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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa place. La
commission des affaires sociales se réunit aux fins de procéder
à une consultation générale et aux auditions publiques
afin d'étudier l'Énoncé de politique sur les services de
garde à l'enfance" déposé à l'Assemblée
nationale le 24 novembre 1988.
Est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Biais
(Terrebonne) sera remplacé par M. Boulerice (Saint-Jacques), M. Joly
(Fabre) par M. Gardner (Arthabaska) et M. Laporte (Sainte-Marie) par Mme
Bélanger (Mégantic-Compton).
Le Président (M. Bélanger): C'est bien.
Aujourd'hui, nous recevrons les groupes suivants: la Concertaction
Interrégionale des garderies du Québec, l'Union des
municipalités du Québec, l'Alliance des garderies, région
03, la ville de Laval, le Regroupement des garderies sans but lucratif des
Cantons de l'Est, le Regroupement des garderies sans but lucratif de la
région 02 et le Regroupement des garderies sans but lucratif
lanaudoises. Excusez-moi si je prononce mal ce matin.
Dans un premier temps, j'inviterais à la table des témoins
le groupe Concertaction interrégionale des garderies du Québec,
représenté par Mme Pitre-Robin, M. Serge Paquin et M.
André Rémillard. Je vous demanderais, d'une part, d'identifier
votre porte-parole, de présenter vos coéquipiers et, à
chaque fois que l'un de vous devra prendre la parole, de bien vouloir donner
son nom auparavant, ceci pour les fins d'enregistrement au Journal des
débats. Ils ne vous voient pas qui vous êtes, donc il ne
savent pas. Il faut vraiment s'identifier lorsqu'on n'est pas connu. Vous avez
20 minutes pour présenter votre mémoire et il y aura 40 minutes
d'échanges de vues avec les parlementaires. Je vous prierais de
procéder à la présentation de votre mémoire.
Concertaction interrégionale des garderies du
Québec
Mme Pitre-Robin (Claudette): Bonjour. Je présenterai
d'abord les porte-parole de Concertaction. À ma droite, M. Serge Paquin,
du comité stratégie-action, également de la région
de l'Estrie. À ma gauche, M. André Rémillard,
coordonnateur de la garderie du Carrefour et membre exécutif du
Regroupement des garderies de Montréal-Métro, donc de la
région de Montréal, et trésorier à Concertaction.
Moi-même, Claudette Pitre-Robin, présidente de Concertac- tion et
issue de la région 6C.
Le Président (M. Bélanger): Bonjour.
Mme Pitre-Robin: M. le Président, Mme la ministre, Mmes et
MM. les députés, nous vous rappellerons durant quelques minutes
qui est Concertaction interrégionale des garderies du Québec.
C'est un regroupement de regroupements régionaux de huit régions
du Québec qui regroupe dans l'ensemble plus de 300 garderies sans but
lucratif représentant au-delà de 15 000 enfants et leurs
familles.
On peut peut-être vous rappeler aussi que, si Concertaction
n'existe que depuis quatre ans, les gens qui en font partie et qui en sont
membres ont des expériences. Ce sont des regroupements régionaux
depuis plus de dix ans pour plusieurs d'entre eux; ils cumulent donc une
expérience du milieu depuis de nombreuses années.
Depuis le 24 novembre dernier, nous avons, à plusieurs reprises,
consulté nos membres et ce que nous vous rapportons aujourd'hui est le
fruit de cette consultation et de notre analyse.
Il faut d'abord rappeler le contexte politique dans lequel, finalement,
s'inscrit cet énoncé de politique. Le Québec est, depuis
plusieurs années, confronté à un problème de baisse
de natalité. Il y a également le contexte de la politique
familiale dont les services de garde sont le deuxième volet, de
même que le projet du gouvernement fédéral pour des
engagements dans le domaine de la garde qui est également un enjeu.
Depuis plus de trois ans, les revendications du milieu se sont butées
à une fin de non-recevoir de la ministre parce qu'il fallait un plan
d'ensemble et non des mesures à la pièce. Donc, les
problèmes déjà criants se sont accentués:
l'accessibilité en termes de places comme en termes de coûts
puisque les services n'existent pas ou peu et parce qu'ils sont trop chers pour
les familles, la qualité des services, la prolifération des
services non contrôlés par les parents et,
également, les conditions de travail lamentables du personnel.
Il s'agit donc de conditions de vie, de la qualité de vie,
devrais-je dire, pour 1 000 000 d'enfants. Cet énoncé de
politique se veut la réponse du gouvernement aux besoins de garde de 1
000 000 d'enfants. CIRGQ n'est pas d'accord avec plusieurs
éléments de cet énoncé et particulièrement
sur les mesures annoncées.
Évidemment, nous aurions apprécié avoir le temps de
discuter de l'ensemble de cet énoncé avec les membres de la
commission, mais, le temps alloué ne nous le permettant pas, nous ne
devrons que souligner les grandes lignes de notre mémoire, ayant
l'assurance que vous avez pris connaissance de l'ensemble de nos
revendications.
Nous assurons toutefois dès maintenant de notre
disponibilité la ministre et les membres de la commission pour revenir
devant la commission, s'ils le jugeaient utile.
Nous allons donc aborder l'énoncé de politique chapitre
par chapitre pour vous donner rapidement les grandes lignes de notre
analyse.
Quant au développement des services de garde, CIRGQ affirme que
les besoins de garde pour les enfants du Québec sont supérieurs
à l'évaluation faite à l'intérieur de
l'énoncé. Nous ne reprendrons pas dans l'ensemble l'analyse que
nous avons faite, mais nous voulons quand même souligner qu'une grande
partie de la proposition qu'on retrouve dans l'énoncé s'est
faite, d'une part, sur la base d'une analyse qu'avait faite Mme Lyse Frenette,
de l'Office des services de garde à l'enfance, analyse avec laquelle
nous ne sommes pas du tout d'accord et dont vous allez trouver le texte en
annexe de notre mémoire.
Également, on relève au moins deux points importants qu'on
voudrait vous souligner. C'est que l'analyse des besoins est faite d'abord sur
le taux d'activité des mères, basé sur un taux constant,
alors qu'on sait que ce taux s'accroît d'année en année. On
a conservé à l'intérieur de l'énoncé un taux
de 57,2 % d'activité des mères en ce qui concerne les cinq
prochaines années alors que, si le taux s'accroît tel qu'on le
connaît depuis les dix dernières années, on devrait
s'attendre dans cinq ans à un taux d'activité de 70 %.
Déjà là, cela suscite finalement un doute sérieux
sur l'évaluation des besoins. Cela dit aussi que ce taux
d'activité augmente. Il est important de savoir que les services de
garde ne sont pas, et il ne faudrait pas qu'ils le soient, que pour
répondre aux besoins de garde des mères.
Mille et une autres raisons, finalement, font que les familles du
Québec ont besoin de services de garde et cela ne tient pas compte de
tout le travail au noir, du besoin sur le plan des études des familles,
du besoin sur le plan de la santé, de répit, etc. Tout cela n'est
pas contenu à l'intérieur de ces 57 % qui sont déjà
inférieurs à ce à quoi on devrait s'attendre. Donc,
déjà sur l'ensemble des besoins, il y a un problème
important.
Si on aborde aussi la préférence des parents, ce qu'on
trouve un petit peu aberrant c'est qu'alors qu'on cite quelques recherches,
c'est-à-dire trois analyses qui ont été faites par rapport
aux préférences des parents, on s'en tient à l'analyse,
qui est un petit peu un sondage, qui a été faite en 1986. Or,
dans le texte d'analyse de ce sondage, il y a deux volets. Il y a un volet qui
touche les préférences qui avaient été
exprimées par un certain nombre de gens de la population de 18 ans
à 60 ans, peu importe qu'ils aient des enfants ou en aient eu, etc., et
l'autre volet touche une analyse faite un petit peu plus en profondeur sur les
familles qui ont des enfants à faire garder.
Les résultats sont quand même passable- ment
différents, et le taux exprimé de préférence pour
les familles qui ont des enfants à faire garder est nettement
supérieur pour ces familles en ce qui regarde, entre autres, la
garderie. Par contre, le gouvernement n'a pas tenu compte de ce bout d'analyse
mais plus de celle qui s'adressait à l'ensemble de la population de 18
ans à 60 ans. On peut s'interroger sur le fait d'avoir pris cette
analyse plutôt que l'autre, étant donné qu'elle s'adresse
à des gens qui n'ont peut-être jamais eu connaissance des services
de garde et qui reflète sûrement moins les besoins des familles
que les familles elles-mêmes. À notre avis, cela ne fait que
minimiser, finalement, l'évaluation des besoins en services de garde, et
c'est pour cela que CIRGQ n'est pas d'accord avec l'évaluation qui est
faite dans l'énoncé de politique sur les besoins en services et
également sur le fait que la réponse, au bout de cinq ans,
comblerait 85 % des besoins. CIRGQ réclame, d'une part, que, dans la
politique des services de garde qu'on devrait voir plus tard, les services de
garde tiennent compte du taux d'activité des mères selon le taux
de croissance estimé à l'annexe II du document d'orientation et
également de l'ensemble des facteurs déterminant les besoins de
garde des familles. De plus, CIRGQ recommande qu'une étude
sérieuse et fiable sur les besoins de garde des enfants
québécois de 0 à 5 ans soit faite à partir des
parents de ces enfants, en tenant compte des différentes
hypothèses de coût, et qu'elle soit réalisée dans
les plus brefs délais.
CIRGQ recommande également que le gouvernement
décrète un moratoire sur le développement des garderies
à but lucratif. Mais nous y reviendrons dans le chapitre de la
qualité des services.
Une voix: André Rémillard.
M. Rémillard (André): Merci. En ce qui concerne la
qualité, notre déception est grande. Hier, tous les intervenants
ont applaudi à la reconnaissance du rôle de prévention et
d'éducation des garderies. Nous sommes évidemment tout à
fait d'accord avec ce rôle.
Nous ajoutons que la principale limite à l'exercice de ce
rôle est l'aspect financier. Plus encore, notre expertise en
matière de garderies, d'éducation et de prévention nous a
fait développer un rôle curatif. Encore là, l'obstacle
majeur à l'exercice de ce rôle curatif est le sous-financement des
services de garde. Que ce soit pour des discussions en équipes de
travail, des rencontres avec les parents ou des rencontres avec les
spécialistes des différents intervenants, c'est toujours le
coût de libérer une éducatrice qui nous bloque dans la
réalisation de ce rôle. C'est pourquoi CIRGQ demande que le
gouvernement reconnaisse la nécessité de soutenir
financièrement le rôle préventif et curatif des garderies
et que les subventions de fonctionnement soient ajustées en
conséquence.
De même, notre expertise en matière de garderies nous
montre que les besoins sont plus grands dans les quartiers
défavorisés. C'est pourquoi nous demandons que le gouvernement
identifie des zones spéciales où la clientèle de milieux
défavorisés nécessite des mesures de prévention et
d'intervention et qu'il accorde les subventions leur permettant de
répondre à ces besoins spéciaux.
Pour assurer une qualité, il faut un cadre agréable de
travail. Il faut assurer des conditions dans lesquelles les enfants
évoluent de façon convenable. À partir de cela, CIRGQ
constate que les ratios actuels sont trop élevés. Les CIRGQ
demandent que les ratios soient ajustés de la façon suivante:
0-18 mois, 1,3; 18-30 mois, 1,5; 30-60 mois, 1,7 et 5-6 ans, 1,8. Hier, la
ministre nous disait que le gouvernement n'avait pas fait ce choix parce que
les coûts encourus étaient trop élevés. Avec le
développement accéléré du nombre de places en
services de garde, CIRGQ se pose la question suivante: Pourquoi ne pas,
dès maintenant, baisser les ratios plutôt qu'attendre cinq ans et
payer encore plus cher pour transformer les locaux qu'on aura
déjà créés et développés?
En ce qui concerne la participation des parents, il semble y avoir
beaucoup de confusion. Permettez-moi de vous rappeler que la gestion par les
parents c'est essentiellement le contrôle sur le service. Le
contrôle qui permet aux parents de déterminer les orientations, de
voir à leur réalisation et de contrôler les valeurs
pédagogiques et le programme éducatif pratiqué à la
garderie. C'est cela la garderie gérée par les parents! Il n'est
évidemment pas question de la tenue de livres ou de tout le travail
quotidien. Les parents, par expérience, ont embauché des gens
qu'on appelle des responsables de garderie ou des coordonnateurs ou des
directeurs.
Pour l'administration du quotidien, les parents de la garderie
embauchent un ou une responsable et la gestion se fait par les parents et les
travailleurs conjointement. Depuis sa fondation, depuis que les garderies sans
but lucratif existent, nous avons toujours défendu le principe du
contrôle aux parents comme élément fondamental de la
qualité. La mise en place de ce principe permet a chaque parent de
participer selon son propre choix. Si un parent, pour toutes sortes de raisons,
ne peut pas ou ne veut pas s'impliquer à la garderie, il lui reste
toujours la possibilité d'intervenir lorsqu'il en sentira le besoin, ce
qui n'est pas le cas dans les garderies à but lucratif. C'est pourquoi
nous avons toujours défendu un moratoire sur le développement des
garderies à but lucratif et la transformation des garderies à but
lucratif existantes en garderies sans but lucratif. (10 h 30)
Permettez-moi, ici, de soulever un point. À la page 12 de
l'énoncé, par une note en bas de page, le gouvernement propose de
modifier l'appellation des BL et des SBL par l'expression "garderies
privées gérées ou non gérées par les
parents". Il nous semble que cet exercice littéraire ne fait que semer
la confusion quant à la nature du but lucratif déclaré de
ces entreprises. D'ailleurs, comme preuve, on peut voir comment les garderies
à but lucratif ont sauté sur l'occasion pour masquer leur but
lucratif. Depuis le début des débats sur l'énoncé
de politique, les garderies à but lucratif et leurs associations ont
toujours mis de l'avant le fait qu'il s'agissait d'une question de gestion des
parents, que les parents ne pouvaient pas, etc. Jamais le débat
réel n'a porté sur leur but lucratif.
Au chapitre du personnel, hier encore - je ne serai pas long
là-dessus - tout le monde reconnaissait les mauvaises conditions de
travail. Qu'est-ce que nous offre l'énoncé? Une obligation de
dépenser 1 % de la masse salariale pour fins de ressourcement. 1 % de la
masse salariale, cela représente deux jours-année par
employé; c'est insuffisant. C'est pourquoi la CIRGQ demande que les
sommes allouées à la formation et au ressourcement fassent partie
d'une enveloppe distincte qui tienne compte non seulement des salaires, mais
également des coûts d'inscription et des autres frais
inhérents équivalant à quatre journées-année
par employé.
En fait, c'est le manque de financement qui nous empêche d'assurer
de bonnes conditions de travail ainsi qu'un bon milieu de vie. Alors, on est en
droit de s'attendre à ce que l'énoncé de politique tant
promis permette de résoudre ces problèmes. Essentiellement, notre
analyse nous prouve que dans la situation actuelle ce n'est pas le cas. Prenons
la nouvelle formule de financement: subvention à 45 %. Dans
l'énoncé, on nous dit qu'elle est dynamique et qu'elle fera en
sorte de maximiser les taux d'occupation.
Permettez-moi de parler des taux d'occupation. Dans le document de
réflexion sur le plan quinquennal de développement des services
de garde à l'enfance, page 17, on dit: "Si l'on évalue le taux de
fréquentation, le taux de 78 % s'approche d'une fréquentation
maximale, si l'on considère les absences inévitables." Les
garderies présentent un taux d'occupation moyen de 82 %, ce qui nous
fait dire qu'on a fait la preuve qu'on peut aller au-delà du maximum
pensable de 78 %. Toutefois, il est vrai que depuis deux ans on constate qu'on
a un nombre de places vacantes et que nos listes d'attente ont fondu. Notre
expérience nous démontre que ce n'est pas la nature de la gestion
ou du mode de gestion qui a fait en sorte que cette situation se produise.
C'est la hausse des tarifs combinée à une concurrence
déloyale par les services au noir, ce qui fait que le parent n'ayant pas
la capacité de payer va s'orienter vers des services non régis.
C'est un danger.
Reprenons l'exemple, maintenant, à la page 69, dans
l'énoncé de politique, où l'on parle d'une garderie de 50
places ayant un taux d'occupation de 82 %. Avec la nouvelle formule, elle
aurait un surplus de 8300 $. Ce montant de
8300 $ représente 3,8 % des revenus de cette garderie; ce n'est
même pas suffisant pour ajuster les salaires et nos dépenses
à l'indice des prix à la consommation. Alors, quel choix
s'offrira aux parents et à nous, des garderies? Hausser les tarifs.
Alors là seulement, lorsqu'il y aura une hausse des tarifs, la
subvention de 45 % aura un caractère dynamique.
Mme la ministre disait, hier, et je cite: "Les tarifs augmenteront selon
les besoins". Mme la ministre, M. le Président, dans tous les constats
de l'énoncé, on constate que les besoins sont énormes.
Quel choix auront les parents pour assurer une qualité de service
à leur enfant? Hausser les tarifs. Donc, ce qu'on constate dans tous les
scénarios et dans toutes les hypothèses pensables, c'est que le
seul choix est de hausser les tarifs. Fondamentalement, pourquoi? Parce que les
sommes injectées dans la consolidation du réseau sont
insuffisantes et que celles-ci ne permettent pas de rattrapage.
Maintenant, pour ce qui est du soutien des familles, nous voulons
souligner l'aspect positif du fait que le maximum d'exonération suivra
le tarif. Nous voulons aussi souligner l'aspect positif de la bonification de
l'échelle par la modification du taux de réduction de 25 %
à 20 %. Toutefois, force nous est de constater que, pour chaque dollar
d'augmentation, l'aide financière augmentera de 0,40 $; donc, encore une
fois, la part des parents sera toujours plus grande.
Nous revenons donc - vous le verrez plus en détail à la
lecture de notre mémoire - à constater que...
Le Président (M. Bélanger): Je vous inviterais
à conclure rapidement, s'il vous plaît.
M. Rémillard (André): Ah mon Dieu! Il reste la
conclusion, M. le Président. Tout ce que je peux dire vite, c'est qu'on
constate que, dans le passé, lorsqu'il y a eu 0,50 $ d'augmentation de
la subvention de fonctionnement, les tarifs n'ont pas ou peu augmenté.
Alors que la moyenne d'augmentation des tarifs était de 7 %, une
augmentation de 0,50 $ de la subvention de fonctionnement faisait que les
tarifs augmentaient de 3 %. Pour nous, tout cela est la preuve concrète
qu'injecter de l'argent directement dans les services de garde limite les
tarifs et nous fait penser qu'une injection massive d'argent dans les services
de garde baisserait les tarifs. Tel est l'objectif déclaré de
notre organisation et nous pensions que vous le partagiez.
M. Paquin (Serge): Serge Paquin. Alors, en conclusion. Mon
collègue est pire qu'un politicien, il s'enflamme.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paquin: Le présent énoncé nous indique
les voies qu'entend prendre le gouvernement libéral à
l'égard des services de garde au Québec. Ce plan d'ensemble
constitue donc le devenir des garderies que nous représentons.
Toutefois, puisque le gouvernement a quand même décidé de
soumettre son projet à un examen public par le biais d'une commission
parlementaire, nous espérons que les membres de cette commission auront
compris les lacunes importantes de cet énoncé et qu'ils
n'hésiteront pas à proposer les modifications qui s'imposent.
Pour leur part, les parents et les travailleurs des garderies ont
compris les lacunes de cet énoncé et c'est pourquoi, vendredi
dernier, nous étions 3000 devant les portes de l'Assemblée
nationale. Le CIRGQ a souligné, dans le peu de temps qu'il avait mais
tout au long de son mémoire, les faiblesses de ce projet gouvernemental,
et elles sont nombreuses. Ainsi, quant au développement, le nombre de
places prévues en garderie sans but lucratif est insuffisant et ne tient
nullement compte des préférences des parents. En fait, toute la
politique de développement est bâtie sur des sables mouvants
puisqu'elle n'a été précédée d'aucune
étude digne de ce nom pour évaluer les besoins et les
préférences des parents. Il faut, de toute urgence,
procéder à une telle étude et on s'étonne qu'un
instrument aussi élémentaire ne soit pas encore à la
disposition de l'office.
D'autre part, nous sommes amèrement déçus du fait
que le gouvernement n'ait pas saisi l'occasion qui lui était offerte de
reconnaître la nécessité du contrôle accordé
aux parents dans les services de garde. Il s'agit, selon nous, du seul moyen,
le seul, de garantir que la qualité du service soit la plus grande
possible. Les services de garde constituent le prolongement de la famille et
l'État doit donc voir à ce que les parents contrôlent le
milieu de vie de leurs enfants.
Pour ces raisons, nous avons donc recommandé un moratoire sur le
développement des garderies.
Le Président (M. Bélanger): Je vous inviterais
à faire très, très rapidement. Le temps est
déjà tout écoulé.
M. Paquin: Oui. Est-ce qu'on pourrait avoir le consentement des
deux partis qui nous accorderaient une prolongation de trois minutes pour nous
permettre de conclure?
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi. C'est
que...
Mme Harel: Vous les réduirez de mon temps.
Le Président (M. Bélanger): On va les diminuer sur les
temps d'intervention. D'accord.
M. Paquin: Merci, Mme Harel. Sur le plan de la qualité, on
ne retrouve aucune mesure de
réduction des ratios éducateur-enfants, aucune
réglementation pour la garde en milieu familial et la garde en milieu
scolaire, ni aucune mesure concrète permettant la reconnaissance et
l'accroissement des rôles préventifs et curatifs assurés
par les garderies auprès des enfants affichant des problèmes de
comportement. Cependant, on reconnaît tout de même cette
évidence que la qualité des services repose d'abord sur la
qualité du personnel. À cet effet, on insiste sur la
nécessité de la formation et du ressourcement et on
réserve 2,6 % de la nouvelle subvention de fonctionnement à cette
fin. Mais, comme les subventions de fonctionnement projetées
s'avèrent nettement insuffisantes, l'enveloppe formation-ressourcement
l'est également, évidemment.
Par ailleurs, l'énoncé ne contient aucune mesure
permettant aux garderies de conserver à leur emploi leur personnel
qualifié et expérimenté. Le gouvernement se lave les mains
concernant la question des conditions de travail faites aux travailleurs et
travailleuses en garderie. L'énoncé ne laisse entrevoir aucune
amélioration possible du statut des éducat rices qui devront
continuer de se contenter d'un salaire de 300 $ par semaine. Je comprends que,
quand on bénéficie d'un salaire de 60 000 $ ou de 80 000 $,
ça peut paraître loin de sa réalité, mais les
travailleurs des garderies vivent ça quotidiennement. Là
où les attentes étaient les plus élevées dans le
milieu des services de garde, c'était en regard du financement. Est-ce
que le gouvernement allait enfin proposer des mesures susceptibles de diminuer
le coût des frais de garde pour les parents et injecter des subventions
directes qui permettraient de diminuer les tarifs et d'améliorer les
conditions de travail? La réponse, c'est non. Non, on ne bonifie pas les
échelles d'exonération financière de façon
significative.
Mais là où le bât blesse davantage, c'est au sujet
des subventions directes. Non seulement les sommes injectées sont-elles
carrément ridicules en regard de l'énormité des besoins,
mais, en plus, elles seront accordées en fonction de critères qui
vont à rencontre du bon sens. Les garderies ayant les plus bas revenus
et les moins bonnes conditions de travail sont celles auxquelles l'État
consentira les plus faibles subventions. Mme la ministre, vous vous êtes
probablement inspirée de l'adage: Vaut mieux être riche et en
santé que pauvre et malade. Heureusement, il n'est peut-être pas
trop tard et nous osons espérer que le gouvernement se ressaisira et se
rendra compte que le mode de financement projeté constitue une
aberration monumentale. C'est le plus bel exemple qu'il nous ait
été donné de voir d'une politique technocratique
désincarnée et sans aucun rapport avec la
réalité.
Depuis des années, on se tue à crier sur tous les toits
que les tarifs de garde sont trop élevés au Québec et
voilà que le gouvernement veut établir un mode de financement qui
est une incitation directe à l'augmentation des tarifs. Nous avions cru
et espéré que le gouvernement assumerait enfin la
responsabilité qui lui incombe quant à la mise en place et au
maintien de services de garde de qualité, diversifiés et
accessibles à tous les parents. Non seulement refuse-t-il d'assumer
pleinement cette responsabilité en refusant d'injecter les budgets
nécessaires à cet objectif, mais, en plus, il fait preuve d'une
profonde incompréhension des problèmes de garde auxquels sont
confrontées les familles québécoises.
Nous demandons à la ministre et à son gouvernement de
surseoir à la mise en place de l'actuel énoncé. À
court terme, nous demandons d'augmenter la subvention directe pour qu'elle
passe de 4,50 $ par place ou permis à 9 $ par place ou permis par jour.
Cela représenterait un montant d'environ 50 000 $ par service de garde
sans but lucratif, donc une augmentation des revenus de ces services de l'ordre
de 20 %. Cela permettrait d'améliorer concrètement notre
situation. Une fols cette mesure adoptée, le CIRGQ vous offre sa
collaboration pour en arriver à concevoir enfin une politique qui
réponde davantage aux préoccupations et aux besoins des familles.
L'avancement et la richesse d'une société se mesurent notamment
à l'importance qu'elle accorde à ses enfants et, puisque le
Québec manque d'enfants, tâchons de nous occuper convenablement de
ceux que nous avons et nous en aurons peut-être davantage. "Pour 1
million d'enfants..."
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, merci, Mme Pitre-Robin, M.
Rémillard et M. Paquin. Pour débuter, je ne parlerai pas des
études que vous avez faites et des chiffres que vous apportez, par
exemple, en disant que les chiffres sur lesquels on s'est basés ne sont
pas les chiffres réels. Je pense que vous parlez du taux
d'activité croissant des mères. Oui, par contre, le taux de
natalité est aussi en décroissance. Je vous assure que, si on
devait comparer nos chiffres avec les vôtres, cela me ferait plaisir
parce que les nôtres sont basés sur des études très
concrètes. D'ailleurs, une autre étude pancanadienne sera connue
bientôt, l'enquête Lero, et je suis persuadée qu'à ce
moment-là l'Office des services de garde à l'enfance
l'étudiera ou l'analysera en profondeur. De plus, quant au
développement, la planification régionale pourra nous donner le
véritable portrait des besoins. C'est pour ça que je n'ai pas
l'intention d'entrer dans cette guerre de chiffres, d'estimations ou quoi que
ce soit.
Je voudrais immédiatement m'attarder au financement puisque c'est
ce qui vous concerne davantage. Je ne sais pas si vous êtes d'accord,
mais, hier, j'ai eu l'occasion, lors de l'ouverture de la commission
parlementaire, de parler des
disparités entre les garderies. Êtes-vous d'accord pour
dire: Oui, iI y a des salaires différents, oui, il y a des tarifs
différents, oui, il y a des taux d'occupation différents?
J'imagine que vous êtes d'accord pour dire qu'il y a des
disparités entre les garderies.
Mme Pitre-Robin: Je pense que les tarifs... Si on prend le
problème de la base, il y a des tarifs différents parce que les
parents ne peuvent payer davantage. Mais les besoins financiers, par exemple,
de la garderie...
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne vous parle pas...
Mme Pitre-Robin: La ministre revient toujours en disant: Selon
les besoins...
Mme Gagnon-Tremblay: Mme Pitre-Robin, je ne vous parle pas de
besoins, je vous parle des disparités actuellement existantes.
Mme Pitre-Robin: II existe des disparités, mais ce sont
des disparités dans les salaires. Dans les garderies qui ont un tarif de
18 $...
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez des taux de...
Mme Pitre-Robin: ...elles ont du personnel à g $ ou 10 $
l'heure, alors que les autres à 12 $ ou 13 $ ont du personnel à 6
$ l'heure. On trouve ça inacceptable. (10 h 45)
Mme Gagnon-Tremblay: Indépendamment des salaires, Mme
Pitre-Robin...
Mme Pitre-Robin: Non, c'est cela qui...
Mme Gagnon-Tremblay: ...je ne vous parle pas des salaires, je
vous parie des taux d'occupation, je vous parle des éducatrices qui sont
formées dans certaines garderies et d'autres qui ont besoin d'une autre
formation, je vous parle de toutes les autres disparités.
Mme Pitre-Robin: Dans l'ensemble des garderies sans but lucratif,
selon une recherche qu'on a faite, iI y 85 % des gens qui ont la formation ou
qui l'auront dans les trois prochaines années.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais il y a des...
Mme Pitre-Robin: Alors, on ne peut pas parier de la formation
pour une différence. Ce qui est important, c'est que les parents ont
fixé les tarifs...
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que...
Mme Pitre-Robin: ...qu'ils pouvaient payer et, à cause de
cela, les salaires ont suivi.
Mme Gagnon-Tremblay: Madame, finalement vous n'êtes pas
d'accord - pour dire qu'il y a des disparités entre les garderies.
Mme Pitre-Robin: Je n'ai pas dit qui n'y en avait pas, j'ai dit
qu'elles n'étaient pas choisies.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Pitre-Robin: Elles ne sont pas choisies et sont uniquement le
fruit de la capacité financière des parents...
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Pitre-Robin: ...et de cela ont découlé les
conditions de travail différentes des travailleurs.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Pitre-Robin: Cela est très différent. Bon.
M. Paquin: Je ne savais pas quelle allait être votre
question, Mme le ministre, mais ce qu'on peut vous dire...
Mme Gagnon-Tremblay: Justement, c'est parce que je veux arriver
à la question.
M. Paquin: Allez-y.
Mme Gagnon-Tremblay: Donc, c'est pour cela que je ne veux pas
passer tout le temps qu'on a à notre disposition, et j'ai trop de
questions importantes à vous poser pour qu'on s'arrête sur cela.
Mais vous êtes aussi d'accord pour dire que ce sont les parents qui
fixent les tarifs dans les garderies puisque ce sont...
Mme Pitre-Robin: Selon leur capacité de payer.
Mme Gagnon-Tremblay: Et aussi I faut donc admettre que les tarifs
sont en fonction des dépenses de la garderie. Naturellement comme il n'y
a pas d'objectif dans le cas d'une garderie sans but lucratif, il n'y a pas de
notion de profit, à ce moment-là, cela signifie qu'on
n'augmentera pas les tarifs si les besoins ne sont pas là. On n'a pas
à augmenter les tarifs si les besoins... On fixe le tarif en fonction de
son budget annuel.
Mme Pitre-Robin: C'est là-dessus qu'on ne s'entend pas,
sur les besoins, parce que dans une garderie où, par exemple, le tarif
est à 13 $ ou 14 $...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. mais, madame...
Mme Pitre-Robin: ...le besoin du personnel de gagner plus de 6 $
l'heure est aussi vrai là que dans dans une garderie...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Pitre-Robin: ...où le tarif est à 18 $. Donc,
le besoin est là.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne vous parle pas...
Mme Pitre-Robin: C'est cela, le besoin.
Mme Gagnon-Tremblay: ...des tarifs ou des conditions de travail.
Je veux tout simplement mentionner que si, par exemple... C'est sûr que,
si on veut améliorer des conditions de travail, on a besoin d'argent
supplémentaire. Mais ce que je vous dis, c'est que les tarifs sont
fonction des dépenses de la garderie.
Mme Pitre-Robin: Les tarifs sont fonction de ce que les gens,
contrairement à ce qu'on a donné, étaient de trop bons
gestionnaires et faisaient une gestion trop saine; ils n'ont pas voulu
accumuler des déficits, sinon les déficits de chacune de ces
garderies seraient grands, parce que les salaires du personnel commandent des
dépenses plus élevées.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Je vais passer à un autre
sujet, Mme Pitre-Robin. Si votre garderie a un taux d'occupation de 82 %, pour
vous, est-ce une garderie qui est performante? Si elle a 82 %.
Mme Pitre-Robin: II faut faire attention...
Mme Gagnon-Tremblay: Répondez à ma question, Mme
Pitre-Robin.
Mme Pitre-Robin: C'est une garderie performante parce que 82 %
d'occupation...
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, d'accord.
Mme Pitre-Robin: ...cela ne veut pas dire 18 % de places
vacantes.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Pitre-Robin: II faut dire aux gens ce qu'est un taux
d'occupation. Une garderie peut, à pleine capacité, avoir 50
enfants sur 50, sauf que, si un enfant quitte au mois de juin, il ne sera pas
remplacé avant le mois d'août, et son taux d'occupation
diminue.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon. Ce que...
Mme Pitre-Robin: Mais cette place-là, finalement...
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Pitre-Robin: ...est comblée dix mois sur douze...
Mme Gagnon-Tremblay: Ce que vous me dites...
Mme Pitre-Robin: Le taux d'occupation, c'est l'ensemble des
mesures.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous me dites qu'avec un taux d'occupation
de 82 % une garderie est performante. Et moi, ce que je vous dis, c'est que
vous avez actuellement au Québec 60 % des garderies qui ont un taux
d'occupation de 82 % et je pense que, dans ces garderies, on offre un service
de qualité; on n'offre pas un service de qualité moindre.
Mme Pitre-Robin: D'accord, mais...
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Je reviens à la formule que
vous proposez: 4,50 $ à 9 $ de subvention pour le fonctionnement cette
année. Cela exige, par exemple, 20 000 000 $ supplémentaires aux
43 000 000 $ que le gouvernement a l'intention d'injecter. En quoi, par
exemple, cette formule-là règle-t-elle les disparités ou
tous les problèmes et les inéquités qu'on connaît
actuellement dans les garderies? Et, par exemple, pour réduire ces
écarts, quelles sont les suggestions que vous faites?
Mme Pitre-Robin: Je veux revenir, juste avant votre changement de
cap, et parler d'une garderie, justement, à 82 %, qui est performante.
D'accord? Dans l'exemple que vous donnez dans le nouvel énoncé,
elle aura un supplément de 8000 $. Pouvez-vous nous dire maintenant
qu'une augmentation de 3 % et quelques, c'est ce qu'on appelle consolider le
réseau?
Mme Gagnon-Tremblay: Mme Pitre-Robin...
Mme Pitre-Robin: Toute la différence est
là-dessus.
Mme Gagnon-Tremblay: ...si vous dites 8000 $, à ce
moment-là ayez la décence de dire toute la vérité.
Elle aura peut-être 8000 $, mais pour quel tarif?
Mme Pitre-Robin: Pour le tarif de 15 $ et quelques, c'est
l'exemple de l'énoncé.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon. À ce moment-là, vous ne
pouvez pas généraliser parce que vous savez très bien
qu'il y a des garderies qui auront plus de 8000 $.
Mme Pitre-Robin: Mais il y en a plusieurs qui vont avoir
moins.
Mme Gagnon-Tremblay: Je reviens à ma question. Supposons
que votre formule de 4,50 $ à 9 $, cette année, l'an prochain, on
vous l'accorde. On vous l'accorde pour régler des problèmes
majeurs, des problèmes pressants, des problèmes criants. On vous
l'accorde. Une fois que ce rattrapage est fait, est ce que la formule à
45 % à ce moment-là, pour un certain temps, serait la bonne
formule? Sinon, laquelle suggérez-vous?
M. Paquin: Pour ce qui est de la subvention de fonctionnement,
vous savez que les garderies touchent des revenus de deux sources. Ce n'est pas
compliqué, il y a les parents, d'une part, et c'est variable selon le
tarif que demande la garderie. Ce qu'on dit, c'est que ces tarifs sont fonction
du milieu socio-économique où évolue la garderie aussi.
Donc, cela varie. Ce qui ne varie pas à l'heure actuelle, ce qui est
stable, c'est la subvention par place au permis. Ce que vous proposez, c'est de
moduler cette subvention en fonction du tarif. Donc, l'écart qu'on
constate déjà dans les revenus de la garderie à cause du
tarif va être accentué par le mode de financement que vous
proposez.
Mme Gagnon-Tremblay: Là, vous ne prenez pas en
considération que les tarifs qui sont à 18 $ vont, par contre, se
stabiliser parce qu'elles auront plus d'argent et que les parents
reçoivent, d'un autre côté, plus d'argent. Ce que vous
faites depuis le début, c'est que vous dissociez toujours
l'exonération financière qu'on accorde aux parents avec notre
formule. Moi, je vous dis que, demain matin, le statu quo, sans aucune
augmentation des tarifs, les parents qui sont admissibles à
l'exonération financière recevront plus d'argent qu'ils en ont
actuellement pour assumer toute augmentation des tarifs là où,
finalement, les garderies auraient de la difficulté. Aussi, vous
évitez toujours d'associer tarif et taux d'occupation. Vous savez fort
bien qu'une garderie qui a un taux d'occupation raisonnable n'a pas avantage et
n'a pas besoin d'augmenter son tarif. Si, par contre, vous avez une garderie
qui a un taux d'occupation très bas, oui, vous allez être
obligés d'augmenter le tarif.
M. Paquin: Mme la ministre, vous semblez penser qu'on peut
contrôler la fréquentation des garderies comme bon nous semble. Il
y a un facteur essentiel qui explique le taux de fréquentation des
services de garde, c'est le tarif. Là où les tarifs sont trop
élevés, le taux de fréquentation diminue.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais je reviens à ma formule. Est-ce
que, par exemple, une fois qu'on aura donné plus d'argent du fait qu'on
augmente pour la première année et la deuxième
année la subvention de fonctionnement comme vous l'exigez, la formule de
85 % serait une formule acceptable? Sinon, laquelle? Est-ce que, par exemple,
pour vous, la formule qui a été proposée hier par le
Conseil du statut de la femme, une formule mixte, c'est une formule qui serait
intéressante à étudier ou si vous rejetez toute formule et
vous préférez le statu quo indexé?
M. Paquin: Ce qu'on vous dit, c'est: Accordez-nous une
augmentation de 4,50 $ par place au permis pour répondre à des
besoins criants, et cela fait trois ans qu'on vous dit que ce sont des besoins
criants, y compris pour les services de garde qui ont des bas tarifs et des
conditions de travail à 6 $ l'heure. Après cela, on se parlera et
on examinera n'importe quelle formule.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, je regrette, M. Paquin, on ne fait pas
cette politique pour l'an prochain. Cela fait dix ans que vous attendez une
politique.
M. Paquin: Oui, justement.
Mme Gagnon-Tremblay: On ne la fait pas comme cela sur le bout de
la table.
Mme Pitre-Robin: C'est ce qu'on répond. On vous a
offert...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
Mme Gagnon-Tremblay: Vous êtes ici en commission
parlementaire pour me faire des suggestions parce que vous trouvez que ma
formule n'est pas une bonne formule, mais je veux savoir laquelle vous
suggérez à part indexer ce qui existe actuellement. Est-ce que
vous en avez une? Est-ce que celle qui a été
suggérée par le Conseil du statut de la femme serait acceptable,
oui ou non?
M. Paquin: Non. C'est contenu dans le mémoire, ce qu'on
propose. C'est d'augmenter la subvention de fonctionnement, de la doubler dans
un premier temps et de l'augmenter dans les deux années suivantes de 50
% jusqu'à ce qu'on atteigne le seuil de 80 % des coûts
assumés par l'État. C'est là où on veut en
arriver.
Mme Gagnon-Tremblay: II n'y a rien d'autre. Pas d'autres
formules, rien d'autre, c'est ce que vous voulez? C'est correct. Parfait.
M. Paquin: C'est notre position. C'est là où on
veut tendre.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Je comprends.
Vous affirmez aussi, et je l'ai mentionné à quelques
reprises, vous dites toujours que les parents paieront 4000 $, que cela
coûte 4000 $ par enfant pour des services, et je trouve qu'il y a une
grosse différence entre ce que peut coûter un service et ce qu'un
parent peut réellement
payer. Vous ignorez toujours, finalement vous évitez toujours de
parler de ce que le parent reçoit, soit à partir de
l'exonération financière et à partir du programme APPORT,
sur ces 4000 $. Il y a des parents qui peuvent recevoir 40 % et d'autres
jusqu'à concurrence de 85 % de ces 4000 $.
Je vais peut-être en étonner plusieurs ce matin, mais
est-ce que vous réalisez qu'à travers l'aide financière
aux parents, le programme APPORT, les déductions fiscales, les
subventions directes aux services de garde, l'État, avec cette nouvelle
formule, financera jusqu'à concurrence de 74 % des services de garde au
Québec? Vous calculez toujours seulement l'aide directe aux garderies,
mais il ne faut jamais ignorer les autres mesures qui accompagnent et
soutiennent les parents dans la garde de leurs enfants. C'est important.
Mme Pitre-Robin: On a surtout vérifié
l'échelle, ne serait-ce que pour voir l'accessibilité. On regarde
la nouvelle échelle. On a dit qu'elle a été
bonifiée, mais pas suffisamment. Elle avait un rattrapage énorme
à faire et on ne le voit pas dans cet énoncé de politique.
Ce qu'on revoit, c'est qu'une famille de deux adultes avec un enfant, qui a un
revenu de 24 000 $ pour deux adultes, recevra 2,75 $ d'aide par jour. Cette
famille devra tout de même débourser 3000 $ par année et
plus. Un revenu de 24 000 $ pour...
Mme Gagnon-Tremblay: Mais...
Mme Pitre-Robin: Un instant, je voudrais finir, s'il vous
plaît!
Mme Gagnon-Tremblay: C'est parce que, Mme Pitre-Robin, je ne veux
pas entrer dans les chiffres, compte tenu du temps. Vous pouvez déposer
des chiffres, nous allons déposer les nôtres. Cela ne sert
à rien, de toute façon. Depuis le début...
Mme Pitre-Robin: J'essaie de terminer mon...
Mme Gagnon-Tremblay: ...du lancement de l'énoncé de
politique, j'essaie de faire comprendre aux gens des tableaux. C'est tellement
complexe, personne ne comprend les tableaux, dans le sens que...
Mme Pitre-Robin: Si c'est si complexe que cela, il y a un
problème dans l'énoncé.
Mme Gagnon-Tremblay: ...pour la population en
général - vous allez le comprendre, moi je le comprends - c'est
tellement complexe qu'il faut apporter toutes les nuances et, là, c'est
difficile.
Mme Pitre-Robin: Je voudrais revenir sur la fiscalité. Ce
que je donnais comme exemple, c'est que cette famille avec un revenu de 24 000
$ pour deux adultes qui travaillent, quand on partage cela sur chacun son
salaire, même à la limite de 12 000 $, la fiscalité est
presque insignifiante par rapport au revenu qu'ils ont. À 12 000 $,
toute mesure de déduction fiscale est presque insignifiante.
Évidemment, pour ceux qui ont 100 000 $ de revenus, c'est autre chose.
Mais est-ce que le gouvernement peut trouver juste que plus les familles ont un
revenu élevé moins leurs mêmes frais de garde de 4000 $
vont être un coût important? Ce n'est pas possible.
Mme Gagnon-Tremblay: J'aurais aimé pouvoir...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
Mme Pitre-Robin: Toute mesure est transférable en
crédit d'impôt, sauf là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
madame, s'il vous plaît!
Mme Gagnon-Tremblay: J'aurais aimé pouvoir discuter avec
vous aussi de toute la notion de richesse. Pour vous, qu'est-ce qu'une garderie
riche? Est-ce, par exemple, une garderie qui a un tarif de 18 $?
Une voix: II n'y en a pas.
Mme Pitre-Robin: II n'y en a pas de garderie riche.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est quoi? De toute manière, on aura
peut-être l'occasion d'en reparler. C'est dommage qu'on n'ait pas plus de
/ temps à notre disposition.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, oh la la! C'est un peu tendu,
n'est-ce pas?
Il y a une question simple, d'un gros bon sens qui est la suivante:
Quand quelque chose n'est pas cassé, pourquoi le réparer? En
d'autres termes, je ne pense pas que personne jusqu'à maintenant ait
réclamé un remplacement de la formule par jour par permis par une
autre. Tout le monde réclamait la majoration, l'augmentation, mais pas
son remplacement. C'est ce qui fait un peu problème. L'argent vient du
gouvernement et des parents. Si l'argent du gouvernement est insuffisant, le
fardeau est sur les épaules des parents. La formule qu'il faut trouver
est celle où on va tendre, compte tenu de tout le discours sur la
dénatalité et sur la politique familiale, à mieux faire
endosser par le gouvernement l'effort des parents.
Cela dit, j'ai beaucoup apprécié dans votre mémoire
un aspect qui m'a semblé être fa pierre d'assise de tout cela et
c'est le taux d'occupation. C'était la première fois, je pense
que c'est
le seul mémoire qui en parle. Vous faites référence
à des études menées à l'office. Je veux
référer à l'annexe qui s'intitule "Équivalence en
places à temps plein". C'est là que j'ai compris
l'énoncé de politique. Là-dedans, vous nous dites: Ce qui
est une erreur, c'est de considérer, notamment, que 100 places en
garderie, cela dessert 133 enfants. Vous nous expliquez dans ce chapitre
qu'à l'office on tient compte qu'y est possible de remplacer, pour de
courtes périodes, les places laissées vacantes par d'autres
enfants et que ces places sporadiquement vacantes sont
considérées comme pouvant être occupées. Vous allez
même jusqu'à penser - cela me semble tellement incroyable - que
l'office suppose qu'il est possible de remplacer les enfants qui sont
à la maternelle pour quelques heures par d'autres enfants durant ces
deux heures, que tout cela est compris dans le taux d'occupation. J'aimerais
vous entendre là-dessus. J'imagine qu'il y a un problème qui
repose là-dessus. On reviendra rapidement sur autre chose après.
(11 heures)
Mme Pitre-Robin: On essaie de clarifier. Les taux d'occupation
des garderies, on semble dire que la nouvelle formule, c'est pour obliger les
garderies à "performer* et à avoir des meilleurs taux
d'occupation en laissant entendre qu'actuellement, parce qu'elles sont
financées par place au permis, elles laissent dix ou quinze places de
libres parce qu'à ce moment-là c'est un revenu net. C'est tout
à fait Inexact. Les garderies sont presque remplies à pleine
capacité, certaines moins compte tenu de ce qu'on a dit tantôt,
des tarifs qui ont augmenté, et il s'est retrouvé des places
vacantes pendant quelques semaines ou quelques mois. Le taux d'occupation, ce
n'est pas le taux d'inscription d'enfants à la garderie. Le taux
d'occupation, c'est finalement le calcul... Si la garderie de 50 places avait
50 enfants, 52 semaines par année, qui paient, c'est le taux 100 %. Mais
on sait tous, que ce soit n'importe où finalement, qu'il y a des enfants
qui quittent en cours d'année parce que les parents
déménagent, changent d'emploi, ou n'importe quoi. Ne serait-ce
que ça où, finalement, la garderie, par souci
d'intégration de l'enfant, avant de transférer un enfant du
groupe des 18 mois au groupe des 2 ans - elle ne fait pas ça du jour au
lendemain, par exemple - va faire une période d'intégration de
cet enfant sur une semaine ou deux en lui laissant... Donc, la garderie ne peut
pas accueillir le nouvel enfant tout de suite par respect pour les parents et
pour cet enfant-là. Cela fait diminuer son taux d'occupation alors que
c'est un souci immédiat de qualité. Les enfants de cinq ans, qui
s'en vont pour la première année, quittent en juin le plus
souvent ou en cours d'été, mais ils ne sont pas remplacés
tout de suite par des enfants. La plus grande partie de l'accueil se fait en
septembre. Il y a là aussi une période de places vacantes, mais
qui est temporaire. Les places réservées par les parents pour
septembre, là aussi c'est ça qui fait diminuer le taux
d'occupation. Ce ne sont pas des places vacantes, ce sont des places qui ne
sont pas comblées temporairement, par qualité ou par besoin
d'intégration des enfants ou parce qu'un parent a réservé
sa place. Mol, je l'ai vécu récemment. La garderie m'a dit: Oui,
j'ai une place. Oui, mais mon enfant est gardé ailleurs pendant
ce temps-là. Est-ce que du jour au lendemain je dis à la madame
qui le garde: Demain matin, i n'est plus ici, il y a une place à
la garderie? Je suis obligée aussi, pour cet enfant, de dire à la
madame: D'ici deux semaines il ne sera plus ici parce que, maintenant, il s'en
va à la garderie. Et, à cause de cela, la garderie garde la
place; elle m'attend deux semaines. C'est ça les taux d'occupation.
Mme Harel: Donc, y faut prendre en considération les
maladies des enfants ou de leurs parents, les vacances des parents ou,
j'imagine, comme certains des intervenants disaient hier, une mise à
pied, une grève ou tout autre événement qui se produit
dans la vie du parent, qui peut perturber la fréquentation de l'enfant
et qui peut faire en sorte qu'il y a un délai entre le moment où
la place était occupée et le moment où elle sera à
nouveau occupée par un nouvel enfant.
M. Pitre-Robin: Tout est basé là-dessus.
Mme Harel: Dans la nouvelle formule, tout serait basé sur
le tarif. Comme le tarif n'est pas payé pendant ces périodes,
ça pourrait faire un manque à gagner important pour la garderie
dont vous nous dites que la ministre ne tient pas compte et qu'elle ne prend
pas en considération.
La ministre est sensible; je la crois sincèrement sensible aux
questions des disparités actuelles entre les garderies. Des groupes
familiaux sont venus nous dire hier que la nouvelle formule allait augmenter
les classes de garderie. J'aimerais revenir là-dessus. Dans votre
mémoire, il y a un aspect qui m'intéresse beaucoup. À la
page 25, vous dites et je vous cite: "Nous avons appris, de source bien
informée, que le conseil d'administration de l'office s'apprête
à couper l'aide financière aux bénéficiaires de
l'aide sociale qui ne sont pas Inscrits à un programme
d'intégration à un emploi, ce qui totaliserait pour l'office une
économie de 2 000 000 $." Là. vous dites: Cela nie le rôle
préventif des garderies, leur importance et l'importance d'un service de
garde en général en milieu défavorisé. C'est
très inquiétant.
J'aimerais immédiatement faire état de la
référence que la ministre faisait au programme d'emplois
subventionnés pour les bénéficiaires de l'aide sociale. Je
vous rappelle qu'il ne faut pas se laisser prendre au programme APPORT parce
qu'il n'atteint que 35 % des objectifs fixés. 35 % de participation.
S'il y a un avantage pour les services de garde, je vous rappelle qu'une chef
de famille qui partage son logement et qui est
inscrite au programme APPORT aura une réduction de son allocation
de 160 $ par mois pour des considérations de partage de logement. Il y a
toutes sortes d'autres désavantages et inconvénients. Mme la
ministre, il faut regarder les deux colonnes du programme APPORT avant de
penser que ça peut être avantageux.
Mme Pitre-Robin: Même s'il n'y avait pas cette mesure
adoptée par les membres de l'office, déjà le fait d'axer
l'aide financière sur le programme APPORT fait que les familles, les
bénéficiaires de l'aide sociale qui ne vont pas vers un programme
actif de travail ou de formation n'ont pas accès au programme APPORT.
Donc, la différence à payer entre les nouvelles échelles
d'aide financière et les tarifs de la garderie fait qu'elles sont
automatiquement exclues. Donc, c'est important. Nous aussi, nous mettons
fortement en doute le programme APPORT. D'ailleurs, on n'a pas trouvé de
familles qui en avaient bénéficié. On s'est
informé, on a cherché et on n'en a pas trouvé, dans nos
services en tout cas.
Mme Harel: Pourtant, dans les garderies sans but lucratif, il y a
74 % des parents, dit-on, qui reçoivent de l'exonération
financière. Vous nous dites qu'à votre connaissance il n'y en
aurait pas qui auraient droit en plus à la combinaison de l'aide du
programme APPORT.
Mme Pitre-Robin: On a fait un appel à tous, en
disant...
Mme Harel: C'est intéressant.
Mme Pitre-Robin: ...est-ce qu'il y a des gens qui en ont
bénéficié? On est allés dans les services
régionaux et on ne pouvait pas nous donner de réponse.
Mme Harel: Cela fait déjà un an. Je rappelle que le
programme est en vigueur depuis juillet, mais rétroactif au 1er janvier.
Maintenant, il a quand même six mois de mise en application. Je vous
rappelle que le programme APPORT donne une allocation aux parents mais pas
simplement en mode de garde reconnue. Il est vraisemblable que cette allocation
soit utilisée pour un tout autre mode de garde. Je pense que la question
des 45 % est importante. La question de la majoration vous était
posée: À combien vous évaluez vos demandes?
M. Paquin: Pour ce qui est de l'augmentation de la subvention
directe...
Mme Harel: Oui.
M. Paquin: ...cela équivaut à 20 000 000 $ de plus
que ce qui est prévu, sauf qu'il ne faut pas oublier que le
fédéral assume la moitié de la facture. Cela
équivaut donc, finalement, à un montant de 10 000 000 $
supplémentaire alors qu'on sait qu'en 1989-1990, pour les
déboursés du gouvernement du Québec en matière de
services de garde, le coût net de la facture, selon nos estimations, est
de zéro à cause du projet de loi fédéral qui va
faire en sorte que le gouvernement fédéral va assumer une plus
grande part des coûts en matière de services de garde.
Mme Harel: Cela vaut pour le financement de l'Office des services
de garde proprement dit. De la part du gouvernement du Québec, je crois
qu'il y aura 5 000 000 $ pour les services de garde scolaire.
Mme Pitre-Robin: Oui. C'est le seul argent nouveau du
gouvernement du Québec.
Mme Harel: C'est de l'argent frais, en 1989. Des 43 000 000 $
dont parle la ministre, encore faut-il dire qu'il y en a au moins 38 000 000 $
qui viennent du fédéral et 5 000 000 $ qui vont venir de
Québec.
Mme Pitre-Robin: Et dans la modification à l'effet de
maintenant défrayer les coûts dans les garderies à but
lucratif, il y a là une récupération importante.
Mme Harel: J'ai posé la question sur l'affirmation que
vous nous faites concernant les bénéficiaires de l'aide sociale
pour que, dans la journée, la ministre puisse réagir -
excusez-moi - en vous donnant tort, je l'espère. J'espère qu'il y
aura une prise de position ferme que le service de garde n'est pas restreint,
sinon l'orientation serait diamétralement changée.
Dorénavant, les services de garde reconnus ne seraient offerts qu'aux
enfants dont les parents sont sur le marché du travail.
Mme Pitre-Robin: C'est déjà le cas. Lors du
discours sur le budget de M. Levesque, on a bien parlé de l'aide aux
familles qui travaillent. C'est le cas également dans l'introduction de
l'énoncé où on revient au soutien aux familles qui
travaillent. Et quand on prend les taux d'activité des mères,
tout est axé uniquement sur les familles qui travaillent. La ministre a
déjà répondu hier en disant: C'est une priorité,
les familles qui travaillent, avant les autres. Donc, finalement, c'est
vraiment ce qu'on voit dans l'énoncé de politique.
Mme Harel: Le rôle curatif que vous pensez jouer - vous en
parlez dans votre mémoire - qu'est-ce que vous entendez exactement par
là? Allez-y. Vous n'avez pas besoin...
M. Rémillard (André): D'accord, excusez-moi.
Mme Harel: Ha, ha, ha! Vous parlez vite, en plus.
M. Rémillard (André): Je vais donner un exemple.
Une garderie, conjointement avec le CLSC et l'hôpital Notre-Dame,
à Montréal, a mis sur pied un groupe de travail de santé
mentale, c'est le nom. Les membres de ce groupe de travail se rencontrent une
fois toutes les trois semaines. Il y a un pédopsychiatre, un
psychologue, une travailleuse sociale ainsi que l'ensemble des
éducatrices. Ils traitent des différents enfants qui
présentent des difficultés d'apprentissage ou de comportement.
Aussi, ce groupe assure en môme temps un élément de
ressourcement en traitant régulièrement des thèmes. Pour
l'élaboration d'un plan d'intervention dans le cas d'un enfant qui
présente des difficultés, cela prend du temps, cela prend des
rencontres, etc. À ce jour, dans les garderies, on l'assume, et on
l'assume sur notre bras. C'est dans ce sens-là qu'on disait dans la
présentation que c'est principalement au niveau financier qu'il y a des
obstacles dans la réalisation de ce rôle. Tout le rôle, tout
ce qui est amené dans l'énoncé comme nouvelle orientation,
soutenir, accroître le soutien, collaborer avec les services de
santé, les DSC, les CSS, etc., c'est déjà quelque chose
qui est pratiqué régulièrement par les garderies. Alors,
là, il n'y a rien de nouveau, il n'y a pas de trouvailles. Ce qu'on
attendait de l'énoncé, c'était un financement qui
permettait de le concrétiser parce que les éducatrices et les
éducateurs doivent rencontrer les parents sur le plan d'intervention et
cela se fait bénévolement, les soirs.
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Alors, si vous vouiez
remercier nos intervenants, madame.
Mme Harel: Oui, M. le Président, je vous remercie. Vous
avez fait état de l'évaluation des besoins. Vous insistez sur le
fait qu'ils ne reposent pas uniquement sur le travail considéré
à temps plein des mères d'enfants de moins de six ans. En tout
cas, vous avez raison, le Québec a connu une explosion en dix
années, de 1976 à 1986. Je relisais les chiffres hier, le taux
d'occupation des mères d'enfants de moins de six ans qui sont sur le
marché du travail est passé de 36 % à 60 % en 1986. Allez
voir où il est en 1989. On se rapproche sans doute des 70 %. La
question, c'est certainement d'offrir aux enfants, non pas simplement des
mères qui travaillent, mais d'offrir à la petite enfance du
Québec un milieu de développement qui permette au million
d'enfants, comme vous le disiez, non seulement à ceux qu'on veut, mais
à ceux dont on s'occupe moins, parce qu'Us sont déjà dans
les statistiques, de vivre et de s'épanouir. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Bien Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Prési- dent. Cela
m'étonne toujours d'entendre des gens qui disent: Bien, 20 000 000 $, on
peut avoir 20 000 000 $, ce n'est pas grave, le gouvernement
fédéral va en payer la moitié. Par exemple, est-ce qu'on
pose la question dans le domaine de la santé et des services sociaux?
Est-ce qu'on leur dit: On peut injecter 100 000 000 $ parce que le
fédéral va payer la même chose? Je ne pense pas que ce soit
la façon dont calcule, entre autres, le ministre des Finances quand
vient le temps de réduire les dépenses du Québec. Si on
n'avait pas été chercher les millions du fédéral,
parce qu'on nous offre un programme, on nous aurait probablement traités
d'agir avec mollesse et, parce qu'on y va maintenant, je pense qu'on devrait
plutôt nous féliciter pour notre adresse à aller chercher
le maximum qui provient, finalement, des contribuables du Québec.
Ce que je retiens de votre mémoire, du mémoire de
Concertaction, et de votre principale recommandation, c'est que vous demandez
au gouvernement de doubler, à compter du 1er avril 1989, la subvention
de fonctionnement des garderies, c'est-à-dire la subvention qui passera
de 4,50 $ à 9 $, ce qui suppose, comme vous le mentionniez, 20 000 000 $
supplémentaires, en sus des 43 000 000 $ qui sont déjà
prévus par le gouvernement. Ce sont des pinottes, quoi, mais c'est 20
000 000 $. De plus, vous dites: En plus, l'an prochain, de ces 9 $, nous
voulons avoir un autre montant de 4,50 $, ce qui veut dire que cela fera 13,50
$. On part de 4,50 $ cette année; l'an prochain, on ira à 13,50
$. Donc, si je calcule les 30 000 000 $ de cette année, les 20 000 000 $
supplémentaires, cela équivaut, avec la récurrence et tout
ça, à peu près à 96 000 000 $. Ce n'est pas
beaucoup. Cela exclut toute l'évaluation des autres demandes dans votre
mémoire, comme, par exemple, la subvention de fonctionnement, etc.
De cette façon, bien sûr, vous réglez tous les
problèmes des conditions de travail. Vous ne réglez pas, par
contre, à mon avis, les disparités entre les garderies, les
écarts. Vous n'incitez pas non plus à la performance ou à
la bonne gestion. Je me demande ce que vous allez nous demander. Là,
vous nous demandez, en 1989, 9 $ et 13,50 $ en 1990. Qu'est-ce que vous allez
nous demander en 1991, 1992 et 1993, puisque vous ne m'avez pas
suggéré d'autre formule que celle-là? Je vous le dis
franchement, je suis désolée, mais je trouve que ça ne
fart pas sérieux. Dites-nous donc franchement, carrément, que le
gouvernement devrait prendre à sa charge toutes les conditions de
travail, qu'il devrait négocier les conditions de travail. Dites-le-nous
franchement. Je vous dis qu'on n'a pas les moyens, comme État,
d'hypothéquer notre avenir. Je vous remercie de votre
présentation.
Mme Pitre-Robin: Je vais vous expliquer. Il nous semble
que...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
madame! S'il vous plaît.' La commission remercie le groupe Concertaction
interrégionale des garderies du Québec et appelle à la
table des témoins l'Union des municipalités du Québec.
Merci.
Des voix: Tour 1 million d'enfants..."
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
monsieur, c'est interdit ici. Je regrette infiniment. On suspend les travaux
cinq minutes.
(Suspension de la séance à 11 il 16)
(Reprise à 11 il 19)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je demanderais à chacun de reprendre sa place afin que nous
procédions à l'audition du mémoire de l'Union des
municipalités du Québec qui sera représentée par
MM. Jean-Claude Beaumier, Richard Brunelle, Raymond L'Italien et Massimo
lezzoni. Excusez-moi, monsieur. Mon italien est vraiment...
Je demanderais aux membres de la commission de bien vouloir reprendre
leur place pour que nous continuions les travaux, s'il vous plaît! Merci.
Si vous voulez bien vous identifier et identifier vos porte-parole.
M. Beaumier (Jean-Claude): D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez 20 minutes
pour présenter votre mémoire et vous n'avez pas le droit de
chanter à la fin.
M. Beaumier: Non. Je n'ai pas le talent de ténor, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Excellent! Ha, ha,
ha!
Union des municipalités du
Québec
M. Beaumier: M. le Président, il me fait plaisir de vous
présenter notre délégation. A ma gauche, M. Richard
Brunelle, conseiller municipal à la ville de Montréal et membre
du conseil d'administration de l'UMQ. À ma droite, M. Raymond L'Italien,
directeur général de notre permanence, et un permanent, M.
Massimo lezzoni, plus spécialement attaché à la recherche
à l'union.
M. le Président, Mme la ministre, Mme la présidente des
services de garde, mesdames et messieurs de la commission, c'est un plaisir
pour nous et un honneur pour l'union d'avoir à apporter son grain de sel
dans ce dossier des garderies. Vous le savez, l'UMQ, c'est 300
municipalités du Québec. C'est le reflet urbain de notre
province. C'est plus de 200 municipalités de moins de 5000 habitants.
C'est trois communautés urbaines, 42 MRC, 82 % de la population du
Québec. Donc, c'est chez nous que ça se passe; c'est à
notre palier. Vous savez que, depuis quelques années, pour ne pas donner
de date, mais depuis 1985, l'union a pris le virage familial. Depuis ce temps,
l'union s'est intéressée à sensibiliser ses membres aux
besoins de la famille. Nul n'est besoin de vous faire un long exposé sur
les changements de la famille au Québec pour vous dire que les
préoccupations des municipalités ont changé
vis-à-vis de ce nouveau visage que représente la famille au
Québec. Dans cet esprit, l'union a décidé de s'impliquer
et, depuis 1985, elle travaille au sein d'un comité, qu'on appelle
UMQ-OSGE-MAM, afin de trouver des solutions aux problèmes que vit notre
société.
La majorité des grandes municipalités ont axé leur
action sur la qualité de vie dans leur milieu. On essaie autant que
possible d'être à l'écoute de nos concitoyennes et
concitoyens et d'apporter l'aide que nos responsabilités municipales et
nos prérogatives juridiques nous permettent d'apporter. Donc, avec le
virage familial, l'union a publié un document "Agir pour les familles"
qui est quand même un signe, très faible on l'admet, c'est un
début, mais c'est le désir de ses membres d'apporter leur
soutien. Cela veut dire que l'Union des municipalités est prête
à s'impliquer dans le domaine des services de garde, mais selon ses
responsabilités et aussi dans un partage de responsabilités.
C'est aussi un besoin en termes d'environnement municipal. On a dit tout
à l'heure, un peu avant, que les besoins des familles avaient
changé. Vous savez que, de plus en plus, pour tout ce qui est
urbanisation des municipalités, on a une préoccupation d'y
insérer les services. Donc, dans l'environnement municipal, en termes
d'organisation physique, l'emplacement des services de garde, c'est une
préoccupation de nos services. Il y a quand même une mise en garde
qu'on veut faire là-dessus, c'est qu'on ne serait pas pour une
décentralisation totale des services de garde, mais plutôt pour un
partage des responsabilités en termes de la lancée de la
réforme de la fiscalité de 1979, à savoir qu'il demeure
nécessaire pour le gouvernement provincial de garder ces grandes
responsabilités-là et, pour les municipalités, d'apporter
l'aide de notre compétence.
Je vais laisser la parole à mes collaborateurs, à mes
collègues, et je voudrais terminer ma présentation en disant que
les municipalités sont prêtes à s'engager dans le cadre de
leur juridiction et que, par contre, concernant la facture, en termes de
fiscalité, dans la lancée d'une nouvelle délégation
de pouvoirs, on voudrait que les compétences financières ou
fiscales suivent aussi, mais pour l'instant on aimerait mieux garder le statu
quo.
Dans l'engagement des municipalités, c'est
mon collègue, M. Richard Brunelle, qui va vous faire la
présentation et je vous reviendrai vers la fin pour la conclusion.
Merci.
M. Brunelle (Richard): En fait, M. le Président,
l'énoncé d'orientation des services de garde interpelle les
municipalités à plusieurs niveaux, notamment, sur l'un des
principes qui sont à la base de l'énoncé, à savoir
le principe qui stipule que les garderies sont une responsabilité
communautaire. Nous sommes d'accord avec cette affirmation, ce matin, et nous
sommes venus vous dire que les municipalités sont d'accord pour
collaborer avec votre gouvernement, à l'intérieur des
juridictions qui sont les nôtres cependant, au développement du
réseau des services de garde et à son arrimage avec le milieu. Il
y a différents niveaux de collaboration, différents terrains de
collaboration que nous avons identifiés et que nous voulons vous
présenter ce matin.
D'abord et avant tout, l'identification des besoins en matière de
développement des services de garde. L'énoncé
d'orientation fixe comme objectif d'ici cinq ans d'ajouter environ 60 000
nouvelles places en garderie en fonction d'un certain nombre de
paramètres et d'un certain nombre de priorités, et ce dans le
cadre d'une planification régionale. L'automne dernier, la ministre, Mme
Gagnon-Tremblay, avait rencontré les municipalités, dans le cadre
de ce qu'on appelle la table Québec-municipalités, pour leur
proposer de collaborer à cet exercice d'identification des besoins et
d'identification des priorités au sein de nos municipalités
respectives. Nous disons ce matin: Oui, nous sommes d'accord pour le faire. Le
cadre de cette collaboration reste à déterminer. Ce peut
être en fonction de chacune des conditions particulières des
municipalités. Ce peut parfaitement être, d'ailleurs, les
nouvelles commissions d'orientation familiale que déjà une
cinquantaine de municipalités ont mises sur pied. Cela dit, il nous
semble important pour les municipalités de se prêter conjointement
à cette activité, étant donné, à toutes fins
utiles, qu'une bonne partie des nouveaux services de garde vont s'implanter
dans nos milieux respectifs. C'est le premier élément.
Le deuxième élément qui nous semble important
aussi, c'est tout ce qui concerne l'aménagement du territoire. La
fonction fondamentale d'une municipalité, au delà des services de
première ligne, l'eau, l'égout, l'aqueduc, les trottoirs, etc.,
c'est l'aménagement du territoire: comment on oriente notre territoire.
Beaucoup de municipalités actuellement sont en voie de réaliser
des plans d'urbanisme ou de les réactiver. Il nous semble effectivement
important de prévoir dans la confection des plans d'urbanisme
l'implantation des nouvelles garderies. Ce n'est pas nouveau ce qu'on dit. Un
certain nombre de municipalités l'ont déjà fait. Il
nous semble Important de promouvoir le prolongement de cette activité
ailleurs.
Pour ce qui est de l'aménagement, I nous semble important
également pour les municipalités d'aider à identifier les
terrains propices aux garderies - encore là cela se fait, encore
là cela doit se faire davantage - d'aider à relocaliser un
certain nombre de garderies qui, par la force des choses, doivent
peut-être l'être. On a eu le problème à
Montréal il y a deux ou trois ans, le cas de cinq garderies qu'il
fallait aider à relocaliser et on l'a fait. Dans un certain nombre
d'autres municipalités, cela doit se faire. On pense important pour les
municipalités de donner un coup de main sur ce plan. Également, 1
nous semble important de fournir une aide technique aux groupes promoteurs de
garderies à travers l'expertise municipale qui est la nôtre.
Le troisième élément de collaboration entre les
municipalités, d'une part, et l'office et les intervenants, d'autre
part, c'est l'assouplissement de la réglementation municipale en
matière de services de garde. La situation est très variable
selon les municipalités, mais dans encore un bon nombre d'endroits les
garderies n'existent pas au niveau réglementaire. Cela se traduit, soit
pour l'implantation, soit pour des modifications de places au permis, soit pour
un certain nombre d'autres problèmes aussi, par des entraves
réglementaires considérables. L'exemple négatif
était la situation à Montréal où, de fait, la
réglementation interdisait, sauf exception, l'implantation de garderies
en milieu résidentiel parce qu'une garderie était officiellement
considérée comme un commerce. Il fallait passer en conseil
municipal par une procédure longue, lente et laborieuse chaque fois
qu'une garderie demandait une modification du nombre de places au permis et
cela se traduisait, à toutes fins utiles, par des irritants majeurs pour
les intervenants et pour les parents. Il y a eu un effort conjoint avec
l'Office des services de garde pour régler ces problèmes et il
nous semble important aussi qu'ailleurs cela se règle. L'exemple
positif. M. le maire de Cap-de-la-Madeleine pourrait vous en parler
tantôt, c'est carrément, dans le cas d'une ville comme
Cap-de-la-Madelelne, l'identification concrète des garderies comme,
comment dire, institution publique avec, finalement, une ouverture sur le plan
du zonage qui en permet l'implantation.
M. Beaumier: Je vais enchaîner. Pour reprendre l'exemple,
la ville de Cap-de-la-Madeleine avait 130 zones et c'était impossible
d'ouvrir une garderie où que ce soit; les zones étant tellement
petites, iI y avait des oppositions systématiques et les gens
s'opposaient. Donc, c'était inutile d'aller en référendum.
Ce qu'on a fait, c'est qu'on a transformé la municipalité de 130
à 30 zones et on a identifié des zones publiques, qu'on appelle
P1, P2, P3 et P4, qui permettent des installations telles que garderies,
familles d'accueil, centres pour personnes âgées, ainsi de suite,
en respectant les zones de densité de population. C'est une façon
pour une munic-
palité d'aider à l'implantation des garderies et
même de la favoriser, d'éviter des erreurs étant
donné que nos services techniques, nos urbanistes sont en mesure de
planifier à long terme le développement de la municipalité
et de les placer à des points stratégiques. Il y a une
façon de le faire avec la réglementation. Richard. (11 h 30)
M. Brunelle: Un autre terrain de collaboration qui me semble
essentiel entre les municipalités et les garderies, c'est l'adaptation
des services municipaux, entre autres, les services de loisirs ou culturels,
donc, l'adaptation pour favoriser les services de garde, les enfants en
garderie et les parents. Encore là, si vous me le permettez, je
laisserai la parole à M. le maire Beaumier, qui vous présentera
un peu la façon dont cela se vit à Cap-de-la-Madeleine.
M. Beaumier: Dans notre règlement de zonage, nous avons
essayé de réglementer l'utilisation des édifices,
c'est-à-dire les espaces-terrains. Pour implanter une garderie, selon la
grandeur du terrain, on doit avoir un certain espace extérieur pour la
cour, un espace de jeu, ensuite l'espace de stationnement, et les
débarcadères nécessaires pour assurer la
sécurité lors de l'embarquement et du débarquement des
enfants là où on utilise des véhicules publics pour
circuler, des minibus. C'est cette façon qu'on a essayé d'adapter
à notre système d'inspection. Avant de donner un permis de
construire, ces choses doivent être respectées.
Je vais empiéter un peu sur un autre domaine. Nos services de
loisirs offrent aux gens l'aide technique pour l'installation de leur cour
arrière, leur espace de jeu. On peut même leur favoriser
l'accès à certains terrains de jeux que nous avons
clôturés et qui sont à proximité de certaines
garderies.
M. Brunelle: Les municipalités sont également des
employeurs et des employeurs importants au Québec. À ce niveau,
on considère qu'on a des responsabilités en matière
d'implantation de services de garde, à l'intérieur même de
notre fonction publique. On l'a déjà dit, certaines
municipalités le font déjà. D'autres municipalités
sont en processus d'évaluation de besoins, d'abord pour identifier si
effectivement il est pertinent d'implanter une garderie et,
deuxièmement, à quel endroit. Il nous semble important
également à ce niveau, M. le Président, d'une certaine
façon, de montrer l'exemple. On pense qu'il y a également du
travail à faire de ce côté.
Un autre élément important, c'est ce qu'on appelle la
garde estivale ou, dans le jargon municipal, les camps de jour.
L'énoncé d'orientation des services de garde identifie un
problème à ce niveau, à savoir que la garde en milieu
scolaire, par définition, au moment où on se parle, s'effectue
pendant les périodes scolaires. Le résultat est qu'au cours de
l'été les enfants qui doivent être gardés n'ont
souvent plus de ressources pour l'être. D'une certaine façon, il y
a un très grand nombre de municipalités qui compensent, par le
biais de leur appareil de loisirs, cette garde l'été. Cela prend
des noms différents selon les villes. On peut appeler cela des camps de
vacances, des camps de jour, de l'animation dans les parcs.
Ceci dit, il y a ce service que les municipalités donnent, au
moment où on se parte, mais avec les ressources qui sont les leurs, donc
avec un certain nombre de problèmes identifiés également
dans l'énoncé d'orientation: des problèmes d'horaire, de
périodes où le service est donné et qui ne couvre pas
l'ensemble des vacances d'été, également des
problèmes de ratios de personnel, assez régulièrement.
Nous sommes prêts à collaborer avec l'Office des services de garde
pour améliorer ce service. Bien entendu, selon nous, il nous semble
important d'obtenir une contribution financière de la part de votre
gouvernement dans le cadre d'ententes de services qui restent à
négocier, de telle sorte que, de fait, la soudure estivale entre les
périodes scolaires puisse être assumée. C'est pour les
camps de vacances et, en gros, pour le cadre de collaboration qui nous semble
être celui qui doit se développer entre les municipalités,
d'une part, et votre gouvernement, d'autre part, dans le développement
du réseau des garderies.
Cependant, il nous semble Important d'ajouter deux
éléments: premièrement, les haltes-garderies et les
jardins d'enfants. C'est important. On a un problème actuellement. Je
pense que Mme la ministre en est très consciente. L'inventaire
même de ce type de ressources reste à poursuivre. L'Office des
services de garde avait commencé l'inventaire, sauf erreur, avec la
collaboration des municipalités, en 1984, si je ne me trompe pas. On a
donc un certain nombre de données de base - cela reste à
compléter: quelles sont ces ressources? où sont-elles? qu'est-ce
qui se donne exactement - de telle sorte qu'on puisse collaborer ensemble par
la suite à bâtir une réglementation. Nous sommes tout
à fait d'accord avec l'urgence de doter ces services de garde d'une
réglementation adéquate qui leur permette effectivement de
survivre pour la plupart, mais qui permette également d'avoir les
garanties de base, les qualités requises pour ce genre de services qui
nous semble essentiel. Nous croyons que les municipalités doivent
collaborer à la réglementation dans la mesure où elles
sont fortement impliquées dans ce genre de service, notamment les
haltes-garderies qu'on retrouve assez régulièrement dans
plusieurs centres de loisirs. Voilà pour les haltes-garderies et les
jardins d'enfants.
Deuxièmement, ce qu'on veut aussi vous dire, M. le
Président, c'est qu'on a collaboré il y a trois ou quatre ans
avec l'Office des services de garde et avec le ministère à un
exercice intéressant dans le cadre d'un comité conjoint,
ministère, Office des services de garde et Union des
municipalités du Québec, qui a commencé à
l'époque à déblayer le terrain et à
travailler, notamment, sur la question des haltes-garderies. Il nous semble
qu'il serait pertinent - c'est une suggestion qu'on vous fait ce matin - de
réactiver ce comité pour, d'une certaine façon,
concrétiser les pistes ou les terrains de collaboration qu'on
suggère, ce matin, d'une part, également pour travailler
éventuellement sur l'Identification des besoins en matière de
haltes-garderies et sur la réglementation et, troisièmement, pour
se donner un cadre de travail conjoint qui permettrait de régler tout le
problème des gardes estivales dans lesquelles, évidemment, nous
sommes très impliqués.
Voilà, en gros, nos commentaires sur votre énoncé.
Je laisse M. Beaumier conclure.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion,
rapidement, le temps est à peu près écoulé, s'il
vous plaît!
M. Beaumier: Je vais écourter. Donc, en guise de
conclusion, on voudrait que vous reteniez de l'exposé ou de la
présentation de l'UMQ les deux points principaux. D'abord, nous sommes
disposés à apporter notre entière collaboration dans le
domaine des services de garde en tant que municipalité, en tant que
gouvernement le plus près du citoyen, comme on se plaît à
le dire régulièrement. Deuxièmement, dans cette
collaboration, on aimerait que le partage des responsabilités soit
très clairement défini pour ne pas qu'il y ait d'imbroglio. Vous
savez, à titre de maires nous sommes un peu comme des
députés dans leur comté, des confesseurs. Quand il y a des
problèmes d'organisation, c'est au plus près qu'ils viennent
frapper et souvent nous sommes placés entre l'arbre et l'écorce.
Nous voyons un besoin et iI n'y a pas de programmes.
II y a des besoins humains et financiers. C'est dans cet esprit que
l'Union des municipalités voudrait collaborer.
J'aurais beaucoup à dire, mais à la demande de M. le
président nous allons clore notre exposé. Nous sommes prêts
à répondre à vos questions. Merci de nous avoir
écoutés.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M. Beaumier. Mme
la ministre.
Mme Gagnon Tremblay: Merci, messieurs, de votre excellent
exposé. Je suis très heureuse de recevoir ce matin les
représentants de l'Union des municipalités du Québec. Je
trouve que c'est important d'avoir le point de vue des municipalités.
Vous avez un rôle important et majeur à jouer et nous aurons
besoin de votre collaboration très précieuse aussi lorsque nous
commencerons notre planification régionale.
J'ai le goût de vous demander comme première question:
Est-ce que vous sentez encore un peu de réticence, parce qu'il semblait
y en avoir il y a quelques années, face aux garderies? On n'était
pas tout à fait convaincu du bien- fondé des garderies. Est-ce
que vous sentez encore cette réticence de la part des
municipalités ou si cette réticence vient seulement d'une crainte
qu'on refile un jour la facture, mais, par contre, lorsqu'on demandera une
collaboration différente, on ne sentirait pas cette
réticence?
M. Beaumier: Je vais faire une espèce de digression pour
répondre à votre question. Vous souvenez-vous, en 1979, lorsqu'il
y a eu la réforme de la fiscalité, M y a une des règles du
jeu qui n'a pas été terminée. Donc, en s'embarquant dans
le nouveau système de garderies ou dans la lancée de notre
population en mutation d'essayer de répondre aux besoins les plus
imminents, c'est qu'on a peur de se ramasser avec des factures pour lesquelles
on n'a pas les revenus pour les acquitter. C'est là qu'est le
problème de la réticence. Toute nouveauté dans une
municipalité, tôt ou tard, se termine par une facture à
refiler à notre assiette fiscale qui demeure toujours la môme,
l'impôt foncier Souvenez-vous de la politique provinciale des loisirs
municipaux, la politique nationale, où on subventionnait à un
moment donné les activités de loisirs pour les clubs
d'élite. Dans une municipalité comme Cap-de-la-Madeleine, quand
on a fermé le robinet, cela a résulté en un cent et demi
d'augmentation de taxes pour continuer à poursuivre les mêmes
buts. Donc, quand vous avez à refiler une facture et que le lendemain
matin vous rencontrez vos citoyens et que c'est la majorité qui
l'emporte, si vous avez à prendre des mesures qui regroupent seulement
une partie de la population, à dépenser beaucoup d'argent pour
une partie de la population, l'autre partie se charge de vous le dire assez
allègrement. C'est la raison pour laquelle ont est hésitant. Par
contre, l'union a démontré qu'elle n'est pas indifférente
au problème et que c'est l'une de ses préoccupations, comme
l'assainissement, le logement pour les familles à faible revenu et les
personnes âgées sont devenus des préoccupations.
Mme Gagnon Tremblay: En somme, comme municipalité, vous
avez les mêmes problèmes que le Québec peut avoir lorsque
le gouvernement fédéral décide de fermer le robinet,
également.
Je sais que quelques municipalités ont des garderies en milieu de
travail pour leurs employés. Hier, quelques personnes se sont
prononcées contre la garde en milieu de travail. Je ne sais pas si vous
avez des exemples. Pour vous, qu'est-ce que cela représente? Est-ce que
c'est important pour une municipalité? Croyez-vous qu'on devrait mettre
des efforts dans ce sens, quant aux garderies en milieu de travail?
M. Brunelle: Ce n'est pas une question sur laquelle on s'est
particulièrement interrogés entre nous. Donc, si vous me
permettez, la réponse que je peux vous donner, d'une certaine
façon, est une réponse qui peut être un peu personnelle ou
du moins liée à la réalité qui se vit dans la
municipalité où je suis. Comment dire? Je vous dirais que,
personnellement, je suis assez favorable à ce que vous dites dans votre
énoncé d'orientation en ce qui concerne la garde en milieu de
travail. Peu importe ce que disent les sondages - on peut discuter sur la
portée des sondages - je vous dirais qu'il y a une place pour la garde
en milieu de travail, et sur la base suivante. Il y a un certain nombre
d'employés municipaux à Montréal, évidemment, et il
y a déjà un certain nombre de demandes. Il y aura toujours des
gens qui vont préférer avoir une garde de quartier, et c'est tout
à fait leur droit. Mais je pense que, pour toutes sortes de raisons qui
sont peut-être liées à la distance à franchir,
à toute une série de facteurs, dans le contexte d'une
administration municipale, un service de garderie à l'intérieur
même des cadres de la municipalité peut être pertinent.
Maintenant, cela peut différer d'une réalité à
l'autre. Dans le cas de Montréal, de toute évidence, cela me
semble pertinent. Dans le cas d'une municipalité où la fonction
publique est plus restreinte, où il y a déjà un bon nombre
de garderies à l'extérieur des cadres municipaux, cela peut
être moins prioritaire, effectivement. Encore là, cela nous
renvoie, je pense, à l'exercice auquel vous nous conviez d'abord et
avant tout, celui d'identifier les besoins pour en dégager une
planification qui nous permette d'implanter des places en garderie là
où ce sera le plus pertinent d'ici les cinq prochaines
années.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous nous parliez aussi des nombreux
irritants et des nombreuses difficultés à implanter des
garderies, surtout dans les grands centres urbains. Je connais la
difficulté qu'on a eue à Montréal entre autres à
relocaliser certaines garderies. Les espaces sont de plus en plus restreints et
les aires de jeu aussi. On est rendu qu'on commence à penser à
faire des aires de jeu sur les toits d'édifices. Cela cause quand
même certains problèmes parce qu'il faut toujours tenir compte
d'une bonne qualité de vie pour l'enfant aussi.
Vous parliez tout à l'heure des plans d'urbanisme, des
schémas d'aménagement, de l'aménagement du territoire,
etc., pour les municipalités. Lors de notre planification
régionale - nous avons l'intention de commencer cette planification le
plus rapidement possible, plusieurs schémas d'aménagement sont
déjà adoptés ou en voie de l'être... Croyez-vous que
cela peut causer certains problèmes? Est-ce qu'on est en retard ou si
les municipalités ont déjà prévu ces espaces pour
les garderies, par exemple?
M. Brunelle: La situation est très variable selon les
municipalités. Ce qu'on sait, c'est qu'au moment où on se parle
les municipalités, une fois les schémas d'aménagement
effectués, en sont rendues à la deuxième étape,
à savoir la confection de leur plan d'urbanisme. Là où
c'est en processus, c'est à ce moment-là qu'on vous dit qu'il
nous semble important d'introduire cette dimension, si ce n'est pas
déjà fait.
Mme Gagnon-Tremblay: Immédiatement. (11 il 45)
M. Brunelle: Vous avez parfaitement raison, d'autres
municipalités ont complété leur plan d'urbanisme, mais
cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas lieu de réfléchir sur
l'implantation des garderies et d'amender, si nécessaire, le plan
d'urbanisme en conséquence. Il y a une occasion qui se présente.
Il nous semble pertinent de profiter de cette occasion, là où
effectivement elle se présente. Ailleurs, je pense qu'il y a tout
à fait place, tout de même, pour planifier l'implantation des
garderies dans le cadre de ce qui existe et en amendant, si possible, ce qui
existe.
M. Beaumier: Mme la ministre, je voudrais ajouter ceci. La
réglementation municipale par rapport au schéma
d'aménagement, c'est plus dynamique, si vous voulez, ce n'est pas
statique. Le schéma, comme on le dit dans notre jargon, est gelé
pour cinq ans, tandis qu'en 90 jours vous pouvez changer une
réglementation municipale. On essaie de faire le moins de changements
possible mais, quand c'est nécessaire, on le fait. Ce qui est important,
c'est que dans l'opération qui est présentement en cours, on
devra présenter, d'ici décembre 1989, pour ceux qui n'en ont pas,
un règlement de zonage et d'urbanisme, un schéma local si vous
voulez. C'est le seul temps de le faire et c'est ce qu'on propose par un
comité où on pourrait inciter nos membres à le faire et
à l'avoir comme préoccupation. Aussi, dans ce comité,
connaître nos besoins, ce sont des choses qu'on ne connaît pas,
quels sont les besoins spécifiques pour une ville de 15 000 habitants;
en Abitibi, ils ne seront pas nécessairement les mêmes que ceux de
la région de Montréal.
Mme Gagnon-Tremblay: J'imagine que vous sensibilisez
déjà vos municipalités à ces terrains ou à
cet aménagement qu'elles devront prévoir dans leur plan.
M. Beaumier: Je sais bien que vous en avez beaucoup à
lire, mais le dernier numéro de la revue URBA était
consacré à la famille, à l'union.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Beaumier: On vous l'a mentionné au tout
début...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Beaumier: ...on a pris un virage où on essaie de
sensibiliser nos membres à ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Votre collaboration
sera très importante et très précieuse pour la
planification régionale. Vous savez que l'objectif visé par cette
planification est d'identifier les besoins et de répondre à ces
besoins. Tout à l'heure, on parlait de garde en milieu de travail; cela
ne signifie pas nécessairement qu'on doive ouvrir une garderie sur les
lieux mêmes. Il y a peut-être possibilité de faire un genre
de consortium ou de réserver dans une garderie de quartier qui a des
places disponibles actuellement certaines places pour une entreprise
quelconque. Que ce soit, par exemple, pour le milieu scolaire, c'est la
même chose, on devra aussi identifier les besoins, que ce soit en
haltes-garderies ou en jardins d'enfants.
Est-ce que vous avez des suggestions à nous faire concernant
cette planification, justement avant qu'on commence cette planification?
Quelles sont les suggestions que vous auriez à nous faire?
M. Beaumier: Comme on vous l'a dit tout à l'heure, on n'a
pas eu le temps de faire le tour des besoins spécifiques des
municipalités de chacun de nos milieux. Vous faire des suggestions
concrètes, ce serait plutôt personnel par déformation car
moi-même je m'occupe d'enfants en difficulté depuis 28 ans. Je
suis en mesure de vous parler de problèmes que peuvent causer certaines
garderies mal organisées ou des enfants qui sont mutés
régulièrement parce qu'il n'y a plus de place dans les garderies;
ils prennent les petites places vides et ils sont transportés d'un bord
et de l'autre.
Ce qu'on voudrait qui soit fait dans l'organisation des garderies - je
vous parle en dehors de l'UMQ, vous avez demandé une suggestion - c'est
d'établir des garderies avec des niveaux de réception d'enfants.
C'est-à-dire qu'on pourrait arriver à avoir des jardins
d'enfants, plutôt genre pouponnière, où on
séparerait les enfants par groupes d'âge. C'est le problème
qu'on rencontre actuellement. Ce que j'ai ouï-dire des gens de chez nous,
parce que je ne suis pas impliqué directement, c'est qu'on a de la
difficulté... Quand on regarde les enfants, là où il n'y a
pas de prématernelle ou de maternelle pour les 4 ans, entre les enfants
de 3 et 5 ans, il y a une densité trop forte de petits, les grands sont
perdus. Il y aurait peut-être lieu d'inciter le milieu à organiser
des garderies avec des niveaux. C'est une suggestion, une piste, un
créneau à explorer dans l'organisation et où on pourrait
s'impliquer, le scolaire et le municipal. Le scolaire aurait beaucoup à
faire là-dedans, on s'entend.
Mme Gagnon-Tremblay: Croyez-vous que les municipalités ont
un rôle à jouer pour nous aider, par exemple, à
contrôler la qualité dans les garderies, puisque vous êtes
quand même très près? Est-ce que les municipalités
seraient réticentes à le faire en croyant qu'à un moment
donné elles pourraient avoir des déboursés? Est- ce que
ça pourrait se faire, justement peut-être sans trop occasionner
des déboursés comme tels?
M. Beaumier: Écoutez, on en a discuté un peu avant.
Ce serait peut-être une responsabilité
déléguée avec des montants d'argent pour le faire, un peu
au même titre que les municipalités font l'inspection sanitaire
dans les restaurants, dans les hôtels. Il pourrait y avoir, au sein des
grosses municipalités qui ont déjà du personnel, des gens
qui pourraient le faire pour la salubrité.
Par l'inspection des bâtiments, nous faisons un certain travail.
Nous faisons un travail sur la protection des incendies, les sorties d'urgence,
le cubage comme on dit, l'aération suffisante, la grandeur des
pièces par enfant. On a, comme je vous l'ai dit, certaines
réglementations municipales, tant de pieds carrés par personne,
tant de salles de bain qui sont nécessaires pour les personnes
âgées, et les garderies sont embarquées dans la
lancée. Donc, par l'inspection des bâtiments on pourrait le faire
mais cela ajouterait une nouvelle responsabilité et il faudrait
peut-être avoir un programme dans ce sens-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez qu'on a l'intention de mettre en
vigueur les articles de la loi concernant les haltes-garderies et les jardins
d'enfants. Actuellement, les haltes-garderies fonctionnent... Je sais que les
municipalités aussi ont un oeil sur les haltes-garderies dans le sens
où certaines normes et certaines réglementations ont
été édictées et plusieurs municipalités nous
ont dit aussi lors de consultations: Ne réglementez pas trop.
Évitez les normes abusives parce que, finalement, ça fonctionne
bien actuellement et on ne voudrait pas avoir certains problèmes.
Comment voyez-vous cela?
M. Brunelle: En fait ce qu'on vous dit là-dessus, c'est
que globalement les haltes-garderies comme les jardins d'enfants
répondent à un besoin. Cela étant dit, on note deux
problèmes, on, étant collectivement. Premier problème: on
ne connaît pas l'ensemble des points de service de ces
services-là. Comme municipalité, on sait que dans nos loisirs il
y a souvent des haltes-garderies et des jardins d'enfants aussi à
l'occasion. On sait que ça arrive parfois dans les commerces. On ne
connaît pas nécessairement l'étendue du service. Il est
donc important d'en faire l'inventaire.
Deuxièmement, sur le fond, on est parfaitement d'accord avec une
réglementation. Il nous semble important d'avoir les garanties de
qualité du service là comme ailleurs. La question qu'on se pose
est la suivante: À partir du moment où on imposerait une
réglementation tellement contraignante que, dans les faits, cela aurait
pour effet de faire fermer les trois quarts des haltes-garderies ou des jardins
d'enfants pour la bonne raison que leurs promoteurs ne pourraient plus les
assumer, ça ne réglerait pas notre
problème. Donc, on se dit, quant au contenu, visons et visons
conjointement - c'est un exercice conjoint qu'on vous suggère à
ce chapitre-là - une réglementation qui a pour objectif, de fait,
de maintenir les standards de qualité qu'on vise là, mais tout en
maintenant ce service. Cela ne veut pas dire qu'au bout de la ligne il n'y
aurait pas un certain nombre de haltes-garderies ou de jardins d'enfants qui
devraient fermer, parce qu'à notre avis il y en a là-dedans dont
le service n'est pas adéquat. Cela veut dire que pour l'essentiel,
cependant, le service resterait ouvert. C'est un peu la perspective dans
laquelle, finalement, on fonctionne.
Mme Gagnon-Tremblay: Un autre secteur, celui de la garde
estivale. Vous comprenez que nous comptons énormément encore sur
la collaboration des municipalités pour mettre en place des programmes
de garde estivale, compte tenu du fait que vous êtes près de cette
population et que vous connaissez bien vos commissions scolaires. Souvent aussi
il peut y avoir échanges de services. Par contre, on sait que vous avez
des échanges de services avec les commissions scolaires à
d'autres chapitres. Jusqu'à maintenant on considère davantage
cette garde comme faisant peut-être partie des loisirs, mais il faut
tenir compte aussi des heures de travail des parents qui finissent un peu plus
tard et de ces enfants qui se retrouvent avec la clé dans le cou au
cours de l'été. Comment voyez-vous cette garde estivale?
M. Beaumier: Je vais commencer. Suivant l'importance des services
d'une municipalité, la garde estivale prend différentes couleurs.
On sait que la majorité des municipalités... Chez nous, on
n'appelle pas ça camp de jour ou camp d'été, on appelle
cela animation dans les parcs, ce qui consiste à organiser, quatre jours
et demi par semaine - pas cinq jours parce que les animateurs doivent se
réunir pour la programmation - des activités, beau temps mauvais
temps, en s'associant avec le milieu scolaire pour disposer des salles de
récréation et des gymnases lors de mauvais temps. Et le
problème qu'on voit - parce que cela nous a été
demandé par les gens d'augmenter - c'est qu'il faudrait avoir deux
équipes. Ces gens-là aussi veulent travailler 40 heures par
semaine. Ils ont à préparer leur journée. Ils ont à
faire le retour sur leur journée. Ils doivent préparer les
activités parce qu'ils ne restent pas toujours dans les mêmes
parcs. Un exemple: chez nous, les gens ont automatiquement - dans notre
région de Trois-Rivières, Trois-Rivières-Ouest,
Cap-de-la-Made-leine - une passe d'autobus. Donc il faut que quelqu'un se rende
sur les lieux pour organiser ces journées-là. Autrement dit, il
faudrait une deuxième équipe de travail si on veut allonger les
journées et cela serait onéreux.
Le Président (M. Thuringer): Je m'excuse, monsieur, votre
temps est terminé. Merci.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, monsieur.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: C'est très intéressant. Votre
présence ce matin est encourageante. En vous écoutant, je me
disais qu'il aurait également été utile d'entendre la
Fédération des commissions scolaires du Québec nous
témoigner le même intérêt pour le
développement des services en milieu scolaire. Je vois d'ailleurs des
responsables de garde en milieu scolaire hocher la tête. Vous aviez
raison de signaler qu'il y a des vases communicants entre les gouvernements et
les administrations et qu'il y avait malgré tout une certaine
appréhension à se faire refiler une facture.
En vous écoutant, je pensais aux appréhensions que doit
avoir la ministre déléguée à la Condition
féminine, à moins qu'elle ait des preuves du contraire avec la
venue du futur budget Wilson. Quand j'entends des déclarations comme
celles que j'entendais hier de ministres fédéraux qui
s'inquiètent du déficit fédéral de 324 000 000 000
$, je commence à m'inquiéter du sort qui sera
réservé aux centaines de millions qu'on promettait avant les
élections et dont on n'entend plus parler depuis. Mais le calme et la
sérénité de la ministre m'amènent à penser
qu'elle aurait eu des confirmations à savoir qu'elle pourra continuer de
dépenser l'argent provenant du fédéral. Mais on verra la
semaine prochaine.
On reviendra sur deux questions précises concernant la
planification régionale, les haltes-garderies et les jardins d'enfants.
Dans l'échange que vous avez eu, je crois, M. Brunelle, avec Mme la
ministre, il était question de la garde en milieu de travail. Hier, lors
de la première journée des travaux de cette commission,
l'ensemble des organismes familiaux sont venus, je pense, nous mettre en garde
contre une priorité prioritaire à la garde en milieu de travail.
Mais je crois qu'il faut distinguer cette garde en milieu de travail qui peut
se faire dans des parcs industriels où il peut y avoir aussi... On nous
relatait que ce n'est pas là une préférence des parents
consultés quant au type de garde qu'ils souhaitent, qui est plus une
garde du milieu dans le quartier pour maintenir l'enfant en relation avec son
voisinage, une garde qui n'est pas liée au travail parce que, si
l'employé doit le quitter, il n'est pas sans ressources de garde du jour
au lendemain. Mais j'ai l'impression qu'il faut faire une distinction.
Je vous écoutais, M. Brunelle, et j'écoutais
également M. le maire du Cap-de-la-Madeleine, M. Beaumier. Je me disais
que c'est différent pour les villes parce que vous avez des
bâtiments publics et, comme ces bâtiments sont déjà
accessibles à la population, donc font déjà partie
d'une interrelation, iI serait certainement avantageux qu'il puisse s'y
développer un service de garde en garderie. Je comprenais finalement la
réaction positive que vous exprimiez.
Vous demandez de réactiver le comité conjoint que l'office
avait déjà mis en place avec vous. J'ai été
surprise de voir que ce comité n'avait pas fonctionné depuis les
dernières années ou les derniers mois, je ne le sais pas, compte
tenu du rôle majeur que l'énoncé de politique souhaite vous
faire jouer. Vous savez donc que les modalités de planification
régionale ne sont pas définies dans l'énoncé de
politique. On parle d'une planification régionale, mais encore faut-il
qu'elle soit élaborée.
Je pense bien que, pour le bénéfice de toute la
commission, M serait intéressant de vous entendre à ce sujet sur
deux aspects. D'une part, on sait qu'il y a des disparités. Par exemple,
sur le plan de la garde en milieu scolaire, je relisais qu'il y a
énormément de disparités entre les régions et entre
la garde en garderie et en milieu familial aussi. Les milieux urbains sont les
mieux nantis; les milieux ruraux ou semi-urbains le sont moins. Pour ce qui est
de la garde familiale, c'est la même chose aussi. Il y a beaucoup de
disparités. Donc, les priorités de développement
devraient-elles être régionalisées? Si c'est le cas,
faut-il suggérer à Mme la ministre de ne pas établir tout
de suite, dans son énoncé, des priorités comme de dire que
la moitié du développement va se faire de telle façon, ou
encore faut-il favoriser tel ou tel mode, vaut-il mieux une "priorisation*
régionale des différents besoins? (12 heures)
Évidemment, ce qui m'inquiète, c'est qu'il y ait, d'une
certaine façon, une répartition des places et une
définition des priorités avant même que la planification
régionale, avec les partenaires, n'ait été amorcée.
C'est ma première inquiétude à la lecture de
l'énoncé.
La seconde, c'est à savoir comment cela doit se faire. Sur le
territoire de la MRC ou sur le territoire des CRSSS? Vous savez, sans doute,
par exemple, que le Conseil du statut de la femme, qui vous a
précédés hier, suggérait que le CRSSS, qui a
généralement des mandats de planification, assure la coordination
des études des besoins avec des partenaires qui seraient les
municipalités, les commissions scolaires, les entreprises privées
et, évidemment aussi, les associations et regroupements de services de
garde. Voyez-vous que cela se fasse plus par la MRC ou plus par les CRSSS?
Comment voyez-vous vos relations avec les commissions scolaires? Sur votre
territoire, il y a des bâtiments publics. Souvent, vous utilisez les
bâtiments scolaires l'été, je crois, pour vos
activités de loisirs. Comment voyez-vous tout cela?
M. Beaumier: Votre question est complexe. Si vous me le
permettez, je vais prendre 30 secondes pour une consultation.
M. Brunelle: En ce qui concerne votre première question,
si je l'ai bien comprise, c'est à savoir ce qu'on
préfère.
Mme Harel: Oui.
M. Brunelle: Est-ce qu'on est d'accord avec une 'priorisation*
sectorielle par groupe d'âges ou par type de services, peu importe la
région, ou est-ce qu'on ne préférerait pas finalement,
concernant la future planification régionale, identifier là les
besoins? Est-ce qu'on a bien compris votre question?
Mme Harel: Vous savez sans doute que l'énoncé
privilégie deux modes: scolaire, parce qu'il y a du rattrapage, et en
entreprises. Il dit ensuite qu'il y aura une planification régionale des
besoins. Ne vaudrait-il par mieux, avant d'amorcer la planification
régionale, s'entendre d'abord pour que la planification et le
développement des ressources se fassent par région? Des
régions pourraient dire: Non, il faut mettre le rattrapage dans tel type
de ressources plutôt que dans tel autre, par exemple.
M. Brunelle: Notre lecture de l'énoncé
d'orientation est peut-être inexacte, mais I nous semblait que les grands
paramètres qui étalent fixés pour les priorités
dans tout le Québec devaient, de toute façon, être
vérifiés sur le plan régional à travers
l'identification des besoins et qu'il y avait suffisamment
d'éléments de souplesse finalement pour, de fait, sur le plan
régional, tout en s'adaptant aux paramètres
généraux, aller en fonction de ce qui était jugé
prioritaire.
M. Beaumier: Je pourrais peut-être enchaîner
là-dessus.
Mme Harel: Pas nécessairement Excusez-moi, M. Beaumier. La
moitié des 60 830 places à développer est
déjà réservée pour la garde en milieu scolaire.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour les trois premières
années.
Mme Harel: Oui, c'est cela, la moitié des 60 830 places
est déjà réservée; donc, 30 000. Vous seriez
consultés sur les 30 000 qui restent où 1 y a déjà
une priorité à la garde en milieu de travail.
M. Brunelle: Honnêtement, Mme la
députée de Maisonneuve, ce n'était pas notre lecture de
l'énoncé d'orientation.
Mme Harel: Ah! D'accord.
M. Brunelle: Si c'est cela, je pense qu'on aurait des choses
à se dire ensemble...
Mme Harel: Bon.
M. Brunelle: ...sur l'éventuel comité conjoint.
Mme Harel: Vous pourrez en parler au comité. D'accord.
M. Beaumier: Nous disons que la responsabilité
première de faire des recommandations ou de développer des
créneaux dans ce sens-là incombe à l'office de garde. Et
nous, les municipalités, on vous l'a dit: On veut faire la mouche du
coche, mais on ne veut pas prendre l'attelage au complet. On veut collaborer
ensemble.
Quant à votre question concernant les municipalités, les
MRC, à l'UMQ on a toujours préconisé que c'est
l'unité locale, la municipalité qui doit être la
première responsable, à partir des besoins propres à
chacune des municipalités, de les remonter au niveau régional. On
ne voit pas l'utilité de travailler autour des MRC puisque la
majorité des grandes MRC n'a pas suffisamment de population pour avoir
des garderies. Si on prend, par exemple, des régions aussi loin que la
Gaspésie, seule la ville de Gaspé peut avoir suffisamment de
population pour avoir une garderie spécifique dans ce secteur si on
regarde la composition de notre "membership". La MRC n'aurait absolument aucun
rôle à jouer là-dedans, sauf que Gaspé prenant la
pôle dirait: Chez nous on peut l'organiser, et on pourrait se servir des
services organisés par la municipalité comme telle.
Pour le milieu scolaire, ce qu'on peut vous dire, c'est que dans le
cadre du sommet du loisir on exploite actuellement la possibilité
d'avoir des mécanismes un peu plus souples dans les ententes
municipales-scolaires. On a un problème actuellement. Ils nous louent
leur équipement plus cher que ce que cela coûte pour le faire
fonctionner. C'est dans ce sens-là. Il y aurait peut-être lieu
d'avoir des assouplissements ou un guide quelconque pour faire penser aux gens
que l'argent vient des mêmes contribuables.
Mme Harel: Vous savez pourquoi la question est posée?
C'est parce que l'énoncé parle de planification régionale
mais ne définit pas les modalités de la planification. On ne nous
dit pas comment la planification régionale se fera. Évidemment,
la planification régionale va se faire avec des partenaires sur un
territoire et va être importante puisque c'est là que seront
identifiés les besoins de développement et c'est là
où on espère qu'ils seront "priorisés". Je comprends donc
que ce n'est pas la MRC qui serait le lieu privilégié pour
identifier les besoins et coordonner les études de besoins.
M. Brunelle: Non, vous avez raison. Nous privilégions
évidemment la municipalité locale comme le point de chute,
finalement, pour l'exercice conjoint d'identification des besoins et de
planification et ceci pour un certain nombre de raisons qui sont
évidentes. C'est là qu'on trouve la connaissance du terrain pour
l'essentiel. C'est là qu'on trouve les ressources techniques pour faire
cet exercice et également, pour une raison politique, c'est là
qu'on trouve les élus au niveau local, donc les personnes qui sont en
mesure de se faire dire: C'est pertinent ou ce n'est pas pertinent d'implanter
tel ou tel service à tel ou tel endroit. C'est un peu la raison pour
laquelle nous privilégions cela plutôt qu'un cadre administratif,
que ce soit la MRC ou un CRSSS.
Par ailleurs, à partir du moment où on parle d'un certain
nombre de municipalités, le cadre dans lequel cela peut se faire reste
à déterminer mais c'est une raison supplémentaire, selon
nous, pour réactiver le fameux comité conjoint. Les
municipalités pour la plupart, en ce qui concerne à tout le moins
les municipalités à partir d'un certain niveau de population,
sont affiliées à l'Union des municipalités. Donc, il nous
semble essentiel, uniquement pour que cet exercice se fasse correctement,
d'avoir le comité conjoint avec l'office des services et avec le
ministère qui pourraient superviser entre autres cet exercice.
Mme Harel: C'est intéressant. Je comprends votre point de
vue mais il y aura aussi des représentants régionaux,
c'est-à-dire que la planification régionale va se faire par un
ensemble d'intervenants. Les services eux-mêmes, les regroupements de
services seront certainement mis à contribution, de même que...
Par "regroupements de services", j'entends les services de garde en garderie,
les services de garde en milieu familial déjà existants. Les
services de garde en milieu scolaire devront également être une
partie prenante à la planification régionale, de même que
les commissions scolaires, les entreprises privées, les
municipalités. Il y aura besoin d'un maître d'oeuvre pour cette
coordination, cette planification régionale.
Cela laisse songeur parce que, finalement, l'énoncé parle
d'une planification régionale mais, à part le fait d'en parler,
on ne nous indique d'aucune façon, et pourtant c'est un
énoncé pour l'année 1989 qui, au sens du gouvernement,
commence bientôt, comment l'implantation va se faire, finalement. C'est
une question de développement. Le développement va être
lié à la planification régionale et on ne sait pas comment
la planification va s'élaborer.
Une dernière question concernant les haltes-garderies et les
jardins d'enfants. Vous insistez sur le fait que vous aimeriez être
partie prenante à l'élaboration de la réglementation. Vous
pensez qu'il en faut une parce que l'office peut simplement promulguer les
articles de la loi. C'est une chose et une réglementation,
évidemment, c'en est une autre. Pensez-vous qu'il faut une
réglementation tout en tenant compte du fait que vous voulez être
associés à son élaboration?
Deuxièmement, sans doute êtes-vous au courant que les
parents des enfants qui vont en haltes-garderies ou en jardins d'enfants n'ont
pas accès à une aide financière. L'exonération
financière est exclue de ce type de garde. Pensez-vous que ce type de
garde va devoir tenir compte d'une possible ouverture à une aide
financière pour les parents qui l'utiliseraient?
Le Président (M. Thuringer): Une réponse
brève, le temps est écoulé.
M. Brunelle: En ce qui concerne la première question, la
réponse est oui. Nous croyons une réglementation
nécessaire. En ce qui concerne la perspective d'aide financière
possible dans ce genre de ressources, vous nous permettrez de ne pas
répondre à cette question qui nous semble déborder du
cadre de notre intervention de ce matin.
Mme Harel: Vous pensez que les parents devraient financer
entièrement? Vous savez que c'est à vous qu'on va confier les
jardins d'enfants et haltes-garderies. Des groupes sont venus nous dire hier
qu'il ne faudrait pas que cela incombe exclusivement aux municipalités.
Il peut y avoir des groupes communautaires, des associations familiales avec
qui on partage l'organisation. Là, c'est à vous seulement. La
question est la suivante: Est-ce que le financement sera assumé
uniquement par les parents, puisque vous nous dites que vous ne l'assumerez
pas, étant donné que vous n'avez pas les subventions pour ce
faire?
Le Président (M. Thuringer): Une dernière
intervention.
M. Beaumier: Nous proposons ceci. Si vous faites un retour sur la
commission Parizeau faite à l'Union des municipalités, nos gens
ne veulent pas des solutions mur à mur. Cela a été dit
dans toutes les régions où la commission a siégé et
elle a siégé partout dans la province de Québec. Nous
disons que cela doit être selon les régions, si c'est
nécessaire que ce soit régional, selon les municipalités,
et que des organismes prennent cela en charge. Ce genre de services a une
forme, comme vous en avez parlé, de haltes-garderies. Je fais
référence à celles qu'il y a dans les centres commerciaux.
C'est un service qui aide une certaine communauté. Il ne faudrait pas
être trop rigide dans ce genre de réglementation. Il faudrait
avoir une certaine souplesse. Souvenez-vous quand les maternelles ont ouvert.
N'importe qui s'était instauré jardinière, à
l'époque. Maintenant, on est plus restreints. Il faudrait arriver
à la même chose. Tout le monde a ouvert des haltes-garderies. Il
faudrait avoir une réglementation qui assure, à mon sens, la
sécurité de l'enfant, mais qu'elle ne soit pas trop rigide.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée,
en conclusion, s'il vous plaît.
Mm» Harel: Oui, M. le Président. Je veux vous
remercier. Il y a encore bien des questions en suspens. Les haltes-garderies et
jardins d'enfants sont aussi envisagés pour les personnes qui
travaillent à temps partiel. C'est présenté comme cela
dans l'énoncé de politique. On sait que 23 % des mères
d'enfants de moins de six ans travaillent à temps partiel. La grande
question est - il n'y a pas vraiment de magie, vous savez, c'est payé
par le gouvernement ou par les parents - si cela ne l'est pas par le
gouvernement, est-ce que cela le sera uniquement par les parents? Je pense
qu'on devra avoir réponse à la question à un moment
donné. Je vous remercie.
Le Président (M. Thuringer): Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: En conclusion, je voudrais vous rassurer sur
la planification régionale. Il est dans l'intention du gouvernement de
travailler avec les municipalités locales et les gens du milieux. Ce
sont eux qui peuvent déterminer véritablement les besoins. Nous
avons l'intention de travailler, dans un premier temps, mais cela
n'empêche pas de demander, par exemple, l'effort à la
municipalité régionale de comté dans le but de faire une
certaine coordination. L'Office des services de garde sera aussi très
présent. On sait qu'on devra donner un certain cadre de
références pour être capables d'identifier les besoins, de
connaître les services qu'on peut offrir pour répondre à
ces besoins. Ce ne sont pas toutes des personnes compétentes en la
matière. Il faut absolument avoir un cadre de références.
C'est ce sur quoi on travaille actuellement. L'office a toujours fait une
certaine planification. On ne part pas d'un début. On a quand même
des données sur lesquelles on peut vraiment se baser.
Quant au développement comme tel, nous avons prévu un
certain développement pour les trois prochaines années, avec
rectification au cours des deux dernières, par exemple. Mais il faut
dire que les besoins sont tellement grands et, dans un objectif de ne pas
freiner le développement, en attendant nous avons fait ces choix, mais
nous avons l'intention de rectifier, s'il y a lieu, au fur et à mesure
de notre planification. Pour le milieu scolaire, les besoins sont tellement
grands qu'on est certain qu'on ne se trompe pas en attendant. Il y aura
toujours lieu de développer par la suite.
Je vous remercie infiniment, messieurs. Votre mémoire est
très intéressant et je vous remercie de l'offre que vous nous
faites concernant votre collaboration pour la planification. (12 h 15)
Le Président (M. Thuringer): Merci. Au nom de la
commission j'aimerais remercier les repré-
sentants de l'Union des municipalités du Québec pour leur
mémoire. J'invite maintenant les représentants de l'Alliance des
garderies, région 03, à s'approcher. Pourriez-vous vous
identifier s'a vous plaît?
Alliance des garderies, région 03
M. Himbeault (Gaston): II y a quatre personnes ici à
l'avant qui présenteront tour à tour une partie du
mémoire. À mon extrême droite, Mme France Saint-Germain,
vice-présidente de l'Alliance des garderies, région 03, suivie de
Mme Danielle Goulet, présidente; M. Serge Morin, administrateur et
moi-même, Gaston Himbeault, coordonnâtes à l'Alliance des
garderies, région 03.
Mesdames et messieurs de la commission parlementaire, c'est avec plaisir
et aussi avec beaucoup de conviction que nous venons vous présenter
aujourd'hui le mémoire de l'Alliance des garderies, région 03,
concernant T'Énonce de politique sur les services de garde à
l'enfance" du Québec déposé récemment par Mme
Monique Gagnon-Tremblay, ministre déléguée à la
Condition féminine.
Après plus de deux années de consultation d'études
et cogitation, le gouvernement nous livre enfin un énoncé
politique. Après moins de deux mois, l'Alliance des garderies,
région 03, ainsi que les autres regroupements, associations et syndicats
réussissent à livrer à ce même gouvernement le fruit
de leur analyse et de leurs réflexions et à corriger même
plusieurs aspects et tableaux de cet énoncé.
L'Alliance des garderies, région 03, existe déjà
depuis plus de six ans et a comme objectif premier la promotion des garderies
sans but lucratif comme milieu d'éducation et de développement de
haute qualité, accessibles à tous. L'Alliance des garderies,
région 03, est un organisme sans but lucratif qui joue les rôles
de promoteur, de représentant, de rassembleur et offre des services de
soutiens techniques et pédagogiques à ses garderies membres.
Afin de vous permettre d'en savoir davantage sur les activités de
l'alliance, vous trouverez en annexe les informations
complémentaires.
Je passe la parole à Mme Danielle Goulet qui va vous exposer une
partie du mémoire.
Mme Goulet (Danielle): Bonjour! Nous tenons à vous
rappeler que l'Alliance des garderies, région 03, est un membre actif au
sein de Concertaction interrégionale des garderies du Québec.
Nous tenons à vous souligner que nous avons participé activement
à l'analyse de l'énoncé de politique que CIRGQ a
réalisée et que nous en sommes parfaitement solidaire. Pour cette
raison et afin d'alléger le texte, nous ne reprendrons pas l'analyse
détaillée de l'énoncé telle que
présentée dans le mémoire de Concertaction
interrégionale des garderies du Québec.
Nos recommandations tiendront compte des positions de l'alliance et de
CIRGQ et nous accorderons une importance toute particulière aux
recommandations concernant les milieux défavorisés.
Pour ne pas se perdre dans les interprétations et les
ambiguïtés de l'expression "milieux défavorisés" vous
trouverez à la page 4 de notre mémoire la définition que
nous donnons de ces milieux.
Principe fondamental. Notre analyse et nos recommandations reposent
avant tout sur le principe fondamental suivant: le droit de l'enfant de 0
à 5 ans de pouvoir profiter de services d'éducation et de
développement de qualité facilement accessibles (peu importe son
milieu social, sa race, sa religion et sa langue). Ce principe devient
particulièrement important dans un milieu défavorisé. Nous
affirmons avec force que la société via son ou ses gouvernements
doit assurer ces services. Nous considérons les services de garde comme
étant des services essentiels tout comme l'école et les services
de santé pour tous les enfants en ayant besoin.
Service de soutien de qualité essentiel à la famille
d'aujourd'hui. Inutile d'insister sur le problème de
dénatalité au Québec, les études récentes
nous l'ont démontré avec éloquence. Alors, une politique
sur les services de garde ne peut donc être considérée
isolément. C'est pourquoi nous croyons qu'H est opportun et important de
replacer cette politique dans un contexte plus global d'une vraie politique
familiale. Or, il nous apparaît difficile actuellement de pouvoir
réaliser cette opération puisque la politique familiale ne se
résume présentement qu'à quelques petites réformes
fiscales et qu'à des énoncés plutôt
généraux.
Qu'à cela ne tienne, on peut d'ores et déjà
conclure que des services de garde de qualité et accessibles constituent
un morceau important d'une vraie politique familiale et représentent un
soutien des plus importants, sinon le plus important. En effet, lorsque l'on
observe l'évolution de la famille aux prises avec des contraintes
économiques de plus en plus grandes, avec une forte augmentation de
l'éclatement de la famille traditionnelle et avec une baisse dramatique
de la natalité, on comprend vite qu'il faut beaucoup plus que de simples
réformes fiscales ou de petits cadeaux lors de la naissance d'un enfant.
De plus, la femme, tout comme l'homme, doit assurer et assumer son
épanouissement personnel, sa sécurité financière et
sa vie professionnelle. Or, ces femmes constituent de plus en plus une forte
majorité qui doit réagir et se prendre en main, en même
temps que la maternité. Cependant, le fardeau de la tâche et la
complexité de l'organisation influencent fortement la décision
d'un couple d'avoir un ou des enfants.
Or, nos gouvernements fortement dominés par les hommes n'ont pas
réalisé ou accepté les changements sociaux profonds de
notre société, ce qui explique, bien que partiellement, le retard
dans le développement de services de soutien à
la famille adéquats et de qualité. Mais 1989 est là
et nous devons vivre à l'heure de ces changements rapides.
Si l'on veut contrecarrer un tant soit peu la chute dramatique de la
natalité, nous devons faciliter l'organisation familiale par des
services de garde de qualité, accessibles à tous et par des
mesures complémentaires tels les congés parentaux. Redonner le
goût aux parents d'avoir un ou plusieurs enfants et de pouvoir vivre une
vie familiale différente peut-être de celle que l'on vivait jadis,
mais toute aussi positive et intéressante pour les enfants et les
parents. Nous devons cesser de considérer que la famille doive reposer
sur les épaules des femmes. C'est surtout une affaire de couple et une
responsabilité sociale partagée.
C'est pourquoi les services de garde de très grande
qualité; contrôlés par les parents et accessibles à
tous deviennent des services de soutien très importants pour la
société tout comme les services d'éducation, de
santé et les services de soutien pour les aînés tels les
centres pour vieillards. Les 0 à 5 ans, c'est aussi très
important et c'est d'autant plus important de s'en occuper correctement
particulièrement en milieu défavorisé.
Les enfants de 0 à 5 ans constituent une partie importante de
notre société non pas à cause de leur nombre, mais surtout
à cause de la fragilité et de l'importance de leur
développement. De 0 à 5 ans, c'est déterminant pour
l'avenir de l'enfant et aussi pour celui de notre société.
Je cède la parole à Serge Morin.
Une voix: C'est moi.
Mme Goulet: Je m'excuse, France.
Mme Saint-Germain (France): On entre maintenant dans le contenu
de l'énoncé de politique. Je vais passer aux principes
directeurs.
Un soutien essentiel pour les parents; on dit oui, mais accessible
à toutes les familles, sans restriction. Un milieu de
développement pour l'enfant; oui, mais soutenu davantage par le
gouvernement. Une préférence pour les services
gérés par les parents est nettement insuffisante. Seules les
garderies sans but lucratif gérées par les parents doivent
être développées. Une réaffirmation de l'autonomie
des services de garde, une responsabilité communautaire? Oui, pour
autant que le gouvernement n'utilise pas cette autonomie et cette
responsabilité pour justifier les limites de sa propre
responsabilité financière. Une saine gestion de l'ensemble des
services est un principe qui régit déjà un service de
garde. Une garderie est une entreprise de services où la
rentabilité repose sur l'amélioration de la qualité et non
pas où la qualité dépend de l'augmentation de la
rentabilité, tel qu'on le laissait entendre dans l'énoncé
de politique.
Un développement qui respecte les choix des parents. À cet
effet, nous recommandons que l'Office des services de garde prenne des mesures
urgentes et adéquates afin de rejoindre efficacement tous les parents et
futurs parents pour leur fournir une information complète sur les
différents modes de garde. L'office devrait également insister
sur les éléments de qualité qu'on y retrouve.
Maintenant, les principes directeurs fondamentaux oubliés.
L'accessibilité des services de garde comme soutien essentiel à
la famille devrait constituer une pierre d'assise d'une politique des services
de garde de qualité. Un service essentiel se doit donc d'être
accessible, non seulement en termes de place et de choix du type de service
contrôlé par les parents, mais aussi en termes de coût et
d'équivalence de qualité. La diminution des ratios et
l'amélioration des conditions de travail et de salaire du personnel des
services de garde sont deux facteurs fondamentaux de la qualité des
services de garde. Il est pour le moins surprenant et même
décevant que ces principes n'aient pas été retenus. Nous
recommandons que l'accessibilité et l'ajustement des ratios et des
conditions de travail et de rémunération soient inclus dans les
principes directeurs d'une politique corrigée.
Mme Goulet: Le développement des services de garde.
Créer de nouvelles places démontre l'effort marqué par la
nouvelle politique en matière de développement. Par
conséquent, nous considérons comme nettement Insuffisant le
nombre de places à développer compte tenu des besoins
réels. Les études actuelles ne permettent pas au gouvernement
d'affirmer que les besoins seront comblés à moins qu'elles ne
nous disent clairement que la garde au noir suffit à compenser les
besoins non quantifiés.
Prioriser le développement des garderies en milieu de travail. Le
choix du gouvernement de réserver 50 % des places à créer
en garderie pour la garde en milieu de travail ne semble pas appuyé sur
les besoins réels des parents. En effet, les études sur la
question démontrent, au contraire, que la préférence des
parents face à ce mode de garde a diminué. Toutefois, le
gouvernement semble rechercher, en favorisant ce mode de garde, l'engagement
financier des entreprises. Cependant, en plus de bonifier l'installation des
garderies en milieu de travail par des déductions d'impôt à
l'entreprise, I vient injecter dans une entreprise à but lucratif des
sommes d'argent qui ne pourront être affectées aux garderies de
quartier.
Les garderies privées non gérées par les parents.
Une fois de plus, nous réitérons notre opposition formelle quant
à l'existence des garderies commerciales, à leur
développement et d'autant plus à leur financement.
La garde non régie par la loi. Il est aberrant que le
gouvernement reconnaisse, accepte et même veuille supporter la garde
au
noir puisqu'il n'envisage aucune mesure précise pour la
contrôler et l'éliminer. Nous recommandons que l'Office des
services de garde à l'enfance applique réellement et efficacement
la Loi sur les services de garde à l'enfance dès maintenant et
que des mesures adéquates accompagnent l'opération fermeture des
services non régis par la loi.
La qualité des services de garde. Le gouvernement reconnaît
enfin que la qualité des services de garde passe avant tout par la
qualité du personnel et que les conditions de travail et salariales, peu
ou pas intéressantes, entraînent des répercussions sur la
stabilité du personnel. Soulignons qu'aucune mesure concrète n'a
été envisagée pour contrôler les effets
négatifs d'une telle situation. Des mesures urgentes devraient
être envisagées dans l'immédiat. Ces mesures devront passer
par un financement adéquat. Nous y reviendrons ultérieurement au
chapitre du financement.
La formation du personnel. Étant donné l'importance et les
exigences du travail auprès des enfants en bas âge, nous
recommandons qu'un minimum de quatre jours par année par
éducatrice de ressourcement soit prévu et que la subvention
couvrant ces journées fasse partie d'une enveloppe distincte. Nous
recommandons que la subvention de formation soit maintenue, 1 % de la masse
salariale, et fasse partie d'une autre enveloppe distincte. Cette subvention
serait accordée aux garderies non conformes.
Les ratios. Il n'est toujours pas question, au chapitre de la
qualité, des ratios actuels et à venir. Pourtant, ils constituent
un facteur déterminant sur la qualité des services de garde. En
conséquence, nous recommandons que le ratio une éducatrice pour
cinq poupons soit porté à une éducatrice pour trois
poupons, que le ratio actuel des dix-huit mois à deux ans et demi soit
modifié et porté à une éducatrice pour cinq
enfants.
Le financement des services de garde. Un renversement total du mode de
financement actuel, c'est ce que le gouvernement nous propose. Ce nouveau mode
de financement est strictement basé sur la performance de l'entreprise
au détriment de la qualité. "Performer" égale augmenter
les tarifs et maximiser la fréquentation. Nous recommandons de conserver
la formule de financement actuelle, de doubler la subvention de fonctionnement
la première année, d'augmenter la subvention poupon à son
coût réel, d'ajuster la subvention pour enfant handicapé et
d'envisager des mesures de soutien adéquates en fonction d'une
réelle intégration. Les subventions poupon et enfant
handicapé devront être ajustées à l'indice du
coût de la vie et ce annuellement. Pour les six années
subséquentes, une augmentation progressive de la subvention de
fonctionnement jusqu'à ce que les coûts réels soient
assumés à 80 % par l'État. Ces mesures auront pour effet
de geler, même de diminuer les tarifs, de rendre plus accessibles les
services de garde en garderie et d'augmenter la qualité de vie des
enfants et des éducatrices et éducateurs.
M. Morin (Serge): Serge Morin. Examinons maintenant les
conséquences de l'énoncé de politique pour les garderies
en milieu défavorisé. Parmi les garderies les plus
affectées négativement par l'énoncé de politique
figurent les garderies en milieu défavorisé. L'ensemble des
reproches adressés à la nouvelle orientation proposée
prend donc une importance considérable face aux services à offrir
dans ces milieux Nous verrons, tout au long de ce chapitre, de quelle
façon et jusqu'à quel point ces garderies n'ont pas
été considérées. Nous verrons également dans
quelle mesure la rentabilité et la qualité sont compromises
à plus ou moins brève échéance si un changement
d'orientation n'est pas réalisé et quelle devra être cette
orientation compte tenu des principes qui sous-tendent l'action
éducative de la petite enfance.
Le gouvernement, avec sa philosphie axée essentiellement sur la
performance financière et la privatisation des services, ne
reconnaît pas suffisamment les contraintes de ce milieu. De plus, il ne
reconnaît pas les besoins particuliers des parents et des enfants dans ce
milieu. En conséquence, l'application intégrale de cette nouvelle
politique ne peut conduire qu'à une dégénérescence
des services à la petite enfance dans un milieu qui a besoin, au
contraire, d'une amélioration de sa clientèle à l'instar
des ressources affectées par les écoles dans les zones grises.
(12 il 30)
Des principes directeurs oubliés mais essentiels en milieu
défavorisé. Parmi les principes directeurs qui guident cette
stratégie, il y en a deux qui ont été oubliés:
premièrement, l'accessibilité financière aux services de
garde et, deuxièmement, les * conditions de travail et salariales du
personnel. L'accessibilité financière est traitée dans
l'énoncé de politique comme une modalité et non comme un
principe fondamental. Cela explique pourquoi l'amélioration
proposée est si minime, si dérisoire. Mais, pour nous,
l'accessibilité pour tous est un principe qui est lié à la
notion de services éducatifs essentiels pour les enfants et les parents
et au rôle préventif que doivent jouer les garderies,
particulièrement en milieu défavorisé.
Il nous apparaît évident que ces deux derniers principes
sont indissociables du premier. Comment l'énoncé de politique
peut-il affirmer le rôle éducatif essentiel et le rôle
préventif sans le reconnaître pour tous? Comment peut-on
décider, d'une façon aussi étroite, que les
bénéficiaires d'aide sociale qui ne sont pas engagés dans
un processus formel de réintégration au marché du travail
n'ont pas droit à des services de garde de qualité? Comment
peut-on négliger à ce point les besoins de ces enfants qui
grandissent dans un milieu où, justement, des
garderies de qualité assurant un rôle éducatif et
préventif ainsi que curatif deviennent si importantes compte tenu des
contraintes de ce milieu?
De plus, le deuxième principe important qui a été
oublié dans l'énoncé de politique a trait aux conditions
dans lesquelles doit travailler le personnel. Cela aussi nous apparaît
être, non pas une question secondaire, mais une question fondamentalement
liée à la qualité. Comment peut-on reconnaître le
rôle essentiel des services de garde, le rôle éducatif et
préventif, encore une fois, sans reconnaître la
nécessité de conditions professionnelles de travail afin
d'assurer cette qualité exigée? Il y a là aussi une
contradiction flagrante. En milieu défavorisé cet aspect prend
une importance encore plus grande, compte tenu des contraintes et des besoins
particuliers que nous élaborerons plus loin.
Le besoin de formation et de ressourcement, la baisse des ratios, un
salaire professionnel compte tenu de la tâche, des responsabilités
et de l'engagement professionnel attendu ne représentent pas de simples
modalités mais plutôt des conditions essentielles pour assurer la
qualité reconnue, du moins en principe, par l'énoncé de
politique.
La politique concernant le développement des services de garde
veut dire, pour les milieux défavorisés, l'abandon des services
de garde de qualité. Le gouvernement nous énonce à ce
chapitre un financement à 75 % des dépenses pour l'implantation
de nouvelles garderies. Nous ne pouvons qu'appuyer cette proposition compte
tenu du coût croissant pour ouvrir de nouveaux services de garde. Par
contre, ce point positif sera lourdement handicapé par le nouveau mode
de financement pour les garderies qui ouvriront dans des milieux où la
capacité de payer des parents est limitée ou encore dans un
milieu où il y a des baisses de clientèle importantes durant
l'été à cause des vacances et de la concurrence tarifaire
d'autres services, tels les loisirs.
Un autre point positif concerne le développement de 60 000
nouvelles places d'ici cinq ans. Mais encore une fois il y a un point
négatif qui vient amoindrir ce qu'il y avait de bon dans cette
décision. Le gouvernement nous affirme, tout au long de cet
énoncé de politique, vouloir respecter le choix des parents. Il
en fait même un principe directeur qui devrait donc guider sa mise en
oeuvre. Mais, lorsqu'il arrive à la décision de la
répartion des nouvelles places, ce principe ne tient plus. Il n'est plus
question de respecter la volonté des parents quant au choix du mode de
garde. Le gouvernement préfère alors sacrifier la qualité
des places en garderie sans but lucratif là où il y a des normes
et où les contrôles sont les plus élevés, pour
plutôt développer à rabais des places dans d'autres modes
de garde d'une façon disproportionnée, compte tenu des attentes
des parents. Même les garderies en milieu de travail deviennent une
panacée étant donné qu'elles devraient
éventuellement permettre à l'État d'économiser de
l'argent par l'implication financière des entreprises.
De plus, on ne retrouve aucune mesure sérieuse afin de
contrôler la garde au noir. Tout au plus voit-on des incitatifs timides
visant à la récupérer à l'intérieur des
agences de garde en milieu familial. Cela est inacceptable compte tenu du
manque de contrôle de la qualité du service offert dans ce milieu.
Pour les enfants en milieu défavorisé, la nouvelle volonté
du gouvernement ne peut qu'avoir des conséquences désastreuses.
L'abandon du développement prioritaire de piaces en garderies sans but
lucratif là où la qualité est la plus
élevée, l'absence de contrôle de !a garde au noir et la
détérioration des moyens de maintenir la qualité dans
les...
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, M.
Morin, je vous inviterais à conclure rapidement. Le temps est maintenant
écoulé. Je vous en prie.
M. Morin: Bon. Mais là on ne pourrait pas prendre, disons
deux minutes pour...
Le Président (M, Bélanger): Deux minutes. M. Morin: II y a
17 minutes.
Le Président (M. Bélanger): Je présume que
nos collègues vont être tolérants. Je vous en prie.
M. Morin: D'accord. ...bien plus lorsqu'on regarde de plus
près ce que veut dire la garde au noir en milieu
défavorisé. C'est l'absence de surveillance adéquate, des
ratios élevés, une relation adulte-enfant déficiente et
l'absence de préoccupation éducative. On est en droit de
s'inquiéter pour ces enfants que le gouvernement a décidé
d'abandonner. On ne parie même plus ici de qualité
d'éducation mais plutôt du minimum auquel ont droit tous les
enfants. La qualité des services en milieu défavorisé, une
question complexe que l'énoncé de politique refuse d'aborder.
Nous arrivons maintenant au point le plus faible de
l'énoncé de politique: la qualité des services. Alors
qu'elle devrait constituer l'axe principal de toute politique d'ensemble, nous
ne reprendrons pas ici l'ensemble des critiques, sauf pour affirmer que le
développement de la qualité est évidemment lié
à la capacité financière du service. Cela prend encore
plus d'importance en milieu défavorisé étant donné
l'ampleur des besoins des parents et des enfants et l'ampleur des contraintes
du milieu.
Offrir un service de garderie en milieu défavorisé
représente tout un défi. Regardons cela de plus près. Les
enfants qui grandissent en milieu défavorisé sont loin de vivre
dans un milieu idéal. On y retrouve très souvent des enfants avec
des problèmes de comportement, hyperactifs, agressifs, problèmes
affectifs, retard
dans l'apprentissage, etc. La situation des éducat rices est
également inconfortable quant au manque de spécialisation et au
peu de ressource-ment pour traiter convenablement un problème
spécifique d'un enfant. Le personnel éprouve également de
la difficulté à bien communiquer avec les parents compte tenu que
ceux-ci sont très souvent fermés et timides et qu'ils
éprouvent fréquemment des sentiments de culpabilité.
Pour les éducatrices, ces problèmes occasionnent une
surcharge de travail. Ce personnel que l'on veut de mieux en mieux formé
aurait besoin de baisse de ratio, d'aide directe pour les enfants avec des
problèmes plus marqués, de ressourcement et de partager et
d'échanger sur les problèmes pédagogiques. Étant
donné que ces conditions ne sont pas remplies, nous assistons
actuellement à des problèmes de roulement de personnel, de
"burn-out", à un taux d'absentéisme élevé, à
une baisse de la motivation et de l'enthousiasme, etc. Nous constatons
régulièrement que les groupes d'enfants ne sont pas stables.
Cette situation est due aux problèmes financiers des parents,
évidemment, et à d'autres problèmes socio-émotifs
des parents qui les amènent à quitter la garderie.
Nous recommandons que les garderies en milieux défavorisés
jouissent d'un statut particulier; que l'analyse de la situation de ces
garderies soit faite conjointement par l'office et le milieu; que les ratios
soient ajustés aux besoins et que des mesures financières
accompagnent ces ajustements; que des mesures spéciales soient
envisagées et soutenues financièrement par le gouvernement pour
répondre aux besoins du personnel supplémentaire
nécessaire lorsqu'il y a, par exemple, présence d'enfants
présentant des problèmes de comportement; qu'une enveloppe
spéciale de ressourcement et de formation, en plus de l'enveloppe
précédemment demandée, soit accordée aux garderies
afin de permettre au personnel de parfaire ses connaissances.
L'accessibilité, un problème majeur en milieu
défavorisé. Pour les parents vivant au seuil de la
pauvreté ou sous ce seuil, un tarif de 15,50 $ par jour est beaucoup
trop élevé. L'amélioration très minime de l'aide
financière est nettement insuffisante puisque ceux-ci ont besoin d'une
diminution importante de ce tarif. Il faut voir que, pour cette
clientèle, un paiement de 5 $ par jour ou 110 $ par mois est
énorme considérant le coût de leurs services essentiels:
nourriture, logement, transports, etc. Il faut comprendre qu'une augmentation
des tarifs de 1 $ par jour veut dire pour eux, en réalité, une
augmentation de 20 % et non pas de 6,9 %, puisque l'augmentation doit
être considérée en relation avec le tarif payé par
le parent, c'est-à-dire 5 $ par jour. Cette hausse est donc souvent
intolérable pour eux.
Avec le financement à 45 %, les garderies concernées
subiront des pressions afin d'augmenter les tarifs, ce qui rendra ce service
encore plus inaccessible. Le programme APPORT, présenté comme le
moyen complémentaire à l'aide financière, touche
très peu de candidats et, pour ceux qui en profitent, cet apport est si
minime qu'il ne vaut même pas la peine d'en parler davantage, sauf pour
mentionner que c'est un bon exemple de programme inefficace. La
clientèle de ce milieu qui pourrait profiter de ces services va donc
être réduite de plus en plus. Seuls ceux qui sont sur des
programmes de retour aux études ne seront pas touchés puisque
leurs frais de garderie sont entièrement payés. Mais cette
situation n'est que temporaire puisqu'ils quitteront la garderie aussitôt
leur cours terminé, ce qui accentuera le roulement de la
clientèle. Nous avons vu tantôt les effets négatifs du
très haut taux de roulement dans ces garderies. Inutile d'en dire
davantage.
Nous recommandons que tous les enfants aient accès à des
services de garde de qualité, contrôlés par les parents,
indépendamment du statut social de leurs parents. En conséquence,
tous les parents qui nécessitent une aide financière pour payer
les services de garde pour leurs enfants auront accès aux
différents programmes d'exonération; que l'aide financière
corresponde au tarif moins 1 $, assumé par le parent, et, dans des cas
extrêmes, que le service soit complètement gratuit; que des
mesures de financement appropriées soient appliquées afin de
contenir l'augmentation des tarifs, voire même les réduire. Cette
mesure vise à augmenter l'accessibilité tout en maintenant la
qualité et même en l'augmentant si nécessaire.
Je cède maintenant la parole à France Saint-Germain pour
la conclusion, qui devrait être très brève.
Le Président (M. Bélanger): Très rapidement
puisque nous avons largement dépassé le temps, s'il vous
plaît.
Mme Saint-Germain: La conclusion. Finalement, je pense que vous
pouvez constater qu'on a de nombreuses divergences concernant
l'énoncé de politique, compte tenu, bien entendu, que nos
attentes étaient importantes depuis un certain temps et aussi compte
tenu du fait qu'on considère qu'H ne répond pas de façon
satisfaisante aux besoins des milieux. On se demande ce qui a pu amener le
gouvernement à nous présenter une telle politique, d'ailleurs
avec un changement de financement majeur. Est-ce la privatisation du
système qui est visé? Un retrait du gouvernement face à
ses responsabilités sociales?
Les réponses que nous avons pu trouver jusqu'à maintenant
confirment que le gouvernement ne tient pas à sa paternité. En
effet, selon la loi, le législateur n'est-il pas le tuteur universel de
tous les enfants du Québec? On remarque que, pour le gouvernement, la
qualité d'un service passe avant tout, non pas par la qualité de
son personnel, mais bien plus par sa capacité de générer
des profits, la fameuse
performance dont on a parlé. Depuis quelques années, de
nombreux mémoires, communiqués et lettres n'ont pas jusqu'ici
réussi à convaincre le gouvernement, et ce malgré la
très grande expertise du milieu, que les familles
québécoises d'aujourd'hui ont réellement un grand besoin
de services de soutien de qualité et facilement accessibles à
tous. La devise du Québec n'est-elle pas: Je m'en souviens?
Le Président (M. Bélanger): Je me souviens. Ha, ha,
ha! Je vous remercie de votre présentation. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci. Il y a peut-être quelques
petites remarques avant d'entrer dans le vif du sujet. Vous pariez de
privatisation, on ne peut quand même pas privatiser ce qui est
déjà privé. Vous savez fort bien que le réseau et
les services actuels sont privés, il n'y a rien qui est public. Alors,
le gouvernement ne peut pas privatiser ce qui est déjà
privé. Dans votre conclusion, vous pariez de performance. Je ne pense
pas que la performance soit incompatible avec la qualité. Vous pouvez
avoir de la qualité tout en étant performant. Je ne pense pas que
l'un et l'autre soient incompatibles.
Par contre, ce qui est très intéressant dans votre
mémoire, et je suis heureuse qu'on puisse en parier ce matin, c'est
qu'on revienne aux enfants. Depuis la fin de l'après-midi hier et encore
ce matin, on a beaucoup parié de chiffres, de conditions de travail, de
formules, d'argent, mais je pense qu'il est temps qu'on revienne à
l'enfant en milieu défavorisé. Il est aussi important qu'on
puisse identifier ses besoins très spécifiques et trouver des
solutions parce qu'on ne les a pas toutes les solutions. C'est l'objectif
justement de cette commission parlementaire.
Nous savons fort bien que nous avons des responsabilités
concernant ces milieux défavorisés et nous avons l'intention de
les assumer.
Vous dites dans l'une de vos recommandations à la page 24 ou 25
que les garderies en milieu défavorisé devraient jouir d'un
statut particulier. Je voudrais que vous pariiez davantage sur ce statut
particulier parce que je crains un peu les ghettos. Je ne sais pas,
peut-être que ce n'est pas dans ce sens-là, j'imagine, que vous
l'abordez. Pouvez-vous m'expliquer ce que vous voulez dire par "statut
particulier*?
M. Morin: C'est d'abord dans le but de reconnaître les
besoins particulier du milieu, donc le besoin de mettre sur pied des programmes
particuliers, d'avoir des normes différentes par rapport au ratio, entre
autres, d'avoir des ressources supplémentaires pour s'occuper notamment
des enfants qui ont des problèmes de comportement, des problèmes
d'apprentissage. Il est sûr qu'on en vient finalement à donner
davantage de ressources que dans des milieux où il y a moins de
problèmes. C'est dans ce sens-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela signifierait-il, par exemple,
qu'à ce moment-là il faudrait revenir ou envisager de revenir
à un personnel plus spécialisé?
M. Morin: À mon avis, la spécialisation du
personnel est l'une des mesures qui pourraient aider, mais ce n'est pas
suffisant. Quand, dans un groupe, par exemple, on a trois enfants: deux sont
hyperactifs et l'autre a un problème d'apprentissage marqué, un
enfant de trois ans qui n'entend pas et qui ne parie presque pas, il n'est pas
vrai qu'une éducatrice très spécialisée... Nous
avons, dans l'équipe de notre garderie, une éducatrice
spécialisée, qui a une formation pour s'occuper des enfants ayant
des problèmes, mais quand elle est prise avec huit enfants, dont quatre
qui ont des problèmes, elle est surchargée, il faut une aide
extérieure, une ressource supplémentaire pour donner un
encadrement particulier à ces enfants-là. C'est l'une des mesures
qu'il faudrait développer, mais il faut de l'argent
évidemment.
M. Himbeault: J'aimerais ajouter quelque chose. Gaston Himbeault.
Finalement, quand on parie de spécialisation, il faut faire attention,
vous parlez de ghettos. Si vous avez bien lu le document, on dit qu'il faudrait
également non seulement avoir l'identification des zones grises etc.,
mais une expertise de la part de la garderie. Cela ne veut pas dire que, parce
qu'elle n'est pas zone désignée, qu'il n'y a pas
nécessairement quelques familles où, justement, il y a des
enfants qui présentent certains problèmes soit dans le
comportement ou encore certains handicaps sociaux.
Nous disons que, d'une part, il va falloir étudier cela avec les
gens qui sont dans ces services-là. Et, d'autre part, les mesures qu'on
pourrait envisager, je ne pense pas que ce ne soit nécessairement
basé que sur la spécialisation des gens. Il y a aussi le
ressourcement dont on a fait état très longuement et on en parie
dans plusieurs mémoires. Hier, on entendait parier de ressourcement et
de support pédagogique. Je pense que cela manque
énormément. Ce n'est pas pour rien qu'on vous parie de quatre
journées de ressourcement. C'est très peu quand on s'occupe des
enfants en bas âge. C'est difficile de faire une comparaison avec le
scolaire. Quand on pense au ressourcement qu'on a exigé au scolaire,
pour d'autres raisons peut-être, il n'en demeure pas moins que, lorsqu'on
parie d'enfants de 0-5 ans, on parle d'éducation. Même si cela
n'est pas de la scolarisation, c'est jouer quand même avec des notions
parfois très abstraites et on a besoin aussi de support sur le plan du
ressourcement.
On ne peut pas dire qui y ait une solution. C'est un ensemble de
solutions, selon les garderies et selon leurs besoins, parce qu'il
arrive dans les garderies qu'il y ait des gens qui sont
déjà spécialisés qui aident l'équipe.
L'intégration des enfants en difficulté - c'est plus large comme
terme - cela passe aussi par l'équipe. On ne peut pas dire que c'est une
personne qui s'en occupe spécifiquement. (12 h 45)
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, c'est vraiment un secteur
où on devrait mettre énormément d'efforts au cours des
prochaines années pour faire certaines identifications et trouver les
meilleurs programmes possible aussi, je le pense bien. On n'a peut-être
pas encore toutes les mesures en main, mais je pense qu'avec l'aide du milieu
on pourrait peut-être en arriver à développer quelque chose
qui serait bénéfique pour cette catégorie.
M. Himbeault: Est-ce qu'il faut comprendre, Mme la ministre, que
vous êtes prête à envisager, dans la politique du
gouvernement, qu'on puisse voir un chapitre particulier sur les milieux
défavorisés? On trouve que c'est absent actuellement dans cet
énoncé de politique et on ne comprend pas pourquoi. Aujourd'hui,
vous nous dites: Oui, c'est vrai. Vous reconnaissez cela. Il me semble que cela
fait longtemps que c'est reconnu. Comment se fait-il qu'on ne retrouve pas cela
actuellement dans les préoccupations du gouvernement? On se pose de
sérieuses questions.
Mme Gagnon-Tremblay: Remarquez que nous n'avons jamais
été contre. Je mentionnais ce matin que les milieux
défavorisés, on ne les a jamais ignorés. Peut-être
qu'on n'a pas mis les efforts suffisants, par exemple, qu'on aurait dû
mettre, mais ce n'est pas parce qu'on ne détaille pas dans
l'énoncé de politique qu'on n'a pas l'intention, quand
même, de se pencher sur ce problème très spécifique.
Justement, la commission parlementaire est ici afin que vous puissiez nous
éclairer sur cela et nous rappeler certaines choses.
Vous avez quand même une très bonne définition -
vous l'avez très bien défini dans votre mémoire, par
exemple - de ce que vous entendez par un milieu défavorisé.
Est-ce qu'il y a une certaine concentration de la clientèle ou est-elle
un petit peu éparpillée?
M. Morin: Quand on parle d'un milieu défavorisé,
par exemple dans la région de Québec, c'est concentré dans
un certain secteur, et je crois que pour les garderies concernées, la
majorité de leur clientèle est une clientèle d'un milieu
défavorisé. Oui, c'est assez concentré, à mon
avis.
M. Himbeault: Habituellement, on le retrouve concentré.
C'est pour cela tantôt que je disais que cela prend l'expertise des
garderies qui sont concernées et c'est à elles de dire: On a
quand même un certain nombre de familles. Même si on n'est pas dans
un milieu identifié comme étant défavorisé selon le
ministère de la Santé et des Services sociaux ou les commissions
scolaires, il n'en demeure pas moins qu'on a quand même un certain nombre
de familles et que les enfants auraient besoin d'un apport
supplémentaire. C'est dans ce sens. C'est sûr que, lorsqu'on parle
d'un milieu défavorisé, on a en tête souvent un endroit
géographique. Il ne faudrait quand même pas se limiter aux
endroits géographiques déjà Identifiés, parce que
ce n'est pas tout à fait juste. Il n'y a pas non plus que des familles
défavorisées dans ces milieux. Sauf que dans certaines garderies
cela peut être, je ne le sais pas, une dizaine de familles qui sont dans
le quartier et qui utilisent les services de garde parce que, justement, les
CLSC ou les intervenants du milieu ont influencé les parents en disant:
Confiez donc votre enfant aux services de garde. Maintenant, est-ce qu'ils ont
accès à ces services s'ils ne sont pas sur le marché du
travail ou s'ils ne sont pas dans un programme de formation? On sait
très bien qu'à ce moment-là c'est presque inaccessible. Il
n'y a pas de mesure actuellement quand on parle d'un problème de
comportement. On peut parler des handicapés. C'est sûr que c'est
identifiable. Mais des problèmes d'enfants hyperactifs, ce n'est pas
déclaré. Il n'y a pas de subvention spéciale pour eux.
Même au niveau des allocations familiales, on ne peut pas déclarer
un enfant hyperactif et aller chercher une allocation supérieure. Donc,
il n'y a aucune mesure concrète actuellement qui viennent aider les
services de garde à aider ces enfants. Dans l'énoncé de
politique, quand on parle des gens sur le marché du travail, cela nous
fait réagir fortement. On sait très bien que les services de
garde se définissent comme un milieu d'éducation, il ne faut pas
l'oublier. On a le mot "garde", c'est un peu tannant, on est pris avec ce mot.
Je dois vous dire que dans les garderies très souvent les gens disent:
Ce serait intéressant de trouver un autre terme. Le mot "garde" veut
dire surveiller quelqu'un. Ce n'est pas du tout ce qui se fait en garderie. On
ne fait pas que les surveiller. Au contraire, on s'en occupe très
intensément. Cela prend des mesures, du soutien, de la reconnaissance
des gens qui y travaillent.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout à l'heure, vous parliez
d'enfants qui vous étaient référés par des CLSC ou
des centres communautaires. Est-ce qu'en général cette
clientèle vous est référée ou si elle peut
facilement vous arriver comme cela? Est-ce plutôt une clientèle de
référence?
M. Morin: Je ne suis pas sûr de comprendre votre
question.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout à l'heure, M. Himbeault disait
que souvent les CLSC, par exemple, encouragent les parents à envoyer
leurs enfants dans les garderies pour différentes raisons, parce qu'il y
a un problème. C'est par
référence. Est-ce que ces cas viennent
presque toujours par référence? Sont-ils
référés par des CLSC ou par d'autres ressources
communautaires?
M. Himbeault: II y a certains milieux où ils y vont
d'eux-mêmes. Ils utilisent les services qu'ils ont. Alors que, dans
d'autres cas, il y a des références. Je donnais l'exemple que,
certaines fois, ce sont des CLSC ou un spécialiste en psychologie.
Même les médecins, parfois, vont dire: Votre enfant a besoin de...
etc.
M. Morin: Quand il y a des enfants référés
par certaines institutions, c'est toute une responsabilité. C'est rendu
une situation d'urgence.
Mme Gagnon-Tremblay: On me disait que, dans
certaines garderies, ce sont les CLSC qui remboursent la différence
quand le parent ne peut pas. Est-ce exact?
M. Morin: Pas toujours.
Mme Gagnon-Tremblay: Non? Pas toujours?
M. Morin: Leurs moyens financiers sont très
limités. Ils vont payer pour permettre au parent de mettre son enfant
à la garderie pendant quelques semaines, dans certains cas, quelques
mois. Après, c'est tout.
M. Himbeault: J'aimerais ajouter vous n'êtes pas sans le
savoir - qu'il y a eu des coupures, là comme ailleurs. Même le
personnel a eu de la difficulté à conserver les dossiers de
garderies. Je peux vous dire que les CLSC et les DSC sont très
intéressés par les services de garde parce que justement, c'est
une bonne façon de rejoindre non seulement les enfants, mais les
parents. Actuellement, il y a une difficulté à garder les
dossiers de garderies dans certains CLSC, faute de personnel, ils n'ont plus le
temps. Donc, ils sont obligés de couper. Certains CLSC ont réussi
à les garder par l'influence du personnel, mais d'autres, non.
Mme Gagnon-Tremblay: À ce moment-là, seriez-vous
prêts à suggérer qu'on songe à des mesures
spéciales pour, dans un premier temps, ces secteurs où iI y a
effectivement concentration, dans le but d'aider aussi les garderies?
M. Morin: C'est certain que, si vous pensez à des mesures
spéciales, oui, mais dans la mesure où iI y a des ressources
financières qui les accompagnent. Le problème de fond, ce sont
les ressources financières. Si on revient sur les enfants qui ont des
problèmes de comportement, ce sont souvent des cas qui sont beaucoup
plus lourds à encadrer et à appuyer dans un groupe qu'un enfant
handicapé. Cela demande beaucoup plus d'énergie et souvent
beaucoup plus de compétence. C'est diffîcie. Je peux mentionner
une idée choc. La Charte des droits et libertés de la personne ne
permet pas aux garderies d'exclure ces enfants, mais il y a des cas où
vraiment on est dépassés, on n'est pas capables, on n'a pas
l'énergie pour s'en occuper.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans un autre ordre d'idées, vous
parlez dans votre mémoire - j'avais la page tout à l'heure - de 1
% de ta masse salariale qui devrait être une enveloppe distincte
M. Himbeault: Si je peux vous éclairer, on a
demandé quatre journées pour le ressourcement et la formation,
étant donné qu'on sait très bien que cette idée est
arrivée parce qu'il y avait quelques garderies qui avaient des
problèmes de conformité. Nous, nous disons qu'il y a le
ressourcement et la formation. C'est sûr que c'est de la formation, du
ressourcement, mais de la formation au sens strict du terme,
c'est-à-dire l'acquisition des cours, etc. Ce que nous vouions, c'est
qu'on permette aux gens qui ont la formation de pouvoir aussi profiter de
ressourcement. Quatre journées par année, comme je vous le disais
tantôt, c'est très peu, vu la tâche et les
responsabilités. L'enveloppe de la formation, nous la verrions comme
regroupement, comme étant une enveloppe distincte qui vient justement
répondre aux besoins de conformité des garderies. C'est pour cela
qu'on voulait que ce soit de façon distincte.
Mme Gagnon-Tremblay: Concernant l'enveloppe de la formation pour
atteindre la norme par exemple, ne croyez-vous pas qu'en donnant cette
enveloppe, indépendamment des garderies qui ont atteint la norme, cela
puisse causer certains problèmes aux garderies qui ont
déjà atteint cette norme et qui peut-être se verraient
privées de cette enveloppe? Est-ce que j'ai bien compris ce que vous
mentionnez dans votre mémoire? Est-ce cela que vous vouliez?
M. Himbeault: Si vous accordez quatre journées de
ressourcement par éducatrice dans chaque garderie, je ne crois pas que
les gens se sentent diminués dans leur droit par le fait qu'on accorde
une enveloppe distincte pour la conformité, vu que c'est un
règlement de l'office. Il y a des gens qui n'ont pas cette formation ou
les garderies ne sont pas conformes. Si on donne l'assurance que les autres
auront du ressourcement, je ne pense pas que ce soit une mesure qui soit
désapprouvée.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, messieurs, mesdames.
M. Morin: À mon avis, le milieu est prêt à
accepter que certaines garderies jouissent d'un statut particulier en milieu
défavorisé. Je ne pense pas que cela cause des
problèmes.
Mme Gag non-Tremblay: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Je dois remplacer ma
collègue qui est responsable du dossier. Vous comprendrez très
bien qu'elle avait des préoccupations touchant les garderies, mais eile
devait faire rapport à un autre niveau. Cela m'amène à
prendre sa place pour cette fois-ci. Je dois vous transmettre son sentiment par
rapport à votre dossier. Elle trouvait qu'il était très
bien fait. Elle s'en voulait un peu de ne pas être présente pour
pouvoir vous poser toutes les questions. Elle se disait qu'il en valait la
peine et qu'il apportait vraiment des points importants, notamment en ce qui
concerne toute la question des enfants en garderies dans les milieux
défavorisés.
Je comprends un peu votre désappointement et je vous trouvais un
peu sévères surtout lorsque je lisais, à la page 17,
où vous disiez que le gouvernement, avec sa philosophie, axait plus sur
la performance financière et la privatisation des services que sur la
qualité, avec lavant-projet de loi qu'il a présenté. Je
comprends. En fait, je me suis demandé pourquoi vous étiez aussi
sévères. Ensuite, je me suis dit que c'est peut-être parce
que cela fait trois ans qu'on attend une politique en matière de
services de garde et qu'on s'attendait à quelque chose d'innovateur.
Depuis trois ans qu'on étudie la situation, on devait trouver des moyens
pour palier aux carences actuelles du système. En fait, on
s'aperçoit qu'il reste encore plein de trous, qu'il y a des
ratés. On sait qu'elle sera appliquée très prochainement,
puisque c'est en 1989 que cette politique verra le jour. Donc, il reste
très peu de temps pour s'ajuster avec tout ce que les gens vont
apporter. Cela risque, encore une fois, de se faire à la pièce et
non pas dans une approche globale.
Vous posiez certaines questions qui me semblent très importantes.
J'aimerais avoir des précisions en ce qui concerne
l'accessibilité financière aux services de garde et les
conditions de travail et salariales du personnel. Vous disiez: C'est
compatible; en fait, l'un ne va pas sans l'autre.
Mme Goulet: Je voudrais comprendre plus précisément
votre question.
Mme Vermette: Vous écriviez que "...l'accessibilité
financière est traitée comme une modalité et non comme un
principe fondamental. Cela explique pourquoi l'amélioration
proposée est si minime, si dérisoire". À un moment
donné, vous disiez que, pour vous, il y a deux choses très
importantes, deux principes directeurs qui ont été
oubliés: l'accessibilité financière aux services de garde
et les conditions de travail et salariales du personnel.
Mme Goulet: D'accord. Pour nous, c'est important.
Premièrement, en ce qui concerne l'accessibilité, cela donne
l'assurance que les services seront vraiment considérés comme des
services essentiels. Un service essentiel de qualité doit être
accessible. Pour nous, c'est très important, il doit être un
soutien à la famille. Effectivement, c'est relié. Si on parie du
choix du parent, ce choix doit être axé sur l'accessibilité
en termes de coût et de qualité, de qualité
équivalente, selon les besoins.
Ensuite, il y a les conditions de travail et la baisse des ratios, qui
est un autre principe fondamental pour nous et qui est relié à la
qualité. Présentement, on considère que les ratios,
surtout pour les plus jeunes, sont trop élevés. Cela affecte
directement les conditions de travail: une éducatrice avec huit enfants
de 18 mois, cela affecte directement la qualité de ses interventions
auprès de son groupe d'enfants. (13 heures)
En termes de conditions de travail, il y a aussi les salaires qui sont
très peu élevés. Lorsqu'on considère une profession
équivalente, comme les éducatrices spécialisées, il
faudrait presque doubler les salaires pour qu'on soit reconnus en termes de
responsabilités éducatives, de tâches et de formation
équivalente. Ensuite, cela affecte directement la qualité parce
que c'est très démotivant de mettre autant d'énergie
auprès d'une clientèle fragile, pour si peu, en fin de compte. Il
y a beaucoup de "burnout" et de roulement de personnel dans les garderies. Cela
affecte la stabilité des groupes, la stabilité de l'équipe
de travail. Les parents, lorsqu'ils viennent chercher leur enfant et qu'ils
voient toujours de nouvelles figures parce que l'ancienne éducatrice est
partie, à cause d'un "burnout" ou autre, vous pouvez vraiment voir que
la qualité, en fait, est directement affectée par ces conditions
de travail.
Mme Vermette: Le fait de travailler plus particulièrement
dans un milieu défavorisé, indépendamment des conditions
salariales, entraî-ne-t-il davantage de "burnout" ou cela ne joue pas
finalement?
M. Morin: La tâche est beaucoup plus lourde en milieu
défavorisé à cause des problèmes qu'on a
mentionnés tantôt. Même la relation avec le parent est plus
difficile. Tout est plus lourd et la tâche est accrue. Même dans le
bureau, en ce qui concerne la coordination, la tâche est plus lourde. Si
on pense juste à l'administration des dossiers d'aide financière,
au suivi des frais de garde auprès des parents, c'est multiplier le
travail à faire. Donc, c'est certain que le "burnout" guette davantage
le personnel dans ce milieu-là, pour des raisons de stress, par
frustration aussi, parce que l'on manque de ressources pour affronter les
problèmes qu'on a avec les enfants.
M. Himbeault: À cet effet, il y a l'Université
Laval qui a commencé, en collaboration avec les garderies de la
région 03, c'est-à-dire Québec, Montréal et
Trois-RK/ières, une enquête exhaustive sur justement les
conditions de travail et ce que cela peut avoir comme influence,
particulièrement sur le "burnout". Alors, c'est prématuré
d'avancer que peut-être que oui - on a tendance à croire, comme te
disait mon collègue tantôt, qu'il y aurait plus de "burnout"
là - sauf que cette enquête, qui s'échelonnera au moins sur
une année complète, apportera sûrement des
éclairages nouveaux là-dessus.
Si vous le permettez, j'aimerais ajouter que, concernant la
considération sociale, on sait très bien que c'est
rattaché - non seulement en disant bravo - également au salaire.
On n'a qu'à prendre l'exemple des députés. Je pense bien
que, si on les payait 20 000 $ par année, ils auraient des choses
à dire là-dessus. D'ailleurs, on en a entendu parler au cours des
dernières années. Cependant, c'est une considération parce
qu'on voulait aller chercher des candidats qui étaient
intéressés par la question publique, etc. On a mis toutes sortes
de bonnes raisons autour de ça, et je ne veux pas revenir
là-dessus, sauf que c'est la même chose pour les services de
garde: quand on veut avoir du personnel de qualité, du personnel
engagé, il faut le reconnaître quelque part.
Dans la région 03 actuellement, le salaire moyen des garderies,
membres de l'alliance, est autour de 8,25 $, alors qu'en réalité,
si l'on comparaît à un travail équivalent dans les services
publics actuellement, il devrait être autour de 15,50 $ l'heure. Alors,
on est presque à la moitié du chemin à parcourir. Ce sont
les chiffres de l'an passé que je vous donne. Vous pouvez vous imaginer
ce que c'était il y a sept, huit ou dix ans. Je me dis qu'il y a tout
cet aspect-là. Les gens ne vont pas là nécessairement que
pour la paie; ils croient au travail qu'ils font. C'est de plus en plus
reconnu, et heureusement que dans l'énoncé on le disait, sauf que
ce qui nous a déçus énormément, c'est qu'on n'a pas
vu de mesures concrètes qui venaient appuyer cela directement.
Même si on dit "par le truchement de...", ce n'est pas ce qu'on voulait
avoir; on voulait des exemples concrets. C'est ce qu'on est en train de dire et
que d'autres ajouteront aussi et qui éclairera davantage.
La dernière chose, pour reprendre madame, à moins que vous
n'ayez une question très...
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez
auparavant, une question de procédure.
Compte tenu de l'heure, est-ce que j'ai le consentement pour que nous
puissons continuer les travaux, que Mme la députée de Marie-
Victorln finisse sa période de discussions avec nos
invités?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Vous
pouvez continuer, Mme la députée.
Mme Vermette: Est-ce que vous terminez là-dessus?
M. Himbeault: Oui. Quand on a parlé de privatisation, il
faut comprendre que dans notre tête le mot "privatisation" - et je sais
bien que c'est un jeu de mots actuellement, et même plus qu'un jeu de
mots; il y a des définitions, vous allez me dire - veut dire
"commercialisation". Quand on parle de services gérés ou non par
les parents, pour nous, c'est un service commercial, c'est un commerce de
services. Quand on regarde le bulletin vert qu'on a reçu en anglais et
en français des centres Travail-Québec dans nos regroupements et
garderies annonçant que la garderie est une entreprise, une "business",
les services contrôlés, les services non contrôlés...
Mme la ministre, vous avez l'air surpris de ce que je vous dis? Vous n'en avez
pas entendu parler? Ce qui nous a déçus énormément,
et je pense que Mme Marcotte est ià pour en témoigner, et
même les gens qui sont à l'office depuis plus longtemps, c'est que
cela fait longtemps que l'on demande une publication qui irait dans tous les
foyers, par le biais probablement des allocations familiales, pour que l'on
parte enfin des services de garde, quelle est l'importance de la qualité
des services, qu'est-ce qui régit cela, etc. C'est dommage, j'ai
oublié d'en apporter une copie. J'aurais pu vous en montrer une. Quand
on a vu cela arriver dans nos garderies, dans nos regroupements, on n'a pas
compris, d'abord, pourquoi ça arrivait chez nous. On dit que c'est de la
"business" dont il est question, de quelle façon vous pouvez organiser
votre affaire pour que ce soit payant, je regrette, ce n'est pas du tout
ça qu'on avait demandé et c'est tout ce qu'on a reçu comme
réponse.
Je sais que c'est peut-être indépendant de la
volonté de la ministre ou de son cabinet. J'imagine que
Travail-Québec, ça vient de quelque part. C'est le
ministère des Finances qui régit ça, si je ne m'abuse?
Mme Vermette: Je lui donnerai tantôt l'occasion de
répondre ou elle pourra aller vous voir et répondre à
cette question. J'aurais une autre question à vous poser. Vous
demandiez: Comment peut-on décider d'une façon aussi
étroite... Les bénéficiaires de l'aide sociale qui ne sont
pas engagés dans un processus formel de réintégration au
marché risquent de ne pas recevoir des services ou, en tout cas, seront
pénalisés quant aux services de garde. Les parents qui n'auront
pas l'exonération, c'est une économie de 2 000 000 $ environ
qu'on risque de faire sur le dos des femmes les plus démunies, parce
que, très souvent, ce sont des femmes monoparentales qui n'entreront pas
dans certains programmes, selon la réforme Bourbeau. Est-ce que c'est
une préoccupation? Est-ce que
ça fait partie de la clientèle usuelle que vous
recevez?
M. Morin: Oui, beaucoup. Si je peux donner l'exemple d'une
garderie, celle où je travaille, je pourrais dire que 35 % à 40 %
sont des femmes monoparentales bénéficiaires de l'aide
sociale.
Mme Vermette: J'imagine que ces femmes, très souvent, ne
sont pas à l'intérieur de certains programmes et sont elles aussi
défavorisées à d'autres points de vue.
M. Morin: Oui, ce qui se passe, c'est que la plupart sont sur des
programmes de retour aux études, mais elles quittent la garderie
aussitôt que le programme est terminé, parce qu'elles ne sont pas
capables de payer la garderie 5 $ par jour. Elles reçoivent 10,50 $, le
maximum d'aide financière. Les 5 $ ou les 6 $, elles sont incapables de
les payer.
M. Himbeault: J'aimerais ajouter que quand on parlait, ce matin,
de performance, de taux d'occupation etc. particulièrement cette
clientèle, c'est justement une clientèle qui va et vient, parce
qu'elle n'a pas les moyens de maintenir le service. Quand on parle de
performance d'une garderie, dans ces garderies, une clientèle semblable,
peu importe le pourcentage, dès que cette clientèle est
là, elle va forcément influencer le taux d'occupation dans
l'année. Donc, cela en est un exemple assez frappant. La personne qui
est allée étudier reçoit l'aide, donc, elle peut se payer
le service de garde. Si elle ne s'est pas trouvé d'emploi par la suite,
elle est obligée de quitter, comme le disait Serge tantôt. Elle
est obligée de quitter le service; elle ne peut pas le payer.
Donc, je pense que le taux de cette garderie vient d'en prendre un coup.
Vous allez dire: II y a des listes d'attente. Quand on parle de listes
d'attente, les gens inscrivent leur enfant, mais, à une journée
ou à une semaine d'avis, ce n'est pas nécessairement vrai. Donc,
il peut y avoir un écart d'une semaine ou deux avant que quelqu'un
vienne prendre la place.
Mme Vermette: Est-ce que vous croyez que la nouvelle politique de
financement de 45 % risque d'avoir des conséquences sur le mode de
financement de vos garderies?
M. Morin: Pour une garderie comme la nôtre, avec le calcul
qu'on a fait, cela occasionnerait une perte de 3000 $ à 5000 $ sur le
revenu qu'on avait jusqu'à maintenant. Le programme d'exonération
financière vient donner aux parents un très gros 0,25 $ de plus.
Donc, 0,25 $ quand tu paies déjà 5 $ ou 5,50 $, que tu n'es pas
capable de le payer et que tu as beaucoup de difficultés, tu paies avec
un ou deux mois de retard, et le nouveau programme vient te dire: On vient te
donner 0,25 $ de plus, est- ce que ça va permettre vraiment à ces
parents de maintenir le service de garderie? Pas du tout. Ce n'est même
pas un frein. C'est très mineur.
M. Himbeault: Hier, il a été question, dans un
mémoire justement... La question a été posée
à Mme Ferron et je pense que la question avait été
posée assez directement et la réponse avait été
aussi directe à savoir: Est-ce qu'on a des moyens dans le cas de...
Justement, il y a des familles qui vont utiliser des services de garde et ne
sont plus capables de payer. On a une tolérance, mais même
après la tolérance il n'y a pas moyen de rembourser. Cela existe.
Il y en a, des cas comme ça. Il y en a peut-être plus que
quelques-uns et il n'y a aucun moyen de forcer les gens à payer des
services de garde même s'il y a eu tolérance et bonne foi et
tout.
Je pense que ça se retrouve également dans ces milieux,
à quelques exemplaires. On n'a pas de moyens et c'est difficile d'aller
poursuivre quelqu'un quand tu sais qu'il n'a pas d'argent, qu'il à peine
de l'argent pour s'habiller et se nourrir, qu'il vit dans un logement qui n'est
pas nécessairement adéquat. C'est difficile d'aller pousser un
peu plus.
M. Morin: Et pourtant, je tiendrais à préciser que
pour ces enfants, s'il y a un milieu pour qui la notion essentielle d'un
service est vraie, c'est là. Les enfants d'un milieu
défavorisé ont besoin des services de garde, ont besoin des
garderies. Il est impensable de s'imaginer qu'on laissera aller ces enfants
dans la garde au noir, parce que j'entends des horreurs de la part de parents
qui ont passé par la garde au noir en milieu
défavorisé.
Mme Vermette: Vous en parlez, c'est peut-être un des
mémoires qui revient sur la garde au noir qui est faite, en disant: On
ne voit pas, dans l'énoncé de politique en tout cas, suffisamment
d'orientation pour empêcher cette forme de garde. Donc, vous semblez dire
que de toute façon on ne passera pas dans les milieux
défavorisés et qu'on risque, malgré cette réforme
ou malgré l'énoncé d'une nouvelle politique, que la garde
au noir persiste malgré tout, et que le service de qualité auquel
l'enfant a droit, puisqu'on dit que l'important, c'est l'enfant, et que
finalement... Comme vous le disiez tantôt au point de départ,
est-ce parce qu'il y a une absence de véritable politique de la petite
enfance ou de l'enfance que vous considérez le service de garde comme
étant, au même titre, un droit à l'éducation?
M. Himbeault: Si vous vous souvenez, au début, on l'a
situé dans une politique familiale, mais je pense que c'est assez
évident, c'est reconnu. Il reste que c'est supposé être un
chapitre majeur dans la politique familiale. Maintenant, il reste qu'on s'est
rendu compte que, si on fait une politique de la petite enfance,
I faudrait quand même y mettre les mesures nécessaires. Je
comprends très bien que c'est un petit peu épeurant, voyant le
nombre d'enfants en bas âge, de s'avancer; on y va avec beaucoup de
précautions. Moi, je pense qu'on ne prend pas les bonnes
précautions. Les bonnes précautions, c'est de s'en occuper, mais
très activement. Parce que les vraies précautions à
prendre, et je pense qu'il y a des gens qui sont venus vous le
démontrer, il y a des chercheurs qui sont venus vous le démontrer
hier, c'est de s'en occuper très activement et correctement. On ne dit
pas qu'on doit remplacer les parents, sauf qu'on doit les aider. Les aider,
ça peut aussi vouloir dire qu'on les prend en charge quelques heures par
jour, mais on ne les remplace pas.
Quand on veut avoir un lien avec la famille, il faut prendre le temps de
Jaser avec les parents, il faut prendre le temps de les recevoir. Je pense que
les gens qui ont une expertise dans ce domaine, qui ont étudié
là-dedans, peuvent drôlement bien aider directement les parents
puisqu'ils sont en contact à tous les jours, contrairement à ce
que l'école peut faire, parce que l'école les rencontre une fois
de temps en temps alors qu'en garderie, à tous les jours, on rencontre
les parents. Imaginez-vous l'importance du lien qu'il peut y avoir et de
l'information qui peut circuler. Je pense qu'on ne fait pas trop d'efforts et
qu'on n'engage pas trop d'argent quand on s'occupe d'enfants en bas âge.
C'est notre société de demain.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
nous devons maintenant mettre un terme à la discussion. Je vous
inviterais à remercier nos invités.
Mme Vermette: M. Himbeault et tous ceux qui vous accompagnent, on
vous remercie de nous avoir présenté... Je pense que vous avez
une expertise des plus particulières sur le milieu
défavorisé. La ministre a ouvert une porte tantôt en disant
qu'elle était prête à vous consulter ou même à
former une comité auquel vous pourriez prendre place pour explorer de
nouvelles façons d'envisager le traitement des garderies dans les
milieux défavorisés. J'ose espérer que ça pourra
voir le jour et que vous serez invités à donner vos opinions et
vos orientations. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Marie-vïctorin. Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: En terminant, on nous reproche souvent
d'avoir mis beaucoup d'importance sur les parents sur le marché du
travail dans l'énoncé de politique. Je veux quand même vous
dire que ça ne signifie pas, entre autres, que nous n'avons pas cette
sensibilité. Nous n'avons pas non plus l'intention de nous
dégager de nos responsabilités quant à certaines
clientèles très spécifiques.
Je trouve que votre mémoire est très constructif et votre
exposé de ce matin nous a donné certaines pistes de solutions sur
lesquelles nous allons continuer de travailler Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales remercie l'Alliance des garderies de la région 03 et
lui souhaite un bon retour malgré cette neige.
Compte tenu de l'heure, nous suspendons nos travaux jusqu'à 14 h
30. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 15)
(Reprise à 14 h 48)
La Présidente (Mme Bélanger): À Tordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales reprend ses travaux. Le
premier groupe que nous recevons cet après-midi est formé des
représentants de la ville de Laval à qui je demande de prendre
place à la table. J'aimerais vous rappeler que le temps alloué
pour la période de présentation de votre mémoire est de 20
minutes. Par la suite, il y aura une discussion de 40 minutes entre les deux
groupes parlementaires. Je demanderais au porte-parole de s'identifier et de
présenter les personnes qui l'accompagnent.
Ville de Laval
Mme Gauthier (Monique): Mon nom est Monique Gauthier. Je suis
membre du comité exécutif de la ville de Laval. J'aimerais vous
présenter les intervenants dans le dossier du mémoire. À
ma droite, M. Claude Langlois, directeur adjoint au directeur
général, Mme Francine Langlois, conseillère en services de
garde à l'enfance et directrice de la garderie La Relève et,
à mon extrême gauche, M. Jean-Marc Delacoste, sociologue
attaché au service du budget et de la recherche à la ville de
Laval.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous remercie Mme
Gauthier. Vous pouvez commencer à lire votre mémoire.
Mme Gauthier: Mme la Présidente, Mme la ministre, dans un
premier temps, je voudrais vous situer dans le contexte du mémoire. Cela
va donc camper tout de suite notre cheminement. Nous avons, bien entendu, une
entrée en matière. Nous élaborerons sur la situation
à Laval et aussi nous vous entretiendrons des interventions que nous
avons faites à la ville de Laval en matière de services de garde.
En conclusion, nous avons une proposition à faire à Mme la
ministre, ce qui termine le mémoire. N'ayez crainte, nous n'avons pas de
chanson.
Je commence. C'est avec beaucoup d'intérêt que la ville de
Laval a pris connaissance de I"Énoncé de politique sur les
services de garde à
l'enfance" déposé par le gouvernement du Québec.
Déjà, en mars 1985, lors de la présentation d'un
mémoire au comité consultatif sur la politique familiale, nous
avions démontré une attention particulière pour la
question et nous indiquions que la ville de Laval était un milieu de vie
hautement recherché par les familles.
Les autorités municipales de Laval croient que le rôle des
villes a évolué avec le temps. Elles n'ont plus seulement une
fonction de pourvoyeurs de services, mais sont devenues des organisateurs de
société. Ce rôle d'organisation sociale se reflète
dans leurs schémas d'aménagement, ainsi que dans plusieurs
domaines d'interventions comme la vie culturelle, les programmes de loisirs ou
le transport.
Dans ces domaines, l'administration laval-ioise est à
l'écoute des besoins et apporte l'aide et le soutien pour des projets
spécifiques lors de leur implantation ou de leur mise sur pied. Par la
suite, nous demandons aux organismes de rechercher l'autonomie dans leur
fonctionnement. La ville a développé une expérience et une
expertise dans plusieurs domaines, tels la sécurité, les loisirs,
les arts, le socioculturel, l'environnement et même les garderies.
Les municipalités sont proches de leur population et elles
peuvent être des agents importants et de premier plan de soutien à
la qualité de la vie des citoyens. À Laval, par exemple, les
acheteurs de maisons neuves sont presque exclusivement des jeunes familles et
la ville de Laval est consciente de l'importance des besoins de services de
garde pour la qualité de vie de ces familles qui viennent s'y
installer.
C'est pourquoi nous nous soucions depuis longtemps des services de garde
sur notre territoire. Toutefois, la garde des enfants est une
responsabilité collective qui doit être partagée par
l'ensemble de la société. Pour atteindre ces objectifs, la
collaboration de tous les milieux est nécessaire et notamment la
collaboration des gouvernements provincial, municipal et du réseau
scolaire, tel que le souligne le gouvernement dans son énoncé de
politique.
Quelques mots sur la situation à Laval. Nous sommes heureux de
constater que, sur les 19 garderies qui existaient à Laval en 1985, 17
continuent à offrir leurs services en 1989. Ces garderies constituent la
base du réseau des garderies lavalloises. Elles sont identifiées
et connues de la population. D'autre part, depuis 1985, les services de garde
à Laval ont connu un essor et un dynamisme remarquables. De 1985
à 1989, onze garderies nouvelles ont ouvert leurs portes. Le nombre de
places en garderies a crû de 56,3 %. On peut, à titre de
comparaison, évaluer que le nombre d'enfants de 0 à 5 ans a
augmenté d'environ 4 % pendant cette période. Le chiffre de 4 %
est plus élevé que l'augmentation par rapport à l'ensemble
du Québec.
Parallèlement, pendant l'année scolaire 1984-1985, on
dénombrait 20 garderies scolaires dans les écoles de Laval. Dans
la présente année scolaire 1988-1989, on dénombre 38
garderies scolaires. Le nombre d'enfants inscrits a triplé en quatre
ans, passant d'environ 700 à 2000.
Les camps de jour de Laval, qui ne sont pas à proprement parler
des services de garde, mais qui permettent toutefois aux parents de confier
leurs enfants à une organisation municipale pour l'été,
ont vu le nombre d'inscriptions augmenter de 23,8 % de 1985 à 1988.
Dans les secteurs périphériques de Laval, la garde en
milieu familial est nettement prédominante, alors que les garderies se
concentrent près des axes de circulation vers la métropole et
dans les parties les plus densément peuplées, soit le centre-sud
de la ville. Les garderies sont plutôt situées dans les quartiers
d'urbanisation plus anciens, alors que les secteurs en voie de
développement sont moins desservis, probablement à cause des
délais d'implantation des garderies.
Les haltes-garderies, jardins d'enfants et prématernelle sont
nombreux et assez bien répartis sur notre territoire. On remarque,
toutefois, qu'ils sont plutôt concentrés dans les secteurs en voie
de développement, par exemple au centre-nord. Ces quartiers ne sont pas
desservis par des garderies et les gens ont dû s'organiser à cause
du peu de places disponibles et du temps requis pour l'obtention d'un
permis.
Les services de garde ne sont pas toujours localisés dans les
quartiers où peuvent se manifester le plus de besoins. Par exemple, les
quartiers où le taux d'activité féminine est le plus fort
sont souvent les moins bien pourvus en garderies. Ce sont les quartiers en
développement dans lesquels l'emploi féminin est une condition
à l'achat d'une maison pour la jeune famille. Nous évaluons
globalement qu'un certain déficit de places en garderies subsiste sur
notre territoire et qu'une concertation des intervenants est nécessaire
pour combler ce déficit.
Maintenant, quelles sont les interventions de la ville en faveur des
services de garde à Laval? La ville de Laval apporte toujours son aide
technique aux demandes d'organismes et d'individus qui veulent implanter des
garderies. Nous offrons, par exemple, un service de recherches et de
renseignements de nos services professionnels. Une aide financière de la
municipalité pour l'implantation de garderies a été
accordée à quelques projets par des locations ou des dons de
terrains. La ville de Laval a participé activement aux programmes d'aide
financière à la relocalisation de deux garderies dans un
programme ponctuel du ministère des Affaires municipales.
La ville, par l'entremise de ses services, fait des inspections de
prévention (incendie et normes) de tous les services de garde ayant ou
demandant des permis sur son territoire. Nous avons des protocoles d'entente
avec les agences de garde en milieu familial relativement à
rémission des permis aux familles de garde encadrées par ces
agences. Nous avons également un protocole d'entente avec l'Office des
services
de garde à l'enfance concernant l'émission des permis,
ainsi que la consultation pour les priorités du plan de
développement de l'office.
Nous sommes entièrement d'accord avec l'approche du gouvernement
d'aider à l'Implantation de garderies en milieu de travail. Étant
le plus Important employeur de Laval et ayant une préoccupation
d'employeur face à nos 2300 employés permanents, nous avons
implanté avec fierté une garderie sans but lucratif en milieu de
travail pour nos employés municipaux, avec l'aide financière et
technique de l'Office des services de garde à l'enfance. Ouverte depuis
août 1988, elle a une capacité d'accueil de 60 enfants incluant 10
poupons et accorde une priorité d'entrée aux enfants
handicapés. La ville de Laval a construit le bâtiment de la
garderie et a participé à l'aménagement de la garderie en
accordant un soutien financier et technique.
Désirant que les parents participent activement au bon
fonctionnement de la garderie, ainsi qu'au développement harmonieux de
leurs enfants (pas seulement au sein d'un comité consultatif, comme dans
les garderies municipales), poursuivant sa politique d'aide à
l'implantation et, par la suite, d'autogestion et d'autofinancement de
l'organisme et désirant offrir à la garderie son soutien en tant
qu'employeur de sa clientèle, le conseil d'administration a
été formé de la façon suivante: quatre parents
utilisateurs, deux représentants de la ville de Laval (un membre du
comité exécutif et un cadre du service des ressources humaines)
et une directrice. (15 heures)
Nous avons remarqué que la présence de
représentants de la municipalité au conseil d'administration
offrait à la garderie un soutien technique et professionnel en plus de
faciliter la compréhension du dossier de la garderie au niveau de la
municipalité. Nous sommes donc d'accord avec le gouvernement lorsque
vous indiquez que la collaboration des partenaires sociaux à la gestion
de la garderie est très importante. L'expérience s'avérant
des plus positives, nous souhaitons ardemment qu'elle ait un impact et un effet
d'entraînement envers les autres employeurs de la ville de Laval afin
qu'ils emboîtent le pas et s'impliquent socialement dans le domaine des
services à leurs employés.
Quels sont maintenant les projets de la ville de Laval en matière
de services de garde à l'enfance? Nous sommes conscients que les
services de garde constituent des Incitatifs au développement, des
Incitatifs à l'établissement résidentiel des jeunes
couples, des soutiens à la réalisation de la personne humaine, un
élément de réponse aux besoins de développement
global de l'adulte de demain. La diversité des caractères
socio-économiques de la population de Laval, l'augmentation du nombre
d'habitants, la croissance du nombre d'établissements industriels et du
secteur tertiaire sont des éléments qui caractérisent la
ville de Laval.
Pour toutes ces raisons, la vie de Laval a un certain nombre de projets
novateurs de développement et d'aide aux services de garde sur son
territoire. Le premier projet que nous avons en tète, c'est
l'implantation d'une garderie dans notre parc scientifique de haute
technologie. Le deuxième projet, c'est l'implantation d'une garderie
dans notre parc industriel et, le troisième projet, c'est l'implantation
d'une garderie en milieu de travail dans le secteur tertiaire.
L'aide de la ville de Laval pourrait en être une de
responsabilité, d'organisation, de coordination des dossiers, de soutien
technique, de suivi et d'information aux entreprises. L'aide financière
de la ville à l'implantation est un élément qui pourrait
être envisagé.
Plusieurs entreprises sur notre territoire ont essayé d'implanter
des garderies, mais elles ont été freinées ou
découragées par plusieurs éléments: le manque de
connaissance du milieu des services de garde à l'enfance; le manque de
soutien professionnel pour les diriger; le manque d'information et
d'encadrement à la base; les délais trop longs pour
l'implantation de garderies. Une étroite collaboration ville de
Laval-OSGE nous apparaît essentielle pour l'implantation de ces
projets.
Toute une gamme de moyens font l'objet de notre réflexion afin de
faciliter l'implantation et le fonctionnement des services de garde. La ville
de Laval pourrait apporter son aide aux services de garde par l'entremise de
services municipaux tels que: l'aide technique et professionnelle pour
l'Implantation (orientation, encadrement, conseils financiers, conseils de
gestion); l'assistance à l'acquisition du terrain; une participation
sous forme de subvention d'implantation avec l'office, soit pour une partie de
la construction, soit pour une partie de l'aménagement (pavage des
entrées, aménagement des cours extérieures,
aménagement des parcs).
Pour les garderies existantes, notre implication viserait
essentiellement l'aide à la relocaii-sation; l'aide pour l'augmentation
de capacité; les soutiens techniques et professionnels de formation, de
gestion financière, administrative, de ressources humaines, de mise en
marché et de planification; la facilité d'accès aux
services municipaux et aux ressources dans le domaine de la petite enfance
(services des loisirs, bibliothèques, Centre de la nature, maisons des
arts); le prêt de locaux pour des réunions, par exemple, des
assemblées de parents.
Dans une société en évolution correspondant bien au
milieu lavallois, les haltes-garderies répondent à un besoin
réel. Des espaces de haltes-garderies pourraient être
planifiés dans les centres communautaires à l'intérieur de
notre Centre de la nature et dans d'autres endroits publics.
Nos entreprises commencent à se préoccuper des besoins
sociaux de leur clientèle et offrent des services de haltes-garderies,
par exemple, les centres commerciaux et les marchés publics.
Un projet intéressant vient également d'être mis sur
pied dans un complexe funéraire important à Laval où une
halte-garderie offre ses services aux parents qui ont besoin de services de
garde de courte durée (horaires variables). Une approche
pédagogique pourra même être réalisée par des
professionnels auprès des enfants qui sont touchés par le deuil
d'une personne plus ou moins près d'eux.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, Mme Gauthier.
Il vous reste une minute pour terminer la lecture de votre mémoire.
Mme Gauthier: Je vais aller tout de suite à la
conclusion.
Certains croient que les services de garde à l'enfance ne sont
pas de la responsabilité financière des villes et nous sommes
témoins d'une prudence d'engagement. Les caractéristiques de
notre population, le rythme de développement que nous connaissons, le
rôle que les garderies jouent dans le développement de notre ville
et l'objectif d'amélioration de la qualité de vie que nous
recherchons nous font considérer les engagements en faveur des services
de garde comme primordiaux.
La ville de Laval désire prendre sa part de
responsabilités et aller de l'avant dans sa politique familiale. Nous
sommes prêts, actuellement, à négocier avec l'Office des
services de garde à l'enfance, sur une base expérimentale, un
protocole d'entente spécifique concernant les points exposés tout
au long de notre mémoire. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme Gauthier. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, Mme Gauthier, de votre exposé.
Je pense que votre ville pourrait être citée en exemple pour les
nombreux services de garde qu'elle a développés au cours des
dernières années. J'avais justement l'occasion, récemment,
de participer à l'inauguration de l'une de vos garderies en milieu de
travail. On sent ce besoin de plus en plus important maintenant. Je trouve que
cela démontre aussi le dynamisme d'une ville.
Par contre, j'aimerais obtenir davantage de détails. Votre ville
est non seulement l'une des rares, mais la seule, je pense, qui ait
déjà un protocole d'entente avec l'Office des services de garde
à l'enfance dans le but de donner certains services. Je voudrais avoir
plus de détails. Comment voyez-vous cela? Est-ce que vous croyez que
d'autres villes seraient prêtes à s'engager? Quelle est votre
expérience vécue? C'est un gouvernement qui est très
près de la population. Est-ce qu'il vous apparaît que cette
entente que vous avez signée depuis quelques années avec l'Office
des services de garde vous permet de déterminer davantage les besoins,
de les identifier et d'apporter une aide soutenue et plus considérable
que l'aide qu'on pourrait accorder à l'office, par exemple?
Mme Gauthier: Je pense que l'entente qui a été
signée avec l'Office des services de garde est plutôt du point de
vue des inspections. Nous ne sommes pas tout à fait assez
informés des engagements que l'office prend sur notre territoire. Nous
aimerions être des partenaires sociaux à part entière avec
l'office. De ce point de vue, nous sommes prêts à y mettre les
sous nécessaires pour être partenaires avec l'office, mais aussi
pour avoir un droit de regard. C'est nous qui connaissons les besoins sur notre
territoire; donc, nous voulons avoir notre mot à dire sur notre
territoire. Pour avoir notre mot à dire, on est prêts à y
mettre les sous nécessaires.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela voudrait dire que votre intervention
pourrait être plus qu'une Intervention au niveau d'une inspection, mais
à d'autres niveaux parce que vous croyez que ça pourrait
être intéressant et important.
Mme Gauthier: Oui, exactement.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce matin, aussi, on a parié des
inspections. J'ai toujours pensé que la municipalité était
quand même bien placée pour faire une certaine vérification
de la qualité dans ses garderies. Là, je ne veux pas enlever, non
plus, la responsabilité de l'office; l'office a une
responsabilité. Compte tenu de l'éparpille-ment de tous les
services à travers le Québec, est-ce que vous croyez que la
municipalité est la meilleure intervenante pour vérifier cette
qualité? Est-ce que vous croyez qu'on est prêts à jouer ce
rôle dans les municipalités ou si votre municipalité est
avant-gardiste?
Mme Gauthier: Mme la ministre, je vais laisser M. Langlois vous
répondre.
M. Langlois (Claude): Vous savez, Mme la Présidente,
qu'actuellement les pouvoirs qui sont dévolus aux villes dans le cadre
de la Loi sur les cités et villes sont limités aux
éléments de sécurité publique. Nous n'avons pas les
pouvoirs d'intervenir dans le domaine pédagogique, entre autres. Il est
bien sûr que, dans le cadre du protocole d'entente qui a
été signé avec l'Office des services de garde à
l'enfance, nous avons joué un rôle supplétif pour aider
l'office à surveiller et à aider les services de garde à
l'enfance dans leurs activités.
L'élément planification révèle
peut-être certaines lacunes dans le cadre du protocole. Il y était
pourtant prévu que nous devions tenter de discuter plus à fond.
Nous n'en avons pas eu l'opportunité, peut-être par suite du
nombre de demandes que l'office avait. Sans trahir des positions
traditionnelles des municipalités qui croient que le domaine des
services de garde à
l'enfance est de la responsabilité de l'office ou du
gouvernement, il est certain que la ville de Laval est prête à
jouer un rôle beaucoup plus fort que dans le passé, mais pour
autant que ce soit sur une base de partenaire plutôt que sur une base de
serviteur ou de délégation de pouvoirs pure et simple.
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, avec la planification
régionale que nous avons l'intention d'amorcer avec les
municipalités et tous les intervenants du milieu, une fois qu'on aura
identifié avec vous les différents besoins et qu'on identifiera
les mesures ou les services pour répondre à ces différents
besoins, cela signifie que ce sera probablement beaucoup plus facile pour la
municipalité d'avoir ce contrôle qui semble vous échapper
actuellement, parce qu'il faut y aller selon les projets. Une fois qu'on aura
un plan et que nous saurons, par exemple, que dans te) quartier par rapport
à tel autre quartier, c'est là qu'on devra développer au
cours des prochaines années, à ce moment-là
peut-être que ça va vous donner davantage de contrôle sur
les services qui devraient être implantés dans votre propre
ville.
M. Langloit: Nous cherchons, je pense, beaucoup plus que le
contrôle. Nous voulons participer au développement des services de
garde à l'enfance. Le contrôle n'est qu'un élément
secondaire pour autant que la ville est concernée. Mais nous croyons,
comme l'a mentionné Mme Gauthier, que nous devons jouer un rôle
actif dans la mise sur pied d'un réseau de services de garde en
collaboration avec l'Office des services de garde à l'enfance. Et Je
souligne aussi, si vous me le permettez, Mme la Présidente, le
caractère expérimental que nous avons proposé.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est pourquoi dans l'énoncé
de politique nous partons de parrainage. Plusieurs ont pris ce mot "parrainage*
dans le sens qu'on voulait peut-être se désintéresser et
aller chercher des sommes d'argent plutôt de ces partenaires, mais ce
n'était pas l'intention. Lorsqu'on parlait de partenaires,
c'était justement parce qu'on se rendait compte que, dans bien des
milieux, il est difficile pour des promoteurs d'implanter ou de préparer
des projets. Alors, on se disait: Si, par contre, ces promoteurs pouvaient
être parrainés par quelqu'un qui a un peu plus d'expérience
ou quoi que ce soit, ce serait peut-être plus facile d'élaborer
des projets, et aussi pour la viabilité, par la suite, de ces services
qu'on implante.
Mme Gauthier: Comme le projet dont je vous parlais tout à
l'heure, le projet d'implanter une garderie dans le parc Industriel. Nous avons
plusieurs petites entreprises, des PME, qui n'ont pas les moyens d'Implanter
une garderie pour leurs propres employés. Si nous, à la ville
de
Laval, nous le pouvons avec ces partenaires sociaux, une petite
entreprise pourrait acheter ou garantir six places de garderie pour ses
employés dans une garderie centrale dans le parc industriel, la
même chose dans le parc scientifique de haute technologie. Alors,
ça serait du partenariat, des partenaires sociaux. (15 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: Je sais que la ville de Laval a une garderie
en milieu de travail. Vous me parlez, justement, d'un genre de consortium pour
le parc industriel là où il y aurait des besoins. Certains
groupes nous ont fait valoir, depuis le début de la commission
parlementaire, qu'ils n'étaient pas tout à fait d'accord avec des
garderies en milieu de travail. Vous en avez expérimenté, vous en
expérimentez encore. Quelle est votre opinion sur la garde en milieu de
travail? Est-ce que vous y voyez tant d'inconvénients?
Mme Gauthier: Je vais laisser Mme Langlois, directrice de la
garderie La Relève, vous répondre.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme Langlois.
Mme Langlois (Francine): Naturellement, une garderie en milieu de
travail a l'avantage d'être un peu plus choyée que des garderies
de quartier à cause des partenaires sociaux. Pour les enfants, c'est
sûrement un acquis très important parce que leurs parents peuvent
venir les voir durant la journée. Je pense qu'on oublie souvent le
côté enfant dans les garderies et c'est très important de
le mentionner. La participation du milieu de travail est très
importante, ce qui n'eniève quand même pas la
nécessité d'avoir des garderies de quartier également. Sur
le territoire de Laval, on se rend compte que les gens se déplacent
beaucoup, selon les axes de circulation, vers les garderies. Donc, je pense que
c'est positif d'avoir une garderie en milieu de travail.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que c'est significatif sur te taux
d'absentéisme au travail?
Mme Langlois: On est toujours confrontés avec des enfants
malades. Les parents, que ce soit en garderie de quartier ou en milieu de
travail, ont souvent à s'absenter pour en prendre soin.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez développé...
Mme Gauthier: Cette semaine, à la garderie La
Relève, je pense qu'il y a 25 enfants malades. Alors, les 25 mamans sont
sûrement absentes de l'hôtel de ville ou du service où elles
travaillent. Mais c'est pour de courtes durées.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Vous avez un
pian d'urbanisme. Est-ce que vous avez eu certains problèmes avec
des modifications au zonage quant aux services de garde? Est-ce
déjà tout arrêté? Avez-vous déjà
déterminé, par exemple, par quartier, où il serait
possible d'implanter des garderies ou d'autres services?
Est-ce que vous supportez aussi les garderies au point de vue de la
taxation?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Langlois.
M. Langlois: Mme la Présidente, au point de vue de la
planification des sites pour l'implantation de garderies, les règlements
de zonage, depuis 1967, prévoient que ce sont des usages publics et
semi-publics au même titre que les églises ou les écoles.
Nous avions donc prévu certains espaces. L'expérience nous
démontre que l'implantation des garderies s'est faite assez lentement et
ces espaces ont été utilisés par les corporations
scolaires ou par la municipalité pour en faire des parcs, de sorte
qu'aujourd'hui nous devons souvent sacrifier des espaces, qui avaient
été cédés pour la construction d'écoles ou
pour l'aménagement de parcs, pour accommoder les garderies. Nous n'avons
pas vécu de problèmes sérieux de changement de zonage
jusqu'à maintenant pour l'implantation de garderies, mais nous tentons,
pour l'avenir, de prévoir les espaces à même nos espaces
publics, si possible.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Concernant la taxation,
m'avez-vous dit si vos garderies étaient exemptées de taxes?
M. Langlois: Nous respectons la Loi sur la fiscalité
municipale et nous allons bénéficier des amendements de
décembre. Je ne pourrais malheureusement pas vous donner tous les
détails, mais il est certain qu'on voudrait les avantager au
maximum.
Il y a des différences à faire ici entre les services
familiaux de garderie et les services organisés. Il y aurait
peut-être lieu de faire certaines recherches en commun.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout à l'heure, vous avez fait une
certaine ouverture quant à une responsabilité financière
si vous aviez un certain contrôle ou si on vous confiait certaines
responsabilités. J'ai senti beaucoup de réticences, par contre,
lorsque j'ai rencontré d'autres municipalités, au transfert de
responsabilités. Les municipalités nous disent souvent: Si vous
voulez des services, nous sommes prêtes à collaborer et à
vous aider dans l'évaluation de ces services, mais on ne veut pas qu'on
nous transfère la facture. Par contre, je vois que vous êtes
prêts à vous impliquer davantage et, naturellement, j'imagine,
jusqu'à un certain montant, vous êtes également prêts
à financer certains services.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme Gauthier.
Mme Gauthier: Oui, je vais répondre à cette
question qui est quand même délicate. Je ne connais pas le
programme que vous mettrez sur pied, ni ce qui regardera Laval pour les trois
prochaines années.
Parlons d'un protocole d'entente à titre expérimental sur
une base de trois ans, un protocole où il y a un partenariat. Le
montant d'argent qui irait à Laval via l'office, soit pour le
développement, la consolidation - ce sont peut-être là les
volets du protocole d'entente - nous sommes prêts à mettre le
même sur une période de trois ans.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est intéressant, cela.
Mme Gauthier: Pour 1 $ que vous allez nous donner, on va en
mettre un.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela signifie, finalement, si je comprends
bien, que vous seriez même prêts à accepter d'être les
administrateurs de l'enveloppe budgétaire pour l'ensemble de vos
garderies, au lieu de remettre cette enveloppe directement aux garderies.
Mme Gauthier: Je pense que ça pourrait être
discuté lors d'un protocole d'entente.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Gauthier: Dans notre protocole d'entente, on voudrait voir
trois volets: le développement, la consolidation des services de garde
déjà existants et les projets expérimentaux et novateurs,
les nouveaux projets.
Mme Gagnon-Tremblay: Par contre, je ne pense pas qu'on puisse
avoir cette ouverture provenant de toutes les municipalités.
Mme Gauthier: Je comprends que toutes les municipalités ne
peuvent sûrement pas avoir cette ouverture. Nous l'avons parce que nous
voulons gérer notre territoire.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Une autre question
m'intéresse beaucoup. Vous accordez une autorisation aux familles qui
sont désireuses d'offrir un service de garde non régi pour neuf
enfants et moins. Actuellement, l'office n'exige pas de permis. Alors, vous
offrez cette autorisation. Exercez-vous un suivi lorsque vous donnez cette
autorisation? Exercez-vous un suivi après cette autorisation dans ces
services non régis actuellement?
Mme Gauthier: Mme Langlois va vous répondre.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme Langlois.
Mme Langlois: Nous avons un service d'inspection des garderies,
autant des agences que des garderies en milieu familial. C'est le suivi que
nous assurons. Par contre, sur le plan légal, je pense que M. Langlois
pourrait peut-être expliquer un peu plus les pouvoirs que nous avons dans
ce domaine.
Mme Gauthier: Nous n'avons pas grand pouvoir.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Langlois.
Très brièvement, parce qu'il reste quelques secondes.
M. Langlois: D'accord. Mme la Présidente, j'ai
mentionné tantôt que la Loi sur les cités et villes nous
limitait à des pouvoirs de sécurité publique. Les autres
inspections que nous faisons ou les visites que nous effectuons auprès
des garderies sont plutôt à caractère incitatif et pour
rappel des règlements de l'Office de services de garde à
l'enfance.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Le temps est
écoulé. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: C'était juste pour savoir si, par
exemple, en émettant cette autorisation, vous croyez avoir
inventorié tous les services en milieu familial non régis de
cette façon, c'est-à-dire toutes les familles qui gardent neuf
enfants et moins et qui ne sont pas régies par l'Office des services de
garde à l'enfance. En donnant cette autorisation, avez-vous pu
inventorier ces nombreux services?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Delacos-te.
M. Delacoste (Jean-Marc): Non. Effectivement, il y a un certain
nombre de services de garde qui échappent à l'inspection.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. En vous
écoutant, je me disais: Le malheur, c'est que vous êtes tellement
exemplaires que vous êtes uniques, je crois.
Mme Gauthier: C'est ce qui fait la beauté de la ville de
Laval.
Mme Harel: Oui. Disons que nous souhaiterions que votre influence
se répande, Mme Gauthier, M. Langlois et les personnes qui vous
accompagnent. Vous êtes déjà venue, je crois, en commission
parlementaire, Mme Gauthier, sur des questions relatives à la condition
féminine, il me semble.
Mme Gauthier: Non, malheureusement, je ne suis jamais venue
à Québec. J'ai déjà déposé un
mémoire, oui, mais sur les affaires culturelles.
Mme Harel: Est-ce la première fois que vous êtes en
commission parlementaire?
Mme Gauthier: Oui, c'est la première fois que je viens
à Québec.
Mme Harel: Comment s'est développée l'implication
de la ville de Laval? J'imagine que vous y êtes pour quelque chose, Mme
Gauthier. C'est en écoutant M. Langlois, qui est adjoint au directeur
général, que je me suis rendu compte que la ville y croyait
vraiment parce que, d'une certaine façon, il n'y a pas que les
élus, il y a aussi les services qui sont Impliqués. Comment
est-ce venu à la ville, cette implication?
Mme Gauthier: Premièrement, c'est une volonté
politique. C'est comme ça que c'est venu à la ville. Nous avons
fait des consultations auprès de plusieurs personnes et nous nous sommes
rendu compte que, sur beaucoup de dossiers... Vous savez, une
municipalité, ce sont des gens élus. Dans une
municipalité, nous sommes près de notre population. Nous ne
sommes pas simplement des pourvoyeurs de services municipaux, égouts et
aqueduc. Je pense qu'on a évolué. On est rendus des organisateurs
de société. Si on veut que notre société ait une
meilleure qualité de vie et un meilleur milieu de vie, je pense qu'il y
a des choses qu'i faut prendre en main avec, bien sûr, des partenaires.
Cette philosophie, nous l'avons pour les aînés, nous l'avons pour
les garderies. Je pense que le maire de la ville de Laval est venu
déposer un mémoire sur le transport en commun. Je pense que la
même philosophie, nous l'avons tous ensemble.
C'est de là qu'est partie l'idée. Il y a eu de la
consultation. Bien sûr, au moment où on a décidé de
faire une garderie en milieu de travail pour nos employés, moi, en tout
cas, je me souviens que, quand ce dossier a commencé à
l'hôtel de ville - il y a plusieurs dossiers qui nous passent entre les
mains dans une journée, dans une semaine ou dans un mois - je vous jure
qu'à la cafétéria de l'hôtel de ville tout le monde
parlait du dossier de la garderie. Qui plus est, toute la direction
générale, qui était en majorité des grands-papas,
était intéressée à l'évolution du dossier.
On appelait ça le dossier "jazzy" de la ville. Cela a été
un dossier qui a bien marché, qui a bien fonctionné. L'office
nous a aidés. Tout a bien été.
Dans le milieu culturel, nous avons aussi signé un protocole
d'entente à titre expérimental avec le ministère des
Affaires culturelles, un protocole de 1 500 000 $, 50 % le ministère, 50
% la ville. Toutes les expériences qu'on vit
sont heureuses.
Mme Hare!: Je vous écoute, Mme Gauthier, et je me dis que,
dans le fond, les choses vont vraiment changer quand il va y avoir un service
de garde à l'Assemblée nationale.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Assurément. Il n'y a même pas de
halte-garderie, il n'y a même pas de jardin d'enfants. Combien de
milliers de personnes circulent ici en une semaine? J'aimerais que ça
devienne le dossier "jazzy".
Mme Gauthier: J'ai été avec Mme Langlois à
une réunion de l'UMQ, où il y avait des élus de
différentes grosses villes. Bien sûr, ils voulaient nous demander
notre point de vue sur le mémoire parce qu'ils ont
présenté un mémoire. Je les comprends parce qu'ils doivent
présenter un mémoire qui répond à l'intention de la
majorité des municipalités du Québec. Je n'ai rien contre
l'intention de la majorité des municipalités du Québec.
Moi, je défends le dossier de Lavai.
Mme Harel: Quels sont vos... (15 il 30)
Mme Gauthier: Les gens me posaient des questions en disant: Oui,
Mme Gauthier, votre idée est belle et bonne, comme vous dites, c'est
merveilleux, mais ça va vous coûter des sous. J'ai dit: Oui,
ça va nous coûter des sous, c'est sûr et on en est
conscients, mais ça nous coûte des sous pour une meilleure
qualité de vie, une meilleure qualité de milieu. Donc, on invite
les jeunes couples à venir acheter des maisons à Laval et on en
retire des taxes, on n'est pas perdants. C'est comme vous, à l'Office
des services de garde à l'enfance, lorsque vous créez une place
en garderie pour une mère qui travaille et qui rapporte de l'impôt
au gouvernement. Finalement, c'est aussi un dossier économique.
Mme Harel: II y a un coût, mais il y a aussi, comme vous le
dites, un avantage, pour une ville, qui peut en être retiré sur le
plan de l'augmentation de sa population ou du type de population qui vient
s'installer. Dans votre mémoire, vous parlez du rôle que la
commission scolaire devrait jouer, particulièrement à
l'égard de la garde d'enfants d'âge scolaire durant la
période estivale et durant les journées pédagogiques. Vous
posez la question: Qui, dans notre société, a treize semaines de
vacances et vingt jours de maladie? Ce sont là les journées
où les enfants d'âge scolaire sont finalement en dehors de
l'école. Quelles sont vos relations avec les commissions scolaires de
votre territoire? Quand vous dites que "les commissions scolaires doivent
assumer entièrement la garde des enfants d'âge scolaire, en
incluant les journées pédagogiques, les vacances de Noël et
de Pâques, la semaine de relâche en février et la
période estivale", évidemment, puisque l'office n'est pas partie
prenante avec la garde en milieu scolaire, pensez-vous que la commission
scolaire et le ministère de l'Éducation devraient assumer ce type
de garde?
Mme Gauthier: Premièrement, je ne répondrai pas
à toutes vos questions; je vais répondre à un principe
auquel je crois. Je crois que la commission scolaire a une part de
responsabilité dans la garde des enfants en dehors des heures
d'école, des heures d'éducation données. Je pense aussi
que la commission scolaire est administrée par des élus. Ils ont
leur part de responsabilité comme membres de la société,
eux aussi. C'est pour ça que je suis d'accord qu'ils doivent être
aussi des partenaires sociaux à part entière.
Pour l'autre partie de votre question, je vais demander à M.
Delacoste, qui est sociologue et recherchiste, de vous donner la
réponse.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Delacoste.
M. Deiacoste: Si je comprends bien, c'est sur la partie de la
question qui porte sur la garde estivale et qui pourrait être un
complément aux camps de jour offert par la ville. Là-dessus,
à Laval, il y a eu une seule expérience pilote où une
école met à la disposition des enfants qui sont gardés
dans les camps de jour les locaux de la garderie scolaire. On trouve que c'est
un élément intéressant puisque les camps de jour de la
ville se déroulent dans les parcs des écoles; ils sont toujours
à côté. Il y a certainement un lieu d'implication de
plusieurs partenaires: la municipalité, les commissions scolaires et,
sans doute, le gouvernement du Québec.
Mme Harel: Vous savez certainement que, d'une part, la garde en
milieu scolaire ne reçoit pas de subvention pour la période
estivale et que, d'autre part, les parents n'ont pas accès à
l'aide financière pour la période estivale, non plus. D'autre
part, seuls les parents qui travaillent à l'extérieur du foyer,
finalement, ont accès à l'aide financière dans le cadre de
la garderie scolaire puisque toute aide est exclue s'ils sont chômeurs ou
sans revenu de travail. Si je comprends bien, vous dites qu'il doit y avoir
garde en période estivale et que cette garde doit se faire à
l'intérieur du milieu scolaire. C'est ce qu'on doit comprendre?
M. Delacoste: C'est un souhait.
Mme Harel: Vous préférez que ce soit comme
ça plutôt que la recommandation que je crois retrouver dans
l'énoncé, à savoir que cette garde soit prise en charge
l'été par les services de garderie.
M. Delacoste: II est sûr qu'ils peuvent être pris en charge
par les services de garderie. Par
exemple, à la ville de Laval, nous évaluons que si un
service de garde est accordé en même temps que les camps de jour
de la ville, cela doublerait les inscriptions aux camps de jour. À ce
moment-là, la ville se trouverait à jouer, par ce biais, un
rôle de garderie et ce sont effectivement des éléments qui
devraient être pris en compte dans la négociation d'un protocole
d'entente avec l'Office des services de garde à l'enfance.
Mme Harel: Mais vous êtes prêts à le jouer, ce
rôle, finalement, durant la période estivale. Dans le fond, vous
nous dites: La commission scolaire devrait assumer entièrement la
responsabilité en période estivale. Par ailleurs, vous dites que
vous pourriez peut-être jouer ce rôle en prolongeant les heures des
camps de jour. Est-ce que je dois comprendre qu'il pourrait y avoir deux
formules, à ce moment-là?
Mme Gauthier: II pourrait peut-être y avoir deux formules,
mais aussi je pense que tout ça devrait être réglé
et vérifié dans un protocole d'entente.
Mme Harel: Avec la commission scolaire ou avec l'office?
Mme Gauthier: Avec l'office. Nous, nous faisons affaire avec les
commissions scolaires. Nos camps de Jour sont tous situés dans des parcs
où il y a des écoles. Donc, on utilise déjà
l'école. Peut-être que Mme Langlois pourrait vous éclairer
un peu plus sur ce domaine.
Mme Harel: Mme Gauthier, c'est simplement pour vous rappeler que
la garderie qui est à l'école n'est pas régie par l'Office
des services de garde à l'enfance, mais par la garde scolaire qui
relève de la commission scolaire qui, elle, est financée par le
ministère de l'Éducation du Québec. Vous voyez, les
protocoles doivent passer aussi par les commissions scolaires.
Mme Gauthier: Elle n'est pas régie en dehors des semaines
de l'été, disons.
Mme Harel: Même dans l'année, présentement.
C'est pour ça, d'ailleurs, qu'il y a des parents qui nous disent que
c'est compliqué quand ils ont deux ou trois enfants. L'un est dans une
garderie régie par l'office et l'autre l'est par la commission scolaire
avec le ministère de l'Éducation. Pendant l'été,
cette garde en milieu scolaire régie par le ministère de
l'Éducation pourrait donner des services dans le cadre du budget de
l'office, mais ce ne sont plus les mêmes règlements, etc.
Mme Gauthier: À ce moment-là, si ça devient
trop compliqué, en s'assoyant pour signer un protocole d'entente, on
pourrait, en étant aidés par l'office, prolonger nos heures de
camps de jour et ce seraient des garderies. Dans le moment, nous ouvrons nos
camps de jour de 9 heures à 16 heures. De 16 heures à 18 heures,
l'enfant est laissé à lui-même avant que les parents
arrivent de travailler.
Mme Harel: Merci. Voulez-vous compléter? J'ai eu
satisfaction, merci. Quelle est la moyenne des salaires qui sont versés
aux travailleurs et aux travailleuses de La Relève?
Mme Langlois: Depuis janvier, c'est 8,32 $ l'heure.
Mm» Harel: Alors, vous vous situez dans ta moyenne
supérieure.
Mme Langlois: C'était 8 $ l'heure avant janvier. On l'a
indexé au coût de la vie à 8,32 $ pour les gens qui ont
leur diplôme, naturellement.
Mme Harel: Tantôt, Mme la ministre faisait état de
réserves qui avaient été manifestées par des
intervenants qui sont venus déposer des mémoires à
l'égard de la garde en milieu de travail. Évidemment, encore
faut-il distinguer. C'étaient là effectivement des groupes
familiaux qui font valoir qu'un certain nombre de parents sont peu
désireux de ce mode de garde vu qu'ils n'ont pas de transport
privé. Ils devraient donc se déplacer en transport public avec
parfois des enfants en très bas âge pour aller dans des parcs
industriels qui n'ont pas toujours l'environnement qu'on retrouve sur le
territoire de la ville de Laval; ils sont parfois en périphérie
et ne permettent pas à l'enfant de maintenir des contacts avec ceux du
même âge dans le voisinage.
Le service que vous offrez est dans un bâtiment public, j'imagine,
pour les employés de la ville et est assez central. Le projet de garde
en parc industriel m'intéresse. Avez-vous poursuivi des études
sur les besoins? Est-ce qui y a des parents qui ont exprimé une attente
à l'égard d'un tel service dans le parc industriel,
peut-être pas le parc de haute technologie, mais l'autre parc
industriel?
Mme Gauthier: Nous avons un très gros parc industriel et
de plus en plus les industries viennent s'installer à Laval. Nous
n'avons pas fait exactement d'étude, mais c'est un projet que nous avons
qui serait sûrement apprécié parce qu'il y a beaucoup
d'employés qui se dirigent là. Nous avons aussi un regroupement
d'édifices comme chez Gendron et Lefebvre, l'édifice GL, au coin
de Saint-Martin et des Laurentides, qui ont un potentiel d'employés qui
demandent une garderie depuis trois ans. Je le soulignais dans le
mémoire: ils n'ont pas pu implanter la garderie parce qu'ils n'avaient
pas d'encadrement ni d'aide. Les délais de l'office étaient trop
longs, cela les a découragés. Mais il suffit qu'on arrive
avec un soutien et cette garderie ils vont l'implanter et la
développer.
Mme Harel: Je vous félicite. Mme la Présidente, je
vais immédiatement remercier les représentants de la ville de
Laval. Dans les réponses que vous nous avez données, j'ai senti,
pour chacun de vous, une implication personnelle dans ce dossier. J'imagine
qu'elle est aussi indispensable que la volonté politique. Je souhaite
que ce que vous réalisez ouvre les yeux à d'autres
municipalités du Québec.
Mme Gauthier: Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Malsonneuve. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je voudrais apporter certaines
précisions concernant la garde en milieu scolaire afin que les gens se
situent bien. Il faut comprendre que les parents d'enfants d'âge scolaire
qui sont dans des garderies reconnues, c'est-à-dire en milieu familial
ou en garderie, au cours de la période estivale, reçoivent une
exonération financière qui n'est pas la pleine
exonération, mais l'exonération d'une demi-journée. On
laissait supposer, tout à l'heure, qu'il n'y avait aucune forme d'aide
pour cette garde. L'Office des services de garde à l'enfance a aussi un
rôle important à jouer, même dans le milieu scolaire, en ce
qui concerne la garde, que ce soit son développement harmonieux, le
pouvoir d'inspection, le pouvoir de réglementer, le rôle de
coordination ou la responsabilité donnée aux commissions
scolaires. Je pense que l'office a un rôle à jouer.
Peut-être n'a-t-on pas Intensifié suffisamment ce rôle, mais
on a déjà tous ces pouvoirs et il s'agit finalement de jouer
notre rôle.
Pour terminer, je voudrais tout simplement mentionner qu'on se rend
compte que ça prend un leadership. Votre ville en est l'image. Et
lorsqu'il y a un leadership, on voit que les choses se développent. On
voit qu'il se fait du développement. Pour obtenir ce leadership, il faut
collaborer avec les intervenants et travailler avec eux. C'est la raison pour
laquelle je crois fermement que la planification régionale va permettre
aux gens de se rencontrer et de se parler. Ce sera peut-être le
début d'une ère nouvelle pour le développement des
services de garde.
Votre mémoire est très intéressant et je vous
remercie. Cela nous permet de connaître l'expérience d'une ville
en pleine évolution et qui, justement à cause de son dynamisme,
peut faire plein de choses pour la qualité de vie de ses concitoyens et
de ses concitoyennes. Merci.
Mme Gauthier: Merci beaucoup, Mme la ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Au nom des membres de
cette commission, nous vous remercions de votre participation et nous vous
souhaitons un bon retour.
J'invite maintenant le Regroupement des garderies sans but lucratif des
Cantons de l'Est à bien vouloir prendre place à la table. Les
membres de cette commission vous souhaitent la bienvenue. Je vous rappelle que
le temps alloué pour la présentation de votre mémoire est
de 20 minutes, suivie d'une période de discussion entre les deux groupes
parlementaires de 40 minutes. Je demanderais au porte-parole de bien vouloir
s'identifier, ainsi que les personnes qui l'accompagnent.
Regroupement des garderies des Cantons de
l'Est
M. Therriault (Christian): Bonjour! Les représentants du
regroupement des garderies sont: Mme Sylvie Grondin, coordonnatrice et
éducatrice à la garderie Pleine lune, de Magog; M. Yves Martin,
parent à la garderie Jardin des merveilles, de Sherbrooke; M. Yves
Lapointe, coor-donnateur et éducateur à la garderie Les petites
puces, et Christian Therriault, permanent au Regroupement des garderies des
Cantons de l'Est.
Mme la Présidente, Mmes et MM. les membres de la commission, la
mode semblant être aux nouvelles formules, la présentation du
mémoire du Regroupement des garderies des Cantons de l'Est sur
T'Énonce de politique sur les services de garde à l'enfance" se
déroule comme suit. Au lieu de procéder par la table des
matières habituelle, c'est-à-dire sept principes directeurs,
financement, développement et qualité, nous y allons par le point
de vue des acteurs du système, soit les enfants, les parents, les
travailleuses et la garderie comme entité. (15 il 45)
M. Lapointe présente un témoignage reflétant les
besoins des enfants, M. Martin, les attentes des parents, Mme Grondin, les
espoirs des travailleuses et je commence en vous entretenant de la
réalité des garderies sans but lucratif estriennes.
À la réception de l'énoncé tant attendu, le
premier réflexe, évidemment, était d'en vérifier la
bonification pour les garderies sans but lucratif existantes. À la table
des responsables de l'aide financière, un comité de travail du
regroupement, pour chaque garderie sans but lucratif, un rapport financier
1987-1988 en main, nous établissons les incidences des 45 %.
Évidemment, le but de cet exercice est de vérifier la
consolidation du réseau, soit dit en passant recommandation prioritaire
du rapport Presser.
En page 4 du mémoire, au tableau 1 qui s'intitule "Augmentation
des subventions directes" - je vous invite à le consulter - une
première constatation ressort. Les projections gouvernementales sont que
20 % des garderies recevront entre 500 $ et 5000 $, 65 %, entre
5000 $ et 30 000 $ et 15 %, 30 000 $ et plus. La réalité
estrienne maintenant: pour 23 % des garderies, c'est le statu quo - V faut vous
dire Immédiatement que ce sont des garderies en milieu rural - 30 %
recevront entre 500 $ et 5000 $; 47 % entre 5000 $ et 30 000 $; et, attention,
80 % de celles-ci reçoivent moins de 10 000 $. Première
conclusion: il y a certains effondrements sur le visage des coordonnatrices de
garderies.
Je vous invite encore à consulter les tableaux I et II du
mémoire du regroupement des garderies, alors que notre deuxième
constatation porte sur trois exemples. Prenons la garderie Carosse-Citrouille,
de Sherbrooke, qui a le bonheur de recevoir 23 000 $, la plus grande
bonification. Mme la ministre connaît bien Sherbrooke; elle connaît
bien la rue Ontario, le quartier nord, le quartier des riches, alors, le tarif
est élevé, 17 $, ce qui explique que les parents peuvent se payer
ce service de garde et la garderie est pleine aussi. Mais il faut dire que,
pour une garderie de 45 ou 50 places, qui a un budget approximatif de 300 000
$, 23 000 $, ça représente 7 % d'augmentation du budget. Si on
pense à l'augmentation du coût de la vie, tout ce qui est permis,
peut-être que c'est une légère indexation des salaires.
Que faut-il conclure de ce premier exemple? L'accessibilité et la
rentabilité vont-elles de pair avec des revenus familiaux
élevés? Même avec 23 000 $ pour cette garderie
fortunée, on ne parle pas de rattrapage, mais de simple indexation.
Deuxième exemple, la garderie Jardin des merveilles, à
Sherbrooke, quartier centre-sud, de milieu plutôt
défavorisé, tarif 16,90 $, quand même aussi
élevé que le premier exemple, celui de Carosse-Citrouilie; maigre
bonification: 11 000 $. Vous allez me dire: Ah, peut-être y a-t-il une
faible fréquentation! Je vous réponds: Exemple parfait de la
capacité limitée des parents à payer puisque c'est un
milieu défavorisé, pour ne pas vous répondre
également que le problème de cette garderie est que, dans son
environnement proche, il existe trois garderies clandestines: concurrence
déloyale, faible tarif, mais faibles services aussi. Ces garderies
clandestines ne sont pas fermées par l'office qui n'applique pas ses
pouvoirs administratifs ni ses pouvoirs judiciaires.
Conclusion de ce deuxième exemple: la garderie Jardin des
merveilles est une garderie propriétaire déficitaire, et ce n'est
pas avec 10 000 $ qu'on règle une hypothèque, encore moins un
déficit.
Toujours dans notre deuxième constatation, un troisième
exemple. On ne pouvait, évidemment, pas conclure là-dessus sans
passer par une garderie en milieu rural, la garderie Saute-Crapaud à
Cookshire. Soit dit en passant, je fais la remarque suivante: en Estrie, sur
les 31 garderies sans but lucratif, 12 sont à Sherbrooke et les 19
autres dans d'autres municipalités, avec un pourcentage assez fort en
milieu rural. Pour la garderie Saute-Crapaud, de Cooksnire, l'augmentation de
la subvention, si on applique les 45 % de la formule, est de 7607 $. Pourtant,
de 1986 à 1988, le tarif de cette garderie est passé de 11 $
à 15 $. Conséquence: chute du taux de fréquentation de 91
% à 75 %.
Conclusion de ce troisième exemple de garderie en milieu rural:
exemple parfait de la capacité limitée des parents à
payer. En milieu rural, les tarifs quotidiens exigés ont atteint un
seuil critique.
Ces faits étant énumérés, voici l'analyse
que nous en faisons. Le tableau révèle que les garderies recevant
10 000 $ et plus possèdent les plus hauts tarifs. Conclusion: pour
envisager une nette consolidation, les garderies doivent augmenter leurs tarifs
alors que nous exigions un plafonnement des tarifs aux parents.
Les tarifs de garde élevés sont en milieu urbain, dans les
quartiers favorisés. Conclusion: cette politique accentue les
inégalités régionales et financières entre les
garderies. Il faut même parier de sous-financement et
d'inaccessibilité de ces services en milieu rural.
Les faibles augmentations des budgets de fonctionnement nous forcent
à constater l'impossibilité d'améliorer nettement les
salaires et les conditions de travail. Conclusion: ce sont les travailleuses et
les parents qui continueront de porter la grande part du fardeau financier des
garderies.
Je vous souligne que, dans son rapport annuel 1986-1987, l'Office des
services de garde à l'enfance révèle, en page 27: "II faut
constater une diminution moyenne de 62,4 % des fonds de roulement des
garderies. Cette baisse importante du fonds de roulement moyen qui passait de
13 549 $ à 5 087 $ par garderie signale l'urgence d'un redressement."
Conclusion: les mesures présentées dans la politique sont
nettement insuffisantes à cet égard.
Finalement, le constat de la consolidation des garderies en Estrie est
faible. La preuve est faite que les tarifs exigés des parents ont
atteint un seuil critique et que leur augmentation entraîne une chute du
taux de fréquentation. De surcroît, pour maintenir les revenus de
garde au maximum, puisqu'ï faudra peut-être appliquer les 45 %, il
faudra donc recevoir chaque jour tous les enfants que la garderie est en mesure
d'avoir selon sa capacité. Ce geste va à l'encontre de certains
chou de qualité de services que les conseils d'administration ont
faits.
L'analyse des tableaux I et II touche l'année financière
1989-1990. Qu'advient-il l'année suivante? Car dans la situation de
rattrapage urgente en Estrie, si la garderie veut un surplus, elle devra
augmenter ses revenus, donc augmenter les tarifs exigés des parents.
Cela étant dit, le Regroupement des garderies des Cantons de
l'Est croit que l'actuel mode de financement basé sur le nombre de
places au permis doit être maintenu. Il cor-
respond mieux aux réalités et aux besoins des garderies,
de même qu'il est plus équitable pour l'ensemble de celles-ci.
Nous recommandons donc d'augmenter la subvention de fonctionnement à 9 $
par jour par place au permis pour 1989-1990. Ainsi, une garderie type de 50
places profitera d'une bonification de 50 000 $, soit 20 % qui lui permettront
sûrement de réaménager certains de ses locaux et voire,
peut-être, une augmentation salariale décente pour ses
travailleuses.
Les disparités. Pour les garderies en milieu rural, la subvention
par place au permis assure un revenu d'exploitation stable, une
sécurité beaucoup plus évidente que l'application de la
formule des 45 %. Ainsi, nous pourrons diminuer les tarifs aux parents, donc
augmenter le taux de fréquentation. Les parents et les travailleuses des
garderies pourront donc continuer de faire des choix d'ordre pédagogique
et conserver la qualité construite d'année en année pour
le bien-être des enfants.
M. Lapointe (Yves): Yves Lapointe. Pour ma part, je me suis
attardé davantage aux enfants qui, ne l'oublions pas, sont les
principaux concernés à l'intérieur de cette politique. Or,
l'énoncé ne consacre que quelques lignes à l'enfant, soit
au chapitre des sept principes directeurs. Il est mentionné en page 16
de l'énoncé que la qualité des services doit
"refléter l'existence d'un milieu où tout converge à
assurer le développement équilibré de l'enfant. Bien plus
qu'une simple fonction de gardiennage, ces services ont un rôle
préventif et éducatif à jouer, lequel doit être
adapté aux étapes de croissance ainsi qu'aux besoins
variés de leur clientèle."
Il est évident que le milieu de vie dans lequel l'enfant se
trouve influencera son avenir. Il faut, en tant que société,
considérer l'enfant comme une responsabilité sociale et mettre
tout en oeuvre afin d'assurer des services de garde de qualité puisque
l'avancement et la richesse d'une société se mesurent notamment
à l'importance qu'elle accorde à ses enfants. Or, qu'est-ce que
nous voyons dans notre entourage? Une prolifération des services de
garde au noir où les enfants sont placés dans des conditions
lamentables et où les activités se résument à TV,
dîner, dodo, TV. Ce qui est choquant, c'est que cette
prolifération se fait au vu et au su de l'office qui fait preuve de
négligence frappante dans ce dossier. C'est à se demander si
l'office s'est permis de fermer les yeux sur la garde au noir pour
régler le manque de places en garderie. Cette négligence permet
également à ces garderies illégales d'offrir une
concurrence déloyale aux garderies sans but lucratif et ainsi de
court-circuiter le travail du personnel en garderie auprès des
enfants.
Lorsque l'on parie de la qualité des services, on parle surtout
de ratios. En effet, le rapport Presser mentionne que le ratio demeure fa
principale garantis de la qualité du service de garde. Le Québec
demeure une des provinces ayant les ratios les plus élevés pour
les enfants de moins de trois ans. Or, on ne retrouve aucune mesure pour
diminuer les ratios dans l'énoncé. Alors, quelle est la
volonté politique d'offrir un milieu de garde de qualité à
l'enfant?
Nous sommes également des plus concernés par la part de
plus en plus significative des garderies à but lucratif au sein des
services de garde. En effet, selon les rapports de l'office, il y a beaucoup
plus de plaintes des garderies à but lucratif comparativement aux
garderies sans but lucratif. Mentionnons-le, les garderies sans but lucratif
sont trois fois plus nombreuses que les garderies commerciales. Ces
comparaisons viennent donc appuyer les différences entre le but lucratif
et le sans but lucratif en termes de qualité offerte aux enfants.
Nos préoccupations s'élèvent à un niveau
plus élevé lorsqu'on analyse l'énoncé de politique
quant au développement des services de garde. Sur les places
déjà peu nombreuses réservées aux garderies, on ne
fait aucune distinction entre le but lucratif et le sans but lucratif,
même si, à la page 17 de l'énoncé, on juge important
de privilégier les services sans but lucratif dont le conseil
d'administration est formé majoritairement de parents.
Quel pourcentage ira aux sans but lucratif? Si nous nous basons sur les
chiffres publiés par l'office, nous remarquons que le
développement des garderies commerciales s'est
accéléré ces dernières années pour
atteindre, en 1988, un niveau sans précédent. En effet, il s'est
développé deux fois plus de places en garderie commerciale qu'en
garderie sans but lucratif, c'est-à-dire deux fois plus de garderies
commerciales. Il est donc normal de s'interroger sur les orientations du
gouvernement quant au partage des 4130 nouvelles places qui seront
destinées aux garderies de quartiers pour les trois prochaines
années. Il est facile de s'imaginer que le développement des
garderies commerciales s'accentuera étant donné qu'on se propose
désormais de les subventionner. D'ailleurs, si les tendances se
maintiennent au cours des cinq prochaines années, les places en garderie
sans but lucratif représenteront moins de la moitié de l'ensemble
des places reconnues pour les enfants d'âge préscolaire.
À ce propos, en décembre 1988, le Conseil national du
bien-être social mentionnait qu'il était plus approprié
d'utiliser les fonds publics pour accorder des subventions aux garderies sans
but lucratif puisque celles-ci sont principalement vouées au
bien-être continuel des enfants tandis qu'à l'opposé les
garderies commerciales sont préoccupées davantage par leurs
profits que par la qualité du service. Donc, faites vos conclusions sur
les subventions des garderies commerciales. À cet égard, M.
Bourassa mentionnait également en février dernier, en pariant des
services de santé à but lucratif, et je cite: Ces compagnies
tournées vers le profit n'offriraient
aucune garantie que leurs revenus ne proviendraient pas d'une
réduction de la qualité des soins plutôt que d'une gestion
plus efficace. Il y a antinomie dans l'approche. Si on veut faire de l'argent,
on sera tenté de le faire au détriment de la qualité des
soins.
Nous nous permettons de rappeler à Mme la ministre que le rapport
Presser avait recommandé le statu quo quant au développement des
garderies commerciales et un programme de conversion de celles-ci en garderies
sans but lucratif. Nous croyons donc, étant concernés par le
développement de l'enfant, que les garderies sans but lucratif des
quartiers demeurent le choix logique afin d'assurer un milieu favorable
à l'épanouissement de l'enfant. Également, ce n'est
qu'à partir du moment où on décidera de développer
des services de garde de qualité et peu dispendieux que la garde non
réglementée reculera, et reculera avec elle la sous-exploitation
des capacités créatrices de l'enfant. (16 heures)
Je terminerai en mentionnant que la seule façon d'assurer un
service de qualité, d'assurer un lien étroit entre la famille,
ses valeurs et le milieu de garde de l'enfant, c'est d'impliquer les parents
tant sur le plan administratif qu'éducatif à l'intérieur
des instances décisionnelles.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Lapointe.
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, monsieur et madame pour votre
présentation. Dans votre mémoire, au tableau I, vous identifiez,
par exemple, les garderies soumises au statu quo et d'autres qui auraient des
sommes un peu minimes. Vous donnez le nombre de places au permis, la
municipalité, le tarif et la situation par rapport à la nouvelle
formule qu'on préconise. Cependant, dans ce tableau, je ne vois pas le
taux d'occupation. Vous n'avez pas inclus de taux d'occupation. C'est
très difficile de faire une évaluation de vos chiffres sans le
taux d'occupation.
M. Therriault: Vous pouvez retrouver en page 6 un tableau qui met
à jour le tarif quotidien, la liste d'attente et le taux d'occupation
des trois dernières années.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Je l'ai vu là, mais, dans
l'autre tableau, pour faire la comparaison, c'est un peu plus compliqué.
Aussi, je ne sais pas si vous êtes d'accord, mais quand on parle de taux
d'occupation, c'est sûr qu'il y a beaucoup de facteurs qui entrent en
ligne de compte. On en a fait mention ce matin en disant qu'il y a toute la
question des congés fériés, il peut aussi y avoir des
journées de maladie pour certaines garderies. Ce n'est pas naturellement
le taux réel, mais le taux potentiel d'occupation. Plusieurs facteurs
jouent sur ce taux. Par contre, j'ai souvent comme l'impression que le seul
facteur qui ressort - et, naturellement, je pense que c'est effectivement le
plus important - c'est celui de l'incapacité de payer des parents. Mais
il y a beaucoup d'autres facteurs aussi. Il peut arriver que pour une garderie
ouverte depuis cinq ans, dix ans dans un certain secteur où il y avait
beaucoup d'enfants d'âge préscolaire, la clientèle n'ait
plus les mêmes besoins dans ce secteur et, souvent, il peut y avoir un
problème.
Aussi, il peut y avoir un autre facteur; je pense à une certaine
image de la garderie, en ce qui concerne, par exemple, les locaux. Si une
garderie est ouverte depuis un certain temps et qu'elle offre des locaux
peut-être un peu moins spacieux, un peu vétustes, peut-être
que les parents sont plus hésitants à y inscrire leurs enfants.
Donc, il y a un certain problème sur ce plan. C'est sûr que ce
n'est peut-être pas le facteur principal, il y a d'autres facteurs qui
font qu'on n'obtient pas le taux d'occupation raisonnable qu'on
souhaiterait.
L'office est très conscient de cette difficulté aussi.
C'est pour ça que, dans le cadre de la planification et de
l'énoncé de politique, on pense beaucoup au plan de redressement.
Quand on pense au plan de redressement, ce n'est pas pour faire peur aux
garderies, ce n'est pas pour leur causer des difficultés. C'est tout
simplement pour leur venir en aide. On se rend compte, vous le mentionniez tout
à l'heure, que plusieurs garderies se verront accorder seulement le 1 %
de la formation, ce sera le statu quo et peut-être le 1 %. D'après
les chiffres que j'ai ici, oui, effectivement, iI y a 10 % des garderies, par
exemple, qui seront soumises au statu quo. Par contre, il y en a 10 % qui
verront une certaine amélioration progressive qui pourra atteindre 10
000 $, par exemple. Je comprends que, pour ces garderies, si on veut
véritablement augmenter les conditions de travail, les salaires, ce
n'est pas suffisant.
Par contre - c'est ce qu'on envisage actuellement et ce qui est
envisagé dans l'énoncé de politique, même si ce
n'est pas écrit de façon aussi claire - dans le cadre de notre
planification, et peut-être pas seulement dans le cadre de la
planification parce que je pense qu'on devra réagir beaucoup plus
rapidement que la planification, on essaiera de travailler avec ces garderies
pour voir ce qui fait problème. Est-ce que c'est parce que c'est dans un
secteur où la clientèle n'est pas là? Est-ce que c'est
dans un milieu défavorisé? Ce matin, on avait, justement,
l'occasion d'entendre un groupe qui nous parlait davantage d'enfants provenant
de milieux défavorisés et nous croyons fermement que nous avons
un rôle à jouer pour cette clientèle très
spécifique. Est-ce que c'est ça? Est-ce que c'est une
façon d'aider cette garderie si elle doit soutenir davantage ce genre
d'enfants?
Notre intention est d'apporter des mesures transitoires à ces
garderies pour qu'elles puissent, quand même, fonctionner sans
difficulté au cours des prochaines années, jusqu'à ce
qu'elles aient pu atteindre un certain niveau, qu'elles
aient pu faire un rattrapage avec les autres garderies. Mais ce n'est
pas notre intention de les fermer. Ce n'est pas notre Intention, non plus, de
leur causer des problèmes. On veut vraiment aider ces garderies et on
est conscient qu'il y en a à peu près, sur la quantité de
garderies déjà ouvertes, peut-être 20 % qui pourraient
être en difficulté. On en est conscient.
M. Therriault: Mme la ministre, vous me présentez des
mesures transitoires, alors même que plusieurs de ces garderies existent
depuis dix ans, qu'elles se sont construites à la sueur, grâce
à beaucoup d'heures de bénévolat et de volonté, des
travailleurs et des parents. Tout à coup, vous me dites: II sera
peut-être possible de redresser la situation de ces garderies. Je
réutilise vos arguments: II n'y a pas juste le taux de
fréquentation à observer. Certains locaux peuvent être
inadéquats. La population a peut-être vieilli dans ce secteur.
Pourquoi nous proposez-vous 45 % en utilisant les arguments que vous venez de
m'apporter?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous dis qu'il y a à peu
près 20 % des garderies qui peuvent avoir certains problèmes.
Mais il y a 80 % des garderies qui verront quand même leur budget
augmenter considérablement...
M. Therriault: Les 80 %, ce sont vos chiffres, à vous.
Mme Gagnon-Tremblay: ...à partir de cette nouvelle
formule.
M. Therriault: Moi, c'est 47 % dont 80 % auront moins de 10 000
$. Qu'est-ce qu'on fait avec 10 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais, encore là, 80 % auront
peut-être, comme vous le dites, 10 000 $ et plus, mais c'est le statu
quo. De toute façon, ce que j'essaie de vous faire comprendre, c'est
qu'avec la formule actuelle, avec les 4,50 $ par jour qu'on accorde
aujourd'hui, plus les 10,50 $ fixes, pour les parents vous savez, que, demain
matin, comme vous l'avez fait dans les années
précédentes... Vous avez été obligés
d'augmenter des tarifs à un moment donné, pour toutes sortes de
raisons. Vous avez été obligés de les augmenter,
indépendamment de votre volonté, à un moment donné,
car, pour être capable de combler des dépenses, 11faut aller
chercher des revenus quelque part.
M. Therriault: C'est ce que vous nous suggérez de faire
encore.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous l'avez fait, mais, finalement, ce sont
les parents seuls qui ont dû supporter cette augmentation de tarifs. Avec
le statu quo, je vous dis que 20 % ont des problèmes, nous sommes
prêts à travailler avec ces 20 % pour y remédier. Les 80 %
vont recevoir une certaine part, qui n'est peut-être pas suffisante,
à vos yeux...
M. Therriault: Insuffisante.
Mme Gagnon-Tremblay: ...mais qui, par contre, n'a rien à
voir avec la formule. Mais, chaque fois que vous aurez inévitablement
à augmenter le tarif, au lieu de faire supporter ça par les
parents seulement, le gouvernement injectera 0,45 $ par dollar pour la garderie
en plus de l'aide financière qui suivra pour permettre aux parents
d'assumer une part de l'augmentation de ce tarif.
M. Therriault: J'ai l'impression qu'on ne se comprend pas quelque
part. Là, je m'explique. L'exercice du mémoire était de
mettre en évidence que l'augmentation de tarifs chez nous implique une
diminution de la fréquentation. Alors, la formule que vous nous proposez
ne peut faire autrement qu'augmenter les tarifs aux parents. La capacité
des garderies est quand même assez intéressante. Le pourcentage
frôle en moyenne 80 %, à part quelques garderies en milieu rural,
mais il faudra revenir sur ça tantôt. Maintenant, ce que nous vous
demandons, c'est de conserver l'actuel mode de fonctionnement qui pour nous est
un revenu beaucoup plus stable. Il me semble que c'est facile à
comprendre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais encore là, comme je vous le
dis, ça ne règle pas nécessairement tous les
problèmes, toutes les disparités entre les garderies. Juste pour
vous donner un exemple, parce qu'il faut penser aussi à l'avenir, je
regarde votre tableau à la page 6 de votre mémoire. Vous avez la
garderie Poil de peluche, de Weedon. Vous avez un tarif, en 1988, de 11,75 $.
Vous n'avez pas de liste d'attente. Il n'y a personne en liste d'attente. Vous
avez un taux d'occupation de 82 %. Bon. C'étaient 80 % en 1988. C'est
sûr qu'à l'égard de votre taux d'occupation, à ce
moment, vous n'avez pas de liste d'attente. Mais 11,75 $, c'est peut-être
très bas comparativement à un tarif, par exemple, que vous pouvez
avoir dans la ville voisine, soit 18 $. Là, vous allez me dire: Oui,
mais on est obligé d'augmenter ce tarif.
Oui, peut-être que c'est la seule solution. Il n'y en a
peut-être pas d'autre et inévitablement il aurait fallu que vous
l'augmentiez quand même l'an prochain. Mais là on vous dit: Parce
que vous avez des parents qui vont avoir de la difficulté à
payer, on augmente l'aide financière. Si vous devez augmenter votre
tarif, je ne sais, pas moi, de x dollars, eh bien, on donne de l'argent aux
parents parce les 20 000 familles qui sont admissibles à
l'exonération financière, avec le statu quo dans les tarifs, vont
recevoir, avec la nouvelle politique, sans modification, plus d'argent; dans
certains cas, un peu moins, dans
d'autres, un peu plus. Ils pourront donc se servir de cette portion
supplémentaire pour assumer une hausse de tarif inévitable, par
exemple, dans ce cas.
On parlait de disparité ce matin et, comme je vous le dis, vous
avez 11,75 $, alors que, dans d'autres cas, vous pouvez avoir 18 $. Vous
convenez avec moi que la garderie qui demande 18 $ n'est pas une garderie qui
est riche. Ce matin, je réalisais que, par exemple, sur une moyenne
d'environ quinze garderies dont les parents sont admissibles à
l'exonération financière, 60 % à 70 % de la
clientèle sont admissibles à l'exonération
financière et, finalement, ces parents-là paient 17 $, 18 $, 19 $
et il y en a même une qui a un tarif de 20 $.
M. Therriault: J'aimerais répondre à ce
commentaire, le scinder en deux parties. Je reprends le cas de la garderie Poil
de peluche et on conserve l'idée de l'exonération
financière. Je règle celui de Poil de peluche et je demanderai
aux deux coordonnateurs et coordonnatrices qui sont présents de vous
donner leur réaction concernant l'aide financière et la
participation des parents.
Pour ce qui est de la garderie Poil de peluche, à Weedon, et pour
bien d'autres en milieu rural, ne vous demandez pas pourquoi les tarifs sont
à 12 $. Si vous les augmentez de 1 $ ou 1,50 $, il est évident
que les parents vont opter pour un autre type de mode de garde. Quelque part
ici, on parle de garderies sans but lucratif qui ont des locaux
adéquats, qui répondent à une réglementation et
où un personnel est expérimenté et formé.
D'autre part, il y a des problèmes de garde au noir. On a
insisté à deux reprises sur ce fait-là. En Estrie, la
garde clandestine non régie, ça pousse comme des champignons.
Alors, que voulez-vous qu'on fasse quand on veut bien augmenter les tarifs?
Admettons qu'on accepte de le faire, les parents vont en décider
autrement. Pour ce qui est de l'aide financière...
Mme Gagnon-Tremblay: Je reviens à votre garderie Poil de
peluche. On sait que Weedon est une petite municipalité.
M. Therriault: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Effectivement, c'est une très petite
municipalité. Par exemple, dans ma municipalité, Ascot Corner, on
ne pourrait pas ouvrir une garderie, la population ne le permet pas. On a
donné ce service-là, mais est-ce un autre type de service qu'il
aurait fallu donner à ce moment-là puisqu'il ne semble pas y
avoir de liste d'attente? Est-ce que c'est cela ou bien...? Je pense qu'il faut
aussi voir comment...
M. Therriault: II n'y a pas d'autre type de service de garde
à introduire en complémentarité dans cette
garderie-là; il y a à fermer la garde clandestine.
Mme Gagnon-Tremblay: Moi aussi, Je voudrais bien qu'on travaille
très fort sur la garde au noir, mais cela fait des années qu'on
essaie de régler le travail au noir et on n'y est pas arrivé
encore. Alors, à l'égard de la garde au noir, je me dis qu'il est
sûr que c'est souhaitable, mais comment va-t-on y arriver? C'est cela que
je me demande et, dans ce cas-là, peut-être que c'est aussi
à cause de la garde au noir à Weedon, comme vous le dites. C'est
peut-être à cause de cela aussi. Mais c'est pour cela, le plan de
redressement. Si, par contre, dans cette municipalité, on veut conserver
notre garderie, il y a peut-être moyen d'associer d'autres services a
cela, de faire un centre intégrant plusieurs services, comme une halte
en même temps, un jardin, pour que cette garderie puisse continuer
à offrir des services et puisse fonctionner. C'est cela qu'on essaie de
faire avec le plan de redressement.
M. Therriault: Je vous donnerai une réponse de la part des
travailleurs, des travailleuses et des parents de cette garderie qui n'ont pas
envie de marcher à reculons, et j'explique ce commentaire. Quand vous
avez créé une garderie quelque part et que vous appliquez par
choix la philosophie qui soutient cette garderie, introduire des services
complémentaires, alors que cela fait dix ans que vous fonctionnez comme
cela, que vous voulez conserver ce modèle et que vous attendez, entre
autres, qu'un jour les salaires soient adéquats et que, si possible, on
n'augmente pas trop les tarifs, je pense que ce serait difficile pour vous de
convaincre cette garderie d'introduire un jardin d'enfants. Pourquoi ne pas
garder des gens de l'âge d'or la fin de semaine? (16 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: Vous convenez, par contre, M. Therriault,
que dans d'autres services, à un moment donné, i faut
aussi se remettre en question. Même si un service existe, si, par contre,
après cinq ou dix ans, le service n'existe pas ou très peu ou
plus de la même façon, je pense qu'il faut s'adapter aussi
à la réalité quotidienne. C'est comme dans n'importe quel
commerce, entreprise ou service communautaire. Je pense que c'est sain parfois
de se remettre en question et de voir si on ne peut pas trouver d'autres
idées originales. Moi, je vous propose celle-là, mais je pense
que si, par exemple, on peut travailler ensemble dans la région ou avec
les garderies peut-être que cette garderie-là peut nous proposer
quelque chose de fort intéressant aussi. C'est cela que je me dis. En ce
qui concerne le plan de redressement, comme vous êtes ici en commission
parlementaire pour nous suggérer des choses, peut-être que vous
avez déjà pensé à autre chose que dire: Bien, nous,
on ne veut rien faire d'autre. À cette garderie-là, iI n'y a pas
de liste d'attente, il y a un tarif d'environ 11 $, il y a un taux
d'occupation de
82 %, mais, par contre, on veut que ça demeure tel quel. On ne
veut pas augmenter le tarif parce que les parents ne peuvent pas payer. On veut
donner des meilleures conditions de travail. Là, on se sent un peu
coincés. Je ne sais pas s'H y aurait d'autres solutions que vous auriez
à proposer.
M. Therriault: Vous me posez la question? Mme Gagnon-Tremblay:
Oui.
M. Therriault: II me semble qu'on a suffisamment débattu
cet aspect. Quant à moi, au lieu d'être redondant, j'aimerais
plutôt passer à d'autres types de commentaires, entre autres:
Comment va se planifier le développement des garderies à but
lucratif en Estrie?
Mme Gagnon-Tremblay: Parfait. Oui, on peut passer à cette
question. Remarquez que j'aurais aimé qu'on continue. De toute
façon, je pense que vous savez ce qu'on veut dire.
M. Therriauft: On n'a pas beaucoup de temps et ce serait
peut-être agréable de passer à d'autres concepts.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord, parce que, comme vous l'avez dit,
on ferme des écoles aussi, à un moment donné. Pour revenir
à l'histoire des garderies à but lucratif, ne croyez-vous pas que
le fait de soumettre ces garderies à but lucratif à la
planification régionale, c'est, justement, une forme de contingentement?
Tant et aussi longtemps que la loi ne sera pas modifiée ou quoi que ce
soit, on se trouve à les contingenter; elles ne pourront plus s'ouvrir
comme elles s'ouvraient auparavant parce qu'on n'avait aucun outil nous
permettant de freiner l'ouverture de telles garderies.
M. Therriault: À l'Office des services de garde à
l'enfance, il y a plusieurs années qu'on nous chante que, quelque part,
il y a une priorité pour le développement des garderies sans but
lucratif. Quand on regarde les deux derniers rapports annuels de l'office, il y
a une recrudescence de l'ouverture des garderies à but lucratif et il y
en a beaucoup moins en garderies sans but lucratif. Alors, j'ai de la
difficulté à le croire. Sauf une soi-disant
préférence qu'on retrouve dans l'énoncé, il n'y a
pas beaucoup de garanties. Là-dessus, il en va, évidemment, de la
qualité des services et avant tout de la participation des parents. On
parle de liens entre la famille et la garderie, on parle de choix de
société. Il me semble que les garanties que vous nous offrez ne
sont pas très très fortes.
Mme Gagnon-Tremblay: M. Therriault, vous savez jusqu'à
maintenant la raison pour laquelle elles se sont développées
rapidement. Vous savez que nous n'avions pas d'outils. Il n'y a rien dans la
loi qui nous permet de l'empêcher. C'est la raison principale qui a fait
qu'elles se sont développées vu que l'autre développement
était soumis naturellement aux montants que nous avions,
c'est-à-dire aux budgets annuels. Donc, c'est la raison; au lieu
d'attendre des années par rapport au plan de développement, on
l'ouvrait et, comme elle était conforme aux normes, l'office se devait
de remettre le permis lorsque c'était conforme.
M. Therriault: C'est sûr que c'est beaucoup moins
onéreux pour l'Office des services de garde à l'enfance d'ouvrir
une garderie à but lucratif. Cela prend moins de temps, il n'y pas
besoin quelque part d'investir autant...
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas la question.
M. Therriault: Je voudrais juste terminer en disant que le
rapport Presser demandait un moratoire sur les BL et un plan de conversion des
SBL J'entendais, à la suite de la manifestation de vendredi dernier, un
commentaire de l'Association des garderies privées qui a dit, quelque
part: II n'y a pas eu de proposition du gouvernement d'un plan de conversion
des BL sans but lucratif parce que le gouvernement ne voulait pas. J'aimerais
ça qu'on m'explique pourquoi l'Association des garderies privées
a cette prétention?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, je ne sais pas ce que
l'Association des garderies privées peut dire, mais je peux vous dire
que l'Office des services de garde à l'enfance a vérifié
la possibilité d'une transformation mais, comme je l'ai mentionné
dans mon discours d'ouverture, c'est très peu réalisable. Cela a
été vérifié. En plus, comme je vous le disais tout
à l'heure, de la difficulté que nous avions à
contingenter, croyez bien que cela nous a créé beaucoup de
problèmes dans les années antérieures parce que nous
devions subventionner quand même les parents qui étaient
admissibles à l'exonération financière. Donc, nous
n'avions aucun contrôle sur notre budget. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je veux vous saluer. Je m'excuse, mais plus le temps
passe dans la journée, plus j'ai la voix éraillée.
J'aimerais continuer la discussion. Cela fait deux jours que nous avons
entrepris nos travaux et maintenant un fait apparaît assez
évident. La principale question qu'il faut se poser est la suivante:
Est-ce que le gouvernement du Québec en met assez dans son nouvel
énoncé de politique? On se rappellera qu'il est reporté
depuis trois ans, du printemps 1987 à janvier, à juin et ensuite
à novembre 1988. C'est comme si des attentes avaient
été
suscitées au fil des années. La question posée
maintenant, c'est: Le gouvernement du Québec en met-il assez? Au
début de nos travaux, hier, la ministre nous a dit qu'il en mettait
beaucoup puisqu'il allait y avoir 43 000 000 $ de plus l'an prochain et que
cela représentait 41 % d'augmentation. Sauf qu'on se rend compte que, de
ces 43000000$, 38000000$ viendraient d'Ottawa et qu'en fait Québec ne
mettrait comme argent frais que 5 000 000 $. C'est la première question:
Est-ce que c'est assez, vu que cet argent frais est consacré à la
garde scolaire et que, pour l'Office des services de garde à l'enfance
proprement dit, c'est 69 000 000 $ en 1989, le statu quo par rapport aux 69 000
000 $ de 1988? Je pense que c'est la première question à laquelle
il faut répondre.
Ensuite, la deuxième, c'est: Le gouvernement du Québec
peut-il dépenser comme il veut? Cela n'a l'air de rien, mais c'est
très important. J'écoutais tantôt la ministre expliquer au
groupe de Laval qui vous a précédés que, si un enfant
d'âge scolaire a besoin de garde l'été et qu'y va en
garderie, ses parents auront droit à l'aide financière à
laquelle ils ne pourraient pas avoir droit de la même façon
pendant l'année, car ce ne sont pas les mêmes modes de financement
vu que le fédéral n'accorde pas d'aide financière aux
parents. Je me disais qu'au fond cet enfant qui va dans une garderie reconnue,
une garderie scolaire, pourrait peut-être avoir le goût de rester
à la même garderie pendant l'été. Mais il faut qu'il
soit placé dans une autre garderie à cause du partage du
financement entre le fédéral et le provincial. Il ne faut pas
oublier cela.
Et là, on en arrive à la question qui est simple: Les
parents ou le gouvernement? À mon point de vue, on sait que le
gouvernement n'en met pas assez. Je le dis bien simplement et la ministre le
sait. Je crois qu'elle peut aller en chercher plus, surtout pour l'année
1989. Cela n'a pas de bon sens: ce gouvernement, qui passe son temps à
culpabiliser la population sur la dénatalité, se virerait de bord
en disant dépenser plus sans débourser un sou de plus. On se
comprend? Il n'y a pas de cachette. Quelle que soit la formule, si le
gouvernement n'en met pas assez, ce sont les parents qui vont payer. Il y a une
augmentation de tarif.
La ministre nous dit trois choses. Elle dit: C'est moins grave parce
que, dans mon énoncé de politique, il y a une aide
financière bonifiée, il y a une combinaison avec le programme
APPORT et il y a une nouvelle fiscalité. Si vous me le permettez, c'est
ce qui est l'économie générale, comme on dit, de son
projet. Mais l'aide financière, c'est le premier problème. Je
pense que ce que Concertactlon a dit ce matin n'a pas encore été
contredit, à savoir que l'office s'apprêterait à couper
l'aide financière aux bénéficiaires de l'aide sociale qui
ne sont pas inscrits à un programme d'intégration à
l'emploi, ce qui totaliserait une économie de 2 000 000 $. J'ai dit
à la ministre: Profitez-en, si ce n'est pas vrai, dites-le maintenant
parce que c'est sans doute cela qui va être les manchettes de demain. Et
cela ne s'est pas encore fait.
Deuxièmement, la combinaison avec le programme APPORT
entraîne une série de problèmes. Le gouvernement se tire
dans les jambes. D'un côté, même si ce n'est pas beaucoup,
il subventionne quand même les services de garde reconnus. Avec APPORT,
il donne de l'aide financière aux parents, quel que soit le mode de
garde. Il ne privilégie même pas que ce soit dans un mode de garde
qu'il subventionne. En plus, je ne veux pas m'étendre là-dessus,
mais APPORT est un échec de participation complet. Présentement,
ce n'est même pas 35 % des 44 000 familles qui étaient
prévues en avril 1987. On aura beau me dire que ça fait juste un
an...ll y a eu 2 740 000 brochures d'envoyées En tout cas, je ne vous
dirai pas tout ce qui a été dépensé; ça a
été 8 000 000 $ de dépenses pour un programme qui
distribuera 23 000 000 $.
Finalement, le troisième aspect, c'est la fiscalité. On
nous dit: II y a l'aide financière bonifiée; il y a une
combinaison avec un programme qui ne fonctionne pas, mais il est là, la
combinaison est là; ensuite, la fiscalité est
améliorée. Alors, c'est 4000 $ pour un enfant de moins de sept
ans et 2000 $ pour les moins de quatorze ans. Encore là, le
problème, c'est que plus ton revenu est élevé, plus tu
peux y trouver un avantage. C'est donc dire que ça vaut pour les parents
plus fortunés.
C'est l'économie générale de
l'énoncé. Je crois que le problème qui va se poser, c'est
certainement, d'abord, d'aller chercher plus d'argent et, deuxièmement,
d'expliquer comment l'augmentation des tarifs peut - je m'excuse de la mauvaise
comparaison, mais c'est comme lorsque les gouvernements ont
décidé d'augmenter les taxes sur la boisson, cela a fini par
diminuer la consommation - malheureusement avoir un effet sur la
fréquentation.
J'aimerais vous entendre - je m'excuse de mon exposé, c'est rare,
je n'en ai pas fait depuis deux jours, je pense, mais si on veut un peu
comprendre où on en est, on ne peut pas vraiment s'éloigner de
cette réalité - sur la prolifération des garderies
illégales. Quand vous dites 'garderies", vous ne parlez pas de la garde
à la maison, vous dites des 'garderies illégales*. J'aimerais
vous entendre là-dessus. Vous en avez parlé pour Sherbrooke, tout
ça ne peut pas se faire dans l'anonymat, ce doit être...
M. Therriault: Non, quelque part...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Therriault.
M. Therriault: C'est évident que, lorsqu'on parle de
garderies clandestines ou de garde non régie, on fait
référence à la définition de l'Office des services
de garde à l'enfance où, du moment qu'il y a plus de neuf
enfants, tu es
obligé d'avoir un permis pour utiliser le terme "garderie". Pour
ce qui est du développement, il a été facile pour nous de
les dépister. Il s'agit de se rendre dans une caisse populaire, de
regarder sur le babillard et de voir des énor-mités, style:
garderie pour enfants, nombre illimité, salles bien
aménagées et personnel formé. À la limite, il
s'agit de se faire passer pour un parent - moi, je n'ai pas d'enfant, c'est
l'exercice que j'ai fait - et de s'informer des ratios pour, quelque part,
être un peu choqué, évidemment. Quand on parle de
concurrence déloyale, c'est difficile pour, entre autres, dans l'exemple
qu'on citait, la garderie Jardin des merveilles d'augmenter son taux de
fréquentation lorsque, dans un secteur de trois ou quatre rues, il y a
trois services de garde clandestins. Nous établissons des plaintes
à l'Office des services de garde à l'enfance. Les conseils
d'administration des garderies le font, le Regroupement des garderies des
Cantons de l'Est les appuie; Concertaction est en mesure d'en parler avec Mme
Marcotte également, sauf que nous n'avons aucune nouvelle concernant ces
plaintes.
Mme la présidente nous disait également qu'il était
difficile de fermer ces garderies parce qu'à la limite, vu le nombre de
places urgent, on choquerait peut-être la population. Je trouve ça
un peu bizarre de donner une réponse comme celle-là. Ce sont les
commentaires que j'ai à apporter sur la garde au noir. On a exigé
de connaître les procédures et un code d'éthique par
rapport au traitement des plaintes, et nous attendons toujours. Quand on nous
parle à nous, les garderies en Estrie, d'augmenter notre taux de
fréquentation et qu'un problème comme celui-là n'est pas
réglé, indépendamment du mode de financement et des
commentaires et corrections qu'on pourra y apporter, je pense que la bataille
est loin d'être terminée.
Mme Harel: Vous nous dites qu'il y a des garderies qui, dans des
locaux commerciaux ou de location, fonctionneraient sans permis et que vous
avez rapporté ces faits à l'office.
M. Therriault: Exact.
Mme Harel: À quel moment ces plaintes ont-elles
été déposées à l'office?
M. Therriault: Ahl II y en a toutes les semaines. Je pense que
c'est...
Mme Harel: Vous riez, mais je ne trouve pas...
M. Therriault: ...une démarche qui a été
entamée l'automne dernier. Évidemment, en septembre, les listes
d'attente diminuant, on s'est demandé pourquoi ces listes d'attente
diminuaient. Maintenant, ça touche même jusqu'au taux de
fréquentation. Alors... (16 il 30)
Mme Harel: Quels sont les tarifs exigés par ces garderies
sans permis?
M. Therriault: Ouf! Si je peux me permettre de faire une moyenne,
c'est évident qu'ils peuvent peut-être frôler les 12 $ ou 13
$ en milieu urbain, comparativement à une garderie qui exige 16,90 $
dans le même secteur. Des fois, les parents aimeraient peut-être un
service de qualité, mais le portefeuille parle autrement.
Mme Harel: Lorsque vous aurez à faire progresser ce
dossier, j'apprécierais que vous m'en envoyiez copie.
M. Therriault: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va, Mme la
députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la ministre.
Mme Gag non-Tremblay: Je voudrais parier aussi de ces garderies
clandestines. Lorsque vous voyez des annonces dans les caisses
populaires...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: ...il faut faire très attention.
Souvent c'est mentionné "garderie" pour "halte-garderie". On ne fait pas
la différence entre les haltes-garderies et les garderies. Souvent c'est
cette annonce qui est faite aussi quand on parle de garderies limitées.
Ce n'est pas d'aujourd'hui, ni de l'année dernière que l'office
reçoit des plaintes, par exemple. Cela fait huit ans qu'il reçoit
des plaintes et qu'il s'en occupe, sauf que ce n'est pas facile, non plus. Je
pense que l'office porte quand même une attention à toutes ces
plaintes.
En terminant, pour répondre à la députée de
Maisonneuve, qui parlait tout à l'heure des enfants en milieu
défavorisé, j'aurai l'occasion d'en reparier. Cela fait deux ou
trois fois qu'elle me pose la question. Lorsque le groupe Alliance des
garderies région 03 est venu ce matin, nous avons eu l'occasion d'en
parier, Mme la députée de Maisonneuve. Je dois vous dire que,
oui, d'accord, on pourrait aller chercher des sommes supplémentaires,
mais il faut quand même être conscient que l'effort que le
gouvernement fait actuellement, qu'il a fait depuis les trois dernières
années et qu'il va faire au cours des deux prochaines années, est
un effort que les gouvernements n'ont pas fait au cours des dix
dernières années. C'est, quand même, un effort
considérable, mais, compte tenu des besoins, je comprends que ce n'est
peut-être pas encore suffisant pour le milieu. Je vous remercie pour
votre mémoire.
.Merci. Mme la députée de Maisonneuve, en
conclusion.
Mme Harel: Oui, certainement. Je remercie le Regroupement des
garderies des Cantons de l'Est. Je pense bien que vous partez, vous comme moi,
avec des questions sans réponse. Pour vous, c'est: Que va-t-il arriver
des plaintes portant sur des garderies clandestines qui sont actuellement
devant l'office? Pour moi, c'est: Que va-t-il arriver aux enfants dont les
parents sont bénéficiaires de l'aide sociale? Va-t-on obliger les
parents à participer à des emplois subventionnés pour
permettre à leur enfant de continuer à bénéficier
de la garde? Je n'ai pas de réponse à mes questions. Je ne crois
pas du tout que, dans nos discussions de ce matin, Mme la ministre a contredit
ce que Concertaction a affirmé clairement à l'ouverture de nos
travaux. Je trouve malheureux que la réponse qui vous a
été donnée consistait à plaider que, quand c'est
clandestin, ça veut dire que c'est une halte-garderie.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, Mme la
députée de Maisonneuve. J'ai voulu dire qu'on voyait
annoncées sur des tableaux de caisses populaires des garderies
illimitées. J'ai dit qu'il peut y avoir de ces cas, mais il faut dire
qu'il y a d'autres cas où des gens prennent le terme "halte-garderie"
pour "garderie". Il faut faire attention à ça. Sur toute cette
question de garde clandestine, vous avez déjà rencontré la
présidente et les membres de l'Office des services de garde à
l'enfance et je pense qu'ils vous ont donné les explications à ce
moment-là. J'aurais souhaité que vous puissiez avoir le temps de
donner aussi ces explications. Mais je pense que la présidente aura le
temps de rencontrer la députée de Maisonneuve pour lui faire
connaître à fond ce dossier-là.
M. Therriault: On connaît très bien la distinction
entre halte-garderie, Mme la ministre, et garderie.
Mme Gagnon-Tremblay: Cette distinction n'est pas pour vous. Elle
est pour les gens qui affichent.
M. Therriault: Sauf que, quand on fait un rapport, on est,
évidemment, certain que ce n'est pas une halte-garderie.
Mme Gagnon-Tremblay: II peut y avoir de ces cas effectivement.
Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Les membres de la commission
vous remercient de votre participation et vous souhaitent un bon retour.
Je demanderais aux représentants du Regroupement des garderies
sans but lucratif de la région 02 de bien vouloir prendre place à
la table. Nous vous souhaitons la bienvenue. J'aimerais vous rappeler que le
temps alloué pour la présentation de votre mémoire est de
20 minutes et qu'il y aura une période de discussion de 40 minutes entre
les deux groupes parlementaires. Je demanderais à la porte-parole de
bien vouloir s'identifier et de présenter les personnes qui
l'accompagnent.
Regroupement des garderies du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Mme Gravel (Suzanne): Bonjour. Je suis Suzanne Gravel, un des
porte-parole du regroupement des garderies de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je suis parent, membre d'un conseil d'administration
et professeurs en éducation en services de garde dans un collège.
M'accompagnent, comme porte-parole du regroupement, Daniel Larouche, parent et
gestionnaire d'une garderie sans but lucratif, Monique Bluteau, coordonnatrice
d'une garderie sans but lucratif, et Hélène Duchêsne,
éducatrice dans une garderie sans but lucratif de notre
région.
Nous sommes aujourd'hui désignés comme les porte-parole du
regroupement régional des garderies. Notre regroupement comporte douze
organismes membres, douze corporations sans but lucratif qui ont comme vocation
première d'offrir des services de garde en garderie de jour aux enfants
de notre région. Notre regroupement existe depuis quelques années
et il nous sert de moyen pour communiquer nos impressions sur
l'énoncé de politique en commission parlementaire. Notre
présentation sera verbale. On ajoutera certains éléments
à notre mémoire. Les ajouts ont été remis à
chacun des membres de la commission.
La première chose qu'on pourrait vous dire, c'est qu'on a
été désolés de voir le délai entre le moment
où on a pu prendre connaissance de l'énoncé de politique
et celui où on a dû s'exprimer sur cette même politique. Le
délai était court pour des corporations gérées par
des parents bénévoles, travailleurs de surcroît. Il est
très difficile d'arriver à saisir tous les enjeux d'une telle
politique et à s'exprimer clairement, surtout en respectant nos
mécanismes démocratiques. Si on avait une suggestion à
faire aux parlementaires, ce serait de bien respecter les
réalités des organisations quand de telles mesures sont mises sur
pied. Le délai: on a reçu l'énoncé de politique
vers le 10 décembre, à l'époque des fêtes, alors
qu'il fallait s'exprimer avant le 13 janvier. On l'a trouvé très
bref. On a fait l'effort d'essayer d'exprimer clairement notre opinion quant
à cet énoncé de politique et on espère qu'elle
servira à quelque chose et que nos efforts n'auront pas
été vains. Il y a des choses avec lesquelles on trouve difficile
de vivre.
Le plan de notre intervention. D'abord, on va vous parier de ce qu'on
considère comme étant l'importance sociale des garderies, nos
réactions à l'énoncé de politique, la politique de
financement et on fera une synthèse de notre message. M. Daniel Larouche
vous parlera de
l'importance sociale des garderies.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Larouche.
M. Larouche (Daniel): Cela peut paraître un peu
étrange de revenir sur l'importance sociale des garderies. On devrait
penser que tout le monde est au courant et partage les mêmes choses
à ce sujet, sauf qu'à la lecture de l'énoncé il
nous est apparu important de confronter un peu nos visions non seulement
à ce que l'énoncé avançait en termes de principes,
mais à ce qu'il annonçait aussi en termes d'intervention et
d'action concrète. À cet égard, l'énoncé
mentionne qu'il faut accorder une grande importance au développement de
l'enfant. Il faut aussi accorder une grande importance au service qu'on donne
aux parents.
À notre avis, le sens même des garderies - nous
représentons des garderies sans but lucratif - se situe dans l'enfant
bien davantage que dans le service qu'on donne aux parents. À cet
égard, on peut affirmer que l'énoncé est assez
centré sur le service aux parents. L'enfant, c'est celui qui sera, dans
quelques années, responsable du développement du Québec.
C'est l'ensemble des personnes qu'on voudra, à ce moment-là,
équilibrées, conviviales, économiquement concurrentielles,
capables d'assumer l'ensemble des défis d'une société.
C'est très lourd.
Les enfants en garderie se situent aussi à un âge - je
pense surtout à la tranche entre un et cinq ans - où leur
capacité d'assimilation est énorme et où ils sont en phase
de socialisation très concrète. C'est peut-être le moment
de leur vie où ils sont dans la phase la plus active, la plus rapide
d'acquisition. Ces enfants, du moins ceux qui sont à plein temps dans
une garderie, passant la moitié de leur existence éveillée
dans ces milieux, on ne peut pas se permettre d'escamoter les enjeux
fondamentaux qui ne sont pas que des enjeux financiers, mais des enjeux de
développement de la société québécoise.
Les mécanismes sociaux qui encadrent le développement de
l'enfant, dont la garderie est un levier principal, doivent donc favoriser ce
développement. À cet égard, les demi-mesures peuvent
être fort préoccupantes pour l'avenir.
Il nous paraît également important d'affirmer une chose.
Travaillant nous-mêmes dans le monde des garderies à titre de
parents ou de gestionnaires ou encore d'éducateurs, nous croyons que la
garderie sans but lucratif que nous représentons ici constitue un choix
social intéressant. En fait, c'est un compromis. Comme le disait
quelqu'un de notre groupe, on ne peut pas tous avoir une Mary Poppins à
la maison. Il est clair qu'à un moment donné il faut se tourner
vers des choix qui ne répondent pas à l'ensemble des exigences.
Nous croyons qu'avec des garderies sans but lucratif formulées un peu de
la même façon qu'elles existent à l'heure actuelle il y a
moyen de faire quelque chose de bien en termes de développement de
l'enfant.
Nous croyons également qu'il y a une responsabilité
sociale collective assumée par les garderies. À cet égard,
selon nous, le dossier des garderies sert non seulement l'ensemble des
mères, mais également l'ensemble des pères, l'ensemble des
familles et l'ensemble du développement économique de la
société québécoise. Les entreprises où les
hommes et les femmes bénéficient d'un service de garderie sont
servies aussi par les garderies.
Nous nous interrogeons sérieusement, d'ailleurs, sur la
pertinence de rattacher la garderie à un dossier qu'on appellerait
"condition féminine". Nous croyons que la garderie est un dossier social
de base. Si on veut des comparaisons à cet égard, quand on parte
des personnes âgées, des délinquants, des jeunes
contrevenants, des enfants qui sont en formation aux niveaux
préscolaire, scolaire, secondaire et universitaire, on ne
considère pas que ce sont des dossiers de condition féminine. On
ne sépare pas les petits gars des petites filles à cet
égard. Nous trouvons un peu curieux que, quand il s'agit de garderies,
tout à coup ça devient un dossier de condition féminine.
D'après moi, c'est préserver un ghetto, ce qui ne nous
apparaît pas venir en aide au débat même de fond, surtout au
débat sur les fonds touchant les garderies.
Je pense aussi qu'il faut voir le développement des garderies
dans la perspective plus globale du développement de la
société québécoise. On est à une
époque assez inquiétante au plan d'une stagnation
démographique, spécialement chez la population de souche
française. On est à se poser des questions sur le pouvoir qu'on
doit accorder à l'immigration comme pivot d'un développement
social, comme pivot d'une reproduction sociale. On est aussi à
s'interroger sur une politique familiale. Nous pensons que, face au frein
démographique, il y a une question à se poser, à savoir:
Est-ce qu'il ne faut pas voir la garderie comme un des leviers, une des
pièces maîtresses d'une stratégie qui viserait à
faire disparaître les blocages que les gens se donnent eux-mêmes en
termes de reproduction de la société québécoise? Ce
n'est pas que par caprice, que par culture que les gens font moins d'enfants.
Des conditions économiques très concrètes sont
rattachées à ces actes. À cet égard, je pense qu'un
État qui ne serait pas conscient du poids que peut avoir une garderie
dans une stratégie de relance démographique passerait
passablement à côté du bateau.
Il faut que l'État soit conscient que ce n'est pas dans un
désengagement qu'il faut s'embarquer, mais bien dans un engagement. Il
doit se servir de ce levier qui existe déjà, qu'il a entre les
mains et qu'H peut bonifier de façon très nette sans que,
proportionnellement à des efforts financiers qui se font dans d'autres
domaines, on grève l'État québécois de façon
majeure.
Je vais laisser maintenant la parole à Suzanne pour continuer la
démonstration.
Mme Gravel: Je vais vous entretenir de nos réactions
à l'énoncé. Pour nous, U est clair que les garderies sont
un choix, une solution acceptable au besoin de développement des enfants
et au besoin de garde qu'ils éprouvent. En ce sens, un service de garde
est une mesure économiquement acceptable par un État comme moyen
de soutenir le développement des enfants et les besoins
qu'éprouve la population concernant les services de garde.
La garderie peut être ou peut sembler contraignante à
certains, quand on pense au développement de l'enfant. On peut avoir
peur des garderies, mais, avec les connaissances qu'on a du
développement de l'enfant, avec l'expertise que le réseau des
garderies a développée, on est convaincus que donner
priorité à la qualité des services, c'est permettre
à l'enfant de s'épanouir, c'est permettre à notre avenir
de se développer, de développer tous ses potentialités.
C'est en ce sens qu'on pense que la garderie est un choix économique
raisonnable pour un État qui veut aider ces familles. (16 il 45)
Comme réaction à l'énoncé, c'est clair qu'on
donnerait priorité au développement de la qualité des
services. On est d'accord sur les critères énumérés
dans l'énoncé de politique, sauf que notre déception se
situe peut-être quant aux moyens mis de l'avant pour nous garantir ou
nous permettre de garantir, parce qu'on pense qu'on est des acteurs principaux,
la qualité des services de garde. Les moyens que l'État a mis en
place nous semblent incohérents et inadéquats par rapport aux
objectifs poursuivis. La qualité repose essentiellement sur les
ressources disponibles à un milieu pour offrir un cadre de vie de
qualité aux enfants. C'est clair pour tout le monde que les ressources
humaines et l'environnement éducatif dans lequel on peut faire vivre
l'enfant lui garantissent un milieu épanouissant, un milieu où il
peut se développer sans trop de contraintes.
Pour nous, tout se ramène à une question de financement
minimal qu'on n'a pas actuellement dans les services de garde. On parle de
tarification des parents. Je pense qu'on n'est pas le premier regroupement
à vous dire qu'un plafond est atteint à ce niveau. Mol qui ai un
enfant en milieu scolaire et un enfant en garderie de jour, ça me
coûte exactement 450 $ par mois pour faire garder mes enfants. Pour
quelqu'un qui a un revenu moyen, c'est assez lourd à supporter. Pour
nous autres, financement égale soutien de l'État. Tout est
relié à ça quand on parle de critères de
qualité. Si on pense au critère qualité de gestion, ce
qu'on a à dire principalement là-dessus, c'est qu'il est clair
pour nous aussi que la participation des parents est une garantie de
qualité et une garantie que la gestion sera faite selon les valeurs,
selon les priorités que nécessite le développement des
enfants.
En tant que parents, on peut vous dire qu'il est très dur de
faire fonctionner les garderies actuellement parce qu'on manque de soutien
réel. On a bien quelques guides qui peuvent nous éclairer, mais
on manque de soutien interne non pas par manque de compétence de notre
personnel, mais faute de moyens pour pouvoir les dégager pour nous
soutenir. On manque de soutien à l'extérieur.
On parle de formule de parrainage dans l'énoncé de
politique. Le parrainage, pour nous autres, cela va à rencontre du
principe de l'autonomie des corporations. On peut parler de partenariat.
À ce moment-là, ça veut dire des mandats clairs pour les
organismes qui sont nos partenaires et des ressources pour eux aussi, parce que
ce n'est pas toujours de la mauvaise volonté, mais ils n'ont pas
toujours les ressources pour nous aider.
Finalement, pour nous autres, développer le réseau peut
être un objectif louable parce qu'il y a beaucoup de besoins à ce
niveau, sauf que notre crainte se situe au niveau de développer un
réseau sans garantir un minimum de qualité. C'est là notre
peur. Dans ce sens qu'on peut remettre en question l'objectif de doubler le
nombre de places d'ici un certain nombre d'années, puisque ça ne
nous garantit pas que la qualité va être associée à
ce développement. Pour nous, ça veut dire 1100 garderies dans
trois ou quatre ans qui vont être aux prises avec les mêmes
problèmes qu'on connaît actuellement.
Monique va maintenant vous parler un peu du financement, de ce qu'on
pense de la politique de financement proposée dans
l'énoncé.
Mme Bluteau (Monique): Au point de vue du financement, ce sont,
justement, les ajouts que vous avez reçus à la dernière
minute. L'effort financier du gouvernement nous apparaît
considérable, de 100 000 000 $ en 1988-1989 à 185 000 000 $ en
1991-1992. Sauf que l'effort financier du Québec passe de 69 000 000 $
à 91 700 000 $, donc, moins de 30 % d'augmentation par rapport à
Ottawa qui passe de 31000000$à93000000$, soit plus de 300 %
d'augmentation. De tout ceci, on retient que, dans le monde des garderies sans
but lucratif, on va recevoir 10 000 000 $ seulement en consolidation. Je vais
essayer de vous faire le portrait de notre région en passant par
l'exemple d'une garderie.
Si vous regardez votre tableau, en annexe I, vous allez voir exactement
le modèle pour en arriver à cette démonstration. Vous avez
une garderie de 50 places au permis qui a un tarif quotidien de 15 $ par jour,
qui a une subvention de logement de 6000 $, le nombre de jours d'ouverture est
260 jours. Maintenant, au taux de fréquentation, on a
considéré une perte de revenu de 5 %. Ce sont des chiffres
réels et vérifiés. Si je regarde ma garderie qui a un taux
de fréquentation de 75 %, ce qui est quand même valable, j'ai un
revenu total pour ma garderie
de 203 000 $. Cependant, avec la nouvelle formule de financement qui est
supposée apparaître en noir au-dessus des petits carreaux, vous
avez moins 1 %. Si je vais un peu plus loin, avec un taux d'occupation de 85 %,
ce qui est quand même excellent, vous avez un revenu total de 221 963 $,
ce qui vous fait exactement une augmentation avec la nouvelle formule de
financement de 3 % par rapport à l'ancienne formule, pour un total de
6358 $.
Maintenant, je prends une garderie idéale, qui est ouverte 260
jours par année, qui n'a aucun enfant malade, qui exige 15 $. Vous
n'avez aucun taux préférentiel, vous arrivez à un taux de
fréquentation de 100 % et vous avez un revenu de 249 000 $. La nouvelle
formule de financement vous bonifie à 18 863 $, soit 8 %. Quand on pense
à l'indice des prix à la consommation qui est d'environ 4 %,
faites le calcul.
On passe à la situation de nos garderies dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. À l'annexe II, dans le tableau que vous allez
retrouver à la fin, vous allez voir exactement la situation de nos
garderies. Dans ce tableau, ce sont des chiffres vérifiés
d'après les états financiers qui se terminent au 31 mars
1988.
Vous avez, dans le tableau, 15 garderies. Il a été
impossible d'avoir les chiffres d'une garderie. Dans le présent tableau,
on ne tient pas compte des garderies qui en étaient à leur
première année d'exploitation, soit deux garderies, parce que les
modes de subvention sont différents. Si je regarde la contribution
totale des parents, dans la troisième colonne, c'est 2 139 000 $. Les
tarifs dans la région se situent entre 12 $ et 16 $ par jour. Avec
l'ancienne formule de subvention, vous aviez la subvention de fonctionnement
pour 912 000 $ et la subvention de logement qui totalisait 62 592 $; au total,
vous avez 974 000 $ de subventions que nous avons reçues dans la
région pour nos garderies. Nous avons effectué le calcul pour la
nouvelle subvention à 45 % en tenant compte de la subvention qu'on
accorde aux poupons. Nous arrivons au total de 975 000 $. Si on regarde
l'écart entre l'ancienne et la nouvelle formule de subvention, on
arrive, pour la région, au chiffre de 723 $. J'ai essayé de
traduire ça en pourcentage, impossible! Allez voir au dernier tableau,
à l'annexe III, vous avez l'impact de la nouvelle formule de financement
sur l'ensemble des garderies de la région; c'est une page blanche.
C'est sûr que ce sont des chiffres qui semblent aberrants, mais
c'est la situation réelle chez nous. Je pense qu'il va falloir arriver
à vous donner des moyens pour nous aider à nous aider. Nous
sommes conscients que nous sommes capables de nous aider, mais il faut nous
aider.
Une solution qui nous apparaîtrait souhaitable serait
peut-être de recommander au gouvernement de prélever une taxe
spéciale aux entreprises de tant par employé. C'est une
suggestion qu'on peut vous faire.
Une autre suggestion, une autre recommandation, c'est de conserver les
modalités de financement actuelles, mais en les bonifiant.
Mme Gravel: Je vais faire la synthèse rapidement.
La Présidente (Mme Bélanger): II reste une
minute.
Mme Gravel: D'accord. Notre message, en bref, c'est qu'on
encourage l'État québécois à s'engager plus
fermement dans le soutien non seulement au développement, mais à
la consolidation du réseau des services de garde actuel. Qu'il ne nous
laisse pas la tâche de continuer de solliciter l'aide financière
des entreprises, mais qu'il nous soutienne dans cet effort qu'on doit faire
sans aucune ressource. Qu'on fasse des garderies un levier essentiel de la
politique familiale. Qu'on reconnaisse aux regroupements régionaux le
rôle de mécanisme de soutien et de concertation des garderies.
Qu'on investisse à cette fin dans ce réseau et qu'on les dote des
ressources appropriées pour pouvoir les associer aussi au
développement régional. Bref, priorité à la
consolidation et au développement d'un réseau de qualité
et s'assurer d'un développement planifié selon les ressources
disponibles, reposant sur des données claires et précises et non
pas sur des données floues comme celles du sondage de
préférence qui a servi de base à l'énoncé de
politique.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme Gravel.
Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, mesdames, monsieur. Je voudrais, tout
d'abord, revenir sur la question de la condition féminine. Vous savez
fort bien que, si le dossier est entre les mains de la Condition
féminine, c'est pour des raisons qu'on a connues aussi, à un
moment donné. Il faut dire que les femmes sont un peu à la base,
en somme, du dossier des services de garde. Les groupes féminins ont
été, justement, les premiers à travailler très
fortement à l'amélioration des services de garde.
Je ne vous dis pas que ça ne devrait pas être à la
Famille, je pense que, oui, cela en fait partie. Ce n'est pas un
problème de femme, ce n'est pas un service qui doit toucher uniquement
la femme, mais ça relève de la famille. Effectivement, un jour ou
l'autre, on devra tendre à le transférer au responsable de la
politique familiale. Par contre, cela fait partie, comme on le mentionnait
aussi, d'une politique familiale. On en a vu quand même, des effets dans
le dernier budget. J'avais l'occasion de le mentionner hier, il y a, quand
même, des sommes de près de 700 000 000 $ qui ont
été investies dans le dernier budget Levesque pour la famille,
pour aider davantage la famille. Il y a la politique des services de garde
naturellement qui est un autre
complément, cette année, comme je le mentionnais, en plus
des quelque 100 000 000 $ réservés, on ajoutera 43 000 000 $, ce
qui veut dire 143 000 000 $, à part les déductions fiscales et
d'autres mesures qui totalisent environ 165 000 000 $.
Donc, il y a aussi d'autres dossiers sur lesquels on doit travailler et
sur lesquels on travaille actuellement, que l'on pense aux normes du travail,
aux congés de maternité, etc. C'est certain que, si on avait
injecté ces sommes uniquement aux services de garde, on aurait
peut-être une marge de manoeuvre beaucoup plus considérable, sauf
qu'il faut aussi travailler à d'autres niveaux. Ce ne sont pas tous les
parents, non plus, qui sont utilisateurs des services de garde et ce ne sont
pas tous les parents, non plus, si on écoute bien ce qui se dit dans la
population, qui sont d'accord pour payer pour des services de garde dont ils
n'ont pas besoin. Il y a aussi des parents qui sont à la maison et qui
gardent leurs enfants. Il faut, quand même, avoir cette notion en
tête aussi actuellement et il faut être capables de faire une
certaine répartition entre tous ces besoins.
Je comprends qu'actuellement la formule ne vous apparaît
peut-être pas tout à fait exacte. Je vois que, dans votre
région, vous parlez du peu d'argent qu'il reviendra. Je constate,
cependant, que vos chiffres sont basés sur l'année 1987-1988 et
que fort possiblement, depuis ce temps, dans ces services il y a eu des
augmentations de tarifs, alors que, pour nous, les 45 % sont basés sur
l'année 1989-1990. Tous nos chiffres sont faits en fonction de
l'année 1989-1990, d'où peut-être la différence
entre les sommes que vous pourriez recevoir et, finalement, celles que nous
prévoyons que votre région pourrait recevoir. De toute
manière, on ne fera pas de guerre de chiffres parce que, comme je le
disais, pour nous peut-être que cela peut être intéressant,
mais pour les gens qui nous écoutent ou pour la population en
général, je pense qu'elle se sent très perdue lorsqu'on
commence à discuter de chiffres et d'exonération
financière, etc., parce que c'est un dossier fort complexe.
Tout à l'heure, M. Larouche, vous disiez que vous craigniez le
désengagement de l'État et que c'était dommage que le
gouvernement se désengage. Moi, je dis: Comment peut-on affirmer que le
gouvernement se désengage quand on investit 43 000 000 $? C'est la
première fois qu'on investit une somme aussi considérable au
cours d'une seule année. Vous me direz: Bien, oui, ça vient du
gouvernement fédéral. Une fois pour toutes, je veux faire une
précision sur ce qui vient du gouvernement fédéral.
Pourquoi, cette année, cela coûtera peut-être moins au
gouvernement du Québec? C'est parce qu'auparavant on ne
récupérait que 31 % et, dans un souci, nous aussi, d'aller
chercher le maximum de l'argent du gouvernement fédéral qui
provient des taxes des travailleurs du Québec, nous avons l'intention
d'aller chercher 50 %. Cette année, ça peut sans doute
paraître comme si on ne fait pas beaucoup d'efforts, mais, les
années subséquentes, les efforts seront considérables.
Lorsque le ministre des Finances a à répartir, par exemple, des
sommes pour du développement annuel, à ce moment-là, il ne
pense pas à ce qu'a va chercher au fédérai, mais il
regarde la marge de manoeuvre et il la divise entre tous les ministères.
Croyez-moi, 43 000 000 $ uniquement pour les garderies cette année,
c'est un effort considérable.
C'est trop facile de dire: C'est le fédéral qui paie.
Pourquoi le ferait-on en ce qui concerne les garderies? Lorsque, par exemple,
on décide d'injecter 100 000 000 $ dans des salles d'urgence en
santé et en services sociaux, est-ce qu'à ce moment-là les
hôpitaux nous disent: C'est très peu, le fédéral en
paie la moitié, vous payez seulement 50 000 000 $? Ce n'est pas comme
ça qu'on calcule. C'est facile d'en faire la démonstration, mais
ce n'est pas comme ça qu'on gère l'État. C'est facile, par
contre, de dire: Oui, ça vient du fédéral, mais ce sont
des sommes et ce n'est pas comme ça qu'on est en mesure de calculer.
En ce qui concerne la formule, vous me dites: Bon, on n'est pas
d'accord. Cette formule, si nous l'avons suggérée, c'est
simplement dans le but, peut-être, de réduire des écarts
entre les garderies parce qu'il existe effectivement des écarts et des
disparités. Est-ce que vous avez une formule à nous proposer? (17
heures)
Si, par exemple, comme le recommandait Concertaction ce matin, on ajoute
4,50 $ à la subvention de fonctionnement actuelle pour en faire 9 $ et,
l'année subséquente, 13 $, je mentionnais que, finalement, au
bout de trois ans, c'était peut-être un montant de l'ordre de 96
000 000 $ de plus que ce qu'on offre actuellement. C'est un effort
considérable, mais je ne vois pas en quoi cela pourrait réduire
les disparités. À ce moment-là, je me demande si c'est la
formule qui fait défaut ou si c'est le montant qu'on injecte. Et si
c'est la formule, la formule que vous nous suggérez, c'est-à-dire
le statu quo indexé, est-ce que cela règle toutes ces
disparités et ces inégalités? Et est-ce que vous avez une
autre formule à nous proposer que celle que nous préconisons?
C'est ce que j'aimerais savoir de vous.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Larouche.
M. Larouche (Daniel): Merci. Vous me permettrez de revenir sur
des éléments que vous avez soulevés. D'abord, une petite
nuance, nous n'avons pas accusé l'Etat de se désengager. Je
n'étais pas loin de le faire, sauf que c'est vous qui l'avez dit.
Mme Gag non-Tremblay: Vous l'avez mentionné tout à
l'heure.
M. Larouche (Daniel): J'ai parlé de la
nécessité pour l'État de s'engager; je n'ai pas dit qu'il
se désengageait. Mais si vous me demandez le fond de ma pensée,
je pense que cela ressemble à un désengagement.
Si on revient sur le fond de certaines choses, tantôt, vous
faisiez des comparaisons, vous disiez: Un gouvernement a un ensemble de choix
à faire, il a à comparer, il a à établir certaines
priorités. Je suis d'accord avec vous. À cet égard, je
pense qu'il faut mettre en perspective certaines choses. Le budget
consacré aux garderies correspond à peu près à 0,3
% du budget de l'État québécois, si je peux vous donner ce
chiffre. Par ailleurs, si on veut faire des comparaisons, pour vous donner un
exemple très concret - je suis moi-même dans le réseau de
la santé, à titre de gestionnaire - sans aucune espèce de
malice envers les médecins, je peux vous dire que, dans la garderie
où je travaille, pour onze éducatrices dont neuf sont
détentrices d'un baccalauréat, la masse salariale totale, pour
ces femmes qui, pendant un an, gardent 52 enfants et les développent et
qui totalisent à peu près 150 ans de scolarité, correspond
au salaire d'un omnipraticien dans la région 02. Je pense que, quand
l'État a à faire des comparaisons, à faire des choix,
effectivement, il a peut-être à juger du niveau de
priorité. Je pense que, quand on confie, durant 40 heures par semaine,
52 enfants à des femmes qualifiées qu'on a recrutées et
triées - pour les onze éducatrices qu'on a recrutées,
c'est 250 dossiers qu'on a scrutés - on peut essayer de voir, s'il n'y a
pas une considération un peu plus grande qui doit être
accordée à ces personnes-ressources qui, au fond, travaillent au
développement des Québécois de demain.
Quant à la question de la formule de financement -
peut-être Monique pourra-t-elle compléter ce que j'ai à
dire - ce qui nous hante, c'est que, finalement, même en tenant compte
des budgets des années ultérieures, c'est-à-dire des
états financiers qu'on aura en 1988 ou de ceux qu'on aura en 1989, la
portion d'amélioration que consacre la nouvelle formule à la
région 02 est insignifiante, pour ne pas dire inexistante en termes
d'amélioration de la situation.
D'autre part, je pense qu'il faut aussi se rendre compte que les
garderies avaient développé une tradition. Elles étaient
habituées à travailler avec certains types d'outils qui
servaient, dans la gestion, à planifier le développement de la
garderie. La formule de 4,50 $ par jour pour une gestionnaire de garderie qui
savait faire son travail, c'était un point de référence.
Et quand on décadre un système de gestion, on risque de
créer d'autres problèmes. Je vais vous donner un exemple. Le
logement était une fonction qui avait un budget spécifique tenant
compte des différences qu'il pouvait y avoir entre les garderies. Il y a
des garderies qui possèdent leurs locaux et il y en a d'autres qui les
louent. Je pense que, d'avoir un poste budgétaire réservé
au logement, ce n'est pas sans intelligence comptable, une action comme
celle-là. Et tout ramener à une formule de financement unique qui
ne tient pas compte du cadre physique dans lequel se situe la garderie, ni du
niveau d'avancement du paiement de l'hypothèque, etc., je ne pense pas
que ce soit Judicieux. La formule actuelle a le mérite d'être
connue de l'ensemble des gestionnaires de garderies et, en la bonifiant, on
pourra en faire un instrument beaucoup plus efficace.
Si vous me le permettez, j'aurais un dernier commentaire. Au fond, je
comprends très bien les efforts que vous faites et les remarques qui
s'adressaient à vous concernant la question du rattachement des
garderies à la Condition féminine n'étaient pas du tout un
désaveu de l'intervention de votre ministère, mais bien pour
dire: À un moment donné, l'État devrait avoir le courage
d'appeler les choses par leur nom. Une garderie, ce n'est pas une "bebelle" de
femmes; c'est une "bebelle" de société autant que l'est un foyer
pour personnes âgées. À cet égard, je pense que vos
confrères auraient peut-être des leçons à prendre de
vous.
Par ailleurs, au point de vue de la stratégie que vous avez,
l'énoncé de politique dit qu'on doit doubler les services de
garde. Les quantités se mesurent bien dans la population;
électoralement, c'est intéressant. Sauf qu'il n'y a aucune
démonstration rigoureuse dans l'énoncé sur ta pertinence
de ce doublement. Chaque région a sa culture; les régions ne se
comparent pas nécessairement au point de vue de leur pratique. Je pense
que le développement devra se faire de façon mesurée
à partir d'un monitoring serré d'évaluation très
bien faite et que la consultation devra être une priorité parce
que c'est avant tout le réseau existant qui assume la presque
totalité de la fonction et de la vocation face aux enfants, à
l'heure actuelle.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous mentionnez que chaque région est
différente. C'est justement l'objectif visé par la planification,
de travailler avec les gens de la région et des municipalités
pour identifier les besoins et être en mesure d'offrir les bons
services.
Je reviens à votre tableau. Cela me frappe beaucoup, remarquez.
Je vois, entre autres, que le total de vos revenus, en 1987-1988, était
de 974 822 $, c'est-à-dire les subventions que vous receviez avec les
4,50 $; par contre, avec la subvention de 975 000 $ on ne vous accorderait
qu'un supplément de 723 $ pour votre région. Là, je me
pose beaucoup de questions parce que je me dis que, si vous, dans votre
région, vous ne recevez que 723 $ sur les 10 000 000 $, I y a quelqu'un
qui va en recevoir. Il y a 10 000 000 $ uniquement pour vos garderies.
Mme Gravel: C'est le problème d'une formule
mathématique. C'est en plein ça. On est en train de vous
démontrer que ça n'a pas de
succès, sinon par votre formule du statu quo.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, voyez-vous...
Mme Gravel: Le statu quo, Mme Gagnon-Tremblay, quand on est
administrateur d'une garderie et que tous les jours on est confronté
à faire des choix qui sont élémentaires pour assurer la
qualité de vie des enfants, cela veut dire d'appliquer des normes
d'hygiène minimales. Il faut se rendre compte de ce que c'est, vivre
dans une pouponnière avec cinq bébés, selon les normes
actuelles, pour comprendre que c'est un espace trop restreint. Si on veut faire
la preuve que les garderies n'ont pas une mission acceptable dans notre
société québécoise, on n'a qu'à continuer de
leur donner des moyens de bouts de chandelle pour fonctionner. On fonctionne
avec rien. Le gazon est brûlé, on n'a pas les moyens de le
remplacer.
Quand vous parlez de 43 000 000 $, cela paraît gros, mais, pour
l'État québécois, c'est comme 4 $ dans ma poche quand je
gagne 15 000 $ par année; c'est une somme minime pour une
quantité énorme d'enfants qui vivent quotidiennement le stress
d'une vie collective. Et c'est un service acceptable par un État.
Concernant les services individuels donnés aux couples à la
maison, que ceux qui ont les moyens de s'en payer s'en paient. Je pense qu'un
État peut s'impliquer dans une ressource collective qui est une
garderie, sauf qu'il faut garantir un minimum de qualité de vie aux
enfants qui sont là.
Ce qu'on vous dit, c'est que, présentement, en faisant tous les
efforts dont on est capables, en s'impliquant autant qu'on le peut, en
peinturant tes murs nous-mêmes, en vidant les poubelles nous-mêmes,
on ne réussit pas. On ne réussit pas et vous nous amenez à
faire la preuve qu'on n'est pas capables. C'est relié directement
à de l'argent. Quand on pense à l'accessibilité des
heures, pour nous, cela veut dire engager quelqu'un qui entre le matin à
7 il 15; ce sont quinze minutes de plus à inscrire sur la fiche de paie
chaque jour. Cela totalise de l'argent à la fin de l'année. On
n'a même pas cette latitude. Quand vous dites qu'il faut se donner des
normes plus élevées si on est capable, on n'est pas capable. On
est obligé de faire des campagnes de financement qui dépassent ce
que vous allez nous donner de plus au cours de la prochaine année. Dans
ce temps-là, on ne peut pas avouer qu'on est satisfait, on est
insatisfait, Mme Gagnon-Tremblay, parce qu'on n'est pas capable de le faire.
Pour une garderie comme celle où je suis impliquée, on a fait un
effort de financement de 11 000 $ cette année, en plus de la
tarification aux parents; on a quêté les entreprises. On s'est
mobilisé bénévolement pour faire ça. L'an prochain,
on ne touchera même pas ça avec la formule des 45 %. Cela nous
fait peur!
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez...
Mme Gravel: Cela nous fait peur parce qu'on veut un milieu de
qualité.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela me fait peur également parce
que, voyez-vous, nous Injectons 43 000 000 $ et si vous saviez les
difficultés qu'on a, dans chacun des ministères, à
négocier nos budgets; cela ne se fait pas comme ça et on ne sort
pas ça de la poche facilement. Quand vous me dites, par exemple, toutes
les difficultés que vous avez et que cela semble quand même des
difficultés énormes, je comprends que vous puissiez en avoir,
mais qu'est-ce qui est arrivé de 1982 jusqu'à maintenant? Que
s'est-il passé? On ne réussira pas à vous soulager
même avec ces 43 000 000 $?
Mme Bluteau: À toutes fins utiles, tout ce qu'on va
réussir à faire...
Mme Gagnon-Tremblay: Cela me décourage drôlement.
Écoutez, il va falloir peut-être se questionner. Je pense que
ça se passe de commentaires.
Mme Bluteau: À toutes fins utiles, tout ce qu'on va
réussir à faire, ce sera, tout simplement, maintenir une
situation où, à l'heure actuelle, on est en train de se battre
pour être capable d'arriver à donner à nos garderies
l'essentiel, nos besoins de base et non pas le luxe.
Vous demandiez tantôt si on avait une autre formule de financement
à proposer. Pour avoir une autre formule de financement à
proposer, il faut faire des calculs mathématiques. Il y a juste une
chose que je remarque personnellement en tant que gestionnaire de garderie,
c'est la différence entre la première formule et la seconde
formule. C'est sûr que, quand vous parlez de gestionnaires de garderies,
vous semblez dire: Vous êtes compétents. Vous arrivez,
malgré toutes vos contraintes, à donner un service. La
difficulté avec la nouvelle formule de financement, c'est qu'avec
l'ancienne formule j'avais quelque chose de vrai à planifier en ce sens
que j'avais une qualification pour avoir droit à la subvention de 4,50
$. Si j'étais capable d'atteindre 75 % de mon revenu potentiel,
j'étais capable de me qualifier pour avoir 4,50 $ par jour par place au
permis.
Maintenant, je regarde comment je vais faire pour atteindre mes 75 %.
C'est sûr qu'il faut que je planifie. Il faut que j'arrive à avoir
un taux de fréquentation qui puisse atteindre 85 %. À ce
moment-là, vous avez recueil. Pourquoi ai-je 85 % de
fréquentation? Et pourquoi ai-je 75 % de revenu? Qu'est-ce qui s'est
passé? Où sont mes 10 %? Là, je pouvais me questionner
pour savoir où j'avais fait mes pertes et être capable de les
identifier. Quand je parle de pertes, je parie comme gestionnaire. Je ne parle
pas d'escompte que je pouvais donner à ma clientèle. Quand je
parie d'escompte, c'était une
tarification spéciale pour le deuxième enfant, une banque
maladie pour les enfants. Ensuite, vous aviez les jours fériés
qui n'étaient pas facturés à 13 jours. Donc, ce sont
toutes ces mesures de régie interne de chacune des garderies qui
faisaient l'écart entre 85 % et 75 % (85 % de fréquentation et 75
% de revenu). Mais en bonne gestionnaire, je me disais: II faut que je
ramène ma marge d'écart à 5 %. Donc, j'étais
capable d'arriver à appliquer des mesures pour, éventuellement,
diminuer l'écart au maximum. C'est une tâche d'éducation et
c'est très long pour en arriver à appliquer un correctif. Cela,
c'est une vision de gestionnaire.
Maintenant, la nouvelle formule de financement arrive. J'ai 45 % de mes
revenus qui seront payés par l'État. Je pense à 45 % dans
ma tête. Comment est-ce que je fais? Je calcule. J'ai 150 000 $ de
revenu, 45 %. Je n'arrive pas. Il me manque 50 000 $ quelque part. Qu'est-ce
que je fais? La première idée: hausse de la subvention
gouvernementale égale hausse de tarif. Est-ce que c'est la solution
comme gestionnaire? Je ne serai même pas capable d'identifier où
j'ai des problèmes parce que je n'ai plus les moyens de les voir
facilement.
Je sais que c'est un langage technique, mais c'est ma
quotidienneté. C'est ce que je fais chaque jour. Si j'arrive et que je
vous dis: Écoutez, j'ai un enfant qui part parce que la dame est
enceinte, elle ne peut pas le laisser à la garderie, elle fait un
retrait préventif, etc., je pense: J'ai un trou, j'ai une place à
combler. Où suis-je rendue dans mon année? Je suis rendue au mois
de février. Impossible de combler ma place. Qu'est-ce qui m'arrive?
77,50 $ de perte par semaine, qu'est-ce que cela veut dire à la fin du
mois? Qu'est-ce que cela veut dire à la fin de l'année? Une place
en garderie, c'est 4 000 $. Quand vous arrivez avec votre nouvelle formule de
financement...
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez
conclure, s'il vous plaît.
Mme Bluteau: Si vous voulez m'accorder...
Mme Gagnon-Tremblay: Comme le temps mis à notre
disposition est presque terminé, vous pourriez peut-être continuer
tout à l'heure. Ce que je veux mentionner, c'est que c'est sûr que
vous avez une politique tarifaire dans chacune des garderies. Alors, c'est la
vôtre. Vous m'avez dit tout à l'heure: Si je n'arrive pas ou si je
sais que je n'arriverai pas, je devrai augmenter mon tarif. Vous avez
oublié de me dire, par contre, que peut-être je devrai
plutôt augmenter mon taux d'occupation. Vous avez parlé juste de
tarif.
Mme Bluteau: C'est impossible.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous dis qu'il y a des choix à
faire aussi. Je pense que, quand on parle de services de garde, oui,
l'État doit payer, mais il y a aussi une part des parents. Ce matin, on
avait l'occasion d'en discuter et, si je calcule l'ensemble des
déductions fiscales, exonérations financières,
subventions, etc., cela équivaut à 74 %. (17 h 15)
Mme Bluteau: II y a une chose qu'il faut remarquer. Le parent qui
a une déduction...
La Présidente (Mme Bélanger): Je regrette, mais la
discussion peut se terminer avec Mme la députée de Maisonneuve,
à moins qu'elle ne consente à vous laisser du temps.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, cela va, merci.
Mme Harel: Je consens. Je vais vous donner mon temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bluteau: II y a une chose qu'il faut remarquer. Pour le
parent qui a une déduction fiscale, d'accord il a une déduction,
mais elle est noyée dans sa masse de revenu. Est-il capable de
l'identifier et de dire: J'ai eu un retour sur mes impôts de, je ne sais
pas, 500 $ ou 600 $ à cause de ma garderie? Va-t-il me le redonner quand
je vais lui dire: Écoute, demain matin, ton tarif est à 15,50 $
au lieu de 15 $? Ce n'est pas évident.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez qu'on peut maintenant le
déduire à la source.
Mme Bluteau: Oui, évidemment. Mais la difficulté,
quant à moi, c'est de quantifier cet argent pour qu'il nous soit
retourné dans les garderies. Une fois que tu as ton argent, que tu as eu
une déduction d'impôt, tu es tout content d'avoir ton retour
d'impôt. Ce n'est pas évident que tu vas le redonner
immédiatement à ta garderie, divisé par 260 jours. C'est
impossible.
Revenons aux 85 % de fréquentation. Avez-vous une idée de
ce que cela veut dire? Pour une garderie de 52 places, 85 % de
fréquentation, c'est 46 enfants par jour pendant 260 jours. Je suis
incapable d'avoir plus d'enfants parce qu'il y a des journées où
j'ai, évidemment, des trous. Les lundis, par exemple, il y a un manque
de fréquentation. Je m'excuse. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Ne vous excusez pas, bien au contraire! C'est
remarquable. Il faut que vous le sachiez, le mémoire que vous nous avez
présenté, sa présentation, la prestation verbale que vous
nous avez faite, c'est remarquable. Vous-même, M. Larouche, votre vision
de ce que doit être - et j'ai pris des notes, d'ailleurs - la phase de
socialisation de l'enfant dans la garderie et de l'importance sociale des
garderies,
est absolument remarquable.
Il y a un aspect, Mme Bluteau - c'est Mme Bluteau, je crois -
très intéressant que vous apportez. Vous êtes une
gestionnaire de métier, j'imagine.
Mme Bluteau: Absolument pas. Je suis une ancienne
institutrice.
Mme Harel: Alors, écoutez, c'était vraiment
remarquable. Ce qui est très intéressant, c'est, justement, que,
comme dans les nouvelles formules de gestion mises de l'avant dans les
écoles d'administration publique, vous incitiez la ministre à
adopter une formule selon laquelle ce ne sera pas juste l'augmentation des
revenus qui va permettre de financer les dépenses. En d'autres termes,
vous introduisez la poursuite d'une gestion par objectifs et vous nous dites
que, d'après la nouvelle formule, on sera complètement
étranger à cette possibilité-là.
D'abord, N faut faire une mise au point. Je pense bien que la ministre
va s'attendre que, durant tout le mois, on lui parle du statu quo de la
contribution du Québec aux services de garde pour 1989. Pour deux
raisons: d'abord, parce que les Québécoises et les
Québécois s'attendaient à un effort accru de leur
gouvernement, compte tenu du discours qu'il tient sur la
dénatalité et, d'autre part, parce qu'on est en période de
croissance économique aussi et que cela doit bien se traduire quelque
part dans les budgets. Le ministre des Finances disait qu'on était gras
dur, il y a un an, lorsqu'il a présenté son discours sur le
budget; alors, si on l'est pour le gouvernement, cela devrait paraître
aussi dans les choix budgétaires faits dans des secteurs qui n'ont pas
atteint leur vitesse de croisière. Il ne suffit pas de vous indexer pour
penser que tout va bien.
Quand je parie d'effort accru, je pense que les
Québécoises et les Québécois n'avaient pas pu
imaginer que l'implication du fédéral allait provoquer des
économies de la part du gouvernement du Québec. J'écoutais
la ministre faire valoir que, dans le passé, le fédéral ne
déboursait que 31 %, tandis que dorénavant, ce sera 50 %, ce qui
explique que, sur les 43 000 000 $, il y en ait 38 000 000 $. Mais, si c'est 50
% et 43 000 000 $, cela devrait être 24 000 000 $ pour le Québec
et 24 000 000 $ pour Ottawa. Mais Ottawa va mettre 38 000 000 $ en 1989 et
Québec 5 000 000 $.
Donc, il y a là manifestement un écart qui ne s'explique
pas et c'est en partie dû au fait que, pour l'année 1989,
Québec va profiter de la contribution nouvelle d'Ottawa pour se
désengager - je dis les mots comme ils sont - budgé-tairement.
Comment appelle-t-on ça autrement? Il n'y a pas d'autre formule. Dans la
mesure où la ministre a souvent - je ne peux pas vous dire combien de
fois - prétendu que son gouvernement avait fait bien plus que le
gouvernement précédent, je pense que jamais le gouvernement
précédent n'a osé faire ce qu'ils vont faire cette
année. Rappelez-vous que même dans des périodes de crise...
Il faut, quand même, se rappeler qu'en 1982, les taux
d'intérêt sont allés jusqu'à 22 % et je vais lui
fournir demain, les pourcentages d'augmentation d'année en année
dans les pires années. On ne parle pas des années de croissance
comme celles qu'on connaît! Vous allez me dire que ce n'est pas pour tout
le monde, mais la croissance est réelle. L'emploi, lui, est en
difficulté, mais l'économie se porte bien. Il y a des
rentrées de fonds au gouvernement. Dans ces années, jamais on n'a
invoqué la crise pour faire ce que le gouvernement va faire cette
année: le statu quo en matière de contribution dans les services
de garde de l'Office des services de garde à l'enfance. C'est
inacceptable.
Ce qui l'est plus encore, je vous dis la vérité, ce qui
m'a le plus mise en colère, c'est qu'un gouvernement prétende
distribuer davantage sans débourser un sou de plus. Cela me met en
colère, surtout quand il culpabilise la population sur les enfants qu'on
n'a pas, comme si ceux qui n'étaient pas nés étaient plus
intéressants que ceux qui sont là.
Cela dit, le problème qui se pose, vous l'avez sans doute
posé, je pense, M. Langlois, c'est sur la vision - M. Larouche, excusez
- qu'on a des services de garde. Encore une fois, la question reste
posée: Est-il exact que l'office ne va plus fournir une aide
financière aux parents bénéficiaires de l'aide sociale
pour que leur enfant profite de la garderie, si ces parents ne se conforment
pas aux exigences du travail obligatoire qui seront bientôt
annoncées? C'est vraiment la question qui se pose. À ce
moment-là, ça va totalement à rencontre de tout ce que
vous nous exprimiez, de tout ce que vous souhaitiez et de ce que vous nous
définissiez comme étant l'importance sociale, évidemment,
des garderies, puisque ça deviendrait, d'une certaine façon, un
instrument contre les parents car la seule façon pour qu'un enfant ait
accès à la garderie serait que le parent
bénéficiaire de l'aide sociale accepte un emploi tel que
prescrit.
L'ensemble de votre mémoire, comme vous le savez certainement,
reprend beaucoup des propos qui nous sont illustrés pour chacune des
régions du Québec. Mais c'est extrêmement précieux
de voir l'illustration. C'est extrêmement important que l'on puisse bien
percevoir ce que ça peut représenter dans votre région.
Vous nous dites que c'est une innovation cruelle; c'est le terme que vous
utilisez d'entrée de jeu dans votre mémoire. En tout cas, je peux
vous dire que c'est avec énormément d'intérêt que
nous en avons pris connaissance. Vous nous avez parié de
dénatalité. Vous nous dites que c'est important, comme instrument
offert aux parents, que ce service, cette ressource leur soit connue comme
étant disponible et accessible au moindre coût possible.
Je veux vous remercier pour votre présentation. À moins
que vous n'ayez quelque chose à
ajouter, moi, j'ai trouvé ça tellement complet que je
n'aurais pas vraiment de questions à vous poser.
Mme Gravel: Ce que nous voulons dire, c'est que c'est clair que
l'accessibilité, c'est un principe et que toute hausse de tarification
qu'on devra imposer aux parents limite l'accessibilité. Les services ne
sont déjà pas nombreux, ne sont déjà pas
très accessibles. Alors, on limite, encore une fois,
l'accessibilité. Si on pense à la politique qui n'est pas
annoncée, mais qui est insidieuse par rapport aux gens qui
bénéficient du bien-être social, tout ce qu'on peut dire,
c'est que c'est encore pire.
En tout cas, le défi qu'on a accepté de relever comme
parents, comme coordonnatrices de corporations, c'est d'offrir un cadre de vie
de qualité aux enfants qui fréquentent ces corporations, ces
garderies, actuellement. C'est clair que, pour nous, même si 43 000 000 $
cela paraît une somme fabuleuse, sur l'ensemble du budget de
l'État, ça nous apparaît quand même dérisoire.
Il faut dire que les 500 000 000 $ sont sur une période de trois ans. Il
faut dire que 43 000 000 $ dans le budget du gouvernement, quand il est
d'environ 31 000 000 000 $, c'est une somme ridicule. On a estimé, hier
soir, que ça donnait à peu près 650 $ par année,
par enfant.
Pour nous, en tout cas, pour ce qui est de l'avenir de nos enfants, face
à tout ce qui est annoncé sur le plan de la politique familiale,
on ne peut pas faire autrement qu'être inquiets. Notre crainte, c'est que
ça ne change pas. Dans ce sens, on recommandait qu'une taxe
spéciale, un impôt spécial soit demandé aux
entreprises pour au moins nous alléger la tâche de faire les
campagnes de financement annuelles. Sur le principe d'autres services qui ont
été mis sur pied, comme ça, par l'État, on pense
qu'on pourrait arriver à offrir des services de garde de qualité
et accessibles à nos enfants.
J'ai ici un message qui dit que la politique des 45 % actuelle ne
considère pas que, quand on parle du taux de fréquentation, il y
a des tarifs préférentiels qui sont donnés pour les
deuxième et troisième enfants d'une même famille. Pour
quelqu'un qui a trois enfants, qui devrait payer le plein tarif pour que la
garderie aille chercher le plus de subventions possible, cela veut dire un
découragement net à utiliser les services de garde en garderie
pour ses enfants. Dans ce sens, si une politique familiale consiste à
encourager les citoyens et les citoyennes du Québec à avoir un
deuxième et un troisième enfant, ça découragerait
n'importe qui de le faire, surtout quand on a une facture de 450 $ ou 500 $ par
mois pour faire garder deux enfants, avec tous les programmes
d'exonération qui existent actuellement. C'est impossible.
Alors, si on veut encourager les Québécois à avoir
des enfants, si on pense vraiment en termes de stratégie familiale et
nataliste, il faut penser à d'autres formules. Il faut accorder des
montants substantiels. Si le gouvernement ne peut pas le faire tout seul, il y
a des entreprises. On vous encourage à les solliciter. Nous autres, on
dit: Ce n'est plus à nous de les solliciter. Le modèle des
fondations d'hôpital, ça ne nous tente pas de le prendre et on n'a
pas les moyens de le faire.
La Présidente (Mme Bélanger): M.Larouche.
M. Larouche (Daniel): Certaines questions nous ont
été posées; notamment, Mme la ministre, à un moment
donné, nous posait une question très franche, à savoir
comment on fait pour arriver à 723 $ pour l'ensemble d'un regroupement
régional de garderies, alors qu'ils prévoient 10 000 000 $, dans
le même secteur, pour la même année. Je pense que le tableau
qui vous a été distribué par Monique, où il y a un
histogramme des variations en fonction du taux de fréquentation,
démontre assez clairement -ce sont des visions d'actuaire, ce sont des
vues de l'esprit, peut-être, en partie - que les 43 000 000 $, les
garanties qu'on est capables d'aller chercher avec votre formule, ce n'est
effectivement pas sûr qu'on les ait. Vous avez déjà tout un
plancher de gestion qui a été bâti et qui repose sur une
notion de révision systématique des postes budgétaires, ce
que Monique présentait tout à l'heure.
Est-ce qu'à cette logique, qui est une logique de resserrement de
la gestion, de révision périodique des impératifs des
différents postes budgétaires, on va substituer une logique de
course effrénée à l'argent sans que les milieux soient
égaux face à ça? Prenons l'exemple de la région 02.
On est une région de grande entreprise. Le partenariat avec l'Alcan, par
exemple, quand vous avez sept ou huit garderies, comment on le "patente" et qui
a le temps d'aller le faire? Quand il s'agit de taxer les entreprises pour
assurer la santé et la sécurité du travail, on va chercher
une quote-part dans l'entreprise et l'État la redistribue. L'État
est capable faire ça. Mais quand il s'agit de l'avenir de nos enfants,
l'État n'est pas capable de faire ça. Débrouillez-vous,
les parents.
Je pense qu'à cet égard il va falloir vraiment
intégrer le système de garderies à la notion de gestion de
l'État québécois. Ce n'est pas un ghetto, les garderies.
Cela ne doit pas être un ghetto. Ce n'est pas un dossier qui doit rester
marginal. À cet égard, je pense qu'on apprécie les efforts
qui sont faits. Je pense que les femmes qui sont dans le système ont en
général consenti beaucoup d'efforts à ça. Mais ce
n'est plus seulement aux femmes de jouer. C'est à l'État
québécois de se rendre compte de l'importance de cette
"bébelle"-là dans l'ensemble du développement de la
société. Je pense que c'est ça, le message fondamental. La
formule de financement, dans le fond, importe assez peu. Il y a une notion de
priorité que vous avez à
discuter. Il s'agit de savoir si on en veut vraiment ou si on s'organise
simplement pour récupérer l'apport nouveau de fonds
fédéraux afin de se donner bonne bouche avec ça. (17 h
30)
N'oubliez pas que ce que la population voit, à l'heure actuelle,
dans le débat, c'est que l'État québécois va mettre
quelque 500 000 000 $. C'est ça que les gens ont dans la tête. Les
gens ne cherchent pas à discerner. Ils disent: Ça coûte
donc bien cher! Mais, en réalité, ce qu'on aurait dû faire,
pour être vraiment honnête face au débat, c'est de ne
montrer que la franche nouvelle et d'avoir la franchise aussi de montrer
d'où provenaient ces fonds. Je pense qu'à cet égard, dans
une région comme la nôtre, quand il s'agit de débattre,
face à la population, un dossier comme celui-là, la
première réaction que va avoir la population, c'est de dire que
l'effort de l'État est totalement considérable et que les
garderies n'ont qu'à se débrouiller par elles-mêmes pour le
reste. Je pense que c'est délétère, cette façon
d'aborder le débat.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, en conclusion.
Mme Harel: Oui. Je pense que j'ai encore du temps à ma
disposition, n'est-ce pas? Oui, cinq minutes, Mme le Présidente. Dans le
mémoire, vous nous faites part que vous soutenez la recommandation du
groupe Concertaction de maintenir la formule actuelle en la majorant, comme
vous nous le signalez, de 4 $ ou de 4,50 $, je crois. Ce matin, Concertaction
nous signalait qu'à sa connaissance, ce serait une augmentation
d'environ 20 000 000 $. Cette recommandation vous apparaît-elle
satisfaisante? Est-ce que ce sont là, finalement, des subventions dont
l'ordre de grandeur vous satisferait?
Mme Bluteau: Cela pourrait éventuellement nous satisfaire,
mais il ne faut pas oublier une chose: qu'on prenne une façon ou une
autre de subventionner, il faut en arriver à ce que la façon de
subventionner tienne compte des inéquités entre les garderies.
Chaque garderie n'est pas aussi munie de moyens pour en arriver à cette
chose-là.
Il y a aussi une chose qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'il ne faut
pas biaiser le débat, non plus. Il est sûr qu'on veut plus de sous
pour nos enfants, qu'on veut plus de sous pour leur offrir de la
qualité. On ne veut pas, en tant que parents, ne pas prendre nos
responsabilités; on veut prendre nos responsabilités. Cependant,
on veut que le gouvernement nous aide. Que vous preniez l'ancienne ou la
nouvelle formule, pour moi, cela peut être effarant, cela peut être
une bataille de chiffres. Si je regarde dans le tableau que j'avais tout
à l'heure, je vous parlais d'une garderie à 15 $ par jour. Si je
décide d'augmenter mes tarifs à 16 $, le pourcentage va
augmenter, va croître de 1 % par dollar d'aug- mentation. Cela veut dire
que, si je le mets à 16 $, mon tableau est encore bon, j'augmente de 1
%; si je le mets à 17 $, mon tableau est encore bon, je majore tout
ça de 2 %.
Je veux en venir à ceci: il y a 10 000 000 $ de consolidation. Si
je fais la moyenne des garderies sans but lucratif de la province de
Québec, il y en a 529. Donc, 10 000 000 $ divisés par 529
garderies, cela fait 18 000 $ par garderie. Comment vais-je réussir
à me qualifier pour avoir ces 18 000 $? J'y tiens et chacune des
garderies de la région y tient également. Il faut arriver
à se qualifier.
Si je prends l'exemple de Mme la ministre dans l'énoncé de
politique, on avait une moyenne de 8300 $ par garderie, c'est l'exemple qu'on
retrouvait dans le cahier. 8300 $, si vous multipliez cela par 529 garderies,
cela vous fait un effort de 4 500 000 $. Si on ne se qualifie pas, où
est rendue la différence des 10 000 000 $ aux 5 000 000 $? Où
va-t-elle?
Mme Harel: Dans les crédits périmés.
Mme Bluteau: Moi, je la veux et j'y tiens. Je pense qu'on est en
train de débattre de nos besoins essentiels, il faut absolument arriver
à les avoir.
Mme Harel: Je vous remercie beaucoup; je vous remercie comme
regroupement et je remercie chacun d'entre vous.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Je suis étonnée de voir
qu'on puisse nous prêter autant de mauvaises intentions, finalement. Ce
que je constate, c'est qu'on n'a plus besoin d'argent. On le dit: On n'a plus
besoin d'argent. Par contre, on oublie toujours d'associer quantité de
choses et la formule a été faite en fonction de ça.
Lorsqu'on dit, par exemple, qu'on accorde un tarif préférentiel
lorsqu'il y a un, deux ou trois enfants, oui, mais nous accordons aussi une
aide supplémentaire aux parents qui ont deux ou trois enfants en
garderie. Lorsqu'on parie du tarif, il faut associer le taux d'occupation. Il y
a quantité de choses comme ça, qu'on charrie d'un bord et de
l'autre et on oublie toujours d'associer une chose à l'autre. Il y a
aussi les déductions fiscales qui sont données aux parents. Je
comprends que ce n'est peut-être pas assez. Ce matin, j'avais l'occasion
de parier aux gens de Concertaction et je leur disais: On ajoute 4,50 $ cette
année, ce qui fait 9 $, donc 20 000 000 $. SI on ajoute encore 4,50 $,
comme on nous le demande, l'an prochain, cela fait 13,50 $; 4,50 $ à
13,50 $, c'est de l'ordre de 96 000 000 $ récurrents et, finalement, on
constate que c'est pour régler les conditions de travail. Si on veut
uniformiser, si on veut régler les conditions de travail et si on veut
que ce soit l'État seulement
qui absorbe ou assume les conditions de travail, je me dis que,
finalement, ce qu'on nous demande, c'est l'étatisation et ce n'est pas
le choix que le gouvernement a retenu.
Mme Gravel: Mais Mme Gagnon-Tremblay, qu'est-ce qui fait que le
gouvernement choisit, par exemple, d'investir 1 200 000 $ sur un catamaran qui
flotte sur le lac Saint-Jean alors qu'on investit 77 000 $ pour les enfants de
la région?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, on ne parle pas de
catamaran, on parle de services de garde. C'est sûr que...
Mme Gravel: Mais quand on compare les choses, il faut les
comparer à d'autres choses aussi. Il faut mettre tous les
éléments en présence. Là, vous comparez des enfants
à des enfants qui n'ont pas d'argent.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est exactement ce que je vous demandais
tout à l'heure, de comparer les choses avec les choses. Quand vous
parlez de tarif, si vous voulez que notre formule ait du sens, il faut comparer
le tarif et le taux d'occupation. Si vous parlez de subventions directes aux
garderies, il faut également parler de l'aide financière qu'on
accorde aux parents. Si, par contre, vous croyez que, de cette
façon-là, c'est inutile, qu'on n'est pas capables de planifier,
est-ce que cela suppose qu'il faudrait retirer l'aide financière aux
parents et donner tout aux garderies pour qu'elles puissent fonctionner
davantage? Cela ne semble pas être une proposition que vous nous avez
faite.
Mme Gravel: Je ne pense pas que ce soit là la
solution.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, s'il
vous plaît, le temps est écoulé.
Mme Bluteau: En conclusion, ce que je voudrais faire remarquer,
c'est qu'il ne faut pas se cacher qu'à l'heure actuelle, la
qualité des services de garde passe essentiellement par la
qualité des services qu'on offre à nos enfants. Pour offrir des
services de qualité à nos enfants, il nous faut des personnes
compétentes. Est-ce que vous êtes prête à envoyer
votre enfant en garderie à une éducatrice qui n'est pas
compétente? Elle va lui transmettre des valeurs. L'enfant apprend par
Imitation. Si vous arrivez à faire...
La Présidente (Mme Bélanger): Je regrette, le temps
étant écoulé, au nom des membres de la commission, nous
vous remercions de votre participation et nous vous souhaitons un bon
retour.
J'appelle maintenant le Regroupement des garderies sans but lucratif
lanaudoises.
Les membres de la commission vous souhaitent la bienvenue. J'aimerais
vous rappeler que le temps alloué pour la période de
présentation de votre mémoire est de 20 minutes et qu'une
période de discussion entre les deux groupes parlementaires suivra, de
40 minutes. Alors, je demanderais au porte-parole de se présenter et de
présenter les personnes qui l'accompagnent.
Regroupement des garderies sans but lucratif
lanaudoises
Mme Robillard (Monique): J'aimerais remercier la commission de
bien vouloir nous écouter, dans ce processus qu'on croit encore
démocratique. J'aimerais vous présenter la
délégation du Regroupement des garderies sans but lucratif
lanaudoises: Mme Myriam Denis, administratrice et travailleuse au regroupement;
M. Yves Riopel, parent et administrateur au regroupement, toujours dans les
garderies bien sûr; Mme France Desjardins, parent, et moi-même,
Monique Robillard, présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va. Merci
beaucoup. Si vous voulez commencer l'énoncé de votre
mémoire.
Mme Robillard: Tout d'abord, j'aimerais dire qu'on
représente treize garderies qui étaient d'ailleurs toutes
représentées à Québec, vendredi dernier, pour
s'opposer à l'actuel projet de politique. Nous tenons à vous
assurer que nous sommes ici, aujourd'hui, dans le but de collaborer à ce
que soit présent, dorénavant, dans la politique du gouvernement,
un développement concerté, une qualité accrue et un
financement amélioré pour les services de garde au
Québec.
Notre exposé se définira comme suit: Dans un premier
temps, nous allons exposer ce avec quoi nous sommes en accord dans
l'énoncé de politique et, dans un deuxième temps, ce avec
quoi nous sommes en désaccord. Puis, nous vous communiquerons nos
recommandations et nous conclurons.
Je m'excuse d'être un peu nerveuse. Je n'ai pas été
élevée devant un micro ni à l'Assemblée nationale.
On parie peu dans les micros dans nos garderies.
Tout d'abord, nous sommes en accord avec la description, le portrait qui
est fait dans l'énoncé de politique. C'est comme si vous y aviez
mis les pieds et depuis longtemps. Nous viendrons après aux
désaccords, bien sûr. Nous sommes aussi en accord avec la
"prlorisation" qui y est dite pour les garderies sans but lucratif. Le fait
qu'on reconnaisse que la formule des garderies sans but lucratif assure
le contrôle des garderies par les parents est une bonne formule.
Nous arrivons immédiatement aux désaccords. Nous sommes en
désaccord avec l'écart entre le principe de privilégier
les organismes sans but lucratif et les solutions proposées. Je ne
fais pas référence au mémoire, si vous cherchez
dans le mémoire. Cela a servi de base, mais nous avons travaillé
encore depuis ce temps. Alors, j'y vais d'une façon verbale. Vous n'avez
pas les documents.
Nous trouvons incohérent d'accorder parallèlement des
subventions aux garderies privées à but lucratif. Nous comprenons
mai le désir de développer le plus vaste choix de services
parallèles aux garderies plutôt que de consolider et de
développer à partir de celles-ci. Nous comprenons mal aussi que
les partenaires identifiés par la ministre dans son énoncé
soient, entre autres, les municipalités. Nous tenons à vous faire
comprendre que, dans un milieu rural et semi-urbain comme le nôtre, les
élus municipaux sont encore bien loin de l'objectif de la garde. Nous
croyons qu'avec une réelle consolidation les besoins non comblés
et diversifiés auraient été pris en charge par les
garderies sans but lucratif. Comment peut-on espérer se
développer alors qu'on nous place toujours en
déséquilibre?
Nous sommes en désaccord avec l'assouplissement des normes. Ces
normes sont en place et appliquées pour assurer un milieu de garde
sécuritaire et stable. C'est, d'après nous, la part la plus belle
que l'office a faite, depuis sa naissance, d'assurer des normes de
qualité. On ne voit pas pourquoi elles s'assoupliraient pour permettre
une déstabilisation. Les garderies sont le milieu le plus contraint par
les normes. Il reste à reconnaître que nous avons un service de
garde de qualité et de le subventionner en conséquence.
Une halte-garderie, puisqu'on parle de taux d'occupation... Une
garderie, cela veut dire un milieu stable et régulier d'enfants qui la
fréquentent régulièrement et qui composent des groupes de
copains qui se connaissent et qui établissent des relations sociales.
Offrir une garderie dans une garderie, cela veut dire déstabiliser le
groupe, mais, par contre, cela rentabilise le taux d'occupation. Une
halte-garderie, c'est aussi des difficultés à appliquer le
programme pédagogique qui est exigé par l'Office des services de
garde à l'enfance. À la lecture de l'énoncé, nous
comprenons mal aussi que la qualité des services se traduise uniquement
par un nombre de places disponibles. La qualité des services, cela veut
aussi dire la qualité de la place offerte: sécurité,
ratio, stabilité. Rentabilité égale souvent dans le
document rentabilité financière, mais rentabilité veut
aussi dire, pour nous des milieux de garde, une rentabilité humaine.
Il y a 20 ans, on disait aux femmes de s'occuper de leurs enfants, de
rester à la maison. Vingt ans plus tard, l'État veut dire aux
femmes - nous le comprenons du moins ainsi - de s'occuper de leurs garderies.
Les mots ont changé, mais les principes restent les mêmes.
Maintenant, la formule de financement. La formule des 45 % sans plafond
- du moins, on n'en a pas vu - entraînera, selon nous, des abus et des
ghettos. Par exemple, dans une banlieue cossue et riche, les jeunes couples
professionnels peuvent se payer des garderies super à 40 $ par jour,
incluant des cours de ballet, de violon, la piscine, des ordinateurs, l'autobus
pour les sorties; de l'imagination, cela on en a, on l'a beaucoup
développée. L'État versera alors 45 %, soit 18 $ par jour.
C'est une fiction, bien sûr, on l'espère. Pour une garderie
d'Outremont à 20 $, l'État versera 9 $ par jour. Les garderies de
la région, chez nous, recevront 6,75 $, puisque le tarif moyen de garde
est de 15 $. Pour maintenir ce tarif moyen, toutes les garderies de la
région font annuellement une campagne de financement qui ne serait
même pas admissible comme revenu de frais de garde, comme il est
proposé dans l'énoncé, pour les dons significatifs
d'entreprise. Ceci est pour nous, encore là, un signe de privatisation
camouflé.
Nous sommes en désaccord avec la formule de financement
proposée pour les raisons suivantes: d'abord, à cause des
difficultés de planification - le regroupement qui nous
précédait les a très bien définies. Cela ne permet
pas aussi un rattrapage lors d'une baisse de fréquentation pour des
raisons indépendantes de la garderie. Une garderie qui serait
située à côté d'une usine qui ferme ses portes
à cause d'une grève ou lors d'un lock-out, peu importe, n'aurait
pas la chance de se rattraper pendant l'année qui suit et de rejoindre
son taux d'occupation; elle serait coupée immédiatement. Cela
incite à une hausse des tarifs de garde - plusieurs groupes l'ont dit,
on le redit - puisque c'est le seul moyen pour accroître la
nécessaire augmentation des revenus; qu'on pense aux augmentations
régulières du loyer, de l'épicerie, du
téléphone et du salaire, puisqu'on ne garde pas les enfants avec
des téléviseurs. Cela nous apparaît un désengagement
de l'État dans le contrôle des coûts. (17 il 45)
La politique des 45 %, en résumé, entraînera, selon
nous, un incitatif à l'"overbooking", une diminution de la
qualité de vie des groupes d'enfants en stabilité, des pressions
pour diminuer les avantages contractuels aux parents: réduction du
coût de garde pour un deuxième enfant, journées de maladie,
vacances, etc. Les contrats dans les garderies ressembleront bientôt
à un bail, payable à l'année, ceci pour qu'elles soient
bien subventionnées.
J'arrive au petit calcul rapide. Les garderies, en moyenne, dans la
région - on peut faire un portrait qui ressemble à toutes les
garderies plutôt que d'en prendre une seule-Une garderie de 40 places,
où les parents paient 15 $ par jour plus la subvention de logement,
recevrait normalement, en moyenne, 52 800 $ par année. Si on
ramène le taux d'occupation à 75 %, puisque c'est un taux
reconnu, dans les livres de gestion de l'office, comme un taux performant, du
moins acceptable, on ramène ça à 6,77 $ par enfant
présent. Si on élève le taux d'occupation
à 80 % - alors, là, on parle d'une garderie performante -
ça nous ramène à 6,35 $ par enfant présent. Si on
applique le même modèle à 45 % de 15 $, on arrive à
6,75 $, donc on est 0,02 $ en deçà du fonctionnement à 75
% et à 0,40 $ de plus qu'un fonctionnement à 80 % - bien
sûr, c'est s'il n'y a pas de tarif préférentiel et en
n'enlevant pas le 1 % à la formation. Pour nous, cela nous
apparaît 0,40 $ comparativement à 0,50 $ il y a deux ans, alors
qu'on n'a pas eu besoin d'un énoncé de politique, à ce
moment-là, pour avoir ces 0,50 $.
Nous aimerions aussi souligner, presque en terminant, puisqu'on ne prend
pas plus de temps que ça, que nous nous inquiétons et que nous
nous interrogeons sur le fait que le personnel de l'Office des services de
garde à l'enfance du Québec travaille déjà à
préparer les formulaires de financement 1989-1990, ainsi que leur mise
en application, en fonction de la subvention à 45 %, donc avant
même que cette commission n'ait eu lieu. On recevait les papiers cette
semaine, dans les garderies. C'est un peu démotivant.
En conclusion, l'énoncé tend à faire croire qu'il
maintient et favorise l'autonomie de gestion des parents, qu'il améliore
les conditions de l'ensemble des garderies et qu'il développe et
consolide le réseau. Nous croyons que l'essentiel de cette politique en
est une qui, d'abord, perpétue l'écart entre les milieux
favorisés et les milieux défavorisés, ensuite, qu'elle ne
tient nullement compte de l'expertise et de l'expérience des garderies
dans ce domaine et que c'est un désengagement progressif de
l'État face à sa responsabilité vis-à-vis des
enfants de 0 à 6 ans.
Nous avons des recommandations pour améliorer, il nous semble.
Nous recommandons que les services de garde au Québec se
développent par et avec les garderies sans but lucratif pour
éviter la commercialisation des services de garde; aussi, que les
regroupements de garderies sans but lucratif soient les partenaires
privilégiés dans un développement concerté; de
maintenir la subvention de fonctionnement à taux fixe avec rattrapage et
indexation annuelle ainsi que le maintien de la subvention de logement avec
indexation annuelle; de "prioriser" le développement des garderies de
quartier, tel que le privilégient les parents à 73 %, tel que
l'indique l'énoncé; que les garderies à but lucratif
soient exemptes de toute subvention; que toutes les formes de services de garde
soient soumises aux normes les plus élevées, soit celles
exigées des garderies; que le gouvernement travaille à trouver
des solutions pour viser les baisses de ratios plutôt que d'inciter
à Toverbooking"; et, en terminant, que le dossier des garderies
relève dorénavant du ministère des affaires sociales
puisque les garderies ne sont pas une problématique uniquement
féminine, mais bien sociale, intégrée à une
politique familiale et d'éducation. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): On vous remercie, Mme
Robillard. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, madame. Je voudrais revenir sur
certaines choses que vous avez avancées, entre autres, sur les
événements conjoncturels. Vous disiez tout à l'heure que
lorsqu'une garderie ouvre ses portes ou qu'elle doit être
relocalisée, ou quoi que ce soit, souvent elle n'a pas la
clientèle. Que ce soit pour ça ou, comme je le mentionnais tout
à l'heure, que ce soit pour une grève ou que ce soit, par
exemple, pour une épidémie, jusqu'à maintenant l'Office
des services de garde n'a jamais coupé et a toujours aidé cette
garderie, justement, au cours de la première année de son
ouverture. Il a toujours pris ça en considération. Et je ne vois
pas pourquoi, même avec cette nouvelle formule des 45 %, on ne
continuerait pas à le faire. Je ne sais pas si c'est bien compris. Mais
je ne vois pas du tout pourquoi on ne continuerait pas à le faire.
Mme Robillard: Non, ce n'est pas bien compris. Je ne parle pas
d'une garderie qui est naissante. Je parle d'une garderie qui a dix ans, qui
est située dans un milieu. Actuellement, selon la formule de
financement, si une garderie n'atteint pas son taux d'occupation de 75 % -
disons qu'elle a 73 % - elle n'est pas coupée automatiquement. Elle a un
an pour rétablir la situation.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais elle ne sera pas coupée, non
plus, avec la nouvelle formule. On mentionne que c'est le statu quo plus le 1 %
de la masse salariale, et nous nous engageons à travailler avec cette
garderie pour faire un plan de redressement. Personne n'est perdant demain
matin.
Mme Robillard: Nous n'avons pas vu ce...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est dans l'énoncé de
politique. Personne n'est perdant. C'est que nous avons la ferme
intention...
Mme Harel: Pour combien de temps?
Mme Gagnon-Tremblay: II n'y pas de temps limité, tant et
aussi longtemps qu'on n'a pas réussi à travailler avec ces
garderies pour qu'elles ne soient pas pénalisées.
Il y a une autre chose que vous mentionniez tout à l'heure.
Lorsque vous parliez des 45 %, est-ce que j'ai bien compris, vous avez
mentionné sans plafond? Est-ce que c'est exact? Est-ce que c'est
ça ou bien...
Mme Robillard: On n'en a pas vu. On a été une
quinzaine à s'asseoir autour d'une table et on n'en a pas vu.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. C'est parce que les 45 % sont dans
leur globalité. Mais
je veux dire qu'on finance 45 % des revenus jusqu'à concurrence
de 120 % du tarif moyen observé dans la province l'année
précédente. Ce qui signifie, par exemple, que, si vous avez un
tarif de 15 $ actuellement, nous allons subventionner l'an prochain
Jusqu'à concurrence de 120 %, c'est-à-dire 18 $. Ce qui signifie
que, pour les tarifs excédentaires à 18 $, ils ne recevront pas
plus que 18 $...
Mme Robillard: Je suis contente de l'entendre.
Mme Gagnon-Tremblay: ...c'est 45 % des 18 $, de sorte qu'on n'est
pas, non plus... Il fallait quand même avoir un frein afin que les
garderies ne décident pas d'augmenter indûment les tarifs et
c'était justement pour freiner cette augmentation de tarifs. Mais le
plafond est actuellement prévu.
Mme Robillard: Je suis heureuse de l'entendre.
Mme Gagnon-Tremblay: L'autre chose...
Mme Robillard: C'est vrai que les courts délais nous ont
peut-être forcés à le lire rapidement.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je comprends et aussi c'est tellement
complexe, et on est ici d'ailleurs pour se parler, pour discuter et pour
comprendre davantage certaines technicités du dossier. Vous savez
qu'actuellement l'exonération financière est basée sur
10,50 $ par jour et est fixe, ce qui a fait, finalement, que - tout à
l'heure, on parlait justement des gens sur l'aide sociale - au fur et à
mesure que les tarifs ont augmenté, cette catégorie de
clientèle s'est, à un moment donné, retirée des
garderies parce qu'elle ne pouvait plus en assumer les coûts. Elle ne
pouvait plus les assumer quand les tarifs étaient, par exemple, à
15 $ ou à 16 $. Alors, comme on n'accordait que 10,50 $, cette
clientèle se retirait automatiquement parce qu'elle n'avait plus les
moyens d'assumer la différence. Mais, avec notre nouvelle formule, la
formule actuellement qui est un montant de 4,75 $ fixe plus 40 % du tarif, cela
veut dire que les parents qui doivent payer un tarif de 15 $ vont recevoir plus
pour assumer la différence et les parents qui doivent assumer un tarif
de 18 $ recevront plus parce qu'ils ont assumé une différence
plus considérable. Indépendamment de l'argent - par exemple,
est-ce qu'il y a assez d'argent ou est-ce qu'il n'y en a pas assez? Est-ce que
cela devrait être 40 %, 50 % ou 60 % - le dynamisme de la formule,
trouvez-vous que c'est une formule intéressante ou si, malgré
tout, vous préférez la rejeter et revenir à la formule
actuelle, rigide, statique, non évolutive?
Mme Robillard: Je vous avoue qu'on s'est principalement
centré sur la nouvelle formule de financement qui s'adresse aux
garderies, à savoir les 45 %, plutôt qu'à l'étude de
l'aide financière aux parents. Cela nous apparaissait, comme vous le
voyez dans le mémoire, une formule intéressante. On n'a pas
développé dans ce sens-là et je pense que les parents
utilisateurs de l'aide financière - il n'y en a pas qui sont
représentés ce soir - pourraient se regrouper et...
Mme Gagnon-Tremblay: Quant à moi, cela m'apparaît
absolument essentiel, voyez-vous. On ne peut pas... Oui, madame.
Mme Desjardins (France): J'étais assise à
l'arrière et, depuis tantôt, j'entends parler de familles
bénéficiaires de l'aide sociale ou qui ont droit au plan Bacon,
qu'il y a eu des ajustements des montants qui seront alloués. On oublie
peut-être les gens qui n'ont pas droit à cette aide et qui vont
voir les frais de garderie augmenter alors que, déjà,
actuellement, on est à un niveau où on n'est plus capables de les
assumer et on n'a pas, non plus, des revenus assez élevés. En
tout cas, on est entre les deux. C'est toujours nous qui sommes touchés
par ça.
Ma capacité de payer a fait en sorte que j'ai dû faire des
choix de travail. Donc, je suis à temps partiel. J'ai dû
"précariser" mon emploi. Je suis maintenant sur la liste de rappel,
j'attends le téléphone, alors qu'en étant a temps complet
je pouvais avoir une stabilité. Je travaillais cinq jours et, les fins
de semaine, j'étais à la maison avec mon conjoint et les enfants.
Maintenant, par obligation, parce que les frais de garde sont trop
élevés, on est obligés... En tout cas, on est
obligés de faire des choix, de travailler les fins de semaine pour que
l'autre conjoint assume les frais. C'est tout ça. Pour moi, il n'y a
rien dans cette politique qui me concerne. Quand on parle d'échelle en
termes d'aide financière que vous accordez pour une famille de deux
enfants, un enfant en garde... Une voix:...
Mme Desjardins: ...un instant, j'en ai pour deux petites minutes,
et un enfant en milieu scolaire, il faudrait avoir touché 25 000 $
à deux - en tout cas, quand on parle d'une famille avec deux conjoints -
ça veut dire 25 000 $ pour commencer à toucher 0,50 $. J'aimerais
qu'on développe un peu cet aspect.
Mme Gagnon-Tremblay: Madame, tout à l'heure, vous m'avez
avoué que vous n'avez pas eu le temps de regarder ou d'examiner à
fond la formule d'exonération financière aux parents,
c'est-à-dire l'aide supplémentaire qu'on accorde aux parents. Je
vous dis qu'on ne peut pas dissocier les deux. La formule que nous
préconisons, les 45 %, a été faite justement en fonction
de cette aide financière. On n'aurait pas pu vous proposer cette formule
de 45 % si on n'avait pas
pris en considération l'autre formule et on n'aurait pas pu faire
en sorte qu'elle fonctionne et qu'elle s'intègre bien.
Alors, si, d'une part, vous me pariez aujourd'hui de la formule de 45 %,
mais que vous ne vous êtes pas suffisamment penchée sur l'autre
formule d'exonération financière, c'est peut-être
là, finalement, qu'on n'a pas toute l'information pertinente pour
vraiment décider ou savoir quel sera l'effet que cette formule pourra
avoir. C'est certain qu'avant d'augmenter un tarif, comme je le mentionnais...
Pour des garderies, c'est sûr que le dernier recours, c'est
l'augmentation de tarif. Pour d'autres garderies, il y a peut-être une
possibilité d'améliorer un taux d'occupation. Mais si,
inévitablement, à la fin, on se rend compte qu'il faut augmenter
le tarif, ce que nous disons, c'est que, dans ces cas, l'aide financière
va aider parce que demain matin, statu quo... Supposons qu'il n'y a aucune
augmentation de tarif. Il y a 20 000 familles qui bénéficient de
l'exonération financière qui reçoivent un surplus et ce,
sans augmentation de tarif. Elles reçoivent un surplus. Si on est dans
l'obligation d'augmenter le tarif, on pourra prendre ce surplus pour
alléger. C'est sûr qu'on ne réduira pas, mais au moins on
n'augmentera pas. On va stabiliser.
Mme Robillard: Ce que Mme Desjardins dit, c'est qu'elle et son
conjoint, qui travaillent tous les deux, ayant un revenu annuel de 26 000 $ -
je ne sais pas si vous trouvez ça élevé...
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons augmenté l'échelle.
L'échelle est passée de 24 000 $ jusqu'à 30 000 $.
Mme Robillard: Mais les tarifs vont augmenter en proportion et
les...
Mme Harel: Elle va avoir 0,50 $ par jour. Mme Gagnon-Tremblay:
De toute façon...
Mme Desjardins: Cela ne donnera rien, dans le fond.
Mme Gagnon-Tremblay: ...comme je vous le disais tout à
l'heure, vous comprenez que c'est...
Mme Desjardins: Comme parent, j'aime mieux que la garderie ait un
budget fixe avec lequel elle peut travailler et "prioriser" des choix en vue
d'une meilleure qualité des services. Pour moi, la qualité des
services - on ne s'entendra peut-être pas là-dessus - ça
passe principalement par des bonnes conditions pour les travailleurs et les
travailleuses en garderie. Je ne travaille pas dans ce milieu, mais on a des
exigences de plus en plus élevées. On demande aux travailleuses
et aux travailleurs d'avoir un DEC, d'aller se former, mais on ne les
reconnaît pas. Cela fait en sorte qu'après cinq ans, six ans, sept
ans ils sont comme tannés, saturés de vivre dans des conditions
où il faut qu'ils fassent du bénévolat et, à
un moment donné, ils se retirent.
Il y a toute la stabilité auprès de nos enfants qui est
importante. Je pense que cela se paie. C'est à l'État de faire
une part là-dedans.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout à l'heure, vous avez
parlé de l'entrée en vigueur de la politique. Ce que je veux vous
dire - je pense que c'est important de le mentionner puisque je n'ai pas eu
l'occasion de revenir là-dessus hier; je sais que la
députée de Maisonneuve en a parlé, et tout ça -
c'est certain que, quand on tient une commission parlementaire qui se terminera
au début de mars, alors que les budgets seront ou que la politique
devrait être en vigueur à partir du 1er avril... Il n'y a pas de
formule. Ce n'est pas tout préparé. C'est faux de dire que tout
est préparé. (18 heures)
Vous comprendrez qu'actuellement il est normal que l'office travaille
sur des programmes informatisés. On commence à préparer
les programmes informatisés, à trouver le personnel, les
ressources financières, humaines et techniques. Vous savez que changer
un tel programme à l'informatique, ça prend des mois. Je sais que
ça ne pourra pas être en vigueur demain matin, mais je peux vous
assurer qu'il n'y a encore rien de définitif. On attend que la
commission parlementaire soit terminée. On ne peut pas décider
avant que la commission parlementaire ait terminé ses audiences.
Par contre, on sait très bien qu'on ne sera pas prêts le
1er avril. Je peux vous assurer qu'il y a des mesures transitoires qui seront
prévues, de façon rétroactive et de façon qu'on
puisse remettre aux garderies et aux parents le plus d'argent possible le plus
rapidement possible. Mais, avant que ce programme soit entièrement
terminé et que tout soit en vigueur, ça peut prendre trois ou
quatre mois, probablement trois ou quatre mois. Alors, il n'y a rien de
définitif, il n'y a rien de coulé dans le ciment. On est ici pour
vous entendre, on est ici pour faire des modifications et on est ici pour
écouter vos suggestions.
Si vous me dites que vous avez une formule qui peut corriger toutes les
inéquités ou les disparités entre les garderies, si vous
êtes capables de me faire la preuve que cette formule ou ces formules
sont meilleures que celle qu'on propose, nous sommes ici pour vous
écouter.
Mme Robillard: La formule qui était en vigueur nous
convenait, convenait au regroupement.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais elle ne corrige pas les
disparités entre les garderies ni les inéquités.
Mme Robillard: Quelles disparités, quelles
inéquités? Je ne comprends pas.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, tout à l'heure on est
venu le démontrer. Il y a des garderies qui demandent 11 $ et d'autres
20 $. Il y a des travailleurs et des travailleuses qui gagnent 6 $ et d'autres
12 $. Il y a des garderies qui ont des loyers de 18 000 $ et d'autres de 50 000
$. Ce sont là des disparités. C'est ça.
Mme Robillard: Moi, je n'appelle pas ça des
disparités, j'appelle ça des choix de garderie...
Mme Gagnon-Tremblay: Bien, voyons!
Mme Robillard: ...pour autant qu'on a des budgets de
fonctionnement...
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que la garderie...
Mme Robillard: ...qui nous permettent de faire ces choix.
Mme Gagnon-Tremblay: ...a le choix, madame? Est-ce que la
garderie a le choix de payer un loyer de 20 000 $, alors qu'une autre a
l'avantage qu'on lui prête gratuitement les locaux?
Mme Robillard: Est-ce que la politique...
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que c'est un choix?
Mme Robillard: ...va faire en sorte qu'on va avoir des locaux
gratuits?
Mme Gagnon-Tremblay: Madame, quand on a relocalisé les
quatre ou cinq garderies, par exemple, dans la région de
Montréal, on n'avait pas le choix. Ce que ça coûte, en
moyenne, pour ouvrir une garderie, c'est 320 000 $ au Québec.
Vérifiez ce que ça a coûté pour relocaliser ces
garderies. Est-ce que ces garderies avaient le choix, par exemple, de
dépasser le montant parce qu'on n'avait pas de terrain? Un terrain,
à Montréal, n'a pas le même coût, ce n'est pas tout
à fait la même chose que celui qu'on peut acheter dans d'autres
régions. Alors, il y a autant de disparités.
Mme Robillard: Mais la subvention de logement ne couvre pas 50 %
du coût du loyer? N'y a-t-il pas un montant maximal 7000 $.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a autant de différences entre
les garderies qu'il peut y avoir de garderies.
Mme Robillard: II y a une chose sur laquelle je me pose des
questions. Vous dites que ça coûte très cher changer le
système informatique, etc.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, je n'ai pas parlé de
coûts.
Mme Robillard: Nous pensons que la situation actuelle est
convenable. Alors, qu'on prenne l'argent qu'on va investir en termes de temps
pour implanter le système et tout le temps que ça va prendre.
Après ça, ça va être de l'argent qu'on pourra
réinvestir.
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas parlé de coûts pour
le système informatique, j'ai parlé de délais.
Mme Robillard: Bien, des délais, dans le fond, c'est du
temps, en termes d'heures de travail.
Mme Gagnon-Tremblay: Une dernière question. Combien me
reste-t-il de temps, madame?
La Présidente (Mme Bélanger): Cinq minutes, Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Je voudrais vous parler de la gestion par
les parents. Hier, quelques groupes nous ont dit: Ce ne sont pas les parents
qui gèrent les garderies. On demande aux parents de faire des menus
travaux, la peinture, différentes choses, mais, finalement, quand vient
le temps de gérer, de prendre des décisions, on se sent
éloignés, et tout ça. Est-ce que, dans votre
région, les parents participent beaucoup? Est-ce que le conseil
d'administration composé majoritairement de parents fonctionne bien dans
votre région?
Mme Robillard: Je ne connais pas de réseau qui soit aussi
pris en charge par les parents, et il me semble que c'est l'un des objectifs de
l'État que les services soient pris en charge par les parents. Les
parents ne sont pas impliqués dans les écoles comme ils le sont
dans les garderies et les parents ne sont pas impliqués dans les
hôpitaux comme Us le sont dans les garderies, ils ne le sont pas plus
dans les foyers pour personnes âgées. C'est le milieu que je
connais où il y a le plus d'implication. Pour le regroupement - et les
parents, à côté, le diront et vous me faites sauter sur ma
chaise - c'est un milieu vraiment pris en charge par les parents et ou la
gestion se fait. Il y a un mécanisme de l'office qui le prévoit.
C'est un conseil d'administration constitué majoritairement de parents.
Les parents sont aussi aux comités de sélection, ils participent
aux choix du personnel, lis sont aussi aux comités
d'hygiène-santé et ils sont aussi dans des comités de
regroupements. Partout, il y a une participation des parents qui est
assurée.
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, vous n'êtes pas d'accord
avec ce qu'on est venu nous dire hier?
Mme Robiflard: Pas du tout. Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
M. Riope! (Yves): Pour la région de Lanau-dière,
les parents participent beaucoup, c'est même rassurant. On peut
même dire que, du côté de l'administration des garderies, un
parent a plus de pouvoirs que des parents dans la gestion d'une commission
scolaire.
Mme Gagnon-Tremblay: Je sais que plusieurs parents participent.
Entre autres, on a eu l'occasion de rencontrer les gens de la ville de Laval
aujourd'hui. Lorsque je suis allée à l'inauguration de la
garderie de la ville de Laval, on me disait qu'il y avait une liste d'attente
de parents qui désiraient faire partie du conseil d'administration. Je
voulais savoir, par contre, si c'était un peu la même chose dans
votre région. J'ai remarqué dans...
Mme Robillard: II me semble qu'il ne faut pas démotiver
cette participation et cette prise en charge.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que c'est un des principes
directeurs de notre politique. Nous y croyons énormément
aussi.
Mme Robillard: Les treize garderies présentes à la
manifestation de vendredi étaient toutes des garderies où
c'étaient des conseils d'administration qui avaient pris la
décision.
Mme Gagnon-Tremblay: En assemblée générale?
Ha, ha, ha!
Mme Robillard: Tous les parents ont été
informés.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Robillard: Les garderies étaient payables, cette
journée-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous les avez
informés...
Mme Robillard: Tous les parents ont payé.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous les avez bien
informés sur la formule d'exonération financière aux
parents?
Mme Robillard: Je pourrai vous envoyer les copies, madame.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous m'avez dit tout à l'heure que
vous ne la connaissiez pas, la formule.
Mme Robillard: La nouvelle formule, on la connaît peu,
parce qu'on l'aborde à peine dans le document.
Mme Gagnon-Tremblay: Et comment avez-vous...
Mme Robillard: On nous a laissé peu... Non, mais si c'est
pour...
Mme Gagnon-Tremblay: Non, non. Je me demande tout simplement
comment vous avez pu informer les parents de cette formule.
Mme Robillard: C'est ça, on s'est déplacés,
c'est le "fun" d'être écoutés. Dans les délais, je
pourrais vous rappeler les délais. Si nous jouons sur ce tableau, ce
n'est pas le "fun", par exemple.
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas d'autres questions.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Mesdames et messieurs
du Regroupement des garderies sans but lucratif lanaudoises, je viens
d'assister à un échange de propos avec la ministre qui m'a
laissée très songeuse, parce que, d'une certaine façon,
l'attitude qu'a eue la ministre était celle qu'elle a prise la semaine
dernière en réponse à la mobilisation des parents et des
éducatrices et éducateurs de garderie, et cela a
été de dire: Si ma politique est critiquée, c'est parce
qu'elle n'est pas comprise; si elle était comprise, elle serait
adoptée. Et, quelque part, il y avait une sorte d'insinuation, dans le
sens que ceux et celles qui en parlaient presque
délibérément ne cherchaient pas à l'expliquer pour
la faire comprendre.
Tantôt, j'écoutais votre échange et
j'écoutais la ministre vous expliquer le plafond pour essayer de vous
sécuriser en vous disant que, contrairement à ce que votre
mémoire exprimait, les tarifs ne vont pas augmenter continuellement dans
les milieux fortunés pour faire augmenter la subvention, puisque ce sera
120 %, donc il y a aura un plafond. L'exemple qui vous a été
donné par la ministre, c'est que, si le tarif moyen est de 15 $, 120 %
équivaudront à 18 $ et l'office ne subventionnera pas plus de 45
% des 18 $, n'est-ce pas? Sauf qu'il y aura une pression à la hausse
pour les autres garderies qui diront que c'est la seule façon. De toute
façon, la pression viendra du fait que, s'il n'y a pas plus de
financement du gouvernement, l'autre façon sera d'augmenter les tarifs,
et on pourra se retrouver, dans un temps relativement bref, avec l'ensemble de
la moyenne des tarifs augmenté. Vous, peut-être plus lentement,
mais d'autres
s'ajusteront tout de suite à 18 $; donc, vous augmenterez
à 16 $, d'autres à 17 $. Simplement à 17 $, la moyenne
sera, cette fois, de 20 $. Ce sera donc une hausse graduelle, mais Inscrite
dans le système même du financement. Alors, même s'H y a un
plafond, ça ne me convainc pas plus, parce que le plafond sera
modifié en fonction des hausses graduelles qui seront la seule formule
pour essayer de bloquer un peu les trous qui surviendront, compte tenu du
manque d'argent.
Vous avez parlé également du maintien de la subvention. Je
pense même vous avoir entendue lui dire merci quand elle a dit... Je
pense que vous n'avez pas à vous en vouloir de ne pas avoir clairement
identifié cette question dans l'énoncé, je ne pense pas
qu'il soit là. S'il y est, il y est implicitement, et j'aimerais savoir
à quelle page et à quel paragraphe explicites on retrouve
qu'aucune garderie ne recevra une subvention moindre que celle à
laquelle elle a droit en 1988. Bon, on va le retrouver. D'accord. Mon adjointe
va le retrouver.
Je peux vous dire qu'H n'y a pas personne qui a à dire merci,
parce que quand on connaît les difficultés avec lesquelles vous
vous débattez, des difficultés qui sont bien connues, compte tenu
qu'H n'y a aucune indexation de prévue, de se faire simplement
maintenir... Tout ce qu'on dit, c'est qu'il y aura un niveau de financement au
moins équivalent au niveau actuel, uniquement avec le 1 % pour le
personnel, mais cela n'est pas 1 % pour augmenter les conditions, cela n'est
rien qui va permettre de compenser la hausse du loyer ou la hausse du
coût d'électricité ou du chauffage. Tout ce qu'on assure,
c'est qu'il y aura maintien, donc, pour la garderie, cela veut dire une
réduction, parce que les coûts fixes vont augmenter et le
personnel aussi, normalement, devrait l'être, au moins en fonction du
coût de la vie.
Je rappelle qu'il n'y a, non plus, aucune limite de temps. Est-ce que
ça vaut jusqu'à ce que... Finalement, cela vaut jusqu'à
quand? On n'a aucune idée. C'est le deuxième aspect.
Troisièmement, vous mentionniez la difficulté pour les
parents qui n'ont pas facilement accès a de l'aide financière ou
qui ont un revenu au seuil de l'aide versée. La ministre vous faisait
part de la bonification. Vous avez mentionné un salaire de 26 000 $ avec
deux enfants. Je regardais les formules à l'échelle
d'exonération: dans le cas de deux adultes, deux enfants, 26 000 $ de
revenus, pour un tarif de 15 $ par jour, pour un enfant en garde, cela donne
une aide de 1,95 $ par jour. Cette aide de 1,95 $ va vous laisser un tarif de
13,05 $ par jour. C'est ('aide financière qui est bonifiée compte
tenu de la nouvelle formule de financement. C'est la combinaison des deux
formules qui sont censées vous réjouir. Je ne crois pas que,
même bien expliqué, l'énoncé de politique
satisfasse, pas tant uniquement - il faut répéter - parce qu'il
n'y a pas assez d'argent, malgré que ce soit une bonne raison, mais
aussi à cause de la façon de le dépenser. Il n'y a pas de
raison que tout le monde soit mécontent et qu'H y ait seulement la
ministre qui ait raison. Donc, tous ceux et celles qui vont venir auraient
tort. Ceux et celles, parmi les parents, les éducatrices et les
gestionnaires, qui vivent dans la garderie seraient placés pour se faire
du tort à eux-mêmes, comme si la formule était bonne, comme
si tout le monde ne sauterait pas dessus en se disant: Bravo! Merci beaucoup,
il y a quelque chose depuis le début de la commission, je vous avoue,
que je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi la ministre tient si
farouchement à une formule qui, unanimement, est
décriée.
Une voix: Qui déséquilibre.
Mme Harel: Dans votre mémoire, il y a un aspect que je
veux relever, c'est à la page 2. Au dernier paragraphe, vous nous dites:
"Considérant que le programme d'aide financière sera
transformé et que le programme APPORT est peu connu, nous recommandons
que l'échelle d'aide financière soit majorée et
indexée annuellement et que le programme APPORT soit mieux
diffusé et plus explicite." Je peux comprendre qu'il est mal connu, le
programme APPORT, mais il y a eu 2 740 000 dépliants qui ont
été envoyés par le gouvernement. Il y a eu 100 000 appels
téléphoniques qui ont été acheminés aux
bureaux des centres Travail-Québec par nos concitoyens ou concitoyennes
désireux de s'informer et les bureaux des centres Travail-Québec
leur ont retourné 53 000 formulaires à compléter. Il y en
a 24 000 d'entre eux qui ont réussi à remplir les 23 pages du
formulaire prescrit et il y en a finalement 16 000 qui se sont retrouvés
admissibles.
Une voix:...
Mme Harel: J'arrondis. Finalement, ce n'est pas tant parce qu'H
n'est pas assez diffusé, le programme APPORT, c'est parce qu'H n'est pas
bon. L'échec est dans le programme lui-même. Quand j'ai pris
connaissance de votre recommandation, j'ai pensé qu'H vaudrait mieux que
vous sachiez qu'H faudrait peut-être mieux trouver un vrai programme
d'aide financière pour les parents ayant des enfants en garderie,
indépendamment de tout autre programme. La combinaison de deux
programmes, imaginez-vous les complications que cela peut occasionner, en vous
rappelant deux défauts majeurs du programme APPORT. C'est une aide qui
est accordée quel que soit le mode de garde. Ce n'est pas pour
utilisation seulement dans un mode de garde reconnu. D'une certaine
façon, c'est la première fois que l'État donne des fonds
directement pour un service de garde sans pour autant que ce fonds soit pour
utilisation dans un mode de garde reconnu. Je ne sais pas si les garderies
clandestines dont on parlait quand on a reçu le regroupement de
Sherbrooke... Il faudrait vraisemblablement que ce soit à
partir de fonds qui sont distribués que des paiements soient faits pour
des enfants qui sont gardés.
Je veux vous remercier pour votre contribution et je ne veux pas que
vous vous sentiez mal à l'aise. C'est un fouillis inextricable
finalement - alors c'est assez normal qu'on ait de la difficulté
à s'y retrouver - cet énoncé de politique. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
Mme Desjardins: J'aurais un dernier commentaire. On investit, en
tout cas timidement, des sommes pour ce qui est de la petite enfance sous
prétexte que, dans le fond, c'est une responsabilité comme parent
avant tout, je pense, d'investir auprès de son enfant. Par contre, c'est
comme acquis aux yeux de la population que l'éducation primaire et
secondaire, c'est une responsabilité collective. Je pense que c'est
l'objectif, le gouvernement devrait être le premier à justement
faire en sorte que la population comprenne que la petite enfance, c'est aussi
une responsabilité collective et qu'il va falloir investir des sommes
beaucoup plus substantielles.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Mme la
ministre, en conclusion.
Mme Gag non-Tremblay: En terminant, je comprends que la situation
actuelle est très difficile pour les garderies parce que, finalement, on
constate qu'il y a des décisions gouvernementales qui n'ont pas
été prises au bon moment. Justement, si l'ancien gouvernement
avait assumé aussi ses responsabilités comme on le fait
actuellement, le rattrapage ne serait pas aussi important à faire
maintenant. Donc, il faut maintenant, ensemble, essayer de trouver les sommes
nécessaires et faire ce rattrapage. Il est très grand parce que
les besoins sont énormes, je le sais. Depuis 1985 je constate qu'ils
sont grands. Nous sommes rendus en 1989 et, en 1982, déjà les
garderies l'avaient constaté et attendaient un plan d'ensemble.
Alors, je vous remercie de votre exposé et nous allons quand
même le regarder à nouveau et prendre note de son contenu.
Merci.
Mme Harel: Mme la Présidente, il me reste encore quelques
minutes. Je n'ai pas l'intention d'utiliser les six minutes...
La Présidente (Mme Bélanger): II me semble, Mme la
députée de Maisonneuve, que vous aviez conclu.
Mme Harel: Je n'ai pas l'intention d'utiliser les six minutes
qu'il me reste, mais je viens de vérifier avec la secrétaire de
la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous aviez
remercié le groupe, Mme la députée de Maison-neuve. Mme la
députée de Maisonneuve...
Mme Harel: J'aimerais signaler que tout ce que je demande
à la ministre...
M. Gardner: Mme la Présidente, question...
Mme Harel: ...c'est de faire au moins en 1989 ce que le
gouvernement précédent a fait durant les années
précédentes.
M. Gardner: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Parfait. Le message
est lancé, Mme la députée de Maison-neuve.
M. Gardner: C'est la ministre qui a le dernier mot.
Une voix: Faire maigre et jeûne.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous vous remercions
de votre participation et nous vous souhaitons un bon retour.
Le commission des affaires sociales ajourne ses travaux à demain
matin, jeudi, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 21)