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(Dix heures quinze minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission des affaires sociales est réunie ce matin afin de
procéder à l'étude de la réglementation
découlant de l'adoption du projet de loi 37, Loi sur la
sécurité du revenu.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) sera remplacé par Mme
Bélanger (Mégantic-Compton) et M. Gervais (L'Assomption) par M.
Polak (Sainte-Anne).
Recouvrement des prestations (suite)
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va. Lors de
l'ajournement des travaux, nous étions à l'article 42. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur l'article 42?
Mme Harel: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, en ce qui a trait à
l'interprétation de l'article 42, compte tenu de l'interprétation
qu'en fait la Commission des services juridiques et de l'avis qu'elle a
donné à la commission, doit-on comprendre que la
définition des mots "frais de logement" est la même que celle
qu'on retrouve à l'article 5 et que, donc volontairement,
l'interprétation du ministre consiste à ne pas ajouter le mot
"réels" après les mots "les frais de logement", de manière
à limiter la compensation des frais de logement uniquement pour les
montants prévus à l'article 5, soit 30 $ pour le chauffage et 20
$ pour l'électricité?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Effectivement, Mme la Présidente, notre
intention est de faire en sorte qu'en ce qui concerne les frais de chauffage ou
d'électricité, par exemple, les montants soient les montants
forfaitaires qui apparaissent à l'article 5.
Mme Harel: II faut comprendre que la Commission des services
juridiques, qui croyait que le ministre voulait compenser les frais
réels de logement, s'est trompée. En fait, le ministre ne veut
que compenser les frais tels que limités à l'article 5.
M. Bourbeau: "Limités", c'est le mot qu'em- ploie la
députée de Maisonneuve. Il n'y a rien qui indique que ça
va nécessairement être limité. Ce sont des montants qui ont
été inscrits. Il y a une indexation par rapport à ce qui
était payé autrefois. Quels sont les montants dans le
système actuel? On vérifie les montants dans le système
actuel, mais... Il y a une indexation par rapport au statu quo.
Mme Harel: Donnez-nous les montants réels.
M. Bourbeau: Dans le régime actuel, on paie 25 $ pour le
chauffage et 15 $ pour l'électricité. Dans le nouveau
régime, on paiera 30 $ pour le chauffage et 20 $ pour
l'électricité, donc il y a une indexation quand même
importante de 20 % pour le chauffage, 5 $ sur 25 $, et de 5 $ sur 15 $,
c'est-à-dire au-delà de 30 % pour l'électricité. Ce
sont les montants qui seront utilisés dorénavant. Vous
reconnaîtrez que, pour des fins d'administration, c'est beaucoup plus
facile d'avoir des montants forfaitaires que d'avoir à se procurer,
chaque fois, les factures individuelles de chaque locataire, de chaque
propriétaire, et de calculer les périodes, etp.
Je vous signale que si vous parlez de frais réels de logement, la
très grosse partie, ce sont les frais réels de logement parce que
le bail... On va prendre le montant réel du bail et celui des taxes
locatives. Doric, la très grosse proportion, ce seront les frais
réels de logement. Les seules composantes pour lesquelles on ne prendra
pas les frais réels, c'est le chauffage et l'électricité.
On va plutôt prendre les montants forfaitaires, étant donné
la très grande complexité administrative d'avoir continuellement
à examiner des factures de chauffage ou d'électricité.
Mme Harel: Alors, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: ...cela pourrait se justifier si les montants
déterminés à l'article 5 se rapprochaient des frais
réels. Alors, on pourrait comprendre que, pour faciliter
l'administration, il y ait des montants forfaitaires, mais ces montants
forfaitaires sont bien loin de se rapprocher des frais réels compte tenu
des coûts d'inflation qu'ont connus l'électricité et le
chauffage. Alors, 30 $ pour le chauffage, c'est au plus 360 $ par année
et 20 $ pour l'électricité, c'est au plus 240 $ par année.
On est bien loin des frais réels. Si le ministre invoque
l'utilité des montants forfaitaires pour administrer, à ce
moment-là, qu'il élève ces montants pour les rapprocher
des frais encourus pour ces deux éléments qui sont essentiels. On
ne peut pas négocier le paiement de son chauffage ni de son
électricité.
M. Bourbeau: Je vais m'y prendre d'une autre façon, Mme la
Présidente. Je dirai qu'au-delà de 90 % des montants que nous
allons reconnaître constituent des frais réels de logement. Disons
qu'on se conforme aux voeux de la députée de Malsonneuve dans une
proportion de 90 %, ce qui est le loyer et les taxes locatives. Je pense que la
députée devrait être satisfaite si on se conforme à
90 % de ses plus chers désirs. Est-ce que la députée est
satisfaite?
MmeHarel:90 %...
M. Bourbeau: On se conforme, dans une proportion d'au moins 90 %,
à vos désirs. Alors, il me semble que c'est suffisant.
Mme Harel: Oui, mais ce n'est pas 90 % des coûts.
M. Bourbeau: Oui, effectivement. Si vous prenez le coût du
logement, on va reconnaître les coûts réels. Si vous prenez
le coût des taxes...
Mme Harel: Jusqu'à un maximum? M. Bourbeau: Oui,
mais...
Mme Harel: Jusqu'à un maximum de combien par mois? Ce
n'est pas le coût réel. Il ne faudrait pas...
M. Bourbeau: Non, mais ça va jusqu'à 400 $.
Mme Harel: ...avoir un langage trop flou et évasif qui va
faire accroire aux gens que l'excédent...
M. Bourbeau: Non. J'ai dit qu'on va considérer... Dans le
cas du logement, on va prendre le montant réel payé pour le
logement comme base de calcul. Je ne dis pas qu'on va payer la totalité
du logement, mais on va considérer les coûts qui ont
été... On va prendre le baH comme instrument de calcul, on va
prendre les taxes locatives et, pour ce qui est de l'électricité
et du chauffage, plutôt que d'avoir à examiner chaque facture de
chauffage ou d'électricité individuellement, on va plutôt
prendre les montants forfaitaires qui sont prévus dans le
règlement.
Mme Harel: De toute façon, cette prestation n'est jamais
plus élevée que 47 $ par mois...
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: ...quel que soit le coût du loyer, le coût
du chauffage et le coût de l'électricité.
M. Bourbeau: Non, je ne dis pas....
Mme Harel: Alors, ce n'est pas 90 %.
M. Bourbeau: ...que nous allons rembourser à 90 %.
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit ça, non plus. Je n'ai pas
voulu dire ça, non plus.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va pour l'article 42?
Mme Harel: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Est-ce que les taux de 307 $, 324 $, etc., qui sont
établis à l'article 42, sont des taux qui s'appliquent dans toute
la province? Est-ce qu'on a pris une moyenne?
M. Bourbeau: Les planchers et les plafonds? M. Polak:
Oui.
M. Bourbeau: C'est le même montant partout. Le coût
minimum, c'est le coût moyen qui a été constaté dans
tout le Québec pour les logements pour les familles monoparentales, et
c'est ce qu'il y a de plus élevé. On a constaté que ce
sont les familles monoparentales qui payent les loyers les plus
élevés pour un même nombre de personnes. Par exemple, pour
une famille monoparentale avec deux enfants, en général un
logement coûte plus cher que pour une famille biparentale avec un enfant;
c'est selon les montants observés. On a pris comme base le coût de
la famille monoparentale et les maximums sont les plafonds de Logirente qui ont
été ajustés de la même façon que les
minimums.
M. Polak: II y a tout de même certains secteurs où
il y a plus de pressions qu'ailleurs au point de vue des loyers par exemple,
dans certains quartiers de Montréal. Avec ce chiffre-là,
couvre-t-on tout de même une assez grande proportion de ces
locataires?
M. Bourbeau: Je pense que oui. On est quand même à
des loyers plutôt urbains que ruraux. Je pense qu'une grosse partie du
budget d'allocation au logement sera dépensée dans des centres
urbains comme Montréal et Québec où les logements sont
plus chers, surtout pour les familles monoparentales. On devrait donc
normalement rejoindre les gens qui consacrent le plus d'argent pour se loger et
qui font le plus d'efforts pour se loger.
M. Polak: D'accord.
M. Thuringer: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: Normalement, pour une personne seule, quel
est...
M. Bourbeau: Une personne seule n'est pas admissible au programme
d'allocation au logement. C'est pour les familles avec enfants mineurs.
M. Thuringer: Mais vous dites que c'est le coût minimum
pour les familles, et je le comprends. Mais est-ce qu'on a aussi les...
M. Bourbeau: Les loyers moyens des personnes seules?
M. Thuringer: Oui.
M. Bourbeau: On les a, mais je ne les ai pas ici. On pourra vous
les donner, si vous voulez.
M. Thuringer: D'accord, merci.
M. Laporte: Dans la même veine, Mme la Présidente,
juste une question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laporte.
M. Laporte: Non, de Sainte-Marie.
M. Bourbeau: Le député de Laporte, c'est moi, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est M. Laporte.
M. Laporte: C'est la deuxième fois.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Laporte: Un peu dans le même sens, concernant cet
article, quant aux personnes seules, mais qui sont admissibles à
l'enveloppe qu'on pourrait appeler Soutien financier, cette mesure, si je
comprends bien, ne pourrait pas non plus être applicable à celles
admissibles à la mesure Soutien financier. Il faut réellement
qu'elles n'aient qu'un enfant.
M. Bourbeau: Le programme d'allocation au logement ne s'applique
qu'à l'égard des familles avec enfants mineurs. Il faut donc
qu'il y ait des enfants mineurs. Les personnes seules ne sont pas visées
par le programme d'allocation au logement.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Le ministre, en réponse au député
de Notre-Dame-de-Grâce, lui a dit qu'il avait la moyenne des coûts
de logement pour les personnes seules. J'aimerais aussi qu'il nous communique
les coûts pour les familles monoparentales, les personnes seules et les
familles biparentales. Étant donné l'informatisation
accélérée du ministère, il doit certainement y
avoir possibilité d'obtenir ces données qui sont quand même
Importantes en regard de ce qu'on discute.
M. Bourbeau: À l'aide sociale, évidemment.
Mme Harel: Oui. Évidemment, vous disiez tantôt que
vous aviez constaté que c'étaient les familles monoparentales qui
avaient le coût du logement le plus élevé comparativement
aux autres catégories. Mais là, il faut comprendre que si ces
familles partagent leur logement - ça faisait partie de l'argumentation
contre la réduction des 85 $ pour le partage du logement -justement en
vertu du fait qu'elles ont à payer des loyers plus élevés,
il y aura une réduction de 85 $ pour chacune des chefs de famille qui
partagent, donc, un montant de 160 $.
Une voix: C'est 170 $.
Mme Harel: Oui, 170 $. Mais l'allocation au logement, puisque le
coût de son loyer est plus élevé - c'est ce qui est
constaté par le ministre - ne sera que de 32 $ pour qu'elle habite
seule. En d'autres termes, l'allocation au logement, pour au maximun, une chef
de famille avec un enfant, va être 32 $ par mois si elle habite seule et,
si elle partage son logement, va être moins 85 $. On se comprend
bien?
M. Bourbeau: Oui, mais, par contre, si elle partage, il y a une
économie d'échelle à partager. Son loyer est beaucoup
moins cher.
Mme Harel: Pas nécessairement parce que...
M. Bourbeau: Alors, il n'y a pas de raison de partager, à
ce moment.
Mme Harel: ...si vous partagez...
M. Bourbeau: S'il n'y a pas d'économie, il n'y a pas de
raison.
Mme Harel: ...c'est aussi par entraide, entre autres. Si vous
partagez, il peut y avoir quelque économie d'échelle, mais
n'oubliez pas qu'il y a nécessairement des pièces
supplémentaires dans la maison à cause du partage. Deux familles
monoparentales qui cohabitent vont avoir besoin de plus de pièces et le
coût va éventuellement augmenter. Mais, à ce moment, elles
peuvent peut-être choisir un environnement plus adapté pour les
enfants, un quartier où l'école est plus
près, des espaces verts. Je veux rappeler que lorsqu'elles
s'entraident, c'est moins 85 $ chacune et, si elle habite seule, là le
ministre a de la compassion et ça va être plus 32 $.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, de deux choses l'une: ou
bien le loyer est très cher et l'allocation au logement vient en aide
à la famille monoparentale qui a décidé de se loger seule,
ou bien la famille monoparentale a décidé de partager le logement
faisant ainsi une économie d'échelle et, à ce moment, elle
n'a pas besoin d'allocation au logement. Donc, c'est équitable et juste
pour tout le monde.
Mme Harel: Alors, Mme la Présidente, on va devoir
accélérer.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. L'étude
de l'article 42 est terminée. On appelle l'article 43. M. le ministre.
(10 il 30)
M. Bourbeau: II s'agit d'une prestation spéciale pour
frais funéraires qui varie selon l'âge du défunt. Nous
avons indexé certaines des catégories. Par exemple, pour les
enfants de moins d'un an, la prestation passe de 200 $ à 300 $. Pour les
personnes de dix ans et plus, la prestation passe de 1000 $ à 1500 $.
Pour les deux autres catégories, les enfants de 1 à 5 ans et les
enfants de 5 à 10 ans, la prestation reste à 600 $ et 800 $
respectivement. Voilà.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Je voudrais dire toute ma satisfaction devant le fait
que le ministre a tenu compte de certaines de mes recommandations, et
probablement de recommandations d'autres députés
également, en permettant que des corps puissent être
réclamés par des ministres du culte ou des familles d'accueil.
Nous avions des cas où des personnes sans famille immédiate se
retrouvaient dans la fosse commune, bien que des gens de leurs connaissances ou
des gens qu'elles fréquentaient, notamment dans des paroisses, voulaient
les réclamer et se voyaient refuser le droit à l'aide
gouvernementale.
Donc, avec des changements dans le règlement, dorénavant
les ministres du culte pourront réclamer les cadavres et leur offrir des
funérailles convenables même s'ils n'ont pas de parenté, et
cela me satisfait beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Y at il
d'autres commentaires sur l'article 43?
Mme Harel: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Sur l'article 43 qui traite des frais
funéraires, il faut comprendre, d'une part que c'est le solde de tous
les calculs qui sont faits précédemment, c'est-à-dire
qu'on établit d'abord s'H y a des épargnes, des avoirs liquides,
qui vont servir. Alors, s'il y a 1000 $ ou 1500 $, c'est d'abord
utilisé. Ensuite, dans tous les cas, ce montant sera diminué des
sommes reçues en vertu d'un contrat d'arrangement préalable ou
d'un contrat d'achat préalable, de la valeur de tous les biens. Alors,
ces frais ne sont payés que lorsque tout est vendu. En d'autres termes,
poêle, frigidaire, meubles meublants du décédé,
épargne, une fois que tout a été épuisé,
là seulement intervient l'allocation pour les frais funéraires.
J'ai fait relever par un salon funéraire les coûts de
décès par catégorie d'âge: moins d'un an, un salon
funéraire...
Une voix:...
Mme Harel: ...ce qu'il y a à Montréal,
c'était à Pointe-Saint-Charles. Je vous donnerai le nom. Donc,
c'est dans un quartier où les coûts ne sont pas
nécessairement les plus élevés compte tenu des revenus des
gens. Pour les moins d'un an, c'est 650 $; d'un an à quatre ans, 900 $;
de cinq ans à neuf ans, 1100 $ à 1200 $; dix ans et plus, 1800 $
au minimum. C'est le moins cher. Ce sont les prix de ce qu'il y a de meilleur
marché, 1800 $ pour les dix ans et plus. Alors, on voit que, pour les
enfants, le montant s'éloigne considérablement des allocations
qui sont versées puisque, dans le cas des enfants, il n'y a pas d'avoirs
liquides; il n'y a pas de biens qui sont soustraits. Ce sont donc les familles
qui doivent assumer complètement les coûts des frais
funéraires pour les enfants. Il serait assez surprenant qu'il y ait eu
des arrangements préalables et ii n'y a pas eu d'épargne. Ce
serait assez étonnant.
Dans le cas des décès, d'abord, demandons au ministre
quelles sommes ont été allouées par année en
allocations de frais funéraires.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, avant de répondre
à la question spécifique que vient de poser la
députée, j'aimerais, préciser une chose. Si vous regardez
l'article 43, vous allez noter qu'on dit, dans le texte du projet de loi, au
deuxième alinéa: "Cette prestation est établie en
diminuant dans tous les cas le montant prévu au premier alinéa
des bénéfices payables au décès, des sommes
reçues en vertu d'un contrat d'arrangement préalable de services
funéraires ou d'un contrat d'achat préalable de sépulture
et, s'H s'agit d'un adulte seul..." et là, on regarde les avoirs
liquides. Il faut faire bien attention de spécifier s'H s'agit d'un
adulte seul, donc, une personne qui vivait seule. À ce moment-là,
on regarde l'ensemble de ses biens, de ses avoirs liquides, la valeur de ses
biens.
Mais si c'est une personne qui vivait dans un ménage, par
exemple, le conjoint, et que la
conjointe survit avec les enfants, là, on ne fait pas cet
exercice. S'il s'agit d'un enfant, on ne fait pas l'exercice non plus. Donc,
s'il s'agit d'un conjoint ou d'un enfant, on ne fait que regarder le contrat
d'arrangement préalable, s'il y en a un, ou le montant payable par la
Régie des rentes. Et, après ça, on paie, sans regarder les
avoirs liquides. Donc, il ne faudrait pas penser qu'on oblige la liquidation de
tous les biens d'une personne qui ferait partie d'un ménage ou d'un
enfant, ou du ménage lorsque c'est un enfant qui
décède.
Pour répondre à la question de la députée de
Maisonneuve en ce qui concerne les frais funéraires, l'an dernier on a
payé à l'égard d'une clientèle de 1503 personnes
une somme de 1 244 694 $. Les bonifications qu'on propose présentement
coûteront au gouvernement 595 573 $ approximativement.
Mme Harel: Et ça coûtait 1 000 000 $ ou plus...
M. Bourbeau: 1 244 694 $. C'est une bonification d'environ 50 %
par rapport à ce qui se payait auparavant. J'espère que la
députée en prend note.
Mme Harel: Ce dont je prends note, c'est que c'est encore bien
loin pour les enfants particulièrement. Il s'avère que les
enfants n'ont pas d'arrangement préalable, ils ont peu d'assurance-vie
et sont peu susceptibles d'avoir de l'épargne ou des biens meublants qui
seront vendus pour compenser. Ce sera donc à la charge des parents
entièrement. Il m'est arrivé encore il y a deux semaines le cas
d'une jeune femme monoparentale avec un enfant de deux ans, II s'agissait d'un
accident. Pour des montants comme ceux-là, compte tenu du fait que
personne ne va abuser, parce que personne ne va décéder seulement
pour toucher l'allocation, on pourrait trouver raisonnable de compenser les
frais minimums encourus. Je ne vous parle pas de payer le chrome, mais au moins
les frais minimums.
M. Leclerc: Excusez, Mme la Présidente. Est-ce que...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Taschereau.
M. Leclerc: ...le ministère a le détail des jeunes
de moins d'un an, enfin des jeunes par catégories? Cela pourrait nous
permettre de voir combien cela coûterait...
M. Bourbeau: On ne l'a pas avec nous ici. On l'a sûrement
au ministère. Tout ce que j'ai ici, c'est la somme globale.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. Mme la députée de Maison-neuve a
fait mention d'une maison funéraire de Pointe-Saint-Charles. Je ne sais
pas si c'est la même maison avec laquelle j'ai communiqué et dont
les gens sont très heureux de cette majoration de 1015 $...
M. Bourbeau: 1500 $.
M. Polak: ...de 1000 $ à 1500 $.
Mme Harel: Mais ce sont des adultes.
M. Polak: Oui, mais c'est cela le gros morceau. Une autre
affaire: quand on parlait tout à l'heure...
Mme Harel: Je vais insister... J'interviens pour les enfants de
dix ans et moins, pour une majoration. Il y a eu une bonne majoration dans le
cas des dix ans et plus, mais dans le cas des cinq à dix ans,
c'était déjà à 800 $ et c'est resté à
800 $. Dans le cas d'un an de moins de cinq ans...
M. Polak: Oui.
Mme Harel: C'était à 600 $ et c'est resté
à 600 $. Il n'y a pas eu de majoration.
M. Polak: Mais la majoration pour les moins d'un an, qui passe de
200 $ à 300 $.
Mme Harel: C'est la seule majoration, dans le cas des dix ans et
plus.
M. Polak: II y a une autre affaire. Il faut bien comprendre que
la façon dont ces maisons fonctionnent, ce n'est pas toujours le cas que
la famille soit forcée de payer le reste. Très souvent, ces
maisons, justement parce qu'elles fonctionnent dans de tels districts, disent:
On va le faire pour ce montant-là. Elles ont peut-être une perte
de quelque cent dollars sachant très bien que leur réputation
dans le district est très importante. Même avec l'argent qu'elles
reçoivent de l'aide sociale, ces maisons ne perdent pas d'argent,
autrement elles ne fonctionneraient pas.
Mme Harel: Mme la Présidente, on peut toujours trouver un
cousin pour déménager et un voisin pour se faire enterrer, mais
là franchement, on discute d'allocations pour l'ensemble du territoire
du Québec, même pour des gens qui n'ont pas de parenté et
d'amis dans les salons funéraires. Tout ce que je dis, c'est que la
méfiance à l'égard de ces allocations ne devraient pas
vraiment exister dans le cas d'allocations de décès vu que c'est
sur paiement de factures et que personne ne va en abuser. Tout ce que je dis,
c'est qu'il n'y a pas de raison de ne pas modifier pour les enfants. Je ne veux
pas Insister là-dessus, on a de l'ouvrage pour la
journée.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je comprends, mais on peut quand même
répondre à cela. Je vais vous dire ceci. Il est vrai qu'en
principe, il ne devrait pas y avoir d'abus, mais en pratique, il peut y avoir
des abus. Vous savez fort bien qu'on peut commander des funérailles avec
beaucoup de fioritures, des cercueils en noyer, en acajou ou en plomb. Enfin,
les gens se font offrir toute la panoplie de la quincaillerie,
évidemment, et cela dépend de ce que paie le gouvernement. Je dis
que ce que le gouvernement offre de payer, ce sont les montants minimums. Je
vous signale qu'on s'est aligné parfaitement sur l'Ontario,
d'après ce qu'on me dit. On propose ce que paie l'Ontario actuellement
pour les mêmes services. Je vous signale qu'on a une augmentation de 50 %
du budget dépensé par le gouvernement à ce titre. Ce n'est
peut-être pas le Pérou, mais je pense que c'est suffisant pour
couvrir le minimum.
Mme Harel: Mme la Présidente, le ministre doit convenir
qu'il n'a modifié en aucune façon l'allocation pour les enfants
de un à dix ans.
M. Bourbeau: On n'a pas besoin de le faire parce que,
d'après nos renseignements, c'est suffisant.
Mme Harel: Ce sont des renseignements par rapport à
l'Ontario. Je vous parle des frais funéraires minimums. Je ne vous parle
pas de ce qui est ajouté.
M. Bourbeau: On n'est pas pour s'aligner sur le Pérou ou
sur le Chili.
Mme Harel: Je vous parle du minimum que tout salon exige. Je vous
invite à regarder la situation d'ici. Les gens ne vont pas se faire
enterrer en Ontario, lis se font enterrer ici, avec les frais encourus ici.
M. Bourbeau: C'est votre expertise contre la nôtre. J'ai
demandé l'opinion de mon adjoint parlementaire et il m'a dit qu'il
était très satisfait de la question. Or, vous savez qu'il
connaît ce dossier.
Une voix: II faut que ça serve, ces
adjoints-là.
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 43 est-elle terminée?
Mme Harel: Terminée.
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 43 est terminée. J'appelle l'article 44.
Est-ce qu'il y a des commentaires ou des questions?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, à l'article 44, II
s'agit d'une prestation spéciale pour compenser les pertes en cas
d'incendie ou de sinistre. Elle comprend le coût de réparation et
de remplacement des meubles et effets d'usage domestique, le coût de
subsistance pendant le réaménagement et la relocalisation. On
prévoit maintenant les coûts de réparation. Je vous signale
que le deuxième alinéa prévoit spécifiquement que
cette prestation est subsidiaire aux indemnités d'assurance.
Mme Harel: Je crois constater que ce sont les mêmes
montants qui existent déjà dans le règlement actuel. Cela
n'a pas été modifié ni bonifié.
M. Bourbeau: Non. On estimait que c'était suffisant.
Mme Harel: Alors, ce sont toujours les mêmes montants pour
remplacer les effets d'usage domestique essentiels. Ce sont les mêmes
montants depuis des années. Le ministre n'a pas cru bon de les modifier
compte tenu de la hausse du coût des appareils
électroménagers, de la hausse du coût de l'ensemble des
meubles.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va pour
l'article 44?
Mme Harel: Cela va, avec les remarques, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 44 est
terminé. J'appelle l'article 45.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, il s'agit d'une prestation
spéciale pour déménagement dû à une
séparation entre conjoints. Là encore, on reconduit le statu
quo.
Mme Harel: Évidemment, cela suppose qu'une personne de la
famille connaît quelqu'un qui a un camion. À ce prix, 200 $...
M. Bourbeau: C'est le même montant qu'on avait hier pour le
déménagement. Et hier, je vous ai indiqué que...
Mme Harel: J'aimerais savoir, en vertu de cette disposition,
quels sont les montants qui ont été alloués et quelle est
la moyenne.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, on va vérifier. Je
n'ai pas cela immédiatement devant moi, mais des gens cherchent si on a
les statistiques sur les coûts de cette prestation spéciale.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Mme la Présidente, je veux faire une remarque
pour la défense du ministre. Il n'a pas besoin de moi pour le
défendre, mais je trouve qu'il est un peu trop facile pour l'Opposition
de dire: Comment se fait-il que ces montants ne soient pas majorés? Il
en faut plus. Mais il y a aussi une responsabilité fiscale. Il faut bien
comprendre que, lorsqu'on étudie tout un projet, toute une
réglementation, il faut regarder la majoration ainsi que l'argent qui a
été mis là-dedans. Par exemple, je parle du dossier qu'on
vient de voir sur le loyer pour les familles - 75 % de la différence -
pour moi, c'est un pas dans la bonne direction. Évidemment, il faut
faire plus et on a toujours besoin de plus. Je pense qu'il est trop facile pour
l'Opposition de dire: Voici, on prend chaque point et on le critique, parce que
ce n'est pas la valeur que ça devrait avoir. À un moment
donné, quand on va chiffrer toutes ces demandes, on va parler de
montants astronomiques; c'est simplement impossible. Donc, je pense qu'un
gouvernement doit agir par priorité. Je pense vraiment que, dans ce
projet, on a fait des progrès énormes par rapport à la
situation antérieure. Je pense que la députée de
Maison-neuve - je la connais ou j'espère la connaître - sera assez
raisonnable pour voir qu'il ne faut pas faire, je ne dirai pas de la
démagogie, mais adopter ce qui commence à ressembler à une
attitude pas trop responsable, en disant: On devrait donner plus, plus, plus.
Est-ce qu'elle a calculé combien ça pourrait coûter si tout
ce qu'elle suggérait devait être accepté? Je pense que ce
ne serait pas être responsable. (10 h 45)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Sainte-Anne. Mme la députée de...
Mme Vermette: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger):
...Marie-Victorin.
Mme Vermette: J'écoutais le député de
Sainte-Anne. Évidemment, je connais bien son engagement sur le plan
social. Il a des préoccupations assez intéressantes dans son
comté, il arrive que certains de ses commettants aient des
problèmes de cette envergure en ce qui concerne l'aide sociale. Je me
dis qu'il n'a peut-être pas tout à fait compris nos
préoccupations. Notre préoccupation est de mettre davantage
l'accent sur la qualité de vie. En fin de compte, tôt ou tard, on
en fait les frais de toute façon, comme gouvernement. On retrouve ces
gens à d'autres niveaux qui coûtent extrêmement cher. On n'a
pas suffisamment d'argent pour déménager ou quoi que ce soit,
donc, on vole un camion et on déménage, et c'est le ministre de
la Justice ou d'autres ministères qui en font les frais. Je ne vous dis
pas qu'ils sont tous des voleurs, mais, à un moment donné, quand
on n'a plus rien, qu'on n'a plus de ressources et qu'on ferme continuellement
le robinet, cela entraîne d'autres effets. On les a sur le plan de la
santé où ça coûte extrêmement cher
actuellement, parce que c'est justement de la prévention. Avoir un
esprit de prévention est important et c'est effectivement un
investissement qui, pour certains, peut être coûteux à court
terme mais qui, à long terme, à mon avis, est très
rentable. Faire en sorte de favoriser pour ces gens une qualité de vie
qui empêchera qu'on les retrouve, un peu plus tard, dans le
système, où ce sera très onéreux, je pense que
c'est peut-être à notre avantage. En tout cas, c'est être un
petit peu plus visionnaire ou avoir une vision un peu plus à long terme
qu'autrement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: ...jusqu'à maintenant, je fais une liste assez
rapide de ce qu'on aurait souhaité voir améliorer par le projet
de la réglementation. D'abord, pouvoir inclure le lait maternisé
dans la carte-médicaments; encore là, le refus du ministre
m'apparaît tellement inconcevable, surtout au moment où l'on parie
de politique de la petite enfance, d'accueil aux jeunes enfants. Pour ces deux
jours que durera l'exercice qu'on fait, cette obstination à ne pas
reconnaître qu'il y a des coûts importants qui ne sont en rien
compensés par les barèmes pour offrir le lait maternisé
demeurera absolument inacceptable. Cela vaut pour les suppléments
vitaminés au moment de la grossesse. Cela vaut pour la garde
partagée, c'est-à-dire la possibilité d'offrir une chambre
pour favoriser la garde partagée d'un enfant à la suite d'une
séparation. Cela vaut également pour le maintien des besoins
spéciaux, autres que les médicaments, lorsqu'il y a retour
à l'aide sociale après avoir occupé temporairement un
emploi ou gagné des revenus. Cela vaut pour les améliorations qui
doivent être apportées aux frais funéraires et aux frais de
déménagement. Si vous pensez, M. le député de
Sainte-Anne, que tout ça va avoir un effet désastreux sur les
finances du gouvernement, il faut voir que, si ce sont des sommes
névralgiques, pas négligeables pour les petites gens, elles ne
sont vraiment rien comparées aux 20 000 000 $ que le ministre va
injecter pour contrôler les inaptes et appliquer son
hypercatégorisation.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, dans le même ordre
d'idée.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...la députée de Malsonneuve vient de
nous signaler deux ou trois points pour lesquels elle aurait voulu que nous
augmentions les prestations, mais elle a oublié de dire, par exemple,
qu'il y a des ajouts importants dans les propositions que nous faisons dans le
règlement et qui vont coûter des sommes importantes au
gouvernement. Que dire de la somme de 1 750 000 $ que devra dépenser le
gouvernement pour l'article 2.2 du nouveau règlement portant sur
l'enfant placé en famille d'accueil et qui continue d'être
à charge, si un plan de retour progressif s'applique? Que dire des 1 500
000 $ de plus que le gouvernement devra dépenser pour la personne
hospitalisée en soins actifs et qui demeure admissible à l'aide
sociale au plein taux, alors que dans le régime actuel l'aide est
réduite à 115 $ le mois suivant l'hospitalisation? Que dire des 1
940 000 $ de plus qu'on devra dépenser pour l'indexation des montants
forfaitaires ajoutés au coût du logement pour le chauffage et
l'électricité? Que dire, Mme la Présidente, des 1 200 000
$ pour l'allocation de dépenses personnelles pour les personnes
hébergées? Des 5 028 000 $ de plus pour la majoration de 100 $
pour tout enfant à charge aux études postsecondaires à
plein temps résidant chez ses parents? Que dire des 1 530 000 $ pour
l'exemption d'avoir liquide de 1500 $ ou 2500 $ qui est accordée pour le
mois de la demande, alors qu'autrefois c'était le mois suivant? Que dire
- mon Dieu! je peux vous en donner longtemps - des 300 000 $ et des 50 000 $
pour le maintien de la carte-médicaments dans trois situations qu'on
verra à l'article 21? Que dire du supplément pendant la
grossesse, qui passe de 20 $ à 40 $, qui va coûter 780 000 $ au
gouvernement? Vous voulez que je vous en donne d'autres, je vais vous en donner
d'autres.
Mme Harel: J'aimerais les avoir et en même temps avoir le
montant des économies que vous allez faire.
M. Bourbeau: Que dire des 19 690 000 $... Mme Harel: Avoir
les deux colonnes.
M. Bourbeau: ...presque 20 000 000 $ pour l'allocation-logement
pour les familles avec enfants mineurs? Vous n'en parlez pas de ça. Que
dire de...
Mme Harel: On va en parler si vous donnez le montant que vous
allez épargner avec la réduction pour le partage du logement.
M. Bourbeau: ...l'indexation de la valeur de la résidence
- 50 000 $ à 60 000 $ - qui va coûter 1 150 000 $ au gouvernement?
Écoutez, je peux vous en donner comme ça. La liste n'est pas
terminée.
Mme Harel: Mme la Présidente, en vertu de notre
règlement, je souhaiterais que le ministre puisse déposer la
liste qu'il nous cite présentement.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a pas de
dépôt qui se fait, mais on peut la distribuer.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, ce sont des notes
personnelles que j'ai, sur lesquelles il y a toute une série
d'annotations et que je garde aux fins de la discussion.
Je pense que la députée devrait faire le partage des
choses, ne pas souligner seulement les montants qui ne sont pas indexés
- souvent avec raison, parce qu'on a fait des études qui indiquent que
les montants sont suffisants - et faire preuve du même enthousiasme pour
souligner les points où il y a des ajouts importants dans notre
règlement.
Mme Harel: II me ferait plaisir, Mme la Présidente, de le
faire dans la mesure où le ministre s'engagerait à nous
transmettre les deux colonnes de chiffres, dont les économies qu'il
réalise, notamment en matière de partage de logement, notamment
en matière d'augmentation du seuil minimal attribué pour le
logement, notamment en matière de revenus de chambre et pension. Alors,
qu'il nous indique exactement combien il va économiser. Qu'il nous
indique combien il va économiser en ne s'obligeant plus à indexer
annuellement selon l'indice des prix à la consommation l'ensemble des
bénéficiaires - trois sur quatre - du programme APTE. Qu'H nous
donne la colonne des économies qu'H va réaliser sur le dos des
plus démunis et on verra qui va finalement payer les pots
cassés.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'H y a
d'autres commentaires? M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Mme la Présidente, je ne veux pas prendre trop
de temps parce que je sais que ça ne relève pas directement de
l'article en question, mais il faut bien comprendre et je pense qu'il faut le
dire aussi, que pour un député ministériel, ce n'est pas
toujours facile d'écouter l'Opposition taper sur les petits montants,
etc., pour nous indiquer un peu comment nous n'avons pas fait face à nos
responsabilités. Je pense que le temps est peut-être venu de dire
que nous, comme députés ministériels, devant cette
commission, tous unanimement, avons travaillé à ce projet depuis
un an avec le ministre, d'abord le premier ministre, ensuite M. Paradis et
ensuite le ministre actuel. Et je peux vous assurer - la députée
de Maisonneuve est au courant - qu'on a énormément bonifié
ce projet. Quand vous voyez ce projet maintenant, le texte final comparé
au texte d'origine, il y a de grands dossiers où on a fait beaucoup de
progrès, comme par exemple, celui des contributions parentales -
l'abolition de ça - le partage du logement qui était à 100
$
réduit à 85 $. On peut rire de ça. On paye encore
85 $, mais on l'a réduit de 15 $. Savez-vous, lorsqu'on calcule
ça avec le nombre de bénéficiaires, qu'il s'agit de
millions de dollars de bonification. Dans le programme "Supplément de
loyer", on a fait changer la catégorie et il n'y a plus de personnes
pénalisées, ce qui existait auparavant. Je comprends l'Opposition
de soulever ces points en en soulignant peut-être l'aspect
négatif, mais soyons raisonnables et objectifs et disons aussi en
même temps: On a bonifié ce projet; on a réussi,
après un travail très difficile et ardu, à tenter
d'influencer notre propre gouvernement pour modifier cela.
On ne peut satisfaire tout le monde en même temps. Les dossiers
des hôpitaux, de l'écologie et de l'environnement prennent aussi
de l'argent de partout. J'ai travaillé avec ce ministre et je vais vous
dire une chose; je l'avais connu auparavant et je suis agréablement
surpris de son attitude. Je le dis honnêtement; j'ai travaillé
avec lui et je pense qu'il a témoigné vis-à-vis de nous
d'une ouverture d'esprit qu'on n'avait jamais vue auparavant. Nous sommes
très fiers et je suis venu volontairement ces deux jours-ci, parce que
je voulais être présent pour discuter de ce règlement et
pour montrer que nous appuyons notre ministre jusqu'à la fin.
Mme Harel: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: II va falloir être sérieux. On n'a
malheureusement que jusqu'à 18 heures.
M. Bourbeau: Le député est très
sérieux dans ses propos.
Mme Harel: Moi, j'aurais souhaité, compte tenu que le
gouvernement n'avait retenu que deux jours pour l'examen de la
réglementation, que l'on siège au moins durant ces deux jours,
comme à notre habitude, de 10 heures jusqu'à 22 heures. Mais je
dois comprendre que le gouvernement a plutôt préféré
terminer les travaux à 18 heures. La congratulation, j'aimerais qu'elle
se fasse après les heures normales de notre examen.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, il n'en demeure pas moins
que le député de Sainte-Anne a le droit de dire en toute
conscience ce qu'il pense. La députée de Maisonneuve passe le
plus clair de son temps à chanter pouilles au ministre, pour employer
une expression utilisée fréquemment, à engueuler le
ministre pour tout ce qui n'est pas dans le règlement et qu'elle
voudrait y voir. Je pense que le député de Sainte-Anne a droit,
lui aussi, de dire qu'il trouve le règlement bien fait par rapport
à la situation antérieure. Je trouve que les propos du
député de Sainte-Anne étaient tout à fait dans
l'ordre, autant que les propos négatifs de la députée de
Maisonneuve.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'H y a
d'autres commentaires sur l'article 45?
Mme Harel: Mme la Présidente, je cherche encore les
raisons qui font qu'on rembourse les comprimés de valium et qu'on ne
rembourse pas le lait maternisé pour les nouveau-nés. Je ne
comprends pas encore au sujet du valium; je ne comprends pas encore la logique.
Je compte sur le député de Sainte-Anne pour faire modifier cette
obstination. Cet entêtement est incompréhensible.
M. Bourbeau: C'est peut-être du côté des
valium que réside le problème.
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 45 est terminée. J'appelle l'article 46. Est-ce qu'il y a des
questions ou commentaires?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, I s'agit là d'une
prestation spéciale payée par le gouvernement pour les frais des
services juridiques. Cela permet à la Commission des services juridiques
de facturer le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu pour des services qu'il offre aux prestataires
de l'aide sociale, prestataires de l'aide de dernier recours, de façon
à obtenir le partage de ces coûts avec le gouvernement
fédéral. C'est le statu quo par rapport à la situation
précédente.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va? L'article 46
est terminé. J'appelle l'article 47. Est-ce qu'il y a des commentaires
ou des questions?
M. Bourbeau: II s'agit là des règles
spéciales pour l'administration de la prestation spéciale d'aide
juridique. Elle est administrée par la Commission des services
juridiques selon ses normes et ses pratiques. C'est la reconduction du statu
quo.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a ni
commentaires ni questions sur l'article 47. L'étude de l'article 47 est
terminée, j'appelle l'article 48.
Frais de transport pour faire valoir une
créance alimentaire
M. Bourbeau: II s'agit là, Mme la Présidente, d'une
prestation spéciale pour les frais de transport encourus pour faire
valoir une créance alimentaire. Le maximum alloué est de 250 $
pour une même cause, à 0,135 $ le kilomètre parcouru. Avec
le nouveau règlement, le tarif passe, de 0,065 $ à 0,135 $ le
kilomètre parcouru avec un véhicule privé. L'obligation de
rembourser, prévue dans le règlement actuel est maintenant
prévue
de façon générale à l'article 35 de la
loi.
Mme Harel: Une remarque.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve. (11 heures)
Mme Harel: Oui, Mme la Présidente. Il s'agit donc d'une
prestation lorsqu'une bénéficiaire est tenue de faire valoir une
créance alimentaire. En termes simples, cela veut dire qu'avant d'avoir
droit à de l'aide, on lui dit d'intenter une procédure en
séparation ou en pension alimentaire et elle doit donc se rendre au
palais de justice lors de l'audition de la cause. Malgré qu'on ait
diminué de 100 à 50 kilomètres le remboursement du
transport, il faudrait penser à tenir compte de la distance
réelle. Par exemple, le palais de justice de Saint-Jérôme
aurait beau être à 40 kilomètres de
Sainte-Anne-des-Piaines, il n'en demeure pas moins que le déplacement
est obligatoire. La personne n'a pas le choix d'y aller ou de ne pas y aller,
puisque l'aide qu'elle recevra, dépend des poursuites qu'elle intente en
matière de pension alimentaire. On le verra dans des articles
ultérieurs. On devrait compenser la distance réelle qui est
parcourue pour faire valoir une créance, puisque c'est une obligation
qui est introduite par l'aide sociale.
M. Bourbeau: Mme la députée parle de la distance
réelle. La députée pense-t-elle, par exemple, si
c'était trois kilomètres, deux kilomètres, qu'on devrait
aussi compenser?
Mme Harel: Qu'est-ce qui est compensé dans le cas des
fonctionnaires lorsqu'il y a autorisation d'utiliser une automobile personnelle
à des fins d'emploi?
M. Bourbeau: Les fonctionnaires, eux, sont en train de faire un
travail pour lequel ils gagnent leur vie. Là, on parle du
déplacement qu'a fait une personne pour s'occuper de ses affaires
personnelles. À partir de quel nombre de kilomètres trouvez-vous
raisonnable qu'on commence à compenser? À partir du premier
kilomètre?
Mme Harel: Bon. La première erreur du ministre, c'est de
penser que c'est pour des affaires personnelles. La très grande
majorité des personnes, M. le ministre, ne procéderaient pas -
avec le stress et les troubles que cela occasionne, et souvent, la
recrudescence du conflit et les conséquences sur les enfants - à
une créance alimentaire, n'entreprendraient pas les démarches, si
elles n'y étaient pas tenues, si elles n'y étaient pas
obligées par la nécessité d'obtenir de l'aide sociale et
de procéder à cette démarche. Ce n'est pas simplement
à des fins personnelles le fait d'obtenir une pension alimentaire. Si
elles ne procèdent pas à ce recours, elles n'ont pas droit
à de l'aide. C'est bien libellé comme tel dans la loi.
M. Bourbeau: C'est normal. Chacun doit faire valoir ses
créances. Si vous avez un débiteur, il est tout à fait
dans votre intérêt personnel de veiller à faire des
démarches pour percevoir ce que vous doit votre débiteur. Cela
fait partie des gestes qu'on pose dans le cours normal de la vie, et je vous
repose la question. À partir de quel kilomètre, à partir
de quel nombre de kilomètres trouvez vous qu'on devrait commencer
à rembourser les frais? À partir du premier kilomètre?
Mme Harel: Le même pourcentage de remboursement des
fonctionnaires.
M. Bourbeau: Les fonctionnaires...
Mme Harel: À quel nombre de kilomètres les
autorise-t-on?
M. Bourbeau: ...font un travail pour d'autres, pour le
gouvernement. Ce n'est pas pour leur bénéfice personnel qu'ils
font cela.
Mme Harel: Voyons donc!
M. Bourbeau: Quand une personne fait valoir ses droits - la
créance alimentaire - c'est pour son bénéfice personnel.
C'est pour percevoir la créance qui lui est due. Cela ne procède
absolument pas du tout de la même problématique.
La Présidente (Mme Bélanger): Avez-vous d'autres
commentaires?
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve pose des
questions, mais elle ne répond pas aux nôtres. Je vais vous dire
que si on commence à rembourser les dépenses pour se rendre au
coin de la rue, quand on va aller faire, par exemple, son épicerie, on
va nous demander de rembourser les frais de transport. Il faut quand même
arrêter quelque part. Là, on a fixé une distance minimum de
50 kilomètres. C'était 100 kilomètres avant. On a
réduit de moitié. C'est déjà un avantage, une
diminution de 100 %. Les frais du véhicule privé étaient
remboursés à raison de 0,065 $. On double à 0,135 $. C'est
encore une augmentation de 100 %. La députée de Maison-neuve en
veut plus. Moi je trouve que 100 %, c'est déjà pas mal.
Mme Harel: Combien a été alloué à
cette allocation?
M. Bourbeau: L'an dernier, on a remboursé 24 clients pour
une somme de 2383 $.
Mme Harel: Donc, 2383 $. Ce que je vous dis, M. le ministre,
c'est ceci. Les femmes
bénéficiaires vont subir tous les inconvénients de
la démarche, c'est-à-dire les déplacements, la possible
agressivité du conjoint, le stress qui vient de la
détérioration du climat, les risques de violence possible. Elles
les subissent parce qu'elles sont complètement démunies, n'est-ce
pas? Ce que je vous dis, c'est qu'il y a peu de transport public dans une
même région entre les localités. À part les grands
centres comme Montréal, Québec ou la région qui encercle
Montréal, l'ensemble des déplacements se font par transport
privé.
Alors, vous nous dites: Déjà il y a une
amélioration de 100 à 50 kilomètres - mais pour 24
bénéficiaires - puisque auparavant, c'était 100
kilomètres. Y en aurait-il tant que ça qui pourront maintenant se
servir de cette allocation à 2383 $ par année? Quand bien
même le kilométrage diminuerait sensiblement, je ne pense pas
qu'il y aurait là matière à mettre en péril la
situation financière du gouvernement.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, c'est justement parce
qu'on commence à rembourser à partir d'un certain nombre de
kilomètres que la clientèle ne se précipite pas; mais si
on commençait à rembourser les gens qui vont au coin de la rue
pour faire leur "shopping" ou pour se faire coiffer, peut-être
qu'effectivement, on serait inondé de demandes. On ne peut pas payer
toutes les dépenses personnelles de chacune des personnes à
l'aide sociale. On leur paie justement une prestation de base pour ces
dépenses-là et dans la prestation qu'on fait à l'aide
sociale, il y en a pour le logement, pour la nourriture, pour le transport.
Voilà du transport et on ne va pas payer deux fois.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: De la manière dont j'ai lu les textes, il n'y a
pas de changement dans le kilométrage, parce qu'on parle maintenant de
50 kilomètres de son lieu de résidence et auparavant,
c'était 100 kilomètres aller et retour. Donc, 50
kilomètres du lieu de résidence et le retour, cela fait 100
kilomètres: c'est le même kilométrage. Mais le montant est
majoré; le tarif par kilomètre est doublé. Ai-je bien
compris?
M. Bourbeau: Cela va.
M. Polak: C'est pour vous montrer, M. le ministre, que les
députés ministériels lisent les documents aussi.
M. Bourbeau: Vous avez bien raison, M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Mais il reste quand même que le prix du
kilométrage est doublé.
M. Polak: Doublé. C'est cela.
Mme Harel: Mais c'était le même montant
d'allocation: 0,13 $.
M. Polak: Les 100 kilomètres, c'est aller et retour.
Maintenant, c'est 50 kilomètres, c'est la même chose. Vous en avez
discuté. Divisez 100 par deux, cela fait 50.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 48 est-il
terminé? J'appelle l'article 49.
M. Bourbeau: Je signale en terminant que la dernière fois
que ce tarif-là avait été augmenté, c'était
sous le gouvernement libéral de M. Bourassa, le 1er janvier 1976, et que
pendant ses neuf années au pouvoir, le Parti québécois n'a
pas jugé bon d'augmenter cette prestation-là. Cela prend un autre
gouvernement libéral pour l'augmenter.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 48
est-U terminé?
Mme Harel: Juste une seconde. Mme la Présidente, le
ministre est en train de tomber dans les mêmes travers d'une
réglementation où il n'y aura aucune indexation de ces
prestations spéciales et il a harmonisé. Voyez-vous,
l'harmonisation qui s'est faite pour le déplacement à 0,135 $
dans d'autres dispositions, le ministre sait très bien que c'est en
deçà du coût réel et même des minimums qui
sont alloués aux employés autorisés par le gouvernement
à utiliser leur transport privé.
Alors, le ministre devait nous fournir ce matin le minimum qui est
autorisé. S'il ne le fait pas, nous allons faire la vérification,
mais il va devoir y avoir une harmonisation. Il serait absolument inconcevable
qu'on considère que ce qui est le minimum de déplacement dans
notre société autorisé pour un fonctionnaire du
gouvernement ne le soit pas parce que les gens sont pauvres. Cela leur en
coûte aussi cher de déplacement, compte tenu des
évaluations de coûts qui en sont faites, que pour les
fonctionnaires du gouvernement.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, la députée
de Maisonneuve essaie à dessein de mélanger deux choses qui ne
sont pas semblables. Quand un individu fait un travail pour le compte d'un
tiers, il n'a aucun intérêt personnel dans le travail, s'H ne
retire pas de bénéfice lui-même du travail qu'il fait;
c'est son employeur qui retire des bénéfices. Donc, c'est normal
qu'il se fasse rembourser la totalité des coûts encourus. Quand
une personne va au coin de la rue pour se faire coiffer ou se faire couper les
cheveux ou va dans un bureau du gouvernement pour obtenir des renseignements
personnels, cela ne procède pas de la même
problématique.
Mme Harel: C'est totalement méprisant, M. le ministre, ce
que vous venez de dire.
M. Bourbeau: Non. La personne a un intérêt
personnel...
Mme Harel: Vous confondez aller au salon de coiffure et se
présenter au palais de justice pour faire valoir une créance
alimentaire. Franchement!
M. Bourbeau: ...à faire valoir ses droits. C'est dans son
intérêt, elle a un intérêt personnel, à ce
moment-là, à poser ces gestes-là, alors que le
fonctionnaire travaille pour un tiers. Alors, ne mêlez pas les choses qui
ne sont pas semblables. Je vous signale que, dans la prestation qu'on paie
à l'aide sociale, il y a des montants déjà prévus
pour le transport. La composante transport est déjà incluse dans
la prestation à l'aide sociale.
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 48 est terminée. J'appelle l'article 49.
Est-ce qu'il y a des commentaires ou questions?
Revenus et gains
M. Bourbeau: Vous avez dit l'article 49, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Bourbeau: Dans le premier paragraphe, il s'agit de revenus qui
ne sont pas considérés dans le calcul. Les barèmes sont
établis en tenant compte des allocations familiales que la famille
reçoit. Il est donc nécessaire d'exempter ces revenus. En ce qui
concerne le deuxième paragraphe, l'allocation pour jeunes enfants, les
allocations à la naissance ou les allocations familiales versées
en vertu de la Loi sur les allocations familiales, cette exclusion vise
à faire profiter les familles prestataires d'une aide de dernier recours
de ces nouvelles mesures qui feront partie de la politique familiale.
Alors, les nouvelles exclusions comprennent l'allocation pour jeune
enfant et les allocations à la naissance. En ce qui concerne le
troisième paragraphe, ce sont les sommes reçues par une famille
d'accueil pour prendre charge d'un enfant ou d'un adulte ainsi que les sommes
reçues par une telle famille d'accueil en vertu du Règlement sur
l'aide financière à l'adoption, cette exclusion favorise le
recrutement de familles d'accueil, notamment, parmi les familles prestataires
d'une aide de dernier recours.
En ce qui concerne le quatrième paragraphe, ce sont les gains
qu'un enfant à charge réalise accessoirement à ses
études et les prêts et bourses qu'il reçoit comme
étudiant, cette exclusion a pour but de ne pas pénaliser une
famille dont l'enfant à charge aux études gagne de l'argent de
poche par de menus travaux ou reçoit des prêts et bourses.
Le cinquième paragraphe concerne les aliments versés
à un adulte seul par son père ou sa mère jusqu'à
concurrence de la contribution parentale qu'il est réputé
recevoir, cette exclusion vise à éviter une double
réduction de la prestation d'un prestataire touché par la
contribution parentale.
M. Polak: J'ai une question sur...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Jacques.
M. Bourbeau: Bon, je n'avais pas terminé, mais..
M. Polak: Sainte-Anne!
Une voix: Saint-Jacques? Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Sainte-Anne.
M. Polak: Ah, il ne faut pas me rendre la vie trop difficile! Ha,
ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Je fais du
Alzheimer!
M. Polak: Au paragraphe 5°, j'ai simplement une note du
député de Notre-Dame-de-Grâce, parce qu'il vient de
s'absenter temporairement. Il m'a demandé de poser la question suivante
sur le paragraphe 5°. De quelle manière est-ce qu'on pourrait
vérifier cela, sur le pian administratif?
M. Bourbeau: Je m'excuse?
M. Polak: Des aliments versés à un adulte seul par
son père.
M. Bourbeau: Ah!
M. Polak: Quelle est la méthode de vérification de
ça sur le plan de l'ordre administratif pratique?
Mme Harel: Cela, c'est le droit nouveau. Je ne sais pas... Le
ministre avait commencé à nous lire paragraphe par paragraphe...
Il y en a exactement 16. Là, je vous rappelle...
M. Bourbeau: Mais le député de Sainte-Anne a mis
fin à ma nomenclature. Alors, j'ai cessé.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Mais j'aurais pu continuer...
Mme Harel: Non, on aurait peut-être intérêt
à procéder simplement par questions, parce que si le ministre
nous lit..., on ne se rendra pas... Et, là, je ne vois pas
l'intérêt qu'il y aurait à
retarder le fait qu'on complète entièrement l'examen de fa
réglementation.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je tentais de donner des
explications, mais je me soumets aux voeux de la commission et je suis
prêt à répondre aux questions.
M. Polak: Je veux juste la réponse à cette question
posée sur le paragraphe 5°. Les quatre autres, je ne veux pas
les...
M. Bourbeau: Oui.
M. Polak: Est-ce que ce n'est pas mieux de procéder comme
suit, chaque fois on s'arrête sur un point de la question, on...
M. Bourbeau: Oui, allez-y.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il n'y a pas de question
à chaque paragraphe...
M. Polak: C'est la question sur le paragraphe 5° et c'est
plutôt le député de Notre-Dame-de-Grâce qui demandait
de poser cette question. De quelle manière est-ce qu'on va
vérifier ça? Quelle est la manière de contrôler
ça? On m'a dit, en anglais...
M. Bourbeau: En pratique, c'est vérifié par nos
agents à partir des déclarations qui sont faites par les
bénéficiaires de l'aide sociale. On doit se fier à la
déclaration des gens.
M. Polak: Ah oui, d'accord.
M. Bourbeau: II n'y a aucune autre façon de
vérifier. Évidemment, c'est de l'argent liquide qui est
payé par les parents à leurs enfants. Alors...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
Mme Harel: Oui. Qu'est-ce que le ministre entend par le mot
"aliments"? (11 h15)
M. Bourbeau: Les aliments, c'est la même définition
qui apparaît au Code civil à l'article 633 qui dit que les
époux, de même que les parents en ligne directe se doivent des
aliments, et l'article 637 prévoit que les aliments sont payables sous
forme de pension, le tribunal peut exceptionnellement remplacer ou
compléter cette pension alimentaire par une somme forfaitaire payable au
comptant ou par versements.
Mme Harel: Quel est le lien avec la contribution parentale?
M. Bourbeau: Que voulez-vous dire exactement?
Mme Harel: La contribution parentale - on le verra à
l'article 73, je pense ou à l'article 83... Oui. La contribution
parentale qui sera exigée ne sera donc pas utilisée aux fins du
calcul de la prestation. Quelle est l'interprétation? En 1949, ce sont
toutes les sommes versées qui sont exclues du calcul de la prestation.
En quoi les aliments versés... Le ministre me dit que les aliments,
c'est comme l'équivalent de l'obligation alimentaire de l'article 633 du
Code civil. Alors, en quoi les aliments versés seront-ils exclus du
calcul de la prestation?
Une voix: Jusqu'à concurrence...
Mme Harel: Oui. Alors à ce moment-là, si cela est
exclu du calcul de la prestation, c'est qu'on va calculer la prestation sans
tenir compte des aliments. C'est cela que cela veut dire "exclus du
calcul".
M. Bourbeau: II est bien évident qu'on ne peut pas
demander au prestataire de l'aide sociale: combien de repas avez-vous pris chez
vous durant un mois? Et tenter de comptabiliser la valeur des repas. S'il y a
des sommes d'argent payées comptant, là on en tient compte
forcément au-delà de la contribution alimentaire parentale.
Mme Harel: Ce seront seulement des sommes d'argent, les aliments?
Ce ne sera pas de l'entraide alimentaire?
M. Bourbeau: On n'est pas capable de compter bien sûr les
aliments dans le sens strict du mot.
Mme Harel: On voit bien qu'à l'article 5, on dit: Les
aliments versés par les père et mère jusqu'à
concurrence... Qu'arrive-t-il lorsque cela dépasse la contribution
parentale? À ce moment-là, ce sera calculé pour diminuer
la prestation. Il est important de savoir ce qui sera évalué, ce
que cela signifie "aliment". Un aliment, au sens de l'article 633, cela peut
être toutes sortes de choses.
M. Bourbeau: On ne tient pas compte des... Si on parle des
aliments au sens strict du mot... Si, par exemple, un prestataire a pris des
repas chez ses parents durant le mois, on n'ira pas comptabiliser la valeur de
ces repas et lui dire: Tu as pris trop de repas dans le mois chez tes parents,
cela excède la contribution parentale... On diminue la prestation.
Mme Harel: S'il apporte un sac d'épicerie que ses parents
lui ont donné?
M. Bourbeau: Non plus. On n'en tient pas compte. Comment
dites-vous cela?
Comme le dit si bien l'avocat qui m'accompagne: De minimis non curat
lex. Le législateur ne s'occupe pas des petites choses. Cela vient
directement du droit romain. La députée qui est avocate
doit se souvenir de cela.
Mme Harel: Sauf dans le cas de la garde partagée
d'enfants.
M. Bourbeau: Dites-le donc en latin.
La Présidente (Mme Bélanger): Y a-t-il d'autres
questions? Nous sommes rendus au paragraphe 6°.
Mme Harel: C'est-à-dire que je passerais à
l'article 50 à moins qu'il n'y ait d'autres questions.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a pas d'autres
questions, alors l'article 49 est terminé.
Mme Harel: Peut-être une dernière question
concernant le paragraphe 12°, à savoir les sommes reçues
conformément aux programmes adoptés en vertu de la section IX de
la Loi sur la Société d'habitation du Québec, donc
Logirente et supplément au loyer, c'est bien le cas.
M. Bourbeau: Cette exclusion vise à faire profiter les
prestataires d'un programme de dernier recours des programmes sociaux de la
Société d'habitation du Québec.
Mme Harel: Ces programmes étant Logirente et
Supplément au loyer, c'est cela?
M. Bourbeau: Un instant, je vais vous répondre. Tous les
programmes comme Loginove, je peux vous donner la liste des programmes de la
SHQ: LOGIPOP n'existe à peu près plus et le programme
d'allocation au logement: Logirente. Ce sont les programmes de la SHQ.
Mme Harel: C'est cela. Non pas ceux que vous avez abolis, mais
ceux qui ont survécu à votre passage au ministère.
M. Bourbeau: Nous avons aboli uniquement les programmes pour les
riches. Il n'y avait pas de ces programmes à l'aide sociale.
Mme Harel: En regard de Logirente, je signale au ministre que je
viens d'avoir à mon bureau de comté - imaginez-vous - un cas de
vie maritale. C'est le premier cas de vie maritale en application du programme
Logirente. Une dame de 66 ans a un chambreur de 71 ans en chaise roulante
qu'elle héberge depuis des années et pour qui elle fait les
repas. Elle déclare consciencieusement chaque demande annuelle de
Logirente. Cette année, on vient de la lui refuser pour le motif qu'elle
serait en vie maritale.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, cela concerne quel article
du règlement?
Mme Harel: On reviendra là-dessus. De toute façon,
M. le ministre, on aura l'occasion de...
M. Bourbeau: Vous êtes à la mauvaise commission
parlementaire. Il faudrait aller voir le ministre des Affaires municipales.
Mme Harel: Voilà!
M. Polak: II faudrait que vous alliez en appel.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a pas d'autres
questions...
Mme Harel: On n'est pas allés encore...
La Présidente (Mme Bélanger): ...à l'article
49. L'étude de l'article 49...
Mme Harel: ...mais on va y aller.
M. Bourbeau: Vous auriez dû me poser cette question l'an
dernier.
La Présidente (Mme Bélanger): ...est
terminée. Nous passons à l'article 50.
M. Bourbeau: II s'agit des déductions qui permettent de
trouver le revenu de travail à considérer dans le calcul.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions?
Mme Harel: Pourquoi les modifications? De prime abord, à
la lecture de l'article 50, on a l'impression que c'est un report
intégral de l'actuel article 42 du règlement. Et ensuite, on voit
toutes sortes de modifications apportées à la terminologie, par
exemple, l'utilisation des mots "cotisation ouvrière" plutôt que
"prélèvement d'assurance-chômage", à l'alinéa
2; ensuite "la contribution payable par le travailleur" au Régime de
rentes plutôt que "les contributions" au Régime de rentes du
Québec. Auparavant, on faisait référence aux contributions
- au pluriel - pour faire référence à celles du
travailleur et de son employeur. Tandis que maintenant, au paragraphe 3, on ne
parle que de la contribution payable par le travailleur pour le Régime
de rentes. Et ce qui est étonnant, c'est que maintenant il n'y a plus
aucune référence au prélèvement effectué
pour l'assurance-maladie, ce qu'on retrouvait à l'article 42. On dit: Le
revenu de travail est calculé en déduisant de ce revenu ou du
revenu net les montants suivants... On ne retrouve plus la déduction
pour le prélèvement de l'assurance-maladie. On ne retrouve plus
la déduction pour les contributions employeur et employé à
la Régie des rentes. On ne parie plus du prélèvement
d'assurance-chômage en termes d'employeur-employé, mais seulement
de la
cotisation ouvrière. Alors, pour chacun de ces aspects,
assurance-chômage, Régime de rentes et assurance-maladie,
qu'est-ce qui se passe?
M. Bourbeau: En règle générale, il s'agit de
s'harmoniser avec la nouvelle formulation de certaines lois et de nouvelles
situations. Pour accélérer, je vais demander à Me Rochon
de répondre précisément à chacune de vos questions,
si vous n'avez pas d'objection.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Rochon.
M. Rochon (Gérald): Pour ces formules, le vocabulaire
utilisé est le vocabulaire d'aujourd'hui. On s'est inspiré de la
Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles lorsque est
venu le temps d'établir l'indemnité de remplacement du revenu du
travailleur. Pour ce qui est de l'assurance-maladie notamment, ce
prélèvement, qui existait il y a plusieurs années, est
maintenant intégré aux impôts. Il n'y a plus de
prélèvement direct pour la RAMQ. On n'a pas besoin de le
mentionner puisque cela est caduc. Les contributions d'employeurs ne sont pas
des montants qui sont versés aux salariés, aux travailleurs. On
n'a pas à en tenir compte dans ce sens; c'est l'employeur qui paie cette
part. On s'est ajusté au vocabulaire qui existe actuellement.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 50 est
terminé. Article 51? Est-ce qu'il y a des questions ou des
commentaires?
Mme Harel: Excusez-moi, Mme la Présidente. Au paragraphe
5° de l'article 50, il y avait les frais découlant du fait d'occuper
un emploi. Alors, il est assez étonnant qu'il y ait maintien et tout
simplement reconduction des montants qui existaient déjà, compte
tenu du discours d'incitation au travail. On retrouve, au paragraphe 5°,
les frais découlant de l'occupation d'un emploi, à raison de 25 $
ou de 6 % du revenu mensuel produit par l'emploi, selon le moins
élevé des deux. Pourquoi ne pas avoir modifié
substantiellement? On sait très bien que 25 $ par mois est bien
au-dessous de ce qu'on considère être le minimum. Sur le plan de
l'impôt provincial seulement, les 6 % équivalent à 750 $,
au minimum, par année, c'est-à-dire 62,50 $ par mois. On ne
comptabilise pas les déductions pour frais d'emploi possibles au niveau
fédéral.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce qu'il y a une réponse à ça?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, actuellement, la tendance
est d'abolir ces frais et le fédéral les a abolis totalement. Au
Québec, ce n'est pas encore aboli; on ne sait pas ce que fera le
ministre des Finances. Nous avons songé à les abolir aussi pour
se conformer à la ten- dance; il faut quand même traiter tout le
monde sur le même pied, les travailleurs à faible revenu comme les
assistés sociaux. Nous avons décidé de les maintenir quand
même. Alors, on ne les a pas indexés; on les a maintenus.
Mme Harel: D'abord, Mme la Présidente, il va falloir avoir
un discours cohérent. Hier, le sous-ministre nous a dit que toute la
structure des barèmes et des revenus de travail était
établie en fonction du plafond du seuil d'imposition nul. Il est
évident que lorsque le ministre me réfère à la
disposition fiscale des 6 % de déduction pour frais d'emploi, il me
réfère à une disposition qui n'est pas applicable
au-dessous du seuil d'imposition nul; elle est applicable uniquement
au-delà de ce seuil, pour des personnes qui ont un revenu imposable.
D'autre part, pour ce qui est de l'ensemble des autres provinces, j'ai
le tableau de ce qui se fait comme déduction mensuelle en Ontario, au
Nouveau-Brunswick, au Manitoba. Prenons l'Ontario: l'exemption mensuelle est de
50 $ pour les actes, plus les gains supplémentaires; cela, pour les
personnes seules. L'exemption mensuelle maximale est de 100 $ pour les
familles, plus 25 % des gains de travail. On dit: On peut accorder à une
famille monoparentale une exemption jusqu'à concurrence de 190 $ pour
des dépenses reliées au travail ou pour d'autres
dépenses.
La vraie question est de savoir si on veut être sérieux et
conséquent avec un discours d'incitation au travail; encore faudrait-il
compenser les frais d'emploi. Pourquoi est-ce qu'on demanderait à ces
gens de se déplacer, d'occasionner des frais si cela est pour être
soustrait de leurs prestations? Pourquoi seraient-Us les seuls dans la
société à financer leur activité?
M. Bourbeau: Est-ce que vous parlez d'actuellement ou de
l'avenir? Vous parlez du statut actuel, de ce qui se passe actuellement dans
les autres provinces?
Mme Harel: C'est un tableau qui est fourni par le Conseil
national du bien-être social.
M. Bourbeau: Les exemptions pour gains de travail...
Mme Harel: Je peux vous fournir le tableau.
M. Bourbeau: On est au courant. Les exemptions pour gains de
travail, dans nos programmes d'employabilité, on permet jusqu'à
190 $ par mois pour un ménage et 95 $ pour une personne seule.
Mme Harel: Vous voulez dire dans les mesures
d'employabilité. (11 il 30)
M. Bourbeau: Oui, les mesures actuelles.
Mme Harel: Je vous parle de ces milliers de
bénéficiaires qui peuvent trouver un emploi occasionnel,
saisonnier, quelques heures par semaine, non subventionné. Cela existe
aussi. Vous ne pouvez pas tous les enrégimenter dans vos mesures. La
preuve, c'est qu'elles n'ont pas fonctionné.
M. Bourbeau: Je vous signale que ce sont les vôtres.
Mme Harel: Que vous avez reconduites depuis trois ans...
M. Bourbeau: C'est vous qui les avez inventées en
1984.
Mme Harel: ...sans les indexer. Ce sont toujours les mêmes
100 $, en réduisant les prestations sans indexation.
M. Bourbeau: Est-ce que vous parlez des gains de travail?
Mme Harel: Oui, le niveau d'exemption des gains.
M. Bourbeau: Écoutez, on les a augmentés
sensiblement. Auparavant, on avait 25 $. On passe à 25 $ pour une
personne seule et à 40 $ pour une famille. On varie de 50 $ à 170
$ de gains de travail.
Mme Harel: Écoutez, vous confondez deux choses. Vous
confondez les...
M. Bourbeau: C'est vous qui confondez, ce que vous dites n'est
pas très clair.
Mme Harel: Non, pas du tout. Les tableaux montrent
précisément que dans toutes les provinces, y compris au
Québec, il y a deux dispositions qui s'associent, soit celle des revenus
de travail permis associée à la déduction de frais
d'emploi. On ne reviendra pas sur le débat d'hier sur les revenus de
travail permis. Le revenu de travail permis est incohérent. C'est
évident. Cela se voit à l'oeil nu, juste en regardant le
règlement. Mais là je vous parte d'une autre chose..
M. Bourbeau: Mais il n'est pas aussi incohérent que vous
le dites. Il est incohérent parce que vous ne comprenez pas la
philosophie à la base. Mais si vous compreniez...
Mme Harel: Je la comprends et je ne la partage pas.
M. Bourbeau: Disons que c'est modulé. Cela vous
apparaît incohérent. Nous disons que c'est modulé.
Mme Harel: Oui, modulé pour permettre plus de gains de
travail aux inaptes qu'aux aptes.
M. Bourbeau: C'est modulé, donc c'est contemporain.
Mme Harel: Alors, ça serait très
cohérent.
M. Bourbeau: Cela fait référence à une
société qui a évolué.
Mme Harel: Je ne vous parie pas des revenus de travail. Je vous
parie de la déduction des frais découlant d'un emploi. Je vous
parle de ce qui existe dans les autres provinces qui ont les deux mesures, les
revenus permis plus la déduction.
M. Bourbeau: Nous aussi on en a. Je ne comprends pas.
Mme Harel: Oui, justement. Mais 25 $, c'est inférieur
à tout ce que les autres ont. Et 25 $, ça reconduit ce qui
existait déjà qui était indécent en regard de ce
que ça peut coûter juste en déplacement.
M. Bourbeau: Indécent, c'est vous qui le dites. On a
chacun une notion de décence et d'indécence. En écoutant
certains de vos propos, je trouve ça parfois indécent et je ne le
dis pas.
Mme Harel: Je ne relèverai même pas vos
déclarations.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va pour l'article 51?
Mme Harel: L'exemption uniforme, c'est 50 $ ou 100 $ selon qu'il
s'agit d'une personne seule ou d'une famille. C'est à peu près
ça dans l'ensemble des autres provinces, plus les revenus de travail
permis.
M. Bourbeau: Mais il faut regarder l'ensemble de toutes les
mesures. Les revenus de travail peuvent varier d'une province à l'autre
aussi. Nous sommes généreux, nous allons jusqu'à 170 $
dans certains cas pour des revenus de travail. Dans certains cas.
Mme Harel: Lesquels?
M. Bourbeau: Vous avez la liste. On va vous les donner.
Mme Harel: Dans quel cas est-ce 170 $?
M. Bourbeau: On va vous donner ça. Regardez dans vos
documents.
Mme Harel: II n'y en a pas un sur dix. C'est que les prestations
sont déjà coupées.
M. Bourbeau: Alors dans le barème...
Mme Harel: Bien oui, ce n'est pas sans couper les
prestations.
M. Bourbeau: II y a des gains de travail de 170 $ permis dans le
cas de deux adultes sans enfant ou deux adultes avec un enfant. Toutes les fois
qu'il y a un ménage biparental avec ou sans enfant, on permet 170 $ de
gains de travail dans le barème de non-participation.
Mme Harel: Parce que vous savez très bien...
M. Bourbeau: Parce que rien du tout.
Mme Harel: ...parce que le barème est de 200 $
inférieur à ce qu'ils reçoivent présentement.
M. Bourbeau: Cela ne change rien au fait qu'on permette des gains
de travail de 170 $. C'est de ça dont on parle.
Mme Harel: Qui viennent inversement, simplement compenser la
baisse des prestations.
M. Bourbeau: Je ne dis pas le contraire. Je vous dis qu'on permet
des gains de travail de 170 $.
Mme Harel: Mais ne pensez pas que vous êtes
généreux comparativement aux autres provinces. Vous ne
l'êtes que pour compenser la diminution de prestation. Vous ne
l'êtes pas pour leur permettre d'améliorer leurs conditions.
M. Bourbeau: C'est vous qui le dites. Mais je pense que s'ils
travaillent et gagnent 170 $ par mois, il y a quand même des avantages
à exercer un travail, à bien des points de vue.
Mme Harel: Le seul avantage, M. le ministre, c'est de compenser
ce que vous allez leur enlever. Et vous ne leur permettez pas de déduire
les frais d'emploi. À la rigueur, il y a certaines catégories, 3
sur 42. Il y en a 39 autres dans lesquelles les revenus de travail permis sont
bien inférieurs à ça. Pour deux personnes avec deux
enfants, ça peut même être 50 $ par mois. Alors prenons ces
trois catégories sur les 42 de revenus de travail permis qu'on retrouve
au programme APTE. Ce sont les seules trois qu'il y a. Et calculez la baisse
des prestations. Puisque pour deux adultes avec deux enfants, la prestation
présentement en vigueur est de 921 $, pour ces catégories, deux
adultes et deux enfants, ce serait 842 $ en 1990; il faut bien voir. Il y a
évidemment...
M. Bourbeau: Un instant! Un instant! Dans le programme APTE, vous
avez une famille biparentale avec deux enfants. Dans le système actuel
indexé, la prestation mensuelle est de 921 $. Dans le nouveau
régime, si les gens sont non disponibles, c'est 942 $;
amélioration. S'Hs sont disponibles, c'est 962 $ et, s'ils sont
participants, c'est 1042 $. Donc, il y a des améliorations dans tous les
cas, sauf pour le barème des non-participants, les gens qui refuseront
de s'inscrire à une mesure d'employabilité et de participer
à quoi que ce soit; là il y a une baisse. C'est le seul cas
où il y a une baisse. Dans tous les autres cas, il y a une hausse...
Mme Harel: C'est-à-dire que la hausse... M. Bourbeau:
...de la prestation.
Mme Harel: ...reconduit simplement sans indexation celle en
vigueur maintenant.
M. Bourbeau: Pas du tout. Quand on passe...
Mme Harel: Prenez le cas de deux adultes et un enfant, le
barème...
M. Bourbeau: Deux adultes, oui.
Mme Harel: ...non disponible. Pour être non disponible, il
faut avoir de bonnes raisons, un certificat médical. Il ne s'agit pas
simplement de ne pas se sentir en bonne santé...
M. Bourbeau: Oui, mais vous...
Mme Harel: ...comme le prétend votre communiqué. Il
faut aller chercher un certificat à tous les mois.
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve est comme un
écureuil sur la branche; elle change de catégorie à chaque
minute.
Mme Harel: Non, non.
M. Bourbeau: Tantôt, vous parliez de deux adultes avec deux
enfants. Restons-en à cette catégorie-là; vous avez
commencé avec elle.
Mme Harel: Très bien.
M. Bourbeau: Dans le système actuel, c'est 921 $.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: S'ils sont non disponibles, c'est 942 $, soit 21 $
de plus; donc, c'est une amélioration.
Mme Harel: En 1990. En regard de 1989. Les barèmes que
vous me citez sont ceux de 1990.
M. Bourbeau: Ce sont les barèmes qui entreront en vigueur
au début de la réforme, dans quelques mois.
Mme Harel: En 1990. Ceux de 1989 auraient nécessairement
dû être indexés...
M. Bourbeau: Mais non. Pas du tout. En 1989, au début de
la réforme, dans quatre mois, le 1er août 1989, ce sont les
barèmes qui s'appliqueront.
Mme Harel: II y a les mesures de transition.
M. Bourbeau: Oui, je comprends, mais, quand on parle de la
réforme et des gens qui vont venir à l'aide sociale à
partir du 1er août, selon les barèmes qui vont s'appliquer, c'est
942 $ par rapport à 921 $.
Mme Harel: Mais non, voyons donc!
M. Bourbeau: Non seulement vont-ils s'appliquer aux nouveaux
bénéficiaires de l'aide sociale, mais même ceux qui ont des
droits acquis dans le système actuel auront le droit de prendre le
barème le plus élevé. Les droits acquis, cela va pour le
minimum, mais non pour le maximum. Donc toute la clientèle pourra,
à compter du 1er août, à peine dans quelques mois, jouir du
barème augmenté à 942 $ pour les non disponibles, 962 $
pour les disponibles et 1042 $ pour les participants, augmentation dans tous
les cas, sauf, bien sûr, le barème de non-participation. La
députée sait que ceux qui refusent de participer à quelque
mesure que ce soit se retrouvent au minimum.
Mme Harel: Évidemment, ce n'est pas le cas pour toutes les
catégories.
M. Bourbeau: Ah! Si vous voltigez de branche en branche, on peut
en voir d'autres.
Mme Harel: Écoutez, vous avez 42 catégories. Ce ne
sont pas les miennes. Vous avez 42 catégories et c'est vous qui les
introduisez au programme APTE.
M. Bourbeau: Oui, mais on vit dans une société
évoluée.
Mme Harel: Assumez votre supercatégorisation. Ce n'est pas
mon choix.
M. Bourbeau: Avec l'informatique, vous savez, on peut se
permettre d'être plus raffiné et plus modulé, de calquer la
réalité d'aujourd'hui. C'est tout.
Mme Harel: La réalité, c'est que pour deux adultes
non disponibles et un enfant, c'est le même montant que maintenant, 870
$.
M. Bourbeau: Oui, il n'y a pas... Mme Harel: Pour les non
disponibles.
M. Bourbeau: Non, ils ne sont pas du tout pénalisés
s'ils sont non disponibles, mais ils sont avantagés s'ils sont
disponibles, et encore plus avantagés s'ils sont participants.
Mme Harel: Non, parce que là, ce que vous ne calculez pas,
M. le ministre, ce sont les montants supplémentaires qui leur
étaient alloués pour leur participation. Vous m'avez
vous-même dit hier qu'il n'y aurait plus le montant de 100 $ pour la
participation à des travaux communautaires ou à des stages en
entreprise. Je vous rappelle que le montant était versé autant
par l'employeur, le promoteur, que par le besoin spécial, il venait
s'ajouter. Il ne s'ajoutera plus. Les participants aux mesures, c'est
évident, avec ce que vous m'avez confirmé hier, qu'ils sont
perdants; ils sont nettement perdants.
M. Bourbeau: Soyons précis. Il ne faut pas tout
mélanger. Premièrement, quand on parle de ça, on parle des
sommes d'argent que le gouvernement débourse et non pas que les tierces
parties déboursent. Si on parle des tierces parties, dans le programme
Stage en milieu de travail, notre intention n'est pas de demander à
l'employeur de ne pas payer les 100 $.
Mme Harel: Et pour les travaux communautaires?
M. Bourbeau: Pour les travaux communautaires, nous n'avons pas
l'intention de demander d'ajouter. C'est possible qu'ils le fassent, mais je ne
crois pas que ce soit obligatoire. Dans le stage en milieu de travail, oui, on
va continuer à maintenir les 100 $.
Mme Harel: Dans le stage en milieu de travail, il y avait
déjà 100 $ de besoins spéciaux, plus 100 $ de l'employeur.
Ça faisait 200 $.
M. Bourbeau: Oui. Le besoin spécial est ajouté
ici.
Mme Harel: Tandis que là, il y aura un seul 100 $.
M. Bourbeau: C'est ça. Et l'autre, il pourra être
ajouté par l'employeur.
Mme Harel: Non, parce que voyez-vous, dans le barème
actuel, il fallait que vous ajoutiez...
M. Bourbeau: On a ajoutés les 100 $.
Mme Harel: Deux fois.
M. Bourbeau: Ils partent de 870 $ à 965 $.
Mme Harel: Deux fois 100 $ au barème en vigueur.
M. Bourbeau: Oui, regardez. Nous, on a ajouté 100 $. On
passe de 870 $, qui est le système actuel indexé à 965 $,
soit 95 $. Mais l'employeur, lui, va ajouter les 100 $ en plus. Donc, c'est la
même chose.
Mme Harel: Cela ne vaut que pour les stages en entreprise. Vous
savez que la majorité des bénéficiaires femmes
étaient dans les travaux communautaires.
M. Bourbeau: Je vous ai dit que dans les travaux communautaires,
ce ne serait pas obligatoire.
Mme Harel: Déjà, le ministère
prévoyait que les promoteurs de travaux communautaires devaient
débourser 100 $ supplémentaires.
M. Bourbeau: Oui, mais quand ils n'ont pas les 100 $
supplémentaires, on aime autant avoir des travaux communautaires,
même s'il n'y a pas les 100 $ supplémentaires, que pas de travaux
communautaires du tout.
Mme Harel: Finalement, cela va être une réduction
pour les personnes qui participent présentement et qui recevaient quand
même 100 $ de plus que ce qu'elles auront dans les travaux communautaires
et dans le rattrapage scolaire.
M. Bourbeau: Dans certains...
Mme Harel: Ce n'est pas peu de choses, le rattrapage scolaire.
C'était la mesure la plus importante, dans laquelle était
engagée la moitié des participants.
M. Bourbeau: Mais, n'oubliez pas une chose concernant le
rattrapage scolaire, il n'y avait pas de 100 $. De toute façon, ce que
vous venez de dire là n'est pas exact.
Mme Harel: II y avait des besoins spéciaux de 100 $ dans
le rattrapage scolaire. Pour les moins de...
M. Bourbeau: II n'y a pas de changement.
Mme Harel: Non, il y a un changement, parce que pour les moins de
30 ans qui participaient à une mesure, il y avait la pleine
parité, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: II y avait... Oui.
Mme Harel: II y avait le plein montant...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Ce qui n'est plus le cas maintenant.
M. Bourbeau: Oui, il va y avoir la parité pour tout le
monde, maintenant.
Mme Harel: Au contraire, parce que maintenant, vous savez
très bien qu'à partir du moment où l'on va comptabiliser
le partage du logement - on sait qu'une personne de moins de 30 ans sur quatre
partage son logement et on sait que deux sur trois habitent chez leurs parents
- tous ces montants seront comptabilisés, réduits, plus la
contribution parentale. Cela ne sera plus du tout les barèmes pleins
qu'ils pouvaient recevoir en allant compléter leur secondaire.
M. Bourbeau: Mais vous ne parlez pas de tous les autres qui vont
avoir la parité et qui avaient le petit barème avant. Il y en a
environ 40 000 dans cette catégorie. Ceux-là vont être
assez bien partagés, je pense.
Mme Harel: Mais vous-même, de toute façon, savez
très bien que la très grande majorité ne connaîtra
pas une amélioration, mais une réduction de leur situation.
M. Bourbeau: Voyons donc!
Mme Harel: II y en a 10 000 qui vont être exclus ou
diminués...
M. Bourbeau: Voyons donc!
Mme Harel: L'exemple que j'ai apporté, hier, concernant la
contribution parentale est rigoureusement exact.
M. Bourbeau: Non. La députée ne dit vraiment pas
les choses telles qu'elles sont.
Mme Harel: C'est vous-même qui le confirmez dans votre
communiqué.
M. Bourbeau: Non. Il y a 10 000 personnes qui vont être
touchées, bien sûr, par la contribution alimentaire parentale. Et
des jeunes de moins de 30 ans, il y avait 92 000 jeunes
bénéficiaires de l'aide sociale. Alors, si vous exceptez les 10
000 qui vont être touchés par la contribution parentale, il en
reste tout de même un certain nombre. Il y en a un certain nombre qui
étaient déjà en mesure d'employabilité. Je
reconnais qu'il y avait le gros barème. Mais, tous ceux qui n'avaient
pas le gros barème et qui n'étaient pas en mesure
d'employabilité, et qui ne sont pas touchés par la contribution
parentale, c'est un joli paquet.
Mme Harel: II y en avait combien, M. le ministre?
M. Bourbeau: De mémoire, je pense que c'est 39 000 ou 40
000.
Mme Harel: J'ai les chiffres que votre
prédécesseur...
M. Bourbeau: Je crois que c'est 30 000.
Mme Harel: ...m'avait transmis. C'est vraiment induire en erreur
que de parler de 92 000, comme vous le faites.
M. Bourbeau: Pas du tout.
Mme Harel: II y avait au-delà de la moitié qui
avaient déjà la pleine parité, soit parce qu'ils
participaient à des mesures, soit parce qu'ils étaient des chefs
de famille monoparentale, soit qu'ils avaient des enfants, soit qu'ils
étalent considérés comme Inaptes.
M. Bourbeau: Je ne nie pas ça. D'ailleurs, je viens de
dire à la députée que c'est 39 000 ou 40 000. Il y a 40
000 jeunes de moins de 30 ans qui n'ont pas accès actuellement au gros
barème. Ils sont au petit barème de 185 $; ils ne seront pas
touchés par la contribution parentale et ils vont avoir droit au gros
barème, à la parité.
Mme Harel: II y en a 40 000? M. Bourbeau: II y en a 40 000.
Mme Harel: Non. C'est 40 000 qui n'avaient pas le plein montant.
Pas 40 000 qui l'auront. C'est 40 000 qui ne l'avaient pas.
M. Bourbeau: II y en a 40 000 qui ne l'avaient pas et qui vont
l'avoir.
Mme Harel: Non. C'est justement ces 40 000 qui vont être
assujettis au partage du logement, à la contribution parentale, et au
test du seuil de logement.
M. Bourbeau: C'est sûr qu'ils vont être assujettis
aux éléments de la réforme. Mais par contre, ils n'auront
plus le petit barème de 185 $, ils auront...
Mme Harel: Non. La preuve c'est qu'il se peut qu'il n'y ait rien
du tout pour quelques milliers d'entre eux et quelques milliers auront, comme
l'exemple que je vous ai donné, 51 $ par mois.
M. Bourbeau: Mais vous mélangez tout. Les gens sujets
à la contribution parentale, je les ai mis de côté tout
à l'heure, il y en a 10 000 qui sont touchés: 7500 seront
totalement exclus de l'aide sociale; 2500 seront touchés en partie.
Mettez ça de côté. Il en reste encore 40 000.
Mme Harel: Non, pas 40 000. Il faut que vous
déduisiez...
M. Bourbeau: II y en a 40 000.
Mme Harel: C'est vous qui faites une erreur.
M. Bourbeau: Non, je ne fais pas d'erreur.
Mme Harel: II faut que vous soustrayiez ces 10 000 là des
40 000. Demandez à votre sous-ministre.
M. Bourbeau: II y en a 40 000 qui n'étalent pas auparavant
en mesure d'employabilité et qui auront droit à la parité,
sous réserve, bien sûr, des autres conditions de la réforme
de l'aide sociale, c'est-à-dire le partage du logement, par exemple.
Mme Harel: Alors là, M. le ministre, je m'excuse, mais
vous errez complètement. Il faut que vous soustrayiez les 10 000 des 40
000: c'est une personne sur quatre.
M. Bourbeau: Non.
Mme Harel: Bien oui, c'est évident. J'ai les chiffres ici
que votre prédécesseur m'avait fournis et je vais vous demander
de me les fournir aussi.
M. Bourbeau: Oui. On me fait remarquer que ceux qui sont
assujettis à la contribution parentale ne sont pas seulement ceux qui
étaient au petit barème avant, c'est tout le monde. Cela peut
être des gens qui étaient parmi ceux qui étaient en mesure
d'employabilité aussi. Donc, il ne faut pas prendre les 10 000 dans
cette catégorie.
On peut en parler toute la journée, il n'y a aucun
problème, mais on chemine allègrement vers...
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de l'article
50, il n'y a plus de commentaire? Elle est terminée. J'appelle l'article
51. Est-ce qu'il y a des commentaires et des questions?
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, on me remet à
l'instant même le CT du 17 janvier 1989 - c'est le plus actuel -
concernant les frais de déplacement des fonctionnaires pour l'exercice
financier 1987-1988.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous voulez
revenir à l'article 49?
Mme Harel: Oui, c'est-à-dire à toute la question
des frais de déplacement et des 0,135 $ pour compenser l'utilisation
d'un véhicule privé.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors vous revenez à
l'article 48?
Mme Harel: Oui. Il y a l'article 48 et il y en a un autre aussi
qu'on a examiné hier. Je constate, contrairement aux informations qu'on
nous avait communiquées hier, que pour l'utilisation d'une automobile
personnelle, de 0 à 8000 kilomètres, c'est 0,26 $ et de 8000
à 18 000 kilomètres, 0,22 $; 18 000 à 26 000
kilomètres: 0,165 $ et plus de 26 000 kilomètres c'est 0,15 $.
Alors, on est bien au-delà des 0,11 $ dont parlait le sous-ministre
hier.
Je ne sais pas si c'est l'usage de la moto-neige, parce que
c'était 0,105 $ par jour pour l'usage de la motoneige.
Je rappelle que ce ne sont pas pour des questions frivoles que les
déplacements se font, mais ils le sont dans l'exercice de la demande
d'aide de dernier recours et ils sont rendus obligatoires par le fait que la
demande ne sera pas reçue si la démarche de créance
alimentaire n'est pas effectuée... Effectivement, c'est à
l'article 32 qu'on a eu notre débat hier.
M. Bourbeau: Au-delà de ce que vient de dire la
députée de Maisonneuve, je ne sais pas... Je n'ai pas devant moi
le document de janvier 1989. Mais j'ai dit hier... Je n'ai pas le texte non
plus de ce que j'ai dit. J'ai dit que le tarif le moins élevé qui
était possible dans les machines gouvernementales, c'était 0,11
$. J'ai dit ça hier. Bon. J'ai devant moi le décret de 1983. Je
n'ai pas celui de 1989, mais on me dit que cela a été
ajouté. On a augmenté de 10 %. il y a une catégorie qui
est remboursée à 0,10 $ et qui est rendue à 0,11 $, me
dit-on; c'est lorsqu'un employé utilise son véhicule personnel,
son automobile quand il pourrait utiliser un transport en commun. À ce
moment-là, on rembourse 0,11 $ le kilomètre, quoique dans le
document que j'ai devant moi, c'est écrit 0,10 $.
Mme Harel: Cela date de 1983, ce que vous avez? Franchement, M.
le ministre, soyez plus sérieux.
Une voix: C'était en vigueur, il n'y a pas longtemps.
C'est en vigueur...
Mme Harel: II y a eu je ne sais pas combien de mémoires
depuis pour modifier...
M. Bourbeau: Alors, donnez-le-moi donc. Vous l'avez, le
document?
Mme Harel: Certainement, on vous en fait une photocopie
immédiatement.
M. Bourbeau: Dites-moi le chiffre. Pas besoin d'une photocopie.
C'est 0,11 $ qui est écrit?
Une voix: Elle ne l'a pas.
Mme Harel: Le mémoire du Conseil du trésor du 17
janvier 1989. L'utilisation d'une automobile personnelle. Ce sont les chiffres
que je vous citais tantôt...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...de 0 à 8000 kilomètres, 0,26 $; de
8000 à 18 000 kilomètres, 0,22 $; de 18 000 à 26 000
kilomètres, 0,165 $; plus de 26 000 kilomètres, 0,15 $.
M. Bourbeau: Donnez-moi donc le prix au kilomètre quand un
employé utilise son véhicule personnel, alors qu'il pourrait
utiliser le transport en commun? Vous ne l'avez pas?
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: Bon.
Mme Harel: Mais je peux vous dire...
M. Bourbeau: Si vous ne l'avez pas, je vous dis que c'est 0,11 $.
C'est cela, 0,11 $.
Mme Harel: En 1989?
M. Bourbeau: Oui, absolument.
Mme Harel: Écoutez, vous nous le dites. Je voudrais vous
croire, mais j'aimerais mieux... Je suis comme Thomas. J'aimerais mieux...
M. Bourbeau: Non mais, vous ne l'avez pas du tout.
Mme Harel: J'aimerais mieux le voir, parce que c'était
0,135 $ en 1984.
M. Bourbeau: Non, c'était 0,10 $.
Mme Harel: Et il y a un mémoire au Conseil des ministres
en...
M. Bourbeau: Non...
Mme Harel: Vous me lisez 1983, vous.
M. Bourbeau: Bien oui, mais cela n'avait pas été
changé depuis 1983, jusqu'à très récemment.
C'était 0,10 $. C'est passé à 0,11 $, me dit-on. On va
vous donner ça dans quelques instants. La députée de
Maisonneuve vient de parler d'un document qui amende un document
antérieur. Alors, il faut se référer au document
antérieur qui, lui, donne le tarif dont j'ai parlé, mais je vais
l'avoir dans quelques instants. Ce ne sera pas très long. On me dit que
cela a été amendé de 0,10 $ à 0,11 $. On va avoir
les détails dans quelques instants, semble-t-il.
Mme Harel: Cela dit, Mme la Présidente, il ne faudrait pas
que le ministre confonde la règle qui veut que le fonctionnaire qui peut
utiliser un transport public, mais ne le fait pas, reçoive un
remboursement moindre qu'une personne qui, pour aller chez le juge ou
chez le médecin, doit utiliser un transport privé et n'a pas
d'autre possibilité de transport public, parce que c'est ça, la
règle. La règle à l'article 32, c'est que le prestataire
doit faire usage d'un transport public, à moins que ce ne soit pas
possible et qu'il doive utiliser le transport privé. N'oubliez pas que
le moyen de transport le moins coûteux doit être utilisé,
compte tenu des circonstances. Alors, c'est acquis que c'est le transport
public qui doit être utilisé et qu'y n'y a pas de remboursement
au-dessus du coût du transport public, s'il y en a un. Cela, c'est
réglé avec l'article 32.
La vraie question...
M. Bourbeau: Je ne dis pas le contraire.
Mme Hare): Pourquoi le remboursement du transport privé
nécessaire dans des régions où II n'y pas d'autres moyens
de transport serait-il supérieur au remboursement qu'on accorde aux
fonctionnaires qui, eux, utilisent leur transport privé
autorisé?
M. Bourbeau: On a amplement discuté de cela ce matin.
Mme Harel: C'est de la discrimination.
M. Bourbeau: Manifestement, U n'y a pas de communion de
pensée entre ce que pense la députée de Maisonneuve et moi
sur la question. Je lui ai dit que ce n'est pas la même chose lorsque
l'on travaille pour le compte d'un autre et que l'on doive faire des
dépenses en son nom que lorsqu'on travaille pour soi-même.
Mme Harel: Oui. Malheureusement, Mme la Présidente, je le
regrette énormément parce qu'il y aurait encore toute une
argumentation à faire. Mais je me sens, contrairement au ministre,
pressée par le temps. Il y a de nombreuses dispositions qui sont
très controversées et qui nécessitent des réponses.
Alors, je vais vous demander d'accélérer.
M. Bourbeau: On est au service de...
La Présidente (Mme Bélanger): Nous étions
à l'article 51.
M. Bourbeau: ...la commission, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Y a-t-il des
questions ou commentaires?
M. Bourbeau: À l'article 51, pas de commentaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
Mme Harel: Cet article 51 est très contesté pour la
raison suivante. On y dit que "la période de temps visée au
sous-paragraphe b du paragraphe 2° du premier alinéa des articles 8
et 13 de la loi commence à la date de la cessation de travail et se
termine à l'une ou l'autre des dates suivantes". On modifie les
délais en regard de l'assurance-chômage. La période de
temps donnant droit à l'aide sociale en attente
d'assurance-chômage est la même à l'article 51 qu'à
l'article 22.3 de la réglementation actuelle. Cependant, les
délais administratifs sont de plus en plus longs à
l'assurance-chômage. Si la réglementation actuelle pouvait
convenir au moment où les délais étaient de moins de
quatre semaines, il est évident que de reconduire les mêmes
délais, quand on sait que l'attente est maintenant en moyenne de plus de
six semaines à l'assurance-chômage, pénalise des
travailleurs qui n'ont entre-temps aucun moyen de subsistance. C'est une loi
qui est censée accorder une aide de dernier recours, surtout que dans ce
cas de l'article 51, c'est une aide conditionnelle puisqu'elle sera
remboursée au moment où le travailleur en chômage touchera
sa prestation.
Nous pensons que les travailleurs victimes de délai administratif
devraient pouvoir bénéficier de cette aide d'autant plus qu'elle
est généralement conditionnelle, c'est-à-dire
remboursable. Les délais de carence devraient être les seuls
délais qui limitent le droit à l'aide. Pourquoi ferait-on
soutenir le fardeau des délais administratifs? Vous aurez beau me dire
que ce sont des délais administratifs qui s'allongent à cause du
gouvernement fédéral, je veux bien croire, mais pourquoi
ferait-on porter le fardeau, le poids des délais administratifs sur les
épaules de personnes qui sont en demande d'aide de dernier recours et
qui, de toute façon, au moment où elles toucheront leurs
prestations, auront l'obligation de rembourser l'aide conditionnelle? Je
souhaiterais que le ministre soit très sensible à cette question,
surtout que dans la plupart des cas, c'est une aide conditionnelle.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, avez-vous
des commentaires sur...
M. Bourbeau: Je voudrais vérifier un point auprès
du sous-ministre, si vous n'avez pas d'objection. Pourrait-on suspendre pour
deux minutes pour permettre...
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. La commission
suspend ses travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 il 54)
(Reprise à 12 il 5)
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous étions à l'article 51. M. le ministre, est-ce que
vous aviez des commentaires à faire à Mme la
députée de Maisonneuve?
M. Bourbeau: Oui. L'article 51 est relié à
l'entente sur les cessions de prestation d'assurance-chômage conclue en
1979 par l'ancien gouvernement dont faisait partie la députée de
Maisonneuve, laquelle entente est toujours en vigueur. L'article
détermine la période de temps durant laquelle la Commission de
l'emploi et de l'immigration du Canada ne se considère pas en retard
dans le versement de ces prestations et refuse de rembourser le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
même si les prestations d'assurance-chômage ont été
cédées. C'est pourquoi, pendant cette période, l'aide est
accordée en tenant compte des prestations d'assurance-chômage non
encore réalisées, mais attendues pour cette période.
En fait, l'article 51 ne fait que reconfirmer le statu quo. Et la mesure
permet de ne pas verser d'aide conditionnelle à des requérants
à l'assurance-chômage de qui il est ensuite bien difficile de se
faire rembourser. Maintenant, la raison pour laquelle cette mesure existe, me
dit-on - mais la députée de Maisonneuve serait bien mieux
placée que moi pour nous le dire, puisque c'est son gouvernement qui a
signé l'entente - c'est que, en général, quand une
personne quitte son emploi, l'expérience prouve qu'elle n'a pas vraiment
besoin d'aide sociale pendant les trois ou quatre semaines qui suivent,
étant donné que la cessation d'emploi s'accompagne de versements
de certaines sommes d'argent qui lui permettent de traverser ces quelques
semaines.
Mme Harel: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Le ministre me parle d'une entente signée il y
a dix ans en me disant qu'il l'a reconduite aveuglément.
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit aveuglément. Mme Harel: Ce
que je lui dis...
M. Bourbeau: Ce sont les mots de la députée.
Mme Harel: La différence entre aujourd'hui et il y a dix
ans, c'est qu'entre-temps, il y a eu une sorte de carence du système
fédéral qui a fait prolonger indûment les délais
administratifs au point où, tout le monde le sait sauf le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, les délais, qui
étaient au maximum de quatre semaines il y a à peine cinq ans,
sont maintenant de six semaines, régulièrement. Et, compte tenu
de cette situation de fait qui n'est plus la même, je ne comprends pas
que le ministre se protège contre une entente d'il y a dix ans pour
maintenir aujourd'hui le statu quo.
Je voudrais porter à son attention l'avis de la Commission des
services juridiques, notamment, en ce qui concerne le paragraphe 6° de
l'article 51. Le gouvernement parle d'inadmissibilité aux prestations
d'assurance-chômage pour un motif prévu à l'article 29,
alors que la Loi sur l'assurance-chômage parle d'exclusion dans les cas
de refus ou d'abandon d'emploi. Il y a comme une confusion qui est
introduite.
L'inadmissibilité aux prestations d'assurance-chômage n'est
pas un concept qui est retenu en vertu de la Loi sur l'assurance-chômage.
On parle d'exclusion en vertu de la Loi sur l'assurance-chômage. Il va
falloir clarifier cela.
M. Bourbeau: Oui. M. le Président, on va vérifier
la remarque formulée ici par la Commission des services juridiques. Et,
s'il y a lieu, nous allons corriger le texte du règlement.
Maintenant, pour répondre à l'observation de la
députée de Maisonneuve, à savoir que le gouvernement
fédéral rallonge les délais pour admettre à
l'assurance-chômage des gens qui y auraient droit, je vous signale que
cela n'a aucune conséquence sur notre clientèle, en ce sens que
nous, nous respectons les clauses de l'article 51 qui disent que nous attendons
quatre semaines s'il s'agit d'une demande initiale ou trois semaines si c'est
un renouvellement. Et à partir de ce moment-là, nous allons
admettre les gens à l'aide sociale, avec une aide conditionnelle, en
attendant que le fédéral finisse par s'exécuter. Si le
fédéral prolongeait les délais jusqu'à huit ou dix
semaines, nous allons prendre le relais dès la troisième ou la
quatrième semaine.
Maintenant, en dernier lieu, j'aimerais dire ceci. S'il arrivait des cas
exceptionnels où, vraiment les prestataires ou certaines personnes ne
pouvaient pas se rendre même à la troisième ou la
quatrième semaine, et étaient totalement démunis, à
ce moment-là, la nouvelle loi permet d'appliquer l'article 25 où
l'on peut s'occuper des gens en vertu de la clause de dénuement total.
On n'hésiterait certainement pas à le faire.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça va, Mme
la députée de Maisonneuve?
Mme Harel: L'alinéa 6° de l'article 51 est de droit
nouveau. Est-ce qu'on le retrouve dans la réglementation actuelle?
À quelle référence?
M. Rochon: À l'article 22.3, paragraphe 6°.
Mme Harel: L'article 22.3, paragraphe 6°. Vous me dites
l'article 22...
M. Rochon: L'article 22.3.
Mme Harel: Ou règlement actuel?
M. Rochon: Oui. Je peux vous en faire lecture, si vous
voulez.
Mme Harel: Oui, c'est ça, si vous permettez.
M. Rochon: L'article 22.3 commence sensiblement comme l'article
51 du projet de règlement. Le paragraphe 6° de l'article 22.3
actuel: "Dans le cas d'inadmissibilité aux prestations en vertu d'un
motif prévu au paragraphe a de l'article 12 de la Loi, au début
de la période de prestations." L'article 12 paragraphe a de la loi:
"L'aide peut être refusée, discontinuée, suspendue, ou
réduite dans le cas de tout adulte qui, sans raison suffisante: refuse
ou abandonne un emploi qu'il pourrait remplir ou continuer à
remplir."
Mme Harel: Croyez-vous fondées les remarques de la
Commission des services juridiques concernant l'usage du mot exclusion
plutôt qu'inadmissibilité en regard de
l'assurance-chômage?
M. Rochon: Je vais procéder à la
vérification et faire la correction, s'il y a lieu.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va? M.
Rochon: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 51
est termine. J'appelle l'article 52. Est-ce qu'il y a des commentaires ou des
questions?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, cet article établit
la méthode de calcul du revenu net d'un travailleur autonome. Il s'agit,
en fait, de la reconduction du statu quo.
La Présidente (Mme Bélanger): Pas de commentaires.
L'article 52 est terminé. L'article 53.
Mme Harel: Excusez-moi, Mme la Présidente. "Carnet de
comptes de l'agriculteur"...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous revenez à
l'article 52.
Mme Harel: Alors, on y reviendra au moment de l'évaluation
de la résidence. Finalement, le problème, c'est la question des 2
% sur l'équité de la résidence. On reviendra
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. Alors, nous
sommes à l'article 53. Est-ce qu'il y a des questions ou
commentaires?
M. Bourbeau: Cet article regroupe les dispositions qui
s'appliquent au travailleur autonome saisonnier. Il vise à inciter les
travailleurs autonomes saisonniers à économiser les surplus
gagnés pendant la période d'activité pour combler leurs
besoins lorsque arrive la période d'inactivité. Il s'agit, en
fait, de la reconduction du statu quo. Le barème retenu comme base de
calcul est celui de la disponibilité.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va? L'article 53 est terminé. J'appelle l'article 54.
M. Bourbeau: L'article vise à tenir compte des
particularités reliées aux revenus provenant d'une charge de
maire, de conseiller municipal ou de commissaire d'école. Il s'agit de
la reconduction du statu quo.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va. L'article 54
est terminé. J'appelle l'article 55.
M. Bourbeau: Les revenus de garde d'enfants au domicile du
prestataire sont calculés dans la proportion de 40 %. Ce calcul vise
à tenir compte des dépenses reliées aux gains de tels
revenus. Je tiens à préciser que cette garde, c'est celle qui se
fait au domicile du prestataire.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va.
Mme Harel: Quand vous dites qu'ils sont calculés dans la
proportion de 40 %, c'est ce qui existe déjà à l'heure
actuelle; c'est reconduit. Est-ce ça?
M. Bourbeau: Oui, c'est exact.
Mme Harel: Alors, les 60 % sont considérés
comme...
M. Bourbeau: Une dépense.
Mme Harel: ...compensant les frais de garde.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 55 est
terminé. J'appelle l'article 56.
M. Bourbeau: Les revenus de chambre ou de pension. Le calcul,
dans une proportion de 40 %, vise à tenir compte des dépenses
reliées aux gains de tels revenus. Un revenu minimum est établi
pour éviter que des prestataires se privent d'un revenu potentiel.
L'article vise aussi à ne pas effectuer de double comptabilité
lorsque le prestataire partage son logement. Ces revenus sont maintenant
comptabilisés même s'ils proviennent d'un parent ou d'un
enfant.
Le deuxième alinéa évite cependant une double
comptabilisation lorsqu'il y a partage du logement.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va?
Mme Harel: Un instant, Mme la Présidente. Donc, les
revenus sont comptabilisés même s'ils proviennent d'un parent ou
d'un enfant. Ce qui
veut dire que dorénavant un parent ne peut plus recueillir un
enfant sans que ça lui soit imputé à la baisse sur sa
prestation.
M. Bourbeau: C'est ça, exact.
Mme Harel: Je vous réfère aux commentaires qu'en
faisait la Commission des services juridiques qui rappelait qu'en vertu du
règlement actuel, l'article 45 exclut du calcul des revenus de chambre
ou de pension les revenus provenant d'un parent ou d'un enfant. Avec le nouvel
article 56, cette exclusion va être abolie et tous les revenus,
même ceux qui ne sont pas payés... En d'autres termes, il n'y
aurait même plus la possibilité de faire la preuve devant la
Commission des affaires sociales. La personne ne pourra même pas
démontrer que les revenus n'ont pas été fournis. La
preuve, ça va totalement à l'encontre du
bénéficiaire. Que cela ait été versé ou non,
pourquoi pas un accueil charitable? On présume que les
bénéficiaires n'ont pas le droit de recueillir quiconque chez eux
et que, finalement, s'ils le font, dès que la personne est à la
maison, il y a nécessairement un minimum de 85 $. Si quelqu'un recueille
par exemple une chef de famille avec un enfant, c'est automatiquement 85 $ plus
50 $, soit 135 $ qui vont être déduits de sa prestation. Cela veut
dire que pour toute personne qui reçoit une prestation d'aide sociale,
c'est exclu dans sa vie de penser à recueillir une parente ou une amie
pour un certain temps, même si c'est temporaire, parce que la
déduction sera automatiquement de 135 $ par mois. Elle ne pourra
même pas se présenter devant la Commission des affaires sociales
ou devant son agent d'abord, pour faire la preuve que c'est un accueil
charitable, que la personne est là momentanément parce qu'elle
est mal prise, sinistrée. Automatiquement, elle devra la
déclarer, sinon ce sera de la fraude et ça lui sera
déduit.
M. Bourbeau: Oui, mais...
Mme Harel: La présomption est totalement... Il n'y a
même plus de preuve à faire.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée voudrait
préciser sa question, s'H vous plaît?
Mme Harel: La question est la suivante. Dorénavant, il va
y avoir une notion beaucoup plus restrictive puisque, automatiquement, il y
aura un minimum de 85 $. Le 40 %... Si on relit l'article, ça donne
ceci: "Les revenus de chambres ou de pension sont calculés dans la
proportion de 40 % avec un minimum de 85 $ pour une personne..." Cela, c'est le
minimum. C'est-à-dire qu'on va calculer que s'il y a effectivement un
chambreur qui paye 120 $ par semaine... Donnez-nous un exemple. Vous faites
référence au dernier alinéa de l'article 77. N'oubliez pas
que l'article 77 va donner une notion de partage de logement encore plus
étendue. Aux articles 77 et 78...
En d'autres termes, dorénavant, un parent ne pourra pas
accueillir un enfant et exiger 25 $ ou 30 $, ou l'inverse, il ne pourra
accueillir quelqu'un qui a quitté sa région, qui était
hébergé. Il ne pourra l'héberger sans que cela lui soit
imputé et comptabilisé. Il ne pourra même pas faire la
preuve qu'il n'a rien reçu et, même si la preuve est
démontrée devant la Commission des affaires sociales en vertu de
l'application de l'article, cela lui sera automatiquement imputé.
M. Bourbeau: M. le Président, N faut considérer la
réforme de l'aide sociale comme un tout. Il y a des plus et des moins.
Le gouvernement en met plus dans certains domaines et il en
récupère, évidemment, ailleurs. On sait, par exemple, que
la réforme va constituer une augmentation importante de revenu pour
certaines catégories. Par exemple, pour les jeunes de moins de 30 ans
qui étaient au petit barème et qui passeront au gros
barème, cela signifie, évidemment, une augmentation de revenu
dans le ménage s'ils restent chez leurs parents et ces enfants auront
plus d'argent pour payer leur pension chez leurs parents puisque leurs revenus
seront accrus. On en tient compte dans l'équilibre du budget de la
famille.
Mme Harel: Combien récupérez-vous avec cette
mesure?
M. Bourbeau: Laquelle? Mme Harel: Celle à l'article
56.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on a des chiffres à ce sujet? Je
n'ai pas de chiffres ici.
Mme Harel: En comptabilisant les revenus, même ceux qui
proviennent d'un parent ou d'un enfant, surtout en regard de ces revenus,
combien comptez-vous récupérer?
M. Bourbeau: Je n'ai pas la documentation avec moi. Je n'a! pas
de chiffres là-dessus ici.
Permettriez-vous à Me Rochon d'ajouter un commentaire à ce
sujet pour les fins de compréhension?
Le Président (M. Leclerc): Me Rochon.
M. Rochon: Lorsque la personne est un parent ou un enfant, comme
la règle du partage du logement s'applique, 85 $ sont déduits,
selon l'article 77; les mêmes 85 $ ou ceux prévus ici, à
l'article 56, ne seront pas réduits à nouveau. Ce montant a
été enlevé une fois et il n'est pas enlevé à
nouveau. Ce sera donc sur l'excédent du revenu pour la proportion des 40
% qu'il pourrait y avoir revenu réel de chambre et pension.
Mme Harel: Je veux juste vous signaler que, présentement,
c'était possible d'aller devant la
Commission des affaires sociales et de démontrer que les revenus
de la personne hébergée étalent insuffisants ou
inexistants. Cela existe encore, des personnes en transition, entre deux
régions, ou tout simplement itinérantes et qui ne sont pas, de
leur propre chef, à cause de leur famille ni d'elles-mêmes,
inscrites à l'aide sociale. Cette sorte d'hébergement se fait
encore. Il y a des milliers de situations comme celle-là qui se
produisent. Là, la personne qui héberge ne pourra même pas
aller démontrer de bonne foi, avec preuve à l'appui, que la
personne qu'elle a hébergée temporairement se trouvait chez elle
faute de moyens, à cause d'un incendie ou peu importe. Automatiquement,
dès qu'elle est hébergée, elle sera
pénalisée; cela lui sera imputé.
M. Rochon: Actuellement, je n'ai pas en tête la
jurisprudence de la Commission des affaires sociales à laquelle vous
faites référence. Si, bien sûr, je pouvais mettre la main
sur cette jurisprudence, je l'analyserais pour voir s'il y a effectivement une
autre disposition que celle actuellement en jeu. Si on regarde l'article 56 du
projet de règlement et l'article 45 du règlement actuel, il n'y a
pas d'écart dans le libellé, de telle sorte que si la
jurisprudence de la CAS s'est basée sur ie fait que, pour qu'il y ait
revenu de chambre et pension il faut qu'il y ait logement, si vous vouiez, sur
une base autre que temporaire, ce qui pourrait être le cas, à ce
moment, la situation ne changerait pas. C'est pour ça qu'avec l'analyse
de la jurisprudence, je pourrais vraisemblablement faire rapport au ministre
sur cette question.
Mme Harel: Vous avez raison, mais vous allez devoir tenir compte
de la différence entre l'article 45 actuel et l'article 56 du projet de
règlement. L'article 45 exclut les revenus provenant d'un parent ou d'un
enfant et, dorénavant, en les comptabilisant, il ne pourra même
pas y avoir un hébergement à l'égard de ces personnes.
M. Rochon: Actuellement, les revenus de parents et d'enfants ne
comptent pas et actuellement la règle du partage du logement qu'on
retrouve à l'article 77 n'existe pas comme elle est prévue.
Mme Harel: En la faisant jouer dans les deux cas, il ne pourra
plus y avoir même un hébergement temporaire entre enfants et
parents sans que ce soit imputé comme une réduction de 85 $.
M. Rochon: Je pourrais faire la vérification sur cette
question bien attentivement si je pouvais avoir la jurisprudence. Plus vite je
l'aurai, plus vite Je pourrai faire ça.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 56 est
terminé. J'appelle l'article 57. Y a-t-il des questions ou
commentaires?
M. Bourbeau: II s'agit du calcul des revenus provenant d'un
immeuble. L'amortissement n'est pas considéré parce que le
programme n'a pas pour but de préserver le capital d'un prestataire.
Nous reconduisons le statu quo.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va? L'article 57
est terminé. L'article 58?
M. Bourbeau: II s'agit de la règle pour transposer les
revenus hebdomadaires sur une base mensuelle. Encore là, c'est
reconduire le statu quo.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va? L'article 58
est terminé. J'appelle l'article 59.
Biens et avoirs liquides
M. Bourbeau: II s'agit ici de la détermination de la
valeur d'un bien. Nous reconduisons encore ici le statu quo.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va?
Mme Harel: Alors, ça, c'est une question importante. Je
suis convaincue que le député de Taschereau ne va pas laisser
l'examen de cet article se faire sans intervenir.
M. Bourbeau: On va essayer de semer la zizanie dans le camp.
Mme Harel: C'est toute la question des avoirs liquides. Je
rappelle qu'en vertu de la Loi sur le Régime d'assistance publique du
Canada, les provinces possèdent tous les pouvoirs pour augmenter ces
montants qui pourraient aller, dès maintenant, jusqu'à 2500 $
pour les personnes seules, 3000 $ pour les personnes seules lorsqu'elles sont
âgées ou invalides et 5000 $ pour les familles, avec un maximum de
5500 $ s'il y a invalidité. Compte tenu...
M. Bourbeau: La députée est hors du sujet. On est
à l'article 59.
Mme Harel: C'est l'article 60.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'article 60.
On parle de l'article 59. Sur la valeur d'un bien égale à sa
valeur marchande.
Mme Harel: Oui, très bien.
M. Bourbeau: La députée est tellement
pressée de parler des avoirs liquides qu'elle...
Mme Harel: C'est vrai.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous sommes en train
de parler des biens et de leur valeur
marchande. Cela va?
Mme Harel: D'accord. C'est juste la définition.
M. Bourbeau: Oui. Vous voulez qu'on s'entende sur la
définition avant. Ne seriez-vous pas intéressée de
discuter un peu de la valeur marchande, et de la différence entre la
valeur réelle et la valeur marchande?
Mme Harel: On va revenir à ça à l'article
61.
M. Bourbeau: Votre collègue de Jonquière est un
expert là-dedans, je dois dire, et surtout dans l'évaluation
industrielle.
Une voix: De grâce, ne le faites pas venir.
Mme Harel: II est bien malheureux de ne pas pouvoir venir ce
matin vous en parler.
M. Bourbeau: II est malheureux de ne pas venir, mais vous
l'amènerez cet après-midi, si vous voulez.
Mme Harel: Non, mais il m'a déjà donné toute
son argumentation. Je suis prête à discuter.
M. Bourbeau: Cela a dû être long.
M. Leclerc: On n'a pas dû avoir son argumentation...
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 59 est
terminé. J'appelle l'article 60.
Mme Harel: Si vous insistez, on va l'appeler.
La Présidente (Mme Bélanger): On n'a pas
M. le député de Jonquière, on peut s'en passer. M.
le ministre, on n'a pas le député de Jonquière.
M. Bourbeau: Vous ne le voulez pas, Mme la Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Cela a bien l'air tellement elle l'a dit de bon
coeur.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 59 est
terminé. On passe à l'article 60. (12 il 30)
M. Bourbeau: L'article 60, Mme la Présidente, regroupe les
biens exclus complètement. Premièrement, au paragraphe 1°, il
s'agit de l'exclusion de meubles et d'effets d'usage domestique de même
que d'une automobile. Je vous signale que la valeur permise d'une automobile
est portée de 4000 $ à 5000 $, soit une augmen- tation de 25
%.
Le paragraphe 2° concerne l'exemption de certains biens
nécessaires pour travailler. Cette rédaction est
harmonisée avec le Code de procédure civile.
Le paragraphe 3° porte sur l'exclusion des montants
déposés dans un régime de retraite qui ne peuvent
être retirés par le participant. La règle a pour but de ne
pas pénaliser les prestataires qui, par prudence, se sont
préparés à la retraite.
Le paragraphe 4° a pour but de ne pas pénaliser la famille
dont un enfant à charge possède un bien administré par un
tiers. Il s'agit du statu quo reconduit.
Le paragraphe 5° vise à ne pas pénaliser la famille
dont l'enfant à charge requiert un bien pour son travail personnel et
n'en dispose pas pour assurer la subsistance de la famille. C'est applicable
à tout enfant à charge.
Le paragraphe 6° vise à favoriser l'intégration
à la société des prestataires handicapés. Il s'agit
d'une exclusion nouvelle.
Le paragraphe 7° vise à ne pas pénaliser les
prestataires qui ont planifié leurs funérailles et leur
sépulture avant leur entrée à l'aide sociale. Il s'agit
d'une nouvelle exclusion.
Voilà, Mme la Présidente, qui termine le survol de
l'article 60.
Mme Harel: Mme la Présidente, une remarque
générale. Quand le ministre parle en pourcentage, cela me fait
penser aux piles auditives dont le prix est passé de 3 $ à 5 $,
c'était une augmentation de l'ordre de 80 %. Évidemment, quand on
parle en pourcentage, dans ce genre d'allocations et de prestations, c'est
vraiment très fictif. Il faut parler en chiffres réels. Il y a
quelques félicitations à faire au ministre en regard de l'article
60.
Une voix: Commençons par ça.
Mme Harel: J'ai eu l'occasion d'écrire ces quelques
améliorations, notamment dans un dossier de presse que j'ai remis
à la presse, en regard du paragraphe 6°. Évidemment, tant
mieux si sont exclus du calcul de la prestation les équipements
adaptés aux besoins des personnes souffrant de limitations
fonctionnelles, y compris un véhicule de transport adapté,
c'est-à-dire que la chaise roulante électrique n'est pas
considérée comme faisant partie des biens.
La Présidente (Mme Bélanger): On va s'en
souvenir.
Mme Harel: Évidemment, il y a aussi la question de
l'arrangement préalable. Je pense bien qu'il faut inciter les personnes,
qui ont quelque économie, à procéder à ce type
d'arrangement, surtout qu'après elles n'ont pas à trop compter
sur l'allocation de frais funéraires qui est déjà
prévue.
Une voix: II y a eu une belle augmentation.
Mme Harel: Oui. Ce sera tout pour l'article 60.
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 60 est terminée. J'appelle l'article 61. Est-ce qu'il y a des
commentaires ou des questions?
M. Bourbeau: Cet article regroupe un ensemble de biens
reliés à la résidence familiale dont la valeur nette
totale permise est de 60 000 $. Le paragraphe 1° vise la résidence
elle-même ou la ferme en exploitation lorsqu'elle est habitée. Je
vous signale que le montant qui était de 50 000 $ passe à 60 000
$.
Le paragraphe 2° vise à ne pas pénaliser le
prestataire qui cesse d'habiter sa résidence ou d'exploiter sa ferme
parce qu'il devient hébergé. Il s'agit d'une reconduction du
statu quo.
Le paragraphe 3° vise à ne pas pénaliser le
prestataire qui cesse d'habiter sa résidence, pour des raisons de
santé ou de salubrité, pendant un an. Encore là, on
reconduit le statu quo.
C'est la même chose pour le paragraphe 4° qui vise à
permettre au prestataire qui exerce un travail autonome de continuer à
exercer ce travail sans être pénalisé.
Le paragraphe 5° vise à donner un délai au
propriétaire d'une résidence pour utiliser le capital d'une
indemnité reçue pour compenser la perte de la résidence en
raison d'un sinistre ou d'une expropriation.
Quant au paragraphe 6°, c'est une nouvelle exclusion qui vise
à donner un délai au prestataire pour utiliser le capital d'une
indemnité reçue pour compenser la perte de biens meubles en
raison d'un sinistre.
Le paragraphe 7°, et c'est le dernier paragraphe, reconduit le statu
quo qui vise à ne pas pénaliser le propriétaire d'une
résidence qui vend sa résidence et désire en acheter une
autre avec le produit de la vente. Il s'agit évidemment de la
résidence principale.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va?
Mme Harel: Mme la Présidente, c'est un aspect majeur de la
réglementation. Ce n'est pas le cas du quartier dans lequel j'habite
puisque je n'ai pas eu, en huit années, de dossiers de comté qui
mettaient en cause des personnes bénéficiaires qui voyaient leurs
prestations considérablement réduites à cause d'une hausse
de l'évaluation de leur résidence - dans les comtés
urbains, les milieux défavorisés, c'est très rare que les
bénéficiaires - je n'en connais pas - sont propriétaires -
mais on m'a dit que c'est très fréquent dans certains quartiers,
surtout dans certaines villes, que des gens âgés, des veuves en
particulier, en raison d'une assurance-hypothèque qui était
payée par le défunt, deviennent automatiquement
propriétaires de la maison sans pour autant avoir de compensation
financière et ne voient pas pour autant augmenter leur revenu, ne voient
pas modifier leur situation financière. Bien au contraire, un
très grand nombre d'entre elles ne profitent aucunement des
régimes de retraite, des pensions n'étant pas prévues pour
le conjoint survivant.
Alors, la Commission des services juridiques recommande au
gouvernement... Je vais lire, à la page 5, ce qu'elle nous transmettait.
"Nous constatons avec plaisir la hausse de l'exclusion de la valeur d'une
résidence jusqu'à concurrence d'une valeur nette de 60 000 $. Par
ailleurs, cette hausse nous apparaît nettement insuffisante eu
égard à l'augmentation vertigineuse des évaluations
immobilières au cours des dix dernières années. Il est
opportun de rappeler les conséquences désastreuses pour les
prestataires d'une hausse subite de l'évaluation municipale d'une
propriété achetée il y a une vingtaine d'années et
qui possède aujourd'hui une valeur nette supérieure à
l'exclusion de 60 000 $ uniquement à cause de facteurs
incontrôlables. Ces gens, pour la plupart âgés, sont
forcés de vendre leur résidence dans les plus brefs
délais, de se reloger et d'acquitter de nouveau un loyer souvent
extravagant. On distingue particulièrement bien, en ces circonstances,
le cercle vicieux de la pauvreté. Nous recommandons au gouvernement de
hausser l'exclusion de la valeur d'une résidence jusqu'à
concurrence d'une valeur nette de 90 000 $, ne serait-ce que pour
refléter l'état du marché immobilier en 1989."
Au chapitre de la résidence, comme, depuis 1986, le taux de 1 % a
été porté à 2 %, le taux est imputé à
la somme qui dépasse la valeur nette auparavant de 50 000 $ et qui
deviendrait 60 000 $. Par exemple, un bénéficiaire qui
possède l'équité nette d'une maison et d'un terrain
évalués à 70 000 $, soit 10 000 $ de plus que la valeur
autorisée avec la nouvelle réglementation, recevrait 200 $ de
moins par mois de subsistance à cause de cette évaluation de 2 %
sur l'équité de sa maison qui dépasse les 60 000 $.
Évidemment, les personnes affectées sont surtout des
couples âgés qui ont déjà une résidence dont
l'hypothèque est payée ou des veuves qui deviennent
propriétaires grâce à l'assurance hypothécaire qui
est payable au décès du mari. Ces personnes sont mises dans une
situation de se départir de leurs biens pour subvenir à leurs
besoins parce que leur situation financière ne s'est pas
améliorée, compte tenu du test de revenu, de toute façon,
qu'elle passe, sans ce calcul-là, malgré la hausse du rôle
d'évaluation.
Alors, ce que je recommande au gouvernement, c'est d'être
cohérent dans la réglementation, d'établir à 90 000
$ l'exemption permise à l'égard de la résidence, comme il
le fait dans le cadre du programme APPORT. Comme le règlement devrait
tendre à être harmonisé, que ce
soit dans le programme APPORT ou dans le programme de dernier recours,
il devrait y avoir la même évaluation, sinon les personnes qui
seraient admissibles à une aide, parce que leur résidence est de
60 000 $, se trouveraient à être pénalisées...
Celles qui ne seraient plus admissibles plutôt, parce que la
résidence est de 60 000 $, se trouveraient à être
pénalisées en regard de celles qui auront droit au programme
APPORT qu'on retrouve dans un autre article du même règlement.
Dans APPORT, c'est 90 000 $ et dans APTE, c'est 60 000 $.
Il faudrait vraiment prévoir un ajustement en fonction de
l'augmentation annuelle moyenne de l'évaluation. Même si le
ministre établissait à 90 000 $ l'exemption permise, le
problème est sans cesse renouvelé, compte tenu de la hausse
moyenne de l'évaluation. Il nous faudrait certainement un
mécanisme d'ajustement. Ces hausses ont été subites au
cours des dernières années. On me dit que c'est l'un des
problèmes majeurs que l'aide juridique reçoit
présentement. J'imagine que c'est dans des quartiers différents
de ceux que je représente, peut-être dans des villes des
régions ou peut-être dans des quartiers de Montréal; je ne
sais pas si à Notre-Dame-de-Grâce, à Ahuntsic ou à
Côte-des-Neiges, il peut y avoir aussi des personnes dans le besoin.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Mont-Royal.
M. Thuringer: NDG.
La Présidente (Mme Bélanger):
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: Merci, Mme la Présidente. Peut-on savoir
dans combien de cas la valeur des maisons joue dans l'aide sociale? A-t-on une
idée de cela?
M. Bourbeau: Je n'ai pas compris la question.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'a pas compris.
Pouvez-vous répéter la question?
M. Thuringer: Combien de bénéficiaires sont
touchés par ce règlement?
M. Bourbeau: D'accord. J'ai ici quelques statistiques. Dans le
système actuel, l'exclusion à 50 000 $, en cours d'année
il y a eu 919...
M. Thuringer: Combien?
La Présidente (Mme Bélanger): 919.
M. Bourbeau: ...ménages touchés. Je reprends mes
chiffres. L'an dernier, il y a eu 871 ménages touchés par la
mesure représentant un coût de 860 000 $ pour le gouvernement.
C'est l'exemption qui a été accordée à 50 000 $. SI
on porte l'exclusion à 60 000 $, il n'y aura plus que 294 ménages
au-delà de 60 000 $. Ces gens-là auront une réduction
graduelle, évidemment, qui sera moins importante puisque, plutôt
que de commencer à réduire à 50 000 $, on va commencer
à réduire à 60 000 $. Donc, on va passer de 871
ménages qui ont été touchés l'an dernier à
294 ménages au-dessus de 60 000 $. Encore là, ces 294
ménages seront moins touchés que précédemment.
Mme Harel: Quelle est l'évaluation du montant que cela
coûtera de passer de 50 000 $ à 60 000 $?
M. Bourbeau: Un instant, je vais vous dire cela. Concernant les
294 ménages dont je viens de parler, j'ai une autre statistique à
vous donner. Dans les 294 ménages qui seront touchés, 222 sont
situés entre 60 000 $ et 70 000 $ et 72 sont en haut de 70 000 $. Si on
additionne ces chiffres-là, les 871 qui étaient en bas de 60 000
$ et ceux qui sont en haut de 60 000 $, il y avait, en tout, 1165
ménages qui étaient touchés; 871 ne le seront plus du
tout; 294 le seront en partie. Le coût nouveau de cette mesure pour le
gouvernement donne 1 150 000 $.
Mme Harel: Donc, de 1 150 000 $, il faut soustraire les 860 000 $
déjà déboursés pour trouver le solde du coût
réel à faire porter de 50 000 $ à 60 000 $ l'exclusion.
À ce moment-là, on est à 290 000 $. Faire porter
l'équité de 50 000 $ à 60 000 $, cela coûte à
peu près 300 000 $.
M. Bourbeau: Non. On me signale que le coût additionnel
généré par la générosité nouvelle du
gouvernement, si je puis m'exprimer ainsi...
Mme Harel: 1 000 000 $?
M. Bourbeau: ...représente 1 150 000 $, pour faire porter
l'exclusion de 50 000 $à 60 000 $.
M. Leclerc: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci. J'ai quelques commentaires à faire sur
l'article 61 qui se réfère à des cas que j'ai eus
personnellement à mon bureau de comté. D'abord, je dois dire que
je suis d'accord avec la députée de Maisonneuve lorsqu'elle dit
que ce montant devrait être Indexé selon la valeur moyenne des
évaluations. S'il y a 871 personnes qui ne seront plus touchées
étant donné qu'on augmente l'exclusion à 60 000 $, chaque
année une nouvelle quantité de propriétaires vont venir
s'ajouter a ceux qui sont touchés et, connaissant le zèle
légendaire des législateurs, je doute que l'on retouche à
cela
avant un certain nombre d'années. (12 il 45)
Quant à la position de la députée de Maisonneuve -
en fait, c'est la sienne, mais c'est également celle de la Commission
des services juridiques - qui nous dit qu'il faudrait faire passer le montant
de l'exemption de 60 000 $ à 90 000 $, en regardant les chiffres je
serais plutôt porté à dire qu'il faudrait la faire passer
de 60 000 $ à 70 000 $. Le problème que j'y vois, c'est un peu un
problème d'éthique entre les contribuables et ceux qui
reçoivent l'aide de l'État. Si on ajoute les 90 000 $ de la
députée de Maisonneuve, avec l'exemption pour l'automobile et
l'exemption pour l'argent liquide, on va se retrouver avec des gens qui seront
bénéficiaires de l'aide sociale et qui auront une valeur de plus
de 100 000 $, alors que cette aide sera payée par des gens qui, souvent,
n'ont rien, ni maison, ni auto. En tout cas, il y a un certain équilibre
qu'il n'est pas facile d'avoir entre ceux qui paient et ceux qui
reçoivent. Je comprends que c'est fort malheureux quand des gens doivent
payer ou recevoir moins d'argent à cause de la valeur de leur maison,
mais il faut aussi penser à ceux qui paient et qui n'ont même pas
de maison. Je trouve que de faire passer l'exemption de 50 000 $ à 60
000 $, c'est déjà bien. On devrait sûrement étudier
la possibilité d'ajuster cela de façon annuelle et on devrait
voir combien cela coûterait de faire passer l'exemption de 60 000 $
à 70 000 $, de sorte que seulement 72 personnes au lieu de 294 se
verraient déduire des montants.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: L'augmentation dont on parle, qui fait passer
l'exemption de 50 000 $ à 60 000 $, reflète l'augmentation de
l'indice du logement entre 1984 et 1989, 1984 étant la dernière
année où on avait indexé cette somme. Je rappelle aux
membres de la commission que, quand on parle de 60 000 $, il s'agit de la
valeur nette, c'est-à-dire la différence entre
l'évaluation, la valeur réelle, et l'hypothèque. Par
exemple, si une famille a une maison évaluée à 85 000 $
avec une hypothèque de 25 000 $, il n'y a aucune pénalité.
Donc, je pense que c'est quand même raisonnable. On est dans un
système de dernier recours, comme le disait le député de
Taschereau, et il ne faut pas, non plus, pénaliser les travailleurs
à faible revenu qui n'ont pas accès au dernier recours et qui,
souvent, ne sont même pas propriétaires d'une
résidence.
La Présidente (Mme Bélanger): J'aimerais aussi
faire un commentaire à ce sujet, si vous me le permettez, étant
donné que je suis membre remplaçante. Les
bénéficiaires de l'aide sociale qui possèdent une maison
sont tributaires de l'évaluation, effectivement, et ce n'est pas parce
que leur maison vaut... Par exemple, cette année, j'ai une
surévaluation, c'est-à-dire que mon évaluation a
été augmentée de 27 000 $, ce qui cause des
dépenses supplémentaires...
M. Bourbeau: Pas nécessairement, si le taux de la taxe est
réduit.
La Présidente (Mme Bélanger): La taxe...
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez fart des gros travaux, Mme ia
Présidente?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Je n'ai rien
fait.
M. Bourbeau: Avez-vous un sous-sol qui n'avait pas
été déclaré?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, non. Alors,
je pense qu'en biens, ils n'ont pas plus que ce qu'ils avaient et ça va
leur coûter plus cher pour vivre dans leur maison. Alors, est-ce qu'on
doit les pénaliser si la maison vaut plus qu'au moment où ils
sont devenus bénéficiaires de l'aide sociale?
M. Bourbeau: J'ai un cas de comté dont j'ai discuté
avec quelqu'un. Il y a aussi toute la question de la réforme de l'aide
sociale qui s'enclenche en même temps. Si on parle d'une personne qui est
susceptible d'être classified dans la catégorie des inaptes, par
exemple, il y aura une bonification additionnelle pour les inaptes.
Une voix: II y a son chèque? Oui.
M. Bourbeau: Oui. Alors, il y aurait des revenus qui entreraient
dans la famille, dans le ménage. Est-ce que l'allocation au logement va
s'appliquer? Peut-être que oui. Donc, chaque fois, il faut regarder
l'ensemble du dossier.
Mme Harel: Mme la Présidente, il faut qu'il y ait un
certain rationnel dans tout ça. Ce n'est pas parce que sur papier la
valeur de la maison a été modifiée et qu'en
conséquence le coût de la taxe foncière sera augmente que
ça modifie pour autant...
M. Bourbeau: Non.
Mme Harel: ...la situation des personnes.
M. Bourbeau: Pas nécessairement. Je regrette, mais il n'y
a pas une relation de cause à effet...
Mme Harel: Pas nécessairement.
M. Bourbeau: ...entre l'augmentation de l'évaluation
et...
Mme Harel: C'est vrai.
M. Bourbeau: ...l'augmentation du compte de taxes parce que, dans
la plupart des cas, quand on augmente l'évaluation d'une façon
significative, le taux de la taxe est réduit en conséquence.
Mme Harel: Ce n'est pas toujours le cas, évidemment, par
ailleurs.
M. Bourbeau: Bien, presque toujours.
Une voix: Sauf pour Mme la Présidente. Vous êtes une
victime.
Mme Harel: Disons qu'il y aurait une exception à la
règle.
M. Bourbeau: La propriété de la présidente
était sous-évaluée.
Mme Harel: II reste que le montant de 50 000 $ avait
été modifié en 1984, il y a cinq ans.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: J'ai retrouvé ça dans un
mémoire.
M. Bourbeau: C'est exact, je l'ai dit tout à l'heure.
Mme Harel: Est-ce que le ministre a choisi le coefficient de
hausse de la valeur locative des maisons pour justifier le passage de
l'exemption de 50 000 $ à 60 000 $?
M. Bourbeau: On s'est basé sur l'augmentation de l'indice
du coût du logement à Montréal pour la période.
Mme Harel: C'est ça. Donc, c'est la valeur locative et non pas
l'augmentation de l'évaluation. Je pense que c'est là le
problème. S'il faut un rationnel, il ne faut pas aller le chercher
ailleurs que dans la logique môme de l'évaluation foncière.
La valeur locative peut être utilisée pour déterminer le
besoin d'une allocation au logement, mais il faut vérifier quelle
était l'augmentation de l'évaluation de l'ensemble des
propriétés immobilières. C'est à partir de ces
coûts que devrait être ajustée la valeur de la
résidence. Compte tenu du fait qu'il y a 222 ménages
présentement, comme le signalait le député de Taschereau,
dont la valeur de la résidence se situe entre 60 000 $ et 70 000 $, et
que comme le signalait le ministre, c'est une question d'équité,
c'est-à-dire que ces gens-là possèdent déjà
l'équité de leur maison - il demeure que, pour la plupart, ce
sont des personnes âgées ou des veuves - je demanderais au
ministre d'introduire comme critère, comme coefficient d'augmentation,
au moins un coefficient qui a à voir avec l'évaluation des
propriétés, pas avec leur valeur locative. Lui-même me
disait tantôt que la taxe foncière n'a rien à voir avec
l'évaluation. Cela n'a pas à voir, non plus, avec la valeur
locative de la maison. Cela a à voir parce que cela a grimpé et
que les municipalités ont préféré parfois choisir
de réduire le pourcentage en faisant grimper le taux
d'évaluation.
M. Bourbeau: Les municipalités n'ont pas choisi, c'est la
loi qui oblige...
Mme Harel: C'est vrai.
M. Bourbeau: ...de faire en sorte que l'évaluation
municipale reflète la valeur marchande, la valeur réelle. Cela
varie d'une région à l'autre.
M. Leclerc: Une chose est certaine, c'est qu'on a tout
intérêt à favoriser autant que faire se peut le maintien de
ces gens-là dans leur propre maison.
Mme Harel: Bien oui.
M. Leclerc: D'abord, ça met beaucoup moins de pression sur
le logement social et, d'autre part, ce sont des gens qui sont souvent
près de la pension de vieillesse, et c'est l'économie de toute
une vie.
M. Bourbeau: C'est pour ça d'ailleurs qu'on augmente le
montant de 16 %.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Fabre.
M. Joly: Merci, Mme la Présidente. On peut mettre
n'importe quel chiffre, on peut faire dire à peu près n'importe
quoi aux chiffres, on peut mettre n'importe quelle sorte de dentelle
après tout ça, il y a un principe qu'il faut quand même
respecter. Par exemple, un individu a décidé de mettre son argent
à la banque, 70 000 $, donc 1 a un avoir net de 70 000 $ à la
banque, pendant qu'un autre a décidé d'investir ce même
montant dans une propriété et à qui arrive une situation
qu'on connaît, une situation qui peut être ponctuelle. Cela fait en
sorte que l'un a droit à l'aide sociale pendant que l'autre, parce que
c'est de l'argent liquide, de l'argent à la banque, n'y a pas droit.
Sauf qu'il faut quand même prendre en considération que
l'équité dans une propriété, c'est de l'argent
à la banque.
L'aide sociale, à mon sens, n'est pas faite, comme le disait le
député de Taschereau, pour faire en sorte que, tantôt, il y
ait des assistés sociaux avec des valeurs ou une équité de
100 000 $ et plus. L'aide sociale doit vraiment être dirigée vers
les gens qui ont un besoin. C'est bien sûr que quelqu'un qui s'est
bâti un
patrimoine ne veut pas le voir hypothéquer, mais d'un autre
côté, ce n'est pas fait pour toujours protéger le compte de
banque. Je le vols comme ça. Déjà, en tant que
gouvernement, on prend la responsabilité de reconnaître un certain
montant de base. Je pense que c'est déjà bien. C'est
déjà, bien sûr, légitime, mais d'un autre
côté, si on laisse aller les chiffres, on peut augmenter, comme le
conseillent certains organismes, l'exemption jusqu'à 90 000 $ et, encore
là, ce n'est peut-être pas encore suffisant. Donc,
l'équité dans une propriété, c'est un compte de
banque et un compte de banque, ça peut aussi se négocier.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je suis totalement d'accord avec le
député de Fabre, Mme la Présidente.
Mme Harel: Le contraire m'aurait vraiment surprise. Comment se
fait-il alors que, dans la même réglementation, on retrouve deux
calculs de valeur distincte: 90 000 $ aux fins du programme APPORT et 60 000 $
aux fins des programmes Soutien financier et APTE? Dans le programme Soutien
financier, si les conjointes survivantes, pour ne pas dire les veuves, qui sont
en difficulté, ont droit au programme INAPTE, elles seront assujetties
à la même règle. On va les obliger à vendre le bien
familial dans lequel elles habitent pour un certain laps de temps parce que, si
elles ont 62 ou 63 ans, le temps d'obtenir leur pension de vieillesse, elles
vont, pour le reste de leur vie, se retrouver à payer des loyers
extravagants et parfois obligées de quitter la petite
municipalité, parce que c'est ça aussi. Ce n'est pas dans la
grande ville que cela se passe, mais dans de petites municipalités de
régions rurales où on est obligé de vendre la maison
familiale pour aller rester en ville dans un logement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, en réponse à
ce que dit la députée de Maisonneuve, je dois dire que...
Mme Harel: Non, je demande au ministre son rationnel. Le
rationnel de la valeur locative n'est pas un rationnel...
M. Bourbeau: Oui, mais c'est ce que je me propose de faire.
Mme Harel: ...pour l'évaluation de l'équité
d'une maison.
M. Bourbeau: Si vous me donniez la parole, je pourrais
peut-être vous donner un début de réponse. Les deux
programmes ne s'adressent pas du tout à la même clientèle.
Le programme APPORT s'adresse à une clientèle de travailleurs
à faible revenu tandis que les deux autres programmes sont des
programmes de dernier recours qui s'adressent à la clientèle de
laide sociale.
Quant au programme APPORT, dans les 90 000 $, il n'y a pas seulement la
valeur de la résidence, mais aussi celle de tous les autres biens que
peut posséder un individu, alors que les 60 000 $ dont on parle à
laide sociale, ce n'est que pour la résidence et les autres biens comme
l'automobile, les avoirs liquides, etc., qui peuvent s'ajouter.
Dans le programme APPORT, il s'agit du montant au-delà duquel on
n'est pas eligible au programme. C'est la porte d'entrée ou de sortie au
programme; ce n'est pas du tout la même farine que les 60 000 $ dont on
parle ici dans le système de dernier recours. Je pense qu'il faut
comparer des choses comparables, avec des clientèles comparables, bien
sûr.
Mme Harel: M. le ministre, j'ai toujours l'impression que vous
oubliez fondamentalement une chose qui est pourtant de base. Personne ne passe
sa vie avec, dans le front, l'étiquette: travailleur à faible
revenu, économiquement défavorisé ou assisté
social. Ce sont des vases communicants. Dans la mesure où une personne
à l'aide sociale va perdre sa maison pour se retrouver
éventuellement, quelques années plus tard, sur un programme
APPORT, vous ne lui rendez pas service pour l'aider à se sortir de la
pauvreté.
Vous avez comme impression, dans votre esprit, que ce sont des
catégories qui ne s'interpénétrent pas, comme s'il y avait
le programme APPORT des travailleurs à faible revenu qui était
totalement étanche par rapport à la catégorie "aptes au
travail" ou aux autres catégories de l'aide sociale. Vous savez bien
qu'il y a 60 % des gens qui viennent à l'aide sociale une seule fois et
qui passent plus ou moins leur vie à aller de "jobine" en "jobine", avec
quelques mois à l'aide sociale, en retournant parfois à un emploi
qui dure plus de six ans et en revenant. C'est ça, la
réalité.
Ce ne sont pas des catégories avec des corridors pour la vie,
ça. Quand vous n'harmonisez pas votre réglementation dans vos
programmes, cela renforce la trappe de pauvreté qui se referme sur ceux
qui tombent plus bas et qui ne peuvent jamais s'en relever.
M. Bourbeau: Écoutez, je signale quand même que
l'aide sociale, c'est un programme de dernier recours. Cela n'a pas la
même consistance, ce n'est pas de même nature que les autres
programmes gouvernementaux qui s'appliquent a des clientèles
différentes. Quand on vient à l'aide sociale, c'est parce qu'on a
épuisé, par définition, tous ses autres recours. Ce ne
sont pas des prêts remboursables comme les prêts et bourses, ce
sont des subventions. On doit le
traiter de cette façon et on ne peut pas appliquer les
mêmes règles dans un programme de dernier recours que la SDI
applique à des prêts ou des subventions aux entreprises ou des
trucs comme ça. Ce n'est pas la même chose du tout.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela dit, nous en
sommes à 13 heures. L'article 61 est complété. Nous
reprendrons nos travaux à l'article 62. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 12)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission des affaires sociales poursuit ses travaux afin de
procéder à l'étude de la réglementation
découlant de l'adoption du projet de loi 37, Loi sur la
sécurité du revenu. Nous en étions à l'article 62
lors de la suspension des travaux.
M. Bourbeau: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
commentaires ou des questions à l'article 62? Mme la
députée de Maisonneuve.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, l'article 62
établit des règles pour établir la valeur globale des
biens à considérer. L'article établit la distinction entre
ce qui est considéré comme biens et ce qui est
considéré comme valeur liquide.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Bourbeau: En bref, c'est le statu quo, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Donc, pas de
questions, pas de commentaires. Tout le monde a fait des commentaires en
même temps. Mme la députée de Maisonneuve, est-ce qu'il y a
des questions? Donc, l'article 62 est complété. J'appelle
l'article 63.
M. Bourbeau: Cet article, Mme la Présidente,
établit la règle pour fixer le pourcentage de la valeur de biens
excédentaires qui est soustrait à chaque mois de la prestation.
Il a été omis... Non, c'est tout, Mme la Présidente.
Mme Harel: L'article 63 a amplifié le problème de
la hausse de l'évaluation foncière des maisons parce que,
jusqu'à maintenant, l'équité exclue du calcul était
de 50 000 $ mais le calcul de la prestation, le pourcentage applicable à
la valeur excédentaire était de 1 %.
Là, on a amplifié la situation depuis le 30 avril 1986, en
multipliant par deux, c'est-à-dire que dorénavant le pourcentage
pour fins du calcul de la prestation sera de 2 %, ce qui fait que c'est
d'autant plus urgent, compte tenu de l'augmentation, que le ministre
évalue à la hausse l'équité qui serait exclue du
calcul de la prestation.
Je ne veux pas lui proposer de revenir nécessairement à 1
% mais je souhaiterais plutôt, quitte à maintenir les 2 %, qu'il
augmente - je pense à harmoniser au moins dans l'ensemble de la
réglementation à 90 000 $ mais - au moins à 70 000 $ la
valeur foncière parce que l'exemple que j'apporte est le bon. Une
équité de 70 000 $ avec un terrain bâti, c'est quand
même relativement peu compte tenu de la hausse spéculative. Cette
équité de 70 000 $ à 2 % pour une personne qui aurait 200
$ de réduction par mois de sa prestation... Alors, une personne seule,
une veuve qui devrait normalement avoir droit à 507 $, elle a beau avoir
des problèmes de santé, elle n'aura pas le certificat
médical qui l'exclut, à ce moment-là, elle aura 200 $ de
moins chaque mois parce que la valeur de sa maison est de 70 000 $ et qu'on lui
calcule 2 % comme c'est prévu à l'article 63. Alors, de deux
choses l'une. On ne peut pas, d'un côté, multiplier de 2 % le
pourcentage du calcul de la prestation et, de l'autre côté, ne pas
augmenter, en fonction de l'augmentation de la spéculation, la valeur
foncière.
M. Bourbeau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je pense que le montant de 60 000 $ que nous
proposons dans le règlement est réaliste par rapport à
l'historique du dossier. Si on regarde le passé, on se rend compte qu'il
fut un temps, par exemple en 1976, où le montant de la valeur admissible
d'une propriété était de 25 000 $. Au cours des ans, au
fur et à mesure que l'inflation a sévi, on a ajusté le
montant de la valeur admissible en tenant compte de la valeur des
propriétés.
La même propriété qui était
évaluée à 25 000 $ en 1976, par exemple, était
évaluée à 8000 $ en 1970. En 1979, le gouvernement du
Parti québécois l'a indexée à 30 000 $. Je
présume que ces gens ont fait des études pour s'assurer que
l'augmentation était conforme à la plus-value de la
propriété. En 1980, on est passé à 40 000 $. Donc,
on est passé de 30 000 $ à 40 000 $ en une seule année
soit une augmentation de 33 %. En 1984, encore sous le Parti
québécois, on est passé à 50 000 $. Je
présume toujours qu'on a dû suivre l'inflation. Je vous assure
qu'en passant à 60 000 $ aujourd'hui, nous avons vérifié
les indices... Il y a une petite contestation...
Mme Harel: Ce n'est pas le même indice. Ce
n'est pas le bon indice.
M. Bourbeau: Mme la députée prétend qu'on
n'a pas pris le bon indice; en tout cas, on a pris un indice quelconque mais il
n'est peut-être pas celui qu'elle voudrait.
Mme Harel: Ce n'est pas celui qu'il faudrait. M. Bourbeau:
Ce que je veux dire...
Mme Harel: Ce n'est pas celui de la valeur foncière.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, ce que je veux dire, c'est
qu'on a suivi d'une certaine façon l'évolution de l'inflation au
cours des années, qu'il y a une certaine logique dans l'augmentation de
l'évaluation admissible d'une propriété. Si on devait,
d'un seul coup, déroger à cette tradition et porter la valeur
à 70 000 $ ou 90 000 $, à ce moment-là on se trouverait
à changer un peu les règles du jeu et débalancer le
système, ce qui n'est pas nécessairement souhaitable.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je comprends mal l'entêtement du ministre
à ne pas vouloir tenir compte de l'augmentation de l'évaluation
des maisons. Pourtant il sait très bien, lui qui a été
à l'habitation et aux Affaires municipales, que cela a été
vertigineux et que cela n'assure pas de moyens de subsistance plus importants
pour les gens qui habitent ces maisons. Il va les mettre en situation de devoir
les céder et quitter le foyer familial, quitter parfois le village ou la
municipalité. Pour la société entière, je ne pense
pas que ce soit un plus pour qui que ce soit.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je ne suis pas d'accord
parce que la mesure qu'on propose tend à soulager d'une façon
absolument importante le groupe des personnes qui étaient
touchées par la mesure. Sur les 1165 personnes qui étaient
touchées par la mesure, il y en a 871 qui, dorénavant, ne seront
plus du tout touchées par la réduction de 2 %, parce que leur
maison est évaluée à moins de 60 000 $. Donc, on se trouve
à régler le cas pour à peu près 80 % des
personnes.
Pour ce qui est des autres, dans tous les cas, leur charge sera
réduite de 200 $ par mois, puisque que plutôt que de commencer
à déduire à compter de 50 000 $ à raison de 2 %, ce
qui veut dire 200 $ par 10 000 $, on commencera à 60 000 $. Donc, dans
tous les autres cas, les 294 autres cas, N y aura une réduction de 200 $
par mois. Cela m'apparaît donc être une mesure qui va certainement
contribuer à soulager d'une façon importante les problèmes
de ces gens-là.
Mme Harel: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: C'est une sorte d'aveuglement que le ministre
maintient, parce qu'il ne voit pas que n'ayant en aucune façon de
mécanisme d'ajustement, la cohorte des gens qui vont s'additionner au
fur et à mesure que les années vont passer ne seront pas du tout
soulagés, parce que le montant fixé à 60 000 $ est
beaucoup trop bas en regard des hausses foncières que connaissent
l'ensemble des propriétés au Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va? L'article 62
est terminé.
Mme Harel: L'article 63.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 63,
pardon.
M. Polak: Excusez-moi. C'est l'article 63, parce que là,
on se mêle. Nous pensions que c'était l'article 63, et vous parlez
d'autre chose.
Mme Harel: Non, non, on était à l'article 63.
La Présidente (Mme Bélanger): On était
à l'article 63, je m'excuse.
M. Polak: Au sujet de l'article 63, Mme la Présidente,
à la manière dont je le lis, on dit: Le pourcentage est
égal à la valeur globale des biens. On aurait dû dire: des
autres biens, ou à l'exclusion de l'affaire de la résidence,
parce que de la manière dont le texte se lit, je pense que la
rédaction n'est pas claire là-dedans, du tout. On dit: Le
pourcentage est égal à la valeur globale des biens. Si c'est sur
tous les biens qu'il a, on aurait dû insérer un paragraphe ou
quelque chose pour dire à l'exclusion de ce qui se trouve à
l'article 61, ou à I'exception de.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, j'aimerais dire ceci. Nous
avons omis, dans la rédaction du projet du loi, de préciser que
les 2 % s'appliquent à la totalité de l'excédent de valeur
des biens visés à l'article 61 du projet, et non pas à la
partie qui excède 1500 $ s'il s'agit d'un adulte seul, et 2500 $ s'il
s'agit d'une famille.
Il y aura donc lieu de corriger la rédaction pour maintenir le
statu quo par rapport à l'article 46.1b du règlement actuel. Nous
en tiendrons compte, M. le député.
M. Polak: Comprenez-vous ce que je veux dire?
Mme Harel: C'est la totalité de l'excédent...
M. Polak: II y a un problème de compréhension quand
quelqu'un lit l'article 63 pour la première fois. Est-ce qu'on ne
devrait pas dire "exception faite de l'article 61"? Parce que quand vous dites:
Le pourcentage est égal à la valeur globale des biens; les biens,
pour moi, ce sont tous les biens que les gens ont.
Mme Harel: À l'article 61, ce sont les biens qui sont
exclus.
M. Polak: Oui.
Mme Harel: Alors tout ce qui est en excédent de ça,
il y a un pourcentage de 2 % qui s'applique, sauf 1500 $ pour une personne
seule et 2500 $ pour une famille. Ces 2 % ne s'appliquent que sur les biens
exclus à l'article 61, et ceux qui le seront en vertu de l'article 66.
Mais c'est déjà trop, parce que ces 2 %, ne l'oubliez pas,
réduisent la prestation de chaque mois.
M. Polak: Oui, oui. Parce que je pensais, quand on lit l'article
63, que c'était 2 % de tout ce qui excède 1500 $ des biens.
Mme Harel: C'est ça.
M. Polak: De biens autres que ceux qui ont été
mentionnés.
M. Bourbeau: C'est 2 % de ce qui excède 1500 $ pour une
personne seule et 2500 $ pour un adulte, sauf pour la résidence...
M. Polak: Exact.
M. Bourbeau: ...où les 2 % s'appliquent à partir
des 60 000 $, et non pas des 60 000 $ plus 1500 $.
M. Polak: Pourquoi ne le dit-on pas? Pourquoi ne le
répète-t-on pas? Dans l'ancien texte, on disait: Sous
réserve du paragraphe c de l'article 46; c'était clair.
M. Bourbeau: On va le corriger. J'ai dit tantôt que ce
n'était pas clair. On va corriger l'article.
M. Polak: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Taschereau.
M. Leclerc: Toujours à l'article 63, est-ce que je peux
savoir depuis combien de temps c'est 1500 $ et 2500 $?
Mme Harel: On va revenir aux 1500 $ et 2500 $ à l'article
66. C'est l'article 66 qui...
M. Leclerc: C'est surtout les 2 % qui sont concernés.
Mme Harel: Oui.
M. Leclerc: Bien! J'accepte d'en discuter à l'article 66.
Il n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 63 est
terminé. J'appelle l'article 64.
M. Bourbeau: L'article 64, c'est la définition de ce qui
constitue un avoir liquide. Par exception, un dépôt à terme
effectué par un prestataire déjà à l'aide sociale
ou de manière a se rendre admissible, est un avoir liquide, même
s'il ne peut en disposer. En fait, il s'agit de la reconduction du statu quo,
sauf cette nouvelle règle qui vise à éviter que des
prestataires effectuent des placements pour rester ou devenir admissibles
à l'aide. Je signale de plus qu'on ne considère plus les valeurs
de rachat des polices d'assurance-vie. Je vous réfère à
l'article 67.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Taschereau.
M. Leclerc: À l'article 64, je m'aperçois avec joie
que les valeurs de rachat des polices d'assurance-vie sont maintenant exclues
dans le calcul des actifs, ce qui est fort souhaitable car, dans mon
comté, j'ai eu quelques cas de personnes pour qui c'était
très compliqué, ne serait-ce que de calculer et d'appliquer le
règlement. Je pense qu'il est sage d'exclure les valeurs de rachat. Je
remercie le ministre d'avoir tenu compte de mes remarques.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je voudrais simplement
souligner que les députés de cette commission, en
général, se sont beaucoup intéressés au dossier. Et
chaque fois qu'on nous a fait valoir des points de vue concrets et pratiques,
nous avons tenté...
Mme Harel: On a si peu de temps...
M. Bourbeau: ...de répondre aux demandes. Le
député de Taschereau est l'un de ceux qui se sont le plus
intéressés au dossier. Je le félicite pour son
intérêt.
Mme Harel: Les congratulations, est-ce que cela pourrait
être après 18 heures?
M. Bourbeau: Mais, écoutez...
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 64 est
terminé.
M. Bourbeau: ...cela compense pour les bêtises de la
députée de Maisonneuve.
M. Leclerc: Mais quand on a des choses positives à
dire...
Mme Harel: Bon! Alors, l'article 64...
La Présidents (Mme Bélanger): C'est
terminé?
Mme Harel: Non. J'aimerais signaler au ministre la remarque de la
Commission des services juridiques qui se lit ainsi: "Le dernier alinéa
de l'article 64 constitue une nouvelle restriction à la possession de
quelque avoir que ce soit afin de pouvoir bénéficier d'une
prestation d'aide." "Nous suggérons au gouvernement de remplacer les
mots "de manière à" à l'avant-dernière ligne de cet
alinéa par les mots "dans le but" afin de clarifier la situation du
prestataire détenant un dépôt à terme et qui
dépose une demande pour une aide de dernier recours."
M. Bourbeau: Mme la Présidente... La Présidente
(Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...on a utilisé l'expression "de
manière à" plutôt que celle "dans le but de" en toute
connaissance de cause et ce, pour deux raisons: premièrement, pour
s'harmoniser avec les articles 29 et 32 de la loi où on emploie
l'expression "de manière à". La députée de
Maisonneuve, qui est avocate, comprendra que d'aller faire la preuve devant la
Commission des affaires sociales que c'était "dans le but de" que Mme
Unetelle ou M. Untel a fait telle chose, ça constitue une preuve
extrêmement difficile à faire parce qu'il faut prouver l'intention
maléfique de la personne, alors qu'avec l'expression "de manière
à", c'est le résultat, à ce moment-là. On n'a
qu'à regarder le résultat; si le résultat est là,
c'est très clair à prouver.
Alors, comme il était impossible d'aller faire une preuve avec
les mots "dans le but de", ne voulant pas indûment... Je sais que les
avocats de l'aide juridique aiment bien se promener en cour, mais nous, nous
tenons à y aller le moins souvent possible.
Mme Harel: Mme la Présidente, ce qui est nettement
évident à la lecture approfondie de ces articles, c'est que
systématiquement tout ce qui pouvait donner ouverture à un
recours des bénéficiaires devant la Commission des affaires
sociales, compte tenu de jugements positifs rendus en leur faveur, ces
dispositions ont été resserrées de manière à
renverser les décisions qui étaient possibles ou positivement
rendues, au point où - je donnerai d'autres exemples quand on arrivera
aux recours - de façon assez systématique, on renverse le fardeau
de la preuve, le préjugé étant maintenant à
l'administration contre le bénéficiaire, compte tenu de la Juris-
prudence des affaires sociales. On aura l'occasion d'y revenir. (15 h 30)
M. Bourbeau: Je ne suis pas d'accord, Mme la Présidente,
avec les conclusions que tire la députée de Maisonneuve. Nous
tentons d'éviter les procès Inutiles, cela est vrai, et de
clarifier la loi. Nous ne tentons pas de nous soustraire à toute
jurisprudence qui pourrait exister, mais il arrive parfois que la Commission
des affaires sociales rende des jugements où elle dit "l'intention du
législateur n'est pas claire et nous tranchons dans tel sens". Il nous
appartient de tenter de faire en sorte que la loi soit claire et
d'éviter d'utiliser des expressions qui vont nous obliger à nous
retrouver continuellement devant la Commission des affaires sociales à
faire des preuves impossibles à faire, des preuves d'intention de gens.
Comment peut-on prouver, par exemple, que les gens avaient l'intention de?
C'est impossible à prouver. Donc, pourquoi prendre des risques de se
retrouver dans des procès longs, fastidieux et coûteux? Nous
préférons des termes clairs qui vont permettre de prendre des
décisions rapidement sans pouvoir créer de litiges inutiles.
Mme Harel: Le litige est évidemment exclu puisque
maintenant, de façon presque automatique, l'interprétation pourra
être que dès qu'il y a dépôt à terme, dans le
cas où une famille devient admissible à l'aide, à ce
moment-là il n'y a même plus besoin de faire la preuve que
c'était fait pour se rendre admissible. Ce sera considéré
automatiquement.
M. Bourbeau: Écoutez, ça va être clair au
moins. Les règles du jeu vont être comprises. On ne se retrouvera
pas toujours devant la Commission des affaires sociales à faire des
procès.
Mme Harel: Article 65.
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 64 est terminée. J'appelle l'article 65. Est-ce qu'il y a des
questions ou commentaires?
Mme Harel: C'est l'article type qui, vraiment, représente
bien le langage d'initiés qu'on retrouve tout au long de la
réglementation.
M. Bourbeau: Je vous signale que cela a été
rédigé par des avocats.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Vous devez comprendre de quoi il s'agit. Il s'agit,
comme vous l'avez deviné, Mme la Présidente, de sanctions pour
les prestataires qui utilisent à d'autres fins les capitaux
protégés pour le remplacement de biens meubles ou de la
résidence. En fait, c'est la reconduction du statu quo mais c'est mieux
dit. On va demander aux rédacteurs de nous expliquer
ce que ça veut dire.
M. Rochon: On a un exemple concret d'une application...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Pronovost ou M.
Rochon?
M. Bourbeau: Me Rochon.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Rochon.
M. Rochon: Le premier élément de l'article 65
identifie les sommes ou les parties de capitaux qui sont visées, et la
deuxième proposition de l'article 65 identifie la contravention qu'on ne
doit pas faire. Si on réfère aux articles pertinents, je prends
par exemple l'article 61, paragraphe 2°, on dit: "...la valeur pendant tant
d'années..." et à la fin de l'article on dit "...toutefois,
ça doit être déposé dans un compte de banque, un
compte en fidéicommis..." etc. La contravention, c'est soit d'utiliser
à une fin autre que celle pour laquelle l'exemption est prévue ou
de ne pas le déposer conformément aux règles qui
permettent cette exemption. Finalement, c'est ça qu'on appelle
l'utilisation contraire aux dispositions de l'article. L'autre technique de
rédaction aurait été de répéter la
même proposition à chacun de ces articles et dire: Si on utilise
ces sommes, contrairement au présent article, elles deviennent des
avoirs liquides pour tout le monde. On aurait été obligé
de le répéter aux trois endroits. En logistique, on essaie de
tout ramasser ce qui est commun pour le dire une seule fois. Cela peut donner
des situations comme celle-là.
Une voix: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va?
L'étude de l'article 65 est terminée. J'appelle l'article 66.
M. Bourbeau: II s'agit des limites d'exemption pour les avoirs
liquides. Le second alinéa a pour effet d'empêcher de constituer
cette exemption à même des fonds qui seraient utilisés en
contravention des articles 61 ou 67 à 69. Il s'agit, en fait, du statu
quo.
M. Leclerc: Est-ce que vous avez la réponse à la
question que je posais à l'article 61?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: À l'article 63, Mme la députée
de Maisonneuve m'avait suggéré d'attendre à l'article 66.
J'avais demandé depuis combien de temps c'était 1500 $ et 2500 $
d'exclusion.
M. Bourbeau: On tentera de vous donner la réponse tout
à l'heure. Je ne l'ai pas avec moi ici. On va vérifier et
on vous le dira tout à l'heure. Peut-être que Mme la
députée de Maisonneuve peut vous le dire.
M. Leclerc: C'était avant qu'elle n'arrive en
politique.
Mme Harel: Je pense que je fêtais mon 20e anniversaire.
M. Bourbeau: De naissance? M. Leclerc: II y a peu de
temps. Mme Harel: Très longtemps. Une voix: II y a cinq
ans.
M. Leclerc: C'était la même année que Mme la
Présidente. On a les deux plus jeunes.
La Présidente (Mme Bélanger): Moi, c'était
mon 25e. Alors, l'article 66...
Mme Harel: Mme la Présidente, s'H y a un article
important, c'est certainement celui-là. Je ne sais pas...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous voulez
augmenter...
Mme Harel: ...s'il y a une recherche qui se fait. Je souhaiterais
inviter le ministre à nous dire d'abord ce que ça coûte
à l'État exactement? Ce sont les sommes qui sont permises,
c'est-à-dire qu'on peut garder des sommes comme celles-là et
être admissible à l'aide. Cela a beaucoup de conséquences
dans le cas de l'aide conditionnelle compte tenu des indemnités de la
CSST, des indemnités d'accident de la route ou des indemnités qui
sont versées en vertu de tous les autres programmes d'invalidité
de la rente du Québec ou n'importe.
Il arrive que des personnes ne soient pas admissibles même si
c'est de l'aide conditionnelle qui est remboursable parce qu'elles ont un vieux
gagné. Je dois dire que j'ai rencontré très souvent des
travailleurs mis à pied à 50 ans et plus qui avaient
épargné, ce que d'autres n'avaient pas fait, et qui trouvaient
extrêmement injuste qu'Us soient désincités à
l'épargne parce que si quelqu'un n'a rien épargné, il ne
sera pas pénalisé. Il va avoir droit à tout. Mais pour
quelqu'un qui a gagné... Dans le cas de ce travailleur, c'était
8000 $, ce n'était vraiment pas beaucoup. Je ne parle pas de montants
qui seraient hors de proportion par rapport à la sensibilité de
l'opinion publique. Je parle de montants qui sont permis en vertu du
Régime d'assistance publique du Canada qui existent déjà
puisque le ministre parle souvent de comparaison avec l'Ontario. Je sais qu'en
Ontario, cela a été élevé, je pense, au maximum
pour les familles l'an passé pour la catégorie famille parce
qu'il y
a deux barèmes: un pour les personnes seules, un pour les
familles. Mais à tous égards, j'ai le tableau par province, si
vous le voulez, c'est favorable à l'épargne. On a
intérêt, lorsque les gens travaillent, à ce qu'ils soient
incités à en mettre un peu de côté, de
manière que s'il arrive un coup dur et que le cousin n'est pas là
pour les déménager, ils aient le supplément ou pour
remplacer le frigidaire ou pour toutes sortes de bonnes raisons. C'est une
incitation à l'épargne.
S'il faut payer le supplément pour l'enterrement, dans le cas
d'un décès, ou peu importe, sinon les gens ont l'impression
d'être des itinérants recevant une allocation mais n'ayant
finalement pas le droit de se mettre un petit coussin de sécurité
de côté.
M. Leclerc: Alors, quel est le maximum...
Mme Harel: En vertu du régime d'assistance publique du
Canada ou pour l'Ontario?
M. Leclerc: Parce que vous m'avez dit que le maximum,
c'était l'Ontario. L'Ontario avait atteint le maximum dans le cas
des...
Mme Harel: L'Ontario se sert des montants maximums dans le cas
des bénéficiaires de prestations familiales, c'est-à-dire
5000 $ pour une famille et 5500 $ pour une famille considérée
inapte.
M. Bourbeau: Est-ce que Mme la députée a les
chiffres pour Terre-Neuve?
Mme Harel: Les mêmes qu'au Québec, 1500 $ pour une
personne seule, 2500 $ pour une famille.
Une voix: Cela fait longtemps là aussi.
Mme Harel: Mais la personne invalide à Terre-Neuve, c'est
3000 $.
M. Bourbeau: Invalide?
Mme Harel: Invalide. Si le ministre veut commencer à nous
faire suivre Terre-Neuve, en matière de régime de
sécurité sociale.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que vous avez contre Terre-Neuve, c'est
une belle province. Parce qu'on avait un chiffre différent ici.
Mme Harel: Je les prends au tableau 3, page 38 du rapport du
Conseil national du bien-être social.
M. Bourbeau: Ce sont les chiffres du fédéral que
j'ai ici. Il n'y a pas beaucoup de monde.
Mme Harel: En Ontario, une personne seule, c'est 2500 $, 1000 $
de plus que nous, une famille c'est 5000 $, et une personne seule invalide,
c'est 3000 $. En fait, elles ont le maximum, je m'excuse, tantôt je
parlais seulement des familles, mais elles ont le maximum pour tes personnes
seules aussi.
M. Laporte: Cela s'applique toujours en période de temps
peu importe quel programme ces mesures, 1961,1963,1966...
Mme Harel: Cela ne coûte rien à l'État. Non
c'est cela.
M. Joly: Remarquez, cela ne coûte rien, cela coûte
quelque chose. Cela qualifie ou cela disqualifie.
Mme Harel: Oui, mais je veux dire que ce ne sont pas des
allocations qu'on verse. Combien cela représente-t-il? Je veux savoir
combien cela représente quand ça qualifie parce qu'à mon
point de vue, cela qualifie surtout pour l'aide conditionnelle, celle des
indemnités qui ne sont pas versées immédiatement et pour
qui il y a une aide conditionnelle qui sera remboursable. Je ne sais pas si
vous avez reçu, autant que moi, à vos bureaux, des personnes qui
avaient eu un accident d'automobile ou un accident de travail. Même si
elles comptent plus tard recevoir une indemnité, elles sont
obligées de s'endetter terriblement avant même d'avoir l'aide
qu'elles vont rembourser, elles sont quasiment obligées de tout liquider
avant d'être admissibles.
M. Laporte: C'est pour ce qui est de la
CSST.
Mme Harel: Cela fait plus de dix ans. C'est au début des
années soixante-dix.
M. Bourbeau: Mme la députée, on va prendre votre
plaidoirie en délibéré et on va regarder cela.
Une voix: II faudrait au moins essayer de revenir en dollars
constants.
Mme Harel: Oh! Cela va dépasser les 5000 $. Cela fait au
moins 18 ans.
M. Bourbeau: En 18 ans, en 1961. En 1971. Mme Harel: Cela
fait longtemps.
M. Polak: Mme la Présidente, j'aurais des questions
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Est-ce que le ministre pourrait m'indiquer si le
montant est augmenté, si cela impliquerait un coût pour
l'État?
M. Bourbeau: Oui, sûrement.
Une voix: Cela qualifie ou disqualifie.
M. Bourbeau: Oui, parce que ça admettrait des gens
à l'aide sociale plus rapidement. Parfois, il y a des gens qui viennent
à l'aide sociale, mais à cause de l'avoir liquide, ils ne sont
pas admis à l'aide sociale tant qu'ils n'ont pas dépensé
cet argent. Cela peut retarder d'un mois ou deux.
Mme Harel: Est-ce qu'il serait possible de savoir le coût
que ça occasionne pour les personnes seules et pour les familles?
M. Bourbeau: C'est très difficile d'estimer le coût.
Est-ce qu'on est capable d'estimer le coût? Les statistiques
là-dessus sont difficiles parce que les gens ne viennent pas à
l'aide sociale. Ce sont des gens qui ne viennent pas, qui sont retardés,
donc, on ne les a pas dans nos statistiques.
M. Leclerc: Lorsque les gens viennent ouvrir un dossier, on leur
dit de revenir dans trois mois quand ils auront dépensé leur
argent.
M. Bourbeau: II y en a qui ne sont pas dans nos dossiers, qui ne
sont pas nos clients.
Mme Harel: Je vais vous faire une photocopie des autres
provinces. On traîne la patte.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va pour l'article 64?
Des voix: L'article 66.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, c'est
l'article 66.
M. Leclerc: On attend, Mme la Présidente, la
réponse à savoir quand ces montants ont été
adoptés.
La Présidente (Mme Bélanger): On peut suspendre cet
article? M. le ministre, depuis combien d'années avons-nous ce
barème?
M. Bourbeau: Cela a varié au cours des années. Je
peux peut-être vous donner une idée. Disons que dès 1974,
il y avait déjà 2000 $ pour une famille et l'avoir liquide
était à 1000 $. En 1976, l'avoir liquide était à
1500 $. C'est pour une famille?
Une voix: C'est pour une personne seule et 2500 $ pour une
famille.
M. Bourbeau: Depuis 1976.
Une voix: Mais, à ce moment-là, pour les
biens...
M. Bourbeau: Depuis 1976, c'est le montant qu'on a
présentement.
Une voix: Alors, cela vaut plus que la moitié moins.
M. Bourbeau: II faudrait se demander si, en 1976, on
n'était pas trop haut par rapport à maintenant. On peut se le
demander.
Mme Harel: Pas en regard des autres provinces canadiennes.
M. Leclerc: Les cas que j'ai vu - il n'y en a pas des tonnes - ce
sont toujours des cas malheureux. Il s'agit de personnes relativement
âgées, à quelques années de leur retraite. Elles ont
passé une bonne partie de leur vie à économiser cet
argent. Cela s'adresse très rarement à des jeunes. Les cas que
j'ai vus étaient infiniment tristes.
M. Bourbeau: C'est toujours triste, c'est sûr, dans un
système de dernier recours, le principe fondamental c'est qu'on vient
à l'aide sociale quand on a épuisé tous les autres
recours, sauf exception. On va regarder cela avec un esprit ouvert, pour voir
s'il y a moyen de faire quelque chose, tout en vous signalant que c'est une
décision qui ne dépend pas nécessairement d'une seule
personne.
Mme Harel: II faut comprendre que même pour une aide de
dernier recours, il ne faut pas qu'il y ait trop d'incohérence. Les
effets pervers, dans l'aide de dernier recours, c'est justement d'inciter les
jeunes à ne pas épargner du tout, parce qu'ils vont avoir les
mêmes traitements que les personnes qui épargnent.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Est-ce qu'il y aurait moyen d'appliquer l'augmentation
de ce barème aux personnes qui ont un certain âge, qui
s'approchent de leur retraite.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Bourbeau: J'aimerais rappeler aux membres de la commission
qu'on a fait un certain effort en excluant tous les fonds de pension, les
régimes d'épargne-actions, les polices d'assurances. Tout cela
est quand même des ajouts par rapport à la situation qui existait
autrefois et qui sécurisent un peu plus la clientèle. Je ne sais
pas si le député de Taschereau est d'accord avec ce que je viens
de dire, les polices d'assurance-incendie, les fonds de pension, tout cela a
été exclu.
M. Leclerc: Oui, il y a un bon travail de
fait, M. le ministre.
Mme Harel: Encore faut-il toucher le régime de retraite.
Quand les travailleurs âgés partent, Hs quittent parfois avec un
petit montant de retraite parce qu'ils ne peuvent pas affirmer leur droit
à une retraite étant donné qu'il y a fermeture ou il y a
cessation d'emploi.
M. Bourbeau: On est en train de réviser la Loi sur les
régimes de retraite. La députée aura l'occasion d'en
reparler.
Mme Harel: Quand?
M. Bourbeau: La loi va être déposée au
début de la session. Elle va être adoptée en juin avec
votre concours, à moins que vous fassiez un "filibuster".
Mme Harel: Et celle des congés parentaux.
M. Bourbeau: On travaille là-dessus. J'ai l'intention de
déposer l'avant-projet de loi au cours du printemps, avec votre
collaboration.
Mme Harel: Y compris les congés de maternité?
M. Bourbeau: Pardon?
Mme Harel: Avant de garder le bébé, encore faut-il
accoucher.
M. Bourbeau: Écoutez, deux réformes par
année, ce n'est pas suffisant?
Mme Harel: J'ai vu que vous aviez eu l'intention d'introduire un
congé parental, mais encore faut-il, avant de garder les
bébés, en accoucher.
M. Bourbeau: Oui, je suis bien d'accord. Mme Harel: II
faut un congé de maternité.
M. Bourbeau: Vous verrez en temps et lieu. Vous allez avoir
d'heureuses surprises.
Mme Harel: À défaut de pouvoir leur servir du lait
maternisé.
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 66 est terminée. J'appelle l'article 67. (15 il 45)
M. Bourbeau: II s'agit, Mme la Présidente, de l'exclusion
de certains avoirs liquides. Les paragraphes 1° et 2°, c'est la
règle de concordance avec les revenus d'un enfant à charge qui
sont exclus. Le troisième paragraphe vise à ne pas forcer un
prestataire qui vient à l'aide sociale, pour une période
temporaire, à se priver de police d'assurance-vie accumulée
depuis longtemps.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'ai fait une omission que
je regrette, que je voudrais corriger. Dans l'avis de la Commission des
services juridiques, il y avait une remarque extrêmement importante dont
j'aimerais parler concernant l'avoir liquide excédentaire. C'est
à la page 9 de l'avis de la Commission des services juridiques, au
dernier alinéa. C'est sur l'effet persistant de l'avoir liquide
excédentaire. Je ne sais pas si les membres de la commission vont se
rappeler la présentation du président de la Commission des
services juridiques devant la commission parlementaire, concernant ce
problème de l'effet persistant de l'avoir liquide excédentaire.
Vous savez que lorsque l'avoir liquide dépasse le seuil permis, s'il
n'est pas déclaré, l'excédent sera considéré
comme un revenu et entraînera la réduction de l'aide. Lorsque
cette situation aura duré plusieurs mois, l'administration
réclamera pour chacun de ces mois le montant de cet excédent
à titre de revenu non-déclaré et ce, jusqu'à
concurrence de la totalité de l'aide versée durant cette
période. Ainsi le remboursement réclamé pourra
dépasser considérablement le montant détenu par le
bénéficiaire, en surplus de ce qu'il est permis de
posséder. Plus la situation aura duré, plus la disproportion sera
grande.
Prenons un exemple. Un montant de 3000 $, qui serait un montant de
revenu non déclaré - pensons à la 6-48 ou je ne sais trop,
qui donnerait à quelqu'un 3000 $ qu'il ne déclarerait pas - et
cette non-déclaration serait mise à jour et il y aurait un
recouvrement de cet avoir liquide excédentaire qui serait
réclamé. Admettons que cela aurait duré pendant 12 mois,
que c'était une personne seule qui avait droit à 1500 $. Comme il
y avait 3000 $, la différence de 1500 $ - 3000 $ moins 1500 $, le solde
étant de 1500 $ - serait réclamée pour chaque mois
où la fraude aurait duré. Si l'aide, pendant 12 mois, est de 507
$ - calculons 507 $ - dans les calculs, il faut prendre en considération
qu'il y avait 3000 $ de revenu non déclaré. La personne a droit
à 1500 $ d'avoir liquide, l'excédent est de 1500 $. Les 1500 $
réclamés ne le seront pas pendant trois mois, ils le seront
à chaque mois où il y avait 1500 $. Si cela a duré 12
mois, M y aura, pendant 12 mois, une demande de remboursement. Cela s'appelle
l'effet persistant de l'avoir liquide excédentaire.
Comme dit la Commission des services juridiques, nous proposons au
gouvernement d'inclure la disposition suivante qui mettrait fin à cette
situation injuste qui a pour effet de présumer que le prestataire aurait
vécu de son avoir liquide afin de satisfaire ses besoins essentiels, si
une prestation d'aide ne lui avait pas été versée durant
les 12 mois. Elle propose une modification qui se lirait ainsi: Dans
l'établissement de toute somme recouvrable, découlant de la
possession d'un avoir liquide supérieur à celui permis à
l'article 66 du règlement, le
ministre doit soustraire de cette somme, pour chaque mois visé
par la réclamation, un montant équivalent à celui
prévu au barème des besoins applicables à l'adulte seul ou
à la famille. Alors la réclamation de 1500 $ serait juste pour 3
mois, mais imaginez-vous que dans la situation actuelle, iI est tenu au
remboursement du 1500 $ comme cela avait été un nouveau 1500 $
à chaque mois où l'offense aurait duré.
M. La porte: Si je comprends ce que vous voulez dire, ça
ferait 15 000 $ par année.
Mme Harel: C'est absurde.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, c'est un bon point et on
va ajouter dans la réglementation un paragraphe, qui ne sera
peut-être pas nécessairement celui qui est ici, qui tentera de
corriger la situation.
On me signale que par interprétation, dans le réseau, on
ne donne pas cet effet pervers à la loi et que déjà, on
tient compte de ça, en pratique. Mais je suis d'accord qu'il vaut mieux
que le règlement soit clair, pour éviter d'avoir à
procéder par directives administratives. Donc, on le clarifiera dans le
règlement. Excellent point, Mme la députée de
Maisonneuve?
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. Nous
étions revenu à...
Mme Harel: L'effet persistant de l'avoir liquide
excédentaire.
La Présidente (Mme Bélanger): ...l'article 66 et
nous revenons à l'article 67. Est-ce que vous avez des commentaires ou
des questions concernant l'article 67?
Mme Harel: Oui. Peut-on nous Interpréter le paragraphe
2°? On dit: "Les avoirs liquides suivants sont exclus aux fins du calcul de
la prestation. Le capital provenant des prêts et bourses qu'un enfant a
charge reçoit comme étudiant, s'il est utilisé dans les
six mois de sa réception aux fins pour lesquelles il a été
obtenu." Il me semble que les prêts et bourses obtenus pour un an, quand
il y a une demande de prêts et bourses, c'est pour un an, ce n'est pas
pour six mois?
M. Bourbeau: Je suis bien d'accord, mais il faut payer à
un moment donné. Si vous recevez les prêts et bourses, que vous
n'étudiez pas et que vous faites autre chose avec ou si vous le mettez
à la banque et que vous décidez de ne pas étudier et de ne
pas payer vos prêts et bourses, c'est un usage pervers.
Mme Harel: Oui, mais, de toute façon, cela ne pourra
jamais être considéré comme un avoir liquide puisque le
prêt est remboursable. Je ne comprends pas comment on peut utiliser comme
un avoir liquide un prêt de 1500 $ - disons, pour une personne seule -
qui sera remboursable de toute façon, que la personne va devoir
rembourser. Ce n'est pas une épargne.
Une voix:...
Mme Harel: Non. La bourse, c'est autre chose. Mais le prêt
est remboursable; cela ne peut pas être considéré comme
l'équivalent d'un avoir liquide.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, on nous dit qu'en
pratique, les versements sont payés à tous les six mois. On doit
également payer l'institution tous les six mois, de sorte que quand,
dans son compte de banque, on a les sommes d'argent provenant du
ministère de l'Éducation pour plus de six mois, c'est parce qu'on
ne va plus à l'école ou qu'on ne paie plus ses frais de
scolarité. Il faut les payer, sans cela, ce sera comptabilisé.
C'est une partie de l'économie générale de la loi qui fait
que, quand il y a de l'argent dans le compte de banque, c'est
présumé être des avoirs liquides.
Mme Harel: Cela vaut pour les bourses, mais cela ne peut pas
valoir pour les prêts. La personne sera toujours tenue de rembourser le
prêt que la personne quitte ou non ses études. Cela veut dire que
si elle est à la charge de sa famille, cette dernière va devoir
comptabiliser dans l'avoir liquide permis le montant du prêt qui devra
être remboursé. Cela n'a pas de bon sens.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Rochon.
M. Rochon: Lorsque l'argent arrive, cela pourrait être
considéré comme un revenu, peu importe sa provenance et il est
exempté, on l'a vu un peu plus tôt. Et lorsqu'il demeure dans le
compte de banque, il entrerait par ailleurs dans la définition des
avoirs liquides, peu importe son origine.
Mme Harel: Mais il ne peut y entrer que pour un temps
limité puisque, par nature, un prêt, c'est remboursable. C'est
absurde d'inclure un prêt dans les avoirs liquides.
M. Rochon: Ce n'est pas le prêt qui est inclus dans l'avoir
liquide, c'est l'argent qui provient du prêt. Pour éviter un effet
pervers qui consistait à calculer comme un avoir liquide cet argent qui
pouvait être dans le compte de banque pendant x mois, il a fallu
préciser: Ce ne sont pas des avoirs liquides, ne les comptez pas. C'est
cela qui est visé ici.
Mme Harel: Ne les comptez pas pour les premiers six mois.
M. Rochon: Pour les premiers six mois,
c'est ce que dit le texte. L'opportunité des six mois, ou plus ou
moins, ne relève pas du domaine juridique.
Mme Harel: Très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va?
L'étude de l'article 67 est teminée. J'appelle l'article 68.
Est-ce qu'il y a des commentaires ou des questions?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, cet article vise à
ne pas pénaliser le prestataire qui emprunte pour une constitution de
dot ou pour s'acheter certains biens tels des biens meubles, des instruments
nécessaires à l'exercice d'un travail autonome ou l'achat
préalable de services funéraires ou de sépulture. Il
s'agit de nouvelles exclusions.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions?
Mme Harel: C'est une amélioration. M. Bourbeau:
Bon!
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 68 est terminée. J'appelle l'article 69. (16 heures)
M. Bourbeau: Mme la Présidente, l'article 69 regroupe un
ensemble d'avoirs liquides dont la valeur totale permise est de 60 000 $.
L'article premier vise à ne pas priver un prestataire, qui vient
à l'aide sociale souvent pour une période temporaire, des
crédits de rente accumulés en vue de sa retraite. C'est un
article de droit nouveau.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que cela va,
Mme la députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Oui. C'est aussi une amélioration.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
l'article...
Mme Harel: Malgré qu'au paragraphe 4°, le délai
semble très court. Le délai de six mois est relativement
très court quand on connaît tous les délais administratifs
possibles dans les cas décrits: d'une subvention ou d'un emprunt
destiné à fonder une entreprise ou à créer son
propre emploi "s'il est utilisé dans les six mois de sa réception
aux fins pour lesquelles M a été obtenu*. Il peut y avoir toutes
sortes de bonnes raisons, du marché ou de la saison, pour lesquelles la
subvention arrive après la date et cela doit être retardé.
Il me semble que six mois, c'est un délai trop court, au paragraphe
4°.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais regardez le
dernier paragraphe: Toutefois...
Mme Harel: Ah oui! Très bien.
Une voix: Une autre amélioration.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va?
Mme Harel: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'étude
de l'article 69 est complétée. J'appelle l'article 70.
Mme Harel: C'est un progrès.
M. Bourbeau: Cet article, Mme la Présidente, vise à
ne considérer dans le calcul de la prestation que les actifs nets d'une
succession. C'est une nouvelle exclusion.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va.
L'étude de l'article 70 est complétée. J'appelle l'article
71.
Mesures administratives
M. Bourbeau: II s'agit de sanction pour les prestataires qui
cèdent ou dilapident un bien de manière à se rendre
admissibles à l'aide sociale. Cette sanction consiste à priver le
prestataire de prestations pour un montant égal à celui dont il
s'est volontairement privé. La sanction pour le prestataire qui dilapide
un bien est de droit nouveau. Le règlement actuel sanctionne seulement
la cession sans juste considération.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Joly: Vous punissez pour combien de temps?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Fabre. Est-ce que vous voulez répéter
votre question?
M. Joly: Oui. J'aimerais savoir de la part du ministre, quand on
parle de sanction et de priver le prestataire de prestations, on parie de le
priver pour combien de temps. Est-ce qu'il est, comme on dit, sur la liste
noire pour toute une vie ou si l'on prévoit un minimum de mois ou
d'années?
M. Bourbeau: La sanction consiste à priver le prestataire
de prestations pour un montant égal à celui dont il s'est
volontairement privé ou qu'il a dilapidé.
M. Joly: Ah bon!
M. Bourbeau: Pour la période de temps que ça va
prendre.
M. Joly: Exemple: si l'individu en question
avait 5000 $ à la banque et, pour se qualifier, il a
donné à ces enfants ces 5000 $ et ce, nécessairement pour
se rendre admissible, automatiquement, on peut dire que les premiers 5000 $ de
prestations auxquelles il aurait eu droit...
M. Bourbeau: Oui. Et les avoirs liquides, on pourra
peut-être enlever les 1500 $ ou les 2500 $...
M. Joly: Oui.
M. Bourbeau: ...la différence... On prendrait le montant
de la prestation auquel il a droit mensuellement...
M. Joly: Cela me satisfait comme explication, merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci.
Mme Harel: Si tant est qu'il s'agisse d'une famille avec de
jeunes enfants, qu'est-ce qui se passe? Que ce soit un des conjoints qui ait
fait cette aliénation ou cette dilapidation et qu'elle ait
été faite sans que l'autre conjoint, plutôt l'autre membre
ducouple ne l'ait entérinée, qu'est-ce qui se passe?
M. Bourbeau: Je pense que si la personne vient à l'aide
sociale et explique la situation et qu'on est convaincu qu'il n'y a pas
collusion, à ce moment-là, on accueillerait la personne à
l'aide sociale en vertu de l'article 25. C'est le but de l'article.
Mme Harel: L'article 25 du règlement. M. Bourbeau: Le
dénuement total.
Mme Harel: De la loi, l'article 25 de la loi. À ce
moment-là, est-ce que vous la mettriez en situation d'aller chercher une
séparation légale ou de procéder à une
séparation? Par exemple, prenons le cas d'un couple avec enfants et
l'exemple d'un mari qui dilapiderait des biens; il les dilapiderait au sens le
plus strict du terme. Il serait considéré comme ayant
violé l'article 71 ou tout simplement... Prenons le cas de
bénéficiaire de l'aide sociale. La prestation est allouée
à monsieur qui la reçoit - comme je sais dans quel pourcentage
des cas - c'est presque toujours exclusivement au nom de monsieur que la
prestation est versée lorsqu'il y a une situation biparentale.
Une voix: C'est en train de changer.
Mme Harel: II joue aux courses, il gagne une somme d'argent et la
dilapide.
M. Bourbeau: S'il fait un gain, c'est une plus-value.
Mme Harel: À ce moment-là la prestation serait
diminuée du montant équivalant à celui prévu au
barème des besoins applicables à la famille. Alors qu'est-ce qui
se passerait dans un cas comme celui-là? En faveur de qui jouerait le
dénuement total? Est-ce qu'il ne jouerait que dans la mesure où
la famille se sépare de cette personne? Est-ce qu'il faudrait qu'elle
entame des procédures de divorce ou de séparation? Parce que
là, il ne s'agit pas d'un remboursement. C'est une chose de dire que
cela va être remboursé. N'oubliez pas que là, c'est
l'annulation complète de l'aide. Ce n'est pas l'aide qui est
réduite. C'est l'aide qui est annulée.
M. Bourbeau: Je dois reconnaître que l'article 11 du
règlement actuel, l'ancien règlement est plus clair que le nouvel
article. On va regarder s'il n'y a pas moyen de réinstaurer à
l'article 11, ou enfin l'équivalent de ce qu'est l'article 11, en
améliorant l'article actuel pour tenter de prévoir ces
cas-là. On en prend note, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous en prenez note.
L'étude de l'article 71 est terminée. J'appelle l'article 72.
Mme Harel: On dit à l'article 11 du règlement
actuel: "Les revenus et les biens d'un adulte membre d'une famille qui dilapide
son patrimoine ou refuse de subvenir aux besoins de la famille ne compte, pour
établir l'aide de cette famille, que pour la partie dont elle profite
effectivement." En d'autres termes, si la famille n'a pas du tout
profité de la dilapidation des biens, elle n'en n'est pas
pénalisée.
M. Bourbeau: C'est ce qu'on a compris.
Dispositions particulières au programme
Actions positives pour le travail et l'emploi
La Présidente (Mme Bélanger): L'étude de
l'article 71 est terminée et j'appelle l'article 72. Est-ce qu'il y a
des questions ou des commentaires? ll s'agit de la contribution parentale.
Contribution parentale
M. Bourbeau: II s'agit de la liste des revenus des parents
considérés pour le calcul de la contribution parentale. Il s'agit
des revenus de la dernière année fiscale. On considère les
revenus de l'année en cours quand ceux-ci sont inférieurs de 10 %
à ceux de l'année précédente. Il s'agit d'un texte
de droit nouveau.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions?
Mme Harel: Oui, Mme la Présidente. J'ai pris connaissance
- non pas parce que le mi-
nistre avait cru bon de me le faire parvenir mais parce que
je sais que cela a été envoyé - d'un communiqué
daté du 21 février, donc d'hier, dans lequel le ministre
prétendait rétablir les faits sur les cas que j'ai
apportés. J'ai moi-même préparé un
communiqué... C'est-à-dire que dans son désir d'embellir
l'application de la réglementation, il a commis d'importantes omissions
dans le rétablissement des faits. Alors j'aurai l'occasion d'y revenir
à la fin de nos travaux. Mais j'ai pris bonne note que l'exemple que
j'avais apporté quant au calcul de la contribution parentale
s'avérait entièrement fondé. Vous n'avez pas eu copie du
communiqué du ministre?
Une voix: Non. Mme Harel: Alors...
M. Bourbeau: M. le Président, si la députée
de Maisonneuve m'avait demandé une copie, je lui en aurais donné
une. Elle ne m'en a pas demandé.
Mme Harel: Je n'ai pas su qu'il en existait avant qu'on m'en
apporte une d'autre source.
M. Polak: Maintenant, nous aussi on veut une copie.
La Présidente (Mme Bélanger): Je l'ai lu dans le
journal. Usez votre journal, M. Polak.
Des voix: Ah, ah, ah!
Mme Harel: Quel journal?
M. Bourbeau: Je voudrais dire à la députée
que ce n'est pas un communiqué qui a été diffusé
sur Telbec. Cela a été diffusé ici autour de la salle, je
ne sais pas à qui, mais il me semble qu'il n'y a pas grand monde qui en
a eu. C'est un exercice fait par des gens qui sont censés
connaître les règles.
Mme Harel: Ah bon. On en reparlera plus tard parce qu'il y a deux
autres cas qui ne traitent pas comme telle la contribution parentale. Mais, je
rappelle l'exemple que j'apportais concernant la contribution parentale d'un
jeune de 19 ans qui demeure chez ses parents, qui a terminé ses
études secondaires, qui s'est cherché un emploi, qui a fait
quelques petites jobs pour aboutir finalement à l'aide sociale, dont le
père a un salaire de 18 000 $ et dont la mère garde un jeune
enfant pour 50 $ par semaine, qui a donc un revenu de 2600 $.
M. Bourbeau: Quel âge a la mère?
Mme Harel: De toute façon, cela n'a aucune incidence
concernant la mère parce que ce qui compte, c'est le revenu net et ce
sera donc la combinaison des 18 000 $ et des 2600 $ pour un montant de 20 600
$. Il y aurait une exemption de 10 080 $ sur ce revenu de 20 600 $, ce qui fera
un solde de 10 520 $ sur lequel seront calculés les 40 % aux fins de la
contribution parentale, soit 4208 $ par année, montant qui sera
divisé par douze mois pour un total de 351 $ par mois, et comme le jeune
aurait droit à 487 $ de prestations par mois, on lui coupera un montant
de 351 $ de contribution parentale, plus les 85 $ pour le partage du logement,
et A aura droit, en tout et pour tout, à 51 $ d'aide sociale par mois.
Si le ministre le permet, on va examiner...
M. Bourbeau: C'est mieux que les 7500 qui vont être
totalement exclus de l'aide sociale.
Mme Harel: Oui. Il y en aura 7500 qui reçoivent une
indemnité actuellement, et qui ne recevront rien.
M. Bourbeau: C'est ça. Ils vont être exclus.
Mme Harel: Pourquoi avoir inclus notamment à l'article 72,
paragraphe c, les montants reçus à titre d'indemnité en
vertu de la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels? En quoi les
indemnités, à la suite d'un acte criminel, qui le sont pour les
sévices vécus, doivent-elles être ajoutées au revenu
brut aux fins du calcul?
M. Bourbeau:...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Chambly.
M. Latulippe: Justement sur ce point, je pourrais intervenir un
peu. Je voudrais faire un commentaire que le ministre pourrait commenter sur
les montants d'indemnité en vertu de la Loi sur l'indemnisation des
victimes d'actes criminels. Il me semble qu'à l'intérieur de
cette indemnité si importante, ce sont les salaires que la personne
à pu perdre à la suite de l'acte criminel dont elle a
été victime. De la même façon que quand on
reçoit une indemnité en vertu de la Loi sur les accidents du
travail et les maladies professionnelles, on reçoit une compensation
pour ie salaire perdu. C'est le même concept. C'est du salaire perdu
à moins que le ministre ne dise que j'ai tort. (16 h 15)
M. Bourbeau: Non, j'allais exactement dire la même chose.
C'est l'information qu'on vient de me communiquer.
Mme Harel: Sauf que, Mme la Présidente, tel que
rédigé, cela peut tout couvrir. Cela peut couvrir les
indemnités de remplacement de revenus comme cela peut aussi couvrir les
indemnités reçues pour douleurs, souffrances et autres
sévices connus, parce que tel que c'est rédigé, les
montants reçus ne sont pas simplement les indemnités
versées à titre de remplace-
ment de revenus, ce sont tous les montants reçus y compris ceux
pour incapacité partielle ou permanente. D'autre part, pourquoi avoir
inclus, imaginez, les montants reçus au paragraphe e, les montants
reçus à titre de supplément de revenu mensuel garanti ou
d'allocation au conjoint en vertu de la Loi sur la sécurité de la
vieillesse? Cela veut donc dire qu'un parent qui reçoit des allocations
de conjoint, du conjoint survivant ou encore de rentes tout simplement ou
d'indemnité de pension de vieillesse pourrait être assujetti
à la contribution parentale.
M. Bourbeau: Écoutez, on regarde le revenu total des
parents. On additionne tous les revenus. Il peut y avoir des revenus
d'intérêt, des revenus de placement, des revenus de...
Mme Harel: Pension de vieillesse.
M. Bourbeau: Pension de vieillesse. On fait la totalité
des revenus des parents et on dit, le parent gagne 25 000 $, il a un revenu de
25 000 $, 30 000 $ par exemple. Donc, l'enfant n'est pas admissible à
l'aide sociale. On regarde la totalité des revenus. Ce n'est pas un
revenu ignoble que d'avoir une pension de vieillesse. Cela fait partie des
revenus d'une personne.
Mme Harel: Mais les allocations familiales, à l'article
il, comment va-t-on prendre en considération les allocations familiales
dans le revenu qui va comptabiliser le calcul de la contribution parentale? Une
personne a deux enfants qui reçoivent des allocations familiales, un
adulte majeur qui n'est pas considéré comme indépendant et
à qui elle doit verser une contribution. Pour calculer son revenu, on va
additionner ses allocations familiales qui sont des suppléments qui sont
censés compenser les frais encourus pour la charge d'enfants.
M. Bourbeau: Voyez-vous, dans le cas d'une personne qui
reçoit des allocations familiales. On va regarder d'abord ses revenus de
salaire, de placement, d'allocations familiales. On va faire la totalité
de tous ses revenus, quels qu'ils soient, et si ces revenus excèdent un
certain montant, je ne sais pas, par exemple, cela dépend du nombre
d'enfants, vous parlez d'une famille de trois enfants, probablement que
l'échelle d'exclusion est d'environ 30 000 $, si cela excède 30
000 $, l'enfant ne sera donc pas admissible à l'aide sociale.
VoHà, l'aide sociale est pour les pauvres.
Mme Harel: Écoutez bien là. Si c'est une famille
qui a deux enfants qui reçoivent des allocations familiales.
M. Bourbeau: II y a des millionnaires qui reçoivent les
allocations familiales aussi.
Mme Harel: Donc, pour le premier enfant, ce sera 2220 $, pour le
second, 1920 $ pour un total de 4140 $ et si c'est une chef de famille avec
deux enfants mineurs et un enfant majeur, pour elle ce sera 4140 $ plus 8460 $
c'est-à-dire exactement 12 600 $. On n'est pas dans les 30 000 $. On est
devant une chef de famille qui a trois enfants, deux mineurs et un majeur et la
contribution va commencer à 12 600$.
M. Bourbeau: Un instant, en avez-vous avec trois enfants? On va
consulter le tableau.
Mme Harel: Vous avez le tableau à la page 32 de la
réglementation. Un parent, 8460 $, un premier enfant, 2220 $, un
deuxième enfant, 1920 $ et le total est 12 600 $. C'est à ce
seuil minimal que commence à être calculée la contribution
parentale.
M. Bourbeau: Je comprends, mais je veux savoir à quel
montant on est exclu de l'aide sociale.
Mme Harel: Article 73. Je pense que c'est un choix politique. Le
choix est de considérer les allocations familiales, les pensions de
vieillesse. Ce n'est pas peu de chose, même le soutien financier. Prenez
l'article a, les personnes qui sont considérées inaptes, celles
pour lesquelles pendant un an on a dit qu'il fallait verser un
supplément parce que c'étaient elles les vraies personnes
assistées sociales dans notre société, ces personnes vont
être mises à contribution pour le versement de la contribution
parentale également, les montants reçus à titre de
prestations versées en vertu du chapitre 11 de la loi, paragraphe a.
M. Bourbeau: II n'y a pas de contribution parentale au programme
"Soutien financier".
Mme Harel: Alors, qu'est-ce que le paragraphe a?
M. Bourbeau: Vous parlez des parents qui sont...
Mme Harel: Oui, les parents inaptes au travail qui participent au
programme, ceux pour qui...
M. Bourbeau: Le principe... Oui, je comprends.
Mme Harel: ...vous allez donner un supplément. Vous allez
dorénavant calculer leur prestation - la prestation de soutien financier
- selon le paragraphe a de l'article 72. La prestation des inaptes va
être prise en considération dans le calcul de la contribution
parentale.
M. Bourbeau: Ce n'est pas parce qu'une personne à des
contraintes sévères à l'emploi qu'elle est
nécessairement pauvre ou démunie.
Mais une personne... Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: ...peut avoir des contraintes à l'emploi,
peut être paraplégique ou quadraplégique et avoir des
revenus de 100 000 $ par année. Cela existe.
Mme Harel: M. le ministre...
M. Bourbeau: Alors...
Mme Harel: ...vous errez complètement.
M. Bourbeau: Pas du tout.
Mme Harel: Je vous parle des personnes admissibles au programme
"Soutien financier"...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...qui doivent être non seulement d'une
santé physique ou mentale altérée, avoir de
sévères contraintes à l'emploi, mais en plus, être
pauvres, parce que c'est ce qui leur permet d'être admissibles à
l'aide "Soutien financier". Avec cette aide de dernier recours, vous allez les
mettre à contribution pour la contribution parentale, c'est bien
évident, à moins que vous ne modifiiez l'article a, paragraphe
2° de l'article 72.
M. Bourbeau: II est probable que ce sera très
exceptionnellement qu'une personne, alors qu'elle participe au programme
"Soutien financier* sera mise à contribution en vertu de la contribution
parentale, parce que ça prend des revenus quand même assez
importants. Quels sont les revenus? Ce serait dans le cas où une
personne aurait été inscrite au programme "Soutien financier"
pendant un mois ou deux dans l'année, mais qui, après cela,
aurait eu des revenus Importants...
Mme Harel: C'est impossible.
M. Bourbeau: ...et la totalité de ses revenus de
l'année s'élèveraient à 20 000 $. Par exemple, une
personne peut être à l'aide sociale au mois de janvier, se trouver
un travail au mois de février, ce travail peut être très
bien rémunéré et, à la fin de l'année, elle
a gagné 25 000 $. Cela peut arriver. Vous avez des professeurs
d'université qui sont à l'aide sociale. Cela peut arriver. Ce
sont des cas exceptionnels, d'ailleurs.
Mme Harel: Attendez, on va regarder la situation. On va regarder,
par exemple, le programme "Soutien financier", parce que c'est vraiment le cas
ultime, à part celui de la pension de vieillesse. Même le
supplément, pas seulement la pension de vieillesse qui est
allouée à tout le monde, mais même le supplément,
que je sache, qui n'est alloué qu'aux personnes âgées qui
sont plus démunies, est aussi inclus dans le calcul. C'est bien le
cas?
M. Bourbeau: Oui, mais pour la personne qui gagne le gros lot
à la loterie, qui a, je ne sais pas, 66 ans, qui est sans le sous qui a
le supplément à la vieillesse, on va tenir compte de ses revenus
de l'année. Ce sont des cas exceptionnels qui ne se présenteront
même pas une fois sur un million, mais on a tout prévu.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, Mme la Présidente, je pense qu'on doit
corriger l'impression que la députée de Maisonneuve laisse parce
que, très habilement, elle prend chaque élément et
ça crée l'impression qu'on est en train d'imposer quelqu'un qui
est au programme "Soutien financier" pour une contribution parentale. Mais, ce
n'est pas du tout le cas. Il faut bien lire l'article 72. Il dit simplement de
quoi est composé le revenu total d'un individu. Il y a plusieurs
catégories. Il y a peut-être dix, onze ou douze catégories
qui, ensemble, peuvent former le montant. Là, on commence à
imposer seulement à partir d'un certain montant. La
députée de Maisonneuve est bien au courant de ça. Il ne
faut pas prendre chaque élément en disant que c'est imposé
pareillement. Cela forme une partie d'un panier qui s'appelle le revenu total
de l'individu. Là, vous êtes en train de créer l'impression
que chaque élément va être imposé
séparément. Ce n'est pas vrai du tout.
Mme Harel: On va regarder chaque élément, parce que
ce ne sont pas simplement des situations exceptionnelles. Prenez le cas, par
exemple, du programme "Soutien financier". Vous allez le retrouver au
paragraphe 6° du règlement. Prenez deux adultes qui n'auraient plus
d'enfant à charge, parce qu'il s'agirait d'un enfant majeur. Ces deux
adultes - on peut les imaginer à cinquante ans, par exemple -
toucheraient, comme barême des besoins, 845 $ par mois. Sur douze mois,
cela fait un total de 10 140 $. Parce que les revenus de travail qui sont
exclus sont de 100 $ par mois, ils peuvent ajouter un montant de 1200 $. C'est
évidemment 11 340 $ qui leur sont reconnus comme revenu aux fins de
l'article 6-11 340 $ qui comprennent le barème et le revenu de travail.
Si vous allez à l'article 72, 2°, paragraphe a, vous allez voir
qu'on va calculer l'ensemble: barême et revenu de travail permis, et
à partir d'un certain seuil. Le seuil pour deux personnes, vous le
retrouvez à l'article suivant, je pense. Vous allez voir, pour deux
personnes c'est 10 080 $. Cela veut dire que vous avez automatiquement 1360 $
dans le barême - le soutien financier pour les personnes inaptes - qui
dépassent l'exemption de base de 10 080 $. Les personnes qui participent
au programme "Soutien financier" ne seraient pas
des cas d'exception. Par définition, elles pourraient être
toutes mises à contribution pour établir le seuil à partir
duquel elles doivent verser une contribution parentale.
M. Bourbeau: Quand on parle de verser la contribution parentale,
il faut s'entendre. C'est sûr que la contribution parentale commence
à s'appliquer à partir d'un certain niveau. Ce sont les seuils de
sortie de l'aide sociale, dans le fond. Mais, au départ, cela s'applique
d'une façon extrêmement modeste. Cela s'applique à partir
du premier dollar. Le premier 1000 $, par exemple, ce n'est pas 1000 $ de
contribution parentale.
Je voudrais revenir à un exemple qu'avait évoqué
tout à l'heure la députée de Maisonneuve, le cas de la
famille monoparentale avec trois enfants, dont deux enfants de moins de 18 ans.
Je voulais simplement signaler que l'enfant de plus de 18 ans qui vient
à l'aide sociale et qui serait sujet à la contribution parentale
ne serait exclu de l'aide sociale que lorsque le revenu de la mère
serait de 26 600 $, s'il est non-participant, et de 29 600 $, s'H est
participant. Donc, il y a quand même une marge entre commencer à
crier qu'on égorge la mère à 10 000 $. Tant que la
mère n'aura pas gagné 29 600 $, il y aura une certaine prestation
payable, si l'enfant est participant. S'il est non-participant, il y aura une
certaine prestation payable à l'enfant, tant que la mère ne
gagnera pas 26 600 $. Bien sûr, moins la mère gagnera, plus la
prestation sera élevée, jusqu'à ce que la prestation soit
totale à la sortie de l'aide sociale.
Mme Harel: Qui sera de 12 600 $. En fait, ce que vous nous dites,
c'est qu'à 26 000 $, une chef de famille qui a deux enfants mineurs peut
compter se voir exiger 420 $ par mois pour un enfant majeur qui habite ou non
chez elle. S'il habite chez elle, elle aura sans doute droit à 85 $ de
réduction, elle aussi. Mais ce sont 420 $ qu'on exigera d'elle comme
contribution parentale, à 26 000 $.
M. Bourbeau: C'est-à-dire qu'on présume que
l'enfant qui est dépendant - parce que c'est un enfant qui est
dépendant - reçoit de sa mère des aliments dont la valeur
mensuelle est équivalente à une somme d'argent. Cela vaut pour le
gîte, pour le coucher, pour l'alimentation, etc. C'est la
présomption qu'il y a une contribution alimentaire parentale pour une
somme semblable.
Mme Harel: Jusqu'à 420 $, dans le cas du non-participant,
et jusqu'à 520 $...
M. Bourbeau: Si la mère gagne 29 600 $, on présume
qu'à ce moment-là, la contribution parentale est totale et elle
est exigible. (16 il 30)
Mme Harel: 520 $, à ce moment-là?
M. Bourbeau: S'y est participant, 520 $, oui, mais M peut y avoir
le partage du logement en moins.
Mme Harel: Comment expliquer - puisqu'on est à la
contribution parentale, il vaut mieux le voir dans un ensemble - l'article 76?
Vous savez que l'article 76 prévoit que "lorsque les père et
mère de l'adulte réputé recevoir une contribution
parentale sont divorcés ou séparés de fait ou
judiciairement, le calcul de la contribution parentale est établi en ne
considérant que les revenus et la situation du parent qui avait la garde
de cet adulte au moment où celui-ci a cessé d'être un
enfant à charge". En définitive, cela veut dire - dans 85 % des
cas, ce sont les mères qui ont la garde des enfants - que ce sont elles
seules qui seront tenues à la contribution parentale. Les pères
ne le seront pas, en vertu de l'article 76, car dans la majorité des cas
- 85 % - ce sont les mères qui ont la garde. Est-ce que c'est ce que
ça veut dire?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que le calcul se fait sur les
revenus de celui qui a la garde, cela ne veut pas dire...
Mme Harel: De celle, vous voulez dire.
M. Bourbeau: De celle ou de celui qui a la garde, oui. Mais
ça ne veut pas dire que le Code civil du Québec ne s'applique pas
à la responsabilité des parents.
Mme Harel: Qu'est-ce que vous voulez dire par là?
Voulez-vous dire que vous allez recommander aux gens d'aller devant la Cour
supérieure?
M. Bourbeau: Je ne recommande rien du tout, je dis que la loi
s'applique quand même.
Mme Harel: Faire appliquer le Code Napoléon qui
était complètement désuet?
M. Bourbeau: Le Code Napoléon ne s'applique pas au
Québec, vous devez le savoir; ici, on a le Code crvH du Bas-Canada.
Mme Harel: Les aliments de Napoléon.
M. Bourbeau: La députée fait sa petite
Joséphine.
Mme Harel: Avant d'avoir la garde, cela veut donc dire qu'il va
falloir y songer deux fois, parce que la garde entraînera l'obligation de
contribution parentale pour la mère, car c'est elle qui obtient
généralement la garde, après l'âge de 18 ans. C'est
ce que ça signifie.
M. Bourbeau: L'article 76 ne parie que du
calcul de la contribution parentale et de la façon dont il est
effectué. L'article porte sur le calcul. L'article 76 vise à
calculer la contribution parentale, dans le cas où les parents sont
séparés ou divorcés, rien de plus.
Mme Harel: Ce que ça dit, c'est que le calcul se fera sur
le revenu de la personne qui a eu la garde, c'est-à-dire, dans 85 % des
cas, sur celui de la mère. C'est ce que ça dit. Le calcul se fera
sur le revenu de la mère.
M. Bourbeau: C'est la députée qui conclut que c'est
sur le revenu de la mère; l'article ne dit pas ça. L'article dit
"...en ne considérant que les revenus et la situation du parent qui
avait la garde de cet adulte au moment où celui-ci a cessé
d'être un enfant à charge".
Mme Harel: Et je vous demande qui avait la garde de l'enfant.
M. Bourbeau: De quel enfant? Vous parlez de qui? Parlez-vous de
votre exemple de tantôt?
Mme Harel: Non. Cela se dit très simplement. En droit,
cela dit que l'adulte emporte le versement. Cela veut dire que l'adulte qui a
eu la garde de l'enfant, à 15 ou 16 ans, sera tenu à la
contribution parentale par la suite, quand l'enfant aura 18 ans et plus, 19, 20
ou 21. Il n'y a pas d'âge pour la contribution parentale. Le test ne
concerne pas l'âge; ce sont d'autres conditions.
Cela veut dire, en d'autres termes, que lorsque les parents sont
séparés, la contribution parentale est calculée en
considérant le revenu de la personne qui en a eu la garde,
c'est-à-dire la mère dans 85 % des cas.
M. Bourbeau: C'est vous qui dites ça. Mme Harel: Je dis
quoi?
M. Bourbeau: Que c'est la mère dans 85 % des cas.
Mme Harel: Non, ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les
statistiques du Québec.
M. Bourbeau: Ce n'est pas écrit à l'article 76.
Mme Harel: Non, non. Ce sont les statistiques du Québec.
C'est la réalité qui nous le dit.
M. Bourbeau: Quelle est la solution proposée par la
députée de Maisonneuve? De mettre le nom des deux parents?
D'ajouter les deux parents? La contribution parentale sera bien plus forte.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Chambly.
M. Latulippe: Je pense que Mme la députée de
Maisonneuve ne prend pas le sujet du bon côté, parce que, lorsque
vous partez de la situation d'un couple qui n'est pas séparé ou
divorcé, la situation est telle qu'on tient compte des revenus des deux;
ce sont les articles 71 et 72. Quand on arrive à une situation où
il y a une séparation ou un divorce, votre raisonnement, poussé
à sa conséquence naturelle, ferait en sorte qu'il faudrait
calculer les revenus des deux parents qui ne vivent plus ensemble, pour en
arriver à conclure quel serait le niveau de la contribution parentale.
Votre raisonnement ne tient pas.
En fait, dans le cas de l'article 76, on ne calcule que les revenus de
la personne qui en a la garde. Si vous dites que dans ce cadre, c'est seulement
la femme ou seulement l'homme ayant la garde qui paiera la contribution
parentale, le corollaire serait de dire qu'il faudrait que ce soit le revenu
des deux qui soit calculé avec une méthode différente, ce
qui n'est pas du tout logique. À moins que Mme la députée
de Maison-neuve n'ait une autre suggestion.
Mme Harel: Mme la Présidente, il faut bien voir qu'on ne
calcule que les revenus de la personne qui en a la garde, parce que ce n'est
qu'elle qui est tenue à la contribution parentale. Cela vaudrait si le
calcul se faisait et si le ministère allait percevoir. Voyez-vous, tout
cela a des conséquences. Ce n'est pas innocent, le calcul qu'on fait.
Tout cela, ce n'est pas pour s'amuser à calculer les revenus des gens
pour ensuite faire des pourcentages à 40 % de l'excédent. Quand
ce n'est pas versé, un jour, au ministère, un agent pourrait
envoyer une mise en demeure au parent. À quel parent? Au pluriel ou au
singulier, M. le député de Chambly? Je pense bien que
l'interprétation stricte qu'on peut faire de l'article 76 est la
suivante: lorsqu'il y aura mise en demeure du versement exigé, ce sera
aux parents qui avaient la garde de cet adulte au moment où celui-ci a
cessé d'être un enfant à charge. Cela veut donc dire que
l'avantage de cela, c'est qu'il y aura qu'un seul revenu aux fins du calcul, et
le désavantage, c'est que la personne dont le revenu servira au calcul
sera celle qui sera tenue de verser...
M. Latulippe: Je comprends.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve ne
réalise pas que l'article 76 ne dit pas qui doit payer la contribution
parentale. Elle dit comment doit se calculer la contribution parentale. Elle ne
porte pas de jugement sur la responsabilité de celui qui va payer.
Mme Harel: Alors, où voit-on que la contribution sera
tenue des deux parents en cas de séparation ou de divorce?
M. Bourbeau: C'est le Code ctvil du Québec qui
décide.
Mme Harel: Dans la loi actuelle, voulez-vous me rappeler
l'article...
M. Bourbeau: L'article 633.
Mme Harel: Non. Pas dans le Code civil, mais dans la loi 37,
l'article où l'on traite du mode de recouvrement en cas de non-paiement
de la contribution parentale.
M. Bourbeau: Vous voulez parler de la nouvelle loi?
Mme Harel: Oui. On dit que "le ministre est subrogé de
plein droit - le ministre, cela veut dire l'agent d'aide sociale, article 30,
deuxième alinéa - pour faire fixer une pension alimentaire ou
pour la faire modifier".
M. Bourbeau: Pour fixer une pension, mais non pour la
percevoir.
Mme Harel: "Le ministre peut également exercer les droits
de tout autre créancier aux fins d'une telle fixation ou modification de
pension alimentaire s'il estime que la situation de ce dernier compromet
l'exercice de ces droits." En d'autres termes, maintenant, il y aura la pension
alimentaire en regard du recours entre parent et enfant, comme cela existe
entre conjoints. De la môme façon, le ministre,
c'est-à-dire l'agent d'aide sociale, se fait subroger dans les droits de
l'adulte majeur à l'égard de ses parents pour aller percevoir la
pension comme ceux du conjoint pour aller percevoir de son ex-mari. C'est ce
que nous dit l'article 30. Alors, pourquoi ne pas clairement signaler que le
calcul n'emportera pas le versement? À l'article 76,
l'interprétation peut très facilement glisser. Me Rochon, vous
devez vous soucier de cela, car cela aura des conséquences. C'est du
droit nouveau et l'interprétation, c'est que le calcul emporte le
versement. Le calcul de la contribution parentale, qui va se faire uniquement
en regard de la situation de l'adulte au moment où il avait la garde, va
nécessairement emporter le versement. À un moment donné,
il va y avoir quelqu'un qui va l'exiger. Tout cela ne se joue pas juste sur
papier. Cela va se jouer sur du papier monnaie aussi, à un moment
donné.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, étant donné
que la question porte sur l'interprétation juridique de l'article 76, je
voudrais paraphraser Me Rochon pour dire que l'opportunité de
répondre à cette question ne relève pas du politique, ma/s
du juridique.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Rochon.
M. Rochon: La contribution parentale est prévue, tout
d'abord, dans la loi, à l'article 13, premier alinéa, paragraphe
2°, sous-paragraphe g. Ce que ça dit, c'est qu'on va établir
un montant de contribution parentale. On ne dit pas qui le versera; cela n'a
rien à voir, pour l'instant, avec qui va le verser. Ce montant qui sera
calculé de la façon prévue par règlement - on va y
arriver - va réduire la prestation du prestataire.
Lorsqu'on arrive dans le règlement pour établir quel est
le montant de la contribution parentale que l'adulte dépendant est
réputé recevoir, nous faisons tous les calculs qui ont
été vus dans les articles 72 et suivants et, à l'article
76, il est dit que lorsque les parents sont séparés ou
divorcés, on va prendre en compte les revenus du dernier qui a eu la
garde légale. Si on dit "les revenus des deux parents", la contribution
parentale sera sûrement plus élevée; deux revenus sont
vraisemblablement plus élevés qu'un seul. Alors, pour ne pas
pénaliser le jeune adulte dépendant, l'article 76 dit qu'on va
calculer juste sur la base des revenus de la personne qui avait sa garde
lorsqu'il a atteint sa majorité. C'est la contribution parentale; c'est
un calcul de la réduction de la prestation.
Maintenant, plus loin dans la loi, il y a toutes les dispositions
relatives aux droits et recours que toute personne peut avoir, incluant le
recours alimentaire, la pension alimentaire, qui elle, relève du Code
civil. Les parents doivent des aliments à leurs enfants, les enfants
à leurs parents. Le recours alimentaire est exercé, dans le cas
qui nous occupe, peut être exercé par le jeune dépendant
contre ses deux parents. Si on regarde dans le cas de garde, lorsqu'un tribunal
accorde la garde légale - pour reprendre votre exemple - à la
mère, généralement, dans le même souffle, le
jugement va condamner le père à verser une pension alimentaire
à la mère.
Mme Harel: Jusqu'à ce que l'enfant atteigne sa
majorité, point.
M. Rochon: Voilà. Et après, le Code civ»
prend la relève et dit, à l'article 633: Les parents doivent des
aliments à leurs enfants et vice versa...
Mme Harel: Oui.
M. Rochon: ...mais c'est le régime général
qui jouera.
Mme Harel: Oui, mais le régime général...
Vous savez très bien qu'H y a toute une jurisprudence où il est
clairement exprimé que cela ne va pas de soi, que, en aucune
façon, il n'y a une obligation naturelle qui doit, en toutes
circonstances, être exigée en termes de versement d'aliments.
Alors, la jurisprudence a
tempéré au fil, Je dirais, quasiment des
générations pour ne pas dire des siècles, parce que
ça fait un bon siècle que ce n'est pas vraiment un recours
fréquent. On se comprend. Et ce n'était pas nécessairement
utile, à l'aube de l'an 2000, de la réactualiser.
Là, je reviens à la question qui est la suivante. Vous me
dites que le calcul ne se fera que sur le revenu de la personne qui a la garde.
Quelle garantie ai-je que la subrogation que le ministre se donne à
l'article 30, deuxième alinéa, pour faire fixer la pension, pour
se faire rembourser, lorsqu'il n'y a pas ce paiement qui est
réputé l'être, lorsqu'il y a versement d'une prestation et
que le ministre se fait subroger pour faire un recours de pension, quelle
garantie ai-je que ce recours va se faire contre les deux et non pas simplement
contre celui qui a la garde?
M. Rochon: La première garantie, à mon sens, c'est
que le ministre ne réclamera pas la contribution parentale, mais il va
exercer le recours alimentaire pour pension alimentaire que le Code civil
accorde aux prestataires. Ce n'est pas la contribution parentale qu'il va
réclamer, parce qu'il n'y a rien dans la loi qui lui permet de
réclamer la contribution parentale. Il peut réclamer, et c'est ce
qu'on voit à l'article 30...
Mme Harel: Oui. Voulez-vous...
M. Rochon: ...la pension.
Mme Harel: ...on va se parler? La pension alimentaire, qu'est-ce
que ce sera d'autre que la contribution parentale?
M. Rochon: Je suis conscient que l'idée de la
réduction pour contribution parentale puisse âtre inspirée
du fait que les parents doivent des aliments à leurs enfants. Il y a une
certaine connexité de concepts, mais on ne peut dire que ce qui est
réclamé, c'est la contribution; ce n'est pas la contribution. Et
la garantie... (16 h 45)
Mme Harel: Qu'est-ce qu'il va réclamer d'autre, Me Rochon?
Je le demande au ministre, car c'est écrit: "Le ministre peut
également exercer les droits de tout autre créancier... et est,
à moins que cet adulte n'ait choisi d'exercer son recours alimentaire
subrogé de plein droit aux droits de ce dernier pour faire fixer une
pension alimentaire ou pour la faire modifier." Qu'est-ce que le ministre va
réclamer d'autre que la contribution parentale?
M. Rochon: II va réclamer que la pension alimentaire soit
fixée.
Mme Harel: Qui n'est pas la contribution parentale. C'est quoi,
alors?
M. Rochon: C'est la deuxième garantie à laquelle je
voulais en venir. Ce sont les tribunaux supérieurs - Cour
supérieure, Cour d'appel - qui ont le pouvoir de fixer une pension
alimentaire. Et si la cour dit: II n'y a pas de pension alimentaire dans ce
cas-ci, parce que vous êtes un jeune dépendant, par exemple, et
que vous ne faites pas d'effort pour vous en sortir, et je ne veux pas que vos
parents soient obligés de payer pour votre fainéantise. Je ne
veux pas véhiculer un préjugé. Je donne simplement un
cas.
M. Bourbeau: Je crois que c'est arrivé dans des
jugements.
M. Rochon: À ce moment-là, il n'y a aucune
contribution, il n'y a aucune pension alimentaire qui est fixée et le
ministre a versé ce qu'il a versé.
Mme Harel: Et si la cour dit ceci: II serait souhaitable que vous
ayez des aliments, compte tenu des efforts que vous faites, mais étant
donné les revenus de vos parents... Parce que le juge ne va pas prendre
en considération les bas seuils d'exemption du ministre pour verser la
pension. Il est possible qu'un juge considère que 10 080 $ pour deux
personnes, c'est bien trop bas pour être retenu comme seuH auquel
commence à être perçue une partie de la contribution. Quand
la cour décidera, si elle est amenée à le faire dans les
premiers cas qui lui seront présentés, compte tenu des
obligations familiales que peuvent avoir les parents à l'égard de
leurs autres enfants mineurs, compte tenu des charges qu'ils ont, que cette
contribution n'est pas versée, si les dispositions du règlement
n'en prévoient pas le versement, que se passe-t-il?
M. Rochon: Actuellement, la disposition du
règlement présume du versement, mais ne le rend pas obligatoire.
Et il présume avec le jeu de la loi - l'article 13 - que le jeune adulte
reçoit ce montant-là et, sans faire le mécanisme de dire:
Vous recevez la contribution parentale prévue par règlement.
C'est une présomption.
Mme Harel: C'est sûr. Alors je comprends très bien
ceci. Les familles à très faible revenu ont tout
intérêt à faire en sorte que cette présomption ne se
réalise pas. Elles n'ont pas intérêt à s'appauvrir
encore plus, compte tenu des faibles seuils que l'on retrouve à
l'article 73, et ont intérêt à laisser le ministre aller
devant les tribunaux pour judiciariser tout ça malheureusement, de
manière que les tribunaux jugent quels sont les seuils en vertu desquels
il est raisonnable ou non dans une société, de penser qu'on
puisse donner des aliments à ses enfants adultes.
M. Rochon: Juridiquement, il est vrai que les tribunaux
supérieurs examinent les moyens respectifs des parties qui sont devant
eux.
Mme Harel: Absolument. Ce qui n'est pas le cas, à mon
point de vue, dans le règlement.
M. Bourbeau: II y a toute une jurisprudence quand même qui
s'est établie au cours des années...
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: ...et qui est très abondante, d'ailleurs,
et...
Mme Harel: Et cette jurisprudence est assez
éloquente...
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...pour que les seuils que l'on retrouve ici ne soient
pas ceux qui ont été retenus jusqu'à maintenant.
M. Bourbeau: On verra. C'est parce que la députée
parle toujours du début, du montant auquel commence à s'appliquer
la contribution parentale en laissant entendre par exemple - on pourrait penser
ça - que la contribution est totale au seuil de sortie de l'aide
sociale. Or, ce n'est pas vrai. La contribution est totale à des niveaux
de 27 000 $, 30 000 $ et 35 000 $. C'est uniquement le départ de la
contribution parentale. N'oubliez pas que l'enfant peut gagner 520 $ s'il est
participant, au départ. Alors, si on enlève 50 $ à un
enfant, parce que ses parents gagnent un certain montant d'argent, l'enfant
n'est pas dans la rue.
Mme Harel: Le ministre n'a pas à me faire de procès
d'intention. J'ai toujours clairement signalé que c'était le
seuil à partir duquel commençait à être
calculée la contribution parentale.
M. Bourbeau: Oui, mais ça ne se dégage pas
très facilement de vos propos.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce qui veut dire que les
articles 72, 73, 74, 75 et 76 ont été étudiés.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: II y a une question qui est très connexe, c'est
l'article 122, qui est finalement la mesure transitoire des articles 72 et
suivants.
M. Bourbeau: II s'agit des montants de revenus exemptés
durant l'année de transition afin d'assurer le respect des droits
acquis.
Mme Harel: Toutefois - c'est le deuxième alinéa qui
compte - s'il s'agit d'un adulte seul ou d'une famille visé aux
paragraphes a ou b du premier alinéa de l'article 29 du règlement
sur l'aide sociale, les revenus provenant de toute source exclus aux fins du
calcul de la prestation s'établissent à 322 $ s'H s'agit d'un
adulte seul, et 450 $ s'il s'agit d'une famille sans enfant.
M. Bourbeau: J'aimerais signaler qu'il ne s'agit pas des revenus
de travail. Il s'agit des revenus provenant de toute source. C'est la
différence entre le barème nouveau et l'ancien petit
barème pour les moins de 30 ans. La députée ajoute les 185
$ du petit barème aux 322 $ d'un adulte seul, ce qui fait 507 $, soit la
prestation qu'on accordera à un adulte de moins de 30 ans, à
partir du 1er août prochain, en vertu de ce qu'on a appelé la
parité. L'autre montant, c'est la même chose pour une famille sans
enfant, un couple sans enfant.
Mme Harel: Le 31 juillet 1990, puisque l'article s'applique entre
le 1er août 1989 et le 31 juillet 1990... Quand vont commencer les
dispositions de la contribution parentale? Elles s'établissent à
partir de quand?
M. Bourbeau: Le 1er août 1989.
Mme Harel: Quand seront complétés les
barèmes pour les moins de 30 ans?
M. Bourbeau: Le 1er août 1989.
Mme Harel: Ces mesures de transition le sont pour qui
exactement?
M. Bourbeau: Pour les gens qui sont bénéficiaires
de l'aide sociale actuellement. Un cas présent ici: Des jeunes de moins
de 30 ans seuls ou couples sans enfant qui décideraient de se
prévaloir des droits acquis.
Mme Harel: Cela veut donc dire qu'en vertu de l'article 122, les
moins de 30 ans qui étaient au petit barème - c'est ça que
ça veut dire, "seul ou sans enfant" - pourraient
bénéficier d'une situation qui leur laisse la possibilité
de maintenir leur situation actuelle plutôt que de s'assujettir aux
nouvelles dispositions. C'est bien ça?
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: Donc, ils ont le choix pendant un an, jusqu'au 1er
août 1990.
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: Le choix de rester dans la situation où ils
étaient actuellement, tant décriée par le gouvernement
quand il était dans l'Opposition, mais qui serait
considérée comme un mieux en regard de la situation qui
prévaudra dorénavant lorsque s'appliquera définitivement
la nouvelle réglementation. C'est bien ça?
M. Bourbeau: Oui, mais je ne vois pas
pourquoi la députée a l'air de se scandaliser de
ça. SI un jeune décide de garder...
Mme Harel: Son petit barème.
M. Bourbeau: ...son petit barème de 185 $...
Mme Harel: ...qui serait plus généreux que ce
à quoi M aurait droit par la combinaison de toutes les dispositions.
M. Bourbeau: Oui, mais s'il peut se procurer 322 $ de revenus
d'autre source, pourquoi l'empêcher de le faire si c'est ça qu'il
veut faire?
Mme Harel: Ce sont des revenus fictifs, évidemment. C'est
théorique, là. Je suis d'accord.
M. Bourbeau: II peut travailler, aller chercher des revenus.
Mme Harel: On ne reconduit pas, de toute façon, ce qui
existe présentement puisque les revenus permis présentement pour
les gens qui ont le petit barème sont du même ordre. La situation
n'est pas modifiée.
M. Bourbeau: Écoutez, on dit qu'on leur donne le droit,
l'option de conserver les droits acquis. On ne les oblige pas. SI, pour des
raisons qui lui sont propres, un jeune décide qu'il
préfère conserver ses droits acquis, pourquoi les lui enlever?
Mais, on ne l'oblige pas. Il peut fort bien, s'M le veut, avoir le nouveau
régime.
Mme Harel: Écoutez, c'est déjà beaucoup que
vous ne l'obligiez pas, que vous lui donniez au moins la possibilité,
pendant un an, de garder ce régime que vous avez tant
décrié étant donné que lorsqu'il va s'appliquer en
août 1990, il va être perdant. C'est ce que ça veut dire.
Cela veut dire que le choix qu'il fait en vertu du petit barème, il le
fait parce qu'avec le nouveau régime, il va être perdant.
M. Bourbeau: Bien non. C'est la députée qui dit
cela. Je ne pense pas qu'il va être perdant parce que s'il prend le
nouveau barème, il va se retrouver avec 520 $ s'il participe et 420 $
s'il ne participe pas.
Mme Harel: Moins la contribution parentale, moins le partage du
logement.
M. Bourbeau: De ça peut être soustrait...
Mme Harel: Moins le test de 125 $, maximum.
M. Bourbeau: Le test existait déjà avant. De
ça, vont se soustraire la contribution parentale et le partage du
logement, j'en conviens. La personne à l'aide sociale, le jeune comme on
l'appelle, aura le choix de prendre la solution qui va être la meilleure
pour lui, qui va l'intéresser le plus.
Mme Harel: Je rappelle simplement que l'engagement du
prédécesseur du ministre avait été d'appliquer la
pleine parité dès le 1er janvier 1989. Ensuite, cela a
été en août 1989. Là, on introduit une disposition
transitoire, sans doute pour se protéger en vue défections
plausibles au printemps de 1990.
M. Bourbeau: La députée fabule.
Mme Harel: On ajoute une disposition transitoire qui n'existait
pas auparavant et qui permet finalement aux moins de 30 ans de choisir, au
moins jusqu'au 1er août 1990, l'un ou l'autre des deux régimes qui
serait finalement le plus avantageux pour eux, puisque le plus avantageux peut
être de rester dans la situation où ils sont présentement
compte tenu qu'ils seront perdants avec le nouveau régime.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je voudrais simplement
faire le point sur la question. Dans le livre vert, le gouvernement s'est
engagé à respecter tous les droits acquis des gens à
l'aide sociale pendant un an. Il peut y avoir des jeunes de 18,19 ou 20
ans...
Mme Harel: C'est-à-dire jusqu'au 1er janvier 1989.
M. Bourbeau: ...qui vont être sujets à la
contribution alimentaire parentale en vertu des revenus élevés de
leurs parents et qui, pour cette raison, seraient totalement exclus de l'aide
sociale. Du fait que le gouvernement s'était engagé à
maintenir les droits acquis pour un an, ces gens auraient le droit de
préférer, pour exercer leurs droits acquis, demeurer sur le petit
barème ou, si vous voulez garder le statu quo plutôt que
d'être exclus de l'aide sociale en vertu des revenus de leurs parents.
C'est cela les droits acquis. On leur donne la chance de prendre l'option qui
est la plus intéressante. C'est sûr que si le jeune est exclu de
l'aide sociale à cause des revenus de ses parents, il est possible qu'il
décide de s'en tenir au statu quo, mais c'est cela l'avantage, c'est
cela respecter les droits acquis.
Mme Harel: On va poursuivre. Mme la Présidente, pour une
femme, chef de famille monoparentale ayant deux enfants mineurs à sa
charge, un revenu de 26 000 $ pour être exclue complètement de
toute aide, c'est quand même assez étonnant d'entendre que le
ministre considère cela comme un revenu élevé.
M. Bourbeau: Écoutez, tout est relatif. Je ne dis pas que
ce sont des millionnaires. On a simplement vu tantôt qu'un enfant ne sera
pas
exclu de l'aide sociale, un enfant majeur d'une famille monoparentale de
trois enfants, à moins que sa mère ne gagne 29 600 $ s'il est
participant et 26 600 $ s'il est non participant. Je ne dis pas que ce sont des
revenus très élevés mais ce n'est pas non plus être
dans la dèche.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Mme la Présidente, il faut une fois de plus
qu'on corrige l'impression que la députée de Maisonneuve tente de
laisser ici parce que lorsqu'on l'écoute parler, cela donne
l'impression, par exemple, qu'elle dit au jeune: Vous restez au même
niveau. Ce n'est pas du tout ce que la loi ni le règlement disent. Si
quelqu'un veut rester au même niveau parce qu'autrement il recevrait
moins en vertu de la nouvelle loi, il ne perdrait pas. En d'autres termes, on
garantit les droits acquis. Cela veut dire qu'il reste au même niveau.
Cela est garanti.
Ils vont à peu près tous voir leur situation
améliorée quand ils vont faire le choix du nouveau système
tandis que la députée de Maisonneuve donne l'impression que pour
ces gens, cela ne vaut pas la peine d'opter pour le nouveau régime,
même pendant cette année de transition, parce qu'ils vont recevoir
moins. Ce n'est pas vrai du tout; parce que vous savez très bien,
même en prenant le cas des jeunes, qu'ils vont certainement opter pour le
nouveau système parce qu'ils vont se retrouver avec plus d'argent que
maintenant.
Mme Harel: Ceux qui en auront moins, je vous les enverrai.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce qui veut dire que les
articles 72, 73, 74, 75, 76 et 122 sont terminés. (17 heures)
Mme Harel: Une dernière question à l'article 74.
Pourquoi avoir retenu 40 % des revenus bruts aux fins du calcul de la
contribution parentale? Pourquoi 40 %?
M. Bourbeau: C'est le taux de réduction qui a
été calculé après de savants calculs par un grand
nombre de personnes compétentes en la matière pour faire en sorte
que les sorties des enfants de l'aide sociale soient au niveau dont j'ai
parlé tantôt. On a pris le départ, qui est la sortie de
l'aide sociale, on a pris l'arrivée, et on a un taux de réduction
de 40 %. Cela fait en sorte de s'harmoniser favorablement avec le régime
des prêts et bourses. Celui-ci n'a pas le même taux de
réduction, mais les sorties de l'aide sociale sont comparables aux
prêts et bourses, en légère réduction par rapport
aux prêts et bourses. C'est toujours par souci d'harmonisation avec le
régime des prêts et bourses.
Mme Harel: Mais pourquoi, par souci d'harmonisation avec le
régime des prêts et bourses - j'ai ici les règles
d'attribution des prêts et bourses aux étudiants pour 1988-1989 -
ne pas avoir retenu les mêmes seuils admis en déduction?
M. Bourbeau: Parce qu'on ne veut pas rendre le système
d'aide sociale plus attrayant que celui des prêts et bourses. En
comparant les deux systèmes - je le dis depuis toujours - on veut
s'assurer que ce ne soit pas plus intéressant de venir à l'aide
sociale que d'aller aux prêts et bourses. Donc, en trouvant ou en
déterminant des règles comme celles que nous avons
déterminées, nous nous assurons que nous n'attirons pas à
l'aide sociale des étudiants qui trouveraient plus payant d'être
à l'aide sociale et d'étudier à temps partiel ou je ne
sais pas comment, que de finir leurs cours à temps complet. Donc, le
système a été dessiné de façon que ce soit
incitatif d'aller aux prêts et bourses plutôt qu'à l'aide
sociale.
Mme Harel: Donc...
M. Bourbeau: Je sais que la députée n'est pas
d'accord, mais je pense que son conseiller à côté d'elle a
l'air d'accord.
Mme Harel: S'il vous plaît, M. le ministre,
n'interprétez pas. Vous nous dites: On a le souci d'harmoniser avec les
prêts et bourses. Alors, vous n'harmonisez que ce qui fait votre affaire,
parce que les seuils à partir desquels on commence à calculer la
contribution parentale ne sont pas les mêmes pour les prêts et
bourses que pour la contribution parentale à l'aide sociale. Pour les
prêts et bourses, le seuil du montant admis en déduction est de 11
685 $ lorsqu'il y a deux parents. Il est de 10 080 $ à l'aide sociale.
C'est quand même considérable. C'est presque 1600 $ de moins
à l'aide sociale qui est exclu du calcul. Pour une personne seule,
à l'aide sociale c'est 8460 $ et aux prêts et bourses, c'est 9890
$. C'est donc 1430 $ de différence.
Et plus encore, aux prêts et bourses, il y a des frais
particuliers qui sont alloués au second parent qui occupe un emploi et
il y a une déduction qui s'ajoute à celle des 11 685 $ de
départ qui peut atteindre 1770 $. Alors, 1770 $ si les deux parents
occupent un emploi. Même aux prêts et bourses, il n'y a rien qui
est réclamé des parents en bas de 13 455 $ s'ils occupent deux
emplois tandis qu'à l'aide sociale, même s'ils participent aux
mesures, aux subventions salariales du ministre ou à tout ce que vous
imaginez, la base sera de 10 080 $. À partir de 10 080 $, un montant de
contribution pour l'enfant adulte sera exigé.
M. Bourbeau: II y a aussi une question de comparabilité
des revenus et des exemptions. Les
exemptions sont sur une base comparable, mais les revenus ne sont pas
sur une base comparable. Maintenant, cela dit, il reste que le...
Mme Harel: C'est l'inverse.
M. Bourbeau: ...système des prêts et bourses...
Mme Harel: Les revenus sont sur une base comparable. Ce sont les
exemptions qui ne le sont pas.
M. Bourbeau: Si vous voulez parler de fiscalité, je vais
demander à M. Bob Van Oyen qui est à ma droite, un fiscaliste, de
vous donner des détails un peu plus précis.
M. Van Oyen (Bob) : Au niveau de...
La Présidente (Mme Bélanger): Pourriez-vous
répéter votre nom, s'il vous plaît?
M. Van Oyen: Pardon?
La Présidente (Mme Bélanger): Pourriez-vous
répéter votre nom?
M. Van Oyen: Bob Van Oyen. M. Bourbeau: Van Oyen.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est pour le
bénéfice du Journal des débats.
M. Van Oyen: En fait, les revenus qu'on considère pour
établir la contribution ne sont pas sur une base comparable. Nous
prenons le revenu net au sens de l'impôt, c'est-à-dire le revenu
brut moins les déductions et cotisations obligatoires et, aux
prêts et bourses, on prend le revenu net après impôt. Donc,
les deux revenus ne sont pas sur une base comparable. Par exemple, une
exemption de 8460 $ pour une personne seule peut être comparée
à l'exemption de 9890 $ qu'eux donnent. La différence, c'est que
les besoins sont établis de façon différente. En ce qui
concerne la sécurité du revenu, on est collé sur la
fiscalité.
M. Bourbeau: ...des régimes de prêts et bourses.
M. Van Oyen: ...à sa méthodologie des calculs qui
est complément différente, des besoins qu'eux, reconnaissent
à un étudiant.
Mme Harel: Alors, il n'y a pas d'harmonisation. C'est tout ce que
je peux conclure.
M. Van Oyen: Sauf que cela donne quelque chose de comparable en
ce qui concerne l'aide versée.
Mme Harel: Oui. Une pomme et une banane sont tous les deux des
fruits, mais ce n'est pas le même fruit. C'est comparable parce qu'on
calcule des revenus nets, des revenus bruts et des contributions, mais ce ne
sont pas les mêmes exemptions.
M. Bourbeau: J'ai dit à Mme la députée
depuis le début, Mme la Présidente, que nous avons tenté
de nous harmoniser. J'ai toujours employé l'expression "tenter de
s'harmoniser". Je n'ai jamais prétendu que l'harmonisation était
totale et parfaite. Une chose est certaine, c'est qu'il y a dans le
système un biais favorable en faveur du système des prêts
et bourses. C'est sûr. Je l'ai dit à plusieurs reprises. La
députée le reconnaîtra.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour la nième
fois, les articles 72, 73, 74, 75, 76 et 122 sont étudiés.
J'appelle l'article 77.
Partage du logement
M. Bourbeau: L'article 77, Mme la Présidente, traite de la
réduction pour le partage du logement. Je rappelle que le partage du
logement est subsidiaire au test du logement prévu aux articles 5 et 16.
Le partage du logement ne s'applique pas aux prestataires admis au programme
"Soutien financier" à compter du 1er août 1990. Pendant l'aide de
transition, la réduction de 85 $, quand il y a résidence chez un
parent ou un enfant, s'applique. Il s'agit de l'article 119, paragraphe
3°.
Le Président (M. Leclerc): L'article 77. Est-ce que vous
avez des questions sur l'article 77? M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: M. le Président, est-ce pour vraiment
comprendre - quant à moi en tout cas - cet article, est-ce qu'il y a des
cas qu'on peut... Je ne comprends pas exactement. J'aimerais avoir un exemple -
pas aujourd'hui - seulement pour voir comment cela joue. Est-ce qu'on peut
l'expliquer un peu?
M. Bourbeau: Je pense que Me Rochon va vous donner une
explication. C'est un bon professeur. Il va pouvoir faire cela.
Le Président (M. Leclerc): Me Rochon.
M. Rochon: Votre question porte sur les articles 77, 78 et...
M. Thuringer: C'est cela.
M. Rochon: Tout le régime de partage du logement?
M. Thuringer: Oui, en regardant le 16 aussi. C'est 125 $ et 200 $
dans le cas d'une famille.
M. Rochon: Nous avons déjà mentionné que la
réduction relative au partage du logement est subsidiaire à celle
relative au test du logement.
M. Thuringer: Oui.
M. Rochon: C'est donc dire que nous commençons par
appliquer le test du logement, à savoir combien la personne ou la
famille paye-telle pour se loger, si elle est en dessous des montants
fixés au début du règlement, il pourra y avoir
réduction pour ce test du logement. La réduction sur le test ne
peut excéder 85 $. Lorsque nous arrivons ici, au partage du logement,
s'il y a déjà eu une réduction de 85 $ pour le test du
logement, c'est terminé, le partage du logement devient, à toutes
fins utiles, vide de sens, parce qu'il est subsidiaire.
M. Thuringer: Oui. D'accord.
M. Rochon: Si simplement une partie des 85 $ a été
réduite en vertu du test du logement, le solde jusqu'à
concurrence de 85 $ peut être appliqué en réduction,
suivant les règles qui sont établies ici. À titre
d'exemple concret, une personne seule paie 120 $ de loyer par mois. En vertu de
l'article 16, si elle paie moins de 125 $, on réduit. On réduit
donc de 5 $. Il reste 80 $ sur les 85 $ possibles, en vertu de l'article 16. On
va voir: Partage-t-elle son logement? Si oui, il reste un maximum de 80 $ de
réduction possible. Donc, plus le test du logement réduit la
prestation et entame les 85 $, moins la règle du partage du logement
s'applique, jusqu'à ce que la première vienne rendre la
deuxième complètement obsolète.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'aimerais porter à
la connaissance du ministre ce qu'en dit la Commission des services juridiques
dans l'avis qui nous est transmis, à la page 5: L'article 78
prévoit l'application de la notion de partage de logement entre parents,
la réduction de la prestation payable, jusqu'à concurrence de 85
$, et ce, même si les frais de logement ne sont effectivement pas
partagés. Les conséquences de ces deux modifications seront
tragiques sur la cellule familiale. En effet, le gouvernement prétend
à la responsabilisation des parents face à leurs enfants par la
notion de contribution parentale, alors que l'effet des articles 56 et 78
contribuera à scinder les familles. L'application combinée d'une
coupure de 85 $ pour partage de logement entre une famille et un parent, et
l'imputation d'un revenu de chambre et pension provenant d'un parent auront
pour conséquence de forcer les enfants majeurs, de parents prestataires
d'aide sociale, à quitter le domicile familial dès la
majorité.
Dans la mesure où l'on doit tout lire, je commence à
penser qu'une des pires choses de la réglementation, c'est le
régime du partage du logement, parce qu'il y a beaucoup de droit nouveau
et quand on les lit, l'une par rapport à l'autre... Vous avez d'abord
l'article 78, et dans cet article: "Sont considérés comme
partageant un logement les chambreurs qui résident dans une maison ayant
moins de trois chambres offertes en location, ainsi que les personnes qui
habitent un logement ou une maison appartenant à l'un des membres de la
famille, même si cette personne n'y réside pas. Cela veut dire que
ce qui est nouveau c'est que jusqu'à maintenant, il n'y avait pas le
partage du logement de 85 $ qui était chargé dans la famille,
entre parents, il y avait simplement une réduction pour l'enfant de plus
de 30 ans. Là, les parents qui hébergent auront aussi, comme on
l'a dit plus tôt...
Par ailleurs, si un frère ou une soeur habitent ensemble, chacun
aussi sera coupé des 85 $. Si vous gardez un parent, frère ou
soeur, il y aura aussi une coupure pour chacun des parents: celui qui
héberge comme celui qui est hébergé. Si vous habitez un
loyer ou une maison appartenant à un parent, à un frère ou
à une soeur, c'est aussi de droit nouveau... je ne sais plus à
quel article. Je pense que c'est l'article suivant. En plus, à l'article
78, le dernier alinéa nous dit: "Un adulte seul est
considéré partager une unité de logement avec un autre
adulte seul avec qui il occupe une chambre lorsqu'il n'est pas autrement
visé au premier alinéa." C'est-à-dire que deux adultes qui
occupent la même chambre vont aussi être tenus à la
réduction; c'est ça?
M. Rochon: Oui, madame.
Mme Harel: La même chambre? Ce n'est plus la même
unité d'habitation, deux chambres; c'est la même chambre. Est-ce
que vous allez aller voir s'il y a deux lits ou un seul lit?
M. Rochon: Non, on n'aura pas besoin de rentrer, avec
ça... S'ils ne font pas partie de la même famille, s'ils ne
forment pas une famille, les deux ensemble, ils sont considérés
partager une unité de logement qu'est la chambre, dans ce
cas-là.
Mme Harel: Alors chacun aura une réduction de 85 $
M. Rochon: Si nous admettons que le test du logement ne
réduit pas du tout la prestation, c'est exact. (17 h 15)
M. Bourbeau: Mme la Présidente, c'est le même
principe que deux conjoints qui vivent ensemble et qui, normalement, seraient
prestataires de l'aide sociale chacun de leur propre chef. À partir du
moment où ils sont conjoints, on réduit la prestation, on en fait
une prestation de conjoint. C'est justement pour tenir compte des situations de
gens qui partagent des dépenses. Le couple marié n'a pas la
même prestation
que deux personnes qui viennent de l'aide sociale de leur propre chef,
des conjoints de fait et des personnes qui partagent un logement aussi. Tout le
monde est sur le môme pied d'égalité face à l'aide
sociale; c'est la justice distributive.
Mme Harel: Mais jusqu'à maintenant, on avait exclu les
parents de l'application de cette mesure pour faciliter et favoriser l'entraide
familiale. Donc, si un parent hébergeait une personne, cette
dernière avait la réduction, mais pas celui qui
hébergeait. Jusqu'à maintenant, on ne parlait pas de politique
familiale comme en parle pourtant le gouvernement, mais on avait
considéré qu'il était de nature de l'entraide familiale de
ne pas imputer des réductions comme si c'étaient des personnes
anonymes qui cohabitaient. Dois-je comprendre que, jusqu'à maintenant,
s'il y a plus que trois chambres de louées, cela est
considéré comme une maison de chambres et il n'y a pas de
partage. C'est bien cela?
M. Rochon: II n'y a pas de partage parce qu'il y a au moins trois
chambres qui sont louées ou offertes en location à
différents locataires.
Mme Harel: Bon! Vous allez dans une maison de chambres. Il y a,
disons, quatre chambres. Vous n'êtes pas liés par la
réduction de 85 $ pour le partage.
M. Rochon: Pas pour les différents locataires des
différentes chambres, c'est exact.
Mme Harel: Mais si la maison a trois chambres et moins, vous
allez avoir la réduction de 85 $ pour le partage.
M. Rochon: Si la maison a moins de trois chambres, donc seulement
deux chambres louées ou offertes en location. Si elle en a trois de
louées ou offertes en location à différents locataires,
cette règle ne s'applique donc plus et il n'y a pas de partage.
Mme Harel: II n'y a pas de réduction. Quand vous
êtes dans une maison de chambres, il n'y a pas de réduction. Mais
si vous êtes chambreur là où il y a deux chambres, il y a
la réduction.
M. Rochon: Oui, lorsqu'il y a seulement deux chambres de
louées, par ailleurs, il y a la réduction.
Mme Harel: Qu'est-ce que c'est, la justice distributive du
ministre?
M. Leclerc: Pendant que le ministre pense à sa justice
distributive...
Mme Harel: C'est le retour au ministre. C'est la réponse,
de l'aveu du ministre.
M. Leclerc: Je ne veux pas donner une réponse, je veux
poser une question.
Mme Harel: Pourquoi avoir décidé que dans le cas de
trois chambres, iI n'y avait pas de partage et que dans le cas de deux
chambres, il y avait partage?
La Présidente (Mme Bélanger): Cela fait un moment
qu'il a demandé la parole. M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: Effectivement, depuis cinq minutes. C'était
justement pour poser cette question. Comment a-t-on fait pour déterminer
que c'était moins de trois? Pourquoi ce n'est pas moins de quatre?
Pourquoi ce n'est pas une? Il doit y avoir une raison quelque part qui fait
qu'on a dû trancher et décider que ce devait être moins de
trois. C'est ma première question.
Ma deuxième question, quant au partage du logement... Je vais
attendre que le ministre ait fini de consulter ses...
M. Bourbeau: Mme la Présidente, ce qui se passe dans les
cas dont parie le député... Il ne faudrait pas penser que les
gens qui vont louer une chambre dans une maison de chambres de plus de trois
chambres ne seront pas mis à contribution. Là, c'est le test du
logement qui va s'appliquer. Et s'ils ne paient pas 125 $ par mois, on va leur
appliquer le test du logement.
Mme Harel: Et s'ils le paient?
M. Bourbeau: À ce moment-là, Us vont le payer.
M. Rochon: Et s'ils ne partagent pas la même chambre entre
eux, s'ils ne sont pas deux dans la même chambre, mais chacun dans des
chambres différentes, il n'y a pas de partage entre eux. Mais si, dans
une maison de chambres de dix chambres, il y en a deux qui partagent la
même unité, c'est-à-dire la chambre, c'est ce que
prévoit l'alinéa que vous avez lu tantôt, il y aura partage
du logement.
Mme Harel: Comprenons-nous bien. Si un
bénéficiaire... Ce sont des personnes seules dans la
majorité des cas. Et il y a beaucoup de désinstitutionnalisation.
Ces personnes dont on parie, en général, ce sont les
désinstitutionnalisés. Alors, qu'est-ce qui se passe s'il y a
trois chambres, par exemple? Si ces personnes paient 175 $ par mois, elles vont
avoir leur plein barème et il n'y aura pas de réduction. C'est
bien le cas?
M. Rochon: On tient pour acquis que la personne n'est pas au
programme de soutien financier?
Mme Harel: Oui.
M. Rochon: Je m'excuse. J'étais en train de noter votre
préoccupation.
Mme Harel: Par exemple, un jeune de moins de 30 ans qui va aller
louer une chambre, il paie 175 $ par mois, ce qui est le minimum. À
Montréal, c'est au moins 200 $ à 225 $ pour une chambre. Est-ce
qu'il aura son plein barème?
M. Rochon: Combien y a-t-il de chambres de louées?
Mme Harel: Trois.
M. Rochon: Trois? Oui.
Mme Harel: S'il y en a deux?
M. Rochon: II sera considéré en partage du logement
avec les autres personnes.
Mme Harel: Même si ce sont des anonymes qui barrent leur
porte avant de se mettre au lit.
M. Rochon: Juridiquement, oui.
Mme Harel: Je veux dire, selon votre réglementation,
oui.
M. Rochon: Le projet, oui.
Mme Harel: À ce moment-là, il y aura une diminution
de 85 $.
M. Rochon: C'est exact.
Mme Harel: Donc, vous recommandez aux bénéficiaires
d'être chambreurs dans des maisons de trois chambres et plus parce que,
deux chambres... Trois chambres louées, ça va aller?
M. Rochon: Oui, madame. Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: On compte sur vous pour le leur dire.
M. Leclerc: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: ...toujours sur le partage du logement, selon le
régime actuel. J'ai eu le cas d'une femme chef de famille monoparentale
qui restait avec sa soeur et qui n'avait aucune déduction. Elle est
déménagée chez sa grand-mère et on lui a
enlevé 85 $ par mois, je crois. Faisons l'hypothèse, parce que
c'est possible de toute façon, que sa grand-mère était
bénéficiaire de l'aide sociale, c'était une jeune
grand-mère et elle ne recevait pas encore la pension de vieillesse. Cela
veut dire que, dans le cas actuel, la chef de famille monoparentale de 20 ans
aura une coupure de 85 $ et sa grand-mère qui la garde aura aussi une
coupure de 85 $, puisqu'elles vont...
Mme Harel: Si la grand-mère a moins de 65 ans et qu'elle
est bénéficiaire de l'aide sociale.
M. Leclerc: Oui, dans ce cas, c'est ça. Cela veut dire que
la grand-mère va être pénalisée de 85 $ pour garder
sa petite-fille.
M. Bourbeau: Est-ce que la grand-mère est
bénéficiaire de l'aide sociale?
M. Leclerc: Oui.
Une voix: Est-ce qu'elle est apte?
M. Leclerc: C'est fort possible, mais ce n'est pas
évident.
M. Bourbeau: Si on tient pour acquis que ce sont les deux seules
personnes dans l'unité de logement, les deux sont
bénéficiaires de l'aide sociale...
M. Leclerc: Ils sont trois puisque la jeune mère est chef
de famille monoparentale.
M. Bourbeau: Les deux sont à l'aide sociale de leur propre
chef, elles ont toutes les deux des revenus de l'État, l'aide sociale,
elles partagent un logement, donc il y a une économie d'échelle,
c'est normal. Mais s'il y en a une qui est inapte, ça...
M. Leclerc: Cela, j'en conviens. Mais le problème,
où c'est plus difficile à vendre, finalement, est ceci. On peut
toujours concevoir que la jeune fille partageant le logement perde 85 $, mais,
en plus, la grand-mère qui héberge... Souvent, c'est pour des
cas...
M. Bourbeau: Si la jeune fille va se trouver un appartement
ailleurs, ça va lui coûter pas mal plus cher que de rester chez sa
grand-mère.
M. Leclerc: C'est vrai. On est tous d'accord avec ça.
Mme Harel: Ce qui est bien plus difficile à concevoir,
c'est que, si la grand-mère de 62 ou 63 ans héberge sa jeune
fille qui est étudiante et qui reçoit des prêts et bourses,
lesquels sont restreints comme on le sait, eh bien, elle va
être pénalisée de 85 $. C'est ça, finalement,
le drame qui est plus profond. En d'autres termes, c'est comme si on excluait
complètement l'entraide entre personnes assistées sociales ou
entre personnes assistées sociales à l'égard de parents
qui ne le sont pas.
Le ministre Paradis avait pourtant dit, en commission parlementaire,
qu'entre parents, ça ne jouerait pas. Je me rappelle les nombreux
exemples qui avaient été apportés de grands-parents qui
allaient garder les enfants, etc. On va retrouver ça dans les
galées, parce que ça n'a pas de bon sens. C'est une erreur,
à mon point de vue; c'est une erreur. Cela va provoquer une
désintégration plus forte de la famille dans les milieux
défavorisés.
M. Bourbeau: On me dit que mon prédécesseur parlait
toujours du régime de soutien financier. Je n'étais pas
là. La mémoire collective du ministère, si je comprends
bien, n'est pas dans ce sens-là.
Mme Harel: Vous me permettrez de vérifier. M. Bourbeau:
Ah, je compte sur vous! M. Polak. Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: ...sur la dernière remarque de la
députée de Maisonneuve. Elle a dit que ça va promouvoir la
désunion de la famille. Je ne vois pas ça du tout. Même
s'il y a une contribution de 85 $ par mois, pour la jeune personne en question,
c'est plus payant de rester, de faire une contribution de 85 $, que de chercher
une chambre ou une place ailleurs. C'est un simple calcul. Vous avez dit tout
à l'heure que ça coûte, au minimum, 125 $ par mois...
Une voix: Et 175 $.
M. Polak: ...vous dites 175 $ pour une chambre à
Montréal. Donc, avec une diminution de 85 $, on est en meilleure
situation.
Mme Harel: Le député de Sainte-Anne n'a pas compris
que le problème, ça allait être pour la grand-mère
qui héberge et qui, elle aussi, va avoir une diminution de 85 $ par
mois.
M. Bourbeau: II n'est pas dit que la personne qui va demeurer
chez elle ne lui paiera pas une pension, cependant...
Une voix: Elle ne s'en va pas là gratuitement.
Mme Harel: II n'est pas dit qu'elle paiera. Et comme le
signalaient justement les avocats que j'ai rencontrés, le dernier
alinéa de l'article 78 crée le plus de problèmes, celui
qui dit: "II y a partage d'une unité de logement même lorsque les
frais de logement ne sont pas effectivement partagés. C'est inouï.
C'est le dernier alinéa de l'article 78. Les avocats qui sont membres de
la commission le savent. C'est qu'il n'y a plus de preuve possible même
devant la Commission des affaires sociales. Même si vous démontrez
qu'il n'y a pas effectivement partage, que la personne que vous
hébergez, qui est un parent, est complètement sans ressource ou
est un étudiant, n'a pas les moyens de vous donner les 85 $ et ne vous
en paye que la moitié, quelle que soit la preuve de bonne foi que vous
faites, le dernier alinéa ferme complètement la porte.
M. Leclerc: C'est parce qu'à ce moment-là tout le
monde pourrait toujours plaider qu'ils sont hébergés
gratuitement. On n'en sortirait pas.
Mme Harel: Oui, tout le monde peut plaider, mais la Commission
des affaires sociales a une preuve à entendre et ce n'est pas tout le
monde qui réussit. Au moins, jusqu'à maintenant, les personnes
pouvaient aller devant la commission pour plaider de bonne foi avec preuve
à l'appui, ce qu'elles ne pourront même plus faire.
M. Bourbeau: Qu'est-ce qu'elles vont plaider? Qu'elles ne
demeurent pas là? Qu'elles n'occupent pas le logement?
Mme Harel: Qu'elles ont accueilli des gens. Voyez-vous, cela
existe dans tous les milieux. Cela n'existe pas seulement chez les gens
aisés ou fortunés. Il y a de l'entraide aussi. Il y a des
personnes qui en accueillent d'autres, momentanément, parce que la
petite fille est enceinte ou parce qu'elle a fini ses études et qu'elle
a été mise à la porte de chez ses parents. Il y a mille et
une raisons. Et dès qu'elles accueilleront, leurs prestations seront
totalement immédiatement diminuées.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
77 est... M. le député de Sainte-Marie.
M. Laporte: Juste une petite question pour voir si j'ai bien ou
mal compris Me Rochon tantôt.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Rochon, le
député de Sainte-Marie veut vous poser une question.
M. Laporte: En tout cas, elle s'adresse au ministre, mais c'est
Me Rochon qui a donné l'explication tantôt. Je veux savoir si j'ai
mal saisi ou plutôt bien saisi. Vous avez dit tantôt que, dans
l'application du test de logement, s'il y a 85 $ qui sont retirés, la
deuxième disposition ne s'applique pas.
M. Rochon: C'est ça. Le partage du logement devient
désuet à son égard.
M. Bourbeau: Sur le test du logement.
M. Laporte: Juste à l'égard de la personne?
On va prendre l'exemple de deux personnes. Cela veut dire que l'autre
personne serait soumise quand même, par rapport au partage du logement,
aux 85 $.
M. Rochon: Celle qui n'a pas subi de réduction, en vertu
du test du logement, oui.
M. Laporte: D'accord.
Mme Harel: Toutes les portes sont fermées.
M. Leclerc: Si la députée de Maisonneuve me le
permet. De toute façon, si la personne prouvait devant la Commission des
affaires sociales que son coût de loyer est zéro, le
ministère reviendrait avec le test du logement. Cela fait qu'il paierait
quand même.
Mme Harel: Non, c'est la personne qui héberge dont je
parle.
M. Leclerc: D'accord, pour ce qui est de la personne qui
héberge.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je ne voudrais quand
même pas donner l'impression qu'on est absolument Insensibles aux cas qui
sont soulevés, il peut effectivement y avoir des cas où on
accueille momentanément une personne et l'intention n'est certainement
pas de pénaliser une famille qui accueillerait momentanément,
pour quelques jours, à l'occasion, une personne en détresse et
qui, manifestement, ne paierait pas de loyer. On va regarder ça. Dans le
texte actuel, il y a une expression qui existe. Si vous prenez l'article 78, on
dit: "Un adulte seul ou une famille est considéré partager une
unité de logement s'il l'occupe." L'expression "s'il l'occupe" veut
insister sur le fait qu'il doit y avoir une occupation. Il doit y avoir une
certaine permanence. On va regarder la possibilité d'ajouter, quelque
part à la fin de ce paragraphe-là, une phrase qui pourrait
peut-être laisser voir qu'il s'agit d'une occupation assez permanente. On
va essayer d'exclure les cas de gens qui auraient été accueillis
temporairement ou momentanément pour donner suite aux
représentations qui sont faites par divers membres de la commission ici.
On va le regarder et avant que le règlement ne soit publié de
façon définitive, on va voir si on ne peut pas resserrer
ça un petit peu pour aider à prévoir ces
cas-là.
Mme Harel: Et dans le cas des chambreurs dans des maisons de deux
chambres qui sont louées, qui ne partagent pas? C'est visible. Il faut
avoir fait un peu de porte à porte sur la rue Saint-Hubert et dans
certaines rues de Montréal pour savoir combien il y a de maisons de
chambres où, finalement, il y a deux chambreurs en avant et la famille
qui reste en arrière. Non, la famille reste en arrière. Il n'y a
pas trois chambres louées. Le règlement dit:
Trois chambres louées ou offertes en location. (17 h 30)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Fabre.
M. Joly: Merci, Mme la Présidente. J'apprécie
l'ouverture d'esprit que M. le ministre vient de manifester. Si on est pour se
pencher sur le caractère de permanence quand les gens habiteront avec
quelqu'un, je voudrais quand même qu'on soit prudent et qu'on
définisse au moins un minimum de temps parce qu'il y a des situations
qui ont été soulignées ici aujourd'hui qui peuvent
vraiment être des situations d'hébergement temporaire, mais pour
régler un problème humain. Si on parle de permanence, il ne
faudrait quand même pas que ce soit sept mois, huit mois, ou quelque
chose comme cela. Il faudrait que ce soit vraiment quelque chose qui ait le
caractère de permanence, oui, mais temporaire, il faudrait que ce soit
défini, qu'on donne un peu les balises de ce qu'est du temporaire, si on
ne peut pas définir ce qu'est la permanence. Merci, Mme la
Présidente.
M. Bourbeau: On va tenir compte des remarques des membres de la
commission, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce qui veut dire que les
articles 77, 78, 79 et 80 sont étudiés. J'appelle l'article
81.
Sanctions administratives
M. Bourbeau: II s'agit des pénalités pour refus ou
abandon d'emploi, c'est-à-dire 100 $ par mois pendant douze mois pour
chaque violation ou récidive dans les douze mois, avec une limite de 100
$ pour les familles monoparentales et de 200 $ dans les autres cas. Je vous
signale que les pénalités actuelles sont de 50 $ par mois pendant
six mois et de 100 $ par mois s'H y a récidive dans les six mois, sauf
s'il s'agit d'une personne apte au travail et de moins de 30 ans, auquel cas il
y a annulation de l'aide pour six mois. Donc, d'une certaine façon, on
augmente les pénalités en faisant en sorte que de 50 $ et de 100
$, on passe à 100 $ et à 200 $. Mais on restreint les
pénalités parce que, dans le système actuel, il peut y
avoir exclusion totale de l'aide sociale pour les jeunes de moins de 30 ans
aptes au travail.
M. Leclerc: Mme la Présidente, est-ce que je peux demander
au ministre comment ça va fonctionner? D'abord, une chose est certaine,
ce sera un emploi qui aura été occupé par l'individu quand
même peu longtemps, sinon il serait admissible à
l'assurance-chômage et la question ne se poserait pas.
Deuxièmement, est-ce que c'est à partir de la formule de
cessation d'emploi? Est-ce que c'est en téléphonant à
l'employeur? Comment va-t-on faire pour déterminer
que l'Individu est parti de lui-même ou a quitté
volontairement son emploi?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, évidemment, ce
n'est pas un cas nouveau. Cela existe déjà à l'aide
sociale. Je m'informe pour savoir exactement comment on procède. On
m'indique que, dans la plupart des cas, on se base sur les documents qui sont
signés par l'employeur lors de la cessation d'emploi. Parfois, on
indique que la cessation d'emploi survient parce que l'employé a
quitté l'emploi, a refusé l'emploi ou a eu une conduite qui ne
permet pas, etc. À ce moment, l'agent d'aide sociale fait enquête
pour voir ce qui s'est passé exactement et, si on en vient à la
conclusion que le bénéficiaire a contrevenu à l'article
29, on applique les sanctions, avec évidemment, les droits...
M. Leclerc: Pour ceux qui ont déjà vu un formulaire
de cessation d'emploi, il y a des petites cases et il y a toujours la
case "autre". Il arrive que les motifs ne soient pas toujours très
clairs quand c'est pour "autre raison". Il arrive aussi que l'individu peut ne
pas être d'accord avec la prétention de l'employeur sur la raison
du départ. Est-ce que l'individu va devoir se prévaloir des
recours normaux de révision de la Commission des affaires sociales? Cela
ne m'apparaît pas très clair.
M. Bourbeau: En vertu des nouvelles dispositions dans le projet
de loi, en vertu de l'article 67, avant de réduire fa prestation, on
doit maintenant - c'est une nouvelle disposition - donner un préavis de
dix jours au bénéficiaire de l'intention et des motifs, et le
bénéficiaire a dix jours pour faire valoir son point de vue avant
que ne s'applique la coupure. Donc, il y aura une espèce de
possibilité de la part du bénéficiaire d'agir dès
ce moment-là avant que la coupure ne s'applique et de faire valoir son
point de vue s'H n'est pas d'accord avec l'interprétation de
l'employeur.
M. Leclerc: D'accord. C'est dans le cas d'une cessation d'emploi.
Dans le cas d'un refus de travail, si c'est le gouvernement qui, dans le cadre
de son nouveau type de mesures, offre un emploi, c'est relativement facile de
savoir si l'individu l'a accepté et, s'H ne l'a pas accepté,
pourquoi M l'a refusé. Quand c'est une offre d'emploi d'une entreprise
privée, c'est un petit peu plus compliqué à
vérifier. Comment pensez-vous vérifier cela?
M. Bourbeau: On va procéder un peu de la même
façon. L'employeur va nous signaler s'il y a eu refus ou non et, s'H y a
eu refus, on va lui demander de nous donner les raisons, enfin, les raisons du
point de vue de l'employeur. Avant de procéder à la coupure, on
va envoyer le préavis de dix jours, l'employé aura l'occasion de
faire connaître son point de vue et nos gens pren- dront les
décisions avec tous les droits d'appel et de révision.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, à quel article
retrouve-t-on le droit d'aller en appel sur cette décision?
M. Bourbeau: Je m'excuse. Est-ce que vous pouvez
écouter...
Mme Harel: Me Rochon va me donner la réponse quant au
droit d'appei.
M. Rochon: La révision est prévue à
l'article 76 de la loi et le droit d'appel est prévu à l'article
81 de la loi.
Mme Harel: C'est bien. J'ai posé une question à Me
Rochon au début de la séance. Sur quel barème s'applique
cette sanction de 100 $?
M. Bourbeau: Cela va certainement s'appliquer, dans le programme
APTE, au barème de non-participant, c'est évident.
Mme Harel: Donc, c'est une réduction de 100 $ sur un
barème de 420 $, 430 $ avec l'impôt foncier.
M. Bourbeau: Absolument.
Mme Harel: C'est là la première erreur commise dans
le rétablissement des faits que vous avez fait, M. le ministre, sur les
exemples que je vous ai apportés. J'aurai l'occasion tantôt de
vous le remettre par écrit.
M. Bourbeau: À vous de les corriger.
Mme Harel: C'est malheureux et je ne suis pas très
contente d'avoir raison parce que, finalement, le barème sera de 330 $
pour une personne seule, comme je l'avais signalé à l'ouverture
des travaux de notre commission, 420 $ plus les 10 $ d'impôt foncier, 430
$, moins 100 $ s'il y a refus d'emploi.
Une voix: On n'a pas voté une mesure... Une voix:
Ce n'est pas une mesure. Une voix: ...c'est un refus d'emploi.
Mme Harel: Oui, s'il y a refus d'emploi, mais, avec refus
d'emploi, c'est évident... Il faut bien s'entendre. Est-ce que la
définition de "emploi" comprendra ceux contenus dans votre proposition
de subventions salariales?
M. Bourbeau: Oui, sûrement.
Mme Harel: Donc, à ce moment-là, ce seront des
emplois au sens du projet sur la sécurité qui sont finalement des
mesures.
M. Bourbeau: Non, pas du tout.
Des voix: Non, non.
Mme Harel: Des subventions salariales.
M. Bourbeau: Oui. Ce ne sont pas des mesures, ce sont de vrais
emplois. D'ailleurs, écoutez...
Mme Harel: Des vrais emplois payés avec des vraies
prestations d'aide sociale. C'est ça?
M. Bourbeau: La députée semble se scandaliser, mais
je n'arrête pas de dire cela depuis des semaines. C'est clair, ce n'est
pas une nouvelle pour personne, c'est ce qu'on dit. On va mettre sur pied un
programme de subventions salariales. On va offrir des vrais emplois. Les
prestataires vont sortir de l'aide sociale pour six mois, un an ou
peut-être même 18 mois et on s'attend que ces emplois soient
acceptés. S'ils ne sont pas acceptés, on va appliquer les mesures
et on n'est pas les seuls à faire ça. Cela se fait ailleurs. On
n'Innove pas.
Mme Harel: Pourquoi ne pas avoir retenu...
M. Bourbeau: En Suède, on exclut totalement les gens de
l'aide sociale quand ils refusent un emploi.
Mme Harel: Comme je vous ai dit, quand on sera à 1,8 % de
chômage comme en Suède, on pourra y penser.
M. Bourbeau: II reste quand même que c'est un emploi...
Mme Harel: En attendant, vous devriez plutôt travailler
à créer des emplois...
M. Bourbeau: Mais cela ne change rien du tout.
Mme Harel: ...qu'à essayer de diminuer les gens.
M. Bourbeau: Cela ne change rien, madame. Un emploi, c'est un
emploi. Qu'on offre un emploi en Suède ou qu'on offre un emploi ici,
c'est un emploi.
Mme Harel: Non, non. Pensez-vous qu'en Suède, on offre des
emplois à un salaire équivalent au salaire de l'aide sociale?
M. Bourbeau: On offre un emploi et, s'il est refusé, on
exclut la personne de l'aide sociale.
Mme Harel: Franchement, le ministre n'est pas sérieux.
M. Bourbeau: Oui, je suis très sérieux.
Mme Harel: Je regrette, mais la Suède n'a pas
appliqué le programme de Reagan.
M. Bourbeau: On en repariera, si vous voulez, il reste encore 20
minutes de toute façon. On peut en reparler encore 20 minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
81 est terminé?
Mme Harel: Non, Mme la Présidente. Je veux savoir de la
part du ministre pourquoi il n'a pas retenu, comme cela existe dans la
réglementation actuelle, la définition des motifs.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je
référerais la députée à l'article 29 de la
loi qui dit que l'adulte apte à occuper un emploi ne doit pas, sans
motifs sérieux... Or, si on commençait à
énumérer les motifs sérieux dans le règlement, on
se trouverait à limiter la portée du règlement. Donc, on a
choisi de ne pas énumérer pour ne pas restreindre.
Mme Harel: Jusqu'à maintenant, un
bénéficiaire pouvait refuser un emploi lorsqu'il était
jugé non convenable. Le "non convenable" était déjà
défini comme donnant lieu à un salaire insuffisant à cause
de la distance, à cause des conditions de travail précaires ou
encore parce que dangereux pour la santé, incompatible ou encore parce
que incompatible avec la poursuite d'un programme de formation professionnelle
ou d'employabilité. C'était une sorte de droit de refus qui
était restreint, mais qui était reconnu. Le ministre sait
très bien qu'en limitant simplement à des motifs sérieux,
la jurisprudence n'est pas la même du tout. C'est un peu comme
l'équivalent "dans le but de" plutôt que la manière de".
C'est toute la différence, ça.
M. Bourbeau: Je voudrais que la députée
réalise qu'on fait une réforme de l'aide sociale.
On change des choses puisqu'on fait une réforme. C'est
évident.
Mme Harel: Depuis l'ouverture de la commission, vous dites qu'il
n'y avait pas nécessairement de temps alloué à la
commission sur la réglementation parce que vous ne changiez quasiment
rien.
M. Bourbeau: Oui, mais on change certaines choses et c'est une
des choses qu'on change.
Mme Harel: Alors, quels seront maintenant les motifs
sérieux en vertu de la jurisprudence? (17 il 45)
M. Bourbeau: Les motifs sérieux, on va les
interpréter. Il y aura certainement des causes de jurisprudence
qui vont se... C'est sûr que si on veut envoyer une personne qui a des
problèmes d'asthme travailler dans une mine d'amiante, c'est un motif
sérieux. Si on veut envoyer une personne travailler dans un emploi qui
est situé à 75 kilomètres de sa résidence, ce
serait un motif sérieux de refuser.
Mme Harel: Et si cela n'est pas conforme à sa formation ou
à ses apprentissages professionnels?
M. Bourbeau: Cela ne sera pas un motif sérieux.
Mme Harel: N'importe quoi deviendra obligatoire.
M. Bourbeau: On a un paquet d'étudiants qui sortent des
universités et qui ne sont pas capables, dans un premier temps,
d'occuper toujours des fonctions qui sont exactement conséquentes avec
les études qu'ils ont faites. Vous avez des étudiants qui entrent
à l'université et qui sont obligés d'accepter leur
troisième choix plutôt que leur premier choix. Vous avez des
médecins qui débarquent comme réfugiés et qui vont
travailler temporairement dans des restaurants. Il n'y a personne ici à
la table qui n'a pas, à un moment donné de sa vie, j'en suis
convaincu, travaillé dans une... Moi, j'ai travaillé dans une
mine de fer quand j'étais étudiant. Je pense qu'il n'y a pas de
raison pour qu'une personne n'accepte pas un travail temporairement. La
société n'est pas obligée de garder indéfiniment
quelqu'un parce qu'on n'a pas nécessairement le travail qui lui
convient. Je vous dirai qu'il y a un poète qui est à l'aide
sociale qui m'a écrit et qui exige d'être publié pour
sortir de l'aide sociale. Je n'ai pas encore réussi à trouver un
éditeur. Est-ce qu'on va le garder à l'aide sociale
jusqu'à l'âge de 65 ans parce qu'il est poète? C'est un
débat de société qui est ouvert.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'aimerais avoir une
directive au sujet de nos travaux à ce moment-ci.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous sommes rendus à
l'article 81.
Mme Harei: Non, une directive. Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Une directive? Je m'excuse.
Quel genre de directive? Allez-y.
M. Bourbeau: La directive de l'article 82.
Mme Harel: II reste quinze minutes avant la fin de nos travaux.
Nous avons passé ces deux journées à courir contre la
montre pour tenter de terminer l'examen de la réglementation qui nous
avait été confié. Alors, il est évident que nous
avons manqué de temps. J'aimerais vous rappeler l'article 176 de notre
règlement que je vais vous lire à l'instant: "Au terme de
l'examen d'une affaire qui lui a été confiée par
l'Assemblée, toute commission dispose d'un jour franc pour
déterminer en séance de travail les observations, conclusions et
recommandations qu'elle entend déposer à
l'Assemblée.11 Je voudrais savoir à quelle heure va se
tenir notre séance de travail.
M. Bourbeau: La séance de travail ne durera pas
nécessairement une journée.
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Étant donné
que je suis présidente de séance seulement... L'ordre de la
Chambre, c'est que les travaux se terminent ce soir à 18 heures.
Mme Harel: On me fait comprendre que si on peut ajourner nos
travaux pour les poursuivre ce soir, on ne pourrait pas nous convoquer
nous-mêmes et les continuer, sauf en vertu de l'article 176 où on
peut...
Une voix: ...de consentement.
Mme Harel: Non, je ne pense pas qu'on ait besoin d'un
consentement pour l'article 176.
Une voix: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Non.
Mme Harel: Non. L'article 176...
Une voix: C'est à la demande. C'est vrai.
Mme Harel: C'est ça. Mais on peut toujours prolonger.
Mais, en vertu de l'article 176, on peut tenir une séance de travail. M.
le ministre n'est pas membre de la séance de travail.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission suspend
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise à 17 h 54)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, comme il reste è
peine cinq, six minutes avant la fin des
travaux, j'aimerais dire quelques mots.
Mme Haref: Avant que le ministre intervienne, non pas que je ne
veuille pas l'entendre, au contraire, mais j'aimerais bien avoir une
réponse à ma question de directive. J'ai demandé à
la présidente, en vertu de l'article 176, si nous allions fixer une date
pour la séance de travail que nous avons à tenir. On m'a dit
entre-temps que, lors de cette séance de travail, le ministre ne serait
pas présent. C'est bien le cas? C'est sûr, me dit-on. Le ministre
n'est pas présent.
M. Bourbeau: Si c'est pour tirer des conclusions, cela peut se
tirer en mon absence.
C'est une question de fait. La commission va constater des choses. Elle
peut constater sans que je sois là et je ne peux rien y changer. Mme la
Présidente, est-ce que vous rendez une décision?
La Présidente (Mme Bélanger): La première
possibilité, c'est justement que fa commission décide de se
réunir en séance de travail pour faire des recommandations. La
deuxième possibilité, les membres de la commission peuvent faire
immédiatement des motions. Il est entendu que le ministre,
n'étant pas membre de la commission, n'assiste pas aux
délibérations de la séance de travail.
M. Leclerc: Mme la Présidente, est-ce qu'on peut
suggérer que le président de la commission convoque à son
gré une séance de travail?
La Présidente (Mme Bélanger): Étant la
présidente de séance et n'étant pas membre...
M. Leclerc: Le président de la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): ...de la commission,
bien sûr, la décision de convoquer la séance de travail
revient au président de la commission.
Mme Harel: Mme la Présidente, je comprends que vous
statuiez que nous aurons une telle séance prévue à
l'article 176 de notre règlement au cours de laquelle nous pourrons
procéder aux motions et aux recommandations, tel que stipulé
à l'article 176.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est-à-dire
que c'est une possibilité. Je ne veux pas déterminer si le
président de la commission va convoquer cette séance.
Mme Harel: Vous êtes présidente de nos travaux et
vous devez statuer.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
Mme Harel: Pour moi, il est important de savoir si cette
séance sera ou non convoquée.
M. Polak: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Polak: À l'article 176, je ne vols aucune obligation
d'avoir une telle séance. On peut peut-être laisser le soin au
président de décider, selon ce qu'il en pense. Quant à
moi, il n'y a pas du tout d'obligation d'avoir une telle séance. Nous
sommes venus ici. Le ministre n'a même pas le droit de faire des
recommandations. On en a fait au fur et à mesure de nos travaux. Vous
avez fait certaines recommandations. Mais rien ne nous oblige à avoir
une telle séance. Je suis contre la tenue d'une telle séance,
personnellement, je n'y vois aucune raison.
La Présidente (Mme Bélanger): Dans ce
cas-là, il y a la deuxième possibilité.
M. Polak: Ce n'est pas le but de nos travaux.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est de faire des
motions.
Mme Harel: Mme la Présidente, je regrette infiniment. Vous
allez devoir...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est parce qu'il
faut que la commission soit disponible aussi pour le faire dans les 24
heures.
Mme Harel: Oui, on est prêt à donner notre
consentement.
La Présidente (Mme Bélanger): Dans les 24
heures.
Mme Harel: Parce que là, ce n'est pas...
La Présidente (Mme Bélanger): Moi, je peux...
Mme Harel: Écoutez, on donnera notre consentement pour la
reporter, mais l'article 176 est très clair, ce n'est pas au choix, ce
n'est pas laissé à l'initiative ou à la bonne
volonté. L'article 176 dit: "Au terme de l'examen d'une affaire", si
vous voulez ta prolonger, moi je n'ai qu'un regret, c'est qu'on n'ait pas pu
faire l'examen de l'ensemble de la réglementation. Je suis
entièrement disponible pour continuer.
M. Bourbeau: ...faire une ouverture, mais vous me
bâillonnez depuis le début, alors je ne peux rien dire.
Mme Harel: Donc, au terme de l'examen, si tant est que notre
examen est reporté, on doit procéder et on n'a pas de
décision à prendre ou pas, en vertu de l'article 176. Je le
suspends pour entendre ce que le ministre a à dire, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, avant que l'heure
fatidique ne sonne, j'aimerais signaler que les travaux que nous avons
menés depuis deux jours ont certainement été très
intéressants pour faire avancer le dossier. Cela nous a permis de
discuter des principaux articles. Nous n'avons pas réussi à
étudier tous les articles, mais un certain nombre. J'aimerais
répéter ce que j'ai déjà dit, à savoir que
j'ai l'intention, avec les fonctionnaires qui m'entourent, de regarder certains
des articles qui ont attiré notre attention. Entre autres, je voudrais
signaler, par exemple, l'article 18 qui traite de la garde partagée,
où on va tenter de faire des modifications; l'article 20, des
prestations versées...
Mme Harei: Je suis obligée d'interrompre le ministre.
M. Bourbeau: ...à une personne devenue inadmissible.
Mme Harel: À moins qu'on m'assure du consentement pour
poursuivre après 18 heures, parce que j'ai besoin de réponse
claire.
M. Bourbeau: C'est vous qui avez pris le temps.
Mme Harel: S'il y a consentement pour poursuivre après 18
heures...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement pour poursuivre après 18 heures.
Une voix: Pour combien de temps.
La Présidente (Mme Bélanger): ...pour quelques
minutes?
Mme Harel: Bien, pour les fins... D'abord, je suspends simplement
pour savoir.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour avoir une
réponse à votre demande de directive.
Mme Harel: Deux choses: Est-ce qu'on termine l'examen de la
réglementation à 18 heures? Le ministre semblait faire une
ouverture.
M. Bourbeau: Bien oui, si vous voulez me laisser parler, je vais
vous en faire une, sinon je m'en vais à 18 heures. Alors,
décidez-vous.
Mme Harel: Si on ajourne pour que je puisse réagir.
M. Bourbeau: Je pars d'ici à 16 heures, je vous avertis.
À 18 heures juste, je me lève; c'est ça qui était
convenu, j'ai des engagements. Alors, je disais que l'article 20, par exemple,
pourrait faire l'objet...
Mme Harel: Mme la Présidente, je regrette, il n'y a pas de
menace, le ministre n'a pas à m'intimider.
M. Bourbeau: Bien non, mais c'est moi qui ai demandé la
parole en premier et vous vous êtes arrogé le droit de parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela fait deux ou
trois fois que vous coupez la parole au ministre.
Mme Harel: J'ai demandé une directive, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais la directive, on
l'a donnée et M. le ministre a dit qu'il avait des commentaires à
faire sur la directive.
M. Bourbeau: Je disais donc que l'article 20, par exemple,
pourrait aussi faire l'objet d'une nouvelle rédaction. L'article 25, la
durée de six mois de présence à l'aide, on va
également regarder ce qu'on peut faire avec ça, on a
discuté de la possibilité de revenir au statu quo. L'article 30
qui parlait de l'obligation d'avoir un certificat médical dans le cas
d'un stérilet; possiblement qu'on pourra oublier le certificat
médical dans le cas du stérilet. L'article 31, les 100 $ de
prestation spéciale dans les cas de paraplégie, on va poursuivre
des études un peu plus approndies là-dessus; il n'est pas
impossible qu'on revienne avec des modifications. L'article 32, les frais de
transport pour les soins de santé. L'article 40, les femmes en
difficulté, on va aussi regarder cet article. L'article 66, les
exemptions des avoirs liquides. L'article 71, la dilapidation. L'article 72,
partage du logement. Bref, autant d'articles. Je ne promets pas
nécessairement qu'on va faire des modifications à chaque article,
mais on va regarder de nouveau la rédaction pour voir s'il n'y a pas
moyen de resserrer un peu le texte, dans certains cas, peut-être, de
faire des modifications.
Maintenant, comme on n'a pas terminé le totalité des
articles, ce que je serais prêt à faire, c'est de proposer aux
membres de la commission qui le désirent de mettre à leur
disposition les juristes qui m'entourent, Me Rochon en particulier et le
sous-ministre, et on pourrait faire une séance de travail au
ministère, au cabinet peut-être, où on pourrait regarder
les derniers articles qui restent. Et si la députée de
Maisonneuve ou les membres de la commission ont des suggestions à faire,
on pourrait les prendre en note, dans le but de terminer, peut-être,
enfin de voir s'il n'y a pas moyen d'améliorer encore, si cela est
possible, les articles qui
restent à voir dans le règlement. Je pense que de cette
façon, on pourrait bonifier davantage le règlement.
Mme Harel: Mme la Présidente, je prends bonne note de
cette offre de collaboration du ministre. Je pense que ce qui serait le plus
souhaitable, c'est que le ministre consente à ce que les juristes
participent à la séance de travail de la commission qui sera
convoquée, en vertu de l'article 176 de notre règlement. Il y a
les deux, ne pensez pas que l'un emporte l'autre. L'article 176 est très
clair.
Je souhaite qu'à l'occasion de la séance de travail que
nous aurons à faire, en vertu de l'article 176, nous recevions les
juristes pour compléter l'étude, parce que de toute façon,
que l'un ou l'autre se fasse, l'article 176 prévoit, il est très
clair, une séance de travail. Nous consentons, parce que vous avez un
caucus demain, à ce qu'elle soit reportée, mais nous pensons que
cette séance est impérative et n'est pas laissée à
la bonne volonté des parties.
M. Leclerc: Donc, on va attendre l'appel du président de
la commission. Est-ce qu'on parle de la durée de la séance de
travail, Mme la Présidente?
Mme Harel: Je vous proposerais un après-midi.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
Mme Harel: On n'ira pas au ministère, notre séance
de travail, on va la faire en commission parlementaire, avec un enregistrement,
même si c'est pour nous.
Une voix: En séance de travail, non, non.
Mme Harel: Même si c'est pour nous, les séances de
travail peuvent être enregistrées.
Une voix: Non. Mme Harel: Certain.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît! J'aimerais savoir s'il y a consentement de la commission pour
convoquer une séance de travail.
Mme Harel: On a pas besoin de consentement.
M. Polak: Mme la Présidente, je crois qu'on va laisser
cette décision.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est une décision de
la commission.
Mme Harel: Pas du tout. Cela, Mme la Présidente, vraiment,
vous n'avez pas à décider, à ce moment-ci, qu'il en est
ainsi. Vous allez créer une jurisprudence à l'égard de
l'application de notre règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais habituellement,
ça prend la consentement de la commission.
Mme Harel: Non. L'article 176 n'avait pas requis, jusqu'à
maintenant, le consentement.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est la commission qui
dispose d'un jour.
Mme Harel: Oui, mais la commission n'a pas à
décider d'en disposer ou pas. Elle a juste à décider quand
se tiendra la séance, mais la commission ne peut pas décider de
ne pas tenir la séance, en vertu du l'article 176. Ce n'est pas
laissé à l'initiative.
M. Polak: Mme la Présidente, cet article, selon moi, ne
s'applique pas dans le cas d'étude d'un règlement, c'est une
affaire tout à fait différente. Vous savez, par exemple, quand on
étudie des engagements financiers, il n'y a pas, non plus, une
séance, après. C'est fini. Le mandat est fini. La question des
engagements financiers d'une commission ne s'applique pas.
Mme Harel: Malheureusement, le député a tort, parce
qu'en l'occurrence nos travaux, actuellement, ont été
mandatés par l'Assemblée. Nous avons un mandat de
l'Assemblée nationale.
Une voix: De deux jours! M. Polak: Jusqu'à 18 heures.
Mme Harel: Quel que soit le contenu de ce mandat, nous avons un
mandat ferme et nous pouvons faire des recommandations. Alors, l'article 176
est très clair au terme de l'examen sur lequel nous avons
été mandaté: "La commission dispose d'un jour pour
conduire une séance de travail."
M. Polak: Pour trouver une solution, un juste milieu, on pourrait
laisser la décision au président régulier de cette
commission. Mais, je ne voudrais pas qu'il soit lié par votre
interprétation de l'article 176. Je suis prêt à recommander
aux députés ministériels de laisser au président
régulier, M. Bélanger, le droit de dire si cela s'applique oui ou
non. S'il dit oui, on fixe une date ensemble ensuite avec vous autres et, s'il
dit non, il n'y en a pas.
M. Leclerc: Et d'appliquer le règlement selon la
jurisprudence établie.
M. Polak: C'est cela. Je pense que c'est juste et
équitable de laisser ça au président régulier.
Mme Harel: En vertu de la jurisprudence.
M. Polak: Non, de votre soumission et de la nôtre.
Une voix: Cela va? Mme Harel: Alors...
La Présidente (Mme Bélanger): Un Instant! Je dis
que l'Opposition a raison de demander une séance de travail en vertu de
l'article 176. Mais par contre, il y a l'article 148 qui dit: "Chaque
commission se réunit sur avis transmis à ses membres par son
secrétaire à la demande de son président, sauf s'il s'agit
d'un mandat confié par l'Assemblée. L'avis indique l'objet, la
date, l'heure et l'endroit de la réunion. Copie de cet avis est
adressée au président de l'Assemblée, aux leaders et aux
whips de chaque groupe parlementaire."
Mme Harel: Cela dit juste que notre séance va être
convoquée par le président, c'est tout. Alors, vous venez de
décider qu'il y aura une séance et que c'est notre
président qui la convoquera. Bon.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est-à-dire
qu'on dit que vous avez le droit de convoquer une séance, mais c'est le
président qui décide de la convoquer.
Mme Harel: À cette occasion, j'invite le ministre à
collaborer en nous permettant d'interroger les juristes qu'H met à notre
disposition.
La Présidente (Mme Bélanger): À ce
moment-là, Mme la députée de Maisonneuve, le délai
n'est pas possible dans le jour franc qui suit la commission...
Mme Harel: Donc, il faut un consentement parce que vous avez un
caucus demain.
La Présidente (Mme Bélanger): ...parce qu'il y a un
caucus de deux jours.
Mme Harel: Alors, nous consentons à ce que la
séance soit reportée ultérieurement. Je souhaite que ce
soit mardi prochain, en après-midi.
Une voix: On peut le demander, mais on a déjà un
programme.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on suspend
nos travaux?
Mme Harel: Alors, qu'en est-il, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la question du
délai, le président de la commission décidera.
Une voix: II faut bien que le président serve à
quelque chose.
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
des affaires sociales, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 18 h 8)