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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa place afin que
la commission des affaires sociales puisse - s'il vous plaît! -
procéder à l'étude de la réglementation
découlant de l'adoption du projet de loi 37, Loi sur la
sécurité du revenu.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
La Secrétaire: M. Gervais (L'Assomption) sera
remplacé par M. Polak (Sainte-Anne), Mme Legault (Deux-Montagnes) par M.
Doyon (Louis-Hébert).
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Organisation des travaux
Simplement pour rappeler les règles de procédure...
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous avons une enveloppe globale et vraiment globale de 14 heures
30 minutes pour procéder à l'étude des règlements.
Ce temps sera réparti comme ceci: aujourd'hui, de 10 heures à 12
il 30, de 14 heures à 18 heures et de 20 heures à 22 heures, ce
qui donne 8 heures 30 minutes; et, demain, de 10 heures à 13 heures et
de 15 heures à 18 heures, pour un temps de 6 heures, ce qui nous donnera
le total de 14 heures 30 minutes, ce sur quoi on s'est entendu.
Concernant l'organisation des travaux, dans quelques instants, je vous
demanderai des hypothèses de travail. Je peux en soumettre quelques-unes
en vertu des règlements. On sait que les règlements d'un projet
de loi ne sont pas du ressort d'une commission, dans le sens où ils
peuvent être adoptés sans qu'ils soient soumis à la
commission. S'ils sont soumis à la commission, nous n'avons pas le
pouvoir de les amender, nous n'avons que le pouvoir de faire des
recommandations visant l'amendement des règlements. Nous ne pouvons pas
voter, si vous voulez, des amendements aux règlements, cette
prérogative appartenant au ministre et au Conseil des ministres.
Dans les hypothèses de travail que je voudrais vous proposer, il
y en a trois, mais on est disposé à entendre toute autre
proposition; c'est simplement pour faciliter le débat. Il y en aurait
une première qui pourrait être une discus- sion d'ordre
général, suivie d'une étude détaillée de
chaque article; certaines commissions ont déjà
procédé de cette façon. Une deuxième consisterait
en des remarques préliminaires suivies d'une étude
détaillée, encore une fois, de chaque article. Une
troisième, où on pourrait procéder par thème et
pour chacun arrêter une enveloppe de temps. Il semblerait qu'il y ait
quatre grands thèmes dans la réglementation. On pourrait donc
s'entendre pour qu'il y ait une enveloppe de temps X variant selon
l'intérêt ou la nécessité de chacun des
thèmes et pour procéder à l'étude de ces
thèmes-là de façon globale. À la fin de chaque
article ou de l'étude d'un thème, suivant les modalités
qu'on choisira à chaque bloc de travail, nous ne voterons pas sur le
bloc de travail mais nous en déclarerons simplement l'étude
terminée. Comme tel, je rappelle qu'il n'y a pas de proposition
d'amendement à un article, mais un membre de la commission peut toujours
proposer une motion selon laquelle la commission recommande de modifier un
article plutôt que de présenter une motion de modification tel
qu'on le connaît dans les règles lorsque nous faisons
l'étude d'un projet de loi. Alors, ce sont, dans les grandes lignes, les
déclarations préliminaires que j'avais à faire ou les
informations préliminaires.
Il s'agirait maintenant de prendre quelques minutes peut-être, Je
ne le sais pas, 20 minutes, une demi-heure au maximum pour ne pas perdre tout
le temps là-dessus et s'entendre sur la façon dont nous voulons
procéder dans l'étude du projet de loi. Maintenant, pour des
raisons de fonctionnalité, j'ai permis à M. le ministre de
s'asseoir à côté de nous comme on le fait lors de
l'étude d'un projet de loi puisque, normalement, il devrait être
à la table des témoins comme on le fait dans l'étude des
crédits ou des dépenses budgétaires. Si j'ai l'accord de
l'ensemble des membres, nous pourrions procéder de cette façon et
ça réapparaîtrait plus facile et plus fonctionnel. Est-ce
qu'il y a objection à cette façon de procéder?
Une voix: Aucune.
Le Président (M. Bélanger): Aucune. Mme la
députée de Maisonneuve, est-ce que ça vous convient?
Mme Harel: Jusqu'à maintenant, seulement sur cette
question-là, oui.
Le Président (M. Bélanger): Bon. Alors,
voilà au moins un point de réglé. Maintenant, sur le
fonctionnement de la commission, est-ce qu'on s'entend pour déterminer
un temps pour étudier le mode de fonctionnement de la commission? Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, nous avons reçu, de la
part du bureau du leader, une proposition...
Le Président (M. Bélanger): Mais, madame, est-ce
qu'on s'entend sur un temps pour ne pas 'déborder, pour limiter le
débat, pour éviter qu'on étende indéfiniment, pour
qu'on ne puisse pas utiliser par la suite le règlement à notre
guise?
Mme Harel: Ce qui est embarrassant, M. le Président,
c'est. que, s'il y a un temps dévolu, on prétende qu'il faut
l'épuiser. Je pense bien qu'on peut Immédiatement procéder
en faisant diligence.
Le Président (M. Bélanger): Excellent.
Mme Harel: Donc, je fais mention de cette proposition qui nous
est venue du bureau du leader. Cette étude est prévue, dans
l'ordre, de l'article 1 a l'article 124, avec les annexes. Cela nous donne en
moyenne par article, pour le bloc 1, les articles 1 à 48, 4,38 minutes;
pour le bloc 2 des articles 49 à 82, selon les calculs faits par le
bureau du leader, 7,27 minutes; pour le bloc 3, les articles 83 à 118,
5,14 minutes. Vous comprendrez, M. le Président, que, dans ce contexte,
il est évident qu'il nous apparaît assez dérisoire qu'on se
donne un cadre aussi rigide où, après les 4,38 minutes des 48
premiers articles, pour chaque article, on passerait au suivant. On pense qu'on
devra procéder dans l'ordre en les examinant un après l'autre,
à la suite, en faisant diligence puisque nous avons l'intention de
tenter l'impossible, c'est-à-dire en faisant un survol des impacts et
des conséquences de chacune de ces dispositions dans la vie quotidienne
de nos concitoyens.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: La députée commence à calculer
ça à tant de minutes et tant de secondes par article.
Mme Harel: Ce n'est pas mol qui l'ai calculé. C'est le
leader, M. le Président, qui l'a calculé. C'est le bureau du
leader.
M. Bourbeau: Ce que je dirai essentiellement, c'est que le
Règlement sur la sécurité du revenu que nous proposons
aujourd'hui ressemble étrangement à l'ancien règlement en
vigueur depuis quinze ans. C'est la même forme de règlement; il
porte sur les mêmes objets, les mêmes besoins spéciaux,
etc., etc. C'est donc dire que nous n'aurions pas, normalement, à nous
attarder très longtemps sur un grand nombre de ces articles qui
ressemblent comme des frères jumeaux à ceux auxquels on est
habitués depuis quinze ans.
Il y a donc des points nouveaux dans la réglementation où
on aurait intérêt à nous arrêter et qu'on aurait
intérêt à étudier. Si la députée veut
étudier de nouveau chacun des 124 articles, même si on en
connaît peut-être les trois quarts par coeur depuis toujours, on
pourrait s'y arrêter, mais elle pourra dire à ce moment-là
qu'il reste moins de temps pour les autres articles. Quant à moi,
j'aurais espéré qu'elle eût accepté notre suggestion
de procéder par blocs de sorte qu'on aurait pu concentrer, dans un bloc
donné, les articles de droit nouveau qu'il aurait été
intéressant d'étudier de façon plus
particulière.
Si la députée veut faire comme elle l'a fait au mois de
décembre et tenter de crier au bâillon en perdant du temps sur des
choses qui ont moins d'intérêt que les articles importants, elle
pourra, à là fin de la commission parlementaire, nous dire
qu'elle n'a eu que trois minutes pour étudier l'article 122 et une
minute pour l'article 118. Quant à moi, je dis à la
députée: Si vous êtes sérieuse...
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Oui, je termine là-dessus, M. le
Président. Je lui dis: Si vous êtes vraiment sérieuse et
voulez faire un travail sérieux, allons donc tout de suite aux articles
de droit nouveau, les articles les plus importants. Cela sera dans
l'intérêt de tout le monde, y compris les assistés
sociaux.
Mme Harel: M. le Président, que le ministre ne nous
rappelle pas des mauvais souvenirs de ce bâillon après seulement
sept jours de commission parlementaire. Si aux fins de la démonstration
que j'ai à lui faire des omissions importantes qu'il y a dans ce projet
de règlement, des statu quo contestés sur un très grand
nombre d'articles qu'il n'a pas modifiés, des reculs importants qu'on
inscrit sur une dizaine d'autres, si le ministre veut que je lui fasse cette
démonstration pour lui prouver que malheureusement ce n'est pas la
simple reconduction de ce qu'il y avait avant qu'on a à étudier,
mais que c'est bien autre chose, je la ferai maintenant, M. le
Président. Je ne crois pas qu@ ce soit utile, surtout pour les personnes
pour lesquelles on veut faire nos représentations. M. le
Président, je vous demanderais de procéder selon le
règlement et d'appeler les dispositions les unes après les
autres, pour que le ministre entende ce qu'on a à lui dire sur chacun de
ces articles. le Président (M. Bélanger): Avant de
débuter, on s'entend sur les règles qui prévalent lorsque
nous étudions un règlement, c'est-à-dire l'alternance des
temps de parole de dix minutes, et ces temps de parole ne sont pas
transférables ou accumulables. On ne pourra dire, il me reste trois
minutes, je vais les donner à Untel ou à Untel. Il n'en est pas
question. C'est dix minutes
par parlementaire. S'il prend moins de dix minutes, ce temps n'est pas
cumulatif ou transférable. À la fin des 14 h 30, quoi qu'il
advienne - et j'espère dans l'harmonie la plus totale et avec le plus de
sincérité possible - nous conclurons l'ensemble de
l'étude, mais il n'est pas question de déborder les 14 il 30 qui
sont prévues pour l'étude du règlement. Nous devrons
considérer qu'à la fin des 14 il 30 nous aurons
étudié tous les règlements qui nous intéressaient.
Ceux qui n'auront pas été faits, nous supposerons qu'ils ont
suscité moins d'intérêt, ou encore moins le besoin
d'être présentés.
Donc, il y a une proposition de Mme la députée de
Maisonneuve de procéder à l'étude article par article avec
le temps nécessaire pour aller au fond de chaque article et avec la
possibilité, si vous voulez, que nous ne voyions pas tous les articles.
Est-ce que nous sommes d'accord avec cette proposition? Rappelons qu'ici la
règle c'est un vote simple, si la chose devait être
nécessaire. Est-ce que nous sommes d'accord avec cette proposition?
M. Bourbeau: M. le Président, comme je l'ai dit tout
à l'heure, ce n'est pas notre premier choix, mais si l'Opposition tient
à le faire de cette façon, bien que je sois convaincu que ce
n'est pas la meilleure façon de le faire, nous allons nous rendre au
désir de l'Opposition, comme nous avons fait, d'ailleurs, à
l'égard de tous les éléments de ce dossier. Nous allons
donner raison à l'Opposition.
M. Polak: M. le Président....
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne. (10 h 30)
M. Polak: Je peux voir un certain danger là-dedans.
Qu'arrive-t-il si à un moment donné l'Opposition s'arrête
à un article pour je ne sais combien de temps? S'il n'y a aucune limite,
il y a peut-être une section très importante qu'on n'aura pas le
temps d'aborder. Je ne veux pas être trop procédurier, mais je me
réserve le droit, si on note qu'à un moment donné on abuse
du temps, d'intervenir pour dire qu'on continue nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne, il ne faudrait prêter d'intention
à personne. Tout le monde est motivé et décidé
à étudier le règlement jusqu'au dernier article. Alors,
dans cette perspective, je me dois de faire confiance à la bonne foi de
tout le monde.
M. Polak: Une femme avertie compte pour deux.
Mme Harel: M. le Président, j'aurais peut-être
retenu les propos du député s'il avait cru bon d'insister
auprès de son gouvernement pour qu'il y ait plus de deux jours qui
soient dévolus à l'étude des 124 articles de ce nouveau
règlement. Dans le contexte, M. le Président, soyez certain que
nous avons l'intention de travailler avec diligence pour couvrir l'ensemble des
conséquences dans la vie des gens de ce nouveau règlement.
Le Président (M. Bélanger): Je dois quand
même apporter une petite précision: l'ensemble des travaux que la
commission devra mener d'ici la fin de la session suppose un horaire
suffisamment chargé. Il était difficile d'impartir plus de temps
à ce règlement dans cet esprit. De toute façon...
Mme Harel: Disons que vous n'êtes pas...
Le Président (M. Bélanger): ...on ne fera pas de
débat académique et philosophique là-dessus. Sans plus
tarder, j'appellerais donc l'article 1... C'est-à-dire, il y a des
remarques préliminaires. C'est dix minutes. Oui, il peut y avoir dix
minutes de part et d'autre, pour les remarques préliminaires. Alors,
est-ce que cela vous convient, Mme la députée de Maisonneuve?
Oui. Alors, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, la commission parlementaire
des affaires sociales entreprend ce matin un travail exceptionnel,
inusité, l'étude d'un règlement. En effet, les
législateurs que nous sommes avons l'habitude de déférer
aux commissions parlementaires l'étude détaillée des
projets de loi, mais les membres de ces commissions ont rarement l'occasion
d'examiner la réglementation qui complète et donne même
parfois un sens aux lois étudiées ici. J'ai accepté de
déroger à nos coutumes parlementaires pour soumettre le
Règlement sur la sécurité du revenu aux réflexions
et aux débats de cette commission.
Il m'a semblé, en effet, que les députés qui ont
consacré plusieurs semaines à analyser la politique de la
sécurité du revenu devaient pouvoir s'attarder pendant deux jours
au règlement qui apporte les dernières précisions sur
l'application de cette politique. J'ai voulu dissiper aussi l'impression que le
Règlement sur la sécurité du revenu pourrait contenir des
surprises, pour ne pas dire des cachoteries qui prêteraient un sens
particulier à certaines dispositions de la loi. Vous verrez, M. le
Président, qu'il n'en est rien. Enfin, j'ai pensé que l'accalmie
apportée par la période des fêtes aura permis d'apaiser
quelque peu les passions et que nous pourrions peut-être cette fois
discuter avec une certaine sérénité de la
sécurité du revenu.
Je dois dire que mon enthousiasme a été passablement
refroidi, par les déclarations récentes de la
députée de Maisonneuve qui, tout en déplorant le manque de
temps mis à la
disposition de la commission parlementaire, annonce d'avance une guerre
de procédure qui réduira d'autant la période
d'étude du règlement. La députée se plaint d'avoir
dû consacrer Une trentaine d'heures à comprendre le
règlement et d'avoir dû appeler à la rescousse certains de
ses amis de l'aide juridique. Mme la députée a-t-elle
oublié l'offre que je lui ai faite, à sa propre demande, de
rencontrer les juristes du ministère qui ont rédigé le
règlement? Il fut une certaine époque où on qualifiait le
comportement affiché par les représentants de l'Opposition
officielle de mensonge par omission. J'ajouterai que, dès que la
députée de Maisonneuve a demandé de reporter de quelques
semaines la tenue de la commission, j'ai acquiescé sans délai
à sa requête. On a l'indignation facile de l'autre
côté de la table. Je comprends que la députée qui a
mené une guerre de tranchées contre la Loi sur la
sécurité du revenu ne puisse pas applaudir aux règlements
qui en précisent les modalités d'application, mais il y a la
manière.
Il est important de préciser, M. le Président, que,
contrairement aux dénonciations intempestives de l'Opposition, le
Règlement sur la sécurité du revenu ne contient à
peu près aucune innovation juridique. Un très grand nombre de
clauses de l'actuel règlement de l'aide sociale ont été
reconduites purement et simplement, en y apportant parfois des modifications de
forme, par souci de concordance avec l'ensemble de la réglementation au
Québec.
Les autres dispostions du Règlement sur la sécurité
du revenu consistent en des précisions de certains pouvoirs clairement
définis dans la loi. Par exemple, le règlement fixe les
barèmes d'aide applicables aux diverses catégories de
prestataires. Or, la Loi sur la sécurité du revenu définit
très précisément cette structure de barèmes. Elle
précise môme, dans certains cas, les écarts dans les taux
de prestations. De plus, le montant des prestations a été rendu
publie, il y a plusieurs semaines, de sorte que la publication du
règlement ne doit pas avoir provoqué beaucoup de réactions
d'étonnement de la part de ceux qui ont suivi l'évolution du
dossier de la réforme de l'aide sociale.
Il en va de même pour la contribution alimentaire parentale. Nous
avons soutenu à plusieurs reprises que, par souci d'harmonisation avec
le régime des prêts et bourses, nous appliquerions à
l'égard des personnes dépendantes de leurs parents le principe
d'une contribution alimentaire proportionnelle aux revenus des parents. Le
règlement décrit simplement les modalités techniques de
cette harmonisation avec l'aide financière accordée aux
étudiants, il faut savoir que les pouvoirs réglementaires de la
Loi sur la sécurité du revenu sont clairement circonscrits dans
le texte législatif, contrairement à ce qu'on observe dans
d'autres lois où ces pouvoirs apparaissent beaucoup plus
généraux, ce qui accorde au gouvernement une latitude nettement
plus grande dans l'élaboration du règlement.
Le gouvernement ne s'est pas octroyé ce genre de pouvoir
largement discrétionnaire dans la nouvelle Loi sur la
sécurité du revenu. C'est pourquoi, si nous utilisons
judicieusement les deux jours que cette commission parlementaire consacre
à l'étude du Règlement sur la sécurité du
revenu, nous avons amplement le temps de l'étudier sérieusement
et d'élucider les questions qu'il soulève. Je ne vois donc pas la
nécessité de souscrire à la demande de l'Opposition
officielle de prolonger nos travaux de quelques jours. Je ne donnerai pas suite
non plus à la requête de l'Opposition de recevoir ici les groupes
intéressés à commenter le Règlement sur la
sécurité du revenu. Ce règlement a fait l'objet d'une
première publication, le 25 janvier dernier. Les organismes ou les
personnes qui veulent adresser au gouvernement des observations ou des
propositions d'amendement au règlement disposent de 45 jours pour nous
les faire connaître. La Loi sur les règlements prescrit cette
procédure de publication et de consultation et nous la respecterons en
tous points.
Avec la tenue de cette commission et la période usuelle de
consultation, les dernières modifications seront apportées au
Règlement sur la sécurité du revenu avant qu'il n'entre en
vigueur le 1er août prochain. Le règlement représente un
outil indispensable pour ceux qui doivent appliquer la Loi sur la
sécurité du revenu et ceux qui veillent au respect des droits des
prestataires. Il constitue en quelque sorte l'unité de précision
de la loi, le champ concret de son application. Par exemple, la loi utilise des
expressions comme "enfant à charge", "membre d'une famille", "personne
hébergée", "adulte hospitalisé", "frais de logement",
"logement partagé". Le sens commun prête à ses expressions
une définition assez claire, mais on se trouve quelquefois
confrontés à des situations ambiguës qui nous Incitent
à définir certains termes de façon plus raffinée.
Où se situe la démarcation entre l'hospitalisation et
l'hébergement d'une personne admise dans un centre hospitalier ou un
établissement spécialisé? De même qu'est-ce qui
distingue une maison de chambres d'un grand appartement où cohabitent
plusieurs personnes? Le règlement apporte ces précisions afin de
limiter les divergences d'interprétation de la loi et, par voie de
conséquence, le traitement discrétionnaire de l'aide
apportée aux prestataires de la sécurité du revenu.
Bien sûr, un chapitre important du règlement a trait
à la description détaillée des barèmes de la
sécurité du revenu, c'est-à-dire des montants de l'aide
accordée aux différents types de ménages. Le montant de
l'aide varie selon que le prestataire est apte au travail ou est frappé,
au contraire, de contraintes sévères à l'emploi. Pour les
personnes capables d'occuper un emploi, le niveau de la prestation varie en
fonction de leur volonté de participer à des mesures
destinées à favoriser, à court ou à
moyen terme, leur intégration au marché du travail. Vous
remarquerez que les montants des exemptions pour gains de travail sont
considérablement augmentés par rapport à ceux qui sont
autorisés en vertu de l'actuel règlement de l'aide sociale.
On entend par "exception pour gains de travail" les revenus provenant
d'un travail que le bénéficiaire peut toucher sans que le montant
de sa prestation ne soit réduit. Actuellement, les revenus de travail
exclus sont de 25 $ par mois pour une personne seule et de 40 $ par mois pour
une famille, plus 5 $ par enfant à charge, lis passent à des
montants variant de 40 $ à 170 $ par mois selon le type de ménage
et le barème auquel il a droit. Cette modification des exemptions pour
gains de travail s'inscrit dans l'objectif premier de la réforme de
l'aide sociale qui est d'inciter les prestataires à accéder au
marché du travail. Or, cette démarche vers le marché de
l'emploi peut se faire graduellement, c'est-à-dire, dans un premier
temps, par le recours à un travail occasionnel. Pour encourager cette
dynamique, nous relevons significativement les revenus de travail qui
n'affectent pas les montants de la prestation, parce qu'il est essentiel que
les bénéficiaires puissent développer ou préserver
des habitudes de travail, à moins qu'ils ne souffrent d'un handicap
physique ou mental d'une certaine gravité.
Une autre disposition du règlement qui poursuit le même but
de la réinsertion en emploi...
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Bélanger): II est visible qu'on
n'aura pas suffisamment de dix minutes puisqu'il reste à peine une
minute. Est-ce qu'il y a consentement pour que M. le ministre puisse utiliser
le temps nécessaire pour la lecture de son texte dans la mesure
où le même temps sera dévolu à l'Opposition pour sa
réplique?
Mme Harel: Certainement.
Le Président (M. Bélanger): II y a accord? Je vous
remercie. M. le ministre.
M. Bourbeau: Une autre disposition du règlement qui poursuit le
même but de la réinsertion en emploi des clients de la
sécurité du revenu est celle du maintien de la gratuité
des médicament et des services dentaires pendant une certaine
période après avoir quitté la sécurité du
revenu. Cette aide particulière s'applique à trois situations.
Premièrement, le prestataire qui fréquente à plein temps
un cégep ou une université et qui passe de ce fait du
régime de la sécurité du revenu à celui des
prêts et bourses conservera pendant un an le privilège de la
gratuité des services dentaires et pharmaceutiques. Deuxièmement,
la personne qui participe à un programme de subvention salariale dans
une entreprise privée ou chez un organisme public ou communautaire
bénéficiera de l'accessibilité aux médicaments et
aux services dentaires gratuits pendant six mois. Enfin, troisièmement,
celui qui quitte la sécurité du revenu pour occuper un emploi
saisonnier conservera l'accès gratuit à ces services dentaires et
pharmaceutiques pendant trois mois.
Il nous est apparu important de favoriser une certaine transition entre
la sécurité du revenu et la participation à certaines
activités destinées clairement à accéder au
marché du travail. Or, pour les chefs de famille avec enfants, la prise
en charge par l'État, pendant une certaine période, des frais
dentaires et pharmaceutiques représente une mesure sécurisante
qui peut les inciter à retourner aux études postsecondaires ou
à accepter un emploi apparemment temporaire.
La politique de sécurité du revenu a introduit un
programme innovateur à bien des égards pour inciter les
travailleurs à faible revenu à demeurer en emploi: le programme
APPORT, c'est-à-dire Aide aux parents pour leurs revenus de travail. Le
règlement décrit les exigences et les modes d'application du
programme; il contient certains assouplissements destinés
essentiellement à faciliter l'accès des familles admissibles
à l'aide financière offerte.
Le Règlement sur la sécurité du revenu reconduit
environ 110 besoins dits spéciaux. Dans plusieurs cas, les montants
alloués à la couverture de ces besoins sont majorés. On
entend par besoins spéciaux les prestations accordées pour les
lunettes, prothèses, orthèses, appareils orthopédiques et
autres équipements médicaux, de même que pour certaines
dépenses liées au déménagement, à la
recherche d'emploi, à la grossesse ou à l'allaitement. Ces
besoins spéciaux concernent également la situation des femmes
réfugiées dans une maison d'hébergement, cette d'une
personne hébergée dans un centre d'accueil, la compensation de
certaines pertes subies lors d'un incendie ou d'un sinistre, le remboursement
des frais funéraires, la prestation pour défrayer certains
services juridiques, etc. (10 h 45)
Les principaux éléments de ces prestations
spéciales qui font l'objet d'une augmentation appréciable sont:
le tarif des prothèses dentaires qui est relevé de 10,5 %; la
prestation pour les lunettes, majorée de 19 %; les montants
octroyés pour l'acquisition, par les bénéficiaires,
d'équipements et d'appareils orthopédiques qui n'ont pas
été révisés depuis 1976 sont rajustés aux
prix réguliers du marché de décembre 1988; le
supplément pour la grossesse double, passant de 20 $ à 40 $ par
mois; les prestations pour les frais funéraires passent de 200 $
à 300 $ pour un enfant de moins d'un an et de 1000 $ à 1500 $
pour une personne de plus de dix ans; le montant
alloué pour les frais funéraires d'un enfant d'un à
cinq ans et de cinq à dix ans demeure respectivement à 600 $ et
à 800 $.
Lorsque j'ai rendu publiques les modifications apportées à
la politique de sécurité du revenu, j'ai fait état du
programme d'allocation-logement qui serait offert aux familles avec enfants
mineurs, dépendants de l'aide sociale, qui doivent consacrer au logement
un montant supérieur à la moyenne des ménages de
môme composition. Le règlement précise que cette
allocation-logement sera accessible aux familles inscrites à la
sécurité du revenu et aux familles de travailleurs à
faible revenu à compter du 1er janvier 1990. Il décrit, en outre,
ce que l'on entend par frais de logement. Pour un propriétaire, cela
englobe le remboursement hypothécaire, les taxes foncières, la
prime d'assurance-incendie et certains montants pour l'entretien, les
réparations, le chauffage et l'électricité. Pour un
locataire, les frais de logement comprennent le loyer du mois, les taxes
locatives et, s'ils ne sont pas compris dans le prix du loyer, un montant de 30
$ par mois pour le chauffage et de 20 $ par mois pour
l'électricité. Selon le nombre de personnes dans la famille,
lorsque les frais de logement sont supérieurs à un seuil variant
de 307 $ à 337 $ par mois, la famille est admissible à une
allocation-logement couvrant 75 % du dépassement de ce seuil
jusqu'à concurrence de certaines limites supérieures. Ainsi, la
famille monoparentale de deux enfants qui consacre 390 $ par mois pour se loger
bénéficiera d'une allocation-logement de 49,50 $ par mois. Le
montant de l'allocation-logement peut atteindre 52 $ par mois.
Je termine Ici, M. le Président, les remarques
préliminaires sur le Règlement sur la sécurité du
revenu. Des spécialistes du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu m'accompagent et m'assisteront au besoin au
cours des deux prochains jours afin que je puisse répondre à
toutes les questions des membres de la commission parlementaire des affaires
sociales. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M. le
ministre.
Mme la députée de Maisonneuve, vous avez seize minutes
pour votre réplique. Mme la députée.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
rappeler au ministre qu'il n'y a ni dérogation, ni
précédent dans le fait d'étudier un règlement en
commission parlementaire. Sans que ce soit là d'usage fréquent,
comme le prétendait pourtant le gouvernement actuel quand il
était dans l'Opposition, il s'avère pourtant que c'est assez
usuel. Il faut simplement se rappeler l'étude du règlement en
matière de forêt, cet automne. Les gens valent bien les arbres, M.
le Président, et c'est tout à fait normal, surtout que le premier
ministre lui-même avait pris l'engagement, auprès des
représentants de la Conférence des évêques et des
représentants des diverses congrégations de religieux et
religieuses au Québec, de tenir une telle consultation sur la
réglementation. C'est un prix de consolation. Malheureusement, c'est un
prix de consolation assez dérisoire, compte tenu du peu de temps. Et
J'aurai l'occasion de démontrer, M. le Président, que nous avons
Intérêt à faire une étude sérieuse de ce
règlement à cause de l'impact et des conséquences qu'il
a.
Un mot, simplement, sur cette sorte de fabrication d'alibi que le
ministre s'est donné, lui qui ne nous a fourni ni les notes
explicatives, ni les avis juridiques que nous lui avions demandés. S'il
me fait grief d'avoir plutôt préféré consulter les
avocats de pratiqua sociale que ceux de son ministère, compte tenu du
peu de temps qu'on avait à notre disposition, je veux simplement lui
rappeler que j'aurai deux jours pour écouter ceux de son
ministère et que ceux que je voulais faire entrendre ici sont ceux qui
défendent les gens qui seront mis en cause par ce règlement, ceux
que le ministre n'a pas voulu entendre en ouvrant cette consultation à
l'ensemble des organisations ou associations qui auraient voulu se faire
entendre et qui n'auront pas l'occasion de le faire. Ce sont les avocats qui
défendent ces personnes que je ferai entendre aujourd'hui, M. le
Président, pour qu'ils expriment aussi leur point de vue ici devant la
commission.
M. le Président, pour le bénéfice des membres de la
commission, j'ai pensé vous illustrer, par trois exemples de personnes
qui vivent la situation, les conséquences de ce règlement. Ces
exemples ne sont pas le fruit de mon imagination puisqu'ils sont l'expression
de la réalité de gens de mon quartier. Premier exemple: une
personne arrive à l'aide sociale le 1er août 1989. C'est une
personne seule puisqu'elle a seulement une fille de 19 ans qui travaille et qui
lui paie une pension. Cela lui apporte un petit coup de main puisque ses
coûts de logement s'élèvent à 450 $ par mois. Sa
fille lui donne 60 $ par semaine. Cette personne a 52 ans. Elle remplit une
demande d'aide sociale, se déclare non disponible puisqu'elle ne voit
pas ce qu'elle pourrait faire comme travail. Sa santé n'est pas
très bonne. Elle n'a pas terminé sa septième année
scolaire et elle n'a jamais travaillé à l'extérieur.
L'agent d'aide sociale ou l'ordinateur, selon le cas, la classe dans la
catégorie apte-non participante. Sa prestation sera fixée
à 420 $ plus 10 $ pour l'Impôt foncier, pour un total de 430 $.
Elle subit une coupure pour partage de logement de 85 $. Comme elle a
déclaré que sa fille lui payait une pension, on calculera le
surplus en revenu de chambre, donc 60 $ multipliés par 4,3, puisque l'on
calcule 4,3 semaines par mois, soit 258 $. Ce montant, multiplié par 40
% - on examinera cela pour
chacun des règlements - donnera le montant de 103 $. On
enlève les 85 $ pour le partage; il restera 18 $. Elle subit une
nouvelle coupure de 18 $ pour revenu de chambre. Son chèque ne sera plus
que de 327 $ par mois.
Voyant cela, elle rencontre son agent pour lui demander des
explications. Il lui proposera un plan d'action; elle sera stagiaire dans uns
garderie. Elle ne pourra pas choisir, n'ayant dorénavant pas le drott de
révision de la décision. Dans l'attente de son stage, on la
considérera comme disponible. Son prochain chèque remontera
à 394 $, de 327 $ qu'il était, puisqu'elle est classée
disponible. Sa fille perd son emploi; elle n'a pas le droit à
l'assurance-chômage, n'ayant pas accumulé le nombre de semaines
nécessaire. Elle est sans ressources et elle ne paie plus de pension.
Nouveau contact avec l'aide sociale. On rétablira son chèque
à 412 $ en lui expliquant que, même si sa fille ne travaille pas,
elle subit quand même la coupure pour partage de logement. Elle ne peut
payer son loyer. Elle relancera son agent d'aide sociale qui lui trouvera enfin
ce stage dans la garderie. Son nouveau chèque s'élèvera
à 445 $ par mois. Rien ne fonctionnera plus financièrement. Elle
se chicanera avec sa fille; celle-ci quittera la maison. Son nouveau
chèque sera établi à 530 $ parce que sa fille sera
partie.
Son problème n'est pas réglé pour autant.
Dépressive, les enfants de la garderie l'énervent; elle quittera
son stage et ne recevra plus qu'un chèque de 330 $ parce qu'elle sera
considérée comme non participante et elle devra subir une coupure
de 100 $ durant douze mois pour avoir abandonné son stage. Son agent lui
dira qu'elle n'avait qu'à rester à la garderie. Ne pouvant payer
son loyer, elle aura des ennuis avec le propriétaire;
complètement démoralisée, on l'hospitalisera à
cause d'une dépression nerveuse. Durant les deux mois complets qu'elle
passera à l'hôpital, elle ne recevra qu'un montant de 125 $ pour
ses dépenses et 175 $ pour payer son logement. Ayant déjà
des ennuis avec le propriétaire, elle perdra son logement, faute de
pouvoir payer le loyer.
M. le Président, c'est rigoureusement...
Une voix: Faux.
Mme Harel: ...la situation qui pourra survenir pour une femme de
52 ans.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
Mme Harel: Un jeune homme de 19 ans maintenant. Un
deuxième exemple, toujours en vertu du même règlement que
nous aurons à étudier durant deux jours. Ce jeune homme demeure
chez ses parents. Il a terminé ses études secondaires et il se
cherche un emploi. Il a fait quelques petites jobs ici et là pour
aboutir sur l'aide sociale. Son père a un salaire net de 18 000 $ et sa
mère garde un jeune enfant sur semaine et se fait 50 $ par semaine; elle
a donc un revenu de 2600 $ par année. Son agent lui explique la
contribution parentale et fait le calcul de son chèque. La famille n'a
aucun enfant à charge, heureusement, sauf lui. Revenu des père et
mère: 20 600 $. On exempte un montant de 10 080 $, ce qui fait un
montant de 10 520 $ sur lequel sera calculée la contribution parentale.
On calcule 40 % de ce résultat, soit 4208 $. Ensuite, on divisera par
douze - on n'aura l'occasion d'examiner tous ces calculs pendant les deux
journées - soit 351 $ par mois. Comme le jeune est disponible pour
participer à un stage en milieu de travail, il aura droit à 487 $
jusqu'au début de son stage. On lui coupe de ce montant, 351 $ de
contribution parentale et 85 $ de partage de logement. Il a droit à 51 $
d'aide sociale. Ses parents ne lui donnent pas d'argent puisqu'ils arrivent
eux-mêmes à peine à défrayer l'ensemble de leurs
dépenses. Il va voir son agent qui lui dit que c'est la loi. Il se
chicane et quitte la maison familiale.
On lui rétablit son chèque à 136 $ puisqu'il habite
maintenant dans une maison de jeunes. Il paie 60 $ pour se loger dans cette
maison d'hébergement. Comme ces coûts de logement sont
inférieurs à 125 $, on lui coupera la différence de 60 $.
Il lui restera 71 $ par mois pour habiter dans une maison d'hébergement.
Il part de cet endroit et s'en va habiter avec trois amis. Son chèque
s'établit de nouveau à 51 $. Pour arriver à survivre, il
commence à faire des mauvais coups et il finit par être
pincé et il se retrouve en prison pour quelques mois, à la suite
de vols de sacs à main. Il en coûtera à l'État 85 $
par jour. Quelle économie!
Troisième et dernier exemple. Une femme a deux enfants à
charge, 8 ans et 14 ans, et un autre de 18 ans. Elle arrive à l'aide
sociale à la suite d'une séparation comme c'est si
fréquent Son mari a pris le large et est introuvable. Elle explique
à son agent qu'elle ne peut travailler pour le moment, puisque le plus
jeune est très perturbé par la situation. Elle aurait droit
à 722 $ d'aide sociale. À ce montant s'ajoutent 12 $ pour
l'impôt foncier et on lui enlève un montant de 14 $ pour les
allocations familiales. Total 720 $ par mois. On lui coupe les premiers 85 $
pour partage de logement parce que son fils de 18 ans habite avec elle. Cela
lui fait 635 $ par mois puisqu'elle est apte et non participante.
Elle reçoit en allocations familiales 68,25 $ par mois. Son jeune
de 18 ans lui donne 200 $. Son revenu total mensuel se calcule comme suit: 635
$ de barème d'aide sociale, 200 $ de pension payée par son fils,
et 69 $ d'allocations familiales, pour un total de 904 $ par mois. Quelques
mois plus tard, son agent lui propose de participer à un stage. Elle lui
explique qu'elle aimerait bien, mais elle voudrait attendre à l'automne
parce qu'elle éprouve des difficultés avec les deux derniers.
Celui de quatorze ans arrive à l'adolescence et est parfois très
turbulent. Elle subit, à chaque mois, une coupure de
100 $, et ce, pendant 12 mois. Son nouveau revenu s'établit
à 804 $ par mois. À cause de sa situation difficile, sa
mère vient habiter avec elle. Pension pour sa mère, 250 $ par
mois. Elle retourne voir son agent, lui explique la situation avec les
nouvelles données et lui dit qu'elle va participer au stage qu'il lui
avait proposé précédemment, sa mère pouvant
surveiller les enfants.
Son agent lui explique qu'elle n'est pas admissible au barème des
personnes disponibles, puisqu'elle a refusé une première fois. Il
rétablit son chèque à 635 $ par mois, mais lui coupe 100 $
pour revenu de chambre, à cause de sa mère. Nouveau montant du
chèque 535 $. Nouveau revenu mensuel, 1054 $. Elle attend l'appel de son
agent pour ce stage. Ils sont un peu à l'étroit dans la maison
qu'ils habitent. Ils sont maintenant quatre personnes dans un quatre et demi.
Cela lui coûte plus de 400 $ par mois pour se loger, plus de 400 $ par
mois pour nourrir les cinq membres de la famille. On se chicane souvent
à la maison et le jeune de 18 ans part pour aller vivre en appartement.
Sa mère est hospitalisée. On rétablit son barème,
720 $. Revenu total mensuel avec les allocations, 789 $. Elle commence son
stage dans un hôpital, elle travaille fort; son nouveau barème est
de 820 $, son revenu total, 889 $ et, comme elle est fatiguée, elle a de
la difficulté à joindre les deux bouts. Dépressive, elle
quittera son stage et reviendra au barème de 720 $ plus une coupure de
100 $, parce que les raisons qui ont motivé son abandon ne sont pas
retenues comme raisons d'abandon. Elle n'a qu'à se prendre en main et
à serrer la vis à ses enfants, lui dira-t-on. Revenu mensuel, 689
$. Elle aurait tant voulu s'en sortir et elle se trouve piégée.
(11 heures)
M. le Président, quelques exemples pour vous rappeler
l'invraisemblance du discours gouvernemental d'incitation au travail. D'abord,
les revenus gagnés que pourra percevoir un bénéficiaire,
sans que le montant de sa prestation ne soit réduit, n'ont cessé
de fluctuer à la baisse depuis la proposition du ministre Paradis. La
campagne que nous avons menée, nous de l'Opposition, contre la
diminution de l'aide financière pour certaines catégories de
personnes qui étaient prestataires du programme APTE s'est
malheureusement soldée par une réduction des gains de travail
permis initialement pour ces catégories. La trappe de pauvreté du
projet libéral consiste à ne considérer les revenus de
travail qu'aux fins de combler l'écart entre les besoins reconnus qui ne
sont pas comblés. Il y a une sorte de logique aveugle qui amène
le gouvernement à reconnaître des revenus de travail plus
élevés généralement, puisqu'ils seront en moyenne
de 100 $ par mois, pour les bénéficiaires du programme Soutien
financier. Les bénéficiaires qui sont considérés
comme ayant de sévères contraintes à l'emploi et ceux dont
l'état de santé physique ou mental est altéré pour
une durée vraisemblablement permanente, ces bénéficiaires
auront droit à des revenus gagnés plus élevés
généralement que les personnes que l'on considère aptes au
travail. Qu'à cela ne tienne, il y aura 42 catégories de revenus
de travail admissibles à la seule catégorie apte au travail. Les
gains de travail seront d'ailleurs plus élevés pour les personnes
seules et les familles monoparentales que pour les familles biparentales avec
enfants.
Le Président (M. Bélanger): II reste à peine
deux minutes.
Mme Harel: M. le Président, nous allons avoir l'occasion
d'examiner de près ces dispositions qui ne corrigent en rien le sort des
femmes pauvres dans la société. Elles auront comme incidence le
contrôle. Je termine là-dessus. Ce sont là des dispositions
nouvelles de ce règlement qui vont amener l'administration à
transférer le fardeau de la preuve, en matière de droits et de
recours sur les épaules des bénéficiaires.
Dorénavant, un bénéficiaire n'aura plus le droit,
même pour des motifs jugés convenables, de refuser un emploi et
n'aura plus le droit à la révision lorsque, dans le plan
d'action, l'agent lui aura proposé un emploi.
M. le Président, vous comprendrez que nous avons examiné
très attentivement tous les articles et nous avons, pour chacun d'eux,
des recommandations, des représentations à faire. Nous pensons
que le ministre ne pourra pas faire fi de ce qui, à notre point de vue,
est un travail qui réclame des corrections majeures. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député de Jean-Talon.
M. Doyon: De Louis-Hébert.
Le Président (M. Bélanger): Louis-Hébert,
excusez, oui.
M. Doyon: M. le Président, je signale en passant que les
remarques que vient de faire la députée de Maisonneuve sont
farcies d'erreurs. On pourrait le démontrer en prenant le temps
nécessaire et relever un paquet d'ambiguïtés, mais ce n'est
pas le but de la commission, M. le Président, et le ministre aura le
temps de faire cette preuve. On va procéder.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
remarques? Cela va. Alors, comme convenu, j'appelle donc l'article 1 du projet
de règlement.
M. le ministre, sur l'article 1.
Étude de la réglementation
Objet
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1,
évidemment, il est assez compliqué de faire l'étude
d'un règlement quand on n'est pas supposé en faire en commission
parlementaire. Je dis que l'article 1 est là et qu'il est bien
rédigé. Il décrit ce que c'est que d'être à
la charge d'un autre adulte. Je peux peut-être lire l'article qui dit:
"Est considéré être à la charge d'un autre adulte
que son père ou sa mère, l'enfant qui est à la charge d'un
frère, d'une soeur, d'un oncle, d'une tante, d'un grand-parent ou d'un
adulte lorsque ce dernier en a la garde en vertu d'un jugement d'un tribunal,
sauf s'il s'agit d'une famille d'accueil au sens du paragraphe o du premier
alinéa de l'article 1 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux."
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
commentaires sur l'article?
M. Bourbeau: C'est le premier paragraphe, M. le Président.
Il y en a trois, mais Je vais laisser à l'Opposition le soin de poser
des questions. Je n'ai absolument pas le goût de lire chacun des
articles. Il me semble que c'est technique et que, dans la plupart des cas,
c'est la reconduction de ce qui existe présentement. On va laisser
à l'Opposition le soin de poser des questions et on répondra.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: D'abord, M. le Président, j'aimerais qu'on soit
très clair sur le fait qu'il n'y a aucun précédent, ni
dérogation au fait qu'on procède à cet examen du
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Absolument pas.
Mme Harel: Je rappelle au ministre qu'au sujet du
règlement des comités catholiques et protestants, non seulement
l'examen s'est fait en commission, mais, plus encore, il y a eu une
consultation sur les règlements et des mémoires ont
été entendus, ce qu'il aurait été souhaitable de
faire dans le cas qui nous intéresse maintenant. J'aimerais bien qu'on
cesse de prétendre qu'on fait quelque chose qui nous est alloué
à cause de la générosité du ministre. Ce n'est
malheureusement pas le cas, M. le Président.
En regard de l'article 1 du règlement, il faut constater que,
dorénavant, le règlement se lira de telle façon que
l'enfant est à la charge d'une famille, de son père et de sa
mère, ou, par jugement, de son tuteur; que l'enfant n'est plus
admissible quand il est placé en famille d'accueil, au quatrième
mois; quand il est placé en centre hospitalier, au quatrième
mois; au moment de l'incarcération, au quatrième mois, et,
évidemment, au moment du décès et sans doute que la
nouveauté du règlement est... Je regarde l'interprétation
en général. On reviendra à l'article 4. Alors, cela va
pour l'article 1.
Il faut peut-être seulement signaler au troisième
paragraphe: "est considéré ne pas être à la charge
d'une personne l'enfant qui ne réside pas au Québec ou qui n'est
pas légalement autorisé à demeurer au Canada." C'est la
situation des enfants de réfugiés politiques ou en attente d'un
statut. C'est bien le cas?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre,
désirez-vous répondre à cette question, à savoir
qu'à l'article 1 le 3° touche particulièrement les enfants de
réfugiés qui ne sont pas encore entrés au pays? Je traduis
fidèlement?
Mme Harel: C'est-à-dire des réfugiés qui
sont en attente de statut...
Le Président (M. Bélanger): ...qui sont en attente
d'un statut...
Mme Harel: ...qui sont plutôt des requérants au
statut de réfugié.
M. Bourbeau: S'ils sont au Québec en attente d'un statut
de réfugié, à ce moment-là, les
réfugiés sont considéré comme admissibles.
Mme Harel: Les enfants sont considérés comme
admissibles s'ils résident au Québec. C'est bien cela. Mais les
enfants de ceux qui sont en attente de statut...
M. Bourbeau: À l'extérieur du Québec?
Mme Harel: À l'extérieur, voilà. Est-ce une
disposition qui est de droit nouveau?
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'était pas
spécifiquement dans l'ancienne loi, mais cela découlait du texte
de l'ancienne loi et on l'a indiqué pour plus de précision dans
la nouvelle loi. Je renvoie la députée à l'article 7,
paragraphe 1°, de la loi, qui dit: "Sont inadmissibles au programme: un
adulte qui ne réside pas au Québec ou qui n'est pas
légalement autorisé à demeurer au Canada." Dans le
règlement, on vient préciser, au paragraphe 3°, la
définition de l'enfant à charge, dans ces cas-là. Le
paragraphe 3°, comme vient de le dire le député stipule: "Est
considéré ne pas être à la charge d'une personne
l'enfant qui ne réside pas au Québec ou qui n'est pas
légalement autorisé à demeurer au Canada."
Évidemment, cela vise l'enfant seulement.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
remarques sur l'article 1?
M. Polak: Non, mais j'ai une question. Le Président (M.
Bélanger): Oui.
M. Polak: On dit dans la loi: L'enfant ou l'adulte qui n'est pas
légalement autorisé à
demeurer au Canada... En attendant que leur statut soit clarifié,
ils ne sont pas légalement admis, donc, Ils n'ont le droit d'obtenir
aucune aide?
M. Bourbeau: S'ils sont au Canada, en attente d'un statut, ils
sont admissibles mais, s'il s'agit d'un immigré dont les enfants sont
à l'extérieur du pays, ces enfants ne sont pas admissibles. On ne
peut pas les compter dans le ménage.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que
l'étude de l'article 1 est terminée? Terminé. J'appelle
l'article 2.
Définitions
Mme Harel: M. le Président, vous comprendrez que, pour les
fins de l'examen que nous avons à faire, je vais devoir passer à
l'essentiel. Alors, il y a un certain nombre de questions que je n'aurai
malheureusement pas l'occasion d'éclalrcir pour vous demander d'examiner
l'article 3.
Le Président (M. Bélanger): L'article 2 est
terminé. J'appelle l'article 3. Est-ce que vous avez une remarque? Ouf,
cela va.
Mme Harel: À l'article 3, le deuxième alinéa
se lit comme suit:
Toutefois, un adulte hospitalisé depuis au moins trois mois dans
un centre hospitalier de soins de courte durée au sens du paragraphe
1° de l'article 2 du Règlement sur l'organisation et
l'administration des établissements édicté par le
décret 1320-84 du 6 juin 1984 au moment de son admission en
hébergement dans cet établissement est considéré
admis en hébergement à compter du troisième mois qui
précède celui de son admission. M. le ministre, je veux savoir
ceci: Aux fins de l'allocation d'aide sociale pour la personne
bénéficiaire qui peut être seule, qui a un logement et qui
doit le quitter parce qu'elle est hospitalisée dans un centre de soins
de courte durée - donc, c'est vraiment pour des soins de courte
durée mais qui peuvent peut-être exiger d'elle cinq, six ou sept
mots d'hospitalisation. Il faut donc comprendre que dès... Je vais vous
laisser nous l'expliquer. Allez-y! (11 h 15)
M. Bourbeau: Qu'est-ce que vous voulez savoir?
Mme Harel: Je veux savoir ce qui arrive du bail que cette
personne a déjà signé et qu'elle ne peut pas respecter
parce qu'elle n'est plus considérée comme recevant le plein
montant de l'aide sociale.
M. Bourbeau: Si la personne est admise en hébergement,
forcément, elle ne peut pas être à la fois en
hébergement et en logement. À partir du moment où la
personne entre dans un centre d'hébergement, elle doit mettre fin
à son bail.
Mme Harel: Là, elle n'est pas dans un centre
d'hébergement, elle est dans un hôpital où elle a un grabat
avec un petit garde-robe. Ici, on parle d'une personne qui va retourner chez
elle puisque ce sont des soins de courte durée.
M. Bourbeau: Non, non, la députée a mal lu. Si la
députée veut lire attentivement, elle va voir que c'est
écrit: Au moment de son admission en hébergement - c'est bien
important cette partie de la phrase - un adulte hospitalisé depuis au
moins trois mois dans un centre hospitalier...
Mme Harel: C'est très important, Justement. J'inviterais
le ministre à continuer. Au moment de son admission en
hébergement dans cet établissement...
M. Bourbeau: Laissez-moi terminer.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Toutefois, un adulte hospitalisé depuis au
moins trois mois dans un centre hospitalier de soins de courte durée au
sens du paragraphe 1° de l'article 2 du Règlement... au moment de
son admission en hébergement.." Il faut donc qu'il soit admis en
hébergement...
Mme Harel: Continuez, dans cet établissement de soins de
courte durée.
M. Bourbeau: ...dans cet établissement est
considéré admis en hébergement à compter du
troisième mois..." M. le Président, il semble y avoir confusion.
Quand on parle du moment de l'admission en hébergement dans cet
établissement, on parle d'un établissement d'hébergement
et non pas du centre hospitalier. À partir du moment où la
personne qui est hospitalisée dans un centre hospitalier ordinaire est
admise en hébergement dans un centre d'accueil, il devient
évident qu'elle ne retournera pas dans son ancien logement, puisqu'elle
va entrer dans un centre d'accueil d'une façon définitive, si je
peux m'exprimer ainsi. C'est a partir de ce moment qu'elle va mettre fin au
loyer qu'elle avait avant d'entrer à l'hôpital et qu'elle va se
préparer à entrer dans un centre d'hébergement.
Le Président (M. Bélanger): Personnellement, comme
député de Laval-des-Rapides, j'aurais une question à ce
sujet. Il arrive souvent qu'une personne hospitalisée doive après
un certain temps aller dans un centre d'accueil, mais que, faute de place dans
un centre d'accueil, elle continue à être hébergée
à l'hôpital. Ce sont les 10 % ou 15 % de la norme Lazure, de
l'époque, qui font que 10 % ou 15 % des lits sont con-
sacrés à l'hébergement. Dans ce cas, c'est ce qua
cet article veut dire? Excellent. M. le député de Laurier.
M. Sirros: J'avais un peu le même genre de . question, M.
le Président. Il me semble que les trois mois prévus ici doivent
permettre à la personne de résilier son bail; normalement, un
préavis de trois mois est nécessaire. Et cette personne continue
à recevoir l'aide sociale pendant trois mois après son
entrée en hébergement, si je comprends bien.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Sirros: Je dois admettre que j'ai un peu de difficulté
à comprendre le règlement tel que rédigé.
M. Bourbeau: II y a deux cas qui peuvent se produire. Ou bien la
personne hospitalisée n'est pas admise en hébergement ou ne le
sera pas. Dans ce cas, elle demeure à l'hôpital, on lui paie la
pleine prestation et elle paie son loyer; il n'y a pas de changement. Mais
à compter du moment où elle est avisée qu'elle est admise
en hébergement, qu'elle soit physiquement transportée le jour
même dans le centre d'accueil ou qu'elle reste à l'hôpital
en attendant qu'un lit se libère dans un centre d'hébergement, le
nouveau statut s'applique, en ce sens qu'elle sait qu'elle aura une place en
hébergement à court ou à moyen terme. Elle peut mettre fin
à son bail sachant qu'elle ne retournera pas à son logement et,
à ce moment-là, le mécanisme s'applique. Elle peut rester
encore un certain temps en centre hospitalier en attendant que la place
d'hébergement soit disponible. Mais, à ce moment-là, il
n'y a plus de problème à mettre fin au bail puisqu'elle sait
qu'elle a la garantie d'un lit dans un centre d'accueil. Donc, le
mécanisme de fin du bail s'applique avec la compensation pour trois
mois, afin de mettre fin à son bail. Et la personne reçoit bien
sûr la prestation d'une personne hébergée, puisqu'elle va
être hébergée de toute façon.
M. Sirros: Pour cette raison...
Le Président (M. Bélanger): Un instant! En vertu de
la règle de l'alternance, Mme la députée de
Malsonneuve.
Mme Harel: Non. Je vais lui permettre parce que...
Le Président (M. Bélanger): Oui? M. le
député de Laurier.
M. Sirros: C'est exactement ainsi que je le comprenais. C'est
pourquoi je me pose la question suivante: Est-ce que le mot
"précède" ne devrait pas être remplacé par "qui
suit"? Une fois qu'on a notifié la personne qu'elle est admise en
hébergement, le mécanisme pour mettre fin à son bail, les
trois mois normaux de préavis... Elle devrait être
considérée comme admise en hébergement trois mois
après son admission à l'hébergement pour continuer
à recevoir une certaine aide pendant les trois mois afin de
résilier son bail, etc. De la façon que je le comprends, c'est
qu'on lui dit: Vous êtes admise en hébergement. Mais, au moment
où on lui dit cela, on considère qu'il y a déjà
trois mois, comme vous l'avez dit. Donc, si on lit le règlement à
la lettre, on devrait normalement retourner trois mois en arrière et
dire: II y a trois mois qu'on vous considère comme étant en
hébergement; durant les trois derniers mois, vous avez reçu de
l'aide sociale, mais à ce moment-ci vous n'avez plus droit à
l'aide sociale. Si je le lis strictement, c'est ainsi que je le comprends.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je pense que la confusion
vient du fait que l'admission ne se réfère pas à celle de
l'hébergement ou à cette des soins de courte durée. De
quelle admission s'agit-il?
Le Président (M. Bélanger): C'est "admission en
hébergement" qu'on devrait ajouter.
Mme Harel: Alors, si c'est l'admission en hébergement,
cela veut dire que les propos du député de Laurier sont
fondés, puisqu'il s'agit de trois mois auparavant et que la personne ne
pourra pas donner le préavis de trois mois pour rompre son bail.
M. Bourbeau: M. le Président, à partir du moment
où la personne est avisée qu'elle est admise en
hébergement, indépendamment du fait qu'on la transporte
physiquement le jour même ou non dans un centre d'accueil, cette personne
doit mettre fin à son bail. Elle reçoit la somme de compensation
- on le verra un peu plus tard, à l'article 41 - de 175 $ par mois,
pendant trois mois, pour lui aider à annuler son bal; cela peut lui
tenir lieu de frais d'annulation. À ce moment-là, elle commence
à recevoir la prestation de personne hébergée.
Mme Harel: Voilà la difficulté. Une voix: Je vous
en prie.
Mme Harel: C'est qu'il est difficile de bien comprendre l'article
3 sans se référer à l'article 41, surtout à
l'égard des personnes - et on y reviendra - qui sont
hospitalisées et qui ne seront pas hébergées. C'est sans
doute là la difficulté qui s'avère la plus angoissante
pour ces personnes. Il y a eu une émission de télévision,
dernièrement, Les Beaux Dimanches, qui a sensibilisé nos
concitoyens à la situation des
personnes qui sont relativement d'un certain âge, sans pension,
qui sont bénéficiaires d'aide sociale, qui sont seules, qui sont
hospitalisées et qui se retrouvent avec des allocations insuffisantes
pour compléter le paiement du loyer. Une fois l'hospitalisation
terminée, elles se retrouvent totalement démunies.
L'article 41, on y reviendra. Ce n'est pas le cas ici puisqu'on parle
d'hébergement. Il y a quand même une conséquence. J'invite
le ministre à reconnaître que la personne qui est
hébergée aura quand môme trois mois de loyer, sans avoir
plus que le maximum de 175 $ qui est prévu à l'article 41, quel
que soit le coût de son loyer à assumer. Ce n'est pas l'allocation
qui lui sera versée à l'hébergement qui, malgré
qu'elle soit augmentée, n'est que de 16°...
Une voix: De 175 $.
Mme Harel: De 175 $, c'est pour le logement, mais l'allocation
pour l'hébergement...
Une voix:De 125 $.
Mme Harel: ...125 $. Ce n'est pas l'allocation de 125 $ qui lui
sera versée à titre de personne hébergée qui va lui
permettre de compléter le manque à gagner pour payer le loyer des
trois mois précédents.
J'invite le ministre - on y reviendra à l'article 41 - à
examiner la possibilité pour ces personnes qui sont
hospitalisées...
Une voix: ...hébergées...
Mme Harel: ... - qu'elles soient hébergées par la
suite ou qu'elles soient tout simplement hospitalisées et qu'elles
retournent chez elles -à examiner et à envisager la
possibilité d'assumer le coût du bail, puisque finalement c'est
très fictif de ne leur allouer que 175 $, compte tenu qu'elles auront
possiblement à s'endetter pour compléter ce montant qui leur est
exigé, de toute façon.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais quand
même... Je crois qu'on se comprend, mais je ne suis pas sûr que
c'est perçu clairement. Quand une personne entre à
l'hôpital ou dans un centre hospitalier, s'il n'est pas question qu'elle
soit hébergée dans un centre d'hébergement, un centre
d'accueil, on ne coupe absolument pas la prestation-, la prestation demeure la
même. Cette personne est considérée comme demeurant
à l'aide sociale tant et aussi longtemps qu'elle est à
l'hôpital. Elle peut rester à l'hôpital tant qu'elle a des
soins actifs; elle peut rester plus de trois mois à l'hôpital,
elle peut y rester six mois. Tant qu'elle est considérée comme
hospitalisée, cette personne reçoit sa pleine prestation de
l'aide sociale. Quand son hospitalisation est terminée, elle retourne
chez elle et il n'y a eu aucune modification dans sa prestation pendant toute
cette période.
Les changements proviennent au moment où il est
décidé que cette personne cessera d'être
hospitalisée pour entrer dans un centre d'accueil. À ce
moment-là s'enclenchent les mécanismes. La députée
de Malsonneuve prétend que ce n'est peut-être pas suffisant, je ne
veux pas commenter là-dessus. Il y a des cas où la personne fait
partie d'une famille; par exemple, si vous avez un couple avec ou sans enfants,
on ne mettra pas nécessairement fin au bail. La personne sort de la
famille; elle vient, de son propre chef, en centre d'accueil et on fait les
réajustements des barèmes. Si la personne est une personne seule,
je souligne que nous améliorons la situation de deux façons par
rapport à ce qui existe présentement. D'une part, nous augmentons
de 150 $ à 175 $ par mois, pendant trois mois, la contribution pour
mettre fin au bail, enfin la prestation qui est prévue pour aider
à défrayer les coûts de fin de bail et,
deuxièmement, nous allons augmenter aussi de 115 $ à 125 $ par
mois la contribution pour personne hébergée. Ce n'est
peut-être pas le Pérou mais c'est quand même une
augmentation intéressante par rapport à la situation qui
prévalait avant.
Mme Harel: Alors, M...
Le Président (M. Bélanger): Après.
M. Latulippe: M. le Président, M. le ministre, je voudrais
regarder l'article 3 en rapport avec la réglementation actuelle.
L'article 17 dit: "L'adulte hébergé - je vais sauter au centre
d'accueil - dans un centre hospitalier B-16 est admissible à l'aide
comme personne seule à compter du mois qui suit celui de son admission.
Un tel adulte continue toutefois d'être admissible aux besoins
spéciaux autres qu'un supplément pendant qu'il séjourne
comme patient dans un centre hospitalier de soins de courte durée."
Pouvez-vous me dire s'il y a une différence entre le règlement
actuel et, effectivement, l'article 3? Il me semble, à première
vue, qu'H y a une amélioration, mais j'aimerais peut-être avoir
plus d'explications parce que je ne suis pas un expert dans ce domaine.
M. Bourbeau: Dans le règlement actuel, l'adulte
hospitalisé peut perdre sa pleine prestation dans certaines conditions
alors que, dans le nouveau règlement, l'adulte hospitalisé ne
peut pas perdre sa pleine prestation tant qu'il reçoit des soins
hospitaliers continus.
M. Latulippe: En d'autres termes, on sécurise...
M. Bourbeau: Oui.
M. Latulippe: ...la continuité de sa prestation d'aide
sociale, ce qui n'existe pas dans le
règlement actuel?
M. Bourbeau: Effectivement, c'est une amélioration par
rapport au statu que, en ce sens que, comme vous le dites si bien, on a
maintenant la sécurité; tant qu'on est hospitalisé et
qu'on reçoit des soins, on reçoit encore la pleine prestation
d'aide sociale sans coupure possible. Dans la situation présente, il y a
des possibilités de coupure. Il y a effectivement des coupures.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Malsonneuve.
Mme Harel: ...l'article actuel en vigueur est, je pense,
l'article 01.24], n'est-ce-pas? La question est la suivante: est-ce que le
député de Chambly se considère satisfait des modifications
qui sont apportées? On sait que la situation a été
illustrée par des cas récents de personnes qui, malgré le
fait qu'elles pouvaient - dans le règlement actuel - obtenir un montant
de 150 $ par mois pour payer leur logement au moment où elles
étalent hébergées à l'hôpital ou en centre
d'accueil... Mais ce montant de 150 $ par mois qu'elles peuvent obtenir
maintenant est haussé à 175 $ pour trois mois. La question de
fond est la suivante: Compte tenu que ce sont là des personnes qui
comptent habituellement parmi les plus démunies, parce qu'en plus
d'être malades elles sont en perte d'autonomie, parce qu'elles sont
hébergées - il faut voir que les critères
d'hébergement dans notre société sont une perte
d'autonomie assez lourde - est-il raisonnable que les coûts réels
de logement ne soient pas accordés comme prestation spéciale? Je
pense que c'est la question qu'on doit se poser actuellement, au moment
où on fait la révision. Si la réglementation consiste
à reconduire ce qui était contesté jusqu'à
maintenant, pour s'en contenter, ça c'est une chose. Le gouvernement
aura à en répondre. Mais, à la lumière de ce qu'on
sait être la situation des personnes qui seront en perte d'autonomie et
qui seront hospitalisées et dont le nombre n'est pas assez
élevé pour coûter les yeux de la tête au
gouvernement, pourquoi ne pas envisager la prestation spéciale? Je
voudrais demander au ministre de nous transmettre demain le nombre
d'allocations de 150 $ qui ont été versées à titre
de paiement du loyer pour les personnes hospitalisées qui étalent
hébergées...
M. Bourbeau: 345 personnes ont été touchées
l'an dernier.
Mme Harel: Voilà. Il n'y en aurait qu'une, 345, c'est
déjà beaucoup. Est-ce qu'il ne serait pas vraiment utile, pour
ces personnes-là, d'envisager de compenser, à titre de prestation
spéciale, le coût réel de logement qu'elles auront à
assumer de toute façon?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre. (11 h
30)
M. Bourbeau: écoutez, M. le Président, c'est
sûr qu'on pourrait ajouter à ça comme on pourrait ajouter
aux barèmes ou à peu près à tous les besoins
spéciaux. Je présume que la députée de Maisonneuve
va demander des ajouts à chacun des 110 besoins spéciaux. Dans un
monde idéal, on pourrait effectivement ajouter encore des dizaines de
millions de dollars. Tout ce que je dis, c'est que, sous le régime
actuel, on augmente l'indemnité de 150 $ à 175 $ par mois pour
rupture de bail, soit une augmentation de 25 $ pour 150 $, ce qui fait
probablement environ 17 % d'augmentation; je n'ai pas ma calculatrice en
main.
M. Joly:20 %.
M. Bourbeau: 20 %. C'est quand même Intéressant.
Une voix: Ce n'est pas 20 %, mais 16,6 %.
M. Bourbeau: On me dit 16,6 %, M. le député... Il y
a différentes interprétations. Mon conseiller de gauche me dit
16,6 % et le député de Fabre me dit 20 %.
Le Président (M. Bélanger): Prenons le plus
conservateur, 16 %.
M. Bourbeau: C'est une augmentation, disons, entre 16,6 % et 20
%. C'est quand même substantiel. Cela ne répond probablement pas
aux désirs de la députée de Maisonneuve, mais je pense
que, si on augmentait toutes les prestations de 16 %, on pourrait dire que ce
serait assez exceptionnel.
Mme Harel: M. le Président, écoutez, c'est un
montant global, l'augmentation, de 25 000 $ pour le gouvernement. Plus
exactement, je pense que c'est 25 875 $. On nous dit qu'il y a 345 personnes;
on nous dira plus tard, pour les hémodialyses et pour le lait
maternisé, que ce n'est finalement pas suffisamment important,
j'imagine, du point de vue électoral, pour que le gouvernement s'y
intéresse.
Je crois qu'au moment où on fait l'étude de la
réglementation, sachant l'angoisse dans laquelle se retrouvent ces
personnes qui sont, de toute façon, en perte d'autonomie, qui vont
quitter définitivement leur logis et qui devront assumer les trois mois
de loyer... C'est sûr que ces sommes peuvent sembler dérisoires au
gouvernement, mais on les sait extrêmement significatives pour ces
petites gens. Je demande simplement au ministre, avant de dire non, d'examiner
la situation.
M. Bourbeau: M. le Président, je veux bien examiner la
situation, mais je dois le faire dans un contexte global. On discute
présentement de
ce qu'on appelle un besoin spécial. Des besoins spéciaux,
il y en a plus d'une centaine actuellement; ce sont des dépenses
occasionnées qu'on rembourse aux assistés sociaux. La
députée me fait une demande à l'égard d'un d'entre
eux, d'augmenter, de défrayer le plein coût. Je vous signale que
des besoins spéciaux, on en a certainement un minimum de 160 000 000 $.
J'ai ici un chiffre préliminaire que je vais faire vérifier.
C'est sûr qu'à chacun des besoins spéciaux - il y en a plus
de 100 - si la députée nous demande de doubler le montant, comme
il semble que ce soit le cas ici, la commission parlementaire va certainement
aller chercher 200 000 000 $ de plus que ce qu'on dépense
déjà.
Vous savez que l'aide sociale coûte déjà au
gouvernement au-delà de 2 000 000 000 $ par année. Je veux bien
ajouter des centaines de millions de dollars, mais où allons-nous
prendre l'argent? Est-ce qu'on va augmenter les taxes des travailleurs? Il faut
quand même faire la part des choses. Je veux ajouter le maximum et je
vous assure que, dans la réforme, il y a des ajouts substantiels. On
augmente ici les besoins de 16 %, ce qui m'apparaît raisonnable. Je
prends note de la demande de la députée.
Mme Harel: M. le Président, l'ordre de grandeurs dont on
parle est d'environ 50 000 $ ou 60 000 $ pour le gouvernement. Cela peut
paraître peu, mais ce n'est pas négligeable pour les personnes qui
sont dans cette situation. Je le rappelle, ces personnes sont en perte
d'autonomie; elles sont malades et elles ont été
hospitalisées.
On va procéder parce que je vois bien que ce sera ainsi, je
l'imagine, pour le reste de la journée. Le ministre a l'air
buté.
Je prends note de la distribution des différents mémoires
aux membres de la commission. Je reçois le mémoire de la
Commission des services juridiques et le mémoire du Regroupement des
assistés sociaux du Joliette métropolitain. Je souhaiterais qu'au
fur et à mesure que nous recevions les mémoires nous puissions le
mentionner dans le Journal des débats.
Le Président (M. Bélanger): C'est à votre
convenance si vous voulez en faire mention, mais on sait qu'en vertu du
règlement ils ont 45 jours pour faire parvenir copie de leur
mémoire ou réflexion au ministre et cela existe pour n'Importe
quel règlement, n'importe quelle loi. Dans le contexte, si quelqu'un
veut mentionner qu'il a reçu un mémoire d'un groupement, il peut
le faire à sa guise. Il n'y a pas de problème. Au sujet de
l'article 3, est-ce qu'on le considère terminé?
Mme Harel: II est adressé à la commission,
évidemment.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Est-ce que nous
avons terminé l'étude de l'article 3? Bien. J'appelle donc
l'article 4.
Mme Harel: À l'article 4, il y a un élément
nouveau qui sont les études à temps partiel. J'aimerais que le
ministre précise pourquoi avoir Introduit cette modification au
règlement actuel. M. le Président, pour les fins de nos propos,
I'article se lit comme suit: "Pour l'application de l'article 7 de la Loi sur
la sécurité du revenu, un adulte fréquente un
établissement d'enseignement collégial ou universitaire s'il y
est inscrit à un ou deux cours pour des crédits comportant au
total plus de six périodes ou heures d'enseignement par semaine..."
M. Bourbeau: M. le Président, avec le Règlement sur
la sécurité du revenu, on tente de faire une distinction. Un
étudiant à temps plein doit s'inscrire dans le régime des
prêts et bourses s'il y a droit, avec ce que cela comporte de
réglementation. Ou, encore, un étudiant peut être à
l'aide sociale, à la sécurité du revenu, et, à ce
moment, il ne peut pas être étudiant à temps plein. On doit
choisir l'un ou l'autre. On veut surtout éviter que des étudiants
prétendent être à temps partiel, ou l'équivalent, et
fassent Indirectement ce qui n'est pas permis de faire directement, et viennent
faire financer leurs études à temps plein à l'aide sociale
alors qu'ils devraient normalement, en toute justice et équité
envers leurs collègues qui sont étudiants à temps plein,
aller au système des prêts et bourses. On ne peut pas avoir deux
poids, deux mesures: un groupe d'étudiants choyés à l'aide
sociale qui ferait des études à temps plein ou pratiquement et un
autre qui irait au système des prêts et bourses et qui devrait
emprunter, surtout quand on parle des prêts. Donc, nous devons tracer la
ligne quelque part, faire une démarcation entre le système des
prêts et bourses et le système de l'aide sociale, de la
sécurité du revenu. L'article 4 vise justement à
construire cette barrière, cette ligne entre le système des
prêts et bourses et l'aide sociale et la députée peut voir
à quelles conditions quelqu'un est considéré comme
fréquentant un établissement d'enseignement collégial ou
universitaire.
Mme Harel: C'est donc dire qu'un seul cours va être
suffisant pour considérer une personne comme étant inscrite
à un établissement collégial ou universitaire.
M. Bourbeau: Non. L'article 4 en question dit qu'un adulte
fréquente - pour l'application de la loi - un établissement, un
cégep ou l'université. S'il est inscrit à temps plein, il
n'y a pas de problème. Deuxièmement, s'il est inscrit à
plus de deux cours ou à plus de six crédits par session, c'est
considéré aussi comme étant l'équivalent de temps
plein. Dans ce cas, on doit aller au régime des prêts et bourses.
Troisième-
ment, à un ou deux cours pour des crédits comportant au
total plus de six périodes ou heures d'enseignement par semaine,
incluant les laboratoires et les travaux pratiques dirigés.
M. le Président, l'article 3 et l'article 2, le tout a
été agencé avec le ministère de l'Éducation,
avec le système des prêts et bourses, de façon qu'il n'y
ait pas d'ambiguïté. Il peut arriver qu'avec les travaux de
laboratoire il y ait une certaine ambiguïté. Alors, l'idée
derrière tout cela, c'est qu'il doit y avoir au moins six heures par
semaine d'enseignement, incluant les labos, pour qu'à partir de ce
moment-là on considère l'étudiant comme étant
susceptible d'aller aux prêts et bourses, par exemple, ou ne pas
être admissible à l'aide sociale.
Mme Harel: M. le Président, dans cet effort
d'harmonisation que le ministre invoque fréquemment avec les
prêts-bourses, comment se fait-il que les montants admis en
déductions pour le calcul de la contribution n'aient pas
été les mêmes que ceux que l'on retrouve dans les
dispositions de la contribution parentale aux fins des prêts-bourses?
Je lisais ce matin un communiqué de presse, que le ministre a
fait paraître en catastrophe dans la journée d'hier, me faisant
grief d'un calcul de la contribution parentale et invoquant que le tout
était harmonisé avec les prêts-bourses dans la
réglementation. Pourtant, on peut facilement constater que dans la
réglementation les exemptions, aux fins du calcul de la contribution, ne
sont pas les mêmes pour l'aide sociale que pour les prêts-bourses.
Il y a des différences majeures. Le montant admis en déductions
pour deux parents aux prêts-bourses est de 11 685 $ et vous retrouvez
à l'aide sociale le montant admis de 10 050 $, pour deux parents. C'est
quand même une différence de 1635 $. Il en va de même pour
un chef de famille monoparentale à l'aide sociale: le montant admis en
déductions pour un seul des deux parents est de 9890 $ et vous allez
retrouver dans le règlement qu'aux fins de l'aide sociale c'est de 8460
$: cela, évidemment, sans prendre en considération toutes les
autres déductions pour la subsistance des enfants. Ce n'est pas peu de
chose pour une chef de famille, la différence est de 1430 $. Où
est le souci d'harmonisation à l'égard des déductions pour
le calcul de la contribution parentale?
M. Bourbeau: M. le Président, premièrement je ne
pense pas qu'on soit à l'article 4. La députée a fait un
peu de haute voltige. On est rendus à l'article 73. Je veux bien
voltiger de branche en branche, mais je demanderais à la
députée d'attendre à l'article 73 et on parlera à
ce moment-là de ce sujet, parce que, si on commence à sauter d'un
article à l'autre, on ne se retrouvera plus.
Mme Harel: Alors, il ne faudrait pas que le ministre parle
d'harmonisation. Je relève simple- ment les propos qu'il vient d'avoir
il y a quelques secondes pour justifier les dispositions de l'article 4; il les
justifiait par une harmonisation avec les prêts-bourses.
M. Bourbeau: Par souci d'harmonisation, oui.
Mme Harel: Ce souci d'harmonisation ne les a même pas
menés à retenir les mêmes déductions aux fins du
calcul de la contribution parentale à l'article 73. C'est ce que je lui
rappelle simplement, M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président, quand on dit qu'on cherche
à s'harmoniser, cela ne veut pas dire qu'on possède exactement
les mêmes chiffres qu'un autre. On tente de s'harmoniser, de se
rapprocher, d'être à peu près au même niveau, mais
ça ne veut pas dire que l'harmonisation est totale, absolue et parfaite.
On tend vers quelque chose, vers l'harmonisation et on verra a l'article 73, si
la députée se rend jusque-là, jusqu'à quel point on
a réussi dans notre tentative d'harmonisation.
Mme Harel: M. le ministre, ce n'était pourtant pas
là les propos que vous teniez dans votre communiqué d'hier
où vous vous faisiez fort de parler d'harmonisation. Je dois donc
comprendre que c'est à la baisse que l'harmonisation s'est faite pour le
calcul des revenus des parents en matière de contribution parentale.
M. Bourbeau: On n'a jamais dit que l'harmonisation était
parfaite et totale. C'est une tendance: nous tendons vers l'harmonisation et ce
que nous avons dit à plusieurs reprises, c'est qu'il ne fallait surtout
pas faire en sorte que ce soit plus attrayant à l'aide sociale qu'aux
prêts et bourses, de façon à attirer à l'aide
sociale des étudiants qui, normalement, devraient se retrouver aux
prêts et bourses. Cela a toujours été un de nos soucis
importants et primordiaux de nous assurer que le régime n'avait pas un
biais favorable à l'aide sociale pour les jeunes, de façon
à ne pas attirer à l'aide sociale des jeunes qui normalement
devraient être étudiants à temps plein aux prêts et
bourses. Nous préférons inciter les jeunes à
étudier à temps plein que de bénéficier de l'aide
sociale à temps partiel et étudier pour une période
indéfinie. (11 il 45)
Mme Harel: Je dois comprendre, M. le Président, que
l'harmonisation ne vaudra pas aux fins du calcul de la contribution parentale
et que l'affirmation que j'ai faite est donc réelle. Les familles
à faible revenu seront beaucoup plus pénalisées dans le
calcul de la contribution parentale pour leur enfant adulte
bénéficiaire de l'aide sociale que pour leur enfant
étudiant au collège ou à l'université.
M. Bourbeau: M. le Président, la vérité,
c'est qu'il y a une incitation à ce que les
étudiants aillent étudier à temps plein, et que ce
ne sera pas plus payant de bénéficier de l'aide sociale que
d'étudier. Cela est évident. Je l'ai dit et
répété à plusieurs reprises. On s'assure que le
système soit Incitatif à aller étudier à temps
plein et, par voie de conséquence, on s'assure que l'aide sociale n'est
pas une attraction pour les étudiants. On ne veut pas que ce soit plus
payant pour l'étudiant d'être a l'aide sociale que
d'étudier à temps plein. Je peux assurer la députée
que c'est comme cela.
Mme Harel: Oui, et vous le faites sur le dos de leurs parents,
évidemment, et parmi les parents les plus démunis. On va revenir,
entre autres, sur l'article 76 qui est une aberration.
L'article 76 est discriminatoire à tous égards et ne
pourra pas être maintenu dans la réglementation. Alors, on va
procéder, M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai un mot de
réplique là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je mets la députée en garde. Elle tire
des conclusions hâtives sur la comparaison entre le régime des
prêts et bourses...
Une voix: C'est cela.
M. Bourbeau: ...et le régime de l'aide sociale. La
députée ne s'est peut-êre pas rendu compte d'une chose, que
je lui suggère de regarder attentivement: c'est une chose que les
revenus bruts et c'en est une autre que les revenus nets. Quand on compare les
deux, II faut s'assurer qu'on compare les revenus bruts avec des revenus bruts
et des revenus nets avec des revenus nets, sans cela, les montants peuvent
être différents. On y reviendra à l'article 73.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): L'étude est-elle
terminée sur l'article 4? J'appelle donc l'article 5.
M. Bourbeau: M. le Président, tout ce que je peux dire,
c'est que les frais forfaitaires qui sont prévus ont été
augmentés en ce qui concerne, par exemple, le chauffage et
l'électricité. On est passé de 25 $ à 30 $ par mois
pour le chauffage et de 15 $ à 20 $ par mois pour
l'électricité. Il s'agit des frais de logement mensuels d'un
adulte seul ou d'une famille.
Le Président (M. Bélanger): D'autres questions ou
d'autres commentaires?
Mme Harel: Un instant.
M. Bourbeau: M. le Président, pendant que la
députée de Maisonneuve regarde ses notes, je voudrais simplement
signaler qu'il s'agit ici de la description des frais de logement admissibles
pour le test du logement qui est prévu aux articles 10 et 16. Dans le
calcul de ce test du logement, on tient compte d'un certain nombre de choses;
par exemple, pour un propriétaire, on tient compte des taxes
foncières, de la prime d'assurance-incendie, du remboursement
d'hypothèque, d'un montant de 30 $ pour l'entretien et les
réparations, d'un montant de 30 $ pour le chauffage et de 20 $ pour
l'électricité. S'H s'agit d'un locataire, on tient compte du
loyer, bien sûr, plus les taxes locatives, s'il y en a, ainsi qu'une
somme forfaitaire pour le chauffage et l'électricité,
c'est-à-dire 30 $ pour le chauffage et 20 $ pour
l'électricité.
Mme Harel: Pour comprendre, il faut se référer...
J'apprécierais que le ministre nous donne toujours la
référence au règlement actuel. C'est bien les articles 27
c et 28 du règlement actuel?
M. Bourbeau: C'est l'article 27... Le Président (M.
Bélanger): ...a, b.
M. Bourbeau: ...a et b et l'article 28. Les articles 27 et
28.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
Interventions sur l'article 5? Terminé. J'appelle l'article 6.
Programmes d'aide de dernier recours Programme Soutien financier
Mme Harel: M. le Président, on est vraiment au coeur d'un
des premiers dilemmes qui est celui de l'omission dans la réglementation
des modalités d'application du programme Soutien financier.
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous explique les
directives qui seront transmises aux agents de l'aide sociale dans
l'évaluation de la sévérité des contraintes
à l'emploi. Comment les 2000 et quelque centaines d'agents d'aide
sociale dans toutes les régions du Québec vont-ils évaluer
ce qu'ils doivent retenir comme étant de sévères
contraintes à l'emploi? Quelles seront les caractéristiques
socio-professionnelles dont ces agents devront tenir compte dans la
détermination de l'admissibilité au programme Soutien financier?
Un bénéficiaire qui pourrait être reconnu admissible dans
une région, en vertu d'une certaine définition qui sera
donnée de la sévérité des contraintes à
l'emploi, pourrait-il, en présentant les mêmes
caractéristiques médicales et socio-professionnelles, se voir
refusé dans une autre région? En l'absence de critères, M.
le Président, je peux vous dire qu'il y a beaucoup d'inquiétude
sur l'arbitraire qui va s'installer dans la définition de
l'admissibilité au
programme Soutien financier.
M. Bourbeau: M. le Président, d'abord, j'aimerais demander
à la députée de se référer à
l'article 6 qui contient l'essentiel de ce que va comporter la
définition de l'admissibilité au programme Soutien financier. On
doit donc s'en tenir à l'article 6. Maintenant, tous les cas
épineux seront traités par un comité multldis-clplinaire
qui aura à évaluer si le client ou le prestataire répond
à la condition d'admissibilité prévue à l'article
6. Des comités d'experts auront le rôle de réviser les
décisions et de développer une jurisprudence. Cette
décision de ne pas détailler dans le règlement permettra
plus de souplesse, de flexibilité et permettra aussi de donner plus de
responsabilités aux professionnels. La multiplicité des cas
requérait, je pense, une telle orientation.
Dans les autres lois, les modalités d'application ne sont pas
nécessairement contenues dans la loi et dans les règlements.
À titre d'exemple, le ministère de la Santé et des
Services sociaux utilise des comités similaires dans les CSS pour
l'admission des personnes âgées dans les centres d'accueil et les
centres d'hébergement. Pour répondre à la question plus
précise de la députée, nous donnerons des directives aux
agents et ceux-ci auront en leur possession un manuel dans lequel M y aura une
liste de diagnostics clairs à partir desquels l'agent pourra
décider et, si l'agent ne se sent pas capable de décider, il
pourra se référer au comité régional.
En ce qui concerne les caractéristiques socioprofessionnelles, la
députée se demandait ce que cela pourrait être. Alors, il
s'agirait de l'âge de la personne, de sa formation académique ou
de son manque de formation académique, si vous voulez, et de son
expérience ou de son inexpérience au travail. Les professionnels
au comité central vont se doter de moyens de réviser ces
décisions, de fournir des critères et d'accumuler de la
jurisprudence pour assurer une uniformité dans le traitement.
Maintenant, s'il y a demande de révision, le prestataire qui sera en
attente d'une révision recevra en attendant le barème de
non-disponibilité et, si, subséquemment, la révision lui
est favorable, il y aura rétroactivité dans le paiement de la
prestation. Grosso modo, ce sont les principales informations que j'avais
à fournir à la députée à ce sujet.
Le Président (M. Bélanger): D'autres
commentaires?
Mme Harel: M. le Président, c'est avec raison que les
milieux sociaux s'inquiètent du fait que la loi reste très
obscure. Le ministre m'invite à relire l'article 6 et, justement, cet
article contient une définition qui, sans critères
d'admissibilité, peut rester très arbitraire. On y dit qu'on
tiendra compte des caractéristiques socioprofessionnelles de la personne
et du fait qu'elle présente des contraintes sévères
à l'emploi.
Alors, est-ce qu'il y a déjà des travaux qui sont
complétés au ministère sur les directives que vous
entendez donner aux milliers d'agents qui vont devoir traiter ces demandes pour
le programme Soutien financier? Je vous rappelle que, compte tenu du nombre de
bénéficiaires qui tenteront de se prévaloir de ce nouveau
programme et considérant que le document d'orientation de M. Paradis
prévoyait 100 000 ménages susceptibles de se prévaloir de
ce nouveau programme, II est à prévoir un engorgement
administratif à la révision. Je voudrais vérifier avec le
ministre s'il entend mettre un comité sur pied dans chacune des
régions administratives, tel que prévu à l'article 77 de
la loi, un comité formé d'un médecin et d'au moins deux
autres professionnels désignés par le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, pour répondre d'une
façon encore plus adéquate, si c'est possible, aux questions de
la députée, étant donné qu'elle pose des questions
sur l'état d'avancement des travaux de mise sur pied de
différents comités, si elle n'a pas d'objection, j'aimerais
suggérer à la commission d'entendre le sous-ministre de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, M. Jean Pronovost,
à ma droite, qui pourrait informer la commission des derniers
développements dans ce dossier. Avec le consentement de l'Opposition,
est-ce que cela va?
Le Président (M. Bélanger): Consentement. M.
Pronovost, nous vous écoutons.
M. Pronovost (Jean): La démarche que nous avons entreprise
peut se résumer essentiellement par les éléments suivants.
Tout d'abord, on a préparé un questionnaire destiné au
médecin lui permettant de décrire d'une façon aussi
factuelle et exhaustive que possible l'état physique et mental des
clients qui veulent demander leur admission au programme Soutien financier. Il
y a un projet de formulaire de complété et il est en consultation
auprès des ordres de professionnels de la santé concernés
et plus particulièrement auprès des médecins. Quand
l'agent recevra ce formulaire qui, encore une fois, ne fera qu'une description
clinique et ne prendra pas de décision pour nous quant à
l'admission, il pourra, à partir de ce formulaire, si les diagnostics le
justifient, et à partir d'une grille qui est aussi en préparation
et en consultation, décider clairement, sur-le-champ, si la personne
doit ou non être admise au programme Soutien financier. Il pourra prendre
une première décision.
Dans les cas qui seront gris, là où le rapport
médical et les autres renseignements que l'agent possède au
dossier ne lui permettront pas de prendre une décision, il pourra
obtenir, à partir d'une entrevue avec le client, un complément
d'information. Il référera ensuite le dossier au comité
régional formé de trois professionnels - celui que vous
mentionniez tantôt - qui
avisera le ministère sur I'admissibilité ou la
non-admissibilité du client en question. Bien sûr, c'est le
ministère qui prend la décision. Mais nous tenons pour acquis
que, bénéficiant d'un avis aussi lourd que celui émis par
les trois professionnels de la santé, nous allons le suivre
automatiquement, sauf s'il y avait vice technique ou un complément
d'information venant infirmer le conseil qui nous sera ainsi donné.
Toujours dans les cas gris, pendant que le client voit son dossier
examiné par les trois professionnels, il est sur le barème de
non-disponibilité. Comme le ministre l'expliquait tantôt, lorsque
la décision est rendue, elle a un effet rétroactif si le client
est admis au programme Soutien financier et elle n'a pas d'effet
rétroactif s'il est considéré par le comité comme
apte au travail. Il va bénéficier du barème de
non-disponibilité pendant la durée de l'examen de son
dossier.
En gros et de façon très succincte, c'est la
démarche que nous sommes actuellement à mettre en
application.
Mme Harel: M. le Président, plusieurs questions
surgissent. D'abord, combien y aura-t-il de comités régionaux?
Puisque la jurisprudence devrait se faire par les décisions de ces
comités, combien y en aura-t-il?
M. Bourbeau: II y en aura un par région
administrative.
Mme Harel: C'est-à-dire?
M. Bourbeau: On est rendu à quinze régions,
semble-t-il.
Mme Harel: Donc, quinze comités régionaux
composés de trois membres, tous nommés par le ministre, sans
consultation des milieux, tel que... (12 heures)
M. Bourbeau: Écoutez) Dans chaque comité il y aura
un médecin. Alors, je présume qu'on va s'informer auprès
de l'Ordre des médecins du Québec pour se faire
référer des spécialistes. Éventuellement, ce sera
le ministère ou le ministre qui prendront les décisions, mais non
pas sans avoir consulté.
Mme Harel: Donc, à partir de quelle directive ces 45
professionnels qui, sur le territoire, se retrouveront constitués en
groupe de trois feront-ils de la jurisprudence? Ce que je vous demande, c'est
ceci. La loi ne définit pas les critères en vertu desquels on
tiendra compte des caractéristiques socio-professionnelles, ni ceux en
vertu desquels on tiendra compte des contraintes sévères à
l'emploi. Je vous repose la question: Est-ce qu'un bénéficiaire
pourra être admissible on vertu des critères établis dans
une région et, dans une situation semblable, ne pas l'être dans
une autre? Est-ce que les critères de sévérité, de
contraintes sévères à l'emploi et de caractéris-
tiques socio-professionnelles seront régionaux?
M. Bourbeau: M. le Président, je dois ajouter qu'en plus
des comités régionaux dont parle la députée, dont
on parle, plutôt, il y a aussi un comité central qui sera mis sur
pied. Il sera composé également de trois experts qui entendront,
en révision administrative, les demandes d'appel de ceux qui ne seront
pas satisfaits de la première décision qui aura été
rendue par les comités régionaux. Évidemment, au fur et
à mesure qu'on avancera dans Ies dossiers et que des cas
spécifiques se présenteront, qu'une jurisprudence se
créera, le comité central pourra recommander des modifications
aux lignes directrices qui seront acheminées dans le réseau, de
façon è établir une uniformité partout dans le
réseau, notre intention étant que l'uniformité soit aussi
grande que possible, sinon totale et absolue.
Mme Harel: Donc, au premier stade, le comité
régional de révision sera composé de professionnels;
ensuite, une de ses décisions pourra être portée en appel
devant un autre comité de révision où il peut y avoir une
sorte d'engorgement. de la décision de cet autre comité, il y
aura encore appel possible devant la Commission des affaires sociales. Est-ce
bien le cas?
M. Bourbeau: Écoutez, oui, sauf que l'engorgement, on en
fait les frais nous-mêmes, en ce sens que les bénéficiaires
ne seront pas pénalisés par l'engorgement, si engorgement il y a,
puisque j'ai expliqué tout à l'heure que, pendant la
révision, nous allons admettre le bénéficiaire au
barème de non-disponibilité qui est le statu quo indexé,
en fait. Donc, il n'y aura aucune perte de revenu, de prestation pendant
l'étude du dossier.
Mme Harel: La question de fond qui n'est pas résolue,
c'est la suivante: Comment se fait-il que la grille ne soit pas inscrite dans
le réglementation? Comment ne pas craindre qu'au fur et à mesure
que la Jurisprudence se fasse la grille se modifie? L'article de loi n'est pas
clair, tout le monde en convient, et la réglementation n'en dit pas un
mot; vous ne retrouverez nulle part, dans aucun des 124 articles et dans les
annexes, les critères d'admissibilité au programme Soutien
financier ou une grille de définition des caractéristiques
socio-professionnelles dont on tiendra compte ou des contraintes
sévères à l'emploi qui devront être prises en
considération.
Est-ce que le ministre a consulté le Bureau des règlements
là-dessus? Puisque le ministre devait, en vertu de la Loi sur les
règlements, transmettre au ministère de la Justice les
propositions du règlement et qu'il devait en obtenir un avis, quel a
été l'avis obtenu du ' ministère, par le Bureau des
règlements, sur cette disposition qui est absente de la
réglemen-
tation?
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 6 ne contient
aucun pouvoir habilitant nous permettant de faire un règlement
là-dessus. Autrement dit, nous avons préféré
établir dans la loi elle-même les principes généraux
plutôt que dans un règlement. On doit maintenant
interpréter la loi telle qu'elle est. Nous ne pouvons pas faire un
règlement pour Interpréter la loi puisque la loi elle-même
contient l'essentiel. Alors Je pense que la direction que la
députée de Maisonneuve nous indique consisterait vraiment
à nous conduire sur un chemin pavé d'embûches et qu'il y
aurait baucoup plus de problèmes à procéder comme elle le
suggère que de la façon dont nous voulons procéder. Si
nous devions figer dans le béton les modalités totales et
complètes de l'admissibilité au programme Soutien financier, nous
serions pris dans un carcan qui ne nous permettrait plus, après cela, de
nous adapter. Alors, on sait que la situation des personnes qui se
présentent n'est jamais la môme pour chacune. Nous avons 100 000
bénéficiaires dans le programme Soutien financier, probablement
que nous aurons 100 000 cas différents. Il n'y a pas deux cas
semblables, il y a de tout dans la clientèle; si on devait tenter de
définir les cas par a + b exactement, on se retrouverait souvent dans
l'obligation de refuser des gens parce que leurs qualifications ne
répondent pas tout à fait aux exigences du cas un, leur cas ne
rentre pas dans la case deux ni dans la case trois. Mais, d'après une
interprétation plus souple, on pourrait les y faire entrer. Et J'ai dit
tout à l'heure à la députée que les
caractéristiques socio-professionnelles sont connues. Cela fait
plusieurs fois qu'on les donne...
Mme Harel:...
M. Bourbeau: ...et, si la députée avait
été attentive, il y a dix minutes je les lui ai données
mais elle n'écoutait pas. Alors, on parle d'âge. L'âge de la
personne est très important.
Mme Harel: C'est quel âge?
M. Bourbeau: C'est une caractéristique, surtout que...
C'est un âge avancé.
Mme Harel: C'est quoi l'âge avancé? M. Bourbeau:
Justement c'est là... Mme Harel: Êtes-vous d'un âge
avancé?
M. Bourbeau: ...que la députée ne comprend pas.
Des voix: Cela avance.
M. Bourbeau: Disons que je suis d'un âge plus avancé
que la députée de Maisonneuve, je pense, mais cela ne me permet
pas encore, je pense, d'être admissible au programme Soutien financier.
Ce que je dirais à la députée, si elle écoutait les
réponses plutôt que de toujours poser des questions... Tout
à l'heure j'ai dit: l'âge. C'est évident que plus une
personne avance en âge, plus il y a de possibilités qu'elle ait
des problèmes lui rendant l'accès au travail plus difficile. Cela
peut constituer des contraintes à l'emploi, arrivé à un
certain âge, bien sûr, et cela peut varier d'une personne à
l'autre. La députée fait erreur en me demandant de
préciser l'âge. Parce qu'on connaît des gens de 75 ans qui
sont en parfaite santé, qui peuvent accomplir une journée
parfaite de travail, même des semaines de 60 heures. Et on en
connaît d'autres qui, à 40 ans, ne sont plus capables d'accomplir
une pleine semaine de travail parce qu'ils ont vieilli
prématurément. Donc, ce serait une grave erreur que de stipuler
un âge quelconque.
Deuxièmement, j'ai parlé tout à l'heure de la
formation académique et du degré de scolarisation. C'est bien
évident que, si une personne a fait une deuxième année
seulement, c'est plus compliqué pour elle de se trouver un emploi. On en
tiendra compte éventuellement.
Troisièmement, l'expérience de travail. C'est sûr
que si une personne âgée de 59 ans ayant fait une deuxième
année et n'ayant jamais travaillé de sa vie se retrouve à
la sécurité du revenu ou à l'aide sociale, il lui est pas
mal plus compliqué de se trouver un emploi dans ces conditions-là
que si elle a 48 ans, possède un diplôme universitaire, qu'elle
est en parfaite santé et qu'elle a une grande expérience de
travail. Donc, l'expérience de travail est un critère qui entrera
aussi en ligne de compte.
Donc, je répète à la députée, pour la
xième fois: expérience de travail, formation académique ou
scolarisation et l'âge, voilà trois critères dont on
tiendra compte et qui constituent les caractéristiques
socio-professionnelles. Et plus une personne aura à faire face à
une situation lourde en raison de son âge, en raison de son manque de
formation académique ou de scolarisation ou de son manque
d'expérience de travail, plus ses chances d'être admise au
programme Soutien financier seront importantes, dans la mesure où il y
aura une certaine condition de maladie physique ou mentale.
Mme Harel: M. le Président, le langage que tient le
ministre est absurde. Si tant est que ce soient là ces trois
critères et seulement ces trois critères, alors qu'est-ce qui
l'empêche de les préciser? Parce que, ne les précisant pas,
rien n'empêcherait qu'on introduise et qu'on ajoute d'autres
critères à ces trois-là. Et, d'autre part, il faut
être sérieux. Pensez-vous que la grille des 2000 et quelques
centaines d'agents va être constituée en raison de l'âge
avancé, du faible degré de scolarisation et de
l'expérience de travail minimale? Voyons donc! Vous savez
très bien, M. le ministre, qu'il y aura une grille qui indiquera,
avec des critères précis, l'âge en deçà ou
au-delà duquel on ne retient pas une demande, le degré de
scolarisation en deçà duquel et l'expérience de travail
au-delà ou en deçà de laquelle on ne la retient pas, et la
combinaison des trois.
On dît au ministre qu'il a volontairement conservé un
caractère flou dans la définition du projet de loi. Vous ne me
direz pas que ce n'est pas flou de dire qu'on va tenir compte des
caractéristiques socio-professionnelles et des sévères
contraintes à l'emploi; cela et rien, c'est à peu près la
même chose. Je suis certaine qu'on pourrait donner notre
définition d'ici la fin de la commission, et que pas une seule ne serait
semblable. Mais le ministre dit: On ne va pas aller chercher le pouvoir
réglementaire; comme ça, je ne me donnerai pas l'obligation de le
définir et, si J'excède mes pouvoirs, les gens n'auront
qu'à me poursuivre devant la Cour supérieure. C'est
évident que la grille contiendra - et le ministre aura à s'en
expliquer, sinon maintenant, ce sera plus tard - mais sachez bien qu'à
un moment donné on questionnera sur le contenu de la grille, tant sur le
degré de scolarisation que sur l'expérience de travail, que sur
l'âge dit avancé ou non. Vous aurez à vous expliquer
concernant la grille et, si ce n'est maintenant, dites-vous bien que ce sera
dès qu'elle sera utilisée.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
voudrait qu'on précise l'âge. On en a une belle expérience
dans la loi actuelle d'un âge précisé, celui de 30 ans.
C'est une précision avec laquelle on vit et on voit ce que cela a
donné. On se fait dire que, selon les chartes des droits, on devrait
faire sauter la précision de l'âge parce qu'elle est
indéfendable. Comment peut-on dire qu'une personne âgée de
moins de 30 ans n'ait pas droit à quoi que ce soit et que, tout à
coup, à l'âge de 30 ans, elle a droit au gros barème;
ainsi, à moins de 30 ans, elle n'a droit qu'au petit barème.
La députée voudrait qu'on Instaure à nouveau un
âge fatidique en deçà duquel on peut tout faire et en haut
duquel on ne peut rien faire. Je dis à la députée que
c'est dangereux de préciser, de figer dans le béton dans un
règlement des critères semblables parce qu'il n'y a pas de cas
semblables qui vont se présenter au Québec. C'est pour ça
que nous allons consacrer des dizaines de millions de dollars à une
expertise non seulement médicale, mais également
socio-professionnelle de façon à...
Mme Harel: Combien?
M. Bourbeau: Des dizaines de millions de dollars au cours de la
période d'Implantation, pour s'assurer...
Mme Harel: Des dizaines?
M. Bourbeau: Oui, des dizaines.
Mme Harel: Sur combien de doigts de la main?
M. Bourbeau: Environ 20 000 000 $. Des dizaines de millions. Une
vingtaine de millions, c'est deux dizaines. Ha, ha, ha! J'ai dit: Des dizaines;
alors, deux dizaines.
On évalue à un peu plus de 20 000 000 $ le coût de
l'implantation de tous les comités médicaux, des appels, des
expertises qu'on devra faire pour cataloguer toute notre clientèle de
sorte qu'on saura exactement, après avoir fait toutes ces études,
lesquels seront admissibles, lesquels seront non admissibles et cela prouvera
à la député que nous prenons ça
sérieusement. Nous n'avons pas l'intention de laisser les fonctionnaires
décider du jour au lendemain si Mme Unetelle ou M. Untel est apte ou
inapte. Ces décisions seront prises après qu'auront
été faites des études exhaustives des dossiers par des
gens compétents. C'est pour cela que je suis très à l'aise
dans ce dossier. On a prévu des sommes suffisantes pour s'assurer que
tout ceîa sera fait par expertise, d'une façon professionnelle, en
comptant tous les appels, évidemment, y compris les appels à la
Commission des affaires sociales. Les révisions administratives
prévues, les appels à la Commission des affaires sociales, c'est
un processus qui va être dispendieux, j'en conviens, mais qui va nous
donner l'assurance que tout sera fait avec justice et équité.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, on est censé
étudier l'article 6 du règlement. Là, depuis une
demi-heure, on parle sur l'article 6 de la loi. Ce matin, on se plaignait du
fait qu'on n'avait pas assez de temps pour étudier tous ces articles,
mais qu'on se restreint à étudier les articles dans la
réglementation. On n'a pas dit un mot sur le barème des besoins
et les revenus de travail exclus. C'est que j'ai devant moi le texte. Je ne dis
pas que ce n'est pas intéressant, mais cela ne se trouve pas dans le
texte devant nous. Je pense qu'on devrait vraiment s'en tenir au texte
même.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
député de Sainte-Anne. Mme la députée de
Maisonneuve. (12 h 15)
Mme Harel: Justement, c'est la belle illustration de toutes les
omissions que contient la réglementation. Parfois, les omissions sont
plus névralgiques, sont plus importantes, sont plus stratégiques
que la réglementation elle-même. Le ministre nous dit: On va
maintenir cela dans un flou pour ne pas être poursuivi.
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit ça, M. le
Président. La députée...
Mme Harel: Pour ne pas voir...
M. Bourbeau: Voyons donc, la députée invente des
mots là.
Le Président (M. Bélanger): On laisse Mme la
députée de Maisonneuve s'exprimer.
Mme Harel: Je vais être responsable de mes propos.
M. Bourbeau: Qu'elle dise la vérité, au moins.
Mme Harel: Le ministre a semblé dire: De toute
façon on laisse ça dans le flou et comme ça on n'aura pas
à Introduire dans la grille des périodes d'âge
précises. De toute façon, II n'y a aucun support juridique,
évidemment, et, quand on dit que nul n'est censé ignorer la loi,
il faut donner raison au front commun des personnes assistées sociales
qui titraient leur communiqué: Au royaume de l'arbitraire, les agents
sont rois. Ils disaient: Quand la loi est obscure, les droits des citoyens ne
sont guère assurés, mais le pouvoir des agents s'accroît.
Le ministre nous dit: Rassurez-vous, je vais mettre ça entre les mains
de professionnels bien payés. Mais ce qu'on lui dit, c'est que les
bénéficiaires qui attendent la décision qui les concerne
connaîtront difficilement les critères qui auront prévalu
au choix.
Le ministre doit s'attendre à ce que les grilles qu'il utilisera
soient extrêmement, minutieusement examinées. Il peut aussi
s'attendre à d'éventuelles contestations. Je reviens à
l'article 6, et je demande au ministre comment il se fait que - contrairement
au communiqué qu'il émettait le 22 novembre dernier où il
annonçait des barèmes améliorés apportés au
programme Soutien financier, prévus pour le 1er janvier 1990 - ces
barèmes soient reportés de sept mois et que les
légères améliorations qu'on retrouve au programme Soutien
financier le seront dorénavant à partir de juillet 1990.
M. Bourbeau: M. le Président, dans un premier temps, je
souligne que nous avons indexé tous les barèmes au 1er janvier
1989, selon la méthode normale prévue au gouvernement, soit
l'indice des rentes. Là-dessus, il n'y a absolument rien à nous
reprocher. C'est irréprochable. L'indexation a été
totale.
Mme Harel: Le ministre ne m'a pas écoutée. C'est
bien la preuve, il ne répond pas à la question. Je ne parlais pas
d'indexation.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va laisser M. le ministre répondre.
M. Bourbeau: Écoutez, M. le Président, la
députée a le choix de ses questions. Moi j'ai le choix des
réponses. Deuxièmement, pour ce qui est des barèmes, les
barèmes que nous avions annoncés sont ceux que nous avons
retenus. Il n'y a pas de modification apportée aux barèmes. La
députée a prétendu récemment, semble-t-il, lors
d'une de ses nombreuses conférences de presse, que nous aurions
diminué les barème3. Il n'y a aucune diminution, M. le
Président, et je mets la députée au défi de me dire
où nous avons diminué un barème quel qu'il soit.
Mme Harel: M. le Président, avec plaisir.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
en vertu de la règle de l'alternance, M. le député de
Chambly.
M. Latullppe: M. le Président, je voudrais revenir juste
un peu en arrière. J'avais demandé la parole sur la
volonté de Mme la députée de Maisonneuve de faire
préciser à l'article 6 les critères en vertu desquels une
personne pourrait être admissible au programme Soutien financier. Je ne
comprends absolument pas l'attitude de Mme la députée de
Maisonneuve qui pourtant est avocate et qui devrait savoir - cela fait partie
des cours élémentaires de droit - qu'à partir du moment
où l'on précise, où l'on veut donner des critères,
des énumérations types sur un concept plus général,
on en limite l'accès. SI on procédait comme ça, on en
arriverait à la solution tout à fait Inverse qui limiterait
l'accès des personnes de l'aide sociale au programme Soutien financier.
Je vais vous donner des exemples bien précis. À l'article 6, on
parle de caractéristiques socio-professionnelles. Mme la
députée de Maisonneuve conviendra elle-même que l'âge
pourrait en être un. Dans cette volonté de vouloir préciser
les critères, il faudrait qu'elle Insère un critère
d'âge: 55 ans? Si elle décidait que c'est 55 ans, cela voudrait
dire que quelqu'un de 54 ans et qui répondrait aux
caractéristiques socioprofessionnelles ne pourrait pas avoir
accès au programme Soutien financier.
Mme la députée de Maisonneuve conviendra que
déterminer le degré de scolarisation aussi pourrait en limiter
l'accès; elle pourra en donner d'autres, mais, dans un effort visant
à préciser et à réglementer, il faudrait qu'elle
précise un degré de scolarisation au-dessus duquel on est
admissible et au-dessous duquel on ne l'est pas. Serait-ce le primaire, la
cinquième année, la sixième année? Automatiquement,
elle ferait de la discrimination en procédant de cette façon,
automatiquement elle en arriverait à une solution où elle
éliminerait des gens qui, autrement, pourraient être admissibles
au programme Soutien financier. L'expérience de travail? Va-t-elle faire
une énumération, qu'il faut une expérience de travail dans
une boucherie, dans une quincaillerie, qu'il faut avoir un an ou six mois,
travaillé dans une garderie? Comment va-t-elle le faire? Il va falloir
automatiquement, en précisant, qu'elle
discrimine et qu'elle élimine des candidats potentiels au
programme Soutien financier. C'est une règle élémentaire
de droit qu'elle devrait connaître.
Par ailleurs, la technique établie ici permet une plus grande
équité, parce qu'elle ne laisse pas uniquement des
critères établis entre les mains de fonctionnaires et parce
qu'elle permet, non pas un recours à la Cour supérieure, mais un
pouvoir de révision, d'une part, et un pouvoir d'appel à la
Commission des affaires sociales. La loi elle-même élargit son
accessibilité en permettant à des personnes neutres de
décider des caractéristiques socio-professionnelles d'une
personne admissible au programme Soutien financier.
J'ajoute beaucoup plus, si on arrivait à établir des
critères précis, cela aurait pour effet de limiter le pouvoir de
ces personnes neutres, tant au niveau de la révision qu'à celui
de la Commission des affaires sociales. Cela leur dresserait des
barrières et les empêcherait de décider selon la plus
grande équité, de juger si telle ou telle personne est admissible
au programme Soutien financier. Si on fixe l'âge à 55 ans, aucun
réviseur, aucune commission des affaires sociales ne pourrait dire
qu'une personne âgée de 54 ans est admissible au programme parce
que le critère d'âge serait déjà limité par
la réglementation.
Ce que Mme la députée de Maisonneuve tente de faire, c'est
complètement l'inverse de l'accessibilité la plus large qui est
souhaitable, cela va complètement à l'encontre d'une grande
accessibilité au programme Soutien financier.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Il y avait...
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vous voulez
réagir? Oui.
Mme Harel: Selon la règle de l'alternance. Le
Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: N'est-ce pas? Ce qui est d'autant plus hypocrite,
c'est que les critères précis seront introduits. On
déterminera des critères d'âge, d'expérience de
travail et de scolarisation, et le malheur, c'est que désormais ces
critères ne seront plus connus dans un règlement, mais ils seront
laissés à la décision des fonctionnaires. Des
critères seront Introduits, en vertu desquels les décisions
seront prises sur le sort de centaines de milliers de personnes. Qu'on ne
vienne pas me faire un discours comme le fait le député de
Chambly. Imaginez-vous s'il fallait que ce soit ainsi qu'on établisse
les règles dans le droit du travail. Il le sait pourtant, lui qui a fait
du droit du travail, voyons donc! Il sait très bien qu'il y en aura des
critères. Par ailleurs, ces critères pourront être
modifiés, par exemple, au fur et à mesure, qu'ils pourraient
être évalués comma étant trop en faveur des
bénéficiaires. Ce sera une manière de resserrer
l'admissibilité. Entre le fort et le faible, on dit toujours que c'est
la liberté qui opprime et le droit qui affranchit. En
général, l'arbitraire n'est pas utilisé en faveur des
bénéficiaires, c'est une réalité que l'ensemble des
assistés sociaux connaissent bien.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Je vous remercie, M. le Président. Je
comprends mal l'acharnement de la députée de Maisonneuve sur ce
point-là parce que si on compare le système actuel avec le
système proposé par la réforme, on se rend facilement
compte que le système proposé est meilleur quant à la
détermination des personnes aptes et des personnes inaptes. La
députée de Maisonneuve pourrait au moins admettre que pendant
neuf ans, lorsqu'elle faisait partie du gouvernement du Parti
québécois, il y avait un système établi pour
déterminer les personnes aptes et les personnes inaptes de moins de 30
ans. Pendant neuf ans, je n'ai jamais entendu, et je ne pense pas que mes
collègues non plus n'aient entendu la députée de
Maisonneuve décrier ou demander que la façon ou les
méthodes utilisées pour déterminer les personnes aptes et
les personnes inaptes... Jamais on ne l'a entendue dire que c'était
arbitraire et que, finalement, la loi servait à opprimer les plus
faibles.
Maintenant qu'on étudie la réforme de l'aide sociale, elle
se trouve des bonnes intentions tout à fait nouvelles, ce qui est tout
à son honneur, je ne critique pas ça, mais quand on compare les
deux systèmes, l'actuel et celui proposé, on se rend compte que
le système actuel commençait avec le diagnostic du médecin
de famille qui pouvait être mis en doute par le ministère. Un
deuxième médecin était vu et, ensuite, il y avait des
procédures normales de révision et d'appel à la Commission
des affaires sociales, mais c'était essentiellement jugé sur de
critères médicaux. Dorénavant, avec la réforme, II
y aura davantage d'appels possibles, il y aura les facteurs
socio-professionnels qui seront également tenus en compte. Alors, on
peut facilement, au premier coup d'oeil, se rendre compte que ce qui est
actuellement proposé dans la réforme est meilleur que le
système actuel avec lequel la députée de Maisonneuve a
vécu pendant neuf ans et qu'elle ne devait pas trouver si mauvais que
ça puisqu'elle ne nous en a jamais parlé. Jamais on n'a entendu
dire que c'était un mauvais système. Non, vous avez
vécu...
Mme Harel: Si vous ne l'avez pas entendu, vous ne devez pas
conclure que vous n'en avez pas entendu parler.
M. Leclerc: ...neuf ans avec le système actuel, des aptes
et des Inaptes en bas de 30 ans. Ce que nous vous proposons est meilleur, plus
complet et tient maintenant compte des aspects socio-professionnels des
problèmes des individus. Par conséquent, je trouve qu'au moins
vous pourriez admettre qu'il a une amélioration par rapport au
système actuel. Je ne vous demande pas d'applaudir à notre
réforme, mais au moins admettez que c'est meilleur que le système
actuel.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais obtenir une
réponse claire du ministre sur la question de l'application des
barèmes du programme Soutien financier. Le ministre avait prévu
l'application de ces prestations pour le 1er janvier 1990 dans sa
conférence de presse du mois dernier. L'automne dernier, le ministre
prévoyait l'application des bonifications du programme pour janvier
1990. Dans le règlement, nous constatons qu'il y a un rapport puisque
c'est à partir du 1er août 1990 seulement qu'il y aura mise en
place des nouveaux barèmes au programme Soutien financier. Est-ce bien
le cas?
M. Bourbeau: Absolument pas. M. le Président, je ne sais
pas où la députée prend ses informations. En ce qui
concerne le programme Soutien financier les barèmes seront
appliqués par étapes. La première étape c'est le
1er août 1989 où on appliquera une augmentation de 18 %, je
crois.
Mme Harel: Parlez donc en termes financiers si vous voulez qu'on
se comprenne.
M. Bourbeau: Écoutez, si cela dérange la
députée... Je vais vous donner les chiffres. C'est 18 %
d'augmentation. Je vais vous donner les chiffres en pourcentage: 1er août
1989, première étape. Disons qu'on va avoir quatre étapes
pour se rendre aux nouveaux barèmes du programme Soutien financier.
Mme Harel: M. le Président, je vais juste inviter...
M. Bourbeau: Écoutez, vous voulez attendre la
réponse?
Mme Harel: Je veux inviter le ministre à prendre
connaissance de l'article 124. C'est le dernier. L'article 124, qui est le
dernier article du règlement, dit ceci: "Les articles 6 et 7 - ce sont
ceux qu'on étudie - entrent en vigueur le 1er août 1990." C'est la
dernière ligne du règlement.
M. Bourbeau: II faut lire cela concurremment avec l'article 119
qui comporte les dispositions transitoires et finales et qui dit: 'Entre le 1er
août 1989 et le 31 juillet 1990, les barèmes temporaires
prévus en vertu de l'article 133 de la loi pour le programme Soutien
financier et les revenus de travail exclus aux fins du calcul de la prestation
de ce programme, s'établissent de la façon suivante..."
Là, on a les dates et les montants des barèmes prévus. Par
exemple, la députée pourra voir que le 1er août 1989 -
prenons le barème pour une personne seule au programme Soutien financier
- cela va passer à 526 $. Je vous signale que présentement c'est
507 $, donc une augmentation de 19 $ d'un seul coup. Ensuite, le 1er janvier
1990, cela passe à 545 $, une augmentation de 19 $ une autre fois.
Ensuite, le 1er avril 1990, cela passe à 578 $, donc une augmentation de
33 $. Et finalement, le 1er août 1990, on en vient au barème
définitif de 585 $. Donc, il est inexact de dire que le barème du
programme Soutien financier entre en vigueur le 1er août 1990. Cela
commence le 1er août 1989 par une première augmentation, suivie
d'une deuxième le 1er janvier 1990, d'une troisième le 1er avril
1990 et d'une dernière le 1er août 1990.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
la commission va suspendre ses travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 14 h 10)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je demande à chacun de bien vouloir prendre sa place afin que
nous procédions à l'étude de la réglementation
découlant de l'adoption du projet de loi 37, c'est-à-dire la Loi
sur la sécurité du revenu.
Nous en étions à l'article 6. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires, Mme la députée de Maisonneuve?
Mme Harel: M. le Président, ayant que nous abordions nos
travaux, à l'heure du dîner, j'ai pris les quelques minutes qui
étaient à notre disposition pour très rapidement faire un
survol de ce que nous avions fait jusqu'à présent Là, j'ai
vraiment pensé à vérifier auprès du ministre pour
savoir si mon interprétation était la bonne, à savoir que
dorénavant, en vertu de l'article 2, paragraphe 4°, du nouveau
règlement, seul l'adulte hébergé au sens de
l'hébergement, quel que soit le centre d'accueil ou le centre
hospitalier où il est hébergé, cessera de faire partie de
la famille pour le calcul des prestations. Cela signifie que les personnes
hospitalisées, quelle que soit la durée de leur hospitalisation,
vont voir maintenu le montant de la prestation, étant
considérées comme toujours Incluses dans la
famille.
M. Bourbeau: Oui, à la condition de ne pas avoir
été admises à l'hébergement.
Mme Harel: Voilà. Donc, c'est uniquement pour des
personnes qui sont en hébergement que va s'appliquer l'article 2.
M. Bourbeau: Non, non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
Mme Harel: Ou qui sont admises en hébergement.
M. Bourbeau: À l'hébergement, c'est-à-dire
qu'une personne peut être hospitalisée dans un hôpital
ordinaire, mais tout en ayant obtenu l'annonce de son admission
éventuelle en hébergement; elle peut continuer à
être en milieu hospitalier Jusqu'à ce qu'elle soit physiquement
transportée...
Mme Harel: Très bien.
M. Bourbeau: ...en hébergement.
Mme Harel: Mais on s'entend sur le fart que cesse d'être
reconnue comme ayant une prestation de personne seule la personne qui est
hébergée, que ce soit en centre d'accueil ou en centre
hospitalier. Est-ce bien le cas? Cette Interprétation m'amène
à modifier l'exemple que Je vous apportais ce matin, en
conséquence. Je l'ai vérifié, l'ayant fait à
plusieurs reprises. Compte tenu de cette interprétation, il est
évident que la personne qui est hospitalisée deux mois va
continuer de faire partie de la famille et ne verra donc pas ses prestations
diminuer comme si elle en était exclue. Elle ne sera pas réduite
aux 125 $ par mois et aux 175 $ pour le paiement du loyer. D'accord? On se
comprend.
M. Bourbeau: Je voudrais signaler à la
députée que ce n'est pas le seul endroit où elle s'est
trompée ce matin. Elle s'est trompée à plusieurs
endroits.
Mme Harel: Est-ce que vous pouvez m'en citer d'autres?
M. Bourbeau: Oui, on va vous le signaler d'ici à la fin de
la journée. On va rectifier les faits.
Mme Harel: Excellent.
M. Bourbeau: Vous allez être étonnée.
Mme Harel: Alors, on verra. Vous en serez étonné
vous-même. D'autre part...
M. Bourbeau: II n'y a rien qui va ressembler au document
original.
Mme Harel: ...toujours en vertu du même article 2, cette
fois au paragraphs 5e, comme nous avons fait un survol très rapide,
dois-je constater que le gouvernement exclut du bénéfice des
prestations l'adulte "tenu de loger dans un établissement en vue de sa
réinsertion sociale"? Les représentations qu'on me fait sont les
suivantes: l'exclusion qu'on retrouve maintenant, au paragraphe 5°, va
toucher particulièrement les personnes qui sont en maison de transition
puisque ces personnes seraient, au sens de l'interprétation du
paragraphe 5°, exclues du calcul du barème de la famille. Est-ce que
c'est bien le cas?
M. Bourbeau: M. le Président, le principe est clair.
Évidemment, la personne cesse de faire partie d'une famille si elle est
incarcérée dans un pénitencier, dans un
établissement de détention, comme une prison ou tenue de se loger
dans un établissement en vue de sa réinsertion. Si ses frais sont
pris en compte par l'État, bien sûr qu'à ce
moment-là elle ne fait plus partie de la famille. Mais il y a des zones
grises où les personnes peuvent être en établissement, mais
ne pas être prises en charge complètement par l'État. Donc,
il y a des situations un peu mitoyennes où une personne peut être
logée mais pas nécessairement prise en charge totalement. Et on
est en train, présentement, de négocier ou de discuter avec le
ministère de la Sécurité publique pour tenter
d'établir des façons de procéder dans ces cas où
tout n'est pas clair.
Mme Harel: J'attire l'attention des membres de la commission sur
le fait que des personnes en maison de transition ont peut-être souvent
l'hébergement assuré, mais rien d'autre comme allocation; elles
seront donc complètement démunies.
M. Bourbeau: La députée n'a pas
écouté ce que je viens de lui dire. Nous sommes au courant de ces
problèmes-là.
Mme Harel: Vous parlez trop flou, M. le ministre.
M. Bourbeau: Non, je suis en train de lui expliquer que la vie,
ce n'est pas toujours blanc et noir. Quand c'est blanc et noir, c'est facile de
trouver des solutions, mais il y a des zones grises actuellement où une
personne est logée par l'État, mais n'a pas tous les autres
avantages, par exemple, les repas ne sont pas nécessairement fournis ou
les autres commodités ne sont pas prises en charge par l'État. On
est, justement, en train de préciser, avec le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, dans quelles
proportions exactes l'État prend ces personnes en charge, de
façon à pouvoir s'ajuster en conséquence pour atteindre
les objectifs que recherche la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Comment ce dont vous discutez sera-t-il introduit dans
la sécurité sociale? Je vous rappelle que, si vous n'avez ni loi
ni règlement qui habilite, un récent jugement, comme vous le
savez, sur les 2 % de la résidence vient d'invalider la disposition pour
le motif qu'il n'y avait pas de disposition habilitante.
M. Bourbeau: Ce jugement a été porté en
appel ou il le sera, je le signale à la députée.
M. Sirros: En attendant, est-ce que je pourrais soumettre une
question à la réflexion du ministre qui pourrait peut-être
clarifier les choses?
Le Président (M. Bélanger): Oui, M. le
député de Laurier, si M. le ministre le permet.
M. Sirros: J'aimerais peut-être suggérer à
Mme la députée de Maisonneuve que, selon l'article 2.5° tel
que libellé, la personne n'est plus membre de la famille, mais que cela
n'exclut pas que la personne elle-même, comme Individu autonome, puisse
avoir droit à l'aide sociale, si ses frais ne sont pas couverts par une
maison de transition, etc.
Mme Harel: Non, M. le Président, parce que...
M. Sirros: De la façon dont je le lis, il cesse de faire
partie d'une famille. Donc, la famille ne peut pas le réclamer comme
faisant partie de la famille pour les prestations qu'elle peut demander. Mais
l'individu en maison de transition, s'il est démuni et qu'il n'y a pas
d'autre moyen, rien dans cet article, ne l'empêche d'avoir accès
à l'aide sociale, selon la lecture que j'en fais, très
humblement.
Mme Harel: Ce serait exact, en vertu du règlement, mais
ça ne le serait pas en vertu des articles 7 et 12 de la loi qui
l'excluraient.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, pour répondre
à la question précise de la députée de Maisonneuve
qui s'inquiétait des pouvoirs que la loi pourrait ne pas nous avoir
conférés, je lui signale que l'article 91 de la loi, au
paragraphe 7°, dit: Le gouvernement peut, par règlement,
"prévoir dans quels cas un adulte incarcéré dans un
pénitencier, dans un établissement de détention ou dans
toute autre prison ou tenu de loger dans un établissement en vue de sa
réinsertion sociale n'est pas inadmissible à un programme d'aide
de dernier recours."
Mme Harel: Article 91?
M. Bourbeau: Article 91, paragraphe 7°.
Mme Harel: Cet article vient tempérer l'article 7 de la
loi qui dit: "Sont Inadmissibles au programme" et suit une définition
qui comprend l'adulte incarcéré dans un établissement en
vue de sa réinsertion.
M. Bourbeau: Dans tels cas ces gens ne seraient pas inadmissibles
par règlement.
Mme Harel: Parfait.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 6?
Mme Harel: Le programme Soutien financier. Comme on est à
l'article 6 et qu'on commence l'étude du programme, je vais demander au
ministre s'il entend - contrairement à ce que son
prédécesseur avait pris comme engagement en commission
parlementaire - ne pas assujettir les personnes bénéficiaires du
programme Soutien financier à la réduction pour partage du
logement. Je rappelle aux membres de la commission que, lorsque des personnes
nous présentaient des mémoires, le ministre de l'époque
faisait avec eux des calculs. Je pense qu'il s'agissait, justement, d'un groupe
de Québec qui était venu. Le ministre leur avait fait valoir que,
dans le cas du programme Soutien financier,il n'y aurait pas de
réduction de 85 $ pour partage du logement. C'était dans le
document d'orientation.
Dois-je comprendre qu'en vertu de la réglementation il y aura
dorénavant, pour les bénéficiaires du programme Soutien
financier, une réduction de 85 $ lorsqu'il y a partage du logement?
M. Bourbeau: Non, pas du tout. Je ne vois pas où la
députée prend ça. Il n'est pas question d'imposer le
partage du logement dans un programme Soutien financier. Il n'en a jamais
été question. Cependant il y a toujours la question de
l'année de transition. Il y a une année de transition pendant
laquelle la réforme va entrer en vigueur progressivement. À
l'égard du programme Soutien financier, l'abolition du partage du
logement ne se fera qu'à la fin de l'année de transition, le 1er
août 1990. À partir du 1er août 1990, c'est là que va
s'appliquer cet article qui exclut du partage du logement les prestataires du
programme Soutien financier. Donc, c'est le statu quo qui continue jusqu'au 1er
août 1990.
Mme Harel: Écoutez, vous nous dites que c'est le statu
quo.
M. Bourbeau: Oui, actuellement le partage du logement existe.
Mme Harel: Sauf pour les parents. L'article 45 du
règlement actuel...
M. Bourbeau: Le partage du logement existe
avec les parents présentement.
Mme Harel: Sauf que ce partage du logement ne s'applique pas pour
les deux. Un enfant habite avec un parent, un enfant adulte et un parent. Dans
le règlement actuel, l'article 45 exclut les revenus provenant d'un
parent ou d'un enfant du calcul des revenus de chambre et pension. Le nouvel
article 56 va abolir cette exclusion et, en plus, l'article 78 va
prévoir l'application de la notion de partage de logement entre parents.
Jusqu'à maintenant, si vous habitiez chez votre parent, votre parent
n'avait pas de réduction de sa prestation. C'est l'enfant qui habitait
qui se voyait réduit s'il avait le plein barème, mais, s'il avait
le petit montant, il n'avait aucune réduction.
Dorénavant, en vertu de l'article 78, ce sont les deux parents,
si vous voulez un enfant avec la grand-mère ou le fils avec la
mère ou vice versa, qui vont se voir appliquer la diminution de 85 $. En
vertu de l'article 78, la réduction va s'appliquer aux deux. On n'est
pas du tout devant la même situation que celle du règlement
actuel.
M. Bourbeau: Pendant l'année de transition, on maintient
pour les Inaptes les prescriptions de l'article 23 - et non de l'article 45 -
qui dit ceci: Toutefois, les besoins ordinaires d'un ménage qui vit chez
un parent ou un enfant sont réduits de 85 $." Cette clause qui
s'applique présentement est celle qui va être maintenue pendant
l'année de transition et, à la fin de l'année de
transition, elle va tomber.
Mme Harel: Bon, un instant! Là, on est dans le programme
Soutien financier.
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: L'article 23 que vous citez fait
référence au règlement actuel?
M. Bourbeau: Oui, au règlement actuel. Vous faisiez
allusion tantôt à l'article 45 du règlement actuel.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Je vous dis que c'est plutôt l'article 23.
Mme Harel: Oui, mais pour l'année de transition,
où, dans votre réglementation, retrou-ve-t-on une
référence à l'article 23?
M. Bourbeau: À l'article 119. Ce sont les règles
transitoires. En haut de la page 46 - je ne sais pas si vous avez la même
pagination que nous - à l'article 119, au troisième
alinéa, il est écrit: "Ces barèmes sont réduits de
85 $ lorsque l'adulte seul ou la famille partage une unité de logement
avec un parent ou un enfant."
Mme Harel: On se retrouve donc à l'article 119 qui
concerne le soutien financier. C'est bien ça?
M. Bourbeau: C'est exact.
Mme Harel: Dans le cadre du programme Soutien financier, il y
aura le statu quo jusqu'au 1er juillet 1990.
M. Bourbeau: Si vous me le permettez, le passage du
système actuel au nouveau système, en ce qui concerne le
programme Soutien financier, va se faire de la façon suivante. Le 1er
juillet 1989, augmentation de 19 $ dans les barèmes; le 1er janvier
1990, augmentation de 19 $ dans les barèmes; le 1er avril 1990,
augmentation de 33 $ dans les barèmes - si je me souviens bien - et le
1er août 1990, augmentation de 33 $ dans les barèmes, plus
abolition du partage du logement.
Mme Harel: Qu'en est-il pour la disposition concernant, cette
fois, le calcul des revenus de chambre et pension dans le programme Soutien
financier?
M. Bourbeau: Qu'est-ce que vous voulez savoir?
Mme Harel: Actuellement, il y a beaucoup de chambreurs dans le
programme soutien financier. Je pense que 75 % ou 80 % des
bénéficiaires sont des personnes seules.
M. Bourbeau: On me dit que c'est 75 %, oui.
Mme Harel: Donc, 75 % qui sont essentiellement dans la
catégorie des personnes seules. Actuellement, le montant de
réduction du barème est fixé au seuil de 85 $ si la
dépense de chambre et pension est en deçà de 85 $. Ce
seuil a été augmenté à 125 $, c'est ça?
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
que j'aime bien mettre à contribution les gens qui sont avec moi, est-ce
que je pourrais demander à Me André Rochon, spécialiste de
cette question, de répondre à la députée de
Maison-neuve?
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement? Il y a consentement. Me Rochon.
M. Rochon (André): Je pense, Mme la députée,
que vous faites référence à l'article 56 du projet de
règlement.
Mme Harel: L'article 10 du programme soutien financier.
M. Rochon: L'article 10 est le test du logement qui existe
actuellement sur la base des
85 $, comme vous l'avez dit. Le montant minimal a été
augmenté à 125 $ et les divers montants qui servent à
déterminer le coût du logement sont prévus un peu plus
avant dans le règlement, tel que cela a été
étudié ce matin à l'article 5. C'est donc le test du
logement.
Après, il y aura le partage du logement qui permettra une
réduction maximale de 85 $, et qui est subsidiaire au test du logement
qui, lui aussi, accorde une réduction maximale de 85 $. En
troisième lieu...
Mme Harel: Vous voulez dire de 125 $?
M. Rochon: De 85 $. La réduction maximale du test du
logement, à l'article 10, est de 85 $. C'est au deuxième
alinéa.
En troisième lieu, les revenus de chambre et pension qui sont
comptés, comme actuellement, avec le minimum de 85 $. Ces 85 $ seront
subsidiaires au partage du logement et au test du logement.
Mme Harel: Faut-il voir là un calcul qui n'est pas
conjonctif?
M. Rochon: Cela ne s'additionne pas.
Mme Harel: II n'y a pas à la fois le test, plus le
partage, plus les revenus de chambre et pension. (14 il 30)
M. Rochon: II y a le test. Si le test n'enlève pas 85 $,
il en reste une portion qui pourra être réduite au titre du
partage du logement jusqu'à ce que le cumulatif des deux atteigne 85 $,
sans les dépasser. Après, lorsqu'on arrive au règlement
sur les revenus de chambre et pension, le cumulatif continue à jouer
jusqu'au maximum de 85 $. C'est pour le montant fixé, pour les revenus
de chambre et pension, à un minimum de 85 $. Il ne faut pas que ces
trois montants s'additionnent pour les dépasser.
Mme Harel: Ce n'est pas conjonctif; c'est ce que vous appelez
"subsidiaire".
M. Rochon: Ce n'est pas conjonctif.
Mme Harel: Cela vaut-il pour tous les programmes ou seulement
pour Soutien financier?
M. Rochon: Cela vaut pour tous les programmes, sauf que, pour
Soutien financier, le partage du logement ne s'applique pas.
Mme Harel: Je ne sais pas si vous avez pu prendre connaissance
d'un avis de la Commission des services juridiques qui nous a été
transmis ce matin par la secrétaire de la commission. Il
m'apparaît important. Je n'ai aucune prétention de faire mieux que
bien des juristes. Je pense que, lorsque la Commission des services juridiques
parle, c'est en connaissance de cause. Sans doute faut-il clarifier la
rédaction des dispositions pour qu'elles ne permettent pas de confusion
dans l'interprétation.
Je lis ce qu'en dit la Commission des services juridiques: "L'article 45
du règlement actuel exclut les revenus provenant d'un parent ou d'un
enfant du calcul des revenus de chambre et pension. Or, le nouvel article 56
abolit cette exclusion. L'article 78 prévoit l'application de la notion
de partage de logement entre parents, la réduction de la prestation
payable jusqu'à concurrence de 85 $ et ce, même si les frais de
logement ne sont effectivement pas partagés. Les conséquences de
ces deux modifications seront tragiques sur la cellule familiale. En effet, le
gouvernement prétend à la responsabilisation - j'imagine - des
parents face à leurs enfants par la notion de contribution parentale,
alors que l'effet des articles 56 et 78 contribuera à scinder les
familles. L'application combinée d'une coupure de 85 $ pour partage de
logement entre une famille et un parent et l'imputation d'un revenu de chambre
et pension provenant d'un parent aura pour conséquence de forcer les
enfants majeurs de parents prestataires d'aide de dernier recours à
quitter le domicile familial dès la majorité."
Comment pouvez-vous expliquer une telle Interprétation? Il y a
combinaison de la coupure de 85 $ pour partage de logement et il y a aussi
imputation du revenu de chambre et pension provenant d'un parent. Les deux se
combinent-Us?
M. Rochon: Les deux ne se combinent pas, sinon de la façon
suivante. On commence par regarder le test; on peut l'oublier, cela va bien. On
fait ensuite le partage du logement. Si la règle du partage du logement
s'est appliquée, le minimum de 85 $ prévu à l'article 56
sera diminué de la coupure qui a déjà été
faite en ce qui concerne le partage du logement pour ne pas la cumuler.
Mme Harel: Jusqu'au maximum de 85 $? M. Rochon: Jusqu'à ce
maximum de 85 $.
Mme Harel: Et ce qui serait, de fait, nouveau, ce serait que,
dans le cadre du programme APTE, jusqu'à ce maximum de 85 $, la
réduction pourrait être imputée tant aux parents
qu'à l'enfant.
M. Rochon: Je m'excuse, je ne comprends pas votre question.
Mme Harel: D'accord. On se comprend bien, les tests se font l'un
après l'autre sans qu'i y ait combinaison. C'est jusqu'au maximum de 85
$. Dans le cadre du programme Soutien financier, c'est le statu quo jusqu'en
1990. Après coup, il n'y aura plus de partage de logement, mais il y
aura quand même le test du logement,
ainsi que les revenus de chambre et pension. M. Rochon: C'est exact.
Mme Harel: Ce qui peut finalement amener un montant
jusqu'à l'équivalent de 85 $, même pour des
bénéficiaires du programme Soutien financier.
M. Rochon: C'est exact. Le montant de 85 $ prévu à
l'article 56, c'est le montant minimum imputé, quel que soit le montant
de la pension versée.
Mme Harel: Donc, je reprends. Ce qui fait la distinction, c'est
qu'à partir de ce moment-là, même s'il n'y a pas de partage
du logement au chapitre du soutien financier, il y a quand même deux
tests qui se font, soit celui des revenus de chambre et pension et celui du
logement, avec un seuil qui est maintenant Imputé à 125 $.
M. Rochon: Pour le test du logement, oui.
Mme Harel: Cela concerne le programme Soutien financier. Pour
APTE, il faut bien se comprendre, c'est jusqu'à un maximum de 85 $, y
compris le calcul des trois tests, disons.
M. Rochon: C'est bien cela.
Mme Harel: Mais la distinction avec maintenant, c'est que
ça va être imputé sur le barème éventuel des
deux parents, de l'enfant et du parent. Jusqu'à maintenant, il y avait
un montant de 85 $ qui était imputé à l'enfant, tandis que
là il pourrait y avoir aussi 85 $ de réduction à la
mère, au père ou aux deux parents qui gardent l'enfant.
M. Rochon: Lorsqu'ils vivent ensemble dans la même
unité de logement. Actuellement, le deuxième alinéa de
l'article 23 du règlement prévoit que le barème est
diminué lorsqu'on vit chez un parent ou un enfant. Alors, cela
dépend de celui chez qui on applique le test; il s'applique de cette
façon et les deux se le font appliquer.
Mme Harel: Actuellement, les deux ne se le font pas
appliquer.
M. Rochon: Parce que vous vous référez au revenu de
chambre et pension de l'article 46 actuel et moi, je vous réfère
à l'article 23, deuxième alinéa, du règlement
actuel.
Mme Harel: Mais dans la pratique actuelle, chez les
bénéficiaires qui vivent en vertu de ce règlement, quand
on reçoit chez soi... Là, il faut parler de cette grande
réalité qui est qu'un bon nombre d'adultes habitent chez leurs
parents qui sont bénéficiaires d'aide sociale.
Présentement, ces personnes ne voient pas leurs pres- tations
réduites - celles qui hébergent les enfants - d'un montant de 85
$. C'est bien le cas?
M. Rochon: Semble-t-il qu'en pratique ça s'applique
seulement à l'enfant.
Mme Harel: Seulement à l'enfant. M. Rochon: En
pratique.
Mme Harel: Et seulement è l'enfant qui a la pleine
parité, puisque celui qui n'a pas la pleine parité n'a pas cette
réduction. Là, ce!a va s'appliquer Indistinctement...
M. Bourbeau: Non, non, ça ne s'applique pas dans le petit
barème.
Mme Harel: Voilà. Cela va s'appliquer indistinctement,
autant à l'enfant qu'aux parents.
M. Bourbeau: Là, on ne parle pas d'enfant, on parle d'un
adulte. Il s'agit de deux ménages à l'aide sociale, bien ouf.
Mme Harel: M. le ministre!
M. Bourbeau: Vous parlez de deux ménages à l'aide
sociale...
Mme Harel: Je vous prends au mot. On va passer les deux
journées à ne plus parler d'enfants, même pas pour la
contribution parentale.
M. Bourbeau: ...qui viennent tous les deux à l'aide
sociale de leur propre chef et la contribution parentale va s'appliquer aux
deux ménages, effectivement.
Mme Harel: Alors, i! s'avère que ces deux ménages
mettent en présence soit un grand-parent et des enfants ou des parents
et des enfants. Je vous rappelle que le ministre Paradis avait souvent de fois
insisté sur le fait que, pour ne pas désunir la cellule
familiale, il n'y aurait pas de modifications autres que celles
déjà en vigueur pour une réduction de 85 $ à
l'enfant, mais que le parent qui hébergeait ne serait pas
pénalisé. Là, il faut bien comprendre que le parent qui
héberge va connaître une réduction.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'étais pas
là dans le temps de M. Paradis dont on ne se gêne pas pour citer
les déclarations, mais on m'affirme que mon prédécesseur
parlait toujours des inaptes quand il parlait de la non-application du partage
du logement. Je peux dire que nous respectons cet engagement, à savoir
que le partage du logement ne s'appliquera pas dans le barème des
Inaptes à partir de la fin de l'année de transition.
Mme Harel: Finalement, on va avoir des
situations où les parents vont dire à leur grande fille:
Va vivre chez ta tante Irène; comme ça, les 85 $ qui nous
seraient retirés, nous allons les obtenir. On n'a pas les moyens de
vivre ensemble avec la coupure qu'on va connaître. En allant vivre chez
sa tante irène et en lui payant une chambre et pension, leur fille va se
voir réduite de 85 $ au maximum, tandis qu'en habitant avec ses parents
ce serait un total de 170 $.
M. Bourbeau: M. le Président, le principe du partage du
logement en est un d'équité qui veut qu'on reconnaisse à
l'aide sociale les coûts réels encourus. Or, de la môme
façon qu'on applique le barème des couples à des conjoints
qui vivent ensemble parce qu'il y a des économies d'échelle
à vivre ensemble quand on est conjoints, de la même façon
on applique un barème réduit à un couple sans enfant par
rapport à deux personnes seules, de la même façon on
applique le partage du logement quand des gens viennent à l'aide
sociale, de leur propre chef, et qu'ils ont des économies
d'échelle.
Regardons le cas d'un ménage où vous avez, par exemple,
une famille biparentale avec deux enfants. Le couple reçoit une somme
d'argent de l'aide sociale. Un bon jour, un des enfants arrive à 18 ans
et vient à l'aide sociale de son propre chef. La famille vient de
s'enrichir d'une façon importante, en ce sens que, si on regarde
ça dans son ensemble, un individu pour lequel la cellule familiale
recevait peut-être 100 $ par mois comme ajout d'un enfant va recevoir du
jour au lendemain 420 $ ou 487 $ ou 520 $ d'un seul coup. C'est un
enrichissement d'un des membres de la famille en termes de revenu. Bien, si
cette personne-là décide de ne pas aller vivre seule, mais de
rester dans sa cellule familiale, si on ajoute les revenus de la cellule
familiale, il y a une augmentation importante. Alors, nous appliquons le
principe du partage du logement de la même façon que nous
l'appliquons à des conjoints mariés ou non qui vivent ensemble et
qui obtiennent de cette façon-là une économie
d'échelle de façon que tout le monde soit traité sur le
même pied. C'est l'objectif recherché.
Mme Harel: C'est cette logique aveugle qui mène à des
aberrations parce que, de son propre chef, le même adulte de 18 ans va
aller aussi se chercher de l'aide sociale et va aller vivre ailleurs. La seule
conséquence que vous allez tirer, c'est que vous allez en avoir beaucoup
moins qui cohabitent entre parents. Sur le même principe, si tant est que
la vie est si difficile financièrement, à 18 ans, ils vont aller
à l'aide sociale de leur propre chef, comme le dit le ministre, et ils
vont aller vivre chez la voisine d'à côté. La seule
conséquence que vous avez, c'est une incohérence quant aux
politiques familiales. Si vous allez vivre ailleurs, chez le voisin de palier
ou chez une cousine à côté, là vous allez avoir le
plein montant avec une seule réduction de 85 $. Si vous vivez chez vos
parents, ça va être 170 $.
M. Bourbeau: M. le. Président, je voudrais signaler qu'il
y a des coûts dans la société à vivre quelque part.
Si la personne en question décide d'aller vivre chez Mme Unetelle,
ailleurs, je présume que Mme Unetelle va exiger une pension...
Mme Harel: C'est ça.
M. Bourbeau: ...à moins que ce ne soit un
mécène. Dans ces conditions-là, la personne va devoir
payer probablement beaucoup plus cher pour vivre chez un étranger que
les 85 $ par mois qu'elle aurait payés pour vivre chez sa mère ou
chez son père. Je pense que c'est une question
d'équité.
Mme Harel: Sauf que le ministre oublie que c'est 85 $ deux fois.
Cela fait 170 $.
M. Bourbeau: Je comprends, mais 170 $ par mois comme loyer, ce
n'est pas très cher.
Mme Harel: Est-ce que le Secrétariat à la famille a
pu examiner toute la réglementation? Est-ce qu'il y a un avis du
Secrétariat à la famille qui a été transmis au
ministre sur la réglementation? Ne me parlez pas de la ministre
déléguée à la Famille qui oublie parfois qu'elle
l'est. Je parle du Secrétariat à la famille.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
défendre récemment ma collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine...
Mme Harel: Mais ce n'est pas elle qui est responsable de la
famille.
M. Bourbeau: ...contre les attaques...
Mme Harel: Vous vous trompez, vous ne défendez pas la
bonne personne.
M. Bourbeau: ...que je ne qualifierai pas...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va laisser parler M. le ministre.
M. Bourbeau: Excusez-moi. Je pensais à la Condition
féminine. La ministre déléguée à la Famille,
oui. C'est ma collègue, quand même, qui est responsable de
ça aussi.
Mme Harel: Vous rappelez-vous laquelle?
M. Bourbeau: Je dirai que le dossier en question a
été longuement discuté à plusieurs reprises au sein
du comité interministériel qui s'occupe des affaires sociales
dont fait partie intégrante la ministre déléguée
à la Famille et dont a fait partie son prédécesseur. Nous
avons eu de nombreuses discussions ensemble. Tout cela
a été vu et revu. Le Secrétariat à la
famille a participé à toute l'élaboration de la
décision gouvernementale relativement à ce dossier-là.
Mme Harel: SI je comprends bien, il n'y a pas eu un avis
spécifique du Secrétariat à la famille sur les dimensions
familiales de cette réglementation?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux pas, de
mémoire, le certifier à la députée, mais je dirai
que, quand un mémoire est déposé par un ministre au
comité ministériel, en général les
ministères émettent des avis, des documents. Je ne peux pas
certifier qu'il y en a eu un dans ce cas-ci, mais 1 est très
fréquent, c'est presque toujours le cas, que les ministères
émettent des documents représentant leur position par rapport aux
propositions ministérielles. Alors, sans vouloir le certifier, je crois
qu'effectivement il a dû y avoir des avis sur la question de la part du
Secrétariat à la famille.
Le Président (M. Bélanger): L'article 6 est
terminé, j'appelle l'article 7. (14 h 45)
Mme Harel: C'est une augmentation de 115 $ à 125 $ pour ce
qui est du barème appliqué à un adulte seul
hébergé dans un centre d'accueil ou un centre hospitalier.
J'aimerais connaître le nombre d'adultes qui sont dans cette situation et
la somme totale qui leur sera versée en surplus.
M. Bourbeau: Ce ne sera pas long, M. le Président. On va
sortir les...
Mme Harel: Bon. Alors, je vais passer tout de suite à
l'article 8.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau, vous aviez une remarque.
M. Leclerc: Je vais attendre.
M. Bourbeau: M. le Président, on parle d'une
clientèle probable de 9485 personnes par mois et d'un coût
additionnel pour le gouvernement de 1 200 000 $. J'aurais peut-être un
autre complément d'Information. Le coût de 1 200 000 $ dont je
viens de parler est celui occasionné au gouvernement pour la
clientèle à l'aide sociale, mais cela implique également
un coût additionnel pour la clientèle hébergée qui
n'est pas à l'aide sociale; de mémoire, ce coût se situe
entre 3000000$ et 4000000$ pour la clientèle du ministère de la
Santé et des Services sociaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: M. le Président, le montant alloué aux
adultes hébergés - je suis ce dossier depuis trois ans -
était historiquement augmenté un peu de façon
discrétionnaire tous les deux ou trois ans. C'était vrai sous le
gouvernement précédent et ce l'est encore sous notre
gouvernement. Je crois que c'est la deuxième fois qu'on l'augmente en
trois ans, tout de même.
Je me demande pourquoi, puisqu'on travaille sur la
réglementation, on ne ferait pas, une fois pour toutes, de ce
montant-là, un montant Indexé au 1er janvier, comme pour les gens
qui bénéficient du programme Soutien financier ou d'autres
programmes gouvernementaux. Cela nous éviterait, à tous les deux
ou trois ans - et on sait que ce n'est pas toujours simple - de procéder
en modifiant la réglementation.
Si ce sont des adultes hébergés, on peut facilement les
identifier aux gens du programma Soutien financier qui ont une indexation
annuelle. Je me demande pourquoi, une fois pour toutes, les adultes seuls
hébergés ne verraient pas leurs 125 $ indexés chaque
année, de sorte qu'on n'assisterait plus, comme depuis les dix ou quinze
dernières années, à des gestes discrétionnaires de
la part du gouvernement pour les augmenter. Ces personnes sauraient au moins
à quoi s'en tenir et elles auraient une augmentation annuelle. Je suis
sûr que la députée de Maisonneuve sera d'accord avec
ça.
Mme Harel: Cela m'amène à rappeler au ministre que
cet exercice serait complètement futile s'il ne lui servait pas à
bonifier sa réglementation. C'est jusqu'au 10 mars, en vertu de la Loi
sur les règlements, que des groupes ou associations pourront lui
transmettre des suggestions ou des recommandations. Ce serait absolument
invraisemblable d'Imaginer que tout cet exercice n'aura servi, au bout du
compte, qu'à entériner aveuglément le
règlement.
M. Leclerc: Je vous avoue personnellement, pour avoir suivi le
dossier depuis trois ans, que ce n'est pas simple. J'ai travaillé
auprès de la ministre de la Santé et des Services sociaux; j'ai
également travaillé auprès de votre
précédesseur pour enfin voir l'augmentation dans l'actuel projet
de règlement. C'est ce qui explique que ce montant n'est majoré
qu'à tous les trois ans en moyenne depuis une quinzaine d'années.
Je me dis qu'on rate probablement là une bonne occasion de régler
le problème une fois pour toutes.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux que souscrire au
voeu émis par le député de Taschereau et la
députée de Malsonneuve que nous puissions en arriver un jour
à indexer ce barème. Tout ce que je peux dire, c'est qu'à
la suite de la décision du Conseil des ministres je suis en train
d'étudier avec mes fonctionnaires de quelle façon on pourrait en
arriver à Indexer éventuellement ce barème-là.
M. Leclerc: Une autre question à ce sujet.
Est-ce que je dois comprendre que cette augmentation n'entrera en
vigueur que le 1er août prochain?
M. Bourbeau: On m'indique que ce sera le 1er août 1989.
M. Leclerc: Compte tenu du fait que ça fait quand
même près de trois ans qu'il n'y a pas eu d'augmentation, ne
pensez-vous pas qu'on pourrait devancer cette augmentation? Est-ce que je peux
savoir la date de la dernière augmentation?
Une voix: Janvier 1985.
M. Leclerc: Janvier 1985? Comme ça, on ne l'a pas
augmenté. C'est pire que ce que je pensais.
Le Président (M. Bélanger): Un instant! Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: L'article 124 - j'invite le député de
Taschereau à en prendre connaissance - nous dit que la date
d'entrée en vigueur, c'est "le 1er août 1989, sauf, et là,
parmi les exceptions, il y a les articles 6 et 7, et on est à
étudier l'article 7 qui entre en vigueur le 1er août 1990. En
vertu de l'article 124, il me semble que l'application des 10 $ d'augmentation
ne serait en vigueur qu'au 1er août 1990. Je ne pense pas qu'il y ait des
mesures de transition pour l'article 7.
M. Bourbeau: Oui, ce sont des subtilités juridiques. On me
dit que c'est l'article 121 qui s'applique, qui dit: "Entre le 1er août
1989 et le 31 juillet 1990, les barèmes temporaires prévus en
vertu de l'article 133 de la loi applicables à un adulte seul
hébergé dans un centre d'accueil ou dans un centre hospitalier
s'établissent à 125 $. Toutefois, lorsque cet adulte est
déjà admis à un progamme d'aide de dernier recours au
moment de son admission en hébergement, ces barèmes s'appliquent
à compter du mois qui suit celui de son admission en
hébergement."
Mme Harel: Me permettez-vous une question?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Harel: Pourquoi Inclure à l'article 124 que
l'exception pour l'article 7 s'applique en 1990 et après venir l'annuler
par l'article 121?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve est avocate; alors, elle sait que parfois les avocats ont des
façons un peu compliquées d'expliquer les choses. Je vais
demander à un avocat de lui expliquer ça, si vous n'avez pas
d'objection, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Rochon: L'article 133 de la loi demande de fixer les
barèmes pour l'année de transition. Et le texte reproduit
essentiellement l'article 7. Il fallait le prévoir de nouveau pour
l'année de transition.
M. Leclerc: Toujours sur le même article... Mme Harel:
Allez-y.
M. Leclerc: ...après vérification, c'est pire que
ce que je pensais. Si l'augmentation a lieu le 1er août 1989, ça
va faire plus de quatre ans et demi que le montant aux adultes
hébergés n'aura pas été augmenté. D'une
part, on ne règle pas le problème d'indexation et, d'autre part,
on est à quatre ans et demi; 115 $ depuis quatre ans et demi Devaient
plus 115 $.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est quand même mieux
que rien.
Le Président (M. Bélanger): Avez-vous d'autres
bonnes questions sur cet article?
Mme Harel: C'est un exercice qui est un peu didactique parce que
le ministre n'a pas l'intention de le bonifier. A-t-il l'intention de retourner
devant le Conseil du trésor ou s'il entend éventuellement plaider
sa cause telle que rédigée, pas plus?
M. Bourbeau: On est ici pour écouter les suggestions, les
recommandations. Si la commission émet des voeux unanimes ou des
vux majoritaires, je les prendrai et les véhiculerai dans la
machine gouvernementale. Je ne suis fermé à rien, absolument
rien, mais je dois, quand même, faire valoir le point de vue du
gouvernement tel qu'il s'est exprimé jusqu'à aujourd'hui en
tenant compte des équilibres financiers du gouvernement et du fait qu'on
débourse déjà au-delà de 2 000 000 000 $ par
année à l'aide sociale. Cela étant dit, on est ouvert
à toute proposition.
Mme Harel: Comment procède-t-on? Est-ce qu'on poursuit, M.
le Président?
Le Président (M. Bélanger): On ne peut pas faire
d'amendements, mais on peut, quand même, faire une motion de
recommandation au ministre visant à... Ce ne sont que des précis
d'intentions mais ce ne sera sûrement pas stérile.
Mme Harel: On pourra peut-être voir à ça
demain étant donné qu'on a peut-être intérêt
à accélérer un peu nos travaux. J'appuierais avec plaisir
une motion de recommandation du député de Taschereau. L'article
8, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): L'étude de
l'article 7 est terminée. Nous passons à l'article 8.
Mme Harel: L'article 8 est, en quelque sorte, introduit depuis le
10 décembre 1986 puisqu'on vertu du règlement actuel - je pense
que c'est le règlement 24.1, c'est bien le cas - qui a été
modifié, je pense, le 10 décembre 1986, dorénavant,
lorsqu'il y a amélioration, lorsqu'il y a indexation du crédit
d'impôt pour enfant au fédéral, il y a réduction de
La prestation. Je veux Interroger le ministre sur le fait qu'il semble assez
Incohérent qu'en vertu du Régime d'assistance publique du Canada
ni les allocations familiales, ni le crédit d'impôt ne puissent
être comptabilisés aux fins de réduire la prestation.
Pourtant, les indexations annuelles des allocations familiales et du
crédit d'impôt qui, admettons-le, n'est offert qu'aux familles
à très faible revenu, comme complément de revenu, sont
annuellement déduites des barèmes. Je pense qu'on comble
l'incohérence du fait qu'on déduit pour le premier enfant 7 $ et
1 $ pour les enfants subséquents, alors que, pour le troisième et
le quatrième enfant, on va voir cette réduction calculée
malgré que les barèmes prennent en charge, avec le même
barème, deux enfants et plus. On ne prend pas en considération
les besoins lorsqu'il y a plus de deux enfants et pourtant on va
déduire, dépendamment du nombre d'enfants, le troisième,
le quatrième, à raison de 1 $ chacun pour l'indexation des
allocations familiales ou du crédit d'impôt
fédéral.
M. Bourbeau: M. le Président, ce ne sera pas long. Quelle
est la question de Mme la députée?
Mme Harel: La question est la suivante: Vu que les montants
reçus en vertu de la Loi sur les allocations familiales
fédérale et le crédit d'impôt fédéral
pour enfant sont exclus du calcul des revenus aux fins de déterminer la
prestation, comment peut-on justifier que le montant d'augmentation de ces
allocations soit comptabilisé comme un revenu et soustrait du
barème des besoins? Cela paraît assez aberrant que les montants de
base soient exclus et que les augmentations annuelles soient
comptabilisées. Les montants de base, allocations familiales et
crédit d'impôt, sont exclus. On le retrouve, d'ailleurs, je pense,
dans un article de la loi, mais les indexations annuelles vont être
déduites des barèmes. (15 heures)
M. Bourbeau: M. le Président, la façon de
comptabiliser ou de tenir compte des allocations familiales
fédérales et du crédit d'Impôt ne date pas,
contrairement à ce qu'affirme la députée de Maisonneuve,
de 1986, mais de 1974. C'est en 1974 que ce virage a été pris, si
je puis dire, dans la façon de les comptabiliser. Alors, il ne faudrait
pas prétendre que c'est le gouvernement qui vient, depuis deux ans, de
changer les règles du jeu. Cela fait quinze ans qu'on procède
comme ça au Québec, y compris sous l'adminis- tration du Parti
québécois.
Avec la permission de la commission, je demanderais au sous-ministre de
bien vouloir expliquer la façon dont on procède. Je pense que
personne mieux que lui ne peut vulgariser cela.
Le Président (M. BéJanger): M. Pronovost.
M. Pronovost: En théorie, le montant dont doit disposer
une famille pour couvrir ses besoins, lorsqu'il s'agit d'une famille comprenant
des enfants, est composé de deux éléments: la prestation
d'aide sociale et les allocations familiales. D'accord? Quand le barème
est indexé, il faut faire croître les deux volets dans les
mêmes proportions pour maintenir le pouvoir d'achat ou la prestation.
Les allocations familiales fédérales ne sont pas
nécessairement indexées, comme on le fait au Québec, en
fonction de la pleine augmentation du coût de la vis. Je vais vous donner
un exemple. Les allocations familiales fédérales ont
été Indexées de 1,1 % au 1er janvier 1989, tandis que les
nôtres, celles du Québec, ont été indexées de
4,1 %. Cependant, le gouvernement fédéral donne un crédit
d'impôt pour enfant. Alors, tout ce qu'on fait, c'est qu'on comble la
différence qui résulte d'un manque d'Indexation par le
crédit d'impôt, et, comme le crédit d'Impôt est un
petit peu supérieur, toujours pour maintenir le pouvoir d'achat, on fait
l'opération inverse, on vient chercher par des
prélèvements ce petit solde pour maintenir les prestations au
niveau où elles doivent être.
Mme Harel: M. le Président, d'une certaine façon,
on utilise le crédit d'impôt qui est un soutien de revenu pour les
familles pauvres. Le crédit d'impôt n'est pas distribué
à l'ensemble des familles qui ont des enfants; il n'est finalement
accessible qu'aux familles qui ont des enfants et qui sont en
difficultés financières.
Comment justifier que ce qui est considéré comme devant
être ajouté au revenu des familles pauvres, non pas pour
compenser, mais pour améliorer leurs conditions, soit finalement
déduit de la prestation des bénéficiaires de l'aide
sociale?
M. Bourbeau: M. le Président, on me donne l'Information
que le crédit d'impôt est disponible pour toutes les familles dont
le revenu est inférieur à 35 000 $ par année. Donc, ce ne
sont pas nécessairement les familles pauvres; 36 000 $ par année,
ça commence à compter.
Mme Harel: Cela dépend du nombre d'enfants dans le
ménage.
M. Bourbeau: Oui, oui, je suis d'accord, mais cela va
jusqu'à 36 000 $.
Mme Harel: Et combien d'enfants?
M. Bourbeau: Deux enfants.
Mme Harel: Oui. Évidemment, le crédit peut aussi se
réduire à presque rien, a ce moment-là. Il faut bien voir
que le crédit d'impôt, dans la logique fédérale, est
essentiellement venu comme une mesure de sécurité du revenu pour
les familles pauvres ayant des enfants.
M. Bourbeau: J'ai ici les montants: allocation mensuelle, en
1988, premier enfant, 20,70 $; deuxième enfant, 30,87 $;
troisième et chacun des autres enfants, 77,09 $. Il faut ajouter aux
allocations fédérales un crédit d'impôt ou un
versement de 489 $ par enfant admissible aux allocations si le revenu familial
net est Inférieur à 23 760 $. Si le revenu excède 23 760
$, le montant de 489 $ est réduit de S $ par tranche de 100 $
excédant le revenu familial de 23 780 $.
Mme Harel: Cela a l'air négligeable, mais vous savez
très bien que ce sont là des montants de 7 $ par enfant. Pour les
deux premiers enfants, c'est donc 14 $, plus 1 $ pour chacun des autres. Donc,
pour trois enfants, c'est une réduction de 15 $. Dans le fond, cela
vient chercher l'amélioration que le crédit d'impôt
était supposé apporter aux familles à faible revenu ayant
un ou des enfants.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est sûr que, comme
la députée de Maisonneuve, nous aussi, dans un monde
idéal, nous préférerions que les gens aient le maximum de
revenus. Mais, comme on est dans un système de dernier recours, il faut
maintenir un équilibre entre toute la clientèle et les sommes
d'argent qui sont ajoutées parfois, soit par un gouvernement, soit par
un gain quelconque, on doit en tenir compte dans l'équilibre du
système de façon que tout cela se tienne.
Mme Harel: Est-il exact que le montant de réduction de 7 $
par enfant pour les deux premiers enfants et de 1 $ pour les enfants
subséquents qu'on retrouve dans le dépliant que le
ministère a transmis et qui est signé, d'ailleurs, par le
ministre André Bourbeau, "Message aux clients de l'aide sociale"...
C'est un commerce, n'est-ce pas! Dans ce dépliant, on retrouve le
rajustement du montant versé pour les enfants et l'explication qui en
est donnée, pour la période qui commençait en janvier
1989. De combien a été l'économie réalisée
en janvier, avec cette mesure de réduction aux familles?
M. Bourbeau: Je ne crois pas, M. le Président, qu'on soit
en mesure de répondre à une question semblable. On regardera et
peut-être que demain, on pourra être en mesure de répondre
à cette question.
Mme Harel: Parfait. Mes calculs m'amènent à penser
que près de 8 000 000 $ d'économie ont pu être
réalisés en faisant main basse, comme ça, sur l'indexation
des allocations familiales fédérales et des crédits
d'impôt pour enfant
M. Bourbeau: M. le Président, si nous sommes responsables
d'avoir fait main basse sur des sommes d'argent, le Parti
québécois est responsable neuf fois d'avoir fait main basse,
parce que vous l'avez fait aussi à chacune des années où
vous étiez à la gouverne des affaires de l'État.
Mme Harel: Cette disposition est introduite depuis le 10
décembre 1986.
M. Bourbeau: M. le Président, on m'affirme que c'est
depuis le 1er janvier 1974, lors de la réforme du régime
fédéral d'allocations familiales.
Mme Harel: Votre règlement n'est pas à jour, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Alors, ce sont mes fonctionnaires contre les
vôtres!
Mme Harel: De toute façon, on va demander au
secrétariat de la commission de le vérifier.
M. Bourbeau: Écoutez, on m'affirme que cette façon
de procéder remonte au 1er Janvier 1974.
Mme Harel: Non; le crédit d'impôt pour enfant
n'existait même pas. C'est le budget Wilson qui a introduit cette
disposition qui est malheureusement en vigueur depuis le 10 décembre
1986.
M. Bourbeau: Le crédit d'impôt pour enfant, c'est
sûr qu'il est arrivé plus tard, mais la méthode qui vise
à récupérer date du 1er janvier 1974.
Mme Harel: C'est cela, parce que les règles du jeu ont
complètement changé avec le crédit d'impôt pour
enfant. Le crédit d'impôt, M. le ministre, c'est un soutien de
revenu pour les familles pauvres.
M. Bourbeau: Oui, mais les allocations familiales
fédérales existaient avant le 1er janvier 1986.
Mme Harel: On y reviendra, de toute façon, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Harel: J'aimerais inviter la commission à prendre en
considération une amélioration du règlement. Il y en a si
peu que j'ai l'intention de les noter chaque fois que cela surviendra. Il
s'agit du dernier alinéa de l'article 9: "Ce barème
est majoré de 100 $ pour tout enfant à charge qui
réside avec la famille pendant qu'il fréquente à temps
complet un établissement d'enseignement collégial ou
universitaire." J'aimerais savoir quel est le nombre total d'enfants à
charge et quel est le montant que ce barème majoré
occasionnera.
Le Président (M. Bélanger): Avant que M. le
ministre ne réponde, je comprends que nous avions terminé
l'article 8? D'accord. Alors, nous passons à l'article 9. Vous
m'excuserez, c'est pour les fins du Journal des débats.
M. Bourbeau: M. le Président, les articles 9 et 14 parlent
d'une majoration de 100 $ pour tout enfant à charge aux études
postsecondalres à plein temps résidant chez ses parents. C'est
une situation nouvelle pour nous. Cela affecte une clientèle de 6308
personnes et le coût, pour le ministère, est estimé
à 5 028 000 $.
Mme Harel: Alors, il en va de même pour les barèmes
qu'on retrouve à l'article 9, pour un adulte... M. le ministre, on
revient à l'appellation "enfant à charge majeur qui
fréquente un établissement d'enseignement secondaire".
M. Bourbeau: Enfant à charge.
Mme Harel: On en avait parlé au moment de l'étude
du projet de loi; vous vous le rappellerez sûrement. En commission
parlementaire, nous avions parlé de cet article en vous rappelant que
l'adulte, l'enfant à charge majeur qui retourne au secondaire n'a
accès à aucun prêt-bourse et que, s'il réside chez
ses parents, il sera considéré comme faisant partie de ta
famille; il n'aura pas, de son propre chef, accès à une
allocation. S'il quitte la famille pour aller vivre chez un voisin ou un ami,
il pourra obtenir de l'aide et, en plus, il aura accès au plein montant
pour retour aux études secondaires. S'il reste chez ses parents, il
verra le barème de ses parents légèrement
amélioré pour un premier enfant majeur qui termine son
secondaire. Cette amélioration sera de 7 $, passant de 78 $ à 85
$ par mois, pour le deuxième enfant, et ainsi de suite. À
l'article 9, on a les nouveaux barèmes. C'est donc dire que, dans la
mesure où cet adulte, qui a déjà connu un premier
échec puisqu'il s'agit, la plupart du temps, de quelqu'un qui n'a pas
complété son secondaire puisqu'il y retourne à l'âge
adulte, donc qui est un décrocheur, retourne aux études, s'il
réside chez ses parents, il n'a droit à aucune aide, il n'a pas
le plein montant pour participer à une mesure. Ce sont ses parents qui
verront une amélioration de leurs prestations. Mais, je vous le
rappelle, l'amélioration ne sera même pas suffisante pour
compenser ses coûts d'alimentation, selon les chiffres que nous donne le
Montreal Diet Dispensary de ce que coûte un jeune homme ou une jeune
femme de 18-20 ans.
Je repose la question en vous rappelant qu'ils n'ont pas droit aux
prêts-bourses puisque les prêts-bourses ne sont ouverts qu'à
des étudiants de niveau collégial ou universitaire. Vous m'aviez
dit, en commission parlementaire, qu'au moment de la réglementation vous
envisageriez de clarifier cette situation.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, est-ce
que vous préférez qu'on suspende quelques instants?
M. Bourbeau: On pourrait peut-être suspendre deux minutes,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. La commission
suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 17)
(Reprise à 15 h 26)
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, nous
vous écoutons.
M. Bourbeau: M. le Président, le problème que
soulève la députée de Maisonneuve n'est pas facile
à résoudre. Ce que nous avons fait avec l'article dont on parle,
c'est que nous avons reconduit, à toutes fins utiles, le statu quo. Nous
n'avons pas cherché à modifier la situation qui existait par
rapport à maintenant. Je reconnais que ce n'est pas une situation
idéale. Dans un monde meilleur, on pourrait probablement tenter de
trouver des solutions plus intéressantes qui coûteraient,
évidemment, beaucoup plus cher. Pour l'instant, nous avons reconduit le
statu quo. Maintenant, si la commission nous fait des propositions, nous les
soumettrons au gouvernement avec les coûts que ces propositions
pourraient entraîner.
Tout ce que je peux dire, c'est que, jusqu'à maintenant, le
système a fonctionné relativement bien. On nous dit qu'on n'a
jamais eu, enfin, trop de problèmes. Je ne dis pas qu'H n'y en a pas eu.
Ce système-là a fonctionné jusqu'à maintenant et
les concepteurs de la réforme ont pensé qu'on pouvait continuer
avec le même système qui poursuit, si je peux dire, l'adolescence
d'un enfant au-delà de 18 ans dans la mesure où cet
enfant-là continue ses études à plein temps au secondaire,
donc, n'est pas admis à l'aide sociale et, donc, n'est pas, non plus,
admis au régime des prêts et bourses puisque le régime des
prêts et bourses n'est disponible que pour les étudiants à
l'université ou au cégep. C'est une situation qui est mitoyenne
entre le système des prêts et bourses et l'aide sociale où
on prolonge la vie familiale d'un individu tant qu'il demeure aux études
secondaires à plein temps, en remplaçant, bien sûr, pour la
famille, la perte des allocations familiales par des
prestations équivalant au montant que la famille a perdu.
Maintenant, ce qu'on m'a dit, M. le Président, c'est que las
effets déslncitatifs dont parle la députée de Maisonneuve
ne semblent pas s'être produits dans le système jusqu'à
maintenant. Est-ce que, dans l'avenir, il y aura des effets
désincitatifs plus prononcés? On verra. Et, si tel était
le cas, possiblement qu'on pourrait éventuellement apporter des
corrections. Mais je suis ouvert à toute suggestion que pourront me
faire les membres de la commission.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais vérifier
auprès du ministre comment il peut être en mesure d'évaluer
qu'il n'y a pas eu d'effets déslncitatifs. Des effets
déslncitatifs à quoi? À reprendre les études
secondaires pour les terminer? Contrairement à ce qu'il a dit, il ne
s'agit pas d'adolescents qui continuent leurs études secondaires. Il
s'agit de jeunes adultes qui reprennent habituellement leurs études
secondaires pour les terminer au sens de la mesure du retour à
l'école. Alors, comment peut-ii mesurer l'effet désincitatif? Le
sous-ministre lui a dit qu'il n'y a pas d'effets désincitatifs. Sur
quels critères, quelles études, quelles évaluations se
base-t-il pour conclure aussi péremptoirement qu'il n'y a pas d'effets
désincitatifs? Avant que je lui donne les exemples de personnes que je
connais et qui ont connu des problèmes, qui ont dû quitter
l'école et qui ont quitté aussi leur famille, comment peut-il
évaluer l'absence d'effets désincitatifs?
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment, la
députée développe ses questions. Un de mes fonctionnaires
sera Ici dans quelques instants avec un certain nombre de renseignements et de
chiffres à transmettre à la commission.
Le Président (M. Leclerc): On pourrait peut-être
suspendre l'article 9.
Mme Harel: Non, M. le Président. On va
procéder.
M. Bourbeau: La députée pourrait poser une autre
question et on reviendra sur ce sujet-là après.
Le Président (M. Leclerc): C'est bien. Magnifique.
Mme Harel: Ce qui compte, c'est d'avoir le nombre total d'enfants
à charge majeurs qui fréquentent un établissement. J'ai,
malheureusement des cas-problèmes à mon bureau de comté de
mères, chefs de famille monoparentale, qui ont vu leur grand
garçon quitter la maison parce que ses copains à l'école
pour adultes où il complétait son secondaire avaient droit
à une pleine prestation majorée du montant de retour aux
études alors qu'il n'avait droit à rien parce qu'il habitait chez
sa mère; il n'avait rien d'autre que l'allocation familiale
bonifiée. On y reviendra, M. le Président.
Le Président (M. Leclerc): Nous passons maintenant
à l'article 10.
Mme Harel: On a eu l'occasion d'examiner l'article 10. Avant
d'entreprendre la programma APTE, je veux bien vérifier l'article de la
réglementation qui prévoit l'indexation des barèmes de
soutien financier, si on pouvait me le transmettre.
M. Bourbeau: Je vous réfère à l'article 6,
troisième alinéa, qui dit: "Ce barème des besoins est
ajusté au 1er janvier de chaque année en lui appliquant le taux
d'ajustement prévu au premier alinéa de l'article 119 de la Loi
sur le régime de rentes du Québec, au dollar près."
Mme Harel: M. le Président, faut-il comprendre que les
barèmes prévus à l'article 9 pour les enfants majeurs qui
retournent terminer leur secondaire ne seront pas indexés?
M. Bourbeau: M. le Président, cela ne fait pas partie des
barèmes indexés automatiquement.
Mme Harel: Et où retrouve-t-on la disposition selon
laquelle ces barèmes peuvent être indexés à
l'occasion?
M. Bourbeau: II n'y a évidemment pas de disposition
puisque le gouvernement peut toujours, par décret, Indexer les
barèmes. Alors, c'est l'inverse qui se produit. Quand on veut avoir une
indexation automatique, on l'Insère dans le règlement, mais, s'il
n'y a pas d'Indexation automatique, on n'a pas besoin de le marquer dans le
règlement. Le gouvernement décidera, à sa guise ou chaque
année, s'H indexe et selon quelle proportion.
Mme Harel: II faut donc donner suite aux nombreuses critiques
formulées, je pense, par tous les mémoires déposés
devant la commission selon lesquelles, dorénavant, contrairement
à ce qu'on retrouvait dans le règlement actuel, il n'y a plus
d'obligation faite au gouvernement d'indexer le 1er janvier de chaque
année en vertu de l'indice des prix à la consommation, sauf pour
le barème de soutien financier...
M. Bourbeau: Dorénavant...
Mme Harel: ...et plus pour l'ensemble des autres barèmes,
y compris ceux des allocations, par exemple, pour enfants majeurs qui
retournent terminer leur secondaire.
M. Bourbeau: M. le Président, cela ne veut pas dire qu'il n'y
aura pas d'indexation, mais le gouvernement étudiera la question chaque
année.
Mme Harel: L'article du règlement actuel qui
prévoit l'indexation, dans quelle disposition le retrouve-t-on?
M. Bourbeau: II y a l'article 6.
Mme Harel: Non, c'est le règlement proposé. Dans le
règlement actuel?
M. Bourbeau: Ah! Dans le règlement actuel? Un instant.
M. le Président, on me signale que, même dans le
règlement actuel de l'aide sociale, les montants dont parle la
députée ne font pas l'objet d'un ajustement automatique. Il faut
un règlement annuel pour Indexer ces sommes. La majoration dont vient de
parler la députée, c'est à l'article 24a.
Mme Harel: C'est-à-dire que l'article 24a traite des
montants pour le retour aux études d'enfants majeurs, mais dans les
dispositions actuelles du règlement, quel est l'article qui
prévoit l'indexation au 1er janvier de chaque année?
M. Bourbeau: M. le Président, on me signale que c'est
l'article 31 du règlement actuel qui prévoit qu'à compter
du 1er janvier 1987 les montants prévus au premier alinéa de
l'article 23 et au premier alinéa de l'article 29 sont ajustés
à chaque année comme les prestations payables en vertu de la Loi
sur le régime de rentes du Québec, au dollar près.
Mme Harel: Donc, on ne retrouve plus - c'est une autre omission
qui m'apparaît de taille - aucune autre disposition, sauf celle au
paragraphe 3° de l'article 6, prévoyant un mode de calcul de
l'indexation, par exemple, du barème pour APTE.
M. Bourbeau: Disons que, dans le système actuel, iI y a
indexation des barèmes, mais pas pour les autres sommes. Dans le nouveau
système, il y aurait Indexation pour le barème du soutien
financier, mais pas pour le barème d'APTE. Pour le reste, c'est la
môme chose.
Mme Harel: Dans le document d'orientation du ministre Paradis, il
était prévu deux modes de calcul de l'indexation: un à
l'indice des prix à la consommation pour le soutien financier et un
autre, qui était un peu plus nébuleux pour le programme APTE.
Alors, on doit donc conclure que la réglementation n'a pas retenu le
mode d'indexation que contenait le document d'orientation pour le programme
APTE. C'est bien ça?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que, dans le document d'orientation, II
n'y avait pas de formule d'indexation. C'étaient, je ne dirai pas des
voeux pieux, mais des Intentions un peu vagues. On disait: Les barèmes
et les prestations seront ajustés par le gouvernement en fonction des
paramètres tels que le salaire minimum, l'incitation au travail,
l'évolution du coût de la vie, etc. Je ne dis pas à la
députée que nous n'augmenterons pas ou n'indexerons pas le
barème du programme APTE l'an prochain. Si c'est indexé, cela se
fera selon les paramètres, comme le salaire minimum, l'incitation au
travail.
Mme Harel: À quelle page, M. le ministre?
M. Bourbeau: C'est à la page 38 du livre vert, du document
d'orientation. Je ne voudrais pas que la députée de Maisonneuve
conclue de mes propos qu'il n'y aura pas d'indexation l'an prochain. Le
gouvernement décidera, à ce moment-là, selon l'orientation
qu'il prendra.
Mme Harel: Mais il n'y a plus d'obligation qui est faite au
gouvernement, comme c'était le cas dans la réglementation
actuelle. Dans la réglementation actuelle, il y avait, en vertu de
l'article 31, une obligation qui était faite d'indexer les
barèmes tout au moins, pas les besoins spéciaux, mais les
barèmes. Il y avait donc là une sorte d'obligation au 1er janvier
et ce n'était pas n'importe quelle sorte d'indexation. C'était en
vertu de l'indice des prix à la consommation.
M. Bourbeau: Évidemment, nous sommes en train de faire une
réforme et cette réforme implique des changements. Nous
maintenons l'indexation automatique du barème du soutien financier. Pour
ce qui est du barème pour les personnes aptes au travail, le
gouvernement prendra ses responsabilités en temps opportun.
Mme Harel: C'est vraiment un changement majeur. Le ministre va se
rappeler que c'est à compter du 1er janvier 1987, je pense, donc, c'est
également en 1986, que le mode d'indexation a été
modifié. Auparavant, en pleine récession, l'indexation
était trimestrielle et, quand sont venues les années de
prospérité, l'indexation est devenue annuelle. Maintenant, on
parle de plus d'obligation à indexer. Cela reste une omission
majeure.
M. Bourbeau: Oui, et à la même époque, on a
vu la clientèle de l'aide sociale passer de 500 000 en période
postdépression... Il est très étrange de considérer
que, pendant la période de récession, il y a eu une
clientèle à l'aide sociale, je ne dirais pas stable, mais qui a
augmenté légèrement. À partir du moment où
on a commencé à indexer trimestriellement et très
rapidement les prestations d'aide sociale et où on a gelé en
même temps le salaire minimum, la clientèle de l'aide sociale est
passée de 500 000 à 710 000. On a fait en sorte que
c'était plus attrayant pour une famille à plus faible revenu
d'être à l'aide sociale que de travailler au salaire
minimum et on a vu, tout à coup, pratiquement 200 000 personnes
entrer à l'aide sociale en peu de temps.
Mme Harel: Diriez-vous que c'est à cause de
l'indexation?
M. Bourbeau: Je dirais que, lorsqu'on gèle le salaire
minimum à tour de bras pendant quatre ans et qu'on indexe
trimestriellement les prestations d'aide sociale, cela devient à la
longue plus payant d'être à l'aide sociale que de travailler au
salaire minimum. Et on a vu 200 000 personnes en 1984-1985, Jusqu'en 1985,
entrer à l'aide sociale, faisant passer la clientèle de 500 000
à 710 000. Depuis cette date, on a indexé trois fois le salaire
minimum et on indexe l'aide sociale annuellement. La clientèle de l'aide
sociale s'est résorbée tranquillement; maintenant, elle est
passée de 710 000 à 555 000 personnes. Je vous signale, par
exemple, que l'Ontario, avec 3 000 000 de plus de population, a moins de
personnes à l'aide sociale que nous. Le contexte peut être
différent, j'en conviens, mais on avait pas mal de chemin à
faire.
Mme Harel: II reste que c'est une aide de dernier recours. Quand
l'aide de dernier recours ne permet même pas de compenser la hausse du
coût de la vie, et cette hausse est quand même minimale, il reste
qu'à ce moment-là les gens qui sont considérés
comme étant les plus démunis de notre société sont
en voie de s'appauvrir puisque les barèmes qui comblent des besoins dits
essentiels ne sont même plus indexés suivant la hausse
régulière du coût de la vie. Évidemment, le ministre
n'a pas tenu compte, malheureusement, de l'expérience des années
antérieures, des suppléments au revenu de travail et il
s'avère qu'il va encore se piéger dans la même sorte de
programme avec le programme APPORT. Est-ce que le ministre entend continuer
à indexer le salaire minimum, comme son prédécesseur l'a
fait, en date du 1er avril?
M. Bourbeau: M. le Président, la décision d'indexer
le salaire minimum est une décision qui se prend par le gouvernement et
non par un ministre. À chaque année, l'augmentation du taux du
salaire minimum a été annoncée par le gouvernement autour
du mois de mai ou du mois de juin pour prendre effet le 1er octobre de chaque
année.
Mme Harel: Deux fois par année, avril et octobre.
M. Bourbeau: Non, une fois par année.
Mme Harel: Non, c'est à tous les six mois, et l'annonce a
été régulière, 1er octobre et 1er avril.
M. Bourbeau: On a augmenté le salaire minimum une fois par
année depuis qu'on est là, le 1er octobre 1936, le 1er octobre
1987 et le 1er octobre 1938, alors, une fois par année, et on l'a fait
passer de 4 $ à 4,75 $ en trois ans à l'occasion de trois
augmentations annuelles, le 1er octobre de chaque année. Maintenant,
l'annonce en a été faite chaque année au printemps, je le
reconnais, mais ça entrait en vigueur le 1er octobre. Je
répète donc ce que je disais. Dans quelques mois, autour du 1er
mai, le 1er juin au plus tard, le gouvernement fera connaître ses
intentions, mais je répète que, si on maintenait la politique du
gouvernement précédent d'indexer à tour de bras l'aide
sociale et de geler le salaire minimum, ce ne serait pas long qu'on verrait
revenir à l'aide sociale 100 000, 200 000, 300 000 personnes qui
seraient incitées à cesser de travailler au salaire minimum
puisque ça deviendrait plus payant d'être è l'aide sociale
et de ne rien faire que de travailler au salaire minimum. C'est la
dernière chose qu'il faut faire. Quant à nous, on va essayer de
continuer dans la politique qu'on a améliorée.
Mme Harel: Avant que nous abordions l'article 11, M. le
Président, à la section II, programme Actions positives pour le
travail et l'emploi, Je dois malheureusement Insister sur le fait qu'il y a un
changement de cap majeur à l'égard des milliers de familles qui
seront admissibles au programme APTE. Le changement de cap majeur, c'est
qu'elles n'auront plus la protection de l'indexation de leurs prestations et il
n'y a aucune disposition dans la loi, tout est laissé à la bonne
volonté, donc à l'Influence du gouvernement. Je rappelle que,
s'il y a un danger qu'il n'y ait plus d'indexation, cela vaut tout autant pour
le salaire minimum qua pour les prestations. Il n'y aura donc pas d'obligation,
pour le gouvernement de les Indexer, ni l'un ni l'autre. (15 il 45)
M. Bourbeau: M. le Président, il n'y a jamais eu de loi
qui obligeait un gouvernement à Indexer le salaire minimum. Si cela
avait été le cas, vous l'auriez indexé pendant quatre ans,
mais vous l'avez gelé de 1981 à 1985. La décision
d'indexer le salaire minimum est prise chaque année par le gouvernement
et nous n'avons pas l'intention de changer cela.
Mme Harel: C'est pour ça, M. le Président, que nous
proposions au ministre, l'automne dernier, d'ajuster le salaire minimum au
salaire industriel moyen, d'une façon permanente, pour le mettre
à l'abri des tentatives d'influence ou d'intérêts que des
groupes pourraient avoir sur les décisions que le gouvernement a
à prendre.
M. Bourbeau: Pourquoi ne l'avez-vous pas fait quand vous
étiez là?
Mme Harel: Cela viendra.
M. Bourbeau: On verra.
Le Président (M. Leclerc): Est-ce que l'étude de
l'article 10 est terminée?
Mme Harel: Alors, l'article 11. Le Président (M. Leclerc):
Oui. Programme APTE
Mme Harel: J'aimerais que le ministre nous spécifie de
quelle nature seront les allocations de formation professionnelle
versées en vertu de la Loi nationale sur la formation que l'on retrouve
au dernier alinéa de l'artide 11.
M. Bourbeau: M. le Président, les revenus dont on parle
sont payés par le gouvernement fédéral. On les
comptabilise et on les traite comme des revenus de travail. Ils sont donc
exemptés en partis, jusqu'à concurrence des exemptions de revenu
de travail. Lorsqu'ils excèdent le montant des revenus de travail, on
les comptabilise.
Mme Harel: Est-ce que le ministre a remarqué que les
revenus de travail exdus de la comptabilisation de la prestation varient selon
une logique qui paraît assez aberrante si on compare les revenus de
travail permis au programme Soutien financier et les revenus permis au
programme APTE? Étant entendu que les personnes faisant partie du
programme Soutien financier ont de sévères contraintes à
l'emploi et un état de santé physique ou mentale
altéré de façon sévère, elles auront droit
à des revenus de 100 $. C'est à l'artide 6, à la page 4.
Tous auront droit à une moyenne de 100 $. Quand on examine les revenus
de travail qui seront permis pour les personnes aptes, on voit tout de suite,
à l'artide 11, aux paragraphes 1°, 2° et 3°, qu'il n'y en a
pas un qui équivaut même aux 100 $. Après, il y a seulement
les barèmes de non-participation.
Quand quelqu'un, dit disponible, en attente d'une mesure, s'inscrit et
manifeste sa bonne volonté, le maximum qu'il pourra aller chercher comme
revenu de travail par mois est de 80 $ s'il est chef de famille. Si ce sont
deux parents, même avec deux enfants, Imaginez-vous, le maximum, c'est 50
$! En regard de la situation actuelle, pour une famille de deux adultes, deux
enfants, dans le barème de disponibilité - tous les deux disent:
À quand la mesure que j'y participe? - le revenu de travail sera la
moitié des revenus permis aux personnes Inaptes. Il y a comme une sorte
d'Incohérence.
Et cette logique, par exemple, où on peut voir que deux adultes
ont droit à un revenu de travail de 40 $, tandis qu'un seul adulte aura
droit à 53 $. Toute cette logique des revenus de travail, dans le fond,
toute la structure des revenus de travail permis, ne démontre-t-elle pas
la trappe de pauvreté dans laquelle on maintient tous les
bénéficiaires de l'aide sociale puisqu'on ne leur permet de
gagner que ce qui, additionné à leurs prestations,
équivaut aux besoins qu'on leur reconnaît? Au-delà, point
de salut! Chaque dollar gagné est confisqué.
Vous allez me dire: II y a les 25 $ ou les 6 %. Ce n'est même pas
ce qu'on retrouve dans la Loi sur I03 impôts où vous avez le droit
de déduire, quel que soit votre revenu, 6 % jusqu'à concurrence
de 750 $ par année, c'est-à-dire 62,50 $ par mois. Si quelqu'un
intentait une action en discrimination parce que les revenus de travail permis
en vertu de la Loi sur les impôts ne sont pas les mêmes que ceux
permis en vertu de la Loi sur la sécurité du revenu... En vertu
de la Loi sur les impôts, c'est 750 $ par année ou le moindre des
deux, 6 % ou 750 $, que vous pouvez déduire et, en vertu de la Loi sur
la sécurité du revenu, en vertu du règlement, ce sera 25
$.
Quand on parle de taux "confiscatoire", de désincitation au
travail, toute la démonstration ou l'illustration est à l'artide
11. On a juste à regarder la colonne de droite et on voit très
bien que l'incohérence du discours du gouvernement est là. Il n'y
a aucune incitation au travail saisonnier ou occasionnel; I n'y a aucune autre
incitation que de combler les besoins qu'on reconnaît, mais qu'on ne
compense plus.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve prétend que c'est incohérent. Je peux lui dire que
c'est cohérent. Maintenant, c'est une cohérence qui
n'apparaît peut-être pas très évidente, à
première vue, mais je pense qu'ici il n'y a personne de mieux
placé que le sous-ministre pour vous expliquer en quoi c'est
cohérent. M. Pronovost.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pronovost: Le calcul des revenus de travail exemptés se
fait à partir d'une constante dans le programme APTE, uns constante
très simple: c'est le seuil d'imposition nul défini par la
fiscalité. C'est la même chose partout. D'accord? Et tout ce qu'on
fait - c'est ce qui explique que ça varie d'un barème à
l'autre - c'est qu'on prend le seuil d'imposition nul pour chacune des
catégories de ménages qui sont là, on soustrait ce qu'on
donne comme prestations et le solde est le gain de travail exempté, tout
simplement. Comme la prestation varie selon la condition des ménages ou
des familles, ça fait varier, en fonction de ce petit calcul, le quantum
de revenu de travail exdu. C'est pour les aptes.
Pour les inaptes, on a fait un tout autre raisonnement. Ici, ce n'est
pas le seuil d'imposition nul qui joue, parce que le barème des inaptes
est plus élevé. On a pris un montant arbitraire, tout simplement.
En fait, logiquement, si on pousse la logique jusqu'à son point
extrême, il ne devrait pas y avoir pour le
soutien financier - puisque ces gens sont, par définition,
incapables, à toutes fins utiles, de gagner un revenu de travail - de
gain de travail exempté. Mais mettez-vous dans la position d'une
personne qui ne peut pas, presque par définition, travailler, mais qui
réussit à obtenir, de peine et de misère, un gain de
travail. À ce moment, on a fixé un montant arbitraire qui se
veut, encore là, plus généreux, par définition.
Dans ce cas, comme on n'avait pas les arrimages avec la fiscalité
à respecter, on a mis un montant standard égal, le môme
pour tout le monde. Le rationnel, c'est ça.
Le Président (M. Leclerc): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Ce rationnel réfère aux besoins
essentiels reconnus qui ne sont plus comblés puisque le seuil
d'imposition nul est le même. Quand on regarde les grilles des besoins
reconnus, ils sont équivalents au seuil d'Imposition nul. Vous dites: On
n'a pas été obligés de le faire pour le soutien financier,
mais on l'a été pour APTE. Qui vous a donné cette
directive?
M. Bourbeau: De quoi?
Mme Harel: De considérer que l'élément
prioritaire, l'élément déterminant n'était pas
l'incitation au travail, mais devait être le seuil d'imposition nul.
M. Bourbeau: Tout ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas moi
qui al donné les directives. C'était comme cela avant que
j'arrive,
M. le Président. C'était comme ça depuis le
début?
Mme Harel: M. le Président...
M. Bourbeau: Tout ce que je peux vous dire, c'est que dans le
programme APTE, on est mis dans une logique d'Incitation au travail; on a donc
procédé de la façon que le sous-ministre a décrite.
Dans le programme Soutien financier, on est dans une problématique tout
à fait différente de gens qu'on ne croit pas, en principe,
pouvoir facilement insérer en emploi. Donc, on n'a pas astreint les
clients du programme Soutien financier à la même logique, à
la même démarche, et on leur a appliqué des barèmes,
des exemptions différentes.
Mme Harel: Je ne sais pas si le ministre est conscient de ce
qu'il vient de dire. Il vient de dire: Dans le cadre du programme APTE, on est
astreint à une incitation au travail, ce qu'on n'est pas obligés
de retenir dans le cadre du programme Soutien financier. Pour ces raisons, dans
le programme Soutien financier, on va permettre des revenus de travail
supérieurs dans la majorité des catégories de
bénéficiaires à ceux du programme où on est
astreint à une incitation au travail et où les revenus de travail
vont être inférieurs pour la majorité des
catégories.
Il y a un problème. le problème, c'est un choix politique.
Que le sous-ministre me dise: Nous considérons que le point sanctifiant
de tout dans la société, c'est le seuil d'imposition nul, il y a
un choix politique derrière cela. Le seuil d'imposition nul pourrait
être modifié. le seuil d'imposition nul pourrait très bien
être l'équivalent du salaire minimum ou l'équivalent du
seuil de faible revenu...
M. Bourbeau: Du salaire industriel moyen.
Mme Harel: ...ou du salaire industriel moyen. Cela reste une
question de choix politique. Pourquoi avoir mis le plafond si bas de
manière que l'incitation est dans le solde? C'est cela, la
démonstration du sous-ministre: l'incitation au travail est dans le
solde. Entre le seuil d'imposition nul et le barème, l'un soustrait de
l'autre donne un solde, et le solde donne la catégorie de revenus de
travail permis, à l'extrême droite.
M. Bourbeau: Les gains de travail.
Mme Harel: Et c'est censé être l'incitation. Vous
savez très bien qu'il n'y a pas d'incitation quand on pense à des
catégories, dans le barème de disponibilité, où les
gains permis sont de 50 $ par mois. Pour avoir entendu, pas des dizaines, mais
des centaines de fois, le ministre Paradis justifier sa réforme en
disant qu'B allait y avoir des hausses substantielles, pour avoir
vérifié que ces hausses étaient, d'ailleurs, bien plus
substantielles dans le document d'orientation qu'elles ne le sont dans la
réglementation - page 29 du document d'orientation - II faut convenir
que c'est Inversement proportionnel. Quand on a obtenu, peut-être par
notre action conjointe, nous, de l'Opposition, et vous, membres de la
commission parlementaire, que des barèmes soient maintenus et ne soient
plus coupés, Inversement les montants de revenu qui étaient
permis ont été diminués, comme des vases communicants. La
logique, c'est qu'il ne faut jamais que cela monte plus que les besoins
essentiels dits reconnus, soit l'équivalent du seuil d'imposition nul
qui est trop bas. (16 heures)
Pour la modique somme de 25 000 $, le ministre Paradis avait fait faire
un sondage par la maison SORECOM, il y a exactement un an, au mois de
février l'an passé. Les résultats nous étalent
même parvenus en mars. Parmi les questions posées qui devaient
éclairer l'orisntation de la réforme, l'une était la
suivante: "Le gouvernement propose que, pour 20 heures par semaine...' Non,
c'est celle-ci: "SI les assistés sociaux peuvent gagner un certain
revenu de travaB sans se faire couper leur aide sociale, le montant par mois de
leur prestation et de leur revenu de travail doit-il être égal,
plus élevé ou moins
élevé que le salaire minimum?" Donc, 27 % de la population
avait répondu: Plus élevé, et 56 % avaient répondu:
Au moins égal au salaire minimum. C'est un total de 83 % des
répondants qui disaient que le gouvernement devrait accorder un revenu
de travail permis, sans couper l'aide sociale, au moins équivalent au
salaire minimum. On en est bien loin. Là, on est au seuil d'Imposition
nul qui n'est que l'équivalent de ce qu'on considère être
les besoins essentiels, mais qui ne sont plus comblés par les
prestations.
Je recommande au ministre de revoir ces barèmes. D'une certaine
façon, le système que l'on a est assez hypocrite; je ne dis pas
qu'il est récent C'est un système où on considère
que les gens sont paresseux, mats où on ne leur donne aucune
possibilité d'obtenir des revenus gagnés qui compensent pour leur
déplacement, pour les frais qui sont occasionnés et qui leur
laissent une marge qui améliore véritablement leur sort. Vous
comprenez que je n'ai pas besoin d'insister sur le fait que, pour des personnes
qui sont dites disponibles aux mesures, 50 $ par mois ou môme 80 $...
Prenons le barème de 80 $ pour une personne chef de famille; c'est 20 $
par semaine. Même au salaire minimum, elle ne pourra pas faire un samedi
complet dans une épicerie à travailler sur une caisse
enregistreuse.
Le Président (M. Leclerc): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je ne suis pas d'accord avec la
députée de Maisonneuve. Dans votre raisonnement, il n'y a aucune
Incitation à sortir de l'aide sociale. SI ça devient plus
intéressant de rester sur l'aide sociale, comment voulez-vous jamais
sortir de ce cercle vicieux? Vous dites que, selon le sondage, 25 % on dit:
Plus que le salaire minimum. Dans quelle sorte de situation sera-t-on? Cela
voudra dire que tous ceux qui recevront le salaire minimum embarqueront sur
l'aide sociale. Quelle sorte de société...
Mme Harel: Je pense que le député de Sainte-Anne
pense la bonne question, mais c'est de savoir, si on veut véritablement
encourager ces personnes à occuper des emplois occasionnels,
saisonniers, si on va cesser de leur en vouloir de ne pas aller ramasser des
fraises, des pommes ou des asperges, ou si on va les mettre en situation de
pouvoir améliorer leur sort en le faisant Sinon, pourquoi iraient-ils
occuper ces emplois où ils auront des dépenses qui seront
occasionnées, qui seront de 25 $ et plus par mois? C'est le maximum de
déduction qu'on leur permet Pourquoi iraient-ils occuper ces emplois
intermittents puisque chaque amélioration qu'ils vont apporter va
être soustraite de leur prestation? Peut-être que le
député pose la question de la sécurité du revenu:
Est-ce qu'il ne faut pas envisager, avec un taux de chômage de 10 %... Le
ministre a beau dire que l'aide sociale a diminué; le taux de
chômage est resté à 10 % en pleine période de
prospérité avec des taux d'intérêt qui
n'étaient pas élevés. Qu'est-ce que ce sera avec les taux
d'Intérêt qu'on connaît, avec le ralentissement qui s'en
vient? Comment fait-on pour Inciter les gens à occuper des emplois qui
vont améliorer leurs conditions? Il n'y a pas d'incitation.
Le Président (M. Lederc): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président pour répondre à
la question de la députée, E faut comprendre un peu la
philosophie sous-jacente au système dans lequel on est. Nous avons
tenté, avec toute l'expertise que nous avons, de calculer quels sont les
besoins essentiels d'une personne. Cela a été fait d'une
façon scientifique. Et puis on en est venus à la conclusion
qu'une personne, un couple aussi, une famille monoparentale, biparentale, a des
besoins absolument essentiels qui équivalent à tant d'argent. On
a établi les besoins de base de tous les groupes, tous les
ménages à l'aide sociale et on a dit: Cela prend tant d'argent
à un ménage pour s'en tirer, pour ses besoins de logement, de
nourriture, de vêtements, de transport, etc. On a distingué les
catégories de bénéficiaires de l'aide sociale et on s'est
arrangés pour que chaque catégorie puisse avoir les sommes
d'argent requises pour répondre à ses besoins essentiels. Dans le
document de M. Paradis, le document vert, contrairement à ce qu'a
affirmé la députés de Maisonneuve, les barèmes
étalent plus bas que maintenant et on supplémental les
barèmes par des gains de travail pour atteindre le montant total des
besoins essentiels.
Ce que nous avons fait depuis ce temps-là, nous avons
augmenté les barèmes; donc, nous en donnons plus à l'aide
sociale. Mais, comme les besoins essentiels n'ont pas varié, nous avons
diminué les gains de travail de façon que les gens à
l'aide sociale aient toujours le montant maximum ou minimum - appelez ça
comme vous voudrez - des besoins reconnus, des besoins essentiels. Si une
personne a des revenus qui excèdent les besoins essentiels, comme on est
dans un système de dernier recours, on n'a pas à
supplémenter les revenus qui excèdent les besoins essentiels.
Alors, à ce moment-là, on est obligés d'en tenir compte.
Si une personne travaille et gagne plus d'argent que les montants requis pour
combler ses besoins essentiels, nous récupérons de la même
façon que nous récupérons la pension alimentaire qu'un
mari paye à sa femme, de la même façon que nous
récupérons, je ne sais pas, une rente de la CSST. Tous les gens
sont sur le même pied, ont les mêmes besoins et reçoivent
les mêmes sommes d'argent, que ce soit du gouvernement, d'un conjoint qui
paye une pension ou de la CSST. Nous sommes équitables et justes envers
tout le monde. À partir de ce moment-là, je ne vois pas pourquoi
on blâmerait
le gouvernement d'avoir un système qui est Juste et
équitable et qui traite tous Ies gens sur le même pied.
Maintenant, si une personne veut améliorer son sort et s'en
sortir, S y a, par exemple, pour les familles, le programme APPORT qui entre en
considération si on veut travailler, avoir un travail. La
députée parle d'un travail à temps partiel. Si ses revenus
de travail sont un peu importants, une personne peut adhérer au
programme APPORT où le gouvernement va supplémenter les gains
gagnés à chaque mois de façon à l'inciter à
sortir de l'aide sociale et à travailler, si c'est une famille. Plus
elle voudra travailler, plus on va ajouter d'argent à ses gains, de
sorte que ça va être plus rentable d'aller travailler, même
au salaire minimum, que de rester à l'aide sociale. Le programme APPORT,
justement, vise à inciter les assistés sociaux à aller
travailler. Même si ce n'est pas plus payant qu'à l'aide sociale,
nous allons ajouter de l'argent de façon à rendre ça plus
attrayant. SI la personne travaille au salaire minimum, ça va l'inciter
à ne pas venir à l'aide sociale puisque le programme APPORT va
faire en sorte de lui donner des sommes d'argent qui vont rendre
financièrement plus attrayant de travailler même au salaire
minimum que d'être à l'aide sociale.
Mme Harel: M. le ministre, c'est le coeur, la clé, la
pierre d'assise de tout ce qui était prétendument une
réforme. Vous avez parlé tantôt d'une étude qui,
dites-vous, avait permis de définir scientifiquement les besoins
essentiels. Je vous rappelle, pour avoir fait moi-même les
démarches auprès de Statistique Canada, que cette étude
n'a même pas été validée par Statistique Canada
parce que l'échantillonnage était de moins de 100 et que
Statistique Canada ne valide aucune étude dont l'échantillonnage
est de moins de 100. C'était le panier à provisions, je pense,
d'un total de 62 ménages et cela s'est fait d'ailleurs dans les
années de récession. L'étude s'est faite de 1982 à
1984, en pleine récession. Alors, c'est évident qu'il faut,
premièrement, remettre en question la définition même des
besoins essentiels.
Deuxièmement, vous confirmez ce que je dis. Vous abondez dans le
sens des communiqués que j'ai envoyés la semaine passée
à savoir que, justement, à cause du succès de la campagne
- je l'attribuais, dans le communiqué, à l'Opposition, mais je
suis prête à le partager avec certains membres de la commission
parlementaire - qu'on a menée contre la diminution de l'aide
financière pour certaines catégories de prestataires, Inversement
la proposition gouvernementale a réduit les gains de travail permis.
Parce qu'on a obtenu qu'ils soient moins coupés dans les barèmes,
qu'on a obtenu que le statu quo soit maintenu, les gains de travail
initialement prévus ont été réduits pour que,
finalement, on reste toujours à l'Intérieur de la trappe de la
pauvreté. C'est un plafond. Quoi que vous fassiez - c'est ta question -
vous no pouvez pas aller plus haut que ce qu'on vous permet dans cette
structure des barèmes prévue à l'article 11.
Je relisais le "Filet de sécurité troué", document
du Conseil national du bien-être social de novembre 1987, qui disait que
les exemptions sur les gains devaient viser è encourager Isa
assistés sociaux aptes au travail è tirer autant de revenus que
possible d'un emploi, améliorant par là leur aptitude ainsi que
leurs chances d'obtenir un emploi régulier, en multipliant les occasions
d'acquérir de l'expérience sur le marché du travail pour
leur donner plus de chances de devenir autonomes et de réduire leur
dépendance du bien-être social." Ce dont je veux qu'on convienne,
c'est que la logique des gains de travail permis, admissibles consiste
simplement à permettre aux gens de combler l'écart entre les
besoins reconnus et ceux comblés par les barèmes. Point. Il n'y a
pas là d'incitation réelle au travail. Ce n'est pas ça, de
l'incitation au travail.
Pour qu'il y ait une réelle incitation au travail, comme l'ont
écrit bien d'autres analystes avant moi, il faudrait que la marche entre
le marché du travail au salaire minimum et la plein barème avec
le petit gain permis soit finalement moins élevée de
manière qu'il soit avantageux de faire le plus d'heures possible pour
permettre de conserver au moins 50 % du revenu gagné jusqu'à
l'équivalent du seuil de la pauvreté, et cela vaut tout autant
pour le salaire minimum qui devrait être au seuil d'imposition nul.
N'oubliez pas qu'on impose encore des travailleurs au salaire minimum qui
travaillent à 300 $ par mois sous le seuil de la pauvreté.
Je dis simplement que la ministre avait du pain sur la planche pour
introduire dans sa réforme une véritable incitation au travail
qui ne s'y trouve pas. Je ne blâma pas que lui seul; 1 a pris,
finalement, un vieux morceau déjà rédigé par un
autre, mais toute la réforme repose sur une erreur, celle de maintenir
la trappe de pauvreté sans qu'il y ait de réelle incitation
à gagner des revenus de travail.
M. Bourbeau: M. le Président, je sais que la
députée de Maisonneuve a sa façon de voir les choses qui
n'est pas exactement la nôtre, mais je lui dirai ceci. En ce qui concerne
les familles, je pense que le programme APPORT est une incitation puissante au
travail et que nous avons là une très bonne réponse
à l'objection de ta députée. Le programme APPORT ne
s'applique pas aux personnes seules, mais nous avons l'intention de mettre sur
pied le programme de subventions salariales qui incitera les assistés
sociaux à se réinsérer à l'emploi. Je pense que la
députée reconnaîtra que la meilleure façon de se
sortir de la trappe de pauvreté, c'est de travailler, d'occuper un
emploi et de regagner sa dignité par le travail.
Avec le programme de subventions salariales, nous serons en mesure de
proposer des emplois à des assistés sociaux. À ce
moment-là, je pense que leur Incitation à aller travailler sera
grande puisqu'ils auront justement l'occasion de gagner des sommes d'argent qui
leur permettront éventuellement de se sortir de l'aide sociale. Ils
pourront augmenter leur employabilité en exerçant un vrai
métier, un vrai travail, dans un contexte d'emploi réel. Leur
expérience de travail sera augmentée. Quant à ceux qui
manquent de confiance en eux, l'expérience du travail leur donnera cette
confiance et ceux qui ont perdu des habitudes de travaH en retrouveront, de
sorte que, je l'espère, à moyen ternie ou à court terme,
nous en viendrons à relancer sur le marché de l'emploi la
clientèle des gens aptes au travail. (16 h 15)
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, je vois
très bien que, d'une fois à l'autre, on nous parle toujours d'un
nouveau programme. C'était censé être la réforme qui
incite; là, ça ne l'est plus. C'était censé
être APPORT; cela l'est à peine, APPORT touche à peine le
nombre de ménages avec enfants qui bénéficiaient de
SUPRET. On en est à peu près à patauger dans les
mêmes difficultés et, finalement, toute cette réforme aura
donné, tout compte fait, comme Incitation au travail, à peu
près rien du tout. Ce n'est pas APPORT qui est nouveau. Concernant
APPORT, le ministre nous a donné des chiffres lors des derniers
engagements financiers. APPORT réussit à peine à
bénéficier au nombre de famSIes qui avaient droit à
SUPRET.
D'autre part, la subvention salariale ne vient pas régler le
problème dont je parlais pulsqu'il s'agit d'emplois à temps
plein. Je parle d'une Incitation à occuper des emplois quelques heures
par semaine d'abord, pour se donner confiance et surtout donner à
l'employeur confiance en la personne qu'il engage et qui, malheureusement, est
handicapée par un préjugé qu'il y a souvent à
l'égard d'un assisté social. Je parle de cette possibilité
de conserver des gains de travail sans que ce soit dans des emplois
subventionnés. Je pense à la possibilité de conserver des
gains de travail dans des emplois tout court Je sais qu'une enquête faite
sur le terrain dans l'est de Montréal démontre que ce que les
employeurs veulent, ce ne sont pas des emplois subventionnés, c'est de
la main-d'uvre performante. C'est la première chose qu'ils
recherchent. Je parle de la possibilité dans notre économie de
marché d'aller faire quelques heures de plus et de les additionner pour
essayer d'améliorer son sort Cela ne sera pas possible, c'est bien
évident, avec les barèmes et les gains de travail permis.
Le Président (M. Leclerc): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est vrai que le programme
APPORT n'a pas encore atteint son rythme de croisière. Il a
déjà dépassé en performance le programme SUPRET.
Nous n'avons pas encore une seule année d'expérience avec le
programme APPORT. On a commencé à faire les premiers paiements au
mois de juillet dernier. Laissez-nous le temps de laisser à APPORT la
chance de prendre son envol, mais, déjà, les résultats
sont Intéressants.
Pour ce qui est de la main-d'oeuvre performante dont parle la
députée, on dit la même chose. Je suis totalement d'accord
avec la députée de Maisonneuve. Il faut faire en sorte que la
main-d'uvre ait la chance de se donner une expertise. Il faut donner
à la main-d'uvre l'occasion de s'exprimer et de s'épanouir.
Alors, cela peut se faire dans des mesures d'employabilité, cela peut se
faire dans du travail à temps partiel, cela peut se faire dans du
travail à temps complet. Cela peut être des emplois qui dureront
d'une façon constante, pendant dos années. Cela peut être
des emplois qui pourront durer six mois, un an. Ce qui compte, c'est que les
gens travaillent. C'est sûr qu'un emploi assuré à long
terme, comme dans la fonction publique, c'est très sécurisant,
mais un emploi d'un an, c'est mieux qu'aucun emploi du tout. Un emploi de six
mois, c'est encore mieux que rien du tout.
Je souhaite que tous les assistés sociaux se décrochent
des emplois à temps complet et à perpétuité. Mais,
comme je n'ai pas l'assurance que ça va être ça la
première année, je suis prêt à faire en sorte de
tenter de leur trouver des emplois qui seront peut-être temporaires, dans
un premier temps, mais qui possiblement, dans certains cas, se transformeront
en emplois à temps plein. De toute façon, la main-d'uvre va
y gagner si elle a l'occasion de travailler pendant six mois ou un an. La
députée elle-même faisait état des habitudes de
travaH qui peuvent être acquises par une main-d'uvre qui n'en a pas
ou la confiance en soi qui peut être acquise par une personne qui n'en a
pas. Bref, le fait de s'insérer en emploi, de pratiquer un emploi,
d'aller sur le terrain travailler, c'est positif. C'est positif pour la
personne, ça augmente ses chances de sécuriser son emploi ou de
s'en trouver un nouveau, et c'est positif pour la société aussi
puisque ça fait en sorte que quelqu'un travaille. Donc, on dit
exactement la même chose. Je suis ravi de voir que la
députée de Maisonneuve, finalement, pense comme nous. C'est
merveilleux.
Mme Harel: Franchement, M. le Président, ou le ministre
est fatigué ou je ne sate plus trop quelle raison l'amène
à ne pas voir les différences. Le ministre nous propose un
règlement où 1 permettra en moyenne quatre heures par semaine de
travail au salaire minimum, quatre à cinq heures au maximum. Il fait un
grand discours et il ne voit même pas combien ce discours est
contradictoire avec sa réglementation. Il fait un discours pour nous
dire que chaque heure
travaillés est un plus et que c'est positif, mais il ne pourra
même pas y avoir dix heures de travail pour la majorité des
bénéficaires considérés aptes au travail. Ils ne
pourront même pas garder cela, parce que s'ils le font ils seront
perdants en raison des coûts, tel le déplacement. On sait
très bien qu'il y a des coûts inhérents au travail; ces
coûts ne seront pas déductibles. Ils vont financer leur propre
activité. Ce n'est certainement pas cela que le ministre veut. On ne
demande à personne dans la société de payer pour gagner un
revenu.
M. Bourbeau: Mme la députée aura compris que je
parlais du programme de subventions salariales, bien sûr. Je ne parlais
pas des gains de travail faits à la petite semaine. Je parlais du
programme de subventions salariales.
Mme Harel: Oui, mais les programmes de subventions salariales
sont encore des emplois inventés qui sont créés sur
papier. Ce dont je parle au ministre, ce sont des vraies heures, de vrais
emplois qui ne dureront pas six mois ou un an, mais qui sont là pour
tout le temps.
M. Bourbeau: Mais qui a des emplois pour tout le temps dans la
société? Avez-vous un emploi à temps plein ou pour tout le
temps?
Mme Harel: Je parle des emplois occasionnels, de ceux que les
gens ne pourront pas occuper avec la structure des barèmes que vous
allez adopter. Je parle de ceux qui consistent à aller les jeudis,
vendredis et samedis travailler, les jeudis et vendredis soir et les samedis
durant la journée. Je parle de ceux qui consistent à aller sur
les pentes de ski, à l'occasion. Je parle de la réalité
des gens qui n'attendront pas les emplois sur papier du ministre qui vont durer
six mois - avant, c'était un an et il parle maintenant de six mois; cela
devient encore plus inquiétant - pour se retrouver après dans la
structure des barèmes de l'article 11, après avoir fait un an ou
six mois sur le programme du ministre, et qui n'auront plus la
possibilité de mettre à contribution ces beaux principes que
plaide le ministre qui auraient été recherchés au moment
de la participation à la subvention salariale. C'est incohérent.
C'est tout ce qu'on peut conclure de la lecture de l'article 11.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne partage pas le pessimisme de
la députée de Maisonneuve. C'est sûr que l'idéal
serait de trouver des emplois à temps plein, garantis, comme ceux que
peuvent avoir certains de nos concitoyens qui jouissent de cette garantie
d'emploi. Peu d'entre nous ont droit à la garantie d'emploi.
Certainement pas les députés, en tout cas, ici, dont l'emploi est
précaire au maximum, mais je dis que personne dans la
société n'est assuré d'un emploi pour très
longtemps. On peut faire des efforts pour tenter de rendre ces emplois
sûrs en "performant", en étant productif, etc.
Maintenant, je dis que les emplois qua nous allons offrir dans le
programma de subventions salariales ne seront peut-être pas des emplois
à temps plein, ne seront peut-être pas des emplois permanents avec
(a sécurité d'emploi, mais un certain nombre de nos prestataires
qui auront l'occasion d'exercer ces emplois pourront faire en sorte de
transformer ces emplois en emplois permanents. Certains employeurs garderont,
j'en suis convaincu, certaines de ces personnes et ce, d'une façon
définitive. D'autres, possiblement, après six mois ou un an,
parce que le programme pourra durer un an et peut-être même 18
mois, à l'occasion, reviendront à l'aide sociale après
avoir exercé ce travail. Il est possible qu'on leur offre autre chose.
L'objectif recherché est d'aider les gens à l'aide sociale
à se trouver un emploi, à acquérir des habitudes d'emploi
et à créer une dynamique nouvelle à l'aide sociale selon
laquelle dorénavant, quand on est apte au travail, on ne pourra plus
penser qu'on peut passer toute sa vie à l'aide sociale, sans avoir
à rechercher un emploi.
Nous pensons que la personne qui est à l'aide sociale et qui est
en santé doit nécessairement considérer son séjour
à l'aide sociale comme étant temporaire et rechercher un emploi.
Le gouvernement va faire en sorte de tenter d'aider les gens à l'aide
sociale à se trouver un emploi. L'objectif est de faire en sorte qu'on
ne développe pas, qu'on ne poursuive pas cette culture qui existe dans
certains milieux, où l'on pense que l'aide sociale est une façon
de vivre, un mode de vie où l'on peut rester sans être
dérangé par qui que ce soit, dès l'âge de 18 ans
jusqu'à la sécurité de la vieillesse. Je ne dis pas que
tout le monde est comme ça, mais dans certains milieux on le pense, et
je pense que dorénavant on devra s'habituer à l'idée que
l'aide sociale ne peut être que temporaire, qu'il faut chercher un emploi
et que, dans la mesure où l'on trouve un emploi, on doit occuper cet
emploi et tenter de faire en sorte de reprendre sa dignité par le
travail.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que
l'étude de l'article 11 est terminée?
Mme Harel: ...il me semble que le ministre tient un double
langage, parce que l'article 11 est assez Inconséquent face au
désir qu'y exprime, lequel ne sera pas satisfait par les revenus de
travail qui seront permis aux bénéficiaires de l'aide
sociale.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
12.
Mme Harel: Il s'agit essentiellement d'une disposition qu'on
retrouvait déjà au programma Soutien financier. À
l'article 5?
M. Bourbeau: À l'article 7.
Mme Harel: À l'article 7. Très bien.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres Interventions sur l'article 12? Alors, l'étude de l'article 12
est terminée. J'appelle l'article 13.
Mme Harel: II s'agit, dans le fond, de reprendre l'article 8
qu'on retrouve dans le programme Soutien financier.
M. Bourbeau: C'est exact.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
14.
Mme Harel: Ce serait là l'occasion pour le ministre,
compte tenu que cet article concerne les enfants majeurs qui retournent
terminer leur secondaire, de nous transmettre les informations qu'il a
obtenues.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
voulait savoir quelle était l'importance de la clientèle
prévue par cet article. On me dit qu'il y aurait présentement
2407 ménages dans cette situation. Est-ce que ces enfants à
charge, puisqu'on reconduit le statu quo, sont Incités à sortir
de la famille et du ménage et à se présenter de leur
propre chef à l'aide sociale? Il ne semble pas que les statistiques
indiquent qu'un phénomène comme ça se produise. Si on
regarde les statistiques du programme de rattrapage scolaire de novembre 1988,
par exemple, on voit que, par groupe d'âge, ll n'y a pas de
différence importante dans la clientèle, entre les clients de
moins de 21 ans et ceux de 21-24, 25-29 ou 30 ans. Alors, si on regarde le
groupe des moins de 21 ans, il y a 22,9 % de la clientèle de rattrapage
scolaire qui fait partie de ce groupe. Entre 21 et 24 ans, il y 25,3 % de la
clientèle qui est dans ce groupe. Entre 25 et 29 ans, il y en a 27,1 %.
Quant aux 30 ans et parfois plus, parce qu'on me dit qu'on peut les laisser
terminer leurs études, il y en a 24,7 %. (16 h 30)
Donc, par groupe d'âge, de trois ans en trois ans, moins de 21,
c'est de 18 à 21; 21 à 24, 25 à 29, 9. semble que c'est
à peu près toujours le même pourcentage de
clientèle: 22,9 % pour le premier groupe, donc presque 23 %; 25,3 % pour
le deuxième groupe; 27,1 %... Alors, il n'y a certainement pas, en tous
les cas, une ruée vers le rattrapage scolaire provenant des 18-21
ans.
Maintenant, en ce qui concerne la durée à l'aide sociale,
dans le même programme de rattrapage scolaire, pour moins de six mois, il
y a 15,1 % de la clientèle; de 6 à 11 mois, 12,3 %; et de 12
à 23 mois, 19,9 %. Donc, il semble y avoir, encore là, une
certaine constance. Et si les jeunes sortaient du milieu familial pour venir
à l'aide sociale pour entrer au programme de rattrapage scolaire,
possiblement qu'on en verrait les effets. Il ne semble pas que ces effets
pervers aient été observés jusqu'à maintenant.
Mme Harel: Comment pourrait-on en voir les effets? Là, le
ministre nous parle de 2407 ménages. Est-ce que cela vaut autant pour le
programme Soutien financier que pour APTE? Est-ce une combinaison des deux?
M. Bourbeau: Présentement, il n'y a pas de
distinction.
Mme Harel: Donc, ce sont 2407 ménages. Fait-on
référence aux étudiants ou aux familles?
M. Bourbeau: Ce sont les familles pour lesquelles on continue
à donner des sommes d'argent qui tiennent lieu d'allocations familiales,
alors que les enfants ont plus de 18 ans et continuent à étudier
au secondaire.
Mme Harel: Est-ce qu'on doit comprendre que, quand vous nous
donnez des catégories d'âge, 22-24, 25-29, les allocations pour
ces personnes sont encore versées à la famille? Parce que vous
nous avez dit qu'il y a 2407 ménages, des familles qui reçoivent
une allocation, et après vous nous donnez des pourcentages par groupe
d'âge: 22 % qui ont entre 18 et 21 ans. Agissent-ils de leur propre
chef?
M. Bourbeau: Absolument. Oui. Mme Harel: De leur propre chef?
M. Bourbeau: Oui. Ce sont des gens qui sont en rattrapage
scolaire. Pour être en rattrapage scolaire, il faut qu'ils soient
à l'aide sociale de leur propre chef.
Mme Harel: Pardon?
M. Bourbeau: Pour qu'un client de l'aide sociale soit dans le
programme de rattrapage scolaire, il faut qu'H soit un client de l'aide
sociale.
Mme Hareî: De son propre chef? M. Bourbeau: Oui.
Mme Hare]: Non. On est en train d'examiner l'article 14 qui dit
que ce sont les parents qui recevront l'allocation familiale; donc, ils ne sont
pas là de leur propre chef.
M. Bourbeau: Absolument.
Mme Harel: Donc, vous me donnez deux informations
complètement distinctes.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel:: L'une concernant les 2400 ménages ou familles
qui reçoivent l'allocation, et l'autre, qui est complètement
distincte, qui n'a rien è voir avec la première, et qui est le
pourcentage par groupe d'âge des prestataires qui sont au programme de
retour à l'école de leur propre chef.
M. Bourbeau: Oui, mais ce qu'on tente de prouver, c'est que s'il
y avait une puissante incitation dans ces familles, auprès de l'enfant
de 18 ans ou plus, qui est encore dans le noyau familial, pour les raisons que
l'on connaît, à quitter et à aller à l'aide sociale,
on les verrait dans nos statistiques de rattrapage scolaire, dans le premier
groupe des moins de 21 ans. Or, les statistiques n'indiquent pas qu'il y a une
surabondance ou une ruée vers ce premier groupe, puisque les
statistiques indiquent qu'il y a même moins de...
Mme Harel: Justement, c'est là le problème. Je ne
comprends pas, avec toutes les études que vous avez fait faire sur la
participation aux mesures qui, notamment, concluent que la motivation la plus
forte se retrouve dans le groupe d'âge des 25 ans, que vous ne vous
inquiétiez pas que, pour le retour aux études secondaires, ce
soit à peine le quart qui soit entre 18 et 21 ans; c'est l'âge
où devrait se faire le retour aux études secondaires. Il y a
comme une Incohérence dans l'argumentation du ministre. Si c'est
supposé être mis en place pour ne pas qu'il y ait de glissement du
cégep vers l'aide sociale, ce n'est pas à 25 ni à 29 ans
que ça va se produire, c'est entre 18 et 21 ans. Ce que vous me donnez,
ce sont des chiffres qui prouvent qu'H n'y a pas de glissement, parce que c'est
la classe d'âge qui est la plus faiblement représentée dans
le retour aux études secondaires, les 18-21 ans. Donc, ils sont
très faiblement représentés.
Si j'étais vous, je m'inquiéterais. Comment se fait-il
qu'il y ait si peu, relativement aux autres groupes d'âge, de
participation à cette mesure, soit de terminer son secondaire à
18-21 ans, où, pourtant, ça devrait être à cet
âge que se fait cette acquisition, cet apprentissage, que s'obtient ce
diplôme? Est-ce que c'est, justement, parce qu'à cet âge on
ne les reconnaît pas comme indépendants? Est-ce que c'est
justement parce qu'ils n'ont pas la pleine prestation, le plein montant et que,
non seulement ils ne sont pas motivés, mais qu'on ne favorise pas le
fait qu'ils retournent terminer leur secondaire? Comment se fait-il qu'il y en
ait si peu?
M. Bourbeau: La députée se scandalise un peu que
ces personnes ne soient pas dans le programme de rattrapage scolaire. Elle
voudrait qu'ils y soient. C'est ce que je dois comprendre? Bon! Ces enfants
sont aux études quand même. Ils sont dans le noyau familial, mais
aux études. Donc, qu'ils soient dans le programme de rat- trapage
scolaire ou...
Mme Harel: De quelles études voulez-vous parler?
Collégiales? Universitaires?
M. Bourbeau: Les études secondaires. On parle toujours
d'études secondaires.
Mme Harel: Pas à 18 ans. On parle d'enfants majeurs, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Oui, mais ils sont au secondaire.
Mme Harel: Ils ne sont pas au secondaire comme enfants majeurs
dans un cours secondaire régulier, à moins d'être dans le
programme de retour. Voyons donc si à 18 ans... Ils sont à
l'éducation des adultes. Je vous rappelle que le secondaire se termine
maintenant avec une onzième année, à seize ans. Et quand
on a doublé plusieurs fois et qu'on a 18 ans, c'est parce qu'on a
décroché en secondaire III. Et j'aimerais bien avoir la
statistique du nombre de ceux qui, à 18 ans, sont au secondaire
régulier.
M. Bourbeau: M. le Président, on m'affirme que ces gens
sont au secondaire régulier. Il y en a 2407. Ce sont des gens qui sont
dans la famille et qui ont l'âge dont on parle.
Mme Harel: Alors, si c'est comme cela... Vous me dites que ces
2407 ménages sont au secondaire régulier. Mais les pourcentages
d'âge de 18 à 29 ans que vous nous avez donnés sont dans un
autre programme, le programme de retour aux études secondaires.
M. Bourbeau: Non, de rattrapage scolaire.
Mme Harel: De rattrapage scolaire. Ce sont deux programmes
différents. Alors, il ne faut pas les mélanger. Vous justifiiez
l'un par l'autre tantôt.
M. Bourbeau: Je ne les al pas mélangés du tout. Je
vous al dit qu'ils n'étaient pas dans l'autre parce qu'ils
étaient dans le premier.
Mme Hard: Non. Vous venez de ms le dire, là. Mais
tantôt...
M. Bourbeau: Non.
Mme Hare!: ...vous essayiez de prétendre que l'un et
l'autre étaient intimement liés. La preuve, c'est que vous venez
vous-même d'identifier la différence entre les deux.
M. Bourbeau: Non, non, pas du tout Nous n'avons jamais
changé un iota dans notre argumentation. On dit la même chose
depuis le début. Ce sont deux programmes. Ou bien vous
êtes dans la famille et au secondaire régulier, ou bien
vous sortez de la famille, vous venez à l'aide sociale de votre propre
chef et vous pouvez entrer dans un programme d'employabilité qui
s'appelle le rattrapage scolaire. Or, cette attraction présumée
dont vous parliez...
Mme Harel: M. le ministre.., M. Bourbeau: ...n'existe pas...
Mme Harel: ...ce n'est pas vrai.
M. Bourbeau: ...parce que ces gens sont encore dans la famille.
Il y en a 2407 qui étudient au secondaire et qui ne sont pas à
l'aide sociale. Ils continuent leurs études normalement.
Mme Harel: Donc, vous me dites que 2407 familles reçoivent
une allocation spéciale pour leurs enfants qui terminent leurs
études régulières. C'est bien cela?
M. Bourbeau: Oui, c'est cela.
Mme Harel: Et là, vous me donnez des chiffres pour les
18-29 ans qui sont retournés participer à la mesure de rattrapage
scolaire. C'est bien cela?
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: Bon! Là, on constate que la catégorie la
plus faible au rattrapage scolaire, c'est celle des 18-21 ans. C'est bien
cela?
M. Bourbeau: Oui.
Mme Hare!: Exact! On s'entend toujours.
M. Bourbeau: Oui, oui.
Mme Harel: La question est la suivante. Qu'arrive-t-il lorsqu'un
jeune qui a décroché veut terminer son secondaire à 18, 19
ans et qu'il n'est pas considéré comme indépendant? Il vit
toujours chez ses parents. Contrairement à ce que vous venez de dire, il
n'a pas l'aide sociale de son propre chef. Il va participer à une mesure
qui s'appelle le rattrapage scolaire, sans bénéficier d'aucune
prestation. Et il sera assujetti à l'article 14 qui convient aux
étudiants qui terminent, mais qui ne convient pas à ceux qui
retournent pour participer à la mesure de rattrapage scolaire.
M. Bourbeau: M. le Président, on me communique une
statistique. C'est normal qu'il y en ait moins de 18 à 21 ans, puisque,
à l'aide sociale, II y en a moins. La distribution des ménages
selon l'aptitude, on le voit ici.
Dans les moins de 21 ans, par exemple - je suis en train de regarder les
statistiques - vous avez 22 % de la clientèle; vous on avez 33,9 % entre
21 et 24 ans et 44 % entre 25 et 29 ans; donc, forcément, dans la
participation au programme, puisque le contingent est moins Important, II y on
a moins aussi qui participent au programme.
Mme Harel: Là, vous me citez...
M. Bourbeau: Là, je parle des ménages aptes.
Mme Harel: ...des chiffres concernant les moins de 30 ans qui ont
l'aide sociale de leur propre chef, comme vous dites,
c'est-à-dire...
M. Bourbeau: Oui, des ménages aptes. Mme Harel: ...qu'ils
sont à l'aide sociale... M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: ...parce qu'ils ont leurs propres prestations.
M. Bourbeau: Ce sont Ies mêmes chiffres que je citais
tantôt dans le rattrapage scolaire.
Mmo Harel: Oui.
M. Bourbeau: C'est la même chose, c'est le même
programme.
Mme Harel: Justement, je vous parle d'une situation qui est la
suivante: il y a un bon nombre de jeunes de 18 ans qui n'ont pas l'aide
sociale, parce que, pour l'obtenir, il ne faut plus habiter chez ses parents
depuis au-delà de six mois, avoir été marié ou
avoir été Indépendant. Jo vous parle de la situation qui
est créée pour des milliers d'entre eux qui n'ont pas
terminé leur secondaire et qui n'ont pas l'aide sociale de leur propre
chef, ceux pour qui il y aura une allocation aux parents, comme s'ils
étaient des enfants mineurs, s'Hs retournent participer à la
mesure qui s'appelle le rattrapage scolaire. Ce sont les décrocheurs de
secondaire I, II et III - plus encore, puisque maintenant il y a dans mon
quartier un organisme qui s'occupe de jeunes de 9 à 11 ans qui
décrochent - qui décident de retourner terminer leur secondaire
dans le cadre des mesures de rattrapage scolaire et qui n'auront droit à
aucune prestation parce qu'ils vont être considérés
à la charge de leurs parents tant qu'ils ne quitteront pas la maison. Jo
dis que le fait qu'ils n'auront droit à rien du tout en participant
à cette mesure de rattrapage scolaire, parco qu'ils ne seront pas
considérés comme étant Indépendants est une
Incitation à quitter le foyer familial. Cela m'apparaît
évident. Les chiffres no peuvent pas être plus que 2 plus 2 font
4. C'est évident que ce sont les 22 à 24 ans, les 25 à 27
ans et les 27 à 29 ans qui ont la plus forte participation au rattrapage
scolaire.
C'est évident parce que c'est cette catégorie qui est
admise comme étant indépendante. Ce sont justement les
catégories plus jeunes qui devraient être favorisées pour
terminer le secondaire et ce sont elles qu'on retrouve le moins. En termes
d'âge, il y en a autant, mais ils n'ont pas droit à l'aide sociale
en n'étant pas considérés comme indépendants. Cela
ns facilite en rien le retour aux études pour terminer rapidement leur
secondaire.
M. Bourbeau: Donc, ils terminent leur cours secondaire à
l'intérieur de leur famille, comme étudiant à temps
plein...
Mme Harel: Non, pas du tout, ils ne font rien.
M. Bourbeau: ...et non à l'aide sociale.
Mme Harel: Non, ils ne font rien parce que les commissions
scolaires ne les prennent pas à 18 ans en secondaire II et III. Ce n'est
pas vrai. À 16 ans, les commissions scolaires commencent à faire
des difficultés pour du rattrapage. À 18 ans, elles ne les
reprennent pas au secondaire régulier, en secondaire II ou III; ils s'en
vont à l'éducation aux adultes. Exactement, mais ils s'en vont
à l'éducation aux adultes sans un sou, même pas pour
prendre le métro, sauf l'allocation familiale de 85 $ pour un jeune que
leurs parents vont recevoir, ce qui paie à peine la nourriture.
On va continuer, on a encore la journée de demain. Je ne peux pas
croire que le ministre, qui a eu un beau geste en majorant de 100 $
l'allocation familiale pour un enfant qui réside avec la famille et qui
va aux études universitaires ou collégiales, ne pourrait pas
ajouter un alinéa pour que, lors du rattrapage scolaire, il y ait aussi
une majoration semblable. Je vous avoue que l'idéal, ce serait que ce
soit la môme prestation pour le jeune qui habite à la maison ou
chez le voisin, au moins une harmonisation pour que ce soit la même
majoration. Le jeune qui va au cégep ou à l'université, il
aurait droit aux prêts-bourses et, en plus, ses parents auront 185 $ pour
l'héberger.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, sur
l'article 14, est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Mme Harel: On reviendra peut-être là-dessus, M. le
Président. On le prend en note. (16 h 45)
Le Président (M. Bélanger): L'étude de
l'article 14 est terminée sous réserve de questions
ultérieures. J'appelle l'article 15. Est-ce qu'il y a des commentaires
sur l'article 15?
Mme Harel: Cela fait référence à la taxe
foncière. Est-ce que c'est pour compenser la taxe
foncière?
M. Bourbeau: Le remboursement d'impôt foncier, oui. C'est
un statu quo technique.
Le Président (M. Bélanger): Bien, l'étude de
l'article 15 est terminée. J'appelle l'article 16.
Mme Harel: On se trouva devant la même situation, je pense,
qu'à l'article 10. Avec l'article 16, cette fois, c'est à
l'égard du programme APTE.
M. Bourbeau: C'est exact.
Mme Harel: Les mêmes remarques. le Président (M.
Bélanger): L'étude de l'article 16 est terminée. J'appelle
l'article 17.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 17? Il n'y a pas de
commentaires sur l'article 17?
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit d'une
amélioration par rapport au statu quo. Pour le mois de la demande
à l'aide sociale, les avoirs liquides ne sont plus comptabilisés
en entier vu l'exemption pour avoirs liquides. Je me réfère
à l'article 66 qu'on verra plus tard, peut-être.
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur l'article
17...
Mme Harel: Attendez. Les avoirs liquides... Le ministre fait
référence à l'article 65...
M. Bourbeau: L'article 66, oui.
Mme Harel: ...qui est un article extrêmement important.
M. Bourbeau: Ils sont tous importants.
Mme Harel: Particulièrement celui-ci, étant
donné l'aide conditionnelle qui est de plus en plus utilisée
à l'aide sociale dans les cas d'attente d'indemnités de la CSST
et de l'assurance automobile, dans les cas d'attente des prestations
d'assurance-chômage. Ces montants d'avoir liquide sont tellement bas et
en deçà de ce que les autres provinces font présentement.
L'Ontario l'a haussé au maximum permis avec le Régime
d'assistance publique du Canada. J'espère, puisque ça ne
coûte rien - il n'y a pas de coûts rattachés au gouvernement
- que cette bonification-là sera apportée dans l'exercice de
l'examen qu'on fait et qu'on augmentera au moins l'avoir liquide de 1500 $
à 2500 $ pour une personne seule et au moins de 2500 $ à 5000 $
pour une famille. Quand vous dites que l'article 17 fait
référence à l'avoir liquide, j'aimerais qu'on m'explique
cela.
M. Rochon: C'est que, actuellement, dans le règlement sur l'aide
sociale, à l'article 10, 1 est prévu que la totalité des
avoirs liquides sont
comptabilisés pour le mois de la demande. De telle sorte qu'une
personne, un adulte seul, qui aurait 1500 $ d'avoir liquide n'aurait droit
à aucune prestation. Cette règle qui était inscrite dans
l'article 10 disparaît totalement et l'exemption, qui sera
déterminée à l'article 66, jouera pleinement, y compris
pour le mois de la demande et non pas simplement pour le mois
subséquent.
Le Président (M. Bélanger): C'était Me
Rochon.
M. Rochon: Je m'excuse, M. le Président. Le
Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Bourbeau: Je pense que la députée de Maisonneuve
va féliciter le ministre pour cette ouverture et cette
amélioration apportée.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 17?
M. Bourbeau: On attend les félicitations. Le
Président (M. Bélanger): L'article 17...
Mme Harel: Écoutez, Je m'engage à le
féliciter si...
Le Président (M. Bélanger): SI?
Mme Harel: ...à l'article 66, il modifie l'avoir
liquidé Justement pour favoriser un peu d'épargne chez les plus
démunis. On y reviendra.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
18.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je suis certaine que le député de
Taschereau va être d'accord.
M. Leclerc: Je dirai cela à l'article 66.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article 18.
Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Harel: La garde partagée. Cela, c'est nouveau. Il faut
vraiment lire l'article pour comprendre le mode de calcul. "La prestation d'une
famille qui comprend un enfant à charge soumis à Une garde
partagée..." Première question: Est-ce que c'est une garde
partagée par jugement ou une garde partagée au sens de l'opinion
qu'en a un agent? Je pense qu'il faudrait que la rédaction de l'article
soit plus claire qu'elle ne l'est.
Le calcul est le suivant: "soustraire du barème des besoins
applicables à cette famille en considérant cet enfant à
charge celui qui lui serait applicable sans le considérer à
charge; multiplier le montant obtenu au paragraphe 1° par le quotient
obtenu en divisant par 7 le nombre de jours où cet enfant est absent de
cette fami!le durant une semaine de façon à établir ce
nombre de jours d'absence sur une base mensuelle; soustraire du barème
des besoins applicables à cette famille le montant obtenu au paragraphe
2°." Le ministre peut-?} me donner un exemple?
M. Bourbeau: Oui, mais Je pense quo Me Rochon est encore plus
capable de le faire que mol, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Me Rochon, nous vous
écoutons.
M. Rochon: ll s'agissait de libeller là formule qui permet
d'établir le prorata de jours de présence dans la famille par
rapport au nombre de jours d'absence. Il n'était pas question de mettre
dans le règlement une formule mathématique; on ne peut pas le
faire. En légistique, il fallait l'écrire et la verbaliser et
c'est ce que nous avons fait. À titre d'exemple, comme première
opération au paragraphe 1°, on prend le barème applicable en
le considérant à charge, moins le barème applicable sans
le considérer à charge. Cela fait donc le différen-
tie! entre les deux. Après, on prend la proportion de jours de
présence et on termine le calcul en disant: Barème applicable
lorsque est présent, moins ce différentiel vu les jours
d'absence, égale barème pour ce mois-là.
Pour ce qui est de la sorte de garde partagée, le texte ne
mentionne pas actuellement s'il s'agit de la garde partagée en vertu
d'un jugement ou d'une entente hors cours sans avoir de jugement ou de
procédure judiciaire.
Mme Harel: Ce sera laissé à la discrétion de
l'agent.
M. Rochon: Je pense que c'est plutôt indiqué par le
texte, c'est-à-dire s'il y a ou non garde partagée dans les
faits.
Mme Harel: Mais le fait, c'est le jugement que porte l'agent sur
ce qu'il considère être une garde partagée.
M. Rochon: Ultimement, c'est la Commission des affaires sociales
qui décide de ce qui en est On m'indique qu'actuellement ce sont
simplement les jugements qui comptent. La garde partagée de facto ne
serait pas comptée comme une garde partagée.
Mme Harel: Évidemment, il faut bien comprendre qu'avec une
telle disposition fi est possible qu'il y ait beaucoup moins de demandes de
jugement de garde partagée. Cela va désinciter. Il faut
être conscient qus ce!a ne favorisera pas la garde partagée, au
contraire. J'es-
sayais de me faire un modèle. Par exemple, pour un adulte et un
enfant, le barème est de 690 $. Si on appliqua le premier alinéa,
il faut donc soustraire 507 $ puisque c'est le barème pour un adulte
seul. Donc, 183 $ sont utilisés pour le calcul de la garde
partagée et, s'il y a trois jours sur sept divisés par le nombre
de jours, cela nous donnerait 78 $, pour douze jours par mois, par exemple, de
garde partagée. Pour un aduite et un enfant, la personne recevrait 78 $
en moins, c'est-à-dire 612 $, plutôt que le barème de 690 $
pour, par exemple, une chef de famille avec un enfant. Il faut constater que la
personne qui a la garde d'un enfant ou qui partage la garde d'un enfant avec
une autre personne a besoin de deux chambres à coucher, que l'enfant
soit là pour trois jours ou pour sept jours. Une personne seule qui
obtiendra un barème de 507 $ va se loger différemment si elle a
la garde d'un enfant. La garde d'un enfant entraîne nécessairement
des frais de logement. Il faudra clarifier s'il faut un jugement de cour ou si
simplement la situation de fait dans la subsistance d'un enfant veut dire que
tout va s'en aller devant la Commission des affaires sociales. SI c'est la
situation de fait, parce que tout peut être contesté lors du
jugement ou lors de l'évaluation que les personnes ont de ce qu'est une
garde partagée... Est-ce que le fait d'aller à l'occasion chez
l'ex-conjoint amènera une réévaluation? On ne va plus
avoir que des situations de vie maritale. On va avoir des situations de garde
partagée. Le danger qui me semble le plus Important, c'est qu'il n'y ait
pas de demande de garde partagée. Cela va toucher les femmes. Il y a
quand même 105 000 chefs de famille monoparentale
bénéficiaires de l'aide sociale dont 95 000 qui sont des femmes.
Alors pourquoi favoriser la garde partagée puisque ce sont les femmes
qui vont avoir une diminution de la prestation? Elles vont prendre l'ensemble
de la garde. C'est vraiment, à tous égards, antifamillal. En tout
cas, antiparental, antipartage des responsabilités parentales.
Le Président (M. Bélanger): On va attendre la
réponse de M. le ministre. M. le député de Chambly,
auparavant, et M. le député de Taschereau.
M. Latulippe: C'est au niveau de l'application. Je comprends que
ça peut être applicable dans le cas où II y a un jugement
de cour. Mais, dans le cas où il n'y a pas de jugement de cour, je n'ai
aucune idée comment ça peut vraiment être appliqué
parce que ça peut changer de semaine en semaine, de mois en mois. Cela
peut être une demi-journée, un quart de journée. Comment
allez-vous l'appliquer s'il n'y a pas de jugement de cour? Cela veut dire
qu'à tous les mois il va falloir faire une analyse du nombre d'heures,
du nombre de jours. C'est difficile à appliquer s'il n'y a pas de
jugement de cour.
M. Leclerc: Une chose est certaine, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Leclerc: ...c'est qu'il faut éclaircir ce fait. Le
report de cette responsabilité à la Commission des affaires
sociales ne règle rien. On sait déjà qu'on a
énormément de causes pendantes devant la commission. Si, en
légiférant ou en étudiant des règlements, on en
ajoute à la Commission des affaires sociales, je ne pense pas qu'on
améliore l'affaire.
Mme Harel: C'est ça qui me vient à l'esprit. Dans
le cas où il n'y a pas nécessairement un jugement de cour, mais
qu'au fil du temps qui passe il y a une situation à l'amiable qui se
crée, comment va se partager aussi la pension alimentaire? Dans la
mesure où la pension alimentaire est versée, imputable,
entièrement comptabilisée et soustraite du barème, est-ce
qu'on va aussi tenir compte de la pension alimentaire pour le nombre de jours
où l'enfant est, effectivement...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous
désirez une suspension de quelques minutes?
M. Bourbeau: Oui, si vous voulez. D'ailleurs, je vais en profiter
pour aller me dégourdir les jambes.
Le Président (M. Bélanger): La commission va
suspendre ses travaux pendant quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprise à 17 h 11)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux. Nous en
étions toujours à l'article 18. M. le ministre, on attendait avec
impatience votre réponse.
M. Bourbeau: M. le Président, les propos de la
députée de Maisonneuve ont provoqué une profonde
réflexion dans l'équipe gouvernementale. On reconnaît que
la formule qui est Ici est une formule un peu compliquée et qui est
susceptible de varier de mois en mois selon le nombre de jours où chacun
des conjoints aurait eu la garde des enfants. Nous serions disposés
à modifier l'article 18, et à le remplacer par une
référence soit à un jugement, soit à une entente
écrite qui pourrait avoir été convenue entre les
conjoints, laquelle entente écrite serait déposée
auprès de l'agent de l'aide sociale qui en tiendrait compte pour
l'établissement de la prestation et pour déterminer finalement
qui a droit à la prestation lorsque l'enfant est en garde
partagée. Je ne sais
pas si cela répondrait aux vux des membres de la
commission.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, on a déjà eu la
loi Lacombe, on pourrait appeler cet amendement la lof Hare!.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Vous respectez vos
opinions.
Mme Harel: Allez-vous modifier le calcul? Le calcul reste le
môme. Le mode de calcul prévu aux alinéas 1°, 2° et
3° reste le même mais le problème reste entier.
M. Bourbeau: Oui, on pourrait garder le même mode de
calcul. Comme il y aurait une stabilité dans la garde, le calcul serait
le même mois après mois.
Mme Harel: Oui, mais le calcul, ce qu'il prévoit, c'est
une sorte de quantum qui est établi par le barème de la personne
seule auquel on ajoute le barème pour l'enfant, uniquement pour les
jours où il est à la résidence de la personne seule. Mais
le problème reste entier au sens où il y a des frais qui sont
occasionnés par la garde. Concernant les frais de logement, une personne
seule ne va pas, habituellement, se loger de la même façon que si
elle a un enfant. Elle va certainement, en général, chercher des
pièces fermées quand elle a un enfant et tenter d'obtenir qu'il y
ait au moins deux chambres. De toute façon, il n'est pas souhaitable, je
pense bien qu'il n'y a personne qui le souhaiterait, que la personne soit
tenue, par la baisse de prestations, à habiter avec l'enfant dans la
même chambre à coucher. C'est mesquin de calculer le barème
de la personne seule et d'y ajouter uniquement les journées où
l'enfant est présent parce qu'il y aura des frais vraiment
supérieurs à ça, des frais qui sont encourus du fait
d'avoir à réserver pendant le mois entier un logement pour deux
personnes.
M. Bourbeau: M. le Président, le problème se posera
ici si nous avons deux conjoints séparés, étant tous deux
bénéficiaires de l'aide sociale et de la sécurité
du revenu, qui se partagent une garde. Si on suivait le raisonnement vers
lequel semble s'acheminer la députée de Malsonneuve et qu'on
permettait à chacun des deux de réclamer la prestation
équivalente à celle d'un adulte qui a un enfant à charge,
on se trouverait à payer deux fois pour la même chose. On
considérerait ces deux prestataires de l'aide sociale comme ayant un
enfant à charge, alors qu'en fait il n'y aurait qu'un seul enfant pour
les deux.
Mme Harel: N'oubliez pas, M. le ministre, que, d'une part, il y
aura des frais de logement, des frais d'hébergement qui seront encourus.
À l'inverse, vous calculez 85 $ pour être hébergé
chez quelqu'un parce que vous calculez qui y a quand même des frais
d'hébergement. SI on renverse le fardeau, il y a des frais fixes
d'hébergement; on devrait calculer des frais fixes d'hébergement,
parce qua, ce que je vous dis, c'est qu'on va désinciter à la
garde partagée. On va favoriser un jugement qui assure finalement la
garde à un seul des deux conjoints pour qu'il reçoive le plein
montant et l'autre recevra son plein barème de personne seule et
obtiendra simplement un droit de visite de l'enfant. Mais iI faut
établir un montant fixe de loyer, j'en reste convaincue, parce que si
c'est seulement une semaine, si vous pensez aux gardes partagées qui se
développent, soit que l'enfant passe une semaine chez l'un et une
semaine chez l'autre, disons deux semaines par mois, à ce
moment-là, sur la somme de 183 $, la personne verrait son barème
diminuer d'au-delà de 90 $ par mois et ne recevrait plus que 90 $ pour
l'enfant.
M. Bourbeau: La pension alimentaire jouera peut-être
aussi.
Mme Harel: Oui, c'est sûr. Mais, là, on se posait la
question des droits de visite par rapport à la garde partagée.
Est-ce qu'on va en arriver à calculer la fin de semaine que l'enfant va
passer chez son père, s'il a le droit de visite d'une fin de semaine
tous les quinze jours? Il peut y avoir une garde partagée de deux jours
qui corresponde au droit de visite de la fin de semaine et si, par exemple, il
y a une pension alimentaire de versée, c'est que les parents ne sont pas
tous deux prestataires de l'aide sociale. Non, je crois qu'on pourrait
peut-être y réfléchir jusqu'à demain.
M. Leclerc: Dans le même esprit de réflexion, on
pourrait peut-être regarder ce qui arrivera avec l'ajout à
l'allocation.
M. Bourbeau: D'accord. M. le Président, nous allons
considérer ça sous réserve...
Le Président (M. Bélanger): Sous
réserve...
M. Bourbeau: ...des réflexions des émlnents
cerveaux qui m'entourent. Peut-être pourrons-nous, demain...
Le Président (M. Bélanger): Alors, compte tenu des
réserves apportées, l'étude de l'article 18 est
Interrompue. Nous aurons la possibilité d'y revenir demain et de
réexaminer les formules.
J'appelle donc l'article 19.
Mme Harel: Je vous lis le commentaire qu'en faisait la Commission
des services juridi-
ques.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît, je demanderais de faire moins de bruit. Merci.
Mme Harel: La Commission des services juridiques, dans l'avis
qu'elle transmettait à la commission ce matin, dit, à propos de
l'article 19: "Cet article nécessiterait une clarification. Le quantum
de la prestation accordée à celui qui participe à une
mesure prévue à l'article 23 de la Ici comportant la
fréquentation d'un établissement d'enseignement nous
apparaît très obscur."
M. Bourbeau: M. le Président, on me signale que c'est une
erreur dans le document que lit la députée de Maisonneuve...
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: ...et qu'on nous réfère à
l'article...
Mme Harel: 29.
M. Bourbeau: ...20...
Mme Harel: 20.
M. Bourbeau: ...plutôt qu'à l'article 19.
Mme Harel: D'accord. Vous avez raison. Je m'en rendais compte en
le lisant, d'ailleurs)
Le Président (M. Bélanger): Ha, ha!
Mme Harel: Alors, on doit comprendre, à l'article 19...
Actuellement, on tient compte des revenus dans le mois de la demande, tandis
qu'à l'article 19 faut-il comprendre que, dorénavant, on tiendra
compte des revenus dans la mesure où ils sont inférieurs à
ceux du mois précédent? Peut-être que Me Rochon pourrait
nous éclairer?
M. Rochon: Je vais tenter de la faire. L'article 19 est le
pendant de l'article 8 actuel du règlement sur l'aide sociale, avec des
ajustements. C'est-à-dire que l'article 18 parle de revenus qui
diminuent, par rapport aux revenus du mois antérieur, à l'article
19, on parle de revenus réguliers qui cessent dans le sens que depuis
trois mois ces revenus entraient. C'est pour éviter que des gens
recommencent continuellement, en dents de scie. Cela oblige toujours à
refaire le même calcul pour divers motifs. Je peux vous
référer à l'article 13, premier alinéa, paragraphe
2a, de la loi qui prévoit simplement - si je puis vous le résumer
- la possibilité de tenir compte de revenus ainsi gagnés qui
cessent. Et ce n'est pas seulement pour le mois de la demande. D'accord?
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 19,
est-ce qu'il y a d'autres commentaires? L'étude de l'article 19 est
terminée. J'appelle donc l'article 20.
Mme Harel: Je reprends le commentaire qu'en faisait la Commission
des services juridiques à l'article 20. Je ne voudrais pas en faire la
lecture, mais c'est assez nébuleux, en tout cas, à une
première lecture.
M. Bourbeau: Peut-être que Me Rochon pourrait donner
quelques explications, M. le Président, il est l'auteur de la
nébulosité!
M. Rochon: Je dois signaler que le ministre m'avait
demandé de faire des articles qui se lisaient clairement.
Mme Harel: Est-ce que vous devez admettre que vous n'avez pas
réussi?
M. Rochon: Je dois admettre au moins qu'à certaines
occasions c'est très difficile, sur le plan technique, d'arriver
à sortir du strict langage juridique.
L'article 20 prévoit le versement de prestations à
quelqu'un qui cesse d'être admissible à un programme d'aide de
dernier recours pour le motif prévu au paragraphe 2 de l'article 7,
c'est-à-dire lorsqu'il fréquente à temps complet un
collège ou une université ou lorsqu'il recouvre des ressources
qui le rendent inadmissible à un programme d'aide de dernier recours.
C'est le principe du premier alinéa.
Le deuxième alinéa indique quelles sont ces prestations.
Au premier paragraphe, c'est 40 $ par mois ou, si le prestataire participait
à un programme de retour aux études au niveau collégial ou
universitaire, c'est le montant de la prestation qui lui aurait
été accordée pour sa participation, à l'exclusion
des prestations spéciales, sauf les frais de garde et les frais de
scolarité. Je suis conscient qu'avec des renvois cela peut rendre la
lecture plus difficile.
Le troisième alinéa prévoit
l'échéance pour cette prestation.
Le Président (M. Bélanger): La
nébulosité s'étant dissipée, est-ce qu'il y a
d'autres commentaires?
Une voix: Le calcul de vos primes!
Le Président (M. Bélanger): N'êtes-vous pas
avocat, M. le député de Sainte-Anne?
M. Polak: Je n'ai pas compris, honnêtement, mais, en tout
cas, je ne l'ai jamais lu souvent!
Mme Harel: Donc, cela ne s'applique que dans le cadre du
programme Soutien financier?
M. Rochon: Cette prestation, à l'article 20, fait partie
des dispositions communes aux deux
programmes: APTE et Soutien financier.
Le Président (M. Bélanger): Des règles
générales.
Mme Harel: Cela couvre les personnes qui suivent des cours au
niveau collégial ou universitaire?
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: On avait déjà, dans l'ancien
règlement, l'article 7 qui disait qu'on ne pouvait pas poursuivre des
études dans un établissement collégial ou universitaire en
recevant des prestations. Est-ce que c'est cela?
M. Rochon: L'article 7 de la loi. Mme Harel: De la loi. M.
Rochon: Oui.
Mme Harel: Est-ce que cela va couvrir les cas comme ceux qu'on a
connus à Valleyfield et à Saint-Jean? Des groupes de
bénéficiaires ont été inscrits à des
programmes de certificat au niveau collégial en technique de garde ou en
technique de secrétariat et se trouvaient inadmissibles parce que
l'établissement qui donnait le cours était un
établissement collégial.
M. Rochon: Si la personne était en programme au
collège ou à l'université, elle pourrait continuer
à recevoir sa pleine prestation jusqu'à l'échéance
prévue pour ces mesures.
Mme Harel: Sa pleine prestation d'aide sociale.
M. Rochon: Oui. La prestation dite de base, le barème des
besoins qu'on a vu ce matin et au début de l'après-midi.
Mme Harel: Donc, à ce moment-là, cela viendrait
corriger la situation qui a prévalu l'automne dernier lorsque les
étudiants qui participaient à des mesures de formation
professionnelle à l'emploi ont été mis en demeure de
choisir entre l'aide sociale ou les prêts-bourses. En vertu de cette
disposition, ils vont pouvoir conserver leur plein barème jusqu'à
l'échéance de leurs études. C'est b5en cela?
M. Rochon: Jusqu'à l'échéance prévue
pour la mesure de retour aux études dans le plan d'action.
Mme Harel: Cela veut dire que cela reste la même chose pour
les chefs de famille monoparentale. C'est seulement trois sessions.
M. Bourbeau: Présentement, c'est trois sessions.
Mme Harel: Et cela ne change pas. Il n'y a pas eu de
bonification.
M. Bourbeau: On verra. Disons qu'il y a des projets dans
l'air.
Mme Harel: Plus besoin de faire appel à un pouvoir
dérogatoire.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut demander à M. le
sous-ministre d'ajouter quelque chose?
Le Président (M. Bélanger): Bien sûr! M.
Pronovost.
M. Pronovost: II s'agit de deux problèmes
différents. Le problème bien particulier de Valleyfield est
réglé, non pas par l'article que nous étudions, mais par
l'article 7, paragraphe 2, de la loi qui dit qu'est inadmissible un adulte qui
fréquente, au sens du règlement et autrement que dans le cadre
d'une mesure prévue à l'article 23 proposée par le
ministre... Si le ministre désigne un programme comme celui auquel on
fait allusion comme étant analogue aux mesures prévues à
l'article 23, cela règle votre problème. On a le pouvoir
habilitant pour régler cela littéralement d'un trait de
plume.
L'article qu'on étudie vise autre chose. Il vise à
permettre à quelqu'un déjà engagé dans un programme
de rattrapage scolaire ou de retour aux études de terminer le bout qu'il
avait prévu faire à l'aide sociale avec ce programme en gardant
ses avantages. C'est piper les dés en faveur d'une personne qui veut se
qualifier davantage. On lui dit: Même si tu quittes l'aide sociale, si tu
es déjà engagée dans un programme d'études, pourvu
que tu te maintiennes à ce programme d'études et que tu termines
le plan d'action dont tu avais convenu . avec nous, tu gardes tes
avantages.
Mme Harel: Sauf les prestations spéciales. Quelles
sont-elles? "À l'exclusion de toute prestation spéciale sauf
celles prévues au paragraphe 2°"; ce sont les frais de garde et les
frais de scolarité? Mais quelles sont les prestations qu'elle perd?
M. Rochon: L'article dit quelles sont les prestations qu'elle a.
Alors, cela exclut toutes les autres. Cela exclurait la
carte-médicaments, les orthèses, les prothèses, etc., les
frais de déménagement, par exemple.
M. Bourbeau: Les frais funéraires. M. Rochon: Les frais
funéraires.
Mme Harel: Pourquoi? (17 h 30)
M. Rochon: Parce que la personne est devenue Inadmissible, soit
parce qu'elle est rendue autonome ou parce qu'elle a des res-
sources suffisantes. Elle est devenue inadmissible.
Mme Harel: Non, elle est inadmissible parce qu'elle est dans un
programme d'enseignement collégial ou universitaire.
M. Bourbeau: Elle a une bourse d'études.
M. Rochon: C'est ça. Elle a pu décider d'aller aux
prêts et bourses.
Mme Harel: Là, on ne se comprend plus parce que,
justement, il n'y a pas de bénéficiaires qui vont quitter l'aide
sociale avec des enfants pour s'en aller aux prêts et bourses dans la
situation actuelle. C'est un désincitatif net à compléter
des études collégiales.
M. Rochon: II y a à la fin du premier alinéa de
l'article 20: "Lorsqu'il recouvre des ressources qui le rendent Inadmissible
à un tel programme"; l'aide de dernier recours, également.
Mme Harel: Oui.
M. Rochon: Alors, cela couvre tous les cas
d'inadmissibilité par les ressources.
Mme Harel: Oui. Cela en couvre trop pour moi parce que là,
"recouvre des ressources qui le rendent inadmissible*, on peut comprendre
ça si quelqu'un a un héritage ou quelque chose comme ça.
Ce qui m'intéresse, c'est la personne qui fréquente un
établissement d'enseignement au sens de la mesure prévue à
l'article 23 et qui devient Inadmissible parce que son enseignement est
collégial ou universitaire, n'est-ce pas? Là, vous me dites
qu'elle va pouvoir garder ses prestations? On fait donc une exclusion dans la
loi. On dit: Si c'est en vertu de la mesure prévue à l'article 23
et si c'est pour poursuivre des études, alors, on va permettre à
la personne de conserver ses prestations.
M. Rochon: Si elle continue sa participation, oui.
Mme Harel: Oui, sauf les besoins spéciaux, et là je
demande pourquoi. Franchement, je vois cela comme mesquin. Vraiment, pourquoi?
Pourquoi maintenir sa complète prestation et lui enlever les besoins
spéciaux? Là, elle est toujours bénéficiaire de
l'aide sociale et c'est en vertu d'une mesure de l'article 23 qu'elle va aller
étudier.
Une voix:...
Mme Harel: Ah bon! Tout ce qu'elle reçoit, c'est 40 $.
Donc, elle ne reçoit pas sa pleine prestation?
Une voix : Depuis trois ans...
Mme Harel: Ah bon! C'est bien différent Cela n'a rien
à voir avec la pleins prestation. Cela veut dire que la problème
des chsfs de famille qui retournent aux études...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, Mme la
députés de Maisonneuve, il y a eu une explication qu'on n'a pas
comprise.
Mme Harel: Pour les fins du Journal des débats, j'aimerais
bien qu'on nous explique...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on pourrait
demander à celui ou à celle qui a fourni cette explication de le
faire à haute voix pour que tous les gens de la commission en profitent
et le Journal des débats aussi?
M. Bourbeau: M. le Président, ce ne sera pas long. Il y a
un petit conciliabule entre le sous-ministre et deux de ses adjoints pour
tenter de préciser un point tout à fait pointu dans ce que
soulève la députée de Maisonneuve.
Le Président (M. Bélanger): Vous nous faites une
description comme un match de hockey.
Mme Harel: On a eu des problèmes tout l'automne avec
ça. Avec les nouvelles mesures de formation à l'emploi, il y a
bon nombre de bénéficiaires qui sont alléchés par
la proposition de retourner aux études. On a eu tout l'automne des
personnes chefs de famille qui retournaient suivre un certificat. Par malheur,
le certificat n'était pas donné au niveau de
l'établissement secondaire, mais au collégial. Elles 83
trouvaient mises en demeure de choisir de poursuivre leurs études en
allant sur les prêts et bourses qui étalent vraiment
dérisoires par rapport à leurs besoins ou bien de quitter le
programme et de retourner sur l'aide sociale.
M. Bourbeau: Je pense que Me Rochon peut donner une
explication.
Le Président (M. Bélanger): Me Rochon.
M. Rochon: Dans le premier alinéa, on mentionne
fréquentation d'un établissement d'enseignement" et on ne le
qualifie pas de secondaire, collégial ou universitaire. Cela peut donc
être secondaire. Dans le deuxième alinéa, les 40 $ ne sont
pas dans le cas où c'est collégial ou universitaire, mais dans
les autres cas, donc secondaire. On pourrait même peut-être,
à la limite, parier du primaire, mais je ne pense pas que le cas existe
en pratique. Alors, dans le cas où quelqu'un avait commencé un
programme comportant la fréquentation d'un établissement
d'enseignement secondaire et qu'il devient Inadmissible parce qu'il a
recouvré des ressources qui le rendent ainsi inadmissible, il
reçoit, tant qu'il continue à participer à son programma
de
retour aux études secondaires, 40 $ par mois plus les prestations
afférentes aux frais de garde et frais de scolarité.
Mme Harel: Faites-moi la môme hypothèse aux niveaux
collégial et universitaire.
M. Rochon: Aux niveaux collégial et universitaire,
ça fait un peu double emploi avec ce que M. Pronovost disait
tantôt La personne qui devient inadmissible parce qu'elle retourne aux
études à temps plein - paragraphe 2° de l'article 7 de la loi
- sa mesure étant échue - et dans le cas de Valleyfield, pour
autant que j'ai pu le comprendre, la personne voulait continuer aux
études - elle devient inadmissible par ce fait même avec le
nouveau régime. Cela vient dire ici: Si tu continues à participer
jusqu'à l'échéance... Cela nous ramène à
l'article 7 et le ministre peut - comme dit le sous-ministre - d'un trait de
plume dire que ça fait partie d'une mesure de l'article 23. Or, c'est
tenter de couvrir les angles pour permettre la poursuite des études, que
ce soit quelqu'un qui est devenu Inadmissible parce qu'il a recouvert des
ressources ou parce qu'il décide d'aller aux études à
temps plein.
Mme Harel: Et si le ministre décide de reconnaître
le programme qu'elle suit, qu'il finance, disons, formation sur mesure en
établissement, comme étant parmi les programmes qui donnent
l'admissibilité à la prestation, il n'en demeure pas moins que la
personne va pouvoir garder sa prestation tout en participant à un cours
au niveau collégial et qu'elle va perdre ses prestations
spéciales.
M. Rochon: Si elle est dans le cas d'une mesure, il y a
peut-être, effectivement, une clarification à apporter à la
rédaction.
Mme Harel: Oui, je le comprends très bien pour les
personnes qui recouvrent des ressources qui les rendent inadmissibles à
un programme. Mais ça serait un peu inconséquent à
l'égard de personnes qui, finalement, vont jusqu'à
l'échéance d'une mesure en vertu de l'article 23, qui sont
déclarées admissibles à la pleine prestation et qui,
là, perdraient des mesures pour besoins spéciaux dont elles
peuvent avoir besoin, parce qu'H faut qu'elles déménagent,
justement pour suivre le cours ou parce qu'il y a un stage qui se fait, je ne
sais pas, dans la restauration ou n'Importe où, parce qu'elles ont
besoin de prothèses ou qu'un de leurs enfants en a besoin. En fait, tout
est possible et ce serait vraiment absurde que ces personnes-là, qui
sont finalement, les plus motivées, soient exclues des prestations
spéciales, alors qu'on leur maintient la pleine prestation.
M. Rochon: Si elles sont dans le cadre d'une mesure prévue
à l'article 23 de la loi, elles ont pleine prestation y compris la
carte-médica- mants, etc., les prestations spéciales.
Mme Harel: Mais ce n'est pas écrit comme ça
là.
M. Rochon: C'est dans la loi, article 7, paragraphe 2°.
Mme Harel: Mais lu...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaït.
Mme Harel: C'est vrai, d'ailleurs c'est dans le programme Soutien
financier seulement, 7, 2°. Ce n'est pas dans le programme APTE.
M. Rochon: À l'article 12, la même disposition est
reconduite pour...
Mme Harel C'est vrai. Oui. M. Rochon: ...APTE.
Mme Harel: Mais il n'en reste pas moins que dans le
règlement, comment peut-on interpréter "à l'exclusion de
toute prestation spéciale"? Il faut l'interpréter comme venant
réduire la générosité du ministre qui
reconnaît un programme comme étant admissible.
M. Rochon: À mon avis, il y a peut-être une
ambiguïté qui résulte du fait que les deux
éléments, c'est-à-dire le recouvrement de ressources et la
participation à une mesure, se trouvent intégrés dans la
même disposition...
Mme Harel: Tout à fait.
M. Rochon: ...et Je comprends que le ministre me donne le mandat
d'examiner la question de très près.
Mme Harel: Très bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Parfait. Continuons.
Le Président (M. Bélanger): Vous apprenez vite.
M. Bourbeau: M. le Président, comme le dit le
sous-ministre, étant donné que les deux notions sont
mêlées, ça peut produire des effets pervers, tel que - non
pas tel que la députée - mais tel que le fait remarquer la
députée. La langue m'a presque fourché, M. le
Président. Nous allons regarder ça attentivement et
peut-être que demain on pourra revenir avec un texte qui pourra
peut-être satisfaire la commission.
Le Président (M. Bélanger): Nous suspendons
l'étude de l'article 20 et j'appelle l'article 21.
Mme Harel: L'article 21 est une amélioration.
M. Bourbeau: Bon, bravo!
Le Président (M. Bélanger): Bien alors...
Mme Harel: On aurait souhaité qu'il y en ait plus mais on
le constate, c'est une amélioration.
Le Président (M. Bélanger): L'étude de
l'article 21, tel qu'amélioré, est complétée. Nous
appelons l'article 22.
M. Bourbsau: M. le Président, il s'agit du statu quo par
rapport à la situation actuelle.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 22? C'est bien. L'étude étant
terminée, j'appelle l'article 23.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article précise
les cas où un certificat médical est requis à l'appui
d'une demande de prestation spéciale.
Mme Harel: Dorénavant, il y aura obligation d'avoir un
certificat médical, ce qui n'est pas le cas actuellement. Cela
m'apparaît étonnant parce que cela va devenir très
très onéreux. Je suis surprise de voir qu'on va ajouter... Les
frais d'un certificat médical pour certains besoins spéciaux vont
coûter plus cher que le remboursement des frais au
bénéficiaire d'aide sociale.
M. Bourbeau: M. le Président, on dit que, de deux maux, il
faut choisir le moindre. C'est sûr que, si on n'exigeait pas de
certificat médical, cela coûterait moins cher. Par contre, cela
pourrait coûter davantage en orthèses, en prothèses et en
toutes sortes de choses parce qu'il n'y aurait aucune possibilité de
savoir s'il y a véritablement un besoin spécial. On estime qu'il
vaut mieux avoir une certitude quant aux besoins avant de faire la
dépense.
Mme Harel: Je vais vous donner un exemple, M. le ministre, la
pose d'un stérilet, à l'article 30, paragraphe 3°. Une
bénéficiaire devra se rendre chez un médecin qui va lui
donner un certificat médical lui prescrivant la pose d'un
stérilet. Je ne sais pas à combien est rendue une visite chez un
généraliste, mais cela m'intéresserait. Je ne sais pas si
l'un d'entre vous pourrait me le signaler. Mais imaginez-vous que le
stérilet lui sera remboursé à raison de 15 $ à 25
$. Remarquez qu'il y a une augmentation. Un stérilet coûte au
moins 50 $. Là, 25 $ lui seront remboursés, mais elle aura
dû, à deux occasions, voir un médecin: une première
fois pour obtenir un certificat médical lui prescrivant la pose d'un
stérilet et, une deuxième, pour se le faire poser. Tout cela pour
se faire rembourser 25 $. Je ne connais pas encore les tarifs, mais je suis
convaincue que cela coûtera quatre fois plus, sinon davantage - et je
vais le vérifier pour vous le dire demain - en visites chez le
médecin, que le remboursement du stérilet lui-même. La
première fois, ce sera une prescription pour la pose; elle devra aller
la faire entériner par son agent et, la deuxième fois, ce sera
pour se le faire poser.
M. Sirros: Pour se le faire poser, elle aurait dû y aller
de toute façon, j'imagine. Cela n'a rien à voir avec le
règlement
Mme Harel: Oui. Regardez, le règlement dit: "Un certificat
médical doit de plus attester la nécessité du besoin".
M. Sirros: Oui, c'est une visite.
Mme Harel: C'est une première visite. Dans le cas...
M. Sirros: J'imagine qu'elle irait de toute façon pour une
deuxième visite.
Mme Harel: Pour le faire poser.
M. Sirros: Indépendamment du règlement,
j'imagine.
Mme Harel: Donc, il y en a une de trop. M. Bourbeau: M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Cela va devenir un débat stérile.
M. Sirros: Plus qu'un stérilet.
M. Bourbeau: M. le Président, pour éviter que le
débat ne soit plus stérile qu'il ne l'est, je serais prêt
à retirer le stérilet.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Dans un geste large et généreux, comme
dirait le sous-ministre.
Une voix: Une politique familiale! Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Et même, dans le
sens de la natalité, on pourrait le retirer et l'interdire. Ha, ha, ha!
ll faudrait passer. On va laisser le libre choix.
Mme Harel: Oui, parce que la vasectomie,
ce n'est quand méme pas l'idéal.
Le Président (M. Bélanger): Ah non!
M. Bourbeau: Est-ce que vous parlez en connaissance de cause?
Le Président (M. Bélanger): Elle dit que ça
règle son problème, pas... Bien. Alors, sur l'article 23, y
a-t-il d'autres commentaires?
Mme Harel: "il en est de même lorsqu'une prestation - c'est
au deuxième alinéa de l'article 23 - visée aux articles 33
ou 34 est accordée pour raison de santé." Je comprends que c'est
pour donner suite aux motifs de raison de santé qu'on retrouve aux
articles 33 et 34. On me fait part qu'on ne trouve pas la disposition
habilitante dans la loi qui supporte l'article 23. Évidemment, ce n'est
pas parce qu'on ne la trouve pas qu'on prétend qu'elle n'existe pas,
mais on aimerait vérifier. (17 h 45)
Le Président (M. BéSanger): On va le savoir. Me
Rochon ou M. le ministre.
M. Bourbeau: Avec Me Rochon, ça va aller, M. le
Président.
M. Rochon: À l'article 91, paragraphe 5°... M.
Bourbeau: L'article 91 de la constitution.
M. Rochon: C'est selon quelles conditions elles sont
accordées. Article 91.5°, prestations spéciales. C'est selon
quelles conditions et dans quels cas elles sont accordées. À la
condition de fournir un certificat médical et dans le cas où il y
a un déménagement autorisé pour raison de santé,
par exemple.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Y a-t-il d'autres
commentaires sur l'article 23? L'étude étant terminée,
J'appelle l'article 24.
M. Bourbeau: M. le Président, ici on reconduit le statu
quo. Cette règle tient compte du fait que l'établissement couvre
les besoins prévus par les prestations spéciales. Il s'agit de
l'admissibilité réduite aux prestations spéciales pour les
personnes hébergées.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
commentaires sur l'article 24? Donc, l'étude étant
terminée, j'appelle l'article 25. C'est le statu quo.
Dispositions générales
Mme Harel: Oui, concernant l'article 25, J'invite le ministre
à prendre connaissance des commentaires de la Commission des services
juridiques à savoir que l'article constitue un recul par rapport
à l'article 36 de la réglementation actuelle. En effet,
l'exclusion du mois de la demande quant à l'exigence d'avoir
bénéficié d'une aide de dernier recours depuis au moins
six mois pour obtenir un besoin spécial énuméré
retarde Inutilement l'octroi d'une prestation importante. Là, on
retrouve donc que la prestation spéciale pour le coût d'achat des
prothèses dentaires, lunettes, lentilles, aide auditive, pour le
coût d'un déménagement pour des raisons de santé ou
de salubrité, n'est accordés que si le prestataire
bénéficie d'un programma d'aide de dernier recours depuis au
moins six mo!s consécutifs, en excluant le mois de la demande.
Donc, on en arrive à presque sept mois consécutifs.
Actuellement, c'était six mois.
M. Leclerc: ...une journée et un mois, si j'ai bien
compris.
Mme Harel: Oui, ça peut être jusqu'à sept
mois ou presque.
M. Leclerc: M. le Président, quelqu'un a-t-il
soulevé, historiquement, quelle a été la raison
fondamentale, à part économiser, qui a fait qu'on a un
délai de qualification de six mois?
Mme Harel: C'est dû au fait...
M. Bourbeau: M. le Président, c'était pour
éviter que des gens ne viennent à l'aide sociale que pour se
faire doter de prothèses dentaires, lunettes, lentilles...
M. Leclerc: Oui, mais à partir du moment où...
M. Bourbeau: Enfin, je n'étais pas là quand cela a
été... Il y a longtemps que c'est là.
M. Leclerc: Oui, sûrement.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires à l'artide 25?
Mme Harel: En fait, la question que l'on peut se poser est dans
une perspective d'incitation à gagner des revenus, comme le
prétend l'artide 19 qui apporte un avantage en établissant la
prestation pour le mois de la demande en tenant compte des revenus du mois en
cours uniquement si ces revenus sont inférieurs à ceux du mois
qui précède. C'est là un avantage. Il faut donc comprendre
qu'en vertu de l'artide 19, si quelqu'un gagne des revenus depuis au moins
trois mois, lorsqu'il va revenir à I'aide sociale après, par
exemple, avoir travaillé sur une pente de ski, s'il revient après
trois mois, si, au cours du mois où il fait sa demande, ses revenus sont
inférieurs à ceux du mois qui précède, il va avoir
sa prestation pour le mois de sa demande. Est-ce
en ce sens qu'on doit lire ça? Je vais vous expliquer pourquoi,
oui.
M. Rochon: De la façon que je l'ai écrit, disons,
cela veut dire que, lorsque les revenus cessent, on ne les compte pas,
môme s'il en a eu une partie pendant ce mois.
Mme Harel: C'est ça.
M. Rochon: Est-ce que cela répond à votre
question?
Mme Harel: Mon Dieu! Que ce serait facile si c'était
écrit dans ce langage-là!
Le Président (M. Bélanger): Ha, ha, ha! Excusez.
C'est lui qui l'a écrit.
Mme Harel: Le ministre a considéré maintenir les
bénéfices des services dentaires et pharmaceutiques. À
l'alinéa 3° de l'article 21, on dit: "pendant au plus trois mois
pour toute période de neuf mois, lorsqu'il cesse d'être admissible
à un programme d'aide de dernier recours en raison de revenus de travail
gagnés dans l'exercice d'un emploi saisonnier." Je veux juste qu'on voie
la cohérence. On incite à des revenus de travail gagnés
dans l'exercice d'un emploi saisonnier. On ne tiendra pas compte des revenus du
mois s'ils sont Inférieurs à ceux du mois précédant
la demande. On va maintenir les bénéfices des services dentaires
et pharmaceutiques, mais on va complètement, si J'interprète bien
l'article 25, exiger de reprendre le calcul du délai de six mois
consécutifs plus le mois de la demande avant de donner droit aux autres
besoins spéciaux.
Dans l'incitation au travail, il y a un aspect fondamental, qui est
celui de ne pas tout perdre quand on retourne pour un mois, deux mois ou trois
mois. Les besoins spéciaux sont évalués comme un filet de
sécurité vraiment très important, à tel point que
j'ai vu des bénéficiaires de l'aide sociale motivées et
enthousiastes, des femmes chefs de famille de trois enfants refuser le
programme BAS, le nouveau programme qui permet à des
bénéficiaires de l'aide sociale de bénéficier de
mesures de formation de la main-d'oeuvre. Elles ont été
obligées de refuser parce qu'en participant à BAS elles perdaient
tous les besoins spéciaux. Comme elles avaient des enfants ou des
adolescents qui avaient des problèmes, je ne me rappelle plus lesquels,
c'était pour elles une sorte de filet de sécurité. Alors,
je me dis: Pourquoi, dans le môme esprit où l'on souhaite que
celles qui sont déjà bénéficiaires retournent sur
le marché du travail pour améliorer leur situation en allant
chercher un revenu de travail saisonnier ou participent à une
activité comme celle prévue au paragraphe 2°, subvention
salariale, ou au paragraphe 1° de l'article 21, ne pas prévoir que
le calcul des six mois consécutifs tienne compte des mois
précé- dents enregistrés? Il ne s'agit pas d'annuler
complètement les six mois consécutifs, mais il s'agit, aux fins
du calcul des six mois consécutifs, qu'on tienne compte pour les
bénéficiaires de leur première demande d'aide à
l'aide sociale lorsqu'elles ont participé à des programmes,
à des mesures, ou lorsqu'elles ont obtenu un revenu de travail de trois
mois, de maniere à les inciter à participer à des mesures,
à aller chercher un revenu de travail en sachant qu'une fois ce revenu
terminé elles n'auront pas à recommencer à zéro le
calcul des six mois consécutifs?
M. Bourbeau: M. le Président, le problème que
soulève la députée de Maisonneuve n'est pas sans
intérêt. Je ne sais pas si on pourrait le régler de la
façon suggérée par la députée, mais ce qu'on
peut faire, c'est regarder d'autres façons d'apporter des
améliorations à ce problème. Ce soir ou demain, on
pourrait peut-être tenter de voir s'il y a possibilité ou non de
faire des changements. Je ne dis pas qu'on va en faire, mais on va regarder,
ça ce soir, avec nos gestionnaires.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, on suspend
l'étude de l'article 25, sous réserve des compléments de
réponse ou des modifications apportées par le ministre. Il reste
encore quatre minutes, monsieur. J'appelle l'article 26.
Mme Harel: Cela va.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
commentaire à l'article 26; il est donc considéré
étudié. J'appelle l'article 27.
M. Bourbeau: C'est le statu quo, M. le Président, sauf
pour la tarification.
Une voix: Ce sont les optométristes qui vont être
contents!
M. Bourbeau: Je présume que la députée de
Maisonneuve va nous féliciter pour la nouvlle tarification!
Mme Harel: À l'annexe II. M. Bourbeau: À l'annexe
II.
Le Président (M. Bélanger): Cela va pour l'article
27; il est considéré étudié. J'appelle l'article
28. C'est le même principe.
M. Bourbeau: C'est la même chose, M. le Président.
C'est le statu quo, sauf pour la tarification. On voit l'annexe III.
On attend toujours les félicitations et les remerciements de la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je les ai même écrits, M. le
Président.
M. Bourbeau: Où, ça?
Le Président (M. Bélanger): Ils feront d'ailleurs
l'objet d'un communiqué.
Mme Harel: Que vous avez déjà, puisque votre
adjoint m'a dit que vous aviez déjà une copie de mon dossier de
presse. Alors, je l'ai déjà écrit.
M. Bourbeau: Votre dossier de presse? Je ne savais pas qu'on
avait votre dossier de presse. Oui?
Mme Harel: J'avais écrit: Hausse substantielle de
l'allocation pour les chaussures orthopédiques. Plus de 305 $ pour une
chaussure fabriquée à partir d'un moule en plâtre ou en
bois, à l'annexe III, et les prothèses, orthèses et
accessoires. Je vous avoue que j'en parie en connaissance de cause. À
mon bureau de comté, j'ai plusieurs dossiers de personnes qui ont besoin
de prothèses. Je devais me référer à toutes sortes
de fondations pour tenter de compenser les coûts. Encore là, il
faut bien voir que ce sont des prothèses qui ne sont disponibles
à ces prix que pour le beau temps. Pour une chaussure
orthopédique pour l'hiver, iI n'y a rien en bas de. 1200 $.
Étonnamment, c'est extrêmement coûteux. Évidemment,
c'est impossible, môme dans le contexte actuel... Par exemple, les
personnes en demande de prothèse ne sortent pas l'hiver parce qu'elles
n'ont pas les moyens et ne les auront pas non plus si elles ne sont pas
aidées par une fondation pour se procurer des prothèses.
M. Bourbeau: M. le Président, je signale que le tarif
actuel pour une chaussure fabriquée à partir d'un moule en
plâtre ou en bols est de 195 $. Cela date de 1976 et nous portons le
barème à 500 $ la paire. C'est quand même une augmentation
importante. On passe de...
Mme Hare!: C'est 305 $. M. Bourbeau: Pardon? Mme Harel: C'est 305
$.
M. Bourbeau: On me montre ici 500 $. On passe de 195 $à500
$.
Mme Harel: C'est cela.
M. Bourbeau: Ah! L'augmentation est de 305 $. Oui, oui. Mais,
quand même, c'est une augmentation substantielle.
Mme Harel: Alors, c'est une augmentation substantielle. On aurait
souhaité évidemment que le montant alloué pour l'achat
d'une monture puisse augmenter aussi parce qu'il passe de 12 $ à 20 $.
Pour avoir vérifié auprès des optométris- tes de
mon secteur, cela ne permet même pas d'écouler la marchandise
vétuste à ce prix-là. Il n'y a rien en bas de 40 $.
M. Bourbeau: Je comprends, mais il reste quand même que
c'est 8 $ d'augmentation sur 12 $. C'est 65 % d'augmentation. C'est plus que ce
que vous avez fait entre 1976 et 1935.
Mme Harel: Où pourtant nous avions indexé
trimestriellement et où vous nous accusiez un peu plus tôt
de...
Le Président (M. Bélanger): Sur ce...
M. Bourbeau: Mais vous ne vous occupiez pas des besoins
spéciaux
Mme Harel: ...gonfler les rangs de l'aide sociale.
Le Président (M. Bélanger): Sur ce, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Si vous le permettez, je demanderais à chacun de bien
vouloir prendre sa place. La commission des affaires sociales reprend ses
travaux afin de procéder à l'étude de la
réglementation découlant de l'adoption du projet de lof 37,
c'est-à-dire (a Loi sur la sécurité du revenu.
Nous en étions à l'article 28, si ma mémoire m'est
fidèle. Est-ce qu'il y avait d'autres commentaires sur l'article 28?
C'était sur les chaussures orthopédiques avec moule en
plâtre. Cela vous convient comme ça? Donc, l'article 28 est...
Mme Harel: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
madame.
Mme Harel: Je ne pense pas que les prothèses mammaires se
retrouvent à l'article 28.
Le Président (M. Bélanger): Plantaires, mais... Ma
mère et mon père.
Mme Harel: Cela va pour l'article 28.
Le Président (M. Bélanger): L'article 28 est
étudié. M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: À l'article 28, je voudrais tout simplement
m'assurer... Je vols que, dans la réglementation actuelle,
c'était l'article 33 qui
pariait des frais de funérailles. Je voulais juste prendre le
temps de m'assurer que les changements apportés à la
réglementation étalent faits à cet l'article l'à.
Est-ce que les frais funéraires sont à l'article 28? Donc,
l'article 33 qui prévoyait ça est remplacé par un article
qu'on va voir plus loin. D'accord. le Président (M. Bélanger):
Cela va être à l'article 29. Bien. L'article 28 est
étudié. J'appelle l'article 29.
Mme Harel: M. le Président, je dois constater qu'il n'y a
aucune amélioration au chapitre des prothèses mammaires. J'avais
eu l'occasion d'en parier au ministre au moment de l'étude des
engagements financiers. Je le renvoie à l'annexe III, ou plutôt
à l'annexe IV.
Le Président (M. Bélanger): On peut peut-être
poser la question directement à M. le ministre. M. le ministre, au
chapitre des prothèses mammaires, en cas de mammectomie, est-ce qu'il y
a des changements aux règlements?
M. Bourbeau: Non, M. le Président. C'est le statu quo.
J'ai eu l'occasion d'en discuter avec la députée de Maisonneuve,
il n'y a pas tellement longtemps. En gros, il y a environ 2500 femmes qui se
prévalent annuellement au Québec du programme d'aide technique de
la Régie de l'assurance-maladie du Québec sur les
prothèses mammaires externes.
Mme Harel: Combien?
M. Bourbeau: C'est 2500 femmes annuellement. De ce nombre, on
sait qu'il y a un certain pourcentage constitué de prestataires d'aide
sociale. Rappelons que la Régie de l'assurance-maladie du Québec
verse par le biais de ce programme un montant forfaitaire de 50 $ couvrant
environ le quart du coût d'achat réel d'une prothèse. Il
n'y a actuellement pas de prestation spéciale prévue dans notre
règlement qui couvre les frais d'achat ou de remplacement de telles
prothèses. Cependant, l'annexe B prévoit que la Régie de
l'assurance-maladie nous envoie une facture pour ces déboursés
envers nos bénéficiaires afin que nous puissions en faire
partager le coût en vertu du Régime d'assistance publique du
Canada. En gros, c'est la situation.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
ministre. Mme la députée de Maison-neuve.
Mme Harel: Est-ce qu'on doit tenir pour acquis que l'ensemble de
la tarification a été maintenu sans être
amélioré pour les prothèses, orthèses et autres
accessoires? Est-ce que la tarification est restée la même
également?
M. Bourbeau: Nous, à l'aide sociale, on n'a pas de
prothèse mammaire, c'est la Régie de l'assurance-maladte du
Québec qui rembourse. Donc, on n'a pas de besoin spécial.
Mme Harel: Ma question est plus générale. À
l'annexe IV, concernant l'ensemble des prothèses, orthèses et
autres accessoires, avec toute la tarification qu'on retrouve à la
section II, on ne retrouve pas de prothèses mammaires, Je le comprends,
mais, pour toutes les autres modifications, où sont les changements?
Le Président (M. Bélanger): Pour les fins du
Journal des débats, M. Pronovost, s'il vous plaît.
M. Pronovost: La liste des besoins spéciaux qui
apparaît à l'annexe IV n'a pas été modifiée.
Il n'y a pas eu d'addition. Il n'y a pas eu d'éléments
retranchés. Par contre, tous les tarifs ont été remis
à jour sur la foi des prix observés sur le marché en
décembre 1988 pour des éléments de ce genre. Les
prothèses dont vous pariiez, elles n'apparaissent pas dans la liste
parce qu'elles font partie du programme de base de la Régie de
l'assurance-maladie qui en fixe les tarifs. On les ajouterait à la liste
si on voulait payer, en sus de ce qui est payé par la RAMQ, un montant
additionnel. C'est cela la règle du jeu.
Mme Harel: M. le Président, je crois comprendre
qu'à l'annexe IV ce sont tous des coûts que le ministère
paie en sus de ce que la régie rembourse. La régie, pour la
plupart de ces articles, rembourse déjà un coût de
base.
M. Pronovost: La liste qui apparaît là fournit des
besoins spéciaux qui viennent s'ajouter à ceux fournis par la
RAMQ.
Mme Harel: Dans la liste, on ne retrouve donc aucun coût
que le ministère supplée pour les montants de base qui seraient
déficients à la régie.
M. Pronovost: Non, effectivement non.
Mme Harel: D'accord. Il faut alors faire les
représentations à la ministre de la Santé et des Services
sociaux. C'est très bien.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires à l'article 29? L'article 29 est
étudié. J'appelle l'article 30.
M. Bourbeau: M. le Président, pour l'article 30, j'ai
déjà indiqué à la députée de
Maisonneuve que nous étions disposés à retrancher le
troisième paragraphe qui est: "Les frais d'un stérilet
jusqu'à concurrence de 25 $." C'est plutôt l'exigence du
certificat médical. On laisse donc le stérilet, mais l'exigence
du certificat médical va être retranchée.
Mme Harel: C'est cela. C'est à l'article 23 qu'il fallait
retrancher le paragraphe 3° de l'article 30.
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: Concernant les prestations spéciales, je
constate que la seule amélioration qui a été
apportée est à la prestation en cas de grossesse, qui passe de 20
$ à 40 $ par mois. Mais, pour toutes les prestations pour lactation,
hémodialyse, paraplégie, diabète, urostomie,
iléostomie, colostomie, etc., on reporte tout simplement l'article 01.19
g) de l'annexe B de la réglementation actuelle. Comment se fait-il qu'il
n'y a pas eu actualisation des prestations spéciales? Comme le
sous-ministre vient de le signaler dans le cas de l'annexe IV pour les
prothèses, orthèses et autres accessoires, il y a eu
actualisation. Cela n'a pas été le cas du tout pour ces
besoins.
M. Bourbeau: La députée est à l'article 31,
on était à l'article 30. Ne pourrait-on pas commencer par
l'article 30 et, ensuite, passer à l'article 31? Je veux bien passer
d'un article à l'autre, mais on peut peut-être...
Mme Harel: Une question qui m'est souvent posée c'est:
L'installation à domicile d'un appareil d'hémodlalyse
jusqu'à concurrence de 300 $, est-ce ouvert à l'ensemble des
bénéficiaires de l'aide sociale indépendamment de la
catégorie?
M. Bourbeau: C'est à quel article déjà? Mme
Harel: À l'article 30, paragraphe 2°.
M. Bourbeau: D'accord. Est-ce que c'est ouvert à?
Mme Harel: À l'ensemble des bénéficiaires,
indépendamment de la catégorie.
M. Bourbeau: Oui, oui. C'est disponible à tous les
bénéficiaires de l'aide sociale, quel que soit le programme dans
lequel ils sont engagés, et aux membres de leur famille.
Mme Harel: Donc, ça ne s'applique pas à... Ah, oui,
d'accord. Si vous regardez l'article 31, au paragraphe 3e, les 100 $ par mois
dans le cas d'hémodialyse ne s'appliquent qu'à une famille
comprenant un seul membre adulte, c'est-à-dire qu'on ne prévoit
l'allocation dans ce cas que pour les familles monoparentales.
M. Bourbeau: Ah, oui.
Mme Harel: L'hémodialyse se donne-t-elle à la
maison?
M. Leclerc: C'est parce que, d'habitude,
l'hémodialyse...
Mme Harel: Le député de Taschereau pourrait parler
dans le micro.
M. Bourbeau: Oui, oui, le député de Tas-chereau a
une vaste expérience à ce sujet.
M. Leclerc: J'ai déjà vu quelques cas. D'habitude,
les gens qui ont des appareils d'hémodialyse à la maison, c'est
souvent parce qu'ils résident très loin de l'hôpital. Ceux
qui sont en ville, eux, vont souvent à l'hôpital pour faire leur
dialyse. Par conséquent, les 300 $ s'appliquent aux gens loin des
hôpitaux qui ont besoin d'une installation chez eux et les 100 $
s'appliquent aux monoparentaux qui ont besoin d'une gardienne pour...
Mme Harel: II pourrait aussi s'avérer utile qu'il y ait
gardiennage pour une famille biparentale dont l'un des membres participerait au
programme de subvention salariale du ministre et l'autre serait aux prises avec
un problème d'hémodlalyse.
M. Bourbeau: M. le Préskient, on m'indique que le montant
prévu en cas d'hémodlalyse ne s'applique qu'aux familles
monoparentales parce qu'il couvre les frais généraux, dont, entre
autres, les frais de garde.
Mme Harel: Oui, mais les frais de garde peuvent aussi être
requis dans le cas de familles biparentales, si l'un des deux, qui n'est pas
celui qui a le problème, se trouve aux études, dans une mesure ou
dans un plan d'action...
M. Bourbeau: S'il est aux études, il doit avoir droit
à des frais de garde.
Mme Harel: Non, pas si un seul des deux l'est.
M. Bourbeau: Si un seul des deux quoi?
Mme Harel: Si un seul des deux parents l'est, il n'y aura pas de
frais de garde.
Le Président (M. Bélanger): Si celui qui est
dialysé est à la maison et que l'autre étudie ou
travaille?
M. Bourbeau: S'il n'est pas dialysé à la maison,
mais à l'hôpital?
Mme Harel: À l'hôpital.
Le Président (M. Bélanger): À
l'hôpital.
Mais il y a des frais de garde, à ce moment-là.
Est-ce que c'est couvert? Je pense que c'est là le sens de la
question.
M. Leclerc: Non, parce que ce n'est pas uns famille
monoparentale. C'est seulement couvert
pour les familles monoparentales.
Le Président (M. Bélanger): Mais, là-dessus,
est-ce que c'est un oubli dans le règlement?
Une voix: Non, on reconduit.
Le Président (M. Bélanger): C'est une reconduction
du règlement antérieur, bien.
Mme Harel: Mais la question est que, si on est ici, ce n'est pas
pour le reconduire aveuglément, parce qu'il existait avant. Quand il y a
des choses controversées, je pense qu'on a l'occasion de les
bonifier.
M. Bourbeau: On en prend note.
Mme Harel: On voit, justement, à l'article 30, les frais
d'installation d'un appareil d'hémodyalise. La question m'a
été posée: Est-ce qu'il y a aussi des frais d'installation
dans les cas de paraplégie?
M. Bourbeau: Oui. Vous voulez savoir quoi?
Mme Harel: Est-ce qu'il y a des frais d'installation qui sont
remboursés dans les cas de paraplégie?
M. Bourbeau: Parlez-vous d'un paraplégique qui aurait
besoin d'hémodialyse?
Mme Harel: Non, je parle d'un paraplégique qui a besoin
d'adaptation ou d'Installation.
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne la
dernière question de la députée, on nous dit que l'Office
des personnes handicapées a des subventions pour couvrir ces frais.
Mme Harel: Est-ce que vous nous dites ça
sérieusement?
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Les frais sont gelés.
M. Bourbeau: On me le dit sérieusement, oui.
Mme Harel: II n'y a plus un seul bénéficiaire qui
peut présenter une demande depuis le mois de septembre dernier, huit
mois avant la fin de l'exercice financier, parce que l'office plaide ne plus
avoir de fonds.
Le Président (M. Bélanger): Ils ont un budget et,
quand il est épuisé, ils arrêtent pour le reste de
l'année. C'est un fait.
M. Bourbeau: On interrogera la ministre responsable.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je
pense que la fond du problème, c'est que l'OPHQ a un budget fixe
alloué pour l'année. Quand son budget est épuisé,
s'il l'est après trois mois, six mois ou huit mois, peu importe,
à ce moment, il n'y a plus rien de fait Mais c'est un fait que c'est
peut-être è Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux qu'il faudrait porter grief dans ce dossier, parce que ça
relève directement de son ministère.
Mme Harel: En fait, la question est vraiment: Pourquoi, à
part la grossesse, avoir reconduit tels quels, sans même les actualiser,
les montants alloués aux fins de ces prestations spéciales?
Le Président (M. Bélanger): La grossesse, c'est
à l'article 31, il nous l'a dit tout à l'heure.
Mme Harel: C'est juste. L'article 30 porte sur les frais
d'installation des appareils qui n'ont pas du tout été
actualisés.
M. Bourbeau: M. le Préskient, on n'a pas jugé bon
d'augmenter ces montants parce que cela ne correspond pas à l'achat de
biens ou d'appareils. Dans le cas de la lactation, de supplément pour
diète, c'est 20 $. Dans le cas de la paraplégie, c'est un montant
pour défrayer divers services. On estime que cela peut encore être
suffisant. Bien sûr, on pourrait en mettre plus, mais...
Mme Harel: 20 $ par mois dans le cas de la lactation, c'est tout
simplement le montant existant qui est reconduit. Il n'y a pas
d'amélioration.
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: Combien de bénéficiaires ont recours
à ces 20 $?
M. Bourbeau: Dans le cas de la lactation, c'est 1771
bénéficiaires, un coût de 134 780 $. (20 h 30)
Mme Harel: Et il y en avait combien qui utilisaient les 20 $ dans
les cas de grossesse?
M. Bourbeau: Dans les cas de grossesse, 10 599 pour un coût
de 779 680 $. Ce sera doublé, bien sûr. Cela va passer à 1
600 000 $, 1 700 000 $.
Mme Harel: Cela veut dire qu'il n'y a pas une femme sur cinq qui,
une fois la grossesse complétée, va allaiter.
M. Bourbeau: Semble-t-il.
Mme Harel: Est-ce que le ministre peut expliquer pourquoi il ne
profite pas de cette occasion qui nous est donnée pour que le lait
maternlsé soit admissible sur la carte-médicaments?
M. Bourbeau: II y a déjà la lait vitaminé
qui est remboursé.
Mme Harel: Encore faut-Il que... Vous savez, je ne reprendrai pas
toute l'argumentation. C'est un lait qui n'est offert que sur prescription
médicale. Le lait maternisé est un substitut connu et reconnu
pour le lait maternel.
Une voix: Un complément.
Mme Harel: Un complément, oui. Il reste que ce sont les
femmes des milieux aisés, de classe moyenne ou supérieure, qui
allaitent le plus. Les conditions ne sont pas toujours réunies pour
allaiter lorsqu'on est bénéficiaire de l'aide sociale.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 30?
Mme Harel: On en a fait l'étude.
Le Président (M. Bélanger): On est rendus à
l'article 31.
Mme Harel: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Bélanger): On n'a pas
déclaré l'étude terminée. C'est effrayant!
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment, lorsque
l'enfant paraît, il y a des coûts additionnels, mais il y a aussi
des sommes d'argent additionnelles qui sont payées par le
système. Les barèmes reflètent la venue d'enfants. Et,
pour le premier enfant, ça se traduit par une somme d'au moins 150 $ par
mois, si on additionne les barèmes et les allocations familiales. Les
allocations familiales augmentent selon le nombre d'enfants. C'est une
augmentation Importante pour un troisième enfant. Ces montants-là
sont ajoutés pour couvrir un certain nombre de dépenses. Entre
autres, on peut très bien prétendre que le lait maternisé
fait partie des produits dont on a besoin lorsqu'il y a venue d'un enfant. Les
sommes d'argent qui sont payées par le régime servent à
payer ces choses-là.
Mme Harel: M. le Président, Je pense bien qu'une
réponse semblable du ministre est très décevante. À
ce compte-là, pourquoi y a-t-il 20 $ supplémentaires dans le cas
de la lactation? Les coûts généraux dont il parle sur le
barème vont pouvoir compenser les frais généraux que
suppose la venue d'un nouvel enfant, en termes de déménagement
dans un nouvel appartement, en termes...
M. Bourbsau: C'est une prime de 500 $ à la naissance.
Mme Harel: Ces 500 $ ne viennent pas compenser...
M. Bourbeau: Uns allocation à la naissance.
Mme Hard: ...pour autant, le déménagement dans un
nouvel appartement, ne viennent pas compenser tous les frais encourus.
M. Bourbeau: La députée...
Mme Harel: Je ne sais pas si le ministre sait combien coûte
un enfant.
M. Bourbeau: ...mélange les dépenses qui sont
récurrentes et celles qui ne le sont pas. Un déménagement
n'est pas récurrent et l'allocation à la naissance, non plus.
Mais là, on parle de dépenses qui vont se produire pendant un
certain nombre de mois.
Mme Harel: Justement, parce que le ministre m'a renvoyée
au barème des besoins. Dans le barème des besoins, on n'a pas
inclus le lait maternisé. C'est bien évident qua le barème
des besoins est le même que l'enfant ait un an ou deux ans ou trois ans
ou six mois. Et, si on en avait tenu compte, le ministre no me
répondrait pas ce qu'il me répond parce que le barème ne
serait pas le même. Le barème pour une personne avec un enfant ou
deux personnes avec un enfant est le même quel que soit l'âge de
l'enfant. La différence, c'est que, dans les premiers mois après
la naissance, un enfant, ce n'est pas un petit veau et il arrive que le lait de
vache ne lui convienne pas tout à fait. Et c'est prouvé. Mais
là, vraiment, Je ne peux pas comprendre que le ministre n'ait Jamais
pris connaissance des études qui ont été faites, des
recommandations que son prédécesseur a reçues de
l'assocation des pédiatres, des diététiciennes, des
infirmières. C'est presque interdit, comme le dit mon collègue
qui a trois enfants. C'est vrai. Les pédiatres ne l'Interdisent pas,
évidemment, mais ils...
M. Bourbeau: Interdisent quoi? Une voix: Le vrai lait de
vache.
Mme Harel: Ce que Je ne comprends pas, c'est que le ministre ne
profite pas de l'occasion, comme s'il fallait reconduire tel quel un
règlement désuet parce qu'il existait. Il n'a pas fait le
ménage là-dedans, c'est bien évident.
M. Bourbeau: Comment, il n'a pas fait le ménage? On a
ajouté beaucoup d'argent.
Mmo Harel: À l'article 31...
M. Bourbeau: Depuis le début que la députée
nous félicite des augmentations.
Mme Harel: ...avec une carte-médicaments, ce qui est
aberrant, c'est que les gens vont pouvoir aller se chercher des valium autant
qu'Us le voudront, mais ils ne pourront pas aller chercher de supplément
vitaminé ni du lait matemisé.
M. Bourbeau: M. le Président, tout è l'heure, j'ai
dit à la députée de Maisonneuve que l'augmentation des
barèmes générerait des sommes d'environ 150 $ par mois par
ménage lors de la venue d'un enfant. J'ai exagéré. Ce ne
sont pas 150 $, mais bien 212 $ par mois qui sont ajoutés pour une
famille monoparentale avec un enfant. Le barème est de 182 $ par mois;
les allocations familiales...
Mme Harel: Bon. Si le ministre...
M. Bourbeau: Cela fait 212 $ par mois.
Mme Harel: ...apporte des arguments dilatoires... Je lui renvoie
la question que je lui posais: En quoi ce barème vient-il compenser pour
le lait maternisé? Le barème est-il différent pour les six
premiers mois après la naissance et les six autres mois de la
première année?
M. Bourbeau: Non, non. Ce que je veux dire à la
députée, c'est que...
Mme Harel: Est-ce qu'il est différent pour un enfant de
deux ou de trois ans?
M. Bourbeau: ...M y a quand même 2500 $ de subvention qui
sont ajoutés au revenu de ce ménage dont je viens de parler et
qui permettent de défrayer un certain nombre de frais dont, entre
autres, ceux pour le lait maternisé, s'il veut bien s'en servir.
Mme Harel: Alors, pourquoi les 20 $ par mois dans le cas de la
lactation?
M. Bourbeau: Les 20 $ par mois dans le cas de la lactation sont
là depuis un certain nombre d'années. Je ne sais pas depuis
combien de temps.
Mme Harel: Quelle logique! M. Bourbeau: Depuis quand? Une voix
1976.
M. Bourbeau: Depuis 1976. Cela fait partie de la culture, du
système. On ne change rien. Les allocations familiales ont
été augmentées singulièrement depuis quelques
années, depuis les 20 $ pour la lactation.
Mme Harel: Cela paraît que le ministre n'a pas eu de
bébé récemment.
Une voix: II est à la veille d'être grand-père.
Mme Harel: Vraiment, il ne pourrait pas continuer de nous parler
comme il le fait!
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de Maisonneuve
en a eu récemment?
Des voix: Ha! ha!
Mme Harel: Non, mais, contrairement au ministre, je sais combien
ça coûte parce que je continue à m'y intéresser.
Quant à lui, avec les réponses qu'il nous donne, c'est manifeste
que ça fait bien longtemps que c'est oublié. Pour qu'il nous
répète...
M. Bourbeau: La députée...
Mme Harel: ...que le barème va combler ce qui est un
besoin essentiel pour un bébé naissant, quand on sait tous les
frais encourus...
M. Bourbeau: Lesquels?
Mme Harel: ...non, ce n'est vraiment pas sérieux, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Si la députée parle du
déménagement, par exemple, je lui al signalé tantôt
qu'il y avait une allocation à la naissance de 500 $, un ajout qui
n'existait pas avant aujourd'hui; on a également ajouté
l'allocation pour jeunes enfants, payable mensuellement; 8 y a aussi
l'abolition de la récupération des allocations familiales que
vous aviez instaurée. C'est une grosse économie pour les
familles. Vous oubliez de parier de la récupération des
allocations familiales...
Mme Harel: Surtout pour des familles qui ne paient pas
d'impôt, comme celles dont vous avez à vous occuper, M. le
ministre. Allez donc!
M. Bourbeau: Non, mais on parie de l'ensemble des
avantages...
Mme Harel: Franchement, soyez sérieux un peu.
M. Bourbeau: On peut en parler longtemps de l'ensemble des
avantages consentis à la famille québécoise.
Mme Harel: Surtout celles qui sont pauvres.
M. Bourbeau: Les familles pauvres ont l'allocation à la
naissance...
Mme Harel: Bon. M. le Président, je vois très bien
qu'il va falloir continuer la campagne. J'en prends note.
M. Bourbeau: L'allocation à la naissance, vous I'oubliez,
celle-là. L'allocation pour jeunes enfants.
Mme Harel: Je prends acte et je le transmettrai aux 12 000
personnes qui avaient signé une pétition pour demander au
gouvernement d'introduire le lait maternisé dans la
carte-médicaments. Très bien.
Une voix: Sur l'article 31, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: D'abord, je constate que, pour ce qui est des 40$ par
mois dans les cas de grossesse, c'est sans doute à la suite des
études pour ce qui est des bébés de petits poids. Des
études un peu partout au Québec ont démontré que,
dans certains secteurs, à tout le moins, le poids moyen des enfants
était quasiment identique à ce qu'il est dans certains pays
d'Afrique. Je veux savoir de quelle façon on pourrait appliquer
ça dans le cas des mineures enceintes. Je vous rappellerai que le CLSC
basse ville de mon comté vous avait soumis des cas qui sont rares, il
est vrai, mais où des jeunes filles de moins de 18 ans devenant
enceintes doivent quitter la maison familiale. Par conséquent, comme
elles n'ont pas encore d'enfant, elles ne sont pas admissibles à l'aide
sociale. Elles n'ont pas 18 ans non plus; par contre, elles sont en
période de crise. N'étant pas à l'aide sociale, elles
peuvent encore moins avoir les 40$ par mois.
M. Bourbeau: M. le Président, il y a deux façons,
je crois, de régler le cas soulevé par le député de
Taschereau: ou bien la mineure enceinte est prise en charge par le Directeur de
la protection de la jeunesse et, à ce moment-là, je pense qu'il
n'y a pas de problème...
M. Leclerc: Combien cela lu! donne-t-il d'argent? S'il n'y a pas
de problème, c'est parce que ça va lu! donner quelque chose.
M. Bourbeau: Je présume que... la Loi sur la protection de
la jeunesse s'occupe...
M. Leclerc: Le DPJ débourserait de l'argent pour les
mineures enceintes? le Président (M. Bélanger):
C'est-à-dire que, dans certains centres d'accueil, comme Rosalie
Jetté, à Montréal, la fille qui est placée
là reçoit une certaine somme pour ses petites dépenses,
elle reçoit aussi des vêtements. Ce n'est pas luxueux, mais c'est
ce qu'il faut pour satisfaire à ses besoins. Je pense que, dans la
région de Québec, il n'y a pas de résidence telle que
Rosalie Jetté. Il y a un problème effective- ment ici.
M. Leclerc: Est-ce qu'on ne pourrait pas s'entendre...
M. Bourbeau: J'ai dit deux façons, celle-là est la
première. La deuxième, c'est la possibilité - qu'on
n'hésitera pas, d'ailleurs, à considérer - de recevoir la
personne à l'aide sociale, en vertu de la clause, à l'article 25,
de dénuement total. Si cette personne est dans le dénuement
total, à ce moment-là, on va la brancher à l'aide
sociale.
M. Leclerc: Ou par le pouvoir discrétionnaire du
ministre.
M. Bourbeau: C'est ce que je dis, l'article 25.
M. Leclerc: Donc, cela répond à ma question. Somme
toute, il y a peu de cas au Québec, c'est important qu'on prenne
position sur la façon de les régler. Je vais transmettre les
galées de la commission au CLSC basse ville pour qu'il puisse en prendre
connaissance.
M. Bourbsau: D'ailleurs, on avait discuté de ce
cas-là autrefois et on avait déjà parié de la
possibilité d'accueillir ces gens-là à l'aide sociale en
vertu de l'artide 25. Donc, je le reconfirme aujourd'hui.
M. Lederc: D'accord, merci.
Mme Harel: Avant de terminer l'artide 31, M. le Président,
j'invite le ministre à prendre connaissance du commentaire de la
Commission des services juridiques quant au paragraphe 4°. La commission
nous dit: "La jurisprudence de la Commission des affaires sociales applique une
définition très stricte de la paraplégie, soit une
paralysie complète des deux membres Inférieurs. Cette
définition conduit à certaines aberrations comme le refus
d'accorder une prestation à une personne souffrant
d'hémiplégie, de paralysie d'un côté du corps, ou
qui est victime d'une amputation des deux membres inférieurs. Nous
estimons que le mot 'paraplégie'' est trop restrictif et
suggérons au gouvernement de remplacer ce terme par une expression qui
soft plus générale, afin d'englober toute forme d'atteinte
à la capacité de déplacement." (20 h 45)
M. Bourbeau: On va en prendre note, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions à l'artide 31? Donc, l'artide 31 est
étudié. J'appelle l'artide 32.
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit d'un statu quo
technique.
Mme Harel: M. le Président, y a-t-il une raison de
maintenir le statu quo, de ne pas actualiser le montant de 0,135 $ qu'on
retrouve à l'article 32? Pourquoi le maintenir sans l'améliorer?
Quel est le taux gouvernemental présentement?
Le Président (M. Bélanger): Je pense que le taux
gouvernemental est autour de 0,26 $.
M. Bourbeau: On est en train de chercher, M. le Président.
On va vous trouver ça. Ce ne sera pas long. On prend avis de la
question, M. le Président, et on donnera une réponse un peu plus
tard. Je ne peux pas prévoir toutes les questions.
Mme Harel: Non, la question porte plus sur ceci: au moment
où la modification avait été introduite... J'ai le
mémoire qui avait été présenté au Conseil
des ministres, la partie accessible au public. On y invoquait le fait que la
compensation pour l'utilisation d'un véhicule privé devait
être accordée au niveau du taux minimal accordé par le
gouvernement pour l'utilisation autorisée d'une automobile personnelle
par ses employés. À ce moment-là, la compensation
était de 0,135 $ le kilomètre. Vous voyez, il y a
déjà, ma foi, cinq ans maintenant, en 1984. Cinq ans plus tard,
les 0,135 $ auraient besoin d'être actualisés. On demandait aussi
qu'on introduise un mécanisme par lequel la compensation pour
l'utilisation d'un véhicule serait ajustée au taux minimal
accordé par le gouvernement pour l'utilisation autorisée d'une
automobile personnelle par ses employés. Je pense que le principe vaut;
on doit le garder tout en l'actualisant. Il n'y a pas de raison que ce soit
à 0,135 $ cinq ans après.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'a pas la directive
gouvernementale ici. On n'a pas, non plus, transporté avec nous
l'ordinateur du ministère pour avoir tous les renseignements, on n'est
pas branchés sur l'ordinateur. Mais on me dit que le taux varie de
quelque 0,20 $ le kilomètre jusqu'à un taux minimal de 0,115 $ le
kilomètre. Naturellement, ce n'est pas le taux le plus
élevé, mais c'est mieux que rien.
Mme Harel: M. le ministre, j'aimerais bien vérifier quel
est le taux minimal. En 1984, il était de 0,135 $. Je vous lis
exactement la partie accessible au public, qui disait: "Je propose donc de
majorer la compensation accordée pour l'utilisation d'un véhicule
privé au niveau du taux minimal accordé par le gouvernement pour
l'utilisation autorisée d'une automobile personnelle par ses
employés. Cette compensation est actuellement de 0,135 $ le
kilomètre."
M. Bourbeau: Qui a signé ce document?
Mme Harel: Pauline Marois.
M. Bourbeau: Ah, oui.
Mme Harel: C'était en 1984.
M. Bourbeau: Bien oui, je comprends.
Mme Harel: Je vous le Iis è titre d'illustration que le
taux minimal était de 0,135 $ en 1984.
M. Bourbeau: Écoutez, c'est ce que dit Mme Marois; moi, je
ne le sais pas. On me dit que le taux minimal est de 0,115 $.
Mme Harel: C'est ce que disent ses fonctionnaires. Il doit y en
avoir un peu, parmi ceux qui vous entourent, qui ont préparé son
mémoire.
M. Bourbeau: Je ne le pense pas, ils sont tous partis.
Mme Harel: Franchement.
M. Bourbeau: Écoutez, que voulez-vous que je vous
réponde? Je n'ai pas la directive gouvernementale. On me dit que le taux
le plus bas payé est actuellement de 0,115 $. Maintenant, je n'ai pas de
document officiel. Vous dites 0,135 $. On va regarder ça et on vous le
dira demain. Il est possible que Mme Marois se soit trompée, ce qui ne
serait pas la première fois. Il est possible que nous nous trompions
aussi, on verra.
Le President (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 32?
Mme Harel: Le dernier alinéa. Le Président (M.
Bélanger): Oui.
Mme Harel: Je. vous réfère à la page 4 de
l'avis de la Commission des services juridiques qui suggère de remplacer
les mots "toutes les circonstances" par les mots "des circonstances".
L'alinéa se lit présentement comme suit: "Le moyen de transport
le moins coûteux doit être utilisé, compte tenu de toutes
les circonstances." La commission recommande que ce soit remplacé par:
"Le moyen de transport le moins coûteux doit être utilisé,
compte tenu des circonstances."
M. Bourbeau: M. le Président, on n'a pas d'objection
à faire le changement
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. Bourbeau: On
le fera.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur l'article 32? L'article 32 est donc
étudié. Nous appelons l'article 33.
M. Bourbeau: M. le Président, on reconduit le statu
quo.
Mme Harel: Parfois, un statu quo était suffisamment
contesté, M. le ministre, pour que vous eussiez dû le
modifier.
Le Président (M. Bélanger): Ha, ha! Était-ce
le cas dans l'article 33?
Mme Harel: Non. À l'article 33, iI y a une question qui
est souvent posée: Faut-il des reçus pour obtenir des
remboursements?
M. Bourbeau: On me dit que oui, M. le Président. Est-ce
que vous avez des Indications à l'effet contraire?
Mme Harel: Est-ce que le programme APPORT exige aussi des
reçus pour remboursement de frais de garde?
M. Bourbeau: Oui. Pour les frais de garde, oui, absolument. Cela
prend toujours des reçus; sinon, nous n'aurions pas de
contrôle.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur l'article 33?
Mme Harel: À l'article 33, c'est le même montant.
Pourquoi le ministre n'a-t-il pas cru bon d'actualiser aussi le montant...
M. Bourbeau: À quel article?
Mme Harel: ...de 200 $ à l'article 33?
M. Bourbeau: Écoutez, on avait un certain budget pour
faire l'opération. Il ne nous est pas apparu qu'on devait augmenter la
somme de 200 $ prévue pour les frais de déménagement. Bien
sûr, on peut ne pas avoir assez de 200 $ pour déménager;
cela dépend comment on déménage. Mais il y a parfois des
déménagements qui ne coûtent pas plus de 200 $. Quand, par
exemple, on loue un camion et qu'on se fait aider par des amis, quand on n'a
pas trop de meubles, quand on utilise le camion de quelqu'un d'autre, comme
cela arrive très souvent, il arrive parfois qu'on s'en tire pour 200 $.
On me dit même que, là plupart du temps, on s'en tire pour cette
somme.
Mme Harel: Vos amis ont peut-être des camions, M. le
ministre, mais ce ne sont pas tous les bénéficiaires qui ont des
amis qui en ont.
M. Bourbeau: Non, mais il y a des organismes communautaires qui
peuvent prêter des camions. Enfin, les gens qui sont pas mal au courant
me disent qu'en général on réussit à s'en tirer
avec cela.
M. le Président, j'aimerais ajouter une information pour le
bénéfice de la députée de
Maisonneuve. Nous avons, l'an dernier, payé des
déménagements pour 1550 $. Excusez-moi, 1550 personnes. Cela fait
deux fois que je fais la même erreur: 1550...
Mme Harel: Vous ne les voyez qu'en signe de piastre.
M. Bourbeau: ...personnes. C'est la députée de
Maisonneuve qui n'arrête pas de me parler d'argent depuis le
début. Nous payons, évidemment, les factures qui nous sont
soumises, jusqu'à concurrence de 200 $. Or, chose surprenante, nous
avons payé 272 051 $, ce qui fait une moyenne de 175,51 $ par
déménagement. C'est le coût moyen des
déménagements, enfin, de ceux qu'on nous a soumis. Je
présume que 200 $ doivent être suffisants, puisque les gens ne
dépensent même pas cette somme dans les
déménagements.
Mme Harel: Je pense que le ministre est un coquin qui n'a pas lu
l'article jusqu'au bout. Parce que l'article ne parle pas seulement de
déménagement, mais aussi de réparation et d'installation
du système de chauffage. Alors, g ne peut diviser le montant par le
nombre de personnes qui ont obtenu 200 $ pour faire la moyenne des
déménagements. Il faudrait distinguer l'installation et la
réparation des systèmes de chauffage des
déménagements.
M. Bourbeau: Mais la députée de Maisonneuve est uns
petite coquine aussi, parce que ce qu'elle ne sait pas, c'est que les chiffres
que je lui al donnés sont uniquement ceux des
déménagements.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Si la députée veut retirer son
"coquin", Je retirerai ma "coquine".
Le Président (M. Bélanger): Est-ce parlementaire?
Ha, ha, ha!
Sur l'artide 33, est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Donc, l'article
33 est étudié. J'appelle l'article 34.
Recouvrement des prestations
Mme Harel: Expliquez-moi donc le deuxième alinéa de
l'artide 34. "Lorsque la famille bénéficie d'une aide
financière versée par l'Office des services de garde à
l'enfance, les frais de garde ne sont remboursés que dans la mesure
où fis excèdent cette aide financière". Est-ce qu'Ss sont
remboursés jusqu'à concurrence de 10 $ par Jour, si le montant
est de 20 $, par exemple?
M. Bourbeau: M. le Président, on va laisser le
sous-ministre, qui est un expert en services de garde, répondre à
la députée. (21 heures)
Le Président (M. Bélanger): Vous le faites cligner
des yeux. M. Pronovost.
M. Bourbeau: Étant donné qu'il a de jeunes enfants,
peut-être que...
M. Pronovost: Ce qu'il faut dire, de façon très
succincte, c'est que l'Office des services de garde à l'enfance a un
programme d'exonération des frais de garde et nous payons ce qu'il en
coûte en sus, chez nos clients, jusqu'à concurrence de 10 $.
M. Bourbeau: Nos bénéficiaires, pas nos
clients!
Mme Harel: Vous êtes incorrigible.
M. Bourbeau: Vous voyez où je prends mes mauvaises
habitudes!
Mme Harel: Je vois.
Le Président (M. Bélanger): Avez-vous d'autres
commentaires sur l'article 34? Il est étudié. J'appelle l'article
35.
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit d'une prestation
spéciale de participation pour l'adulte admis au programme Soutien
financier qui participe à une mesure. C'est un nouvel article.
Mme Harel: Ce montant était déjà
alloué pour les chefs de famille monoparentale de plus de 30 ans qui
participaient aux mesures, c'est bien ça?
M. Bourbeau: Oui. On accorde une prestation...
Mme Harel: Une prestation spéciale.
M. Bourbeau: ...équivalente. Un montant
équivalent.
Mme Harel: Présentement, c'est simplement l'adulte ou la
famille admis au programme Soutien financier. Qu'arrive-t-il à la
famille qui le recevait au titre de famille monoparentale qui participait
à une mesure et qui ne sera pas admissible au programme Soutien
financier? Va-t-elle perdre cette prestation?
M. Bourbeau: Non, elle ne la perdra pas, elle continuera de la
recevoir, mais elle sera dans le programme APTE, évidemment, pas dans le
programme Soutien financier.
Mme Harel: Quel article au programme APTE?
M. Bourbeau: D'ailleurs, dans le programme APTE, ce n'est pas un
besoin spécial, c'est compris dans les barèmes. Elle sera
considérée comme participante, dans le barème des
participants. Dans le barème des participants, il y a 100 $ de plus que
dans celui des non-participants.
Mme Harel: Si on prend le barème de participation,
à l'article 11, pour le programmes APTE, vous voulez dire que, dans ce
barème, il y aurait les 100 $?
M. Bourbeau: Un instant, je vais voir ça. Êtes-vous
de retour à l'article 11?
Mme Harel: Vous venez de me dire qu'il n'y aura plus de 100 $
versés en supplément.
M. Bourbeau: Votre question porte sur la famille
monoparentale...
Mme Harel: C'est-à-dire qu'on voit bien que, dans le
programme Soutien financier, il y aura un supplément de 100 $ pour la
participation à une mesure. Actuellement, il y a un supplément de
100 $ lorsqu'un chef de famille monoparentale participe à une mesure. Je
veux savoir si elle touchera toujours ces 100 $ supplémentaires et je
veux savoir aussi où, dans la réglementation, je trouve un
article qui m'assure que, dans le programme APTE, il y aura 100 $
supplémentaires. Je vous rappelle qu'à notre commission
parlementaire, au mois de décembre, j'avais fait des calculs et le
ministre, informé par ses adjoints, avait constesté mes calculs
à savoir que le montant de participation aux mesures s'ajoutait au
barème de prestations. Faut-il comprendre que le barème de 520 $
pour une personne seule comprend les 100 $ de participation aux mesures qui
sont actuellement ajoutés au barème? Actuellement, une personne
qui touche 507 $ par mois, si elle participe à une mesure, touchera 607
$ par mois. Qu'arrive-t-il?
M. Bourbeau: Dans le programme Soutien financier, le montant de
100 $ est ajouté au barème. Dans le programme APTE, l'incitation
est comprise dans les barèmes, parce qu'on a plusieurs barèmes.
La personne qui passe, par exemple, du barème de non-participation
à celui de participation reçoit automatiquement les 100 $ de
plus, et c'est là l'incitation dont on parle. Ils sont ajoutés au
barème.
Mme Harel: Il n'y aura rien d'autre pour participer à des
mesures?
M. Bourbeau: Non. Justement, l'allocation de participation, ce
sont les 100 $ de plus. On n'arrête pas de dire cela depuis que je suis
là, en tout cas.
Mme Harel: Soyons sérieux, M. le ministre. M. Bourbeau: On
est très sérieux.
Mme Harel: Le barème de disponibilité est de 480
$.
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Celui de non-disponibilité est de 507 $.
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: Et celui de participation à une mesure, avec ce
qu'on connaît des frais qu'on encourt pour participer à une
mesure, peut être de 520 $.
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: C'est exactement 13 $ de plus que pour le
barème de non-disponibilité et exactement 40 $ de plus que pour
le barème de disponibilité.
M. Bourbeau: Mme la députée, depuis le
début, nous disons ceci: Le barème de non-participation, c'est
420 $. SI une personne participe, on lui donne 100 $ de plus. Ces 100 $
comprennent deux montants différents: 60 $, qui constitue une allocation
d'incitation, et 40 $, qui constitue un remboursement de frais de
dépenses. Donc, 60 $ plus 40 $, cela fait 100 $. Ce montant de 100 $ est
la somme qu'on ajoute aux 420 $ pour faire 520 $ qui est le barème de
participation.
Mme Harel: Et il n'y aura pas d'autre allocation.
M. Bourbeau: Non.
Mme Harel: Pas une autre.
M. Bourbeau: Non.
Mme Harel: Ni pour le retour aux études, ni pour le
rattrapage scolaire, ni pour le stage en entreprise, ni pour les travaux
communautaires.
M. Bourbeau: Non. Les 100 $ qui comprennent l'Incitation et les
remboursements de frais, c'est le montant ajouté au barème de
base de non-participation pour une personne seule, bien sûr. SI on parle
d'un couple, c'est plus que 100 $.
Mme Harel: Prenons le cas d'une chef de famille monoparentale
qui, au moment où l'on se parle, participe à des travaux
communautaires. Elle reçoit le barème de base de 689 $ pour un
adulte et un enfant. Elle ajoute 100 $ pour la participation à une
mesure, ce qui lui fait 789 $. Et elle obtient 100 $ de l'employeur ou de
rétablissement qui a obtenu les travaux communautaires, ce qui lui fait
889 $. C'est bien cela?
M. Bourbeau: Je m'excuse, ce ne sera pas long. S'il s'agit d'une
personne qui travaille dans le cadre d'un stage en entreprise, par exemple -
c'est cela? - dans le régime actuel, elle reçoit 689 $ plus 100 $
pour besoins spéciaux, ce qui fait 789 $.
Mme Harel: Plus 100 $ de l'entreprise.
M. Bourbeau: Plus 100 $ d'allocation du promoteur, si le
promoteur paie 100 $. Cela fait 889 $. Dans le nouveau régime, die aura
720 $. Et, si le promoteur paie 100 $, cela fera 820 $, mais il y a 20 $ qui
vont excéder ses revenus de travail. Donc, il va lui rester 800 $.
Mme Harel: Vous dites: Si le promoteur lui paie 100 $. Ce ne sera
pas automatique dans le cadre du programme de stage en entreprise? N'y
aura-t-il pas une allocation que le promoteur devra fournir
automatiquement?
M. Bourbeau: Oui, je le pense bien. On n'a pas fait de changement
à cda.
Mme Harel: À ce moment-là, quelle est l'incitation
à participer? 720 $ plus 100 $, cela fait 820 $ et vous dites qu'il y a
un montant de 20 $ qui dépasse sa "trappe" de pauvreté que vous
allez lui enlever pour qu'elle garde 800 $.
M. Bourbeau: L'incitation...
Mme Harel: Si elle restait chez elle, elle fait 80 $...
M. Bourbeau: Si elle reste chez elle, elle aurait 720 $.
Mme Harel: C'est cela, 80 $ de moins par mois. Mais des frais de
déplacement et des frais occasionnés par le travail...
M. Bourbeau: Je m'excuse. Si elle restait chez elle, elle aurait
620 $ parce qu'elle serait non participante.
Mme Harel: Sauf si elle est non disponible. Si elle est chef de
famille monoparentale, elle risque d'être considérée comme
non disponible.
M. Bourbeau: Alors, une famille monoparentale, avec un enfant,
qui ne participe pas reçoit 620 $. Si elle participait, elle recevrait
720 $, soit 100 $ de plus pour la participation. À cela s'ajouteraient
80 $ pour le stage en milieu de travail, ce qui fait 800 $.
Mme Harel: Et si elle est non disponible, ce sera 690 $?
M. Bourbeau: Si elle est non disponible, elle ne participe pas.
Elle ne peut pas être non
disponible et participer en même temps. Ce sont des choses qui
s'excluent.
Mme Harel: II y avait actuellement un bon nombre de femmes chefs
de famille monoparentale qui avaient décidé de se rendre
disponibles même si les enfants avaient moins de six ans...
M. Bourbeau: Oui, oui, je comprends.
Mme Harel: ...mais qui, voyant les faits nouveaux, vont
préférer choisir la catégorie non disponible.
M. Bourbeau: Je ne peux rien y faire. Elles ne peuvent être
à la fois disponibles et non disponibles. C'est comme une porte. Elle ne
peut être à la fois fermée et ouverte.
Mme Harel: Pour les travaux communautaires, il y avait aussi 100
$ de besoins spéciaux et 100 $ de l'établissement. Comment est-ce
que ça va se présenter pour les travaux communautaires? Il y
avait 100 $ de besoins spéciaux et 100 $ de l'établissement, qui
étaient alloués par le CRSSS.
M. Bourbeau: Dans le cas des travaux communautaires, on n'exigera
pas du promoteur qu'il paye 100 $ d'allocation.
Mme Harel: Et le seul barème qu'il y aura, ce seront les
520 $ - point - pour les travaux communautaires?
M. Bourbeau: Ce sont les 100 $ d'allocation qu'on ajoute...
Mme Harel: Oui, mais c'est fictif, M. le ministre.
M. Bourbeau: ...pour une personne seule.
Mme Harel: Pour une personne seule, au moment où on se
parle, il y a 507 $.
M. Bourbeau: Si elle est non disponible.
Mme Harel: Non. Au moment où on se parle...
M. Bourbeau: Oui, mais...
Mme Harel: ...pour une personne seule...
M. Bourbeau: ...c'est à cause des droits acquis.
Mme Harel:...ll y a 507 $.
M. Bourbeau: C'est un barème qui est temporaire.
Mme Harel: Temporaire...
M. Bourbeau: Temporaire, bien oui.
Mme Harel: Là vous allez lui dire qu'il y a une grosse
incitation parce que, s'il fait des travaux communautaires, il va avoir 520
$.
M. Bourbeau: Oui, mais, écoutez, la
députée...
Mme Harel: II n'y a aucune compensation pour ses frais...
M. Bourbeau: ...parle de l'année de transition. Dès
la fin de l'année de transition, on passe au nouveau barème qui
est de 420 $ dans le cas de la non-participation; plus 100 $ pour la
participation, cela fait 520 $. Cela, c'est pour la personne seule. C'est
ça. Les 100 $ sont là. C'est ça, la réforme.
Mme Harel: À la baisse.
M. Bourbeau: Pas à la baisse. 520 $, ce n'est pas à
la baisse. C'est à la hausse.
Mme Harel: À la hausse de 13 $? Avec des frais
occasionnés... M. le ministre, pensez un peu à ce que c'est -
vous-même, vous avez des frais pour vous déplacer - à tous
ces frais qui sont occasionnés par le fait qu'une personne va effectuer
20 heures de travail par semaine. Bon, on continue.
Le Président (M. Leclerc): Bien, est-ce que
l'article...
Mme Harel: II faut continuer. J'en apprends à chaque
article.
Le Président (M. Leclerc): Bien. Nous passons à
l'article 36.
M. Bourbeau: Cela fait longtemps qu'on en parle, pourtant. Il n'y
a rien de nouveau là-dedans.
Mme Harel: Non. Cela n'a jamais été dit aussi
clairement. Même, je vais retrouver les galées de décembre
dernier où vous railliez mes exemples en disant que cela allait
s'ajouter à la prestation. Je vais vous les retrouver. C'est votre
conseiller qui avait mis en doute les exemples que j'apportais en
prétendant que le besoin spécial allait s'ajouter au
barème.
M. Bourbeau: Le besoin spécial s'ajoute au barème
pour le soutien financier. Il n'a jamais été question qu'il soit
ajouté au barème pour le programme APTE.
Mme Harel: Écoutez, c'est le contraire. Au soutien
financier, pourquoi participeraient-ils à des mesures?
M. Bourbeau: Cela peut arriver.
Mme Harel: Ils sont considérés comme ayant une
santé physique ou mentale altérée de façon
significative et permanente.
M. Bourbeau: Mais cela peut arriver que le besoin
financier...
Mme Harel: C'est pour cela que vous leur donnez 100 $. Vous savez
que ça va arriver dans si psu de cas que ça ne vous coûtera
rien. On continue.
Le Président (M. Leclerc): Bien. Nous sommes rendus
à l'article 36. (21 il 15)
M. Bourbeau: Cela fait longtemps qu'on a rendu publics ces
barèmes-là. La députée semble tomber des nues.
Où est-ce qu'elle était? Elle dormait?
A l'article 36, M. le Président, c'est clair, il s'agit d'une
prestation spéciale pour frais d'études. Ce sont les frais
réels de scolarité et de matériel didactique. Il s'agit
d'un maximum de 500 $ par année, mais, si c'est pour des études
collégiales ou universitaires, il n'y a aucuns limite. Ces études
doivent être prévues au plan d'action.
Mme Harel: La semaine passée, j'ai eu des
représentations d'étudiants en restauration qui participent
à un programme de formation sur mesure, je crois, ils ont beaucoup de
difficulté à se faire rembourser, pour une année
complète de scolarité, plus qu'une paire de souliers et une seule
blouse blanche. Ce sont, pourtant, des tenues obligatoires exigées des
étudiants. Au même titre que, dans d'autres domaines on va exiger
un dictionnaire, dans le domaine de la restauration, on exige ces
tenues-là.
Je le signalerai au ministre demain - je crois que c'est dans la
région de Saint-Jean que c'est survenu - pour qu'il puisse veiller
à ce que l'agent du centre Travail-Québec donne suite aux
demandes du milieu enseignant lui-même quant au remboursement des
dépenses. Les frais de matériel comprennent-ils seulement le
matériel didactique? Est-ce que cela comprend les frais encourus pour
l'apprentissage des métiers?
M. Bourbeau: On me dit que, s'il s'agit d'un matériel
obligatoire et déclaré comme tel par l'institution, on va en
rembourser les coûts dans la mesure où ce matériel est
déclaré obligatoire par l'institution.
Mme Harel: Donc, ce n'est pas simplement de matériel
didactique...
M. Bourbeau: Non, ce n'est pas simplement du matériel
didactique.
Mme Harel: ...comme on peut le lire au deuxième
paragraphe?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: Juste une question. Pouvez-nous nous dire combien
de cas ont bénéficié de cet article? Une deuxième
question, M. le Président: Quand ce montant de 500 $ a-t-il
été modifié?
M. Bourbeau: Selon les régies de l'article 36, on me donne
comme coût... La clientèle serait de 26 140 personnes et le
coût l'an dernier a été de 2 433 999 $.
MmeHarel:2 400 000 $? M. Bourbeau: 2 434 000 $.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laporte.
M. Laporte: De Sainte-Marie. Desvoix: Ha, ha, ha!
Le Préskient (M. Bélanger): Je l'ai dit avec
tellement d'assurance. Excusez-moi. M. le député de
Sainte-Marie.
M. Laporte: C'est un peu par le biais de cette
réglementation qu'on en arrive au principe de la loi voulant que tout
cours qui peut acheminer vers un emploi mérite, je pense bien,
d'être considéré. Il y a plusieurs organismes, en tant que
tels, qui offrent des cours de courte durée. Ils ne sont pas
nécessairement reconnus par le ministère de l'Éducation
dans un réseau officiel, mais ils dispensent des cours, que ce soit dans
la restauration, comme préposés aux bénéficiaires
ou au niveau de l'entretien ménager, qui débouchent directement
vers un emploi. Chaque fois, on se retrouve ou on se heurte un peu à la
difficulté - bien que cela s'achemine, pratiquement, vers un emploi dans
90 % des cas - qu'on n'arrive pas à aider les
bénéficiaires à payer une partie des frais qui sont
afférents aux cours qu'ils suivent de ces types d'organismes. Je ne sais
pas si le ministre a discuté de cette question, s'H prévoit une
espèce d'assouplissement pour permettre aux bénéficiaires
de payer les frais des cours qui leur permettent par la suite, au bout de neuf
ou douze semaines, de détenir un emploi. Cela cause de sérieux
problèmes, en tout cas, dans mon secteur.
M. Bourbsau: Je vais demander au sous-ministre de
répondre, si vous le voulez bien, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Pronovost.
M. Pronovost: Généralement, ce que nous
faisons, c'est que nous nous fions beaucoup au ministère de
l'Éducation pour garantir, d'une façon ou d'une autre, le
sérieux des formations qui sont données par les
établissements qui ne relèvent pas directement du
ministère de l'Éducation. On a eu, dans le passé, de
mauvaises expériences avec certaines soi-disant écoles
privées qui avaient plus pour objectif, à nos yeux du moins, de
venir chercher le besoin spécial en question que de former les
bénéficiaires. Généralement on se fie actuellement
sur le ministère de l'Éducation comme tel ou encore sur les
commissions scolaires de la région pour attester de la validité
de la formation qui y est donnée. Quand Je dis qu'on se fie sur les
commissions scolaires, par exemple, dans le cas des organismes volontaires
d'éducation populaire qui donnent des sessions ou des cours
d'alphabétisation, on demande à la commission scolaire d'attester
que le cours sérieux et on va payer à ce moment-là.
Lorsqu'il s'agit d'établissements qui prétendent donner une
formation de type professionnel, on demande au ministère de
l'Éducation de se prononcer. Ce n'est pas toujours facile, toutefois,
parce qu'il existe dans les règlements et pratiques du ministère
de l'Éducation des trous, ce qui fait que certains types
d'établissements sont difficilement couverts. Je touche ici à la
question fort délicate de toutes les écoles qui fonctionnent avec
un permis dit de culture personnelle. On se heurte à ce...
M. Laporte: C'est ce cas particulier que je voulais toucher,
d'ailleurs.
M. Bourbeau: Comme le sous-ministre vient du ministère de
l'Éducation, vous voyez qu'il est parfaitement informé de ce qui
se passe dans ce réseau-là.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions à l'article 36?
Mme Harel: Comme cela, les cours de personnalité que le
ministre a déjà suivis, vous ne les remboursez pas?
M. Bourbeau: Je n'ai pas été remboursé;
c'est pour cela que j'ai arrêté d'en suivre.
Mme Harel: II n'a pas obtenu son diplôme. M. Laporte: C'est
un cours de claquettes. M. Bourbeau: Le résultat est...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 36? Bien. Alors, il est
étudié. J'appelle l'article 37.
Mme Harel: J'ai les mêmes commentaires sur le montant de
200 $ qui m'apparaît bien insuffisant quand on n'a pas un oncle ou un
cousin qui a un camion.
M. Bourbeau: M. le Président, je rappelle à ma
coquine députée de Malsonneuve que les coûts moyens des
déménagements tout à l'heure étaient de 175 $;
donc, on a estimé que 200 $ devaient être suffisants.
Le Président (M. Bélanger): Cela va pour l'article
37? Pas d'autres commentaires. Il est étudié. J'appelle l'article
38. Sur l'article 38, y a-t-il des questions? M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: Oui. Justement, j'ai eu des commentaires dans mon
comté sur le fait que les frais de transport pour chercher un emploi
sont pas mal bas, surtout qu'une carte de transport... Comment dit-on cela?
M. Bourbeau: À l'intérieur de
Notre-Dame-de-Grâce, cela ne doit pas coûter plus que 250 $ pour se
promener d'un bout à l'autre du comté?
M. Thuringer: Non, écoutez. Il faut aller ailleurs, pas
nécessairement chez nous. Il y a beaucoup de chômage et pas mal
trop. Je sais que, si on prend 31 $ par mois pour le transport en commun -
c'est bien évident, M. le Président, qu'on ne cherche pas douze
mois par année un emploi, mais cela peut arriver - sur quoi est-ce
basé?
M. Bourbeau: Écoutez, c'est une prestation qui est
accordée pour rechercher ou postuler un emploi ou pour le retour d'un
prestataire dans son milieu d'origine. Le maximum pour ces deux besoins est de
250 $ par année. Il est possible que, dans certains cas, on puisse
dépenser plus de 250 $ par année, mais on doit prévoir un
montant maximum. A-ton un coût moyen de ça? Je veux regarder ce
qui est dépensé là-dessus. On a un coût moyen de 119
$; c'est ce qu'on a payé l'année dernière, pour 1987-1988.
Cela semble donc suffisant puisqu'on a un coût moyen de 119$ pour
cela.
Mme Harel: M. le Président, je veux mettre le ministre en
garde contre ces moyennes. Il y avait le président du Parti
québécois qui disait toujours qu'il fallait faire attention,
qu'on pouvait se noyer dans une moyenne de trois pieds d'eau. Il pouvait y en
avoir six comme il pouvait y en avoir un. Tantôt, quand il me donnait le
coût moyen des déménagements, mon collègue m'a fait
remarquer qu'il serait vraiment difficile que ce soit un coût plus
élevé puisque les déménagements de 400 $, de toute
façon, ne donneront lieu qu'à des remboursements de 200 $. Jamais
des remboursements plus importants ne viendront équilibrer ceux qui
coûtent moins cher; la moyenne ne peut pas monter nécessairement
parce que c'est plafonné à 200 $.
Cela vaut aussi pour les frais de transport. C'est jusqu'à
concurrence de... Alors, il est possible que les sommes impliquées
jusqu'à
maintenant ne soient pas réellement conformes à ce que
cela va coûter parce qu'il n'y avait pas de plan d'action qui obligeait
les personnes à se déplacer. Là, n'oubliez pas que le plan
d'action n'est pas sujet à révision et qu'à défaut
d'obtempérer il y a une réduction de 100 $ par mois de
prévue. Je pense bien qu'il y a des gens qui vont se mettre sur la route
et qui vont devoir, un peu comme les prestataires d'assurance-chômage,
multiplier les preuves de refus des employeurs pour pouvoir se conformer aux
directives de l'agent qui va leur demander d'aller chercher un certain nombre
de confirmations de démarches d'emploi.
M. Bourbeau: La députée a certainement raison en
disant qu'il faut faire attention avec ces moyennes, mais il reste qu'ici on
est très loin du montant maximum. On a une moyenne qui a
été payée, en tous les cas, de 119 $. Il est possible
qu'il y ait plusieurs cas au-delà de 250 $, mais la moyenne ne se situe
même pas à 50 % du montant maximum prévu. Donc, on peut
penser que, pour une fois, on a une vraie moyenne, une moyenne qui n'est pas
loin de la vraie moyenne.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: Je suis bien conscient de ne pas
nécessairement faire augmenter la moyenne mais est-ce que le ministre
n'a pas, surtout si on cherche un emploi, un peu de discrétion dans des
cas où on pourrait dépasser ce montant-là? (21 h 30)
Mme Harel: On va lui donner 119 $ pour l'année et on va
lui dire: Trouvez-vous une job!
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux rien ajouter
d'autre, sauf que, même si le député de
Notre-Dame-de-Grâce a un de ses électeurs qui cherche un emploi
pendant huit mois, on va pouvoir lui rembourser huit mois de laissez-passer
mensuel. Si un de ses électeurs se promène tous les jours en
métro, va voir un ou deux employeurs chaque jour et qu'il n'a pas
trouvé d'emploi au bout de huit mois, je pense qu'il méritera de
prendre quatre mois de repos et on le reverra l'année suivante.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur l'article 38? L'étude de l'article 38
étant terminée, j'appelle l'article 39.
M. Bourbeau: II s'agit d'un statu quo, M. le Président. On
parle ici d'une prestation spéciale pour les frais de scolarité.
Ces montants ont été indexés de façon importante au
cours de l'année 1988. Maintenant, on rembourse 93 $, au mois
d'août, par enfant à charge mineur, étudiant au secondaire,
pour les frais de scolarité, et 46 $ par enfant à charge au
primaire. Le nombre de prestataires à 46 $, pour la maternelle et le
primaire, est de 61 193. Cela a coûté 2 814 878 $. En ce qui
concerne le secondaire, à raison de 93 $ par personne, nous avons
remboursé, pour 41 878 enfants, un total de 3 894 654 $. Je suis
sûr que la députée doit être parfaitement
satisfaite.
Mme Harel: Combien d'enfants, aux niveaux maternel et
primaire?
M. Bourbeau: 61 193 enfants, et, au secondaire, 41 878 enfants.
Le montant était précédemment de 35 $ par enfant.
Une voix: C'était nettement insuffisant.
M. Bourbeau: C'est d'ailleurs un des premiers gestes que j'ai
posés en arrivant au ministère au mois d'août dernier.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 39? L'article 39 est donc
étudié. J'appelle l'article 40.
Mme Harel: Alors, M. le Président, il y a nettement une
difficulté qui se présente à l'article 40. L'article se
lit comme suit: "40. Une prestation spéciale mensuelle de 100 $ est
accordée à une femme réfugiée dans une maison
d'hébergement pour femmes en difficulté à compter du mois
qui suit celui de son admission. "Une prestation spéciale,
établie en proportion du nombre de jours qui restent à courir
dans le mois au jour de la demande par rapport au nombre total de jours de ce
mois, est aussi accordée pour le mois de l'admission."
Je vous réfère aux commentaires qu'en faisait la
Commission des services juridiques dans son avis. Elle disait ceci: "Nous
estimons que l'allocation spéciale de 100 $ par mois à la femme
réfugiée dans une maison d'hébergement devrait être
accordée intégralement dès le mois de son admission. En
effet, le contexte émotif et financier dans lequel se retrouve une femme
réfugiée justifie difficilement le morcellement de l'allocation
pour le mois de l'admission."
Je voudrais juste faire valoir au ministre que, dans la
réalité, après avoir vérifié auprès
du centre des maisons d'hébergement, les femmes ne recevront pas...
Actuellement, elles restent en hébergement, en moyenne, 15 jours. La
prestation leur est actuellement versée dès que la demande est
effectuée, dans le mois même, sans que, de façon mesquine,
on commence à calculer les fractions du nombre de jours.
Une voix:...
Mme Harel: Présentement?
M. Bourbeau: M. le Président, Je ne sais pas
si on observe la Id dans le contexte actuel, mais la
réglementation actuelle stipule ceci, à l'article 33.1,
deuxième paragraphe: Toutefois, pour le mois de la demande, ce montant
est établi en proportion du nombre de jours qui restent à courir
dans le mois au jours de la demande par rapport au nombre total de jours dans
ce mois'. Donc, on ne fait que reconduire ce prorata dans le texte de l'article
40.
Mme Harel: Mais en plus de ça on va calculer la
réduction pour le partage du logement ou le test de logement. J'aimerais
bien savoir ceci: Est-ce que l'application de l'article 40 va se faire en
combinaison avec les autres dispositions?
M. Bourbeau: M. le Président, on va vérifier
certaines choses. Je ne pense pas que cela crée des problèmes,
mais on va vérifier. J'aimerais quand même signaler qu'il y a ici
une augmentation de 17 % dans les barèmes. Pour ce qui est de
l'application possible du partage du logement, je ne crois pas que cela
s'applique, mais on va faire des vérifications et je donnerai la
réponse à la députée un peu plus tard.
Le Président (M. Bélanger): Alors, une autre
question?
Mme Harel: Oui, avant de suspendre. Dans la
réalité, actuellement, on me dit que, pour ce qui est des maisons
d'hébergement, les agents versent la prestation indépendamment du
jour où la femme est entrée à la maison.
C'est-à-dire que, dans la pratique, on me dit que, présentement,
on ne fractionne pas le nombre de jours selon la date de la demande. Est-il
exact que, présentement, on verse le montant de 85 $ - l'allocation est
présentement de 85 $, mais elle va être augmentée de 15 $ -
donc, on me dit et on m'affirme que, dans les maisons d'hébergement, on
verse, actuellement, intégralement les montants sans tenir compte de la
date de la demande, est-ce exact?
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment, si la
députée a des cas précis à porter à notre
attention, qu'elle le fasse; on va vérifier. Mais les instructions et
les directives sont de suivre la loi et la réglementation et on serait
très surpris, de ce côté-ci de la table, que le agents
d'aide sociale ne respectent pas la loi, la réglementation. Ce n'est pas
dans leurs habitudes de procéder ainsi, et ils n'auraient pas le droit
de le faire de toute façon.
Mme Harel: Combien y a-t-il de bénéficiaires qui
ont reçu l'allocation de 85 $?
M. Bourbeau: II y en a eu 786 l'an dernier.
Mme Harel: Pour un montant total de combien?
M. Bourbeau: Le montant déboursé a
été, à raison de 85 $ par mois, au prorata du nombre de
jours dans le mois, de 79 842 $, mais ça peut être pour plus d'un
mois.
Mme Harel: Donc, la vérification à faire c'est de
s'assurer que la prestation spéciale ne vienne pas tout simplement se
substituer à une réduction pour le partage du logement.
M. Bourbeau: On va faire des vérifications
là-dessus. On a des gens qui s'affairent à ça.
Le Président (M. Bélanger): On suspend
l'étude de l'article 40, c'est bien ça? J'appelle l'article
41.
M. Bourbeau: II s'agit, M. le Président, de la prestation
spéciale de 175 $ par mois pour aider un adulte seul
hébergé à couvrir les frais de son logement durant les
trois premiers mois de son hébergement, puisqu'il cesse d'être
admissible au programme d'aide de dernier recours. Le montant de 150 $ passe,
comme je viens de l'indiquer, à 175 $ par mois, pendant trois mois.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires?
Mme Harel: Ce sont les mêmes remarques que celles qui ont
été faites au moment où nous avons examiné la
disposition relative aux adultes hébergés, à l'article 7,
je crois.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
Mme Harel: Pourquoi avoir reproduit ici, à l'article 41...
En quoi l'article 41 ajoute-t-il quelque chose à l'article 7? Non,
l'article 7 ne parle pas du paiement d'un loyer, c'est l'article 12,
excusez-moi. Non plus. À quel article avons-nous examiné de plus
près toutes ces questions relatives au paiement du loyer?
Le Président (M. Bélanger): C'était bien
à l'article 7.
Mme Harel: C'était bien à l'article 7?
Le Président (M. Bélanger): Pour autant que je me
rappelle, mais je ne voudrais pas...
M. Bourbeau: C'était à l'article 3.
Mme Harel: Ah ouil Cela veut donc dire que l'article 41
s'appliquera à toutes les catégories de
bénéficiaires: Soutien financier, APTE, indistinctement.
M. Bourbeau: Effectivement, oui.
Mme Harel: Et la distinction, la caractéristique, c'est le
mot "hébergé".
M. Bourbeau: C'est ça: "un adulte seul
hébergé".
Mme Harel: Les mêmes remarques qu'on a faites un peu plus
tôt valent également.
Le Président (M. Bélanger): L'article 41 est
étudié. J'appelle l'article 42.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est avec beaucoup de
bonheur que Je le dis, il s'agit de la prestation spéciale d'aide au
logement accordée aux familles avec enfants mineurs. La prestation n'est
pas versée à la famille dont le logement est déjà
subventionné. C'est une prestation nouvelle, de droit nouveau. Dans
l'article même, on a les barèmes, le coût minimum et le
coût maximum, le plancher et le plafond. L'Allocation-logement - parce
que c'est l'AlIocation-logement dont II s'agit - va varier entre le plancher et
le plafond à raison de 75 % de l'excédent des frais de logement,
à partir du coût minimum, évidemment.
Le Président (M. Bélanger): D'autres questions,
d'autres commentaires à l'article 42?
Mme Harel: Oui, M. le Président. Le Front d'action
populaire en réaménagement urbain, bien connu sous l'appellation
de FRAPRU...
M. Bourbeau: Mes anciens amis. (21 il 45)
Mme Harel: ...que le ministre connaît bien, a
préparé à l'Intention des groupes de logement de
Montréal quelques exemples de ce que donne l'AIIocation-logement pour
une famille monoparentale, avec un enfant, qui paierait 350 $ de loyer par
mois. L'Allocation-logement disponible serait de 32 $ par mois.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on a compris là-dedans les frais
d'électricité et les frais de taxes locatives, etc., ou seulement
le loyer de base?
Mme Harel: Je pense que c'est seulement le loyer de base.
M. Bourbeau: Cela ne me surprend pas de la part du FRAPRU; il a
probablement encore mal lu le règlement.
Mme Harel: Mais cela reste relativement assez
élevé, à 1 % près. La démonstration suivante
reste elle aussi assez éloquente. En date du 1er août 1990...
parce que, l'AIIocation-logement, le ministre y tient tellement qu'elle ne sera
pas en vigueur avant 1990. C'est bien ça?
M. Bourbeau: A compter du 1er janvier 1990.
Mme Harel: Alors, en date du 1er août, si l'on retient le
barème du 1er août une fois les périodes de transition
terminées, la prestation d'aide sociale pourrait être ds 620 $
pour une famille monoparentale avec un enfant. Donc, le pourcentage
consacré au logement, une fois l'Allocatlon-logoment du ministre
utilisée, sera de 51 %. Le loyer étant de 350 $, l'allocation
sera de 32 $. Le solde est donc de 318 $. 318 $ sur 620 $ de prestation, cela
donne un pourcentage moyen de revenu consacré au logement de 51 %.
M. Bourbeau: C'est pour une famille de combien d'enfants?
Mme Harel: Un.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée a compté
là-dedans les allocations familiales et les allocations pour jeunes
enfants? Parce que, quand on parle du taux d'effort en logement, c'est le
coût du loyer par rapport au revenu du ménage. Alors, quand on
parie du revenu du ménage, il faut ajouter les allocations familiales
à la prestation d'aide sociale.
Mme Harel: Écoutez, le ministre lui-même a
publié un communiqué pour dire que, dans les revenus, il ne
fallait surtout pas considérer les allocations de naissance ni les
allocations pour jeunes enfants.
M. Bourbeau: Mais là, on parle du taux d'effort. On ne
parle pas de la même chose. On parle du taux d'effort, ce qui veut dire
le montant d'argent dépensé pour se loger par rapport au revenu
total du ménage. Je ne suis absolument pas étonné, voyant
les chiffres... Je n'en tiens pas rigueur à la députée qui
n'est peut-être pas une experte en logement, mais au FRAPRU, soi-disant
expert en logement. Je ne suis d'ailleurs absolument pas étonné
qu'il ait des chiffres tout croches. C'est normal. Je dirai simplement ceci
à la députée de Maisonneuve: on peut trouver que ce n'est
pas suffisant, mais le gouvernement va dépenser, au cours de la
première année, 19 690 826 $ pour l'Allocation-logement, à
l'aide sociale. Cela affectera 45 419 ménages. Il faudra ajouter
à ça les quelque 6000 ou 7000 ménages de travailleurs
à faible revenu qui ne bénéficient pas de l'aide sociale,
ce qui devrait porter à tout près de 24 000 000 $ ou 25 000 000 $
le coût de l'AIIocation-logement, pour le gouvernement. Je pense que
c'est un effort significatif en matière de logement. On devrait, je
pense, nous en rendre hommages.
Mme Harel: M. le Président, si le ministre le permet, on
va attendre qu'il dépense l'argent avant de le féliciter, parce
que, si les chiffres qu'il annonce sont les mêmes que ceux que son
collègue aux Finances a annoncés à l'égard du
programme APPORT, il me permettra d'attendre que la vitesse de croisière
soit bien atteinte avant d'applaudir, puisque les 45 000 ménages
correspondent aux 44 000 bénéficiaires que le
ministre des Finances annonçait dans le programme APPORT. En ce
qui concerne 24 000 000 $, Je vais attendre de voir combien là-dessus
seront périmés avant de le remercier. J'aimerais savoir du
ministre...
M. Bourbeau: Je ne demande pas à la députée
de me remercier...
Mme Harel: ...puisqu'il est tellement bien pourvu...
M. Bourbeau: ...parce que je ne pense pas qu'elle en profitera
elle-même.
Mme Harel: ...en chiffres, à combien, au ministère,
on évalue les économies réalisées avec le partage
du logement.
M. Bourbeau: Écoutez, je n'ai pas ces chiffres-là
ici. Vraiment, ce sont des questions qui nous arrivent... Je ne saurais pas y
répondre présentement.
Mme Harel: Évidemment. Deuxième question, è
combien évalue-t-on les économies réalisées avec le
test du logement à 125 $, en deçà duquel il y a une
réduction...
M. Bourbeau: La députée sait que... Mme Harel:
...de prestation?
M. Bourbeau: ...le test du logement existe déjà
dans la...
Mme Harel: Pour 85 $. Mais entre 125 $ et 85 $, il y a une
différence de 40 $.
M. Bourbeau: Je ne crois pas qu'on ait ces chiffres-là
ici. On ne s'attendait pas à des questions semblables parce que ce n'est
pas tout à fait... C'est indirectement dans le règlement. On
regardera ça et on fera le nécessaire pour tenter de satisfaire
la députée.
Mme Harel: C'est donc dire que le ministre maintient exactement
les mêmes barèmes d'AIlocation-logement qu'en novembre
dernier?
M. Bourbeau: Oui, c'est sûr. Pourquoi? Est-ce que vous
voulez qu'on les baisse?
Mme Harel: Attendez.
M. Bourbeau: J'aimerais seulement souligner que la
députée de Maisonneuve, d'après ce qu'on me dit, aurait
annoncé en conférence de presse que nous avions baissé les
barèmes de l'AIIocation-logement. Je comprends donc la question qu'elle
vient de poser, si c'est ce qu'elle a dit. Je n'ai pas eu l'honneur
d'être invité à sa conférence de presse, mais, si
c'est ce qu'elle a dit, M. le Président, c'est une autre parmi les
nombreuses faussetés qui ont été avancées et il me
fait plaisir de confirmer que les barèmes demeurent les mêmes que
ceux qui avaient été annoncés en novembre dernier.
Mme Harel: Non, M. le Président, je ne pense pas avoir eu
l'occasion... Mais d'autres que moi ont pu Ie dire au ministre. J'en suis
toujours à attendre les modifications que le ministre va apporter au
tableau, d'après les exemples ou les illustrations que j'ai
apportés à l'ouverture de notre commission ce matin. Si le
ministre juge qu'il est d'intérêt public de le modifier, je suis
tout à fait intéressée à connaître les
prétendues modifications qu'il voudrait y apporter.
M. Bourbeau: J'aurai une réponse à donner à
la députée à ce sujet dans quelques minutes, du moins je
l'espère.
On est toujours là, M. le Président, pour aider la
députée de Maisonneuve à se retrouver dans ses
chiffres.
Mme Harel: Évidemment, M. le ministre...
Le Président (M. Bélanger): Voulez-vous qu'on
suspende les travaux quelques instants?
Mme Harel: Non, pas du tout. Le Président (M.
Bélanger): Non?
Mme Harel: Non. Je pense bien que le ministre a suspendu plus
souvent que moi pour essayer de se retrouver dans les siens.
M. Bourbeau: C'est parce que la députée de
Maisonneuve pose des questions tellement compliquées, M. le
Président, qu'a faut parfois se mettre à cinq pour s'y retrouver,
pour comprendre la question, d'abord, et trouver les réponses
ensuite.
Mme Harel: Pour la prestation, à l'article 42, on parle
d'un coût minimum et d'un coût maximum: un coût minimum de
307 $ et un coût maximum de 370 $. C'est donc dire que, pour un adulte et
un enfant ou pour deux adultes - le nombre de personnes de la famille qu'on
retrouve à la colonne de gauche - les allocations de logement ne sont
possibles qu'à l'intérieur de ce barème de 307 $à
370 $.
M. Bourbeau: Je vous signale qu'il faut que ce soit une famille.
Donc, un couple sans enfant n'est pas admissible.
Mme Harel: C'est juste.
M. Bourbeau: Ce serait une personne seule avec un enfant.
Mme Harel: Dans le tableau que le ministre a remis en
conférence de presse, le 22 novembre
dernier, on parle d'un coût minimum de logement de 300
$à500 $.
M. Bourbeau: Non. C'étaient des exemples...Est-ce que la
députée pourrait me passer le document? M. le Président,
cela n'énonçait pas les... c'est-à-dire que c'était
effectivement le prix du logement payé. Si vous prenez le logement de
500 $ par mois, vous noterez qu'il y a un plafonnement ici. À partir de
400 $, il y a un plafonnement, justement parce qu'on arrête de rembourser
à partir de 406 $, par exemple. À un moment donné, il y a
un plafonnement ici. L'exemple des prix du logement se référait
à des gens qui auraient des logements plus chers que notre maximum. Cela
Indique le plafonnement, justement.
Mme Harel: Le ministre a raison de se référer
à des logements plus chers, parce que le plafonnement de
l'Allocation-logement est relativement bas en comparaison avec le coût
réel. Pour la présente année, j'avais les coûts de
logement par région, au Québec; on voit que c'est
supérieur. Pour la région du Montréal
métropolitain, le coût de logement, pour deux chambres à
coucher, sefon les chiffres de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement, est de 532 $, le loyer moyen. Dans la
région du Québec métropolitain, c'est de 475 $. On voit
que le plafonnement se fait, au maximum, à 406 $ pour le loyer, y
compris les frais d'électricité et de chauffage. Les 406 $
comprennent l'ensemble des frais. Donc, l'Allocation-logement est en
deçà des coûts réels de logement. À ce
titre-là, le FRAPRU a donc raison de rappeler que c'est entre 40
à 50 % du revenu qui sera encore consacré au logement,
malgré l'Allocation-logement.
M. Bourbeau: M. le Président, Je ne prétends pas
que nous régions tous les problèmes de logement. C'est
évident qu'il y a des problèmes de logement, surtout dans les
centres urbains et surtout à l'égard des familles monoparentales.
C'est ce que nous avons constaté. L'effort que nous faisons pour tenter
de pallier aux problèmes du logement ne prétend pas régler
tous les problèmes, mais apporter un début
d'éléments de solution aux problèmes de logement. Je dirai
simplement à la députée de Maisonneuve que, même si
j'ai bien conscience qu'on ne règle pas tous les problèmes de
logement, on injecte quand même tout près de 25 000 000 $ pour une
clientèle qui est certainement celle qui consacre le plus d'argent pour
se loger, qui est tout à fait démunie, et que je suis très
satisfait et très content de voir que les bénéficiaires de
ce programme-là seront, en premier lieu, les familles monoparentales
dirigées par des femmes surtout. C'est la clientèle qui,
probablement, est celle qu'on souhaite aider en premier lieu et c'est un pas en
avant significatif. Ce n'est pas la solution définitive mais c'est un
pas significatif et possiblement que, dans l'avenir, on pourra continuer sur
cette lancée.
Mme Harel: Avant de terminer, M. le Président, j'aimerais
peut-être qu'on examine le commentaire de la Commission des services
juridiques. À l'article 42, la commission dit: "Le deuxième
alinéa nous Indique que la prestation spéciale pour le logement
est égale à 75 % de l'excédent des frais de logement. Afin
que le but de cette disposition soit respecté, nous croyons qu'il serait
opportun de prévoir que la prestation soit égale à 75 % de
l'excédent des frais reste de logement, afin d'éviter toute
référence à l'article 5 de la réglementation qui
définit déjà les frais de logement dans un tout autre
contexte et qui limite considérablement les montants accordés
pour le chauffage et l'électricité."
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a une
réponse à la question?
M. Bourbeau: M. le Président, chose certaine c'est que,
dans le montant, c'est le coût réel du loyer payé, selon le
bail. Pour ce qui est des taxes locatives, cela va être le montant
réel de taxes locatives payé. Pour ce qui est de
l'électricité, parce que c'est l'autre montant dont on parle, il
y a un montant forfaitaire de 25 $ par mois qui est indiqué à
l'article 5. S'il y a des frais de chauffage, il y a un montant de 30 $ qui est
également prévu à l'article 5. Pardon, c'est 20 $ pour
l'électricité et 30 $ pour le chauffage.
Mme Harel: Là, vous allez vraiment avoir
intérêt à clarifier la rédaction, parce que, comme
les clauses s'interprètent les unes par rapport aux autres, l'article 5
dit que les frais de logement mensuels sont ceux qui sont définis aux
paragraphes 1°, 2° et autres alinéas.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous voulez
continuer quelques instants pour terminer?
Mme Harel: Est-ce que le ministre est conscient qu'il va falloir
mieux rédiger cette disposition?
M. Bourbeau: M. le Président, puisque la
députée met en doute la justesse de notre rédaction, nous
allons la regarder attentivement pour voir dans quelle mesure elle pourrait
être améliorée. Si elle peut être
améliorée, on va certainement le faire, sinon, on en fera
état demain.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
la commission ajourne ses travaux à demain, 10 heures, dans la
même salle.
(Fin de la séance à 22 h 1)