sont descendus dans la rue il n'y a pas longtemps, lorsque
j'ai fait les engagements financiers, ce qu'on réclamait, c'était
4 100 000 $ pour éponger la liste d'attente, ce qui veut dire que, avec
ce qui reste, il y aura toujours une liste d'attente d'à peu près
4000 personnes, parce que, s'il reste juste 6 000 000 $, on ne pourra pas
prendre grand cas nouveaux au cours de l'année 1989-1990.
M. Mercure: C'est-à-dire qu'on va prendre beaucoup de cas
nouveaux, parce que le montant moyen est de l'ordre de 1600 $. Le montant moyen
varie beaucoup selon les éléments de programmes, mais le montant
moyen global est d'environ... Alors, on va prendre peut-être un nombre de
3500 à 4000 cas, mais, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la liste
d'attente va se recréer par de nouvelles demandes qui entrent chaque
mois. Alors, de toute façon, avec les crédits qu'on a, c'est
sûr qu'on ne pourra pas vider la liste d'attente. On va prendre des noms
dans la liste d'attente, mais la liste d'attente va se recréer par de
nouvelles demandes.
Mme Vermette: Oui, c'est ça. Cela veut dire que dans peu
de temps les personnes handicapées... Cela va être à peu
près comme l'année passée, cela veut dire qu'au mois de
septembre elles vont être encore obligées de redescendre dans la
rue parce qu'on n'aura plus du tout d'argent pour répondre aux demandes.
C'est à peu près ça, finalement, que ça veut dire.
J'ai ici plein de pétitions de gens de toutes les régions du
Québec pour dénoncer la lenteur. Cela prend dans certains cas un
an, dans certains cas six mois. C'est incroyable, maintenant, le nombre de
jours, de mois et d'années qu'on doit attendre avant d'être
traités. Vous savez que c'est très important, parce que
l'état de santé peut se détériorer, ou la
mobilité, ou le handicap peut prendre une mauvaise tournure et ça
devient beaucoup plus coûteux ou ça peut complètement
entraver la vie de la personne qui a un handicap ou la retarder beaucoup dans
son intégration.
Mme Robic: M. le Président, je vois que la
députée de Marie-Victorin a pris des leçons de la
députée de Chicoutimi et en met épais sur le dos de tout
le monde.
Mme Vermette: Voulez-vous que je dépose les
pétitions? Je peux déposer les pétitions.
Mme Robic: M. le Président, je suis d'accord avec elle sur
bien des points. Il est vrai qu'il existe une longue liste d'attente
créée par des décisions comme la
désinstitutionnalisation, qui a ramené un nombre important de
personnes aux portes de l'Office pour demander des services. Je pense que
l'Office est probablement en meilleure position, aujourd'hui, je
l'espère, pour pouvoir donner au gouvernement un aperçu des
besoins dans les années à venir. Il faut faire une projection de
ces demandes et ça serait important qu'on puisse le faire pour que le
gouvernement, justement, puisse répondre le plus possible aux
demandes.
J'aimerais pouvoir dire à la député de
Marie-Victorin et, d'ailleurs, aux personnes handicapées que j'ai
rencontrées, hier, qu'il n'y aura plus de liste d'attente.
Malheureusement, je serais malhonnête de vous dire ça, donc, je ne
vous le dirai pas. Cependant, tout ce qu'on peut espérer, c'est que,
grâce à des budgets de développement additionnels, nous
pourrons réduire la liste d'attente et le temps d'attente sur cette
liste; ça aussi, c'est un grave problème. Quand une personne doit
attendre trois ans pour un service, c'est absolument inacceptable. Je suis tout
à fait d'accord avec vous là-dessus.
Il y aurait peut-être également, M. le Président,
à regarder comment, à l'Office même, on peut
améliorer la situation. Dans la file d'attente de ceux qui demandent des
services, je ne suis pas sûre qu'il doive y avoir une file unique.
L'autre fait que je voudrais vous faire remarquer, c'est qu'on est fort
sensibles aux demandes, aux revendications des personnes handicapées. La
preuve est là, dans des années de restriction, l'Office a eu des
budgets additionnels pour répondre à des besoins. Cela n'a pas
répondu à tous les besoins, il est vrai, mais si je regarde la
période 1985-1986...
Mme Vermette: Si vous dites que 1985-1986 serait une
période de restriction sur le plan budgétaire, ça a
été les années les plus prospères sur le plan
budgétaire. Vous pariez d'années de restriction, lesquelles?
Mme Robic: Je m'excuse, M. le Président, je voudrais
rappeler à la députée de Marie-Victorin...
Mme Vermette: C'est de votre gouvernement envers les organismes,
la restriction, peut-être...
Mme Robic: ...que, quand nous avons pris le pouvoir, il y avait
des déficits partout. Il y avait des trous partout.
Mme Vermette: C'est ce que le vérificateur aussi a
constaté en reprenant votre budget.
Mme Robic: M. le Président, on s'est attaqué
à ces déficits et on a coupé dans tous les
ministères.
Une voix: Cela paraît!
Mme Robic: Oui, et c'était triste de devoir faire
ça. Malheureusement, on aurait aimé pouvoir régler le
problème en moins de trois ans, mais les trous étaient tellement
grands que ça prend plus de trois ans.
Une voix: C'est fini, ce langage...
Mme Robic: M. le Président, malgré le
marasme-Une voix: Wow!
Mme Robic: ...dans lequel nous avons pris les fonds
gouvernementaux...
Mme Vermette: Caouette parlait de même!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
les voix! On laisse répondre Mme la ministre. Vous aurez tout le loisir
de la questionner par la suite. Mme la ministre, la parole vous appartient.
Mme Robic: De 1985-1986, votre dernière période,
à 1989-1990, le budget général de l'Office des personnes
handicapées a augmenté de 45 % et le budget destiné
à l'aide matérielle a augmenté de 140 %. C'est loin
d'être négligeable et c'est certainement la preuve que l'on
reconnaît l'importance de servir ces personnes.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Lavlolette avait une question, si vous permettez,
madame.
M. Jolivet: Cela dépend de ma collègue.
Mme Vermette: En fait, la seule chose que je voulais dire, par
contre, je voudrais faire remarquer à la ministre que, lorsque nous
étions au pouvoir, nous fonctionnions sur un budget ouvert. Donc, il
fallait attendre les demandes pour répondre à celles-ci et,
dès que les demandes étaient acheminées, on
dégageait les sommes d'argent. Actuellement, ce n'est pas ce qui se
passe, les listes d'attentes se gonflent. Il y a une très forte nuance
et je pense qu'on avance sur un terrain scabreux, Mme la ministre. Je ne
pourrais pas parier de marasme mais, en tout cas, j'aimerais plutôt
parler de la race des Québécois que de parler de marasme. Je peux
vous dire une chose, par contre, je trouve ça incroyable qu'en 1985 le
premier ministre, en campagne électorale, ait fait miroiter aux
personnes handicapées que ce gouvernement, votre gouvernement, le
gouvernement du Parti libéral ne traiterait pas les personnes
handicapées comme le gouvernement précédent et que
c'était épouvantable de ne pas prendre plus en
considération les personnes handicapées et que c'était
pour devenir sa priorité prioritaire. C'était une question de
dignité pour un gouvernement que de s'occuper de personnes
handicapées. Jamais, depuis que vous êtes au pouvoir, les
personnes handicapées n'ont été aussi mal traitées.
Dès que vous avez pris le pouvoir en 1986, elles sont descendues dans la
rue, elles sont obligées d'aller à tous les bureaux du premier
ministre et à tous les bureaux de ministres pour faire valoir leurs
droits et leurs revendications. C'est à ce moment-là que vous
avez donné un peu d'argent pour répondre aux listes d'attentes
qui s'accumulaient. Depuis ce temps, les personnes handicapées doivent
descendre dans la rue pour faire valoir leurs droits.
Mme Robic: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): C'est donc dire que
l'accès est plus facile. Elles n'avaient pas d'accès avant, elles
ne pouvaient pas sortir.
Mme Robic: Peut-être qu'on est plus accessibles. M. le
Président, je vais poser la question au président de l'OPHQ. Il
semblerait qu'un budget ouvert n'est pas tout à fait ça. Il y a
une différence entre un budget ouvert et donner un budget additionnel
vers la fin de l'année. Si je regarde, en 1985-1986, votre budget
était de 8 800 000 $ et les demandes, M. le Président, je
voudrais bien vous faire remarquer que vous aviez 16 000 demandes au lieu de 31
000. Oui, il y a eu une augmentation de clientèle, une augmentation de
services et, vous avez raison, il y a des choses qui auraient dû
être prévues et qui ne l'ont pas été. Maintenant, il
va falloir en tenir compte.
Mme Vermette: Mme la ministre, les besoins avaient
été formulés; cette année, pour répondre
adéquatement à l'aide matérielle, il aurait fallu un
budget de 35 000 000 $. Pourquoi ne pas avoir essayé de tendre vers cet
objectif de 35 000 000 $ pour répondre adéquatement aux besoins
des personnes handicapées et aux objectifs de votre discours? En fait,
tout le long de votre discours, c'est bien beau, tout le monde est pour la
vertu et surtout pour favoriser l'intégration de la personne
handicapée sous toutes ses formes. Pour y arriver, il aurait fallu
démontrer la preuve en donnant des budgets qui correspondent à la
réalité des besoins des personnes handicapées. Ce n'est
pas le cas puisqu'on revient avec... Quand on regarde tout ça,
déjà, avant de finir l'année, on a pris des engagements
pour l'année 1989-1990. On commence l'année avec 6 000 000 $, une
fois faits les transferts. Donc, on ne peut pas dire qu'on va apporter une aide
substantielle pour aider ces gens qui sont en attente soit pour l'adaptation
domicilaire ou toutes ces choses. Ces gens vont être obligés
d'attendre, encore une fois.
Mme Robic: Alors, tout ce que je peux vous dire, M. le
Président, c'est que j'espère que, dans le budget de
développement du ministre des Finances, II y aura un volet pour
personnes handicapées.
Mme Vermette: M. le Président, est-ce qu'on peut savoir si
la ministre - parce que le budget est sur le point d'être
déposé - s'apprête à faire des demandes et de quel
ordre seront-elles? Est-ce que ça sera pour répondre et combler
la différence puisque les gens demandaient 35 000 000 $? Allez-vous
tendre vers ça pour combler la différence? Puisque vous parliez
d'un budget additionnel de développement, avez-vous déjà
envisagé quel ordre de grandeur prendra ce budget additionnel?
Mme Robic: Tout ce que je peux vous dire, M. le Président,
est qu'il est bien entendu que j'ai fait connaître mes revendications au
ministre des Finances, comme je l'ai fait dans toutes mes
responsabilités. Je me suis bien assurée que nos besoins sont
très bien connus des personnes qui préparent ce budget. L'ordre
de grandeur encore une fois, M. le Président, je n'en parlerai pas ici.
Nous allons tous attendre le discours sur le budget du ministre des Finances
pour connaître les budgets additionnels qui seront dévolus
à chaque ministère. (18 il 15)
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Il faudrait savoir
d'abord, Mme la ministre, que vous êtes au pouvoir depuis trois ans.
Deuxièmement, je suis tanné d'entendre la rengaine du
passé par rapport à ce que vous êtes en train de faire
actuellement. Ce que je vis dans mon comté, et je suis un gars bien
disponible et bien présent, je le vis tous les jours... Quand on parle
de la mise en place de l'ensemble des services aux personnes
handicapées, ne venez pas nous faire le déshonneur de penser
l'avoir mis sur pied. On a donné des budgets et on a fonctionné
avec ce qu'on avait à l'époque dans un contexte où,
justement, il y avait une formule qui permettait a des gens de faire des
demandes et d'essayer, par les budgets additionnels, d'y répondre. Ce
n'est pas de ça qu'on parle aujourd'hui.. L'année passée,
vous aviez un budget de départ et, dans ce budget, vous avez
manqué d'argent pour l'aide matérielle. C'est ce dont je veux
parler. Quelle réponse a-t-on donné à la demande de 4 125
000 $ de l'Office des personnes handicapées au Conseil du trésor?
Cela a été "no way", rien. Ce qu'on vous dit, cependant, c'est
que vous avez déjà amputé votre budget 1989-1990 d'un
montant d'argent, lequel montant va donner des réponses aux gens qui
criaient le plus fort ou encore qui avaient des besoins plus criants. On a dit
à une personne dans mon propre comté: L'hiver s'en vient, si on
n'adapte pas ton domicile en conséquence, tu vas avoir quelques
problèmes; donc adapte-le, supporte les coûts et on te paiera
quand le budget arrivera au 1 er avril.
Déjà, dans le budget que vous avez, à. partir des
montants récurrents, il y a des montants qui sont déjà
payés ou qui sont sur le point de l'être, pour des choses faites
l'an passé, à même le budget de cette année. Il faut
le dire. Cela n'a pas de bon sens. Cela n'a pas de bon sens dans la mesure
où on ampute déjà les 6 000 000 $ mentionnés tout
à l'heure d'argent additionnel qui ne servira pas cette année
parce qu'il a déjà été donné. Pendant ce
temps-là, dans ma région, vous avez des gens qui sont depuis
trois ans sur la liste d'attente de l'Office des personnes handicapées.
Cela fait quatre ans qu'ils sont en demande d'une ergothérapeute, du
seul centre hospitalier qui donne ce service, le centre hospitalier Cooke. Cela
n'a pas de bon sens. J'ai écrit énormément de lettres;
malheureusement c'est la troisième ministre à qui j'écris,
ou la troisième personne devrais-je dire. Entre-temps, il y a eu un
homme qui a été là, à qui j'avais parlé de
ces besoins criants. Si je suis un accidenté du travail, j'ai des
réponses plus rapides, même si cela prend quelquefois deux ans,
deux ans et demi. Si je suis blessé dans un accident d'automobile,
même si cela prend deux ans ou deux ans et demi, j'ai des réponses
plus rapides pour des besoins matériels. Tandis que si j'ai le malheur -
et c'est un malheur - de tomber malade, d'être une personne ayant la
sclérose en plaques, parce que je suis à l'Office des personnes
handicapées, attache-toi, cela va être long.
Si deux adultes se sont construit une maison à deux
étages, personne ne savait que la femme, trois ans après serait
incapable de monter les escaliers, mais cela lui prend quelque chose, cela lui
prend une chaise roulante, ça lui prend même une chaise roulante
motorisée. Les critères - j'en suis bien conscient, et c'est
peut-être à l'autre endroit que vous allez devoir faire des
pressions - pour avoir une chaise roulante motorisée sont plus souples
à l'Office qu'à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec. L'assurance-maladie du Québec dit: II faut que tu sois
quadraplégique. D'ailleurs, je me suis toujours posé la question:
Avec une quadraplé-gie des quatre membres ou encore une paralysie d'un
côté du corps, je ne sais pas comment je vais pouvoir faire
fonctionner ma machine. Quand on a une personne qui est quadraplégique,
d'accord, elle l'a à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec par le Centre François-Charron dans notre coin. Mais si
cette personne est paraplégique fonctionnelle, qu'elle a les mêmes
difficultés que les autres, elle est obligée d'aller chez vous.
Comme elle est sur une liste d'attente de quatre ans, c'est long. C'est de
ça que je veux vous parler.
Il y a des gens des régions du Québec qui veulent
participer à l'évolution du Québec; il faudrait leur
donner la chance, comme les champions en chaise roulante un peu dans le monde
maintenant, de pouvoir participer à ça. Parce qu'elle est
handicapée, elle veut pouvoir participer aux mêmes
activités que tout le monde, donc elle veut s'intégrer. Ne venez
pas me parier de l'augmentation du nombre de personnes sur la
désinstitutionnalisation. Les gens en institution ne sont pas tous des
gens malades physiquement. Ce sont des gens qui ont des problèmes de
comportement. Ce sont des gens qui ont des problèmes à d'autres
niveaux. L'Office des personnes handicapées n'a pas besoin d'adapter
leur domicile, n'a pas besoin de leur fournir une chaise roulante ni une
automobile adaptée. C'est de cela dont je veux parier. Ce que je veux
vous dire, c'est qu'il y a des problèmes criants. J'ai beau le crier sur
tous les toits, je l'ai dit et je le répète, les
députés de ma région qui ont été
informés de cela, ce sont des sans-cur. Ils n'en ont parié
en aucune façon. Je suis obligé de prendre les dossiers des
comtés voisins pour les amener ici, à l'Office des personnes
handicapées ou chez la ministre. Dans ce sens, Mme la ministre, je vous
le dis, ce n'est pas suffisant.
J'aimerais savoir de M. Mercure... L'an passé, le montant qui
aurait été nécessaire n'est pas seulement de 4 125 000 $.
Vous avez demandé cela, mais il aurait fallu en avoir plus pour arriver
au moins à une diminution substantielle de la liste. Comme vous n'avez
pas eu cela et que vous le prenez dans le budget de cette année,
à combien se chiffrait votre demande
initiale pour l'aide matérielle, en plus de ce qui est
déjà là? Est-ce que c'est 19 000 000 $, 30 000 000 $ ou 35
000 000 $? Quelle aurait été la demande que vous auriez faite
comme personne responsable pour la défense des droits des personnes
handicapées, non pas comme représentant la ministre? La ministre
aura à défendre ses crédits et fera la "game" politique
qu'elle voudra en disant: J'espère que le ministre des Finances, lors de
son discours sur le budget, m'indiquera qu'il m'en donnera davantage. On est
habitués à cela. Ce n'est pas cela qu'on veut savoir. Lui, il a
une responsabilité qui lui est dévolue par la loi, celle de venir
en aide aux personnes handicapées au Québec. D'après lui,
selon sa conscience, comme personne responsable, quel est le montant dont il
aurait besoin non pas pour éteindre la liste, il y en aura toujours une,
mais au moins pour la diminuer d'une façon tellement substantielle qu'on
n'ait pas de gens qui attendent jusqu'à quatre ans? De quoi auriez-vous
besoin demain matin? C'est ce que j'aimerais savoir, comme
député. Je serai capable de vous défendre auprès de
la ministre ensuite. Vous, vous avez une responsabilité. Vous n'avez pas
à répondre pour la ministre, vous avez à répondre
pour les personnes handicapées au Québec. C'est cela que je veux
savoir. C'est quoi?
M. Mercure: On a fait une demande initiale substantielle qui
répondait aux critères que vous mentionniez. Cependant, on a
aussi travaillé avec le ministère de la Santé et des
Services sociaux la question spécifique du maintien à domicile
sur laquelle je reviendrai. Je vais vous donner le chiffre de notre demande
initiale qui était de 32 000 000 $.
La situation qui s'est produite l'année passée, je l'ai
expliquée plusieurs fois publiquement, c'est une situation qui
était en grande partie due - non pas absolument due à cela -
à la situation du maintien à domicile. Les programmes de l'Office
sont des programmes palliatifs, mais il n'y a pas une distinction très
claire - la distinction claire est impossible - de clientèles avec la
clientèle des personnes âgées dont les budgets pour le
maintien à domicile sont beaucoup plus élevés que ceux de
la clientèle des personnes handicapées. Vous le savez, le
ministère de la Santé et des Services sociaux a des budgets de
115 000 000 $, je crois, pour le maintien à domicile. Une personne
âgée qui a 75 ans et qui, à cause de son état de
santé général, depuis un an ou deux, doit utiliser un
fauteuil roulant, quand elle s'adresse à l'Office, il n'y a aucune
raison pour qu'on la refuse. Cette situation des clientèles qui ne sont
pas clairement définies a créé certaines
difficultés dans les endroits où les budgets pour les personnes
âgées sont limités. Forcément, les budgets sont
limités, c'est le cas. Il est arrivé qu'on a eu une demande
beaucoup plus considérable d'ouverture de dossiers pour le maintien
à domicile.
M. Jolivet: Mais pourquoi l'Office des personnes
handicapées est-il obligé de répondre à . des
obligations du ministère de la Santé et des Services sociaux?
M. Mercure: Parce qu'on agit en fonction de la définition
d'une personne handicapée qui est dans notre loi et qui dit qu'une
personne est handicapée lorsqu'elle a une déficience
significative et persistante qui l'empêche de vaquer à des
occupations normales. À ce moment-là, il n'y a aucun
critère d'âge. Nous-mêmes, c'est notre fonction d'être
palliatifs. Et, dans certains cas, nos interventions, par exemple, pour ce qui
est des prothèses auditives, c'est justement de pallier à un
critère d'âge de certains programmes. Vous savez, la Régie
de l'assurance-maladie s'intéresse aux prothèses auditives pour
les personnes de moins de 35 ans, en vertu d'un programme très
précis. Et une fois, par exemple, que la personne est qualifiée
avant 35 ans, elle demeure admissible aux prestations de la régie
même après l'âge de 35 ans. Alors, quand nous intervenons
dans le cas des prothèses auditives, évidemment, nous intervenons
pour les personnes pour lesquelles il n'y a pas de prestation possible du
côté de la Régie de l'assurance-maladie. Alors on ne peut
pas, en toute logique, imposer un autre critère d'âge et dire
qu'on n'intervient pas si une personne a plus de 65 ans ou si sa surdité
est survenue à 70 ans mais qu'elle a maintenant 75 ans. Nos
règlements et notre loi ne nous permettent pas d'introduire des
critères d'âge comme ceux-là.
C'est la raison pour laquelle, dans un programme comme le maintien
à domicile, on est en pourparlers très actifs de prise en charge
par le ministère de la Santé et des Services sociaux pour que, si
ce dernier est responsable de tous les programmes de maintien à
domicile, que ce soit pour les personnes handicapées ou les personnes
âgées, il puisse, disons, régler ces problèmes de
répartition des budgets pendant le cours de l'année d'une
façon équitable, tenant compte des besoins des différentes
clientèles. Quand on constate que nous avons mis de côté,
pour le maintien a domicile, un budget de g 500 000 $ que je mentionnais
tantôt, c'est parce qu'on a une certaine entente avec le MSSS stipulant
que le développement de cette partie du budget devra être pris en
charge pour l'année courante par le ministère de la Santé
et des Services sociaux.
Mme Vermette: Justement, comment est-ce que ça se passe
actuellement? Vous faites le transfert de programmes à partir du mois de
juillet, en fait pour le maintien à domicile. Qu'est-ce qui va se passer
pendant ce temps-ci? Si on regarde au ministère de la Santé et
des Services sociaux, il n'y a pas de fonds pour ça à l'heure
actuelle. Qu'est-ce qui va se passer? Qu'est-ce qui se passe à l'heure
actuelle?
M. Mercure: Ce qui se passe à l'heure actuelle, selon les
ententes que nous avons, c'est que l'on verse le premier trimestre et,
éventuellement, on va transférer les crédits au
ministère pour la différence entre le montant de 9 500 000 $ que
je mentionnais tout à l'heure et les montants effectivement
versés par l'Office. Et...
M. Jolivet: À ce moment-là, est-ce que vous allez
laisser tomber les personnes de 75 ans et plus qui sont en maintien à
domicile?
M. Mercure: Non.
Mme Robic: Mais ils vont faire partie des demandes de soins
à domicile...
Mme Vermette: C'est le CLSC qui va gérer le programme.
Mme Robic: Donc, on risque justement que la clientèle soit
mieux servie parce que l'Office ne se fera pas référer des
personnes qui auraient très bien pu aller dans les services aux
personnes âgées et qui sont allées à l'Office des
personnes handicapées plutôt, qui ont donc pris une partie des
budgets qui auraient probablement dû être assumés par le
budget des personnes âgées. Alors ça va éviter ce
genre de situations qui ne devraient pas arriver.
M. le Président, si vous me permettez, il y a eu beaucoup de
choses de dites à un moment donné. J'aimerais ça pouvoir,
s'il vous plaît, répondre à un certain nombre de
choses.
Vous avez raison: Ce ne sont pas toutes des personnes en chaises
roulantes ou handicapées physiquement qui ont été
désinstitutionnalisées. Mais il faut bien reconnaître, M.
le député, qu'il y en a un bon nombre - d'ailleurs, j'en ai
plusieurs dans mon comté - qui, oui, ont besoin maintenant des services
de l'Office dont elles n'avaient pas besoin il y a un an ou deux. Donc, il y a
eu une augmentation de clientèle.
Je voudrais également vous dire que c'est vrai que le Conseil du
trésor n'a pas alloué les 4 000 000 $ demandés par
l'Office. Cependant, j'aimerais vous rappeler qu'au mois d'août 1988 il y
a eu un ajout de budget à l'Office de 2 600 000 $ et, quand le Conseil
du trésor a refusé les 4 000 000 $, il a permis à l'Office
de faire des transferts d'un programme à un autre pour un montant de 650
000 000 $...
Des voix: Mille.
Mme Robic: ...650 000 $. On n'aurait pas de problèmes avec
650 000 000 $, malheureusement, ce n'est que 650 000 $ et la somme de 1 000 000
$ prise dans le budget de cette année. Et je suis absolument d'accord
avec vous pour dire que ça n'a pas d'allure de commencer une
année avec déjà 1 000 000 $ en moins. Je suis d'accord
avec vous pour le dire.
(18 h 30)
M. Jolivet: Cela ne règle pas mon problème du
montant qui manque.
Mme Robic: Non, mais c'est mon problème maintenant. Quant
à la remarque de la députée de Marie-Victorin, que c'est
un budget ouvert et que vous n'aviez pas de listes d'attente, je m'excuse, mais
en 1985-1986, madame, sur 16 772 demandes il y avait une liste d'attente de
2703. En 1988-1989, sur 31 000 demandes, j'ai une liste d'attente de 4300. Ce
n'est pas mieux l'un ou l'autre, mais il ne faut tout de même pas
exagérer non plus.
Le Président (M. Bélanger): J'avais demandé
la parole, si vous le permettez. Comme député de
Laval-des-Rapides, je m'occupe du dossier de l'ensemble de Laval, donc d'un
territoire de 300 000 personnes, où il y a un nombre assez important de
personnes handicapées. Je n'ai pas du tout le portrait de l'apocalypse
que vous avez chez vous et je vous jure que je suis sincère.
M, Jolivet: Moi aussi, je suis sincère.
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez venir
rencontrer les groupes de handicapés de mon comté avec moi
n'importe quand et vous allez voir qu'ils sont de bons amis pour moi et qu'ils
sont heureux. Écoutez, cela marche sur des roulettes pour certains et
c'est dû à leur condition. Il y a des problèmes, mais je
pense qu'il y a aussi des voies de solution. Il faut faire attention des fois;
on crée beaucoup de besoins et d'attentes par des attitudes. Comme
député, il serait très facile pour moi de créer
plein d'attentes avec eux. C'est facile aussi de les aider...
Mme Vermette: M. le Président, remarquez que...
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
je vais terminer mon intervention et je vous laisserai la parole.
Mme Vermette: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): II est aussi facile de
faire intervenir un peu de raison sur certaines demandes, de mettre l'accent
là où c'est très important et d'obtenir les services
là où c'est nécessaire. Dans ce sens-là, je pense
que l'Office des personnes handicapées du Québec, que
préside M. Mercure, nous a donné un excellent service dans Laval,
vraiment un excellent service, compte tenu de ses moyens et même avec ses
moyens. Je vous garantis qu'avec 1 $, des fois, on fait plus que pour 1 $. Si
on réussit à créer cette attitude avec nos gens et
à les aider dans ce sens-là plutôt que d'écouter
béatement les revendications et ne rien faire...
II y a une question d'attitude vis-à-vis de tout ça.
Je vous amènerai mes groupes de handicapés; ils sont les
premiers à le témoigner, ils l'ont même dit à
pleines pages dans le journal dernièrement, et ils sont très
heureux de la façon dont cela fonctionne. C'est sûr que, comme
tout le monde... Même moi, je ne suis pas handicapé et je
souhaiterais plus de services à d'autres niveaux. On en veut tout le
temps plus. Quand on vous dit qu'il y a des limites dans les budgets de la
province, vous savez, on a commencé à limiter quand on est
arrivés au pouvoir, de sorte qu'on n'est pas dans la même
situation que l'est le fédéral actuellement, qui n'a pas eu le
courage de le faire.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): II va des
échéances qu'il faut respecter un jour. Il faut gérer
comme du monde, en bon père de famille et, dans ce sens-là, je
pense, personnellement, que ce qui a été fait pour les
handicapés est extrêmement Intéressant. Il y a
peut-être plus à faire, mais je ne pense pas qu'il y ait eu
négligence.
Mme Vermette: Si vous le permettez, M. le Président, on va
continuer dans les différents services et on pourra faire le tour parce
qu'il y a plusieurs autres domaines sur lesquels on pourra se pencher,
notamment les CTA, les centres de travail adapté, l'intégration
au travail, et on pourra voir les gains qui ont été accomplis
dans différents dossiers et on pourra voir les gains qu'ont accomplis
les personnes handicapées et vérifier après si, oui ou
non, tout ça reflète la réalité de l'ensemble du
Québec.
Le Président (M. Bélanger): Cela va être
très intéressant.
M. Jolivet: Un petit mot, si vous me le permettez. Je vais
arrêter après ça.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: La seule chose que je veux vous dire, c'est que les
personnes handicapées que je rencontre ont du "fun" avec moi et que j'ai
du "fun" avec elles.
Le Président (M. Bélanger): Oui?
M. Jolivet: Je leur chante des chansons, je leur raconte des
histoires et on se promène ensemble. Mais ce n'est pas ce dont je veux
parler.
Je veux vous parler de la mère de famille qui, il y a trois ans,
ne savait pas qu'elle aurait la sclérose en plaques. Le mari de cette
personne travaille dans le bois chez nous. Il ne travaille pas à
Montréal, mais dans le bois chez nous. Il part toute la semaine et il
revient à tous les sept jours. Il ne peut plus s'occuper de sa femme. Il
vient de prendre un congé sans solde pour régler son
problème d'OPHQ qui traîne depuis deux ans. C'est de
celui-là que je parle. Je ne dramatise pas. Ce que je vous dis, c'est
que c'est bien de valeur, mais la personne est obligée de se
défendre et c'est grâce à moi qui ai fait les
démarches avec elle. Les gens de l'OPHQ à Trois-Rivières
le savent et les gens de l'hôpital Cooke le savent et je ne parle pas
à travers mon chapeau quand je dis ça.
Mme Robic: Mais vous avez...
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
je suis tout à fait d'accord avec vous, mais avouons que ce n'est pas la
majorité. Il y a des cas. Justement, j'en avais un ce matin dont je
parlais au président tantôt. On va trouver une autre solution.
Mais ce n'est pas la majorité ni la généralité; ce
sont un ou deux cas plus pesants que d'autres. C'est vrai.
Mme Robic: M. le Président, je m'excuse, mais je ne peux
pas être d'accord avec vous quand vous parlez d'un ou deux cas quand j'ai
4000 cas en attente et...
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui, mais des cas
comme vient de décrire...
Mme Robic: II y a certainement là un problème. Je
m'excuse...
Transfert de programmes aux ministères
Mme Vermette: On pourrait probablement continuer avec d'autres,
parce qu'il y a d'autres programmes qui sont tout aussi importants, en fait. Je
pense, notamment, au programme du transfert des programmes qui sera mis en
application et qui devient l'une des préoccupations les plus importantes
peut-être pour vous, Mme la ministre, et aussi pour l'ensemble des
personnes, surtout pour la COPHAN qui représente 350 organismes de
personnes handicapées dans tout le Québec. Je pense que c'est
l'organisme le plus représentatif des demandes pour les personnes
handicapées actuellement au Québec.
Je voudrais savoir - dans les transferts de programmes, vous disiez
justement dans votre discours que vous avez formé un comité
consultatif - combien de fois ce comité s'est réuni. Il y a eu
combien de réunions? Est-ce que les gens de la COPHAN ont
participé à l'élaboration de ces orientations? Ont-ils
été consultés? Peut-on savoir combien d'argent sera
transféré avec les programmes? Auront-ils des enveloppes
protégées? Les personnes handicapées auront-elles
l'assurance d'être aussi bien traitées et qu'elles seront prises
autant en considération, pour ne pas qu'on ait des problèmes
comme ceux qu'on a eus avec PARCQ, tels les problèmes de stationnement,
où il a fallu qu'elles revendiquent à
nouveau leurs droits parce qu'on les avait mis en dessous de la pile,
encore une fois?
Je pense que ce sont là des préoccupations constantes et
importantes pour les personnes handicapées. Je voudrais avoir des
réponses à cet égard.
Mme Robic: Vous comprendrez que, quant au nombre de rencontres,
ça s'est fait au moment où je n'avais pas le dossier. Donc, je
vais demander à M. Mercure de répondre à ces questions. Je
peux vous dire que j'ai rencontré la COPHAN moi-même, dès
les premiers jours de la prise en charge.
Mme Vermette: Au sujet des transferts de programmes?
Mme Robic: Au sujet des transferts de programmes, on en a
longuement discuté. On s'est entendu. J'ai très bien compris
leurs inquiétudes. D'ailleurs, avec les groupes que j'ai
rencontrés, hier - ils étaient quoi, une quinzaine à mon
bureau qui sont venus me voir - on en a discuté également. Je
dois vous dire que je comprends - je vous l'ai dit dans mon allocution tout
à l'heure - leurs craintes. Quand j'ai rencontré l'Office des
personnes handicapées, M. Mercure et son personnel - justement,
c'était lundi, on a passé la journée ensemble - j'ai bien
dit que ma priorité était de m'assurer que, dans le transfert de
ces programmes, les bénéficiaires ne soient pas
pénalisés. Je vais m'assurer de ça tant que je serai
là. Les programmes vont être transférés de
manière que les bénéficiaires ne soient pas
pénalisés. Il n'est pas question de s'entendre entre
fonctionnaires pour que ça aille vite ou qu'on le fasse d'une
façon qui fait notre affaire sans s'occuper de la clientèle. La
clientèle est prioritaire dans ce dossier.
Mme Vermette: Mme la ministre, je vous écoute et je vois
bien que vous êtes pleine de bonnes intentions. Pour ne pas que ça
demeure des voeux pieux, j'estime que la meilleure façon de
concrétiser dans le fond tout ce beau discours, ce sont les sommes
d'argent qu'on met de côté. C'est la meilleure façon de
démontrer notre bonne volonté. Donc, êtes-vous certaine,
dans les transferts de programmes, notamment, pour les programmes de maintien
à domicile, que les sommes qui seront transférées seront
suffisantes pour répondre aux besoins des personnes handicapées,
ou si tout simplement cela ira selon l'assiette qui est déjà
là? Ça va changer un peu, ça ne sera plus pareil. Cela ne
sera plus administré de la même façon.
Mme Robic: Dans mes discussions avec la COPHAN, on a parlé
de deux choses. On a parlé des transferts de programmes et on a
également parlé d'un fonds de compensation. Je suis prête
à regarder ça. Je n'ai pas d'objection. Au contraire, j'ai
demandé à l'office et même à la
COPHAN de me faire des suggestions, à savoir d'où peut
venir l'argent pour ce fonds, parce que c'est facile: un fonds à la CSST
et un fonds à la RAAQ. En tout cas, j'ai demandé qu'on examine la
possibilité de ce genre de fonds. Cependant, je me pose des questions.
Vous comprendrez que c'est moins d'un mois. Donc, je me pose beaucoup de
questions. Je ne suis pas sûre d'avoir toutes les réponses. Je
suis convaincue que je n'ai pas toutes les réponses. Je me dis qu'en
passant les programmes aux différents ministères on risque de
pouvoir mieux répondre à la demande de la clientèle.
En ce moment, la clientèle qui attend, quel que soit le service
dont elle a besoin, attend dans la même file, espérant qu'en
transférant les programmes aux différents ministères ou
organismes concernés elle pourra peut-être obtenir un service plus
rapidement que le deuxième service dont elle a besoin, parce que la
liste d'attente dans ce service est plus longue et il n'y a peut-être pas
de liste d'attente dans l'autre service. Je vois déjà là
une amélioration. Il faudra voir comment ça va se passer. Ce
n'est pas encore établi. Je le vois comme ça: probablement un
meilleur service de cette façon-là et aussi probablement plus de
budget.
On a parié du gros budget qu'est celui du maintien à
domicile. On se rend compte qu'il y a 115 000 000 $ pour les personnes
âgées et 10 000 000 $ ou 11 000 000 $ pour les personnes
handicapées. Si une personne âgée a besoin d'une chaise
roulante et qu'elle va à l'Office des personnes handicapées,
parce que c'est là que quelqu'un l'a envoyée ou qu'elle a
pensé aller là-bas, au lieu d'aller dans l'autre service qui
aurait très bien pu répondre à sa demande, là on
joue dans deux budgets et on affecte le plus petit des budgets, bien sûr.
Quand ces budgets-là seront mis côte à côte, on
pourra probablement répondre plus rapidement et à un plus grand
nombre de personnes handicapées. Donc, il y a peut-être un
avantage parce que, dans beaucoup de ces services, ce sont des budgets ouverts;
vous avez raison. Dans ces services, il y a des budgets ouverts. Quant au fonds
de compensation, je me demande d'où N viendrait. Je ne le sais pas. J'ai
demandé qu'on examine cela. Là aussi, peut-être qu'il y
aurait des contraintes budgétaires et que, dans le fond, la meilleure
façon, serait de transférer les programmes aux différents
ministères.
Mme Vermette: Mme la ministre, vous avez l'air très
rassurée. Par contre, les gens de la COPHAN ont semblé
l'être un peu moins. Je vous ai posé plusieurs questions
tantôt pour lesquelles je n'ai pas eu de réponses. J'aimerais les
avoir de la part de monsieur. Si ma mémoire est bonne, en tout cas selon
ce que j'ai entendu de la COPHAN, les gens avaient demandé un moratoire
sur les transferts de programmes tant et aussi longtemps qu'ils n'auront pas
les garanties voulues, aux tables sectorielles, sur ce qui va
arriver dans ces transferts de programmes. Est-ce qu'ils auront des
enveloppes protégées? Est-ce qu'ils seront assurés d'avoir
un service, eux aussi, prioritaire, comme ils y étaient habitués
et qu'ils ne deviendront pas une clientèle comme toutes les autres
à l'intérieur des services? il me semble que tout ça n'a
pas été fait avec la COPHAN et c'est ce qu'ils demandent
actuellement, que cela soit fait. J'aimerais savoir quand vous avez
rencontré pour la dernière fois, la COPHAN pour discuter,
justement, des transferts de programmes, des modalités d'application,
quand cela a été fait. C'est ma deuxième question.
Mme Robic: Je vais répondre à votre deuxième
question. Je suis la dernière personne à avoir rencontré
la COPHAN.
Mme Vermette: Depuis combien de temps les rencontres avaient eu
lieu? La dernière rencontre avant vous?
M. Mercure: En fait, l'office est en étroite communication
avec la COPHAN et, depuis l'automne dernier, depuis le mois de novembre, il y a
eu au moins quatre rencontres sur les transferts. La dernière rencontre
formelle a fait suite à la demande de ia COPHAN de venir à notre
conseil d'administration qui s'est réuni à la toute fin de mars,
la dernière semaine de mars, à Montréal. À deux
jours d'avis, on a accepté que la représentation de la COPHAN
vienne rencontrer le conseil d'administration. Alors, il y a une étroite
collaboration.
Mme Vermette: De l'office, d'accord. M. Mercure: De la
part de l'office.
Mme Vermette: Le comité qui avait été
formé - c'est du comité que je parle - auquel devaient
siéger des membres de la COPHAN, est-ce qu'il a été
consulté? Est-ce qu'il y avait des membres de la COPHAN à ce
comité? Quand a eu lieu la dernière rencontre avec le
comité de coordination?
M. Mercure: Le comité qui a été formé
est un comité de trois personnes et, à part moi, qui viens du
mouvement associatif, il y a M. Per-reault qui est très impliqué
avec le mouvement associatif.
Mme Vermette: Est-ce qu'il appartient à la COPHAN?
M. Mercure: La dernière rencontre de ce
comité...
Mme Vermette: Est-ce que M. Perreault appartient à la
COPHAN, est membre de la COPHAN? Il représentait la COPHAN. C'est
ça, en d'autres mots?
M. Mercure: Non, pas directement. Il ne représente pas
directement la COPHAN.
Mme Vermette: L'entente qu'on avait eue stipulait que les gens de
la COPHAN participeraient à ce comité-là.
M. Mercure: Non. L'entente qui est survenue, je dois corriger
ça...
Mme Vermette: Je m'en souviens; on en avait discuté. (18
il 45)
M. Mercure: ...stipulait que les représentants de la
COPHAN participeraient aux travaux des groupes de travail, des neuf groupes de
travail. Les représentants de la COPHAN faisaient partie de ces groupes
de travail. Donc, ils ont été très associés
à tout le processus d'étude.
C'est vrai qu'il y a une certaine inquiétude à ce
moment-ci. Il y a une inquiétude parce qu'il y a un changement qui s'en
vient et le changement est de plus en plus proche. Maintenant, il y a une
inquiétude et il y a aussi une demande de participation plus grande
à l'implantation. La COPHAN ne s'est pas plainte d'un problème de
participation à l'étude. On a parlé tantôt du nombre
de réunions. Au comité de coordination, il y a eu une vingtaine
de réunions sur une période de deux ans. Concernant les groupes
de travail, je n'ai pas le nombre, mais neuf groupes de travail se sont
réunis régulièrement pendant plusieurs mois. Les membres
de la COPHAN étaient très présents. Des documents ont
été distribués aux associations de promotion aux niveaux
régional et local.
Mme Vermette: M. Mercure, est-ce que c'est possible de
déposer les recommandations, puisqu'elles seront mises en application
très bientôt?
M. Mercure: Les recommandations du comité de coordination
seront faites vers le mois de juin et seront à la disposition du
ministre. Les documents de travail ont été utilisés par
les personnes directement concernées et n'ont pas été
rendus publics, bien qu'il y ait eu beaucoup de communications publiques autour
de ça.
Le Président (M. Bélanger): Un document de travail
n'est jamais un document public. Alors, il n'est pas obligatoire de le
transmettre.
Mme Robic: M. le Président, je voudrais ajouter que j'ai
rencontré les gens de COPHAN le 4 avril 1989. Ils m'ont fait part de
leurs inquiétudes quant au transfert de ces programmes. J'ai eu une
très bonne rencontre qui a semblé les satisfaire, au cours de
laquelle je me suis engagée, comme je l'ai fait dans mon discours
aujourd'hui, à m'assurer que ces pro-
grammes soient transférés de façon que les
bénéficiaires n'en souffrent pas. Si ça prend trois ans,
ça prendra trois ans; si ça prend cinq ans, ça prendra
cinq ans. On va penser aux bénéficiaires avant de penser à
tout simplement transférer les programmes.
Autre chose. Je me suis engagée auprès de la COPHAN
à ce qu'elle participe au comité de suivi. Je pense que la
présidente de la COPHAN était fort heureuse. Après en
avoir parlé avec M. Mercure, qui a accepté qu'elle fasse partie
de ce comité, j'en ai informé la présidente qui en
était tout à fait satisfaite.
Mme Vermette: Juste une dernière chose. Le processus est
déjà enclenché, dans le fond, puisqu'on parle des soins
à domicile, du transport.
Mme Robic: Oui, mais ce n'est même pas arrivé au
Conseil des ministres.
Mme Vermette: Mais l'année passée aussi on a
transféré de l'argent pour les soins à domicile dans les
CLSC à même le budget de l'aide matérielle, si ma
mémoire est bonne.
M. Mercure: Non, pas tout à fait. Mme Vermette: II y avait
eu un...
M. Mercure: L'office a des ententes avec les CRSSS et
l'administration est déjà décentralisée. Les
budgets passent par les crédits de l'office.
Mme Vermette: Cela va. L'autre sujet sur lequel...
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
avant il y avait Mme la députée de Deux-Montagnes.
Mme Legault: Juste une information. Je / voudrais savoir, dans
vos 56 000 000 $ pour l'année 1989-1990, si les 21 000 000 $ s'ajoutent
à l'aide matérielle ou s'ils sont compris dans les 56 000 000
$?
Mme Robic: Ils sont compris dans les 56 000 000 $.
Mme Legault: Maintenant, quand vous parlez de 4000 demandes qui
sont en attente, est-ce que ce sont des handicapés physiques, des gens
qui ont besoin d'une aide matérielle ou si ce sont des personnes
âgées qui ont besoin de vos services?
Mme Robic: C'est tout ça, madame.
Mme Legault: Quelle est la proportion?
Mme Robic: Cela peut être tout ça. On me dit que
c'est surtout du maintien à domicile, mais c'est très difficile
de dire ce que c'est en détail.
Mme Legault: On ne peut jamais savoir combien il y a de personnes
handicapées qui ont recours à vos services.
M. Mercure: Ce sont toutes des personnes qualifiées au
plan de la définition. Avant d'être mis sur une liste d'attente,
il y a une période de 60 jours où on examine si la personne est
qualifiée. Ce sont toutes des personnes qualifiées. Mais, comme
on n'a pas étudié à fond le dossier, on ne sait pas si ce
sont des gens qui, effectivement, auront besoin d'une aide
matérielle.
Mme Legault: Ce que je veux savoir, c'est combien il y a de
personnes qui passent chez vous dans une année, qui ont besoin de vos
services et qui ne sont pas obligées de revenir l'année suivante,
à moins qu'elles ne doivent le faire, effectivement.
M. Mercure: Toutes tes personnes...
Mme Legault: Combien de personnes enregistrées passent
chez vous en une année?
Mme Robic: Ce sont 10 321 dossiers, M. le président, que
j'ai ici, en traitement, dont 50 %, m'avez-vous dit, étaient
récurrents.
M. Mercure: Oui, c'est cela. Ces personnes ont toutes des
dossiers ouverts à l'office et, si elles ont des besoins, elles ne
passent pas par les listes d'attente.
Mme Legault: Est-ce que je peux poser une autre question?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Legault: Pas dans le pourcentage récurrent, mais dans
l'autre pourcentage, est-ce que ce sont des jeunes, des moins jeunes ou des
gens de 60 ans?
M. Mercure: Je n'ai pas les données de répartition
par âge devant moi. Ce sont des tableaux qu'on pourra faire parvenir
parce qu'on...
Mme Legault: Avez-vous un pourcentage de plus de jeunes?
M. Mercure: ...en a déjà.
Mme Legault: Quelle est la clientèle?
M. Mercure: Je me souviens qu'il y a 30% des personnes qui sont
âgés de 65 ans et plus. On a environ 30 % des personnes qui
reçoivent de l'aide matérielle qui ont 65 ans et plus.
Mme Legault: 65 ans et plus.
M. Mercure: Oui, c'est cela. On a un autre groupe important,
celui des gens d'âge scolaire.
Mme Legault: Est-ce que le pourcentage est plus
élevé du côté âge scolaire? Cela fait un bon
bout de temps que je veux avoir cela et je n'ai jamais été
capable de trouver quelqu'un pour me le donner.
Mme Robic: On peut vous faire une copie de cela.
Mme Legault: Pas tout de suite, vous me l'enverrez. Je serais
très intéressée à l'avoir.
Le Président (M. Bélanger): Quand on aura
l'information, on pourra la transmettre à la députée de
Deux-Montagnes.
M. Mercure: On va la transmettre. Mme Robic: Oui,
madame.
Le Président (M. Bélanger): II y aurait M. le
député de Saint-Hyacinthe aussi, pour qu'on finisse le sujet.
Mme Vermette: Dans la ligne de l'alternance, on pourrait,
peut-être, commencer puisque les minutes...
Le Président (M. Bélanger): Non, avant de passer
à un autre programme, on va continuer sur celui-ci. C'est sur le
même sujet pour lequel vous aviez fini.
M. Messier: M. le Président, vous avez nuancé tout
à l'heure la liste d'attente de 4000 personnes en disant que ce sont des
demandes que vous avez reçues, mais pas nécessairement
évaluées par vos services. Est-ce qu'on peut penser que, parmi
elles, ce ne sont pas nécessairement 4000 personnes qui ont
peut-être des besoins mais qui ne répondent pas
nécessairement aux critères d'admissibilité aux programmes
d'aide financière ou matérielle?
M. Mercure: En pratique, on constate, par exemple, quand on
étudie les demandes, qu'il y a 90 % à 95 % des gens qui ont
effectivement besoin d'aide financière. Mais il y en a un petit nombre
à qui, finalement, on donne un appui, parce que notre première
responsabilité est d'accompagner les personnes pour l'obtention des
services auprès des ministères. Alors, il y a un certain nombre
de dossiers - peut-être 5 % à 7 % de nos dossiers - qui
aboutissent à des appuis autres que financiers.
M. Messier: Parmi les 4000, est-ce qu'il y a des nuances ou des
ordres de prioriété de donnés en ce qui concerne
les personnes âgées ou les enfants? Est-ce qu'il y a des
critères d'urgence, de semi-urgence, électifs? Est-ce que c'est
évalué en tenant compte des ressources financières que
vous avez?
M. Mercure: Oui. Il y a certaines priorités. Par exemple,
on a parlé, tout à l'heure, des colonies de vacances. La
priorité est donnée à toutes les familles qui ont
absolument besoin d'aide pour les colonies de vacances; il n'y a pas de
délai d'attente, de même pour la question scolaire, à cause
de l'importance accordée à ce qu'un élève soit dans
une classe régulière un an plus tôt plutôt qu'un an
plus tard; il y a là une priorité. Donc, il y a certains
programmes qui sont prioritaires. Je viens d'en mentionner deux.
M. Messier: Peut-être une autre question. Parmi les
programmes, vous allez transférer possiblement aux CLSC le maintien
à domicile. Quels sont vos horizons par rapport à cela? Est-ce
que cela veut toucher une clientèle précise? Je vais vous citer
un cas et vous allez me dire si cela répond à cela. Il y a 652
enfants de 0 à 14 ans qui nécessitent des services en physio et
en ergothérapie. Les parents doivent se déplacer à
Montréal, soit à l'hôpital Sainte-Justine ou à un
autre, deux à trois fois par semaine pour avoir au moins un traitement
de physio et un traitement d'ergo une heure par jour, et ce sont des parents
dont, malheureusement, l'un des deux ne peut aller sur le marché du
travail parce que, quasi quotidiennement, ils doivent se déplacer comme
cela de Saint-Hyacinthe à Montréal pour avoir des services
spécialisés. Lorsque vous parlez de maintien à domicile,
est-ce que vous allez aider ces parents ou déplacer des physio ou des
ergo du CLSC pour aller en résidence?
M. Mercure: En fait, ce sont des frais de déplacement. Ce
n'est pas notre programme de maintien à domicile. Notre programme de
maintien à domicile, c'est une personne qui va à domicile pour
exécuter certaines tâches d'hygiène, par exemple, ou
d'entretien ménager.
M. Messier: Tâches ménagères, tout cela.
M. Mercure: II s'agirait ici de notre programme de frais de
déplacement où on est appelés à contribuer quand la
distance est assez grande, quand le trajet aller retour excède 50
kilomètres, ou encore quand les trajets sont très
fréquents.
M. Messier: D'accord, là, vous allez indemniser les
parents. Dans ce transfert de programmes, est-ce que vous allez tenir compte de
la situation financière des personnes handicapées?
M. Mercure: Non. Justement, c'est la décision qui a
été demandée et obtenue du Conseil des ministres en juin
1988 et qui prévoit
clairement que l'attitude de l'Office, qui était de ne pas tenir
compte de la situation financière des personnes handicapées et de
leur famille, doit être maintenue avant comme après le transfert
de programmes. Par contre, il faut bien dire que, dans la plupart de nos
programmes, le nombre de personnes qui a des revenus substantiels
représente une très petite proportion. On a évalué
que, dans plusieurs de nos programmes, c'est moins de 5 % des gens qui ont des
revenus excédant 40 000 $. Mais, dans certains programmes, comme si on
parle du scolaire, disons que, là, comme il s'agit d'enfants, il faut
peut-être penser que la répartition du revenu des familles est
à peu près semblable à celle qui n'ont pas de personnes
handicapées, d'enfants handicapés. Maintenant, le principe de la
compensation sans égard au revenu stipule que les personnes doivent
encourir des dépenses pour toutes sortes de raisons, mais les
dépenses qui sont directement reliées aux déficiences et
aux limitations fonctionnelles sont des dépenses qui sont admissibles
pour un remboursement par l'Office et éventuellement par les
ministères après le transfert.
Mme Vermette: Pour enchaîner, M. Mercure, à la suite
de tout ce que vient de dire M. Messier, le député...
Le Président (M. Bélanger): Le député
de Saint-Hyacinthe.
Mme Vermette: ...de Saint-Hyacinthe au sujet des services de
réadaptation ou de physiothérapie, en tout cas, s'il a
participé au Sommet socio-économique de la
Montérégie - non, ce n'est pas dans sa région - je me
souviens qu'on avait fait la promesse qu'à Granby on donnerait un
montant de 756 000 $ à même les budgets 1987-1988 pour favoriser
les personnes handicapées de cette région et Granby devenait un
grand point de services pour l'ensemble de la Montérégie pour les
personnes handicapées. C'était là l'un des projets
retenus. Or, nous allons à la biennale bientôt et il n'y a encore
rien de fait dans ce projet, et pourtant tous les gens, en concertation avec le
CRSSS, étaient d'accord pour mettre de l'avant ce projet qui favorisait
un grand nombre de personnes handicapées de la Montérégie.
Encore là, il n'y a absolument rien de réalisé. Donc, je
trouve ça inadmissible. Comment se fait-il que ce projet, qui devait
être une priorité, qui avait fait l'objet d'un consensus de tous
les intervenants du milieu et encore plus qui avait été
accepté au sommet socio-économique, doive revenir pour la
biennale? Ceci me porte à dire qu'en Montérégie on a
toujours de la difficulté en tout cas au chapitre de la santé et
des services sociaux. On est vraiment sous-équipés et, encore
là, cela aurait été une façon de démontrer
l'intérêt soutenu qu'on porte aux personnes handicapées. Il
y avait là une très belle occasion.
Mme Robic: Le sommet qui a eu lieu où? Mme Vermette:
En Montérégie, en 1987. Mme Robic: En 1987? Mme
Vermette: Voilà, en mai 1987.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
avant...
Mme Vermette: II y avait un budget de 256 000 $ qui avait
été...
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, Mme la députée de Marie-Victorin...
Mme Vermette: 756 000 $, excusez.
Le Président (M. Bélanger): ...est-ce qu'il y a
consentement pour continuer après 19 heures?
Une voix: Combien de temps?
Le Président (M. Bélanger): Dix minutes, on ne peut
pas faire plus.
Mme Vermette: Mais, de toute façon, tantôt on avait
conclu une entente verbale...
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est ça.
On peut continuer pendant dix minutes parce qu'on...
Mme Vermette: ...parce qu'on avait commencé plus tard.
Le Président (M. Bélanger): C'est ça. Alors,
on a une enveloppe de deux heures et demie et cette enveloppe se terminerait
à 19 il 10, mais cela prend quand même le consentement, sinon je
dois faire adopter les crédits avant qu'on ne me dise qu'il est trop
tard.
M. Messier: Unanime?
Le Président (M. Bélanger): Pardon?
M. Messier: Unanime?
Le Président (M. Bélanger): Non, non, consentement
unanime, je suis sûr qu'on est unanime. Alors, j'ai le consentement? Mme
la députée de Marie-Victorin, consentement? Parfait. Alors, on
peut continuer.
Mme Robic: 250...
Mme Vermette: 756 000 $ avaient été...
Mme Robic: 756 000 $.
Mme Vermette: C'était le CLSC de la région
Haute-Yamaska, qui était allé au sommet so-
cio-économique. Le projet avait été retenu et
comptait parmi les projets prioritaires et c'est l'un des rares qui n'a pas
été mis de l'avant.
Mme Robic: Je vais m'en informer, je n'étais pas au
courant, d'accord?
Mme Vermette: D'accord. Peut-être que ça
favoriserait en tout cas beaucoup le service de réadaptation et les gens
de Saint-Hyacinthe pourraient peut-être...
M. Messier: C'est encore trop loin.
Mme Vermette: C'est encore trop loin, vous voulez l'avoir
directement chez vous?
Une voix: Dans sa cour.
Mme Vermette: Vous avez peut-être des gens que vous
pourriez favoriser, on ne sait jamais. J'ai un autre dossier mais je ne veux
pas le sortir tout de suite. Je suis au courant. (19 heures)
Mme Robic: Ah! vous jouez des tours ou je vais me faire jouer un
tour.
Mme Vermette: Les effets, ça va peut-être revenir
chez vous, en tout cas.
Une voix: Chacun son tour.
Intégration scolaire
Mme Vermette: Un sujet également important, qu'on a
touché tantôt, c'est l'intégration scolaire. On sait que la
COPHAN et l'ensemble des parents qui ont des enfants atteints de
déficience intellectuelle ou physique ont fait maintes et maintes
représentations pour permettre et favoriser l'intégration
scolaire. On a eu la loi 107. Les parents s'attendaient à beaucoup plus
de la part du ministre. Ils ont été désenchantés et
vraiment désillusionnés parce que, justement, de plus en plus, ce
sera au bon vouloir des commissions scolaires. Ils n'ont plus maintenant, comme
avant, ce que la loi leur donnait. Là où ils le peuvent et
là où ils le veulent, ils donneront des services pour
intégrer les enfants. Ça aussi, c'est une autre priorité
et on s'aperçoit une fois de plus que les priorités sont toujours
mises de côté quand on parle des personnes handicapées.
Dans les discours, on est bons, mais dans les réalisations, c'est une
autre paire de manches et on les laisse souvent sur le carreau. Peut-on savoir
s'il y a eu une entente entre le ministère de la Santé et des
Services sociaux et le MEQ? Où en est rendu le protocole d'entente pour
toute l'intégration? Il n'y a pas si longtemps, il y a l'école
Nouvel-Essor, dans ma région, qui a eu un très gros
problème. Qu'est-ce qui se passe à l'heure actuelle dans ce
dossier? Il n'y a personne qui est capable de donner des services. Chacun
s'envoie la balle à tour de rôle.
Finalement, ce sont les enfants qui sont pénalisés et les
parents sont pris de court. On donne plein d'illusions à l'enfant; il
est heureux, il est dans un environnement qui correspond à ses besoins
et on le retire comme ça, du jour au lendemain, parce qu'il n'y a pas
d'entente. Cela fait longtemps qu'on parle de cette entente. Je me souviens que
l'ancien ministre à l'époque me répondait: Oui, on est en
train de discuter. Je reviens encore, c'est la quatrième fois que je
reviens étudier les crédits, on est toujours en train de parler
de cette même entente au niveau scolaire et, en plus, on leur retire
certains droits.
Mme Robic: Je ne vous en parierai pas parce que je n'en ai pas
parlé au ministre. Je suis un peu dans le noir concernant cette entente.
Je ne sais pas, mais le président de l'OPHQ est sans doute plus
versé que moi dans le domaine. Il peut peut-être vous
répondre, je ne le peux pas.
M. Mercure: Vous faites allusion aux ententes MSSS-MEQ qui sont
encore à l'étude et on me dit que le ministère de
l'Éducation va considérer cette entente-là prioritaire. Je
n'ai rien de nouveau à annoncer dans ce dossier, parce que ce n'est pas
un dossier qui relève directement de l'office, mais l'office le suit
d'assez près. Je ne peux annoncer de faits nouveaux a ce moment-ci.
Mme Vermette: Est-ce que c'est vrai que ce qu'on s'est fait dire
- en tout cas, c'est l'interprétation de plusieurs personnes - que ce
serait une question d'argent qui fait que, justement, le ministre de
l'Éducation refuse cette entente? Il est question de sous quand on parle
d'intégration scolaire et ce serait l'une des raisons pour lesquelles on
n'est pas capables d'en arriver à une entente. Vous, Mme la ministre,
qui êtes nouvellement arrivée dans le dossier et qui me semblez
tout feu tout flamme, est-ce que vous êtes prête à vous
engager à faire en sorte qu'on puisse débloquer cette entente
pour favoriser l'intégration des jeunes, en tout cas en milieu scolaire.
Je crois que, si on parle d'intégration à tous les niveaux, il
faudrait peut-être commencer par le commencement, c'est-à-dire au
niveau scolaire, si on veut que les jeunes trouvent un emploi un peu partout
ailleurs.
Mme Robic: M. le Président, je ne fais jamais de promesses
que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir. La seule promesse que je peux
vous faire aujourd'hui, c'est d'aller m'informer, voir ce qu'il en est et faire
tout mon possible pour que cette priorité demeure une priorité et
se démarque de toutes les autres. C'est la seule chose que je peux vous
dire aujourd'hui. Je ne peux pas aller plus loin.
Mme Vermette: M. Mercure, est-ce qu'aux
tables sectorielles vous avez parlé du transfert? C'est pour
quand le transfert des programmes en milieu scolaire? D'après vous, s'il
n'y a pas eu cette entente entre les deux ministères, est-ce que c'est
une question de sous? Cela fait trois ou quatre ans qu'on piétine sur
ça.
M. Mercure: Au sujet de la première question, je ne peux
pas dire si c'est seulement une question de sous. Il y a plusieurs aspects de
ce rapport sur la mission MSSS-MEQ qui sont à l'étude. Je ne peux
pas mentionner si, vraiment, il y a des obstacles autres que la question
budgétaire. Sur ça, je ne peux pas donner d'information
additionnelle.
Quant à la deuxième question, pour le transfert des
services éducatifs du programme de l'office, il y a, à ce
moment-ci, une entente entre l'office et le ministère de
l'Éducation en ce sens qu'on examine, au cours des prochains mois, les
façons que le ministère de l'Éducation pourrait avoir,
dans le cadre de ses façons habituelles de fonctionner et dans le
respect des budgets globaux et de l'automonie des commissions scolaires, de
prendre la relève du programme de l'office. Je pense qu'il est assez
convenu, à ce moment-ci, que, contrairement aux autres
éléments de programmes, dans le secteur de l'éducation, on
n'aura pas à faire un véritable transfert dans le sens que le
programme de l'office puisse être administré directement par le
ministère, pour toutes sortes de raisons, dont, entres autres, les
aspects budgétaires, au chapitre de l'éducation, où, comme
vous le savez, il n'y a pas d'enveloppes distinctes, c'est une enveloppe
globale, et où l'acte pédagogique, pour chaque
élève, n'est pas déterminé par le ministère,
mais bien par les autorités locales de la commission scolaire. Il y a
une étude qui s'amorce à ce moment-ci, et qui va se
réaliser pendant les prochains mois avec le ministère de
l'Éducation.
Mme Robic: Je pense qu'on se rend compte, avec certains
événements qu'on a pu lire dans les journaux, qu'il y a
peut-être une question d'argent, mais peut-être également
une question d'éducation. Je pense qu'il va falloir traiter de cette
question également. Quand on fait de la réinsertion des personnes
handicapées, il y a beaucoup d'éducation à faire.
Mme Vermette: Quand on commence avec les jeunes, il y a beaucoup
moins de préjugés.
Mme Robic: Ce n'est pas au niveau des jeunes...
Mme Vermette: Plus souvent qu'autrement c'est chez les adultes
qu'on trouve les préjugés.
Mme Robic: C'est juste, c'est vrai.
Mme Vermette: Alors, pourquoi ne pas commencer très
tôt, justement, à travailler sur les préjugés? C'est
peut-être la meilleure façon de faire de bons citoyens.
Mme Robic: Je suis absolument d'accord avec vous.
Centres de travail adapté
Mme Vermette: Les centres de travail adapté. Quel est le
budget, pour l'année 1989-1990, pour les CTA?
M. Mercure: Pour les CTA, le budget est 21 475 000 $.
Mme Vermette: Et combien de postes subventionnés?
M. Monette (Guy): II y a 1525 postes subventionnés.
Mme Vermette: Donc, c'est le statu quo par rapport à
1988-1989.
M. Monette: Oui, mais par contre il faut comprendre que, dans
l'évolution des CTA, les CTA sont capables de supporter certains postes
à même les surplus générés, ce qui fait
qu'actuellement, en 1988-1989, il y a eu 1733 personnes handicapées qui
ont travaillé dans les CTA.
Le Président (M. Bélanger): Pour les fins de la
transcription, c'était M. Monette.
Mme Vermette: Je comprends cela, mais au gouvernement c'est le
statu quo.
M. Monette: Pour le moment on reste à 1525 postes.
Mme Vermette: Je me souviens qu'on avait demandé que les
CTA soient dans le fichier de Rosalie. Est-ce que cela a été
fait?
M. Monette: Oui, c'est fait.
Mme Vermette: C'est fait. Depuis quand?
M. Monette: Depuis l'adoption du dernier règlement, iI y a
de cela...
M. Mercure: Ce doit être en juin 1988.
M. Monette: Les nouvelles directives. Cela fait environ six
mois.
Mme Vermette: Et est-ce que la Loi sur la santé et la
sécurité du travail et la Loi sur les normes du travail
s'appliquent dans les CTA?
M. Monette: Oui.
Mme Vermette: Ils sont conformes à...
M. Monette: Oui, c'est la même chose que pour n'importe
quelle entreprise au Québec. Ce sont les mêmes règles.
Mme Vermette: Est-ce qu'H y a de plus en plus de demandes? Parce
qu'en fait le problème, à ce qu'on me dit, c'est qu'à un
moment donné les gens vieillissent dans les CTA et il n'y a pas de place
pour des nouveaux. Il y a une demande très forte parce que toutes les
personnes handicapées de 20 ans et plus sont un fléau pour les
parents, parce qu'ils ne savent plus quoi faire avec ces enfants, un jeune
mongol, je ne sais pas le nom mais... C'est un fléau à un moment
donné, parce qu'il n'y a pas assez de CTA justement. Il y a une demande
très forte, pour des sacs ou je ne sais pas...
Le Président (M. Bélanger): M. Monette.
M. Monette: Très brièvement, on ne prévoit
pas dépasser 40 CTA dans la province. Par contre, il y a des
études très prononcées actuellement pour faire ouvrir
l'entreprise ordinaire à l'acceptation de personnes handicapées.
Il y a des projets actuellement pour essayer d'intégrer des personnes
handicapées à du travail régulier, et qui ont une
productivité moindre que la productivité moyenne qu'on rencontre.
Ce n'est pas dans les CTA comme tels qu'on prévoit pouvoir ouvrir le
plus possible l'emploi aux personnes handicapées. Dans notre philosophie
et dans notre...
Mme Vermette: C'est en ce qui concerne les plans d'embauche.
M. Monette: Oui. C'est dans les plans d'embauche et les nouvelles
formules de travail adapté.
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement c'est
tout le temps que nous avions à notre disposition...
Mme Vermette: M. le Président, je ne sais pas si Mme la
ministre pourrait avoir encore cinq minutes.
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement, non.
Ce sont les ordres de la Chambre. Que Mme la ministre soit d'accord ou pas, je
regrette c'est fini. On a demandé tout à l'heure à M.
Thuringer de retenir une question. Rapidement, 1 nous reste une minute.
M. Thuringer: Merci, M. le Président. Pendant que je me
démêlais avec mes rampes "anglaises", le député de
Taillon a cité un chiffre. Il a dit qu'à peu près 68 % des
établissements qui détiennent le statut 113 ne respectent pas ou
n'ont pas un plan d'action pour donner des services en français. Je
trouve ce chiffre fort et j'aimerais demander, si c'est possible, de
déposer une liste de ces établissements.
Mme Robic: Je pense que la question devrait être
posée au ministre responsable de l'application de la loi 101, le
ministre de l'Éducation.
M. Thuringer: D'accord. Merci.
Adoption des crédits
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits relevant du ministère de la santé et des services
sociaux et sous la responsabilité de la ministre
déléguée à la Santé et aux Services sociaux,
c'est-à-dire le programme 9 de l'Office des personnes handicapées
du Québec, sont adoptés?
Mme Vermette: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les autres
crédits relevant de Mme la ministre déléguée
à la Santé et aux Services sociaux et responsable de
l'application de la loi 142 sont adoptés?
Mme Vermette: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Est-ce
que l'ensemble des crédits relevant de Mme la ministre
déléguée à la Santé et aux Services sociaux
sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Merci.
Alors, la commission ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux, sine
die.
(Fin de la séance à 19 h 10)