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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Laporte): La commission reprend ses
travaux. La commission des affaires sociales se réunit pour
procéder à une consultation générale et tenir des
audiences publiques afin d'étudier l'Énoncé de politique
sur les services de garde à l'enfance" déposé à
l'Assemblée nationale le 24 novembre 1988. Est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Legault
(Deux-Montagnes) est remplacée par M. Forget (Prévost) et M.
Thuringer (Notre-Dame-de-Grâce), par M. Cannon (La Peltrie).
Le Président (M. Laporte): Nous entendrons aujourd'hui
l'Office des personnes handicapées du Québec, le Regroupement de
parents pour déficients mentaux, l'Association des manufacturiers
canadiens, division du Québec, le Conseil scolaire de l'île de
Montréal, la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, la Commission scolaire des Mille-Îles et
les Responsables et éducatrices du réseau scolaire
Chomedey-Laval.
J'inviterais le premier groupe à venir à l'avant,
c'est-à-dire l'Office des personnes handicapées du Québec,
représenté par Mme Lucille Bargiel et Mme Nicole Gagnon. Bonjour.
On vous rappelle très brièvement les règles qui nous
gouvernent à la commission parlementaire. Vous avez 20 minutes pour
faire la présentation de votre mémoire. Par la suite, il restera
40 minutes divisées également entre l'Opposition et la ministre
afin de discuter plus longuement du mémoire que vous avez
présenté. Je vous inviterais à vous identifier au
début. Par la suite, lors des discussions, je vous demanderais aussi de
vous identifier pour les fins d'enregistrement. Je vous remercie.
Office des personnes handicapées du
Québec
Mme Bargiel (Lucille): Bonjour. Je suis Lucille Bargiel, du
conseil d'administration de l'Office des personnes handicapées. Je suis
moi-même mère d'un adolescent qui a des déficiences
multiples. Je vous présente Nicole Gagnon, conseillère à
la coordination qui a fait la recherche pour le document qu'on va vous
présenter ce matin. Je remplace, ce matin, Paul Mercure,
président de l'Office des personnes handicapées, qui avait des
engagements ailleurs.
L'adoption d'une politique globale sur les services de garde à
l'enfance représente une étape Importante pour le
développement des services de garde. À la suite de l'étude
en commission parlementaire de l'énoncé de politique, l'Office
des services de garde à l'enfance devra mettre en place les divers
programmes reliés à l'application de cette politique. Les actions
actuelles de l'Office des services de garde à l'enfance pour favoriser
l'intégration des enfants handicapés sont guidées par sa
politique d'intégration des enfants handicapés. Nous croyons
nécessaire de resituer celle-ci dans une perspective plus globale de
politique sur les services de garde de la même manière que cette
dernière trouve sa place dans la politique familiale. Elle devrait
également se rattacher à une politique d'ensemble de la petite
enfance puisqu'on reconnaît de plus en plus aux services de garde un
rôle primordial dans le développement des jeunes enfants.
L'intégration d'un enfant handicapé dans un service de
garde vise autant à lui permettre de développer et
d'expérimenter ses capacités qu'à répondre aux
besoins de relève des parents.
Dans notre mémoire, nous proposons une série de mesures
qui s'inspirent des travaux issus de notre collaboration depuis de nombreuses
années avec l'Office des services de garde à l'enfance. Notre but
est d'insuffler une énergie nouvelle à l'intégration des
enfants handicapés dans les services de garde. Nous ne reprendrons pas
ici l'ensemble de ces propositions. Nous insisterons plutôt sur certains
points qui nous semblent primordiaux.
Le rôle de prévention et de dépistage des services
de garde est très important pour assurer le plein développement
de l'enfant. Ce rôle est appelé à se développer de
plus en plus en fonction de l'importance accrue des services de garde dans le
contexte social des jeunes enfants. Cette responsabilité d'agir sur les
facteurs de risque de déficiences et de référer afin de
permettre une intervention rapide pour limiter les conséquences d'une
déficience doit non seulement être reconnue par les services de
garde, mais également par les ressources du milieu.
Les services de garde ont besoin de soutien pour jouer
adéquatement ce rôle. Il n'est pas facile de discuter avec des
parents de la possibilité d'une déficience chez leur enfant.
L'Office des services de garde doit donc s'assurer que chaque service de
garde a les outils, la formation et le soutien nécessaires pour assurer
la prévention et le dépistage des déficiences en
collaboration avec les parents et les ressources du milieu.
Un autre aspect qu'il nous semble important de souligner, c'est le
respect du libre choix des parents du mode de garde qui leur convient le mieux.
Il faut éviter de conclure trop rapidement que plus de parents d'enfants
handicapés choisiront de rester à la maison - de faire garder
à la maison - ou préféreront la garde à domicile ou
en milieu familial. L'ensemble des services de
garde doit être ouvert aux parents d'enfants handicapés
pour que ceux-ci puissent faire des choix en fonction de leurs besoins et de
leurs attentes au môme titre que tous les autres parents.
Les services de garde de courte durée, haltes garderies et
jardins d'enfants doivent faire partie des alternatives offertes aux parents
d'enfants handicapés. Cependant, comme il est plus difficile de
planifier l'intégration dans ces services, les critères devront
être ajustés en fonction des différentes situations.
Par ailleurs, lorsque la garde à domicile est rendue
nécessaire par la déficience et les limitations fonctionnelles de
l'enfant, les parents ne doivent pas être pénalisés par
cette situation et doivent avoir accès au soutien logistique et
financier pour combler les coûts supplémentaires.
Pour les parents d'un enfant handicapé, le besoin de garde peut
s'étendre bien au-delà du 12e anniversaire de celui-ci. Ils se
retrouvent, passé cette limite, sans services adéquats pour leur
enfant et, pourtant, le besoin de garde est le même. L'Office des
services de garde à l'enfance devrait voir étendre sa
responsabilité pour la garde des enfants au-delà de l'âge
de 12 ans lorsque le besoin de garde est rendu nécessaire par la
déficience et les limitations fonctionnelles du jeune. Certains services
de garde en milieu familial actuellement en place se sont dit prêts
à tenter l'expérience. L'implication accrue de l'Office des
services de garde à l'enfance dans la garde à domicile peut
également répondre aux besoins de ces jeunes et de leurs
parents.
Pour favoriser l'intégration d'un enfant handicapé dans un
service de garde, le plan d'intégration est l'outil conçu par
l'Office des services de garde à l'enfance pour analyser les besoins du
jeune, identifier les moyens pouvant y répondre et planifier les actions
à entreprendre. Permettez-nous de féliciter l'Office des services
de garde à l'enfance pour cette initiative indiquant sa
préoccupation d'adapter ces mesures de soutien aux besoins Individuels
de chaque enfant intégré dans un service de garde.
Malheureusement, encore beaucoup de services de garde ne savent pas comment
utiliser au maximum cet outil. La formation en ce sens offerte en 1985-1986 par
l'Office des services de garde à l'enfance nécessite d'être
reprise régulièrement pour s'assurer que, dans tous les services
de garde, le personnel est en mesure de planifier et de réaliser
l'intégration d'un enfant handicapé. Cette formation se doit
d'être complétée par un programme plus spécifique
sur l'Intervention auprès des enfants handicapés. Les
collèges et les universités sont responsables d'inclure cette
formation à leur programme. Cependant, l'Office des services de garde
à l'enfance doit s'assurer de rejoindre toutes les personnes
appelées à Intervenir auprès d'un enfant handicapé,
particulièrement celles qui n'ont pas reçu de formation
spécifique comme la plupart des responsables de la garde en milieu
familial ou à domicile.
L'une des conditions facilitant l'intégration d'un enfant
handicapé est la possibilité pour le service de garde de se
référer à une ressource de soutien-conseil. Dans certains
cas, ce soutien peut provenir des ressources du milieu, par exemple, d'un
centre d'adaptation et de réadaptation lorsque le besoin est très
spécifique. Dans d'autres cas, il demande une expertise plus
générale et une bonne connaissance du milieu des services de
garde. L'Office des services de garde à l'enfance joue alors un
rôle clé dans le soutien aux services de garde pour
l'Intégration d'un enfant handicapé.
Enfin, pour réaliser l'intégration d'un enfant
handicapé, les services de garde ont besoin d'un soutien financier
adéquat. C'est pourquoi plusieurs des recommandations de I'OPHQ touchent
les programmes de subventions. Ceux-ci doivent être ajustés pour
répondre à l'ensemble des besoins, que ce soit pour
l'aménagement, les équipements, le fonctionnement, l'analyse et
le suivi des dossiers. D'ailleurs, nous félicitons l'Office des services
de garde à l'enfance pour avoir déjà ajusté sa
subvention pour les équipements, il faut également s'assurer que
le service de garde qui accepte de donner des services à un enfant
handicapé ne soit pas pénalisé sur le plan financier par
un manque à gagner. Finalement, si on veut favoriser le libre choix des
parents, les programmes de subventions doivent s'étendre à
l'ensemble des services ou modes de garde.
En plus des mesures que nous venons d'énumérer et qui
concernent le processus d'Intégration comme tel, l'Office des personnes
handicapées propose des mesures plus générales qui
touchent la réglementation, l'expérimentation, la planification
et la concertation. En effet, certaines normes concernant les
aménagements, les ratios d'enfants par éducateur responsable, les
programmes éducatifs doivent être révisées pour
remplir les conditions facilitant l'Intégration des enfants
handicapés en services de garde.
Des projets d'expérimentation comprenant une analyse plus
exhaustive des besoins peuvent permettre d'identifier les formules
répondant le plus adéquatement aux besoins des enfants
handicapés. On pense ici aux projets pilotes en milieu de travail, par
exemple.
Pour s'assurer que la planification régionale des services de
garde tienne compte du mouvement d'intégration de la personne
handicapée dans son milieu, les responsables régionaux pourront
s'adjoindre des représentants d'organismes de promotion des droits des
personnes handicapées. Plusieurs parents oeuvrent au sein de ces
associations et leur expérience peut être grandement utile en ce
qui a trait à la sensibilisation et à la planification des
services de garde en fonction des besoins des enfants handicapés.
En dernier lieu, la qualité de l'intégration des enfants
handicapés dans les services de garde
nécessite la collaboration de plusieurs partenaires. Il faut donc
prévoir des mécanismes de concertation tant sur le plan local et
régional que provincial. Cette concertation doit porter tant sur la
prévention et le dépistage que sur les interventions
spécifiques nécessaires à l'intégration et au
développement global de l'enfant handicapé. Une attention
particulière doit être apportée à la transition
entre les services de garde et l'école afin d'assurer une
continuité dans les interventions auprès de l'enfant.
En conclusion, nous ne remettons pas en cause les interventions
actuelles de l'Office des services de garde à l'enfance pour
l'intégration des enfants handicapés dans les services de garde.
Nous sommes conscients des progrès accomplis depuis plusieurs
années dans ce dossier. Il nous semble, cependant, nécessaire
d'accentuer les énergies investies afin d'atteindre
l'équité dans les services de garde offerts aux enfants
handicapés et à leurs parents.
Le Président (M. Laporte): Merci de votre
présentation. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, merci madame, de votre
présentation. Je sais que l'office doit fêter son 10e anniversaire
cette année. C'est pourquoi, en mars, nous avons fait tout un
numéro de la revue Petit à petit de l'Office des services de
garde à l'enfance sur les enfants handicapés qu'on devrait
intégrer dans les services de garde. Je vous félicite. Je suis
très heureuse d'avoir votre point de vue, justement parce qu'on en a
parlé et d'autres groupes se sont inquiétés aussi de la
place qu'on accorde aux enfants handicapés. Il est Important ce matin
d'avoir votre réflexion sur cette forme de garde.
J'ai plusieurs questions. Je vais Immédiatement vous poser la
première. Accordez-vous un soutien aux parents qui désirent
fréquenter un service de garde ou qui demandent une ressource
alternative? L'office fait-il également ce travail?
Mme Bargiel: Quand la demande est formulée dans le cadre
du plan de services pour un enfant, les ressources qui sont habituellement
mises en oeuvre avec le plan de services seront aussi utilisées pour
soutenir l'enfant. Habituellement, si l'enfant est déjà connu du
centre d'accueil ou de réadaptation, par exemple, on va solliciter les
ressources du milieu de ce type-là pour faire l'accompagnement pour
l'Intégration au début et aller chercher d'autres ressources
communautaires qui vont pouvoir aider. Je ne sais pas si Mme Gagnon voudrait
compléter.
Mme Gagnon (Nicole): Actuellement, il y a environ 80 enfants qui
reçoivent un soutien financier supplémentaire pour, entre autres,
avoir le soutien d'un accompagnateur ou une présence accrue pour leur
permettre de fréquenter un service de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est en plus...
Mme Gagnon: C'est en plus de l'implication de l'Office des
services de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: ...des sommes affectées par l'Office
des services de garde à l'enfance à cet égard.
Mme Gagnon: C'est cela.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous avez une idée
jusqu'où on peut aller comme handicap, par exemple, dans une garderie?
J'entends par là: jusqu'où peut-on aller pour permettre
l'accessibilité? Est-ce qu'on doit permettre tous les genres de
handicaps, même les très lourds? Jusqu'où peut-on se
permettre d'aller? Est-ce que l'office a déjà pris position
à cet égard? Sans discriminer personne, là.
Mme Gagnon: Je pense que l'office n'a jamais mis de limite. C'est
vraiment le plan d'intégration. Pour nous, c'est le plan de services
dans le sens qu'on considère l'ensemble des besoins du jeune, ce qui
nous permet d'établir, à ce moment-là, quels sont les
besoins, quelles mesures il faut mettre en place, de voir si c'est possible de
le faire ou s'il y a un autre mode de garde qui peut mieux convenir à
l'enfant. C'est vraiment l'analyse des besoins du milieu, de l'environnement et
les solutions qu'on peut apporter qui nous permet tant d'établir, cas
à cas, quels sont les besoins.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que c'est la raison pour laquelle
vous parlez de garde à domicile, même non reconnue? Est-ce,
finalement, parce qu'il faut trouver toutes sortes de ressources? À la
page 16 de votre mémoire, on dit que "l'Office des personnes
handicapées estime que les mesures annoncées pour le
développement de la garde non régie doivent être
appliquées en priorité à l'égard des parents
d'enfants handicapés: recrutement, sélection de gardiennes et
support à la formation." Est-ce que c'est un peu pour pallier
à...
Mme Gagnon: Oui. Dans l'énoncé de politique, on
proposait une implication graduelle de l'Office des services de garde à
l'enfance au chapitre de la garde à domicile. Pour nous, I faut
élargir, finalement, les possibilités de choix pour les parents.
Donc, je pense que l'implication de l'Office des services de garde à
l'enfance pour la garde à domicile devrait répondre à
certains besoins pour des parents d'enfants handicapés.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que la clientèle qu'on
retrouve... Oui, madame, vous aviez quelque chose à ajouter.
Mme Bargiel: Oui, j'aimerais compléter en disant que,
depuis plusieurs années, on avait souligné, dans les
associations, le besoin de cette autre modalité de garde. On a
été contents de le retrouver dans l'énoncé de
politique parce que, même si on considère que ce n'est pas la
solution, qu'il ne faudrait pas orienter tous les enfants handicapés qui
ont des besoins de garde vers la garde à domicile, il reste que c'est
une des formules qui pourraient être Intéressantes pour certains
parents qui ont de la difficulté à trouver d'autres types de
ressources en fonction des besoins de l'enfant.
Mme Gagnon-Tremblay: Avez-vous un échantillonnage de la
clientèle qui voudrait avoir ce genre de services? Parmi votre
clientèle, est-ce que ce sont en partie des parents qui sont sur le
marché du travail ou si ce sont des parents qui veulent avoir un certain
répit? Quels sont les meilleurs types de garde, par exemple, qui
seraient à suggérer? Est-ce que c'est une garde de cinq jours, de
longue durée, ou s'il faudrait développer davantage une garde de
courte durée, compte tenu de la clientèle qui pourrait utiliser
ces services?
Mme Bargiel: Dans le mémoire qu'on a
présenté en réaction à l'énoncé de
politique, on mentionne que tous les types de garde doivent être
disponibles parce que les besoins des parents qui ont des enfants
handicapés sont les mêmes, si on se place au plan des besoins de
garde, que ceux de la population en général. Cela comprend, en
particulier dans leur cas, du répit, peut-être de façon un
peu plus marquée que pour les autres parents, c'est-à-dire des
haltes-garderies, des ressources légères de ce type-là,
mais en soi ça répond à des besoins de garde pour le
travail pour les mêmes raisons que pour l'ensemble des parents. De plus
en plus, les parents des enfants handicapés sont aussi des parents au
travail, D faut le reconnaître, et les besoins occasionnels sont, comme
dans l'ensemble de la population, présents pour eux aussi, sauf qu'ils
ont peut-être un peu moins accès aux ressources spontanées
du milieu, si on peut dire, les échanges avec les voisines ou des choses
comme ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans quelle proportion, par contre,
pourrait-on utiliser une garde à temps plein de longue durée?
Avez-vous une idée des proportions?
Le Président (M. Laporte): Mme Gagnon. (10 h 30)
Mme Gagnon: Je pense qu'on n'a pas d'idée actuellement
comme telle de ce que ça pourrait être. J'ai l'impression qu'il
faut utiliser a peu près les mêmes chiffres que pour la population
en général. Le parent qui est sur le marché du travail
aura probablement un besoin de garde pour une journée complète et
à temps plein. On n'a pas vraiment de chiffres sur ces
choses-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Hier, nous recevions certains regroupements
d'agences en milieu familial. Vous savez que, dans l'énoncé de
politique, nous avons consenti à subventionner les responsables des
familles de garde qui recevraient des enfants handicapés. Par contre, on
nous demandait aussi de prévoir des sommes pour de l'équipement
comme tel. À première vue, comme c'est une garde qui peut
être changeante et qu'il peut y avoir beaucoup de mobilité - on le
sait, ce n'est pas comme une garderie qui a pignon sur rue - pour ma part, je
trouvais qu'il était un peu difficile de subventionner de
l'équipement à la maison. De l'équipement qui était
relié à l'enfant, oui, mais de l'équipement à la
maison, cela semblait être un peu plus compliqué. Que pensez-vous
de cette recommandation?
Le Président (M. Laporte): Mme Gagnon.
Mme Gagnon: L'équipement est, quand même, quelque
chose qui se déplace, qui n'est pas fixe. Donc, il y aurait
possibilité, je pense, d'avoir des subventions d'équipement
rattaché, évidemment, aux besoins d'un enfant et qui pourrait le
suivre d'un service de garde à l'autre, selon l'évolution de
l'enfant. Il pourrait, au cours de la période pendant laquelle il se
fait garder, aller soit dans une agence, dans une garderie ou ailleurs.
Le problème se présente aussi dans une garderie. Lorsque
l'enfant fréquente la garderie durant un an, à son départ,
l'équipement reste là et peut rester Inutilisé pour un
certain temps. Alors, je pense qu'il pourrait y avoir des formules de
récupération auprès des agences pour le réutiliser
pour un autre enfant et que l'équipement puisse aussi suivre l'enfant
dans son cheminement d'un service de garde à l'autre. Je pense qu'il y
aurait possibilité, avec des aménagements, de subventionner
effectivement les équipements pour ces enfants-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Par contre, est-ce qu'on devrait donner des
subventions pour l'aménagement des locaux à cause, justement, de
cette garde qui est très spécifique en milieu familial?
Mme Gagnon: J'avoue qu'il faudrait peut-être faire
l'étude à savoir quels seraient les besoins d'aménagement
et faire une évaluation à ce moment-là. Si l'enfant est
stable dans un service de garde en milieu familial, cela pourrait être
reconnu ou valable pour certains enfants. J'avoue que, comme U n'y a pas
d'études qui ont été faites sur ce que pourraient
être les besoins d'aménagement dans une agence ou dans un service
de garde en milieu familial, je ne peux pas répondre à cette
question-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Vous proposez que 1 % des places en
services de garde soft utilisé pour les enfants handicapés
à l'échelle de la province. Selon vous, devrait-il y avoir un
nombre limité de places destinées à l'intégration
des enfants handicapés à l'intérieur d'un service de
garde? Devrait-on tenir compte du type de handicap, comme je le mentionnais
tout à l'heure, à l'intérieur de ce service de garde?
Mme Barglel: Dans un premier temps, je pense qu'il faut tenir
compte des besoins de l'enfant. Peu importe le type de déficience que
l'enfant présente, il se peut qu'un milieu de garde soit plus favorable
pour lui qu'un autre. Je ne pense pas qu'on doive d'avance dire: Tel type de
déficience, on ne peut pas l'accepter dans les garderies ou on ne peut
pas l'accepter en milieu familial. C'est toujours relié aux besoins de
l'enfant dont les parents font une demande.
Quant à savoir s'il faut réserver ou non un nombre
limité de places, je pense qu'on ne veut pas que les garderies
deviennent des endroits où il y a seulement des enfants
handicapés, c'est bien évident. Mais, il y a toujours une
proportion à respecter. Dans un quartier donné, il n'y aura
jamais plus qu'un certain nombre d'enfants qui demanderont à être
dans cette garderie.
Si on s'assure qu'il y a des mesures d'accessibilité dans toutes
les garderies, on ne risquera pas d'avoir, tout à coup, trop d'enfants
dans une garderie.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans le cadre de la planification
régionale que nous amorcerons bientôt, avez-vous des suggestions
à nous faire pour s'assurer que les enfants handicapés pourront
être intégrés facilement? Avez-vous pensé à
certaines suggestions?
Mme Gagnon: Concernant la planification régionale, je
pense que les groupes qui y travailleront pourront s'adjoindre les ressources
de parents. Il y a, entre autres, des organismes de promotion et beaucoup de
parents d'enfants handicapés qui oeuvrent au sein de ces organismes qui
seraient prêts à s'impliquer dans la planification
régionale des services de garde pour s'assurer que la sensibilisation
soit faite et que l'accessibilité à un éventail de
services de garde soit prévue. L'Office des personnes handicapées
du Québec pourrait aussi être appelé comme ressource dans
une région afin d'apporter son appui à la planification de tels
services.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que ça pourrait signifier que
vos bureaux régionaux pourraient aussi s'impliquer effectivement dans
cette planification régionale?
Mme Gagnon: Oui, je pense que c'est leur rôle, dans un
contexte régional, de travailler à une planification d'ensemble
de services pour enfants handicapés.
Mme Gagnon-Tremblay: À la page 15 de votre mémoire,
vous dites: L'Office des personnes handicapées propose également
que le gouvernement encourage et soutienne des projets novateurs et des
expérimentations visant à identifier les formules
répondant le plus adéquatement aux besoins des enfants
handicapés et à faciliter leur intégration dans les
services de garde réguliers.
Avez-vous pensé à soumettre des projets dans le cadre de
la caisse d'aide mise à la disposition du gouvernement du Québec
par le gouvernement fédéral?
Mme Gagnon: J'avoue que je ne suis pas au courant de ce que vous
mentionnez.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, dans le cadre de la politique
fédérale, il y a une caisse d'aide de 100 000 000 $ prévue
pour les prochaines années. Elle est mise à la disposition des
provinces dans le but d'expérimenter divers services. Finalement, il
s'agit que ce projet soit accepté par l'Office des services de garde
à l'enfance du Québec pour aller chercher les sommes requises.
Donc, comme vous parlez de projets novateurs et de projets
expérimentaux, je me demandais si l'office ne pourrait pas, sans
nécessairement en être le promoteur, lancer des projets
quelconques qu'on pourrait soumettre au gouvernement fédéral pour
aller chercher ces sommes de l'enveloppe mise à notre disposition.
Mme Gagnon: Je pense que l'idée est Intéressante.
On pourrait aussi faire de la sensibilisation dans certains milieux pour qu'ils
puissent utiliser ces sommes d'argent pour des projets
expérimentaux.
Mme Gagnon-Tremblay: En fait, ce qui serait intéressant,
ce serait, puisque vous travaillez avec beaucoup d'autres organismes, de leur
soumettre des projets qu'on pourrait appuyer pour, justement, faire cette
expérience d'intégration des enfants handicapés dans nos
services.
Mme Barglel: Ce que vous proposez, ce serait un projet
d'initiative qui viendrait de l'Office des personnes handicapées. La
réaction que le mémoire apporte à la proposition
gouvernementale de faire de l'expérimentation en milieu de travail
s'établit sur une autre facette. Selon nous, le milieu de travail
pourrait commencer à expérimenter des services de garde, de sorte
que, à ce moment-là, l'office puisse jouer un rôle de
soutien plutôt que d'apporter ses propres initiatives
d'expérimentation.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. C'est un peu la perspective que
j'envisageais. Comme l'Office des services de garde à l'enfance a
actuellement des
Idées de projets novateurs dans le cadre de
l'énoncé de politique, il pourra les soumettre à des
organismes qui pourront expérimenter ces différents projets.
À la page 22 de votre mémoire, vous dites: "Faire en sorte
que le programme exécutif soit le reflet des principes du service,
notamment celui de l'Intégration des enfants handicapés. L'Office
des personnes handicapées du Québec propose "que l'Office des
services de garde à l'enfance précise le contenu du programme
éducatif obligatoire, particulièrement les éléments
suivants: l'organisation de l'espace, le matériel, l'organisation du
temps, le programme d'activités, la formation des groupes, le rôle
des enfants, les interactions de l'éducateur ou de l'éducatrice
avec les enfants."
Ne croyez-vous pas important que ces dimensions soient définies
localement par les parents et le personnel des services de garde?
Mme Gagnon: Effectivement, je pense que la définition est
faite localement. Par contre, il y a un rôle qui devrait être
joué par l'Office des services de garde à l'enfance en termes de
guides et de balises. Je pense que l'Office des services de garde à
l'enfance, dans son volume sur l'intégration des enfants
handicapés "Entrez dans la ronde...", mentionne déjà ces
principes éducatifs qui devraient être respectés et
mentionne, Justement, comment ils peuvent être Importants pour favoriser
l'Intégration d'un enfant handicapé. Je pense que, pour plusieurs
services de garde, on n'a pas pris le temps de lire ce volume et de s'en
inspirer. Ce serait peut-être important, lorsque le service de garde doit
soumettre son programme éducatif, qu'on s'assure que les principes
éducatifs soient vraiment à la base du programme qui est soumis
et qu'à ce moment les principes éducatifs proposés
facilitent l'Intégration d'un enfant handicapé.
Mme Gagnon-Tremblay: On a parlé beaucoup de formation
depuis le début de la présente commission parlementaire. Est-ce
que, pour vous, on devrait miser davantage sur la formation en ce qui a trait
aux cours en techniques de garde qui se donnent actuellement pour les enfants
handicapés spécifiquement?
Mme Bargiel: Quand on insiste aussi sur la formation, on veut
voir celle qui se donne en milieu de garde et on veut aussi comprendre la
formation qui se donne dans les cours de formation en techniques de garde. Cela
voudrait dire de s'assurer aussi qu'on voie que le contenu des programmes
insiste sur la formation pour les enfants handicapés. On parle aussi,
dans le mémoire, de la formation des ressources de garde à
domicile qui n'a pas été faite, évidemment, puisqu'on
n'avait pas de garde à domicile jusqu'à maintenant, du moins
officialisée. Quand on a donné en 1985-1986 de la formation dans
les services de garde, elle se donnait dans les garderies. On pense que cette
formation aussi doit être assurée maintenant pour que les parents
n'aient pas à supporter le fardeau de faire eux-mêmes la formation
de leur personne de garde à mesure, cas par cas.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame.
Le Président (M. Laporte): Merci bien, Mme la ministre.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
vous saluer, Mme Bargiel, je crois, et Mme Gagnon. Votre mémoire est
intéressant à plus d'un titre. D'abord, il nous permet de prendre
le pouls exact de la situation. C'est à la page 9 que nous retrouvons
les données les plus récentes. Vous nous dites: "Selon les
fichiers de la Régie des rentes du Québec, 11 391 familles
reçoivent l'allocation supplémentaire pour un enfant
handicapé âgé de zéro à onze ans. En
appliquant le taux d'activités des mères ayant de jeunes enfants
à cette population, on peut supposer que 6515 enfants handicapés
de zéro à onze ans ont besoin d'un service de garde." Vous nous
signalez que la capacité d'accueil des services de garde actuelle est
d'environ 14 % - je crois comprendre que c'est tiré d'un calcul de
l'énoncé de politique - ce qui supposerait 900 enfants
handicapés dans les services de garde. Vous nous faites valoir que c'est
plutôt un total d'environ 377 en réalité, puisque 226 de
ces enfants se retrouvent dans 120 garderies sans but lucratif, 41 dans 22
agences de garde en milieu familial et 110 en services de garde en milieu
scolaire. Il y a donc une sorte de rattrapage auquel vous nous invitez par les
chiffres que vous nous transmettez ce matin.
Dans votre mémoire, il y a une pondération
intéressante. Vous dites succinctement, mais assez fréquemment,
à divers intervalles, particulièrement à la page 10: "Les
besoins de l'enfant handicapé sont avant tout ceux de tout autre enfant
de son âge. Il faut donc éviter de conclure trop rapidement que la
garde à domicile convient mieux pour lui. Par contre, ce mode de garde
peut, dans certains cas, représenter la meilleure solution compte tenu
des circonstances." Donc, il faut prévoir à la fois de la garde
hors du foyer et au foyer, à la fois de la garde de longue durée,
c'est-à-dire d'une façon permanente, et de courte durée.
(10 il 45)
La question que je voulais vous poser est la suivante, parce qu'il y a
un trait spécifique. En lisant votre mémoire, j'ai trouvé
que, finalement, ce qui le distingue, c'est le répit. C'est à la
page 10 quand vous dites: "Le service de garde est un recours souvent essentiel
pour le parent dont l'implication auprès de son enfant draine
l'énergie et qui a besoin d'un peu de temps à lui pour refaire le
plein et s'occuper à d'autres tâches." En contrepartie, vous
ajoutez: "La fréquentation
d'un service de garde est également utile à l'enfant
handicapé pour lui permettre de développer son autonomie,
d'améliorer son fonctionnement, etc." Est-ce que je dois comprendre -
d'une certaine façon, c'est le trait spécifique - que si la
tâche d'être parent est lourde pour un peu tout le monde, elle
l'est d'autant plus que l'enfant est handicapé et qu'il faut donc
prévoir des mesures de soutien plus importantes?
La question que j'ai à vous poser est la suivante.
Présentement, seulement les deux parents qui travaillent peuvent
déduire de leur revenu imposable des frais de garde. Cela vaut aussi
pour les parents d'enfants handicapés. Vu que l'Etat a reconnu des
allocations supplémentaires pour enfants handicapés, est-ce que,
dans le fond, il ne devrait pas y avoir une reconnaissance prioritaire des
frais de garde, quel que soit le statut professionnel des deux parents? En
d'autres termes, lorsque l'enfant est handicapé, est-ce que cela ne
devrait pas être une priorité prioritaire que la déduction
des frais de garde puisse se faire?
Mme Bargiel: Dans le cas où les parents ont des besoins de
garde reliés au travail pour lequel ils ont des revenus, comme les
autres parents, il est normal que les coûts s'appliquent, selon leurs
revenus, comme, dans les autres cas, pour les parents qui n'ont pas un enfant
handicapé. Ce que l'office a toujours demandé, c'est qu'il y ait
une compensation financière pour des coûts supplémentaires
qui sont reliés aux besoins de garde ou à tout autre besoin en
fonction de la déficience d'un enfant.
Les besoins de répit sont à part ça. L'ensemble des
parents qui ont des besoins parce qu'ils sont au travail ont aussi de temps en
temps des besoins de répit et des choses comme ça, mais les
parents d'enfants handicapés ont des besoins supplémentaires de
répit, comme vous le disiez, à cause de l'essoufflement qui est
souvent relié au fait d'avoir un enfant handicapé. Là, il
faut tenir compte que ce sont des besoins supplémentaires.
Dans le cas des parents qui ne sont pas au travail et qui demandent des
mesures de répit occasionnel ou même régulier pour
l'enfant, dans la mesure où ces besoins sont différents et
spécifiques, effectivement, ils devraient être compensés
financièrement, même si, dans une situation assez semblable, tous
les parents n'ont pas besoin d'envoyer l'enfant en mesure de répit,
parce que c'est un enfant qui fonctionne normalement. C'est la
différence qui est reliée aux besoins à cause de la
déficience de l'enfant et non pas parce que l'enfant a besoin
d'être gardé comme les autres enfants.
Mme Harel: Je crois que c'est une question très
importante. Est-ce que le taux d'activité des mères est vraiment
le même, selon la connaissance que vous avez à l'office? Je me
suis posé la question en lisant votre mémoire. Le taux
d'activité des mères de jeunes enfants est très
élevé. Est-il le même lorsque l'enfant est
handicapé?
Mme Bargiel: Dans bien des cas, c'est une limite au retour au
travail pour les mères en particulier, pour les pères aussi
occasionnellement, le fait d'avoir un enfant handicapé.
Mme Harel: Je ne sais pas si ce n'est pas une question assez
fondamentale. Que ce soit du répit supplémentaire parce que les
deux travaillent ou que ce soit du répit parce que ça draine
l'énergie, il reste que, si les deux travaillent, iIs pourront
déduire les frais de garde jusqu'à l'équivalent de 4000 $
pour un enfant de moins de 7 ans et de 2000 $ jusqu'à 14 ans. Mais s'iI
y en a un qui reste à la maison, ils ne peuvent plus avoir de
déduction. Alors, il y a toujours l'allocation supplémentaire,
mais elle ne vient pas vraiment compenser.
Dans votre mémoire, vous insistez sur la garde de courte
durée. Alors, j'ai pensé que c'est peut-être lié au
fait qu'il y a, justement, ce besoin de répit, mais la garde de courte
durée dans l'énoncé de politique, on vient la satisfaire
par la halte-garderie et les jardins d'enfants, mais ces modes ne sont pas
ouverts à l'exonération financière. D'autre part, ils ne
sont pas, non plus, subventionnés par places au permis. Une subvention
sera prévue pour les municipalités, sans doute pour
l'implantation, mais il n'y a pas de financement de l'activité. J'ai cru
comprendre que ce n'est peut-être pas par ce moyen-là, mais
peut-être par la déduction des frais de garde pour les parents
d'enfants handicapés qu'on pourrait venir soulager, finalement, ce
besoin de répit.
Mme Bargiel: J'aimerais seulement spécifier que le jour
où on aura facilité l'accès aux garderies, un certain
nombre de mères seront peut-être tentées de retourner au
travail très tôt aussi, comme les autres mères de la
génération actuelle.
Mme Harel: Vous pensez qu'il faut, dans le fond, faciliter ce
retour.
Mme Bargiel: II faut faciliter l'accès aux garderies, pas
nécessairement le retour au travail, mais c'est un moyen qui...
Mme Harel: D'accord. À la page 11 de votre mémoire, vous
nous parlez de la garde à domicile. Vous dites: "Les difficultés
pour recruter et sélectionner des personnes fiables et
compétentes et pour s'assurer de la stabilité de ces personnes
auprès de l'enfant sont énormes." C'est certainement plus
difficile encore lorsque l'enfant est handicapé. Mais, semble-t-il de
par les informations qui ont été transmises à la
commission par les personnes qui vous ont précédées, c'est
presque toujours difficile parce que, entre
autres, les conditions de rémunération, les conditions de
reconnaissance sociale, les conditions de protection ne sont tellement pas
adéquates que, même si un effort était fait pour recruter,
si, de l'autre côté, des modifications ne sont pas
apportées au statut de la personne qu'on dit être
salariée...
Je vous rappelle, encore une fois, que cette personne qui va garder
n'est même pas couverte par la loi sur les normes minimales. Il est
certain que, si le gouvernement l'ouvre sur la garde à domicile, il doit
s'attendre qu'il y ait une recrudescence de l'attente de la protection des
normes minimales pour ce genre de salariés. Présentement, comme
vous le savez, la garde d'enfants n'est pas couverte par la loi sur les normes
minimales. Encore là, le problème se pose. Si c'est pour un
répit, cela ne sera pas déductible des revenus imposables.
À votre connaissance, est-ce là une attente des parents d'avoir
un réseau de gardiennes à domicile?
Mme Bargiel: Cela fait nécessairement partie d'une gamme
de services de garde pour les parents parce que les conditions des enfants sont
différentes. Je pense, entre autres, aux enfants qui ont
dépassé l'âge de douze ans qui, évidemment, ne
seront pas intégrés dans les garderies pour les enfants de
zéro à cinq ans. Je parle des besoins de garde avant et
après l'école. Ce n'est pas nécessairement une garderie
éloignée de la maison qui pourra répondre aux besoins. Il
n'y a pas de doute que c'est aussi une des formes de garde nécessaire
pour du répit; cela répond autant aux besoins de garde
quotidienne pour le travail ou pour d'autres activités que pour du
répit. Mais la garde à domicile entre dans une gamme de services
dans un choix que les parents devraient avoir.
Mme Harel: Je note simplement que c'est important comme
ressource, mais que, pour pallier aux difficultés que vous nous
expliquez dans votre mémoire, la seule façon sérieuse,
considère-t-on, de le faire, c'est d'améliorer le statut
professionnel de celles qui gardent à domicile parce que les
dificultés vont se perpétuer au sens où il y a une
très forte instabilité. En effet, dès que la personne peut
trouver un emploi mieux rémunéré ou dès qu'elle...
Souvent, ce sont des jeunes femmes qui n'ont pas complété leur
scolarité, qui sont en attente d'un prince charmant ou enfin... Donc, je
note que, si on veut donner suite sérieusement à du recrutement
de personnel, il faudra certainement améliorer leur sort et leur donner
une sorte de protection ou de reconnaissance sociale. Je ne sais pas si vous
avez déjà envisagé cette question à l'office.
D'autre part, combien de parents reçoivent l'exonération
financière parmi ceux que vous dénombrez comme ayant accès
aux services de garderie et aux agences de garde puisque ce sont là les
deux services qui peuvent donner lieu à de l'exonération?
Mme Gagnon: Vous le demandez pour les parents d'enfants
handicapés?
Mme Harel: Oui. Vous nous dites qu'il y a 226 familles qui...
Mme Gagnon: Je n'ai malheureusement pas les chiffres, les
données, pour vous dire combien de parents, parmi eux, reçoivent
l'exonération financière.
Mme Harel: Cela constitue, quand même, une donnée
importante. J'apprécierais que vous la transmettiez à la
commission, si vous l'avez. Mme Lamontagne pourrait alors nous la faire
parvenir. Cela reste une donnée importante pour comprendre qui, parmi
les familles d'enfants handicapés, utilise les services de garde. Est-ce
que ce sont surtout des parents à revenu élevé, donc qui
sont exclus de l'exonération financière? Est-ce qu'on exclut les
familles à moyen revenu? Est-ce qu'il y a beaucoup de familles à
bas revenu? Ce serait une donnée importante pour comprendre les
tendances de l'utilisation à venir.
Mme Gagnon: Je pense qu'il faudrait aussi avoir les
éléments de comparaison avec la population en
général pour vérifier si ce sont les mêmes
proportions.
Mme Harel: Oui. On sait, par exemple, que l'exonération
est très élevée dans les services de garde en milieu
familial: je pense que c'est au-dessus de 72 %, tandis qu'elle
représente environ 50 % dans la garde en garderie. Vous comprendrez que,
si les pourcentages sont différents pour les parents d'enfants
handicapés, ça révélerait vraiment tout de suite
quelque chose sur quoi il nous faudrait travailler.
À la page 28 de votre mémoire, vous demandez
l'exonération financière des frais de garde pour d'autres formes
de garde, notamment les haltes-garderies, les jardins d'enfants et la garde
à domicile. Considérez-vous que ce devrait être par le
biais d'une augmentation de l'allocation supplémentaire pour enfant
handicapé, puisque c'est une allocation non imposable, versée
indépendamment du revenu des parents, ou si ce devrait être une
manière de soutenir plus adéquatement les parents à faible
revenu? Pour l'exonération financière, il y a un test de revenu;
il faut faire la preuve de son besoin en fonction d'un revenu faible. Est-ce
que vous privilégiez cette formule d'exonération
financière pour soutenir les parents à plus faible revenu?
Mme Gagnon: Je pense qu'il ne faut pas oublier que l'allocation
familiale supplémentaire actuellement est aussi utilisée pour une
gamme
d'autres besoins et que, pour plusieurs parents d'enfants
handicapés, il n'en reste même plus pour payer des frais de garde.
Lorsque l'enfant est aux couches passé un certain âge, lorsqu'il y
a des services à lui donner, que, dans certains cas, ils doivent aller
chercher ces services loin de chez eux, qu'il faut faire garder les autres
enfants lorsqu'on a des rendez-vous chez le médecin, en
réadaptation, un peu partout, il y a beaucoup d'autres frais. Alors,
l'allocation familiale est déjà actuellement souvent
utilisée à beaucoup d'autres fins. C'est, d'ailleurs, pourquoi
l'Office des personnes handicapées doit s'impliquer dans beaucoup de
situations. Je pense qu'il faudrait qu'elle soit augmentée de
façon très importante.
Mme Harel: À maintes reprises, vous avez insisté
sur le fait que, à partir de douze ans, il n'y a plus d'aide pour la
garde. Qu'est-ce que vous suggérez?
Mme Bargiel: Premièrement, nous suggérons que les
coûts reliés à la garde pour les personnes ayant
dépassé l'âge où d'habitude on reconnaît les
besoins de garde ne soient pas à la charge des parents, parce que ces
coûts sont tous des coûts supplémentaires. Normalement,
à onze ou douze ans, un enfant peut se garder seul. C'est pourquoi
l'Office des services de garde à l'enfance avait établi,
jusqu'à maintenant, une limite d'âge en disant: Les frais
reliés à la garde qui sont reconnus, c'est de te) âge
à tel âge. Quant aux adolescents qui ont encore besoin de garde,
on propose que ces coûts ne soient pas assumés par les parents,
qu'il y ait aussi une gamme de ressources disponibles; on parle de garderies en
milieu scolaire, de garderies à domicile ou en milieu familial, selon le
cas. En fait, c'est surtout sur l'exonération financière.
Mme Harel: Vous savez sans doute que, dorénavant, il
pourra y avoir déduction pour les frais de garde, même si la
formule est un peu inéquitable, parce que c'est une déduction et
non pas un crédit. Pour le présent exercice d'Impôt, pour
les gens qui remplissent leur formulaire, ce sera possible jusqu'à
quatorze ans. Je me posais la question: Est-ce que, dans le cas d'enfants
handicapés, vous pensez qu'il peut être souhaitable d'augmenter ce
délai?
Mme Bargiel: Nécessairement.
Mme Harel: Je vous remercie pour toutes ces données
précises que vous nous avez transmises concernant la situation et les
besoins de garde d'enfants handicapés.
Le Président (M. Laporte): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, mesdames. En terminant, Je voudrais
tout simplement faire le constat suivant: À la suite des
dernières données... La députée de Maisonneuve,
tout à l'heure, avait des données qui dataient peut-être de
quelque temps.
Mme Harel: Elles sont au mémoire... Mme Gagnon-Tremblay:
D'accord. Mme Harel: ...à la page 9.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Dans les dernières
données, au 13 janvier, qu'on m'apporte, on constate, finalement, qu'il
y a maintenant 356 places, c'est-à-dire qu'il y a 306 places en
garderies et 50 en agences. C'est intéressant parce que, tout à
l'heure, on parlait du 1 %. Au départ, on sait qu'on ne peut pas, dans
les garderies ou dans les agences, répondre à l'ensemble des
besoins. Donc, compte tenu de ce facteur, si on voit, par exemple, qu'H y a
environ 30 000 places en garderies pour 306 places, on est, quand même,
proche du 1 %, même si on sait qu'il faudra faire des efforts
supplémentaires. Il faut reconnaître que l'Office des services de
garde à l'enfance a fait beaucoup d'efforts ces dernières
années pour pouvoir intégrer les enfants handicapés. Je
vous demanderais aussi de bien vouloir travailler avec l'Office des services de
garde à l'enfance, pour les projets novateurs qu'on pourrait
expédier dans Je cadre de la caisse d'aide.
Merci, mesdames.
Le Président (M. Laporte): La commission des affaires
sociales tient à remercier Mmes Bargiel et Gagnon, porte-parole de
l'Office des personnes handicapées du Québec, pour leur
participation à la commission.
J'invite le Regroupement de parents pour déficients mentaux
à bien vouloir s'avancer. La commission suspend ses travaux pour trente
secondes et demie.
(Suspension de la séance à 11 h 2)
(Reprise à 11 h 7)
Le Président (M. Laporte): La commission des affaires
sociales reprend maintenant ses travaux. On tient à remercier de sa
présence le Regroupement de parents pour déficients mentaux. Je
vous rappelle très brièvement la procédure de la
commission. Vous avez 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire; par la suite, il y a 40 minutes de discussion avec les
parlementaires de la commission.
Je vous inviterais à bien vouloir vous identifier. Pour les fins
de l'enregistrement, je vous demande aussi de bien vouloir Indiquer votre nom
lors de la discussion avec les parlementaires de la commission. Monsieur.
Regroupement de parents pour déficients
mentaux
M. Faulkner (Marcel): Bonjour, Je m'appelle Marcel Faulkner. Je
suis le président du Regroupement de parents pour déficients
mentaux, un organisme de promotion pour les personnes handicapées, qui
oeuvre surtout dans la région de Montréal. On regroupe environ
300 familles qui ont la responsabilité d'une personne déficiente
intellectuelle, particulièrement des enfants. Je suis accompagné
de M. Michel Morel, personne-ressource et, en môme temps,
secrétaire de la COFAQ à laquelle notre organisme est
affilié. Étant donné qu'on s'est déjà
rencontrés très rapidement au début de février dans
le cadre des représentations de différents organismes familiaux,
je rappellerai seulement les très grandes lignes du petit mémoire
qu'on vous a présenté, juste pour se remettre un peu en
situation.
Une des premières choses sur lesquelles on s'était un peu
interrogé dans l'énoncé de politique, c'était
l'absence des parents qui ont la responsabilité d'un enfant
handicapé comme clientèle particulière. On aurait beaucoup
apprécié que, dans l'énoncé de politique, on ne
fasse pas cet oubli et qu'on identifie clairement ces familles comme une
clientèle particulière, au même titre qu'on veut mettre
l'accent sur les familles qui ont des horaires de travail particuliers, les
communautés culturelles ou les groupes autochtones.
Au sujet des services de garde non régis par la loi,
l'énoncé de politique souligne l'importance de ces services qui,
lorsque les enfants sont en bas fige, sont retenus souvent par la moitié
des familles. Évidemment, on concéderait que, lorsque l'enfant
présente un handicap, une déficience, on ait besoin de recourir
à des gardiennes qui ont peut-être une approche un peu plus
spécialisée. On voudrait rappeler également que, dans
l'énoncé de politique en matière d'intégration
sociale de la personne handicapée, qui remonte déjà
à quatre ou cinq ans, l'Office des services de garde à l'enfance
avait été interpellé pour implanter des services de
gardiennage à domicile pour les familles d'enfants handicapés. On
se demande s'il est toujours dans l'intention du gouvernement de faire un
effort vraiment particulier pour ce type de services et de
clientèle.
Deuxièmement, en ce qui concerne la politique
d'intégration en garderies des enfants handicapés, on n'est pas
sans savoir que, dans la loi qui a créé l'Office des services de
garde à l'enfance, l'article 2 affirme que tout détenteur de
permis à le droit de refuser ou d'accepter un enfant handicapé
qui se présente chez lui. La dernière fois, on avait
souligné que cette prérogative nous semble contraire à la
charte québécoise des droits de la personne, d'une part, et
contraire même à l'énoncé de politique
d'intégration de l'Office des services de garde à l'enfance. On
se demande si l'occasion ne serait pas belle de corriger cette contradiction en
affirmant l'obligation de non-discrimination des services de garde par rapport
aux enfants qui se présenteraient chez eux.
Par ailleurs, dans l'énoncé que la ministre de la
Santé et des Services sociaux a déposé en 1988 sur
l'intégration des personnes présentant une déficience
intellectuelle, un impératif humain et social, à la page 35, les
services de garde sont également Interpellés. En effet, compte
tenu de la nouvelle orientation du gouvernement en faveur de
l'intégration et de la normalisation des personnes handicapées,
en particulier des enfants, on dit que cette politique va faire
apparaître davantage de besoins en ce qui concerne le gardiennage
régulier, soit en garderie, soit en milieu familial.
Dans ce même énoncé de politique, on demande aux
services de garde d'être en mesure de faire du dépistage d'enfants
pouvant présenter des déficiences et d'être outillé
en matière de référence. Nous nous interrogeons dans le
sens: Est-ce que l'Office des services de garde à l'enfance,
effectivement, sera en mesure d'outiller les milieux de garde afin de respecter
ce qui est présenté dans l'énoncé de politique du
ministère de la Santé et des Services sociaux?
Par ailleurs, on avait insisté très brièvement, la
dernière fois, sur une nouvelle orientation prise par les centres de
réadaptation, les centres d'accueil qui dispensent ce qu'on appelle des
services de stimulation précoce aux enfants de zéro à cinq
ans qui présentent une déficience. On craint une tendance
récente qui est de référer ces enfants en garderie
où le centre d'accueil envoie un éducateur itinérant. Cela
pose le problème suivant: On n'aimerait pas que les services de garde se
substituent aux responsabilités des centres d'accueil qui offraient ou
qui ont mandat d'offrir des services de stimulation précoce. Même
si une garderie doit offrir un programme qui doit assurer le
développement et l'épanouissement des enfants, on aime bien faire
la distinction entre ça et des programmes de stimulation précoce
qui sont vraiment, quant à nous, deux choses complètement
différentes. Je fais remarquer que, dans le mémoire de l'OPHQ, on
retrouve cette même interrogation à la page 24.
En matière de services de garde estivale, déjà ces
services sont très peu nombreux, voire inexistants. Cela Interpelle,
évidemment, les municipalités. Lorsqu'un enfant présente
un handicap, le problème est d'autant plus difficile. Est-ce qu'on peut
s'attendre à un effort particulier, soit de l'Office des services de
garde à l'enfance, soit des municipalités, pour tenter
d'améliorer les services à ce point de vue?
Dans les dernières années, l'OPHQ a été
appelé à investir passablement ce secteur sous forme de plans de
services à la suite de demandes de parents qui craignent souvent la
venue des vacances estivales, parce qu'ils savent qu'il y a peu ou très
peu de services.
Je voudrais terminer sur la question du répit dont on a fait
état tantôt. Dans la région de Montréal, en
particulier, il y a une table de concertation d'organismes de promotion, tant
pour les personnes handicapées physiques qu'intellectuelles, qui a
beaucoup travaillé sur la question du répit
gardiennage-dépannage dans le cadre d'une politique de soutien à
la famille. Il y a un besoin Important à ce sujet. Il y a très
peu de ressources, pour ne pas dire qu'il n'y en a pas du tout. Je vous indique
qu'il se donne présentement à Montréal une
conférence de presse pour annoncer qu'une maison de répit - il y
en a deux à Montréal - doit fermer ses portes, faute de
financement. La question est relativement grave.
Dans la gamme des services de répit, il y a, évidemment,
un service de gardiennage. Je peux vous en parler un peu, en étant
à l'aise, puisque mon organisme a travaillé là-dessus
depuis trois ans. On a présenté un projet de services de
gardiennage à domicile pour nos familles. Après plusieurs moyens
de pression, avec d'autres organismes et, aussi, à la suite de
représentations du CRSSS de Montréal, la région de
Montréal a réussi à recevoir, finalement, un ajout
budgétaire de l'ordre de 500 000 $ pour l'année prochaine;
actuellement, c'est un budget de 141 000 $. Malheureusement, on est
obligés de constater que cette somme dort maintenant au CRSSS, à
la suite de normes administratives qui accompagnaient ce budget et qui le
rendent, à toutes fins utiles, inutilisable actuellement. La
conférence de presse dont je faisais état tantôt va
certainement sortir cette question-là. On est encore un peu sous le choc
de l'émotion. C'est un peu bouleversant de voir les besoins auxquels on
est confrontés et de s'apercevoir que des sommes d'argent ont
été débloquées de peine et de misère, mais
que, par des normes rigides, on est quasiment dans l'impossibilité
d'utiliser ces montants qui étaient initialement destinés aux
familles.
Par rapport également à toute la question du répit
aux familles, évidemment que la limite d'âge de douze ans est
compromettante. C'est peut-être justement après douze ans que le
besoin de répit peut se faire sentir davantage et qu'on a besoin de
services, entre autres, de garde un peu spécialisés pour garder
ces jeunes personnes ou adolescents qui ne sont pas en mesure d'être
laissés seuls à la maison.
Je termine donc ma présentation là-dessus.
C'étaient les grandes lignes de notre mémoire initial.
Le Président (M. Laporte): Oui, M. Morel.
M. Morel (Michel): Michel Morel. La Confédération
des organismes familiaux du Québec s'est déjà
présentée devant la commission parlementaire ici. Je pense que
notre mémoire vous est connu. Si on a demandé à la
confédération d'accompagner et de soutenir la présentation
du Regroupement de parents pour déficients mentaux, c'est, justement,
pour venir manifester de façon tangible le fait que les besoins des
parents et les besoins des enfants qui vivent à l'intérieur des
familles où il y a des personnes handicapées ne sont pas
différents des besoins des familles où il n'y a pas de personne
handicapée. Ces besoins sont rendus plus cruciaux et la réponse
aux besoins est absente. Mais, essentiellement, les besoins sont les
mêmes, c'est-à-dire qu'on est en présence de parents qui,
pour une raison ou pour une autre, pour le travail ou pour d'autres
activités, ont besoin d'être soutenus dans leurs fonctions de
parents par des services de garde.
La confédération, lorsqu'elle s'est
présentée devant vous le 7 février, est venue dire que les
sept principes directeurs qui étaient retenus dans
l'énoncé de politique, oui, on en était satisfaits,
contents et heureux. La confédération est, cependant, venue
mentionner un certain nombre d'absences, de manques ou de domaines sur lesquels
l'énoncé de politique sur les services de garde se fait
malheureusement trop silencieux. Je vais rappeler un certain nombre de ces
éléments et j'aimerais entendre éventuellement la ministre
en lien avec chacune de ces questions-là.
Nous avons mentionné dans ce mémoire - et je pense que
d'autres groupes l'ont fait depuis ce temps-là - que le
développement prévu des services de garde ne nous apparaît
pas suffisant. Évidemment, on le sait, cela coûte très cher
de développer des services de garde. Évidemment, le nombre de
places va augmenter considérablement, mais si on regarde le
développement prévu du nombre de places au cours des cinq
prochaines années, en regard des besoins des enfants à être
gardés, on s'aperçoit que la réponse aux besoins sera
encore inadéquate, c'est-à-dire pas tout à fait
suffisante. D'une part, il y a ça.
Il y a aussi toute la problématique de services non régis.
Je pense que l'énoncé de politique est assez
révélateur sur le nombre de familles qui ont recours à de
tels services, soit par choix, soit à défaut de trouver une autre
ressource. Nous nous sommes interrogés, lors de la préparation de
notre mémoire, sur les intentions gouvernementales concernant les
services non régis. Il y a des familles avec une personne
handicapée qui n'ont pas d'autre choix que d'aller vers ce genre de
services. C'est un type de services qui est essentiel à ce moment-ci. Je
ne sais pas si ça entre dans le cadre d'une politique des services de
garde, mais je pose la question suivante: Est-ce que l'État a
l'intention de poser des gestes plus compromettants que ceux qui sont
annoncés? Bien sûr, il est intéressant d'avoir accès
à des services de référence de gardiens et gardiennes,
d'avoir de l'information sur les responsabilités des parents en tant
qu'employeurs, mais n'y aurait-il pas moyen de faire un peu plus pour soutenir
ces familles?
Mme Harel disait tantôt qu'on devrait se pencher sur le statut des
gardiens et gardiennes
à domicile afin qu'il y ait une certaine qualité dans les
services offerts aux familles. Oui, nous en sommes. Nous pensons que les
enfants qui doivent être gardés ont droit à des services de
qualité et que les parents qui ont recours à des services de
garde devraient pouvoir poser le geste en toute confiance, donc, avoir
confiance dans les services auxquels ils ont recours.
Comme on sait que le développement des services de garde ne
suffira évidemment pas à combler les besoins en services de
garde, n'y aurait-il pas moyen d'améliorer la situation des parents qui
ont recours à d'autres services? Nous faisions notamment la suggestion
que les documents de formation ou d'information prévus dans
l'énoncé de politique pour les responsables de garde en milieu
familial soient mis à la disposition des familles pour qu'elles puissent
elles-mêmes juger de la qualité des services auxquels elles ont
recours, ce qui pourrait faire en sorte que la garde non régie puisse
bénéficier d'une certaine forme de soutien.
Je termine en mentionnant que le mémoire de la COFAQ faisait
état de la nécessité de développer des services
malheureusement trop peu abordés dans cette discussion. On parlait de
services de garde pour les enfants d'âge scolaire durant la
période estivale. C'est très difficile pour les familles
comprenant une personne handicapée, mais aussi pour l'ensemble des
familles. On se réjouit du fait qu'il y ait de la garde en milieu
scolaire durant la période scolaire, mais, durant la période
estivale, ça va créer un grand vide. On se dit qu'il y a
sûrement moyen d'arriver, à plus brève
échéance que ce qui est mentionné dans
l'énoncé de politique, à des services intéressants
pour les familles.
Deuxièmement, les services des haltes-garderies et des jardins
d'enfants. On parlait tantôt de répit. Le répit est quelque
chose d'essentiel, pour les parents, d'abord. Il est essentiel pour les parents
de pouvoir prendre un peu de répit. Ce n'est pas facile d'être
parent, ce n'est pas facile d'avoir la responsabilité d'enfants. Il
s'agirait, à ce moment-là, d'avoir des services permettant aux
parents de s'aérer et de se changer les idées. Cela pourrait
faire en sorte qu'on évite une foule de problèmes dans la vie des
familles.
Je me sens directement concerné, sur le plan strictement
personnel, par l'intégration des personnes handicapées. Ces
personnes, il me semble, ont vécu au cours des années
passées, une situation qu'on pourrait malheureusement qualifier
aujourd'hui de révoltante. Une très grande quantité
d'améliorations ont été faites depuis un certain nombre
d'années, mais II me semble qu'il faut pousser plus loin.
Un des documents de l'OPHQ, je pense, soulignait à quel point il
pouvait être enrichissant pour les enfants non handicapés de
fréquenter des enfants handicapés. C'est vrai pour les enfants
handicapés et c'est aussi vrai pour les adultes handicapés. Il
est enrichissant pour nous de fréquenter et de devoir vivre dans le
même milieu que des personnes handicapées. Il me semble que les
services de garde devraient faire en sorte que, dès la prime enfance,
nos enfants soient appelés à composer avec la
réalité des personnes handicapées, ce qui ferait qu'un bon
nombre de préjugés viendraient à disparaître.
Je vais terminer - je pense que je n'aurai pas le choix - le dernier
élément en disant que nous avions insisté, le 7
février dernier, pour mentionner qu'il était important de voir le
gouvernement déposer dans les plus brefs délais le plan d'action
en matière de politique familiale, qui nous est annoncé depuis
décembre 1987. Ce plan d'action est susceptible de permettre aux
organismes que nous sommes de constater et de mesurer l'évolution des
politiques destinées à soutenir les familles, et la
cohérence de ces politiques entre elles, de voir où se situent
les congés parentaux par rapport aux services de garde, à la
fiscalité et à d'autres dossiers. C'est donc important.
J'aimerais poser ces questions à la ministre
déléguée à la Condition féminine.
Le Président (M. Laporte): Je vous remercie de votre
présentation. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous remercie. Je voudrais faire une mise
au point, au tout début. Vous savez que, même si cette
clientèle n'est pas Inscrite spécifiquement dans
l'énoncé de politique, lorsqu'on parle d'expérimenter
certains modes de garde, entre autres à domicile, on pensait, justement,
à ces clientèles spécifiques qui ne peuvent pas toujours
trouver de réponse adéquate dans la garde régie. On ne
voulait pas ainsi exclure votre clientèle. Elle fait partie des
clientèles spécifiques qui n'ont pas été
nommées comme telles dans l'énoncé de politique, mais on
visait vraiment aussi à rendre service à ces nombreux parents qui
ne peuvent pas trouver d'autre moyen que la garde à domicile.
Je voudrais répondre d'abord aux questions que vous m'avez
posées et, par la suite, j'aborderai d'autres sujets. Lorsque vous
parlez de développement, que vous souhaitez beaucoup plus
accéléré, je conviens que nous ne pourrons pas
répondre à toutes les demandes au cours des cinq prochaines
années avec le développement qui est déjà
prévu. Sauf que, comme je l'ai aussi mentionné à plusieurs
reprises, nous devons faire face actuellement à une consolidation assez
Importante de ce qui existe. Tous les groupes qui sont venus se faire entendre
depuis le début de la commission parlementaire nous ont toujours dit
aussi qu'il faut s'assurer que les services qui existent actuellement puissent
continuer à fonctionner avant de se pencher sur le développement
et de le rendre beaucoup plus accéléré. C'est ce qu'on
devait prendre en considération quand on a fait ce plan de
développement. On devait prendre en considération aussi la
consolidation.
Vous parlez des services non régis. Vous dites qu'on devrait
soutenir davantage les parents. En plus de celle qui est faite dans
l'énoncé de politique, c'est-à-dire d'avoir cette banque
de personnes responsables qui pourraient être mises à la
disposition des familles qui auraient ces nombreux besoins, vous nous avez fait
une suggestion sur la formation et l'Information que les parents devraient
avoir. Je ne sais pas si vous faisiez référence aux documents de
l'Office des services de garde à l'enfance; je sais qu'ils sont
nombreux. Ce sont des documents accessibles et publics. Est-ce parce que les
familles ne sont pas au fait qu'ils existent? Par exemple, quels moyens
devrait-on prendre? Est-ce parce qu'ils ne sont pas suffisants?
Déjà, l'office a des documents publics qui sont accessibles. Vous
voulez répondre à cela.
M. Morel: Lorsque je parlais de documents de formation, ce sont
ceux qui sont spécifiquement prévus pour la formation des
responsables de la garde en milieu familial coordonnée par les agences.
Je faisais référence aux documents dont on parie dans
l'énoncé de politique et qui sont prévus pour ces gens. Je
me dis qu'il serait tout à fait pertinent de voir les documents pour la
garde en milieu familial distribués à d'autres personnes qui
gardent les enfants.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, il faudrait concevoir des outils
spéciaux qui pourraient être transmis à ces familles.
Est-ce que vous seriez intéressés - tout à l'heure, je
faisais l'offre à l'Office des personnes handicapées du
Québec - justement, à nous aider à préparer de tels
outils, peut-être dans le cadre du programme d'aide dont je pariais tout
à l'heure? Il serait peut-être important que vous puissiez nous
suggérer, finalement, des programmes quelconques. On pourrait vous
appuyer et cela pourrait permettre d'aider ces familles. (11 h 30)
M. Morel: Absolument, et ça pourrait permettre au
gouvernement de bénéficier de l'expertise d'un certain nombre
d'organismes familiaux qui oeuvrent déjà dans ce domaine.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que c'est tout à fait
important qu'on puisse collaborer et mettre nos efforts en commun, parce que,
sans ça, c'est sûr qu'on n'y arrivera pas.
Tout à l'heure, vous pariiez de plan d'ensemble de politique
familiale. On est fort conscients qu'il faut avoir un plan d'ensemble, sauf que
l'énoncé de politique touche davantage la garde régie par
l'Office des services de garde à l'enfance. Cela ne veut pas dire, pour
autant, qu'on veuille oublier l'autre catégorie, mais vous savez que,
même avec un plan d'ensemble, on ne peut, pas bouger en même temps
partout et on ne peut pas prendre des décisions de fond sur chacun des
dossiers, concernant, par exemple, les normes du travail ou les congés,
parce qu'il faut, avant qu'une décision ne soit prise, qu'elle passe,
quand même, par l'étape des différents comités
ministériels. Et, si on devait s'attendre, à ce moment-là,
je pense que ça pourrait prendre beaucoup plus de temps.
Par contre, qu'il y ait de la cohérence, qu'il y ait de la
cohésion, c'est tout à fait normal. C'est la raison pour
laquelle, dans notre politique des services de garde, on a dû
s'harmoniser avec d'autres politiques annoncées
précédemment. On a pensé également que d'autres
politiques pourraient venir, qu'on devrait s'harmoniser au fur et à
mesure et que les autres devraient s'harmoniser avec cette politique des
services de garde. Mais, il n'était pas de notre intention de mettre de
côté toutes les autres familles qui ont des enfants à leur
charge et qui gardent leurs enfants à domicile. Si on peut les appuyer
de quelque manière que ce soit, soyez assurés qu'on va le faire
avec plaisir.
Vous parlez de garde estivale. On sait très bien - tous les
groupes sont venus nous le dire ici - qu'il y a un problème concernant
la garde estivale. Les parents continuent de travailler, même s'ils ont
quelques semaines de vacances, mais les enfants sont à
l'extérieur de l'école. Par contre, on est fort conscients que
seul le gouvernement ou l'Office des services de garde à l'enfance ne
pourra pas régler la question de la garde estivale. On devra absolument
avoir l'aide des municipalités et des commissions scolaires
également. On ne peut pas tout faire seul. On espère que, dans le
cadre de la planification régionale, on pourra suffisamment
intégrer ces différents corps, les différentes
Institutions, et les sensibiliser aux besoins. Du fait de nous asseoir avec ces
personnes et de travailler avec ces groupes, nous pensons que nous pourrons
réussir, peut-être, à développer des modes de garde
estivale pour soulager les familles qui ont à faire face à ces
problèmes.
Je voudrais revenir aux questions qui concernent votre mémoire.
Vous demandez, entre autres, de modifier l'article 2 de la Loi sur les services
de garde à l'enfance permettant le refus d'un enfant handicapé.
Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que les services de garde ont
certaines limites pour permettre l'intégration d'enfants
handicapés et qu'ils doivent tenir compte du nombre d'enfants
visés par une telle intégration? Est-ce que vous le voyez dans
cet esprit?
Le Président (M. Laporte): M. Faulkner.
M. Faulkner Non, je ne le vois pas dans cet esprit-là. Cela
revient un peu aux questions que vous posiez tantôt aux
représentants de l'OPHQ. Il me semble que notre approche est la suivante
par rapport aux services de garde. Je dirais que, par rapport à
l'intégration des services de garde, par rapport à
l'intégration à l'école, il nous semble que c'est un
droit. Lorsque, par exemple, le ministère de la Santé et
des Services sociaux a décidé, en 1975 qu'on
n'institutionnaliserait plus les enfants qui naissent avec une
déficience et qu'à ce moment l'alternative était: ou bien
l'enfant réside au sein de sa famille naturelle ou il est confié
à une famille d'accueil, on a pris la décision et on n'a pas
nécessairement mis en place les services pour appuyer ces familles.
Aujourd'hui, on parle des services de garde et je me sens mal à l'aise
devant une question comme celle-là, parce qu'on nous dit: Gardez vos
enfants. On n'hésite pas à confier la responsabilité de
ces enfants aux familles. On veut bien l'assumer, cette responsabilité,
mais quand on demande, à côté: Appuyez-nous et ne nous
discriminez pas par rapport à des services accessibles au commun des
mortels, il me semble que ça va de soi et qu'on ne devrait pas
lésiner sur les services à ce point de vue.
Par ailleurs, c'est aussi une question de cohésion. Quand le
ministère de la Santé et des Services sociaux propose une
politique d'intégration, il faudrait bien que ça se traduise
quelque part dans les institutions, dans les services. Qu'on n'essaie pas de
les limiter, parce que, peut-être dans quinze ans, il y aura, dans une
garderie, un enfant multihandicapé, avec des déficiences
profondes, qui pourra éventuellement se présenter là. Si
cet enfant se présente là, c'est parce qu'il est dans son milieu
naturel. Si une famille peut le garder, je ne vois pas pourquoi une garderie ne
pourrait pas le garder 20 heures par semaine. C'est un peu cette logique qu'on
a par rapport à cette question-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que vous n'avez pas tort. Mais,
comment peut-on obliger actuellement les services de garde à recevoir
des enfants handicapés si on ne possède pas les outils ou la
formation nécessaires pour offrir un service de qualité à
ces enfants? Je pense qu'on a encore beaucoup de travail à faire avant
d'arriver à une intégration complète. On manque encore
d'outils et de formation pour pouvoir faire une intégration
complète.
M. Faulkner On aimerait, justement, qu'on prenne position. On n'aura
jamais ces outils-là si on part avec l'Idée qu'on va en
discriminer un certain nombre. Que ce soit en services de garde ou en milieu de
travail, dans les loisirs, à l'école, c'est toujours la
même problématique à laquelle on est confrontés.
Assumez vos enfants, mais, quand on vient pour leur demander des services que
tout le monde a, on a toujours comme référence le réseau
spécial. Envoyez vos enfants dans une école spéciale;
envoyez vos enfants dans une garderie spéciale. Mais on n'est pas des
familles spéciales et on garde nos enfants.
Mme Gagnon-Tremblay: Sauf que, dans le cas des garderies, on sait
très bien, vous l'avez mentionné au début de votre
exposé, qu'on ne répond pas à l'ensemble des besoins.
Alors, on ne veut pas faire de discrimination parce qu'il y a aussi d'autres
enfants pour qui on ne peut pas offrir ce service. Ce n'est pas uniquement pour
les enfants handicapés, mais également pour les autres enfants
aussi puisqu'on ne répond pas à la demande à 100 %. Alors,
on ne peut pas parler de discrimination, à mon avis, à moins que
certaines garderies ne refusent carrément d'intégrer ces enfants
pour lesquels nous sommes prêts à collaborer en subventionnant
l'équipement et les places occupées par eux.
M. Faulkner: J'ai bien l'impression que l'article 2 de la loi
n'est peut-être pas appliqué de la même façon pour
toutes les personnes qui se présentent pour demander un service de
garde.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-il judicieux, cependant, d'utiliser des
mesures coercitives pour augmenter le pourcentage d'intégration des
enfants handicapés? Ne serait-il pas mieux d'adopter des mesures
incitatives et de soutien plutôt que des mesures coercitives?
M. Faulkner: On a toujours été, justement, en
faveur de mesures souples, de ne pas forcer l'intégration des personnes
et de recourir au bon sens et à leurs convictions. Je vous avouerai que,
comme parent, cela fait une douzaine d'années que je me heurte à
toutes sortes d'obstacles. Je vous dirai, du fond de moi-même, qu'on est
un peu tannés.
On a essayé d'avoir, par exemple, dans la loi 107, Loi sur
l'instruction publique - je m'écarte un peu - une affirmation claire du
droit à l'intégration scolaire et on n'a pas voulu parce que
c'est dérangeant pour les commissions scolaires. Cela augmente la
tâche des enseignants, cela les dérange. Oui, nos enfants vont
déranger. Ils nous dérangent peut-être nous-mêmes,
mais l'État a décidé de nous en confier la
responsabilité. On se retourne et on dit à l'État: Soyez
conséquent avec vous-même. Si vous voulez vider les institutions,
les enfants devront aller quelque part. Il y a des réseaux et des
services, et on demande d'y avoir accès au même titre que
n'importe quel autre enfant, indépendamment de la déficience d'un
enfant.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, monsieur.
Le Président (M. Laporte): Merci, Mme la ministre. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir que je reçois à nouveau M. Morel, de la COFAQ, et,
également, M. Faulkner, du Regroupement de parents pour
déficients mentaux. J'aimerais, avec vous, discuter plus longuement sur
toute la question des conditions de réussite de la garde à
domicile. D'abord, j'aimerais en savoir plus de M. Faulkner sur cette
Information qu'il a transmise à la
commission. Il s'agissait d'un budget qui avait été obtenu
à la suite de pressions du regroupement de parents?
M. Faulkner: Entre autres, et de plusieurs organismes de
promotion, d'intervenants sociaux ou de parents de la région de
Montréal. C'était, en même temps, un budget provincial,
donc qui s'appliquait à toutes les régions. C'est l'ajout
budgétaire de 7 000 000 $ que Mme la ministre a annoncé au mois
de juin dernier et qui valait pour différents programmes. De ce montant,
2 000 000 $ devaient être versés sous forme de soutien aux
familles. Cela couvrait les programmes de stimul précoce; c'était
donc destiné aux centres d'accueil. Comme subvention directe,
directement sous forme de répit, je ne me souviens pas des chiffres pour
l'ensemble de la province, mais, pour la région de Montréal,
c'était 566 000 $.
Mme Harel: Très bien. Ces 566 000 $ devaient être
affectés, vous nous avez dit au répit, pour quelle forme
d'activités?
M. Faulkner: Écoutez, il y a eu des
représentations, dont celles du CRSSS de Montréal,
là-dessus, sur la base de projets déjà
présentés au CRSSS. Ces projets étaient essentiellement
des maisons de répit, plus deux projets de services de garde à
domicile. Lorsque l'argent est arrivé après les fêtes,
comme je le disais tantôt, il était accompagné de normes du
sous-ministre qui en rendaient l'utilisation Impossible. Nous avons
dernièrement eu des rencontres avec Mme Lavoie-Roux et, finalement, il
n'y a pas eu grand-chose de changé, ce qui fait qu'au lieu de progresser
une des deux maisons de répit en activité a dû fermer ses
portes et on ne parle quasiment plus de gardiennage.
Mme Harel: Alors, plutôt que de progresser, ça
régresse?
M. Faulkner: C'est exactement le constat qu'on a fait,
malgré que l'argent soit là. C'est à cause de normes
relatives au taux horaire, de normes relatives au fait que la subvention ne
peut pas être accordée à des organismes de promotion qui
avaient élaboré ces projets, entre autres parce que le
ministère ne veut pas subventionner des ressources dites
intermédiaires, telles que les maisons de répit, et qu'il est en
réflexion là-dessus. Moi, je pense que c'est peut-être plus
pour des motifs politiques qu'administratifs. Des motifs politiques dans le
sens que si on subventionne un organisme, un service, advenant un changement
d'orientations ou une coupure de subventions, les gens pourraient faire des
représentations. Ce sur quoi le ministère semble vouloir
s'enligner, c'est sur une allocation directe aux familles, mais subventionner
directement les familles, ça ne crée pas de services; cela donne
de l'argent. C'est comme l'allocation familiale supplémentaire de 97 $
par mois. Cela nous donne de l'argent pour peut-être acheter une paire de
bottines, mais ça ne crée pas de services dans la
communauté. C'est comme si, pour le transport adapté, on nous
disait: On va vous donner des tickets" pour prendre l'autobus, mais il n'y a
pas d'autobus. Alors, ça ne nous avance pas. Allez vous faire soigner,
mais il n'y a pas d'hôpitaux. C'est ça qu'on nous dit,
là.
Mme Harel: Écoutez, je pense que c'est une question
très névralgique parce que c'est un courant important. Si vous
l'avez remarqué, dans le programme APPORT, il y a des frais de garde
pour les parents, mais ce sont des frais indépendamment que la garde
soit régie ou non. Cela vaut aussi pour les assistés sociaux qui
participent à des mesures. De plus en plus, c'est une allocation
directe, indépendamment des services collectifs à être mis
ou non en place, y compris ceux de gardiennage. J'aimerais vous interroger
là-dessus: En quoi consistaient les maisons de répit?
S'agissait-il de familles de garde, de familles d'accueil?
M. Faulkner: Non, non. La maison de répit qui ferme ses
portes au moment où l'on se parle avait été mise sur pied
dans la région de Montréal par un organisme de promotion qui
était une association de parents. Ils avaient obtenu un certain
financement via le CSS qui reconnaissait la maison de répit comme
famille d'accueil. Alors, les parents qui y envoyaient leur enfant
étaient financés comme si la maison de répit était
une famille d'accueil. Donc, s'ils avaient cinq enfants, ça quintuplait
le montant habituellement versé à la famille d'accueil. Le CSS a
réduit ces fonds, parce qu'il est en déficit, mais ce projet
aurait normalement dû être financé par les 141 000 $
à venir. Mais, comme le sous-ministre a fixé comme norme de ne
pas subventionner les ressources intermédiaires...
Mme Harel: II s'agissait d'un lieu physique où les
enfants...
M. Faulkner: C'est une maison.
Mme Harel: ...étaient hébergés.
C'était une maison. Et elle était ouverte sept jours par semaine?
(11 h 45)
M. Faulkner: Elle était surtout ouverte les fins de
semaine.
Mme Harel: Les fins de semaine. Sur les services de garde
à domicile, vous aviez également des projets à
présenter?
M. Faulkner: Dans la région de Montréal, il y avait
deux projets: un pour la partie est, Pointe-aux-Trembles, et le mien, pour le
reste de la région. C'était un service de garde à
domicile, qui consistait en deux volets principalement:
rembourser la totalité ou la partie des frais de garde
assumés par les familles - II faut faire attention; on parle de soutien
à la famille, de service de répit, de service de gardiennage, de
service de dépannage - ou constituer, dans le cas où la personne
à garder présente une déficience assez Importante, une
banque de gardiennes habilitées à assumer ces
responsabilités.
Mme Harel: Et le taux horaire concernait ces personnes qui
allaient être engagées?
M. Faulkner C'est que le ministère, dans son allocation
financière, a prévu des tarifs horaires qui varient selon
l'âge de la personne et cela exclut, à toutes fins utiles, le
paiement d'une gardienne qui serait un petit peu spécialisée,
parce que le maximum était, je pense, de 4,50 $ ou de 4,75 $ l'heure.
Cela variait de 2,50 $ à 4,50 $ environ. Évidemment, une personne
spécialisée ne serait pas intéressée à ce
type de rémunération. C'était discriminatoire par rapport
à la déficience, parce que plus la déficience est lourde,
plus la personne-ressource doit être spécialisée, et plus
elle coûte cher; mais il y avait toujours le maximum. On était
aussi Invités à fonctionner sur la base d'une moyenne et à
faire des discriminations selon les revenus pour respecter cette moyenne.
Mme Harel: C'est un aspect important, je vous remercie, cela va
certainement attirer notre attention. J'aimerais revenir avec vous sur cette
question qui est importante. J'ai eu l'impression que l'énoncé
butinait sur cette question. Mine de rien, on parle de la garde à
domicile, mais on ne fait pas face à cette question de manière
à la régler si tant est qu'on le souhaite pour un certain type de
garde. Il y a des conséquences à en parler. On ne peut pas juste
en parler pour en parler quand on est au gouvernement. Il y a une
responsabilité quand on parle de cela. La conséquence, c'est,
évidemment, d'assumer que, si ce sont des personnes salariées,
elles devront être couvertes par la protection des lois du travail et
qu'en conséquence il devra y avoir une reconnaissance sociale.
Je ne sais pas si vous avez pris connaissance d'une nouvelle formule qui
existe en France, qui s'appelle les assistantes maternelles
agréées. Je ne sais pas si cela vous a été
communiqué. Elles sont nombreuses, il y en a 130 000, et elles offrent
200 000 places de garde. Essentiellement, l'État rembourse les charges
sociales, les cotisations sociales aux parents qui sont les employeurs; c'est
à peu près l'équivalent de 2000 francs par mois. Il y a un
petit dépliant qui circule à l'initiative de Mme la ministre, je
la remercie, qui est fait par le ministère du Revenu, et qui dit aux
parents qui sont les employeurs qu'ils doivent payer à la gardienne la
Régie de l'assurance-maladie, la Régie des rentes et
l'assurance-chômage. Vous comprenez que cela et le sexe des anges, c'est
la même chose, parce que je ne pense pas qu'il y ait 1 % des personnes
qui peuvent jouir de cet avantage. Mais l'État ne rembourse, en France,
que pour les enfants de moins de trois ans, dans le cadre d'une politique
familiale globale, et pour des enfants qui présentent des handicaps
physiques ou Intellectuels. C'est, d'une certaine façon, comme une prise
en charge par l'État de la reconnaissance du rôle social que
jouent les personnes et, donc, nécessairement de leur recrutement et de
leur formation. Je ne sais pas si c'est un peu comme cela que vous
l'envisagiez. Quel devrait être, finalement, ce type de garde offert aux
familles d'enfants handicapés?
M. Faulkner: Malheureusement, notre réflexion, même
si le projet date de trois ans, n'est pas rendue très loin à ce
sujet. Depuis six mois, on a cheminé et on a été
confrontés à ces réalités. Si on envoie
l'allocation directement aux familles, la famille - parce que c'est un
marché au noir, là, on parle clairement - fait venir la voisine
ou la "ma tante". Mais, à partir du moment où on a besoin d'une
ressource un peu spécialisée, on ne peut plus fonctionner au
noir; on devient employeur. Les familles ne sont pas intéressées
à devenir des employeurs, c'est bien évident, à cause des
chartes et à cause des tarifs. Nous avions eu l'idée de passer
par une agence de garde. Il y a aussi toute la question de la
responsabilité civile. Lorsque, dans une famille, vous vous informez
pour faire garder un enfant ou un jeune adulte, il y a une
responsabilité civile. Est-ce que l'organisme de promotion qui serait
responsable de tels projets est responsable des gens qu'on
réfère, s'il arrive des accidents, etc.? Alors, on avait eu
l'Idée de passer par une agence de garde, mais il n'y a pas
d'expérience, il n'y a pas d'expertise, on ne sait pas sur quel terrain
on avance. Nous étions aussi portés à faire une
association avec le maintien à domicile: les CLSC, qui envoient les
auxiliaires familiales aux personnes âgées, passent souvent
eux-mêmes par une agence pour ne pas avoir la responsabilité des
auxiliaires et aussi pour une question de tarifs. Comme ce n'est pas le CLSC
qui est l'employeur, mais l'agence, on coupe les tarifs de moitié.
Donc, il n'y a pas de réponse claire à toute cette
question.
Mme Harel: M. Morel, je pense que vous aviez un commentaire
à ajouter?
M. Morel: Oui, ce dont vous parlez nous intéresse
beaucoup. Moi, j'aimerais juste revenir sur une chose. Ce qui préoccupe
notre confédération et bon nombre d'associations familiales,
c'est que les services de garde offrent à l'ensemble des parents une
réponse adéquate à leurs besoins. Je veux dire ceci: Quand
on est parent et qu'on a besoin d'un service de garde,
qu'on demeure dans une campagne quelque part à 22 milles du
village voisin ou en plein coeur d'une ville, on a besoin d'avoir confiance en
la personne ou à l'organisme à qui on confie l'enfant.
Marcel parlait de garde au noir? Oui, il ne faut pas s'en faire, 8 y a
400 000 enfants au Québec qui sont gardés au noir ou qui ne sont
pas gardés du tout. Là, je m'inquiète, moi, quant à
la sécurité physique des enfants. Est-ce que, quand on parle de
qualité, c'est ça?
Mol, il me semble qu'il est important de se préoccuper de ces
questions. Évidemment, on ne peut pas développer des services de
garde pour répondre aux attentes des 600 000 enfants du Québec,
c'est vrai, mais qu'est-ce qu'on fait pour les 400 000 autres? De là, la
suggestion d'assurer une certaine forme de formation à ces gens et ce
qui existe là-bas est fort intéressant. Cela constituerait une
forme de reconnaissance du rôle que Jouent ces personnes. Vous savez,
pour plusieurs de ces personnes, le fait de garder un enfant, deux enfants, au
noir... Parce que ce n'est pas nécessairement de la garde au domicile de
l'enfant; très souvent, c'est la garde dans un domicile autre que celui
de l'enfant. On parle, très souvent, d'un enfant ou de deux enfants
entre la première et la cinquième année. Alors, c'est
très souvent ça, le cheminement du gardiennage au noir. Ces
personnes vont garder des enfants tant et aussi longtemps qu'elles ont
elles-mêmes à la maison leurs propres enfants. Une fois que leurs
enfants sont rendus au niveau secondaire, la plupart de ces femmes qui
gardaient a domicile vont aller travailler à l'extérieur. C'est
difficile d'intervenir là-dedans et je le conçois. C'est de la
garde au noir. La personne qui garde n'est pas nécessairement
intéressée à émettre des reçus, parce
qu'elle ou son conjoint sera pénalisé. Dans le fait de ne pas
émettre de reçu, c'est le parent qui a recours à un
service de ce type qui, lui, est pénalisé; parce que la ressource
n'est pas disponible dans son milieu ou, tout simplement, parce que c'est son
choix à lui d'aller vers un service de ce type, il accepte de se
pénaliser lui-même.
Je ne connais pas les moyens, je ne connais pas les solutions. Je ne
fais qu'apporter ici les problèmes, en espérant que vous y
trouverez des solutions.
Le Président (M. Laporte): En conclusion.
Mme Harel: Oui. On chemine sur cette question. En conclusion, je
veux vous remercier et vous rappeler qu'il y a 600 000 enfants qui ont un
besoin de garde. On peut dire que ça se partage
moitié-moitié: 300 000 enfants dont les parents optent pour un
service régi et 300 000, à peu près pour un service non
régi. La grande question, c'est: Dans la mesure où il y aurait
reconnaissance du rôle qui est joué par la garde, est-ce qu'il ne
serait pas possible d'envisager qu'il puisse y avoir une exonération des
gardiennes quant à la déduction, de manière à
favoriser leur émergence du souterrain. Cela ne coûterait rien
à l'État, puisque ce sont des sommes qui ne sont pas
déduites, même si, effectivement, elles seraient soustraites du
revenu imposable des parents qui recevraient le reçu. Mais ce sont des
questions fondamentales auxquelles l'État ne pourra pas longtemps ne pas
répondre. Merci beaucoup de votre présentation.
Le Président (M. Laporte): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je dois vous remercier aussi. Les
discussions sont très intéressantes et je vous invite à
travailler avec l'Office des services de garde à l'enfance pour essayer
de développer des programmes. Vous savez que, dans le cadre de cette
caisse d'aide, c'est un peu premier arrivé, premier servi. Nous sommes
à travailler actuellement avec l'office pour essayer de dégager
ou de préparer des programmes et je pense que des personnes comme vous
sont plus en mesure que nous, compte tenu de la clientèle
spécifique que vous représentez, de nous identifier des projets
qui seraient importants dans cette catégorie. On compte sur vous.
Merci.
Le Président (M. Laporte): M. Morel et M. Faulkner, comme
porte-parole du Regroupement de parents pour déficients mentaux, la
commission vous remercie de votre contribution à ses travaux.
La commission suspend pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 57)
(Reprise à 12 h 3)
Le Président (M. Laporte): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Les travaux de la commission vont reprendre. J'inviterais les membres de
la commission à reprendre leur place. Aussi, j'inviterais l'Association
des manufacturiers canadiens, division du Québec, à bien vouloir
s'avancer.
Je voudrais faire part très brièvement à nos
Invités des procédures qui nous gouvernent. Vous allez avoir 20
minutes pour la présentation de votre mémoire et, par la suite,
40 minutes de discussion avec les membres de la commission parlementaire, dont
20 minutes pour l'Opposition et 20 minutes du côté
ministériel. Pour les fins de l'enregistrement, je vous demanderais de
bien vouloir vous identifier comme porte-parole et par la suite, lors de la
discussion de bien vouloir indiquer votre nom, ce qui facilite de beaucoup le
travail des gens qui procèdent à l'enregistrement des
débats.
Association des manufacturiers canadiens, division du Québec
M. Ypperciel (Pierre): À ma gauche, Me Anne-Marie
Thibodeau, chef du contentieux des Laboratoires Ayerst et aussi membre de notre
comité des questions législatives à l'association. Mon nom
est Pierre Ypperciel, vice-président et directeur général
de l'Association des manufacturiers canadiens, division du Québec.
À ma droite, M. Jean Burton qui est directeur de la recherche et, plus
particulièrement, des questions de ressources humaines à l'AMC,
division du Québec.
M. le Président, Mme la ministre, messieurs et mesdames les
députés, on vous remercie beaucoup de l'occasion qui nous est
donnée aujourd'hui de venir vous faire une brève
présentation.
La division québécoise de l'Association des manufacturiers
canadiens regroupe des entreprises manufacturières de petite, moyenne et
grande taille. Présents dans toutes les régions du Québec,
ses 1200 membres exercent leurs activités dans l'ensemble des secteurs
Industriels. Au total, les 400 entreprises de la division du Québec
qu'ils représentent génèrent près de 75 % de la
production manufacturière du Québec. C'est au nom de ces
manufacturiers que nous présentons aujourd'hui ce mémoire.
Dans le cadre de ses mandats, l'AMC-Québec s'intéresse de
près aux politiques gouvernementales susceptibles d'affecter
l'environnement socio-économique des entreprises manufacturières
et d'influencer leur caractère concurrentiel.
La politique sur les services de garde à l'enfance, dont la
ministre déléguée à la Condition féminine
vient de publier les grandes lignes d'orientation, s'inscrit dans cette
optique, d'une part, parce qu'il s'agit d'une politique liée au
développement de la main-d'oeuvre et à son Intégration sur
le marché du travail à laquelle les employeurs sont
appelés à collaborer directement; d'autre part, à cause de
son impact sur les dépenses publiques à ce poste, qui pourraient
doubler en trois ans pour atteindre en coûts directs un montant annuel de
près de 200 000 000 $.
Au cours des dernières années, nous avons participé
à des débats publics majeurs pour y faire valoir le point de vue
des manufacturiers. Qu'il s'agisse du libre-échange, de santé et
de sécurité du travail, d'assurance-chômage ou de
sécurité du revenu, nous avons mis de l'avant des principes qui
tiennent compte des conditions essentielles au développement d'un
secteur manufacturier fort.
J'ouvre une parenthèse pour vous dire que, l'an passé,
selon les résultats produits par votre collègue, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, 65 % des emplois
créés au Québec l'ont été à partir du
secteur manufacturier, ce qui est un apport Important au déve- loppement
économique du Québec, ceci, bien entendu, tout en respectant les
intérêts des groupes en présence.
Nous estimons, en effet, que notre société exige de
garantir des emplois et la production de biens et de services
nécessaires à son développement économique. C'est
dans cette optique que s'inscrit notre intervention dans le présent
débat. Nous souhaitons que ce mémoire contribue à enrichir
les discussions et à favoriser la formation d'une opinion
éclairée qui prenne en considération tous les facteurs
concernés.
L'AMC-Québec a accueilli favorablement le document d'orientation
de la ministre. Conscients des lacunes actuelles du système des services
de garde à l'enfance, les employeurs ne peuvent, en effet, rester
indifférents aux difficultés souvent Insurmontables auxquelles
font face bon nombre de leurs travailleurs et travailleuses pour arriver
à concilier leurs responsabilités familiales et
professionnelles.
À la lumière des faits décrits, nous reconnaissons
la gravité des problèmes sur ce plan et l'urgence de leur
apporter des solutions appropriées et efficaces. Fondamentalement, nous
adhérons aux objectifs de la Loi sur les services de garde à
l'enfance que le gouvernement entend renforcer, soit: l'accessibilité
des services, la liberté de choix et ta participation des parents. De
môme, les préoccupations mises de l'avant sur le plan social et le
niveau élevé des exigences en termes de qualité des
services nous apparaissent tout à fait légitimes. Nous nous
réjouissons de voir transparaître davantage le souci d'une gestion
efficace et performante en ce qui concerne chacun des services. En
contrepartie, nous aurions souhaité voir poussée pius loin
l'analyse des répercussions économiques de cette politique et
mieux définies les règles du système.
Divers aspects du projet soumis ont particulièrement retenu notre
attention, dont l'implantation de garderies dans le milieu du travail. La
ministre propose dans son énoncé de politique de faire
l'implantation de garderies en milieu du travail une priorité et elle
entend réserver à ce type de garderies un pourcentage des
nouvelles places en garderie qui seront développées au cours des
prochaines années.
La garderie en milieu de travail est, en effet, perçue par
plusieurs comme une réponse particulièrement appropriée
aux besoins de certains parents. À première vue, elle
présente, de fait, divers avantages. Pour les parents, d'une part, elle
peut simplifier les démarches et les déplacements quotidiens,
tout en leur fournissant un environnement plus rassurant, vu la
proximité et la facilité de contact avec les enfants. Pour les
employeurs, d'autre part, on peut supposer qu'elle les aidera à attirer
et retenir une main-d'oeuvre qualifiée et qu'elle contribuera
éventuellement à diminuer l'absentéisme de leur personnel,
et à augmenter sa motivation et son rendement au travail. Tout ceci
reste, cependant,
encore une hypothèse que l'expérience ne nous permet pas,
au Québec à tout le moins, de confirmer et encore moins de
qualifier, étant donné le très petit nombre de garderies
en milieu de travail dans le secteur privé. Les expériences se
limitent surtout aux entreprises de services, hôpitaux et organismes de
services.
En effet, les garderies en milieu de travail constituent un
phénomène relativement récent au Québec et leur
Implantation n'a progressé au cours des dernières années
qu'à un rythme relativement lent, beaucoup plus faible que celui
souhaité par l'Office des services de garde à l'enfance. À
l'heure actuelle, à peine 15 % des garderies accréditées
sont ainsi situées en milieu de travail et, dans neuf cas sur dix, elles
ont été mises en place dans des organismes publics ou parapubiics
(édifices du gouvernement, centres hospitaliers, universités,
etc.).
Malgré le peu de données disponibles, l'AMC-Québec
reconnaît, cependant, l'intérêt et la pertinence de
l'approche proposée par la ministre et souhaite que les employeurs lui
apportent leur appui. Compte tenu de l'ampleur de l'investissement en temps, en
argent et en énergie requis pour la mise en place d'une garderie, il
nous apparaît, cependant, prudent, avant de démarrer un programme
d'une certaine envergure en vue d'implanter des garderies dans des entreprises
privées, de mener un certain nombre d'expériences pilotes.
Réalisées conjointement avec des employeurs et des travailleurs
de leur entreprise et, il va de soi, avec le soutien des conseillers de
l'office, ces expériences fourniront les bases qui manquent
actuellement. Elles permettront d'étudier, sur le terrain même,
les moyens à prendre pour faciliter par la suite aux entreprises, la
mise en place de tels services au bénéfice de leur personnel.
La dimension économique du dossier. Les programmes mis en place
avec la collaboration des employeurs ne devront, par ailleurs, affecter en
aucune façon leur compétitivité. C'est dire que ceux-ci
devront être libres de s'engager ou non dans ce type de projet et que
leur collaboration ne fera l'objet d'aucune contrainte ou obligation autre que
le respect des normes édictées pour assurer la qualité des
services. Par ailleurs, les coûts reliés directement à
l'implantation des garderies en milieu de travail ne sauraient leur être
imposés et un appui technique et financier devra leur être
offert.
Compte tenu de la concurrence très vive à laquelle elles
font face actuellement sur les marchés internationaux et, en
particulier, sur le marché nord-américain, nos entreprises
manufacturières ne disposent pas d'une marge de manoeuvre qui leur
permette d'absorber les coûts additionnels qui leur seraient
Imposés dans ce type de cadre. Le principe du partage des coûts
des services de garde entre l'État et les parents nous apparaît
donc devoir être maintenu.
Dans la même optique, l'AMC s'inquiète des coûts
globaux de la démarche proposée et de leur impact sur les
déficits gouvernementaux, tant fédéral que provincial.
Ceux-ci nous Imposent déjà des contraintes fiscales très
lourdes au détriment de notre économie et de la position
concurrentielle de nos entreprises manufacturières qui, dans le nouveau
cadre de référence économique, vont devoir être
très soucieuses de leur compétitivité pour être en
mesure de bien faire face à la concurrence accrue à la suite de
la libéralisation des échanges commerciaux entre le Canada et les
États-Unis. Nous avons déjà indiqué à
plusieurs reprises l'importance que nous accordons au contrôle et
à la rationalisation des dépenses publiques en vue de
réduire les déficits. Dans cette optique, les montants
nécessaires à l'augmentation et à l'amélioration
des services de garde devraient provenir d'un réaménagement de
programmes gouvernementaux existants et non d'une augmentation de l'enveloppe
globale.
Pour ce qui est des questions d'efficacité et de performance,
nous avons, d'autre part, décelé dans le document d'orientation
une préoccupation de stimuler la performance et l'efficacité de
la gestion des services de garde que nous considérons très
encourageante. Ainsi, la proposition de fonctionner selon un programme
triennal, établi d'après des analyses de besoins et des
évaluations systématiques, permettra une planification à
moyen terme plus efficace et ce au niveau de chaque région. Par
ailleurs, les modifications suggérées au mode de financement
encourageront une occupation maximale des places existantes et favoriseront les
garderies qui ont une bonne performance sur ce plan. La
prévisibilité du financement rendra également possible une
meilleure planification budgétaire.
Tout en encourageant le maintien de normes de qualité
élevées, l'AMC estime que les services de garde doivent
satisfaire à des critères de performance exigeants qui assurent
une utilisation optimale des fonds publics accordés. Au-delà de
leur rôle essentiel sur le plan social, les services de garde constituent
aussi, sous plusieurs aspects, une industrie de service importante et, sans
sacrifier à la qualité, ils doivent être administrés
en tant que tels en s'inspirant des principes d'une saine gestion. (12 il
15)
Tout en reconnaissant l'importance de la participation active des
parents à l'administration des garderies, en particulier sur le plan
sociopé-dagogique, l'AMC se réjouit, par ailleurs, de l'ouverture
plus grande du système à l'entreprise privée que laisse
entrevoir l'énoncé de politique. D'une part, en encourageant les
employeurs du secteur privé à participer activement au processus
de la planification régionale des services de garde, le nouveau
système reconnaît leur apport à l'infrastructure sociale.
Il établit ainsi un lien avec le marché du travail, dont les
règles conditionnent une bonne part des besoins des services de garde,
et facilite une concertation essentielle.
Par ailleurs, en acceptant de soumettre les
garderies privées, à but lucratif ou non,
gérées par des parents aux mêmes critères que les
autres, le projet reconnaît l'apport de l'entreprise privée
à la diversité de ces services. Tout en garantissant leur
qualité, il respecte ainsi le libre choix des parents et encourage
Tentrepreneur-ship" dans un secteur où il peut apporter et contribuer
considérablement. Il ne fait pas de doute que cette ouverture
contribuera, par ailleurs, à faciliter l'entrée des employeurs du
secteur manufacturier dans ce type d'activité.
Étant donné que les formules retenues jusqu'à
présent n'ont pas permis d'atteindre les objectifs de
développement fixés, ni de répondre de façon
adéquate à la diversité des besoins exprimés, nous
aurions aimé que le document d'orientation soit un peu plus explicite en
ce qui concerne les nouveaux mécanismes et les modèles
différents dont l'implantation serait encouragée. Nous estimons
que, pour ce qui est des moyens, il se cantonne dans des formules
déjà éprouvées qui n'ont pas toujours eu de
résultats probants, entre autres dans le milieu du travail.
Dans cette optique, nous souhaitons que le régime qui sera mis en
place soit suffisamment souple pour permettre des initiatives originales, pour
autant qu'elles répondent adéquatement aux besoins et en
respectant, nous le répétons, les critères fondamentaux de
qualité. On pourrait, par exemple, envisager diverses formules pour
favoriser le regroupement d'entreprises en vue d'offrir des services communs
aux membres de leur personnel, à l'Intérieur de parcs
Industriels.
L'AMC est convaincue de l'Intérêt de miser sur la
créativité et le dynamisme des milieux concernés pour
favoriser tant l'innovation que le réalisme des solutions qui seront
mises de l'avant. Cette approche exige, cependant, une grande souplesse dans
l'administration du système, de façon que les services soient
implantés dans un souci d'adaptation aux réalités propres
à chaque région, à chaque quartier et à chaque
milieu de travail. En contrepartie, des moyens judicieux d'évaluation
devront être mis en place pour mesurer les résultats et
reconnaître les formules les plus efficaces.
La concertation des partenaires. Tout en affirmant clairement la
prépondérance du rôle des parents dans le système
des services de garde, la ministre reconnaît dans son
énoncé de politique l'effet positif des liens avec des groupes
autres, dont le milieu scolaire, les municipalités et les entreprises
privées à titre d'employeurs. Elle entend, d'ailleurs, associer
des représentants de ces différents milieux à
l'identification et à l'analyse des besoins de chaque région, et
à la planification des activités. Une telle concertation ne peut
être que bénéfique au fonctionnement du système, par
l'apport d'expériences et de points de vue complémentaires
qu'elle permettra et par l'engagement actif qu'elle suscitera chez les
représentants des divers milieux.
De la même façon, nous croyons que les employeurs devraient
être associés étroitement au développement des
modèles de garderies en milieu de travail, particulièrement en
entreprise privée, et à la mise en place des mécanismes
qui les encadreront, de même qu'à l'évaluation de ces
formules.
Au chapitre des recommandations, nous proposons: que l'implantation de
garderies en milieu de travail soit privilégiée dans le cadre
d'un programme élaboré à la lumière des
résultats obtenus dans les expériences pilotes
réalisées en collaboration avec les employeurs et les
travailleurs; qu'elle s'appuie sur une approche incitative et non coercitive
visant à soutenir les initiatives plutôt qu'à imposer des
obligations contraignantes aux entreprises.
Que les coûts des services de garde, y compris en milieu de
travail, continuent à être partagés entre l'État et
les parents, et que les fonds additionnels nécessaires à
l'application de la nouvelle politique proviennent d'un
réaménagement budgétaire de programmes gouvernementaux
existants et ceci, afin d'éviter l'augmentation du déficit
public, parce qu'il ne faudrait surtout pas hypothéquer l'avenir des
enfants pour payer le "baby-sitter" aujourd'hui.
Que des normes de qualité élevées soient maintenues
dans les services de garde et que, parallèlement, leur performance et
leur efficacité soient encouragées par le mode de financement
retenu, de façon à assurer une utilisation optimale des fonds
accordés.
Que l'ouverture du système des garderies à l'entreprise
privée se poursuive, tant par la participation des employeurs au
processus de la planification régionale que par la reconnaissance de
l'apport des garderies privées, à but non lucratif ou non,
gérées par des parents.
Que l'administration du régime soit suffisamment souple pour
permettre la mise en place et l'évaluation subséquente de
formules Innovatrices susceptibles de répondre plus adéquatement
aux réalités propres à chaque milieu.
Que les employeurs soient associés au développement des
modèles de garderie en milieu de travail dans le secteur privé,
à l'analyse des besoins globaux sur ce plan et à
l'évaluation des formules proposées.
À cet effet, l'AMC-Québec demeure à votre
disposition, si vous le jugez opportun, pour travailler avec vous à
l'élaboration de votre politique, de façon qu'on puisse
représenter, au-delà de notre mémoire, ta contribution des
manufacturiers dont certains ont fait des expériences et seraient
sûrement intéressés à collaborer. Le fait que Me
Thibodeau, des Laboratoires Ayerst, soit ici ce matin en témoigne
adéquatement. Merci.
Le Président (M. Laporte): Merci de votre
présentation. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Merci de votre collaboration. Vous
représentez un secteur
d'activité où il y a une forte concentration de
main-d'oeuvre féminine. Nous savons tous que les services de garde sont
très importants pour pouvoir concilier vie familiale et vie
professionnelle.
Je voudrais vous poser une première question: Croyez-vous que vos
entreprises soient véritablement sensibilisées à
l'importance des services de garde pour les parents d'aujourd'hui, compte tenu
de notre société? On sait qu'on a beaucoup de familles
monoparentales. On sait aussi qu'on est de plus en plus exigeant envers nos
employés, dans le sens qu'on aurait besoin davantage d'heures un peu
plus flexibles pour la garde d'enfants. On connaît notre problème
de dénatalité. Donc, compte tenu de tout ça, croyez-vous
que, pour vos entreprises, ce n'est pas encore une priorité ou si vous
croyez que des efforts se font et que ça peut devenir une
priorité, à un moment donné?
M. Ypperciel: Mme la ministre, je vais essayer de vous
répondre. Au moment présent, ce n'est pas une priorité
dans beaucoup d'entreprises qui sont dans des contextes où vous avez une
disponibilité de main-d'oeuvre assez importante. Le taux de
chômage dans certaines régions nous indique qu'il n'y a pas
rareté de la main-d'oeuvre. Donc, l'obligation d'offrir ce type de
services à l'intérieur de l'entreprise s'est faite dans des
entreprises que je qualifierais d'avant-gardistes. Mais il faut penser à
demain: les années quatre-vingt-dix auront certainement, dans certains
secteurs plus spécialisés, à composer avec des situations
de rareté de main-d'oeuvre, comme on l'a fait dans certaines
régions américaines où des expériences ont
démontré que, pour élargir la possibilité de faire
le recrutement de personnel, on a offert ces services. Dans les hôpitaux
aux États-Unis, entre autres, où il y a une pénurie de
personnes qualifiées, d'infirmières et de professionnelles de la
santé, on a offert ces services sur les lieux mêmes,
précisément pour inciter les gens à venir travailler.
Mme Thibodeau (Anne-Marie): Si vous me le permettez...
Le Président (M. Laporte): Mme Thibodeau.
Mme Thibodeau: Anne-Marie Thibodeau. J'ai quand même
vécu l'expérience de la garderie. Je suis mère de quatre
enfants et suis dans le milieu du travail depuis que mon aîné est
né. Alors, j'ai vécu l'expérience de plusieurs types de
garde d'enfants.
Pour ce qui est des entreprises, je pense qu'une conscientisation s'est
faite. Les diverses lois tendant à faciliter les grossesses pour les
femmes qui travaillent ont fait que les industries sont conscientisées
aux problèmes de garde qui peuvent exister. Mais une chose demeure
certaine: si on regarde les postes occupés par les femmes dans
l'entreprise manufacturière, ce sont des postes non
spécialisés la plupart du temps et, à ces postes, on peut
aisément remplacer quelqu'un sur une base journalière ou pour une
couple de semaines. On les remplace par quelqu'un d'autre et ça vient de
finir. Alors, le problème de garde, finalement, on ne se le pose pas ou
on ne se le pose pas outre mesure.
Il y a un autre aspect qui est particulier au domaine manufacturier. Il
est très important - et ça, chaque parent va vous le dire -
d'avoir un milieu de vie où l'enfant va bien se développer, va
être heureux, va être content. Nos industries ne se prêtent
pas nécessairement à la garde en milieu de travail. Je pense
à l'industrie manufacturière qui fait des clous avec du plomb. Je
ne pense pas qu'il y ait beaucoup de parents qui voudraient mettre leurs
enfants dans un tel environnement. Si on pense à la petite industrie
où iI y a une "shop", il devient très difficile d'installer de la
garde en milieu de travail. Il y a aussi le fait que ça demande des
investissements considérables pour avoir une qualité de garde.
Alors, en demandant des investissements considérables, la petite
industrie manufacturière n'est certainement pas apte à supporter
le fardeau d'un milieu de garde de façon régulière et
constante. De ce côté, il est certain que l'industrie
manufacturière favoriserait votre régionalisation. L'aspect
régional devient beaucoup plus réaliste.
Quand M. Ypperciel mentionnait que peut-être on pourrait faire des
projets en milieu industriel, ce qu'on veut dire, c'est ceci: si vous prenez,
par exemple, dans une municipalité donnée, la banque industrielle
qui existe là, essayez d'évaluer les besoins, de trouver un local
qui serait adéquat, qui n'est pas nécessairement accolé
à l'industrie, mais qui est dans le parc industriel et de voir quel
genre de réponse vous aurez. C'est peut-être l'approche qu'on peut
avoir, du moins avec l'industrie manufacturière, étant
donné que c'est une industrie qui, à cause de la
réglementation qui la régit, ne peut pas avoir une garderie sur
les lieux du travail ou qui, parce qu'elle est trop petite, a un bassin de
population qui ne la justifie pas de faire de tels investissements. Il faut,
quand même, tenir compte qu'il y a des fluctuations importantes. Alors,
je pense que, vis-à-vis des manufacturiers, il faut peut-être des
regroupements pour pouvoir créer des services de garde plutôt que
viser vraiment le milieu de travail en tant que tel, de façon restreinte
ou avec une définition restreinte.
Mme Gagnon-Tremblay: Je crois que vous avez fait un très
bon portrait. On voit que vous êtes bien conscientisés au
problème. D'ailleurs, la preuve, c'est que vous êtes ici ce matin.
Je pense que c'est signe que vous vous intéressez davantage à
cette problématique et à ces services qui peuvent être
offerts dans les industries.
Tout à l'heure, vous mentionniez: Oui, il
faudrait se regrouper. Je pense que c'est exact. Il faudrait
peut-être penser aussi à réserver certaines places dans des
garderies de quartier pour certaines entreprises. Par contre, malgré que
ce ne soit peut-être pas une priorité pour les entreprises, est-ce
que vous vous rendez compte qu'il y a des réticences parce qu'on ne
connaît pas suffisamment en quoi consiste l'implantation, en quoi
consistent les services que l'Office des services de garde à l'enfance
ou le gouvernement peuvent offrir? Est-ce que c'est ça ou si vous croyez
que c'est, tout simplement, une non-priorité ou si c'est davantage les
Irritants qui peuvent être rattachés à l'ouverture d'une
garderie? (12 h 30)
Mme Thibodeau: Je pense qu'il y a différents aspects qu'on
peut regarder vis-à-vis de l'implantation en milieu industriel. Il y a,
tout d'abord, la question de la compétitivité. D'une part, on
veut créer des emplois et, d'autre part, il faut rester
compétitif sur les marchés internationaux. Si on n'est pas
compétitif, on va perdre des emplois et, donc, les parents, qui, si vous
voulez, vivent le problème de la garde d'enfants, et tout ça,
vont perdre leur emploi et on ne sera pas plus avancé. C'est un petit
peu un cercle vicieux, notre affaire. Je pense qu'il y a des réticences
parce qu'on voit cela comme une nouvelle Ingérence à
l'intérieur de l'industrie. Si cela devient une mesure coercitive
d'imposer des garderies en milieu de travail, je pense que cela va être
encore perçu comme une ingérence du gouvernement dans nos milieux
de travail et dans la gestion de nos entreprises. Je pense qu'il est
très important que cela reste un libre choix des entreprises.
Maintenant, il y a des façons d'aider l'entreprise à
évoluer. Ne nous le cachons pas, je pense qu'avec l'aide des gens du
ministère du Revenu vous pourriez probablement aller chercher des
Intérêts fiscaux. Je vous donne des exemples
d'intérêts fiscaux. Beaucoup de nos entreprises sont sur des
territoires où la valeur du terrain est très grande. Alors,
disons qu'on veut utiliser x pieds carrés de terrain pour créer
un environnement de qualité. Si je prends un plancher où j'ai,
supposons, 50 enfants, cela me prend tant de pieds carrés, cela me
prends tant d'éducatrices, cela me prend des facilités
hygiéniques, cela me prend un terrain de jeu, cela me prend des
clôtures. Vous les connaissez, les normes des garderies; elles sont,
quand même, très restrictives et il ne faudrait surtout pas les
abaisser. Même si c'est pour une garderie en milieu de travail, il ne
faudrait pas les abaisser et je ne pense pas que les parents accepteraient
d'abaisser les normes. Cela coûte très cher à une Industrie
qui veut l'implanter en milieu de travail parce que nous sommes sur des
terrains qui nous coûtent très cher. Alors, s'il pouvait y avoir
une mesure fiscale, au niveau municipal, un dégrèvement de ces
espaces utilisés pour une garderie, une déduction à
l'entreprise sur les investisse- ments en capitaux et sur l'entretien des
bâtiments et des facilités de garderie, ce serait certainement des
mesures qui en faciliteraient l'implantation en milieu de travail. Je ne pense
pas que, si vous imposez aux gens d'en implanter...
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que les entreprises sont au fait, par
exemple, qu'elles peuvent implanter un service de garde à
l'intérieur de leur territoire? Je pense à une corporation sans
but lucratif complètement autonome, complètement en dehors de
l'entreprise. Cette corporation peut recevoir les mêmes avantages qu'une
garderie de quartier, c'est-à-dire qu'on peut avoir même des
sommes pour son implantation et son fonctionnement. Naturellement, il y a la
question du conseil d'administration, par contre. Est-ce que l'entreprise
aurait des réticences à ne pas avoir la gérance de cette
garderie? Est-ce qu'elle aurait de la réticence à en remettre la
gérance aux parents, comme on le fait, par exemple, dans les garderies
de quartier?
M. Ypperciel: Sur le premier volet de votre question, Mme la
ministre, je ne possède pas les résultats d'un sondage, mais je
peux, en étant raisonnablement sûr de ce que j'avance, vous
affirmer que certainement les deux tiers des entreprises ne savent pas que cela
est possible. Dans un deuxième temps, pour répondre en partie
à votre question pour ce qui est des réticences et en même
temps pour compléter ce que Me Thibodeau vous disait, les entreprises
sont aussi très soucieuses de ces questions, parce que, pour elles on
crée ainsi une espèce de bénéfice marginal
additionnel qui devient, dans la perception des employés, surtout en
milieu syndicalisé, une espèce de droits acquis. Donc, il y a des
réticences à offrir ce type de service à cause des
coûts qui y sont rattachés, ou parce qu'on met à sa
disposition un certain nombre de pieds carrés, même si les frais
d'exploitation de la garderie proprement dite sont assumés par la petite
corporation sans but lucratif qui la gère. Il reste que les gens ne sont
pas tellement informés et qu'ils n'ont Jamais été
poussés à offrir cet avantage, comme un moyen de se
prévaloir, si vous voulez, d'un plus grand bassin de personnes, surtout
en ce qui concerne les femmes au travail. Parce qu'elles ne sont pas
obligées de le faire comme mesure d'incitation et comme outil de
recrutement, parce qu'il y a une disponibilité de la main-d'oeuvre, ils
ne sont pas plus innovateurs qu'il ne le faut.
Par ailleurs, on était en mesure de réaliser dans nos
travaux de recherche à l'AMC que près de 100 % des entreprises
qui, en 1983, avaient été sondées, si vous me permettez
l'expression, par une chercheuse américaine spécialiste de ces
questions, en sont venues à la conclusion que les
bénéfices excédaient les coûts qu'occasionnait la
mise en place d'une garderie en milieu de travail. Cela se fera quand les
entreprises vont avoir de
sérieux problèmes de recrutement peu importe pour quel
type de main-d'oeuvre et nous pensons, à l'AMC, que, dans les
années quatre-vingt-dix, on va voir des raretés de certains types
de main-d'oeuvre. Tant qu'elles ne seront pas contraintes à être
innovatrices elles ne bougeront pas dans ce sens.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Laporte): On vous remercie...
Mme Thibodeau: Si me permettez d'ajouter une chose...
Le Président (M. Laporte): Oui, pour compléter.
Mme Thibodeau: ...juste pour compléter la pensée de
M. Ypperciel là-dessus. Je pense qu'il faut être très
conscients que, même à l'heure actuelle, les programmes
d'équité en emploi sont, quand même, embryonnaires et, au
fur et à mesure que des femmes vont atteindre des postes de haute
direction, vous allez certainement voir changer la situation. On ne remplace
pas une haute direction pour une journée, une semaine, un mois, deux
mois, trois mois. Je pense que c'est à ce moment-là que
peut-être la consclen-tisation des entreprises va se faire beaucoup plus
grande, de façon réaliste.
Une voix: Tout à fait.
Le Président (M. Laporte): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je veux accueillir et
souhaiter la bienvenue au nouveau directeur général de
l'Association des manufacturiers canadiens, division du Québec, M.
Ypperciel. En fait, il est nouveau pour nous, mais cela fait quelque temps
maintenant qu'il est en fonction. Est-ce que c'est la première occasion
que vous avez de représenter l'association devant une commission
parlementaire?
M. Ypperciel: C'est effectivement la première
occasion.
Mme Harel: Depuis votre nomination?
M. Ypperciel: C'est cela, autant pour l'association qu'en une
autre occasion. J'ai travaillé ici, dans ces lieux, un bon nombre
d'années, mais pas dans cette fonction.
Mme Harel: Vous nous êtes familier, en tout cas.
M. Ypperciel: Oui.
Mme Harel: Bienvenue à M. Burton, qui est directeur des
ressources humaines, et à Me Thibodeau. J'ai pris connaissance du
mémoire avec intérêt. Vous nous parlez des 1200 membres de
l'association, des 400 entreprises qui sont représentées par
l'association et qui génèrent 75 % de la production
manufacturière du Québec. Ce n'est pas peu de chose. Est-ce que
vous avez une idée du nombre total de travailleurs et de travailleuses
qui sont à l'emploi de ces entreprises, que cela peut
représenter?
M. Ypperciel: Jean, est-ce que tu serais en mesure... On n'a pas
ces chiffres. On pourrait sûrement vous les fournir.
Mme Harel: On dit que c'est une concentration de
main-d'uvre féminine, mais je n'ai jamais eu le pourcentage exact.
On dit toujours que c'est une concentration de main-d'oeuvre féminine.
Est-ce que c'est plus de la moitié? En avez-vous une Idée?
M. Ypperciel: Le partage de la main-d'oeuvre chez nos
membres?
Mme Harel: Oui.
M. Ypperciel: Je serais tenté de vous répondre,
quitte à le préciser parce que votre question a certainement un
intérêt, que c'est certainement moitié-moitié.
Mme Harel: Certainement moitié-moitié. M.
Ypperciel: Oui.
Mme Harel: C'est important parce que, comme le soulignait
à bon droit Me Thibodeau, les choses changent aussi lorsqu'il y a des
fonctions de décisions qui sont occupées par les femmes,
malgré qu'on n'ait toujours pas de garderie, ni de service de garde, ni
de halte-garderie, ni rien de tout cela à l'Assemblée nationale,
et, pourtant, il y a beaucoup de femmes dans les services, évidemment,
parce qu'on est dans un secteur tertiaire ici.
Cependant, il y a une question qui m'est venue à l'esprit au
moment où vous discutiez avec Mme la ministre sur toutes ces choses.
Qu'arrive-t-il du congé de maternité puisque c'est
moitié-moitié? Il peut y avoir un service de garde dans le
quartier, dans le voisinage. Évidemment, le congé de
maternité suppose qu'on accouche, à un moment donné.
Est-ce que l'association s'est déjà penchée sur la
question du congé de maternité? Cela fait partie, dans le fond,
d'un mode de garde une fois l'accouchement réalisé. Est-ce qu'il
vaut mieux développer des places poupons dans les services de garde?
Est-ce qu'il vaut mieux développer un congé de maternité
plus adéquat pour toutes les travailleuses. Avez-vous déjà
réfléchi à cette question?
M. Ypperciel: Je suis content de votre
question, parce qu'elle est très pertinente. Je demanderais
à M. Burton qui, dans l'exercice de ses travaux de recherche, a eu
à se pencher sur cette question de répondre.
Le Président (M. Laporte): M. Burton.
M. Burton (Jean): Très brièvement. Je pense que,
dans la majorité des entreprises manufacturières, nous ne sommes
pas à l'avant-garde du développement pour ce qui est des
congés de maternité. Il n'y a pas eu de prise de position ni
quant à une augmentation ni quant à une amélioration dans
ce sens-là. Cela rejoint un peu ce que l'on disait tout à l'heure
par rapport à la nature même des fonctions occupées et,
surtout, par rapport à la nature même de l'entreprise. Quand on
parle d'une dominance, en tout cas d'une parité de la main-d'uvre
féminine, je pense qu'on fait surtout référence à
des Industries comme le textile, la confection, le vêtement, la
bonneterie, où II y a vraiment une dominance. Mais c'est aussi vraiment
par secteur; on n'a pas une répartition uniforme. Jusqu'à
maintenant, la notion de congé de maternité comme l'ensemble des
mesures dites natalistes ou favorisant la natalité ne sont pas à
l'avant-garde des préoccupations des entreprises. Ce n'est pas par
mauvaise volonté. À ce jour, la démonstration ne leur a
pas été faite, de façon suffisante, que c'est un
véritable problème auquel elles seront confrontées au
cours des prochaines années. On est encore à la remorque des
déclarations publiques et les gens attendent un peu que cela leur arrive
dans les six prochains mois pour se mettre en place. Donc, pour ce qui est de
l'augmentation ou de l'amélioration des conditions des congés de
maternité, aussi bien nos membres que l'ensemble de l'industrie ne sont
strictement pas encore en avance pour un développement de cette
nature.
Mme Harel: Donc, devant la plausible pénurie de
main-d'oeuvre, si tant est qu'il n'y a pas rétablissement
démographique et baisse à compter de l'an 2008 selon les
démographes, c'est-à-dire un écart négatif du
nombre de décès et de naissances, et même compte tenu de
l'immigration, ils ont toujours l'impression que la pénurie sera pour
les autres entreprises, pas pour eux, dans un sens. Tant que le problème
ne se pose pas, il est difficile d'alerter les gens à la situation.
D'autre part, vous nous parlez d'expériences pilotes. Est-ce qu'il y a
des expériences de congés de maternité qui ont
déjà été mises en place ou des expériences
de services de garde qui l'ont été aussi? Le Conseil du patronat,
quand iI est venu présenter son mémoire, reconnaissait que cela
avait plein d'impacts positifs, - évidemment, c'est dans le secteur
tertiaire - lorsqu'il y a eu des services de garde. Vous notez
vous-mêmes, je pense, quelques-uns de ces impacts, par exemple, la
réduction de l'absentéisme et beaucoup de motivations qui
étaient associés au fait d'offrir des services. Est-ce que vous
avez déjà eu connaissance, dans le secteur manufacturier,
d'expériences heureuses?
M. Burton: La seule expérience que nous connaissons, parce
qu'elle est unique, c'est qu'on a essayé, pour se préparer, de
recruter quelques entreprises qui avaient des services de garde et on en a
trouvé une. Je dois dire que, dans cette entreprise, cela fonctionne
fort bien, excepté que, maintenant, la population a complètement
changé pour ce qui est des effectifs, de sorte que les enfants qui sont
gardés dans l'entreprise, à plus de 50 %, ne sont pas des enfants
d'employés. Alors, iI n'y a qu'un exemple.
Pour compléter la question de tout à l'heure en ce qui
concerne les réticences, je ne pense pas que l'entreprise en ait par
rapport à la garderie, mais la raison pour laquelle on propose des
expériences pilotes, c'est que dans le monde des affaires, ce qui
fonctionne le mieux, c'est quand on peut prendre le téléphone,
appeler un collègue qui a déjà passé par une
procédure et lui dire: Comment est-ce que cela marche? Est-ce que cela
fonctionne? Est-ce bon ou non? On n'a rien pour se rattraper et on
préfère proposer des expériences pilotes, en faire la
promotion, dire aux gens quelles sont les façons de faire, pourquoi cela
marche, pourquoi cela ne marche pas, et peu à peu des questions comme
celles-là font rapidement leur chemin, de bouche à oreille, dans
le monde des affaires. Quant aux manufacturiers, les seuls exemples que nous
avons, ce sont des exemples qui existent dans le domaine tertiaire, dans le
domaine des services. On n'a rien pour se comparer. Alors, la raison des
expériences pilotes, c'est dans ce sens-là. Cela prend un bon
appui de la part de l'Office des services de garde à l'enfance parce
qu'on ne connaît rien là-dedans.
Mme Harel: C'est cela. (12 h 45)
M. Burton: Cela prend un bon appui, quelques bons exemples qui
fonctionnent bien pour que la nouvelle se répande assez rapidement et
que les besoins apparaissent comme étant réalistes.
M. Ypperciel: En complément de...
Le Président (M. Laporte): M. Ypperciel, oui.
M. Ypperciel: ...ce que M. Burton vient de dire, notre recherche
nous a permis d'identifier une entreprise manufacturière. Le Conseil du
partronat du Québec, dans son document parle de douze expériences
au Québec il y a environ cinq ans et dit que ça n'a pas beaucoup
bougé depuis, et qu'il y en a toujours douze. Mais, de ces douze,
seulement une entreprise manufacturière - je pense qu'on peut la nommer,
il s'agit de
Celanese, à Drummondville - aujourd'hui, après en avoir
discuté avec elle, nous dit: On la maintient toujours en place, parce
qu'il s'agit pour nous de quelque chose qui a une très bonne
visibilité publique dans la région de Drummondville, même
si aujourd'hui une grosse partie de notre clientèle n'est pas
constituée d'enfants des employés. Elle est un peu prise dans une
situation qui, pour des raisons d'image publique, l'empêche de la
fermer.
Mme Harel: Évidemment, il y a toute la question de la
stabilité d'emploi. Dans les secteurs manufacturiers où il y a de
la stabilité d'emploi, il arrive un moment où la
main-d'uvre féminine dépasse l'âge d'avoir des
enfants et, dans la mesure où il y a de l'ancienneté, où
l'expérience s'accumule et où il y a de la stabilité,
c'est évident qu'il arrive un moment où le service est moins en
demande. À ce moment-là dans l'entreprise manufacturière,
j'imagine que c'est un facteur déterminant s'il y a ou non de la
stabilité d'emploi. Lorsque des travailleuses restent 28 ou 29 ans
à l'emploi du même employeur - cela peut arriver dans les secteurs
du textile, à ma connaissance, c'est assez fréquent - il peut y
avoir lieu d'aller vers des expériences pilotes de garde avec d'autres
types d'entreprises ou en collaboration avec un service déjà
existant.
M. Ypperciel: Les secteurs comme celui du textile et de la
chaussure sont précisément des secteurs qui sont dans une
situation de survie précaire, parce qu'ils sont aux prises avec des
problèmes de développement ou parce qu'ils ne peuvent pas compter
sur des marges bénéficiaires très importantes. Donc, pour
eux, c'est une affaire de sous; alors, ils ne peuvent pas très bien se
permettre d'innover dans ce secteur-là, d'autant plus qu'ils ont une
abondance de main-d'oeuvre. Ce serait se leurrer de penser que, même si
ça peut correspondre à un besoin, ça pourrait constituer
des endroits où l'on pourra innover dans ce sens.
Par ailleurs, les entreprises qui ont les "cash-flows" importants ou qui
peuvent se permettre d'offrir de tels services habituellement paient des
salaires nettement au-dessus du salaire moyen, ce qui fait que ce sont toujours
des emplois recherchés dans le milieu. Nous n'avons qu'à prendre
l'exemple des grandes entreprises de la région de Bromont pour nous en
rendre compte. Ces emplois sont tellement recherchés que les gens qui
obtiennent ces jobs sont bien en mesure, par le système de la
débrouille, de s'organiser avec "ma tante" ou la belle-soeur pour
s'occuper des enfants.
Mme Harel: Je reçois votre mémoire comme une sorte
d'incitation à la prudence, en ce sens que, dans l'énoncé
de politique de Mme la ministre, il est prévu que la moitié de la
moitié des places à développer, je pense, est pour la
garde en milieu de travail, c'est-à-dire que, sur les 60 000
prévues pour les cinq prochaines années, 30 000 iraient en milieu
scolaire, parce qu'il y a là une très forte demande à
laquelle on n'a pas répondu, et, de celles qui seraient
développées dans le réseau familial ou de garderie, la
moitié le serait dans les milieux de travail. C'est une grosse
bouchée. Dans le fond, je reçois vos commentaires de la
manière suivante: il vaut mieux des expériences heureuses et
réussies que des bouchées doubles qui resteraient dans le
"gargoton", si vous me permettez l'expression.
M. Ypperciel: J'ajouterais ceci, à ce que vous dites. Je
pense que vous avez très bien perçu le message que nous voulions
transmettre à la commission et à Mme la ministre. C'est qu'il
vaut peut-être mieux avoir moins d'expériences comme telles, mais
qu'elles soient vraiment probantes et servent d'exemples à citer
à d'autres, afin que le mouvement puisse commencer.
Je reviens encore aux résultats de l'étude de l'American
Management Association qui va dans le sens de dire que ceux qui ont
été obligés d'en faire l'expérience, pas pour des
raisons de régie interne, mais pour des raisons de concurrence
quasiment, c'est-à-dire pour avoir accès au bon type de
main-d'uvre dont ils avaient besoin, ont tous conclu après
l'expérience que les bénéfices excédaient les
coûts.
Mme Thibodeau: Vous me le permettez?
Le Président (M. Laporte): Oui, Mme Thibodeau.
Mme Thibodeau: Je pense que c'est important de noter que les
expériences positives ont été des expériences de
milieux concurrentiels, non pas des expériences résultant de la
coercition. Alors, si on part à rebrousse-poil, c'est très
difficile, à un moment donné, de dire: Prenons du recul et
évaluons vraiment l'expérience que nous avons vécue. Je
trouve malheureux qu'une industrie comme Celanese soit finalement prise
aujourd'hui avec un problème d'image beaucoup plus que... Dans le fond,
probablement qu'elle vous dirait que, le temps que cela a duré et que
cela a répondu à ses besoins, c'était positif. Mais
là, elle se sent prise dans un carcan d'image. Je trouve ça
malheureux parce que, dans le fond, cela donne une lueur négative
à la chose qui n'est peut-être pas justifiée et dont
certains manufacturiers seraient peut-être tentés de se servir. M.
Burton avait un commentaire.
Le Président (M. Laporte): M. Burton.
M. Burton: Oui, très brièvement. Je voudrais
simplement ajouter que, lorsqu'on parle d'expérience pilote, c'est aussi
pour favoriser la
multiplicité des formules. Les besoins sont différents
d'une entreprise à l'autre en fonction de la taille de l'entreprise, de
la proportion de la main-d'oeuvre féminine, du roulement des
employés. On privilégie de beaucoup des expériences qui
vont être flexibles, ayant beaucoup de dynamisme, par exemple
différents types de garderies: privées, subventionnées ou
non. Qu'on laisse ça assez ouvert, mais qu'on en mette en place
cependant, qu'on commence à les développer, qu'on fasse cette
expérience. Mais vous avez très bien perçu notre
réticence à nous lancer dans un immense programme qui aurait
peut-être pour effet, de prime abord, de priver certains autres secteurs
pendant que nous, on n'est pas tout à fait prêts à
l'absorber. Alors, il faut vraiment favoriser la diversité des approches
dans ce domaine parce que les besoins sont différents et les solutions
devront l'être aussi.
Le Président (M. Laporte): Merci. En conlusion, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Déjà la conclusion. Cela va vite. Je
veux vous remercier. Je vais peut-être juste abuser un petit peu pour
vous dire ceci. Dans votre mémoire, à la page 7, vous nous dites:
"Au-delà de leur rôle essentiel sur le plan social, les services
de garde constituent aussi sous plusieurs aspects une industrie de service
Importante." Je peux vous dire qu'il y a 12 000 personnes qui travaillent,
finalement, dans ce réseau. J'aurais souhaité pouvoir vous
communiquer à quel point ces personnes font des miracles. Ce n'est pas
assez connu que le taux d'utilisation est maximal; 60 % d'entre elles ont un
taux de fréquentation de 82 %. Avez-vous une Idée de ce que cela
représente quand on connaît toutes les maladies d'enfants, les
maladies des parents, les congés des uns et des autres? Il n'y a pas
d'obligation. Ce n'est pas comme l'école. On n'a pas une obligation
d'envoyer l'enfant au service de garde s'il y a une période de
ralentissement ou de chômage ou de travail saisonnier. On peut le
retirer. Dans ce contexte, je peux vous dire que c'est quasiment un miracle que
ce réseau tienne dans les conditions actuelles. Je mettrais au
défi n'Importe quel administrateur gestionnaire, membre d'une des 400
entreprises de l'association, de gérer un réseau comme
celui-là avec le peu qu'on met à sa disposition. Il n'y a que des
femmes pour le faire - c'est majoritairement des femmes, à 90 % ou je ne
sais plus le pourcentage - parce que, dans le fond, c'est mis en place avec
beaucoup de sacrifices. Je voulais juste vous le faire savoir. Je vous
remercie.
Le Président (M. Laporte): Je vous remercie, Mme la
députée. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En terminant, je voudrais vous dire que,
lorsque, dans l'énoncé de politique, on "priorise" des places en
milieu de travail, il n'est nullement question ou nullement de l'intention du
gouvernement d'obliger quelque entreprise que ce soit ou quelque manufacture
que ce soit. C'est beaucoup plus dans le but, peut-être, de fouetter,
justement, le milieu et de lui dire: Voici, nous avons des places disponibles.
Au lieu d'attendre, d'être sur une liste d'attente pendant des
années et des années, pour celles qui seraient prêtes
à le faire, nous vous accordons des places prioritaires. Si ces places
ne sont pas occupées, elles serviront à d'autres garderies. Mais,
iI n'est nullement question, finalement, d'obliger les entreprises à
faire quoi que ce soit.
Nous comptons beaucoup aussi sur la collaboration des entreprises pour
faire notre planification régionale dans le but de voir quel genre de
services on pourrait offrir justement. Avant de penser à ouvrir dans une
entreprise - comme vous le dites, il y a certains avantages, mais aussi il y a
des entreprises où l'on ne peut pas le faire - il faudrait voir comment
on peut travailler ensemble pour peut-être réserver des places
dans des garderies de quartier, comment on peut faire un consortium, comment on
peut... Je pense que ce sont là autant d'idées que nous pourrons
développer à ce moment-là.
J'aurais eu d'autres questions. J'aurais bien aimé, entre autres,
discuter... Vous avez un discours très différent de celui que
j'ai entendu jusqu'à présent... Lorsque vous dites, à la
page 6 de votre mémoire, que vous vous Inquiétez "des coûts
globaux de la démarche proposée et de leur Impact sur les
déficits gouvernementaux, tant fédéral que provincial",
j'avoue que c'est un discours que je n'ai pas beaucoup entendu depuis le
début de la commission parlementaire.
J'aurais également souhaité vous entendre parler davantage
du réaménagement des programmes gouvernementaux existants. Nous
aurons peut-être l'occasion, en dehors de cette commission parlementaire,
d'en discuter. Je vous remercie.
Le Président (M. Laporte): Mme Thibodeau, M. Burton et M.
Ypperciel, je vous remercie au nom de la commission. Nous remercions
également les gens de l'Association des manufacturiers canadiens,
division du Québec, de leur précieuse collaboration. Je remercie,
enfin, les parlementaires pour leur rigoureuse attention. Sur ce, la commission
des affaires sociales suspend ses travaux jusqu'à 14 il 30.
(Suspension de la séance à 12 il 56)
(Reprise à 14 il 39)
Le Président (M. Bélanger): SI vous permettez, s'il
vous plaît, je demanderais à chacun et à chacune de bien
vouloir reprendre sa place afin que la commission des affaires sociales puisse
procéder à une consultation générale et à
des
auditions publiques afin d'étudier l'Énoncé de
politique sur les services de garde à l'enfance', qui a
été déposé à l'Assemblée nationale le
24 novembre 1988.
Cet après-midi, nous recevrons le Conseil scolaire de l'île
de Montréal, la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, la commission scolaire des Mille-Îles et
les Responsables et éducatrices du réseau scolaire
Chomedey-Laval.
Sans plus tarder, j'invite le Conseil scolaire de me de Montréal,
d'une part, à présenter ses porte-parole, afin que nous puissions
bien les identifier, et, d'autre part, à procéder, par la suite,
à la lecture de son mémoire, en se rappelant que, lors de la
période de discussion avec les parlementaires qui est d'environ une
quarantaine de minutes, je vous invite, chaque fois que vous prenez la parole,
à donner votre nom, à moins que vous n'ayez plusieurs
interventions à la suite, ceci pour fins de transcription au Journal des
débats.
Auparavant, un petit point de procédure. Est-ce que j'ai le
consentement de la commission pour que M. Latullppe (Chambly) soit
remplacé par M. Ryan (Argenteuil)?
Mme Harel: Alors, M. le Président, il me fait plaisir de
donner mon consentement, d'autant plus qu'à maintes reprises j'ai
souhaité la présence de la ministre responsable de la politique
familiale, qui n'a pu, à aucun moment, venir parmi nous. Alors, je suis
d'autant plus heureuse de souhaiter la bienvenue au ministre de
l'Éducation.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le ministre
de l'Éducation, vous êtes le grand bienvenu parmi nous. C'est un
honneur de vous recevoir.
Sur ces bons mots, je vous invite à commencer.
Conseil scolaire de l'île de Montréal
Mme Benoit-Gougeon (Madeleine): M. le Président, Mme la
ministre, M. le ministre de l'Éducation, au nom du Conseil scolaire de
lîle de Montréal, je tiens à vous remercier de votre
invitation à venir vous présenter notre mémoire. Je peux
vous dire que c'est avec empressement que nous avons accepté de
participer à cette commission parlementaire, car le développement
des services de garde a toujours été pour nous un dossier
important. J'aimerais à l'instant vous présenter mes
collègues du conseil scolaire, ainsi que les officiers qui
m'accompagnent. À ma droite, M. Gérald Latreille, commissaire
à la Commission scolaire du Sault-Saint-Louis et membre de
l'exécutif du conseil scolaire; M. Gilles Dion, commissaire à la
commission scolaire Jérôme-Le Royer et membre de l'exécutif
du conseil scolaire; à ma gauche, M. Raynald Laplante, directeur
général du conseil scolaire;
Mme Danielle Sabourin, coordinatrice de la politique alimentaire, et M.
Jules Levasseur, coordonnateur pédagogique. Je cède maintenant la
parole au directeur général, M. Raynald Laplante.
M. Laplante (Raynald): Merci, Mme Gou-geon. M. le
Président, Mme la ministre, M. le ministre de l'Éducation,
mesdames et messieurs les membres de cette commission, d'entrée de Jeu,
j'aimerais dire que le conseil scolaire souscrit aux sept principes directeurs
que le gouvernement a mis de l'avant pour guider le développement des
services de garde. Du reste, ces principes ont servi d'assise à
l'ensemble des propositions que nous vous formulons. Pour faciliter notre
présentation et respecter le champ d'action propre aux organismes
scolaires publics, nous avons limité notre analyse et nos propositions
aux axes d'intervention concernant le développement et la consolidation
de la garde en milieu scolaire, tel que proposé au sommaire de
l'énoncé de politique, tout en leur adjoignant trois de nos
propres préoccupations.
L'axe 1. Le premier axe que nous avons retenu concerne le
développement accéléré des services de garde en
milieu scolaire. Cette orientation nous satisfait grandement puisqu'elle
s'Inscrit dans un mouvement auquel ont participé tant les commissions
scolaires que les écoles. Toutefois, nous croyons qu'en milieu urbain,
compte tenu des nombreuses responsabilités pédagogiques et
sociales qu'assument nos institutions, un développement
accéléré des services ne pourra s'effectuer sans
l'attribution de ce dossier à une personne qui s'y consacrera à
temps plein, d'où notre première recommandation: Que l'on
favorise le développement et le maintien d'un plus grand nombre de
points de services par l'attribution du dossier des services de garde à
une personne capable physiquement et professionnellement de répondre
à l'ensemble des besoins du milieu.
L'axe 2. Le deuxième axe traite de la prévision aux plans
et devis d'une construction nouvelle ou d'un réaménagement majeur
d'une école, d'un local spécifique pour de tels services ou
encore de l'utilisation de locaux existants. Ces orientations sont tout
à fait acceptables. Ce qui cause un problème, à notre
avis, c'est le peu de soutien financier accordé pour procéder aux
aménagements physiques requis, surtout lorsqu'on doit utiliser des
espaces existants. Ainsi, nous croyons qu'il appartient au gouvernement de
financer largement les Investissements reliés à l'implantation de
nouveaux services, de là la deuxième recommandation que nous vous
faisons: que le gouvernement révise à la hausse le niveau de
financement des investissements requis à l'implantation des services de
garde en milieu scolaire.
L'axe 3. Le troisième axe abordé vise
l'élargissement de l'Office des services de garde en milieu scolaire de
façon à couvrir les congés des élèves, les
vacances des fêtes et la période
estivale. Le Conseil scolaire de l'île de Montréal se
félicite de cette orientation. Il indique toutefois que celle-ci ne doit
pas susciter de confusion. Actuellement, les services de garde en milieu
scolaire sont régis par le ministère de l'Éducation et
nous croyons qu'il faudrait maintenir ce mode de fonctionnement pour ces
services de garde élargis. En conséquence, la levée des
barrières Juridiques qui empêchent cet élargissement
devient prioritaire et suppose des modifications à la Loi sur
l'instruction publique et à la Loi sur les services de garde à
l'enfance, d'où notre troisième recommandation: que le
gouvernement modifie la Loi sur l'instruction et la Loi sur les services de
garde à l'enfance de façon à permettre que les services de
garde en milieu scolaire puissent être offerts aux enfants de la
prématernelle, de la maternelle et du primaire les jours de classe en
dehors des heures d'enseignement, les jours de congé et durant les
vacances et la période estivale.
Le conseil scolaire souhaite ajouter encore plus de souplesse à
l'élargissement des services de garde en milieu scolaire en proposant
que des corporations sans but lucratif créées à la
requête d'une commission scolaire puissent gérer de tels services
en milieu scolaire. Pour les commissions scolaires qui le désireraient -
nous Insistons sur cela - cette avenue permettrait d'impliquer davantage les
parents en confiant la gestion quotidienne du service à une personne
autre que le directeur d'école. Il appartiendrait à la commission
scolaire de s'assurer que les services répondent aux besoins du milieu
et respectent les règles proposées par le ministère de
l'Éducation. Un protocole d'entente y parviendrait, approbation des
budgets, des tarifs, des surplus et des déficits budgétaires,
adéquation des règlements et du fonctionnement aux
règlements et au fonctionnement de l'école, etc., de là la
quatrième recommandation que nous vous faisons: que le gouvernement
autorise la création de corporations sans but lucratif pour gérer
des services de garde en milieu scolaire à la requête d'une
commission scolaire.
L'axe 4. Le quatrième axe touche l'Identification des besoins
liés à la garde en milieu scolaire en vue de consolider ce type
de service. Sans nous substituer à l'Office des services de garde
à l'enfance pour identifier ces besoins, qu'on nous permette de
souligner un seul point, celui de la formation, du perfectionnement et du
ressourcement du personnel des services de garde en milieu scolaire.
L'énoncé de politique ne semble pas prévoir de montants
pour répondre à ce besoin. Nous voulons indiquer clairement que
ce besoin existe en milieu scolaire et qu'on doit y répondre,
d'où notre cinquième recommandation: que le gouvernement accorde
aux services de garde en milieu scolaire leur juste part des montants qu'il
affectera à la formation et au perfectionnement du personnel des
services de garde.
L'axe 5. L'axe cinquième veut répondre aux besoins
particuliers de la garde des enfants du deuxième cycle du primaire on
suscitant une collaboration entre les commissions scolaires, les
municipalités, les organismes de loisir et les autres. Voilà un
axe qui nous satisfait pleinement et dont on pourrait tenir compte pour assurer
des services mieux adaptés aux besoins des jeunes et du milieu.
Deux éléments additionnels. L'implantation plus
marquée de services de garde en milieu scolaire incite certaines
commissions scolaires à se préoccuper de l'alimentation des
jeunes qui les fréquentent. Or, les écoles primaires ne sont pas
pourvues des équipements requis pour offrir des repas chauds aux jeunes
et ainsi répondre aux attentes des parents. Vu les restrictions
budgétaires actuelles, les commissions scolaires ne disposent pas, dans
le cadre de leur budget d'immobilisation, des sommes nécessaires
à l'organisation de services alimentaires, de là la
sixième recommandation que nous vous faisons: que le gouvernement
soutienne financièrement les commissions scolaires dans la mise en place
des équipements requis pour offrir des repas chauds aux enfants des
services de garde.
D'autre part, nous voulons vous souligner que c'est sur l'île de
Montréal que se situe le plus grand bassin de familles pauvres. Aussi,
c'est avec satisfaction que nous avons pris connaissance des modifications
proposées au programme d'exonération financière dans le
but de rendre plus flexible l'aide accordée aux parents à faible
revenu. Toutefois, il faudra bien s'assurer que les hausses de tarif
accordées ne viendront pas indûment augmenter la charge
financière des parents non admissibles aux subventions de l'office. Le
milieu scolaire souhaite rendre ce service accessible au plus grand nombre
d'enfants possible tout en respectant le principe d'autofinancement,
d'où notre septième recommandation: que le gouvernement exerce la
plus grande prudence dans la détermination des tarifs de base des
services de garde de façon à ne pas priver de ces services un
nombre élevé de familles qui ne pourraient payer ces
coûts.
Un rappel nécessaire. Avant de clore cette présentation,
permettez-nous d'aborder un thème tiré du mémoire que le
Conseil scolaire de l'île de Montréal a présenté en
1979: Pourquoi le projet de loi élimine-t-il péremptoirement les
commissions scolaires des services de garde en garderie? Aujourd'hui encore on
semble négliger d'envisager une telle orientation pour le milieu
scolaire. Les commissions scolaires offrent de grandes possibilités
d'action: matériel éducatif et ludique, riche et
diversifié, personnel expérimenté et spécialistes
dans diverses disciplines. Nul doute que l'on serait en mesure de procurer
à tous les enfants des apprentissages respectueux de leur
développement. Ne serait-ce pas une excellente façon d'assurer le
respect du principe directeur de développement en vertu duquel on veut
promouvoir le rôle préventif et éducatif des
services de garde? De là la huitième et dernière
recommandation que nous vous faisons: que le gouvernement saisisse l'occasion
qui se présente et élargisse au maximum l'éventail des
services de garde que pourraient offrir les commissions scolaires en permettant
à ces dernières d'implanter des garderies éducatives en
milieu scolaire. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
directeur général. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je vous remercie. Cela nous fait
plaisir de vous accueillir à cette commission parlementaire. Nous
débutons justement avec vous aujourd'hui tout le volet de la garde en
milieu scolaire. On n'a pas tellement de temps à notre disposition, donc
ma première question est celle-ci. Vous y référez à
la page 20 de votre mémoire, et vous venez justement de parler que l'on
reconnaisse aux commissions scolaires la possibilité d'implanter des
garderies. Je suis un peu étonnée. Je me demande à quoi
vous faites référence puisque la loi le permet actuellement. Vous
avez déjà cinq commissions scolaires de la CECM qui gèrent
des services en milieu scolaire. Vous en avez deux autres aussi, je pense que
c'est dans la région de Mille-Îles. Les commissions scolaires,
tout comme les municipalités, peuvent avoir des services de garde, non
pas gérés par les parents, mais avec un conseil d'administration
différent de ce qu'on retrouve, par exemple, dans les garderies sans but
lucratif. Est-ce que vous faites référence à autre chose
lorsque...
M. Laplante: Oui. En fait, ce à quoi on
référait quand on vous faisait cette recommandation, Mme la
ministre, c'est de pouvoir, à l'intérieur des règlements
du ministère de l'Éducation... Actuellement, ces services de
garde sont offerts en vertu des règlements de la garde en garderie. Les
commissions scolaires peuvent, en vertu de cette loi, les offrir, mais elles
doivent obtenir un permis de l'Office des services de garde, si je ne me trompe
pas. Ce qu'on souhaitait, c'était de pouvoir le faire comme on le fait
avec les services de garde en milieu scolaire, c'est-à-dire avec des
règlements qui sont préparés et donnés aux
commissions scolaires par le ministère de l'Éducation. Lorsqu'une
commission scolaire offre ce service dans ses écoles, elle doit se
soumettre à toutes les conditions qui s'appliquent aux gardes en
garderie, je pense.
Mme Gagnon-Tremblay. Oui.
M. Laplante: C'est dans ce contexte qu'on souhaitait pouvoir, par
le biais de la Loi sur l'instruction publique, offrir des garderies aux plus
jeunes dans nos écoles.
Mme Gagnon-Tremblay. Avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Laplante: Dans notre mémoire, en 1977, quand on parlait
de garderies éducatives, on visait les enfants de trois ans, quatre ans,
ceux qui précèdent la prématernelle, les trois ans et
possiblement les deux ans, mais pas plus que ça. Un peu comme, je pense,
ça existe dans certains pays pour ce qu'on appelle la petite
enfance.
Mme Gagnon-Tremblay: Ne croyez-vous pas, à ce
moment-là, que vous pourriez être en conflit avec les garderies de
quartier?
M. Laplante: Cela nous étonnerait - il y a une telle
demande de services de garde, en tout cas sur l'île de Montréal -
qu'on puisse se trouver en conflit. Il y a des garderies privées plus
huppées, il y a des garderies communautaires. Je pense que ce qu'on
constate sur l'île de Montréal c'est qu'il y a une progression, il
y a une demande énorme pour ces services. Le moment où l'on
pourrait se retrouver en conflit, peut-être éventuellement, mais
pas dans l'Immédiat, ce serait surprenant.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous demandez aussi dans votre
mémoire la formation de corporations sans but lucratif en milieu
scolaire dont les membres seraient nommés par les commissions scolaires.
Est-ce que c'est un problème actuellement? Pourquoi aurait-on une
structure parallèle à la structure de l'école? Est-ce
qu'il y a des problèmes auxquels vous faites face aujourd'hui?
M. Laplante: On vous fait cette demande en étant bien
conscients - et j'ai insisté là-dessus tout à l'heure
quand j'en ai parlé - que ce n'est pas une formule, en tout cas, quand
on regarde les commissions scolaires de l'île de Montréal, qui
plairait à toutes les commissions scolaires. Entre autres, la CECM n'est
pas d'accord avec ça. La CEPGM souhaite avoir cette formule et il y a au
moins une autre commission scolaire sur l'île qui souhaite l'obtenir,
c'est Jérôme-Le Royer. Il y en aurait peut-être d'autres.
Les autres ne se sont pas engagées mais elles nous ont dit que, si cette
formule était disponible, elles l'examineraient. Ce qui se produit, et
pour les motifs qu'on a mentionnés dans notre mémoire, c'est
qu'on dit que c'est une autre avenue que le gouvernement, par sa loi, rendrait
accessible aux commissions scolaires. Il semble que dans certains cas, surtout
si vous parlez d'étendre les services de garde aux jours de
congé, durant les vacances de Noël, durant les vacances
d'été, pour faire ça, présentement, vous devez
aller vous chercher un permis de l'Office des services de garde. Ce n'est pas
la garderie en milieu scolaire qui peut offrir ces services. À notre
connaissance, ce n'est pas ça. À Jérôme-Le Royer,
à un moment donné, les parents qui avaient des enfants en
garderie demandaient que l'école demeure ouverte durant la
période des
fêtes et on ne pouvait pas le faire, il fallait obtenir un permis
de l'Office des services de garde pour faire ça. Elle a parlé,
à ce moment-là, de se constituer en corporation pour contourner
cette difficulté. Présentement, c'est illégal de faire
ça. À la CEPGM, ils ont présentement, je pense, des
corporations et on leur a dit que ce n'était pas légal.
On ne dit pas que c'est une panacée, on ne dit pas que cette
formule va être demandée et appliquée par la plupart des
commissions scolaires. On dit que ce serait une nouvelle avenue qui serait mise
à la disposition des commissions scolaires qui le souhaiteraient. Comme
on l'indique dans notre mémoire, cela a pour effet de soulager le
directeur de l'école dans certains cas parce qu'on sait que
présentement ça fait partie de la tâche. Cela a
également pour effet de faciliter l'ouverture des services de garde pour
les périodes de vacances d'été ou les vacances de
Noël, les jours de congé. Il est bien évident que, si une
telle formule était offerte, II faudrait un contrôle de ces
corporations, mais très immédiat, par la commission scolaire. Ce
seraient les parents majoritairement qui siégeraient à cette
corporation et, selon des critères très explicites qu'on a
mentionnés dans le mémoire, c'est le conseil des commissaires qui
la contrôlerait. (15 heures)
Je ne vous cache pas non plus qu'on sent une préoccupation, je
pense qu'il faut le mentionner parfois, de faire en sorte qu'avec le
développement des services de garde en milieu scolaire les commissions
scolaires ne se retrouvent pas indûment avec des surplus de personnel.
C'est une préoccupation qui est là présentement parce
qu'il y a une expansion assez Importante des services de garde dans les
écoles de l'île de Montréal présentement. À
un moment donné, la question de surplus de personnel peut se poser pour
les commissions scolaires. Ce n'est pas le premier motif et ce n'est pas celui
qu'on veut invoquer, mais on a senti que, dans certains cas, la corporation
permettrait de contourner ces difficultés. C'est une autre formule.
Mme Gagnon-Tremblay: On m'avise que cette restriction aurait
été corrigée dans le projet de loi 107. Tout à
l'heure, mon collègue de l'Éducation pourra peut-être
expliciter davantage cette correction qui a été apportée
au projet de loi 107.
M. Laplante: C'est possible, on ne l'y a pas vue. On a bien
examiné le projet de loi 107, mais on n'y a pas vu ça.
Mme Gagnon-Tremblay: II me reste cinq minutes? Alors, je vais
passer la parole immédiatement à mon collègue, parce qu'on
me dit qu'il ne me reste que cinq minutes, et peut-être M. Ryan...
Le Président (M. Bélanger): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: II me fait plaisir de me joindre à la commission
pour l'examen de cette partie de son mandat qui traite plus spécialement
des services de garde en milieu scolaire. Je voudrais saluer le Conseil
scolaire de l'île de Montréal, et signaler en même temps la
contribution importante que les commissions scolaires de l'île de
Montréal apportent dans le secteur des services de garde.
Il y a peut-être une chose qu'on Ignore, Je la rappelle
brièvement. Au cours des quatre dernières années, les
services de garde en milieu scolaire ont connu une progression
considérable. Si Je pense à l'île de Montréal, par
exemple, en 1984-1985, le ministère de l'Éducation avait
accordé des subventions d'une valeur totale de 879 000 $ pour desservir
environ 3500 enfants dans à peu près une centaine d'écoles
différentes. Tandis qu'en 1988-1989 nous avons versé ou consenti
aux commissions scolaires de l'île de Montréal 2 208 000 $, cela
veut dire presque trois fois plus qu'il y a à peine cinq ans. Nous avons
aujourd'hui, pour la présente année, des services de garde dans
193 écoles, qui desservent en tout près de 13 000
élèves. Cela veut dire qu'on est partis de 3500, comme je l'ai
dit tantôt, à 13 000.
C'est la même chose pour l'ensemble du Québec,
particulièrement cette année, étant donné les
changements que nous avons faits dans le financement initial. Une
véritable chiquenaude a été déclenchée dans
le milieu, et nous aurons plus d'une centaine de services additionnels cette
année, par rapport à ce que nous avions l'an dernier. Par
conséquent, je pense que... Je sais qu'on a défoncé les
budgets de ce côté, on a été obligés de
puiser dans d'autres secteurs du budget du ministère de
l'Éducation. On n'a jamais voulu restreindre les crédits mis
à la disposition des commissions scolaires quand les demandes se
présentaient, parce qu'on considérait que c'était un
besoin fondamental. Cette année, cela va chercher en tout, pour le
Québec, au-delà de 5 000 000 $, alors qu'en 1984-1985
c'étaient 2 000 000 $.
J'ai bien apprécié ce que vous avez dit sur l'ensemble du
projet. Comme vous y êtes généralement favorable, il n'y a
pas beaucoup de commentaires à ajouter à ceux que vous avez bien
voulu formuler. J'aurais peut-être seulement une question:
êtes-vous au courant de bien des endroits où la commission
scolaire aurait voulu instituer un service de garde et n'aurait pas pu le
faire, à cause des politiques du gouvernement?
M. Laplante: À cause des politiques du gouvernement, non,
M. Ryan.
M. Ryan: Merci. Autre question...
M. Laplante: Non, plutôt par manque de locaux, manque
de...
M. Ryan: évidemment, la question des locaux est une
question extrêmement délicate, parce qu'il y a des commissions
scolaires qui peuvent avoir plus ou moins d'initiative et d'imagination aussi.
On ne pourrait pas donner comme politique: Ajoutez ceci et on va le financer
automatiquement. Pour les constructions nouvelles et pour les
réaménagements d'écoles, le gouvernement prend quand
même des engagements dans l'énoncé d'orientation. Mais il y
a bien des endroits, des fois, où on peut faire un
réaménagement à même une opération
générale et dire: On va avoir une place, on va transformer un
local en un local qui pourra servir pour les fins de garde des enfants. En tout
cas, on est prêts à étudier ça avec les commissions
scolaires, mais on y va avec une certaine prudence, évidemment.
J'aurais juste une dernière question à vous poser. Vous
dites que vous voulez vous intéresser particulièrement aux
élèves du deuxième cycle du primaire, les
élèves dont plusieurs ont la clé dans le cou. Les parents
travaillent et ils n'ont pas toujours tous les services auxquels ils devraient
s'attendre. Vous dites que vous êtes disposés à
entreprendre un effort de concertation avec les municipalités et les
organismes communautaires pour leur donner de meilleurs services. J'aurais
aimé avoir des précisions sur cela.
M. Laptante: Je n'ai pas bien compris votre question.
M. Ryan: À la page 14 de votre mémoire. C'est
toujours le grand mémoire et non pas le résumé.
M. Laplante: La CECM va en parler la semaine prochaine. La CECM a
une collaboration maintenant extrêmement grande avec la ville de
Montréal sur la question des garderies l'été. Dans
certaines autres municipalités sur l'île, les collaborations qui
se font entre les municipalités et les commissions scolaires, je pense
qu'elles se font surtout par l'utilisation des écoles durant
l'année parce qu'il y a des espaces libres. Il y a des espaces
loués par les municipalités. C'est comme ça que ces formes
de collaboration existent sur l'île de Montréal. Maintenant, il
n'y a pas de commission scolaire sur l'île présentement qui offre
directement des services de garde durant les périodes de vacances
l'été. Je ne crois pas. Il n'y en a pas encore.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je vous remercie, M. le
député d'Argenteuil. Nous devons céder la parole à
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Il nous fait plaisir de
vous accueillir. On a l'impression que les discussions que nous pouvons avoir
cet après-midi se déroulent tellement vite. Nous sommes à
la troisième semaine, mais c'est la première fois, en fait...
Vous êtes le premier organisme avec lequel nous examinons toute cette
question de la garde scolaire proprement dite, malgré que plusieurs
organismes qui vous ont précédés nous en ont fait part
M. Laplante, Mme Benoit-Gougeon et les personnes qui vous accompagnent,
en matière de services scolaires, s'il y a des bonnes et de mauvaises
notes à décerner, il faut dire que, sur l'île de
Montréal, c'est plutôt un leadership, je pense, à
l'égard de l'ensemble du milieu scolaire qui a été pris
dans le développement des services de garde. J'aimerais vous interroger
plus particulièrement sur la garde des enfants d'âge scolaire et
ceux de la maternelle et de la prématernelle. Le réseau des
services de garde, que ce soit garderie ou garde en milieu familial ou autres
types de garde et vous-mêmes en ce qui concerne la maternelle, vous avez
la même clientèle: cinq ans. Étant donné que,
présentement, la maternelle est offerte pour la demi-journée
seulement - je me suis fait sortir les chiffres, 89 839 enfants sont inscrits
au Québec pour la maternelle cinq ans pour la demi-journée
à 180 jours - est-ce que vous considérez... C'est absent de votre
mémoire, mais j'ai pensé qu'il était peut-être
important que vous nous souligniez si, au conseil scolaire, vous avez une
opinion sur l'extension ou non de la maternelle cinq ans à temps plein.
Vous savez sans doute que, dans d'autres pays - pour ne pas en citer mais qu'on
connaît bien - l'élargissement de la présence à
l'école se fait à partir de trois ans. Pensez-vous qu'il serait
souhaitable, d'abord, qu'il y ait la maternelle cinq ans à temps plein?
Comme vous parlez beaucoup et que vous avez une expertise qui est reconnue en
matière de défavorisation et d'intégration des enfants de
familles Immigrantes, croyez-vous qu'on devrait aussi rendre la
prématernelle quatre ans à temps plein? Je me suis fait sortir
les chiffres pour l'ensemble du Québec. J'aimerais bien les avoir si
vous les avez au conseil scolaire. Pour l'ensemble du Québec, j'ai 6216
enfants en prématernelle quatre ans. Si on considère que c'est la
moitié du grand Montréal où se retrouve le taux de
défavorisation le plus élevé, peut-on croire qu'il y ait
au moins 3000 enfants, sinon plus, qui soient en prématernelle quatre
ans?
M. Laplante: C'est certain que nous avons présentement,
pour les enfants des milieux défavorisés, des maternelles
à temps plein. Des enfants de cinq ans ont la maternelle à temps
plein qui leur est offerte.
Mme Harel: Combien d'enfants peuvent en
bénéficier?
M. Laplante: C'est une soixantaine d'écoles primaires, 68
possibilités sur 310 ou 315 écoles primaires. C'est une mesure
qui existe présentement pour les enfants des milieux
défavorisés,
mais, comme c'est une mesure parmi d'autres, on ne peut pas dire que
c'est offert à tous les enfants de ces 68 écoles. Il y a des
commissions scolaires qui ont des écoles de milieu
défavorisé et qui choisissent de ne pas affecter leur budget sur
cette activité.
Mme Harel: Ce sont les sommes du budget prévu au
programme...
M. Laplante: Au programme des milieux défavorisés.
Le ministre de l'Éducation verse une allocation. Le conseil scolaire
verse aussi une allocation et, dans plusieurs cas, la commission scolaire met
de son propre budget. Quant à la mesure maternelle en milieu
défavorisé, c'est une mesure qui est appliquée de
façon Inégale par les diverses commissions scolaires. Le
règlement sur les milieux défavorisés leur permet de
cibler cette mesure plutôt que telle autre. Si on prend les commissions
scolaires qui sont... Je pense que, présentement, la CEPGM est la
commission qui l'utilise le plus, proportionnellement au nombre
d'élèves qu'elle a dans ces milieux. Ensuite, on a la CECM,
Sainte-Croix et, en dernier lieu, Verdun, par exemple, qui ne l'utilise pas.
C'est pour les maternelles des milieux défavorisés cinq ans.
Est-ce qu'on a des maternelles quatre ans à demi-temps?
Une voix: Oui.
M. Laplante: On en a aussi. C'est la mesure temps plein pour les
cinq ans et les quatre ans c'est à demi-temps.
Mme Harel: Est-ce que...
M. Laplante: Pour les milieux Interculturels, à moins que
ça se fasse par le biais des classes d'accueil, à notre
connaissance, il n'y a pas cette mesure.
Mme Harel: C'est une des dimensions dont on ne parle pas
beaucoup, mais qui est assez fondamentale. Dans quelle mesure ne faut-il pas
changer à temps plein la maternelle cinq ans? Dans quelle mesure faut-il
envisager d'offrir une prématernelle quatre ans, de l'offrir beaucoup
plus couramment qu'on ne le fait présentement pour les milieux
défavorisés et pour l'intégration des enfants de familles
immigrantes? Cela serait un projet de garde qui, sans doute dans un territoire
comme l'île de Montréal, pourrait être adéquat. Je ne
sais pas ce que vous en pensez.
M. Laplante: La chose qu'il faut mentionner... C'est pour
ça que dans notre mémoire en 1977... Encore aujourd'hui, on
revient sur la question des garderies éducatives. Ceux qui sont ici dans
le domaine de l'éducation savent que entre donner des cours, engager des
professeurs, donner des cours de maternelle et de prémater- nelle, ce
sont des coûts considérables, et possiblement avoir un service de
garderie. On pensait que la formule de garderie éducative ferait que
l'enfant serait dans son école, que, s'il y a des problèmes
potentiels qui se dessinent chez lui, ils pourraient être
identifiés par le personnel de la commission, que c'était une
formule qui était plus accessible et, évidemment, moins
dispendieuse. (15 h 15)
Mme Harel: Oui, mais plus dispendieuse pour le parent. Je me suis
fait sortir les coûts, la matornollo cinq ans coûte au
ministère 1700 $ par année. En fait, ce sont 180 jours à
demi-temps par enfant, ce qui revient à 9 $ par demi-journée. En
première année, le coût est de 3500 $, c'est-à-dire
19 $ par jour. Admettons qu'il y a une analogie possible. La question des
coûts est toujours la même. Faut-il que ce soit sur les
épaules des parents ou est-ce qu'il faut que ce soit partagé?
Dans quelle catégorie d'âge ça l'est à 100 %,
à 50 %, etc.? Cela reste une question fondamentale puisque les parents
n'ont droit à l'éxonération financière on
matière scolaire que si les deux travaillent. C'est donc dire que toute
la question d'égalité des chances à l'enfant,
l'égalité des chances d'enfant de milieu
défavorisé, l'égalité des chances d'enfant de
famille immigrante qui n'a pas nécessairement la même culture,
toute cette question d'égalité des chances est exclue lorsque
l'enfant ne peut pas se socialiser parce qu'un de ses parents est à la
maison pour toutes sortes de raisons. Ce pourrait être des raisons de
maladie, de chômage ou n'importe quelle autre. Il faut bien voir que la
garde scolaire, l'exonération, l'aide aux parents ne sont possibles que
si les deux travaillent. Évidemment, c'est un autre problème.
Vous savez que dans l'autre réseau de garde l'exonération est
ouverte, quel que soit le statut professionnel des mères. Je ne sais pas
si c'est là un élément auquel le conseil avait
réfléchi. J'ai pensé peut-être que...
M. Laplante: Ce qui nous a préoccupés, et on en a
parlé dans notre mémoire, c'est qu'un moment donné on
mentionne que le gouvernement, dans le cas des services de garde, va aider dans
une certaine proportion les parents qui n'ont pas un revenu suffisant. Ce qu'on
craignait, c'est que ceux... À notre avis, si on prend l'île de
Montréal, c'est là que se trouve la masse des parents qui se
retrouvent en dehors de ça et on craint que ce soient vraiment les
personnes en difficulté. C'est ce qu'on a voulu mentionner sans aller
plus loin dans cette formule.
Mme Harel: Remarquez que des personnes qui vous ont
précédés, entre autres, une jeune mère a fait
valoir que, même avec un revenu familial de 25 000 $ avec deux salaires,
avec des prêts-bourses à rembourser parce que c'est souvent
l'âge où on rembourse malgré tout, l'allocation même
enrichie serait de 1,15 $ par
jour. Il y a encore un fardeau que les parents considèrent assez
lourd à porter. Mais je vous renvoie au principe directeur 2.1 qui
s'Intitule "Un soutien essentiel pour les parents" pour vous rappeler que ce
soutien est considéré essentiel pour les parents qui participent
au marché du travail. D'une certaine façon, c'est donc un choix
qui est fait de ne pas offrir de la même manière, de ne pas
envisager d'offrir tout au moins de la même manière le service
lorsqu'un des deux parents ou les deux ne sont pas sur le marché du
travail. Cela pose toute la question de la petite enfance. Doit-on assujettir
le droit de l'enfant à la socialisation ou à
l'égalité des chances que lui permet un milieu éducateur,
doit-on l'assujettir au fait que ses parents travaillent ou non? Je voulais
juste vous le signaler parce que parfois, à la lecture des sept
principes directeurs, on oublie qu'il y en a un huitième qui est
inexistant: l'universalité des parents, quel que soit le statut
professionnel de la mère. Cela n'est pas présent parmi les
principes directeurs. également, j'aimerais peut-être que vous
expliquiez, dans l'intérêt des membres de la commission, toute la
question des repas chauds, de la cafétéria et des services
alimentaires. Vous l'avez fait dans votre mémoire. Des parents
communiquent avec moi en disant que cela leur coûte presque aussi cher,
par exemple, entre autres, à la maternelle, que s'ils envoyaient
l'enfant à l'école privée. Aussi cher, si vous voulez,
quand ils additionnent le coût des repas, le coût de la garde pour
les repas, le coût de la garde entre les heures. Certains m'ont fait des
calculs de 85 $ par semaine. Est-ce que vous avez des coûts de ces
services?
Mme Sabourin Danielle): Danielle Sabourin, du conseil scolaire et
aussi responsable de la politique alimentaire. J'ai abordé cette
problématique dans l'énoncé que nous vous avons
présenté. Effectivement, au niveau primaire, actuellement les
écoles ne sont pourvues d'aucun aménagement de
cafétéria. Donc, les commissions scolaires... C'est sûr que
les parents souhaiteraient qu'à l'école ils puissent
bénéficier de repas et grâce... Vous savez que nous avons
des subventions sur les aliments vendus dans les cafétérias,
donc, on peut se nourrir à très bas prix pour ce qui est du
secondaire, pour ainsi dire à 2 $ ou 2,25 $ par jour, et,
malheureusement, on ne peut l'offrir pour ce qui est du primaire. D'autre part,
pour une commission scolaire, aménager un local qui n'est parfois pas
existant, Implique des déboursés. M. Dion, commissaire à
la commission scolaire Jérôme-Le Royer, vient de faire cette
démarche. Il me disait que c'étaient des coûts de 50 000 $
à 75 000 $. Les commissions scolaires ne peuvent pas actuellement, avec
les restrictions budgétaires qu'elles rencontrent, assumer ces
déboursés en immobilisation, mais ce serait, bien sûr,
l'avenue intéressante et les parents pourraient avoir un accès
pour nourrir les enfants cinq jours par semaine pour des
déboursés de 10 $ à 12 $ par semaine. Il y aurait la
possibilité d'entente avec des traiteurs qui, à ce
moment-là, impliquerait possiblement des coûts moindres uniquement
pour garder les aliments à la température. Mais il s'agirait de
trouver. Pour siéger à des comités provinciaux, je sais
que cette formule est utilisée dans la région de Québec.
Ce n'est pas toujours adéquat mais c'est une formule à examiner
qui coûte meilleur marché. Actuellement, sur l'île de
Montréal, Je pense qu'elle n'a pas été utilisée
parce que les commissions scolaires craignent, vu le nombre de services en
place, d'avoir à investir des sommes trop importantes. C'est pour
ça que nous demandions au gouvernement une aide financière, pour
développer ces services pour que les enfants des services de garde au
primaire puissent bénéficier des mêmes subventions offertes
au secondaire dans les cafétérias.
Mme Harel: Je ne sais pas si j'ai encore le temps pour une
dernière question.
Le Président (M. Bélanger): II vous reste une
minute.
Mme Harel: Simplement pour les treize semaines. Les parents nous
ont fait valoir qu'il n'y en a pas beaucoup qui jouissent de treize semaines de
vacances par année ni de 25 jours de congés pédagogiques
ou fériés. Pour ces jours-là, je sais que vous
n'êtes peut-être pas bien placés, mais pensez-vous que ce
sont plus les municipalités ou les commissions scolaires qui doivent
assumer des responsabilités par rapport aux enfants d'âge
scolaire?
M. Laplante: D'une part, quand iI y a une collaboration des deux
organismes, c'est la situation idéale. D'autre part, on croyait qu'en
vous proposant une formule comme la formule des corporations, dans certains
cas, ce serait la réponse.
Mme Harel: Vous voulez dire que ça joindrait les deux?
M. Lapiante: Oui, ce serait ça qui permettrait... À
un moment donné, le directeur d'école ne peut pas superviser ces
choses durant la période de vacances. C'est pour ça qu'on amenait
cette nouvelle avenue pour faciliter cette question.
Mme Harel: Je vous remercie. Malgré une progression assez
spectaculaire - le programme de garde en milieu scolaire n'existe même
pas depuis dix ans, on fêtera sa première décennie l'an
prochain - il faut constater que, même aux termes de
l'énoncé de politique, même aux termes de l'augmentation
des places qui sont prévues, I y aurait 40 000 places disponibles. Il
faut quand même se rappeler qu'il y a 600 000 enfants dans
les écoles primaires du Québec. Les sondages
révèlent que la moitié de ces enfants ont un besoin de
garde; Ils révèlent aussi une nette préférence des
parents pour une garde en milieu scolaire. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Malsonneuve. M. le député
d'Argenteuil et ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Juste un mot en terminant. Je voudrais tout d'abord
confirmer ce que disait tout à l'heure ma collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine. Lorsque
nous avons adopté le projet de loi 107, en décembre dernier, nous
avons apporté des modifications de concordance à la Loi sûr
les services de garde et l'obligation pour les commissions scolaires de ne
fournir des services de garde à l'enfance que les jours de classe,
ça c'est tombé. Par conséquent, cela n'existe plus.
Je voulais ajouter une deuxième précision à propos
de certains jours de congé, comme les congés pédagogiques.
Une interprétation littérale de la loi pouvait laisser entendre
que les commissions scolaires n'étalent pas tenues de faire ça ou
ne pouvaient pas le faire. Dans la pratique, on vient de faire une
enquête sur les services de garde qui existent dans tout le
Québec. À peu près partout, les services de garde
fonctionnent môme les jours de congés pédagogiques et tout
ça, même si la lettre de la loi ne l'autorisait peut-être
pas. De toute manière, après le 1er juillet, sous la nouvelle
loi, il n'y aura même pas d'équivoque au point de vue juridique.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je tiens à vous remercier. Nous
allons prendre en considération vos remarques. Merci.
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales remercie le Conseil scolaire de l'île de
Montréal et invite à la table des témoins la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Pour la telle transition, nous suspendons les travaux deux
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 25)
(Reprise à 15 h 31)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais à
chacun et à chacune de bien vouloir reprendre sa place, s'il vous
plaît, afin que nous puissions procéder à l'audition du
mémoire de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec. J'invite les Intervenants à prendre place
à la table.
Bienvenue à la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec. Je vous inviterais, dans un premier temps,
à vous identifier et à Identifier vos porte-parole. Vous avez un
maximum de 20 minutes pour la présentation de votre mémoire,
ensuite il y aura une période de discussion avec les parlementaires.
Chaque fois que vous aurez à prendre la parole, s'il vous plaît,
je vous prierais de bien vouloir vous identifier, ceci pour les fins de la
transcription au Journal des débats. Sans plus tarder, je vous invite
à commencer. Merci.
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec
M. Péron (Charles): Je suis Charles Péron, premier
vice-président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec. Il me fait plaisir de vous présenter
maintenant les personnes qui constituent notre délégation.
À l'extrême gauche, M. Guy Beaudin, conseiller en
développement et recherche; à ma gauche, M. Fernand Paradis,
directeur général de la fédération; à ma
droite, Mme Lise Lemieux, membre du conseil d'administration de la
fédération, présidente de la commission scolaire Les
Découvreurs et vice-présidente du Conseil de la famille.
Nous vous remercions beaucoup, M. le Président, de nous avoir
permis de faire valoir notre point de vue à cette commission. SI vous me
le permettez, j'entamerais Immédiatement notre exposé.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
procédez.
M. Péron: C'est avec intérêt que notre
organisme a accueilli le dépôt de l'énoncé de
politique du gouvernement sur les services de garde à l'enfance. En
septembre 1986, la fédération rendait publics les
résultats d'une consultation menée auprès des commissions
scolaires pour dégager un portrait précis de la condition
féminine dans les milieux scolaires. Cette consultation
révélait que les principaux problèmes rencontrés
par les commissions scolaires dans l'organisation des services de garde
étalent reliés au financement. Généralement de
très bonne qualité, ces services de garde sont
particulièrement appréciés par les parents. Ils permettent
à l'enfant de vivre dans un contexte social sécurisant et de
partager avec d'autres des activités et des jeux diversifiés et
formateurs.
Au cours des dernières semaines, la fédération a
comparé les résultats de cette consultation avec les
données obtenues des commissions scolaires, à l'été
1988, par la Direction générale de la recherche et du
développement du ministère de l'Éducation.
La Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec s'est particulièrement intéressée à
la partie de l'énoncé de politique
concernant plus directement les commissions scolaires. La ministre
déléguée à la Condition féminine indique,
dans sa présentation, qu'elle considère le document d'orientation
comme un volet majeur de la politique familiale du gouvernement et qu'il fait
partie Intégrante de ses orientations en matière de condition
féminine pour atteindre un meilleur équilibre entre les besoins
des parents et l'offre de service apte à les satisfaire.
Depuis le début des années soixante, les commissions
scolaires observent des changements majeurs dans la société: une
présence accrue des femmes sur le marché du travail, une baisse
dramatique du taux de natalité et une profonde mutation des structures
familiales. En effet, on trouve aujourd'hui une plus grande
variété de structures et d'organisations familiales. Quand ils ne
sont pas enfants uniques, les enfants actuels ont rarement plus d'un
frère ou d'une soeur. Souvent, le père et la mère
travaillent. Certains enfants vivent avec un seul parent. Il y a
également des enfants qui n'ont, pour ainsi dire, aucun contact avec
leur père ou leur mère. D'autres qui vivent des situations de
garde partagée, ou encore dans des familles reconstituées, dans
de nouvelles familles.
C'est à partir de ces constats et avec la conviction que les
services de garde en milieu scolaire sont perçus par les commissions
scolaires comme une extension du rôle social et pédagogique de
l'école que notre organisme a examiné l'énoncé de
politique sur les services de garde à l'enfance. Certains soutiennent
qu'il est nécessaire de mettre sur pied un réseau public de
services à la petite enfance qui inclurait des services de garde
universellement accessibles et gratuits. Ceux-ci voudrait rattacher au
réseau public d'éducation les services à la petite
enfance. Cette suggestion est à première vue alléchante.
Cependant, au moment où le ministre de l'Éducation rencontre de
sérieuses difficultés à convaincre ses collègues du
gouvernement de la pertinence de consacrer une dizaine de millions de dollars
par année pour porter graduellement au 31 décembre la date limite
pour le calcul de l'âge d'admission aux services éducatifs, il
nous apparaît difficile de concevoir que l'État s'engage à
moyen terme dans cette direction.
La Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec est d'accord avec les sept principes directeurs de
l'énoncé de politique du gouvernement. Nous tenons plus
particulièrement à souligner l'importance du rôle
préventif et éducatif de la garderie dans la croissance des
enfants. Une étude récente sur la petite enfance menée par
M. Yves Archambault, directeur général à la commission
scolaire Saint-Jérôme et responsable des affaires de
l'éducation à l'Association des directeurs généraux
des commissions scolaires, révèle que la petite enfance est
l'étape la plus importante de la vie de l'individu parce que c'est
à ce moment et à ce moment-là précisément
que se font la majorité des acquisi- tions fondamentales de la formation
d'un être humain.
Si elles ne sont pas effectuées à ce moment précis,
elles seront causes de graves problèmes de développement, de
retard que l'enfant traînera toute sa vie et de carences souvent
irrécupérables. Nous constatons que la famille qui jouait un
rôle prépondérant comme premier milieu de vie a
été bouleversée. Les rôles du père et de la
mère se sont modifiés. La responsabilité de la formation
de l'enfant s'est déplacée de manière à reposer de
plus en plus sur des agents extérieurs à la famille et ce, de
plus en plus tôt dans la vie du jeune enfant.
Or, la contribution des agents extérieurs à la famille
doit dépasser la simple fonction de gardiennage puisque tout se joue
à la petite enfance. Ainsi, les services de garde en milieu scolaire
fournissent aux enfants qui en bénéficient l'occasion d'utiliser
leur temps libre de façon créative et de se tailler une place
parmi d'autres enfants que ceux de leur classe et aussi d'âge
différent. Sur un autre plan, le gouvernement considère que
l'aménagement des services de garde en milieu scolaire doit continuer
à relever des commissions scolaires, lesquelles sont appelées
à s'acquitter de cette fonction et de leurs autres fonctions
éducatives en collaboration active avec les parents.
Malgré les représentations contraires du gouvernement
fédéral et tout en accordant une préférence aux
services de garde gérés par les parents, il est important que le
gouvernement québécois continue à confier aux commissions
scolaires la responsabilité de l'organisation des services de garde en
milieu scolaire à cause de la complémentarité qui existe
entre les services de garde et les services éducatifs.
Les commissions scolaires reconnaissent que le libellé actuel de
la Loi sur les services de garde à l'enfance et de la Loi sur
l'Instruction publique limitent les commissions scolaires à
l'organisation de services de garde les jours où les enfants sont
effectivement en classe. Nous apprenions, il y a fort peu de temps, que ce
règlement a été modifié. C'est une bonne chose.
Cela laisse plus de latitude. La garde en saison estivale, lors des
journées pédagogiques ou autres s'avère un problème
majeur pour bien des parents qui ont des enfants d'âge scolaire. Les
données les plus récentes révèlent que près
de 84 % des services de garde en milieu scolaire demeurent en activité
pendant les journées pédagogiques, tandis que 46,7 % sont ouverts
pendant les semaines de relâche.
Les commissions scolaires n'ont pas objection à ce que le cadre
légal soit modifié de façon à permettre
l'organisation de services de garde en dehors des jours de classe. Toutefois,
comme on le verra plus loin, le financement des services de garde en milieu
scolaire pose certains problèmes. Le fonctionnement de tels services,
les jours où l'ensemble des activités de la commission scolaire
sont arrêtées, peut entraîner des
coûts supplémentaires nettement prohibitifs pour les
parents ou pour les commissions scolaires. Pour la période estivale, la
fédération souscrit à l'objectif de l'office de
poursuivre, en collaboration avec les municipalités et les commissions
scolaires, l'expérimentation entreprise à l'été de
1988 en vue de développer des modes de garde adaptés à
cette clientèle.
L'énoncé de politique préconise la création
de 16 335 nouvelles places au cours des trois premières années
d'application de la politique. Cet objectif semble réaliste si l'on
considère que le développement des services de garde en milieu
scolaire se fait à un bon rythme. Leur taux de croissance est
supérieur à 10 % et a même atteint 26,1 % en 1985, 39,7 %
en 1986 et 24,2 % en 1987. Par contre, les motifs les plus souvent
Invoqués par les commissions scolaires qui n'offrent pas de services de
garde dans leurs écoles sont, dans l'ordre, l'absence de demande des
parents, le transport par autobus scolaire de la majorité des
élèves, l'incapacité d'obtenir le nombre minimal
d'élèves requis pour avoir droit aux subventions et le manque de
locaux disponibles.
Le gouvernement entend favoriser l'utilisation de locaux
déjà en place dans les écoles pour l'implantation des
services de garde. Si cet objectif signifie que le gouvernement financera
dorénavant l'aménagement des locaux réservés aux
services de garde en milieu scolaire, nous croyons que cette mesure aidera au
développement de places supplémentaires tout en améliorant
la qualité des locaux dans plusieurs cas. Si ce n'est pas le cas, il
faudrait dès lors que le gouvernement contribue de façon
significative au financement de ces aménagements et qu'il l'inclue dans
son énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance.
Le budget alloué aux commissions scolaires pour prévoir un
local spécifique aux services de garde, à l'occasion de la
construction ou d'un réaménagement majeur dans une école,
contribuera certainement à la mise sur pied de ce service,
particulièrement dans les endroits où il y a pénurie de
locaux. La décision du gouvernement de. respecter le choix des parents
dans le développement des divers modes de garde comporte
nécessairement une planification régionale de l'ensemble des
intervenants. Elle permettra de mieux connaître les besoins et d'assurer
la viabilité de certains services de garde.
L'énoncé de politique reconnaît que le personnel des
services de garde en milieu scolaire a, dans les faits, une formation nettement
supérieure aux qualifications minimales requises et que les conditions
de travail du personnel sont établies dans le cadre des conventions
collectives des employés de soutien des commissions scolaires. Nous
croyons que ces dispositions doivent être maintenues parce qu'elles ont
permis un développement particulièrement rapide des services de
garde en milieu scolaire tout en assurant des conditions salariales facilement
comparables à ce qui est offert dans ce secteur.
Dans le cadre de la prochaine ronde de négociations, le
gouvernement devra tenir compte du fait que le financement du personnel
affecté aux services de garde est complètement assumé par
les parents et que les décisions qu'il prendra au cours de la
négociation ne devraient pas avoir pour effet de compromettre le
développement et la qualité des services de garde en milieu
scolaire.
Le développement et la qualité de ces services
dépendront grandement de l'importance du soutien financier de
l'État. Les efforts que mettra le gouvernement du Québec pour
inciter le gouvernement fédéral à assumer sa juste part
des dépenses pour l'organisation des services de garde en milieu
scolaire ne doivent pas avoir pour effet de compromettre l'un ou l'autre des
principes directeurs de l'énoncé de politique et,
particulièrement, de modifier le rôle de la commission scolaire
dans l'organisation des services de garde en milieu scolaire.
Les subventions de démarrage ont été
augmentées à 4000 $ en 1988. Une récente enquête
auprès des commissions scolaires nous Indique que cette contribution du
gouvernement devrait plutôt se situer à 4600 $ pour tenir compte
des coûts réels. L'introduction d'une subvention de 2000 $ pour le
démarrage des services de moins de 10 enfants aidera au
développement de nouveaux services de garde en milieu scolaire dans les
régions ayant une plus faible densité de population.
La subvention de fonctionnement de 200 $ par enfant pour les 30 premiers
enfants fréquentant régulièrement la garderie est
insuffisante. Cette subvention devrait être portée à 300 $
dans le cas des 30 premiers enfants et à 250 $ pour les 20 suivants. Les
services de garde en milieu scolaire reçoivent de plus en plus d'enfants
qui s'Inscrivent pour moins de trois jours par semaine. Le gouvernement devrait
considérer sérieusement la possibilité de subventionner
cette clientèle sporadique. La subvention de 300 $ par an par enfant
pour l'Intégration d'enfants lourdement handicapés est nettement
inadéquate et ne correspond pas aux coûts réels
assumés par la commission scolaire. Il est impérieux que le
gouvernement révise ce type de subvention. (15 h 45)
Dans le financement des services éducatifs, le gouvernement ne
subventionne pas suffisamment la commission scolaire pour les espaces
excédentaires. Or, il arrive bien souvent que ces espaces soient
utilisés à des fins de services de garde. Le gouvernement devrait
reconnaître, au même titre que les services éducatifs, les
espaces utilisés par le service de garde dans le calcul des espaces
excédentaires. Cette souplesse favoriserait le développement des
services de garde en milieu scolaire.
Par ailleurs, les commissions scolaires apprécient l'engagement
du gouvernement à
permettre aux commissions scolaires de prévoir dans leurs plans
et devis, lors de la construction ou de réaménagements majeurs
d'écoles, un local pour les services de garde. Elles apprécient
particulièrement l'engagement du gouvernement d'annexer, suivant
l'indice des prix à la consommation, l'enveloppe globale relative aux
services de garde en milieu scolaire.
En conclusion, le développement des services de garde en milieu
scolaire est largement tributaire des mesures d'exonération
financière aux parents. L'énoncé de politique apporte des
améliorations à la situation actuelle. Il faudra prendre un soin
particulier pour bien Informer les parents de cette aide gouvernementale.
Même si la Fédération des commissions scolaires catholiques
du Québec fournit un avis généralement favorable à
l'énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance, le gouvernement se doit d'ajuster certaines modalités du
financement des services de garde en milieu scolaire s'il entend en favoriser
le développement et la qualité. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. Péron.
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous remercie de votre exposé et
nous comptons énormément sur votre collaboration au moment de la
planification régionale. Nous avons besoin de la collaboration de tout
le milieu scolaire pour réussir cette planification. Je pense qu'on aura
des résultats très intéressants. J'avais l'occasion, tout
à l'heure, de rencontrer l'autre groupe qui m'a dit: Nous, à
notre commission scolaire, nous sommes prêts à ouvrir nos portes
à la garde estivale et permettre la location de locaux, etc. Je trouve
très Intéressant de voir cette ouverture qui est nouvelle. Il y a
quelque temps, on ne nous disait pas ouvertement qu'on était prêt
à mettre à notre disposition ces locaux. Je trouve ça
très intéressant.
Ma première question, c'est pour vous demander... Il y a
plusieurs groupes qui sont venus nous demander de rendre obligatoires les
services de garde en milieu scolaire, dans les écoles. Cela ne semble
pas être votre position dans votre exposé, dans votre
mémoire. Croyez-vous justement qu'on ferait fausse route en l'imposant?
Nous croyons que par des mesures incitatives... Par exemple, les 3 900 000 $
que nous accordons pour l'ouverture de nouvelles écoles ou pour les
réaménagements majeurs d'écoles, c'est un Incitatif qui
est plus profitable que l'obligation comme telle, parce qu'on sait que les
commissions scolaires n'ont jamais voulu qu'on les oblige à avoir ces
locaux, compte tenu de la disponibilité. Avez-vous l'impression qu'on
développerait davantage ces services si on obligeait les commissions
scolaires à avoir des locaux?
M. Péron: Je pense, Mme la ministre... On dit que ce sont
les parents qui sont les premiers responsables ou les premiers utilisateurs des
services de garde à la jeune enfance. Je crois qu'en respectant le choix
des parents... De rendre ce service de garde disponible selon un modèle
unique, je pense qu'on ferait fausse route. Il y a des parents qui
préfèrent garder leur enfant chez eux; il y en a d'autres qui
préfèrent le faire garder chez des personnes qu'elles connaissent
bien; il y en a d'autres, finalement, qui aiment les faire garder dans des
réseaux privés et d'autres, dans des réseaux publics. Je
crois qu'en ayant toutes les possibilités de services de garde on rend
un meilleur service à la population.
Mme Gagnon-Tremblay: Avez-vous l'impression qu'on accorde aux
parents la place qui leur revient au moment de l'implantation et, par la suite,
lorsque le service est en fonctionnement?
Mme Lemieux (Lise): Actuellement? Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Lemieux: Je pense que ça dépend un peu des
milieux et de l'ouverture de chacun des milieux à cette participation
des parents. Un service de garde en milieu scolaire peut exister seulement s'il
y a une demande des parents. Je pense que, d'une façon
générale, les parents sont mis à contribution. Dans
certains milieux, il pourrait y avoir une amélioration, mais, d'une
façon générale, je pense qu'on tient compte des besoins
des parents à ce sujet.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout au long de la commission parlementaire,
on a souligné l'importance d'une réglementation pour tous les
modes de garde. Compte tenu du statut particulier des commissions scolaires
dont toute la mission est orientée vers le développement de
l'enfant, croyez-vous qu'on devrait réglementer d'une façon
différente et, le cas échéant, quelle forme cette
réglementation devrait-elle prendre?
Mme Lemieux: J'aimerais essayer de comprendre exactement. Quand
vous parlez de réglementation, est-ce que ce serait des
règlements qui interviendraient sur le déroulement des
activités?
Mme Gagnon-Tremblay: Par exemple, qui pourraient toucher des
ratios, la formation, les espaces physiques, en somme, tout ce qui concerne
vraiment...
Mme Lemieux: De façon générale, d'avoir trop
de réglementation, à un moment donné, peut possiblement
empêcher les gens de développer certains besoins. Par contre,
c'est sûr qu'il faut des règles de base.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui?
M. Péron: Autant il est impératif d'avoir des
balises de fixées, que chacun parle à peu près de la
même chose, autant il faut respecter les besoins de chacun des milieux,
à mon avis. Vous savez qu'en milieu urbain ou semi-urbain les besoins
sont complètement différents de ceux des milieux ruraux ou
à très faible densité de population. Je pense que vouloir
uniformiser, réglementer, comme vous dites, toute cette question des
garderies ne rende pas service aux usagers. Il faut considérer que les
usagers, ce sont bien entendu les parents, mais que ce sont aussi les enfants.
Je pense qu'à vouloir trop uniformiser on tombe dans le piège,
qui est commun en administration publique, de vouloir avoir la même chose
pour tout le monde. Or, la même chose pour tout le monde, cela n'a jamais
été la justice.
M. Paradis (Fernand): Si vous permettez, madame, j'aimerais
ajouter à ces propos. Actuellement, entre les commissions scolaires et
le ministère de l'Éducation, il y a un certain encadrement qui
assure un minimum de fonctionnement, sans qu'il y ait trop de
réglementation. Lorsqu'on Instaure des programmes ou qu'on veut mettre
en place des modalités de fonctionnement. Il y a toujours une certaine
propension à mettre de la réglementation en place. Ces
règlements sont faits pour l'ensemble. Et, comme on le disait
précédemment, ils finissent par gêner certains milieux dans
leur administration. Les règlements qui prévalent entre le
ministère de l'Éducation et les commissions scolaires sont
suffisants dans l'ensemble, bien que notre réflexe, comme commission
scolaire, est bien souvent de les voir diminuer, d'en voir un moins grand
nombre. C'est le réflexe que nous avons, parce que nous estimons que nos
marges de manoeuvre sont plus confortables. Et surtout elles nous permettent
d'adapter le mieux possible les solutions aux problèmes que les milieux
rencontrent.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre de
l'Éducation, député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, j'ai été
très heureux d'entendre le résumé qu'a donné M.
Péron du mémoire de la Fédération des commissions
scolaires du Québec parce que cela venait confirmer l'une de mes
vieilles prétentions, à savoir que, parfois, nos discours
théoriques sont opposés, mais, dès que nous abordons les
problèmes pratiques, nous sommes assez proches, dans la plupart des cas.
Je pense que le cas des garderies scolaires est un très bon exemple de
la collaboration souple et efficace qui existe entre le ministère de
l'Éducation et les commissions scolaires. Et j'espère que cette
collaboration se poursuivra longtemps autour de la promotion des services de
garde. Je vous sais gré d'avoir souligné la progression
remarquable qu'ont connue les Inscriptions dans les services de garde, ces
dernières années: 26,1 % en 1985, 39,7 % en 1986, 24,2 % en 1987
et des pourcentages du même ordre en 1988 et en 1989. C'est une
performance encourageante, mais, évidemment, qui entraîne des
déboursés considérables. C'est pourquoi nous devons
accueillir avec prudence les propositions que vous faites concernant les
ajustements des subventions. Il y en a une au sujet de laquelle Je voudrais
vous entretenir brièvement. Lorsque vous parlez de l'allocation
attribuée pour les enfants lourdement handicapés, vous dites que
le montant de 300 $ est nettement insuffisant et je n'hésite pas
à vous donner raison. J'en suis quelque peu gôné
moi-même et nous allons faire un effort spécial pour essayer
d'ajuster les règles budgétaires 1989-1990 pour trouver un peu
plus de ressources pour cette catégorie d'enfants. C'est un point qui
m'a frappé en relisant les dispositions que nous avons prises; de ce
côté-là, il y a des ajustements qui doivent être
recherchés et je vais le faire.
Le Président (M. Joly): M. Péron.
M. Péron: Je pense, M. le ministre, qu'il est
évident qu'il n'y a pas assez de différence quant à ces
enfants qui requièrent plus de soin que les autres; il n'y a pas assez
de différence entre ceux-là et les enfants réguliers.
Le Président (M. Joly): Auriez-vous d'autres questions
pour M. le ministre de l'Éducation?
Mme Harel: Si vous le voulez, je pourrais immédiatement
peut-être, et M. le ministre de l'Éducation pourra revenir...
Le Président (M. Joly): Un instant! Est-ce que M. le
ministre...
Mme Harel: ...s'il le veut.
Le Président (M. Joly): Possiblement.
Mme Harel: Est-ce qu'il reste du temps dans l'enveloppe?
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas objection à
pratiquer l'alternance si vous le voulez.
Mme Harel: Comme vous voulez. Soyez bien à l'aise.
Le Président (M. Joly): M. Péron.
M. Péron: M. le ministre, notre suggestion à propos
des surfaces excédentaires, comment cela pourrait-il s'articuler? Est-ce
une suggestion qui est, de votre part, recevable?
M. Ryan: II faudrait peut-être dissiper le malentendu qui
s'est institué dans la façon de comprendre le mode de calcul.
Nous pourrions le
vérifier avec vous. Dans la manière dont nous faisons les
calculs, il arrive que nous tenions compte de ces surfaces utilisées
pour des services de garde. Il y a d'autres cas où nous n'en tenons pas
compte, mais cela va demander une analyse précise que nous allons faire
volontiers avec vos représentants. Si nous pouvions améliorer la
méthode de calcul de manière à faire une petite place pour
ce poste-là, là où il n'en est pas tenu compte... Encore
une fois, Je n'admets pas l'affirmation, parce que nous avons une
prétention même contraire. S'il y a quelque chose à
ajuster, nous allons le chercher avec vous parce que c'est un sujet qui en vaut
la peine.
Le Président (M. Joly): Je vais maintenant
reconnaître... à moins que Mme la ministre ait quelque chose
d'autre à demander.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que mon temps est
écoulé?
Le Président (M. Joly): Non, on a encore quelques minutes,
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, je vais... Mme Harel: ...par
l'alternance...
Le Président (M. Joly): Oui, je n'ai pas d'objection.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Maisonneuve, s'il vous plaît.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
saluer la présence des représentants de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. C'est avec plaisir que J'ai pris connaissance de votre
mémoire. Mme la ministre s'est réjouie de l'ouverture d'esprit
récente, a-t-elle dit, d'un bon nombre de vos membres. J'aurai
peut-être l'occasion d'y revenir parce qu'il y a eu des
expériences un peu difficiles de la part de parents qui avaient fait des
demandes de services qui n'ont pu être satisfaites, mais on y
reviendra.
J'ai beaucoup aimé dans votre mémoire, à la page 6,
ce que vous nous rapportez d'une étude faite par le directeur
général de la commission scolaire de Saint-Jérôme
qui est le responsable des affaires de l'éducation à
l'Association des directeurs généraux. Cette période de la
petite enfance est sans doute l'étape la plus importante de la vie d'une
personne et, avec raison, vous nous rappelez que c'est à ce
moment-là que se font ou ne se font pas les acquisitions fondamentales
et qu'à défaut de les acquérir, elles peuvent être
Irrécupérables pour le reste de la vie d'une personne. Je crois
que c'est une période fondamentale et que l'on doit s'y
intéresser de près.
Je crois que c'est très satisfaisant que vous soyez prêts
à ouvrir les locaux comme vous l'avez exprimé. Mais il reste
toujours la question du financement, et vous l'avez posée d'ailleurs
dans votre mémoire à plusieurs reprises, la question du
financement et des conditions de financement posées par le gouvernement
fédéral puisque, dans la mesure où vous pourriez ouvrir
vos locaux l'été, et si tant est que vous réussissiez
à surmonter les obstacles supplémentaires des coûts
prohibitifs occasionnés du fait que le reste de l'école n'est pas
en opération, l'exonération financière n'est ouverte aux
parents que pour la période de l'année scolaire habituelle. On
assiste, et je ne sais pas si c'est dans ce sens-là que la commission
scolaire qui vous a précédé souhaitait la mise en place de
corporations ou la possibilité de les mettre en place dans la mesure
où les enfants apprennent très tôt à changer de
garderie pour être, dans le fond, placés sur le "payroll" du
fédéral. (16 heures)
En d'autres termes, l'enfant qui est en garde scolaire pendant
l'année et dont le parent peut obtenir une aide financière, selon
son revenu, doit changer de mode de garde l'été. Il doit aller
dans un autre réseau pour que son parent continue d'avoir droit à
la subvention. Si le parent à faible revenu utilise, par exemple, le
mode de garde offert dorénavant durant l'été en milieu
scolaire, il n'a d'aucune façon accès à
l'exonération financière.
Vous savez sans doute que l'exonération financière est
strictement limitée à la période scolaire. Comme je vous
l'ai déjà signalé, je suis trop consciente des
préoccupations que vous avez pour ne pas vous rappeler, comme vous le
mentionniez à la page 6, "l'importance du rôle préventif et
éducatif de la garderie dans la croissance des enfants". Il faut faire
en sorte que ce ne soit pas seulement la croissance des enfants dont les deux
parents travaillent, puisque, à ce moment-là, les enfants dont
l'un des parents est à la maison ou qui n'ont qu'un seul parent pour
s'occuper d'eux peuvent ne pas avoir accès à ce rôle
préventif et éducatif.
Sachant que toute cette question vous Intéresse, je me demandais
comment vous considériez cette question de l'exonération
financière. Vous le dites à mots couverts dans le mémoire:
Quelle que soit la décision prise au niveau fédéral,
ça ne devrait pas orienter les choix du Québec. Pensez-vous que
les corporations seraient une manière de détourner la question?
Pensez-vous que la commission scolaire doit rester le maître d'oeuvre,
quitte à ce que ce soit Québec qui assume les coûts
d'exonération à 100 %? Comment voyez-vous les choses?
M. Péron: De prime abord, je dis qu'il est Important que
ce soit la commission scolaire qui reste, d'une certaine manière,
maître d'oeuvre. Le gouvernement fédéral transige seulement
avec les parents, et, en accordant la préférence aux
services de garde gérés par les parents aux commissions
scolaires, on vient de changer de cap par rapport aux desiderata du
fédéral.
Mme Harel: Mais vous savez, M. Péron, qu'en plus de
ça le gouvernement fédéral ne transige pas avec les
parents d'enfants d'âge scolaire.
M. Péron: C'est ça, juste avec la petite enfance.
Pour ce qui est de la question de l'été, nous avons notre point
de vue. Je vais demander à M. Paradis de vous expliquer ça.
M. Paradis (Fernand): ll y a une constatation qui
m'apparaît bien évidente. Les commissions scolaires ont un rythme
de travail, celui de septembre à juin. C'est à ce
moment-là que les commissions scolaires connaissent le maximum de leurs
activités, c'est-à-dire du moment de la rentrée scolaire
jusqu'à celui où les élèves quittent nos
écoles, soit en juin. On sait que la période de
l'été cause déjà un certain nombre de
problèmes aux commissions scolaires. Je voudrais juste ouvrir une
parenthèse là-dessus. Bon nombre de commissions scolaires ont des
réparations à effectuer durant l'été et cette
période estivale qui, autrefois était une période
très longue, parce qu'elle s'étendait de la fin de juin, bien
souvent à partir du 24, jusqu'à la fête du Travail, a
été écourtée par des règlements qui
concernent la construction ou le milieu de la construction, les gens que
concerne la réparation des écoles. Ainsi, à cause de la
période de deux semaines pendant laquelle tout le monde de la
construction est en vacances au Québec, on a écourté de
deux semaines les vacances estivales, qui étaient en principe de huit,
neuf ou dix semaines. On a aussi observé que ces deux semaines de
vacances sont précédées d'une période de
piétinement où les constructeurs n'osent pas envoyer du
matériel sur les chantiers, à cause de la suspension prochaine
des travaux. Et la reprise, qui s'effectue après, est aussi un petit peu
une période de piétinement, ce qui fait que les commissions
doivent concentrer les travaux de réparation sur une période
relativement courte.
Vous me direz que ce ne sont pas toutes les commissions scolaires qui
ont à faire faire des réparations, c'est vrai. Mais il y a
toujours un certain nombre d'ajustements à apporter dans les
établissements scolaires, ne serait-ce que pour des fins de
réparation, parfois d'aménagement ou de
réaménagement. Malgré tout cela, iI y a des
expérimentations qui se font dans un cadre aussi complexe que celui que
je viens d'exposer. Ce qui serait intéressant de faire, puisqu'on occupe
déjà le champ des services de garde durant l'année
scolaire, ce serait de poursuivre ces expériences durant la
période estivale, dans un contexte très différent de celui
qui prévaut durant l'année scolaire, c'est-à-dire de
septembre à juin. Et à la lecture des résul- tats, des
observations sur différents types d'ententes qui pourraient
prévaloir avec les municipalités, on pourrait poursuivre dans ce
champ. Loin de nous l'idée de dire: On s'en désintéresse
pour les motifs que je disais. Pas du tout. Mais iI faut bien se rendre compte
que l'Image que l'on avait du fonctionnement d'une commission scolaire sur
douze mois a été légèrement modifiée
à cause de contraintes sociales avec lesquelles nous sommes d'accord
mais qui imposent tout de même aux commissions scolaires un vécu
différent de celui qu'on a déjà connu.
Mme Harel: Concernant les congés pédagogiques, vous
nous faites part, dans votre mémoire, à la page 8, qu'une
récente compilation vous permet de constater que 83 % des services de
garde demeurent en activité durant les journées
pédagogiques tandis qu'un peu moins de la moitié des services
sont offerts pendant la semaine de relâche. Notamment, je pense à
Montréal. Cette semaine de relâche se termine demain
où...
M. Péron: C'est fini.
Mme Harel: C'est fini. À Montréal, c'était
la semaine dernière.
M. Péron: À Montréal, c'était la
semaine dernière.
Mme Harel: À Québec, c'est cette semaine. Mais je
sais qu'à Montréal toutes les ressources de garde, tous les
services offerts régulièrement ont été
annulés. Il n'y en a pas qui sont restés ouverts, dans aucune
école. Est-ce que vous avez une recommandation à faire en ce qui
concerne l'ouverture, durant les journées pédagogiques et les
semaines de relâche?
Une voix: Je peux répondre à cela.
Mme Harel: II y a évidemment aussi les congés de
Noël, de Pâques et...
Le Président (M. Bélanger): Mme Lemieux.
Mme Lemieux: Oui. Par rapport à la semaine de
relâche et aux journées pédagogiques, je pense que ces
services devraient être offerts quand la demande est suffisante.
Évidemment, il y a des familles, des milieux ou des municipalités
qui organisent - je sais que cela se fait ici dans la région de
Québec des activités pour les enfants d'âge scolaire
au moment de la relâche, au mois de mars. Il faut aussi qu'il y ait le
nombre minimum d'enfants pour le faire. Il faut que la demande soit suffisante.
L'expérience que j'ai ici dans la région de Québec, je
sais qu'à la commission scolaire où je travaille les services de
garde ou, du moins, un certain nombre sont ouverts cette semaine là
où, vraiment, les parents en ont besoin. Les services sont aussi offerts
au moment des journées pédagogiques.
Pour ce qui est des congés, vous parlez des congés des
fêtes, de Noël, pour l'Instant, on n'a pas cela, parce que c'est
vraiment une période de fermeture complète. Lorsqu'on a des
journées pédagogiques, il y a du personnel dans les commissions
scolaires. Les enfants ne suivent pas de cours, mais il y a justement des
journées pédagogiques pour les enseignants. Le personnel de
soutien est dans l'école. C'est la même chose au moment de la
relâche. Les enseignants ne sont pas là, mais le personnel de
soutien est quand même à l'école alors qu'au moment de
Noêl, des fêtes, souvent, c'est une semaine de fermeture
complète de la commission scolaire. Tout le monde a congé. Je ne
veux pas dire par là que cela ne peut pas se faire et qu'on ne peut pas
penser à ces choses.
Le milieu scolaire est un milieu qui a évolué
énormément ces dernières années, mais il y a des
portes qui se franchissent plus lentement que d'autres et il faut laisser le
temps aux gens d'apprivoiser cette nouvelle façon de faire. Il y a des
expériences qui se font, surtout dans les milieux urbains où les
besoins sont peut-être plus criants. Ces expériences se
transmettent petit à petit dans d'autres milieux. Bien sûr, ce
n'est pas parfait. On ne répond peut-être pas à tous les
besoins, mais je pense qu'on répond à un certain nombre de
besoins. Ce qu'on peut souhaiter, c'est qu'on ait les moyens de poursuivre ce
cheminement.
Mme Harel: Juste avant que M. Péron nous transmette son
commentaire, croyez-vous, Mme Lemieux, que la commission scolaire est tenue
d'offrir un tel service lorsque les parents le demandent, lorsqu'il y a une
demande des parents pour un tel service?
Mme Lemieux: Je pense que l'on doit offrir ce service lorsque la
demande est suffisante. S'il y a cinq parents dans une école qui sont
prêts à entrer selon les règles - en fait, je ne suis pas
tout à fait familière, mais ce sont deux périodes par jour
de façon régulière - je pense qu'elles le devraient mais,
comme je vous dis, les commissions scolaires ne sont peut-être pas toutes
rendues au point où elles se donnent une politique de services de garde.
Je sais qu'il y a des commissions scolaires qui se sont donné des
règles de jeu assez serrées de ce côté-là
pour assurer d'une façon tout à fait rigoureuse des services de
garde. Il y a toujours le problème des locaux. Il y a des commissions
scolaires qui sont en pleine expansion et elles n'ont pas de local disponible.
M. le ministre de l'Éducation, tout à l'heure, disait qu'il est
possible, à un moment donné, que les gens trouvent d'autres
moyens. Je pense que c'est la pression du milieu et la demande qui vont faire
que les élus vont trouver des moyens, à un moment donné,
pour le faire.
Mme Harel: Mme la ministre avait mis sur pied un comité
consultatif sur les services de garde à l'enfance en 1986, je crois, et
qui a remis son rapport en juin 1987. On l'a appelé ensuite le
comité Presser. C'est bien cela? Le comité consultatif
recommandait qu'une étude soit réalisée par l'Office des
services de garde en collaboration avec les commissions scolaires afin de
connaître les raisons de la faible participation des commissions
scolaires dans les services de garde et, éventuellement, d'instaurer des
mécanismes et des subventions pour Inciter ces dernières à
s'engager dans les services de garde. C'était là une des
recommandations du comité consultatif qui a rendu son rapport en juin
1987. Pensez-vous qu'une telle étude portant sur les mécanismes
et les subventions qui pourraient inciter les commissions scolaires à
participer aux services de garde serait souhaitable?
M. Péron: II y a une étude, madame, qui a
été faite. Je ne sais pas s'y s'agit de celle-là. On sait
qu'une étude a été entreprise à l'été
de 1988 pour certaines clientèles en particulier et Il y en a eu
d'autres même avant Vous vous demandiez tout à l'heure pourquoi
certaines commissions scolaires ne se sont pas dotées de services de
garde. Il existe certaines raisons. D'abord, il y a l'absence de demande de la
part des parents. C'est le premier facteur invoqué. Ensuite, il y a le
transport par autobus scolaire de la majorité des élèves.
Cela est un autre facteur restrictif. L'incapacité d'obtenir le nombre
minimal d'élèves requis pour avoir droit aux subventions. Il y a
aussi le manque de locaux disponibles. Je pense que dans toute cette question
il faut éviter de faire trop de dirigisme. Il faut permettre aux gens de
s'exprimer à ce sujet et permettre aussi de faire certaines
expérimentations complémentaires pour voir ce qui serait le plus
souhaitable pour chacun, et éviter de légiférer de
façon hâtive en ayant un modèle unique peut-être,
mais de permettre à chacun de s'exprimer. C'est le but,
évidemment, des commissions parlementaires. Les gens sont un peu
hésitants. Il y a des ressources qui sont révélés,
qui sont méconnues. Je pense qu'il y aurait lieu de publiciser toute
cette question de garde. Vous savez, vous heurtez un peu une philosophie de
société. Quand on touche à cela, c'est toujours
très délicat. Il faut se hâter lentement, je pourrais dire,
parce qu'il y a un besoin, c'est sûr.
Mme Harel: II y a un besoin qui n'est pas satisfait de garde
scolaire.
M. Péron: C'est cela.
Mme Harel: Les parents expriment une préférence
pour la garde scolaire, en milieu scolaire, pour leurs enfants d'âge
scolaire.
M. Péron: Oui. Les commissions scolaires,
madame, sont d'accord, mais nous ne pouvons pas priver d'autres enfants
de services, à cause de ceux-là. On a une enveloppe
budgétaire malheureusement restreinte et il y a des priorités
à observer. Je pense qu'on est rendus là. C'est un choix de
société. Comme vous savez, ce projet de loi est à la
charge des parents. Alors, de l'un ou de l'autre, c'est évidemment une
responsabilité politique à assumer. Ou l'on finance les
commissions scolaires, et cela ne coûte pas cher aux parents, ou on ne
les finance pas, et cela coûte très cher aux parents. À ce
moment-là, on fait un choix. Il y a un besoin, mais il faut se
hâter lentement. Il faut prendre toutes les mesures nécessaires,
faire toutes les études qui doivent être faites parce que,
évidemment, quand on implante une nouvelle loi, c'est pour plusieurs
années. Et il y a des conséquences sur le plan de notre
société elle-même. C'est extrêmement important.
M. Paradis (Fernand): Si vous permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Paradis, ]e vous en
prie.
M. Paradis (Fernand): Dépendant du point de
référence que nous avons, on peut juger que ce qui est fait
actuellement est insuffisant. Mais si on prend comme point de
référence l'année 1987 et qu'on regarde l'évolution
depuis ce temps, c'est-à-dire en l'espace de dix, onze ou douze ans, iI
y a eu des progrès appréciables et également un
ajustement, de la part des commissions scolaires, qui n'est pas
négligeable. De plus, il y a des pistes d'avenir qui sont actuellement
examinées. Ce que l'on sent chez les commissions scolaires, ce n'est pas
un refus de s'y aventurer, bien au contraire, mais d'y aller, compte tenu d'un
contexte à la fois économique, social et d'organisation scolaire
en matière de locaux, et le reste, qui n'est pas négligeable.
Je voudrais apporter un autre élément qui m'apparaît
aussi très prometteur. C'est que la fédération, au cours
de ses enquêtes auprès de ses membres, cherche à
connaître quelles sont les préoccupations majeures. Et ces
préoccupations on les transpose, soit dans des dossiers prioritaires, ou
encore dans des actions importantes. Il est à souligner que la
Fédération des commissions scolaires tient son congrès
à tous les deux ans, et notre prochain congrès aura lieu à
la fin de mai 1989, et le congrès a comme thème "Les
réalités familiales". On attend 1500 participants, cela peut
aller jusqu'à 2000 participants, commissaires d'écoles,
directeurs généraux qui s'y joignent. C'est un lieu
extraordinaire pour reprendre, réexaminer ces réalités qui
confrontent l'école et ensemble tracer des solutions d'avenir,
peut-être pas pour le très court terme: le mois de septembre
à venir, mais pour dans un, deux ou trois ans, et en même temps
pour avoir la possibilité de remettre en cause des conceptions qui ne
sont peut-être plus ajustées aux réalités
actuelles.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Si
vous voulez remercier nos Invités.
Mme Harel: Oui, M. le Président, je vous remercie de me
donner l'occasion de leur dire que c'est évidemment en étant le
plus ajustés aux changements, et vous en parlez dans votre
mémoire... Il est succint, mais à point, je pense. Vous dites
qu'il y a eu des bouleversements des structures familiales et avec raison. Vous
parliez de 1977; le taux d'activité des mères d'enfants a
doublé en dix ans. C'est un phénomène social inimaginable:
il est de 34 % en 1976 et de 60 % en 1986. Et iI est encore en progression, et
surtout dans le cas des mères d'enfants de moins de trois ans. imaginez,
90 % de progression. Il y a là des bouleversements dans notre
société qu'on ne pouvait imaginer. J'ai été la
première surprise de constater que le tiers des naissances en 1988
était hors mariage. Je ne sais pas si vous avez pris connaissance de
cette statistique du Bureau de la statistique du Québec. Enfin, tout
cela pour dire qu'on est en pleine effervescence, et autant il faut avoir la
capacité, autant II faut peut-être mettre le cap sur ce que vous
nous dites: la petite enfance. C'est l'époque la plus Importante de la
vie. J'espère que toute la société aura le goût
d'investir dans la petite enfance. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député d'ArgenteuIl, si vous voulez remercier nos
Invités.
M. Ryan: Oui, avec plaisir. J'écoutais avec beaucoup
d'intérêt les explications que les représentants de la
fédération ont apportées sur différents aspects de
ce mémoire qu'ils ont présenté. Je voudrais donner
l'assurance qu'en ce qui touche le ministère de l'Éducation nous
entendons poursuivre le mouvement de développement
accéléré des services de garde en milieu scolaire au cours
des prochaines années. J'espère bien que nous pourrons continuer
sur la lancée qui a été instituée depuis quatre
ans, et nous allons continuer de le faire en collaboration avec les commissions
scolaires. Je pense que Mme la ministre déléguée à
la Condition féminine peut témoigner que, dans la
préparation de son énoncé de politique, nous avons
veillé à ce que la responsabilité propre des commissions
scolaires soit clairement affirmée, en même temps que nous
travaillions à leur donner des pouvoirs élargis dans la loi 1071
Ha, ha, ha!
M. Péron: Je n'entends pas ce côté-là,
monsieur.
M. Ryan: Des pouvoirs dont vous découvrirez les
implications. À mesure que la loi s'appliquera, évidemment, en
matière pédagogique,
je pense que nous serons de plus en plus d'accord qu'il y a des
améliorations considérables. Mais en tout cas, en ce qui touche
les services de garde, je suis bien content de voir le climat de collaboration
qui a présidé à notre échange et nous allons voir
à le maintenir. Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, notre discussion a été
très intéressante. M. Péron, tout à l'heure, vous
avez bien exprimé ma pensée lorsque vous mentionniez qu'il ne
s'agit pas de tout fracasser, même si on connaît les besoins et si
on sait qu'ils sont urgents. Je pense qu'il faut s'adapter à ces
nouvelles réalités, il faut le faire ensemble, et je pense qu'on
a quand même... Il faut trouver des mesures novatrices et travailler pour
répondre aux véritables besoins. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission
des affaires sociales remercie la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec et invite à la table la
commission scolaire des Mille-Îles. Alors, pour les fins de transition,
nous suspendons nos travaux pendant deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 25)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
je demanderais à chacun et à chacune de bien vouloir reprendre sa
place afin que nous puissions reprendre nos travaux et procéder à
l'audition de la présentation de la commission scolaire des
Mille-Îles.
S'il vous plaît, je demanderais à chacun de reprendre sa
place, chacun et chacune. S'il vous plaît! Merci.
Nous recevons présentement la commission scolaire des
Milles-Îles. Il me fait plaisir de vous saluer en tant que
représentant du comté de Laval. Je me permets cette petite
dérogation au protocole. On le peut, madame, oui, et vous souhaiter la
bienvenue et vous informer un petit peu...
Une voix: C'est non partisan.
Le Président (M. Bélanger): C'est non partisan,
effectivement, c'est entre amis, il n'y a pas de problème. Alors, je
veux vous souhaiter la bienvenue et vous expliquer un peu nos règles de
procédure. Vous avez un maximum de 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire ou de votre point de vue et il y
aura une période de discussion d'environ une quarantaine de minutes avec
les parlementaires. Avant de procéder à la présentation de
votre mémoire, j'aimerais que vous identifiiez vos porte-parole et que
ces derniers, à chaque fois qu'ils auront à répondre
à des questions, s'identifient, ceci pour les fins de la transcription
au Journal des débats, pour que ce soit le plus fidèle possible
et lui éviter beaucoup de travail. Je vous invite donc à
procéder, s'y vous plaît. Merci.
Commission scolaire des Mile-Îles
M. Bouliane (Jacques): Je vous remercie, M. le Président.
Je suis Jacques Bouliane, le président de la commission scolaire des
Mille-Îles. À ma gauche, il y a M. Claude Potvin qui est le
directeur général de la commission scolaire et, à ma
droite, il y a Mme Louise Villeneuve qui est le cadre responsable des services
à l'élève à notre commission scolaire. Alors,
mesdames et messieurs les députés, je vous remercie beaucoup
d'avoir permis à la commission scolaire des Mille-Îles de
présenter, de faire valoir ses vues sur votre énoncé de
politique sur les services de garde à l'enfance.
Il peut sembler étonnant à première vue qu'une
commission scolaire se prononce sur un énoncé de politique
relatif aux services de garde. Pourtant, il n'en est rien. En effet, depuis
déjà sept ans, la commission scolaire des Milles-Îles offre
à sa clientèle étudiante le service de garde en milieu
scolaire. Nous hébergeons également les services de garde en
garderie dans certaines de nos écoles. À cet égard, nous
sommes fiers d'avoir été parmi les premières commissions
scolaires à profiter de ce programme gouvernemental.
La situation actuelle des services de garde de notre commission scolaire
est la suivante. Des services de garde en milieu scolaire sont offerts dans 15
de nos 26 écoles. Il faut comprendre, par ailleurs, que certaines de nos
écoles n'ont pas à offrir de services de garde, soit parce que ce
sont des écoles très spécialisées ou des
phénomènes comme ceux-là. D'autre part, ces 15
écoles offrent le service à 1000 élèves sur une
base régulière mais à cela il faut ajouter 500
élèves qui en profitent également sur une base à
temps partiel.
Les services de garde sont dispensés chez nous,
évidemment, pendant l'année scolaire. Toutes nos écoles
qui offrent des services de garde les offrent lors des journées
pédagogiques. D'autre part, pendant les vacances des fêtes, 2 de
nos 15 écoles offrent le service de garde. Pendant les vacances de
février, 10 de nos écoles, sur les 15, offrent le service, mais
lors des autres congés 5 de nos écoles offrent le service. Par
ailleurs, l'été dernier, nous avons profité du programme
expérimental que le gouvernement a offert pour offrir des services de
garde estivale et 2 de nos écoles s'en sont prévalues.
Cela fait un peu le tour, le bilan de ce que nous offrons à notre
commission scolaire en termes de service de garde. Par ailleurs, nous
avons cédé du terrain à une garderie sans but
lucratif pour lui permettre de construire une garderie offrant des services en
garderie sur un terrain tout à fait contigu à notre école.
Nous nous apprêtons à faire la même chose pour une autre
corporation. Donc, comme vous pouvez le constater, la commission scolaire des
Mille-Îles n'hésite pas à prendre les devants et croit
fermement à la nécessité d'offrir des services de garde en
milieu scolaire. Les quelques données qui précèdent en
sont, Je pense, une démonstration éloquente.
La commission scolaire croit également à la
nécessité d'améliorer ses services en offrant un nombre
supplémentaire de places et en en augmentant le financement, tant celui
des subventions de démarrage que celui des subventions de
fonctionnement. Donc, la commission scolaire des Mille-Îles souscrit
entièrement aux énoncés qu'on retrouve aux pages 34 et 35
de l'énoncé de politique, à savoir: Le gouvernement entend
promouvoir le développement des services de garde en milieu scolaire en
créant 16 335 nouvelles places au cours des trois premières
années d'application de la politique, en favorisant l'utilisation de
locaux déjà en place dans les écoles pour l'implantation
des services de garde, en permettant aux commissions scolaires de
prévoir, lors de la construction ou du réaménagement
majeur d'écoles, un local pour les services de garde - un budget annuel
de l'ordre de 3 900 000 $ sera alloué à ce chapitre - et en
permettant aux commissions scolaires, dans la mesure où les ressources
financières le permettront, d'élargir l'offre des services de
garde en milieu scolaire aux congés durant l'année scolaire.
Ces énoncés d'intention, pour nous, sont très
Intéressants. Toutefois, nous n'y croyons pas. Nous ne croyons pas que
cela puisse se réaliser, du moins chez nous. Si nous n'y croyons pas
c'est qu'un autre ministère du même gouvernement ne semble pas y
croire. En effet, le ministère de l'Éducation, dans son
Instruction AG-57-88-16 datée du 1er juillet 1988 et qui a pour titre
"Gestion des équipements" et pour sujet "Procédures relatives aux
demandes de projet d'ajouts d'espace" précise en page 9 que: "La
présence de locaux de garderie aménagés dans les locaux de
l'école ne doit pas entraîner une diminution de la capacité
d'accueil des écoles du territoire de la commission scolaire
présentant une demande d'ajouts d'espace. Par contre, si des services de
garderie ont été ajoutés sans modifier la capacité
d'accueil à l'école, ils ne doivent pas être
récupérés à des fins scolaires". En clair, cela
signifie qu'avant d'accorder un agrandissement ou une construction
d'école II faut fermer toutes les garderies qui utilisent des locaux de
classes. D'ailleurs, nous sommes actuellement en situation d'expansion et nous
avons validé cette interprétation auprès de la direction
régionale du ministère de l'Éducation qui traite nos
demandes. C'est notre cas. Nous augmentons notre clientèle
étudiante d'environ 400 élèves par année. C'est
l'équivalent d'une école. Il ne nous reste presque plus de place
dans nos locaux. Bien sûr, la directive que je viens de vous lire ne vise
que les commissions scolaires en augmentation de clientèle. Il n'en
reste pas moins que chez nous cela nous obligera à fermer le plus grand
nombre de nos garderies puisqu'elles utilisent des locaux de classe. Douze
locaux de classe sont actuellement utilisés par des services de garde
dans nos différentes écoles, ce qui représente 348
places-élèves, ce qui représente donc l'équivalent
d'une école. De plus, cette situation provoque forcément des
tiraillements à l'intérieur du milieu. J'en ai pour preuve que
dans une école, à Vimont, école Le Sentier, le
comité d'école est en guerre ouverte avec le conseil
d'administration de la garderie pour déterminer qui va utiliser le local
qui reste. Est-ce que cela va être des maternelles, donc du
préscolaire, ou est-ce que ce sera des locaux de garderie qui existent
déjà? On prévoit, mercredi prochain, lors de notre conseil
des commissaires, avoir à trancher cette question. Est-ce qu'on devra
fermer la garderie qui fonctionne de jour pour y loger notre maternelle?
Voilà le genre de problématique dans laquelle on se retrouve
coincé. Le résultat normal de l'augmentation aussi forte de notre
clientèle, par ailleurs, c'est que nous avons une augmentation
proportionnelle du besoin de places en garderie. Si on augmente le nombre
d'élèves de 400 par année, on a forcément besoin de
80 places supplémentaires en garderie sur notre territoire et on aura
besoin de locaux, s'il y a 70 % de notre clientèle qui fréquente
les garderies.
Alors, vous comprendrez qu'on s'interroge sérieusement sur la
cohérence du gouvernement qui dit vouloir créer 16 335 nouvelles
places en garderie scolaire et accorder 3 900 000 $ pour construire ces places
et qui, d'autre part, nous dit dans une autre directive: Fermez vos garderies
si vous voulez l'agrandissement de vos écoles. Avant de créer de
nouvelles places, il faudrait peut-être songer à conserver et
à renforcer celles qu'on a déjà. Croyez bien que c'est
parce qu'on croit fermement à la nécessité de garderies en
milieu scolaire que nous devons dénoncer cette incohérence.
D'ailleurs, tantôt, quand j'entendais les représentants de la
fédération des commissions scolaires dire qu'il faut se
hâter lentement, moi, en arrière, j'avais plutôt le
goût de dire: II faut se hâter, point; ça presse, le besoin
est là et on y croit.
Par conséquent, nous devons demander au gouvernement d'ajuster
ses directives administratives à ses énoncés de politique.
Ce faisant, il contribuera très certainement à améliorer
de façon sensible les services de garde en milieu scolaire qui sont
très intimement liés à la mission éducative de
l'école. En dernière analyse, la réalité sociale ne
peut que dicter une cohérence que tous souhaitent.
Il y a un deuxième aspect au problème des
locaux, c'est celui des garderies qui n'ont pas de locaux à
elles, c'est-à-dire des garderies que j'appellerais flottantes dans
l'école. L'école ne dispose pas d'un local à consentir aux
garderies, de telle sorte que les garderies se promènent du local
réservé à la musique au local réservé
à l'art plastique, au gymnase, etc., puis on essaie de coordonner tout
ça. Cela crée tellement de difficultés qu'on ne peut
offrir des services de qualité et, évidemment, cela limite
considérablement l'expansion qu'elles peuvent prendre.
D'autre part, d'autres garderies qui voudraient bien voir le jour ne
peuvent le faire, faute d'espace. Hier après-midi, s'il n'y a pas
d'erreur - et Mme Villeneuve pourra me corriger - la directrice d'une de nos
écoles, l'école Le Carrefour, à Lorraine, qui voulait
instaurer un service de garde avec les parents, lui disait: Non seulement ne
sommes-nous pas sûrs de pouvoir le mettre sur pied, mais nous n'avons pas
de place pour les loger.
À la commission scolaire des Mille-Îles, nous croyons aux
garderies et nous y tenons et, quand nous disons nous, il s'agit autant des
commissaires d'écoles, des cadres scolaires que des parents. Et, si nous
y croyons, c'est parce que le besoin est là et que cela nous permet de
faire de la prévention. Nous avons, sur notre territoire, des milieux
reconnus comme zones grises sur le plan social et dans lesquelles nous
pourrions, avec des services plus adéquats, faire davantage de
prévention à l'aide de garderies. Au rythme où vont les
choses, nous devrons, malgré notre intention, soit fermer, soit faire
vivre ces garderies dans des conditions difficiles.
En voyant la présence de M. Ryan ici cet après-midi, je
rêve soudainement l'entendre nous annoncer que la directive à
laquelle je faisais référence tantôt sera revue et que ce
paragraphe visant les garderies sera éliminé. Je pense que, pour
tous ceux qui ont à coeur la vie des garderies en milieu scolaire, elle
est impérative pour les commissions scolaires en expansion.
Bien sûr, notre mémoire a été très
pointu. Nous visons un point, celui-là, parce qu'il ne coûte pas
d'argent à la garderie comme telle. Bien sûr, cela pourra avoir
des conséquences sur l'ajout de places-élèves dans les
commissions scolaires, mais, pour nous, c'est extrêmement important. Je
vous remercie beaucoup de votre attention.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M.
Bouliane. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Nous sommes heureux de vous accueillir
à cette commission parlementaire. Permettez-moi de vous féliciter
pour le travail que vous faites auprès des parents et des enfants
également, pour tous les services que vous accordez en milieu scolaire.
Quand on pense que la moitié - vous mentionnez la moitié - de vos
écoles primaires offrent déjà des services de garderie, et
tout à l'heure vous parliez, en plus, des services que vous offrez lors
des journées pédagogiques, même des congés, des
fêtes, et ainsi de suite, cela mérite des félicitations.
J'espère qu'on pourra prendre votre commission scolaire en modèle
pour tous les autres types de service.
Maintenant, je sais que votre mémoire vise principalement une
directive du ministère de l'Éducation, et vous avez posé
une question très directe à mon collègue de
l'Éducation. Donc, M. le Président, vous permettrez que je
cède mon droit de parole à M. Ryan, mon collègue, pour
qu'H puisse répondre à cette question qui lui a été
posée, et je reviendrai.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Argenteuil, ministre de l'Éducation et de toutes
les autres choses! On attend la réponse, M. Ryan, vous savez!
M. Ryan: Je suis embarrassé, non pas parce que et M.
Bouliane et ses collaborateurs sont à la table des témoins, mais
parce que j'ai le député de Mille-Îles à ma
droite.
Une voix: De Fabre.
M. Ryan: Excusez! Je ne peux pas dire des choses trop dures pour
la commission scolaire, parce que je vais déplaire au
député. Je vais être aussi aimable que possible, comme
d'habitude!
Tout d'abord, je constate avec plaisir l'essor qu'ont connu chez vous
les services de garde, beaucoup d'autres initiatives intéressantes qui
ont été prises par votre commission scolaire aussi, dont nous
avons eu l'occasion de parler à plusieurs reprises.
Je voudrais peut-être en venir tout de suite au point que vous
avez soulevé, relatif aux règles qui président la prise de
décision en matière d'ajouts d'espaces. Il y a une chose que je
voudrais clarifier, tout d'abord. En ce qui touche le financement de base des
commissions scolaires, je pense que vous le donniez à l'état plus
ou moins implicite dans votre mémoire, ce facteur n'a pas d'importance.
Il peut arriver, dans une école, qu'on ait un endroit
réservé pour un service de garde et que cela fasse une superficie
plus grande que celle autorisée dans les règles
budgétaires; cela ne change rien, parce qu'on établit la surface
totale, pour la commission scolaire, on divise par le nombre de mètres
carrés autorisé pour chaque élève, alors le reste
de l'espace, on n'interdit pas de l'utiliser. Je pense que de ce
côté il n'y à pas de problème. C'est quand il s'agit
des... Alors, pour les budgets de fonctionnement, il y a quand même
ça de pris, on a une grande latitude.
En ce qui touche les ajouts d'espaces, le texte est là, je ne
peux pas le contester. Je vais y revenir un petit peu plus tard, I ne faut pas
l'aborder de front, non plus! Je voudrais vous donner, tout d'abord, des faits
qui vont atténuer
la portée du problème. Nous avons fait une enquête
auprès d'à peu près 90 commissions scolaires, au cours des
derniers mois, pour savoir où en sont les services de garde dans les
commissions scolaires. Dans le rapport de l'enquête qu'on m'a remis ces
jours-ci, Je trouve le passage suivant: "Un total de 22 commissions scolaires
disent avoir déjà fermé un service de garde depuis 1985 -
c'est-à-dire depuis 4 ans - Parmi ces commissions scolaires, 15 ont
fermé au moins un service de garde, 2 en ont fermé 2, 4 en ont
fermé 3 et une commission scolaire en a fermé 9." C'est une
commission scolaire dans la région de l'Outaouais.
Nous demandions la raison qui a entraîné ces fermetures et,
d'après les commissions scolaires qui nous ont répondu, la
principale raison était l'insuffisance de l'inscription, du nombre
d'enfants réguliers. Je pense que cela se relie à ce que je
disais tantôt; au sujet des budgets de fonctionnement, il n'y a pas de
problème. Ceci Indique aussi que nous n'aurions pas agi de
manière tellement étroite avec les commissions scolaires que,
devant un besoin d'ajout d'espaces qui n'aurait été
justifié que par ce facteur, on aurait dit: Fermez votre garderie,
autrement, vous n'aurez rien. Chaque année, nous examinons... L'an
dernier, nous avons examiné à peu près 200 projets
d'agrandissement, de réaménagement ou même de construction
nouvelle d'écoles. Quand un projet nous est soumis, nous faisons une
étude exhaustive - vous connaissez la méthode qui préside
à cette étude - nous établissons les prévisions de
besoins places-élèves pour les cinq prochaines années s'il
s'agit d'une école primaire, pour les dix années à venir
s'il s'agit d'une école secondaire, et il y a beaucoup de facteurs qui
entrent là-dedans, il n'y a pas seulement une considération aussi
étroite que celle que vous Indiquez. Et je ne pense pas que vous seriez
réduit à des décisions aussi brutales que celles dont vous
parliez tantôt. Dans une logique purement abstraite, oui, mais pas dans
la logique qui préside à nos décisions. (16 h 45)
Je vous donne un exemple. C'est marqué dans les règles que
vous avez lues que, là où il est question d'un gymnase, il ne
doit pas y en avoir. L'an dernier, moi j'ai autorisé au moins une
quinzaine de projets où il y avait l'ajout d'un gymnase. Je me dis:
Quand tu répares l'école, la salle est placée en plein
milieu de l'école et elle ne convient pas, pour aucune fin. On va la
remplacer. Qu'est-ce qu'on va mettre à la place? On ne mettra pas une
salle comme on faisait dans les années trente. On met un gymnase. Les
gens disent: Ce n'était pas supposé. Bien non. Il est là
pareil. C'est ça qui compte.
De ce point de vue, on n'interprète pas les règles de
manière étroite, mais de manière souple. Vous autres
mêmes vous avez des problèmes que vous nous soumettrez
prochainement. On va les examiner avec ouverture et on ne vous renverra
sûrement pas... Cela me fait penser des fois quand on fait des chicanes
de doctrine, on prend un passage d'un auteur et on l'isole de tout le contexte.
Le passage en lui-même est condamnable, à n'en point douter. Quand
on le situe dans l'ensemble, des fois c'est un des meilleurs passages de tout
l'ouvrage. Je ne prétends pas que ce soit le cas de l'article que vous
nous avez cité, mais je veux vous dire qu'on examine ça avec
sympathie. S'il y avait lieu - Je prends quand même note de ce que vous
avez dit - de reformuler cette partie du texte de manière qu'il dise
plus exactement ce que le ministre actuel souhaiterait qu'il dise, on le
remaniera. De ce point de vue, je pense que votre suggestion est très
pertinente.
Encore une fois, si ma version des faits n'est pas correcte... Et
peut-être que dans votre cas, parce que vous n'auriez pas fait valoir vos
besoins d'une manière aussi complète qu'il eut fallu,
peut-être qu'il y a eu des conséquences comme celles que vous
redoutez. Dans l'ensemble du territoire, je ne ponse pas. Cela ne veut pas dire
qu'il faut garder le texte là, encore une fois, mais je pense que les
dégâts ont été très circonscrits
jusqu'à maintenant. Encore une fois, on va bien souvent au-delà
de la lettre.
Le Président (M. Bélanger): M. Bouliane.
M. Bouliane: Merci, M. le Président. M. Ryan, je voudrais
être quand même assez clair. Les relations que nous avons avec le
ministère de l'Éducation sont absolument excellentes. On a
réussi à négocier des choses d'une façon
extrêmement satisfaisante. Il n'en reste pas moins que lorsque le
directeur régional nous interprète la règle que j'ai
citée In extenso, je dois, moi, prévoir que c'est le directeur
régional qui fait au ministre de l'Éducation des recommandations.
Je dois composer avec ça. Dans la même directive, un autre
paragraphe qui nous Inquiète beaucoup. C'est ce qui touche à
l'éducation des adultes. On ne doit pas comptabiliser l'espace
prévu pour l'éducation des adultes. Cela nous cause aussi
énormément de problèmes.
Lorsqu'on transige avec vos collaborateurs Immédiats, on
réussit à trouver cette souplesse. Mais il n'en reste pas moins
que la règle est là et qu'elle existe bel et bien. D'autre part,
lorsque vous dites que les services de garde ferment par manque d'Inscriptions,
effectivement, je n'ai pas de données là-dessus. Cela
m'étonnerait que cela ait été le cas à la
commission scolaire. Nous avons, chez nous, ouvert des services de garde en
milieu scolaire au point de départ pour quatre ou cinq
élèves seulement, étant convaincus que le service
étant là, au bout d'un an, deux ans, trois ans, les gens en
profiteraient. C'est exactement ça qui s'est produit. On l'a
supporté à bout de bras avec trois, quatre, cinq
élèves et, au bout d'un certain temps, le service est
arrivé.
Pour terminer là-dessus, vous dites: II
faudrait peut-être revoir le texte pour lui faire dire exactement
ce que le ministre de l'Éducation veut dire. Est-ce que je peux me
permettre de demander au ministre de l'Éducation ce qu'il veut dire
exactement sur ce point?
M. Ryan: Je vais dire ce que je vous al dit tantôt. C'est
que, quand nous prenons une décision sur un besoin d'ajout de
places-élèves, nous examinons l'ensemble de la situation. Nous ne
motivons jamais une décision uniquement d'après un facteur comme
celui-ci. D'ailleurs, ce facteur est tellement limité dans l'ensemble de
la considération des besoins d'espace d'une commission scolaire ou d'une
école que, s'il y avait un problème, II se réglerait
facilement entre les deux parties, par la voie de la négociation. C'est
ça que je veux dire. Si l'on peut mettre un peu plus de souplesse dans
la formulation, je pense que cela peut se faire sans difficulté. On va
l'examiner. On va en parler avec la Fédération des commissions
scolaires et avec vous, si vous le voulez, on peut poursuivre la discussion
là-dessus. Je vais demander à nos services de se mettre au
travail sur ce point-là. Je pense qu'on peut arriver à une
amélioration notable de la lettre. Parce que l'esprit n'est pas du tout
dans ce sens-là, encore une fois. Au contraire, nous faisons tout pour
en venir, avec des commissions scolaires qui nous soumettent des projets,
à une approche un peu plus large qui tient compte de ce qui va arriver
dans cinq ans et dans dix ans. C'est ça qui est important pour les
espaces scolaires. Ce n'est pas la question de savoir s'il y a un petit local
qui crée un problème ici ou là. Mais j'admets avec vous
que la première interprétation qui peut vous être
donnée... J'ai bien aimé ce que vous avez dit, que la
première fois que notre directeur régional réagit c'est
négatif. Il fait pareil avec moi dans Argenteuil.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mais la deuxième et la troisième fois, il
est très souple.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): C'est le ministre qui
lui parle entre-temps, non? Ha, ha, ha!
M. Ryan: Non, mais je parle à propos de toutes les
commissions scolaires parce que c'est la grande région
Laval-Laurentides-Lanaudière qui compte une trentaine de commissions
scolaires au moins et...
M. Bouliane: M. Potvin...
M. Ryan: Je suis bien content que vous l'ayez soulevé.
M. Bouiiane: ...aurait un commentaire à ajouter
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Potvin (Claude): S'il vous plaît, M. le
Président. Je conviens qu'on réussit à s'entendre avec les
officiers du ministère, sauf qu'au moment où l'on établit
la capacité d'accuel de chacune de nos écoles ce sont un peu les
milieux qu'on agresse. C'est-à-dire que nos documents sont publics. On
détermine la capacité d'accuel et là les gens se disent:
Comment se fait-il que vous mettez tant d'élèves dans notre
école? Qu'est-ce que vous faites de notre local de garderie? Et
là, au lieu de s'unir avec les gens de notre milieu, on a l'impression
de se battre contre eux et c'est ça qui devient fatigant dans un dossier
comme celui-là quand on est en période d'accroissement de
clientèle.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Il reste une
minute, Mme la ministre. Bien. Alors, Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président, je vous remercie. Il me
fait plaisir de vous accueillir M. Bouliane, Mme Villeneuve et M. Potvin. Nous
avons eu l'occasion de recevoir les représentants de la ville de Laval
qui ont présenté de façon assez remarquable un
mémoire qui permettait de prendre le pouls de l'intérêt que
l'ensemble du milieu lavallois manifeste pour toute cette question de la petite
enfance et des services à la petite enfance.
Je dois vous dire que c'est la première fois ou presque - parce
que je n'ai pas habituellement de dossiers qui m'amènent à
siéger en présence du ministre de l'Éducation... Et c'est
la première fois que je vois ainsi énoncée la règle
voulant qu'une règle soit faite pour être détournée.
Je me demandais... Évidemment, j'avais lu, ce matin, je crois - ou hier,
c'est hier, oui c'est ça - sous la plume de Martine Corrivault, un
editorial sur la règle du 30 septembre concernant l'admission à
l'école, qui elle aussi m'a l'air de bénéficier de la
même Interprétation. C'est la même règle
d'interprétation. C'est une interprétation large. C'est, comme
diraient les tribunaux, l'intention du législateur qui compte plus que
la rédaction. Je pense que M. Potvin a raison. Cela pose des
problèmes. Qu'est-ce que vous allez dire? C'est l'école
Sainte-Thérèse la semaine prochaine. Qu'est-ce que vous allez
leur dire? Comment allez-vous interpréter l'interprétation du
ministre?
M. Bouliane: Est-ce que je peux avoir quelques jours pour y
penser? Le consel a lieu mercredi prochain.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: On peut vous envoyer les galées si vous le
voulez. Au Journal des débats tout est enregistré mot à
mot. Mais je ne sais pas. Écoutez, autant il faut beaucoup de
souplesse
dans la gestion de la chose publique, autant II faut aussi se rendre
compte qu'il peut y avoir des effets pervers. Je regardais notamment la
règle de la dérogation quant à l'âge d'admission;
cela révèle que les dérogations vont surtout vers les
commissions scolaires d'un milieu à l'aise où vivent des familles
mieux informées. Cela ne veut pas dire que le ministre a un parti pris
pour ces familles mieux informées de commissions scolaires à
l'aise, ou l'inverse. Oui c'est ça, des familles mieux Informées
de milieux à l'aise. Mais c'est que c'est une règle à la
personne, à l'individu à la tête qui finit par donner cet
effet-là. Et la question est: Quel effet donne une règle comme
celle-là? L'effet que cela me donne c'est que le service de garde en
milieu scolaire n'est pas vraiment intégré à la vie de
l'école. Quand on peut se le permettre, on se l'offre mais il y a
d'autres choses qui passent avant. Il me semble que c'est la seule
Interprétation. Je ne sais pas si vous la partagez ou si vous avez une
opinion sur cette règle d'interprétation.
M. Bouliane: II faut dire que cette règle
d'interprétation, on l'a vraiment découverte dernièrement
puisqu'on avait à monter des dossiers pour obtenir des
places-élèves supplémentaires. En ce qui nous concerne, on
essaie de faire tout ce qu'on peut et je pense qu'on réussit assez bien
à faire en sorte que les services de garde soient véritablement
Intégrés à la vie de l'école. Quand je parlais de
garderies qui fonctionnaient le jour, ce sont des garderies qui desservent
essentiellement les élèves du préscolaire qui
fréquentent l'école une demi-journée, et la garderie
l'autre demi-journée. On essaie de faire en sorte qu'il y ait une
continuité dans l'administration de la garderie, entre la direction de
l'école et les usagers de la garderie. On essaie de donner de
l'importance au conseil d'administration et de faire comprendre aux directions
d'école qu'elles ont tout intérêt à ce qu'il y ait
dans leur milieu une garderie. Donc, on essaie de faire que la garderie soit
vraiment un service intégré à l'école. C'est clair
qu'on rencontre des difficultés à cause de nos problèmes
de places-élèves. Je ne peux pas nier que les parents ont souvent
la perception que, s'il y a quelque chose à sacrifier, ce doivent
être les services de garderie. C'est clair que c'est la perception que
les parents en ont.
Mme Harel: ...est un droit, c'est-à-dire que c'est une
obligation en retour. Le service de garde est encore considéré
comme un privilège, d'unie certaine façon. Ce n'est pas un droit
aussi reconnu que celui de l'éducation gratuite, je pense bien. Il ne
s'agit pas du tout de souscrire à cet énoncé, mais de le
constater. Là, vous allez avoir à arbitrer, à jouer
peut-être le Salomon, c'est ça, entre le comité de parents
et le conseil d'administration.
M. Bouliane: C'est clair que c'est ce qu'on aura à faire,
mercredi prochain. À moins que, bien sûr, le milieu nous trouve
une solution, ce qui est parfaitement possible. À ce moment-là,
ce qu'on risque d'être obligé de faire, c'est d'Investir 30 000 $,
40 000 $ ou 50 000 $ pour transformer des locaux afin de satisfaire tout le
monde.
Mme Harel: Je pense que le ministre vous a dit qu'il n'allait pas
jouer au Ponce Pilate, alors qu'il allait... Je pense, en fait, je ne le sais
pas, ce n'est peut-être pas la bonne interprétation, mais je le
crois.
Je pense qu'il y a une question de fond. Vous l'avez soulevée et
elle restera posée. C'est un grand morceau béant qui devra
recevoir une attention particulière. Je ne pense pas qu'une règle
comme celle qui est énoncée, puisse rester sans que cela ne
révèle que, finalement, c'est une ressource supplémentaire
qui n'est pas vraiment intégrée à la vie de
l'école.
Je veux vous féliciter. Dans notre dossier, il y a un journal qui
s'intitule "Je choisis l'école secondaire de ma commission scolaire", la
commission scolaire des Mille-Îles; je l'ai feuilleté et je dois
vous dire que je regrettais tellement que vous ne soyez pas dans mon
quartier.
Mme Villeneuve (Louise): II n'en tient qu'à vous.
Mme Harel: Oui!
M. Joly: Madame, à ce moment-là, vous aurez
à vous prononcer.
Mme Harel: Je vais vous dire que c'est ça le
problème. C'est intéressant. Il y a un Québec qui se
dépeuple, il y a un Québec qui est en sous-développement
et il y a un Québec qui est en pleine croissance. Quand M. le ministre
nous énurnérait les 22 commissions scolaires qui ont eu à
fermer un service de garde, j'aimerais bien, géographiquement, pouvoir
les identifier et vérifier si elles ne sont pas dans les zones
Identifiées par le Conseil des affaires sociales dans son document "Deux
Québec dans un", qui nous révèle un Québec qui so
dépeuple. J'ai l'impression que ce n'est pas le cas de l'île de
Laval.
M. Bouliane: Non.
Mme Harel: Non. J'ai l'impression que vous êtes dans la
partie qui est en pleine croissance, en plein développement; vous
drainez les familles dynamiques et actives, avec de jeunes enfants, j'ai
l'impression. Vous avez le phénomène des deux parents qui ont un
taux d'activité à l'emploi. C'est le cas, j'Imagine.
M. Bouliane: Oui, c'est juste.
Mme Harel: Je vous félicite parce que c'est une
manière de faire la promotion de l'école publique. En fait, ce
n'est pas dit comme tel; je ne sais pas, mais j'imagine que c'est l'intention.
(17 heures)
M. Bouliane: Tout à fait, oui. Cela a été
distribué à toutes les portes sur notre territoire. On en a
distribué environ 29 000 copies.
Mme Harel: J'ai une question à vous poser.
L'été, pensez-vous qu'il y a trop de travaux de construction
à faire pour que le service de garde reste ouvert?
M. Bouliane: Pendant que le directeur général de la
Fédération des commissions scolaires faisait son intervention, je
songeais qu'on est habitués d'avoir notre franc-parler à la
commission scolaire des Mille-îles. Certains trouvent cela dur; des fois,
on y va un peu fort. A mon avis, il y a là des prétextes.
Écoutez, un service de garde qui offre un service à 40, 50, 60 ou
80 enfants, dans une école où il y en a habituellement 300 ou
400, si on veut le maintenir, on est capables de trouver les moyens. Je ne
pense pas qu'il y ait là un empêchement majeur. Dans des cas
très particuliers, dans des cas limites, oui, peut-être, mais si
c'est le cas, au moins, sur notre territoire, les écoles sont
suffisamment proches l'une de l'autre pour que, si on a à refaire toute
une école, on déplace le service de garde dans l'école
d'à côté pour compenser. À mon avis, il n'y a pas
vraiment d'obstacle. M. Paradis ne m'aimera peut-être pas.
Mme Harel: Une toute dernière question concernant le
programme estival. Vous l'avez essayé l'an passé. Quel
résultat cela a-t-il donné?
M. Bouliane: Je m'excuse, Mme Villeneuve...
Mme Harel: Excusez-moi! Oui, madame. Peut-être avez-vous un
commentaire, Mme Villeneuve?
Mme Villeneuve: Non, cela va.
Mme Harel: C'est à propos du programme estival.
M. Bouliane: Oui.
Mme Harel: Vous nous avez dit qu'il y avait cinq... Non,
deux.
M. Bouliane: Deux.
Mme Harel: Deux écoles sur quinze ont mené
l'expérience pilote. Qu'est-ce que cela a donné comme
résultat?
M. Bouliane: Là-dessus, je vais laisser Mme Villeneuve
répondre.
Mme Harel: Très bien.
Mme Villeneuve: Je crois que les résultats ont
effectivement été concluants, en ce sens qu'on attend ardemment
les règles. Et, cette année, le milieu espère recevoir ses
règles administratives un peu plus tôt qu'il ne les a
reçues l'an passé, afin que chacun des milieux puisse se mettre
en marche et prévoir les places et les services pour la
clientèle. Je crois qu'à tout point de vue l'expérience a
été positive et j'espère que nous verrons chez nous, dans
notre milieu, un accroissement de ce service cet été, à
l'été 1989.
Mme Harel: À quelle date aviez-vous reçu les
règles?
Mme Villeneuve: Disons que l'an passé le contexte
était peut-être différent de celui de cette année.
Mais nous avons été informés du projet expérimental
au début de juin. Nous avions, bien sûr un laps de temps
relativement serré pour produire notre projet. Même là deux
services ont quand même pu bénéficier de cette mesure.
Donc, s'il est possible que ces règles nous arrivent relativement plus
tôt cette année, il est évident que les milieux vont se
prévaloir de ce service.
Mme Harel: Le service était-il à la charge
entière des parents?
Mme Villeneuve: En plus, une allocation spéciale
était quand même donnée et c'était l'objet de la
règle administrative que nous recevions pour en faire la demande au
début de juin, ce qui a permis au milieu d'avoir une allocation et aussi
une demande aux parents.
Mme Harel: Mais l'exonération financière que les
parents reçoivent et à laquelle ils ont droit durant
l'année scolaire avait-elle été interrompue pour
l'été ou si elle continuait?
Mme Villeneuve: Elle a été interrompue. Mme Harel:
Elle a été interrompue. Mme Villeneuve: Oui.
Mme Harel: Je vous remercie. Je crois que votre message a
été reçu.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député d'Ar-
genteuil, vous avez manifesté l'intention de réagir.
M. Ryan: Oui, une brève réaction, M. le
Président. J'entendais la députée de Maisonneuve
m'attribuer des façons de faire qui ne sont pas conformes à la
réalité. Quand on a parlé des critères qui
président aux décisions en matière
d'ajout d'espace, j'ai bien dit qu'il fallait prendre l'ensemble des
critères, pas seulement un séparé des autres, et qu'il
fallait arriver à une interprétation souple et raisonnable. Par
exemple, pour procéder à la modernisation d'une école,
quand on est obligé de refaire l'ancienne salle de
récréation, on ne la fera pas sur le modèle de 1930; on va
la faire sur le modèle de 1989, c'est-à-dire qu'à la place
de la traditionnelle salle de récréation d'autrefois on va mettre
un gymnase. C'est contraire à la lettre d'un articulet de l'ensemble,
mais ce n'est pas du tout contraire à l'esprit de cette directive. Ici,
d'ailleurs, on le voit très bien. Quand il est question de l'article
contesté, on dit: La présence de locaux de garderie ne doit pas
être considérée pour la capacité d'accueil de
l'ensemble de la commission scolaire. On dit: Si ça a été
ajouté dans une école sans que cela n'affecte la capacité
d'accueil de cette école, à ce moment-là, on ne doit pas
le récupérer à des fins scolaires. C'est
déjà beaucoup plus souple qu'il ne peut sembler à
première lecture. Mais j'ajoutais que je n'ai pas connaissance de cas
où nous aurions décidé d'accueillir ou de rejeter un
projet d'ajout d'espace seulement pour cette raison-là. Nous en avons
discuté avec vous à la commission scolaire des Mille-Îles
encore l'an dernier et, à ma connaissance, cette question n'est jamais
venue dans la discussion. C'était dans la lettre ici, mais c'est
considéré avec l'ensemble. Cela a peut-être cinq points sur
l'ensemble de la pondération faite, mais je pense que cela permet d'en
arriver à des décisions raisonnables, et c'est ce que je voudrais
que comprenne la députée de Malsonneuve.
Je ne veux pas m'embarquer dans le débat sur les
dérogations. Cette année, nous l'avons permis à 2200
enfants qui, autrement, n'auraient pas eu accès à l'école
primaire et qui auraient été obligés d'attendre un an pour
y avoir accès, après avoir vérifié si le retard
leur causerait du préjudice. Dans bien des cas, les commissions
scolaires ont fourni le service d'évaluation gratuitement, là
où il y avait besoin, et c'est à ça qu'on les encourage.
Vous avez reçu les orientations encore plus nettement cette
année. Je crois qu'avec ça on se rapproche d'une situation
où l'enfant aura l'avantage de bénéficier des services
scolaires à compter du moment où II est vraiment prêt
à les recevoir, sans que ce soit nécessairement uniforme. Par
conséquent, je pense qu'on pourrait très bien trouver le terrain
d'entente, le modus operand! qui nous permettra d'apporter des solutions
à vos problèmes et à ceux des autres commissions
scolaires.
Le Président (M. Bélanger): Avant de céder
à nouveau...
M. Ryan: Nonobstant ce paragraphe.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Président (M. Bélanger): Avant de céder à
nouveau la parole à Mme la députée de Maisonneuve, M. le
député de Fabre.
M. Joly: II le fallait. Voici. Je suis drôlement heureux de
savoir que Mme la députée de Maisonneuve nous envie au point
même de vouloir déménager, mais je crois comprendre que
cela lui créerait un problème...
Mme Harel: C'est trop, ça.
M. Joly: ...dans l'expression de son vote à la prochaine
élection.
Mme Harel: C'est trop. M. Joly: Ha, ha, ha!
Mme Harel: C'est vous qui allez avoir des problèmes si je
me présente dans votre comté.
M. Joly: Aucun problème. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Joly: J'ai toujours aimé les défis de taille,
alors je me considère de cette qualité, chère dame.
J'aimerais qu'on revienne un peu sur les garderies d'été.
Quand on parle d'allocation spéciale, avez-vous aussi
bénéficié des programmes d'emploi du gouvernement
fédéral à ce chapitre?
M. Bouliane: Mme Villeneuve.
Mme Villeneuve: L'an passé, bien sûr, à cause
de la date à laquelle nous avons été mis au courant de la
possibilité d'une telle organisation, nous n'avons pas fait appel au
projet. Je crois que vous faites référence au projet
Défi.
M. Joly: C'est ça.
Mme Villeneuve: Hier après-midi, Je discutais avec une
direction d'école et je lui suggérais, cette année, de
faire appel au projet Défi, même si on ne sait pas encore
officiellement si la garde estivale pourra continuer, mais on l'espère
parce qu'on croit que ce projet expérimental a fait ses preuves et qu'on
aura sûrement des échos très prochainement dans ce
sens-là. Donc, oui, nous allons, cette année, faire appel au
projet Défi.
M. Joly: C'est d'ailleurs ce que je voulais vous suggérer
parce qu'il y a des dates à respecter; le 10 mars est la date limite.
Alors, vous pouvez présenter votre dossier sans pour autant être
obligé de vous prévaloir de votre demande. C'était la
suggestion que je voulais vous faire. J'ai à coeur les
intérêts des gens de mon comté et j'ai pensé que ce
pourrait être un ajout supplémentaire. Merci.
Mme VilIeneuve: Merci.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien. Mme la
députée de Maisonneuve, pour remercier nos invités.
Mme Harel: Oui, je vais les remercier avec d'autant plus de
plaisir que je vois qu'on dépense facilement l'argent quand il vient du
fédéral.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Joly: Madame, vous avez toujours le mot pour rire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Pour une fois que ce
n'est pas leur faute. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je vous remercie. Je pense que vous avez bien
illustré le fait que c'est, pour l'ensemble de la commission scolaire,
une diminution équivalente à une école primaire, si j'ai
bien compris, de 348 élèves, nous dites-vous. Je vais suivre par
intérêt, mais aussi par curiosité, la suite des choses. Je
vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je constate, M. le Président, que la
députée de Malsonneuve entre facilement dans les portes
ouvertes.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Je voudrais vous remercier...
Le Président (M. Bélanger): Facilement ou
habilement.
Mme Gagnon-Tremblay: ...et vous féliciter aussi. Je pense
que l'on peut dire que la commission scolaire des Mille-Îles est vraiment
à l'avant-garde, tout comme d'ailleurs la ville de Laval. On avait
l'occasion tout récemment de recevoir la ville de Laval qui nous faisait
part de ses nombreux projets en garderie, et on voit vraiment une croissance
importante dans ce milieu et nous vous en félicitons. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Oui, je vous remercie
à mon tour. On m'avait dit, il y a quatre ans, que l'avenir était
à Laval, que cela commençait par les enfants et je
m'aperçois que c'est de plus en plus vrai.
La commission des affaires sociales vous remercie de votre
participation, remercie la commission scolaire des Mille-îles et invite
à la table des témoins les responsables et éducatrices de
réseau scolaire Chomedey-Laval.
Nous suspendons les travaux deux minutes pour la transition. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 11) (Reprise à 17 h
17)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderai à
chacun et à chacune de bien vouloir reprendre sa place afin que nous
puissions reprendre nos travaux et recevoir les Responsables et
éducatrices du réseau scolaire Chomedey-Laval. Cette fois-ci,
cela me fait particulièrement plaisir de vous saluer, puisque c'est
directement dans mon comté et même à quelques rues de mon
bureau. Alors, c'est avec un grand plaisir qu'on vous accueille. Je vous
prierais, dans un premier temps de vous identifier, ensuite de passer à
la présentation de votre mémoire. Nous avons une enveloppe de 30
minutes à votre disposition, c'est-à-dire une dizaine de minutes
pour votre présentation et une vingtaine de minutes de discussion avec
les parlementaires. Si vous vouiez vous identifier et, quand vous prendrez la
parole par la suite, donner vos noms pour les fins de la transcription au
Journal des débats. Je vous invite donc à commencer.
Responsables et éducatrices du réseau scolaire
Chomedey-Laval
Mme Rivest (Élise): Je me présente, Élise
Rivest responsable, depuis quatre ans, au service de garde La bande
animée, réseau scolaire Chomedey-Laval. L'an passé, j'ai
enseigné en première année, tout en exerçant mes
fonctions de responsable et j'ai aussi fait partie du conseil d'administration
de l'Association des services de garde en milieu scolaire pendant deux ans.
J'ai aussi organisé et animé les réunions des responsables
du réseau scolaire Chomedey-Laval pendant un an. Mon expérience
à l'Association des services de garde en milieu scolaire m'a permis
d'entrer en contact avec plusieurs éducatrices de différents
services de garde et de savoir ce qui se vit en dehors de ma commission
scolaire.
La personne qui m'accompagne, Lise Cameron, oeuvre en tant que
responsable depuis trois ans au service de garde L'oiseau-mouche, de
l'école Notre-Dame-du-Cap, qui fait aussi partie du réseau
scolaire Chomedey-Laval. Elle étudie pour le certificat en
éducation en milieu de garde à l'UQAM.
MM. et Mmes les députés, je vous remercie, en notre nom
personnel et au nom des autres éducatrices responsables du réseau
scolaire Chomedey-Laval, d'avoir consenti à nous entendre cet
après-midi.
Le réseau scolaire Chomedey-Laval compte actuellement 15 services
de garde en milieu scolaire et ce nombre continuera sans doute à
augmenter d'année en année. C'est pour cette raison qu'il nous a
semblé important de vous entretenir sur certains Irritants que nous ne
désirons pas voir se perpétuer. Des problèmes, il
en existe, mais souvent on n'a pas de canaux pour les acheminer au
ministère. J'attirerai votre attention sur trois points en particulier:
la qualité dans les services dé garde en milieu scolaire, la
formation du personnel et les conditions de travail du personnel.
Premièrement, la qualité. On peut penser que, comme les
garderies scolaires sont des services offerts par les commissions scolaires,
ces dernières garantissent la qualité de ces services. Dans les
faits, cela ne se passe pas toujours comme cela. Dans notre commission
scolaire, il y a autant de services de garde que de façons de
fonctionner, façons qui sont souvent discutables. Aussi, il n'y a aucun
responsable du dossier des services de garde en milieu scolaire, aucun argent
alloué à la formation ou aux activités spéciales,
et le rôle de la direction d'école est flou et varie d'un endroit
à l'autre par rapport aux services de garde en milieu scolaire. Alors,
est-ce qu'on peut compter sur la commission scolaire pour assurer la
qualité? C'est la question que nous nous posons.
Des critères de qualité devraient être
établis et appliqués concernant les points suivants: le ratio,
l'espace, la formation et le ressourcement du personnel, la propreté.
L'un des critères de qualité que j'ai mentionnés est la
formation du personnel. Môme les auteurs de l'énoncé
relèvent l'importance de ce critère de qualité. Il est
vrai que l'on retrouve un certain nombre de personnes possédant un bac
en enseignement dans les services de garde en milieu scolaire, comme mol. C'est
un peu normal qu'on retrouve ces candidats, parce qu'il est difficile de se
trouver un emploi en enseignement et que souvent on se dirige dans ce domaine
connexe en attendant de trouver peut-être un emploi plus avantageux, dans
le sens où l'on pense qu'on est payés à un salaire moindre
que celui qu'on mériterait selon nos qualifications. Cette situation
crée de l'instabilité au sein du personnel, car les personnes
diplômées quittent l'emploi aussitôt qu'elles ont
trouvé des conditions plus avantageuses, comme je l'ai dit tantôt.
De plus, comme le critère d'embauché est un secondaire IV, nous
recevons des demandes d'emploi de personnes ayant toutes sortes de
qualifications, avec pour résultat que, môme après avoir
passé plusieurs entrevues pour recruter des candidats, en quatre ans,
à notre service de garde, nous avons dû faire trois mises à
pied et nous avons subi trois désistements, à son service de
garde, Use a subi trois mises à pied aussi et deux désistements
en trois ans.
Souvent, les candidats ne sont pas préparés à ce
genre d'emploi et leur formation présente de nombreuses lacunes. On ne
veut pas seulement engager des personnes qui vont agir comme gardiennes ou
surveillantes, ou seulement comme une bonne mère bienveillante, parce
qu'un groupe de quinze, c'est différent d'une petite famille de un, deux
ou trois enfants. Vous devez être au courant qu'il existe un certificat
en milieu de garde à l'Université du Québec à
Montréal et des diplômes en techniques d'éducation en
milieu de garde au cégep. S'il y a des cours qui ont été
mis sur pied par des Intervenants du milieu, c'est qu'il y a un besoin. Sauf
qu'il n'est pas très motivant pour une personne du milieu d'aller
s'Inscrire à un cours au cégep ou à l'université
quand, en retour, elle sait que cela no l'avantagera pas pour ce qui est des
conditions de travail ou au point de vue salarial. Nous aimerions aussi que,
dans les conventions collectives, soient Inclus des points sur la formation et
le ressourcement du personnel.
Par rapport aux conditions de travail, je parlais tantôt
d'instabilité du personnel causée par des problèmes de
qualification. On sait que l'instabilité du personnel peut être
néfaste pour les enfants qui vivent déjà de
l'instabilité dans leur milieu familial. Chez nous, par exemple,
à notre service de garde, la moitié des parents sont chefs d'une
famille monoparentale. Donc, il est important qu'il y ait de la
stabilité dans le personnel et, pour que celui-ci soit stable, il faut
qu'il soit bien traité. Un salaire horaire qui apparaît
acceptable, de prime abord, ce n'est pas seulement cela, des bonnes conditions
de travail. Cela représente des avantages sociaux liés à
la permanence, une sécurité d'emploi, un salaire qui tienne
compte de l'ampleur des responsabilités. En tant que responsable, je
peux énumérer quelques tâches qui nous reviennent. Je pense
qu'on croit qu'on n'est pas rémunéré pour les
responsabilités qui nous incombent. On gagne seulement quelques sous de
plus que celle qu'on appelle la préposée ou l'éducatrice
qui fait de l'animation auprès des groupes d'enfants.
Parmi les tâches, II y a les tâches administratives:
prévisions budgétaires, états financiers,
dépôts, préparation du répertoire des
règlements de la garderie, tenue de livres achats, factures mensuelles
pour les parents; les tâches de gestion: engager du personnel,
l'encadrement, la supervision des employés, l'animation de
réunions hebdomadaires et la planification des horaires; les
tâches de secrétariat: rédaction et dactylographie des
lettres à la clientèle, téléphone, etc.,
coordination des programmes d'activités et de sorties et animation
à temps partiel.
Quant aux éducateurs et éducatrlces, nous avons aussi des
problèmes d'instabilité dus au petit nombre d'heures à
effectuer par semaine, dus aux heures coupées, au manque de motivation
ou au manque de préparation face à l'emploi. Nous recommandons
que notre travail soit reconnu et payé à sa juste valeur, mais
nous ne voulons pas que les parents soient pénalisés par des
frais de garde trop onéreux. En élaborant un énoncé
de politique sur les services de garde, le gouvernement vise
l'égalité économique et financière des femmes sur
le marché du travail. Quand on parle d'égalité
économique, on devrait se pencher sur le cas des travailleuses en
services de garde.
Maintenant, Lise Cameron poursuivra sur le
développement des services de garde en milieu scolaire.
Mme Cameron (Lise): Bonjour. J'aimerais qu'on regarde ensemble
votre proposition sur le développement des nouveaux services de garde.
La construction de nouvelles écoles pourrait fort probablement
répondre à une demande d'ouvrir d'autres services de garde.
Là où, moi, Je me pose sérieusement des questions, c'est
sûr un autre problème qu'on a, la dénatalité. Moi,
je suis chanceuse, à Chomedey-Laval, dans notre école, les
enfants sortent presque par les fenêtres tellement on en a. Cela fait
quatre ans qu'on a des problèmes de surpopulation presque
incontrôlables. On transfère par année au moins une
centaine d'enfants dans d'autres écoles. Alors, vous pouvez vous
imaginer que si, comme service de garde, nous ne démontrons pas beaucoup
de compétence et beaucoup de suivi, j'ai l'impression qu'on va
déménager dans le sous-sol de l'église. C'est, d'ailleurs,
ce qui est en train de se passer cette année. L'école est
vraiment dépassée par tous ces problèmes. Alors, il y a un
groupe de parents qui sont formés pour étudier les
problèmes. On a été approchés pour
déménager dans d'autres milieux, entre autres, le sous-sol de
l'église, acheter une autre maison, en tout cas, toutes sortes
d'affaires. On a rejeté cette solution parce qu'on croyait qu'il
était important de travailler en étroite collaboration avec le
personnel de l'école. Si on se retire à l'extérieur, on
perd beaucoup de qualité.
Le Président (M. Bélanger): Plus rapidement, s'il
vous plaît. Les dix minutes sont écoulées.
Mme Cameron: Oui. Je vais couper. Je vais être très
brève. Voici ce que j'aimerais qu'on n'oublie pas dans tout cela. On
parie d'argent. On parle d'espace. On parle des problèmes des parents.
On parle de tout cela. J'aimerais qu'on n'oublie pas aussi l'enfant dans tout
cela. Là où je me pose la question - je suis d'accord que les
parents ont des problèmes de garde et que c'est très
inquiétant, etc. - c'est de savoir: Est-ce que les garderies scolaires
vont devenir des garderies ouvertes douze mois par année? Il va falloir
qu'on regarde sérieusement cette question. Loin de moi la peur que ce
soit néfaste. La seule chose qui m'inquiète un peu, c'est que les
services de garde estivale ne soient pas dans des conditions idéales,
dans le sens qu'il n'y ait pas de verdure, pas de piscine, qu'il n'y ait rien
de tout cela et que les enfants soient laissés dans des cours
d'école sur des pavés unis, avec 90° ou 100° à
l'intérieur de l'école. Je crois que, pour l'enfant, à ce
moment-là, ce n'est pas nécessairement si bénéfique
que cela. À ce moment-là, on a besoin de l'aide des
municipalités pour nous prêter tout ce dont on a besoin.
Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci beaucoup. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous remercie. C'est Intéressant
d'entendre le point de vue des responsables de garde en milieu scolaire. Je
pense que le mémoire que vous nous avez présenté est quand
même très intéressant. Vous avez dit tout à l'heure,
entre autres, que vous aviez un bac en enseignement et que, finalement, faute
de pouvoir enseigner, vous aviez choisi la garde en milieu scolaire,
êtes-vous au courant, par exemple, du pourcentage de personnes qui
travaillent dans ce milieu, de responsables des services de garde en milieu
scolaire qui auraient soit un DEC ou un bac? Avez-vous un peu une idée
de la proportion, à peu près au moins, dans votre secteur? (17 h
30)
Mme Cameron: Dans notre commission scolaire?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, dans votre commission scolaire, entre
autres. Je pense bien que ce serait difficile de vous demander...
Mme Rivest: Je pense que oui. Aussi, ce que je voulais dire,
c'est que, pour moi ce n'est pas dévalorisant. J'adore ce que je fais,
sauf que ce n'est pas reconnu et ce n'est pas valorisé. Je continuerais
à le faire, mais...
Mme Cameron: Ce qu'elle veut dire, en fin de compte, c'est, je
crois, que ce n'est peut-être pas abaissant pour un professeur de devenir
responsable de services de garde. Ce qui est très décourageant,
c'est de n'avoir aucune condition de travail, sauf nos 11 % d'avantages
sociaux. On souhaite avoir des gens de qualité dans les services de
garde. À ce moment-là, il va falloir qu'on pense, tout le monde,
à trouver une façon d'améliorer tout ça pour que
les gens qui sont qualifiés entrent dans les services de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: Parmi vos consoeurs ou vos collègues
de travail, est-ce que c'est un pourcentage qui est assez élevé
de responsables qui ont soit un bac ou un DEC? Est-ce que c'est la
majorité?
Mme Rivest: C'est la majorité. 46 % des responsables ont
un DEC ou un bac.
Mme Gagnon-Tremblay: Quelles sont les heures de garde que vous
avez à votre commission scolaire, à votre école?
Mme Cameron: Des heures comme responsable ou des heures?
Mme Gagnon-Tremblay: Les heures de service, finalement?
Mme Rivest: Les heures de service du service de garde ou les
heures d'administration de la responsable?
Mme Gagnon-Tremblay: Je reviendrai tout à l'heure sur
l'administration. J'ai été un peu étonnée parce que
pour moi, l'administration, c'était relégué au directeur
d'école. Finalement, le directeur d'école fait l'embauche. Vous
m'avez môme dit tout à l'heure que c'était vous qui faisiez
l'embauche du personnel.
Mme Rivest: Avec des parents.
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai été un peu surprise,
parce que je ne croyais pas que cela relevait des responsables, mais beaucoup
plus du directeur d'école. Dites-moi donc comment cela fonctionne, par
exemple, à votre école?
Mme Rivest: Cela ne s'applique peut-être pas aux autres
services de garde ou aux autres écoles, mais, à notre
école, on a eu un directeur pendant un an. Le directeur et le
comité de parents m'ont engagée. Par la suite, on a changé
de direction d'école et la direction d'école était avec
moi pour embaucher certains employés. Dernièrement, on a
embauché des gens et c'était moi avec un membre du comité
de parents.
Mme Gagnon-Tremblay: Avez-vous quelque chose à
ajouter?
Mme Cameron: Chez moi, lors d'une embauche, je fais des
entrevues. Je vois le directeur pour discuter avec lui du curriculum, de ce que
je crois et de ce que j'ai observé. Si c'est nécessaire, on fait
des fois une entrevue avec l'employé ou mol seule ou le directeur, on le
rencontre. Mais la plupart du temps, c'est la responsable qui engage et qui
môme les renvoie les employés.
Mme Gagnon-Tremblay: Combien avez-vous d'enfants à votre
école en garderie?
Mme Cameron: L'an passé, j'en avals 135. J'avais des
sporadiques et des réguliers. Cette année, vu que notre
école a un problème de surpopulation, on a demandé
à la commission scolaire d'agrandir derrière l'école, pour
laisser de la place à la garderie afin qu'il y ait de l'expansion. Cela
a été refusé, c'est certain; il y a d'autres écoles
qui sont presque vides. Le problème est là. Au lieu de construire
ou d'agrandir, on transfère les enfants dans les autres écoles.
Cette année, j'en ai pris 65 à 70 à temps plein et plus
aucun sporadique parce que c'était trop difficile d'administrer des
allées et venues d'enfants sporadiques et on perdait aussi au chapitre
de la subvention.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que les parents s'impliquent beaucoup
au niveau du "comité de parents? Est-ce que les parents sont
présents?
Mme Rivest: Je voudrais vous dire quelque chose: Quand vous posez
des questions, comme on est dans deux services de garde
différents...
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Alors, vous pouvez...
Mme Rivest: ...souvent les réponses diffèrent.
Comme je vous l'ai dit tantôt, d'un service de garde à l'autre,
c'est différent.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, d'accord.
Mme Rivest: II y a des choses qui se rejoignent, mais II faudrait
peut-être dire à qui vous le demandez ou qu'on réponde
toutes les deux.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Mais ne vous gênez pas, vous
avez le droit de parole, II n'y a pas de problème.
Mme Rivest: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout à l'heure, ce qui
m'étonnait, c'était l'embauche, entre autres. Dans votre cas,
vous me dites: Oui, je fais de l'embauche. Dans d'autres cas, on me dit: Bien,
ce n'est pas nécessairement moi qui embauche, sauf que j'ai à
faire les entrevues et à déterminer si le candidat ou la
candidate est un bon candidat ou une bonne candidate. Je pense que c'est votre
cas, c'est ce que vous nous avez dit tout à l'heure, alors que vous,
vous disiez: Oui, à un moment donné, je prends pratiquement la
place du directeur en ce qui concerne l'embauche.
Mme Cameron: Ou on nous la remet.
Mme Rivest: Oui, c'est cela. On nous la
délègue.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Mais je reviens à l'implication
des parents. Quelques groupes nous ont fait valoir, à un moment
donné, que, dans certains cas, les parents s'impliquent très peu,
que, dans d'autres cas, les parents s'impliquent beaucoup ou voudraient
s'impliquer, mais qu'on ne les implique pas ou qu'on a très peu recours
à leurs services.
Mme Cameron: Par expérience personnelle, j'ai
observé, comme responsable, que dans un comité de parents - je
crois qu'il est consultatif dans les services de garde scolaire - il passe
toutes sortes de gens, des gens qui ont de l'expérience en
comptabilité, en enseignement ou auprès des enfants, etc. et des
gens qui n'ont pas beaucoup d'affinités avec cela. On s'est
retrouvé avec des gens qui prenaient beaucoup de place, même,
presque la place du directeur ou avec d'autres personnes qui ne prenaient pas
du tout de place. Personnellement, Je trouve dangereux de remettre entre les
mains des parents
toute la gestion ou les grandes lignes, la philosophie des services de
garde. Les gens se retirent, les enfants vieillissent et on se retrouve
toujours à recommencer à zéro. Par exemple, je suis
d'accord pour qu'on puisse utiliser les parents comme personnes-ressources pour
nous guider sur la qualité de notre service et pour savoir comment les
enfants perçoivent le service. Il y a des services qui n'en ont pas du
tout et d'autres où le service a toute la place.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je salue votre
Initiative de venir présenter un mémoire devant cette commission
parlementaire. Comme vous le savez, nous avons entendu le point de vue de la
municipalité de Laval, de la commission scolaire qui vous a
précédées et, maintenant, de vous, qui êtes
responsables du réseau scolaire Chomedey-Laval. Est-ce que vous avez
d'autres collègues qui sont aussi responsables dans d'autres
écoles et qui ont préparé un mémoire ou des
suggestions à l'intention de la commission parlementaire?
Mme Rivest: On a rédigé le mémoire au nom de
toutes les responsables et éducatrlces qui nous ont appuyées.
Mme Harel: II y a un aspect très Important à la
page 5, d'autant plus important que ce n'est pas n'importe quelle commission
scolaire et que, moi la première et Mme la ministre aussi, nous les
avons félicités de leur implication. Et je crois que
c'était justifié. À la page 5 de votre mémoire, on
lit: "Dans notre commission scolaire, il n'y a aucun responsable du dossier,
aucun projet de formation ou de perfectionnement du personnel. Alors, se
soucie-t-elle vraiment de la qualité des services de garde de son
réseau?" Je ne crois pas que ce soit tant un blâme à la
commission scolaire qu'une constatation d'une réalité, même
dans une commission scolaire comme la vôtre ouverte et favorable au
développement du réseau, ce qui n'est pas le cas, loin de
là, de bien d'autres. Mais, même dans une commission scolaire
comme la vôtre, finalement, il n'y a pas de projet de formation, il n'y a
pas de projet de perfectionnement. Et, en lisant votre mémoire, j'avais
l'impression que vous aviez un sentiment d'isolement comme éducatrices.
Est-ce que c'est la réalité?
Mme Cameron: Je ne sais pas si vous faites erreur; c'est
peut-être mol. Est-ce que vous croyez qu'on fait partie de la commission
scolaire des Mille-îles?
Mme Harel: Oui.
Mme Cameron: Non. On fait partie de la commission scolaire
Chomedey-Laval.
Mme Harel: Chomedey-Laval. Oui est voisine?
Mme Cameron: Oui, c'est cela.
Mme Harel: Mais est-ce que vous avez des contacts avec les
éducatrices de Mille-îles? Est-ce qu'il y a là-bas de la
formation et du perfectionnement?
Mme Rivest: Je pense que oui. En tout cas, je sais que dans
certaines commissions scolaires, ils peuvent bénéficier de
ça. Même aux Mille-îles, II y avait eu une activité
spéciale à la fin de l'année et la commission scolaire
avait fourni pour cette activité qui avait réuni tous les
services de garde. Je me souviens de ça. Nous, ce que nous faisons -
c'est vrai qu'on souffre d'un sentiment d'isolement - on a pris l'initiative de
se rencontrer entre responsables pour pouvoir, justement, assurer un minimum
d'égalité. Si on voit par exemple, que, dans tel service de garde
scolaire, la personne n'a pas assez d'heures d'administration et que celle-ci,
après avoir demandé aux autres ce qu'étaient leurs heures
d'administration, va le montrer à la direction de son école et
dire: Bien, pour les autres, regardez ce qui arrive et nous...
Mme Harel: Cela vous permet de comparer vos conditions...
Mme Rivest: Oui.
Mme Harel: ...et de les...
Mme Cameron: D'avoir un soutien.
Mme Harel: ...promouvoir, d'avoir un soutien.
Mme Rivest: Oui, c'est ça, d'avoir un soutien.
Mme Harel: Mais les éducatrices entre elles n'ont pas de
contact.
Mme Rivest: Non.
Mme Harel: Aucun contact.
Mme Cameron: Le contact, on l'a par notre association...
Mme Rivest: Oui.
Mme Cameron: ...des services de garde scolaire...
Mme Harel: Oui.
Mme Cameron: ...qui nous offre, chaque
année; des cours de formation. D'après moi, c'est vraiment
eux qui nous ont aidées à garder la qualité dans nos
services. Je ne sais pas si, à ce moment-là, on aurait
travaillé aussi fort pour la qualité.
Mme Harel: En d'autres termes, vous dites qu'il y a une
incohérence. Pour la garde au niveau préscolaire, c'est un DEC
qui est nécessaire et, quant à la garde scolaire, c'est un
diplôme de secondaire IV.
Mme Rivest: Oui, c'est ça.
Mme Harel: Comment expliquer cette distorsion? Comment vous
l'expliquez-vous?
Mme Cameron: On ne se l'explique pas. Mme Harel: Vous ne vous
l'expliquez pas.
Mme Cameron: Ce qu'on peut se poser comme question, c'est: celui
ou celle qui a mis ces critères, est-ce qu'il avait vraiment beaucoup
d'estime face aux enfants? On aurait à se poser des questions. Comme
quelqu'un l'a dit tout à l'heure, est-ce qu'il ne faudrait pas
arrêter de "réparer" nos enfants québécois qui,
à l'âge de onze, douze et treize ans, sont rendus dans des centres
pour délinquants? Est-ce qu'on devrait investir beaucoup d'argent pour
"réparer* ou si on ne devrait pas plutôt faire de la
prévention, en dépensant notre argent pour prévenir?
Mme Harel: Si je comprends bien, vous insistez également
pour qu'on n'écarte pas d'un service de garde ou que l'on ne
considère pas moins important le service pour les neuf à douze
ans. Je crois que dans votre mémoire, vous insistez...
Mme Rivest: Oui.
Mme Harel: ...pour recommander que soit reconnu le besoin de
garde pour les enfants de neuf à douze ans...
Mme Rivest: Oui.
Mme Harel: ...à la page 2. C'était un
élément important. Malheureusement, ce n'est pas
considéré comme du gardiennage, ce qui est fait après les
heures de classe.
Mme Rivest: Justement.
Mme Harel: C'est peut-être la question. Vous dites: Les
enfants - c'est un élément de votre mémoire - sont de plus
en plus dans des milieux Instables où les familles sont
reconstituées, où il y a des séparations, et ils ont
besoin, à l'extérieur du foyer, de voir se reconstituer un milieu
stable.
Mme Rivest: Oui.
Mme Harel: C'est sans doute un élément important.
Auparavant, c'était la famille qui était stable, tandis que
maintenant c'est l'extérieur du foyer qui l'est peut-être plus que
la famille. Est-ce qu'il y a plusieurs enfants de familles monoparentales qui
utilisent vos services?
Mme Rivest: Comme je l'ai dit tantôt, dans mon service de
garde, je dirais que pour la moitié des parents, ce sont des familles
monoparentales; ce n'est peut-être pas le cas de Lise, parce qu'on est
dans des quartiers différents.
Mme Harel: Le vôtre, il est socio-économiquement
plus défavorisé, Mme Rivest?
Mme Rivest: Je pense que oui.
Mme Harel: Chez vous, Mme Cameron, quel est le pourcentage?
Mme Cameron: II est très minime, peut-être cinq
parents sur soixante. Ce n'est pas beaucoup. Sauf que, même si le parent
n'est pas séparé ou si on n'a pas de familles monoparentales, je
pense qu'on est conscients du rythme de vie qu'on vit ici au Québec et
que là où les parents travaillent tous les deux, parce qu'ils ont
besoin de travailler ou par choix, l'enfant a besoin de se retrouver quand
même dans un encadrement serré ou serein. Je crois que le service
de garde scolaire est bien placé pour être le lien entre
l'école et la maison. Cela me fait toujours rire quand je vois un enfant
qui est en classe, qui va à la récréation et qui se fait
mal et qui, au lieu d'aller voir son professeur - cela n'est pas vraiment pour
être méchante ou quoi que ce soit, mais c'est significatif - va se
rendre à la garderie pour qu'on s'en occupe. C'est très
significatif.
Mme Harel: C'est le prolongement de la famille.
Mme Rivest: Oui. Mme Harel: C'est vrai.
Mme Cameron: Mais sans, pour autant, se dire que nous sommes
toutes de bonnes mamans.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a plusieurs enfants à temps
partiel dans votre garderie, Mme Rivest?
Mme Rivest: Oui, plusieurs.
Mme Harel: Parce que le Conseil scolaire de l'île de
Montréal - je ne sais pas si c'est la situation à Laval - est
venu nous dire qu'H y avait une demande accrue pour de ta garde scolaire
à moins de trois jours par semaine.
Mme Rivest: Oui.
Mme Harel: Vous abondez dans le même sens
également?
Mme Rivest: Oui.
Mme Harel: Vous avez dit, Mme Cameron, que vous n'avez aucune
ressource pour ce type de demandes de garde à temps partiel.
Mme Cameron: J'avais un choix à faire l'an passé.
On a essayé de trouver d'autres solutions, d'agrandir, de trouver un
local qui serait adéquat et tout ça, parce que la demande
était trop forte par rapport à mes locaux à ce
moment-là. De plus, l'an passé, les éducateurs et les
éducatrices des services de garde ont - enfin été mis sur
des échelons de salaires. Cela n'avait pas encore été fait
à la commission scolaire de Chomedey-Laval et on avait en plus la
rétroactivité de la convention collective, ce qui faisait qu'on
avait beaucoup d'argent à remettre, l'an passé. Cela a
créé une grande instabilité et une inquiétude
financière dans le milieu à Chomedey-Laval. Pour toutes ces
raisons, on a dit: On n'a plus le choix, de toute façon, on comble
toutes nos places juste avec des enfants à temps plein. Mais c'est bien
triste de dire à des parents: Je ne peux pas parce que tu ne peux pas
prendre cinq jours par semaine. Mais, même si je le voulais, j'en serais
incapable, je n'ai pas d'espace. Je ne sais pas qui aller voir pour qu'il nous
aide là-dedans. Il y a trop d'enfants.
Mme Harel: Le président me fait signe que mon temps est
terminé. Je vais vous remercier.
Le Président (Bélanger): Malheureusement.
Mme Harel: J'ai pu constater que, si parfois il y a des garderies
qui ferment faute d'enfants, d'autres sont menacées de fermer parce
qu'il y a trop d'enfants. Mais vous réussissez, je pense, à
offrir un service qui est pourtant essentiel, surtout que le taux
d'activité va en progressant chez les mères d'enfants d'âge
scolaire. Je vous remercie pour cette contribution qui est importante à
nos travaux. Nous aurons l'occasion de discuter avec l'association mardi
prochain et, pour répondre à ce souci de formation et de
perfectionnement que vous avez et qui est fortement exprimé en regard de
toute personne qui s'occupe des enfants, qui a toujours besoin de se sentir
dans une dynamique évolutive puisque ce n'est pas là un objet
inanimé, j'espère que ce programme de formation et de
perfectionnement vous sera offert. Je vous remercie.
Le Président (Bélanger): Je vous remercie, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député d'Argenteuil
et ministre de l'Éducation, un petit mot.
M. Ryan: Je vais, au moins, vous remercier de la participation
que vous avez prise aux travaux de la commission parlementaire. Je vous
remercie du travail que vous faites dans vos milieux respectifs. Vous avez
apporté des aperçus fort intéressants.
Je voudrais peut-être signaler deux choses, en terminant. Tout
d'abord, il faut toujours voir le problème des services de garde des
enfants dans la perspective plus large de la vie de l'école aussi. Dans
la loi 107 - on l'appelle encore projet de loi - il y a des articles qui
prévoient que le conseil d'orientation de l'école devra
être consulté par la commission scolaire sur
l'établissement d'un service de garde. Le comité d'école
qui regroupe les parents devra l'être également. Alors, ce sont
des décisions qui vont se prendre ensemble et non pas
séparément, seulement par le directeur de l'école ou par
la commission scolaire. C'est très important qu'on garde cette
implication des parents dans l'opération. Et vous pouvez être
sûres qu'on va mettre l'accent là-dessus. Toute l'économie
de la loi 107 vise à ce qu'il y ait une plus grande vie d'équipe
à l'école et il faut que ça se reflète aussi dans
les décisions qui seront prises concernant les services de garde.
En ce qui regarde d'autres sujets que vous avez soulevés, il y en
a qui vont être discutés en négociation collective au cours
des prochaines semaines. On va regarder ces sujets-là par le truchement
de la négociation avec les syndicats qui représentent les
personnes actives dans le secteur des services de garde en milieu scolaire et
j'espère qu'on trouvera encore certaines améliorations. Il y en a
eu d'apportées déjà et, en tout cas, on va faire les
ajustements qui s'imposent de part et d'autre. Je vous remercie encore une fois
et j'espère que vous allez continuer votre excellent travail.
Le Président (Bélanger): Je vous remercie, M. le
député d'Argenteuil. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Mesdames, je voudrais vous remercier, votre
exposé était très Intéressant, et vous souhaiter un
bon voyage de retour.
Le Président (Bélanger): Alors, à mon tour,
de vous remercier. Des gens de mon comté, je vais profiter de
l'occasion. Alors, bon retour et on vous remercie de votre contribution aux
travaux de la commission. L'ensemble des membres de la commission remercie les
responsables et éducatrices du réseau scolaire Chomedey-Laval de
leur participation. Et, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses
travaux au mardi 7 mars, à 10 heures, en la salle Lafontaine. Je vous
remercie beaucoup. Bonne fin de semaine.
(Fin de la séance à 17 h 50)