Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Leclerc): La commission des affaires
sociales se réunit pour procéder à une consultation
générale et tenir des auditions publiques afin d'étudier
l'Énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance", déposé à l'Assemblée nationale le 24
novembre 1988. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Oui. M. Gervais (L'Assomption) est
remplacé par M. Polak (Sainte-Anne), M. Joly (Fabre) est remplacé
par M. Farrah (îles-de-la-Madeleine) et M. Laporte (Sainte-Marie) est
remplacé par Mme Dougherty (Jacques-Cartier).
Le Président (M. Leclerc): Je vous remercie. Je voudrais,
tout d'abord, souhaiter la bienvenue à un groupe d'étudiants et
d'étudiantes en techniques de garde. Excusez l'Assemblée
nationale de ne pouvoir vous accueillir dans des locaux plus grands; II faut
bien comprendre qu'aujourd'hui se tiennent à l'Assemblée
nationale trois commissions importantes: l'une sur la Commission des valeurs
mobilières, une autre sur Hydro-Québec et celle où nous
sommes. Par conséquent, il n'y a qu'une grande salle, le salon rouge, et
déjà la Commission des valeurs mobilières s'y trouve. Il
serait difficile de la déplacer. Nous nous excusons. J'espère que
nous avons été capables de permettre à tout le monde
d'entrer, souhaitons-le!
J'aimerais aussi profiter de l'occasion, avec votre permission, pour
féliciter Mme la députée de Saint-François pour sa
récente nomination comme ministre des Communautés culturelles et
de l'Immigration.
Nous allons appeler maintenant le premier groupe qui se fera entendre ce
matin, l'Association des services de garde en milieu scolaire du Québec.
Simplement quelques mots pour vous rappeler de quelle façon nous allons
diriger le débat. Vous aurez 20 minutes pour procéder à la
lecture de votre mémoire. Ensuite, chacune des formations politiques
aura 20 minutes pour vous interroger. Alors, si vous voulez bien, Mme la
présidente, nous présenter les gens qui vous accompagnent, pour
les fins du Journal des débats.
Association des services de garde en milieu scolaire
du Québec
Mme Guy (Brigitte): Bonjour, M. le Président, Mme la
ministre, Mmes et MM. les députés, nos porte-parole sont,
à ma droite, Mme Louise Doyon-Forgues, membre de notre conseil
d'administration, directrice d'école à la CECQ depuis 20 ans et
responsable, depuis six ans, d'un service de garde d'environ 300 enfants et
d'un personnel de treize éducateurs; à ma gauche, Mme Micheline
Lavoie, de Rimouski, vice-présidente de notre association depuis sa
fondation, ex-enseignante et responsable, depuis dix ans, d'un service de garde
de 100 enfants, dont 30 en difficulté et 19 qui sont handicapés
lourds; et moi-même, Brigitte Guy, présidente fondatrice de
l'association, ex-enseignante, ex-éducatrice en centre d'accueil de
rééducation et cadre supérieur, parent fondateur d'un
service de garde de la rive sud de Montréal et parent utilisateur depuis
neuf ans. J'ai également été responsable d'un service de
garde pendant cinq ans.
Je voudrais vous préciser que les membres de notre association
sont 200 services de garde logés dans 62 commissions scolaires de toutes
les régions du Québec, tant de milieu rural que de milieu urbain.
Nos membres sont représentés par les directions d'école,
les éducateurs et les parents utilisateurs. Nos membres associés
sont des cégeps, des universités, des formateurs, des
intervenants de la petite enfance. Nous vous parlerons donc au nom de tous nos
membres, mais également au nom de tous les organismes qui nous ont
envoyé des lettres d'appui à notre mémoire, lettres que
nous vous avons déposées ce matin même. Ce sont, entre
autres, la Fédération des comités de parents de la
province de Québec, des commissions scolaires, des comités de
parents, des directions d'école ou des groupes de femmes, des services
de garde. Nous avons plus de 205 signatures.
Je commencerai en vous disant que nous sommes très heureux de
constater qu'une journée complète a été
consacrée aux services de garde en milieu scolaire à
l'intérieur de cette commission parlementaire. Une journée, c'est
très peu, me diront certains, mais, pour nous, à l'association,
qui avons toujours été seules, depuis notre fondation en 1985,
à nous débattre sur tous les fronts, à parler des services
de garde, à les défendre alors qu'ils étaient partout
oubliés ou laissés pour compte, nous vivons aujourd'hui pour la
première fois une situation d'enfant unique qui se découvre des
frères et soeurs. Cela procure une sensation très
agréable.
Comme plusieurs, nous étions heureux que le Québec
décide enfin de se doter d'une politique sur les services de garde
s'inscrivant à l'intérieur d'une politique familiale. Or, force
nous est de constater, à la lecture de l'énoncé de cette
politique où l'on parle abondamment de la place et de l'importance de
développer les services de garde en milieu scolaire, qu'il s'agit, pour
nous, à toutes fins utiles, d'un statu quo, à quelques mesures
près. Il est indéniable, et nous le reconnaissons, que notre
réseau a connu un bon rythme de croissance depuis huit ans. Mais la
plupart des besoins dont nous vous faisions
largement état dans notre premier mémoire en 1986 restent
encore à combler. Dans ce sens, le mémoire que vous avez entre
les mains aujourd'hui est quasi une copie conforme du premier, trois ans plus
tard. Donc, peu de chose ont véritablement changé depuis huit
ans. Ce sont, d'ailleurs, tous ces besoins et malaises, auxquels les milieux ne
trouvaient ni réponse ni soutien, qui ont donné naissance
à notre association. C'est pourquoi nous avons cru de notre devoir de
venir à cette commission pour redire les choses qui ne semblent pas
encore avoir été comprises.
Nous vous parlerons, bien sûr, d'accessibilité, mais
surtout de la qualité des services de garde en milieu scolaire.
Étant donné que chacun d'entre vous a notre mémoire entre
les mains, que vous l'avez lu en principe, je ne ferai que ressortir les points
majeurs qui s'y retrouvent. Nous aurons sûrement l'occasion d'en discuter
plus avant lors de la période de questions qui suivra.
Plusieurs groupes qui ont été entendus à cette
commission vous ont parlé abondamment de la qualité. La
qualité, pour nous, passe avant tout par le personnel qui travaille
directement auprès des enfants. Ce que l'on demande pour ce personnel,
c'est qu'il ait une formation de niveau collégial, qu'il ait
accès à un programme de perfectionnement et de ressourcement au
sein de la commission scolaire. Nous demandons également une diminution
du ratio: un éducateur pour quinze, recommandation que faisaient,
d'ailleurs, le comité Presser ainsi que le Conseil du statut de la
femme.
Dans votre énoncé de politique, vous déclarez que
"la participation des parents est fondamentale dans le fonctionnement des
services de garde." Or, en ce qui concerne la garde scolaire, il nous
apparaît que ce principe ne s'applique plus. C'est pourquoi notre
association recommande la mise en place obligatoire d'un comité
consultatif de parents utilisateurs.
Passons au chapitre du développement des services de garde. Pour
nous, les principaux obstacles à ce développement sont, en
premier lieu, un manque flagrant d'espaces dans les écoles. C'est pour
nous la raison première. Un autre obstacle est la méconnaissance
de la garde en milieu scolaire. Peu de parents ou peu d'informations sont
véhiculées par le gouvernement. Les parents ignorent toujours
qu'il y a possibilité d'implanter des services de garde et ils manquent
également de soutien pour l'implantation de leur service. Il y a encore
beaucoup de réticences auxquelles ils font face dans plusieurs milieux.
En dernier lieu il y a cette absence de concertation que l'on constate encore
entre les commissions scolaires, l'Office des services de garde à
l'enfance et le ministère de l'Éducation.
La garde estivale. Plusieurs groupes qui sont passés devant cette
commission ont fait état d'un problème important à ce
sujet. Nous sommes contents de voir, à l'intérieur de
l'énoncé de politique, qu'il y a un programme
expérimental. Mais ce qui nous inquiète beaucoup, c'est
d'être en expérimentation. Si l'on considère que cet
énoncé de politique enchâssera pour les cinq ou dix
années à venir les services de garde, on s'explique mal qu'on
soit, strictement au chapitre de la garde estivale, un projet
expérimental. Alors, ce que recommande l'association, c'est que ce soit
un programme spécifique avec un budget inhérent, et
l'accès pour les parents aux programmes d'aide financière. En
gros, cela fait le tour des principales recommandations.
Je voudrais, avant de terminer cette présentation, M. le
Président, vous livrer trois réflexions qui m'ont
été inspirées par le déroulement de cette
commission parlementaire et qui ne sont pas incluses dans le mémoire que
nous avons déposé. Ces réflexions concernent le peu de
préoccupations éducatives de l'État dans les services de
garde, la difficulté pour notre société de donner aux
services de garde la place qui leur revient et, finalement, le manque
d'imagination ou de bonne volonté quant aux nouveaux moyens de
financement à trouver. Il faudra donc considérer mes prochaines
remarques comme des pistes de réflexion qui traduisent des
préoccupations exprimées de façon succincte et parfois
même caricaturale, à dessein, qui normalement exigeraient un
développement beaucoup plus important.
Interrogé la semaine dernière sur la situation des
services de garde au Québec, un exdoyen d'une faculté
d'éducation nous faisait la réflexion suivante: Si l'on suit la
logique actuelle du traitement réservé aux services de garde,
ceux-ci devraient relever du ministère des Approvisionnements et
Services. En effet, le concept de garde s'est tellement avili qu'il fait plus
référence au contenant physique qu'au contenu. On parie davantage
de locaux et d'aménagement que d'enfants et d'éducation. Nous en
sommes rendus à un point tel de considérations matérielles
qu'il est maintenant courant de confondre les termes de
référence. On emploie l'expression "gardiennage" aussi bien pour
la garde d'enfants que pour la garde d'édifices.
M. le Président, derrière cette confusion linguistique,
n'y a-t-il pas confusion de valeurs? Traiterons-nous de la garde des enfants
comme de l'aménagement de stationnements? Bien sûr, il faut parler
de x places dans y lieux, mais pour y faire quoi? À la fin des
années soixante-dix, le comité interministériel sur les
services d'accueil à la petite enfance s'est interrogé sur la
pertinence de rattacher les services de garde soit au ministère de
l'Éducation ou à celui des Affaires sociales ou bien au palier
municipal local. La décision du législateur fut alors de mettre
sur pied un office parallèle qui se préoccuperait à la
fois des besoins de garde et d'éducation, mais, depuis sa
création en 1980, l'office a déterminé, comme
première priorité, l'accessibilité aux services de garde
pour les 0-5
ans. Sa préoccupation pour la fonction éducative a
dû être secondaire et sa présence, en ce qui regarde les
services de garde en milieu scolaire, a été presque
inexistante.
Par ailleurs, il a été décidé, à
l'époque, de remettre la responsabilité administrative des
services de garde en milieu scolaire aux commissions scolaires, puisqu'il
était pratique et économique de le faire. Des locaux pouvaient
être disponibles et cela permettait à la fois de répondre,
à peu de frais, aux demandes concernant les maternelles à plein
temps qui étaient alors revendiquées. Cette décision de
les rattacher aux commissions scolaires permettait ainsi un
développement plus rapide du réseau, si les besoins se faisaient
sentir. Ce fut une bonne décision.
Ce qui fut moins heureux, cependant, c'est d'avoir négligé
la fonction éducative de ces services. Au début des années
quatre-vingt, on avait l'impression qu'on était à mettre sur pied
des "parkings" d'enfants. Encore aujourd'hui, il n'y a pas un seul
fonctionnaire au ministère de l'Education, ni à l'Office des
services de garde à l'enfance, ni à la fédération
des commissions scolaires, dont le mandat prioritaire soit de soutenir la
fonction éducative d'un réseau qui compte, en 1989, près
de 600 services de garde pour 37 000 enfants de cinq à douze ans. Qui
actuellement se préoccupe de cette fonction éducative de nos
services de garde scolaire? Elle est assumée au premier chef par la
bonne volonté des éducatrices qui développent des
habiletés sur le tas et ce, parfois avec la collaboration des parents.
En deuxième lieu, les directions d'école interviennent bien plus
souvent par bonne volonté, elles aussi, que par le rôle qu'elles
jouent. Enfin, quelques commissions scolaires ont développé une
attitude positive à leur endroit. (10 il 30)
Étant donc tributaire de la bonne volonté dans l'ensemble
du réseau, la fonction éducative est présente de
façon très inégale, de sorte que l'on peut penser que se
développe, là aussi, le phénomène des deux
Québec, dont la Commission des affaires sociales parlait
récemment: d'une part, des services bien nantis, ayant des locaux
adéquats, des éducatrices qualifiées et des parents ayant
les ressources nécessaires pour superviser la qualité et les
soutenir financièrement et, d'autre part, des services moins pourvus
où des problèmes de tout ordre existent sans qu'il n'y ait de
canaux de communication pour le faire savoir publiquement.
Nous avons entendu parler au cours de cette commission du danger
d'hypothéquer l'avenir du Québec. Nous croyons qu'il y a
effectivement un danger. Nous sommes en train de former une
génération qui sera les adultes de demain. Il est connu que tout
se joue avant six ans, aussi bien sur le plan mental qu'émotif, et que
les structures délinquantes se forment au cours de la
préadolescence. Pour nous, le manque d'accessibilité aux services
de garde et la qualité parfois douteuse de leur fonction
éducative peuvent effectivement hypothéquer la qualité du
capital humain dont notre société aura besoin dans les
années à venir. Sans nécessairement intégrer
totalement ces services au réseau scolaire, il serait temps que les
autorités concernées s'en préoccupent davantage.
Jusqu'à présent, nous avons essayé de gérer la
quantité. Il faudrait maintenant que l'on se soucie de la gestion de la
qualité qui passe, avant tout, par l'éducation. Ce serait
là une décision rentable pour l'État.
Une ancienne présidente de l'Office des services de garde
à l'enfance a répété à plusieurs reprises
que le développement des services de garde de qualité impliquait
un choix parmi les investissements qu'une société doit faire,
comme la protection de l'environnement semble devoir en être un aussi.
Voulons-nous plus de revenus disponibles pour acheter des biens? Voulons-nous
plus d'autoroutes ou de matériel militaire ou investir dans des
programmes plus près de la qualité de la vie? Il est
évident qu'en ce qui concerne les services de garde, c'est un choix
stratégique que notre société ne réussit pas
à faire, tandis que d'autres l'ont fait bien avant nous. Quelle sorte
d'avenir sommes-nous en train de nous préparer? Actuellement, nous
réussissons à peine à gérer un choix que l'on ne
réussit pas à faire. Vous avez entendu des demandes au cours de
cette commission parlementaire et parfois même des revendications qui
avaient l'air malhabiles. La plupart de ces demandes sont légitimes,
mais je crois personnellement qu'il faut les recevoir et les interpréter
comme étant beaucoup plus les indices d'un malaise grandissant qui
demande, en fait, une révision des choix prioritaires de notre
société.
Plusieurs observateurs notent chez nous la prédominance d'une
société de consommation, l'absence de projets de
société et un manque de leadership moral en ce qui concerne
l'avenir du Québec. Il ne faudrait pas se surprendre de
l'exaspération de certaines revendications quand il y a absence de
leadership mobilisateur. La volonté de donner une qualité de vie
aux enfants est l'une des préoccupations majeures des parents. Aussi
peut-on comprendre encore plus l'hésitation de plusieurs à faire
des enfants quand la perspective de leurs conditions de vie est si incertaine.
J'ai été personnellement attristée de voir se creuser, au
cours de cette commission parlementaire, un fossé de plus en plus
profond entre les milieux qui adressaient des demandes et l'accueil qu'ils ont
reçu. La plupart des demandes n'avaient rien d'injustifié. Elles
n'avaient que le défaut d'entraîner des dépenses publiques
que l'État n'est pas prêt à consentir. Évidemment,
tout a un coût. Ici comme ailleurs, il est question de choix. Il est
malheureux que peu d'éléments de solution soient apparus dans ce
débat. Nous aurons à vivre pendant au moins dix ans avec la
politique qui sera adoptée à la
suite de cette commission parlementaire. Y a-t-il lieu de terminer les
travaux de cette commission sans projet commun, alors que le fossé
continue de s'élargir? Nous en serions tous perdants et nos enfants en
premier lieu.
Pour notre part, nous souhaitons vous apporter quelques pistes de
solutions recueillies après une trop brève consultation de
quelques-uns de nos membres. Ces solutions pourraient s'appliquer pour tout
développement que les finances publiques ne sont pas en mesure d'assumer
pour l'instant. Une première solution pourrait être d'instituer un
fonds de développement à partir de deux nouveaux impôts: un
premier sur les successions comme contribution des aînés au
bien-être des plus jeunes; un deuxième sur les revenus des haut
salariés célibataires, sur les revenus des couples sans enfant,
comme contribution à la formation des futurs adultes qui auront à
les soutenir ultérieurement.
Une deuxième solution, à certains égards
complémentaire à la première, serait la mise sur pied d'un
fonds de développement à l'image du fonds mixte de
récupération qui sera mis en place très bientôt par
le ministère de l'Environnement et que vous connaissez sans doute. Ce
fonds serait alimenté par l'État, par les municipalités
qui sont venues à cette commission et qui se sont dites prêtes
à collaborer et par les employeurs. Il serait géré
conjointement par ces trois instances et par les réseaux de services de
garde.
Troisième solution, l'assurance-éducation. Les
Québécois sont satisfaits du fonctionnement de leurs
régimes publics d'assurance, il s'agirait ici de transformer le
système des prêts et bourses en un régime accessible
à divers groupes d'âges et dont les revenus proviendraient de
cotisations prélevées auprès de l'ensemble des
contribuables. Bref, ce sont là des solutions parmi d'autres qui
méritent, à notre avis, d'être examinées.
Finalement, M. le Président, il aura fallu 20 ans depuis le
dépôt, en 1968, d'un premier rapport au ministère des
Affaires sociales sur les besoins de garde avant qu'un premier
énoncé de politique québécois soit
présenté. Sera-t-il à la hauteur de nos espérances?
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Leclerc): Je vous remercie, Mme Guy.
Avant de donner la parole à Mme la ministre, j'aimerais souligner la
présence du ministre de l'Éducation, ainsi que celle du leader de
l'Opposition, qui se sont joints à nous. Avec le consentement de la
commission, je voudrais demander à Mme la secrétaire d'ajouter un
remplacement.
La Secrétaire: M. Gendron remplacera M. Biais.
Le Président (M. Leclerc): Merci. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, Mme Guy. Je suis très heureuse
d'accueillir l'Association des services de garde en milieu scolaire du
Québec à cette commission parlementaire et je voudrais
également souhaiter une bienvenue toute spéciale aux
étudiantes en techniques de garde qui sont ici présentes ce
matin.
La première question. Vous avez parié de la
qualité. Ne croyez-vous pas, par exemple, que les commissions scolaires
ou les directions d'école soient vraiment aptes ou en mesure
d'identifier la qualité? Croyez-vous qu'elles ne se préoccupent
pas de la qualité?
Mme Doyon-Forgues (Louise): En réponse à la
question que vous posez, actuellement, les critères d'ombauche qu'ont
les commissions scolaires sont dans les conventions collectives. Plus les
personnels qui auront à y travailler seront compétents, meilleure
sera la qualité de nos services de garde. Mais, actuellement, on s'en
tient à ce qu'il y a dans les conventions collectives comme exigences
pour ces personnels.
Mme Gagnon-Tremblay: Considérez-vous que la norme de un
sur trois en garderie est trop faible? Faites-vous, par exemple, une
distinction en matière de ratio pour les enfants de la maternelle et du
primaire, parce que, finalement, il y a une différence entre le primaire
et la maternelle? Je ne sais pas si vous faites cette différence pour en
arriver par la suite à la question de la norme de 1-3 concernant la
capacité.
Mme Guy: Là, vous pariez de la formation. Mme
Gagnon-Trcmblay: Oui
Mme Guy: Idéalement, ce que l'on souhaiterait quand on
parle d'éducation, c'est que tout le personnel qui travaille ait une
formation collégiale mais, évidemment, on est réaliste,
dans le sens que l'on ne peut pas passer d'un gros secondaire IV à
techniques d'éducation pour tout le monde. C'est pourquoi nous pensons,
comme première étape, qu'un membre du personnel sur deux pourrait
être qualifié au niveau collégial.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous dites un sur deux, quand on parle du
milieu scolaire. On sait qu'actuellement, dans les garderies, c'est un sur
trois. Pourquoi êtes-vous plus exigeante? Est-ce que vous
considérez que un sur trois en garderie, c'est trop faible?
Mme Lavoie (Micheline): Ce n'est pas la question. Avec le ratio
de 1-20, Mme la ministre, on n'a pas souvent plus de deux éducateurs
dans un service de garde. Donc, minimalement, cela prendrait un sur deux qui
aurait la formation. Vous comprenez qu'en milieu de garderie il y a
plus d'éducateurs. Donc, un sur trois peut vouloir dire qu'H y a
toujours quelqu'un qui a ta formation en présence des enfants.
Mme Gag non-Tremblay: On dit que la gestion des services est la
responsabilité des commissions scolaires et que le mandat de l'office
doit favoriser un développement harmonieux des services de garde de
qualité, que l'office a un pouvoir de contrôle et de
réglementation. Quand vous dites que l'office, le ministère de
l'Éducation et les commissions scolaires doivent se concerter, à
quoi vous référez-vous? Quelles sont les difficultés que
vous rencontrez?
Mme Guy: J'entendais, lors d'autres auditions, des gens des
commissions scolaires dire qu'il y avait 95 % des commissions scolaires qui
s'étaient dotées d'un responsable du dossier. Nous le savons car,
depuis trois ans, nous sommes en contact directement avec le milieu, les
responsables de dossiers, dans la plupart des cas, dans plusieurs commissions
scolaires, sont des gens qui, à toutes fins utiles, ont un dossier
administratif de plus. Alors, ils n'ont pas une charge, une
responsabilité d'encadrement, de soutien. Cela fait que plusieurs
directeurs d'école, qui sont membres de notre association, ont
déploré le fait qu'ils n'aient pas de soutien, pas de
procédures qui aient été mises en place par leur propre
commission scolaire. Ils se sont vu parachuter un service de garde qui est
arrivé dans leur école et avec lequel ils étaient plus ou
moins d'accord, certaines fois. Ils se retrouvent sans soutien de la part de la
commission scolaire. La fédération des commissions scolaires ne
s'est pas préoccupée jusqu'à maintenant de ce dossier et
la fédération des commissions scolaires semble avoir peu de
dialogue avec le ministère de l'Éducation, ce qui fait que nous
sommes dans un système complexe avec plusieurs niveaux d'intervention
où il n'y a pas véritablement de concertation, ce qui crée
des malaises, des distorsions dans beaucoup de milieux.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous soulignez également à
plusieurs reprises que l'on devrait clarifier le rôle de l'office, du
ministère de l'Éducation et des commissions scolaires. En quoi
principalement ce rôle devrait-il être clarifié? Est-ce que
vous avez des suggestions à nous faire?
Mme Guy: Par exemple, depuis la création de notre
réseau, on s'est toujours posé la question, à savoir s'il
y aura une réglementation concernant nos services de garde ou s'il n'y
en aura pas. Cette question est toujours demeurée en suspens. On sait
fort bien que le ministère de l'Éducation veut respecter
l'autonomie des commissions scolaires. Pour cette raison, il s'interdit
d'imposer une réglementation. L'office, de son côté, dit:
Si les services de garde sont entre les mains du ministère de
l'Éducation, c'est lui qui devrait veiller à la qualité
des services de garde. Donc, l'office s'abstient. Tout le monde s'abstient dans
ce dossier. Le ministère de l'Éducation n'ose pas; l'office n'ose
pas et, finalement, chaque milieu reste tributaire de la bonne volonté
de tout le monde.
Vous avez des endroits où les commissions scolaires ne veulent
pas de services de garde. Cela existe encore. Elles les mettent en place
malgré elles, parce que les pressions des parents dans les milieux sont
très fortes. Ce n'est pas vrai de dire que partout il y a de la
qualité dans les commissions scolaires et ce n'est pas vrai partout dans
les écoles. Il y a des endroits où la qualité est
excellente, parce que la direction de l'école a décidé de
s'en occuper et qu'elle y croyait, mais, c'est encore une question de bonne
volonté. On trouve cela assez aberrant qu'une loi vienne mettre au monde
un réseau de services de garde et que personne ne décide de s'en
occuper véritablement. Au ministère de l'Éducation, c'est
la même chose. Quand vous parlez de qualité, à qui faut-il
s'adresser? Personne ne le sait, parce qu'on dit que les commissions scolaires
sont là pour le faire.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, Mme Guy.
Le Président (M. Leclerc): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je suis heureuse de
vous recevoir ce matin. Je partagerai mon temps avec le porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation. Je vous remercie de nous
rappeler que la fonction éducative des services est sans doute ce qui
est négligé dans les débats que nous tenons
présentement. J'étais surprise d'entendre Mme la ministre vous
demander si les directeurs d'école étaient favorables ou non
à la fonction éducative. (10 h 45)
En fait, la question n'est pas de leur imputer des mauvais sentiments;
la question est de savoir s'ils ont les moyens de leurs bons sentiments, en
présumant que tout le monde en a de bons. Alors, quels sont les moyens
pour que ces bons sentiments puissent s'exprimer? Là, je constate qu'en
ce qui concerne les critères d'embauche vous nous dites: Quatre
années de scolarité au secondaire, c'est insuffisant. C'est le
cas? Et vous dites: Cela suppose que l'État est cohérent et,
comme pour les garderies, si la garde en milieu scolaire n'est pas simplement
du gardiennage, il faut que l'État ait les mêmes exigences
d'embauche, soit les techniques d'éducation au niveau collégial.
C'est ce que je dois comprendre?
Mme Lavoie: Oui.
Mme Harel: Concernant la formation et le perfectionnement, qui
vous ressource? Avez-vous des journées pédagogiques? On sait
qu'une des
conditions d'évolution pour un adulte en présence d'un
enfant, c'est le ressourcement. Comment se fait votre ressourcement et qui vous
ressource?
Mme La vole: Présentement, en ce qui concerne les services
de garde en milieu scolaire, il n'y a pas de journées
pédagogiques, sauf dans certaines commissions scolaires qui en ont
institué, mais ce sont des minorités à l'intérieur
des commissions scolaires. Le perfectionnement se fait surtout le samedi ou par
la volonté des travailleurs en services de garde qui vont
eux-mêmes acquérir le perfectionnement dans des collèges ou
des universités, parce qu'ils trouvent, justement, qu'ils ont besoin
d'en avoir plus.
Il faut faire penser aux gens à la réalité du
milieu scolaire: quand on a des enfants multiâges, on en a jusqu'à
douze ans. Quelqu'un qui vient de sortir du secondaire IV n'a que 16 ans, il
faudrait faire attention. Quand c'est un secondaire IV qui a une
expérience de travail en services de garde, de même qu'une
expérience familiale, c'est différent. Ce qu'on veut dire par
secondaire IV, c'est qu'il ne faut pas embaucher, non plus, n'importe qui qui
arrive sur le marché du travail, qui n'a pas complété ses
études, parce qu'on trouve que l'écart d'âge n'est pas
suffisant pour intervenir auprès de ces préadolescents. Cela n'a
pas de bon sens ou, en tout cas, c'est très difficile.
Mme Guy: Si vous le permettez, j'aurais une remarque. Moi, ce qui
me froisse beaucoup, c'est qu'on se fait souvent répondre au
ministère de l'Éducation ou à l'office qu'on ne demande
qu'un secondaire IV, mais on a un fort pourcentage de gens qualifiés.
Particulièrement, je trouve presque indécent de s'en vanter, dans
le sens qu'on va chercher des gens qualifiés, on demande à nos
jeunes d'aller se perfectionner et, quand ils reviennent sur le marché
du travail, ils se retrouvent presque au seuil de la pauvreté. Alors, la
moyenne des salaires de nos employés est d'environ 12 000 $ par
année. Donc, on a l'impression qu'on exploite des gens qualifiés,
que c'est de la main-d'oeuvre à bon marché.
Mme Harel: Je pense bien qu'à ce niveau de salaire
certains pourraient être admissibles à des programmes de soutien
du revenu, comme le programme APPORT et d'autres nouveaux programmes.
Sur la question des vacances estivales, vous étiez, je crois,
présente au moment où la fédération des commissions
scolaires nous a fait savoir, par la voix du directeur général,
je pense, qu'il était difficile d'imaginer que les écoles restent
ouvertes durant les périodes estivales, compte tenu des travaux de
réfection et autres travaux de rénovation qu'il leur fallait
assumer durant l'été. Comment voyez-vous cette garde estivale?
Parce que vous faites une recommandation pour que l'ensemble des services
régis ait accès à des subventions pour la garde estivale.
Vous la voyez surtout à l'école ou surtout en dehors de
l'école? Comment la voyez-vous?
Mme Doyon-Forgues: Sur ce, je veux bien répondre,
étant directrice d'école. Je pense que la réalité
apportée par la fédération des commissions scolaires
pourrait facilement être contournée. Au nombre d'écoles
existantes, il y a des travaux qui se font, mais la réalité nous
prouve qu'actuellement aussi on travaille beaucoup avec les loisirs, parce que,
pour les parents, les besoins de garde estivale existent et, s'ils ne sont pas
pris en charge par les écoles, ils sont pris en charge par les services
de loisirs qui nous demandent nos locaux. Donc, on peut en libérer dans
une école puisque c'est ce qui se fait présentement.
Mme Harel: Vous voulez dire qu'il y a déjà une
partie des locaux des écoles qui sont utilisés pendant
l'été par les municipalités?
Mme Doyon-Forgues: Exactement. C'est, d'ailleurs, ce qui se vit
dans mon école et dans plusieurs autres aussi. On n'assure pas la garde
estivale sous la responsabilité de la direction de l'école, mais
ce sont les loisirs qui la prennent en charge et utilisent l'école.
Mme Harel: Considérez-vous que cette garde estivale est
une priorité?
Mme Doyon-Forgues: C'est une priorité pour les parents et
c'est une priorité annuelle, pour moi, si on pense qu'actuellement nos
gardes s'effectuent 200 jours-année. Les parents nous disaient, à
l'occasion de la semaine du 3 janvier qu'on vient de vivre: Nous ne sommes pas
tous dans le monde de l'enseignement, nous retournons travailler; qu'est-ce que
vous faites avec nos enfants? À ce moment, les services de garde ou la
municipalité les prennent en charge, mais les besoins sont là,
très marqués.
Mme Harel: M. le Président, combien de temps me
reste-t-ii? Parce que j'aurais une question importante avant l'alternance.
Le Président (M. Leclerc): II vous reste treize
minutes.
Mme Harel: À la page 5 de votre mémoire, vous nous
parlez des besoins spécifiques des enfants de 5-12 ans. J'aurai
l'occasion d'y revenir, mais le rythme de développement annoncé,
loin d'être un rythme de développement
accéléré en termes de taux de croissance annuel, depuis
1979, c'est un taux de croissance moindre, pour l'ensemble des services
régis. On aura sûrement l'occasion d'y revenir pendant la
journée. Vous savez que, aux termes du plan de développement,
même si la moitié des places annoncées seront pour la garde
scolaire, ce
serait encore à 50 % des besoins exprimés par les parents,
besoins qui, selon tous les observateurs, sont sous-estimés, puisque le
taux d'activité des mères utilisé dans
l'énoncé de politique, qui était celui de 1987, à
taux constant pour les cinq prochaines années, est en deçà
de la réalité de maintenant.
Mme Guy: Si vous me permettez d'ajouter que les chiffres ont
été basés sur la préférence des parents. Or,
je vous disais tout à l'heure qu'il y a une méconnaissance
très grande. On demande aux parents: Préférez-vous telle
chose par rapport à telle autre qu'ils ne connaissent pas? Alors, cela
aussi vient changer les chiffres.
Mme Harel: Mais il y a encore plus, Mme Guy. Je crois qu'il y a
un autre élément qu'on n'a pas vraiment bien aperçu. Mais,
dans l'énoncé, la préférence des parents, c'est un
sondage SORECOM qui s'adresse à toute la population de 18 ans et plus,
qu'elle ait ou pas des enfants. Ce n'est même pas une évaluation
de la clientèle potentielle de parents qui ont la garde d'enfants. Donc,
il y a, encore là, une sorte de sous-estimation des besoins
réels.
Vous faites référence - et c'est la première fois
qu'on apporte cet élément devant la commission - à une
étude qui aurait démontré que la responsabilité
prématurée donnée aux enfants qui ont une clef dans le cou
"produit un niveau de stress accéléré qui se traduit par
un ensemble de peurs et par une image appauvrie de soi, dont les effets
seraient directement reliés à leur rendement scolaire." C'est aux
pages 4 et 5.
J'aimerais connaître les sources de ces études. Je pense
qu'elles sont extrêmement importantes. Vous les avez citées et je
crois que ce serait au bénéfice des travaux de notre
commission.
Mme Guy: Entre autres, ce sont deux ou trois études
américaines qui ont été menées il y a quelques
années. Mme RaqueJ Presser, qui a, d'ailleurs, présidé le
comité consultatif, dans plusieurs de ses écrits, en fait
largement mention. Ce sont des études que je trouve fondamentales, parce
qu'elles ont démontré que cela porte atteinte à la
personnalité même des enfants, en plus d'avoir aussi un Impact sur
leur rendement scolaire. Je pourrai peut-être, ultérieurement,
vous donner les sources de référence précises, mais ce
sont trois études conduites aux États-Unis.
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Leclerc): M. le ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
M. Ryan: M. le Président, il me plaisir de rencontrer, ce
matin, avec les membres de la commission, la délégation imposante
de l'Association des services de garde en milieu scolaire du
Québec. Je voudrais indiquer à toutes les personnes ici la
vive appréciation que nous avons pour la contribution que vous apportez
au développement des services de garde dans notre système
scolaire.
Comme vous le savez, ces dernières années, nous avons fait
des progrès considérables. C'est normal qu'en venant nous
rencontrer en commission vous nous signaliez les pas qu'il reste à
faire, mais c'est également logique que nous rappelions, de notre
côté, les pas qui ont été faits. Je pense que tout
le monde conviendra que, depuis 1985, il y a eu une progression très
sensible des services de garde en milieu scolaire à travers le
Québec. Je regarde seulement le nombre d'écoles où on a
des services de garde aujourd'hui; pour l'année 1988-1989, nous
l'établissons à 574, en 1984-1985, il était à 299.
C'est donc une augmentation de près de 100 % en l'espace de quatre ans.
Je pense que cela mérite d'être noté, quand même. Le
nombre d'enfants desservis par ces organismes était en tout d'environ 14
000 en 1984-1985; cette année, ce sera 35 000. Il y a, quand même,
un progrès considérable qui a été accompli, qui se
traduit, d'ailleurs, par l'importance des budgets accordés aux services
de garde par le ministère de l'Éducation. Pour l'année
1984-1985, les budgets étaient de 2 000 000 $; pour cette année,
c'est 5 183 000 $; cela va même dépasser 5 300 000 $ comme c'est
parti. Je pense qu'on doit reconnaître cela, dans une période de
contractions budgétaires où les ministres se font parier
continuellement par le Trésor. Nous avons vu, dans ce secteur que nous
considérons vital, à ce que des progrès importants soient
accomplis. On va continuer dans cette voie. Je vous assure qu'on n'a pas du
tout l'intention de s'arrêter.
Vous avez posé une question tantôt, Mme Guy, qui m'a
piqué. Vous avez dit: Quand il y a un problème relatif à
la qualité de l'éducation, on ne sait pas à qui
s'adresser. Il y a de plus en plus de gens au Québec qui savent qu'ils
s'adressent au ministre de l'Éducation. Pour qu'ils le sachent
clairement, on l'a mis dans la Loi sur l'instruction publique. Cela n'y
était pas, vous avez raison. Avec la loi 107, c'est éerit
clairement que le ministre veille à la qualité des services
éducatifs dans tout le territoire.
M. Gendron: II n'y a pas de problème dans ce
temps-là, c'est écrit dans la loi.
M. Ryan: Cela se faisait déjà depuis quelques
années. Avant cela, le ministre était souvent perdu dans la
stratosphère, mais, depuis quelques années, le ministre y veille
directement. Cela fatiguait certaines commissions scolaires, je vous le
concède. On leur a confirmé par la loi 107 que cela va continuer
de les fatiguer pour un bon bout de temps. Nous y tenons beaucoup et je
voudrais qu'on sache que, quand on s'adresse au ministre de l'Éducation,
on a une réponse et la commission scolaire concernée en
entend parler également. Les critiques n'ont pas toujours raison,
mais on essaye d'aller au fond des choses et de faire en sorte que le public
reçoive le service auquel il a droit.
Mme Guy: II va falloir qu'on passe directement chez vous.
M. Ryan: Écrivez à mon bureau. On ne règle
pas tous les problèmes. On les achemine avec tout le poids dont on est
capable.
Mme Guy: On en prend note.
M. Ryan: Je vous suggérerais de vous adresser d'abord
à votre commission scolaire, c'est normal.
Une voix: Un petit changement!
M. Ryan: Non, je n'ai pas changé du tout. Si vous voyez
que cela ne fonctionne pas, vous savez qu'à Québec il y a
quelqu'un qui veille là-dessus. C'est cela, l'économie de notre
système tel que défini dans la loi 107. Je vous signale que, dans
la loi 107, il y a des articles relatifs aux services de garde. L'Opposition
aurait voulu - M. le député d'Abitibi-Ouest le signalera sans
doute tantôt - qu'on mette cela obligatoire, que, dès qu'un groupe
demande un service de garde, cela soit obligatoire. Nous avons dit non. Nous
avons eu une progression sérieuse au cours des dernières
années et, si une demande est faite, la commission scolaire est
obligée de consulter le conseil d'orientation de l'école, le
comité d'école également, il est évident que, si
ces organismes se prononcent, cela va exercer une pression considérable
sur la commission scolaire, mais nous voulons, pour l'instant, que la
décision reste à la commission scolaire, moyennant,
évidemment, des incitatifs importants fournis par le ministère de
l'Éducation. Les parents sont un élément capital dans tout
cela. On ne veut pas multiplier les organismes, non plus.
Du côté des commissions scolaires protestantes - on le
verra cet après-midi - on confie souvent à des groupes de parents
des responsabilités de gestion poussées très loin. On n'a
pas d'objection à cela, mais l'imposer à tout le monde, nous n'y
tenons pas outre mesure puisque nous voulons que l'évolution se fasse
par le changement graduel d'opinion.
Sur la formation du personnel, je signale une chose. Dans la
consultation que nous avons faite, la très grande majorité des
parents consultés ont dit qu'ils étaient satisfaits de la
qualité des services de garde. Vous êtes mieux placés pour
voir les faiblesses, mais il y a quand même cela, on ne part pas de rien:
au moins 75 % des parents ont dit qu'ils étaient satisfaits de la
qualité des services de garde en milieu scolaire.
En ce qui touche la formation du personnel, je suis sympatique à
vos revendications et je veux vous assurer que nous allons les étudier
avec soin, mais je ne peux m'empêcher de signaler que, d'ores et
déjà, 70 % des responsables des services de garde sont
détentrices ou détenteurs d'un DEC. Chez les
préposés, le pourcentage de ceux qui ont soit un diplôme
d'études secondaires, par conséquent plus qu'un secondaire IV, ou
un DEC dépasse maintenant la moitié. La proportion des
détenteurs de DEC augmente. (11 heures)
Vous allez me corriger tout ça tantôt; je finis
rapidement.
Vous savez également que, par la loi 107, nous avons
modifié la Loi sur les services de garde à l'enfance, de
manière que les services de garde puissent fonctionner les jours autres
que les jours de classe. Cela s'applique aussi bien pour des jours de
congé, des jours d'études pédagogiques et même
pendant la période estivale. Cela demanderait d'autres dispositions pour
que ce soit complet, mais, au moins, on a fait ce pas très important
dans la loi 107. On a fait une modification qui est passée
inaperçue et qui a disposé d'un problème soulevé
par beaucoup de monde au cours des audiences que nous avons eues.
Vous avez souligné les besoins des élèves de neuf
à douze ans. Cela nous préoccupe énormément. Il y a
du travail à faire de ce côté-là. Vous demandez
qu'on approfondisse ça. On est intéressés à le
faire avec vous, à part ça. On va travailler ce point de
manière que nos politiques soient plus précises de ce
côté. Je vous dis que je suis sensible également à
vos suggestions relatives à la concertation entre commissions scolaires,
ministère. Office des services de garde à l'enfance. Je peux vous
assurer qu'entre l'office et le ministère il existe déjà
beaucoup de concertation qui a été facilitée par la
nomination de Mme Marcotte, qui vient du milieu des services de garde scolaire.
Par conséquent, elle a une compréhension et une connaissance de
ces réalités qui est très utile. S'il y a des corrections
ou des améliorations à apporter de ce côté, nous
sommes prêts à le faire.
Mais nous ne sommes pas prêts à dicter une politique d'en
haut, qui viendrait imposer d'autorité des choses qui iraient
au-delà de ce que nous croyons possible, de la manière la plus
réaliste possible, actuellement. C'est un des grands
éléments qui nous préoccupent et je crois qu'au cours des
prochaines années nous pouvons envisager des progrès aussi
importants que ceux qui ont été faits depuis quatre ans.
Le Président (M. Leclerc): Merci, M. le ministre. M. le
leader de l'Opposition.
M. Gendron: Oui, je voudrais juste poser quelques questions
à nos invités, mais je ne peux pas ne pas revenir un peu sur le
discours absolument flamboyant du ministre de l'Éduca-
tion. Je veux dire juste deux choses. D'abord, sur les taux de
croissance, sur les progressions phénoménales, ce n'est quand
même pas ce que disait la Fédération des femmes du
Québec avec des chiffres très clairs qui démontrent
qu'entre 1983 et 1988 - je ne sais pas pourquoi il commençait en 1985 -
le taux de croissance était de 20,3 %.
Mme Harel: En milieu scolaire.
M. Gendron: En milieu scolaire, oui. Je parle toujours du taux de
croissance pour ce qui est de la garde en milieu scolaire. Entre 1989 et 1994,
selon les chiffres fournis par la ministre dans sa propre politique, ce
magnifique taux de croissance va baisser à 17,1 %. C'est la croissance
à l'envers pour l'augmentation des services de garde. Je tenais, au
moins, à le signaler, c'est dans ses propres données.
Un deuxième commentaire. Plutôt que d'inclure dans la loi
107 un article qui dit que, normalement, toute lettre doit être
adressée au ministre de l'Éducation, ce qui ne change pas
grand-chose, j'aurais préféré - il a bien fait de le
signaler parce que c'est évident que je vais revenir là-dessus -
un article bien plus intéressant pour vous autres, qui avait pour but de
faire obligation aux commissions scolaires, à la demande des parents,
d'organiser les services de garde en milieu scolaire, comme c'était
prévu dans la loi 3 qui était guidée par d'autres motifs
dont on aura l'occasion de discuter un de ces jours.
Voici la question que je vous pose, puisque la prétention du
ministre - il a toujours de belles explications, mais dans les faits concrets,
l'agir... - est qu'il ne fallait pas faire ça parce que la meilleure
façon de progresser dans le domaine de l'évolution des services
de garde, ce n'était pas par la voie coercitive, mais par la voie
incitative. Alors que vous avez signalé que ces gens ne se parlent pas
beaucoup, les trois intervenants, l'Office des services de garde à
l'enfance, le ministère de l'Éducation et les commissions
scolaires, il dit: Moi, je vais vous prouver qu'ils se parlent beaucoup et
qu'ils peuvent se concerter pour que ce ne soit pas obligatoire. Les
commissions scolaires et le MEQ se sont beaucoup parlé, je le sais de
source officielle, mais, quand il est question de se concerter, on dit: Non, on
ne veut pas que ce soit obligatoire. Laissez-nous ça, vous allez voir
qu'on s'en occupe.
La première question que je vous pose, Mme Quay, parce que vous
connaissez pas mal ce milieu, c'est: Est-ce que vous partagez cette
prétention selon laquelle on va progresser plus vite en termes de places
en milieu scolaire par la voie Incitative, sans trop de ressources, sans trop
de moyens? Si on avait formalisé dans la loi 107, comme c'était
prévu dans la loi 3, une disposition selon laquelle les commissions
scolaires, au Québec, ont l'obligation, à la demande des parents,
d'organiser les services de garde, est-ce que vous auriez
préféré cette disposition dans la loi qui a
rafraîchi l'ancienne Loi sur l'instruction publique?
Il y a quelques mois, on a passé de nombreuses heures à
faire le tour de ces questions. Pourtant, là-dessus, il me semble que
c'était pas mal clair, pas mal évident. Là, la question
précise que je vous pose: Quel aurait été votre point de
vue sur la loi 107: une disposition obligatoire ou une disposition incitative
comme bon vous semble, étant donné que, selon ce que j'ai
entendu, vous ne semblez pas aussi satisfaites que cela, des taux de
progression de places disponibles pour la garde scolaire?
Mme Guy: Évidemment, l'obligation pour les commissions
scolaires, de mettre en place les services de garde, c'est un vieux
débat qui date de plus de dix ans. Il a été sur la table
avant le projet de loi lui-même. Alors, on sait que cela date de
plusieurs. années. Je ne suis pas, et je pense que je parle au nom de
notre association, pour des mesures coercitives. On a entendu fortement les
commissions scolaires qui sont venues ici nous parler de mesures incitatives en
signes de piastres, si on veut que les services de garde se développent.
M. Ryan nous dit qu'il y a 5 000 000 $. Évidemment, en période de
récession, c'est, quand même, louable de voir ce montant. Le
problème de dénatalité dans la province de Québec,
c'est maintenant qu'on l'a. Si des mesures ne sont pas prises - il s'agit de
lire toutes les études qui ont été faites par les
démographes - on hypothèque le Québec pour les 30
années à venir. Il est beau d'étaler ce qu'on a fait
depuis huit, ans mais je pense qu'il faut rattraper un développement qui
répond actuellement à peine à 10 %. Alors, il y a encore
90 % des enfants dans le Québec qui ont besoin d'être
gardés. C'est beau ce qu'on a fait, mais il faudrait se
dépêcher. Contrairement à ce qu'a dit la
fédération des commissions scolaires qui a parlé de se
dépêcher lentement - je l'ai beaucoup appréciée,
celle-là - moi, je pense qu'il faut se dépêcher, mais
très rapidement.
Ce qu'on demande: si on ne veut pas être coercitif à
l'endroit des commissions scolaires, pour le moins, on pourrait établir
des critères. Un règlement, cela fait peur, cela signifie des
contrôles, cela signifie l'office. Alors, si on s'en tient à des
critères de qualité, il y a des règles administratives
actuellement. Alors, qu'on s'en serve au ministère de l'Éducation
et qu'on mette des critères de qualité, qu'on mette une formation
pertinente, qu'on mette un ratio, qu'on demande, sur le plan de
l'aménagement, que les enfants soient logés dans des locaux qui
ont de l'allure. On voit encore, dans certains des endroits, des enfants dans
des bouts de corridor, dans des petits espaces où il n'y a même
pas d'aération, même pas de fenêtre. Comment régler
ce problème? On revient toujours à une question d'investissement
d'argent. Alors, si on veut
développer, il faut mettre des sous. On parle beaucoup de places.
Quand M. Ryan me parle de développement de places, moi, j'aimerais qu'il
nous parle d'investissement au niveau de la qualité. Cela se traduit
aussi par des sous.
M. Gendron: Merci, Mme Guy. Toujours pour des raisons de minutes,
une chose rapidement, c'est un commentaire personnel. Ce n'est pas parce que de
l'autre côté ils vont vous dire qu'on est en période de
récession que vous allez les croire, j'espère. Non, mais il y a
toujours un bout pour conter des peurs. Leur propre ministre des Finances, cela
doit faire quatre fois qu'il dit publiquement qu'il engrange, que le fric
rentre. Quand il engrange, ce n'est pas parce qu'il est redevenu cultivateur.
Le ministre des Finances prétend que l'économie va bien. Ils ne
peuvent pas parler des deux côtés de la bouche tout le temps. Ils
disent que l'économie performe depuis 1986, 1987, 1988 parce qu'ils sont
là, que cela va bien et que le taux d'emploi est bon. Il a parlé
des contractions du Trésor. Cela, c'est exact. C'est une
politique gouvernementale. Ils ont le droit de faire cela.
M. Ryan: Question de règlement.
M. Gendron: Mais l'économie ne va pas mal. Je veux juste
vous reprendre. On n'est pas en période de récession. Les
paramètres économiques vont bien.
M. Ryan: On ne vous a pas parlé de cela. M. Gendron:
J'ai entendu cela tantôt. M. Ryan: Je n'ai pas dit cela.
M. Gendron: Concernant le nombre de places, vous avez
mentionné tantôt, Mme Guy, qu'il y a un certain nombre de
commissions scolaires qui refusent encore à la demande des parents
d'organiser des services de garde en milieu scolaire. Est-ce que vous
êtes en mesure rapidement de nous donner un certain nombre de chiffres
concernant le nombre de commissions scolaires qui en 1989 refuseraient
d'organiser des services de garde, à la suite de la demande des
parents?
Mme Guy: Je ne peux pas vous donner de chiffre sur cela, mais je
peux vous dire qu'on reçoit quotidiennement des appels
téléphoniques à l'association et, pour différentes
raisons, des commissions scolaires ne veulent pas le faire. Je reviens toujours
au problème fondamental qui est l'espace. Je parlais, la semaine
dernière, au directeur général d'une commission scolaire
de la banlieue de Montréal, qui a environ une douzaine d'écoles
primaires. Nous, on reçoit des appels téléphoniques de
parents qui veulent des services de garde. C'est en banlieue. C'est à
Brossard.
Les familles, comme à Laval, vont s'installer dans cette
municipalité. Le directeur généra! dit qu'il est
très conscient de ce problème, mais il n'a aucun espace dans ses
écoles.
On vient de dire que le ministère de l'Éducation aura 3
900 000 $ pour des constructions nouvelles, mais cela correspond à
combien d'écoies? Peut-être une vingtaine? Quand on sait que les
constructions ne sont pas nombreuses, il faudrait investir de l'argent pour
régler les problèmes de centaines et de centaines d'écoles
qui n'ont pas d'espace; qu'on donne des subventions de logement, s'il n'y en a
pas dans l'école, qu'on aille voir à l'extérieur, dans les
environs, s'il y a un loyer, si on n'a pas les espaces adéquats. Ce ne
sont pas toujours des cas de réfections majeures; alors, dans certaines
écoles, pour avoir un local qui a de l'allure, cela ne coûterait
pas 100 000 $ mais cela pourrait coûter plus que les 4000 $ de
démarrage qu'on donne.
M. Gendron: Merci, Mme Guy. Une autre... le Président (M.
Leclerc): Oui, en conclusion, s'il vous plaît.
M. Gendron: Une autre question assez rapide. Vous avez
insisté avec raison sur la qualité des services à
être offerts aux jeunes qui sont en garde scolaire. Vous avez
indiqué dans votre mémoire, à la page 27, que,
malgré les efforts, les besoins de garde des enfants de six à
onze ans ne sont comblés qu'à 19 %. Quand on a à mettre en
parallèle la qualité et le nombre de places accru puisqu'il n'y a
que 19 % des besoins qui sont comblés, j'aimerais avoir une rapide
évaluation de votre préférence même si je sais que
cela va ensemble. Vous avez raison de traiter cela ensemble. Si on augmente le
nombre de places et qu'on a un problème de qualité, je suis pas
mal certain que cela ne fera pas votre affaire. Mais, en termes d'urgence et de
priorité, est-ce que vous croyez qu'actuellement la garde scolaire
à 50 % est de bonne qualité? C'est un exemple que je donne. Par
contre, il n'y a que 19 % de places comblées. Donc, faut-i! mettre
l'accent sur le nombre de places accru ou la qualité des services
offerts est-elle tellement déficiente qu'il faut mettre la
priorité sur l'amélioration de la qualité des services de
garde scolaire? J'aimerais avoir votre point de vue à ce sujet.
Mme Lavoie: Je pense que les deux ne peuvent pas être
dissociés. La qualité, ce n'est pas vrai qu'elle est dans moins
de 50 % des services de garde. C'est exact qu'il y a de la qualité dans
nos services de garde et qu'on manque de places. Mais, en
général, les gens demandent du perfectionnement, du
ressource-ment parce qu'il faut toujours évoluer avec ces
jeunes-là. Ils sont en classe toute la journée, ils ont des
exigences très différentes quant au milieu de garderie. C'est
pourquoi on prêche un
peu sur la qualité aussi; on ne peut pas dire qu'on oublie de se
développer par rapport à la qualité. Je pense que les deux
doivent être menés de front.
Le Président (M. Leclerc): M. le ministre de
l'Éducation, en rappelant qu'il reste quatre minutes à votre
formation politique.
M. Ryan: Oui, juste une minute pour corriger un malentendu qui
risque de se glisser à la suite des propos tenus par le
député d'Abitibi-Ouest. Il n'a jamais été question,
dans l'intervention que j'ai faite tantôt, de période de
récession. Tout le monde sait que les affaires vont beaucoup mieux
depuis trois ou quatre ans. Là où il y a une différence
que le député d'Abitibi-Ouest sera intéressé
à noter, c'est que, dans une période où ça va un
peu mieux, on essaie de faire des réserves pour les périodes
où ce sera plus difficile. Le gouvernement précédent avait
omis de le faire. Quand est arrivée la récession de 1982, il
s'est trouvé pris comme la cigale qui avait chanté tout
l'été. Il a été obligé de faire des coupures
dont nous portons encore les effets désastreux, dans bien des cas. Nous
autres, nous avons essayé de pratiquer, dans une période de
reprise économique, une politique de maintien de discipline
budgétaire en vue de ces jours, de manière qu'on puisse maintenir
une constance plus grande dans l'action du gouvernement, surtout au chapitre de
la qualité.
Alors, je vous exprime ma vive appréciation pour votre travail et
je vous assure que nous sommes tout à fait disposés à
collaborer avec vous pour l'amélioration des services de garde en milieu
scolaire.
Le Président (M. Leclerc): Mme la ministre.
Mme Harel: Est-ce que les conclusions sont faites, M. le
Président?
Le Président (M. Leclerc): On me dit qu'il reste du temps
à la formation ministérielle.
Mme Harel: Alors, il faudrait savoir si on va avoir du temps pour
conclure.
Le Président (M. Leclerc): Oui, j'ai avisé le
député d'Abitibi-Ouest au fur à mesure du temps qui
s'écoulait.
M. Gendron: De toute façon, moi, je n'ai pas de
problème. On a des invités. J'ai posé des questions. Le
ministre a décidé d'utiliser son temps pour faire un excellent
exposé, probablement. C'est son droit.
Le Président (M. Leclerc): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En conclusion, Mme Guy et madame qui vous
accompagne, je voudrais vous remercier de la présentation de votre
mémoire. Vous savez que, pour la première fois, les budgets en
services de garde en milieu familial ont été indexés. Nous
avons prévu aussi une subvention de 3 900 000 $ annuellement pour
l'aménagement de locaux, les rénovations majeures ou pour la
construction de nouveaux locaux. Je comprends que ce n'est pas suffisant et
qu'on devra compléter à bien d'autres niveaux. Je prends en
considération, entre autres, les recommandations que vous nous avez
faites quant au ratio et aussi au logement, comme tel, à
l'extérieur qui pourrait être prévu. Je dois vous dire
aussi qu'actuellement, depuis un an, entre autres, les commissions scolaires,
de même que le ministère de l'Éducation et l'Office des
services de garde à l'enfance travaillent de plus en plus en
collaboration pour trouver des solutions. On devra le faire au cours des
prochaines années également. Je suis très confiante qu'on
pourra arriver à des résultats très positifs.
En passant, je dois vous souligner aussi que, pour les projets
expérimentaux en garde estivale, comme on l'avait vécu
l'année dernière, il y a des sommes qui sont déjà
prévues, 500 000 $ sont prévus pour la garde estivale cette
année. Les modalités seront connues de façon beaucoup plus
rapide que l'année dernière, elles seront connues très
bientôt. Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Leclerc): A mon tour, au nom de la
commission, je voudrais remercier l'Association des services de garde en milieu
scolaire du Québec, Mme Doyon-Forgues, Mme Guy et Mme Lavoie, de
s'être déplacées pour rencontrer la commission
parlementaire.
Nous allons suspendre pour deux minutes, le temps de laisser à la
Commission des écoles catholiques de Montréal...
Mme Gagnon-Tremblay: Mme Harel pourrait remercier, si elle le
veut.
Le Président (M. Leclerc): Oui Alors, juste avant que nous
suspendions, je vais laisser la parole à Mme la députée de
Maison-neuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Mme Guy et les
personnes qui vous accompagnent, je sais que c'est avec assiduité que
vous avez suivi tous les travaux de la commission parlementaire. Je veux
simplement vous dire que j'ai bien enregistré que, selon vous, pour
assurer la qualité des services, il faut un ratio différent, une
formation du personnel et des critères d'embauche. Cela m'apparaît
élémentaire si on veut parler de qualité en matière
de garde scolaire. Je vous remercie.
Le Président (M. Leclerc): Je vous remercie. Alors, nous
suspendons pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 17)
(Reprisée 11 h 21)
Le Président (M. Leclerc): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux en accueillant
la Commission des écoles catholiques de Montréal. Avant de vous
céder la parole, j'aimerais simplement vous rappeler que vous avez 20
minutes pour faire part à la commission de votre mémoire et
qu'ensuite chacune des formations politiques aura 20 minutes pour vous
interroger.
Je vous demanderais donc, M. Pallascio, j'imagine, de présenter
les personnes qui vous accompagnent pour les fins du Journal des
débats.
Commission des écoles catholiques de
Montréal
M. Pallascio (Michel): Je voudrais, tout d'abord, remercier les
membres de la commission parlementaire de bien avoir voulu entendre la
présentation de notre mémoire. Je veux aussi m'associer à
vous, M. le Président, pour féliciter la ministre pour sa
nouvelle nomination et je voudrais ajouter pour le ministre de
l'Éducation: Bonne chance dans ses nouvelles fonctions et lui rappeler
qu'à la CECM on va éviter le plus possible durant ce
temps-là de lui donner des problèmes, donc qu'on va tenter de les
résoudre au niveau local avant que ça aille au ministère
de l'Éducation.
Le Président (M. Leclerc): Bien, c'est noté.
M. Pallascio: Je voudrais présenter les gens à ma
table. À l'extrême gauche, M. Gilles Hébert, directeur des
services aux étudiants; ici, à ma gauche immédiate, Mme
Colette Benoît, responsable des services de garde à la CECM et,
à ma droite, Mme Lucie Saucier, coordonnatrice du bureau de la nutrition
et de la petite enfance à la CECM.
La Commission des écoles catholiques de Montréal accueille
avec satisfaction les nouvelles orientations qui sont proposées dans
T'Énonce de politique sur les services de garde à l'enfance*. En
effet, la CECM appuie les grands principes exposés dans le document et
endosse l'ensemble de ses recommandations. Je voudrais, quand même,
spécifier que le mandat de la CECM porte uniquement sur la garde en
milieu scolaire. Je voudrais rappeler, en passant, que notre mémoire a
été adopté à l'unanimité du conseil des
commissaires de la CECM.
Toutefois, la CECM souhaiterait que Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine s'engage
davantage dans le dossier des services de garde en milieu scolaire, qu'elle
tienne davantage compte des problèmes Inhérents à
l'expansion d'un service de garde: le manque de locaux, le financement,
l'accroissement du volume de la tâche de la direction d'école, les
problèmes particuliers concernant l'allocation allouée pour les
enfants lourdement handicapés, le perfectionnement et la garde
d'été.
Ce n'est pas par hasard que les services de garde se sont
développés à un rythme accéléré
à la CECM. C'est parce qu'ils répondaient à un besoin
important demandé par les parents, appuyé par le personne!
spécialisé de la CECM et soutenu par les directions
d'école.
C'est au cours de l'année 1980-1981 que la CECM commence à
s'impliquer dans le dossier des services de garde. Ainsi, elle propose à
trois de ses écoles de mener une expérience sur le fonctionnement
d'un service de garde à partir d'un modèle centralisé.
Cependant, ce modèle s'avère difficile d'application en raison
des différences importantes entre les milieux. Après avoir
constaté ces différences, la CECM adopte un modèle
décentralisé axé sur des principes directeurs qui
favorisent le développement des services de garde, tout en
privilégiant l'intégration de ces services à la vie de
l'école. Ces principes, tenant compte de l'étendue du territoire
desservi par la CECM, privilégient l'adaptation du service aux
caractéristiques de chacun des milieux, lequel doit répondre le
plus fidèlement possible aux besoins de l'enfant. En favorisant le
développement et l'épanouissement de l'enfant, de même que
l'autodéterminantion du milieu, la CECM a développé un
grand nombre de services. Elle a donc privilégié un milieu
stimulant, enrichissant et stable, pour l'enfant qui fréquente ces
services de garde. De plus, elle a favorisé le développement des
services avec la participation des parents, les incitant à accomplir
certaines tâches relatives à la gestion, telles l'organisation du
service ou l'élaboration du programme d'activités.
Depuis 1980, les services de garde connaissent un développement
important et constant. En 1988-1989, la CECM offre 99 services de garde. On m'a
informé tout à l'heure, Mme Benoit, que nous avons ouvert le
centième la semaine dernière et qu'on prévoit possiblement
pour le mois de septembre dix autres services supplémentaires. Cela
regroupe 393 employés et accueille 5418 enfants inscrits de façon
régulière et 1283 enfants inscrits de façon sporadique.
Cette croissance rapide se traduit par une augmentation du nombre
d'écoles qui offrent le service et aussi par l'augmentation des
inscriptions dans ces services.
La CECM possède une riche expérience des services de garde
puisqu'elle en offre depuis huit ans. En raison de cette expansion rapide et de
cette expérience diversifiée, la CECM jouit d'une
expérience précieuse, expérience qui lui permet de mieux
saisir toute la complexité face à l'implantation et surtout
à l'expansion des services de garde en milieu scolaire.
La CECM a assumé l'organisation et le développement des
services de garde à l'intérieur de ses écoles selon les
besoins exprimés et les possibilités de mise sur pied du service.
Elle a
géré le dossier avec réalisme depuis huit ans, tout
en demeurant réceptive aux demandes des écoles. Elle
connaît bien les besoins de garde de sa population. Conséquemment
à cette expérience positive de gestion, nous recommandons que la
politique de gestion des services de garde en milieu scolaire continue de
relever de la commission scolaire et aussi que la CECM soit associée
à toute démarche qui pourrait être entreprise par l'Office
des services de garde à l'enfance en ce qui a trait aux nouvelles
orientations concernant le dossier des services de garde en milieu
scolaire.
La nature nous enseigne que les organismes à deux ou plusieurs
têtes sont rarement viables. Or, cette leçon que la nature nous
donne, il ne faut pas l'oublier quand on crée des structures viables. La
direction d'école représente la commission scolaire dans chaque
école. Elle est responsable de toutes les activités vécues
dans l'école. Les services de garde étant aussi logés
à l'intérieur de l'école, il va de soi que celle-ci assume
l'entière responsabilité des services de garde. Depuis les
débuts des services de garde à la CECM, la gestion a
été déléguée aux directions d'école
et cette orientation s'est avérée bénéfique et
efficace pour les groupes concernés. C'est pourquoi nous recommandons
que la direction d'école, sous la responsabilité de la commission
scolaire, continue à exercer son rôle de principal gestionnaire
dans le dossier des services de garde.
La CECM, si elle reconnaît l'autorité du directeur
d'école, ne veut pas nier l'importance de la participation des parents.
Au contraire, nos écoles qui fonctionnent le mieux sont celles où
le directeur est assez fort pour être à l'écoute des
parents. La CECM a toujours favorisé la participation des parents
à la vie de l'école, de même qu'à l'implantation,
à l'organisation et à la vie pédagogique de ces services
de garde. Les directions d'école, au cours de ces huit années,
ont considéré comme Important le rôle tenu par les parents
en les consultant régulièrement. Conséquemment au fait que
la gestion est assurée par la direction et que celle-ci favorise la
participation des parents, nous recommandons que la direction d'école,
en consultation avec les comités concernés, conserve son pouvoir
décisionnel relativement aux services de garde.
En ce qui concerne les conditions de travail et les compétences
du personnel des services de garde, les ententes et qualifications ont
été précisées. Le personnel de la CECM est
syndiqué et, concernant ses qualifications, celles-ci doivent
répondre au plan de classification qui exige une attestation de IVe
secondaire et quelques années d'expérience. De plus, nous avons
fixé à trois le nombre d'années d'expérience requis
pour être préposé et à cinq pour être
responsable et ce, pour assurer une qualité accrue. La CECM doit, par
conséquent, respecter les conventions collectives et les qualifications
d'embauché. Nous recommandons que la CECM soit associée à
toutes les démarches faites par l'Office des services de garde à
l'enfance concernant la qualification du personnel des services de garde en
milieu scolaire.
Aussi, nous offrons un service de perfectionnement à notre
personnel depuis 1981-1982 et ce, en raison de notre préoccupation
d'assurer des services de qualité aux enfants qui fréquentent ces
services. La CECM a conservé un certain pourcentage des allocations du
ministère de l'Éducation pour offrir ce service à son
personnel, mais ce pourcentage retenu s'avère nettement insuffisant pour
satisfaire les besoins de formation individuelle, de perfectionnement et de
ressourcement du personnel.
Comme le gouvernement, la CECM privilégie le développement
de services de garde de qualité et la qualité de ces services
s'améliorera dans la mesure où le personnel sera mieux
qualifié. Nous recommandons que la ministre
déléguée à la Condition féminine
réévalue sa position sur les budgets accordés pour le
perfectionnement du personnel affecté aux services de garde en milieu
scolaire.
Cependant, la CECM connaît des problèmes limitant
l'expansion des services. En effet, l'espace dont elle dispose à
l'intérieur de ses écoles ne suffit plus à satisfaire
à toutes les demandes. Certaines écoles doivent établir
des listes d'attente, d'autres, par contre, ne peuvent offrir le service en
raison du nombre élevé d'inscriptions à l'école, ce
qui remet en question son existence. Certains services doivent être
logés à l'extérieur, ce qui occasionne aussi des
coûts supplémentaires pour les parents. Cette situation
problématique pourrait être évitée si on attribuait
un local fixe pour le service de garde. Nous recommandons que la ministre'
déléguée à la Condition féminine demande au
ministère de l'Éducation de reconnaître, à
l'intérieur des superficies de base pour fins de financement, les
superficies occupées par les services de garde.
Si le gouvernement veut assurer l'expansion des services de garde
à l'intérieur des écoles, y faut que ces services soient
reconnus officiellement; sinon, ils risquent de devenir le parent pauvre
menacé de prendre la porte chaque fois que des problèmes
budgétaires non prévus se posent, car le financement est un autre
point majeur qui limite l'expansion des services à la CECM. En effet,
après quelques années de fonctionnement, si le local doit
être agrandi, si d'autres locaux doivent être
aménagés, aucune subvention n'est prévue à cette
fin. De plus, la subvention de fonctionnement n'a connu aucune indexation au
cours des dernières années. Nous recommandons que la ministre
déléguée à la Condition féminine accorde une
subvention aux services de garde qui, après quelques années
d'existence, font face à des problèmes reliés à
l'expansion du service.
L'accroissement du volume de la tâche de la direction est un autre
problème découlant de l'expansion rapide des services de garde.
Entre
1980 et 1988, le nombre d'enfants fréquentant
régulièrement les services est passé de 30 à 5418.
Il y a donc plus de personnel supplémentaire à gérer et
plus d'élèves à encadrer. Ces mêmes
élèves ne sont pas Intégrés à la
clientèle scolaire générale de l'école. Il faudrait
éviter ce divorce entre la pensée et la réalité qui
fait que, si un directeur d'école a le souci de développer de
bons services de garde, il apporte aussi de l'aide à la population, il
contribue à enrayer l'exode des enfants vers le secteur privé,
mais, par le fait même, se met sur les épaules un fardeau de plus
en plus lourd. Et cela, sans espoir de voir améliorer son sort ou son
salaire. Nous recommandons que la ministre demande au ministre de
l'Éducation de tenir compte de la clientèle des services de garde
dans l'application de la politique administrative et salariale en bonifiant la
pondération accordée aux élèves
subventionnés des services de garde. Nous demandons aussi que la
ministre déléguée à la Condition féminine,
en collaboration avec le ministère de l'Éducation, applique
différemment la formule d'allocation des subventions, soit une partie
réservée au budget de fonctionnement du service de garde et
l'autre partie intégrée au budget de l'école.
Avec l'expansion des services, on observe aussi une plus grande
fréquentation de la clientèle lourdement handicapée. Cette
intégration exige un surplus de personnel pour assurer la qualité
d'encadrement recommandée. Comme les allocations allouées ne
parviennent pas à couvrir les frais pour une clientèle
fréquentant plus assidûment les services de garde, nous
recommandons que la ministre déléguée à la
Condition féminine, en collaboration avec le ministère de
l'Éducation, réajuste l'allocation accordée aux services
de garde pour les enfants lourdement handicapés afin de favoriser
l'engagement du personnel supplémentaire requis pour le bon
fonctionnement des services de garde.
La CECM a aussi participé activement au projet de garde estivale
afin de répondre aux besoins de sa population. C'est au cours des
étés 1987 et 1988 qu'elle a mis à l'essai une formule pour
développer des modes de garde adaptés à une
clientèle de six ans et plus. Ce projet expérimental a
été vécu en collaboration avec le service des loisirs et
du développement communautaire de la ville de Montréal et s'est
révélé très satisfaisant. La CECM a fourni les
locaux qui ont permis la réalisation du projet, mais elle
considère pour le moment que ce n'est pas aux commissions scolaires de
prendre la responsabilité de ce service pendant l'été et
suggère de laisser aux municipalités et aux autres organismes le
soin de répondre à ce besoin. Cependant, nous voulons assurer de
notre collaboration les divers organismes en mettant à leur disposition
ces locaux. La CECM recommande donc que l'Office des services de garde à
l'enfance mette sur pied un comité de travail avec des organismes comme
les villes, les YMCA, les garderies, les commissions scolaires, etc., pour
organiser des services adaptés à la clientèle d'âge
scolaire au cours de la période estivale: que la ministre
déléguée à la Condition féminine accorde une
aide directe ou indirecte aux parents qui utilisent les services de garde
l'été et que la ministre déléguée à
la Condition féminine prévoie une structure de financement
appropriée pour développer des services à la
clientèle d'âge scolaire au cours de l'été.
En conclusion, si la CECM vous recommande des services de garde relevant
du directeur de l'école, c'est que depuis huit ans elle travaille selon
cette philosophie et que cette année elle administre maintenant 100
services de garde qui fonctionnent bien et en harmonie avec l'école qui
les accueille. Nous espérons que vous tiendrez compte de cette
expérience concluante.
Notre espérance de l'accueil que vous ferez à nos
recommandations est renforcée par le fait que le gouvernement a
décidé, il y a un an, de nommer à la direction de l'Office
des services de garde à l'enfance Mme Nicole Marcotte, celle-là
même qui a bâti de ses mains et de ses efforts le réseau des
services de garde que la CECM gère présentement, à l'aide
des principes soumis dans notre mémoire. Je peux vous assurer aussi
qu'elle a formé une relève très compétente et
professionnelle dans le domaine et que nous pouvons continuer à oeuvrer
dans ce domaine des services de garde.
J'aurais un dernier point. On m'a rapporté un
élément soulevé la semaine dernière au cours de la
commission parlementaire concernant les services de garde durant la semaine de
relâche de février à la CECM. Je voudrais tout simplement
rappeler, pour votre information, que 63 services, de garde ont
été ouverts durant cette semaine de février, à la
CECM. C'est une information que je me devais de rappeler. Merci.
Le Président (M. Leclerc): Je vous remercie. Mme la
ministre.
Mme Gag non-Tremblay: Cela me fait plaisir d'accueillir la
Commission des écoles catholiques de Montréal à cette
commission parlementaire et je vous remercie, M. Pallascio, de votre
exposé.
Ma première question concerne les locaux extérieurs.
Combien d'écoles, sur un total d'une centaine, doivent recourir à
des locaux extérieurs et pourquoi a-t-il fallu recourir à ce
genre de locaux?
M. Pallascio: Je vais laisser Mme Benoît
répondre.
Mme Benoît (Colette): Présentement, il y a deux
écoles qui offrent le service de garde à l'extérieur de
l'école où on a une location. Il y a d'autres écoles
où ce n'est pas vraiment à l'extérieur, dans le sens que
ce n'est pas une location, on est soit dans des anciens locaux de concierge ou
dans des bâtisses appartenant à la commission, mais qui se
trouvent à l'extérieur de
l'école.
Mme Gag non-Tremblay: En somme, c'est tout simplement parce que,
dans les écoles existantes, vous n'aviez pas suffisamment d'espace pour
implanter un service de garde. Comment ça fonctionne sur le plan du
financement? Est-ce que c'est la commission scolaire qui pale le loyer?
Mme Benoît: Non. Sur le plan du financement, on utilise la
subvention de fonctionnement pour défrayer le coût de location
pour les deux écoles qui offrent le service à
l'extérieur.
Mme Gag non-Tremblay: Est-ce que vous croyez que les services de
garde se seraient développés plus rapidement si on avait fait aux
commissions scolaires l'obligation d'offrir des services? Croyez-vous que la
collaboration des directions d'école aurait été la
même si on avait obligé les commissions scolaires à le
faire?
M. Pallascio: Je pense qu'on peut regarder un peu ce qui s'est
fait à la CECM, ça s'est fait de façon non
coercîtive. Je pense que les gens sont pleinement conscients,
présentement, du problème des services de garde et la pression
des parents dans le milieu est là. Je pense que le message a
été passé par le biais des comités de parents
auprès des différentes directions d'école et je pense que
les résultats sont très concluants à ce moment-ci, en ce
qui nous concerne. Il faut comprendre que, dans certaines écoles
où il n'y a pas encore de service de garde, comme on l'a
mentionné dans notre mémoire, c'est souvent dû à des
éléments externes, soit au manque de locaux ou à d'autres
problèmes qui ne sont pas nécessairement dus à de la
mauvaise volonté ou à de la mauvaise foi de la part des gens pour
ouvrir le service.
Mme Gagnon-Tremblay: On sait que la CECM a une politique à
l'égard des clientèles défavorisées et qu'une
grande partie de ces clientèles se retrouve sur le territoire de votre
commission scolaire. Il y a plusieurs groupes qui ont souligné
l'importance de mesures de soutien aux services de garde situés dans ces
secteurs pour cette clientèle défavorisée. Dans une
perspective de continuité, si des mesures additionnelles devaient
être prévues, voyez-vous la nécessité de coordonner
nos actions a celles des écoles et des commissions scolaires? Quels sont
les problèmes qu'on pourrait rencontrer?
M. Pallascio: II est sûr et certain que, si on
regarde les milieux défavorisés, on doit admettre ici qu'on a
quelquefois dérogé aux règles pour permettre de soutenir
les services de garde dans les écoles de milieux
défavorisés. Mais c'est sûr qu'il faudrait
éventuellement s'associer pour trouver une formule qui permette de
subvention- ner ces services, soit directement à la clientèle
désignée dans ce genre de secteur. À l'heure actuelle,
souvent pour empêcher la disparition de ces services à
l'intérieur de certaines écoles, on a utilisé certains
budgets pour soutenir ces services de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous rencontrez des
difficultés particulières aux services de garde pour cette
clientèle?
Mme Benoît: Les difficultés concernant financement,
dans le sens que, pour les parents qui sont en milieu scolaire, les
critères d'exonération financière ne sont pas les
mêmes qu'en garderie. Donc, souvent, ce sont des personnes qui ont des
difficultés familiales et, à ce moment-là, le parent a
accès au service de garde, mais n'a pas les moyens de payer le service.
Bien entendu, pour aider la population, les services de garde acceptent ces
enfants et c'est pour ça qu'on a un problème de financement dans
ces écoles. On a présentement 37 écoles sans service de
garde qui font partie des écoles désignées de la
commission et, bien entendu, sur le plan du financement, elles ont de la
difficulté, comme M. Pallascio le disait. Donc, pour le financement, on
est obligés d'utiliser la subvention de fonctionnement pour pouvoir
payer le salaire des employés; sinon, on devrait fermer le service et on
pense que ce ne serait pas un service à rendre aux parents qui en ont
grandement besoin, je pense.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que la CECM offre des services de
garde lors des journées pédagogiques ou de la semaine de
relâche? Vous avez mentionné tout à l'heure que vous aviez
comblé la semaine de relâche. Est-ce que c'est le cas dans toutes
les écoles?
M. Pallascio: C'est-à-dire 63 écoles sur une
possibilité de 99 lors de la semaine de février. Mais, en ce qui
concerne les journées pédagogiques, il y a très peu
d'écoles qui n'offrent pas le service. Je ne sais pas si on a les
chiffres exacts.
Mme Benoît: Celles qui n'offrent pas le service sont
vraiment les écoles qui n'ont pas la clientèle pour
s'autofinancer. Un sondage a été fait dans les écoles pour
offrir le service de garde durant les journées pédagogiques.
C'est surtout pendant la première année de fonctionnement qu'on a
de la difficulté à aller chercher de la clientèle pour une
journée complète, car, bien entendu, cela coûte plus cher
aux parents. Maintenant, il y a peut-être deux ou trois écoles
qui, durant les journées pédagogiques, n'offrent pas le service
de garde. Durant la semaine de relâche, comme M. Pallascio l'a dit, il y
a eu 63 écoles et d'année en année il y a toujours une
augmentation de l'ouverture des services durant cette semaine.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce qu'on peut compter sur le soutien,
sur l'implication de la CECM pour la garde estivale?
M. Pallascio: Oui, je pense que les programmes qui ont
été mis sur pied en 1987 et 1988 l'ont d'abord été
à la demande - l'approche a été faite par la CECM, on doit
le dire aussi - des parents auprès des autorités de la ville de
Montréal et des autres villes que nous couvrons, mais c'est surtout avec
la ville de Montréal que cela fonctionne présentement. La
réception chez les parents est presque à 100 % positive. Il est
sûr que nous voulons continuer à étendre et si possible
à augmenter la participation à ce genre de programmes. La seule
chose, c'est que nous demandons que la responsabilité première
revienne d'abord à ta municipalité. Mais nous nous engageons
à donner toute notre collaboration pour non pas prêter les locaux,
mais fournir les locaux durant l'été.
Mme Gagnon-Tremblay: Quelle forme prennent ces ententes? Est-ce
qu'il s'agit de location de locaux? C'est la municipalité qui s'occupe
de la garde estivale? Quelle est la forme exacte de ces ententes?
M. Pallascio: Normalement, ce sont les activités estivales
que les municipalités organisent. Je pense qu'elles appellent cela
autrement; pas services de garde, mais services d'accueil. Les écoles
donnent, le matin et à la fin de l'après-midi, le service de
garde. On a identifié les écoles qui étaient prêtes
à commencer ce programme présentement. Dans le moment, il y a eu
augmentation. Nous prévoyons avoir plus d'écoles
l'été prochain pour offrir ce service.
Mme Benoît: C'est la ville qui a la responsabilité
première du projet. L'entente qu'on fait, la ville donne un certain
pourcentage aux neuf écoles, parce que, depuis deux ans, on a
vécu le projet dans neuf écoles. On a un pourcentage pour les
enfants qui sont au service de garde durant l'année. C'est sûr que
ce n'était pas offert à tous les enfants du service de garde
à cause d'un nombre de places limité pour la période
d'accueil. Pour les neuf écoles, la ville ne défrayait pas les
coûts de location pour la période de juillet et août. Mais
la responsabilité première, c'était à la ville. On
a pris cette décision à la suite d'un comité qui avait
été formé avec les directions d'école. Il y avait
un commissaire, un parent, pour évaluer les alternatives qu'on pouvait
trouver. On s'est dit que la ville a déjà des Infrastructures
avec les YMCA. Ils ont des infrastructures établies pour la garde
l'été, tandis qu'à la commission ce n'était pas le
même système, on fonctionnait dix mois. C'est pour cela qu'on a
pris cette orientation. Les parents étaient très satisfaits. On a
fait un sondage à la fin du projet et 97 % des parents disaient vouloir
revivre ce projet, mais qu'il soit étendu à plus d'écoles,
étant donné qu'on répondait à un petit groupe de
parents car il n'y avait que neuf écoles sur 99 qui offraient le
projet.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous aviez quelque chose à ajouter,
M. Pallascio?
M. Pallascio: Oui, il y a toujours une question de financement,
quand on parle aussi d'ouvrir les écoles l'été.
L'entretien est un problème qu'il faut aussi regarder. Tout le dossier
des services de garde, je voudrais le rappeler, est un dossier prioritaire chez
nous, autant le service de garde en milieu scolaire que le service pour
l'été.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci.
Le Président (M. Leclerc): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
vous accueillir, M. Pallascio, M. Hébert, Mme Benoît et Mme
Saucier, je crois. C'est bien cela? Combien y a-t-il d'écoles primaires
qui sont sur le territoire de la CECM?
M. Pallascio: 147.
Mme Harel: 147. Donc, la CECM qui a, quand même, toujours
eu un leadership en matière de développement de garde en milieu
scolaire peut offrir actuellement dans 60 % des écoles une garde
scolaire. (11 h 45)
Je vais aller assez rapidement parce que le temps file et on se rend
compte à la fin qu'on n'a pas pu faire le tour des questions. Concernant
les locaux, vous nous dites dans votre mémoire à la page 7:
"Certaines écoles ont une liste d'attente. D'autres, par contre, ne
peuvent offrir le service par manque d'espace." Vous revenez, à la page
16, au chapitre des locaux et vous nous dites: "Quelques services, qui en sont
à leur deuxième année d'existence seulement, doivent
établir des listes d'attente de candidats au service de garde." Et,
à la page 17, et c'est ce qui m'intéresse: "De même,
d'autres écoles ne peuvent offrir ce service en raison du nombre
élevé d'inscriptions qui ne leur permet pas de libérer
l'espace requis pour la mise en place d'un service de garde." Cela nous laisse
entendre que, lorsqu'il y a trop de monde qui la demande et qu'il n'y a pas
assez de places, iI n'est pas possible d'en offrir parce que ça
décevrait. C'est l'interprétation qu'amène une
première lecture. Tantôt, on vous a demandé: Combien y
a-t-il de services à l'extérieur de l'école? Moi, je vous
demande: Combien y a-t-il d'écoles qui ne peuvent pas offrir le service
faute d'espaces adéquats?
M. Pallascio: Combien? Je ne sais pas si on
peut répondre à ça. On peut prendre comme exemple
Rivière-des-Prairies où la clientèle déborde dans
certains secteurs. Je pense qu'il est impossible, à l'heure actuelle, de
répondre parce que nous devons d'abord donner le service scolaire et il
y a un manque de places évident. Est-ce qu'on peut vous donner le nombre
d'écoles dans la situation? Je ne sais pas si c'est possible.
Mme Harel: Quand vous les mentionnez au chapitre de votre
mémoire qui s'appelle "Les locaux", pages 16 et 17, vous les avez
quantifiés ou non?
Mme Benoît: Pour moi, c'est difficile de vous dire un
chiffre. Il y a eu des approches de parents demandant un service de garde en
milieu scolaire et il y a certaines écoles peut-être quatre ou
cinq l'an passé, où on ne pouvait pas en donner, à cause
d'installations qui se trouvaient loin de l'école. Quand il y a
possibilité, s'il y a une église à côté ou un
service tout près, à ce moment-là, on en donne. Il y a
peut-être quatre ou cinq écoles qui n'en ont pas eu, mais je ne
peux vous dire, sur le nombre d'écoles qui restent, combien il y en a
exactement qui ne peuvent offrir le service parce qu'il n'y a pas d'espaces. Je
ne pourrais pas vous donner un nombre.
Mme Harel: La commission scolaire des Mille-Îles est venue
devant la commission parlementaire nous indiquer qu'il y avait une
difficulté qui vient, pour elle, d'une instruction datée du 1er
juillet 1988 sur la gestion des équipements. J'ai constaté dans
votre mémoire que vous recommandiez au ministre de l'Éducation
qu'à l'intérieur des superficies de base pour fins de financement
les superficies occupées par les services de garde soient reconnues.
Est-ce que c'est par mesure préventive ou si vous avez des
problèmes comme ceux que nous a signalés la commission scolaire
des Mille-Îles?
M. Pallascio: Je pense que, si on veut que les services de garde
fassent partie intégrante de l'école - c'est vers là qu'on
se dirige dans le moment présent - il faut prévoir aussi le
financement par pied carré d'utilisation que la commission scolaire en
fait. Or, quand on est rendu à parier d'une centaine d'écoles,
c'est beaucoup de pieds carrés à l'intérieur de la
commission dont nous demandons qu'ils soient reconnus pour le financement et
aussi pour le genre de clientèle que nous avons.
Je voudrais juste rappeler, à la suite des chiffres que vous
donniez tout à l'heure, qu'on a mentionné 37 000
élèves en services de garde en milieu scolaire. Nous en avons
5000 chez nous. Nous représentons à peu près 10 %. On
présume qu'on est au-dessus de la moyenne provinciale.
Mme Harel: Comment se vit cette question de la garde scolaire
dans les écoles où il y a une forte concentration d'enfants de
familles immigrantes? Est-ce que vous constatez une présence aussi
importante en proportion du nombre d'enfants de familles immigrantes inscrits
à l'école? Est-ce que c'est proportionneHement plus ou moins
utilisé?
Mm© Benoît: On n'a pas de chiffres. Il n'y a pas eu de
recherche ou d'étude de faites comme telles, mais, en ce qui concerne la
clientèle - je pense à une école en particulier dans la
région ouest - on a beaucoup d'enfants immigrés qui vont en
services de garde.
Mme Harel: On fait parfois l'hypothèse que ces services
sont moins utilisés par les familles immigrantes pour la garde des
enfants, pas simplement les services de garde en milieu scolaire, mais
l'ensemble des services régis.
M. Pallascio: C'est juste une hypothèse. On n'a pas eu
l'occasion de regarder... Il faut remarquer aussi qu'en ce qui regarde les
classes d'accueil il y a aussi le service de transport qui est beaucoup plus
important en ce qui a trait à cette clientèle, ce qui peut
peut-être, éventuellement...
Mme Harel: Atténuer, finalement, leur participation.
M. Paliascio: Oui, possiblement. C'est une hypothèse que
j'avance, mais qui n'a pas été vérifiée.
Mme Harel: La présence de maternelles cinq ans et
l'hypothèse d'une maternelle cinq ans à plein temps qui
permettrait une sorte d'égalité des chances à l'enfant,
est-ce que vous avez déjà examiné cela? La maternelle
quatre ans, vous l'offrez dans des milieux défavorisés. Vous
l'offrez à combien de milliers de jeunes enfants actuellement? Le
conseil scolaire de l'île est venu nous signaler que des études
démontraient qu'il serait peut-être préférable
d'introduire des garderies éducatives plutôt que des maternelles
quatre ans. Qu'en pensez vous?
M. Pallascio: Je vais vous laisser répondre à cette
question.
Mme Benoit: En ce qui concerne les maternelles quatre ans et cinq
ans, à la commission on travaille en collaboration avec les professeurs
de maternelle pour établir un certain programme pour que l'enfant ne
revive pas ce qui est vécu en maternelle, que ce soit maternelle quatre
ans ou maternelle cinq ans. Je pense qu'on est un peu complémentaire au
service qui est offert en classe pour la maternelle quatre ans et la maternelle
cinq ans. On a une vingtaine d'écoles où on a des maternelles
quatre ans dont les enfants vont aux services de garde après la
maternelle.
Mme Harel: Rapidement, sur la question du comité
consultatif des parents, vous avez sans doute entendu tantôt la
recommandation que faisait l'Association des services de garde en milieu
scolaire du Québec. Croyez-vous qu'il soit intéressant, pour un
soutien ou une plus grande participation des parents, que ces comités
soient constitués de façon régulière chaque fois
qu'un service est offert?
M. Pallascio: Écoutez, dans le moment présent, cela
fonctionne par le biais... Cela ne s'est pas fait de façon coercitive,
comme on l'a dit dans le passé. La pression des parents était
là, par le biais des comités. Nous recommandons que cela
relève de l'école. Je pense que, dans chaque école, au
sein du comité, vous retrouvez des parents aussi.
Mme Harel: N'y a-t-il pas parfois des motifs légitimes
pour que le comité de parents de l'école soit en conflit avec les
parents des enfants du service de garde en milieu scolaire, ne serait-ce que
pour une question, justement, d'utilisation de locaux, d'espaces et de choses
comme ça? Il y a eu des cas qui ont été portés
à l'attention de la commission où il y avait des conflits entre
les parents qui siègent au comité de parents, qui voulaient
récupérer la garderie pour l'école, et les parents des
enfants qui sont en garde scolaire.
M. Pallascio: Effectivement. C'est pour cela que, dans notre
recommandation, nous voudrions que l'autorité reste la direction de
l'école qui va pouvoir regarder d'une façon beaucoup plus
adéquate, justement, les choix à faire sur le plan local.
Mme Harel: Je veux vous remercier. J'ai pris bonne note que vous
insistiez sur la question de la formation. Vous dites - c'est très clair
dans votre recommandation - qu'il faut qu'un budget soit alloué par le
ministre de l'Éducation pour le ressourcement et la formation du
personnel. C'est bien le cas?
M. Pallascio: Oui.
Le Président (M. Leclerc): M. le ministre.
M. Ryan: La députée de Maisonneuve semble
étonnée de cette demande de la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Si elle transigeait avec cet organisme
régulièrement, elle saurait que c'est une de ses
spécialités de présenter des demandes d'aide
financière accrue pour toutes sortes de besoins qui sont
généralement bien établis et pour lesquels l'État
ne dispose pas nécessairement de toutes les ressources souhaitables.
J'ai pris note, moi aussi, de cette recommandation et nous l'examinerons. Cela
se situe en prolongement de la recommandation qui était faite par
l'association des services de garde tantôt. C'est sûr que nous
allons en discuter avec les commissions scolaires et les organismes
représentatifs des services de garde en milieu scolaire. Si quelque
chose peut être fait, j'en serais des plus heureux.
Je ne peux pas commenter longuement votre mémoire, M. le
président de la CECM, parce que, comme vous êtes
généralement d'accord avec le gouvernement sur les orientations
envisagées dans le document de la ministre déléguée
à la Condition féminine, je ne voudrais pas créer de
risque de confusion d'aucune sorte parce que ce sont des choses qui se
produisent de temps à autre et il faut en profiter. Je vous remercie
beaucoup de ceci.
Il y a un point qui m'intéressait en écoutant votre
présentation et cela rejoint un petit peu ce que soulignait la
députée de Maisonneuve. Je trouvais que s'il y avait moyen
d'avoir un ajout en ce qui regarde les incidences pour les enfants
d'immigrants... Au point de vue linguistique, par exemple, comment les
problèmes se posent-ils? Quel genre de service est attendu de la part
des parents? Quel genre de service devez-vous offrir, surtout là
où il y a une forte incidence d'enfants en provenance de foyers
d'immigrants? J'aurais aimé qu'on ait des données un peu plus
élaborées là-dessus. Cela nous serait très utile,
en tout cas.
M. Pallascio: Malheureusement, je vais vous répondre qu'il
n'y a pas d'étude bien spécifique sur cette question, dans le
moment. Tout ce que nous pouvons éventuellement vous donner, ce sont
quelques programmes locaux qui se sont dessinés selon les besoins du
milieu, mais on ne pourrait pas répondre de façon
réellement complète à cette question.
M. Ryan: Si vous me permettez d'ajouter juste une remarque, M. le
Président. Je vous remercie. En tout cas, on aura l'occasion d'en
reparler, parce que je vais aller visiter quelques écoles prochainement,
surtout en rapport avec les problèmes des enfants de foyers
d'immigrants.
Je voudrais signaler qu'il y a bien des remarques que j'ai entendues -
ça fait une couple de jours que je viens passer à la commission -
qui nous interpellent spécialement au ministère de
l'Éducation pour tout ce qui regarde la politique de la petite enfance.
On a parié, à un certain moment, des questions relatives à
l'âge d'admission. On a parlé des prématernelles. On a
parié des classes spéciales d'accueil. Là, on parle des
services de garde en milieu scolaire. On est à un stade où il va
falloir examiner tout ça ensemble et peut-être aménager nos
politiques de manière plus cohérente, finalement, parce qu'on a
des mesures ad hoc pour tel genre de services, tel autre genre de services. On
approche du point où il va falloir faire la synthèse de tout
ça et peut-être mettre au point
une politique plus nette et plus explicite en matière de services
éducatifs à la petite enfance. Si vous avez des choses à
nous indiquer là-dessus, nous les accueillerons avec plaisir. Cela va
devenir une des priorités du ministère au cours des mois à
venir.
M. Pallascio: Vous avez peut-être pu remarquer, tout au
long du mémoire, que nous demandons d'être associés aux
différentes études ou aux changements qui pourraient être
apportés. Alors, on voudrait le rappeler.
M. Ryan: J'ai remarqué que vous aviez demandé
ça par rapport à l'office; vous ne l'avez pas demandé par
rapport à nous, parce que ça se fait.
M. Pallascio: Certainement.
M. Ryan: J'ai vu que vous me passiez des messages par
l'intermédiaire de ma collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine. Je vous
signale que vous pouvez aussi les faire directement et que ça va nous
faire plaisir.
Le Président (M. Leclerc): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: Rapidement, moi aussi je voudrais remercier la CECM
de sa contribution. Bonjour à M. Pallascio et à toute son
équipe. On sait que vous avez une expertise dans le domaine discute ce
matin et c'est sûrement une contribution importante pour cette
commission.
J'ai deux questions, rapidement, toujours pour des raisons de temps,
nous aussi. À la page 12 du mémoire, vous dites: "Que la ministre
déléguée à la Condition féminine
réévalue sa position sur les budgets accordés pour le
perfectionnement du personnel affecté aux services de garde en milieu
scolaire." Je comprends très bien ce qu'une réévaluation
de sa position signifie, mais je voudrais, avoir la vôtre, parce que, si
vous lui demandez de réévaluer la sienne, c'est que vous
n'êtes pas en accord. Contrairement à ce que le ministre de
l'Éducation nous disait, à savoir que la CECM est toujours en
accord avec le gouvernement, nous, on sait que c'est quasiment toujours
ça, mais des fois... Alors, là-dessus, précisément,
que voulez-vous suggérer comme réévaluation concernant les
budgets de perfectionnement? Est-ce que ce sont les quan-tums, les
critères, l'enveloppe, sa répartition? J'aimerais avoir plus de
précisions.
M. Pallascio: Mme Benoît.
Mme Benoît: C'était en considérant le 1 %
dont la ministre avait parlé dans l'énoncé de politique
sur les garderies, la garde en milieu scolaire. Il n'y avait pas de budget pour
le perfectionnement des employés. Comme on l'a dit dans le
mémoire, nous gardons un pourcentage pour offrir du perfectionnement aux
employés. Bien entendu, le perfectionnement offert aux employés
de la CECM, l'est à la suite de demandes de directions d'école ou
du personnel concernant des points sur les services de garde. Mais, de plus en
plus, il y a des éducateurs qui veulent avoir un perfectionnement ou un
ressour-cement individuel. Donc, on ne peut pas répondre à toutes
les demandes individuelles concernant le perfectionnement, parce que celui
qu'on offre est vraiment pour tous les services et tout le personnel. C'est
dans ce sens-là qu'on demande que le pourcentage soit
révisé ou qu'il y ait une certaine subvention pour le
perfectionnement de ces employés. Même si on en offre, on ne peut
pas répondre à toutes les demandes, étant donné
l'ampleur de la commission, l'étendue des services de garde à
faire, et le nombre de personnes qui y travaillent. (12 heures)
M. Gendron: Actuellement, si on avait à établir un
pourcentage du budget de perfectionnement du personnel enseignant, de la CECM y
incluant, bien sûr, les travailleurs et travailleuses en garderies
scolaires, quelle serait la partie que vous, comme commission scolaire,
affectez au perfectionnement des travailleurs et travailleuses en
garderies?
Mme Benoit: Ce n'est pas à partir du budget de la
commission scolaire. Le budget qu'on prend pour le perfectionnement des
employés est constitué d'une partie qu'on retient des subventions
de fonctionnement du ministère de l'Éducation pour le
fonctionnement des services.
M. Gendron: Non, je sais que c'est un autre budget. Je veux
savoir ce que la CECM, comme commission scolaire, en dehors des conventions qui
existent et du budget, soit par ouverture, par gentillesse, par besoins
à combler, par priorité - vous avez dit tantôt que la garde
scolaire était une priorité chez vous - accorde à la garde
scolaire. Quelle somme accordez-vous?
M. Pallascio: On vous a déjà répondu: Nous
sommes généreux, mais pauvres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Ce n'est pas ça qui vous étouffe.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pallascio: Actuellement, nous gardons, quand même, le
critère d'autofinancement pour le fonctionnement. Donc, le budget de
perfectionnement, c'est sûr qu'il est pris à l'intérieur du
budget de fonctionnement. Ce qui est arrivé quelquefois, c'est que, pour
conserver certains services de garde en milieux dits défavorisés,
on a pu prendre certaines sommes, mais pas tirées
du budget régulier de la commission.
M. Gendron: Une autre question sur laquelle je voudrais revenir,
parce que ça me paraît une question importante et que ça
été signalé par plusieurs intervenants en
éducation, c'est toute la question des espaces, des locaux. Ma
collègue est revenue là-dessus, mais j'aimerais prendre quelques
secondes additionnelles. À la page 16, et c'est ce bout-là qui
m'intéresse, vous rappelez à la ministre
déléguée à la Condition féminine: c'est bien
beau que votre politique réexprime l'idée d'utiliser les locaux
déjà existants. Mais, tout autant que vous, la ministre devrait
savoir que, dans bien des cas, ça demeure un voeu pieux. Quand bien
même j'exprimerais ça 15 fois, s'il n'y a pas de locaux existants,
il y a un problème. J'ai été un peu surpris - et je
voudrais être sûr de ce que vous avez dit - de vous entendre dire
que, dans toute la CECM, même s'il y a de la difficulté à
trouver des locaux, qui sont inexistants pour la garde scolaire, il n'y aurait
que deux garderies hors des locaux de la commission scolaire. C'est bien ce que
vous avez dit?
M. Pallascio: Oui. II faut comprendre aussi qu'il n'est pas
toujours possible d'avoir des locaux à l'extérieur.
M. Gendron: Non, je suis d'accord. Je ne veux que savoir...
M. Pallascio: Oui, oui.
M- Gendron: Alors, s'il n'y en a pas beaucoup à
l'extérieur, ça veut dire que vous mettez encore, par ces
statistiques, l'emphase sur la nécessité d'avoir une aide
financière additionnelle pour libérer de l'espace. C'est bien
ça? Alors, question: Depuis combien d'années
prétendez-vous que la CECM n'a pas les locaux disponibles pour la garde
scolaire dans plusieurs écoles?
Mme Benoit: Moi, ça fait cinq ans que j'ai le dossier. Je
peux vous dire que, même si nous n'avons que deux écoles à
l'extérieur, il y a quand même peut-être une trentaine
d'écoles - on a fait un sondage l'an passé - qui ne
répondent peut-être pas à toute la demande des parents.
Quand on parle de listes d'attente, c'est dans ce sens-là qu'on dit
qu'on n'a pas toute ia disponiblité pour les locaux à
l'intérieur de l'école.
M. Gendron: D'accord. Donc, la trentaine d'écoles...
Mme Benoit: Environ.
M. Gendron: ...qui ne répondent pas à la demande,
ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de locaux disponibles; c'est parce que la
demande est plus forte que les espaces requis pour répondre à ia
demande. C'est bien ça?
M. Pallascio: ll peut y avoir un manque de disponibilité
aussi au niveau des locaux. Cela inclut ces écoles.
M. Gendron, Oui, ça doit être les mêmes, mais
combien y a-t-i! d'écoles à la CECM qui n'auraient aucun local
offert pour les services de garde scolaire?
Mme Benoît: Si je comprends bien votre question - on a dit
que, dans environ 150 écoies, ii y a 100 services de garde - dans les 50
écoles où il n'y a pas de service de garde, il y a
peut-être quatre ou cinq services de garde qui ont été
fermés, mais ce n'était pas à cause du manque de locaux,
c'était à cause d'un manque d'enfants et c'était dans des
écoles désignées en milieu défavorisé. Dans
les autres écoles où ii n'y a pas eu de demande comme telle, il
n'y a pas eu d'étude faite pour dire que, dans les 50 écoies, il
y en a 40 qui n'ont pas les locaux; ça peut être pour
différentes raisons que ces écoles ne sont pas ouvertes, il y a
quatre ou cinq écoles où il y a eu une demande, où on
n'avait pas de locaux, où il n'y avait pas, non plus, de locaux
près de l'école à louer pour offrir le service. Je ne sais
pas si je réponds bien ou si...
M. Gendron: Oui, cela va. Quelle suggestion, si vous en avez une,
feriez-vous à la ministre déléguée à !a
Condition féminine puisque vous posez une question à la ministre:
Comment la ministre entend-elle favoriser l'utilisation des locaux
déjà existants lorsque, d'année en année, la
disponibilité des locaux ne suffit plus à satisfaire toutes les
demandes? Si vous étiez en mesure de prendre une décision pour
favoriser la demande, quelle serait la recommandation, dans ces cas-là,
que vous voudriez faire à la ministre déléguée
à la Condition féminine?
M. Pallascio: Écoutez, ce que nous avons mentionné
dans notre mémoire, c'est que les locaux nécessaires aux services
de garde soient reconnus dans le financement de base d'une école. C'est
ce qui est proposé dans notre mémoire. C'est sûr que, pour
les endroits où c'est impossible de le faire, "à l'impossible,
nul n'est tenu". C'est surtout qu'en ce qui concerne se financement de base
soit reconnu le service donné dans l'école.
M. Gendron: Merci.
Le Président (M. Leclerc): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous mentionniez dans une de vos
recommandations qu'une subvention soit accordée aux services de garde
faisant face à des problèmes reliés à l'expansion
après quelques années d'existence. Est-ce que vous pouvez me
préciser quel sens vous donnez à
"expansion" et à "quelques années"?
Mme Benoît: II y a beaucoup d'écoles où, dans
la deuxième année ou la troisième année de
vécu, la clientèle a doublé et a triplé. Donc,
à ce moment-là, il a fallu aménager d'autres locaux
à l'intérieur de l'école et cela a comporté des
coûts. Bien entendu, la subvention de fonctionnement qu'on reçoit
ne peut pas répondre à ces coûts. À ce
moment-là, un service de garde, habituellement, obtient une subvention
de démarrage. Il n'y a pas deux subventions de démarrage. On a
fait, quand même, la demande au ministère de l'Éducation
pour certains cas qui, vraiment, demandaient des aménagements assez
élevés. Il y a eu des cas qui ont été
acceptés, d'autres non. Donc, à travers le vécu, on
s'aperçoit que, de plus en plus, notre clientèle double ou
triple. À ce moment-là, on se dit: Ce serait important qu'il y
ait, justement, à cause de l'expansion de la clientèle à
l'intérieur des services, une subvention de réaménagement.
Ce ne sont quand même peut-être pas tous les services qui
impliquent des coûts, mais il y en a qui ont demandé des
coûts assez élevés qu'il a fallu répartir sur trois
ans. Si on prenait la subvention de fonctionnement, à ce
moment-là, l'achat de jeux, les sorties pour les enfants étaient
coupés un petit peu. C'est dans ce sens-là, quand on parle
d'expansion, qu'il faudrait une deuxième subvention. Habituellement, il
n'y a pas de deuxième subvention de démarrage.
Mme Gagnon-Tremblay: Si on devait subventionner
l'aménagement pour l'expansion, comment pourrait-on s'assurer, par
exemple, que la commission scolaire réserverait ce local ou cet
emplacement spécifiquement pour les services de garde et ne
transformerait pas, par contre, ce service, à un moment donné, en
une classe quelconque?
M. Pallascio: Écoutez, je pense qu'il y a, quand
même, des procédures de vérification dans l'ensemble des
opérations d'une commission scolaire. Je suis sûr que le
ministère de l'Éducation a déployé des mesures pour
pouvoir vérifier ces choses-là. Je pense qu'on reçoit,
dans différents domaines, des subventions quelconques pour des besoins
bien spécifiques. Il y a des mesures de vérification qui se font
dans ce sens-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous avez autre chose à
ajouter? Je sais qu'il me reste quelques minutes, mais si vous avez d'autres
interventions à faire...
M. Pallascio: Je pense qu'il y a quelques questions très
pertinentes qui ont été posées, tout à l'heure,
auxquelles on ne pouvait pas répondre et certainement que nous allons
nous pencher sur ces questions, particulièrement celle concernant les
communautés ethniques. On va certainement les regarder pour pouvoir
donner des réponses plus complètes, en tout cas, à ces
interrogations. Je pense qu'il n'y a pas d'autre chose.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Le Président (M. Leclerc): Mme la députée de
Maisonneuve, en conclusion, s'il vous plaît. Il vous reste une
minute.
Mme Harel: Oui. Merci, M. le Président. Alors, je veux
vous remercier, M. Pallascio et les personnes qui vous accompagnent. J'ai
noté avec intérêt et satisfaction que le mémoire
avait été adopté, comme vous le mentionniez, à
l'unanimité des membres commissaires. Alors, dans le contexte que nous
connaissons à Montréal, c'est certainement là un signe qui
manifeste l'intérêt que porte le milieu montréalais
à des services de garde de qualité. J'espère que vos
recommandations vont être reçues par le ministre de
l'Éducation et la ministre déléguée à la
Condition féminine, parce que ce sont là des conditions
essentielles. Il faut que les espaces utilisés soient reconnus comme
faisant partie intégrante de la vie de l'école et que, d'autre
part, le personnel le soit tout autant, en ayant une stabilité et un
ressourcement qui est indispensable quand on travaille avec des enfants. Je
vous remercie.
Le Président (M. Leclerc): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la ministre, en conclusion.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, en conclusion, je voudrais vous
remercier également pour votre exposé. On n'a pas discuté
de la planification régionale qu'on entend amorcer le plus rapidement
possible et je pense que, lors de cette planification régionale, nous
aurons absolument besoin de votre collaboration. Je pense que ce sera un
exercice excellent pour pouvoir déterminer effectivement si vous avez
des locaux ou non et, si vous n'en avez pas, quelles solutions on peut
apporter. Par exemple s'il y a des garderies de quartier, par contre, qui ne
seraient pas combles ou quoi que ce soit, voir comment on pourrait fonctionner
ensemble et trouver des solutions à ces problèmes. On compte
énormément sur votre collaboration lors de la planification
régionale.
Le Président (M. Leclerc): Merci, Mme la ministre. Alors,
M. Pallascio, Mme Benoit, M. Hébert et Mme Saucier, la commission des
affaires sociales vous remercie de vous être déplacés pour
vous faire entendre. Nous suspendons la séance pour deux minutes, le
temps de permettre à la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 12 il 12)
(Reprise à 12 h 15)
Le Président (M. Leclerc): À l'ordre, s'il vous
plaît! . La commission des affaires sociales reçoit maintenant la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. Je
vais demander à M. Daoust, s'il a eu le temps de s'installer, de nous
présenter les gens qui l'accompagnent, pour les fins du Journal des
débats, tout en lui rappelant - mais je crois qu'il est bien
habitué à nos coutumes - qu'il a 20 minutes pour nous
présenter son mémoire et qu'ensuite chacun des groupes
parlementaires aura aussi 20 minutes pour poser des questions.
FTQ
M. Daoust (Fernand): Merci beaucoup, M. le Président. Je fais la
présentation de cette délégation de la FTQ. Â ma
gauche, une des vice-présidentes de la FTQ, Mme Lorraine Vaillancourt;
à ma droite, une autre vice-présidente de la FTQ, Mme Claude
Grenier. Nous accompagne aussi Mme Carolle Gingras-Larivière,
responsable du dossier de la condition féminine à la FTQ.
Nous vous avons soumis un mémoire que nous allons vous
présenter, non pas de façon complète, mais les parties qui
nous semblent les plus appropriées à ce moment-ci. La FTQ
représente environ 450 000 membres, dont plus du quart sont des femmes.
Actives aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public,
elles attendent depuis longtemps une véritable politique de services de
garde à l'enfance. Mais c'est toute la FTQ qui est vivement
concernée par cette question, et à plusieurs titres. Nos membres
sont des parents usagers et usagères des services de garde, ils sont des
contribuables et surtout des concitoyens et concitoyennes du Québec
préoccupés de son avenir. La FTQ a donc plusieurs bonnes raisons
de faire valoir son point de vue sur ("Énoncé de politique sur
les services de garde à l'enfance, Pour un meilleur
équilibre".
Nos nombreuses études, discussions, réflexions sur les
services de garde se sont traduites par des déclarations et des
politiques votées lors de nos colloques et congrès, en
particulier lors de l'important colloque de 1984 portant sur l'accès
à l'égalité en emploi. C'est l'accessibilité
à des services de garde de qualité qui est ressortie comme
l'élément clé permettant de concilier
responsabilités parentales et travail rémunéré.
Cette affirmation liée au taux d'activité croissant des femmes, y
compris de celles qui ont des enfants en bas âge, et au fait que le taux
de natalité décroît au point d'être un des plus
faibles au monde motivent la FTQ à être très blaire dans
son message au gouvernement.
Le Québec a un urgent besoin d'un réseau complet de
services de garde à l'enfance accessibles et de qualité. C'est la
position de notre congrès, et c'est à la lumière de cette
position que nous avons analysé votre énoncé de politique
sur les services de garde à l'enfance. Autant le Québec des
années soixante avait besoin d'un réseau d'éducation
moderne, d'un régime universel d'assurance-maladie, autant le
Québec d'aujourd'hui doit assurer aux femmes et aux hommes qui ont et
qui veulent des enfants qu'ils ne sont pas seuls à veiller à leur
accueil, à leur développement, à leur socialisation.
L'État ne peut s'esquiver face à sa responsabilité,
même s'il faut envisager des étapes dans la mise en place d'un
réseau de services de garde ajusté aux besoins actuels.
Nous tenons à dire que nous apprécions vivement de pouvoir
débattre devant cette commission parlementaire cette question devant
cette commission parlementaire, de cette question des services de garde si
Importante pour les travailleurs et travailleuses, mais également pour
toute la société québécoise,
particulièrement à ce moment-ci de notre histoire. Comme la
question du financement est la plus importante et qu'elle conditionne et le
développement du réseau et sa qualité, nous commencerons
par l'aborder d'une façon générale; ensuite, nous ferons
nos commentaires sur les deux autres parties principales de
l'énoncé, soit le développement et la qualité des
services de garde. Nous rappellerons nos positions de congrès avant de
formuler nos revendications et de conclure.
Mme la ministre, nous vous remercions de nous avoir donné
l'occasion de faire cet exposé. Nous le disons même si vous avons
été obligés de travailler rapidement, comme la plupart de
ceux qui se sont présentés devant vous, le temps qui nous
était imparti étant bien court.
Introduction: Un choix historique, social et politique. Nous estimons
qu'il est plus que temps que nous regardions en face la situation de la garde
des enfants et que, comme société, nous prenions nos
responsabilités. Le travail des femmes, de la majorité d'entre
elles, et même de celles qui ont de jeunes enfants, est un fait acquis.
Rappelons d'abord qu'en novembre 1988 74,3 % des femmes mariées qui font
partie du groupe d'âge de 20 à 44 ans - les principales
années, on est tous d'accord là-dessus, de procréation -
travaillent hors du foyer. Il y a 20 ans, en 1966, seulement 29 % des femmes
mariées faisant partie du même groupe d'âge participaient
à la population active. C'est vraiment deux fois plus et un peu plus que
deux fois. Bien plus, toujours en novembre 1988, nous constatons que les femmes
mariées ayant un enfant d'âge préscolaire ont un taux de
participation au marché du travail de 60,9 %; celui-ci passe à
58,3 % quand leur enfant a moins de trois ans et à 65 % quand il atteint
de trois à cinq ans. Un nombre croissant de femmes sont responsables de
famille monoparentale et à ce titre doivent aussi faire vivre leur
famille. Leur taux d'activité est de 36,3 % lorsque leur enfant a moins
de trois ans, il grimpe à 61,1 % lorsque celui-ci a de trois à
cinq ans. Ces chiffres sont éloquents.
Dans ces conditions, les besoins de garde deviennent partie des besoins
de base pour la famille. C'est à ce titre que la société
tout entière est appelée à partager avec les parents la
responsabilité du soin et de l'éducation des enfants. Elle est
confrontée à un choix en somme: ou elle consent à un
investissement social suffisant, ou la société devra payer plus
tard le prix car, si des services de garde de qualité sont
coûteux, il est encore beaucoup plus coûteux à la longue,
pour la société, de s'en passer. C'est parce qu'ils ont reconnu
l'existence de ce choix que les gouvernements du Québec et du Canada ont
mis sur pied, en 1974, le présent régime d'aide aux parents les
plus démunis pour défrayer des services de garde. Les autres
parents, ceux à moyen revenu en particulier, ont été
laissés à peu près à eux-mêmes. Comme le fait
remarquer le rapport du Conseil national du bien-être social, et nous le
citons: "On a fini par considérer les services de garde financés
à même les fonds publics comme un service d'assistance sociale,
plutôt qu'un programme auquel tous les enfants devraient avoir
accès". Cependant, même les familles à faible revenu ne
bénéficient d'une aide que pour des services de garde qui
existent déjà. Le système craque de toutes parts et les
gouvernements se doivent d'agir rapidement face à l'augmentation des
besoins et des coûts. C'est sans doute ce sentiment d'urgence qui nous a
valu le temporairement défunt projet de loi C-144 et le présent
énoncé.
Il y a plus, le peuple québécois, dont la
fécondité a été prodigieuse, se classe maintenant,
nous l'avons mentionné un peu plus haut, parmi les peuples dont le taux
de natalité ne permet même pas le renouvellement. La
difficulté de combiner travail et famillle se trouve au coeur du refus
d'une ou plusieurs maternités. La difficulté de concilier
maternité et travail constitue sans aucun doute l'un des fondements de
la dénatalité, affirme La Gazette des femmes dans son
dossier le plus récent. Représentant à peine 2 % des
francophones dans un continent anglophone, notre survie est menacée.
Tous ces éléments se conjuguent pour faire, du présent
choix social et politique, un choix historique.
C'est Mme Vaillancourt qui va maintenant poursuivre la lecture de notre
document.
Mme Vaillancourt (Lorraine): Le financement des services de
garde. Parce que le financement des services de garde conditionne aussi bien
leur qualité que leur développement, nous voulons en parler
immédiatement. Après avoir rappelé la situation actuelle,
nous analyserons les effets de la proposition pour la population et en
particulier pour les travailleurs et travailleuses du Québec dont nous
représentons le plus important regroupement.
L'aide gouvernementale prend deux formes: une aide aux parents et une
aide aux services de garde. Si l'énoncé rappelle bien l'aide
gouver- nementale, il ne nous facilite pas l'évaluation de ce qu'il en
coûte aux parents. Nous l'avons faite en nous servant des chiffres du
tableau 11, page 59. Celui-ci établit la contribution gouvernementale
totale aux parents pour un enfant, à temps complet, dans une garderie
dont le tarif serait de 15,38 $ par jour. Ce calcul, d'après
l'énoncé, comprend les déductions fiscales, le programme
APPORT, Aide aux parents pour leurs revenus de travail, et les
exonérations de l'Office des services de garde à l'enfance. Nous
avons donc, à l'aide de ces chiffres, établi ce qu'il en
coûte par année aux parents pour envoyer un enfant à la
garderie à un tarif moyen de 15,38 $ par jour.
Nous pouvons donc constater que le chef de famille monoparentale dont le
revenu est inférieur à 9100 $ par année doit payer 595 $
par année par enfant. Un couple qui gagne de 22 000 $ à 50 000 $
doit payer de 2095 $ à 2312 $ par année par enfant. Le couple qui
gagne plus de 50 000 $ n'apparaît pas dans les données de
l'énoncé. Il est celui qui profite le plus des exemptions
d'impôt pour services de garde qui viennent de passer de 2000 $ à
4000 $, au fédéral et au provincial, par enfant de moins de sept
ans.
Comme le fait remarquer le Conseil national du bien-être social
pour la nouvelle politique canadienne, "en doublant la déduction des
frais de garde pour les enfants de six ans et moins, on accorde aux familles
à l'aise un avantage encore plus grand que celui dont elles
bénéficiaient dans le passé".
Il n'est pas raisonnable qu'un responsable de famille à faible
revenu doive payer environ 600 $ par année pour faire garder son enfant.
Il n'est pas raisonnable, non plus, qu'un couple qui gagne 20 000 $ par
année doive payer 1000 $ de frais de garderie. Qu'il gagne 25 000 $ ou
50 000 $ par année, la même garderie lui revient à plus de
2000 $ par année. Qu'on y songe. C'est deux fois plus que les frais de
scolarité dans un collège privé et à
l'université et ce, quand on n'a qu'un seul enfant à faire
garder.
L'énoncé ne propose que des changements mineurs de
quelques cents par jour pour ceux qui gagnent moins de 18 000 $ et des
corrections allant jusqu'à 2,92 $ par jour pour les tranches de revenus
jusqu'à 25 000 $. Ainsi, il en coûtera 908 $ au lieu de 1035 $
à ceux qui gagnent 18 000 $ par année; 982 $ au lieu de 1150 $
à ceux qui gagnent 20 000 $; 1865 $ au lieu de 2095 $ à ceux qui
gagnent 22 000 $; 2065 $ au lieu de 2555 $ à ceux qui gagnent 25 000 $.
Pour les autres catégories de revenus, rien n'est changé et nos
chiffres du tableau 1 demeurent les mêmes.
Par ailleurs, la ministre propose une modification du mode de fixation
de l'échelle d'exonération maximale. Jusqu'ici établie
à partir d'un montant fixe maximal pour les revenus de 9100 $ et moins,
10,50 $ par jour actuellement, elle variera désormais suivant les tarifs
de la
garderie jusqu'à concurrence de 120 % du tarif moyen
observé provincialement. Pour un même revenu, les parents pourront
toucher une aide différente suivant le tarif de la garderie. C'est une
incitation à hausser les tarifs là où l'ensemble des
parents sont capables de payer plus. Ce mécanisme va tendre à
accroître l'écart entre les garderies situées en milieu
à faible revenu et les autres. Le passage de l'aide gouvernementale au
pourcentage du tarif signifie aussi que seule l'augmentation des tarifs des
services pourra désormais absorber l'augmentation des coûts des
garderies, le gouvernement défrayant 40 % de l'augmentation pour les
personnes les plus démunies. lI faut souligner l'augmentation de l'aide
gouvernementale à 75 % des coûts de développement des
garderies sans but lucratif. C'est un progrès intéressant qui
permettra aux conseils d'administration de démarrer sans traîner
une trop forte dette. (12 h 30)
En fait, les garderies qui paient peu pour se loger profiteront de cette
nouvelle formule, de même que celles qui ont un fort taux d'occupation.
Un certain nombre de garderies, d'après Concertactlon
Interrégionale des garderies du Québec, pourraient toucher des
sommes additionnelles allant jusqu'à plus de 30 000 $ et d'autres
recevraient moins qu'avec le mode de financement actuel. Même celles qui
toucheraient plus d'argent devraient quand même, à l'avenir,
augmenter leurs tarifs pour couvrir l'augmentation des dépenses. On le
comprend vite, ce nouveau mode pousse à l'augmentation des tarifs et
à la recherche de parrainage. Il va aussi dans le sens d'accroître
l'écart entre les garderies en milieu défavorisé et les
autres. Si le niveau d'aide aux parents était plus élevé
ou si le pourcentage d'aide aux services de garde couvrait une partie plus
grande des coûts salariaux, la formule du pourcentage pourrait être
intéressante, mais ce n'est pas le cas.
Les garderies à but lucratif n'ont jamais été
subventionnées. Les parents usagers recevaient l'exonération
même si le gouvernement provincial n'était pas remboursé
à 50 % comme pour la plupart des autres dépenses, sauf la garde
en milieu scolaire. L'énoncé rompt avec cette politique.
Les services de garde en milieu scolaire doivent aussi s'autofinancer
même s'ils utilisent les locaux fournis par les commissions scolaires.
L'énoncé ne compte que sur les tarifs aux parents pour augmenter
le niveau des ressources. Le gouvernement se contente d'indexer l'inacceptable
situation actuelle.
L'énoncé promet la subvention de 5,75 $ pour les poupons.
Il propose du même souffle de passer à la garde de six enfants
à la condition qu'au moins deux enfants aillent à l'école.
Cela signifie pour les responsables plus de travail pendant une bonne partie de
la journée avec des enfants d'âges différents. Ce type de
garde n'est pas beaucoup développé. Il pourrait être
souhaitable pour les poupons dont ies parents n'ont pas de congés
parentaux suffisants, mais la difficulté de trouver des responsables de
garde en milieu familial qui donnent des reçus et permettent aux parents
de toucher l'aide gouvernementale s'explique par !e faible revenu qu'ils
touchent. Ce n'est pas l'énoncé qui fera beaucoup changer la
situation malgré les améliorations au financement des agences de
garde.
La Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec est déçue. L'énoncé n'apporte pas de
soulagement significatif au fardeau financier que doivent assumer les parents
à revenus faibie et moyen. C'est inacceptable qu'ils payent un si fort
prix pour avoir des enfants sur lesquels, finalement, toute la
société compte pour sa survie, pour sa prospérité,
pour payer ses services et même ses régimes de retraite. Depuis
longtemps, les parents, les travailleurs et travailleuses
préoccupés par la quaiiîé des services de garde, se
disent qu'un jour ce sera leur tour et qu'on mettra enfin, dans ies services de
garde, l'argent nécessaire pour qu'ils arrêtent de survivre en
tirant Se diable par la queue, en lésinant sur ies salaires et ies bouts
de chandelles. La ministre vient leur dire que la situation qu'ils
espéraient temporaire, digne des pionniers, deviendrait la situation
permanente des services de garde au Québec.
C'est inacceptable, en effet, que l'énoncé ne
prévoie pas de moyen de payer un salaire décent aux personnes qui
travaillent dans les services de garde. Comment concilier la formation qu'on
les incite à prendre avec ies salaires actuels moyens de 6,31 $ l'heure
dans les garderies à but lucratif, de 8,33 $ dans les garderies sans but
lucratif et d'environ 10 $ l'heure, 25 heures par semaine, dans les services de
garde en milieu scolaire? Cette situation entraîne un fort roulement de
personnel alors que les garderies devraient représenter la
stabilité pour les enfants.
Nous devons donc faire le triste constat que l'énoncé de
politique ne s'attaque pas à la question si importante de
l'accessibilité à des services de garde. Or, nous pensons que
c'est à l'accessibilité à des services de garde de
qualité que ies Québécois et Québécoises
aspirent même s'ils doivent en payer le prix. Depuis longtemps, nous
sommes consultés sur la politique familiale. Nous avons dit à
plusieurs reprises et avec force que nous voulons que les families puissent
avoir tous les enfants qu'elles veulent. Un réseau public de service, de
garde accessible à tous et à toutes et de qualité est plus
que jamais indispensable à l'atteinte de cet objectif.
Mme Grenier va continuer la lecture.
Le Président (M. Leclerc): Je m'excuse, mais le temps qui
vous était alloué est presque terminé. Est-ce qu'on a le
consentement des deux côtés pour que nous déduisions ce
temps sur le temps qui leur est dévolu?
Une voix:...
Le Président (M. Leclerc): Cela va. Vous pouvez
continuer.
Mme Grenier (Claude): En ce qui a trait au développement
des services de garde, la FTQ s'est réjouie à l'annonce de la
ministre Gagnon-Tremblay de doubler le nombre de places de garde d'ici cinq ans
en créant 60 830 nouvelles places dans les services de garde
régis par la loi pour répondre aux besoins des parents.
Toutefois, à l'analyse des chiffres et des propositions de la ministre,
nous avons été quelque peu surpris et même
inquiétés. Nous nous sommes même demandé s'il
existait une volonté politique suffisante et si les moyens
adéquats avaient été prévus pour la soutenir.
L'étude de l'évolution des budgets et des places de garde
depuis les débuts nous a permis de constater combien le
développement s'était ralenti depuis 1986-1987. De 31,5 %
d'augmentation en 1985-1986, les budgets des services de garde n'ont
augmenté successivement que de 13 % et 15,5 % et, pour 1988-1989, de
10,1 %. Jamais, même pendant la crise, la croissance n'a-t-elle
été aussi faible. Évidemment, l'évolution du nombre
de places suit à peu près le budget. Nous avons été
frappés par le fait que, depuis la crise où la création de
nouvelles places n'avait été que de 7,8 %, ce serait la
première fois en 1989, après six ans de croissance
économique, qu'on retrouverait un pourcentage aussi faible, soit 7,9
%.
Il nous apparaît évident que le gouvernement du
Québec s'est inscrit dans une position attentiste à l'endroit de
l'annonce du programme fédéral. Au lieu de poursuivre le
développement des services que le RAPC continuait toujours de
subventionner à raison de 50 % pour les garderies sans but lucratif
à contrôle des parents, il a attendu que le projet de loi C-144
soit déposé. Nous en profitons pour vous faire remarquer que
notre centrale a été la seule centrale syndicale
québécoise à se faire entendre lors de l'étude du
projet de loi C-144 et nous n'avons pas mâché nos mots. Je cite:
Toutefois, nous sommes en faveur d'une aide financière venant du
fédéral à la condition de laisser au Québec sa
pleine autonomie, une marge de manoeuvre complète ainsi que
l'exclusivité de sa compétence."
Le tableau 2 de l'énoncé sur lequel la ministre fonde ses
calculs de besoins peut être mis en doute sur les statistiques et sur les
préférences des parents. En novembre 1988, le taux
d'activité des femmes mariées avec au moins un enfant d'âge
préscolaire est de 3,7 % plus élevé que celui de
décembre 1986 dont se sert la ministre. Depuis, la ministre se sert des
sondages faits auprès des parents pour déterminer sa politique de
développement des places de garde, alors qu'il semble plausible que les
parents aient manifesté leur choix en se guidant, d'une part, sur les
services qu'ils connaissaient déjà et, d'autre part, sur les
coûts qu'ils peuvent payer. Il en va ainsi des services de garde en
milieu scolaire. Des sondages peuvent donner des indications. Nous ne pouvons
être d'accord pour en faire des objectifs de politique gouvernementale.
La ministre ne devrait pas, non plus, accepter comme un fait acquis la tendance
actuelle à la dénatalité dans l'établissement de
son orientation. Nous pourrions y lire une démission inacceptable
surtout quand nous savons la place des services de garde dans le choix de la
maternité.
L'énoncé annonce les priorités gouvernementales: la
garde en milieu scolaire, la garde en milieu familial de même que les
garderies en milieu de travail.
La FTQ a fréquemment demandé qu'on porte une attention
spéciale aux garderies en milieu de travail. Aussi, sommes-nous
satisfaits de constater que la ministre dise donner priorité à
cette demande. Nous nous étonnons cependant de constater que nulle part
dans l'énoncé il n'est fait mention du rôle du syndicat
dans une telle éventualité. Pourtant, un certain nombre de nos
syndicats du secteur privé, en ce moment même, sont inscrits dans
une démarche devant mener à la création de garderies en
milieu de travail. Il en est ainsi à Canadair, par exemple, de
même que dans des usines de textile en dehors de Montréal et
à Montréal.
Aussi, l'absence totale des syndicats de tout l'énoncé
nous inquiète-t-elle, mais également l'intention annoncée
par la ministre d'étudier les moyens susceptibles de faciliter aux
entreprises l'ouverture de services de garde au bénéfice de leur
personnel. Par rapport à leurs enfants, les parents sont les parents.
Voilà pourquoi le rôle du syndicat dans la mise sur pied et le
fonctionnement ultérieur de la garderie nous semble si important. Autant
notre congrès a voulu que les employeurs fassent leur part, autant il
n'a pas voulu assujettir l'éducation des enfants des travailleurs et
travailleuses au seul désir de ces mêmes employeurs.
Quand on sait le rôle joué par les syndicats dans la mise
sur pied des garderies dans les secteurs public et parapublic, garderies qui
sont ouvertes aux gens du quartier, on s'étonne d'autant plus de l'oubli
de la ministre. Par ailleurs, il est évident que c'est loin d'être
toutes les entreprises qui réunissent les conditions nécessaires
à l'établissement d'une garderie: du bassin de population jeune
aux conditions physiques des lieux. Enfin, il est évident que, dans
beaucoup de cas, la précarité des emplois, leur durée
déterminée ou leurs interruptions vont rendre impossible
l'instauration d'une garderie.
Mais il y a autre chose. Nous comprenons aussi fort bien pourquoi, en
Suède, on privilégie les garderies de quartier. "Il est donc rare
que les garderies soient situées à proximité des lieux de
travail. On a jugé important pour les enfants que les services
préscolaires se trouvent dans
leur zone d'habitation et que, dans la mesure du possible, les enfants
n'aient pas à faire de grands déplacements pour s'y rendre. Du
point de vue; des salariés également, les garderies liées
à un lieu de travail donné sont considérées comme
impliquant une dépendance regrettable par rapport aux entreprises
où des services d'accueil sont disponibles pour les enfants:"
Disons clairement qu'un long; trajet dans les transports; en commun peut
rendre tout à fait inadéquates des garderies en milieu de
travail; par ailleurs bierr organisées, et ce, autant pour les enfants
que pour les parents. Il faut considérer également que de
nombreux emplois sont susceptibles d'être interrompus par une mise
à pied temporaire ou: par la durée déterminée d'un
contrat Par ailleurs, des parents peuvent ne pas vouloir être
dépendants de leur travail pour la gardé; de leurs enfants pour
toutes sortes de raisons;
Les services de garde de quartier offrent la possibilité de
là. stabilité dans la garde des enfants, de la garderie aux
services de garde en; milieu scolaire. Milieu; de vie, le quartier et ses
institutions à contrôle des parents peuvent assurer
une1 socialisation, qui complète la vie familiale- sans
discontinuité: Pour beaucoup de parents, travailleuses et travailleurs,
ce choix peut sembler plus attirant que le transport des enfants dans un
milieu, étranger sinon hostile à la présence des
enfants.
Pour toutes ces considérations, nous estimons que les garderies
en milieu de travail ne peuvent être laissées aux seuls bons soins
de l'entreprise. Nous voulons donc nous assurer que l'Office des services de,
garde à. l'enfance ne donnera de permis en. entreprise qu'à des
garderies sans but lucratif et contrôlées par les parents. Nous ne
pouvons d'aucune façon prendre le risque social que les parents perdent
leur indépendance face à la manière dont leurs enfants
sont gardés; Autrement, nous pourrions faire porter notre
référence sur des garderies à proximité de
l'entreprise ou sur des garderies de quartier pour maintenir
l'indépendance des parents dans l'orientation du rôle
éducatif de la garderie et face à leur employeur. De toute
façon; il nous semble indispensable de préciser que les garderies
; en milieu de travail doivent être ouvertes aux enfants du
quartier.
Finalement; ces questions réglées, il nous faut dire que
parler de priorité nous semble quand même un peu abusif compte
tenu du fait que nous n'avons aucune idée de la répartition des
permis de développement: De plus, le tableau 5 nous fait voir que cette
année, pour la première fois dans l'histoire des garderies, le
nombre de places développées dans les garderies à- but
lucratif a dépassé celui des places développées
dans les garderies sans but lucratif.
En fait, l'attitude de la ministre envers les entreprises nous laisse
songeurs. Autant la FTQ et ses syndicats affiliés ont accepté de
participer, de discuter et de négocier avec les entreprises, autant nous
savons que les intérêts de celles-ci ne coïncident pas
nécessairement avec ceux de toute la société. Aussi, quand
la ministre propose aux entreprises de s'engager plus activement dans le
développement des services de garde, notamment en participant à
part entière à la planification régionale, en soutenant
activement les services de garde existants ou encore la mise sur pied d'un
nouveau service tant en milieu de travail qu'à proximité des
milieux de travail, nous trouvons qu'elle attend beaucoup d'elles sans rien
exiger.
La FTQ et ses syndicats ont su trouver dans le passé le moyen
adéquat d'intervenir dans les situations où des besoins sociaux
s'exprimaient; Corvée-habitation et le Fonds de solidarité des
travailleurs du Québec en sont destémoignages éclatants.
Qu'on nous ignore au profit des seuls employeurs dans la concertation pour
combler un urgent besoin social comme les services de garde nous vexe
profondément et nous inquiète.
Manifestement, la ministre met beaucoup d'espoir dans la garde en milieu
familial coordonnée par une agence. Compte tenu des problèmes
déjà survenus liés à la faible
rémunération des responsables, nous doutons de la justesse des
prévisions. Nous sommes en désaccord; avec le ratio
proposé de six enfants gardés à la condition; qu'au moins
deux soient d'âge scolaire. Nous pensons que c'est un mauvais moyen de
régler le problème des faibles revenus des responsables.
L'énoncé ne tient pas compte de cette liaison
nécessaire à faire entre garderie et; garde d'âge scolaire
et ne propose nulle part; de donner le mandat à l'OSGE de s'en
préoccuper. Par ailleurs, et c'est, majeur, comment peut-on avoir la
certitude de créer 16 335 places en milieu scolaire d'ici trois ans
quand le projet de loi 107 sur l'éducation a été
adopté en décembre dernier sans qu'aucune, obligation ne soit
faite à la commission scolaire d'organiser des services de garde
à la demande des parents? On sait les réticences des commissions
scolaires, des directions d'école et du personnel devant la
possibilité d'organiser la garde dans leurs locaux. Jusqu'à un
certain point, on peut les comprendre, mais comme société on ne
peut plus se permettre que les locaux des écoles se vident à 15
heures et que les enfants s'en retournent seuls à. la maison, la
clé au cou.
Certains petits pays nordiques dont nous; pouvons nous inspirer sont
parvenus à faire un véritable réseau de prise en charge
des enfants, allant même dans certains cas jusqu'à 16 ans, en
utilisant mieux les locaux des écoles, les gymnases, les terrains de
sport et les bibliothèques, alliant loisirs et formation, jouant un
rôle éducatif et préventif. (12h45)
Le personnel: est partiellement, formé des professeurs de
l'école, qui peuvent ainsi travailler à temps plein, et d'une
autre équipe d'éducateurs spécialement formés
à cette fin. Nous
disposons au Québec de tous ces équipements souvent
sous-utilises et combien de personnes compétentes et sans emploi
actuellement n'attendent que cette occasion de travailler utilement. Il faut la
volonté politique pour le faire. Celle-ci passe par le droit des parents
d'exiger dans toutes les écoles, y compris l'été et lors
des journées pédagogiques, la mise sur pied d'un service de
garde.
Parmi les clientèles particulières, nous estimons que le
cas des enfants malades n'a pas du tout été traité. Il
nous semble pourtant important. Le cauchemar des familles face à la
maladie qui empêche un enfant d'aller à la garderie et à
l'école peut être diminué par des congés parentaux,
mais ceux-ci ne sont pas suffisants. Or, la réticence des entreprises
face à la maternité de leurs employées est souvent
davantage liée à ce phénomène des absences
nombreuses et imprévues pour cause de maladie d'enfant qu'à la
grossesse elle-même. L'énoncé de la ministre fait largement
état de sa préoccupation à l'endroit de la
productivité des entreprises qui fonde, on l'a vu, son raisonnement sur
les services de garde. Il nous semble que la question de la garde des enfants
malades pourrait faire l'objet d'études où congés
parentaux, infirmeries dans les grandes garderies et gardiennes de
dépannage formées à cet effet pourraient se
compléter.
Le Président (M. Leclerc): Je m'excuse, madame. On a
déjà dépassé le temps de dix minutes. Est-ce qu'il
serait possible d'en arriver à la conclusion?
M. Daoust: Oui, nous allons passer immédiatement, si vous
voulez, au rappel de nos positions. Sans toutes les lire, on peut
peut-être essayer de les résumer.
C'est vraiment au congrès de 1977 que la FTQ votait les bases de
sa politique sur les services de garde et nous reproduisons dans le document la
résolution qui avait été acceptée à ce
moment-là. En 1979, nous précisions nos orientations qui avaient
été tracées au congrès précédent et,
à l'égard des garderies, nous disions: "La société
québécoise doit reconnaître le droit aux parents de
bénéficier d'équipements collectifs pour la garde de leurs
enfants." Nous rappelions l'acte éminemment social qui est celui de la
maternité. Nous réclamions un réseau universel et gratuit
de garderies et nous demandions au gouvernement de définir un
véritable plan de développement d'un tel réseau qui devait
répondre aux besoins des enfants de 0 à 12 ans. Nous disions:
"À long terme, lorsque des services de garde gratuits seront
accessibles, les parents d'enfants d'âge préscolaire qui
choisiront de demeurer à la maison pour s'en occuper
bénéficieront d'une exemption d'impôt équivalente au
coût qu'assumerait l'État si ces enfants étaient
confiés à des garderies." Aussi, en 1977, nous parlions de
maternelles à temps plein et de services d'appoint dans les
écoles élémentaires.
Je voudrais conclure, puisque le temps nous presse un peu, avec nos
principales revendications. Nous avons établi que les services de garde
étaient trop coûteux pour les familles à faible revenu et
à moyen revenu et que le financement prévu ne permettait pas
d'alléger de façon significative ce fardeau, ni de payer
décemment le personnel. Par ailleurs, la société a un
intérêt strict à assurer aux parents des services de garde
accessibles et de qualité. Voilà pourquoi la FTQ tient à
rappeler que l'objectif que nous devons nous fixer comme société
est plus que jamais un réseau public, universel et gratuit. Pour y
parvenir, nous proposons que la part du budget consacrée aux services de
garde augmente immédiatement de façon à prendre en charge,
graduellement, une part de plus en plus grande du fardeau des parents et ce,
jusqu'à la gratuité. Nous nous opposons - nous l'avons
mentionné dans ce mémoire - aux subventions aux services de garde
à but lucratif.
Je vais lire la conclusion. Cela va me prendre une minute. Nous avons
étudié attentivement votre énoncé de politique, Mme
la ministre. Nous avons cherché à y retrouver ce qui aurait pu
constituer une étape dans l'atteinte de nos objectifs depuis longtemps
fixés et plus que jamais actuels. Nous devons vous dire que nous avons
été déçus, vivement déçus. Nous avons
salué au passage l'annonce de l'augmentation du nombre de places, du
plan de développement de cinq ans, du 1 % alloué à la
formation, de la priorité aux garderies en milieu de travail, mais
l'enthousiasme n'y est pas. Il y a trop longtemps que les problèmes
s'accumulent, que les parents ploient sous la charge ou sont obligés de
la refuser, que nous nous sommes consultés sur les mêmes sujets.
La mesure est pleine.
L'énoncé ne propose que quelques aménagements.
Pourtant, notre société, pour survivre, doit innover,
créer, mettre en commun ses énergies et surtout investir dans sa
jeunesse plus que jamais sa ressource la plus précieuse. Il lui faut
aider les parents à accueillir tous les enfants qu'ils veulent et leur
assurer les meilleures conditions de développement affectif, social et
intellectuel. Il lui faut faire en sorte que les quartiers soient des milieux
de vie pour les enfants et qu'ils leur assurent socialisation,
développement, prise en charge. Il lui faut offrir l'exemple d'hommes et
de femmes qui, à égalité, partagent le travail, les
responsabilités et les espoirs. Nous estimons que devant un tel dossier
le gouvernement doit se ressaisir.
Le Président (M. Leclerc): Je vous remercie. Juste un
instant, Mme fa ministre. Je voudrais statuer sur le temps. Il reste douze
minutes à chacune des formations politiques. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous remercie, M. le Président. Je
voudrais remercier la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec, M. Daoust, Mme
Vaillancourt, Mme Grenier et Mme Carolle Gingras, pour votre exposé.
Avant d'aborder la question du financement, je vais passer immédiatement
à la question de la garde en milieu de travail.
Vous dites que vous êtes d'accord avec l'implantation de garderies
en milieu de travail tout en ajoutant, par contre, certaines réserves
parce qu'on sait qu'on ne peut pas en implanter partout, dépendamment du
milieu, des lieux physiques, du bassin de population. Comme vous le savez sans
doute, des 116 garderies en milieu de travail existantes, 17 services ont
été mis sur pied par des sociétés d'État ou
des entreprises privées. Toutes ces garderies sont des corporations sans
but lucratif gérées par les parents et subventionnées par
l'Office des services de garde à l'enfance.
Vous mentionnez, à la page 18 de votre mémoire, que les
garderies en milieu de travail ne peuvent être laissées aux seuls
bons soins de l'entreprise et qu'aucun permis ne devrait leur être
accordé. Vu les avantages financiers liés à la
création d'organismes distincts, vu que le gouvernement, par exemple,
subventionne ces corporations sans but lucratif qui sont gérées
par les parents, pourquoi, d'après vous, une entreprise
implanterait-elle une garderie à but lucratif et pourquoi vous
inquiéter d'une situation qui, vraisemblablement, ne semble pas
exister?
Mme Vaillancourt: La situation n'existe peut-être pas
présentement. Dans votre projet de loi, vous favorisez beaucoup les
garderies en milieu de travail. Le syndicat doit être partie prenante
à l'implantation de ces garderies en milieu de travail et cela doit
être sans but lucratif. De toute façon, tout notre mémoire
est orienté vers des garderies sans but lucratif parce qu'on se dit
qu'il n'y a pas de profits à faire quand on parie de services de
garde.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais lorsque nous avons décidé
de "prioriser" certaines places pour le milieu de travail au cours des deux
prochaines années, c'était notre intention d'ouvrir des garderies
en milieu de travail, mais des garderies sans but lucratif, des corporations
sans but lucratif, comme cela existe actuellement; en somme, ce sont des
corporations comme une garderie de quartier qui fonctionne avec un
comité, un conseil d'administration composé majoritairement de
parents et gérée par les parents, donc complètement
différente d'une garderie à but lucratif.
Mme Vaillancourt: Là où il y a un syndicat, est-ce
que la partie syndicale est partie prenante au conseil d'administration?
Mme Gagnon-Tremblay: Cela dépend si les éducatrices
et les éducateurs sont des personnes syndiquées. À ce
moment-là, c'est un peu comme dans toutes les autres corporations sans
but lucratif, dans toutes les autres garderies, ce sont les parents qui sont
à la base de l'implantation de cette garderie et on ne consulte pas les
syndicats lors de son implantation. Donc, c'est un peu la même chose. Par
contre, comment percevez-vous votre rôle comme syndicat dans
l'implantation des garderies en milieu de travail? Est-ce que cela doit
être négocié dans les conventions collectives ou si on doit
en laisser vraiment aux parents la gestion? Comment percevez-vous votre
rôle?
Mme Vaillancourt: Je vais d'abord revenir à ce que vous
dites, à savoir si on doit en laisser aux parents la gestion. C'est un
point de votre projet avec lequel on n'est pas d'accord. Les parents ne doivent
pas faire partie de la gestion de la garderie. Ils doivent faire partie de
l'orientation qui va être donnée à la garderie. C'est une
différence.
Mme Gagnon-Tremblay: Qui doit gérer d'après vous,
Mme Vaillancourt? Qui doit gérer la garderie?
Mme Vaillancourt: Un conseil d'administration. À ce
conseil d'administration, il peut y avoir des parents et la partie syndicale,
mais les parents qui sont membres et qui font partie du regroupement de la
garderie ne doivent pas nécessairement parler d'administration. Ils
doivent plutôt parler d'orientation, ce qui est une chose tout à
fait différente, et on ne l'a pas retrouvé dans votre projet de
loi. On parle de gestion mais on ne dit pas que les parents doivent faire
partie intégrante de l'orientation donnée à la
garderie.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qu'on essaie d'éviter c'est qu'il
y ait deux formes de conseils d'administration, c'est-à-dire qu'un
conseil d'administration qui est composé majoritairement de parents doit
s'occuper de tout le volet pédagogique pour l'enfant et en même
temps, de la gestion de la garderie. C'est sûr que ça prend
quelqu'un pour gérer la garderie aussi.
M. Daoust: À l'égard du rôle des syndicats,
rappelons qu'il est tout à fait normal et souhaitable... Quant à
nous, nous allons et nous avons provoqué des prises de conscience
à l'égard du rôle des syndicats dans l'implantation des
garderies en milieu de travail, bien que nous ayons beaucoup insisté
dans notre mémoire sur une orientation qui se voudrait beaucoup plus
orientée vers la création de garderies de quartier. En milieu de
travail, rappelons que les syndicats jouent déjà un très
grand rôle. Souvent, c'est le détonateur pour que des garderies y
soient créées. Au moment des négociations, au moment des
grandes demandes qui sont formulées par l'ensemble des syndiqués,
on assiste au phénomène suivant: Des syndicats se font les
porte-parole des parents et véhiculent, aux tables de
négociation, une demande de ce type, à savoir qu'une garderie
soit constituée en milieu de travail. Ils sont donc parties prenantes
quant à la décision qui est prise éventuellement en ce
sens de créer des garderies en milieu de travail. Dans les secteurs
public et parapublic, c'est connu, le rôle des syndicats, et vous
êtes sans doute au courant. Cela a été abordé
souvent lors des négociations dans les secteurs public et parapublic et
dans le secteur privé. C'est le même phénomène.
C'est souvent, encore une fois, mais je ne dis pas que c'est toujours le cas,
à la suite d'une prise de conscience des syndiqués,
véhiculée par leur syndicat, que les garderies sont
créées en milieu de travail.
Maintenant, nous ne demandons pas que le syndicat fasse partie, de
façon formelle, du conseil d'administration. Il appartient aux parents -
vous l'avez mentionné, dans les conseils d'administration on retrouve
les parents - d'y être omniprésents sans aucun doute. Qu'il y ait
des représentants du syndicat, qu'il y ait des représentants de
l'entreprise... Il me semble que les deux parties devraient être sur un
pied d'égalité quant à leur présence à
l'intérieur des conseils d'administration ou de tout autre type de
structures qui puissent encadrer la création, le fonctionnement et les
grandes orientations d'une garderie en milieu de travail. Mais, encore une
fois, c'est une très grande revendication syndicale, bien que, je le
répète, quand on parie d'un réseau universel, accessible
et gratuit, on puisse privilégier, évidemment, dans un premier
temps, des garderies de quartier, mais il n'est pas exclu qu'on appuie... Loin
de là, on le dit dans notre mémoire, dans le secteur du
vêtement, et Mme Vaillancourt est bien au courant, et dans d'autres
secteurs - on parle de Canadair mais il y a d'autres milieux - de plus en plus
les syndicats font les efforts qui s'imposent pour que des garderies soient
créées en milieu de travail. Peut-être que Mme...
Mme Gag non-Tremblay: Oui, Mme Gingras.
Mme Gingras (Carolle): Le volet du contrôle par les parents
dans le domaine des garderies en milieu de travail est fondamental dans le
mémoire, dans la mesure où on veut s'assurer que les parents
voient vraiment à tout l'aspect du fonctionnement, mais aussi, comme le
soulignait ma consoeur, à l'aspect de l'orientation de la garderie. On
n'aimerait pas beaucoup que cette garderie qui serait créée dans
un milieu de travail soit contrôlée unilatéralement par les
employeurs. Ce que nous trouvons, dans l'énoncé de politique,
c'est qu'on a comme oublié cette présence des syndicats dans les
milieux de travail. Nous, on se dit que c'est probablement dû à un
oubli, mais on vous rappelle l'importance du rôle qu'on a joué. Je
pense que l'un des exemples qu'on peut citer c'est la venue des programmes
d'accès à l'égalité dans les entrepri- ses.
À l'intérieur même des problèmes qu'on fait
ressortir dans les analyses qui doivent être faites et qui
précèdent l'implantation des programmes, souvent, la question de
la conciliation maternité - responsabilités au travail est
soulevée. Cette question des services de garde est présente et,
par ce biais, les syndicats sont conscients qu'Us veulent la mettre en
évidence et jouer un rôle. (13 heures)
Ce volet, particulièrement à la page 18 du mémoire,
quand on dit: "contrôlées par les parents", ça nous
apparaît fondamental et c'est très lié à toute la
consultation qui doit être faite au préalable. On n'aimerait pas
que, dans une entreprise, on vienne dire: D'ici à six mois, on
s'amène avec un ratio de 15 % de garderies supplémentaires. On
sait que, dans votre énoncé de politique, il n'y a pas de ratio.
Nous, on s'est posé la question: Si, demain matin, on nous disait qu'on
nous donne 500 garderies en milieu de travail, nous pensons qu'avant de faire
ça il faudrait évaluer, à l'origine, dans les milieux de
travail, les besoins qu'il y a et, par la suite, voir de quelle façon on
pourrait mettre en place ces garderies. Donc, cette consultation au
préalable doit être faite auprès des travailleurs et
travailleuses et des syndicats en place.
Mme Gagnon-Tremblay: Une dernière question quant à
la nouvelle formule de financement. Vous dites que, si le niveau d'aide aux
parents était plus élevé ou si le pourcentage d'aide aux
services de garde couvrait une partie plus grande des coûts salariaux, la
formule du pourcentage pourrait être intéressante. Est-ce qu'on
doit comprendre que ce n'est pas la formule en soi qui pose un problème,
mais bien le niveau de financement?
Mme Gingras: Exactement.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est le niveau de financement?
Mme Gingras: C'est vraiment le niveau de financement. Je pense
que les tableaux qui apparaissent à la page 9 le prouvent, le
financement, l'aide apportée et tout, c'est vraiment un problème
quand on regarde l'évolution, compte tenu de ce que ça
coûte aux parents par rapport au pourcentage du revenu. Nous disons que
du côté de l'aide, compte tenu du coût, il faudrait regarder
plus attentivement, pour essayer d'augmenter cette aide. Le financement est
fondamental.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. C'est un bon
mémoire, c'est un des bons mémoires qu'on a
reçus devant la commission. On a commencé nos travaux le 7
février et nous sommes le 7 mars. Vous voyez, ça fait
déjà un mois, malgré qu'il y ait eu une semaine de
relâche parce que la commission a siégé pour autre chose,
et, pourtant, votre mémoire nous apporte un éclairage nouveau.
C'est la première fois qu'on voit ce qui apparaît à la page
3 de votre mémoire, soit les taux d'activité des femmes sur le
marché du travail. On avait des taux d'activité pour
l'année 1985, mais, pour 1988, c'est la première fois qu'on en
voit. Tout de suite, on voit que l'énoncé sous-estime le taux
d'activité des femmes parce qu'il prévoit 57,8 % pour les cinq
ans à venir. C'est déjà dépassé depuis
longtemps. Vous nous faites constater que les femmes mères d'enfants de
3 à 5 ans ont déjà un taux d'activité de 65 %.
L'énoncé est déjà en retard avant même
d'avoir été retenu.
Un autre aspect. Ce que vous nous apportez concernant le travail est
très intéressant parce que c'est vrai qu'actuellement les
garderies en milieu de travail sont toutes à but non lucratif et
qu'elles sont toutes contrôlées par les parents, sauf que la
presque totalité sont dans les milieux de travail des secteurs public et
parapublic. Le Conseil du patronat est venu nous indiquer son intention d'en
développer. Il était entouré de gens qui dirigent des
services de garde à but non lucratif. La discussion s'est très
bien déroulée, mais, la semaine suivante, le seul
communiqué paru sur telbec pour appuyer le réseau de garde
privé est parvenu du Conseil du patronat. Je ne sais pas si leur appui
public par un telbec va aller jusqu'à inciter l'implantation de
garderies privées dans les milieux de travail. C'est une question qui
n'est pas innocente, ce n'est pas une question insignifiante, ce n'est pas une
question qui a l'air de rien puisque la moitié des places prévues
en développement de garderies le sont pour le milieu de travail, mais ce
n'est pourtant pas, comme vous le soulignez, la préférence des
parents.
Une question: Quelle est la participation que vous souhaitez à la
planification régionale? Vous dites, à la page 22 de votre
mémoire, que vous voulez - je trouve ça légitime, je
trouve ça intéressant - faire partie des organismes qui seront
conviés pour discuter de la planification régionale.
Un autre élément de votre mémoire que je voyais
pour la première fois, c'est que, finalement, chaque fois -
indépendamment des gouvernements qui se sont succédé - que
le financement de l'État a diminué, il y a eu augmentation du
nombre et de la création des garderies privées. C'est comme
inversement proportionnel. Quand le financement de l'État diminue une
année, vous avez un nombre plus important de garderies privées
qui sont créées. Vraiment, cela se voit bien à la lecture
des tableaux que vous nous avez présentés. Qu'est-ce que vous
entendez, à la page 11, par le fait que la subvention de l'État
doit couvrir "une partie plus grande des coûts salariaux"? Tout le monde,
en fait, tout le monde ou presque du côté où vous
êtes, s'entend pour dire que 8,33 $, c'est dérisoire. Si je
comprends bien, pour vous, ce ne sont pas les parents, avec iss tarifs à
la hausse, qui doivent maintenant couvrir cette partie. J'aimerais vous
entendre sur ça. Quel serait un salaire raisonnable?
M, Daoust: À l'égard de votre...
Mme Harel: Cela en fait beaucoup mais on n'a pas beaucoup de
îemps. J'ai tout posé...
M, Daoust: Oui. Très rapidement, à l'égard de votre
toute première question, nous avons indiqué que nous
étions vraiment agacés, outrés ou même vexés
qu'on ne tassa pas place, clans ce document, au rôle des syndicats, entre
autres en ce qui a trait à la planification régionale. C'est
dilué dans le texte, si je me souviens bien. C'est comme si on avait
peur de mentionner qu'on existe, nous. On parle de l'entreprise qu'on salue au
passage, mais i! n'est jamais question, dans ce document, à quelque
endroit que ce soit, du rôle des syndicats, je dirais même de leurs
responsabilités à l'égard de la planification
régionale. Il est question qu'elle aura pour but de connaître de
façon plus précise les besoins des parents en tenant compte de
leur préférence, des forces du marché, des restrictions
liées aux disponibilités financières, aux priorités
de la communauté sur un territoire donné. Mais, encore une fois,
on est écartés, c'est comme si on était
évincés. Cela nous a choqués, pour être bien
francs.
Le rôle des syndicats peut être multiple. Les syndicats sont
à l'écoute de ce qui se passe dans les milieux de travail. C'est
une des voies, sinon la plus importante, selon nous, pour exprimer les besoins
qui sont ressentis par ceux qui oeuvrent quotidiennement dans tous les milieux
de travail. Et de s'appuyer à peu près exclusivement sur ce que
peut penser, croire ou souhaiter l'entreprise comme telle, c'est-à-dire
les employeurs, cela nous semble inacceptable. On ne dit pas qu'on devrait nous
créer une petite place dans un coin caché, loin de là, on
dit que les syndicats devraient être formellement invités à
participer à ces études, ce cheminement, ces réflexions
sur la planification régionale afin qu'ils puissent, encore une fois,
véhiculer les besoins et ies sentiments de ceux qui appartiennent
à ces différents syndicats qui sont regroupés dans des
structures comme la FTQ.
À l'égard des deux autres questions, peut-être
que...
Mme Vaillancourt: Est-ce que vous pourriez répéter
votre question?
Mme Harel: La subvention de l'État doit couvrir "une
partie plus grande des coûts salariaux"; on retrouve ça à
la page 11 de votre
mémoire.
M. Daoust: Oui. Écoutez, les modalités sont un peu
plus complexes. Quant à nous, on sait qu'il y a un problème
fondamental de financement. Mais la profonde injustice, celle qui est tout
à fait inacceptable, c'est de voir que des gens à qui on confie
des tâches de cette Importance... Ce n'est pas une marchandise de garder
des enfants. Je ne veux assimiler d'aucune espèce de façon la
garde des enfants à quelque produit - bien que ce soit un service sans
aucun doute - qu'on fabrique. Quand on voit les taux de salaire et les
conditions de travail, c'est vraiment bouleversant. C'est entre 6 $, 10 $ ou 11
$ l'heure, je ne sais trop: 6,31 $ peut-être comme moyenne; 8 $ ou 8,50
$, peu importe, quand ce sont des garderies privées à but
lucratif; 10 $, 11 $ ou 12 $, quand c'est en milieu scolaire. Bien, c'est
profondément scandaleux que, nous, comme société,
collectivement, on ne reconnaisse pas le rôle de ces gens-là de
qui on exige des compétences, dans certains cas, ou de qui on devrait
exiger de très grandes compétences parce qu'on leur confie - je
ne m'étendrai pas beaucoup là-dessus - le soin et la garde de nos
enfants. Alors, il faut trouver des moyens pour que ces gens qui sont
honteusement exploités - on en est tous responsables mais les
gouvernements sont là pour corriger les injustices - puissent enfin
avoir des salaires décents et normaux, une plus grande stabilité
d'emploi et une plus grande sécurité d'emploi. Écoutez,
ça n'a pas de sens. Je ne sais pas de quelle façon on peut
qualifier ça, mais il est scandaleux qu'on ne puisse trouver les moyens,
et je pense que l'occasion nous est présentée à ce
moment-ci, puisque vous êtes là, le gouvernement, pour corriger
ces injustices qui se perpétuent.
Mme Harel: Merci. Je pense, M. le Président... Est-ce
qu'il me reste encore...? Trois? Alors, elles sont à vous. Ha, ha!
J'aime autant vous entendre...
Mme Gingras: Peut-être pour vous dire qu'en cette veille de
la Journée internationale des femmes, nous, à la FTQ, avons
intitulé le 8 mars "Équité salariale, ni plus, ni moins".
Quand on parle des conditions de travail et des salaires de celles et de ceux
qui oeuvrent dans les garderies, nous pensons que ça s'applique
également à ces hommes et ces femmes qui y oeuvrent et, en ce
sens, nous sommes en pleine période de réflexion. Quelques
syndiqués de la FTQ sont avec nous et, en cette veille du 8 mars 1989,
nous espérons qu'on va trouver des moyens, nous, les syndicats, avec
vous, l'État, et tous les groupes, pour que la justice salariale se
fasse une fois pour toutes et non dans 10, 15 ou 25 ans. En tout cas, nous le
souhaitons. C'est un grand débat qui n'est sûrement pas
terminé. Nous, ça fait dix ans que nous l'avons commencé
et nous entendons bien le poursuivre.
Mme Harei: Mme Vaillancourt, vous aviez quelque chose à
ajouter?
Mme Vaillancourt: Je voudrais juste dire que
l'énoncé de politique est très loin de la demande de la
FTQ qui dit que les services de garde devraient être accessibles et
gratuits, et qu'on ne tend pas vers ça, pas du tout. C'est ce qui nous
déçoit. On ne dit pas que, demain matin, on veut que les services
de garde soient gratuits, mais l'énoncé de politique ne tend pas
vers ça et c'est une grande déception pour les 450 000
travailleurs et travailleuses affiliés à la FTQ.
Mme Harel: J'ai pris bonne note, entre autres, d'une
recommandation de votre congrès sur la maternelle, cinq ans, à
plein temps. D'autre part, vous avez parié de la loi C-144 et vous vous
êtes présentés en commission, je vous en félicite.
Ceci dit, tout l'énoncé repose sur le financement qui va
maintenant venir d'Ottawa, puisque, pour l'année qui commence le 1er
avril, la contribution du gouvernement du Québec sera la même.
C'est le statu quo par rapport à celle de l'année qui se termine,
1988, puisqu'en matière de financement de l'Office des services de garde
les 43 000 000 $ de plus viendront essentiellement d'Ottawa, pour 38 000 000 $,
et de Québec, pour 5 000 000 $, pour la garde en milieu scolaire qui est
encore à négocier et qu'Ottawa n'a pas encore convenu de
partager. Mais il y a un autre élément dont on n'a jamais
parlé depuis le début de cette commission: Vous êtes les
premiers à parler de la loi C-144. Cela concerne le fait que, dès
que cette entente sera signée, ou une autre, en fait, qui sera
applicable et qui devrait normalement lui ressembler, si elle est
appliquée avant le 1er avril 1990, le financement fédéral
est remboursé rétroactivement à partir du 1er avril 1988.
C'est donc dire qu'il y aura tout un rattrapage que les gouvernements
provinciaux, y compris celui du Québec, vont pouvoir faire, en
matière de financement déjà fait à la garde...
Le Président (M. Thuringer): Je m'excuse, en conclusion,
s'il vous plaît.
Mme Harel: Alors, M. le Président, ce qui est d'autant
plus inacceptable c'est que Québec ait profité de la nouvelle
contribution d'Ottawa pour se désengager au moment où il aurait
pu avoir la possibilité de faire enfin cette correction salariale qui
s'impose. Mais on aura peut-être l'occasion d'y revenir cet
après-midi.
Je veux que vous sachiez que votre mémoire ajoute des tableaux,
des faits nouveaux, des éléments d'information qui
n'étaient pas encore présents dans l'ensemble du portrait des
services de garde. Je vous remercie.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Trernblay: Ouf, en terminant, et l'aurai l'occasion de
répondre à la députée de Maisonneuve à la
clôture de la commission parlementaire. Mme Vaillâncourt, oui, il
existe effectivement dés différences fondamentales entre notre
position et votre position, puisque nous n'avons pas, comme gouvernement, fait
le choix d'un réseau universel et gratuit. L'objectif que vous visez est
Un réseau universel et gratuit. L'objectif que vous visez est un
réseau universel et gratuit et cet objectif rejoint, entre autres, la
position d'un autre syndicat qui est venu ici la semaine dernière.
L'évaluation sommaire des coûts nous indique que ces
dépenses seraient de l'ordre de 1 900 000 000 $ qu'on devrait effectuer
au cours des prochaines années, c'est-à-dire en 1995-1996. C'est
sûr qu'on avait des choix à faire. D'une part, on nous demande un
développement accéléré, et vous êtes
conscients aussi que nous avons besoin de plus en plus de places et que nous ne
répondrons même pas à 100 % des besoins. D'autre part, nous
devons aussi consolider; nous devons faire un rattrapage de dix ans, puisque
les formules n'ont jamais été indexées au cours des dix
dernières années. Nous devons faire ce rattrapage dans un an.
Vous comprenez que, d'une part, on doive développer et que, d'autre
part, on doive consolider, permettre aux éducatrices et aux
éducateurs d'avoir de meilleures conditions de travail, mais on nous
dit, par contre, que les parents n'ont plus le moyen de payer et l'État,
malheureusement, a une capacité limitée de payer. On avait des
choix a faire, comme je vous le dis. Par contre, ces choix, c'est 41 % de
supplément, c'est-à-dire 41 % de l'argent qui est ajouté
au budget régu- lier. On avait des choix à faire entre la
santé...
Le Président (M. Thuringer): En conclusion, s'il vous
plaît.
Mme Gagnon-Tremblay: ...et les services sociaux, l'environnement
et les personnes âgées, et on devra aussi en faire au chapitre des
congés de maternité, des congés parentaux. Compte tenu de
tout ça, vous comprenez que, honnêtement, je ne peux pas faire
autrement que de croire un peu que vos recommandations, bien qu'elles soient
légitimes, sont un peu déraisonnables, vu l'argent qu'on a
actuellement à notre disposition. Mais je vous remercie. Vous avez un
mémoire qui est quand même très intéressant et il y
a des recommandations qui méritent d'être
réexaminées. Merci.
Le Président (M. Thuringer): Merci, Mme la ministre.
J'aimerais aussi remercier la Fédération des travailleurs et des
travailleuses du Québec. Je vous souhaite un bon retour. Nous allons
suspendre nos travaux jusqu'à 14 h 30, cet après-midi, dans la
même salle.
(Suspension de la séance à 13 h 17)
(Reprise à 14 h 42)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux afin de
procéder à une consultation générale et tenir des
auditions publiques en vue d'étudier l'Énoncé de politique
sur les services de garde à l'enfance", déposé à
l'Assemblée nationale le 24 novembre dernier.
Nous recevons présentement la Commission des écoles
protestantes du Grand Montréal qui sera représentée par
Mme Michelle Clabrough et Me Robert Mainville, qui est le conseillée
juridique de la CEPGM. C'est bien ça?
M. Mainville (Robert): C'est exact.
Le Président (M. Bélanger): Évidemment, les
présentations étant faites, vous avez 20 minutes ferme pour la
lecture de votre mémoire, qui sera suivie d'une période de
discussion de 40 minutes avec les parlementaires. Je vous invite donc à
commencer. Cependant, lorsque vous avez à prendre la parole, au moins la
première fois, pourriez-vous vous identifier comme il faut et ce, aux
fins de la transcription du Journal des débats. Je vous prierais
de commencer. Merci.
Commission des écoles protestantes du Grand Montréal
M. Mainville: Robert Mainville, pour la CEPGM. Le principal
objectif du présent mémoire est de sensibiliser les intervenants
politiques à l'expérience particulière de la CEPGM
à l'égard de l'organisation des services de garde en milieu
scolaire et de requérir des ajustements appropriés à la
loi qui fera suite à l'énoncé de politique afin d'assurer
une grande souplesse dans le mode d'organisation des services de garde en
milieu scolaire. D'ailleurs, l'intervention de la CEPGM peut se résumer
à cette seule expression: la souplesse dans les modes d'organisation des
services de garde en milieu scolaire.
L'expérience de la CEPGM en matière de services de garde
en milieu scolaire s'inscrit dans le cadre des objectifs de
l'énoncé de politique, tel que formulés dans les sept
principes directeurs. L'intervention de la CEPGM, dans le cadre du
présent mémoire, vise plus particulièrement l'application
intégrale des principes directeurs suivants aux services de garde en
milieu scolaire: un développement qui respecte le choix des parents, une
préférence pour les services gérés par les parents
et une réaffirmation de l'autonomie des services de garde. Une lecture
attentive de l'énoncé de politique nous laisse croire que ces
trois principes directeurs font partie intégrante de l'orientation
gouvernementale à l'égard de l'organisation de tous les types de
services de garde, à l'exception des services de garde en
milieu scolaire où ces principes sont soit mis de
côté, soit sévèrement délayés.
La CEPGM souhaite que les principes directeurs de l'énoncé
de politique soient intégralement appliqués à
l'égard des services de garde en milieu scolaire. À cet
égard, la CEPGM souhaite également que la souplesse
appropriée à l'organisation desdits services de garde en milieu
scolaire soit incorporée à la loi qui fera suite à
l'énoncé de politique, afin de permettre aux commissions
scolaires de répondre aux besoins du milieu à même les
ressources de la communauté.
Dans l'organisation de services de garde en milieu scolaire, la CEPGM
favorise les services gérés directement par les parents, et
particulièrement les parents utilisateurs, et encourage une large
autonomie dans la gestion des services en incitant les parents à faire
usage des ressources du milieu communautaire, pour assurer un niveau
adéquat de services à un coût raisonnable pour les
parents.
La CEPGM incite également les parents organisateurs de services
de garde en milieu scolaire à expérimenter diverses formules pour
ces services, afin de développer des services originaux qui servent
plusieurs objectifs. La diversité des services, l'originalité des
services et la gestion directe des services par les parents sont les
pôles directeurs de l'organisation des services de garde à la
CEPGM.
À la CEPGM, les comités de parents, ou les corporations
créées par les comités de parents gèrent
directement le service de garde, embauchent le personnel approprié,
gèrent les fonds et encouragent l'expansion du service. La CEPGM assure
la surveillance du service par l'intermédiaire de ses directeurs
d'école et de son personnel régional chargé du dossier. Ce
système, en vigueur à la CEPGM depuis 1980, a permis
l'organisation de services de garde en milieu scolaire dans près de 73 %
des écoles de la CEPGM. Il s'agit d'un taux d'implantation
particulièrement élevé en regard de l'ensemble du
réseau scolaire.
Une analyse du cadre législatif actuel nous permet de constater
plusieurs lacunes qui devraient être corrigées.
Premièrement, aucune disposition législative ne permet que des
services de garde en milieu scolaire soient fournis aux élèves de
la prématernelle, quoiqu'une modification récente, prévue
à la loi 107, soit venue corriger partiellement cette situation.
Deuxièmement, les textes législatifs actuels ne permettent pas
l'organisation de services de garde en milieu scolaire lors des journées
pédagogiques. Troisièmement, les textes législatifs
actuels ne permettent pas l'organisation de services de garde en milieu
scolaire durant les périodes de fermeture des écoles lors des
congés scolaires. Finalement, les textes législatifs actuels sont
ambigus quant aux pouvoirs des commissions scolaires de contracter avec des
tiers, tels les comités de parents, les YMCA, les corporations à
but non lucratif, etc., pour permettre à ces derniers de gérer
directement les services de garde en milieu scolaire, sous la surveillance,
évidemment, des commissions scolaires.
À l'égard de ce dernier sujet, if est intéressant
de noter que l'Assemblée nationale avait résolu de
résoudre cette ambiguïté en 1984 par la Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public, en permettant explicitement
à des personnes et organismes autres que les commissions scolaires de
fournir les services de garde en milieu scolaire sous, évidemment, la
surveillance des commissions scolaires. Cette dernière loi a cependant
été déclarée inconstitutionnelle pour d'autres
motifs, et les amendements qui y étaient prévus sont donc
restés lettre morte jusqu'à présent.
La CEPGM souhaite que des mesures soient incorporées aux
amendements législatifs qui feront suite à l'énoncé
de politique afin d'assurer une grande souplesse dans le mode d'organisation
des services de garde en milieu scolaire. Cette flexibilité dans
l'organisation des services de garde en milieu scolaire sera d'autant plus
requise dans la mesure où le gouvernement donnera suite à son
intention de permettre l'utilisation des services de garde en milieu scolaire
lors des congés scolaires et lors des vacances estivales.
Les amendements législatifs proposés par la CEPGM
assureront une souplesse adéquate aux services de garde en milieu
scolaire et permettront à la commission de poursuivre sans entrave
inutile son programme ambitieux et original de développement desdits
services dans ses écoles. À cet égard, les propositions de
la CEPGM s'inscrivent dans le cadre des principes directeurs de
l'énoncé de politique. Premièrement,
l'énoncé de politique sur les services de garde prévoit
que le développement diversifié des différents modes de
garde et leur consolidation doivent tenir compte des choix des parents. Pour
permettre un véritable choix pour les parents à l'égard
des services de garde en milieu scolaire, il faut favoriser des formules
diversifiées de services qui impliquent tant les parents que les
ressources communautaires disponibles. La diversification des types de services
de garde en milieu scolaire doit s'effectuer en permettant aux parents
d'organiser et de gérer eux-mêmes lesdits services, sous la
surveillance des commissions scolaires. Il appartiendra à chaque groupe
de déterminer la formule la plus appropriée à ses besoins
en tenant compte des ressources disponibles.
L'expérience de la CEPGM est éloquente à cet
égard et la diversité et la qualité des services offerts
n'auraient pu se développer si la CEPGM avait adopté une attitude
rigide à l'égard de l'organisation de ses services et de la
clientèle à desservir. En effet, les parents qui souhaitent
combiner des services éducatifs complémentaires avec des services
de garde doivent être autorisés et encouragés à le
faire.
De telles expériences ne sont pas possibles à moins qu'une
grande flexibilité ne soit incorporée à la foi et
n'encadre les services de garde. De même, les parents qui souhaitent
profiter de la disponibilité d'un YMCA ou d'un autre organisme
communautaire pour fournir certains services de garde en milieu scolaire
doivent être autorisés à le faire. Notons également
que des écoles voient s'établir chez elles des corporations
à but non lucratif gérant des services de garde en garderie.
Pourquoi empêcher le partage des ressources humaines et
matérielles entre le service de garde en garderie installé dans
une école et le service de garde en milieu scolaire de cette même
école? Une telle formule pourrait se révéler une solution
valable et économique.
Deuxièmement, l'énoncé de politique sur les
services de garde déclare que le gouvernement privilégie et
entend continuer à privilégier le développement de
services sans but lucratif dont le conseil d'administration est majoritairement
formé de parents usagers. La CEPGM est en accord avec cet engagement
gouvernemental, mais souhaite que le principe soit étendu aux services
de garde en milieu scolaire.
Signalons d'emblée l'accord de la CEPGM pour que les commissions
scolaires surveillent et excercent un pouvoir de vérification et de
contrôle à l'égard des services de garde en milieu scolaire
fournis dans leurs écoles. Cependant, la CEPGM ne peut accepter que des
services de garde en milieu scolaire soient gérés exclusivement
par les commissions scolaires. La CEPGM souhaite, au contraire, que le principe
de la souplesse dans l'organisation des services de garde soit clairement
réaffirmé par l'Assemblée nationale et le
gouvernement.
Il nous paraît contradictoire d'encourager, d'un
côté, la prise en charge des services de garde par les parents et,
de l'autre, s'exclure cette prise en charge dans les services de garde en
milieu scolaire. L'expérience de la CEPGM dans l'organisation des
services de garde en milieu scolaire m'incite à recommander une approche
pluraliste dans l'organisation de ces services, approche qui doit
également soutenir et encourager les parents à, effectivement,
prendre en charge tous les services de garde y compris les services de garde en
milieu scolaire.
Troisièmement, l'énoncé de politique sur les
services de garde déclare que c'est dans le respect de l'autonomie des
services de garde, que ce soit en matière d'administration, de
financement ou de conditions de travail, que leur développement futur
doit se poursuivre. La CEPGM appuie ce principe directeur et souhaite vivement
qu'il soit étendu aux services de garde en milieu scolaire. En effet,
l'expérience de la CEPGM démontre que l'autonomie peut être
maintenue à l'égard de tels services et est souhaitable afin de
permettre aux parents de puiser dans les ressources communautaires et de
développer des projets originaux.
En ce qui concerne le transport, finalement, notons que les normes
d'allocation du ministère de l'Éducation prévoient que les
enfants transportés à l'école primaire, aller et retour,
par un transport scolaire subventionné, ne sont pas admissibles aux
subventions prévues pour les services de garde en milieu scolaire. Il
s'agit des subventions du ministère de l'Éducation,
évidemment. Ces normes d'allocation et toute la question du transport
des élèves à l'école primaire doivent être
révisées par le gouvernement à la lumière du
développement extensif des services de garde en milieu scolaire. Quoique
la CEPGM souscrive au souci gouvernemental d'une saine gestion des ressources
financières disponibles, il serait sans doute possible, dans certaines
circonstances, de permettre à un élève de
bénéficier à la fois du transport scolaire
subventionné et des services de garde en milieu scolaire sans coût
additionnel de transport. Cela est particulièrement le cas pour les
élèves de la maternelle et de la prématernelle qui ne
bénéficient du programme éducatif de l'école que
pendant une demi-journée.
La question du transport subventionné des élèves en
services de garde en milieu scolaire est par contre fort complexe et n'a
malheureusement fait l'objet ni d'une étude, ni de recommandations dans
l'énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance. À cet égard, nous recommandons que cette question soit
étudiée par le gouvernement, afin d'établir une politique
claire et cohérente à l'égard du transport de ces
élèves.
En conclusion, pour assurer le développement des services de
garde en milieu scolaire, ces services devraient normalement être
gérés par les parents eux-mêmes, et cela dans un cadre qui
favoriser l'autonomie de la gestion du service. De plus, les services de garde
en milieu scolaire doivent se développer dans un cadre législatif
souple, permettant l'expérimentation et l'originalité.
La CEPGM réitère ici ses quatre principales
recommandations. Premièrement, que le gouvernement donne suite à
son intention exprimée dans l'énoncé de politique, afin de
permettre explicitement l'utilisation des services de garde en milieu scolaire
lors des congés scolaires et lors des vacances estivales.
Deuxièmement, que la Loi sur l'instruction publique et la Loi sur
les services de garde à l'enfance soient modifiées, de
façon à aussi permettre l'organisation des services de garde en
milieu scolaire pour les élèves qui bénéficient des
services d'enseignement de la prématernelle. Cette modification a
été récemment incorporée dans la Loi sur
l'instruction publique en vertu de la loi 107, mais des modifications
corrélatives devraient être effectuées à la Loi sur
les services de garde à l'enfance.
Troisièmement, que la Loi sur l'instruction publique et la Loi
sur les services de garde à l'enfance soient modifiées de
façon à résoudre l'ambiguïté
législative actuelle quant au pouvoir
des commissions scolaires de contracter avec des personnes ou
organismes, que ce soit des comités de parents, des organismes
communautaires, des corporations à but non lucratif, pour permettre
à ceux-ci de gérer les services de garde en milieu scolaire sous
la surveillance des commissions scolaires et finalement, que, le gouvernement
étudie la question du transport subventionné des
élèves en services de garde en milieu scolaire, afin
d'établir une politique claire et cohérente à cet
égard.
Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Nous vous remercions.
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. C'est avec
plaisir que j'accueille la Commission des écoles protestantes du Grand
Montréal et je la remercie de son exposé. Vous êtes notre
dernier intervenant à cette commission parlementaire qui a duré
maintenant plus de quatre semaines.
Une première question. Vous parlez d'une grande souplesse, de
flexibilité dans le mode d'organisation des services. Je souscris
à cette recommandation, mais, lorsque vous recommandez que les
comités de parents gèrent le service, embauchent le personnel et
gèrent les fonds, et que la commission scolaire assure alors la
surveillance du service, à ce moment-là, j'imagine que vous
faites référence à une autre corporation dûment
constituée. Sinon, faites-vous référence au comité
de parents?
M. Mainville: Dans les écoles de la CEPGM, l'organisation
des services de garde varie dans la structure juridique, si on veut proprement
parler des structures juridiques, d'école en école. Quelquefois,
c'est le comité de parents lui-même qui embauche les
préposés aux services de garde, mais, dans la plupart des cas,
cela se fait par l'intermédiaire de corporations qui sont formées
par les comités d'école. Celles-ci engagent, comme corporations
gérées soit par un comité d'école ou par un
comité de parents usagers, et gèrent le service de garde en
milieu scolaire. Quelquefois par contre, tel qu'exprimé par les exemples
que nous avons donnés dans notre mémoire, ce sont des
associations telles que la "Home and School Committee Association", laquelle
est une association de parents à l'échelle provinciale qui est
complètement indépendante des comités d'école,
à proprement parler, qui assument cette fonction-là dans
certaines écoles.
Alors, finalement, il n'y a pas de formule magique, si on veut, à
la CEPGM. Il n'y a pas de formule monolithique. Chaque école
développe son propre projet selon ce qu'on a énoncé comme
principes directeurs dans notre mémoire, c'est-à-dire
l'expérimentation et la flexibilité.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela me semble être très
différent des autres commissions scolaires. Finalement, ce n'est pas la
direction de l'école qui semble avoir cette responsabilité.
M. Mainville: Absolument. Les services de garde en milieu
scolaire tel que fournis à la CEPGM contrastent quelque peu avec ce que
j'ai entendu ce matin de la Commission des écoles catholiques de
Montréal qui a une recommandation de laisser cela être
géré entièrement par les directeurs d'école. Notre
position est la suivante. Si les autres commissions ou d'autres commissions
veulent bel et bien gérer cela directement, tant mieux! Nous n'avons
aucune objection là-dessus et c'est peut-être très bien.
Notre expérience est à l'effet contraire, dans le sens qu'on peut
développer des projets originaux sans contrainte administrative ou
juridique inutile avec les parents. Les parents gèrent eux-mêmes
les services de garde et cela leur permet de pouvoir développer des
services complémentaires qui ne sont peut-être pas toujours
offerts dans d'autres commissions scolaires. (15 heures)
Dans notre mémoire, on a prévu cela et on vous donne des
exemples d'écoles où y y a des projets très originaux.
Cela permet au comité de parents de fournir non seulement un service de
garde, mais certainement des services peut-être pas officiellement
reconnus, mais de type éducatif, de transmission de connaissances, en
embauchant souvent des enseignants pour donner un complément aux cours
officiels fournis par la commission scolaire.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela veut dire, lorsque vous parlez de
souplesse ou de flexibilité, que vous ne seriez pas pour un
modèle unique ou une formule unique, mais beaucoup plus pour laisser
place à différentes formules. Par contre, au point de vue des
critères ou des normes, est-ce que vous seriez d'accord qu'on instaure
des normes ou des critères généraux un peu partout de la
même façon? Craignez des normes ou des critères
différents?
M. Mainville: Je ne crois pas que le problème soit
d'établir des normes. La question, c'est qui doit gérer les
normes et prendre les décisions à l'égard des normes.
Est-ce que ça doit être l'office des services de garde, est-ce que
ça doit être le gouvernement, par réglementation, ou est-ce
que ça ne devrait pas être les commissions scolaires?
Pour les services de garde en milieu scolaire, on a semblé
préférer, ces dernières années, abandonner le
chemin de la réglementation pour laisser à la discrétion
des commissions scolaires le soin d'établir elles-mêmes les
services de garde qui leur apparaissaient appropriés. On n'a pas
d'objection ferme à une forme de réglementation qui viendrait,
soit de l'office, soit du gouvernement, pour mettre un cadre minimum en ce qui
concerne les services qui devraient
être fournis dans les écoles.
La question se pose toujours; évidemment, cela dépend de
la réglementation. Quant au principe, on est d'accord qu'il y ait une
réglementation, si c'est le souhait du gouvernement, pour tenter
d'uniformiser au moins certains services, mais cette réglementation
devrait elle-même permettre cette souplesse pour qu'on ne se retrouve pas
dans la situation où les gens auraient les mains liées et ne
pourraient pas fournir des services complémentaires ou s'organiser d'une
façon qui irait à l'encontre soit de la loi, soit d'une
réglementation qui viserait d'autres buts que l'expérimentation
et la souplesse.
Mme Gagnon-Tremblay: L'office des services de garde a
actuellement dans sa loi le pouvoir de réglementer en milieu
scolaire.
M. Mainville: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous, par contre, est-ce que vous avez une
idée de qui devrait réglementer, l'office, le ministère de
l'Éducation, les. commissions scolaires?
M. Mainville: On n'en a pas vraiment discuté entre nous et
ce serait difficile que je réponde de façon officielle pour la
Commission des écoles protestantes du Grand Montréal autrement
qu'en disant que la commission elle-même réglemente ses services
depuis quelques années et que cela semble bien fonctionner. Je pourrais
évidemment consulter mes mandants et vous faire parvenir une
réponse officielle.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous mentionnez à la page 2 de votre
mémoire que la Commission des écoles protestantes du Grand
Montréal favorise les services de garde gérés, directement
par les parents...
M. Mainville: C'est exact.
Mme Gagnon-Tremblay: ...et particulièrement par les
parents utilisateurs et qu'elle encourage une large autonomie dans la gestion
des services. Quels sont, pour vous, les avantages de ce mode de fonctionnement
et y a-t-il une relation très étroite entre les comités de
parents et la direction de l'école? Tout à l'heure, on en a
parlé un peu, on a abordé cela un peu, mais est-ce qu'il y a
vraiment une relation très étroite entre le comité de
parents et la direction?
M. Mainville: Ah oui. Dans les écoles de la CEPGM, les
modèles varient, bien sûr, d'école en école, mais,
dans la plupart des cas, c'est les parents qui administrent directement les
services de garde. Le rôle de la direction de l'école est un
rôle d'appui et de soutien, mais ce n'est pas un rôle de
décision. Évidemment, iI y a toujours des jeux de
personnalité qui entrent en ligne de compte. Dans les écoles
où il y a des parents plus actifs que dans d'autres, la direction
prendra une position différente. Mais, en règle
générale, ce qui est encouragé, c'est de laisser la
direction de l'école être Un appui, être non seulement un
appui mais, je dirais, la caution morale des services de garde. La direction de
l'école surveille le service de garde, d'une certaine façon. Elle
s'assure que le service est fourni, que ça se tient dans un cadre
minimum. Mais elle n'Intervient pas, outre mesure, autrement que dans sa
fonction d'appui ou de surveillance.
Mme Gagnon-Tremblay: Qui devrait répondre, s'il y avait
une responsabilité quelconque? On sait que, dans la loi actuelle, c'est
la direction de l'école qui a le devoir d'implanter et de gérer
ce service. Qu'adviendrait-il s'il y avait, par exemple, une
responsabilité quelconque...
M. Mainville: Vous parlez d'une responsabilité...
Mme Gagnon-Tremblay: ...à être assumée?
M. Mainville: Une responsabilité d'ordre politique ou
d'ordre juridique?
Mme Gagnon-Tremblay: Juridique, oui.
M. Mainville: Juridique, bon. À ce moment-là, tous
les services de garde à la CEPGM, en ce qui concerne leurs
responsabilités civiles, si on parle en ces termes, sont couverts par
des assurances qui couvrent en entier leurs responsabilités civiles. Je
crois que c'est 1 000 000 $ par événement. Ce sont quant à
nous des polices très adéquates quant à la couverture de
leur responsabilité, à proprement parler, sur les
élèves. C'est un problème qu'il y aurait peut-être
lieu de corriger dans la loi, mais le service de gestion des risques des
commissions scolaires sur l'île de Montréal est administré
pour l'ensemble de l'île. Alors, il n'était pas certain que les
services de garde tels qu'organisés à la CEPGM étaient
couverts par cette formule de gestion des risques et la commission n'a pas pris
de risques finalement. Elle s'est assurée que l'ensemble des services de
garde était couvert par des polices d'assurance privées.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Le ministre de l'Éducation m'a
demandé de vous exprimer ses regrets de ne pas pouvoir être ici
cet après-midi. J'ai donc personnellement le plaisir de vous accueillir.
J'aimerais vous remercier pour votre excellent mémoire et surtout
d'avoir résumé l'expérience très
intéressante de quatre de vos écoles. Ce sont de beaux exemples
des possibilités d'initiative des parents et je vous en félicite.
Votre
objectif principal, si je comprends bien, est de vous assurer que les
lois qui découlent de l'énoncé de politique
reflètent fidèlement les principes énoncés. A cet
égard, vous privilégiez la souplesse pour que l'autonomie des
parents soit protégée ou assurée. J'aimerais vous demander
si, à l'heure actuelle, vous faites face à des obstacles sur le
plan juridique ou sur le pian réglementaire qui vous empêchent
d'implanter les projets souhaités par les parents?
M. Mainville: Je ne dirais pas qu'on fait face à des
obstacles, dans le sens suivant. La position de la CEPGM est assez claire et
connue. Elle privilégie la gestion des services de garde par les
parents. Quant à nous, c'est permis par la loi actuelle, la Loi sur
l'instruction publique à l'article 255.1 ou 255.2. Je ne m'en souviens
pas exactement, mais c'est dans la loi actuelle. Maintenant, avec la nouvelle
loi 107, il est moins clair, moins précis si ce système est
possible. On n'y prévoit pas explicitement le pouvoir des commissions
scolaires de contracter avec des tiers quant à l'ensemble de la question
des services de garde.
Ce n'est pas prévu dans la loi 107 et je ne sais pas si c'est une
intention ou un oubli.
Mme Dougherty: Mais, jusqu'à maintenant, est-ce que vous
avez eu des problèmes à cause des règlements, des lois ou
des exigences du gouvernement pour implanter les projets voulus?
M. Mainville: À ce jour, on n'a pas de problèmes
à proprement parler autres que, peut-être, les remarques de
certains fonctionnaires. À part cela, il n'y pas d'empêchements
à proprement parler. À moins que je ne me trompe, Mme
Clabrough?
Mme Dougherty: Vous profitez de la liberté d'action
permise par le système actuel.
M. Mainville: C'est exact.
Mme Dougherty: Vous avez proposé quatre recommandations
ici. J'aimerais les commenter très brièvement, parce que je crois
que votre mémoire a été préparé avant
l'adoption de la loi 107.
M. Mainville: Non, pas tout à fait. Il a été
préparé après, mais malheureusement la version finale de
la loi 107 n'a pas été disponible avant la fin du mois de
janvier. Alors, évidemment, le mémoire ne tient pas compte des
modifications à la loi 107.
Mme Dougherty: Je crois que, dans une certaine mesure, II y a
certains problèmes qui sont réglés maintenant; non pas
à 100 % mais au moins il y a certaines ouvertures.
M. Mainville: Oui.
Mme Dougherty: Premièrement, il y a le problème des
services de garde lors des congés scolaires et des vacances estivales.
La loi 107 ouvre la porte à la possibilité de les utiliser
pendant ces temps-là.
M. Mainville: La loi 107 a retranché l'empêchement
prévu avec l'actuelle Loi sur l'instruction publique en permettant au
gouvernement de réglementer les périodes durant lesquelles les
services de garde peuvent être fournis. Donc, dans la mesure où la
réglementation permettra la fourniture de services de garde durant les
journées pédagogiques, la porte est ouverte à cette
possibilité.
Mme Dougherty: C'est ça, d'accord. La porte est ouverte,
ce n'est plus défendu, mais vous aimeriez que la loi soit plus
explicite. Est-ce que la loi l'est suffisamment?
M. Mainville: Concernant les congés scolaires, si nous
parlons particulièrement de la question des congés scolaires et
des journées pédagogiques, il n'y a pas de doute que la nouvelle
formulation de la loi 107 permet au gouvernement d'établir par
réglementation les périodes durant lesquelles les services de
garde peuvent être fournis. Encore une fois, dans la mesure où le
gouvernement est cohérent avec l'énoncé de politique et
adopte une réglementation adéquate pour permettre la fourniture
de services de garde ces journées-là, c'est évident, quant
à nous, que le problème des congés scolaires et des
journées pédagogiques est réglé. Mais c'est relatif
à une réglementation qu'on n'a pas encore vue.
Mme Dougherty: D'accord. Deuxièmement, vous parlez de la
prématernelle. L'article 256 de la loi 107 parle du
préscolaire...
M. Mainville: C'est exact.
Mme Dougherty: ...et, selon le ministère, le
préscolaire inclut les élèves de la prématernelle
qui sont officiellement inscrits à la commission scolaire. Selon la loi
107, ce problème est réglé, mais j'admets que dans les
modifications faites à la Loi sur les services de garde, à la
fin, à l'article 676, on parle de maternelle et non de
préscolaire.
M. Mainville: C'est exact.
Mme Dougherty: J'en ai parlé ce matin à M. Ryan et
je crois qu'il y a une certaine harmonisation à faire de ces deux
articles, parce que l'objectif du ministère de l'Éducation est
certainement que les enfants de la prématernelle aient accès aux
services de garde.
M. Mainville: Oui. D'ailleurs, le ministère de
l'Éducation, même à l'époque où l'on
était loin
d'être certain de savoir si la prématernelle était
couverte par la loi...
Mme Dougherty: Oui. Alors, selon... M. Mainville: ...a
quand même permis...
Mme Dougherty: ...le MEQ, oui. Mais, c'est évident,
il y a une correction à faire à la fin de la loi 107, parce qu'il
y a encore ambiguïté entre les mots "maternelle" et
"préscolaire".
M. Mainville: Oui. L'historique de ça, c'est que, lors de
l'adoption de la Loi sur les services de garde à l'enfance en 1979, la
prématernelle, à proprement parler, n'existait pas dans la
réglementation. C'est pourquoi on a parlé, en 1979, de
"maternelle" puisque c'était le seul service public préscolaire
prévu dans les règlements 7 et 13 de la Loi sur l'instruction
publique. Mais, à partir de 1981, le régime a été
modifié. On a adopté les régimes pédagogiques du
préscolaire et du primaire qui prévoient explicitement la
création de la maternelle des cinq ans et de la maternelle des quatre
ans. Quant à nous, le texte législatif et particulièrement
les textes concernant la Loi sur les services de garde à l'enfance
visaient et visent toujours simplement la maternelle des cinq ans et il y a
lieu de faire une modification technique, si l'on veut, à cette loi.
Mme Dougherty: Oui.
M. Mainville: Cela n'a pas empêché, je tiens
à le dire, l'organisation des services de garde pour la
prématernelle, parce que le ministère de l'Éducation a agi
d'une façon extrêmement souple dans l'application de la loi et a
permis aux commissions scolaires d'obtenir des subventions pour les
élèves de la prématernelle.
Mme Dougherty: Oui, vous avez raison. C'est un problème de
sémantique, ce n'est pas fondamental.
M. Mainville: Oui.
Mme Dougherty: Troisième recommandation que vous
faites...
Le Président (M. Bélanger): Une dernière
question, Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: D'accord. Est-ce que je peux revenir sur...
Le Président (M. Bélanger): À votre choix.
(15 il 15)
Mme Dougherty: Concernant votre demande qu'on résolve
l'ambiguïté qui existe encore dans la loi 107, peut-être en
ce qui concerne les pouvoirs des commissions scolaires de contracter avec
d'autres personnes pour gérer les services de garde, je crois que
l'article 258 stipule que la commission scolaire peut engager le personnel et
conclure des ententes.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que ce serait plutôt 255, Mme
Dougherty.
Mme Dougherty: C'est 258 qui mentionne les ententes. Alors,
l'objectif est précisément ce que vous avez demandé, je
crois, mais j'admets que l'ambiguïté reste peut-être et qu'il
y a quelque chose à clarifier.
M. Mainville: Quant à nous, il n'y a pas de doute,
l'application de la loi 107 en ce qui concerne les services de garde, c'est une
amélioration par rapport à ce qu'on connaît de !a
législation actuelle, particulièrement pour la terminologie et la
souplesse qui est prévue. Mais les mêmes ambiguïtés
demeurent, parce qu'on dit que les commissions scolaires peuvent faire des
ententes pour organiser des services de garde. Mais à quel point peut-on
faire des ententes? Je suis tout à fait conscient qu'il y a des opinions
juridiques contradictoires là-dessus. J'ai la mienne, et je suis
personnellement favorable à l'interprétation souple de la loi,
particulièrement dans la mesure où il s'agit d'une loi d'ordre
social, mais je suis conscient du fait qu'il y a des interprétations
différentes qui ont circulé, particulièrement parmi le
contentieux du ministère de l'Éducation.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Mainville: Et on voudrait, c'est le but principal de notre
intervention ici, que ce soit clairement stipulé dans la loi qu'on est
autorisé, comme commission scolaire, à faire affaire avec des
organismes communautaires, des compagnies à but non lucratif, pour
organiser des services de garde à l'enfance. Et cela va devenir
extrêmement critique lorsque le gouvernement va tenter d'implanter des
services de garde en milieu scolaire, lors des périodes estivales. Les
écoles sont fermées, il n'y a personne dans les écoles. Il
faudra qu'on contracte avec des tiers. On ne pourra pas s'en sortir. Il faudra
aller directement aux municipalités, aux YMCA. Il faut que ce soit
prévu clairement dans la loi que c'est permis pour qu'on ne se retrouve
pas plus ou moins dans une situation d'ambiguïté. On voudrait
demeurer dans la légalité.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Jacques-Cartier. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Il nous fait plaisir de
vous accueillir, Me Mainville et
Mme Clabrough. Vous êtes à la PSBGM. Vous êtes
responsable de l'offre de services en garde
scolaire?
Mme CJabrough (Michelle): Je suis directrice adjointe aux
services aux élèves et je suis responsable de la garderie.
Mme Harel: Si je comprends bien, Me Mainvilie, vous demandez
à quel point, en vertu de la loi actuelle, on peut faire des ententes.
La question que vous posez est bien posée. La Fédération
des commissions scolaires catholiques du Québec est venue devant la
commission, vous a précédée de quelques jours, demandant
de pouvoir faire des ententes, pensant ne pas pouvoir en faire.
M. Mainvilie: On peut en faire, mais ce n'est pas clair.
Mme Harel: D'autre part, le YMCA est venu pour demander qu'il y
ait possibilité, également, de faire des ententes. Je ne sais pas
si la réponse viendra, mais il semble que ce ne soit pas clair, les uns
demandant d'avoir des pouvoirs qu'ils n'ont pas, et d'autres, comme vous,
agissant, tout en n'étant pas certains de posséder le pouvoir.
Est-ce ce qu'on doit comprendre?
M. Mainvilie: Disons que je suis d'opinion qu'on a le droit de le
faire, mais ce n'est pas clair, et je le répète, j'ai vu
plusieurs opinions contradictoires à ce sujet, et pas des moindres.
Mme Harel: Et vous défendriez la vôtre jusqu'au
bout.
M. Mainvilie: Assurément.
Mme Harel: À la page 3 de votre mémoire, vous
dites: Voilà un peu le scénario qu'il faut suivre pour obtenir un
service de garde de la Commission des écoles protestantes du Grand
Montréal. Suivent toutes les différentes formalités, et la
première s'intitule: Les directives et règlements de la
Commission des écoles protestantes du Grand Montréal et du
gouvernement concernant les services de garde sont respectés. Avez-vous
l'impression, avec tous les exemples que vous nous donnez, et je vous
félicite d'être clairs devant la commission, que vous respectez
les règlements du gouvernement?
M. Mainvilie: Actuellement, pour ce qui est des services de garde
en milieu scolaire, il n'y a pas à proprement parler de
règlements du gouvernement. La terminologie utilisée a
été tirée des documents internes de la commission. On ne
parle pas de règlements, parce qu'il y a toutes sortes de directives
administratives qui viennent du ministère de l'Éducation.
Mme Harel: C'est ça.
M. Mainvilie: Ce ne sont pas réellement des
règlements, c'est une réglementation administrative.
Mme Harel: Vous avez raison. M. Mainvilie: C'est...
Mme Harel: C'est une gestion administrative du ministère
de l'Éducation.
M. Mainvilie: C'est ça, et elle prévoit toutes
sortes de critères pour obtenir les subventions. Alors, on exige quand
même, justement pour que les parents et le service soient admissibles aux
subventions, que ces directives administratives, qui sont appelées
règlements, - c'est peut-être une formulation maladroite dans un
mémoire présenté à une commission parlementaire,
mais c'est néanmoins la terminologie utilisée par la commission
scolaire -soient appliquées et suivies.
Mme Harel: Présentement, combien y a-t-il d'écoles
primaires gérées par la Commission des écoles protestantes
du Grand Montréal?
Mme Clabrough: Quarante-huit écoles. Mme Harel:
Quarante-huit écoles primaires?
Mme Clabrough: Oui et 35 services de garde.
M. Mainvilie: C'est ça. À l'annexe 1 de notre
mémoire, vous verrez un tableau comparatif de l'évolution des
services de garde à la CEPGM. Il y a une diminution du nombre
d'écoles mais une augmentation du nombre de services de garde, ce qui
fait en sorte qu'un service de garde est implanté dans près de 73
% des écoles de la CEPGM; l'an prochain, il devrait y en avoir dans plus
de 80 % des écoles. Alors, on croit que c'est un système qui a
bien fonctionné chez nous et on voudrait évidemment le
maintenir.
Mme Harel: Est-ce qu'il est autant développé dans
le secteur francophone qu'anglophone?
Mme Clabrough: Oui. Treize écoles francophones, sur les
35, offrent le service de garde cette année et l'augmentation de 5
concerne le secteur francophone.
Mme Harel: Et combien y a-t-il d'écoles francophones sur
le total des 35?
Mme Clabrough: Treize sur les 35.
Mme Harel: Treize francophones sur les 35 et les 13 ont un
service de garde?
Mme Clabrough: Oui, 13 sur les 35 qui offrent des services de
garde cette année.
Mme Harel: Ah! les 35 sont francophones? Non!
Mme Clabrough: Non, non. Trente-cinq en tout et 13 sur 35.
Mme Harel: Donc, 13 sur 13.
Mme Clabrough: Non.
Mme Harel: Non?
Mme Clabrough: Je pense qu'il y en a 18.
Mme Harel: Dix-huit. Enfin, la proportion est la bonne. J'ai pu,
comme parent, bénéficier d'un service de garde d'une école
de la Commission des écoles protestantes du Grand Montréal,
l'école Maisonneuve, et j'ai pu aussi bénéficier d'une
ressource tellement inexistante dans les écoles plus
vétustés du milieu francophone - et l'école Maisonneuve
est une école qui date de plusieurs décennies maintenant, qui est
peut-être même plus vieille que mol, ce qui n'est pas peu dire,
malgré mes changements de couleur de cheveux - je veux parler de la
cafétéria. Combien d'écoles primaires ont ce service de
cafétéria avec repas chauds à la Commission des
écoles protestantes du Grand Montréal?
Mme Clabrough: Cafétéria dans le service scolaire
de garderie ou cafétéria à part?
Mme Harel: Cafétéria dans l'école à
laquelle ont accès les enfants, qu'ils soient à la garderie ou
à l'école.
Mme Clabrough: Je ne pourrais pas vous dire le nombre exact, mais
c'est un service existant dans la plupart des écoles. Il y a des frais
assumés par les parents, si les écoles comprennent une
cafétéria.
Mme Harel: Je veux simplement vous signaler que c'est peu
fréquent, dans l'ensemble du réseau des autres commissions
scolaires, d'avoir des écoles où les cafétérias
fournissent des repas chauds. Pour vous, j'ai l'impression que c'est une
réalité de toujours. Vous avez toujours vécu avec cette
réalité?
Mme Clabrough: Oui.
Mme Harel: Donc, il y avait déjà, depuis 40 ans et
plus, une tradition de garde à l'heure du dîner dans les
écoles.
Mme Clabrough: À l'heure du lunch, oui.
Mme Harel: Cette tradition était-elle due au transport des
élèves?
Mme Clabrough: Non. Il y a toujours eu des services offerts
à l'heure du lunch séparément du service de garde, selon
les écoles et le nombre d'élèves qui y restaient. Les
termes ont varié d'année en année, selon les ressources
des parents, les politiques de la commission scolaire, mais on a une politique
pour l'heure du lunch distincte des services de garde.
Mme Harel: Je crois remarquer qu'il y a plusieurs corporations
qui existent. Il existe aussi du temps d'étude supervisé;
offrez-vous ce service?
M. Mainvllle: Absolument. Peut-être pas dans toutes...
Mme Harel: Différents de la garde?
M. Mainville: Non, ils sont tous intégrés aux
services de garde. Cela dépend de chacun des services de garde. Cela
peut varier. Il n'y a pas un modèle unique, mais, dans plusieurs cas, on
profite du service de garde pour donner un complément au programme
éducatif de l'école. Le complément peut prendre la forme
de cours complémentaires non reconnus, si on veut, d'introduction aux
ordinateurs ou des cours de culture de différents types et aussi des
périodes d'études. Dans la plupart des garderies, il y a des
périodes d'études surveillées où les
élèves font leurs devoirs et leurs leçons. Quand ils
arrivent à la maison, ils sont libérés de cette
tâche. On trouve ça très positif.
Mme Harel: Les parents aussi évidemment. M. Mainville:
J'espère.
Mme Harel: Et la présence des enfants de familles
immigrantes, vous avez, je pense, une proportion assez importante d'enfants de
familles immigrantes au primaire. Quelle est-elle?
Mme Clabrough: Dans les écoles francophones?
Mme Harel: Oui.
Mme Clabrough: Je pense que le pourcentage des allophones non
nécessairement immigrants est de 65 % et dans nos écoles
francophones sont en grande majorité des immigrants, selon les
écoles. Maisonneuve ne dessert pas le même endroit, pour donner un
exemple.
Mme Harel: 65 % sont allophones. Et du côté
anglophone?
Mme Clabrough: La proportion n'est pas si élevée.
On a fait des recherches spécifiques dans le secteur français
très récemment. C'est pour cela que je peux vous donner les
chiffres.
Mme Harel: Quelle est la participation aux
services de garde? Est-elle la même chez ces familles
allophones?
Mme Ciabrough: Oui, la population de l'école correspond
exactement au nombre d'élèves qui se servent des services de
garderie.
Mme Harel: Et l'exonération des frais ou plutôt
l'aide financière apportée aux parents?
Est-ce qu'il y a un pourcentage qui est connu de parents qui utilisent
l'aide financière qui est offerte?
Mme Ciabrough: Pas le pourcentage exact mais, dans chaque
garderie, c'est utilisé. Cela dépend du tarif et des situations
individuelles mais c'est utilisé dans toutes les garderies.
Mme Harel: Donc, cela veut dire que vous avez une très
importante population étudiante de familles allophones.
Mme Ciabrough: Oui.
Mme Harel: Près de 65 % et vous avez un
développement de services de garde en milieu scolaire dans presque
toutes les écoles. C'est donc dire que le comportement relationnel des
familles allophones est le même que celui des autres familles anglophones
ou francophones; les deux conjoints travaillent.
Mme Ciabrough: Oui.
Mme Harel: Avez-vous des données sur le taux
d'activités des conjoints?
Mme Ciabrough: Non, pas à ma portée
immédiatement.
Mme Harel: Vous devez les avoir parce que vous les faites remplir
dans la formule d'inscription.
Mme Ciabrough: Oui, je présume que c'est disponible.
Mme Harel: Une dernière question sur les locaux. Toutes
les autres commissions scolaires nous ont parlé des locaux, soit pour
expliquer que l'été ce n'était pas possible d'offrir de la
garde estivale parce qu'il fallait utiliser ce temps-là pour faire de la
réfection et de la rénovation ou elles réclament du
ministère de l'Éducation que l'occupation de locaux pour les
services de garde soit reconnue aux fins du financement, ce qui n'est pas le
cas présentement. Elles nous ont aussi saisis des problèmes
d'exiguïté de locaux qui amènent des listes d'attente
considérables sur l'offre de services de garde. Vous ne pariez presque
pas de problèmes de locaux. En avez-vous?
Mme Ciabrough: On a, dans certaines écoles, des
problèmes différents selon les endroits. Ça varie selon
les écoles. Je dirais que ce n'est pas un problème
général. On a certaines garderies qui sont ouvertes, en dehors de
l'école, dans un endroit très proche et je sais qu'il y a deux
écoles en particulier qui ont des problèmes sérieux cette
année, qu'elles n'avaient pas, mais elles pensent utiliser l'endroit
où le concierge a habité. Donc, le problème n'a
peut-être pas été très important jusqu'à
maintenant, quoique, dans certaines écoles, avec la population
grandissante, ça peut devenir un problème.
M. Mainville: Après en avoir discuté avec les gens
de l'équipement, ça demeure le problème majeur cet
été parce que la période estivale, traditionnellement dans
les commissions scolaires, c'est vraiment l'époque des
rénovations et des réparations. Il faut peinturer, laver les
planchers. C'est le grand ménage. Et c'est difficile de concilier cela
avec les services de garde dans les écoles. Si on veut favoriser les
services de garde durant la période estivale, y va falloir se pencher
sur la disponibilité des locaux des commissions scolaires, en
particulier. Nous croyons qu'une des solutions est de favoriser des ententes
entre différents organismes et d'avoir une collaboration entre des
commissions scolaires et d'autres groupes intéressés à
fournir des services de garde, du personnel et des locaux. Certaines
organisations, comme le YMCA, y verraient certainement un intérêt.
(15 il 30)
Mme Harel: Vous avez parié des prématernelles.
Est-ce un secteur important, les prématernelles quatre ans, à la
commission des écoles protestantes ou est-ce un service offert dans les
milieux défavorisés seulement?
M. Mainville: La prématernelle quatre ans, celle reconnue
officiellement et subventionnée par le gouvernement, demeure un service
offert simplement dans les milieux défavorisés.
Mme Harel: Quelle est la clientèle chez vous?
Mme Ciabrough: J'ai le nombre d'élèves qui
reçoivent des subventions. Il y a deux chiffres.
Mme Harel: C'est combien?
M. Mainville: On ne l'a pas avec nous. On va vous le faire
envoyer. Je pense que c'est la meilleure chose.
Mme Harel: Très bien, de même que le nombre de ceux
qui n'ont pas de subventions. Offrez-vous la prématernelle quatre ans
à la charge des parents?
M. Mainville: Non. Certaines corporations de parents en profitent
pour ouvrir un service de garde dans les écoles. Ils font une
entente
séparée avec la commission scolaire. Ils louent le local -
on a des ententes types - et profitent du fait qu'ils peuvent amortir leurs
coûts administratifs avec le service de garde en milieu scolaire pour
offrir un service quatre ans pour les élèves dans l'école.
À ce moment-là, selon le type de service offert, ils en profitent
souvent pour tenter d'établir un programme de transmission de
connaissances. Ce n'est pas un programme reconnu par la CEPGM. Cela ne donne
aucune attestation d'études. Mais les parents se disent: On est aussi
bien de profiter du milieu scolaire pour embaucher des gens qui ont des
qualifications appropriées pour fournir un minimum d'enseignement pour
les quatre ans. Ce n'est pas reconnu mais cela se fait sous l'égide d'un
permis de service de garde en garderie.
Mme Harel: C'est une garderie éducative. M. Mainville:
Exactement.
Mme Harel: Le personnel est à l'emploi de la commission
des écoles protestantes ou de la corporation?
M. Mainville: De la corporation de garderie, toujours.
Mme Harel: Quel est le taux moyen de salaire payé?
M. Mainville: On n'a pas les statistiques sur le taux moyen. On a
tenté de les obtenir. On peut quand même vous donner le "range",
comme on dirait.
Mme Harel: L'écart.
M. Mainville: Cela varie beaucoup. On veut qu'il y ait de la
flexibilité dans le système et on favorise môme les
garderies éducatives. On voudrait que ce soit complémentaire.
S'ils embauchent un enseignant qualifié, il est payé plus cher,
peut-être 14 $, 15 $ l'heure. Si c'est un préposé, il sera
payé beaucoup moins cher, peut-être 7 $, 7,50 $. C'est un peu
l'écart qui joue. Il y a toutes sortes de variations à
l'intérieur de cette échelle, selon la garderie, selon la
décision des parents et le type de personnel embauché.
Mme Harel: Est-ce que cela dépend du revenu des parents?
Est-ce que la garde varie en fonction du statut économique des
parents?
M. Mainville: Parlez-vous des salaires payés aux
employés ou de la...?
Mme Harel: Disons de l'état financier du service offert
dans chaque école, c'est-à-dire de la part que mettent la
commission scolaire ou les parents.
M. Mainville: C'est ce qui est assez extraordinaire. J'ai
examiné ce dossier en détail. Les parents s'organisent. Il y a
beaucoup de bénévolat. Si les gens n'ont pas le moyen de se
fournir des services, ies parents y vont à titre bénévole,
à l'intérieur de l'école, et vont faire du travail
eux-mêmes pour aider la garderie. Cela fonctionne un peu de cette
façon.
Mme Harel: Une question-piège... Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Dès que je vous la pose, vous le savez. Y
a-t-il des cours de langue qui se donnent après les heures
régulières?
M. Mainville: De langue? Des voix: Ha, ha, ha!
M. MainviSIe: Non, non. À ma connaissance, il n'y a pas de
cours d'anglais mais il y a beaucoup de cours de français.
Mme Harel: En anglais, vous vous contentez des cours
donnés dès la première année, c'est cela?
M. Mainville: Ce n'est pas mon domaine d'expertise.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Comme cela, vous n'êtes pas prêt à
défendre le pouvoir de la commission scolaire jusqu'au bout.
M. Mainvilie: Je n'ai pas de commentaire là-dessus.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): II va parler juste avec
son avocat.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je ne sais pas s'il y a d'autres questions.
Le Président (M. Bélanger): II vous reste deux
minutes.
Mme Harel: Je veux vous remercier, Me Mainville et Mme Qabrough.
C'est le premier éclairage que l'on a dans l'ensemble du service. Je ne
suis pas certaine si cela correspond ou non à ce qu'on a comme
orientation. Il faudrait peut-être veiller à mieux examiner, mais,
chose certaine, j'ai l'impression que ça correspond à un mode de
fonctionnement en usage depuis très longtemps au sein de la commission
des écoles protestantes qui est, notamment, de recevoir les
enfants après les heures de classe et aux heures de repas depuis
bien avant qu'il en ait môme été question dans les
commissions scolaires francophones.
M. Mainville: Cela s'inscrit également dans l'implication
assez forte des parents. C'est de tradition à la CEPGM, les parents sont
très fortement impliqués dans les écoles; cela s'inscrit
dans cette tradition. On ne voudrait pas, parce que vous dites que cela ne
correspond peut-être pas nécessairement aux orientations, ce sera
à déterminer, mais...
Mme Harel: Je vais vous poser une question. Au contraire, je
pense qu'il faut favoriser la participation, la présence des parents
dans l'école. Ceci dit, faut-il pour autant... Vous savez, ce n'est pas
parce que vous êtes parents d'un enfant que vous êtes capables
d'offrir un service à d'autres enfants. Ne vaudrait-il pas mieux que les
parents viennent compléter, par une contribution supplémentaire,
en faisant de la lecture ou des choses comme ça, le minimum qui doit
être offert indépendamment dans tous les milieux, qu'ils soient
favorisés ou défavorisés, que les parents aient les moyens
ou non de se le payer, que les mères soient ou non à la maison?
Ne vaudrait-il pas mieux avoir un service public complété,
supplémenté par la tradition de participation des parents?
M. Mainville: Oui. C'est une approche qui peut être
défendue, je n'en doute pas. Mais l'approche qu'on favorise... On semble
croire que, parce que ce sont des parents qui s'en occuperaient, la
qualité serait moins élevée. On a déterminé
qu'au contraire, dans le personnel qu'on embauche, il n'y a pas un seul
responsable des services de garde à la CEPGM qui n'a pas au moins un
DEC, quand ce n'est pas un bac au niveau de la formation.
Mme Harel: Mais quand son enfant a complété les
années du primaire, la fréquentation de l'école,
demeure-t-il ou s'il est remplacé par un autre parent?
M. Mainville: Normalement, il est remplacé par un autre
parent. C'est au niveau du conseil d'administration. Ce ne sont pas les
parents, à proprement parler, eux-mêmes, en personne, qui
fournissent le service. Cela arrive dans certains...
Mme Harel: Ah!
M. Mainville: Je vous ai dit qu'il y avait du
bénévolat. C'est dans certaines garderies, ce n'est pas dans
toutes. C'est la minorité qui a ça. La plupart du temps, ce sont
les parents qui contrôlent la garderie, qui embauchent le responsable qui
a souvent un DEC ou un bac et qui, avec le comité de parents, embauche
les autres gens. Les parents...
Mme Harel: Je pense que ces précisions valaient
d'être données.
M. Mainville: Ce sont les parents qui supervisent ça. Ils
ne sont pas dans l'école en train de fournir eux-mêmes le service,
c'est loin d'être le cas. Par contre, je vous ai dit que souvent, sur les
questions administratives, les parents vont entrer et vont faire du
bénévolat: celui qui fera la comptabilité sera un parent
qui s'offrira pour quelques heures ou, si on a des lunchs à
préparer pour les enfants, ils vont venir et ils vont les
préparer. Cela se fait dans certaines garderies, non pas dans
toutes.
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la ministre,
en conclusion.
Mme Gag non-Tremblay: En conclusion, je veux juste apporter une
précision sur l'article 255 du projet de loi 107. On dit que la
commission scolaire peut participer à la réalisation de projets
communautaires. "Elle peut réaliser elle-même de tels projets ou
conclure, à ces fins, des ententes avec une personne ou un organisme;
elle peut en outre engager du personnel et exiger une contribution
financière des usagers des services qu'elle dispense dans la
réalisation de tels projets." Cependant, cet article est actuellement
à l'étude aux services juridiques pour voir si on peut se
permettre un tel article dans le projet de loi. Si, par contre, il était
jugé acceptable par le service du contentieux, cela pourrait
possiblement répondre à votre recommandation concernant les
projets communautaires.
M. Mainville: Certainement, mais nous préférerions
quand même qu'on l'inscrive clairement dans la Loi sur l'instruction
publique, comme on l'a fait dans la loi 3. On avait clairement
spécifié dans cette loi - et on a annexé les dispositions
législatives qui s'y réfèrent - tant dans la Loi sur les
services de garde à l'enfance que dans la Loi sur l'instruction
publique, qu'il était possible aux commissions scolaires de contracter
avec des tiers à ces fins. On voudrait qu'une règle similaire
à celle qui était prévue dans la loi 3 à
l'égard des services de garde soit réaffirmée dans la
nouvelle loi qui fera suite, je le présume, à cette commission
parlementaire.
Mme Gag non-Tremblay: Merci infiniment.
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales remercie fa Commission des écoles protestantes du
Grand Montréal et suspend ses travaux quelques instants pour permettre
de saluer nos invités.
(Suspension de la séance à 15 il 41)
(Reprise à 15 h 45)
Le Président (M. Bélanger): Je demande à
chacun et à chacune de bien vouloir reprendre sa place afin que nous
puissions passer à la dernière étape de ce mandat de
consultation générale et d'auditions publiques. Avant de
terminer, d'abord, je demanderais aux gens au fond de la salle de bien vouloir
s'asseoir, s'il vous plaît. Je vous remercie.
Comme il y a eu entente entre Mme la députée de
Maisonneuve et Mme la ministre pour qu'il y ait une période de vingt
minutes pour faire des conclusions...
Mme Gagnon-Tremblay: Vingt fois deux. Le Président (M.
Bélanger): Oui, chacune.
Mme Harel: Cela veut dire quinze minutes chacune?
Le Président (M. Bélanger): Non, vingt minutes
chacune. C'est ce qu'on m'a dit.
Une voix: On ne se chicanera pas là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): Voulez-vous quinze
minutes ou vingt minutes? Cela ne me fait rien.
Mme Harel: Je vais vous dire exactement comment les choses se
présentent, M. le Président. Vous n'étiez pas ici ce
matin. J'ai fait appel à la secrétaire de la commission, avant
qu'on quitte, pour demander quel était le temps qui était
imparti. Je peux prendre vingt minutes, mais j'avais prévu... J'ai des
engagements. Là, il y a un problème.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais essayer de le faire en vingt
minutes. Comme on m'avait dit vingt minutes, je me suis préparée
pour vingt minutes.
Mme Harel: Ah, on vous avait déjà dit vingt!
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): II y a eu une
mésentente, bon.
Mme Gagnon-Tremblay: Si on commence tout de suite, on pourra
peut-être...
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, on
s'entend pour dix-sept minutes?
Mme Harel: Non, allons-y, mais c'est parce que...
Le Président (M. Bélanger): On y va.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Vous dites ce que vous
avez à dire et quand vous avez fini... On s'entend pour ne pas
excéder vingt minutes. Mme la députée de Maisonneuve.
Conclusions Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Ce sont des remarques
préliminaires puisque, demain, j'aurai l'occasion avec ma
collègue, vice-présidente du Parti québécois, Mme
Marois, de transmettre aux médias d'information le bilan complet que
nous faisons sur l'absence de vision des besoins de garde pour ta petite
enfance au Québec. Nous aurons l'occasion demain de tracer un tableau
à ensemble. Je ne ferai ici que quelques remarques préliminaires
en regard des réseaux que nous avons examinés de plus
près.
Avec l'éclairage des travaux de la commission parlementaire, je
dirais que la déception est encore plus grande à l'égard
de l'Énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance" que ce n'était le cas lors de l'ouverture de nos travaux. En
effet, t'expertise des intervenants du milieu a mis à jour une
réalité tout autre que celle à laquelle prétendait
la ministre.
Cette réalité, M. le Président, c'est d'abord un
développement au ralenti. C'est une consolidation insuffisante et
contestée à l'égard des garderies privées. C'est un
nouveau mode de financement presque unanimement contesté qui
perpétue la réalité du sous-financement qui, lui, reste
encore à corriger. C'est un désengagement financier de
l'État québécois à la faveur de la hausse de
contribution annoncée par le gouvernement fédérai et c'est
l'absence d'une véritable politique intégrée de la petite
enfance en matière de garde.
Le développement au ralenti. De 1989 à 1994, durant les
cinq prochaines années du nouvel énoncé, le taux de
développement du réseau n'atteindra que 13,3 % en regard du taux
de croissance moyen de 16 % entre 1982 et 1986. Bien plus, comme nous l'a
souligné la Fédération des femmes du Québec dans
son mémoire, la moyenne des taux de croissance annuelle entre 1977 et
1985, avant la venue du Parti libéral au gouvernement, était de
18,16 %.
Selon la Fédération des femmes du Québec, tous les
modes de services de garde régis par la loi subiront un recul dans leur
rythme de développement. Dans les garderies, la moyenne des taux de
croissance annuelle de 9,45 % entre 1983 et 1988 tombera à 6,43 % entre
1989 et 1994. Dans les agences de garde en milieu familial, entre 1983 et 1988,
la moyenne des taux de croissance de 33,3 % ne sera que de 21,9 %. En milieu
scolaire, nous dit la Fédération des femmes du Québec, la
moyenne de 20,3 % entre
1983 et 1988 baissera à 17,1 % entre 1989 et 1994.
Ce matin même, la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec signalait à la commission: "Jamais,
môme pendant la crise, la croissance n'aura-t-elle été
aussi faible. Nous avons été frappés, ajoutent-ils, par le
fait que, depuis la crise où la création de nouvelles places
n'avait été que de 7,8 %, ce serait la première fois en
1989, après six années de croissance économique, qu'on
retrouverait un pourcentage aussi faible, soit 7,9 %".
La consolidation contestable à l'égard des garderies
privées. Après avoir connu une croissance spectaculaire durant
les trois dernières années, notamment en 1988 où, pour la
première fois, le nombre de places créées dans les
garderies à but lucratif, soit 1596, a été
supérieur à celui des garderies sans but lucratif, soit 1175, le
gouvernement encourage cette tendance par l'annonce d'une nouvelle subvention
de 4 200 000 $ au chapitre de la consolidation et par une fort nébuleuse
proposition d'une future planification régionale sur laquelle, à
la fin de ces travaux, nous ne connaissons toujours rien. Il est inconcevable
que nous terminions les travaux de cette commission sans que la ministre, qui
va avoir l'occasion de parler après moi, ne s'explique sur qui sera
mandaté pour réaliser cette planification et quand. En attendant,
la seule réalité tangible de l'énoncé est que, si
on calcule le ratio des montants obtenus au chapitre de la consolidation, on
constate que les garderies sans but lucratif recevront 357 $ par place
comparativement à 364 $ pour les garderies privées.
Un nouveau mode de financement presque unanimement contesté. Les
parents ne peuvent assumer plus du fardeau financier de la garde des enfants et
pourtant le nouveau mode de calcul préconisé par la ministre
déléguée n'apporte aucun correctif sérieux à
cette situation. La formule du gouvernement libéral qui établit
les subventions selon les revenus de garde viendra, au contraire, aggraver le
sous-financement du réseau des services de garde. Les garderies ne
peuvent ni continuer à augmenter leurs tarifs sans risquer de voir
diminuer leur taux de fréquentation, sans risquer de voir compromettre
leur propre existence, ni offrir des conditions salariales similaires à
celles qui existent présentement sans affecter la stabilité du
personnel et la qualité des services. Les tarifs sont trop
élevés pour les parents. Selon le milieu socio-économique
où se situe la garderie, il existe un seuil variable à partir
duquel l'augmentation du tarif entraîne une diminution radicale de
fréquentation, nous dit le mémoire de Concer-taction.
Déjà, ce seuil a été franchi, de telle sorte que
bien des garderies ont non seulement vu leur liste d'attente disparaître,
mais elles doivent également assumer le manque à gagner que
représentent des places laissées vacantes.
La majorité des parents n'ont plus les moyens financiers de
choisir un service de garde en garderie ou un service de garde régi pour
leur enfant. En regard de l'aide gouvernementale, même
améliorée, il n'est pas raisonnable, comme le signalait la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec ce
matin, qu'un responsable de famille à faible revenu avec 9000 $ par
année doive payer environ 600 $ pour faire garder son enfant. Il n'est
pas raisonnable, non plus, qu'un couple qui gagne 20 000 $ doive payer 1100 $
par année de frais de garderie. Qu'il gagne 25 000 $ ou 50 000 $ par
année, nous signale la Fédération des travailleurs du
Québec, le même service lui revient à plus de 2000 $ par
année.
La nouvelle formule de financement préconisée par la
ministre va créer une formidable pression à la hausse des tarifs.
D'ailleurs, le caractère inflationniste, qui a été
décrié presque unanimement par l'ensemble des intervenants qui
sont venus devant la commission, est même reconnu par
l'énoncé, puisque ce dernier prévoit un tarif maximum
admissible. Plus les tarifs augmenteront jusqu'à concurrence des 120 %
du tarif moyen, plus la subvention augmentera, puisque le taux d'occupation
déjà approche d'une fréquentation maximale si l'on
considère l'ensemble des absences inévitables. On a bien
signalé les raisons qui motivent ces absences: la période
d'été, la fermeture de la période des fêtes, les
épidémies, le départ simultané de plusieurs enfants
pour la maternelle ou la première année, les périodes de
mises à pied ou de chômage des parents. La nouvelle formule de
financement de la ministre est d'autant plus inacceptable qu'elle va
décourager un tarif préférentiel pour le second enfant
d'une même famille, ce qui est vraiment contraire à toute
politique familiale. Elle rendra encore plus difficile l'accueil d'enfants
turbulents ou perturbés qui peuvent nécessiter un ratio
différent et rendra, évidemment, difficiles des choix
pédagogiques qui amènent temporairement des baisses de revenus
pour faciliter l'intégration ou la transition des enfants d'un groupe
à l'autre.
Cette nouvelle formule de financement se fera au détriment des
conditions salariales et de travail. En 1986-1987, le salaire horaire moyen
versé au personnel de garde à temps plein était de 6,31 $
dans les garderies à but lucratif et de 8,33 $ dans les garderies sans
but lucratif, pour une moyenne de trois années d'expérience. Ce
salaire était versé à un personnel de qui on exige
pourtant un diplôme d'études collégiales en techniques
d'éducation en services de garde, soit plus de quatorze années de
scolarité. Signalons qu'en vertu de la convention collective des
employés de soutien des commissions scolaires, en 1987, une personne
détentrice d'un tel diplôme, sans expérience, se classait
à l'échelon 6, à savoir 10,77 $ de salaire horaire moyen.
Le sous-financement du réseau affecte particulièrement la
rémunération des éducatrices et des éducateurs qui
attendaient pourtant un rattrapage significatif, absent de cet
énoncé de politique.
Tous les intervenants du milieu, presque, à l'unanimité,
sont venus nous le dire: Les difficultés rencontrées par les
garderies ne relèvent pas du mode de financement, mais relèvent
du sous-financement. Ces correctifs passent par une hausse de la subvention par
place au permis pour couvrir une partie plus grande des coûts salariaux,
comme nous le signalait la FTQ ce matin.
Le nouveau mode de calcul proposé par le gouvernement, soit celui
d'une subvention de 45 % des revenus de garde, coûte 45 979 400 $, soit 9
965 600 $ de plus que le coût de la subvention actuelle de 4,50 $ par
jour par place au permis. Converti selon le mode de financement, cet ajout
constitue 1,50 $ de plus par place au permis, soit l'équivalent, en
vertu de la conversion, de 6 $ par jour par place au permis. Compte tenu du
nouveau partage du financement du réseau des services de garde entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement québécois,
et de la hausse annoncée et anticipée dans l'énoncé
de politique de la contribution du gouvernement fédéral, nous
pensons que le gouvernement du Québec a les moyens de faire mieux. Aussi
entendons-nous soutenir vigoureusement et réclamer une juste
contribution de la part du gouvernement du Québec dès le 1er
avril 1989. À cet égard, la variation en dollars constants de la
contribution québécoise à l'Office des services de garde
à l'enfance fait apparaître un désengagement substantiel et
systématique du gouvernement québécois, qui sera encore
plus accentué durant les trois prochaines années. Ainsi, la
contribution s'établissait en moyenne de 1983 à 1986, pour
l'ensemble du réseau des services de garde, à 17,03 %, de 1986
à 1989 à 7,6 %, et elle s'établira en dollars constants,
à 5 % pour 1989 à 1992, soit pour les trois prochaines
années.
Nous recommandons le maintien de l'actuel mode de financement,
basé sur le nombre de places au permis; le maintien et l'indexation de
la subvention au logement; l'augmentation de la subvention de fonctionnement
par place au permis dès le 1er avril 1989, passant de 4,50 $ par jour
à 9 $; l'élaboration d'un plan de consolidation des subventions
directes aux garderies afin que le salaire horaire moyen des éducatrices
et des éducateurs atteigne, le 1er avril 1990, 12 $; la modification du
ratio permis pour la garde en milieu familial afin que les gardiennes
responsables puissent accueillir six enfants, dont deux d'âge scolaire;
l'attribution de subventions à la formation et au perfectionnement du
personnel en milieu scolaire et aux familles de garde en milieu familial.
M. le Président, puisque j'ai encore du temps à ma
disposition J'ai bien l'intention de l'utiliser. Combien de temps me
reste-t-il?
Une voix: Vous prenez dix-sept minutes? (16 heures)
Mme Harel: Dix-sept. Nous pensons, M. le Président,
d'autre part, que la ministre doit mettre fin à un certain nombre
d'incohérences qui ont été soulevées dans le cadre
des travaux de notre commission. J'en énumère quelques-unes.
D'abord, incohérence entre les critères d'embauché.
Comment peut-on maintenir le critère d'une quatrième année
au secondaire complétée pour la garde en milieu scolaire et un
critère d'embauche de techniques collégiales en services de
garde? L'harmonisation doit, évidemment, se faire à Sa hausse
pour les critères d'embauche. Il faut également mettre fin
à l'incohérence en matière de ratios: une
éducatrice pour vingt enfants dans la garde en milieu scolaire, selon !e
ministère de l'Éducation, et une éducatrice pour quinze
enfants du niveau de !a maternelle ou du primaire, si la garde se fait en
garderie. L'harmonisation doit se faire en faveur de l'enfant.
Nous demandons également qu'il soit mis fin à cette
incohérence d'une garde à domicile non régie par la loi,
où Sa loi fixe le nombre maximum d'enfants pouvant être
gardés dans une famille à neuf et à au plus cinq enfants,
y compris deux enfants d'âge scolaire, ceux qui sont accueillis dans des
familles en garde familiale. Nous pensons que la loi, dans ce cas, doit
déterminer une garde à domicile équivalente à celle
permise en milieu familial. Nous aurons l'occasion, dans les jours qui
viennent, de nous expliquer plus amplement sur cette vision qui est,
malheureusement, absente d'une véritable politique de la petite enfance
et des besoins de garde.
Je voudrais simplement terminer sur ce que contenait le mémoire
de la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec qui, devant cette commission, plaidait le fait que la petite
enfance est l'étape la plus importante de la vie de l'individu. C'est
à ce moment précis que se font la majorité des
acquisitions fondamentales de la formation d'un être humain. Si elles ne
sont pas effectuées à ce moment précis, elles seront cause
de graves problèmes de développement, de retards que l'enfant
traînera toute sa vie et de carences souvent
irrécupérables. Étant donné que la famille, qui
jouait auparavant un rôle prépondérant dans le premier
milieu de vie, a été complètement modifiée et que
cette évolution est encore plus considérable dans la
société québécoise qu'elle ne l'est dans l'ensemble
des autres pays industrialisés... Je n'ai qu'à rappeler qu'au
Québec, en plus de la diminution des possibilités d'entraide
familiale pour la garde du jeune enfant, en plus de l'évolution des
mentalités qui fait que la femme au foyer est une personne active qui
est en droit, elle aussi, de revendiquer un épanouissement social et
culturel qui lui permet d'être à la recherche de structure
d'accueil pour ses jeunes enfants, il faut également ajouter que le taux
d'activité des mères d'enfants d'âge préscolaire est
bien sous-estimé par l'énoncé de politique de la
ministre.
D'autre part, les différentes données, à la fois
sur les naissances hors mariage, le taux de monoparentalité dans les
familles québécoises et la situation financière familiale
- les statistiques
nous le révèlent - indiquent que, chez les familles dont
le chef a moins de 35 ans, une famille sur cinq en 1986 vivait sous le seuil de
faible revenu. Les statistiques nous rappellent également que, chez les
familles dont le chef est âgé de 25 à 34 ans, là
où se concentrent la majorité des naissances, la proportion des
familles à faible revenu est maintenant de 19 % en 1986, une famille sur
cinq. En 1985, plus de 21 % des enfants âgés de moins de six ans
faisaient partie d'une famille à faible revenu, comparativement à
19 % en 1980.
M. le Président, il est évident pour l'Opposition que cet
énoncé de politique a semé de l'inquiétude à
l'ouverture des travaux de notre commission, mais a aggravé la
déception tout au long de l'examen que nous en avons fait...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que la
députée voudrait conclure, s'il vous plaît?
Mme Harel: Je conclus en vous signalant que nous avons
l'intention, dès l'ouverture des travaux de l'Assemblée nationale
la semaine prochaine, de rappeler au gouvernement sa responsabilité
à l'égard des besoins de garde de la petite enfance.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Maisonneuve. Mme la ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. Il y a plus
de trois semaines que les membres de cette commission parlementaire entendent
les mémoires de groupes et d'individus concernés par le dossier
des services de garde à l'enfance. Le temps est maintenant venu de faire
un survol de ces audiences publiques et des discussions auxquelles elles ont
donné lieu, même si quelques semaines seront nécessaires
pour procéder à la réalisation d'études de
faisabilité en rapport avec plusieurs des recommandations qui nous
furent adressées.
Le document d'orientation qui a fait l'objet de nos travaux, faut-il le
rappeler, comporte trois grands volets: un plan de développement qui
vise à doubler en cinq ans le nombre de places disponibles en garderie,
en milieu scolaire et en milieu familial, les faisant passer de 64 700 au 31
mars 1988 à 137 700 au 31 mars 1994; un programme d'amélioration
de la qualité des services, notamment par la formation, le
perfectionnement et le ressourcement du personnel et des responsabilités
de gestion, ainsi que par un soutien accru aux parents dans l'organisation, la
gestion et la direction des services de garde; enfin, un nouveau mode de
financement des services plus souple, plus dynamique, plus cohérent et
plus généreux à la fois en ce qui a trait aux subventions,
aux services et à l'aide financière aux parents à faible
et à moyen revenu.
Au cours des trois premières années d'application de la
politique proposée, le gouvernement du Québec Injectera 513 800
000 $ dans le but d'améliorer l'accessibilité aux services, de
maintenir et d'accroître la qualité et de soutenir plus
équitablement les parents et les services existants. Face à un
engagement financier aussi probant de la part de l'Etat
québécois, il s'avère nettement abusif de laisser croire
à la population que tout le mérite revient à Ottawa, comme
persiste à le faire la députée de Maisonneuve depuis le
début des travaux de cette commission, d'autant plus qu'actuellement
aucune entente n'a encore été signée avec le gouvernement
fédéral.
Il est exact d'affirmer que le budget des services de garde augmentera
de 43 500 000 $ en 1989-1990 et que la très grande partie de cette somme
sera plus tard remboursée par Ottawa. Une hausse aussi subite dans les
contributions fédérales s'explique, iI y a lieu de s'en
réjouir, du fait que Québec s'attend à obtenir un
accroissement de 31 % à 50 % du taux de partage des dépenses
entre les deux paliers de gouvernement. Même si aucune entente n'a encore
été signée jusqu'à maintenant, je demeure
très optimiste quant à un règlement prochain. Les effets
de ce changement se feront sentir avec force dès la première
année et je suis heureuse de constater que la députée de
Maisonneuve reconnaisse cette fois, en dépit de ses convictions
souverainistes, les nombreux mérites du régime
fédéral, du gouvernement.
Malgré tous les efforts consentis, il s'en trouve pour
prétendre que le gouvernement n'est pas assez généreux.
Certains réclament une plus grande prise en charge de ce réseau
par l'Etat, qu'il supporte davantage les parents, qu'il établisse des
liens d'employeur avec le personnel et vont même jusqu'à accuser
le gouvernement de se désengager par cette réforme. Comme l'a
reconnu si justement l'éditorialiste du journal Le Devoir, M.
Jean Francoeur: "II ne faut pas se dérober devant les questions
même les plus faussement naïves. Souvent, il est même utile de
les aborder de front." Cette question, selon l'éditorialiste, peut se
formuler ainsi: "Pourquoi les gouvernements ne prennent-ils pas
entièrement à leur charge la garde des enfants depuis le berceau
jusqu'à la fin du primaire en instaurant un programme universel et
gratuit qui se traduirait concrètement par la création d'un
réseau public de garderies accessibles à toutes les familles?
C'est que les gouvernements jugent qu'ils n'en ont pas les moyens. La
création d'un tel réseau exigerait des budgets de dix à
vingt fois supérieurs aux crédits actuellement consacrés
aux services de garde. Les gouvernements de tous les niveaux qui
prélèvent plus de la moitié du revenu national aux fins du
financement de services collectifs n'ont plus de marge de manoeuvre. Il n'y a
plus d'issue ni dans l'alourdissement de la fiscalité ni dans la
croissance de l'endettement. Sous la conjoncture présente, ajoute Jean
Francoeur, au-delà de tout parti
pris idéologique, une politique de garde ne peut guère
dépasser un certain niveau de soutien aux efforts déployés
par les parents eux-mêmes."
Plusieurs autres représentants de la presse d'opinion, dont M.
Pierre Vennat, du Journal La Presse, ont aussi traduit à leur
façon le genre de malaise engendré par la surenchère de
revendications. "On a beau vouloir sympathiser, écrit M. Vennat, on
constate qu'à quelques semaines du dépôt des
prévisions de dépenses 1989-1990 du gouvernement Bourassa tous
les lobbies, si bien intentionnés soient-ils, tirent la couverture
chacun de son côté, mais que personne n'a encore réussi
à répondre de façon satisfaisante à la question
primordiale: Où, diable, le gouvernement ira-t-il chercher
l'argent?"
Il importe de ne pas perdre de vue que les services de garde
s'inscrivent dans le grand ensemble des priorités sociales auxquelles le
gouvernement doit répondre. Les choix que nous faisons doivent tenir
compte des besoins, mais aussi de la capacité de payer de l'État,
de l'ensemble des citoyens et des parents de jeunes enfants. Bien sûr,
nous aurions pu faire des choix différents à l'intérieur
des budgets disponibles, mais aurions-nous dû effectuer des coupures dans
les services de santé où les besoins sont énormes, en
éducation, dans les services aux personnes âgées? Nous
avons choisi la voie de l'équilibre entre les besoins et nos moyens. Ces
choix, nous les avons faits lucidement, avec pragmatisme et réalisme, et
avec la conviction profonde qu'ils répondent à la volonté
des citoyens et des citoyennes qui nous ont portés au pouvoir et qui
souhaitent une saine gestion des finances publiques.
Nous demeurons fort conscients qu'il y a d'énormes rajustements
à opérer pour répondre aux besoins des familles
québécoises, pour permettre aux services de garde
d'améliorer la qualité des services et pour offrir de meilleures
conditions de travail au personnel des services de garde. Il faut cependant se
rendre à l'évidence que ce rattrapage ne peut se faire en une
seule année.
Dans son allocution de clôture, la porte-parole de l'Opposition a
pris un certain plaisir à relever et même à amplifier les
reproches formulés à l'endroit du projet gouvernemental. Je le
conçois d'autant plus aisément qu'elle exerce tout simplement son
rôle critique. Vous comprendrez, toutefois, que je ne saurais dresser le
bilan des travaux de cette commission sans faire allusion à l'attitude,
ainsi qu'aux discours tenus par les députés de l'Opposition. Les
députés péquistes, en se montrant sympathiques à
toutes les revendications entendues, tant les raisonnables que les moins
raisonnables, comptent faire oublier les lacunes importantes de l'action du
gouvernement précédent en matière de services de garde.
Tous auront compris que l'Opposition, à la recherche d'une
crédibilité moins chancelante, espère tout simplement que
le temps fera son oeuvre en cicatrisant les plaies laissées par les
Insatisfactions profondes et répétées à l'endroit
du gouvernement antérieur.
Mais comment faire pour oublier l'instabilité chronique au posts
de ministre déléguée à la Condition
féminine, laquelle s'est traduite par une absence de planification
gouvernementale d'ensemble, bref par un rapiéçage
élevé au rang de politique? Comment passer sous silence
l'incapacité de l'une de mes prédécesseurs qui avait
reçu dès 1932 le mandat de procéder à
l'élaboration d'une politique globale depuis longtemps
réclamée par le milieu des services de garde? Au terme de son
mandat, le gouvernement de l'époque n'avait toujours pas réussi
à présenter un projet digne de ce nom.
Comment résister à la tentation d'évoquer
l'engagement contracté par l'ancien gouvernement lors de
Décisions 85 de développer 12 000 nouvelles places par
année, et ce, sans même avoir reçu l'aval du Conseil du
trésor? Comment aussi ne pas mentionner l'engagement non respecté
du gouvernement précédent, soit celui qui fut pris durant la
campagne électorale de 1981 de créer 45 000 nouvelles places de
garde en milieu scolaire en quatre ans, dont 10 000 au moins la première
année? Après cinq ans, on était très loin des 45
000 places promises, puisque seulement 11 747 places avaient été
créées. L'objectif des 10 000 places dès la
première année fut à peine dépassé cinq ans
plus tard.
De plus, comment s'empêcher d'esquisser un sourire devant une
opposition sympathique à une revendication primordiale du Regroupement
des agences de garde en milieu familial, soit la parité d'aide
financière pour les enfants d'âge scolaire, alors que c'est le
Parti québécois qui, en 1984, abolissait cette mesure existante
en faisant en sorte qu'un service de garde ne puisse réclamer plus d'une
demi-journée pour un enfant d'âge scolaire?
Comment, d'autre part, prêter toute la crédibilité
voulue à une Opposition qui s'indigne du développement
accéléré des garderies à but lucratif ces
dernières années, alors que c'est le gouvernement péquiste
qui a omis, au moment de l'adoption de la loi en 1979, de soumettre ces
dernières aux mêmes contraintes de développement que les
garderies sans but lucratif? Comment ne pas évoquer, en terminant,
l'inconséquence du gouvernement antérieur qui a imposé des
exigences de formation aux éducatrices et aux éducateurs, tout en
omettant de consentir les sommes afférentes nécessaires?
Si le temps me le permettait, je pourrais faire allusion à bien
d'autres inconsistances de la performance péquiste en matière de
services de garde, tel un empressement à développer en faisant fi
de la consolidation ou encore l'absence de toute mesure d'indexation. Comment
les auteurs d'une Improvisation ou d'une Imprévoyance aussi flagrante
peuvent-ils aujourd'hui s'ériger en puristes des services de garde
à l'enfance? Nous laissons le soin aux intervenants de pour-
suivre eux-mêmes leur réflexion sur ce sujet.
Heureusement, M. le Président, les intervenants qui se sont
succédé durant cette commission parlementaire ont su
reconnaître nombre de mérites à la réforme
proposée. Ainsi, les sept principes directeurs ont
bénéficié d'un large consensus. L'adoption d'un plan de
développement pour les cinq prochaines années, l'instauration
d'une planification régionale suscitant la collaboration des partenaires
socio-économiques, les subventions accordées pour l'implantation
de nouvelles garderies sans but lucratif ont toutes été des
mesures accueillies très favorablement.
De plus, les garderies se sont réjouies qu'un budget pour la
formation, le ressourcement et le perfectionnement leur soit enfin
accordé. C'est une mesure qui aurait dû être adoptée
en 1983 lors du dépôt de la réglementation. La subvention
pour la garde des poupons accordée aux responsables de familles de
garde, l'adoption prochaine d'une réglementation pour la garde en milieu
familial et l'expérimentation de nouveaux services pour la garde au
domicile des parents sont des mesures qui ont été reçues
favorablement par les intervenants.
L'autorisation et les budgets nécessaires pour prévoir un
local pour les services de garde lors de la construction ou d'un
réaménagement majeur d'écoles constituent aussi un
élément positif. L'indexation au cours des trois prochaines
années de la subvention pour la garde des poupons et des enfants
handicapés, des subventions de base accordées aux agences de
garde en milieu familial, de l'enveloppe globale relative aux services de garde
en milieu scolaire et de la subvention de base du programme
d'exonération financière accordée aux parents est une
décision qui démontre la volonté réelle du
gouvernement dans ce dossier et qui a été jugée
exceptionnelle par plusieurs.
Bien que certaines modalités d'application pour le financement
des services aient été passablement critiquées, plusieurs
intervenants ont tout de même souligné l'effort du gouvernement
relativement à l'augmentation de 41 % du budget consacré aux
services de garde. Il faut comprendre, cependant, que les groupes, ne disposant
que de peu de temps pour leur présentation à cette commission, se
sont attardés principalement aux éléments qui leur
semblaient plus problématiques.
Cette commission parlementaire nous a permis d'entendre près de
80 groupes issus de différents milieux et plusieurs
représentations ont été fort intéressantes et
très pertinentes. J'ai été à l'écoute des
revendications de tous les groupes, des garderies, des agences, des
responsables de garde en milieu familial, du milieu scolaire, des groupes de
femmes et des syndicats.
Cet exercice démocratique constitue un moyen
privilégié pour échanger des idées et pour
permettre au gouvernement de connaître et de comprendre les positions de
chacun. Je suis certaine que cette démarche a été
constructive, tel que je le souhaitais au tout début. Je ne peux
m'empêcher de souligner l'intérêt de plusieurs organismes
importants et la réponse qu'ils ont donnée à l'appel
à la concertation en matière de développement des services
de garde. Les municipalités, les commissions scolaires, les entreprises
et les différents groupes concernés ont clairement
signifié leur intérêt pour le dossier et se sont dits
prêts à collaborer. Ce constat est très prometteur pour
l'avenir.
Il est, par ailleurs, une constatation que je fais avec regret. C'est le
peu de place qui a été dévolue aux parents tout au long de
cette commission parlementaire. Bien sûr, de multiples intervenants nous
ont dit, dans leur mémoire, se soucier des parents, mais leur voix
spécifique n'a pas vraiment été entendue ou l'a
été bien faiblement. Pourtant, il ne faut pas oublier que c'est
prioritairement pour soutenir les parents dans leurs responsabilités que
les services de garde ont été créés et que cet
énoncé de politique a été élaboré.
J'aurais donc vivement apprécié qu'ils viennent davantage nous
faire part de leurs attentes, de leurs préférences et de leurs
besoins.
Les mesures qui touchent directement les parents, plus
spécifiquement le programme d'exonération financière, ont
été presque passées sous silence. Pourtant, ce programme a
été bonifié de façon substantielle. En effet,
dès l'entrée en vigueur de la politique, les 20 000 familles qui
bénéficient actuellement du programme d'aide financière
profiteront d'une diminution de leurs frais de garde. De plus, le nouveau
programme rejoindra un nombre important de familles qui n'étaient pas
admissibles auparavant. Cette aide financière pour la seule année
1989-1990 s'élèvera à près de 60 000 000 $, soit
environ 9 000 000 $ de plus que pour l'année en cours. Notons que ces
sommes ne tiennent pas compte du programme APPORT, ni des déductions
fiscales accrues dont bénéficieront les familles à revenus
plus élevés. Cet effort gouvernemental est important et je trouve
infiniment regrettable qu'il n'ait été mentionné qu'en
sourdine.
L'élément majeur qui a fait l'objet de contestations est
sans doute la formule de financement proposée pour les garderies sans
but lucratif. Je tiens à vous rappeler, cependant, les objectifs que le
gouvernement poursuivait et poursuit toujours dans la réforme
proposée. Comme je l'ai mentionné au cours de la commission, nous
nous sommes souciés des disparités qui existent actuellement
concernant les tarifs, les conditions de travail et la distribution de l'aide
de l'État accordée aux services et aux parents usagers.
La formule proposée permettrait d'accorder une aide
gouvernementale dans une même proportion en fonction des budgets de
chacune des garderies, de s'associer et de partager automatiquement le fardeau
financier engendré par les hausses de dépenses aux budgets des
garderies et d'injecter des montants substantiels là où les
tarifs sont déjà élevés pour freiner le
rythme des augmentations.
Bien que je sois toujours convaincue que la formule à 45 % des
revenus de garde comporte plusieurs avantages et entraîne une
bonification substantielle pour une très grande proportion des garderies
dès 1989-1990, force est de constater qu'elle crée des
inquiétudes et de l'insécurité dans le milieu.
Puisque mon souci premier a toujours été
d'améliorer la situation des services de garde, je ne refuse pas
d'examiner différentes options quant aux modalités de
financement. J'ai déjà demandé de mesurer les impacts que
pourrait entraîner une formule mixte par laquelle on établirait un
montant de base et un pourcentage des revenus de garde. Cette formule est la
seule qui m'a été suggérée et je regrette que
différents groupes importants aient écarté
systématiquement toute forme de compromis. Je tiens a préciser
que je suis très consciente des attentes des gens oeuvrant dans le
milieu et que plusieurs de leurs demandes sont légitimes, mais je dois
composer avec les limites budgétaires du gouvernement et avec la
capacité de payer des citoyens et des citoyennes.
J'ai été très sensibilisée par
différents aspects qui ont été soulevés par les
intervenants et certains éléments méritent d'être
considérés. Je pense, par exemple, aux services offerts en milieu
défavorisé, à la garde des enfants handicapés et au
budget pour la formation du personnel. Je pense également aux programmes
d'aide financière aux parents permettant une plus grande
accessibilité aux services de garde, à certaines modalités
de financement des agences de garde en milieu familial, notamment concernant le
nombre de familles admissibles pour les subventions, à la taille
maximale des agences et aux ratios pour les responsables de familles de garde.
Enfin, à la suite des multiples témoignages relatifs aux
garderies à but lucratif, je me dois de reconsidérer toute la
question du développement et du soutien que nous pouvons accorder aux
garderies à but lucratif qui existent déjà.
Concernant les services de garde en milieu scolaire, je crois important
de revoir tout le soutien technique et professionnel que l'on accorde aux
commissions scolaires et aux écoles, compte tenu du développement
que nous prévoyons en milieu scolaire. Bref, il faudrait faire le bilan
de la commission et revoir le tout dans sa globalité puisque les
exemples dont je viens de faire mention ne sont pas les seuls auxquels je
voudrais apporter une attention particulière.
Au cours des prochaines semaines, j'évaluerai avec soin la
faisabilité, de même que l'impact des suggestions et commentaires
qui ont été portés à la connaissance des
parlementaires de cette commission. La politique gouvernementale sera ensuite
arrêtée dans sa version définitive et un projet de loi sera
étudié à l'Assemblée nationale pour adoption ce
printemps. Les parents québécois, tout comme les services de
garde pourront ainsi profiter de la mise en application des orientations et des
mesures gouvernementales, du fait d'une accessibilité accrue, d'une
qualité à la hausse et d'un financement
amélioré.
En terminant, M. le Président, permettez-moi de remercier ceux et
celies qui ont répondu à cette consultation, ainsi que ceux et
celles qui ont travaillé à l'organisation et au
déroulement des travaux. Je pense plus particulièrement ici
à la présidente de l'Office des services de garde à
l'enfance, Nicole Marcotte, et à toutes les personnes qui ont
collaboré avec elle afin de soutenir l'équipe
ministérielle depuis quelques semaines. Enfin, je voudrais aussi
remercier le ministre de l'Éducation qui s'est joint à nous pour
les audiences concernant les services de garde en milieu scolaire, tous les
députés membres de cette commission et, en particulier, Mme la
députée de Maisonneuve, pour leur collaboration de tous les
instants à la bonne marche de nos travaux et pour l'intérêt
soutenu manifesté depuis le début des travaux. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Avant de déposer les dernières listes, je voudrais aussi
remercier des gens qu'on oublie souvent, ceux qui font la transcription, qui
font un travail absolument colossal de prendre le mot à mot de chacun
des débats et de le retranscrire, etc. Ce sont des gens qu'on ne voit
pas; alors, à eux aussi, je voudrais dire un gros merci. Merci aussi
à l'équipe de pages, à toute l'équipe de soutien,
à ceux et à celles qui ont suivi, de façon fidèle,
très attentive et fort respectueuse des règles et de
l'éthique du Parlement, nos travaux, mes collègues qui sont
toujours présents.
En terminant, je voudrais déposer une liste de 34 organismes ou
individus qui ont déposé des mémoires; pour la plupart,
Ils n'ont pas demandé à être entendus à la
commission ou ils n'ont pu être entendus faute de temps à cause
des limites qu'on imposait. Il y a, tout de même, 34 organismes ou
personnes qui ont jugé bon de nous faire parvenir un mémoire. Je
veux les rassurer et leur dire que leurs mémoires sont reçus et
qu'ils vont recevoir la même attention, la même analyse et la
même étude que tous ceux qui ont été
présentés de façon verbale.
Alors la commission, ayant terminé son mandat, ajourne ses
travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 20)