Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Si vous le permettez, je demanderais à chacun de bien vouloir
prendre sa place afin que la commission puisse procéder à
l'étude des crédits relevant de la ministre
déléguée à la Condition féminine pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1990.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Legault
(Deux-Montagnes) sera remplacée par Mme Pelchat (Vachon).
Le Président (M. Bélanger): Très bien, je
vous remercie. Il n'y a pas d'autres remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Du côté de
l'Opposition, non plus? Non. Excellent. On connaît les règles. Je
pense qu'on a l'habitude. On les applique avec assez de souplesse de toute
façon. Alors, sans plus tarder, j'inviterais Mme la ministre à
procéder aux remarques préliminaires.
Remarques préliminaires Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. J'aimerais
souligner la présence de Mme Francine Boivin, qui est secrétaire
générale associée, qui est entrée en fonction le
1er mars dernier. Il y a aussi Mme Marie Lavigne, qui est à la
tête du Conseil du statut de la femme depuis le 31 octobre dernier, Mme
Powers, qui est secrétaire à la Condition féminine, et Mme
Morin également.
M. le Président, au cours de ces 20 minutes qui me sont
allouées, je souhaite aujourd'hui amorcer la discussion sur les
crédits dévolus à la Condition féminine en vous
faisant partager les réalisations du gouvernement du Québec en
cette matière pour l'exercice financier 1988-1989. À maints
égards, je suis fière des nombreuses démarches qui ont
été effectuées. Elles ont, en effet, permis
l'accomplissement d'une étape additionnelle dans cette longue marche des
femmes vers l'égalité à laquelle notre gouvernement s'est
résolument associé.
Au cours des deux dernières décennies, et
parallèlement aux bouleversements sociaux et économiques qui
marquaient la collectivité québécoise et l'ensemble des
sociétés à travers le monde, les femmes ont adopté
de nouveaux comportements vis-à-vis de l'éducation, du travail et
de la famille, si bien qu'on ne retrouve plus aujourd'hui parmi elles un profil
unique de cheminement de carrière. À juste titre, les femmes ont
pris la parole et revendiqué la création de nouvelles formes
d'organisation sociale, qui soient à la fois respectueuses de cette
évolution irréversible et adaptées à leur
réalité. Répondant à ces attentes, les
gouvernements ont amorcé diverses réformes dont la trame de fond
a été et demeure toujours l'assurance d'un traitement impartial
dans tous les secteurs de la vie en société.
L'édification d'une société plus égalitaire
s'avère une entreprise de longue haleine qui requiert des interventions
menées sur plusieurs fronts à la fois. En effet, cela suppose que
l'on s'attaque d'abord aux mentalités, puis aux lois afin de modifier
des façons séculaires de faire les choses. Ensuite, et c'est sur
quoi il est plus difficile d'agir, il faut apprendre dans nos rapports
individuels et collectifs à vivre en partenaires égaux et
à partager le pouvoir et les responsabilités.
On comprend ainsi facilement qu'être titulaire du ministère
de la Condition féminine ne constitue pas une mince tâche. Pour
certains groupes ou individus, les changements entrepris sous l'impulsion de la
condition féminine vont trop loin; pour d'autres, ils sont insuffisants,
compte tenu du retard historique à combler. Faisant face à deux
conceptions qui, en maintes occasions, s'entrechoquent, il incombe à la
ministre déléguée à la Condition féminine de
favoriser un rapprochement des parties afin qu'elles puissent définir
ensemble les objectifs à partir desquels pourront être
posées les fondations d'une société plus juste.
Dans ce contexte, on comprendra pourquoi, à mon arrivée
à la barre de la Condition féminine, je me suis d'abord
attaquée à la question des relations entre le gouvernement et les
groupes de femmes. C'est ainsi que je mettais en place une politique de porte
ouverte avec les groupes, laquelle, pour la première fois, reposait sur
des mécanismes formels et permanents d'information, de consultation et
de concertation. Dans cette tâche, j'ai veillé à m'associer
mes collègues ministres afin de les responsabiliser davantage quant aux
divers aspects du dossier de la Condition féminine sur lesquels, de
façon quotidienne, ils ou elles doivent intervenir.
Cette constante communication n'est, d'ailleurs, pas
étrangère au fait que le gouvernement ait pu traduire dans des
orientations triennales en matière de condition féminine, des
objectifs et des axes d'intervention qui furent bien accueillis par les femmes
et leurs associations. Au-delà d'une schématisation des attentes
particulières exprimées par les unes et les autres, ces
orientations consacraient la détermination du
gouvernement à prendre tous les moyens nécessaires pour
que l'on puisse en arriver à une réelle égalité
entre les femmes et les hommes et ce, dans tous les secteurs de la vie en
société.
L'année 1988-1989 nous apparaît comme une année
charnière dans la réalisation des engagements gouvernementaux en
matière de condition féminine. Le court bilan qui suit vous
permettra, en effet, de constater aisément que le gouvernement a su
utiliser à bon escient cette deuxième année du plan
triennal qu'il s'est donné en 1987.
L'inclusion, dans les orientations gouvernementales, d'un chapitre
voué aux groupes de femmes exprimait avec éloquence l'importance
que le gouvernement entendait accorder au raffermissement de ses relations avec
ces partenaires essentiels. Elle faisait également preuve de sa ferme
intention d'assurer à ceux, parmi ces groupes, qui dispensent des
services nécessaires et directs à la population un meilleur
soutien financier et technique. Tous les mécanismes d'information, de
consultation et de concertation mis en place en 1986 ont été
maintenus. Certains ont été améliorés, d'autres
sont en voie de l'être.
Bulletin "À la une au gouvernement". Ainsi, le bulletin
bimestriel d'information "À la une au gouvernement", qui a paru cinq
fois en 1988-1989, comporte maintenant six volets au lieu de quatre et son
tirage s'établit à près de 10 000 exemplaires
comparativement à 5000 lors de sa dernière année
d'existence. Ces changements ont, entre autres, été
apportés pour donner suite aux commentaires recueillis à l'aide
d'un sondage de satisfaction effectué auprès des abonnés.
Ceux-ci, dans une proportion de 93 %, ont, en effet, jugé très
utiles les informations diffusées, 96 % ayant mentionné lire le
bulletin en entier ou en grande partie.
Par ailleurs, la troisième rencontre annuelle entre le
gouvernement et les groupes provinciaux de femmes s'est tenue en novembre
dernier à Montréal sous le thème "La politique familiale:
les enjeux pour les femmes". Cette rencontre aura permis à 27
associations de faire connaître aux dix ministres présents leurs
attentes à cet égard et à plusieurs d'entre elles de
réaffirmer leur crainte quant à l'adoption d'une politique
familiale à saveur purement nataliste. Certains groupes ont, cependant,
manifesté leur désaccord sur le choix du thème. Loin
d'être négative, cette situation aura mis en lumière la
ferme volonté des femmes d'aborder cette question en présence de
tous les partenaires socio-économiques concernés.
Les groupes de femmes tiennent à la rencontre annuelle; le nombre
de participantes et la qualité de leurs interventions nous le
démontrent clairement. Mais ce mécanisme ne peut être
pleinement efficace et satisfaisant que dans la mesure où il
répond véritablement au dessein des parties en présence.
Les groupes ont donc été invités à remplir un
questionnaire d'évaluation leur permettant de se prononcer sur
l'objectif, la formule de participation et le déroulement de ces
réunions annuelles. La prochaine rencontre tiendra compte dans toute la
mesure du possible de ces commentaires et suggestions. Je me propose,
d'ailleurs, de communiquer prochainement avec les présidentes
d'association à ce propos.
Depuis quelques années, des groupes de femmes ont innové
en mettant sur pied des services de première ligne qui répondent
à de nouveaux besoins issus, entre autres, de situations de violence.
Par ses orientations triennales, le gouvernement s'était engagé
à maintenir le soutien financier accordé à ces groupes. Il
est ailé au-delà de cet engagement puisque, pour une
majorité de groupes de services, la contribution gouvernementale a
augmenté.
Ainsi, les quelque 70 maisons d'hébergement et 2 regroupements
pour femmes victimes de violence se sont partagé, en 1988-1989, un
montant de 12 100 000 $, comparativement à 67 maisons et 9 100 000 $ en
1987-1988. C'est la même situation pour les 19 centres d'aide et
regroupements pour les victimes d'agressions à caractère sexuel
qui ont reçu, en 1988-1989, 889 000 $, soit près de 151 000 $ de
plus que ne recevaient les 17 centres existant l'année
précédente. Du côté des centres de femmes, 63
centres ont obtenu, en 1988-1989, des subventions totalisant 886 750 $,
comparativement à 44 centres en 1987-1988 et 568 000 $. Enfin, le
ministère de l'Éducation a versé plus de 1 000 000 $
à des groupes de femmes dans le cadre de son programme OVEP.
Bien sûr, ces efforts peuvent paraître minimes au yeux de
celles qui, chaque jour, sont confrontées à des situations
éprouvantes. La solution aux problèmes, financiers et autres, que
vivent de nombreux organismes communautaires ne se trouve certes pas dans les
règlements à la pièce. Aussi, dans la foulée des
suites données au rapport Rochon, un document d'orientation en
matière de santé et de services sociaux a été
produit, lequel s'attaque précisément au statut et au financement
de ces organismes.
Les orientations triennales en matière de condition
féminine se sont également traduites par des axes d'intervention
dans cinq secteurs d'activités: égalité des conjoints,
égalité en éducation, égalité en emploi et
en sécurité du revenu, services adaptés à la
réalité féminine et État-employeur. Suivra donc un
bref exposé des réalisations gouvernementales en 1988-1989 pour
chacune de ces thématiques.
Au chapitre de l'égalité des conjoints, l'objectif
poursuivi était de corriger les situations d'inégalité
économique entre les époux, aussi bien pendant le mariage
qu'à sa dissolution. Le gouvernement a donc, premièrement, soumis
à la consultation publique un document d'orientation sur les droits
économiques des conjoints. Les propositions gouvernementales contenues
dans ce document avaient pour but d'assurer une
meilleure protection du conjoint économiquement faible, ainsi
qu'une plus grande reconnaissance du travail au foyer et de l'apport
économique du conjoint collaborateur.
Lors de la commission parlementaire qui s'est tenue en octobre dernier,
26 organismes ont présenté un mémoire. De façon
quasi unanime, les intervenants ont accueilli avec enthousiasme cette
initiative du gouvernement et se sont dits d'accord avec l'ensemble des
principes et modalités énoncés dans le document de
consultation. Les travaux se poursuivent depuis et nous croyons qu'un projet de
loi pourrait être présenté prochainement à
l'Assemblée nationale.
En décembre 1988, l'Assemblée nationale adoptait la Loi
modifiant le Code de procédure civile concernant le recouvrement des
pensions alimentaires, laquelle changeait substantiellement le rôle du
percepteur des pensions alimentaires, afin de favoriser une perception plus
efficace de ces pensions. Avec l'adoption de cette loi, le gouvernement
finalisait ses engagements en matière de pensions alimentaires. On se
rappelle, en effet, que le premier volet consistait en l'adoption, en
décembre 1987, de la Loi modifiant le Code civil en matière
d'indexation de pensions alimentaires. Celle-ci avait pour objet d'indexer, de
plein droit, les pensions alimentaires ordonnées par jugement.
Par ailleurs, la situation des femmes collaboratrices exigeant des
interventions en dehors des cadres du Code civil du Québec et du Code de
procédure civile, le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation poursuit présentement une
étude sur les incidences fiscales d'un partage d'actifs entre conjoints
oeuvrant en agriculture. Les résultats de cette étude seront
connus en 1989-1990.
Une sensibilisation des filles et des femmes à l'importance d'une
formation de base solide acquise, en tenant compte de leurs aspirations, mais
aussi et surtout des contraintes et défis inhérents aux
réalités du marché du travail des années 1990,
voilà une des trames de fond de la thématique
"Égalité en éducation".
Dans cette veine, mentionnons le projet de plan d'action gouvernemental
sur la participation plus grande des filles et des femmes à la science
et à la technologie, déposé en 1987-1988, puis soumis
à la consultation en 1988-1989. Celle-ci est maintenant
complétée et le plan d'action définitif est en bonne voie
d'élaboration.
Parmi les autres réalisations intéressantes, soulignons la
production de deux nouveaux outils d'information et de sensibilisation produits
à l'intention des jeunes du secondaire et la diffusion de trois rapports
de recherche, dont deux traitent des pratiques pédagogiques et du
sexisme au collégial.
En matière de formation professionnelle, les quatre programmes de
recyclage spécialement conçus pour les femmes ont
été maintenus. En 1988-1989, ces programmes ont
représenté pour le gouvernement des déboursés de
l'ordre de 3 200 000 $ et profité à près de 4000 femmes.
Les services externes de main-d'oeuvre à l'intention des femmes ont,
pour leur part, récolté durant la même période 2 850
000 $, soit plus de la moitié du budget octroyé à
l'ensemble des SEMO.
La démarche de reconnaissance des acquis expérientiels se
poursuit. Au secondaire, des outils d'évaluation pour huit autres plans
de formation professionnelle ont été développés, de
même que des instruments d'identification des acquis de groupes cibles,
dont les travailleuses au foyer. Au collégial, le processus est
maintenant enclenché. Dans une quarantaine de collèges, une
politique-cadre s'élabore. Dans les commissions de formation
professionnelle, le système s'implante progressivement auprès de
certaines clientèles cibles dont les femmes.
Encore cette année, l'effort gouvernemental amorcé en
1986-1987 pour soutenir financièrement et techniquement des entreprises
privées, des municipalités et des établissements des
réseaux de l'éducation et de la santé et des services
sociaux désireux d'implanter un programme d'accès à
l'égalité s'est poursuivi. À ce jour, 17 entreprises
privées, 19 commissions scolaires, 19 collèges et
universités, 11 établissements de santé et de services
sociaux et 13 municipalités et organismes périmunicipaux sont
engagés dans les diverses étapes de mise sur pied d'un programme
d'accès à l'égalité.
Je profiterai ici de l'occasion qui m'est offerte pour annoncer la
prolongation de ce plan d'action pour une autre année. Ainsi, aux 6 500
000 $ sur trois ans déjà consacrés par le gouvernement au
démarrage de programmes d'accès à l'égalité
s'ajoutera au cours de cette quatrième année de fonctionnement un
montant de 1 260 000 $. Cette somme permettra de continuer à offrir le
soutien professionnel requis et de procéder à l'évaluation
des démarches de l'ensemble des organisations ayant
bénéficié de ce soutien.
Il m'est, par ailleurs, agréable de constater que ce plan
d'action commence à produire des résultats tangibles. En effet,
la très grande majorité des 79 organismes soutenus ont
déjà effectué des corrections à leur système
d'emploi, alors que certains ont adopté des mesures visant
particulièrement à augmenter la représentation des femmes
dans les catégories d'emploi où elles sont peu présentes.
L'évaluation de ces expériences pilotes sera faite au cours de
l'année 1989-1990 et l'approche gouvernementale sera ajustée en
tenant compte des résultats obtenus.
En septembre 1987, le gouvernement faisait part de sa décision de
mettre en oeuvre un programme d'obligation contractuelle. Il s'assurait ainsi
que les organismes à but lucratif comptant plus de 100 employés
et désirant soumissionner pour un contrat ou sous-contrat de biens ou de
services ou obtenir une subvention de 100 000 $ et plus du gouvernement,
s'engageraient a élaborer ou à implanter un programme
d'accès à
l'égalité pour les femmes, les membres des
minorités visibles et les autochtones, advenant l'obtention de ce
contrat ou de cette subvention. (15 h 45)
Les modalités d'"opérationalisation" de ce programme, en
ce qui concerne l'octroi de contrats de services, étaient
annoncées le 17 novembre dernier par le ministre des Approvisionnements
et Services. Celles entourant l'obtention de contrats de biens ou de
subventions étaient, pour leur part, rendues publiques vendredi dernier.
Enfin, le volet du programme relié aux contrats de construction a fait
l'objet d'un rapport qui devrait être acheminé au Conseil des
ministres dès qu'une décision aura été prise quant
à l'inclusion de la sous-traitance dans les recommandations du
rapport.
Donnant suite à son engagement d'améliorer les conditions
de travail de certaines catégories de travailleurs, le gouvernement
augmentait en octobre dernier le salaire minimum et ce, pour la
troisième fois consécutive. Il déposait, en mars dernier,
par l'entremise du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu, le projet de loi 116 sur les régimes complémentaires
de retraite. Ce projet contient des éléments de réforme
très intéressants, qui vont dans le sens des demandes
formulées par les groupes de femmes. Il permettra, en effet, la
transférabilité des crédits de rentes d'un employeur
à un autre et l'accès par les salariés à temps
partiel au régime de l'employeur. Il prévoit, de plus, et cela
constitue une première, des normes minimales régissant le
versement de prestations au conjoint survivant. Il annonçait
récemment qu'il entend soumettre à la consultation publique un
avant-projet de loi sur les normes du travail, par lequel on visera, entre
autres, à offrir aux personnes travaillant à temps partiel la
même protection que celle offerte aux employés à temps
complet. Cet engagement du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu répondra substantiellement aux demandes
des femmes qui voient dans l'amélioration de leurs conditions de travail
une avenue prioritaire vers la conciliation de la vie familiale et
professionnelle.
J'aimerais aussi aborder brièvement la question de la
participation de la travailleuse au foyer au Régime de rentes du
Québec. Certains s'interrogent sur la volonté du gouvernement de
voir se réaliser cette mesure. Je tiens ici à les rassurer sur
cette question. Si celle-ci n'est pas encore en place, il faut, en effet, en
imputer la cause à la complexité du dossier et aux
difficultés qu'il pose en regard des objectifs à atteindre par sa
réalisation.
Le gouvernement actuel a toujours appuyé les objectifs poursuivis
par cette mesure, soit celui d'une meilleure reconnaissance du travail au foyer
effectué auprès des enfants et celui d'une plus grande
sécurité économique à la retraite. Il continuera,
d'ailleurs, de le faire. La réponse à ces deux objectifs ne
semble toutefois pas résider dans la mise en application d'une seule et
même mesure. La participation au Régime de rentes du Québec
pourrait peut-être représenter un élément de cette
réponse, mais il faut se rendre à l'évidence et comprendre
qu'elle ne peut pas, assurément, régler à elle seule les
nombreux problèmes pour lesquels on la revendique.
C'est en janvier 1988 que la ministre de la Santé et des Services
sociaux rendait publique la politique gouvernementale en matière de
santé mentale, à laquelle le gouvernement consacrera 24 000 000 $
sur trois ans.
Le Président (M. Thuringer): Excusez-moi, Mme la ministre,
il vous reste trois minutes. Est-ce qu'il y a consentement pour que la ministre
puisse terminer?
Mme Harel: Non, M. le Président, je regrette, on n'a pas
suffisamment de temps. Comme nous l'avons par écrit, je ne vois pas
l'intérêt de se le faire lire en plus.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, si on poursuit, j'aurai
terminé dans trois minutes, M. le Président.
Mme Harel: Mme la ministre peut le déposer.
Le Président (M. Thuringer): Merci.
Mme Gagnon-Tremblay: Cette politique apporte une réponse
positive aux attentes des femmes en cette matière, premièrement,
parce qu'elle prévoit l'élaboration d'expertises pour mieux
adapter les interventions aux besoins des femmes. De même, elle confie au
Comité de santé mentale du Québec, au Conseil du statut de
la femme et aux regroupements de femmes l'examen des facteurs explicatifs des
différences selon les sexes dans l'utilisation des services ainsi que
des modes alternatifs d'intervention. Deuxièmement, parce qu'elle se
situe dans une perspective de décentralisation et qu'elle repose sur une
consolidation de l'action des groupes communautaires.
Santé reproductive et périnatalité. Quatre avis
importants ont été publiés au cours de l'année dans
le cadre de la préparation d'une politique en matière de
périnatalité. Deux portaient sur la grossesse, soit celle chez
les adolescentes et celle chez les personnes vivant en milieu
défavorisé; le troisième traitait de la période
postnatale et le dernier concernait la morbidité et la mortalité
périnatale.
Je tiens, en outre, à rappeler la déclaration
récente de ma collègue, (a ministre de la Santé et des
Services sociaux, qui n'attend que l'avis de la Corporation professionnelle des
médecins pour définir les modalités devant régir la
pratique des sages-femmes au Québec.
Par ailleurs, c'est en juin dernier que le comité de travail du
ministère de la Santé et des
Services sociaux sur les nouvelles technologies de la reproduction
déposait son rapport. Le gouvernement étudie depuis les 81 avis
et recommandations qui lui ont été adressés. La ministre
devrait faire connaître incessamment ses réactions au rapport et
les modalités de la consultation du milieu, le tout en vue du
développement d'un cadre juridique et administratif régissant ces
technologies.
Je vous signale, enfin, les mesures énergiques mises de l'avant
cette année en ce qui a trait aux maladies transmises sexuellement et au
syndrome d'immuno-déficience acquise. Ainsi, la deuxième phase de
la campagne de communication sur la prévention des MTS et du sida a
été réalisée. De plus, un programme
intégré d'intervention a été préparé,
de même qu'un plan d'action spécifique pour le sida. Conçu
à partir de la préoccupation de réduire l'incidence des
MTS, ce programme comporte des mesures de sensibilisation, de dépistage,
de traitement et de recherche.
En terminant, je ne voudrais pas passer sous silence les nombreux gestes
posés en 1988-1989 pour soutenir le milieu dans ses interventions visant
à contrer ce phénomène en croissance qu'est la violence
envers les femmes. Qu'il me suffise, à cet égard, de vous
référer à mes propos antérieurs sur le financement
des organismes communautaires et de vous rappeler également que onze
organismes travaillant auprès des conjoints violents ont reçu des
subventions totalisant 230 000 $. L'Association des femmes autochtones, pour sa
part, s'est vu octroyer un budget de fonctionnement additionnel de l'ordre de
142 000 $ sur trois ans pour l'engagement d'une personne à temps plein
chargée de travailler avec les communautés autochtones sur le
problème de la violence. Enfin, SOS Violence conjugale a reçu,
pour une deuxième année, une subvention de quelque 120 000 $ pour
assurer une permanence téléphonique.
Le bilan que je viens de vous tracer, M. le Président, est
forcément sommaire et ne rend certainement pas justice au travail
exceptionnel, tant par sa constance que sa qualité, effectué par
le personnel du Conseil du statut de la femme, de l'Office des services de
garde à l'enfance - on aura à en discuter mardi - et surtout du
Secrétariat à la condition féminine. Je serai disponible
pour répondre aux questions de l'Opposition, M. le Président.
Le Président (M. Thuringer): Merci, Mme la ministre. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je pense que la
période qui nous est impartie est tellement courte qu'elle doit nous
permettre un échange de vues. Nous avons, évidemment, de
très nombreuses questions sur l'état de l'évolution du
dossier. J'aimerais également, aussi rapidement que faire se peut,
tracer un court bilan puisque cela fait déjà 41 mois, donc, plus
de trois ans et demi, que la ministre déléguée à la
Condition féminine assume la responsabilité de ce dossier. J'en
profite pour saluer Mme la secrétaire générale dans ses
nouvelles fonctions. Je crois comprendre que c'est la première fois que
vous participez directement à une commission parlementaire?
Mme Boivin (Francine): Pour la condition féminine, en tout
cas, c'est la première fois.
Mme Harel: Vous veniez pour quelles fonctions auparavant?
Mme Boivin: Pour les emplois supérieurs et pour l'Office
des ressources humaines.
Mme Harel: Très bien. D'autre part, je connais le travail
qui se réalise au secrétariat et au Conseil du statut de la
femme. J'aurai l'occasion, mardi prochain, d'examiner plus à fond
l'importante question des services de garde avec Mme la ministre et la
présidente de l'Office des services de garde.
Nous faisons un constat de retard accumulé du Québec en
matière de condition féminine durant les dernières
années. Ce retard m'a été illustré aujourd'hui
même par un communiqué de presse émis par le gouvernement
du Québec qui traite du programme d'obligation contractuelle et qui
s'intitule "Le Québec a été et demeure pour les autres
provinces canadiennes et aux yeux de pays étrangers un modèle
quant aux mesures qu'il adopte pour assurer à tous ses citoyens et
citoyennes un traitement équitable". Suit un historique des diverses
dispositions adoptées pour permettre, justement, d'assurer aux citoyens
et aux citoyennes du Québec un traitement équitable. Ce qui est
assez étonnant, c'est que toutes les mesures illustrées sont
celles adoptées par le précédent gouvernement: soit en
1975, l'adoption de la charte des droits et libertés; en 1978, la
reconnaissance du droit au congé de maternité; en 1981, la Loi
sur les services de garde à l'enfance; en 1985 - ce n'est même pas
exact, en fait, c'est en 1979 - la mise en vigueur de la troisième
partie de la charte des droits et libertés. C'est, exactement, le propos
du communiqué de presse émis par le ministère de la
Justice sur l'obligation contractuelle.
En le lisant, cela ne m'a pas étonnée parce que cela m'a
rappelé que, malheureusement, le Québec avait perdu le leadership
qui lui était pourtant reconnu non seulement dans l'ensemble canadien,
mais, je dirais, également chez nos cousines françaises et
européennes; un leadership en matière de promotion de
l'égalité des femmes. Ce retard accumulé en matière
de condition féminine l'est dans de trop nombreux dossiers pour qu'il
passe inaperçu. J'en fais un très bref relevé.
Retard en matière de perception des
pensions alimentaires. Évidemment, je ne veux pas Insister sur le
fait que, cet après-midi, la ministre nous annonce que le dossier est
complété. Il est complété malgré que la
perception automatique à laquelle s'était engagé le
gouvernement à l'automne 1985 n'est toujours pas réalisée.
Si on parle de perception automatique, il faut parler de ce qui se passe au
Manitoba et non pas de ce qui a été adopté au
Québec et qui, de toute façon, ne sera mis en vigueur qu'à
l'automne 1990. Ce ne l'est môme pas encore. De toute façon, ce
qui sera mis en vigueur, ce n'est pas ce à quoi s'était
engagé le Parti libéral. Ce n'est pas de perception automatique
qu'il est question puisqu'il faut toujours le défaut du débiteur,
il faut toujours que la créancière fasse elle-même les
premières démarches et qu'elle soit à découvert,
dans un sens, par rapport aux représailles qui peuvent survenir.
En matière de protection des conjoints de fait, il y a longtemps
que l'Ontario a adopté des dispositions introduisant une obligation
alimentaire entre conjoints de fait. Je prenais connaissance d'un sondage
extrêmement intéressant qui a été commandé,
par le Secrétariat à la condition féminine, sondage tout
récent, de décembre dernier, portant sur un certain nombre de
questions relatives à la condition féminine où l'on
constate que l'immense majorité de la population du Québec,
c'est-à-dire 87 % plus exactement, se dit d'accord avec le principe d'un
partage de certains biens familiaux même à l'égard de
conjoints de fait. C'est plus exactement 82 %, je m'excuse. Ce sont donc 82 %
des gens qui considèrent que le partage obligatoire de certains biens
familiaux devrait s'appliquer aux personnes vivant en couple sans être
mariées, dans la mesure où elles ont des enfants, et il y en a 59
% qui considèrent que ce partage devrait avoir lieu également
après trois années de cohabitation.
Il y a une indécision totale en matière de protection des
conjoints de fait malgré que, l'an dernier, le tiers des naissances au
Québec, 33 % exactement, ont eu lieu hors mariage. On peut penser qu'un
certain nombre d'entre elles ont eu lieu dans le cadre de conjoints de fait, de
relations de couple. Malgré cet état de fait qui ne va qu'en
s'accroissant, c'est un silence qui est de la négligence concernant ce
dossier de la protection des conjoints de fait, particulièrement
lorsqu'il y a présence d'enfants.
En matière de droits économiques des conjoints, alors, II
faut vraiment que la personne - je ne dis pas quelqu'un, je dirais quelqu'une,
je ne sais trop - qui a écrit le passage que la ministre vient de nous
lire sur l'enthousiasme des 26 associations qui ont présenté un
mémoire devant la commission n'ait pas assisté à nos
travaux parce que, s'il y avait unanimité, c'était pour reprocher
au document gouvernemental de ne pas inclure le partage des régimes
privés de retraite. Encore là, l'Ontario et sept autres provinces
ont depuis longtemps légiféré sur cette question. Je ne
dis pas que c'est de la négligence, c'est pire encore, c'est de
l'incurie, puisqu'on matière de droits économiques des conjoints,
après un comité sur les droits économiques mis en place il
y a maintenant deux ans, après un rapport complété par
ledit comité il y a plus d'un an, après une consultation sur un
document il y a maintenant plus de six mois, on n'en est même pas
à un avant-projet de loi.
En matière de programmes d'accès à
l'égalité en emploi - on aura l'occasion d'y revenir - je lisais
un communiqué du Secrétariat à la condition
féminine qui disait qu'on était en avance et qui citait, entre
autres, les progrès accomplis plus dans le secteur de l'éducation
qu'ailleurs. Quand on pense qu'actuellement, en Ontario, il y a plus de 80 %
des conseils scolaires, qui sont l'équivalent des commissions scolaires,
qui ont déjà implanté des programmes d'accès
à l'égalité dans le secteur où nous devrions
être en avance, celui de l'éducation. (16 heures)
La présidente de la CEQ portait un jugement très
sévère, extrêmement sévère sur ce qui se
passe et qui illustrait le fait que ces programmes restent intentionnels,
pleins de bonne volonté, mais sans réalisation concrète.
On aura l'occasion d'y revenir, évidemment.
Encore là, le Québec a perdu son leadership en cette
matière comme il l'a perdu en matière de lois spécifiques
sur le plan de l'équité salariale obligatoire puisque je rappelle
que le Manitoba et l'Ontario ont déjà
légiféré pour introduire des lois exigeant des plans
d'équité salariale obligatoires et la seule disposition que nous
retrouvons, à travail équivalent, salaire égal, ne
mène pas plus loin qu'une conclusion récente du Conseil du
trésor, à savoir qu'il n'y avait pas de discrimination salariale
dans le secteur public. On s'attend, évidemment, à
connaître le point de vue de la ministre sur ce dossier, qui est
névralgique à ce moment-ci, de l'évolution de
l'égalité des femmes dans notre société.
Il faut constater et ne jamais oublier que l'égalité
juridique, qui est un pas indispensable qui a déjà
été réalisé en très grande partie, n'est pas
suffisante. L'histoire des mouvements sociaux pas simplement des
dernières décennies, mais des derniers siècles, et
même on a sous les yeux l'illustration que nous en donne le bicentenaire
de la Révolution française nous rappelle que
l'égalité juridique des droits ne donne pas pour autant
l'égalité économique. J'espère que la promotion des
droits des femmes ne s'arrêtera pas au seul dossier juridique puisque ce
serait constater l'avancement certain dont d'aucunes comme vous et moi
bénéficions, mais le rejet de la majorité des femmes dans
des situations d'inéquité et d'injustice sociale. La seule
égalité juridique dans une société, quel que soit
le groupe en présence, ne peut satisfaire un projet de justice sociale
et un projet d'égalité, évidemment, à
l'égard des femmes.
Alors, rapidement, j'aimerais rappeler, puisque Mme la ministre nous
informe cet après-midi qu'elle entend mener une consultation sur la
consultation qu'elle mène chaque année, que c'est peut-être
le mécanisme qui fait défaut, le mécanisme lui-même
qui est accusé de dirigisme. Cette consultation, selon un certain nombre
de groupes qui y participent, ne donne pas lieu à un véritable
partenariat où, de façon paritaire, il serait à la fois
décidé de l'ordre du jour et des questions à être
traitées à l'occasion de cette rencontre avec les ministres.
Mme la ministre sait sans doute que la définition
unilatérale de l'ordre du jour de ces rencontres annuelles est remise en
question présentement par les groupes de femmes, de même que
l'exlusion de certains groupes jugés comme ne devant pas participer
à ce forum des femmes du Québec. Au nom de quoi les femmes
syndiquées sont-elles moins femmes que les autres femmes et pourquoi les
comités de condition féminine en sont-ils exclus, ceux qui
représentent les femmes syndiquées au travail?
Il en va, évidemment, de même du financement adéquat
des groupes, ce financement qui avait été promis d'une certaine
façon et pour lequel une évaluation du Conseil du trésor
devait avoir lieu. Où en est le rapport, notamment de ce qui est
déboursé et qui, en même temps, devait faire un peu le
bilan de la contribution des groupes de femmes à la vie collective du
Québec? Nous allons revenir sur les dossiers des maisons
d'hébergement, de même que des centres de femmes pour rappeler
l'attente du regroupement des centres de femmes à l'égard d'un
véritable cadre de financement. Je n'ai pas à rappeler la
campagne de sensibilisation de l'opinion publique à laquelle s'est
livré le regroupement des centres de femmes l'an dernier et,
évidemment, son impatience de se voir confirmer un plan de financement
qui assurerait un financement minimal de 50 000 $ à chacune des maisons
ou à chacun des centres qu'il regroupe. Je rappelle l'attente d'un cadre
de financement des CALACS, qui ont également entrepris depuis plusieurs
mois des pourparlers pour obtenir un financement triennal pour être
assurés de l'appui gouvernemental.
En matière de pension alimentaire, en matière de droits
économiques des conjoints, nous allons, évidemment, avoir
l'occasion de revenir sur les propos contenus dans le rapport de Mme la
ministre, notamment sur la question du partage des régimes privés
de retraite, à savoir où en est le gouvernement sur cette
importante question. Sur la question de la perception automatique des pensions
alimentaires, faut-il comprendre, compte tenu des propos contenus dans le
rapport, que le gouvernement exclut complètement de bonifier la
perception pour offrir véritablement une perception automatique comme il
s'y était engagé?
En matière de formation professionnelle, je rappelle, puisque
cela a été omis dans ce docu- ment, les difficultés qui
ont augmenté dernièrement avec les nouveaux critères
d'admissibilité à la formation professionnelle qui ne
reconnaissent pas aux femmes des acquis autres que les acquis scolaires. Je
rappelle que ces difficultés s'aggravent, justement, du fait que les
mômes contenus de cours sont offerts aux adultes et aux jeunes en
matière de formation professionnelle, ce qui est considéré
comme rendant plus difficile l'accès des femmes à la formation
professionnelle. C'est là une très importante revendication des
organismes qui travaillent sur le terrain avec les femmes en réinsertion
à l'emploi.
Il y a une très importante omission dans tout ce document, qui
est inquiétante, et c'est celle du congé de maternité.
J'ai eu l'occasion hier, ici même, pendant toute la journée,
d'interroger le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu sur les crédits pour la prochaine année. Et, lorsque je
l'ai interrogé sur le dossier des normes minimales, qui est de sa
responsabilité, il m'a répondu que ce dossier du congé de
maternité, des négociations et des pourparlers avec Ottawa,
relevait de sa collègue, la ministre déléguée
à la Condition féminine. Alors, nous allons certainement avoir
aujourd'hui, comme nous aurions espéré l'avoir dans ce document
écrit, le bilan mis à jour des négociations en
matière de congé de maternité, surtout au moment où
le gouvernement fédéral annonce d'importantes modifications
à l'assurance-chôma-ge. Faut-il croire que ce congé de
maternité est également reporté, comme l'est la
participation des travailleuses au foyer au Régime de rentes du
Québec?
Cela devient quasiment dérisoire. Mme la ministre invoque la
complexité du dossier, comme si il n'avait pas existé, avant que
son parti prenne l'engagement ferme d'inclure les travailleuses au foyer
à la Régie des rentes du Québec, cet important document
public s'intitulant "La sécurité du revenu à la retraite".
Ce document avait pourtant été préparé par la
Régie des rentes du Québec en 1985. J'avais également
l'occasion, hier, d'interroger M. Legault, président de la Régie,
sur ce document qui faisait le point sur la situation financière des
femmes à la retraite, y compris celles qui sont conjointes au foyer et
qui, justement, traitait de la complexité...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: ...de la situation.
En conclusion, M. le Président, nous allons avoir malheureusement
l'occasion d'examiner dans chacun des dossiers les retards que le Québec
accumule. Je dois comprendre que Mme la ministre cesse maintenant de
prétendre qu'il y a eu cinq ministres en un an et qu'elle est là
depuis trois ans et demi, sachant que les cinq ministres, cela a
été pendant neuf ans. On doit
comprendre qu'après trois années et demie c'est un plan
d'action sans action qu'année après année elle nous a
présenté.
Le Président (M. Bélanger): Votre temps est
écoulé, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Est-ce qu'il y a
des suggestions quant à l'ordre à suivre pour l'étude des
programmes?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Oui? Si vous voulez
bien nous...
Promotion des droits des femmes
Mme Harel: Nous allons examiner le dossier de la participation
des femmes au foyer au Régime de rentes du Québec.
Le Président (M. Bélanger): Comme premier point.
Quel serait le deuxième par la suite?
Mme Harel: Les normes minimales, on verra. C'est ce qu'on
appelle, M. le Président, un ministère horizontal.
Le Président (M. Bélanger): Horizontal.
Mme Gag non-Tremblay: M. le Président, il n'y a pas de
réplique à ce que vient de dire la députée de
Maisonneuve?
Le Président (M. Bélanger): Non. Il n'y a
malheureusement pas de réplique à cela.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon. D'accord, merci.
Le Président (M. Bélanger): Je voudrais vous faire
remarquer qu'aux questions qui vous seront posées vous pourrez passer
tous vos messages.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Donc, on appelle
le premier élément qui est la participation des femmes au
Régime de rentes du Québec. Vous avez des questions?
Participation des travailleuses au foyer au
RRQ
Mme Harel: Oui. M. le Président, à l'automne 1985,
je n'ai pas à vous rappeler cet engagement qui n'était pas un
engagement pris à l'aveuglette puisqu'on le retrouve dans un
communiqué du Parti libéral et je cite textuelle- ment le
communiqué: "Nous sommes convaincus que notre projet est parfaitement
réalisable et qu'il existe plusieurs options intéressantes quant
à son financement. Nous sommes également convaincus qu'un
gouvernement libéral sera en mesure de le mener à terme parce que
nous avons le courage de nos idées et la volonté politique de le
faire. Le Parti libéral s'engage formellement - rappelons-le, c'est dans
le communiqué - à intégrer les travailleuses au foyer au
Régime de rentes du Québec d'ici la fin de son premier
mandat."
Nous sommes à la fin du premier mandat au point où le
premier ministre joue avec l'idée de nous déclencher des
élections d'ici trois semaines, d'ici deux semaines, c'est cela? Alors,
Mme la ministre, comment se fait-il que, dans le plan d'action de 1986-1987,
vous annonciez: "Pour les travailleuses au foyer, seront analysés les
différents scénarios quant à la forme que pourrait prendre
leur participation au Régime de rentes du Québec"? Vous
m'annonciez également, au moment où je posais des questions en
Chambre, une commission parlementaire pour l'automne. Par la suite,
j'interrogeais votre collègue, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, M. Paradis, sur le dossier de la
transférabilité des régimes privés de retraite, un
projet de loi déposé il y a quatre ans par le
précédent gouvernement, mis sur les tablettes par le nouveau, et
qui revient sous la forme de la loi 116 dont vous nous parlez maintenant,
quatre ans plus tard. Et le ministre Paradis de me répondre, à
l'époque, que l'importante question de la transférabilité
n'était pas la priorité, que la priorité, d'abord,
c'était de régler la question de l'intégration des
travailleuses au foyer a la Régie des rentes, qu'après on verrait
la question des régimes privés.
D'une fois à l'autre, cela devient, évidemment, une saga
qui obscurcit complètement cet engagement ferme dont le premier ministre
disait - d'ailleurs, au moment où II le prenait, c'était le 15
novembre, une date mémorable - qu'il allait convoquer une commission
parlementaire immédiatement après l'élection de son parti
pour discuter des modalités de financement. La commission ne devait pas
porter sur le principe, mais sur les modalités.
En 1987-1988 - je cite votre plan d'action - pour les travailleuses au
foyer, sera prise une décision interministérielle sur les
modalités de participation des travailleuses au foyer au Régime
de rentes du Québec et sera rédigé un document de
consultation. C'était il y a deux ans. (16 il 15)
Dans le plan d'action 1988-1989, vous nous parliez de la
nécessité de définir des modalités de
participation. On est à trois ans et demi et vous nous dites encore,
semble-t-il, malgré que ce ne soit pas toujours le même discours
puisque dans le journal La Presse du 4 mars 1989, vous disiez: Pour ce
qui est de la reconnaissance du travail de la femme au foyer, cela donne
très
peu de chose aux femmes à leur retraite. Or, je ne peux pas dire
que les chiffres que j'ai en main me font la démonstration que les
femmes pourraient bénéficier vraiment d'une retraite
sécuritaire.
Question: Comment se fait-il que, depuis trois ans et demi, vous parlez
des modalités de participation, de la complexité - encore
aujourd'hui, vous nous en parlez - de la question quand la Régie des
rentes avait déjà publié un document qui traitait de toute
cette question, en abordant la difficulté et, sans doute
également, le peu d'intérêt que cela pouvait susciter?
À quand les scénarios et à quand la commission
parlementaire?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, au départ, je
voudrais dire que je ne partage pas le pessimisme de la députée
de Maisonneuve en matière de condition féminine. Je suis aussi un
peu étonnée lorsqu'elle dit que le Québec a perdu son
leadership. M. le Président, je lui ai fait tout récemment,
à l'Assemblée nationale, lors d'une motion du mercredi, le bilan
du présent gouvernement en matière de condition féminine.
J'aurai l'occasion de le lui faire à nouveau parce que j'ai comme
l'impression qu'on ne l'a pas tout à fait saisi. J'aurai l'occasion de
le répéter et de vous faire part du plan d'action et des mesures
qui ont été réalisées dans le plan d'action aussi
bien que des engagements du gouvernement.
Je regardais tout récemment les engagements que nous avions pris
en matière de condition féminine. Sur quinze engagements, je puis
dire qu'il y en a peut-être 90 % qui sont déjà
réalisés et les autres sont en voie de l'être.
Aussi, on faisait mention que nous avions poursuivi plusieurs
réformes ou plusieurs politiques de l'ancien gouvernement.
Connaissez-vous un gouvernement, M. le Président, qui ne poursuit pas
les actions d'un ancien gouvernement? Tout comme nous, lorsqu'on quittera - ce
n'est pas pour demain - le gouvernement actuel, bien sûr que le
gouvernement qui prendra notre place devra aussi continuer, dans une certaine
mesure, dans la même voie. On ne peut pas tout remettre en question et
tout rejeter du revers de la main chaque fois qu'un nouveau gouvernement est
élu. Il est tout à fait normal que, lorsque ce sont des
politiques qui peuvent être bonnes, entre autres, pour la condition
féminine... D'ailleurs, remarquez que je ne pense pas que l'ancien
gouvernement puisse en prendre le crédit parce que c'est beaucoup plus
les groupes de femmes, justement, qui ont déterminé les
politiques de l'ancien gouvernement comme ce sont elles qui le font encore,
d'ailleurs, bien souvent ou qui, par leurs priorités ou par leurs
recommandations, font en sorte que le gouvernement agit dans un sens
plutôt que dans un autre.
C'est bien sûr, par contre, que nous ne pouvons pas toujours
accorder ces différentes mesures de la façon dont on voudrait
qu'on le fasse. Il y a quand même des contraintes auxquelles nous devons
faire face comme gouvernement. Par contre, ce qui est important, c'est
d'arriver à un objectif précis, quels que soient les moyens pour
y arriver. Je fais référence, entre autres, à la politique
des services de garde dont faisait mention tout à l'heure la
députée de Maisonneuve. Elle disait que nous avions
élaboré une politique des services de garde et que, finalement,
c'est l'ancien gouvernement qui avait prévu une politique des services
de garde.
Mme Harel: M. le Président, je regrette, je n'ai pas
parlé des services de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez parlé des services de
garde, madame.
Mme Harel: On se réserve les services de garde pour mardi
prochain. Je ne pense pas que cela soit pertinent.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez fait allusion à une
politique, Mme la députée de Maisonneuve. C'est tout simplement
pour dire que c'était en 1982. En 1985, il n'y avait rien. Donc, je l'ai
fait, c'est bien certain, comme les programmes d'accès à
l'égalité, d'ailleurs, qui étaient réclamés
par les femmes depuis de nombreuses années. L'ancien gouvernement avait
commencé, mais n'avait pas pu terminer. Nous poursuivons dans cette
voie. De là à dire que nous n'assumons plus le leadership en
matière de condition féminine, vous comprendrez, M. le
Président, que je suis loin d'acquiescer à cette affirmation.
D'ailleurs, pour revenir aux programmes d'accès à
l'égalité, la province a déjà accepté
d'adopter, en 1982, la charte des droits et libertés qui est
entrée en vigueur en 1985. Nous avons aussi des programmes
d'accès à l'égalité, c'est notre façon de
faire. Bien sûr que c'est peut-être différent dans d'autres
provinces. Nous avons adopté cette voie des programmes d'accès
à l'égalité et nous croyons que c'est une bonne
façon de parvenir à l'égalité en emploi pour les
femmes.
Mme Harel: M. le Président, écoutez. Mme la
ministre, si vous voulez qu'on joue à la cacophonie, on va y jouer.
Mais, là, on est censés aborder ça dossier après
dossier. Alors si vous voulez qu'on parle d'accès à
l'égalité, je vous parle, moi, du Régime de rentes du
Québec.
Mme Gagnon-Tremblay: J'y arrive, madame.
Mme Harel: Si on joue à ça, on va jouer à
ça tout l'après-midi.
Mme Gagnon-Tremblay: J'y arrive, je voulais tout simplement
répondre à votre...
Mme Harel: On va revenir aux programmes d'accès à
l'égalité.
Mme GagnorvTremblay: D'accord, j'arrive à votre question
principale, Mme la députée de Matsonneuve, pour vous dire qu'il
est tout à fait normal qu'un gouvernement qui arrive en poste poursuive
certaines actions des gouvernements qui ont précédé. Quant
à la participation des travailleuses au foyer au Régime de rentes
du Québec, vous vous souviendrez, bien sûr, que, lors de la
dernière campagne électorale - vous en avez fait mention tout
à l'heure - nous nous étions engagés à faire
participer les travailleuses au foyer au Régime de rentes du
Québec au même titre que les travailleuses hors foyer. Pour faire
suite à cet engagement, on se souviendra qu'un groupe de travail
interministériel a été mis sur pied en vue
d'élaborer une quinzaine de scénarios, dont trois impliquaient la
participation des personnes au foyer au Régime de rentes et l'octroi
d'une rente de retraite.
Au cours d'une rencontre en août 1987, à laquelle je
participais, de même que les ministres des Finances et de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, il a été
avancé que, malgré leur intérêt certain, certains
scénarios devaient être étudiés plus en profondeur.
Par la suite, nous avons rencontré l'AFEAS avec le premier ministre.
Nous rencontrerons prochainement, la semaine prochaine si ma mémoire est
fidèle, les Cercles de fermières.
Bien sûr, vous aviez un document qui avait déjà
été préparé, mais vous comprenez que nous n'avions
pas en main, malgré ce document, tous les chiffres nous permettant de
faire une étude en profondeur de cette question. Nous avons passé
les dernières années à étudier en profondeur et
à refaire un peu le cheminement que vous aviez fait, pour nous demander
- et là, la décision n'est pas encore prise - en bout de ligne,
ce que cela donnerait pour les femmes. J'ai toujours mentionné que, s'il
s'avérait que cette mesure ne nous permettrait pas d'atteindre
l'objectif visé, je ne donnerais pas de cadeau empoisonné aux
femmes pour le seul motif de respecter cet engagement, mais que j'aurais au
moins le courage de présenter aux travailleuses au foyer de nombreuses
mesures qui leur permettraient d'atteindre cet objectif.
Alors, le dossier est en voie de réalisation actuellement. Nous
sommes à y travailler et je vous dis que nous n'avons pas cessé
de travailler puisque vous vous souviendrez sans doute du document sur le
partage des droits économiques. Vous vous souviendrez également
de la commission parlementaire qui a eu lieu l'automne dernier pour
améliorer, bien sûr, la condition des travailleuses au foyer. En
ce qui concerne cet engagement, ce que je peux répondre, M. le
Président, c'est que nous poursuivons notre réflexion à ce
sujet et nous devrions connaître normalement le dénouement de ce
dossier d'ici juin.
Mme Harel: M. le Président, si les mots ont un sens, le
mot "réalisation" utilisé par la ministre dans ce dossier est
abusif. Pour tout de suite, on parle de cadeau empoisonné.
Première question, est-ce que la ministre, à ce moment-ci,
après trois années et demie, après tous ces
scénarios, y croit encore?
Mme Gagnon-Tremblay: Voici ce que je veux dire, Mme la
députée de Maisonneuve, et je vous donne un exemple. Lorsqu'on a
modifié le Code civil, lorsqu'on a travaillé sur le droit
familial, on avait décidé d'accorder aux femmes la
déclaration de résidence familiale. Or, de nombreuses femmes
croyaient que la déclaration de résidence familiale voulait dire
moitié indivise de la propriété. Nous nous sommes rendu
compte, après quelque temps et cela n'a pas pris
énormément de temps, que les femmes craignaient de plus en plus
d'enregistrer et de faire signifier une telle déclaration parce qu'elle
n'avait pas pour objet de leur donner la copropriété, mais dans
bien des cas, c'était tout simplement le début de chicanes de
ménage. Alors, j'ai dit que je ne donnerais pas, par exemple, de tels
cadeaux. Une autre mesure: lorsqu'on a parlé du droit familial quant aux
prestations compensatoires, les travailleuses au foyer croyaient qu'avec la
prestation compensatoire elles pouvaient réclamer leur juste part en cas
de séparation ou de divorce. Elles se sont rendu compte à la
suite de nombreux jugements que cet article n'était pas
interprété de cette façon, qu'il était
interprété de façon restrictive et qu'elles ne pouvaient
pas aller chercher leur dû même si elles avaient travaillé
au foyer. Alors, encore là, j'ai dit que, quant à donner de tels
cadeaux aux femmes qui, en bout de ligne, ne leur donnent presque rien,
à ce moment-là, ce n'était pas mon intention. C'est la
raison pour laquelle j'ai dit: Aujourd'hui, s'il s'avérait que la
participation de la travailleuse au foyer ne lui donnerait presque rien ou peu,
à ce moment-là, je ne serais aucunement gênée de
modifier mon approche et de faire en sorte que nous puissions donner à
la femme au foyer quantité d'autres mesures pour atteindre l'objectif
visé par ces femmes.
Mme Harel: M. le Président, il va falloir que la ministre
parle clairement. Vous nous faites des rapprochements avec deux dossiers, dont
celui de la déclaration de la résidence familiale. La
déclaration de la résidence familiale, que je sache, on va la
bonifier; on ne va pas l'annuler. Que je sache, il n'y a personne dans notre
société qui nous demande de l'enlever. Alors, vous nous parlez
uniquement des conjoints puisque vous nous donnez deux exemples qui se situent
dans le cadre de conjoints. Je vous parle de travailleuses au foyer. La
travailleuse au foyer n'a- pas nécessairement un mari à ses
côtés. Une travailleuse au foyer est quelqu'un qui peut
également avoir la garde d'enfants. Alors, vous nous faites des
rapprochements en disant: Je n'ai pas l'intention de faire des cadeaux
empoisonnés. Je vous ai posé la question: Y
croyez-vous comme mesure de soutien du revenu pour les travailleuses au
foyer? Je ne vous parte pas des conjoints abandonnés, divorcés ou
séparés.
Mme Gagnon-Tremblay: Comme mesure de soutien?
Mme Harel: Je vais relire ce que disait votre parti: "Pour le
Parti libéral du Québec, la participation des femmes au foyer au
Régime de rentes du Québec est un pas essentiel dans la
reconnaissance de leurs droits. La volonté du Parti libéral du
Québec de proposer des solutions originales dans le domaine des
garderies, pour les femmes victimes de violence etc., vise essentiellement
à faire avancer la condition de vie des Québécoises au
cours des prochaines années." C'était considéré
comme une mesure devant faire avancer la condition de vie des
Québécoises au cours des prochaines années. On ne parlait
pas des conjoints; on parlait des travailleuses au foyer. Tantôt, vous me
disiez: On fait nos analyses. Je vous écoutais et je me disais: Mon
Dieu! C'est la Régie des rentes de 1985 que j'entends quand vous parlez.
C'était avant que vous preniez votre engagement. Elle disait:
"Après analyse, nous estimons que la mise en vigueur de telles formules
visant à reconnaître la valeur du travail au foyer en
étendant la couverture du Régime de rentes du Québec
à tous les conjoints au foyer sur la base de cotisations obligatoires
qui seraient prises en charge par l'ensemble des cotisants ou versées
par le conjoint sur un salaire hypothétique n'est pas souhaitable dans
l'état actuel du système de protection du revenu parce qu'elles
engendreraient les conséquences suivantes". Et, là, vous en avez
un chapitre complet. C'était simple à lire. Certains ont dû
le lire. Ce n'est pas possible que l'Opposition officielle, l'Opposition
libérale soit passée à côté d'un document qui
était pourtant tant discuté à l'époque. Vous avez
décidé que non et, plus encore, vous vous attaquiez à
l'époque a ma collègue, Pauline Marois. Le titre de votre
communiqué était: "Impossible pour les péquistes, certes,
mais pas pour les libéraux." Est-ce qu'on doit comprendre que ce qui est
possible pour les libéraux, c'est d'avoir pris un engagement que vous
n'avez pas l'intention de réaliser? (16 il 30)
Mme Gagnon-Tremblay: À ce moment-ci, Mme la
députée de Maisonneuve, il est prématuré d'affirmer
que nous n'avons pas l'intention de réaliser cet engagement. Tout
à l'heure, vous m'avez posé la question à savoir si,
à ce moment-là, j'avais la volonté de poursuivre cet
engagement dans le but, par exemple, d'arriver à une
sécurité du revenu pour la travailleuse au foyer. Je vous dis
que, compte tenu des analyses que j'ai en main actuellement, cela ne me permet
pas de dire que la travailleuse au foyer sera protégée en termes
de sécurité du revenu. Cela me permet, par contre, de dire qu'on
reconnaît socialement le travail de la travailleuse au foyer, mais je ne
suis pas en mesure de dire, à ce moment-ci, que c'est de cette
façon qu'on peut vraiment enrayer la pauvreté chez ces femmes
lors d'une retraite.
Mme Harel: Avez-vous imaginé des scénarios
où, par exemple, on pourrait reconnaître la contribution de celles
qui, à la maison, ont la garde, par exemple, de jeunes enfants,
d'enfants de moins de six ans? Avez-vous au moins envisagé des
scénarios alternatifs? Si, par exemple, comme cela a toujours
été notre opinion - ce n'est pas transformé parce qu'on
est dans l'Opposition; on avait le même langage au gouvernement, ce qui
n'est pas le cas, malheureusement, de votre parti - nous convenions qu'il y a
bien des sortes de travailleurs et de travailleuses au foyer parce que
bientôt, peut-être, des couples homosexuels vont revendiquer aussi
l'appellation de travailleur au foyer pour celui ou celle d'entre eux ou elles
qui reste à la maison. Si l'on convenait qu'entre adultes consentants en
l'absence d'enfants ou d'un travail considéré socialement utile
ayant trait à l'éducation, au soin ou à l'entretien des
personnes âgées ou des personnes handicapées... Si l'on
convenait qu'il s'agit d'un contrat privé entre adultes consentants,
quelle que soit leur orientation sexuelle, puisque je prenais note comme vous,
je l'espère, de la décision de la cour de faire modifier au
fédéral les dispositions des conventions collectives pour
reconnaître comme familles les couples homosexuels.... Il n'est pas
impossible qu'un jour il y ait aussi de leur part la revendication de faire
reconnaître l'un d'entre eux comme travailleur au foyer. Ce n'est pas
impossible.
Donc, si on envisageait de façon plus sérieuse, par
ailleurs, qu'un engagement qui ne se révélera, finalement, qu'une
façon d'aller chercher des votes pendant une élection en faisant
perdre, la confiance... Par ailleurs, je reçois, comme vous
certainement, assez de lettres provenant de tout le Québec pour vous
rappeler qu'il y a des gens, des femmes qui ont cru que vous disiez vrai quand
vous vous engagiez. Mais si on convenait qu'il y a un travail socialement utile
qui est réalisé notamment en ce qui concerne l'entretien des
jeunes enfants ou le soin donné aux jeunes handicapés ou en ce
qui concerne le soin des personnes âgées, si l'on convenait qu'il
doit y avoir une priorité visant à compenser pas simplement en ne
comptabilisant pas à la fin, au moment où elles prennent leur
retraite, ces années comme étant des années perdues, mais
en finançant socialement, par des cotisations, une rente à la
retraite qui soit raisonnable, qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons étudié plusieurs
scénarios, entre autres, justement: est-
ce qu'on fait participer les femmes et les travailleuses au foyer qui
ont des enfants et jusqu'à quel âge? Est-ce que c'est uniquement
lorsqu'il y a charge d'enfants ou est-ce de 0 à 12 ans, de 0 à 18
ans? Nous avons aussi étudié si la rétroactivié
était possible. Lorsqu'il y a de jeunes enfants, vous savez qu'il y a la
période de retranchement. Donc, il y a très peu d'effet sur cette
période. Nous avons aussi vérifié s'il s'agissait...
Mme Harel: Vous dites qu'elle a très peu d'effet.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, je veux dire qu'elle a beaucoup d'effet
sauf que si, par exemple, on l'ajoute à une...
Mme Harel: Vie active.
Mme Gagnon-Tremblay: ...vie active. C'est dans ce sens,
peut-être, pour celle qui a de jeunes enfants, j'entends, parce qu'elle
est déjà comptabilisée.
Mme Harel: Mais il n'y a pas de cotisation versée durant
ces années, malgré tout. Ce sont les années qu'on ne
comptabilise pas à la fin.
Mme Gagnon-Tremblay: Sauf qu'on ne perd pas la période. On
a aussi vérifié ça. On a vérifié ceci, par
exemple: lorsqu'il n'y a plus de charge d'enfants, qu'est-ce qui arrive
à la travailleuse au foyer? Est-ce qu'elle participe encore au
Régime de rentes du Québec ou si elle n'y participe pas? Est-ce
que cela doit s'adresser, en plus des enfants, aux personnes
handicapées, aux personnes qui ont la charge d'une personne
âgée? Nous avons regardé et évalué
différents scénarios.
Mme Harel: Leur faut-il un conjoint dans vos
scénarios?
Mme Gagnon-Tremblay: Pardon? Mme Harel: Leur faut-il un
conjoint?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons examiné s'il fallait un
conjoint ou non, mais je pense que, lorsqu'on parle de la travailleuse au
foyer, on ne parle pas nécessairement de conjoint. On parle de
travailleuse au foyer, à la maison; alors, ce n'est pas
nécessaire d'avoir un conjoint. Nous avons aussi évalué ce
que cela pouvait donner à la retraite. Je dois aussi ajouter ceci: C'est
très clair, lorsque les groupes de femmes nous disaient: Nous voulons
participer à la Régie des rentes à titre de travailleuses
au foyer afin de faire reconnaître socialement notre travail, ces groupes
ne nous demandaient pas de subventionner, de payer ou de cotiser quoi que ce
soit, mais de leur permettre de le faire.
Alors, nous nous étions engagés à le faire, vous
vous en souviendrez. Mais nous sommes, quand même, allés plus loin
dans notre démarche et nous avons envisagé ce qui arriverait, par
exemple, si le gouvernement participait avec les travailleuses au foyer. Vous
avez aussi des personnes qui n'ont pas de conjoint. À ce
moment-là, quelle serait leur part? Est-ce qu'elles auraient le moyen de
le faire? Est-ce que ce serait seulement les femmes qui ont le moyen de le
faire, par exemple? Et qu'arriverait-il des autres femmes qui n'auraient pas le
moyen de participer?
Alors, bien sûr, nous avons envisagé à peu
près tous les scénarios possibles et, comme je vous le dis,
actuellement, nous sommes en train de réévaluer les
dernières mesures afin de voir de quelle façon, par exemple, on
pourrait poursuivre dans ce cadre.
Mme Harel: Vous savez, M. le Président, je ne dis pas que
Mme la ministre ne pose pas les bonnes questions, mais je dis qu'elle les pose
bien tard. Bien tard, non seulement parce qu'elle ne les pose pas au bon
moment, mais parce qu'elle les pose après que son parti a pris un
engagement ferme. Elle les pose après trois ans et demi de reports
continuels de la décision, au moment où, dans sa propre
allocution, elle reconduit l'idée que l'engagement va se
réaliser. C'est ça, le drame, présentement. Il y aura un
rendez-vous avec la vérité.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce que je vous dis, Mme la
députée de Maisonneuve, c'est que, quelle que soit la mesure,
nous avons l'intention de reconnaître socialement le travail des
travailleuses au foyer. Tel était l'objectif de notre engagement.
Maintenant, s'il s'avère que la participation au Régime de rentes
du Québec ne soit pas la meilleure voie, je vous dis que je
n'hésiterai pas à offrir autre chose aux travailleuses au
foyer.
Or, vous disiez tout à l'heure, avec raison, que cela faisait
trois ans, mais il faut aussi vous dire que ce dossier ne relève pas
uniquement de la ministre déléguée à la Condition
féminine. Ce dossier relève aussi d'un autre collègue et
les priorités de la ministre déléguée à la
Condition féminine ne sont pas nécessairement les
priorités des autres ministères. Vous vous souviendrez que, dans
ce ministère, entre autres, le ministre concerné a fait une
refonte de la Loi sur la sécurité du revenu, une refonte tout de
même majeure. Alors, les efforts des dernières années ont
été davantage pour ce dossier que pour celui de la participation
de la travailleuse au foyer au Régime de rentes, bien que nous ayons
poursuivi notre travail. Donc, je ne pense pas que le retard puisse
m'être imputé, et vous comprendrez que, souvent, mes
priorités ne sont pas nécessairement celles des autres
ministères.
Mme Harel: Mais avez-vous idée, Mme la ministre,
qu'étant justement chargée des dossiers
dont est chargé le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, quand il a été
interrogé, notamment, sur la lenteur à légiférer en
matière de régimes privés de retraite... On sait que les
conditions de travail qui ont changé et les bouleversements que
connaît le marché de l'emploi exigeaient de reconduire rapidement
la loi déposée par le précédent gouvernement, loi
qui avait été longuement élaborée par la
Régie des rentes. La loi actuelle, quatre ans plus tard, en
vérifiant les notes explicatives, à part un chapitre de plus, est
la réplique mot à mot, l'exacte réplique de la loi d'il y
a quatre ans.
Mme Gagnon-Tremblay: On a des fonctionnaires qui travaillent
bien, comme ça. Ha, ha!
Mme Harel: On a les mêmes, sauf que ce ne sont pas toujours
les mêmes gouvernements qui agissent aussi vite. Quatre ans après,
la même loi est reprise! Il y a quatre ans, quand j'interrogeais le
ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, il me
disait que ce n'était pas une priorité, parce que la vraie
priorité de son gouvernement, c'était l'intégration des
femmes au foyer à la Régie des rentes. Alors, un dossier servait
de prétexte pour ne pas agir dans l'autre et vous, vous me dites: Si on
n'a pas agi dans le dossier de l'intégration des travailleuses au foyer
à la Régie des rentes, c'est à cause de l'autre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne dis pas qu'on n'a pas agi, Mme la
députée de Maisonneuve, parce que nous avons travaillé sur
ce dossier régulièrement. Comme je vous le mentionnais tout
à l'heure, nous avons fait ressortir de nouveaux chiffres, nous avons
évalué différents scénarios. Nous avons
continué à travailler sauf qu'il est sûr que ce n'est pas
moi qui suis en mesure de passer toutes les commandes, malgré une bonne
volonté. Nous avons fait un bon bout de chemin. Je peux vous dire
qu'actuellement nous sommes en mesure de prendre position et qu'on devrait
connaître vraiment le résultat de ces nombreuses démarches
d'ici quelque temps.
Cabinet de la ministre
Mme Harel: II y a une question, par exemple, qui est de votre
ressort: c'est la liste du personnel de votre cabinet et sa
rémunération. À la lecture des différents postes
occupés par le personnel de votre cabinet, ma très
dévouée recherchiste - que je n'ai pas eu l'occasion de vous
présenter, Claudine Harnois -a découvert que les deux seuls
hommes du cabinet ont les deux salaires les plus élevés. Pour le
chef de cabinet, M. Lacroix, je crois, cela peut se comprendre puisque c'est
comparable, mais M. Nadeau, qui est un attaché politique comme les
femmes le sont, avec les mêmes fonctions, avait le privilège
d'avoir un salaire de 43 700 $, tandis que le salaire le plus
élevé chez les femmes était de 36 400 $. Il y a une
différence - ce n'est pas la moindre - de 7300 $ entre le salaire le
plus bas chez un homme et le salaire le plus élevé chez une
femme. On a l'impression que, finalement, au cabinet de la ministre
déléguée à la Condition féminine, on
reproduit les modèles qui sont pourtant tant décriés par
les femmes: les hommes en haut de la structure salariale et les femmes en bas.
Cela fait deux ans maintenant qu'ils reçoivent les deux salaires les
plus élevés du cabinet. À deux, ils reçoivent 37 %
de la masse salariale et, de l'autre côté, je crois qu'elles sont
six, c'est bien cela? Comment pouvez-vous expliquer une situation semblable? Je
ne vous parle pas du chef de cabinet, mais comment pouvez-vous expliquer qu'un
attaché politique reçoive plus que n'importe quelle des
attachées politiques qui est là depuis aussi longtemps?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous disiez justement, Mme la
députée de Maisonneuve, que ce n'était pas le cas du
directeur de cabinet. Je dois vous dire que M. Nadeau n'est pas au cabinet,
à Québec; II travaille dans le bureau de comté. M. Nadeau
a presque la responsabilité d'un directeur de cabinet dans le
comté.
Mme Harel: Si je comprends bien, vous avez deux hommes dans votre
vie, un au ministère et l'autre dans votre comté.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour celui du comté, je pense que je
n'entrerai pas dans les détails, il est là depuis le tout
début, il était là depuis fort longtemps. Il s'occupe non
seulement des dossiers du comté, mais de ceux de la région parce
que j'agis comme ministre régionale. Aussi, je dois vous dire que la
situation a changé depuis que j'ai été affectée
à des nouvelles fonctions et que maintenant c'est une femme qui
détient le deuxième salaire le plus élevé dans le
cabinet.
Mme Harel: Dans le cabinet à la Condition féminine
ou à l'Immigration?
Mme Gagnon-Tremblay: À la Condition féminine, les
deux même.
Mme Harel: Vraiment, c'est une situation qui est assez
inusitée d'une certaine façon.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que c'est tout à fait normal
que, dans le comté quand même, dépendamment de qui...
Mme Harel: Ah oui, vous trouvez?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, madame. Par exemple,
à partir des besoins que vous avez et des personnes qui vous entourent
depuis fort longtemps, est-ce que vous regardez si c'est un homme ou une femme?
Je pense qu'au départ
tout dépend de qui était avec vous lorsque vous avez
décidé d'ouvrir votre bureau.
Mme Harel: C'est ce que répondent les chefs d'entreprise,
d'ailleurs, quand on leur parle de discrimination systémique.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas du tout semblable.
Mme Harel: Ils disent: Écoutez, il n'y a aucune mauvaise
volonté de notre part, nous sommes pleins de bonnes intentions.
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'entrerai pas là-dedans, Mme la
députée de Maisonneuve, parce que c'est vraiment très
différent. Vous savez très bien aussi que, lorsque vous vous
faites élire après une campagne électorale, vous vous
entourez de personnes en qui vous avez toute confiance et vous ne regardez pas
si c'est un homme ou une femme, mais finalement, vous prenez quelqu'un qui est
avec vous depuis fort longtemps.
Mme Harel: Mme la ministre, cela vaut pour l'ensemble des
activités publiques dans notre société, pas simplement
pour la vie politique, cela vaut pour la vie économique aussi. (16 h
45)
Vous vous entourez de gens en qui vous avez confiance.
Mme Gagnon-Tremblay: J'espère, Mme la
députée de Maisonneuve, que vous n'avez que des femmes...
Mme Harel: Vous engagez aussi des gens, vous recrutez des gens,
vous embauchez des gens, cela vaut pour tout le monde.
Mme Gagnon-Tremblay: ...dans votre bureau et dans votre
cabinet.
Mme Harel: Pardon?
Mme Gagnon-Tremblay: J'espère, dans ce cas, Mme la
députée de Maisonneuve, que vous n'avez que des femmes qui vous
entourent dans votre cabinet et dans votre bureau.
Mme Harel: Je serais assez mal à l'aise d'avoir à
répondre de salaires si différents.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne parle pas de salaires, je parle
d'effectifs.
Mme Harel: C'est la rémunération aussi qui est
conséquente: 7400 $ de moins entre un attaché politique et une
attachée politique.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que je vais lui accorder une
rémunération moindre parce qu'il est un homme et qu'il occupe des
fonctions plus élevées?
Mme Harel: Pourquoi lui accordez-vous une
rémunération supplémentaire?
Mme Gagnon-Tremblay: Parce que je vous ai dit qu'il occupait des
fonctions différentes.
Mme Harel: Donc, je dois conclure que les deux personnes qui
occupent des fonctions plus élevées dans votre comté et
à votre cabinet sont deux hommes.
Mme Gagnon-Tremblay: Effectivement, oui. Mme Harel:
Voilà!
Mme Gagnon-Tremblay: Plus maintenant, avec mes nouvelles
fonctions, mais c'était le cas en 1988-1989.
50e anniversaire du droit de vote des
Québécoises
Mme Harel: Si vous me le permettez, pour qu'on
accélère un peu, étant donné le peu de temps
à notre disposition, j'aimerais discuter avec vous et obtenir votre
point de vue sur toute la question relative au 50e anniversaire du droit de
vote des Québécoises. Qu'est-ce qui se passe dans le dossier du
financement des activités? Les états généraux
vont-ils pouvoir compter sur les sommes qu'ils attendent du Conseil du
trésor?
Mme Gagnon-Tremblay: Jusqu'à maintenant, j'ai reçu
deux projets pour fêter le 50e anniversaire du droit de vote des
Québécoises. Le premier projet, Femmes en tête, regroupe
une quarantaine d'associations provinciales de femmes et s'articule autour du
grand thème: Femmes en tête. En somme, c'est dans le but de rendre
visibles plusieurs réalisations. Entre autres, elles ont l'intention de
faire un bilan de l'évolution de la situation de la femme au
Québec, depuis 50 ans, du rôle des groupes dans cette
évolution. Il y a une vaste campagne de sensibilisation qui est
prévue dans le but d'assurer la visibilité des
réalisations des groupes féminins; il y a aussi un colloque
perspective où se tiendront de nombreux ateliers réunissant des
expertes du Québec et d'ailleurs, des militantes et des femmes de toute
provenance, et qui permettra, à partir du bilan déjà
préparé, de dégager les défis et les prospectives
d'avenir.
Il y a aussi le deuxième projet qui m'est parvenu, celui de
FRAPPE. FRAPPE a l'intention d'organiser le premier sommet mondial portant sur
les femmes et la multidimensionnalité du pouvoir. Cet
événement se situe parfaitement dans la ligne des
stratégies d'action découlant de la conférence de Nairobi
et approuvées en 1985 par tous les pays présents, dont le Canada
et le Québec.
Donc, Femmes en tête sollicitait du gouvernement du Québec
une contribution financière de l'ordre de 1 488 747 $, ce qui
représentait environ 47 % des coûts de ce projet
évalué à 3 144 000 $. FRAPPE sollicitait du gouvernement
du Québec une aide financière de 500 000 $, ce qui
représente environ 20 % des coûts estimés pour la mise en
place de l'événement qui totaliseront 2 500 000 $. Comme vous le
voyez, on ne parle plus en termes de 500 000 $, 200 000 $ ou 300 000 $, mais en
termes de millions de dollars. Cela veut dire un total de tout près de 5
700 000 $ pour les deux groupes.
Une demande a été faite au Conseil du trésor, non
pas de cet ordre, bien sûr, mais pour des crédits additionnels
devant être accordés au Secrétariat à la condition
féminine pour les années 1989-1990 et 1990-1991 pour lui
permettre de verser, selon les conditions stipulées aux contrats et aux
ententes établies entre les deux groupes, les sommes nécessaires
pour ce 50e anniversaire. Le mémoire est actuellement au Conseil du
trésor et, normalement, devrait faire l'objet d'une réponse mardi
prochain.
Mme Harel: Mardi prochain?
Mme Gagnon-Tremblay: Normalement, oui.
Mme Harel: Quels sont les crédits additionnels qui sont
réclamés pour ces événements?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, écoutez, je
préfère, en ce qui concerne les crédits additionnels,
lorsqu'on...
Mme Harel: On est en commission parlementaire sur les
crédits, franchement.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce ne sont pas des crédits qu'on a
obtenus. Ce sont des crédits qui sont en voie d'être obtenus.
Alors, la décision n'est pas prise encore.
Mme Harel: Combien demandez-vous?
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas demandé la somme qu'on me
réclamait. Je n'ai pas demandé les 5 700 000 $.
Mme Harel: Est-ce qu'on vous réclamait 5 700 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que non. Finalement,
Femmes en tête a réclamé 1 488 000 $ et FRAPPE demandait
500 000 $.
Mme Harel: Et vous réclamez combien? Je vais vous poser la
question en Chambre. Ce sont des crédits additionnels.
Mme Gagnon-Tremblay: Ecoutez, je préférerais
peut-être que vous me posiez, justement, la question après...
Mme Harel: Mardi après-midi, à deux heures.
Mme Gagnon-Tremblay: ...qu'on aura eu la réponse du
Conseil du trésor.
Mme Harel: Évidemment, cela commence à tarder, pour
ne pas dire retarder. Peut-être que Mme la secrétaire
générale n'est pas très au courant, n'étant pas
dans le dossier depuis longtemps.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons fait quand même...
Mme Harel: Je peux vous dire que sur le terrain, madame, les gens
commencent à trouver que cela prend pas mal trop de temps.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons mis beaucoup d'efforts. Comme je
vous le dis, il s'agit, quand même, de sommes considérables.
Aussi, nous n'avions pas suffisamment de documents. Dans le cas de FRAPPE, je
pense que l'on savait exactement où on allait et que le dossier
était suffisamment structuré pour nous permettre de prendre une
position. Dans le cas de Femmes en tête, on a dû, à
plusieurs reprises, les contacter. Ces femmes n'étaient pas tout
à fait certaines du genre d'activités qui pourraient avoir lieu
en région, etc. Elle ont dû, elles aussi, rencontrer des femmes
des régions et cela a pris un peu plus de temps pour pouvoir s'entendre
sur un cadre et voir a peu près les activités qui pourraient
avoir lieu. Je sais que la secrétaire générale
associée a rencontré le groupe tout récemment et qu'on
doit encore faire parvenir d'autres documents à cet effet.
Mme Harel: Mme la ministre, à l'occasion du dîner
bénéfice de FRAPPE, le 8 mars, j'étais invitée
à la table de la présidente. Je me rappelle qu'elle a, dans le
cours de la conversation normale, fait savoir que, la journée
même, elle avait obtenu confirmation qu'enfin le mémoire
était rendu au Conseil du trésor. C'était le 8 mars. Nous
sommes le 20 avril. Je ne sais pas si Mme la secrétaire
générale pense que ce sont les délais réguliers et
normaux. Je trouve que c'est un peu long. Vous dites qu'on aura une
réponse mardi?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui arrive, Mme la députée
de Maisonneuve, c'est que nous n'avons pas voulu faire cheminer les deux
dossiers distinctement. Nous voulions, quand même, ne faire qu'un seul
dossier avec ces deux demandes. Nous avons décidé qu'il
était plus sage de ne pas revenir au Conseil du trésor deux fois,
mais bien de présenter seulement un mémoire pour les deux
dossiers.
Mme Harel: Vous voulez dire que la demande de Femmes en
tête n'était pas prête pour le 8
mars?
Mme Gagnon-Tremblay: II nous manquait certains documents,
certaines analyses. Il nous fallait rencontrer à nouveau les personnes
concernées.
Mme Harel: Vous les avez rencontrées après le 8
mars?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que ce n'est pas moi; la
secrétaire générale associée du Secrétariat
à la condition féminine les a rencontrées à nouveau
la semaine dernière et je sais qu'elles sont au courant du délai;
elles connaissent les raisons du délai. Je sais qu'il y a encore,
d'ailleurs, des documents qui doivent être . expédiés au
Secrétariat à la condition féminine de la part de Femmes
en tête et de FRAPPE également.
Mme Harel: Est-ce que le mémoire est
présenté au Conseil du trésor?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Est-ce que le mémoire est déjà
présenté au Conseil du trésor?
Mme Gagnon-Tremblay: Je dis que le mémoire est
déjà au Conseil du trésor et doit faire l'objet d'une
décision mardi prochain pour les deux projets.
Mme Harel: On aura l'occasion d'en reparler mardi. Sur les
modifications à la loi des normes minimales, je vous le disais hier et
je pense que M. le Président, qui présidait également avec
tout l'intérêt qu'il met a ce travail, hier après-midi, se
le rappellera...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce une attaque
contre la présidence, madame?
Congés de maternité
Mme Harel: Pas du tout. Le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu m'a informée que le dossier des
congés de maternité était géré par sa
collègue, la ministre déléguée à la
Condition féminine. Pouvez-vous nous faire le point sur ce dossier?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que, lorsque mon collègue
disait que le dossier était géré par la ministre
déléguée à la Condition féminine, il ne
s'agissait pas, entre autres, des pourparlers qui pourraient avoir lieu entre
le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral, parce que,
quelles que soient les négociations, vous comprendrez que ça se
fait au niveau du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Mon collègue vous a probablement fait
part aussi qu'il était sur le point de déposer un avant-projet de
loi quant aux normes du travail. Par contre, la partie qu'il m'a confiée
et qu'il a confiée au Secrétariat à la condition
féminine, c'est, finalement, tout ce qui concerne les congés de
maternité, le congé parental. Il y a eu un comité
formé entre les différents ministères, le
Secrétariat à la famille, le ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, de même que la Condition
féminine pour préparer un document sur une politique quelconque
de congés de maternité et de congé parentat. Alors, ce
document devrait normalement accompagner l'avant-projet de loi sur les normes
du travail.
Mme Harel: Vous me dites donc que le document devrait être
rendu public en juin.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que, lorsque le ministre
déposera l'avant-projet de loi sur les normes du travail, le document
concernant les congés de maternité et le congé parental
devrait accompagner l'avant-projet de loi.
Mme Harel: Cela ne fera pas partie de l'avant-projet de loi?
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, le projet de loi sur les normes
du travail ne touche pas uniquement les femmes, mais touche l'ensemble des
travailleurs. Cela ne touche pas uniquement les femmes. Alors, il y a un
document qui va accompagner l'avant-projet de loi sur les normes du travail. Je
dois vous dire, par contre, que nous sommes actuellement à
étudier le projet de loi qui a été annoncé par la
ministre fédérale à la suite de la réforme de
l'assurance-chômage. C'est sûr qu'il s'agit d'un
énoncé de politique seulement et non pas d'un véritable
projet de loi. Mais il faut voir comment on va pouvoir s'harmoniser. Si le
fédéral allait dans le sens de l'énoncé de
politique qui a été annoncé la semaine dernière, il
nous faudrait harmoniser quand même le document que nous étions en
train de préparer.
Mme Harel: L'harmoniser avec les modifications introduites par le
fédéral?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, sous réserve, justement, que ces
conditions deviennent, comment pourrais-je dire? un projet de loi qui est
adopté par le fédéral. Il ne s'agit que d'un
énoncé de politiques jusqu'ici du fédéral.
Mme Harel: Cela vous rappelle de mauvais souvenirs, les
énoncés de politique du fédéral?
Mme Gagnon-Tremblay: Cela se passe de commentaires.
Mme Harel: Craignez-vous que celui annoncé l'automne
passé ne soit pas adopté?
Mme Gag non-Tremblay: On pourra en discuter mardi prochain.
Mme Harel: Cela veut donc dire que vous n'avez pas l'intention de
présenter un congé de maternité québécois,
donc de demander le rapatriement des sommes d'argent qui sont
déboursées par le fédéral à ce titre.
Pourtant, c'est de la compétence exclusive du Québec, une
compétence qu'il laisse à l'initiative d'Ottawa à cause de
son pouvoir général de dépenser.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, je ne dis pas que nous n'avons pas
cette intention; je dis que nous travaillons actuellement sur un document qui
accompagnera l'autre projet de loi. C'est à ce moment-là qu'on
pourra voir ce que le Québec peut faire quant aux congés de
maternité, par exemple, s'il doit avoir son propre programme ou si on
continue comme on le fait actuellement avec le programme du gouvernement
fédéral, sauf que, naturellement, vous comprendrez que je ne peux
pas vous dévoiler la teneur du document de travail qui sera connu
prochainement.
Mme Harel: Prochainement. Qu'est-ce que prochainement veut
dire?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne le sais pas.
Est-ce que mon collègue vous a dit quand il présenterait
son avant-projet de loi sur les normes du travail?
Mme Harel: II m'a dit prochainement.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, alors, ce sera en même temps.
Mme Harel: Mais, ça fait trois ans. Des voix: Ha, ha,
ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Je peux vous dire que ce sera en même
temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je n'en doute pas, mais ça fait trois ans et
demi.
Une voix: C'est cohérent.
Mme Harel: Le "prochainement" est devenu un mirage quand il est
utilisé par le gouvernement. C'est comme dans le désert. Plus on
s'en approche, plus ça s'éloigne. Mais, le 5 avril 1989, au
moment de la motion au salon bleu, pourtant, vous annonciez le document en ce
qui concerne les congés de maternité pour janvier 1990.
Mme Gagnon-Tremblay: En 1990?
Mme Harel: En 1990. (17 heures)
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne me souviens pas d'avoir parlé
de 1990, à moins que ça soit une erreur. Dans mon esprit, ce
document devait toujours accompagner le document sur les normes minimales du
travail. C'était une erreur à ce moment-là parce que, dans
mon esprit, ça toujours été en 1989 et non en 1990. Pour
moi, il est absolument essentiel que ce document accompagne l'avant-projet de
loi sur les normes du travail.
Mme Harel: Est-ce à dire que vous envisagez une
bonification? Je vais vous le lire exactement. Débats de
l'Assemblée nationale, Mme Gagnon-Tremblay. Je vous cite: "Je dois
mentionner qu'après une étude de trois ans menée par le
ministère du Travail ce dernier examine les effets et les coûts
d'une mesure qui accorderait la proportionnalité des avantages sociaux
dans le secteur du commerce de détail et les sous-secteurs des finances,
assurances et immmobilier, de la restauration..." Attendez. "Dans
l'avant-projet de loi qui bonifiera la Loi sur les normes du travail - celui
dont vous venez de parler, je vous cite - le gouvernement prévoit
inclure de nouvelles dispositions concernant ces travailleurs et travailleuses,
notamment au chapitre des congés de maternité et des
congés parentaux. De plus, le gouvernement a accordé une
attention particulière aux personnes travaillant à temps partiel.
Un premier rapport d'étape est prévu pour juillet 1989 et le
rapport final pour janvier 1990." Je vous cite, page 5102.
Mme Gagnon-Tremblay: Vraiment, Mme la députée de
Maisonneuve, je ne sais pas, peut-être que c'est... Il faudrait que je
vérifie.
Mme Harel: Vous pensez que ça va se faire plus
rapidement.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans mon esprit - comme le ministre vous l'a
dit hier, entre autres, c'est ce que vous m'avez mentionné
-l'avant-projet de loi sur les normes minimales du travail serait
déposé prochainement. Je vous dis, parce qu'apparemment il a
mentionné que l'autre partie me concernait, que le document concernant
les congés de maternité et parental accompagnera l'avant-projet
de loi.
Mme Harel: Est-ce à dire que, dans le cas où le
fédéral procéderait durant la présente session,
vous allez tout simplement prendre acte de l'initiative prise par le
fédéral du champ qu'il occupe, des nouvelles dispositions qu'il
adopte et qu'ensuite vous allez vous y ajuster?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense qu'il s'agit...
Mme Harel: Tout prochainement, pour le ministre, c'était
cet été. Si le fédéral intervient
dès cette session, comme il l'a, de toute façon,
annoncé, pour rendre applicables, je pense, en janvier 1990, ces
nouvelles dispositions, si vous me dites que vous allez vous ajuster au
ministre, c'est donc dire que vous allez vous ajuster également aux
dispositions du fédéral? Est-ce que c'est ça?
Mme Gagnon-Tremblay: II s'agit quand même de modifications
importantes et c'est absolument essentiel de pouvoir consulter aussi les
différents intervenants concernés. Le fédéral nous
a annoncé certaines mesures tout récemment, lesquelles mesures ne
font l'objet que d'un énoncé de politique. Cela n'empêche
pas pour autant le Québec de travailler, de continuer à
poursuivre son travail, sauf qu'on va devoir s'harmoniser, bien sûr. Cela
n'empêche pas non plus, par la suite, le Québec de décider
d'avoir son propre programme si, finalement, on décidait en bout de
ligne que c'est important d'avoir notre propre programme. Je pense que le
document qui accompagnera l'avant-projet de loi sur les normes du travail est
un document qui est important, comme je le mentionnais, et il faut absolument
consulter l'ensemble des personnes concernées avant de prendre
position.
Mme Harel: II y a déjà deux ans, dans votre plan
d'action, vous annonciez une analyse de l'impact d'inclure un congé
parental rémunéré dans la Loi sur les normes du travail.
C'était dans le plan d'action 1987-1988. Cette étude est-elle
terminée?
Mme Gagnon-Tremblay: Je mentionne justement que c'est le document
que nous allons présenter avec l'avant-projet de loi.
Mme Harel: C'était en 1987-1988, ça fait deux ans.
C'est dans votre plan d'action.
Mme Gagnon-Tremblay: Justement, un comité a
été formé et mis sur place. Nous en arrivons, à la
toute fin, à produire un document sur le congé de
maternité.
Mme Harel: Vous dites que depuis deux ans...
Mme Gagnon-Tremblay: Tout à l'heure, quand vous avez
mentionné...
Mme Harel: ...qu'il y a deux ans vous annonciez l'étude
d'impact...
Mme Gagnon-Tremblay: Quand vous mentionnez, madame...
Mme Harel: ...et là, deux ans plus tard, vous nous
dites...
Mme Gagnon-Tremblay: Vous mélangez les groupes de travail,
je pense, Mme la députée. On vient de me faire part qu'il y a une
étude de trois ans menée par le ministère du Travail, qui
examinait les effets et les coûts d'une mesure qui accorderait la
proportionnalité des avantages sociaux dans le secteur du commerce de
détail, les sous-secteurs des finances, assurances et immobilier, de la
restauration, de l'hébergement et des services personnels. Pour cela, un
premier rapport d'étape est prévu pour juillet 1989 et le rapport
final pour janvier 1990. Alors, c'est peut-être là qu'il y a
confusion.
Mme Harel: Je comprends qu'il y a eu deux études,
c'est-à-dire que, dans votre plan d'action, évidemment, il y
avait beaucoup d'études. En 1986, il y a eu une étude sur la
proportionnalité.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'était une étude de
trois ans qui était prévue.
Mme Harel: En 1986, c'est ça. En 1987, c'est autre chose
dont il est question, c'est une étude sur l'impact d'inclure un
congé parental rémunéré. C'est de celle-là
que je parle.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça, c'est une autre
étude.
Mme Harel: C'est une autre étude. Mme Gagnon-Tremblay:
C'est ça.
Mme Harel: C'était il y a deux ans, et vous dites
maintenant que cette étude est réalisée.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça.
Mme Harel: Je suis surprise parce que dans les médias on a
notamment fait état d'un projet qui circulait dans les officines
ministérielles à partir des études
réalisées, lorsque la ministre péquiste, Mme Pauline
Marois, était responsable de la main-d'oeuvre, et je cite: "Dans
l'entourage de la ministre Lavoie-Roux, on confirme qu'un tel projet
d'allocation de maternité était déjà à
l'étude lorsque la ministre péquiste Pauline Marois était
responsable de la main-d'oeuvre et qu'on a utilisé ces
études."
En d'autres termes, avez-vous fait faire d'autres études?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous faites sûrement allusion à
un document dont les médias ont eu copie et dont j'ignore la provenance,
mais qui n'a jamais été signé ou endossé par aucun
des ministres. Donc, c'est un document qui n'a jamais fait l'objet, par
exemple, de réflexion de la part des ministres, puisqu'il n'a jamais
été endossé par les ministres. C'est un document qui a
circulé comme ça et qui s'est retrouvé entre les mains des
journalistes, mais il n'y a eu aucune décision, les ministres ne
s'étaient aucunement penchés sur ce document.
Mme Harel: Mais ce n'est pas un document qui est venu de nulle
part. On dit: "Ce document servira à étayer les modifications
prévues aux normes du travail énoncées dans un
avant-projet de loi qui doit être déposé dès ce
printemps.*
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous dis que ce document n'est pas le
document dont nous nous sommes servis. Ce document n'a jamais existé
pour nous, puisqu'il n'a jamais été signé ou
endossé par les ministres.
Mme Harel: On dit: "Daté du 6 février, le
mémoire précise que la Loi sur les normes du travail... n'est pas
harmonisée."
Mme Gagnon-Tremblay: II peut arriver que des fonctionnaires
travaillent sur des documents mais ce sont les ministres qui font refaire les
documents ou les mémoires.
Mme Harel: Cela veut dire que ce document n'a pas
été...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un document qui... Le document dont on
a fait référence dans les journaux n'a jamais été
signé par les ministres, ni n'a fait l'objet d'une réflexion de
la part des ministres.
Mme Harel: Alors, il faut croire que les bonnes nouvelles qui y
sont incluses ne sont pas celles que vous préconisez.
Mme Gagnon-Tremblay: On verra, lorsque le ministre
déposera son avant-projet de loi.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je constate, dans ce
dossier, que c'est encore reporté parce que Mme la ministre, dans une
entrevue qu'elle faisait à la suite de la rencontre annuelle avec les
groupes de femmes en novembre dernier, avait annoncé le
dépôt de l'avant-projet de loi pour le 15 janvier de cette
année.
Mme Gagnon-Tremblay: Si je l'ai annoncé, Mme la
députée de Maisonneuve, c'est parce que mon collègue
venait de l'annoncer à la même réunion devant les groupes
de femmes. Finalement, il ne s'agit que de quelques mois de retard, on ne peut
pas appeler ça un retard.
Mme Harel: Ah non? Vous pensez que des mois n'ont pas de
signification? Surtout que ce dépôt devait se faire au printemps.
Le ministre, hier, ne m'a pas dit que c'était pour bientôt, il ne
m'a pas dit que c'était pour la présente session, il m'a dit que
ce serait peut-être reporté. Il ne m'a pas dit, confirmé
que ce serait maintenant, il m'a dit: Peut-être cet
été.
Mme Gagnon-Tremblay: Bien, moi, je suis très optimiste que
ce pourrait être pour bientôt.
Ce que je peux finalement vous dire aussi, c'est que, même si on
retarde de quelques mois, c'est justement dans le but de bonifier ou
d'améliorer le projet qu'on pouvait avoir en main le 15 janvier ou le 15
février; à ce moment-là, je pense que c'est tout à
fait normal qu'on le retarde de quelque temps pour l'améliorer et le
bonifier.
Mme Harel: Écoutez, s'il n'y avait pas tant d'encre qui
avait coulé sur ce dossier, cela pourrait se comprendre de vouloir
bonifier. Si, à un moment de l'histoire, notre société a
plutôt besoin d'une certaine rapidité dans les interventions
gouvernementales, c'est bien à ce moment-ci. Je pense au Conseil des
affaires sociales et de la famille qui, l'an dernier, a publié un
document important sur cette question. Je pense à l'ensemble des
intervenants qui ont déjà précisé leur point de
vue. Je ne vois pas en quoi on peut prétendre bonifier ce qui a
longuement, depuis au moins un an, été examiné de tous
bords et de tous côtés. Je ne pense pas qu'il soit question de
bonification. Je pense qu'il est question de décision et il y a des
décisions qui retardent. Il faut bien le constater.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous êtes très au fait du
dépôt de l'énoncé de politique du gouvernement
fédéral. Il y a des ajustements à faire aussi. Je pense
que ce n'est pas la question du temps qui est importante actuellement, mais
c'est vraiment qu'on puisse améliorer les normes du travail et qu'on
puisse aussi améliorer le congé de maternité. C'est ce qui
est important finalement.
Mme Harel: Est-ce qu'if y a des interventions que vous faites
auprès de la présidente de la CSST concernant le retrait
préventif?
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai rencontré récemment la
présidente de la CSST justement parce que c'est un dossier qui me
préoccupe énormément. J'ai d'ailleurs aussi demandé
un avis au Conseil du statut de la femme sur la question du retrait
préventif et même du congé de maternité aussi. Soyez
assurée que je suis de très près ce dossier. J'ai aussi
déjà communiqué avec mon collègue du Travail pour
qu'il intervienne afin de faciliter le retrait préventif aux nombreuses
femmes actuellement qui ont certains problèmes, c'est-à-dire qui
ont de la difficulté à faire reconnaître leurs droits.
Mme Harel: Quand le Conseil du statut de la femme doit-il
remettre copie de l'avis que vous lui avez demandé?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sous presse actuellement, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: C'est sous presse. C'est intéressant. Est-ce
que la présidente de la CSST vous a
fait part de son point de vue qu'elle exprime publiquement, je pense, en
ce sens que le retrait préventif ne peut pas être utilisé
comme congé de maternité, n'étant prévu que dans le
cadre d'un retrait pour cause de conséquences du poste de travail sur la
grossesse?
Mme Gag non-Tremblay: C'est une réaffectation. Elle parle
beaucoup de réaffectation. De toute façon, je lui ai fait part de
mes préoccupations. Comme je vous le mentionnais, j'ai de plus
contacté...
Mme Harel: Vos préoccupations, de quel ordre? Du fait
qu'il soit si souvent refusé ou du fait qu'il y en ait tant qui le
réclament?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, qu'il soit refusé et aussi qu'il
soit plus encadré. J'ai fait parvenir une note à mon
collègue ministre du Travail afin qu'il puisse regarder en profondeur
toute la question du retrait préventif. Dans le cadre, aussi, du
document que nous terminons sur le congé de maternité et le
congé parental, je dois vous avouer que nous avons longuement
songé aussi à toute la question du retrait préventif.
Mme Harel: Je ne sais pas si vous avez pris connaissance d'un
très important sondage qui a été réalisé par
la maison CROP à la demande du journal La Presse et qui
révèle que, plus encore que l'argent, ce sont des mesures
qui aideraient les parent à concilier des rôles de parent et
travailleur qui inciteraient les Québécois à avoir
d'antres enfants. Le sondage fait étaT de cinq mesures qui sont soumises
à des répondants qui ont moins de 50 ans et l'augmentation des
allocations familiales, qui est la mesure qui a été
préférée par le gouvernement, vient au dernier rang des
cinq mesures sondées. La première qui est retenue est celle du
congé de maternité payé et ensuite du congé
parental. Il y a les deux tiers des répondants qui seraient
incités au moins un peu à avoir un ou plusieurs enfants si ces
mesures étaient mises en place. Près de 60 %, ajoute le journal,
disent même que ces mesures les influenceraient beaucoup ou passablement.
(17 h 15)
Immédiatement, suivent l'augmentation des emplois à
horaire flexible ou variable et l'amélioration de l'accès aux
garderies. Cela veut donc dire que les trois premières mesures sont des
mesures reliées au temps de travail: congé de maternité
payé, congé parental et horaire variable, flexible et partiel.
Tout relève des normes minimales. Il serait invraisemblable, Mme la
ministre, que l'ensemble de votre gouvernement retarde encore, à ce
moment-ci - après trois années et demie, à la veille d'une
élection - ces améliorations durant la présente session.
Je veux simplement vous signaler, enfin, que c'est un sondage qui a
été publié dans La Presse, l'automne dernier.
Mme Gagnon-Tremblay: De toute façon, remarquez que ce
n'est pas une découverte. Je pense que nous sommes très au fait
que la façon de concilier vie familiale et vie professionnelle passe par
différentes mesures, que ces mesures sont vraiment importantes et que ce
n'est pas seulement une seule mesure mais que c'est une quantité de
mesures. Vous avez raison de dire qu'on doit les retrouver dans l'avant-projet
de loi sur les normes du travail, de même que dans le document dont je
vous parlais tout à l'heure.
Pour revenir et, peut-être, pour terminer sur ce dossier, je dois
vous dire qu'il est de la volonté du gouvernement, il est de mon
intention aussi de faire tout ce que l'on peut faire dans la mesure du possible
pour que ces documents soient connus d'ici juin.
Mme Harel: D'ici juin. Est-ce que vous allez rendre public l'avis
du Conseil du statut de la femme?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Mme Harel: Dès qu'il sera...
Mme Gagnon-Tremblay: L'avis va suivre son cours normal,
c'est-à-dire qu'il y a quand même à ce moment une certaine
période et, dès qu'il sera sorti de presse, je le rendrai public.
D'ailleurs, tous les documents du Conseil du statut de la femme sont
publics.
Partage des droits économiques des conjoints
Mme Harel: Concernant les droits économiques des
conjoints, vous annonciez l'automne dernier, à la clôture de nos
travaux, que dès ce printemps il allait y avoir un projet de loi qui
allait être étudié. Evidemment, le peu de temps que votre
collègue, le ministre de la Justice, avait consacré à nos
travaux m'a toujours laissée songeuse sur l'intérêt qu'il
portait au dossier. Je ne sais pas si c'est un gros quinze minutes ou un petit
20 minutes qui lui a permis de venir faire un petit tour...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est parce que le dossier est entre bonnes
mains.
Mme Harel: Est-ce que c'est lui ou vous maintenant qui avez le
dossier?
Mme Gagnon-Tremblay: Le dossier est toujours à la Justice,
Mme la députée de Maison-neuve.
Mme Harel: Où en est-il?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous vous souviendrez qu'à la suite
de la commission parlementaire nous avions convenu de préparer un projet
de loi. Je peux vous dire que le mémoire... Il y a un mémoire qui
a été présenté, qui fait, actuelle-
ment, l'objet de ta réflexion de différents comités
ministériels et il sera produit au Conseil des ministres sous peu.
Mme Harel: Les mots passe-partout maintenant sont
"réflexion des comités ministériels", "sous peu",
"prochainement". Ce sont des mots qui hérissent d'une certaine
façon; si on les prononçait en début de mandat, cela
pourrait toujours aller, mais, à la fin comme cela, on a l'impression,
dans le fond, qu'on rit de nous carrément.
Mme Gag non-Tremblay: Quand je vous dis sous peu, Mme la
députée de Maisonneuve, je vous dis que le mémoire sera
présenté au COMPACS et au COMPDE mercredi prochain.
Mme Harel: Avez-vous gagné le partage des régimes
privés de retraite?
Mme Gagnon-Tremblay: Comme cela n'a pas encore fait l'objet des
différents comités ni du Conseil des ministres, vous comprenez
que je ne peux pas vous dire... Actuellement, je n'ai rien gagné. Tout
est à gagner.
Mme Harel: Vous vous êtes aidée avec le sondage du
mois de décembre dernier.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons mis tous les...
Mme Harel: Les atouts.
Mme Gagnon-Tremblay: ...atouts de notre côté.
Mme Harel: Vous avez bien fait. Dans ce sondage, on apprend des
choses très intéressantes. On apprend également, comme je
le mentionnais à l'ouverture de nos travaux, que le principe du partage
obligatoire est tout à fait acquis chez nos concitoyens. Est-ce qu'il y
a eu une réaction de la part de la Chambre des notaires?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, la Chambre des notaires a fait son
propre sondage, sauf que les questions étaient un peu
différentes. Je sais, entre autres, qu'une des questions qu'avait
proposées la Chambre des notaires était: Êtes-vous
satisfait de votre régime matrimonial? Alors, les gens disaient oui en
grande partie mais on ne leur a pas demandé, par exemple, sous quel
régime ils étaient véritablement mariés.
Mme Harel: Est-ce que le fait que, dans les biens
partagés, le partage des régimes privés de retraite
n'aille pas chercher une majorité d'ap- puis ne vous a pas amenée
à reconsidérer le point de vue que vous sembliez exprimer en
commission?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous voulez vraiment savoir ce qu'y y a
l'intérieur du mémoire, Mme la députée de
Maisonneuve. Je dois vous dire, comme je le mentionnais, qu'il ne s'agit que de
quelques semaines. Comme il sera présenté aux différents
comités mercredi prochain, je pense qu'il ne s'agit que de quelques
semaines. Je vous demanderais quelques semaines de patience encore. Je ne vous
dis pas, par contre, qu'actuellement la question des régimes
privés ne fait pas consensus partout dans la population. À la
suite des différentes interventions, consultations que j'ai faites,
toute la partie des régimes privés est celle qu'on accepte le
plus difficilement dans le projet de partage des droits économiques.
Mme Harel: Je ne sais pas si cela pourrait être lié
à la formulation même de la question. Est-ce que la question
précisait bien que le partage ne se ferait que pour le nombre
d'années de cohabitation?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne sais pas. Vous devez avoir les
questions, je pense, à la fin du sondage.
Mme Harel: Oui, elles sont en annexe. Vous voyez, il y a une
question générale sur le principe du partage de certains biens,
ensuite il y a un partage obligatoire de certains biens familiaux pour tous les
couples mariés indépendamment de leur régime et, ensuite,
une question sur le partage des biens suivants. Là, on
énumère la résidence familiale, s'il n'y en a pas, la
résidence secondaire, les meubles, automobiles et les rentes
accumulées dans le Régime de rentes du Québec, ce qui est
déjà partagé. Je ne sache pas qu'il y ait eu une question
spécifique sur les régimes privés.
Ah oui! Vous avez raison, c'est une question supplémentaire, on
demandait: Pensez-vous que l'on devrait également partager tous les
biens sans exception? Et, ensuite, on demandait pour les régimes
privés et, ensuite, la résidence secondaire, à la question
no 34. Étonnamment, c'est assez contradictoire parce qu'à 80 %
les gens répondent oui à tous les biens sans exception. Quand on
leur précise le type de biens comme le régime privé, cela
diminue à 44 %. La résidence secondaire, à 69 %.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Comme si, lorsqu'on parlait du principe,
c'était oui à 80 % et, quand on identifiait les biens,
c'était comme si cela diminuait.
Mme Gagnon-Tremblay: II est sûr aussi que dans un sondage
il est difficile parfois de donner
toutes les explications et lorsqu'on parle de résidence
secondaire, pour plusieurs, la résidence première est
déjà au nom du conjoint. Alors, il peut y avoir certaines
inquiétudes. On n'a pas apporté toutes les précisions et
c'est un peu difficile de décoder.
Mme Harel: Comptez-vous faire adopter le projet de loi d'ici la
fin de la session?
Mme Gagnon-Tremblay: II relève aussi du ministre de la
Justice, bien sûr. Même si j'étais présente en
commission parlementaire et même si j'ai beaucoup travaillé sur le
document et sur le projet de loi, vous comprendrez que c'est au ministre de la
Justice de le déposer et d'étudier les articles en commission
parlementaire par la suite. Donc, à ce moment-là, je n'ai pas vu
ou fait vérifier avec le ministre de la Justice quels sont ses autres
projets qui doivent être adoptés d'ici juin, par exemple, sauf que
je vous dis que le projet, en ce qui me concerne, s'il est accepté et
endossé par l'ensemble des collègues du Conseil des ministres,
à ce moment-là, je souhaiterais bien qu'il soit
présenté et déposé le plus rapidement possible pour
adoption.
Mme Harel: Le plus rapidement possible, ça veut
dire...
Mme Gagnon-Tremblay: II faudrait poser la question à mon
collègue de la Justice.
Mme Harel: Vous allez lui poser la question. Ce serait à
vous de me donner la réponse.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, ce qui est important, c'est que,
si ce projet de loi est endossé par l'ensemble du Conseil des ministres,
normalement, il devrait être déposé dans les délais
prévus, d'ici la fin de la session, ce qui veut dire sous peu.
Mme Harel: Donc, s'il n'est pas déposé, c'est qu'il
n'est pas endossé.
Mme Gagnon-Tremblay: À ce moment-là, s'il est
déposé, il y a de fortes chances qu'il soit adopté d'ici
la fin de la session.
Mme Harel: Vous avez sans doute pris connaissance de la lettre
adressée à votre premier ministre par un très grand nombre
de groupes de femmes, soit le Collectif Femmes et Justice de Québec
inc., le Centre de santé pour les femmes de Québec, le collectif
Cinquième Monde de Québec, le Centre des femmes de la basse
ville, Vidéo Femmes de Québec. Enfin, j'ai l'impression que c'est
un regroupement de femmes de Québec qui écrivaient au premier
ministre une lettre publique qu'elles ont envoyée sur tel bec, où
elles demandaient au premier ministre: "Que se passe-t-il, M. le premier
ministre? Les membres de votre Conseil des ministres ont-ils peur pour
eux-mêmes? Pourquoi votre gouvernement n'a-t-il pas le courage de porter
à son terme un enfant si prometteur? Faudra-t-il procéder par
césarienne?" Elles ajoutaient: "Avons-nous eu tort? Devrons-nous
attendre la prochaine campagne électorale pour se faire servir à
nouveau la même promesse à peine réchauffée?"
C'était signé par l'ensemble des groupes que je viens
d'énumérer.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que c'est la lettre que vous avez
déposée à l'Assemblée nationale, Mme la
députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Non, c'est daté du 17 avril.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez présenté, à
un moment donné, une pétition à l'Assemblée
nationale par un groupe de...
Mme Harel: L'obligation contractuelle. C'est autre chose.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, il s'agissait... Vous avez parlé
peut-être du partage des droits économiques.
Mme Harel: Ah oui! C'est le groupe...
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai sursauté à ce
moment-là et j'ai eu certaines inquiétudes parce qu'on allait
beaucoup plus loin que ce qui avait été discuté en
commission parlementaire. Je trouvais que c'était peut-être un
moyen pour faire peur aux gens. Il faut être très prudent dans ce
projet de loi parce qu'il faut bien indiquer aux gens qu'il ne s'agit que du
partage de certains bien familiaux et que ça exclut tous les autres
biens, c'est-à-dire les obligations d'épargne, les actions de
compagnies, les édifices, etc. Finalement, lorsque vous avez
parlé de cette lettre à l'Assemblée nationale, à ce
moment-là, on incluait beaucoup plus et j'avais beaucoup
d'inquiétudes parce que je me suis dit: Si on répend dans la
population ou si on dit à la population que c'est ce que le gouvernement
devrait faire, à ce moment-là, je crains pour le suivi du
dossier.
Mme Harel: Est-ce que vos collègues sont si fragiles?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est l'ensemble de la population...
Mme Harel: Est-ce qu'ils sont si fragiles que vous ayez à
les...
Mme Gagnon-Tremblay: ...ce n'est pas...
Mme Harel: ...protéger contre des points de vue qui
peuvent être exprimés à l'occasion par un groupe ou
l'autre?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que ce ne sont pas mes
collègues, Mme la députée de Maisonneuve, mais c'est la
perception de la population, la perception de tous ceux et celles qui sont
déjà mariés. Ce n'est pas une perception...
Mme Harel: II n'y aurait rien de mieux pour répondre
à toutes ces questions que de déposer un projet de loi sur les
intentions réelles du gouvernement, rien de mieux pour mettre fin
à des rumeurs, ou à des malentendus, ou à de mauvaises
interprétations.
Mme Gagnon-Tremblay: Par contre, je vous ai dit que ça
fait actuellement l'objet d'études aux différents comités.
Prochainement, c'est-à-dire mercredi prochain, ce document sera
présenté aux différents comités.
Mme Harel: Le mot "étude" à la Condition
féminine...
Mme Gagnon-Tremblay: À la Condition féminine, Mme
la députée de Maisonneuve, de quoi peut-on parler à part
que d'études? Même si je sais fort bien et même si vous
savez que je sais très bien ce qui va arriver demain matin, c'est un
dossier qui ne relève pas de moi. Je ne peux pas dire autre chose que:
C'est à l'étude ou autre chose, parce que je ne peux pas parler
au nom de mon collègue. Je ne peux pas annoncer ce qu'il va faire
demain. Alors, vous devez comprendre...
Mme Harel: Quand vous annoncez d'ailleurs...
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprenez très bien le
rôle de la ministre déléguée à la Condition
féminine. Même si je sais très bien, je connais très
bien quand, comment et de quelle façon ça va se faire, il ne
m'appartient pas d'en faire l'annonce.
Mme Harel: Alors, les retards accumulés depuis trois ans
et demi, la lenteur dans les dossiers, c'est à cause d'eux, pas à
cause de vous?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que...
Mme Harel: Quand ça avance, c'est vous et, quand ça
retarde, c'est eux.
Des voix: Ha, ha, ha! (17 h 30)
Mme Gagnon-Tremblay: Je suis très fière du bilan en
matière de condition féminine. J'ai travaillé sur de
nombreux dossiers et je ne blâmerai jamais mes collègues pour
quelque retard que ce soit ou au niveau de leur collaboration parce que je vous
avoue que, si je n'avais pas eu leur collaboration, je n'aurais pas pu
travailler et réussir dans autant de dossiers en matière de
condition féminine.
Financement des CALACS
Mme Harel: J'avais le compte rendu de la commission parlementaire
qui siégeait sur les crédits en matière de santé et
de services sociaux. Mme Lavoie-Roux, la ministre responsable, a
été interrogée par ma collègue de Chicoutimi sur le
financement, notamment, des maisons d'hébergement, des centres de femmes
et des CALACS. Elle avait en main le plan d'action de la ministre
déléguée à la Condition féminine. Elle
interrogeait la ministre de la Santé et des Services sociaux sur la
réalisation de ce plan et Mme Lavoie-Roux répondait: "Comme vous
pouvez le voir, je reçois beaucoup de bons conseils de mes
collègues. Encore une fois, dans la mesure où l'argent est
disponible, on est bien prêts à le faire mais c'est nous qui
sommes non seulement les agents payeurs mais nous sommes réceptifs
à ce genre de problématique parce qu'elle vient compléter
le cycle dans le cas de la violence. Encore une fois, vous irez poser la
question à la ministre déléguée à la
Condition féminine." Alors, je vous pose la question: Concernant
l'ensemble des cadres de financement que réclament les CALACS et les
centres de femmes, quelles sont les représentations que vous avez faites
auprès de votre collègue?
Mme Gagnon-Tremblay: Par chance que la ministre
déléguée à la Condition féminine est une
généraliste! Voici, en ce qui concerne les CALACS, en 1988-1989,
au départ, il y a eu 19 organismes qui ont été
subventionnés. On a couvert dix régions pour un total de 889 000
$ comparativement à 739 000 $, en 1987-1988, ce qui signifie une
augmentation de 20 %. Les CALACS ont reçu, en 1988-1989,
c'est-à-dire qu'il y a neuf CALACS qui ont reçu un total de 66
264 $ du ministère de l'Éducation. Il y a également un
organisme qui est proche des CALACS qui est Espace-Québec qui a
l'exclusivité du programme "Espace" à l'échelle nationale.
On sait que ce programme en est un de sensibilisation et de dépistage
à l'intention des enfants dans les écoles primaires, dans le
cadre du Programme de formation professionnelle et sociale du personnel issu
des CALACS qui anime ces cours dans les écoles et se voit
rétribué pour le faire. Il y a aussi, en 1987-1988, 20 000 $ qui
ont été donnés par le ministère de la Justice au
regroupement et 5000 $ à chacun des six centres d'aide dispensant le
programme, pour un total de 50 000 $. En 1988-1989, le ministre de la
Sécurité publique a octroyé 25 000 $ au regroupement et le
ministre de la Justice 5000 $ à chacun des huit centres dispensant le
programme, pour un total de 65 000 $. Ça, c'est pour les CALACS. Je
pourrais vous parler aussi des centres de femmes.En 1988-1989, nous
avons alloué aux centres
de femmes, pour un total de 63 centres, 886 750 $ comparativement
à 586 400 $, en 1987-1988, donc une augmentation de 300 350 $,
c'est-à-dire une augmentation de 51,2 %. Encore là, les centres
de femmes vont puiser aussi au ministère de l'Éducation qui a
distribué un total de 412 162 $ à 66 centres de femmes, donc, en
moyenne, chaque centre a reçu 6249 $. Le total des subventions
octroyées par le ministère de la Santé et des Services
sociaux et le ministère de l'Éducation aux centres de femmes, en
1988-1989, était de 1 298 912 $. Il y a eu, naturellement, d'autres
genres de financement pour différentes activités en plus du
financement des centres d'hébergement pour femmes violentées.
Vous vous souviendrez que, l'année dernière, le budget est
passé de 12 000 000 $ à 13 753 369 $, en plus de ce qui a
été octroyé par le ministère de la Justice, pour
SOS Violence conjugale, soit 116 000 $. Le ministère de
l'Éducation a aussi donné des montants pour un total global de
995 428 $.
Je pourrais vous parler aussi du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration. Quoi qu'il en soit pour
tout ce qui touche les centres d'hébergement pour femmes
violentées, comme on le mentionnait, il y a eu un financement de
près de 13 000 000 $. Cette année, ce montant sera
augmenté de 1 400 000 $, si ma mémoire est fidèle, pour
atteindre l'objectif de 14 000 000 $, à part les femmes autochtones.
Quant aux centres de femmes, aux CALACS, cela fait partie des groupes
communautaires de la politique de la santé et des services sociaux
prévue par Mme Lavoie-Roux. Si la politique est adoptée, cela
voudrait actuellement dire qu'on pourrait parler, par exemple, de
régionalisation, donc d'enveloppes qui seront redistribuées dans
les régions pour l'ensemble des groupes communautaires.
Mme Harel: À l'égard de quels groupes?
Mme Gagnon-Tremblay: J'entends par là tous les groupes
communautaires. Je pense, par exemple, à ceux qui ne font pas
d'hébergement, aux CALACS et aux centres de femmes.
Mme Harel: Alors, prenons les dossiers un par un. En ce qui
concerne les maisons d'hébergement, dans le plan d'action de 1988-1989,
vous prévoyiez l'évaluation de la première phase de la
campagne de sensibilisation du public au phénomène de la violence
conjugale et, selon les résultats obtenus, la mise en oeuvre de la
deuxième phase.
Les résultats ont été extrêmement concluants
à l'égard de la première phase de la campagne de
sensibilisation dans les médias sur la violence conjugale, tellement
concluants qu'il y a eu recrudescence de demandes d'aide dans les maisons
d'hébergement. Malheureusement, le gouvernement a décidé
de ne pas procéder à la deuxième phase comme on l'avait
prévu. Cela se retrouvait pourtant dans votre plan d'action. Est-ce que
vous considérez qu'il y aurait dû y avoir une deuxième
phase? Selon vous, est-ce que c'était suffisamment concluant pour donner
lieu à une deuxième phase de sensibilisation?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez! C'est vrai qu'une
deuxième phase était prévue, mais, à la suite d'une
certaine évaluation, la ministre responsable du dossier de la
santé et des services sociaux a tout simplement décidé
d'annuler la deuxième phase. Vous vous souviendrez aussi qu'il y avait
eu certaines critiques de la part de certains groupes concernant le message
véhiculé: certains disaient que c'était un message qui
faisaient trop "choc", d'autres disaient que c'était un message qui
avait, par contre, sensibilisé une bonne partie de la population. Mais,
à la suite de l'analyse de la première campagne de
sensibilisation faite, la ministre a décidé d'annuler la
deuxième phase, à partir des éléments qu'elle avait
en main concernant l'évaluation de la première phase.
Mme Harel: Dans votre plan d'action, vous disiez que, si les
résultats étaient concluants, la deuxième phase serait
mise en oeuvre. Ce n'est pas pour des raisons liées au type de message,
parce que la deuxième phase devait justement porter sur le type de
messages absents de la première. La première n'a porté que
sur la violence physique, et la seule critique faite à l'époque,
c'est qu'il ne fallait pas négliger la violence morale, la violence
psychologique dont la deuxième phase devait justement traiter. C'est
cette deuxième phase qui a été abandonnée.
C'était tellement concluant que, pendant la campagne de sensibilisation
qui a eu lieu dans les médias entre le 1er février et le 1er
avril, les appels reçus à SOS Violence étaient comme suit:
en janvier, 349 appels; en février, 597 et en mars, 1076. Cela a presque
doublé. Les raisons pour lesquelles cela a été
abandonné, ce n'est pas parce que ça n'allait pas, mais c'est
justement parce que l'ampleur insoupçonnée du problème qui
est ressortie à l'occasion de cette campagne de sensibilisation
commandait des sommes d'argent pour répondre à la demande.
Alors, dois-je comprendre que la ministre considère que
c'était légitime d'abandonner la deuxième phase?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne dis pas que c'était
légitime, Mme la députée de Maisonneuve. Ce que je dis
actuellement, c'est qu'il est vrai que, à la suite de la première
phase, nous nous sommes rendu compte que les ressources étaient en
demande. Lorsqu'on prend la violence dans son ensemble, on ne peut non plus
songer uniquement à la question de l'hébergement. Il faut penser
aussi, par exemple, à tout ce qui concerne le traitement des conjoints
violents; il
faut penser aussi à la prévention de la violence, en fait,
il faut jouer sur différents paliers. Dans ce contexte, c'est sûr
qu'il appartient à ma collègue de décider, par exemple, si
elle doit poursuivre oui ou non cette campagne compte tenu des nombreuses
ressources aussi qu'on a allouées pour tout ce qui touche la violence.
Maintenant, il faudrait savoir s'il y aurait lieu de refaire une
deuxième campagne un peu plus tard à partir de
l'expérience qu'on a tentée avec la première. Je ne suis
pas en mesure actuellement de vous dire s'il y aura une deuxième
campagne ou non ni pourquoi elle a été abandonnée, sauf,
naturellement, comme je vous dis, compte tenu des nombreuses ressources dont on
a besoin un peu partout.
Mme Harel: À l'égard des centres d'aide et de lutte
contre les agressions sexuelles, à l'égard des CALACS, est-ce que
le secrétariat de la ministre déléguée à la
Condition féminine appuie la demande d'un cadre de financement qui est
actuellement présentée au Conseil du trésor? Est-ce que le
secrétariat ou la ministre a transmis son point de vue sur les
mémoires qui sont actuellement rendus au Conseil du trésor?
Mme Gagnon-Tremblay: Le Secrétariat à la condition
féminine et la ministre ont, bien sûr, appuyé les CALACS
depuis fort longtemps. C'est un peu, finalement, la raison pour laquelle on
retrouve aussi, l'année dernière, une augmentation de 20 %.
Maintenant, je vous disais que le statut et le cadre de financement des
organismes communautaires sont traités dans le document d'orientation
gouvernementale que le ministère de la Santé et des Services
sociaux vient de rendre public.
Mme Harel: Vous n'êtes pas à jour, Mme la ministre,
parce que Mme Lavoie-Roux, la semaine dernière, dans ses crédits,
disait exactement ceci: "Dans le cas des centres de femmes ou qu'il s'agisse
des CALACS, les mémoires sont rendus au Conseil du trésor
où un cadre de financement a été prévu." Il n'est
pas du tout question de les renvoyer, comme vous le pensez, à la
politique régionalisée du ministère. Je continue: "Mais je
dois attendre ses réponses avant de donner une réponse
définitive. C'est toujours comme cela que cela se produit année
après année. On voit toujours des acomptes ou des avances mais la
distribution définitive ne se fait pas avant que le budget du
gouvernement ait été déposé." Est-ce que vous
ignoriez qu'il y avait des mémoires au Conseil du trésor
concernant les centres de femmes et les CALACS?
Mme Gagnon-Tremblay: Moi, je peux vous dire qu'il y a un
processus qui naturellement doit être observé et que cela n'a pas
fait l'objet actuellement d'une représentation ou d'une étude au
COMPACS, comité auquel je siège actuellement.
Mme Harel: Moi, je ne vous parle pas du COMPACS, je vous parle du
Conseil du trésor. Est-ce que la ministre Lavoie-Roux a tort de dire, et
je la cite: "...les mémoires sont rendus au Conseil du trésor
où un cadre de financement a été prévu"?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, la ministre l'a
peut-être renvoyé au Conseil du trésor comme on le fait,
finalement, lorsqu'on a à décider, par exemple, de sommes
additionnelles en ce qui concerne le développement pour la
présente année. Mais elle n'est pas encore venue au COMPACS, par
exemple, pour savoir si ce cadre pu ce mémoire serait accepté ou
non.
Mme Harel: Allez-vous attendre qu'elle vienne pour appuyer la
demande?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous disais tout à l'heure que ce
n'est pas d'aujourd'hui que j'appuie la demande des CALACS et,
justement, il y a eu quand même une progression de 20 % l'année
dernière.
Mme Harel: Vous justifiez qu'il n'y ait pas de cadre de
financement, c'est ça? Est-ce que vous appuyez la demande des centres de
femmes qui veulent obtenir 50 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: Jusqu'à maintenant, toutes les
démarches qui ont été faites par les centres de femmes...
Si elles ont obtenu ce qu'elles ont obtenu l'année dernière,
c'est bien justement à cause de mon appui et de la bonne volonté
de la ministre concernée.
Mme Harel: Vous continuez à les appuyer dans leur
demande...
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas cessé de...
Mme Harel: ...qui vise à obtenir un financement minimal de
50 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas cessé de les appuyer dans
leurs revendications. Il est important aussi en ce qui concerne les sommes, de
s'assurer, par exemple, du nombre de centres qui pourra ouvrir annuellement, de
sorte qu'on ne se retrouve pas non plus avec un problème. Je pense
qu'elles étaient tout à fait d'accord aussi pour avoir un certain
contrôle sur les maisons qui pourraient ouvrir, par exemple, là
où les besoins sont. (17 h 45)
Mme Harel: Ce que je trouve inquiétant, pas simplement
dans vos propos, mais dans les notes de la déclaration d'ouverture,
c'est le renvoi que vous faites au financement des organismes communautaires en
région, comme s'il s'agissait d'organismes comme les autres que vous
renvoyez, administrativement parlant, à la régionali-
sation avec l'ensemble de tous les autres organismes. Je ne sache pas
qu'au Secrétariat à la condition féminine on n'ait pas la
responsabilité particulière de soutenir le développement
de ressources à l'égard des femmes, y compris pour celles qui
sont d'abord le plus souvent victimes d'agressions sexuelles et aussi celles
qui peuvent utiliser, pour leur propre promotion, les centres de femmes. Ce qui
m'étonne, c'est que vous n'ayez pas l'air d'être au courant qu'il
y a des mémoires au Conseil des ministres, ni qu'il y aura, selon les
mots exacts, "un cadre de financement". Alors, qu'est-ce qui se passe? Vous
n'êtes pas au courant?
Mme Gag non-Tremblay: C'est sûr qu'on est au courant, mais
tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas de décision du Conseil du
trésor... Vous savez très bien que les mémoires pour
obtenir des sommes supplémentaires sont déposés par les
ministres concernés à une date précise pour qu'on puisse
les prendre en considération. Alors, ils ne font pas l'objet
actuellement des différents autres comités. Il est sûr que
ce n'est pas d'aujourd'hui, par exemple, que j'appuie les CALACS, les centres
de femmes et les centres d'hébergement pour femmes violentées. La
ministre connaît fort bien ma position sur ce sujet. Elle a établi
un plan de trois ans, entre autres, pour les centres d'hébergement pour
femmes violentées. L'année dernière, elle a donné
des sommes supplémentaires aux centres de femmes en leur promettant un
cadre financier, de même qu'aux CALACS. Par contre, dans
l'énoncé de politique concernant la santé et les services
sociaux, le statut et le cadre de financement des organismes communautaires
sont traités dans le document d'orientation. Comme c'est un document
d'orientation qui permettra, finalement, à l'ensemble de la population
de se prononcer; il s'agit maintenant pour nous de continuer à faire
notre travail pour que ces centres, s'il y a lieu, ne fassent pas
nécessairement partie de ces organismes communautaires. Je pense entre
autres, aux centres d'hébergement pour femmes violentées
où on fait de l'hébergement, qui sont très
différents de tout autre organisme.
Mme Harel: J'apprécie vos propos, mais ils sont
différents de ceux que vous prononciez ou, plutôt, de ceux qui
sont écrits dans votre déclaration d'ouverture. Dans votre
déclaration d'ouverture, vous justifiez le fait que ces organismes
seront financés à même le financement des organismes
communautaires.
Mme Gagnon-Tremblay: Si on prend à la lettre ce qui est
mentionné dans l'énoncé de politique en santé et
services sociaux, c'est exact sauf que...
Mme Harel: Vous prenez à la lettre, ou vous
défendez les intérêts des groupes de femmes.
Mme Gagnon-Tremblay: ...comme c'est un document de consultation,
je vous dis que nous allons travailler avec ces groupes pour qu'ils obtiennent
une reconnaissance différente.
Mme Harel: Voilà! Parce que c'est de cela qu'il s'agit:
avoir une reconnaissance distincte, spécifique et non pas être
incluses dans les régionalisations qui vont amener, certainement, des
conciliations où elles peuvent sortir perdantes.
Comme il nous reste très peu de temps, nous allons reporter
à la prochaine séance les programmes d'accès à
l'égalité ainsi que l'obligation contractuelle, puisque nous
avons partagé le temps moitié-moitié. Alors, nous aurons
deux heures et demie la semaine prochaine, je pense, pour examiner à la
fois les services de garde...
Mme Gagnon-Tremblay: Remarquez que, pour ne pas déplacer
les gens une deuxième fois, il aurait été
préférable de terminer la condition féminine
aujourd'hui.
Mme Harel: Je ne pense pas qu'on puisse le faire.
Mme Gagnon-Tremblay: Non?
Conjoints de fait
Mme Harel: Je ne le crois pas. On peut peut-être aborder un
dossier qui ne requiert pas trop de notre temps, malgré son importance,
soit celui des conjoints de fait. Dans le plan d'action de 1987, vous
énonciez qu'il y aurait un examen de l'opportunité
d'établir un cadre juridique pour les conjoints de fait, à tout
le moins à l'égard de leurs enfants. Où en est-ce
rendu?
Mme Gagnon-Tremblay: En ce qui concerne les conjoints de faits
vous vous souviendrez qu'on en a parlé longuement en commission
parlementaire lorsqu'on a déposé le projet de partage des droits
économiques. Il en a aussi été question avec mes
collègues. Je sais que vous avez souvent interrogé mes
collègues au sujet des conjoints de fait dans les différents
projets de loi. A ma connaissance, le ministère de la Justice n'a pas
encore décidé de travailler sur la question des conjoints de
fait. Quand même, comme je l'avais également mentionné, il
est vrai qu'en 1980 on avait pris position là-dessus. Peut-être
qu'un jour on devra revenir sur cette question, mais je ne veux pas en discuter
dans le cadre du document des droits économiques des conjoints. Je
trouve, quand même, qu'il est absolument important d'harmoniser
l'ensemble des lois qui touchent les conjoints de fait.
Mme Harel: Justement, dans le plan d'action d'il y a deux ans,
vous aviez prévu une étude sur l'harmonisation du traitement des
conjoints et conjointes de fait dans les divers programmes
de sécurité du revenu, de fiscalité et les
programmes de transfert. Deux ans plus tard, où en est l'étude?
Quelles sont les conclusions de ce rapport?
Mme Gag non-Tremblay: Vous permettrez que je demande
l'information auprès des membres du secrétariat.
Mme Harel: Certainement.
Mme Gag non-Tremblay: II y a beaucoup d'études
interministérielles qui sont faites, et je ne suis pas au fait de
celle-là. C'est à quelle page du plan, Mme la
députée de Maisonneuve?
Mme Harel: C'est dans le plan d'action 1987-1988, c'est
indiqué hiver 1987. Vous allez vous retrouver avec le tableau des
saisons.
Mme Gagnon-Tremblay: Sur ce plan, ne serait-il pas inscrit
Conseil du statut de la femme?
Mme Harel: Oui, effectivement.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, voici. Nous avons modifié notre
façon de faire pour notre plan, parce que, justement, les gens croyaient
que c'était une étude gouvernementale, alors qu'il s'agit d'une
étude du Conseil du statut de la femme. Il est vrai que le Conseil du
statut de la femme, fait une étude actuellement, en ce qui concerne les
conjoints de fait. C'est pour ça que c'est très important, parce
qu'il ne s'agit pas d'une étude gouvernementale, mais bien d'une
étude du Conseil du statut de la femme.
Mme Harel: Malgré que le Conseil du statut de la femme
soit pas mal gouvernemental, si vous me permettez l'expression.
Mme Gagnon-Tremblay: Je veux dire que ce n'est pas une
étude du ministère de la Justice, entre autres, ou de l'ensemble
des ministres, ou des ministères.
Mme Harel: Au ministère de la Justice, ce qui était
prévu, c'était l'examen de l'opportunité d'établir
un cadre juridique pour les conjoints de fait, à tout le moins à
l'égard de leurs enfants. Il était prévu, finalement, deux
choses: l'examen par le ministère de la Justice du cadre juridique, et
l'étude par le Conseil du statut de la femme sur l'harmonisation du
traitement des conjoints et conjointes de fait. Alors, où en sont les
deux études?
Mme Gagnon-Tremblay: Peut-être que la présidente du
Conseil du statut de la femme pourrait répondre au sujet de
l'étude faite par le conseil.
Mme La vigne (Marie): C'est une étude qui s'amorce, dans
le moment, qui commence cette année.
Mme Harel: Écoutez, cette étude était
prévue pour 1987.
Mme Lavigne: Oui, il y a eu effectivement des
bouleversements...
Mme Harel: Des retards?
Mme Lavigne: ...dans la programmation du conseil, des
déplacements de priorités, mais le conseil a quand même
beaucoup travaillé cette question dans plusieurs dossiers sectoriels, ce
qui fait que l'ensemble des études est prêt. L'analyse a
été faite sur des dossiers ponctuels, et c'est une question de
quelques mois pour les rassembler.
Le Président (M. Bélanger): C'était une
intervention de Mme Lavigne, pour les fins du Journal des
débats.
Mme Harel: Et, en ce qui concerne le ministère de la
Justice, est-ce que...
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne pourrais pas vous répondre
actuellement, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, la semaine prochaine, si vous le pouvez. C'est
une question qui est au coeur de l'avenir de nos programmes de
sécurité du revenu. Si certaines d'entre vous n'avez pas eu
l'occasion de prendre connaissance de la contre-réforme en
matière d'aide sociale qui va être mise en vigueur le 1er
août prochain, qui va renvoyer les femmes chefs de famille monoparentale
bénéficiaires de l'aide sociale à
l'hyper-catégorisation que l'on a connue pendant les années
cinquante, vous allez voir que, loin de s'harmoniser, ça ne fait que se
complexifier. À la dernière session, on a assisté à
l'adoption, dans la même semaine, de trois lois différentes
contenant trois définitions de conjoint différentes: la Loi sur
la Régie de l'assurance automobile, la Loi sur les allocations
familiales et la Loi sur la sécurité du revenu. Dans un cas, on
était conjoint après trois ans, dans l'autre cas, on était
conjoint après un an et, dans l'autre, on était conjoint
immédiatement. Disons qu'il y a urgence à s'entendre, surtout
dans le domaine de la sécurité du revenu et de la
fiscalité. À la discrimination qui était exercée
à l'égard des gens mariés a succédé une
discrimination entre les conjoints de fait. Je ne sais pas si certaines d'entre
vous avez eu l'occasion de faire votre déclaration de revenus et de
constater que les avantages d'être marié sont maintenant de loin
supérieurs, puisque seuls les gens mariés peuvent obtenir le
bénéfice des crédits d'impôt pour personne à
charge. Dans le cas où vous êtes conjoint de fait, vous ne pouvez
pas, même si
vous avez la charge... C'est tout le drame des femmes
bénéficiaires de l'aide sociale à qui on impute des amis
qui doivent les entretenir et entretenir les enfants dont ils ne sont pas les
pères et qui, pourtant, ne peuvent pas déduire ces coûts
dans leur déclaration parce qu'ils ne sont pas mariés. Il y a
également bien d'autres incohérences. Je ne parle pas des
pensions alimentaires qui sont entièrement amputées de l'aide
sociale si elles sont versées, mais que vous devez comptabiliser comme
revenu imposable si vous travaillez. C'est une incohérence, entre
autres.
Mme la ministre, quand y aura-t-il un point de vue gouvernemental sur
cette question sur laquelle l'Ontario a déjà
légiféré, comme vous le savez?
Mme Gagnon-Tremblay: Comme je l'ai mentionné, on a
déjà fait ce débat en 1980, mais, compte tenu de certains
phénomènes-récents, on devra sûrement le refaire un
jour. Je ne peux pas vous dire à quel moment on pourra le faire et qui
devra le faire, parce que c'est un débat qui relève du
ministère de la Justice, mais qui touche aussi de nombreuses autres lois
dans différents ministères. La question d'harmonisation, je ne
pourrais pas vous dire où c'en est rendu. Je pourrai peut-être
vous donner la réponse la semaine prochaine. À ce moment-ci,
malheureusement, je ne peux pas vous donner de réponse exacte.
Mme Harel: Avez-vous fait part à vos collègues du
point de vue exprimé dans le cadre du sondage réalisé par
le secrétariat, l'hiver dernier, concernant le partage des biens
familiaux dans le cas des conjoints de fait?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: La majorité très nette se dessine en
faveur de l'obligation à un partage: 82 % seraient tout à fait ou
plutôt favorables à ce que le partage obligatoire de certains
biens familiaux s'applique également aux personnes vivant en couple sans
être mariées, dans la mesure où elles ont des enfants et 59
% le sont pour les personnes vivant en couple depuis trois ans.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous vous souviendrez, par contre,
qu'à la commission parlementaire les intervenants ont été
très très prudents en ce qui concerne les conjoints de fait.
Plusieurs se sont prononcés contre, d'autres n'ont pas osé se
prononcer. Je pense qu'il y a eu une certaine prudence à ce sujet, lors
de la commission parlementaire sur les droits économiques des
conjoints.
Mme Harel: Vous avez raison. La prudence venait surtout du fait
que les personnes interrogées répondaient que ce n'était
pas un sujet qu'elles avaient examiné, puisque ça ne faisait pas
partie comme tel de l'objet de la commission. Ce n'était pas une
prudence à l'égard de la question, mais une prudence à en
parler sans y être préparés. Il ne faudrait pas
confondre.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous vous souviendrez par contre...
Même si cela ne faisait pas partie du document, on a posé la
question à plusieurs intervenants. Ceux qui étaient en droit de
se prononcer - je pense au Barreau, je pense à la Chambre des notaires -
étaient quand même fort réticents à ce qu'on inclue
les conjoints de fait.
Mme Harel: Évidemment, il faudrait peut-être penser,
avant de demander à nos corporations professionnelles de décider
de nos politiques, à demander aux personnes qui sont les
premières concernées.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi 25 avril. Elle
siégera de 10 heures à 12 il 30, en la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine. Je vous remercie. Bonne fin de semaine.
(Fin de la séance à 18 heures)