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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais à chacun de prendre sa place, afin que
la commission des affaires sociales procède à une consultation
générale et à des auditions publiques, afin
d'étudier l'Énoncé de politique sur les services de garde
à l'enfance", déposé à l'Assemblée nationale
le 24 novembre 1988.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Joly
(Fabre) sera remplacé par M. Forget (Prévost) et M. Leclerc
(Taschereau) sera remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert).
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, y aura-t-il des remplacements de votre
côté?
Mme Harol: Possiblement, M. Boulerice de Saint-Jacques viendra
nous rejoindre à la place de M. Biais.
Le Président (M. Bélanger): Peut-on le mettre
à la place de M. Blais?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. Boulerice
(Saint-Jacques) remplacera M. Biais (Terrebonne). Alors, est-ce tout pour les
remplacements? Bien. Il n'y a pas d'autres remarques? Non?
J'appelle donc notre premier groupe à la table qui est
l'Association des femmes collaboratrices, représentée par Mme
Yolande Bédard, qui en est la présidente, et Mme Micheline
Charest, la conseillère.
Vous avez 20 minutes ferme pour présenter votre mémoire et
40 minutes de discussions avec la commission. Je vous préviendrai
lorsqu'il restera à peu près deux minutes, histoire de vous aider
à faire la conclusion. Chaque fois que vous aurez à prendre la
parole, si vous voulez bien vous identifier, ceci pour le Journal des
débats; eux, ne vous connaissant pas, ne reconnaîtront pas vos
voix et la transcription sera moins fidèle.
Alors, je vous prierais d'identifier votre porte-parole, puis de
présenter l'équipe et votre mémoire. Je vous remercie.
Association des femmes collaboratrices
Mme Bédard (Yolande): Merci, M. le Président. Mon
nom est Yolande Bédard. Je suis accompagnée de Mme Micheline
Charest, à ma droite, conseillère à l'association et,
à ma gauche, de Mme Lucie Raîche, notre directrice
générale à l'association.
Avant de présenter notre mémoire, j'aurais voulu vous dire
quelques mots sur l'association au cas où quelqu'un ne la
connaîtrait pas encore, étant donné qu'il s'agit d'une
association de femmes qui regroupe celles qui travaillent dans des entreprises
familiales. Il y a trois secteurs dont on parle toujours: ce sont les secteurs
professionnel, agricole et de la petite et moyenne entreprise. Alors, le
mémoire que nous présentons ce matin ne veut pas couvrir les
problèmes de garderies de l'ensemble des femmes du Québec, mais
de l'ensemble des collaboratrices. C'est différent en ce sens que, chez
nous, la plupart du temps, les femmes travaillent dans des entreprises et que
leur entreprise est souvent à proximité des lieux de leur
habitation.
Très souvent, c'est dans les campagnes, milieux ruraux et autres,
ce qui fait que l'on a toujours d'énormes difficultés à
trouver des endroits pour faire garder les enfants. Très souvent, les
gens ont réglé le problème en gardant leurs enfants
près d'eux. À ce moment-là, ils ne sont vraiment pas
surveillés, pas gardés, en ce sans que la femme, quand elle est
prise dans son entreprise, que ce soit sur la ferme, avec des clients dans sa
petite entreprise ou encore, dans le secteur professionnel, au bureau, elle ne
peut pas faire deux choses à la fois: être à la fois
disponible pour le public qui vient demander ses services ou dans les autres
travaux qu'elle fait et éduquer ses enfants, parce que, en fin de
compte, de jeunes enfants, ça demande autre chose que d'être
surveillés; cela demande aussi d'être éduqués.
Alors, sur ce, je passe la parole à Mme Charest.
Mme Charest (Micheline): La présentation de notre
mémoire sur les services de garde s'articulera de la façon
suivante: nous discuterons d'abord de la nature spécifique des besoins
des femmes collaboratrices en matière de services de garde, pour ensuite
nous arrêter sur les points saillants de notre réaction à
l'énoncé de politique déposé en novembre dernier.
Selon une étude menée en 1984, on retrouve, au Québec,
environ 150 000 femmes collaboratrices qui oeuvrent dans les secteurs, comme
Mme Bédard nous l'a dit, de la petite et moyenne entreprise, de
l'agriculture et en milieu professionnel.
Si elles travaillent dans des secteurs différents, les femmes
collaboratrices ont toutefois un point en commun à l'égard des
services de garde, soit la difficulté d'obtenir des services qui
répondent à leurs besoins spécifiques. Il faut dire que
les femmes collaboratrices vivent des situations de travail
particulières. D'abord, pour
la majorité d'entre elles, le lieu de travail se situe à
proximité ou même, souvent, au même endroit que le lieu de
résidence, ce qui les oblige à répondre a la fois aux
exigences de l'emploi et aux demandes des enfants. Cette double
préoccupation quotidienne est un facteur de risque pour la
sécurité des enfants qui sont à la maison.
De plus, il arrive souvent que la femme collaboratrice doive travailler
selon des horaires de travail non usuels, c'est-à-dire en soirée,
en fin de semaine ou suivant des quarts de travail discontinus. Les services de
garde actuellement disponibles ne sont pas assez diversifiés pour
satisfaire ces besoins. Enfin, pour les femmes collaboratrices du secteur
agricole, l'éloignement géographique est un facteur de
difficulté d'accès aux services.
Ces situations distinctes sont l'apanage de la grande majorité
des femmes collaboratrices. Certaines les vivent même
simultanément. C'est pourquoi nous considérons que les
collaboratrices constituent, en regard des services de garde, une
clientèle vraiment particulière.
Nous avons été ravies de constater que le gouvernement a
relevé, dans la description de la situation actuelle, le fait que les
services réguliers étaient peu adaptés aux besoins des
clientèles particulières. Cependant, les mesures prévues
pour pallier ce problème sont, à notre avis, bien timides. Il
s'agit là de notre principal commentaire à l'égard de
l'énoncé de politique.
Nous nous attendions, en effet, à retrouver, dans le plan de
développement des services de garde, des propositions, des idées
de solution pour venir en aide aux clientèles particulières. Nous
nous demandons quelle sera l'ampleur de l'encouragement et du soutien du
gouvernement à l'expérimentation de nouveaux modèles de
garde, surtout compte tonu dos faibles sommes d'argent qui sont prévues
à cet effet, soit 1 000 000 $ par année, en moyenne, pour les
trois prochaines années. À ce chapitre, nous pensons que le
gouvernement a fait preuve d'un réel manque d'Initiative.
Il semble que ce sera plutôt à partir de la planification
régionale que devront émaner des projets innovateurs de garde
à l'enfance. En soi, si nous trouvons intéressante cette
idée d'une planification régionale, nous craignons qu'elle soit
un signe de désengagement du gouvernement en ce qui a trait à la
réglementation et à la surveillance du réseau des services
de garde au Québec. Nous pensons que le gouvernement doit demeurer le
principal maître d'oeuvre du développement de cos réseaux,
et ce, pour assurer une qualité uniforme des services dans toute la
province.
Une autre voie mérite, à notre avis, d'être
explorée pour permettre le développement de services mieux
adaptés aux soins de clientèles particulières. Il s'agit
de la subvention aux services privés, non gérés par les
parents.
Nou3 no voulons pas, faute d'expertise, entrer dans le débat au
sujet de la possibilité de subventionner une garderie sans but lucratif.
Nous croyons simplement que les garderies privées, soumises à la
concurrence, pourraient être portées vers l'expérimentation
de nouvelles formes de services pour attirer des clientèles dont les
besoins, dans le réseau parapublic, sont peu ou pas satisfaits.
Sur ce point, je voudrais passer la parole à Mme Lucie
Raîche, qui est directrice générale de l'association, pour
continuer l'exposé. le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Raîche (Lucie): Dans notre mémoire, nous
proposons que le gouvernement fasse de la satisfaction de besoins particuliers
un critère dans l'octroi de subventions à des garderies
privées, non gérées par les parents. Ainsi, un
réseau privé, subventionné, deviendrait
complémentaire aux secteurs sans but lucratif pour répondre plus
rapidement aux besoins de clientèles spécifiques.
On pourrait même envisager que les modèles
expérimentaux, une fois suffisamment développés, soient
intégrés au réseau non lucratif, car la garde des enfants
doit demeurer, selon nous, un service public contrôlé par
l'État.
Dans un autre ordre d'idées, soulignons le fait qu'un bon nombre
de femmes collaboratrices font appel à des services non régis par
la loi. Pour les parents qui utilisent ce type de services, le gouvernement a
prévu deux mesures d'aide, soit l'appui au recrutement et a la
sélection du personnel ainsi que la fourniture d'informations
pertinentes au sujet de la fiscalité et des lois du travail.
Bien que nous accueillions favorablement ces mesures, nous croyons qu'il
faut aussi se demander si c'est vraiment par choix que les parents font appel
à des services non régis; peut-être n'ont-ils pas d'autre
option?
Nous pensons, de plus, que le soutien aux parents utilisant actuellement
des services non régis par la loi devrait être plus direct. Le
gouvernement, pourrait, par exemple, assister la mise sur pied d'équipes
itinérantes de gardiennes à domicile, et, pour les couples qui
exploitent une entreprise familiale, un service d'aide domestique pourrait
être expérimenté. Dans pareils cas, la loi fiscale devrait
être modifiée afin de permettre une déduction, pour frais
d'aldo domestique, du revenu provenant de l'entreprise.
Nous abordons maintenant la question de la qualité des services
de garde. Très brièvement, nous voulons dire que nous souscrivons
aux orientations retenues, à ce chapitre, par le gouvernement. Nous
favorisons en effet la participation des parents dans l'organisation, la
gestion et la direction des services de garde, car c'est ce qui leur permet de
s'assurer que les services dont ils bénéficiant répondent
vraiment à leurs attentes.
Nous apprécions aussi le fait que l'on veuille investir dans la
formation, le perfectionnement et le ressourcement du personnel pour
accroître la qualité des services. Cependant, nous craignons que
la formule du 1 % de la masse salariale d'une garderie, qui devra y être
consacré, soit régressive. Nous proposons plutôt que soit
alloué 1 % de la masse salariale totale des garderies du Québec
à la formation du personnel, en la répartissant entre les
garderies, au prorata du nombre effectif d'usagers et d'usagères.
Parlant de financement, mentionnons que nous avons toujours favorisé un
partage égal des frais de garde entre les parents et l'État.
Ainsi, la proportion de l'aide qu'il est prévu de verser aux garderies,
soit 45 % des revenus de garde, nous semble convenable. Toutefois, comme ce
mode de financement risque de provoquer une hausse des tarifs, il faudrait
trouver un moyen d'injecter la même proportion de subventions sans
pénaliser ainsi les parents.
Pour terminer, nous voulons souligner que, pour les femmes
collaboratrices, la conciliation des responsabilités familiales et
professionnelles passe par l'accès à des services de garde
innovateurs et diversifiés.
L'étude de l'énoncé de politique sur les services
de garde nous fait prendre conscience que nous n'en sommes encore, sur ce plan,
qu'aux premiers balbutiements. Nous demandons, aujourd'hui, au gouvernement
qu'il propose des solutions concrètes et réalistes pour
répondre aux besoins des clientèles particulières comme
celle des femmes collaboratrices.
Mme Bédard: M. le Président, c'est un
résumé de notre mémoire puisqu'il a déjà
été reçu par la commission il y a quelque temps. Il y a
quand même quelque chose que j'aurais voulu ajouter. Au cours de mes
visites un peu partout en régions, il m'est arrivé d'aller dans
des endroits où la seule salle de réunions de petites
municipalités, de petites villes ou de villages, un peu partout chez
nous, c'est l'école, une belle grosse école construite en 1970,
1972 ou 1975. J'arrivais dans ces écoles, tout à fait neuves et
d'une propreté extraordinaire, et je disais: Ça vous fait de
belles salles de réunions; vous avez une belle école neuve! Ah
bien, tes enfants ne viennent plus à l'école ici, ils sont
transportés au village voisin, ils sont transportés à la
petite ville voisine. Tous les enfants? On garde quand même des locaux
ouverts pour les enfants de la maternelle, mais ça nous fait de
très beaux locaux pour les réunions du conseil municipal, les
réunions de la commission scolaire, de l'AFEAS, ainsi de suite.
Alors, je me demandais si dans les régions
éloignées, puisqu'on a déjà le service pour les
maternelles dans ces écoles, que la plupart des écoles qui, en
régions, sont encore utilisées pour la première à
la cinquième ou la sixième année ont quand même des
classes libres et qu'on y transporte déjà les petits de la
maternelle à l'aide de minibus, il n'y aurait pas moyen d'ajouter un
service pour les enfants de trois ou quatre ans, qui seraient aussi
transportés par l'autobus scolaire souvent à moitié vide,
qui va dans les rangs chercher les enfants dans les petits chemins? À ce
moment-là, ce ne serait pas exorbitant et on ajouterait vraiment un
service de qualité pour les femmes qui travaillent dans les entreprises
familiales. Ce ne serait pas un service hors de prix et impensable puisque les
locaux sont déjà là et qu'ils sont facilement utilisables;
il s'agit peut-être d'ajouter quelques accessoires. Mais je pense que
là, on apporterait une aide importante aux gens qui sont en entreprise
et qui sont loin des grands centres. Pour les gens qui travaillent en
entreprise et qui sont tous les deux sur les lieux de leur travail, quitter la
maison pour aller conduire les enfants, c'est souvent difficile, surtout s'il
s'agit d'un travail sur la ferme, par exemple. On doit se changer pour aller
conduire les enfants à la garderie, des choses comme ça, ce n'est
pas toujours très facile. Il faut bien penser au côté
pratique des choses.
En passant, je voudrais ajouter un petit mot à ce sujet. Je me
dis que ces écoles pourraient peut-être aussi servir d'endroit
où on pourrait dispenser des services, une fois la semaine, par exemple.
Je pense aux CLSC où il y a des psychologues, un dentiste, et ainsi de
suite. Il y a une foule d'intervenants qui travaillent dans les CLSC, qui sont
parfois à 20 ou 25 milles des centres dont je vous parle. Il pourrait
bien y avoir, une fois par semaine, quelqu'un qui se déplacerait pour
aller en régions donner le service aux gens sur place. Cela n'a rien a
faire avec la garderie, mais c'est une petite suggestion en passant. le
Président (M. Bélanger): Je vous remercie, madame. Mme la
ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, mesdames, de votre exposé. On
sait que bien que l'Association des femmes collaboratrices soit toute jeune -
elle a maintenant tout près de dix ans - vous avez déjà
fait votre marque par les mémoires que vous avez déposés.
Je pense, entre autres, à celui sur le partage des droits
économiques entre les conjoints. Je vous dis qu'on en parie encore de
votre exposé, des femmes collaboratrices. Je pense que c'est tout
à votre honneur.
Je voudrais revenir à ce mémoire-ci qui est lui aussi
très bien fait. Il s'attaque vraiment au problème de
diversité des différents modes de garde. Vous pariiez tout
à l'heure d'un mode spécifique pour les femmes collaboratrices.
Je dois vous avouer qu'effectivement, il n'y a pas de solution magique à
l'heure actuelle. Je compte beaucoup sur la planification régionale, non
pas dans le sens que le gouvernement veut se désengager, mais pour aller
chercher véritablement les besoins de chacune des régions. On
sait
que chaque région peut être très différente.
Actuellement, les services sont différents aussi. Dans certaines
régions, il y a certains types de services qui sont déjà -
pratiquement comblés, alors que d'autres sont inexistants. Par contre,
ce que Je voudrais savoir... Vous avez soulevé tout à l'heure la
question de la mobilité, en disant: Est-ce qu'on pourrait avoir, par
exemple, un autobus qui ferait les rangs et tout ça? (10 h 30)
J'avais l'occasion de rencontrer, vendredi dernier, à mon bureau
de comté, des personnes de l'association des femmes en agriculture.
Elles n'allaient pas tout à fait dans ce sens. Elles disaient: Pour
notre clientèle, étant donné que nos enfants doivent se
véhiculer à longueur d'année et faire de nombreuses heures
en autobus pour aller à l'école, on ne voudrait pas qu'au cours
de la période estivale, ces enfants soient obligés de faire le
même trajet. On préférerait avoir de l'aide domestique
plutôt que ce genre... Est-ce que pour votre clientèle, qui peut
aussi être différente, par contre - vos femmes collaboratrices ne
sont pas nécessairement dans les rangs mais peuvent être dans les
régions éloignées - c'est vraiment une forme d'aide, une
forme de services qui pourrait répondre à des besoins?
Mme Bédard: Certainement, Mme la ministre, ça pourrait
répondre à des besoins. Je ne dis pas que pour les enfants de
trois à quatre ans le fait d'être transportés à
l'école serait la solution idéale. C'est ce que, dans les pays
européens, on appelle l'école gardienne à certains
endroits ou encore, à d'autres, on appelle ça la crèche,
tout simplement. Mais Je dois dire qu'on cherche des solutions. La solution de
l'aide domestique reste, et de loin, la meilleure, mais encore faut-il la
trouver. Il faut être réaliste. Les gens qui sont prêts
à venir travailler à domicile aujourd'hui n'attendent pas en file
aux portes de nos maisons. C'est très difficile à trouver. C'est
un service qui, avec les années, s'est perdu. Je ne sais pas pourquoi.
Pour une foule de raisons, c'est très difficile d'avoir de l'aide. Bien
sûr que c'est toujours mieux d'avoir quelqu'un à la maison qui
s'occupe des enfants et qui peut peut-être effectuer quelques travaux
pendant que tout le monde est à l'extérieur. Cela serait bien
l'idéal, mais c'est l'application qui pose un problème. C'est
comme l'aide itinérante qu'on demandait On avait pensé, à
un moment donné, à quelqu'un qui pourrait venir le matin, pendant
deux heures à deux heures et demie, à l'heure du train pour les
femmes qui sont en agriculture, et qui s'occuperait des enfants qui,
hélas, sont seuls à la maison. Ce serait merveilleux si ça
arrivait comme ça. Mais où allez-vous prendre cette
personne-là qui est prête à se lever à quatre heures
et demie pour venir travailler jusqu'à neuf heures le matin et retourner
chez elle? Vous savez, on a essayé d'en trouver. Malheureusement, il n'y
en a pas eu autant qu'on pensait qu'il pourrait y en avoir.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est pourquoi je vous disais qu'il n'y a
pas de solution magique. On a essayé, autant comme autant, depuis fort
longtemps, de trouver des services qui pourraient répondre à ces
besoins, mais j'avoue qu'ils ne sont pas nombreux. Et, bien qu'on ait en
tête certaines expériences qui pourraient être
vécues, je souhaite beaucoup qu'on puisse innover lors de la
purification régionale.
J'ai eu l'occasion de rencontrer aussi des membres de conseils
municipaux en fin de semaine. On volt que la commission parlementaire suscite
beaucoup d'intérêt, dans le sens qu'on développe cette
sensibilité pour les services de garde, et iI y a même des
conseillers qui disaient que ça serait peut-être heureux
d'organiser un colloque régional ou bien un colloque dans cette grosse
municipalité pour pouvoir entendre les gens et peut-être essayer
de trouver différentes solutions avec ces personnes. Je pense que si
ça se fait en collaboration avec tout le milieu, que ce soit la
commission scolaire, la municipalité, les services déjà
existants, les parents, on pourra peut-être trouver une solution. Mais
j'avoue franchement que ce n'est pas facile à prime abord.
Je reviens sur la question du transport des enfants. Vous parliez, tout
à l'heure, des petits bouts de choux de deux ou trois ans. Comment
voyez-vous ça par contre? J'imagine qu'on devrait penser, si jamais on
véhiculait ces enfants avec d'autres enfants d'un âge plus
élevé, à l'encadrement. Est-ce que vous avez pensé
au genre d'encadrement?
Mme Bédard: Oui. J'ai parlé seulement des enfants
de trois ou quatre ans qui sont d'âge qu'on appelle de
prématernelle, et j'ai bien parlé de voyagement avec les petits
de la maternelle. Déjà, dans les régions, les petits de la
maternelle ne sont pas transportés avec les grands. Alors, quitte
à mettre un minibus, un petit autobus, pour ces enfants ou même
des voitures, il n'est pas question de voyager les petits avec les grands. On
peut quand même penser que c'est faisable de faire voyager des enfants de
trois et quatre ans avec ceux de cinq ans... Il pourrait même y avoir une
espèce de suveillance par les gens de l'endroit. Selon des
expériences chez nous, par exemple, à l'heure du dîner,
chaque jour, une mère vient visiter ou aider un peu. Alors, il pourrait
bien y avoir quelqu'un dans l'autobus qui viendrait aider les plus petits.
À l'école, évidemment, ils seraient pris en charge par la
gardienne ou la jardinière qui les accueillerait à la porte et
qui s'occuperait de ces enfants de trois et quatre ans.
Plus petits que ça, Je les vols difficilement s'intégrer
à un milieu scolaire, mais, pour les trois ou quatre ans, c'est
déjà beaucoup. Si ceux-là sont pris en charge et s'ils
reviennent à l'heure de la fin de classe avec les plus grands,
il y a déjà une surveillance qui s'est faite à
l'école, une surveillance aller et retour avec frères et soeurs
ou, en tout cas, petits voisins; ll s'agit toujours d'endroits limités;
on part avec son voisin. Il y a déjà quand même une amorce
de solutions. Ce sont des choses pratiques et faisables. D'autres solutions
seraient bien meilleures, mais est-ce qu'elles sont abordables? C'est là
le problème.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez aussi parlé de services
uniformes tout à l'heure en disant: Je pense qu'on doit avoir un
contrôle sur des normes, sur une réglementation du service.
Lorsque vous parliez de service uniforme, est-ce que vous vouliez mentionner
qu'on aurait le droit de s'attendre à voir tout genre de service, par
exemple dans une région, mais, par contre, adapté à cette
région aussi, pour vous. Qu'est-ce que vous vouliez dire à ce
moment-là? Je n'ai pas tout à fait saisi.
Mme Bédard: Quand on parle de service uniforme, on fait
allusion à la qualité et non pas qu'il soit exactement le
même. C'est évident qu'on ne pourra pas demander à tout le
monde d'offrir le même service au même nombre de gens; c'est
impensable et impossible. Mais je pense qu'on peut au moins offrir la
même qualité. C'est à ce titre qu'on dit que c'est vraiment
le gouvernement qui doit prendre en charge la surveillance de la qualité
offerte des services de garde. Autrement, si c'est laissé à tout
le monde, on prend vraiment de très gros risques. Si, à un
endroit, II pouvait y avoir une qualité excellente, ailleurs, elle
pourrait être plus que médiocre. Quand II s'agit de jeunes enfants
gardés, en surveillance, en attendant que leurs parents puissent les
prendre en mains, je pense qu'il n'est pas admissible que certains services de
garde soient de qualité inférieure.
Mme Gagnon-Tremblay: Justement, parlant de qualité, la
semaine dernière, plusieurs groupes ou garderies sans but lucratif, de
même que des personnes représentant la petite enfance, des
universitaires, sont venus nous parler de la qualité. Ils nous
demandaient une réglementation beaucoup plus rigide des normes de
qualité, en milieu familial et même dans les haltes-garderies ou
dans les jardins d'enfants en disant qu'on devait réglementer davantage.
D'après vous, est-ce que c'est ce qu'on devrait faire? Est-ce que les
parents ont aussi un rôle à jouer comme protecteurs de cette
qualité? Le gouvernement a un rôle de surveillance, mais les
parents sont aussi les premiers à vérifier cette qualité.
Comment voyez-vous cette réglementation et les normes, dans le milieu
familial ou dans les haltes ou dans les jardins d'enfants? Quelle est votre
position là-dessus?
Mme Charest: Je pense qu'un des premiers défauts pour
l'application actuelle et le fonc- tionnement des garderies, c'est qu'on permet
facilement l'installation de garderies au noir. C'est probablement là
qu'il y a le plus de problèmes de qualité. Le problème
n'est pas vraiment dans les garderies qui ont pignon sur rue, qui sont
visitées régulièrement pour obtenir leur permis. Mais les
garderies au noir ou tout simplement la gardienne qui accepte de prendre des
enfants chez elle et qui ne déclare pas son revenu, finalement, on ne
les visite pas non plus, il n'y a aucune personne habilitée à
visiter ces Installations. Je pense que c'est là qu'il faudrait avoir un
peu plus de contrôle.
Je trouve intéressant comme système de leur permettre de
fonctionner en garderie familiale. Souvent, c'est très proche. C'est la
voisine ou la troisième voisine. Elle a des horaires facilement
flexibles qui peuvent nous être très utiles. Mais, pour ce qui est
de la surveillance, eh bien, le parent, souvent, est dans une situation
où, de toute façon, il n'a pas vraiment le choix. Il se dit: Je
la connais un peu, je la vols fonctionner, elle semble bien. Mais on ne peut
pas vraiment aller voir dans les détails. Je pense que de ce
côté, on doit permettre que ces garderies deviennent officielles
et, par le fait même, obtenir un meilleur contrôle sur leur
fonctionnement.
Mme Gagnon-Tremblay: Je reviens à la qualité. Vous
comprenez que dans une maison, si, par exemple, une personne décide de
garder un, deux ou trois enfants, naturellement sans donner de reçu, il
est très difficile pour le gouvernement d'avoir à contrôler
tout ça. Comment le gouvernement, dans les faits, peut-il être en
mesure de contrôler tout? Ne croyez-vous pas que les parents ont un
rôle majeur à jouer à ce moment-là, les parents qui
doivent aller reconduire leurs enfants ou ceux qui acceptent ce jeu, qui
acceptent le fait d'envoyer leur enfant dans une telle maison sans avoir de
reçu, donc qui sont pénalisés puisqu'ils ne peuvent pas
déduire les frais de garde de leur revenu et qui acceptent malgré
tout. Est-ce que ce rôle ne revient pas davantage aux parents qu'au
gouvernement? Comment le gouvernement peut-il véritablement
contrôler cette forme de qualité?
Mme Charest: Je ne sais pas si c'est vraiment uns question de
rôle. Bien sûr que les parents ont un rôle primordial. On
n'ira pas mener les enfants dans un endroit où, à prime abord, on
pense qu'ils ne seront pas en sécurité. C'est certain.
Sûrement que le manque de places pousse les parents à accepter des
conditions anormales. Entre autres, comme vous l'avez dit, l'histoire des
reçus d'impôt. La majorité ne veut pas en donner. Cela ne
veut pas dire que l'enfant ne sera pas en sécurité. Le parent va
peut-être accepter que l'enfant soit en sécurité et, par
contre, il ne recevra pas de reçu d'Impôt pour ses
déductions d'impôt personnelles. Il va
peut-être accepter ce compromis pour l'enfant, pour sa
sécurité à lui aussi, sa liberté d'agir. Quand on
part et qu'on sait que l'enfant est en sécurité, on se dit:
Ça va, je n'ai pas de reçu d'impôt, mais au moins, l'enfant
est bien gardé.
Effectivement, s'il y avait plus de places en milieu de travail, je
pense que c'est une Idée très intéressante, où on
peut avoir des contacts avec l'enfant pendant la journée et un meilleur
contrôle. Mais je crois que les parents sont poussés par le peu de
places, le peu de choix, qu'ils ont à accepter des compromis qui ne sont
pas nécessairement efficaces et valables pour l'enfant.
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, cela signifie que dans certains
cas, c'est vrai que les parents sont dans l'obligation de faire ce choix
puisqu'il y a manque de places. Par contre, dans un autre cas, on ne peut pas
dire qu'il n'y a pas nécessairement de qualité, si j'ai bien
compris, parce que le parent envoie souvent son enfant, même s'il ne peut
pas avoir de reçu, parce qu'il pense que son enfant est bien
gardé, finalement, il reçoit toute l'attention comme s'il
était chez ses parents.
Mme Charest: Exactement.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans votre mémoire, vous avez
parlé aussi d'un partage des frais à 50-50, c'est-à-dire
50 % assumés par les parents, et 50 % assumés par le
gouvernement. Lorsque vous parliez de 50-50, est-ce que cela signifie qu'au
niveau de l'ensemble des services de garde cela exclue les autres formes
d'aide, comme l'exonération aux parents, l'aide financière aux
parents, la déduction fiscale, quelle est votre Intention, et ce que
vous vouliez dire?
Mme Bédard: Lorsqu'on a parlé de 50-50, on parlait
de coûts à assumer lorsqu'on fait garder des enfants. Je pense
qu'on n'a pas pensé aux exemptions et à toutes ces choses. On a
vraiment parlé de coûts, de frais de garde, à ce
moment-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela exclut toutes les autres formes d'aide,
que le gouvernement pourrait accorder aux garderies.
Mme Bédard: C'est ça. Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous ne vous êtes pas penchées
sur ce qui pourrait être donné en plus de ces 50 %?
Mme Bédard: II n'y a rien d'autre comme étude.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous ne vous êtes pas tellement
attardées au financement comme tel.
Mme Bédard: Non. Pour nous, la difficulté
n'était pas là. Pour nous, la difficulté est de trouver
des services de garde. Quant au financement, pour les gens qui sont en
entreprise, lis sont capables d'en financer une partie. Ils sont bien d'accord
pour être responsables d'une partie du financement de la garderie, du
gardiennage de leurs enfants. La question n'était pas là. Pour
nous, la question est qu'il y ait des services offerts. Ils ne sont pas
tellement nombreux pour la clientèle que nous représentons.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, pour vous autres, si on pouvait
partager 50-50, ce serait déjà un bon bout de chemin.
Mme Bédard: Exactement.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans votre mémoire, je crois que
c'est à la page 12, vous demandez que l'État soutienne la mise
sur pied d'équipes itinérantes de gardiennes et gardiens à
domicile. Pouvez-vous préciser votre proposition? Pourquoi des
équipes itinérantes? Est-ce qu'on peut s'assurer de la
qualité, à ce moment-là, de leur travail? Et j'aimerais
connaître davantage ce que vous vouliez dire par cette proposition?
Mme Charest: Au sujet de gardiens itinérants,
d'équipes itinérantes, il semble que cela a déjà
été expérimenté; il y aurait une expérience
pilote dans les endroits un peu plus reculés. On a parlé
d'équipes de ce genre, par exemple, pour des temps de gros travaux dans
les campagnes, à certaines périodes de l'année. C'est
sûr que ce serait un idéal. Mais il semble que cela a
été des expériences pilotes qui ont été
faites. Jusqu'à maintenant, cela a été difficile à
mettre sur pied. Facile à contrôler, ça voudrait dire que
l'embauche de ces gens reviendrait à des gens qui
représenteraient l'État, si vous vouiez, et qui verraient
à engager des gens qui sont responsables auprès des enfants, qui
ont l'habitude de s'occuper d'enfants, dont le soin est pour eux une chose
familière. C'est dans ce sens qu'on dit que l'État serait
responsable jusqu'à un certain point de ces sortes d'équipes.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous pourriez peut-être poser la
question tout à l'heure.
Mme Bédard: Si je peux ajouter, Mme la ministre, à
ce moment-là aussi, on pensait à des temps où une jeune
femme vient de donner naissance à un enfant. Alors, elle a besoin de
gardiens pour ses autres enfants à la maison. Il y a déjà
l'entreprise, et pour des périodes comme celles-là, cela pourrait
être très utile. Étant donné qu'on a de la
difficulté à trouver des gardiens et de l'aide domestique
à ce moment-là, il pourrait y avoir des gens qui sont prêts
à aller passer quelques jours à cet endroit. Cela pourrait
être comparable un peu à ces aides maternelles que l'on rencontre
dans certains
pays. (10 h 45)
Mme Gagnon-Tremblay: Vous dites également à la page
11 de votre mémoire que vous êtes d'accord pour que l'on continue
d'offrir en priorité des services gérés par les parents.
Toutefois, l'association pense qu'il y a une place pour les garderies non
gérées par les parents. D'ailleurs, ces services pourraient
s'orienter dans l'expérimentation de nouvelles formes de services. Que
voyez-vous comme nouvelles formes? Que pensez-vous qu'on pourrait offrir?
D'ailleurs, c'est quelque chose qu'on a pensé nous aussi
déjà. Quelles sortes d'autres formes ce genre de services
pourraient-ils offrir?
Mme Bédard: Je vous avoue que c'est une chose à
expérimenter. On n'a pas fait d'étude approfondie pour savoir ce
que ça pourrait être. Je voudrais bien pouvoir vous donner des
idées ici, mais, malheureusement, on n'en a pas
expérimenté de nouvelles formes et on n'en a pas à
suggérer non plus, mais il semble qu'il y ait certainement des avenues
à explorer. Peut-être faudrait-il voir un peu ce qui se fait
ailleurs dans des endroits spécifiques pour des besoins semblables. Cela
existe sûrement ailleurs aussi.
Mme Charest: Je voudrais compléter. Micheline Charest.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Charest: On pourrait peut-être prendre l'exemple
très pratique d'une femme collaboratrice travaillant avec son conjoint
qui est comptable, par exemple, qui arrive peut-être pendant
l'année à faire des travaux chez elle, donc aussi à
s'occuper des enfants en même temps, tant bien que mal, mais qui,
à la période des impôts, a vraiment une quantité de
travail supplémentaire. Si les enfants ne sont pas déjà
inscrits en garderie de façon régulière, elle va
probablement se retrouver avec une difficulté à ce
moment-là. Je pense que c'est une avenue possible, c'est-à-dire
des formes d'aide domestique ou de gardiennage pour des temps forts dans
certains domaines, ce qui ne nous oblige pas à faire appel à la
garderie à longueur d'année, mais au moins, pour ces temps forts,
qu'il y ait de la place pour les enfants.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. J'ai le plaisir de vous
saluer de nouveau Mme Bédard, Mme la présidente, Mme Raîche
et Mme Charest, je crois, qui l'accompagnez. C'est évidemment avec
beaucoup d'intérêt que j'ai pris connaissance de votre
mémoire. Vous nous dites d'abord quo vous considérez que les
femmes collaboratrices sont confrontées aux mêmes problèmes
que toute autre mère travailleuse, plus des spécificités
propres è la conciliation de leur activité. Vous nous en
énumérez trois, notamment un lieu de travail qui est souvent le
lieu de la résidence, le fait qu'il y ait des horaires pas
nécessairement usuels - remarquez que, malgré tout, cela peut
être aussi le cas pour des mères travailleuses dans les services,
la restauration, l'hôtellerie ou autres - et, également, le
troisième aspect caractéristique étant
l'éloignement géographique.
Dans votre mémoire, vous nous rappelez vos positions
antérieures qui sont en faveur du développement d'un
réseau plus diversifié, nous dites-vous, avec des heures qui
correspondent mieux aux besoins, mais c'est l'intervention de l'État
dans le développement d'un réseau parapublic, je crois. Je ne
pense pas me tromper.
Mme Bédard: Non, c'est cela.
Mme Harel: Dans ce réseau notamment, et Mme la ministre
l'a relevé, vous proposez un partage 50-50 des coûts par les deux
niveaux de gouvernement, d'une part, et les parents, d'autre part. Vous nous
dites, par ailleurs, que la majorité de vos membres, celles que vous
représentez, utilisent un service non régi par la loi, entre
autres, parce que le service régi par la loi n'est pas disponible.
Est-ce cela?
Mme Bédard: C'est cela.
Mme Harel: Mais si vous aviez à favoriser le
développement ou à choisir, puisque tout est une question de
choix financier, où placeriez-vous l'argent?
Mme Bédard: Je voudrais revenir sur deux petites choses,
s'il vous plaît! Quand vous nous dites que les autres aussi peuvent
être confrontées à des horaires difficiles ou inhabituels,
ce n'est pas tout à fait la même chose en ce qui regarde les gens
en entreprise parce que pour la femme qui doit travailler tard le soir, parce
qu'elle est dans un commerce ou quelque chose comme ça, il se trouve que
son mari peut peut-être entrer à 17 heures et s'occuper des
enfants, alors que, dans une entreprise, si c'est un temps fort de
l'entreprise, les deux peuvent travailler jusqu'à minuit. C'est
déjà une chose différente.
L'autre chose, j'aurais dû la noter. Ah oui! Une autre chose sur
laquelle je voulais revenir, c'est que, quand il est question de garderies pour
les femmes collaboratrices, on se réfère très souvent aux
agricultrices, aux gens dans les campagnes, ainsi de suite. Or, il se trouve
que, dans la dernière étude qui a été faite - elle
date de 1984 maintenant, donc, ça fait déjà un petit bout
de temps - la situation économique a fait en sorte qu'au Québec,
en tout cas depuis quelques années, parce qu'il y avait une
rareté d'emplois, parce que dans le secteur agricole, ça
coûtait très cher de s'installer, d'acheter la ferme de ses
parents, beaucoup de jeunes couples sont allés du côté de
la petite et moyenne entreprise, ont créé lour propre emploi.
Là, j'ai fortement l'impression,même si je n'ai pas de
chiffres à donner, que, dans le secteur de la petite est moyenne
entreprise, on a largement dépassé le nombre de gens qui sont on
agriculture. Il en pleut, des petites et moyennes entreprises. Je n'ai pas
besoin de dire que le jeune couple qui n'a pas un sou, qui part une petite
entreprise, un peu financée par papa des deux côtés, un peu
financée par la banque, puisque les parents ont endossé, a de
quoi travailler s'il veut que son entreprise fonctionne. les gens veulent bien
avoir des enfants, ils veulent bien, tant qu'à en avoir, qu'on s'en
occupe, mais ils sont vraiment aux prises avec un problème.
Traîner les enfants alors qu'il y a déjà tant
à faire parce qu'on remplace un employé - très souvent, au
lieu d'engager quelqu'un, parce qu'on n'a pas beaucoup d'argent, on fait le
travail soi-même - la difficulté est grave à ce
moment-là. L'enfant n'est pas surveillé quand il y a des clients,
ou il peut y avoir des produits dangereux, et l'enfant manque vraiment de
surveillance. À ce moment-là, ça devient une
nécessité.
En ce qui concerne la question des universités, vous avez
mentionné tantôt qu'il y a des garderies sur place c'est, quant
à moi, la chose la plus merveilleuse qui soit. On devrait insister pour
que, dès qu'une entreprise est d'une grandeur convenable, elle ait son
système de garderie, quitte à l'aider. Il n'y a rien de mieux, je
pense, pour les parents que d'être capables d'aller voir les enfants
pendant l'heure du dîner ou tout de suite après le travail.
Mme Harel: D'accord, mais, Mme Bédard, si on revient...
Là, aussi, il y a une sorte de réflexion. La
préférence des parents ne va pas, selon les sondages que l'on
connaît, en faveur de garderies dans les milieux de travail, selon les
milieux de travail, puisqu'il peut y avoir un éloignement du milieu, du
quartier, du voisinage. Il peut y avoir un déplacement en transport
public. Tout cela est lié au travail des femmes ot aussi à
l'absence de locomotion privée. les femmes sont celles qui utilisent le
plus l'autobus ou le métro dans les grands centres urbains. Alors, tout
ça se rediscute. Mais, vous, votre expérience, c'est - vous
l'illustrez très bien - la nécessité d'une garde pour des
femmes collaboratrices.
Vous nous dites que vous représentez l'intérêt de
150 000 d'entre elles. Je vous demande quel mode de garde? D'une part, dans
votre mémoire, au départ, vous demandez une intervention de
l'État dans le développement du réseau. Ensuite, vous
demandez uno Intervention de 50-50 dans le financement, puis vous nous dites
que la majorité utilise des services non régie et vous nous
parlez des gardiennes itinérantes à domicile.
Au cours de la discussion qui a suivi avec Mme la ministre, je me suis
demandé qui paierait, finalement, le coût de ces gardiennes
itinérantes à domicile. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion
de réfléchir là-dessus.
Vous proposez également la déduction pour frais
domestiques du revenu - c'est en page 12 de votre mémoire - provenant de
l'entreprise agricole. Présentement, il y a une déduction fiscale
pour frais de garde lorsque les deux parents travaillent ou que l'un travaille
et que I'autre est aux études à temps plein. Ce sont là
les conditions pour avoir droit à ces frais de garde. Donc, la
déduction pour frais de garde n'a pas été
transformée en crédit d'impôt.
Mme Bédard: Elle n'est pas applicable aux femmes
collaboratrices non plus, parce qu'elles sont sur les lieux de leur
travail.
Mme Harel: Donc, votre demande spécifique serait de
réclamer, notamment, la déduction fiscale pour frais de garde,
qui est de l'ordre de 4000 $ pour un enfant de moins de sept ans et de 2000 $
pour un enfant de moins de quatorze ans. Elle ne s'applique pas
présentement. Une femme ou un couple ne peut pas, parce que le...
Mmo Bédard: Si elle est salariée, e!!e peut l'appliquer
comme les autres salariées en le déduisant de ses impôts,
mais pas autrement. Ce que je veux vous dire, si...
Mme Harel: Seulement si elle est salariée. Mais la femme
collaboratrice qui ne l'est pas n'a pas de rémunération du
tout.
Mmo Bédard: Je ne crois pas. D'autre part, je dois vous
dire...
Mmo Harel: Non, Jo ne penso pas.
Mmo Bédard: ...que dans tous les cas que vous m'avez
mentionnés, je ne peux pas vous dire: Quels services voulez-vous? Je
n'en veux pas qu'un. Pour moi, cela ne me rendra pas service. La situation est
tellement complexe chez les femmes qui travaillent dans les entreprises comme
cela qu'il ne peut pas y en avoir seulement un. Dans certains cas, il nous
faudra vraiment un service itinérant qui va dépanner au besoin,
et ce sera suffisant. Dans d'autres cas, il faudrait un service
itinérant qui vienne quelques heures tous les jours. Essayez de trouver
dans les régions des services de quelques heures tous les jours, vous
allez voir qu'il n'y on a pas.
Dans d'autres cas, ce serait bien mieux si on avait un service fiable au
moins au village où on pourrait envoyer les enfants de trois et quatre
ans. Ils vont partir avec leur petit frère de cinq ans qui s'en va
à la maternelle, et les
enfants seront au moins surveillés pendant quelques heures par
jour pour donner une chance de faire le plus gros du travail à la
maison. À ce moment-là, cela pourrait être suffisant, mais
il y a un besoin d'aide pour les familles qui ont de jeunes enfants.
C'est bien beau de dire que certains frais de garde sont accordés
jusqu'à l'âge de sept ans, mais ce n'est pas toujours fiable de
laisser un enfant de sept ans seul à la maison. Vous ne laissez pas un
enfant de sept ans seul à la maison deux ou trois heures avant que ses
parents ne reviennent. Il me semble en tout cas.
Mme Harel: Vous nous parlez dans votre mémoire de la
déduction pour frais domestiques du revenu provenant de l'entreprise
agricole. Vous voudriez que ce soit spécifique pour l'entreprise
agricole ou vous l'envisagez...
Mme Bédard: Oui, cela pourrait être une avenue.
À ce moment-là, il arrive qu'on peut avoir un employé en
entreprise agricole, et, lui, ses frais sont déductibles d'impôt.
Mais si on engage quelqu'un pour la maison, les frais ne sont pas
déductibles d'impôt, alors c'est ridicule. Très souvent,
madame est bien mieux de s'en aller donner un coup de main à
l'entreprise agricole; elle est habituée, elle connaît son affaire
et elle serait mieux d'avoir quelqu'un qui donnerait un coup de main à
la maison. La personne trouve que c'est trop dur ou trop salissant de
travailler sur la ferme, alors que la femme du propriétaire, elle, peut
y aller, ce n'est pas grave, elle va se laver en revenant. Il y a tout ce
contexte-là qui se vit partout au Québec, pas seulement chez
nous.
Mme Harel: Je ne sais pas si vous avez pris connaissance... Je
n'ai pas eu l'occasion de connaître l'Association des mères
éducatrices. Est-ce que cela vous dit quelque chose?
Mme Bédard: J'ai lu dans le journal qu'elles
étaient passées, mais je ne les connais pas.
Mme Harel: Non, moi non plus, je ne les connais pas. Je ne sais
pas, j'aurai peut-être l'occasion de demander aux représentantes
des cercles des fermières qui vont vous suivre si elles les connaissent
parce que je n'ai pas eu leur mémoire non plus. Je ne sais pas si vous
avez... Ah bon! On a fait grand état dans un editorial du journal Le
Devoir...
Mme Bédard: Oui, oui.
Mme Harel: ...d'une prise de position. Malheureusement, on ne
parle pas ni de celle des femmes collaboratrices ni de celle des cercles des
fermières ni de celle de l'AFEAS ni d'aucune autre, sauf de celle de
l'Association des mères éducatrices qui dit que l'État
devrait consacrer autant d'argent à soutenir la garde par la
mère...
Mme Bédard: ...au domicile.
Mme Harel: ...qui reste à la maison plutôt que pour
celle qui décide soit d'être collaboratrice dans l'entreprise ou
d'aller sur le marché du travail. Dois-je comprendre que vous en avez
pris connaissance?
Mme Bédard: J'ai lu l'éditorial dans La Devoir.
Mme Harel: Bon. Quelle a été votre réaction
à ce moment-là?
Mme Bédard: II y a certainement une injustice dans un
sens. Si ma voisine peut payer pour faire garder ses enfants, mais moi, comme
je les garde moi-même, je ne gagne rien à éduquer mes
propres enfants, à ce moment-là, je pense que oui, de ce point de
vue, elles avaient raison.
Mme Harel: Est-ce qu'on n'a pas Intérêt à
distinguer ce qui est du ressort des allocations familiales de ce qui est du
ressort du financement des services de garde? En d'autres termes, selon vous,
Mme Bédard, quels sont les objectifs de la garde dans une
société?
Mme Bédard: C'est pour assurer la sécurité
des enfants pendant que les parents sont au travail alors qu'ils ne peuvent pas
s'en occuper, et aux heures où ils ne peuvent pas s'en occuper.
Mme Harel: Donc, vous concevez essentiellement le service de
garde comme une façon de favoriser l'intégration des deux parents
sur le marché du travail.
Mme Bédard: Non, pas nécessairement de favoriser
l'intégration... Non, je n'ai pas dit cela, sauf que, pour mol, c'est
une question de protection de l'enfance et d'éducation en même
temps. Je ne laisserais pas garder mes enfant, il me semble, par quelqu'un qui
ne sait même pas s'exprimer ou quelque chose comme cela. Je ne veux pas
qu'on défasse le travail que je fais chez mol.
Mme Harel: D'accord. Mais la protection des enfants dont les
parents travaillent.
Mme Bédard: Oui.
Mme Harel: Y compris évidemment ceux dont les mères
travaillent.
Mme Bédard: Ceux dont les parents ne peuvent pas s'occuper
au moment où ils les font garder... (11 heures)
Mme Harel: Que ce soit pour des raisons de travail ou pour
d'autres motifs. Est-ce dans ce
sens-là? Voyez-vous, il y a des choses à clarifier
à un moment donné. Il y a actuellement 60 % de mères
d'enfants de moins de six ans qui sont sur le marché du travail. Cela a
presque doublé en dix ans. C'était 32 % ou 34 % en 1976 et c'est
passé à 60 % en 1886. Là, en 1989, il faudrait même
se demander où est-ce que c'est rendu.
La question est que, d'une certaine façon, B va falloir clarifier
nos objectifs dans le sens où... Tantôt vous disiez dans votre
mémoire que vous approuviez les sept principes directeurs. Le
deuxième principe directeur définit la garde comme un soutien
essentiel pour la participation des parents au marché du travail et
aussi comme un soutien essentiel pour les Québécoises
engagées dans un processus d'égalité économique et
d'autonomie financière. Donc, ce sont là des objectifs
très légitimes, l'égalité économique et
l'autonomie financière des femmes qui passent, on le sait, par un emploi
rémunéré, comme vous souhaitez que deviennent les femmes
collaboratrices.
D'autre part, ça passe par la participation des parents, leur
conciliation des responsabilités familiales et parentales, mais il y a
une troisième dimension qui est absente, soit celle d'une politique de
la petite enfance où le service, finalement, est une proposition
d'égalité des chances pour l'ensemble des enfants, quelle que
soit la taille de la famille, quel que soit le statut socioprofessionnel ou
économique des parents ou de la mère, de manière à
ce que l'enfant puisse avoir la chance de se socialiser avec d'autres ou encore
de connaître un développement s'il est issu d'un milieu
défavorisé. Je ne sais pas si vous considérez que
l'État doit Investir dans un réseau puis tout autant consacrer
des sommes au choix privé que les personnes peuvent faire de rester
à la maison?
Mme Bédard: Cela dépendra...
Mme Charest: Pour nous actuellement, si l'on se met dans le
contexte des femmes collaboratrices, je regrette d'avoir à dire
ça mais pour moi personnellement, je ne parle peut-être pas pour
l'Association des femmes collaboratices, c'est presque utopique. En tout cas,
c'est tellement loin de ce qu'on vit actuellement qu'on se demande si cela vaut
la peine de réfléchir à tout cela et si ce n'est pas mieux
qu'on commence à régler les difficultés qu'on vit tous les
jours, qui sont tangibles. Qu'on commence donc par cela. Bien sûr que
c'est l'Idéal, mais en fin de compte, qui pale quand il y a des
programmes de ce type-là? Cela va sortir de notre poche et revenir au
même. Il faut, à un moment donné, qu'on devienne
raisonnable, au moins qu'on établisse une base, une qualité de
garderie et une diversité dans les différents modes de garderie
qui, déjà, nous donnent une réponse à notre
problème. Au moins, qu'on commence par cela.
Personnellement, je ne suis même pas arrivée à ce
niveau de réflexion. Ce que je vis en problème de garderie, c'est
tous les jours. Tant que cela n'est pas réglé, je n'arrive pas
à réfléchir plus loin que ça. Cela m'agace et
ça m'Inquiète, et je voudrais bien qu'il y ait une solution
à un moment donné qui me permette éventuellement de
réfléchir plus loin que ça.
Mme Harel: Donc, ce que vous attendez c'est que le gouvernement,
l'État investisse dans un service de garde diversifié avec un
service qui donne accès, un service régi par la loi, ou
investisse, point, dans un mode de garde?
Mme Charest: Micheline Charest. Je pense que c'est important
qu'il y ait une loi qui chapeaute tout ça pour l'uniformité, la
qualité, etc., qu'il y ait tout de même un certain contrôle,
mais je n'arrive pas, par exemple, à penser immédiatement
à ce que... Si le gouvernement disait: On vous accorde un crédit
de garde par famille, par enfant, si l'épouse est au foyer ou si le
monsieur est au foyer, que ça devienne ni plus ni moins un type de
revenu. Bravo si l'on peut arriver à ça, mais je ne crois pas que
financièrement ce soit réaliste. Je préfère passer
pour le moment à des actes plus tangibles et plus réalisables et
qui répondent à des besoins qui sont là depuis
longtemps.
De la même façon, je ne crois pas à une explosion
épouvantable de nouvelles places en garderie. On va faire ce qu'on a
fait avec nos écoles primaires. On s'est retrouvé à un
certain moment avec plusieurs écoles primaires, vidées quelques
années après, non utilisées. Comme Mme Bédard le
disait, bien souvent, on risque de faire la même chose. Peut-être
qu'il y a moyen d'investir... Les types de garderie qui répondent
à des besoins particuliers pour la femme collaboratrice, il est beaucoup
plus encourageant de penser qu'on peut réaliser ça que de dire:
II va y avoir 150 places de plus. Bien sûr que c'est pratique, mais,
souvent, ce sont 150 places de plus de 7 il 30 ou 8 heures à 17 il 30.
Si j'ai à travailler la nuit ou si une récolte doit se faire
à 4 heures le matin, ça ne règle pas notre
problème. Je ne sais pas si c'est assez clair, mais pour moi...
Mme Harel: C'est très intéressant. Oui, Mme
Bédard.
Mme Bédard: Je voudrais compléter en disant que je
suis d'avis, comme on le disait tantôt, qu'il s'agit de diversité
de services pratico-pratlques, mais je pense aussi qu'il est très
important de s'organiser sur le plan régional pour voir, avec les gens
du milieu, ce qui est possible dans les régions. Avec l'appui, l'accord
et les moyens du gouvernement, c'est faisable de donner un service de base pour
le moment - c'est de ça qu'il s'agit, on n'a à peu près
rien - qu'on améliorera par la suite. Là où je serais
moins d'accord, c'est d'investir dans des
choses... Vous savez, la crème sur le gâteau avant qu'il y
ait un bon gâteau. Il me semble qu'il faut commencer par des services de
base.
Mme Harel: Mme Bédard, on me dit que j'ai
déjà terminé la discussion avec vous. Vous aviez
abordé la question de la maternité, au moment de l'accouchement,
les difficultés que ça peut représenter pour les femmes
collaboratrices. Est-ce qu'il serait possible, en terminant, parce que
ça fait partie d'une politique qu'on peut espérer en
matière de petite enfance, de vous demander ce que vous attendez comme
politique de maternité à l'égard des femmes
collaboratrices lors de leur congé de maternité?
Mme Bédard: Les femmes collaboratrices sont doublement
défavorisées, étant donné qu'elles n'ont même
pas droit à l'assurance-chômage, donc elles n'ont pas droit au
congé de maternité rémunéré, elles n'ont pas
droit à tout ce qui va s'ensuivre. Elles sont nettement
défavorisées sur bien des plans. Comme leur entreprise n'est
habituellement pas très vieille, alors qu'elles-mêmes sont encore
à l'âge d'avoir des enfants, ces femmes sont nettement
défavorisées à tous points de vue. Avoir de l'aide
domestique à ce moment-là, ça coûte cher, ce n'est
pas toujours très facile, et tout ça. C'est là qu'on
pourrait largement bénéficier de ces gardes itinérantes
qui pourraient être aussi bien fournies par les services sociaux
régionaux. Dans le cas des femmes en région, il me semble
qu'elles en bénéficieraient largement.
Mme Harel: Je vous remercie, Mme Bédard, Mme Raîche
et Mme Charest.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En terminant, je constate que c'est tout un
défi que de donner des services de garde régis à une
population dont les besoins sont aussi variés. Le plus difficile, je
pense, c'est de savoir où commence la responsabilité de
l'État en matière de services de garde et à quel moment
les mesures de soutien à la famille doivent prendre la relève,
toutes les mesures variées qu'on peut retrouver, que ce soit des banques
de noms, vous parliez tout à l'heure de personnes itinérantes,
toutes sortes de mesures de soutien. C'est un gros défi qu'on a à
relever.
Je compte beaucoup sur votre collaboration lors de la planification
régionale. Je pense que vous avez des choses importantes à dire
à ce moment-là, et je compte beaucoup sur votre collaboration.
Merci, mesdames.
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales remercie l'Association des femmes collaboratrices pour leur
présentation et l'nvite à la table le Cercle de fermières
du Québec. On va suspendre quelques instants. (Suspension de la
séance à 11 h 9)
(Reprise à 11 h 11)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Bonjour. Nous recevons présentement les Cercles de
fermières du Québec, avec Mme Noëlla Huot, Mme Christiane
Pilote et Mme Jocelyne Varin. Vous avez 20 minutes ferme pour présenter
votre mémoire. Je vous avertirai, si vous le voulez, lorsqu'il restera
deux ou trois minutes afin de pouvoir faire vos conclusions. Chaque fois que
vous devrez prendre la parole, je vous demanderais de bien vouloir vous
identifier, pour la transcription du Journal des débats. Elles ne vous
voient pas, elles ne font que vous entendre, alors elles ne peuvent pas
identifier les voix; ça aide beaucoup, du point de vue de la
fidélité, en tout cas.
Je vous invite donc, sans plus tarder, à présenter votre
équipe de porte-parole et à procéder à la
présentation de votre mémoire.
Cercles de fermières du Québec
Mme Huot (Noëlla): Bonjour. Il me fait plaisir de vous
présenter Mme Christiana Pilote qui vient de la région de
Lotbinière et Mme Jocelyne Varin qui est de la région de
Chartes-bourg.
Avant de commencer, comme, aujourd'hui, c'est la Saint-Valentin et que
c'est la fête des amoureux, je veux donc vous souhaiter, à tous et
à toutes, une heureuse Saint-Valentin et une journée remplie
d'amour.
Il nous fait plaisir, en tant que Cercles de fermières du
Québec, d'être invités à la commission
parlementaire. Nos commentaires porteront surtout sur des principes. Nous
n'aborderons pas la question de financement dans les détails.
Fidèles à nos objectifs fondamentaux, notamment la
promotion, la protection et le développement des intérêts
de la femme et de la famille, nous avons étudié
l'Énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance, pour un meilleur équilibre, document d'orientation", que
faisait paraître Mme Monique Gagnon-Tremblay, ministre
déléguée à la Condition féminine, à
la fin de 1988.
Est-il nécessaire de rappeler ici que notre organisme compte plus
de 68 000 membres, réparties sur l'ensemble du territoire
québécois, provenant aussi bien des régions rurales
qu'urbaines et exerçant tous les types d'activités, que ce soit
du travail au foyer aux métiers ou professions les plus divers? Cette
disparité sociale, régionale et de travail, associée
à des résolutions dûment adoptées par nos membres,
est une des richesses des cercles de fermières et lui permet d'exprimer
des opinions représenta-
tives de l'ensemble des femmes québécoises. De ce fait,
nous nous sentons autorisées à exprimer fermement nos
opinions.
En matière de services de garde à l'enfance, nous avons
à maintes reprises formulé nos commentaires et avis. Nous en
avons formulé sept dans les dernières années. Ainsi, en
décembre 1987, nous nous sommes exprimées sur le rapport du
comité consultatif sur les services de garde è l'enfance. Notre
position était alors précise: voir à établir des
mesures de soutien statutaires et universelles. Aujourd'hui encore,
après étude du présent énoncé de politique,
notre avis demeure le même et nous croyons que de sérieuses
nuances doivent être apportées à certains aspects de
l'énoncé.
Les principes directeurs. Même si nous sommes d'accord sur
certains points de l'énoncé, nous ne pouvons souscrire pleinement
aux principes directeurs qui ignorent totalement certaines de nos positions
qui, pour nous, sont fondamentales. En effet, à l'alinéa 2.1, il
est précisé que les services de garde sont indispensables quant
à la participation des parents au marché du travail. Pour nous,
le fait qu'un parent demeure au foyer, par choix ou par obligation, ne devrait
nullement le pénaliser quant à l'accès et aux
privilèges rattachés aux services de garde. Cela est d'autant
plus vrai qu'à l'alinéa 2.3, il est question d'un
développement qui respecte les choix des parents. Or, le parent qui
choisit de demeurer au foyer pour la garde de ses enfants doit être
considéré et traité de la même façon par la
politique sur les services de garde que celui qui choisit d'aller travailler
à l'extérieur. À ce titre, la politique telle
qu'énoncée est injuste et discriminatoire puisqu'elle ne tient
pas compte de la garde au foyer par un parent. On se demande môme si on
ira jusqu'à qualifier cette garde au foyer comme du travail au noir.
Passons aux points 2.4 et 2.5, une préférence pour les
services gérés par les parents. Pour nous, tous les types de
services de garde doivent être développés et reconnus, et
nous sommes d'accord à 100 % avec le point 2.6, la responsabilité
communautaire,
Le développement des services de garde. Nous insistons sur le
fait qu'il est essentiel et urgent que le réseau des services de garde
à l'enfance soit revu en profondeur et que des améliorations
majeures lui soient apportées, notamment en milieu de travail et en
milieu rural. Mais je m'arrête ici pour préciser que les Cercles
de fermières du Québec ne tiennent pas exactement à ce que
la garde en milieu de travail soit la priorité du gouvernement en termes
de subventions, parce qu'on sait que, quand l'employeur offre des services de
soutien à ses employés, par exemple, des services de garde, c'est
déjà rentable au point de vue productivité. Alors, nous
voudrions que l'État informe et stimule, d'une certaine façon,
les employeurs des avantages qu'il y a à offrir à leurs
employés de tels services de soutien, y compris les services de garde.
On ne voudrait pas que ce soft la priorité, que l'action principale soit
là, mais on sait que c'est Important de développer ce type de
garde en milieu de travail, mais de faire comprendre que les services de
soutien qu'on accorde aux employés sont bénéfiques pour
l'employeur. Nous souhaitons aussi que les heures de service soient
établies avec plus de souplesse en tenant compte des horaires de travail
non usuels.
La clientèle. En ce qui a trait à la clientèle
potentielle, alinéa 3.1.2, s'il est vrai que la taux d'activité
des mères ayant au moins un enfant d'âge préscolaire est de
57,2 %, il ne faut pas oublier que le taux de parents au foyer est de 42,8 % et
qu'il s'agit là presque exclusivement de mères.
L'énoncé de politique sur les services de garde construit donc
pour ces 57,2 %, ce qui représente 620 347 enfants, et de ce nombre, 337
914 sont gardés suivant des modes non régis, principalement au
domicile de l'enfant. SI on pense que les 42,8 % qui sont gardés
à la maison par les mères représentent 464 176 enfants,
ajoutés aux 337 000 qui sont gardés à la maison aussi,
ça représente 802 000 enfants et plus qui ne sont pas
touchés par l'énoncé.
Nous nous sommes arrêtées et nous nous sommes dit qu'il y
avait quelque chose de pas correct à ce que 514 000 000 $ pour 20 % des
enfants soient financés en partie par les couples à revenu
unique. Parce que pour beaucoup de ces parents-là, ceux qui les gardent,
il y a juste un salaire et eux aussi, par leurs impôts, leurs taxes,
etc., paient pour les services de garde qui sont donnés et qui vont
rejoindre seulement 20 % des enfants. C'est le seul calcul qu'on a fait, mais
on l'a calculé.
Le présent énoncé de politique est pour ainsi dire
muet sur la garde au foyer par un parent, mise à part la halte-garderie,
et sur les services offerts à cette dernière clientèle. On
dit que tous les parents se retrouvent un jour ou l'autre face à une
situation nécessitant une garde de courte durée. Il y a juste
là qu'on s'est revus, ceux qui gardent leurs enfants. Dans cette
perspective, il faut également tenir compte que 73 % des parents
préfèrent la garde au domicile de l'enfant, pour les enfants de
zéro à deux ans et qu'elle varie de 40 % à 50 % pour les
autres groupes d'âge, y compris les enfants qui fréquentent
l'école durant l'année scolaire.
Du côté de la structure administrative, les services de
garde à but lucratif ou sans but lucratif doivent être soutenus
sans distinction et soumis aux mêmes critères de qualité
sans pour autant alourdir l'appareil administratif. Quant aux agences et aux
services de référence, Es ne doivent pas usurper le rôle
des parents qui demeurent les premiers responsables et les mieux placés
pour choisir à qui confier la garde de leurs enfants. Ces parents n'ont
donc pas à être obligés de se référer
à l'un ou l'autre des organismes précités, mais ils
pourraient demander leur assistance en cas de besoin.
Le financement des services de garde. La responsabilité
financière découlant de la garde d'enfants doit être
soutenue par le gouvernement Toutefois, nous sommes en complet désaccord
sur la contribution gouvernementale de 45 % des frais de garde. Quand on lit
que, chaque fois qu'il y aura hausse des tarifs, la contribution
gouvernementale augmentera dans les mêmes proportions, on trouve cela
incohérent. Les garderies seront remplies à craquer ou
l'augmentation des tarifs rendra les services de garde de moins en moins
accessibles et les parents à faibles revenus seront encore
pénalisés. Nous demandons donc le maintien du mode actuel de
financement des garderies.
Nous sommes également totalement en désaccord sur
certaines mesures d'aide, tels les programmes d'exonération et de
déduction fiscale. Pour nous, ce sont là encore des mesures
injustes et discriminatoires. En termes plus généraux, nous
considérons que toute mesure basée sur la fiscalité
entraînera toujours des disproportions et des Injustices flagrantes, dont
certaines sont énumérées aux pages 59 et 60 de
l'énoncé.
De façon pratique, nous réitérons ici notre
position dûment adoptée par nos membres, à savoir le
paiement d'une allocation de garde mensuelle, universelle, substantielle,
uniforme et imposable à tous les parents d'enfants de zéro
à douze ans. Pour nous, cette allocation de garde serait
l'équivalent de la déduction fiscale. Nous croyons qu'ainsi tous
les parents québécois seraient considérés et
traités de façon juste et équitable.
De plus, il va de soi que, pour le parent qui choisit de garder son ou
ses enfants, cette allocation de garde constitue un revenu imposable. Pour ceux
qui choisissent de faire garder leurs enfants et qui reçoivent les
pièces justificatives, cela devient une dépense déductible
de leur impôt.
En terminant, tout en faisant nôtre la conclusion de
l'Énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance", nous nous devons aussi de reconnaître que la
réalité d'être parents en cette fin de siècle est
fort complexe. S'il est souhaitable qu'une concordance soit faite entre les
normes du travail et la réalité parentale, nous sommes aussi
conscientes que cela n'est pas chose facile, s'il faut tenir compte de toutes
les différences qu'une société comme la nôtre
engendre entre les individus. Certes, il ne faut pas oublier que l'autonomie
d'un individu dans notre société passe nécessairement par
l'accomplissement d'un travail rémunéré.
D'autre part, le travail au foyer auprès des enfants est
essentiel pour la société et sa survie. Il a une dimension
sociale et un prix social à payer. Il faut à tout prix respecter
les choix des parents, sans pour autant encourager le travail au noir ou toute
inconsistance dont les enfants feraient finalement les frais. Mais il y a plus.
La dénatalité, le manque d'enfants nous est rappelé
presque quotidiennement. Une politique familiale favorisant le soutien et la
revalorisation de tous les parents québécois est
réclamée par tous.
Les Cercles de fermières du Québec, dans leur
mémoire sur l'énoncé de politique familiale, disaient, et
je cite: "Que la famille, couple et enfants, cellule vivante de la
société dont elle est la base, a droit au respect de ses
croyances, au respect de son épanouissement moral, physique, sur le plan
travail, santé et loisirs, au respect de l'éducation de ses
enfants pour laquelle la famille joue un rôle important reconnu aussi
bien par la Déclaration des droits des enfants de l'Unesco que par le
droit canadien et le droit québécois."
Ce texte ne vient que rendre plus fortes les demandes des Cercles de
fermières du Québec en matière de services de garde. Pour
les femmes au foyer assurant les services de garde auprès de leurs
propres enfants, notre proposition d'une allocation de garde serait une porte
ouverte sur la reconnaissance sociale de leur rôle, par voie de
rémunération interposée, et une voie vers l'autonomie
personnelle. Ainsi, le développement des services de garde se ferait
avec plus d'équité pour tous les parents et serait conforme
à la réalité québécoise.
Le Président (M. Bélanger): Nous vous remercions.
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame, de votre exposé. Vous
y avez souligné au tout début que, dans l'énoncé de
politique, on ne parlait pas suffisamment de la travailleuse au foyer,
c'est-à-dire celle qui a la charge de ses enfants. C'est vrai que
l'énoncé de politique a été élaboré
en fonction des services régis, j'en conviens, et coordonnés par
l'Office des services de garde et aussi prioritairement pour les parents
travailleurs. Par ailleurs, pour les mères travaillant au foyer, il est
vrai que nous n'avons pas tout prévu. Par exemple, il y a la garde de
courte durée, comme les haltes-garderies et les jardins d'enfants, dont
nous avons l'intention de promulguer les articles pour soutenir davantage ces
mères qui travaillent au foyer. Nous croyons aussi que nous pourrons
davantage aider ces mères au foyer par le biais de la fiscalité,
ce que nous n'avons pas abordé comme tel dans l'énoncé de
politique, comme je le mentionnais, parce qu'il s'agissait vraiment de garde
régie.
Vous avez parié aussi de la garde au travail, chez les
employeurs, en disant qu'on devrait davantage sensibiliser l'employeur
plutôt que privilégier ce type de garde parce qu'H y a des
avantages pour plusieurs employeurs, entre autres, à implanter des
services de garde en milieu de travail. Je dis oui. Par contre, 1 y a un
certain problème dont je voudrais vous faire part et peut-être que
j'aurai une question qui suivra.
Actuellement, si on parle de garde en milieu de travail, on a deux modes
de garde,
c'est-à-dire qu'on à les garderies à but lucratif
et les garderies sans but lucratif. Dans les deux modes de garde, les parents
sont admissibles à l'exonération financière. D'une part,
si l'employeur veut ouvrir une garderie dans son milieu de travail, il faut
qu'ï ouvre ce type de garderie, soit une garderie à but lucratif ou
sans but lucratif. Dans le cas d'uno garderie sans but lucratif, on ne peut pas
faire de discrimination et ne pas la subventionner parce qu'elle est en milieu
de travail puisque toutes les garderies sans but lucratif sont
subventionnées. D'autre part, s'il ouvre une garderie à but
lucratif, c'est naturellement lui-même, l'employeur, qui en paie
l'implantation et ainsi de suite. On ne paie pas de fonctionnement, non plus.
Les parents sont admissibles.
Tous les groupes ou plusieurs groupes sont venus nous dire la semaine
dernière, entre autres, qu'il fallait faire un moratoire sur les
garderies à but lucratif, qu'il ne fallait plus en ouvrir, qu'il fallait
les transformer. Plusieurs sont venus nous dire qu'elles n'avaient plus leur
raison d'être.
Je sais, par exemple, que vous, Mme Huot, qui avez ou treize enfants,
vous aviez votre propro garderie à la maison. Pour vous, en milieu
familial, développer d'autres types de servicos, parce que vous
mentionniez qu'il faut aussi développer d'autres types de services,
est-ce que ça signifie qu'on ne se préoccupe pas de la
qualité? Que pensez-vous de ça?
Mme Huot: Dans ce qu'on a demandé, nous disons qu'on veut
privilégier tous les types de services de garde, que ce soit régi
par l'Office des services de garde ou non, que co soit à but lucratif ou
sans but lucratif, mais qu'ils soient soumis aux mêmes critères de
qualité. Je pense qu'on les embarque tous dans le même bateau.
Mme Gagnon-Tremblay: Quand vous parlez de soutien sans
distinction des services à but lucratif et sans but lucratif, est-ce que
ça suppose un mode de subvention qui pourrait être identique aussi
ou différent? Par exemple, êtes-vous d'accord sur le fait que nous
ayons décidé de donner certaines subventions spécifiques
aux garderies à but lucratif dans le but d'améliorer la
qualité? Êtes-vous d'accord sur ça ou si vous êtes en
désaccord? Par exemple, croyez-vous qu'on devrait effectivement observer
un moratoire sur les garderies à but lucratif, qu'on devrait les
transformer et qu'elles n'ont pas nécessairement leur raison
d'être? (11 h 30)
Mme Huot: Pour nous, les garderies à but lucratif ont
aussi leur raison d'être. Il faut penser que, dans certaines
régions du Québec, dans certaines municipalités, ce sont
seulement les garderies à but lucratif qui existent. Dans votre
énoncé, II me semble qu'on ne subventionne pas assez les
garderies à but lucratif. Il me semble qu'il y a une grosse
différence entre les garderies sans but lucratif et les garderies
à but lucratif. On ne va pas Jusqu'à demander que ce soit
identique, mais on trouve qu'il devrait être fait davantage en pensant
qu'un pou partout, au Québec, il y a de ces garderies à but
lucratif. En tout cas, c'est notre réflexion: demander, exiger que ce
soient toutes des garderies sans but lucratif, c'est-à-dire qu'un
conseil de parents, un comité de parents soit là, un conseil
d'administration dont les membres sont des parents qui utilisent la garderie.
On sait si bien ce que cela donne au niveau des comités d'écoles,
des CLSC et ainsi de suite, les parents ont de la difficulté, le soir.
Il y a une difficulté à former ces comités et à
tenir des assemblées, des réunions où tous les parents
sont là. Nous autres, c'est d'une façon pratique qu'on l'aborde,
et on trouve que ce n'est peut-être pas possible partout d'exiger
ça. C'est surtout sur ce point.
Mme Gagnon-Tremblay: Croyez-vous que la garde en milieu familial
coordonnée par une agence, on doive la réglementer, la normer au
point qu'à un moment donné, on ait de la difficulté,
justement, à recruter des personnes? Croyez-vous que les parents sont
véritablement inquiets d'envoyer leurs enfants dans de tels milieux?
Mme Huot: Moi, je ne sais pas. On est porté à faire
confiance aux parents aussi. Les parents en général doivent voir
à choisir ce qu'il y a de meilleur pour leurs enfants, mais de là
à réglementer la garde en milieu familial, je ne sais pas. De
toute façon, ce n'est pas tout à fait dans ce sens qu'on le
demande, nous autres. On dit: II faut aussi que la garde qui est faite au foyer
par les parents eux-mêmes soit reconnue au même titre que tous les
autres types de services de garde. Il me semble que, dans le principe, II y a
déjà quelque chose sur lequel on n'est pas sur la même
longueur d'onde. Je ne sais pas si mes compagnes ont quelque chose à
ajouter.
Mme Pilote (Christiane): Christiane Pilote. Quant aux services
régis par une agence de services de garde, je peux vous dire que
ça ne représente pas nécesairement ce qui se vit dans le
milieu. Ce qui se vit, et ce qu'on retrouve le plus souvent, ce sont des
familles, des femmes qui acceptent de garder trois ou quatre enfants chez elles
et qu'elles n'ont pas à se soumettre aux exigences de l'agence. C'est
bien sûr que les parents qui acceptent ce type de garde en font souvent
les frais puisque ces femmes n'émettent pas de reçu. Je dois vous
dire qu'en milieu rural et dans les milieux où on rotrouve de petites
municipalités, c'est ce genre de services de garde qu'on rotrouve le
plus fréquemment.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, on retrouve souvent ce genre de
services; étant donné qu'on manque de services, on est moins
soucieux, c'est-à-dire qu'on est moins exigeant quant aux
reçus de frais de garde. Croyez-vous que ces enfants reçoivent
vraiment une piètre qualité de services? Peut-on s'interroger?
C'est important parce qu'à un moment donné, on a l'impression que
la qualité sert à toutes les sauces. On est en commission
parlementaire et on n'est pas, nous, toujours dans le milieu. Il y a des femmes
qui font garder leurs enfants, vous en connaissez plusieurs, et je pense que
c'est important qu'on sache, nous - on doit s'Interroger - si les parents
doivent être les premiers juges à décider où envoyer
leurs enfants. Qu'en pensez-vous? Pensez-vous qu'il y a vraiment une
piètre qualité des services donnés dans les
résidences?
Mme Huot: D'après ce que nos membres nous disent, les
parents sont encore les derniers... Ils peuvent juger de la qualité et
si ça ne les satisfait pas, ils vont aller ailleurs, c'est bien
sûr. Vous disiez tantôt que j'avais ma petite garderie en raison de
ma grosse famille. Ma grosse famille est après essaimer. Les parents ont
des enfants et ils utilisent des services de garde. Il y en a qui utilisent tel
type de garde. Il y a des enfants qui vont à la garderie
subventionnée, d'autres à la garderie à but lucratif,
d'autres sont gardés par une gardienne en milieu familial et d'autres
sont gardés par une personne. Je vis tous les types de garde chez nous.
La première chose que mes enfants regardent, c'est si l'enfant est bien,
et s'ils évaluent que ce n'est pas correct, ils vont le changer de
garderie, ils vont aller ailleurs. Je me dis: Si cela se fait pour nous,
ça se fait pour les autres aussi. Je comprends qu'il y a des fois
où il peut y avoir des difficultés à faire le transfert,
à changer d'endroit et qu'avant de trouver un autre endroit, il peut
s'écouler quelques mois, quelques semaines. J'en conviens.
Mme Gagnon-Tremblay: II faut encore faire confiance aux
parents.
Mme Huot: Je pense que les parents ont encore du gros bon sens.
En tout cas, de là à admettre une structure assez lourde, nous
autres, on hésite.
Mme Gagnon-Tremblay. M. le Président, je sais que ma
collègue avait une question à poser. Est-ce que vous le lui
permettez?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Mme la
députée de Deux-Montagnes.
Mme Legault: Merci, M. le Président. Mme Huot, vous me
permettrez de formuler les mêmes voeux à l'occasion de la
Saint-Valentin, à vous et aux personnes qui vous accompagnent, ainsi
qu'à tous les membres des Cercles de fermières du
Québec.
Mme Huot, votre intervention me touche personnellement puisque je suis
membre du cercle de fermières de ma municipalité. J'en fais
partie depuis au moins 20 ans.
Mme Huot: Je suis heureuse d'apprendre cela.
Mme Harel: Elle était toute jeune quand elle a
commencé.
Mme Legault: C'est vrai que je suis dans un milieu rural. Je me
sens donc en état de sympathie avec vous. En outre, comme
députée et membre de la commission des affaires sociales, je dois
considérer que le nombre de vos membres, leur répartition dans
les grandes villes, dans les milieux ruraux, dans les campagnes, leur type
d'activités en font un des groupes les plus représentatifs de
ceux qui sont passés ici en commission parlementaire. Nous savons tous
que le beau nom de cercle de fermières n'est pas exclusif aux milieux
ruraux et agricoles.
Ainsi, j'accorde beaucoup d'importance à votre proposition
principale, soit la garde des enfants par leurs parents. Je pense que cela doit
être considéré et traité de la même
façon que la garde des enfants par d'autres moyens de garderies.
D'accord? J'accorde aussi beaucoup plus d'importance à votre proposition
surtout qu'elle n'est pas isolée, parce que nous avons reçu
beaucoup d'autres messages qui allaient dans le même sens.
Premièrement, l'Alliance pour la justice fiscale considère que la
garde de un ou de plusieurs enfants par leurs parents ait au moins
l'équivalent de la garde même des enfants par une tierce personne
et propose que ce même type de garde soit reconnu au même titre et
soutenu financièrement de la même manière. Il y a aussi
l'Association des parents catholiques du Québec qui nous a dit qu'il est
de suprême importance que, dans sa politique des services de garde
à l'enfance, l'État accorde à la mère au foyer ou
au père au foyer, selon les cas, des subventions pour le moins
égales à celles accordées aux mères qui font garder
leurs enfants par d'autres. Selon cette association, on mettrait ainsi fin
à une Injustice sociale flagrante qui fait que l'impôt payé
par un foyer à revenu unique sert en partie à payer les frais de
garde des couples à deux revenus.
Il y a aussi l'Association des mères éduca-trices du
Québec, une jeune association - elle est près de chez moi, je
pense que c'est dans le comté de Groulx qui nous a rappelé que le
véritable choix pour la mère consiste à décider
d'éduquer elle-même ses enfants ou de les confier à
d'autres et qu'on ne peut pas Ignorer celles qui optent pour la première
solution si on poursuit des objectifs de justice sociale.
Quatrièmement, l'Organisation pour la sauvegarde des droits des
enfants nous écrit que le gouvernement devrait déployer autant
d'imagination, d'Initiative et de ressources pour faciliter la présence
parentale au foyer pendant
la petite enfance ou la période préscolaire qu'il le fait
pour encourager les services de garde à l'extérieur du foyer.
Cela dit, j'accorde autant d'importance à votre proposition. Vous
ne prêchez pas dans le désert. Vendredi dernier, dans le journal
le Devoir, je suppose que vous on avez pris connaissance, il y avait un
éditorial sur la neutralité en garderie, l'État devant
aider, non seulement les mères sur le marché du travail, mais
aussi celles qui choisissent d'être mère à temps plein, ne
serait-ce que pendant la petite enfance ou pendant la période
préscolaire. Il y a aussi le démographe Henripin - Je pense que
tout le monde a lu cela aussi - qui avait fait la veille, dans La Presse, une
importante communication allant dans le même sens et l'économiste
bien connu, Pierre Fortin, a pris position contre des formules d'aide ne
favorisant qu'une seule catégorie de parents.
L"Énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance" est d'ailleurs heureusement basé sur des principes qui
mènent à la même conclusion. Mme la ministre, dans son
énoncé dit que cela est sous le signe de la famille, lieu
d'excellence, de cheminement et d'épanouissement de l'enfant, du respect
des choix des parents au sein d'une société démocratique
et pluraliste et d'une adaptation aux besoins variés de la
clientèle.
Nous sommes ici, Mme Huot, pour vous écouter et pour apprendre
aussi. J'aimerais vous poser une question. Pourriez-vous nous expliquer comment
les cercles de fermières en sont arrivés à formuler leur
proposition d'une aide aussi bien pour les parents qui veulent éduquer
eux-mêmes leurs enfants ou les faire garder au foyer que pour ceux qui
les confient à d'autres personnes ou en garderie? Comment on
êtes-vous arrivées là? Vous avez envoyé une
résolution à chacun des membres...
Mme Huot: C'est une étude qui a été faite.
D'abord, vous savez que, dans la structure de notre association, il y a 870
cercles locaux. Cela veut dire qu'il y a des cercles dans 870
municipalités qui sont regroupées en 25 régions et,
ensuite, II y a le conseil d'administration provincial. Alors, il a suffi que
certaines régions se soient penchées sur le sujet; cela s'est
fait à l'occasion de l'étude de l'énoncé de
politique sur les services de gardo, quand Ottawa avait sorti son
document...
Mme Legault: Oui, je me souviens.
Mme Huot: ...sur la garde des enfants. Cela a été
travaillé dans les cercles et dans les régions. Lors des
congrès régionaux, cette recommandation a été
votée pour être acheminée ensuite vers l'assemblée
générale annuelle provinciale qui l'a adoptée il y a
déjà deux ou trois ans. Elle vient des membres; e!le a suivi tout
le processus démocratique au sein de l'association pour être enfin
adoptée et devenir force à l'association provinciale.
Mme Legault: Oui. Si je vous demande cela, Mme Huot, c'est que le
cercle de fermières de ma municipalité m'en avait parié
dès le printemps ou l'automne 1987. Il m'avait approché au sujet
de ce problème-là...
Mme Huot: Ce problème-là.
Mme Legault: ...concernant les garderies. Il s'agit du cercle de
fermières de mon coin, qui touche plusieurs municipalités de mon
comté. La tendance en tout cas dans mon comté, c'était que
les mères, celles qui veulent bien garder leurs enfants à la
maison, aient l'équivalent...
Mme Huot: L'équivalent.
Mme Legault: ...de ce qui est donné à la garderie,
que cela leur revienne, à elles qui avaient décidé de
garder leurs enfants. C'était ce que j'avais ressenti au printemps ou
à l'automne 1987 quand j'avais fait une rencontre avec le cercle de
fermières. Je pense que cela s'est...
Mme Huot: C'est une question de principe.
Mme Legault: C'est cela. C'est une question de choix aussi.
Mme Huot: D'abord de principe, pour que tous ceux qui gardent des
enfants soient reconnus...
Mme Legault: Oui.
Mme Huot: ...et, ensuite, qu'ils aient vraiment le choix de les
garder à la maison ou d'aller à l'extérieur. Au sein de
notre association, iI y a un grand nombre de nos membres sur le marché
du travail...
Mme Legault: Oui.
Mme Huot: ...et d'autres au foyer, et il faut respecter le choix
des uns et des autres.
Mme Legault: Exactement. C'est ce que j'avais ressenti, moi
aussi. Je vous remercie beaucoup, Mme Huot. le Président (M.
Bélanger): Merci. Il vous reste une minute, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais revenir à la page 3 de votre
mémoire - c'est un peu nébuleux et je n'ai peut-être pas
bien saisi - où vous dites, à la toute fin et au début de
la page 4: Toutefois, nous sommes en désaccord avec certaines mesures
d'aide, tels les programmes d'exonération et de déduction
fiscale. Pour nous, ce sont là des mesures injustes." Lorsque vous
parlez de mesures injustes, j'imagine que c'est face aux travailleuses
au foyer qui ont des enfants à charge. Cela suppose à ce
moment-là, si on enlève ces mesures, qu'on donne une subvention
directe à la garderie, qu'on enlève toutes les autres subventions
et qu'on fonde cela en une allocation mensuelle. Par contre, qu'est-ce qu'on
peut faire? Cette exonération est prévue pour les moins bien
nantis, par exemple.
Mme Huot: Concernant les services de garde, il y a deux choses.
Il y a l'établissement d'un réseau de services de garde; cela va.
Là-dessus, nous sommes d'accord qu'il faut qu'il y ait un réseau
de services de garde qui soit reconnu, mais pour tous les types de services de
garde. C'est correct. Deuxièmement, il y a l'aide financière aux
parents; c'est un autre point. Quand on dit qu'il y a des choses
discriminatoires et injustes, c'est surtout pour les déductions
fiscales.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Huot: C'est surtout là. On sait bien que ceux qui ont
un petit revenu - seulement le seuil - de 9000 $ ou 10 000 $ ont besoin d'aide;
on comprend cela, mais c'est surtout pour les déductions fiscales. C'est
pour cela que notre recommandation dit qu'on veut une allocation de garde,
l'équivalent de la déduction. La déduction profite aux
gens qui ont des salaires élevés et les petits salariés
n'en bénéficient pas...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Huot: ...que ce soit pour les services de garde ou pour autre
chose, on le sait. De toute façon, vous venez de changer les
déductions pour personnes au foyer ou l'exemption personnelle en
crédits d'impôt. Alors, vous avez transformé quelque chose.
Je me demande pourquoi on continuerait dans cette voie en ce qui a trait aux
services de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Je pense que vous avez bien
répondu à ma question, Mme Huot. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir, Mme
Huot, de vous retrouver ainsi que Mme Pilote et Mme Varin. Votre mémoire
et la discussion que vous avez eue avec Mme la députée de
Deux-Montagnes m'amènent à vous poser tout de suite une question.
Qu'est-ce que vous privilégiez? Que les mères restent à la
maison pour garder leurs enfants ou vous favorisez pour les jeunes mères
leur intégration au marché du travail avec l'utilisation d'un
service de garde? (11 h 45)
Mme Huot Qu'on respecte leur choix, c'est cela qu'on demande.
Mme Harel: Bon. Alors, le choix, c'est la première chose.
À la page 3, les pourcentages que vous utilisez, il y a là un
problème. Au total, le Québec compte 1 000 000 d'enfants de moins
de onze ans. Alors, il ne peut pas y en avoir un peu plus de 1 000 000 de moins
de six ans. Là, il y a comme un accommodement à faire par rapport
à ces chiffres que vous nous présentez. Mais on pourrait demander
à Mme la ministre, ce serait très utile d'ailleurs, qu'elle nous
dise précisément - j'imagine que ce sont là des
pourcentages qu'elle peut obtenir facilement - combien d'enfants d'âge
scolaire de moins six ans sont en demande de garde? C'est-à-dire quel
est le pourcentage des mères dont ces enfants relèvent en
d'autres termes? On dit toujours qu'il y en a 60 % en 1986. Les 57 %, c'est une
moyenne qui n'est pas réelle. En 1989, c'est peut-être môme
rendu à 65 % et on envisage qu'au début des années
quatre-vingt-dix ça pourrait être 70 % des mères d'enfants
de moins de six ans qui seront sur le marché du travail.
Mme Huot: La réponse est donnée à la page
22. La clientèle potentielle...Tout est là, les chiffres sont
là.
Mme Harel: Oui, mais c'est à partir d'un modèle
théorique qui est 57 % de mères sur le marché du travail,
ce qui n'est pas conforme, si vous voulez, à la réalité du
marché de l'emploi. C'est un modèle théorique.
Mme Huot: Cela peut varier.
Mme Harel: En termes pratiques, dans le discours que Mme la
ministre a fait à l'ouverture de la commission, elle nous a dit, je
pense à la page 9, qu'il y a 165 000 000 $ de toutes sortes de mesures
aux familles québécoises. Cela comprend les déductions
fiscales pour frais de garde, le programme APPORT, les allocations mensuelles
pour jeunes enfants - vous savez, les nouvelles allocations - l'aide
accordée...
Mme Huot: Oui, oui.
Mme Harel:...pour les bénéficiaires de l'aide
sociale qui participent à la mesure d'employabilité. Le tout fait
165 000 000 $. Tantôt, vous disiez: C'est une question de justice, de
principe. Je sais, Mme Huot, que vous êtes sensible à des
questions de principe. Moi, je vous pose une question de principe...
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: ...qui est la suivante. En termes de justice sociale
et de justice fiscale, pour un couple dont le mari travaille et gagne un
revenu
de 40 000 $, nous doux, on s'entend sur une chose, le crédit
d'impôt est plus équitable flscalement que la
déduction.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: C'est certain. La déduction, c'est
évident qu'elle brise la progressivité de l'aide. C'est
évident, tous les chiffres nous la prouvent. Mal3, le crédit
d'Impôt, est-ce qu'il faut que ce soit un crédit d'impôt
quand il y a reçu de frais de garde qui ont été
payés ou un crédit d'impôt remboursable? Vous voyez la
grande différence. Le crédit d'impôt remboursable, c'est
à peu près 1 000 000 000 $ et il est remboursable pour l'ensemble
des familles du Québec. Supposons une conversion de 20 % comme toutes
les déductions qu'a converties le ministre des Finances.
Mme Huot: C'est cela.
Mme Harel: Un taux de conversion de 20 %, c'est un peu plus que 1
000 000 000 $ pour l'ensemble des familles. C'est l'équivalent de votre
allocation, mais ce n'est pas imposable. Là, je vais vous posez uno
question tantôt sur la page 4 quand vous nous proposez une allocation de
garde mensuelle, universelle, substantielle et uniforme, imposable.
Mme Huot: Oui.
Mme Hare!: C'est Imposable sur le revenu de qui? Du mari ou de la
mère?
Mme Huot: Si c'est la mère qui la reçoit et qu'elle
va travailler à l'extérieur, ça va être
ajouté à son salaire.
Mme Harel: Bon, alors, là, je vous pose la question de
justice fiscale.
Mme Huot: Oui.
Mme Harol: La mère qui reste à la maison, dont
l'époux gagne 40 000 $, et qui a deux enfants. Elle le reçoit, ce
n'est pas Imposable. Supposons que c'est 2000 $ par année.
Mme Huot: Oui, c'est Imposable pour tout le monde.
Mme Harel: Sur le revenu du mari?
Mme Huot: Oui, c'est Imposable, c'est un salaire. Nous, on
considère que l'allocation de garde, ça n'a pas de rapport avec
l'allocation familiale.
Mme Harel: Alors, c'est imposable sur le revenu du mari?
Mmo Huot: Oui.
Mme Harel: Même si c'est elle qui garde? D'accord.
Suivez-moi, c'est une question de principe la.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Puis, il y a le couple à côté qui
gagne chacun 20 000 $.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Les deux couples ont deux enfants et le môme
revenu. L'un gagne 40 000 $ avec un salaire et deux enfants, l'autre gagne 40
000 $ avec deux salaires et deux enfants. Les deux qui travaillent paient de
l'Impôt tous les deux.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Si vous ajoutez l'allocation comme revenu Imposable,
en termes de justice sociale, vous favorisez les couples à hauts
revenus. Dans le principe, Mme Huot, je sais que vous êtes capable de me
suivre, il faut que ce soit un principe de justice sociale aussi. 40 % dss
mariages se terminent par un divorce. Que faites-vous des femmes chefs de
famille monoparentale qui ont deux enfants et qui vont, tous les matins...
D'une manière ou d'une autre, elles se débrouillent pour aller
les faire garder et pour aller chercher un bas salaire, les femmes ont toujours
65 % du salaire de l'homme, à diplôme égal, à ce
niveau de revenu. Elles peuvent avoir un revenu, avec les deux enfants, de loin
inférieur à celui de la femme à la maison qui
décide de garder ses deux enfants avec un mari dont le revenu peut
être le double ou môme le triple. Où est la justice
sociale?
Mme Huot: Je peux dire quelques mots et Chrlstiane continuera.
D'abord, on s'aperçoit qu'il y a uno injustice présentement pour
celles qui ont la garde des enfants au foyer. Pour le parent qui gardo les
enfants au foyer, il y a une injustice flagrante.
Mme Harel: Quelle est l'injustice? C'est qu'elles ne sont pas
payées pour les garder.
Mme Huot: Elles ne sont pas payées pour les garder et le
mari qui travaille paie, par ses impôts, pour subventionner les services
de garde pour sa voisine qui fait garder ses enfants.
Mme Harel: Bon!
Mme Huot: II y a quelque chose qui n'est pas correct
là-dedans.
Mmo Hard: La voisine qui, elle, va travailler pale de l'impôt.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Ils en paient en double.
Mme Huot: Elle paie de l'impôt sur l'allocation de
garde...
Mme Harel: Non, elle paie de l'impôt sur le salaire qu'elle
gagne.
Mme Huot: Oui, c'est ça. Mais si elle fait garder ses
enfants et qu'elle a un reçu, cela va être déductible
d'impôt. Les frais de garde, elle pourra les déduire de son
impôt.
Mme Harel: Vous savez que cette déduction d'impôt
est différente, évidemment...
Mme Huot: Ah bien oui! Une voix: Selon les paliers.
Mme Harel: ...elle n'est pas équitable. Donc, on reprend
l'argument. Comment introduire la justice sociale? Je pense que c'est
fondamental, Mme Huot, parce que l'État, doit-il en arriver à
compenser? Ce sont de grands choix de milliards de dollars.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Ce sont des choix importants dans une
société. Vous savez que les milliards de dollars, ça ne
traîne pas dans les coffres de n'importe quel ministre des Finances. On
n'a pas à se le cacher. Quels sont les choix que l'on doit faire?
Qu'est-ce qui arrive pour une femme chef de famille monoparentale?
Mme Huot: Là, vous m'apportez toutes sortes de points,
c'est peut-être bien beau dans votre tête... Je vois, en
général, les principes. Quand je parle de principes, je parle de
principes et je ne démords pas de ça, à moins que
quelqu'un soit bien convaincu et puisse me faire changer d'idée. Mais
dans un temps où, au Québec, on dit qu'il n'y a plus d'enfants,
qu'on va disparaître à brève échéance, il
faut trouver des moyens pour encourager les femmes à faire des
enfants.
Mme Harel: Est-ce que cela veut dire, pour vous, de trouver des
moyens pour qu'elles restent à la maison? Parce que j'étais
surprise...
Mme Huot: SI c'est son choix, respecter les choix.
Mme Harel: Non, non, je veux savoir... Vous me dites qu'au moment
où...
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: ...on a besoin d'enfants et que le désir
d'enfants est grand...
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: ...dans notre société, qu'est-ce que
l'État doit favoriser? Là, on ne parle pas de milliards de
dollars, on dit à un gouvernement qui ne msttra pas un sou frais de plus
en 1989 qu'il n'en a mis en 1988, on lui demande de mettre au moins quelques
dizaines de millions de dollars de plus. Où vont aller ces dizaines de
millions de dollars? C'est dans cet ordre de grandeur-là.
Mme Huot: Bien, on ira en chercher ailleurs. Si le gouvernement
est capable, pour les bien nantis, d'apporter des abris fiscaux qui favorisent
une partis de la population, ceux qui reçoivent de bons salaires, je
pense qu'il est capable d'aller en chercher là pour aider les familles
à avoir des enfants et à payer ceux qui ont la garde d'enfants.
Il me semble qu'il y a quelque chose... Il y a des ajustements à faire
dans la société.
Mme Harel: Vous connaissez la demande, je pense que c'est de la
part des parents catholiques, 12 000 $, un salaire de 12 000 $ pour la
mère.
Mme Huot: Oui. Ah bien ça... On la connaît,
mais...
Mme Harel: L'allocation mensuelle, de combien serait-elle?
Mme Huot: On a dit...
Mme Harel: Substantielle et uniforme.
Mme Huot: ...l'équivalent de la déduction
fiscale.
Mme Harel: La déduction fiscale, quand on la compare...
Actuellement, pour un enfant de moins de sept ans, c'est 4000 $. Si vous la
multipliez par le taux de conversion de 20 %, c'est finalement 800 $.
Mme Huot: Oui. Nous, on s'était dit, dans nos calculs, que
ça représente environ 100 $ par mois.
Mme Harel: Vous voyez, ça représente 800 $ et
ça devrait représenter 800 $... En fait, 100 $ par mois, de toute
façon, ce serait 1000 $. Là, il faut que vous multipliiez par le
nombre de mères d'enfants de moins de six ans et ensuite 400 $ pour les
mères d'enfants de moins de quatorze ans parce que c'est 2000 $.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Cela veut dire que c'est, au bas mot, certainement 1
000 000 000 $. En termes de priorités, parce qu'il y a aussi
l'intégration des
travailleuses au foyer à la Régie des rentes... Mme Huot
Oui, c'est une autre affaire.
Mme Harel: Oui, c'est un autre montant de 1 000 000 000 $.
Des vobc Ha, ha, ha!
Mme HareJ: Et il y a aussi l'argent qu'on demande parce que vous
dites qu'il faut un réseau public, un réseau qui puisse permettre
un vrai choix.
Mme Huot: Oui, c'est ça.
Mme Harel: Le vrai choix c'est un réseau, et le
réseau coûte plus cher que 100 $ par mois. Un réseau
coûte quelques centaines de millions de dollars.
Mme Huot: Non, il y aura des choses à évaluer aussi
là-dessus. En tout cas... Toi, Christiane, as-tu quelque chose à
dire?
Mme Pilote: Ce que je voudrais vous dire, c'est qu'à la
suite de cette lecture, on considère que les femmes qui désirent
présentement avoir des enfants, n'ont pas le choix...
Mme Harel: Oui.
Mme Pilote: ...parce que c'est tellement désavantageux
pour elles de garder les enfants elles-mêmes...
Mme Harel: Oui.
Mme Pilote: ...qu'elles n'ont pas véritablement le
choix.
Mme Harel: Je pense qu'il faut cheminer ensemble parce que Je
pense comme vous. Je crois que quand ça coûte trop cher de faire
garder deux enfants, les femmes ne restent pas à la maison, elles ne
font pas le deuxième. Parce que les femmes ne resteront pas à la
maison, je pense. Je ne parle pas en leur nom, mais je vois ma fille
adolescente et ses amies et je pense que c'est ainsi fait. Parce que,
vous-même, vous en parlez dans votre mémoire quand vous dites: "II
ne faut pas oublier que l'autonomie d'un individu dans notre
société passe nécessairement par l'accomplissement d'un
travail rémunéré." Donc, on poursuit pour nos filles
adolescentes des objectifs d'égalité économique et
d'autonomie financière. On sait que la responsabilité parentale
est très lourde sur les épaules des Québécois
présentement. On sait, par ailleurs, qu'une politique de la petite
enfance passe par une égalité des chances aux enfants
indépendamment du statut.
Je dis, à l'Inverse, que les services de garde reconnus devraient
être ouverts à tous les enfants, que leurs parents soient à
l'emploi ou à la maison, quels que soient les motifs pour lesquels,
à un moment donné, une mère peut avoir besoin d'un
répit, peut avoir besoin d'un soutien, peut avoir le goût de
socialiser son enfant, peut avoir le goût simplement de faire du
bénévolat, de sortir de sa maison, peut avoir le goût de
parler avec des amies. Cela aussi fait partie de ce qu'on considère
être l'évolution de la personne. Alors, je pense que ce qui manque
dans l'énoncé de politique, c'est un droit à
l'accessiblité pour tous les enfants indépendamment du statut
socio-économique de leurs parents, un droit de services de garde
reconnus avec, évidemment, le soutien financier qui va autour.
Mais si on renverse ça en disant que l'argent va être mis
dans la garde que vous appelez la garde à la maison, garde au foyer par
les parents, en fait on devrait dire par la mère, pour se parler
franchement...
Mme Huot: C'est ce qu'on a dit qu'en général
c'étaient les mères.
Mme Harel: ...dans la garde au foyer par la mère, j'ai
peur, comme société, qu'on manque le bateau. Parce que les
mères d'enfants, dans les choix qu'elles expriment, expriment le choix
de faire garantir leur retour à l'emploi, expriment le choix d'un
congé de maternité, le choix d'avoir la sécurité de
retourner travailler. J'ai peur qu'on manque le bateau justement sur le plan de
notre désir d'enfants.
Mme Huot: Je comprends très bien ce que vous dites. Je
pense que notre association travaille à la recherche de l'autonomie des
femmes. Je pense que c'est parfait que tout ce que vous dites est numéro
un, mais ce n'est pas ça qu'on veut dire. Respecter le choix... Si les
parents à un moment donné décident de rester à la
maison, deux, trois ou quatre ans pour élever leurs enfants, c'est ce
choix-là qu'on veut, s'il y en a qui veulent le faire ou qui veulent
aller travailler. Mais, dans l'énoncé qui est fait
présentement, c'est comme si toutes les femmes devaient faire garder
leurs enfants et qu'elles n'avaient plus le choix de les garder
elles-mêmes. Et si elles gardent elles-mêmes leurs enfants, elles
sont pénalisées parce que, dans le revenu du conjoint, il paie
pour les autres qui font garder et qui ont fait un autre choix. On veut
réparer cette injustice-là. ll y a des moyens.
Mme Harel: Mais, à ce moment-là, prenons le
congé de maternité.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Est-ce qu'on s'entend que c'est comme une sorte
d'unanimité qu'il faut un vrai congé de maternité?
Mme Huot: Oui, oui.
Mme Harel: Est-ce que vous concevez que ce congé de
maternité... Parce qu'il y a des sociétés,
évidemment, comme en Suède, où c'est 90 % du salaire
pendant 18 mois. D'autres, comme la nôtre, c'est
l'assurance-chômage quand on y a droit, et c'est pour 17 semaines, je
crois. Est-ce que ça va jusque-là? Je pense que oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. (12 heures)
Mme Harel: Mais encore là faut-il avoir été,
pendant 20 semaines continues, à l'emploi du même employeur. Il y
a toutes sortes de problèmes qui font que bien des femmes n'y ont pas
droit, y compris celles qui sont à temps partiel qui sont bien
nombreuses. Est-ce que vous allez jusqu'à penser qu'il faudrait un
congé de maternité, que la femme soit sur le marché du
travail ou qu'elle soit à la maison?
Mme Huot: On n'a pas abordé cette question. On sait qu'H
faut des congés de maternité. On demande des congés
parentaux, mais le congé de maternité pour la femme au foyer, on
n'a pas abordé cette question-là.
Il n'y a pas longtemps, les femmes qui gardaient leurs enfants
recevaient une allocation de disponibilité, même si ce montant
était un peu symbolique, ce n'était pas un gros montant. Mais
cette allocation de disponibilité-là sera donnée autant
à ceux sur le marché du travail qu'à ceux qui sont
à la maison. Il n'y a plus de reconnaissance pour celles qui gardent
à la maison.
Mme Harel: Pour celles qui sont à la maison, je pense que
vous avez déjà élaboré une politique d'allocation
familiale assez substantielle.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Vous êtes bien claire là-dessus, mais
vous nous dites que cela compense la charge de l'enfant.
Mme Huot: C'est ça.
Mme Harel: Ensuite, vous proposez aussi, je crois, que le
crédit d'impôt qui remplace la déduction personnelle soit
transféré au conjoint à la maison plutôt qu'à
celui qui a un revenu imposable.
Mme Huot: C'est ça. Mme Harel: C'est ça.
Mme Huot: Oui.
Mme Harel: Là, pour des enfants d'âge
préscolaire ou pour des enfants d'âge... Jusqu'à quand
chiffrez-vous l'allocation mensuelle?
Mme Huot: De garde?
Mme Harel: Oui. Mme Huot: Jusqu'à douze ans.
Mme Harel: Jusqu'à douze ans. La même ou si elle
peut...
Mme Huot: Ah! Elle peut varier. On sait que les coûts sont
plus élevés pour de jeunes enfants.
Mme Harel: Parce que la seule question en termes de justice
fiscale, c'est la question de la justice sociale par rapport à des
revenus qui sont vraiment différents ou est-ce que des travailleurs
ouvriers ou des travailleuses ouvrières vont financer le coût de
ces mesures pour des personnes qui ont une qualité de vie de loin
supérieure? C'est la question qui se pose en termes de justice sociale.
Mais, en termes de justice fiscale, cette allocation doit-elle être
imposable sur le revenu parce que le service rendu, le service de garde pour le
principe duquel vous cherchez l'allocation, est-ce qu'on ne le détourne
pas en demandant que cette allocation soit Imposable sur le revenu du
père qui est à l'emploi? Est-ce que là même, si vous
vous rendez compte, les principes à un moment donné...
Mme Huot: On n'est pas des fiscalistes et on n'a pas fait
d'étude pour chiffrer ça. Franchement, j'en conviens et je suis
bien humble en vous le disant. Mais je crois que vous devez comprendre ce qu'on
demande quand on demande que la justice ait une certaine équité
envers tout le monde, tous ceux qui ont la charge d'enfants, en respectant ce
choix-là et que ceux qui gardent leurs enfants, qui se privent d'un
salaire parce qu'ils ont décidé par choix de garder les enfants,
que ce soit par choix ou par obligation... Je ne pense pas qu'H faudrait penser
les services de garde à partir des grands centres comme Québec ou
Montréal. Allons-nous-en sur la Côte-Nord ou ailleurs. On a des
femmes qui viennent de toutes les régions et on comprend les
difficultés vécues dans certaines petites localités
rurales où il n'est pas rentable d'avoir un service de garde. Alors les
parents sont obligés de garder leurs enfants. C'est cela qu'il faut
respecter.
Mme Harel: Regardez, Mme Huot, l'échange de vues est
très intéressant. Ils sont obligés de les garder.
Là, deux questions se posent. Ils peuvent les déduire comme les
gens des grandes villes. Bon, on partage l'idée que cette
déduction est inéquitable, étant donné qu'elle
n'est pas sous forme de crédit. L'autre question, c'est: Doivent-ils
pouvoir les déduire même si les deux
no sont pas à l'emploi? C'est la deuxième question. La
première, c'est: La déduction doit-elle devenir un crédit
d'impôt? Je pense qu'on peut répondra oui. La deuxième
question c'est: Tout le monde peut-il demander ce crédit d'impôt,
même les personnes qui n'ont pas de revenu de travail ou qui
n'étudient pas à plein temps?
Mme Huot: Bien oui)
Mme Harel: Bon. Alors, à la deuxième question, vous
dites: Bien oui! Et Je pense qu'on peut envisager des choses, mais,
déjà, je crois avoir lu un mémoire très
Intéressant - parce que vous êtes plus ferrée que vous ne
le dites sur la fiscalité - où les cercles demandaient une sorte
de crédit à la personne, c'est-à-dire que,
dorénavant, la fiscalité repose non plus sur le revenu familial,
mais sur une base Individuelle. C'est bien ça?
Mme Huot: Bien oui. Et toujours en poursuivant cet idéal,
c'est ce qui serait le meilleur. Dans le fond, c'est ça qu'on propose.
Mais dans le moment, c'est basé sur le salaire familial s'il n'y on a
qu'un qui travaille.
Mme Harel: Oui. Alors, on conclusion, M. le Président, je
pense qu'on aurait vraiment intérêt à
dépoussiérer une fiscalité qui est en train de crouler
sous le poids d'une société qui a complètement
évolué. La fiscalité est restée ce qu'elle
était avant que la société ne devienne ce qu'elle est.
Mme Huot: C'est ça.
Mme Harel: Alors, il nous faudrait une sorte de commission
d'enquête. Je le dis bien honnêtement, il y a tellement de
contradictions dans ce qui a été avancé pierre par pierre
que l'édifice ost en train de s'ébranler. La conclusion, c'est
que vous ajoutez à notre réflexion et je remercie les Cercles de
fermières du Québec.
Mme Huot: Merci. le Président (M. Bélanger): Merci,
Mme la députée de Maisonneuve. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, en terminant, je voudrais souligner
que, sur le million d'enfants qu'i y aurait à garder au Québec,
à la page 22, on souligne qu'il y en a environ la moitié qui sont
âgés de zéro à cinq ans, onviron 517 000 enfants.
Cela suppose à peu près la moitié.
C'est sûr qu'on a des choix à faire. C'est pourquoi nous
avons favorisé en premier lieu toute la question du milieu du travail,
les parents travailleurs comme tels, sur le marché du travail, parce que
c'est un besoin immédiat. Cela ne veut pas dire pour autant qu'on ne
doive pas trouver d'autres mesures pour les parents qui décident de
travailler à la maison et d'élever leurs enfants. Mais, comme Je
le mentionnais, je pense que c'est beaucoup plus par la fiscalité qu'on
devra dépoussiérer un jour, et par d'autres mesures, par exemple
des congés parentaux, des congés de maternité, qu'on
pourra probablement y arriver.
Si, demain matin, on avait à offrir ou à payer, par
exemple, ce qu'on paie dans le milieu des garderies ou dans le milieu des
services régis pour 1 000 000 d'enfants au lieu de 517 000, c'est
certain que les coûts seraient quand même très
différents. Tout on ayant privilégié ce secteur, ça
ne veut pas dire pour autant qu'on ne doive pas agir dans l'autre secteur.
Merci Infiniment, Mme Huot.
Mme Huot: Merci beaucoup, et on espère que vous avez bien
saisi ce qu'on vous demande. le Président (M. Bélanger): Bien.
Alors, la commission des affaires sociales remercie les Cercles de
fermières du Québec et suspend ses travaux jusqu'à 14 h 30
à la même salle.
(Suspension de la séance à 12 h 8)
(Reprise à 14 50) le Président (M. Thuringer): À
l'ordre, s'il vous plaît
La commission va reprendre ses travaux. j'invite l'Association du
personnel de direction des services de garde du Québec à
s'approcher de la table. J'aimerais vous rappeler que la période de
présentation est de 20 minutes. Après cela, B y a une discussion
pendant 40 minutes, 20 minutes de chaque côté. J'aimerais aussi
demander à la porte-parole de s'identifier ainsi que celles qui sont
autour d'elle. Vous pouvez commencer.
Association du personne! de direction de3 services de garde du
Québec
Mme Dubreuil (Christine): Bonjour, M. le Président. Je
suis Christine Dubreuil, présidente de l'Association du personnel de
direction des services de garde. Je suis aussi directrice de la garderie Le
petit palais, au Palais de justice de Montréal. J'aimerais vous
présenter les membres de notre association présentes ici. Alors,
à ma droite, Dominique Bélanger qui est directrice d'une agence
de garde on milieu familial à Boucherville, Sylvie Bernier, directrice
de la garderie de l'École des hautes études commerciales à
Montréal, Mme Francine Langlois, directrice de la garderie La
Relève, à Laval et Mme Irène Séguin, directrice de
la garderie La Cachette, à Laval également. le Président
(M. Thuringer): Chaque fois que vous faites une Intervention, voulez-vous,
s'il vous plaît, bien vous Identifier pour l'enregistrement.
Merci.
Mme Dubreuil: Très bien, merci. L'Association du personnel
de direction des services de garde du Québec compte maintenant 125
membres, tous gestionnaires de services de garde sans but lucratif (garderies
et agences de garde en milieu familial) qui, à ce titre, vivent
quotidiennement la réalité des décisions gouvernementales
en matière de services de garde.
Depuis sa création, l'association a fait de la qualité des
services de garde au Québec l'une de ses priorités. Elle y
travaille notamment en assurant à ses membres formation et soutien
professionnel. Il serait Intéressant de noter que cette année
nous avons offert des sessions de formation à nos membres en raison
d'une par mois. Les thèmes traités sont: l'informatique,
l'entrevue de sélection, la gestion du temps, les prévisions
budgétaires, etc.
C'est donc avec un grand intérêt que l'association a
accueilli l'Énoncé de politique sur les services de garde
à l'enfance, pour un meilleur équilibre", rendu public en
novembre dernier.
L'association note avec satisfaction la volonté du gouvernement
du Québec de se pencher à nouveau sur ce problème et
reconnaît que cet énoncé de politique, bien qu'assez loin
parfois des réalités quotidiennes et des besoins du milieu,
constitue un réel effort pour améliorer le réseau des
services de garde.
L'association estime nécessaire de faire valoir son point de vue
en commission parlementaire pour montrer combien certains aspects des
changements envisagés peuvent constituer une grave remise en question de
la qualité que l'énoncé de politique met pourtant de
l'avant.
Si nous devions nous en tenir aux principes directeurs, nous n'aurions
aucune critique à formuler. Les sept principes directeurs qui inspirent
l'énoncé de politique rencontrent, en effet, les objectifs et
orientations de notre association.
Cependant, nos membres étant à même de
vérifier l'écart entre la réalité quotidienne et la
philosophie de l'énoncé de politique, il est impératif de
s'attarder aux points suivants: le milieu de développement de l'enfant,
la réaffirmation de l'autonomie des services de garde et la
responsabilité communautaire.
Toutefois, ce rôle préventif nous paraît impossible
à assurer sans la collaboration d'autres ressources communautaires,
principalement le réseau de santé et des services sociaux.
Pour s'assurer de la collaboration des autres ressources communautaires,
nous demandons que l'Office des services de garde à l'enfance
négocie et établisse des protocoles d'entente avec, entre autres,
les CRSSS de chacune des régions.
Il nous apparaît essentiel que les parents soient bien
informés. C'est pourquoi nous demandons que le gouvernement prenne les
moyens nécessaires pour faire connaître les services de garde.
L'envol mensuel des allocations familiales ou les cours prénataux
pourraient être, parmi d'autres, des canaux d'information efficaces.
Nous faisons nôtre le principe de l'autonomie de chacun des
services de garde. Mais il nous apparaît évident que
l'intervention du gouvernement, si elle doit viser le maintien de cette
autonomie, doit également assurer à travers ce principe une
qualité de services à la petite enfance. Des mesures
concrètes devront être prises en ce sens. Nous pensons notamment
à un soutien au personnel de direction, ou encore à des
inspections plus fréquentes dont le suivi des dossiers serait
assuré.
Nous croyons aussi que la contribution de l'ensemble des partenaires
sociaux est essentielle au maintien et au développement accru des
services de garde au Québec. Mais, parce que l'expérience de nos
membres travaillant dans des services de garde où ce partenariat serait
possible nous l'enseigne, il est utopique et irréaliste de penser que
les services de garde puissent avoir accès à des ressources
communautaires sans la mise en place par le gouvernement d'incitatifs
importants à l'adresse des partenaires sociaux.
Au chapitre du développement, l'association reconnaît que
l'énoncé de politique démontre un grand effort en vue
d'établir de nouvelles places dans les services de garde régis
par la loi.
Nous demandons donc que l'OSGE s'assure de la compétence des
chargés de projets, tout en leur accordant une formation et un soutien
financier adéquats.
Nous demandons que tous les services de garde sans but lucratif
bénéficient de la subvention pour les chargés de
projets.
Nous encourageons le développement des garderies en milieu
scolaire, ceci afin d'assurer une continuité de la qualité avec
les services de garde pour les enfants d'âge préscolaire.
Nous demandons que l'OSGE délimite des clientèles
d'âges: les garderies en milieu scolaire ne devraient pas recruter les
enfants avant la maternelle; à l'inverse, les services de garde pour les
enfants d'âge préscolaire ne devraient pas recevoir d'enfants de
la maternelle.
Les services de garde en milieu de travail sont
généralement des garderies qui, plus que les autres, ont des
chances d'avoir des partenaires sociaux. Il ne faudrait cependant pas
développer ces garderies en milieu de travail au détriment des
garderies et agences de quartier. De plus, il serait nécessaire de
montrer par une étude précise que le développement plus
rapide de ce type de services reflète bien le choix des parents.
Nous reconnaissons combien il serait important que les
municipalités s'engagent dans le développement régional
des services de garde. Nous demandons au gouvernement de mettre en place des
incitatifs pour que les partenaires sociaux s'engagent dans le
développement régio-
nal des services de garde.
L'association reconnaît la nécessité d'avoir des
services de garde diversifiés. Et nous recommandons que le gouvernement
soutienne par des modes de financement adéquats la qualité des
services de garde dans tous les services de garde sans but lucratif.
L'association fait partie des organismes concernés par la petite
enfance qui s'opposent au développement des services à but
lucratif. Elle exprime son total désaccord avec le financement par le
gouvernement des services de garde à but lucratif.
Nous ne croyons pas qu'on puisse se contenter de faire confiance aux
lois du marché voulant qu'une entreprise perde sa clientèle si
celle-ci n'est pas satisfaite, car cela suppose que les parents ont la
liberté de choisir un service de garde plutôt qu'un autre. Or, il
n'en va pas toujours ainsi dans la réalité.
D'autre part, et Indépendamment de la qualité des services
offerts, nous sommes contre le fait que le gouvernement enrichisse un individu,
alors qu'il aurait pu injecter de l'argent dans des services sans but lucratif.
Il nous paraît que le développement des garderies à but
lucratif va à rencontre des principes du document d'orientation,
notamment le quatrième qui énonce une préférence
pour les services de garde gérés par les parents.
Nous demandons que le gouvernement ne modifie pas sa politique actuelle
en la matière et no finance pas les garderies à but lucratif.
De plus, les garderies à but lucratif qui ouvrent sans permis et
sans être inscrites au plan de développement de l'OSGE sont
tolérées et ne sont pas contraintes à fermer leurs portes.
La qualité des services passe par un contrôle adéquat tant
de la gestion que des services offerts.
Nous recommandons que les services de garde qui répondent
à la domande de garde de courte durée soient régis selon
les mêmes critères d'aménagement, d'équipement, de
qualification du personnel, de ratios, que ceux des garderies actuelles.
Nous demandons que tout mode de service de garde soit régi par la
Loi sur les services de garde à l'enfance.
Par ailleurs, nous croyons que ce n'est pas le rôle des services
de garde mais celui de l'OSGE et des ministères concernés de
faire respecter et de contrôler l'application de leurs propres
règlements, notamment en matière de fiscalité et de lois
du travail.
Au chapitre de la qualité, la qualité des services de
garde exige que le personnel soit compétent. Toutes les intervenantes
devraient être formées adéquatement, et ce, dans tous les
services de garde, quels qu'ils soient.
Quant au besoin de perfectionnement du personnel de direction des
services de garde, comment y répondre adéquatement si notre
association, qui regroupe maintenant 125 mem- bres, soit au-delà de 20 %
de l'ensemble des gestionnaires de garderies sans but lucratif et d'agences de
garde en milieu familial, n'est pas préalablement consultée? Nous
serions l'organisme tout indiqué pour aider à préparer une
réglementation et un programme de formation pour le personnel de
direction. Nous avons déjà entamé, avec nos membres, un
processus de réflexion dans ce domaine. (15 heures)
Si la gestion est efficace, ainsi que le reconnaît
l'énoncé de politique, il n'est pas mentionné à
quel prix cela s'est fait. En effet, sans le fréquent
bénévolat des intervenantes, de tels résultats n'auraient
pas été possibles. Dans les services de garde, environ 80 % des
revenus sont alloués au poste de dépenses salaires. Notre marge
de manoeuvre est inexistante et toute augmentation de salaire exige de recourir
à l'augmentation des frais de garde charges aux parents. Notre objectif
étant, au plan salarial, l'équivalence avec le secteur public,
nous recommandons au gouvernement d'assumer l'écart de salaire existant
entre le secteur des services de garde et le secteur public.
Pour une qualité accrue des services de garde, nous demandons une
révision des ratios: une révision à la baisse pour les
garderies et à la hausse pour les responsables de services de gardo en
milieu familial. Nous comprenons difficilement pourquoi le Québec fait
bande à part comparativement aux autres provinces pour ce qui est de la
garde en milieu familial. Nous demandons que les services de garde soient
soutenus, tant au plan financier qu'au plan des ressources humaines, pour
l'intégration des enfants ayant un handicap, un trouble d'apprentissage
ou de comportement.
La participation des parents est importante et nous jugeons souhaitable
que tous les services de garde aient un conseil d'administration
majoritairement formé de parents. Cette participation, dans le cadre
d'un conseil d'administration, leur permettra de définir les grandes
orientations du service de garde. La gestion quotidienne du service, notamment
parce que la participation des parents ne peut être de tous les jours,
devrait revenir au personnel de direction.
Au chapitre du financement des services de garde, nous demandons que le
calcul de l'aide financière aux parents se fasse au pourcentage des
tarifs payés, sans montant maximum admissible. Nous demandons
également que le montant de l'exonération financière des
parents soit calculé de façon Identique, que les enfants soient
d'âge scolaire ou préscolaire.
L'association constate avec satisfaction l'importance que
l'énoncé de politique accorde à l'implantation de nouveaux
services de garde. Les mesures proposées, par les montants
impressionnants qui y seront affectés, soulignent combien il est
coûteux d'ouvrir de nouveaux services de gardo. Nous recommandons donc
que des mesures transitoires soient prises pour éviter que ne se
créent des disparités entre les garderies actuelles et
celles qui bénéficient des nouvelles mesures. Nous recommandons,
notamment, que des subventions de rénovation ou de relocalisation soient
accordées aux garderies les plus anciennes, ouvertes sans avoir
bénéficié de subvention d'implantation. Nous recommandons
aussi que tous les services de garde sans but lucratif, dont les agences,
bénéficient d'un budget d'implantation réaliste et
proportionnel au nombre de places.
Les membres de notre association, même ceux qui seraient
avantagés par le nouveau mode de financement, s'y opposent car ils
craignent qu'il n'affecte la qualité des services offerts en incitant
les garderies à augmenter les frais de garde; en coupant les avantages
accordés aux parents en cas de congé de maladie ou de vacances;
en créant des difficultés de planification budgétaire,
puisque notre seul revenu stable et prévisible est actuellement la
subvention de fonctionnement; en créant des inégalités
flagrantes entre les garderies, selon qu'elles accueillent plus ou moins de
parents bénéficiaires du programme d'exonération
financière; en accentuant ces inégalités, selon la
région, le quartier ou le milieu de travail où seront
implantées les garderies; et en pénalisant les garderies qui
intègrent des enfants handicapés, puisque le ratio plus faible
entraîne une baisse de revenus.
Aussi, nous rejetons ce nouveau mode de financement et nous formulons la
recommandation suivante: Que le système actuel soit maintenu et que soit
doublée la subvention de fonctionnement.
Les agences démontrent un souci de qualité en soutenant
leurs familles, tant au plan administratif qu'aux plans de la formation et de
la fourniture d'équipements. Malheureusement, l'énoncé de
politique ne soutient pas cette démarche et propose un mode de
subvention qui reflète ce désintérêt. Nous demandons
que soit maintenu le mode de financement actuel, que soit doublé le
montant journalier et que les agences bénéficient du même
type de subvention que les garderies. De plus, nous demandons que les agences
reçoivent directement la subvention journalière de 5,75 $ pour
les poupons, afin qu'elles puissent fournir aux familles de garde les
équipements spécifiques à ce type de service.
L'association reconnaît le besoin de services de garde pour les
poupons. Cependant, nous nous expliquons mal que des garderies à but
lucratif reçoivent des subventions pour combler ce besoin. Être
cohérent avec les principes directeurs de l'énoncé de
politique exigerait plutôt que de telles subventions soient
accordées uniquement à des services de garde sans but lucratif.
Nous recommandons donc que des montants soient alloués pour la
consolidation et l'augmentation de capacité des services de garde
actuels, ainsi que pour l'intégration des enfants handicapés.
Nous demandons une subvention distincte et supplémentaire pour la
formation du personnel, ceci pour tous les services de garde, y compris toutes
les garderies. Nous demandons également une subvention pour la formation
du personnel de direction, pour les services de garde sans but lucratif, ainsi
que l'indexation annuelle de toutes ces subventions.
Alors, en conclusion, l'Énoncé de politique sur les
services ds garde à l'enfance", présenté par Mme la
ministre Gagnon-Tremblay, présente une philosophie précise des
services de garde au Québec. En soi, ceci est un point positif. Dans ce
mémoire, l'Association du personnel de direction des services de garde
du Québec a tenu à souligner que certaines mesures, notamment la
modification de la subvention d'implantation, sont susceptibles d'aider au
développement de nouveaux services de garde. Nous ne pouvons que vous en
féliciter. De même, nous réjouissons-nous que des budgets
soient débloqués par le Conseil du trésor, que le principe
de l'indexation soit accepté et que la planification ait
été faite sur trois ans, même si nous l'aurions
préférée sur cinq.
L'association estime que l'application concrète, efficace et
harmonieuse des sept principes de l'énoncé de politique exige
consultation et ouverture aux gens du milieu. Pour sa part, l'association est
prête à cette collaboration. Nous croyons, notamment, que
l'association est la plus concernée et la mieux outillée pour
vous aider à élaborer une réglementation et un programme
de formation du personnel de direction.
En même temps, il était de notre devoir de mettre en
évidence ce qui nous semblait être des carences et, dans certains
cas, des reculs. Nous l'avons fait dans un esprit positif, en souhaitant que
les efforts concertés de tous permettent d'améliorer encore les
services de garde et en souhaitant aussi que les chiffres ne fassent pas
oublier celui qui doit être le premier bénéficiaire de nos
efforts: l'enfant.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame, pour votre exposé.
Votre mémoire est bien structuré, je dois vous en
féliciter. Je pense que vous avez assez bien circonscrit toute la
problématique. Malgré qu'on puisse peut-être
différer d'opinion sur certaines mesures, je pense que vous avez bien
saisi la problématique. Il n'y aurait qu'un point un petit peu plus
nébuleux sur lequel je reviendrai peut-être tout à l'heure,
mais, auparavant, j'ai plusieurs questions à vous poser. J'aurais besoin
d'éclaircissements.
D'une part, vous dites que l'association semble être d'accord avec
la formule de financement d'aide aux parents d'un montant fixe avec, en plus,
un pourcentage qui fluctue après ça selon le tarif. Est-ce que
vous avez eu connaissance, par exemple, que le Conseil du statut de
la femme nous a proposé, la semaine dernière, une formule
semblable pour l'aide directe aux garderies? Est-ce que vous avez une opinion
là-dessus? Que pensez-vous de cette recommanda-tion qui nous a
été faite par le Conseil du statut de la femme? Est-ce que c'est
quelque chose qui pourrait être envisagé?
Mme Dubreuil: Actuellement, je dois vous avouer que nous n'avons
pas eu le temps d'étudier les recommandations qui ont été
faites par d'autres organismes. Il nous semblait évident que la solution
idéale était peut-être celle qu'on connaissait
déjà, c'est-à-dire l'augmentation de la subvention de
fonctionnement. A moins que Sylvie... Est-ce que tu as un autre... Je pense que
nous n'avons pas encore étudié d'autres formules de financement.
Je m'en excuse, cela n'a vraiment pas encore été fait. Mais j'en
prendrai connaissance avec plaisir.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. À la recommandation 1 de
votre mémoire vous dites: "Pour s'assurer de la collaboration des
ressources communautaires, nous demandons que l'Office de services de garde
à l'enfance négocie et établisse des protocoles d'entente
avec, entre autres, le CRSSS de chacune des régions." En quoi devraient
consister ces protocoles d'entente? Pouvez-vous m'expliquer ce que vous voulez
dire exactement? Quelle est votre pensée là-dessus?
Mme Dubreuil: Notre pensée, c'est que nos membres disent
souvent qu'elles ont de la difficulté à avoir de l'aide et de la
collaboration des différents organismes communautaires ou, enfin, des
services sociaux de leur environnement, c'est-à-dire que l'aide peut
être très différente d'un CLSC à un autre, d'un
secteur à un autre, d'une entente à une autre. Alors, c'est dans
ce sens-là que nous en sommes venus à la conclusion que la seule
façon pour que ce soit uniforme serait que l'Office des services de
garde ait une entente signée avec le CRSSS ou les CLSC et que les
garderies puissent bénéficier de cette aide-là. Tout notre
mémoire est basé sur des faits concrets et vécus. Entre
autres, plusieurs directrices disent: Dans mon sec-teur que ce soit
Québec, Trois-Rivières, etc. J'ai un excellent service en ce qui
regarde les enfants handicapés, les enfants à problèmes ou
même les employés, etc. Mais, dans d'autres secteurs, des
responsables de garderies ou directrices de garderies n'ont jamais aucune
collaboration des CLSC. Je comprends qu'il y a une vocation, que les CLSC
quelquefois... Je sais que souvent, au centre-ville, la vocation est plus sur
la santé et la sécurité au travail que sur la jeune
enfance, mais nous en sommes venues à la conclusion que, si l'office
avait un protocole d'entente directement avec ces organismes, nous aurions uno
certaine facilité à obtenir des services.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour vous, serait-il avantageux que ce
protocole soit uniforme ou devrait-il être négocié dans
chacune des régions et dans chacun des CRSSS?
Mme Dubreuil: Je pense qu'une partie pourrait être
uniforme, c'est-à-dire la partie d'entente, la partie des ressources
accessibles aux services de garde, et qu'une partie pourrait être
négociée, parce que je comprends très bien que les besoins
des services de garde ne sont pas identiques d'une région à
l'autre.
Mme Gagnon-Tremblay: Une autre question. À votre
recommandation 6, vous dites: "Nous demandons au gouvernement de mettre en
place des incitatifs pour que les partenaires sociaux s'engagent dans le
développement régional des services de garde." À quel
genre d'incitatifs pensiez-vous lorsque vous avez fait cette
recommandation?
Mme Dubreuil: Les partenaires sociaux sont souvent... Nous sommes
- je suppose que vous l'avez remarqué - quatre représentantes des
garderies on milieu de travail. C'est comme ça et ce n'est pas voulu.
Nous sommes à même de constater que, si ce sont des garderies en
milieu de travail, ce n'est pas automatique que les partenaires sociaux
s'impliquent dans les services de garde. J'ai moi-même été
directrice de la garderie de la Banque Nationale pendant huit ans; ce n'est pas
évident que la Banque Nationale, entre autres, s'Implique dans un
processus de services de garde pour ses employés, sans aucun incitatif.
On fait ici référence aux incitatifs d'ordre financier; on parle
de réduction d'impôt, d'aide aux employés, de tout ce
que...
Mme Gagnon-Tremblay: Plus que des chargés de projets,
finalement.
Mme Dubreuil: Aussi de l'aide financière. Selon ce que
j'ai vu à plusieurs endroits, il est évident que certaines
entreprises se découragent avant même d'être... À la
Banque Nationale, je dois vous avouer que j'avais beaucoup de visites d'autres
banques qui étaient jalouses d'ailleurs et qui se disaient: Bon, la
Banque Nationale a ça; comment se fait-il qu'on ne l'ait pas? Mais,
à un moment donné, on arrête parce qu'on n'a pas de
professionnels pour nous aider et la mission de l'office ne va pas toujours
jusque-là. Il faut, d'une part, les chargés de projets et,
d'autre part, des incitatifs plus que pour simplement mousser sa
publicité.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous me parlez de la Banque Nationale et
vous mentionnez justement que vous faites partie d'une garderie en milieu de
travail, alors, pour vous, est-co que cela représente des avantages
commo parent, d'avoir uno garderie en milieu de travail? Jo sais quo, la
semaine dernière, entre autres, certains
groupes se sont interrogés sur le développement en milieu
de travail.
Mme Dubreuil: Je pense qu'il y a des avantages certains et qu'en
tant que membres du personnel des garderies en milieu de travail, il est
évident que nous en retirons des avantages. Il serait faux de penser que
le personnel ne voit pas d'avantages dans les garderies en milieu de
travail.
Je pense aussi - et nous l'avons mentionné ici - qu'il serait
Important que cela ne se fasse pas au détriment des garderies en milieu
de quartier; je pense qu'il est arrivé à certains endroits de la
province, aux environs de Montréal, qu'il y ait concurrence. Si les
garderies en milieu de travail continuent de s'implanter avec des moyens
financiers, des partenaires sociaux, etc., et, d'autre part, si on
néglige les garderies en milieu de quartier, la concurrence sera,
à mon avis, malsaine.
Mme Gagnon-Tremblay: D'où l'importance de les inclure dans
la planification régionale et de les soumettre à ce plan de
développement.
Mme Dubreuil: Voilà!
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Dubreuil: Selon mon expérience, Je pense qu'il n'y a
pas lieu d'avoir des garderies en milieu de travail dans tous les milieux de
travail. Je sais qu'à un moment donné, l'office a
été inondé de demandes pour des garderies en milieu de
travail. Entre autres, il y en avait une d'une entreprise du port de
Montréal où la moyenne d'âge des employés frise la
soixantaine; je trouve qu'une telle demande de garderie est un peu
étonnante. Il y aurait peut-être lieu de vérifier si ce ne
sont pas les petits-enfants, à ce moment-là, qui
fréquenteraient la garderie. Alors, je pense que, dans certains milieux
de travail, il y aurait lieu de vérifier le besoin. (15 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: À votre recommandation 9, vous dites:
"Nous recommandons que les services de garde qui répondront à la
demande de garde de courte durée soient régis selon les
mêmes critères d'aménagement, d'équipement, de
qualification du personnel, de ratios, etc., que les garderies. "À ce
moment-là, ça suppose quand même une réglementation
beaucoup plus rigide que celle qui pourrait exister. Est-ce que c'est vraiment
ce que vous voulez, soit qu'on réglemente ou qu'on ajoute des normes
dans les haltes-garderies, entre autres? Je ne parie pas des jardins d'enfants,
parce que, les jardins d'enfants, ça finit par être de la garde
régulière, d'un peu plus que de courte durée. Je pense,
entre autres, à la halte-garderie et à la garde en milieu
familial où c'est beaucoup plus difficile de réglementer et de
normer. Croyez-vous que ça pourrait décourager, par exemple, les
gens d'ouvrir ou de donner ces services si on réglemente trop?
Jusqu'où seriez-vous prêtes à aller au chapitre de la
réglementation?
Mme Dubreuil: Cette recommandation fait suite, je pense, au
phénomène des haltes-garderies qui s'ouvrent un peu partout dans
la province, que ce soit dans les centres commerciaux ou dans les services
sociaux, etc. Nous pensons que les critères d'aménagement,
d'équipement et de qualification du personnel sont essentiels pour
assurer un service de qualité et que, même si les enfants sont
temporairement à ces services de garde, ils ont droit à un
service de qualité, de la même façon. Au chapitre des
agences, j'aimerais peut-être que Dominique, qui est plus
spécialiste que mol en ce qui concerne les agences, réponde
à votre question.
Mme Bélanger (Dominique): Dominiqu Bélanger de
l'agence de garde La Ruche magique. Pour ce qui est des agences, je pense que,
de toute façon, les agences se sont elles-mêmes donné des
règles de qualité beaucoup plus poussées que ce qui est
inscrit dans la loi. Dans la loi, il y a peut-être deux ou trois
paragraphes qui concernent les agences...
Mme Gagnon-Tremblay: Très peu.
Mme Bélanger (Dominique): ...mais les agences se donnent
elles-mêmes des normes en ce qui concerne la formation du personnel, le
ratio - là, le ratio est inclus dans la loi - mais l'aménagement,
l'équipement. On fournit souvent l'équipement aux garderies en
milieu familial. Donc, on n'est pas à rencontre du tout d'une
réglementation, loin de là. Mais ce qu'on souhaite aussi, c'est
que tous les modes de garde soient régis par la loi, pas seulement la
garde en milieu familial reconnue par une agence, mais aussi la garde en milieu
familial qui n'est pas reconnue par une agence. On voudrait que cela aille plus
loin que ça. On est prêtes à aller assez loin.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez raison lorsque vous dites que,
concernant les agences, on n'a pas vraiment de réglementation. Je pense
que c'est quelque chose qu'on devra travailler avec vous autres aussi, parce
que vous avez l'expertise dans cette matière. Par contre, lorsque je
parie de règles, de normes ou quoi que ce soit, je parie davantage,
à ce moment-là, de la spécificité de chaque type de
service. Là j'en arrive à dire: Est-ce que, par exemple, pour
chaque type de service, qui est très différent -il y a les
garderies, la garde en milieu familial, les haltes, les jardins, la garde
à domicile - on peut aller aussi loin qu'imposer, par exemple, quelque
chose d'uniforme ou si on devrait être assez souple dans chacune de ces
catégories de services de garde, pour ne pas avoir quelque chose de trop
rigide justement? Est-ce que ça devrait être uniforme
d'après vous
autres? Je vous entendais tout à l'heure, par exemple, parler de
haltes-garderies et dire qu'on devrait exiger la môme formation, ce qui
supposerait peut-être une technique en garderie, s'il n'y a qu'une seule
personne, ou une sur trois, la môme chose, alors que vous savez que, dans
les haltes-garderies, par contre, vous en avez beaucoup dans des contres
commerciaux, bon, ça pout être des personnes très
différentes d'une journée à l'autre
Ce n'est pas nécessairement la même clientèle qui
revient. C'est vraiment pour dépanner finalement. Alors, est-ce qu'on
serait vraiment en droit d'exiger une formation aussi poussée pour ce
laps de temps, avec une clientèle qui peut être très
changeante?
Mme Dubreuil: Je pense que oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous iriez jusque là.
Mme Dubreuil: Je pense qu'on devrait l'exiger pour assurer la
qualité du service, que l'enfant y soft une heure ou deux heures.
Maintenant, on vous écoutant, je ne sais pas si on devrait avoir les
mômes exigences au chapitre de l'aménagement. Je serais
amenée à penser qu'en ce qui concerne les haltes-garderies, entre
autres, l'espace vital par enfant, etc.. Mais je pense que pour assurer une
qualité aux enfants, il faut que le personnel soit qualifié. Il
me semble que c'est très Important.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Lorsque vous faites votre
recommandation 10, vous dites: "Nous demandons que tout mode de service de
garde soit régi par la Loi sur les services de garde à
l'enfance." Puis, vous poursuivez avec la recommandation 11, en disant: "Nous
recommandons que l'article 3.2.5 - un soutien pour les parents utilisant des
services non régis par la loi - qui n'a pas sa place dans cet
énoncé de politique, soit retiré." Est-ce que ça
suppose aussi l'aide, je ne sais pas mol, ou tout programme expérimental
que l'on pourrait faire et avec lequel on pourrait associer une association
quelconque ou un regroupement quelconque ou déjà une garderie
pour essayer de voir quel genre de soutien on pourrait apporter aux parents qui
n'ont pas besoin de garde régie, par exemple? Ce matin on a eu des
regroupements d'associations féminines qui nous disaient: Vous avoz
beaucoup de femmes qui travaillent à la maison, qui veulent prendre soin
de leurs enfants, mais parfois elles ont aussi besoin de
références et de soutien de temps à autre. Est-ce que cela
irait jusque-là?
Mme Dubreuil: Oui, cela irait jusque-là. Ce que vous
appelez soutien, on pense que tous les styles, de garde devraient être
régis par une certaine loi. On ne veut pas aller à une
rigidité extrême, mais cela nous apparaît évident.
Cet article-là nous semblait un peu contradictoire avec tout le reste
où on dit que l'on reconnaît un service de garde en garderie, en
milieu familial, toutes sortes de services de garde, mais qu'on reconnaît
aussi une garde non régie par la loi. Cela fait des années que
l'on combat la garde au noir, entre guillemets. On a mal compris cet
article-là qui nous semblait complètement contradictoire avec le
fait qu'on réglemente un certain nombre de garde et que l'on permette
aussi la garde non régie. Il nous semblait très
contradictoire.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais il faut dire, par contre, que
l'intention de l'énoncé de politique n'était pas
d'encourager la garde au noir, mais peut-être d'aider les parents qui
décident de garder eux-mêmes les enfants à la maison...
Mme Dubreuil: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...dans le recrutement de gardiennes de
qualité lorsqu'ils ont besoin d'aide à la maison. C'était
beaucoup plus dans ce sens-là et on se demandait s'il n'y avait pas
lieu, avec l'aide, entre autres, des agences qui sont déjà dans
le milieu, qui recrutent déjà des familles et qui ont
déjà à faire l'évaluation des gardiennes, de voir
à une espèce de banque de noms qui pourrait servir aussi lorsque
l'on fait la demande pour répondre à ces besoins de familles qui
sont à la maison et qui veulent garder leurs enfants.
Mme Dubreuil: J'aimerais que Dominique réponde à
cette question.
Mme Bélanger (Dominique): Les agences se sont
prononcées contre cette Idée-là, pas dans le sens qu'on
est nécessairement contre le fait que ce type de service existe, mais
dans le sens que ce soient les agences qui utilisent leurs subventions pour
donner ce type de service. On pense que c'est un nouveau type de service qui
devrait fonctionner de manière autonome, avec des subventions pour ce
type de service. Les agences ne sont pas prêtes à offrir ce
service aux parents. Ils ne veulent pas du tout de ce dossier-là.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, lorsque nous avons pensé
expérimenter ce programme avec les agences, ce n'était pas dans
le sens de réduire lours subventions pour autant. Jo pense que si on a
expérimenté cela, des agences souhaitent l'expérimenter
aussi. Des budgets peuvent aller de pair, c'est-à-dire qu'on peut aussi
allouer les budgets en conséquence. Il n'était pas de notre
intention d'obliger les agences à donner ce service, par exemple, d'une
façon régulière. C'est un service complémentaire
que l'agence pourrait offrir comme elle peut offrir beaucoup d'autres services
complémentaires parce qu'on pense que vous pouvez jouer un
rôle
important. C'était beaucoup plus dans ce sens-là.
Mme Bélanger (Dominique): Ce qu'on voulait dire, c'est
surtout qu'on n'a pas l'intention de contrôler l'application des lois,
comme par exemple, les lois en matière de fiscalité ou en
matière d'impôt. On trouve que ce n'est pas notre rôle
d'informer les parents qui deviennent employeurs d'une femme qu'ils vont
prendre à la maison comme gardienne. Ce n'est pas à nous de jouer
ce rôle-là, c'est au gouvernement de faire respecter ses propres
lois.
Pour ce qui est du choix d'une agence de lancer ou non un type de
service comme ça, ce sera un choix très personnel, on ne veut pas
se le faire imposer, on veut que ce soit un choix d'agence
individuellement.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais il n'était pas non plus dans
notre intention de l'imposer. C'est beaucoup plus, comme je le mentionnais,
à titre complémentaire. Vous savez qu'il y a des parents qui ont
des besoins particuliers. Ils ont des horaires non usuels; ils ont besoin de
services en fin de semaine. On se rend compte que, même dans le milieu
familial, on n'est pas toujours prêt à donner ce type de service
parce qu'on veut bien réserver ses fins de semaine avec sa propre
famille aussi et on veut réserver ses soirées, ainsi de suite.
Mais, par contre, il faut trouver d'autres solutions pour d'autres besoins.
Alors, c'est beaucoup plus dans le sens d'une complémentarité
finalement, sur une base expérimentale, qu'on voulait travailler ou
qu'on pensait travailler avec les agences, et non pas leur imposer quoi que ce
soit, mais, en somme, pour celles qui désiraient le faire. Elles n'ont
pas non plus à le faire en assumant, par exemple... C'est un service
qu'on offre, il y a moyen de faire en sorte qu'il soit
rémunéré et non pas gratuit à même la
subvention qu'on soumettrait à l'avance.
Il y avait une autre question. À la page 14 de votre
mémoire, vous dites que toutes les intervenantes devraient être
formées adéquatement, et ce, dans tous les services de garde
quels qu'ils soient. Vous avez peut-être finalement répondu tout
à l'heure à ma question, lorsque je vous ai demandé si on
devait exiger une formation aussi poussée, par exemple, dans les
haltes-garderies que dans les autres services. Il est sûr que c'est
toujours souhaitable, mais c'est toujours la question des coûts
naturellement.
Mme Dubreuil: Ah bien oui!
Mme Gagnon-Tremblay: On sait très bien qu'il y a
toujours...
Mme Dubreuil: On en est bien conscientes.
Mme Gagnon-Tremblay: J'arrive au point un peu plus
nébuleux de votre mémoire, que je n'ai pas tout à fait
saisi. C'est à la page 16. On commence à la fin de la page 15
où vous parlez des ratios, des orientations pour une qualité
accrue. Vous dites: "Le ratio adulte-enfants dans les services de garde est un
élément important qui influe sur la qualité des services."
Par la suite, vous continuez en disant: "L'expérience nous montre qu'un
ratio plus faible dans les garderies est souhaitable. Par contre, te ratio
actuel dans tes agences est, paradoxalement - et c'est vrai - un obstacle
à une qualité accrue. En effet, le ratio - un adulte pour quatre
enfants, y compris ceux de la personne qui garde - ne permet pas d'assurer un
revenu suffisant aux responsables de familles de garde et contribue donc
à leur roulement." Et là, on demande d'augmenter le ratio.
Là où j'ai de la difficulté à comprendre et
à saisir, c'est que, d'une part, on nous dit: Au nom de la
qualité, il est important de baisser les ratios. Je pense que je suis
d'accord avec vous pour dire qu'il faut baisser les ratios. Ce n'est pas un
choix que nous avons fait présentement compte tenu des coûts et
des autres besoins, mais c'est un choix qu'on devra faire dans un
deuxième temps.
Par contre, quand il s'agit des agences en milieu familial, là,
on nous dit: Pour assurer un meilleur salaire à la personne, à la
gardienne à domicile, il faudrait augmenter le ratio. Je ne sais pas si
c'est ce que vous voulez dire dans votre mémoire, si je le comprends
bien, mais là, j'ai de la difficulté à saisir. Est-ce ce
que vous vouliez dire?
Mme Dubreuil: Avant de passer la parole à Mme Dominique
Bélanger, j'aimerais vous dire qu'en effet, il y a contradiction, je
suis parfaitement d'accord avec vous. La contradiction vient du fait qu'en
garderie, nous pensons que les ratios devraient être diminués. Par
contre, en agences, nous sommes dans la contradiction suivante: la garde non
régie par la loi permet neuf enfants à la maison et la garde
régie par la loi permet un adulte pour quatre enfants en agences. C'est
là, la contradiction.
Mme Gagnon-Tremblay: À ce moment-là, pour contrer
cela, parce que finalement au nom de la qualité... Ce qu'on fait d'une
part, au nom de la qualité, on nous dit de l'abaisser, mais cette
même qualité, il faut quand même aussi... Elle existe
partout. Tout à l'heure, on disait que cela prenait une qualité
uniforme. Dans ce cas-là, est-ce que cela supposerait qu'on ne devrait
pas davantage réduire le ratio, par exemple, ou la garde non
régie qui est permise pour un-neuf? Ne pensez-vous pas que c'est
là peut-être qu'on devrait travailler ou qu'on devrait...
Mme Dubreuil: Bien oui, je pense que oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...modifier par des changements?
Mme Dubreuil: Je passe la parole à Mme Dominique
Bélanger et je suis certaine que...
Mme Bélanger (Dominique): Je pense que la
réalité, c'est le grand roulement des responsables des familles
de garde. Bien souvent, comme dans mon agence, par exemple, en
général, les femmes ont deux enfants à elles. Donc, cela
leur donne un revenu pour deux enfants, ce qui n'est pas suffisant pour faire
vivre quelqu'un adéquatement. Si le ratio était
élevé, ces femmes-là pourraient garder trois enfants,
avoir un revenu un peu plus acceptable et, à ce moment-là, rester
plus longtemps au sein de l'agence pour acquérir beaucoup
d'expérience. C'est à ce moment-là qu'on pout offrir un
service de qualité. Le problème n'est pas tant le ratio que le
roulement des gardiennes.
Pour ce qui est du problème du ratio dans la garde non
régie, il est sûr que c'est un des problèmes aussi. On est
la seule province au Canada où le ratio est plus élevé et
il est même plus du double pour la garde non régie que pour la
garde régie. Dans les autres provinces, le ratio est égal ou est
môme plus bas pour la garde non régie. Donc, il est sûr que
cela est un obstacle. Par contre, le fait d'élever les ratios, il faut
comprendre aussi que la majorité des femmes ont des enfants à
elles. La réalité, ce n'est pas qu'elles gardent quatre enfants;
en général, elles on gardent deux tout au plus. Cela noua
permettrait d'assurer une grande stabilité parmi nos gardiennes. le
Président (M. Thuringer): Merci. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. C'est avec
Intérêt que J'ai pris connaissance du mémoire de
l'Association du personnel de direction des services de garde du Québec.
Je me suis demandée depuis combien d'années existait
l'association.
Mme Dubreuil: L'association existe depuis presque dix ans
maintenant. Nous venons de changer de nom cette année; auparavant,
c'était l'Association des directrices de garderies. Cependant, nous
avons changé de nom pour Impliquer plus de gens.
Mme Harel: L'association était composée de
personnel de direction des garderies sans but lucratif?
Mme Dubreuil: Oui.
Mme Harel: C'était un choix qui...
Mme Dubreuil: Tout à fait.
Mme Harel:...était volontaire. (15h30)
Mme Dubreuil: Oui.
Mme Harel: J'écoutais la discussion avec Mme la ministre.
Je prenais note, au début de votre présentation, que vous
abondiez en faveur des sept principes directeurs énoncés dans la
politique. Il m'avait semblé qu'il y en avait un qui était aussi
clairement exprimé qu'il l'était iI y à dix ans, à
savoir l'objectif d'une égalité des chances dans la petite
enfance. Il me semblait que la lecture qu'on pouvait faire des principes
directeurs permettait de conclure sans exagération qu'il y avait une
sorte de glissement vers des services de garde pour répondre à un
objectif très légitime, celui de l'égalité des
hommes et des femmes sur le marché de l'emploi, de l'autonomie
financière des femmes et de leur égalité
économique, et de la participation des parents qui favorise
l'intégration au marché du travail.
L'objectif de départ des services de garde d'il y a dix ans
était un volet de la politique de la petite enfance. Il y avait une
dimension, non pas simplement de dépistage ou de prévention
psychosociale, mais aussi d'égalité dos chances, de socialisation
d'enfants qui naissent de plus en plus dans des familles de petite taille. Ne
vous a-t-il pas semblé qu'il y avait une sorte de glissement vers des
objectifs qui s'éloignaient de celui-là?
Mme Dubreuil: Dans le sens que le principe directeur glisse vers
les parents qui travaillent uniquement? Est-ce ce que vous voulez dire?
Mme Harel: Oui, c'est cela.
Mme Dubreuil: Oui, il en a été discuté. Je
dois dire que le peu de temps que nous avons mis sur la discussion du
mémoire on équipe ne nous a pas permis de discuter chacun des
principes directeurs, mais en effet, on assemblée générale
de l'association, II a été question de ça. Jo me souviens
d'avoir entendu une Intervention disant qu'il est vrai que les services de
garde ne doivent pas uniquement être réservés aux parents
qui travaillent.
Mme Harel: C'est vraiment là un aspect Important. J'avais
été alertée par les responsables de garderies de mon
quartier que vous alliez venir, et celles d'entre elles qui appartiennent
à votre association sont d'ailleurs très fières de la
réflexion que vous faites au sein de l'association. C'est un peu elles
qui m'avaient alerté à cette dimension.
En écoutant les discussions avec la ministre je me disais que,
dans notre société, on ne permettrait pas qu'il y ait une
rémunération pour loger des personnes âgées sans
qu'il y ait un permis, par exemple. Vous savez, comme on peut le faire pour des
enfants, vous ne pouvez pas recevoir des personnes âgées à
la bonne franquette chez vous. Soit qu'il vous faille un permis
municipal dans la cadre de la délivrance de permis pour
chambreurs - c'est très strict - et là vous allez avoir un
fonctionnaire qui va venir vérifier si vous avez des sorties de secours,
des assurances et, dans le fond, tout ce qu'il faut pour répondre aux
risques inhérents au fait de loger des gens. C'est évidemment
encore plus strict si vous voulez être subventionnés; vous devrez
être conventionnés par le ministère de la Santé et
des Services sociaux. Même sur une stricte base privée, il n'y a
pas possibilité d'héberger et de loger des gens sans avoir un
permis, sans qu'il y ait une inspection, sans qu'il y ait des conditions et
sans que vous ayez à afficher votre permis bien en vue.
Je me disais qu'il est étrange que ce qu'on exige pour des
personnes âgées ou en perte d'autonomie, on ne l'exige pas pour
des enfants. C'est comme si, là, ça devenait différent
dans le sens où on se protège derrière le sacro-saint
choix des parents. Si les parents ne sont pas contents, ils n'ont qu'à
changer. C'est ça qu'on entend comme prétexte, justification au
mobile à la non-intervention. Moi, j'ai compris, dans les propos, que
vous souhaitiez des Interventions pour des besoins particuliers. La ministre a
dit: Oui, mais il y a quand même des besoins particuliers plus
diversifiés, à des heures non usuelles, non habituelles. Vous ne
dites pas qu'il faille que les services de garde restent rigides, vous dites
que quels qu'ils soient, aussi diversifiés, aussi spécifiques
qu'ils puissent être, P faut qu'ils soient régis.
Mme Dubreuil: Voilà.
Mme Harel: Voilà.
Mme DubreuS: Exactement.
Mme Harel: C'est très différent. Je comprends que
c'est bien différent. On ne dit pas qu'il ne doit pas y avoir de ce type
de services, du travail domestique à la maison, pour la garde d'enfants,
encore faut-il savoir que l'Association du personnel de direction
réclame que ce personnel soit régi par la Loi sur les normes du
travail. C'est évidemment une demande qui est faite.
Je veux vous Interroger sur le financement. On le retrouve à la
page 23 pour ce qui est de la garderie et, à la page 20, je crois, pour
ce qui est des parents. Vous nous dites, à la page 20, que le calcul de
l'aide financière doit se faire au pourcentage des tarifs payés.
Depuis le début de la commission, la ministre nous a souvent
répété, et je suis certaine que c'est de bonne foi: Ce
n'est pas parce qu'un tarif est élevé que les parents sont
fortunés. Les parents peuvent avoir de faibles revenus et payer cher ou,
au contraire, avoir des revenus élevés et payer un tarif assez
bas.
Mme Dubreuil: En garderie?
Mme Harel: Oui. Est-ce que c'est l'expérience que vous en
avez?
Mme Dubreuil: Non. Je pense que dans les garderies, pour avoir
siégé à des conseils d'administration, les parents se
votent des tarifs selon ce qu'Us sont capables de payer, dans le sens qu'ils
ont des budgets devant eux. Ce n'est pas très compliqué de faire
des budgets de garderie: 60 % vont au salaire, et il faut avoir des revenus
quelque part. Je ne suis pas d'accord quand on dit que les garderies se votent
des tarifs aux parents selon des normes aléatoires. Je pense qu'elles
n'ont pas le choix.
Mme Harel: Cet après-midi, au tout début de la
commission, j'ai reçu des tableaux que j'ai fait faire de la
répartition des déductions fiscales pour frais de garde selon le
revenu. Jusqu'à maintenant, il est malheureux que la déduction
pour frais de garde n'ait pas été transformée en
crédit d'impôt puisque, comme tout le monde le sait, plus le
revenu est élevé, plus ça rapporte de déduire. Cela
n'indiquait pas pour autant quels étaient les montants déduits.
Tout ce que ça nous indique, c'est que, si 1500 $ sont déduits
à 14 000 $ de revenus, à 25 000 $ ou à 60 000 $, ça
ne représente pas nécessairement les mêmes
économies, c'est plus quand c'est 60 000 $.
Mais il y a un élément nouveau qui est vraiment
éloquent: à 10 000 $ de revenus, la déduction moyenne,
avec les reçus, est de 1045 $; entre les tranches de revenus de 5000 $
à 10 000 $, ce qui est utilisé comme déduction moyenne,
c'est 1045 $. Entre les tranches de 20 000 $ à 25 000 $, c'est 1647 $.
SI on va à l'extrémité, à la tranche de 100 000 $,
le montant utilisé pour les reçus de frais de garde est de 2055
$. Non seulement c'est plus payant, mais ça coûte plus cher. C'est
étonnant, ce n'est pas parce qu'ils ont plus d'enfants, mais plus le
revenu est élevé, plus ils ont des reçus de tarifs
élevés.
Comment expliquer par exemple que, pour un revenu de 35 000 $ à
50 000 $, il y ait pour 1893 $ de déduction réclamés, et
pas pour plus d'enfants. Pour le même nombre d'enfants, entre 10 000 $
à 15 000 $, c'est 1355 $. C'est 500 $ de moins qui sont
réclamés, à peu près. Est-ce que ça vous
semble conséquent avec le fait que, dans les services, en
général, les tarifs sont plus élevés si les revenus
sont plus élevés?
Mme Dubreuil: Je pense que les tarifs peuvent être
légèrement plus élevés dans certains quartiers, en
tout cas, je parle surtout pour la région urbaine de Montréal que
je connais mieux Je pense que les quartiers où les parents sont plus
à l'aise, je parle principalement des garderies en milieu de travail
où on pense qu'il n'y a presque pas de parents qui sont accessibles
à l'aide financière puisque tout le monde est sur le
marché du travail, donc a un revenu. Je pense
qu'il est vrai que les tarifs peuvent être un peu plus
élevés, mais Je m'explique mal la différence entre les
reçus de garde, si ce n'est des garderies à but lucratif qui ont
des tarifs peut-être beaucoup plus élevés dans certains
milieux.
Mme Harel: Évidemment, on parle de reçus de
déductions fiscales qui seront possibles à partir de
reçus, non seulement de services reconnus, mais à partir...
Mme Dubreuil: Ce sera possible pour les gardiennes, etc.
Mme Harel: ...de gardiennes, etc. Vous voyez, on prend en
considération l'exonération parce qu'à 40 000 $ ou
à 35 000 $... 100 000 $, ce n'est pas compliqué, c'est 2800 $;
c'est le maximum des reçus de frais de garde. Cela n'indique pas, pour
autant, que ça ne coûte pas aussi cher ou encore que le besoin de
garde n'est pas aussi grand à 40 000 $ de revenu familial ou à 50
000 $. Oui?
Mme Dubreuil: Je ne l'explique pas. Dans les garderies que j'ai
dirigées, j'ai ou les mêmes tarifs pour les gens qui avaient des
revenus très différents; alors, ils avaient les mêmes
reçus pour l'impôt. je m'explique mal comment ils peuvent avoir
plus de reçus et qu'en effet, ils n'ont pas plus d'enfants.
Mme Harel: Finalement, il y a une autre réalité.
J'ai eu l'occasion, avec les groupes qui vous ont précédé,
de m'entretenir sur le fait que l'État, depuis un an ou deux, a
commencé à financer des frais de garde dans des programmes de
transferts sociaux pour des gardes non subventionnées: le programme
APPORT - peut-être en avez-vous entendu parler - ensuite, les nouvelles
mesures à l'intention des bénéficiaires de l'aide sociale
qui verront leurs frais de garde remboursés lorsqu'ils participent
à des mesures d'employabilité. Il y a eu le même
phénomène au fédéral avec l'allocation directe aux
parents de familles immigrantes qui suivaient des cours dans les COFI.
Est-ce qu'à votre connaissance, dans les services que vous
représentez, les parents qui bénéficient du programme
APPORT utilisent les services reconnus? Avez-vous fait une consultation ou non
sur cette question?
Mme Dubreuil: Moi, Je ne l'ai pas faite. Mme Harel: Non.
Mme Dubreuil: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui peut
répondre? Actuellement - comme Je vous le disais tantôt, il est un
peu spécial de remarquer que nous sommes quatre en milieu de travail -
habituellement, en milieu de travail, il n'y a pas de gens qui utilisent le
programme
APPORT.
Mme Harel: Mais non, parce que le programme APPORT n'est
utilisé que pour les parents à faible revenu...
Mme Dubreuil: C'est ça.
Mme Harel: ...sur le marché du travail. Il faut être
sur le marché du travail...
Mme Dubreuil: Oui.
Mme Harel: ...pour pouvoir l'utiliser.
Mme Dubreuil: Oui, mais à faible revenu.
Mme Harel: Oui. Vos garderies sont dans le milieu...
Mme Dubreuil: Des entreprises. Ce sont des revenus moyens. On
représente plus les parents à revenu moyen...
Mme Harel: Moyen.
Mme Dubreuil: ...c'est-à-dire ceux qui se situent
Justement entre les 20 000 $ et 35 000 $...
Mme Harel: D'accord.
Mme Dubreuil: ...ou entre 20 000 $ et 50 000 $.
Mme Harel: Je ne sais pas si c'est semblable en milieu familial,
en agence de service de garde.
Mme Bélanger (Dominique): Dans mon agence, il y a une
quinzaine de parents qui bénéficient de subventions, d'aide
financière. J'avais fait le tour pour voir si ces parents utilisaient le
programme APPORT. Il n'y en avait aucun qui on avait fait la demande. Donc, Je
me suis rendue au bureau du gouvernement chercher les formules et demander des
explications; J'ai même offert aux parents de les aider à remplir
les formulaires, mais, à ma connaissance, il n'y en a aucun qui a fait
les démarches. Alors, ce sont tous des parents qui travaillent et qui
pourraient bénéficier du programme APPORT.
Mme Harel: Ce serait vraiment utile, pas simplement
intéressant, mais très pertinent, si vous pouviez colliger des
renseignements de cette nature. Voyez-vous, si l'État multiplie ce genre
de programmes où les frais sont remboursés, même si les
services qu'ils subventionnent ne sont pas utilisés, j'appelle ça
se tirer dans les jambes, littéralement. L'expérience qu'on a
depuis le début de la commission, c'est qu'il n'y a personne en services
de garde reconnus qui connaît un enfant dont les parents reçoivent
pourtant ces allocations. Alors, ce serait une façon de démontrer
que ce type de transferts
favorisent finalement, sans doute, la garde au noir.
Mme Dubreuil: II est possible. Sylvie, tu voulais ajouter
que...
Mme Bernier (Sylvie): Moi, j'ai un parent à la garderie
qui utilise APPORT.
Mme Harel: Le programme?
Mme Bernier. Oui.
Mme Harel: Le programme APPORT?
Mme Bernier. Il bénéficie d'aide financière,
d'exonération, et il a aussi le programme APPORT, mais c'est le seul. Et
j'ai huit parents qui bénéficient d'aide financière.
À la garderie, on n'a pas reçu d'Information sur ce programme,
alors je n'ai pas pu...
Mme Harel: Le véhiculer.
Mme Bemier ...le donner facilement aux parents.
Mme Harel: II ne faut pas trop vous en faire, le gouvernement a
envoyé 2 700 000 dépliants sous toutes sortes de formes, avec les
chèques d'allocations ou les chèques de bien-être. (1 h
45)
Dans le mémoire que vous nous présentez à la page
23, vous nous dites que vous craignez le nouveau mode de financement, parce que
vous craignez qu'il n'affecte la qualité des services offerts. Vous
énumérez, à titre de gestionnaires, une série de
gestes qui pourraient suivre l'application du mode de financement à 45
%. Vous nous dites: "...en coupant les avantages accordés aux parents en
cas de congé de maladie ou de vacances; en créant des
difficultés de planification budgétaire, puisque le seul revenu
stable et prévisible est actuellement la subvention de fonctionnement."
Est-ce qu'il vous semble que le mode actuel vous permet, comme gestionnaires,
de planifier suffisamment? J'ai cru comprendre que vous abondiez aussi dans le
même sens que la revendication qui nous est faite demandant de doubler la
subvention par place au permis. Est-ce bien ça?
Mme Dubreuil: Nous pensons que le mode de financement
proposé, soit 0,45 $ par 1 $ de financement des parents, est un mode qui
va principalement inciter les garderies à augmenter les frais de garde
et à couper également quelques services. En tant que
gestionnaires, notre point de vue est que, quant à la planification
budgétaire, il sera très difficile de prévoir 45 % des
revenus de l'année à venir. Et c'est dans ce sens que l'on pense
qu'un montant fixe, par enfant, par jour, par 260 jours, nous permet de
planifier l'année à venir beaucoup plus facile- ment.
Mme Harel: La ministre dit: C'est vrai que les tarifs vont
augmenter mais on a prévu des accommodements pour les parents, les
accommodements étant la bonication de l'exonération
financière, la déduction fiscale et le programme APPORT. Je ne
sais pas si vous connaissez cette logique-là qui consiste à dire:
Oui, il est vraisemblable que les tarifs vont augmenter. De toute façon,
c'est notre objectif. Par ailleurs, il y aura une compensation. Comme
gestionnaires, vous nous dites que ce serait vraiment difficile de gérer
sans vraiment connaître à l'avance les états financiers que
vous aurez à administrer. Mais à l'égard des parents,
pensez-vous que les moyens mis en place sont suffisants?
Mme Dubreuil: Je pense que l'aide financière ne s'adresse
pas aux parents de la classe moyenne. Et comme on représente souvent la
classe moyenne... Il n'y a aucun programme qui s'adresse à eux et les
parents de la classe moyenne - je situe leurs revenus entre 25 000 $ et 40 000
$ - ne sont admissibles à aucun de ces programmes, et ce sont eux qui
vont subir les augmentations.
Mme Harel: Je termine parce qu'on me dit qu'il me reste seulement
deux minutes, mais je veux les utiliser pour discuter avec vous d'un point de
vue qu'on a entendu ce matin, soit de recommander au gouvernement d'allouer des
allocations équivalentes à celles du coût en garderie pour
les mères qui gardent leurs enfants à la maison. Comment
réagissez-vous devant ce genre de recommandation qui a été
faite au gouvernement au nom de la justice fiscale, de la justice sociale et de
la justice familiale?
Mme Dubreuil: Je peux répondre personnellement. Je peux
difficilement répondre au nom des membres de l'association. Je pense que
c'est vrai qu'au nom de la justice - si je me mets à la place des femmes
qui gardent à la maison - une politique familiale devrait
répondre à un certain... Je pense, entre autres, aux
régimes de retraite. Je pense, entre autres, à une certaine
allocation à la mère au foyer. Je ne suis absolument pas contre
ce genre de mesures. Par contre, je crois que le milieu des garderies est un
milieu essentiel et, étant en milieu de travail, je suis à
même de constater que les femmes qui sont sur le marché du
travail, et maintenant beaucoup d'hommes - je n'aime pas beaucoup entendre
parler des femmes en milieu de travail; en général, 50 % sont des
hommes qui amènent leur enfant au travail - ont droit à des
services de qualité s'ils font le choix de ne pas rester à la
maison. Les deux modes devraient sûrement être
privilégiés dans le cadre d'une politique familiale.
Le Président (M. Thuringer): En conclusion.
Mme Harol: En conclusion, M. le Président.
Le Président (M. Thuringer): Oui, s'il vous
plaît.
Mme Harel: Je vous remercie. Cela a été trop court.
J'aurais encore aimé vous entendre sur votre expérience en milieu
de travail. On aura l'occasion de discuter avec les agences de garde en milieu
familial. Évidemment, en milieu de travail c'est un peu comme pour le
mariage, personne n'est contre, mais ça dépend avec qui. Et en
milieu de travail, je pense bien que personne n'est contre. La question est la
suivante: Dans quel milieu et, évidemment, à quel prix? Si c'est
au détriment, comme vous le dites, des services de quartier - vous savez
sans doute que l'énoncé recommande que 50 % des
développements en garderie le soient en milieu de travail - est-ce
souhaitable? Je crois qu'on va continuer à discuter avec nos
invités sur ce sujet.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, pour conclure, je dois vous dire que le
gouvernement n'a pas l'intention de faire augmenter les tarifs. On sait que, si
on veut suivre, par exemple, le coût de la vie, les tarifs vont
augmenter; c'est inévitable compte tenu des besoins. On sait très
bien que le tarif est en fonction des dépenses d'une garderie. Comme iI
n'y a pas d'objectif de profits ou quoi que ce soit, quand vous faites votre
budget, vous le faites en fonction des dépenses. À ce
moment-là, le tarif est basé là-dessus. Mais si,
inévitablement, on est obligés d'augmenter les tarifs, ne
serait-ce que pour suivre le coût de la vie, il est important,
à ce moment-là, d'essayer d'appuyer davantage les parents pour
suivre cette évolution de tarifs, ce qui n'existait pas auparavant
puisque les mesures n'étaient pas indexées. Je pense qu'il n'est
pas dans l'intention du gouvernement de le faire.
Tout à l'heure, vous avez mentionné que vous n'avez pas eu
le temps d'étudier la formule mixte proposée par le Conseil du
statut de la femme. Si jamais vous aviez l'occasion de vous pencher sur cette
formule et de l'étudier, et si vous aviez des suggestions à nous
faire, j'aimerais que vous nous les fassiez. Pour moi, c'est toujours dans le
but de corriger. Ce qui est important, c'est de trouver une formule qui
corrigera les écarts et les disparités entre les
différentes garderies. Je trouve dommage, moi aussi, qu'on ait
manqué de temps. J'avais bien d'autres questions. Je m'interrogeais,
entre autres, sur la subvention aux poupons que vous souhaitez voir
versée aux agences plutôt qu'à la gardienne à
domicile, et tout ça. On aura peut-être l'occasion de poursuivre
notre discussion. Jo vous remercie, mesdames. le Président (M.
Thuringer): Au nom de la commission, j'aimerais remercier l'Association du
personnel de direction des services de garde du Québec.
J'inviterais maintenant l'autre groupe, l'Association des
éducatrices et éducateurs en petite enfance de la
Montérégie, à prendre place.
Je suspens les travaux pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 53)
(Reprise à 15 h 54) le Président (M. Thuringer): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Vous étiez là au moment où on a expliqué la
façon de procéder. Vous avez 20 minutes pour faire votre
présentation. J'aimerais que vous vous identifiez et que vous nous
présentiez vos collègues.
Association des éducatrices et éducateurs on petite
enfance de la Montérégie
Mme Mandeville (Louise): Mon nom est Louise Mandeville. Je suis
éducatrice en garderie et membre de l'Association des éducatrices
et éducateurs en petite enfance de la Montérégie. À
mes côtés, iI y a Sophie Brillon, qui est éducatrice en
garderie et aussi membre de l'association, et Nicole Comtois, qui est
éducatrice et aussi membre de l'association.
Quant au déroulement, parce qu'on a pris chacune une partie, Je
vais d'abord faire une introduction, et je vais passer ensuite la parole
à Sophie qui va vous lire le mémoire.
L'Association des éducateurs et éducatrices en petite
enfance a été mise sur pied en Juin 1988 lors d'un colloque de
réflexion sur notre profession d'éducatrice. Des recommandations
sur différents aspects de travail des éducatrices ont
été formulées: le travail auprès des enfants en
difficulté, la formation, les conditions de travail et le désir
de mettre une association sur pied. L'association a pour principal but, dans un
premier temps, de promouvoir le bien-être et le développement
maximal de l'enfant, en assurant un travail de qualité par les
éducatrices de la petite enfance.
Dans un deuxième temps, de faire connaître le travail des
éducatrices de la petite enfance dans la société et, dans
un troisième temps, de promouvoir le développement et le maintien
de services de garde sans but lucratif, subventionnés,
diversifiés, de qualité, accessibles à tous, et
contrôlés par les parents. L'association est mandatée par
une centaine d'éducatrices de la Montérégio pour
présenter le mémoire.
Mme Brillon (Sophie): L'énoncé de politique sur les
services de garde à l'enfance était attendu avec beaucoup
d'impatience par les éducatrices qui participent activement à la
vie de
la garderie. Depuis le 24 novembre 1988, nous connaissons enfin le
contenu de cet énoncé. Depuis le 24 novembre 1988, nous nous
demandons en quoi cet énoncé de politique va améliorer le
sort des garderies ainsi que les conditions de travail du personnel des
services de garde.
Les éducatrices, comme tous les autres intervenants du milieu des
services de garde, attendaient de cet énoncé qu'il soit un
instrument de consolidation financière pour les services de garde
déjà existants et un instrument permettant d'améliorer
leurs conditions de travail et salariales. Nous nous attendions à
retrouver dans cet énoncé des mesures concrètes
démontrant la volonté et le souci du gouvernement d'assurer
à la population des services de garde accessibles et de
qualité.
Dans les pages qui suivent, nous allons vous exposer notre analyse de
cet énoncé de politique du point de vue d'éducatrices
travaillant en services de garde en garderie. Vous trouverez dans ce
mémoire plus qu'une simple analyse, mais plutôt des pistes de
réflexion qui, nous l'espérons, sauront guider vos
décisions dans le dossier des services de garde.
Nous allons examiner rapidement les sept principes directeurs: un
soutien essentiel pour les parents; un milieu de développement pour
l'enfant; un développement qui respecte le choix des parents; une
préférence pour les services gérés par les parents;
une réaffirmation de l'autonomie des services de garde; une
responsabilité communautaire; une saine gestion dans l'ensemble des
services.
De façon générale, notre association est en accord
avec ces principes. Toutefois, nous voulons vous faire remarquer que l'auteur
de l'Énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance" a omis un principe fort important qui aurait dû se lire comme
suit: une qualité accrue des services de garde grâce à
l'amélioration des conditions de travail et salariales de son personnel
et à la baisse des ratios.
La question que nous nous posons est celle-ci. Comment ces
énoncés de principe s'appliqueront-ils dans notre milieu de
travail? Il est à souhaiter que les enfants, les parents, et le
personnel des services de garde puissent en constater les bienfaits. Nous, les
éducatrices en garderie, garderons l'oeil ouvert.
Le développement des services de garde. Le portrait des services
de garde existants, qui est tracé dans l'énoncé de
politique, est fidèle à la réalité. En effet, il y
a un urgent besoin de nouvelles places en garderies, que ce soit pour les
enfants d'âge scolaire ou les plus petits, que ce soit pour de la garde
à temps complet ou occasionnel, pour de courtes ou de longues
périodes. Nous sommes donc très heureuses des 60 830 nouvelles
places que le gouvernement créera afin de combler ces besoins.
Cependant, là où nous avons certaines réserves,
c'est par rapport au choix de dévelop- pement que fait le gouvernement.
Nous voulons attirer votre attention sur certains aspects du choix de
développement que fait le gouvernement. Un premier point: le
développement des garderies situées en milieu de travail. Nous
trouvons qu'il y a incohérence entre le choix de développement
que fait le gouvernement. Il entend "prioriser le développement des
garderies en milieu de travail", et le choix exprimé par les parents.
Une autre citation: 29 % des personnes interrogées se sont
prononcées en faveur d'une garderie située dans leur milieu de
travail ou celui de leur conjoint, comparativement à 71 % dont la
préférence allait è une garderie ayant pignon sur rue dans
leur quartier."
De plus, dans l'énoncé, il est écrit noir sur blanc
qu'un doute subsiste quant aux effets sur le bien-être des enfants et des
parents de ce mode de service de garde. Je cite: "La garderie en milieu de
travail n'est pas toujours la meilleure solution. Elle peut être mal
adaptée pour certains parents, notamment à cause de la distance
entre la résidence et le milieu de travail. De plus, l'environnement
immédiat du milieu de travail n'est pas toujours propice à
l'établissement de garderies." Sachant tout cela, pourquoi le
gouvernement s'engage-t-il à développer les garderies
situées en milieu de travail? ll entend y consacrer jusqu'à 50 %
du développement des places en garderies. Que cacha ce choix politique?
On est en droit de se demander si le gouvernement ne veut pas que les
entreprises assument en grande partie le fardeau financier des garderies.
Nous recommandons au gouvernement de relire et de mettre en vigueur son
troisième grand principe directeur: un développement qui respecte
le choix des parents.
Un deuxième aspect: la garde régulière ou
occasionnelle de courte durée. Dans l'énoncé, il est dit
que: "reconnaissant l'importance de trouver une solution adaptée aux
besoins de garde occasionnelle et de courte durée, le gouvernement
entend mettre en vigueur l'article 6 de la Loi sur les services de garde
à l'enfance, concernant les haltes-garderies." Cela peut être une
bonne solution, mais nous voulons cependant souligner le fait qu'il n'existe
aucune norme ou aucun règlement régissant ce type de service.
Nous recommandons, pour le bien-être de nos enfants et du personnel qui
fréquentent ce mode de garde, qu'au moment de la mise en vigueur des
articles 5 et 6 de la Loi sur les services de garde à l'enfance, il y
ait aussi mise en application de règlements assurant une qualité
de vie comparable aux autres services offerts.
Un troisième point au chapitre du développement: la
création de nouveaux emplois. Une citation: "La création des 60
830 nouvelles places entraînera également la création de
quelque 12 000 nouveaux emplois." En effet, le développement des
services de garde créera 12 000 nouveaux emplois à faibles
revenus. La création de ces 12 000 nouveaux emplois fera sûrement
le
bonheur des politiciens en période électorale, mais
certainement pas celui du personnel des servicos de garde, car ce sont des
emplois sans avenir, et rien dans l'énoncé de politique ne laisse
présager un avenir économique intéressant pour ce genre
d'emploi.
Un dernier aspect reste à souligner: le développement des
garderies à but lucratif. Pour des raisons qui seront exprimées
à la fin de ce document, nous recommandons que cesse le
développement des garderies à but lucratif et nous voulons la
conversion des garderies à but lucratif existantes on garderies sans but
lucratif ayant un conseil d'administration composé majoritairement de
parents utilisateurs.
La qualité des services de garde. Quels sont les critères
de base essentiels qui assurent aux garderies une qualité minimale? Du
point de vue de l'enfant, un service de qualité se traduit par un
environnement sécuritaire et sain, du matériel éducatif et
des jeux en quantité suffisante, une nourriture saine et abondante, un
rapport personnalisé et affectueux avec son éducatrice et un
programme d'activités variées et adaptées à son
âge et à ses besoins de développement.
Pour l'éducatrice, cela veut dire: un ratio lui permettant
d'entretenir avec chacun des enfants de son groupe des rapports
personnalisés; du temps alloué à la préparation de
son programme d'activités; du soutien lorsqu'elle est aux prises avec
dos enfants ayant des difficultés de comportement et d'apprentissage; un
salaire qui aille de pair avec les responsabilités reliées
à sa tâche et à la formation qu'elle possède; et,
finalement, un rapport harmonieux avec les parents utilisateurs et la
direction.
Après le point de vue de l'éducatrice en garderie, voyons
maintenant le point de vue du gouvernement "La qualité des services de
garde relève de plusieurs facteurs, soit le respect des normes de base
variables selon l'âge des enfants et la vocation du mode de garde, la
compétence et la stabilité du personnel, la nature et l'extension
des dimensions éducatives et préventives du service de garde et,
enfin, la qualité de sa gestion. Si certains de ces facteurs peuvent
s'exprimer en des normes objectives, beaucoup d'autres sont en fonction des
valeurs des parents et, par là, difficiles à définir
précisément."
Nous pouvons constater que nos critères de qualité ne sont
pas différents, bien qu'ils soient exprimés de manière
différente. Puisque nos critères de qualité sont les
mômes, nous nous attendions à co que les priorités du
gouvernement pour l'accroissement de la qualité des garderies visent des
objectifs prioritaires, soit les conditions de travail des éducatrices
et les ratios. Mais non. Au lieu de cela, le gouvernement propose ceci: "Afin
d'assurer le maintien et le développement de services de qualité,
le gouvernement entend: soutenir davantage l'engagement des parents en ce qui
concerne les différents aspects reliés à la qualité
des services de garde; soutenir les efforts fournis en vue d'améliorer
la qualité des services de garde; soutenir financièrement les
garderies au chapitre de la formation du perfectionnement et du ressourcement
de leur personnel; accroître le soutien offert à la gestion des
services de garde." le gouvernement remet aux parents la tâche d'assurer
la qualité dos services de garde. Pour cela, il va leur fournir "des
Instruments aptes à soutenir la gestion et permettant d'évaluer
la qualité des services". Nous souhaitons, aussi fortement que le
gouvernement, que les parents s'Impliquent davantage dans leurs garderies, non
seulement en ce qui a trait à la gestion, mais également au
chapitre de la surveillance des normes de qualité. Ils seront en mesure
de constater avec quels petits moyens nous arrivons à maintenir des
services de garde et Us seront aussi plus aptes à dénoncer les
garderies qui ne répondent pas aux normes minimales de
qualité.
Nous recommandons que ces Instruments permettant d'évaluer la
qualité des services soient distribués à tous les parents
susceptibles de faire garder leurs enfants.
L'aspect préventif des services de garde, très souvent
sous-estimé, est enfin reconnu par le gouvernement. "Enfin, conscient du
rôle préventif que les services de garde peuvent Être
amenés à jouer auprès des enfants et des parents,
notamment en matière de santé et de services sociaux, le
gouvernement entend poursuivre et intensifier la collaboration avec les
organismes et établissements du réseau de la santé et des
services sociaux afin qu'ils continuent leurs efforts visant à
promouvoir la santé dans sa globalité et à soutenir les
services de garde sur ce plan."
Les éducatrices sont depuis longtemps sensibilisées au
rôle préventif des garderies puisqu'elles en sont les principales
interprètes. Elles souhaitent ardemment que les voeux formulés
dans cet énoncé de politique, soit "de poursuivre les
modalités d'entente avec les divers intervenants des réseaux de
santé", soient dans l'avenir plus visibles dans le quotidien du
personnel des services de garde car, présentement, les CLSC ainsi que
les centres de services sociaux n'ont pas de personnel pour répondre
à nos besoins d'aide dans le cas des enfants en difficulté
d'adaptation, d'apprentissage et/ou de comportement.
Où sont les mesures concrètes, dans le document
d'orientation de la politique sur les services de garde, visant
l'amélioration de cette situation? Les éducatrices, qui sont aux
prises avec des enfants en difficulté, ont grandement besoin de soutien.
Les souhaits et les bons voeux ne suffisent pas. Parmi les mesures qu'entend
prendre le gouvernement pour assurer la croissance de la qualité des
garderies, une seule touche les éducatrices: "Soutenir
financièrement les garderies au chapitre de la formation, du
perfectionnement et du ressourcement de
leur personnel." Cette mesure est indispensable si l'on veut garder une
certains stabilité chez le personnel des garderies, mais à elle
seule, elle ne viendra pas régler le problème de roulement de ce
même personnel, car les éducatrlces en ont assez de sa former et
de se perfectionner, sachant très bien qu'elles auront encore des
salaires de misère et des conditions de travail aléatoires. Cette
mesure est indispensable et insuffisante. Nous croyons que 1 % de la masse
salariale, tel que proposé dans l'énoncé, c'est trop peu
et que, de plus, celui-ci étant pris sur les 45 % alloués au
financement global des garderies n'améliorera en aucune manière
l'ensemble de nos conditions de travail.
Le ratio, un élément Important dans la qualité de
vie de l'enfant et de l'éducatrlce en garderie, est le grand
oublié de tout cet énoncé politique. Les ratios des
garderies du Québec pour les enfants âgés de trois mois
à trois ans sont parmi les plus élevés au Canada. Voir les
annexes. Présentement, les normes sont de une éducatrice pour
cinq enfants âgés de trois à dix-sept mois; une
éducatrice pour huit enfants âgés de dix-sept mois à
cinq ans et une éducatrice pour quinze enfants âgés de six
ans à douze ans. L'annonce d'une baisse des ratios nous serait apparue
comme une mesure concrète démontrant la volonté du
gouvernement d'accroître la qualité des garderies. Nous
recommandons donc les ratios préconisés par le CIRGQ: une
éducatrice pour trois enfants âgés de trois à
dix-huit mois; une éducatrice pour cinq enfants âgés de
dix-huit à trente mois; une éducatrice pour six enfants
âgés de deux ans et demi à cinq ans; une éducatrice
pour huit enfants âgés de cinq à six ans.
Le salaire du personnel des garderies, tout comme le maintien de la
qualité de ce service, repose entre les mains des parents. S'ils
acceptent sans mot dire les augmentations successives des tarifs, nous aurons
de meilleurs salaires. C'est la bataille qui s'engage entre les parents et le
personnel des services de garde. Ce nouveau mode de financement ne fera
qu'accroître les Inégalités entre les garderies. Est-ce que
ce sont les buts poursuivis par le gouvernement?
Au chapitre du financement, la déception des éducatrlces
fut de taille, car le nouveau mode de financement ne tient compte ni de la
capacité de payer des parents ni des attentes des éducatrices, ni
de la réalité des conditions de travail et salariales du
personnel des services de garde. Tous les beaux discours portant sur
l'importance de la consolidation des garderies, sur la reconnaissance des
conditions de travail et salariales - et je cite: "Les conditions salariales du
personnel des garderies sont parmi les plus basses pour des personnes ayant ce
niveau de qualification" - et sur l'importance du ressourcement pour les
éducatrices ne se sont pas concrétisés.
Le nouveau mode de financement ne tient pas compte de la situation
précaire des garderies et de l'inexistence de fonds de roulement pour
plusieurs d'entre elles. Ce dont les garderies avaient besoin, c'était
d'un financement leur permettant de consolider leur situation
financière. Les rêves des éducatrices d'avoir des
conditions de travail intéressantes, c'est-à-dire du temps de
préparation, des journées pédagogiques, une baisse des
ratios, et des salaires comparables aux éducatrices en éducation
spécialisée ayant une formation similaire ou à celui des
éducatrices en garderies en milieu scolaire, se sont envolés avec
l'annonce du nouveau financement.
Nous nous demandons comment, avec les maigres revenus
supplémentaires qu'apportera ce nouveau financement, les
éducatrices pourront faire le rattrapage salarial minimal,
c'est-à-dire de 8,33 $ pour une éducatrice en garderie à
10,77 $ pour une éducatrice en garderie scolaire? Cela demanderait un
investissement considérable que peu de garderies pourront se permettre.
Si l'auteur de l'énoncé a eu le culot de mettre en
parallèle les salaires des éducatrices en garderie et ceux des
éducatrices en milieu scolaire dans le même chapitre, celui-ci
aurait dû fournir aux garderies les moyens de rééquilibrer
ces salaires. Car, faut-il vous le rappeler, vous exigez des éducatrices
en garderie une formation en petite enfance de niveau collégial tandis
qu'un secondaire IV seulement est exigé pour les éducatrices en
milieu scolaire. Une citation: "Cette formation ne va pas sans des conditions
de travail intéressantes qui contribuent à assurer la
satisfaction au travail et la stabilité du personnel appelé
à travailler auprès de l'enfant, un élément de
premier ordre lorsqu'il s'agit de la qualité des services de garde."
Nous voulons dire au gouvernement que la tolérance des
éducatrices en garderie a atteint sa limite et que celles-ci trouveront
difficilement l'énergie pour continuer à se battre afin que soit
reconnu financièrement leur travail. Comme I est si bien dit dans
l'énoncé: "Cette rémunération relativement peu
élevée crée une situation qui risque d'affecter le climat
général des garderies et la qualité des services; elle
n'est pas non plus sans avoir des répercussions sur la stabilité
du personnel." Seules des mesures concrètes et Immédiates
donneraient aux éducatrices le goût de continuer à
travailler dans les garderies.
Le gouvernement parie beaucoup de normes de qualité. Les
éducatrices auraient aimé avoir des choix clairs et des mesures
concrètes quant à l'application de ces normes. Le gouvernement
fait une petite tentative avec le 1 % de la masse salariale pour la formation
et le ressourcement. Le gouvernement n'a sans doute pas évalué
financièrement ce que cela représente pour chaque
éducatrice.
Le Président (M. Thurlnger): II reste seulement une minute
et demie. En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Brillon: Alors, en conclusion, nous
souhaitons que notre mémoire soit bien entendu et compris de
tous. Ce que les éducatrices demandent pour les services de garde en
garderie, c'est de pouvoir vivre avec les enfants dans un milieu de vie de
qualité, de travailler de concert avec les parents à
l'amélioration de ce milieu, d'avoir des conditions de travail et
salariales accoptablos. Mais nous demeurons convaincues quo le financement
à 45 % ne viendra rien régler.
Un dernier souhait, c'est que le gouvernement cesse le
développement des garderies à but lucratif lesquelles, selon
nous, n'assurent aucunement la qualité. Espérant que ce
mémoire, appuyé de nombreux autres, viendra modifier votre
vision, car nous voulons, tout comme vous, que les garderies sans but lucratif
subventionnées soient de qualité pour les enfants, accessibles
à tous les parents et soient, pour les éducatrices, un milieu de
vie enrichissant, dans tous les sens du terme. le Président (M.
Thuringer): Merci beaucoup. Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, mesdames, pour votre exposé.
C'est important d'avoir le point de vue des éducatricos et des
éducateurs en garderie, puisque vous êtes les principales
personnes au centre de tous les services qu'on connaît actuellement.
Je voudrais discuter davantage avec vous de la formation. J'aimerais,
entre autres, savoir si la formation qu'on donne actuellement dans les
cégeps est complète pour le travail que vous faites dans les
garderies? Je sais que la semaine dernière, on nous a beaucoup
parlé de l'intégration des enfants handicapés. Quelques
groupes nous ont soumis l'idée de pousser un peu plus cette formation
quant à l'Intégration des personnes handicapées. Pour
vous, est-ce que la formation donnée au cégep actuellement est
suffisante ou devrait être améliorée? (16 h 15)
Mme Mandeville: Ce que je peux dire, c'est que la formation
générale des cégeps est adéquate pour les
étudiantes. Moi, je n'ai pas fait de formation on techniques de
garderie, mais je reçois des stagiaires et je peux dire que la formation
est adéquate Au point de vue des enfants en difficulté ot des
enfants handicapés, Je pense que la lacune est là. À mon
avis, il devrait y avoir une formation plus importante sur ces volets. Je pense
que, de plus en plus, les garderies se retrouvent avec des enfants en
difficulté. Je pense qu'il n'appartient pas seulement aux cégeps
de donner ce type de formation, et, comme le disaient les gens qui nous ont
précédées, les ressources du milieu sont
Inadéquates. Quand tu as un enfant on difficulté dans ton groupe,
habituellement tu es pris avec. les ressources du milieu font que ça
prend tellement de temps avant d'avoir des ressources qu'habituellement, tu
t'en passes. Je pense que c'est le volet qui devrait être visé
pour ce qui est des enfants on difficulté et des enfants
handicapés, il faut des ressources extérieures venant donner du
soutien aux garderies et aux éducateurs en particulier.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que cette ressource devrait
normalement provenir des CLSC? Je sais qu'ils sont fort surchargés
aussi.
Mme Mandeville: Oui, ils sont fort surchargés, mais en
tant qu'éducateur, Je dois dire que, lorsque tu appelles au CLSC,
habituellement, ce n'est jamais de leur domaine. L'Association des
éducateurs s'est donnée ce mandat, de trouver des ressources pour
les éducateurs. À moins d'avoir un enfant qui ait un handicap
intellectuel, tous les centres d'accueil donnent du soutien, mais quand un
enfant a des problèmes de comportement, je pense que la lacune est
là. Vous parlez des partenaires sociaux, je pense que ça va
être un volet qu'ils vont devoir prendre, l'aide que tu apportes aux
garderies pour des enfants... L'école dispose de services comme des
psychologues, des orthophonistes ou des ortho-pédagogues, les garderies,
étant des milieux d'éducation pour la petite enfance, devraient
avoir aussi ces mêmes services et non pas être obligées de
les quêter et attendre six mois avant que quelqu'un vienne évaluer
un enfant.
Mme Gagnon-Tremblay: Savez-vous si, actuellement, de tels
services sont offerts à certaines garderies? Est-ce qu'il y a
déjà cette collaboration entre les CLSC? Est-ce une ressource qui
vous apparaît très rare? Est-ce que ça se fait dans
certains milieux?
Mme Mandeville: Dans la Montérégie, il n'y a rien
d'officiel à ma connaissance qui existe. En pratique privée, tu
peux toujours avoir l'expertise des gens qui vont venir évaluer et
intervenir auprès d'un enfant. Mais, dans le secteur public, à
moins que ce soit un enfant, comme je vous le disais, avec un handicap
intellectuel, il n'y a pas de ressources qui me sont offertes si j'ai un enfant
en difficulté.
Mme Gagnon-Tremblay: La loi prévoit une technicienne sur
trois pour ce qui est des services de garde. Est-ce que, pour vous, c'est
quelque chose qui est acceptable? Avec l'expérience que vous avez dans
les garderies, à quoi devrait-on viser? Pour certaines garderies, II y a
une personne qui peut avoir cette compétence, qu'arrive-t-il quand elle
est absente? Je sais qu'il y a eu des personnes qui ont soulevé des
interrogations sur ce sujet. Est-ce que, pour vous, une technicienne sur trois,
ce seralt suffisant? C'est un minimum toujours souhaitable, on n'est pas contre
la vertu, mais en ce qui a trait à l'obligation. Il faut dire que,
depuis quelques années, on a énormément demandé aux
garderies. On leur a demandé, on a réglementé.
On a demandé beaucoup de soutien supplémentaire. Est-ce
que, pour vous, ça vous apparaît quelque chose qui devrait
être différent?
Mme Mandeville: Je pense que la norme de un sur trois peut être
Intéressante parce que ça permet d'avoir une équipe
multidiscipllnaire, mais, en même temps, je me dis que plus il y aura de
monde formé, les services de garde, le jour où ils exigeront
d'avoir du personnel formé, ils devront prévoir des budgets pour
l'amélioration des conditions de travail. C'est sûr que, dans
certaines garderies, ils aimeraient avoir des éducateurs formés,
mais, compte tenu de ce que ça demande comme la masse salariale, tu vas
peut-être te retrouver avec un éducateur sur trois. Je pense que
c'est à chaque garderie de garder l'autonomie par rapport à
ça. Certaines garderies privilégient les équipes
multidisciplinaires. Des garderies privilégient des
éducateurs tous formés. Je pense qu'il appartient aux garderies
de faire ce choix. En tant qu'éducateur, c'est sûr qu'à un
moment donné, il faut qu'il y ait une formation minimale. Les membres de
l'association sont des éducateurs avec une formation en petite
enfance.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que dans votre région, vous
avez un pourcentage approximatif des éducatrices et des
éducateurs qui ont déjà cette technique en garderie?
Est-ce que les garderies de votre région se conforment actuellement
à la loi ou devront-elles faire des efforts, au cours des prochaines
années, pour se rendre conformes tel que l'exige l'Office des services
de garde?
Mme Mandeville: Si je me souviens bien des chiffres, dans le
document sur la qualification du personnel en services de garde, qui avait
été fait en concertation avec l'office, il me semble que les
garderies de la Montérégle étalent conformes dans
l'ensemble. Je pense que 65 % des garderies étalent conformes. Le
pourcentage peut être mis en doute sans problème. Je sais que les
garderies tendent vers la conformité. Et, de plus en plus, les
éducateurs font le choix de se conformer en espérant un Jour
avoir des conditions qui vont avec la formation parce que c'est la
solution.
En tout cas, j'ai rencontré des étudiantes l'année
passée et la semaine dernière, et je pense qu'il va devenir
malheureux de demander aux gens de faire trois ans de cégep et de leur
donner 8 $ de l'heure. Cela fait quatre ans que je suis en garderie, et je
gagne 9 $ de l'heure. Et je trouve qu'à un moment donné,
socialement et économiquement, le gouvernement va devoir faire un choix
s'il veut assurer la qualité des services à la petite enfance. Il
va falloir qu'il y ait de l'argent qui soit injecté quelque part, et
c'est un peu bifurquer de votre question. Mais, en tout cas, si je regarde chez
nous, le jeu que je vais avoir dans ma garderie - parce qu'en même temps
que je suis éducatrice je suis responsable - le nouveau mode de
financement va me donner 1440 $. Et, dans ma garderie, il y a des gens qui ont
dix ans d'expérience. Le conseil d'administration va encore arriver dans
un cul-de-sac par rapport à tout ça. Je pense que la
volonté des éducateurs de se former ne peut être mise en
doute, mais il va falloir que le gouvernement manifeste uns volonté
politique de donner une compensation financière.
Mme Gagnon-Tremblay: Juste une question qui peut être
intéressante pour les gens, est-ce que la directrice devrait avoir une
formation en petite enfance, une formation en gestion ou si elle devrait avoir
les deux? Comment voyez-vous cela pour une directrice de garderie?
Mme MandevilIe: À mon avis, je pense qu'elle devrait avoir
une formation en petite enfance parce qu'il y a tout un volet
pédagogique que vous faites quand vous êtes responsable d'une
garderie. Et je pense que si les gens n'ont pas une formation scolaire, ils
doivent nécessairement avoir une formation sur le tas. Vous ne pouvez
pas être administrateur d'une garderie - surtout avec les conditions dans
lesquelles on les gère en ce moment - sans avoir un minimum de
formation, mais pas nécessairement une formation universitaire.
Mme Gagnon-Tremblay: À la page 14 de votre mémoire,
vous dites que le 1 % de la masse salariale devrait faire partie d'un budget
distinct et offrir à chaque éducatrice et éducateur quatre
jours de ressourcement par année. Il y avait une proposition dans un des
mémoires que j'ai lus, afin que le budget soit donné globalement
à l'office et réparti par la suite au prorata des personnes dans
chacune des garderies. Qu'est-ce que vous pensez de cette suggestion?
Mme MandevilIe: L'office, dans le fond, aurait un budget et
dirait: II y a trois éducateurs dans cette garderie, donc on offre douze
jours de formation pour ces trois éducateurs. Je pense que la formule
pourrait être envisageable, mais également que l'autonomie des
garderies est aussi importante que l'autonomie des éducateurs. La
garderie et les éducateurs pourraient faire des choix pour cet
argent-là qui ne seraient peut-être pas les mêmes que
l'office ferait pour la formation. Je voudrais ajouter quelque chose au sujet
du 1 % de la masse salariale pour la formation. Dans l'énoncé de
politique, il est mentionné que, si les garderies ne sont pas conformes,
le 1 % va être Injecté là-dessus. Je trouve que c'est un
peu biaiser la réalité parce que les éducateurs qui
travaillent dans les garderies non conformes vont être
pénalisés par rapport à des éducateurs de garderies
conformes parce qu'ils n'auront pas le même type de formation. Tu as le
goût d'aller à un colloque, mais parce que tu es dans une garderie
où les gens ne sont pas conformes, tu seras pénalisé.
Je pense qu'il devrait y avoir deux budgets distincts: un budget pour la
conformité des services de garde et un budget pour la formation et le
ressourcement des éducateurs, mais que chaque garderie
administrerait.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est certain qu'avec le 1 %, on vise la
formation, surtout au cours des trois prochaines années, étant
donné qu'on s'est rendu compte, lors de la mise en vigueur du
règlement en octobre dernier, que dos garderies n'étaient pas
encore conformes à cotte norme. C'est sûr que le 1 % visait en
premier lieu l'atteinte de cette norme au cours des trois prochaines
années, puisqu'on a accordé un délai de trois ans pour
l'atteindre. Par la suite, cela devait servir à du ressourcement,
à du perfectionnement, et les garderies qui avaient déjà
atteint cette norme pouvaient à ce moment-là l'utiliser
Immédiatement pour ça. C'est sûr qu'on devrait aussi
s'assurer que les garderies qui ont atteint la norme n'ait pas toujours
à recommencer et qu'il y ait toujours une continuité parce que,
sans ça, on ne pourra Jamais appliquer le règlement.
Une autre demande nous a été faite à un moment
donné. Il y a des gens actuellement qui sont déjà
conformes; Ils ont fait des efforts, lls ont suivi des cours du soir à
leurs frais, ainsi de suite, pour se conformer à la norme. Certaines
personnes nous disent: Pour nous, cette masse salariale devrait être
versée à l'ensemble des éducatrices, même celles qui
ont atteint la norme. D'autres nous disent: Elle devrait être
versée uniquement à celles qui n'ont pas atteint la norme dans le
but de payer les frais de scolarité ou les frais de déplacement
et aussi le remplacement de temps. Par contre, d'autres nous disent:
Écoutez, la garderie devrait être le juge de ce 1 % qu'elle
devrait répartir comme elle l'entend et non pas imposer quoi que ce
soit. Que pensez-vous de ça?
Mme Mandeville: Je pense que le 1 % devrait s'appliquer seulement
à la formation et au ressourcement. Il faut bien penser que le
règlement est en vigueur depuis cinq ans. A mon avis, les
éducateurs qui ont fait l'effort d'obtenir une formation, le soir,
à leurs frais, seraient fâchés de voir que les gens qui ont
défié le règlement se retrouvent avec des formations
payées et avec du temps de libéré pour suivre dos cours.
SI on veut êtro Juste et équitable, c'est de la formation et du
ressourcement. Sur le plan de la conformité, Je pense que cela ne doit
pas faire partie de ce budget-là.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est Intéressant ce que vous
soulevez. Vous séparez vraiment la formation et le ressourcement, et
vous me dites que le 1 % devrait s'adresser uniquement à ça et,
quant à l'atteinte de la norme, on devrait prévoir un budget
spécial. Supposons qu'on donne un budget spécial, ne trouvez-vous
pas qu'on arriverait encoroe avec cette inéquité face aux
éducatrices et éducateurs déjà formés, qui
ont fait des efforts, comme vous le mentionnez. Ne pensez-vous pas qu'avec un
budget spécial, on pourrait encore avoir ces
inéquités?
Mme Mandevil!e: Pour que les garderies atteignent la
conformité, il va falloir qu'il y ait, peut-être pas des
incitatifs, ce sera peut-être aux garderies à faire ce
choix-là, mais je pense que la formation est un choix de l'individu et
que la formation continue et le ressourcement font partie d'un budget
distinct.
Quand on a vu le 1 %, on s'est demandé si vous aviez
évalué, dans le fond, ce que 1 % donne. Quant à moi, je
sais que 151 $ pour faire de la formation et du ressourcement donne environ une
journée de formation. Je me dis que l'énoncé même
reconnaît l'importance de la formation et que toute
l'ambiguïté de ce document, c'est que certaines choses sont
reconnues comme étant importantes, mais les mesures concrètes
sont difficilement visibles.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour certaines personnes ou pour certains
regroupements, 1 % de la masse salariale pour la formation peut paraître
très minime. Il faut quand même réaliser que c'est plus que
la moyenne observée dans bien d'autres secteurs. C'est peut-être
la répartition. Il faut dire que c'est un plus. On n'en avait pas
auparavant. On a réussi à obtenir ce pourcentage. Dans bien des
secteurs, on n'a pas ce 1 % de la masse salariale. Alors, c'est sûr que
ça peut ne pas paraître suffisant pour le moment, mais je pense
que c'est un gain. (16 il 30)
M. le Président, je sais que j'avais un collègue, je
pense, qui avait une question à poser.
Le Président (M. Thuringer): M. le député de
Chambly.
M. Latulippe: Oui. Vous êtes d'accord, je pense, dans votre
mémoire pour que le développement des services de garde respecto
le choix des parents. J'aimerais savoir pourquoi on môme temps vous
n'êtes pas d'accord pour que les parents aient le droit de choisir entre
une garderie avec but lucratif et une garderie sans but lucratif.
Mme Mandevi!Ie: Je vais répondre et Nicole pourra
compléter. Ce mémoire a été écrit pas des
éducateurs avec une vision d'éducateurs. Moi, j'aurais pu vous
amener plusieurs de mes collègues qui ont travaillé dans les
garderies à but lucratif, et, moi, en tant qu'éducateur, je ne
pense pas que la qualité soit assurée dans un service de garde
à but lucratif. Quand on pense que ce sont des témoignages, je
vous le dis, mais vous pourriez les appeler et ça serait pareil - les
éducateurs n'ont pas le droit de
parler aux parents, que, si un éducateur décide d'aller
dehors, parce qu'il y a un parent qui vient visiter la garderie, la directrice
lui dit: Non, tu fais du bricolage. Je pense que, quand tu entends des choses
comme ça, et que tu apprends, que la majorité des plaintes sont
faites dans les garderies à but lucratif, tu peux faire un choix et te
dire que, la qualité, on peut la chercher dans les garderies il but
lucratif, et je pense qu'on ne la trouvera pas souvent.
Il y a peut-être des exceptions qui confirment la règle,
comme dans le français, mais c'est la majorité des cas. En tant
qu'éducateur, je n'irais jamais travailler dans une garderie BL, et je
ne pense pas que la norme de qualité soit si apparente que
ça.
M. Latulippe: Quand on regarde les tarifs moyens, vous avez dans
les garderies à but lucratif, un tarif moyen de 15,49 $ par jour et dans
les garderies sans but lucratif, 14,50 $, c'est-à-dire 1 $ de plus.
Mme MandevilIe: Oui.
M. Latulippe: En même temps vous avez, dans le cas des
garderies sans but lucratif, une subvention de fonctionnement de 4,50 $ par
place par jour. Or, les tarifs sont uniquement de 1 $ de plus par jour. Comment
feriez-vous si vous aviez à gérer une garderie avec but lucratif
avec une si faible différence dans la tarification des deux?
Mme Mandeville: Je pourrai vous répondre. Si tu prends
juste au niveau du roulement quotidien, ces gens, habituellement, au niveau de
l'immobilisation mettent leur auto sur leurs impôts, sur beaucoup de
choses qui font en sorte qu'ils ont des revenus. Il ne faut pas se leurrer, et
il ne faut pas essayer de leurrer personne, s'il y a des garderies à but
lucratif qui existent en ce moment au Québec, c'est parce qu'il y a des
gens qui mettent de l'argent dans leurs poches. Je ne pense pas que le monde
ouvre des garderies à but lucratif pour le plaisir et pour avoir une
meilleure conscience sociale. Je pense que s'ils le font, c'est parce qu'ils
trouvent que c'est rentable. C'est le choix qu'ils font.
M. Latulippe: C'est probablement une conclusion.
Le Président (M. Thuringer): Le temps est
écoulé. Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je vols là la
préoccupation, depuis le début de la commission, du
député de Chambly. Il y a un tableau qui peut être
intéressant, parce qu'avant d'aborder la question des garderies à
but lucratif par le biais du choix des parents, la question est de savoir si
les parents ont vraiment le choix? C'est la première question.
J'aimerais inviter le député de Chambly à prendre
connaissance des développements qu'a connus la garderie à but
lucratif sous son gouvernement depuis trois ans. De 18 % que ces garderies
représentaient en 1982, c'est maintenant 28,7 % en 1988. L'explosion a
eu lieu durant les dernières années au moment où
l'ouverture des garderies sans but lucratif, subventionnées par
l'office, était reportés dans les plans de développement
des années ultérieures. M. le député, je vous
inciterais à prendre connaissance d'un document préparé
par l'Office des services de garde à l'enfance en 1987-1988 et
intitulé "Liste des projets reportés au plan de
développement." Cela nous permet de voir qu'il y a une liste
impressionnante d'attente de projets de garderies sans but lucratif qui n'ont
pu être réalisés faute de budget de développement
adéquat - et ça vaut aussi pour les agences de garde en milieu
familial - pendant que les garderies sans but lucratif n'avaient qu'à
demander leur permis pour l'obtenir. Si la ministre me répond que la loi
est ainsi faite et que, dès qu'il y a une demande de permis, c'est
automatique, la loi ne permet pas de le refuser, je lui dis: Des lois,
ça se modifie. Cela se modifie rapidement. Au gouvernement, il y en a
même qui ont pris l'habitude de bâillonner l'Opposition pour faire
modifier des lois plus rapidement, et que celle-là, je ne pense pas
qu'il aurait été nécessaire de nous bâillonner. On
peut modifier des lois en trois jours, vous le savez. Il suffit d'aller
chercher le consentement. On peut même le faire en rentrant au mois de
mars. Si on craint qu'il s'ouvre des garderies clandestines qui n'ont pas de
permis, si on cherche à les assujettir à la
réglementation, on va être obligés de leur donner. Bien, ne
craignons rien, le 14 mars, date d'ouverture de la session, il suffirait de
présenter une modification à la loi pour que les permis soient
délivrés lorsqu'ils sont d'intérêt public, et je
vous garantis que vous auriez le consentement de l'Opposition pour
procéder en dehors des délais convenus habituellement
Quand on cherche des solutions, on peut en trouver. On ne me fera pas
croire que l'explosion des garderies commerciales à but lucratif l'a
été parce que c'était le choix des parents. Parce que les
garderies sans but lucratif sont en attente d'un budget de
développement. J'aimerais revenir sur le mémoire de l'Association
des éducatrices et éducateurs en petite enfance de la
Montérégie - c'est bien les "éducatrices" avant les
"éducateurs" dans l'appellation - combien y a-t-ll d'éducateurs
en proportion sur le total de vos membres?
Mme Mandeville: Si on regarde au niveau de la région, il
doit y avoir à peu près 94 % des personnes qui travaillent en
garderie qui sont des éducatrices.
Mme Harel: En vous écoutant, je me disais qu'il serait
peut-être intéressant, puisque vous en
êtes, que vous nous expliquiez quelle est la différence -
Je ne sais pas si certaines d'entre vous avez travaillé dans une
garderie à but lucratif ou non - est-ce qu'il y a, pour vous, une
différence à travailler dans une garderie à but lucratif
en regard d'une garderie sans but lucratif?
Mme Comtois (Nicole): Oui, je vais répondra à cette
question, non pas pour y avoir travaillé, mais pour avoir entendu les
commentaires de plusieurs compagnes de travail qui y ont travaillé et
qui sont très heureuses de ne plus y être. M. le
député de Chambly disait comment on réussissait à
arriver dans une garderie à but lucratif. Eh bien, on le prend sur le
salaire des éducatrices, sur la nourriture des enfants. Vous
vérifierez à la fin. On a mis en annexe les plaintes qui sont
adressées à l'Office des services de garde et elles sont par
ordre d'importance. Vous allez voir que les plaintes portent sur ces
sujets-là: nourriture, hygiène, sécurité, ratio.
Pour nous, la différence de travailler dans une garderie à but
lucratif est que les conditions de travail sont très difficiles. On
demande souvent à l'êducatrice de préparer les repas, de
faire de l'entretien ménager en plus de s'occuper de plusieurs enfants,
les ratios étant très élevés. L'éducatrice
n'a pas souvent son mot à dire dans le programme d'activités. Le
côté pédagogique, c'est la propriétaire qui en
décide de la majorité. Il est très difficile de rencontrer
les parents. Les filles sont souvent surveillées. À
l'arrivée et au départ des parents, je suis assurée que le
ratio est respecté, mais, entre les deux, vous irez voir si vous pouvez
entrer. Alors, les conditions pour nous sont très mauvaises et on ne
peut pas le recommander. On ne sera jamais d'accord avec le
développement des garderies à but lucratif.
Dans l'énoncé, on parle de fournir aux parents les
instruments permettant d'évaluer la qualité des services. Je me
dis que ces instruments seront peut-être seulement entre les mains des
parents qui ont des enfants dans des garderies sans but lucratif
subventionnées, qui sont dans les conseils d'administration et qui sont
déjà Intéressés par la qualité. Je me dis
que ces Instruments devraient être distribués à tous les
parents qui ont des enfants à mettre en garderie. Ils pourront alors
savoir ce qu'est une garderie de qualité, ce qu'ils doivent
vérifier quand Ils vont conduire leur enfant le matin, quelles questions
Us doivent poser à la personne qui va garder leur enfant, quel ratio il
va y avoir, ce qu'est le menu, quelles sont les activités. Les parents
pourraient aussi avoir le droit d'y venir et d'entrer dans les locaux n'importe
quand. Vous irez voir, vous ferez des visites dans les garderies à but
lucratif, ce n'est pas le cas. Chez nous, vous pouvez venir quand vous voulez.
Vous venez chercher l'enfant dans son local. Vous voyez ce qui se passe. Je
trouve que c'est un instrument qui serait très précieux pour les
parents, et cela nous servirait aussi à nous, éducatrices, parce
qu'il nous aiderait à assurer des services de qualité.
Mme Harel: Vous avez parlé des enfants en
difficulté, Mme Mandeville. Ce sont des enfants qui ont des
problèmes de comportement. J'ai cru comprendre que vous faisiez la
distinction avec ceux qui avaient des retards Intellectuels ou autres ou
physiques. Ces enfants on difficulté qui ont des comportements plus
moteurs, J'Imagine, je ne sais trop comment les qualifier, mais sont-iis plus
nombreux qu'avant ou si leur présence s'est accrue finalement ou si
c'est la même? Quelles sont les réactions finalement?
Contrairement à l'école publique, vous n'êtes pas tenus de
garder la présence d'un enfant. Est-ce que la tendance est de travailler
avec le parent, de travailler avec l'enfant ou de ne pas avoir les ressources
suffisantes et de demander de quitter?
Mme Mandeville: En tout cas, je pense que, dans les garderies,
c'est aussi un problème d'avoir des enfants en difficulté. Depuis
que je travaille en garderie, j'ai toujours eu un enfant en difficulté
dans mon groupe par, je ne sais quoi, par adon. Il devient difficile pour un
éducateur de travailler avec un enfant en difficulté parce que,
même si tu as l'appui du parent, tu n'as pas plus de soutien. Ce n'est
pas le fait que tu aies quelqu'un qui vienne une fois par semaine une heure de
temps jaser avec toi et faire des bilans d'évaluation qui fera en sorte
que, dans ta tâche quotidienne, quand tu as sept autres enfants à
t'occuper... Je pense qu'il va falloir créer des structures. Je ne suis
pas prête à dire qu'il y en a plus. Qu'il y on ait beaucoup ou pas
beaucoup, je pense que ce n'est pas ça, mais la réalité
est qu'il va falloir que des moyens concrets soient pris parce qu'il va y en
avoir de moins en moins parce que les garderies vont faire le choix en se
disant: S'il n'y a pas de service, il n'y aura pas d'enfants... Je pense que
l'intégration des enfants handicapés dans les garderies se fait
aussi beaucoup selon la bonne volonté des services de garde parce que ce
n'est pas facile.
Mme Harel: Dans votre mémoire, vous nous rappelez que
l'exigence pour une éducatrice en garderie, c'est une formation
collégiale, tandis que pour une éducatrlce en garde scolaire,
c'est un secondaire IV et que, à l'inverse, les salaires sont 8,33 $
l'heure pour une éducatrlce on garderie et 10,77 $ en garde scolaire.
Vous nous dites souhaiter quo ce rattrapage minimal se fasse. Pour votre propre
garderie ou celles de la Montérégie que vous représentez,
avez-vous évalué combien se chiffrerait par garderie ce
rattrapage des éducatrices au salaire de celles qui sont en garde
scolaire?
Mme Mandeville: Non, je dois vous dire qu'on n'a pas fait cet
exercice, mais, par exemple, on a comparé des formations
équivalen-
tes de cégep pour voir quel est le rattrapage salarial. Si vous
prenez quelqu'un qui a une formation en techniques de services de garde et
quelqu'un qui a une formation en techniques d'éducation
spécialisée avec trois ans d'expérience, il y a 200 $ par
semaine de différence, ce qui fait 10 000 $ par année. Je me
demande comment les garderies vont faire pour pouvoir donner des salaires
décents à dos éducateurs avec une formule de financement
qui, quelque part, pour certaines garderies, ne donnera rien. Je pense que le
problème se pose aussi à plein de niveaux. Pourquoi, lorsque tu
es une éducatrice, que tu travailles à Montréal, à
Saint-Jérôme, y a-t-il des disparités salariales? C'est
sûr que c'est me ramener sur l'autonomie des garderies, mais, en ce qui
concerne un financement à long terme, le gouvernement aurait dû
prévoir quelque part suffisamment d'argent pour ramener les salaires des
éducateurs à un barème acceptable. Penser que quelqu'un
fait 291,55 $ par semaine, avec une formation collégiale et trois
années d'expérience, c'est un peu dérisoire. Les
éducateurs en ont plus qu'assez des voeux pieux du gouvernement qui leur
dit: Oui, c'est vrai, vous avez les plus bas salaires. Les éducateurs
attendaient des mesures concrètes qui fassent en sorte qu'ils s'en
sortent. Je ne vois pas comment on va demander à du monde de continuer,
pour assurer la stabilité d'un service de garde, à faire plein de
choses, en ne sentant pas une volonté politique de faire du rattrapage
salarial. (16 h 45)
Si les éducateurs avaient eu le moindre espoir de dire: D'ici
cinq ans, on va avoir des conditions de travail décentes dans les
services de garde, ils auraient dit: Oui, d'accord, on embarque. Mais
là, on se retrouve... Il ne faut pas oublier non plus que, depuis trois
ans, dans les garderies, les éducateurs se font dire par les conseils
d'administration: Attendez, l'énoncé de politique s'en vient, la
solution va arriver. Quand l'énoncé de politique est sorti, les
éducateurs des garderies ont fait: Ah!
Mme Harel: Si je comprends bien, vous représentez le
groupe des éducatrices et éducateurs de la
Montérégie. Est-ce qu'il y a une association du même type
dans les autres régions du Québec?
Mme Mandeville: II y a une association à Québec.
C'est sûr qu'on représente les éducateurs de la
Montérégie, mais, pour avoir jasé avec les gens des
différentes régions du Québec, on a remarqué que
les demandes sont toutes les mômes, les constats des conditions de
travail, conditions salariales, sont tous les mêmes. À
Québec, il s'est formé une association, à Montréal,
il y a une association anglophone et nous autres, et, à
Trois-Rivières, il y en aurait bientôt une sur pied.
Mme Harel: Ça, c'est distinct des syndicats qui ont
été accrédités?
Mme Mandeville: Oui, c'est ça. Dans le fond, le principal
but de l'association est de promouvoir la profession d'éducateur, et le
but ultime, c'est que, dans un avenir plus ou moins rapproché, il y ait
une association provinciale qui fasse en sorte que tous les éducateurs
soient regroupés en une association. On se dit que ce sera
peut-être la solution, la prochaine alternative, pour pouvoir revendiquer
des choses.
Mme Harel: À votre connaissance, me rappelleriez-vous
combien coûte par jour la garde d'un enfant de moins de deux ans, d'un
poupon, puis, par jour, la garde d'un enfant de plus de deux ans? Avez-vous ces
chiffres?
Mme Mandeviile: Je ne saisis pas...
Mme Harel: Le per diem, ce qui revient à évaluer le
coût réel.
Mme Mandeville: Je ne pourrais pas répondre à cette
question.
Mme Harel: De toute façon, j'essaierai. Je sais qu'un
mémoire en traite. Mais, indépendamment de ce qui est reçu
sous forme de subventions à la garderie ou sous forme d'aide aux
parents, il reste qu'une évaluation a été faite - on aura
peut-être l'occasion d'y revenir - sur le coût réel, le
coût engendré par un service de garde, si tant est que ce
n'était pas sous forme de réduction de salaire que les
éducatrices l'assumaient. Le coût qui serait engendré par
l'évaluation des dépenses mesurées au coût
réel, si vous voulez.
Mme MandevBle: Si je ne me trompe pas, il me semble que c'est
dans les alentours de 35 $ ou 36 $. C'est ce qu'on avait défendu il y a
deux ou trois ans, il me semble.
Mme Harel: Savez-vous où l'on peut retrouver ces
informations?
Mme MandevBle: Oui, dans un document qui a été
écrit...
Mme Harel: D'accord, on se verra par la suite, parce que j'ai
l'impression que c'est à partir de ça, d'une certaine
façon. Là, il n'y a pas d'autres mesures que celle des 45 % de
subventions à la garderie. Le mode est très contesté. Moi,
Je dis à la ministre: Quand quelque chose n'est pas cassé,
pourquoi le réparer? Cela n'avait pas l'air d'être cassé,
ça, comme mode de financement. Ce qui était insuffisant,
c'était le montant.
Mme Mandeville: C'est ça.
Mme Harel: Bon! Ceci dit, est-ce suffisant
pour rattraper? D'autres mesures ne pourraient-elles pas être
envisagées? D'autres déductions ne pourraient-elles pas
être envisagées, de manière à ce que les
éducatrices en garderie puissent faire un certain rattrapage? La seule
mesure que vous envisagez, c'est par le biais d'augmentations de salaire;
évidemment, c'est une des formes les plus usuellement connues. Ne
serait-il pas possible aussi d'envisager d'autres modes de subventions qui
pourraient être... Je vous donne un exemple. Dans l'énoncé
de politique, la ministre dit qu'il serait possible pour les garderies en
milieu de travail, pour les partenaires sociaux, de déduire de leur
impôt une partie des contributions qu'ils pourraient faire, du moment que
ces contributions totaliseraient l'équivalent de 1 $ par jour. Je me dis
parfois, puisque les salaires des éducatrices font en sorte qu'elles
contribuent pour bien plus que 1 $ par jour, est-ce que les tarifs n'augmentent
pas comme ils devraient le faire compte tenu des coûts? Ne devrait-il pas
y avoir en compensation aussi des mesures fiscales qui favoriseraient la
rétention d'un revenu réel?
Mme Mandeville: Si je saisis bien le sens de votre question, je
pense que, quelque part, II va falloir avoir un budget peut-être distinct
pour faire le rattrapage salarial dans les services de garde,
indépendamment du mode de fonctionnement de la garderie. On avait un
chiffre qui disait que, si on veut donner 4 % d'augmentation à des
éducateurs, ça représenterait de 7 % à 10 %. Si
vous calculez que 10 000 $ par année pour un éducateur qui en
gagne environ 17 000 $, ça représente 50 %. Il va donc falloir
qu'il y ait des budgets, je ne sais pas de quel type, qui soient...
Mme Harel: J'aimerais bien savoir à quoi ça se
réfère. Est-ce une augmentation salariale de 4 %?
Mme Mandeville: Dans une garderie, quand on fait des
prévisions budgétaires, si vous voulez donner 4 % d'augmentation
aux éducateurs, il faut augmenter le budget global de fonctionnement de
7 % à 10 %. C'est pour ça que la formule des 45 % ne vient rien
régler. Pour pouvoir faire un rattrapage décent, iI va toujours
falloir que ce soit le déchirement entre les éducateurs à
être augmentés ou... Il n'y aura pas de choix non plus.
Mme Harel: On me dit que mon temps est presque
écoulé. Je crois que, dans cette problématique, il faut
qu'apparaisse clairement à l'opinion publique que vous faites partio de
la solution, non pas partie du problème. Le problème, c'est
l'absence de ressources de garde adéquates pour concilier
l'activité en emploi des femmes, qui est là pour rester, n'en
déplaise à quiconque à cette commission. Donc, d'une
certaine façon, vous êtes là pour offrir des service et
vous faites partie des solutions collectives que la société peut
décider de se donner, compte tenu des bouleversements que connaît
la famille, que connaît le marché de l'emploi féminin,
etc.
Il m'apparaît évident qu'il y a comme une sorte de
confusion. Je ne sais pas si vous avez pris connaissance d'un editorial dans le
journal le Soleil de samedi qui prétendait que, des qu'il allait y avoir
amélioration des allocations aux parents, terminait
l'éditorialiste, vous alliez nécessairement améliorer vos
conditions de travail comme si c'étaient des vases communicants, que
l'un communiquait avec l'autre. C'est vraiment... le Président (M.
Thuringer): Mme la députée.
Mme Harel: Oui? le Président (M. Thuringer): Rapidement.
En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Harel: Oui. Par exemple, la conclusion de
l'éditorialiste était la suivante: "II y a d'autres moyens
fiscaux, notamment pour accroître le soutien de l'État aux
parents. L'amélioration des conditions de travail en garderie suivra
Inévitablement." Ce n'est pas évident parce que ça fait
trop d'années, d'une certaine façon, qu'il est dit que cette
bonification de l'allocation aux parents... Et ça ne suit pas
nécessairement. Alors, peut-être faut-il envisager
carrément une politique salariale en services de garde qui soit
distincte de celle qu'on envisage pour le fonctionnement du réseau. le
Président (M. Thuringer): Remerciements?
Mmo Harel: M. le Président me permet de vous remercier. Je vais
en profiter pour vous dire que cela a été trop court mais qu'il y
a certainement un rattrapage minimal. Ce que vous demandez, c'est le double,
n'est-ce pas, si j'ai bien compris, de la subvention par place au permis avec
le taux d'occupation?
Mme Mandeville: Oui.
Mme Harel: C'est pour l'année qui vient. Cela
représente 20 000 000 $ de plus que ce que la ministre offre en surplus.
La ministre va nous déposer ses chiffres. Je pense que ce sera fait
à l'Instant...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: ...sur les coûts engendrés par ces sommes
supplémentaires au fil des années. Ces 4,50 $ seraient
ajoutés aux 4,50 $ supplémentaires, je pense, en 1990 et un autre
montant en 1991, pour totaliser 18 $. De toute façon, ces
chiffres doivent nous être communiqués dès cet
après-midi, de manière qu'on puisse les analyser. On fera les
commentaires qui s'imposent demain.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Gagnon-Tremblay: En conclusion, je voulais vous dire que nous
sommes conscients qu'il y a un rattrapage à faire, mais, comme j'ai eu
l'occasion de le dire souvent, malheureusement, on ne peut pas faire en un an
le rattrapage qu'on aurait dû faire, par exemple, depuis les dix
dernières années. Il n'y a pas eu d'indexation. Vous avez quand
même été obligées de suivre... On n'a pas suivi
l'indexation du coût de la vie, donc, inévitablement, on sait
qu'il y a un rattrapage important.
Par contre, on reconnaît aussi qu'il y a des disparités
régionales. Tout à l'heure, vous mentionniez les salaires, qu'il
y a des salaires qui sont différents d'une garderie à l'autre. Je
pense qu'il faut tenir compte de ça aussi dans notre formule de
financement. C'est pourquoi le gouvernement ne retient pas la formule, la
subvention fixe ou le statu quo, entre autres. C'est pourquoi il propose cette
subvention qui est beaucoup plus évolutive.
De toute manière, je pense qu'on pourra, encore là,
revenir. Je sais que je n'ai pas beaucoup de temps à ma disposition. La
députée de Maisonneuve me rappelait tout à l'heure que
j'aurais dû déposer, au tout début de la journée,
les documents que j'avais promis de déposer à la commission
parlementaire, les chiffres qui m'avalent été demandés la
semaine dernière. Je profite donc de l'occasion pour les déposer
officiellement, afin qu'ils soient remis à qui de droit. Je vous
remercie, mesdames.
Le Président (M. Thuringer): Merci à l'Association
des éducateurs et éducatrlces...
Une voix: Éducatrices et éducateurs...
Le Président (M. Thuringer): Je m'excuse. J'invite
maintenant le Comité pédagogique du programme de techniques
d'éducation en services de garde à s'approcher à la table.
On va suspendre quelques minutes et on reprendra nos travaux dans quelques
minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 58)
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Thuringer): Si vous voulez prendre place,
nous allons reprendre nos travaux. Avant d'entendre les gens, je voudrais juste
indiquer que la ministre vient de déposer un document Intitulé
"Estimation du coût additionnel de la formule proposée par
Concertaction - Garderies sans but lucratif seulement en milliers $".
J'autorise le dépôt de ce document.
J'aimerais que vous vous présentiez; vous avez 20 minutes pour
faire votre présentation.
Comité pédagogique du programma de techniques
d'éducation en services de garde
Mme Allaire (Hélène): D'accord. Je suis
Hélène Allaire, coordonnatrice provinciale du Comité
pédagogique du programme de techniques d'éducation en services de
garde et professeure au cégep du Vieux-Montréal. À ma
droite, Camille Gariépy, professeure au cégep
Saint-Jérôme et, à ma gauche, Louise Bourgon, professeure
au collège Édouard-Montpetit.
Le Président (M. Thuringer): Merci.
Mme Allaire: Nous sommes heureuses de nous présenter
aujourd'hui en commission parlementaire pour parler finalement de ce qui nous
tient le plus à coeur: nos enfants, la petite enfance du Québec.
Juste pour situer qui nous sommes comme comité pédagogique: en
fait, nous sommes un lieu de discussion de tous les collèges qui offrent
la formation du diplôme d'études collégiales en services de
garde, soit onze collèges de jour. À titre d'information, 22
collèges donnent cette formation-là à l'éducation
des adultes. Notre rôle est d'élaborer et de superviser
l'application du programme. Une des particularités de notre programme,
c'est qu'il y a des stages. Cela nous amène donc, comme professeurs
superviseurs de stages, à entrer dans les garderies, à passer
beaucoup de temps, à connaître vraiment très bien le
vécu des services de garde. Donc, le point de vue que nous avons est
assez réaliste et provincial de l'ensemble du vécu des services
de garde au Québec. Ce qui est au coeur de nos préoccupations
comme comité pédagogique, c'est vraiment de faire
reconnaître cette formation-là et le statut professionnel des
éducatrices oeuvrant dans les services de garde, parce qu'on trouve que,
à l'heure actuelle, c'est un gros manque au Québec.
Dans le mémoire, le comité s'est prononcé sur la
nécessité de consolider le réseau des services de garde au
Québec et d'en faire vraiment une priorité gouvernementale dans
le but d'améliorer la qualité des services offerts aux enfants du
Québec et de régler une fois pour toutes le problème de
financement des services de garde. La qualité du réseau demeure
notre souci premier, étant conscientes des besoins de
développement des enfants et de l'influence des premières
années de vie sur leur fonctionnement futur. On ne peut continuer de
développer un réseau dans des conditions aussi précaires.
Il lui faut des bases solides et seule une priorité à la
consolidation pourra donner ces bases au réseau.
J'aimerais maintenant qu'on parie un peu de la qualité des
services de garde parce que la consolidation, c'est pour qu'il y ait finalement
un service de garde de qualité offert aux enfants du
Québec. Quand on pense à qualité, c'est certain
qu'on pense au personnel affecté directement auprès des enfants
tous les jours, à la stabilité de ce personnel, à sa
fiabilité, à sa compétence et également aux normes
qui régissent les services de garde au Québec. La participation
dos parents est un autre facteur de qualité.
Selon l'article 9 du règlement sur les services de garde on
garderie, la qualification du personnel est un seuil minimum. L'exigence d'une
personne sur trois formée nous apparaît une mesure de transition.
Nous souhaitons atteindre des exigences de formation comparables à
celles des professions des secteurs de l'éducation, des affaires
sociales ou des services de santé, soit que l'ensemble du personnel ait
une formation professionnelle reconnue.
On s'est basé sur les conclusions du National Day Care Study qui
démontrent clairement que les éducatrices qui ont reçu une
formation dans les spécialités reliées à l'enfance
facilitent davantage l'apprentissage et la soclabi-lisation des jeunes enfants
que les personnes qui n'ont pas reçu cette formation. L'observation du
comportement de ces éducatrices révèle qu'elles
interagissent davantage avec les enfants, qu'elles répondent à
leurs questions, qu'elle suscitent leurs commentaires et qu'elles les
réconfortent. les données de cette étude indiquent
clairement que ni l'éducation dans une spécialité
reliée à l'enfance ni l'expérience dans une garderie ne
sont équivalentes à une éducation
spécialisée dans le domaine de l'enfance.
Toutefois, une chose est importante pour notre comité: nous ne
voulons pas pénaliser le personnel on place, les pionniers du
réseau. Nous favorisons donc des mécanismes qui permettent le
perfectionnement et la reconnaissance des acquis pour le personnel en place. Si
on pense à d'autres secteurs comme, entre autres, celui de
l'intégration des maternelles dans le réseau de
l'éducation, on a exigé que l'ensemble du personnel soit
formé. On a aussi voulu que les éducateurs
spécialisés dans les centres d'accueil soient formés. Mais
on a prévu des programmes de perfectionnement et des libérations
de ce personnel. Les éducatrices qui ont suivi l'attestation
d'études collégiales l'ont fait sans aucune libération, en
déboursant elles-mêmes l'ensemble des frais reliés à
leurs études et sans amélioration de leurs conditions de travail
au retour dans le milieu. Dans ce sens-là, je pense qu'il faut vraiment
favoriser... Les éducatrices l'ont fait sur une base de bonne
volonté et on s'est rendu compte, en tant que professeurs à
l'éducation des adultes, que la motivation ne manque pas chez les
éducatrices; co sont les conditions de formation qui manquent et qui
font qu'il devient si difficile de se former. Mais il y a un grand souci
d'offrir un service de garde de qualité à l'ensemble des
éducatrices du Québec.
Pourquoi favorise-t-on que l'ensemble du personnel de garde soit
formé? Parce qu'on croit beaucoup à cette formation et, si on
compare à d'autres secteurs, même à des mécaniciens,
on pourrait se demander si un mécanicien sur trois pourrait être
formé? Est-ce qu'un pompier sur trois pourrait être formé?
Est-ce qu'un pilote d'avion sur trois pourrrait Être formé? C'est
ce qu'on a à l'heure actuelle. Pourquoi accepte-t-on cette situation
dans les services de garde? On trouve cela un peu incohérent quand on
pense à l'éducation et au rôle important qu'ils ont
à jouer.
Quant aux responsables, coordonnatrices ou directrices de garderies, on
appuie la recommandation du comité consultatif, le rapport Presser,
à savoir qu'elles devraient obligatoirement posséder les
qualifications exigées à l'article 9 ainsi que des connaissances
en administration, afin que chaque service puisse bénéficier des
compétences administratives d'au moins une personne, pour que la
personne ait des connaissances au chapitre de l'animation pédagogique,
de l'équipe du personnel et des parents, et des compétences
administratives.
Un des problèmes qu'on rencontre dans la majorité des
garderies du Québec, c'est le taux de roulement élevé de
leur personnel qui est relié aux conditions de travail difficiles, aux
salaires dérisoires et à la non-reconnaissance du
caractère professionnel de leur travail. Quant aux conditions
salariales, on parlait tantôt de 8,33 $ pour les éducatrices.
Ça, c'est dans les garderies sans but lucratif subventionnées.
Parce que, dans les garderies à but lucratif, c'est 6,31 $ l'heure, ce
qui est un salaire vraiment dérisoire si on le compare à celui
d'une éducatrice spécialisée qui gagne de 12,24 $ à
16,69 $ l'heure selon ses années d'expérience. C'est presque le
double dans certains secteurs. Cela a des répercussions sur nos
étudiantes; plusieurs vont abandonner leur formation au DEC, non pas
parce qu'elles n'aiment pas le réseau des garderies ou le travail
auprès de la petite enfance, mais parce qu'elles sont
considérées comme les travailleuses pauvres et
dévouées des techniques offertes dans l'enseignement
collégial. Elles se disent donc: Je vais faire une formation
universitaire ou à un autre niveau pour avoir de meilleures conditions
de travail au retour. Une des conséquences, c'est la
sous-représentation des hommes, au niveau de la formation. Il y a
actuellement moins de 1 % d'hommes inscrits à la formation et 6 % dans
les services de garde. C'est aussi une conséquence de toute la question
des conditions de travail et des préjugés selon lesquels le
domaine de la petite enfance est un domaine de femmes, mais je pense que les
conditions de travail sont un facteur qui fait en sorte qu'on retrouve peu
d'hommes dans les services de garde. Pourtant, on a besoin de la
présence masculine, surtout si on tient compte que 30 % des familles
dans les services de garde sont monoparentales et que, finalement, la
présence d'hommes pourrait aider l'intégration de ces
enfants-là.
Toute la question des conditions de travail
fait en sorte que la situation est inadmissible et qu'elle doit
être considérablement améliorée dans les plus brefs
délais. On ne peut exiger un personnel qualifié et
compétent dans les services de garde sans garantir en retour une
augmentation salariale substantielle. La stabilité du personnel est
directement reliée à ces conditions. De plus, les
éducatrices devraient bénéficier de périodes
libérées et payées pour planifier leurs activités
pédagogiques, rencontrer les parents de leur groupe et l'équipe
de travail dans le but d'harmoniser leurs Interventions pédagogiques.
Jusqu'à maintenant, tout ce travail-là se fait de façon
supplémentaire le soir, les fins de semaine et de façon
bénévole, et, à notre avis, ce devrait être
considéré comme des tâches essentielles à une
éducatrice dans les services de garde.
Toutes ces considérations nous amènent à
recommander que le gouvernement reconnaisse le statut professionnel des
éducatrices et éducateurs oeuvrant dans les services de garde;
qu'il investisse financièrement dans les services de garde sans but
lucratif reconnus, afin de leur permettre d'assurer des conditions de travail
équivalentes à celles des éducateurs
spécialisés des secteurs publics et parapubllcs et toute la
question d'accessibilité à la formation et au perfectionnement
pour l'ensemble du personnel de tous les services de garde; que des mesures
soient prévues afin que l'ensemble du personnel détienne une
formation professionnelle reconnue; pour cela, nous favorisons des mesures
comme la rémunération et la libération, la gratuité
des cours du soir, le plein salaire pour celles et ceux qui suivent des cours
Intensifs du centre de main-d'oeuvre du Canada et que tout le programme de
reconnaissance des acquis soit implanté dans tous les collèges de
la province. (17 h 15)
Un autre aspect qui influence la qualité, ce sont les normes
régissant les services de garde en garderie. L'énoncé de
politique ne remet pas en question les normes actuelles de la
réglementation des garderies et n'assure pas la mise en application de
normes de qualité pour les autres services de garde, alors que le
comité consultatif recommandait une amélioration des normes de la
réglementation. Notre comité considère qu'il est urgent de
réviser les normes de la réglementation actuelle afin de les
bonifier, si l'on veut prétendre à des garderies de
qualité.
Les ratios, les espaces alloués et les types de regroupements
d'enfants sont des facteurs prioritaires à considérer pour
l'atteinte de la qualité. Aux États-Unis une étude
d'enfants du National Day Care Study a démontré une relation
importante entre le ratio et le comportement des éducatrices. Dans les
groupes où iI y a peu d'enfants par éducatrice, les
éducatrices font moins de discipline et effectuent plus de tâches
reliées à la planification des programmes d'activités de
la garderie que dans les garderies où il y a plus d'enfants par
éducatrice. Donc, c'est un facteur qui est directement relié
à la qualité offerte quotidiennement aux enfants.
Ce qui nous amène à recommander que le nombre d'enfants
par membre du personnel de garde ne dépasse pas quatre enfants
présents et âgés de zéro à deux ans, six
enfants présents et âgés de deux à trois ans, et
huit enfants présents et âgés de trois, quatre et cinq ans.
On se disait: Une mère qui accouche de quintuplés, on va lu!
offrir tous les services. On dit: Ça n'a pas de bon sens, cinq
bébés, qu'est-ce qu'elle va faire? C'est ça qu'on demande
quotidiennement à des éducatrices en pouponnières. Donc,
je pense qu'il faudrait réviser les normes actuelles concernant le
ratio.
Il faudrait aussi tenir compte du nombre maximum d'enfants admissibles
dans un même local, soit du nombre de groupes qu'on peut jumeler.
Présentement, dans la réglementation, on permet jusqu'à 15
poupons et 30 enfants dans un même local. Pourtant, il y a plusieurs
études de spécialistes en audiologie, en psychologie, qui sont
unanimes à dire qu'ils sont trop d'enfants dans un même lieu et
que les espaces prévus sont nettement insuffisants. C'est pour ça
qu'on en arrive à recommander que le nombre maximal d'enfants ne soit
pas quinze, comme présentement dans les pouponnières, mais huit
pour deux éducatrices et pour les enfants plus vieux, huit enfants pour
les enfants de dix-huit mois à trois ans, et quatorze enfants de trois
à cinq ans pour deux éducatrices. Donc, de diminuer le nombre
d'enfants par groupa. Également, que l'Office des services de garde ait
les ressources nécessaires afin de se doter d'un service d'inspection
efficace. Ce qui n'est pas toujours le cas.
Tout ça nous amène finalement à parler du
financement parce qu'on est conscientes que ce qu'on propose a des
conséquences côté financement. La consolidation du
réseau des services de garde exige un financement accru et l'injection
d'une somme importante d'argent neuf. Nous croyons que la formule
proposée, soit 45 % des revenus de la garderie, serait
désastreuse si elle était appliquée. En effet, cette
formule créerait des disparités entre les garderies, sur la base
de la capacité de chacune à aller chercher plus ou moins d'argent
dans la poche des parents ou de commanditaires de toutes sortes.
Si nous désirons réduire les disparités entre les
garderies, comment peut-on justifier une formule de subvention basée sur
un pourcentage des revenus plutôt que sur un pourcentage des
dépenses incompressibles? La formule proposée implique que plus
les parents paieront, plus le gouvernement financera. C'est un non-sens puisque
les parents, les moins aptes à payer, sont ceux qui ont le plus besoin
du soutien de l'État. Nous réclamons l'allégement de la
participation parentale au financement des services de garde. La formule
proposée implique une hausse du tarif des garderies, et ce, de
façon régulière, si ces dernières veulent voir
leurs revenus augmenter et leurs subventions, par le fait même.
Or, il est reconnu qu'on a déjà trop pressé le
citron. Les parents ne peuvent pas payer plus cher. Le tarif quotidien moyen de
l'ensemble des garderies était de 15,28 $ en 1988, un tarif qui
s'échelonne entre 11 $ et 9 $ par jour par enfant, ce qui
équivaut à plus de 305 $ par mois par enfant. C'est 610 $ si vous
en avez deux. Et si vous en avez trois en bas âge, là, on n'y
pense pas, c'est beaucoup plus que notre loyer et ça devient la
principale dépense de la famille. SI l'on considère qu'avec de
tels revenus, les garderies sont condamnées à payer des salaires
de famine, comment peut-on aspirer à un réseau de qualité?
Comment peut-on espérer que la part du milieu viendra suppléer
dans les milieux économiquement faibles? Les garderies ne pourront plus
se permettre d'accorder des tarifs préférentiels aux parents pour
le deuxième ou le troisième enfant.
Présentement, il y a quelques garderies qui peuvent se permettre
ça. Donc, le deuxième enfant paie 75 % du tarif du premier. Cela
permet, finalement, à certaines garderies de pouvoir accepter des
familles un peu plus nombreuses. Mais, avec la nouvelle formule, les garderies
vont être vraiment pénalisées, si elles adoptent de telles
formules de financement. Les congés de maladie et de vacances
devront-ils être abolis pour augmenter les revenus? Et pensez aussi
à l'intégration progressive de certains enfants, cela va devenir
impossible dans certaines garderies qu'on propose à des enfants de venir
trois jours par semaine au début pour leur permettre une
Intégration plus lente. Là, on va dire que c'est cinq jours par
semaine. Tu paies cinq jours parce que notre subvention est en fonction de ce
qu'on reçoit comme revenus des parents. Donc, cela a des
conséquences au niveau pédagogique.
Nous croyons qu'un financement équitable des garderies devrait
posséder les qualités suivantes: un financement direct, stable et
prévisible, un financement adéquat basé sur des
estimations réalistes des coûts de fonctionnement. Quand on pense
à un financement direct, cela permet aux services de garde d'offrir un
service compétitif par rapport aux services non régis par la loi.
Présentement, dans plusieurs régions, les garderies ne sont pas
concurrentielles par rapport à d'autres modes de garde comme la garde en
milieu familial. Elles sont obligées de baisser leurs tarifs, donc de
baisser, par conséquent, les salaires des éducatrices pour
arriver à être concurrentielles. Mais, avec le nouveau
système de financement, cela va forcer les garderies à afficher
des tarifs prohibitifs. Les services de garde doivent être en mesure de
prévoir les octrois qui leur seront accordés d'une année
à l'autre de façon à planifier leurs activités
à moyen et à long terme. SI on veut permettre aux garderies une
saine gestion financière, il faut les outiller en conséquence.
Or, la formule des 45 % ne permet pas à une garderie de planification
budgétaire autre qu'à court terme.
En effet, la garderie n'est plus assurés d'un fonds de roulement
stable et/ou prévisible. Toute variation dans le taux d'occupation ou
dans l'efficacité des campagnes de financement pourrait être
désastreuse pour une garderie. La garderie, dans ce contexte, vivra
encore plus qu'aujourd'hui avec la préoccupation de survis
financière et l'incertitude. On ne pensait pas que cela pouvait
être possible, mais ça va le devenir. On préfère
beaucoup que les garderies puissent mettre plus d'énergie dans
l'organisation pédagogique de leurs services. Aujourd'hui, plusieurs
coordonnatrices nous disent qu'elles passent 20 % de leur temps pour faire une
course aux dons, et on se rend compte que tout ce phénomène va
s'amplifier, les coordonnatrices et le personnel en service de garde ainsi que
les parents vont mettre énormément d'énergie pour chercher
des sources de financement direct, alors que leurs préoccupations
premières devraient être la pédagogie. Et c'est cela que
les parents ont le goût de faire quand on parie de contrôle des
garderies. Ce n'est pas de gérer des miettes, mais c'est de parler de
pédagogie, parler de nos enfants, parler de la cohérence des
attitudes entre la maison et la garderie. C'est ce qu'on a le goût de
faire comme parents dans les services de garde.
Nous estimons que la seule façon d'accorder aux garderies la
sécurité financière nécessaire à leur
consolidation est de les financer d'une façon réaliste,
c'est-à-dire en fonction des coûts de l'activité et non en
fonction des revenus. De nombreuses études ont déjà
été menées démontrant que les garderies ont des
dépenses incompressibles facilement prévisibles sans compter le
coût du loyer qui est fort variable d'un service à l'autre.
L'office estimait en 1982 qu'une place dans une garderie de 50 enfants
coûtait de 20,63 $ à 28,42 $, selon l'expérience du
personnel, en versant des salaires comparables à ceux du secteur public.
On a voulu Indexer ce coût et on est arrivé en 1988 à 29,70
$ et 40,48 $ par jour par enfant. C'est en se basant sur ces coûts que le
gouvernement doit établir son pourcentage de financement. Toute autre
méthode de calcul n'est qu'une façon élégante de se
leurrer sur l'effort gouvernemental pour financer un réseau de
garderies. Nous partageons l'avis de plusieurs organismes du milieu, à
savoir que le gouvernement devrait financer 80 % de ces coûts de
fonctionnement afin de permettre aux garderies de bénéficier d'un
fonds de roulement équitable.
Le Président (M. Thuringer): Vous avez deux minutes pour
conclure s'il vous plaît.
Mme Allaire: Deux minutes. Finalement, on se rend compte que les
sommes impliquées sont d'un tout autre ordre que ce qui est offert dans
la proposition gouvernementale, mais on pense que la petite enfance du
Québec doit devenir vraiment une priorité du gouvernement. Juste
un
mot sur le financement des garderies à but lucratif. On s'y
oppose comme comité pédagogique parce que - pour reprendre
l'opinion du comité consultatif, le rapport Presser - les organismes
à but lucratif poursuivent un objectif de profits, objectif qui peut se
révéler à certains égards en opposition avec
l'objectif de qualité recherché dans les services de garde. La
qualité constituant la prémisse de base pour le bien-être
de l'enfant doit être considérée en priorité, ce qui
nous amène à proposer l'arrêt des subventions aux garderies
à but lucratif et de leur permettre de se transformer en corporation
sans but lucratif avec les contrôles des parents, et non s'étendre
et diversifier nos sources de financement.
Le Président (M. Thuringer): D'accord. Je vous remercie.
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame, de votre exposé. Au
chapitre de la formation, puisque je pense qu'on s'adresse aux personnes toutes
désignées pour parler de formation, même si on en a
parié tout à l'heure avec un autre groupe. Croyez-vous que la
formation qui est donnée actuellement pourrait être
réévaluée? Je sais qu'il y a des groupes qui nous ont
parlé de l'intégration des enfants handicapés, d'autres
ont parlé aussi d'une formation pour les gestionnaires ou les
coordonnateurs et coordonnatrices de garderies. Est-ce que, d'après
vous, la formation qui est actuellement donnée dans les cégeps en
techniques de garde pourrait être réévaluée?
Mme Allaire: On vient de vivre un processus de révision de
programme, et nous en sommes à la troisième année
d'implantation du nouveau programme dans la majorité des
collèges. Tout ça nous amène à penser aussi
à une formation pour les zéro-douze ans, alors qu'avant, la
formation était pour les zéro-cinq ans. Donc, on couvre
maintenant l'ensemble des services de garde du Québec.
Concernant les enfants qui ont des besoins spéciaux, il y a
maintenant des cours spécialisés sur l'intervention auprès
des enfants qui ont des difficultés, comme le cours "L'enfant en milieu
de garde". On se rend compte dans la pratique que les éducatrices, une
fois qu'elles sont dans le milieu - on peut le voir au niveau collégial,
mais c'est lorsqu'elles sont dans le milieu qu'elles sont confrontées
à divers problèmes - elles ont vraiment besoin d'un soutien
stable et d'une personne qui peut aller les observer et leur donner un appui
quotidien. On pensait, entre autres - c'est une recommandation dont je n'ai pas
eu le temps de parler - que les maisons de formation pourraient fournir, par le
biais, entre autres, des services à la collectivité, des moyens
d'offrir un soutien aux éducatrices dans le milieu pour qu'elles
puissent dire: J'ai des difficultés avec tel enfant, est-ce que tu peux
m'aider à me donner des moyens concrets? En ce qui concerne la
formation, je pense qu'on voit de façon générale tous les
modes d'intervention. Il y a des cours un peu plus spécialisés
sur l'intervention avec des enfants plus difficiles, mais je pense que le
soutien doit être fait également dans le milieu par la suite et
qu'il y a du ressourcement pour les éducatrices en place.
Mme Gagnon-Tremblay: On a parlé de l'atteinte de la norme
au cours des trois prochaines années, et, actuellement, il y a des
tables pour consulter les groupes de garderies, par exemple, dans le but de
voir comment on pourrait s'assurer que cette norme soit atteinte au cours des
trois prochaines années. Est-ce que vous, en tant que professeur
justement, vous avez des suggestions à nous formuler sur la façon
dont on pourrait s'assurer que cette norme serait atteinte au cours des trois
prochaines années au point de vue formation?
Mme Allaire: La norme de un-trois ou la norme de...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ça. La norme de
un-trois.
Mme Allaire: D'accord. Je pense que, comme je vous le disais
tantôt, les éducatrices n'ont pas de réticences à se
former, ce sont les conditions de perfectionnement qui sont en cause. Je pense
que plus on va les aider en ce qui concerne les conditions de perfectionnement,
plus on va faciliter l'atteinte du un-trois, entre autres, et amener les
garderies également à dépenser ce ratio qui est, pour
nous, minimal. Mais il faut qu'il y ait des incitatifs et des conditions de
travail meilleures au retour également Mais, présentement, je
vous dis que ça prend beaucoup de bonne volonté. C'est un triple
emploi: leur travail en garderie, si elles sont mères de famille et
être également étudiantes. Souvent, la garderie leur payait
leur billet d'autobus, et c'est tout ce qu'elle pouvait se permettre. C'est
énorme pour une éducatrice en services de garde d'avoir à
se payer ça. Donc, c'est pour ça que je pense que si l'accent est
mis sur les mesures de perfectionnement... Mais, quand je parie de mesures de
perfectionnement, ce sont des libérations et qu'elles soient
payées pour le faire, comme par le biais du centre de main-d'uvre,
de payer l'ensemble du salaire.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Ne croyez-vous pas, par contre,
que si, au cours des trois prochaines années, on paie les
éducatrices pour poursuivre leur formation, si on va même
jusqu'à payer les frais de scolarité, ne croyez-vous pas que cela
serait injuste face aux autres éducatrices qui se sont conformées
à la réglementation au cours des cinq dernières
années? Je sais que cela semblait être l'inquiétude d'un
groupe qui vous a précédées, de ne pas créer
d'injustice face à ces personnes qui ont fait
l'effort, à leurs propres frais, de se conformer à cette
norme.
Mme Allaire: Ce n'est pas parce qu'elles l'ont fait dans des
conditions que je Juge inacceptables qu'il faut perpétuer cette
formation et dire: J'ai eu de la misère et iI faut que tout le monde en
ait. Je pense qu'il faut beaucoup plus axer ça sur des conditions qui
vont faciliter le perfectionnement des éducatrices en place et leur
donner de meilleures conditions de travail. Je pense qu'elles oublieraient
peut-être à ce moment-là de dire: Moi, je me suis
perfectionnée. Si on doublait leur salaire du Jour au lendemain, Je
pense qu'elles diraient: Cela valait la peine que J'aille me former finalement.
Je pense que c'est plus toutes les conditions qui entourent le perfectionnement
et les conditions de travail qui font en sorte que, parfois, on se dit: J'ai
trouvé ça difficile. Cela peut amener un peu de difficulté
entre les éducatrices d'une même garderie. J'ai l'Impression que
s'il y a vraiment une priorité du gouvernement d'améliorer
l'ensemble des conditions de travail, cela pourrait de beaucoup amenuiser les
tensions qui pourraient s'établir entre éducatrices à ce
sujet.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez parlé du ratio. Vous nous
demandez d'abaisser les ratios au nom de la qualité et Je pense que j'ai
eu à me prononcer à plusieurs occasions sur le sujet en disant:
Oui, nous pensons qu'on devra baisser les ratios un Jour, mais ce n'est pas un
choix que le gouvernement a retenu actuellement dans le cadre de
l'énoncé de politique, mais dans un deuxième temps. Si on
devait apporter des modifications au ratio, compte tenu des contraintes
budgétaires que nous avons, quelle serait la suggestion que vous
pourriez nous faire, par exemple, sur ce qui serait le plus important, le plus
urgent, si on avait un choix à faire en ce sens? (17 h 30)
Mme Allaire: Mon Dieu, c'est parce qu'on trouvait tout Important!
Je pense que c'est de baisser le ratio pour les tout-petits de zéro
à deux ans, parce que, dès que l'enfant atteint l'âge de
dix-huit mois, iI se retrouve dans un groupe de huit enfants pour une seule
éducatrice, mais les enfants sont encore dans leur apprentissage de la
propreté, ils ne sont pas vraiment autonomes. Donc, je pense que la
priorité devrait être de baisser à un-quatre ou un-trois le
ratio des zéro à deux ans. Pour les autres groupes aussi, mais
s'il y a un groupe à favoriser...
Mme Gagnon-Tremblay: Ce serait l'objectif à viser, les
poupons, finalement?
Mme Allaire: Oui, de zéro à deux ans, pas les
poupons dans le sens que donne l'Office des services de garde,
c'est-à-dire de zéro à dix-huit mois, mais étendre
ça jusqu'aux petits de deux ans.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord, merci. À la page 4 de votre
mémoire, vous dites que le comité propose d'instaurer pour le
personnel déjà en place une libération... Nous en avons
parlé tout à l'heure dans la masse de 1 %. Est-ce que, pour vous,
cette masse de 1 % devrait être une masse distincte et
gérée par l'office ou si on devrait en laisser l'entière
autonomie aux garderies pour qu'elles puissent définir leurs
priorités quant à cette formation?
Mme Gariépy (Camille): La position exprimée par
Louise Mandeville, qui nous a précédées, est une
excellente proposition, à savoir faire la différence entre les
besoins de perfectionnement d'une équipe déjà
formée et le plan de conformité d'une garderie afin que les
éducatrices répondent à la norme minimale. L'Idée
des deux budgets séparés, avec une enveloppe spéciale
affectée à un plan de conformité, m'apparaît
très pertinente.
Mme Gagnon-Tremblay: Également, à la page 6 de
votre mémoire, vous recommandez la reconnaissance du statut
professionnel du personnel, l'octroi de salaires équivalents à
ceux des éducateurs spécialisés des secteurs public et
parapublic, pour le personnel des services de garde sans but lucratif reconnus,
de même que l'octroi de périodes libérées et
payées au personnel de garde pour effectuer l'ensemble des tâches
reliées à leur travail. Est-ce que ces deux premières
recommandations concernent l'ensemble du personnel de garde ou seulement le
personnel qui a une formation reconnue?
Mme Allaire: Je pense que c'est l'ensemble du personnel de garde;
ce serait à voir, à discuter, si on pense à des
échelles salariales en fonction de l'expérience et en fonction
des années de formation, je pense qu'on pourrait envisager cette
façon. Je sais que certaines garderies adoptent le salaire unique pour
tout le monde, mais la majorité ont maintenant des échelles
salariales. Je pense qu'il faut viser l'ensemble du personnel de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: De même, à la page 6 de votre
mémoire, vous mentionnez comme recommandation l'octroi de subventions
aux collèges pour favoriser l'accessibilité à la
reconnaissance des acquis du personnel de garde. Il se fait actuellement de la
reconnaissance des acquis dans divers champs d'études, pourquoi
devrait-on accorder aux collèges des subventions leur permettant de
rendre ces services accessibles aux personnes des services de garde?
Mme Allaire: À qui faudrait-il accorder des
subventions?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous dites que vous recommandez l'octroi de
subventions aux collèges pour favoriser l'accessibilité à
la reconnaissance
des acquis du personnel de garde. Moi, ce que je dis, c'est qu'y se fait
actuellement de la reconnaissance des acquis dans divers champs
d'études. Pourquoi devrait-on accorder aux collèges des
subventions leur permettant de rendre ce service accessible aux personnels des
services de garde?
Mme Gariépy: Je vais me permettre de répondre
à cette question. En fait, ces services ne sont pas gratuits dans les
collèges. Ce sont des services offerts par l'éducation des
adultes et l'éducation des adultes doit s'autofinancer dans les
collèges. Alors, tout nouveau service offert dans les collèges
par le biais de l'éducation des adultes est un service qui se doit
d'être autofinancé par la personne qui le réclame ou
d'être financé par un organisme associé à cette
personne.
Monter un portfolio pour faire reconnaître ses acquis
"expérientiels" coûte plus cher que de suivre le cours. Alors, une
personne va débourser de 150 $ à 250 $, selon le collège,
selon qu'il a un statut de collège public ou de collège
privé, pour avoir un appui pour monter le portfolio, pour pouvoir se
faire reconnaître des acquis. C'est un non-sens, avec les salaires que
les éducatrices ont dans les garderies. Présentement, pour
vouloir personnellement, avec mon équipe de travail, offrir des cours
à l'éducation des adultes, le plus gros problème que nous
rencontrons est le financement de ces cours, que ce soit au chapitre des acquis
"expérientiels" ou de la formation, entre autres, des gestionnaires des
services de garde. Même les commissions de formation professionnelle ne
nous appuient pas toujours.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que, dans les autres secteurs, les
collèges sont subventionnés pour la reconnaissance des
acquis?
Mme Gariépy: Non, parce que ça repose sur le biais
de l'éducation des adultes. La reconnaissance des acquis est un nouveau
modèle qui n'est pas développé énormément
dans la province de Québec. Cette nouvelle formule est en train de
s'asseoir dans les collèges. Elle n'est pas financée, donc, elle
ne se développe pas, parce que les utilisateurs premiers, ceux qui
pourraient y avoir recours, selon les secteurs d'activité, n'ont pas
nécessairement le financement personnel pour se permettre de passer au
travers du processus qui est assez long aussi.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui signifie finalement que, si on
l'accordait pour les services de garde, ce serait un précédent,
ce serait une première.
Mme Gariépy: Bien, c'est-à-dire un
précédent, dans le domaine des services de garde,
peut-être. Ailleurs, la demande n'est pas encore très forte. On
est en train de développer cette approche au Québec. C'est tout
à fait nouveau. Il n'y a aucun secteur professionnel qui a de
l'expertise dans ce domaine. Si vous parlez de précédent, c'est
tout simplement de créer une situation qui corresponde aux besoins. Ce
n'est pas nécessairement un précédent par rapport à
d'autres secteurs professionnels.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce que je voulais dire, c'est que, si, par
exemple, on accordait cette inscription en reconnaissance des acquis
gratuitement, ça supposerait qu'il faudrait l'étendre aussi
à d'autres reconnaissances d'acquis dans d'autres secteurs. C'est dans
ce sens, le précédent, puisque ça ne se fait pas...
Mme Gariépy: J'oserais vous demander si c'est
présentement votre problème? Ce qui nous concerne, c'est de
régler la situation des services de garde. Je m'excuse de faire un
commentaire comme celui-là, mais la question qui nous concerne, c'est
celle des services de garde, des éducateurs, et le problème
traîne en longueur depuis quinze ans.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr qu'en termes de services de
garde, je pourrais peut-être dire que ce n'est pas mon problème,
mais, en termes de gestionnaire des deniers publics, ça me concerne
effectivement dans ce sens-là. C'est pour ça que je voulais vous
poser la question.
Je regarde aussi à la page 9 de votre mémoire. Vous
recommandez également l'instauration d'un système de soutien
professionnel pour les parents impliqués au sein des conseils
d'administration des garderies. Vous dites que ce soutien pourrait être
apporté par les institutions d'enseignement collégial ou par les
regroupements de garderies. Il s'agirait pour l'office de négocier avec
ces institutions pour que ces services soient accessibles et gratuits dans
toutes les régions du Québec. À quel type de soutien
faites-vous référence dans cette recommandation?
Mme Gariépy: C'est parce que, quand les parents arrivent
au conseil d'administration d'une garderie, c'est souvent leur première
expérience comme gestionnaires au sein d'un conseil d'administratlon.
Donc, le soutien professionnel peut être: qu'est-ce qu'un conseil
d'administration, quelles sont ses fonctions, qu'est-ce qu'administrer une
garderie, les politiques de subvention, qu'est-ce que ça veut dire
gérer un budget, mais également les sensibiliser à toute
la question de la gestion du personnel, le processus de sélection, le
processus d'embauché, l'approbation et tous les pouvoirs de
décision d'un service de garde, leur donner des outils concrets, mais
pas seulement de la paperasse; qu'il puisse y avoir des gens qui se
déplacent, former des gens directement dans les services de garde quand
ils arrivent aux conseils d'administration.
Mme Gagnon-Tremblay: Croyez-vous juste-
ment que les éducatrices, les éducateurs ou la
coordonnatrice ou directrice de garderie ne sont pas en mesure de donner ce
genre de formation ou d'information aux parents?
Mme Gariépy: Oui, elles peuvent la donner mais souvent
elles vont manquer de temps pour développer des outils
pédagogiques. Tantôt, quand on parlait des conseils
d'administration, je suis membre d'un conseil d'administration. Souvent, on met
tellement de temps pour gérer des miettes, on essaie de placer un peu
d'argent pour arriver, qu'on n'a pas le temps de développer
nécessairement tous les outils pour l'embauche, pour l'évaluation
du personnel, pour la sélection, etc. Cela fait en sorte que, si on
avait un soutien professionnel, ça pourrait faciliter la tâche des
parents. Cela no veut pas dire qu'ils n'ont pas les capacités de le
faire, mais souvent, ça peut être un appui facilitant leur
tâche pédagogique et sur le plan de la gestion du personnel.
Mme Gagnon-Tremblay: À la page 17 de votre mémoire,
vous avez écrit: "La majeure partie de l'effort gouvernemental en
matière de subvention des services de garde devrait être
injectée directement dans les services de garde plutôt que par des
formules indirectes d'exonération ou de déduction fiscale." De
cette façon, dites-vous, les modes de garde reconnus offriraient un
service compétitif à la garde non reconnue. Est-ce que, par cette
formulation, vous voulez mentionner, par exemple, que l'aide directe aux
parents devrait plutôt être donnée à la garderie?
Est-ce que c'est ça ou si vous voulez simplement toucher davantage les
déductions fiscales lorsque vous en faites mention dans votre
mémoire?
Mme Bourgon (Louise): Ce qu'on veut d'abord toucher, ce sont les
déductions fiscales. Mais, dans la mesure où on augmente l'aide
directe aux garderies de façon substantielle, l'aide directe aux parents
devient plus ou moins nécessaire. Je dis bien "de façon
substantielle". Ce qu'on remarque, c'est que le parent, quand il magasine pour
un service de garde, ce qu'il regarde, c'est ce qu'il va avoir à
débourser. Donc, qu'on lui dise qu'à la fin de l'année, en
faisant son rapport d'impôt, il va recevoir de l'argent d'une autre main,
cela lui Importe peu s'il n'est pas capable, au premier abord, de
débourser les 300 $ ou les 600 $ par mois qu'il doit payer à la
garderie pour les frais de garde d'un ou de deux enfants. C'est dans ce sens
qu'on considère que la garderie doit, d'abord et avant tout, avoir une
subvention directe, d'une part, pour lui permettre une meilleure gestion et,
d'autre part, pour que le parent puisse se payer le service.
Mme Gagnon-Tremblay: Ne croyez-vous pas, par contre, qu'en
fonctionnant ainsi, on ne prend pas assez en considération les parents
les moins bien nantis, par exemple? Si vous avez une aide directe à la
garderie, le tarif est quand même fixé par le conseil
d'administration. À ce moment-là, l'exonération
financière vient aider les parents les moins bien nantis. Est-ce que, si
on donnait la subvention directement aux garderies et qu'on enlevait cette aide
aux parents, il n'y aurait pas, à un moment, Inéquité ou
injustice face aux parents les moins bien nantis?
Mmo Bourgon: Je ne vous parlais pas d'enlever l'exonération aux
parents les moins bien nantis, on parle surtout de déduction
d'impôt et que de façon Indirecte, les parents puissent avoir un
retour. Ce sont ces mesures qui coûtent énormément cher et
qui ne paraissent pas dans le budget de la famille, de prime abord. La
première année qu'on a un enfant en garderie, il faut d'abord et
avant tout avoir l'argent pour payer les frais de garderie à la fin du
mois ou à la fin de la semaine.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, lorsque vous parlez de formule
indirecte, vous parlez de toute autre formule à l'exception de
l'exonération financière aux parents.
Mme Bourgon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. À la page 9, vous
mentionnez dans le développement... C'est-à-dire ce n'est pas
à la page 9, à la page 21 de votre mémoire - c'est
à ma page 9 - vous mentionnez que le comité désapprouve
l'intention du gouvernement de favoriser la multiplication des services de
garde plutôt que la consolidation des services existants et soutient que
l'énoncé de politique maintient une situation confuse.
Dans le cadre de l'autonomie de gestion, mais surtout de l'importance
des parents dans les garderies, laquelle vise, entre autres, la transmission
des valeurs familiales, ne croyez-vous pas que l'équipe
multidisciplinaire offre des avantages? Je sais que certains groupes, par
exemple, militent en faveur du maintien de la norme un-trois en vue d'obtenir
cet objectif. Est-ce que vous pensez de la même façon?
Mme Allaire: Sur le plan de la formation?
Mme Gagnon-Tremblay: Sur le plan de la formation, oui.
Mme Allaire: D'accord. On n'est pas contre une équipe
multidisciplinaire, c'est juste que je pense que les éducatrices qui
sont affectées huit ou neuf heures par jour auprès de la petite
enfance doivent avoir les connaissances de base et la formation de base. Pour
nous, la formation, selon l'article 9, c'est une formation minimale, donc, dans
ce sens-là, que les gens sachent quoi faire, comment animer des
activités, comment l'enfant se développe, quels sont ses
Intérêts et
ses motivations. C'est une prémisse de base pour toutes les
éducatrices qui travaillent dans les services de garde. Cela ne veut pas
dire que, par la suite, s'il y a des mesures de perfectionnement et de
ressourcement, une éducatrice ne pourra pas aller se perfectionner soit
en expression plastique, dans le domaine théâtral ou sur d'autres
plans. On va toujours favoriser le perfectionnement continu dans les services
de garde et d'avoir des spécialités. Mais avant d'avoir une
spécialité, pour nous, il faut une formation de base pour
l'ensemble des éducatrices. En faisant l'étude de plusieurs
programmes, on s'est rendu compte que ce n'est pas parce que quelqu'un a une
formation en théâtre qu'il sait interagir avec les enfants en cas
de conflit ou quand un enfant vit des difficultés. Une formation en
théâtre peut être intéressante quant à
l'expression dramatique auprès des enfants mais on trouve qu'il faut
vraiment qu'il ait une formation minimale. Et, pour nous, la formation selon
l'article 9 donne cette formation minimale. C'est par la suite que vient le
perfectionnement.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup
d'intérêt que je compte sur l'entretien que nous allons avoir.
J'ai retrouvé les chiffres que je cherchais quand je questionnais les
personnes qui vous ont précédées, l'association de la
Montérégie. C'était en fait des vôtres dont il
s'agissait à la page 18. Vous avez chiffré le coût d'une
place dans une garderie type de 50 enfants. C'est-à-dire que ce chiffre,
nous dites-vous, a été évalué en 1982 et vous
l'avez indexé. C'est bien le cas? (17 h 45)
Mme Allaire: Oui.
Mme Harel: Alors, vous avez donc utilisé une étude
réalisée par l'office en 1982 sur le coût par place qui
était de 20,63 $ et 28,42 $ selon l'expérience du personnel. Une
fois indexé, vous nous dites que ce coût s'établirait entre
29,70 $ et 40,48 $ par jour par enfant en 1988. Si on fait une moyenne autour
de 35 $ par jour, ce qui peut être plus ou moins réaliste, mais
qui est quand même une moyenne qui peut être différente
selon que l'enfant a moins de deux ans, ce qui est sans doute plus
coûteux, suivant qu'il y a un plus grand nombre d'enfants de trois
à cinq enfants... Mais, si on fait une moyenne de 35 $, on se rend
compte que l'État, présentement, avec l'allocation directe, la
subvention de 4,50 $ par jour, s'implique pour 12,5 %. Il y a un autre
équivalent de 4,50 $ cette fois par l'aide financière pour le
paiement du tarif moyen de 15 $.
Si on regarde les budgets, grosso modo, chaque année II y a
à peu près la moitié qui va à l'aide directe et
l'autre moitié qui va à l'aide aux parents. 61 000 000 $, je
pense à l'exonération financière, et 64 000 000 $ de
subventions directes à la garderie. C'est à peu de chose
près, malgré tout, des ensembles qui font que le budget de
l'office se partage presque moitié-moitié dans les deux types de
financement Donc, on peut peut-être voir que les 4,50 $ de subvention
directe par jour, ça équivaut en moyenne à peut-être
4,50 $ d'aide financière aux parents pour le paiement du tarif moyen de
15 $. Quand on regarde l'aide financière, on se rend compte qu'elle
varie salon le mode de services de garde utilisé. Elle est très
élevée en mode de garde en milieu familial, je crois que c'est 74
%, et je crois qu'en garderie, c'est autour de 50 % et ça baisse en
garde scolaire à presque 17 %.
Alors, vous nous dites que l'État devrait contribuer pour 80 %.
Donc, ça veut dire à peu près 28 $ par jour. Est-ce bien
ça? Ce qui laisserait aux parents un tarif de 7 $.
Mme Allaire: Oui, exactement.
Mme Harel: Je comprends que Concertaction, lorsqu'elle a
présenté son mémoire devant la commission, souhaitait un
partage moitié-moitié si ma mémoire est bonne, 50-50. 50
par le gouvernement...
Mme Allaire: Mais à long terme... Una voix: 80-20.
Mme Harel: 80-20. Ah, bon! Vous partagez le même objectif.
Ce sont peut-être les syndicats alors.
Mme Allaire: Oui, ils proposent 60-40, 60 % par le gouvernement
et 40 %... La CSN, entre autres.
Mme Harel: Ah bon! 60-40. Il m'avait semblé lire dans le
mémoire: 50-50. De toute façon, tout ça nous permet de
voir que la réalité actuelle, 35 $ de coût en moyenne par
jour, 15 $ de tarif en moyenne, ce qui laisse un solde de 20 $, avec 4,50 $ par
jour au permis, ce qui laisse un solde de 15,50 $ sur lequel on pourrait
évaluer la subvention de logement, que n'obtiennent pas toutes les
garderies, mais qui pourrait quand même affecter l'évaluation
qu'on en fait. C'est donc dire que plus de 30 % des frais sont assumés
par la masse salariale. C'est ce qu'il faut comprendre.
On peut penser, tout au moins avec ce que vous nous amenez, que
même au-delà de 30 %, autour de 35 % du coût est
assumé par le salaire à la baisse dans les garderies. Avez-vous
évalué la situation à peu près comme je la
décris?
Mme Gariépy: L'exposé que vous venez de faire est
réaliste. En fait, comme la capacité de payer des parents est
limités, les parents ed-mlnlstrateurs ne peuvent se permettre
d'imposer
des tarifs quotidiens qui atteindraient tout près de 28 $ ou 25 $
par jour et travailler avec 4,50 $ qui proviendraient du gouvernement.
N'oublions pas que la classe moyenne est celle qui n'est pas aidée en
dehors des mesures fiscales. La classe moyenne, cela lui coûte ses 15,50
$ par jour. Et disons-nous que, pour être jugé classe moyenne, il
ne faut pas de revenus élevés.
Dès l'apparition du deuxième enfant, qu'est-ce qu'on fait?
On quitte même les services de garde parce qu'on ne peut pas payer
mensuellement ces honoraires-là. C'est trop dispendieux. Vers quel type
de services se tourne-t-on? Vers la garde au noir non régie, où
on n'exerce à peu près pas de qualité. Selon votre
exposé mathématique, vous dites que ceux qui soutiennent le
réseau présentement, ce sont les employés des services de
garde, ceux sur qui repose la qualité. Dans les conditions dans
lesquelles ils travaillent, cette qualité est très variable, non
pas à cause de leur formation, mais à cause de leur
motivation.
Mme Allaire: Tantôt on a fait un calcul. On a lu une lettre
envoyée par l'Office des services de garde aux diverses garderies pour
faire une évaluation du coût, comment baser nos tarifs de garde en
fonction des 45 % de revenu. On a fait le calcul tantôt pour une garderie
de 60 places - c'est l'exemple que donnait l'office - et pour des
dépenses de 300 000 $, selon la nouvelle formule des 45 %, cela
donnerait 93 103 $ en subvention. Si on prend les 4,50 $ actuels, plus la
subvention au logement, cela donne 4,94 $ par jour par place, et la nouvelle
formule donnerait 5,09 $ par jour par place, soit 0,15 $ d'augmentation par
jour par place. C'est ce que donne la nouvelle formule, à partir des
chiffres mêmes de l'Office des services de garde quand on fait la
comparaison entre l'ancienne formule et la nouvelle. Je peux vous dire
qu'avant, on augmentait à coups de 0,50 $, et là, on augmente
à coups de 0,15 $. On trouve que ce n'est pas beaucoup pour les services
de garde, cela ne donne pas beaucoup.
Mme Harel: Au fil des discussions qu'on a eues en commission
parlementaire, j'ai compris aussi que des Inquiétudes des gestionnaires
étaient que les millions de consolidation pouvaient rester fictifs dans
la mesure où la nouvelle formule appliquée ne permettrait pas
réellement d'aller chercher le taux d'occupation qui était
prévu. Il y a 10 000 000 $ de plus qui sont utilisés chaque fois
et, comme vous venez d'en faire la démonstration, il y a 0,15 $ de plus,
mais ce n'est pas possible qu'il y ait 0,15 $ de plus puisqu'il y a 10 000 000
$.
Ces 10 000 000 $ peuvent rester fictifs dans la mesure, justement,
où la nouvelle formule est en pourcentage du revenu réel, et le
revenu réel, lui, peut no pas vraiment augmenter, si tant est que les
parents ou si la garderie sent qu'elle ne peut pas l'augmenter. Cela peut
devenir finalement 10 000 000 $, je ne dis pas totalement fictifs, mais dont
une partie pourrait se révéler périmée. Le
gouvernement adore cela. Il adore ça les budgétiser et,
après, les périmer parce qu'ils retournent dans la caisse de
l'État, vous savez.
Dans le mémoire que vous avez présenté, il y a une
question à laquelle vous répondez. Est-ce vraiment
nécessaire de recevoir une formation? Je crois que c'était
important que ce soit vous qui répondiez à cette question. Vous
nous soumettez l'étude du National Day Care Study. Ça reste
encore à démontrer. Ça peut vous sembler étonnant,
mais, même maintenant, ce qui est sous-jacent, très souvent, c'est
l'idée que, ma foi, pour s'occuper des enfants, il faut avoir du coeur
et de la sensibilité et beaucoup de patience. Le reste vient par
surcroît. C'est intéressant, ce que vous nous apportez. Je pense
qu'aussi étonnant que ça puisse paraître, c'est là
un vrai débat, qui est Important. Pourquoi régir toutes les
formes de garde, môme celles qui ne sont pas aidées
financièrement par l'État? Il ne faut pas confondre. Ce n'est pas
parce qu'elles ne sont pas régies par la loi que nécessairement
elles sont subventionnées. Mais pourquoi toutes les régir?
Justement parce qu'il y a un principe de vouloir assurer un
développement à l'enfant en fonction de critères
collectifs, tandis qu'on renvoie le choix aux parents, au secteur privé.
Ce n'est pas public ça. C'est une question de choix personnel. Vous
aviez un commentaire?
Mme Gariépy: Oui, j'ai un commentaire. Justement, si on
parle du renvoi à l'autonomie des parents, à leur pouvoir de
décider, nous sommes favorables à la gestion des services de
garde par les parents. Nous sommes favorables au contrôle que les parents
exercent. Nous croyons à l'autonomie des parents, mais uniquement dans
un contexte financier qui ne place pas les parents gestionnaires en situation
de gérer l'ingérable. Les parents sont, à la fois, parents
d'enfants qui fréquentent les services de garde, parents employeurs et,
comme administrateurs, ils sont en double emploi d'une petite entreprise, ou
l'équivalent, qui gère un budget de 300 000 $ dans uno
annéo. Ils ont la capacité de le faire, mais avec des conditions
qui ne les mettront pas toujours en situation de stress au moment de la
signature dos ententes de travail, au moment de la négociation de tout
l'aspect des dépenses. On pariait de la masse financière
allouée au perfectionnement, qu'est-ce que c'est 1 % dans un service de
garde? Sur une masse salariale de 200 000 $, 1 % c'est 2000 $. Divisez cela
entre dix employés, c'est 200 $ par annéo. On le fait
déjà. Cet argent est déjà là. Il est
déjà utilisé en partie.
Mme Harel: Ce n'est pas de l'argent de plus, de toute
façon, c'est simplement de l'argent qui doit être
géré. Dans votre mémoire, il y
avait un aspect à la page 14, dont j'aimerais discuter avec vous.
Vous nous dites qu'il arriva de plus en plus que la garderie soit
considérée par les services sociaux, médicaux, judiciaires
comme un service pour des parents qui vivent des situations familiales
difficiles ou qui ont des rapports tendus avec leur enfant. On conseille alors
à ces parents de mettre l'enfant en garderie.
Je dois vous dire que j'ai eu ces expériences, récentes
encore, dans le milieu où je suis, dans le bas de la ville de
Montréal où, très souvent, lorsqu'il y a des relations
tendues, une certaine négligence, on incite énormément le
parent ou les parents à mettre l'enfant en garderie. Vous nous dites que
c'est difficile parce que, comme il n'y a pas de ressources adéquates,
la tentation est grande d'exclure l'enfant turbulent ou qui a des
difficultés d'adaptation ou qui n'a pas finalement la capacité de
suivre rapidement le groupe et vous proposez, je pense que l'Office des
services de garde - il me semble avoir vu ça dans votre rapport à
un moment donné - par un protocole d'entente s'assure qu'il y ait des
ressources professionnelles mises à la disposition des garderies. C'est
une recommandation que vous faite, je crois?
Mme Allaire: Négocier des ententes, cela peut être
avec les centres de services sociaux, les CLSC, mais ça peut être
également avec les institutions d'enseignement collégial ou des
regroupements de garderies où il pourrait y avoir des sommes
injectées pour du personnel spécialisé qui offrirait un
soutien pédagogique aux éducatrices qui sont confrontées
à ce problème quotidiennement avec les enfants. Donc,
élargir finalement le cadre, ne pas seulement penser aux CLSC, mais
penser aussi aux maisons d'enseignement et aux regroupements de garderies pour
offrir ce service.
Mme Harel: J'imagine que cela peut être surprenant de voir
que ces enfants, n'étant pas dépistés au bon moment, vont
connaître, à l'école, des difficultés qui vont
s'accentuer, j'imagine.
Mme Allaire: On trouve aussi dommage, parce qu'à certains
moments, on entend parler de cela, d'exclure les enfants des assistés
sociaux dans les garderies en ne leur donnant plus l'aide financière,
sauf que, si on pense aux enfants, comme milieu de prévention, cette
mesure serait très grave parce qu'H faut vraiment penser à la
garderie comme un droit de l'enfant. Si cet enfant a besoin de la garderie, il
ne faudrait pas lui enlever ce service parce que sa mère est
assistée sociale. Donc, je pense que c'est un débat qui n'est pas
lu exactement dans l'énoncé de politique, mais c'est sous-jacent
dans certaines autres politiques.
Mme Harel: Le danger est d'autant plus grand que l'enfant
perdrait ce droit parce que la parent n'obtempérerait pas à la
consigna d'utiliser une masure d'employabilité ou de participer à
une activité obligatoire de travail. C'est une sorte de chantage qu'on
fait aussi sur le parent parce que, finalement, s'il ne participe pas, l'enfant
se verrait retirer de la garderie, à toutes fins utiles, étant
donné qu'il n'aurait plus l'aida financière.
Mme Allaire: Exactement.
Mme Harel: C'est vraiment un danger. Je pense qu'il faut mettre
en garde...
Mme Allaire: Oui.
Mme Harel: ...l'office et la ministre de s'orienter de cette
façon.
Mme Allaire: Exactement.
Mme Harel: Dans le mémoire également, vous nous
dites à la page 12 - et, en général, vous pesez vos mots -
que vous avez constaté qu'il y a du laxisme dans l'application des
normes minimales concernant les ratios. Vous nous aviez dit, d'entrés de
jeu, que vous aviez souvent circule dans les différentes garderies.
Alors, vous souhaitez que l'office accentue ses visites, augmente ses
équipes de surveillance? (18 heures)
Mme Bourgon: Ce n'est pas seulement une question d'augmenter les
visites et le nombre d'inspecteurs, parce que je pense que c'est un fait qu'il
y a très peu d'inspecteurs pour fournir à la demande, mais c'est
aussi dans l'interprétation qu'on fait de certains articles. Par
exemple, en termes de ratio, c'est une interprétation assez
relâchée du terme présence-enfant pendant les
périodes de sieste. En autant que le personnel est dans la garderie, il
n'a pas besoin d'être auprès des enfants, selon certaines
Interprétations de certains agents de liaison. Or, certaines
études démontrent qu'à la période de sommeil, on
devrait hausser le nombre de présences-enfants plutôt que de le
diminuer, étant donné que c'est une période durant
laquelle l'enfant se sent dans un état d'insécurité et
qu'il aurait besoin d'avoir un rapport adulte-enfant beaucoup plus près
qu'à d'autres moments de la journée. Donc, c'est en
interprétant certaines parties de la réglementation à la
baisse, toujours pour des raisons budgétaires, parce que, si on le fait,
c'est pour permettre aux éducatrices d'aller faire de la
préparation, c'est pour permettre aux éducatrices de prendre un
repos, sinon, on ne peut pas payer ces périodes. Donc, ce n'est pas par
mauvaise volonté que ces pratiques se font, c'est vraiment pour des
raisons budgétaires et c'est encore au détriment de la
qualité. Donc, c'est en ce sens qu'on dit qu'il faut qu'il y ait un
certain resserrement et qu'on s'assure que les normes mises en
place soient vraiment appliquées, qu'on ne les interprète
pas à tort et à travers, de façon que la garderie puisse
boucler son budget. Puis ça, ce ne sont pas les garderies qui le font de
façon spontanée, ce sont des directives données par les
agents de liaison de l'office, en disant: Bien oui, si tu fonctionnais de telle
façon, tu arriverais dans ton budget, tu n'aurais plus de
problème.
Mme Harel: Vous êtes certainement en contact avec des
collègues qui pratiquent le métier d'enseignant de ces techniques
de garderie dans d'autres pays, peut-être? Est-ce que vous
considérez que nous sommes sur la bonne voie en matière de
politique de la petite enfance avec cet énoncé de politique?
Est-ce que vous considérez qu'il y a des priorités
immédiates qu'il importe de relever, qu'il y a un défi
Immédiat à relever?
Mme Allaire: Tout dépend du pays auquel on se compare. Si
je pense à la Norvège, à la Scandinavie, disons qu'on se
dit que la priorité a été mise sur les services de garde
de qualité, donc, on a investi tant pour l'aménagement,
l'implantation que pour les conditions quotidiennes de service de
qualité auprès des enfants. Dans ce sens, II est certain que nous
aimerions rejoindre des pays qui offrent un très grand service de
qualité pour les enfants. Si nous pensons seulement au reportage de
dimanche soir dernier, "Disparaître", animé par Lise Payette, on
se rend compte qu'en France, entre autres, cela coûte beaucoup moins cher
aux parents pour envoyer leurs enfants dans un service de garde, qu'il y a
beaucoup plus de subventions d'accordées aux services de garde. Donc, il
y a d'autres pays qui ont fait le choix...
Mme Harel: Une dernière question, parce que vous avez
cette expertise. En France, II y a la maternelle à partir de trois ans
dans le réseau scolaire et il y a la maternelle publique, gratuite,
accessible. Est-ce que vous recommandez la maternelle à plein temps
à cinq ans, avec possibilité d'ouvrir une prématernelle
à quatre ans, dans le réseau scolaire, ou si vous
préférez ne pas encore vous prononcer sur cette question, ou
pensez-vous que la garderie est plus indiquée à l'âge
préscolaire?
Mme Allaire: Je pense qu'on n'aurait pas d'objection à ce
que les garderies fassent partie du réseau de l'éducation, sauf
que cela ne serait pas intégré aux maternelles. Je pense qu'il
faut garder la garderie comme elle est présentement, un milieu de vie
pour les enfants, et non pas uniquement un milieu d'apprentissage. Je pense que
le concept de garderie développé au Québec convient
très bien aux enfants, mais qu'il faudrait lui donner le soutien
financier nécessaire pour qu'il puisse s'étendre et offrir de
meilleures conditions.
Le Président (M. Thuringer): Votre temps est maintenant
terminé. En conclusion.
Mme Harel: Vous voulez que je dise merci?
Le Président (M. Thuringer): Oui. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Oui, certainement. Merci pour toutes ces informations
que contient votre mémoire, qui seront utiles pour la suite de nos
discussions en commission, et pour la suite des décisions que la
ministre aura à prendre. J'espère qu'elle en tiendra compte. Je
vous remercie. le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En conclusion, M. le Président, Je
voudrais dire qu'on peut être d'accord avec la formation pour tous, quel
que soit le type de service, l'amélioration des ratios, un financement
amélioré, un rattrapage important des salaires. Par contre, on
voudrait aussi tenir compte de la capacité des parents, comme vous le
mentionniez tout à l'heure, et aussi de l'État, puisque
l'État, c'est également les parents, de payer des services de
garde. Et on sait que le gouvernement a aussi des choix importants à
faire, des défis importants à relever au cours des dix prochaines
années, ne serait-ce qu'à penser au vieillissement de la
population. Donc, compte tenu de tout cela, nous devons faire aussi des choix
qui seront très réalistes. Dans ce sens-là, Je pense qu'on
peut faire un bout de chemin, mais on ne peut pas naturellement tout faire dans
un an ou dans deux ans. Je pense que c'est cela l'objectif visé. C'est
de viser naturellement le meilleur, mais, par contre aussi, à un rythme
qui n'est peut-être pas tout à fait celui qui nous est
proposé. Je vous remercie, mesdames, de la présentation de votre
mémoire.
Mme Harel: Merci. le Président (M. Thuringer): Merci au
comité.
Je demande maintenant au prochain groupe, le Regroupement d'organismes
de la région de Deux-Montagnes, de s'approcher.
Donc, j'invite tout le monde à prendre sa place et on va
poursuivre. S'il vous plaît, voulez-vous identifier?
Regroupement d'organismes de région de Deux-Montagnes
Mme Guilbault (Maryse): Je suis Maryse Guilbault, coordonnatrice
de la garderie Centre de Jour de Salnt-Eustache. Je représente le
Regroupement d'organismes de la région de Deux-Montagnes. Avec mol, il y
a de la garderie Bedondaine, Johanne Desjardins, coordonnatrice; de la garderie
Les Bourgeons de Mirabel, Chris-
tine Brunet, coordonnatrice; de la garderie Deux-Montagnes, Ginette
Raymond qui est absente aujourd'hui; de la garderie Fleur de pommier, Micheline
BelzHe, coordonnatrice; et également, Christian Paquin, responsable de
la halte-garderie du CLSC Jean-Olivier-Chenier et Denise Charest, organisatrice
communautaire.
Je voudrais, dans un premier temps, apporter quelques corrections
à notre mémoire. Tout d'abord, à la page 1, dans la
présentation des auteurs, j'aimerais changer le nombre de places
à la garderie Fleur de pommier. Il faudrait le changer pour 28 places au
lieu de 24 places. La deuxième correction à la page 6, dans le
deuxième paragraphe, à la cinquième ligne, II faudrait
changer le mot "peur" pour "peut". À la page 8, au deuxième
paragraphe, dans la deuxième ligne, ajouter le mot "rural" après
"petite garderie en milieu".
Les individus et organismes préoccupés par les services de
garde à l'enfance attendaient impatiemment le dépôt de
l'énoncé de politique, "pour un meilleur équilibre". Il
est toutefois désolant de constater qu'après avoir attendu aussi
longtemps, on ne nous laisse qu'un mois à peine pour réagir.
Notre regroupement d'organismes se réjouit de la volonté
gouvernementale de créer plus de 60 000 nouvelles places en services de
garde au cours des cinq prochaines années. Nous appuyons aussi les sept
principes directeurs de l'énoncé. Toutefois, nous avons de
sérieuses réserves sur la façon dont le gouvernement
prévoit créer ces nouvelles places et appliquer ces
principes.
La lecture de l'énoncé provoque des réactions
chapitre après chapitre. Nous avons toutefois choisi d'entretenir la
commission sur les quatre points suivants: tout d'abord, le rôle des
parents, deuxièmement, les partenaires sociaux, troisièmement,
les haltes-garderies et, finalement, le financement.
Le rôle des parents. Tout au long de l'énoncé de
politique, on nous entretient du rôle primordial que les parents doivent
jouer dans les services de garde. Les parents devraient déterminer
l'orientation des services en assurant la gestion, s'impliquer dans
différents comités de travail, siéger dans un
comité consultatif dans le cas des garderies privées, participer
à un comité de parents dans le cas des agences. De plus, les
parents, par le conseil d'administration devront aussi devenir "chiens de
garde" pour s'assurer que les tarifs demeureront abordables. Idéalement,
nous ne pouvons que souscrire à cette participation totale des parents,
car nous croyons aussi qu'il sont les premiers responsables du bien-être
de leurs enfants. Toutefois, si les parents utilisent les services de garde,
c'est parce qu'ils sont aussi des travailleurs et des travailleuses. Par
conséquent, le temps dont Ils disposent pour s'impliquer dans les
services de garde est plus que limité. L'expérience des services
de garde prouve clairement que les voeux de l'énoncé sont
irréalistes. Le recrute- ment de parents pour différents
comités de travail ou pour la tenue d'activités spéciales
est toujours très difficile. Qu'on se rende à l'évidence.
Les parents manquant de temps pour remplir tous ces rôles qui leur sont
dévolus. À la limite, l'implication du parent dans un service de
garde se fait aussi au détriment de l'enfant qui est privé de son
parent quelques heures de plus. Devant toutes ces obligations, nous croyons
qu'un bon nombre de parents délaisseront les services de garde
structurés et reconnus pour se tourner vers la garde au noir, car la
voisine ne demande rien d'autre que le versement du tarif.
Nous croyons qu'il est temps de redéfinir le rôle des
parents dans les services de garde en tenant compte de l'expérience
antérieure et de la réalité des parents. Les parents ont
un rôle essentiel à jouer dans l'orientation et la gestion des
services de garde, mais qu'on les appuie et qu'on tienne compte de leurs
conditions de travailleurs et de travailleuses. Songerait-on à demander
aux parents de définir les programmes d'enseignement, le régime
pédagogique et les objectifs d'apprentissage en milieu scolaire? Leur
impose-t-on aussi de négocier les conditions de travail des enseignants
et la réfection du toit de l'école? Pourtant, quand l'enfant
atteint l'âge scolaire, les parents demeurent encore les premiers
responsables de son bien-être. On a une recommandation pour ce volet.
Nous recommandons le maintien de la responsabilité des parents dans les
services de garde. Nous recommandons aussi l'intensification du soutien aux
services de garde en ce qui concerne la formation, la programmation,
l'encadrement administratif pour alléger le rôle des parents.
Le deuxième volet: Les partenaires sociaux Dans l'orientation, le
développement et la gestion des services de garde, l'État n'est
pas un partenaire comme les autres. Par l'Intermédiaire du gouvernement,
l'État est le bailleur de fonds de plusieurs partenaires des services de
garde. Le gouvernement définit la mission des centres locaux de services
communautaires, des départements de santé communautaire, des
commissions scolaires. Le gouvernement est aussi un interlocuteur
privilégié des municipalités. Dès lors,
l'État ne peut prétendre à un rôle secondaire de
soutien. Aussi, nous recommandons que le gouvernement stimule la participation
des commissions scolaires pour leur permettre d'offrir des services
spécialisés aux enfants usagers des services de garde. Le
gouvernement encourage concrètement les municipalités à
faire bénéficier les garderies des ressources dont elles
disposent, tels les locaux, les équipements culturels et
récréatifs. Parmi ces partenaires sociaux, se trouvent les CLSC
présents dans l'ensemble des régions du Québec. Des CLSC
ont développé des collaborations avec les services de garde de
leurs territoires respectifs. Toutefois, ces collaborations sont
dépendantes du mince budget disponible, de l'intérêt des
individus en place et du lobbying des services de garde.
Aussi, nous recommandons que le gouvernement par le ministère de
la Santé et des Services sociaux assure aux CLSC des budgets
spécifiques pour offrir dos services de santé et des services
sociaux ot communautaires dans les services de garde reconnus de leurs
territoires respectifs.
Le troisième volet: les haltes-garderies. Pour la qualité
des services offerts aux enfants, il est important que les services de
haltes-garderies soient encadrés par l'Office des services de garde a
l'enfance comme l'ensemble des services de garde. Toutefois, la mise en
application de l'article 6 de la Loi sur les services de garde à
l'enfance risque de provoquer la fermeture de nombreuses haltes-garderies qui
ne sont pas conformes aux différentes normes de l'office,
pénalisant ainsi enfants et parents qui ont des besoins de garde
ponctuels. Le gouvernement entend aussi appuyer financièrement les
municipalités qui mettront sur pied des haltes-garderies. Cette
Intention est fort louable mais peu conforme à la réalité.
Les maîtres d'oeuvre des haltes-garderies proviennent de
différents milieux. le soutien financier à venir ne doit donc pas
être réservé aux seules municipalités. (18 h 15)
Aussi, nous recommandons que soit mis en application l'article 6 de la
Loi sur les services de garde et que, conséquemment, des budgets
d'adaptation et de fonctionnement soient alloués aux haltes-garderies
dans les milieux où elles s'inscrivent et dans les milieux
désireux de les mettre sur pied.
Finalement, le dernier volet, le financement. Situation actuelle et
problématique. Service de garde en garderie. Le financement actuel
présente certaines lacunes tant pour les parents utilisateurs que pour
la garderie. Pour le parent dont le revenu se situe entre 22 000 $ et 25 000 $,
la garderie n'est pas du tout accessible, car, d'une part, il n'a pas droit
à l'aide financière ot, d'autre part, les tarifs de garde sont
trop élevés.
Pour la garderie, la problématique du financement se situe au
niveau des salaires peu élevés par rapport aux qualifications
exigées. De plus, les coûts réels de fonctionnement
augmentent chaque année, alors que la subvention demeure fixe ou
augmente de peu. Il revient donc au parent de payer les coûts
supplémentaires. C'est la raison pour laquelle nous retrouvons dans nos
garderies des tarifs trop élevés. Un autre problème
rencontré en garderie est le financement Insuffisant du service de
pouponnière. Un bon service de garde de poupons suppose des coûts
de fonctionnement très élevés que la subvention ne
réussit pas à couvrir.
Notre financement proposé. L'aide financière aux parents.
L'aide financière aux parents qui subventionne 40 % du tarif de garde,
plus 4,75 $ par jour par enfant, n'est pas, selon nous, un moyen adéquat
pour aider les parents. Si le tarif de garde reste fixe, le parent est
avantagé. Mais, comme la nouvelle formule de financement suppose une
augmentation de tarif, le parent devra payer de toute façon des frais de
garde plus élevés. de plus, l'échelle d'aide
financière proposée ne favorise pas plus qu'avant des parents
dont le revenu se situe entre 20 000 $ et 30 000 $.
Aussi, nous recommandons de maintenir la formule actuelle d'aide
financière, tout en l'augmentant pour venir en aide aux parents qui ont
un revenu de 20 000 $ à 30 000 $. de plus, II faudra indexer
annuellement l'échelle d'exonération d'aide
financière.
Le financement aux garderies sans but lucratif. La subvention
d'implantation nous semble adéquate, compte tenu des coûts
élevés d'Implantation d'un service de garde. Par contre, nous
avons certaines inquiétudes quant au nombre de nouvelles places
allouées aux garderies sans but lucratif de quartier par rapport
à colles en milieu de travail ou en milieu familial.
La nouvelle formule d'aide gouvemementale qui est de subventionner 45 %
des revenus de garde réels, nous apparaît nettement
inadéquate, puisque, pour la majorité des garderies, le montant
de subvention sera à la hausse pour la première année,
mais dépendra ensuite des augmentations des tarifs. Donc, iI reviendra
encore aux parents de payer plus, bien que les tarifs quotidiens soient
déjà élevés. Consultez les parents à ce
sujet, ils sauront vous le dire.
L'élimination de la subvention logement occasionnera de grandes
Inégalités entre garderies qui ont peu ou pas de frais de
logement comparativement à celles qui ont de grosses hypothèques
à supporter. Puisque chaque garderie est un cas particulier concernant
le logement, nous croyons que la formule actuelle de subvention au logement
assure l'équité.
La formule de subvention à 45 % des revenus de garde
défavorisera les petites garderies en milieu rural qui ont besoin d'un
support financier plus grand, compte tenu du petit nombre d'enfants qu'elles
reçoivent.
Enfin, la subvention de 1 % de la masse salariale pour la formation, le
ressourcement et le perfectionnement du personnel, nous semble mal
répartie. Nous croyons que les besoins de formation, de ressourcement et
de perfectionnement diffèrent d'une garderie à l'autre. De plus,
les garderies qui ont une masse salariale plus élevée, donc de
meilleures conditions de travail, soront avantagées. De façon
générale, nous pensons que ce nouveau mode de financement fera
une pression à la hausse sur les tarifs et qu'en fin de compte, les
parents ne pourront pas en assumer les coûts.
Nous recommandons donc de garder la formule actuelle de subvention de
fonctionnement tout en la bonifiant par des indexations annuelles. On demande
aussi de maintenir la subvention logement, d'accorder une aide aux garderies de
milieu rural qui répondent à un grand besoin de garde, d'accorder
la subvention de formation, de ressourcement et de perfectionnement selon
les
besoins de chacune des garderies, de subventionner les salaires des
employés des garderies, ce qui permettrait de rétablir
l'équilibre entre les qualifications demandées au personnel et
leurs conditions salariales.
Le financement aux garderies privées. L'intention du gouvernement
de financer les garderies à but lucratif nous apparaît aller
è rencontre des principes directeurs de l'énoncé. L'Office
des services de garde et les parents utilisateurs ont peu de contrôle sur
ces services de garde. Il nous semble alors prématuré d'y
investir des fonds publics, car le risque que les profits priment sur les
besoins des enfants est grand. Nous recommandons d'Investir les sommes
destinées aux garderies privées dans les services sans but
lucratif dans le but de leur permettre de consolider leurs services sans
augmenter leurs tarifs.
En conclusion, que dire sinon que le présent énoncé
de politique ne répond pas aux attentes des services de garde
malgré son intention d'augmenter les places de garde. Nous souhaitons
ardemment que le gouvernement révise sa position afin d'assurer aux
enfants et à leurs parents des services de garde accessibles et de
qualité.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame. J'aimerais vous poser la
question suivante. Pourquoi affirmez-vous que l'exonération
financière qu'on accorde aux parents, la nouvelle formule
d'exonération financière, est moins bonne par exemple, ou
n'aidera pas suffisamment les parents lorsqu'il y a augmentation de tarifs,
puisque, auparavant, elle était fixe, rigide, c'est-à-dire
qu'elle n'augmentait pas au fur et à mesure et que, maintenant, elle est
indexée en plus et qu'elle va fluctuer avec les tarifs? Pourquoi
dites-vous qu'elle est moins bonne que celle qui existe actuellement?
Mme Desjardins (Johanne): Selon les calculs qu'on a faits mon
amie et moi, malgré l'augmentation qu'on pourrait faire,
proportionnellement à l'augmentation de tarifs, le parent devra payer
aussi plus cher même s'il a plus d'aide financière.
Mme Gagnon-Tremblay: Supposons qu'il arrivait que, pour une
raison ou pour une autre, dépendamment du tarif, la subvention soit
moindre que 10,50 $. Dans l'énoncé de politique, on mentionne
qu'il n'y a aucun parent qui recevra moins de 10,50 $. En plus de cela, pour
les autres, comme je vous le dis, c'est plus rigide et c'est indexé en
plus. Je ne comprends pas pourquoi on dit que cette formule est moins bonne. Ce
que vous préconisez, finalement, c'est qu'on laisse la formule à
10,50 $ telle qu'elle est actuellement, Indexée.
Mme Desjardins: Les clients de la plupart des garderies de notre
région sont souvent des parents de classe moyenne. Cela revient
toujours. J'ai entendu parier d'autres personnes tantôt et c'est vraiment
cs!a quo les garderies vivent; c'est quo ce sont des parents de classe moyenne.
Donc, lis n'ont pas l'aide financière. Le problème est
plutôt là.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr qu'on a augmenté
aussi l'échelle. Cela ne rejoint peut-être pas toute le
catégorie, mais ce que j'essaie de me demander c'est que... Parce qu'on
est d'accord pour dire que les parents qui paient actuellement 18 $ dans une
garderie, cela ne veut pas dire nécessairement que ce soient des parents
riches. Ce sont des parents qui sont obligés de payer ces 18 $, compte
tenu des besoins de la garderie. Mais le parent qui paie 18 $ doit
débourser davantage que celui qui paie 14 $ pour un service
complètement Identique. Donc, avec la formule partis stable, fixe, et
une proportion comme 40 % du tarif, cela va aider davantage naturellement le
parent qui est obligé de payer plus et ainsi réduire les
écarts entre les parents. C'est pour cela que je me questionne. Je me
dis: Pourquoi, par exemple...
Mme Belzile (Micheline): Le parent va payer plus, mais on pense
qu'avec le nouveau mode de financement, les tarifs seront à la hausse de
toute façon. Donc, même avec l'aide financière, le parent
va payer plus. C'est ce qu'on voulait dire.
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'entrerai pas encore dans le
débat de la formula comme telle. parce que je pense qu'on a eu
l'occasion d'en parler depuis ce temps.
Mme Belzile: Mais on doit en tenir compte parce que l'aide
financière va être calculée selon les 40 % du tarif. Donc,
il faut tenir compte du tarif.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Ce que je veux dire finalement, c'est
que cela ne veut pas dire nécessairement qu'on sera obligés
d'augmenter les tarifs. Il y a d'autres façons aussi mais je n'aborderai
pas... De toute façon, il y a d'autres questions qui sont importantes
dans votre mémoire actuellement.
Je vais revenir, entre autres, à la page 5 de votre
mémoire où vous pariez des haltes-garderies. Vous dites que la
mise en application de l'article 6 de la Loi sur les services de garde à
l'enfance risque de provoquer la fermeture de nombreuses haltes-garderies qui
ne sont pas conformes aux différentes normes de l'office. Je sais par
exemple, que plusieurs personnes s'inquiètent effectivement, comme vous,
de ce qui va arriver lorsqu'on l'on va appliquer des normes. Je pense
qu'auparavant, il faut se poser la question, savoir exactement jusqu'où
on va aller et ce qui
va se passer. Par contre, d'autres groupes nous ont dit: Oui, il faut
normaliser autant que dans d'autres services, que ce soit pour la formation des
éducateurs, des éducatrices, ou pour tout autre domaine.
Qu'est-ce que vous pensez de ça? Quelle est l'inquiétude que vous
avez à ce sujet?
M. Paquin (Christian): Nous sommes tout à fait d'accord
sur le fait que les haltes-garderies et les autres services parallèles
aux garderies déjà existantes soient normalisés selon les
exigences minimales de l'Office des services de garde. Nous sommes aussi
d'accord sur le fait qu'ils soient même normalisés à la
hausse. Ce qu'on vit actuellement, c'est qu'on a essayé de diminuer les
ratios, parce qu'on pensait que c'était un service quand même
différent des autres services de garde.
À notre avis, les haltes-garderies répondent à un
besoin ponctuel des parents, à des besoins de répit, à des
ordonnances de la cour, à des ordonnances de la DPJ, du CSS, et sont
actuellement évacuées du réseau qui ne peut pas se
permettre de prendre des enfants à temps partiel ou en
demi-journée. Alors, nous sommes tout à fait d'accord sur le fait
que ce soit normalisé, sauf que ce pourquoi nous nous sentons
menacés, c'est parce qu'il n'y a pas eu d'annonce de subventions
parallèlement à ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense aussi que c'était
peut-être un peu voulu. Avant de parler d'argent, il fallait aussi
décider de ce qu'on allait faire et on ne voulait pas non plus... On
veut travailler avec les municipalités, parce qu'il y a beaucoup de
haltes-garderies qui sont déjà Implantées dans les
municipalités. Les représentants des municipalités nous
ont bien dit: Écoutez, consultez-nous avant et ne nous arrivez pas avec
quelque chose de tout prévu.
Tout à l'heure, je pense qu'on nous faisait aussi remarquer la
formation. Je pense qu'on a beaucoup de consultations à faire avant de
décider jusqu'où on va aller avec les haltes-garderies aussi bien
que les jardins d'enfants.
Je reviens à la page 4 de votre mémoire où vous
pariez de partenaires sociaux. Entre autres, vous faites la recommandation que
le gouvernement stimule la participation des commissions scolaires pour leur
permettre d'offrir des services spécialisés aux enfants usagers
des services de garde. À quels services spécialisés vous
référez-vous?
Mme Charest (Denise): Je vais vous raconter une petite anecdote.
Je vais dans une garderie voisine d'une école où l'on a un enfant
qui a des problèmes de langage et qui Ira à cette école
l'an prochain. La commission scolaire ne peut pas fournir un service d'aide
orthopédagogique à cet enfant. Alors, on accentue le
problème de l'enfant, cette année, parce que les garderies
n'appartiennent pas aux commissions scolaires. Le personnel des commissions
scolaires est là pour leurs enfants, mais le petit qui y sera l'an
prochain sera pénalisé; il aura pris un an de retard. C'est ce
type de services spécialisés, disponibles en milieu scolaire,
qu'on voudrait que les enfants aient en garderie. Et, quand on parle de
prévention, on atteint un objectif. Il n'est pas handicapé
à l'école, on règle son problème avant qu'y
n'arrive. Il a moins de chances d'avoir de la misère.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous pensez que ce sont les
commissions scolaires qui doivent offrir ces services ou, par exemple, d'autres
milieux sociaux?
Mme Charest: Dans notre milieu, on parie de commissions
scolaires, parce que, dans le milieu où l'on vit, ces services sont
offerts traditionnellement par les commissions scolaires. Mais si ce sont
d'autres gens, on est bien ouverts, à condition que les services soient
disponibles.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que ça suppose, par exemple,
qu'on aurait avantage, lors de la planification régionale, à
sensibiliser davantage les commissions scolaires et peut-être penser
à des protocoles qui pourraient être signés entre les
différents services de garde et ces commissions scolaires pour offrir
ces services spécialisés?
Mme Charest: Écoutez, je ne suis pas en milieu scolaire,
mais je ne pense pas que les commissions scolaires ne soient pas sensibles
à ces problèmes. Elles n'ont tout simplement pas les sous par
aller à l'extérieur. Même dans leur propre milieu, elles
ont de la difficulté. Alors, quand on parle de stimuler la
participation, on parie aussi d'y engager des fonds.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez soulevé quelque chose tout
à l'heure que je n'ai pas encore entendu depuis le début de la
commission parlementaire, lorsque vous avez parlé du milieu rural. Je ne
sais pas si j'ai bien compris. Quand vous mentionnez qu'on devrait donner une
aide supplémentaire pour les services en milieu rural, est-ce que
ça veut dire qu'indépendamment de la subvention qu'on offrirait,
par exemple, aux garderies ou aux services, à ce moment-là, il y
aurait une aide supplémentaire qui pourrait être accordée
pour les garderies en milieu rural? Est-ce que c'est votre intention? (18 h
30)
Mme Belzile: Oui, c'est un peu ce qu'on a voulu vous transmettre.
En milieu rural, souvent ce sont des garderies, et on est principalement deux
garderies dans ce cas-là sur les cinq. Mais c'est sûr que, dans
tout le Québec, il y en a plusieurs. Peut-être qu'elles ne se sont
pas fait entendre ici, mais en milieu rural, les garderies ont souvent de
petits permis, donc de 30 places;
chez nous, on en a 28, Christine en a 34. Mme Brunet (Christine):
Oui.
Mme Belzile: Alors, les frais fixes en fait, les frais
d'implantation de la garderie, tous les frais fixes de fonctionnement, de
bâtisse, sont les mômes ou presque les mômes qu'une garderie
de 40 ou 60 places. Finalement, le financement n'est pas plus grand. Alors, on
a plus de difficultés. Il faut trouver des façons de s'en sortir.
Je dirais qu'on a encore plus de difficultés qu'une garderie de 40 ou 50
places. Notre seuil de rentabilité est beaucoup plus difficile à
atteindre.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que cette aide supplémentaire
devrait être donnée pour le fonctionnement ou beaucoup plus pour
l'implantation, d'après vous?
Mme Belzile: Je crois que ce serait plus pour le fonctionnement
parce que les dépenses à encourir, c'est plus au fil des
années, ce sont les salaires à payer, la bâtisse,
l'entretien, les aménagements, les achats. C'est plus à ce
chapitre étant donné qu'on a quand même toutes les
dépenses et que les revenus de garde sont moindres étant
donné le nombre d'enfants. À ce moment-là, je pense qu'on
a besoin d'un soutien financier plus grand. Avec la nouvelle formule de
financement, nous sommes un peu désavantagés par rapport à
la subvention de fonctionnement actuelle.
Le Président (M. Thuringer): Compte tenu de l'heure,
est-ce que j'ai le consentement pour continuer la discussion?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. Thuringer): Allez-y.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous aviez autre chose à
ajouter, madame? Non.
M. le Président, je sais que ma collègue a quelques
questions à poser. Est-ce que vous le permettez?
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de Deux-Montagnes.
Mme Legault: Merci, M. le Président. C'est avec
intérêt que j'ai pris connaissance de votre mémoire,
surtout que vous venez de mon comté. Depuis le début de cette
commission, j'ai beaucoup entendu parler de subventions pour l'implantation des
garderies, sans compter les déductions fiscales qui sont
accordées aux parents. Madame Guilbault, je m'adresse à vous,
j'aimerais savoir ce que vous pensez des parents - quand je dis des parents, je
parie de la mère ou du père - qui choisissent d'élever, de
garder leurs enfants à la maison et qui n'ont pas de subventions? Qua
pensez-vous? Est-ce qua ces gens devraient recevoir les mêmes
subventions, l'équivalent qui est accordé en garderie?
Mme Guilbault: Disons que, particulièrement, moi, je suis
en faveur de la garde en garderie parce que je me dis... C'est pour cela que
j'ai un peu de difficultés à répondre à votre
question. Mais je privilégie...
Mme Legault: Une autre peut répondre.
Mme Charest: Js crois que c'est un tout autre débat et je
n'aime pas beaucoup qu'on se serve du dossier des garderies pour opposer femmes
au travail et femmes au foyer. C'est un tout autre débat et on n'est pas
là pour en discuter aujourd'hui.
Mme Legault: Mais, d'après vous, madame, vous n'êtes
pas une mère de famille?
Mme Charest: Oui, je suis une mère de famille, mais je ne
suis pas là pour parler de ma situation de mère de famille.
Mme Legault: Mais, d'après vous, les parents qui
élèveraient leurs enfants à la maison, ce n'est pas une
priorité pour vous?
Mme Charest: Je ne dis pas cela. Je dis qu'on ne s'est pas
déplacés aujourd'hui pour parier de ça. C'est tout ce que
je vous dis. Je ne dis pas ça.
Mme Legault: Vous êtes pour les garderies?
Mme Charest: On s'est déplacés pour parier des
services de garde.
Mme Legault: Bon. Ma deuxième question. Dans votre
mémoire, à la page 4, au bas de la page, vous recommandez que les
CLSC aient des budgets spécifiques pour offrir des services de
santé dans les services de garde. Il est prouvé et connu que les
enfants en garderie collective sont trois fois plus souvent malades que les
enfants gardés à la maison. Il est évident que la
contagion de rhume, de grippe, d'otite, et le reste, vient du fait que des
enfants venant de différents milieux sont gardés en groupe. Le
gouvernement a publié un livre intitulé Comment prévenir
les maladies en garderie, ce qui indique bien l'existence d'un problème.
Des revues ont été publiées, des articles à ce
sujet, et des commentateurs de radio on ont parié. La garde à la
maison va donc dans le sens de la santé publique beaucoup plus que la
garde en garderie qui fait augmenter les coûts sociaux. D'après
vous, Mme Guilbault, comment réagissez-vous là-dessus?
Mme Charest: Allez-vous fermer les écoles parce que les
enfants sont plus malades quand ils
vont à l'école?
Mme Legault: Pardon?
Mme Charest: Est-ce que vous allez fermer les écoles parce
qu'un enfant en milieu scolaire est plus malade qu'un enfant à la
maison?
Mme Legault: Quand il y a une épidémie, on la
ferme.
Mme Charest: Quand il y a une épidémie...
Mme Legault: Quand iI y en a au moins une dizaine.
Mme Charest: Mais est-ce qu'on va fermer les écoles au cas
où il y aurait une épidémie, Mme Legault?
Mme Legault: Pardon?
Mme Charest: Est-ce qu'on va fermer les écoles au cas
où il y aurait une épidémie? Est-ce qu'on va garder les
enfants à la maison, on va les scolariser à la maison au cas
où ils seraient plus malades?
Mme Legault: Non, mais quand même, c'est une
prévention.
M. Paquin: De toute façon, ce qu'on dit, Mme Legault,
c'est qu'en renforçant les mesures d'hygiène et de
prévention dans les garderies, on va les diminuer ces risques-là.
C'est bien évident que si les garderies font des demandes au DSC ou au
CLSC, c'est parce qu'il y a une lacune.
Mme Legault: C'est pour cela que je vous ai posé la
question. La raison, c'est que vous l'avez mis dans votre mémoire..
M. Paquin: Effectivement, mais je ne pense pas que le fait de
garder des enfants à la maison..
Mme Legault: Si vous l'avez mis, c'est parce qu'il y a des
problèmes
M. Paquin: Oui, effectivement.
Mme Legault: Oui, effectivement, c'est la raison pour laquelle je
vous al posé la question.
M. Paquin: II y a des problèmes, des questionnements aussi
qui viennent de part et d'autre et des parents et des éducatrlces. C'est
juste une question de prévention, mais je ne pense pas qu'on ait moins
ou plus de problèmes qu'on on a dans les écoles. L'avantage
d'aller on garderie, c'est qu'on attrape la varicelle avant d'être
à l'école. C'est moins dangereux quand on est Jeune,
effectivement.
Mme Legault: Entre zéro et deux ans. M. Paquin: C'est
ça, c'est comme...
Mme Legault: Merci. C'est ce que je voulais savoir. le
Président (M. Thuringer): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci. Je crois comprendre qu'on va terminer notre
après-midi comme on avait commencé notre avant-midi sur un sujet
qui suscite... Finalement, à l'occasion du débat sur les services
de garde, c'est comme s'il y avait un débat souterrain qui n'avait pas
vraiment été visible, mais qui finit par reprendre la place,
d'une certaine façon. La question intéressante que Je voulais
vous poser, iI me semble, c'est: Les enfants qui sont dans vos garderies...
D'abord je vous félicite pour votre regroupement, c'est vraiment
intéressant que vous ne soyez pas en situation de concurrence ou de
rivalité, mais plutôt en situation d'entraide et de
solidarité. C'est, je pense, assez exemplaire. les enfants qui vont dans
vos services de garde, que ce soient les haltes ou les garderies, ont, en
général, des mères qui travaillent à plein temps ou
c'est un certain nombre de parents qui choisissent ce mode pour le
développement de l'onfant. Vous l'évaluez à combien,
finalement, ce pourcentage?
Mme Guilbault: Moi, je dirais que la majorité, ce sont des
parents qui travaillent à temps plein qui envoient leurs enfants en
garderie. Il y a une minorité peut-être de 25% des enfants qui
fréquentent la garderie justement parce que ce sont des enfants uniques
et que les parents veulent les envoyer à la garderie pour les habituer
à vivre en groupe et pour les préparer également à
l'école, parce qu'à l'école, Ils devront vivre en
groupe.
M. Paquin: Nous, on a un statut un peu particulier. On dessert
plus une population de mères qui travaillent à temps partiel, qui
sont monoparentales ou encore qui sont agricultrices dans notre région
et qui utilisent la garderie pour se libérer et se...
Mme Harel: Un répit, par exemple, ou pour d'autres
activités.
M. Paquin: Un répit, oui.
Mme Brunet: Nous aussi, dans la région de Mirabel, on
dessert plutôt des parents qui doivent travailler certaines
périodes sur la terre, des parents qui travaillent à temps plein,
mais aussi à des travaux saisonniers du printemps à
l'automne...
Mme Harel: Comment vous organisez-vous avec le taux de
fréquentation?
Mme Brunet: C'est très difficile pour nous. C'est
très difficile...
Mme Harel: C'est fluctuant?
Mme Brunet: C'est difficile de faire des prévisions
budgétaires. Tout est difficile, tout est...
Mme Harel: Vous êtes à Mirabel? Mme Brunet: Oui,
à Sainte-Scholastique Mme Harel: À Sainte-Scholastique,
oui.
Mme Brunet: Oui, et c'est très difficile. On pense qu'on
aura 30 enfants l'année prochaine, on en a moins, on en a trop. Bon!
Faut vraiment être très présent.
Mme Harel: Donc 25% ou à peu près des enfants qui,
finalement, sont à la garderie par la volonté des parents de leur
assurer un milieu de développement ou de socialisation?
Mme Brunet: À peu près.
Mme Harel: Pas tout à fait. Cela vaut pour vous, Mme
Guilbault? Cela ne vaut pas pour la halte.
Mme Guilbault: Cela dépend peut-être des
garderies?
Mme Belzile: Oui, je pense que... Mme Harel: Cela dépend
de la garde? Mme Belzile: C'est un peu moins que ça.
Mme Harel: Un petit peu moins. Une des questions que je me suis
posée toute la journée en écoutant les discussions sur ce
débat, c'est: Quel est le pourcentage du modèle, comme on le
connaissait auparavant avec un père pourvoyeur, une mère à
la maison et deux enfants? J'ai cherché mes statistiques à
l'heure du dîner, compte tenu que 40% des mariages se terminent par un
divorce, compte tenu qu'il y a des familles reconstituées qu'on
évalue à presque 70 %, les pourcentages que j'ai m'indiqueraient
que 30 % des familles québécoises avec des enfants d'âge
préscolaire correspondraient au modèle dit traditionnel du
père pourvoyeur, de la mère à la maison avec deux enfants.
Est-ce que cela vous apparaît être un modèle en usage dans
votre milieu? Est-ce qu'il y a beaucoup de femmes chefs de familles
monoparentales? Est-ce qu'il y a des familles reconstituées? Comment se
vit la famille de 1989?
M. Paquin: La réalité dans le secteur où on
est, c'est ou la banlieue ou la campagne. C'est bien évident que les
gens qui viennent s'y installer sont des gens qui ne sont ni des familles
monoparentales... En majorité, je parle. Je pense que c'est la
réalité des garderies en général. Parmi les gens
qui vont utiliser les services de la halte-garderie, par contre, on a fait des
statistiques du mieux qu'on a pu, on a au-de!à de 80 % des parents qui
sont des familles monoparentales.
Mme Harel: Donc, la halte-garderie... Cela confirmerait par
ailleurs l'orientation qu'on trouve dans l'énoncé, la
halte-garderie servirait beaucoup plus de répit parental.
M. Paquin: Tout à fait.
Mme Harel: Elle servirait plus pour la chef de famille
monoparentale ou le parent qui a vraiment besoin d'un soutien à cause de
la responsabilité qui est assez écrasante parfois sur ses uniques
épaules, et la garde serait beaucoup plus utilisée par la famille
biparentale dont les deux travaillent. Est-ce que c'est le cas? De quel ordre
est le revenu moyen des parents dans vos garderies? Tantôt, Mme Brunet,
vous avez dit que vous représentiez, enfin que vos parents
représentent la classe moyenne. Qu'est-ce que cela veut dire pour vous
en termes de revenus familiaux?
Mme Brunet: Non, je vous disais que les parents avaient des
revenus saisonniers chez nous et qu'on a beaucoup de parents qui
bénéficient de l'aide financière, je vous dirais
au-delà de la moitié, non pas du fait qu'ils ne travaillent pas,
ni du fait qu'ils n'ont pas besoin de la garderie, mais parce qu'ils
travaillent dans des serres six à huit mois par année. Donc, le
salaire est moins que moyen, je dirais.
Mme Harel: C'est donc dire la moitié. Cela correspond, par
ailleurs, aux statistiques. On dit que, habituellement, la moitié des
parents d'enfants en garderie bénéficie de l'exonération
financière. Vous êtes à peu près dans la
moyenne.
Mme Brunet: Chez nous, oui, c'est cela. Mme Harel: C'est le cas
également.
Mme Desjardins: Mais ce n'est pas le cas partout. C'est vraiment
divisé.
Mme Harel: Et vous, Mme Desjardins, où êtes-vous?
Dans quelle localité?
Mme Desjardins: À Mirabel également. Mme Harel: Ah
bon!
Mme Desjardins: Mais je pourrais dire que, vraiment, dans ma
garderie, il y a très peu de parents qui bénéficient de
l'aide financière. Il y
en a peut-être cinq sur 50, ce n'est pas beaucoup.
Mme Harel: Et le tarif est-il différent pour vous, Mme
Desjardins, et pour vous, Mme Brunet?
Mme Brunet: Oui.
Mme Desjardins: Oui.
Mme Harel: Quel est votre tarif par jour?
Mme Desjardins: 15 $.
Mme Brunet 14 $.
Mme Harel: Donc, il y aurait une corrélation certaine
entre la situation pécuniaire des parents parce que vous êtes
à côté, à Sainte-Scholastique.
Mme Brunet: Oui, tout près.
Mme Harel: Tout près. Ce n'est pas la même
composition.
Mme Brunet C'est cela. On ne ce nuit pas.
Mme Harel: Non. Dans votre mémoire, à la page 4,
vous rappelez au gouvernement - je trouvais cela Intéressant - qu'il
n'est pas un interlocuteur comme les autres quand il parle des partenaires
sociaux, qu'il n'est pas un partenaire qui peut simplement souhaiter que les
autres s'impliquent, qu'il est un partenaire qui peut exiger que les autres
s'impliquent. Les autres ne sont que des créatures de la
législature, comme vous le savez, et par législation, on peut
modifier leur vocation, leur mandat, leur rôle. Cela vaut pour les
commissions scolaires comme pour les municipalités, comme pour les CLSC,
comme pour tous les partenaires que vous énumérez. J'ai cru
comprendre que vous teniez beaucoup à ce que l'État ne joue pas
qu'un rôle secondaire de soutien dans une politique d'ensemble. Je pense
que vous êtes un des premiers à l'énoncer aussi bien. Dans
une politique d'ensemble, en matière de services de garde, vous
attendriez de l'État qu'il invite de façon très directe
ses partenaires à s'impliquer de façon précise. C'est bien
cela?
Mme Guilbault: C'est absolument ça.
Mme Charest: C'est un choix politique que le gouvernement fait.
C'est ce qu'on souhaite.
Mme Harel: S'il y avait une volonté politique oui.
Mme Charest: Qu'on assoie tout le monde qui est en mesure
d'offrir des services à la petite enfance et qu'on dise: Qu'est-ce que
vous faites vous autres et qu'est-ce qu'on fait nous? (18 il 45)
Mme Harel: Alors, comme l'a fait une politique de la condition
féminine dans le passé qui a défini des objectifs à
atteindre dans chacun des ministères, une politique de la petite enfance
pourrait définir des objectifs à atteindre, une politique
familiale pourrait définir des objectifs à atteindre dans chacun
de ces organismes. Les commissions scolaires ne se présenteront pas
devant la commission sauf, je crois, le Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Je ne pense pas que la Fédération des
commissions scolaires vienne devant la commission parlementaire. Non, c'est la
Fédération des parents. Les commissions scolaires vont venir,
finalement, la dernière journée. Oui, cela va être la
Journée du scolaire. Le gouvernement a décidé cette
année de retirer l'obligation qui avait été introduite
dans le projet de loi 107, qui venait réformer complètement
l'instruction publique, l'obligation aux commissions scolaires d'offrir un
service de garde, lorsque les parents le demandaient. Même si les parents
le demandent maintenant, la commission scolaire ne sera plus tenue de l'offrir,
si elle ne le juge pas nécessaire, si la pression n'est pas suffisante,
j'imagine, si aussi les élections scolaires viennent de ce passer et
qu'elles n'ont pas encore suffisamment la pression, peut-être, du milieu
pour les faire changer d'idée. Par rapport aux municipalités,
vous dites aussi: Faites attention de ne pas offrir de budget de halte-garderie
qu'aux municipalités, le communautaire pourrait aussi en profiter. C'est
ce que je comprends?
M. Paquin: On n'est pas contre le fait que Ies
municipalités soient subventionnées si elles sont
désireuses d'offrir un service tel que ceux-là. Nous, notre
réalité, c'est qu'on verrait mal que la municipalité soit
subventionnée quand, nous, on ne le sera pas. Alors, qu'il y ait deux
haltes-garderies...
Mme Harel: Est-ce que vous envisagez une collaboration avec la
municipalité ou si vos ressources sont totalement utilisées
à pleine capacité?
M. Paquin: On collabore déjà avec les
municipalités. La halte-garderie a ceci de particulier, un service qu'on
appelle de garderie itinérante qui tourne dans le territoire. Comme on a
un très grand territoire à couvrir, nos objectifs sont de pouvoir
- et on a commencé -déplacer la garderie dans les commissions
scolaires et dans les municipalités. On est à négocier
cela...
Mme Harel: Comment faites-vous cela? M. Paquin: ...à
réfléchir à cela. Pardon? Mme Harel: Vous êtes
à réfléchir ou c'est
déjà entrepris?
M. Paquin: C'est déjà installé dans une
école où les parents viennent recevoir de la formation sur
l'éducation de tours jeunes enfants, etc. C'est dans un milieu
défavorisé de notre secteur, qui est Pointe-Calumet et que Mme
Legault connaît sûrement Nous, on se déplace comme
éducateurs et on va garder les enfants dans l'école, les ]eunes
enfants d'âge préscolaire qui ne fréquentent pas
l'école et qui sont des enfants de familles monoparentales bien souvent.
Alors, c'est comme une ébauche, mais il y a des négociations qui
s'en viennent.
Mme Harel: Vous, vous êtes un travailleur du CLSC?
M. Paquin: Non. Mme Harel: Non.
M. Paquin: Moi, je suis un travailleur des PDE..
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Alors, vous êtes sur un projet de
développement de l'emploi?
M. Paquln: Oui.
Mme Hard: Au moins, cela sert à quelque chose,
relativement, à autre chose qu'ensuite retirer de
l'assurance-chômage...
M. Paquin: Effectivement.
Mme Harel: ...puis avoir l'article 38.
M. Paquin: Mais j'ai été dix ans travailleur en
garderie, par contre. Ce que je voulais dire, c'est que je pense que c'est une
réalité. On a au-delà de 150 enfants Inscrits à la
halte-garderie. À mon sens, il serait inconcevable d'envisager
même la fermeture ou le déplacement de...
Mme Harel: Quel est le coût déboursé par les
parents?
M. Paquin: C'est gratuit.
Mme Harel: Quelle est la magie, là? À part le PDE,
que se passe-t-il comme financement?
M. Paquin: Oui, il y a le CLSC qui nous prête le local et
Il y a le PDE.
Mme Harel: Et les CLSC, quand vous recommandez dans votre
mémoire des budgets pour offrir des services de santé, des
services sociaux, dans les services de garde, comment voyez-vous cela?
Mme Guilbault: Si on pense, par exemple, à une
infirmière Nous, on a demandé souvent les services d'une
infirmière pour venir à la garderie. On n'en a pas eu parce
qu'ils n'ont pas de budget pour payer une infirmière pour se
déplacer dans les garderies.
Mme Brunet: Elles vont dans les écoles.
Mme Guilbault: Elles vont dans les écoles, mais pas dans
les garderies.
M. Paqiln: Elles vont dans chacune des écoles, mais pas
dans les garderies.
Une voix: C'est cela.
Mme Harel: Dans le fond, le réseau n'est pas encore
intégré à l'ensemble du réseau de la santé
et des services sociaux?
M. Paquin: Non.
Mme Charest: C'est l'isolement, je pense, ce qu'on constate
là-dedans, c'est l'isolement de chacune des garderies par rapport aux
autres services. Chaque fois qu'une garderie veut quelque chose, il faut
qu'elle entre en négociation avec un organisme X ou Y. Elles sont
toujours toutes seules. Il faut toujours qu'elles quêtent les services.
C'est dans ce sens-là qu'on veut que tout le monde soit assis et qu'on
regarde ce qu'on peut offrir aux garderies, qu'il y ait une volonté dans
ce sens-là.
Mme Harel: Mais l'inverse est différent parce que,
inversement, les milieux sociaux et judiciaires vous réfèrent
parfois des enfants en difficulté de comportement. Vous devenez leur
ressource
M. Paquin: Oui. C'est cela.
Mme Harel: Est-ce que cela vous est arrivé à vous
aussi?
Mme Guilbault: Oui, on en a eu.
Mme Belzile: On devient une ressource sans ressources en
fait.
Mme Harel: Je veux vous remercier. J'ai trouvé votre
mémoire extrêmement intéressant et je crois que vous devez
vous féliciter parce que l'expérience que vous nous avez
transmise est très enrichissante. Je vous remercie.
Mme Belzile: Merci.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Gagnon-Tremblay: En conclusion, M. le Président,
j'aimerais également vous remercier. Tout au cours de votre conversation
avec la députée de Maisonneuve, je me suis rendu compte qu'il y
avait bien d'autres questions qu'on aurait pu vous poser aussi. Je pense que
vous nous avez démontré la réalité des
régionaux et qu'il y a des particularités, à un moment
donné, dont il faut tenir compte. Ce que j'aimerais surtout c'est
connaître le résultat de votre projet pilote en halte-garderie.
Cela pourrait peut-être nous aider aussi à l'avenir. Alors, si,
à un moment donné, on pouvait discuter de votre projet, ce serait
très Intéressant. Encore une fois, je vous remercie beaucoup pour
votre exposé, mesdames et monsieur.
Mme Guilbault: Merci.
Le Président (M. Thuringer): Merci. La commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
Une voix: Plus une dizaine de minutes.
Mme Harel: Cela n'a pas de bon sens. On n'aura même pas le
temps de monter et il faut sortir, il n'y a rien d'ouvert aujourd'hui.
Une voix: Le Mini -débat?
Le Président (M. Thuringer): Oui.
Mme Harel: D'accord, paraît-il qu'il est ouvert.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est parce qu'on va finir plus
tôt.
Le Président (M. Thuringer): D'accord. Merci. J'ai le
consentement?
Des voix: Ha, ha, ha! le Président (M. Thuringer): Jo
demande à chacun de vous de revenir à 20 heures pile. Merci.
(Suspension de la séance à 18 il 52)
(Reprise à 20 il 10)
Le Président (M. Thuringer): À l'ordre, s'il vous
plaît)
Nous allons reprendre nos travaux. J'invite les représentants de
la garderie Tournesol à se présenter à la table.
J'aimerais rappeler que vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation et que, par la suite, il y aura 20 minutes pour les
discussions. Pouvez-vous vous identifier, s'il vous plaît?
Garderie Tournesol Inc.
Mme Demers (Lucie): Oui. Lucie Demers, de la garderie Les vers a
choux; à ma droite, Mme Sylvie Beauchamp, de la garderie Le funambule;
et, à ma gauche, Mme Louise Hurtubise, de la garderie Tournesol de
Saint-Jérôme.
Le Président (M. Thuringer): Merci.
Mme Demers: À la suite de notre entière
insatisfaction, concernant le document d'orientation intitulé "pour un
meilleur équilibre", nous vous faisons part de nos commentaires et de
nos réactions face aux propositions que nous considérons comme
inefficaces à la consolidation du réseau d'aujourd'hui et de
demain. Nous nous opposons à la diminution de la qualité des
services. Nous nous opposons à considérer la méthode de
financement proposés comme étant un enrichissement pour les
garderies. Nous voulons la reconnaissance du statut d'éducatrice en
services de garde et nous voulons des conditions de salaire qui vont de pair.
Nous exigeons que le réseau de services de garde soit consolidé
avant qu'il y ait développement.
Plutôt que de vous lire maintenant ce document, je passe la parole
a ma collègue de droite, Mme Sylvie Beauchamp.
Mme Beauchamp (Sylvie): Nous vous référons
maintenant à un texte qui vient de vous être remis, car nous avons
choisi de vous citer des exemples concrets plutôt que de vous
répéter ce que vous avez peut-être déjà
entendu.
Mme la ministre, tel l'actionnaire d'une entreprise dont le secteur se
croit enfin choyé par les politiques gouvernementales, nous avons bien
accueilli l'énoncé de politique de votre gouvernement. Nos
garderies de la région des Laurentides souhaitaient
l'élaboration, dans un document sérieux, d'une politique
nataliste propre au Québec. Personnellement, en tant que coordonnatrice
d'une garderie employant seize personnes et dont le budget annuel est de 300
000 $, J'estimais que l'effort bénévole consenti par le personnel
et les parents de ma garderie allait être enfin
récompensé.
Hélas! nous avons calculé, et c'est quand on multiplie que
vos propositions, Mme la ministre, apparaissent dans leur sécheresse,
que nous voilà reparties pour d'autres années de vache maigre.
Les soldats manqueront à l'appel. Mme la ministre, vous le reconnaissez,
les employés de nos garderies sans but lucratif sont compétents.
Possédant des diplômes d'études collégiales, ils
gagnont à l'embauche, on 1989, 6,03 $ l'heure comparativement à
13,77 $ l'heure pour un éducateur spécialisé.
De plus, dans nos garderies, l'éducateur fait en moyenne 500
heures de travail bénévole par année. À ma
garderie, l'implication bénévole des employés et des
parents a permis de réaliser des Ievées de fonds importantes. En
1986, 72 000 $,
en 1937, 73 000 $, en 1983, 75 000 $. Vraiment, Mme la ministre, nous
avons siphonné la région pour des dons à tel point que les
autres organismes du milieu souhaitent que l'on diminua nos activités.
Malgré ces efforts surhumains, nous avons heureusement
préservé un aspect fondamental de notre travail: la
pédagogie.
Votre énoncé de politique propose aux garderies de rendre
permanentes ces levées de fonds pour assurer leur survie. Je dois vous
rappeler que ces entrées d'argent ont été
réalisées dans des conditions exceptionnelles et que ça
pourra difficilement se reproduire. Même avec ces montants, les salaires
ont été augmentés de seulement 1,5 % par année.
Résultat: les éducateurs en garderie, forcés d'avoir deux
ou trois emplois pour survivre, obligés de faire du
bénévolat pour toucher leur pale, songent sérieusement
à quitter lorsqu'ils atteignent la trentaine. Pour moi, ça
achève, ma disait une éducatrice en fonction depuis l'ouverture
de la garderie, ï y a dix ans. Pourquoi continuer? constatait une autre
éducatrice. C'est plus facile de partir n'importe quelle PME que de
travailler dans une garderie.
En terminant, Mme la ministre, je ma fais la voix du missionnaire en
vous citant une légère caricature. Nous observons la disparition
des congrégations ou, si vous préférez, des
communautés religieuses qui avaient une si grosse part dans
l'éducation, puis nous observons l'apparition des corporations, un
réseau de bénévoles oeuvrant dans des services de garde.
Mme la ministre, aujourd'hui en 1989, nous disons, oui à la vocation,
oui à la formation, oui au don de soi, mais non à la
pauvreté.
Mme Hurtubise (Louise): Mme la ministre, Mmes et MM. les membres
de la commission, avant de parier de développement, nous croyons que le
gouvernement devrait consolider le réseau actuel en investissant afin de
régler les problèmes financiers des garderies existantes. Nous
souhaitons que nos garderies puissent obtenir un soutien financier
prévisible et adéquat, qui permettrait une augmentation de la
qualité du réseau actuel - meilleur ratio, stabilité du
personnel, etc. - plutôt que d'offrir un mode de financement qui ne
permet que du rattrapage et qui ne peut, à long terme, améliorer
le sort des travailleuses en garderie, la condition de vie de nos enfants et le
portefeuille des parents.
D'autre part, nous considérons que toute garderie devrait avoir
un conseil d'administration formé principalement de parents, puisqu'il
revient à eux de décider du bien-être de leurs enfants.
Donc, toute garderie à but lucratif, c'est-à-dire commerciale,
devrait être fortement encouragée à devenir sans but
lucratif afin que les parents siègent au conseil d'administration pour
qu'ils aient le droit de s'affirmer sur la gestion, la pédagogie,
l'application de la réglementation et la qualité de vie de leurs
enfants. Les subventions, que vous prévoyez pour les garderies à
but lucratif, ne pourront qu'encourager ces garderies à
proliférer.
De plus, comment pourra-t-on vérifier le bon placement de ces
nouvelles subventions puisque, actuellement, il est déjà
difficile d'assurer des inspections régulières dans les services
de garde? Nous vous proposons quo ces sommes soient réparties de
façon à encourager les garderies sans but lucratif à
offrir un service de pouponnière et à améliorer la
subvention d'intégration aux enfants handicapés, actuellement
nettement insuffisante.
D'autre part, votre nouveau mode de financement, qui s'appuie eur les
revenus réels, ne peut qu'encourager les garderies à demeurer
dans des moules qui sont pourtant façonnés depuis l'existence de
celles-ci. Il n'est pas nouveau que nous investissions temps et énergie
à courir les dons, de tout bord, de tout côté. Nous avons
souhaité une réforme permettant aux membres des conseils
d'administration eî aux responsables des garderies de mettre leur
énergie sur la qualité du service plutôt que d'avoir
à travailler constamment côté finance.
Nous nous rendons compte que le gouvernement n'a pas fait le choix
d'investir côté qualité. Le choix est au
développement. La consolidation du réseau ainsi que
l'amélioration de la qualité demeurent un rêve. Les parents
continueront de voir augmenter les tarifs de frais de garde, les
éducatrices verront leurs conditions de salaire et de travail
inchangées, et les enfants n'auront rien de mieux que ce qu'ils ont
présentement; tout cela parce que le gouvernement semble être
satisfait de la qualité actuelle.
Mme la ministre, Mmes et MM. les membres de la commission, nous vous
remercions d'avoir prêté l'oreilIe à nos commentaires qui
s'appuient sur l'expérience qua nous avons accumulés au fil des
années.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre.
Mme GagnonTremblay: Merci, M. la Président. Je voudrais
faire une vérification avec vous. Vous me dites qua vous avez una
garderie - c'est dans le mémoire, celui qui a été
reçu à la commission, jadis - et vous mentionnez qua vous avez un
permis de 60 places avec un taux d'occupation de 85 % et un tarif de 15,50 $
par jour. Vous mentionnez à la page 1 de votre mémoire que, selon
le nouveau mode de financement, votre garderie recevrait 4800 $ de plus que
l'ancienne formule. Est-ce que cela est bien exact?
Mme Hurtubise: Oui, c'est exact.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous n'arrivons pas à ces chiffres.
On arrive avec une différence d'environ 22 000 $. Si vous multipliez,
par
exemple, 60 places par 15,50 $ par 260 jours par 85 %, qui est votre
taux d'occupation, on arrive à 92 000 $...
Une voix Multiplié par 45 %.
Mme Gagnon-Tremblay: ...par 45 %, on arrive à 92 488 $.
Par contre, si je prends votre ancienne formule, c'est-à-dire l'ancienne
formule de 4,50 $ multiplie par 60 places par 260 jours, on arrive à 70
200 $. Donc, il y a une différence de 22 288 $ que vous pourriez
recevoir au cours de la première année de la mise en vigueur de
la politique au lieu des 4800 $ que vous mentionnez dans votre
mémoire.
Mme Hurtubise: Au départ, nous avons travaillé
plusieurs garderies ensemble. Nous avons dû faire des moyennes. Ici, on
vous a cité un exemple d'une garderie qui, je crois, avait une
subvention de logement.
Mme Gagnon-Tremblay: Supposons qu'on ajoute la subvention de
logement qui est d'un maximun de 9000 $...
Mme Hurtubise: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: ...on prend 22 000 $ et on enlève
9000 $, cela fait quand même une différence de 13 000 $ au lieu de
4800 $. On n'arrive pas encore aux 4800 $.
Mme Demers: Je peux vous donner un exemple. Chez moi, à
Mont-Laurier, c'est 14 $ par jour.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est 14 $ par jour. Mme Demers: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Combien de places? Mme Demers: 60
places.
Mme Gagnon-Tremblay: 60 places. Votre taux moyen
d'occupation?
Mme Demers: 82 %.
Mme Gagnon-Tremblay: 82 %. On va vous calculer cela tout à
l'heure, ce ne sera pas tellement long. Qu'avez-vous calculé pour la
vôtre?
Mme Demers: J'ai pris l'an passé pour savoir combien Je
recevrais.
Mme. Gagnon-Tremblay: Combien? Quelle serait la différence
comparativement à l'année dernière et la nouvelle
formu!e?
Mme Demers: Je vais recevoir 5222,30 $ de plus.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est 5222,30 $ que vous recevriez...
Mme Demers: De plus.
Mme Gagnon-Tremblay: ...de plus.
Mme Demers: Là-dessus, ll faut que j'enlève 1994,07
$ pour le 1 % que vous accordez pour le perfectionnement donc, ça me
revient à 0,32 $ et quelques. La subvention de fonctionnement que je
recevais était de 4,50 $, plus 0,33 $, ça donne 4,83 $. Si
j'enlève la masse salariale, ça va me donner encore moins, soit
14,71 $. Donc, pour la consolidation de la garderie Les vers à choux de
Mont-Laurier, je recevrai 4,71 $ l'an prochain, si tous les enfants sont
présents, en tout cas le plus possible.
Mme Gagnon-Tramblay: C'est-à-dire un taux d'occupation de
82 % et un tarif de 14 $, c'est-à-dire en bas de la moyenne.
Mme Demers: C'est ça. Si J'ai un taux d'occupation de 82
%. D'accord?
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. De toute façon, vous
comprendrez qu'on n'entrera pas dans tous les détails. L'autre exemple
m'a beaucoup frappée, c'est pourquoi Jo voulais l'aborder avec vous.
Mme Beauchamp: L'exemple que vous avez, c'est une moyenne de la
région.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Je voulais l'aborder parce que
ça me frappait de voir la différence, mais je ne veux pas qu'on
se mette à faire des calculs. Je pense qu'il y a aussi d'autres choses
plus intéressantes à faire.
Mme Harel: C'est intéressant, elles passent leur
année à en faire. Quand bien même elles en feraient avec
nous des fois, de temps on temps.
Mme Gagnon-Tremblay. Si on en fait, on va en faire toute la
soirée parce que nous aussi, nous avons des chiffres; à ce
moment-la, on va en faire beaucoup. Alors, si on désire apporter plus de
précisions, on pourra toujours calculer on dehors de la commission
parlementaire, parce que je pense qu'il y a aussi d'autres choses dans votre
mémoire qui... J'ai une question. À un moment donné, vous
dites: "Afin d'éviter le paradoxe entre la qualité des services
et la maximisation des places dans les garderies, on désire qu'il soit
laissé à la discrétion des conseils d'administration des
garderies cans but lucratif le choix de répondre aux exigences de
l'office ou d'offrir dos services de qualité supérieure sans que
ce!!es-ci soient pénalisées financièrement. À ce
moment-là, vous parlez du ratio enfants-éducateur, j'imagine,
enfants-éducatrice. C'est du ratio dont vous parlez.
Finalement, vous dites que dans certaines garderies, le conseil
d'administration fait le choix d'abaisser Ies ratios, par exemple, au nom de la
qualité.
Mme Beauchamp: Pour une meilleure qualité des
services.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Demers: Je peux donner un exemple. Dans une garderie
où iI y a des enfants de dix-huit mois à deux ans et demi, le
ratio étant de un-six, le conseil d'administration, pour quelque temps,
peut offrir un-cinq pour permettre à un enfant de s'adapter ou pour
faire entrer les enfants progressivement. Surtout les tout-petits, on ne peut
pas les faire entrer, souvent, cinq jours par semaine, tout de suite. On les
fait entrer progressivement pendant un mois, même deux mois. Avant,
étant donné qu'on avait la subvention de fonctionnement, on
était assurés d'avoir au moins 4,50 $ par jour.
Dorénavant, lorsque l'on fera entrer un enfant, il va falloir le faire
entrer tout de suite.
Mme Gagnon-Tremblay: Par exemple, ce ne sont pas toutes les
garderies qui font ce choix ou qui peuvent se l'offrir. Je pense qu'il faut
parler peut-être en termes de choix, en termes de possibilités,
parce que cela représente nécessairement des coûts
aussi.
Mme Demers: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: À ce moment-là, est-ce que
vous autres, vous opteriez davantage pour ce choix-là ou peut-être
prévoir, je ne sais pas, un budget spécial pour ce type de
services, par exemple, là où il faut faire l'intégration
d'un enfant, là où il faut baisser le ratio pour une raison
quelconque? Est-ce que vous opteriez plutôt pour un budget
spécial? Il y a d'autres garderies qui ne peuvent pas se le permettre,
mais là, c'est toute la question de la disparité ou des choix de
chacune.
Mme Demers: Je vais vous donner l'exemple d'un budget
spécial pour un enfant handicapé. On entre un enfant
handicapé. Cela prend un ou deux mois pour compléter le dossier
pour entrer l'enfant en garderie. Mais, pendant ce temps, est-ce qu'on
réserve la place de l'enfant ou si on en prend un autre, et, une fois
que le dossier est complété, aussitôt qu'il y a une place
de libre, on met l'enfant. Souvent, c'est bon, mais ça va
dépendre de combien de temps ça prendrait pour avoir le budget
spécial. Cela dépend si c'est un budget qui est donné
automatiquement, mais si on doit monter un dossier de l'enfant, là, ce
n'est pas la même chose. Pour les enfants handicapés, il faut
monter un dossier spécial. Supposons que l'enfant doive, au mois de...
Cela prend trois semaines pour compléter le dossier, mais pendant ces
trois semaines, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on fait entrer un autre enfant
ou non?
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que, dans les sommes allouées
par l'office pour l'intégration des enfants handicapés, on tient
compte de ça?
Mme Demers: Disons que, moi, J'ai eu un enfant handicapé
dans la garderie et c'était au moment où l'enfant entrait en
garderie.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci.
Mme Demers: La joumée où l'enfant entre en
garderie, le ratio de l'enfant... Supposons que, pour nous, c'était sept
enfants parce qu'on avait un enfant handicapé physique, mais à
partir de la journée où II est entré. Plus 300 $, parce
qu'on est allé chercher une personne-ressource pour compléter le
dossier, pour nous aider à compléter le dossier...
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président. Je prends connaissance avec
intérêt de votre mémoire qui est différent de ceux
qu'on a reçus depuis que la commission siège. La forme en est
différente, le ton aussi, et je dois comprendre que vous êtes la
regroupement des pays en-haut, finalement
Mme Beauchamp: II n'y a pas vraiment de regroupement dans la
région. On a improvisé quand on a eu ce petit cadeau avant
Noël. On s'est vite téléphonés, rassemblés,
consultés; on a vérifié, et on n'a eu que quelques heures
pour vous écrire notre mécontentement.
Mme Hare!: Vous êtes de la garderie Le funambule?
Mme Beauchamp: Oui, à Saint-Jérôme.
Mme Harel: De Saint-Jérôme. Avez-vous eu l'occasion
de rencontrer votre député pour lui exprimer votre
mécontentement?
Mme Beauchamp: Oui. Le 3 février, nous n'étions pas
à Québec, dans la région. On était à
Saint-Jérôme et on a falî un événement
spécial. D'ailleurs, on est allés voir M. Forget et on lui a
remis une pétition de 2900 noms récoltés en une semaine
pour lui prouver le mécontentement dss gens, des parents et des
garderies de sa région. (20h30)
Mme Harel: J'ai l'impression de mieux saisir la
réalité de chacune des garderies. Cela nous fait mieux comprendre
les scénarios qui sont assez fictifs dans l'énoncé de
politique, parce que, dans l'énoncé politique, il y a 10 000 000
$ de consolidation. Vous savez que, dans
10 000 000 $, il y a beaucoup de zéros après
le 10, je pense qu'il y en a même 6. Beaucoup de nos concitoyens ont
l'impression que 10 000 000 $, c'est pas mal généreux, et 10 000
000 $, c'est pour la consolidation, parce que, dans le fond, on peut dire que
les millions ont valsé. Les gens en sont encore étourdis,
même ceux qui sont habitués aux zéros, comme les
éditorialistes. Pour eux, c'est vraiment 500 000 000 $ qui ont
été annoncés et juste pour l'année qui vient, c'est
43 000 000 $. L'impression qui est laissée, c'est: Comment peut-on
être encore insatisfaits? Des chialeuses, hein? Des chialeuses,
finalement, avec tant d'argent, tant de millions de dollars, puis pas trouver
encore à se contenter. C'est pour cela que c'est si Important que vous
veniez nous décrire ce que sera la réalité de
Saint-Jérôme à Mont-Laurier. C'est cela?
Unevoix:Oui.
Mme Harel: Quand vous nous décrivez cet exemple d'une
garderie, c'est la moyenne. J'imagine que vous avez consolidé le nombre
de places. Vous nous dites: 60 places occupées à 85 % au tarif de
15,50 $ par Jour avec une masse salariale représentant 191 000 $, et
vous faites valoir que le nouveau mode de financement assurerait 4800 $.
C'est une illustration qu'il faudrait faire presque région par
région parce que, finalement, la question que la ministre pose, c'est:
Où sont rendus mes 10 000 000 $? À 4800 $ par garderie en
moyenne. C'est une moyenne pour la région, dois-je comprendre? Vous
comprenez que vous, de Saint-Jérôme ou de Mont-Laurier, nous
l'illustrez, mais cela a été aussi illustré par les gens
de Chicoutimi, comme cela l'a été par les gens de Nicolet, et,
chaque fois, la semaine passée - elle ne pose plus la question - Mme la
ministre disait: Ce n'est pas possible, mes 10 000 000 $. Les 10 000 000 $,
vous les divisez par le nombre de garderies et c'est censé faire, pour
la très grande majorité, autour de 20 000 $ et plus, même
qu'il y en a qui pourraient avoir 30 000 $. Oh, mon Dieu! Il y en a
quelques-unes à peine qui vont se contenter de 5000 $. Depuis le
début de la commission, c'est comme si tout le monde allait se situer en
bas, évidemment, dans la fourchette d'en bas.
Je prends vos chiffres pour ce qu'ils sont. En fait, Is
sont une moyenne de la région. C'est cela?
Unevoix:Oui.
Mme Harel: Je prends aussi vos commentaires pour une
volonté de voir les choses s'améliorer. J'ai l'impression que, si
vous êtes venues, c'est parce que vous n'avez pas perdu espoir. Je ne me
trompe pas?
Mme Beauchamp: Non. J'espère, en tout cas, qu'on n'a pas
perdu espoir, on vient quand même tel On parle de plus de 10 000 000 $.
J'aimerais aussi dire que quand on travaille avec les enfants, on travaille
avec... Chez nous, nous avons un permis pour 60 enfants; on travaille avec 60
000 000 $. Chaque enfant, c'est le million de son parent On veut donner notre
meilleur. On veut donner vraiment le meilleur de nous-mêmes. Je vous ai
fait tantôt une démonstration quand même impressionnante de
levée de fonds dans le cadre d'une garderie à
Saint-Jérôme.
Mme Harel: Comment avez-vous fait?
Mme Beauchamp: Comment a-t-on fait? C'est très
amusant.
Mme Harel: Cela m'a tellement impressionnée. Je me suis
dit: II faut que je lui demande sa recette pour pouvoir la donner aux garderies
de mon quartier.
Mme Beauchamp: Je peux toujours donner la recette, mais je peux
vous donner aussi les conséquences. La recette d'abord, c'est de vendre
des billets de financement de voyages. On vend du rêve. Alors, on vend
500 billets par année à 144 $. On achète des forfaits pour
28 000 $ et on fait un profit net d'environ 30 000 $ par année. Cela
fait trois ans qu'on le fait en se promettant qu'un jour un
énoncé de politique finirait par nous délier de cette
fichue tâche...
Mme Harel: Délivrer.
Mme Beauchamp: ...délivrer, délier aussi parce que
je me sens vraiment liée à cela, maintenant avec la nouvelle
politique. J'ai l'impression que c'était vraiment très temporaire
pour nous. On aurait dû y penser parce qu'on dit souvent: II n'y a rien
de plus permanent que du temporaire. Malheur! Là, on est dans une
situation catastrophique. Les employés qui font, depuis trois ans, ce
type de campagne de financement avec les parents, sont tannés,
fatigués; ils veulent quitter. On a dépensé nos
énergies pour offrir un service de garde de qualité. On a une
belle garderie. On a travaillé pour obtenir un statut de professionnel
et on l'a. On croyait que la politique allait encourager, enfin
reconnaître que les gens qui étudient en techniques
d'éducation, en services de garde, sont des professionnels.
Mme Harel: II y a...
Mme Demers: II ne faut pas se leurrer, madame.
Mme Harel: Oui.
Mme Demers: Quand tu vas chercher des commanditaires, ils
prennent d'une main, mais il
faut qua tu donnes aussi, c'est-à-dire qu'il faut.. Supposons qua
tu as un commanditaire devant toi, il va te dire: Oui! Je vais prendre un
billet, mais tu vas prendre un de mes billets.
Mme Beauchamp: J'ai eu moins cinq billets: j'ai les billets du
Club optimiste et celui des autres garderies à qui on a donné la
recette que je trouvais très sympathique, alors j'en ai racheté
un. Là, j'ai des problèmes financiers parce que je dois
encourager toutes les autres de la région.
Mme Harel: Avez-vous déjà gagné un
voyage?
Mme Beauchamp: Jamais. De toute façon, avec la tâche
de coordonnatrice, je me demande si j'aurais le temps d'y aller, il y a quatre
ans que je n'ai pas pris de vacances.
Mme Harel: Écoutez, votre mémoire m'impressionne.
Sur le plan de la forme, il est fait bien simplement, il faut le constater. Je
sens qu'il y a plein de dactylos de caractères différents qui
l'ont rédigé. Mais, sur le plan du fond, j'ai beaucoup
aimé la dimension relative aux enfants. Vous nous dites: La nouvelle
formule - vous nous l'illustrez - à l'égard des enfants va avoir
des conséquences sur ceux qui ont des problèmes de comportement
puisqu'il va être tentant d'exclure ceux qui supposeraient une attention
plus particulière ou un ratio différent. Évidemment,
ça va avoir des conséquences sur les enfants qui sont
fatigués, comme vous nous l'expliquiez, ou qui, pour une raison
momentanée, n'aiment plus leur garderie parce qu'ils se sont fait une
grosse peine avec un ancien ami ou encore parce qu'un enfant est grippé
et qu'il traîne la patte, etc. Vous décrivez des situations de
familles nombreuses où le deuxième enfant avait un tarif moindre
que le premier...
Mme Demers: Oui.
Mme Harel: ...le troisième également
Je vous dis que j'ai été surprise des réactions de
Mme la ministre quand elle vous a interrogées à ce sujet - j'ai
un petit carnet où je note les réactions - elle a dit qua ce ne
sont pas toutes les garderies qui pouvaient faire le choix, et les choix dont
vous nous parliez étaient ceux d'être sensibles aux besoins des
enfants. C'était ça, finalement.
Mme Demers: Parce qu'on les aime...
Mme Harel: Vous ne nous avez même pas parlé
d'augmentation de salaire, ni de prendre des vacances. Ce dont il était
question, c'était de tenir compte d'un enfant qui avait besoin d'un
ratio différent ou qui était turbulent ou malade. Ce ne sont pas
toutes les garderies qui peuvent faire un choix comme ça. Alors, elle a
demandé: Ect-ce qu'il faudrait? un budget spécial pour ce genre
de choix? Est-ce que le budget spécial doit être pris à
même la formule de fonctionnement ou est-ce que ce serait un budget
spécial de l'office, j'imagine? Je n'ai pas bien saisi quand la question
a été posée.
Mme Hurtubise: J'aimerais peut-être éclaircir un peu
cette question.
Le Président (M. Thuringer): Je m'excuse, le temps est
écoulé.
Mme Harel: Au moins, on pourrait permettre à madame de
répondre.
Le Président (M. Thuringer): D'accord, très
brièvement.
Mme Hurtubise: D'accord, je vais faire ça
brièvement. Actuellement, on prévoit des subventions pour les
enfants handicapés. Il y a d'autres enfants qui ne sont pas
considérés handicapés médicalement, mais qui ont
besoin d'une aide, que ce soit sur le plan de l'intégration, de la
socialisation, des interventions ou des interactions entre enfants. Ce qu'on
dit, c'est que ces enfants ne doivent pas être exclus des garderies,
parce qu'on en a six ou sept autres autour de nous. Cet enfant qui est
turbulent a justement besoin de la garderie. On devrait pouvoir obtenir des
subventions pour permettre aux éducatrices d'accorder plus de temps
à cet enfant qui a besoin de plus de temps, de plus d'amour, de p!us
d'affection qu'un autre; c'est un enfant qui a besoin d'être
intégré à la garderie parce que souvent, dans le milieu
familial, on ne peut répondre à ses besoins.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Gagnon-Tremblay: En terminant, je reviens au choix. Ce que je
voulais dire par choix c'est que, lorsqu'il y a des nonnes établies,
lorsque, par exemple, il y a un ratio établi, tant qu'on ne le ou les
change pas, normalement, on respecte ces normes ou ce ratio. Si, par contre, on
décide de faire le choix d'aller au-delà de ça, il faut
assumer ce choix comme, par exemple, dans les écoles où on n'a
pas un choix différent Je pense que toutes les écoles sont
semblables.
Ce que je veux surtout vous dire, c'est que je ne suis pas insensible
à toutes vos revendications. Il est vrai que votre mémoire
était un peu particulier. Je ne suis pas insensible à toutes vos
revendications. Je voudrais vous dire que, si j'avais les millions, ça
me ferait tellement plaisir de vous les donner. C'est tout simplement
ça. Finalement, c'est ça, le discours. Ce n'est pas que je ne
voudrais pas vous les donner, mais je ne les al pas. C'est pour ça
qu'à l'intérieur de la marge de manoeuvre qu'on a actuellement
Je
souhaiterais qu'on m'apporte des solutions, qu'on voie
ensemble s'il y a des choses que l'on peut faire. Je vous remercie, madame.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme Hurtubise:
Merci.
Le Président (M. Thuringer): J'invite maintenant le groupe
Halte-garderie l'Univers des enfants lnc. (Université Laval), à
s'approcher, s'B vous plaît
Encore une fois, j'aimerais souligner que vous avez dix
minutes pour faire votre présentation. Je sais que c'est court. SI vous
voulez bien vous identifier avant de commencer.
Halte-garderie l'Univers des enfants Inc.
(Université Laval)
Mme Perron (Diane): Les étudiants parents de
l'Université Laval ont l'avantage de paraître ce soir devant la
commission parlementaire des affaires sociales et, de ce fait, ils la
remercient chaleureusement. Ils en profitent aussi pour la saluer.
Il saisissent ainsi l'occasion qui leur est offerte pour
exprimer à la commission les difficultés de leur vécu dans
leur milieu de garde, les observations pertinentes à leur
expérience ainsi que les recommandations dont ils aimeraient lui faire
part. Ils ont suivi avec intérêt les débats soulevés
par les différents groupes et organismes qui sont passés avant
eux. Certains des problèmes qu'ils vivent ayant déjà
été soulignés, ils préfèrent attirer
l'attention de la commission sur les particularités complètement
ignorées par toutes les Instances qui font la promotion du service de
garde à l'enfance, celles des parents étudiants. Ils ne sauraient
mieux faire ressortir ces particularités vécues dans l'isolement
et la résignation qu'à partir de la description de leur
expérience de garde d'enfants qu'ils s'efforceront de vous rappeler
brièvement.
En 1982, un groupe d'étudiants parents africains de
l'Université Laval, conscients de leurs difficultés ou
plutôt de l'impossibilité pour plusieurs d'entre eux
d'accéder au seul service de garde à l'enfance existant sur le
campus universitaire ou à ceux des environs, tentent de se doter d'un
service de garde sous une formule spécifique plus accessible: la
coopérative. Cette formule proposée devait fonctionner
grâce aux services de garde, administratifs et autres dispensés
par les parents eux-mêmes.
Durant son processus de concrétisation, te projet de
garderie coopérative des étudiants africains de
l'Université Laval devient rapidement un projet de garderie
coopérative pour l'ensemble des étudiants de l'Université
Laval. Autrement dit, plutôt que d'être essentiellement
réservé aux enfants des étudiants africains en question et
géré par ces derniers, le nouveau projet doit être
destiné aux enfants de tous les étudiants de l'université
qui en font la demande et dont les parents sont prêts, non seulement
à adhérer à la formule proposée, mais aussi
è en assurer l'ensemble du fonctionnement (20 h 45)
Au fur et à mesure de la progression des
démarches menées pour le concrétiser, le projet de
garderie en question se révèle difficile à réaliser
sous le statut de garderie selon les normes exigées par l'Office des
services de garde à l'enfance (OSGE), notamment en ce qui a trait
à l'espace requis.
En attendant d'être en mesure de répondre
à ces normes, l'urgence des besoins exprimés et des
problèmes vécus par les étudiants parents les pousse
à mettre sur pied, grâce à la complicité des agents
de l'OSGE et à l'appui des autorités de l'Université
Laval, un services de garde à l'enfance fonctionnant sous le statut
d'une halte-garderie et connu sous le dénominatif de l'Univers des
enfants Inc.
En dépit des difficultés qu'il rencontre
durant ses sept années d'existence - il a été fondé
è l'automne 1982 - surtout parce qu'il ne reçoit aucune forme
d'appui quelle qu'elle soit de la part du gouvernement, l'Univers des enfants
réussit, tant bien que mal, à satisfaire les besoins de sa
clientèle, au coût de 0,50 $ par Jour, au début, et de 3 $
par Jour, par enfant, maintenant.
Appréciée autant par les étudiants
parents qui y font garder leurs enfants que par ceux-ci, la halte-garderie
l'Univers des enfants se voit obligée, pour faire suite à une
visite des agents de l'OSGE qui la considèrent comme une garderie
fonctionnant sans permis et dans l'ilégalité (en 1997), de
choisir entre fermer ses portes ou demander un permis en vue de se transformer
et de fonctionner sous le statut d'une garderie.
Alors que la perspective de se transformer en garderie et
les travaux entrepris en ce sens, de concert avec les autorités de
l'Université Laval et avec les agents de l'OSGE, font espérer aux
étudiants parents, propriétaires et usagers de l'Univers des
enfants, de meilleures conditions de travail et un meilleur milieu de vie pour
leurs enfants, et ce, grâce aux appuis gouvernementaux (techniques et
surtout financiers) qui risquent d'accompagner l'octroi par l'OSGE d'un permis
d'exploitation d'une garderie, des problèmes du mariage de la formule
suggérée par la clientèle estudiantine et celle qu'il faut
adopter éclatent au grand Jour.
Et, tandis qu'une formule de compromis tente de se mettre
en place avec le projet de garderie La patte d'oie, qui a obtenu son permis
d'exploitation d'une garderie en Juin dernier, l'avènement de
l'Énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance" vient compromettre tout espoir de poursuite de la formule
proposée par les étudiants parents.
Les problèmes soulevés par le nouveau projet
de loi sur les services de garde à l'en-
fance.
Comme on l'a mentionné ci-dessus, l'Univers des enfants inc. est
un service de garde à l'enfance qui fonctionne essentiellement
grâce aux services de garderie de gestion dispensée par les
étudiants parents qui en sont des propriétaires usagers.
Selon cette formule, plutôt que de payer en argent qu'ils n'ont
pas, les propriétaires usagers de l'Univers des enfants ont
décidé de payer en travail qu'ils Investissent, chacun à
raison d'environ huit heures par semaine, et de seulement 3 $ par jour par
enfant gardé.
Parmi les problèmes soulevés par la perspective
d'application de la nouvelle politique sur les services de garde à
l'enfance, celui qui paraît être le plus épineux concerne la
discrimination dont risquent de souffrir l'Univers des enfants, d'une part, et
certains de ses membres, d'autre part.
Concernant la discrimination dont risque de souffrir l'Univers des
enfants, si elle s'apparente à celle identifiée relativement aux
garderies qui coûtent le moins cher possible, elle a pour principale
particularité de risquer d'être plus prononcée en ce sens
que la formule de contribution de l'Univers des enfants en travail plutôt
qu'en argent n'est pas reconnue.
Pour ce qui est de la discrimination dont risque de souffrir les membres
de l'Univers des enfants, elle touche notamment les étudiants parents
non subventionnés - principalement les étudiants étrangers
et les étudiants canadiens dont les revenus par famille sont trop
élevés pour bénéficier des subventions du
gouvernement, mais trop bas pour acquitter leurs frais de scolarité et
l'ensemble des autres dépenses nécessaires à leur survie
et à leurs activités universitaires.
Mon confrère va vous entretenir maintenant des solutions
auxquelles les étudiants ont songé pour régler les
problèmes soulevés.
Le Président (M. Thuringer): il reste trois minutes.
M. Dadouchi (Sarid): C'est ce que nous avons
chronométré. C'est juste pour changer d'accent. Il serait
peut-être intéressant de passer de l'accent
québécois à l'accent étranger, parce que ça
reflète un peu le caractère de notre garderie. Je vais
enchaîner avec les quelques solutions auxquelles nous avons
pensé.
Devant les problèmes soulevés, les parents
étudiants ont pensé à des solutions. Face à la
méconnaissance du gouvernement des problèmes vécus par les
clientèles étudiants parents, ils recommandent que la commission
inscrive dans ses préoccupations une meilleure connaissance et la
reconnaissance de la problématique des services de garde à
l'enfance relative au milieu étudiant
Concernant les problèmes soulevés par la formule qui
consistait à payer en temps plutôt qu'en argent, ils recommandent
que la commission reconnaisse la valeur monétaire du temps investi des
parents étudiants comme revenus de la garderie, afin de permettre
à celle-ci de recevoir la subvention. A ce propos, le fait que la
clientèle étudiants soit un milieu cosmopolite et que le
système ne leur permette pas de travailler quand il est question de
rémunération en argent, ils recommandent que cette forme de
travail soit autorisée par le gouvernement pour permettre à ces
étudiants étrangers de s'engager avec les autres du milieu de
garde. Les étudiants parents font remarquer à la commission
qu'ils n'ont pas l'avantage, à l'instar des travailleurs, de profiter
d'un retour d'impôt pour minimiser le coût réel des frais de
garde pour tours enfants.
En termes de conclusion, les parents étudiants espèrent
avoir exposé clairement toutes les données de la
problématique tout en sachant que c'est assez complexe. Ils aimeraient
surtout avoir attiré votre attention sur la particularité du
milieu étudiant en matière de garde d'enfants et de sa formule de
participation temps-travail non reconnue. Ils souhaiteraient voir le
gouvernement réviser ses critères de subvention, afin qu'il les
adapte au vécu spécifique du milieu de garde étudiant
Enfin, ils vous prient d'agréer l'expression de leurs sincères et
autres remerciements. Merci.
Le Président (M. Thuringer): Merci beaucoup. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez un mémoire très
Intéressant. Je pense que vous soulevez justement un volet des services
de garde où cela fait problème. J'avoue que je ne connaissais pas
le problème que vous vivez actuellement dans le milieu étudiant,
étudiant parent et parent immigrant non plus, et je comprends que vous
vous êtes dotés finalement de services qui permettent à
l'ensemble de la communauté étudiante de pouvoir adhérer
et de réduire les coûts à leur minimum. Je comprends que la
formule actuelle puisse faire problème dans votre cas. J'allais vous
suggérer, vous demander: Est-ce qu'il faudrait penser à une
formule de financement pour les coopératives en tenant compte du temps
que doivent investir les parents dans cette coopérative? Et c'est
précisément la solution que vous nous avez proposée. Soyez
donc assurés que nous allons voir dans ce sens, que nous allons
vérifier si nous pouvons faire quelque chose dans ce sens-là.
Vous soulevez un problème important, et je pense qu'on doit y apporter
des solutions.
Il y avait mon collègue, M. le Président, qui avait une
question, je pense.
Le Président (M. Thuringer): M. le député de
Louis-Hébert
M. Doyon: Merci, M. le Président Quelques mots en tant que
député de Louis-Hébert où est
située l'Université Laval pour vous souhaiter la bienvenue
et vous dire que le problème que vous exposez là est un
problème qui m'a été apporté à mon bureau de
comté à quelques reprises. C'est un problème complexe,
mais qui démontre en môme temps que les étudiants de
partout, et particulièrement de l'Université Laval, sont capables
de faire preuve d'imagination quand il s'agit de résoudre des
problèmes aigus et qui demandent une solution rapide. Vous avez
trouvé le moyen de mettre en place une garderie à Un coût
qui ferait l'envie et, j'espère qu'il y en a d'autres qui
écoutent parce que, très souvent, l'exemple... C'est pour rien de
réinventer la roue tout le temps. On est ici depuis un certain temps et
on se plaint de partout, avec raison, qu'on manque d'argent, que cela
coûte cher, etc. C'est vrai. Les étudiants sont probablement ceux
qui sont les plus démunis. Je sais que les bourses qui vous sont
allouées et que les moyens dont vous disposez pour subsister sont
très souvent le strict minimum, et, pourtant, vous avez mis sur pied une
garderie qui fonctionne parce que vous avez trouvé une formule
originale. Mme la ministre vient de reconnaître qu'il s'agit d'un cas qui
doit être étudié avec attention. Quand vient le temps de
parler de subvention, on doit tenir compte non seulement de l'argent comme tel,
mais aussi d'autres apports qui ont une valeur monétaire.
Je voudrais tout simplement vous dire qu'en tant que votre
député, je suis très sensible à vos
représentations. Je trouve que vous faites beaucoup avec peu de choses.
Cela a été à la mode de dire: Fais plus avec moins. Vous
en êtes la preuve vivante. Mais il ne faut pas étirer
l'élastique jusqu'à ce qu'il casse. Il y a une capacité
dont vous disposez d'être à la garderie, mais vous avez aussi des
études à faire, des examens à préparer, des
thèses à écrire. Vous avez des amis que vous voulez
rencontrer, vous avez une vie sociale qui vous appartient et à laquelle
vous avez droit, et on ne doit pas vous pousser au point où vous devriez
faire abstraction de tout ça afin de pouvoir conserver une garderie
à l'Université Laval.
Je n'ai pas véritablement de questions, mais je voulais tout
simplement vous faire un message. Vous avez, en mon humble personne, quelqu'un
qui reconnaît les difficultés auxquelles vous devez faire face et
qui vous assure de son entier appui pour que des solutions équitables,
comparables à celles offertes à d'autres groupes de la
société, vous soient accessibles. Vous ne demandez pas la lune,
vous ne demandez pas de privilèges, vous ne demandez pas d'être
traités d'une façon qui vous favorise au détriment des
autres. Je trouve que les demandes que vous faites sont parfaitement
raisonnables, qu'elles n'enlèvent rien à personne et que c'est
tout à votre honneur d'avoir réussi à tirer votre
épingle du jeu jusqu'à maintenant de cette façon. Je suis
personnellement au courant de ce que c'est qu'avoir des enfants, parce que j'ai
été étudiant avec trois enfants, j'ai travaillé
avec trois enfants, ma femme avait trois enfants, j'avais trois enfants,
j'étais aux études avec trois enfants; j'ai donc une petite
idée, malgré les quelques mèches blanches que j'ai, de ce
que c'était, je m'en souviens encore très bien. Vous avez
touché chez moi une corde sensible. Je vous remercie de la
présentation que vous avez faite, d'avoir pris la peine de venir ici ce
soir, et je vous assure que ça n'en restera pas là. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la
députée de Malsonneuve.
Mme Harel: Je dois comprendre que vous êtes tous, Mme
Perron et les perssones qui vous accompagnent, parents étudiants non
subventionnés. C'est ça?
Mme Perron: C'est ça.
Mme Harel: Tous?
Mme Perron: C'est bien ça.
Mme Harel: Je vois qu'il y a M. Benmoussa, qui a fait parvenir le
mémoire et qui, je crois, fait la correspondance. C'est vous qui faites
la correspondance, c'est ça?
M. Benmoussa (Hafid): Oui.
Mme Harel: II y a maintenant une garderie qui va s'appeler La
patte d'oie, n'est-ce pas? C'est définitif, c'est depuis juin. Est-ce
que ça fonctionne déjà?
Mme Perron: C'est un projet, c'est en devenir.
Mme Harel: Le projet est encore en voie de réalisation? Ce
n'est pas ouvert encore?
Mme Perron: Non, parce que l'autre fonctionne toujours
jusqu'à ce qu'on puisse vraiment s'organiser concrètement.
Mme Harel: Mais la halte l'Univers des enfants ne reçoit
aucune subvention présentement?
Mme Perron: Non.
Mme Harel: Tandis que La patte d'oie, si elle existait
maintenant, recevrait les 4,50 $ par jour par place, selon le taux
d'occupation. S'iI y a 75 %, j'imagine que le taux d'occupation est au maximum
des 60 places. C'est bien 60 places?
Mme Perron: Oui, c'est bien ça.
Mme Harel: Je comprends qu'il y a 15 places sur les 60 qui seront
réservées aux
parents étudiants non subventionnés. Mme Perron: C'est
exact
Mme Harel: Je constate que, dans la mesure où l'ensemble
du milieu des services de garde s'exprime devant cette commission
parlementaire, cela finit par faire entendre raison à la ministre sur la
formule de financement. L'ensemble du milieu des services de garde du
Québec, que ce soit les éducatrices, les parents ou les usagers,
que ce soit les gestionnaires, le personnel de direction, dit: Ne changez pas
la formule de financement; améliorez-la, bonifiez-la, mais ne la
modifiez pas. Parce que, si la formule était maintenue, qu'elle soit
à 4,50 $ ou à 9 $, comme c'est demandé, ça ne vous
créerait plus de problème, à ce moment-là? Est-ce
que je dois comprendre que, si la formule telle qu'elle existe maintenant
était maintenue, ça satisferait le fonctionnement de la garderie
pour les parents étudiants?
Mme Perron: Notre spécialiste en chiffres va vous
répondre.
Mme Harel: Oui. C'est Mme Celoria, je crois?
Mme Celoria (Daniella): Celoria, oui. Je veux vous dire que
présentement, à la garderie, on paie 3 $. (21 heures)
Mme Harel: Oui.
Mme Celoria: On a élaboré un budget qui, pour
être viable, en tenant compte de la loi qu'il y avait avant et qu'il y a
encore présentement, nécessiterait qu'on pale 6 $, pour
être fonctionnel et pour avoir de meilleurs services de garde.
Présentement, on se débrouille et on ne fait que survivre dans
des conditions vraiment très pénibles. On ne peut plus continuer
comme cela. Il faut absolument qu'on essaie d'avoir des rentrées
d'argent assurées. Là, on se dit: Pour que ce soit viable, I
faudrait que ce soit 6 $ pour les personnes non subventionnées et le
reste des 10 $, ce serait en temps; et pour les gens subventionnés au
maximum, ce serait 16,50 $, en enlevant les 10,50 $ de la subvention.
C'était la formule idéale qu'on avait trouvée, qui pouvait
nous permettre d'être fonctionnel et d'avoir une garderie, je ne dis pas
extraordinaire mais viable. On se rend compte que, finalement, cela
était l'idéal de demander à des gens de payer 6 $. Mais
ces gens-là n'ont même pas les moyens de payer 6 $.
Présentement, on pale 3 $, et c'est vraiment la limite. Passer de 2,50 $
à 3 $, cela a été vraiment un grand sacrifice pour eux.
Quand on a présenté la formule, ils nous ont dit: Non, vraiment,
6 $, on n'y arrivera jamais. C'est pour cela qu'on demande de reconnaître
le temps, donc de nous subventionner avec ces 45 % en reconnaissant le temps
donné comme équivalent de l'argent
Mme Harel: D'accord. Donc, nécessairement, que la formule
reste la même qu'actuellement qui est par place par jour, comme vous
savez, Mme la spécialiste, et que cette formule soit doublée
comme il est unanimement demandé. Par exemple, le montant serait de 9 $
par place par jour, selon le taux d'occupation, taux moyen de 75 %. de toute
façon, dans votre cas, vous avez évalué à peu
près à 16 $ le coût pour le service que vous voulez vous
offrir. La grande question, c'est: Comment faire, quel que soit l'écart
à être comblé? Cet écart, 1 y a des étudiants
non subventionnés qui doivent le combler par lour travaP. C'est cela? Et
l'ensemble des parents sont d'accord pour que ce soit de cette façon que
certains parents contribuent à La patte d'oie. C'est cela?
Mme Celoria: Oui.
Mme Harel: Et le conseil d'administration est d'accord aussi avec
cette formule?
Mme Celoria: Ah oui! C'était l'idée de base,
l'idée de départ.
Mme Harel: D'accord. Il y a deux problèmes à ce
moment-là. Que ce soit reconnu par l'Office des services de garde comme
ayant une valeur pécuniaire, que ce soit comptabilisé. L'autre
problème, c'est que ce ne soit pas considéré comme un
travail au sens de la loi sur l'immigration qui ne vous a pas
délivré des permis de travail mais des permis d'étudiants.
C'est cela?
Mme Celoria: C'est cela.
Mme Harel: Cela est plus compliqué. Il vaudrait quasiment
mieux ne pas leur en parler. Si, d'un côté, c'est reconnu comme
ayant une valeur pénucialre, cela pourrait être aussi par ailleurs
reconnu comme étant un don. Dans le fond, vous faites un don. Vous allez
finir sans doute par avoir un reçu de charité. Malheureusement,
vous ne pourrez pas le déduire de vos impôts. Cela pourrait,
j'imagine, se présenter comme étant reconnu à titre de
contribution, à titre de don, auquel cas le problème, c'est
d'être salarié. C'est cela, Mme Celoria?
Mme Celoria: Oui.
Mme Harel: II va y avoir la relation de l'employeur qui a des
salariés et qui doit les couvrir par ses lois de protection sociale,
comme la santé et sécurité au travail, etc.?
Mme Celoria: Oh! ce n'est pas nécessairement cela qu'on
demande.
Mme Harel: Non.
Mme Celoria: C'est que tes étrangers n'ayant pas le droit
de travailler, on se trouve dans un dilemme.
Mme Harel: Cornélien.
Mme Celoria: D'un côté, on paie vraiment en temps.
D'un autre côté, on est encore dans illégalité parce
qu'on n'a pas le droit... En tant que classe moyenne comme Canadiens oui, mais
s'ils ne sont pas Canadiens, ils n'ont pas le droit.
Mme Dufour (Renée): En fait, c'est du
bénévolat qu'on fait.
Mme Harel: Vous êtes acceptés au Québec avec
des bourses d'étudiants, avec un visa d'étudiant, c'est cela?
Mme Perron: Je crois que la cofondatrice de la halte-garderie
voudrait s'exprimer à ce sujet. Voici Edith.
Mme Mukakaylmba (Edith): Merci. La formule est assez complexe. On
l'a identifiée par l'expérience vécue, comme on l'a
souligné tantôt. On a vécu dans l'isolement. On ne
communiquait pas entre nous. On a commencé à communiquer quand on
a fondé l'Univers des enfants, et c'est là qu'on a
constaté que les problèmes vécus autant par les
étudiants étrangers que par les étudiants canadiens
à revenus très bas étalent semblables. On a toujours
fonctionné dans l'harmonie. Étant donné qu'on n'avait pas
d'argent, on Investissait en temps, et il y a des étudiants qui
pensaient que ce temps, c'était du bénévolat, donc l'on
pouvait le donner ou ne pas le donner quand cela ne convenait pas. C'est alors
qu'on a dit: On paie en temps, puisqu'on n'a pas d'argent. Ce qui s'est
passé, c'est qu'alors, on a parlé de la transformation de
l'Univers des enfants en La patte d'oie. La patte d'oie est en devenir. Cela
soulève beaucoup de problèmes. Quand on a parlé des 15 %
qui n'étaient pas subventionnés, c'est le compromis qu'on a
accepté pour que la garderie soit viable. Mais ce qui va se passer,
c'est que les étudiants étrangers et les étudiants
canadiens à revenus moyens qui ne seront pas subventionnés vont
être obligés de travailler, ce qui amène la première
discrimination. Autrement dit, les étudiants subventionnés
pourront ne pas travailler, par exemple, ne pas faire le ménage, etc.,
mais les étudiants non-subventionnés seront obligés de
travailler, d'où le premier problème. Actuellement, on est en
train de réfléchir, puisque les autres disent: Nous avons
toujours été un groupe qui a travaillé ensemble. On arrive
avec une Intervention possible du gouvernement en devenant garderie. Là,
I y aura discrimination entre ceux qui ne travaillent pas et ceux qui
travaillent. C'est pourquoi nous avons demandé dans nos
recommandations qu'on reconnaisse la spécificité du milieu de
garde étudiant et des solutions à apporter, puisqu'il y a
beaucoup de problèmes qui ne sont pas éclairés
aujourd'hui, et on souhaiterait qu'on se penche là-dessus.
Le Président (M. Thuringer): Malheureusement, le temps est
écoulé. C'est bien intéressant, mais...
Mme Harel: Quand recevrez-vous une réponse de l'Office des
services de garde?
Mme Perron: On l'espère le plus tôt possible parce
qu'on a une réponse...
Mme Celoria: Non, non. Le projet a été
accepté. Présentement, on est en train de travailler. On a la
réponse. On est en train de monter le projet.
Le Président (M. Thuringer): En conclusion.
Mme Harel: En conclusion, si le projet est accepté,
qu'est-ce qui est... Il reste encore la question de fond.
Mme Dufour: Le projet est accepté. On a encore des
conflits internes à régler. Ce genre de...
Mme Harel: Bon, il faut, entre autres, que vous conveniez entre
vous du mode de fonctionnement que les uns et les autres auront, soit parce
qu'ils ont les moyens de se payer ou d'autres parce qu'Hs auront, à ce
moment-là, leur participation. Je vais vous souhaiter de réussir
à vous retrouver dans les méandres de nos institutions
québécoises. Je me demandais si vous étiez venus ici avec
les enfants ou si les enfants étaient nés au Québec.
Le Président (M. Thuringer): Je m'excuse. C'est
peut-être... J'aimerais... Il y a d'autres questions.
Une voix: Les deux. Mme Harel: Les deux.
Le Président (M. Thuringer): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En conclusion, je voudrais quand même, je
veux bien que vous sachiez que votre cas est un cas particulier. Vous
êtes partis d'une halte-garderie et, soudainement, vous vous dirigez vers
une garderie. C'est quand môme au niveau des étudiants et des
étudiants immigrants en plus. À mon avis, cela n'a rien de
comparable au service, parce que c'est quelque chose de très
différent. Ce n'est pas avec votre cas qu'on est en mesure de dire, par
exemple, que ta formule que le gouvernement soumet à 45 % est bonne ou
non. Vous êtes un
cas vraiment particulier et, malgré ce cas particulier, il faudra
aussi songer dans votre projet à l'atteinte de la norme en
matière de perfectionnement, de la norme, par exemple, d'une technique
de garderie. Je pense que vous ne pourrez pas vous soumettre à ce type
de réglementation.
Par contre, j'ai confiance de pouvoir trouver une solution, et je vais
demander immédiatement à l'Office des services de garde de
travailler pour essayer de trouver quand même la meilleure solution
possible à votre cas qui est très particulier. Merci, mesdames et
messieurs.
Le Président (M. Thuringer): Merci beaucoup.
Mme Perron: Oh, une dernière phrase! Je veux juste vous
faire part du résultat d'une recherche qui a découvert que ce
besoin existera toujours sur les campus étudiants.
Le Président (M. Thuringer): Merci beaucoup. J'invite
maintenant la garderie Harmonie à s'approcher.
Est-ce que la porte-parole du groupe peut s'identifier et identifier ses
collaborateurs?
Garderie Harmonie Mme Hince (Carole): Bonsoir. Le
Président (M. Thuringer): Bonsoir.
Mme Hince: Je suis Carole Hince. Je suis un des parents
utilisateurs de la garderie Harmonie. À ma gauche, M. Yves Amyot qui est
un travailleur, un éducateur, à la garderie Harmonie. À
mes côtés, Mme Christiane Touchette qui est parent utilisateur et
coordonnatrice de la garderie. À ses côtés, M.
Gérard Côté qui est parent utilisateur et qui va vous faire
un résumé succinct de notre mémoire.
Le Président (M. Thuringer): Comme vous le savez, le temps
est serré. Vous aurez dix minutes, malheureusement. Allez-y.
M. Côté (Gérard): Vous avez entre les mains
notre mémoire d'une douzaine de pages. En gros, on est d'accord avec les
prémisses de votre politique, à savoir qu'on serait bien contents
comme vous qu'il y ait le plus grand nombre possible de places en service de
garde pour les enfants.
Ce sur quoi on n'est pas d'accord, c'est sur le mode de financement
parce qu'on est convaincu, à la suite de notre expérience
d'utilisateurs de garderie, que cela ne réglera pas les problèmes
actuels et ne permettra pas à la ministre d'atteindre son objectif
d'augmenter le nombre de places en garderies au nombre auquel elle s'attend,
c'est-à-dire à plus de 60 000 tel que dans
l'énoncé.
Si vous le voulez, on va passer tout de suite à la période
de questions. On veut attirer votre attention tout de suite sur le mode de
financement, sur le critère d'efficacité qui sert de basa au mode
de financement et, peut-être, sur la formation du personnel. le
Président (M. Thuringer): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En ce qui concerne le mode de financement,
puisque vous voulez aborder, je pense, le financement en premier lieu, vous
dites que la formule actuelle ne réglera pas les problèmes. Par
contre, lorsqu'on a suggéré cette formule, c'était
vraiment dans le but de réduire les disparités entre
différentes garderies. On sait, par exemple, qu'il existe des tarifs de
11 $; dans d'autres garderies, c'est 18 $. Il y a des salaires à 8 $,
d'autres a 12 $. Il y a des taux d'occupation de 60, 70, 80 ou 90. Il peut y
avoir aussi des coûts de loyer de 7000 $, d'autres de 20 000 $, selon les
hypothèques, et tout cela. Alors, cette formule était faite en
fonction de cela.
Si pour vous on n'atteint pas cet objectif, par exemple, de
réduire cette disparité entre différentes garderies,
qu'est-ce que vous proposez? Est-ce que vous proposez autre chose que le statu
quo indexé ou bien d'autres formes de mesure, ou une autre formule qui
pourrait nous permettre d'atteindre nos objectifs, c'est-à-dire
réduire les disparités tout en accédant à la
demande de la majorité?
M. Côté (Gérard): Je pense que, pour nous,
c'est sûr que le mode de financement actuel Indexé est la
meilleure méthode, et cela pour une raison bien simple. On parie pour
nous autres, une garderie sans but lucratif, subventionnée, un
écosystème très petit qui fonctionne avec un minimum de
ressources. À partir du moment où on cherche des
problèmes, on peut en trouver. On détruit notre
écosystème, et ensuite cela nous prend un an, deux ans, trois ans
avant d'être remis sur pied. Il faut trouver de nouveaux parents, il faut
à nouveau embarquer un paquet de gens là-dedans. (21 h 15)
Ce n'est presque pas possible, parce que tout cet aspect de la gestion
de la garderie est fait bénévolement. Je pense qu'on ne peut pas
intervenir là-dedans, sauf à coup sûr. Et, concernant le
mode de financement, la meilleure façon de ne pas intervenir dans le
fonctionnement de cet écosystème est de conserver le mode de
financement actuel en l'indexant Je pense que c'est ça qui va être
le plus facile à gérer pour nous; c'est ça qui va nous
créer le moins de problèmes; c'est ça qui va assurer la
continuité de notre organisation et son développement.
Mme Gagnon-Tremblay: Actuellement, même si on subventionne
4,50 $ fixes, qu'il n'y a pas
d'indexation, on prend quand même en
considération le taux d'occupation. Si, par exemple, on a un taux
d'occupation qui est à moins de 75 %, je pense, à ce
moment-là, que la subvention est coupée, c'est-à-dire
qu'on coupe la subvention de 4,50 $.
Quel est le taux d'occupation, actuellement, de votre
garderie? Dans quel secteur se trouve votre garderie?
Mme Touchette (Christiane): Notre secteur, c'est à
Montréal, sur le Plateau-Mont-Royal. Notre taux d'occupation est de 73
%...
Mme Gagnon-Tremblay: De 73 %. Mme Touchette:
...présentement.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous avez une liste d'attente ou
bien, finalement, II n'y a pas nécessairement d'attente à la
porte?
Mme Touchette: On a une petite liste d'attenté, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Quel est votre tarif?
Mme Touchette: Notre tarif est de 17,75 $ par jour.
Mme Gagnon-Tremblay: De 17,75 $. Finalement, même si vous
avez un tarif de 17,75 $, cela ne veut pas dire que vous êtes une
garderie riche.
Mme Touchette: Non, pas du tout.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela ne veut pas dire non plus que les
parents qui vont à votre garderie sont des parents qui sont riches.
Mme Touchette: Ce sont peut-être des parents qui ont la
capacité de payer 17,75 $, effectivement
Mme Gagnon-Tremblay: Quel est le pourcentage des parents qui vont
à votre garderie et qui sont admissibles à l'exonération
financière? En avez-vous une idée?
Mme Touchette: À peu près les trois quarts de nos
parents usagers.
Mme Gagnon-Tremblay: Les trois quarts de vos parents usagers sont
admissibles à l'exonération financière. Encore là,
ce n'est pas un milieu huppé, je pense que vous êtes dans un
milieu plutôt défavorisé, je suppose. Est-ce que vous vous
considérez être dans un milieu défavorisé?
Mme Touchette: Anciennement... Mme Gagnon-Tremblay:
Anciennement.
Mme Touchette: ...le Plateau-Mont-Royal était
considéré comme un milieu défavorisé, maintenant il
y a un changement de clientèle.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Mme Harel: La... MmeTouchette:
Pardon? Mme Harel: La gente explication!
Mme Gagnon-Tremblay: Et vous croyez que le montant de 4,50 $ qui
est fixe, même si on l'indexait... C'est sûr qu'il faut jouer
malgré tout... On ne peut pas, au nom d'une saine gestion, jouer sinon
jusqu'à un certain point avec le taux d'occupation. C'est certain qu'on
ne peut pas exiger d'une garderie qu'elle ait un taux d'occupation de 95 %,
mais je pense qu'il faut quand même se soucier de cela aussi. Cela ne
veut pas dire, parce qu'on se soucie d'avoir un maximum d'occupation des
places, que c'est au détriment de la qualité. Je pense que c'est
au nom d'une saine gestion des deniers publics qu'on doit se soucier de
ça.
Je reviens à la question des disparités. Je
ne sais pas si vous avez pris connaissance, la semaine dernière, d'une
proposition qui a été faite par le Conseil du statut de la femme
sur une formule qui pourrait être mixte par exemple, un peu comme la
formule d'aide financière qu'on soumet aux parents, c'est-à-dire
un montant de base fixe plus un pourcentage en fonction du tarif. Est-ce que
c'est une formule qui, selon vous, mériterait d'être
étudiée ou si, carrément, vous dites que vous vous en
tenez au statu quo? Est-ce une formule que vous seriez prêts à
rejeter d'emblée ou bien est-ce une formule qui mériterait
d'être étudiée?
Mme Touchette: Pour nous, c'est évident que le statu quo
bonifié, c'est la formule qu'on privilégie entre toutes les
formules parce que ça nous permet quand même d'assurer une
espèce de solage en matière de tarification et de qualité.
Cela évite Justement un déséquilibre entre les garderies
et des disparités qu'on peut voir venir.
Mme Gagnon-Tremblay: Avec cette formule fixe, comment peut-on -
peut-être, je ne comprends pas et je voudrais que quelqu'un me le dise,
car on n'a pas réussi à me convaincre jusqu'à
présent - réduire les disparités existantes tout
simplement en gardant cette formule? Et ce sont les disparités qui
existent actuellement entre les garderies sur le plan des salaires, des tarifs
et du taux d'occupation. Supposons qu'on bonifie tout simplement le montant de
4,50 $, ces disparités vont continuer d'exister. Est-ce qu'il y a une
solution pour qu'elles n'existent plus? Est-ce que, par exemple, les garderies
qui en ont déjà plus, qui vont recevoir les 4,50 $, cela va
compenser pour les autres? Qu'est-ce qu'on peut
faire pour vraiment réduire ces disparités qui vont
exister avec cette formule fixe, inévitablement?
Mme Touchette: Elles vont exister en fonction des coûts et
ces coûts peuvent être ceux du loyer et varier d'une région
à l'autre. Ces disparités vont exister, mais qui vont être
temporisées par une formule quand même fixe de places au permis.
Par contre, si c'est une formule en relation directe avec le revenu, ces
disparités vont être tout simplement accentuées, parce que,
non seulement il va y avoir l'aspect coûts qui va créer des
disparités, mais l'aspect revenus aussi. Les coûts sont lourds et,
en plus, si on regarde le cas de notre garderie, on ne peut pas maximiser
davantage notre taux d'occupation, vu nos critères de qualité.
Alors, qu'est-ce qu'il reste? C'est de maximiser les tarifs.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous donne un exemple. Supposons que,
dans votre garderie, vous ayiez des salaires de 8,50 $ l'heure. Dans une autre
garderie, ils sont peut-être déjà rendus à 10 $. Si
je donne 4,50 $ - pas moi, mais le gouvernement, je parle toujours au nom du
gouvernement - si le gouvernement donne à la garderie 4,50 $
indexés, la garderie qui a 8,50 $ va pouvoir augmenter ses conditions de
travail, mais en fonction du montant de 4,50 $. La garderie qui a 10 $ comme
salaire va aussi pouvoir augmenter en fonction du montant de 4,50 $, mais
l'écart va toujours exister. On va peut-être se rendre à
9,50 $ et à 11,50 $, mais il existera toujours cet écart parce
qu'on part avec une disparité. C'est ça que J'essaie de trouver.
Avez-vous une formule? Oui, monsieur?
M. Côté (Gérard): Je pense qu'il serait
illusoire de chercher une formule qui réduirait toutes ces
disparités. Les disparités viennent d'un certain nombre de
facteurs, que ce soit la localisation géographique, les années de
fonctionnement de la garderie, le nombre d'éducateurs en garderie. C'est
donc toute une série de facteurs comme ça qui reviennent d'une
garderie à l'autre, mais qu'on ne peut pas vraiment encadrer et sur
lesquels on ne peut pas intervenir sauf sur une période donnée,
de quatre ou cinq ans ou peut-être quelque chose comme ça.
Tout à l'heure, ,je vous al parlé
d'écosystème, d'un petit groupe de personnes, des parents avec
des éducateurs et des enfants, et tout ce beau monde se donne un
programme de fonctionnement. On dresse un budget et on a des sources de
financement. Notre principale source de financement à nous, vient des
cotisations des parents, plus la subvention de l'Office des services de garde.
Quand on arrive au début de l'année et qu'on fait notre budget,
on utilise ça et on se dit: Avec ça, on peut s'offrir tels types
de services cette année. On a des éducateurs en garderie qui sont
là depuis un certain nombre d'années. Il y en a qui s'en vont,
d'autres qui arrivent On joue avec tout ça et, à un moment
donné, on se dit: Bon! cette année, c'est ce qu'on va faire.
C'est l'objectif qu'on se donne, puis on réalise ce qu'on peut avec le
budget qu'on a
Je pense que c'est un peu la même chose dans toutes les garderies.
Qu'est-ce qui va varier d'une gardoris à l'autre? L'expérience
des parents de gérer ces organismes. S'ils ont moins
d'expérience, au bout de deux ou trois ans, is auront trouvé
cette expérience et ils arriveront à se doter d'un projet de
garderie qui se tienne et qui réponde bien à leurs besoins. C'est
dans ce sens que nous disons qu'actuellement, le mode de financement actuel
indexé est ce qui correspond le plus à ce que nous voulons. On a
fait notre budget cette année, on a fait notre projet, on a
organisé notre budget en fonction, et on sait très bien ce que
nous ne pourrons pas nous permettre cette année et on sait très
bien ce que nous aimerions nous permettre. C'est dans ce sens qu'on dit que
c'est le meilleur moyen de financement.
Le problème des disparités entre les garderies
actuellement va être un problème difficile à régler,
sauf si vous décidez de mettre là-dedans tout un appareillage
pour structurer ou encadrer la gestion des garderies. Je pense que ce n'est pas
nécessairement souhaitable, parce que je pense que ça n'aidera
personne.
Mme Gagnon-Tremblay. Je reviens toujours à mes disparités,
parce que c'est l'objectif qu'on vise. Quand vous faites le budget de votre
garderie, par exemple, vous calculez tous vos frais fixes qui sont
Inévitables, qu'on connaît. Et, qu'on subventionne à 4,50 $
ou qu'on subventionne à 45 %, vous connaissez vos frais fixes et vous
êtes obligés de les identifier.
Vous avez d'autres frais qui peuvent varier. Par exemple, vous pouvez
avoir des créances douteuses que vous devez ajouter à votre
budget Vous devez avoir naturellement des variations du taux d'occupation dont
vous devez tenir compte aussi. Finalement, tout ça ensemble vous donne
le coût annuel de vos services, et, après ça, vous
établissez, j'imagine, votre tarif en fonction de ces coûts. Mais,
je me dis qu'à ce moment-là, vous allez savoir quand même
de la même façon qu'avec les 4,50 $ qu'il y a 45 % de ça
qui va vous revenir. Donc, je reviens encore à la question des
disparités, parce qu'on ne me fait pas la démonstration qu'avec
les 4,50 $, par exemple, les garderies qui ont actuellement de meilleures
conditions de travail vont continuer à avoir de meilleures conditions de
travail. On ne réduira pas nécessairement l'écart. Celles,
par exemple, qui subissent toutes sortes d'autres disparités qu'on
connaît ne réduiront pas ça. C'est pour cela que j'essaie
vraiment de trouver cette solution.
Mme Hince: Vous parlez de la capacité de
payer des parents comme de quoi on peut augmenter nos tarifs en fonction
des coûts qu'on estime. Mais la capacité de payer des parents a
quand môme des limites. Il y a aussi tout l'aspect de là
participation des parents. Vous voulez, je pense, avec cette politique rendre
les parents plus responsables à l'égard des garderies et tout
ça. Il y a donc tout cet aspect caché de la participation des
parents à différents comités. Gérard parlait
tantôt de la participation à la gestion, mais I y a dans les
garderies sans but lucratif plusieurs comités de travail auxquels les
parents participent, que ce soit pour l'aménagement ou que ce soit pour
l'éducation, pour améliorer les barèmes et tout ça,
l'hygiène, la santé. Il y a toute une participation cachée
des parents et, si on calculait ça, si on comptabilisait ça, ce
serait de l'argent
Mais, si la nouvelle politique est adoptée telle qu'elle est
prévue, tout ce que les parents vont se retrouver à faire, c'est
d'essayer de diminuer les coûts le plus possible et d'augmenter leur
capacité d'aller chercher de l'argent en augmentant les tarifs pour les
parents, la participation des parents. Imaginez que la motivation des parents
à participer aux différents comités de travail va
être très faible, d'autant plus que ça risque de toucher
grandement la qualité. La grande motivation des parents à
participer de façon bénévole aux différents
comités de travail à l'intérieur de la garderie, c'est la
qualité des services. S'il est inimaginable de pouvoir s'offrir une
bonne qualité de services, la motivation va être la môme,
alors la responsabilité des parents que va-t-elle être?
Le Président (M. Thuringer): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je prends le cas de votre garderie, entre autres.
C'est sûr qu'à 17,75 $, Je pense, vous avez un tarif qui est
au-dessus de la moyenne. Par contre, vous avez un taux d'occupation qui est
très bas, 73 %, alors que la moyenne est de 82 %. On sait qu'il y a 60 %
des garderies dont le taux d'occupation est de 82 %. Je ne pense pas que
ça signifie, par exemple, qu'il y ait moins de qualité dans ces
garderies pour autant. C'est sûr qu'avant d'augmenter votre tarif, je
pense que, comme garderie, vous allez devoir travailler beaucoup à votre
taux d'occupation pour ne pas que les parents aient à payer une certaine
augmentation.
Le Président (M. Thuringer): En conclusion.
Mme Gagnon-Trembiay: Peut-être qu'on pourra répondre
tout à l'heure.
Le Président (M. Thuringer): Oui. Madame.
Mme Harel: Allez-y donc tout de suite. J'étais certaine
que vous vouliez en parler du fait que ça vous conduisait justement
à des choix que vous ne vouliez pas faire au sujet du taux d'occupation.
Alors, allez-y.
Mme Touchette: On parle du taux d'occupation et on aimerait bien
l'augmenter dans le sens de partager plus les dépensas ensemble. Mais,
si on regarde la réalité de chaque jour d'une garderie, augmenter
le taux d'occupation, c'est beau, mais i faut regarder juste les choix qu'on
fait. On peut en donner des exemples. Pour les enfants qui entrent en
septembre, on fait des entrées étalées, des entrées
progressives, pour ne pas faire entrer un groupe de huit enfants tous ensemble.
On les fait entrer deux à la fois. Ce sont des coûts, cela, et
cela fait aussi que le taux d'occupation n'est pas rempli. Nos huit enfants ne
sont pas là dans le groupe tous en même temps. Cela joue sur le
taux d'occupation. Par exemple, quand on fait entrer un enfant qui est
handicapé, qui présente un handicap et qu'on réduit le
ratio pour lui permettre de vivre une intégration heureuse, là
aussi, ce sont des choix en vue de la qualité qu'on fait
Cela réduit notre taux d'occupation, c'est évident, c'est
sûr. C'est en ligne directe, sauf que ce sont des choix qu'on n'est pas
prêt à réduire en tant que parents. Ces choix, on les fait
et c'est basé sur une qualité de vie dans les garderies,
qualité qu'on considère essentielle. Pour nous, maximiser le taux
d'occupation, c'est tout à fait théorique. Cela ne
représente pas du tout la réalité qu'on vit avec les
enfants.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée.
(21 h 30)
Mme Harel: Malgré tout, c'est très
intéressant. Dans cette discussion, je me disais, depuis le
début, qu'il m'apparaissait que le milieu des services de garde
était comme une sorte d'immense orchestre qui jouerait d'instinct
pendant que le chef d'orchestre serait en train de battre la mesure de tout
à fait un autre air. Alors, la question est: Est-ce que cela se peut que
le chef d'orchestre ait raison tout seul et que tout le reste de l'orchestre
qui a l'air de connaître les instruments, qui a l'air de jouer d'oreille
depuis longtemps, que tout l'orchestre au complet se tromperait? Ce n'est pas
peu de choses. C'est tout l'orchestre au complet, des cuivres aux vents, c'est
tout l'orchestre, de Chicoutimi à Mont-Laurier. Et tout ce monde se
tromperait depuis dix ans! C'est la nouvelle chef d'orchestre qui dit: Non,
c'est moi qui a le bon temps. Le danger, c'est qu'elle voudrait que tout le
monde joue du même Instrument. Mais, quand tout le monde va Jouer du
même Instrument, 8 n'y aura plus cet orchestre avec la sonorité
qu'il a maintenant. Finalement, je comprends de plus en plus le rationnel. Son
rationnel, c'est toujours celui des inégalités.
Il y a des inégalités. Vous l'avez vous-mêmes
souligné à la page 14 de votre mémoire, celles
mentionnées dans l'énoncé de politique.
Alors, y faut les corriger. Si le remède est pire que la maladie,
ce n'est pas grave de toute façon, parce que tout le monde dit qu'il y
en a des inégalités et que cela n'a pas l'air d'être le
problème du milieu. Le problème du milieu, c'est surtout qu'il y
a l'air de ne pas y avoir assez d'argent, que cela a l'air de coûter trop
cher aux parents, d'une part, et que cela a l'air d'être trop lourd
à supporter pour les éducatrices ou le personnel de direction qui
y travaillent depuis dix ans et qui ont l'impression qu'il vaudrait
peut-être mieux commencer une nouvelle carrière. Cela a l'air
d'être plus cela le problème.
En lisant votre mémoire, je me suis rendu compte que vous aviez
une manière, disons, plus douce d'intégrer les enfants d'une
certaine façon. Vous donnez une alimentation végétarienne
aussi. Je crois que c'est un choix que le conseil d'administration a fait. Il y
a diverses choses comme ça qui vous caractérisent sur le plan des
activités pédagogiques, culturelles. Vous êtes sensibles
à ce qui touche l'insonorisation, à tout l'ensemble de ce qui est
la qualité de vie et autant à la qualité de l'air.
J'imagine que les parents qui envoient les enfants à la garderie font
partie de cette culture nouvelle pour qui l'environnement est extrêmement
Important. Vous voyez, on a choisi au Québec un mode de garde des
enfants de moins de six ans, où ce n'est pas l'uniformisation. Alors, la
ministre va nous dire: Est-ce que l'État a à assumer ces
choix-là? Vous ne dites pas que vous voulez plus d'argent. Vous dites:
Donnez les mêmes montants à tous, et on pourra faire des choix qui
seront plus conformes aux valeurs différentes que les milieux ont. Mais
donnez-nous l'argent qu'il faut.
C'est comme si en changeant de mode de financement, on fait juste
changer le mode de place, parce que cela ne met pas tellement plus d'argent.
N'en déplaise au scénario projeté, cela n'a pas l'air d'en
mettre tellement plus, ni pour soulager les parents ni pour soulager les
éduca-trices ou la gestion. Alors, la question de fond est: Faut-it que
vous réduisiez votre taux d'occupation? Car vu en technocrates, il y en
a dont les tarifs ne sont pas assez élevés et il faut qu'elles
augmentent leur tarif ou bien, comme vous, c'est votre taux d'occupation qui
est trop bas. C'est la trame derrière l'énoncé de
politique: ce sont les revenus réels. C'est d'augmenter les revenus
réels, les augmenter soit par la hausse du taux d'occupation ou soit par
la hausse du niveau du tarif.
Vous nous dites à la page 6: Nous croyons que, sous le couvert de
nobles principes, tels que liberté de choix des parents, respect des
préférences des parents, soutien essentiel des parents, le
gouvernement en profite pour se décharger de sa responsabilité
concernant la socialisation des enfants de cinq ans et moins. Les parents
paient des contributions maximums. De plus, ils ont la responsabilité
d'implanter les garderies, de les gérer, d'exercer le contrôle de
la qualité. Et vous ajoutez: "Les parents et travailleurs des garderies
ne veulent pas de soutien moral, ils veulent une vraie politique de
natalité au Québec."
Alors, je ne sais pas. Pour le temps qui vous reste, peut-être
pouvez-vous tenter d'expliquer à la ministre pourquoi des gens comme
vous qui êtes moitié-moitié des parents et des
éducatrices et un éducateur, scolarisés, qui avez plein de
choses intéressantes et utiles à faire dans la vie, avez
décidé de consacrer une partie de votre vie à
suppléer à cela d'une certaine façon ou tout simplement
à organiser un service de garde? Peut-être qu'en lui transmettant
vos mobiles, ça va lui faire comprendre que, malgré le souci
légitime de bonne administration publique, on ne doit pas uniformiser
les garderies de manière à ce que tout le monde joue du
même instrument au Québec.
M. Amyot (Yves): Comme travailleur, moi, ça fait six ans
que je suis à la garderie Harmonie, ça fait six ans que je passe
des soirées, des fins de semaine et du temps à créer un
écosystème extraordinaire pour un groupe de 45 enfants et ce
n'est pas facile. On a de la difficulté à joindre les deux bouts.
Ce qui m'inquiète le plus avec ce nouveau mode de financement, c'est
qu'à long terme, je ne vois pas comment la garderie va pouvoir continuer
à survivre. Selon moi, à long terme, c'est comme un cul-de-sac.
On ne pourra plus augmenter la facture des parents et on ne pourra plus
survivre. Mon énergie a diminué de beaucoup. Si cet
énoncé de politique est adopté, je ne vois pas comment, en
cinq ou six ans, on pourra faire pour augmenter le tarif des parents et comment
on va faire pour avoir plus de sous. Il n'y a plus de solutions, ça
n'ouvre pas de portes, mais ça ferme les portes à long terme.
Mme Harel: Et concernant le taux d'occupation? Dans votre cas, la
ministre va vous dire que ce n'est pas le tarif, mais le taux d'occupation.
M. Amyot: Moi, j'ai un groupe de douze enfants, dont dix
garçons de six ans et deux filles de six ans, avec lesquels je passe
huit heures par jour. Vous savez, j'ai une petite salle avec de petites
fenêtres, et c'est très pénible. L'an dernier, le groupe
comprenait dix enfants, et, cette année il a été
augmenté à douze à cause du taux d'occupation. Parce qu'on
n'atteignait pas 75 % et qu'on n'avait pas le choix, ce groupe-là, on
l'a augmenté à douze et c'est moi, cette année, qui en ai
subi les conséquences, passer un an complet avec douze enfants. En fin
de compte, c'est moi qui paie et ce sont les enfants qui en souffrent, et cela
pour maximiser le taux d'occupation.
Mme Hince: Concernant le taux d'occupation, j'inviterais la
ministre et les autres membres à aller visiter les garderies. Cela
vous
donnerait une bonne idée de ce qui se passe et de ce
qui se vit en fait d'environnement sonore. Dans une garderie, le taux de
décibels est pas mal plus élevé qu'ici.
Tout ce que je voudrais dire en tant que parent pour compléter ce
qui a été dit, c'est sur l'Importance du rôle de
prévention des garderies. Quand on voit tout ce qui se passe et les
différents Indices, on se rend compte de l'importance de la
qualité du milieu dans lequel les gens vivent, des conditions sociales
et des conditions plus écologiques concernant la qualité de la
vie dans lesquelles les enfants vivent. Déjà, au chapitre de la
santé et des services sociaux, on est dans un cul-de-sac: les
coûts augmentent et on ne sait plus où donner de la tête. Je
pense que, s'iI y avait un Investissement qui serait rentable pour
l'État, ce serait bien d'investir dans la prévention pour que nos
enfants grandissent dans de bonnes conditions pour leur donner un bon bagage de
départ.
M. Côté (Gérard): Je voudrais ajouter quelque
chose. Je ne sate pas si je vais y réussir, ça va peut-être
sortir...
Mme Harel: Vous êtes comme moi, ne vous en faites pas. Ha,
ha, ha!
M. Côté (Gérard): Je reviens encore à
la notion d'écosystème ou de petit organisme. Je ne veux pas vous
faire pleurer là-dessus, parce qu'on se débrouille quand
même assez bien. On garde 40 enfants et ça marche, mais, tout
à l'heure, on a parié de la notion d'efficacité, du ratio
enfants-éducateur. En tant que gestionnaire de garderie, c'est sûr
que j'aimerais ça, mol, voir le ratio passer de 75 % à 100 %,
parce que ça me donnerait une marge de manoeuvre que je n'ai pas. Mais,
si je fais ça, il faut que je donne quelque chose à mes
éducateurs en contrepartie. Si je négocie des conditions de
travail avec eux et que le nombre d'enfants par groupe fait partie des
conditions de travail, quand je vais mettre le nez là-dedans, iI faut
que je leur donne quelque chose en contrepartie et, en fin de compte, je ne
peux pas dire à chacun: Si tu n'es pas content, va-t-en. Ce sont des
choses qui ne se font pas. Ce sont des gens qui s'entendent bien avec nous,
qu'on a choisis et qui se développent au rythme de la garderie, en
même temps que les parents et tout ça. Alors, le bât blesse
un peu là aussi.
Mme Harel: J'entends beaucoup dans le discours du gouvernement
celui de l'égalité à la baisse, dans le sens de dire:
Écoutez, cela est votre choix, mais payez-vous-le, parce que ce sont des
choix que tout le monde ne peut pas faire et, nous, on va payer juste les choix
que tout le monde peut faire. C'est un discours lancinant, qui revient. C'est
une sorte de discours que j'appelle d'égalité dans la malchance.
Comme tout le monde ne peut pas avoir ce que, vous, vous offrez, alors,
à ce moment-là, on ne peut pas vous l'offrir. Ce qu'on ne
comprend pas, je pense, du côté gouvernemental, c'est que c'est
une question de choix. Si, vous, vous offrez un taux d'occupation comme vous le
mentionnez, en contrepartie, vous payez un tarif de 17,75 $. Alors, si
l'État veut Imposer ses choix, finalement, qu'il finance à 100 %.
Je pense que c'est le discours qu'il va falloir tenir à la ministre. Si
elle veut imposer ses choix, qu'elle finance à 100 %. Sinon, si ce sont
des organisations qu'on veut garder, des corporations autonomes, alors, il n'y
a pas de raison qu'on leur Impose des choix ni de taux d'occupation hors de ce
qui est légitime sur le plan de la gestion du public, ni non plus de
tarif.
Je veux vous remercier d'être venus à
Québec et d'avoir ajouté votre instrument à tous ceux qui
jouent la môme partition devant ta commission. Merci.
M. Côté (Gérard): Merci.
Le Président (M. Thuringer): Merci. Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, merci, M. le Président. Je ne
pense pas encore ajouter une fausse note, mais je dois vous dire qu'on a quand
même un système qui doit être juste pour tout le monde
aussi. Actuellement, on a les ratios qu'on connaît, que tout le monde
connaît. Si, par contre, dans certaines garderies, on décide de
faire autre chose, alors, on fait d'autres choix. Les garderies sont autonomes.
Ce sont elles qui décident ou c'est le conseil d'administration qui
décide, si elles font d'autres choix. Par exemple, vous me disiez
justement tout à l'heure: Nous, on a décidé qu'au lieu
d'améliorer les conditions de travail, on pense à
améliorer les conditions de travail de cette façon-là.
Cela peut être un exemple d'un choix qu'on fait. Je pense qu'à ce
moment-là, c'est un choix qu'on doit assumer comme, par exemple, le
gouvernement doit assumer d'autres choix, mais ce choix n'a pas à
être assumé par toute la population ou par qui que ce soit.
Finalement, i faut dans un système être juste aussi pour les
autres qui n'optent pas pour ce choix-là. Je reviens toujours à
dire, lorsqu'on a à administrer des fonds publics, parce que ce sont vos
taxes, qu'on ne peut pas ne pas essayer de maximiser l'existence des places
actuelles quand, par exemple, on songe à développer 60 830
nouvelles places au cours des cinq prochaines années. Je vous remercie
de votre exposé.
M. Côté (Gérard): Je voudrais ajouter quelque
chose, Mme la ministre.
Le Président (M. Thuringer): Rapidement, le temps est
écoulé.
M. Côté (Gérard): Quand on dit qu'on fait
un choix et qu'on s'offre ce choix-là, quand on décide
nous de garder un ratio bas pour donner quelque chose en contrepartie à
nos moniteurs, à nos éducateurs, on le fait en sachant
très bien que notre équilibre est là. Si on joue avec un
des postes budgétaires, on rompt notre équilibre et on va le
chercher ailleurs de toute façon. Je pense que notre choix de garder le
ratio à 75 % n'est pas un choix qui est de nature à dilapider les
fonds publics du tout. C'est un choix, je pense, qui est rationnel, qui tient
compte de notre équilibre budgétaire et de la situation qu'on
vit, nous, à ta garderie Harmonie.
Le Président (M. Thuringer): Merci beaucoup. Bon
retour.
J'invite maintenant la garderie Patapouf à s'approcher.
Voulez-vous vous identifier, s'il vous plaît? (21 il 45)
Garderie Patapouf inc.
Mme Hamel (Marie-France): Je suis Marie-France Hamel,
coordonnatrlce à la garderie Patapouf. A ma droite, Suzanne Durand, un
parent, utilisatrice de la garderie et trésorière au conseil
d'administration, ainsi que Colette Lajoie qui est aussi un de nos parents. Je
sais que le temps nous bouscule. La soirée est longue pour tout le
monde. Je vous salue.
Concernant la position de la garderie, je pense que vous avez
reçu copie du mémoire. Nous nous sommes permis d'ajouter une
annexe qui, nous en sommes conscientes, est quand même assez volumineuse.
Étant donné les délais que nous avons eus pour
l'étude, nous croyions nécessaire d'arriver avec des
recommandations. Je pense que, dans l'ensemble, pour nous à la garderie
Patapouf, l'énoncé de politique de Mme la ministre
Gagnon-Tremblay est quand même un pas vers l'avant On ne remet pas en
cause l'enveloppe budgétaire dont il est question. On sait que, s'il y
avait 100 000 000 $, on les prendrait comme tous les services sociaux. Nos
réticences concernent plus le mode de financement, et c'est ce dont nous
voulons discuter avec vous ce soir. Ce sont tes recommandations que nous avons
étudiées à partir du milieu et du vécu des
travailleuses et des parents. Donc, je cède la parole à Suzanne
Durand qui va vous faire part des recommandations qu'on a
élaborées.
Mme Durand (Suzanne): On a élaboré des
recommandations en faisant une analyse plus approfondie de chacun des
problèmes qui a été soulevé dans
l'énoncé de politique aux pages 61 et 62. Je vais faire
référence directement au document qui a été
présenté en annexe. Au lieu de résumer toutes les
recommandations, elles sont quand même assez nombreuses, je vais passer
à celles qu'on considère comme étant les plus Importantes
et je vais vous dire d'où elles partent.
On parle de la première, 1A. On dit que la subvention de
fonctionnement ne tient pas compte des coûts réels de
fonctionnement des services de garde qui sont très variables même
pour des services de taille équivalente'. Je pense qu'il est vraiment
question des disparités dont la ministre parlait tout à l'heure.
Quant à nous, on a analysé la situation de cette
façon-là. Les trois principaux postes budgétaires pour la
plupart des garderies sont la masse salariale, le logement et la nourriture. En
dehors de ces postes, je pense qu'en général, ce sont vraiment
des postes minimes.
On peut dire que les disparités viendraient principalement de
contextes régionaux différents. C'est sûrement un
élément qu'on retrouve à plusieurs des postes
budgétaires. SI on parle de la masse salariale, on considère que
toutes les garderies devraient avoir des fonds suffisants pour mieux
rémunérer leurs employés, et cela, de la façon la
plus équitable possible afin d'amoindrir les différences
salariales entre les garderies d'une même région et ainsi
favoriser une plus grande stabilité. Si la subvention de fonctionnement
déjà en vigueur était élevée à 6,50
$, le gouvernement aiderait toutes les garderies de façon
équitable et les disparités régionales en ce qui concerne
les salaires se traduiraient directement dans des tarifs que les parents
devraient payer sans créer d'injustice, car la capacité de payer
des parents est en rapport direct avec les salaires moyens d'une région.
Donc, à ce chapitre-là, je pense que les disparités
pourraient être mieux diminuées.
Au chapitre du logement, les disparités ne sont pas
nécessairement une question de contexte régional surtout. D'une
région à l'autre, il y a des différences énormes,
mais, dans une même région, il y a aussi des différences.
Il y a des garderies qui n'ont aucun loyer à payer et ll y a des
garderies qui ont des loyers d'au-delà de 30 000 $. Donc, on propose
plutôt de maintenir la subvention au logement et d'augmenter le maximum,
présentement à 9000 $ annuellement, à un montant de 15 000
$ pour, justement, aider à amoindrir les disparités entre les
garderies pour celles qui ont des frais de logement plus
élevés.
Concernant la nourriture qui est, finalement, un des postes très
importants, les besoins en nourriture sont sensiblement les mêmes d'une
garderie à l'autre. Les seules disparités, je pense, à cet
égard, ce serait plus en ce qui concerne les régions, car, dans
certaines régions éloignées, la nourriture est vraiment
beaucoup plus dispendieuse. Alors, on proposerait d'avoir une majoration de la
subvention de fonctionnement de 0,50 $ pour les régions
éloignées désignées. La détermination des
régions éloignées désignées pourrait se
faire en se servant de la liste qui a été établie par le
ministère du Revenu du Québec pour établir la
déduction pour habitant de régions éloignées
désignées. Ce serait, je pense, un travail qui a
déjà été fait Cela pourrait permettre, justement,
d'équilibrer certains pro-
blèmes pour ce qui est de la disparité des
coûts.
Je passe au problème numéro 2 dont on fait
référence en page 6 de l'annexe. Dans l'énoncé, on
dit que Ies augmentations des dépenses de fonctionnement provoquent des
augmentations des tarifs de garde du fait de l'insuffisance et de la
non-indexation des subventions. Ce qu'on propose, c'est que la subvention de
fonctionnement soft indexée de la même façon qu'on
prévoit indexer les subventions pour les poupons et les subventions pour
les enfants handicapés.
Le troisième problème soulevé, c'est que les
garderies qui ont plus de dépenses parce qu'elles offrent de meilleures
conditions de travail à leur personnel doivent demander des tarifs plus
élevés, ce qui crée des inéquités entre les
parents. On considère que tous les enfants ont droit a des services de
garde de qualité sans tenir compte de la capacité de payer des
parents. Je crois que vous êtes d'accord avec nous sur ce sujet Toutes
les garderies devraient donc avoir des chances égales de
rémunérer leurs employés en recevant une subvention
basée sur le nombre d'enfants et non en fonction du tarif demandé
aux parents. On fait référence à la subvention de 45 % des
revenus de garde.
Un autre point sur lequel je voulais attirer votre attention, c'est le
septième problème qui est soulevé. On dit 'que la formule
actuelle de financement n'incite pas suffisamment les garderies à
maximiser leur taux d'occupation". Donc, finalement, dans le fond, quand on
parle de taux d'occupation, on parle strictement d'analyse financière.
On parle du pourcentage de revenus, le revenu réel devant correspondre
à 75 % du revenu potentiel. On croit qu'il est Important de ne pas
oublier qu'on est dans un contexte d'organismes sans but lucratif. Par contre,
organisme sans but lucratif ne veut pas dire qu'il doit vivre aux crochets du
gouvernement On est conscients et on est certains que la motivation des
garderies d'aller chercher plus de revenus est vraiment présente. Ce
n'est pas du tout que les garderies aient l'idée de se faire vivre par
le gouvernement; je suis vraiment convaincue de cela.
Si les garderies vont se chercher plus de fonds, cela signifie des
ressources plus importantes pour bien rémunérer les
éducateurs et les éducatrices qui nous remplacent auprès
de nos enfants durant les heures de pleine activité. Ce sont des
ressources pour améliorer la qualité de vie de nos enfants et du
personnel, et ce sont des ressources suffisantes pour faciliter le travail de
gestion que les parents partagent avec les coordonnatrices et les
éducatrices. Mais on considère comme inadmissible de
pénaliser financièrement des garderies qui favorisent des
politiques de tarifs réduits pour le deuxième ou le
troisième enfant d'une même famille. Décourager
l'application de telles politiques, c'est compromettre la chance des femmes de
prendre leur place sur le marché du travail. C'est aussi alller
l'encontre d'une politique nataliste qui répondrait pourtant à un
besoin urgent de repeupler le Québec. Il est aussi inadmissible que des
garderies exagèrent sur le plan des réductions. Donc, pour qu'il
n'y ait pas d'exagérations, il pourrait y avoir des maximums
imposés quant aux rabais pour pouvoir avoir le droit d'avoir la
subvention de fonctionnement complète. On propose un rabais maximum de
25 % pour un deuxième enfant et de 50 % pour les enfants suivants. On
constate que ces limites n'affecteraient pas abusivement l'autonomie qui est
préconisée sur le plan de la gestion individuelle des
garderies.
Il y a d'autres propositions concernant tous les problèmes qui
ont été analysés, on serait bien heureuses que vous les
lisiez, mais je voulais quand même faire un exposé assez court
Le Président (M. Thuringer): D'accord. Mme Durand: Merci. le
Président (M. Thuringer): Merci beaucoup. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame. Je déplore justement
le fait d'avoir eu votre mémoire à la toute dernière
minute, parce que je constate qu'il contient des choses très
intéressantes. Entre autres, je trouve que vous faites quand même
une ouverture. Tout en demeurant, au sujet de la formule de financement, au
statu que, vous préconisez quand même un certain réalisme.
Vous êtes quand même dans la réalité et vous
soumettez des alternatives intéressantes dont j'aurais bien aimé
discuter. Soyez assurées, de toute façon, que je vais essayer de
te lire le plus rapidement possible, parce que je pense qu'il y a des
ouvertures dans ce mémoire.
Vous parlez, entre autres, de la subvention de fonctionnement. Vous
dites que, cette année, on pourrait augmenter de 2 $,
c'est-à-dire qu'on passerait de 4,50 $ à 6,50 $ pour faire un
certain rattrapage et améliorer ainsi les conditions de travail, tout en
demandant de conserver la subvention de logement et de l'augmenter de 6000
$à15 000 $.
Ce qui est intéressant aussi, c'est que vous demandez de fournir
des encouragements aux garderies pour qu'elles se regroupent afin de
réalliser des économies substantielles sur des achats faits en
plus grande quantité. Est-ce que cela se fait, actuellement, dans
certaines régions? Est-ce que vous êtes au courant si ça se
fait?
Mme Durand: Je ne suis pas au courant si ça se fait
déjà, mais disons qu'on considère que ce seraient des
choses qui seraient Intéressantes à parrainer, j'imagine, comme
projets. Qu'au niveau des réglons, on travaille justement à se
regrouper et à faire des achats en plus grande quantité, c'est
une idée qui est arrivée comme
ça, alors qu'on cherchait des idées
justement. On considère que, lorsqu'on est dans un contexte d'organismes
sans but lucratif, parler de maximisation des revenus, c'est
Intéressant, mais c'est quand même aller loin. Ce qu'on
considère comme plus sain, c'est de faire l'analyse en disant
plutôt qu'on va essayer d'épargner eu chapitre des
dépenses. De toute façon, je crois que c'est ce qu'on essaie de
faire partout, mais on pourrait peut-être continuer et faire encore plus
d'efforts pour réussir à économiser les fonds des parents
et de l'État, finalement
Mme Hamel: Si je peux me permettre, je sais que, pour l'assurance
collective, I y a un regroupement qui existe déjà, étant
donné que certaines garderies étaient trop petites pour
adhérer à une assurance de groupe. On demandait douze ou quinze
participants au minimum. Alors, en se regroupant, elles ont eu accès
à une forme d'assurance collective. Il y a aussi un distributeur
alimentaire qui, sans qu'il y ait de regroupement en tant que tel, fournit
plusieurs garderies. Il y a encore du travail à faire de ce
côté.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a une autre suggestion que vous nous
faites à la page 3 de votre dernier mémoire. Vous dites:
Tolérer des politiques de réduction des tarifs pour les familles
de plus d'un enfant tout en imposant une limite à ces réductions,
soit 25 % de rabais, par exemple, pour un deuxième enfant et 50 % pour
les enfants suivants. Voulez-vous m'expliquer davantage cette recommandation
que vous nous faites?
Mme Durand: En fait, il est établi dans
l'énoncé de politique que souvent les politiques de
réduction de tarifs pour un deuxième ou un troisième
enfant affectent directement le taux de fréquentation, parce que le taux
de fréquentation est établi strictement par analyse
financière. La dernière proposition est justement de
contrôler de façon trimestrielle cette fréquentation des
garderies, non par analyse financière, mais plutôt en demandant de
produire des rapports pour suivre le taux de fréquentation
réelle. On considère que l'analyse financière vient
pénaliser les garderies qui ont des politiques de réduction pour
les deuxième et troisième enfants. On ne peut pas
pénaliser des garderies d'avoir de telles politiques. Où on a
demandé d'établir des limites, c'est parce que, justement, je
pense que, pour l'État, c'était essentiel qu'il n'y ait pas
d'exagérations, mais il faut quand même aller de l'avant avec des
politiques natalistes.
Donc, on a établi qu'un rabais de 25 % pour un
deuxième enfant serait quand même assez raisonnable et 50 % pour
un troisième. Si on considère qu'B n'y a pas de rabais du tout,
pour un tarif de 15 $ ou 16 $ avec trois enfants en garderie, c'est un montant
mensuel de 900 $. Ce n'est presque pas possible. On ne peut imaginer quelqu'un
qui a les capacités de payer un tel montant
Mme Gagnon-Tremblay: Je trouve que c'est une mesure
intéressante. Lorsque vous parlez de contrôler de façon
trimestrielle la fréquentation réelle des garderies afin
d'augmenter rapidement la subvention de fonctionnement tout en évitant
de se baser strictement sur une analyse financière, comme vous le
mentionnez dans votre mémoire, qui peut fausser les résultats
quant à la fréquentation réelle, je suis d'accord avec
ça. Je trouve que c'est effectivement quelque chose qui devrait se
faire. Je trouve que l'autre mesure est quand même Intéressante
à prendre en considération.
Il y a beaucoup d'autres choses. M. le Président,
est-ce qu'il me reste encore beaucoup de minutes? Cinq minutes encore? Oui? Ah
bon!
J'ai fait la lecture de votre mémoire à vol d'oiseau. Ah
oui! Il y a une mesure ici: Hausser la subvention de fonctionnement de 0,50 $
par jour par enfant pour les garderies de régions
éloignées désignées. Qu'entendez-vous
concrètement par ça?
Mme Durand: En fait, on a essayé de décortiquer le
pourquoi des disparités. On est allés chercher les postes
budgétaires les plus importants. On a Identifié la masse
salariale, le logement et la nourriture. Donc, pour la masse salariale, comme
on l'a expliqué, dans le fond, si le gouvernement subventionne de
façon équitable toutes les garderies, les garderies vont toutes
avoir les moyens de pouvoir donner des salaires décents à leurs
travailleurs. S'il y a des disparités qui sont dues aux régions,
à ce moment-là, on considère que le salaire des parents
vivant dans ces régions va aller en fonction finalement des salaires des
éducateurs et des éducatrices.
Pour le logement, vous connaissez, disons, notre analyse et
ce qu'on demande. Pour la nourriture, je pense que ce qu'on a identifié,
c'est que les disparités à cet égard, elles, vont
être dues à un contexte régional. Alors, è ce
moment-là, je pense qu'on ne peut pas sa cacher qu'effectivement, quand
on parle de régions comme les îles-de-la-Madeleine ou certaines
régions éloignées de Gaspésie, les frais de
nourriture sont très élevés, sont beaucoup plus
élevés que, par exemple, dans des régions comme
Montréal ou Québec. À ce moment-ià, je pense que,
pour justement rendre cela plus équitable, pour réussir à
amoindrir ces disparités, si on avait une subvention de 0,50 $ de plus
pour ces régions éloignées désignées, par
enfant, par jour, on se basait un peu en analysant.. Ce qu'on a fait c'est, je
pense, que ce qui est proposé pour le budget de nourriture, c'est de
figurer 1,25 $ par enfant par jour quand on compte notre budget. On se disait
que 0,50 $ ça serait quand même réaliste pour aider ces
régions.
À ce moment-là, je faisais
référence aux
régions éloignées
désignées qui ont été déterminées par
le ministère du Revenu du Québec parce que, cette armée,
lI y a une mesure relative aux Impôts provinciaux pour pouvoir avoir une
déduction pour les habitants de régions éloignées
désignées. Donc, Je pense qu'il y a déjà une liste
qui a été établie. Il s'agît de voir si vous
êtes d'accord avec cet égard. Mais Il n'y aurait peut-être
pas un travail énorme à faire à ce niveau. Je pense que,
finalement, ça pourrait aider à amoindrir les disparités
entre garderies.
Mme Gagnon-Tremblay: SI Je comprends bien, lorsque vous parlez de
régions éloignées, en termes de nourriture, ça peut
coûter plus. Il y a peut-être aussi du travail plus saisonnier ou
des choses comme ça. En termes de loyer, par contre, ça peut
coûter plus cher dans la ville de Montréal qu'ailleurs.
Mme Durand: C'est ça. C'est pour ça que les 0,50 $
pour nous, c'était vraiment pour la nourriture. Pour le logement, on
axait plus notre demande vers une augmentation du maximum de subvention de
logement de 6000 $ pour la porter à 15 000 $. Finalement, ça
reconnaît un loyer de 30 000 $. Si on considère le montant de 9000
$ qui est présentement applicable et qui serait complètement
abandonné, si on change le mode de financement, on estime un loyer
annuel de 18 000 $ qui donne une subvention maximum de 9000 $, alors que 18 000
$ de loyer pour certaines garderies, c'est beaucoup. Mais il y a
déjà beaucoup de garderies qui paient beaucoup plus cher que
ça. Nous, on paie autour de 30 000 $ de loyer par année. (22
heures)
Mme Gagnon-Tremblay: À la page 5 de votre mémoire,
vous mentionnez la non-indexation des subventions spéciales. Je sais,
par exemple, que vous prônez l'indexation des subventions qui sont
déjà mentionnées dans l'énoncé de politique.
Mais, lorsque vous dites non-indexation des subventions spéciales,
j'imagine que ce sont toutes celles auxquelles vous faisiez
référence tout à l'heure.
Mme Durand: Je vais vous expliquer. Ce qu'on a fait, c'est qu'on
a Identifié par des numéros les problèmes qui ont
été soulevés en page 61 et 62. Par la suite, on a comme
mis une petite phrase pour résumer le problème. Donc, quand on
parle de non-indexation des subventions spéciales, ce n'est pas une
recommandation, c'est tout simplement qu'on interprétait, on
résumait un petit bout du paragraphe qui dit: "De plus, les subventions
spéciales..." C'est tiré directement de l'énoncé et
la non-Indexation des subventions spéciales, c'est tout simplement comme
pour titrer ce fameux paragraphe. Ce n'est pas du tout une recommandation.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous indexons la subvention aux poupons.
Mme Durand: Oui, c'est cela. C'est justement On dit que... Je
pense que notre recommandation, en fait..
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Durand: ...c'est: II n'y a pas de problème,
l'indexation fait partis de vos politique et on est entièrement d'accord
avec cela
Le Président (M. Thuringer): Compte tenu de l'heure,
est-ce que je peux avoir le consentement pour continuer les travaux?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président Pas de
problème. C'est terminé. Parfait. Merci, madame.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel): Merci. Je comprends, Mme Durand, que vous êtes
à la direction de la garderie Patapouf?
Mme Durand: Je suis trésorièrs du conseil
d'administration de la garderie depuis déjà deux ans.
Mme Harel: Et vous êtes parent là-bas? Mme Durand:
Je suis parent, oui.
Mme Harel: Mme Lajoie et Mme Hamel, vous êtes du conseil
d'administration également?
Mme Hamel: Je suis la coordonnatrice, donc employée de la
garderie au conseil d'administration.
Mme Harel: D'accord. Vous êtes au coin de la Petite
Bourgogne et Saint-Henri, c'est ça?
Mme Durand: C'est ça.
Mme Harel: Vous parliez d'un nombre d'enfants, rappelez-moi
combien.
Mme Hamel: C'est 59 au permis... Mme Harel: C'est 59 au
permis.
Mme Hamel: ...dont dix poupons au permis, mais nous en recevons
huit
Mme Harel: Oui, j'ai vu d'ailleurs que, concernant les poupons,
il y a une demande considérable. Je crois que c'est à la page 16
de votre mémoire. Vous dites: "À Patapouf, pour huit places de
poupons disponibles, nous avons plus de 50 familles en attente et, bien
souvent, dès les premiers mois de grossesse. Les chances d'avoir une
place en pouponnière sont donc très
minces." Alors, il y a quand même encore des enfants
qui se font à Saint-Henri?
Mme Hamel: Oui, beaucoup.
Mme Harel: Selon vous, il y a une rareté des places de
poupons présentement?
Mme Hamel: Je pense que le besoin urgent de pouponnières
est évident. Si on se fie à la liste d'attente et aux nombreux
appels pour lesquels je dois refuser, parce que, lorsque je dis aux femmes,
alors que leur grossesse est de deux ou trois mois, que les chances d'avoir une
place d'ici un an sont Inexistantes, je pense que le besoin est très
urgent
Mme Harel: La majorité des parents des enfants qui sont
à Patapouf travaillent tous les deux à l'extérieur
à plein temps ou un étudie, l'autre travaille ou... Quel est le
pourcentage du taux d'activité des parents?
Mme Hamel: Je dirais que c'est un mélange d'un petit peu
toutes les situations. On a 55 % des parents qui reçoivent l'aide
financière. Lorsqu'ils reçoivent l'aide financière, c'est
le montant maximum, sauf deux ou trois familles qui sont dans l'échelon.
C'est soit à cause d'un retour aux études, soit parce que les
deux parents travaillent ou que l'un des deux étudie et l'autre
travaille, enfin, toutes les situations sont possibles. Nous recevons aussi des
enfants de familles monoparentales dont la mère reçoit des
prestations d'aide sociale, des enfants recommandés par le CLSC
Saint-Henri. Je pense que le portrait est un peu...
Mme Harel: À la page 3 de votre nouveau mémoire,
vous nous dites que tous les enfants ont droit à des services de garde
de qualité, sans tenir compte de la capacité de payer de leurs
parents. etes-vous informés du fait qu'il y a actuellement à
l'étude, à l'Office des services de garde, la possibilité
d'exclure les enfants des parents bénéficiaires d'aide sociale,
qui ne participeraient pas à des mesures d'employabillté, de
cette ressource de garde?
Mme Hamel: Oui, nous sommes au courant. On ne l'a peut-être
pas survolé, étant donné qu'il n'en est pas fait mention
dans l'énoncé de politique. Le parrain de la garderie est
majoritairement le CLSC Saint-Henri qui a permis au groupe promoteur de faire
les démarches. Et je pense que, dans le millieu, c'est la consternation.
Les garderies ont un rôle de prévention à jouer et je crois
que, pour les familles qui reçoivent des prestations d'aide sociale,
qu'elles soient employables ou non, ça ne concerne pas l'enfant.
L'enfant a droit à son plein potentiel de développement et
à un milieu de vie qui lui permette de s'intégrer et
peut-être de briser le cercle vicieux des familles
défavorisées.
Mme Harel: Je suis vraiment contente de vous entendre. Mme la
ministre nous a dit, entre autres, comme facteurs explicatifs d'une
décision qui n'est pas prise encore, mais qui est à
l'étude, qu'il y en a si peu, de toute façon, d'enfants dont les
parents sont au maximum de l'exonération, que s'il n'y en avait pas,
ça ne changerait pas grand chose. Alors, S ne semble pas que ce soit le
cas chez vous, à Saint-Henri.
Mme Hamel: Pas du tout Je crois, c'est certain, que le tableau
peut être différent de région en région, de quartier
en quartier, mais je ne pense pas qu'on puisse généraliser sur
l'aspect de cette étude.
Mme Harel:: Le Conseil des affaires sociales a publié,
paraît-il, une étude dont tous les médias ont parié
toute la journée on a passé la journée ici en commission
qui s'intitule "Deux Québec dans un" et qui révélerait
que, contrairement à l'image qu'on s'en fait, ce ne sont pas les
régions contre Montréal, en termes de développement, mais
certains quartiers de Montréal qui sont dans la même situation que
l'est l'arrière-pays de certaines capitales régionales en termes
de sous-développement, un sous-développement que tous les
indicateurs utilisés par le Conseil des affaires sociales
évalueraient comme étant vraiment en voie de
désintégration, tandis que d'autres milieux - encore une fois,
ça transgresse complètement les idées reçues
c'est-à-dire que les banlieues autour d'une vie comme Montréal et
les capitales comme Sherbrooke, Chicoutiml et Rimouski connaîtraient un
taux de développement démographique, économique, social et
culturel qui les projetteraient en pleine croissance. Comme si on avait deux
Québec: un qui s'enfonce et qui fait quand même 42 % de la
population et l'autre qui est en pleins progression et qui est train d'oublier
complètement l'autre moitié du Québec qui est à se
désintégrer. Je ne sais pas quelle est la réalité
que vous vivez à Saint-Henri, si elle ressemble un peu à celle
que je vis dans le bas de la ville, dans Hochelaga-Maisonneuve. J'ai parfois
l'impression qu'on est assez cousins que cela se ressemble beaucoup. Vous
enjoignez la ministre dans votre mémoire à ne pas financer le
réseau de garde à but lucratif. Vous dites, à la page 15:
"...comment l'Office des services de garde à l'enfance, dont les agents
de liaison et les quelques Inspecteurs semblent déjà bien
débordés, pourra-t-il vérifier que le comité
consultatif de parents des garderies à but lucratif est bien vivant et
fonctionnel?" Puisque c'est là le mécanisme qui va permettre de
justifier l'octroi de subventions. Est-ce qu'il y a des garderies à but
lucratif dans votre secteur, à votre connaissance? Est-ce que vous
entretenez des relations? Est-ce que vous avez connaissance de telles
garderies?
Mme Hamel: Évidemment, dans les quartiers
Saint-Henri et Petite Bourgogne, il n'y a aucune garderie à but
lucratif, à but commercial. Je pense que la clientèle pouvant se
permettre ce type de garderie, ce n'est pas è Saint-Henri, ce n'est pas
à Petite Bourgogne qu'on la trouve. C'est effectivement en banlieue.
Donc, je ne vote pas l'intérêt pour une propriétaire
d'aller installer une garderie à but commercial dans ce
quartier-là.
Mme Harel: Vous me faites penser que c'est la môme chose
dans Hochelaga-Maisonneuve. Quel est le tarif actuellement en vigueur dans la
garderie?
Mme Hamel: Présentement, à la garderie
Patapouf, c'est 16,50 $ par jour. Pour les deux autres garderies
francophones, on a 0,50 $ de différence en moins ou on est
égal.
Mme Harel: Le taux d'occupation est autour de combien à
peu près?
Mme Hamel: Si on excepte les périodes où on diminue
le ratio d'un groupe pour permettre, par exemple, è l'éducatrice
de souffler, parce que, souvent étant dans un milieu plus
défavorisé, on peut recevoir des enfants qui ne sont pas
identifiés comme enfants handicapés sur le plan médical ou
qui sont suivis par des thérapeutes ou quoi que ce soit, mais qui ont
des difficultés de développement, de socialisation, de
psychologie. Donc, pour laisser souffler et le groupe d'enfants et
l'éducatrice, on peut se permettre quelques semaines avec un enfant de
moins dans le groupe. Mais Je dirais qu'on peut jouer facilement autour de 85 %
à 87 %, si ce n'est pas plus. On n'a pas fait le calcul exact.
Mme Harel: On me dit que mon temps est déjà
écoulé. Vous terminez notre journée. Cela a
été Intéressant du début à la fin. Je vous
remercie de votre présence.
Le Président (M. Thuringer): Mme la ministre, en
conclusion?
Mme Gagnon-Tremblay: En conclusion, je tiens à vous
remercier, mesdames, parce que vous avez un mémoire qui est
intéressant, et je pense qu'il y a des pistes Intéressantes
à scruter d'ici la fin de la commission parlementaire. Je vous remercie
beaucoup de vos recommandations.
Mme Hamel: Merci.
Le Président (M. Thuringer): Merci et bon retour. La
commission ajourne ses travaux à 10 heures demain matin, à la
même salle. Bonne nuit.
(Fin de la séance à 22 h 11)