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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais à
chacun de bien vouloir prendre sa place afin que nous puissions procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère de la Santé et des Services sociaux pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1990. Il n'y a pas de remplacements
ce matin?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas d'autres
déclarations préliminaires? Bien.
J'appellerais donc le programme 2, Soutien des organismes
bénévoles. Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Soutien des organismes bénévoles
(suite)
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Première
question: Par rapport aux orientations que vous nous avez
présentées - d'abord, bonjour, Mme la ministre - les
régies régionales auraient la responsabilité de
gérer les ressources alternatives. Est-ce que vous avez l'intention de
vous donner une politique générale ou est-ce que ce sera
exclusivement les régies qui auront la responsabilité de se doter
de politiques de financement de ces organismes communautaires? Je prends tous
les organismes communautaires.
Mme Lavoie-Roux: Si je vous ai bien entendue, vous avez
parlé, à un moment donné, de ressources alternatives?
Mme Blackburn: Des organismes communautaires.
Organismes communautaires de promotion et de
services
Mme Lavoie-Roux: Parlons des organismes communautaires, d'accord.
Non, cela ne sera pas laissé uniquement aux régies de
déterminer le grand cadre politique du financement des organismes
communautaires. Si on prend comme exemple la politique de financement pour
l'hébergement des femmes violentées - disons qu'il reste le
même pour les fins de la discussion - ce cadre de financement devra
être respecté. Là où la marge de manoeuvre des
régies se trouvera, ce sera dans la reconnaissance de nouvelles maisons
qui pourraient arriver. Je ne veux pas présumer de la façon dont
elles vont fonctionner localement, mais cela pourrait être, par exemple,
dans la détermination des priorités à certains organismes
bénévoles plutôt qu'à d'autres, comme nous le
faisons présentement. Nous disions: Cette année, on va faire un
effort du côté des maisons pour femmes battues. L'an prochain, on
fera un effort du côté de la toxicomanie. Une autre année,
on fera un effort ailleurs. À l'intérieur de cela, je pense
qu'elles auront une marge de manoeuvre. Mais il serait dangereux aussi
qu'à un moment donné des maisons pour femmes battues, pour
reprendre le même exemple, reçoivent comme financement 100 000 $
de plus à un endroit qu'à un autre. Vous auriez une espèce
de surenchère. Au moment où je vous parle, c'est la façon
dont je vois les choses.
Mme Blackburn: Ce que vous dites, c'est que le cadre de
financement sera assez uniforme et établi nationalement. La
reconnaissance des organismes, selon les besoins du milieu, est laissée
davantage à l'initiative et à la responsabilité de la
région.
Mme Lavoie-Roux: Oui, et dans certains secteurs. Si on prend
celui du maintien à domicile, déjà les conseils
régionaux assument, à partir de l'argent qu'on leur envoie, la
totalité de la distribution de l'argent pour le maintien à
domicile. Par contre, sont conservées au central les subventions qui
sont accordées aux centres d'action bénévole où
sont vraiment les personnes qui travaillent pour la formation et le recrutement
des bénévoles. Mais déjà, dans ce secteur, ce sont
eux qui font la distribution des fonds selon, j'imagine, la somme de travail
faite par chacun des organismes communautaires.
Mme Blackburn: Le financement de leur regroupement sera
laissé exclusivement aux membres?
Mme Lavoie-Roux: Oui, ce sera laissé aux membres. Ce
seront les membres qui décideront de participer ou non au
regroupement.
Mme Blackburn: Vous allez me permettre de trouver que,
premièrement, ce n'est pas souhaitable et, deuxièmement, que
c'est très discutable, au plan des principes. J'ai vu le même
mouvement se dessiner du côté de l'éducation. L'essentiel
de la manifestation plus organisée pour réclamer un meilleur
traitement dans certains secteurs, on sait très bien que cela vient des
regroupements. La meilleure façon de les réduire au silence,
c'est encore de ne pas les financer ou de les laisser se déchirer entre
eux.
Pourquoi n'avez-vous pas envisagé l'idée de maintenir un
financement partagé entre les organismes membres et le gouvernement?
Pourquoi n'utiliserions-nous pas les représentants de ces organismes
nationaux au même titre que les régies auxquelles, j'allais dire,
vous les imposez? Votre politique serait difficilement cohérente sans la
présence de ces organismes au sein des régies régionales.
Pourquoi ne ferait-on pas le même raisonnement lorsqu'il s'agit du
plan
national?
Mme Lavoie-Roux: D'abord, on va parier de deux regroupements qui
sont très actifs, celui des maisons d'hébergement pour les femmes
violentées et celui des maisons de jeunes. Même, je pense aux
maisons d'hébergement pour les jeunes, mais parlons des deux premiers
parce que je suis certaine de ce que j'avance pour ceux-là. Tout le
monde ne participe pas aux regroupements. C'est leur choix de ne pas y
participer. Dans le cas des maisons de jeunes, je pense que c'est à peu
près deux tiers, un tiers; deux tiers qui participent aux regroupements,
un tiers qui n'y participe pas. Déjà, les personnes exercent leur
choix.
Ensuite, pour leur permettre de participer, il est prévu qu'on
puisse accorder une augmentation du budget des organismes qui choisiront
d'adhérer ou non à un regroupement. L'adhésion libre, je
pense, renforce considérablement, comme le disent les orientations, la
légitimité et la représentativité des regroupements
provinciaux. Je ne vois pas pourquoi on créerait une obligation que les
gens participent à un regroupement provincial.
Lutte à la violence
Mme Blackburn: Pour revenir aux regroupements, de façon
plus particulière, à l'égard des CALACS, vous vous
étiez engagée à préparer un cadre financier, ce que
les CALACS attendent toujours. Pour les fins de la retranscription des
débats, ce sont les centres d'aide et de lutte aux actes.
Mme Lavoie-Roux: Aux victimes d'agressions à
caractère sexuel.
Mme Blackburn: ...à caractère sexuel, c'est
ça; centres d'aide et de lutte aux agressions à caractère
sexuel. Les CALACS attendent toujours leur cadre de financement. Ils avaient
demandé un financement qui leur accordait 100 000 $ par année. Il
y en a quinze. Dans une lettre qui nous a été adressée, on
nous dit qu'il y a eu une rencontre avec la ministre et que vous leur proposiez
70 000 $ à 72 000 $. Ils disent qu'à 75 000 $, cela pourrait
toujours être acceptable, à condition que ce financement soit
accordé à tous les CALACS, même à ceux qui n'ont pas
un financement de 50 000 $ au moment où l'on se parle. Quelle est votre
décision là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, mais j'ai de la difficulté
à vous entendre et, pourtant, je n'ai pas de problème
d'ouïe. Pourriez-vous répéter?
Mme Blackburn: D'accord. Revenons aux CALACS.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Blackburn: Madame, vous vous êtes engagée...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je les ai rencontrés.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y aura un cadre financier? Est-ce que
vous leur accordez le financement tel que demandé? Je sais que vous les
avez rencontrés, que vous avez convenu avec eux de 70 000 $ à 72
000 $. Eux disent: 75 000 $, cela peut être vivable, mais à la
condition que tous les CALACS soient financés à ce niveau.
Mme Lavoie-Roux: Comme dans le cas des maisons
d'hébergement dont j'ai parlé hier, la distribution des
ressources n'est pas encore faite. C'est une opération qui se fait au
cours du mois d'avril. Une chose que je puis affirmer dès maintenant,
c'est qu'il est évident qu'ils n'auront pas 100 000 $. Pour le montant,
on n'entre, quand même, pas en négociation avec les organismes
communautaires. Ils nous font des représentations. C'est un peu comme
partout ailleurs, chacun souhaite en avoir le plus possible. Ce qui est
important pour eux, c'est de savoir comment leur budget peut évoluer,
qu'un cadre de financement, sur une période donnée, leur soit
présenté et qu'il ait été aussi, à mon point
de vue, endossé par le Conseil du trésor.
On sait que, dans le passé, il y a eu des programmes ou des
cadres de financement présentés par le ministère
lui-même qui n'ont pas eu de lendemains parce que le Conseil du
trésor ne les avait pas acceptés. C'est pour cela que, dans le
cas des femmes violentées, par exemple, on a vu ce cadre accepté.
Les problèmes ne sont pas revenus année après
année, du moins pour trois ans, en disant: II en faut plus, combien
allons-nous avoir l'an prochain? Ils le savaient pour une période de
trois ans.
C'est dans ce sens qu'on désire procéder maintenant avec
chacun pour, premièrement, qu'ils sachent où ils s'en vont, comme
ils le demandent, et, deuxièmement, qu'on ne leur fasse pas de promesses
qui ne seraient pas réalisées par la suite. Nous nous sommes
penchés là-dessus. Nous avons en main un cadre de financement. Il
reste, évidemment, à le faire endosser. Dans l'hypothèse
la plus pessimiste, il reste que les CALACS auront une augmentation.
Sera-t-elle celle que j'aurais souhaité qu'ils aient? C'est une autre
chose. Mais, quand la distribution sera faite, on pourra le leur annoncer.
Mme Blackburn: Mais, au moment où l'on se parle, il n'y a
rien de définitivement arrêté par rapport à leur
niveau de financement pour cette année?
Mme Lavoie-Roux: Non, pour eux comme pour d'autres,
d'ailleurs.
Mme Blackburn: Bien. Dans le cas des
centres de femmes, ils demandent 50 000 $ par année.
Actuellement, ils reçoivent 13 000 $ du MSSS, 6000 $ du MEQ et 10 000 $
du secrétariat fédéral, pour un total de 29 000 $. Est-ce
que ces centres de femmes peuvent s'attendre, eux aussi, à avoir un
financement qui corresponde davantage à leurs besoins ou simplement
auront-ils droit à la même réponse que dans le cas des
CALACS?
Mme Lavoie-Roux: Je vous le dis, dans le cas des trois groupes
dont on a parlé depuis hier soir, qu'il s'agisse des maisons
d'hébergement pour jeunes, qu'il s'agisse des centres de femmes ou qu'il
s'agisse des CALACS, les mémoires sont rendus au Conseil du
trésor où un cadre de financement a été
prévu. Mais je dois attendre ces réponses avant de donner une
réponse définitive. C'est toujours comme ça que ça
se produit, année après année. Même dans le cas
où on n'irait pas du tout chercher de l'argent et qu'on pourrait quand
même prévoir une augmentation, on envoie toujours des acomptes ou
des avances, mais la distribution définitive ne se fait pas avant que le
budget du gouvernement ait été déposé.
Mme Blackburn: Un autre regroupement, celui des conjoints
violents. J'ai rencontré le regroupement. Il y a une dizaine
d'organismes. Les listes d'attente vont jusqu'à neuf ou dix mois.
Évidemment, lorsque quelqu'un, un homme violent, pour toutes sortes de
raisons, d'éducation, psychologiques ou autres, fait l'effort et prend
la décision d'appeler ce regroupement pour dire: J'aurais besoin d'aide
et qu'on lui dit: Écoute, on ne peut pas l'offrir d'aide avant neuf
mois, il me semble... Pour parler de façon sérieuse de la lutte
à la violence, je pense qu'il faut aborder ça de façon
plus sérieuse que ce ne l'est actuellement. C'est 230 000 $ pour dix
regroupements. Y aura-t-il, dans ce cas également, une politique de
financement et à combien peuvent-ils s'attendre pour l'exercice
financier 1989-1990?
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, vous pouvez les prendre les uns
après les autres. Chacun peut nous demander une politique de financement
de 100 000 $, peu importe le montant. Dans ça comme dans d'autres
choses, on développe au fur et à mesure que les ressources nous
sont allouées. Ce que je peux dire cette année, c'est que, s'il y
a des disponibilités, on essaiera de répondre un peu mieux
à leurs demandes. Mais ces organismes ont démarré il y a
environ deux ans à titre de projets pilotes et, cette année, en
tout cas, au moment où nous nous parlons, parce qu'on ne les a pas vus
fonctionner assez longuement, alors que, dans les autres cas, je vous l'ai dit,
il y a des demandes qui sont en cours, il n'y a pas de demande formelle de
cadre de financement pour les maisons qui reçoivent les conjoints
agressifs ou violents.
L'effort qu'on fera dépendra des sommes qu'on pourra
dégager. Vous pouvez bien me poser une question sur 20 groupes, vous
savez fort bien que je ne peux pas vous dire que les 20 groupes cette
année seront traités d'une façon prioritaire. On tentera,
comme pour d'autres organismes bénévoles, d'apporter, si on le
peut, un peu plus d'appui. Je dois vous dire qu'ils ont commencé en
1987-1988 et il y a huit groupes qui se partagent 245 000 $.
Mme Blackburn: Madame, je vais répéter la question
que tous se posaient hier: Parlez-vous de temps en temps avec la ministre
déléguée à la Condition féminine? Dans le
plan d'action de la ministre déléguée à la
Condition féminine, en 1988-1989, elle prévoit la
préparation d'une politique provisoire - mais d'une politique - de
financement et de création d'un programme de soutien aux ressources
travaillant auprès des conjoints violents. Et elle réitère
cet engagement. De son côté, l'ex-ministre de la Justice se dit
très réceptif à ces situations et dit: Je suis prêt
aussi à embarquer sauf qu'il crée sa petite "gang" de l'autre
côté. Et vous me dites: On ne peut pas tout mettre en même
temps. Je ne pars pas de n'importe quoi; je pars d'un engagement clair,
précis, ferme. À moins que vous ne me disiez qu'on peut dire
n'importe quoi d'un ministère à l'autre sans que l'autre s'en
soucie. Je ne sais pas comment ça fonctionne, mais, de temps en temps,
est-ce qu'elle vous demande: Avez-vous les sous pour me permettre de faire une
telle annonce ou si elle la fait et, après ça, elle dit: Si je
l'ai, tant mieux; si je ne l'ai pas, tant pis?
Mme Lavoie-Roux: Le plan d'action de la ministre
déléguée à la Condition féminine, je ne l'ai
pas devant moi. Est-ce un plan d'action qui devait s'exécuter en un an
ou pour une période de trois ans?
Mme Blackburn: Pour 1988-1989. Je peux vous le faire tenir. Je
l'ai ici en main. (10 il 30)
Mme Lavoie-Roux: Comme vous pouvez le voir, je reçois
beaucoup de bons conseils de mes collègues. Je pense que ce à
quoi elle pouvait faire allusion, c'est au fait que déjà il y a
des gestes, des actions engagées dans ce sens. J'imagine qu'elle veut
les voir progresser. Encore une fois, dans la mesure où l'argent est
disponible, on est bien prêts à le faire. Mais c'est nous qui
sommes non seulement les agents payeurs... Nous aussi, nous sommes
réceptifs à ce genre de problématique parce qu'elle vient
compléter le cycle dans le cas de la violence. Encore une fois, vous
irez poser la question à la ministre déléguée
à la Condition féminine.
Mme Blackburn: Je trouve la réponse assez cavalière
lorsqu'il s'agit du même gouvernement. Vous comprendrez mon insistance
à exiger une
politique de la santé et des services sociaux qui réunit
autour de la même table les différents ministres. Sinon, on a
droit à ce genre de décision où la main droite ignore ce
que fait la gauche. C'est dans cejens que ]e l'expliquais hier.
Dans la lutte à la violence, une campagne de sensibilisation
avait été prévue. On sait que la première phase a
été réalisée. L'évaluation de la
première campagne de sensibilisation à la violence conjugale, qui
en a été faite à la demande du ministère, est
extrêmement positive. Pour une raison que la ministre nous a
expliquée: J'arrête de mettre de l'argent dans la violence, je le
mets ailleurs, on sait que la deuxième phase ne s'est pas
réalisée. Est-ce que c'est dans son plan d'action de cette
année de réaliser une campagne de sensibilisation à la
violence, la phase qui était prévue l'an passé?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce sera au moins la
quatrième fois que je répondrai à cette question de la
députée de Chicoutimi. Nous avons fait des efforts importants. Je
pense que cette campagne nous a coûté... En tout cas, la
participation du ministère a été au moins de l'ordre de
300 000 $ à 400 000 $. Je pense qu'il y a eu une contribution de la
Justice, à ce moment-là. Cela a été une campagne de
l'ordre de 600 000 $ qui a porté des fruits, qui a été
intéressante. Encore une fois, au risque de me répéter, il
y a aussi d'autres problématiques auxquelles nous devons accorder
beaucoup d'importance, que ce sort des politiques de sensibilisation aux
maladies transmises sexuellement, que ce soit des campagnes de sensibilisation
reliées à la santé mentale, comme il y en a une de
prévue et qui devrait commencer incessamment sur l'intégration
des personnes ayant des déficiences intellectuelles. La liste pourrait
être longue. Mais je pense que, pour le moment, compte tenu du choix de
priorités qu'on fait, nous croyons que nous n'irons pas de l'avant cette
année avec une autre campagne de sensibilisation à l'endroit des
femmes victimes de violence.
Mme Blackburn: Nous savons tous...
Mme Lavoie-Roux: II y a autre chose que je voudrais ajouter. Vous
me reprochez que nos campagnes de sensibilisation coûtent cher, c'est ce
que vous m'avez dit pour le sida.
Mme Blackburn: Un instant! Non, on ne-peut pas dire n'importe
quoi, M. le Président. Je n'ai pas dit que cela coûtait cher.
C'est toujours valable à la condition que ce soit fait de façon
professionnelle.
Mme Lavoie-Roux: Ah, bon! On vous dira cela tantôt.
Mme Blackburn: Cela coûte cher quand c'est mal fait. La
compétence coûte cher, l'incompétence coûte encore
plus cher.
Mme Lavoie-Roux: C'est votre jugement, madame. On pourrait
même vous donner des chiffres tout à l'heure sur la valeur de
cette campagne de sensibilisation.
Mme Blackburn: Ma question porte sur la campagne de
sensibilisation à la violence conjugale. Est-ce qu'il y aura une seconde
campagne?
Mme Lavoie-Roux: Non. Je vous ai répondu. Il n'y en aura
pas cette année.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a une bonne raison, compte tenu des
résultats obtenus? On a quadruplé le nombre d'appels dans le mois
où a eu lieu cette campagne. Est-ce à cause des effets de
débordement qu'on a eus dans les maisons pour les femmes victimes de
violence? Est-ce à cause des effets de débordement qu'on a connus
dans les postes de police, auprès des différentes
autorités policières? Est-ce pour ces raisons qu'on dit à
un moment donné. On va faire comme si le problème n'existait
plus?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, dans les montants attribués
pour une problématique particulière, il y a une partie
prévue pour une campagne de sensibilisation. Il y a aussi, heureusement,
une partie plus importante qui est prévue pour les services directs
à la population. Si je suivais votre raisonnement et que, parce que cela
a eu un bon effet, tout de suite j'en faisais une autre, je vous dirai que,
dans le cas, par exemple, de la brochure sur le sida qui a été
distribuée et dont à la suite d'un sondage, 93 % des lecteurs ont
estimé qu'elle était bien faite, je devrais immédiatement,
cette année, faire une autre distribution. Je pense que nous avons
choisi de sensibiliser la population. Nous devons aussi considérer comme
au moins aussi important, je pense que vous en conviendrez, que les services
directs soient aussi donnés. C'est ce que nous avons
décidé de faire.
Mme Blackburn: La question est simple. C'était un
engagement de l'an passé; 1 200 000 $ pour une campagne de
sensibilisation qui était prévue en deux phases. C'était
simplement la question; ce n'est pas moi qui l'ai inventée, elle
était l'à.
Abordons donc une autre question, M. le Président, celle des
ressources alternatives en santé mentale. Avant d"aborder celle sur la
santé- mentale, on va terminer, quoique ce n'est jamais terminé,
le dossier sur la violence. Il y a un regroupement dans la
Montérégie qui s'appelle le SEM,-Sensibilisation à
l'enfance maltraitée, qui fait une action tout à fait remarquable
sur le terrain et qui, entre autres, assure la formation, en collaboration avec
le CLSC, des professeurs, des enseignants de niveau primaire, dans une approche
éducative à la violence. Il sert de
ressource aux parents lorsque l'enfant a été abusé
par un tiers. On se rappelle le cas de L'Acadie, entre autres, où il a
été particulièrement efficace. En la matière, on
estime que l'expertise, c'est vraiment le SEM qui l'a.
Au moment où s'est tenu le Sommet économique de la
Montérégie, il y avait un engagement formel, à savoir que
ce regroupement recevrait 75 000 $ par année. L'ex-ministre de la
Justice et député de Chambly lui avait accordé 25 000 $.
Lorsque le ministère a changé de titulaire, M. Marx est devenu
ministre de la Justice, il lui a accordé 5000 $. Tout le monde
prétend, comme la ministre l'a fait hier encore, que l'ex-ministre de la
Justice et député de D'Arcy McGee est très
préoccupé de violence. Or, plutôt que de donner l'argent
à l'éducation et à la formation de ressources pour lutter
contre la violence sur un grand territoire qui s'appelle la
Montérégie, plutôt que de donner 25 000 $ comme l'avait
fait son prédécesseur, il donne 5000 $. Ce genre de
décision nous paraissait discutable par rapport à ce groupe.
Actuellement, il rejoint 29 à 30 écoles secondaires, quelque 10
000 enfants. Le CLSC, je le rappelle, le considère comme étant la
ressource la plus précieuse sur cette question sur le territoire et
celle qui possède la plus grande expertise. Je demande à la
ministre: Est-ce que cet organisme est reconnu comme méritant une
subvention pour la prochaine année, 1989-1990?
Mme Lavoie-Roux: Ce que je puis répondre à Mme la
députée, c'est que l'engagement que mon ministère avait
pris au moment du sommet socio-économique était de verser, pour
un an, 25 000 $ à cet organisme. Le montant qui nous avait
été demandé, en 1987-1988, était de 30 000 $, il
lui a été accordé et nous l'avons renouvelé en
1988-1989. Il est maintenant entré, je pense, dans le processus
d'analyse des subventions aux organismes bénévoles. Il a refait
une demande pour cette année.
Mme Blackburn: À combien peuvent-ils s'attendre cette
année? Ils ont 5 000 $ qui leur viennent, je pense, du ministère
de l'Éducation et 35 000 $ de chez vous. Cela leur donne, au total, 40
000 $. Leur besoin estimé est de 100 000 $. Le sommet prétendait
qu'à moins de 75 000 $ ils ne pouvaient pas continuer à rendre
les services qu'ils offrent actuellement. Est-ce que cette année il y
aura un réajustement correspondant aux besoins?
Mme Lavoie-Roux: II y a là une affirmation que je voudrais
bien lire, à savoir qu'ils ne pouvaient pas fonctionner à moins
de 75 000 $. Vous nous dites ça.
Mme Blackburn: C'est le Sommet économique de la
Montérégie qui a prétendu ça et qui en a fait une
de ses priorités.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ils ont demandé 75 000 $ pour
démarrer. C'est ça qu'ils ont demandé. À tout
événement, je pense que, dans le cadre de ce type d'organisme, le
montant que nous leur accordons est, quand même, important par rapport
à ce que d'autres organismes de même nature reçoivent.
Alors, nous allons voir. Cette année, il n'est pas prévu de leur
donner 75 000 $. Et, d'ailleurs, on n'a jamais eu, je pense, de demande qui
nous a été adressée pour 75 000 $, parce que ce n'est pas
nous qui avons accepté 75 000 $. Nous avons accepté de faire
notre part qui était un montant de 30 000 $ à ce
moment-là.
Mme Blackburn: Est-ce que vous prévoyez, oui ou non,
augmenter leur subvention cette année?
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas vous le dire à ce
moment-ci.
Santé mentale
Mme Blackburn: Bien. Ressources en santé mentale. Les
ressources en santé mentale, dans certains cas, vivotent alors que la
non-institutionnalisation - pour parler comme la ministre et ne plus parler de
désinstitutionnalisation - amène de plus en plus de personnes
dans ces ressources-là.
Cette année, il y a des ressources dans ma région qui ont
éprouvé des difficultés et qui ont réussi à
survivre grâce à des subventions qui leur ont été
accordées à même la Fondation de l'Institut Roland-Saucier.
Quand j'ai posé la question à la ministre, elle m'a dit: Cela va
être réparti par les régies régionales. Est-ce
à dire que, pour le financement de ces ressources alternatives, il y
aura comme dans le cas des autres ressources, des règles de financement
nationales, quitte à ce que leur reconnaissance soit faite par le
milieu, par le biais des régies régionales?
Mme Lavoie-Roux: On sait que le financement des organismes
communautaires en santé mentale est assumé par différentes
sources. Pas pour tous les organismes, mais pour certains d'entre eux, le SOC
accorde une partie de leur financement par des subventions. Une autre partie
leur est accordée par leur conseil régional respectif et le
ministère leur en accorde également. Alors, pour une
dernière année, nous continuerons d'accorder une subvention
à ceux qui étaient financés à même notre
service de subventions aux organismes bénévoles, le programme 2,
mais ce sera la dernière année parce qu'à partir de ce
moment-là tout sera pris en charge par les conseils régionaux ou
les régies si elles existent à ce moment-là.
Mme Blackburn: C'est donc dire qu'il...
Mme Lavoie-Roux: Dans la décentralisation qui était
prévue pour la santé mentale.
Mme Blackburn: ...n'y aura pas de politique nationale quant au
financement de ces organismes-là - je ne parle pas de la reconnaissance,
mais du financement - comme on le fait pour les maisons de jeunes et les
maisons d'hébergement pour les personnes itinérantes.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il y a une politique sur la
santé mentale, madame, qui remet aux conseils...
Mme Blackburn: Je parle d'une politique nationale de
financement.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Mme Blackburn: Cela veut donc dire que le niveau de financement
qu'ils recevront sera extrêmement variable sur le territoire. Je ne parle
pas de la reconnaissance. Je suis d'accord avec vous pour dire que, dans la
mesure du possible, les régions sont plus qualifiées pour le
faire. Je ne parle pas de la reconnaissance. Je parle du niveau de financement
pour services comparables rendus. Ce que vous disiez tout à l'heure,
soit qu'on ne peut pas laisser ça à toutes les régions
parce que la disparité créerait des problèmes est-ce que
ce n'est pas aussi vrai dans ce cas? (10 h 45)
Mme Lavoie-Roux: II faut bien comprendre que, dans le cas des
organismes communautaires en santé mentale, vous avez une telle
diversité d'organismes que les initiatives sont parfois très
différentes. Il y a une diversité d'approches. C'est plus simple,
par exemple, pour les maisons d'hébergement, où les actions sont
plus faciles à délimiter, de le prévoir, d'autant plus que
ce service pour les maisons d'hébergement s'est développé
à partir de Québec depuis un certain nombre d'années alors
que les initiatives en santé mentale sont plus récentes. Comme je
le disais tout à l'heure, il y a une telle diversité que cela ne
nous apparaît pas approprié de statuer, à Québec sur
le niveau de financement compte tenu même de la diversité à
l'intérieur d'une région et à plus forte raison si on la
multiplie par le nombre de régions. C'est beaucoup plus difficile de
définir un cadre de financement.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y aura une augmentation de
l'enveloppe consacrée à ce financement?
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a une augmentation du financement
prévue?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Blackburn: De quel ordre?
Mme Lavoie-Roux: II y a une augmentation de 3 000 000 $ en
1989-1990.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y aura reconnaissance de nouveaux
regroupements? Je pense, en particulier, à celui que je connais bien qui
est le Nouvel essor, à Chicoutimi, qui fonctionne depuis trois ans sans
aucun financement qui lui vienne du ministère ou du CRSSS.
Mme Lavoie-Roux: II n'y aura pas de reconnaissance de nouveaux
organismes à Québec au programme 2.
Mme Blackburn: À Québec, mais à
Chicoutimi?
Mme Lavoie-Roux: À Chicoutimi, la région pourra
déterminer ce qu'elle veut faire avec l'argent.
Mme Blackburn: Cela veut donc dire que la reconnaissance de
nouveaux organismes va se faire par la région. Est-ce qu'ils vont
simplement répartir l'insuffisance de l'enveloppe ou s'ils auront...
Vous me dites qu'ils vont avoir un supplément de 3 000 000 $
répartis dans les régions. C'est comme ça que cela va se
poser. Est-ce qu'ils vont se retrouver dans l'obligation d'en couper un peu
plus dans les trois qui existent?
Mme Lavoie-Roux: Si on donne 3 000 000 $, j'espère qu'ils
vont aller quelque part et qu'ils ne resteront pas dans les poches de
quelqu'un, que cela pourra être réparti. On a confié aux
régions la responsabilité de voir à l'organisation des
services en santé mentale, de voir à la coordination entre les
efforts qui seront faits par le réseau et les efforts des organismes
communautaires. Déjà, pour les organismes communautaires cette
année, on prévoit un montant de 3 000 000 $ qui est ajouté
aux régies. Il ne faut pas oublier que pour les organismes
communautaires en santé mentale, c'est tout de même un montant
relativement important qui est donné. En tout, c'est 10 600 000 $. Je
pense qu'il faut...
Mme Blackburn: 10 600 000 $ pour tous les organismes
communautaires en santé mentale.
Mme Lavoie-Roux: En santé mentale.
Mme Blackburn: Ces 10 000 000 $ comprennent les 3 000 000 $ dont
vous venez de nous parler?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Mme Blackburn: Cela veut dire que cette
année, c'est 13 600 000 $ pour les organismes en santé
mentale qui seront répartis par les régies.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Les 13 000 000 $, ils ne restent pas au
ministère parce qu'au ministère ce n'est pas très
utile.
Mme Blackburn: Non ce n'était pas cela l'objet de ma
question.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que cela pourrait être
utile, remarquez bien à l'Assemblée nationale des fois.
Mme Blackburn: Crédits périmés sur les 8 000
000 $ l'an passé?
Mme Lavoie-Roux: 3 000 000 $.
Mme Blackburn: 3 000 000 $ de crédits
périmés. Comment peut-on nous expliquer qu'on en a
périmé?
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai expliqué qu'on n'a pas pu
mettre... D'abord, la politique n'était pas arrivée. Le retard de
la publication de la politique a fait qu'on n'a pas pu développer les
plans régionaux tels que prévus. Il y a eu un crédit
périmé de 3 449 000 $. Je vous ferai remarquer, et
j'espère que vous pourrez aussi le remarquer, que les efforts qui ont
été faits du côté du développement des
organismes bénévoles sont considérables depuis trois ans
parce que dans différents secteurs les montants ajoutés ont
été importants. C'est du simple au double.
Mme Blackburn: La ministre connaît les besoins qui
croissent de façon exponentielle, elle le sait. C'est comme essayer de
ne pas considérer le vieillissement de la population quand on ne
considère pas vraiment ces besoins qui vont croître constamment
pour un tas de raisons qu'elle connaît aussi bien que moi. C'est bien
évident qu'on peut dire qu'on en a fait plus, mais de là à
dire qu'on en a fait assez, c'est autre chose. C'est terminé. Alors,
CSS, programme...
Le Président (M. Bélanger): Programme 4. Mme
Blackburn: Programme 4. Le Président (M. Bélanger):
Oui. Mme Blackburn: Comment peut-on nous...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît, Mme la députée de Chicoutimi. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Laporle: Je voulais vous laisser terminer.
Concernant les organismes communautaires, je voudrais que vous me
permettiez d'intervenir.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, allez-y vous
avez votre droit de parole.
M. Laporte: Merci, M. le Président. Mme la ministre...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le député de Sainte-Marie.
M. Laporte: Merci. Mme la ministre, on a pu prendre connaissance
hier - je n'en avais pas eu l'occasion jusqu'à maintenant - de votre
document sur les nouvelles orientations du ministère. On y retrouve
effectivement passablement de matière à discussion. En tout cas,
je pense que c'est un événement, surtout qu'on attendait depuis
plusieurs années un document sur les orientations.
Là, on parle des organismes communautaires. On sait que les CLSC
travaillent en étroite collaboration avec ces organismes. Les organismes
communautaires me disent toujours - parce qu'ils sont un peu jaloux de leur
juridiction - que ce sont les CLSC qui travaillent avec eux dans plusieurs
domaines, à cause de leur implication et particulièrement parce
que ces organismes communautaires regroupent des gens qui habitent bien souvent
le milieu et qui ont développé des formes d'aide, mais surtout
d'expertise avec le temps.
Dans mon secteur, j'ai pu identifier quatre types de
problématiques assez sérieuses où plusieurs organismes
sont impliqués. Je vais vous les énumérer. Il y a la
violence chez les jeunes; on a pu voir un peu ce qui s'est produit
dernièrement à la fois dans le métro, dans les autobus; en
tout cas, pour vous situer géographi-quement, ces
événements se sont produits dans mon coin. On me parle
continuellement de toute la problématique des personnes atteintes du
sida; pour en avoir fait le tour depuis août dernier, je pense que c'est
une autre problématique à laquelle il faut s'attarder et sur
laquelle vous vous êtes penchée sérieusement. La
troisième, c'est le phénomène de l'itinérance, et
je le relie un peu aux groupes communautaires qui se sont
développés et aux maisons de chambre, dans le sens où il y
a des organismes actuellement subventionnés par le ministère, qui
visent à aider les itinérants en faisant un peu l'administration
des chambres où ces itinérants font affaire, et font le suivi un
peu comme des travailleurs de rue. Je pense, entre autres, à la Villa
express pour toi qui est coordonnée par le centre d'accueil
Préfontaine qui est aussi dans le secteur et à qui vous avez
donné votre autorisation sur un autre point dont on n'a pas parlé
tantôt pour développer des lits pour les femmes itinérantes
qui ont des problèmes d'alcool et de toxicomanie. Il y a une
quatrième problématique dans notre secteur, dont beaucoup de gens
me parlent de plus en plus. À un certain moment, un petit sondage avait
été fait et on demandait: Est-ce que vous avez des
problèmes d'environné-
ment dans votre secteur? On s'attendait que les gens nous parlent de
Saint-Basile-le-Grand ou de phénomènes comme celui-là,
mais ce n'est pas tout à fait ça. On nous parie beaucoup de la
prostitution et de la prostitution juvénile, au parc Lafontaine, entre
autres, et aussi dans le secteur de Radio-Canada, pour vous situer
géographiquement, où des interventions policières ont
été faites, mais cela n'a fait que déplacer le
problème.
On pourrait sûrement parier de tous les autres
phénomènes, parce que vous avez un peu entrouvert la porte en
disant que le ministère pourra, par région, déterminer
quelles seront les priorités à donner. Je tenais à
apporter ces quatre éléments-là pour vous dire que c'est
intéressant, cette formule qui fera en sorte que non seulement les
régies, mais aussi le ministère puissent, par le biais de
l'implication de 25 % des organismes communautaires dans les conseils
d'administration, être un peu plus près des gens. On verra comment
cela - excusez mon expression anglophone - va se "dealer", ne serait-ce
qu'à l'intérieur des organismes communautaires pour se retrouver
là. Je pense que, là aussi, il y aura une certaine
maturité à atteindre et une certaine forme de
représentation à obtenir pour que les revendications, ne
serait-ce que de ces quatre points-là, puissent être...
Reconnaissance et financement
Je parie comme ça pour discuter à la fois de votre
document et vous dire qu'il ouvre la discussion, mais de façon positive,
à la problématique de ces quatre cas-là, mais aussi pour
dire que près de 150 organismes communautaires me font part, depuis deux
semaines, de toute cette attente qu'ils ont actuellement face à ce qui
va arriver pour 1989-1990. Est-ce qu'ils seront reconnus, quel montant
recevront-ils?
Je sais que vous avez dit, hier: Étudions un peu ce programme
pour qu'on puisse l'adopter et, par la suite, passer aux différents
budgets. Mais c'est une question qui a été passablement
posée dans mon coin: Est-ce que le ministère va nous donner,
à tout le moins, une indication de ce qui va arriver à nos
subventions cette année?
L'autre question qui est posée, concerne la reconnaissance et le
financement triennal. On entend parier beaucoup de ça.
L'été dernier, au parc Lafontaine, il y avait un grand
rassemblement où on a discuté pendant toute la fin de semaine de
ça. Je parie de la reconnaissance du travail qu'ils font, et surtout de
l'alourdissement qu'ils retrouvent en recommençant continuellement la
procédure administrative qui est lourde et qui draine beaucoup
d'énergie. À la fois ils ne savent pas s'ils vont avoir des
subventions à tous les ans, mais aussi il y a l'autre
phénomène qui fait qu'ils ont beaucoup de paperasse à
remplir. C'était, pour l'essentiel, à tout le moins,
l'intervention que je voulais faire, principalement sur ces deux questions plus
ponctuelles, mais qui se recoupent un peu: l'une, la réponse du
ministère par rapport aux programmes; l'autre qui est un peu dans le
cadre du financement et de la reconnaissance.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, en ce qui a trait à leur
financement pour l'année qui vient, comme je l'ai expliqué, comme
il n'y a pas déplacement, cette année, vers les régions,
de toute façon, sauf pour les organismes qui sont déjà
décentralisés, comme en santé mentale, en maintien
à domicile et peut-être en déficience intellectuelle - mais
là je ne suis pas certaine - ce sera la progression habituelle qu'on va
pouvoir obtenir et qui sera confirmée de façon définitive
au moment du budget. C'était pour répondre à la
première question.
Pour répondre a la deuxième question, il est
évident que désormais - il faudrait que je le retrouve dans le
mémoire - ils seront financés sur une base triennale - ils
pourront planifier sur une base triennale, ce qu'ils demandent depuis un bon
nombre d'années. Quant à vos autres remarques, M. le
député, c'est évident que cette concertation pour la
répartition des sommes à l'intérieur des régions va
certainement demander de la maturité. Je pense qu'ensemble les gens
pourront mieux fixer ce qu'ils considèrent être leurs
priorités plutôt que de laisser se créer beaucoup
d'organismes dont certains se chevauchent.
Vous avez parlé tout à l'heure d'un certain ombrage qui
règne parfois entre les organismes communautaires et les CLSC, mais il y
en a aussi entre les organismes communautaires. Je pense que c'est important
qu'ils essaient de se concerter davantage. Comme les montants ne sont pas
énormes, y a-t-il une certaine perte? Je ne le sais pas. Enfin, elle
serait relativement petite. Mais je pense qu'il peut y en avoir. Je pense que
ceci va se faire en fonction aussi des clientèles précises. En
tout cas, ce qu'on souhaite, c'est qu'on puisse mieux servir la population
parce qu'eux aussi existent en fonction de la population.
M. Laporte: Vendredi dernier, j'avais une rencontre au niveau de
l'organisme qui s'appelle Sésame, que vous connaissez aussi très
bien. Il y a deux éléments à ma question; vous avez
répondu en partie à l'un, hier, mais l'autre concernait un peu
les éléments - comment pourrais-je dire ça? - de
publicité ou, à tout le moins, l'action que le gouvernement a
engagée dans le domaine de la publicité en général.
Ils aimeraient sûrement pouvoir être partie intégrante ou
partie consultative à l'intérieur de cela. C'est sur le
financement que vous avez répondu, hier, en partie, mais l'autre point:
comme organisme un peu spécialisé auprès des personnes
atteintes du sida, il faudrait voir à ce qu'il puissent être
partie intégrante, en tout cas pour l'avenir, à ce qui pourrait
se produire, un peu comme vous l'avez dit, sur le plan publicitaire ou
autre chose.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est un bon point. Je vais vous
répondre sur le financement. Dans la deuxième partie, je
demanderai peut-être à Mme la sous-ministre de vous
répondre. Je sais que la publicité ou la sensibilisation a
été faite en collaboration avec les départements de
santé communautaire. Est-ce qu'ils y ont été
associés ou est-ce qu'ils devraient être associés? En tout
cas, moi personnellement, je n'y vois pas d'objection, mais je vais la laisser
répondre. (11 heures)
Dans le cas du financement, la question a été
soulevée par le député de Saint-Jacques, hier. On a
vérifié pour moi depuis hier soir. On parlait possiblement d'une
coupure de quatre postes. Pour le moment, la réponse que j'ai eue est
qu'il n'y a pas eu de postes coupés. Mais nous versions 100 000 $ et le
fédéral versait 150 000 $. À ce moment-ci, il n'y a pas eu
de réponse du fédéral quant au renouvellement. Si vous la
voulez, vous pourrez peut-être transmettre l'information au
député de Saint-Jacques. Ils n'ont pas eu de confirmation quant
au renouvellement de cette subvention qui venait du fédéral. Je
ne veux pas affirmer qu'ils ne l'auront pas, je ne le sais pas. Mais ceci doit
probablement les mettre dans une situation d'incertitude ou
d'inquiétude.
Pour l'autre partie, sur la question de la participation d'organismes,
elle va juste ajouter...
Le Président (M. Bélanger): Mme Laberge.
Mme Laberge (Denise): II y a déjà un
mécanisme de concertation en marche avec le conseil régional de
Montréal pour que tous les intervenants dans le secteur soient
impliqués d'une façon ou d'une autre dans les différents
projets qui seront mis de l'avant.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, M. le député de Sainte-Marie, il y a eu une entente
entre les leaders et le chef de l'Opposition pour permettre à ce dernier
d'intervenir à ce stade-ci dans l'un des dossiers qui lui tiennent
beaucoup à coeur, vous en conviendrez avec moi et ceux qui
étaient ici se le rappelleront. Si vous le voulez, on va permettre
à M. le chef de l'Opposition de poser ses questions et on reviendra
ensuite à l'étude du programme 2 sur les organismes
bénévoles. M. le député de Joliette.
Transport ambulancier
M. Chevrette: Tout d'abord, je vous remercie de m'accorder cette
permission. J'avais demandé une heure, je vais essayer de le faire dans
une demi-heure. J'ai même prévenu le chef de cabinet de Mme la
ministre, pour qu'on puisse avoir des informations sur des chiffres en
particulier. Il y a également quelques questions sur le fonctionnement.
Dans le secteur ambulancier, bien sûr, on sait que cela a
créé quelques remous. Mme la ministre, vous n'étiez pas
titulaire de ce dossier à l'époque; c'était le
député de Beauce-Sud. Cette loi est adoptée. Tout d'abord,
je voudrais savoir à combien le ministère évalue le
coût global de cette réforme.
Mme Lavoie-Roux: 54 300 000 $.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous donner des
détails, s'il vous plaît?
Mme Lavoie-Roux: Pour la stabilisation de l'emploi, 16 000 000
$.
M. Chevrette: La stabilisation. Est-ce que vous pariez des cours
de perfectionnement?
Mme Lavoie-Roux: Non. La formation, cela vient plus tard.
M. Chevrette: Vous pariez des salaires. D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est tellement varié. Pour le
financement des équipements et la rémunération des
entreprises en province, 17 100 000 $; pour le financement des
équipements, la rémunération et l'indemnisation des
entreprises à Montréal, 7 200 000 $; pour l'indexation des
salaires et les conventions collectives des techniciens ambulanciers, 7 000 000
$; pour la formation des techniciens ambulanciers, le développement des
centrales de coordination et les gestions régionales du dossier, 7 000
000 $, pour un total de 54 300 000 $.
M. Chevrette: Comment ces 54 000 000 $ sont-ils
financés?
Mme Lavoie-Roux: Ils sont financés par la RAAQ...
M. Chevrette: Combien?
Mme Lavoie-Roux: ...pour un montant de 35 900 000 $...
M. Chevrette: Est-il... Je vais attendre. Continuez.
Mme Lavoie-Roux: ...et par l'aide sociale pour un montant de 45
000 000 $, ce qui veut dire 81 000 000 $, d'où une réduction au
budget du ministère de la Santé et des Services sociaux de 24 400
000 $, qui laisse un total - là, vous allez être perdu - de 56 600
000 $. Il faut dire qu'il y avait une indexation des coûts
antérieurs, dont je n'ai pas parlé, qui était de 2 300 000
$.
M. Chevrette: La CSST n'est pas impliquée
dans le financement?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Chevrette: Donc, c'est seulement la RAAQ et l'aide
sociale.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Chevrette: À la RAAQ, est-ce que vous pourriez me dire
comment cela va marcher pour vous payer?
Mme Lavoie-Roux: II y a encore, me dit-on, des discussions qui
sont en cours avec la RAAQ pour essayer d'établir... Les
mécanismes pour le remboursement sont-ils établis? Ils ne sont
pas encore établis. Mais, également, on se penche sur la
possibilité d'essayer de diminuer les coûts de facturation. Je
pense que je vais demander...
M. Chevrette: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: ...au sous-ministre...
M. Chevrette: Je sais que ça peut être
technique.
Mme Lavoie-Roux: ...M. Groleau, de répondre parce que
c'est très technique.
M. Chevrette: Ce n'est pas une colle, là. Mme
Lavoie-Roux: Non, non.
M. Chevrette: Je ne cherche à bourrer personne, je veux
savoir la vérité, de votre point de vue, à vous.
Mme Lavoie-Roux: Je vous la donne telle que je l'ai là.
Peut-être que M. Groleau pourrait ajouter quelque chose sur d'autres
questions que vous poserez ou encore M. Langlois.
M. Chevrette: Ah, pour moi, n'importe quel, c'est la
vérité que je veux.
Une voix: Oui?
M. Chevrette: Donc, comment allez-vous chercher ça,
monsieur, 35 000 000 $?
M. Groleau (Lorain): C'est basé sur une base de 25 000
transports urgents à la RAAQ.
M. Chevrette: Vous avez 25 000 accidentés de la
RAAQ...
M. Groleau: Oui.
M. Chevrette: ...qui normalement payaient 70 $...
M. Groleau: Qui ne payaient pas.
M. Chevrette: ...pour être transportés.
M. Groleau: Chaque individu ne payait pas, la RAAQ payait.
M. Chevrette: La RAAQ payait 70 $ au transporteur pour chacun de
ces 25 000 accidentés.
M. Groleau: Exact.
M. Chevrette: Cela va passer à combien...
M. Groleau: À 1500 $.
M. Chevrette: ...avec le financement? Pardon?
M. Groleau: A 1500 $.
Mme Lavoie-Roux: À 1430,30 $.
Une voix: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: À 1430 $.
M. Chevrette: Cela veut dire...
M. Groleau: Plus 70 $.
M. Chevrette: ...si je vous suis bien, que la RAAQ, qui va aller
faire ramasser un de ces accidentés de la route, va payer 70 $ à
un transporteur ambulancier et elle va vous envoyer un chèque de 1430 $,
la différence...
M. Groleau: Oui.
M. Chevrette: ...pour financer cette réforme. C'est
ça que vous dites? C'est donc dire que les usagers de la RAAQ, les
payeurs à la RAAQ, voient à chaque transport ambulancier, 1430 $
de leurs cotisations partir en sus du coût normal et du coût
réel du transport ambulancier; ces usagers ont donc 1430 $, à
chaque voyage, qui leur sont enlevés...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Chevrette: ...à eux et à la RAAQ pour payer la
réforme ambulancière. Est-ce que c'est bien ça?
Mme Lavoie-Roux: Bien, il faut faire bien attention.
M. Chevrette: Est-ce que j'interprète bien?
Mme Lavoie-Roux: Vous pourriez l'interpréter comme
ça, à la condition qu'on dise que le montant de 70 $ par
transport était le coût réel, ce qui n'est pas le cas.
M. Chevrette: Non, mais le coût approxima-
tif, en tout cas.
Mme Lavoie-Roux: Ah non, non! C'est nous, d'ailleurs...
C'était 70 $, le chiffre...
M. Chevrette: Non, mais le gars qui se fait frapper sur la rue
Bernard, à Juliette, il est sur le coin de l'hôpital, ça ne
doit pas coûter 1430 $ de différence pour l'envoyer à
l'hôpital.
M. Groleau: Maintenir un système qui est en
disponibilité constante, au cas où, cela coûte vraiment des
prix comme ceux-là.
M. Chevrette: Oui.
M. Groleau: Un système d'appel, un système...
M. Chevrette: C'est M. Rouleau? M. Groleau: ...d'urgence.
Une voix: Groleau. M. Chevrette: M. Groleau. M. Groleau:
Oui.
M. Chevrette: M. Groleau, ce système, c'est un
système pour l'ensemble des Québécois.
M. Groleau: Oui, monsieur.
M. Chevrette: C'est un système qui est bon pour les
accidentés du travail, pour les travailleurs en forêt, pour les
jeunes qui s'amusent sur une plage dans les colonies de vacances, pour toute
activité qui se passe au Québec, pour les feux, pour les
inondations, pour quelqu'un qui est pris d'une crise cardiaque chez lui, pour
quelqu'un qui n'est pas capable d'aller passer un "scanner" à
Montréal et qui a besoin d'être transporté. C'est un
système dont la majorité des Québécois - je veux
bien me faire comprendre - bénéficie et non pas exclusivement les
payeurs de permis de conduire. On se comprend bien!
M. Groleau: Oui.
M. Chevrette: Qu'est-ce qui justifie cette décision de
faire payer aux usagers de la route un système qui touche l'ensemble des
Québécois? Quelles sont les motivations à la base d'une
telle décision?
M. Groleau: Si vous me le permettez... M. Chevrette: Oui,
oui.
M. Groleau: ...d'abord, une partie seulement de la tarification
nouvelle qui est applicable à la
RAAQ, l'autre partie, si vous voulez, est applicable par le gouvernement
avec l'aide sociale.
M. Chevrette: Oui, mais 35 000 000 $ sur 54 000 000 $, si ma
mémoire est fidèle, ça fait quelque chose comme tout
près de 66 % de la réforme qui sont payés par la RAAQ.
Mme Lavoie-Roux: C'est 35 000 000 $ versus 45 000 000 $ pour
l'aide sociale.
M. Chevrette: Oui, mais c'est parce que vous avez enlevé
une partie que le ministère assumait antérieurement, madame.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est ça. M. Chevrette: Mais
dans les faits...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est parce que là, ça
ne fait...
M. Chevrette: ...l'aide sociale, je comprends, est
répartie sur l'ensemble du budget, d'accord. Cela fait une large portion
payée par la RAAQ. Comment conciliez-vous ça, M. Groleau ou M.
Cantin ou M. Langlois, avec l'article 45 de la Loi sur la RAAQ qui dit que la
RAAQ doit indemniser l'individu?
M. Groleau: II y a une autre disposition qui prévoit que
l'individu peut convenir et la RAAQ doit payer... Pas par procuration. Mais il
y a un autre article qui mentionne ça. Ce sont des discussions
techniques qu'il reste à finir avec la RAAQ. C'est pour ça que je
ne peux pas répondre à toutes vos questions sur cet
élément-là.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez en main une résolution
du conseil d'administration de la RAAQ par laquelle elle accepte de payer?
M. Groleau: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que le conseil d'administration de la RAAQ a
été consulté?
M. Groleau: Je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé au
conseil de la RAAQ.
M. Chevrette: Non, mais vous devez en avoir une bonne
idée, M. Groleau. Vous êtes sous-ministre, vous ne me ferez pas
accroire que vous n'en avez pas une bonne idée. Vous pouvez faire
accroire ça à du monde, mais pas à moi. Est-ce qu'il a
été consulté?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que...
M. Groleau: Le président de la RAAQ a été
consulté. Mais je ne sais pas si le conseil a été
consulté.
M. Chevrette: Vous ne savez pas si le conseil...
M. Groleau: Je peux dire qu'on a eu des discussions avec le
président de la RAAQ. Avec le conseil...
M. Chevrette: Est-ce que le conseil d'administration a
été consulte avant ou après l'adoption du
décret?
M. Groleau: II a été consulté longtemps
avant.
M. Chevrette: Le conseil d'administration?
M. Groleau: Non.
Mme Lavoie-Roux: Le président.
M. Groleau: Le président. Je ne peux pas vous le dire pour
le conseil.
M. Chevrette: D'accord. Donc, vous ignorez si le conseil a
été consulté. Vous ignorez nécessairement s'il a
été consulté avant ou après, si vous ignorez s'il a
été consulté. Je vous comprends. Est-ce que vous pourriez
nous faire parvenir copie de la résolution dans les meilleurs
délais? Si elle existe, on pourrait l'avoir cet après-midi. En
même temps, pourriez-vous m'envoyer la résolution du conseil
d'administration adoptée après qu'il eut pris connaissance de la
décision? On pourrait faire d'une pierre deux coups.
Mme Lavoie-Roux: Demandez ça au...
M. Chevrette: Non, je pense que le sous-ministre comprend ce que
je veux dire.
M. Groleau: Oui, oui, pas de problème.
M. Chevrette: C'est bien. Cela me fera deux
résolutions.
Le Président (M. Bélanger): Pourriez-vous reprendre
la formulation de votre demande pour qu'on la prenne en note?
M. Chevrette: Oui. Je vais la reprendre. Je sais que M. Cantin a
compris. Je voudrais avoir copie de la résolution qui assure le paiement
de 35 000 000 $, mais je voudrais avoir aussi la résolution du conseil
d'administration de la RAAÛ adoptée au moment où il a pris
connaissance de la décision qu'il devait payer. Je pense que c'est
très clair. Mme la ministre comprend aussi.
Est-ce que les tarifs pour les autres agents payeurs dans le
système demeurent toujours les mêmes à 70$?
M. Groleau: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que c'est le coût réel pour les
autres? C'est parce que, selon votre argumentation, ce n'était pas
valable tantôt pour la Régie de l'assurance automobile, à
70 $; est-ce que c'est le prix réel pour les autres?
M. Groleau: Le coût d'un transport urgent est
estimé, sur la base d'un modèle, à 1515 $.
M. Chevrette: Pour le modèle permanent? M. Groleau:
Oui.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas ça ma question. Vous avez
dit que 70 $ n'étaient pas le coût réel?
M. Groleau: Oui.
M. Chevrette: D'accord. Si ce n'est pas le coût réel
pour la RAAQ, est-ce que 70 $, c'est le coût réel pour le
transport d'un accidenté du travail, d'un malade qui fait une crise
cardiaque?
M. Groleau: Selon les modèles qu'on peut faire, on
évalue qu'un transport urgent coûte 1515 $; je pense que c'est le
dernier modèle. (11 il 15)
M. Chevrette: Vous parlez du modèle national pour assurer
une permanence, une distribution équitable et un service constant; j'ai
compris que ça valait 1500 $. Je ne suis pas vite, mais je comprends
ça. Mais je reviens au coût réel d'un transport. À
supposer qu'il n'y ait pas de modèle national qui assure une permanence,
vous avez fixé arbitrairement à 70 $ un transport ambulancier,
hors un modèle national, permanent et constant. D'accord? Vous disiez
que les 70 $ ne correspondaient pas nécessairement au prix réel
en ce qui regarde la RAAQ, tantôt. Est-ce que les 70 $ correspondent au
prix réel pour la CSST et pour les autres structures? C'est ça,
ma question. Oui, allez-y!
M. Langlois (Louis-Philippe): La CSST ne paie pas les transports
primaires. Ils sont à la charge de l'employeur.
M. Chevrette: D'accord. Mais c'est 70 $? M. Langlois:
Oui.
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire qu'un employeur
qui profiterait d'un transport qui vaudrait 300 $ paierait seulement 70 $?
Oui?
M. Langlois: C'est cela.
M. Chevrette: Et pour un accidenté de la route qui serait
à une minute de l'hôpital et qui serait transporté en
ambulance, la RAAQ va payer 1500 $?
M. Langlois: Pour un accident de la route,
exact.
M. Chevrette: C'est cela que vous êtes en train de me
dire?
M. Langlois: C'est exact.
M. Chevrette: Je vais vous répéter la question que
je vous posais tantôt. Où est ia logique et où est le
rationnel d'une telle décision? C'est important de connaître le
rationnel qui a amené un gouvernement à dire: Les usagers de la
route vont payer le gros prix pour une réforme, alors que les usagers de
la route qui payent déjà une forte somme, pourraient voir leurs
cotisations baisser ou gelées par exemple, s'il y a des surplus, alors
que c'est utilisé dans le cas présent pour surcharger davantage
les usagers de la route. Ce ne sont pas tous des gars paquetés,
là. Ce sont des gens qui peuvent être très prudents qui
conduisent. Où est la logique et où est le rationnel de vouloir
aller exclusivement sur un groupe, d'autant plus que c'est sur ce même
groupe, si ma mémoire est fidèle, que le gouvernement a fait une
ponction de combien de millions de dollars? Dans le dernier budget, il y a eu
une ponction, cela a même pris un projet de loi pour aller chercher -les
députés vont se le rappeler - un fort montant à la RAAQ
pour le capitaliser au fonds général. Vous nous arrivez ici,
à l'étude des crédits, en ce qui a trait à la
réforme, avec un autre montant qui s'ajoute, cette fois-ci, mais qui
devient récurrent à raison de 1500 $ le voyage. Quelle est la
logique et le rationnel? Je répète ma question: Si c'est un
système constant, permanent, équitable dans tout le
Québec, pourquoi n'est-ce pas assumé par le fonds
général plutôt que d'être assumé par un fonds
particulier qui représente un groupe de citoyens québécois
qui se sont donné, à toutes fins utiles, un plan d'assurance
collective? L'assurance automobile, ça devient un plan d'assurance
collective. Je ne comprends pas la logique et le rationnel.
M. Groleau: Je pense que c'est une décision de principe
visant à répartir les coûts entre les différents
bénéficiaires déjà couverts par un autre programme
d'assurance publique, en quelque sorte.
M. Chevrette: C'est une réponse, mais ce n'est pas une
justification. Vous m'avez bel et bien dit que c'était un système
pour tout le monde et qui venait en aide à tout le monde, pas seulement
à un automobiliste. C'est un système de transport qui coûte
quelque 1500 $, que vous avez dit, pour l'ensemble des citoyens
québécois. Ce ne serait pas plutôt parce que vous
réussissez de cette façon à ne pas l'inclure dans les
crédits du ministère, ce qui vous avantage pour l'occasion?
M. Groleau: On a réindus 45 000 000 $ au total au budget
de l'aide sociale, si vous voulez.
M. Chevrette: Mais les 54 000 000 $ ne figurent pas à
votre budget, ils ne figurent nulle part au ministère de la Santé
et des Services sociaux. C'est 35 000 000 $ à la RAAQ et 45 000 000 $
à l'aide sociale.
M. Groleau: C'est cela. M. Chevrette: Est-ce cela? M.
Groleau: Oui.
M. Chevrette: D'accord. J'ai bien compris. M. le ministre Dutil,
à l'époque, avait dit que la réforme s'autofinancerait.
Est-ce que vous pouvez, aujourd'hui confirmer que la réforme
s'autofinance?
M. Groleau: On pourrait dire qu'avec une tarification qui
rapporte 81 000 000 $ contre un coût de 54 000 000 $ elle
s'autofinance.
M. Chevrette: Là, par exemple, je vous avoue que, comme
sous-ministre, j'aurais un point d'interrogation avant de vous engager.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je vais vous expliquer que... Vous irez demander
aux gars et aux femmes qui ont des permis de conduire au Québec s'ils ne
font pas les frais de l'autofinancement. Ceux qui auraient peut-être
besoin d'avoir une tarification augmentée sur la sécurité
du revenu se font gruger 45 000 000 $ à l'aide sociale. Votre expression
d'autofinancement, M. Groleau, ne l'utilisez surtout pas devant des groupes.
Vous pouvez l'utiliser ici et souhaiter que ça ne sorte pas.
Mme Lavoie-Roux: II reste que les accidentés de la route
qui constituaient...
M. Chevrette: Je pense que c'est 3 000 000 ou 3 400 000
personnes.
Mme Lavoie-Roux: Plus encore...
M. Chevrette: Les permis de conduire, c'est à peu
près ça.
Mme Lavoie-Roux: En fait, même le nombre d'accidents qui
avaient été identifiés, à partir de la
réforme...
M. Chevrette: C'est 25 000 transports, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça, 25 000. Oui, on l'a.
M. Chevrette: Combien y en a-t-il à Montréal? 400
000 transports sur l'île de Montréal?
Une voix: 200 000. Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: C'est une "pinotte", madame, ce que vous êtes
en train de m'expliquer.
M. Groleau: II y a 400 000 transports au total pour la
province.
M. Chevrette: Ce n'est même pas un douzième.
Excusez-moi, 30 secondes. On ne s'entend plus parler. Le nombre de transports
à la suite d'accidents d'automobiles est d'environ 25 000 juste à
Montréal sur 400 000, pour le Québec. C'est un douzième.
La RAAQ paie un douzième du nombre de transports qui se font par
ambulance au Québec, un douzième et vous lui demandez d'en
assumer presque les deux tiers, 50 %, en chiffres ronds.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voulais pas entrer dans une discussion de
chiffres parce que...
M. Chevrette: Non, non, mais c'est drôlement important.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, ce n'est pas ce que je voulais dire.
Vous dites qu'on fait porter à l'ensemble des détenteurs d'un
permis de conduire ou qui se retrouvent dans une automobile - ce n'est pas
toujours le conducteur qui est blessé - une charge importante. C'est
vrai, mais il faut bien dire aussi qu'ils ne payaient pas avant; ensuite, ils
ont quand même accès à des services de qualité
supérieure, je pense qu'on doit en convenir, à une plus grande
disponibilité, à de meilleurs équipements et tout
ça. Je souhaite bien qu'il y ait juste cinq conducteurs d'automobile qui
en bénéficient, mais on sait qu'on est tous exposés et,
à ce moment-là, on profitera d'un meilleur système. Je
pense qu'il faut quand même admettre que le système devrait
normalement être amélioré quant à la
préparation des gens, à la qualité des équipements
et tout ça. Qu'il soit réparti - est-ce qu'il devrait
l'être totalement? C'est une autre chose. Il ne l'est pas totalement, il
y en a une partie à l'aide sociale - à l'ensemble de ceux qui
conduisent...
M. Chevrette: Mais, Mme Lavoie-Roux. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Chevrette: Mme la ministre, excusez-moi, je n'ai pas le droit
de prononcer votre nom.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, ce n'est pas grave.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas grave. Je trouve scandaleux - je
vais vous donner mon opinion - qu'un employeur qui, par exemple,
négligerait de modifier des choses dans son usine ne paie que 70 $. Il
n'est pas pénalisé par la réforme. Il pourrait être
reconnu coupable et vous lui percevriez quand même 70 $, alors que ceux
qui ont un permis de conduire, qui gagnent souvent leur vie avec leur
véhicule, eux, auraient leur cotisation à 1500 $ par rapport
à 70 $; vous me permettrez l'expression, mais je trouve ça tout
à fait scandaleux. Je vous le dis en toute honnêteté. Je
sais que je porte un jugement de valeur et, si je vous en demandais un, vous
feriez la même chose que moi, j'en suis convaincu; ça me tente de
vous le demander, à part ça. Je suis aussi bien de vous le
demander, dites-le donc.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela a été une
décision gouvernementale.
M. Chevrette: Une mauvaise.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait en discuter longuement.
M. Chevrette: Oui, vous êtes d'accord avec moi que c'est
scandaleux.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Lavoie-Roux: II reste aussi qu'il faut, non pas à la
décharge... Bon, en tout cas, je ne répondrai pas à votre
question. Mais il reste que les employeurs, à d'autres...
M. Chevrette: On aura compris.
Mme Lavoie-Roux: ...égards - vous allez dire que c'est,
quand même, pour le profit de leur industrie, etc. - au cours des
années, on leur a quand même imposé des charges qui, eu
égard aux accidents du travail ou à la prévention au
travail, sont lourdes et qu'ils assument seuls, et on n'en a pas demandé
du côté des employés. Ce n'est pas ce que je veux discuter.
Mais devrait-on leur en demander davantage pour, justement, ne pas arriver
à une situation qui, à sa face même, ne pourrait
peut-être pas être aussi logique qu'on le souhaiterait? Je pense
qu'il y a toutes ces considérations qui sont entrées en ligne de
compte quand le gouvernement a pris sa décision.
M. Chevrette: Le coût de la dernière convention
collective est-il inclus dans les 54 000 000 $?
M. Langlois: Oui.
M. Chevrette: Au complet, au complet?
M. Langlois: Oui, c'est pour 7 000 000 $.
M. Chevrette: Pour 7 000 000 $, d'accord. Comment se divisent les
7 000 000 $? Juste pour notre gouverne, avez-vous une idée des salaires
et des avantages sociaux, par exemple?
M. Langlois: Pour les avantages sociaux, ça passe de 33 %
à 42,3 %. Cela inclut le fonds de retraite. À part cela, il y a
la majoration des échelles. La convention va s'appliquer à une
masse beaucoup plus considérable d'individus à cause de la
stabilisation de l'emploi en province, ce qui représente 16 000 000 $;
alors l'impact est là-dessus aussi.
M. Chevrette: Anciennement la masse salariale était de
combien?
M. Langlois: Ça double pratiquement. M. Chevrette:
Ça double? M. Langlois: Oui.
M. Chevrette: D'accord, je comprends le principe. C'est à
cause du nombre d'individus qui seront reconnus à temps plein
dorénavant? C'est le double.
M. Langlois: C'était 41 000 000 $ avant.
M. Chevrette: Mais l'augmentation des échelles est de
combien, juste pour ma mémoire? L'augmentation des échelles
est-elle de 4 %, de 5 %, de 4,5 %?
M. Langlois: De 4 %.
M. Chevrette: De 4 %, d'accord.
M. Cantin (Réjean): M. Chevrette.
M. Chevrette: Êtes-vous sûrs que c'est juste 7 000
000 $, pour les salaires?
M. Cantin: L'ancienne masse salariale était de 41 000 000
$; on y ajoute 16 000 000 $ pour la stabilisation de l'emploi.
M. Chevrette: Cela, c'est pour le nombre de personnes qui vont
être reconnues à temps plein.
Mme Lavoie-Roux: Employés réguliers.
M. Chevrette: Cela fait 16 000 000 $ de plus.
M. Cantin: Cela fait 16 000 000 $ de plus et, sur cette base, il
y a l'indexation de 4 % plus l'accroissement pour les avantages sociaux.
M. Chevrette: Comme on va regrouper en une seule unité
à Montréal l'ensemble des travailleurs - tous les travailleurs
vont être sur une liste et, non plus, sur des listes diversifiées
- avez-vous évalué l'impact que ça aura sur le temps
supplémentaire, par exemple? Y a-t-il des prévisions en ce
sens?
M. Langlois: Pas dans le moment. M. Chevrette: Pas dans le
moment? M. Langlois: Non.
M. Chevrette: D'accord. Est-ce que vous prévoyez un
impact?
M. Langlois: On espère que non.
M. Chevrette: Vous espérez, mais des indices, je suis
sûr, M. Langlois, que vous en avez.
M. Langlois: Cela va être difficile.
M. Chevrette: Cela va être difficile, n'est-ce pas? Mais la
difficulté est d'un ordre de grandeur que vous ne pouvez pas me donner.
C'est bien ça?
M. Cantin: II faut souligner qu'il peut y avoir...
M. Chevrette: Avez-vous des chiffres sur le temps
supplémentaire qui se fait présentement? Vous ne l'avez pas?
M. Langlois: Non, parce que ce sont des entreprises qui sont
autonomes.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous qu'il y en a qui ont
reçu toute la rétroactivité chez les employeurs à
Montréal et d'autres pas?
M. Langlois: Je ne suis pas au courant de cela.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas au courant. Pourriez-vous
nous faire parvenir, pour notre information, via le CRSSS de Montréal,
le temps supplémentaire qui se fait à Montréal par rapport
à ce qui se faisait avant? Il doit y avoir un ordre de grandeur qu'ils
peuvent dégager.
M. Langlois: II faut le demander aux compagnies pour avoir
ça et il faut qu'elles acceptent. (11 il 30)
M. Chevrette: Oui, mais il ne vous reste plus beaucoup de
compagnies à fouiller; il vous en reste une dans 111e de
Montréal. Entre vous et moi, il y a deux compagnies à voir. Le
payeur doit le savoir, à Urgences-santé. Ce n'est pas
nécessairement la compagnie. Urgences-santé est capable de vous
fournir ces données. Il y a tant d'heures régulières et
tant d'heures supplémen-
taires.
M. Langlois: Le "pattern" de rémunération des
entreprises était fermé avec les entreprises. Elles avaient
à vivre avec leur propre temps supplémentaire.
M. Chevrette: D'accord. Donc, concernant le temps
supplémentaire, c'est une ouverture qu'on n'avait pas auparavant.
M. Langlois: Quand les gens vont être
intégrés...
M. Chevrette: D'accord. Quand prévoyez-vous
l'intégration?
M. Cantin: La Corporation d'urgences-santé n'a
été formée que la semaine dernière.
M. Chevrette: Oui. On a vu cela dans les nominations du PM de
vendredi passé.
M. Cantin: Donc, il était impossible de penser à
l'intégration avant cette date. Je pense que tout est en marche
actuellement. C'est la prochaine étape. Il y a différentes
intégrations. Il y a ceux qui sont à l'intérieur du
conseil régional; je pense que, pour eux, c'est beaucoup plus simple.
Ensuite, il y a l'intégration de tous ceux qui étaient les
employés des différentes compagnies qui font du transport
à Montréal.
M. Chevrette: Mais un ordre de grandeur? M. Cantin: C'est
la priorité nationale.
M. Chevrette: Je pensais qu'il y en avait bien d'autres.
M. Cantin: Non. Dans le transport ambulancier pour
Urgences-santé, à Montréal.
M. Chevrette: Un ordre de grandeur quant au temps. Est-ce que
c'est un mois, deux mois ou trois mois?
Mme Lavoie-Roux: D'ici un mois, probablement.
M. Cantin: D'ici un mois, puisque les gens doivent choisir leur
corps d'emploi. Donc, c'est probablement l'opération la plus
compliquée. C'est ce qui va déterminer combien cela prendra de
temps.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a moyen que vous nous fassiez
parvenir le nombre de prêts consentis par la SDC, ainsi que les
conditions? La Société de développement coopératif
a fait combien de prêts, pour quels montants et à quelles
conditions? Je pense que ça doit être disponible via vos services
d'information.
Mme Lavoie-Roux: Ouais. C'est le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie.
M. Chevrette: Oui, mais c'est toujours par des CT qui passent par
chez vous.
M. Cantin: Non.
M. Chevrette: Ils ne gravitent même pas chez vous?
M. Cantin: Non, en aucune façon.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas appelés à
donner un avis favorable ou défavorable?
M. Cantin: Non.
M. Chevrette: Vous n'avez pas été consultés
là-dessus? Pas du tout? Comment expliquez-vous que le ministre qui
était là auparavant était consulté chaque fois et
nous disait qu'il avait parlé pour ou contre ou qu'il avait
nuancé des propos? Il a toujours parlé pour, mais il donnait son
avis. Vous n'avez pas été consultés pour les derniers
prêts?
Mme Lavoie-Roux: Pas depuis que j'ai repris le dossier.
M. Chevrette: Non. Je vous le demande, à vous, en ce qui
concerne l'appareil administratif.
M. Groleau: On a été consultés au
démarrage des premières ventes, sur le principe.
M. Chevrette: Non, mais étant donné que cela
gravite chez vous, est-ce qu'il y a possibilité d'obtenir... Est-ce que
vous avez des structures devant vous? Vous avez des structures
coopératives et des structures de compagnies. Je voudrais savoir
jusqu'à combien les structures coopératives ont obtenu des
prêts, pour quels montants et à quelles conditions. Je peux bien
aller le demander au ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie,
mais vous pouvez me rendre ce service vous-mêmes, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Ce que je peux vous dire, c'est qu'on peut
s'informer. Je ne connais pas les us et coutumes à l'Industrie et au
Commerce. Je peux demander à mon collègue s'il est d'accord. Et,
s'il n'est pas d'accord, je vous donnerai la raison.
M. Chevrette: Parfait! Ça me permettra de débattre
la question, si jamais il ne l'est pas.
Mme Lavoie-Roux: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est public. À la SDC, c'est avec notre
argent qu'on fait des prêts.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Je sais cela.
M. Chevrette: À partir de là, on doit avoir le
droit de savoir à qui on prête, à quel taux on prête,
à quelles conditions on prête et combien on prête. J'ai
besoin de savoir cela.
J'aurais eu bien d'autres questions dans plusieurs secteurs. Je vous
remercie infiniment.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes celui qui nous a
passionnés le plus pendant...
M. Chevrette: Je voudrais souhaiter un bon mandat à M.
Cantin, à la RAMQ.
M. Cantin: C'est gentil. Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Sur ce dossier, est-ce
qu'il y a d'autres questions? Si vous me le permettez, tel que convenu, on va
revenir aux questions du député de Sainte-Marie qui n'avait pas
terminé.
Mme Blackburn: Est-ce que ça va? M. Laporte:
J'avais terminé.
Le Président (M. Bélanger): Vous aviez
terminé?
M. Laporte: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
Mme Blackburn: Vous êtes aimable. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce que nous
appelons le programme 3?
Mme Blackburn: Non. Sur cet élément de programme,
dans la loi de la ministre, il était prévu des programmes de
formation pour les ambulanciers dans les régions.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Blackburn: Quels sont les échéanciers
d'application de ces programmes?
Mme Lavoie-Roux: Un Instant. L'échéancier des
programmes de formation dans les régions pour les techniciens
ambulanciers.
Dans les régions, à très court terme, on devrait
lancer des programmes de formation.
Mme Blackburn: Mais encore, ça veut dire quoi?
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas l'échéancier
précis.
Mme Blackburn: Oui, c'est ça que je demandais,
l'échéancier. Vous n'avez pas d'échéancier
précis.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on nous dit, c'est qu'à court
terme, ça devrait démarrer.
Mme Blackburn: À court terme, d'ici la session
d'été?
M. Groleau: On essaie de faire ça vraiment à
très court terme, à l'été ou au début de
l'automne, au plus tard.
Mme Blackburn: Combien a-t-on prévu d'argent pour
ça?
Mme Lavoie-Roux: 2 500 000 $ par année.
Mme Blackburn: Et, pour cette année, on pense être
en mesure de les offrir dès l'automne, donc de dépenser vos 2 500
000 $. Ça ne fera pas comme pour la santé mentale?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, on a prévu 2 500 000
$.
Mme Blackburn: Ah, oui!
Mme Lavoie-Roux: Ils sont disponibles. Est-ce qu'on
dépensera toute cette somme? Vous savez...
Mme Blackburn: Non.
Mme Lavoie-Roux: ...il ne faut pas, non plus dépenser pour
dépenser.
Mme Blackburn: Ma question est simple: Est-ce qu'il relève
de la ministre ou des services ministériels de décider de la
préparation et de la dispensation de ces cours? Si ça
relève d'elle, c'est elle qui décide si l'argent se
dépense ou ne se dépense pas, il me semble!
Mme Lavoie-Roux: On devait, d'abord, achever la stabilisation de
l'emploi; c'était une opération, quand même, assez
complexe. À partir du moment où ceci est terminé, on
s'affaire activement à ce que les cours de formation soient mis en place
le plus rapidement possible. Alors, je ne peux pas en dire davantage. Si les 2
500 000 $ sont là... Évidemment, c'est fait en collaboration avec
les cégeps, pour ce qui est de ces cours de formation. Vous savez, c'est
comme si vous me demandiez: On a 10 300 000 000 $, est-ce que vous allez
tout dépenser? Ce que je vous dis, c'est qu'il n'y a pas de raison de
le
ralentir;au contraire, il s'agit de l'accélérer. Est-ce
qu'on va dépenser précisément 2 500 000 $? Je suis
incapable de vous dire ça, comme je serais incapable de le faire pour
n'importe quel autre budget qui est dans ce cahier.
Mme Blackburn: Vous savez pertinemment qu'il y a certains budgets
pour lesquels on a un peu plus de volonté et, pour d'autres, un peu
moins. Et selon la volonté qu'on y met, on le dépense ou on ne le
dépense pas.
Mme La voie-Roux: Écoutez...
Mme Blackburn: Et les régions, en particulier, dans ce
dossier, n'ont pas été vraiment choyées, vous le savez
comme moi et vous connaissez le dossier. Alors, je prends votre réponse
et on pourra toujours revérifier l'an prochain.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement vous faire remarquer que,
quand vous dites que, dans ce dossier, les régions...
Mme Blackburn: Non, vous ne me ferez pas croire que...
Mme Lavoie-Roux: ...n'ont pas été
particulièrement choyées, il y a eu des montants quand même
importants, dont on vient de parler. Il y a 33 000 000 $ qui sont
consacrés aux régions extérieures à
Montréal.
M. Groleau: C'est ça. Mme Lavoie-Roux: Bon!
Mme Blackburn: Mais ça comprend la
Montérégie.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Blackburn: Alors...
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que 33 000 000 $sur...
Mme Blackburn: ...quand vous avez pris la
Montérégie, Laval et tout ça...
Mme Lavoie-Roux: ...54 000 000 $...
Mme Blackburn: Ne vous moquez pas du monde!
Mme Lavoie-Roux: ...et il y en a ailleurs, évidemment, qui
sont compris dans les autres montants...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...mais je veux dire
d'améliorations...
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: ...dans les régions, c'est 33 000 000
$.
Mme Blackburn: La région, si je comprends bien, ça
comprend Laurentides-Lanaudière, Laval, la Montérégie.
Mme Lavoie-Roux: Pas Laval.
Mme Blackburn: Laval, c'est dans... Est-ce qu'on peut savoir -
vous ne l'avez peut-être pas en main - comment sont répartis par
région - juste déposer le tableau, ça ferait mon affaire -
ces 33 000 000 $ dont la ministre parle par rapport à
l'amélioration du transport ambulancier dans les régions?
Mme Lavoie-Roux: On pourrait vous le remettre pour la
stabilisation de l'emploi puisque le budget a été
distribué entre les conseils régionaux pour cette
opération particulière.
Mme Blackburn: Alors, quand vous parlez vous me parlez des 33 000
000 $, il s'agit de la stabilisation de l'emploi?
Mme Lavoie-Roux: Je vous parle de 16 000 000 $.
Mme Blackburn: De 16 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Les 17 000 000 $ touchent...
Mme Blackburn: Alors, là, cela commence à diminuer
un peu.
Mme Lavoie-Roux: ...le reste: le financement des
équipements et la rémunération des entreprises en
province.
Mme Blackburn: Alors, j'aimerais avoir le tableau de la
répartition entre les différentes régions.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Soutien des organismes bénévoles
(suite)
Organismes communautaires de promotion et de services
(suite)
Je voudrais, M. le Président, poser une dernière question
sur les organismes communautaires. On va terminer sur ce programme-là.
Comment cela se répartit? Quelles sont vos prévisions de
dépenses pour l'application de votre politique ou de votre document
d'orientations en
ce qui concerne le rôle des organismes communautaires? Vous avez
estimé à 150 000 000 $ les ressources additionnelles pour
l'application de ces orientations-là. À combien, dans ces 150 000
000 $, estimez-vous les ressources additionnelles qui vont être offertes
aux organismes, parce que, je le répète - et je suis d'accord
avec cette orientation - vous les associez fortement au réseau
institutionnel? Alors, comment cela va-t-il se traduire dans la
réalité?
Mme Lavoie-Roux: II y a un certain montant supplémentaire
pour lequel j'ai demandé des approbations aux endroits habituels et que
je ne crois pas opportun de rendre public à ce moment-ci.
Mme Blackburn: Pour 1990-1991? Mme Lavoie-Roux:
Peut-être même... Mme Blackburn: 1989-1990?
Mme Lavoie-Roux: ...une partie pour 1989-1990.
Mme Blackburn: Mais sur les 150 000 000 $, plus
précisément - parce que j'imagine que vous savez cela - combien
avez-vous prévu spécialement pour les organismes communautaires,
le soutien et développement?
Mme Lavoie-Roux: Ce chiffre-là n'a pas été
arrêté.
Mme Blackburn: D'accord. Pour les CLSC, vous m'avez dit hier
également que ça n'était pas élevé, mais
c'est combien? J'imagine que, lorsqu'on demande une somme de 150 000 000 $, on
a un peu l'idée de sa répartition.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, pour notre gouverne personnelle,
au ministère, nous avons fait des évaluations. J'ai toujours
parlé d'évaluations qui exigeraient que le gouvernement nous
donne, en sus de l'indexation, une marge de manoeuvre de 2 %. Nous n'avons pas
cru opportun, à ce moment-ci, de ventiler ces montants puisqu'ils
nécessiteront, de toute évidence, certains raffinements et
certaines précisions.
Mme Blackburn: On peut prendre...
Mme Lavoie-Roux: Et il y a également un étalement,
puisque c'est sur une période de cinq ans.
Mme Blackburn: Là, je parle des 150 000 000 $
prévus pour 1989-1990. Donc, on tient pour acquis que, pour vos
orientations, de façon générale, c'est 2 % de plus que
l'enveloppe indexée actuellement. C'est ce que vous me dites.
Mme Lavoie-Roux: Telle que nous l'avons reçue depuis trois
ans.
Mme Blackburn: Alors, si je comprends bien, vous prétendez
être en mesure de réaliser vos orientations avec
l'équivalent de ce qu'on vous accorde cette année?
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
Mme Blackburn: Et, cette année, estimez-vous que vous avez
en main les ressources qui vous permettraient de faire une réforme?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, d'abord, l'année
1989-1990 est commencée. On a déjà 112 000 000 $. Il faut
bien se rappeler que, dans les orientations, il y a déjà 6 000
000 $ qui sont en mouvement, c'est-à-dire qui ont été
enclenchés, parce que, comme je l'ai toujours dit depuis trois ans, on
n'a pas attendu. Il y avait des besoins prioritaires auxquels il fallait
répondre. Vous avez des choses enclenchées, eu égard au
sida qui est l'un des objectifs en santé, d'autres en santé
mentale, etc. Alors, c'est dans ce processus-là.
Mme Blackburn: Est-ce que cela apparaît dans votre
mémoire? Vous estimez à 3 % l'augmentation qu'il serait
raisonnable d'avoir pour mettre en application cette politique-là. Et ce
qui me semblait légitime...
Mme Lavoie-Roux: Pas 3 %. On n'a pas parlé de 3 %. (11 h
45)
Mme Blackburn: Si je fouille un peu, je vais le retrouver. Il m'a
semblé que c'était 3 %.
Mme Lavoie-Roux: Non, on a toujours parlé d'une marge de
manoeuvre de 2 % en sus de. On a travaillé avec l'IPC plus 3 pour ce qui
est de l'ensemble des dépenses.
Mme Blackburn: Bien, c'est cela: l'IPC plus 3, c'est ce qu'il y
avait là-dedans. Non, vous n'avez pas pris les mêmes bases de
calcul que celui qui est fait par rapport aux impacts du vieillissement de la
population qui est aussi de 3 %, c'est-à-dire 4 1/2 % moins la
productivité 1 1/2 % pour tenir compte du vieillissement de la
population, ce qui donne 3 %. J'avais pensé que c'était de la
même base de calcul que vous vous étiez servi. Là, on vous
a accordé 2 %.
Mme Lavoie-Roux: Au cours des trois dernières
années, en sus de l'indexation, j'ai obtenu une marge de manoeuvre de 2
%...
Mme Blackburn: Je voulais que ce soit très clair.
Mme Lavoie-Roux: ...du budget du ministère. Pour la
régie, évidemment, c'est un budget à part, qui, comme on
le sait...
Mme Blackburn:...qu'on contrôle moins bien parce que c'est
l'entreprise privée. Ce sont les médecins. On a toujours plus de
difficultés, c'est normal. Ce n'est pas vous personnellement. C'est
connu.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, qu'il y ait fondement au fait qu'on
le contrôle moins bien, j'en doute car la Régie de
l'assurance-maladie a toujours eu une réputation très bonne quant
à son administration et sans doute que ça ne pourra aller qu'en
progressant.
Mme Blackburn: Bien bravo! Merci, maman. Je ne dis pas que la
régie contrôle mal les dépenses ou l'attribution qu'elle
fait des sommes. Je dis qu'en fin de compte on ne contrôle pas une
entreprise qui décide de se développer une clientèle.
C'est exclusivement ce que j'ai dit, la ministre le sait très bien, et
ce que tous les gouvernements précédents savaient.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que vous voulez que les
médecins soient tous mis à salaire.
Mme Blackburn: Je n'ai jamais dit cela.
Quand vous avancez de telles choses, je trouve que vous exagérez
inutilement. Personne ne m'a entendue dire cela dans la salle.
Mme Lavoie-Roux: Vous m'avez demandé pourquoi...
Mme Blackburn: Ce que je dis, c'est qu'on doit encourager
d'autres formes de rémunération, dont le salariat et la vacation.
Je le répète: Je pense qu'on doit l'encourager effectivement.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous m'avez demandé hier, à
moins que je n'aie mal compris, c'est: Pourquoi n'avez-vous pas envisagé
le salariat?
Mme Blackburn: Dans les centres d'accueil d'hébergement
privés conventionnés.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, cela n'a pas d'importance pour les
fins de la discussion.
Mme Blackburn: Alors, dans le fond, on ne peut pas dire n'importe
quoi. On ne peut pas travestir...
Mme Lavoie-Roux: On reverra.
Mme Blackburn:...les propos des autres comme ça, surtout
quand ils sont là.
Mme Lavoie-Roux: Surtout que vous, vous en gardez toujours,
n'est-ce pas?
Mme Blackburn: Surtout quand ils sont là. Alors, donc, si
je résume le budget sur votre politique, cela veut dire que vous
prétendez faire une réforme de la santé avec
l'équivalent de ce qu'on vous donne cette année et à la
condition que le fédéral continue à payer,
c'est-à-dire qu'il ne réduise pas, selon la rumeur qui circule
dans tous les milieux un peu informés, ses paiements aux provinces.
Mme Lavoie-Roux: C'était quoi? Excusez-moi, je n'ai pas
entendu.
Mme Blackburn: J'ai dit que vous pensiez être en mesure de
réaliser une réforme de la santé avec l'équivalent
de ce qu'on vous donne cette année, car l'augmentation de 112 000 000 $
à 150 000 000 $, c'est l'équivalent, c'est 2 %. Cela
m'apparaît peu et cela apparaissait peu aux yeux du Conseil des
ministres, m'a-t-on dit.
Mme Lavoie-Roux: Mon Dieu! Vous avez des confidences!
Mme Blackburn: Oui, on l'a évaluée à un
montant beaucoup plus élevé et la ministre le sait aussi; c'est
pour cela qu'on est rendus là aussi. Quant aux immobilisations,
j'aimerais que la ministre nous les ventile à un moment donné,
mais ce n'est pas l'objet de ce débat et l'ouverture des CLSC 24 heures
par jour, mais là, vous le savez bien, cela n'a leurré personne.
Est-ce qu'on peut penser que, quelle que soit la décision
d'Ottawa...
Mme Lavoie-Roux: II me semble que j'ai répondu à
toutes ces questions hier.
Mme Blackburn: ...ces 150 000 000 $, vous les avez?
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'ai dit hier, c'est que, depuis 1986,
même en dépit du fait que le gouvernement fédéral a
accentué son désengagement vis-à-vis du financement de la
santé et des services sociaux, le gouvernement, comme il reconnaissait
comme priorité dans l'ensemble de ses activités la santé
et les services sociaux, a accordé au ministère de la
Santé et des Services sociaux une marge de manoeuvre, en sus d'une
indexation totale et entière, de 2 %.
Mme Blackburn: Bien.
Mme Lavoie-Roux: Puisque vous insistez, je vais
répéter au complet ce que j'ai dit hier.
Mme Blackburn: J'ai bien entendu, alors...
Mme Lavoie-Roux: Alors qu'au cours des trois dernières
années de votre gouvernement, vous accordiez une augmentation moyenne de
1,79 %, nous accordons, depuis que nous sommes là, des crédits de
développement, en sus de l'indexation, de 3,3 %. Je vous dis - et
nous
avons fait nos estimations à partir de ceci - qu'une croissance,
qui se maintiendrait dans ce sens-là, nous permettrait de
réaliser nos objectifs. Mais il y a aussi au gouvernement du
Québec ce qu'on appelle la Loi sur l'administration financière
qui exige que nous présentions annuellement nos demandes de
développement, tant du côté du fonctionnement que du
côté de l'immobilisation.
Mme Blackburn: L'inquiétude du milieu, Mme la ministre,
est simple. On sait que le gouvernement fédéral s'est
désengagé; on sait que vous avez réussi à aller
chercher 2 %. On sait que vous avez été un peu plus performants
qu'au moment où on était en pleine crise, mais la question est la
suivante: Si le gouvernement fédéral se désengage
davantage? Là, on connaît le niveau de désengagement: 200
000 000 $ par année, si je ne m'abuse. Mais s'il vient s'ajouter
à ce désengagement un nouveau montant de 200 000 000 $ - c'est
là l'inquiétude du milieu par rapport au beau programme que vous
êtes en train de lui proposer - s'il y avait un nouveau
désengagement du fédéral, un désengagement
additionnel du fédéral, tel qu'il s'annonce présentement?
Ce que M. Wilson est en train de nous annoncer, ce n'est pas ce qu'on sait
déjà, qu'il s'est désengagé avec la loi C-96. On le
sait; on connaît son niveau de désengagement avec la Loi C-96. Ce
qu'on nous annonce, c'est un désengagement additionnel.
Dans ces circonstances, s'il y avait un désengagement additionnel
à celui prévu dans la Loi C-96, est-ce que la ministre peut
garantir au réseau qu'elle aura effectivement ses 150 000 000 $? Ce
n'est pas compliqué.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je ne sais pas si on peut parler
de révolution appréhendée. Est-ce que ceci va se passer?
Ce sont vraiment des questions hypothétiques. Tout ce que je peux
dire...
Mme Blackburn: On va le savoir le 28.
Mme Lavoie-Roux: ...à la députée de
Chi-coutimi, c'est que, le 10 février, je présidais une rencontre
interprovinciale des ministres de la Santé et des ministres des
Finances, et cette question a justement été abordée comme
étant une préoccupation de l'ensemble des provinces. À
partir de cette rencontre, une stratégie a été
élaborée et des suites doivent être données à
cette rencontre. Je pense qu'il est normal que les suites qui seront
données à cette conférence provinciale soient du ressort
de l'ensemble des ministres et que nous poursuivons dans cette même
ligne, mais il est prématuré de dire si je vais dire au
fédéral: Si vous ne me donnez rien, je vais me fâcher et,
si vous me donnez quelque chose...
Ce que je vous dis, c'est que le gouvernement, en dépit de
coupures importantes du fédéral, a continué d'assumer ses
responsabilités et je pense qu'il est légitime de présumer
que, dans le domaine de la santé et des services sociaux, le
gouvernement continuera d'assumer ses responsabilités. C'est ce que je
vous ai dit hier et je vous le répète. Encore une fois, vous
pouvez faire porter uniquement vos préoccupations sur une question de
manque d'argent ou de soi-disant manque d'argent. Attendons d'en faire la
démonstration, première des choses.
Je vous rappellerai ce que vous avez évoqué à
plusieurs reprises. Je me permets de le relire puisque vous me reposez les
mêmes questions. Il s'agit de la déclaration du Dr Rochon qui a
été rejoint à Copenhague, dimanche soir, et qui dit ceci
sur le financement: "Si le financement demeure la grande inquiétude des
dirigeants du réseau de la santé et des services sociaux, le Dr
Rochon, pour sa part, rappelle que le Québec consacre un des plus
importants budgets dans le monde à la santé." On sait que le
Québec est la province qui consacre la plus grande partie de sa richesse
collective à la santé et aux services sociaux. J'irais plus loin.
Je vous dirais même aussi que des études d'observateurs
indépendants ont confirmé ceci et ont également
confirmé, que le degré d'accessibilité aux services...
Mme Blackburn: Qu'il n'y avait pas d'engorgement.
Mme Lavoie-Roux: ...que les indicateurs de santé et de
bien-être étaient parmi les plus élevés du monde
occidental. Alors, ce que le Dr Rochon ajoute... Non, ce n'est pas lui qui a
dit ça, ce sont des études indépendantes. On dit: "Qu'on
cesse d'en demander plus et plus encore. Le message est clair. On demande aux
organisations de se poser d'autres questions. Comment peut-on utiliser de
façon plus efficace l'argent dont on dispose? Il est évident que
la régionalisation amènera la réallocation des ressources,
une meilleure définition des priorités."
Mme Blackburn: D'accord. Est-ce qu'on continue longtemps comme
ça?
Mme Lavoie-Roux: En conclusion... J'ai, quand même, le
droit de parole, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Allez-y.
Mme Lavoie-Roux: En conclusion, je ne dis pas que ça ne
demandera pas d'argent puisque je dis qu'il y a une marge de manoeuvre qui
pourra continuer d'être dégagée. Je pense que, si on veut
faire porter la réforme strictement par des ajouts d'argent sans
remettre en question la dynamique qui intervient dans le réseau, on
pourra...
Mme Blackburn: Là, on va régionaliser la
pauvreté.
Mme Lavoie-Roux: ...dans dix ans, se retrouver autour de la
même table et n'avoir pas changé d'un iota ou solutionné
les problèmes que je pense, tous ensemble, de part et d'autre, on veut
solutionner. Je pense qu'il est réaliste de dire qu'il nous faut de
l'argent - et on en a discuté - mais je pense aussi qu'il faut tenter de
mettre l'accent sur la nouvelle dynamique qui devrait être
créée par les recommandations ou les orientations qui sont
contenues dans le mémoire.
Mme Blackburn: M. le Président, avec tout le respect que
je dois au Dr Rochon, il est peut-être un peu décroché
après un an passé à l'extérieur, à
l'étranger, et il n'a peut-être pas été
quotidiennement informé des difficultés qu'éprouve
actuellement le réseau. D'autant plus que le Dr Rochon, dans son
rapport, avait identifié comme étant extrêmement majeures
une série de questions touchant les actes délégués,
la rémunération du médecin et le corporatisme qui mine le
réseau. La ministre a décidé de ne pas s'attaquer à
cela. Mais passons à une autre question. Je voudrais aborder les
hôpitaux. Les CSS, c'est cet après-midi.
Le Président (M. Bélanger): Ce serait le programme
3.
Mme Blackburn: Je crois que les gens des hôpitaux sont
là.
Le Président (M. Bélanger): Les hôpitaux de
courte durée, c'est le programme 3.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'avais demandé
hier qu'on puisse adopter le programme 2, indépendamment du reste. On
peut l'adopter?
Mme Blackburn: Dans les organismes communautaires.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Blackburn: Je dois dire que mes collègues devaient
venir pour des questions.
Mme Lavoie-Roux: S'ils veulent venir...
Mme Blackburn: On pourra toujours les poser quand même. Je
n'ai pas d'objection.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Il n'y a pas de problème.
D'accord. Adopté.
Mme Blackburn: Pour les organismes communautaires, c'est
adopté.
Le Président (M. Bélanger): Donc, est-ce que le
programme 2, Soutien des organismes bénévoles, est
adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
4 sur les CSS...
Mme Blackburn: Non, on commence...
Le Président (M. Bélanger): On va y revenir cet
après-midi, d'accord. J'appelle donc le programme 3 sur Les
hôpitaux et les centres hospitaliers de courte durée,
particulièrement. (12 heures)
Services des centres hospitaliers de courte
durée
Mme Blackburn: Dans ce programme, M. le Président,
j'aimerais aborder différentes questions, peut-être de
façon sommaire. J'aimerais que la ministre nous donne l'état
à peu près de la situation dans la répartition des
médecins spécialistes en région. J'aimerais aussi qu'elle
me dise" si elle a pris en considération les suggestions qui lui ont
été faites et avec lesquelles elle me semblait relativement
d'accord, soit d'apporter une modulation dans les avantages consentis aux
médecins qui s'installaient en région, selon
l'éloignement. Je ne sais pas si la ministre se le rappelle, je le lui
avais suggéré et elle avait semblé assez réceptive
à la proposition que je lui faisais.
Actuellement, le problème, c'est tout ou rien ou presque. En tout
cas, dans nos régions, c'est tout ou rien. Cela passe de 100 $ à
120 $ dans 30, 35 kilomètres. C'est ce qui entraîne le
départ ou l'installation de spécialistes juste à quelques
kilomètres de chez nous. Et là ils ont la
rémunération différenciée. En guise d'exemple, un
tout dernier cas, un radiologiste, à l'hôpital de
Jonquière, qui, parce qu'il a 120 $ de rémunération s'il
s'installe à Alma - cela ne donne pas 30 kilomètres, c'est 25
kilomètres au maximum entre les deux hôpitaux - part s'installer
à Alma. Avec le résultat qu'il y a des lits qu'on a
été obligés de fermer parce qu'on ne peut pas faire autant
de chirurgie qu'on serait en mesure de le faire, faute d'anesthésiste.
J'ai parlé d'un radiologiste, mais c'est un anesthésiste. Je vais
vérifier, j'ai une petite note. C'est bien un anesthésiste qui
est allé s'installer à Aima. Le résultat, c'est que des
lits ne sont pas occupés et que les listes d'attente en chirurgie se
prolongent. J'avais suggéré à la ministre, je ne dis pas
que c'est courant, mais suffisamment en tout cas pour l'essayer, d'envisager
une modulation dans la rémunération.
Par exemple, en ce qui concerne les psychiatres, la
rémunération différenciée pourrait être
accordée pour ceux qui travaillent en institution. C'était l'une
des premières suggestions. Compte tenu des coûts relativement
élevés pour aller chercher de la formation, est-ce qu'on ne
pourrait pas penser donner accès aux médecins en région
à des journées reconnues de
ressourcement? Je pense qu'il est question de 20 dans la politique qu'on
a actuellement. Est-ce qu'on ne pourrait pas mettre en place - j'ai vu un
élément dans le document d'orientation de la ministre - des
bourses de stages pour les régions éloignées? Je trouve la
mesure intéressante. Maintenant, on sait que c'est lié à
la décision que peut prendre le ministère de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur et de la Science. Sur cette question, le
tableau de la répartition, les problèmes de plus en plus criants
en raison d'une mauvaise répartition... Si la ministre ne décide
pas de régionaliser l'enveloppe... Elle n'a pas décidé de
régionaliser l'enveloppe de la RAMQ pour tous les médecins du
Québec. Elle l'a fait, me dit-elle. C'est dans la politique pour la
santé mentale. À ce moment-là, comme elle n'a pas pris
cette décision, quand va-t-elle prendre une décision pour
éviter ce glissement dans une même région des
spécialistes vers la partie de la région où il
reçoivent une meilleure rémunération? Si je ne m'abuse, au
centre hospitalier de Roberval, je pense qu'il y a six psychiatres pour cette
partie de la région. Il nous en reste deux, avec tout
l'épuisement que cela entraîne et que vous connaissez. Je ne
recommencerai pas, mais c'est indécent. Ils ont fermé le centre
d'observation. Il en reste deux à l'institut Roland-Saucier.
Mme Lavoie-Roux: À l'hôpital de Chicoutimi, il en
reste quatre.
Mme Blackburn: À l'hôpital de Chicoutimi, il en
reste quatre. Mais l'hôpital de Chicoutimi, ce n'est pas un hôpital
psychiatrique.
Mme Lavoie-Roux: II y en a deux qui vont à Roland-Saucier
pour le 1er juillet.
Mme Blackburn: Des médecins étrangers.
Mme Lavoie-Roux: Des psychiatres sélectionnés.
Mme Blackburn: Oui. Je m'en réjouis. Cela nous en fera
quatre, alors que le besoin estimé, selon le plan des effectifs
était de 21. Ce n'est pas moi qui le dis, je n'invente rien. Je ne vous
dis pas qu'il ne faudra pas réévaluer, mais c'est la
réalité qu'on a en main. En gros, le problème qui touche
la région, c'est un problème qui touche toutes les
régions. Est-ce que la ministre peut nous dire combien, actuellement, il
manque de spécialistes dans les différents hôpitaux du
Québec? Est-ce qu'on a le tableau de cette situation par rapport aux
plans d'effectifs qui ont été établis par ces organismes,
les conseils régionaux et le ministère?
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas vous le donner tout de suite. On
pourrait vous le donner éventuellement.
Mme Blackburn: Éventuellement, c'est assez rapidement,
j'imagine?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
Mme Blackburn: D'ici cet après-midi? Très bien.
En ce qui concerne le personnel en soins infirmiers, les
infirmières disent "c'est trop"; et, selon la CSN, "c'est trop, trop mal
et trop tard". Dans vos documents d'orientation, en raison de la pénurie
de personnel en soins infirmiers et de cette espèce de saignée
qu'on connaît en faveur d'autres provinces, ou d'autres pays, est-ce que
vous entendez ajouter aux ressources, autres que celles de votre plan sur cinq
ans, ce qui ferait passer de 40 % à 60 % le nombre de postes permanents
à temps complet?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, sur cette question
particulière, vous savez que nous sommes en négociation.
Évidemment, la négociation touche, d'une façon
générale, les conditions de travail et la
rémunération. Une partie de la discussion porte, entre autres,
sur l'organisation du travail. Je pense qu'on a toujours dit, et je ne crois
pas fausser la réalité en le disant, de part et d'autre, tous
s'entendent pour dire qu'il y a deux éléments qui doivent
intervenir pour assurer une meilleure stabilité de la main-d'oeuvre et
sa rétention.
Mme Blackburn: Concernant la table de concertation sur la
main-d'oeuvre, qui est composée d'un peu plus de 20 représentants
de différents organismes, comment est-ce que ça fonctionne?
Est-ce que ça va bien? Ils n'en sont pas rendus à leur premier
rapport, non?
Mme Lavoie-Roux: Cette table de concertation a tenu trois
rencontres. Il s'est dégagé un plan de travail qui doit porter -
je ne les nomme pas ordre de priorité, mais de mémoire - sur les
niveaux de formation pour les différentes catégories de
main-d'oeuvre infirmière, sur l'organisation du travail - ah oui, c'est
ça - le niveau de main-d'oeuvre requis, la formation et l'organisation
des soins.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il est juste de dire que la CEQ s'est
retirée de la table?
Mme Lavoie-Roux: À notre connaissance, non, mais celui qui
coordonne la table n'est pas ici. Ils étaient là à la
dernière rencontre. Est-ce qu'il y a eu autre chose depuis? Je l'ignore.
Ils étaient là à la dernière rencontre.
Mme Blackburn: Concernant l'échéancier des travaux,
est-ce qu'il est réaliste, dans le fond, de penser que cette table
puisse vraiment fonctionner, au moment où vous êtes en
négociation, y compris sur le perfectionnement, car je sais que le
perfectionnement est un volet important de votre politique? Est-ce qu'il est
réaliste
de penser que cette table puisse fonctionner, alors que l'essentiel des
questions sur lesquelles ils vont se pencher ont plus ou moins d'incidence sur
les négociations?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je ne suis pas prophète
pour vous dire si ça peut fonctionner ou non. Je pense que ça
peut fonctionner, sans ça nous l'aurions interrompue.
Mme Blackburn: Alors, posons autrement la question. Les sujets
qui sont a l'ordre du jour de cette table, est-ce qu'ils ont, oui ou non, des
incidences sur les négociations? Est-ce que ce sont des questions qui,
éventuellement, pourraient faire l'objet de négociations?
Mme Lavoie-Roux: En ce qui a trait à l'organisation des
soins...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...il pourrait y avoir...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...j'imagine, une association. En ce qui a trait
aux besoins de main-d'oeuvre ou à la planification de la
main-d'oeuvre...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, dans le moment, on
négocie avec ceux qui sont en place.
Mme Blackburn: Bien oui.
Mme Lavoie-Roux: Et, en ce qui a trait à la
formation...
Mme Blackburn: La même chose.
Mme Lavoie-Roux: ...est-ce que ça pourrait être
abordé? Je ne le sais pas, mais normalement, ça relève
plus d'une table de concertation puisque c'est un travail qui doit se faire en
collaboration d'abord avec le ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur. En tous les cas, nous croyons que la
motivation est suffisamment grande. Et je pense que nous, comme gouvernement,
nous avons une responsabilité de planifier cette main-d'oeuvre,
d'établir nos besoins de main-d'oeuvre et je pense que cela transcende
quelque négociation que ce soit, et la formation également. Je
pense que ce sont là deux objectifs qui sont suffisamment importants
pour nécessiter que la table continue ses travaux.
Mme Blackburn: Mais est-ce que la ministre est consciente que,
indépendamment des directives que vous avez données et des
débats ou discussions à cette table de concertation, il y a des
décisions qui se prennent, en particulier chez les infirmières
auxiliaires? Je le sais, j'ai vu la lettre de directives qui a
été adressée dans les hôpitaux qui disait qu'il ne
fallait pas réduire le nombre d'infirmières auxiliaires, et
ça se poursuit.
Une voix: On n'a pas eu d'information à cet
égard-là.
Mme Lavoie-Roux: Selon l'information qu'on me transmet, il n'y
aurait pas eu d'augmentation de personnes mises à pied, pas mises
à pied mais qui seraient...
Mme Blackburn: Est-ce qu'il vous serait loisible de
vérifier cette information? Dans les différents
établissements, il y aurait eu une...
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il faudrait que vous nous indiquiez
des cibles. On ne peut pas appeler les 900 établissements du
Québec pour savoir...
Mme Blackburn: Est-ce que la voie la plus simple ne serait pas de
s'adresser à l'association syndicale des infirmiers et
infirmières? Parce qu'ils sont venus me rencontrer...
Mme Lavoie-Roux: Ils m'ont fait des représentations
à plusieurs reprises et à quelques occasions ils m'ont
donné des cas de centres hospitaliers. On a toujours
vérifié et je pense que depuis que la directive a
été envoyée il n'y a pas... Enfin, je ne vous dis pas que,
quelque pan, quelqu'un peut-être, mais cela a certainement ralenti le
processus qui existait, on le sait, depuis au moins dix ans.
Mme Blackburn: Oui. Cela a ralenti le processus. Je demande
simplement si cela l'a arrêté et s'il serait possible de faire des
vérifications...
Mme Lavoie-Roux: On peut faire la vérification.
Mme Blackburn: ...et de nous faire tenir les informations.
Les sages-femmes
Évidemment, on en aurait plus long à dire sur toute la
situation en matière de personnel infirmier. Hier, on a... Pas hier.
Hier, on l'a abordé en Chambre. La ministre sait déjà que
c'est un débat qui fait rage - je pense que le terme n'est pas trop fort
- dans les milieux hospitaliers depuis quelques semaines, celui de la
présence des sages-femmes. Il me semble bien avoir entendu la ministre
dire qu'elle est tout à fait d'accord avec la reconnaissance de la
pratique des sages-femmes et la nécessité de présenter des
projets pilotes pour les reconnaître
dans les hôpitaux. Comment est-ce que ça va dans ce
dossier-là? (12 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Comme vous le dites, on a déjà
amorcé la discussion hier. En fait, tout le débat entourant les
sages-femmes perdure maintenant, de mémoire, depuis 1974 ou 1975. Je ne
sais pas s'il avait débuté avant mais, en tout cas, pour que le
public en soit saisi, je m'en souviens. Nous sommes rendus à
l'étape... Un comité a été formé; il a rendu
son rapport public et nous a fait des recommandations dans le sens...
C'était un comité où se retrouvaient des
représentants de la profession médicale, non pas des
représentants, ils étaient là à titre d'individus.
Il y avait des médecins, des sages-femmes...
Mme Blackburn: J'ai vu un peu le rapport de ce comité et
ses recommandations.
Mme La voie-Roux: Bon. Ils ont fait des recommandations
favorables à l'implantation de projets pilotes pour permettre la
reconnaissance de la pratique des sages-femmes.
Mme Blackburn: Vous êtes d'accord avec cela?
Mme La voie-Roux: Bien oui.
Mme Blackburn: C'est-à-dire vous, personnellement?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, sans cela j'aurais
arrêté bien avant.
Mme Blackburn: On peut poser des gestes comme ministre, parce que
tout le monde le demande et que cela peut être dans
l'intérêt, sans qu'on soit parfaitement et personnellement
d'accord avec cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est une confession personnelle ou mon
état d'âme...
Mme Blackburn: Ah oui, parce qu'il me semble que...
Mme Lavoie-Roux: Non, plus sérieusement je suis d'accord,
que ce soit personnellement ou comme ministre. Je pense que c'est une demande
qui provient des femmes depuis un bon nombre d'années. Ce sont des
expériences qui se sont faites d'une façon positive. Je pense
que, dans les milieux moins favorisés qui sont souvent plus
réticents à se prévaloir des services médicaux ou
des services de suivi au moment d'une grossesse, il y aurait peut-être
même là un champ plus intéressant du point de vue des
objectifs qu'on veut se fixer en périnatalité. J'ai aussi
d'autres inquiétudes, soit le fait que des sages-femmes pratiquent dans
l'illégalité et cela rejoint la préoccupation de la
protection de la santé du public, et, si les sages-femmes doivent
pratiquer, qu'elles soient assurées - elles le désirent
elles-mêmes - de l'appui médical dont elles peuvent avoir besoin
lorsqu'un accouchement ou une grossesse s'éloigne du cadre
régulier.
On sait que c'est la Corporation des médecins du Québec,
qui, par la Loi médicale et les règlements afférents,
prévoit que la corporation doit faire des règlements pour
autoriser la pratique des sages-femmes. Nous sommes en pourparlers avec la
corporation depuis déjà un bon moment. Nous nous sommes
rencontrés il y a environ dix ou quinze jours. Nous avons eu une
discussion. J'ai exprimé hier la réticence de la corporation
à accéder à cette demande. Elle n'est pas sûre de
son bien-fondé mais elle a néanmoins acquiescé à ma
requête de nous faire parvenir une réponse plus officielle et plus
formelle d'ici quinze jours, soit vers la fin du mois, à une demande que
je leur avais adressée.
Mme Blackburn: Vous savez pertinemment que cette question fait un
consensus quasi unanime au Québec, à l'exception de la
Corporation professionnelle des médecins. Il y a un consensus sur la
nécessité de reconnaître les sages-femmes. Il y a
actuellement une chasse aux sorcières totalement inacceptable, que ce
soit à l'endroit du Dr Biais ou à l'endroit de Mme Brabant, et
vous connaissez comme moi les décisions. La situation, vous le rappelez,
oblige les sages-femmes à pratiquer dans la clandestinité, et
cela se passe évidemment avec plus de formation et de sérieux,
dans de meilleures conditions sans doute, mais on se rappelle l'époque
trop triste où, parce qu'on ne reconnaissait pas les avortements dans
les hôpitaux, on obligeait les femmes à se faire charcuter
n'importe comment. Je ne dis pas que c'est le cas en ce qui concerne les
sages-femmes, cependant, on les oblige à fonctionner dans la
clandestinité.
On sait actuellement, et la ministre le sait - ça nous
coûte cher et ça rapporte gros à quelques personnes, parce
que je ne voudrais pas laisser l'impression que tous les médecins
raisonnent de cette façon - que 20 % des femmes, soit une sur cinq,
accouchent par césarienne, ce qui est 100 % plus élevé que
ce qui se fait ailleurs. C'est connu, c'est payant, ça coûte cher
et le médecin attend moins longtemps aussi parce que la patiente est en
contractions. Ensuite, pour l'épisiotomie, c'est sept sur dix, ce qui
est totalement inacceptable. Ces actes sont de 50 % à 100 % plus
élevés que partout au monde. La ministre connaît ces
situations.
Je voudrais poser deux questions à la ministre, pas longues et
pas compliquées. La première, si les médecins qui
connaissent la situation, desquels on a reçu la réaction au
moment où la ministre a déposé son idée de projet
pilote là-dessus et qui ont dit: Le problème n'est pas là,
le problème, ce sont les enfants trop petits et ainsi de suite... Ils
ont raison là-
dessus; il y a un problème pour les bébés de faible
poids. Il nous faudrait une politique de périnatalité pour tout
le Québec, mais c'est une autre question. Cependant, on connaît
leur réaction.
Cette question, comme le rappelle la ministre, est sur la table depuis
quinze ans. Les sages-femmes pratiquent aux États-Unis et à peu
près dans tous les pays du monde. On est le seul petit coin où on
reste encore derrière, avec certaines autres provinces canadiennes. On
partage ce douteux privilège d'être, là-dessus,
relativement en retard. Mais les médecins connaissent la situation. Ils
ont eu le temps de se faire une tête là-dessus, mais ils ne sont
pas prêts à céder. On se rappelle leur attitude à
l'endroit des acupuncteurs. Même réaction, même corporatisme
et même mise en tutelle.
Ma question est la suivante. Dans l'hypothèse que la
réponse des médecins soit la suivante, et ils peuvent vous en
faire un certain nombre: Donnez-nous un peu plus de temps - alors, ils
reporteraient la décision - ou encore: Nous ne sommes par d'accord, ou
qu'ils proposeraient des conditions si restrictives qu'à toutes fins
utiles cela signifierait un non, parce que c'est ce qu'ils ont fait avec les
acupuncteurs... Je sais à peu près comment ils fonctionnent; je
les ai observés parce que j'ai travaillé sur le dossier des
corporations professionnelles. Est-ce que la ministre n'estime pas qu'il serait
intéressant de leur lancer le message suivant: il y aura une
modification de la Loi médicale, avec votre consentement, si possible,
et sans votre consentement, si nécessaire?
Mme Lavoie-Roux: Je vais répondre à la
députée de Chicoutimi que généralement, quand
j'attends une réponse de quelqu'un, je ne lui lance pas d'ultimatum pour
influencer la réponse dans un sens ou dans l'autre. Je pense qu'il a
été convenu avec la corporation qu'on me répondrait d'ici
la fin d'avril et, à partir de cela, je ne peux présumer de sa
réponse à ce moment-ci.
Mme Blackburn: Je rappellerai...
Mme Lavoie-Roux: Je prendrai la décision qui
réapparaîtra la plus appropriée.
Mme Blackburn: Un vieux proverbe dit: La peur, c'est le
début de la sagesse, et la carotte et le bâton, ce n'est jamais
très mauvais, à l'occasion et, surtout, lorsqu'on fait preuve
d'un tel corporatisme. Je n'apprendrai rien à personne et je
n'étonnerai personne en disant ces choses-là. Ce que je demande,
c'est s'il est exact que la corporation a déjà reporté sa
réponse de deux semaines, parce qu'il était prévu qu'elle
vous la donne pour le 15 avril.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si je peux dire que... Il y a eu
cette rencontre. Comme vous venez de le mentionner, la corporation avait
réagi, et, à ce moment-là, je lui avais écrit. Par
la suite, il y a eu la rencontre au cours de laquelle elle n'a pas
apporté de réponse à ma demande et c'est à cette
demande qu'elle doit répondre de façon formelle.
Mme Blackburn: Compte tenu de son attitude antérieure,
qu'est-ce qui vous laisse confiante par rapport à la qualité de
sa réponse?
Mme Lavoie-Roux: C'est un petit peu plus complexe. Je pense que
la députée reconnaît que c'est complexe, de toute
façon. Mais, du point de vue des actions ultérieures qui
pourraient être faites, il ne faut pas oublier que je pourrais, comme
vous le dites, agiter la carotte et le bâton, mais on ne veut pas,
surtout dans un domaine comme celui-là, travailler en opposition avec
les médecins, parce qu'il nous faut l'appui des médecins à
des moments donnés. Je pense que le fait de changer les règles de
jeu et, tout à coup, sortir des menaces alors qu'on me dit: On va vous
donner une réponse dans quinze jours, ne serait pas une démarche
appropriée.
Mme Blackburn: La présidente du Conseil des affaires
sociales, qui est aussi médecin, le Dr Blanchet, dit qu'on ne peut plus
attendre le bon vouloir de la corporation des médecins. J'imagine
qu'elle sait un peu de quoi elle parie, elle les connaît un peu. Ils ont
un corporatisme "indé-fonçable", et, si j'étais
audacieuse, je parlerais quasiment d'une mafia. Ils ne sont pas tous comme
ça, heureusement pour nous, Québécois, mais ils sont
totalement fermés.
Mme Lavoie-Roux: Gardez-en quelques-uns pour s'occuper un peu de
vous.
Mme Blackburn: Le moins possible!
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Le moins possible!
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, on reste en santé, c'est
bien.
Mme Blackburn: Oui, c'est ça. La corporation est
extrêmement fermée à toute approche, et c'est de tradition.
Vous admettrez avec moi - on peut le dire publiquement et je sais qu'il va se
reconnaître - que ce n'est pas le Dr Roy que vous allez changer demain
matin, quand il déclare des choses aussi déplorables que: II ne
faudrait plus former de filles parce qu'elles ne travaillent soi-disant pas
pendant un assez grand nombre d'heures. Franchement, écoutez! Vous le
savez comme moi, on parle de quelqu'un que vous connaissez, que tout le
Québec connaît pour sa fermeture. Le Dr Blanchet vous dit: Vous ne
pouvez plus attendre après ce gars-là et après la
corporation, il faut que vous agissiez, vous avez
le pouvoir. Pour moi, la question est simple. Ce qui est plus
fondamental pour nous, les femmes, c'est qu'on nie le droit aux femmes du
Québec d'être accouchées par qui elles veulent, et par une
sage-femme lorsque ça fait leur affaire.
Vous savez que les femmes, à présent, ont un ou deux
enfants, on connaît les données, et, au moins, elles veulent
choisir d'accoucher dans les conditions qu'elles fixent. Là, on dit: les
sages-femmes au Québec, si vous voulez en avoir une, aux
États-Unis.
Mme Lavoie-Roux: Où?
Mme Blackburn: Aux États-Unis, parce que les sages-femmes
sont autorisées à y pratiquer dans la très grande
majorité des États, si je ne m'abuse. Alors, moi, je dis à
la ministre: Est-ce qu'elle ne songe pas sérieusement - et là,
c'est vrai qu'elle laisserait sa marque de façon intéressante
dans l'histoire du ministère - à déposer un projet de loi
qui dirait d'autorité: Je modifie la Loi médicale pour
reconnaître progressivement la pratique des sages-femmes? Et là,
c'est une femme en plus, et je m'adresse à quelqu'un qui sait ce que
veut dire accoucher, parce que je sais qu'elle a eu des enfants, et je sais
qu'elle est d'accord avec ça. Alors, je me dis: Qu'est-ce que vous
attendez?
C'est simple comme ça, parce que c'est ce que les femmes du
Québec vous disent, et vous avez l'autorité pour le faire. Et
l'appui moral de la population, à part ça, ce qui n'est pas
peu.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres réponses à
vous donner que celle que je viens de vous donner. Je vais attendre la
réponse de la corporation.
Mme Blackburn: En attendant...
Mme Lavoie-Roux: Je dois admettre que la députée de
Chicoutimi a fait un très bon plaidoyer en faveur de la pratique des
sages-femmes.
Mme Blackburn: ...que la Corporation professionnelle des
médecins vous remette ou fasse connaître sa décision,
est-ce que vous n'envisagez pas l'hypothèse de demander au conseil
d'administration du centre Pierre-Boucher de suspendre sa décision en ce
qui concerne le Dr Biais?
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas l'intention de le faire, pour
la bonne et simple raison que je me suis assurée que les membres du
conseil d'administration de l'hôpital Pierre-Boucher avaient agi dans le
domaine de leur compétence, si on veut, des règlements ou de la
loi qui régissent la santé et les services sociaux. L'avis que
j'ai reçu là-dessus est dans le sens que oui. Et, si on regarde
la décision qu'ils ont rendue, le tout dernier paragraphe - et
là, je vous le cite de mémoire, je ne l'ai pas devant moi -
disait que leur décision avait été prise sur des faits,
enfin des gestes que le Dr Biais aurait posés et qui seraient
allés à l'encontre des lois et règlements. Ils ont bien
pris soin d'ajouter au dernier paragraphe que ceci ne présumait
aucunement du fond de la question. (12 il 30)
Je l'ai ici: "Le conseil d'administration n'entend aucunement, par les
présentes, statuer sur le rôle à confier
éventuellement aux sages-femmes dans les établissements de
santé au Québec." Ils ont la latitude pour poser les gestes
qu'ils veulent envers leur personnel pour autant que les gestes soient
posés dans les règles reconnues. Vous comprendrez que, si
j'intervenais à chaque fois qu'un geste est posé par un conseil
d'administration à l'endroit d'une personne, je pense qu'il faudrait
oublier pour un bon nombre d'années à venir quelque forme de
décentralisation que ce soit.
Mme Blackburn: Je donne raison à la ministre lorsqu'il
s'agit de respecter l'autonomie d'un conseil d'administration. Je ne disais pas
de renverser la décision; je disais de suspendre la décision, ce
qui est fort différent. La ministre, je pense, est capable de faire la
nuance.
Mme Lavoie-Roux: II s'agissait quand même de remettre en
question leur décision puisqu'ils ont décidé de
suspendre...
Mme Blackburn: Suspendre la décision jusqu'à ce que
vous soyez en mesure de poser les gestes nécessaires à la
reconnaissance éventuelle des sages-femmes. J'ai lu aussi la copie de la
résolution des membres du conseil d'administration de Pierre-Boucher.
Ils étaient en droit de le faire comme ils auraient pu prendre une autre
décision et dire: on sert une semonce. Ils auraient pu prendre n'importe
quelle autre décision. Ils auraient pu dire: une semaine, deux semaines,
une semonce, le temps fait, est-ce que je sais? Ils auraient pu dire n'importe
quoi mais ils auraient pu... Vous admettrez avec moi qu'ils auraient pu dire
n'importe quoi d'autre que "six mois". Cela aurait pu être une
réprimande. Cela aurait pu être aussi simple que cela, sauf qu'on
a décidé de la suspendre.
Ce que je dis à la ministre c'est qu'en aucun cas, selon ce qui
nous est rapporté, la sécurité et la santé des
personnes n'ont été mises en danger. C'est beaucoup plus
fondamental lorsqu'on est dans un hôpital. On ne parle pas de n'importe
quoi. Je pense qu'il faut être absolument de la dernière exigence
lorsqu'on met un tant soit peu la santé des patients en danger.
Là-dessus, je serais aussi très stricte, mais en aucun cas, me
dit-on, la santé de la patiente ou de l'enfant n'a été
mise en danger. Sur cette base, et la ministre a aussi ses informations, est-ce
qu'il ne serait pas souhaitable qu'on mette un terme, ou, à tout le
moins, qu'on ralentisse un peu la chasse aux sorcières? Parce que, c'est
de
cela qu'on parle, on est en train de les chasser. On va commencer
à les brûler, à regarder des informations sortir, des
informations que vous avez et que nous avons, et on va commencer à les
mettre sur les bûchers. Vous allez voir ça, cette histoire va
recommencer parce qu'on laisse aller les choses - on va s'en reparler - un peu
trop facilement et les détracteurs finissent par avoir raison.
C'est ce qui l'encourage à poursuivre et là,
évidemment, elle s'appuie, en parlant de la corporation, sur la Loi
médicale. Pour ralentir un peu les ardeurs, est-ce qu'il n'aurait pas
été sage, en y mettant toutes les formes et je reconnais ce que
la ministre dit par rapport à l'autonomie des établissements, de
leur dire: Est-ce que je pourrais vous inviter - pas vous obliger, vous inviter
- à suspendre temporairement votre décision?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que l'incident de Pierre-Boucher
ramène à l'avant-scène, si on veut, tout le débat
sur les sages-femmes. Mais je pense qu'il s'agit d'un incident survenu dans un
endroit déterminé, dans des conditions déterminées
et précises. Je pense qu'il ne faut pas... En tout cas, comme ministre,
je ne peux pas associer les deux points: d'une part, ce qui s'est passé
dans un endroit précis à l'occasion de l'utilisation des services
d'une sage-femme et, d'autre part, l'ensemble du débat des sages-femmes.
Je pense que ma responsabilité, éventuellement, sera de me
prononcer sur la question de l'ensemble de la problématique des
sages-femmes et non pas... Je pense qu'il ne faut pas mêler les deux
questions. Elles sont connexes à bien des égards mais je pense
que l'une et l'autre doivent être traitées à leur
mérite.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut connaître votre
échéancier?
Mme Lavoie-Roux: J'attends la...
Mme Blackburn: Supposons que les médecins vous donnent
leur réponse fin avril. Vous avez toute la latitude, une fois la
réponse donnée, de prendre la décision qui s'impose.
Alors, quel échéancier vous êtes-vous donné?
Mme Lavoie Roux: Je le ferai connaître en temps et lieu
Mme Blackburn: Sur un autre sujet, celui des médecins
étrangers qui ont mis fin à leur grève de la faim ce
matin, un conciliateur a été nommé dans ce dossier, le
sénateur David, je pense, auquel on a confié un mandat, celui de
voir comment on pourrait, dans les meilleures conditions, envisager les
possibilités d'intégrer ces personnes au corps médical du
Québec. On sait actuellement qu'il y a une carence, une pénurie
de médecins dans les régions éloignées. Il y a une
pénurie de médecins dans les CLSC et on a une pénurie de
spécialistes. On me dit qu'il y a au moins deux spécialistes
parmi les personnes qui sont en grève - si ce n'est plus - qui ont des
spécialités pour lesquelles on est en pénurie dans
certaines régions du Québec. Le Dr Hang Dinh Thiet et M. A.
Jean-Bart, de même que M. Larose, de la CSN, ont adressé hier un
télégramme à la ministre lui demandant de modifier le
mandat qui avait été confié au conciliateur et
l'élargissant pour s'assurer qu'il vérifie si les critères
utilisés en regard de la compétence médicale
s'étaient appliqués à tous. Est-ce que la ministre a
donné suite à la demande de ce groupe de personnes afin de
modifier le mandat du conciliateur dans le sens qui était
souhaité, pour vérifier s'il n'y a pas une certaine forme de
discrimination dans la sélection des personnes?
Mme Lavoie-Roux: Si on se réfère au mandat qui a
été rendu public le 11 avril 1989 - avant-hier - et vous l'avez
sans doute entre les mains, il s'agissait de s'assurer que, pour les 100 postes
alloués par le gouvernement pour les médecins devenus admissibles
avant le 19 octobre 1988, le processus de sélection a été
suivi de façon équitable, en fonction des critères
établis. Sur ce premier point, j'aimerais vous dire que je
m'étais préoccupée de cette question déjà -
je dirais même quelques années, parce que cela fait
déjà trois ans que le débat est en cours - et, à la
suite du dernier processus de sélection qui avait été
utilisé, il ne m'apparaissait pas y avoir eu une forme de
discrimination.
Néanmoins, devant les affirmations répétées
qui disaient qu'il y avait eu une forme de discrimination, j'ai voulu faire
établir par un observateur ou un médiateur indépendant une
révision de ce processus de sélection.
Deuxièmement, les candidats n'ayant pas obtenu l'un de ces 100
postes et qui peuvent encore se présenter aux examens de synthèse
requis pour l'obtention des nouveaux postes prévus pour les candidats
devenus admissibles après le 10 octobre 1988 seront traités avec
équité. On sait qu'il y avait le groupe de 100 et par la suite,
pour ne pas laisser se reconstituer une liste qui doit être
traitée de toute façon à un moment donné, on a
prévu que chaque année, jusqu'à l'épuisement de la
première liste de 100 postes, en sus des 25 postes accordés, il y
en ait 10 autres. Ils peuvent toujours se représenter à ce
moment-là, pour s'assurer que le fait qu'ils n'aient pas
été retenus la première fois ne puisse influencer ou ne
puisse les écarter de quelque façon de cette possibilité
qui est encore la leur de se présenter aux examens dans le groupe des
10.
J'ai, de fait, reçu une lettre de deux médecins du groupe,
qui était également signée par M. Bart et M. Larose. Je
leur ai répondu et je pense qu'aujourd'hui le fait - et je m'en
réjouis grandement parce que je pense que c'était une situation
qui était très pénible pour
ces personnes - qu'ils aient accepté de terminer leur
grève et de rencontrer le médiateur indique que les choses se
sont déroulées comme nous le souhaitions.
Mme Blackburn: Je n'ai pas bien suivi, mais est-ce que vous avez
accepté la deuxième recommandation qui touchait l'augmentation du
nombre de personnes admises? Parce que ce sont seize cas, finalement, qui
restent en suspens par rapport aux cent. Vous leur dites simplement:
Réintégrez-vous dans les nouveaux arrivants.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est ni l'un ni l'autre. Nous avons
voulu laisser au Dr David...
Mme Blackburn: Le comité.
Mme Lavoie-Roux: ...dans le mandat qui lui avait
été donné...
Mme Blackburn: Donc, il peut aller aussi loin...
Mme Lavoie-Roux: Laissez-moi finir si vous voulez que je vous
réponde. On veut lui laisser toute la latitude pour me faire les
recommandations qu'il jugera à propos.
Mme Blackburn: Donc, ça peut aller aussi loin que ce que
suggère cette lettre par rapport à l'augmentation.
Mme Lavoie-Roux: Je vais attendre les recommandations du
médiateur spécial.
Mme Blackburn: L'échéancier?
Mme Lavoie-Roux: Concernant l'échéancier, je pense
aussi qu'on a laissé au médiateur la latitude dont il avait
besoin. Mais vous comprendrez bien que personne dans ce dossier n'a
intérêt à laisser traîner les choses. On peut compter
sur le Dr David et les personnes qui l'accompagnent pour que cela se fasse dans
les meilleurs délais.
Les coûts de système
Mme Blackburn: On va prendre un peu, de façon plus
générale, les hôpitaux. Selon les calculs qui ont
été faits et que j'ai livrés hier sur l'augmentation des
coûts de système générée par le
vieillissement de la population, tous les spécialistes en la
matière estiment qu'elle est de 3 % et non pas de 1,2 %, ce qui leur
était accordé pour l'année précédente, ce
qui donne environ 1 %, alors qu'elle est davantage de 3 %, ce qui se traduit
par un manque à gagner, un sous-financement qui, étalé sur
les trois dernières années, est évalué à 500
000 000 $ par l'Association des hôpitaux du Québec. J'ai une
première question. Est-ce que les spécialistes de la ministre
estiment, quant aux calculs scienti- fiques qui ont été faits et
qui démontrent de façon générale que les
coûts de système reliés au vieillissement de la population
sont de l'ordre de 3 %, qu'on erre en disant ça?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander au sous-ministre... D'abord,
avant de lui passer la parole, je voudrais vous dire que je n'ai pas pu
examiner le mémoire dont vous parlez ou, enfin, la note dont vous parlez
parce que je ne l'ai jamais reçue. C'est la première des choses.
Mais je voudrais quand même que le sous-ministre vous explique le
fondement des coûts de système de 1 % que nous accordons.
M. Cantin: D'abord, les coûts de système ne sont pas
reliés au vieillissement de la population, mais au développement
technologique. Les variations de volume d'activité dans nos
hôpitaux.
Mme Blackburn: II n'y a pas une partie de ça qui touche le
vieillissement?
M. Cantin: II y a une partie pour l'alourdissement des
clientèles, effectivement.
Mme Blackburn: Oui, c'est le vieillissement.
M. Cantin: Mais c'est relié strictement aux
activités du type hémodialyse, par exemple,
l'hémodynamique, toutes les techniques qui demandent davantage de
sommes, de budgets additionnels. Par exemple, l'accroissement des coûts
des médicaments.
Mme Blackburn: Oui, mais ce que je me demandais... On cite aussi
des études sérieuses qui démontrent que le vieillissement
de la population génère une demande additionnelle de 3 % en plus
de l'indexation du coût de la vie. C'est 4,5 %... Je pourrais vous donner
les sources d'information.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, cela nous rendrait service parce que
c'est difficile de discuter...
Mme Blackburn: Le Conseil économique du Canada, et des
études américaines que je pourrais essayer de vous faire
répertorier. Ce serait toujours possible. D'ailleurs, on a un bon
service, une bonne bibliothèque au Québec là-dessus.
Alors, je voulais juste savoir si vous aviez pris connaissance de ce genre
d'évaluation. J'imagine que oui. On ne fonctionne pas dans un
ministère comme le vôtre sans s'inquiéter des effets du
vieillissement sur les coûts de fonctionnement. Selon vous, ces
études sont-elfes sérieuses? Est-ce que vous avez tendance
à penser que ces chiffres sont assez près de la
réalité? (12 il 45)
M. D'Astous (André): On a pris connaissance, il y a
environ six mois, d'une étude
préparée par l'Association des hôpitaux du
Québec qui donnait des chiffres relativement semblables à 3 %.
Après rencontre avec nous, ils ont réalisé que, pour
plusieurs raisons, leur évaluation était vraiment
surévaluée. Lorsqu'on considère, en milieu hospitalier, la
croissance reliée aux technologies et au vieillissement de la
population, on pense toujours que c'est de l'ordre de 1 %.
Deuxièmement, il faut aussi vous dire qu'en plus des
crédits ajoutés aux hôpitaux existants il y a, chaque
année, entre 20 000 000 $ et 30 000 000 $ d'argent neuf pour ouvrir des
lits et qui servent donc à augmenter les ressources disponibles pour le
milieu de la santé.
Troisièmement, il y a d'autres institutions que les
hôpitaux qui reçoivent des personnes de plus en plus
âgées. Dans les faits, si vous regardez les crédits pour
l'alourdissement des clientèles en centres d'accueil
d'hébergement, cette année, la croissance des crédits est
de 2,5 % pour ce genre de vieillissement de la population.
Bref, on considère qu'une croissance reliée aux
coûts de système de 1 %, plus notre panier de provisions typique
par catégorie d'établissements, qui est, selon nous, une variable
sûre, cela correspond à un financement relativement complet des
croissances des coûts.
Mme Blackburn: Vous parlez d'ouverture de lits, certainement pas
dans les centres hospitaliers de soins de courte durée?
M. D'Astous: Écoutez, juste en 1989-1990...
Mme Blackburn: Parce que là, c'est plus l'inverse qui se
produit.
M. D'Astous: ...vous avez, en développement qu'on appelle
obligatoire, 18 000 000 $, dont la répartition est à la page 26
du cahier explicatif des crédits.
Mme Blackburn: Est-ce que ce développement n'est pas
annulé, en quelque sorte, par le fait qu'il y a une partie plus
importante, on l'estime à 18 %, du nombre de lits de soins de courte
durée occupés pour les soins de longue durée?
M. D'Astous: Ce n'est pas d'hier, madame, qu'il y a 18 % de
patients en soins prolongés en courte durée.
Mme Blackburn: Non, je ne vous demande pas si c'est depuis hier.
Je vous dis: Est-ce que ce n'est pas annulé, finalement, parce
qu'à Montréal, à un moment donné, cela a descendu
un peu en bas de ça et c'est revenu à... C'est vous qui, assez
récemment, nous fournissiez les chiffres là-dessus.
M. D'Astous: Regardez à la page 26 du cahier explicatif
des crédits et vous verrez qu'il y a de l'argent ajouté pour des
hôpitaux comme le CHAL, Dolbeau, Cité de la santé, etc Ce
sont des crédits qui ajoutent vraiment au financement des hôpitaux
de soins de courte durée.
Mme Blackburn: Vous dites que 1 %, c'est suffisant, il n'y a pas
de manque à gagner, il n'y a pas de sous-financement dans les
hôpitaux de soins de courte durée du Québec?
M. D'Astous: Selon les calculs de mes spécialistes et ceux
de la santé, 1 % correspond à l'évolution des deux
"facteurs: technologie et vieillissement de la population.
Mme Blackburn: £st-ce que vous êtes prêt
à dire qu'il n'y a pas de sous-financement dans les hôpitaux du
Québec? C'était ma question.
M. D'Astous: Je vous dis qu'on finance selon notre connaissance
des phénomènes. Les phénomènes étant ce
qu'ils sont, nous considérons toujours...
Mme Blackburn: Comment explique-t-on que les hôpitaux
soient obligés de fermer pour équilibrer leur budget? Mauvaise
gestion, mauvais administrateurs, dépenses de voyage excessives?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais répondre à cette
question. D'abord, je voudrais dire à la députée de
Chicoutimi - je pense que cela a été longuement débattu au
cours des dernières heures - comment on établit que le
système de santé, par exemple, mais on pourrait le restreindre
aux hôpitaux de soins de courte durée, est sur ou
sous-financé. Ce qu'on a senti, au cours des ans, c'est qu'il y avait un
sous-financement, puisque que, sur une période donnée, on avait
des déficits. À ce moment-là, on a fait le redressement
budgétaire et on a dit: À part le redressement, si on ne veut pas
qu'il retombe dans le même écueil, il faut accorder un coût
de système.
Je vous ferai remarquer que l'Ontario accorde un coût de
système qui est d'à peu près 1,4 %. Mais il faut
peut-être aussi considérer la richesse relative du Québec
et de l'Ontario où l'écart est de 20 %. On pourrait toujours
débattre qu'il en manque. On peut toujours en ajouter. Je pense qu'on a
tenu compte, par exemple, de situations particulières, comme à
l'Institut de cardiologie, où il y a un phénomène
particulier au point de vue des prothèses, médicaments, etc., et
ils reçoivent un coût de système de 1,3 %. Vous avez les
deux hôpitaux pour enfants, ou même les trois hôpitaux pour
enfants - en tout cas, certainement deux - qui reçoivent un coût
de système de 1,2 % parce qu'ils ont des caractéristiques qui
haussent leurs coûts. Ailleurs, à un moment donné, on a
entendu dire, par exemple que les grands brûlés coûtent
très cher. On a fait des ajustements pour les grands
brûlés.
II y a plusieurs établissements aussi qui reçoivent un
ajout à leur coût de système pour des fins
particulières. Je pense que l'exemple des grands brûlés en
est un. Saint-François-d'Assise en pédiatrie et en
néonatalogie; l'hôpital du Saint-Sacrement, pour la surveillance
épidémiologique du sida; l'hôpital Sainte-Croix de
Drummondville, l'impact de l'arrivée des médecins. D'ailleurs, on
l'a mentionné hier.
Mme Blackburn: À combien s'élèvent ces
petits ajouts à peu près? Cela serait plus simple.
Mme Lavoie-Roux: 13 000 000 $. Écoutez, il y en a
d'autres. Le volume est supérieur au coût du système de
base dans le cas de l'hôpital Sainte-Justine, dans le cas de l'Institut
de cardiologie de Montréal, de l'hôpital de Montréal pour
les enfants. Je pense qu'il faut en tenir compte. Mais, comme point de
départ, il nous apparaît que le coût de système de 1
%...
Mme Blackburn: Dans un tableau préparé par
l'association, on se rend compte que dans les années les plus difficiles
du Parti québécois, de façon générale, on a
consacré plus du PIB aux centres hospitaliers de soins de courte
durée qu'on ne l'a fait en période de croissance. Le tableau que
je vous donne est le suivant: 1981-1982-1983, 3,6 %; 1984-1985, 3,5 %, pour une
moyenne de 3,55 %; en 1986, 3,39 %; en 1987, 3,28 %; en 1988, 3,25 %; en
1989-1990, 3,26 %, pour une moyenne de 3,22 %. Si on avait maintenu la
même part de financement en regard du produit intérieur brut pour
les hôpitaux de soins de courte durée, ils auraient, au moment
où on se parle, quelque 500 000 000 $ de plus. Est-ce à dire
qu'on les finançait de façon beaucoup trop
généreuse?
Mme Lavoie-Roux: J'ai essayé de vous expliquer hier la
différence entre le produit intérieur brut comme base de calcul
de financement et celui de l'IPC plus l'indexation. Comme je ne vous ai pas
convaincue, je vais demander à mon sous-ministre, qui est très
versé dans ces questions, de vous donner des explications
supplémentaires.
Mme Blackburn: Pourriez-vous me dire si ces données sont
justes?
M. D'Astous: Ces données sont tout à fait
exactes.
Mme Blackburn: Et le montant total qui en résulte
également?
M. D'Astous: Le chiffre en soi est bon. L'interprétation,
par ailleurs, il faudrait en discuter. Dans les années difficiles,
c'est...
Mme Blackburn: Je me demandais juste si les données
étaient exactes.
M. D'Astous: Les chiffres comptables sont exacts.
Mme Blackburn: C'est bien.
M. D'Astous: Mais dans les années difficiles au cours
desquelles la croissance du PIB est à peine supérieure de 1 /2 %
à l'inflation...
Mme Blackburn: Je connais le système.
M. D'Astous: Cela va de soi; pour maintenir un financement qui,
au moins, finance le volet coûts, c'est évident que la part du
financement des hôpitaux est importante par rapport au PIB.
Mme Blackburn: Je comprends.
M. D'Astous: Dans les années où if y a une
croissance plus importante, il faut s'en écarter parce que la croissance
des dernières années, on s'en sert...
Mme Blackburn: Oui, si je résume votre pensée.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous laissez parler le sous-ministre. Il
parle en mon nom.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser M.
D'Astous finir son explication et on y reviendra.
Mme Blackburn: Oui, parce que je viens de comprendre sa
pensée.
Mme Lavoie-Roux: Vous pourrez y revenir après.
M. D'Astous: Dans les années où la croissance est
Importante, on s'en sert pour l'équilibre financier gouvernemental,
comme s'apprête à faire le gouvernement fédéral, au
cours des mois à venir. C'est normal que le financement d'un
hôpital ne soit pas lié au PIB. Il faut qu'il soit relié au
niveau d'inflation pour couvrir ses dépenses, donc l'effet coûts.
Ce qui est important, c'est l'ajout net de crédits qui donne aux
hôpitaux la marge de manoeuvre pour augmenter l'activité en milieu
hospitalier. D'après nous, ce sont les chiffres qu'il faut
considérer: 1,79 % avant 1986 en dessus de l'inflation et 3,30 % depuis
1986.
Mme Blackburn: Cela veut dire qu'on a
délibérément choisi de ne pas faire participer le
système de santé à l'enrichissement collectif de
manière à augmenter la qualité et l'accessibilité.
C'est cela qu'on dit. On dit...
Une voix:...
Mme Blackburn: Vous allez me laisser
terminer. J'ai écouté.
Cela veut dire qu'on a décidé de ne pas faire participer
les hôpitaux à l'enrichissement collectif pour,
premièrement, diminuer les listes d'attente et, deuxièmement,
pour améliorer les conditions de travail, parce qu'on sait qu'on a
considérablement contribué à les détériorer
en pleine crise économique. Donc, vous nous dites que vous n'avez pas
choisi de faire contribuer le réseau de santé à
l'enrichissement collectif de manière à améliorer la
qualité, améliorer les conditions de travail des employés
et réduire les listes d'attente.
Vous allez me permettre de livrer... Ici, on sait qu'à
l'hôpital de Sacré-Coeur - les vérifications ont
été faites très récemment, données le 15
mars 1989. Cela fait déjà un mois. Cela doit encore se ressembler
passablement. Je ne dirai pas qu'il y en a plus, mais cela doit se maintenir un
peu. Il y a, en chirurgie élective, pour hospitalisation, 1112 patients
sur la liste d'attente pour une durée d'attente de six mois à un
an; en chirurgie cardiaque, 99; en neurologie, 120; en orthopédie, 256.
Pour les examens: examens coronariens, 360 dont 180 sont urgents et 160 sont en
attente depuis un an; dilatation, 12; tapis roulant, 301; échographie
cardiaque, 224; les examens en radiologie scanner, 215 et la durée
d'attente est variable, selon l'urgence, d'un mois à onze mois;
médecine nucléaire, plus de 400 et la durée d'attente est
d'un mois à 24 mois.
À l'Institut de cardiologie de Montréal, on a vu des cas
qui ont été rapportés dans La Presse qui sont les
plus pénalisants. En chirurgie élective, 224 et l'attente est de
plus de six mois. D'ailleurs, je me suis laissée dire qu'il y a un
chirurgien qui a décidé d'écrire à tous ses
patients sur la liste d'attente en disant: allez donc voir un peu vos
députés pour voir s'il n'y aurait pas moyen de faire entendre
raison à ce gouvernement. En chirurgie élective, 274, plus 20 qui
sont déjà à l'hôpital et qui attendent et 20 dans
d'autres hôpitaux, ce qui fait un total de 314. Cela, c'est à
l'Institut de cardiologie de Montréal. Les traitements en
hémodynamie, 797, et l'attente est de six mois; en médecine
nucléaire, 328 et l'attente est de trois mois; les autres examens, 224,
et l'attente est de trois mois. À l'hôpital Notre-Dame de
Montréal, l'attente varie de 90 jours plus ou moins - c'est là
que cela semble aller le mieux - les chirur-gies-plasties, 23; urologie, 30;
c'est un peu plus négatif en ophtalmologie, 176; orthopédie et
ORL, 75 chacun.
Vous avez trois hôpitaux. Je ne peux pas faire le tour de tous les
établissements du Québec et je n'ai pas nécessairement
pris les listes les plus longues. À l'Institut de cardiologie, oui, je
trouve que la situation est préoccupante et j'ai demandé qu'on
vérifie l'état de la situation. Mais les listes d'attente sont
aussi longues et continuent de s'allonger. Si vous regardez Pierre-Boucher,
Rimouski - là-dessus, d'ailleurs, on a eu un certain nombre de plaintes
- Ma-tane, les petits hôpitaux, proportionnellement, les listes sont plus
longues dans ces hôpitaux.
Je me demande pourquoi on n'a pas décidé, comme
gouvernement, de faire participer le réseau de la santé et des
services sociaux à l'enrichissement collectif. J'ai compris et je
comprends bien l'explication du sous-ministre. Je ne me faisais pas d'illusion
quant aux calculs qu'il y avait là. Je sais comment la mécanique
a joué. Ma question est celle-ci: Sur quelle base a-t-on
décidé de ne pas faire participer le réseau à
l'enrichissement collectif?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on ne dort
pas calculer le financement adéquat ou non adéquat des
hôpitaux à partir de la participation à la richesse
collective. Je pense que cela doit se calculer à partir des
crédits qui sont votés et qui contribuent au fonctionnement des
hôpitaux. Ce que je viens de démontrer ou que le sous-ministre
vient démontrer, c'est que, depuis 1986, 1987, 1988, les montants qui
ont été consentis vont du simple au double, si l'on regarde ce
qui était versé non pas durant les années
économiques les plus difficiles, mais depuis les trois dernières
années, et la reprise économique avait déjà
commencé. Je ne le calcule pas dans les années 1980, 1981 et
1982. Vous avez un soutien aux hôpitaux, puisque là on parle des
hôpitaux, qui va du simple au double, si on compare les deux
administrations.
Je voudrais, en tout dernier lieu, dire que, dans les priorités
gouvernementales depuis 1986-1987, la mission sociale a accaparé 47,1 %
du budget, dont 31 % environ cette année, je pense, va au
ministère de la Santé et des Services sociaux, comparativement
à 28 %, ou même un peu moins, sous l'ancien gouvernement pour le
ministère de la Santé et des Services Sociaux.
Le Président (M. Bélanger): Alors, compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die, mais je vous informe
qu'à la période des affaires courantes on nous informera de
l'heure de la reprise des travaux, c'est-à-dire vers 15 il 30 ou 16
heures.
(Suspension de la séance à 13 il 2)
(Reprise à 15 il 44)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Si vous me le permettez, je demanderais à chacun de bien vouloir
reprendre sa place afin que nous puissions continuer l'étude des
crédits budgétaires du ministère de la Santé et des
Services sociaux. Nous en étions au programme 3 qui n'était pas
terminé.
Services des centres d'accueil d'hébergement et
des centres hospitaliers de soins de longue durée (suite)
Fermeture de lits aux
îles-de-la-Madeleine
Mme Blackburn: M. le Président, vous allez me permettre,
comme on n'avait pas adopté les programmes, de revenir sur celui - parce
que je m'y suis un peu beaucoup engagée avec les personnes - des centres
d'accueil, et plus particulièrement pour parler du pavillon Christ-Roi,
des Îles-de-la-Madeleine. Les gens sont ici et je sais qu'ils attendent
une réponse. Alors, je vais être brève. La ministre
connaît la situation. Les gens des Îles-de-la-Madeleine refusent
que l'on ferme définitivement les 21 lits. Ce que les gens
réclament, c'est l'agrandissement du centre d'accueil, pour
l'équivalent des lits qui vont être fermés, de l'aile qui
va être fermée au moment de la construction de
l'hôpital.
J'ai seulement une question, et je dirais une suggestion en même
temps. Bien qu'on puisse l'expliquer comme le font les fonctionnaires, qu'il y
a plus de lits que la population ne l'exige - on parle de 130 % - et qu'il n'y
a pas de liste d'attente, on devrait s'en réjouir, j'ai de la
difficulté à comprendre qu'on tienne compte exclusivement de la
situation actuelle alors qu'on sait que la population est vieillissante. La
population, d'une façon quasi unanime, je pense bien, réclame le
maintien de ces 24 places en centre d'accueil. Je sais que les gens vous ont
remis une pétition de 7500 noms. Deux fois plutôt qu'une, des fois
cela peut être utile. Alors, les gens qui sont ici s'attendent à
ce que vous leur accordiez une réponse positive, et c'est
là-dessus que je voudrais vous entendre.
Mme Lavoie-Roux: La décision de fermer les 21 lits
d'hébergement du pavillon Christ-Roi est reliée au projet de
construction et de rénovation du centre hospitalier de l'Archipel au
coût de, de mémoire, entre 28 000 000 $ et 30 000 000 $. La
décision, pour une partie, de réaménager le centre
hospitalier et, pour une autre partie, de reconstruire en neuf avait
été prise compte tenu de l'état très piteux, pour
dire le moins, du centre hospitalier de l'Archipel. On se souviendra que c'est
un problème qui durait depuis un bon nombre d'années puisque,
dès 1986, quand je suis arrivée, on m'en avait glissé
certains mots. Certains se souviendront, entre autres, du "disfonctionnement"
de ce centre hospitalier, du toit qui coulait, etc. L'image qui me frappe
encore est celle des bassines qu'on mettait pour recueillir l'eau dans la salle
d'accouchement et ainsi de suite... Enfin, cela nécessitait une action
rapide et importante. Les gens se sont réunis et sont arrivés
à la décision de reconstruire, de rénover pour le montant
que je viens d'indiquer. Dans ce plan global, ont également
été prévus la fermeture du pavillon Christ-Roi et le
transfert des 21 patients qui s'y trouvent au centre d'accueil Villa Plaisance.
En contrepartie, les personnes qui se retrouvent au centre d'accueil Villa
Plaisance et qui sont des bénéficiaires moins lourds seraient
transférées dans 28 places en résidences d'accueil du
milieu, cela étant plus approprié puisqu'une partie de ces cas ne
nécessitent pas autant de services et de soins. On crée
même 7 places additionnelles. Aux 13 personnes qui travaillent
présentement au pavillon Christ-Roi viendront s'ajouter 4,5 nouveaux
postes pour répondre aux besoins. On prévoit que ces effectifs de
17,5 personnes seront répartis entre le CLSC, le centre d'accueil et le
CSS.
À ce moment-ci, on nous demande d'ajouter 21 lits. Les plans qui
ont été faits ont tenu compte des besoins en hébergement
des Îles-de-la-Madeleine. C'est quand même une décision
à laquelle le milieu a participé et elle nous apparaît la
plus sage, compte tenu du type de soins que chacune de ces clientèles
requiert, soit en centre d'accueil ou en résidence. Je pense qu'il y a
une certaine inquiétude du fait que les résidences ne seraient
pas toutes prêtes pour l'accueil, au moment voulu, avant la fin de la
construction du centre hospitalier. À ce moment-là,
qu'adviendrait-il d'un certain nombre de personnes qui ne pourraient pas
être déplacées de Villa Plaisance vers les
résidences? Je pense qu'on peut assurer le personnel et les gens que ces
personnes, s'il en reste, qui ne peuvent pas être déplacées
vers les résidences pourraient momentanément occuper des lits au
centre hospitalier jusqu'au moment où les 21 personnes de Villa
Plaisance puissent être totalement déplacées vers les
résidences.
Encore une fois, quatre infirmières seraient replacées au
CLSC et au centre hospitalier; deux infirmières auxiliaires en centre
d'accueil; il y aurait des préposés au CLSC et au centre
d'accueil. Je pense que...
Mme Blackburn: Ce n'était pas tout à fait ma
question, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Non. La question est de savoir si on devrait
agrandir Villa Plaisance. Je vous dis que, compte tenu des besoins, nous ne
croyons pas qu'on doive agrandir Villa Plaisance.
L'autre chose que je voudrais vous faire remarquer, c'est que le
déplacement de ces personnes est également requis pour que
démarre la construction du centre hospitalier. Il est attendu depuis
fort longtemps, et je pense que la population des Îles-de-la-Madeleine,
avec raison, a fait beaucoup de représentations et a vraiment
hâte, aussi, que les travaux démarrent.
Mme Blackburn: Ma question, M. le Président: Est-ce qu'il
y a des précédents où on a vraiment déplacé
des personnes qui étaient, depuis de nombreuses années, dans un
centre d'accueil pour les retourner dans les foyers? Est-ce qu'il y ades précédents, au Québec? Est-ce
qu'on a déjà fait des choses comme ça?
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, il y a beaucoup de
précédents.
Mme Blackburn: Non. Je veux dire qu'on vide une maison de cette
façon-là, parce que c'est l'équivalent de seize lits.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
Mme Blackburn: Je demande juste si ça s'est
déjà fait.
Mme Lavoie-Roux: Cela se fait beaucoup, parce que chaque fois
qu'on fait des... Cela se fait beaucoup! Beaucoup, entre guillemets.
Mme Blackburn: Je parle chez les personnes
âgées.
Mme Lavoie-Roux: Oui, chez les personnes âgées.
Quand la résidence Dorchester, par exemple, qui avait au moins 300
patients, a été reconstruite, c'étaient des gens qui
étaient en centre d'accueil et ils ont dû être
déplacés. L'Hôtel-Dieu de Québec...
Mme Blackburn: Oui, mais temporairement. Je veux dire que
définitivement on ait pris des gens qui...
Mme Lavoie-Roux: Non. Définitivement, ils ont
été déplacés vers un nouvel
établissement.
Mme Blackburn: C'est ce que je dis. Non, ce n'est pas ce que je
demande; ça, c'est bien évident. J'imagine qu'il y a un certain
nombre de transferts de cette nature. Je dis: Est-ce qu'il y a eu de la
désinstitutionnalisation, chez les personnes âgées, pour
utiliser un terme que tout le monde connaît?
Mme Lavoie-Roux: Vers une ressource plus
légère?
Mme Blackburn: Oui. C'est ça, de la
désinstitutionnalisation, oui.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu de la désinstitutionnalisation
vers des ressources plus légères.
Mme Blackburn: Dans quels cas? Est-ce que c'est
fréquent?
Mme Lavoie-Roux: On me dit justement qu'à Montréal
il y a eu de ces projets qui ont été faits.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y en a eu pour des raisons
administratives, comme dans le cas actuel?
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sont pas des raisons administratives, ici,
il faut bien le comprendre. On pense qu'à cause de la nature des
services que ces personnes requièrent, elles peuvent
bénéficier davantage d'un milieu moins lourd.
Mme Blackburn: Est-ce que, sérieusement, on est convaincu
que les personnes qui sont... Est-ce qu'on a fait un sondage auprès de
ces personnes? Est-ce qu'on les a rencontrées pour vérifier si
elles souhaitaient sortir de ces établissements pour faire de la place
à celles qui sont plus handicapées?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je me souviens. Tiens, ça
me revient à l'esprit, et je suis sûre qu'au fur... Les gens qui
m'entourent doivent se le rappeler encore davantage. Je me rappelle que dans le
cas de Baie-Comeau, je ne sais pas si c'était rattaché à
Hauterive, des personnes âgées avaient été
déplacées. Ne me dites pas que vous ne vous souvenez pas de
ça. Je m'en souviens.
Mme Blackburn: Je pense qu'à ia connaissance de vos
fonctionnaires on a désinstitution-nalisé des handicapés,
des personnes qui avaient des problèmes psychiatriques, mais qu'on ait
désinstitutionnalisé, parce que c'est ce dont on parle, des
personnes qui sont en centre d'accueil depuis je ne sais combien
d'années - ça doit être variable, comme un peu partout - je
pense que c'est un précédent. À ma connaissance, on n'a
jamais procédé de cette manière, simplement en disant: II
faut que vous cédiez vos places à des gens qui en ont plus besoin
que vous. J'ajoute à cela, parce que vous avez dans votre document
d'orientations des prévisions d'alourdissement de clientèle, et
tous, on les connaît, que les îles-de-la-Madeleine
connaîtront probablement une situation pire que celle du reste du
Québec, comme un peu la Gaspésie aussi. Beaucoup de gens qui ont
fait leur vie active à l'extérieur reviennent dans leur
région d'origine sur leurs vieux jours et, à un moment
donné, vous vous retrouvez - c'est dans un document que vous a remis la
présidente du Conseil des affaires sociales - avec une population en
déclin démographique qui a plus de besoins en matière de
centres d'accueil. Comment pouvez-vous prendre la décision, en toute
connaissance de cause, de fermer des lits alors que vous savez qu'on a un
alourdissement de la clientèle?
Mme Lavoie-Roux: Je veux vous dire que c'est une décision
qui a été prise par l'ensemble d'une table de concertation qui
s'est penchée sur l'ensemble de la planification du centre hospitalier
et des ressources qui étaient requises par les différentes
catégories de personnes âgées, certaines étant plus
lourdes, d'autres requérant des services moins lourds.
Encore une fois, un exemple très concret que je me rappelle,
c'est celui de Baie-Comeau
où il y a eu aussi une fermeture, je ne sais pas si
c'était d'un étage, mais où des personnes ont
été déplacées ailleurs. Ou on veut reconstruire
l'hôpital des Îles-de-la-Madeleine ou on perpétue une
situation que tout le monde déplorait, contre laquelle tout le monde
protestait depuis un bon nombre d'années. Je comprends que le personnel
puisse avoir des inquiétudes concernant ce qui peut lui arriver. Il y a
aussi de ce côté, j'imagine, une préoccupation des
personnes âgées, mais cela voudrait dire que jamais, en aucun
moment... Je pense qu'il faut éviter le plus possible le
déplacement de personnes âgées qui sont en...
Mme Blackburn: On ne parle pas de déplacement, on parie de
fermeture de places en centre d'accueil de façon permanente et
définitive. C'est ce dont on parle. Ce que vous leur offrez, en
contrepartie, c'est le foyer de groupe ou la famille d'accueil et je dis que ce
n'est pas souhaitable.
La ministre semble vouloir laisser planer l'impression que c'est la
préoccupation exclusive des syndiqués. Elle a une
pétition, remise en double, de 7500 signatures sur sa table. Ce n'est
pas vrai qu'il s'agit juste des préoccupations de travailleurs
syndiqués qui veulent sauver leur job. Ce que je dis à la
ministre, connaissant l'état de la situation, c'est: comment peut-elle
prendre une telle décision? Ce que les gens demandent, ils ne vous
disent pas: ne nous construisez pas d'hôpital, cela n'a pas de bon sens.
Ils ne disent pas: on veut s'accrocher et il n'y a pas d'autres moyens. Mais,
si vous garantissez a ces personnes que vous les déplacez dans des
ressources temporaires en attendant d'agrandir Villa Plaisance, par exemple, il
n'y aura pas de levée de boucliers aux Îles-de-la-Madeleine. Ce
qu'ils vous disent c'est: donnez-nous la garantie que vous allez agrandir Villa
Plaisance.
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas donner de garantie qu'on va
agrandir Villa Plaisance. Je sais que, derrière moi, se trouvent,
justement, les représentants - je ne sais pas si c'est l'ensemble, mais,
en tout cas - du personnel de l'hôpital Christ-Roi qui se sont
déplacés des Îles-de-la-Madeleine jusqu'ici pour venir me
présenter ces pétitions et faire valoir leur point de vue. Cette
décision a été prise il y a au moins un an et demi ou deux
ans. À ce moment-là, elle a fait l'objet de consultations et de
discussions. Ce que je répète, c'est que, parmi les
bénéficiaires de Villa Plaisance, il y a présentement 20
bénéficiaires qui ont été évalués
récemment - en février 1989, pour vous donner la date
précise - et qui exigent moins qu'une heure et demie de soins. Vous vous
trouvez devant une clientèle qui peut être accommodée en
pavillon ou dans un foyer de groupe. On n'enlève pas de places, au
contraire, if y a sept personnes de plus qui pourront être
accommodées qui sont en légère perte d'autonomie ou en
perte d'autonomie, qui requièrent une heure et demie de soins. Ce sont
des places additionnelles, et quant aux autres qui sont déplacées
du pavillon Christ-Roi... (16 heures)
Mme Blackburn: En calculant les places additionnelles de cette
façon, je comprends pourquoi on se retrouve avec les listes qu'on a en
main.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez donc, Mme la
députée...
Mme Blackburn: Alors...
Mme Lavoie-Roux: ...je comprends que ce que vous faites est tout
à fait normal, mais je pense que je vous donne...
Mme Blackburn: Non, mais vous me dites que ce sont des places
additionnelles. Il ne faut pas rire du monde.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, si, au lieu de 21 places, on en
a 28, pour moi, 28 moins 21, ça fait 7 places additionnelles.
Mme Blackburn: Si on vide les prisons, il va y avoir bien des
places dans les prisons aussi. Cela n'a pas de bon sens de tenir un
raisonnement comme ça. Vous ne créez pas de places. Vous videz le
monde; bien sûr que ça fait des lits vides.
Mme Lavoie-Roux: Mais voyons donc, madame! Ce n'est quand
même pas...
Mme Blackburn: Cela ne fait pas des places additionnelles.
Mme Lavoie-Roux: Madame, madame...
Mme Blackburn: Mme la ministre, ça ne fait pas des places
additionnelles.
Mme Lavoie-Roux: ...quand on dit qu'on ajoute 28 places et qu'il
y en avait 21, j'ai de la misère à comprendre que ça ne
fasse pas 7 places de plus.
Mme Blackburn: Je voudrais juste le demander à votre
sous-ministre. Est-ce que c'est comme ça que vous comptez l'addition des
places, les places additionnelles? Je parle au sous-ministre.
M. Gagnon: Au total, effectivement, il y a sept places de
plus.
Mme Blackburn: Vous ne l'avez pas agrandi. Vous avez vu Villa
Plaisance. Il y avait un certain nombre de places sauf que vous dites aux
personnes: Vous ne requérez pas des soins aussi
lourds. Donc, on peut vous placer en famille d'accueil. Et là,
vous venez de me dire que vous avez créé sept places de plus.
Est-ce que c'est comme ça que vous avez fait le compte des places
créées que m'a remis le sous-ministre en titre tantôt? Non,
je m'interroge et je comprendrais peut-être mieux. Si vous me dites que
c'est comme ça que vous avez évalué le nombre de places
créées dans le réseau, là, j'imagine qu'il va
falloir faire un nouveau calcul.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais essayer encore
une fois d'expliquer.
Mme Blackburn: J'ai compris. Mais est-ce que c'est selon ce
même calcul...
Mme Lavoie-Roux: Non... Mme Blackburn: ...qu'on
établit...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va laisser Mme la ministre répondre.
Mme Blackburn: M. le Président, si ma question...
Le Président (M. Bélanger): Vous aurez tout le
loisir de poser des questions après.
Mme Blackburn: ...est posée correctement, probablement que
la réponse a de bonnes chances d'être correcte...
Le Président (M. Bélanger): Posez votre question
correctement.
Mme Blackburn: Est-ce que dans la liste qui m'a été
remise tout à l'heure par le sous-ministre, M. Cantin...
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a rien à voir avec ça.
Mme Blackburn: ...qui parle de créations de nouvelles
places...
Mme Lavoie-Roux: C'est en centres d'accueil.
Mme Blackburn: Mais c'est d'un centre d'accueil qu'on parle.
Mme Lavoie-Roux: Ce que l'on vous dit, c'est qu'on met à
la disposition de la population des îles-de-la-Madeleine, de la
population âgée, sept places additionnelles. On sait que les
personnes âgées peuvent être servies dans divers types de
ressources d'hébergement: elles peuvent être accueillies en soins
prolongés; elles peuvent être accueillies en hébergement,
en centres d'accueil d'hébergement; elles peuvent être accueillies
en foyers de groupe et elles peuvent être accueillies en familles
d'accueil. Je pense que c'est à peu près l'éventail...
Mme Blackburn: Je sais tout ça.
Mme Lavoie-Roux: ...et en pavillons. Ce que l'on vous dit, c'est
qu'on met à la disposition des personnes âgées des
Îles-de-la-Madeleine, en créant quatre foyers de groupe de sept
personnes chacun, sept places additionnelles qui correspondent aux besoins.
Mme Blackburn: Combien y a-t-il de places à Villa
Plaisance?
Mme Lavoie-Roux: C'est 54, je pense. Mme Blackburn: 54?
Mme Lavoie-Roux: Oui, 54.
Mme Blackburn: À entendre votre discours, on croirait que,
dorénavant, vous en aurez 61. Ce n'est pas ça? Alors, vous avez
tout simplement libéré des places. Vous avez libéré
des places. C'est ça?
Mme Lavoie-Roux: Ce que je dis, c'est que l'ensemble des
ressources qui seront mises à la disposition...
Mme Blackburn: J'ai compris.
Mme Lavoie-Roux: ...de la population des
Îles-de-la-Madeleine indique, hors de tout doute, qu'il y aura sept
places d'hébergement additionnelles mises à leur disposition
à partir d'une addition de foyers de groupe.
Mme Blackburn: C'est un peu fort. Écoutez, avec ce genre
de calcul, je ne peux que souhaiter bonne chance aux gens des
Îles-de-la-Madeleine, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, bonjour.
Hébergement dans l'est de
Montréal
Mme Harel: Merci, M. le Président. Cela me fait plaisir de
me retrouver à la commission parlementaire des affaires sociales. On a
siégé pendant des mois sur l'aide sociale, sur les services de
garde, sur la réglementation. Je viens malheureusement faire mon
pèlerinage annuel à l'étude des crédits du
ministère de la Santé et des Services sociaux concernant
l'hébergement dans l'est de Montréal et, particulièrement,
pour le dossier de Notre-Dame-du-Rosaire. Ma collègue de Chicoutimi a eu
l'amabilité de me laisser une quinzaine de minutes pour intervenir dans
ce dossier. C'est, je pense, le temps que j'avais utilisé l'an dernier
pour expliquer la saga de Notre-Dame-d u-Rosaire.
Mais je veux simplement citer ce que la
ministre m'en disait l'an passé: "Notre-Dame-du-Rosaire est donc
un centre d'accueil fermé en raison de sa vétusté et pour
lequel la corporation d'hébergement a fait l'acquisition d'un terrain
sur Pierre-de-Coubertin." La corporation est encore propriétaire du
terrain qui prend évidemment beaucoup de valeur puisqu'il est
situé en face du Stade olympique. Dans le cadre de son plan de
désengorgement des urgences, la ministre en a annoncé la
construction en avril 1986 et l'ouverture en septembre 1987. Ce sont les
faits.
L'an dernier lorsque je l'ai interrogée sur la question des
surplus et des déficits de lits d'hébergement dans l'est de
Montréal elle m'a fait une réponse en dehors vraiment de la
réalité que j'avais pu vérifier sur place dans l'est,
puisque j'avais, pour préparer l'étude des crédits,
rencontré toutes les directions de tous les établissements, du
département de santé communautaire de l'hôpital
Maisonneuve-Rosemont de l'est de Montréal qui s'occupe, de près
ou de loin, d'hébergement, y compris le CRSSS et le CSS. Personne
d'entre eux ne s'attendait à la réponse qui m'avait
été fournie par la ministre, selon laquelle, il y avait un
surplus de 552 lits dans le département de santé communautaire de
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Je vais vous citer Mme Lavoie-Roux. Le 19
avril dernier, vous me disiez: "Cela dit, j'ai devant moi les chiffres du
surplus de lits dans le CLSC Hochelaga-Maisonneuve ou enfin dans le DSC
Maisonneuve-Rosemont, et c'est un surplus de 552 lits." Et me disiez-vous, et
je vous cite: "Je pense que c'est peut-être conservateur." Vous ajoutiez
devant, non pas mon étonnement mais mon désarroi, pour ne pas
dire ma stupéfaction, puisque je venais de recueillir
l'évaluation des intervenants du milieu et, notamment, du service de
planification du CRSSS qui évaluait, à l'époque, le
déficit à 29 lits: "Ce à quoi je peux m'engager, c'est
qu'on vous envoie des listes comparatives avec les noms des
établissements, le nombre de lits par établissement, pour que
vous puissiez juger vous-mêmes des résultats obtenus. Je pense
qu'il faut faire une vérification. "Vous me proposiez de rencontrer vos
services et de les réexaminer en fonction des nôtres - vous me
parliez de mes chiffres - et d'essayer de se convaincre mutuellement qu'il y a
quelque part des chiffres qui peuvent être les plus justes possible.
J'ai tenté, à deux reprises, de contacter votre
sous-ministre; j'ai même pris rendez-vous avec lui. À chaque fois,
M. Duc Vu annulait mes rendez-vous pour me dire finalement, la deuxième
fois, que ce n'était pas vraiment lui qui était identifié
comme devant être mon interlocuteur. Je me suis dit qu'il fallait aller
au fond de cette question. Elle n'était pas impertinente, n'est-ce pas,
puisque ces chiffres-là justifiaient le ministère à
déplacer ailleurs ce qui était prévu pour nous. En
contactant à nouveau tous les intervenants du CRSSS, du CSS de
MaisonneuveRosemont et de l'ensemble des autres ressources
d'hébergement, on m'a dit que le ministère devait confondre les
lits qui sont attribués au département de santé
communautaire du Montreal General Hospital sur notre territoire. Effectivement,
je vous ai écrit à ce moment-là et le 18 octobre, six mois
plus tard, je recevais une réponse à la lettre que je vous avais
envoyée après l'étude des crédits et dans laquelle
vous me disiez: On fait une vérification et on se rend compte qu'il y
aurait 573 lits qu'il faut retirer de notre planification, parce que ce sont
là des établissements qui ont une vocation régionale. Vous
me parliez du foyer Rousselot, de l'hôpital Santa Cabrini, du centre
d'accueil Dante, de l'Institut canadien-polonais du bien-être inc., du
centre de soins prolongés, de l'hôpital Grace Dart. Finalement
vous me pariiez encore d'un surplus. Mais, sur ce surplus, je vous ai
écrit, après cette lettre de l'automne, et je n'ai pas encore eu
de réponse. Cette lettre était datée du 5 décembre.
Je vous disais: Au nombre des lits autorisés en 1986, vous calculez les
160 lits du centre d'accueil Notre-Dame-du-Rosaire dont la reconstruction a
été annoncée, mais qui se fait toujours attendre. C'est
assez absurde que vos services comptabilisent, dans l'offre des lits
réels, ceux qu'on réclame. Imaginez, on les réclame et on
nous répond qu'on n'en a pas besoin parce qu'on les comptabilise comme
s'ils avaient été construits.
Je veux avoir l'heure juste. Depuis un an, sans d'aucune façon ne
pas tenir compte de toute la situation... Je sens qu'aujourd'hui il n'y aura
pas de miracle. Ce n'est pas de surplus dont on va se parler mais de
déficit. Je sais que vous procédez à une évaluation
présentement. Alors, je voudrais savoir quand Notre-Dame-du-Rosaire va
être reconstruit. Je voudrais évidemment vous demander aussi en
même temps, concernant le centre d'accueil juif qui va être
reconstruit et qui va ouvrir cette année, quelle sera l'utilisation qui
sera faite de l'établissement où les personnes seront
déplacées et quelle sera l'utilisation du centre d'accueil juif
de L'Espérance également. Enfin, ce sont là deux centres
qui sont reconstruits ailleurs que dans le territoire mais qui ne desservaient
pas des gens du territoire et qui étaient considérés comme
vétustes. J'espère qu'on n'envisagera pas d'y installer des gens
du territoire.
Mme Lavoie-Roux: Je vais répondre à votre
première question. Quand je vous entendais relire ce que j'avais dit, je
me souviens très bien que j'avais convenu, à ce moment-là,
devant la confusion des chiffres, qu'on devait recalculer pour s'assurer qu'on
partait des mêmes données pour arriver à des conclusions
qui soient justifiées. Vous avez fait un peu la chronologie des
événements. Pour ce qui est de la lettre du mois de
décembre, on ne vous a pas fait parvenir d'accusé de
réception. Je m'en excuse. Je peux vérifier cela. Mais ce qu'on
me dit, c'est qu'en février le ministère a contacté
à nouveau le
conseil régional où on a fait une évaluation DSC
par OSC des ressources en hébergement. Les conclusions auxquelles on
arrive, c'est qu'après que tous ces calculs ont été faits
le DSC Maisonneuve-Rosemont serait encore en surplus. C'est bien cela, M. le
sous-ministre? Il serait encore en surplus. C'est à la suite, il me
semble, d'une étude conjointe du conseil régional et du
ministère.
Mme Harel: II y a un an, lorsque je venais vous interroger sur la
date où serait entreprise, finalement, la construction, puisque cela a
déjà été annoncé et reporté, je vous
avais fait part d'une étude du service de planification du CRSSS qui
faisait état d'un surplus de 29 lits. Est-ce que c'est la même
étude que celle réalisée il y a un an? Ce surplus,
évidemment, vous allez m'indiquer de combien II est dans le territoire
du DSC Maisonneuve-Rosemont. Si vous me parlez d'un surplus, vous êtes en
mesure de me dire de quelle nature il est. Au CRSSS, on n'a jamais soustrait,
de l'offre des lits, ceux qui avaient été annoncés comme
allant désengorger les urgences et, toujours au CRSSS, on calcule les
160 lits annoncés et pas construits.
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à M. Vu de vous
répondre compte tenu de notre...
Mme Harel: Cela me fait plaisir, Mme la ministre, parce que c'est
la première fois que je vais pouvoir converser à M. Duc Vu. Il a
toujours différé, annulé les rendez-vous. J'avais
l'impression qu'il me prenait pour une sorcière.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous assurer que vous n'avez pas cette
réputation au ministère.
M. Vu (Duc): Oui, je pense que je me souviens - j'ai parlé
d'ailleurs avec votre secrétaire de comté - que c'était
elle, indépendamment de ce qui s'est passé, qui avait
annulé la rencontre finalement. Je me suis mis à sa disposition
et on pourrait vérifier la circonstance en question.
Mme Harel: Alors, vous êtes prêt à me
rencontrer, M. Duc Vu, si je comprends bien?
M. Vu: Pardon?
Mme Harel: Vous êtes prêt à me rencontrer?
M. Vu: Bien sûr, n'importe quand. Des voix: Ha, ha,
ha!
Mme Lavoie-Roux: On vous laissera arranger vos rendez-vous.
M. Vu: Relativement à l'étude dont la ministre
vient de parler, effectivement, nous avons fait dernièrement, au mois de
février 1989, un inventaire complet de chacune des ressources sur tout
le territoire du Québec, y compris la région 06. À cet
égard, on les a fait valider, place par place, par le CRSSS de
Montréal. Le phénomène dont vous me pariez,
c'est-à-dire qu'on tienne compte de 160 lits fantômes qui
n'existent pas, personnellement, cela m'étonne beaucoup mais on peut le
revoir, si vous voulez. Je pense que, lors d'une autre rencontre, je pourrais
vous apporter l'inventaire de toutes ces ressources. (16 h 15)
Maintenant, vous comprendez que, quelle que soit la façon dont
«on calcule ces ressources, il demeure que, toutes choses étant
relatives, même si on pensait qu'il pouvait y avoir un déficit
dans Maisonneuve, ne serait-ce qu'un déficit mineur, on aura à ce
moment-là, sur la même base, des problèmes de
déficits majeurs dans le DSC de Sainte-Justine et le DSC de Lakeshore,
toutes choses étant égales. Vous comprendrez que, même sur
cette base, il est assez difficile de ne pas privilégier les
régions qui sont actuellement en déficit majeur.
Mme Harel: D'abord, donnez-moi la nature du déficit, la
nature du surplus qui, prétendez-vous, existe dans le territoire du DSC
Maisonneuve-Rosemont. Quel est-il?
M. Vu: Je ne le sais pas par coeur, mais je pourrais vous les
donner lors d'une autre rencontre.
Mme Harel: C'est parce que, voyez-vous, on se rencontre juste une
fois par année et je trouve ça trop long.
Mme Lavoie-Roux: Mais, là, vous allez avoir une rencontre
accélérée.
Mme Harel: Vous avez parlé d'un surplus de 552 lits, l'an
passé. Vous avez parlé d'une liste de tous les
établissements et du nombre de lits par établissement que je n'ai
jamais reçue. Aujourd'hui, je veux savoir exactement ceci. Au CRSSS, on
m'indique que, compte tenu qu'on n'a jamais décidé, heureusement,
au ministère de ne plus reconstruire Notre-Dame-du-Rosaire, le CRSSS les
comptabilise toujours comme allant être offerts.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il va falloir vérifier s'il y
a confusion là, à savoir si on les calcule toujours ou si on ne
les calcule pas.
Mme Harel: Oui mais, Mme la ministre, le 5 décembre je
vous ai écrit pour vous demander justement de mettre fin à cette
confusion. J'ai écrit au ministère, au 1075, chemin Sainte-Foy,
au 15e étage, et cela fait déjà quatre mois de
ça. La commission siège-telle encore demain? Non.
Une voix: Non.
Mme Harel: La semaine prochaine? C'est fini aujourd'hui?
Une voix: Elle se termine aujourd'hui. Mme Harel: Le 2
mai? Une voix: Le 2 mai.
Mme Harel: Bon! Cela me satisferait d'avoir la réponse le
2 mai. Vous voyez, le 2 mai, c'est dans deux semaines, ce ne serait pas si
mal.
M. Jolivet: Après un an et demi, là.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, on va faire les
vérifications quant aux réponses et quant aux chiffres.
Mme Harel: Mais, le 2 mai, à la prochaine séance de
la commission parlementaire, on me fournirait ce qu'on présume
être le surplus du Département de santé communautaire.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Mme Harel: On me dirait également - et je ferai
moi-même la vérification - si le CRSSS, compte tenu de ces
chiffres, doit toujours inclure les 160 lits de Notre-Dame-du-Rosaire,
puisqu'ils ont été annoncés dans le cadre de la politique
de désengorgement et qu'il n'a pas reçu de directive selon
laquelle c'était annulé, le ministère ayant
décidé de ne plus reconstruire pour l'instant, mais simplement de
reporter la construction.
Troisièmement, vous calculez des lits, notamment ceux de la
résidence Maisonneuve, et j'en viens aux problèmes de la
résidence Maisonneuve. Je n'ai jamais pu obtenir, malgré les
efforts répétés - non seulement les miens, mais ceux de
tout le milieu - le rapport que le tuteur, M. Gilbert, a fait à la suite
du mandat qu'il a eu. Je pense que ça doit être d'ordre public. Il
a fait un rapport, et je ne comprendrais pas que nous ayons pu obtenir copie
d'un deuxième rapport, sans obtenir copie du premier. Alors, nous avons
pu obtenir, par l'intermédiaire de Mme la députée de
Chicoutimi, le rapport du Conseil et gestion d'organisations CGO inc., au 1er
décembre. Pourquoi le deuxième rapport et non pas le premier?
Parce que le deuxième fait l'affaire du ministère et non le
premier? Si c'est d'intérêt public de nous avoir communiqué
le deuxième, ce l'est tout autant de nous communiquer le premier,
même si ça n'allait pas dans le sens que souhaitait le
ministère, parce que ça n'allait pas dans le sens d'une
intégration de la résidence avec une autre institution
d'héberge- ment. Il a fallu nommer un autre tuteur, commander un autre
rapport pour que, finalement, le ministère se satisfasse d'avoir la
réponse qu'il voulait à la question qu'il posait.
Ceci dit, la résidence Maisonneuve est calculée comme
ressource d'hébergement et, pour y être allée encore lundi
toute la journée, à la connaissance de toutes les personnes, y
compris celles qui y travaillent comme cadres ou comme employées, et
évidemment celles qui y sont bénéficiaires, ce n'est pas
du tout - j'espère que c'est connu au ministère - propice
à de l'hébergement de personnes qui sont évidemment
alitées. Cela a été construit, il y a 17 ans - j'imagine
que la ministre est assez au courant du dossier - comme une hôtellerie.
C'est un hôpital maintenant. Les chaises roulantes ne se rencontrent pas
dans les corridors, les lits ne sortent pas en raison des portes qui sont trop
étroites.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire à se sujet, ce n'est
pas le seul à Montréal.
Mme Harel: II faut relocaliser.
Mme Lavoie-Roux: Je sais, et avec raison d'ailleurs, que la
députée de Chicoutimi nous rappelle le nombre de lits qui ont
été construits entre 1978 et 1983 ou 1984, mais je dois vous dire
qu'en contrepartie, parce qu'à un moment donné il faut mettre les
priorités là elle sont, ce n'est pas un reproche, mais il y a un
bon nombre d'établissements qui ne sont pas fonctionnels à
Montréal, et on en a un autre à Lachine du même type, qui a
commencé avec des logements. J'en ai même un dans mon
comté, le foyer Saint-Laurent, qui est un foyer public, construit par le
gouvernement, qui a été construit en partie en petits logis.
Enfin, il y en a une grande diversité qui ne sont plus fonctionnels et
que nous essayons de rendre fonctionnels. D'ailleurs, ce qui est encore plus
triste, c'est que ceux construits en 1983, 1984, 1985, peut-être pas
1985, ne sont déjà plus fonctionnels quant aux populations qu'on
doit servir, en termes de population lourde, et j'ai eu l'occasion, à la
commission parlementaire ici, ou peut-être à une autre occasion en
commission plénière, de dire qu'en même temps qu'on avait
le défi d'ajouter des places on a aussi le défi d'être
obligés de reconvertir, à grands coûts, des centres qui ne
sont plus fonctionnels. J'imagine que la résidence Maisonneuve,
probablement, selon la description que vous en faites, figure dans cette
catégorie.
Mme Harel: II y a donc un problème de relocalisation,
parce que le ministère a déjà fait toute
l'évaluation de la rénovation nécessaire, simplement pour
offrir les services requis, tels les bains thérapeutiques, les
ascenseurs qui ne sont pas adéquats, etc. On m'avait dit que l'ensemble
de ces rénovations, j'avais moi-même vérifié au
ministère, était, en 1986, évalué à
4 500 000 $. Il vaudrait beaucoup mieux penser à relocaliser un
centre comme celui-là, compte tenu, en plus, que le terrain est
déjà propriété de la corporation
d'hébergement, sur Pierre-de-Coubertin.
Mme Lavoie-Roux: Bon, alors...
Mme Harel: Et le centre d'accueil juif de L'Espérance.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur ces deux points que je voulais vous
répondre. Dans ces deux cas, même si l'approbation et l'argent
sont là depuis le tout début, parce que c'était urgent
dans le DSC de Saint-Justine, la raison pour laquelle ils sont
rapatriés, c'est que la communauté juive voulait les avoir dans
ce secteur-là et que les terrains appropriés étaient
à proximité de l'Hôpital général juif. Je ne
vous raconterai pas la saga des difficultés de zonage, des
problèmes, comment dirais-je, d'hébergement conjoint avec des
personnes non juives, et on est tombé dans des problèmes
culturels et religieux, etc. Si bien qu'il y a à peu près environ
un mois ou un mois et demi j'ai dû réunir d'urgence les gens de la
communauté juive, qui s'occupent de l'un et de l'autre, pour qu'on en
arrive finalement aux conclusions, parce que c'est en partie responsable des
difficultés qu'on a connues à St. Mary's, et que l'Hôpital
juif connaît encore, etc. Aux dernières nouvelles, je pense qu'ils
sont avancés. Ils n'avaient pas fait les plans définitifs parce
qu'ils n'étaient pas encore certains du terrain; ils voulaient obtenir
des propriété qui appartiennent, non pas à la ville de
Montréal, mais qui sont des propriétés privées. La
ville de Montréal refusait de dézoner en ce sens, etc. Alors, on
leur a dit: Construisez sur le terrain qui n'est pas utilisé par des
habitations actuellement. Dans le cas du centre d'accueil juif de
L'Espérance, je sais - et là je vais demander qu'on me mette
à jour - que c'est autofinancé, pas le centre d'accueil juif,
mais l'autre, parce qu'il y a eu une vente. Est-ce que c'est à la ville
de Montréal ou autrement? Je pense que c'est à la ville de
Montréal, parce que vous vouliez savoir si on pourrait de quelque
façon réutiliser cette maison. Je ne sais pas si quelqu'un ici
est capable de nous Informer pourquoi ça été vendu
à la ville de Montréal et ce qu'on doit en faire. Je ne le sais
pas.
Mme Harel: Le 2 mai, avec les autres informations que vous allez
me fournir.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on pourrait vous donner la mise à
jour.
Mme Harel: Vous en prenez note. Je termine et je remercie ma
collègue. Je sais qu'elle a de nombreux dossiers dont elle veut traiter.
Je vais insister, Mme la ministre, sur un aspect dont on ne parle pas souvent.
Le sous- ministre a fait état des différents départements
de santé communautaire sur le territoire de l'île de
Montréal. Il y a une réalité dont il faut tenir compte.
L'état de santé n'est pas le même d'un territoire à
l'autre. Vous ne tenez compte de la population que strictement en regard des
recensements et pourtant, à Montréal, dans le bas de la ville de
Montréal, l'espérance de vie est de neuf années
inférieurs à l'espérance de vie dans l'ouest de
Montréal, dans Lakeshore, neuf années de moins. Quand on examine
les chiffres sur la longévité en bonne santé, on
évalue à quatorze années de moins l'espérance de
vie en bonne santé. Cela devrait pourtant être pris en
considération. Il n'est pas évident que des personnes de 70 ans
sur un territoire ne soient pas mieux portantes que d'autres qui en ont
peut-être 60 à peine sur un autre territoire, compte tenu des
conditions de vie générale d'habitation, d'alimentation, de tout
ce qui a fait leur histoire et qui les amène encore aujourd'hui à
connaître collectivement une espérance de vie de neuf
années de moins.
Je pense que de ne pas en tenir compte, c'est très injuste. Cela
ne se peut pas que les CLSC sur le territoire aient le plus imposant volume de
maintien à domicile - les budgets sont conséquents, d'ailleurs,
ils reçoivent parmi les plus imposants budgets de maintien à
domicile - sans qu'à quelque part il y ait un alourdissement, sans que
ça signifie qu'il y a une population qui est peut-être en plus
grande difficulté, en perte d'autonomie plus grande qu'ailleurs. Je vous
avais dit l'an dernier: Mes propres parents qui habitent une maison de
retraités le long de la rivière des Prairies dans l'ouest
viennent augmenter les chiffres de recensement sur les personnes qui ont plus
de 70 ans et, pourtant, ils ne font jamais appel à vos services. Alors,
il y a quelque chose dans l'évaluation. À mon point de vue, il y
a ce qu'on appelle une discrimination systémique. Elle est dans le mode
de calcul que le ministère adopte exclusivement à partir des
recensements de population et en ne tenant pas compte des conditions
sociosanitaires pour l'hébergement comme il en tient compte pourtant
pour le maintien à domicile.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Mme Harel: C'est moi qui vous remercie. Je remercie ma
collègue.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de Laviolette,
et on passe, je présume, aux hôpitaux de soins de courte
durée.
M. Jolivet: Oui, j'ai quatre sujets dont je veux parler avec la
ministre.
Le Président (M. Bélanger): On revient au programme
3, juste pour se situer.
Services des centres hospitaliers de courte
durée (suite)
Centre hospitalier Laflèche
M. Jolivet: Oui, je ne serai pas trop long, pour permettre
à ma collègue de continuer son travail. Je la remercie de me
permettre de venir poser quelques questions à la ministre. Le ministre a
déjà fait part d'une de mes premières questions. Je ne
ferai pas tout l'historique du fameux centre hospitalier Laflèche qui se
trouve dans une région qui n'est pas périphérique, qui
n'est pas excentrique, qui n'est pas dans un coin privilégié,
mais qui est malheureussement coïncé dans un secteur mitoyen, entre
les zones dites périphériques et les zones mitoyennes, comme
celles de la région dont je fais partie. (16 h 30)
Donc, au sujet du centre hospitalier Laflèche, j'ai avisé
la ministre d'une demande qui avait été faite. Je l'ai dit
souvent, la santé des gens dans mon milieu me préoccupe
très fortement. Je me suis offusqué, la ministre l'a certainement
lu dans les documents que je lui ai donnés, dans les journaux, chez moi.
Ayant été élu député d'un comté il y
a douze ans, il me semble que j'ai toujours agi - les gens pourront le dire, de
quelque endroit que ce soit dans mon comté, de quelque parti politique
que ce soit - pour le mieux-être de la population, en essayant
d'éviter la partisanerie, quand on parle de santé. Cependant,
j'ai été offusqué, parce qu'il y a des gens qui ont
décidé de passer pardessus la tête de celui qui a
été démocratiquement élu pour essayer de
régler un problème qui perdure. Je vais être honnête
en disant qu'à l'époque où j'étais membre d'un
gouvernement il y a eu des problèmes. Ces problèmes, j'ai
essayé de les traiter le mieux possible, à l'époque. On en
a réglé une partie. Il y en a un autre qui s'est ajouté
vers la fin du mandat du gouvernement, en 1985, qui était celui des
anesthésistes et qui ne concernait pas seulement notre centre
hospitalier mais beaucoup d'autres dans tout le Québec, dont celui de
Christ-Roi à Nicolet. Ce problème perdure. Entre-temps, la
rationalisation qui avait été mise en place permettait certaines
possibilités complémentaires au centre hospitalier
régional de la Mauricie. En même temps, les médecins, pour
d'autres raisons, n'ayant pas de gynécologues à l'hôpital
Laflèche, n'ayant pas de spécialistes sauf des
généralistes pour les accouchements, bon nombre de
médecins ont décidé de ne plus faire d'accouchements et,
en conséquence, on a transféré à la
régionale de la Mauricie une partie de ce qui devait rester à
l'hôpital mais qui, pour diverses raisons, est maintenant donnée
par la régionale de la Mauricie. Or, au moment où on se parle, le
problème d'anesthésistes payés bien correctement, comme je
le dis, sous la couverte malheureusement, cette chose doit cesser. On doit
trouver des moyens d'amener des anesthésistes chez nous. Une des
propositions qui a été faite par le CRSSS avait trait à
une entente sur l'addition d'anesthésistes au centre hospitalier
régional de la Mauricie, avec une possibilité de jour, au centre
hospitalier Laflèche, où il y aurait un médecin
anesthésiste. Cependant, il reste encore à régler le
problème de la garde en dehors des autres heures, celle dont on parle,
non pas la garde médicale mais la garde chirurgicale. Ce problème
n'étant pas réglé et voulant essayer de trouver une
solution, parce qu'à la fin du mois d'avril, avec les délais qui
ont été accordés... Premièrement, nous voulons
arrêter de payer sous la couverte; deuxièmement, faire en sorte
que désormais il y ait une entente de services entre le centre
hospitalier régional de la Mauricie et le centre hospitalier
Laflèche pour assurer la présence, au centre hospitalier
Laflèche, d'un anesthésiste, 24 heures sur 24, sept jours par
semaine, soit qu'il soit présent durant le jour ou soit qu'il soit en
garde chirurgicale durant les autres heures.
Dans ce sens, j'ai demandé à la ministre de réunir
quelques membres du conseil d'administration avec le directeur
général - c'est évident qu'on ne déplacera pas tout
le monde - dans les plus brefs délais, parce que le délai d'ici
à la fin du mois est très court. C'est la première fois
que l'on donne un ultimatum aussi sévère. À un certain
moment, on a même demandé à la banque, en fait à la
caisse populaire, de cesser toute marge de crédit. Au moment où
on a fait cela, si le directeur de la caisse avait obtempéré
à l'ordre du Conseil du trésor, le lendemain, il n'y aurait eu
aucun chèque pour personne. Aucun employé n'aurait
été payé à l'hôpital Laflèche et la
crise aurait été plus raide. Moi, ce que j'ai voulu faire, c'est
qu'on trouve une solution, et c'est dans ce sens que je refais ma demande
à la ministre de rencontrer le conseil d'administration avec le
directeur général, avec un groupe peut-être de quatre
personnes pour examiner le plus correctement les solutions à apporter.
D'un autre côté, je dis à la ministre: Étant
député de cette circonscription, premièrement, j'aimerais
participer à cette rencontre; deuxièmement, cela concerne aussi
mon collègue, le député libéral de Saint-Maurice
qui, à mon avis, devrait avoir la possibilité d'assister à
cette rencontre dans la mesure où les effets vont se faire sentir en ce
qui concerne l'entente de services avec le centre hospitalier régional
de la Mauricie qui se trouve dans le comté voisin. C'est la ministre qui
décidera mais, chose certaine, il faut qu'elle rencontre les gens. Je
lui ai fait parvenir des lettres au mois d'octobre par lesquelles je demandais
à la ministre une rencontre qui n'a pas encore été
accordée. On donnait deux lettres qui, aux yeux du conseil
d'administration et de la direction générale, semblaient
contradictoires et ne permettaient pas de trouver de solution convenable pour
garder le statut d'hôpital de soins de courte durée et aussi de
soins de durée
prolongée - pour ça, il n'y a pas de problème.
C'est dans ce sens-là que je fais une demande à titre de
député du comté et au nom de la population et j'aimerais
que la ministre, dans les plus brefs délais si ce n'est pas maintenant,
m'indique que, oui, elle a l'intention de rencontrer le conseil
d'administration et le directeur général, que, oui, elle va le
faire dans les plus brefs délais, et qu'on trouve une date et une heure
pour le faire. C'est la première question.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Laviolette, de fait,
m'a parlé de ce problème, il y a une quinzaine de jours, n'est-ce
pas? Mon cabinet en avait également été touché
antérieurement par le député de Saint-Maurice. J'ai pu
voir un peu dans les journaux les discussions de part et d'autre. Je voudrais
quand même donner ici certaines informations. À la lecture des
journaux, la population, l'hôpital ou peu importe avait craint qu'on ne
laisse un peu mourir la situation de l'hôpital pour soins de courte
durée pour le transformer comme, apparemment, il en avait
été question...
M. Jolivet: En 1970.
Mme Lavoie-Roux: ...oui, il y a déjà un bon nombre
d'années, en hôpital pour soins de longue durée. Je peux
dès maintenant dire que cela n'a jamais été notre
intention mais c'était sorti dans les coupures de journaux que j'ai
vues.
Deuxième chose, c'est évident que cet hôpital
éprouve des difficultés sur le plan budgétaire. Il y a
différentes causes dont une que vous aviez mentionnée, mais
quelle qu'en soit la justification, devant un hôpital qui a un budget de
14 000 000 $ et qui se retrouve avec un déficit accumulé de 500
000 $ - cela veut dire probablement depuis deux ans, à moins que ce ne
soit depuis trois ans, en tout cas certainement depuis qu'on a redressé
les choses - c'est quand même un déficit important. C'est
évident que cet hôpital doit prendre des mesures radicales pour
corriger cette situation. Je puis dire au député de Laviolette -
d'ailleurs, il a fait allusion à certaines dispositions qui pourraient
être prises et qui avaient probablement été
suggérées dans le passé; peut-être qu'elles n'ont
pas été mises en application et qu'elles peuvent... Il y en a des
similaires qui ont été suggérées à
l'hôpital au moment où on se parle. Je veux lui dire que j'ai
fixé un rendez-vous pour rencontrer la direction de l'hôpital de
Laflèche la semaine prochaine.
M. Jolivet: Elle a été avisée en ce sens?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Jolivet: Si j'ai la possibilité d'y assister, je vous
dis que je le fais toujours pour le bien-être des gens de chez moi et
que, dans ce sens- là, j'agirai en conséquence.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Jolivet: Je voudrais simplement vous rappeler, Mme la
ministre, que ce dossier des anesthésistes, avec le redressement
budgétaire de 1985, début 1986, avait été
réglé. Il y a une année parmi celles-là où
ça n'a pas été réglé, je pense que c'est
1984, mais on fera mention de cela lorsque la rencontre aura lieu. Il y a une
chose certaine, c'est que l'hôpital se trouve, comme bien des
hôpitaux, pris dans des difficultés immenses parce qu'il se trouve
dans un secteur mitoyen. Je dois dire qu'il y a des médecins de
l'hôpital régional qui, à cause de la politique, qui a
été une bonne politique mais qui a des effets négatifs
dans certains cas pour les zones éloignées, demeurent près
de l'hôpital Laflèche mais sont attitrés à
l'hôpital régional de la Mauricie et vont alter donner des
prestations dans les zones éloignées parce que c'est plus payant
pour eux. Cela a des effets maléfiques pour l'hôpital
Laflèche. Je pense que ce qu'il faut rechercher, ce n'est pas non plus
de permettre à l'hôpital Laflèche d'avoir aussi des
façons négatives de voir tes choses en envoyant certains de ses
patients à Sainte-Marie plutôt qu'à la régionale de
la Mauricie. Dans ce sens-là, il faut donc trouver un moyen pour asseoir
les dirigeants des deux hôpitaux et trouver une fois pour toutes la
possibilité d'ententes de services qui va leur permettre des
complémentarités.
Mme Lavoie-Roux: Saint-Maurice et Laflèche, oui,
d'accord.
M. Jolivet: Hôpital régional de la Mauricie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela fait un bon bout de temps que
ces tentatives de complémentarité... Il y a peut-être
déjà certains éléments de
complémentarité en place mais c'est encore déficient. Il
faut certainement travailler dans cette perspective parce qu'à un moment
donné aussi un hôpital se crée des obligations qui
pourraient être évitées.
M. Jolivet: En tout cas, moi, je suis disponible comme Mme la
ministre pour trouver une solution et aider à la trouver.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
CLSC du Haut-Saint-Maurice
M. Jolivet: La deuxième, CLSC du Haut-Saint-Maurice, dans
le contexte de la discussion qui a eu lieu avec le centre hospitalier
Saint-Joseph, le centre de réadaptation du Lac-Édouard, qui se
trouve accoté, comme on dit, à l'hôpital Saint-Joseph de La
Tuque, avec le centre d'accueil des personnes âgées du foyer
Méritas et le CLSC. Il y a eu beaucoup de
discussions pour essayer de trouver une solution à un amalgame de
tous les services là-bas. Cela n'a pas fonctionné. M.
Chouanière, qui est le tuteur au foyer Meritas actuellement, propose des
discussions avec le CLSC du Haut-Saint-Maurice pour obtenir une fusion des
conseils d'administration et des services. La question que je pose à la
ministre est: Pendant ce temps-là, au moment où l'on n'a pas de
décision finale - je ne pense pas qu'elle soit prise demain matin - le
CLSC se trouve dans des locaux qui sont insatisfaisants. Vous avez reçu
plusieurs lettres de la part du CLSC, des employés et de moi-même
demandant qu'on trouve une solution, parce que cela n'a plus de bon sens. Je
voudrais seulement dire à la ministre que quand j'étais au
syndicat des enseignants à l'époque, quand j'avais des
problèmes dans les écoles, si cela ne fonctionnait pas parce
qu'il y avait insalubrité, aussi bien pour les gens qui y étaient
que pour les gens qui y travaillaient ou qui venaient faire une visite
temporaire, j'envoyais la Commission des accidents du travail et, le lendemain
matin, on trouvait les sommes pour réparer les dommages. Si la ministre
attend après cela, je vais le faire effectuer par la CSST. Cela n'a pas
de bon sens. Je vous le dis, nous-mêmes, si l'on travaillait dans des
conditions comme celles-là, on n'aimerait pas cela et on ne
l'accepterait pas. Alors, j'aimerais savoir de la ministre si elle va attendre
pour donner une réponse concernant les locaux du CLSC du
Haut-Saint-Maurice pour qu'on ait une fusion avec le centre d'accueil alors
qu'on ne sait même pas si cela va se réaliser demain matin.
Mme Lavoie-Roux: À tout événement, je pense
qu'il y a deux volets à votre question. Il y a le premier
problème que vous avez soulevé relativement à une fusion
possible qui serait en voie de discussion et qui n'est pas
complétée, à savoir s'il devra y avoir fusion entre les
établissements ou quoi. Je pense qu'aujourd'hui on va devoir examiner ce
premier problème à la lumière des orientations
gouvernementales qui parleraient davantage d'un conseil d'administration
unifié que d'une fusion, dans un premier temps en tout cas. C'est de
cela qu'on parlerait. Quant à votre question de locaux, j'ai reçu
- je l'ai lu attentivement - le rapport des représentants du syndicat.
Je vais vous donner la même réponse que j'ai donnée hier
à l'occasion d'une question posée sur la relocalisation du CLSC
l'Élan du comté d'Abitibi-Ouest. Je le fais depuis que Mme
Blackburn - excusez-moi - m'a indiqué qu'il était à
l'ouest parce qu'il était près de l'Ontario. Je vais l'apprendre
après dix ans. Cette année, je n'ai pas eu d'argent
supplémentaire pour de la localisation de CLSC ou relocalisation,
c'est-à-dire que l'argent que j'avais obtenu était prévu
pour le parachèvement des CLSC, c'est-à-dire des locations
reliées au parachèvement des CLSC. Étant donné
qu'il m'est parvenu trois ou quatre demandes de CLSC, j'ai demandé
à la sous- ministre à la prévention et aux services
communautaires de me dresser une liste. Je dois vous dire, quand j'ai
reçu ce dossier - si ma mémoire est bonne, il me semble que c'est
la semaine dernière que je l'ai lu, deux semaines - et que j'ai
adressé cette demande à la sous-ministre, si vous m'en aviez
parlé il y a quelques mois, je ne m'en souviens pas.
M. Jolivet: J'en ai parlé l'année passée.
Mme Lavoie-Roux: L'année passée. Bon...
M. Jolivet: J'ai écrit des lettres. Vous m'avez dit que
cela s'en venait. Cela s'en venait, alors je revenais. (16 h 45)
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Alors, je n'ai pas été
plus chanceuse. J'ai demandé quand même que, dans l'ensemble des
CLSC, on me fasse une liste prioritaire des besoins plus urgente. Certains
aiment réclamer plus d'espace, d'autres viennent réclamer,
à cause de conditions comme les vôtres - c'était le cas du
CLSC de l'Élan, c'est votre cas... Je ne sais pas si Mme la
sous-ministre peut donner des réponses. Il est inclus en
priorité, m'a-t-elle dit.
M. Jolivet: Petit message. Dans la décision que vous avez
prise de faire disparaître, en le fusionnant avec Trois-Rivières,
le département de santé communautaire de la régionale de
la Mauricie, je veux vous rappeler que le département de santé
communautaire de la régionale de la Mauricie dessert aussi Clova, Parent
et tout le secteur des forestiers de la Haute-Mauricie. À mon avis, on
ne devrait pas enlever l'expertise qui est là pour la transférer
dans un secteur urbain, alors qu'on est dans un secteur forestier.
Mme Lavoie-Roux: La question de cette diminution des DSC qui est
mise de l'avant dans le document d'orientation... C'est peut-être le seul
endroit, dans le mémoire, où on dit: II y a une diminution de
quelque chose. Ce n'est pas une diminution pour diminuer, c'est une diminution
qui fait suite à une réflexion d'un comité d'étude,
je pense, sur les départements de santé communautaire et qui
prônait une meilleure concertation des DSC et, surtout, une meilleure
mise en commun des expertises.
M. Jolivet: La différence entre la Haute-Mauricie, dans la
forêt, et Trois-Rivières, est bien grande.
Mme Lavoie-Roux: La Basse-Mauricie dans le bois... Non, vous
dites dans la forêt, l'autre...
M. Jolivet: Trois-Rivières est en pleine ville.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça. Non, non, je faisais
allusion aux ressources naturelles. Ce
que je veux vous dire, de toute façon, c'est que la
décision est arrêtée dans le sens d'une diminution des DSC.
Il va d'abord falloir aménager une phase de transition pour le
personnel, première des choses, et la réaffectation de personnel.
La deuxième chose, est-ce qu'il surviendra ce que j'appellerais des
conditions particulières qui vraiment...
M. Jolivet: Je vais faire le message des gens de la
Haute-Mauricie. Chaque fois, c'est à eux qu'on enlève des
services, d'une certaine façon. Dans ce sens, je vous dis simplement que
l'expertise qui a été faite avec les ententes avec
l'hôpital Saint-Joseph de La Tuque, au temps où ils s'occupait, au
lieu du CLSC, des services à Parent et à Clova, c'était
excellent. Le CLSC est venu remplacer, cela continue d'être excellent,
mais il y a des expertises spéciales dans la forêt qu'on ne
retrouve pas en plein centre-ville. Toutes les fois qu'on enlève des
services dans ces endroits, on dit: Vous ferez ça par
téléphone, à frais virés, et on va vous payer. La
Régie du logement est en train de me faire ça. On est en train de
se battre contre ça. Je vous le dis bien honnêtement: Cela n'a pas
de bon sens.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas discuter de ce cas parce que je
ne le connais pas assez, mais je pense que, même dans une perspective
où il n'y aurait qu'un DSC à Trois-Rivieres, il n'y a rien qui
empêche qu'une équipe du DSC de Trois-Rivières
s'intéresse d'une façon particulière à des
problématiques particulières qui seraient rattachées
à Clova et au nord.
M. Jolivet: À Parent.
Mme Blackburn: Peut-être sur cette question, je pense que
les régies régionales - et je le souhaite - si vraiment vous
entendez leur accorder un minimum d'autonomie, il faudrait leur laisser le
choix de décider si, oui ou non, elles ont besoin sur leur territoire
d'un ou de deux DSC. Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est la
même chose. Ce sont deux régions dans une. Il y a peu de rapports
entre l'agglomération urbaine Jonquière-Chicoutimi-La Baie et
tout ce que vous retrouvez à l'autre bout avec la série de petits
villages - vous en avez plus de 50 - avec une population qui ne vit vraiment
pas les mêmes situations économiques, démographiques,
sociales. Ce n'est pas vrai qu'on peut comme ça, impunément, sans
pénaliser les gens, un peu comme dans cette région-là...
La même situation va se retrouver surtout dans les régions
périphériques qui ont un territoire immense. Je comprends que la
ministre ait pu vouloir rationaliser. Il me semble que, sur cette question, il
serait intéressant d'entendre d'abord les régies
régionales. Il se pourrait que les régies régionales, dans
un coin, décident qu'il y en a assez d'un, d'autres deux. Je pense que
sur cette question, fondamentalement, comme tout n'est pas figé dans le
béton, la ministre devrait revoir cette décision et consulter les
régies régionales, lorsqu'elles seront constituées, avant
de procéder à la fermeture de ces départements. C'est une
suggestion qui me semble légitime.
M. Jolivet: Un dernier petit point, Mme la ministre. Je sais que
je tire la manche à ma collègue, mais le fauteuil roulant
motorisé, la Régie de l'assurance-maladie du Québec, j'ai
simplement un petit mot sur ça. La définition pour avoir droit
à ça en passant par le Centre François-Charron, quant a
nous, c'est être quadraplégique. Il y a cependant des gens qui
sont paraplégiques fonctionnels et qui ont aussi besoin de ces
fauteuils. Ils doivent passer par l'Office des personnes handicapées.
Mais les délais ne sont pas les mêmes et les difficultés ne
sont pas les mêmes et tout ça. Tout simplement, est-ce qu'il y a
moyen de regarder, en ce qui a trait au ministère et à la
régie, une définition qui permettrait d'augmenter la
capacité d'obtenir par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec les fauteuils roulants motorisés? De plus en plus, on veut
rendre les gens autonomes, de plus en plus, on leur donne des
possibilités, mais on...
Mme Lavoie-Roux: Mais ça coûte cher.
M. Jolivet: ...est pris, à certains moments, à ce
niveau et il y a des délais indus. J'aurai l'occasion de revenir avec
Mme la ministre responsable de l'Office des personnes handicapées sur ce
dossier parce que dans ma région on est vraiment
défavorisés à ce sujet. S'il y avait moyen de regarder
qu'il y ait une définition qui ne soit pas juste
"quadraplégique", c'est-à-dire les quatre membres, mais que ce
soit plutôt, en même temps, une possibilité, dans certains
cas, avec un ergothérapeute qui ferait l'examen d'une paraplégie
fonctionnelle, on réglerait des problèmes plus rapidement,
à mon avis.
Mme Lavoie-Roux: C'est toujours une question de ressources,
aussi.
M. Jolivet: Oui, c'est parce que, d'une façon ou d'une
autre, il est payé quand même. Mais ce qui arrive, c'est qu'avec
la régie...
Mme Lavoie-Roux: Les délais sont plus longs.
M. Jolivet: ...les délais sont plus courts. Cela va plus
rapidement à ce niveau. On l'a pareil à l'autre niveau, mais
ça prend un an, un an et demi ou deux ans parfois avant de l'avoir.
Pourtant, c'est la même analyse qu'on fait.
Services des centres de réadaptation
Dossier de la déficience intellectuelle
Mme Blackburn: Vous me permettrez... Il me
reste quelques questions sur les centres hospitaliers et j'aurai
terminé. Comme je sais qu'un groupe est venu ici entendre la
décision de la ministre sur une question le concernant, je pense qu'on
va passer immédiatement au dossier de la déficience
intellectuelle. C'est dans le programme 5. Vous aviez prévu à
votre budget, l'an passé, 2 000 000 $ pour le
répit-dépannage en vue de financer les parents et dans
l'idée bien arrêtée de ne pas financer les ressources.
Cependant, on a réalisé qu'il était d'abord plus
difficile, dans ces milieux, d'avoir des ressources en familles d'accueil pour
le dépannage, surtout et particulièrement lorsqu'il s'agissait
d'adultes. Il est plus facile de faire garder des enfants que des adultes. Ce
moins d'exigences par rapport aux enfants parce que déjà il y a
quand même un certain nombre de services à leur disposition, que
ce soit la garderie, l'école et ainsi de suite. Alors, le
problème se pose particulièrement pour les adultes, d'où
l'idée du regroupement des associations de la région de
Montréal de créer une ressource qui s'appelle la Résidence
de l'espoir. En fait, on avait créé deux résidences, la
Résidence de l'espoir, et je cherche l'autre. De toute façon, une
de ces résidences, celle de l'espoir, a dû fermer ses portes,
faute de financement. Elles avaient réussi à maintenir à
bout de bras cette activité. Je trouvais que la formule était
intéressante et innovatrice. C'est du répit-dépannage dans
une résidence de six à nuit places pour les fins de semaine, pour
permettre à la famille de respirer un peu. Finalement, cette
résidence a dû fermer ses portes. Il en reste donc une qui
fonctionne toujours et c'est l'Ami du déficient. Elle aurait besoin d'un
budget d'environ 65 000 $ pour pouvoir fonctionner de façon un peu
correcte. Ils s'étonnent par ailleurs qu'ils n'aient pas obtenu de
ressources alors que la résidence Le Papillon, qui appartient à
la Société des enfants handicapés du Québec, je
pense, a obtenu un financement qu'on dit non récurrent, mais qui revient
finalement. Somme toute, il est presque récurrent parce qu'il leur est
accordé année après année. Ce serait un financement
de l'ordre de 100 000 $. Alors, ce que ces gens demandent, c'est: Allez-vous
modifier votre politique de manière à reconnaître des
ressources autres que les ressources familiales? Si oui, est-ce envisageable
pour la présente année financière?
Mme Lavoie-Roux: Des représentations m'ont
été faites directement par les personnes
intéressées au projet des deux maisons dont vous parlez, du moins
de la part de la maison de l'espoir, qu'on l'appelle, celle qui a fermé,
en tout cas.
Mme Blackburn: La Résidence de l'espoir.
Mme Lavoie-Roux: Oui, la Résidence de l'espoir, qui a
fermé.
Mme Blackburn: La Résidence de l'espoir du
déficient.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je les ai rencontrés, je dirais,
il y a un mois, un mois et demi. Ils sont venus me parler de leur besoin
de financement pour garder cette maison ouverte. Je dois dire que, dans le cas
de répit-dépannage, pour les personnes ayant une
déficience intellectuelle, répit-dépannage, dans le fond,
pour supporter les familles, la politique que nous avons adoptée est de
financer directement les parents. C'est-à-dire qu'on donne aux parents
un nombre X d'heures qu'ils peuvent utiliser, disons hebdomadairement, ou
regroupées pour une période donnée, et nous avons
l'intention de continuer d'agir dans ce sens.
Cette maison dont vous parlez - ce n'est pas à ses
qualités ou quoi que ce soit que je fais référence,
j'imagine qu'elle était une bonne maison - rien ne les empêche de
louer, si on veut, leurs services aux parents qui veulent l'utiliser. Mais ce
n'est pas l'intention du ministère de recommencer à financer
directement un groupe de maisons d'hébergement, que ce soit pour du
répit - dépannage ou autres. Alors, c'est en ce sens que ces gens
peuvent se prévaloir, si les parents consentent et si les parents le
désirent, des montants mis à la disposition des parents.
Mme Blackburn: Quant aux parents, j'ai rencontré des
associations qui sont venues faire de nombreuses représentations,
l'Association provinciale des personnes handicapées, et toute cette
question du répit-dépannage m'a été longuement
expliquée. Le vrai problème est surtout auprès des
personnes adultes. Ce n'est pas n'importe quel voisin qui accepte de garder une
personne adulte qui a de lourds handicaps. Ce n'est pas vrai qu'on peut aller
chercher facilement quelqu'un qui se déplace pour venir à la
maison s'occuper d'une personne lourdement handicapée. La ressource
était intéressante. Je trouve l'idée
particulièrement intéressante parce qu'on a là une maison
qu'on met à la disposition des personnes et dans laquelle on est
prêts à recevoir précisément ces cas lourds que,
même avec de l'argent, les familles n'arrivent pas à trouver.
C'est la première raison.
La seconde, c'est: Pourquoi ont-ils plus besoin d'argent qu'une famille
d'accueil? Parce que ce n'est pas la résidence personnelle de quelque
personne. La résidence personnelle, si je prends quelqu'un et que je le
garde pendant deux heures, trois heures, une demi-journée ou même
une fin de semaine, ça n'augmente pas mon coût de fonctionnement
dans la maison ou si peu que, finalement, c'est négligeable, tandis que,
lorsqu'on a ce type de ressources, je pense qu'il faut les financer. Ils ont
dû expliquer ça à la ministre, j'imagine. Ils ont
réussi à me convaincre, et je vérifie avant de me laisser
convaincre de quelque chose. Je me dis tout le
temps que ce ne doit pas être facile de prendre ce genre de
décision. Dans le cas qui les concerne, le problème est,
premièrement, chez les adultes. Deuxièmement, même avec de
l'argent, les parents n'arrivent pas à se trouver de ressources, et les
ressources qu'on leur offrirait pour les envoyer dans ces maisons sont
insuffisantes, à 5 $ l'heure. C'est à peu près ça
qu'on donnait dans le temps, 5,45 $, 5,75 $, et un petit peu moins. Ce n'est
pas avec ça que vous allez faire vivre une maison qui n'est pas la
résidence principale d'un couple ou d'une famille. Cela semble
élémentaire. À moins de vouloir faire de cette question
tout simplement une question de principe en disant qu'on a essayé de les
organiser et on laisse filer, mais je pense que ce n'était pas ça
votre intention, du moins je l'espère. Il me semble que cette ressource
se défend et que sa raison d'être s'explique. Ce n'est pas vrai
que n'importe qui gardera dans sa maison les personnes adultes
handicapées. Qu'on prenne ce qu'on appelle les "mongols" - c'est de la
trisomie - ce n'est pas tout le monde qui va accepter comme ça, en
disant: Viens passer la fin de semaine chez nous. C'est évident. (17
heures)
Quand ils sont bébés, ça ne dérange pas.
Mais quand ils sont jeunes adultes ou adultes, même s'ils ne vivent pas
très longtemps, ce n'est pas vrai que tout le monde accepte de les
garder, à tort ou à raison - à tort, certainement - mais
ce que je dis, et c'est ce qu'on est venus défendre, cette ressource est
intéressante. L'an passé, si je ne m'abuse, vous avez
périmé des budgets, non pas que vous l'avez fait exprès,
mais parce que les personnes n'arrivent pas à trouver la ressource. La
question est: Combien a-t-on périmé de budgets
là-dedans?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander à M. Vu, le
sous-ministre, de vous donner quelques explications sur la façon dont a
fonctionné la distribution et les conditions - entre guillemets - qu'on
a pu mettre à l'utilisation de ces budgets.
M. Vu: Pour l'année 1988-1989, ie budget a été
obtenu plus tard, c'est la raison pour laquelle il y a eu des crédits
périmés, plutôt qu'à cause du fait que les gens
n'ont pas trouvé. En gros, je ne pourrais pas vous dire combien
exactement, mais, de toute façon, tous ces crédits
périmés, notamment vis-à-vis du CRSSS de
Montréal... Nous avons écrit au CRSSS pour dire: On vous autorise
a garder ces crédits et à les recycler - je pense que c'est entre
60 000 $ et 100 000 $ au CRSSS de Montréal - pour développer,
effectivement, la formule dont vous pariez. Sauf que ce ne serait pas non plus
une subvention directement aux organismes en question. Comme la ministre le
disait tout à l'heure, on essaie d'éviter de créer, si
vous voulez, un autre réseau de maisons, parce que cela devient alors
institutionnel. Pour l'année 1988-1989, au CRSSS de Montréal, je
pense qu'il y a une somme, entre 60 000 $ et 100 000 $, qui lui a
été remise, pour qu'y puisse donner aux parents, mais en fonction
des mesures de répit de fin de semaine pour les jeunes adultes en
question dont vous parlez.
Mme Blackburn: Oui, mais est-ce que les parents, même avec
de l'argent, trouvent la ressource dans leur milieu?
M. Vu: Relativement à ça, nous avons
également rencontré le CRSSS de Montréal, pour essayer,
avec le centre d'accueil Jean-Olivier-Chénier, d'utiliser des ressources
qui sont actuellement disponibles à ce centre d'accueil, pour fins de la
formation pour le réseau, si vous voulez, de personnes susceptibles de
servir comme gardiens et gardiennes.
Mme Blackburn: Combien est-ce que les parents reçoivent de
l'heure, pour une fin de semaine?
M. Vu: II n'y a pas de montant donné par parent. C'est un
montant global, qui est distribué aux parents par un comité local
qui est créé conjointement avec le CRSSS et avec l'association
des parents de la région.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est distribué sans
vérification s'ils l'utilisent pour des fins de répit, ou si...
Comment établissez-vous ça?
M. Vu: Normalement, il y a un contrôle sur l'utilisation de
ces ressources et de ces crédits, mais c'est une gestion qui est
effectuée par le comité dont je vous ai parlé,
c'est-à-dire le comité composé de représentants du
conseil régional et de l'association des parents en question.
Mme Blackburn: C'est définitif, on peut dire, et vous
pouvez dire aux personnes qui sont à l'arrière et qui,
particulièrement, ont trouvé ce moyen pour rendre accessibles des
ressources pour des personnes adultes en particulier qu'ils peuvent mettre la
clé sur la porte. C'est ce que je comprends.
Mme Lavoie-Roux: Je vais répondre, ce n'est quand
même pas...
Mme Blackburn: Oui, c'est plus, ah oui...
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que
l'argent qui a été mis à la disposition des parents pour
du répit-dépannage n'est pas de l'argent pour un financement de
maison. C'est un appui partiel aux parents pour pouvoir justement avoir des
heures ou des journées de répit-dépannage, selon
l'utilisation qu'ils en font. Nous pensons, à ce moment-ci, que
commencer à financer directement une nouvelle série de maisons,
particulièrement dans
le domaine de la déficience intellectuelle, pourrait facilement
nous mener, c'est une autre objection, sur une piste de
demi-institutionnalisation, alors que les efforts sont faits pour justement ne
pas institutionnaliser les bénéficiaires. Encore une fois, je le
répète, si ces maisons sont connues, j'imagine qu'elles sont
parties d'initiative de parents qui connaissent des enfants. Dans ce milieu,
ils peuvent encore une fois utiliser l'argent... Je dois vous dire que dans
d'autres secteurs de Montréal on a une formule fort différente,
où justement les parents utilisent l'argent pour des adultes et pour des
jeunes trouvent les ressources. Ils ont organisé des ressources
où les parents vont chercher des services mais où l'allocation
n'est pas donnée directement à la ressource.
Mme Blackburn: Combien de budgets ont été
périmés aux deux postes de santé mentale et de
déficience intellectuelle?
Mme Lavoie-Roux: Du côté de la déficience
intellectuelle, il n'y a pas eu d'argent de périmé. Du
côté de la santé mentale, je vais...
Mme Blackburn: Tout à l'heure, le sous-ministre nous
disait qu'il y avait une somme X. Il ne le savait pas, à l'exception
d'une partie...
Mme Lavoie-Roux: Pour les deux, parce qu'il avait eu à peu
près 8 000 000 $ pour la déficience intellectuelle. Il n'y a pas
eu du côté de la déficience intellectuelle de montant
périmé, mais du côté de la santé mentale,
comme d'ailleurs j'en avais fait part à l'Assemblée nationale
à la suite d'une de vos questions, c'est un montant, je vous l'ai
donné ce matin, de 3 500 000 $ parce que le retard occasionné par
l'adoption de la politique de santé mentale a fait que l'organisation
des services en a été retardée.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est que le sous-ministre
vient de nous dire qu'on avait 2 000 000 $ pour le répit et, de l'avis
général, on n'a pas réussi à le dépenser. On
sait qu'il y a une partie qui a été versée au CRSSS
pour...
Mme Lavoie-Roux: L'étude dont il vient de parler. Cela n'a
pas été périmé.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est de l'ordre de 60 000 $ à
100 000 $, que nous dit le sous-ministre.
M. Vu: Ce que je disais, c'est que cela aurait été
des crédits périmés si on n'avait pas autorisé les
conseils régionaux à reprendre ces montants et à essayer
de repartir dans le sens dont...
Mme Blackburn: Est-ce à dire qu'il y aurait eu seulement
60 000 $ à 100 000 $ de périmés sur les 2 000 000 $?
M. Vu: Non, le montant en question est le montant pour le conseil
régional de Montréal qui aurait été
périmé si on n'avait pas accepté ces mesures.
Mme Blackburn: Pour les autres centres?
M. Vu: C'est de l'ordre, proportionnellement parlant, en termes
de crédits par région, de 30 000 $ à 40 000 $ et on a
laissé tous ces montants aux régions.
Mme Blackburn: D'accord. Stimulation précoce. On
connaît tout le débat qu'il y a eu 'avec le Cabestan, où
vraiment une région défavorisée sur un immense territoire
a dû montrer les dents pour essayer d'avoir le financement pour donner
les services aux enfants du territoire. Est-ce qu'il y a de prévue une
croissance du budget pour ces enveloppes, pour l'ensemble de la
déficience intellectuelle? Mais le Cabestan, dans la situation où
il était sous-financé en raison du territoire à couvrir,
de la demande que cela a généré dans le milieu, a-t-on
pris les mesures pour redresser le financement? Et, plus globalement, est-ce
que l'enveloppe de la déficience intellectuelle connaît une
augmentation selon l'indice du coût de la vie?
Mme Lavoie-Roux: L'indexation. Je vous répondrai
après sur Cabestan. Dans le cas de la stimulation précoce, en
1989-1990, il y a 1 500 000 $ de prévus.
Mme Blackburn: 1 500 000 $. Donc, le budget global donnerait 9
500 000 $?
Mme Lavoie-Roux: Pour la déficience intellectuelle, les
mesures qui avaient été prises l'an dernier?
Mme Blackburn: Oui, sur les 8 000 000 $. Si vous ajoutez...
Mme Lavoie-Roux: Ce sont 8 000 000 $ indexés.
Mme Blackburn: II n'y a pas d'accroissement?
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas d'accroissement cette
année.
Mme Blackburn: La santé mentale également?
Mme Lavoie-Roux: La santé mentale, il y a 2 400 000 $ de
plus. Cela fait 10 400 000 $.
Mme Blackburn: La ventilation de ces 2 400 000 $.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour commencer, entre autres... On avait
parlé l'an dernier des
mesures d'accompagnement...
Mme Blackburn: Pourquoi nous parlez-vous de 3 000 000 $
aujourd'hui?
Mme Lavoie-Roux: On doit développer, en collaboration avec
des organismes bénévoles, des mesures d'accompagnement. C'est une
chose. Il y a également la campagne de sensibilisation qui aura lieu
cette année dans le domaine de la santé mentale, pour la
protection des droits et services d'accompagnement, la formation du groupe
d'experts pour supporter la désinstitution-nalisation, la campagne
d'information locale et régionale et aussi la réinsertion et
l'hébergement des malades mentaux judiciarisés.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait nous déposer - ce
sont des informations que vous n'avez peut-être pas en main - le budget
total pour 1989-1990 avec la ventilation, y compris les sommes prévues
pour la campagne de publicité, d'information et de sensibilisation,
à la fois pour la santé mentale et pour la déficience
intellectuelle, incluant l'enveloppe pour le répit-dépannage?
Une toute petite question. On parle d'une campagne de 300 000 $ pour de
la publicité sur la santé mentale et la déficience
intellectuelle. J'imagine que c'est juste dit ensemble et que cela ne sera pas
mis ensemble.
Mme Lavoie-Roux: Elles ne seront pas mises ensemble et ne seront
pas faites concurremment non plus parce que, justement, il s'agit de deux
problématiques différentes. Il y a déjà assez de
confusion...
Mme Blackburn: Je comprends.
Mme Lavoie-Roux: ...dans la population et je pense qu'on a bien
pris soin qu'elles soient faites séparément.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a prévu le budget pour l'une
et l'autre?
Mme Lavoie-Roux: 600 000 $ pour chacune d'elles.
Mme Blackburn: 600 000 $, chacune? Mme Lavoie-Roux: C'est
ça.
Mme Blackburn: D'accord. Dans les centres d'accueil de
réadaptation, comment explique-t-on la diminution de 3 000 000 $ au
budget des centres d'accueil, à l'élément 1?
Mme Lavoie-Roux: C'est encore une erreur mécanique, si on
peut dire, et je pense que vous devez trouver l'explication... Il faudrait que
je retrouve mon cahier. Allez-y donc, M. le sous-ministre.
M. D'Astous: À la page 45 du cahier explicatif des
crédits, vous avez effectivement une décroissance de l'ordre de 2
907 000 $. La raison est simple. Techniquement, lorsqu'on a achevé les
budgets, les crédits pour le RREGOP ont tous été
imputés au programme 5, élément 2. Ce qui fait que, si
vous tournez la page 47, vous avez une croissance pour l'élément
2 du programme 5 de 49 000 000 $, mais c'est une croissance qu'il faut ramener
à moins de 16 000 000 $, compte tenu de ce que je viens de vous dire,
c'est-à-dire qu'ils ont imputé à un seul
élément du programme les crédits du RREGOP pour les deux
éléments de programme. Alors, si on fait une correction qu'on va
faire dans la programmation budgétaire, la croissance réelle du
programme 5, élément 1, est de 13 438 500 $, soit une croissance
de 4,4 %.
Mme Blackburn: J'ai une petite question sur le RREGOP. La
croissance du RREGOP, c'est de combien encore?
M. D'Astous: Elle est importante. Elle est de l'ordre de...
Mme Blackburn: En pourcentage. Non pas en chiffres, en
pourcentage.
M. D'Astous: En chiffres, elle est de 95 000 000 $. C'est 1,39 %
de l'ensemble des crédits 1989-1990 par rapport à 1988-1989.
C'est un montant important de 95 000 000 $.
Services des centres hospitaliers de courte
durée (suite)
Enquêtes administratives
Mme Blackburn: Dans les centres d'accueil d'hébergement,
on a porté à notre attention - d'ailleurs, cela a paru dans les
journaux - des enquêtes administratives qui ont été
menées, plus particulièrement aux centres d'accueil de Tilly et
Val Séjour en Montérégie, où la Sûreté
du Québec a fait une saisie de documents simultanément,
même journée, même heure, dans les deux centres d'accueil.
Cette saisie de documents s'est faite après la conclusion d'une
enquête qui avait été menée par le ministère.
Une journaliste a téléphoné pour demander s'il y avait
possibilité d'avoir copie de ces rapports d'enquête. On sait,
depuis, qu'une des personnes qui, selon le directeur général du
centre de Tilly, était l'objet d'une enquête est
décédée. Est-ce qu'on pourrait avoir copie du rapport
d'enquête du centre de Tilly, au complet, évidemment, non pas
expurgé des informations les plus croustillantes? (17 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que, et je
demanderai au sous-ministre de compléter, cela n'avait pas
été, au point de départ, des enquêtes formelles
du
ministère mais, au moment, en 1987, où étaient
survenus les incidents reliés à certains établissements et
aux dépenses de directeurs généraux, le ministère
avait fait certaines enquêtes administratives auprès de certains
établissements pris au hasard. C'est à ce moment que... Il ne
s'agit pas d'une enquête dans le sens de documents déposés,
etc. C'étaient vraiment des enquêtes comme on peut en faire
à n'importe quei temps dans une institution qui nous est
signalée. Mais à ce moment, étant donné les
problèmes qui semblaient peut-être exister dans d'autres
établissements, on avait choisi au hasard un certain nombre
d'établissements de diverses catégories. C'est à
l'occasion d'une de ces enquêtes administratives qu'on a, entre
guillemets, et je fais bien attention à mes mots, observé ce
qu'on pourrait qualifier de certaines irrégularités au plan
administratif. À ce moment, on avait signalé les problèmes
à la Sûreté du Québec qui a fait sa propre
enquête. Dans le cas de Tilly, ce n'est pas tellement le centre d'accueil
de Tilly qu'un tiers parce que...
Une voix: C'était le centre d'accueil de la
Montérégie.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'était vraiment celui de la
Montérégie et c'est entre les mains de la Sûreté du
Québec. C'est en ce sens que je n'aurai pas de rapport d'enquête
à déposer parce qu'il ne s'agit pas d'une enquête formelle.
Il s'agit vraiment d'une vérification du ministère au plan
administratif dans un établissement donné.
Mme Blackburn: Dans ce que je n'appelle pas des
irrégularités mais, au moins, des cadeaux un peu surprenants,
est-ce que le ministère est intervenu? On sait, par exemple, que le...
Je pense que c'est à l'administrateur provisoire, au moment où il
a quitté le centre de Tilly, qu'on a donné 3000 $ de
perfectionnement. Je l'ai trouvée savoureuse parce que, je veux dire,
s'il avait eu au moins un téléviseur ou un système
informatique, mais de perfectionnement, j'ai trouvé... Vous engagez
quelqu'un qui est supposé être performant pour faire votre
administration et vous lui donnez un cadeau de 3000 $ pour se perfectionner
quand il part... C'est douteux comme prétexte au centre de Tilly. Et
ça, parce qu'on a eu le rapport expurgé de certaines
informations. Est-ce que le ministère est intervenu pour que ces
personnes remboursent les sommes ou les cadeaux qui leur avaient
été faits et qui excèdent, je pense bien, c'est facile
à comprendre, la politique...
Mme Lavoie-Roux: D'abord, je dois vous dire que la mesure qui a
été prise à cette occasion l'a été à
l'endroit du directeur permanent, si on le veut, régulier, du centre de
Tilly. Ce fut une mise en garde, plus qu'une mise en garde, mais que ces choses
ne devaient pas se reproduire. Je pense qu'on n'avait pas la capacité de
demander un remboursement, mais qu'on l'aura signalé comme étant
une pratique pour le moins inhabituelle. Après cela, les choses se sont
surtout déplacées vers le centre d'accueil de la
Montérégie. La Sûreté du Québec a recueilli
des éléments, j'imagine, qu'elle considérait des
éléments de preuve importants et on connaît les
circonstances qui ont suivi, soit le décès du principal
intéressé. Actuellement, je ne peux vraiment pas vous dire
comment les choses se poursuivront.
Mme Blackburn: Est-ce que l'enquête se poursuivra en
dépit du décès du principal "concerné", pour ne pas
dire intéressé?
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je ne sais pas, comme je viens de
le dire. Je ne peux pas, à ce moment-ci, vous informer de ce qui sera ou
de quelle façon sera poursuivie cette enquête que la
Sûreté du Québec avait faite.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut avoir copie de cette
enquête et, en même temps...
Mme Lavoie-Roux: Non. C'est la Sûreté du
Québec qui l'a.
Mme Blackburn: Je ne parle pas de l'enquête de la
Sûreté du Québec, il me semble évident qu'elle ne me
remettra pas son rapport d'enquête. Le rapport de l'enquête
administrative.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y a pas de... Comme je vous l'ai
expliqué tout à l'heure, ce sont des enquêtes
administratives de routine, et, lorsqu'une anomalie est notée, soit que,
selon la nature, ce sont des choses vraiment mineures...
Mme Blackburn: Non, madame...
Mme Lavoie-Roux: ...c'est sous forme de directives. Non, je n'ai
pas de rapport d'enquête écrit sur cela.
Mme Blackburn: Mme la ministre, c'est parce que vos
fonctionnaires ne vous en ont pas Informée. Le syndicat, je pense, et
une journaliste sont devant la Commission d'accès à
l'information, et le ministère refuse de communiquer les informations
contenues dans le rapport. Je comprends que vous ne soyez pas informée
de toutes ces questions, mais il y a la quelque chose d'étonnant.
Un rapport a été déposé, dont on a
retiré certaines parties, et a été donné au conseil
d'administration de l'établissement. L'établissement,
après une demande, ils ont ajouté deux lignes, et le
ministère a refusé de leur communiquer la totalité du
rapport. Quand on ne veut pas communiquer une partie importante de rapports
faits par des fonctionnaires, vous le savez, des doutes planent chaque fois.
Une journaliste a essayé d'avoir le rapport, on le lui
a refusé, et je sais qu'ils doivent prochainement se
présenter devant la Commission d'accès à l'information,
devant trois commissaires, pour que l'on décide s'ils ont droit ou non
à cette information. Je me demande, tout le monde se demande ce que le
ministère veut cacher? La demande d'accès au rapport de
vérification ministérielle du Centre jeunesse de Tilly a
été présentée le 19 janvier. J'ai ici le rapport
expurgé de certaines de ses parties.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse pour une erreur que j'ai faite
involontairement, tout à l'heure, en disant qu'il n'y avait pas de
rapport écrit. C'est évident qu'il y en a un. D'ailleurs, on m'a
informé à ce sujet. Je dois vous dire que je ne suis pas tout...
Je m'assure que l'on fait les vérifications nécessaires.
Mme Blackburn: Je comprends cela.
Mme Lavoie-Roux: Je veux corriger ce que j'ai dit. Quand la
Sûreté du Québec est saisie d'une affaire, la partie du
rapport qui doit servir pour l'enquête n'est pas retransmise au
public.
Mme Blackburn: Un instant, permettez! C'est une explication trop
facile. Cela semble crédible au commencement, mais le rapport qui a
été communiqué l'a été avant la saisie par
la Sûreté du Québec; donc, ce n'était pas
relié à la volonté...
Mme Lavoie-Roux: Non. Notre demande pour qu'intervienne la
Sûreté du Québec était antérieure.
Mme Blackburn: Ce qu'invoque le ministère, ce n'est pas le
fait que c'est une question sous enquête policière, et n'importe
lequel de vos conseillers pourra vous le dire, ce n'est vraiment pas ça
qu'on invoque. Il s'agit d'informations qu'on ne veut pas communiquer. Pour
quelle raison? Évidemment, tout le monde spécule sur ce cas,
d'autant plus que la personne qui était l'objet de l'enquête est
décédée. Tout le monde s'interroge. Plus on essaie de
cacher, plus les journalistes et les gens à l'interne essaieront de
fouiller, vous pouvez en être sûre. C'est légitime. Il faut
de très bonnes raisons pour pour ne pas donner au public des
informations touchant des irrégularités, lorsqu'il s'agit de
notre argent.
Mme Lavoie-Roux: II reste que - ils vont vous donner des
Informations supplémentaires - si vous voulez établir une preuve
à partir d'éléments que vous considérez comme
pouvant être des preuves et qu'ils vous apparaissent assez importants
pour faire intervenir la Sûreté du Québec, j'imagine que
vous devez, jusqu'à un certain point, protéger ces preuves.
Mme Blackburn: Non... Oui... mais en tout cas...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est peut-être dans ce sens
que... Je vais demander au sous-ministre...
Mme Blackburn: Non. Ce n'est pas ce...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, pour répondre d'une
façon plus précise, puisque ces décisions sont toujours
prises après consultation du contentieux et que celui-ci aurait des
informations plus complètes, il serait souhaitable qu'on communique avec
le contentieux avant de continuer à vous donner des informations qui
pourraient ne pas être exactes.
Mme Blackburn: On nous dit que c'est une pratique très
répandue au ministère que de refuser de communiquer le
résultat des enquêtes administratives. Les journalistes me disent:
Écoutez, c'est systématique. Ne pourriez-vous pas avoir les
informations? Je leur répond: Si vous ne pouvez les avoir, alors pas
davantage moi. Il me semble qu'il y a des choses... Le droit du public à
l'information, c'est une chose qui existe. Actuellement, il semble qu'à
la moindre demande d'informations on réfère les gens devant la
Commission d'accès à l'information. Cette façon de faire
commence à soulever passablement d'inquiétudes chez les
journalistes.
Mme Lavoie-Roux: À ma connaissance, il y a deux cas
où de telles demandes ont été contestées. Alors,
avant de parler et de dire que c'est une...
Mme Blackburn: Ah non! Bien...
Mme Lavoie-Roux: ...une pratique généralement
répandue, il faudrait être prudent.
Mme Blackburn: On va envoyer la retranscription des débats
aux journalistes qui s'inquiètent de cette question, madame.
Est-ce qu'on peut savoir combien il y a d'établissements de tout
ordre dans le réseau qui font ou qui ont fait l'objet d'enquêtes
administratives? Est-ce qu'on peut en avoir la liste et les rapports?
Mme Lavoie-Roux: C'est 26.
Mme Blackburn: On pourrait nous communiquer la liste et les
rapports, s'ils sont complétés, sinon lorsqu'ils seront
déposés.
Mme Lavoie-Roux: Dans plusieurs cas, il n'y a pas de rapport
comme je vous l'expliquais tout à l'heure, mais on m'a dit que dans
celui où... C'est pour ça que j'ai affirmé...
Mme Blackburn: Je sais que pour Sept-îles il y en avait. Je
sais que, de façon générale, les fonctionnaires qui sont
mandatés pour faire une enquête ne font pas ça sur le coin
d'une table.
Du moment où vous entrez dans un établissement, je pense
qu'on ne peut pas dire n'importe quoi. Je comprends que vous soyez mal à
l'aise, parce que ça concerne...
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas mal à l'aise du tout,
parce que..
Mme Blackburn: Je ne parle pas de vous
nécessairement...
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas du tout mal à
l'aise...
Mme Blackburn: Je parle des fonctionnaires qui sont en contact
avec les établissements. Ce n'est pas vrai que quelqu'un est
autorisé à entrer dans un établissement en disant: Je suis
mandaté pour faire un rapport, une enquête sur votre
administration, et cela sans avoir l'obligation de déposer un rapport.
Il n'y a pas un administrateur qui va accepter ça. J'ai
présidé et j'ai été membre d'un nombre
considérable de ces conseils. Mme la ministre le sait aussi qu'il n'y a
pas un établissement qui dirait: D'accord. Si vous nous
soupçonnez, il faut, au moins, que ce soit clair et vous nous remettrez
le rapport. Ce n'est pas vrai qu'il n'y a pas de rapport de remis, parce que
les fonctionnaires ne... Écoutez, les hauts fonctionnaires ne
travaillent pas de cette façon. Cela m'étonnerait très
fort. Ce ne serait pas très élogieux à leur endroit si on
pensait qu'ils fonctionnent à la...
M. Cantin: Dans plusieurs cas, il n'y a pas eu de rapport. La
façon dont a procédé, c'est qu'on a envoyé des gens
qui ont passé deux, trois ou quatre jours dans un établissement
où on informait le conseil d'administration, le président et le
directeur général que notre intérêt se portait sur
tel genre de dépenses. À la fin de la vérification, il y a
eu des rencontres dans plusieurs cas avec le président et le directeur
général pour leur faire part de nos conclusions. Celles-ci
disaient, par exemple, qu'on remarquait une chose, parce qu'on analysait si le
conseil d'administration avait adopté tel genre de règlements ou,
s'il n'avait pas adopté tel genre de règlements, on lui demandait
de faire le nécessaire. Dans d'autres cas, on lui demandait d'aller plus
loin et d'enquêter sur telle procédure qu'on retrouvait à
l'intérieur. Dans d'autres cas encore on lui demandait de clarifier un
élément en particulier. Une fois que le président et le
directeur général avaient les informations, c'était
transmis chez nous et jugé satisfaisant. (17 h 30)
Mme Blackburn: Dans combien de cas y a-t-il eu des rapports
d'enquête de la nature de celui de Sept-îles, de... Il y en a un
autre qui ne me revient pas; j'en ai eu trois en main. Celui de
Sept-îles, sûrement, qui contenait des choses assez grosses, celui
de Tilly et j'en al vu un autre, mais il y a déjà un moment de
cela.
Dans combien de cas, vous parlez de 20...
M. Cantin: Tel qu'on l'a dit tout à l'heure, il y en a eu
26 où on a fait des visites. Le nombre exact de rapports, je ne suis pas
capable de vous le dire, mais on peut vérifier.
Mme Blackburn: Je repose ma question: Est-ce qu'on peut nous
adresser la liste des établissements qui ont fait l'objet
d'enquêtes administratives et les rapports de ces enquêtes
lorsqu'ils existent?
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, lorsqu'on prend des
établissements au hasard, à la suite des événements
auxquels j'ai fait allusion tout à l'heure, et qu'on veut faire une
vérification pour être bien certain qu'il n'y en a pas davantage,
je ne pense pas que je trouverais opportun pour les établissements
eux-mêmes, alors que les résultats de la vérification sont
négatifs, de livrer une liste de ces établissements comme
étant des établissements qui pourraient être
associés à d'autres dont les rapports contenaient des
éléments répréhensibles. Je me refuse à ce
que partout où on va faire une enquête administrative, pour
quelque fin que ce soit... Dans un bon nombre, c'était à partir
d'une vérification qu'on voulait un peu plus étendue,
étant donné les problèmes qui avait été
vécus à ce moment-là. Dans les cas où il y a des
rapports, c'est probablement parce que c'est arrivé, et je n'ai pas
d'objection à vous remettre la liste. Dans les autres cas, je ne veux
pas que l'on puisse faire des associations de l'un à l'autre.
Mme Blackburn: Je donne raison à la ministre sur ce point.
Cela ne sera pas compliqué. C'est vrai que dans les cas où ce fut
des enquêtes de routine, où les informations étaient
justifiées, cela ferait planer inutilement la suspicion sur les
établissements. Je partage votre avis. On va s'entendre, ce n'est pas
compliqué. Dans le cas des autres, ceux où il y a un rapport,
peut-on nous les communiquer ainsi que les décisions qui ont
été prises lorsqu'il s'agit de remboursement ou encore de
déplacement des personnes considérées comme ayant commis
des irrégularités? Est-ce qu'on peut avoir à la fois le
rapport et les décisions prises tant à caractère
administratif qu'à caractère - comment dirait-on ça? - de
remboursement? Oui?
Mme Lavoie-Roux: Cela va.
Mme Blackburn: Très bien. Je vous remercie. Il y a aussi
quelques questions sur les hôpitaux. Le temps file. Une question d'abord
de mon collègue député de Shefford qui, pour les raisons
qu'on sait, étant à d'autres commissions parlementaires, ne
pouvait pas venir s'informer lui-même sur l'état du dossier. Je me
permets de le faire à sa place.
Depuis 1985, le centre hospitalier de Granby
attend l'autorisation de procéder à un agrandissement,
soit l'ajout d'un sixième étage, et au
réaménagement de plusieurs services. Toutes les étapes
préliminaires ont été effectuées. Les autorisations
pour les plans et devis ont été données. L'année
dernière, à cette commission, vous avez déclaré au
député de Shefford que le dossier progressait normalement, que le
ministère était en contact avec le centre hospitalier de Granby
pour compléter ce dossier.
Après trois ans d'attente et après toutes ces rencontres,
de remise en remise, après toutes les demandes auxquelles ce centre
hospitalier a répondu, demande d'information complémentaire
après demande d'information complémentaire - on sait comment
ça se passe, il en a toujours été ainsi, d'ailleurs -
est-ce qu'on peut espérer la réalisation de ce projet pour
l'année 1989? Ça commence à devenir urgent, la population
en a pour ainsi dire assez d'attendre cette réalisation. Est-ce que
c'est prévu dans vos immobilisations de cette année?
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas prévu dans nos
immobilisations de 1989-1990. Je voudrais quand même nuancer ce que la
députée vient de dire, quand elle affirme: Cela fait trois ans
qu'on attend, cela fait trois ans qu'on fait des démarches. Je me
souviens de deux rencontres que j'ai eues avec eux ou, du moins certainement
d'une, où je leur ai signifié que s'ils voulaient aller de
l'avant avec leur projet - je pense que c'était d'agrandissement et de
réaménagement - ils devaient nous présenter un projet qui
ne comportait pas de dépenses de fonctionnement supplémentaires.
C'est la première fois que je les ai rencontrés, et ça
remonte probablement - il faudrait vérifier les dates - à 1987,
à il y a environ un an et demi. C'était le point de
départ, et II me semble que je les ai rencontrés une seconde
fois. En tout cas, nos services les ont rencontrés une deuxième
fois.
M. Gagnon: Nous sommes en train d'étudier le programme
fonctionnel et technique qui nous a été
présenté.
Mme Blackburn: Comment peut-on... J'ai écouté la
ministre et j'ai probablement mal compris. Une des conditions que vous aviez
posées était qu'on ajoute un étage sans que cela augmente
les dépenses de fonctionnement. Comment est-ce possible?
Mme Lavoie-Roux: Non, non. C'était l'une des conditions,
parce que nous ne pensions pas pouvoir obtenir d'argent de fonctionnement et
qu'une partie du réaménagement pouvait être faite sans
occasionner des dépenses supplémentaires. Parce que, vous savez,
c'est bien beau de réaménage) ; on peut réaménager
ou rénover...
Mme Blackburn: Est-ce qu'ils ont...
Mme Lavoie-Roux: Un instant! Si vous voulez bien me laisser
finir.
Mme Blackburn: Est-ce qu'ils ont répondu?
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi! Vous ne voulez jamais me laisser
répondre. Il est vrai que, lorsque je vous réponds, vous ne
m'écoutez pas.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Dans un cas de rénovation, par exemple,
si c'est à cause de la vétusté et que l'on veut rendre,
disons, l'urgence plus fonctionnelle, on peut faire du
réaménagement, de l'agrandissement, sans que ça veuille
dire des dépenses de fonctionnement supérieures, et même,
dans certains cas, cela amène des économies de fonctionnement.
Mais dans leur cas, ce qu'on venait nous demander, c'était un
réaménagement qui prévoyait des dépenses de
fonctionnement. Je leur ai dit, il y a environ un an et demi, que ce ne serait
pas possible s'il y avait des dépenses de fonctionnement additionnelles.
Je pense qu'ils sont repartis en disant: Oui, on va essayer de
reconsidérer cela pour que les réaménagements
demandés n'occasionnent pas de dépenses supplémentaires de
fonctionnement. C'est probablement après cela qu'ils ont
été mis en contact avec nos services, et c'est la réponse
que vous donnait...
Quand vous dites: Est-ce que ce sera en 1989-1990? Ce n'est pas possible
que ce projet se réalise en 1989-1990 quoi qu'il en soit.
Mme Blackburn: II me semble avoir compris que, dans les
données...
Mme Lavoie-Roux: La rédaction du programme n'est pas
encore acceptée.
Mme Blackburn: Parce qu'on a passé les commandes de plans
et devis.
Mme Lavoie-Roux: Non, nous n'en sommes pas aux plans et
devis.
M. Gagnon: Nous n'en sommes qu'à l'étape de
l'élaboration du programme.
Mme Blackburn: L'exigence que ça n'engage pas des sommes
additionnelles pour les frais de fonctionnement a-t-elle été
respectée? C'est ce que j'ai cru comprendre.
Mme Lavoie-Roux: On le leur avait demandé, mais je ne sais
pas quel en a été le résultat.
M. Gagnon: Dans le programme qu'ils nous présentent, il y
a encore une proposition d'augmentation de capacité.
Mme Blackburn: De quel ordre?
M. Gagnon: Je ne le sais pas exactement, je ne l'ai pas devant
moi, mais je pourrais vous le dire. C'est l'augmentation du nombre de lits.
À ça, on ne pouvait pas répondre, compte tenu de la
contrainte que Mme la ministre leur avait imposée.
Mme Blackburn: Donc, les gens de cette région se sont fait
dire: Pour cette année, il n'en est pas question; ce n'est pas dans un
état suffisamment avancé pour qu'on puisse vous dire qu'on
pourrait éventuellement envisager ne serait-ce que la préparation
de plans et devis et l'octroi de certains travaux.
Mme Lavoie-Roux: De plus, ce qu'il faut bien comprendre, Mme la
députée, c'est que des demandes en immobilisations qui
parviennent à mon ministère, compte tenu de l'état de
vétusté très grande dans lequel se trouvent nos
hôpitaux, lesquels avaient été laissés pour compte
depuis un bon bout de temps, ont exigé des montants très
considérables. Je pourrais vous en nommer sur le bout des doigts, comme
ça, des projets de 28 000 000 $, 35 000 000 $, 42 000 000 $. À ce
moment-là, je pense particulièrement à des projets comme
celui de l'Archipel, celui de Shaw-ville, celui de la Cité de la
santé, qui était exigé par la situation d'urgence, celui
de Saint-Eustache, qui est aussi dans un état qui ne lui permet
même pas de répondre aux besoins les plus urgents de sa
population. À ce moment-là, il y a un ordre de priorités.
Pour nous, cette année, le centre hospitalier de Granby ne peut pas
être retenu comme une priorité, quoiqu'il y a encore du travail
qui peut être fait dans la préparation du programme et
qu'éventuellement il puisse être intégré au plan
triennal d'immobilisations.
Mme Blackburn: J'ai terminé pour le moment concernant les
hôpitaux, à moins qu'il ne nous reste assez de temps. Il nous
reste plusieurs questions, j'y reviendrai tout à l'heure s'il reste un
peu de temps.
Le programme 4, les services...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux vous demander de terminer sur
les hôpitaux pour libérer les personnes qui doivent partir?
Mme Blackburn: À notre demande, on nous a remis une liste
des lits fermés en permanence dans les centres hospitaliers de courte
durée depuis 1985. On nous parle de deux hôpitaux, Royal Vie et
Sept-îles, pour un total de 124 lits. Ceux qui ont vu la liste fournie
sont sceptiques.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les seuls lits fermés en
permanence parce qu'il y a des lits qui ont été
transformés à d'autres fins.
Mme Blackburn: C'est ça. Donc...
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous donner l'exemple du Royal Vie qui
en a un certain nombre qui ont été transformés en bureaux,
il y a des années; Saint-Luc a fait plusieurs transformations au cours
des ans, et il me semble qu'il y a 20 ou 30 lits qui sont devenus inutilisables
parce que utilisés à d'autres fins.
Mme Blackburn: Bien.
Mme Lavoie-Roux: Vous comprenez qu'on fait un examen très
sérieux de vos demandes, Mme la députée de Chicoutimi. On
sait que vous les épluchez bien, les chiffres. Si, par hasard, il y
avait une erreur, on la corrigera avec promptitude.
Mme Blackburn: Bien. Je vous en sais gré et je voudrais
remercier les fonctionnaires. Je suis très consciente que lorsqu'on les
oblige à faire ce genre d'exercice, c'est à la fois exigeant et
fastidieux, mais je suis convaincue que, au total, on en retire certains
avantages, ne serait-ce que d'avoir une vision un peu plus d'ensemble des
décisions prises d'un service à l'autre. On a pu voir que
c'était peut-être intéressant de concilier certaines
listes, mais j'imagine que pour le reste, également... Je vais vous
souhaiter une bonne fin de journée.
Services des centres de services sociaux
Le programme 4, centres de services sociaux, les CSS. Crédits
périmés: 3 400 000 $. Est-ce qu'on peut ventiler la...
Une voix: ...familles d'accueil. Mme Blackburn: Familles
d'accueil? Une voix: Familles d'accueil.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut nous donner la ventilation des
crédits périmés par région? On pourrait
peut-être déposer le tableau. Vous avez ça parce que
j'imagine que c'est comme ça que ça fonctionne. Vous avez 13
CSS?
Une voix: Quatorze.
Mme Blackburn: Quatorze? Cela doit ressembler... (17 il 45)
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des soldes de fonds, comme j'ai eu
l'occasion de l'expliquer à l'Assemblée nationale, de
l'année 1987-1988 et non pas de 1988-1989. Année après
année, le... Je comprends que je vous ai donné congé,
mais....
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
est-ce qu'on pourrait avoir un petit peu moins de bruit dans la salle, de part
et d'autre?
Une voix: Ils sont partis.
Le Président (M. Bélanger): Alors, si on voulait
continuer.
Familles d'accueil
Mme Lavoie-Roux: Ce que je disais, c'est que ces crédits
périmés sont des soldes de fonds et que le Vérificateur
général, année après année, nous faisait la
demande que les crédits périmés des années
antérieures, du point de vue administratif, soient non pas
conservés, mais périmés. Ce sont des crédits de
l'année 1987-1988, au titre des familles d'accueil enfants et familles
d'accueil adultes. Les familles d'accueil d'enfants, pour un montant de 488 000
$ et les familles d'accueil adultes, pour un montant de 2 928 000 $, soit un
total de 3 416 000 $.
Mme Blackburn: Et, cette année, cela veut dire qu'il n'y a
eu aucun crédit de périmé dans l'enveloppe 1989-1990?
Mme Lavoie-Roux: 1988-1989. Mme Blackburn: 1988-1989.
Mme Lavoie-Roux: Aucun.
Mme Blackburn: Alors, pourquoi apprend-on, dans le cahier des
crédits, que certains CSS ont fait de la récupération de
leur déficit au détriment des familles d'accueil?
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous m'expliquer votre question
davantage, s'il vous plaît?
Mme Blackburn: On va vous donner quelques exemples. Selon
l'Association des familles d'accueil, l'équilibre budgétaire et
la récupération des déficits se sont faits à leurs
frais. Je vous donne ici quelques informations: Familles d'accueil, le CSS
Laurentides-Lanaudière a présenté un plan de redressement
au MSSS, dont vous faites état, d'ailleurs, dans les réponses
à nos questions dans le cahier qui nous a été fourni, de
l'ordre de 707 000 $, et le plan de redressement comprenait une
réduction de 18 % sur les primes accordées aux familles d'accueil
et spéciales. On a récupéré 216 205 $. Le gel des
révisions à la hausse des primes, une réduction du nombre
de places utilisées en familles d'accueil spéciales, de 69 %
à 42 % du nombre total de places autorisées au budget. On est
passé...
Mme Lavoie-Roux: Excusez, pouvez-vous nous dire à quelle
page vous êtes dans le grand cahier?
Mme Blackburn: C'est le plan de redressement qui vient du CSS
Laurentides-Lanaudière...
Mme Lavoie-Roux: Ah, ah.
Mme Blackburn: ...et qui a été
déposé, si je me rappelle, l'automne dernier. Le gel des
placements en familles d'accueil spéciales et de transition pendant une
période estimée de 45 semaines: on a économisé 426
229 $. Pendant ce temps, le gel des admissions en familles d'accueil et de
réadaptation: tout près de 53 000 $, moins 11 $. Ce plan a
été accepté par le ministère et les
économies se sont faites presque essentiellement, évidemment, au
détriment des familles d'accueil, soit au détriment des primes
qui leur sont accordées et des places qu'on ouvre, alors qu'on a les
listes d'attente qu'on connaît, alors qu'on parle d'enfants en besoin de
placement, alors qu'on sait que les allocations ou les primes accordées
aux familles en Ontario, je l'ai rappelé hier dans mon discours
d'ouverture, sont le double et plus de ce qui est accordé à une
famille d'accueil qui accepte de prendre un enfant au Québec. Est-ce que
c'est normal que ce soit les personnes sur lesquelles on compte le plus pour
nous aider à dépanner les enfants mal pris, les personnes
âgées et les personnes handicapées qui soient
obligées de faire cette espèce de bénévolat, de se
sacrifier et de se mettre au service des personnes? Et il y a évidemment
un manque de familles d'accueil. Le manque de familles d'accueil est de l'ordre
de 423 pour les personnes âgées et de tout près de 500 pour
les enfants. Dans ces circonstances, on peut comprendre que beaucoup de
familles ne soient plus intéressées, pas exclusivement parce
qu'elles faisaient probablement de l'argent avec ça, mais aussi et
surtout parce qu'il faut, lorsque tu te consacres aux autres, que ça ne
te coûte pas trop cher.
Mme Lavoie-Roux: À la question de la
députée, je voudrais simplement dire que la région
Laurentides-Lanaudière s'est trouvée dans une situation
particulière dans le sens qu'en utilisant la grille de
catégorisation de l'Association des centres de services sociaux elle a
dépassé ou développé beaucoup plus qu'il
était normalement prévu par le ministère de la
Santé et des Services sociaux, si bien qu'elle s'est trouvée, au
plan budgétaire, dans une situation difficile. À ma
connaisssance, et si je me trompe on me corrigera, c'est la seule région
qui ait fonctionné de cette façon.
Mme Blackburn: Qu'est-ce qu'on fait avec la pénurie de
places dans les autres régions?
Mme Lavoie-Roux: Cette région et la région 04 ont
fonctionné de cette façon. Mais je peux vous dire que les
correctifs ont été apportés temporairement pour que les
familles ne soient pas pénalisées, tel que vous venez de le
mentionner, qu'il y aurait eu des coupures aux familles spéciales,
c'est-à-dire des coupures de rémunération ou
d'allocation.
Mme Blackburn: Comment se fait-il qu'on
ait, à ce moment-là, une carence dans le nombre, parce
qu'il nous manque 1000 familles d'accueil?
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Mme Blackburn: II y en a 423 pour les personnes
âgées; environ 900...
Mme Lavoie-Roux: On me dit qu'il y a 700 personnes en attente de
familles... Donnez donc l'explication, madame...
Mme Blackburn: Vous nous avez fourni l'information qui est la
suivante: les adultes, ou personnes âgées en majorité, 423,
et les enfants, 497, en liste d'attente.
Le Président (M. Bélanger): Alors... Mme
Laberge: Est-ce que je peux...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
madame.
Mme Laberge: ...répondre à cette question? S'il y a
des personnes qui sont en attente, elles ne sont pas laissées pour
compte. Je pense que ce sont des personnes qui, pour des conditions X, Y, ou Z,
ne trouvent pas de "pairage" avec les familles d'accueil disponibles. D'autre
part, les cas sont trop lourds à l'occasion pour être reçus
dans certaines familles d'accueil; ce sont, par exemple, des jeunes dans un
centre d'accueil de réadaptation ou des personnes âgées
dans un centre d'accueil et qui, éventuellement, devraient aller vers
une ressource beaucoup plus légère telles les familles d'accueil,
mais elles n'ont pas ces facilités dans la région même. Par
exemple, à Montréal, 30 % des familles d'accueil se retrouvent
à l'extérieur de l'île de Montréal. Il y a beaucoup
de difficultés, à l'occasion, à recruter des familles sur
l'île de Montréal. Il y a un manque à ce chapitre et c'est
surtout en ce qui concerne les personnes âgées. Donc, il y a
plusieurs phénomènes qui peuvent expliquer ces personnes qui sont
en attente, mais qui ne sont pas laissées pour compte.
Mme Blackburn: Si on fait le total ici: Montréal
Métro, Ville-Marie, Juif, à la famille, on n'a pas les
données, cela représente une partie importante, mais non majeure
du problème. Quels sont les budgets que la ministre a prévus pour
réajuster les allocations accordées aux familles et est-ce
qu'elle vise à atteindre la parité, toutes proportions
gardées à tout le moins, avec ce qui est offert en Ontario?
Évidemment, il faut tenir compte du fait qu'en Ontario le loyer, la
résidence coûtent plus cher. Donc, il est bien évident
qu'on ne peut penser que ce soit exactement égal, mais au moins la
même équité. Vous avez reçu comme moi les tableaux
qui démontrent ce qu'il en coûte pour garder un enfant ou une
personne âgée lorsque vous êtes dans une famille
régulière et ce que le Québec donne.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je vais vérifier ce que la
députée avance. J'étais en Ontario où j'ai eu une
rencontre avec le sous-ministre des services sociaux et communautaires, Peter
Barnes. Justement, il a abordé cette question de l'allocation qui
était versée aux familles d'accueil en Ontario. Il m'a dit que
les familles d'accueil réclamaient beaucoup plus d'argent et que
c'était probablement la province qui payait le moins cher pour les
familles d'accueil. C'est pour ça que je vais le faire vérifier
par mes services parce que...
Mme Blackburn: Oui, ça se peut. Écoutez...
Mme Lavoie-Roux: ...cela me semble... D'ailleurs, cela leur
causait des problèmes assez importants. C'est une chose.
Mais, je vais répondre à votre question plus
précisément, à savoir: Qu'est-ce que vous avez
prévu pour l'augmentation des allocations aux familles d'accueil? J'ai
eu l'occasion de répondre à un bon nombre de
députés, peut-être aussi à des membres de votre
formation politique parce que des représentations vous ont
été faites et vous m'avez écrit en conséquence.
C'est certainement un bon nombre de collègues. J'ai eu l'occasion de
dire qu'il y avait un comité de travail dans lequel sont
consultés du moins les principaux intéressés et qui porte
sur plusieurs points, principalement la révision du contrat liant la
famille d'accueil au centre de services sociaux, la définition de la
ressource "famille d'accueil", des précisions sur les clientèles
qui peuvent le plus tirer de profits. Enfin, c'est un examen
général des familles d'accueil, mais également de la
révision du taux quotidien accordé aux familles d'accueil, la
révision de l'ensemble du système de primes accordées pour
les places spéciales en réadaptation, la révision de la
catégorisation des places dans le secteur des adultes, la
révision des formulaires - c'est plus technique - la révision du
fonds spécial. Il y a finalement en cours un guide d'actualisation
destiné au réseau des centres de services sociaux, concernant la
pratique professionnelle en regard des familles d'accueil et des cas hors
normes. Dans l'ensemble...
Mme Blackburn: Et l'échéancier?
Mme Lavoie-Roux: On attend ceci à la fin d'avril. Vous
avez peut-être reçu une lettre de ma part. Je sais que j'ai
écrit à quelqu'un de votre côté.
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être à madame...
Mme Blackburn: Vous allez nous commu-
niquer ces rapports? Pour cette année, est-ce qu'une augmentation
est prévue, pour 1989-1990, de l'enveloppe des familles d'accueil?
Mme Lavoie-Roux: ...la croissance normale. Voulez-vous parler des
allocations?
Mme Blackburn: Oui, des allocations.
Mme Lavoie-Roux: Pour le moment, le travail n'est pas
terminé, mais, selon mon expérience, il m'est arrivé en
cours d'année, compte tenu des décisions qui pouvaient être
prises dans le cas des familles d'accueil, de faire des demandes au Conseil du
trésor pour corriger ce qui devait peut-être être
corrigé. En 1986, quand nous sommes arrivés, il y avait eu une
catégorisation de familles d'accueil prévue dans la loi 27. Cela
n'avait jamais été mis en application. Il y avait eu beaucoup de
discussions sur les allocations spéciales qui devaient être
payées ou enfin les rémunérations différentes selon
les catégories de familles d'accueil. Je suis allée chercher
cela, je pense, en 1986, en cours d'année, au Conseil du trésor.
C'était une chose qui était attendue depuis longtemps. Mais,
encore une fois, je pense qu'on ne peut pas partir et dire: C'est 20 $, demain
ce sera 24 $, sauf si on fonctionne strictement à partir d'une
indexation. Cette année, évidemment, l'indexation est
prévue comme partout ailleurs, mais, si on veut faire faire un bond, je
pense qu'il faut un dossier qui soit étayé en conséquence
pour convaincre le Conseil du trésor. Je pense que ce sont les
règles du bien-fondé de nos demandes. (18 heures)
Mme Blackburn: Je veux vous donner un tableau des chiffres
comparatifs avec l'Ontario, qui nous est fourni par l'association. Ils n'ont
pas dû lancer ces chiffres-là comme cela. J'imagine que vous le
savez. Pour les enfants de zéro à six ans en Ontario, 18 $;
zéro à quatre ans au Québec, 7,88 $; sept à douze
ans, 19,70 $ en Ontario; cinq à onze ans au Québec, 9,71 $. C'est
considérable. C'est plus du double chaque fois.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse!
Mme Blackburn: C'est ce qu'on nous fournit comme
données.
Mme Lavoie-Roux: Si vous prenez les enfants de cinq à onze
ans, pour prendre les derniers que vous venez de donner, ou peut-être que
ce sont les douze à quinze ans, peu importe...
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
un instant, compte tenu de l'heure, est-ce que nous avons le consentement de
part et d'autre pour continuer jusqu'à 18 h 15?
Mme Blackburn: Consentement. On n'est pas pour revenir
pour...
Le Président (M. Bélanger): On a commencé en
retard, alors on prolongerait dans ce sens-là.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Mme Blackburn: S'il n'y a pas de consentement, il va falloir les
ramener pour quinze minutes. Cela n'aurait pas de bon sens.
Le Président (M. Bélanger): Consentement.
Merci.
Mme Lavoie-Roux: Pour les enfants de cinq à onze ans au
Québec, c'est 9,71 $...
Mme Blackburn: Oui, c'est ça que j'ai dit.
Mme Lavoie-Roux: ...plus 1,06 $ de fonds spécial, ce qui
fait 10,77 $, plus les primes spéciales qui peuvent varier
jusqu'à 5,43 $ en moyenne, et 11,95 $ pour les familles de
réadaptation. Alors, si aux 10,77 $ vous y ajoutez 11,95 $ pour les
familles de réadaptation, vous êtes bien au-delà...
Mme Blackburn: Cela, c'est pour l'enfant à
problème, c'est-à-dire que j'imagine que...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous avez aussi une prime pour les
familles spéciales.
Mme Blackburn: De toute façon, je peux vous croire. Je
pense que vous avez raison, si vous ajoutez un certain nombre de choses dans
les cas d'enfants particuliers; du moment que c'est
généralisé, ça peut se rapprocher. Le tableau qui
nous est fourni...
Mme Lavoie-Roux: C'est plus que se rapprocher; ça les
dépasse dans la plupart des cas, parce qu'on...
Mme Blackburn: Dans le cas d'enfants à problèmes,
oui, de façon générale. C'est ce que je ne sais pas, dans
le fond, et je pense que vous allez essayer de me convaincre. Il se peut que
vous me convainquiez et je ne sais même pas si on compare les mêmes
choses, parce que je sais qu'en éducation on a un problème de
comparaison Québec-Ontario. Alors, je vous laisse le soin... J'imagine
que les familles d'accueil qui sont particulièrement
intéressées à faire ce type de comparaison pourraient
être invitées à raffiner ce genre de comparaison.
J'aurais juste une toute dernière question sur ce volet. Est-ce
qu'il y a eu un jugement...
Mme Lavoie-Roux: C'est que la moitié des familles ont des
primes.
Mme Blackburn: D'accord. Pour les autres,
ce qu'on nous présente comme tableau, ça ressemblerait
à la réalité.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des familles
régulières...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...on serait inférieurs à
l'Ontario d'environ 45 % et on est largement supérieurs là
où on applique une prime.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait nous fournir ces tableaux?
Ce serait intéressant. Dans le fond, ça intéresserait
aussi les familles d'accueil, parce que peut-être que ces gens-là
parlent à travers leur chapeau. Ils seraient peut-être assez
payés. Remarquez, j'en doute un peu. Mais si vous pouviez nous
envoyer...
Mme Lavoie-Roux: On pourra en dresser un. Ce n'est pas...
Mme Blackburn: D'accord, dresser un tableau et on pourrait le
leur faire tenir...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Le comité de travail dont je vous
parlais tout à l'heure travaille en collaboration avec l'Association des
familles d'accueil, avec les CSS. Je pense qu'il est très facile de lui
faire part de ces données et je suis sûre qu'il les apporte dans
la discussion.
Mme Blackburn: Vous allez nous communiquer les tableaux
comparatifs? Est-ce qu'on pourrait également avoir les règles
d'attribution des primes spéciales pour chacun des CSS, pour les
différents cas dont on parle?
Mme Lavoie-Roux: À cet égard, il
m'apparaîtrait plus sage d'attendre le rapport du comité qui va
établir des règles nouvelles eu égard à ces...
Mme Blackburn: Oui, alors...
Mme Lavoie-Roux: Dans le moment, grosso modo, comme je vous le
disais, c'est 45 % pour les familles régulières. Pour les primes
spéciales ou de réadaptation, il y a des régions où
des centres de services sociaux qui ont respecté les normes qui avaient
été établies au point de départ, alors que, dans un
bon nombre de cas - je n'oserais pas dire la majorité des CSS - on a
déséquilibré, si on peut dire, ce qui avait d'abord
été prévu en accordant davantage de primes
spéciales ou de primes de réadaptation à des familles. Je
pense que vous présentez ce tableau à ce moment-ci alors que
même la règle n'a pas été respectée, mais je
ne le dis pas dans un sens négatif...
Mme Blackburn: Oui, c'est ça le problème. C'est
très variable d'une région à l'autre et...
Mme Lavoie-Roux: C'est pour ça, je pense, qu'il serait
préférable de vous faire part des résultats du
comité de travail et des recommandations.
Mme Blackburn: D'accord. Est-ce qu'on prévoit en
même temps déposer un projet de loi pour amender la
définition de famille d'accueil?
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: Oui, ça va pour cela.
Dernière question, nous avions dans les demandes que nous avons
présentées la liste du personnel du cabinet des suites
sous-ministérielles. On a eu celle d'une suite
sous-ministérielle, on n'a pas reçu les autres. Serait-il
possible de compléter cela?
Mme Lavoie-Roux: ll n'y en a pas d'autres.
M. Cantin: II n'y en a pas d'autres. Chacun des sous-ministres
adjoints a une secrétaire, point final. Les sous-ministres adjoints
n'ont pas de suite attachée à leur organisation. Le sous-ministre
adjoint et une secrétaire, c'est tout. Après cela, il travaille
avec ses directeurs et les chefs de service.
Budget du CASF
Mme Blackburn: Le Conseil des affaires sociales et de la famille
a déposé un rapport d'une importance vitale si on veut parler du
développement social et économique du Québec. Ce rapport a
pour titre: "Deux Québec dans un" et fait une démonstration
frappante du degré de détérioration de certaines
communautés reliée au déclin démocraphique. On
constate, à la lecture de ce rapport, que les régions
actuellement en déclin démographique recueillaient 56 % de la
population en 1971 et actuellement en recueillent 42 %, avec un taux
anormalement bas de jeunes enfants et un taux très élevé
de personnes qu'on dit sans occupation. De même, certaines régions
recueillent un taux beaucoup plus élevé de personnes
âgées de 65 ans et plus. Je pense, par exemple, aux
îles-de-la-Madeleine.
À la suite du rapport qui a été
présenté, on a entendu peu de commentaires de la part de la
ministre, ce qui m'a étonnée. Je trouve que c'est un organisme de
recherche qui a fait un travail remarquable. Vous avez certainement vu les
études qui accompagnaient le rapport. C'est une mine d'informations
indispensable à tous ceux qui veulent faire un peu de planification au
Québec en ces matières.
Pourtant, le budget du Conseil des affaires sociales et de la famille,
à ce qu'il me semble, sera réduit à sa plus simple
expression et ce qui m'étonne, avec un budget d'une telle ampleur au
ministère de la Santé et des Services sociaux, c'est que c'est
celui qui a quant à ses organismes les plus faibles budgets pour ses
conseils
consultatifs. Une question aussi Importante, aussi majeure, aussi vitale
que celle du développement de la santé et des services sociaux au
Québec recueille l'enveloppe la plus mince pour les budgets
consacrés aux organismes consultatifs. Il n'y a aucune comparaison, avec
le ministère de l'Education qui a un budget de l'ordre de 6 000 000 $
pour le financement de ses organismes consultatifs. Au ministère des
Affaires culturelles, c'est 1 000 000 $ ou 1 200 000 $. Chaque ministère
qui a un minimum d'importance... l'Environnement a un budget qui frise le 1 000
000 $.
À la suite des travaux, je le rappelle, tout à fait
remarquables de cet organisme, la décision de la ministre, c'est pour
ainsi dire de l'abolir. Vous lui coupez tous les moyens et c'est assez radical.
Affamez n'importe qui et vous allez le faire disparaître, lis ont sur la
table des travaux, des projets intéressants qui mériteraient
l'encouragement de la ministre et non pas ses sanctions disciplinaires. On a
l'impression que la façon dont a été mené ce
dossier depuis que la ministre est là fait un peu revanchard. On a
l'impression qu'en créant l'organisme à côté, le
Conseil de la famille, et en limitant son droit d'expression à ce qu'on
sait comparativement aux autres organismes consultatifs
québécois, c'était, du moins à notre avis, une
façon de museler l'information et de museler les organismes
consultatifs. L'autre façon, évidemment, c'est en
réduisant ses budgets. Est-ce que c'est par manque
d'intérêt pour ce genre d'organismes? Est-ce parce que la ministre
n'y croit pas? Est-ce parce qu'elle estime que toutes les recherches sont
déjà faites dans son ministère? Qu'est-ce qui explique et
justifie une telle attitude à l'endroit des organismes consultatifs?
Mme Lavoie-Roux: Je vais répondre à la question de
Mme la députée de Chicoutimi. Il y a plusieurs choses. Quand on
fait la comparaison avec le grand organisme consultatif du ministère de
l'Éducation, mais c'est davantage un organisme-conseil, il ne faudrait
pas oublier l'histoire du ministère de l'Éducation. Quand la loi
a créé le ministère de l'Éducation...
Mme Blackburn: C'est vrai à la culture et pour tous les
autres organismes. Ce sont des secteurs que je connais bien.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais voulez-vous que je vous réponde
ou pas?
Mme Blackburn: Oui. C'est vrai ailleurs aussi, c'est pour
ça que je tiens à vous le souligner.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va respecter le temps de parole de Mme la ministre. Si vous voulez bien
répondre.
Mme Blackburn: Cela achève, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Non. Je suis prête. Si vous voulez, on
peut prolonger jusqu'à 19 il 15.
Mme Blackburn: Je suis tout à fait d'accord, Mme la
ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Je vous rappellerai que
les ordres de la Chambre disaient qu'on avait douze heures et qu'on devait
terminer à 18 heures. Cela étant dit, pourrait-on laisser Mme la
ministre répondre?
Mme Lavoie-Roux: Si on continue jusqu'à 19 il 15, cela
fera une heure de moins le 2 mai pour ceux qui vont souper.
Le Président (M. Bélanger): Les ordres de la
Chambre sont pour qu'on termine à 18 heures. Ce n'est pas moi qui
décide.
Mme Lavoie-Roux: lis sont formels. Je disais que, pour faire la
comparaison avec le Conseil supérieur de l'éducation, il faut
bien se rappeler que le Conseil supérieur de l'éducation a
été créé par une loi particulière pour
établir l'équilibre qu'on demandait au moment de la
création du ministère de l'Éducation. On se souviendra
qu'il y avait beaucoup d'appréhension et de réticence à
l'établissement du ministère de l'Éducation; aujourd'hui
on se demande ce qu'on ferait sans le ministère de l'Éducation,
mais il faut se replacer dans le contexte historique. Le Conseil
supérieur de l'éducation a fait l'objet d'une loi
particulière avec des prérogatives, autonomie, etc., qui sont les
siennes. Je pense qu'à ce moment-là c'est différent. Le
Conseil des affaires sociales, comme on l'appelait à ce moment-là
et comme on l'appelle encore aujourd'hui, avait trois missions au point de
départ: la famille, la sécurité du revenu et la
santé.
Je dois vous dire qu'au cours des ans, que ce soit la présidente
actuelle ou les présidents qui l'ont précédée,
parce que c'étaient des hommes à ce moment-là - il y a eu
M. Marier et j'oublie les autres - ces personnes cumulaient de par la loi et de
par ce qui était écrit dans la loi les trois mandats dont je
viens de parler. Depuis ce temps-là, pour le volet famille, à la
suite de la volonté fortement exprimée dans le milieu par
l'ensemble des organismes familiaux, et Dieu sait que les consultations ont
été longues aussi dans ce domaine-là, on a
créé le Conseil de la famille, un conseil indépendant. Le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu a
également retiré la responsabilité de la
sécurité du revenu au Conseil des Affaires sociales, si bien
qu'aujourd'hui le Conseil des affaires sociales se retrouve avec une mission
particulière. Vous avez raison de dire, Mme la députée de
Chicoutimi, qu'il y a eu des études fort intéres-
santés, particulièrement dans le domaine de la
santé, de la prévention ou de la promotion de la santé,
qui ont été faites par le Conseil des affaires sociales.
D'ailleurs, je les ai dans le temps lues attentivement et je pourrais m'y
référer avec plaisir si j'en avais besoin aujourd'hui. Enfin,
c'est depuis peu, je dirais depuis la dernière année ou
peut-être un an et demi, que le Conseil des affaires sociales se penche
du côté de ce qu'on pourrait appeler l'épidémiologie
sociale, qui est un volet qui avait aussi été
négligé.
Je pense, alors qu'on avait prôné au début de notre
mandat l'abolition des conseils et du Conseil des affaires sociales, entre
autres, que celui-ci est encore là, mais amputé de certains
volets. En ce qui a trait plus précisément à votre
question, je dois vous dire que c'est une étude fort intéressante
dont certains aspects avaient déjà fait l'objet de
réflexions importantes des professionnels du ministère, mais qui
a été complétée, mise à jour, enrichie et
que nous en faisons une analyse sérieuse au ministère. Comme vous
le savez, on l'a reçue il y a à peu près un mois et je
pense que l'utilisation, s'il y a une utilisation qu'on peut en faire et je
n'en doute pas...
Le Président (M. Bélanger): II faudrait conclure,
Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je conclus, M. le Président. Comme c'est
mon dernier mot, j'imagine et je sais que, le 2 mai prochain, il y aura peu des
fonctionnaires qui m'ont accompagnée qui se retrouveront ici, alors je
voudrais les remercier, parce que c'est un travail considérable pour
eux. D'un autre côté, c'est un exercice démocratique qui
doit être fait dans les règles et, je pense, essentiel. Je
voudrais remercier les sous-ministres et les fonctionnaires pour les heures de
travail qu'ils nous ont accordées, entre autres. Je voudrais
peut-être que l'Opposition devienne un peu consciente de ceci - je vais
le dire, elle a le droit de le demander - cela n'implique pas des heures de
travail, mais des semaines de travail et j'espère qu'on en fait une
excellente utilisation. Vous avez le droit de le demander, mais je veux
seulement qu'on apprécie au moins le travail que cela comporte. C'est
énorme et c'est de notre ministère - il est vrai que nous sommes
le plus gros ministère - qu'on exige le plus de données
pratiques.
M. le Président, j'aurai encore une fois l'occasion de remercier
le 2 mai ma collègue députée de Chicoutimi et mes
collègues, et je voudrais également mentionner que le
sous-ministre en titre qui m'a accompagnée à ces études de
crédits, pour la quatrième fois je pense, ne s'y retrouvera pas
le 2 mai... Qu'est-ce qu'il dit?
Mme Blackburn: II ne s'ennuiera pas!
Mme Lavoie-Roux: Cela, je ne le sais pas. Cela dépend de
qui ou de quoi. À tout événement, j'imagine qu'il aura
encore le plaisir de revenir devant cette commission...
Mme Blackburn: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: ...à titre de président de la
Régie de l'assurance-maladie. Je voudrais profiter de l'occasion pour le
remercier de tous les efforts qu'il a mis, c'est presque 20 heures sur 24, dans
le ministère depuis qu'il occupe ce poste, c'est-à-dire
exactement depuis le 10 avril 1986.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie et,
étant donné l'heure, la commission...
Mme Blackburn: Je voudrais dire quelques mots de remerciement,
cela m'apparait élémentaire...
Le Président (M. Bélanger): Peut-être
élémentaire, mais nous sommes dix membres de la commission, ce
serait élémentaire aussi pour tout le monde... Rapidement,
madame.
Mme Blackburn: Je voudrais offrir mes meilleurs voeux de
succès à M. Cantin, rassurer la ministre et lui dire que
j'apprécie les réponses qui ont été données.
Je suis consciente du temps que cela demande, mais j'espère aussi que la
ministre est consciente qu'il s'agit d'un budget de 10 000 000 000 $ et que le
moins que l'on puisse faire, c'est un exercice au minimum un peu sérieux
pour savoir où cela va, autrement l'Opposition ne ferait pas son travail
correctement. Je voudrais aussi vous assurer, si vous en doutiez, mais je ne le
pense pas, vous connaissant un peu au cours des années, que j'ai lu en
totalité le document et que je l'ai relu, si vous pensiez que cela a
été fait pour rien comme certains rapports de conseils
d'administration d'établissement. Je me suis toujours demandé
à quoi cela servait. Souventefois, je sais que les
ministères n'ont pas le temps de les lire, sauf qu'on a beaucoup
d'exigences et qu'on ne se sert pas souvent de ces rapports-là, sauf en
cas de difficulté, mais soyez rassurée: les documents qui sont
produits à notre demande et même ceux qu'on reçoit, nous en
prenons connaissance avec beaucoup d'attention.
À mon tour, je voudrais remercier les personnes qui se sont
prêtées à l'exercice et leur souhaiter une bonne fin de
journée.
Le Président (M. Bélanger): Étant
donné l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 21)