Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
relevant de la ministre déléguée à la Condition
féminine, pour l'année financière se terminant le 31 mars
1990. Nous en étions à...
Promotion des droits des femmes (suite)
Mme Harel: Ce matin, je pense, M. le Président, que nous
allons plus explicitement examiner le dossier des programmes d'accès
à l'égalité, de l'obligation contractuelle et des services
de garde. Alors, nous pourrions immédiatement examiner les programmes
d'accès à l'égalité.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce qu'on oublie le Conseil du statut de
la femme?
Mme Harel: Oui, en fait, le Conseil du statut de la femme va
aussi faire l'objet de notre examen ce matin, et particulièrement le
dossier des nouvelles technologies de reproduction. On verra où cela en
est rendu.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je voudrais
souligner la présence de la présidente de l'Office des services
de garde à l'enfance, Mme Nicole Marcotte, qui s'est maintenant jointe
au groupe.
Le Président (M. Bélanger): Bonjour, Mme Marcotte.
Donc, Mme la députée de Maisonneuve, la parole est à
vous.
Mme Harel: Le temps passe tellement vite, M. le Président.
Nous avons trois heures à notre disposition ce matin.
Le Président (M. Bélanger): Deux heures et
demie.
Mme Harel: Deux heures et demie? Nous terminons à midi
trente?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: Alors vous voyez, on a déjà une
demi-heure de moins que ce que j'avais prévu. Je vais demander
immédiatement à Mme la ministre de nous faire le bilan en
matière de programmes d'accès à
l'égalité.
Programmes d'accès à
l'égalité
Mme Gagnon-Tremblay: Alors je dirai, pour vous le rappeler, M. le
Président, que c'est en juin 1985 qu'est entrée en vigueur la
troisième partie de la charte des droits traitant des programmes
d'accès à l'égalité; par la suite, est entré
en vigueur, en septembre 1986, le règlement établissant le cadre
d'implantation des programmes d'accès à l'égalité
volontaires. Donc, en octobre 1986, les lignes directrices concernant la
validité des programmes d'accès à l'égalité,
émises par la Commission des droits de la personne, établissaient
les principes à appliquer pour assurer leur conformité à
la charte. Nous avons différents types de programmes d'accès
à l'égalité: les programmes volontaires - les programmes
qui résultent de l'initiative d'un individu ou d'un organisme, les
lignes directrices établissant les principes de conformité - les
programmes recommandés ou ceux qui sont imposés par la Commission
des droits de la personne, de même que les programmes obligatoires, les
programmes dans les ministères ou organismes et pour lesquels le
gouvernement s'est créé une obligation en vertu de l'article 86.7
de la charte.
Donc, le gouvernement s'était donné un plan d'action
gouvernemental en matière de programmes d'accès à
l'égalité. Nous voulions, d'une part, apprivoiser le concept et
la démarche des programmes d'accès à
l'égalité, inciter l'implantation des programmes d'accès
à l'égalité et évaluer le cadre législatif,
réglementaire et administratif des programmes d'accès à
l'égalité.
Pour le secteur privé, nous nous sommes donné
différents moyens: nous avons créé un comité
consultatif paritaire sur les programmes d'accès à
l'égalité, un programme de soutien technique et financier; nous
avions prévu l'implantation de 20 projets pilotes. Actuellement, dans le
secteur privé, nous avons 17 entreprises qui ont signé des
programmes d'accès à l'égalité, c'est-à-dire
qui ont signé une entente avec le gouvernement dans le but d'implanter
des programmes d'accès à l'égalité. Ces 17
entreprises regroupent près de 400 établissements. Dix
entreprises du premier groupe, qui avaient été recrutées
en 1986-1987, ont déposé leur rapport Diagnostic au
Secrétariat à la condition féminine. Il y a une
entreprise, entre autres, lST, qui applique depuis déjà plusieurs
mois les mesures prévues à son programme alors que deux autres,
la Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec et Papiers Perkins, sont en processus d'adoption de
leur programme par la haute direction.
Quant aux six entreprises du deuxième groupe - je pense par
exemple à Provigo Distribution, FTQ, Sico, Ultramar - la majorité
d'entre elles réalisent présentement la rédaction du
rapport Diagnostic et l'élaboration de leur programme d'accès
à l'égalité. Elles devraient terminer leur rapport
Diagnostic au cours des prochains mois. Deux entreprises, Domtar et
Québécor, compte tenu de leur taille et de la nature de
leurs opérations, ont obtenu une prolongation jusqu'en septembre, date
à laquelle elles remettront leur rapport Diagnostic et leur
programme.
Je ne sais pas si Mme la députée de Maisonneuve serait
intéressée à connaître les grands constats des
rapports Diagnostic? Oui? Quatre grands constats se dégagent des
rapports Diagnostic remis par les entreprises du premier groupe. On constate
que les femmes travaillent principalement dans les emplois de bureau, que la
main-d'oeuvre féminine est sous-utilisée dans plusieurs groupes
d'emploi, que des percées ont été faites dans certains
secteurs traditionnellement masculins, si bien que les femmes sont assez bien
représentées, et que la démarche a permis aux entreprises
de passer en revue l'ensemble de leurs systèmes d'emploi, y compris la
rémunération, ce qui a permis d'éliminer plusieurs
obstacles à l'emploi des femmes.
On peut d'ores et déjà prévoir, à la
lumière des informations obtenues auprès des dix entreprises du
premier groupe, qu'au moins six d'entre elles auront des objectifs visant une
meilleure représentation des femmes. Certaines n'en auront pas, du fait
que les taux de sous-utilisation sont non significatifs. De plus, un
éventail de mesures, que ce soit des programmes de formation, des
mesures d'intégration, l'élargissement des bassins de
candidature, le soutien des employés désirant une promotion dans
des secteurs non traditionnels, seront prévues aux différents
programmes. On constate aussi que des entreprises ont prévu des mesures
touchant l'équité salariale: correction du classement-moquette,
évaluation des emplois, etc.
Sur le plan de la concertation des syndicats, 14 des 17 entreprises
pilotes comptent au moins un syndicat. À partir des informations
obtenues, on constate que les syndicats ont généralement
été avisés de la décision de la direction d'amorcer
une démarche visant la mise sur pied d'un programme d'accès
à l'égalité. Par ailleurs, trois entreprises ont
établi une concertation plus formelle avec leur syndicat. Deux d'entre
elles, Papiers Perkins et FTQ, travaillent en comité paritaire, lequel
assiste la personne responsable du projet dans toutes les phases du programme
d'accès à l'égalité. Une entreprise, Gaz
Métropolitain, travaille de façon régulière en
étroite collaboration avec des représentants des syndicats.
Quant au soutien professionnel et technique que nous avons
accordé à ces différentes entreprises, il y a eu quatre
sessions de formation qui ont été données, dont trois pour
les entreprises du deuxième groupe, qui ont été
dispensées par le Secrétariat à la condition
féminine. Ces sessions de formation ont porté sur
l'élaboration d'un programme d'accès à
l'égalité, la communication, l'analyse d'effectifs et la
disponibilité de la main-d'oeuvre, l'analyse du système d'emploi,
la rédaction d'un rapport Diagnostic et l'élaboration d'un
programme d'accès à l'égalité. Les entreprises se
sont réunies trois fois en réseaux informels.
L'équité salariale a été l'objet d'une de ces
rencontres, alors que les deux autres ont permis de faire un premier bilan des
expériences pilotes et d'identifier les besoins futurs en matière
de soutien professionnel.
Il y a eu aussi des visites d'entreprises. Un appui professionnel est
accordé aux entreprises, qui se poursuit et qui est accordé
principalement de façon individuelle. Outre les entrevues
téléphoniques et la diffusion régulière
d'information, les visites d'entreprises sont le moyen privilégié
pour fournir cet appui. Les professionnels du Secrétariat à la
condition féminine ont effectué plus de 35 visites auprès
des entreprises au cours de l'année 1988-1989. Les échanges ont
permis d'adapter le soutien aux besoins individuels des organisations, de
fournir des conseils techniques sur les problèmes rencontrés et
de discuter des stratégies à développer.
On a aussi développé et fourni des outils. Un second
aide-mémoire traitant de la phase d'élaboration d'un programme
d'accès à l'égalité a été
conçu par le Secrétariat à la condition féminine et
distribué à toutes les entreprises. Cet outil poursuit deux
objectifs: soutien à l'entreprise dans la phase d'élaboration de
son programme d'accès à l'égalité, et compilation
de renseignements et commentaires nécessaires aux fins de
l'évaluation. En vue d'outiller davantage les entreprises pour la
rédaction de leur rapport Diagnostic et pour l'élaboration de
leur programme d'accès à l'égalité, deux autres
outils ont été développés par le Secrétariat
à la condition féminine. Il s'agit de l'Accès à
l'égalité - Guide d'élaboration d'un programme volontaire,
de même que du schéma d'interprétation des données
recueillies lors de la phase Diagnostic et d'une liste de mesures.
Donc, premier bilan de l'expérience des entreprises en regard de
la démarche d'un programme d'accès à
l'égalité. Comme je le mentionnais en février 1989, il y a
un document présentant un premier bilan des expériences pilotes
qui a été soumis au comité consultatif sur les programmes
d'accès à l'égalité dans le secteur privé.
Vous vous souviendrez que ce comité consultatif est composé de
douze membres, dont quatre représentants patronaux, quatre
représentants syndicaux et quatre représentantes des groupes de
femmes; c'est Mme McNeil qui en est la présidente. Ce document de
travail présente des données recueillies auprès des dix
entreprises, sur le travail du premier groupe seulement, et les données
concernant le démarrage des programmes d'accès à
l'égalité ainsi que la démarche utilisée par les
entreprises pour la phase Diagnostic. Ce document, validé par les
entreprises elles-mêmes, tente de répondre à trois grandes
questions: quelles sont les forces et les faiblesses de la démarche;
quels éléments devraient être améliorés et
quels éléments, au chapitre des analyses, sont inutilement
complexes
ou superflus.
Est-ce que vous aimeriez que je vous donne les forces et les faiblesses
qu'on a constatées?
Mme Harel: La grande question, c'est la suivante: Comment se
fait-il que les objectifs fixés il y a trois ans ne sont pas atteints?
L'an dernier, à cette question qui vous était posée, vous
répondiez qu'il y avait 17 entreprises...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: ...privées - on reviendra sur le secteur public
- et vous me parlez des 17 mêmes entreprises dont il était
question l'an passé, exactement les mêmes. Pourtant, vous
annonciez l'an dernier que deux nouvelles entreprises devaient s'ajouter tout
prochainement aux 17 qui étaient déjà là.
La première question, la plus importante, parce que je ne doute
pas que les instruments que le secrétariat a bâtis sont
intéressants, c'est celle-ci: Comment se fait-il qu'on ait perdu notre
leadership? C'est évident que, s'il y a un dossier où le
Québec a perdu son leadership au profit de l'Ontario, c'est bien celui
des programmes d'accès à l'égalité. L'Ontario a
déjà légiféré de manière à
obliger toutes les entreprises, par le biais de lois spécifiques,
à présenter un plan d'équité salariale. En
matière de programmes d'accès à l'égalité,
je faisais juste la comparaison entre les secteurs public et privé de
l'accès de ces programmes, de leur pénétration dans le
secteur public, et c'est évident, sur la base des chiffres que l'on a,
que c'est extrêmement décevant.
Je vous rappelais jeudi dernier que, par exemple, en Ontario, au niveau
des commissions scolaires, c'est au-delà de 102 conseils scolaires - qui
correspondent à nos commissions scolaires - sur 126. Donc, sur un total
de 126 en Ontario, 102 ont bénéficié du soutien du
ministère ontarien, ce qui fait que 80 % des commissions scolaires ont
participé aux programmes d'accès à l'égalité
et ont obtenu des subventions moyennes de l'ordre de 40 000 $. Quand on regarde
la situation au Québec, on se rend compte que dans le monde scolaire, en
mars 1989, sur 207 commissions scolaires, 19 ont un programme d'accès
à l'égalité. Évidemment, 19 donnent 9 %, sur un
total de 207 commissions scolaires, et pourtant on prétend que c'est le
milieu où il y a eu le plus de progrès. Dans le monde municipal,
c'est encore beaucoup plus décevant; ce sont 14 municipalités sur
1500. On ne parle pas des collèges et universités qui devraient
performer et qui pourtant, en mars 1989, sont à 19 programmes sur 90
environ. Les établissements de services sociaux et de santé, sur
les 900 que compte le Québec, il y en a 11 qui ont de tels programmes.
C'est un modèle qui se répète dans d'autres secteurs,
malheureusement. Mais ce n'est pas le plan triennal qui a aidé; il y a
eu une sorte de piétinement avec le plan triennal. Un montant de 6 000
000 $ avait été annoncé, il y a trois ans. Combien y
a-t-il eu de crédits périmés sur les 6 000 000 $? Est-ce
que les 6 000 000 $ ont été entièrement
dépensés? Le montant de 1 200 000 $ supplémentaire
qu'annonce Mme la ministre - non pas ce qui est budgétisé -
va-t-il porter à 7 200 000 $ ce qui est dépensé en
matière de programmes d'accès à l'égalité?
Et précisément les 6 000 000 $, à ce jour - puisque le
plan triennal se termine cette année - ont-ils été
entièrement dépensés ou engagés? Combien y a-t-il
eu de crédits périmés?
Mme Gagnon-Tremblay: Au départ, M. le Président, je
voudrais dire que c'est vrai que nous en sommes encore à 17 entreprises.
Nous avons cessé le recrutement des autres entreprises pour
différentes raisons, parce que nous avons décidé de
consacrer nos efforts à celles qui existent actuellement. Nous avons
été à la recherche de deux entreprises pour les
communautés culturelles. À l'intérieur de ces programmes
dans le secteur privé, on finance la CUM pour la partie
Communautés culturelles, pour qu'on puisse en même temps, tout en
faisant ces programmes d'accès à l'égalité,
identifier un aspect en faveur des communautés culturelles et surtout
des femmes en communautés culturelles. Nous avons plutôt
décidé de financer la Communauté urbaine de
Montréal dans le but de faire cette expérience.
Une autre chose que je voudrais par contre éclaircir une fois
pour toutes, c'est que je n'accepte pas, M. le Président, qu'on dise que
le Québec prend du retard et qu'on le compare avec le gouvernement
ontarien en ce qui concerne l'équité salariale ou les programmes
d'accès à l'égalité. D'abord, je tiens à
rappeler que le principe de l'équité salariale est inscrit dans
la Charte des droits et libertés de la personne, laquelle fut
sanctionnée le 27 juin 1975. Elle a été mise en vigueur un
an après, en 1976, par le gouvernement libéral d'ailleurs. Donc,
à ce moment-là, ce n'est pas d'aujourd'hui. Nous avons
été l'une des premières provinces à inscrire le
principe de l'équité salariale dans la charte. S'il ne s'est rien
fait depuis 1976 jusqu'à maintenant, je n'y suis pour rien, M. le
Président.
Avec cette charte et son article 19 sur l'équité
salariale, de même qu'avec les pouvoirs d'enquête qui
étaient consentis à la Commission des droits de la personne, le
Québec disposait en 1976 de tous les instruments nécessaires pour
assurer l'égalité en emploi pour les femmes et d'autres groupes
cibles, mais aussi l'équité salariale. Alors, si on regarde, par
exemple, ce qui s'est fait depuis trois ans au chapitre de
l'égalité sur le marché du travail, on peut
assurément dire que c'est plus que ce qu'on a pu faire au cours des neuf
dernières années. Je ne voudrais pas attaquer non plus Mme la
députée de Maisonneuve, parce qu'on sait très bien que
c'est un dossier fort complexe et difficile, et que
l'on ne peut le mettre en place en une seule année. On sait par
exemple qu'une fois que le règlement a été mis en vigueur
nous avons élaboré la phase d'implantation; nous sommes à
la phase expérimentale. Alors, il faut le faire aussi de façon
que ça nous rapporte des bénéfices et si, en cours de
route, on doit modifier notre approche, comme on a dû le faire, par
exemple, au niveau des commissions scolaires ou de l'éducation,
plutôt que d'en avoir davantage, on a préféré donner
un appui financier et technique plus soutenu à l'ensemble de ces
intervenants, dans le but de bien expérimenter ces programmes
d'accès à l'égalité.
Quant aux sommes investies, on avait prévu un montant de 6 500
000 $. Le total dépensé au cours des trois dernières
années s'élève maintenant à 6 125 000 $. Cette
année, nous ajoutons 1 260 000 $ pour poursuivre cette
expérimentation, puisqu'on a demandé un délai
supplémentaire d'un an afin de terminer notre expérience.
Mme Harel: Plus précisément, quel est le montant
périmé depuis trois ans, pour chaque année?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est difficile de vous donner le montant
correspondant à chaque année, puisque, finalement, pour
différentes raisons à cause des phases d'implantation, par
exemple, certaines compagnies, certaines entreprises, certaines commissions
scolaires, certaines municipalités n'ont pas réussi, dans le
délai prévu, à faire cette démarche. On s'est rendu
compte qu'en faisant cet exercice le délai était beaucoup plus
long que nous ne l'avions prévu.
Alors, ces sommes ont été redistribuées. Nous
n'avons pas périmé de sommes au cours des années. Cela a
été reporté d'une année à l'autre. Sur les 6
125 000 $, il y a environ 425 000 $ ou 475 000 $ qui ont été
périmés du fait qu'on a eu de la difficulté à
trouver deux ou trois autres entreprises dans le secteur privé, parce
qu'il fallait tenir compte de la taille de l'entreprise, il fallait tenir
compte de différents facteurs.
Comme je vous l'ai dit, nous avions réservé ces sommes,
entre autres, pour les trois dernières entreprises, pour être en
mesure en même temps de recruter des entreprises qui pouvaient fournir
une expérience dans le volet des communautés culturelles.
Mme Harel: Je dois donc constater que, malgré que vous ne
l'acceptiez pas... De toute façon, cela n'a pas tellement d'importance
qu'on accepte ou qu'on n'accepte pas. Les faits sont plus têtus que
l'interprétation qu'on en donne et les faits sont les suivants. Le
Manitoba et l'Ontario ont, depuis deux ans légiféré, en
matière d'égalité en emploi et ont assumé un
leadership que le Québec n'a plus, puisque l'inclusion dans la charte de
la disposition "à travail équivalent salaire égal" n'a pas
donné lieu à une pratique pouvant modifier le
déséquilibre qu'on peut constater dans les milieux de travail. Le
gouvernement précédent avait introduit une modification à
la charte permettant des programmes volontaires d'accès à
l'égalité, permettant donc ce que certains prétendent
être de la discrimination à rebours, c'est-à-dire des
programmes d'action positive.
Les provinces avaient également légiféré en
cette matière et l'expérience que doit en tirer le gouvernement,
en fonction depuis trois ans et demi maintenant, et qui devra assumer ses
responsabilités, l'expérience des gouvernements voisins, comme
celle du Québec tout au moins, c'est que les programmes volontaires ne
suffisent pas. L'Ontario et le Manitoba ont, depuis deux ans maintenant,
adopté des lois précises rendant nécessaires des plans
d'équité salariale obligatoire. C'est assez
phénoménal de voir les résultats qui devraient servir
à la ministre. La question que je lui pose pour le présent,
l'immédiat, le maintenant dont elle est seule responsable, et pour
l'avenir dont elle prétend être responsable également:
Entend-elle recommander à son gouvernement l'introduction de lois
précises contenant des plans d'équité salariale comme
l'ont fait l'Ontario et le Manitoba?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, le gouvernement a
choisi la voie des programmes d'accès à
l'égalité.
Mme Harel: Volontaires, c'est cela? (10 il 30)
Mme Gagnon-Tremblay: En faisant cet exercice des programmes
d'accès à l'égalité, nous visons
l'équité salariale dans chacune des entreprises. D'ailleurs, j'ai
fait mention tout à l'heure que, déjà, certaines
entreprises travaillent à l'équité salariale. Nous faisons
un tout des deux. Nous avons choisi cette formule parce que nous croyons que
c'est la meilleure. C'est donner une très mauvaise image du
Québec que de dire qu'on traîne de la patte. Je ne voudrais pas
que la population croie que le Québec est la pire province; elle n'est
ni meilleure ni pire que les autres provinces. Je pense qu'à ce chapitre
le Québec a été le premier gouvernement au Canada, en
Amérique du Nord même, à prévoir dans une loi le
principe du salaire égal pour un travail équivalent dans la
charte de 1975. On s'est attaqué à la discrimination salariale
dans son ensemble par l'implantation de comités paritaires.
On sait, par exemple, que le Québec a privilégié
pour la fonction publique la voie des négociations, à l'instar de
Terre-Neuve et du gouvernement fédéral, plutôt qu'une loi
comme, par exemple, le Manitoba, l'Ontario, la Nouvel-le-Écosse ou
l'île-du-Prince-Édouard bien que la démarche
préconisée soit analogue au plan méthodologique. Mais
dire, par contre, que nous ne sommes pas à l'avant-garde ou que nous
traînons de la patte comparativement aux autres provinces, c'est inexact,
M. le Président.
Mme Harel: Ce qui donne une mauvaise image du Québec
présentement, c'est l'inertie actuelle du gouvernement libéral.
Ce n'est pas d'en parler pour la corriger qui donne la mauvaise image, c'est de
la laisser se perpétuer. En matière de programmes d'accès
à l'égalité en emploi, on a, de toute évidence,
perdu le leadership au profit de l'Ontario et du Manitoba. La question que je
pose à la ministre: Est-elle satisfaite qu'actuellement 17 entreprises,
comme l'an dernier, ont maintenant introduit des programmes d'accès
à l'égalité? Il n'y a pas eu de progrès depuis un
an. En est-elle contente? En matière de programmes dans le secteur
public, je rappelle simplement les faits. De toute évidence, il y a du
retard, même par rapport aux objectifs qui étaient modestes du
plan triennal, puisque la situation au printemps 1989 est la suivante. Dans le
monde municipal quatorze programmes et l'objectif était de 20; il y a
donc un retard sur les 1500. Quant aux commissions scolaires, l'objectif
était de 36 programmes, il y en a 19. C'est à peine 50 % et c'est
supposé être le milieu qui "performe". Il ne faut pas oublier que
c'est sur 207. Dans les collèges et universités, l'objectif
était plus élevé; c'était censé être
42 qui allaient introduire de tels programmes et il y en a 19 - ce n'est
même pas 40 % - sur 90, ce qui devrait être un objectif à
poursuivre malgré tout. Trois ans plus tard, on n'en est même pas
à vouloir poursuivre l'objectif qui avait été fixé
il y a trois ans. Dans les établissements de services sociaux, ce n'est
même pas 30 % de ce qui avait été fixé il y a trois
ans, c'est-à-dire 30 programmes; il y en a onze, sur 900
établissements. Dans l'entreprise privée, on n'y revient pas, ce
sont toujours les 17 dont on parie depuis deux ans. Concernant les commissions
scolaires, est-ce que la ministre va prendre en considération les
réactions, notamment de Mme Pagé,qui me semble être une
femme assez sensée - elle vient de gagner un prix important qui lui a
été décerné dans le cadre du Salon de la femme -
qui disait, et je la cite: "Au lieu de plans d'action sérieux,
engagés, on se retrouve en présence de plans intentionnels,
signés de bonne volonté, sans doute, mais aussi de lenteur
à prendre des mesures concrètes. Il ne suffit pas de
féminiser un texte ou de provoquer quelques promotions pour modifier une
organisation du travail qui ne tient pas compte de la réalité des
femmes." Et pourtant, Mme Pagé signalait que, s'il y a un milieu
où les programmes d'accès à l'égalité
devraient être importants, c'est bien celui de l'enseignement, où
elle disait des effectifs: "Plusieurs analyses n'ont pas été
effectuées ou l'ont mal été, comme celle des effectifs
à statut précaire, une réalité féminine
à 71 %, celle de la disponibilité et de l'utilisation de la
main-d'oeuvre interne et externe, et celle du système d'emploi", et elle
concluait: "Si le gouvernement avait réellement souhaité une
transformation profonde dans la représentation des femmes, et ce
à tous les niveaux, dans l'organisation et la culture du travail, il
aurait associé de manière paritaire les organisations syndicales
au processus d'équité en emploi. Or, il s'en est bien
gardé - a soutenu Mme Pagé - et a lancé
unilatéralement ses programmes. Le résultat: une perte de temps
et un beau gâchis." Fin de la citation.
Est-ce que, à la suite de ces commentaires, Mme la ministre ou le
Secrétariat à la condition féminine a pris contact avec la
CEQ? Ont-ils engagé des pourparlers? Y aura-t-il des correctifs qui
seront apportés à cette situation?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons formé un comité
consultatif auquel siègent déjà quatre syndicats. Je pense
que je vais plutôt prendre les résultats de leur analyse avant de
prendre les résultats de qui que ce soit. Nous avons, comme gouvernement
du Québec, décidé d'implanter des programmes
d'accès à l'égalité sur une base volontaire et
incitative, parce que nous croyons que c'est la meilleure façon de faire
avancer l'égalité en emploi. On a beau nous reprocher notre
façon de faire, nous reprocher le fait que d'autres provinces ont
adopté d'autres mesures, nous avons décidé que nous
allions travailler dans ce sens. Maintenant, nous procédons à
notre expérience et, par la suite, nous verrons les correctifs à
apporter, s'il y a lieu. Ça fait 20 ans qu'aux États-Unis on
expérimente des programmes d'accès à
l'égalité, et on est encore à les améliorer. Si on
veut faire de la politique avec les programmes d'accès à
l'égalité, je pourrais dire, justement, qu'il vous a fallu trois
ans pour mettre en place la partie III de la Charte des droits et
libertés qui traitait des programmes d'accès à
l'égalité, pour favoriser le développement de tels
programmes dans tous les secteurs d'emploi.
Vous me parliez tout à l'heure du monde municipal. Une fois pour
toutes, c'est la dernière fois que je veux en discuter, si nous avons
décidé de favoriser un peu moins les municipalités, les
commissions scolaires, les cégeps, c'est tout simplement parce que nous
avons voulu fournir une aide accrue aux intervenants dans le but de bien
expérimenter les programmes d'accès à
l'égalité.
Dans le domaine municipal, le démarrage des premiers projets
pilotes s'est effectué en mars 1987. Un deuxième groupe a
commencé ses travaux en janvier 1988 alors que le troisième a
commencé en février 1989. On ne peut pas aller plus vite que la
machine, on ne peut pas aller plus vite que les gens. Je pense qu'il est
important de bien le faire. Nous avons un comité consultatif qui est
là pour vérifier la pertinence des différentes mesures ou
la façon de le faire, d'expérimenter, et, lorsque cette
expérience sera terminée, on nous fera rapport. D'ailleurs, on
est censés nous faire un rapport préliminaire en cours de route
et, par la suite, comme je l'ai dit, on pourra changer notre méthode ou
amélio-
rer notre système à partir de l'expérience qu'on
aura vécue.
J'ai commencé à parler tout à l'heure des constats
qu'on avait faits, des diagnostics qu'on avait pu percevoir dans
l'expérimentation des programmes dans le secteur privé. On
constate qu'il y a aussi une concentration de femmes chez les employés
de bureau dans les municipalités. Il y a une sous-utilisation des femmes
chez les cadres, les professionnels, les policiers, les pompiers, les cols
bleus, et les écarts salariaux entre les hommes et les femmes
s'expliquent, entre autres, par la concentration des femmes dans certains types
d'emploi. Il y a des modes de recrutement qui peuvent faire obstacle à
l'intégration des femmes, il y a des titres d'emploi qui sont
sexués et il y a absence de plans de formation. Déjà, deux
des quatre municipalités ont complété leur programme et se
sont donné des mesures de redressement. Il y en a une autre qui
révise son plan d'action en vue d'inclure des objectifs de
représentation de la main-d'uvre féminine. On constate
aussi que des mesures sont prévues pour faciliter l'entrée et
l'intégration des femmes et corriger les problèmes
identifiés lors de l'analyse du système d'emploi. Des
activités de sensibilisation et de communication sont aussi
prévues dans les plans d'action.
Quant aux programmes d'accès à l'égalité
dans le milieu de l'éducation, 36 commissions scolaires ont
été choisies pour la préparation et l'implantation de
programmes d'accès à l'égalité. Je le disais tout a
l'heure, compte tenu du temps que ça pouvait prendre pour l'implantation
et l'expérimentation, compte tenu du soutien plus approfondi qu'il faut
accorder à ces différentes institutions, nous avons
décidé de limiter le nombre de participants afin de leur donner
l'appui nécessaire. Je peux vous dire qu'au moment où on se parle
il y a quand même 19 commissions scolaires qui ont reçu une aide
financière et professionnelle, des outils de recherche plus nombreux et
plus développés, une expertise-conseil plus articulée au
terme de l'intervention, ce qui devrait faciliter la tâche des
commissions scolaires qui voudront entreprendre une démarche
d'accès à l'égalité.
Il y a 19 cégeps qui sont en phase d'expérimentation d'un
programme d'accès à l'égalité.
Mme Harel: Sur 42.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a quand même 400
établissements qui expérimentent un programme d'accès
à l'égalité. C'est quelque chose, M. le Président,
et je ne voudrais pas qu'on s'imagine ou qu'on continue à dire qu'il ne
se fait rien. C'est invraisemblable de dire qu'il ne se fait rien dans ces
domaines.
Mme Harel: Mme la ministre a dit tantôt qu'elle
était satisfaite du rythme de développement. En comparant
simplement l'action menée à l'égard des commissions
scolaires en Ontario et au Québec, on se rend compte qu'en Ontario il
s'agissait aussi d'un fonds d'encouragement à l'action positive et non
pas de programmes obligatoires dans les commissions scolaires. Pourtant, en
trois ans, 102 conseils scolaires sur 126 ont bénéficié
d'un soutien et ont participé à l'implantation des programmes. La
comparaison est réellement en notre défaveur puisque, pendant les
trois mêmes années au Québec, Mme la ministre vient de le
confirmer, c'étaient 19 commissions scolaires, cette fois sur 207,
malgré l'objectif de 36 fixé il y a trois ans. Encore là,
on voit que non seulement l'Ontario ne s'en satisfait pas mais que c'est
l'inverse finalement, parce qu'on peut comprendre les difficultés
d'implantation qui peuvent se produire en cours de route et corriger le tir au
bon moment. Alors, en Ontario, non seulement ne sont-ils pas satisfaits qu'en
trois ans il y ait eu 102 conseils scolaires sur 126, mais, en décembre
1988, un projet de loi a été présenté à la
fin de la session, il est discuté durant la présente session, et
permettra au ministère de l'Éducation d'exiger que tous les
conseils scolaires aient une politique d'accès à
l'égalité pour les femmes à leur emploi. Alors, il y a
déjà un net progrès par rapport à nous. Cela ne les
satisfait pas encore, ils se disent qu'il faut continuer, et, pour continuer,
ils en sont à discuter d'un projet de foi pour exiger des conseils
scolaires de tels programmes. On est loin de l'attitude manifestée par
Mme la ministre ce matin, qui non seulement est bien en deçà,
avec les difficultés qui se présentent, j'en conviens, mais a
l'air de s'en contenter.
Une question importante actuellement pour l'avancement de l'ensemble des
dossiers de la promotion des femmes en emploi reste en suspens. Est-ce que Mme
la ministre maintient que dans la fonction publique ou parapublique il n'y a
pas de discrimination systémique? Elle a eu l'occasion, dans des
entrevues, de faire valoir qu'elle ne pensait pas qu'il y avait de la
discrimination, qu'elle attendait, en tout cas, des rapports d'étude.
Ces rapports sont maintenant connus. Quel est son point de vue sur la
discrimination systémique à l'intérieur des corps d'emploi
dans la fonction publique?
Mme Gagnon-Tremblay: Au départ, je voudrais
répondre à la première question, M. le Président,
et dire que notre programme est quand même différent du programme
de l'Ontario, puisqu'on Ontario il s'agit d'un programme
d'égalité des chances. D'ailleurs, ce programme fait l'objet
d'une consultation pour voir quel résultat cela donne. On s'interroge et
on tente de l'améliorer. Alors, ce sont deux programmes qui ne sont pas
nécessairement comparables.
Pour nous, ce qui est important, ce n'est pas le nombre d'entreprises ou
d'intervenants, mais ce sont finalement les modèles qu'on crée
pour les autres entreprises. Nous en sommes vraiment à une phase
expérimentale et ce qui est
important, c'est de créer des modèles, d'avoir de bons
modèles pour l'ensemble des autres entreprises. On pourra en discuter,
on pourra faire des comparaisons lorsqu'on aura en main le rapport
d'évaluation, l'an prochain. À ce moment, je pourrai discuter
à nouveau avec la députée de Maisonneuve, à savoir
si vraiment on tire de la patte. Mais c'est inadmissible de dire et d'essayer
de comparer ce qui se fait ici avec ce qui se fait dans les autres provinces.
(10 h 45)
Quant à l'équité salariale, je pense que
l'inéquité, sous toutes ses formes, est une chose qu'une
société ne peut tolérer, encore moins si elle
résulte de gestes discriminatoires à l'égard d'un individu
du seul fait de son sexe, de sa couleur ou de son origine ethnique. Cependant,
il ne faut pas dramatiser et attribuer au phénomène
d'inéquité tous les écarts qui séparent les
individus dans une société. Je pense que c'est important
d'évaluer les causes exactes pour apporter les bons remèdes.
Avant de parler de discrimination, je pense qu'il faut commencer par
voir d'où provient cette inéquité. La moitié de
l'écart est attribuable à des facteurs de productivité,
soit l'expérience, la formation. On sait, par exemple, que dans
l'histoire les femmes n'ont pas toujours été présentes sur
le marché du travail comme elles le sont présentement; elles
n'ont pas toujours eu la formation qu'on tente de leur donner aujourd'hui.
L'autre moitié de l'écart résulte d'une
ségrégation professionnelle dont peut-être 5 % à 10
% pourraient être attribuables à de la discrimination, de la
discrimination peut-être involontaire aussi. Alors, je dis qu'il n'y a
pas nécessairement de consensus sur la partie de cet écart qui
est attribuable à la discrimination salariale pure. Parce qu'il existe
des disparités salariales, celles-ci ne constituent pas le seul aspect
d'une chaîne de pratiques. C'est pourquoi, M. le Président, nous
avons décidé, comme gouvernement, de former des comités
paritaires dans le but de se donner les outils nécessaires pour bien
évaluer quel pourcentage on peut attribuer à un type de facteur
par rapport à un autre.
Donc, je pense que de s'attaquer à la discrimination salariale
exige le déploiement d'un ensemble de moyens, non seulement sur le
marché du travail - par exemple, la loi antidiscriminatoire, les
programmes d'accès à l'égalité, la formation
adaptée - mais également en amont, l'éducation,
l'orientation et, en aval, la conciliation de la vie familiale avec la vie
professionnelle. C'est un tout, ce n'est pas uniquement l'équité
comme telle, mais il faut être en mesure d'aider ces femmes au chapitre
de l'éducation, de l'orientation, de la formation et aussi, en aval,
leur offrir différentes mesures pour concilier leur vie professionnelle
et leur vie familiale, ce qui suppose des services de garde, bien sûr,
des congés de maternité, l'aménagement du temps de
travail. C'est ce sur quoi nous travaillons présentement.
Puisqu'on parle d'équité salariale, j'aimerais vous donner
quelques statistiques qui concernent les salaires hommes et femmes dans le
secteur public. À la santé et aux services sociaux, le salaire
moyen des femmes est à 101,5 % de celui des hommes; à
l'éducation, le salaire des femmes est à 92,2 % de celui des
hommes. Pour l'ensemble des secteurs public et parapublic incluant la fonction
publique, les femmes gagnent, en moyenne, 89 % du salaire des hommes. Par
comparaison, dans l'économie en général, les femmes
gagnent environ 70 % du salaire des hommes. Donc, H y a discrimination. Comme
je le mentionnais, c'est bien facile de dire qu'il y a de la discrimination,
mais il faut être en mesure de déceler ou de faire vraiment
l'inventaire de ce que c'est, d'où ça résulte et où
ça nous mène. À partir de ça, la seule façon
de l'identifier, c'est par le biais des comités paritaires qu'a mis sur
pied le gouvernement et pour lesquels une expérience très
significative est en train de se produire. Naturellement, je comprends que
certains groupes n'aient pas voulu faire partie de ces comités
paritaires. Un syndicat, entre autres, a décidé de fonctionner
autrement, de se donner d'autres moyens, d'autres outils. Finalement,
qu'arrivera-t-il si on n'est pas sur la même longueur d'onde? Comment
pourra-t-on identifier, évaluer l'ensemble de ces outils?
Concernant l'équité salariale, je peux vous dire les
différents comités, tels ceux de la CEQ, de la FTQ, de la CSD, de
la CEQ-professionnels, des fonctionnaires et des professionnels.
Voilà!
Mme Harel: Mme la ministre, je ne doute pas que les
comités doivent se multiplier, mais la question, c'est: Dans ce
déploiement de moyens, l'actuelle négociation dans le secteur
public n'est-il pas celui A privilégier : Je vous ai signalé
tantôt l'expérience ontarienne qui est une expérience pour
introduire dans l'ensemble de la pratique économique l'obligation... Je
lis ce que je retrouvais dans La Gazette des femmes du mois dernier: "La
loi ontarienne s'appuie sur la prémisse qui veut que la discrimination
soit systémique et constitue la règle et non l'exception". Vous
venez d'essayer de faire la démonstration que c'était
l'exception. "Le législateur a donc le devoir d'obliger les entreprises
ayant plus de dix employés à examiner leurs pratiques salariales
et à les réviser lorsqu'il y a discrimination salariale, en y
consacrant jusqu'à 1 % de la masse salariale de l'année
précédente." La question est la suivante: Y a-t-il ou pas
discrimination salariale? La grande question dans la fonction publique reste
posée. Y a-t-il ou non discrimination? Vous me répondez par des
moyennes. Je vous rappelle un vieil adage qui veut qu'on puisse se noyer dans
trois pieds d'eau en moyenne. Il n'y a rien de plus inquiétant que des
moyennes. L'anonymat des moyennes est justement ce qui a longtemps
empêché la progression des dossiers de la condition
féminine. En moyenne, les femmes s'en sortaient et on
évitait d'identifier celles qui ne s'en sortaient pas.
La question qui reste posée est la suivante: Est-ce que dans la
fonction publique les femmes se retrouvent concentrées dans des classes
d'emploi moins payées, parce que des classes d'emploi majoritairement
occupées par des femmes? C'est ça, la grande question. C'est la
structure des emplois qui est en cause, à ce moment-là, et
l'échelle qui est assortie.
J'avais quelques exemples qui sont évidemment très connus,
puisque ce sont des exemples qui, de toute évidence, devraient
interpeller, sinon le gouvernement, du moins la ministre
déléguée à la Condition féminine. Prenons
des professionnels, avec une même formation, une même
expérience - puisque ce sont là les facteurs dont Mme la ministre
a parlé - des professionnels qui ont un bac. Les bibliothécaires
qui constituent un groupe féminin à 70 %, gagnent 22,31 $ l'heure
au sommet de leur carrière, tandis que les conseillers
pédagogiques - un groupe masculin à 63 % - au sommet de leur
carrière gagnent 25,51 $ l'heure, pour la même formation, la
même expérience, le même nombre d'années. La
différence, c'est que dans un des secteurs d'activité c'est
majoritairement féminin à 70 % et, dans l'autre, c'est
majoritairement masculin à près de 70 %. Où est la
différence de formation et d'expérience? Elle n'est pas
là.
Il en est ainsi également pour les techniciennes qui, cette fois
ont un diplôme d'études collégiales, un DEC. Par exemple,
le groupe des infirmières, majoritairement féminin. Au sommet de
leur carrière elles gagnent 17,25 $ avec la même formation et le
même nombre d'années d'expérience qu'un groupe
majoritairement masculin, les techniciens en informatique, qui sont à
20,10 $, presque 3 $ de plus l'heure, au sommet de leur carrière.
Je ne vous parle pas de l'exemple du vitrier et de la couturière
dont le Québec parle, celui que l'on retrouve dans l'ensemble de toutes
les publications, y compris dans La Gazette des femmes. Le vitrier gagne
11,96 $ et la couturière, 10,42 $, alors que leur tâche exige des
aptitudes semblables, des qualifications similaires. La question est la
suivante: Est-ce que Mme la ministre, puisqu'elle ne pourra pas toujours s'en
remettre aux comités... Il va y avoir, à un moment donné,
une certaine minute de vérité avec cette question importante, qui
peut avoir un effet d'entraînement, à défaut d'une loi que
le gouvernement n'a pas l'air d'avoir le courage d'adopter, dans l'ensemble du
secteur privé, où je rappelle que la moyenne de salaire des
femmes par rapport aux hommes est de 65 %. Alors, je demande à Mme la
ministre: A-t-elle l'intention de soutenir cette demande de rattrapage qui est
formulée présentement par les travailleuses de la fonction
publique?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, il faut commencer
par démêler certaines choses. Je reviens à la question de
l'équité salariale. Ni vous ni moi ne sommes en mesure de
définir actuellement ce qu'est exactement la discrimination pure et je
disais que c'était la raison pour laquelle nous avions formé ces
comités, et c'est ce que nous tentons de découvrir. Je ne suis
pas en mesure de vous le dire puisque c'est ce qu'on tente de découvrir
actuellement à partir des différents comités.
Nous aurons une réponse, possiblement en juin, à partir de
ces différents comités qui siègent. Tout à l'heure,
vous preniez l'affirmation de discrimination qui, a priori, n'est pas
fondée sur une analyse rigoureuse et systématique. Par exemple,
vous preniez le langage d'un syndicat, celui qui n'est pas assis aux tables des
comités paritaires actuellement. Donc, lorsque l'on dit que
l'affirmation de discrimination n'est pas, a priori, fondée sur une
analyse rigoureuse et systématique des emplois, c'est le principal
reproche que l'on peut faire justement, en plus du fait que cette analyse n'est
pas conjointe.
Donc, on dit: Utiliser les quatre grands facteurs reconnus
d'évaluation d'emploi: les qualifications, les efforts, les
responsabilités et les conditions de travail. Mais, dans les faits, on
s'en sert de façon vague et non quantifiée pour juger de la
valeur des emplois. Donc, on ne connaît pas non plus la
pondération accordée aux différents facteurs et encore
moins s'ils sont utilisés de la même façon d'un emploi
à l'autre.
En résumé, l'exercice d'évaluation n'est pas
conjoint, donc pas rigoureux, et incomplet. C'est pour ça que nous
disons que la forme de comités paritaires nous permettra de
déterminer en juin s'il y a discrimination, à quel niveau et quel
genre de discrimination.
Vous avez parlé des autres corps d'emploi, par exemple, les
bibliothécaires, les traducteurs, etc. À ce moment-là, il
s'agit de plaintes. Le Syndicat de professionnels du gouvernement du
Québec et le gouvernement ont conclu à la mi-juillet 1988 une
entente dans laquelle ils convenaient de mettre sur pied un comité
conjoint chargé de procéder à l'évaluation de
l'ensemble des emplois professionnels dans le cadre de l'enquête de la
Commission des droits de la personne sur la plainte relative à six corps
d'emploi qui touchaient les agents d'information, les
diététistes, les agents culturels, les travailleurs sociaux, les
bibliothécaires et les traducteurs. Alors, l'enquête doit
établir s'il y a équivalence entre les corps d'emploi qui font
l'objet de la plainte et les autres corps d'emploi à prédominance
masculine. Or, ce sont deux choses complètement séparées.
Le comité conjoint a été formé et procédera
à l'ensemble des travaux nécessaires à l'évaluation
des emplois professionnels sous la supervision de la Commission des droits de
la personne qui assure aussi la confidentialité des données.
Mme Harel: Le 27 mai prochain, il y a une
grande assemblée publique prévue à Montréal
pour faire valoir cette revendication d'équité, comme
reconnaissance que l'égalité passe par l'équité.
Mais j'aimerais y revenir parce qu'on a si peu de temps malheureusement ce
matin, compte tenu du dossier important des services de garde.
J'aimerais demander à Mme la ministre si elle est satisfaite de
la situation qui prévaut dans la fonction publique, justement. Il y a
deux ans, elle annonçait des objectifs en matière de rattrapage
dans les postes de cadres supérieurs, professionnels et enseignants,
agents de la paix et personnel ouvrier également. Je constate que les
objectifs pour les deux années, qu'elle rendait publics en 1987, sont
vraiment loin d'être atteints. En matière de nomination de cadres
supérieurs, en septembre 1987 Mme la ministre annonçait des
objectifs de 12 %; nous en sommes à 8,4 % maintenant, mais, finalement,
c'est assez peu par rapport à la situation qui prévalait il y a
deux ans. En mars 1987 c'était 7,16 %. Alors, la progression a
été évidemment plus que lente, pour ne pas dire à
peine perceptible. (11 heures)
Chez le personnel professionnel et enseignant, la situation d'il y a
deux ans était de près de 21 %. Elle est à 23 % maintenant
et Mme la ministre annonçait des objectifs de 27,5 % il y a deux ans.
Chez les agents de la paix, la situation d'il y a deux ans était de 5,36
%; elle est maintenant de 5,8 % et l'objectif était de 7,5 %. On en est
bien loin, évidemment. C'est la même chose pour le personnel
ouvrier. Il y a deux ans, le personnel ouvrier était à 1,09 %.
Là, il est à 1,1 %, l'objectif étant de 3 %. En plus de
ça, il y a maintenant moins de femmes ouvrières, en chiffres
absolus et non pas en pourcentage, qu'il y en avait en 1987, compte tenu de la
diminution globale. Est-ce que ce sont là des objectifs qui la
satisfont? Évidemment, c'est décevant.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr, M. le Président,
qu'on souhaiterait qu'il y en ait beaucoup plus. Par contre, il faut tenir
compte des emplois, bien sûr, mais aussi d'une stabilisation de
l'effectif total de la fonction publique. Or, depuis quelques années,
nous n'avons pas augmenté le nombre d'effectifs de la fonction publique.
Au contraire, nous l'avons diminué. Alors, il faut que ces statistiques
soient prises en considération pour bien évaluer les efforts qui
ont pu être faits dans le secteur. Bien sûr que ce ne sera jamais
assez. Bien sûr qu'on devra toujours tendre à améliorer le
sort de plus de femmes possible dans ces différents secteurs.
Ce qui est significatif, c'est peut-être... J'ai des
données ici, entre autres, sur le personnel de la haute direction de
1988 qui était de 12,9 % et, au 31 mars 1989 - puisque ce sont des
données récentes - il est rendu à 14,4 %. La même
chose, par exemple, pour le personnel d'encadrement supérieur qui
était de 7,6 % et qui est main- tenant, au 31 mars 1989, de 8,5 %. Il y
a le personnel d'encadrement intermédiaire qui a
légèrement baissé de cinq dixièmes de point.
Le personnel professionnel et enseignant est passé de 21,8 %
à 23,4 %, le personnel fonctionnaire est passé de 60,1 % à
60,8 %, le personnel agents de la paix est passé de 5,6 % à 6,2 %
et le personnel ouvrier - vous aviez raison lorsque vous disiez que le
personnel ouvrier est resté stable - était de 1,1 % et est
resté à 1,1 %.
Cependant, je dois vous dire que le Conseil du trésor travaille
avec le groupe de travail non traditionnel dans le but d'identifier les
barrières qui font qu'on a de la difficulté à retrouver
des femmes dans ce secteur. Mais, je le répète, il y a toujours
le fait que le gouvernement a réduit son personnel et recrute beaucoup
moins qu'auparavant. Donc, cela aussi a un impact sur l'emploi des femmes et
des hommes.
Si on regarde, par exemple, le recrutement par catégories
d'emploi au 1er avril 1988, 810 femmes ont été recrutées
au 1er avril 1988 et, au 31 mars 1989, on voit qu'on est rendus à
897.
Il y a aussi toute la question de la promotion par catégories
d'emploi. Si je prends le personnel de la haute direction, de l'encadrement
supérieur, de l'encadrement intermédiaire, professionnel et
enseignant, personnel fonctionnaire et agents de la paix, nous avons
recruté 957 femmes au 1er avril 1988, sur un total de 1629, par rapport
à 672 hommes.
Mais, comme je le mentionnais, nous recrutons de moins en moins,
c'est-à-dire que nous baissons nos effectifs. Donc, dans ce contexte,
c'est sûr que c'est plus difficile de voir des corrections plus
significatives.
Mme Harel: Pourquoi avoir annoncé des objectifs qu'on n'a
pas l'intention de réaliser? Est-ce que vous allez modifier vos
objectifs à la baisse ou les laisser tels quels? Le problème,
c'est que non seulement ce n'est pas assez, parce qu'on peut comprendre des
difficultés de parcours, mais c'est moins que ce que vous aviez
annoncé. Quand vous les avez annoncés, vous aviez pris
l'engagement. On ne parle pas pour parier. On n'est pas chez Janette Bertrand,
là. Quand vous annoncez cela par communiqué et publiquement,
c'est parce que vous entendez le réaliser. Ce n'est pas juste pour
parier. Allez-vous corriger vos objectifs? Allez-vous les modifier ou
allez-vous... Mais il va falloir, à un moment donné, que vous
disiez exactement ce que vous entendez faire en regard de cette situation.
Mme Gagnon-Tremblay: Au départ, je dois vous dire aussi,
je le répète encore, que, bien sûr, nous avons l'intention
de respecter nos objectifs. Mais au moment où nous recrutons moins,
où nous baissons l'ensemble des effectifs au gouvernement, cela a un
effet aussi sur le recrutement des femmes. C'est sûr que c'est lent,
mais il faut être en mesure de responsabiliser aussi l'ensemble
des ministères à cette problématique.
Le Conseil du trésor a indiqué aux ministères et
organismes qu'ils doivent accentuer immédiatement les efforts visant
l'atteinte des objectifs quantitatifs dans les délais prévus et
les recommandations ont été faites en vue d'intensifier les
nominations de femmes dans les catégories d'emploi
déterminées aux programmes, de privilégier les
candidatures féminines pour les nominations à des postes cadres
et, pour les désignations à titre intérimaire et de chefs
d'équipe, de recourir à des concours de promotion pour favoriser
notamment les femmes qui ont acquis de nouvelles qualifications ou d'utiliser
des réserves de candidatures universitaires, d'établir un plan
d'action et d'informer le personnel, et plus particulièrement les
femmes, de son existence et de son évolution, d'accorder le temps
nécessaire à la personne chargée de ce dossier dans chaque
organisation pour qu'elle puisse s'acquitter de son mandat.
Il y a donc beaucoup d'actions qui sont menées par le
secrétaire du Conseil du trésor afin de rappeler les engagements
du gouvernement en tant qu'employeur face à l'accès à
l'égalité. Une lettre a été envoyée aux
sous-ministres et dirigeants et dirigeantes d'organismes en mai 1988;
présentation au forum de sous-ministres d'un état de situation en
mars 1989; une lettre aux dirigeants et dirigeantes d'organismes a
été envoyée en mars 1989. Mais, comme je le mentionnais,
il faut responsabiliser l'ensemble de ces ministères et, aussi, forcer
la note justement dans un contexte de réduction d'effectifs de
l'appareil gouvernemental.
Office des services de garde à
l'enfance
Mme Harel: Malheureusement, c'est tout le temps qui était
imparti pour ce dossier. J'ai déjà dépassé le temps
malheureusement. Nous allons, si vous le voulez, examiner immédiatement
le dossier des services de garde et nous pourrons nous réserver un
moment à la fin pour un certain nombre de dossiers, y compris le Conseil
du statut de la femme.
On a intérêt ce matin à discuter sur
l'immédiat de ce dossier. Il me fait plaisir, comme vous l'avez
souligné tantôt, de saluer Mme la présidente de l'Office
des services de garde à l'enfance et la directrice du service de
développement, je crois, c'est bien cela? Des opérations.
Première question. Pour bien vérifier les crédits
périmés de l'an dernier, on doit comprendre qu'il y a eu
transfert de 4 800 000 $ du ministère de l'Éducation au budget de
l'Office des services de garde; comment expliquer que dans le livre des
crédits du Conseil du trésor on retrouve des crédits
périmés de 6 464 800 $?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, permettez que je
passe la parole à la présidente de l'Office des services de
garde.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Harel: L'Office nous parle de crédits
périmés de 2 577 400 $...
Mme Marcotte (Nicole): C'est ça.
Mme Harel: ...et il y a une différence qui doit
s'expliquer quelque part entre le livre des crédits du Conseil du
trésor, 6 464 800 $, et l'Office, 2 577 400 $.
Mme Marcotte: C'est qu'on a fait un tranfert de tous les
crédits qui concernent les services de garde en milieu scolaire du
ministère de l'Éducation à l'Office des services de garde,
pour assurer un remboursement ou une reconnaissance des remboursements par le
fédéral advenant une entente éventuelle; effectivement, on
a dû faire dans le livre des crédits l'ajustement des
crédits pour le milieu scolaire pour comparer les deux années, si
l'on veut. Les crédits périmés de l'office sont de 2 300
000 $.
Mme Harel: 2 577 400 $.
Mme Marcotte: C'est ça.
Mme Harel: Au 31 mars 1989, par exemple, je constatais,
grâce à Mme Harnois, qu'il y avait 826 projets de services de
garde en attente, soit 411 sans but lucratif 361 à but lucratif, et 54
agences. Compte tenu de ces projets en attente, sans compter ceux qui ont
été abandonnés en cours d'année, soit 257 projets,
comment se fait-il qu'il y ait eu des crédits périmés de 2
577 400 $?
Mme Marcotte: Cela paraît toujours surprenant,
effectivement, sauf que quand on regarde la façon dont sont
allouées les places au début de l'exercice financier - l'an
passé, on a connu le nombre de places allouées au cours du mois
d'avril, ou quelque chose du genre - on s'aperçoit que, dans le fond, on
accorde les places à des groupes promoteurs et on n'a pas de
maîtrise sur le délai ou les retards que ces derniers peuvent
accuser par rapport à cela. Compte tenu de ce qui était et de ce
qui s'annonce par rapport au financement de 75 % des places, il y a des groupes
promoteurs qui accusent des retards importants, donc on doit reporter
l'émission de places pour l'année qui vient. Donc, on ne peut
simplement... Si on pouvait prévoir, autrement dit, en avril ou mai que
ces projets ne seraient pas développés, on pourrait en ajouter
beaucoup plus. Par contre, en connaissant maintenant à l'avance le plan
pour trois années, on pourra probablement mieux planifier et anticiper
ce développement.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut, en ce moment, penser que des
promoteurs ont pu différer leur projet, espérant ainsi
bénéficier d'un meilleur soutien financier, compte tenu des
nouveaux partages des coûts et que tout ça retarde, dans le fond,
l'émergence de services de garde? J'ai pu constater que les places
créées l'avaient été surtout en milieu scolaire:
1657 places, comparativement à moins 599 places en services de garde,
moins que ce qui avait été prévu en 1988-1989. Il avait
été prévu au total 2331 places en garderie et il y en a eu
moins, presque 600.
Mme Marcotte: Vous avez raison, c'est un peu dommage, mais en
même temps je pense qu'il faut comprendre la situation des groupes
promoteurs qui voient venir un financement qui serait considérablement
amélioré. Donc, c'est vrai que, d'un certain point de vue, cela a
pu ralentir temporairement.
Mme Harel: Vous parlez d'un plan triennal, vous venez à la
fois de confirmer que grâce à ce plan il allait y avoir maintenant
une planification qui permettrait un développement plus conforme
à celui qui était prévu en début d'année. Je
repose la question à Mme la ministre, ce plan triennal annoncé le
24 novembre, ce plan de développement de 513 000 000 $ qui, on le sait,
après un mois de commission, s'est révélé
insatisfaisant et insuffisant, est-ce que vous le confirmez? (11 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: Le plan de développement de trois ans
est déjà prévu. On ne peut pas développer moins que
ce qui est déjà prévu dans le plan de
développement. Ce plan de développement prend en
considération la planification régionale qu'on entend faire. Si
nous allons développer un peu moins au cours des trois prochaines
années, c'est parce qu'on prend en considération la planification
régionale, qui s'amorcera le plus rapidement possible, et nous
développerons davantage au cours des autres années, une fois
qu'on aura fait cette planification. Donc, on ne peut pas développer
moins que ce qui est déjà prévu dans le plan de
développement.
Mme Harel: Donc, vous confirmez l'injection de 513 000 000 $
prévue par le gouvernement du Québec.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne vous parle pas des 513 000 000 $, je
parle du plan de développement et je vous dis qu'on ne devra pas
développer moins que ce qui est prévu. J'ai dit à
plusieurs reprises à la députée de Maisonneuve que les
gouvernements, le vôtre comme le nôtre et ceux qui nous ont
précédés, font des projections, planifient, mais doivent
adopter des budgets annuels. Ce qu'il est important de retenir, c'est que le
budget de 143 500 000 $ de cette année est déjà
prévu au livre des crédits et, à moins de circonstances
imprévisibles, comme il peut en arriver à tout gouvernement, nous
avons l'intention de développer tel que nous le prévoyons dans
notre plan.
Mme Harel: Mme la ministre, si vous n'aviez pas tant
répété que la provenance de l'argent n'avait pas
d'importance, en réponse aux questions que je vous posais, je ne serais
certainement pas aussi justifiée de vous le demander à nouveau.
Vous m'avez dit à je ne sais trop combien de reprises: La provenance de
l'argent n'a pas d'importance. Vous pensiez alors qu'Ottawa vous confirmait ses
subventions. Vous m'aviez presque convaincue que la provenance de l'argent
n'avait pas d'importance. Je vous repose la question: Puisque la provenance de
l'argent n'a pas d'importance, selon vous - c'est vous qui l'avez dit, pas moi
- et puisque vous avez tellement reproché à votre
prédécesseure d'avoir annoncé 12 000 places sans avoir en
poche l'autorisation du Conseil du trésor, qu'elle aurait certainement
obtenue étant donné l'appui de son gouvernement, puisque vous
l'avez tant répété, est-ce que votre gouvernement va
maintenir l'engagement qu'il a pris le 24 novembre dernier? C'est le
gouvernement du Québec qui s'engageait à investir 513 000 000
$.
Mme Gagnon-Tremblay: Le plan de développement, de
même que l'énoncé de politique qui a été
annoncé le 24 novembre dernier, a été
entériné par le Conseil des ministres, c'est-à-dire par le
gouvernement. Ce que je vous dis, c'est que nous devons revenir chaque
année devant le Conseil du trésor pour chercher nos
crédits. Le Conseil du trésor ne peut pas s'engager pour plus
d'une année. Je vous dis que nous avons un plan de développement
pour les trois prochaines années endossé par l'ensemble des
membres du Conseil des ministres et que nous avons l'intention de respecter ce
plan. Comme je le mentionnais, nous ne connaissons pas l'avenir, comme tous les
autres gouvernements, d'ailleurs. Là, je ne voudrais pas parler de
gestes que vous-mêmes, à un moment donné, avez dû
poser parce que la situation avait été modifiée. Je ne
connais pas l'avenir mais, chose certaine, je suis en mesure de me prononcer
pour l'avenir 1989-1990.
Mme Harel: Seulement! Pourtant, vous qui avez toujours dit...
Mme Gagnon-Tremblay: Comment voulez-vous que je fasse autrement,
Mme la députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Parce que vous-même avez
répété que sans plan triennal...
Mme Gagnon-Tremblay: Je viens de vous dire qu'un gouvernement ne
peut pas prendre d'engagement formel tant et aussi longtemps que
le Conseil du trésor n'a pas autorisé ces sommes. Je vous
dis que le Conseil des ministres a prévu les budgets nécessaires
pour les trois prochaines années, mais nous verrons au fur et a mesure.
Nous avons l'intention de respecter ces engagements. Je ne peux pas, au nom du
gouvernement, décider aujourd'hui formellement pour les trois prochaines
années.
Mme Harel: Pourtant, vous avez dit depuis le début...
Mme Gagnon-Tremblay: II n'y a pas un gouvernement qui le fait,
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Cela fait trois ans que vous répétez
qu'en dehors d'un plan triennal vous ne vouliez pas vous engager. C'est le plan
triennal que vous avez rendu public auquel je vous demande de vous engager.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous déformez mes paroles, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Votre gouvernement va-t-il s'engager à
dépenser les 513 000 000 $ qu'il doit injecter dans les services de
garde?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous déformez mes paroles, Mme la
députée de Maisonneuve. Je ne vous dirai pas plus que ce que je
vous dis actuellement. Vous savez fort bien ce que je veux dire, vous
connaissez très bien les intentions du gouvernement. Si nous avons
annoncé un plan de développement, avec les ressources
financières pour les trois prochaines années, c'est que nous
avons l'intention de respecter ce plan, comme je vous le mentionnais, qui a
été endossé par l'ensemble des membres du Conseil des
ministres. Ce qui est important cette année, et d'ailleurs ça
fait quand même preuve d'une bonne volonté, puisqu'on retrouve les
143 500 000 $ dans les crédits de cette année... Vous allez
retrouver l'obligation l'an prochain, à moins de circonstances
prévisibles, comme je le mentionnais, comme tout gouvernement doit le
faire. Comment pourrais-je, au nom de quelqu'un, m'engager autrement que je ne
le fais actuellement ou autrement qu'on ne l'a fait avec l'ensemble des
collègues sur l'énoncé de politique?
Mme Harel: Alors, parlez-moi des négociations avec Ottawa.
Où en sont-elles? Vous dites nous confirmer la somme de 43 000 000 $. En
fait, iI s'agit de sommes supplémentaires de 37 300 000 $
injectées par Ottawa et de crédits provenant du ministère
de l'Éducation du Québec en matière de services de garde,
soit 4 800 000 $, crédits supplémentaires que le Québec
devra investir. Où en sont les négociations par rapport au milieu
scolaire? Est-ce que les choses ont évolué, compte tenu de la
revendication dont vous m'aviez parlé à savoir que
Québec réclamait d'Ottawa une modification au partage
annoncé l'automne dernier, de manière à couvrir les
dépenses de fonctionnement des services de garde en milieu scolaire?
Où en est cette négociation? Et où en est la
négociation concernant la rétroactivité au 1er avril 1988?
L'Office évaluait à au moins 16 000 000 $ ce qui devait lui
revenir, compte tenu de la signature d'une entente qui a l'air d'être en
grande difficulté. Quelle garantie a Mme la ministre des
échéanciers pour les semaines à venir?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vois que, quand ça fait votre
affaire, vous dites que l'argent provient du gouvernement fédéral
et, quand, par contre, ça fait l'affaire des autres, ça
relève du provincial.
Mme Harel: C'est vous qui avez annoncé qu'on aurait de
l'argent d'Ottawa. C'est vous qui avez joué à la Mère
Noël...
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, ce qui est important...
Mme Harel: ...avec l'argent d'Ottawa.
Mme Gagnon-Tremblay: Quant aux négociations relativement
à l'énoncé de politique proposé par le gouvernement
fédéral, même si ce projet de loi n'a pas été
adopté par la Chambre des communes, puisqu'il s'est retrouvé au
Sénat et n'a pas fait l'objet d'une adoption par le Sénat, nos
fonctionnaires ont continué de travailler sur la façon dont, par
exemple, on pourrait aller chercher ces ressources et en plus sur la
façon dont on pourrait, entre autres, au ministère de
l'Éducation, aller chercher la part qui nous reviendrait normalement,
puisque les autres provinces le font. À ce chapitre, les
négociations se poursuivent et vont bon train, et on a toutes les
raisons de croire qu'on va en arriver à une entente en ce qui concerne,
par exemple, l'éducation.
En ce qui concerne les mesures rétroactives aussi bien que la
politique du gouvernement, le projet de loi du gouvernement
fédéral...
Mme Harel: En ce qui concerne l'éducation, si vous me le
permettez, est-ce qu'il y aura donc remboursement, de la part d'Ottawa, de
l'exonération financière aux parents?
Mme Gagnon-Tremblay: II pourrait arriver... Nous travaillons
actuellement avec le ministère des Finances, le ministère de
l'Éducation et l'Office des services de garde pour trouver un truc
administratif qui nous permettrait d'aller chercher cette somme. C'est pourquoi
je dis que ça va bon train et qu'on a toutes les raisons de croire que
normalement on pourrait le faire par une mesure administrative.
En ce qui concerne, comme je le mentionnais, la
rétroactivité, de même que tout ce
qui est mentionné dans le projet de loi du gouvernement
fédéral, je pense que c'est un peu à l'état mort,
dans le sens qu'on va en avoir probablement les résultats dans le budget
qui sera annoncé cette semaine par le ministre des Finances. Je dois
vous dire par contre que nous sommes intervenus à plusieurs reprises
pour que le gouvernement fédéral respecte ce projet de loi,
puisqu'il avait déjà été adopté par la
Chambre des communes, et respecte aussi toutes les mesures demandées par
le gouvernement provincial.
Mme Harel: Est-ce que c'est l'explication du transfert du budget
du ministère de l'Education à l'Office des services de garde, de
manière que les négociations avec Ottawa permettent à
l'Office des services de garde de gérer le dossier, d'une certaine
façon, puisqu'on sait très bien qu'Ottawa refuse de financer le
système d'éducation primaire et secondaire? La contribution
d'Ottawa n'intervient qu'au niveau postsecondaire. À ce
moment-là, est-ce que l'Office des services de garde ne va pas
simplement gérer la part du budget qui concerne les services degarde en milieu scolaire,mais va également réglementer cette
forme de garde?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, ce que le gouvernement
fédéral veut - bien sûr, vous avez raison lorsque vous
dites que le gouvernement fédéral ne veut pas financer le milieu
scolaire - c'est de s'assurer de la transparence, s'assurer que ces sommes ne
sont pas distribuées au milieu scolaire, mais bien pour les services de
garde; c'est pourquoi nous travaillons actuellement pour voir comment on
pourrait le faire au chapitre administratif. Si, par exemple, il y a lieu de
transférer le budget du ministère de l'Éducation et, par
la suite, de faire la redistribution, alors nous allons prendre tous les moyens
nécessaires. C'est ce sur quoi travaillent actuellement les Finances, le
Trésor, l'Office des services de garde, avec les hauts fonctionnaires du
gouvernement fédéral, pour voir si ce concept pourrait être
endossé et si ça assurerait une transparence suffisante. C'est
sur cela qu'on travaille.
Mme Harel: Est-ce que le fédéral exige une
incorporation autonome pour les services de garde en milieu scolaire?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est trop tôt pour le dire
actuellement. Il ne semblerait pas, mais nos négociations ne sont pas
encore tout à fait terminées. Je voudrais revenir, aussi, sur la
participation du gouvernement fédéral, du fait que le projet de
loi n'est pas encore adopté par le Parlement. Je dois vous dire, par
contre, que nous sommes toujours à l'intérieur du Régime
d'assistance publique du Canada. Il y a quand même des sommes qu'on
récupérait autrefois et qu'on va récupérer et si,
pour une raison ou pour une autre, il s'avérait que le nouveau programme
ne soit pas aussi alléchant qu'on nous l'avait laissé voir,
lorsqu'on en a fait l'annonce et même dans le projet de loi, vous
comprenez que si on devait rester à l'intérieur du Régime
d'assistance publique du Canada, puisqu'on nous avait promis que les deux
pouvaient demeurer, on va déployer tous les moyens nécessaires du
côté administratif pour aller chercher ce qui nous est
dû.
Mme Harel: Quelle est la part que le Québec est
allé chercher jusqu'à maintenant dans le fond spécial
à l'innovation?
Mme Gagnon-Tremblay: Les projets spéciaux? Je sais que le
gouvernement fédéral, dans ses interventions concernant les
projets spéciaux, envoie régulièment à l'Office des
services de garde les projets soumis. L'Office des services de garde fait
actuellement ses recommandations. D'ailleurs, je suis au courant de tous les
projets soumis. Maintenant, je vais vérifier auprès de la
présidente ou de la personne qui m'accompagne pour savoir exactement
quels sont les projets acceptés.
Mme Marcotte: Au cours de cette année, 19 projets ont
été regardés par l'Office et on a fourni une
recommandation dans le cadre du programme de la caisse d'aide au
fédéral pour ces 19 projets. Jusqu'à ce jour, il y a
seulement 2 projets qui ont reçu une approbation du gouvernement
fédéral: un projet d'analyse qui a trait aux maladies
infectieuses en garderie avec le DSC de Saint-Luc, et un projet de colloque
avec l'Association des services de garde en milieu scolaire.
Mme Harel: Qui a eu lieu?
Mme Marcotte: Non, qui est prévu pour octobre, je
crois.
Mme Harel: Qui est prévu.
Mme Gagnon-Tremblay: Dès que nous aurons fait l'annonce
des bonifications qui pourraient être apportées à
l'énoncé de politique, à la suite de nos travaux en
commission parlementaire, l'Office des services de garde va travailler, en
étroite collaboration avec les nombreux intervenants qui sont venus,
entre autres, en commission parlementaire, à des projets d'envergure
dans le but d'aider ces milieux relativement à la recherche, par
exemple. Donc, l'Office des services de garde va travailler avec ces milieux
pour pouvoir aller chercher le maximum au sein de cette caisse d'aide mise
à notre disposition.
Mme Harel: Cela fait déjà un an, je pense, que la
caisse a été rendue publique. Elle l'est pour trois ans?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça.
Mme Harel: C'est ça? (11 h 30)
Mme Gagnon-Tremblay: C'est 100 000 000 $...
Mme Harel: 100 000 000 $ pour trois ans.
Mme Gagnon-Tremblay: 100 000 000 $ pour trois ans.
Mme Harel: 100 000 000 $ pour trois ans. Il y a une certaine
inquiétude sur le fait que ces sommes ne soient pas
dépensées et qu'elles soient périmées, bien que
budgétées, parce qu'il n'y a pas d'accélération du
processus pour retenir les projets. Vous dites que déjà 19
projets ont été présentés et seulement 2 ont
été acceptés.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. C'est normal aussi parce qu'ils ont
accusé beaucoup de retard dans l'organisation et la faisabilité
du programme.
Mme Harel: On voit que, l'an dernier, dans le
développement des services de garde, ce sont les places en garderie qui
ont été les grandes perdantes, parce que seulement 74 % de
l'objectif de développement de places en garderie ont été
atteints. C'est surtout dans le milieu scolaire qu'on s'est surpassé en
fait de création de places. En regard du développement en milieu
scolaire, on voit que l'an dernier il y a eu 4700...
Mme Gagnon-Tremblay: Vous voulez le total?
Mme Harel: 4257?
Mme Gagnon-Tremblay: 4527, je crois.
Mme Harel: 4527? Vous en proposez dans le plan triennal, pour
l'an prochain, 4712. C'est à peine 200 places de plus que celles qui ont
été développées, cette année, en milieu
scolaire. Le MEQ avait un budget de 4 800 000 $ l'an dernier, c'est bien le
cas, pour le développement de 4527 places. Cette année, je pense
que, dans les crédits, vous prévoyez 9 900 000 $ pour le milieu
scolaire, pour à peu près le même nombre de places, 200
places de plus. Qu'est-ce qui explique des écarts aussi
considérables?
Mme Gagnon-Tremblay: II y a 3 900 000 $ en implantation aussi. Il
ne s'agit pas uniquement du développement. Il faut dire aussi qu'en
milieu scolaire...
Mme Harel: Les 3 900 000 $, c'est pour l'an passé?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est pour l'implantation.
Mme Harel: De l'an dernier?
Mme Gagnon-Tremblay: L'immobilisation de cette
année...
Mme Harel: Cette année.
Mme Gagnon-Tremblay: ...pour les projets nouveaux, pour la
construction de nouvelles écoles ou des rénovations majeures de
nouvelles écoles. Les 3 900 000 $ sont déjà inclus dans
les 9 000 000 $ que vous retrouvez dans les crédits. Il faut dire, par
contre, que jusqu'à maintenant, bien qu'on ait toujours un montant
fixé dans les crédits, le ministère de l'Éducation
n'a jamais refusé l'ouverture de places en milieu scolaire; c'est ce
qu'on peut appeler une espèce de budget pratiquement ouvert. Le
ministère de l'Éducation déboursait constamment,
régulièrement les sommes nécessaires à la suite des
demandes des différentes commissions scolaires. On a toutes les raisons
de croire que cette année, si la même chose nous était
demandée, si les besoins étaient encore là, une certaine
souplesse pourrait être accordée au milieu scolaire.
Mme Harel: En regard du développement des places dans les
garderies à but lucratif et sans but lucratif, compte tenu de la
progression du développement des places en garderie à but
lucratif et compte tenu des problèmes dont nous avait part la ministre
en commission parlementaire - puisqu'il semble maintenant que l'élection
est reportée à l'automne, on en saura plus la semaine prochaine -
entend-elle légiférer dès cette session?
Mme Gagnon-Tremblay: En ce qui concerne les places dans les
garderies à but lucratif, l'année dernière, nous avions
imposé en certain contingentement. Comme j'ai eu l'occasion de le
mentionner, par contre, on n'a pas pu faire respecter ce contingentement
à 100 %, étant donné qu'il y avait déjà des
demandes qui avaient été faites. On a dû reporter certaines
demandes, comme on devra le faire encore cette année. Quant à
savoir si on légiférera ce printemps concernant les places dans
les garderies à but lucratif, cela fait partie de la réflexion
que je fais actuellement, à la suite de la commission parlementaire.
J'espère être en mesure de faire connaître les
résultats de la commission parlementaire d'ici peu.
Mme Harel: D'ici peu. Nous sommes déjà au
début de mai. D'ici peu, ça signifie quoi pour la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, j'ai un mémoire qui est
soumis au comité ministériel qui doit passer, entre autres, au
COMPACS demain
et qui sera soumis au Conseil des ministres dans les semaines à
venir, ce qui veut dire que, normalement, en mai on devrait
connaître...
Mme Harel: II y avait, évidemment, cette question assez
stratégique d'assujettir le développement des garderies à
but lucratif à un critère d'ordre public. Est-ce que ce
critère d'ordre public, qui est absent des dispositions de la loi
actuelle...
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, nous avons toujours dit en
commission parlementaire que les garderies à but lucratif comme celles
sans but lucratif devront être soumises à la même
planification régionale parce qu'on ne peut pas, d'une part, faire une
planification régionale pour les autres services, tout en ne soumettant
pas les garderies à but lucratif à cette même
planification.
Mme Harel: Vous avez dit aussi à maintes reprises et vous
avez fait un reproche constant aux auteurs du projet de loi d'il y a dix ans,
qui avaient omis d'introduire une disposition d'ordre public comme celle qui
existe à l'égard de l'accréditation des maisons
d'enseignement. Alors, je vous ai dit que cet oubli, vous pouviez le corriger,
vous aviez depuis trois ans et demi l'occasion de le faire et je vous l'offre
pour la présente session. Avez-vous l'intention de le corriger? Vous
aurez toute notre collaboration pour le faire.
Mme Gagnon-Tremblay: Si c'est dans le cadre du contingentement,
j'ai dit: Oui, nous avons l'intention de le faire.
Mme Harel: C'est-à-dire que ce n'est pas que dans le cadre
de la planification régionale. La planification régionale est
celle des besoins. Cela n'indique pas...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est dans le cadre d'un contingentement.
Alors, ces garderies devraient normalement être soumises aux mêmes
critères de développement que le sont les garderies sans but
lucratif.
Mme Harel: Oui. Par ailleurs, cela ne nous indique pas si l'une
ou l'autre des formes d'organisation en matière de services de garde
sera privilégiée ou pas. Tout ce que cela nous indique, c'est
qu'il y a une planification face aux besoins. Il faudra voir en plus, dans le
temps, quand cette planification sera entreprise. Je ne sais pas si...
Mme Gagnon-Tremblay: Notre position est bien connue à cet
effet-là. Nous avons répété à maintes
reprises en commission parlementaire que nous avons l'intention de
privilégier les garderies sans but lucratif gérées par les
parents. Nous allons prendre les moyens nécessaires pour atteindre cet
objectif.
Mme Harel: II y a aussi l'importante question, évidemment,
de la consolidation. J'avais l'occasion de vous rappeler que, si l'on examine
sous la forme actuelle de la subvention par place au permis, l'augmentation
prévue selon un nouveau mode de calcul est l'équivalent de 1,50 $
par jour, par place au permis de plus qui est proposée. C'est,
finalement, à peine 0,50 $ de plus que ce que le comité Presser
recommandait, il y a déjà deux ans. Il y a donc un
problème, non seulement quant à la répartition et, donc,
au mode de calcul, qui est évident, puisqu'il y avait presque, sauf une
exception ou deux, unanimité contre la formule proposée, mais il
y a aussi le problème des sommes consacrées à la
consolidation proprement dite qui, sous la forme la plus connue, celle qui dit
bien ce qu'elle veut dire, donne à peine 1,50 $ de plus.
Mme la ministre entend-elle recommander, d'une part, des sommes
supplémentaires qui viendraient certainement rendre possible une
consolidation qui était évaluée comme bien trop
modeste?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, sur les 43 500 000 $ de sommes
additionnelles prévues, il y a déjà 25 000 000 $
prévus à la consolidation. Par contre, pour faire suite à
votre première question, j'ai pris en considération les
nombreuses recommandations qui m'ont été faites en commission
parlementaire. J'en ai étudié la faisabilité et, comme je
le mentionnais, il y a un mémoire qui sera soumis demain au
comité ministériel et par la suite au Conseil des ministres, et
je serai en mesure, à ce moment seulement, de faire l'annonce des
bonifications ou des mesures proposées.
Mme Harel: En fait, pour les garderies sans but lucratif, on est
loin des 25 000 000 $. Votre énoncé parlait d'une somme de 9 000
000 $.
Mme Gagnon-Tremblay: Une somme de 10 000 000 $ pour les garderies
sans but lucratif, mais il faut dire qu'il y a aussi 9 000 000 $
d'exonération financière accordée aux parents. Lorsqu'on
parle de consolidation, il ne faut pas parler en termes de garderies sans but
lucratif seulement. Vous avez les garderies sans but lucratif. Vous avez les
agences en milieu familial. Vous avez l'aide accordée directement aux
parents. Alors, c'est l'ensemble des bonifications qui est évalué
à 25 000 000 $ et pas uniquement les garderies sans but lucratif.
Lorsque vous parlez des 10 000 000 $, il ne s'agit que de garderies sans but
lucratif.
Mme Harel: Encore là, il faut parler le langage de la
réalité. En réalité, indépendamment des
modes de calcul, il s'agit d'un ajout qui, pour le faire comprendre dans la
forme qui est connue, fait 1,50 $ de plus par place au permis
par jour. Mme la ministre se rappelle certainement la recommandation du
comité qu'elle avait elle-même mis sur pied et qui, en juin 1987,
lui recommandait immédiatement l'ajout de 1 $. Deux ans ont passé
depuis cette recommandation et, en termes de consolidation, on obtient
l'équivalent de 0,50 $ de plus. Est-ce qu'elle entend,
indépendamment du mode de calcul - on y reviendra - recommander à
son gouvernement, après trois ans d'attente, de faire un vrai effort en
matière de consolidation?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que 43 000 000 $ de budget
additionnel cette année, c'est un effort énorme; 41 %
d'augmentation, ça ne s'est jamais vu auparavant.
Mme Harel: Mais ce n'est pas la consolidation, ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais 25 000 000 $ en consolidation, c'est
quand même considérable au cours d'une seule année. C'est
sûr qu'on aurait pu choisir de donner plus que 1,50 $. Remarquez que je
n'ai pas vérifié ce chiffre, c'est vous qui me l'avancez. Ce
dollar journalier, on aurait pu l'augmenter, mais nous avons
privilégié, nous avons choisi de consolider également
l'aide financière aux parents. Nous avons décidé de faire
les deux: d'aider davantage les parents et d'aider également les
garderies. Nous aurions pu le faire si nous n'avions pas aidé les
parents, entre autres. Nous avons choisi la voie de ces deux mesures. Par la
suite, cela donne aussi une marge de manoeuvre aux garderies qui auront
à faire face à des augmentations de tarif.
Mme Harel: Concernant, justement, l'aide financière aux
parents, afin de comprendre la situation actuelle, nous avons à maintes
reprises demandé soit à l'Office, soit au ministère des
Finances, d'avoir une ventilation de ce que vous aviez considéré
comme étant alloué aux parents dans le cadre de différents
programmes, soit l'exonération financière proprement dite, soit
les déductions fiscales, soit le programme APPORT, ce programme pour les
familles dont un des parents ou les deux travaillent, et qui ont de jeunes
enfants, soit l'allocation mensuelle qui est maintenant versée pour les
jeunes enfants.
Nous en remercions l'Office et le ministère des Finances parce
que nous avons maintenant un tableau vraiment exact de la situation, en fait,
celui qui nous est transmis et nous ne pouvons pas croire qu'il ne soit pas le
plus exact que nous puissions souhaiter avoir. Ce tableau est
intéressant parce que loin d'illustrer une amélioration de la
situation globale, ce qu'il tend à démontrer, c'est que,
finalement, il y a eu des économies qui, malheureusement, ont
été réalisées sur la base de 1986 en 1989. Alors,
nous avons préparé un petit document à cet effet. Il me
ferait plaisir de le transmettre à Mme la ministre ou de le
déposer en commission, mais c'est la seule copie que j'ai. J'aimerais
peut-être juste en faire état avant qu'on le fasse
photocopier.
En ce qui concerne l'exonération financière, c'est un
total de 44 779 902 $ qui auraient été déboursés en
1988-1989. En matière de déductions fiscales, pour l'année
d'imposition 1988, le montant réclamé est évalué
à 204 102 000 $ pour 110 162 contribuables, ce qui fait un montant moyen
de déductions pour services de garde de 1853 $. (11 il 45)
En ce qui concerne le programme APPORT, du 1er avril 1988 au 31
décembre - on sait que c'est l'année financière du
programme APPORT, puisque c'est l'année fiscale qui est utilisée
et non pas l'année du gouvernement - le total des familles au
Québec qui ont pu en bénéficier est de 3308. On voit que
c'est vraiment très peu, à peine 10 % des familles qui ont droit
à l'exonération financière et qui, évidemment, sont
celles qui ont déjà les plus faibles revenus. Les prestations
versées à ces familles sont de 2 316 706 $, pour une prestation
moyenne de 700,34 $. Il est possible qu'il y ait un ajout à la fin de
l'exercice financier puisque, dans le rapport d'impôts, il pourrait y
avoir un certain remboursement qui ne peut pas être de plus de 25 %, de
toute façon. Le maximum des prestations ne serait pas de 2 316 706 $,
mais les prévisions seraient de 3 088 941 $.
L'allocation mensuelle de disponibilité - c'est peut-être
l'aspect le plus intéressant -qui était versée en 1986
était de 127 044 000 $. On sait que cette allocation de
disponibilité qui était versée à 351 411 familles a
été réduite en 1987 de presque la moitié
puisqu'elle ne sera que de 62 543 000 $ en 1987. En 1988, cette mesure ne
coûtera rien parce qu'elle aura été abolie. Cela veut donc
dire qu'en 1988 il y aura eu abolition de l'allocation de disponibilité
qui sera remplacée par une allocation pour jeunes enfants. Là, on
se rend compte que l'allocation pour jeunes enfants, qui a commencé en
1989, aura amené le gouvernement à verser 24 773 833 $ en
allocations pour jeunes enfants durant les trois premiers mois de l'exercice
financier de l'année.
C'est donc dire, en termes pratiques, même s'il y a bonification
de l'exonération financière, même s'il y a maintenant des
déductions fiscales qui sont bonifiées - pour l'enfant de sept
ans, 4 000 $ et, pour l'enfant de quatorze ans, 2 000 $ - même s'il y a
le programme APPORT, qu'en faisant tous ces calculs on en arrive, malgré
tout, à une économie, pour le gouvernement, qui est la suivante.
En 1987, puisqu'il leur a versé l'allocation de disponibilité qui
avait toujours été versée antérieurement, il
économise 64 501 000 $ sur l'allocation de disponibilité; en
1988, il économise entièrement l'allocation de
disponibilité qui était versée précédemment,
de l'ordre de 127 000 000 $ et, en 1989, il réussit, pour janvier,
février et mars, à verser
28 000 000 $. C'est donc, finalement, depuis 1987, exactement 219 000
000 $ d'économies réalisées par des transformations de
programmes, où on abandonne des programmes qui étaient plus
coûteux au profit de programmes modifiés qui le sont moins.
Évidemment, ce qu'il nous manque, ce sont les allocations de
primes à la naissance. Nous avons donc à diminuer cette
économie de 219 000 000 $ des allocations de primes à la
naissance. Mais, même en calculant les 13 000 enfants qui naissent
troisièmes chaque année... Il faut bien constater que ce n'est
pas parce qu'on naît troisième qu'on a 3000 $, parce qu'on peut
devenir deuxième ou premier. Voyez-vous, j'ai aussi la
responsabilité du dossier des allocations familiales et la loi qui a
été adoptée a modifié les choses de manière
telle que l'enfant de troisième rang peut passer au deuxième rang
dépendamment de l'âge des deux plus vieux ou, dans le cas des
familles reconstituées, peut passer au deuxième ou au premier
rang si les enfants sont plus âgés que l'âge de la
majorité, ou encore, s'il y a séparation de conjoints de fait -
parce que le montant de 3000 $ n'est pas versé à la naissance, il
est versé par tranches pendant deux ans - et que l'enfant de
troisième rang devient premier ou deuxième, l'allocation n'est
plus versée. Alors, il y a là une économie
anticipée qui est assez importante, compte tenu, évidemment,
comme on le sait, de l'état de la situation familiale au
Québec.
Finalement, tout compte fait, quant à la bonification pour les
parents, je vais vous communiquer mon document, ce sont des informations qui
sont transmises par le ministère des Finances et par l'Office des
services de garde à l'enfance, à partir desquelles nous avons pu
constater que les modifications de programmes, depuis deux ans, n'ont rien
bonifié, mais ont permis au gouvernement de réaliser des
économies.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprenez que je ne suis pas en mesure
d'infirmer ou de confirmer les chiffres dont vous nous avez fait part. Je pense
que nous allons en prendre connaissance. Vous avez raison de dire, par contre,
que la transition d'un programme à l'autre peut parfois avoir pour effet
de réduire certaines sommes dans un programme pour les mettre dans un
autre programme. C'est un peu ce qui est arrivé avec l'allocation de
disponibilité. Cela ne veut pas dire que, du fait qu'il y a
peut-être eu moins de sommes attribuées, ces sommes ont
été reportées à l'année suivante sur
d'autres programmes qui ont été bonifiés. Je ne voudrais
pas entrer là-dedans, parce que vous comprenez que ce sont des chiffres
qui nous ont été fournis par le ministère des Finances et
par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, et dont je ne suis pas en mesure, actuellement, de défendre la
pertinence ou la portée.
Mme Harel: Je pense que c'est prudent de votre part, mais,
malgré tout, ces chiffres sont dans vos cahiers. Même en pleine
vitesse de croisière avec le programme d'allocations mensuelles pour
jeunes enfants, avec l'année financière du gouvernement qui
commence le 1er avril, ça reste 28 000 000 $ de moins pour l'allocation
de disponibilité puisque la prévision est de 99 000 000 $, en
pleine performance du programme en 1989, comparativement à 127 000 000 $
qui étaient versés en 1987 pour l'allocation de
disponibilité. Non seulement c'est 28 000 000 $ de moins, mais il faut
aussi constater qu'en 1988 il y a eu presque 3000 enfants de plus, il y a eu
une légère remontée de la natalité qui est due,
entre autres, aux naissances différées, particulièrement
des femmes de plus de 25 ans. Il faut aussi constater, par ailleurs, que le
tiers de ces naissances ont été hors mariage. C'est une autre
dimension qu'il ne faut quand même pas oublier. Il reste que, même
en pleine vitesse, ces programmes sont moins généreux que ne
l'étaient les précédents qui ont été
annulés.
Mme Gagnon-Tremblay: Par contre, vous comprendrez que je prends
ces chiffres sous toute réserve parce qu'il faudrait voir aussi si
ça comprend l'ensemble des programmes. Il est possible qu'à
l'intérieur de ces chiffres d'autres programmes doivent aussi être
inclus. Alors, c'est sous toute réserve que je les prends,
finalement.
Mme Harel: Alors, je reviens à la question de la
consolidation. Vous me dites qu'il y a 25 000 000 $ dont la moitié irait
à la bonification de l'aide financière aux parents. Je vous
laisse réfléchir sur les tableaux qu'on a préparés
parce que cette aide financière, d'une main, va simplement venir
compenser ce qui leur a été enlevé de l'autre. Je reviens
à la consolidation. Dois-je comprendre, d'après les
réponses que Mme la ministre m'a données, qu'elle
considère satisfaisants les 10 000 000 $ consacrés à la
consolidation pour les services de garde sans but lucratif?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que ce n'est pas la question de
considérer si c'est satisfaisant ou non. C'est de considérer
l'effort gouvernemental qui est fait cette année, dans un contexte de
développement et de consolidation, justement, dans un contexte aussi
où on doit développer davantage et améliorer la situation
des différents services de garde. On doit regarder cela dans son
ensemble. Je mentionnais 43 500 000 $ additionnels, 41 % d'augmentation. Vous
avez eu le livre des crédits, vous avez pu constater, à la
lecture de ces crédits, que c'est le seul ministère, le seul
poste où on a une augmentation aussi considérable. Je comprends,
par contre, les demandes des services et je comprends aussi qu'ils ont un
rattrapage de dix ans à faire. On a eu l'occasion d'en discuter assez
fortement au cours de la commission
parlementaire. Comme je l'ai mentionné, c'est quand même un
effort soutenu et très appréciable, 41 % d'augmentation, mais
nous savons fort bien qu'il y a aussi d'autres mesures, d'autres moyens, que ce
soit au niveau de la planification ou du redressement pour certaines garderies.
Alors, c'est un ensemble de facteurs qui vont permettre d'en arriver à
des solutions concrètes.
Mme Harel: M. le Président, Mme la ministre tourne souvent
les coins rond. Elle nous a habitués à cela, à maintes
occasions, surtout quand elle parlait de ses prédécesseurs. Je
voudrais lui rappeler qu'en trois ans le gouvernement précédent
avait fait passer la subvention par place au permis de 1,50 $ à 4 $.
Depuis trois ans et demi, la subvention de fonctionnement est passée de
4 $ à 4,50 $ par place au permis. Si Mme la ministre avait simplement
assumé la responsabilité de convaincre son gouvernement de
maintenir l'évolution de l'augmentation de la subvention par place au
permis, on en serait déjà à 6 $. C'est ce qu'elle propose
pour les prochaines années. Alors, je veux vérifier, parce que la
réponse qu'elle me donne est assez inquiétante. Elle est
satisfaite? Doit-on comprendre qu'elle est contente de l'effort que son
gouvernement va faire en termes de consolidation?
Mme Gagnon-Tremblay: II n'est pas question d'être
satisfaite ou insatisfaite. Ce qui est important, c'est que, lorsque vous avez
mis 0,50 $ de plus dans les services de garde, vous les avez mis sous pression,
justement, comme les gouvernements l'ont fait...
Mme Harel: 2,50 $ de plus.
Mme Gagnon-Tremblay: ...antérieurement.
Mme Harel: Non, non. Là, vous tournez les coins trop rond.
C'est passé de 1,50 $ à 4 $. Alors, c'est passé...
Mme Gagnon-Tremblay: Depuis le début du programme.
Mme Harel: C'est ça, c'est-à-dire de 1981 à
1985. Exactement la même chose. Alors, on vous demande au moins de faire
la même chose.
Mme Gagnon-Tremblay: Si on avait régulièrement
indexé ces différentes mesures, on n'aurait justement pas
à faire ces efforts aujourd'hui. Quand on a ajouté les 0,50 $ et
qu'on a continué à force de 0,50 $, vous savez très bien,
Mme la députée de Maisonneuve, que c'était toujours
à partir de pressions des groupes. En 1982, on criait déjà
à la faillite. Ce n'est pas en 1988, c'est en 1982 qu'on criait à
la faillite. Bien sûr, il serait souhaitable d'avoir plus d'argent. Nous
avons fait des choix, nous avons des choix à faire dans tous les
secteurs. Une augmentation de 41 % cette année, c'est
considérable, compte tenu des autres choix que le gouvernement doit
faire dans d'autres secteurs.
Mme Harel: De vos propos, on va devoir conclure qu'il n'y a pas
eu assez de pressions sur le gouvernement. Si, en quatre ans, il y a eu une
augmentation de 2,50 $, pour passer de 1,50 $ par place au permis à 4 $,
et de 0,50 $, avec le présent gouvernement qui finit son mandat, il va
falloir que les pressions s'accentuent, parce que c'est décevant.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais il ne faut pas...
Mme Harel: Évidemment, de 4 $ à 4,50 $ en trois ans
et demi, c'est extrêmement décevant.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est trop facile de ne parler que d'une
seule subvention aux services de garde. Il y a eu des subventions
d'équipements, il y a eu des subventions de relocalisation, il y a eu
des subventions pour des modifications aux locaux, il y a eu l'augmentation de
l'exonération financière aux parents. On ne peut pas isoler une
seule subvention, mais il faut les prendre ensemble.
Mme Harel: Vous avez raison. C'est tellement vrai qu'on ne peut
pas prendre une seule subvention. Si on prend la variation annuelle moyenne de
la contribution du Québec en dollars constants, maintenant par rapport
à il y a dix ans, c'est évident que le gouvernement a du gros
rattrapage à faire. Le précédent gouvernement avait
réussi, malgré la récession qu'il traversait, à
maintenir une contribution annuelle moyenne de 19,7 % entre 1980 et 1986 et,
entre 1985 et 1992, pour le même temps, le budget de l'Office va
connaître une augmentation annuelle moyenne de 5,8 %. (12 heures)
Vous avez raison de penser qu'il faut regarder l'ensemble. Non seulement
c'est le financement par place au permis qui a été en
deçà de ce que le gouvernement prédédent avait
fait, mais c'est, évidemment, la variation annuelle moyenne de la
contribution du Québec. Je reprends: Est-ce que vous êtes
satisfaite du budget de consolidation, c'est-à-dire: Avez-vous
l'intention de maintenir ou de corriger le budget de 10 000 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne vous parle pas d'un budget de 10 000
000 $; je vous parle d'un budget de 43 500 000 $ actuellement, de sommes
additionnelles injectées au budget de l'Office des services de garde
à l'enfance de 100 000 000 $. Compte tenu de la capacité de payer
de l'État et des choix qu'il a à faire, 43 500 000 $, 41 %
d'augmentation, c'est un effort considérable.
Mme Harel: Ma collègue, la députée de
Chicoutimi, aimerait poser une question. Peut-
être cinq minutes, parce qu'on a tellement d'autres dossiers.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Services de garde en milieu de travail
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier ma collègue de me le permettre. Je sais que le sujet est
important et que le temps est toujours trop court pour traiter du sort qui est
réservé à des centaines de milliers d'enfants au
Québec lorsqu'on parle des services de garde et, plus
particulièrement, je dirais, à leurs parents.
Un groupe d'employés d'Hydro-Québec, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Chicoutimi plus particulièrement, a
réalisé un sondage sur les besoins en services de garde en milieu
de travail. Selon le sondage, il se révèle que quelque 61
employés, masculins et féminins, avaient répondu au
sondage qu'ils seraient intéressés à avoir un service de
garde en milieu de travail. Ce sondage a été
réalisé au début de l'année 1988, en janvier 1988.
Ils ont donc adressé à l'Office des services de garde à
l'enfance une demande en mars, si je ne m'abuse; je n'ai pas la copie de la
lettre ici, mais, si ma mémoire est fidèle, c'est en mars 1988.
Ils ont obtenu, d'abord, un accusé de réception qui est
daté du 11 avril 1988, leur disant qu'ils soumettaient la demande. En
juin 1988, le 3 plus précisément, ils ont reçu de l'Office
des services de garde à l'enfance une réponse qui était
assez sibylline. Je n'ai pas trop su comment l'interpréter. On disait,
en gros: "La présente vise donc à vous informer que le plan de
développement annuel 1988-1989 autorisé par le gouvernement est
limité. Il s'agit, en effet, d'une année de transition en
prévision de l'Énoncé de politique sur les services de
garde à l'enfance du Québec et des ententes à conclure
avec le gouvernement fédéral dans le cadre de la stratégie
nationale sur les services de garde." On poursuivait: "En tenant compte des
renseignements précédents, vous comprendrez que l'Office des
services de garde à l'enfance ne peut présentement vous accorder
l'autorisation d'implanter..." Les renseignements étant: Attendez la
politique. Ils ajoutaient: "Nous vous invitons donc à
réévaluer votre intention de mettre sur pied un service de garde
et à faire connaître, par écrit, votre décision." Je
n'ai pas bien compris l'idée de réévaluer le besoin quand
il était clair et évident. On leur a demandé d'indiquer
à l'Office des services de garde à l'enfance s'ils
persévéraient dans leur demande, ce que la représentante
du groupe, Mme Rachel Tremblay, a fait le 24 octobre 1988 et, depuis, ils sont
sans nouvelles du projet. Qu'est-ce qu'on doit leur dire et est-ce qu'on peut
leur dire qu'il y a une priorité quelconque ou pas de priorité en
ce qui concerne les services de garde en milieu de travail?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que c'est un bon exemple que vous
soulignez, Mme la députée de Chicoutimi, concernant les garderies
en milieu de travail. C'est pourquoi nous avons, pour les deux prochaines
années, privilégié le milieu de travail. On sait que,
selon ce qui se fait régulièrement, un promoteur s'inscrit et il
peut s'écouler un an, un an et demi avant que l'on puisse donner suite
à sa demande. Il nous apparaissait tout à fait essentiel d'ouvrir
plus rapidement dans un cas de milieu de travail, étant donné que
ces gens, lorsqu'ils décident d'ouvrir, normalement sont prêts,
ils ont les locaux, ils ont tout. C'est pourquoi nous avons
privilégié, pour les deux prochaines années, le milieu de
travail.
Quant au cas particulier dont vous nous pariez, il est
déjà sur la liste des projets qui nous sont soumis et le plan de
développement pour l'année 1989-1990 sera connu d'ici quelque
temps, très prochainement. Quant à l'autre partie de la lettre,
je demanderais à la présidente de l'Office des services de garde
à l'enfance d'y répondre.
Une voix: On avait souligné effectivement...
Mme Marcotte: On avait effectivement souligné la
finalité de cette lettre en indiquant que l'Office voulait donner
l'impression d'éliminer des projets. On ne poursuivait pas cet objectif.
Au cours des années se sont accumulés de nombreux projets et,
à un moment donné, certains promoteurs n'étaient plus
intéressés et on n'avait pas les moyens de le vérifier.
Alors, on a reformulé depuis cette lettre qui laissait entendre qu'on
voulait limiter le nombre de projets, puisque ce n'était pas l'objectif
poursuivi. On souhaitait simplement avoir une indication des groupes
promoteurs, à savoir s'ils désiraient ou non poursuivre leur
projet. Il faut comprendre qu'il y a des groupes promoteurs qui sont
intéressés dans l'immédiat, mais qui ne le seront pas
s'ils doivent maintenir leur nom sur une liste pendant deux ou trois ans. Il y
a des promoteurs qui cherchent à développer un projet, mais s'ils
ne peuvent pas ouvrir un service de garde, ils vont développer autre
chose.
Mme Blackburn: M. le Président, la ministre peut-elle nous
dire, concernant le plan de développement qui sera communiqué
d'Ici peu, combien de temps cela signifie?
Mme Gagnon-Tremblay: D'ici une semaine, quinze jours.
Mme Blackburn: D'ici quinze jours? Mme Gagnon-Tremblay:
Oui.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a privilégié la liste
actuelle des projets et dans quel ordre se situe celui de la garderie
d'Hydro-Québec? Si j'ai
bien compris tantôt, il y a 890 demandes. Une voix:
826.
Mme Blackburn: 826? Ce n'est rien pour les rassurer, n'est-ce
pas?
Mme Gag non-Tremblay: Je ne suis pas en mesure actuellement de
vous le dire. Il s'agit de patienter encore une semaine ou deux,
peut-être même à l'intérieur d'une semaine. Vous
savez que c'est un cas très particulier. Alors je ne voudrais pas, non
plus, qu'on puisse en faire l'annonce aujourd'hui. Il fait partie des...
Mme Blackburn: Les cas de comté, ce sont tous des cas
particuliers, mais c'est ce qui fait l'ensemble.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, peut-être qu'on pourra s'en
parler.
Mme Harel: Oui, c'est cela. Cela serait peut-être
intéressant de transmettre le dossier.
Mme Blackburn: C'est un peu comme les centres d'accueil dans les
comtés.
Mme Harel: Avant de terminer, pour entamer la discussion trop
courte sur le Conseil du statut de la femme, une dernière question
concernant les négociations avec la Fédération des
affaires sociales. Où en sont les négociations en matière
d'assurance collective, de congé de maternité et de formation
professionnelle? Puisque ça fait presque un an maintenant qu'il y a des
pourparlers, la ministre peut-elle clarifier la question du perfectionnement?
Le 1 % pour le perfectionnement prévu dans le plan triennal est-il
distinct, comme il se devrait, de la formation professionnelle qui, elle, est
revendiquée simplement pour répondre aux exigences des
règlements? Y a-t-il une distinction dans le projet de la ministre entre
le perfectionnement proposé et la formation professionnelle qui, elle,
est discutée depuis un an?
Mme Gagnon-Tremblay: À ce stade-ci, au niveau de la
politique des services de garde, il est globalisé, sauf que pour
atteindre l'objectif de un sur trois - parce que vous savez qu'il y a plusieurs
garderies actuellement qui ont atteint cette norme; II y en a d'autres qui ne
l'ont pas encore atteinte - pour atteindre cette norme, le budget de formation,
prévu dans l'énoncé de politique devra servir en premier
lieu à s'assurer que les garderies qui n'ont pas encore atteint la
norme, puissent l'atteindre. Pour les garderies qui ont atteint la norme, le
budget de formation pourra servir à du ressourcement, à de la
formation. En somme, chaque garderie sera libre de l'utiliser, sauf que, pour
celles qui n'ont pas atteint la norme, comme nous leur avons accordé un
délai supplémentaire de trois ans, nous allons nous assurer que
ces garderies utiliseront le budget de formation pour l'atteinte de la norme en
premier lieu.
Mme Harel: En matière d'assurance collective et de
congé de maternité, après une année de pourparlers,
une entente sera-t-elle bientôt conclue?
Mme Gagnon-Tremblay: Les négociations se poursuivent
actuellement. Il y a eu des rencontres entre les représentants de
l'office et le syndicat en mars. L'été dernier, nous avions
besoin de données; nous sommes intervenus auprès du Bureau de la
statistique du Québec afin de nous procurer toutes les données.
On me dit qu'on les a déjà en main. Nous allons embaucher une
firme privée pour faire l'analyse de ces nombreuses données et
proposer à l'ensemble des services de garde des formules d'assurance
collective et de congé de maternité. Ensuite, chaque garderie
décidera si elle adhère ou non et ce qu'elle fait, finalement.
C'est un outil de travail que nous allons donner à chacune des garderies
à des coûts lui permettant d'adhérer à ces
différents programmes.
Mme Harel: Quand la firme doit-elle être
engagée?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous sommes en période de soumissions
actuellement.
Mme Harel: Quel type de campagne publicitaire l'Office veut-il
mener? On voit dans les crédits qu'il y a une prévision de 600
000 $ pour mener une campagne sur les services de garde. On y dit aussi, je
pense,, que la caisse d'aide pourrait financer une partie de cette campagne, 50
%, je crois.
Mme Marcotte: On veut essayer d'aller chercher une partie du
financement au niveau du fédéral, mais, si vous vous en souvenez,
en commission parlementaire, et même c'était l'avis de l'Office,
je pense qu'on a souligné à maintes reprises l'importance de bien
informer la population sur les différents types de services, la garde
régie, les critères, etc. Donc, il s'agit vraiment d'une campagne
d'information de la population surtout.
Mme Harel: Dans quels types de médias?
Mme Marcotte: On va évaluer tout cela parce que cela va
dépendre de la façon dont le financement sera partagé. La
télévision, on sait que c'est très cher. On est en train
d'évaluer l'ensemble du programme pour voir ce que cela pourrait
être; on pourrait peut-être vous donner de l'information la semaine
prochaine ou un peu plus tard. Actuellement, je n'ai pas toutes les
données qui me permettraient de vous dire exactement quelle forme cela
prendra, mais on
imagine qu'il y aura un peu de tout pour atteindre vraiment toute la
population.
Mme Harel: On sait l'impact que de telles campagnes peuvent
avoir. Pour le même montant d'argent, la campagne sur la violence
conjugale a eu énormément d'effets, au point où le
gouvernement a annulé la deuxième partie de la campagne, parce
que les maisons d'hébergement se sont retrouvées, pour certaines
d'entre elles, complètement débordées par les demandes.
L'Office compte-t-il mener cette campagne qui est heureuse - je le
félicite et j'applaudis - en collaboration avec l'ensemble des services
de garde? Puisque c'est leur bien que vous souhaitez, ne serait-il pas utile de
les mettre dans le coup et de penser à planifier la campagne avec les
services aussi?
Mme Marcotte: Je crois que c'est une très bonne
idée et qu'on devra regarder au niveau régional de quelle
façon aborder l'information parce qu'effectivement, dans une
région, un type d'approche convient alors que, dans une autre, cela
demande une information qui est plus globale. Il n'est pas exclu du tout qu'on
consulte et qu'on vérifie avec le milieu pour voir le type d'information
qui est préférable et qu'il est urgent de véhiculer dans
un premier temps.
Mme Harel: Je vous remercie. En fait, c'est vraiment bien court.
Si nous voulons consacrer au moins une quinzaine de minutes au Conseil du
statut de la femme, je crois qu'on va devoir terminer avec l'Office. (12 h
15)
Conseil du statut de la femme
Mme la ministre, vous allez me permettre également de saluer Mme
la présidente du Conseil du statut de la femme, qui n'en est pas
à sa première visite en commission parlementaire. Elle
était venue, je crois, devant la commission sur les services de garde,
présenter le mémoire du Conseil du statut de la femme.
Compte tenu du peu de temps à notre disposition, j'espère
aller à l'essentiel. Comment se fait-il qu'il y ait présentement
une diminution de l'effectif au Conseil du statut de la femme pour
Consult-Action? Je pense, en particulier, à la région de
Montréal où il y avait sept personnes-ressources en 1987-1988 et
où il n'en reste que quatre en 1988-1989. Vous êtes consciente,
Mme la ministre, du rôle extrêmement stratégique que joue
Consult-Action non seulement pour les organismes locaux à
Montréal, mais pour les organismes nationaux. Comment expliquer une
telle réduction de l'effectif?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, vous permettrez que
je laisse répondre la présidente du Conseil du statut de la
femme, Mme Lavigne.
Mme Lavigne (Marie): Je tiens à préciser qu'il n'y
a pas eu de changement sur le plan de l'effectif pour la grande région
de Montréal. Il y a un an et demi déjà, il y a eu une
régionalisation de Montréal. Il faut se souvenir que les
personnes qui étaient en poste à Montréal desservaient
l'ensemble de Montréal, c'est-à-dire la région de la
Montérégie, des Laurentides, de Laval, de Lanaudière, de
même que Montréal. Donc, elles desservaient cinq régions
administratives.
Le mouvement qui a été fait a été de
régionaliser Montréal, ce qui fait qu'il y a deux postes en
Montérégie, deux postes à
Laval-Laurentides-Lanaudière et quatre postes à Montréal,
en réalité trois postes pour Consult-Action plus un poste
d'information. Il n'y a pas eu du tout de changement d'effectif au cours de la
dernière année à Montréal.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut croire qu'il y a même eu
augmentation? Vous dites deux en Montérégie, deux dans les
Laurentides.
Mme Lavigne: Oui, ça fait quatre. Mme Harel:
Laval?
Mme Lavigne: Non. Laval-Laurentides-Lanaudière, c'est un
bureau où il y a deux personnes. Pour la desserte de l'île de
Montréal, il y a deux professionnels et une secrétaire, ce qui
fait trois personnes pour la desserte de l'île.
Mme Harel: Est-ce que c'est l'équivalent du personnel
qu'il y avait précédemment, mais distribué
différemment? Est-ce que c'est ça qu'il faut comprendre?
Mme Lavigne: C'est une redistribution qui a été
faite, mais, depuis un an et demi, il n'y a pas eu de modification.
Mme Harel: Permettez-moi, Mme la présidente, étant
donné que c'est la première occasion qu'on a, de vous demander
quelles sont les priorités du Conseil du statut de la femme pour la
présente année.Évidemment, on connaissait celles de Mme
McKenzie, particulièrement sa préoccupation dans le domaine des
nouvelles technologies. On sait que, sur cette question névralgique, le
Conseil avait devancé, je dirais, presque l'ensemble des autres
intervenants dans notre société. Je ne sais pas où en est
le comité parce qu'il devait y avoir un comité
interministériel sur cette question. Peut-être que Mme la ministre
peut nous en parier. Et pour l'année qui vient, le Conseil a sans doute
eu l'occasion d'identifier de nouvelles priorités. Quelles
sont-elles?
Mme Gagnon-Tremblay: Un comité avait été
formé. En juin 1988, le comité de travail sur les nouvelles
technologies de reproduction a remis à la ministre de la Santé et
des Services sociaux
un rapport contenant 81 avis et recommandations. Par la suite, en
août 1988, le sous-ministre adjoint au recouvrement de la santé a
formé un groupe de travail interministériel. On me dit qu'il y a
un projet de position ministérielle qui a été
présenté à la ministre en décembre 1988 et des
modalités de consultation sont prévues. Par exemple, dans le
document de politique sur la santé et les services sociaux qui a
été présenté récemment par la ministre, elle
dit: "Étant donné l'acuité de la question, certaines
orientations doivent être adoptées sur des points particuliers",
et elle fait mention des points fondamentaux. Elle dit aussi: "Le
ministère entend, par conséquent, prendre immédiatement
diverses mesures". Et à l'annexe sur les nouvelles technologies de
reproduction dans l'énoncé de politique de la ministre de la
Santé et des Services sociaux, on retrouve ce qu'elle entend faire et
les suites qu'elle entend donner à ce comité.
Il faut dire aussi que le gouvernement fédéral a
décidé de créer une commission royale d'enquête sur
ces nouvelles technologies de reproduction. Actuellement, le Conseil du statut
de la femme, aussi bien que le Secrétariat à la condition
féminine essaient de prendre part le plus possible à ça.
On sait que Québec a l'expertise, Québec est en avance sur les
nouvelles technologies de reproduction. À la suggestion de la
présidente du Conseil du statut de la femme, nous avons l'intention de
soumettre des noms de personnes du Québec qui pourraient siéger
à cette commission royale d'enquête.
Mme Harel: Oui, parce que, pour une fois qu'on a l'expertise qui
nous met en avance, on devrait certainement ne pas piétiner en attendant
que le gouvernement fédéral avance. Évidemment, ce
n'était pas que le dossier d'une seule femme, mais c'était aussi
un dossier important pour la société québécoise.
Dans le plan d'action, il était question d'une consultation publique
pour 1988-1989 sur le rapport du comité mixte sur les nouvelles
technologies. Est-ce que cette consultation aura lieu?
Mme Gagnon-Tremblay: On me dit, justement, que l'annonce de la
consultation devrait être faite sous peu et qu'elle pourrait
effectivement commencer en 1989.
Mme Harel: À part les nouvelles technologies, je sais
combien c'est important comme dossier, il y a, évidemment, aussi
d'autres priorités. Quelles sont celles qui sont retenues par le Conseil
du statut de la femme?
Mme Lavigne: D'accord. Juste pour terminer sur les nouvelles
technologies de reproduction, ce qu'on va faire de particulier, hormis le suivi
des recommandations que le Conseil a fait, c'est produire un
avis-synthèse, parce que cela fait trois ans que le Conseil travaille
sur le dossier des nouvelles technologies et il y a eu toute une série
d'avis. Dans la perspective de la commission royale d'enquête
fédérale qui s'amorce, cela va être important d'avoir un
document de synthèse sur l'ensemble de la question des nouvelles
technologies. Alors, on travaille là-dessus dans le moment et on
travaille aussi à l'élaboration d'un plan d'information des
praticiens ou des gens qui seront soit des décideurs ou qui vont
influencer de façon déterminante le dossier des nouvelles
technologies.
Les groupes de femmes ont été bien informés, mais
il Importe que l'information, les données à jour soient
communiquées aux intervenants dans les CLSC, aux gens dans les
facultés de médecine. Donc, c'est un dossier qui va continuer,
mais dans ce sens d'un suivi.
Dans le domaine de la santé, il y a un dossier qui va nous
préoccuper particulièrement, toujours dans la perspective de
l'accessibilité aux services de santé et de la
déconcentration amorcée, ce sera la question de se doter d'outils
d'analyse pour être en mesure d'évaluer la place que pourront
avoir les femmes dans l'ensemble de ces structures de planification
régionale et, aussi, de voir la traduction très concrète
dans chaque région du Québec des grands objectifs
d'équité et d'accessibilité en matière de soins de
santé et de services sociaux pour les femmes. Alors, ce sera un aspect
qui sera développé de façon particulière.
Dans le secteur de la femme et de la famille, évidemment, il y a
un certain nombre de suivis de dossiers et d'avis qu'on va faire. Comme on le
mentionnait dans la première partie de la commission, on va finaliser la
recherche sur l'harmonisation des lois concernant les conjoints de fait. Il y a
aussi la mise en chantier de ce qui est davantage un petit dossier de
réflexion, qui visera à voir comment, du point de vue des femmes,
on peut aborder la question de la natalité au Québec. La question
de la natalité est toujours inscrite dans le cadre d'un discours
démographique qui a une certaine tendance à culpabiliser les
femmes. Il importe d'élargir le débat et de le resituer dans une
perspective où les femmes ne seront pas perdantes. Alors, c'est plus un
dossier au chapitre de la recherche, un dossier de réflexion.
Au chapitre du travail, le Conseil compte présenter sous peu un
mémoire sur les régimes complémentaires de retraite. Il
produira aussi sous peu un avis global sur toute la question de la
maternité. C'est dans notre plan triennal. On travaille actuellement
là-dessus. Alors, c'est toute la question du financement, de
l'intégration, de la Loi sur les normes du travail, de l'harmonisation
des différentes mesures, de même que l'harmonisation de la
réflexion sur tout le dossier du retrait préventif de la
travailleuse enceinte ou qui allaite, à l'intérieur de l'ensemble
de ce dossier.
Nous finaliserons, de même, dans le secteur du travail, une
étude sur l'aménagement du temps de travail. Il y aura, par
ailleurs, un dossier qui
revient de façon très périodique,
c'est-à-dire aux cinq ans, au moment de recensement, et qui est un
dossier global. C'est la production d'un outil de base qui sert, je pense,
à beaucoup d'intervenants, ce sont les répertoires statistiques
sur les femmes que produit le conseil. Le conseil avait déjà
publié, chiffres en main, "Les femmes, ça compte", à
partir du recensement de 1981. Pour le recensement de 1986, les données
viennent d'arriver de Statistique Canada et du BSQ. Elles sont en traitement.
Cela permettra la production d'un répertoire national de statistiques
qui est la version de 1986 mise à jour.
Ce qu'il y aura de nouveau dans ce secteur, c'est la production, mais
là vraiment systématique de portraits socio-économiques de
femmes dans chacune des régions du Québec. Il y a eu une
première ouverture dans ce sens-là lors du recensement de 1981;
on avait réussi, au fil des ans, à produire cinq monographies
régionales, c'est-à-dire des portraits de femmes dans cinq
régions. Or, il s'avère de plus en plus important que les femmes
dans chacune des régions du Québec soient dotées de ce
type d'outil. Donc, on prévoit, dès cette année, produire
les dix monographies régionales. Elles seront produites par les agentes
en région de façon qu'elles puissent travailler les statistiques
et les rendre facilement disponibles dans le milieu. On travaille aussi
à la production d'une étude-synthèse sur les femmes
âgées. De la même façon, on travaille à
l'établissement de mécanismes d'échange avec le
ministère des Communautés culturelles et le Conseil des
communautés culturelles, afin d'intégrer de façon plus
systématique dans nos recherches, dans nos monographies, des
données qui vont concerner les femmes des communautés culturelles
et les femmes des minorités visibles.
Le Président (M. Bélanger): Je vous inviterais
à conclure rapidement, s'il vous plaît.
Mme La vigne: Donc, il y a toute une série d'études qui
s'inscrivent dans ce sens-là, de même que, évidemment, on
veut continuer la production de La Gazette des femmes et des outils
d'information que possède le conseil.
Mme Harel: Je vous remercie. Je ne croyais pas que la
réponse serait aussi longue et aussi intéressante, finalement,
à la question, mais c'est fort pertinent. Cela nous permet, au fil des
mois, de nous procurer ces documents, ces études qui sont très
importantes parce qu'elles permettent de corriger le tir au fur et à
mesure que nous pouvons mieux cerner la situation des femmes. Je vais terminer,
M. le Président, en signalant à Mme la ministre que
j'espère que le CT sera adopté au Conseil du trésor
aujourd'hui. C'est aujourd'hui que passe la demande dans le cadre des
fêtes du 50e anniversaire du droit de vote des
Québécoises.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne pourrai pas vous donner la
réponse à la période de questions.
Mme Harel: Ce n'est pas grave parce que je connais
déjà la demande. C'est, évidemment, intéressant; je
crois que c'est 400 000 $ pour chacun des organismes, FRAPPE et Femmes en
tête. On verra si le Conseil du trésor a retenu, finalement, ce
mémoire qui est présenté par Mme la ministre. Je termine,
M. le Président, en souhaitant obtenir la liste du personnel du
secrétariat. C'est le secrétariat de l'Opposition qui collige ces
listes. Déjà, la liste du personnel de cabinet nous est parvenue,
mais nous n'avons pas obtenu celle de la sous-ministre. On appelle ça
habituellement la suite sous-ministérielle.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce qu'elle avait été
demandée, Mme la députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Oui. En fait, c'est une demande de renseignements de
l'Opposition officielle qui est formulée dans tous les
ministères. Il semble qu'il y en aurait peut-être deux,
finalement. Ce serait la Condition féminine et la Main-d'Oeuvre et la
Sécurité du revenu.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Harel: De toute façon, on va la transmettre à
nouveau.
Adoption des crédits
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits relevant de la ministre déléguée à
la
Condition féminine, c'est-à-dire le programme 1, Conseil
du statut de la femme, sont adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits du programme 2, c'est-à-dire l'Office des services de
garde à l'enfance, sont adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits du Conseil exécutif, programme 3, Promotion des droits de
la femme, sont adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'ensemble des crédits relevant de Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine sont
adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)