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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à la vérification des engagements financiers du
ministère de la Santé et des Services sociaux pour les mois
d'août à novembre 1988 et des engagements 21, 22 et 23 du mois de
juin 1988, ainsi que ceux de l'Office des personnes handicapées du
Québec pour les mois de mars à décembre 1988. Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce) sera remplacé par M. Cannon (La Pelt
rie).
Le Président (M. Bélanger): Bien. Bonjour, M.
Cannon.
M. Cannon: Bonjour, M. le Président. Réponses
déposées
Le Président (M. Bélanger): II y a aussi ici la
liste des réponses obtenues lors des derniers engagements qui a
été déposée. Donc, je considère qu'il n'y a
plus de question en suspens. Mme la députée de Chicoutimi, est-ce
qu'on vous a remis cette liste?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Bien, excellent. C'est
à votre satisfaction?
Mme Blackburn: Oui, je vous remercie. Ministère de la
Santé et des Services sociaux
Le Président (M. Bélanger): Nous appelons le
premier engagement qui concerne les engagements du mois de juin 1988.
Juin Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Un instant. Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Le sous-ministre n'est pas arrivé et
c'est lui qui a mes copies d'engagement. Alors, j'ai un petit
problème.
Le Président (M. Bélanger): Ah!
Mme Lavoie-Roux: On peut peut-être commencer, si je suis
capable. Si je ne suis pas capable, on verra, mais là, je n'ai rien
devant mol, sauf quelques notes.
Mme Blackburn: Je pense que, à ce moment-là, on va
commencer par autre chose. Ceux du mois de juin sont plus techniques, alors je
pense que cela demanderait la présence du sous-ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Blackburn: On pourrait donc commencer avec ceux du mois
d'août qui sont, vous allez le comprendre tout de suite, d'un
caractère plus politique, cela relève davantage de la ministre
que du sous-ministre.
Le Président (M. Bélanger): À cause de
problèmes techniques, nous appelons les engagements du mois d'août
et nous reviendrons à ceux de juin par la suite.
Mme Blackburn: Bien.
Août
Le Président (M. Bélanger): Au mois d'août,
l'engagement 1?
Une voix: Au mois d'août, c'est l'engagement 15.
Mme Blackburn: C'est l'engagement 15?
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 15,
oui.
Mme Blackburn: Je cherchais l'engagement 1, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, c'est
parce que j'avais l'engagement 1, effectivement, mais ce n'est pas la bonne
page. J'appelle donc l'engagement 15 du mois d'août 1988.
Mme Blackburn: II n'y a rien de particulier, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a rien de
particulier? Alors rengagement 15 du mois d'août est
vérifié.
Mme Lavoie-Roux: Vérifié.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'engagement
16.
Mme Blackburn: L'engagement 16 touche les subventions à
divers organismes du réseau de la santé et des services sociaux
représentant les versements, pour juin 1988, de la subvention de
fonctionnement.
J'en profiterais pour examiner, avec votre autorisation, le cas de
quelques hôpitaux qui
éprouvent des difficultés, selon leur version, à
boucler leur budget parce qu'il ne serait pas conforme aux besoins. On peut les
étudier dans l'ordre, je n'ai pas vraiment d'objection,
c'est-à-dire dans l'ordre où ils se présentent, par ordre
de région. On va commencer avec la région 01, le Centre
hospitalier de courte durée de Matane. Pour fins d'équilibre
budgétaire et aussi de rénovation, il semble qu'il y aurait
quinze lits fermés jusqu'au mois de septembre 1969 et il n'y aurait
à cet hôpital aucune admission dans la liste pour les chirurgies
électives depuis le mois d'août 1988.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve cela assez étonnant.
Mme Blackburn: Cela veut dire que la région - cela demande
à être vérifié - de Matane, si on exclut, Mont-Joli
plus bas et Rimouski, n'admettrait plus de nouveaux patients sur la liste
d'attente depuis août 1988. L'explication de cela, c'est le manque de
budget.
Mme Lavoie-Roux: II faut que je vous donne cela de
mémoire, parce que, évidemment, je n'ai pas les détails
avec moi, mais je peux au moins vous dire avec une certaine certitude que dans
le cas de Matane, il y a un problème de budget. Celui de l'hôpital
fait l'objet d'examen. Dans ce sens, je sais qu'il y a là un
problème budgétaire. Il ne semble pas, au moment où nous
nous parlons, que ces choses soient bien en cours, bien enclenchées;
mais je ne suis pas capable de vous donner des montants. Maintenant, quand vous
dites qu'il n'y a pas eu un cas électif entré à
l'hôpital de Matane depuis le mois d'août, je dois vous dire que je
vais faire cette vérification, mais je la trouve, pour dire le moins, un
peu surprenante.
Mme Blackburn: À moins d'entrer par l'urgence, comme de
plus en plus de gens font, lorsqu'ils sont trop longtemps sur les listes
d'attente.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il faut bien comprendre que dans les
établissements II faut quand même qu'une répartition ou un
équilibre se fasse entre l'admission par les cas électifs et
l'admission par l'urgence. C'est évident que les hôpitaux doivent
accorder priorité à l'urgence, de toute façon. Mais entre
cela et dire que cela a réduit à zéro le nombre de cas qui
sont rentrés par l'électif, à moins que l'on ait pris la
technique de tout le monde, se faire envoyer dans l'urgence... C'est pour cela
aussi que, des fois, on a des engorgements, quand les gens se servent de
l'urgence pour faire entrer leurs cas électifs. Mais, comme je vous le
dis, sur ces détails, il faudrait que j'aie plus de renseignements
précis et ponctuels. C'est tout ce que je peux vous dire pour le moment,
c'est-à-dire qu'il y a un problème budgétaire à
l'hôpital de Matane, nous en sommes conscients. Il y a eu des rencontres,
il y a des pourparlers, des mesures seront prises. Une évaluation est en
cours, à ma connaissance, depuis quelques mois, avant Noël
certainement.
Mme Blackburn: Donc, vous dites qu'il y aura des
réajustements budgétaires dans le cas de l'hôpital de
Matane. Je ne pense pas trop me tromper en prétendant qu'il y a 95 % des
hôpitaux du Québec qui ont des problèmes budgétaires
pour des raisons que vous connaissez, soit l'augmentation des coûts pour
les médicaments, les coûts des prothèses et les
traitements. Est-ce à dire que tous les hôpitaux du Québec
verraient leur budget augmenté pour tenir compte de cette
réalité?
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, chaque hôpital du
Québec pourrait probablement dépenser plus d'argent. Dans ce
sens, si on suit cette ligne de pensée, on pourrait peut-être dire
que 100 % des hôpitaux du Québec sont en difficulté
budgétaire, ce qui n'est pas le cas. Vous avez des hôpitaux du
Québec qui connaissent des surplus budgétaires. Exactement! On
aura l'occasion, au moment de l'étude des crédits, d'en reparler.
Ce n'était pas prévu qu'on parlerait de cela.
Mme Blackburn: Non, cela va.
Mme Lavoie-Roux: Depuis 1987, les hôpitaux sont même
autorisés à garder leurs surplus. Ce qui est un incitatif et une
nouveauté. Vous prétendez que ce déficit est l'effet de
l'augmentation du coût des médicaments il faut bien dire que
depuis 1986-1987, il s'est passé des choses au Québec dans le
milieu hospitalier. Les hôpitaux connaissent une situation
budgétaire à tout point de vue de beaucoup supérieure
à celle qui existait avant ce moment-là, pour trois raisons. La
première, c'est que les déficits accumulés ont
été résorbés par le gouvernement; la
deuxième, c'est qu'il y a eu des redressements de base budgétaire
pour un montant de 100 000 000 $ en 1986-1987 et, également, on a
instauré ce qu'on appelle un coût de système justement pour
tenir compte de deux facteurs en particulier: les coûts reliés au
vieillissement de la population et les coûts reliés au
fonctionnement des équipements, non pas l'acquisition des
équipements. Donc la situation budgétaire des hôpitaux du
Québec est nettement améliorée. Je pense que l'Association
des hôpitaux du Québec vous le dirait. Qu'ils pourraient en
dépenser plus? Sans aucun doute. Encore une fois, je pense qu'on ne peut
nullement comparer cette situation à celle qui prévalait avant
où même en 1985-1986, les hôpitaux n'ont jamais connu ce que
serait leur budget. Jamais on ne leur a même signifié un budget
à ce moment-là, et nous sommes arrivés à la fin de
1986 sans qu'ils connaissent leur budget, sans compter qu'on était dans
la vague des accumulations de déficit.
Est-ce que le coût de système compense
suffisamment l'accroissement relié au vieillissement, aux
médicaments ou autre? Je pense que là, on peut avoir des
différences entre les hôpitaux selon leur vocation; mais, encore
une fois, je vous dis qu'il y a des hôpitaux qui ont un surplus
budgétaire, un bon nombre en équilibre budgétaire, et
quelques-uns ont des problèmes d'équilibre budgétaire.
Dans le cas de Matane, il y a d'autres facteurs qui expliquent ses
difficultés budgétaires. Je suis incapable, de mémoire, de
vous en donner les raisons, mais ce n'est pas uniquement relié à
ça.
Ensuite, il faut bien comprendre aussi que, ce qui cause une pression
sur les hôpitaux en régions éloignées,
particulièrement, c'est l'arrivée des médecins. Mais
ça, c'est toujours compensé. Quand vous avez des médecins
spécialistes, jusqu'à un certain nombre, vous recevez une
compensation financière en plus de votre coût de système.
Je pense qu'à partir de cinq médecins spécialistes, il y a
des montants importants, chaque année, qui sont donnés pour
l'arrivée de médecins en régions éloignées,
plusieurs millions de dollars, 6000000$à7000000$.
Mme Blackburn: Cela n'a pas dû affecter beaucoup les
budgets de ma région parce qu'il ne s'est pas ajouté beaucoup de
médecins spécialistes.
Mme Lavoie-Roux: L'hôpital de Chicoutimi, mis à part
les psychiatres - encore une fois, je dis ça sous toutes
réserves, il faudrait que ce soit vérifié - n'a
peut-être pas non plus de problème de recrutement de
médecins spécialistes.
Mme Blackburn: Ah oui, II y en a un. D'ailleurs, cela
apparaît dans la répartition des effectifs médicaux qui a
été produite par Géographie de la santé au
Québec. C'est dans ce dossier, je pense, qu'on voit la
répartition des médecins spécialistes selon les
régions. Vous pouvez constater qu'il y a une carence importante dans
certains secteurs et dans plusieurs régions du Québec, pas
seulement au Sague-nay-Lac-Saint-Jean. Vous me disiez que la situation
budgétaire des hôpitaux est de beaucoup meilleure que ce qu'elle
était en 1985, au moment où on a quitté, mais je me pose
la question suivante: À quel prix? Combien de personnes actuellement
n'ont plus accès à des services souvent essentiels parce que les
hôpitaux sont contraints à prendre des mesures pour
équilibrer les budgets? Pour fins d'équilibre budgétaire,
on ferme des lits et on provoque des pannes artificielles dans les
hôpitaux, comme on provoque des pannes d'électricité
artificielles au Québec, c'est-à-dire que le service n'est plus
accessible.
Mme Lavoie-Roux: Avant d'affirmer des choses comme ça, M.
le Président, il faudrait être prudent. On a fait grand
état des 500 lits qui étaient fermés dans la région
de Montréal. Il faut rappeler que ce sont 500 lits sur 11 000 lits,
excluant les lits dans les hôpitaux psychiatriques et excluant
également les lits de courte durée occupés par... Je parle
strictement de lits de courte durée. Pour une bonne partie, la
même situation se répète chaque année, en tout cas,
depuis qu'il y a le congé scolaire d'hiver qui est relié d'abord
à des congés pris par de la main-d'oeuvre Infirmière, par
de la main-d'oeuvre médicale et par un ralentissement des
activités que les hôpitaux vont vous confirmer. Les cas
reliés strictement à une question d'équilibre
budgétaire sont très peu nombreux.
Évidemment, les hôpitaux reçoivent un budget - un
Instant, M. le Président - global. Il faut quand même comprendre
comment ça fonctionne. Ils reçoivent un budget global qu'Hs ont
la responsabilité d'administrer. Quand la députée dit:
À quel coût? La députée omet de dire que, depuis
trois ans, les hôpitaux ont reçu de l'argent tout à fait
nouveau, quelques centaines de millions de dollars. Des compensations
importantes ont été apportées. La situation sur le plan
budgétaire dans les hôpitaux est assurément meilleure
qu'elle ne l'était. Sinon, ce serait un peu décourageant, ajouter
au moins tout près de 300 000 000 $ pour les hôpitaux et que cela
ne produise aucun effet, il faudra se poser des questions extrêmement
sérieuses.
Mme Blackburn: Quand la ministre nous dit que la situation
budgétaire est meilleure, effectivement, je le sais. Je connais la
procédure où on a transféré les déficits des
hôpitaux dans celui du ministère qui l'a
résorbé.
Mme Lavoie-Roux: C'est parti au Service de la dette du
Québec.
Mme Biackbum: Au Service de la dette du Québec. Ce n'est
pas de l'argent comme ça qui est sorti. Toutes les deux, on
connaît le système.
Une voix: On paie ça sur quatre ans.
Mme Blackburn: Quand c'est rendu au Service de la dette, c'est
qu'on a effacé la dette dans les hôpitaux. Elle existe ailleurs.
Effectivement, sur le plan comptable, cela paraît mieux. Voici ce que je
veux dire. Est-ce que la ministre est en train de nous dire que les
hôpitaux ferment par caprice parce que, simplement, R n'y a plus de
personnel infirmier, et non pas pour équilibrer leur budget? Partout
où je suis passée, il y avait des fermetures de lits. On ne m'a
pas dit que c'était parce que les gens étaient en vacances. On
m'a dit que c'était pour fins d'équilibre budgétaire. Et
la question qui vient est la suivante: Pourquoi êtes-vous en
déséquilibre budgétaire? Normalement, le
déséquilibre budgétaire est relié à de la
mauvaise gestion ou à un manque de prévoyance. Mais,
essentiellement, les postes pour lesquels les hôpitaux me disent qu'ils
sont déficitaires, ce sont les coûts
des médicaments qui n'ont pas été Indexés au
coût réel. Ce sont également les prothèses, le
nouveau système d'assurance où c'est de l'auto-assurance. Dans
certains hôpitaux aux États-Unis, les coûts sont de l'ordre
de 360 000 $. Cela coûtait 1 200 000 $ l'an passé et, cette
année, cela coûte près de 1 600 000 $ pour
l'assurance-maladie. C'est une autre assurance que vous connaissez. (10 il
30)
L'autre facteur, dans plusieurs hôpitaux du Québec, c'est
un manque à gagner dû au fait que la CSST négocie des
ententes pour les traitements de physiothérapie avec des cliniques
privées. L'hôpital de Chlcoutimi, pour ne nommer que
celui-là, mais je sais qu'il y en a d'autres, est en train de faire le
relevé. Ce sont 130 000 $ de moins, môme s'H a mis du personnel
à pied. Si on me dit qu'on ferme parce qu'il n'y a plus de personnel,
j'ai un problème de compréhension, j'ai l'impression que les
administrateurs des hôpitaux sont tous en train de nous mentir.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que les trois quarts de nos
hôpitaux ont un surplus budgétaire pour l'année 1988-1989.
Alors, avant de dire que tous les hôpitaux sont en déficit et en
panique, il faudrait quand même être un peu prudent.
Je vous le redis, non seulement vous dites que l'on a fait
disparaître le déficit accumulé, cela paraît bien,
remarquez bien que c'est ce qui s'est fait depuis 1960, mais on a voulu
corriger cette façon de procéder parce qu'on ne responsabilise
pas les administrations. Pour éviter justement de continuer avec des
déficits acculumés où on ne savait même pas quel
était son budget parce qu'il n'était pas décidé, il
n'était même pas annoncé aux hôpitaux, maintenant,
entre le 1er avril et le 1er mai, les hôpitaux sont avisés de leur
budget pour l'année courante. Cela est considéré un
progrès énorme. Encore une fois, je vous le répète:
La résorption des déficits, laissons-la de côté.
Nous avons relevé les bases budgétaires des hôpitaux; nous
y avons ajouté un coût de système. Dans le coût de
système qui s'applique d'une façon générale aux
hôpitaux s'ajoutent, comme je le disais tout à l'heure, des
montants additionnels dans le cas de l'arrivée de médecins
spécialistes... Mon sous-ministre me disait que ces montants
étaient de l'ordre d'à peu près 6000000$ ou 7000000$ cette
année; une tranche annuelle chaque année. Dans le cas des
médicaments, c'esî pris en compte dans l'inflation et dans le
coût de système.
Mme Blackburn: Quand vous nous dites que c'est une façon
de responsabiliser les administrations et de les obliger à boucler leur
budget avec ce qu'on leur donne, est-ce que cela relève de la
responsabilité des administrations des centres hospitaliers du
Québec de décider de l'accès aux services?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense que chaque établissement,
dans son milieu donné, a la responsabilité de répondre aux
besoins de la population.
Mme Blackburn: Mais d'en limiter l'accès, faute de
moyens?
Mme Lavoie-Roux: Avant de dire qu'on limite l'accès, il
faudrait quand même avoir des cas plus précis. Si vous vous
référez, par exemple, à une liste d'attente, il n'y a pas
un hôpital au Canada où il n'y a pas de liste d'attente pour les
cas électifs. Il faut quand même le réaliser. Je ne
parlerai pas des autres pays, mais on va parler du reste du pays. C'est la
seule mesure qu'on ait, encore que ce soit une mesure difficile à
évaluer compte tenu du fait que des gens vont d'un hôpital
à un autre, que leur problème a été
réglé d'une autre façon. Mais qu'il y ait des listes
d'attente, il y en a toujours eu et, malheureusement, pour les cas
électifs, il y aura toujours des listes d'attente, à moins qu'on
décide et je ne crois pas que, comme société, on puisse le
faire, que les ressources soient telles que tout le monde, même dans un
cas de non-urgence, trouve une réponse immédiate, dans les 72
heures, pour donner un exemple.
Mme Blackburn: On reviendra sur les listes d'attente. Quand vous
dites que les trois quarts des hôpitaux ont un surplus budgétaire,
est-ce que ce sont les hôpitaux de toute catégorie? Confondus?
Mme Lavoie-Roux: Les hôpitaux pour des courtes
durées et les hôpitaux psychiatriques.
Mme Blackburn: Cela ne tient pas compte des hôpitaux pour
les longues durées?
Mme Lavoie-Roux: Les hôpitaux pour longues durées
ont tous un surplus.
Mme Blackburn: Alors, cela veut dire que les hôpitaux du
Québec seraient... Ces hôpitaux prennent aussi des mesures
d'équilibre budgétaires - vous fermez des départements,
vous fermez des lits - ou bien ne prennent aucune mesure pour restreindre
l'accès à leurs services.
Mme Lavoie-Roux: Avant de dire que tous les hôpitaux
ferment des départements, parce que je réalise que la
députée a tendance à faire des
généralisations peut-être un peu trop faciles, je voudrais
d'abord qu'elle m'apporte la liste des hôpitaux où il y a des
départements de fermés. Mais une chose est certaine, c'est que
les hôpitaux sont budgétisés selon leur vocation, selon
quand même une base qui peut toujours être contestée, mais
qui ne l'a jamais été en 1986, 1987, 1988 et 1989. Certains
hôpitaux ont une plus grande pression, particulièrement dans
les
grandes villes. Il y a d'autres endroits où il y avait une
véritable sous-budgétisation. En fait, deux me viennent à
l'esprit - je ne les nommerai pas - qui étaient dans une région
périphérique. À ce moment-là, il y avait...
Mme Blackburn: Vous m'avez dit Matane tantôt.
Mme Lavoie-Roux: Non. Matane, c'est un cas qui est arrivé
cette année. Il y a d'autres facteurs que je ne peux pas identifier
à ce moment-ci, parce que je n'ai pas le dossier devant moi. Pour ces
hôpitaux, des mesures particulières ont été prises
justement parce qu'ils étaient considérés comme
véritablement sous-budgétisés par rapport à une
moyenne, en compraison avec des hôpitaux semblables. Je m'excuse de le
dire. Ce n'est pas très responsable de dire que les hôpitaux
ferment les départements à leur guise, comme ils le veulent pour
faire de l'équilibre budgétaire. Avec le budget qui leur est
donné, les hôpitaux ont une responsabilité d'administrer
d'une façon responsable. Et je pense que c'est ce que les hôpitaux
font. Et quand on lance à la volée les lits fermés et,
pour ne parler que de la région de Montréal, qu'on parle de 200
lits - même pas parce qu'il y en avait qui étaient reliés
à du personnel infirmier dans le cas de l'hôpital de Verdun - pour
60 lits, je pense qu'à ce moment-là, il faut faire attention
à la façon dont on lance la nouvelle pour au moins être un
peu responsable dans les avancés qu'on fait.
Mme Blackburn: M. le Président, l'hôpital Notre-Dame
- je les nomme de mémoire, parce que, malheureusement, on n'a pas
descendu la liste qu'on a vérifiée et
revérifiée...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'étaient pas tous les hôpitaux
du Québec.
Mme Blackburn: J'ai vérifié pour la région
de Montréal. L'hôpital Notre-Dame a des lits qui sont
fermés depuis, si je ne m'abuse, fin janvier, début
février - je pense que c'est le 28, de mémoire - et cela va
jusqu'au 3 avril, parce que le 3 est un lundi ou un dimanche, je ne le sais
plus, mais je sais que cela se rend au 3 avril et ce sont deux
départements. C'est un hôpital et je sais que ce sont deux
départements. Je me le rappelle. Je n'apprends rien à la
ministre, je suis certaine qu'elle les connaît comme moi. On peut penser
qu'un hôpital... On prétend qu'à Montréal et cela ce
sont les médecins omnipraticiens de la région de Montréal
- comment cela s'appelle-t-il, il y a un sigle - et leur association estime
à 700 le nombre de lits qui sont fermés annuellement dans la
grande région de Montréal. Si on pense qu'un département,
c'est à peu près 40 lits, 80 lits, c'est variable selon la
structure de l'hôpital, on peut penser que vous avez l'équivalent
d'un certain nombre de départements fermés partout au
Québec. Ce n'est pas de l'invention et la ministre le sait. Partout
où iI y a eu fermeture de lits, ce n'est pas venu du caprice des
administrateurs. C'est venu d'une obligation qui leur était faite
d'équilibrer les budgets.
On pourrait passer à l'autre hôpital. Mais avant de passer
à l'autre hôpital, est-ce à dire que Matane verra son
budget rajusté pour être davantage conforme à la
réalité? C'est ce que j'ai cru comprendre tantôt.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit qu'à Matane il y avait un
problème budgétaire, que ce problème était en
discussion. De quelle façon les choses seront-elles corrigées? Je
pense que...
Mme Blackburn: Est-ce qu'on corrigera également les
déséquilibres budgétaires encourus pour les années
précédentes? C'était aussi à cause d'un
manque...
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-ci, je ne peux pas vous le
dire. Je dis qu'à Matane, je le reconnais et je l'ai dit dès le
départ, il y avait un problème particulier. Il est
présentement à l'étude. Je ne peux pas vous donner les
solutions au moment où on se parle, sauf que...
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourra...
Mme Lavoie-Roux: ..ll est probablement prévu qu'il y ait
un ajout budgétaire à Matane.
Mme Blackburn: ...vérifier également s'il est juste
qu'il n'y a pas d'admission pour les chirurgies électives depuis le mois
d'août 1988?
Mme Lavoie-Roux: Je vais certainement vérifier. Cela
m'étonne beaucoup parce que j'en aurais entendu parler. En tout cas, on
va vérifier.
Mme Blackburn: Le centre hospitalier régional de Rimouski
a une liste d'attente de quelque 1000 noms: 900 en chirurgie et 100 en
médecine. Vous pourrez vérifier l'information suivante. C'est un
journaliste qui me l'a communiquée à l'occasion d'une rencontre
de presse que j'ai eue la semaine dernière. Il citait le cas de sa
mère - je pourrais vous donner les noms - qui était sur la liste
d'attente depuis neuf mois pour un disque écrasé dans la colonne,
avec toute la souffrance que cela suppose. Je pense que vous savez à peu
près ce que cela veut dire. Elle vivait sur les médicaments. Cela
devenait intolérable. C'est comme cela qu'elle décide, on a
exercé des pressions, d'être opérée ici, à
Québec. Au fil de ia conversation, plusieurs cas de la même
espèce se sont présentés. On estime que les listes
d'attente à Rimouski dépassent la durée de plus d'une
année. En fait, cela vient confirmer... Une partie des explications se
retrouvent dans le profil de consommation des soins de santé dans la
région de l'Est
du Québec. Cela se retrouve également dans la carence de
certains services qui ne sont pas offerts en quantité ou qui sont
simplement absents dans la grande région de l'Est du Québec. Et
cet hôpital vient de décider de fermer littéralement - au
moment où on se parle; cela a commencé dimanche et ça se
termine dimanche - à l'externe la liste d'attente. On estime qu'il y
aura quatre salles d'opération sur cinq qui ne fonctionneront pas de la
semaine. Ce n'est pas un département? C'est quasiment tout le
département de la chirurgie. Avec les effets et selon l'estimation
même du personnel de l'hôpital, cela aura pour effet de prolonger
le temps d'attente d'à peu près un mois. Est-ce qu'il est normal,
est-ce un caprice d'administrateurs de fermer un hôpital pendant une
semaine alors qu'il y a 1000 noms sur la liste d'attente? Alors qu'il y a des
services qui sont exclusifs à ce centre hospitalier pour toute la
région 01? Alors que l'hôpital de Rivière-du-Loup, qui est
l'hôpital voisin, fait de l'urgence douze heures par jour? Elle fait du 8
heures à 20 heures. Est-ce que c'est un caprice d'administrateurs? Et
selon les données que j'ai ici, c'est pour fins d'équilibre
budgétaire, les gens estiment la récupération à 169
000 $. Il y a des services qui sont exclusifs et, je le rappelle, des appareils
aussi.
Mme Lavoie-Roux: Parlez-vous de Rimouski ou de
Rivière-du-Loup?
Mme Blackburn: Je parle de Rimouski. Je dis que ça vient
de Rimouski qui est supposé prendre le surplus de Rivière-du-Loup
qu'on connaît.
Mme Lavoie-Roux: Pour votre Information, Mme la
députée, les gens de Rivière-du-Loup viennent en
général à Québec.
Mme Blackburn: Oui, alors c'est exactement comme si on demandait
aux gens de Québec d'aller à Montréal, pour votre
information.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, la distance de
Rivière-du-Loup à Québec est de 100 milles et l'autre est
de 160 milles. Je connais les deux très bien.
Mme Blackburn: La distance de Rivière-du-Loup à
Québec est exactement de 125 milles.
Mme Lavoie-Roux: Non, je regrette, ce n'est pas 125 milles.
Mme Blackburn: J'ai comme des petits problèmes. Il y a 60
milles entre Rivière-du-Loup et Rimouski.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison. Mme Blackburn: Je suis
née en Gaspésie.
Mme Lavoie-Roux: Je suis née à
Rivière-du-Loup, madame.
Mme Blackburn: C'est bien. Jusqu'à quel âge
avez-vous été là au juste? Les cliniques externes...
Mme Lavoie-Roux: La distance n'a pas changé, sauf qu'elle
s'est raccourcie un peu avec l'autoroute.
Mme Blackburn: Avec l'autoroute, oui. Cela va faire la même
chose quand on va l'amener au Saguenay.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: En l'an 2000.
Mme Blackburn: Oui, j'ai vu ça ce matin. Cela
dépend si vous restez jusque-là.
Revenons à l'hôpital de Rimouski. La clinique externe
serait fermée à 90 % et les salles d'opération à 80
%. Les services de pédiatrie et d'orthopédie sont fermés
et l'accès au tomographe axial est réservé exclusivement
aux urgences et aux patients hospitalisés. Je ne sais pas s'ils
fermeront ie département à l'hôpital de Rimouski. Mais du
moment où vous n'admettez plus et où vous avez une salle
d'opération sur cinq qui fonctionne, il y a gros à parler que je
ne parle pas à travers mon chapeau en prétendant qu'il y a des
fermetures de services et qu'on réduit l'accès aux services. Et
là, je veux juste rappeler à madame, si ses propos ont
été rapportés correctement, qu'en fin de semaine, elle
disait: II faut modifier, il faut vraiment examiner les services de
santé de manière à ne pas réduire, pour fins
d'équilibre budgétaire, l'accès aux services; il faut
trouver d'autres moyens.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Vous avez mal
compris.
Mme Blackburn: Cela peut arriver. Je n'ai pas entendu. J'ai
certainement mal compris. J'ai lu.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous dire ce que j'ai dit. Si c'est ce
que je pense que j'ai dit qui a été rapporté.
Mme Blackburn: Ce qui a été rapporté, c'est.
"Il faudrait éviter de se voir contraints de limiter l'accès
à des services." Si ce n'est pas ça, limiter l'accès
à des services, j'ai comme des problèmes.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit - et c'est la seule déclaration
que j'ai faite à cet égard -qu'on assistait toujours à
deux périodes de relâche ou, enfin, de ralentissement
d'activités: la période de Noël et la période des
vacances
d'été. Dans le cas des vacances d'été, c'est
devenu à ce point périlleux que nous avons accepté de
dépenser des sommes importantes de plusieurs millions de dollars dans la
région de Montréal pour laisser ouverts 600 à 700 lits de
plus que ce qui était ouvert avant 1986. La même chose dans la
région de Québec qui, durant l'été 1985-1986, avait
connu des problèmes considérables compte tenu du nombre de lits
qui étaient fermés. Et des millions, quelques millions - je n'ai
pas les chiffres en tête - ont également été
consentis à la région de Québec pour améliorer
cette situation qui faisait qu'on connaissait des problèmes importants.
(10 il 45)
J'ai dit qu'à ces deux périodes-là, il vient s'en
ajouter une autre, celle des vacances d'hiver qui peuvent se prolonger de deux
ou trois semaines. Toutes les régions du Québec n'ont pas leurs
vacances d'hiver en même temps; dans une même région, les
écoles anglaises l'ont une semaine et les écoles
françaises l'ont une autre semaine. Alors, finalement, vient s'ajouter
une troisième période où les gens disent: II y a de la
relâche... De fait, les activités diminuent objectivement parce
que les médecins sont en vacances; les infirmières peuvent aussi
prendre un mois de vacances non payées en hiver. C'est un facteur
additionnel qui vient exercer de la pression sur le fonctionnement, non
seulement durant ce mois-là mais sur le fonctionnement annuel des
hôpitaux parce que si vous ralentissez à des périodes
données, par la suite arrive un sursaut d'activités avec un
nouveau ralentissement, un nouveau sursaut, etc. Dans ce sens-là, j'ai
dit que je ne pensais pas qu'on puisse laisser continuer, qu'une
troisième période s'ajoute en période d'hiver, qui vienne
justement exercer une autre pression sur le fonctionnement des hôpitaux
pris globalement.
Dans le cas de Rimouski, pour y revenir, c'est l'administration de
l'hôpital, en accord avec le corps médical, comme elle l'avait
fait les deux ou trois autres années - est-ce qu'elle l'avait fait les
trois dernières années, je ne le sais pas dans le cas de Rimouski
- mais l'hôpital a décidé, pour une semaine, de ne recevoir
que les cas d'urgence et de fermer les cliniques externes, non pas totalement,
mais certaines cliniques externes.
Mme Blackburn: Oui, 90 %.
Mme Lavoie-Roux: Certaines cliniques externes. Ce sont quand
même des décisions que les hôpitaux doivent prendre par
eux-mêmes. Je ne crois pas... Les services essentiels, les services
d'urgence sont là. À cet égard, je ne pense pas que la
période d'une semaine compromette la santé. Je pense que ce sont
des risques que les médecins et les hôpitaux doivent
considérer entre eux, et c'est ce qui a été fait dans le
cas de Rimouski.
Mme Blackburn: Peut-être des questions plus
précises. Est-ce que la ministre a été informée de
la liste d'attente? Est-ce exact que 1000 personnes seraient sur la liste
d'attente? Deuxième question: Est-ce que pour fermer, pour faire cette
activité, cela se fait aussi avec l'autorisation du
ministère?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
Mme Blackburn: Dans les plans d'équilibre
budgétaire, ils sont autorisés.
Mme Lavoie-Roux: Ah non, non! La fermeture des lits d'une
façon plus permanente, tout à l'heure vous avez soulevé le
cas de Notre-Dame où il y a... Là, à Notre-Dame, c'est en
relation avec l'équilibre budgétaire. Mais quand on dit que, pour
administrer un budget global, on peut bien appeler ça de
l'équilibre budgétaire, mais un budget global pour une
année donnée sur des bases comparables avec les autres
hôpitaux, ce sont des décisions internes que les hôpitaux
doivent prendre eux-mêmes et ils les prennent en collaboration avec les
autres personnes. Je vous dis que, dans le cas de la semaine de Rimouski, je ne
pense pas qu'on ait même à donner d'approbation pour une fermeture
d'une semaine. Ils ne l'ont pas demandé, de toute façon.
Mme Blackburn: Alors, vous me dites que les administrateurs de
l'hôpital n'ont pas présenté à vos fonctionnaires
leur plan de redressement pour fins d'équilibre budgétaire et que
cela s'est fait exclusivement de leur initiative. Je veux bien qu'on me dise
ça.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'avaient pas de plan de redressement
à nous soumettre. Ces gens-là ont examiné, j'imagine, la
courbe d'occupation ou d'activité de leur hôpital et Us se sont
dit: La semaine de relâche, en hiver, est une semaine où nos
activités diminuent, et cela fait partie du plan d'ensemble de leur
administration.
Mme Blackburn: Si les hôpitaux n'étaient pas en
train d'établir une pratique de fermeture cyclique de leurs services,
est-ce à dire qu'ils pourraient, avec leur enveloppe, atteindre
l'équilibre budgétaire? Est-ce par fantaisie, pour avoir des
surplus budgétaires, qu'on est en train de fermer des services? Est-ce
que c'est ce que vous êtes en train de me dire? L'hôpital de
Rimouski n'a pas de déséquilibre budgétaire.
Je vous lis un article paru dans Le Soleil du 15 février
1989, à la page A-3, titré: Coupure de services pendant la
semaine de relâche scolaire, tollé Rimouski contre un projet du
centre hospitalier. Selon les propos qu'on rapporte du directeur
général sur la coupure de services: "L'administration du centre
hospitalier régional de Rimouski déclare qu'elle n'a pas le
choix. Si elle ne fait rien d'ici le 31 mars, elle perdra ses subventions de
fonctionnement et de
développement et elle perdra aussi des crédits
additionnels de 500 000 $ que le ministère doit lui accorder en
1989-1990." C'est pris textuellement ici. Nous avons appris que le centre
hospitalier régional de Rimouski prévoit des dépassements
budgétaires de plus de 700 000 $ à la fois pour le fonctionnement
des nouveaux équipements et, me dit-on, les médicaments, certains
traitements. Dans ce cas, je pense aussi qu'il y a un manque à gagner
par rapport aux physiothérapeutes qui négocient, avec l'accord de
la CSST, avec des entreprises privées plutôt qu'avec les
hôpitaux. C'est de plus en plus fréquent. On est en train de
détériorer complètement les services en
physiothérapie. C'est de la privatisation et ça
détériore les services en physiothérapie dans les
hôpitaux du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Cela, c'est la responsabilité de la CSST,
et non la mienne.
Mme Blackburn: La CSST, c'est comme le gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas.
Mme Blackburn: Regardez un peu ce que la main droite fait quand
la gauche agit. C'est l'un ou l'autre.
Mme Lavoie-Roux: La CSST est un organisme qui a une très
grande indépendance et où, même, la relation entre le
ministre titulaire et la CSST... Enfin, on n'entrera pas dans ce
problème...
Mme Blackburn: Je connais la relation. Cependant, je me dis qu'il
devrait y avoir... On pourra peut-être en reparler parce que je sais
qu'à l'hôpital de Chicoutimi - on y reviendra tantôt - on a
identifié que c'est un manque à gagner de 130 000 $, même
si on a effectué des mises à pied. On parle de mises à
pied, on ne parle pas de mises en disponibilité de
physiothérapeutes.
Mme Lavoie-Roux: Vous pariez de la CSC.
Mme Blackburn: Non, je parle de la physiothérapie dans les
hôpitaux où il y a un manque à gagner. Je disais donc que
Rimouski estime que ses dépassements budgétaires seraient de
l'ordre de 700 000 $ à 750 000 $. Il va chercher et c'est son propos,
c'est exactement ce qu'il dit: C'est pour fins d'équilibre
budgétaire. Non seulement il dit: C'est pour fins d'équilibre
budgétaire, mais il dit: Si je ne le fais pas, la menace qui pèse
au-dessus de moi, c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: On va essayer de répondre à vos
questions. Premièrement, il faut savoir que quand un budget est
signifié à un hôpital quel qu'il soit, il a trente jours
pour faire sa planification budgétaire qui doit être
répartie sur douze mois. Administrer d'une façon responsable, je
pense que c'est ça. Encore une fois, je vous dis que les bases
budgétaires des hôpitaux... L'hôpital de Rimouski, en
particulier, n'a pas été négligé. Je ne veux pas
parier du problème actuel, je ne le connais pas, on pourra y revenir
plus tard, si vous voulez mêler les oranges et les pommes, on peut...
Mme Blackburn: Ah non, c'est toujours l'hôpital,
madame.
Mme Lavoie-Roux: Bon, on repariera de la radiothérapie. Le
plan d'équilibre budgétaire doit être
présenté à nouveau au ministère pour approbation,
justement, sans diminution de services. Ce que l'hôpital de Rimouski a
fait, je ne le sais pas.
Quant à votre deuxième question, l'épée de
Damoclès suspendu au-dessus de la tête, c'est exact que les
hôpitaux sont contraints d'avoir un équilibre budgétaire.
Je pense que c'est une forme responsable d'administration. Plutôt que de
se retrouver dans le chaos où ils étaient alors qu'à la
fin de leur année budgétaire, ils ne connaissaient même pas
leur budget, comment vouliez-vous qu'ils soient responsables?
Deuxièmement, les 500 000 $ dont on parie, j'imagine que c'est leur
coût de système. Le coût de système n'est pas
envoyé ailleurs, mais il est retenu et il est conservé jusqu'au
moment où les gens atteignent leur équilibre budgétaire,
auquel moment il leur est versé. Il n'est pas versé à un
autre hôpital.
Je dois vous dire que la seule raison qui motive, par exemple, une
augmentation ou une révision des bases budgétaires, c'est s'il y
a eu des changements, par exemple, aux pians de développement, qui ont
été approuvés. S'ils nécessitent des sommes
supplémentaires, ils les auront. De plus, s'il y a une modification de
la population soit à la hausse... Supposons que la population de
Rimouski augmente du tiers - je donne ça comme hypothèse - c'est
évident que ça va avoir un impact sur l'hôpital. On tient
compte de ça dans les situations budgétaires des hôpitaux.
On a connu des hôpitaux où il y a eu des fluctuations de
population, ou d'autres variables, des obligations supplémentaires, et
on en tient compte. Mais quand un hôpital fonctionne et continue de
fonctionner selon une activité régulière, il doit
être en équilibre budgétaire. Ce n'est pas seulement le cas
des hôpitaux, c'est le cas de toutes les institutions. Je ne pense pas
qu'on puisse administrer d'une façon rigoureuse et responsable
simplement en laissant les gens administrer d'une façon ouverte, peu
importe ce qu'on dépense: le gouvernement est là, il va
renflouer. Je pense qu'on se retrouve dans l'anarchie administrative et
financière et c'est la population qui est pénalisée un peu
plus longtemps parce qu'à ce moment-là, vous vous trouvez devant
des obligations telles qu'il vous faut recourir à des formules qui
pénalisent
véritablement la population.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Merci. M. le Président, je trouve ça
fascinant. D'ailleurs, si on pouvait continuer d'écouter la ministre, je
pense que la députée de Chicoutimi pourrait finalement arriver
à comprendre le fonctionnement de tout ça. J'aimerais parier un
peu du fonctionnement de la commission parce qu'l me semble qu'on est ici pour
les engagements financiers, et j'essayais de trouver dans lequel on...
Mme Blackburn: Oui, alors, on va vous l'indiquer, M. le
député. Il n'y a pas de problème. Prenez la page 13.
M. Sirros: Je demandais à la présidence, pour
l'instant, si elle pouvait m'indiquer si on a déjà abordé
des engagements financiers parce que...
Mme Blackburn: Page 13, région 01, Centre hospitalier
régional de Rimouski, budget de fonctionnement.
M. Sirros: II me semble qu'on a déjà eu ce genre de
discussion la dernière fois qu'on a fait les engagements financiers
où on avait, quant à moi, de la difficulté à
discerner entre les engagements financiers et l'étude des
crédits. Il me semble que c'est à l'étude des
crédits que ce genre de discussion peut avoir lieu tandis qu'aux
engagements financiers, on s'en tient normalement à l'étude des
dépenses, même s! on peut avoir une certaine latitude de temps en
temps.
Le Président (M. Bélanger): Disons qu'il est de
coutume, lorsque nous faisons l'étude des dépenses, d'avoir une
marge de manoeuvre ou une latitude assez grande dans les questions qu'on peut
poser. Il s'avère souvent que c'est l'endroit où on peut poser
des questions sur toutes sortes de problèmes qui nous
préoccupent, pour autant que pour chaque engagement on ne dépasse
pas l'enveloppe de 20 minutes qui est dévolue à cet effet. Je
rappelle à Mme la députée de Chicoutimi qu'il lui reste 1
minute 30 secondes.
Mme Blackburn: Comment dites-vous?
Le Président (M. Bélanger): II y a 20 minutes par
article en vertu de l'article 30 du règlement.
Mme Blackburn: Par article...
Le Président (M. Bélanger): ...par engagement.
Mme Blackburn: II y a 20 minutes par engagement financier.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Blackburn: C'est-à-dire selon ce que la commission
décide généralement et cela se fait selon un mode de bonne
entente, à moins que vous essayiez d'éviter des questions
embêtantes.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi, je m'excuse. C'est malicieux ce que vous
venez de dire. Je ne l'accepte pas. C'est en vertu de l'article 30 de notre
règlement que je vous Invite à lire, d'ailleurs. Il vous reste
une minute et demie.
Mme Blackburn: M. le Président, habituellement on
fonctionne, tout le monde le sait - ce serait bien la seule commission à
ne pas fonctionner de cette façon - selon une entente...
Le Président (M. Bélanger): Ce sera la seule.
Mme Blackburn: ...ce qui fait que les deux heures et demie
terminées, on estime que les engagements financiers ont
été vus. Bon. Sauf qu'on porte un peu plus d'intérêt
à des situations qui sont plus pénalisantes. Quand vous avez des
engagements financiers qui représentent, comme dans ce bloc qu'on est en
train d'examiner, quelque...
Le Président (M. Bélanger): Madame, il n'est pas
question de limiter le temps. Je vous rappelle simplement l'article 30 qui se
lit comme suit: "Lors de la vérification trimestrielle d'engagements
financiers, chaque membre de la commission dispose d'un temps de parole de 20
minutes qu'il peut utiliser en une ou plusieurs Interventions. "Ce temps de
parole vaut pour chaque engagement financier appelé par le
président lors d'une séance trimestrielle de vérification
d'engagements financiers." Article 30, page 135 de votre règlement.
Mme Blackburn: Merci de l'avoir lu. Je l'apprécie. Est-ce
qu'il n'est pas généralement une pratique admise que
l'Opposition, à l'occasion des commissions parlementaires, et les
commissions parlementaires c'est généralement fait pour
l'Opposition, on l'avait fait à l'époque et c'est le Parti
québécois qui a instauré cette pratique que je trouve tout
à fait intéressante... C'est pour permettre à l'Opposition
de poser des questions pertinentes sur l'état d'un réseau quel
qu'H soit.
Les commissions parlementaires telles que nous les concevons, oui, c'est
vraiment le Parti québécois qui les a constituées parce
que cela voulait faire jouer un rôle autre aux parlementaires. Quand on
essaie d'avoir le pouvoir en plus de museler les parlementaires dans ces
commis-
sions-là, je ne pense que ce soit de bonne guerre. Et I a
toujours été admis qu'on puisse le faire de cette
façon.
Si vous me dites que ce matin vous ne voulez plus qu'on fonctionne comme
on a toujours fonctionné, je dis: Tant pis, on va passer à autre
chose. Je trouverais ça infiniment déplorable car je pense que la
population a le droit de savoir vers quoi on se dirige lorsqu'il s'agit des
services de santé, et qui plus est, dans le cas de cet engagement 16
d'août 1988, qui est de 224 000 000 $, tout près de 225 000 000 $.
Alors qu'on me dise qu'on est capables de vérifier cela à
l'intérieur de 20 minutes, j'ai comme des petits problèmes. Mais,
si vous me dites que c'est par hôpital, je n'ai pas de problème.
(11 heures)
Le Président (M. Bélanger): Non, c'est par
engagement. Je vous invite à regarder les anciens numéros du
Journal des débats où vous verrez que toutes les fois que
nous avons fait une commission, rarement un élément, un article
ou un programme a pris plus de 20 minutes, très rarement. C'est pourquoi
on n'a jamais eu à appliquer cette disposition. Par contre, il existe
une disposition, en vertu de l'article 155 de notre règlement, page 49
toujours, qui dit ceci: Toute commission peut du consentement unanime de ses
membres déroger aux règles relatives aux temps de parole." Cet
article-là veut dire que, s'il y a consentement unanime et dans la
mesure où on s'entend pour que les engagements financiers soient
considérés comme vérifiés à la fin de la
période dévolue, on peut dépasser ce temps de parole, mais
il me faut le consentement unanime à ce moment-là, ce que
j'aurais demandé, de toute façon, lorsque les 20 minutes auraient
été écoulées.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous prendrez la
décision que vous voudrez. La seule chose que je veux dire c'est que, si
la députée nous avait laissé savoir qu'elle voulait nous
Interroger sur les 240 centres hospitaliers du Québec et non sur le
reste, je n'aurais pas eu d'objection, mais on se serait préparés
en conséquence pour lui donner des réponses complètes.
Normalement, quand on vient aux engagements des états financiers...
D'abord, pour la rassurer, sur les 225 000 000 $, il y en a 157 000 000 $ qui
sont de la Régie de l'assurance-maladie. Cela diminue déjà
un peu. Alors, à moins que l'on repasse aussi combien
d'opérations d'actes chirurgicaux, etc. ont été faits...
On pourrait continuer jusqu'à demain matin.
Je veux juste faire remarquer qu'il s'agit des engagements financiers et
je pense que j'ai répondu largement et le plus complètement
possible, avec toute la transparence possible. J'ai môme une
réponse supplémentaire à lui donner en ce qui concerne
Matane, pour savoir si c'est vrai qu'H n'y a plus un seul cas électif
qui est entré là depuis le mois d'août, je pense, que vous
m'avez dit...
Mme Blackburn: Évidemment, j'exclus l'urgence en disant
août 1988.
Mme Lavoie-Roux: On verra la somme des électifs versus les
urgences. Je vais lui apporter la réponse. Je peux comprendre qu'il y a
peut-être lieu de continuer, mais je vous dis: J'aurais aimé
être avisée que la commission porterait sur chacun des centres
hospitaliers du Québec.
Mme Blackburn: M. le Président, je dois dire que, oui,
j'aurais des excuses à présenter pour ne pas avoir indiqué
l'intérêt que je portais à certains dossiers à
l'occasion des engagements financiers. Mais soyez assuré que je
corrigerai ça pour les prochains engagements financiers. Je vous
préviendrai. Je n'aurai vraiment pas de problème à le
faire.
Mme Lavoie-Roux: Encore faudra-t-il que vous ayez l'assentiment
du reste de la commission.
Mme Blackburn: Ah non! Je pourrai vous prévenir. Que vous
en fassiez ce que vous voulez, je sais que vous avez le pouvoir: vous
êtes 100 et on est 20. Je n'ai pas trop de problème à
comprendre ce système-là, c'est mathématique.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il vous reste
une minute 20 secondes.
Mme Blackburn: Ce que je voulais ajouter, si on ne passait pas
son temps à (n'interrompre, c'est qu'à l'avenir, je peux
m'acquitter facilement de ça, si la ministre désire que je lui
Indique d'avance ce sur quoi vont porter les questions, je n'ai vraiment pas de
problème avec ça. Je sais que ça se faisait et...
Mme Lavoie-Roux: Non pas sur chacune des questions, mais quand
vous voulez les faire porter sur l'ensemble d'un sujet particulier, cela change
un peu la préparation des crédits.
Mme Blackburn: Je veux ajouter que je n'ai pas l'intention de
vous interroger sur chacun des hôpitaux mais que mon intérêt
porte plus particulièrement sur ceux qui me paraissent le plus en crise,
essentiellement, et cela m'apparaît normal et logique. Il me semble que
la population a droit à ce genre d'explication.
J'ai aussi le goût de faire des rapports entre ce que la ministre
nous disait, à savoir qu'il y a eu des ajustements à l'enveloppe
de financement de base et des réajustements aux coûts de
système. Elle nous disait également que le coût de
système et le réajustement étaient peut-être
insuffisants, sauf que ce qui arrive, c'est qu'elle disait, en même
temps, que les administrateurs avaient l'obligation d'équilibrer leur
budget. C'est les responsabiliser. Donc, même s'ils n'ont pas des budgets
suffisants, ce
sont eux qui doivent décider des services qui seront offerts tout
en n'ayant pas le droit de réduire les services. C'est la quadrature du
cercle. Comment peuvent-Us décider de ne pas réduire les services
si on ne leur donne pas les budgets nécessaires et si les coûts de
système ne sont pas tout à fait conformes à la
réalité, c'est-à-dire s'ils n'ont pas respecté
complètement la croissance de certains coûts de système, en
particulier pour les médicaments, certains services
spécialisés ou les prothèses? Je me dis: Est-ce que c'est
la responsabilité d'un établissement public, au Québec, de
décider de la quantité de services offerts et de
l'accessibilité à ces services? Je m'interroge sur ça.
Maintenant, je n'aurais pas d'objection à ce qu'on passe au centre
hospitalier Roland-Saucier.
Le Président (M. Bélanger): Comme les 20 minutes
sur ce sujet sont écoulées, est-ce qu'on peut avoir le
consentement pour faire l'étude du cas du centre hospitalier
Roland-Saucier?
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on a le
consentement de la commission? M. le député de Laurier.
M. Sirros: Si je comprends bien, la députée demande
le consentement de la commission pour pouvoir continuer dans cette veine?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Sirros: Je suis très content d'entendre la
députée dire qu'elle prend note du fait que ce serait plus
facile, non seulement pour la ministre, mais pour les membres de la commission,
si elle pouvait, à l'avenir, nous aviser de la nature de ses questions
lors des engagements financiers.
En principe, je suis certain qu'il n'y a aucune objection de ce
côté-ci de la table pour qu'elle puisse continuer, mais j'aimerais
simplement rappeler que, normalement, quand on évite de monter dans les
rideaux, cela amène plus facilement le consentement. Nous sommes, nous
aussi, intéressés, comme tout citoyen, à ce que la
population ait une pleine information. Je rappellerai, finalement, que c'est de
consentement unanime que les commissions ont été
constituées de la manière dont elles le sont actuellement, par
l'Assemblée nationale et non par une partie partisane. Merci, M. le
Président. On pourrait donner notre consentement pour...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement pour prolonger l'étude de cet article? Consentement?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Il y a consen- tement. Bien!
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci. Ce sera bref. En ce qui concerne l'Institut
Roland-Saucier - je sais que la ministre en est informée, je sais
qu'elle suit ses dossiers - au moment où on s'était
rencontrés, de concert avec l'Institut Roland-Saucier et les
psychiatres, on avait convenu de quatre conditions qui nous permettraient de
faciliter le retour des psychiatres à l'Institut Roland-Saucier. L'une
des conditions qui, semble-t-il, avait fa faveur de l'ensemble des
intervenants, c'était l'ouverture d'un centre d'observation. Un centre
d'observation a donc été ouvert il y a plus de huit mois.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si ça fait huit mois, mais
il a été ouvert, en tout cas.
Mme Blackburn: Oui, j'ai vérifié ce matin, huit
mois. Le centre d'observation, selon l'évaluation qu'on en a fait
à l'hôpital, à l'Institut Roland-Saucier... Je dois dire,
pour l'information des membres de la commission, que l'Institut Roland-Saucier
est un institut psychiatrique qui dessert environ 225 000 personnes dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, non pas du Lac-Saint-Jean, mais du
Saguenay, du Haut et du Bas-Saguenay. On évalue que la création
de ce centre d'observation aurait permis d'éviter quelque 400
hospitalisations par année. C'est beaucoup. On connaît la
durée moyenne d'une hospitalisation en psychiatrie: elle peut être
de plusieurs années, mais c'est certainement aux alentours de six mois
jusqu'à un certain nombre d'années. C'est de l'argent. Seulement
sur le plan de l'économie budgétaire, du coût de
système, c'est extrêmement important. Mais sur le plan des
personnes et de la qualité des services offerts à la population,
c'était énorme. Le centre d'observation a dû fermer ses
portes. Pour des fins d'équilibre budgétaire? Ce n'est pas ce
qu'il invoque. Ce qu'il invoque, c'est l'épuisement du personnel
médical. Il y avait six ou sept médecins
généralistes, spécialisés en psychiatrie. !l y en a
un qui est parti; il ne veut plus rien savoir. Il reste deux psychiatres qui
arrivent de peine et de misère à tenir le coup. Il n'y a plus de
pédopsychiatrie depuis mai 1988. Les enfants sont hospitalisés
ici, à Québec. On est revenu quasiment comme dans les
années cinquante où tous nos malades venaient à
Québec, à Saint-Michel-Archange.
Mme Lavoie-Roux: II n'y avait pas de pédopsychiatres dans
les années cinquante.
Mme Blackburn: Non, mais tout le monde l'était, à
ce moment-là. On n'avait pas de psychiatres non plus, dans la
région; en tout cas, il n'y en avait pas beaucoup. Le premier fut le Dr
Plourde. Je pourrais vous les nommer tous. On les connaît tous. La
situation est devenue... Mais il y a là une population privée de
soins, qui
n'a pas accès à des services - j'allais dire -quasiment
minimaux, dans certains secteurs, en tout cas, en pédopsychiatrie
sûrement. L'hôpital fait des efforts énormes pour essayer de
recruter. Là, il y a un médecin étranger avec lequel les
pourparlers sont relativement avancés. Mais on m'apprenait - c'est ce
que Je voulais vérifier auprès de vous, parce que si telle est la
réalité, j'ai des problèmes - que l'hôpital a fait
des approches personnelles ou par téléphone à environ 90 %
des résidents qui vont terminer, qui vont entrer en résidence en
juillet. Et, dans la très grande majorité des cas, les
résidents n'ont pas manifesté d'intérêt à
s'en aller en région parce qu'ils étaient ou assurés ou en
demande ou on leur avait laissé savoir qu'ils pourraient avoir des
postes à Québec ou à Montréal. Est-ce que c'est
juste? Parmi des résidents de cette année, combien y en a-t-il
qui se verront contraints d'accepter les postes là où ils
existent, c'est-à-dire dans les régions?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que, dans le cas de
Roland-Saucier, l'information que j'ai - parce que c'est un dossier qui est
actif depuis, probablement huit mois, en effet, depuis le printemps dernier en
fait - c'est que le recrutement des deux psychiatres étrangers semblait
devoir porter ses fruits et qu'également, on espérait obtenir
deux résidents, l'été prochain. Alors, on retombe dans
toute la problématique de l'ensemble de la main-d'oeuvre médicale
psychiatrique, si on veut, ou de la main-d'oeuvre psychiatrique
médicale. Je dois vous dire que la seule solution qui va porter ses
fruits c'est, évidemment, l'application des effectifs médicaux,
c'est-à-dire qui va porter ses fruits d'une façon plus stable et
à moyen terme. Mais, dans le cas de Roland-Saucier, les Informations que
je peux vous donner, c'est qu'on pense obtenir deux résidents cet
été et que le recrutement des deux autres... Maintenant, on peut
se poser des questions aussi sur... Et là-dessus je n'ai pas assez
d'éléments pour faire une analyse vraiment valable, mais on a eu,
à un moment donné, en juin ou en août peut-être,
quatre psychiatres qui ont démissionné de Roland-Saucier. Ils
sont allés travailler dans la communauté ou, enfin, dans un
bureau privé, mais quelques mois plus tard, on apprenait qu'ils
étaient rendus à l'hôpital de Chicoutimi. Alors, je ne sais
pas s'il y en a qui ont quitté la région sur les quatre ou s'ils
sont tous restés dans la région, je l'ignore, mais on peut se
demander ce que ces psychiatres voulaient finalement, parce qu'ils sont
restés dans la région, à moins qu'il y en ait qui soient
partis depuis ce temps-là. Et cela n'a pas pris de temps avant qu'ils
s'en aillent à l'hôpital de Chicoutimi, somme toute. Je pense
qu'un d'entre eux, si je ne m'abuse, était un pédopsychiatre.
Est-ce qu'il est parti depuis ce temps-là? Je l'ignore.
Mme Blackburn: il y avait deux pédopsychiatres et les deux
sont en pratique privée.
Une chose à corriger: Ils ne sont pas entrés
immédiatement à l'hôpital de Chicoutimi. Ils sont à
l'hôpital de Chicoutimi depuis quelques mois seulement et la raison
qui... Et cela faisait partie des demandes que nous avions
présentées, c'est-à-dire que des avantages soient
consentis aux psychiatres pour leur permettre de travailler en
établissement, dont une rémunération
différenciée pour ceux qui travaillent en établissement.
Parce que tout le monde sait que, si vous travaillez en pratique privée,
c'est beaucoup moins exigeant que si vous travaillez en Institution. Ceux qui
sont à l'hôpital de Chicoutimi trouvent beaucoup plus avantageux
le système qu'ils se sont donné où ils sont en pratique
privée, en bureau privé et en consultation à
l'hôpital de Chicoutimi au lieu de n'être qu'exclusivement à
l'emploi de l'hôpital comme ils l'étaient. La raison, ils l'ont
expliquée lorsqu'ils ont démissionné: Nous étions
huit, disaient-il, en 1985. Nous sommes maintenant six et on ne tient plus le
coup. Si ça continue comme ça, nous allons nous donner la
qualité de vie qu'on n'est pas capables de se donner à l'Institut
Roland-Saucier. C'était vraiment là leur choix. Cette
qualité de vie, avec les conditions qu'ils se sont faites à
l'hôpital de Chicoutimi, est à peu près comparable à
celle de n'importe quel spécialiste, ce qui n'était pas le cas
lorsqu'ils étaient à l'Institut Roland-Saucier parce que
travaillant en institut. (11 il 15)
Une des recommandations du CRSSS, à l'époque,
c'était d'accorder une rémunération
différenciée pour le psychiatre qui acceptait de travailler en
établissement. Bon. La réponse a été: On peut aller
chercher des médecins étrangers parce qu'ils sont obligés
de travailler en établissement. Cela corrige une partie de la situation.
Selon mes Informations, il y a des contacts sérieux avec un
résident algérien, actuellement en pratique à Boston, et,
selon ce résident, ce qui circule actuellement dans les facultés
de médecine, l'information donnée aux jeunes médecins, aux
futurs résidents, c'est: Ne vous fatiguez pas pour vous en aller en
région; de toute façon, des postes, vous allez en avoir à
Québec et à Montréal. Alors, un résident qu'on
pensait avoir s'en va à Lévis. C'est ce que je voulais qu'on
vérifie parce qu'aussi longtemps qu'on n'aura pas... En fait, le centre
hospitalier... Vous savez, comme moi, que c'est inacceptable.
Vous savez, on est en train de vivre une certaine situation et, je le
répète, il ne faudrait pas attendre qu'il y ait des accidents
déplorables. Vous savez comme moi qu'il y en a eu au moins deux qu'on
peut identifier. Je n'en ai pas fait état parce que je n'utilise pas ce
genre d'affaire, mais il ne faudrait pas qu'il y en ait d'autres, parce que ces
gens-là n'osent pas venir dans la rue dire que cela va mal. Un malade
mental, cela ne saigne pas; cela ne fait pas bien devant les caméras,
bien sûr, et, en plus, c'est gênant d'avoir des problèmes
psychiatriques. Cela fait donc une clientèle silencieuse, mais pas
moins
souffrante. Là, cela n'a plus de bon sens. Cette clientèle
est prise en otage. On avait proposé quatre mesures. Les psychiatres les
avaient acceptées, l'institut, le CRSSS, on a fait des
négociations un peu avec tout ce monde-là, sauf qu'on attend la
réponse de votre comité tripartite: les médecins
omnipraticiens, spécialistes, etc. et le ministère. Toutefois, si
cela dure encore trois ou quatre ans, qu'est-ce que cela va faire à
l'institut Roland-Saucier? On va déménager...
Mme Lavoie-Roux: Quel comité tripartite?
Mme Blackburn: Vous avez un comité des médecins,
comment s'appelle-t-il? La table de concertation.
Mme Lavoie-Roux: Ahl La table de concertation?
Mme Blackburn: La table de concertation.
Mme Lavoie-Roux: En ce qui concerne la table de concertation, on
a les...
Mme Blackburn: C'est parce qu'il y en a un peu partout.
Mme Lavoie-Roux: ...on a un certain nombre de résultats.
Un des objectifs était d'établir les besoins en termes de
main-d'oeuvre spécialisée et de main-d'oeuvre en médecine
générale. Je pense qu'on a des données à ce sujet.
Dans les demandes qu'on fait aux universités, on indique, par exemple,
qu'on désire que soient augmentés, pour cette année, le
nombre de médecins qui devraient éventuellement aller en
régions éloignées, en fait les postes
réservés pour les résidents qui devraient aller en
régions éloignées. On leur demande également, comme
cela a été fait depuis plusieurs années, de favoriser ou
privilégier, si on veut, des résidences dans certaines
spécialités en pénurie, que ce soit l'anesthésie,
la radiologie ou la psychiatrie.
Vous décrivez une attitude qu'auraient les universités. Je
pense qu'il y aurait peut-être lieu qu'un autre ministère
s'inquiète si c'est vraiment le genre de message et de
responsabilité sociale qu'ont les facultés de médecine
à l'endroit du reste du Québec, si c'est tel que ce que vous
venez de le décrire. Je pense que c'est peut-être de ce
côté-là qu'on devrait agir. Là-dessus, ce n'est pas
de ma responsabilité...
Mme Blackburn: Oui, mais la réponse...
Mme Lavoie-Roux: ...sauf qu'on établit très
clairement nos besoins.
Mme Blackburn: Vos besoins sont établis, mais est-ce
à dire que les résidents, aujourd'hui, au moment où on se
parle, pourront, au mois de Juillet, aller dans l'hôpital de leur choix,
même s'il n'y a pas là pénurie de psychiatres? Prenons
ceux-là parce qu'on pourrait examiner toute la série de
spécialistes. Donc, est-ce à dire que les résidents qui
seront prêts à entrer en résidence, en juillet prochain,
pourront le faire dans l'hôpital de leur choix partout au Québec,
indépendamment des besoins?
Mme Lavoie-Roux: Cela touche ceux qui sortent et non ceux qui
entrent en résidence. Vous ne déterminez pas, quand vous entrez
en résidence, si vous allez pratiquer à tel ou tel endroit, sauf
en régions éloignées pour un certain nombre d'entre eux.
Mais, ce n'est pas quand vous entrez en résidence, c'est quand vous
sortez de votre résidence que vous faites le choix d'aller en
régions éloignées ou non.
Mme Blackburn: Non, mais je parle des résidents parce que
cela peut être utile chez nous. On voudrait bien en avoir
quelques-uns.
Mme Lavoie-Roux: Ceux qui ont fini à ce
moment-là.
Mme Blackburn: J'allais dire faute de gens ayant une plus grande
expérience, ils pourraient peut-être s'en contenter. Ce que je
dis... Il me semble qu'il y avait une espèce d'entente qui
prévoyait que, pour les résidents, il y ait une certaine forme de
pression ou d'obligation pour qu'ils s'en aillent là où il y a
des besoins. Cela veut dire qu'ils vont pouvoir aller à Québec,
à Montréal, indépendamment des besoins.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Il y a une forme de pression dans le
sens du plan des effectifs médicaux. On détermine par
région et par établissement le besoin dans telle ou telle
spécialité. Comme les spécialistes, sauf, apparemment, en
psychiatrie... Ce sera encore une caractéristique des psychiatres qui
peuvent, eux, pratiquer en cabinet privé sans aller dans un
établissement alors que la quasi-totalité des autres
spécialistes, d'une façon presque majoritaire, pratiquent en
établissement. Vous aurez un nombre déterminé. Il y a un
nombre déterminé et les autres, évidemment, par la force
des choses, s'ils veulent pratiquer en établissement, doivent aller
ailleurs. Dans le cas de la psychiatrie, vous me dites: Ils ont
décidé d'aller pratiquer en cabinet privé parce qu'ils
trouvent ça moins fatigant que de travailler en établissement.
Là...
Mme Blackburn: On peut dire que c'est plus facile de pratiquer la
psychiatrie en cabinet privé que la chirurgie, la radiologie ou
l'anesthésie. C'est évident que vous avez là une
spécialité, tout compte fait, qui se pratique plus facilement en
cabinet privé. Je laisse cette question. Ma question portait plus
spécifiquement sur les résidents.
Mme Lavoie-Roux: Je vous dis que c'est
selon le pian des effectifs médicaux.
Mme Blackburn: Est-ce que le lieu de résidence...
Mme Lavoie-Roux: Le lieu précis de résidence ne
peut pas être fixé. Je vous dis que, chaque année, M y a un
certain nombre de postes de résidence réservés à
des médecins qui s'engagent à aller pratiquer en régions
éloignées. Au-delà de ça, il y a la loi 75
qui...
Mme Blackburn: Cela, c'est après. La loi 75, c'est
lorsqu'ils ont fini...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est la même chose pour les
autres. Quand ils entrent en résidence, on ne détermine pas s'ils
vont aller pratiquer à tel ou tel endroit, c'est...
Mme Blackburn: C'est ce que je dis, c'est le lieu de
résidence. Est-ce qu'on a un contrôle sur le lieu de
résidence des futurs psychiatres, de manière à s'assurer
que 90 % ne puissent pas nous répondre ce qu'ils nous répondent:
On n'est pas obligés d'aller en région, on peut pratiquer
là où il y a des surplus de médecins, des surplus de
psychiatres. Est-ce que c'est ça, la situation? Je vous dis que
l'Institut Roland-Saucier se contenterait d'avoir trois ou quatre
résidents. Évidemment, il faut les encadrer. Je sais ce que cela
veut dire, aussi. Mais c'est là ma question, elle est très
précise: Est-ce qu'il est vrai qu'actuellement, les résidents
peuvent trouver des lieux de résidence indépendamment de la
nature des besoins spécifiques des hôpitaux?
Mme Lavoie-Roux: C'est évident que ces hôpitaux sont
affiliés aux universités. Où les universités
choisissent-elles de les envoyer faire leur résidence? C'est bien en
termes de résidents que vous me parlez, ce n'est plus en termes de
médecins diplômés?
Mme Blackburn: Je parle de résidents, depuis tout à
l'heure. Les résidents, vous n'avez rien là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: C'est en fonction des hôpitaux
affiliés aux universités.
Mme Blackburn: Les hôpitaux de stage. Ce n'est pas
nécessairement affilié. Lévis n'est pas affilié au
.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ils peuvent avoir des ententes pour
les stages. Je ne sais pas s'il y en a dans le cas de Lévis.
Mme Blackburn: Oui, il y a des ententes pour les stages dans la
plupart des... C'est-à-dire que là-dessus, on n'a aucun
contrôle et, s'ils le voulaient, ils pourraient tous s'en aller, à
100 %, dans les régions de Québec et de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Encore faudrait-il qu'il y ait les ressources
pour s'en occuper dans les hôpitaux de Québec et de
Montréal, comme résidents.
Mme Blackburn: En tout cas, on me dit que 90 % des stagiaires
auraient l'assurance d'avoir des stages dans les villes de Québec et de
Montréal, où on sait qu'il y a déjà un surplus,
à Montréal, en particulier.
Qu'est-ce qu'on peut attendre pour l'institut Roland-Saucier dans les
prochains mois? On sait qu'il y a un résident, vraisemblablement, un
étranger... Évidemment, avec les délais que ça
demande, on peut penser qu'au mois de juin, juillet ou août, il sera
rendu à l'institut Roland-Saucier. Mais d'ici là, qu'est-ce qu'on
fait pour la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui est privée des
services essentiels en psychiatrie?
Mme Lavoie-Roux: D'abord, vous me dites vous-même qu'il
reste six psychiatres dans la région de Chicoutimi.
Mme Blackburn: À l'institut Roland-Saucier.
Mme Lavoie-Roux: II y a des omnipraticiens à
Roland-Saucier. Je pense qu'on a fait les démarches - vous l'avez admis
vous-même - pour qu'il y ait des médecins étrangers qui y
viennent. C'est la mesure qu'on peut prendre. Dans le cas des résidents,
c'est la même chose. Je pense qu'on a pris toutes les mesures qui
pouvaient être prises pour pallier la situation de l'Institut
Roland-Saucier.
Mme Blackburn: Donc, vous me dites qu'il n'y a rien d'autre
à faire que de laisser la population...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, Mme la députée, il
ne faut pas exagérer en disant que les gens de Chicoutimi sont
privés de traitements psychiatriques. Vous avez, à
Roland-Saucier, une douzaine de... Est-ce que c'est douze ou huit? Je ne sais
pas.
Une voix: Douze.
Mme Blackburn: II en reste six.
Mme Lavoie-Roux: ...une douzaine d'omnipraticiens qui ont quand
même une formation pour traiter les gens en psychiatrie. Vous avez six
psychiatres dans la ville de Chicoutimi. N'allez pas dire que les gens sont
absolument sans ressource dans la région. Moi, je souhaiterais bien que
ça fonctionne mieux à Roland-Saucier, mais je pense qu'aucune
mesure humainement possible n'a été négligée pour
recruter des psychiatres pour Roland-Saucier. Et, peut-être que si,
parfois, nous avions eu des appuis supplémentaires de votre parti, dans
le cas, par exemple, du plan des effectifs médicaux où on a
dû retarder l'adoption de la loi parce que vous l'avez
laissée traîner pendant je ne sais pas combien de temps, laquelle
visait justement à une meilleure répartition des médecins
en régions éloignées... C'est bien beau d'accuser et de
poser des questions, mais soyez responsable! Mais vous n'étiez pas
là, je l'admets.
Mme Blackburn: La loi étant adoptée, pouvez-vous me
dire si elle a eu des effets réels sur ta répartition des
effectifs?
Mme Lavoie-Roux: Elle commence à en avoir.
Mme Blackburn: Et en ce qui concerne le centre d'observation, qui
était l'une des mesures avec laquelle...
Mme Lavoie-Roux: On l'a mis en place et on a donné
l'argent.
Mme Blackburn: Mais là, je ne laisserai pas... M. le
Président, je voudrais terminer. Mme la ministre le sait très
bien. Je me suis assise de façon extrêmement sérieuse et
j'ai examiné ce que pouvaient être les conditions qui nous
permettraient, au Saguenay, d'avoir des effectifs en psychiatrie. La ministre
le sait également. Je lui ai fait des propositions avec lesquelles elle
était relativement d'accord. Ce n'était pas extravagant ce que
j'ai suggéré.
Mme Lavoie-Roux: On les a mises en application.
Mme Blackburn: La seule... Non. Je m'excuse, madame, non, parce
qu'il y a un certain nombre de mesures pour lesquelles vous m'avez dit: On ne
peut pas le faire là parce que c'est le reste de la région qui
entre là-dedans et qu'il faut voir ce qu'on va faire dans tout le
Québec.
Mme Lavoie-Roux: C'est la rémunération
différenciée, ça.
Mme Blackburn: Oui. Il en était de même pour les
congés de perfectionnement et de mise à jour des connaissances.
C'étaient deux conditions qui ne me paraissaient pas complètement
farfelues et à vous non plus, d'ailleurs, sauf qu'on est en train
d'attendre que tout le Québec se réajuste, et ça,
ça pose un problème. Cela pose un problème, chez nous, au
moment où l'on se parle et il faut savoir...
Si la ministre est en train de nous dire qu'on va changer la pratique en
psychiatrie au Québec et que, dorénavant, elle pourra être
assurée par les médecins généralistes, tant mieux!
Mais, qu'elle le dise! Qu'elle dise qu'on est en train de changer la pratique.
Mais au Saguenay - Lac-Saint-Jean, à Chicoutimi et dans la région
du Bas et du Haut-Saguenay, on prévoit qu'il doit y avoir 21
psychiatres, alors qu'il en reste six. Est-ce que c'est là quelque chose
de décroché dans l'air, ça? Ce n'est pas moi qui le dis,
ce sont vos spécialistes qui estiment le nombre de psychiatres requis
dans la région du Grand Saguenay à 21, à l'exclusion du
Lac-Saint-Jean. Ce n'est pas moi qui l'invente; ce n'est pas moi.
Là, vous me dites qu'on ne manque pas de psychiatres, alors qu'on
en a six, tandis qu'il en faudrait 21. Écoutez, il faudrait être
un peu réaliste. Ce que je dis là, c'est qu'on a des
problèmes réels depuis janvier 1988, alors qu'on était
rendu à six psychiatres. En 1985, on en avait huit. Depuis, il y a eu
deux démissions et deux départs; il en reste six.
Là-dessus, vous avez des médecins qui commencent à
être un peu plus âgés, je ne les nommerai pas, mais qui ont
passé la soixantaine. Ils ne resteront pas là encore dix ans,
eux. C'est ça notre problème et c'est un problème qui, il
me semble, mériterait des solutions un peu plus ad hoc, sans qu'on soit
obligé d'attendre des résultats.
Est-ce que la ministre a l'intention d'intervenir dans le cas de la
fermeture du centre d'observation? C'est là une autre question. Je
termine là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai rien à
ajouter. Dans le cas du centre d'observation, l'argent est là. Il semble
qu'on ait décidé temporairement de le fermer. Cela a
été une décision du centre lui-même. Écoutez,
devant une décision comme celle-là, je pense qu'il n'y a rien
d'autre que je puisse faire, sauf de souhaiter qu'il rouvre.
Quand vous dites qu'on reste indifférents, je pense que les
mesures pour les médecins étrangers... Environ 18 médecins
sélectionnés ont été autorisés à
venir au Québec cette année et, de ce nombre, je pense qu'au
moins dix à douze sont psychiatres. Je pense que toutes les mesures qui
pouvaient être humainement prises l'ont été.
Peut-être faut-il 21 psychiatres à Chicoutimi, mais il y en aura
beaucoup plus qu'ailleurs. En tout cas, vous me dites que c'est le nombre
autorisé et je ne remets pas ça en question, mais il y a des
limites à ce qu'on peut faire et il n'y a rien d'autre que je puisse
faire, je vous le dis. (11 h 30)
Je pense qu'on a fait ce qu'il fallait faire dans les facultés et
qu'il n'y a pas d'autres mesures qui peuvent être prises. Si cette
région se retrouvait avec personne, elle serait comme d'autres
régions, mais ce n'est pas le cas, avec des itinérants, ce
à quoi elle n'a pas besoin de recourir parce qu'il lui reste des
psychiatres sur place. Des omnipraticiens qui sont en psychiatrie depuis cinq
ou six ans ou je ne sais pas combien à Roland-Saucier, c'est un
résident qui a fait de la spécialisation en psychiatrie. Il reste
peut-être des omnipraticiens, mais je pense que la population n'est pas
sans soin. Je pense qu'il faut être
prudent et le dire.
Mme Blackburn: Qu'est-ce qu'on fait des cas de
pédopsychiatrie qu'on doit hospitaliser ici à
Québec...
Mme Lavoie-Roux: Mais vous en avez deux pédopsychiatres
à Chicoutimi. C'est beaucoup pour la région.
Mme Blackburn: ...parmi ceux qui ont besoin d'hospitalisation? Je
sais que vous connaissez le dossier, mais je ne voudrais pas cependant... Il
n'est pas permis de dire n'importe quoi. Quand j'avance le chiffre de 21
psychiatres pour la région du...
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit: Puisqu'ils les ont autorisés,
cela doit être...
Mme Blackburn: Vous dites qu'a y en a plus à Chicoutimi
qu'ailleurs. C'est sûr, il y en a plus à Chicoutimi; c'est
établi à partir de grilles que vous connaissez. D'accord. Alors,
essayons de...
Mme Lavoie-Roux: Je ne connais pas ces chiffres.
Mme Blackburn: ...se dire que c'est assez rigoureux. Ce n'est pas
moi qui les avance et ce n'est pas extravagant, 21 pour 225 000 habitants.
Le Président (M. Bélanger): On va vous en emprunter
pour Laval. Avec 300 000 de population, on n'en a pas 21 et on n'en a pas
6.
M. Blackburn: On n'en a pas 21 non plus.
Le Président (M. Bélanger): On n'en a pas 6 non
plus, on va vous en emprunter.
Mme Blackburn: Sauf que vous êtes à un billet de
métro de Montréal. Ne comparons pas les choses.
Le Président (M. Bélanger): Mais quand même.
Il y a 300 000 de population.
Mme Blackburn: À un billet de métro. Tandis que
pour moi, quand je vais chercher ma population...
Mme Lavoie-Roux: Mais la psychiatrie a été
sectériorisée. On essaie de...
Mme Blackburn: Oui, je sais. Je connais.
Mme Lavoie-Roux: ...modifier un petit peu ça parce que
cela cause une rigidité...
Mme Blackburn: Pour nous autres, cela va plus vite d'aller
à Alma parce que là, il y en a qui travaillent.
Le Président (M. Bélanger): Mais cela prend le
même temps de Vimont, dans Laval, au centre-ville que de Chicoutimi
à Alma. Je connais les deux régions.
Mme Blackburn: Non, à Alma, on n'a pas d'institut
psychiatrique. On a un hôpital comme à Chicoutimi, sauf qu'il y a
plus de facilités parce qu'il y a la rémunération
différenciée. Il y a évidemment Roberval qui a des
psychiatres. Il y en a deux autres qui s'ajoutent, si je ne m'abuse, alors
qu'il y a beaucoup moins de population.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'engagement
d'août 1988, l'engagement 16...
Mme Blackburn: À l'hôpital d'Alma, deux minutes
là-dessus. J'ai eu une représentation, toujours dans le
même engagement, des infirmiers et infirmières auxiliaires qui,
pour fins de rationalisation, prétendent que l'administration de
l'hôpital est en train de modifier la structure des emplois chez les
infirmiers et infirmières auxiliaires à l'hôpital d'Alma.
La représentation m'a été faite par le syndicat de cet
hôpital, et également par l'association provinciale où,
dans plusieurs hôpitaux au Québec - c'est très variable
cependant - en même temps qu'il y a une table de concertation, en
même temps qu'il y a des négociations, il se pose quotidiennement
des gestes qui ont pour effet de modifier la structure des emplois dans le
personnel infirmier et qui affectent plus particulièrement les
infirmiers et infirmières auxiliaires. La question que ces gens se
posent est la suivante: Est-ce qu'il est normal et à quoi sert la table
de concertation que vous connaissez, qui a été mise sur pied il y
a quatre mois peut-être, à l'automne si, en même temps qu'il
y a des négociations, il y a des échanges sur la structure de
fonctionnement, la composition de l'équipe, les modes de distribution
des soins, la formation et la qualification? Est-ce que, en même temps et
parallèlement, les hôpitaux peuvent continuer à prendre des
décisions qui affectent ces corps d'emploi en même temps,
évidemment, je le répète, qu'il y a des
négociations? C'est autre chose mais, plus particulièrement, quel
est le rôle de la table de concertation si toutes les décisions
sont en train de se prendre en même temps?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne voudrais pas
être trop longue sur toute la question des auxiliaires
Infirmières. On se souviendra que, particulièrement, à la
fin de 1979 jusqu'au début des années 1984-1985, au moment
où les hôpitaux devaient non seulement faire des plans de
redressement budgétaires - on semble avoir oublié ça -
mais également subissaient des coupures réelles, il s'est fait un
véritable... Comment dirais-je, on a sabré dans les auxiliaires
infirmières. Lors de la dernière convention, j'ai réussi
à obtenir deux choses pour les auxiliaires infirmières, parce que
ce n'était peut-
être pas le souci premier de ceux qui nous avaient
précédés. J'ai obtenu deux choses, qu'il y ait un plafond
ou un plancher, je ne sais jamais lequel, d'établi quant au nombre
d'infirmières auxiliaires qui pouvaient être mises en
disponibilité parce que c'était illimité. De
mémoire, je vous dirais que c'est 143 - cela resterait à
vérifier - le plafond, pour le nombre d'auxiliaires infirmières
qui peuvent être mises en disponibilité. D'ailleurs, je pense que
la Corporation des infirmières vous confirmerait les efforts qui ont
été faits depuis 1986-1987 à leur endroit.
La deuxième chose que j'avais obtenue, c'est qu'elles ne soient
plus déqualifiées. Une infirmière auxiliaire qui
était mise en disponibilité pouvait être aussi bien
placée à la cafétéria qu'à la
réception, enfin, se retrouver dans une activité qui n'avait
absolument rien, ou à peu près, à faire avec ses
qualifications. Cela a été corrigé lors de la
dernière convention.
Au mois d'août, ou plutôt au mois de juin, j'ai écrit
à l'ensemble des établissements qui engagent de la main-d'oeuvre
infirmière - des centres d'accueil, des hôpitaux - justement pour
leur demander de réviser l'organisation de leur main-d'oeuvre
infirmière et de tenir compte en particulier de la main-d'oeuvre
reliée aux infirmières auxiliaires pour arrêter cette
hémorragie. Enfin, il y avait eu un certain frein de mis, puisqu'il y
avait maintenant un plafond, mais eu égard aux infirmières
auxiliaires. La corporation m'a fait depuis quelques représentations
dans le sens où il semble qu'on vous les ait faites à Aima. Dans
chacun des cas qui nous est signalé, nous, notre DGRT et même
aussi au recrouvrement de la santé, on fait des démarches pour
voir exactement ce dont il s'agit, s'il y a véritablement un abus ou
si... Alors, c'est un problème dont nous nous occupons activement.
Évidemment, c'est le vieux problème de l'infirmière chef
qui réorganise son département. Il y a eu aussi une tendance,
plus qu'une tendance, une tendance assez prononcée de ta part des...
Est-ce que cela vient de l'administration hospitalière ou cela vient-il
de l'intérieur de dire: Bon, les auxiliaires, il faudrait petit à
petit qu'on les, on n'a peut-être pas utilisé le mot
"éliminer", mais qu'on les recycle. C'est un problème auquel je
suis très sensible.
Pour revenir à votre deuxième ou troisième
question, sur la table de concertation, elle est née du rapport sur la
main-d'oeuvre infirmière, étude qui avait été mise
en place au printemps 1986 - oui, je pense que c'est dès 1986 - et qui
justement recommandait cette table de concertation qui a siégé,
au moment où nous nous parlons, peut-être deux ou trois fois,
parce qu'elle a été mise en place finalement au printemps, je
pense. Cette table de concertation a plusieurs objectifs dont, entre autres,
bien établir les besoins en main-d'oeuvre infirmière, qui n'est
pas uniquement des infirmières licenciées mais aussi des
auxiliaires et des préposés aux malades. C'est une table qui est
quand même importante, qui doit toucher toutes les questions relatives
à la formation, au degré de formation, parce qu'il y a de vieux
débats là-dessus qui n'ont jamais été vidés,
le degré de formation pour les infirmières, le degré de
formation pour les auxiliaires, etc., qui touche aussi les questions de
perfectionnement et l'utilisation de la main-d'oeuvre infirmière dans
nos établissements qui en requièrent. Il y a peut-être
d'autres éléments qui m'échappent. Évidemment, cela
est dissocié de ce qui se passe à la table de négociation.
En ce qui a trait à toute l'administration des hôpitaux et de leur
main-d'oeuvre infirmière, il y a déjà des indications
très claires qui leur ont été données. Je pense
qu'on peut noter une diminution de gestes dans ce sens mais il en reste encore,
et dans le cas d'Alma, je ne crois pas que j'en avais été saisie.
Je pourrais vous nommer d'autres hôpitaux où j'en ai
été saisie. Je pense que Matane, entre autres, en était
peut-être un et...
Mme Blackburn: II y a une lettre qui vous a été
adressée, et peut-être qu'elle ne vous est pas encore parvenue. Il
y en a même deux, si je ne m'abuse.
Mme Lavoie-Roux: D'Alma?
Mme Blackburn: J'en ai vu une datée du 24 janvier - cela
fait un mois, donc, elle devrait être rendue - il y en a une autre qui
aurait été mise à la poste la semaine dernière ou
au début de cette semaine.
Mme Lavoie-Roux: On est mardi aujourd'hui.
Mme Blackburn: On est mardi, alors c'est jeudi ou vendredi,
quelque chose comme ça; ce n'est peut-être pas déjà
rendu.
Mme Lavoie-Roux: Alors, elle n'est peut-être pas
arrivée.
Mme Blackburn: Je sais que ces gens avaient l'intention de vous
demander qu'il y ait un moratoire sur les décisions qui affectaient le
nombre de postes, non pas, évidemment, sur les déplacements
administratifs, j'imagine que c'est autre chose, mais est-ce que c'est
envisageable?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense qu'il faudra
considérer ça dans l'ensemble de l'administration
hospitalière. Je ne vous dis ni oui ni non; on l'examinera. Il reste
qu'il ne faut pas, non plus, paralyser complètement les administrations.
Il y a des endroits où il peut y avoir des raisons sérieuses pour
affecter à un poste qui requiert une expertise plus avancée une
infirmière plutôt qu'une auxiliaire. Par contre, c'est
évident qu'au cours des ans - et là, je parle de quinze ans - on
a assisté progressivement, pas toujours lentement, à une
disparition des postes
d'auxiliaires.
Mme Blackburn: Une toute dernière question sur ce bloc.
L'hôpital de Sept-îles où il y avait eu certaines
indélicatesses administratives...
Mme Lavoie-Roux: Pour être gentil.
Mme Blackburn: Pour être gentil. Est-ce qu'il y a eu des
poursuites, des mesures de récupération des biens mal acquis?
Mme Lavoie-Roux: II y a eu de la récupération. Je
pourrais peut-être trouver plus en détail toutes les choses. Il y
a eu dela récupération, le directeur générai a
quitté...
Mme Blackburn: II y a déjà un moment.
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela fait déjà un moment.
Mme Blackburn: II est rendu au Nouveau-Brunswick, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Et je pense que les gestes administratifs qui
devaient être posés l'ont été.
Mme Blackburn: II n'y a pas de poursuite?
Mme Lavoie-Roux: II faudrait que je vérifie, je ne
pourrais pas vous répondre comme ça.
Mme Blackburn: J'aurais terminé pour rengagement 16, M. le
Président, et je vous remercie pour votre...
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 16 est
vérifié. C'est la commission qu'il faut remercier, ce n'est pas
la présidence.
Mme Blackburn: Non, mais comme le président est le
porte-parole de la commission...
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 16 est
vérifié. J'appelle l'engagement 17.
Mme Blackburn: II s'agit des subventions aux organismes
bénévoles. À ceux qui voudront le voir, je pourrais
peut-être leur indiquer exactement la page.
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: Alors, vous pouvez regarder aux pages 7, 9, 10 et
11. Bien. Engagement 17, subventions aux regroupements des CALACS.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les deuxièmes versements aux
organismes communautaires. On verse tout de suite en début
d'année, le 1er avril, il me semble, le quart de la subvention, pour
trois mois. Alors, c'est en quatre verse- ments, j'imagine?
Une voix: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Blackburn: Vous aviez annoncé qu'il y aurait une
politique de financement des différents organismes communautaires. Je
pense qu'on va commencer par l'autre si vous le vouiez. Il y a les CALACS, il y
a les maisons d'hébergement, I y a les maisons de jeunes et ils sont
tous en demande. Là aussi, je n'apprends rien à la ministre, il y
a une carence dans ces besoins. J'écoutais une entrevue, ce matin,
où on parlait de la fermeture d'une maison d'hébergement pour les
jeunes et les conséquences qu'elle avait sur le système, parce
que les institutions, les différents organismes gouvernementaux comptent
de plus en plus sur ce genre d'organismes à caractère
bénévole, sans but lucratif. Le sous-financement de ces
organismes a des effets directs sur l'accès à certains services
parce qu'on a fini par tenir pour acquis que ça existait et, de plus en
plus, on y réfère les gens. Je pense à la Maison de
l'espoir, chez nous; il y a des jeunes qui sont référés
là par le CSS et la OPJ et dès que vous avez le moindre
ralentissement ou manque à gagner dans ces services, cela a un effet
direct. Commençons par un, les centres d'aide aux victimes d'agressions
sexuelles comparativement à ce que son collègue, le ministre qui
s'occupe des CAVACS, les centres d'aide aux victimes d'actes... (11 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Le ministre de la Justice.
Mme Blackburn: Pas le ministre de la Justice, c'était M.
Marx qui avait cette responsabilité.
Mme Lavoie-Roux: Le Solliciteur général.
M. Blackburn: C'est juste. C'est le Solliciteur
général. Actuellement, vous connaissez les demandes, si vous ne
les avez pas, je suis capable de vous sortir le dossier où on demande un
accroissement considérable des budgets de ces enveloppes. Quelles sont
les intentions de la ministre? Est-ce qu'on laisse aller la situation telle
quelle ou si la ministre a l'intention de ta revoir?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, dans certains cas, les travaux
de réflexion sont terminés. Je pense que le meilleur exemple est
celui des centres d'hébergement pour les jeunes. Il faut dire que les
centres d'hébergement pour les jeunes se sont développés
un peu d'une façon chaotique. Vous avez des centres d'hébergement
pour les jeunes qui fonctionnent avec 40 000 $, alors que vous en avez
d'autres, comme le centre d'hébergement Saint-Denis, qui, lui,
reçoit des organismes communautaires un montant de
155 000 $; Il reçoit, de plus, 110 000 $ des CSS, ce qui veut
dire qu'il reçoit 265 000 $ et on les laissait pousser comme ça.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'ils poussent, mais je pense qu'il faut
qu'ils poussent d'une façon un peu ordonnée. J'ai tout à
coup réalisé que vous aviez différents types... Tout d'un
coup, je me suis aperçue qu'il y avait différents types de
maisons d'hébergement. Vous en avez, et c'est le cas du centre
d'hébergement Saint-Denis, qui, à mon point de vue, se
rapprochent davantage, et je le mets entre guillemets, d'un mini-centre
d'accueil dans lequel vous avez des professionnels. Vous avez, je pense, dix ou
douze professionnels, au centre d'hébergement Saint-Denis, pour une
population de neuf jeunes qui y sont reçus et qui sont en
majorité des mineurs.
Vous avez d'autres maisons d'hébergement où vous avez une
population qui varie de 12 à 30 ans, surtout à partir de 14 ans.
Vous en avez d'autres où il y a des 18-30 ans. Vous en avez d'autres qui
sont mixtes. En tout cas, vous avez une variété de maisons.
Alors, il m'est apparu important d'essayer de voir ce qu'on faisait avec tout
ça. La réflexion est terminée là-dessus et il y a
présentement une demande de faite pour une formule de financement pour
les maisons d'hébergement qui tiendra compte de trois types de maisons
d'hébergement: il y a celle qui est strictement un refuge, comme dans le
sous-sol de l'église Saint-Louis-de-France, où ce sont
véritablement des gens qui y vont pour une nuit, deux nuits, trois
nuits, à l'occasion, ce que j'appellerais, ce qui serait plus
assimilable à un refuge; il y en a d'autres qui sont d'un peu plus
longue durée, disons 60 jours; et vous en avez, finalement, un groupe
dont le prototype est probablement le centre d'hébergement de
Saint-Denis.
Ce qu'il ne faut pas oublier, au point de départ, c'est que les
subventions aux organismes bénévoles sont des subventions de
soutien aux organismes bénévoles. Ce ne sont pas des subventions
de financement total des organismes bénévoles, et là, je
pense en particulier aux centres d'hébergement. Alors, c'est tout
ça qui fait l'objet d'une réflexion.
Mme Blackburn: Je voudrais juste revenir aux CALACS, parce que je
voulais les...
Mme Lavoie-Roux: Ah, c'est parce que vous m'aviez parlé
longuement des maisons d'hébergement, c'est pour ça que je...
Mme Blackburn: Non, j'avais dit qu'il y avait trois types: il y
avait les CALACS, hébergement, jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous que je vous réponde la
même chose pour les CALACS? Je peux vous répondre pour les
CALACS.
Le Président (M. Bélanger): On va finir sur la
même question et on va revenir après.
Mme Blackburn: Alors, si vous me dites que c'est la même
chose, est-ce à dire que vos politiques s'appliqueront dès le
prochain budget?
Mme Lavoie-Roux: II faut que j'obtienne les fonds. Tout cela
dépend de l'argent que j'obtiendrai.
Mme Blackburn: Pour le moment, il n'y a pas de garantie, c'est ce
que vous vouiez dire, on ne peut pas dire aux organismes...
Mme Lavoie-Roux: Au moment où je vous parle, non, je n'ai
pas de garantie. Je suis confiante d'obtenir quelque chose, mais tant que je ne
l'ai pas dans mes poches, je ne dis pas que j'ai une garantie absolue.
Mme Blackburn: Pour les CALACS, il y avait une campagne de
sensibilisation. J'ai rencontré l'ISA hier, le regroupement qui dessert
toute la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y avait une campagne de
sensibilisation qui ne touchait pas seulement les agressions sexuelles, mais la
violence faite aux femmes. On sait que ces gens avaient prévu deux
volets. Le premier volet a été réalisé en mars
1988. Celui prévu pour l'automne ne l'a pas été. À
l'époque, vous nous aviez répondu que vous réserviez cet
argent pour une campagne de sensibilisation pour les maladies mentales, pour la
santé mentale.
Mme Lavoie-Roux: C'était pour la déficience
intellectuelle.
Mme Blackburn: Et la santé mentale.
Mme Lavoie-Roux: Non, pour la déficience intellectuelle.
Plus tard, il y en aura une pour la santé mentale.
M. Blackburn: II faudrait que je revérifie mes choses.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, l'une ou l'autre.
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'était d'un autre ordre que la violence,
si on veut. Mais, ce sont des campagnes de sensibilisation pour
l'intégration ou l'insertion sociale des personnes qui ont un handicap
intellectuel ou mental, quoique les deux sont différents. Alors, il y a
deux campagnes.
Mme Blackburn: Oui, mais tout cela pour dire que ce qui avait
été prévu, c'était 1 600 000 $, si je ne m'abuse.
Et ce que me disaient les représentantes hier de l'ISA, un peu comme le
faisait aussi le regroupement des centres d'hébergement pour les femmes
victimes
de violence, c'est que cela avait eu un effet direct sur la demande.
C'est-à-dire que les personnes, spontanément, prenaient le
téléphone et appelaient pour avoir des informations ou, encore,
signaler des cas d'abus ou de violence et que l'information, la
publicité là-dessus dans ce domaine avait des effets directs de
sensibilisation sur la famille, le milieu, les conjoints, l'école, etc.
Ces gens trouvaient particulièrement regrettable qu'on n'ait pas
poursuivi cette campagne de sensibilisation. On me disait que même dans
le cas des CALACS, dans le cas de ISA, de ces regroupements qui ne sont pas des
regroupements d'accueil, mais simplement de services, cela avait eu
également de l'effet. Pourquoi n'a-t-on pas continué
là-dedans plutôt que d'éparpiller les énergies?
Mme Lavoie-Roux: II y a beaucoup de choses dans ce que vous venez
de dire. Il n'avait jamais été décidé de la part du
ministère de la Santé et des Services sociaux qu'il y aurait deux
campagnes sur la violence faite aux femmes. Mais il y en a eu une qui a eu des
effets positifs. Je pense que tout le monde en est conscient.
Mme Blackburn: Vous répétez: II n'a jamais
été dit...
Mme Lavoie-Roux: Dans mon ministère, non.
Mme Blackburn: ...qu'il y aurait deux campagnes?
Mme Lavoie-Roux: Dans mon ministère, il n'a jamais
été...
Mme Blackburn: Ah!
Mme Lavoie-Roux: II n'y a jamais eu d'engagement pour qu'il y ait
deux campagnes.
Mme Blackburn: J'hésiterais à aller aussi loin que
ça.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a eu aucun engagement pris par le
ministère pour une deuxième phase.
Mme Blackburn: Cela a cependant été dit. Mme
Lavoie-Roux: Écoutez... Mme Blackburn: Non, non, non.
Mme Lavoie-Roux: Que les gens aient souhaité qu'H y en ait
deux, c'est fort possible.
Mme Blackburn: On revérifiera.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Lavoie-Roux: Pour revenir aux autres, à la question de
s'éparpiller partout, une minute, peut-être que pour vous, cela ne
vous apparaît pas important...
Mme Blackburn: Non, je n'ai pas dit...
Mme Lavoie-Roux: ...mais la réinsertion sociale des
handicapés intellectuels, des handicapés mentaux, ce n'est pas
s'éparpiller partout. Ce sont des priorités pour le
ministère.
Mme Blackburn: M. le Président, je n'ai pas dit que ce
sont...
Mme Lavoie-Roux: Enfin, ce sont des priorités pour le
ministère de la Santé.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutirni.
Mme Blackburn: ...quand la ministre engagera de façon
formelle autant d'actions que nous avons faites au moment où nous
étions au pouvoir...
Mme Lavoie-Roux: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: ...en faveur des personnes handicapées, on
pourra s'en reparler. Ils ne descendraient pas actuellement dans la rue comme
on les a vues descendre la semaine dernière. Mais je sais que c'est le
dossier de ma collègue, alors, je ne voudrais pas aborder cela.
Le Président (M. Bélanger): Comme M. Brunet avait
fait avec toute la fouie de civières sur la rue, ici, en 1984?
Mme Blackburn: Oui, mais on leur a... Mme Lavoie-Roux: Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: C'est depuis 1986 qu'elles sont dans la rue.
Mme Blackburn: Vous ne vous rappelez pas les chaises roulantes
dans l'Assemblée nationale?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): C'est parce que cela
m'avait frappé.
Mme Blackburn: Vous ne vous rappelez pas les chaises roulantes
à l'Assemblée nationale en 1986?
Mme Vermette: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, vous en avez eu. Une minutel
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Blackburn: Ce que je veux dire, il ne faut pas penser
que...
Mme Vermette: Écoutez, on pourrait peut-être faire
le bilan...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes bien vertueux.
Mme Vermette: ...des chaises roulantes, mais cela n'apportera
rien de plus aux personnes handicapées. Je sais fort bien que mon
intervention n'est pas nécessairement sur les personnes
handicapées - je vais y revenir tantôt et on aura tout le loisir
d'en parier un peu plus tard - mais bien au sujet des maisons
d'hébergement pour jeunes. Vous avez dit que vous veniez de vous
apercevoir qu'il y avait trois volets. Dans le fond, il faut les prendre sous
trois aspects parce que chacun donne des services différents en fonction
de leur clientèle et selon les groupes d'âge aussi. Mais, par
contre, M est sûr et certain d'une chose, la majorité des maisons
d'hébergement pour jeunes crient actuellement famine. D'autre part,
l'alourdissement des clientèles, là comme ailleurs, aussi se fait
sentir parce que les jeunes font des délits de plus en plus graves. On
connaît les problèmes de toxicomanie, d'alcoolisme et tout
ça, on dit qu'il est nécessaire d'avoir une intervention
auprès de ces jeunes et que c'est très difficile au bout de trois
ou de six semaines de leur dire: Écoutez, vous partez, vous avez besoin
de vous trouver du travail et vous êtes aptes maintenant parce qu'on vous
a donné un certain support pendant quelques semaines, c'est
suffisant.
La majorité des gens qui sont en intervention auprès de
ces jeunes s'entendent pour dire: II est important qu'on supporte ces jeunes un
peu plus longtemps, parce que, justement, ils sont tellement carencés
à tous les niveaux qu'on ne peut pas les garder seulement pour une
petite période de temps. C'est cela qui fait qu'à un moment
donné les demandes sont un peu plus substantielles qu'elles l'ont
été, à cause de cette réalité des faits.
Donc, ma question est de savoir si, d'une part, parce que toutes ces maisons
sont déjà hypothéquées, vous avez l'Intention de
consolider les réseaux déjà existants, parce
qu'actuellement elles sont toutes en train de fermer leurs portes les unes
après les autres, donc, il ne restera plus grand-chose tantôt, et,
finalement, jusqu'à quel point vous avez l'intention de...
Le Président (M. Joly): Allez, Mme la
députée.
Mme Vermette: Vous avez sans doute vu les journaux des
dernières semaines. On parlait, on faisait grand état de toute la
situation des sans-abri à l'heure actuelle. Cela commence très
jeune aujourd'hui. Si on regarde tout ce qui ce passe, c'est un constat social.
Avez-vous l'intention d'augmenter considérablement les subventions pour
que ces maisons d'hébergement puissent répondre réellement
aux exigences, compte tenu de l'état et des carences des enfants ou des
adolescents ou des jeunes adultes?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous me permettrez
simplement de corriger ce que vient de dire la députée, soit que
ces maisons sont à peu près toutes en voie de fermeture. Disons
que c'est une légère exagération, pour utiliser un terme
gentil. Je vais répéter ce que j'ai dit à votre
collègue de Chlcoutimi.
D'abord, l'augmentation qui a été versée aux
maisons d'hébergement depuis trois ans est considérable. Je sais
qu'elle est insuffisante dans un certain nombre de cas mais, encore une fois,
je le répète, ce document est terminé, il suit
présentement son cheminement et je souhaite qu'on puisse y
répondre.
Si je prends l'alcoolisme et la toxicomanie, pour lesquels on n'avait
pas mis un sou neuf depuis dix ans, nous avons, dès la première
année, ajouté près de 4 000 000 $, soit 3800000$ ou
3900000$, et je dois vous dire que personne ne nous dira qu'il y en a eu
suffisamment dans ces milieux, je ne m'attends pas à ça, mais je
pense qu'il y a eu des gestes importants de posés. Et c'est la
même chose dans d'autres domaines. J'attends l'approbation pour une
consolidation.
Mme Vermette: Mais vous savez fort bien qu'actuellement ceux
qu'on récupère dans les maisons d'hébergement des jeunes,
très souvent, ce sont des jeunes désinstitutionnalisés. Ce
sont ces jeunes qui, actuellement, sont en plus grand nombre et les effets se
font sentir. C'est pour cela qu'on a énormément de jeunes un peu
partout, qu'on retrouve un peu de clochards qui étaient,
antérieurement, beaucoup plus centrés à Montréal.
Maintenant ils changent et traversent. Je regarde dans la région de
Longueuil; maintenant, il y en a beaucoup plus. Il y a une maison qui vient
d'ouvrir ses portes, qui s'appelle La Casa, qui n'existait pas. De plus en
plus, c'est un phénomène de notre société actuelle.
On se retrouve maintenant avec autant de jeunes clochards qu'on en a eu
à une certaine époque. On ne voyait ça que sur une
certaine trace d'âge qu'on n'a plus à l'heure actuelle. On ne peut
pas dire que ce sont seulement des gens d'un certain âge, cela commence
très jeune maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
Mme Vermette: II y a les effets de la
désinstitutionnalisation. Les besoins actuels sont plus pressants
et grandissants. Ils vont aller en grandissant aussi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que je vais
remercier la députée de Marie-Victorin de me donner l'occasion de
faire une mise au point. Je pense qu'il ne faut pas accréditer que tout
ce qu'il y a de clochards ou de sans-abris dans Montréal sont des
désinstitutionnalisés. Les études, tant aux
États-Unis qu'ici ou ailleurs, indiquent que le nombre de
désinstitutionnalisés parmi les sans-abri serait de l'ordre
d'environ 30 % à 35 %. Alors, avant de dire que tous les clochards sont
des désinstitutionnalisés, je pense qu'on accrédite une
théorie qui, à moyen et a long terme, créera des
difficultés pour les personnes qui essaient de se
réinsérer sur le plan social. Je pense que c'est grave et il
faudrait être prudent quand on parle de cela. (12 heures)
L'autre chose que je tiendrais à dire à la
députée de Marie-Victorin: la désinstitutionnalisation n'a
pas commencé hier ou avant-hier matin. La
désinstitutionnalisation a commencé à la suite du rapport
Bédard, en 1965. Elle s'est accentuée avec le rapport
Castonguay-Nepveu et la création de départements de psychiatrie
dans les hôpitaux généraux, au cours des années
1972-1973. Ce qu'il y a de nouveau, et j'en suis très fière,
c'est qu'aujourd'hui on en parle d'une façon transparente plutôt
que de cacher le problème sous le boisseau. C'est un état de fait
qui remonte maintenant à 20 ans et sur lequel on mettait le couvercle
auparavant, parce que tant qu'on n'en parlait pas, ça permettait
d'éviter le problème.
Aujourd'hui, notre gouvernement a pris des mesures, tant dans le domaine
de la santé mentale que dans celui de la déficience
intellectuelle et même, dans une certaine mesure, pour les sans-abris,
pour non seulement tenter de faire une place au soleil à ces gens, mais
aussi pour qu'ils soient traités d'une façon respectueuse et non
pas laissés pour compte en espérant que si on n'en parle pas, le
problème n'existe pas.
Je pense donc qu'il faut exercer une certaine prudence. Ce dont on
devrait parler aujourd'hui, c'est davantage de non-institutionnalisation que de
désinstitutionnalisation. La désinstitutionnalisation est devenue
un phénomène marginal, parce qu'il en reste un nombre
relativement faible qui pourraient être
désinstitutionnalisés dans les hôpitaux psychiatriques, de
l'ordre d'à peu près 5000, je pense. En santé mentale,
à peu près 5000.
Mme Vermette: II y a les effets des deux.
Mme Lavoie-Roux: II faut bien dire aussi que tout le monde ne
pourra pas sortir des institutions psychiatriques et des centres d'accueil pour
déficience intellectuelle. Il faut établir ça clairement.
Il me semble que la députée de Marie-Victorin qui, j'en suis
certaine, est sensible à ces choses, ne voudrait pas elle non plus
accréditer des préjugés qui, à moyen et à
long terme, vont aller à rencontre des efforts faits pour permettre
à ces gens de vivre une vie un peu plus satisfaisante.
Le Président (M. Joly): Excusez. Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Une dernière question sur cet engagement,
peut-être une remarque, cependant. La non-institutionnalisation suppose
de solides services de maintien à domicile et d'aide aux personnes, aux
parents d'enfants handicapés ou intellectuellement déficients. On
sait que là aussi c'est déficient par rapport aux services,
à la quantité...
Mme Lavoie-Roux: C'est beaucoup mieux que ce qu'il y avait dans
le temps de votre gouvernement, alors qu'il n'y a jamais eu un sou de mis en
déficience intellectuelle.
Mme Blackburn: J'ai toujours pensé, M. le
Président, que l'essentiel des politiques avait d'abord
été entrepris, je ne vous dis pas totalement assuré, mais
entrepris par le précédent gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: Allez en parler aux associations de parents.
Mme Blackburn: ...et la ministre le sait.
Cela fait trois ans que ce ministère... M. le Président,
Je comprends que Mme la ministre soit...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...irritable ce matin, sauf qu'elle doit
reconnaître qu'elle nous dit que tout va bien. Les hôpitaux n'ont
pas de déficit, les trois quarts ont des surplus budgétaires; il
n'y a pas de lit qui ferme, cela va bien! Cela me rappelle la caricature que
j'ai vue quelque part où le premier ministre disait: Cela va mai dans
les hôpitaux et elle disait: Non, ne me dites pas que cela va mal, cela
va bien. J'ai l'impression que c'est ce qu'elle nous dit ce matin: Cela va
bien! Cela va bien, le système de santé au Québec! Bien,
je suis très heureuse de l'apprendre. Il faudrait que vous passiez
l'information aux gens qui se plaignent, parce que j'ai l'impression qu'il y a
des petits problèmes, et cela fait trois ans. Ce n'est pas mineur. Ce
n'est pas mineur pour un tas de raisons que la ministre connaît. Nous
sommes en pleine période de croissance économique. Nous sommes en
période de récession économique et elle le sait. Elle le
sait. Ses collègues parlaient d'une médecine de guerre...
Actuellement, ce n'est pas la guerre,
c'est comme le Liban, ça dure longtemps, et c'est ça la
situation. Elle a beau s'emporter ce matin, cela ne me fatigue pas plus que
cela sauf que je dis: La réalité est là. La
réalité est là, ça éclate de partout, et ce
n'est certainement pas la faute du PQ, encore une fois. Cela commence à
ressembler à la faute du PLQ, cela fait trois ans. Après trois
ans, je me dis que vous ne pouvez plus dire que ce sont les autres. C'est comme
quand tu es rendu à 40 ans, tu ne dis plus: C'est à cause de ma
mère. Question...
Le Président (M. Joly): Toujours sur l'engagement 17?
Mme Blackburn: Une question sur l'engagement 17.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux parler?
Le Président (M. Joly): Oui, excusez, je pense que...
Mme Blackburn: Non, je termine mon intervention, là. Mme
la ministre pourra terminer ensuite.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Mme Blackburn: En ce qui concerne la santé mentale, je
connais la politique, elle a été rendue publique et j'ai
l'impression qu'en santé mentale comme en santé
générale, il faut voir d'où viennent les problèmes
et essayer de corriger cela à la source plutôt que de passer
après. Dans le fond, cela a été le problème de la
politique de la santé mentale et c'est une politique qui est
intéressante, je pense que je l'ai dit à plusieurs reprises, sauf
qu'en même temps qu'on tient un discours, on ne pose pas de gestes qui
auraient des effets sur la santé mentale au Québec, cela me pose
problème.
Un organisme chez nous... Il paraît qu'on a un très bon
service en psychiatrie mais des fois, on a besoin d'un autre organisme
communautaire qui s'appelle Nouvel Essor et qui fonctionne un peu avec
l'Association canadienne de la santé mentale. Nouvel Essor est un centre
de jour, l'équivalent d'un centre de jour; il n'a aucun budget et il
fonctionne depuis trois ans. Est-ce qu'on peut penser qu'il va falloir qu'il
attende un an que le CRSSS se soit donné une politique ou si, dès
cette année, il pourra avoir des budgets?
Le Président (M. Joly): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais revenir sur
une remarque préalable de Mme la députée de Chicoutimi.
C'est évident que dans le domaine de la santé et des services
sociaux, il y a des problèmes. Il y en aura toujours même avec
tout l'argent qu'on pourra y mettre, les besoins sont illimités et les
ressources limitées, je pense que tout le monde sait cela. Je pense
aussi qu'H y a une honnêteté intellectuelle à avoir quand
on lance des choses comme: Vous ne faites rien, vous n'avez rien fait; nous, on
a tout fait; vous êtes en développement économique; on
était en récession économique. Mais est-ce qu'on va
revenir sur les priorités que le gouvernement d'alors
établissait, comme l'étatisation de l'amiante, la Raffinerie de
sucre de Saint-Hilaire, Quebecair et toutes les priorités qui se sont
finalement faites au détriment des véritables
priorités?
Cela dit, pour répondre à la question de Mme la
députée de Chicoutimi sur la santé mentale, qu'est-ce qui
arriverait à l'Essor, je pense, qui est une des ressources? La politique
de santé mentale... L'Envol ou l'Essor?
Mme Blackburn: Nouvel Essor. L'Envol, je pense que c'est pour les
femmes. Moi aussi je fais la confusion mais... C'est Nouvel Essor.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, il y en a un des deux. Ils
finissent par avoir des noms qui s'apparentent.
Le Président (M. Joly): Vous êtes confuse, vous
dites, madame?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Monsieur, cela, c'est votre...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse. Allez Mme la
ministre.
Mme Blackburn: Je n'ai pas parlé de confusion.
Mme Lavoie-Roux: C'était une confusion mutuelle parce que
moi aussi je les mêle. De toute façon, les budgets de santé
mentale sont décentralisés vers les régions. Il y a, cette
année, possibilité de consolidation des organismes communautaires
pour une partie du budget. Maintenant, ce qui est prévu, le plan
d'organisation des services, cela doit être fait durant l'année
mais je ne peux vous dire si la région de Chicoutimi va décider
de donner de l'argent à l'Essor ou de...
Mme Blackburn: Combien cela va prendre de temps au CRSSS? Quel
est le délai?
Mme Lavoie-Roux: Un an.
Mme Blackburn: Cela veut donc dire que Nouvel Essor ne peut
s'attendre à avoir de budget avant 1990.
Mme Lavoie-Roux: Bien non. Cela dépend.
Vous me dites que c'est un organisme communautaire.
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Pour cette année, je dis qu'il y a de
l'argent de prévu pour la consolidation.
Mme Blackburn: La consolidation. Mais pour ceux qui ne sont pas
reconnus, on ne peut pas parler de consolidation. Je me dis qu'une
consolidation, c'est un terme qu'on utilise pour ceux qui sont
déjà reconnus. Je n'ai jamais compris autre chose dans la
consolidation.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour les organismes communautaires. Est-ce
que ce sera uniquement de la consolidation dans une région ou un premier
appui à certains autres? Je pense que ce n'est pas exclu.
Mme Blackburn: Est-ce que ce sont les mômes enveloppes qui
sont reconduites? Si ce sont les mêmes, on ne peut pas en ouvrir d'autres
sans en pénaliser d'autres. Je veux dire que la réaffection
serait les vases communicants. Et comme c'est déjà mince dans les
autres, je ne pense pas que qui que ce soit ne veuille accepter.
Mme Lavoie-Roux: À part le même montant. Pour cette
année, il va y avoir des montants additionnels et quand le plan
général sera établi pour la région donnée,
ce sera à l'intérieur de la gamme des services.
Évidemment, j'imagine que les sommes seront distribuées à
l'intérieur des régions.
Mme Blackburn: Dès cette année, donc, le CRSSS
pourrait, de son autorité, décider qu'il reconnaît un
nouvel organisme qui existe déjà mais qui n'est pas
financé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, si ses disponibilités
financières le lui permettent.
Mme Blackburn: En matière de priorités, M. le
Président, je me permettrais juste de rappeler à la ministre que
parmi les priorités sur lesquelles nous nous sommes interrogés iI
y a celle d'un terrain de golf à Chandler et une marina alors que le
tomographe axial n'a pas été accepté à
l'hôpital de Chandler. Où est-ce qu'il faut donner la
priorité? Je posais juste la question.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais on ne parle pas de
l'étatisation de l'amiante, qui a coûté...
Mme Blackburn: L'amiante. Le pire, c'est que cela risque un jour
d'être probablement un des matériaux très utilisés
dès le moment où on va contrôler les émissions de
poudre. Aux États-Unis, c'est déjà très
avancé. Alors cela va pour l'engagement 18.
Le Président (M. Joiy): L'engagement 17. Mme Blackburn:
L'engagement 17, oui.
Le Président (M. Joly): Donc, à la suite des
explications et des rectifications apportées par Mme la ministre, est-ce
que la vérification de l'engagement 17 est terminée?
Mme Blackburn: Terminé.
Le Président (M. Joly): Donc, nous allons passer à
l'engagement 18.
Mme Blackburn: L'engagement 18 également, cela va, pas de
question.
Le Président (M. Joly): L'engagement 18 est
considéré comme terminé. L'engagement 19?
Mme Blackburn: Également. Terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Également terminé.
Donc, nous considérons les engagements pour le mois d'août comme
étant terminés.
Mme Blackburn: Septembre. Septembre Le Président (M.
Joly): Septembre 1988.
Mme Blackburn: II y a, en page 77, l'engagement... On va passer
les engagements et ensuite on dira que... Je vais en signifier quelques-uns et
les autres seront considérés comme étant
terminés.
Septembre, l'engagement 3, subvention aux établissements du
réseau. Page 77, la Résidence Maison-neuve. Je sais de bonne
source que le rapport de l'administrateur temporaire, provisoire, qui avait
été nommé par votre ministère, recommandait qu'il
n'y ait pas de fusion administrative ou corporative de deux
établissements. Il semble que dans les faits cela se soit
réalisé. Je ne pense pas avoir vu passer cela dans le Journal
des débats. Est-ce que la recommandation de l'administrateur a
été respectée, à l'effet que pour corriger la
situation à la Résidence Maison-neuve, il n'y avait ni
nécessité, ni intérêt à faire une telle
fusion?
Mme Lavoie-Roux: Je sais qu'on est dans le processsus de fusion
ou iI est terminé.
Mme Blackburn: En dépit de la recommandation de
l'administrateur?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas en main la recommandation de
l'administrateur. Je ne pour-
rais pas répondre avec justesse à cette question.
Mme Blackburn: II y avait treize recommandations, selon ce qu'on
m'a dit, qui étaient....
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il faudrait que je prenne note de la
question et que je vous réponde plus tard.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait aussi demander le
dépôt de ce rapport, M. le Président?
Le Président (M. Joly): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je vais examiner s'il peut être
déposé dans l'intérêt public.
Mme Blackburn: Parce que si cela a entraîné une
fusion, j'imagine que c'est dans l'intérêt public. Comment
expliquer que la fusion se soit faite en dépit des recommandations de
l'administrateur qui est payé par les fonds publics, qui a
présenté deux rapports qui allaient essentiellement... On lui a
demandé de réexaminer la question, et selon sa conclusion, on
n'avait pas besoin de cela pour être efficace. Et on se demandait si
c'est....
Mme Lavoie-Roux: Bon, écoutez. Les recommandations d'un
administrateur n'imposent pas au gouvernement de les suivre. C'est un principe
général. On n'est pas lié par les recommandations d'un
administrateur provisoire. Il peut y avoir d'autres considérations qui
entrent en ligne de compte. Mais encore une fois, sur ce dossier, j'aimerais
mieux avoir tous les détails en main pour répondre de
façon satisfaisante à la députée.
Mme Blackburn: Qui a été nommé et selon quel
processus - directeur général du regroupement de ces deux
résidences? Évidemment, c'est sûr que si cela prend trois
mois, cela va me poser un problème, Résidence Maisonneuve
Itée.
Mme Lavoie-Roux: Non, je pense qu'on pourrait essayer de vous
répondre assez rapidement.
Mme Blackburn: Oui. C'est parce que c'est dans la vague de
fusion, de regroupement administratif. Je sais que pour Le Cabestan, c'est
arrêté pour le moment, mais pour ces gens aussi, il y a une
espèce d'épée de Damoclès, ils sentent qu'il
pourrait y avoir un regroupement d'établissements qui n'ont absolument
pas la même clientèle, non plus que la même vocation. Cela
pose des problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ferai remarquer qu'on en a fait, et vous
en avez fait, qui n'étaient pas de la même clientèle et les
gens n'en ont pas souffert. Si vous regardez des centres d'accueil qui ont
fusionné des CLSC...
Mme Blackburn: Et que vous nous reprochiez, à
l'époque.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne vous l'ai jamais reproché, et
je vous défie de le retrouver.
Mme Blackburn: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Donc, l'engagement 3 est
vérifié.
Mme Blackburn: Organismes bénévoles, cela va.
Le Président (M. Joly): De septembre oui. Nous passons
à l'engagement 4 du même mois.
Mme Blackburn: L'engagement 4, cela va. Les organismes
bénévoles, on les a vus tantôt.
Le Président (M. Joly): L'engagement 4 est
vérifié.
Mme Blackburn: Parce que cela finit par se recouper. (12 h15)
Le Président (M. Joly): L'engagement 5?
Mme Blackburn: Un instant. Alors, cela va. On pourrait aller
à septembre 1988.
Le Président (M. Joly): L'engagement 5 est
vérifié?
Mme Blackburn: Oui. Il y avait l'engagement 2 de la liste A...
Cela va pour le mois de... Les engagements 5,6,7,8,9 et 10, cela va.
Le Président (M. Joly): Donc, les engagements du mois de
septembre sont vérifiés.
Mme Blackburn: Non. Septembre, vous avez la liste d'une
série d'engagements...
Le Président (M. Joly): De la liste de 3 à 10.
Mme Blackburn: Oui, alors c'est l'engagement 2 de la liste A et
cela touche la réalisation d'un sondage.
Le Président (M. Joly): L'engagement 2 de la liste A?
Mme Blackburn: C'est un contrat de services pour réaliser
un sondage sur les attitudes et les perceptions de la population face à
la santé mentale, au coût de 49 500 $. Cela a
été
confié à Sorecom.
Mme Lavoie-Roux: Non, Serom. Mme Blackburn: Serom,
oui.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas ce que c'est, mais cela semble en
être une autre.
Mme Blackburn: Cela ne s'écrit pas avec un "u" mais avec
un "o". Serom recherche-sondage inc. Il y avait eu cinq soumissions
demandées. Il y en a eu deux de reçues. Ce que je voulais savoir,
c'est...
Mme Lavoie-Roux: La raison du sondage. Mme Blackburn: Oui,
l'objectif.
Mme Lavoie-Roux: L'objectif du sondage - je dois vous dire que je
me suis enquise moi aussi de la question - était de préparer un
devis pour la campagne publicitaire. Dans le fond j'imagine, je peux juste
déduire, peut-être, quelles sont les résistances
principales qu'a la population. Comment perçoit-elle les malades
mentaux? Pour préparer, évidemment, une campagne publicitaire qui
vienne corriger ces perceptions.
Mme Blackburn: C'est en vue de la préparation d'une
campagne.
Mme Lavoie-Roux: En vue de la préparation. C'est la
préparation du devis.
Le Président (M. Joly): L'engagement 2 de la liste A est
vérifié?
Mme Blackburn: Vérifié.
Le Président (M. Joly): L'engagement 3? En fait, c'est de
l'engagement 1 à... On a passé ceux-là tantôt?
La Secrétaire: Non.
Le Président (M. Joly): On n'a pas passé dans la
liste A. Donc, c'est de t à 12 actuellement qui nous concernent. Est-ce
qu'on peut considérer les engagements 1 à 12 dans la liste A pour
le mois de septembre vérifiés?
Mme Blackburn: Vérifié.
Le Président (M. Joly): Maintenant, octobre 1988.
Mme Blackburn: Un instant! Je vais regarder.
Octobre et novembre
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutiml, est-ce que dans les engagements du mois d'octobre...
Mme Blackburn: Un instant, d'octobre, je reviens dans les
subventions... On pourrait passer à l'engagement 2 du mois d'octobre, 27
000 $ à M. Jules Julien du CSS Québec pour les suites du rapport
Harvey dans les établissements. Cela nous permet d'aborder toute la
question de la liste d'attente dans les DPJ.
Le Président (M. Joly): C'est bien l'engagement 2, Mme la
députée?
Mme Blackburn: C'est l'engagement 2 du mois d'octobre. Un
instant, je vais revoir.
Le Président (M. Joly): Êtes-vous certaine?
Mme Blackburn: C'est octobre, l'engagement 2.
Le Président (M. Joly): II y a deux sections, madame.
Parce que ce que j'ai à l'engagement 2, c'est...
Une voix: C'est à l'engagement 3.
Le Président (M. Joly): C'est à l'engagement 3.
Mme Blackburn: L'engagement 3... Une voix: C'est
l'engagement 2 de la...
Une voix: M. le Président, on est rendus à
octobre.
Mme Blackburn: Le mandat de M. Julien, quel est-il exactement?
Ses échéanciers?
Mme Lavoie-Roux: Ses services ont été requis par le
service des programmes à la jeunesse de la Direction du programme
communauté, famille et jeunesse pour assumer la responsabilité de
dossiers du service, dont notamment les suites du rapport Harvey dans les
établissements.
Mme Blackburn: Que fait quelqu'un qui s'occupe des suites du
rapport Harvey dans les établissements?
Mme Lavoie-Roux: C'est un rapport dont l'application est assez
complexe. On voulait s'assurer, entre autres, que l'application du rapport se
fasse d'une façon coordonnée, qu'il puisse servir d'expert
auprès des différents centres de services sociaux. Je pourrais
peut-être obtenir plus de détails. Attendez une seconde, je vais
regarder s'il n'y a pas autre chose. C'est cela.
Mme Blackburn: Est-ce que le rapport Harvey est appliqué?
Est-ce qu'il a eu des effets de pression a la baisse par rapport à la
demande? Comment est-ce qu'on explique la liste d'attente actuellement à
la DPJ qui est absolument effarante? Dans une petite MRC - ce n'est pas les
Basques, je pense que c'est celle de Mont-Joli, MRC... bon, une petite MRC - on
estime à 150 les évaluations qui ne sont pas faites.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que l'application du rapport
Harvey n'est pas complétée dans l'ensemble des CSS, parce que ce
sont des recommandations qui impliquent des modifications importantes au point
de vue de l'organisation des services et surtout du point de vue de l'approche,
en termes d'évaluation, de prise en charge, qui impliquent même un
certain changement d'attitude, de fonctionnement. Je pense que les effets du
rapport Harvey, dans leur totalité, on ne les attendait pas avant la fin
de l'année en cours et peut-être, dans certains cas, que cela
nécessiterait quelques mois supplémentaires dans certains
établissements... Tout ce que je peux vous dire, c'est que depuis que...
Il ne faut pas oublier non plus que, concurremment, il y a eu de l'argent
ajouté dans la protection de la jeunesse. Nous pensons que les deux
effets combinés devraient avoir un effet positif. De fait, les cas
d'évaluation en attente ont baissé, depuis l'automne, de 900,
alors que j'ai rencontrés les intéressés au mois
d'octobre. C'était moins considérable mais U y a eu aussi une
baisse sur la liste d'attente pour la prise en charge.
Mme Blackburn: L'évaluation est réduite, mais quant
à l'augmentation de la liste d'attente pour la prise en charge, on
estime qu'il y aurait 4000 noms pour l'évaluation et la prise en
charge.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas 4000 noms au moment où nous
nous parlons.
Mme Blackburn: Est-ce que vous pouvez nous dire combien U y en
a?
Mme Lavoie-Roux: II y a 3100 noms au moment où nous nous
parlons.
Mme Blackburn: 3100 noms. Donc c'est en croissance parce qu'on
était rendus à quelque 2000 au total.
Mme Lavoie-Roux: Non, vous me parlez de 4000, je vous dis qu'il y
en a 900 de moins depuis octobre.
Mme Blackburn: Les 900, c'est pour l'évaluation.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
Mme Blackburn: Si je prends évaluation et prise en
charge?
Mme Lavoie-Roux: Ce sont deux choses différentes,
madame.
Mme Blackburn: Oui, mais les conséquences sont comme... On
a eu un cas, de triste mémoire, quelque part dans la région de
Saint-Jean, je ne voudrais pas le rappeler Ici.
Mme Lavoie-Roux: Au mois de décembre, il y en avait 925
pour la prise en charge. Au 24 février, il y en a 760. Il y a eu aussi
une diminution.
Mme Blackburn: Et pour l'évaluation?
Mme Lavoie-Roux: Pour l'évaluation, nous sommes
passés de 4000 à 3100.
Mme Blackburn: Alors il en reste 3100 dont on n'a pas
évalué les besoins. Deuxième question...
Mme Lavoie-Roux: Remarquez, il faudrait faire attention. Le
rapport Harvey prévoit justement des temps d'intervention plus
limités, intervention immédiate dans tel type de situation,
intervention dans les 24 heures, intervention dans les 48 heures. C'est un
énorme progrès par rapport à ce qui existait pour
justement empêcher que ne surviennent des situations
déplorables.
Mme Blackburn: On sait très bien... Prenons les vrais cas
qu'on connaît, sur lesquels on sait que l'enfant subit un
préjudice et qu'il faudrait qu'il soit placé; au moment où
l'on se parle, c'est 925. C'est ça qu'on dit.
Mme Lavoie-Roux: Ces enfants ne nécessitent pas tous un
placement.
Mme Blackburn: J'imagine que la prise en charge, c'est par une
institution pour quelque chose, ce n'est pas seulement...
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement.
Le Président (M. Bélanger): Cela peut être
par un praticien du CSS ou du CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Blackburn: Oui, mais cela veut dire que le jeune n'est pas
pris en charge et donc son état peut continuer à se
détériorer. Alors, longue vie à nos 925.
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, parmi ces 760, il y a une liste
de priorités qui est établie. C'est justement l'objectif du
rapport Harvey, permettre qu'au point de vue de l'ac-
cueil, évaluation, orientation, on modifie les formules
habituelles qui étaient plus systématiques en termes de date, de
demande, etc.; c'est la même chose pour la prise en charge, Justement
pour répondre aux besoins les plus urgents.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Blackburn: Je vais terminer, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Ah, je vous en
prie.
Mme Blackburn: Est-ce que dans les budgets, je pense aussi aux
hôpitaux, mais de façon générale... Parce que je
sais, tout à l'heure vous disiez peut-être que les coûts de
système ne sont pas vraiment évalués. Vous dites: On tient
compte s'il y a une augmentation de la population. Cela augmente le budget
automatiquement, mais cela n'augmente pas les besoins automatiquement parce
qu'il y a augmentation de la population. Dans nos quartiers jeunes, on sait
bien que les besoins sont différents des quartiers vieillissants et
toute l'étude du Conseil des affaires sociales et de la famille illustre
que 42 % des territoires, des communautés du Québec recueillent
68 % des personnes de plus de 65 ans. C'est la donnée qui existait en
1981, il me semble que la tendance s'alourdit plutôt que le contraire.
Est-ce que les budgets tiennent compte de ces réalités?
On sait qu'il y a des pathologies, des déficiences dans certaines
communautés au Québec qui sont plus marquées et qui n'ont
aucun rapport avec la population. Ce n'est pas parce qu'il y a 10 000 habitants
dans une région qu'ils ont exactement les mêmes besoins. On peut
penser par exemple aux Chutes-de-la-Chaudière où la population
est jeune comparativement à Limoilou. Dans les deux communautés,
vous pouvez retrouver 40 000 ou 50 000 personnes dans un territoire
donné qui n'ont absolument pas les mêmes besoins et qui exigent
évidemment d'y consacrer des ressources budgétaires plus ou moins
élevées. La Gaspésie est vraiment le cas le plus criant en
matière de déséquilibre sur le plan de l'accès aux
services. On peut vous parler de cancer, mais on peut parler aussi de la
délinquance des jeunes. Vous avez les données du Conseil des
affaires sociales et du CRSSS. Vous avez des données importantes sur
l'incidence de la délinquance par rapport à la pauvreté,
la sous-scolarisatlon, etc.
Est-ce que les budgets du ministère, de façon
générale tant pour la DPJ que pour les hôpitaux et pour les
différents services, tiennent compte de cette réalité?
Mme Lavoie-Roux: Depuis... (12 h 30)
Mme Blackburn: Ou si on distribue ça, comme vous le dites,
au prorata de la population?
Mme Lavoie-Roux: Depuis trois ans, et particulièrement les
deux derniers budgets, parce qu'en 1986-1987 on a travaillé à
développer une formule, mais qui a eu sa concrétisation sur les
budgets 1987-1988, 1988-1989, qui vise, d'une part, l'équité
interrégionale et, d'autre part, l'équité
intrarégionale, on sait fort bien qu'il y a plusieurs variables qui
entrent dans l'établissement de ces règles, qui tiennent compte
des ressources qui existent, de là où il n'y en a pas, qui
tiennent compte de l'âge de la population, de l'ensemble, de la lourdeur
des cas, etc. Et cela est distribué comme, par exemple, dans le cas de
la Protection de la jeunesse, on sait que là où c'était le
plus déficient, c'était la région 6B et 6C, compte tenu
d'un ensemble de facteurs, ce sont les régions qui ont reçu du
ministère les sommes les plus importantes, sur les 7 000 000 $
attribués. Maintenant, il reste une responsabilité des
régions, et je pense qu'elles forment, à cet égard, des
tables de concertation ou, enfin, des groupes de travail qui, eux, refont une
distribution qui tient compte des variables que le ministère a pu
établir, mais aussi de variables additionnelles, comme celles que vous
mentionnez dans la distribution des fonds. Je pense que c'est une chose que les
régions apprécient beaucoup, et il me semble que les
régions sont même prêtes à jouer ces règles de
jeu, parce qu'il y a des régions qui, dans cet effort de
rééquilibrage, momentanément, se trouvent à
recevoir moins, en tout cas à leurs yeux, en termes absolus, que
d'autres régions plus en demande.
Mme Blackburn: Là-dessus, je pense que vous savez que je
suis tout à fait favorable, à 200 %, à une certaine
décentralisation de l'administration d'un service de santé.
Cependant, il ne faudrait pas décentraliser la carence et la faiblesse
des moyens et des budgets, parce que c'est ça...
Mme Lavoie-Roux: C'est justement ce qu'on ne fait pas, parce
qu'on tient compte de toutes ces variables pour rééquilibrer,
compte tenu des disponibilités, évidemment.
Mme Blackburn: Parce qu'on risque de décentraliser la
pauvreté.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait avoir le dépôt
de la liste d'attente dans les différents CSS, à la DPJ? Les
listes d'attente par région, à la fois de prise en charge et
d'évaluation, pour les trois dernières années? Cela ne
doit pas être trop difficile, j'imagine que c'est sur informatique, ce
genre d'outil.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des statistiques
qu'on doit avoir.
Mme Blackburn: Bien. Cela va pour cet engagement.
Le Président (M. Bélanger): Un instant. Sur un
point de procédure, M. le député de Laurier.
M. Sirros: Oui, strictement sur un point de procédure,
selon l'ordre du jour qu'on a, à 12 il 30, on est supposé avoir
terminé l'étude des engagements financiers du ministère et
aborder ceux de l'OPHQ. Est-ce qu'on peut procéder ainsi, M. le
Président? Est-ce qu'on peut considérer que l'ensemble des
engagements financiers d'août, septembre, octobre, novembre du
ministère ont été examinés et
vérifiés?
Mme Blackburn: J'aurais juste une toute petite dernière
question et c'est probablement très technique. Je vais vous donner
l'explication dans cinq secondes et ce sera fait.
Le Président (M. Bélanger): Bien rapidement.
Mme Blackburn: C'est l'engagement 9, d'octobre 1988, "Divers".
L'engagement est de 100 000 $. C'est pour quatre entreprises, quatre firmes. Je
me suis toujours demandé si firme, c'était français?
Une voix: Bien, on l'utilise, en tout cas.
Mme Blackburn: Non, je le dis comme ça. En tout cas, ce
sont des entreprises de consultants.
Une voix: C'est la construction qu'on en...
Mme Blackburn: Alors, c'est pour payer les coûts du
dédommagement des frais encourus par quatre firmes qui ont
participé à la deuxième étape de l'appel de
proposition globale pour le développement, l'entretien et l'exploitation
du système budgétaire et financier. C'est-à-dire qu'on les
dédommage pour...
Mme Lavoie-Roux: C'est comme consultants, pour s'assurer que le
service mis en place est un service adéquat, et on me dit que c'est une
chose permissible.
Mme Blackburn: Non, non, ce ne sont pas des... Ce sont des
consultants, ils n'ont pas utilisé les consultants. On les paie pour les
frais encourus pour faire une proposition. C'est ce que je comprends
là-dedans. Est-ce que c'est courant?
M. D'Astous (André): Ce n'est pas nécessairement
courant, sauf qu'au niveau de l'informatique, depuis toujours au gouvernement
du Québec, cela a été des systèmes
développés et traités sur de gros ordinateurs. Notre
ministère est en train de faire un projet pour intégrer tous ces
systèmes budgétaires et financiers, mais selon une approche un
peu plus "mini", décentralisée, départementale. Dans ce
sens-là, comme c'était une première, on voulait s'assurer
que ce qu'on voulait faire était intelligent. Alors, on a demandé
à quatre firmes québécoises, à la suite d'un appel
d'offres, de nous donner leur point de vue sur la pertinence d'aller vers cette
approche et de nous donner leur capacité à répondre dans
un autre appel d'offres qui sera plus formel. Dans ces cas-là, on nous
permet de donner un maximum de 25 000 $ par firme pour de telles soumissions.
C'est le pourquoi de l'engagement 9.
Mme Blackburn: Alors, si je comprends ce que vous dites, mais ce
n'est pas ce qui est écrit là-dedans, c'était pour
évaluer un processus que vous vouliez implanter.
M. D'Astous: Évaluer notre démarche de passer du
maxi-ordinateur au mini-ordinateur.
Mme Blackburn: Votre démarche, c'est cela. Ce qui
était compris ici, ce sont les frais encourus pour participer à
la deuxième étape de l'appel de proposition globale. C'est
davantage sur cet élément de votre démarche.
M. D'Astous: C'est ce que je viens de vous dire qui a
été vraiment vécu au ministère.
Mme Blackburn: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, brièvement puisque le temps est
écoulé.
Mme Vermette: Tantôt, on parlait de la DPJ, comme je suis
responsable du dossier, j'ai branché mon oreille pour savoir. Je voulais
vérifier en ce qui concerne les listes d'attente, pour éplucher
les listes d'attente, est-ce que les sommes d'argent sont récurrentes?
Parce qu'il y a eu du personnel additionnel, est-ce que ce personnel
additionnel sera récurrent à chaque CLSC ou CSS qui devra faire
ce travail?
Mme Lavoie-Roux: Oui, en 1986-1987, la première
année... D'ailleurs cela n'avait pas été, à ce
moment-là, 7 000 000 $, cela avait été, j'oublie, 2 000
000 $. Ce n'était pas récurrent parce qu'à ce
moment-là on l'avait vu strictement dans un contexte de vider les listes
d'attente, si on peut dire. On a réalisé que cela n'était
pas suffisant parce que, peut-être, on les vidait mais il y en avait
d'autres qui se continuaient, alors il y avait un manque de personnel. Dans ce
sens-là, les 7 000 000 $ sont récurrents pour les CSS et les gens
le savent.
Mme Vermette: Donc, les problèmes à
Lanaudière, au CSS de Lanaudière, seront résorbés.
Cela veut dire que, finalement, ils
avaient peur d'avoir une pénurie ou de fermer certains services
par manque de personnel. Donc, cela ne se produira pas.
Mme Lavoie-Roux: En fonction de la protection de la jeunesse,
cela ne devrait pas.
Mme Vermette: En fin de compte, les CSS prenaient du personnel
d'autres services pour combler les postes, parce que, justement, ils avaient un
petit peu de difficulté avec les sommes d'argent qui leur étaient
allouées.
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, je pense que chaque
établissement doit déterminer ses priorités. La protection
de la jeunesse demeure une priorité. Mais pour répondre à
votre question, les sommes qui ont été accordées,
j'ignore... C'est 1 000 000 $ et quelques, je ne le sais vraiment pas.
Une voix: Un montant de 1 300 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Un montant de 1 300 000 $. C'est une somme qui
est récurrente avec l'indexation habituelle.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, est-ce que
les engagements de juin 1988, compte tenu des réponses qu'on a
obtenues... Est-ce que les engagements d'août, septembre, octobre et
novembre, sous réserve des réponses à obtenir aux
questions en suspens sont vérifiés?
Mme Blackburn: Vérifié.
Office des personnes handicapées du
Québec
Le Président (M. Bélanger): Alors,
vérifié, merci. J'appelle donc les dépenses
budgétaires de l'Office des personnes handicapées du
Québec. Ce sont les engagements financiers de l'office pour mars, avril,
mai, juin, juillet, août, octobre et décembre 1988.
Alors, j'appelle donc les engagements de mars 1988 de l'Office des
personnes handicapées du Québec. Le premier engagement est
l'engagement 47 de l'OPHQ, mars 1988. Des questions, des commentaires? Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mars
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Moi, je suis
responsable du dossier de l'OPHQ depuis le tout début du mandat. Depuis
que j'ai la responsabilité de défendre ce dossier, on est
toujours devant la même problématique, c'est-à-dire un
manque à gagner. Il manque beaucoup d'argent. En 1986, les personnes
handicapées ont été obligées de descendre dans la
rue pour avoir un peu plus d'argent pour répondre à leurs
besoins. Je me souviens fort bien, pendant la période électorale,
que le premier ministre avait môme dit que c'était la
priorité de son gouvernement de faire en sorte de bien traiter les
personnes handicapées; un gouvernement décent se devait de bien
s'occuper des personnes handicapées. Actuellement, on voit encore la
même problématique, même pire, on va le voir. La semaine
passée encore, d'autres personnes ont été obligées
de manifester dans la rue. Ce manque d'argent, finalement, fait en sorte que
les personnes handicapées sont de plus en plus... En tout cas, c'est
difficile pour elles de recevoir les services auxquels elles ont droit. Je
regarde ce qu'on est en train de faire et cela m'inquiète
énormément, parce que si on parle d'intégration de ces
personnes dans la société, il faut peut-être leur en
donner.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, il n'y a
pas de déclaration préliminaire. Il n'y a que des questions sur
les engagements financiers.
Mme Vermette: Voilà. Alors, je reviens là-dessus.
Je vois aussi certains organismes qui ont de la difficulté, M. le
Président, chez nous. Certains organismes qui s'occupent de promotion
pour les personnes handicapées ont un petit peu de difficulté. Je
voulais savoir, de la part de la ministre, comment elle s'y prend pour,
finalement, allouer les différentes sommes aux différents
organismes? Est-ce qu'il y a une politique de financement comme telle? Comment
se fait-il que certaines années il y en a qui reçoivent des
montants substantiels et que d'autres années ils en perdent? En fin de
compte, c'est difficile de s'y retrouver. Donc, je voulais savoir quelle forme
de politique, finalement, on a établie pour financer les organismes de
promotion?
Mme Lavoie-Roux: Les organismes de promotion sont financés
directement par l'Office des personnes handicapées. Je pense que je vais
demander à M. Mercure d'indiquer les principes qui se trouvent à
la base de la distribution de ces montants.
M. Mercure (Paul): II y a effectivement une politique de
subvention des organismes de promotion qui est adoptée par le conseil
d'administration et soumise aussi au Conseil du trésor comme
programmation budgétaire. Cette politique prévoit trois genres
d'organismes: des organismes provinciaux, des organismes de regroupements
régionaux et des organismes locaux. Cette politique prévoit des
critères d'admissibilité et aussi des barèmes de
subventions, selon leurs activités.
Mme Vermette: C'est uniquement basé sur leurs
activités à ce moment-là? Est-ce que vous tenez compte de
l'éloignement, des régions, etc., ou simplement des
activités, le nombre de personnes?
M. Mercure: Pas seulement des activités. Disons qu'il faut
bien comprendre aussi que c'est une politique de subvention d'organismes de
promotion. On se concerte bien avec le ministère pour éviter de
faire double emploi avec les subventions des organismes de service. Alors ce
sont des organismes de défense de droits et de promotion.
Mme Vermette: Dans mon comté, il y a la maison rouge qui,
je pense, s'occupe de la promotion des organismes. C'est un rassemblement de
différents organismes: victimes de sclérose en plaques,
différentes formes... qui fait de la promotion et qui a des
problèmes de budget actuellement parce que, justement, les locaux
qu'elle occupe ne sont plus adéquats. Est-ce que vous répondez
à ces besoins? La Maison du Côteau rouge, dans Longueuil, existe
depuis les années 1983-1984 environ. Actuellement, elle menace de fermer
parce qu'elle n'est plus capable de subvenir à ses besoins, d'une part,
parce qu'elle a trop de rénovations à faire à la
bâtisse qui n'est pas nécessairement une bâtisse... Je ne
sais pas si elle lui appartient, mais actuellement elle dit: On ne peut plus
arriver de toute façon et on n'a qu'une solution, c'est de fermer nos
portes parce que les subventions qu'on reçoit ne sont plus suffisantes
pour répondre à la demande qui augmente de plus en plus, sachant
très bien qu'elle est là. Je ne sais pas s'il y a plus de gens
qui ont la sclérose en plaques ou des problèmes de
déficience physique aujourd'hui dans notre société, mais
il semble que les besoins sont de plus en plus forts.
M. Mercure: À moins que ce soit un problème de nom,
nous ne l'avons pas comme organisme de promotion subventionné par
l'office. (12 h 45)
Mme Vermette: Je vous enverrai les détails et on pourra y
voir à ce moment. Cela me rassure de savoir que cet organisme pourra
recevoir des sommes substantielles qui permettront de maintenir des services
dans la collectivité parce que c'est drôlement important.
Mme Lavoie-Roux: II ne faudrait quand même pas qu'il y ait
confusion.
Mme Vermette: Non? J'étais trop heureuse pour
écouter.
Mme Lavoie-Roux: Le Toit rouge comme tel, cela ne me dit
rien.
Mme Vermette: Le Côteau rouge. Mme Lavoie-Roux: Le
Côteau rouge. Mme Vermette: La Maison du Côteau rouge.
Mme Lavoie-Roux: L'ancien Côteau rouge.
Mme Vermette: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: À l'intérieur de ce Côteau
rouge ou de cet organisme de promotion, un certain nombre d'organismes
reçoivent individuellement des subventions.
Mme Vermette: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'un certain nombre d'entre eux sont
subventionnés par le SOC. Maintenant, c'est un organisme chapeau, je
pense, ce dont vous parlez. Je ne sais pas comment c'est
considéré. Est-ce qu'il a déjà fait appel... En
tout cas, il me faudrait vérifier pour voir si c'est sur nos listes ou
non. Je sais qu'à l'intérieur, un certain nombre d'organismes
sont financés directement par le SOC.
M. Mercure: C'est probablement une table de concertation. C'est
probablement relié à des services. À ce moment, ce n'est
pas...
Mme Vermette: Le service de promotion.
M. Mercure: Si ce sont des gens qui sont principalement
impliqués dans des services, ils ne sont pas admissibles aux subventions
de l'office.
Mme Vermette: En tout cas, on vérifiera. Cela
m'amème à vous demander aussi... Dans les engagements financiers,
j'ai remarqué que pour certains CTA - centres de travail adapté -
il y avait des augmentations très substantielles des subventions et,
dans d'autres cas, Ns ont perdu leur subvention, il y en a même qui ont
disparu. Finalement, sur quoi vous basez-vous? Notamment, dans le cas de
l'Atelier R-10 Inc., qui est à Québec, je ne l'ai pas
retrouvé, je ne l'ai pas retracé. Donc, il a fermé ses
portes?
M. Mercure: Effectivement, cet organisme a eu des
difficultés financières et a finalement transféré
ses actifs et ses passifs dans la société
VIA qui est un autre centre de travail adapté à
Lévis.
Mme Vermette: VIA?
M. Mercure: II a donc fermé ses portes en tant que CTA
distinct, de sorte qu'on a maintenant 37 centres de travail adapté au
lieu de 38.
Mme Vermette: Donc, il y en a un de moins maintenant?
M. Mercure: Ouf.
Mme Vermette: C'est 37 au lieu de 38. Parfait. Par contre, il y
en a d'autres... J'ai vu que cela dépendait de certaines régions.
Il y avait des régions où il me semblait que ça allait
mieux que dans d'autres. Est-ce parce que la productivité est
meilleure dans certaines régions? Comment cela se passe-t-il?
M. Mercure: En fait, les montants qui sont mentionnés
comprennent à la fois des subventions de fonctionnement qui sont
substantiellement les mêmes d'une année à l'autre et qui
tiennent compte du nombre de postes subventionnés, du taux horaire et,
parfois, du taux des décrets quand il s'agit d'activités qui sont
sous la responsabilité de décrets régionaux. Mais, les
subventions de fonctionnement sont substantiellement les mêmes d'une
année à l'autre. Là où il y a plus de changements,
c'est sur les subventions d'immobilisation parce qu'une partie de la politique
de subvention des CTA prévoit des subventions d'immobilisation. Alors,
si un centre de travail adapté se relocalise, par exemple, il peut
arriver qu'il y ait des subventions plus substantielles.
Mme Vermette: Comme à Châteauguay, il y en a un qui
va passer de plus de 500 $ à plus de 1 000 000 $. Est-ce que... Non,
c'est 223 000 $. C'est le numéro 34 dans vos trucs.
M. Mercure: Le numéro 34?
Mme Vermette: Les Contenants Poly-Thèmes inc. Il passe de
51 000 $ à - à moins qu'il y ait une erreur sur mon truc - 223
000 $.
M. Mercure: C'est le numéro...
Mme Vermette: C'est le numéro 35-34, en fait. Il y en a un
qui est en bas de page et en haut de page. En 1986-1987, il recevait 51 000 $
et en 1988-1989, 223 000 $.
Mme Lavoie-Roux: A quelle page, Mme Vermette?
M. Monette (Guy): On ne voit pas les pages. C'est ie centre...
Voulez-vous nous dire en quelle année et les montants, s'il vous
plaît?
Mme Vermette: En 1986-1987, c'est 51 485 $ et en 1987-1988, c'est
223 908 $.
M. Monette: Ce qui arrive, c'est que Les Contenants
Poiy-Thèmes Inc., était, en 1986-1987, sous l'égide du
volet 10 des CIT, des contrats d'intégration au travail au titre de
création d'entreprises. L'année suivante, il a été
crédité CTA. À ce moment, on a aussi reconnu le
développement quant à ce CTA. Il y a eu aussi un agrandissement
de l'immeuble et un achat d'immeuble dans lequel il était
situé.
Mme Vermette: À ce moment-là, est-ce que...
Le Président {M. Bélanger): Je m'excuse, est-ce que
vous pourriez vous identifier, s'il vous plaît, pour les fins de la
transcription?
M. Monette: Oui, Guy Monette de l'Office des personnes
handicapées.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y.
Mme Vermette: Vous répondez à quelle
clientèle? Quel âge a, en particulier, votre clientèle? On
me dit que, régulièrement, après 21 ans, il ne se trouve
plus rien. Il y a un blocage. Ce sont toujours les mêmes qui sont
toujours aux mêmes places et il manque, finalement, pour des jeunes qui
ont encore...
M. Monette: L'âge moyen, actuellement, dans les CTA est de
32 ans. Ils répondent pour au-delà de 50 % à des
clientèles de déficience intellectuelle et du psychisme, aux
environs d'à peu près 4 % - je le dis de mémoire - pour la
clientèle de déficience intellectuelle. Par contre, il faut bien
comprendre qu'il fait partie du marché du travail si c'est un des
débouchés possibles pour les personnes handicapées. Cela a
été un débouché à la suite d'essais
infructueux dans des entreprises ordinaires.
Mme Vermette: Je suis au courant de cela...
M. Monette: Ce qui fait que c'est la dernière ligne.
Mme Vermette: ...sauf que ce n'est pas de ce problème que
je voulais discuter. On me dit qu'il y a un blocage parce que la moyenne
d'âge est de 32 ans, donc premiers arrivés, premiers servis. Ceux
qui sont la restent plus longtemps. À un moment donné, il y en a
qui seraient aptes à s'en aller dans des travaux adaptés et ils
ne peuvent pas se trouver de place.
M. Monette: Le CTA est une entreprise, donc l'embauche d'un
employé suit les mêmes règles que l'embauche d'un
employé de n'importe quelle entreprise. Donc, un individu n'est pas
obligé, après un certain temps, de quitter un CTA. Il peut
effectivement rester là aussi longtemps qu'il en a le désir et
aussi longtemps que le CTA en a besoin. Par contre, il y a certaines personnes
qui, dans leur plan de carrière, décident effectivement de se
retirer et d'aller ailleurs. Il faut aussi comprendre que les gens qui
demeurent à l'intérieur des CTA et qui sont subventionnés
sont des personnes qui généralement ne sont pas productives.
Elles sont compétitives dans une certaine mesure, mais non suffisamment
productives pour l'entreprise ordinaire.
Mme Vermette: Actuellement, avec la nouvelle politique qu'il va y
avoir d'apte et inapte et d'employabilité, est-ce que vous allez
travailler davantage avec les centres de travail -
vous allez en développer davantage - ou avec les entreprises pour
qu'ils favorisent l'employé?
M. Monette: Dans un premier temps, on ne vise pas à
développer des CTA. Ce n'est pas la formule privilégiée
pour le moment. À partir des dernières réflexions qu'on a
faites à l'office, la formule privilégiée est
l'intégration dans l'entreprise ordinaire, avec des possibilités
à plus long terme de support permanent pour les personnes. Je pense que
l'avenir doit plutôt tendre vers cette solution. Le CTA, par contre,
demeure un secteur témoin et aide les gens qui, de toute façon,
ne pourraient intégrer l'entreprise ordinaire, malgré un support
permanent qui pourrait leur être apporté. Il restera ce que nous
appelons "l'entreprise adaptée", c'est-à-dire que c'est
l'environnement au complet qui est adapté pour les personnes
handicapées.
Mme Vermette: II reste que beaucoup de personnes
handicapées vont être considérées comme inaptes
parce qu'on n'aura pas de débouché d'emploi pour elles avec les
nouvelles mesures de la nouvelle loi d'aide sociale. L'autre, est-ce que...
Bon, si on fait les autres...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, Mme la
députée.
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai longuement
discuté de cette question de apte et inapte avec mon collègue de
la Sécurité du revenu. Après en avoir discuté aussi
avec des gens de CTA, il m'apparaît qu'on veut quand même une
continuité. Justement, compte tenu des risques de repasser de inapte
à apte ou de apte à inapte, qu'on tienne compte d'un plan
Individualisé dans un continuum qui évite ces brisures qui
pourraient être dommageables pour les personnes qu'on essaie de
réinsérer.
Mme Vermette: Mme la ministre, j'aimerais vous voir à
cette commission parlementaire et on pourrait parler de votre collègue
quand on pariera des personnes handicapées. Comme le temps est restreint
et qu'il y a des choses très importantes dont on doit parler, je suis
prête à adopter les engagements du mois d'août de...
Le Président (M. Bélanger): Les engagements du mois
de mars?
Mme Vermette: Mars, voilà.
Le Président (M. Bélanger): D'avril à
juillet, est-ce que vous aviez des questions?
Mme Vermette: C'est à peu près ce qu'ils ont
donné dans les différentes CAT de toute façon si je
regarde les CT qui ont été donnés. Cela va. On pourra...
On peut les...
Avril à Juillet
Le Président (M. Bélanger): Les engagements d'avril
à juillet seraient vérifiés. On appellerait les
engagements du mois d'août.
Août
Mme Vermette: Encore là, au mois d'août, ce sont
encore des CT sur des subventions qui ont été données pour
des travaux adaptés, des immobilisations. Donc, cela va. Je pense
que...
Le Président (M. Bélanger): Désirez-vous
poser des questions sur les engagements financiers du mois d'août?
Mme Vermette: Cela va.
Le Président (M. Bélanger): Cela va? Bien.
Alors, les engagements du mois d'août sont vérifiés.
J'appelle les engagements du mois d'octobre 1988.
Octobre et décembre
Mme Vermette: Oui. Le mois d'octobre, par exemple,
m'intéresse beaucoup. Je m'aperçois qu'au mois d'octobre, en
fait, tout ce qu'on a donné en montant d'argent pour l'aide au programme
d'activités, pour l'aide matérielle, c'est 58 247 $. Quand on
voit la somme et le nombre de demandes, cela me surprend qu'on n'ait pas
donné davantage, qu'il n'y ait pas eu de CT plus fort que 58 000 $ et
quelques et que cela répondait à seulement deux demandes. Je ne
veux pas faire de parti pris mais elles étaient de Robert-Baldwin toutes
les deux. Cela n'a pas d'importance mais... Cela n'a pas vraiment d'importance,
mais c'est surtout le nombre. Il y en avait très peu finalement.
À mon avis, je trouve qu'il y avait très peu de demandes pour un
mois d'octobre quand on sait que, au mois d'avril, on disait que l'Office des
personnes handicapées semblait déjà essouflé pour
répondre à la demande d'aide matérielle. Alors, je me dis:
II doit y avoir plus que deux demandes par mois sûrement et comment cela
se fait-il? Où en sommes-nous rendus? Puisqu'on dit, si on regarde ce
qui se passe, la semaine passée, les gens sont déjà
redescendus dans la rue. Je me fais régulièrement dire qu'il n'y
a plus d'argent depuis bien longtemps, quasiment depuis le mois d'avril, que le
budget était déjà hypothéqué et là on
vous demande encore de repartir avec un autre budget hypothéqué.
Donc, comment allez-vous faire pour répondre à ces demandes?
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais quand même répondre
à une partie de cette question, ce qui
n'empêchera pas M. Mercure de donner des explications
supplémentaires. Il est exact de dire qu'à partir du mois de
septembre ou octobre, il y avait un manque d'argent relié à
l'aide matérielle. Mais encore faut-il réaliser que les budgets
de l'Office des personnes handicapées ont constamment augmenté.
De 1985-1986 par rapport à 1986-1987, vous avez eu une augmentation - je
prends le budget global - de 15 %. De 1986-1987 à 1987-1988, vous avez
eu une augmentation de 12 % et la dernière année, 1988-1989, vous
avez une augmentation de 13 %. Si je regarde l'aide matérielle, c'est
passé en 1986-1987 - je n'ai pas l'augmentation par rapport à
1985-1986 mais il faut dire qu'en 1986-1987, vous vous souviendrez qu'à
l'automne on avait eu un problème en novembre ou décembre, je
pense que vous y avez fait allusion tout à l'heure, mais qui
était dû au fait que, pour 1985-1986, on avait engagé des
sommes de 1986-1987, si bien que l'année 1986-1987 a commencé
amputée...
Du côté de l'aide matérielle, on est passé de
12 000 000 $ en 1986-1987 à 19 679 000 $ en 1988-1989, ce qui est quand
même une augmentation très substantielle sur trois ans - encore
une fois, je ne peux pas faire la comparaison avec 1985-1986 parce que je ne
l'ai pas - en fait, c'est sur deux ans, de 12 000 000 $ à 19 000 000
$.
Mme Blackburn: C'est 19 000 000 $ ou 17 000 000 $?
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Mme Blackburn: C'est 17 900 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Sur l'aide matérielle?
Mme Blackburn: Sur l'aide matérielle, oui.
M. Mercure: Un ajout de 1 800 000 $ a été fait au
mois d'août, de sorte que le crédit total pour l'année
c'est 19... (13 heures)
Mme Lavoie-Roux: C'est presque 20 000 000 $. On est passé
de 12 000 000 $ à 20 000 000 $. C'est évident que... Maintenant,
de quelle façon la planification s'est faite? Je peux peut-être
demander à M. Mercure de répondre. Mais c'est évident que,
si on avait 30 000 000 $ au lieu de 20 000 000 $, on répondrait encore
à plus de demandes. C'est dans ce sens-là que l'Office des
personnes handicapées a été autorisé pour la fin
février et le mois de mars à certains transferts de
crédits qui lui permettent de répondre à des engagements
qu'elle a déjà et même de ne pas retarder Indûment la
planification de services durant le mois de mars vu qu'au mois d'avril, les
sommes prévues seront là. C'est à peu près la
situation. Je pense que les efforts consentis à l'Office des personnes
handicapées sont des efforts quand même importants durant ces
trois dernières années et particulièrement - je regarde
ça à vol d'oiseau - il me semble bien que les très grosses
augmentations - tel on n'a pas les services à domicile qui sont aussi
considérables - ont été du côté de l'aide
matérielle qui est passée de 12 000 000 $ - je vais vous donner
le chiffre exact - 12 094 000 $ à 19 679 000 $.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, vu l'heure, avons-nous consentement pour continuer quelques
minutes?
Mme Lavoie-Roux: On a commencé un peu en retard, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): On peut
récupérer cinq minutes?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Mme Blackburn: D'accord. On attendait le sous-ministre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, consentement. Si
vous voulez continuer. Mme Blackburn, est-ce que vous aviez une autre
question?
Mme Vermette: C'est cela. C'est bien beau de faire le constat et
de se péter les bretelles avec ce qu'on a fait, mais actuellement, il y
a plein de monde dans la rue qui attend des services. Qu'est-ce qu'on va faire?
Êtes-vous contente? Le constat que vous nous faites est que l'effort a
été fait et il n'y a plus rien à faire finalement. Les
gens ont juste à attendre et à prendre leur mal en patience.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dois dire d'abord que
je ne porte pas de bretelles. Donc, je ne me pète pas les bretelles.
Deuxièmement, je voudrais vous dire qu'on est conscients qu'il y a des
personnes qui sont en attente. Malheureusement, il faut le dire, il y a
toujours eu des personnes en attente. Ce que je déplore, c'est qu'elles
soient en attente sur une période aussi longue puisque les fonds ont
semblé manquer en septembre ou octobre - c'est cela, M. Mercure? - mais
c'est justement pour raccourcir un peu ce délai pour que les gens
sachent à quoi s'en tenir. Une partie des crédits, qui seraient
devenus normalement périmés parce que non utilisés, ont
été versés pour répondre soit à des
engagements déjà pris ou des indications déjà
données et également afin de leur permettre de planifier pour
d'autres cas, jusqu'à un montant total de 2 000 000 $.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutiml.
Mme Vermette: M. Mercure pourrait peut-être ajouter quelque
chose là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): M. Mercure.
M. Mercure: Je voulais peut-être répondre
spécifiquement à la question: Pourquoi y a-t-il seulement deux
demandes? C'est qu'on doit lister les engagements de plus de 25 000 $. C'est
dans ce sens qu'il y en a seulement deux ce mois-là. Le nombre de
nouvelles demandes qu'on reçoit est de l'ordre de 540 par mois et les
montants qu'on subventionne sont inférieurs à 2000 $ par cas.
C'est pour cela qu'il y a très peu de cas dont les montants sont
substantiels et, chaque fois, c'est parce qu'il y a des parties du plan de
service qui couvre, par exemple, l'adaptation de domiciles ou l'adaptation de
véhicules qui sont des programmes plus coûteux. Mais la plupart
des cas sont des cas comme des équipements, du maintien à
domicile ou des cas qui nécessitent des subventions beaucoup plus
modestes que le montant qu'on doit lister comme engagement excédant 25
000 $.
Mme Vermette: Est-ce que cela veut dire que, finalement, les
listes d'attente risquent de s'allonger actuellement compte tenu des budgets
qui leur sont alloués, parce que vous aviez fait une demande, en tout
cas, de 4 100 000 $, qui, dit-on, sont à sec. Le Conseil du
trésor reste de glace face aux besoins Insatisfaits des personnes
handicapées et on vous demande de faire des réaménagements
budgétaires, en fin de compte. Où allez-vous les faire vos
réaménagements budgétaires?
M. Mercure: Dans notre budget de fonctionnement, on a
effectivement quelques postes où on est en surplus. On va
transférer nos surplus à l'aide matérielle - c'est ce
qu'on nous permet de faire - dans d'autres postes budgétaires, pour
pouvoir répondre à un certain nombre de demandes. On nous permet
aussi de prendre des engagements sur le budget de l'an prochain. Si cela veut
dire de dépenser une partie d'avance, on espère qu'on pourra
soumettre une demande additionnelle pour obtenir des crédits
additionnels pour l'an prochain.
Mme Vermette: En fait, si les journaux traduisent bien, on disait
que c'étaient 500 000 $ que vous pouviez aller chercher avec vos
réaménagements budgétaires. Donc, cela va répondre
à combien de demandes à peu près?
M. Mercure: Ce sont des demandes en fin d'année qui sont
de l'ordre de 1000 $. Alors, cela peut vouloir dire 500 à 525
demandes.
Mme Vermette: Alors, vous allez répondre à un mois.
450 demandes par mois, cela fait un mois. Cela veut dire qu'il reste encore
onze mois dans l'année qui ne seront pas couverts ou, en tout cas, qu'il
va y avoir de la difficulté...
Mme Lavoie-Roux: C'est le budget de l'an prochain. On ne peut pas
présumer...
Mme Vermette: Vous l'amputez déjà pour
répondre à 1987-1988.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce sens-là, je pense qu'on a
été à la mauvaise école, j'allais dire à la
bonne école, puisqu'on 1986-1987, on a dû travailler avec un
budget qui avait été amputé à partir d'engagements
pris antérieurement.
Mme Vermette: Un autre budget handicapé.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Mme Vermette: Un budget handicapé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, si vous voulez. Je pense que ce n'est pas
une façon souhaitable de procéder. Il est important de
considérer année par année avec un budget. C'est à
cause de la conjoncture actuelle qui, je pense, ne devrait pas être une
conjoncture que l'on répète et essayer de la corriger l'an
prochain pour qu'on ne parte pas avec un budget handicapé, comme vous
dites.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Chicoutimi, une dernière question
rapidement.
Mme Blackburn: Oui. étant donné qu'on a
autorisé l'office à devancer les budgets pour aller chercher 1
000 000 $, cela veut dire qu'on vient d'amputer le budget de 1989-1990 de 1 000
000 $. Question: Quel est l'accroissement prévu au budget de l'office
à ce poste? Deuxième question: Est-ce que l'évaluation qui
est faite par l'office en ce sens que, d'abord, il y a des délais
d'attente qui sont énormes - on parle de 30 mois; dans ma région,
on parlait de 36 mois d'attente - que les délais ont des effets...
Je voudrais juste que la ministre m'écoute un petit peu. C'est
mon problème chaque fois que j'examine ce genre de décisions avec
lesquelles je suis plus ou moins en accord. Cela vient neutraliser, pour ne pas
dire annuler, ou ralentir des processus de maintien à domicile, de
réinsertion sociale, de réinsertion sur le marché du
travail qui nous coûtent très cher. Cela coûte plus cher
finalement que ce qu'on arriverait à consentir dans ce genre d'exercice.
C'est ce genre d'analyse, je pense, qui souvent n'est pas suffisamment faite.
Est-ce qu'on a évalué le ralentissement ou le manque de budget
dans ce poste budgétaire, plus celui de l'aide au maintien à
domicile, et ses effets sur le prolongement de la liste d'attente, les
surcharges pour les familles, le retour dans les familles qui n'est pas
possible parce qu'on n'est pas équipé? Alors, quand les gens sont
dans les institutions, ils coûtent plus cher que lorsqu'ils sont dans les
familles mais là, faute d'équipement, ils ne peuvent pas entrer
dans les familles. Les families qui les ont et qui n'ont pas les
équipements ont tendance à se référer au placement
et on sait
que le placement coûte plus cher. Évidemment, cela
entraîne, semble-t-il, une demande accrue dans les services
d'hébergement, soit en institution ou en famille. Probablement en
institution, parce qu'en famille, étant donné qu'on ne pourrait
pas mettre plus d'argent qu'il le faut pour prévoir des
aménagements... Tout ce que je dis, c'est: Est-ce qu'on a analysé
les coûts indirects de décisions qui ne sont pas prises rapidement
dans ces secteurs-là qui viennent, par exemple, à avoir des
effets sur, on dit, l'hébergement. On pourrait dire les salles
d'urgence. On pourrait dire les dépressions qui entraînent... Cela
a de multiples conséquences qu'on a déjà reconnues.
Souvent, il m'arrive de penser un peu comme à l'hôpital,
l'Institut Roland-Saucier, j'y reviens, 400 personnes qui n'ont pas eu besoin
d'hospitalisation. Là, faute de services tantôt, cela va
recommencer à entrer à l'hôpital. On engorge. On organise
des listes d'attente ou ils se déversent vers d'autres instituts. Ce que
je prétends, c'est que si on examinait sérieusement la diminution
des coûts reliés aux conséquences d'un service qui n'arrive
pas assez vite, l'aide au maintien à domicile, par exemple, il se
ramasse des dépressions et on dit: Placez-le, je ne suis plus capable de
l'endurer. Écoutez, je suis avec 24 heures par jour, sept jours par
semaine et il a déjà dix ans. C'est ça que je dis. Il me
semble donc qu'on ne prend pas suffisamment en compte cette
réalité. Première question: Est-ce qu'on a analysé
les coûts indirects reliés aux listes d'attente qu'on crée
dans ce secteur d'activité? Deuxièmement, la même chose
pour le maintien à domicile. Troisièmement, quel est le budget
pour 1989-1990?
Mme Lavoie-Roux: Le budget pour 1989-1990 - j'avais senti que je
l'avais oublié, c'était la première question que vous
aviez posée - n'est pas encore arrêté, on va avoir le
dépôt des crédits, on verra.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut laisser planer l'attente,
l'espérance qu'il va y avoir un réajustement
budgétaire?
Mme Lavoie-Roux: Vous verrez en temps et lieu. La deuxième
question. Évidemment, l'analyse que la députée de
Chicoutimi propose est, à certains égards, une étude
très théorique. On pourrait dire la même chose, si on
pouvait mettre tout l'argent nécessaire pour, disons, aider les hommes
violents. Est-ce qu'on pourrait faire l'étude pour savoir comment cela
va se répercuter sur la violence familiale? Comment, en contrepartie,
cela va se répercuter sur le besoin de services spéciaux? Dans
chaque problématique, je pense qu'il y a toujours un aspect
économique qu'on pourrait tenter d'évaluer. Maintenant, le
président de l'OPHQ pourra me corriger, je ne pense pas qu'on ait ce
genre d'étude. On pourrait le faire dans tous les domaines, en
éducation, par exemple. Si on faisait telle chose en éducation,
si on mettait plus d'argent dans les milieux défavorisés, vous
auriez peut-être un enfant qui réussirait mieux, etc., et vous
êtes dans une chaîne. Je pense qu'il y a des limites à ce
genre de chose. On est tous conscients qu'il est évident qu'un
problème qui est traité plus tardivement peut avoir des
inconvénients, mais je ne pense pas qu'il y ait d'étude
rigoureuse qui existe là-dessus.
Mme Blackburn: Dans les urgences...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse...
Mme Blackburn: Une toute petite remarque, M. le Président,
cela va...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, madame, on
a dépassé de huit minutes les cinq minutes qu'on s'était
allouées.
Les engagements financiers de juin, août, septembre, octobre et
novembre 1988 du ministère de la Santé et des Services sociaux
sont-ils vérifiés?
Une voix: Vérifié.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
engagements financiers de l'Office des personnes handicapées du
Québec de mars, d'avril à juillet, août, octobre et
décembre 1988 sont vérifiés?
Une voix: Vérifié.
Le Président (M. Bélanger): Vérifié.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15
heures. Elle procédera alors à l'accomplissement d'un autre
mandat à la salle du Conseil législatif.
(Fin de la séance à 13 h 13)