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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Poulin): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales...
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Poulin): Un instant, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à une consultation générale et de tenir
des auditions publiques afin d'étudier l'Énoncé de
politique sur les services de garde à l'enfance" déposé
à l'Assemblée nationale le 24 novembre 1988.
Y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gervais
(L'Assomption) sera remplacé par M. Cannon (La Peltrie); M. Joly (Fabre)
par M. Poulin (Chauveau).
Le Président (M. Poulin): Merci. Je vais rappeler l'agenda
d'aujourd'hui. À 10 heures, le Regroupement des garderies sans but
lucratif de l'Outaouais; à 11 heures, le Regroupement des garderies sans
but lucratif de la région 01; à midi, l'Administration
régionale Kativik; cet après-midi, à compter de 14 h 30,
le Conseil du patronat du Québec; à 15 h 30, l'Association des
garderies sans but lucratif de la région 04; à 16 h 30, le
Regroupement des garderies sans but lucratif du Montréal
métropolitain; à 17 h 30, le Regroupement des garderies sans but
lucratif de la Montérégie.
Donc, j'inviterais à prendre place...
Mme Harel: M. le Président... Le Président (M.
Poulin): Oui.
Mise au point sur la date d'application et le coût de la nouvelle
politique
Mme Harel: ...si vous me le permettez et si la ministre est
consentante, avant que nous entendions le groupe, je souhaiterais qu'il y ait
une mise au point sur la manchette du journal Le Soleil, à savoir que la
nouvelle politique sur les garderies était reportée. L'article
émet l'affirmation que la mise en application est reportée au
milieu de l'été, probablement à la fin de juillet ou au
début d'août, et qu'entre-temps les services seront assujettis
à des mesures transitoires. Alors, comme c'est une information qui
concerne certainement au premier chef l'ensemble du milieu des services de
garde, j'aimerais savoir en quoi consisteront ces mesures transitoires.
Mme Gagnon-Tremblay: Je remercie Mme la députée de
Maisonneuve de m'offrir l'occasion de donner un peu d'éclairage sur ce
dossier. Ce que j'ai mentionné hier, c'est qu'il n'est nullement
question que la politique soit retardée. La seule chose porte sur sa
mise en application. Quand on sait, par exemple, que cela demande des efforts
inouïs, que ce soit au niveau technique ou informatique, ainsi qu'en ce
qui concerne le soutien et les ressources humaines, pour mettre en application
un tel programme, à ce moment-là, on ne peut pas penser à
modifier un programme informatique avant quelques mois. Par contre, il faut,
tout de même, entendre ici les intervenants du milieu avant de
décider quoi que ce soit et de commencer à mettre en application
certains programmes. Ce qui a été convenu avec l'Office des
services de garde à l'enfance, c'est que l'office est à
étudier actuellement différentes mesures transitoires qui
pourraient être apportées avec un effet rétroactif au 1er
avril dans le but d'accorder le plus rapidement possible des sommes soit aux
garderies ou soit aux parents d'ici à ce que la mise en application de
la politique soit possible. Il n'est nullement question de la retarder, comme
telle.
Mme Harel: Est-ce qu'il est exact qu'elle serait reportée
au début d'août comme on le mentionne?
Mme Gagnon-Tremblay: Elle n'est pas reportée. Tout
simplement, il nous faut, quand même, un certain temps pour pouvoir
modifier les programmes informatiques après la tenue de cette commission
parlementaire. On sait que ces programmes informatiques relèvent du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu;
alors, il faut qu'il les modifie de fond en comble selon les changements qui
seront apportés. À ce moment-là, ça peut prendre
quand même un certain temps. C'est un délai que je ne suis pas en
mesure d'identifier. C'est pourquoi l'Office des services de garde à
l'enfance prépare et travaille actuellement sur des mesures transitoires
rétroactives.
Mme Harel: Évidemment, comme c'est au 1er avril que les
nouvelles mesures devraient être mises en vigueur, quand devons-nous nous
attendre à être mis au courant de ces mesures transitoires?
Mme Gagnon-Tremblay: À la fin de la commission
parlementaire, dépendamment des modifications qui seront
apportées à la politique à la suite des discussions que
nous aurons à cette commission parlementaire.
Mme Harel: À la fin, le 8 mars?
Mme Gagnon-Tremblay: J'entends par cela peut-être une
semaine ou deux après la commission parlementaire dépendamment,
s'il y a modification ou non.
Mme Harel: Une dernière question. Le Journal de
Québec - je crois qu'il faut ou bien que la ministre rectifie parce
qu'elle a été mal citée ou bien qu'elle dépose des
chiffres - parle d'un ajout de 96 000 000 $ pour les deux prochaines
années. En fait, on impute à la ministre d'estimer que les
demandes des regroupements des services de garde commandent l'ajout de 96 000
000 $ pour les deux prochaines années. Est-ce là un calcul?
Évidemment, on sait très bien que ces demandes commandent un
ajout de 20 000 000 $ pour la prochaine année. Alors, est-ce qu'il y a
des nouveaux chiffres? D'où viennent ces 96 000 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, oui, c'est un calcul qui a
été fait. La demande n'est pas de 20 000 000 $, mais de 30 000
000 $. Lorsqu'on parle de 20 000 000 $, c'est parce que, dans les 43 000 000 $
qui sont ajoutés ou que le gouvernement propose aux groupes, il y a
déjà 10 000 000 $ qui étaient prévus. Cela signifie
que les 30 000 000 $... Si, par exemple, l'an prochain on augmente encore -
cette année, on passe de 4,50 $ à 9 $, selon la demande - et que
ces 9 $ deviennent 13,50 $, avec la récurrence, cela triple
pratiquement. Finalement, c'est là qu'on arrive à tout
près de 96 000 000 $.
Mme Harel: II faut être bien clair. Vous nous dites que la
demande est de 20 000 000 $ en sus des 10 000 000 $.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. C'est cela. Mme Harel: En sus.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que, de 4,50 $à9
$, il s'agit de 30 000 000 $.
Mme Harel: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a déjà 10 000 000
$...
Mme Harel: Comme il y a déjà 10 000 000 $...
Mme Gagnon-Tremblay: ...de prévus dans les 43 000 000
$.
Mme Harel: Donc, c'est 20 000 000 $ en sus pour l'année
1989.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est cela. Si je prends ces 30 000 000
$ et que j'ajoute encore 4,50 $ l'an prochain, cela signifie que cela triple
pratiquement. Et c'est là qu'on arrive...
Mme Harel: Quel montant de base est triplé?
Mme Gagnon-Tremblay: Les 30 000 000 $ deviennent tout près
de 96 000 000 $, 95 900 000 $.
Mme Harel: Oui, mais en prenant en considération que, dans
les 30 000 000 $, vous avez déjà 10 000 000 $ de
prévus.
Mme Gagnon-Tremblay: Si je calcule les sommes qui sont
déjà prévues dans les 43 000 000 $, on arrive à peu
près à 83 000 000 $.
Mme Harel: Est-ce qu'il est possible d'obtenir ces chiffres? Vous
savez, on ne peut pas jouer à la prestidigitation avec des chiffres
comme ceux-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas les chiffres exacts en main.
C'est une estimation du Conseil du trésor.
Mme Harel: L'estimation repose donc... Vous nous dites que, sans
tenir compte de ce qui est déjà prévu, cela
coûterait 83 000 000 $...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela. Mme Harel: ...pour trois ans.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela.
Mme Harel: Pour deux ans ou pour trois ans?
Mme Gagnon-Tremblay: Pour 1990-1991. C'est cela. Lorsqu'on
ajouterait les derniers 4,50 $, c'est-à-dire lorsqu'on serait rendus
à une subvention de fonctionnement de 13,50 $.
Mme Harel: À 13,50 $, à la fin de l'année
1991...
Mme Gagnon-Tremblay: 1991, c'est cela.
Mme Harel: ...il y aurait eu, en deux années, 83 000 000
$.
Mme Gagnon-Tremblay: Non. C'est-à-dire qu'il y aurait eu,
en tout, pour l'an 1 et l'an 2...
Mme Harel: Oui. En deux années... Mme Gagnon-Tremblay: En
deux années... Mme Harel: ...il y aurait eu 83 000 000 $... Mme
Gagnon-Tremblay: ...83 000 000 $. Mme Harel: ...d'ajout.
Mme Gagnon-Tremblay: D'ajout, à l'exception de ce qui est
déjà prévu. Il y a 10 000 000 $ qui sont
déjà prévus.
Mme Harel: Là, il faut être bien clair. Nous aussi,
nous allons vérifier les chiffres. Cela semble absolument
exorbitant...
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, c'est...
Mme Harel: ...compte tenu du fait qu'en deux années 20 000
000 $ de plus donneraient 83 000 000 $.
Mme Gagnon-Tremblay: Parce qu'il nous faut calculer le
développement aussi. Il faut calculer que les nouvelles garderies qui
s'ajouteront, par exemple au cours de ces deux années, seront
admissibles à la même subvention. C'est pour ça que le
montant triple.
Mme Harel: Si on ne veut pas jouer à la cachette avec les
choix budgétaires que le gouvernement a à faire et que la
société doit connaître, je crois que les estimations
devraient être mises à la disposition du secrétariat de la
commission et qu'on devrait pouvoir les étudier. Est-ce que la ministre
y consent?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais contacter le
Conseil du trésor qui nous a soumis ces chiffres et je pourrai
vous donner une réponse, peut-être cet après-midi.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que ça va? Mme
Harel: Oui. Merci, M. le Président. Auditions
Le Président (M. Poulin): Avant de commencer, je voudrais
rappeler aux groupes qu'ils ont 60 minutes, dont 20 minutes pour la
présentation du mémoire et 40 minutes pour les discussions avec
les membres de la commission.
J'inviterais le premier groupe, le Regroupement des garderies sans but
lucratif de l'Outaouals, à prendre place, s'il vous plaît. Je
demanderais au président ou à la présidente de
présenter son groupe, les gens qui l'accompagnent.
Regroupement des garderies sans but lucratif de l'Outaouais
Mme Cantin (Sylvie): Bonjour. Mon nom est Sylvie Cantin. Je suis
parent de deux enfants qui vont dans une garderie sans but lucratif de la
région de l'Outaouais. Je suis aussi membre du conseil d'administration
de cette garderie depuis trois ans, dont deux ans à titre de
présidente. On est trois personne ici, naturellement; il y a Brigitte
Gauthier-Éthier, qui est éducatrice dans une garderie, et Claude
Chênevert, qui est directeur d'une troisième garderie. On vient de
trois garderies différentes.
Le Regroupement des garderies sans but lucratif de l'Outaouais compte 18
garderies membres. De ces garderies, on en a un peu de toutes les sortes. On a
des garderies en milieu de travail, des garderies de quartier, des garderies
plus communautaires ou qui sont dans des milieux plus favorisés; donc,
c'est assez varié.
On n'a pas essayé d'analyser la politique dans son ensemble; on
voit plus, naturellement, le point de vue des garderies. Ce qu'on voudrait
présenter, c'est un point de vue plus concret, au jour le jour, dans la
gestion d'une garderie, quels sont les problèmes auxquels on a à
faire face et comment on voit que l'énoncé de politique pourrait
résoudre ou ne pas résoudre ces problèmes qu'on a.
On sait qu'il y a d'autres groupes qui font des analyses plus en
détail de tous les aspects, comme la CIRGQ, la CSN ou d'autres groupes.
S'il y a des questions par rapport à ça, ça va nous faire
plaisir d'y répondre à la fin. (10 h 30)
On veut mettre l'accent sur la réalité quotidienne des
garderies parce que c'est de là que ça part, finalement. C'est
là que les problèmes sont vécus et c'est ce que la
politique, plus que les principes, doit résoudre dans la
réalité quotidienne. Nous voudrions commencer par regarder le
portrait de la situation dans la région, parce que nous croyons que
l'énoncé de politique sous-évalue un peu ou
surévalue la situation financière. On croit qu'il y a des
problèmes qui ne sont pas assez bien décrits.
On sait que, depuis le début des années 1980, les
dépenses ont augmenté beaucoup plus vite que les subventions.
Donc, ce sont les parents qui ont dû combler le manque dans toutes les
garderies, soit en faisant du bénévolat, genre faire le
ménage, peinturer ou faire les réparations dans les garderies,
mais surtout parce que les frais de garde ont augmenté
énormément depuis ce temps-là. Si on regarde les garderies
dans la région - et je crois que c'est à peu près la
même chose partout -llyade25%à30% de nos revenus qui viennent des
subventions de l'Office des services de garde à l'enfance et de 70 %
à 75 % qui viennent des frais de garde payés par les parents. Au
chapitre des dépenses, 80 % à 85 % vont pour la masse salariale,
alors que de 15 % à 20 % vont pour les autres dépenses:
hypothèques, assurances, nourriture, matériel éducatif,
tout ce dont la garderie a besoin. Il y a donc un lien très direct entre
ce que les parents payent et les conditions salariales qu'on peut offrir aux
employés. Et c'est naturellement un point critique là-dedans,
c'est-à-dire qu'il y a un équilibre qui doit se faire
naturellement entre les frais de garde et les conditions salariales des
employés dans la réalité des garderies. Cela amène
aussi des situations difficiles quand c'est le temps de négocier des
conventions collectives
ou quand c'est le temps d'améliorer les salaires des
employés parce que les parents sont pris là-dedans.
Quant aux conditions de travail, à peu près tous les
organismes reconnaissent que les éduca-trices en garderie doivent
être reconnues, doivent avoir une formation, qu'elles sont
extrêmement Importantes, qu'elles sont des professionnelles de la petite
enfance et, en fait, on a beaucoup de ratios à respecter dans ce
sens-là. Pour que la garderie soit éducative et de
qualité, il faut qu'il y ait un certain nombre d'employées avec
diplôme. La qualité des services de garde passe par les
employées; il est donc Important qu'elles soient formées.
Un point qu'on voudrait soulever là-dedans, c'est la
stabilité des employées, point dont on ne parle pas tellement
souvent. Mais ce que nous remarquons dans la région, c'est qu'il y a
plusieurs employées qui quittent après quelques années,
trois ou quatre ans de travail dans les garderies, parce que c'est du travail
exigeant et essoufflant et qu'elles n'ont pas des conditions salariales
élevées. Dans la région de l'Outaouais, on a à
faire face à un problème particulier parce qu'on est juste
à la frontière de l'Ontario et, en Ontario, les conditions
salariales pour les employées en garderie sont plus
élevées et cela draine donc une partie de nos éducatrices.
On vit une situation frontalière et c'est la même chose dans
plusieurs autres domaines dans l'Outaouais, mais, dans le domaine des
garderies, c'est effectivement un problème qu'on doit
reconnaître.
Relativement aux conditions de travail, on reconnaît que les
employées sont Importantes et qu'elles doivent avoir des qualifications
et les qualités requises, mais on ne peut pas leur donner les conditions
salariales qui vont avec. SI on prend la région de l'Outaouais, pour
l'ensemble des garderies, une éducatrice ayant un diplôme
d'études collégiales en techniques de garderie et quatre ans
d'expérience va gagner en moyenne 9,21 $ l'heure, soit un salaire annuel
d'environ 16 600 $, ce qui est très très faible. On parle souvent
des éducatrices, mais on ne parle pas souvent des directrices ou des
directeurs en garderie. Aux directrices, on demande souvent un diplôme
reconnu, un nombre appréciable d'années d'expérience en
garderie, comme cinq ans, et une formation supplémentaire en gestion, et
on les paie de 20 000 $ à 25 000 $. C'est donc difficile de s'assurer
une stabilité à ce chapitre. Cela change assez souvent.
Des études ont été faites pour comparer un peu les
salaires des employées en garderie. Le travail d'éducatrices en
garderie peut être comparé à celui d'éducatrices
spécialisées dans des centres d'accueil. Pour la même
formation et le même nombre d'années d'expérience - je
parle toujours d'un diplôme d'études collégiales avec
quatre ans d'expérience - des éducatrices
spécialisées vont gagner 14 $ l'heure par rapport à 9 $
l'heure en garderie. Les travailleurs en garderie sont donc vraiment
sous-payés. La même chose pour les directrices. L'emploi qui a
servi de comparaison, c'est celui d'animateur pédagogique dans les
universités, qui a sensiblement les mêmes tâches au point de
vue pédagogique et au point de vue de la gestion et qui gagne environ 30
000 $ ou 34 000 $ par année comparativement à 20 000 $ ou 25 000
$ en garderie. Le problème des employés sous-payés en
garderie est vraiment important et II faut penser à faire quelque chose
pour ça.
En conclusion, le réseau des garderies s'est construit,
justement, sur le dos des employés. Ce sont les employés, par les
paiements minimaux qu'on leur donne, qui supportent ce réseau et on en
met tout le fardeau sur eux. Presque tout le monde reconnaît ce
problème, mais ce qui arrive, c'est que ce sont les parents membres des
conseils d'administration des garderies qui ont à résoudre le
problème parce que, quand nous arrivons aux conventions, aux
négociations ou à engager du nouveau personnel ou quand notre
personnel part, qu'on doit voir à le renouveler, c'est nous qui devons
faire face à la situation et dire: Qu'est-ce qu'on fait avec ça?
C'est là qu'on arrive vraiment dans une impasse importante. L'impasse
vient du fait qu'on surévalue la capacité de payer des parents.
Les parents sont rendus à un point où on ne peut pas leur
demander de payer plus.
Je crois vraiment qu'on est rendus comme à un point critique ou
à un seuil où, si on continue d'augmenter les frais de garde, on
s'en va vers une faillite ou à peu près. Dans la région de
l'Outaouais, on est trois garderies où les frais de garde varient de 75
$ à 85 $. Si on regarde les trois garderies qui ont des frais de garde
autour de 85 $, ce sont les garderies qui ont des places qu'elles ne
réussissent pas à combler, ce sont les garderies qui n'ont pas de
liste d'attente.
Donc, les 85 $ par semaine ou 17 $ par jour, c'est vraiment le point
limite. Quand tu vas plus loin que ça, d'accord tes frais de garde sont
plus élevés, mais tu ne réussis pas à combler tes
places parce que le bassin de population qui peut se payer ces frais de garde
n'est plus là; il diminue et tu te ramasses avec des places libres.
Donc, tes revenus n'augmentent pas. Je pense que c'est cette situation qu'il
est important de reconnaître, que les 85 $ sont le montant limite. En
tout cas, dans la région, toutes les places sont comblées dans
les garderies à 75 $ par semaine et elles ont leur liste d'attente. Les
garderies à 85 $ par semaine ont des places libres. C'est Important
d'analyser ça et de voir ce qu'on fait avec ça.
Les frais de garde étant élevés, ce sont seulement
les familles à revenu élevé qui peuvent se permettre de
payer ces montants. Il y a toute une série de programmes pour
subventionner les familles à faible revenu, mais il reste qu'il y a un
gros trou entre les deux. Il reste qu'il y a
toute une gamme de familles à revenu moyen qui ont des revenus
trop hauts pour avoir droit aux programmes d'exonération ou faire partie
de tous ces programmes et qui ne peuvent pas payer 85 $ par semaine. Si on
prend une famille de deux enfants, comme c'est mon cas, ça coûte
730 $ par mois de frais de garde. Cela veut dire que c'est plus que te montant
de l'hypothèque. C'est énorme comme montant à payer. Cela
revient à un peu plus que 8000 $ pour l'année.
Vraiment, la gamme de familles à revenus moyens ne peut pas payer
cela. On s'en va vers une situation où, les frais de garde augmentant,
les familles à faibles revenus qui peuvent y avoir accès restant
les mêmes et pour les familles à revenus élevés, la
limite étant toujours poussée, on se ramasse avec un bassin de
population qui diminue toujours pour avoir accès aux services de garde.
On s'en va vers une impasse.
Je pense que c'est critique de se rendre compte de ce point limite, que
les parents ne peuvent pas payer plus, globalement. On ne peut pas augmenter
les frais de garde pour l'ensemble des parents. Cela revient au problème
d'accessibilité. C'est important que les frais de garde soient
accessibles pour tous. On tient souvent pour acquis que les parents peuvent
continuer à payer plus, et ce n'est pas le cas. En
général, je dirais que c'est vrai qu'il y a certains parents qui
vont pouvoir payer plus, mais ça ne résout pas la question, parce
qu'on se ramasse avec trop peu de gens qui peuvent avoir accès aux
services de garde. J'ai l'impression que, dans tout le problème des
garderies, le défi, c'est de trouver une façon de rendre les
services de garde accessibles et de faire en sorte que les parents qui peuvent
payer plus paient plus, et que les parents qui peuvent payer moins paient
moins. C'est sûr que c'est utopique, que c'est l'idéal, mais il me
semble que c'est vers ça qu'on doit tendre ou qu'on doit essayer de se
diriger quand on essaie de trouver une solution.
J'ai l'impression que l'énoncé de politique fait le
contraire de ça parce qu'en subventionnant les garderies selon les
revenus qu'elles ont, cela veut dire que les garderies qui demandent plus cher
de frais de garde vont recevoir plus de subventions. Donc, avec
l'énoncé de politique, on se trouve à subventionner les
parents qui peuvent payer plus cher, au lieu de subventionner, tout le groupe
de parents qui ne peut pas aller dans les garderies ou dans les services
gérés et qui va aller dans des services non régis parce
que c'est ceux-là qui coûtent moins cher. Finalement, on ne fait
rien pour eux. En fait, si on continue à augmenter les frais de garde,
le réseau des garderies s'en va vers la faillite. On le voit
déjà un peu dans la région et je pense que c'est Important
de le reconnaître.
Un point que je voudrais mentionner, c'est qu'avec
l'énoncé de politique, une augmentation des subventions aurait
lieu. Nous, on a calculé, dans la région de l'Outaouais, que
ça signifierait entre 5000 $ et 10 000 $, pas plus, pour les garderies.
Donc, 5000 $ à 10 000 $ sur un budget d'à peu près 300 000
$, c'est 3 % d'augmentation. Ce n'est pas suffisant pour consolider le
réseau. Ce n'est pas suffisant pour aider à résoudre les
problèmes qu'on a.
J'ai des points que je n'ai pas mentionnés. En principe, pourquoi
est-on contre l'énoncé de politique ou le nouveau mode de
subvention, devrais-je dire? C'est que les subventions vont aux familles plus
riches, que ce n'est pas équitable pour les garderies qui sont plus
à tendance communautaire. Par exemple, une garderie qui veut faire plus
de travail communautaire comme les ménages, les réparations, pour
éviter d'augmenter les frais de garde, va être
pénalisée. En même temps, on veut que les parents soient
autonomes et responsables des enfants, mais on les force un peu à se
désengager parce que ce n'est d'aucune utilité de s'impliquer
dans les garderies.
On trouve que c'est un système qui va être plus difficile
à gérer aussi. C'est sûr que les premières
années, quand iI y a un changement, I y a toujours un branle-bas de
combat, mais même à long terme, c'est un système qui va
être plus difficile à gérer et pour les garderies et pour
l'Office des services de garde à l'enfance. On ne croit pas que c'est
nécessairement une bonne chose. On reconnaît, par contre...
Le Président (M. Poulin): II vous reste deux minutes. Si
vous voulez conclure, s'il vous plaît.
Mme Cantin: D'accord. On reconnaît, par contre, qu'il y a
deux points très positifs dans l'énoncé.
L'énoncé reconnaît la nécessité d'indexer les
subventions d'une façon. C'est important et essentiel, croit-on, que les
subventions soient indexées, que cela ne monte plus par sauts comme
jadis. Mais on n'a pas besoin d'aller dans un mode de financement comme
ça pour indexer. On peut indexer la subvention par place au permis.
C'est important.
L'autre point, la raison un peu pour laquelle on s'est dirigé,
à notre avis, vers un mode de subvention différent, c'est que
l'on voulait éviter qu'il n'y ait des places en garderie qui ne soient
pas comblées, mais qui soient subventionnées. En principe, on est
d'accord avec cela, sauf qu'encore là on dit: Si c'est le
problème et qu'on examine ce problème-là - je pourrais
peut-être y revenir à la période des questions pour
l'expliquer un peu - nos recommandations, en gros, c'est de retourner à
l'ancien mode de financement, c'est-à-dire une subvention de logement et
un montant par jour par place, d'indexer la subvention, ce qui est absolument
essentiel, et idéalement de doubler la subvention, un peu comme tout le
monde l'a demandé: les 9 $ par jour par place. On sait que ce sont des
montants énormes, mais on croit que, dans le cadre, entre autres, d'une
politique nataliste au Québec, c'est important qu'il y ait un
réseau de garderies bien fondé et que, si on construit
notre réseau sur du sable mouvant parce que les garderies ont
toujours des problèmes, cela ne sert à rien. Donc, il faut
vraiment consolider le réseau; c'est de là que cela part. Je vous
remercie de nous avoir entendus. (10 h 45)
Le Président (M. Poulin): Merci beaucoup, Mme Cantin. Mme
la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est mol qui vous remercie, Mme Cantin,
pour votre exposé. Vous avez dit tout à l'heure que, pour votre
garderie, entre autres, vous avez calculé que cela pourrait vous donner
pour l'an prochain entre 5000 $ et 10 000 $, ou dans votre région, je
n'ai pas trop saisi.
Mme Cantin: C'est pour les deux places.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que ce calcul a été
basé sur les revenus de 1987-1988 ou si c'est sur le revenu, par
exemple, de cette année 1989-1990?
Mme Cantin: De 1988-1989.
Mme Gagnon-Tremblay: De 1988-1989.
Mme Cantin: C'est cela, sur les prévisions que l'on fait,
comme on a déjà dix mois.
Mme Gagnon-Tremblay: Étant donné que c'est
basé, vous me dites, sur 1988-1989, est-ce qu'il y a eu une augmentation
de tarif entretemps ou quoi que ce soit? D'après vous, y a-t-il eu des
modifications de tarifs depuis?
Mme Cantin: Si je parle de notre garderie, l'augmentation de
tarif a eu lieu au 1er avril 1988. Donc, pour la période 1988-1989, il
n'y a pas eu d'autre augmentation.
Mme Gagnon-Tremblay: II n'y a pas eu d'autre augmentation.
Mme Cantin: Dans les autres garderies, je ne le sais pas.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Par contre, vous l'avez bien
mentionné tout à l'heure, le fait d'indexer aussi, c'est
sûr que la première année cela semble peut-être
être moindre, c'est 5000 $ ou 10 000 $, mais vous avez aussi parlé
de l'indexation qu'on n'avait pas auparavant et qui faisait que c'était
rigide, qu'on ne pouvait jamais suivre le coût de la vie, tandis que
là, finalement, les 5000 $ ou les 10 000 $ deviendront plus
considérables l'an prochain avec l'indexation au coût de la
vie.
Mme Cantin: D'accord. Il n'y aura plus d'augmentation, mais cela
va continuer, selon nous.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, ce qui arrive, c'est que ces 10
000 $ seront indexés automatiquement, selon l'énoncé de
politique. Donc, ce n'est peut-être pas considérable pour cette
année, mais cela va quand même augmenter dans les années
ultérieures.
Lorsque vous parlez des difficultés, je sais que dans votre
région vous avez certains problèmes à cause de la
frontière. Vous en parliez tout à l'heure concernant les
éducatrices, entre autres. Pour votre région, par exemple, vous
disiez tout à l'heure qu'à 75 $ par semaine c'était plus
facile. On voyait que les places étaient plus comblées et qu'on
avait des listes d'attente, alors qu'avec un tarif supérieur on n'en
avait pas. Finalement, pour vous, un tarif de 15 $ est-ce un tarif raisonnable?
C'est le tarif moyen actuellement. Est-ce que vous croyez que c'est un tarif
raisonnable ou si pour vous, malgré tout, ce tarif est encore trop
élevé?
Mme Cantin: Je dirais que même à 75 $ il y a un
grand nombre de familles qui ne peut pas se payer les services de garde,
à ce tarif.
Mme Gagnon-Tremblay: Même avec l'exonération
financière aux parents indexée et avec le surplus, la nouvelle
formule qui sera aussi une formule...
Mme Cantin: ...d'exonération.
Mme Gagnon-Tremblay: ...plus flexible, finalement, qui s'ajustera
au tarif. Il y a une formule de base, comme je le mentionnais, et la
différence pour s'ajuster au tarif. Nous avons pris peut-être un
modèle d'une quinzaine de garderies environ qui ont des tarifs variant
entre 16 $, 17 $ et 18 $. Il y en a même une qui est à 20 $. Nous
constatons que 60 % de cette clientèle sont admissibles à
l'exonération financière. Ce sont des tarifs, quand même,
assez considérables compte tenu du tarif moyen. Voici où je
voulais en venir, parce que je veux vraiment avoir votre point de vue sur cela;
je ne veux pas que vous vous sentiez piégée. Supposons que vous
avez un tarif de 18 $ actuellement, qui n'est pas le tarif moyen; c'est un
tarif très élevé comparativement au tarif moyen. Le but
visé par la subvention de "85 %", c'est qu'en allouant "85 %" à
ce tarif de 18 $ nous donnons à ce moment-là... C'est 45 %. Je ne
sais pas pourquoi ce matin je dis constamment 85 %. C'est peut-être ce
que le milieu souhaiterait. Si, par exemple, j'ai 45 % de la subvention,
ça suppose, à ce moment-là, que la garderie reçoit
plus d'argent, comme on subventionne vos revenus. Alors, la garderie
reçoit plus d'argent.
L'objectif que nous visions - et peut-être que, finalement, nous
n'avons pas raison; vous êtes ici pour nous le dire - est bien
intentionné, c'est que de cette façon, en donnant plus d'argent,
comme ce sont les parents qui gèrent et qui décident des tarifs,
nous nous disions:
Les parents n'auront pas besoin d'augmenter le tarif. Donc, ces
garderies, nous les stabilisons, nous espérons les stabiliser assez
longtemps à ces tarifs. Du fait que ce soit indexé, nous
espérons que nous n'aurons pas besoin d'augmentation de tarifs dans ce
secteur.
Mme Cantin: II ne sera pas indexé s'il n'y a pas
d'augmentation.
Mme Gagnon-Tremblay: Pardon?
Mme Cantin: S'il n'y a pas d'augmentation de tarif, il n'y aura
pas d'indexation vraiment.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est cela. C'est-à-dire qu'il y
a toujours quand même, indexation. C'est relié aux revenus, vous
avez raison. Si, par contre, c'est ce que nous identifions, ces 18 $, on n'aura
pas avantage à augmenter les tarifs parce que nous donnerons beaucoup
plus d'argent. Pour les tarifs, par exemple, de 15 $ c'est la même chose,
mais pour les tarifs en bas de 15 $, comme nous disions que c'était un
tarif moyen... Je pense que vous êtes d'accord avec mol pour dire que le
parent qui paie 11 $ ou celui qui paie 18 $, bien souvent, il n'a pas plus le
moyen. Celui qui paie 18 $, ce n'est pas parce qu'il est un parent riche, ce
n'est pas parce que c'est une garderie, non plus, qui a des surplus
accumulés. C'est parce que les besoins sont là et, si la garderie
exige ce tarif, c'est parce qu'elle a des dépenses en
conséquence.
Mme Cantin: C'est relié à la masse salariale.
Mme Gagnon-Tremblay: ' Pardon? Oui, c'est cela.
Mme Cantin: C'est très relié, finalement.
Mme Gagnon-Tremblay: On sait que la masse salariale
représente 80 %, par exemple, du budget de chacune des garderies. Par
contre - c'est ce que nous essayons d'éviter avec notre formule - nous
ne trouvons pas que c'est équitable pour un parent qui n'a pas plus les
moyens de payer 18 $ que 11 $, mais qui est obligé de payer ce montant
parce que c'est ce qu'on lui demande pour le service. C'est pour cela que, dans
notre formule, on dit: Celui qui paie 11 $ a peut-être un petit effort
à faire pour en arriver au tarif moyen, par exemple, de 15 $. En donnant
un surplus d'aide financière, on aide pour les années à
venir, ces parents qui auront à assumer cette augmentation et payer
entre 11 $ et 15 $, le tarif moyen. Donc, c'est pour rétrécir les
écarts de coût entre les parents et les garderies. Je ne sais pas,
on le voit ainsi.
Vous pensez que, malgré tout, on ne pourra pas
rétrécir ces écarts. C'est pourquoi on soumet cette
formule, c'est dans ce but. Je me dis:
Supposons qu'on accepte votre recommandation de, tout simplement,
hausser la formule actuelle, de laisser le système tel qu'il est
actuellement, à ce moment-là, les garderies recevront le
même montant selon le nombre de places, mais cet écart de
coût entre les parents et les garderies existera toujours. Avez-vous une
solution pour qu'on puisse réduire cet écart malgré
tout?
Le Président (M. Poulin): Mme Cantin.
Mme Cantin: Oui, vas-y. Je peux laisser Claude commencer.
Le Président (M. Poulin): Monsieur. Mme Cantin:
Chênevert.
M. Chênevert (Claude): D'accord. Je pense qu'on ne peut pas
vraiment répondre à la question. Des formules toutes faites ou
des solutions sous forme de recette qui régleraient rapidement, du jour
au lendemain, tous les problèmes, on n'en a pas à donner de
façon précise. Mais on doit au moins avoir comme point de
départ que, même à 15 $, par jour comme tarif moyen qu'il
serait souhaitable que tout le monde paie - disons-le comme cela - les
garderies n'arrivent pas. Dans la région de l'Ouatouais - si on veut
vous en donner le reflet - près de la moitié des garderies vont
faire des déficits cette année. Il n'y a pas une garderie qui a
un tarif plus bas que 15 $ par jour. Donc, le problème est
déjà là. Il y a déjà un problème de
sous-financement. Et c'est à partir de ce point qu'il faut envisager des
solutions. La question de réduire les écarts entre les
coûts assumés par les parents plus fortunés ou moins
fortunés, c'est un aspect du problème. Mais je pense que toute
analyse ou toute recherche de solution doit partir d'un constat de
sous-financement. Je pense qu'en constatant cela on oriente nos recherches vers
quelque chose qui est plus près de la solution de ce
problème.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous dites que plusieurs garderies feront un
déficit, cette année. Est-ce que vos conditions de travail sont
sensiblement les mêmes que celles qui sont reflétées dans
les autres milieux ou si, justement parce que vous êtes près de la
frontière et que vous perdez votre personnel, vous êtes
obligés de donner de meilleures conditions de travail? Est-ce que vos
conditions de travail sont meilleures que dans d'autres secteurs ou si elles
sont à peu près identiques?
M. Chênevert: Vous parlez d'autres secteurs
d'activités ou d'autres régions?
Mme Gagnon-Tremblay: Je parle des autres services des autres
régions. Je parie de toutes les autres régions du Québec.
Par exemple, on sait que le salaire moyen est de 8 $ à 8,31 $
dans les garderies sans but lucratif. Est-ce que c'est à peu
près votre salaire moyen ou si, à cause de cette proximité
de la frontière, vous êtes obligés de payer un salaire plus
élevé? Est-ce que votre salaire moyen est plus
élevé?
M. Cnênevert: Effectivement, la moyenne salariale dans les
garderies membres du regroupement était légèrement
supérieure à la moyenne provinciale. Sans doute que la
proximité avec l'Ontario contribue à expliquer cet écart,
mais il y a aussi... En tout cas, il y a de grandes fluctuations dans nos
garderies en ce qui concerne le taux horaire ou la masse salariale, qui peuvent
s'expliquer par le fait que, dans certaines garderies plus anciennes, la
majorité des employés se retrouvent dans la portion
supérieure de l'échelle salariale. Il y a des écarts comme
ceux-là qui s'expliquent. Mais môme dans les meilleures conditions
salariales de notre région, on reste quand môme en bas des
rémunérations qui sont offertes pour des emplois comparables. Je
dirais môme qu'on peut associer aux garderies déficitaires
certaines garderies qui ont à faire face à une masse salariale
importante, qu'elles justifient par la qualité du service et la
stabilité de leur personnel, bien entendu. Cela fait partie de la
problématique qui s'explique de diverses façons. Il n'y a pas une
cause à ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Je sais que mon collègue a une
question à poser, je vais lui passer la parole.
M. Latulippe: Oui. C'est en rapport avec le sous-financement.
Vous demandez à la ministre de doubler les subventions telles qu'elles
existent actuellement. Avec une demande d'une telle importance, le
problème ne date pas d'hier, j'imagine. Est-ce que c'est le constat que
vous faites?
M. Cnênevert: Tout à fait. C'est un problème
structurel de secteurs d'activités.
M. Latulippe: Vous nous avez dit aussi que, dès 1980, au
moment de la création de l'Office des services de garde à
l'enfance, déjà les dépenses augmentaient plus vite que
les subventions. Est-ce que vous nous diriez que le problème structurel
auquel vous faites référence remonte au début de la
création de l'Office des services de garde à l'enfance?
M. Cnênevert: En reliant ça à l'augmentation
des dépenses?
M. Latulippe: Non. Le problème de sous-financement
structurel que vous avez identifié, il y a quelques secondes, en
réponse à la question que je vous al posée, est-ce qu'il
remonte au début de la création de l'Office des services de garde
à l'enfance et qu'il s'est accumulé d'année en
année pour que vous en arriviez aujourd'hui à demander une telle
hausse de subvention?
Mme Cantin: Quand on parle de l'augmentation des dépenses,
qu'elles ont monté plus vite que l'augmentation des subventions, c'est
qu'au départ, quand le programme de subventions a été mis
sur pied, il s'agissait d'un montant qui n'était pas indexé.
C'est resté comme ça pendant un bout de temps, alors que les
dépenses augmentaient. Tout d'un coup, il y a eu une hausse et cela
continue. C'est ça qu'on veut dire quand on dit que les subventions ont
augmenté comme par paliers; je ne pourrais pas dire le nombre de fois
où elles ont augmenté de cette façon. En
général, on remarque que les dépenses ont augmenté
beaucoup plus que les subventions qui ont augmenté par coups.
M. Latulippe: Dès le début, ce problème
structurel existait, dès 1980, dès l'introduction du nouveau mode
de financement?
Mme Cantin: Je croirais que oui.
M. Chênevert: Je pourrais juste ajouter...
M. Latulippe: Maintenant...
M. Chênevert: Je m'excuse.
M. Latulippe: D'accord, allez-y. Excusez-moi.
Mme Cantin: Vas-y.
M. Chênevert: Je pense que, si on se reporte à
l'implantation de tout le système tel qu'on le connaît
aujourd'hui, à l'époque, lors de la période de transition,
lorsque l'Office des services de garde à l'enfance a été
mis sur pied et que le programme de subventions est apparu tout à coup,
les gens qui étaient là auparavant, lorsque le réseau
n'était môme pas en place, ont vu l'apparition des subventions
comme un boni Incroyable. C'est dommage qu'après avoir mis le
système sur pied - c'était une très bonne chose à
ce moment-là de reconnaître qu'il y avait un besoin de soutien -
par la suite, la reconnaissance des vrais besoins des services de garde n'a pas
été constante, c'est-à-dire que cela a été
obtenu à coups de gains et de requêtes incessantes du milieu.
M. Latulippe: Le problème de l'insuffisance des conditions
de travail...
Le Président (M. Cannon): Je m'excuse, M. le
député de Chambly...
M. Latulippe: D'accord.
Le Président (M. Cannon): ...on m'indique que le temps
réservé...
M. Latulippe: D'accord.
Le Président (M. Cannon): ...au groupe ministériel est
maintenant écoulé. Donc, je cède la parole à Mme la
députée de Maisonneuve. (11 heures)
Mme Harel: Merci, M. le Président. Alors, je veux saluer
les porte-parole du Regroupement des garderies sans but lucratif de
l'Outaouais. Cela fait déjà deux jours que nos travaux sont
commencés. Effectivement, à l'occasion de la lecture de votre
mémoire, de nouvelles questions ont été soulevées
dans mon esprit à l'égard de la formule de financement qui est
préconisée par la ministre.
Avant de vous les poser, j'aimerais revenir à la question du
sous-financement. J'aurai l'occasion, dès la reprise de nos travaux,
mardi prochain, de déposer, pour le bénéfice des membres
de la commission parlementaire, les pourcentages d'augmentation depuis dix ans
en matière de services de garde, donc de garde reconnue,
gérée par l'Office des services de garde à l'enfance. On
fera, évidemment, la même chose pour la garde scolaire, mais c'est
distinct, comme vous le savez, parce que cela relève d'un budget du
ministère de l'Éducation et non pas de l'Office des services de
garde à l'enfance.
Je constatais - c'est phénoménal, ce que l'informatique
peut nous permettre d'avoir comme vue d'ensemble - par exemple, qu'en 1982
jusqu'en 1985-1986, la moyenne d'augmentation du budget de l'office a
été de 22 %. Pour 1982-1983, 22,6 %; pour 1983-1984, 18 %; pour
1984-1985, 17,9 % et, pour 1985-1986, 32,6 %; le total étant de 22 %,
dans une période - il ne faut quand même pas l'oublier, parce que
tout cela n'est pas innocent - particulièrement en 1982-1983, où
les taux d'intérêt ont été autour des 21 % et de 22
%. Dans mon comté, les gens me disaient que c'étaient les banques
qui faisaient du "shylock", que ce n'étaient plus seulement les
"shylock" du port de Montréal. Les dépenses ont terriblement
augmenté, c'est sûr, à cette époque-là parce
qu'on sait que tous les frais fixes ont augmenté durant cette
période à cause du taux d'inflation. Je pense que vos loyers ont
beaucoup augmenté. Il demeure que, durant cette période, l'effort
consenti par l'État a été en moyenne de 22 %
d'augmentation du budget chaque année.
Pour les années qui suivent, 1986-1987, 1987-1988, 1988-1989,
donc les trois années de croissance économique, où on a vu
un ministre des Finances nous dire qu'on était dans des années de
vaches grasses, alors la moyenne est de 12 %. Soit, en 1986-1987, de 12,9 %, en
1987-1988, de 14,4 % et, en 1988-1989, l'année qui se termine où
s'est Intensifié le discours nataliste du gouvernement, de 9,9 % et tout
cela pour une moyenne de 12 %. Pour l'année 1989-1990, le budget de
l'Office des services de garde à l'enfance est augmenté de 0,3 %.
On parle de sous-financement.
Là, la ministre va me dire: On va dépenser 43 000 000 $.
Il y a 5 000 000 $ que l'État québécois va accorder
à la garde scolaire parce que le fédéral ne la paye pas et
1 y a 38 000 000 $ qui vont venir du fédéral mais i faut oublier
cela parce que c'est l'argent des contribuables. Il ne faut pas oublier qu'on
vous le donne, mais il faut oublier d'où il vient. Quant à ces 38
000 000 $, je suis contente, j'applaudis au fait que le gouvernement
fédéral ait enfin décidé de prendre ses
responsabilités en cette matière. Ce qui est malheureux, c'est
que cela justifie le gouvernement du Québec de se désengager
budgétairement. Que la ministre ne vienne pas me dire que c'est
partagé. Si c'était vraiment partagé 50-50 comme dans tous
les autres... On ne peut pas comparer ce qui ne se compare pas. Elle me dit: On
ne se demande pas, quand l'argent est dépensé dans les
hôpitaux, si ça vient de Québec ou d'Ottawa, mais on le
sait que ça vient des deux gouvernements parce que c'est un programme
fixe 50-50, c'est une juridiction partagée.
Mais les garderies, c'est une juridiction exclusive. Québec
aurait pu demander le total de l'argent, exercer un droit de retrait avec
compensation et, en se tenant debout un peu, décider qu'il allait en
mettre dans la garde scolaire, qu'il allait en mettre aussi dans les garderies
et qu'il n'allait pas, pour aller chercher le financement, obliger les enfants
à quitter, l'été, leur garderie de l'école
où ils sont habitués d'aller, pour s'inscrire dans une autre
garderie. Les enfants apprennent jeunes à être "bardasses"
à cause du partage des programmes Québec-Ottawa. Vous comprenez
que si, l'été, les enfants ne peuvent pas continuer de
fréquenter leur garderie de l'école et que les parents doivent
les inscrire dans une autre garderie, c'est pour les mettre sur le "pay-roll"
d'Ottawa, moitié-moitié. Parce que si le service de la garderie
de l'école continuait pendant l'été, il faudrait que
ça soit payé à 100 % par Québec.
Donc, le sous-financement ne va pas être réglé cette
année. Parce que si c'était moitié-moitié... Je ne
dis même pas moitié-moitié! Ottawa va remettre 38 000 000 $
à l'Office des services de garde à l'enfance. Je ne demande
même pas au Québec d'en mettre 50 % comme Ottawa. Je dis: Mettez
la moitié de ce qu'Ottawa va mettre. Mettez 20 000 000 $. Ottawa en met
38 000 000 $, mettez-en 19 000 000 $. On peut faire un chiffre rond; mettez-en
20 000 000 $ et ces 20 000 000 $ en sus compenseront exactement la demande
faite par Concertaction de doubler la subvention par place au permis. Ce serait
une manière de compenser le sous-financement.
Je ne pense pas que le gouvernement se ferait critiquer, si tant est
qu'il y allait par étapes. Ayant vu aussi que, de votre
côté, vous souteniez la recommandation de Concertaction de doubler
- vous n'en parlez pas pour les années subséquentes - je ne pense
pas que l'effort consenti serait nécessairement critiqué parce
que
ce n'est pas tout le plan de Concertation qui serait appliqué.
J'ai l'impression que la ministre pourrait certainement entamer des pourparlers
avec l'ensemble des regroupements du Québec et convenir que, si les uns
demandent ce qui est souhaitable, elle doit aussi, évidemment, de son
côté, négocier ce qui est réalisable. Mais, qu'il
n'y ait même pas d'effort de fait du côté de Québec
pour l'année qui vient, c'est ce qui est inacceptable,
profondément inacceptable. Quant au sous-financement, si le
député veut en reparler, je pense qu'avec les chiffres qu'on va
lui fournir on pourra s'en reparler mardi prochain.
À la page 14 de votre mémoire, vous soulevez une question
nouvelle dans mon esprit. Vous nous dites: À notre avis, la formule
proposée est "boiteuse et injuste car elle lie la consolidation d'une
garderie à la capacité de payer des parents, sinon la garderie
est alors condamnée à stagner avec toutes les conséquences
néfastes qui s'ensuivent - là, vous illustrez ces
conséquences - détérioration de la bâtisse, de
l'équipement, roulement du personnel, désengagement des parents
usagers, etc. À la lecture de votre mémoire, il m'est venu en
tête un autre effet pervers que pourrait avoir la formule finalement. Je
ne sais pas si vous vous y êtes arrêtés. Dans la mesure
où toute la formule repose sur les revenus réels, iI est
évident que les garderies n'auront plus intérêt à
recevoir des familles nombreuses puisque les tarifs pour le deuxième
enfant sont moindres que pour un seul et, pour le troisième, encores
moindres que pour les deux premiers, de sorte que, pour avoir des revenus
réels élevés, une garderie essaiera de recevoir seulement
un enfant par famille. Si elle accepte le deuxième à moindre
tarif, elle sera pénalisée. Cela veut dire, finalement, que
l'effet pervers, c'est que l'État, en subventionnant au pourcentage des
revenus, finance un effet systémique qui défavorise les familles
nombreuses. Je suis certaine qu'il ne s'était pas rendu compte de cet
effet-là, mais c'est évident qu'en subventionnant selon les
revenus réels, les revenus réels étant diminués du
fait d'avoir deux ou trois enfants par famille, l'effet consiste à dire
aux garderies: À choisir, prenez un enfant seul plutôt que le
deuxième dans une famille où il y en a déjà un
premier et vous allez augmenter vos revenus. Je ne sais pas si vous aviez
examiné cet autre effet lié à la taille des familles qui
pourrait survenir. Pensez-vous que cette perspective pourrait s'avérer
nécessaire pour que la garderie augmente ses revenus?
M. Chênevert: Vous relevez un point sur lequel on a
glissé rapidement, mais il y a d'autres éléments
concernant la disponibilité et l'accessibilité du service qui
sont remis en cause de la même façon que celui que vous relevez.
Par exemple, les places à temps partiel; aujourd'hui, les programmes
gouvernementaux d'emploi favorisent le travail à temps partiel, par
toutes sortes de formules de réinsertion au travail. On sait bien qu'une
garderie qui offre ce type de service de garderie à temps partiel subit
un manque à gagner inévitable parce que, certaines
journées, et on a plus de difficulté à combler certaines
places. On tient à offrir ce type de service parce qu'il correspond
à un besoin, même si on ne peut combler les places de façon
permanente. Par exemple, pour notre garderie, ça correspond à six
places à temps partiel qu'on va offrir, qu'on va subdiviser entre
plusieurs enfants. On sait bien que ces places ne pourront pas toutes
être occupées à longueur d'année pour les cinq
jours, les 30 places-semaine ne pourront pas être occupées.
Donc, si on ne peut pas s'appuyer sur une mesure de subvention de
fonctionnement qui nous permettrait, justement, d'avoir une marge de manoeuvre
pour absorber le manque à gagner, on va être obligés de
faire disparaître cet assouplissement. Déjà, dans notre
région, les congés pour maladie, les congés pour vacances
où les parents bénéficiaient d'une banque, sont disparus.
Déjà, pour faire face à nos dépenses, on a
restreint toute la souplesse que le service pouvait offrir. C'est un peu dans
cette perspective que nous voyons le modèle de financement comme
extrêmement contraignant; il va nous limiter justement dans l'offre de
services vraiment adaptés.
Mme Harel: Une question qui demeure dans mon esprit, en tout cas,
c'est celle liée au mode de financement de l'aide aux parents. Je sais
que vous vous êtes plus intéressés au mode de financement
des services. Je le comprends, mais c'est Important peut-être de discuter
sur la question du mode de financement aux parents.
Admettant que la ministre consente à ne pas être la seule
à avoir raison sur l'unanimité du milieu, qui est en
désaccord avec sa nouvelle formule, et qu'elle la modifie pour revenir
à un mode de financement que vous souhaitez être une majoration,
une amélioration de celui qui existe maintenant pour les services de
garde, qu'est-ce qui est préférable pour l'aide financière
aux parents? Je ne sais pas si vous avez une opinion là-dessus. Est-ce
qu'il est souhaitable d'examiner de plus près le mode de financement que
la ministre soumet, c'est-à-dire un montant fixe avec un pourcentage au
tarif? Finalement, n'est-ce pas intéressant comme proposition?
M. Chênevert: On a souligné, dans notre
présentation du début, qu'on trouvait intéressant qu'il y
ait déjà un principe d'indexation et d'ajustement qui soit
prévu. Je pense que c'était clairvoyant de mettre en place un
système de financement qui, sans le dire précisément,
aurait un effet à la hausse sur les cotisations des parents, de
prévoir une formule qui permettrait aux parents moins fortunés de
suivre ça. Cela relève un peu d'une certaine logique.
En soi, ce qu'on souhaite retrouver dans
toute mesure, ce sont des modèles où l'indexation est
permanente ou va s'accrocher à des fluctuations soit du coût de la
vie ou à d'autres indices qui pourraient servir, justement, de tampon
entre les rigueurs économiques qu'ont à supporter les
familles.
Mme Harel: Évidemment, il y a deux questions distinctes:
la question de l'indexation et la question du mode d'aide financière
à montant fixe ou à pourcentage du tarif avec, peut-être,
un montant fixe, finalement la combinaison telle que
suggérée.
Sur la question de l'indexation, je crois bien que
l'énoncé comporte, malheureusement, le même
caractère flou et confus que la politique sur la sécurité
du revenu, c'est-à-dire qu'on ne sait pas quel sera l'indice
d'indexation qui sera retenu. C'est vraiment à préciser parce que
l'indice des prix à la consommation, en fait celui qui sert à la
Régie des rentes chaque année pour indexer l'ensemble des
allocations, est un indice qui faisait consensus dans toute la
société. Là, on introduit une sorte de nouvel indice dont
on ne sait pas du tout ce qu'il sera, qui sera décidé chaque
année, mais sans que ce soit basé sur des données, des
indicateurs qu'on connaît tous, n'est-ce pas? Malheureusement, c'est bien
plus flou. C'est embêtant parce qu'il est évident qu'on ne peut
pas signer un bail ou s'engager à des dépenses fixes aussi
longtemps qu'on ne sait pas... Les baux sont souvent signés avec une
clause d'échelle mobile les indexant, tout simplement, au coût de
la vie. Si ce n'est pas évident qu'il y a, finalement, le coût de
la vie, c'est sûr que ça laisse la porte ouverte à une
indexation dont on ne sait pas, malheureusement, avec l'énoncé de
politique, ce qu'elle sera exactement. (11 h 15)
Pour ce qui est du mode, vous nous dites que ça dépend du
tarif, mais le tarif peut augmenter compte tenu des coûts qui sont un peu
en dehors de la volonté même des travailleuses, parce que
ça peut aussi être des coûts fixes qui augmentent. De toute
façon, je tiens donc pour acquis que vous voulez l'indexation et que,
sur le mode d'aide financière comme tel, vous n'avez pas pris une
décision définitive, à savoir si c'est mieux d'avoir un
montant fixe ou un pourcentage à tarif. C'est ça?
Mme Cantin: L'exonération pour les programmes,
d'accord.
Mme Harel: C'est ça. Je vous remercie.
Le Président (M. Cannon): Avez-vous d'autres questions?
Oui, Mme Cantin.
Mme Cantin: Je vous remercie de nous avoir écoutés.
Je voudrais mentionner que ce qu'on demande, à court terme, quand on
parle de revenir à l'ancien mode de subvention, c'est d'augmenter la
subvention, mais, à long terme, c'est vraiment de travailler en fonction
d'un système qui permettrait que les garderies soient accessibles, que
toutes les familles puissent y avoir accès et qu'on puisse payer selon
nos moyens, donc plus ou moins. Finalement, à long terme, on demande une
autre étude sur la façon d'arriver à ce
système.
Le Président (M. Cannon): Je vous remercie, Mme Cantin.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je voudrais vous remercier, Mme Cantin, ainsi que les
personnes qui vous accompagnent. C'est vraiment très intéressant
d'avoir le portrait de chaque région. C'est vraiment un exercice
important que vous avez fait parce que ça illustre, finalement,
très bien, la réalité qui n'aurait pas pu être
connue par la commission si nous n'avions entendu que le regroupement
provincial qui n'aurait pas eu le temps à sa disposition, d'ailleurs,
pour nous l'illustrer. Ce que vous nous avez préparé est vraiment
important, je trouve, pour notre réflexion. Je vous remercie.
Le Président (M. Cannon): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je voudrais, tout simplement, faire certains
commentaires. Il me reste encore quelques minutes, je crois. Tout à
l'heure, la députée de Malsonneuve nous faisait connaître
certains chiffres éloquents, mais on exclut toujours le milieu
scolaire.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais intervenir
immédiatement.
Le Président (M. Cannon): Oui, madame.
Mme Gagnon-Tremblay: II me reste trois minutes.
Mme Harel: Je regrette infiniment, mais on est à la
période des remerciements. Si Mme la ministre veut utiliser ses trois
minutes en sus de ses remerciements, je vais utiliser les miennes. On m'a
rappelé hier que, lorsqu'on avait commencé la période des
remerciements, on ne pouvait pas revenir en arrière pour utiliser notre
temps.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout à l'heure, vous m'avez
coupé trois minutes pour me permettre de les conserver. Vous m'avez
coupé trois minutes.
Mme Harel: Alors, à ce moment-là, il faut que vous
nous le disiez, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas moi qui ai décidé
tout à l'heure, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: C'est évident qu'on ne peut pas terminer...
Vous me l'avez fait hier, alors je ne
vols pas pourquoi les règles du jeu ne seraient pas les
mêmes pour nous deux.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout à l'heure, j'avais d'autres
questions et on m'a coupé trois minutes.
Mme Harel: Alors, si on termine, on termine. Sinon, on prend le
temps complet qui est à notre disposition.
Le Président (M. Cannon): On va s'entendre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, donnez-moi mes trois
minutes et, après, on reviendra.
La Président (M. Cannon): Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: On sera très strict sur ces
règles.
Le Président (M. Cannon): Je crois qu'il reste encore
quelques minutes à la disposition de la députée de
Maisonneuve. Selon le phénomène de l'alternance, madame, allez-y
pour le bloc de trois minutes qu'il vous reste. Après ça, on ira
avec Mme la députée de Maisonneuve, en conclusion, puis on
reviendra pour la conclusion de votre part.
Mme Harel: M. le Président, II me reste encore des...
Le Président (M. Cannon): C'est ça. Il vous reste
un bloc de...
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Cannon): Trois, trois. Allez-y.
Mme Harel: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: Je reviens aux chiffres éloquents que
nous faisait connaître, tout à l'heure, la députée
de Maisonneuve, mais elle exclut toujours le milieu scolaire. Je me dis:
Pourquoi exclut-on le milieu scolaire? Ce sont des services de garde aussi.
Dans l'énoncé de politique, le milieu scolaire est aussi Inclus.
Des sommes considérables y ont été investies aussi. Cela
me fait penser quand on exclut le milieu scolaire, que, lorsqu'on parle, par
exemple, des subventions, soit aux parents ou aux garderies, on exclut toujours
les déductions fiscales pour les frais de garde. Ce sont aussi des
montants considérables.
Je comprends un peu les déficits accumulés par l'ancien
gouvernement, s'il calculait comme la députée de Maisonneuve
calcule lorsqu'elle parle des montants du gouvernement fédéral.
Je me demande pourquoi M. Parizeau, qui était ministre des Finances
à l'époque, ne s'est pas prévalu du droit de retrait.
Est-ce parce qu'il ne le voulait pas ou, tout simplement, parce qu'il n'a pas
pu l'obtenir? Je me dis, finalement, pour revenir à votre
problème majeur de sous-financement, que si on avait indexé
régulièrement ces subventions, on n'aurait pas le rattrapage
qu'on a à faire aujourd'hui.
La députée de Maisonneuve s'inquiète de ce mode
d'indexation. Elle dit: On ne connaît pas l'indexation. On ne sait pas ce
que c'est. Mais au moins on donne l'indexation; il n'y en avait pas du tout
avant. Or, c'est mieux de ne pas savoir exactement ce que c'est, mais
d'être sûr qu'il y en a et de se fier sur l'indexation au
coût de la vie que de dire qu'il n'y en a pas du tout. Alors, je pense
que c'est une amélioration, mais on comprend vos difficultés,
actuellement, et on fera tout, dans les limites de nos capacités, pour
essayer de répondre le plus possible à vos besoins.
J'aurais bien aimé pouvoir... D'accord. J'ai
complété mes trois minutes. Je reviendrai tout à l'heure
pour les remerciements.
Le Président (M. Cannon): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Je n'exclus jamais le milieu scolaire et j'aurai
l'occasion, mardi, de fournir à la ministre les pourcentages,
également, des budgets affectés chaque année au milieu
scolaire. On verra les pourcentages, parce qu'évidemment c'est presque
puéril, l'espèce de défense qu'oppose la ministre à
l'ensemble de cette question. Elle dit toujours: Oui, mais vous n'avez jamais
dépensé plus que 8 000 000 $ de plus. Elle sait très bien
que c'est en dollars courants qu'il faut examiner tout ça et que c'est
le pourcentage qui nous permet de voir l'effort réel consenti chaque
année, parce que c'est certain que le dollar de 1981 vaut à peine
quelques dizaines de sous en 1989. Alors, on regardera les chiffres, mais dans
leur réalité crue.
C'est aussi puéril de la part de la ministre de venir me parler
du droit de retrait. Le Régime d'assistance publique du Canada, le RAPC,
qui finance, au fédéral, une partie des dépenses des
provinces, était le régime en vigueur jusqu'à ce que,
justement, l'automne passé, Ottawa décide de procéder
différemment par une loi qui pourra permettre au Québec
d'Invoquer les clauses qu'il vient de signer avec l'accord du lac Meech. Il
faut qu'il les invoque. Dans l'entente du lac Meech, il y a des dispositions
qui permettent au Québec de se retirer lorsque le gouvernement
fédéral s'ingère dans une juridiction provinciale. Le
gouvernement fédéral le fera avec la loi qu'il votera et cela
donnera au Québec le pouvoir de décider qu'un programme national,
comme celui qui sera adopté ne lui convient pas dans ses
modalités, de prendre l'argent et de faire le sien, quand iI a une
juridiction exclusive.
Alors, c'est puéril, mais c'est regrettable
parce que, finalement, ce qui est en cause, ce n'est pas la chicane des
deux côtés; c'est le fait de susciter, dans la population, le
désir d'avoir des enfants. Mais on ne s'intéresse, au
gouvernement, qu'à ceux qui n'existent pas. On s'en
désintéresse à partir du moment où ils sont dans
les statistiques. Ceux qui y sont, ce n'est pas de ceux-là qu'on parle;
c'est de ceux qui n'y sont pas. Je crois qu'on ne peut pas tenir un discours
nataliste et qu'on ne peut pas prétendre à une politique
familiale en ne s'engageant pas résolument, notamment, dans un service
de garde adéquat, accessible et pas trop cher. On ne peut pas tenir un
double discours, un double langage: un langage pour prétendre qu'il faut
faire des enfants et un autre langage, comme celui de la ministre qui disait
hier, qu'elle ne peut pas avoir l'argent de son gouvernement.
Le Président (M. Cannon): Mme la députée de
Maisonneuve,. apparemment votre bloc de trois minutes est maintenant
terminé. Si vous voulez bien remercier les intervenants.
Mme Harel: Je vous remercie. Au fur et à mesure que nos
travaux progresseront, je crois que, malgré tout, dans cette commission,
la députation connaîtra mieux le dossier et la ministre comprendra
que, tout compte fait, elle doit retourner auprès de son collègue
des Finances et doit obtenir de ses collègues du gouvernement
d'être conséquents avec les discours qu'ils tiennent. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Cannon): Je vous remercie, Mme la
députée. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous remercie pour votre exposé.
Dans votre exposé, vous pariiez de la transformation des garderies
à but lucratif en garderies sans but lucratif, de la possibilité
de le faire. J'aurais bien aimé avoir le temps de vous questionner sur
ça, à savoir si vous aviez pensé à certaines
formules de transformation. Mais si vous en avez, de toute façon, vous
pouvez me les soumettre même en dehors de cette commission parlementaire.
Je vous remercie, mesdames et messieurs.
Le Président (M. Cannon): Alors, Mme Cantin, au nom des
membres de la commission je tiens à vous remercier de même que les
gens qui vous ont accompagnée et je vous souhaite un bon retour chez
vous.
Mme Cantin: Merci.
Le Président (M. Cannon): Je demanderais au Regroupement
des garderies sans but lucratif de la région 01 de venir prendre place,
s'il vous plaît. Bonjour, madame et messieurs. Pour les fins du
débat, veuillez vous présenter.
Regroupement des garderies sans but lucratif de la région 01
M. Lemieux (Yvon): Mme la ministre, mesdames et messieurs de la
commission des affaires sociales, il me fait plaisir de vous présenter
Mme Danielle Forest, coordonnatrice de la garderie de Saint-Anaclet ainsi que
M. Alain Beaulieu, coordonnateur de la garderie Milou à
Rivère-du-Loup. Je suis Yvon Lemieux, coordonnateur de la garderie la
Marée Montante à Saint-Anne-des-Monts. Nous sommes tous trois
administrateurs du Regroupement des garderies sans but lucratif de la
région 01 et nous sommes utilisateurs de services de garde en
garderie.
Le Président (M. Cannon): M. Lemieux, si vous me
permettez, vous êtes familier avec les règles de procédure:
20 minutes pour la lecture de votre mémoire et, en blocs
séparés, du côté ministériel et du
côté de l'Opposition, on passera aux questions. Alors, sans plus
tarder, allez-y!
M. Lemieux (Yvon): C'est bien, merci. Nous tenons d'abord
à vous remercier de l'occasion qui nous est donnée de vous
présenter nos réactions à l'Énoncé de
politique sur les services de garde à l'enfance."
Ce moment est très crucial pour nous et nous tenons à vous
dire que nous apprécions l'attention que chacun des membres de cette
commission va porter à nos commentaires.
Nous représentons une vaste région à faible
densité de population. Les distances y ont une grande importance, autant
les distances qui séparent les services de garde les uns des autres que
les distances qui nous séparent des institutions d'enseignement, des
sources d'approvisionnement en matériel et des ressources, tels les
bibliothèques ou les séminaires de formation. Malgré la
distance, il nous tient à coeur de vous faire valoir que les besoins de
garde dans notre région ne sont pas moins importants qu'ailleurs. Nous y
répondons et nous entendons continuer d'y répondre dans le
respect des mêmes critères de qualité qu'ailleurs au
Québec. Nous vous le disions précédemment, les distances
ont leur grande importance et nous ne disposons pas d'une permanence qui aurait
pu amener à cette table de nombreux tableaux ou des études
détaillées. Nous vous soumettrons donc une intervention
basée sur des faits, des faits qui reflètent les efforts et les
énergies dépensés pour bâtir, dans la région
01, un réseau de garde dont la qualité constitue la pierre
angulaire. Nous aborderons le tout dans le même ordre que
l'énoncé qui nous fut soumis, mais nous tenons d'abord à
vous rappeler que nous croyons que le réseau de garde n'était pas
à revoir, mais qu'il était à reconnaître, selon
nous.
M. Beaulieu (Alain): Bonjour, je suis Alain Beaulieu. Voici,
comme mentionné, la première partie qui traitera du
développement. J'aimerais
tout d'abord vous souligner que vous ne retrouverez pas, dans le
présent exposé concernant notre vision du développement,
des données différentes de celles déjà
mentionnées dans le mémoire qui vous a été
fourni.
Ce moment privilégié qui nous est consenti servira
à confirmer à nouveau nos convictions et nos attentes et surtout
à transmettre les émotions jusque-là camouflées sur
du papier.
Tout d'abord, nous déplorons le fait qu'en ce qui a trait au
développement régional des services de garde
l'énoncé de politique ne reconnaît nullement l'expertise
pourtant si imposante des corporations et regroupements de garderie
déjà en place. Il nous semble pourtant important, voire
même primordial, qu'avant de reconnaître les municipalités,
les MRC ou les différents organismes de la communauté comme
pierre d'assise de la planification régionale des corporations de deux,
cinq, dix et môme quinze ans d'existence et de vécu en
matière de garde d'enfants soient prioritairement consultées et
que les moyens financiers ou autres nécessaires pour réaliser
cette planification soient aussi prioritairement mis à leur disposition.
(11 h 30)
Déjà, le Regroupement des garderies sans but lucratif de
la région 01 assume, par l'entremise de ses membres et sans aide
financière quelconque, la recherche d'un développement de
services diversifiés visant à combler des besoins sans cesse
exprimés sur tout le territoire. À ce jour, sur quatorze
garderies membres, trois services offrent une garderie et une agence; un
service offre une garderie, un jardin d'enfants et une agence; et un autre
service offre une garderie et un service de garde en milieu scolaire.
Pourquoi prétendre à une amélioration mirobolante
du développement du réseau grâce à la collaboration
possible d'instances ou d'organismes ne démontrant pourtant
jusque-là aucun intérêt? De plus, malgré le chemin
déjà accompli par les garderies de notre région afin de se
doter d'un service de garde diversifié, nous insistons fermement pour
que cette diversification des services se fasse avec une vision d'ajout de
services et non de remplacement à plus ou moins long terme. Nous
insistons également sur un financement adéquat des
différents modes de garde afin que le choix du parent devant un tel
éventail de services soit basé sur la capacité du service
de répondre à son besoin et non sur le coût que cela
représente.
Pour conclure cette partie de notre présentation, nous croyons
fermement que la région 01 est l'endroit tout désigné pour
le développement de centres intégrés, tel que
stipulé dans l'énoncé, pour autant que se joigne aux
services offerts un financement permettant de mettre sur un pied
d'égalité l'accessibilité aux parents. Merci.
Le Président (M. Poulin): M. Lemieux.
M. Lemioux (Yvon): C'est ce qui nous amène à vous
parler de la qualité. C'est avec plaisir que nous abordons le chapitre
de la qualité. En effet, selon nous, la qualité des services et
des interventions est la caractéristique qui maintient nos garderies.
Bien que l'Office des services de garde à l'enfance ait toujours
accompli efficacement sa tâche de gardien de la loi, nous ne pouvons pas
dire que c'est par le biais de l'office que s'est diffusée l'image de
qualité des garderies. Nous aurions souhaité que nos garderies,
souvent méconnues, particulièrement en région, jouissent
d'une publicité positive et incitative diffusée par un organisme
tel que l'Office des services de garde à l'enfance. Bien que nous
n'ayons reçu que très peu de félicitations de la part de
l'office sur la qualité de nos services, nous avons par contre maintes
occasions de constater la reconnaissance du milieu, tant de la part des
intervenants sociaux, qui nous réfèrent les enfants en
difficulté, des thérapeutes, psychologues ou pédiatres,
qui recommandent la fréquentation de nos garderies, que des juges
siégeant dans nos régions qui ordonnent l'assiduité
à la garderie pour les enfants en besoin de protection.
Des liens très étroits se sont tissés entre nos
éducatrices et les intervenants en petite enfance pour le
mieux-être et une meilleure qualité de vie pour les enfants, et
ce, non seulement à l'intérieur des murs de nos garderies. Ceux
qui connaissent les exigences de la tâche d'éducatrice ou
d'éducateur en garderie auront compris que ces liens et cette
collaboration ne se sont pas établis entre 7 h 30 et 17 h 30. Nous
sommes toujours fiers de faire visiter nos garderies: d'abord, leurs locaux
sont conformes à la loi, mais ils sont aussi colorés, propres,
joyeux et personnalisés. Nous sommes fiers d'avoir choisi et acquis les
jeux les plus adéquats, les équipements les plus
sécuritaires et d'offrir les activités qui répondent aux
besoins des enfants et aux attentes des parents. Nos programmes
d'activités sont des documents constamment en révision et sujets
à la critique. Nous souhaitons cette critique et particulièrement
celle des parents. Pour nous, ce sont là des gages de qualité.
Nous ne sommes pas ici pour pleurer sur le fait que ce travail se fait le soir
et les fins de semaine, mais, à tout le moins, nous sommes ici pour le
dire.
Nous voulons parier de formation. Voilà un gage de
qualité, mais à quel prix? Il faut savoir que, pour se former,
notre personnel doit choisir parmi les options suivantes: soit ajouter à
sa semaine de travail de 40 heures des fins de semaine de formation Intensive,
soit prendre un an d'assurance-chômage pour se former à
l'extérieur de son lieu de résidence par le biais des programmes
de formation du centre d'emploi ou se former les soirs, à ses frais,
lorsque les cours sont disponibles et à des distances raisonnables, soit
au moins 60 kilomètres. C'est la situation en regard de la formation,
en
région.
Nous voulons aussi parier des ratios. Nous avons là un excellent
exemple de gage de qualité, d'autant appuyé que les ratios sont
réglementés par l'Office des services de garde à
l'enfance. Par contre, l'expérience et la pratique nous apprennent que
les ratios énoncés exigent trop de la part des éducatrices
et des éducateurs, en garderie. Certaines garderies croyaient
résoudre le problème, d'une part, et, d'autre part, assumer leur
rôle social. En effet, l'intégration d'un enfant handicapé
au sein d'un groupe permet de réduire le ratio dans ce groupe. Vous avez
déjà compris que c'est une illusion. Lorsqu'on intègre un
enfant handicapé dans un groupe, beaucoup plus d'implication, de travail
et de planification sont demandés de l'éducatrice. D'autres
solutions originales: l'ajout d'effectifs supplémentaires par le biais
des projets Défi, des programmes d'intégration au travail, des
stagiaires de cégeps, amènent des ressources
supplémentaires. Ces ressources nous sont utiles, lors de leur
dernière semaine de stage, après que nous les ayons
formées et informées.
Nous en venons donc à énoncer qu'un gage de qualité
efficace serait de subventionner directement et spécifiquement un
comité de qualité et de formation à l'intérieur de
chacune des garderies. Notre mémoire est assez explicite à cet
effet, en page 9.
Enfin, bien que nous ne soyons pas ici au chapitre de la gestion des
garderies, nous nous permettrons d'avancer qu'un bon principe de gestion pour
toute entreprise de toute nature, c'est d'acquérir les meilleurs outils
disponibles et ce, à tout prix. Nous affirmons que les
éducatrices et les éducateurs de nos garderies valent que nous y
mettions le prix. Ils sont garantes et garants de la qualité de nos
services et de la qualité de vie de nos enfants.
Mme Forest (Danielle): Bonjour, je suis Danielle Forest. Quand on
parle financement, pour nous, en région 01, il y a une chose
fondamentale à expliquer, c'est celle-ci: le mécanisme comptable,
à l'Office des services de garde à l'enfance, est basé sur
260 jours facturés aux parents, ce qui est pour nous, dans la
réalité, un leurre car impossible à réaliser. Nous
ne pouvons faire payer aux parents ni les jours fériés, ni les
jours de maladie, ni les jours de vacances, considérant que notre
clientèle est saisonnière, contractuelle et que le milieu est
socio-économiquement faible. Nous voudrions aussi préciser qu'en
région nous ne sommes pas d'accord pour faire payer aux parents un
service non dispensé.
Bien qu'on tende à l'utilisation maximale des places, il est
illusoire de croire que la liste d'attente est l'assurance d'un taux de
fréquentation à 100 %. Permettez-moi une comparaison: les listes
d'attente, c'est un petit peu comme des moineaux sur un fil électrique.
À un moment donné, tu regardes dehors, il y a plein de moineaux
et, à un autre moment, il n'y en a plus du tout.
Présentement, en région, plusieurs garderies vivent des
situations financières difficiles à cause d'une baisse de
clientèle. Comment la nouvelle politique de financement viendra-t-elle
améliorer la situation actuelle des garderies? Notre recommandation, au
chapitre du financement, était de réclamer 8 $ par jour au
permis. Il s'agissait là d'une première évaluation, mais
il est évident que nous nous rallions à la demande du CIRGQ qui
demande 9 $ par jour, afin qu'à Paspébiac, Limoilou, Longueuil et
Montréal le financement du réseau soit uniforme et de
qualité. Je voudrais que vous vous souveniez que tout ce qui vient
d'être dit n'est pas un conte du Bas-du-Fleuve, mais bien notre
réalité.
M. Lemieux (Yvon): En conclusion. Bien que notre région
soit différente et que nous ayons de grandes distances à
parcourir, notre population a les mêmes besoins. Elle a aussi droit aux
mêmes services, à la même qualité que partout
ailleurs. C'est par le biais des travailleuses et des travailleurs, des parents
et du soutien de la communauté qu'on a pu atteindre ces objectifs.
Nous voulons conclure rapidement afin que vous reteniez l'essence de
notre intervention. L'heure n'est pas à refaire le réseau des
services de garde, mais à décharger ses artisans
bénévoles, des travailleuses et des travailleurs, des parents,
d'un fardeau financier qu'ils assurent depuis tellement d'années.
Merci.
Le Président (M. Poulin): Merci. M. Lemieux. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame et messieurs. M. Lemieux,
comme vous parlez de planification, je pense que je vais aborder ce sujet
immédiatement, parce que je n'ai pas l'intention de discuter comme tel
du financement puisque, comme vous le mentionnez, vous faites quand même
partie du regroupement de Concert-action. Donc, quant au financement, on aura
l'occasion d'en parler. Il y a tout près de 26 groupes, je pense, qui
font partie du regroupement et qui endossent cette position.
Vous avez parlé du développement. Vous avez une certaine
inquiétude quant à la planification. Vous dites, par exemple,
à la page 6 de votre mémoire: "II est illusoire de croire que
l'implication des CLSC, des municipalités ou autres partenaires sera
plus grande que ce qu'elle a été jusqu'à ce jour." Je me
demande ce que vous voulez dire. Je ne le sais pas exactement. Est-ce que vous
avez très peu de collaboration de ces partenaires actuels ou...
M. Lemieux (Yvon): Au contraire, Mme la ministre, nous avons une
très bonne collaboration et nous voudrions la cadrer. Cela
s'établit au niveau de la collaboration entre partenaires. Nous ne
croyons pas que les CLSC, les MRC ou les
municipalités vont vouloir prendre à leur charge le
développement de services de garde.
Dans le même ordre d'idées, nous croyons avoir l'expertise
pour stimuler ces groupements-là à être des partenaires,
à être des aides pour nous. D'une part, on ne croit pas qu'ils
vont vouloir s'aventurer là-dedans parce que ce sont de petites
municipalités, de petites MRC qui ont déjà de grosses
responsabilités, qui sont déjà très limitées
aussi. On ne croit pas, non plus, que les CLSC qui, comme tout le monde, sont
en perte de budget ou en période de coupures budgétaires vont
vouloir prendre des responsabilités supplémentaires. Nous croyons
qu'ils peuvent être des partenaires, mais nous jugeons, nous affirmons
même que nous devrions avoir le leadership dans ce dossier à cause
des preuves que nous avons faites. Voilà.
Mme Forest: Ce sont plutôt des échanges de services
qu'on a avec les partenaires sociaux. Je ne pense pas qu'on s'attende à
un appui financier.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense qu'on a peut-être mal saisi
ce qu'on voulait dire dans l'énoncé de politique concernant la
planification régionale. Il ne s'agit pas là de refiler à
qui que ce soit des responsabilités qu'a déjà l'Office des
services de garde ou qu'a déjà le gouvernement. Je pense que la
planification régionale, c'est vraiment dans le but d'identifier les
véritables besoins de la population en collaboration avec les
municipalités, les garderies existantes, les regroupements existants,
tous les autres partenaires, les entreprises, tous les groupes communautaires.
C'est dans le but de vraiment identifier les besoins d'une municipalité
et d'une région, par exemple, d'une MRC et, après ça,
d'être capables, ensemble, d'Identifier aussi les meilleurs services pour
répondre à ces besoins et non pas vous faire Imposer ce genre de
services, mais bien pour que vous-mêmes, dans le milieu, vous puissiez
les Identifier à partir de la clientèle.
Nous avons aussi l'intention d'adopter les articles qui concernent les
haltes-garderies et les jardins d'enfants. Alors, ce sont d'autres services qui
vont s'ajouter à un moment donné, mais aussi ce n'est pas notre
intention d'ajouter des services pour en faire fermer d'autres ou quoi que ce
soit. Il faut qu'on regarde ça ensemble. Quand on dit qu'on double les
réseaux dans cinq ans, il faut, je pense, une meilleure planification
parce que, s'il y a des garderies qui ont certains problèmes
actuellement, c'est peut-être parce que d'autres ont été
ouvertes ou sont ouvertes un peu trop près dans certains quartiers ou
parce que la clientèle a aussi diminué. C'est vraiment cette
planification, mais pas dans le but de vous exclure dans cette planification.
Je pense que vous avez un rôle majeur à jouer avec
l'expérience que vous avez déjà et aussi, peut-être
de cette façon-là, en travaillant avec ces gens-là, nous
pensons que nous allons les sensibiliser davantage à ce qu'ils avaient
auparavant. Justement, hier, des représentants de la ville de
Montréal et de la ville de Laval sont venus nous parier et ils nous ont
dit - la ville de Laval, entre autres - qu'ils ont impliqué tout le
monde et qu'ils se rendent compte qu'il y a vraiment une volonté plus
grande à ce moment-là. Je ne sais pas ce que vous en pensez.
Est-ce que vous aviez bien interprété la planification
prévue dans l'énoncé ou si vous la voyez
différemment?
Mme Forest: Ce qu'on avait remarqué, c'est qu'il n'y avait
aucune mention que les garderies ou les regroupements faisaient partie des
partenaires sociaux. C'est de là que vient notre réflexion.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
M. Lemieux (Yvon): Je dois dire aussi qu'on est assez souvent
Inquiets de l'aspect réévaluation. Il est vrai de constater que
dans certaines petites municipalités des garderies vont avoir des taux
de fréquentation de 70 % ou 74 %, ce qui n'est pas
phénoménal. Ce qui est phénoménal, par contre,
c'est qu'après des hausses successives de tarifs, après des
contrats de services, avec les parents, de plus en plus sévères
on ait encore ces taux de fréquentation. Alors, on dit qu'il ne faudrait
pas que la désertion des services de garde fasse croire qu'ils ne sont
plus nécessaires. C'est qu'ils ne sont plus accessibles. On a une
sérieuse crainte à ce sujet-là lorsqu'on va parier de
réévaluation du besoin. (11 h 45)
On est très conscients - je crois que nous l'avons prouvé
- qu'il y a différents besoins. On est très conscients qu'il y a
des besoins diversifiés. La réponse qu'on a voulu apporter, c'est
de vouloir, avec les artisans de services de garde, diversifier et offrir, au
sein d'une même corporation, la garde en milieu familial, la garde en
halte-garderie, la garde en milieu scolaire et les autres services que la
population pouvait demander. Dans cette optique, nous sommes très
ouverts et nous l'apprécions même.
Mme Gagnon-Tremblay: D'ailleurs, tout à l'heure, vous
mentionniez certains problèmes un peu spécifiques à votre
région. Vous parliez, entre autres, de travail occasionnel. C'est pour
ça qu'on ne veut pas imposer un développement comme tel à
l'ensemble du Québec, mais bien aller davantage dans chaque
région, parce qu'on sait que vous éprouvez parfois certaines
difficultés que d'autres régions n'ont pas.
Lorsque vous parlez de travail occasionnel, finalement, est-ce
qu'à ce moment-là... Non, pas du travail occasionnel, vous avez
plutôt parlé de travail saisonnier. Cela semble vous causer
passablement de problèmes dans les garderies.
M. Lemieux (Yvon): C'est une réalité; cela pose des
problèmes dans les garderies. Par contre, l'élément
fondamental, quant à nous, c'est que cela ne devrait pas dire que les
parents ne peuvent pas choisir un service de garderie pour leurs enfants.
J'avoue que c'est l'une de nos plus grandes craintes. Comme le travail est
saisonnier, on perd une clientèle et cette clientèle doit
être remplacée. Comme le disait Mme Forest, les oiseaux partent du
fil électrique et ils ne sont pas nécessairement là le
lendemain. C'est sûr que, quand on regarde ça dans l'ensemble de
la province, cela semble peu de chose, trois places à remplacer, sauf
que cela a une très grande Incidence. Trois enfants sur trois jours,
à quelques reprises durant l'année, cela a une très grande
incidence sur nos taux qui ne sont pas nos taux de fréquentation, mais
bien le taux de rendement, si on veut parier de rendement, ou le taux d'argent
perçu par rapport à l'argent percevable. On est très
affectés par cela. Alors, oui, c'est une réalité
très dérangeante pour nous.
Mme Forest: Cela nous demande un travail accru parce que, quand
ta garderie a 40 ou 45 places, dont un fort pourcentage de temps partiels, de
contractuels et de saisonniers, pour faire un enfant à cinq jours, il
faut que tu en aies trois ou des fois cinq, ce qui demande une grosse
planification. Quand un enfant est absent par maladie, on n'a pas de revenus et
on ne peut pas le remplacer à 7 h 30 le matin, pas toujours. On essaie,
mais ce n'est pas toujours facile.
Mme Gagnon-Tremblay: Je comprends que, dans de telles
circonstances, c'est beaucoup plus difficile à planifier, comme vous le
mentionniez, et aussi à administrer, étant donné que les
efforts sont plus considérables, qu'il n'y a pas une liste d'attente
considérable et que vous devez travailler avec ce qui est en place
actuellement.
Je voudrais revenir à la formation. Je sais que, là aussi,
le fait d'être un peu plus loin des possibilités de formation...
Au plan de la formation, est-ce que les garderies de votre région ont
passablement atteint la norme ou non? Quels sont les véritables
problèmes? L'éloignement en est un, mais est-ce que vous avez
encouru d'autres difficultés?
M. Lemieux (Yvon): Pour répondre à votre
première question, lors d'une tournée d'information de l'Office
des services de garde en mai 1988, nous étions fiers de savoir que notre
région était conforme, formée. Nous étions, je
crois - je n'irai pas jusque-là - notre région est formée
et conforme à la loi. Oui, cela pose de grandes difficultés. Les
exemples que j'ai donnés tout à l'heure sur les options que les
personnes doivent choisir pour se former sont réels et c'est à
partir du vécu. Il arrive même, malheureusement, qu'on n'ait pas
revu des gens qui sont allés se former à l'extérieur.
Mme Gagnon-Tremblay: Une fois que ces personnes sont
formées, elles quittent votre région.
M. Lemieux (Yvon): Certaines personnes quittent notre
région.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Certaines. On vous en a enlevé une,
entre autres.
Ce n'est peut-être pas dans le cadre de la planification, mais
vous avez parié d'un manque d'information ou de publicité, par
exemple, de communication, de l'Office des services de garde, qu'on devrait
davantage faire connaître les services de garde et les valoriser
davantage. Je sais que l'Office des services de garde publie beaucoup de
documentation, fait des efforts énormes pour améliorer les
guides, par exemple. Est-ce que c'est parce que ça demeure seulement
à l'intérieur du milieu, que ça ne se rend pas dans la
population? Quel genre de publicité voyez-vous?
M. Beaulieu: Mme la ministre, je crois que là où
les informations ne se rendent pas, c'est dans le public. Je pense que ce n'est
pas unique à la région 01 comme telle. Je pense que tous les
regroupements qui sont venus ici vous l'ont mentionné. Ce qu'on
déplore, c'est que dans chaque boîte, en fin de compte, au mois de
février, quand il reste un peu d'argent et qu'on prévoit finir
l'année avec un peu d'argent, on peut prendre 300 $ à 400 $ pour
faire un peu de promotion et de publicité pour les services. Vous
constaterez que ce sont toujours les derniers sous qui sont mis là,
quand il en reste. Donc, on attend beaucoup de l'Office des services de garde
pour la promotion de ces services et surtout dans des régions comme la
nôtre où le territoire est très vaste et qu'il faut
rejoindre tout ce monde. On sait les coûts que ça
représente. L'année passée, le regroupement s'est
engagé à des productions de vidéo qui sont passées
dans les médias visuels, si on veut, de la région, mais c'est
toujours fait avec les derniers sous qu'on a. Donc, c'est très
limité.
Mme Gagnon-Tremblay: Revenant toujours à...
Mme Forest: Je pense que...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, madame.
Mme Forest: Excusez-moi. Il y a la reconnaissance des gens qui se
servent des services de garde. On n'a pas à en faire la publicité
parce que je pense que le fait qu'on donne un service de qualité fait
qu'ils le connaissent. Ce sont les gens à l'extérieur de ces
services qui ont besoin
de publicité. Comme M. Beaulieu le disait, c'est difficile pour
nous d'aller chercher ces gens-là. J'ai vu aller passer des feuillets
dans toutes les portes des maisons de Saint-Anaciet. Cela demande beaucoup de
temps. Cela ne demande pas nécessairement beaucoup d'argent, mais
beaucoup de temps.
M. Lemieux (Yvon): J'aimerais aussi apporter un autre
élément. Lorsque nous faisons visiter nos garderies, nous sommes
toujours fiers de dire que nous répondons aux normes de l'Office des
services de garde à l'enfance. Nous serions fiers que la qualité
de nos services soit justement reconnue et diffusée par ce même
office. Nous en serions très fiers.
Mme Gagnon-Tremblay: Justement, dans la population, à
l'exception de la clientèle qui utilise vos services, qui connaissent
les services que vous donnez et la qualité de ces services qu'on peut
obtenir - parce que je sais que vous faites beaucoup avec très peu de
moyens - en dehors de cette clientèle, chez l'autre clientèle,
les gens qui n'ont pas accès ou qui n'osent pas, par exemple, aller
frapper à vos portes, sentez-vous cette perception qu'on s'imagine
encore qu'une garderie n'est peut-être pas l'endroit idéal pour
placer un enfant? Est-ce là qu'il faut Insister dans la publicité
ou si vous sentez autre chose, d'autres inquiétudes qui font que...
Mme Forest: Je pense que, quand les gens entendent parler de
garderie, Ils entendent souvent parler de financement, d'argent, qu'on n'a pas
d'argent, qu'on est en déficit. Je suis sûre que ça peut
amener des craintes vis-à-vis de la population en général.
Il faudrait insister sur la qualité des services qu'on offre, le
professionnalisme de nos travailleurs. Les gens ne connaissent pas ça
nécessairement. Je pense que ce n'est pas le manque d'enfants qui fait
que nos garderies ne fonctionnent pas à 100 %. C'est la percée
d'une information qui soit adéquate.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, ce que vous souhaiteriez, ce
serait une espèce de campagne d'information pour valoriser davantage non
seulement le rôle des éducateurs et des éducatrices, mais
aussi les services de qualité que vous offrez dans vos garderies.
Mme Forest: Je me dis que ça ne pourrait pas nuire. Cela
aiderait sûrement.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela ne s'est peut-être pas fait dans
les garderies, bien que ça se fasse peut-être aussi, mais iI y a
eu, par exemple, une organisation d'une table ronde avec les différents
Intervenants. Vous parliez tout à l'heure de CLSC qui vous
référaient des enfants de milieux défavorisés.
Est-ce qu'il y a déjà eu une table ronde pour sensibiliser toute
cette clientèle, de même que les regroupements de parents, et pour
parler des services que vous pouvez offrir et que ces autres personnes sont
souvent en mesure de venir puiser à l'intérieur de vos garderies?
Est-ce que ça a déjà été pensé?
M. Lemieux (Yvon): Cela a même déjà
été réalisé par le biais de Forum 87 et Forum 88,
le cadre de la semaine des garderies, où le Regroupement des garderies
de la région 01 a invité les Intervenants de la péninsule,
les parents, à nous rencontrer pour discuter. Nous avons, à ce
moment, offert des ateliers d'information et aussi participé à
des ateliers de recherche et de travail avec les organismes du milieu. Oui, Mme
la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: On me dit qu'il me reste trois minutes
seulement. Je vais revenir à la page de votre mémoire - attendez
une petite minute... Je pense que vous recommandez que l'État garantisse
les emprunts hypothécaires des garderies.
M. Lemieux (Yvon): Je m'excuse. Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Lemieux (Yvon): Je n'ai pas entendu, je m'excuse.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous recommandez que l'État
garantisse les prêts hypothécaires des garderies. Je sais, entre
autres, de moins en moins maintenant, heureusement, qu'on a toujours certains
problèmes à négocier des prêts hypothécaires
avec les différentes institutions financières. Avec le nouveau
financement qui sera prévu à 75 % de l'implantation, croyez-vous
encore que l'État doit, malgré tout, garantir ces prêts?
Pourquoi demandez-vous cette garantie de prêt?
M. Lemieux (Yvon): Je vais essayer de répondre très
simplement. Je vais vous dire que je suis personnellement endosseur de la
garderie chez nous.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah bon!
M. Lemieux (Yvon): Ce n'est pas une situation unique. J'endosse
la marge de crédit de la garderie chez nous. Des parents l'ont fait
avant moi. Cela nous apparaît comme des situations assez dramatiques.
Mme Gagnon-Tremblay: La garderie est-elle propriétaire de
l'immeuble?
M. Lemieux (Yvon): Non, nous sommes locataires. J'endosse la
marge de crédit de la garderie chez nous.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah bon! Vous
endossez la marge de crédit, d'accord, et non pas l'immeuble.
Mme Forest: Nous, on a déjà endossé le
prêt hypothécaire pour l'achat de notre bâtisse. Les parents
ont déjà assumé ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, là, vous endossez la marge de
crédit.
M. Lemieux (Yvon): Oui, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour quel montant environ?
M. Lemieux (Yvon): 5000 $.
Mme Gagnon-Tremblay: 5000 $. Est-ce que ce sont tous les
administrateurs du conseil d'administration qui sont obligés
d'endosser?
M. Lemieux (Yvon): Personne n'est obligé d'endosser.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, mais je veux dire que,
finalement...
M. Lemieux (Yvon): D'une part, je ne vois pas que c'est le moment
ici de parier de garderie spécifique. Cela me dérange un peu, je
vous l'avoue.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, mais c'est tout simplement parce que
vous demandez...
M. Lemieux (Yvon): Depuis l'existence de notre garderie, les
conseils d'administration successifs ont toujours endossé la garderie
parce qu'ils y croyaient, parce qu'ils croyaient à l'avenir de la
garderie, mais c'est nécessairement une charge supplémentaire
pour les Individus. Si on veut parler de moi puisqu'on...
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui veut dire que c'est une pratique
courante, finalement. Cela semblerait être une pratique courante,
finalement.
M. Lemieux (Yvon): Je pourrais, j'oserais presque l'affirmer.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Merci, messieurs, madame.
Le Président (M. Poulin): Merci, Mme la ministre. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Tantôt, j'écoutais la ministre lorsqu'elle parlait de la
planification régionale qui n'était pas exclue de votre
collaboration ou, en tout cas, de votre reconnaissance. Je comprends un peu vos
inquiétudes parce qu'on ne voit pas une volonté ferme ou
arrêtée dans /'énoncé de politique. Finalement,
cette recon- naissance est un peu vague quant aux organismes communautaires ou
aux organismes qui s'occupent des garderies. Elle dit plutôt dans son
énoncé que ce sont ceux qui sont actifs qui pourraient le
devenir, mais finalement ce n'est rien de spécifique ou de
précis. En fait, elle se garde une porte ouverte en ce qui concerne la
question de faire des choix. Je comprends que vous auriez aimé mieux
être reconnus au même titre que les CLSC, les MRC ou les
municipalités, puisque vous avez une expertise importante, je crois, du
développement régional.
M. Beaulieu: J'aimerais répondre à ça. Dans
le fond, le passé chez nous est synonyme de crainte. D'abord, il n'y a
jamais eu de consultation lorsqu'il y a eu des ouvertures de services
près des services déjà existants. La seule façon
que cela s'est su, c'est à travers les branches, par exemple, la soeur
d'une telle qui connaissait la soeur de l'autre a su qu'il y avait
peut-être une garderie qui ouvrirait peut-être à cet
endroit. Cela doit passer aussi par une plainte à l'Office des services
de garde qui dit: Là, je pense que vous devriez vérifier la
population réelle pour savoir si elle est capable d'endosser, dans des
environs immédiats, un autre service de garde comme ça. Cela
s'est toujours fait comme ça. Lorsqu'on a vu cet élément
dans l'énoncé de politique, c'était comme encore nous
tasser un peu de cette consultation. (12 heures)
Dans le fond, n'importe qui qui voulait mettre sur pied un service
n'avait qu'à faire une étude de faisabilité et
peut-être qu'après on le verrait arriver. C'est ce qu'on ne veut
pas. Ce qu'on demande, c'est d'être prioritaire lors de ces
planifications.
Mme Vermette: J'écoutais la ministre tantôt
lorsqu'elle répondait que c'est justement pour arrêter ces
planifications à droite et à gauche, sans aucune reconnaissance
de ce qui est déjà sur le terrain ou peut-être que ce qui a
été fait n'a pas toujours été fait selon un plan
d'urbanisme ou un plan de développement en fonction des besoins. Ce que
vous dites actuellement, c'est que ce sont seulement les études de
faisabilité ou de rentabilité qui, maintenant, déterminent
les endroits où on doit développer des garderies.
M. Beaulieu: Oui.
Mme Vermette: C'est à peu près cela qui se passe,
en tout cas chez vous.
M. Beaulieu: Oui, à peu près cela.
Mme Vermette: C'est ce que vous êtes en train de nous dire.
On ne regarde pas les années d'expérience d'une garderie ou ce
qu'elle peut apporter comme expertise depuis le nombre d'années qu'elle
est implantée dans un milieu donné.
M. Beaulieu: C'est cela.
Mme Vermette: Mais est-ce possible, compte tenu d'un
problème de disparité chez vous... J'Imagine que chaque coin a
une particularité, surtout dans votre région. La ville de
Gaspé a ses grandes entreprises, d'autres villages plus
éloignés ont d'autres caractéristiques. Chaque coin a un
peu sa culture. Croyez-vous possible d'avoir une diversité dans les
services? Vous pariiez, un peu plus loin, d'ajout de services. Dans quel sens
parliez-vous de cet ajout de services?
M. Lemieux (Yvon): En identifiant bien les besoins et en y
répondant. On pense que, là où se donne un service de
garderie, il peut y avoir un besoin pour un service différent. Il peut y
avoir un besoin d'agences de garde en milieu familial, de garde de soir, de
garde d'enfants malades au domicile des parents et de haltes-garderies. On
pense que les corporations existantes pourraient s'adjoindre ces services et
qu'elles peuvent les développer. Il nous apparaît Important que ce
soit par les corporations existantes pour qu'on n'assiste pas à une
concurrence malsaine entre diverses corporations qui auront, finalement, le
même objectif de donner un service de garde de qualité. Alors, la
notion de centre intégré qui est comme frôlé ou un
peu approché, on pense que c'est une très bonne solution dans
notre région.
Mme Vermette: L'énoncé de politique de la ministre,
qui semble vouloir "prioriser" le développement des garderies en milieu
de travail, peut-il avoir un Impact chez. vous ou est-ce facile dans votre
région de trouver des milieux de travail qui répondraient aux
besoins de votre population?
Mme Forest: II n'y a pratiquement aucune incidence. Des garderies
en milieu de travail, cela n'existe pas présentement et, à ma
connaissance, je ne vois aucune institution ou industrie qui pourrait en
ouvrir. Pour nous, ce développement ne nous touche aucunement.
M. Beaulieu: Je pense que, tantôt, en audience, le Conseil
du patronat pourra aussi vous exprimer clairement le problème de ces
places disponibles auquel il fait face dans l'entreprise. Sans vouloir
nécessairement identifier leur problème, II est sûr que la
population en général de notre territoire ne permet pas de
grosses entreprises qui pourraient donner un service de garde.
Mme Vermette: Est-ce que, dans votre région, il y a
beaucoup de femmes qui restent à la maison? Y a-t-il beaucoup de femmes
qui travaillent à temps partiel? Est-ce qu'une étude a
déjà été faite? Cela s'adresse à une bonne
clientèle de femmes, mais je suis sûre qu'il y a aussi des hommes
qui ont besoin de services de garde. Je ne les exclus pas. Concernant le
travail saisonnier, y a-t-il beaucoup de femmes qui ont des activités
saisonnières?
M. Lemieux (Yvon): À ce niveau-là, notre
région ne fait pas exception au reste de la province de Québec
où il est démontré que les femmes occupent de plus en plus
le marché du travail. C'est vrai dans la région 01 aussi.
Mme Vermette: Y a-t-il plus d'emplois à temps partiel?
Vous ne le savez pas.
M. Lemieux (Yvon): Comme nous le mentionnions au début de
notre exposé, nous avons tellement peu de moyens qu'on ne peut pas faire
ce type de recherche. C'est malheureux.
Mme Vermette: Dans votre mémoire, vous parliez d'un taux
d'occupation de presque 92 %, ce qui est énorme dans les garderies.
C'est complet, c'est 100 %, en fait, 92 %. J'aimerais que vous m'expliquiez
cela. Je trouve ça beaucoup.
M. Lemieux (Yvon): Nous avons des statistiques assez
récentes. La plupart de nos garderies ont des taux d'occupation
supérieurs à 80 %. Presque toutes nos garderies répondent
à la norme actuelle de l'Office des services de garde qui est de 75 % et
quelques garderies éprouvent des difficultés. Comme je le disais
tout à l'heure je pense que - je ne le pense pas, je le dis - c'est le
résultat d'un travail acharné pour vendre la qualité de
notre service, pour aller chercher une nouvelle clientèle et pour
répondre vraiment aux attentes des parents. C'est souvent une nouvelle
clientèle que nous allons chercher. On a vu les familles
défavorisées ou moins fortunées déserter nos
garderies. Nous avons axé nos services sur la qualité pour aller
chercher une nouvelle clientèle. Je pense que nous ne pourrons pas
constamment créer une nouvelle clientèle. La clientèle qui
nous déserte, nous ne la revoyons plus. Nous croyons que c'est parce
qu'elle n'a plus les moyens de se payer la garderie. Même la
clientèle plus fortunée qui fréquente nos garderies
actuellement trouve les tarifs élevés pour notre
région.
Mme Vermette: Vous avez calculé que votre garderie, chez
vous, qui est la plus favorisée avec un haut taux d'occupation, recevra
13 700 $. Est-ce que vous avez calculé te montant que la moins
favorisée pourra recevoir? Est-ce que vous avez fait aussi les
calculs?
M. Lemieux (Yvon): 1300 $. Mme Vermette: 1300 $? De plus?
M. Lemieux (Yvon): Oui, 1300 $, mais pour certaines, le statu quo
sera maintenu.
Mme Vermette: Donc, cela veut dire que...
M. Lemieux (Yvon): Avec les données que nous avons, pour
six garderies, le statu quo sera maintenu. Nous sommes très Inquiets
pour ces garderies.
Mme Vermette: Donc, cela représente... Mme Forest: Six
garderies sur quatorze. Mme Vermette: ...six garderies sur quatorze. M. Lemieux
(Yvon): C'est 50 %.
Mme Vermette: C'est presque la moitié, plus une qui va
rester sous le seuil précaire.
M. Lemieux (Yvon): Je veux tout de même préciser que
nous avons travaillé avec les données disponibles dans
l'énoncé de politique. Nous avons travaillé à
partir de nos états financiers, de nos taux de fréquentation et
des données disponibles dans l'énoncé de politique de Mme
Gagnon-Tremblay. Nos chiffres peuvent être contestables à quelques
centaines de dollars près. Nous vivons dans le calcul continuel.
Généralement, nous calculons en dizaines de dollars plutôt
qu'en milliers de dollars lorsque nous achetons le matériel didactique,
mais nos chiffres sont assez justes.
Mme Vermette: Ce qui veut dire que vos garderies, si cet
énoncé de politique s'applique tel quel, risquent d'avoir encore
des difficultés financières et votre taux d'occupation risque de
chuter puisque certains parents ne pourront plus s'offrir ce service. Est-ce
probable?
M. Lemieux (Yvon): Votre analyse est très juste, madame.
D'une part, l'an 1 n'est pas si épeurant que ça; il nous garantit
le statu quo. Nous avons tenu le coup jusqu'à maintenant; nous avons
tenu le flambeau. L'an 2 devient très inquiétant. L'an 2 d'une
telle formule devient, pour nous, catastrophique puisque ce sera l'année
où nos tarifs devront être augmentés si on veut aller
chercher plus de subventions. Aller chercher plus de subventions pour se
maintenir dans le même état de pauvreté, cela a peu ou pas
d'intérêt, mais augmenter nos tarifs pour voir notre
clientèle nous déserter, ça n'a aucun
intérêt.
Mme Vermette: Du fait que vous soyez dans une région
où la culture fait peut-être en sorte que l'esprit d'entraide
naturelle est plus évident que dans une grande région comme la
région de Montréal, est-ce que le travail au noir risque de se
développer si les parents ont de la difficulté à avoir
accès aux garderies à cause du coût?
Mme Forest: Le travail au noir est déjà très
développé. C'est sûr qu'on vit peut-être plus
près des parents, des grands-parents, des oncles, des tantes, des soeurs
et des frères. Si c'est l'entraide dont vous parlez, c'est comme
ça que ça se passe dans plusieurs familles, c'est sûr.
Mme Vermette: Tantôt, Mme la ministre disait que s'il y
avait une meilleure publicité il y aurait un incitatif ou cela
favoriserait la socialisation de l'enfant dès son jeune âge.
Est-ce que cela pourrait aussi avoir une Incidence importante dans des
régions telles que la vôtre?
Mme Forest: Oui. Il faut faire ressortir que, dans la garde au
noir, il n'y a pas ou presque pas de qualité. Chez nous, c'est un milieu
d'éducation, ce sont des gens formés qui y travaillent et on a
des locaux aménagés et du matériel éducatif. Cela
ne ressort pas devant la population ou les gens le savent plus ou moins.
Mme Vermette: J'aimerais poser une autre question. Vous disiez
que l'intégration des enfants handicapés demande beaucoup plus.
Qu'est-ce que vous en pensez? Vous êtes-vous arrêtés sur la
reconnaissance, pour les garderies privées, d'enfants handicapés
et de poupons? Est-ce que vous vous êtes attardés à cet
aspect? En fait, c'est nouveau.
Mme Forest: En région, nous avons une garderie à
but lucratif.
Mme Vermette: Une garderie à but lucratif?
Mme Forest: Ce n'est pas un problème. On en a tellement
d'autres qu'on ne s'est pas tellement attardés à cela,
malgré qu'il soit sûr qu'on n'est pas d'accord pour
développer des garderies à but lucratif sur le dos des enfants.
On est d'accord pour avoir des garderies sans but lucratif.
Mme Vermette: Dans votre mémoire, vous parlez beaucoup de
la formation et de la qualité du service que vous devez donner.
Justement, tantôt, vous avez dit: C'est un milieu éducatif, c'est
un milieu de vie pour nous, la garderie, et plus souvent qu'autrement on peut
faire de la prévention ou permettre à l'enfant - comme on dit,
tout se passe avant six ans - d'acquérir une qualité de vie et de
développement. Est-ce que vous pensez qu'en ce qui a trait à la
formation la formule à 1 % proposée actuellement est
satisfaisante? Vous avez parlé, dans votre mémoire, d'un
comité de qualité qui pourrait prendre en charge... Est-ce que ce
comité de qualité, avec le 1 %, pourrait atteindre ses
objectifs?
M. Lemieux (Yvon): Nous craignons que non. Malheureusement, nous
avons été habitués à faire avec ce que nous avons.
Nous croyons à tout le moins que ce comité, avec 1 % de la
masse
salariale et un budget de renouvellement d'équipement, n'aurait
d'autre préoccupation que de penser à la formation plutôt
qu'à la qualité au sein de la garderie. À l'heure
actuelle, les conseils d'administration ou les réunions d'équipes
sont souvent consacrés, à savoir: Quelle sera notre campagne de
financement ou qui va fermer pour les semaines à venir? La
préoccupation de la qualité, comme nous le disions dans notre
intervention tout à l'heure, c'est en d'autres temps. C'est en sus du
travail normal. On aimerait qu'un comité n'ait que cette tâche. On
nous a proposé 1 %. Quant à devoir le prendre à môme
notre budget, on a dit: Donnez-le-nous à part et donnez-nous un budget
de renouvellement d'équipement. Dans une certaine mesure, on est
prêts à prendre ce qu'on nous offre. Par contre, on croit que
c'est Insuffisant, effectivement.
Mme Vermette: Est-ce qu'il est difficile de recruter des parents
pour faire partie d'un conseil d'administration? Chez vous, vous en avez
l'expérience, les parents doivent être participants. Est-ce que
c'est une charge additionnelle pour les parents? Est-ce que ce serait une
charge additionnelle de s'occuper, en plus, de vérifier l'administration
des salaires, la qualité, etc.?
M. Lemieux (Yvon): Tous les parents qui seront approchés
pour être membres d'un comité qui ne parle que de qualité
et de formation de personnel, sachant qu'il y a un budget pour ce
comité, Je pense qu'ils seraient légion à vouloir en
être membres.
Mme Vermette: Donc, ce que vous essayez de nous dire, c'est que
la bête noire des parents, quand on leur demande de donner du temps dans
une garderie, souvent ce sont les problèmes administratifs qui font que
c'est plus décourageant qu'autre chose. Ils semblent se battre
continuellement.
M. Lemieux (Yvon): C'est une très bonne constatation,
madame.
Mme Vermette: Non, je veux dire... M. Lemieux (Yvon): Oui.
Mme Vermette: D'après ce que vous venez de dire, parce que
votre dernière phrase était dans ce sens, si les parents avaient
de l'argent, ils seraient très heureux de participer à des
comités de qualité des garderies. (12 h 15)
Mme Forest: Non seulement ça, mais on demande aux parents
de venir pour des corvées de peinture, de ménage ou de lavage de
jouets, en plus de l'administration. Donc, c'est difficile d'aller les
chercher. Ils seraient sûrement d'accord de siéger à un
comité qui parle de pédagogie ou de qualité. C'est plus
Intéressant, je pense.
Le Président (M. Poulin): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. En conclusion, si vous voulez
remercier.
Mme Vermette: Je suis très heureuse que vous ayez
apporté votre point de vue, surtout celui d'une région telle que
la vôtre, parce que vous avez vos spécificités, notamment
concernant toute la garde estivale qui doit être un aspect important, le
travail saisonnier et les distances, ce avec quoi vous devez vivre. L'aspect
que vous nous avez surtout fait valoir, c'est celui concernant les entreprises,
le milieu de travail. Cette nouvelle orientation ne vous donnerait aucun
bénéfice puisque vous ne pouvez même pas voir quelle sorte
d'entreprise pourrait répondre à cet objectif et permettre
d'avoir un meilleur réseau, une meilleure qualité des services de
garde des enfants.
J'espère qu'on aura l'occasion de le prendre en
considération au moment où on reprendra les orientations, les
nouvelles voies exploitées et ce sera doublement important de
considérer ce que vous nous avez fait valoir dans votre rapport pour que
ce soit aussi mis en application dans votre région. Je vous
remercie.
Le Président (M. Poulin): Merci beaucoup. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Madame et messieurs, je suis très
heureuse que vous ayez pu, ce matin, nous faire connaître un autre pan de
toute cette problématique des garderies. Je suis très consciente
des difficultés que vous connaissez dans votre milieu. J'ai Justement
ici des statistiques à ma vue, entre autres, 1986. On voit que, dans
votre région, la population en général est à la
baisse. D'autre part, la population des enfants de 0-5 ans est aussi à
la baisse. Donc, ensemble, il faut travailler pour que votre population puisse
continuer à obtenir les services que vous leur offrez actuellement.
J'étais contente de voir que vous avez fait une ouverture quant
à l'expérimentation de centres intégrant plusieurs
services pour voir s'il n'y a pas moyen justement, tout en conservant ces
services, compte tenu d'une baisse de la population ou de la clientèle
des enfants de 0-5 ans, de continuer à donner à la population ce
service que vous offrez, et peut-être aussi d'ajouter d'autres services,
ce qui ferait qu'on pourrait consolider davantage, aider justement à
remplir, par exemple, l'occupation.
Tout à l'heure, on parlait de milieu de travail. Écoutez,
je ne pense pas qu'on puisse ouvrir des garderies en milieu de travail partout.
On dit qu'on va tout simplement conserver un certain pourcentage pour les
entreprises qui voudraient en ouvrir au cours des deux prochaines
années, mais je doute fort qu'on puisse en ouvrir partout. Par contre,
ça ne veut pas dire
qu'il y aura une répartition qui ne pourra se faire si ces
ouvertures ne se font pas en milieu de travail. Si on ne peut pas ouvrir une
garderie en milieu de travail, ça ne signifie pas pour autant, lorsqu'on
fera notre planification, qu'on ne pourrait inciter les entreprises à
tout simplement obtenir des places dans votre garderie pour leurs travailleurs.
C'est ce vers quoi on tend là où il n'y a pas une densité
de population, là où il n'y a pas suffisamment de
clientèle dans le milieu de travail. On pourrait, par exemple,
réserver dans une garderie de quartier suffisamment de places pour
l'entreprise et essayer de voir s'il n'y a pas une collaboration à
obtenir entre la garderie et le milieu de travail et non pas
nécessairement ouvrir une garderie en milieu de travail.
Je vous remercie beaucoup de votre exposé et nous allons
sûrement prendre en considération les recommandations que vous
nous faites. Merci.
Le Président (M. Poulin): Merci, Mme la ministre. Je
remercie les représentants du regroupement.
Le prochain groupe, c'est l'Administration régionale
Kativik-Kativik Regional Government. Je rappelle que vous avez 20 minutes pour
présenter votre mémoire et qu'il y a 40 minutes pour les
parlementaires.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Poulin): Bienvenue. Welcome.
Administration régionale Kativik-Kativik
Regional Government
Mme Grey (Minnie): Bonjour. I will try to speak slowly. I am
sorry, but we are not fortunate enough to speak French, but we de have two
languages. I would like to start by introducing the members of my group here.
First of all, my name is Minnie Grey. I am the third vice-president for Makivik
Corporation. On my right, is Mrs. Jessie Grey, a resident of one of our
communities. The next person is Mrs. Lizzie York, general manager for the
Health and Social Services in the Kativik region. Beside her, is Mrs. Vicky
Gordon, the directrice of the one and only day-care center in our region, and
Carole Cloutier and Lise Bélanger are our resource people.
Ladies and Gentlemen, members of the commission, in addition to the
documentation which you have received, the main purpose of our group's
presentation is to sensitize the members of this commission that in Nunavik we
face different realities and have a different outlook on raising our children.
In accordance to that principle, a Nunavik day-care network, a customized
network might be defined. If I am speaking too fast, would you tell me?
Une voix: Louder.
Mme Grey (Minnie): Louder?
Une voix: Yes, please.
Mme Grey (Minnie): To achieve this goal, emphasis will have to be
made on some major problems and disparities faced by the region and which the
Policy Statement on day care does not take into account. It seems that I am
forever repeating problems when I am doing different presentations, but it is
important to remember them in order to take into consideration our different
needs. It is too often that policies and regulations passed and geared towards
the South have negative impacts on our region, if there is no prior
consultation.
I would like to point out some of these problems, the major one being
the high cost of living. The price of food, In our region, is ridiculous, to
say the least. One member of our group here will go into more details with
that. The high cost of construction, which is a major cause for lack of
infrastructure which is so badly needed to have day-care centers;
transportation, which is only by air and, in the summertime, sealift.
Women, unlike their southern counterparts, have four or five children or
more and are unable to return to school or join the work force due to lack of
proper child care. The region has a very fast growing young population in which
a community of 200 people can consist of 50 % children. Language barriers exist
between our region and programs that are in place, thus denying a majority of
our population a proper service.
Lack of training in child-care procedures lead to a high turnover which
is also attributed to a lack of support from outside experienced agencies.
Baby-sitting is being done by very young people; this, in itself, has shown to
be a negative force as it encourages dropping out of school and it only leads
to less child care.
I have just raised some of these points. If I may, I am going to pass it
on to the other members of my group, so they can talk about their personal
experience. After, we will be going on to short recommendations. Thank you.
Une voix: (S'exprime dans sa langue)
Mme Grey (Jessie): (S'exprime dans sa langue)
Mme York (Lizzie): I will translate what she said. Thank you for
having the opportunity to be here and be able to raise my experience.
Even though we are from a small community, we still have needs. One of
them is day care. We need assistance, culture has been our counterpart in terms
of trying to develop day care. (12 h 30)
Mme Grey (Jessie): (S'exprime dans sa langue)
Mme York: Last year, we had our day-care center opened in
Kangirsuk and the experience we had was that in our communities we de not have
the best facilities in town. During the winter, there is a period of two months
where it gets really really cold. At this time, around that time, the furnace
the stove then become a problem in terms of fuel, mechanical problems, and the
Ministry of Corporations, where they have the only service, cannot keep up with
the mechanical problems. That Is the daily experience that they have. So, when
she was asked to be here, It was an opportunity for her to mention this, and it
is worth while mentioning that even to pay for fuel would be of assistance.
Also, because of a lack of resources, the day-care center is now closed; there
is not enough funding and, due to that, there are mothers who had to be
transferred to another hospital in Montreal. If there had been a day-care
center, the mothers would not have had to send their children to another
community. Because there is no day-care center, more than one mother have to
send their children to another community because of the shortage of day-care
facilities.
Le Président (M. Poulin): Mme Gordon.
Mme Gordon (Vicky): I am representing the day-care center
Iqitauvik in Kuujjuaq that has been opened in April, six years ago. The main
problem that we face right now is language barriers. All the mail that we get
is in French, and it is very frustrating to get letters in French. I want the
Government or OSGE to meet us half way - I am getting very nervous - that is in
English, our second language I am sure that at the Government they are
bilingual and they can meet us half way, which is English. This is our biggest
problem, my biggest problem, since I am doing all the books.
Also, we have 41 places in our day-care center. We have twelve babies
that are on a waiting list and there are same more children that are on the
waiting list who are over two years old. The day-care center in Kuujjuaq seems
to be running all by itself with no assistance or possibility to exchange ideas
with other day-care centers because, in our region, there Is no other day-care
center. We have been asked to go to Rankin Iniet. They are trying to start off
day-care centers in NWT and we have been asked to go there in March to give
some feedback to them on how we do it where we live. Also, in Frobisher Bay,
they are trying to start a day-care center and they are going to be sending a
person there for three or four days to see how we go on in the day-care center
so they can have an idea of how we de things with the children.
Also, training is one of our big problems when I hire a worker. Five
years ago, we had a training program and all of those people who were on the
training have all left. So, from my experience - I train those workers - the
first week is the hardest for that person to get to know the routine and, for a
new child, the first week is also the hardest. So, the training is very
important. Some days, when we have a new worker, there are times when I am not
in my office. I am with the new workers training them, telling them to de this
work, one to de that and letting them know the routine. After one week,
everything starts to fall in place, but there are things that can't be done. If
there were training, they would have a much better idea of what to de with the
children.
Also, for financial assistance to the parents, we have only one parent
who is getting financial assistance from social aid. She is a student. For a
parent who is working with a salary of 25 000 $ and under, they can get
assistance. But when two parents are working and one of the parent's pay check
goes to the day care to pay for her fees, we feel that we must tell OSGE that
25 000 $ is not enough. We feel that they have to jack it up more so the
parents can get assistance.
Also, I am just going to say a few things on the difference of the price
lists. Where we come from, there is only two stores: The Bay and the Coop. I
went to Steinberg yesterday to find out what is the difference in the prices.
For what we use everyday, like frozen apple juice, we pay 2,94 $ for one can
and, here, it is 1,49 $; for orange juice, it is 3,94 $; here you pay 2,29 $.
For 5 kilograms of flour, it is 9,31 $ in the North and 8,50 $ in the South.
For one Grand Pré...
Le Président (M. Poulin): Excuse me.
Mme Gordon: ...It is 2,29 $ and here you can get four for 3,29 $.
Also for one kilogram of peanut butter, we pay 6,19 $; here you pay 3,61 $.
Also for cargo cost, it 2,21 $ a kilo. So, I am just pointing out the
difference.
Also, for the other smaller communities, it is more expensive for the
food because the only way to go to another community is by plane, so that costs
more for other communities. That is all that I wanted to point out.
Mme Grey (Minnie): just conclude, O.K.? Le Président (M.
Poulin): O.K. Yes.
Mme Grey (Minnie): Thank you. Bearing ail this in mind, our
recommendation to this commission is to set up a task force composed of people
coming from our region and the Government agencies, mainly OSGE. This task
force would pay particular attention to studying the major problems faced in
the North and to find the proper solution to these problems and
negotiating the implemention of a Nunavik day-care network
with the appropriate funding for the next five years. Thank you. Merci
beaucoup.
Le President (M. Poulin): Thank you very much. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Merci, madame. Le gouvernement du
Québec a la ferme intention de respecter votre réalité
culturelle et vos traditions dans la mise en place de services de garde au
Nouveau-Québec. Avez-vous bien compris? Oui.
Je disais que le gouvernement du Québec a
l'intention de respecter votre réalité culturelle et vos
traditions dans la mise en place des services de garde.
On doit admettre cependant qu'il règne encore une
certaine confusion entre les juridictions provinciales et
fédérales. Aussi, là où cela peut faire
problème, c'est avec nos normes actuelles, lorsqu'on parle, nous, de
conseil d'administration, vous, vous parlez de chefs de bande. Je pense que
c'est absolument essentiel de répondre à vos propres besoins. Je
me demande, à ce moment-ci, si vous avez, à part la table ronde
ou à part les rencontres que vous aimeriez qu'on ait afin d'identifier
les besoins et d'établir les moyens, des modifications à
prévoir dans l'énoncé de politique qui est
présenté actuellement en commission parlementaire. (12 h 45)
Mme Clouttier (Carole): Je vais traduire. First of all, she was
saying that she wants to respect the fact that we have a different reality; she
is going to de that. But there is a confusion between the two jurisdictions,
the provincial and the federal. She is wondering about the fact that, when they
talk the Board of Directors, we talk about tribe chiefs. I will let you answer
that.
Mme Bélanger (Lise): I think that, concerning that, it
could be easier to explain that there is no chief, that the chief of a band is
another pattern.
Mme Grey (Minnie): Well, the Indians have chiefs and the Inuit
have leaders: Ha, ha, ha! Actually, we are under the Quebec jurisdiction. A
long time ago, we once were under the Federal system. We are Quebecers and we
are under the Quebec system. We de not have tribes, we de not have reserves, we
have communities, which is distinct and different from the Indians.
Mme Gagnon-Tremblay: Thank you, Madam.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringen: Thank you for coming and making this
presentation. I was wondering, in terms of some of the cultural differences
that we were talking about, if you could identify quite succinctly what some of
those are, where the values might be different from the kinds of things that we
de in the South as you put in.
Mme Grey (Minnie): It Is like you are asking me to pick and
choose whatever...
M. Thuringen: No, I just want to identify. In order
to respect those cultural differences, I need to know them more clearly. What
would they be? What values de you operate out of that maybe those of us, here
in the South, would not use in setting up a day-care system?
Mme Grey (Minnie): I would leave maybe Vicky or Lizzie answer
that, because they are the ones who have their hands on the day-care system in
Kuujjuaq.
Mme Grey (Jessie): (S'exprime dans sa langue)
Mme York: In our day-care system, we have a mixture of English,
French and I nuit. The majority of them are Inuit children. When we talk about
the Inuit children, their diet is quite different. You just don't introduce new
diet to these children. That is one type of difference that you can see.
M. Thuringen: One of the other things, Mr.
President, that was brought up was the fact that the costs are very high and
that there is no infrastructure there. Are there also possibilities to utilize
other buildings, like to expand in the schools, or is that being done now?
Mme Grey (Minnie): In most communites, we have new schools, but
these new schools are being used to the limit and there is no room for such
facilities as day-care centers. The facilities usually set up as day-care
centers are leftover houses, you know, that aren't up to standards.
M. Thuringen: Est-ce qu'il reste encore du
temps?
Le Président (M. Poulin): Oui, oui, allez-y. Je vous le
dirai.
M. Thuringen: In terms of space available, how will
you de with this? Where will you get your space from? New constructions?
Mme Grey (Minnie): The only solution that we have at hand right
now Is to build new buildings or else renovating an old building, which costs
just as much as to build a new one. Right now, there is just no space. I mean
that the houses are being built for people to live in; the schools are being
built to accommodate the children that have to go to school. The only agency
they can really afford to build up North
is the Government.
M. Thuringer: But it also seems to me, Mr. President, that
yesterday we had a number of briefs before us, in which municipalities and
community groups, and indeed part of the policy here is to de some planning,
and it seems to me that other government services, whether it is in Education
or Hospital, or whatever, that the day-care needs to be incorporated, when that
building is constructed. Is there any attempt - maybe that is kind of
Idealistic to suggest?
Mme York: Your question is pretty new. In our communities, we are
just starting developing, in terms of housing, In terms of education, so what
we are doing for alternatives, at this time, since there is no new monies
coming in, and the socio-economic aspect has not been considered in the
previous years, so when you talk about, let us say, the hospitals, for
instance, and the schoolboard, they have unions with benefit packages. Just out
of that, the socio-economic conditions up North, usually, are not considered,
so the people that could hopefully receive some source of money to develop are
usually returning back South, with the resource people that have left the
region. So, the alternative that we have for day-care facilities is social
housing; housing that would have been demolished by SHQ, this is what this lady
was talking about earlier, and in the rest of the other communities, that is
the only way that we could plan to foresee day-care centers.
Mme Grey (Minnie): I would just like to add a little bit. You
mention hospitals and agencies. For your Information, In the fourteen
communities in our region, there are two regional hospitals, one in each coast;
the rest of the communities have a nursing station where the nurses live In one
half of the house and the other half is a clinic. Where are you going to put a
day-care center in there? Also, like Lizzie mentioned, there Is the fact that
we are only starting to pool things within the community, but the municipality
itself, the municipal corporations have their hands tied, because their budgets
are fixed and there is no budget identified for such things like this.
M. Thuringer: No, I realized. I do not want to sound
simplistic, but having worked in the North, I know the kind of things you are
talking about. However, one of the things is that when different jurisdictions
are building buildings, even if there Is only one, it has to be taken into
account, if possible. However, I do not want to make a big issue on that. I
would like to get back a little bit to what you think of the program as such.
You Identified five or six recommendations, but, in terms of the funding, the
basic formula that is proposed here, does that make any sense to you?
Mme Grey (Minnie): If anybody else wants to answer that, they
can. I, myself, personnally, the idea there is good for us. Our only problem is
that the percentage of funding would have to be adjusted to our level of cost
of living.
M. Thuringer: What about training facilities that you also talked
about? Who would de the training and where is that available?
Mme Grey (Minnie): It is there!
Mme Cloutier: I will answer that one. I do the training. I do not
de much of it, because money is scarce. I was up there and I was doing a bit of
training. It is stopped now; there is no job for me. But if we get some money,
the way I would like to de it is to go around the coast, in each community, and
de some training on the job, bits by bits; not three-year courses, but try to
adapt the program - I have been in day care for ten years, I know what it is -
to try to adapt it to their reality. An example: I was there, the first time,
asking: What time is it this time? These people de not have time; that is
another difference or reality. They will go to sleep when they are tired, and
everything is different! So there is an adaptation that has to be done.
That training is necessary, because if you de not feel good about
yourself, that you have a job and self-esteem, that you have a training and you
say that you are an educator in a day-care center, well, you go there for a
week, in a day-care center, and you get kind of scared to see all these kids
around you. You don't know what to de with them, and so you stop working and it
is really hard to get personnel that stays; they need to be encouraged,
motivated and supported.
M. Thuringer: Une dernière question, M. le
Président. How much of a waiting list have you got? I mean what is the
kind of demand that there would be there in the region you are talking
about?
Mme Cloutier: Can I say something before answering your question?
Vicky will answer for her day-care center which Is working very well and she
can give you numbers. For the other little communities, there are no day-care
center that is subsidized by the Government. There is only one and that is the
one in Kuujjuaq. In the other little places, we are trying, they are part of
projects. We are trying to de something with the little things we have, and so
it is kind of skaky. The parents are not too sure they want to send their kids
there because the furnace will break tomorrow. Yes, there are a lot of
teenagers who are now getting out of Secondary V, who now have an education,
who want to work,
which was not the case before. They are coming out of the
market right now and tomorrow there is going to be a need for a day-care
center. It is going to be really big because before women were at home. Now,
you have those kids going through all education. You want to give them a
reward. You want to give them a job. These teenagers, unlike the ones down
here, maybe have already two kids when they are in Secondary V. And as she was
saying, maybe half of the population is made of kids and youth. We need places
and it is like tomorrow, if not today.
Mme Gordon: For babies, ever since it opened, we are allowed to
have five babies in. Ever since the day-care center opened, there has been a
waiting list. Even pregnant mothers who still have their babies in their
stomach put their babies on the waiting list. They have to wait six months
before they enter but it is such a long waiting list that they reserve. Also, I
will give you an example. My parents are from a big family of ten children,
brothers and sisters, my parents have 30 grandchildren and one
greatgrandchildren and that is normal for everybody. That's all I can say.
Mme Grey (Minnie): My four to five was a modern number. My
grandmother had fourteen children.
M. Thuringer: Merci. Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: I just want to say that you have come in this
Assembly and we very much appreciated your contribution and your comments about
this project and we hope that we take into account your comments and your
culture. So, I hope you don't mind if I speak French. I will ask you my
question in French. À la suite de votre mémoire, j'aimerais
savoir si vous avez eu des rencontres préalables face à ce nouvel
énoncé politique avec l'Office des services de garde pour
discuter de vos préoccupations ou des modes de culture chez vous?
Mme Cloutier: Did you have any meeting with anybody
from l'Office des services de garde concerning the new policy? Maybe with Use
Filion or somebody else? Would you like to talk about it?
Mme Gordon: I met Lise in person at OSGE. She gave me an English
copy, which was very nice of her, and we went through it. There is a little
clause here about the Inuit, page 81. It is very small but it is helping us a
lot because what we de is fit for us and not for the Southerners. (13
heures)
What they de with their children, I have no idea, but what
we de with the children Is what we see fit and we went through this a little
bit but the 45 % was one idea I did not really like. OSGE is paying 45 % of the
parents fees, which is maybe allright for down here but it is kind of too
cheap. I mean, like I mentioned, the food Is not the same, we would like to see
OSGE. (S'exprime dans sa langue) ...according to the northern cost of living,
that was one of our... That is the only thing that I saw...
Le Président (M. Poulin): Mme Bélanger.
Mme Bélanger (Lise): Vicky souligne quelque chose
d'important dans les relations entre différents organismes qui
travaillent au développement des services de garde dans le nord. Si Lise
Filion n'était pas tenue à Kuujjuaq au mois de novembre
passé, et très tard au mois de novembre, on ne connaîtrait
pas nécessairement la démarche, la mise sur pied de la
commission. Donc, Use est venue à Kuujjuaq et nous a dit: Attention,
vous faites des démarches pour mettre sur pied des services de garde
dans les communautés nordiques, il y a un énoncé de
politique, prenez-en connaissance et présentez un mémoire. On a
présenté le mémoire; à la suite de cela, il y a eu
des échanges, mais on n'a pas travaillé ensemble pour
préparer le mémoire ou pour tenter d'évaluer la
portée du mémoire. Actuellement, la seule forme d'assistance
qu'on peut avoir pour toute la région, c'est une personne, Lise Filion,
de l'Office des services de garde.
Le Président (M. Poulin): Merci, Mme Bélanger. Mme
la députée.
Mme Vermette: Donc, cela veut dire que... Je me posais la
question, Lise Filion... En fait, vous avez bien dit qu'il n'y a qu'une
personne, finalement, pour l'ensemble de votre territoire et que c'est
difficile parce qu'elle ne vient pas fréquemment dans votre
région. Vous n'avez pas vraiment de discussions en ce qui concerne les
orientations, l'organisation ou quoi que ce soit.
Mme Bélanger (Lise): Mme la députée, on a
tellement de difficultés...
Le Président (M. Poulin): Un instant, s'il vous
plaît! Cela me prendrait le consentement pour continuer nos travaux. Cela
va, Mme la ministre? Merci. Il y a consentement.
Mme Bélanger (Lise): On a de la difficulté à
s'entendre d'abord sur le type de garderie. C'est sûr que ce qu'on veut
offrir, c'est un service pour dépanner les parents dans l'ensemble des
communautés. Avant de parler d'énoncé de politique, on a
un service immédiat à rendre et la seule personne, notre seul
interlocuteur, c'est Lise, justement, de l'office, sauf que je ne connais pas
l'ampleur du travail qu'elle peut avoir à faire ou l'ampleur des
régions également.
Quand on parle de la région 10, en ce qui nous concerne, nous,
c'est la 10A, c'est tout ce qui est au nord du 55e parallèle.
Maintenant, si Lise travaille pour la région 10, cela veut dire qu'elle
comprend également les communautés cries et toutes les
communautés sur le réseau de la Baie James et plus au sud, ce qui
fait qu'on n'a pas beaucoup de ressources qui viennent de l'extérieur,
effectivement.
Mme Vermette: En fait, en plus d'avoir des problèmes de
communication, vous avez des problèmes de ressources à mon avis
et vous nous dites: Nous, nos problèmes, nos modes de garderie, en tout
cas, ne sont pas nécessairement à penser en consolidation de
réseau. Si j'ai bien compris, iI n'y en a qu'une qui est
subventionnée chez vous.
Une voix: C'est cela.
Mme Vermette: Le reste, ce sont des garderies qui
répondent à quelles exigences? Est-ce que ce sont des garderies
privées, des haltes, des jardins d'enfants? Est-ce familial? Qu'est-ce
que c'est?
Le Président (M. Poulin): Mme Cloutier.
Mme Cloutier: Ce sont des garderies qui veulent justement
déboucher parce qu'on commence... Ce que j'ai fait l'année
dernière, iI y a quelques mois quand j'y suis allée, c'est
d'essayer d'établir un réseau de garderies, mais tout petit. On
n'a pas d'argent, alors on fait ce qu'on peut, mais c'était pour leur
donner la notion de ce qu'est une garderie. Cela leur plaît comme truc,
ils le veulent. Maintenant, qu'est-ce qu'il faut faire? Il faut des sous. Le
gros problème, c'est cela, c'est les sous. La personne-ressource, c'est
facile à trouver si tu peux l'employer à longueur d'année
pour qu'elle organise quelque chose. Puis, les garderies, on ne sait pas trop
si ce sont des petites garderies maisons ou quoi. Évidemment, iI n'y a
pas d'édifice pour cela, iI nous faut des planches, des clous, il nous
faut vraiment le bâtiment. Je pense que la demande la plus importante
qu'on fait c'est qu'on a vraiment besoin d'être subventionnés,
mais beaucoup. Je sais que les chiffres sont énormes, mais
peut-être qu'on a besoin de plus d'aide que ceux du sud justement. Alors,
c'est un gros montant mais on en a besoin.
Mme Vermette: Ce que vous faisiez ressortir justement dans votre
mémoire, c'est l'Incohérence. En fait d'une certaine façon
l'incohérence de vous demander de répondre aux normes du sud
alors que vous avez des problèmes assez particuliers dans votre
région et que, même si vous vouliez vous conformer aux exigences,
vous ne seriez finalement pas capables puisque ce n'est pas du tout conforme,
d'une part, à la culture et, d'autre part, au niveau financier, il y
aurait des problèmes extrêmes, puisque le coût de la vie est
excessif, si j'ai bien compris, par rapport aux jus. Avez-vous
déjà fait des calculs sur le coût que représente un
enfant en garderie chez vous, par jour?
Mme Cloutier: Cela existe. She wants to know how much it costs
every day for a child at the day-care center? Le prix pour l'enfant ou le
coût?
Mme Vermette: Le coût.
Mme Cloutier: Facturé aux parents?
Mme Vermette: Aux parents, et quel tarif finalement pour que la
garderie soit...
Mme Cloutier: D'accord. She would like to know how much it would
be per child in a day-care center really to function well. And I think she is
not talking about the price you charge.
Mme Gordon: The cost.
Mme Cloutier: The cost of what is...
Mme Gordon: We have six workers at the day-care center for a
year. We pay in salaries over 80 000 $, and the revenue that we get, this is a
rough cost, but from January to December the revenue was over 105 000 $.
Mme Vermette: Par jour, qu'est-ce que cela peut coûter par
enfant, combien cela coûte-t-il?
Mme York: (S'exprime dans sa langue)
Mme Grey (Minnie): (S'exprime dans sa langue)
Mme Gordon: We just raised our fees at the beginning of February.
We have parents who bring their children; we have two parents who have three
children bringing them, so we have three kinds of rates: for parents who have
three children it is a little bit cheaper, for two children, brother and
sister, it is a little cheaper. Right now, the parents are paying 15 $ a day
for one child, the parents who have two children are paying 14 $ a day, and the
parents that who have three children are paying 12,50 $ a day. That just
started in February.
Mme Grey (Minnie): (S'exprime dans sa langue)
Mme Gordon: We get funding from OSGE which pays for the food, and
not the salaries. They pay 4,50 $ for a child and 5,75 $ for a baby, which pays
for the food. We provide three meals a day: a snack in the morning, lunch, a
snack again at three o'clock. What we get from OSGE pays for the food.
Mme Grey (Minnie): I would like to make Vicky's answer a little
bit more clear. She just mentioned that they raised their price per child, that
is 15 $. Even though they have raised the rate per child, that only covers the
cost of food, along with the subsidy they get. The price that would cover their
cost would be up to at least 25 $ a day to cover field costs, electric bills,
cleaning and the proper salaries for the staff. 15 $ is not much per child, I
mean that is why...
Mme Vermette: Je pense que j'avais compris qu'il y a un prix
décent que vous facturez aux parents, qui ne couvre pas
nécessairement l'ensemble des frais. Je pense que c'était clair
dans ma tête. Cela va.
Maintenant j'aurais une question qui peut être importante, compte
tenu de la spécificité de votre région, de la
problématique particulière aussi en ce qui concerne le coût
de la vie, et aussi parce que vous nous disiez qu'il est difficile, parce que
vous avez un grand territoire, d'avoir des communications, et d'avoir aussi des
échanges avec l'Office des services de garde. Est-ce que vous seriez
favorables, ou est-ce que vous avez déjà envisagé la
possibilité que les sommes d'argent soient données
entièrement à la communauté, et que celle-ci organise
elle-même son réseau en fonction de ses besoins? Est-ce que cela a
déjà fait partie de discussions, et envisagiez-vous cela d'une
façon intéressante comme approche, c'est-à-dire pouvoir
gérer vos propres institutions finalement?
Mme Cloutier: Je vais traduire, mais je pense que c'est ce qu'on
essaie de faire. Si vous parlez de sources, je ne sais pas d'où elles
viendraient...
Mme Vermette: En fait, ce serait la compensation, au lieu que ce
soit versé par les parents et aux garderies comme telles, la
communauté, l'Office des services de garde pourrait donner l'ensemble,
selon les besoins évalués, à la communauté et ce
serait finalement comme la pleine compensation avec droit de retrait.
Mme Cloutier Je pense que le Nord a besoin de son propre réseau,
c'est vrai, parce qu'on a des réalités différentes, et
plutôt que de dépenser des sous sur une hauteur de plafond ou des
règlements, de faire venir des architectes, tous ces petits
règlements, on pourrait s'en servir pour des trucs vraiment de base. Je
pense que ce serait bien qu'ils aient leur propre réseau avec une
représentante ou un représentant, des femmes inuit ou des hommes,
parce qu'il y a aussi des hommes qui s'y intéressent; qu'il y ait un
représentant par communauté, avec une personne coordinatrice, et
qu'ils aient leur propre réseau. Sinon, je ne sais pas comment vous
pouvez comprendre la réalité. Il y a vraiment un "gap". Je suis
là pour un petit bout, et elle aussi, même nous des fois nous
avons de la difficulté, mais on s'adapte. Et plus on s'adapte, plus on a
de la difficulté à vous suivre, vous. Il y a une
différence, il y a vraiment une différence. Voulez-vous que je
traduise?
Le Président (M. Poulin): Mme Bélanger,
peut-être?
Mme Cloutier: D'accord.
Le Président (M. Poulin): Mme Bélanger.
Mme Bélanger (Lise): On peut traduire,
peut-être?
Le Président (M. Poulin): Oui, d'accord.
Mme Cloutier Simplement résumer rapidement.
She was asking if it would be a good Idea instead of sending all these
monies, you know the percentage for the children and all that, if the monies
were sent for the whole Nunavik region to have their own, proper day-care
centers and de it the way they want.
Une voix: Yes, yes, that Is exactly what we want.
Mme Cloutier Oui, oui, yes, c'est cela.
Mme Bélanger (Lise): C'est une des solutions qui, je
pense, devrait être étudiée par le comité qui sera
mis sur pied pour trouver la meilleure ou les meilleures façons de
régler ou de développer le modèle typiquement nordique des
services de garde à l'enfance. Si l'enveloppe globale est une solution -
à mon humble avis, c'est une excellente solution - et que les deux
parties s'entendent pour la mettre en application, ce sera mis en
application.
Mme Cloutier Elle voudrait ajouter quelque chose.
Le Président (M. Poulin): Mme Cloutier.
Mme Grey (Minnie): I would just like to add a litte bit more, as
we have been discussing this for some time now. The best solution, as we said,
is as you mentioned it to have a network of day-care centers within our region.
In this way, they will be able to support each other, help each other, exchange
ideas for improvement and motivate each other and learn from each other.
Mme Vermette: Vous avez besoin de gens compétents et vous avez
besoin d'un bon réseau, aussi, je pense que c'est ce que vous attendez.
Je lisais dans ce que vous nous avez donné, à un endroit, vous
disiez que vous aviez besoin d'un
soutien clair de la part de la communauté et des conditions qui
répondent aux véritables besoins. C'est ma traduction. Je vais
lire exactement ce qui est écrit: "Clear support from the communities is
also a condition for funding such a program". Vous dites un peu plus loin:
"Makivik feels that day care is a social service to which governments should
contribute. Makivik has encouraged Palritsivik to actively seek government's
support, so that day-care services can benefit all communities." Je pense que
vous mentionnez que c'est un besoin chez vous qui me semble assez important et
urgent, que le réseau est débridé un peu, qu'il n'est pas
là, II n'y en a même pas, il est inexistant, et que tout est
à faire, en fait, tout est à bâtir chez vous. Donc, c'est
difficile pour vous de vous intégrer dans un énoncé de
politique à l'heure actuelle puisque vous ne pourriez même pas
suivre, d'aucune façon.
Le Président (M. Poulin): Ce sera la dernière
question de la députée. Je vous donne la parole, et nous
terminerons après cela, Mme la députée de Marie-Victorin.
Allez-y pour la réponse.
Mme Vermette: Quand vous demandez clairement... En fait, vous
voulez avoir un soutien clair. À défaut de la solution qu'on a
proposée tantôt et qui pourrait être envisagée, pour
vous, un soutien clair, en quoi cela conslste-t-il?
Mme Cloutier: Un soutien clair, ce sont vraiment les sous, et
c'est de pouvoir nous "backer" pour employer le mot anglais. Le soutien, ce
sont les sous. Les idées, je ne sais pas si on en a besoin, on les a
déjà. D'après moi, c'est vraiment ça, ce sont les
sous, et d'arrêter de nous mettre des bâtons dans les roues avec
des règlements qui, pour nous, sont futiles. Dans cette
réalité, on en rit. Dans le sud, je n'en riais pas, je les
faisais respecter. Dans les garderies, ça fonctionnait comme ça,
et j'y croyais, mais je n'y crois pas dans le nord. C'est ça. Le soutien
clair, je ne sais pas si le soutien clair ce serait de nous donner un montant
d'argent et de nous dire: Bon, adieu, vous vous organisez et on ne vous aide
plus. Le soutien clair, c'est de nous donner un bon soutien fort comme vous
donnez aux communautés du sud, mais en augmentant les montants pour les
ajuster. Je ne suis pas très bonne en administration, mais je pense
qu'il faut calculer le double des montants. Est-ce que ça répond
à la question?
Mme Vermette: Oui, ça va très bien.
Mme Cloutler Je pense que je me suis répétée, c'est
pour ça que...
Le Président (M. Poulin): En conclusion.
Mme Vermette: Comme le temps passe rapidement, en fait, je pense
que vous nous avez apporté une nouvelle réalité, qui est
la réalité du Grand-Nord, en tout cas, et vous nous avez
démontré hors de tout doute que c'est difficile pour vous,
même avec la meilleure volonté du monde, de vous ajuster aux
normes; même si vous le vouliez, ce serait Impossible puisque le
réseau n'existe même pas. C'est à penser et à
repenser. J'espère qu'on ne vous fera pas juste parvenir les
modifications ou la loi, mais qu'on prendra l'engagement de vous rencontrer et
de faire en sorte qu'on trouve des éléments de solution, de
nouvelles voles qui vous permettraient, vous autres aussi, de penser à
avoir un réseau de garderies important puisque c'est de la
prévention et que cela fait partie aussi de l'enrichissement d'une
société de voir à ses enfants. Alors, je pense que c'est
ce qui compte.
Mme Cloutier: She sees our reality, I mean that the reality is
different, and she thinks that something should be done to adjust and that we
should meet and discuss.
Le Président (M. Poulin): En conclusion, Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je constate, mesdames, que nous sommes
très loin de la recommandation d'abaisser les ratios dans votre cas. Je
pense, en somme, que ce que vous voulez; c'est beaucoup plus des services avant
de discuter d'abaisser les ratios ou d'autres recommandations qui nous sont
faites à cette commission parlementaire.
I recognize that you have particular problems which are very different
from others in services and I wish we work together to find the best solutions.
I will stay in touch with my colleague Minister responsible for your community
and maybe we can work together and see if there is any solution to bring. Thank
you very much, Madam, for your presentation.
Le Président (M. Poulin): Merci, Mme la ministre. Merci
beaucoup aux représentants du groupe et nous suspendons nos travaux
jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 22)
(Reprise 14 h 47)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa
place afin que la commission des affaires sociales puisse procéder
à une consultation générale et tenir des auditions
publiques afin d'étudier l'Énoncé de politique sur les
services de garde à l'enfance" déposé à
l'Assemblée nationale le 24 novembre 1988.
Avant de procéder, la députée de Maison-
neuve a une demande à la commission.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Je souhaiterais que mon
collègue de Saint-Jacques puisse assister à nos travaux cet
après-midi. Il pourra remplacer M. Blais (Terrebonne).
Le Président (M. Bélanger): Bien. Y a-t-il
consentement?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M.
Boulerice (Saint-Jacques) remplacera M. Biais (Terrebonne).
Nous recevons présentement à la table des témoins
le Conseil du patronat du Québec, représenté par M.
Ghislain Dufour, Mme Gail Grant, Mme Jasmine Deslauriers, Mme Josée
Deslauriers. Alors, si vous voulez bien identifier votre porte-parole. Je vous
prierais, chaque fois que quelqu'un doit faire une intervention, de bien
vouloir vous nommer, ceci pour les fins de la transcription au Journal des
débats. Je vous prierais de présenter votre mémoire.
Conseil du patronat du Québec
M. Dufour (Ghislain): Merci, M. le Président. Si vous me
le permettez, je vais, quand même, ajouter à ce que vous avez dit
sur mes collègues pour les Identifier dans leur milieu: à mon
extrême gauche, Mme Gail Grant, rédacteur-analyste au Conseil du
patronat; à ma toute gauche, Mme Jasmine Deslauriers, directrice de la
garderie Fleurs de papier, la garderie des employés de
Métro-Richelieu; elle est également chez Provigo 1ST avec le
Jardin de la relève. À ma droite, Mme Josée Deslauriers,
directrice de la garderie La Bougeotte, la garderie du YMCA de Québec,
et ex-directrice de la garderie populaire de Fermont chez Quebec Cartier
Mining. C'est peut-être francisé depuis.
M. le Président, notre mémoire fait à peu
près une vingtaine de minutes. Je pense que c'est ce que vous nous
donnez pour la présentation au départ. Déjà, en mai
1985, dans un mémoire que nous soumettions au comité de
consultation sur la politique familiale, le comité Champagne, le conseP
exprimait son grand intérêt à l'égard de la relation
travail-famille et plus précisément à l'égard des
services de garde, et donnait alors son appui aux entreprises qui mettent sur
pied des garderies en milieu de travail. Il demandait, par ailleurs, au
comité de consultation de recommander qu'une étude soit
menée sur les garderies en milieu de travail afin que les employeurs
aient accès à une source d'Information à jour et
fiable.
Un peu plus tard, en novembre 1985, dans un de nos bulletins, nous
disions notre appui à l'implantation de garderies en milieu de travail
et on concluait que non seulement les employés bénéficient
de ces services, mais que les employeurs en retirent, eux aussi, des avantages,
tels que: de meilleures relations humaines, une plus grande facilité de
recrutement et de conservation de la main d'oeuvre, la fierté pour
l'entreprise, etc. Régulièrement, par la suite, notamment, pour
ceux qui l'ont vécu avec nous, dans le dossier de l'accès
à l'égalité, nous avons exprimé notre
Intérêt à l'égard des services de garde, disant
qu'une des façons de réaliser l'accès à
l'égalité était la promotion des garderies et des
garderies en milieu de travail.
C'est donc avec beaucoup d'intérêt que nous avons pris
connaissance de l'énoncé gouvernemental déposé le
24 novembre dernier et dans lequel le gouvernement affirme sa volonté de
privilégier le développement des garderies . en milieu de
travail. Compte tenu de l'intérêt du CPQ pour ce type de garderies
dont je viens de parler, l'énoncé, quant à nous, arrive
à point.
C'est, d'ailleurs, à ce seul aspect - je veux bien le
préciser - de l'énoncé de politique que seront
consacrés les présents commentaires. Le CPQ laisse, en effet,
à tous les autres groupes, nombreux, le soin de faire valoir leur point
de vue sur les multiples facettes tant organisationnelles que
financières ou même idéologiques que présente
l'énoncé.
Au-delà de sa propre expertise et pour bien situer ses
commentaires et s'assurer de leur représentativité, le CPQ a,
cependant, invité des représentants des garderies en entreprise
privée à participer à une importante consultation sur
l'identification des problèmes et des solutions relatifs à
l'implantation et à la gestion de telles garderies. Le document
ministériel en identifie treize en milieu de travail privé; nous
en avons rencontré dix et ce sont ces dix réactions ou analyses
qui servent de trame de fond au présent mémoire.
Nous procédons, d'abord, en identifiant les problèmes et,
ensuite, nous faisons un certain nombre de propositions pour essayer de
régler ces problèmes.
Donc, la première partie, A. Les contraintes à
l'implantation et au fonctionnement de garderies en milieu de travail. Nous
nous sommes, d'abord, interrogés sur la stagnation de la croissance des
garderies en milieu de travail. Vous vous le rappelez, il y en avait treize, il
y a cinq ou six ans, et il y en a toujours treize. Alors, pourquoi cette
stagnation? Nous avons, d'abord, identifié les contraintes qui sont
propres à l'entreprise, a) L'une des raisons qui expliquent la
stagnation de la croissance des garderies en milieu de travail, dans
l'entreprise privée, est vraisemblablement que, encore aujourd'hui, un
bon nombre d'entreprises n'en veulent tout simplement pas. Certains chefs
d'entreprise le diront, d'ailleurs, carrément, estimant qu'il ne s'agit
pas là de leur mission de mettre sur pied des garderies en milieu de
travail ou encore parce qu'ils ne croient pas en leurs vertus ou parce qu'ils
ont d'autres préoccupations.
b) D'autres entreprises souhaitent que cette Initiative soit prise par
les employés et qu'ils soient entièrement responsables de sa
réalisation, y compris aux étapes de la planification, de
l'Implantation et de la gestion, même si, dans les faits, ils n'ont pas
toujours le pouvoir décisionnel nécessaire pour assumer
véritablement cette responsabilité. Les entreprises ne s'opposent
donc pas en principe aux garderies en milieu de travail pourvu qu'on ne
s'attende pas qu'elles y jouent un rôle Important ou s'y impliquent
financièrement. c) On note souvent un grand Intérêt de la
part des employés à l'égard de la mise sur pied d'une
garderie en milieu de travail. Mais, lorsqu'il s'agit de mobiliser les
employés qui en seront les éventuels usagers, on constate que
très peu d'entre eux possèdent les capacités ou les
compétences nécessaires pour la mise en oeuvre du projet. De
plus, très peu sont disponibles pour s'y impliquer. d) II est
évident - et vous le signalez dans l'énoncé, Mme la
ministre - qu'une certaine masse critique d'employés est essentielle
pour justifier la création d'une garderie. Or, la majorité des
entreprises au Québec ne peuvent répondre à ce
critère, étant de trop petite taille. e) Les entreprises n'ont
pas assez d'informations sur les coûts réels d'implantation et
d'exploitation d'une garderie et les avantages qu'elles peuvent en tirer.
Très peu d'études canadiennes ont, d'ailleurs, été
faites sur ce sujet. À toutes fins utiles, nous n'en avons pas
trouvé. f) Les entreprises qui ont pris la peine d'entreprendre une
étude de marché avant d'implanter une garderie sont souvent
déçues de constater que le nombre de parents qui semblaient
Initialement intéressés à placer leurs enfants en garderie
en milieu de travail diminue lors de son ouverture. Il arrive, en effet, que le
délai entre l'étude de marché et l'ouverture de la
garderie soit trop long et que les parents aient dû prendre d'autres
dispositions entre-temps. Il se peut aussi que certains parents soient
réticents à placer leurs enfants dans une garderie avant qu'elle
ne fonctionne pleinement. Les entreprises pourraient interpréter cette
réaction comme un manque d'intérêt et laisser tomber le
projet. g) Les entreprises n'ont pas toujours les locaux adéquats pour
respecter les normes de l'office. il) Puisque bon nombre d'entreprises sont
essentiellement formées d'hommes - c'est quelque chose d'important qu'on
a réalisé dans notre recherche - elles ne pensent pas que les
garderies puissent répondre à un besoin. Pourtant, les hommes
constituent et constitueront de plus en plus une clientèle Importante
pour ce genre de service.
Finalement I), certaines entreprises disposant de locaux adéquats
pour mettre sur pied une garderie ne considèrent pas prioritaire de les
utiliser à cette fin.
C'est, quand même, un tableau assez global de ce qui se
présente dans les entreprises face à la possibilité
d'implanter un réseau de garderies en milieu de travail.
Quelles sont maintenant les contraintes Imposées par le
gouvernement? Là, on se réfère au vécu de celles
qui existent. Je voudrais vous dire Immédiatement, M. le
Président, que bon nombre des choses que nous allons dire peuvent
paraître relever parfois des perceptions plutôt que de la
réalité - ce n'est peut-être pas appuyé par cinq ou
dix exemples, ce que nous allons dire après - mais les perceptions dans
ce domaine, vous le savez aussi bien que moi, sont très importantes. SI
elles sont mauvaises, il faut tenter de les changer. - a) L'application des
normes de l'Office des services de garde à l'enfance concernant
l'aménagement des locaux intérieurs et extérieurs d'une
garderie (par exemple, la hauteur d'une clôture, la définition des
aires de jeu, etc.) est parfois trop rigide. b) Les normes concernant
l'aménagement de l'espace extérieur imposent de sérieuses
contraintes aux immeubles du centre-ville, par exemple, où les espaces
verts sont très peu nombreux et rarement situés à moins de
500 mètres des Immeubles. c) On Impose parfois - le mot "parfois" est
Important - de nouvelles exigences aux entreprises en cours de projet, ce qui
leur occasionne des déboursés qu'elles n'avaient pas pu
prévoir lors de la planification. Les entreprises perçoivent ces
exigences comme des tracasseries administratives qui ne leur semblent pas
essentielles à l'amélioration de la qualité des
aménagements d'une garderie. d) Jusqu'ici, les politiques
gouvernementales ne privilégiaient pas les services de garde en
entreprise privée, peut-être parce que l'on craignait un certain
déracinement des enfants dans le cas où ces derniers devaient
quitter leur quartier tous les jours et faire souvent un long trajet pour se
rendre aux garderies situées sur le lieu de travail de leurs parents.
Pourtant, les expériences récentes des garderies en milieu de
travail semblent démontrer clairement les avantages que
présentent de telles garderies pour la famille. e) L'office offre
très peu de services de consultation aux entreprises. Ainsi, des
entreprises qui songent à mettre sur pied une garderie demandent
très souvent de l'information à celles qui en ont
aménagé une. Plusieurs estiment que l'expertise pertinente en la
matière devrait provenir de l'Office de services de garde à
l'enfance lui-même et non pas des entreprises. f) Les demandes de permis
ou d'augmentation du nombre de places au permis accusent parfois des
délais qui gênent le processus décisionnel des entreprises
et qui, bien souvent, ont comme résultat l'abandon du projet.
D'ailleurs, c'est une constatation que vous confirmez
dans l'énoncé. g) Dans certaines municipalités, le
zonage municipal présente une difficulté supplémentaire
pour les entreprises car elles ne disposent pas toujours d'un éventail
d'options quant à l'emplacement de leur garderire. Le temps mis à
tenter de faire changer un règlement de zonage peut conduire à
l'abandon d'un projet de garderie. h) II semble difficile d'obtenir le soutien
des municipalités lors de l'élaboration d'un projet de garderie,
ce qui serait tout à fait le contraire dans d'autres villes
canadiennes.
Finalement, i) on constate des désaccords importants entre les
spécialistes des entreprises et les employés de l'office
préposés à l'aménagement de l'espace physique et
aux équipements d'une garderie. Certaines divergences se manifestent,
par exemple, sur le choix et les dimensions de l'ameublement, le décor,
l'aménagement des pièces, etc.
Donc, à partir de deux ordres de raisons, cela vous trace un peu
le pourquoi de la stagnation bien identifiée de la croissance des
garderies en milieu de travail.
Quelles sont nos propositions d'action? Elles sont de deux ordres, pour
faire un parallèle avec les difficultés que l'on a
identifiées. D'abord, des propositions d'action qui s'adressent aux
entreprises, a) Sans que ce soit là la responsabilité exclusive
des entreprises, celles qui ont mis sur pied des garderies pourraient en vanter
davantage les mérites aux autres entreprises. Elles pourraient mettre en
évidence certains aspects positifs du genre de ceux qui sont dans
l'énoncé et qu'on retrouve dans nos propres analyses:
amélioration de la qualité de vie au travail, baisse des taux
d'absentéisme, amélioration de l'image corporative, baisse du
taux de roulement, augmentation de la productivité, etc. Les
associations d'entreprises pourraient également contribuer à
mieux faire connaître les avantages, d'une part, et, d'autre part, les
coûts réels d'implantation et de maintien d'une garderie si une
telle information de source fiable devenait disponible. b) Les entreprises
devraient aller davantage de l'avant et créer elles-mêmes leur
garderie. Une fois l'infrastructure en place, elles devraient alors tenter d'en
confier le fonctionnement aux parents-usagers faisant partie du conseil
d'administration de la garderie. Elles devraient, cependant, continuer de
siéger au conseil d'administration et offrir à la garderie tous
les services-conseils dont elles sont capables.
(15 heures) c) Les entreprises pourraient accorder une certaine
flexibilité des heures de travail aux parents qui sont membres des
conseils d'administration des garderies en milieu de travail afin qu'ils
puissent participer aux réunions sans être
pénalisés. d) Les PME, qui n'ont pas un nombre suffisant
d'employés pour justifier l'implantation d'une garderie, devraient,
comme le suggère, d'ailleurs, l'énoncé, se regrouper en
consortium afin de pouvoir répondre aux besoins de leurs
employés. e) Les entreprises qui ont décidé de
créer une garderie doivent être tenaces et se rappeler qu'il leur
faudra un certain temps pour mériter la confiance des parents-usagers.
Elles doivent réaliser que la clientèle de la première
année ne reflète pas toujours le besoin réel, puisque le
délai entre la conception et la réalisation d'un projet de
garderie oblige souvent les parents à prendre d'autres dispositions.
Une recommandation aussi importante, qui n'est pas de l'ordre
gouvernemental, mais plutôt de l'ordre des entreprises: f) toute
entreprise, qui prévoit la construction d'un immeuble qui sera
occupé par plus ou moins 500 personnes, devrait penser à
réserver un espace pouvant accueillir une garderie
éventuelle.
Finalement, g) le gouvernement devrait s'assurer que les programmes de
formation de personnel de garderie dispensés en milieu scolaire tiennent
compte des exigences particulières du milieu de l'entreprise. Le
fonctionnement d'une garderie en entreprise est très différent de
celui de tout autre type de garderie.
Propositions s'adressant au gouvernement et qui sont probablement plus
pertinentes aux travaux de votre commission, M. le Président. a) La
politique du gouvernement du Québec, élaborée en 1983
à l'égard de l'emplacement des garderies dans les édifices
publics, a été et demeure un geste positif, mais elle n'a pas
suffit à éliminer certaines contraintes que subissent les
entreprises lorsqu'elles tentent de s'astreindre aux exigences de la
réglementation sur les services de garde. En particulier, on
s'attendrait à plus de flexibilité dans l'application des normes
régissant l'aménagement des espaces intérieurs et
extérieurs, l'éclairage naturel, etc. b) L'Office des services de
garde à l'enfance devrait pouvoir collaborer avec toutes les entreprises
Intéressées à ouvrir une garderie en mettant à leur
disposition toutes les ressources dont elles pourraient avoir besoin en
matière pédagogique et administrative pour mener leur projet
à bonne fin. Il faudrait alors que le gouvernement consente à
l'office les ressources humaines nécessaires et que ces ressources aient
à la fois une bonne compréhension du fonctionnement de
l'entreprise, une expertise pertinente à l'implantation d'une garderie
et une connaissance adéquate de la réglementation sur les
services de garde à l'enfance. Ces personnes serviraient
d'intermédiaires entre les entreprises et l'Office des services de garde
à l'enfance, ce qui permettrait d'accélérer le processus
d'implantation d'une garderie.
Le modèle auquel nous vous référons ici existe.
C'est celui de la Direction des programmes d'accès à
l'égalité de la Commission des droits de la personne du
Québec dont le mandat est, justement, d'offrir des services de
consultation aux entreprises qui veulent mettre sur pied
un programme d'accès à l'égalité. Je peux
vous confirmer qu'actuellement II y a au moins 57 entreprises du secteur
privé qui sont allées chercher ce service-là à la
Commission des droits de la personne. C'est un exemple absolument
extraordinaire de collaboration entre le secteur privé et le secteur
public. c) II est essentiel que le gouvernement continue, contrairement
à ce que suggère l'énoncé, d'aviser les entreprises
du montant précis de la subvention qu'il leur accordera pour
l'implantation d'une nouvelle garderie en milieu de travail avant que leur
projet ne soit engagé. d) Le gouvernement ou l'office devrait diffuser
à l'Intention des entreprises toute l'information disponible sur les
coûts réels d'implantation et de maintien d'une garderie en milieu
de travail, ainsi que sur les bénéfices qu'elles peuvent en
récolter. Les entreprises seraient alors mieux en mesure de faire une
planification financière réaliste et seraient moins
vulnérables en cas d'imposition de nouvelles exigences administratives.
e) À l'instar de ce qu'il fait en d'autres domaines, le gouvernement
devrait offrir des dégrèvements fiscaux aux entreprises pour les
Inciter à envisager la mise sur pied d'une garderie. Ici, on parle, bien
sûr, de l'implantation, donc de la capitalisation sur les
équipements. f) Le gouvernement devrait faire des démarches
auprès des municipalités afin qu'elles collaborent avec les
entreprises désireuses d'ouvrir une garderie en milieu de travail, d'une
part et, d'autre part, qu'elles s'assurent que leurs règlements de
zonage n'entravent pas inutilement la réalisation d'un tel projet. g) Le
gouvernement devrait s'appliquer à trouver des moyens qui faciliteraient
le développement de pouponnières dans les entreprises, car c'est
pour ce type de services que la demande est la plus forte et que les frais
d'implantation et de fonctionnement sont les plus élevés.
Finalement, il) le gouvernement devrait donner un sens plus large au
terme "création de garderies" et faciliter l'augmentation du nombre de
places au permis des garderies existantes. Il devrait également
assouplir les normes concernant l'aménagement physique lorsqu'une
entreprise souhaite créer une deuxième garderie à
l'intérieur d'un même immeuble. Les entreprises seraient alors en
mesure de répondre plus adéquatement à la croissance de la
demande de la part de leurs employés.
En conclusion, M. le Président, nous tenons à
féliciter la ministre déléguée à la
Condition féminine d'avoir déposé cet énoncé
de politique sur les garderies. On est, pour l'essentiel, d'accord avec
l'orientation qui le sous-tend en ce qui concerne la garde en milieu de
travail. Nous aimerions, cependant, ajouter les commentaires suivants: 1) Nous
appuyons fortement la proposition de l'énoncé suivant laquelle
"les dons significatifs faits par les entreprises aux garderies sans but
lucratif devraient être reconnus comme revenus de garde admissibles
à une subvention". Nous sommes absolument convaincus, M. le
Président, que cette mesure aura pour effet d'accroître le nombre
de garderies en milieu de travail. 2) La nouvelle orientation de la politique
gouvernementale conduira sûrement à un changement d'attitude de la
part de l'Office des services de garde à l'enfance à
l'égard des entreprises. Sans critiquer cette attitude qui tenait
sûrement compte d'une approche gouvernementale, cela contribuera pour
beaucoup à stimuler la création de nouvelles garderies en
entreprise privée. Les entreprises admettent, en effet, et c'est
important, qu'elles ont grandement besoin de sentir l'appui de l'office
à l'égard de leur projet de garderie et d'entretenir avec lui des
relations harmonieuses. 3) Nous souhaitons que, dans l'application de la
nouvelle politique, le gouvernement reconnaisse vraiment que l'objectif
principal des entreprises n'est pas leur propre objectif, mais de
répondre à un besoin exprimé par leurs employés et
qu'elles doivent donc leur accorder la priorité quant aux places
disponibles. 4) Nous Insistons sur la nécessité d'établir
un meilleur équilibre entre les exigences pédagogiques et les
exigences administratives imposées par l'office. 5) À l'instar
des entreprises que nous avons consultées, nous estimons qu'il est
toujours approprié que les conseils d'administration des garderies en
milieu de travail soient composés majoritairement de parents. C'est
là un mécanisme qui favorise la transmission des valeurs des
parents à leurs enfants, ce qui ne serait sans doute pas le cas si les
conseils d'administration étaient composés strictement de
gestionnaires. 6) Nous recommandons fortement que l'office consulte toujours
les directions de garderies en milieu de travail lorsqu'il a l'intention de
modifier son modus vivendi avec les entreprises.
Finalement, M. le Président, nous offrons notre entière
collaboration au gouvernement du Québec et à l'Office des
services de garde à l'enfance pour réaliser les objectifs
formulés dans cet énoncé.
En terminant - et j'ai prévenu Mme la ministre de notre question
- nous voudrions que, dans cet échange d'Idées que nous aurons,
elle précise davantage les énoncés de la page 34 relatifs,
justement, aux garderies en milieu de travail. Lorsque l'on dit, par exemple:
"Le gouvernement entend donc prioriser la mise sur pied de garderies en milieu
de travail en leur réservant un pourcentage des places à
développer", on aimerait savoir un peu quelles sont les orientations
quant à ce pourcentage. Beaucoup d'intervenants véhiculent,
à ce moment-ci, 50 %. On a vu des déclarations syndicales de 50
%. On n'a vu cela nulle part, nous, dans l'énoncé. Il y a
peut-être eu des déclarations à l'extérieur qui
nous ont échappé. On aimerait, s'il y a eu des
précisions de faites dans ce domaine, que vous nous les rappeliez, Mme
la ministre.
Aussi, quant à la dernière phrase de cette section
où on dit: "Étudier les moyens susceptibles de faciliter aux
entreprises l'ouverture de services de garde au bénéfice de leur
personnel", s'il y a du matériel nouveau qui n'apparaît pas
à l'énoncé, qui a pu être distribué à
cette commission ou en conférence de presse ou autrement, nous
aimerions, M. le Président, en être informés.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. Dufour. Mme
la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. Dufour. Pour répondre
à la question que vous me posez, lorsqu'on mentionne qu'on "priorisera"
la mise sur pied des garderies en milieu de travail, effectivement, nous
n'avons pas précisé de chiffres comme tels parce que cette
priorité est donnée au cours des deux prochaines années,
entre autres, et dépendamment, par exemple, des listes d'attente
actuelles, parce qu'il faut dire qu'on ne veut pas, non plus, freiner
l'ouverture d'autres garderies de quartier, par exemple, qui sont
déjà inscrites sur des listes d'attente depuis très
longtemps, depuis fort longtemps. Le chiffre de 50 %, c'est un chiffre qui a
peut-être été véhiculé. C'est une proportion,
dépendamment, par exemple, du nombre d'entreprises qui seraient
disposées à ouvrir de telles garderies. On sait fort bien - vous
l'avez, d'ailleurs, très bien mentionné aussi - que, si on n'a
pas autant de garderies, par exemple, en milieu de travail, souvent c'est
à cause de l'exigence d'avoir à attendre le développement
annuellement. Donc, on devait s'inscrire sur la liste d'attente comme toutes
les autres garderies et on attendait son tour.
Comme vous le mentionnez, en entreprise, le temps qu'on prend pour faire
l'étude, et qu'on prend par la suite pour obtenir le permis pour
l'implantation de garderies, souvent ce délai décourage les
entreprises et elles décident, tout simplement, d'abandonner le projet.
Je pense que c'est un effort dans ce sens, en disant: Ouf, on veut "prioriser";
au cours des deux prochaines années, indépendamment, par exemple,
de la planification que nous voulons entreprendre. II y aura un pourcentage de
prévu dépendamment du nombre de ces entreprises qui voudraient en
ouvrir. Mais on ne veut pas, pour autant, freiner l'ouverture de garderies de
quartier.
Lorsque nous ferons notre planification régionale, parce que nous
amorcerons le plus rapidement possible notre planification régionale,
nous avons l'intention de travailler avec tous les intervenants du milieu, y
compris les entreprises, dans le but d'identifier les besoins et de voir
quelles seraient les entreprises qui auraient le goût d'ouvrir de telles
garderies et aussi quelles seraient celles qui pourraient en ouvrir. En effet,
ce ne sont pas toutes les entreprises, comme vous le mentionniez, qui peuvent
aussi ouvrir des garderies. Il faut avoir, quand même, je pense, l'espace
nécessaire. Il faut avoir aussi cette qualité d'air ou cette
qualité de vie pour l'enfant, ça prend des espaces verts et on ne
peut pas toujours offrir ces services.
Il est vrai qu'on peut, par contre, se regrouper. Il est vrai aussi
qu'une garderie de quartier pourrait aussi offrir des places à une
entreprise qui ne pourrait pas en ouvrir une en milieu de travail. Je pense que
c'est cette collaboration entre tous les intervenants du milieu qu'on veut.
Finalement, quand je parle des municipalités avec tous les intervenants,
c'est parce que c'est un gouvernement beaucoup plus près de sa
population et, si on est en mesure de travailler ensemble afin d'identifier les
besoins et de discuter des solutions, à ce moment-là, ce sera
beaucoup plus facile d'identifier un pourcentage quelconque à partir des
besoins. Alors, ce que nous avons décidé au cours des deux
prochaines années, c'est de "prioriser" ce secteur et, par la suite,
dépendamment de la planification, nous nous en tiendrons à cette
planification.
Quant au dernier point: "étudier les moyens susceptibles de
faciliter aux entreprises l'ouverture des services de garde", au cours de cette
commission parlementaire, nous avions l'intention de demander s'il y a d'autres
façons que celles utilisées actuellement pour implanter ou ouvrir
une garderie. Actuellement, pour ouvrir une garderie en milieu de travail, on
doit se soumettre aux mêmes critères que pour ouvrir une garderie
de quartier. Vous avez droit aux mêmes subventions que les garderies de
quartier, à la condition que le conseil d'administration soit
composé majoritairement de parents. Les parents ont aussi
l'exonération financière, tout comme une garderie de quartier.
Alors, je me demandais à partir de ce modèle si, par exemple, il
pourrait y avoir un autre modèle spécifique pour le milieu de
travail. Est-ce qu'on est en mesure de nous suggérer quelque chose?
Je sais que cela peut être très difficile parce que, tout
à l'heure, vous me mentionniez aussi que si les entreprises avaient des
dégrèvements d'impôt, peut-être elles pourraient en
ouvrir. Mais la difficulté que nous avons est celle-ci: si l'entreprise
veut ouvrir une garderie, j'ai été surprise tout à l'heure
d'entendre qu'il n'y avait pas de dégrèvement d'impôt; II
m'apparalssait que, lorsque l'entreprise faisait des dépenses en vue de
l'aménagement de locaux, il y avait quand même des
déductions que l'entreprise pouvait faire. Je ne sais pas.
Indépendamment de cela, les parents sont admissibles à
l'exonération financière; donc, même si l'entreprise nous
disait: Je n'exige rien et j'en ouvre une, si vous êtes conformes aux
normes, on peut vous donner le permis. Les parents, selon notre formule d'aide
aux parents, sont toujours admissibles et on ne pourra pas faire en sorte que
ces parents ne
soient pas admissibles. Alors, II faut avoir un certain contrôle,
quand même, sur cette ouverture et je me demandais si vous aviez des
suggestions quant à un modèle quelconque auquel nous n'aurions
pas songé ou quant à une solution. (15 h 15)
M. Dufour (Ghislain): Notre mémoire identifie beaucoup
plus les difficultés d'implantation et de fonctionnement qu'un
modèle. On est allé chercher beaucoup plus les contraintes
à l'Implantation et au fonctionnement que les éléments du
modèle qui pourrait être utilisé pour que l'office fasse
dorénavant une campagne de promotion. Nous ne l'avons pas fait, mais Je
pense que cela pourrait se faire en reprenant les treize qui existent
actuellement sous un angle différent de notre propre approche qui a
été d'identifier plutôt les problèmes. Il faudrait
voir ce qui fonctionne bien, quelles sont les caractéristiques de bon
fonctionnement de ces treize, en dégager un modèle qui pourrait
être ce modèle sur lequel vous travaillez à l'office avant
d'en faire la promotion.
On disait aussi dans notre mémoire, et c'est important, qu'il
n'existe aucune étude, aucune analyse de ces garderies en milieu de
travail. Vous me confirmerez si c'est vrai qu'il y en a une qui s'en vient de
chez vous. On aimerait le savoir. Il paraît qu'il y en aurait une sur les
coûts qui serait en préparation à l'Office des services de
garde à l'enfance. Sur les coûts, c'est purement un volet; 0
faudrait que ce soit beaucoup plus large que ça. Donc, il n'y a pas de
données. Nous apportons, tout de même, quelque chose qui est assez
exhaustif sur les problèmes identifiés dans leur vécu.
L'angle positif. Si vous les mettiez tous ensemble, J'ai l'impression
que vous pourriez dégager un bon profil des éléments
positifs. Cela répond en partie seulement sur le pourcentage. Je
comprends que vous êtes en planification pour les deux prochaines
années, mais ce chiffre de 50 % qui circule nous apparaît, de
toute façon, impossible; cela voudrait dire créer à peu
près 30 000 places, ce qui est quasi Impossible. Sauf que, vu qu'il y en
a qui ont un intérêt négatif à véhiculer ces
50 %, ça nous "achale" et nous aimerions qu'on les ramène dans de
justes proportions.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, sur les coûts, vous savez,
il n'y a pas beaucoup de façons d'ouvrir une garderie. Vous avez le
choix entre une garderie sans but lucratif et une garderie à but
lucratif. Alors, si c'est une garderie à but lucratif, à ce
moment-là, nous ne donnons aucune subvention pour l'implantation de la
garderie et nous ne donnons pas, non plus, de subvention au fonctionnement.
Mais les parents sont admissibles à l'exonération
financière. Par contre, quant à la garderie sans but lucratif,
nous accordons les mêmes subventions en milieu de travail que celles que
nous accordons, par exemple, pour une garderie de quartier à la
condition, cependant, que cette garderie soit composée d'un conseil
d'administration de parents. Alors, il peut arriver que, pour une entreprise,
ça ne coûte absolument rien si on se conforme à cette
condition d'être une corporation sans but lucratif. Par contre, ça
peut lui coûter effectivement des sommes considérables si cette
entreprise décide, tout simplement, d'ouvrir une garderie à but
lucratif.
Une chose sur laquelle Je voudrais revenir: tout à l'heure, vous
avez mentionné que vous aimeriez que les entreprises créent
elles-mêmes leurs garderies. Est-ce qu'à ce moment-là
ça signifiait que vous aimeriez en être les promoteurs, mais que
vous préfériez, par contre, que ce soit une corporation autonome,
une corporation, par exemple, sans but lucratif ou si le sens de votre question
était que, comme promoteurs, vous aimeriez que l'on n'ait pas à
créer une corporation quelle qu'elle soit, que ce sort une corporation
sans but lucratif ou à but lucratif, mais que ce soit une garderie qui
appartienne à l'entreprise? Est-ce que c'est ce que vous vouliez
dire?
M. Dufour (Ghislain): Non. En fait, et Je tiens absolument
à le dire immédiatement, pour une fois, vous nous voyez dans le
groupe des organisations à but non lucratif. Vous aurez l'organisation
des garderies privées à but lucratif qui viendra vous rencontrer.
Ce n'est pas ça qu'on fait. Nous sommes à but non lucratif. On ne
veut pas changer cela. On dit bien dans notre mémoire qui on veut garder
la priorité aux parents au conseil d'administration. Pour nous, c'est
important que ce ne soit pas des gestionnaires qui s'occupent purement de la
garderie. On ne veut pas changer le fonctionnement actuel. Ce que l'on dit,
c'est que les entreprises devraient davantage se faire les promoteurs à
l'intérieur de l'entreprise de ce genre de système qui existe
déjà actuellement, sauf qu'on manque d'information pour le
faire.
Vous savez comment ça se passe. Moi, J'ai des appels
téléphoniques régulièrement de gens qui disent:
Nous, ça nous intéresse de mettre sur pied une garderie en milieu
de travail. Où est-ce que Je m'adresse? Est-ce que je m'adresse à
Mme la présidente de l'Office des services de garde à l'enfance
ou à Mme Gagnon-Tremblay? Non, on les envoie chez Lavalin, chez
Métro, là où elles existent. C'est une roue. Il n'y en a
que treize. Alors, cela revient constamment. Je ne dis pas que les gens sont
"achalés" de donner de l'information, sauf que Je ne suis pas sûr
que Métro-Richelieu, Provigo et Lavalin veulent donner exactement tous
les états des contributions de la compagnie à la garderie. Vous
n'avez pas cette expertise-là. Nous disons: Les entreprises doivent
faire la promotion auprès de leurs propres employés - il ne faut
pas que ce soit toujours de l'initiative de l'employeur; il faut que cela
vienne aussi des employés - avec les arguments qu'on a identifiés
dans le document. Vous allez tout de
suite faire face à la demande d'information. On va continuer
à les référer chez Métro, mais j'aimerais bien
aussi qu'on puisse les référer à l'office.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que le message est bien
passé. Vous avez identifié un autre problème: la question
du zonage avec les municipalités. Pour votre information, hier -
c'était, quand même, très encourageant -nous avons
rencontré l'Union des municipalités du Québec qui avait
l'intention de sensibiliser davantage les municipalités dans le cadre de
leur plan d'urbanisme, entre autres, avec tous les schémas
d'aménagement afin de prévoir ces zones spécifiques pour
les garderies. Je pense aussi que, lorsque nous ferons notre planification,
cela va les sensibiliser davantage et va permettre de déterminer des
endroits spécifiques où on pourrait ouvrir plus facilement des
garderies. Je voudrais revenir... Oui?
M. Dufour (Ghislain): Pour ce dossier du zonage municipal, on a
vu le mémoire de l'Union des municipalités. Mais pour vous donner
un peu plus d'arguments, j'aimerais quand même demander à Mme
Jasmine Deslauriers de vous parler de problèmes vécus. J'ai
l'impression, pour avoir assez discuté de ce dossier avec les
municipalités, qu'elles sont ouvertes au débat, sauf qu'elles
nous demandent tout le temps d'identifier les problèmes. Il y en a de
très réels. Peut-être qu'on peut vous faire partager
cela.
Mme Deslauriers (Jasmine): D'accord. Souvent, les entreprises, en
tout cas dans les parcs industriels, ont à vivre des délais de la
part des municipalités parce que les analyses sont très longues.
C'est important que la municipalité soit sensibilisée à la
venue d'une garderie dans le secteur. Souvent, ils analysent le problème
directement et très rapidement. Ce qui est bien important, c'est qu'il y
ait vraiment une interaction entre l'office et les municipalités de ce
côté pour éviter que le zonage ne soit reporté un an
ou deux ans plus tard. Cela amène encore des délais très
longs. Parce qu'on parle de camions dans une région, on n'a pas le droit
d'Installer une garderie. C'est évident que, dans un parc industriel, il
y aura toujours des camions. Il y a des réalités qui sont
là et il faut absolument dire: On passe à côté ou on
ne passe pas du tout.
Mme Gagnon-Tremblay: Un autre sujet sur lequel je voudrais
revenir concerne la formation. Vous avez abordé tout à l'heure la
question de la formation. Vous sembliez dire qu'on aurait besoin d'une
formation spécifique pour le milieu de travail. Qu'est-ce que vous
entendez par cela? Quelle sorte de formation différente doit-on avoir
pour une garderie en milieu de travail comparée, par exemple, à
une garderie de quartier?
M. Dufour (Ghislain): Mes deux collègues vivent cela.
Mme Deslauriers: Quand on parle de milieu de travail, que ce soit
au public, au parapublic ou pour n'importe quelle garderie, il est Important de
voir... On le sent plus dans les entreprises parce qu'elles ont un type de
gestion avec une directrice de garderie. Les exigences sont beaucoup plus
spécifiques, c'est-à-dire qu'on demande quelqu'un ayant une
formation pédagogique, administrative voire des connaissances en gestion
et ainsi de suite. L'entreprise privée est assez sévère de
ce côté. Elle voit un peu la garderie comme une petite PME, c'est
certain. Donc, elle voit sa directrice de garderie comme la directrice d'une
petite PME. C'est important de voir le fonctionnement d'une entreprise
privée de ce côté. À mon sens, si on veut
développer les garderies en entreprise, il est assez clair que les
exigences pour le personnel de direction de la garderie se feront sentir
également. Il est évident qu'il n'existe pas présentement
de formation pour ces gens. C'est aussi difficile de recruter des gens. Je le
sais parce que je vols beaucoup d'entreprises défiler chez moi et on me
demande: Où les prend-on, ces filles? Où prend-on ces gens? Il
n'y a pas de formation, que ce soit au cégep ou à
l'université, de ce côté-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci. Je pense que mon temps est
écoulé.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Est-ce je dois
comprendre que Mme la ministre a déjà épuisé son
temps de parole?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: Ah bon! M. Dufour, je vois que vous vous êtes
bien fait accompagner, pour les fins de la présentation du
mémoire du Conseil du patronat. C'est avec intérêt que nous
en avons pris connaissance. D'ailleurs, les médias nous en avaient fait
part. Au moment où vous en avez fait la présentation
tantôt, vous signaliez que, à tort, l'information avait
circulé que la moitié des 60 000 places prévues avaient
été réservées aux garderies en milieu de travail.
En fait, je crois que c'est un éditorial qui avait été
publié dans le journal La Presse et qui disait: "La ministre
privilégie la garde en milieu de travail en réservant aux
secteurs privé et public près de 50 % des 61 000 nouvelles
places." Évidemment, d'une certaine façon, c'est un peu abusif,
étant donné que 50 % des places sont réservées aux
garderies en milieu scolaire. C'est une erreur.
Il y a sans doute aussi une autre erreur qui s'était
glissée dans cet éditorial. L'éditorialiste vous fait dire
que vous souhaitez la levée des
obstacles bureaucratiques qui, à l'heure actuelle,
empêchent les gardiens d'essaimer en milieu de travail. Je cite: "Le
président du Conseil du patronat, Ghislain Dufour, rappelle, entre
autres, la réglementation prévoyant qu'une garderie doit avoir
des aires de jeu, des espaces extérieurs, souvent des espaces verts, une
certaine qualité d'ensoleillement, etc." Est-ce qu'on doit comprendre
que vous cherchez à faire lever ces obstacles pour la mise en place de
garderies? Évidemment, c'est tout à fait abusif, Je pense. Mais
il fallait sans doute le noter parce que je crois qu'il doit être
également question de cela dans votre mémoire. C'est une
interprétation, est-ce que je dois comprendre qu'elle est abusive?
M. Dufour (Ghislain): Mme Harel, je ne réagis même
pas. Je l'ai lu, moi aussi, cet éditorial.
Mme Harel: Ah!
M. Dufour (Ghislain): Par exemple, je ne me rappelais pas que la
référence aux 50 % venait de cet éditorial. Mais, de la
façon dont c'est présenté, on a l'impression qu'on
s'oppose à toute norme, à toute règle relative aux
garderies, surtout dans des sphères que vous venez d'identifier. Je vous
remercie de le souligner, cela nous permet de dire que notre mémoire,
quant à lui, ne reflète d'aucune façon cet esprit.
Mme Harel: II y a deux choses dont je veux parler avec vous,
compte tenu du mémoire que vous nous présentez. La
première, c'est la question de la préférence des parents
et la deuxième, c'est celle des conditions Idéales -
peut-être pas idéales, non, à l'idéal nul n'est tenu
- disons des conditions les meilleures pour le développement de
l'enfant. Commençons par les meilleures conditions, puisque le service
de garde, avant qu'il soit pour le parent ou l'entreprise, c'est d'abord pour
l'enfant. Dans la mesure où un milieu de travail ne peut pas se
conformer aux conditions définies dans la réglementation, la
question que je vous pose est la suivante: Faut-il, malgré tout,
transgresser ces conditions d'ensoleillement, de clôture
élevée pour ne pas avoir de problèmes avec l'environnement
ou les passants, d'aires de jeu? Vaut-il mieux une garderie dans un
environnement qui ne serait pas adéquat ou, finalement, vaut-Il mieux
privilégier les conditions de vie de l'enfant? C'est la première
question.
La seconde question: la préférence des parents. Dans votre
mémoire, vous dites: "Jusqu'ici, les politiques gouvernementales ne
privilégiaient pas les services de garde en entreprise privée,
peut-être parce que l'on craignait un certain déracinement des
enfants dans le cas où ces derniers devaient quitter leur quartier et
faire souvent un long trajet." Évidemment, je pense qu'il faut convenir
que, si elles ne les privilégiaient pas, elles ne les freinaient pas,
non plus. Sur les 762 garderies du Québec, en 1987, 116 sont des
garderies en milieu de travail. Mais il faut comprendre qu'au-delà de 70
% des garderies en milieu de travail sont dans le secteur public ou parapublic.
Est-ce que ce n'est pas lié au fait que la préférence des
parents, quand ils sont consultés, n'est pas exprimée en faveur
d'une garde en milieu de travail? Écoutez, je demande simplement qu'on
discute là-dessus. (15 h 30)
Vous ont précédés, à la table où vous
êtes, une demi-douzaine d'organismes familiaux, dont la
Confédération des organismes familiaux du Québec et
plusieurs autres qui sont venus mettre en doute une priorité - ils ne
sont pas venus dire qu'il ne le fallait pas - pour le motif que ça ne
rencontrait pas, selon eux, la préférence des parents. Compte
tenu du fait que, malgré tout, la garde ou la responsabilité
parentale étant beaucoup associée à la mère, la
majorité d'entre elles ne profitent pas d'un transport privé,
qu'elles doivent utiliser un transport public pour se rendre à leur
travail, ce qui peut occasionner des déplacements fastidieux et longs
pour l'enfant, etc., alors ils nous ont dit: Quand c'est possible, oui, mais ce
n'est pas une priorité. Je ne sais pas comment vous réagissez
à ce qui a été exprimé devant la commission
à cet égard.
M. Dufour (Ghislain): Concernant votre premier volet,
l'environnement dans lequel doit s'installer une garderie, pour l'essentiel,
nous sommes d'accord avec les règles de l'office. Je vous le confirme.
Remarquez bien, d'ailleurs, que le texte est très pondéré.
On parle de "parfois", de trop rigide". Si vous voulez qu'on entre dans les
exemples, Mme Harel, on va le faire et vous allez vous amuser comme nous. Il y
a des cas, par exemple, où la ville dit: une clôture de quatorze
pouces, ça va et, à l'office, on dit quatorze pouces et quart; on
a des cas comme ça, c'est ce qu'on appelle des tracasseries
administratives. On a, par exemple, des meubles qui ont été faits
par des artisans, qui ne correspondaient pas tout à fait au
modèle traditionnel de l'office et, parce que le sceau de l'office
n'était pas apposé, le plus bel objet fait par l'artisan
n'était pas bien. Ce sont des tracasseries administratives
épouvantables.
Mme Harel: Ce qu'on appelle des irritants.
M. Dufour (Ghislain): Ce sont des irritants, je pense que c'est
un mot maintenant à la mode. Pour l'essentiel, la climatisation, les
terrains de jeu, etc., on est d'accord avec ça, sauf que, là
encore, on fait une analyse quasiment cas par cas. Vous connaissez comme moi
votre quartier. On connaît le centre-ville de Montréal. Qu'est-ce
que vous voulez? Un parc à 500 mètres des grands édifices,
iI n'y en a pas et ce n'est pas facile d'en bâtir. Alors, est-ce qu'on se
prive
d'une garderie à cause de ça? Je pense que
là-dessus on se fait bien comprendre; ce sont des irritants, et pas
d'ordre général, des Irritants surtout dans le vécu.
L'autre dossier, sur la préférence des parents, je ne suis
pas sûr qu'on va monter de 13 à 200 bien vite; simplement monter
de 13 à 25 ou à 50 d'ici à trois ans, ça va
être énorme. Je connais des entreprises comme - je vais vous
donner cet exemple parce qu'elle a participé avec nous au débat -
la Banque nationale qui a 60 places au permis; il y a une demande très
forte des employés pour les augmenter. Ce ne sont pas les gens qui sont
venus ici dans le réseau Concertaction qui nous le disent; ce sont les
employés de cette banque. Ils ont fait une demande, d'ailleurs, à
l'office. Ils voudraient augmenter le nombre de places au permis ou avoir un
deuxième permis et Ils ne l'ont pas. Donc, il y a des demandes
très réelles qui s'expriment. Le choix des parents, je veux le
respecter, d'autant plus que souvent ce sont nos travailleurs syndiqués
qui se trouvent représentés par l'organisme que vous avez
retrouvé à cette table hier. Dans ce sens-là, je dis: Oui,
il y a de la demande. Je pense qu'il faut respecter le choix des parents.
Mme Deslauriers en a implanté une chez Rona. C'était
à la demande des parents. Elle en fait une chez Provigo lST,
actuellement, à la demande des parents. Il y a une demande très
réelle de développement. Je ne sais pas si vous voulez ajouter
à ça.
Mme Harel: Est-ce que vous pensez que cette demande est plus
forte dans le secteur tertiaire, compte tenu de celles qui existent
déjà et qui se sont développées? Je pense à
Lavalin, à Hydro-Québec et à plusieurs autres, à la
vôtre aussi, mesdames, que vous représentez. Je me demande, pour
ce qui est du secteur de la fabrication ou de la PME, s'il n'y aurait pas
intérêt à ce que l'office favorise aussi des contacts entre
les entreprises et les garderies existantes dans les quartiers. Est-ce que ce
ne serait pas une façon d'intégrer les enfants du personnel? Des
ententes pourraient être signées, de façon que, lorsqu'une
demande serait transmise à l'office de la part d'une entreprise,
l'office voie avec cette entreprise si des services adéquats et
accessibles ne pourraient pas lui être offerts relativement à
proximité. Qu'est-ce que vous pensez de cette hypothèse qui
pourrait s'ajouter à celle des services en entreprise pour celles qui en
ont la taille?
M. Dufour (Ghislain): Je n'ai pas vécu l'implantation. Mme
Deslauriers en implante.
Mme Deslauriers: Je pense que ça peut être une
excellente idée. Il y a des entreprises qui n'ont pas le volume, de
toute façon, pour avoir une garderie sur les lieux de travail. Je pense
que ça pourrait sûrement répondre aux besoins des parents
de favoriser le lien entre les garderies de quartier et l'entreprise. Parce que
ce qui est important, c'est le besoin des parents, c'est d'avoir un
système le plus diversifié possible. Si ça peut
répondre à un besoin des parents, ça va répondre
aussi aux besoins d'une entreprise. Cela va favoriser tout le monde. Je pense
que c'est un excellent moyen. Je ne sais pas si l'office serait prêt
aussi à faire le lien entre les entreprises et les garderies
déjà existantes.
Mme Harel: Parce que ça pourrait aussi être un
échange d'expertise dans la mesure, par exemple, où une
entreprise pourrait par un protocole d'entente, faire en sorte que ses
employés puissent bénéficier d'un certain nombre de
places. Peut-être que l'entreprise peut aussi continuer à
s'impliquer, par ailleurs, par sa propre expertise en administration ou en
gestion. Cela peut, finalement, être bénéfique pour la
garde en quartier également. M. Dufour, je suis certaine que vous allez
comprendre que je ne peux pas ne pas saisir l'occasion...
M. Dufour (Ghislain): II semble bien que ça s'en
vient.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...de vous interroger sur la préférence
exprimée des parents à l'égard de la garde en milieu
familial pour les enfants de moins de deux ans. Dans votre mémoire, vous
nous pariez des poupons. Je crois que vous nous recommandez, à la page
9, des moyens de développer les pouponnières dans les entreprises
"car c'est pour ce type de service que la demande est la plus forte". La
demande est forte pour ce type de service parce qu'il n'y pas de congés
de maternité et qu'il n'y a pas de congés parentaux. Quant
à la préférence des parents - puisqu'on n'est pas à
l'école en matière de services de garde; ce n'est pas obligatoire
- on sait que de très nombreux parents choisissent la garde en services
reconnus pour les plus de trois ans, mais que, pour les moins de deux ans, le
mode le plus privilégié est la garde familiale. Dans la mesure
où il n'y a pas ces congés de maternité et ces
congés parentaux, finalement il n'y a pas de choix. Alors, je voudrais
vous demander si, comme moi, vous attendez avec autant d'impatience le projet
de loi qui nous avait été promis pour le 15 janvier en
matière d'amendements aux normes minimales du travail.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour (Ghislain): Le 15 janvier, c'est peut-être une
erreur d'un éditorialiste. Ce n'était peut-être pas
ça. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Mais la ministre ne l'a pas
contredit. Alors, je pense qu'elle l'avait vraiment souhaité,
pour le 15 janvier, mais ce n'est pas elle qui est responsable; c'est le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Dufour (Ghislain): C'est sûr que cette question des
garderies ne peut pas être isolée d'une politique plus globale qui
est la politique des normes minimales du travail ou de l'énoncé
d'une politique familiale. Je l'ai dit tout à l'heure: Pour nous, les
garderies sont importantes parce que, dans tout le dossier de l'accès
à l'égalité, on a toujours dit qu'une des façons de
régler le problème d'accès à
l'égalité, ce n'était pas des quotas d'embauche;
c'était, justement, la formation professionnelle, c'était,
justement, les garderies. C'est pour ça que nous ne pouvons que
réagir positivement à cela.
M. Dutil, lorsqu'il était ministre délégué
à la Famille, a fait le tour des organisations, dont la nôtre,
pour avoir nos réactions face à ce dossier-là. De
façon habituelle, Mme Harel, nous attendons d'avoir les projets de loi
pour les commenter. Je vais faire un peu la même chose dans ce cas-ci.
Donc, on a exprimé un certain nombre d'ouvertures. On a exprimé
une ouverture, par exemple, à l'allongement des congés de
maternité, même si déjà au Québec avec
dix-sept semaines, on fait plus que la moyenne canadienne. On a
été d'accord et on a fait des propositions concernant le
congé de paternité; je ne parle pas du congé parental,
mais du congé de paternité. On a dit qu'on était
prêt à encourager les caisses-heures pour permettre aux parents de
subvenir aux besoins médicaux et autres de leurs enfants. On a donc
donné, jusqu'à maintenant, au ministre
délégué à la Famille un certain nombre d'ouvertures
quant aux normes minimales du travail. Mais vous comprendrez que nous
attendrons la proposition pour la commenter davantage.
Mme Harel: M. Dufour, était-ce inexact, la
déclaration que vous faisiez à La Presse, en fait, qui...
M. Dufour (Ghislain): Cela doit en être une autre
Inexacte.
Mme Harel: Vous me direz si c'est le cas. On vous cite. On dit:
"Le président du Conseil du patronat, M. Ghislain Dufour, presse le
ministre Dutil de ne pas créer son congé parental d'un an".
M. Dufour (Ghislain): Je vous ai dit qu'on avait bien des
problèmes dans cet éventail des normes relatives à la
famille. Vous avez le congé de maternité qui n'est pas le
congé parental. J'ai dit tout à l'heure qu'on était
prêt à aller plus loin que la moyenne canadienne. Je vous ai
parlé des congés de paternité, ce qui n'est pas le
congé parental. Je vous ai parlé de la caisse-heures pour des
fins x, y et z.
Il y a le congé parental. Je vous dirai très
honnêtement que la Commission des normes du travail elle-même,
où sont représentés des travailleurs, ne recommande pas un
congé parental d'un an au Québec. Je vous le signale. Mais, entre
un an et rien, il y a des possibilités de discussion.
Mme Harel: En fait, c'est des poupons qu'il est question.
M. Dufour (Ghislain): Pardon?
Mme Harel: Ce sont des poupons. Le congé de
maternité consiste, évidemment, à accoucher du
bébé.
M. Dufour (Ghislain): II y a de grosses chances. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ensuite, il faut l'allaiter et s'en occuper.
Évidemment, le congé de maternité ne se négocie pas
parce que l'accouchement, on ne peut pas le faire en même temps qu'on
fait autre chose. En fait, c'est des poupons qu'il est question et sans doute
qu'on aura à revenir sur cette question.
M. Dufour (Ghislain): On aura l'occasion d'en reparler et,
à ce moment-là, je vous demanderai de m'identifier une province
où il y a un congé parental d'un an. Il faudra resituer tout
ça en perspective. Cela n'existe pas. Ce qu'on dit, à la page 9
dans notre recommandation...
Mme Harel: M. Dufour, me permettez-vous? Je suis certaine que
vous allez être d'accord.
M. Dufour (Ghislain): Oui.
Mme Harel: II y en a peu, comme nous, de provinces qui ont un
défi aussi important à relever en Amérique du Nord, celui
de survivre comme peuple.
M. Dufour (Ghislain): Oui, c'est exact. Mais même les
spécialistes comme M. Champagne ou M. Henripin vous diront que ce genre
de mesure n'a rien fait pour la France ou l'Allemagne. C'est un débat
beaucoup plus global et je ne voudrais pas qu'on y entre.
Mme Harel: Très bien. Je ne suis pas certaine que M.
Henripin...
Le Président (M. Bélanger): Alors, pour conclure le
débat, le temps est écoulé.
Mme Harel: Ah, non, non! Je laisse mon temps à M. Dufour;
sinon, ce ne serait pas "fair-play".
M. Dufour (Ghislain): M. le Président, à la
page 9, au paragraphe g), parce que c'est à cela qu'on
réfère, ce qu'on constate dans les entreprises, c'est qu'avec un
retour sur le marché du travail des femmes qui sont de plus en plus
jeunes se pose vraiment le problème des poupons. On dit que cela n'a pas
été une préoccupation jusqu'à maintenant dans les
entreprises. Mais, pour que cela en soit une, il va falloir que cela aille
beaucoup plus loin parce que les Investissements ne sont pas les mêmes,
les espaces ne sont pas les mêmes, les personnels techniques ne sont pas
les mêmes. Donc, on va embarquer dans un tout nouveau problème et
c'est pour ça qu'on recommande - j'en suis sûr, avec votre accord,
Mme Harel - au gouvernement de s'en occuper.
Mme Harel: Je vous remercie. C'est vraiment un excellent
dialogue. Je crois que, dans la mesure où les entreprises vont commencer
à se responsabiliser, elles vont devenir d'une certaine façon les
meilleurs appuis des garderies de quartier pour obtenir un meilleur
financement, parce que les poupons, ça coûte cher, mais aussi
l'ensemble de la garde pour les enfants de moins de six ans. Je vous remercie
beaucoup.
M. Dufour (Ghislain): Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. En terminant,
je voudrais dire que, si nous avons décidé de "prioriser", au
cours des deux prochaines années, 50 % des places - et, là, je
voudrais bien qu'on se comprenne: il ne s'agit pas des 60 830 places qui
comprennent le milieu scolaire, les garderies et le milieu familial, mais bien
de 50 % des places en garderies - c'est, justement, pour pouvoir
responsabiliser les entreprises et non pas, par exemple, les décourager
et, aussi, pour tenir compte des listes d'attentes qu'on a déjà
pour l'ouverture des garderies en milieu de travail.
Je dois vous dire que nous allons nous pencher beaucoup plus sur les
irritants. Par contre, il y a des irritants, à mon avis, qu'on ne peut
pas enlever. Tout à l'heure, vous parliez de meubles. S'il s'agit de
tables ou de chaises, je pense que oui il y a peut-être des choses, mais
si c'étaient, entre autres, des lits de poupons, à ce moment, je
pense qu'on doit être très prudents. Parfois, il y a des choses
qu'on ne peut pas éviter.
De toute manière, ce qui est important aussi, je pense, c'est
qu'on ne peut pas penser, par exemple, à ouvrir des garderies en milieu
de travail sans être très préoccupés aussi par le
milieu de vie favorisant le développement global de l'enfant. Nous
allons étudier vos recommandations en profondeur. Nous vous remercions
infiniment de votre présentation, M. Dufour, et mesdames qui vous
accompagnent.
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales remercie le Conseil du patronat de sa présentation et
invite à la table l'Association des garderies sans but lucratif de la
région 04, qui sera représentée par M. Normand Tessier, M.
Luc Gauthier, Mme Louise Déry, Mme Franclne Roy et Mme Jeanne Trudeau.
Nous suspendons nos travaux quelques instants pour saluer les groupes.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 48)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Si chacun veut bien reprendre sa place, s'il vous
plaît, pour que nous entendions le mémoire présenté
par l'Association des garderies sans but lucratif de la région 04. Je
vous prierais de bien vouloir présenter vos porte-parole et chaque fois
que vous aurez à prendre la parole par la suite, lors des discussions,
de bien vouloir vous identifier, ceci pour les fins de transcription au Journal
des débats pour que l'on ait la transcription la plus fidèle
possible de nos débats. Vous avez 20 minutes ferme pour présenter
votre mémoire et il y a une période de 40 minutes de discussions
avec les parlementaires. Je vous prie donc de vous identifier et de
présenter votre mémoire.
Association des garderies sans but lucratif de la région 04
Mme Roy (Francine): Bonjour, M. le Président. Mme la
ministre, mesdames et messieurs, dans les minutes qui vont suivre nous allons
vous lire le mémoire de l'Association des garderies sans but lucratif de
la région 04. Avant d'entreprendre cette tâche, j'aimerais vous
présenter les personnes qui représentent cette association: M.
Luc Gauthier, travailleur à la garderie Gripette de Nicolet, Mme Louise
Déry, travailleuse à la garderie Entre deux nuages au
Cap-de-la-Made-leine, Mme Jeanne Trudeau, à mon extrême droite,
parent à la garderie Margot la lune de Trois-Rivières, M. Normand
Tessier, parent et travailleur à la garderie éducative Rayon de
soIeil d'Arthabaska et moi-même, Mme Francine Roy, parent et membre du
conseil d'administration de la garderie Rayon de soleil d'Arthabaska.
Toutes ces garderies représentées ici sont aussi membres
de la Concertaction interrégionale des garderies du Québec. On
vous demanderait, s'il vous plaît, d'être indulgents face à
notre nervosité et notre elocution saccadée, mais on vous dit
bien que ce n'est sûrement pas de l'incompréhension.
Le Président (M. Bélanger): Procédez de la
façon la plus confortable qu'il vous conviendra. Nous sommes tout
ouïe.
Mme Roy: Merci. Le 24 novembre 1988, Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine
déposait à l'Assemblée nationale l'énoncé de
politique sur les services de garde à l'enfance intitulé "Pour un
meilleur équilibre". Les espoirs suscités par les recommandations
contenues dans le rapport du comité consultatif, le rapport Presser, sur
les services de garde à l'enfance donnait le droit d'attendre avec
impatience un énoncé qui exprimerait une volonté de doter
le Québec d'un réseau de garde de qualité reconnu et
accessible.
L'Association des garderies sans but lucratif de la région 04
compte actuellement parmi ses membres les 31 garderies sans but lucratif de la
région. Compte tenu de la vocation première de notre association,
qui est d'être le porte-parole de ses membres, nous vous
présentons ce mémoire. Celui-ci fait suite à une
consultation générale, fait unanimité et entend
démontrer dans les pages qui suivent les implications de
l'énoncé dans nos services. La qualité a toujours
été la valeur prioritaire et constante de tous nos membres.
Pierre d'assise de nos services, elle est le principe qui a guidé la
rédaction de nos propos.
La qualité. À la suite de la lecture du chapitre sur la
qualité des services, il nous apparaît essentiel et prioritaire
qu'à l'intérieur de cet énoncé il y ait des mesures
concrètes concernant les points suivants.
Reconnaissance du statut d'éducatrice. Le texte de
l'énoncé en page 46 au point 4.1.2 stipule clairement que la
rémunération du personnel de garde en garderie est
inadéquate et insuffisante et peut avoir des répercussions sur la
stabilité de tous les services. Or, nous ne voyons aucune mesure
concrète nous permettant d'entrevoir une amélioration des
conditions de travail dans l'énoncé.
Depuis le 19 octobre 1988, les garderies de notre région
respectent la réglementation en ce qui a trait à la qualification
d'un membre du personnel sur trois. Mais le salaire de ce personnel
qualifié et expérimenté - une moyenne de trois ans
d'expérience - se situe à 8,33 $ l'heure en moyenne.
Malgré des conditions de vie précaires et parce que le personnel
en place avait foi en le bien-fondé de la garderie, la stabilité
des services a été assurée. La seule mesure concernant la
rémunération du personnel de garde est la proposition du
gouvernement de provisionner 1 % de la masse salariale pour le perfectionnement
et le ressourcement des éduca-trices. Il stipule cependant que ce
montant est inclus dans le nouveau mode de financement de 45 % des revenus
réels. Est-ce là la façon qu'a le gouvernement de
reconnaître le statut d'éducatrice qualifiée et
expérimentée en garderie?
La réglementation des services de garde. Partant du principe que
l'enfant a le droit de recevoir des services de garde de qualité et que
le parent a le droit de choisir le service qui lui convient le mieux, il nous
apparaît essentiel et équitable que tous les services de garde
dont il est question dans l'énoncé soient assujettis à la
même réglementation qu'en garderie en ce qui a trait à la
qualification du personnel. Nous dénonçons le fait que la
formation minimale exigée pour le personnel de garde en milieu scolaire
soit une quatrième année complétée au secondaire et
que la seule formation exigée en agence de garde en milieu familial soit
le cours de prévention et premiers soins.
Nous exigeons également une réglementation identique pour
tous les services reconnus quant à l'hygiène, la
salubrité, la sécurité, l'aménagement, le chauffage
et l'éclairage des locaux, l'équipement et l'ameublement.
L'énoncé ne stipule en aucune façon quand et
comment des mesures concrètes seront mises de l'avant pour atteindre les
normes qui garantissent clairement au parent la qualité a laquelle il
est en droit de s'attendre d'un service de garde. En garderie, celui-ci est
assuré de la qualité du service parce qu'il est directement
impliqué dans son administration, ce qui n'est pas formellement
exigé dans les autres services reconnus.
Après avoir pris connaissance de la problématique des
services de garde et après avoir constaté que le gouvernement
veut développer et diversifier les services pour assurer les parents
d'une plus grande accessibilité à la garde reconnue, nous croyons
aberrant, Indignant, voire même incohérent de retrouver en page 22
de l'énoncé un paragraphe complet sur la garde non régie
par la loi. Quelles sont les mesures concrètes que le gouvernement
entend prendre pour débarrasser le Québec de ce fléau?
De plus, il nous apparaît impératif que tous les services
soient inspectés régulièrement dans le but d'assurer le
respect des normes en vigueur.
Responsabilité communautaire. L'énoncé
présente la garderie comme ayant un rôle préventif et
éducatif à jouer. Le gouvernement entend mettre à
contribution divers organismes à vocation sociale pour la soutenir dans
ses fonctions. Comment les incitera-t-il à collaborer avec nous et
particulièrement les municipalités? Par quelle structure, par
quelle réglementation et avec quel argent? Nous savons par
expérience qu'il est utopique d'espérer cette aide essentielle de
la part des services sociaux qui sont déjà submergés de
demandes et ne peuvent suffire à la tâche. Il n'en demeure pas
moins que nos besoins de soutien et de collaboration par ces organismes sont
grands et que les ressources sont nettement insuffisantes.
Publicité. Quand avons-nous vu, lu ou entendu dans les
médias, que les garderies offraient des services de qualité
à la population de la petite enfance? Très rarement. La plupart
du temps les médias ne ressortant que des points négatifs nous
concernant. Quand aurons-nous droit à une publicité positive
faite par l'Office des services de garde à l'enfance, faisant
état de
la qualité de nos services? Celle-ci est reconnue
par une grande partie de la population. Quand le gouvernement vantera-t-il
publiquement les mérites des services qu'il subventionne et
reconnaît?
Développement des services de garde. Dans
l'énoncé de politique, un chapitre s'attarde à l'ensemble
de la question du développement des services de garde. Dans un premier
temps, le gouvernement fait le constat que depuis dix ans le
développement s'est traduit en termes de quantité, qualité
et diversité. Cependant, des problèmes très larges
d'accessibilité y sont identifiés. Dans un deuxième temps,
en réponse à ce problème, le gouvernement y est
allé d'une série de mesures: créer de nouvelles places
dans les services de garde; diversifier les services de garde de
manière, à répondre aux besoins particuliers de garde;
développer des liens avec les partenaires régionaux dans une
finalité de planification régionale des besoins de garde. En
regard à cette question du développement, l'Association des
garderies de la région 04 se doit de faire certaines remarques.
Création de nouvelles places. La création de
nouvelles places est très valable en soi, mais nous croyons qu'il faille
d'abord consolider les places déjà existantes du réseau.
Par exemple, dans notre milieu, il y a 78 places non subventionnées dans
notre région. Aussi, nous croyons qu'il est essentiel de se
référer, de consulter les services déjà existants
afin d'établir les besoins réels de garde. Nous déplorons
également que le gouvernement mette l'accent sur le développement
de certains services comme la garde en milieu familial ou en milieu de travail
alors qu'il apparaît clairement dans l'énoncé que ces choix
ne sont pas privilégiés par les parents. Il y a là une
contradiction sur laquelle nous devrions nous attarder.
Diversification des services de garde. L'Association des
garderies de la région 04 est d'accord avec une diversification des
services de garde, mais cela doit se faire de façon intelligente et en
conformité aux besoins réels des parents.
Garde en milieu de travail. Où est la logique
lorsque le gouvernement entend réserver 50 % des nouvelles places en
garderie en milieu de travail alors que, selon le sondage mentionné dans
l'énoncé en page 26, seulement 29 % des personnes
interrogées . sont en faveur d'une garderie en milieu de travail
comparativement à 71 % qui préféraient une garderie de
quartier? De plus, cette volonté de créer de nouvelles places de
garderie dans l'entreprise ne tient pas compte du fait que les entreprises
québécoises sont majoritairement des petites et moyennes
entreprises et n'ont ni les moyens, ni la clientèle, c'est-à-dire
les employés, nécessaires pour justifier un tel
investissement.
Agence de garde. Nous relevons la môme contradiction
quant à la garde en milieu familial. Il nous apparaît inexplicable
que le gouvernement accorde autant d'importance à ce type de garde dans
le projet de développement alors que l'énoncé mentionne
que seulement 10 % des parents privilégient la garde en milieu
familial.
Garde en milieu scolaire. L'Association des garderies de la
région 04 croit que les garderies tireraient avantage d'une
accessibilité accrue de la garde en milieu scolaire. Prenons l'exemple
d'un parent qui a deux enfants dont l'un est d'âge préscolaire et
l'aîné fréquente le niveau primaire. En l'absence d'une
garderie scolaire pour son aîné, il y a fort à parler que
ce parent fera appel à la garde au noir pour combler son double besoin.
Le parent ne retiendra pas les services d'une garderie pour son plus jeune. Il
y a déjà une ressource disponible. Nous croyons que des services
élargis de la garde en milieu scolaire inciteront ce parent à
choisir la garderie comme mode de garde pour son enfant d'âge
préscolaire. (16 heures)
Halte-garderie, jardin d'enfants. Nous ne nous opposons pas
à ce que ces services soient reconnus. Nous demandons tout simplement
qu'ils soient réglementés au même titre et de façon
aussi sévère que les garderies que nous représentons.
Garderies commerciales. Nous ne croyons pas qu'il est de la
responsabilité de l'État de subventionner l'entreprise
privée. L'Association des garderies de la région 04 s'oppose donc
catégoriquement à ce que je gouvernement consacre quelque somme
que ce soit au développement de ce type de garderie.
Développer des liens avec les partenaires
régionaux dans une finalité de planification régionale.
Pour développer des liens efficaces, l'Association des garderies de la
région 04 pose comme prémisse qu'il faudrait que les garderies
soient reconnues comme des partenaires égaux aux Intervenants sociaux.
Par expérience, nous ne pouvons que constater que cette reconnaissance
est loin d'être acquise. Les garderies ne sont pas véritablement
prises au sérieux. Il faudrait également que les partenaires
sociaux à qui l'on consacre une bonne place soient sensibilisés
à leur nouveau rôle. Nous ne sommes pas certains qu'ils aient
même été consultés sur leur volonté de
prendre part à ce partenariat. Et à qui reviendrait la
tâche d'établir ces liens? Nous croyons que cela relève
directement de là responsabilité de l'Office des services de
garde à l'enfance. Nous avons tendance à interpréter cet
appel aux Intervenants socio-économiques comme un geste gouvernemental
de se départir de ses responsabilités. L'énoncé de
politique, en page 37, parle du rôle complémentaire de
l'État à celui des parents et des partenaires sociaux dans le
développement des services de garde. Il y a là un sérieux
problème d'interprétation car nous croyons qu'au contraire
l'État doit prendre entièrement sa place.
Mme Trudeau (Jeanne): Monsieur, j'aimerais avoir mon micro.
Le Président (M. Bélanger): C'est automatique. Vous
pouvez y aller.
Mme Trudeau: L'énoncé reconnaît avec
exactitude la problématique vécue...
Le Président (M. Bélanger): Alors, c'est Mme
Trudeau, si je ne m'abuse.
Mme Trudeau: Jeanne Trudeau, oui.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien cela. Alors,
je vous en prie, procédez.
Mme Trudeau: D'accord. Financement. L'énoncé
reconnaît avec exactitude la problématique vécue dans les
services de garde. Pour pallier à la situation actuelle, le gouvernement
préconise un changement du modèle de financement des services.
Cependant, cette nouvelle formule pour les garderies sans but lucratif va,
d'après nous, avoir comme conséquence de nous entraîner
vers une gestion agressive, compétitive et de performance, ce qui est
à l'opposé du principe fondamental d'une corporation sans but
lucratif. Dans les paragraphes qui vont suivre, nous vous exposerons
l'incohérence qui nous apparaît dans le nouveau mode de
financement proposé.
Premièrement, le financement à 45 % du revenu réel.
Dorénavant, la seule subvention directe et possible aux garderies est de
45 % des revenus réels de garde. Nouvelle équation: revenu
réel de garde égale tarif, égale ce que le parent pale,
multiplié par 45 %, égale augmentation de tarif, égale
coupure dans les ententes de services contractuels avec le parent, égale
baisse de fréquentation, égale accessibilité
financière réduite, égale fermeture de certaines garderies
à plus ou moins brève échéance. Est-ce là la
solution miracle proposée au parent qui ne peut assumer seul les frais
d'augmentation des dépenses, tel que stipulé en page 61, dernier
paragraphe?
L'accessibilité financière aux garderies deviendra-t-elle
un luxe que seule une certaine classe privilégiée pourra se
permettre? Dans nos propos antérieurs sur la qualité des
services, nous soulignions le fait que le gouvernement propose que 1 % de la
masse salariale totale serve essentiellement à la formation et au
perfectionnement du personnel. En l'Incluant dans les 45 % de financement des
revenus réels, le gouvernement nous prive d'un manque à recevoir
qui peut aller jusqu'à 2,6 % des 45 % que nous serions en droit
d'attendre.
Ce nouveau mode de financement au revenu qui ne tient pas compte des
dépenses nous prive d'une subvention de base, de fonctionnement, qui
nous assurerait d'un équilibre précaire, mais d'une
équité certaine. De plus, que sont devenues les subventions de
logement? Plusieurs services, fortement Incités ces dernières
années par l'OSGE à devenir propriétaires et qui le sont
devenus, se retrouvent avec un manque à gagner évident et
Imposant à la suite de l'énoncé. Vers qui allons-nous nous
tourner pour faire face à nos engagements hypothécaires? Le
parent. Devons-nous présumer que l'OSGE a enfin conclu des ententes avec
Hydro-Québec et Petro-Canada pour assumer les coûts de chauffage
de nos services qui sont de plus en plus onéreux? Qu'advient-il des
subventions directes à l'équipement, à
l'aménagement - augmentation de capacité - de dépannage,
de redressement, non récurrentes, mais combien essentielles? Qui
comblera ce manque à gagner? Le parent. La réglementation
gouvernementale ayant déjà défini le nombre
d'éducatrices par enfant et la formation exigée pour celles-ci,
qui assumera les coûts de ces exigences? Le parent.
Nous est-il permis de penser que, dans une perspective de saine gestion
prônée en page 17 et parce qu'aucune mesure n'a été
prévue dans l'énoncé à cet effet, il serait
préférable pour une garderie qui veut se relocaliser de fermer
ses portes et de démarrer un nouveau service financé à 75
% par le nouveau régime d'implantation?
Le Président (M. Bélanger): Mme Trudeau, je vous
inviterais à conclure très rapidement puisque les 20 minutes sont
écoulées.
Mme Trudeau: Déjà!
Le Président (M. Bélanger): Eh oui.
déjà!
Mme Trudeau: Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Je vous Inviterais
à conclure très rapidement.
Mme Trudeau: Je vais y aller assez rapidement, oui.
Le Président (M. Bélanger): Donnez-nous l'essentiel
seulement, s'il vous plaît.
Mme Roy. J'aimerais vous énumérer nos recommandations.
Est-ce que ça va?
Le Président (M. Bélanger): Bien.
Mme Roy: Face à la qualité, nous recommandons
qu'une seule réglementation régisse tous les services de garde;
que des mesures concrètes soient prises pour assurer le personnel de
garde d'un salaire et de conditions de travail inhérentes à leur
expérience et à leur formation; que l'Office des services de
garde à l'enfance mette sur pied des mesures concrètes pour
développer un réseau de collaboration, d'intervention et de
soutien avec les organismes des services sociaux.
Face au développement, nous recommandons la mise sur pied de
comités sous-régionaux pour planifier le développement de
ces nouvelles places; l'obligation par réglementation de la
participation des partenaires socio-économiques
potentiels; la définition des rôles entre l'office des
services de garde et le ministère de l'Éducation quant à
la garde en milieu scolaire; l'arrêt du développement des
garderies commerciales pour leur permettre de se transformer en garderies
à but non lucratif; un mode de financement identique pour tous les
services; le maintien du mode actuel de financement majoré et
indexé; l'abolition des subventions aux garderies commerciales et que
les montants d'argent concédés aux garderies commerciales soient
distribués rétroactivement, maintenant et dans les plus brefs
délais, aux garderies dont les augmentations de capacité n'ont
pas encore été subventionnées, depuis deux ans dans
certaines garderies de notre région. D'accord.
Mme Trudeau: Partant du fait que la garderie est un service
autonome, qu'elle est un soutien essentiel pour les parents, qu'elle est un
milieu de développement pour l'enfant, qu'elle est le choix
privilégié d'une forte majorité de familles
québécoises, qu'elle a su s'acquitter de sa responsabilité
communautaire, que parce qu'elle est sainement gérée par les
parents elle a pu survivre, nous exigeons la consolidation des garderies
existantes avant tout développement de nouveaux services.
Dorénavant, le gouvernement devrait partir d'un seul principe directeur:
que l'ouverture d'une place en service de garde soit financée
adéquatement afin que le mot "consolidation" disparaisse de nos discours
futurs.
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous remercie
beaucoup. Mme la ministre.
Mme Trudeau: Bienvenue.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, mesdames et messieurs. Je vais
immédiatement aux questions parce qu'il y en a plusieurs. Je pense,
entre autres, à la première, qui est sur la formation. Vous
mentionnez, justement à la page 3 de votre mémoire, que tous les
services de garde devraient être "assujettis à la même
réglementation qu'en garderie en ce qui a trait à la
qualification du personnel". J'imagine que, là, vous faites allusion au
milieu familial. Est-ce que c'est à ça?
Mme Déry (Louise): À tous les services de garde,
autant en halte-garderie, en jardin d'enfants, en agence de garde en milieu
familial aussi, à tous les services de garde qui ont à être
reconnus.
Mme Gagnon-Tremblay: Étant donné que ce sont quand
même des services qui sont très différents, comment
pourrait-on exiger, par exemple, de toutes ces gardiennes à domicile qui
sont coordonnées par une agence, de demander une formation? Je ne dis
pas qu'on ne doive pas exiger une formation de base, mais comment pourrait-on
exiger, par exemple, une technique en garderie ou bien ce qui existe en
garderie, alors que cette personne peut garder des enfants peut-être
pendant un an ou trois mois? Comment voyez-vous ça, finalement?
M. Gauthier (Luc): Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Sur le plan pratique.
M. Gauthier On va y aller avec la même logique. Je pense bien
qu'on part de l'énoncé des principes avancés, à
savoir que tous les parents ont droit à des services de qualité
et qu'ils ont le choix. Alors, pour nous, que ce soit, comme Mme Déry le
disait, en halte-garderie ou en garde en milieu familial, si on les met sur le
même pied - on est d'accord avec la qualité - la formation doit
donc être égale. Si on se dit que pour la halte-garderie c'est
moins grave parce que les enfants vont là simplement quelques heures
à la fois, pour moi, c'est donc un service de second ordre. Si on le
défend comme ça, il faudrait alors faire des catégories
différentes.
Mme Gagnon-Tremblay: Même pour la halte-garderie, par
exemple, qui est située dans un centre commercial?
M. Gauthier: Oui, c'est la même chose, c'est ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Bien.
Mme Trudeau: En halte-garderie, ils sont aussi responsables de
vies humaines, comme dans les jardins d'enfants. Des enfants, ce sont tous des
enfants. En milieu familial, je trouve quand même aberrant que la seule
formation qu'on leur demande d'avoir, c'est le cours de premiers soins. J'ai
déjà utilisé le service de garde en milieu familial,
madame, et mon enfant s'est retrouvé dans un milieu violent que la
directrice de l'agence de garde n'avait pas su détecter avant J'ai
trouvé ça déplorable.
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, vous dites que vous n'êtes
pas tellement en faveur du développement d'agences en milieu
familial.
Mme Trudeau: On n'est pas contre, madame. Ce qu'on demande c'est
qu'il y ait une réglementation et que ça soit suivi et
inspecté.
Mme Gagnon-Tremblay: Et qu'on exige autant de formation pour ces
personnes-là qu'on en exige, par exemple, dans une garderie où I
y a 50 ou 60 enfants au même moment?
Mme Trudeau: Certainement. C'est aussi important.
Mme Gagnon-Tremblay: Et même pour la halte-garderie, comme
je le mentionnais, pour quelques heures...
Mme Trudeau: Même pour la halte-garderie. Le service est
Important pour tous les enfants.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Vous parliez également de
réglementation des services de garde. Dans votre mémoire, vous
demandez "une réglementation identique pour tous les services - de garde
- reconnus quant à l'hygiène, la salubrité, la
sécurité, l'aménagement, le chauffage et
l'éclairage des locaux", ainsi de suite. On sait que toute
réglementation devrait tenir compte, entre autres, de la
spécificité des services. En ce qui concerne l'hygiène et
la salubrité, je pense que les normes, à ce moment-là,
risquent, effectivement, d'être assez semblables d'un service à
l'autre même s'il peut y avoir certaines différences pour les
services de garde en milieu familial, entre autres. Mais en ce qui concerne,
par contre, l'éclairage, les locaux, l'équipement, l'ameublement,
comment peut-on avoir une réglementation qui est identique, par exemple,
pour la garde en milieu familial?
M. Gauthier. Je ne dirais pas tellement comment mais pourquoi. Lorsqu'un
parent décide d'utiliser la garde en milieu familial - ou même
vous parliez de la halte-garderie - Je trouve inconcevable que l'enfant en
question passe quatre ou cinq heures dans un sous-sol sans aucune fenêtre
alors qu'on défend le fait que le parent a droit à des services
de qualité peu importe le type de mode de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, on s'entend pour dire que
ça prend une réglementation mais là où on peut
peut-être être en désaccord c'est que vous voulez une
réglementation identique. Parce qu'on sait très bien que si... Je
pense qu'il s'agit d'avoir une réglementation qui soit vraiment pour le
bien-être de l'enfant. Mais si, par contre, on exige la même
réglementation pour une résidence privée que pour une
garderie, vous comprendrez qu'à ce moment-là on vient de mettre
fin au développement de garde en milieu familial. Je le pense,
toujours.
Mme Déry: Je ne crois pas, madame. Parce que si on prend
strictement au point de vue physique... Je vais vous donner l'exemple des
fameux tapis. En garderie on n'a pas droit à des tapis. Dans les
maisons, il y a des tapis. On part du principe que l'enfant, peu importe
où il est placé en garde, a droit au même nombre de pieds
carrés, qu'il a droit au même éclairage, qu'il a droit au
même aménagement. Pourquoi est-ce qu'une table à bout
pointu n'éborgnerait pas un enfant en agence de garde en milieu familial
alors qu'elle l'éborgnerait en garderie? C'est ce qu'on veut vous dire,
parce que c'est important pour nous. La qualité est la pierre d'assise
de nos services. On veut qu'elle soit reconnue et on veut que le parent ait le
choix de la même qualité dans tous les services reconnus.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce qu'on peut, par exemple, être
plus exigeant en milieu familial que les parents qui gardent leurs enfants dans
leur résidence privée? Vous parlez de tapis. Est-ce que ça
suppose, par exemple, que pour le bien de l'enfant il faudrait faire enlever
les tapis des résidences privées? Est-ce que, ça ne peut
pas aller...
Mme Déry: Madame, on parle de lieux publics.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah bon, d'accord.
Mme Déry: Pour nous, l'agence de garde en milieu familial
devient un lieu public.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. C'est parce que tout à
l'heure, lieu public... C'est pour ça que je vous dis que c'est
difficile d'avoir une réglementation identique, parce que la
résidence familiale n'est pas un lieu public.
M. Gauthier. Par exemple, quelqu'un qui est travailleur autonome - parce
que c'est une possibilité, quelqu'un qui garde à la maison - peut
déduire, pour fins d'impôt, l'utilisation de son local. Alors, le
temps que le local est utilisé ou que ce local-là est
consacré à ça - qu'il y ait un tapis quand la famille ou
la parenté vient pour le souper, ça ne nous regarde pas - tant et
aussi longtemps que le local est utilisé pour des fins publiques, on
s'en tient à ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Mon collègue avait une question. Je
peux lui passer...
Mme Harel: On peut faire l'alternance.
Mme Gagnon-Tremblay: J'aime autant terminer le bloc.
Mme Harel: Si vous voulez. À moins que vous ne vouliez
immédiatement... Allez-y.
M. Latulippe: Allez-y.
Mme Harel: Non, non, allez-y. Je garderai mes 20 minutes pour
après. Allez-y.
Des voix: Allez-y pour autant que ça ne coupe pas mon
temps.
Mme Harel: Tirez le premier, M. le député.
Le Président (M. Bélanger): On perd du temps.
J'aimerais ça qu'on l'utilise.
Mme Harel: Moi aussi.
M. Latulippe: Écoutez, je vais vous la poser.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Latullppe: Je voudrais vous poser certaines questions sur le
financement. Vous dites qu'il y a un problème de financement,
évidemment, assez criant et même dramatique. Comment se fait-il
qu'on en soit rendu là uniquement huit ans après la
création de l'Office de services de garde à l'enfance? (16 h
15)
M. Gauthier Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Latulippe: Comment se fait-il que vous en soyez rendu à
un problème aussi important au plan du financement? Ce problème
était-il là depuis le début?
Mme Déry: Oui monsieur, il était là depuis
le début. Le problème a toujours été le
sous-financement. C'est notre problème fondamental.
M. Latulippe: Le réseau a toujours été
sous-financé.
Mme Déry: Absolument.
M. Latulippe: Dès le début.
Mme Déry: Oui, monsieur, absolument.
M. Latulippe: Les tarifs, à ce moment-là...
Aujourd'hui, quelle est la moyenne des tarifs, chez vous, par jour?
M. Tessier (Normand): Je dirais qu'au niveau provincial ils sont
environ de 15 $ ou 15,50 $ par place, par jour, par enfant.
M. Latulippe: Et vous dites qu'aujourd'hui la capacité de
payer des parents, selon votre constatation, est à sa limite.
Mme Déry: Dans notre région, oui, monsieur,
absolument.
M. Latulippe: En 1980-1981, quel était le tarif par jour,
à peu près?
M. Tessier. On pourrait peut-être mettre entre 8 $ et 10 $. C'est
difficile. Cela fait quand même neuf ans; il faut faire un recul assez
considérable.
M. Latulippe: Non, juste selon votre mémoire.
M. Tessier: Probablement entre 8 $ et 10 $.
M. Latulippe: Je comprends qu'à ce moment-là aussi,
pour les parents, 10 $ par jour, c'était beaucoup d'argent.
Mme Déry: Absolument.
M. Latulippe: En 1985-1986, le gouvernement a injecté 30 %
de fonds de plus, globalement, par rapport à l'année
précédente, sous le gouvernement précédent.
Aujourd'hui, pour 1988-1989 et 1989-1990, au chapitre de la consolidation,
c'est 25 000 000 $ presque 26 000 000 $ de plus, donc 26 %. 30 %, la
première année du gouvernement et 26 % maintenant, c'est bien
plus qu'il n'avait jamais été fait dans le passé. Mais on
est surpris, vous arrivez et vous nous dites: Malgré ça, c'est
encore presque très peu. Donc, le problème est beaucoup plus
fondamental.
M. Gauthier Si on joue... Est-ce que je peux intervenir?
M. Latulippe: Oui, oui. C'est ça. Je me pose la
question.
M. Gauthier Si on joue avec les pourcentages, peut-être
qu'officiellement 26 %... On ne vient pas ici pour jouer avec des chiffres,
mais ce qu'on peut vous dire...
M. Latulippe: Non, non.
M. Gauthier ...c'est que, dans la région 04, les garderies
n'auront pas 25 % de subventions de plus. On est contre - on n'a pas eu le
temps de le lire jusqu'au bout - le type de financement à 45 %. On est
contre et la majorité des garderies du Québec est contre. Si on
remonte, historiquement, effectivement, on peut dire: Vous vous êtes
débrouillés jusqu'à maintenant, alors comment se fait-il
que vous ne vous débrouilliez plus? Mais, là, je pense qu'on a
fait notre part et, aujourd'hui, en 1989, on se dit qu'il est temps de passer
à autre chose.
M. Latulippe: Si je comprends votre message, dans le fond, c'est
que le problème, c'est un problème structurel qui existe depuis
le début, depuis le moment où on a instauré le nouveau
système...
Mme Trudeau: Je voudrais mentionner une chose...
M. Latulippe: Oui.
Mme Trudeau: ...avant que vous continuiez un peu plus loin. Nous
autres, les garderies, n'avons jamais critiqué comme tel. On n'a jamais
dit qu'on ne voulait plus avoir le mode de financement qu'on avait
déjà. La seule chose qu'on a dite concernant ce mode de
financement, c'est qu'on souhaitait qu'il soit bonifié. Mol non plus,
toutes... Je suis parent, utilisateur et administrateur de ma garderie. Je ne
connais pas les chiffres d'il y a dix ou quinze ans mais je connais les
chiffres de la situation réelle d'aujourd'hui, par exemple. Ce que je
sais, c'est que le mode de financement qu'on avait n'était
peut-être pas ce qu'il y avait de meilleur - il contenait des lacunes -
mais je pense qu'on aime
mieux fonctionner avec ce modèle qu'on connaît
déjà, duquel on sait à quoi s'en tenir. Tout ce qu'on
demande, c'est qu'il soit bonifié.
Pour ce qui est des chiffres et ainsi de suite, je ne peux pas vous en
parler, je ne les connais pas et personne, à cette table, ne s'est assis
pendant une semaine de temps pour les regarder et avoir des chiffres
détaillés.
M. Latulippe: Non, non, non. Ma question n'est pas axée
sur des chiffres détaillés, mais sur le fait que le
problème n'est pas à la base.
D'accord, vous n'êtes pas d'accord avec la formule des 45 % et je
ne suis pas là pour en discuter...
M. Gauthier: Vous êtes au niveau structurel.
M. Latulippe: Dans le fond, ce que vous êtes en train de
nous dire, c'est que les 45 %, le mode de financement, oui vous n'êtes
pas d'accord, mais que le problème, c'est le financement, au-delà
du pourcentage. C'est ça que vous dites.
M. Gauthier: Oui, oui. Juste un petit mot d'histoire aussi...
M. Latulippe: Cela prend beaucoup plus d'argent.
M. Gauthier: A l'origine, les garderies ont été
Instaurées par les communautés religieuses, il y a 25 ans et
plus. Mais les garderies de l'ère moderne datent de quinze ans, douze
ans et certaines plus récentes, de cinq ou trois ans. Je pense que le
gouvernement s'est retrouvé avec l'existence des garderies et qu'il n'y
a jamais eu une volonté politique de dire: Là, on tranche. Si,
avec l'énoncé, vous tranchez, vous ne tranchez pas du
côté des garderies parce que leur financement, leur
stabilité et surtout leur qualité sont menacés; c'est
clair, net et précis, quant à nous.
M. Latulippe: S'il y avait une modification de la formule de
financement, est-ce que vous seriez satisfaits? On parie de la modification de
la formule de financement et non des sommes globales investies.
Mme Déry: Monsieur, on avait une formule de financement
avant et personne n'a dit qu'on n'était pas d'accord avec cette
formule.
M. Latulippe: Ce n'est pas ma question, madame.
Mme Déry: Oui, mais vous l'avez changée la formule
de financement.
M. Latulippe: Non, ce n'est pas ça. Je vous dis que si
vous n'êtes pas d'accord avec la formule de financement...
Mme Déry: Celle-là, non.
M. Latulippe: À la suite de la commission - moi je suis un
simple député, je ne suis pas le ministre - je vous pose la
question, à savoir si effectivement II y avait un changement dans la
formule de financement...
M. Gauthier: Par rapport à l'ancienne?
M. Latulippe: Par rapport à celle qui est proposée,
est-ce que vous seriez d'accord?
M. Gauthier: On parle d'hypothèse, alors si la
qualité et la stabilité ne sont pas menacées, oui, mais,
pour moi, comme je viens de le dire, c'est menacé.
M. Latulippe: Vous seriez d'accord en ce sens que vous trouvez
que les sommes investies sont suffisantes que, l'effort est suffisant au niveau
des sommes investis?
M. Gauthier: On revient à notre principe de départ
c'est-à-dire qu'on est d'accord avec le financement actuel qui nous
régit au moins jusqu'au 1er avril. Ce qu'on dit, c'est d'augmenter le
type. On demande de passer de 4,50 $ à 9 $ par place au permis. C'est ce
qu'on demande.
M. Latulippe: Donc, ce n'est pas uniquement une question de
financement. À la base, c'est un problème structurel qui daterait
du début. C'est là finalement qu'est la question.
M. Tessier. Un des gros problèmes, peut-être, c'est qu'en
1980 les parents étalent essoufflés de payer au même titre
qu'aujourd'hui. Ils payaient moins cher, mais ils avaient moins de revenus.
L'État était essoufflé de subventionner aussi, comme c'est
le cas aujourd'hui. Sauf, qu'entre-temps il y a une réglementation qui
nous est apparue. Au fil des ans, les garderies ont investi des sous dans
l'aménagement des locaux et dans l'embauche du personnel formé.
Il va de soi qu'il faut payer ce personnel et il va de soi que ces
aménagements ont coûté des sous à la garderie. Donc,
la réglementation coûte cher à la garderie et le parent
n'est pas en mesure de payer toute la facture. Le problème vient de
là. En cinq ans, les garderies ont été
réglementées de fond en comble.
M. Latulippe: Dernière question. Le fait qu'il n'y ait pas
eu d'indexation...
M. Tessier Dans la formule de financement?
M. Latulippe: ...dans la formule de financement, est-ce que cela
n'est pas aussi un des problèmes qui a causé...
M. Gauthier Qui a traîné.
M. Tessier Si la formule de financement avait été
indexée au même titre qu'on a indexé nos parents,
annuellement, Je pense que la garderie aurait pu se réajuster
financièrement, ce qui n'a pas été nécessairement
le cas.
M. Latulippe: Êtes-vous d'accord au moins avec les mesures
d'indexation au coût de la vie prévues à la page 88 de
l'énoncé de politique?
M. Gauthier: Le programme d'aide financière?
M. Latulippe: Oui.
M. Gauthier: On est d'accord, mais pour moi ce n'est pas la
question fondamentale. On n'est pas contre l'augmentation de l'aide
financière aux parents, sauf que ça ne change en rien le
financement direct et concret des garderies.
M. Latulippe: Vous êtes conscients que ces mesures
d'indexation changent, que c'est un changement substantiel par rapport à
la situation qui existait auparavant?
M. Gauthier: Cela aide les familles admissibles. Si vous nous
demandez si on est conscients, moi, en tout cas, je trouve que oui ça
aide les familles admissibles, mais c'est un petit
à-côté.
M. Latulippe: C'est une formule qui n'existait pas
auparavant.
M. Gauthier :L'indexation? M. Latulippe: Oui.
M. Gauthier: L'aide financière existait, mais l'indexation
semble acquise.
M. Latulippe: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Chaque fois qu'il
intervient depuis le début, ce que le député cherche
à démontrer c'est que, s'il y a un problème, c'est
à cause de l'ancien gouvernement. Alors...
Des voix: Ah, ah, ah!
Mme Harel: Vous l'avez remarqué!
M. Latulippe: C'est l'ancien gouvernement qui était un
problème.
Mme Harel: On en a parlé ce matin, au moment de
l'échange sur la question de l'argent frais qui va venir de la nouvelle
entente fédérale et qui permet au gouvernement du Québec
de maintenir un statu quo complet dans sa contribution, pour 1989, à
l'Office des services de garde. Sans doute que vous êtes
déjà familiers avec cette question en ce qui concerne le montant,
mais, sur le budget de 43 000 000 $, il y en aura 5 000 000 $ qui viendront de
Québec, à proprement parler, et 38 000 000 $ qui seront
assumés par Ottawa. Les 5 000 000 $ de Québec vont à la
garde scolaire et les 38 000 000 $ d'Ottawa Iront à l'Office des
services de garde, ce qui fait que la moyenne est de 100 % du budget de
fonctionnement à l'office par Ottawa et de zéro par
Québec.
Cela étant dit, ça nous donne juste une constatation. Il y
a encore des possibilités. Il y a encore des possibilités de
convaincre le gouvernement. Vous savez, un gouvernement c'est sensible à
l'opinion publique. Il y a encore possibilité parce que c'est
évident que, dans la mesure où l'opinion publique va se rendre
compte que, malgré le discours nataliste, le gouvernement profite de
l'argent d'Ottawa pour se désengager lui-même, là, il y
aura un problème de réputation et je crois qu'il y aura des
corrections. Je le crois parce que c'est une question de bon sens.
La question, évidemment, par rapport à votre
mémoire, juste avant d'aborder les haltes-garderies et les jardins
d'enfants, puisqu'iI y a comme quelque chose de spécifique à
chaque mémoire, malgré qu'il y ait une trame de fond qui est un
peu la même dans chaque région, mais vous, spécifiquement,
vous vous êtes beaucoup centrés sur les jardins d'enfants et les
haltes-garderies. D'autres mémoires, par exemple... Vous allez me dire
que non et je vous comprends aussi. Vous pariez beaucoup d'autres choses, mais
vous parlez des autres choses dont tous les autres parient. Ce sur quoi vous
insistez, d'autres Insistent moins et vont insister plus sur le
caractère de la difficulté d'accès pour les enfants de
familles défavorisées, par exemple.
Je relevais dans le rapport Presser sur les haltes-garderies et les
jardins d'enfants... Je me disais que ce serait intéressant de voir ce
qui en est dit et je me rendais compte que, malgré le fait que ce
n'était pas réglementé, le Québec comptait, en
1987, 131 haltes-garderies et 237 jardins d'enfants. Ce sont les chiffres
contenus dans le rapport du comité consultatif sur les services de garde
à l'enfance qui, nous dit-on, sont le fruit d'études qui ont
été menées là-dessus. C'est l'Office des services
de garde qui fait ces évaluations: 131 haltes-garderies et 237 jardins
d'enfants.
La question qui me vient à l'esprit est la suivante: Compte tenu
de ce que vous mentionniez, il peut certainement y avoir un écart entre
le fait de demander la même formation pour le personnel, quel que soit le
mode... Par ailleurs, de l'autre côté, ce que l'on retrouve c'est
qu'en milieu familial il n'y a aucune formation ou perfectionnement offert dans
l'énoncé. Alors, je
ne sais pas si vous avez conscience du fait qu'à défaut de
l'exiger on pourrait au moins l'offrir, parce qu'il est possible de proposer
aussi aux personnes qui sont déjà en activité de faire des
apprentissages, d'aller chercher un ressourcement, un perfectionnement en
activité de garde en milieu familial. Je ne sais pas si vous pensez que,
sans avoir la même exigence scolaire dès le départ, on
pourrait au moins offrir un perfectionnement, une formation à ces
personnes. Alors, Je ne sais pas si vous voyez cette possibilité. C'est
la revendication des agences de garde en milieu familial.
M. Gauthier On n'y va pas avec les modalités, mais on se dit
qu'il faut que le personnel, peu importe le type de modes, ait la formation
requise.
Mme Harel: Donc, au fil des années, qu'il y ait... La
question est la suivante: Actuellement, l'énoncé, malgré
que ce soit nettement insuffisant et que la modalité ne soit pas
adéquate, c'est 1 % sur la masse salariale, étant donné -
je n'y reviendrai pas parce qu'on aura d'autres occasions - que, si la masse
est peu élevée, le personnel n'aura pas le ressourcement
nécessaire... Mais, encore là, l'énoncé
prévoit ce 1 % en garderie privée, commerciale, mais ne le
prévoit pas, finalement, en milieu de garde familiale. Je ne sais pas si
vous aviez pris connaissance de cette réalité.
M. Gauthier Oui.
Mme Harel: D'autre part, dans votre région, y a-t-il une
réalité particulière que vous connaissez? Vous avez
parlé de l'expérience personnelle que vous aviez eue, mais en
terme régional est-ce qu'il y a une réalité
particulière de jardins d'enfants nombreux? Avez-vous une expertise dans
ce dossier-là?
Mme Déry. Il y a beaucoup de haltes-garderies. Il y a quelques
jardins d'enfants, ce qu'on appelle chez nous les ateliers éducatifs,
qui nous sortent un peu de chaque côté des garderies. C'est plus
ou moins une expertise parce qu'on les connaît, en tout cas, on les voit
agir. Ils ont une saveur très éducative dans la population, je ne
sais trop pourquoi, peut-être parce qu'ils sont privés. On a un
peu de difficulté avec ça. Mais on sait, fondamentalement, qu'il
y a du personnel non formé qui travaille là, comparativement
à nos garderies où le personnel est formé. (16 h 30)
II faut toujours en revenir, en tout cas, on en revient et ce n'est pas
nécessairement là-dessus... L'important pour nous, c'est
l'enfant. Par exemple, si le parent choisit le jardin d'enfants, peu importe la
raison pour laquelle il le choisit, ce qui est important c'est que l'enfant ait
droit à la même qualité dans le service choisi par son
parent. On pense que c'est là le vrai choix du parent. Je m'exprime mal
parce que je ne suis tout de même pas dans mon élément.
Mme Harel: Vous vous exprimez très bien. L'essentiel y
est. La halte-garderie est censée répondre à des demandes
occasionnelles. On la retrouve, dit-on dans les études, surtout dans les
hôpitaux, les CLSC ou encore dans les centres de femmes, les maisons de
femmes là où il peut y avoir des personnes qui suivent des cours,
qui vont encore chercher un rendez-vous ou quelque chose comme ça,
tandis qu'un jardin d'enfants c'est pour une fréquentation
régulière. C'est prévu comme ça, pour une
fréquentation régulière. Selon la connaissance que vous en
avez, dans quelle mesure les jardins d'enfants qui existent et qui ne sont
régis par aucune réglementation reçoivent des enfants, de
façon régulière, pour plusieurs heures par jour? Est-ce
que vous avez connaissance du fonctionnement des jardins d'enfants dans vos
milieux?
M. Gauthier Nous n'avons pas de statistiques. Comme à la question
que vous posiez tout à l'heure, ce qu'on sait c'est que ces types de
modes ne sont pas régis. Ils fonctionnent un peu à la bonne
franquette. Dans les faits, il y en a qui deviennent des garderies plus ou
moins déguisées; sous le nom de haltes, elles peuvent faire en
sorte de ne pas respecter - c'est ça - l'éclairage naturel et
autres. Elles fonctionnent à peu près comme elles le veulent.
Mme Harel: En fait, ce serait plus sous le nom de jardins
d'enfants parce qu'à ce moment-là elles pourraient toujours
prétendre qu'il y a une fréquentation régulière,
mais que ce n'est pas une garderie clandestine...
M. Gauthier Oui.
Mme Harel: ...dans ce sens-là.
Mme Déry: Par exemple, je pense à une
halte-garderie qui recevait régulièrement des enfants à
tous les jours. J'ai eu connaissance de ça, par exemple, dans les
centres-villes ou des choses comme ça. Elles portent le nom de
haltes-garderies...
M. Gauthier: Moi, je reviens à la volonté
politique. Les garderies, c'est un point, et les autres types de services de
garde en sont un autre. Il est tout de même dommage qu'au nom du choix
des parents on mette tout ça ensemble dans un même panier et qu'on
dise: On va essayer que ce soit pour le mieux, pour tout le monde, mais, en fin
de compte, on ne règle pas du tout le problème des garderies en
disant qu'il faut qu'il y ait des haltes, etc. Je pense que si les garderies
s'étaient appelées autrement quand la loi a été
votée, aujourd'hui, on ne parlerait pas de... Si on regarde dans les
petites annonces,
il y a des garderies pour animaux, II y a toutes sortes de garderies. A
travers ça, on parle de toutes sortes de choses et on évite, en
fin de compte, le problème essentiel. Ce sur quoi il faut se prononcer
c'est: Est-ce qu'on en veut, nous, des garderies? Est-ce que c'est un besoin
essentiel pour la famille? On y répond depuis un bon nombre
d'années mais là, les parents, ils ont atteint leur maximum.
Est-ce qu'on en veut? C'est ça la question.
Mme Harel: Je me demande dans quelle mesure, finalement, le choix
qui a été fait dans l'énoncé n'est pas celui de se
dire: Pour les garderies ou les services reconnus, réglementés -
parlons de garderies mais parlons aussi de réglementation pour quelque
type que ce soit - les parents qui y envoient leurs enfants vont obtenir l'aide
financière ou l'exonération. Pour les autres, les
haltes-garderies et les jardins d'enfants, en insistant sur les jardins
d'enfants parce que, dans le fond, les haltes sont surtout connues dans les
milieux d'établissements de santé ou de services sociaux mais,
des jardins d'enfants, il ne s'en ouvrira pas tant que ça - c'est
peut-être le pari qui est fait dans l'énoncé - il n'y aura
pas d'aide financière. On ne réglemente pas mais on n'aide pas.
Tout ce qu'on fait, c'est qu'on promulgue les articles de la loi mais il n'y a
pas de réglementation de prévue. C'est un peu ça
l'énoncé finalement. On confie ça aux municipalités
et les parents ne recevront pas d'exonération; il n'y aura pas non plus
de subvention par place au permis. Alors, de cette façon, on pense
pouvoir en limiter... C'est de la seule manière que j'ai pu comprendre
le rationnel... Vous savez, on cherche toujours quelque chose de rationnel
quand on voit des propositions comme celles-là. On se dit: Pourquoi
promulguer sans réglementer et sans accorder d'aide aux parents? Dans le
fond, c'est parce qu'on pense que ce mode-là va rester a se
développer sans qu'on ait vraiment besoin de faire face à la
situation.
Mme Roy: Je pense aussi que cela va plus loin que cela. On parie
même de garde non régie par la loi dans
l'énoncé.
Mme Harel: Dans l'énoncé, par contre, la garde non
régie par la loi ne veut pas dire pour autant la garde qui enfreint la
loi. Cela veut simplement dire - je pense en tout cas - la garde que choisit un
parent qui...
Mme Roy: Parce qu'il n'a pas d'autre choix, probablement.
Mme Harel: Oui, mais pas nécessairement. Je vous donne un
exemple: Présentement, avec le programme APPORT pour les personnes qui
travaillent à très faibles revenus et qui ont des enfants,
l'État leur envoie une allocation de garde sans que celle-ci doive
servir pour autant en garde reconnue.
Moi, je dis que l'État se tire dans les jambes. Il subventionne
certains services d'un côté et de l'autre, il alloue aux parents
des montants qui sont remboursés sur présentation de
reçus, reçus qui peuvent venir de différents types de
garde non reconnus. C'est certain qu'il y aura toujours la
nécessité d'un choix, tant que cela ne sera pas obligatoire.
L'école est obligatoire à six ans mais le choix d'un mode de
garde - je pense - ne pourra jamais être rendu obligatoire. L'État
a la responsabilité d'allouer des sommes pour que ce soit utilisé
dans les services subventionnés. Vous comprenez quand je dis "se tirer
dans les jambes". Il subventionne d'un côté et de l'autre, il
donne aux parents les moyens qu'il faut pour ne pas utiliser les services
subventionnés.
Pour ce qui est des jardins d'enfants, je pense qu'on peut
espérer que la ministre clarifie ce qu'elle entend faire en
matière de ces deux types de garde: haltes-garderies et jardins
d'enfants, en particulier. S'il y en a 237, cela peut peut-être ouvrir la
possibilité à un type de garde qui va proliférer, sans que
pour autant ce soit à l'avantage des enfants.
M. Tessier C'est cela. Et que les garderies soient noyées
à travers une mer de services plus ou moins complémentaires, mais
surtout moins exigeants pour l'État. C'est ce que je pense.
Mme Harel: Une dernière question en regard du
mémoire que vous nous présentez. Il était question
d'indexation. Je ne sais pas si vous avez remarqué, lorsque le
député y a fait référence, 1 vous a
référé à la page 88, je pense, de
l'énoncé. SI vous le reprenez, de mémoire, vous voyez
peut-être Immédiatement qu'il y a deux formules qu'on retrouve
à l'indexation: une pour les parents, l'autre pour la garderie. Celle
pour les parents, c'est l'indexation selon l'indice des prix à la
consommation. Celle pour la subvention de base de 4,75 $ par enfant par jour,
encore une fois pour les parents, ce n'est pas le même mode d'indexation.
Avez-vous remarqué? Ce n'est plus une indexation selon l'indice des
prix. On ne sait pas exactement ce qu'elle pourrait être. Je pense que
là aussi on peut souhaiter une clarification. Il y a une formule qui a
été utilisée depuis la Révolution tranquille qui
consiste à indexer en fonction de l'indice des prix à la
consommation. La Régie des rentes l'utilise, le premier janvier de
chaque année et cela vaut pour l'ensemble des programmes de transfert.
Il faut espérer qu'il n'y ait qu'un seul mode et qu'on ne vienne pas
trop compliquer la formule d'indexation.
M. Tessier On est d'accord avec l'indexation annuelle. D'ailleurs, cela
devrait se faire partout. Auparavant, il faudrait peut-être penser
à les ajuster au coût réel. Nous ne sommes pas convaincus
que 8 $ l'heure pour une éducatrice,
ce soit le coût réel d'un salaire décent payé
à uns personne formée. La journée où on aura
ajusté concrètement ces exigences, le salaire qui s'y rattache,
l'Indexation annuelle au coût de la vie sera quelque chose de bienvenu
dans nos services de garde.
Mme Harel: J'attire l'attention des membres de la commission, y
compris de nos Invités, sur le tableau qu'on retrouve à la page
80 du mémoire de Concertaction. C'est un mémoire très
fouillé dans lequel on retrouve, entre autres, un tableau sur la part
des revenus familiaux consacrés aux frais de garde. Le
député va certainement trouver Intéressant ce tableau qui
permet de voir exactement, pour une famille qui reçoit le maximum
d'aide, le maximum d'exonération, en 1981, 1986, 1987, 1988, selon le
tarif moyen, l'aide financière qui lui est accordée et la part
qu'elle doit payer. En 1981, la part était de 1,58 $ par jour, sur un
tarif de 10,58 $. En 1988, la part est de 4,58 $ sur un tarif de 15,08 $. On a
les années entre les deux.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: En conclusion, M. le Président, on peut
Immédiatement constater que la part des revenus des parents a nettement
augmenté. J'écoutais l'excellent plaidoyer que madame a fait. Il
est certain que ce sont les parents qui, surtout ces dernières
années, par leur part réelle, ont porté le poids des
augmentations de tarif. Je vous remercie de votre exposé, de la
préparation que vous en avez faite et du soin et de la compétence
avec lesquels vous nous l'avez transmis.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, en conclusion,
lorsque nous avons élaboré l'énoncé de politique
sur les services de garde, on avait comme objectif de diversifier le plus
possible les services dans le but de répondre aux besoins. Je ne pense
pas que l'énoncé ait été fait uniquement en
fonction des garderies, mais bien de tous les services qu'on pourrait retrouver
dans la population. Entre autres, il était difficile de
réglementer les haltes-garderies et les jardins, alors que les articles
ne sont même pas promulgués. Dans un premier temps, nous
promulguerons les articles et, après, on verra la réglementation.
Nous ferons notre planification régionale avec tous les intervenants du
milieu. Cela va nous permettre de rencontrer ces gens, ces propriétaires
de garderies et de jardins, de voir les difficultés, par exemple, de
voir quelle sorte de normes on peut établir. On ne peut pas imposer
toutes sortes de choses sans savoir exactement quelle sorte de
réglementation on pourrait faire pour ce genre de services.
En terminant, je voudrais vous remercier pour votre exposé.
Effectivement, vous avez fait un exposé qui nous éclaire. Je dis
toujours que la formule proposée est une formule perfectible. Vous nous
dites: On préférerait conserver la formule actuelle de la
façon qu'on le voudrait. Je vous dis que je ne pense pas qu'on soit
véritablement en mesure de réduire ou d'anéantir toutes
les disparités ou tous les problèmes qu'on a prévus dans
la politique. Par contre, je me dis que si, entre-temps, d'Ici la fin de la
commission parlementaire, vous aviez d'autres choses à nous
suggérer, j'attendrai toujours ces suggestions. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): La commission remercie
l'Association des garderies sans but lucratif de la région 04 et invite
à la table le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Montréal métropolitain, représenté par Mme Sylvie
Charbonneau, M. François Babineau et M. André
Rémiliard.
Nous suspendons nos travaux quelques instants pour faire la
transition.
(Suspension de la séance à 16 h 44)
(Reprise à 16 h 46)
Le Président (M. Leclerc): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous accueillons maintenant le Regroupement des garderies sans but
lucratif du Montréal métropolitain. Je demanderais au
porte-parole de l'organisme de se présenter et de présenter ceux
et celles qui l'accompagnent aux fins du Journal des débats.
Avant de commencer, je voudrais vous rappeler - Je pense que vous
êtes assez familiers - que vous avez 20 minutes pour nous exposer votre
mémoire et chacun des groupes parlementaires aura ensuite 20 minutes
pour vous questionner. La parole est à vous.
Regroupement des garderies sans but lucratif du Montréal
métropolitain
Mme Charbonneau (Sylvie): Bonjour, M. le Président, Mme la
ministre, Mmes et MM. de la commission. Je vous présente, à ma
droite, M. François Babineau, président du regroupement des
garderies, et, à ma gauche, M. André Rémiliard, membre du
conseil d'administration. Je suis Sylvie Charbonneau, coordonnatrice du
regroupement.
Les intervenants qui nous ont précédés ont
déjà situé l'énoncé de politique dans le
cadre de l'évolution du dossier de la famille. Nous ne reprendrons donc
pas ces éléments. Comme nous sommes membres de Concertaction et
que nous avons participé activement à l'élaboration de
l'analyse exhaustive qui vous a été présentée ce
matin et comme nous endossons ses recommanda-
tions, nous avons décidé de porter essentiellement nos
commentaires sur le principe qui a guidé nos revendications,
c'est-à-dire la qualité du milieu de vie de nos enfants.
Je laisse donc la parole à M. Babineau qui vous entretiendra de
la qualité du personnel et des garderies à but lucratif.
M. Babineau (François): Bonjour. Je pense que, lorsqu'on
parle de qualité dans une garderie, c'est une équation qui est
assez simple à faire: la qualité du personnel, c'est essentiel;
c'est la base de tout. Quand on parle de qualité du personnel, on parie
de sa formation, de ses conditions de travail et de sa
rémunération. On en parie dans l'énoncé de
politique.
Sa compétence, on l'a dit, passe par sa formation; je pense qu'on
n'a pas besoin de faire de grands discours là-dessus. On voudrait
attirer votre attention sur le perfectionnement qui est nécessaire, un
perfectionnement et un ressourcement qui sont nécessaires pour un
travail comme celui-là. À cet égard, en ce qui concerne la
formation et le perfectionnement, le gouvernement nous oblige maintenant
à utiliser 1 % de la masse salariale aux fins de formation et de
perfectionnement. C'est une bonne chose, je pense, dans l'ensemble, sauf
qu'évidemment ça ne fait pas l'objet d'un budget distinct. On
peut dire que ce sont un peu les travailleurs, en prenant ça sur leur
masse salariale, qui vont se payer cette formation. Cela ne nous permettra
môme pas de nous donner quatre jours par année par
éducatrice pour le perfectionnement et le ressourcement.
Si on cherche de plus en plus à avoir du personnel formé,
à reconnaître cette compétence et cette formation chez le
personnel, je pense qu'il est essentiel de reconnaître
financièrement cette profession. À 8,33 $ l'heure, en moyenne
dans la province, et à 16 000 $ par année, je pense qu'on peut
dire que ce n'est pas tout à fait reconnu à sa juste valeur.
C'est important le travail qu'on a à faire auprès des enfants.
Même dans l'énoncé de politique, on reconnaît que
ça a une incidence sur la stabilité du personnel. Je pense qu'en
ce qui concerne la stabilité du personnel c'est encore très
important au plan de la qualité. Plus notre personnel reste en place,
plus on a des bases solides.
Ce qu'on constate dans nos garderies, c'est qu'après quatre ou
cinq ans les éducatrices ont fait le tour et se rendent compte qu'il n'y
a pas beaucoup d'espoir au plan de l'amélioration des conditions de
travail. C'est toujours le même pattern qui revient: on va voir dans la
poche des parents. On voit aussi maintenant - ça commence à se
passer chez les étudiantes qui s'en rendaient compte que,
là aussi, leur espoir est en train d'être anéanti;
l'énoncé de politique a comme cimenté ça. Il n'y
aura pas de gros changements dans les prochaines années dans les
conditions de travail.
On se retrouve dans un cul-de-sac. D'un côté, le milieu
veut la parité avec des emplois similaires, de l'autre côté
le gouvernement fait un effort, mais, il faut bien l'admettre, ce n'est pas
demain qu'on va avoir la parité. On n'est pas sur le point de l'avoir,
on va continuer à augmenter tranquillement, pas vite. Dans dix ans, on
va peut-être avoir la parité avec ce qu'on a maintenant.
Alors, nous disons que la garde des enfants n'est pas uniquement une
responsabilité des parents. C'est aussi une responsabilité
sociale du gouvernement, pour plusieurs raisons, mais surtout pour deux
raisons: premièrement, le dossier de la dénatalité - on ne
fera pas de grands discours là-dessus non plus; vous connaissez tous les
problèmes - et aussi l'arrivée massive des femmes sur le
marché du travail. Je pense que plusieurs reconnaissent qu'il s'agit
là du plus gros changement social du XXe siècle. La
société et le monde du travail ne se sont toujours pas
adaptés à ça et on pense que le gouvernement doit faire
montre de leadership dans ce dossier.
C'est là qu'est la clé du problème avec
l'énoncé de politique. C'est que le gouvernement, par son
énoncé de politique, a renvoyé la responsabilité
financière des garderies sur le dos des parents. C'est ça qu'on
s'attendait à changer. Je pense que la commission parlementaire ici ne
va pas décider si on doit étatiser ou non le réseau des
services de garde. Ce n'est pas ça le but de l'exercice. Mais je pense
qu'entre un statu quo amélioré - la nouvelle formule de
l'énoncé - et une étatisation du système des
services de garde, le gouvernement se devait de prendre ses
responsabilités et enlever le poids financier du dos des parents. Ce
qu'il n'a pas fait. Et je pense que c'est ce qui met le milieu tellement en
rogne contre cet énoncé de politique.
D'un autre côté, les garderies à but lucratif est
une question épineuse. Je pense qu'il n'y a pas de chance à
prendre avec nos plus jeunes citoyens. Je pense que c'est difficile. On
n'essaie pas de tirer une ligne et de dire que toutes les garderies à
but lucratif sont des garderies pourries et toutes les garderies à but
non lucratif sont de merveilleuses garderies. Sauf que, quand on met dans la
balance qualité et profit, on se retrouve avec un équilibre
plutôt fragile. Le profit pèse lourd dans la balance et la
qualité et le profit ont tendance à s'opposer, en règle
générale. Et ce n'est pas seulement nous qui le disons. M.
Bourassa disait, relativement aux soins de santé, que c'était
difficilement compatible avec les profits. C'est dit dans
l'énoncé de politique aussi.
Ce qu'on peut dire par rapport à ça, c'est qu'on essaie de
nous faire accroire que cela semble alléchant. Pour à peu
près je même tarif, on garde à peu près le
même nombre d'enfants. C'est un service à peu près
égal. Sauf que, si on regarde les statistiques, quant à un
contrat de travail, 72 % des garderies à but lucratif n'ont
établi aucune entente verbale avec leur personnel. 90 % des
services à but non lucratif offrent une entente écrite. Le
salaire moyen dans une garderie à but lucratif: 6,31 $. Le salaire moyen
dans une garderie à but non lucratif: 8,33 $. Ce sont deux fils
conducteurs importants pour la stabilité du personnel. Si on regarde le
taux de roulement moyen du personnel: 37 % dans une garderie à but
lucratif et 23,5 % dans un garderie à but non lucratif. Alors, on
reconnaît que la stabilité du personnel est un des apports
Importants pour la qualité.
On peut aller plus loin. La formation: 28 % des éducatrices ont
une formation reconnue par l'office dans les garderies à but lucratif et
43,7 % dans les garderies sans but lucratif et subventionnées. Mais
où cela se gâte vraiment, c'est relativement aux plaintes
reçues à l'Office des services de garde. 73 % des plaintes
reçues à l'office concernent les garderies à but lucratif,
qui représentent environ 27 % du réseau. Sur ce, 21 % concernent
directement le ratio. Alors, si on met 21 % des plaintes sur le ratio et les
salaires qui sont à 6,31 $ dans les garderies à but lucratif, je
pense que c'est là que les garderies vont chercher leur marge de
manoeuvre. On dit que ces deux secteurs-là - les salaires et les ratios
- sont à peu près ce qu'il y a de plus important après la
stabilité du personnel pour assurer la qualité.
Comme on peut le voir, ce n'est pas du tout le même service qui
est dispensé dans ces deux types de garderies. Comme on l'a
déjà dit, il n'y a pas de chance à prendre avec les 0-6
ans. Pourtant, on prévoit du nouveau financement direct pour les
garderies à but lucratif sous prétexte de hausser la
qualité. Évidemment, il va falloir mettre sur pied des
comités consultatifs. On ne dit pas comment ces comités
consultatifs seront véritablement mis sur pied et fonctionnels. Nous
avons l'impression que, de toute façon, ça va toujours rester des
comités consultatifs et qu'en dernier recours ce sera toujours la
décision du propriétaire de faire ce qu'il veut de ces
consultations.
On aimerait savoir aussi de quel violon joue le gouvernement. D'un
côté, on nous dit privilégier les garderies
gérées par des parents. Si on regarde les statistiques, de 1981
à 1987, elles sont passées de 18 % du réseau à 27,4
% du réseau. Mme Gagnon-Tremblay nous a souvent dit: Écoutez, je
n'avais pas de moyens avant. Maintenant je viens de mettre sur pied un
magnifique plan de développement. Ce qu'on sait aussi, c'est que ce plan
de développement, avant qu'on réussisse à mettre toutes
ces gommes sur une môme table, ça risque de prendre un certain
temps et, deuxièmement, ces gens-là ne travaillent pas
bénévolement comme la plupart des regroupements de garderies. Je
pense qu'il faudrait des fonds spéciaux pour ça. Rien n'est
prévu à cet effet dans l'énoncé de politique.
Alors, on a l'impression que, d'ici à ce que cette espèce de
développement régional soit vraiment mis en place, qu'on souhaite
voir établir, on le reconnaît, et c'est important si on veut
savoir où on s'en va exactement, cela risque de prendre un certain temps
et les garderies à but lucratif vont continuer à se
développer. Est-ce qu'il faut attendre qu'elles soient rendues à
40 % pour se demander si c'est ce qu'on veut? Je pense que non. C'est pour
ça qu'on demande un moratoire sur leur développement.
Arrêtez ça tout de suite pendant qu'il en est encore temps. Si ces
garderies veulent avoir du financement direct, c'est simple; elles n'ont tout
simplement qu'à se transformer en garderies à but non lucratif.
C'est ce qu'on demande.
Mme Charbonneau: J'aimerais vous entretenir, à mon tour,
du rôle de la garderie. Je pense que le regroupement de Québec
vous a déjà fait un peu part de ses réflexions à ce
sujet. On aimerait ajouter que, comme il est maintenant établi que le
développement du jeune enfant est primordial dans ce qu'il va devenir
comme adulte, puisque tout se joue avant six ans, et je pense que d'autres
intervenants l'ont déjà souligné, il est donc primordial
de se préoccuper de la qualité de son milieu de vie. Comme ce
milieu de vie est de plus en plus la garderie pour une majorité
d'enfants, la garderie ou le milieu de garde, il est essentiel de voir à
ce que ce milieu réponde réellement à ses besoins pour son
développement tant physique, affectif, psychique et même
moral.
On a parlé des ratios qui sont parmi les plus
élevés au Québec. D'autres groupes ont souligné
l'Importance de diminuer ces ratios et Mme la ministre nous a d'ailleurs dit
qu'ils s'étalent posé la question et penchés
là-dessus, mais qu'ils n'avaient pu, compte tenu des contraintes, y
apporter des solutions. On pense tout de même qu'il serait important de
le faire à ce stade-ci, et qu'il serait intéressant de
prévoir au moins des mesures pour l'avenir de façon à
tendre vers la diminution, entre autres, au chapitre de l'implantation de
nouvelles garderies; il ne faut pas se retrouver avec des coûts
supplémentaires si on décide de diminuer leur nombre dans deux ou
trois ans.
Mais, pour l'Instant, ce qui serait Intéressant et Important de
faire, c'est au chapitre des pouponnières. Ce qui est vécu,
à l'heure actuelle, dans les pouponnières est dramatique. Le
ratio actuel, pour les enfants de moins de 18 mois, est de un pour cinq. Or,
à Montréal, parmi nos garderies, celles qui offrent ce service
ont déjà baissé leur ratio à un éducateur ou
éducatrice pour quatre enfants parce que ce choix s'imposait. C'est
invivable dans une pouponnière d'avoir un ratio plus élevé
que celui-là. À l'heure actuelle, ce sont les garderies qui
assument ce choix-là qui coûte cher. Il existe déjà
des subventions à la pouponnière et on projette de les Indexer,
mais elles n'ont pas été Indexées depuis qu'elles
existent. Or, ces pouponnières coûtent très cher en
matériel et en éducateurs.
Je pense qu'il serait essentiel qu'on prévoie tout de suite des
moyens, de façon que la garderie puisse assumer cette différence,
ce manque à gagner - si on prend le ratio moyen pour les autres enfants,
qui est de huit enfants par rapport au ratio actuel de quatre enfants -
compenser pour ce manque à gagner de quatre enfants et se trouver une
formule pour que les pouponnières reçoivent une subvention qui
leur permettrait de vivre ce ratio inférieur. Je pense que cette mesure
pourrait facilement être implantée puisque le mécanisme est
déjà là et que cela ne changerait pas l'aspect physique de
la garderie que d'abaisser le ratio; cela ne changerait rien. Il n'y aurait pas
de coût supplémentaire pour l'État. Ce ne serait qu'au
chapitre des subventions. Je pense qu'il serait intéressant de se
pencher là-dessus.
Quant au rôle préventif dont, je pense, la région de
Québec vous a déjà parlé abondamment, selon nous,
les éducatrices assument actuellement déjà ce rôle
de prévention; elles font du dépistage et de l'intervention comme
on vous en a d'ailleurs parlé lors de l'exposé de Concertactlon
ce matin. (17 heures)
On pense aussi que ces éducatrices ont une formation
adéquate pour le faire. Ce qui manque, comme on soulignait, encore une
fois, ce sont les ressources. D'une part, s'assurer une plus grande
collaboration peut-être de tous les CLSC et de tous les DSC, c'est
déjà entrepris dans bien des endroits, mais, comme ces services
sont aussi débordés, c'est essentiel, je pense, de fournir les
effectifs nécessaires de façon que l'échange soit plus
constant.
Mais aussi, dans le même sens que ce que l'Alliance des garderies
de Québec demandait, on serait très intéressé
à l'élaboration de zones spéciales dans des milieux
défavorisés, là où le besoin est le plus criant,
parce qu'il y a plus d'enfants. Les garderies reçoivent plus d'enfants
qui ont des besoins spécifiques. Qu'on prévoie des zones de
façon à augmenter le soutien financier dans ces zones. On estime
que c'est un investissement essentiel qu'on peut faire maintenant quand les
enfants sont jeunes, et qui va économiser, dans l'avenir, des
coûts sociaux, par exemple, dans le milieu scolaire. On souligne à
l'heure actuelle un taux d'analphabétisme très
élevé. C'est un problème pour notre
société.
Je pense que, si on prend, par exemple, des enfants qui ont très
jeunes des problèmes de langage ou des problèmes d'apprentissage,
ce sont des problèmes qui seront réglés lorsqu'ils seront
adultes et ils seront aptes à aller sur le marché du travail. On
proposerait donc qu'on puisse mettre sur pied un comité ad hoc dans le
but d'élaborer ensemble les possibilités d'établir ces
zones spécifiques. On pourrait s'asseoir et réfléchir
à cela pour l'élaboration de la politique là-dessus.
Le Président (M. Leclerc): Je m'excuse.
Simplement pour vous souligner qu'il vous reste à peu près
deux minutes.
Mme Cnarbonneau: Dans ce sens, j'aimerais juste souligner qu'on
est vraiment choqué du fait que les prestations aux assistés
sociaux seront coupées, qu'ils ne seront plus admis à l'aide
financière. Je pense que c'est essentiel, dans le même sens que
les zones spéciales pour les milieux défavorisés. Je pense
que ça va ensemble et qu'on ne peut pas accepter de couper. Je vais
passer la parole à M. Babineau pour la conclusion.
M. Babineau: En conclusion, j'aimerais revenir sur ce que je
disais tout à l'heure. Je pense que le noeud, finalement, autour de
l'énoncé, ce que le milieu des garderies attend vraiment, c'est
que le gouvernement reconnaisse la responsabilité sociale qu'il a face
à ce dossier. Si on veut voir la situation changer vraiment, I va
falloir qu'il le reconnaisse parce que Concer-taction travaillait sur un budjet
type idéal. À partir de chiffres de l'Office des services de
garde, il a calculé qu'avec le nouveau mode de financement, si on
voulait avoir ce budget type idéal, cela nous prendrait 27,95 $ par jour
pour un poupon et 23,80 $ par jour pour un enfant de 18 mois à 6 ans. Je
pense qu'on voit un peu, quand on dit que la moyenne provinciale est de 15 $,
le fossé qu'H reste à combler. Entre l'étatisation et une
espèce de statu quo amélioré, je pense que le gouvernement
peut prendre ses responsabilités, surtout, comme on le disait tout
à l'heure, que l'effort pour la première année va
être à peu près nui à cause des sommes d'argent qui
vont venir du fédéral.
Le Président (M. Leclerc): Je vous remercie. Je
cède la parole à Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous remercie de votre exposé. Je
trouve que vous avez proposé des mesures qui sont intéressantes
et qui méritent d'être étudiées d'ici la fin de la
commission parlementaire. Avant de commencer la période de questions,
j'aimerais faire une mise au point. Nulle part, dans l'énoncé de
politique, il n'est question de couper ou de toucher aux assistés
sociaux. Là où il peut peut-être y avoir confusion - je
sais que le conseil d'administration de l'Office des services de garde,
actuellement, voit en somme comment on peut desservir cette clientèle -
et ce, pour une simple raison, c'est qu'il y a une modification à la Loi
sur la sécurité du revenu. Je pense qu'il est tout à fait
normal, à ce moment, qu'on voie comment on peut harmoniser et qui est
touché ou qui pourrait être touché. Aussi, il faut vous
dire une chose: c'est qu'H y a quelques années, lorsque, par exemple,
les tarifs étaient beaucoup plus bas et que l'aide financière aux
parents était de 10,50 $, l'écart n'était pas tellement
grand et vous savez très bien qu'à ce moment-là cette
clientèle pouvait accéder aux services. Mais,
l'écart s'étant agrandi entre le tarif... Il y a quand même
très peu, aujourd'hui, au moment où on se parle, de cette
clientèle dans les garderies. Finalement, on se rend compte qu'elle n'a
pas les moyens d'avoir accès à ces services parce qu'on ne la
retrouve pas.
D'une part, dans la Loi sur la sécurité du revenu, par
exemple, si les personnes sont en formation ou en recherche d'emploi, quelque
chose est prévu pour les services de garde. Quant aux femmes, je pense
aux personnes qui sont à la maison, pour les enfants de 0 à 6
ans, vous souvenez-vous? on est intervenus très fort à ce
moment-là, on a demandé qu'on élargisse, par exemple, la
somme mise à la disposition de cette personne qui avait charge d'enfants
de 0 à 6 ans. Hier, on pariait, entre autres d'une clientèle
défavorisée. Cela ne veut pas dire que toutes les mères de
famille ou tous les pères de famille qui sont
bénéficiaires de l'aide sociale veulent envoyer leurs enfants
dans des garderies ou ne sont pas capables de s'occuper de leurs enfants. Hier,
on a aussi parié d'une clientèle défavorisée
à laquelle on devra effectivement porter une attention
particulière. Je pense à une clientèle spécifique
dont il faudra s'occuper. Mais je ne sais pas qui a dit, en somme, qu'on
voulait sortir cette clientèle de l'aide sociale parce que, en majeure
partie, on me dit qu'elle est déjà sortie. Alors, on veut
vraiment s'occuper de cette clientèle. Si le conseil d'administration de
l'Office des services de garde à l'enfance commence à se pencher
sur cette question, c'est justement parce que, déjà, on veut
savoir où est rendue cette clientèle, ce qu'elle fait et comment
elle pourrait être traitée. De plus, avec la nouvelle loi sur la
sécurité du revenu...
M. Rémillard (André): Est-ce que je dois
comprendre...
Le Président (M. Laporte): M. Rémillard. M.
Rémillard (André): André Rémillard.
Mme Harel: C'est effrayant ce que vous venez de nous
confirmer.
Mme Gagnon-Tremblay: Bien voyons! Le Président (M.
Laporte): M. Rémillard.
M. Rémillard (André): Dois-je comprendre que, parce
que l'aide est insuffisante et donc le tarif à payer est trop
élevé, on va l'exclure? Il n'en reste plus gros, on va les
enlever?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas ça. Je vous parle de la
situation.
M. Rémillard (André): Je suis émotif
là-dessus. À ma garderie, 80 % des parents sont
bénéficiaires de l'aide sociale.
Mme Gagnon-Tremblay: M. Rémillard, je vous parle de la
situation actuelle.
M. RémilIard (André): C'est le comté de M.
Laporte. Il connaît très bien la situation.
Le Président (M. Laporte): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: SI on avait indexé
régulièrement la subvention aux parents de 10,50 $, et là
on est étonnés de la part de l'Opposition, mais justement
ça fait longtemps que vous réclamez l'indexation, à mon
avis. J'ai regardé les coupures de journaux depuis 1982. Si on avait
Indexé les 10,50 $, cette clientèle de l'aide sociale, laquelle
aujourd'hui on veut bien défendre du côté de l'Opposition,
mais si on avait indexé l'exonération financière, elle ne
serait pas sortie aujourd'hui des services de garde.
Le Président (M. Laporte): Mme Charbon-neau.
Mme Charbonneau: On devrait prévoir des mesures pour aller
chercher ces clientèles et les réintégrer. Il faut faire
attention, parce qu'on s'apprête à accepter les enfants qui ne
seront référés que par les services sociaux.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne veux pas qu'H y ait confusion.
Mme Charbonneau: Dans les garderies en milieu
défavorisé où beaucoup d'assistés sociaux demandent
des places, ce ne sont pas que des enfants référés et,
pourtant, ce sont des enfants qui ont besoin. On doit aider ces familles; on ne
doit pas les exclure.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sur quoi on se penche, madame; on sait
qu'on a une responsabilité face à ces enfants. Mais cela ne veut
pas dire que, parce qu'on regarde ça, on veut les sortir. Il faut quand
même le regarder pour savoir où est le véritable
problème. Alors, qu'on ne nous accuse pas de vouloir les sortir. De
toute façon...
Mme Charbonneau: C'est quand même l'information qu'on a
eue.
Une voix: Cela a été voté au conseil
d'administration
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous confirme que ce n'est pas une
information exacte. Je n'ai pas l'Intention de revenir sur le financement,
étant donné, comme vous l'avez mentionné, que votre
association fait partie du regroupement Concertaction, qui a pris position.
À moins naturellement que vous ayez quelque chose de nouveau, je n'ai
pas l'intention de revenir sur le financement mais, par contre, je voudrais
vous
parler des buts lucratifs, de la transformation des buts lucratifs. On
en a parlé depuis longtemps et on a eu plusieurs suggestions à ce
moment-là. Je voudrais quand même savoir si vous vous êtes
penchés sur ce que représente la transformation et quel genre de
négociations on pourrait entreprendre avec ces propriétaires pour
faire, entre autres, toute l'évaluation des actifs de chacune de ces
corporations.
Le transfert, ça suppose quand même une dissolution de
corporation et cela suppose une nouvelle incorporation. Aussi, du
côté pratico-pratlque, comment peut-on garantir les emplois de ces
personnes? Faut-il les garantir ou, une fois que le transfert se fait, faut-il
carrément les exclure? Certaines expériences nous ont
démontré que, lorsque, par exemple, des garderies se transforment
en garderies sans but lucratif et que les propriétaires en demeurent les
directeurs ou les gestionnaires, cela cause certains problèmes dans
certains cas. Par contre, comment essayer de garantir l'emploi de ces
personnes, d'évaluer correctement les biens et aussi les coûts que
ça peut comporter, argent qu'on ne pourrait peut-être pas mettre
dans le réseau actuellement?
M. Rémillard (André): La première chose
à dire là-dessus, si vous vous attendez que je réponde
à toutes les questions que vous venez de me poser là, non. Par
contre, ce que je peux vous dire c'est qu'on adopte le moratoire maintenant et
on va trouver les solutions pour les transformer.
L'autre aspect dont je veux parler et que je pourrais ajouter, c'est que
non seulement on ne met pas de moratoire mais, pour la première fois, on
leur accorde des subventions directes: 2000 $ pour l'achat d'équipement.
On va payer cet actif qu'il faudra racheter. Mme la ministre, vous nous dites
depuis deux jours, trois jours maintenant, que l'État a des limites dans
sa capacité de payer, etc. Vous reconnaissez que le réseau des
garderies sans but lucratif est dans une situation financière
précaire. Vous devez faire des choix. Nous sommes tout à fait
d'accord avec ça. Il me semble que, à la lueur de la connaissance
de ça et à la lueur du principe de préférence pour
les garderies gérées par les parents, lorsqu'il n'y a que 14 000
000 $ à mettre en consolidation, on les met dans les garderies
gérées par les parents.
Mme Gagnon-Tremblay: Pourquoi dites-vous: 14 000 000 $ de
consolidation alors que nous avons en tout 25 000 000 $ de consolidation?
M. Rémillard (André): 10 000 000 $ pour les
garderies sans but lucratif et 4 000 000 $ pour les buts lucratifs. Ce que je
veux dire essentiellement, Mme le ministre, je m'excuse si je me suis
trompé, c'est que les sommes prévues...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, d'accord, par rapport aux
garderies...
M. Rémlliard (André): ...pour les garderies
à but lucratif devraient être transférées aux
garderies sans but lucratif vu le principe de préférence et vu le
peu d'argent dont vous nous dites disposer et vu la situation financière
précaire que vous reconnaissez.
Mme Gagnon-Tremblay: Par contre, vous savez que les subventions
spécifiques qui ont été accordées aux
garderies à but lucratif sont des subventions qui ont un lien avec la
qualité et, entre autres, pour l'enfant aussi. Ce ne sont pas des
subventions qui sont données comme ça pour accroître les
bénéfices de la garderie.
M. Rémillard (André): 2000 $ pour
l'équipement.
M. Babineau: Où sont les garanties de ça?
On nous parle de comités consultatifs; il y en a
déjà dans les garderies à but lucratif. On sait qu'ils ont
de la misère à fonctionner.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Babineau: Les statistiques que je vous ai montrées tout
à l'heure sont là pour le prouver. Il y a quatre inspecteurs dans
toute la province pour inspecter toutes les garderies, je pense qu'ils ne
suffisent pas à la tâche. Une visite par année, ce n'est
pas assez pour garantir la qualité. Qu'est-ce qui nous garantit... C'est
juste un comité consultatif, de toute façon. Il fera ses
recommandations et, quand viendra le temps d'amener ça devant la
propriétaire, c'est elle en dernier recours qui a le dernier mot
là-dessus. Où sont les garanties que cet argent va servir
uniquement à ça? Il n'y a pas de garanties.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans un premier temps, il s'agit de savoir
si, oui ou non, on est d'accord avec les mesures. Si oui, c'est à nous
de prendre les moyens nécessaires pour le contrôler. C'est ce que
nous avons l'intention de faire.
M. Babineau: Quels sont ces moyens? Mme Gagnon-Tremblay: II y en
a plusieurs.
M. Babineau: II y a déjà des comités
consultatifs et ils ne fonctionnent pas.
Mme Gagnon-Tremblay: Lorsqu'on vous parie de comités
consultatifs, c'est uniquement pour la vie pédagogique des enfants.
Croyez-vous, par exemple, que les éducatrices et les éducateurs
qui ont droit à 1 % de la masse salariale pour la formation, on ne peut
pas se fier à ces gens-là pour réclamer ce 1 %? Nous
aurons le moyen de le contrôler, nous ne le donnerons pas comme ça
à la garderie. Alors, croyez-vous que
ces gens ne seront pas... Je pense que nous avons les moyens.
M. Rémillard (André): Mme la ministre, ces
gens-là n'ont même pas de contrat avec leur employeur. Ils peuvent
être congédiés en tout temps. Ils vont s'opposer?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît!
M. Rémillard (André): Excusez-moi.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser Mme la
ministre terminer et vous poserez votre question après.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, Je pense que vous pouvez y aller. Tout
simplement ce que Je voulais vous dire, c'est qu'on peut quand même avoir
un contrôle. Cela peut être sur pièces Justificatives ou
quoi que ce soit. Je pense qu'il y a certains contrôles
Indépendamment de ça. Par contre, vous avez peut-être
quelque chose à ajouter. Je voudrais entendre M. Rémillard. (17 h
15)
M. Rémillard (André): J'ai dit que ces travailleurs
et travailleuses, pour la plupart, n'ont même pas de contrat de travail
avec leur employeur. Comment vont-ils s'opposer sans se faire congédier?
Cela ne se peut pas. On connaît ça dans beaucoup de secteurs de
travail où l'employé, pour garder son travail, doit accepter ses
conditions.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une question qu'on pourra poser quand
même. C'est une suggestion...
M. Rémillard (André): À moins que ces
travailleurs ne se syndiquent... S'ils peuvent le faire, parce qu'ils vont se
faire Jeter dehors avant. C'est impossible et vous le savez.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une question qu'on pourra poser au
Regroupement des garderies privées. C'est le nom qu'il porte mais Je
veux dire "garderies à but lucratif.
M. Babineau: Justement, comment s'appelle-t-il? Cela s'appelle
"les garderies non gérées par les parents", "les garderies non
subventionnées". Il y a des Jeux de mots qui sont en train de se glisser
dans l'énoncé et dans les délibérations des
garderies à but lucratif. Il faudrait essayer de rester le plus
près possible de l'appellation. Il ne faudrait pas perdre de vue que ce
sont des garderies à but lucratif.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est très clair, finalement. Pour
l'élaboration de l'énoncé de politique, on s'est rendu
compte d'une chose. Dans la population, garderie à but lucratif et
garderie sans but lucratif... On s'imaginait qu'il y avait des garderies
publiques et des garderies privées, c'est faux. Elles sont toutes
privées. Dans la population, on continue encore à penser
ça. Finalement, la seule façon pour nous... En élaborant
l'énoncé de politique, on se rendait compte que, pour la
population, pour M. et Mme Tout-le-Monde qui auraient à lire
l'énoncé de politique, ce serait beaucoup plus facile de
différencier entre garderie gérée et garderie non
gérée par les parents. C'est tout simplement pour ça. Ce
n'est pas la question de changer l'appellation, c'est tout simplement pour
essayer d'éviter la confusion.
M. Babineau: La question du but lucratif et du but non lucratif
est complètement disparue, à ce moment-là. Ce sont deux
garderies pareilles, sauf qu'il y en a une où les parents n'ont pas
vraiment à s'impliquer, ils sont occupés, et il y a l'autre
garderie où les parents sont débordés de travail, mais il
faut qu'ils s'impliquent quand même.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez...
M. Babineau: C'est comme un préjugé favorable. Cela
déforme la réalité. Ce sont des garderies à but
lucratif. Je pense que la population est capable de comprendre ça.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une question d'opinion. Que ce soit
présentement à but lucratif ou sans but lucratif, Je ne pense pas
qu'il n'y ait aucune garderie au Québec qui puisse faire du profit. De
toute façon...
M. Babineau: Sauf en contournant la réglementation,
justement.
Mme Gagnon-Tremblay: Pardon?
M. Babineau: Sauf en contournant la réglementation.
Mme Charbonneau: Et par les abris fiscaux. M. Babineau: Et par
les abris fiscaux.
Mme Gagnon-Tremblay: On pourrait en parler longuement. De toute
manière, Je n'ai pas à prendre position et défendre les
garderies à but lucratif. Elles auront...
M. Babineau: Non, sauf que présentement, comme on l'a dit,
elles se sont rendues rapidement jusqu'à 30 % du réseau.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais vous savez pourquoi?
M. Babineau: Mais justement... En attendant ces mesures, elles
risquent de se rendre jusqu'à 40 %. Ce que nous demandons, c'est un
moratoire immédiat.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, et vous savez pourquoi finalement.
M. Babineau: On est fermes là-dessus.
Mme Gagnon-Tremblay: Si elles se sont développées
à ce rythme-là, c'est qu'on n'a jamais eu les outils
nécessaires pour freiner l'ouverture. On n'a jamais eu de modification
à la loi.
M. Rémillard (André): On arrête...
M. Babineau: On en a un outil. Je pense qu'il sera très
efficace.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous aviez une inquiétude tout
à l'heure quant à la planification. Mais nous visons une
modification à la loi le plus rapidement, c'est-à-dire au cours
de la prochaine session. C'est sûr que si on veut entreprendre notre
planification et ainsi de suite... Cela ne veut pas dire qu'on attend que la
planification soit terminée avant d'obliger les garderies à but
lucratif au même rythme de développement ou au même plan de
développement. Ce que nous disons, c'est que dans la loi - une loi qui
devra être adoptée le plus rapidement possible et on espère
qu'elle pourra l'être d'ici juin, au cours de la prochaine session -
à ce moment-là, on prévoira des choses pour freiner ce
développement qui s'est fait au cours des dernières années
et qu'on n'a pas pu contrôler. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je veux saluer le
regroupement. Je vais aller assez rapidement parce que j'ai mon collègue
de Saint-Jacques qui aimerait discuter avec vous.
Sur la question des garderies sans but lucratif, en juin 1987, le
rapport du comité consultatif que Mme la ministre a mis sur pied lui
recommandait un moratoire et un programme de conversion pour les garderies sans
but lucratif. On ne nous annonce pas un moratoire. Tout ce qu'elle nous a dit,
c'est une sorte de langage qui ne nous permet pas... Je vais revenir sur la
question des enfants des assistés sociaux. Sur les garderies sans but
lucratif, on ne sait rien pour tout de suite. On sait simplement qu'il y aura
éventuellement un contingentement parce qu'elles seront soumises
à la planification régionale. Sur les buts lucratifs,
plutôt. Quant aux mécanismes, on ne connaît rien, de toute
façon, de la manière dont se fera la planification
régionale ni quand elle sera enclenchée, etc. C'est autre chose.
Si tant est que le problème existait auparavant, il est certain que le
développement s'est fait pendant les trois dernières
années. La progression des trois dernières années a
été phénoménale - on va lui apporter les chiffres -
en regard des trois années d'avant son gouvernement. C'est ça qui
aurait dû l'Inquiéter. Comment se fait-il que ça progresse
tant depuis trois ans? C'est ça l'inquiétude qu'elle devrait
avoir. Et, en juin 1987... C'est à l'automne qu'elle aurait pu
légiférer. Je regrette, mais je ne prends pas les arguments.
C'est comme un enfant, c'est toujours la faute d'avant: C'est la faute de mes
parents. C'est le premier aspect. La législation, ce n'est pas
simplement le contingentement; c'est se donner le pouvoir que les permis
pourront être octroyés selon l'intérêt public. Et
cela donne évidemment un pouvoir plus large à l'office.
Premièrement, il faut savoir si c'est dans ce sens que la ministre
entend légiférer et si elle annonce fermement aujourd'hui qu'elle
va le faire avant la fin de la session du printemps.
Deuxièmement, je suis heureuse d'apprendre que la décision
n'est pas prise à l'égard des enfants des
bénéficiaires de l'aide sociale. Mais l'Inquiétude que
j'ai, compte tenu du discours que j'ai entendu, c'est que tout le plaidoyer
était en faveur de le prendre dans le sens de leur exclusion du
programme d'exonération. La ministre invoque les modifications à
la sécurité du revenu. Elle a invoqué celles concernant
les parents d'enfants de moins de six ans. Est-ce que. vous savez en quoi ont
consisté les modifications? Elles ont consisté à ne pas
les couper pour les personnes chargées d'enfants qui ne retournaient pas
dans les mesures obligatoires du ministre. La proposition, c'était de
les couper. Et la ministre a tellement bien travaillé qu'elle a
réussi à convaincre son gouvernement de ne pas les couper. Cela a
été la mesure. Deuxièmement, la question reste en plan
puisque les programmes subventionnés... Est-ce qu'un chantage sera fait
auprès des parents bénéficiaires de l'aide sociale
à savoir que, s'ils ne participent pas au programme, les enfants ne
pourront plus avoir droit... Cela va revenir au fait qu'ils n'auront plus droit
à la garde. Et la question fondamentale: À quoi sert un service
de garde? À l'intégration au marché de l'emploi, à
obliger à participer à des mesures subventionnées ou
à favoriser l'égalité des chances pour des enfants qui, au
départ, sont peut-être moins égaux que d'autres dans la
société? C'est la première question. Je la pose à
la ministre parce que, à lire son énoncé et à lire
son principe directeur, tout ce qu'on voit, c'est que c'est pour les parents
sur le marché du travail. Et, dans l'énoncé de politique
qui va résulter de la commission parlementaire, si cela reste tel quel,
c'est un profond changement avec ce qui a été mis en place il y a
dix ans. C'est un virage, il faut en être conscient.
La question est encore la même. Concertac-tion disait qu'il y a
à l'étude tout au moins d'exclure ces enfants dont les parents
sont bénéficiaires de l'aide sociale et que cela totalise 2 000
000 $. S'il y en a très peu, la ministre va-t-elle faire en sorte qu'il
n'y en ait plus du tout? C'est ça, la question qui est posée. Et,
à
cette question, la réponse que la ministre a donnée, loin
de me rassurer, a aggravé mon Inquiétude.
Vous travaillez relativement beaucoup en milieu
défavorisé. Je ne sais pas si le Regroupement des garderies sans
but lucratif du Montréal métropolitain... Je vous pose la
question: Vous qui travaillez dans des milieux, dans des quartiers
défavorisés, en quoi vous apparaît-il que la nouvelle
formule proposée peut accroître les inégalités? Je
crois que c'est un aspect important de votre mémoire et j'aimerais vous
entendre là-dessus.
M. Rémillard (André): André
Rémillard. La réponse pourrait être très
brève. La nouvelle formule de financement, c'est une subvention qui va
suivre les tarifs. En milieu défavorisé, ce sont les garderies
qui ont comme clientèle potentielle les parents qui ont la plus faible
limite, la plus faible capacité de payer. Il est impossible d'augmenter
les tarifs, donc d'augmenter la subvention.
L'autre aspect. À cause du nombre d'enfants qui présentent
des difficultés d'apprentissage, il est souvent nécessaire de
baisser les ratios pour favoriser l'Intégration d'un enfant ou
môme le travail quotidien. On avait pris cette décision - Je dis
"on", je parle de ma garderie - pour favoriser le travail avec les enfants,
conscients qu'on perdait quand même le tarif d'un enfant par jour.
Maintenant, on va perdre le tarif d'un enfant par jour plus la subvention du
gouvernement, les 45 % y correspondant.
On peut voir que, dans la majorité des garderies en quartiers
défavorisés, c'est là qu'on trouve le plus de
problèmes: le problème de fréquentation et celui de
l'incapacité de hausser les tarifs; ce sont les deux variables sur
lesquelles dépend la nouvelle formule. Ce sont déjà des
garderies qui ont des conditions précaires, encore plus précaires
que pour l'ensemble des garderies et, avec la nouvelle formule, elles vont
recevoir moins que les autres garderies. Est-ce que ça répond un
peu?
Mme Harel: Oui. À moins que mon collègue... Combien
de minutes me reste-t-il? Il n'en reste plus beaucoup, j'imagine. Dix?
Le Président (M. Bélanger): Dix minutes.
Mme Harel: Bon! Je lui avals promis de lui laisser les dix
dernières minutes.
Vous avez une recommandation qui est unique, on ne la retrouve pas
ailleurs, c'est à la page 17, soit que le programme APPORT soit
modifié de sorte que la partie remboursement des frais de garde soit
affectée à l'aide financière. En d'autres termes, vous
dites... Il y a déjà eu des critiques en ce sens que,
dorénavant, iI faudra faire appel à deux programmes avec toutes
les complications administratives, etc. Ce que vous dites, c'est qu'il ne faut
pas que ça reste fictif. Ce que le gouvernement avait prévu dans
les frais de garde pour APPORT, qu'il le mette immédiatement dans l'aide
financière pour l'ensemble des parents. C'est ce que je comprends. C'est
ça?
Mme Charbonneau: Oui. Il a été
démontré qu'environ 35 % des gens ont pu se prévaloir de
ce programme. J'imagine que ça comprend aussi des gens qui n'ont pas
nécessairement réclamé les frais de garde, mais
plutôt un supplément de revenu. Le programme comprend les deux
volets.
Il faut voir aussi que, pour les gens à qui s'adresse ce
programme, il n'est pas facile d'aller en faire la demande. C'est
compliqué, ça demande beaucoup d'étapes. C'est long et
souvent les gens se découragent. Depuis qu'on connaît le
programme, dans les regroupements, on l'a publicisé. On a incité
les gens à y aller. Plusieurs y sont allés et se sont fait dire
sans trop savoir pourquoi: Bien, vous n'y avez pas droit.
Alors, il y a eu beaucoup d'insatisfaction là-dessus. On se dit
qu'il serait plus efficace, finalement, d'avoir un seul programme, de
récupérer cet argent, d'où moins de difficultés
d'administration aussi, moins de dépenses sur l'administration.
Mme Harel: Connaissez-vous... Ce serait vraiment utile si vous
pouviez, au fil des semaines qui vont venir, me transmettre l'information
concernant le pourcentage d'enfants qui ont des parents qui sont sur le
programme APPORT dans votre réseau, si tant est que c'est possible.
Évidemment, il faut se rappeler qu'APPORT alloue, indépendamment
de la garde, même celle qui n'est pas reconnue...
Mme Charbonneau: Encore une fois, je pense que ça a
déjà été mentionné, mais chez nous, lors des
réunions avec les coordonnatrices de nos garderies membres, on a
demandé: Est-ce que vous avez des parents qui ont fait appel à ce
programme, qui sont admissibles et qui reçoivent effectivement de
l'argent? On n'a trouvé personne. On a fait l'appel à quelques
reprises et on n'a trouvé personne.
Mme Harel: Pourtant, vous avez 70 % de vos enfants dont les
parents ont droit à l'exonération financière.
Mme Charbonneau: Oui.
Mme Harel: Donc, 70 % sont des parents à faible
revenu.
Mme Charbonneau: Oui.
Mme Harel: Et personne n'utilise APPORT.
Mme Charbonneau: Non.
Mme Harel: II y a là un gros problème...
Mme Charbonneau: Effectivement.
Mme Harel: ...pour les parents et pour le gouvernement.
Mme Charbonneau: Effectivement.
Mme Harel: Bon! Mon collègue de Saint-Jacques, avant qu'il
se fâche contre moi...
M. Boulerice: Non, non.
Mme Harel: ...je vais lui passer la parole.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Saint-Jacques. (17 h 30)
M. Boulerice: Je ne me fâcherai pas envers une
porte-flambeau aussi efficace que ma collègue.
Pour ce qui est des garderies, un avant-propos, trois
commentaires et une question. L'avant-propos. C'est incroyable la double
unanimité que suscite le Parti libéral quand il s'agit de mesures
sociales. Réforme de l'aide sociale: 1600 organismes qui sont contre,
mais ils votent tous pour. Les garderies ici, un score presque albanais si vous
me permettez ce mot-là: presque 99 % des gens sont contre ou très
critiques, sauf qu'ils vont voter pour, encore une fois. Double
unanimité, comme je vous le disais.
Commentaires sur votre mémoire. À la page 10,
quant aux parents usagers: "Les garderies doivent être à l'image
de ceux et de celles par qui et pour qui elles existent." J'ai
été très heureux de vous voir inclure ça. Cela
reprend ce que nous avions voulu faire dans la loi 20, que vous vous rappelez.
Mais, à ce moment-là, l'Opposition de l'époque
s'était faite le parapluie des forces à peu près les plus
réactionnaires au Québec. Le pouvoir avait donc
échappé aux parents, notamment dans les écoles. Qu'on
essaie de le reprendre au premier étage, au niveau des garderies, je
vais vous encourager là-dessus, comme on dit, à 100 milles
à l'heure.
Deuxième commentaire. A tort ou à raison,
ayant travaillé quand même dans le milieu de l'éducation,
notamment en Montérégie, pour plaire à ma collègue
de Marie-Victorin, et ayant donc joué avec des formules de ratios, je
regarde celles que vous proposez - et là ce n'est pas le
député avec un chiffrier qui vous fait ce commentaire, mais un
éducateur spécialisé d'abord -et je les trouve très
à propos.
La recommandation 3 - et ma collègue de Maisonneuve
en a parlé - les zones grises. Quand on est député du
plateau Mont-Royal et du centre-sud où 30 % des familles sont
monoparentales et qu'on sait que, de ces 30 %, la quasi-totalité a une
mère comme chef de famille... Et vous démystifiez d'ailleurs le
programme APPORT qui avait allégé la conscience de certains
députés de l'autre côté - ce qui leur a permis de
voter pour. Je pense que ça, c'est un impératif. Comme on est
à l'intérieur, je vais me permettre un mot en anglais, c'est un
"must". Là-dessus, ça va.
Maintenant, M. Babineau, il y a un article qui est un
interview de vous qui a été publié dans le Voir. C'est
tout frais. C'est sorti ce matin. Je vous en ai fait remettre une copie. Vous
touchez à un point. Vous dites: "Envoyer un enfant dans une école
privée coûte en moyenne 1500 $ par année et c'est
considéré comme un luxe. Alors, que dire des garderies où
les parents devront payer entre 3000 $ et 4000 $ par an?" Je pense que vous
avez touché en fin de compte au fond du problème.
M. Babineau: Que dire de plus?
M. Boulerice: Que dire de plus, effectivement? La ministre se
défendait tantôt en disant: Je ne veux pas les sortir, en pariant
des entants en milieu défavorisé. Je lui réponds: On n'a
jamais dit que vous vouliez les sortir, madame, mais votre politique fait en
sorte qu'ils ne pourront pas entrer. Et ça, c'est bien
différent.
Vous dites, M. Babineau, que cette politique votée
entraînerait la fermeture de garderies dans le Montréal
métropolitain où il y a un taux de pauvreté
étonnant que vous connaissez. Quand vous dites "la fermeture", combien
de fermetures? Beaucoup de fermetures?
M. Babineau: Cela demeure toujours difficile à
évaluer parce que finalement on doit boucler notre budget à la
fin de l'année. Alors, on va chercher un petit bout ici. On va augmenter
les parents un petit peu. On ne renouvelle pas le matériel,
l'équipement, les choses comme ça. On diminue un petit peu les
conditions de traval que les éducatrices s'étaient données
au cours des annnées. On finit toujours par boucler notre budget, sauf
qu'il y a une limite à ça, Je pense, à un moment
donné. Et quand on fait le calcul de tout ça... Le
problème aussi, c'est qu'avec cette nouvelle formule qui va inciter les
garderies à hausser la cotisation qu'elles vont demander aux parents...
Qu'on soit à 13 $ par jour pour un enfant en région ou à
16 $ par jour pour un enfant à Montréal, on commence
déjà à avoir des problèmes de fréquentation.
Les places qui sont là sont vides. Le gouvernement est très
soucieux de ça. Il voudrait qu'on rentabilise nos choses. Mais c'est la
nature même du financement qui fait ça. C'est pour ça qu'on
dit que les parents sont rendus à la limite de ce qu'ils peuvent payer.
Rendus à proche 100 $ par semaine, 400 $ par mois, je pense que les
parents font l'équation et commencent tranquillement pas vite à
se diriger vers la garde au noir. Est-ce que c'est ça qu'on veut comme
réseau de services de garde? Je pense que non. Et, en même temps
qu'on veut ouvrir de nouvelles places, à cause d'un mauvais financement,
il y en a qui restent ouvertes. Il y a là un gros problème et
c'est à ce problème que le gouver-
nement ne s'attaque pas en reconnaissant sa responsabilité
sociale dans ce dossier.
Mme Charbonneau: Je pense que plusieurs zones sont
défavorisées à Montréal; II y a le centre-sud et
tout le sud-ouest aussi maintenant. Les municipalités en ont
déjà parié l'année dernière, c'est alarmant.
Dans ces milieux, quand elles sont rendues à des tarifs de 16 $, 16,25 $
jusqu'à 17 $, les garderies perdent leur clientèle. Dans une
garderie, entre autres, huit enfants sont partis en janvier dernier et,
malgré la publicité faite dans le quartier pour essayer d'aller
chercher des enfants, elle n'en a pas trouvé d'autres parce que c'est un
milieu défavorisé, un milieu où les gens travaillent au
salaire minimum, en manufacture ou en Industrie. Il y a aussi des
assistés sociaux et, à 16,25 $, ils sont Incapables de payer.
Cette garderie a un manque à gagner. Ce n'est pas parce qu'on est pour
la mauvaise gestion, mais ces huit places rapportent quand même 4,50 $
par jour par place, même si elles sont vacantes; elle le reçoit
quand même, mais ce n'est pas suffisant pour la garderie. Il faut que
ça rapporte le tarif complet pour que la garderie fonctionne. Je ne
pense pas que ce soit par manque de volonté. Les coordonnateurs font des
efforts; on volt régulièrement des annonces dans les journaux de
quartier, de la publicité est faite de porte à porte par les
éducateurs qui vont visiter les écoles et les milieux industriels
pour essayer d'avoir une clientèle et, à ce coût, c'est
impossible. Comme le disait François, on se tourne vers la garde au
noir.
M. Babineau: Malheureusement...
Mme Harel: Je laisserai à mon collègue le soin de
conclure à ma place pour les remercier.
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement, le
temps est écoulé. En conclusion, M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je pense que c'est votre métier et que vous l'avez
pratiqué par un mémoire d'une très grande qualité.
Vous avez surtout Identifié, notamment d'ailleurs pour nous trois qui
connaissons bien tout le milieu socioéconomique de la circonscription
que nous représentons, et fait valoir là des points qui nous
sautent aux yeux tous les jours, à la fois dans la visite des garderies
et à la fois dans la visite de la rue et dans celle des concitoyens,
parce qu'on s'aperçoit qu'effectivement plusieurs n'y sont pas. Ils n'y
sont pas, non pas par manque d'intérêt mais parce qu'il n'y a pas
la ressource. La réforme de l'aide sociale ne leur permet pas d'en
profiter et, comme le disait ma collègue et députée de
Maisonneuve, il y a malheureusement des enfants qui vont continuer à ne
pas bénéficier d'une socialisation avec leur père, qui est
tout à fait normale et qui fait partie d'un des droits que ces enfants
devraient avoir, mais qui n'existera malheureusement pas, non pas uniquement
à Montréal mais dans l'ensemble du Québec parce que je
pense que les gens de la Montérégie vont abonder dans le
même sens que vous.
Ce que je retiens, c'est un peu la même chose que dans l'autre
débat auquel j'ai fait allusion tantôt, celui sur la
réforme de l'aide sociale où on disait: Non. Malheureusement,
l'autre côté n'a pas écouté. J'ose espérer
que l'oreille sera moins sourde cette fois-ci et qu'on apportera à cette
loi et aux autres lois les amendements qui vont nous permettre d'avoir un
système de garderie qui comblera bien des déficiences dans notre
société compte tenu de son état actuel. Donnons-nous
rendez-vous à Radio-Canada dimanche soir, Je crois, pour voir
l'émission "Disparaître", qui sera animée par Mme Payette.
Là aussi, il y a bien de ce que vous soulevez qui est inclus
là-dedans. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay. Ce que je veux tout simplement ajouter, c'est que
je vous remercie pour la présentation de votre mémoire. Comme je
l'ai mentionné au tout début, vous nous avez
suggéré certaines mesures intéressantes qui
méritent d'être étudiées. D'ici la fin de la
commission parlementaire, si vous avez d'autres suggestions à nous
faire, nous sommes à votre écoute. Merci.
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales remercie le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Montréal métropolitain et appelle à la table le
Regroupement des garderies sans but lucratif de la Montérégie. Ce
regroupement sera représenté par M. Michel Légaré,
Mme Suzanne Lanctôt, M. Claude Vallières et Mme Michèle
Meunier.
Nous suspendons les travaux quelques instants pour permettre au groupe
de prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise à 17 h 42)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Que chacun prenne sa place pour que nous reprenions nos travaux et que
nous puissions procéder à l'audition du mémoire
présenté par le Regroupement des garderies de la
Montérégie.
Bonjour. Dans un premier temps, je vous inviterais à
présenter votre porte-parole, à présenter l'équipe
des porte-parole et, chaque fois que vous aurez à faire une
intervention, s'il vous plaît, à bien vouloir donner votre nom
avant, tout simplement pour les fins de la transcription au Journal des
débats. Cela leur
crée beaucoup d'embêtements quand on ne le donne pas, Us ne
connaissent pas vos voix.
Vous avez 20 minutes pour procéder à la
présentation de votre mémoire et il y aura une période de
discussions ensuite avec les membres de la commission. Mme la ministre retarde
un peu, c'est une question de pause. Si vous le permettez, pendant quelques
instants, on va attendre l'arrivée de Mme la ministre pour qu'elle
puisse vous entendre. Merci.
Tout le monde étant présent, je vous prierais de bien
vouloir procéder à la présentation de votre
mémoire.
Regroupement des garderies de la
Montérégie
M. Légaré (Michel): Bonjour, Michel
Légaré, du Regroupement des garderies sans but lucratif de la
Montérégie. Des quatre personnes qui devaient se
présenter, nous ne sommes que deux: ma consoeur Suzanne Lanctôt
qui est un des parents à la garderie du Mouillepied, à
Saint-Lambert, et moi-même, Michel Légaré, de la garderie
Maman travaille. Donc, vous voyez que les pères travaillent aussi.
Nous sommes ici, d'abord, pour vous présenter un mémoire
qui a été fait exclusivement par un groupe de parents.
Contrairement aux accusations qui ont pu être portées dans les
journaux, les mémoires qui sont déposés par les
regroupements ne sont pas faits uniquement par du personnel professionnel. Il y
a des parents qui se sont penchés là-dessus. Celui que vous avez
actuellement entre les mains en est un qui a été obtenu par
consultation auprès d'une assemblée générale faite
à cet effet. Les idées qui y sont contenues ont été
recueillies à même les groupes de parents et ce mémoire a
été soumis ensuite à une assemblée
générale des garderies pour être testé. C'est dire
qu'il représente réellement l'opinion de 3500 parents. Je vais
vous laisser avec Suzanne Lanctôt.
Mme Lanctôt (Suzanne): Suzanne Lanctôt. Je veux juste
spécifier étant donné qu'on est un groupe de parents, que
je suis dans le milieu des garderies depuis quatre ans et, étant
donné que j'ai trois enfants, mon aîné ayant six ans, que
je prévoie être là pour encore cinq ans environ. Mais on
n'a pas voulu et cela a été une décision...
Mme Harel: En voulez-vous un quatrième?
Le Président (M. Bélanger): Voulez-vous d'autres
maternités ou quoi?
Mme Lanctôt: Non, j'ai un bébé de sept mois.
Alors il est là pour un bout de temps.
On n'a pas voulu, et on en a beaucoup débattu, aborder les
questions techniques relatives à l'énoncé de politique. On
a vraiment voulu énoncer nos réactions en tant que parents.
Certains d'entre nous sont membres de conseils d'administration de garderies;
certains ne le sont pas. Alors, c'étaient vraiment des réactions
de parents utilisateurs. Je voulais juste apporter cette clarification.
Je vais maintenant relever quelques points de notre mémoire.
Certaines choses ont déjà été dites, ce sera de la
répétition, mais je pense que c'est important. Concernant les
sept principes directeurs, c'est essentiel que les services de garde ne soient
pas vus comme un luxe. C'est un service essentiel et il faudrait que ce soit
reconnu tant pour le financement que pour les coûts. Présentement,
pour certains, c'est un luxe, les coûts étant assez
élevés.
C'est important de voir vraiment à ce que nos enfants vivent
collectivement dans un environnement sain, adéquat, entourés
d'éduca-trices compétentes et heureuses du travail qu'elles
accomplissent. Cela favorise un meilleur environnement pour les enfants. C'est
important de voir les services de garde comme une ressource collective pour les
familles et les enfants. Je frémis souvent quand je me fais traiter de
folle parce que j'ai trois enfants et aussi quand on me dit: Pourquoi, mol,
serais-je obligé de payer pour les frais de garde de tes enfants? Tu as
décidé d'avoir des enfants; pourquoi, moi qui n'en ai pas, je
serais obligé de payer? Ma réponse à cela: Qui va payer
pour ton régime de retraite dans 20 ou 30 ans? C'est un choix que j'ai
fait d'avoir des enfants, mais aussi la collectivité est obligée
d'appuyer ce choix. Nos enfants vont être le soutien de la
collectivité dans quelques années.
C'est important encore de voir cela comme un milieu de
développement pour l'enfant. Une des raisons pour lesquelles j'ai choisi
pour mes enfants un service de garde à but non lucratif, c'est vraiment
avec l'idée que ce soit de l'éducation et non pas du gardiennage.
Je pense que l'importance d'avoir un personnel qualifié souligne
ça. Si je veux faire garder mes enfants et si je veux avoir une femme
qui va faire des biscuits pour mes enfants quand mon plus vieux revient de
l'école, etc., je vais prendre quelqu'un à la maison. J'ai eu des
femmes à la maison. J'ai envoyé mes enfants dans des garderies en
milieu familial. Moi, cela ne m'a pas satisfaite. Il y a des gens qui aiment
ça, mais moi, je n'ai pas aimé ça. C'est vraiment un
milieu pour voir à l'éducation globale de l'enfant. Non pas
pousser pour que mon enfant de deux ans soit capable de lire, de compter, de
faire tout, etc., ce n'est pas cela que je veux, mais je veux qu'il ait une
éducation globale.
Au sujet du milieu de développement pour les enfants on traite de
la question des ratios dans notre mémoire en disant que les ratios qui
viennent des règlements sur les services de garde en garderie sont
vraiment minimaux. Le Regroupement des garderies sans but lucratif du
Montréal métropolitain vient d'en parier. Je dois dire que j'ai
été très surprise en lisant l'énoncé quand
on y dit, à la page 16, que les garderies
étant autonomes, rien ne les empêche de se donner des
normes plus élevées. Le "rien" est surprenant. Je pense que ce
sont les ressources financières qui limitent les ratios.
Au point de vue d'un développement qui respecte le choix des
parents, si on veut avoir un développement diversifié des
différents modes de garde et la consolidation, je pense que l'important,
c'est de pouvoir garantir aux parents un choix et vraiment un libre choix
basé sur leurs valeurs, à eux. Par exemple, pour moi, c'est
Important que mes enfants soient dans une garderie. Pour certains parents,
surtout avec un bébé, c'est Important que l'enfant soit à
la maison. Je pense que l'important, c'est que ce choix-là soit
basé sur les valeurs et non pas sur la capacité de payer. Cela
fait une différence. Avec deux ou trois enfants en garderie, ça
devient cher et souvent on va se dire: On va prendre quelqu'un à la
maison. Il y a des inconvénients, mais on va faire ça parce que
c'est moins cher. À ce moment-là, ce n'est pas un libre choix,
mais c'est un choix comme ceci: parce que je ne peux pas payer plus, eh bien,
je vais prendre ça. Mais il y a certaines gens qui aiment mieux
ça et c'est quelque chose à respecter.
Ce sera la première Intervention au point de vue des garderies
à but lucratif. Je ne vois pas comment ce service offre un type de
garderie différent ou plus diversifié. Je pense que c'est le
même type de garderie et de service, mais qu'il y en a un qui est pour le
profit et l'autre ne l'est pas. Cela pourrait être acceptable si
c'était d'un type différent, mais cela ne l'est pas. Quant
à la question des garderies en milieu de travail, cela aussi ne
répond pas aux choix de tout le monde. On avait aussi des questions sur
les 50 % de garderies qui seront développées. Il semble qu'il y
aura des changements vis-à-vis de cela.
Une préférence pour les services de garde
gérés par les parents. Comme le regroupement qui nous a
précédés, je trouve que les services de garde
gérés par les parents et les services de garde non
gérés par les parents, cela brouille un peu. Ayant eu la chance
de parler beaucoup avec M. Tout-le-Monde et avec Mme Tout-le-Monde, oui, ils
sont embrouillés et non, ils ne comprennent pas quelle est la
différence. Il y a déjà assez de difficultés avec
les garderies privées et les garderies publiques sans qu'on embrouille
cela encore plus.
Il y a quelque chose que je voudrais démystifier. Cela me fait
frémir quand j'entends des parents dire qu'ils mettent leurs enfants
dans des garderies à but lucratif parce qu'ils ne veulent pas être
obligés de s'impliquer dans les garderies, de faire des corvées
une fin de semaine sur deux ou une fin de semaine sur trois ou quoi que ce soit
ou encore qu'ils ne veulent pas être obligés de s'Impliquer dans
le conseil d'administration. Dans les garderies sans but lucratif
gérées par les parents, le conseil d'ad- ministration est de neuf
personnes; ce n'est pas 30 parents. Il y en a des parents dans les garderies
sans but lucratif qui ne s'impliquent pas dans le conseil d'administration ou
dans les corvées. Et, une chose très Importante, c'est que le
pouvoir décisionnel reste aux parents dans les garderies sans but
lucratif. Donc, si un parent n'est pas content, il y a un système en
place pour lui permettre d'exercer son pouvoir décisionnel, ce qui
n'existe pas dans les garderies à but lucratif. C'est là la
grosse différence et non pas l'implication ou la non-implication ou quoi
que ce soit. Dans les garderies à but lucratif, les comités
consultatifs sont consultatifs et pas sur tout, sur l'aspect
pédagogique, etc. Tandis que, dans les garderies à but non
lucratif, si un parent veut s'impliquer, s'il n'est pas satisfait du
fonctionnement, il a le pouvoir de le faire.
Une réaffirmation de l'autonomie des services de garde. Oui, les
garderies sont autonomes. Oui, elles sont privées. Mais, comme on
l'indique, l'autonomie des garderies est une chose et leur financement en est
une autre. Ce n'est pas parce que c'est autonome que l'État doit se
désengager. Le même argument sur le désengagement vaut pour
la responsabilité communautaire. C'est important que le milieu
communautaire s'implique, mais cela ne veut pas dire que, parce que le milieu
communautaire s'implique, le gouvernement peut se retirer par la porte de
côté.
Une saine gestion de l'ensemble des services. Je trouvais
intéressant - et on l'a souligné - de voir comment on tient
compte dans l'énoncé de politique de la capacité
limitée de payer de l'État et des parents en ce qui a trait aux
services de garde. "Il demeure important de rendre les meilleurs services
possible aux meilleurs coûts." Je trouvais Intéressant que le
gouvernement parie de sa capacité limitée de payer à lui
avant de parier de la capacité limitée des parents. C'est quelque
chose qui nous a tous surpris quand on en a discuté. C'est vrai que le
milieu des garderies et les parents se plaignent d'avoir une capacité
limitée. Je ne sais pas si cela va de mal en pis. Il me semble que cela
va de mal en pis parce qu'il me semble que je pale de plus en plus. Je pense
qu'il faut laisser le libre choix. Michel va continuer.
M. Légaré: À notre avis, en gros, il y a
deux mesures essentielles qui peuvent assurer des services de qualité
pour nos enfants: un financement adéquat selon un mode adéquat et
la participation des parents. Celle-ci est la seule façon de
contrôler si les sommes d'argent qui sont affectées servent
effectivement aux besoins de l'enfant. Et, dans l'énoncé de
politique, en tant que parent, je ne retrouve pas la place de l'enfant. Je me
demande vraiment où il est passé.
Nous, en tant que parents, nous demandons, d'abord, que ce souci de
participation des
parents soit vraiment reconnu. Comme les groupes qui sont passés
avant nous l'ont souligné, cette mesure ne peut pas être
assurée dans les garderies à but lucratif. Concrètement,
qu'est-ce que cela veut dire pour nous, parents? Cela veut dire par exemple
que, quand je suis déménagé dans la région de la
Montérégie, je ne connaissais rien des garderies. Je prends la
première du bord, dans le bottin téléphonique. J'arrive
sur place et on ne me dit pas si c'est à but lucratif ou sans but
lucratif. Elles ne sont quand même pas pour se vanter de leurs lacunes.
Alors, qu'est-ce qu'elles font? Elles prennent les inscriptions en mettant
l'accent sur les ressources données par l'État aux parents. Comme
ce ne sont pas des garderies subventionnées, elles achètent un
peu l'enfant avec ce moyen. La première chose qu'on découvre:
c'est une garderie où il y a des bibites, c'est sale, c'est malpropre.
Un autre parent m'a mentionné un cas similaire: les enfants sont
parqués quasiment comme dans des cages. Le soir, quand il va chercher le
sien, bien sûr, l'enfant est bien propre et il a l'air bien sage, mais il
est complètement abasourdi parce qu'il n'a pas eu d'activités de
la journée. En termes de psychologie des enfants, c'est
complètement aberrant de voir des services de cette qualité.
Il y a aussi les cas comme ceux qui ont paru dans les journaux, ce cas
où des inspecteurs ont découvert de la nourriture avariée;
on ne peut pas tolérer ça pour des enfants. Dans le fond,
l'enfant dans une garderie à but lucratif est aussi important que mon
enfant. Il serait temps que l'État arrête de subventionner,
c'est-à-dire qu'il ne commence pas à financer ce type de
service.
Du côté du financement, nous étions d'accord avec le
mode actuel de financement. Il est, à notre avis, le seul susceptible de
garantir une stabilité et une vraie politique d'équilibre.
Actuellement, ce que la politique nous propose, ce sont des
Inégalités, des injustices; on va financer les garderies qui sont
en milieu favorisé, dans Westmount ou dans Notre-Dame-de-Grâce, et
les garderies en milieu défavorisé ou dans les régions
périphériques seront pénalisées. Les autres groupes
en ont déjà parié, je ne reviendrai pas trop
là-dessus.
Ce que la mesure de financement vient faire, c'est une nouvelle
inflation des tarifs, alors qu'on n'est plus capable de payer. Il y a 4000
personnes qui sont venues et là-dessus il y en avait sûrement la
moitié qui étalent des parents. Que vous disiez que vous ne
comprenez pas pourquoi le monde sort dans la rue, ça me
dépasse.
En gros, ce qu'on demande, c'est que le mode de financement soit le
même. On a deux options, en fait; il y avait quelques divergences, mais,
quand même, on s'entendait pour dire que ça nous prend plus
d'argent pour pouvoir administrer les garderies comme il faut. D'une part, il
faut éviter de perdre notre personnel car, après quelques
années, 0 commence à avoir de l'expérience ou encore il va
chercher de la formation. Il faut payer ces personnes-là et nous voulons
des éducateurs de qualité. C'est bien beau de dire: On va les
laisser à 4 $ l'heure, mais, à un moment donné, la
première chose qu'on sait à la minute où elles commencent
à avoir de l'expérience, elles se ramassent et elles changent de
job.
Donc, on veut doubler la subvention de fonctionnement à l'heure
actuelle de 4,50 $ à 9 $ par place au permis par jour et une
augmentation de 2 $ immédiate comme mesure dé rattrapage. Par
rapport à tout ce qui s'est dit jusqu'à maintenant, je pense que
c'est une nécessité urgente. On demande aussi que ces subventions
soient indexées à l'indice des prix à la consommation. (18
heures) ;
On dit aussi que l'État n'a pas à abandonner ses
responsabilités qui sont des responsabilités sociales, qui
concernent toute une société, sur le dos des parents, des
municipalités ou des entreprises privées sous prétexte
qu'elles peuvent fournir un nouveau financement. Ce n'est pas une politique de
tarification qu'H nous faut. C'est une politique qui vise tous les
contribuables parce que c'est un choix de société.
Le Président (M. Bélanger): Je vous inviterais
à conclure rapidement, s'il vous plaît, parce qu'il vous reste une
minute dans votre enveloppe de temps.
M. Légaré: D'accord. Nous demandons aussi que la
mesure concernant les 75 % sur les hypothèques des garderies s'applique
aussi aux garderies existantes afin de leur donner un coup de main du
côté de la consolidation. Côté consolidation et
développement, il faudrait donner la priorité à la
consolidation des garderies existantes, sans pour autant négliger le
développement de nouvelles places avec un moratoire quant aux garderies
à but lucratif. On demande aussi que le 1 % de la masse salariale pour
la formation et le recyclage soit de 3 %, parce que 1 % cela se fait
déjà dans la plupart des garderies et que ces 3 % fassent l'objet
d'une subvention Indépendante Indexée au coût de la
vie.
J'aimerais également vous rappeler une nouvelle qu'il y avait
dans La Presse de la semaine passée, un sondage Gallup qui a
été fait à l'échelle canadienne demandant à
la population si elle était prête à payer plus
d'impôt pour avoir des services de garde de qualité. Dans le cadre
d'un gouvernement comme celui-ci qui prône une politique nataliste ou une
politique familiale, je pense que la question est pertinente. À
l'échelle canadienne, c'était 50-50, mais quand on
considérait cela par groupes d'âge, ceux qui sont en âge de
faire des enfants, surtout entre 20 et 30 ans, ça allait chercher les
trois quarts
de la population. Mais, maudit, si vous ne voyez pas ça, vous
êtes aveugles!
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. Ma
première réaction en est un peu une d'étonnement parce que
tout à l'heure vous disiez que dans l'énoncé de politique
vous remarquiez qu'on parlait de la capacité de payer de l'État
avant de parler de la capacité de payer des parents. Je ne sais pas,
c'est quoi l'État, d'après vous? Est-ce que c'est moi? C'est qui
l'État? Vous ne croyez pas que, justement, les parents font partie de
cet État aussi?
M. Légaré: Le gouvernement, le ministère et
ses offices.
Mme Gagnon-Tremblay: Pardon? M. Légaré:
L'office en particulier.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous croyez que l'office n'est pas
subventionné par tes parents. C'est l'État. L'État, c'est
qui finalement?
M. Légaré: Votre question n'est pas claire.
Le Président (M. Bélanger): Dans la salie, s'il
vous plaît!
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous avoue franchement que je suis un peu
à court de questions. Ce n'est pas parce qu'on est à la fin de la
journée, mais parce que votre association fait partie, comme les 25
autres associations qui sont venues et qui vont venir, du regroupement
Concertaction qui a pris position hier. D'après ce que j'ai entendu,
vous n'apportez pas de modifications comme telles à cette position. S'il
y en a peut-être que j'ai oubliées, j'aimerais que vous me les
souligniez pour qu'on puisse en discuter davantage. Je ne voudrais pas
recommencer à discuter de tous les sujets, que ce soit des ratios ou du
financement des garderies à but lucratif. Je pense que ce sont des
sujets dont a discuté déjà. Je connais la position de
Concertaction et je sais que vous êtes une association qui fait partie de
ce regroupement.
Par contre, il y aurait une question sur l'exonération
financière. Vous mentionnez dans votre mémoire, à la page
26: Bien que la modification du programme d'exonération
financière soit louable, "elle devient inéquitable dès la
première hausse de tarifs que subiront les parents
subventionnés". Voulez-vous m'expliquer ce que vous entendez par
là?
Mme Lanctôt: Attendez un peu que je le revoie.
Mme Gagnon-Tremblay: À la page 26 de votre
mémoire.
Mme Lanctôt: Si on augmente... Attendez un peu, je regarde
le cahier.
M. Légaré: En fait, une des idées
principales qui nous étaient venues...
Mme Lanctôt: C'était parce que, si on augmente de 1
$ le tarif - attendez un peu là - on n'augmente pas l'aide
financière de 1 $.
Mme Gagnon-Tremblay: Qu'est-ce qu'on fait actuellement?
Mme Lanctôt: Regardez, si vous prenez - là je
regarde la ligne de 29 500 $ pour deux adultes, trois enfants, disons - un
tarif de 14 $ avec deux enfants en service de garde, ça fait 9,90 $. Si
on augmente le tarif à 15 $, ça fait 10,70 $. C'était
ça qu'on regardait.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans l'énoncé de politique,
j'imagine que vous avez pris connaissance qu'il n'y a pas un parent qui recevra
moins que 10,50 $, c'est-à-dire moins que ce qui existe
actuellement.
Mme Lanctôt: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Êtes-vous au fait, par exemple, que la
formule d'aide aux parents que nous proposons est basée sur 4,75 $ par
jour plus un pourcentage de 40 % du tarif? Donc, comment pouvez-vous affirmer
qu'au fur et à mesure que le tarif augmentera l'exonération
financière n'augmentera pas, puisque les 40 % sont en fonction du tarif?
Donc, chaque fois que le tarif augmentera de 1 $, l'exonération
financière sera augmentée.
M. Légaré: Ce que nous vous disons, c'est que nous
n'aurons pas le choix avec cette mesure d'augmenter les tarifs.
Mme Gagnon-Tremblay: Non. Je ne vous parle pas de la subvention
aux garderies. Je vous, parle de l'exonération financière aux
parents, de l'aide aux parents. C'est ce dont vous parlez ici, à la page
26 de votre mémoire.
M. Légaré: Ce que nous vous disons et ce que les
parents nous ont dit aussi, c'est qu'en fin de compte ce qui est important,
c'est que l'argent aille directement à la garderie pour assurer les
services de qualité nécessaires. Donner l'argent directement aux
parents ne fait que vous faire gagner peut-être quelques votes dans les
journaux.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
M. Légaré: Mais, concrètement, cela n'assure
aucunement à la garderie de... On est
toujours obligé d'aller rechercher cet argent.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, je pense que donner l'argent
aux parents a un objectif qui est de laisser le choix aux parents d'avoir
accès aux services qui leur conviennent.
M. Légaré: Mais ce sont, justement, les parents qui
siègent aux conseils d'administration...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais écoutez...
M. Légaré: ...qui sont ainsi placés en
Intermédiaires entre eux.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que ce que vous apportez est
nouveau. Cela ressort de votre mémoire. Est-ce que ça veut dire,
ce que vous nous dites: On aimerait mieux que l'exonération que vous
donnez aux parents, soit donnée directement aux garderies et que vous
enleviez l'aide aux parents? Est-ce que c'est ça?
M. Légaré: Oui, les services seraient mieux
assurés si on subventionnait directement les garderies.
Mme Gagnon-Tremblay: Donc, on supprime les 4,75 $ par jour plus
les 40 % et on le donne aux garderies.
M. Légaré: Si le parent se sert du service, le
résultat va être sensiblement équivalent, à la
différence que ce n'est pas au conseil d'administration formé par
des parents de se battre contre d'autres parents pour augmenter les tarifs et
vous remplacer.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Alors, c'est ce que vous
suggérez comme proposition: qu'on le donne plutôt directement aux
garderies et qu'on enlève les 4,75 $ par jour plus les 40 %.
Mme Lanctôt: Non. Quand on parlait du rôle, du sale
boulot des parents, on parlait plus du régime fiscal. Je pense qu'on a
fait le point là-dessus dans notre préambule ou notre
introduction. Quant à l'exonération financière, c'est
peut-être plus une interprétation qu'on a faite, mais, quand on
regardait le tableau, on disait que, si vous augmentez le tarif de 1 $, vous
n'augmentez pas nécessairement l'aide de façon
correspondante.
Mme Gagnon-Tremblay: Justement, c'est ce que je vous dis. Il y a
cette formule des 4,75 $ fixe par jour et, pour le moment, toutes les personnes
qui sont admissibles à 10,50 $ ne recevront pas moins que le statu quo.
Je vous dis aussi qu'il y a un pourcentage de 40 % prévu, justement,
pour faire face à cette augmentation de tarif.
Je m'inquiète beaucoup parce que vous êtes le
deuxième groupe... Hier, un autre groupe est venu en nous disant: On n'a
pas eu le temps d'étudier l'exonération financière.
Aujourd'hui, vous me dites que vous êtes une association et que vous avez
préparé ce mémoire en collaboration avec les parents, et
vous avez beaucoup souligné "en collaboration avec les parents".
Finalement, je me rends compte que vous ne semblez pas, non plus,
connaître l'exonération financière. Vous comprenez que
ça confirme un peu ce que je dis: Comment les parents ont-ils
véritablement été informés, puisque ce que je
remarque depuis le début des audiences...
M. Légaré: Ce que nous vous donnons, ce sont les
grandes lignes. On ne vous donne pas les chiffres.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Je m'excuse. Laissez-moi parler et,
tout à l'heure, vous allez pouvoir répondre. Ce que je vous dis,
c'est que je m'étonne que toutes les associations qui font partie du
regroupement Concertaction, de même que Concertaction, depuis le
début, ne parlent que de l'aide directe aux garderies et on Ignore
toujours...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
Mme Gagnon-Tremblay: ...l'exonération financière
aux parents, alors que je m'évertue à dire depuis le début
de la semaine que l'un ne va pas sans l'autre et que c'est fait absolument en
fonction des deux formules.
Mme Lanctôt: Juste pour vous réexpliquer ce qu'on
disait et ce que je vous ai dit, on dit que la modification à
l'exonération financière est une amélioration, parce que
vous tenez compte des différences de tarif. Cela, on vous le
concède, mais ce qu'on dit et ce que vous me répétez, mais
on n'a pas l'air de l'interpréter de la même façon, c'est
que, si on augmente le tarif de 1 $, le gouvernement me donne 0,40 $. Alors,
les 0,60 $ de différence, c'est moi qui l'assume. C'est ce que je vous
dis et je pense qu'on le dit de la même façon, mais...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est parce que là, madame, vous ne
tenez compte que d'une formule. Lorsque vous augmentez de 1 $, d'une part, le
gouvernement assume 0,45 $ - ça, c'est au niveau de votre garderie - et
en plus le gouvernement assume 4,75 $ plus 40 % du tarif pour l'aide aux
parents, mais vous dissociez toujours les deux formules.
Mme Lanctôt: Je pense que l'aide aux parents répond
aussi à un besoin. Il est vrai que ça aide les gens qui ont des
revenus moins élevés, les gens qui en ont le plus de besoin. Moi,
présentement, je suis chanceuse, j'ai droit à l'aide
financière puisque mon mari est étudiant.
J'ai donc mon salaire pour cinq personnes et j'y ai droit. Quand mon
mari recommencera à travailler, il ne fera pas un salaire exorbitant,
parce qu'il va être diplômé et va commencer au bas de
l'échelle, "whoops", là, je vais être rendue juste avec un
petit peu trop d'argent pour avoir droit à l'aide financière,
mais je vais encore payer 800 $ par mois de frais de garde. Je vais même
payer plus, parce que ce sera dans deux ans et, dans deux ans, il aura eu une
augmentation de salaire.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, ça, c'est le coût brut,
mais combien allez-vous payer en coûts nets? De toute façon,
madame, je ne voudrais pas vous indisposer et vous faire faire des calculs. Je
comprends quand même que c'est très complexe.
Mme Lanctôt: En coûts nets, ça va être
encore plus cher.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est très complexe et on ne peut
pas, non plus, commencer... Je m'excuse.
Mme Lanctôt Si on calcule les coûts nets, Mme la ministre,
en considérant les abris fiscaux, si c'est ce que vous voulez dire,
ça va me coûter encore plus cher, parce que présentement
c'est sur le revenu le plus élevé, sauf si l'un des deux est
étudiant. Mais, quand mon mari va travailler, c'est lui qui sera
obligé de déduire les frais de garde. Donc, ça va nous
coûter plus cher.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais ce que je voudrais aussi vous
dire, c'est que, depuis le dernier budget de M. Levesque, la déduction
fiscale est passée de 2000 $ à 4000 $ et, justement, on a
corrigé cela. Ce n'est plus maintenant sur le...
Mme Harel: C'est faux, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que c'est important, Mme la
députée de Maisonneuve, de donner la véritable
Information.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît! S'il vous plaît, mesdames!
Mme Gagnon-Tremblay: La déduction fiscale est
passée de 2000 $ à 4000 $. Bien, voyons!
Mme Harel: C'est passé de 3850 $ à 4000 $, puis de
1800 $ à 2000 $, voyons donc! C'est terrible.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, vous aurez 20 minutes tout à
l'heure pour faire valoir...
Mme Harel: Elle répète ça depuis trois jours
et elle est ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Non, non, non.
Mme Harel: Mais c'est faux!
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, vous aurez 20 minutes tout à
l'heure pour exprimer votre point de vue. Nous laissons parler Mme la ministre
et nous vous céderons ta parole pour 20 minutes par la suite. S'il vous
plaît! Alors, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce que je disais, M. le Président,
c'est qu'on ne tient plus compte maintenant du salaire le plus bas ou le plus
haut. C'est une autre information que je pense important de donner.
Malgré qu'on puisse dire ou qu'on dise que je la porte de 2000 $
à 4000 $, tout ce que je tiens à vous dire, c'est que cette
déduction fiscale est actuellement à 4000 $. Je n'ai pas d'autres
questions à poser, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, c'est à votre tour.
Mme Harel: Je m'excuse, M. le Président, c'est sans doute
un mouvement d'humeur, mais j'avais lu ça dans son discours. Dans son
discours, c'est écrit de 2000 $ à 4000 $. Alors, imaginez-vous!
Puis les journalistes reprennent ça. J'ai fait une émission avec
elle ce matin et le journaliste dit de 2000 $ à 4000 $, ce n'est pas
vrai.
Il y a eu une amélioration, convenons-en. C'est passé de
3800 $ - j'aimerais avoir le chiffre exact - à 4000 $ et de 1800 $
à 2000 $. C'est une amélioration, mais ce n'est pas de 2000 $
à 4000 $, là. Et c'était écrit, en plus, dans sa
déclaration d'ouverture. Alors, je comprends que les journalistes
reprennent ça. Si des gens laissent entendre des choses fausses, je
pense que le discours d'ouverture en contenait une, là, une grosse,
grosse, grosse erreur, celle de laisser penser que les frais pourront
être déduits de l'impôt pour le double de ce qu'ils
étaient. Ce n'est pas vrai! ;
(18 h 15)
II y a eu l'amélioration suivante. Avant, c'était
jusqu'à six ans et, là, ce sera jusqu'à sept ans; avant,
c'était jusqu'à douze ans et, là, ce sera jusqu'à
14; mais les montants sont passés de 1800 $ à 2000 $, puis de
3800 $ à 4000 $, bon! Cela dit...
Le Président (M. Bélanger): Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...la meilleure façon de s'y retrouver en
regard de ce que la ministre voudrait voir... Parce qu'elle voudrait qu'on
reconnaisse que, dans la proposition, même si la
méthode de financement à 45 % des revenus réels est
unanimement décriée, l'autre aspect, qui est celui de
l'exonération financière, est meilleur. C'est vrai, je le pense.
Je crois qu'il faut avoir la sagesse d'en convenir et de lui dire que c'est un
élément qu'elle doit garder. Autant il faut qu'elle change le
premier, autant il faut qu'elle garde le deuxième. Mais de là
à penser que la formule d'exonération telle que...
Je vais vous donner les chiffres exacts: c'était 3770 $ et
ça passe à 4000 $; c'était 1885 $ et ça passe
à 2000 $. Comme vous le voyez, ce n'est pas de 2000 $ à 4000
$.
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la députée de Maisonneuve,
j'ai confondu. Effectivement, c'est au fédéral que c'est
passé de 2000 $ à 4000 $.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: D'accord. Ce n'est pas grave, on a le droit de se
tromper, ça m'arrive à moi aussi, parfois.
Le Président (M. Bélanger): Un Instant, Mme la
députée de Maisonneuve. Monsieur, c'est la deuxième fois
que je dois Intervenir pour vous et, s'il y a une troisième fois, je
devrai vous faire expulser. Ici, aucune manifestation n'est
tolérée. C'est un lieu pour écouter les gens, chacun a
droit à ses opinions, peut les exprimer comme il le veut et en tout
respect, par tout le monde. Je vous inciterais à faire un petit effort
et à nous aider à garder ce respect de l'opinion de chacun. C'est
très important ici; c'est l'esprit même de notre système
démocratique.
Mme Harel: M. le Président, je comprends que le temps que
vous avez pris ne sera pas imputé sur mon temps, d'une part.
Deuxièmement, les mouvements d'humeur à la fin de la semaine, je
pense qu'il faut y faire attention, je serai la première à les
contrôler. Cela dit, même dans sa formule actuelle,
l'exonération, ce n'est pas le Pérou. On n'a qu'à prendre
les tableaux que le Conseil du statut de la femme nous a permis de bien
étudier en les mettant en annexe à son mémoire et c'est
très révélateur. Cela révèle que, pour un
revenu de 12 000 $ pour une famille comprenant un adulte chef de famille et un
enfant, la formule d'aide actuelle est de 10,50 $ et que la formule
proposée sera de 11,15 $. Le gain est de 0,65 $ et le solde à
payer chaque jour sera de 4,85 $. On me dit que c'est cela, si la famille n'a
pas APPORT. Je regrette, je ne veux même plus parler du programme APPORT.
Je siège à la commission parlementaire de la main-d'oeuvre et de
la sécurité du revenu et je ne vais quand même pas prendre
en considération des scénarios fictifs qui ne fonctionnent
même pas. Ajustez vos programmes, parce que le programme APPORT ne
fonctionne pas.
C'est bien simple, ce que le Conseil du statut de la femme dit... Je
vais vous retrouver ça. Je le lisais encore à midi, ça ne
devrait pas être bien loin; de toute façon, je ne voudrais pas
prendre trop de temps. Ce qu'il dit, finalement, c'est que
l'exonération, pour toutes les familles qui sont au seuil des revenus,
même à 25 000 $, c'est vraiment très insuffisant. J'y
reviendrai.
Je voudrais tout de suite vous interroger sur un aspect que vous avez
soulevé et j'ai pensé que c'était l'aspect qui vous
intéressait le plus: c'est la question des hypothèques, la
subvention au logement. Je pense que c'est la première fois qu'on va
discuter précisément de cela depuis trois jours. Je n'ai pas
recueilli suffisamment d'informations dans les mémoires sur cette
question. Est-ce qu'il serait possible d'avoir une idée exacte de la
situation? Par exemple, vous connaissez votre région, est-ce que
ça concerne plusieurs garderies? Est-ce que ça va mettre en cause
des droits acquis? Qu'en est-il exactement?
M. Légaré: Je ne peux pas vous donner de chiffres
à proprement parler, mais, si je ne me trompe pas,
l'énoncé de politique parle d'une mesure applicable pour
l'implantation de nouvelles garderies. On voudrait que ce soit applicable
à toutes les garderies, compte tenu des inégalités qui
sont déjà existantes. C'est-à-dire que, depuis quelques
années, les nouvelles garderies doivent assumer des hypothèques
qui sont beaucoup plus élevées que celles qui ont
déjà plusieurs années d'existence. Les premières
garderies n'ont pas les même avantages de ce côté. Pour
donner une coup de main à la consolidation des garderies qui sont
déjà existantes, je pense que ce serait une mesure utile.
Mme Harel: Vous avez également, dans votre mémoire,
présenté en annexe - vous êtes les seuls qui l'ayez fait,
en tout cas à ma connaissance - la liste des gestionnaires des
garderies, avec les fonctions qu'ils occupent. C'est intéressant, parce
que cela nous permet de constater qu'il y a une très forte implication
des parents professionnels. Mais ne pensez-vous pas qu'une
ménagère peut bien gérer aussi?
Mme Lanctôt: Je pense qu'on avait décidé de
faire cela - on était plusieurs parents qui discutaient - en
réaction à la question du parrainage. On se disait que cela
pouvait être une bonne idée que celle du parrainage pour la
gestion des garderies, mais je ne suis pas certaine que quelqu'un qui est du
Club des Lions soit meilleur pour venir me dire comment gérer, quand
moi, je suis un parent de la garderie. Une des raisons pour lesquelles on a dit
depuis combien de temps les gens étaient en garderie, c'est pour montrer
qu'il y a quand même une certaine stabilité et, si on dit qu'on
est des gens qui ont une certaine formation, ce n'est pas pour dire qu'une
ménagère ou un "ménager" ne peut pas gérer une
garderie.
Mme Harel: Oui, parce qu'une ménagère peut
même devenir députée et, pourquoi pas, ministre. Les
sous-ministres, on peut les engager, tandis que des ministre doivent
décider et ils peuvent se servir des informations qui viennent. On n'est
pas obligé, finalement, d'être soi-même ses propres
employés.
M. Légaré: On veut vous mentionner aussi que ce ne
sont que des membres du conseil d'administration; ce n'est pas
représentatif de tous les parents qui sont dans une garderie.
C'est-à-dire que ce sont des personnes élues, mais, dans la
garderie où je suis, par exemple, il y a des chauffeurs de taxi, toutes
sortes de personnes.
Mme Harel: II y a des parents.
M. Légaré: Ce sont simplement des parents.
Mme Harel: Très bien. J'ai retrouvé, finalement,
dans le mémoire du Conseil du statut de la femme toute la question de
l'exonération. Ce que le conseil dit, c'est que, bien que la nouvelle
formule soit plus généreuse, l'exonération accordée
est peu importante lorsqu'on s'approche des seuils. L'exemple qui est
donné, c'est un revenu familial de 36 000 $; une famille de deux adultes
ayant deux enfants - qui est un peu l'exemple type compte tenu du revenu
familial au Québec et compte tenu aussi de la taille des familles - en
garde aura droit à une exonération quotidienne de 5,50 $ lorsque
le tarif s'élève à 16 $, ce qui laisse aux parents un
solde à payer de 26,50 $ par jour. C'est l'exonération, l'aide
financière. Donc, 26,50 $ par jour. C'est donc au-delà de 130 $
pour cinq jours et là on va me dire qu'il y a la déduction
fiscale.
Ce qu'il ne faut pas oublier en matière de déduction
fiscale, parce que c'est fondamental, c'est que, comme il n'y a pas eu
conversion de la déduction en crédit, c'est évident que
l'avantage de la déduction augmente avec le revenu, surtout à
cause des taux marginaux d'imposition. C'est très bien expliqué,
avec une formule très simple, qui permet de voir qu'avec un revenu
Imposable de chacun des conjoints de 14 000 $... Il ne faut pas penser que tout
le monde gagne un gros salaire. Dans notre société, le salaire
minimum est autour de 9 000 $ par année, 700 $ par mois. Alors, 14 000
$, c'est le double du salaire minimum ou presque. Avec un revenu Imposable -
là, ce n'est pas le revenu brut, c'est le revenu imposable - de 14 000 $
pour chacun des conjoints, qui est presque le double du salaire minimum, le
couple qui se prévaut de la déduction va avoir finalement 1460 $
de déduction, tandis qu'avec un revenu imposable de 60 000 $, c'est une
déduction d'impôt qui va se chiffrer à 2200 $ pour l'enfant
du même âge qui est en garderie. C'est sûr que les programmes
d'aide sont non seulement inadéquats, mais aussi inéquitables. La
première chose qu'on doit exiger, c'est la transformation de la
déduction fiscale en crédit. Cela ne coûte rien de plus.
Ils ont juste à prendre le taux de conversion à 20 % comme pour
les autres déductions. C'est juste une manière différente
de répartir les mêmes montants. Je voulais simplement vous alerter
à ces questions pour que vous ne vous en fassiez pas de ne pas
être superréjouls de la formule de l'exonération. Si la
formule est meilleure pour tout de suite, elle n'enlève pas beaucoup de
fardeau sur les épaules des parents.
Vous avez peut-être d'autres commentaires à faire. J'ai
beaucoup apprécié - je crois que c'est Mme Lanctôt - votre
ouverture au moment où vous présentiez le mémoire en
faisant état de l'opinion des gens qui disaient: Pourquoi je financerais
une partie des frais de garde pour des enfants que je n'ai pas? Je crois que
c'est un principe dans notre société. Je crois, à ce
moment-là, qu'il faut répondre: Pourquoi je paierais des
impôts pour un incendie que je n'ai pas? Pourquoi payer un service
d'incendie dans une ville quand on n'a jamais eu de sinistre chez soi? Il
faudrait peut-être que les pompiers y aillent juste quand on a
payé. Cela pourrait être sur réception, sur reçu.
Les pompiers viendraient éteindre un feu et nous enverraient la facture
après. Pourquoi les autres qui n'ont pas de feu paieraient? Cela vaut
pour les services publics aussi dans une société. Cela vaut pour
la police, les arénas. Pourquoi payer des arénas quand on ne
patine pas? Pourquoi avoir des piscines publiques quand on ne se baigne pas? La
liste est impressionnante. On pourrait l'allonger à l'infini. C'est une
question finalement de choix de vie dans une collectivité. Il y a des
sociétés en Californie qui n'ont aucun service de loisirs
communautaires ou publics. Chacun a sa piscine privée et chacun a son
agent de sécurité à la porte de sa maison. Cela fait des
sociétés où il faut que chacun engage son agent de
sécurité parce que, voyez-vous, une société comme
celle-là, ça provoque tellement d'inégalités qu'il
finit par y avoir des coûts astronomiques à payer, en prison, en
délinquance et en bien d'autres choses aussi.
Enfin, je ne sais pas si vous avez un commentaire à faire, mais
ça vaut pour celui que vous avez fait.
M. Légaré: Je voudrais ajouter juste un dernier
commentaire. Ce document aurait pu être, de l'avis de tous les parents
qui y ont contribué, plus étoffé en termes de statistiques
si on avait eu plus que le délai qui nous a été
accordé avant la commission parlementaire. Compte tenu du temps des
fêtes, compte tenu des trois ans que la ministre a quand même eus
pour préparer son énoncé, je pense qu'un mois
supplémentaire n'aurait nui à personne pour présenter un
mémoire complet. Je trouve que la ministre a un petit peu montré
sa mauvaise foi face aux parents dans les journaux et j'aimerais qu'elle fasse
des excuses aux parents dans les semaines
qui vont suivre.
Mme Harel: M. le Président, ma collègue de
Marie-Victorin aimerait pouvoir parler.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: C'est parce que je demeure moi-même dans la
Montérégie. Je vous félicite, d'abord, de nous avoir
présenté un mémoire qui témoigne de la
participation et de l'engagement des parents à l'éducation de
leurs enfants. Tantôt, j'écoutais attentivement, moi aussi votre
préambule où vous disiez, finalement, que c'était une
question de transfert. L'argent qu'actuellement on investit dans l'avenir avec
nos enfants, de toute façon, tôt ou tard, ils nous le rendront
bien parce qu'eux aussi auront à tenir compte du vieillissement de la
population et ce sera à leur tour de rendre des comptes à ce
moment-là. Je pense que c'est vrai. C'est un peu cette contribution que
vous avez soulevée que nous devons avoir en tête lorsque nous nous
prononçons sur un service aussi essentiel que les services de garde qui,
à mon avis, sont aussi un service éducatif et un droit de
l'enfant Plus on fera de la prévention à l'égard de nos
enfants et plus on se permettra, en tant que société, de croire
à un temps meilleur, plus on voudra réaliser le
développement moderne de notre société.
Je pense que vous avez démontré que les parents n'ont pas
peur de s'engager et de participer à des orientations. Mais ce sont tous
les irritants ou les tracasseries administratives auxquels ils doivent faire
face continuellement, qui font que plus souvent qu'autrement on les sent
fatigués de leur tâche parce que ça devient un
surcroît de travail. Des gens nous disaient: Nous serions prêts
à travailler sur la qualité, ou sur l'environnement du lieu dans
lequel nos enfants passent une bonne partie de la journée, mais,
finalement, on prend beaucoup plus de temps à travailler sur les
problèmes administratifs que sur autre chose.
Je veux simplement vous remercier au nom de ma collègue.
Tantôt, j'écoutais la ministre qui disait qu'elle avait
très peu de questions à vous poser, en tout cas, elle
était à court de questions. Au constat de ses réponses, je
me suis dit: C'est peut-être parce que nous sommes rendus à la fin
de la journée, que nous sommes tous fatigués. Il y a des
questions d'humeur, mais je constatais qu'elle était à court de
réponses aussi.
Je pense, si le Québec désire des enfants, il devra les
mériter. Il faudra aussi trouver les bonnes réponses pour les
mériter. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Mme la ministre, votre conclusion.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je tiens à
remercier monsieur et madame pour leur apport positif à cette commission
parlementaire. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission
des affaires sociales remercie le
Regroupement des garderies de la Montérégie et, compte
tenu de l'heure, ajourne ses travaux au mardi 14 février, à 10
heures, en la salle du Conseil législatif, c'est-à-dire dans
cette même salle. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 32)