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(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
en cette première réunion de la nouvelle année, je vais
souhaiter un bon retour à tous. Nous allons reprendre nos travaux.
La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à la vérification des engagements financiers du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour les mois de juillet 1987 à novembre 1988. Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Leclerc
(Taschereau) sera remplacé par M. Hétu (Labelle).
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas d'autres
remplacements?
La Secrétaire: Non.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Pour
l'ordre du jour, il s'agit de les prendre mois par mois et de remonter la
côte, ce serait la meilleure façon de procéder.
J'appelle donc le premier engagement financier, c'est-à-dire
celui du mois de juillet 1987. Auparavant, avant de commencer, est-ce qu'il y a
des questions?
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le ministre... M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Pas de rumeur!
Mme Harel: Je ne sais si c'est prémonitoire en ce
début d'année... Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Souhaitons-le. Ha, ha,
ha!
Remarques préliminaires
Mme Harel: Je voulais simplement vous signaler que nous allons
entreprendre l'étude des engagements financiers de 17 mois
antérieurs à aujourd'hui et que nous allons finalement
débuter là où nous devions entreprendre nos travaux, le 4
octobre dernier. Je veux remercier, au nom de la commission, les membres de la
commission, le président ainsi que le ministre pour les
témoignages de sympathie qui m'ont été transmis au moment
du décès de tante Cécile, qui était pour ainsi dire
ma mère. Je veux donc simplement vous en remercier tous.
Je veux vous signaler que nous allons avoir une journée
relativement chargée puisque nous avons environ six heures et quart
devant nous, ce qui représente à peu près une heure par
trois mois d'engagements financiers. Alors, vous comprendrez que nous ne nous
attacherons pas à chaque dépense en matière
d'informatique, puisque nous en aurions pour plusieurs semaines. Je veux
simplement signaler, comme j'ai eu l'occasion de le dire en privé au
ministre, qu'autant nous applaudissons l'informatisation qui se fait au
ministère, autant nous ne pourrions pas comprendre que le ministre ne
soit plus maintenant en situation de répondre précisément
à nos demandes d'information, maintenant qu'il est bien
équipé, bien informatisé, ou, en tout cas, qu'il est en
voie de l'être. Maintenant qu'il est bien équipé, nous
aurons des demandes précises à lui transmettre au cours de la
journée. Ce sont là nos quelques remarques préliminaires,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je salue également
les membres de la commission tant du parti ministériel que de
l'Opposition. Je n'ai pas l'intention de faire un long discours, étant
donné que nous avons beaucoup de boulot devant nous. Je salue les
préoccupations de la députée de Maisonneuve, en
particulier pour les dépenses d'informatique. Je lui dirai que je suis
personnellement intervenu depuis ma nomination au ministère pour
accélérer la réforme de l'informatique au ministère
et que, tout récemment, le Conseil du trésor acceptait de
débloquer des crédits importants qui seront
dépensés au cours des deux prochaines années surtout pour
tenter de remettre la machine informatique du ministère à flot -
à niveau en tout cas - étant donné que nous avons pris un
retard important et même perturbant quant à la qualité de
notre service informatique.
Ce n'est pas tellement l'équipement, le type "hardware" ou la
quincaillerie qui fait défaut, mais le "software", les logiciels. Si
nous voulons être en mesure de répondre d'une façon
adéquate à la demande, nous devons moderniser nos systèmes
informatiques. Nous sommes en mesure de répondre, bien sûr, aux
questions. Le temps de réponse peut varier justement parce que la
réforme de l'informatique n'est pas terminée au ministère,
elle est en cours. C'est uniquement une question de temps. Comme on le dit
souvent dans le langage ordinaire, le temps, c'est de l'argent. Surtout dans ce
domaine, du fait que nos systèmes informatiques ne sont pas très
modernes, notre temps de réponse est parfois lent et cela coûte
énormément d'argent au ministère surtout en ce qui
concerne les trop-
payés à l'aide sociale, à la sécurité
du revenu. Cela nous prend des mois parfois avant d'être informés
de situations qui ne concordent pas avec nos dossiers et de là
surviennent ces trop payés, dont a fait état récemment
d'ailleurs le Vérificateur général. Nous avons l'intention
de corriger cela autant que possible et certainement avec la réforme de
nos systèmes informatiques.
Ayant fait ces mises au point, pour ne pas susciter chez la
députée de Maisonneuve trop d'expectatives quant au temps de
réponse, je serais prêt M. le Président, à passer au
mois de juillet 1987 qui, en ce qui me concerne, est de la
préhistoire.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Est-ce qu'il y a
une entente pour que, dans la très grande mesure du possible, on puisse
terminer ces engagements aujourd'hui, les adopter tous? Est-ce qu'il y a eu
entente à cet effet? Adopter et vérifier évidemment.
Mme Harel: Évidemment, selon les réponses qu'on
obtiendra, M. le Président. De toute façon, en vertu de notre
règlement, nous avons toujours l'opportunité de revenir
sur...
Le Président (M. Bélanger): De revenir à des
séances subséquentes, oui.
Mme Harel: ...des engagements qui auraient été
vérifiés, mais qui n'auraient pas satisfait pleinement
l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Satisfait à vos
questions.
M. Bourbeau: Je voudrais avoir une précision. La
possibilité de revenir à une autre date pour compléter nos
travaux dépend de la volonté de la commission, je présume.
Il faut que la commission soit d'accord pour prolonger les travaux, je
présume que ce n'est pas le voeu d'un seul membre de la commission.
Le Président (M. Bélanger): Dans la mesure du
possible, on va essayer de les faire tous, mais il y a toujours la
possibilité, si des questions restent nébuleuses, de les laisser
en suspens.
M. Bourbeau: Les réponses ne le seront pas, M. le
Président.
Mme Harel: Le règlement est très clair. À
tout moment, dans une quelconque commission, l'Opposition peut revenir sur un
engagement déjà vérifié pour le clarifier. Ce sera
possible.
Le Président (M. Bélanger): Absolument, il y a
toujours cette possibilité.
Engagements Juillet 1987
J'appelle l'engagement 1 du mois de juillet 1987, contrats
négociés: "Contrat de services pour la préparation,
l'édition, la fabrication et la mise en marché du recueil
intitulé "Décisions de la Commission des affaires sociales" de
l'année jurisprudentielle 1986". Je vous en prie.
Mme Harel: M. le Président, voici comment je propose que
nous travaillions aujourd'hui. Comme je vous le mentionnais, nous avons
au-delà de 17 mois d'engagements financiers à vérifier.
Seulement la lecture de chacun des engagements nous mènerait à
une heure plus tardive que celle prévue pour la clôture de nos
travaux aujourd'hui. Nous avons intérêt à aller à
l'essentiel, n'est-ce pas, ce qui nous amène, par exemple, ce matin,
à envisager d'examiner les engagements financiers de juillet à
décembre 1987. Cet après-midi, nous voudrions plus
essentiellement examiner et vérifier le programme APPORT. Nous savons,
bien que l'informatique soit en cours, que le ministère a quand
même une vue d'ensemble des différents programmes, ce que ne nous
permet pas l'étude engagement financier par engagement financier. Il
faut être le petit Poucet pour se retrouver dans le dédale des
engagements financiers pour savoir, à la fin de l'année, quelle
somme a été engagée dans un programme comme les SEMO,
quelle somme a été engagée dans un programme comme APPORT,
dans les commissions de formation professionnelle, combien de crédits
sont périmés, combien ont été utilisés dans
les programmes Travaux communautaires, Stages en entreprises. Nous
préférerions envisager les programmes de manière plus
globale. Chaque fois que nous allons aborder une question dans un engagement
financier, nous allons essayer d'aborder les mêmes engagements des mois
ultérieurs, de façon à ne pas y revenir au cours de la
journée. Est-ce que cela vous conviendrait?
Le Président (M. Bélanger): Absolument.
Mme Harel: Cela va. Donc, pour le mois de juillet 1987, nous
avons pensé que, essentiellement, nous aimerions avoir des
réponses du ministre à l'égard des régimes
supplémentaires de rentes puisque nous devons vérifier
l'engagement 10 de juillet 1987 concernant la Régie des rentes du
Québec et l'engagement 9 qui va porter sur les besoins spéciaux.
À cet égard, comme l'engagement 9 concerne le remboursement de
frais afférents à des programmes de prothèses, de services
dentaires, de services optométrlques, d'assistance-médicaments,
nous aimerions essentiellement, en regard du mois de juillet, poser des
questions au ministre sur les engagements 9 et 10. Est-ce que le ministre est
prêt?
M. Bourbeau: Posez toujours les questions.
Mme Harel: Bon. Alors, à l'engagement 9, il est fait
mention... Aimeriez-vous le lire, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez. Mme
Harel: Pas nécessairement?
Le Président (M. Bélanger): Pas
nécessairement.
Mme Harel: II est fait mention du paiement à la
Régie de l'assurance-maladie du Québec des frais d'administration
afférents aux programmes suivants: assistance-médicaments,
prothèses, appareils orthopédiques, dispositifs ou autres
équipements, services optométriques et services dentaires pour
l'année financière 1987-1988. Le montant de l'engagement est de 5
282 400 $. Nous voulons obtenir du ministre l'information concernant le lait
maternisé et les suppléments vitaminiques pour les femmes
enceintes. Cela ne faisait pas partie de l'assistance-médicaments,
n'est-ce pas? À ce jour, en 1987-1988, dans le montant de l'engagement,
l'assurance-maladie rembourse, par exemple, les Valium consommés par des
bénéficiaires de l'aide sociale, annuellement, pour un montant de
65 000 000 $, mais il n'y a toujours pas remboursement du lait
maternisé, au titre de la carte-médicaments des
bénéficiaires de l'aide sociale. Dans la lecture que nous faisons
de la réglementation, nous pensons que le ministre a
écarté cette demande qui avait été
répétée durant les deux dernières années
d'inclure le lait maternisé dans la carte-médicaments. Est-ce que
c'est le cas?
M. Bourbeau: M. le Président, je dois dire que la question
de la députée de Maisonneuve est très pertinente et je
suis bien content qu'elle la pose, sauf que je n'avais pas prévu que la
députée de Maisonneuve poserait ce genre de question à
l'égard de ce problème-là. Si vous n'avez pas d'objection,
je demanderais qu'on suspende cet engagement. Je ferai venir le fonctionnaire
spécialisé sur ce problème pour avoir les réponses
les plus complètes possible et je pourrais donner les réponses
dans peut-être une heure, un peu plus tard dans la matinée.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
L'étude de l'engagement 9, si je comprends bien, est suspendue?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Alors suspendu.
Mme Harel: J'aimerais peut-être énumérer une
série de questions concernant l'engagement 9.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Mme Harel: À la fois concernant le lait maternisé
inclus ou non dans l'assistance-médicaments, puisque... Je me
réfère - on pourra y revenir - aux demandes
répétées du corps médical et des services sociaux,
voulant que sur la carte-médicaments, on puisse obtenir le lait
maternisé pour les enfants de moins d'un an.
J'aimerais également vérifier si les suppléments
vitaminiques pour les femmes enceintes sont inclus. On connaît la
préoccupation répétée du gouvernement pour la
natalité au Québec. Constatant qu'une femme sur six qui
accouchent est bénéficiaire d'aide sociale, j'aimerais
vérifier si les suppléments vitaminiques pour les femmes
enceintes sont inclus.
Également, j'en profite pour demander au ministre - et on y
reviendra - s'il est possible, pour nous faciliter l'analyse de la
réglementation, d'obtenir une rencontre avec ses adjoints, ses
fonctionnaires ou les adjoints de son cabinet qui y ont travaillé de
près, pour que l'on puisse vérifier si la lecture que nous
faisons de cette réglementation, qui est un véritable labyrinthe,
est bien conforme à leur interprétation.
M. Bourbeau: La députée parle du nouveau
règlement sur la sécurité du revenu?
Mme Harel: Oui, qui concerne beaucoup les prothèses,
appareils orthopédiques, services optométriques, services
dentaires, etc.
M. Bourbeau: Je n'ai absolument pas d'objection, M. le
Président. Au contraire, si Mme la députée veut m'en
parler, on pourra organiser une rencontre avec les fonctionnaires du
ministère qui pourront tenter de donner toutes les informations dont
aurait besoin Mme la députée. Pendant que nous y sommes, M. le
Président, est-ce que Mme la députée de Maisonneuve
pourrait me dire si elle a l'intention de poser des questions précises
sur l'administration, par exemple, de la Régie des rentes? Si tel est le
cas, je n'ai pas ici de fonctionnaire de la Régie des rentes. Je
pourrais fort bien prendre les dispositions pour que le président ou
quelqu'un de la Régie des rentes vienne ici pour m'aider à
répondre à des questions qui seraient de nature très
précise concernant la Régie des rentes.
Mme Harel: Concernant la Régie des rentes, à
l'engagement 10, on fait état du remboursement, au fond, des frais
d'administration afférents à la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes. Je me permets de demander au ministre
à quelles fins, finalement, ces frais d'administration ont
été utilisés? Concernant la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes, est-ce que le ministre entend toujours donner
suite à l'engagement de déposer un projet de loi dès
l'ouverture des travaux de l'Assemblée en mars? D'autre part, le
ministre peut-il faire le point sur l'accès
des femmes au foyer à la Régie des rentes? En relisant de
précédents engagements financiers, j'ai retrouvé
l'échange de propos que j'avais eu sur cette question avec son
prédécesseur, qui prévoyait déposer des
scénarios en juin dernier, différents scénarios sur des
hypothèses d'intégration des travailleuses au foyer à la
Régie des rentes. J'aimerais, à ce stade-ci, que le ministre
puisse faire le point. Si ces scénarios tardent, est-ce qu'ils seraient
écartés? Est-ce que le ministre entend toujours donner suite
à cet engagement de son gouvernement?
M. Bourbeau: Voilà une grosse commande, M. le
Président. Je vais commencer par l'engagement 10 en disant que cet
engagement permet au ministère de rembourser à la Régie
des rentes les frais relatifs à l'administration des régimes
supplémentaires de rentes. La Direction des ressources
financières du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et la Direction des finances de la
Régie des Rentes du Québec ont convenu des modalités
d'application de l'entente entre le ministère et la régie. En
rapport avec l'administration de la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes et de la Loi sur les allocations familiales,
le décret 2213-83 du 26 octobre 1983 autorisait cette entente. Aux
termes de la Loi sur les régimes supplémentaires de rentes, la
Régie des rentes du Québec assume des fonctions relativement
à l'administration de cette loi, d'où l'engagement de 2 006 600 $
qui vise justement à effectuer le paiement à la Régie des
rentes des frais d'administration afférents à la Loi sur les
régimes supplémentaires de rentes, pour l'année
financière 1987-1988.
Pour ce qui est du projet de loi que j'ai annoncé pour le
printemps et qui vise à réformer la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes, j'ai toujours l'intention de déposer
le plus tôt possible, après l'ouverture de la session, un projet
de loi qui viserait à réformer la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes et à traiter de la question des surplus
accumulés dans les fonds de retraite privés.
L'autre question de la députée de Maison-neuve portait sur
l'accès des femmes au foyer aux rentes. C'est une question, je le
reconnais, qui a fait l'objet de certains débats à cette
commission ou ailleurs entre la députée de Maisonneuve et
certains ou certaines de mes collègues dans le passé. Le
gouvernement s'est engagé à effectuer un certain nombre de choses
dans ce dossier-là. L'engagement tient toujours. Nous travaillons
toujours sur ce dossier. Pour l'instant, je n'ai rien de nouveau à
annoncer. Le gouvernement fera les annonces en temps et lieu. C'est un
engagement électoral du Parti libéral du Québec. Bien
sûr, un engagement électoral, cela vaut pour un mandat, je signale
que le mandat n'est pas terminé. Nous avons donc encore devant nous un
certain nombre de mois. Cela pourrait être six mois, un an ou même
un an et demi avant la fin du mandat. Il est donc préma- turé de
tirer des conclusions. Je demanderais à la députée de
Maisonneuve de prendre son mal en patience et elle verra éventuellement
ce que fera le gouvernement à l'égard de cet engagement.
Mme Harel: M. le Président, je pense que s'il est
prématuré de tirer des conclusions, comme dit le ministre, il est
certainement étonnant que le gouvernement ne transmette pas plus
d'informations sur ce dossier. En juin dernier, lors de la rencontre des
groupes de femmes du Québec avec la ministre
déléguée à la Condition féminine et avec des
représentants de la Régie des rentes, divers scénarios ont
été présentés sur acétate aux groupes de
femmes, le gouvernement ne se responsabilisant pas suffisamment pour distribuer
ces scénarios par écrit, permettant l'étude approfondie
par les différents groupes de femmes qui ont travaillé depuis des
années sur ce dossier.
Les scénarios qui ont été présentés
ont été jugés totalement inacceptables par les groupes de
femmes puisqu'ils consistaient à abolir l'exemption, c'est-à-dire
le crédit d'impôt pour personnes à charge, et à
récupérer ces sommes considérables pour, finalement,
financer un programme qui n'est pas un programme de rentes, mais un programme
d'allocations sociales.
La ministre déléguée à la Condition
féminine a invoqué à deux reprises l'arrivée
récente du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu, le député de Laporte, pour justifier le report,
l'automne dernier, de la discussion publique sur ce dossier. J'aurai
certainement l'occasion d'interroger la ministre déléguée
à la Condition féminine, la semaine prochaine, en commission
parlementaire. Est-ce que le ministre, député de Laporte, qui est
installé dans ses fonctions depuis au-delà de six mois, se
considère comme suffisamment informé pour donner suite à
l'engagement d'une commission parlemantaire?
Je rappelle l'engagement de son parti. Le premier ministre
lui-même, au Reine Élizabeth, le 15 novembre 1985 - c'est quand
même symbolique - avait pris l'engagement de tenir, immédiatement
après l'élection, une commission parlementaire pour, non pas
examiner le principe, mais pour examiner les modalités de financement de
cet engagement. Cette commission parlementaire a été
annoncée à maintes reprises par ses collègues
ministériels, tant la ministre à la Condition féminine,
que son prédécesseur à la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Ils l'ont périodiquement
reportée. Alors, la question précise, c'est: Quand cette
commission parlementaire aura-t-elle lieu?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve a raison de souligner que j'occupe mes fonctions depuis à
peine un peu plus de six mois. On comprendra que, dans une période de
temps aussi courte, je ne peux pas régler subito
presto tous les dossiers qui se sont accumulés au
ministère. La députée est témoin qu'on en a
réglé un assez important à la session d'automne, avec le
concours, bien sûr, de l'Opposition. (10 il 45)
Nous nous affairons activement, présentement, à en
régler un autre, celui du problème causé par les surplus
dans les fonds de retraite privés, et nous nous affairons aussi à
la réforme complète de la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes. On comprendra que c'est un dossier
également majeur. Il y a actuellement des travaux importants qui se font
sous ma gouverne à l'égard de la Loi sur les normes du travail,
et il n'est pas impossible que nous puissions présenter une loi
là-dessus au cours des prochains mois. Nous avons déposé
une Loi sur les allocations familiales, ta députée s'en souvient.
Nous avons fait adopter une loi sur la sécurité du revenu des
chasseurs et des piégeurs cris, et j'en oublie. Nous avons
déposé le règlement sur la sécurité du
revenu. La députée conviendra que le député de
Laporte n'a pas chômé et que, comme début, ça
pourrait être pire.
Maintenant, en ce qui concerne ce dossier, c'est un dossier sur lequel
nous travaillons activement. Je rappellerais à la députée
de Maisonneuve que le gouvernement libéral n'est pas demeuré
inactif en ce qui concerne la promotion des droits de la femme. Nous avons
déjà à notre palmarès, je pense, accumulé
des réalisations impressionnantes. Je soulignerai, par exemple, que la
reprise en main du secteur économique par le gouvernement a largement
profité aux femmes, que ce soit la réduction du déficit,
l'assainissement des finances publiques, la création d'emplois. Parlant
justement de la création d'emplois, je signale que les femmes ont
accaparé 70 % des nouveaux emplois créés au Québec
depuis 1986. Ce sont les femmes de 45 à 64 ans qui connaissent la hausse
la plus importante avec un accroissement de 13,6 % des nouveaux emplois. Quant
à l'aide aux entreprises, les femmes ont largement profité de ces
programmes puisqu'elles représentent une large proportion des
propriétaires des nouvelles entreprises créées.
En ce qui concerne les mesures spécifiques aux femmes et aux
groupes de femmes, signalons l'adoption, par l'ensemble du gouvernement,
d'orientations triennales en matière de condition féminine,
orientations qui constituent des engagements fermes de la part des
ministères. À ces orientations se greffent des plans d'action
annuels. Le dernier, on s'en souvient, a été déposé
le 17 juin 1988. Signalons l'organisation par la ministre
déléguée à la Condition féminine de
rencontres annuelles entre le gouvernement et les groupes de femmes. La
dernière rencontre, tenue le 28 novembre dernier, touchait la politique
familiale. Signalons l'adoption en décembre 1988 du projet de loi 33 sur
la perception automatique des pensions alimentaires. Signalons le
dépôt d'un document d'orientation sur les droits
économiques des conjoints, projet qui fut étudié en
commission parlementaire en octobre dernier. Signalons enfin l'accueil
immensément favorable des groupes qui ont présenté des
mémoires. J'aimerais également signaler la stabilité
observée au poste de ministre déléguée à la
Condition féminine. La même ministre est en poste depuis trois
ans, ce qui garantit une plus grande expertise des dossiers et un suivi
beaucoup plus serré. J'aimerais faire remarquer que pendant la
dernière année de pouvoir du gouvernement péquiste, pas
moins de cinq ministres se sont succédé à ce poste.
Pariant de violence conjugale, je signale que tous nos engagements sans
exception ont été respectés. Parmi les mesures mises en
vigueur, 11 y a la politique de financement pour les maisons
d'hébergement pour femmes victimes de violence. De 6 000 000 $ qu'il
était en 1985-1986, ce financement annuel se situera à plus de 12
000 000 $ en 1988-1989, pour atteindre 14 000 000 $ en 1989-1990 avec
l'année qui s'en vient. Signalons le financement des ressources pour
conjoint violent. Signalons le soutien financier aux centres d'aide et de lutte
contre les agressions à caractère sexuel qui se situait, en
1987-1988, à près de 800 000 $. Signalons le financement d'un
service téléphonique permanent, SOS Violence conjugale,
destiné à diriger les victimes vers les services d'aide
appropriés. À cet effet, le ministère de la Justice a
octroyé une aide de 63 000 $ au regroupement des maisons
d'hébergement. Je signale la campagne publique de sensibilisation sur la
violence conjugale diffusée au cours de l'hiver 1988, au coût de
600 000 $. Je signale l'aide à l'Association des femmes autochtones pour
la tenue d'une campagne en milieu autochtone. Je signale le programme de
formation sur l'intervention féministe en santé mentale, sur
l'accueil et le dépistage des femmes victimes de violence et d'agression
sexuelle donné aux intervenants régionaux. Enfin, l'adoption et
la mise en oeuvre d'une politique d'arrestation et de poursuite judiciaire plus
énergique face au conjoint violent et la formation des policiers
à cet effet.
Maintenant, s'agissant des services de garde, j'aimerais porter à
l'attention des membres de la commission l'augmentation percutante du nombre de
places en services de garde; 17 663 places auront été
créées au terme de l'année 1988-1989.
Mme Harel: M. le Président, si le ministre veut parler
d'autre chose que de ce qui le concerne...
M. Bourbeau: M. le Président, on me questionne sur la
politique...
Mme Harel: Le ministre nous lit des notes toutes
préparées d'avance et il n'a pas fait l'économie de
vérifier tout ce qu'il nous dit...
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Harel: ...alors s'il veut partir sur ce terrain, on va faire
le bilan de la condition féminine, mais ce n'est pas le dossier dont il
est chargé. If est chargé du dossier de l'accès des femmes
au foyer à la Régie des rentes. C'est là-dessus que je
l'interroge et c'est là-dessus que je veux avoir des réponses. On
va parier des autres dossiers, M. le Président. Si le ministre veut
parler des autres dossiers, on va parler des autres dossiers.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection. La députée de
Maisonneuve est tout à fait responsable de ses questions et moi de mes
réponses, M. le Président. Si je choisis de répondre
à la députée de Maisonneuve en brossant un tableau
général de l'action du gouvernement en matière de
réalisations à l'égard des femmes, ça s'inscrit
très bien dans le cadre général de la question de la
députée qui parle justement des engagements du gouvernement
à l'égard des femmes. Je brosse un tableau global de la
situation. Je pense que c'est une réponse responsable. Je vais tenter de
conclure.
J'étais à parler des services de garde, je pense que
ça intéresse grandement les femmes de savoir ce que le
gouvernement a fait et ce qu'il pourra faire encore à l'avenir. Je
parlais justement des places de garde additionnelles; 17 663 places auront
été créées au terme de l'année 1988-1989.
Les budgets auront été majorés au-delà de
l'accroissement moyen des dépenses gouvernementales. Depuis
décembre 1985, 41 000 000 $ ont été ajoutés, dont
39 000 000 $ récurrents, afin de développer et de consolider les
services de garde, incluant les services de garde en milieu scolaire.
L'augmentation de la subvention de fonctionnement de 4 $ à 4,50 $ pour
les garderies, de 2,50 $ à 2,75 $ pour les agences et le logement aux
garderies, c'est-à-dire de 8000 $ à 9000 $. L'augmentation de
l'aide aux parents de 10 $ à 10,50 $ maximum par enfant par jour. Dans
le cadre du dernier discours sur le budget, augmentation de la déduction
pour frais de garde de 3770 $ à 4000 $ pour les enfants de zéro
à sept ans.
Mme Harel: Le ministre se trompe de commission parlementaire, M.
le Président, c'est mardi prochain l'ouverture de la commission
parlementaire sur les services de garde.
M. Bourbeau: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, puisque la
députée ne veut pas parler de services de garde, je vais parler
d'un autre sujet très intéressant...
Mme Harel: Je constate qu'il nous parle de tout sauf de ce dont
il est lui-même responsable.
M. Bourbeau: J'y viens, M. le Président, si la
députée veut montrer moins d'impatience. Je brosse un tableau
général des réalisations du gouvernement à
l'égard des femmes. Je viendrai en temps et lieu au sujet qui
intéresse...
Mme Harel: Ce n'est pas son rôle. Je ne l'ai pas
interrogé là-dessus.
M. Bourbeau: M. le Président, si la commission trouve mes
propos non intéressants, je regarde les députés, je peux
cesser d'en parier.
Mme Harel: Ce n'est pas pertinent.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, dans
les commissions parlementaires, particulièrement lors de l'étude
des engagements financiers, U est d'usage d'avoir une certaine largesse dans
les questions et dans les réponses. Cependant, compte tenu de
l'importance du dossier qu'on a aujourd'hui, je vous inciterai à
répondre brièvement à la question de Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Blackburn: II pourrait peut-être nous parler du voyage
de M. Bourassa, de la loi 178...
Le Président (M. Bélanger): Madame, c'est vous qui
ouvrez la porte. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je pourrais - mais je vois
bien maintenant que ça ne plaît pas à la
députée de Maisonneuve - parler du travail des femmes, des
programmes d'accès à l'égalité, mais je crois que
la députée de Maison-neuve ne tient pas à en entendre
parler. Je pourrais parler de l'obligation contractuelle, où le
gouvernement a quand même annoncé un certain nombre de choses.
Parlant de sécurité du revenu, je pourrais parler des
modifications apportées à la politique de sécurité
du revenu visant à respecter les responsabilités familiales
souvent dévolues aux femmes, particulièrement aux chefs de
famille monoparentale. Le budget du ministre des Finances du mois de mai 1988
contient également un certain nombre de choses intéressantes
à l'égard des femmes: l'indexation automatique des pensions
alimentaires, dépôt d'un document d'orientation sur les droits
économiques des conjoints. Je n'en parlerai pas puisque ça
n'intéresse pas la députée de Maison-neuve. Je pourrais
parler de l'éducation et de la formation professionnelle, de la
désexisation du matériel et des pratiques pédagogiques,
mais je n'en parlerai pas, M. le Président. Je pourrais parler...
Mme Harel: ...de la Régie des rentes, M. le
Président.
M. Bourbeau: ...pour les bénéficiaires de l'aide
sociale et chefs de famille monoparentale - certains programmes qui
n'intéressent manifestement pas la députée de Maisonneuve
non plus - des liens repris avec les groupes de femmes. Bref, M. le
Président, je pense qu'on peut dire ceci - je conclus là-dessus -
que, loin d'être exhaustive, la liste que je viens d'ébaucher
à peine indique que le gouvernement du Québec s'est
drôlement préoccupé de la question des femmes au cours des
trois dernières années et que nous n'avons pas à baisser
la tête, au contraire, quant à nos réalisations à
l'égard des femmes. Maintenant, pour ce qui est de la Régie des
rentes du Québec, je dirai à la députée que le
projet de loi relatif aux régimes supplémentaires de rentes que
j'ai l'intention de déposer devrait comporter des aspects
intéressants pour les femmes et il faudra attendre, évidemment,
le dépôt du projet de loi pour en savoir plus long.
Mme Harel: M. le Président, je ne jouerai pas le
même jeu que le ministre, qui a l'air de vouloir être nommé
ministre délégué à la Condition féminine par
son premier ministre. Évidemment, M. le Président, je ne ferai
pas état des 200 garderies du Québec qui vont cesser leurs
activités demain pour rappeler au gouvernement qu'il est irresponsable
en matière de services de garde. Je ne ferai pas écho aux centres
d'hébergement des femmes violentées qui ont décidé
de boycotter la rencontre du 28 novembre dernier pour rappeler au gouvernement
qu'il est irresponsable d'avoir annulé la deuxième phase de la
campagne contre la violence conjugale. Je ne rappellerai pas au ministre non
plus que, dans le plan triennal de sa collègue à la Condition
féminine, il était prévu une commission parlementaire sur
l'intégration des femmes au foyer à la Régie des rentes
pour l'automne 1987, qu'elle a reporté cette commission parlementaire au
printemps 1988, que nous sommes en février 1989 et que le ministre
tourne toujours en rond, comme s'il ne savait pas de quoi il est question.
Alors, M. le Président, je veux savoir exactement du ministre si, dans
ces dispositions qu'il nous annonce à l'égard des femmes dans son
projet de loi sur les régimes supplémentaires de rentes, cela
concernera les femmes au foyer.
M. Bourbeau: M. le Président, on comprendra qu'il s'agit
là d'un projet de loi en préparation qui n'a même pas
encore subi le tamisage des comités ministériels, du Conseil du
trésor et l'approbation du Conseil des ministres. Je ne suis
certainement pas pour livrer ce matin à la députée de
Maisonneuve le contenu d'un projet qui, pour l'instant, est le projet du
ministre et non pas le projet du gouvernement. Dès que ce document aura
fait l'objet d'une approbation formelle par le Conseil des ministres et le
gouvernement, je serai en mesure d'en rendre publiques les dispositions.
Mme Harel: M. le Président, le ministre lui-même a
fait écho au projet de loi qu'il entend déposer. Il ne nous a pas
précisé quand d'ailleurs. Est-ce que c'est bien toujours au tout
début de ia session du printemps?
M. Bourbeau: J'ai dit que j'avais l'intention de déposer
un projet de loi aussitôt que possible après la reprise des
travaux de la session de l'Assemblée nationale, mon intention
étant, avec la collaboration bienveillante de l'Opposition, bien
sûr, de le faire adopter avant la fin de la session.
Mme Harel: Le ministre, à ce stade-ci, est certainement
capable de nous préciser, puisqu'il nous a annoncé que des
dispositions à l'intérieur de ce projet de loi concerneraient les
femmes, s'il s'agit des femmes sur le marché du travail, des femmes au
foyer ou s'il s'agit des conjointes. Il peut certainement y avoir des
dispositions dans les régimes supplémentaires concernant les
conjointes qui, actuellement, n'ont souvent pas les prestations lorsqu'il y a
mortalité de leur conjoint. Mais, est-ce que cela va concerner les
femmes au foyer en tant que telles?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit à la
députée qu'il est fort possible que le projet de loi contienne
des choses intéressantes concernant les femmes et qu'on verra en temps
et lieu les détails de ce qu'il y a dans ce projet de loi-là.
Mme Harel: Est-ce qu'on doit conclure, M. le Président,
que, pour le ministre, ce dossier-là n'est pas une priorité? Que,
contrairement à l'engagement du premier ministre lui-même et de
ses prédécesseurs, cet engagement est mis de côté,
qu'on ne doit pas s'attendre à une commission parlementaire au printemps
1989 sur les différents scénarios de financement? Est-ce que
c'est cela qu'on doit conclure? (11 heures)
M. Bourbeau: Non, M. le Président. La
députée de Maisonneuve n'est absolument pas autorisée
à faire des conclusions aussi pessimistes; je n'ai pas dit
ça...
Mme Harel: Est-ce qu'on peut s'attendre qu'il y ait une
commission parlementaire au printemps 1989?
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que la
députée de Maisonneuve se prend pour le procureur de la couronne
en train d'interroger, dans la boîte aux témoins, un prisonnier
qui sort de Parthenais? Je veux bien subir les interrogations serrées de
la députée de Maisonneuve, mais je ne me laisserai pas prendre
à son petit jeu de questionner positivement, négativement, avec
des questions suggestives, etc. Je connais la ribambelle de la technique. Je
dirai à la députée de Maisonneuve que le gouvernement
n'écarte rien des engagements, que le mandat n'est pas
terminé et qu'on verra en temps et lieu.
Mme Harel: M. le Président, vous conviendrez que c'est
totalement insatisfaisant, pas simplement pour la porte-parole de l'Opposition,
c'est un mécontentement grandissant, dans les groupes de femmes du
Québec, d'avoir ce genre de réponse. Il y a trois ans, M. le
ministre, que le premier ministre s'est engagé à tenir une
commission parlementaire dans les mois qui suivaient. Je ne lui mets pas des
paroles dans la bouche, c'était un engagement prioritaire de tenir la
commission parlementaire sur le mode de financement dans les mois qui
suivaient; il n'était pas question de la fin du mandat de quatre ans. On
est à trois ans et trois mois et la question, qui mérite une
réponse, c'est: Y aura-t-il une commission parlementaire, ce printemps
1989, avant la clôture de juin, oui ou non?
M. Bourbeau: M. le Président, ia députée de
Maisonneuve affirme qu'elle est insatisfaite des réponses du ministre.
Je dois dire, en toute franchise, qu'il y a longtemps que j'ai renoncé
à satisfaire la députée de Maisonneuve. Je réponds
au meilleur de ma connaissance, M. le Président, je donne les
réponses les plus claires et les plus transparentes possible, et je dis
à la députée de Maisonneuve que je ne suis pas capable,
présentement, de donner une réponse positive à cette
question. Elle verra en temps et lieu quelle décision prendra le
gouvernement relativement à ces sujets.
Mme Harel: M. le Président, je verrai à transmettre
aux groupes de femmes qui m'avaient demandé de poser la question au
ministre combien encore nébuleuse est la voie gouvernementale. C'est
tout à fait conforme à l'ensemble de ce qu'on volt dans les
autres dossiers, c'est-à-dire que le pouvoir consiste à ne pas
gouverner. Nous ne savons pas du tout où nous nous en allons avec cet
engagement ferme, en matière d'intégration des femmes au foyer
aux rentes du Québec, et nous n'avons, pour ce printemps 1989, aucun
engagement du ministre à tenir cette commission parlementaire pour
laquelle les groupes de femmes se préparent depuis trois ans. Alors je
vais...
M. Bourbeau: M. le Président, je dirai, en
répondant à la députée de Maisonneuve, que les
mêmes groupes de femmes ne savaient pas non plus où donner de la
tête durant la dernière année du régime du Parti
québécois où cinq ministres successifs ont paradé
à la Condition féminine. La cohérence n'était pas
très grande de ce côté, à ce moment-là.
Mme Harel: Évidemment, M. le Président, je
n'insisterai pas auprès du ministre sur le fait que la prétendue
stabilité dont il parle, c'est surtout d'inertie, d'immobilité.
Alors s'il nous propose l'immobilité des trois années de la
ministre déléguée à la Condition féminine,
je lui préfère, à tout le moins, le bilan
extrêmement flatteur que les Québécois ont fait, en
matière de condition féminine, du passage du
précédent gouvernement. Je vais vous inviter...
M. Bourbeau: M. le Président, je m'oppose
énergiquement aux propos que vient de prononcer la députée
de Maisonneuve, l'immobilisme, dit-elle, de la ministre
déléguée à la Condition féminine. C'est
vraiment une insulte tout à fait, mais tout à fait
injustifiée. Je suis étonné que ia députée
de Maisonneuve qui, en général, fait preuve d'un bon jugement et,
ordinairement, d'une certaine objectivité se permette de prononcer un
jugement semblable à l'égard de ma collègue, quand on sait
que ma collègue est reconnue et acclamée dans les milieux comme
étant une ministre qui a fait énormément pour la condition
féminine. Quand on regarde...
M. le Président, tout à l'heure, on a interrompu mon
propos. J'ai commencé à faire une liste partielle des
réalisations de ma collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine, et on n'a
même pas voulu me laisser terminer, tellement la liste était
longue, complète et impressionnante, je dois dire. Je pense, M. le
Président, qu'au contraire, probablement jamais au Québec une
ministre ou un ministre responsable de la Condition féminine n'a fait
autant en si peu de temps pour améliorer le sort des femmes. Quant
à moi, en mettant de côté toute partisanerie, M. le
Président, en toute objectivité, je dois dire que la ministre
déléguée à la Condition féminine a fait un
travail exceptionnel depuis trois ans au Québec et je pense que les
groupes, enfin les observateurs qui regardent cela à tête
reposée, sans partisanerie, le reconnaissent d'une façon
éclatante.
Mme Harel: M. le Président, heureusement que la ministre
déléguée à la Condition féminine peut
compter sur l'appui inconditionnel de son collègue. Cela doit lui mettre
du baume au coeur, elle qui est profondément décriée
actuellement pour ne pas avoir porté courageusement les dossiers de la
Condition féminine. Il est sans doute le seul à être
impressionné par le bilan. On va lui laisser cette impression. Ils vont,
entre eux, se congratuler, une sorte de cercle d'admiration mutuelle. J'imagine
que la ministre déléguée à la Condition
féminine lui rend l'admiration et vice versa. M. le Président,
J'aimerais vous Inviter à poursuivre l'étude de nos
engagements.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'engagement
10 est vérifié?
Mme Harel: Vérifié.
Le Président (M. Bélanger): Vérifié.
Est-ce qu'on est prêt à répondre à l'engagement 9,
M. le ministre?
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est bien.
Mme la députée de Maisonneuve, à l'engagement 9,
est-ce qu'on pourrait être bref et s'en tenir à l'engagement 9
autant que possible?
Mme Harel: M. le Président, je demandais au ministre si
l'assistance-médicaments qui est remboursée à la
Régie de l'assurance-maladie pour l'année 1987, juillet 1987,
pour les mois antérieurs... On sait que cela ne comprenait pas le lait
maternisé ni les suppléments vitaminiques pour les femmes
enceintes. Ma question est la suivante: Est-ce qu'on peut espérer que
dans les mois à venir, avec le présent règlement sur
l'aide sociale, cette demande qui a été
répétée avec, à l'appui, des études
approfondies sur l'impact pour le développement de l'enfant, pour le
développpement du nouveau-né, est-ce qu'on peut espérer
que l'assistance-médicaments comprenne le remboursement du lait
maternisé, des coûts qui sont quand même assez exorbitants,
ainsi que des coûts des suppléments vitaminiques pour les femmes
enceintes?
M. Bourbeau: M. le Président, en réponse à
la question de Mme la députée de Maisonneuve, je lui dirai que le
lait maternisé n'est pas couvert par la carte-médicaments.
Cependant, le lait vitaminé est un autre substitut du lait naturel qui,
lui, est couvert par la carte-médicaments. En ce qui concerne le
supplément vitami-nique, la carte-médicaments couvre un ensemble
de suppléments vitaminiques pour les bénéficiaires
incluant les femmes enceintes. Il appartient au médecin traitant de
prescrire à l'intérieur de la liste reconnue. Il faut rappeler
que dans la nouvelle politique relative à la sécurité du
revenu, toute femme enceinte de 20 semaines et plus est
considérée non disponible et non assujettie à la
contribution élémentaire parentale et qu'une augmentation de 20 $
à 40 $ par mois a été prévue au titre de
supplément pour la grossesse.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve?
Mme Harel: M. le Président, je rappelle au ministre que le
lait vitaminé, je crois, n'est prescrit que pour des enfants
nouveau-nés qui ont des allergies et qui, sous prescription
médicale, doivent prendre ce type de lait de soya, je crois. Mais
là on parle tout à fait d'autre chose. On parle de lait
maternisé et on sait très bien - les études l'ont
démontré amplement, celles conduites par les pédiatres du
Québec, celles conduites par les diététiciennes du
Québec, celles conduites par les travailleuses sociales - que le lait
maternisé est essentiel au développement de l'enfant en l'absence
de lait maternel. On sait que, généralement, ce sont les femmes
des milieux défavorisés qui allaitent le moins, compte tenu des
conditions de vie générales qui sont leurs: conditions
d'habitation, d'alimentation. Je sais très bien qu'il y a un
supplément lorsqu'il y a allaitement maternel, mais le lait maternel est
nettement moins utilisé dans les milieux économiquement faibles
que dans les milieux de classe moyenne ou supérieure. Toutes les
études sont très éloquentes sur la
nécessité, pour la première année de vie d'un
bébé, de choisir adéquatement sa source d'alimentation.
Tout cela est très lié, très associé à son
développement et aussi lié à l'interrela-tion avec les
parents. Des représentations ont été faites au ministre
Paradis qui m'a écrit, à ce sujet, qu'il entendait examiner cette
question. Je demande au ministre pourquoi, dans son projet de
réglementation, il a écarté la couverture du lait
maternisé.
M. Bourbeau: M. le Président, la décision d'inclure
ou non le lait maternisé dans les articles qui sont couverts par la
carte-médicaments ne vient pas du ministère que je dirige, le
MMSR, mais plutôt du Conseil de la pharmacologie du ministère de
la Santé et des Services sociaux. On me dit que le ministère de
la Santé et des Services sociaux, enfin le conseil de pharmacologie
étudie présentement l'opportunité d'inclure ou non le lait
maternisé dans les montants couverts par la carte-médicaments. On
n'a pas, pour l'instant, d'information nous permettant de croire qu'une
décision est imminente. Le dossier est à l'étude.
Mme Harel: M. le Président, les premières
représentations ont été faites au ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu en octobre 1986. Le
dossier complet, appuyé par une pétition de 4837 personnes, lui a
été transmis. Des établissements, des corporations
professionnelles, je cite, entre autres, l'Ordre des pharmaciens du
Québec, la Fédération des affaires sociales, la
Corporation des diététistes du Québec, les
fédérations de CLSC, l'Association des pédiatres du
Québec, la Faculté de médecine de l'Université de
Montréal, les Dispensaires diététiques, ont appuyé
par diverses études le fait que le lait
homogénéisé, le lait qui est souvent donné dans les
premières années de vie, compte tenu du coût exorbitant en
raison des revenus très faibles, du coût très important -
on parle de 35 $ à 40 $ minimum par mois pour le lait
maternisé... On a fait valoir qu'à défaut de lait
maternel, les laits maternisés sont essentiels et qu'avant l'âge
de six mois, il était même démontré qu'il pouvait
être néfaste de donner du lait homogénéisé
à un bébé, que cela pouvait provoquer des coliques, des
vomissements, de l'eczéma, des diarrhées, que cela pouvait
déshydrater un bébé et qu'il y avait de nombreux cas
d'hospitalisation.
Je vois que le ministre rit depuis quelques minutes. Cela a l'air de le
faire rire abondamment, cette question-là. Peut-on savoir si le
ministre entend faire des représentations? Dans le bilan qu'il
nous lisait tantôt, comme un perroquet, en matière de condition
féminine, il prétend avoir un intérêt pour les
femmes pauvres dans notre société. On sait qu'au-delà de
39 000 d'entre elles, qui sont bénéficiaires de l'aide sociale,
accouchent chaque année. (11 h 15)
Est-ce que le ministre entend, de façon rapide - parce qu'on aura
l'occasion, à la fin de février, dans trois semaines, de revoir
ta réglementation - faire le point? Est-ce qu'on peut espérer que
le ministre puisse faire le point sur cette question lors de l'étude de
la réglementation?
M. Bourbeau: M. le Président, je suis reconnaissant
à la députée de Maisonneuve de suivre de minute en minute
les sourires, les grimaces ou la déception qui peuvent apparaître
sur mon visage. À entendre certaines remarques de la
députée, à l'occasion je ris plutôt que d'en
pleurer, M. le Président. Je lui dirai simplement que les groupes de
pression dont elle parle ont fait des représentations au
ministère, non pas depuis octobre 1986, comme le dit la
députée de Maisonneuve, elle qui semble avoir un trou de
mémoire ou, disons, être mal informée. Ces
représentations datent du temps de Mme Ma-rois - et bien avant, me
dit-on, mais certainement du temps de Mme Marois - qui était, sous
l'ancien gouvernement, ministre responsable du ministère que je dirige.
Les représentations se sont poursuivies sous le gouvernement actuel. Le
dossier, quant à l'opportunité ou non d'inclure le lait
maternisé, est à l'étude au ministère de la
Santé et des Services sociaux et on attend évidemment que le
Conseil de la pharmacologie se penche sur la question et nous donne son
avis.
Mme Harel: Alors, M. le Président, sur la question des
prothèses mammaires, il y a eu également des
représentations de faites - j'espère que ça ne fera pas
sourire non plus l'adjointe du ministre - par l'Opposition, ici, devant la
commission parlementaire, lors de l'étude d'engagements financiers
antérieurs. Nous devons constater, malheureusement, que la couverture
des remboursements des prothèses mammaires pour les femmes qui sont
mammectomisées n'est pas adéquate. J'aimerais également
que le ministre vérifie s'il entend apporter un ajustement, puisque de
nombreuses femmes qui sont mammectomisées se plaignent du fait que, ne
pouvant pas remplacer leur prothèse aussi souvent que nécessaire,
elles doivent utiliser des services de physiothérapie qui sont gratuits,
compte tenu des maux de dos que cela occasionne. Alors, vous voyez
l'anachronisme d'une situation où, pour ne pas avoir à rembourser
la prothèse, la personne fait appel à des services qui sont
remboursés par l'assurance-maladie et qui sont beaucoup plus
coûteux que si on avait permis de changer une prothèse au moment
où c'était utile de le faire.
Selon les informations que j'ai, l'assurance-maladie ne rembourse les
prothèses qu'à tous les deux ans et pour une somme de 50 $
seulement. Comme je le soulignais au ministre, ce n'est pas simple de se
retrouver dans le projet de réglementation, mais à la
connaissance qu'on en a - et on pourra vérifier avec les
rédacteurs lors de la rencontre - il nous semble qu'il n'en soit pas du
tout question dans le projet de réglementation.
M. Bourbeau: La réponse, M. le Président, à
la question de la députée de Maisonneuve, c'est que l'aide
sociale ne couvre pas de façon spécifique les objets dont parle
la députée de Maison-neuve, parce que cela fait l'objet d'un
programme universel a la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
En conséquence, comme c'est remboursé, enfin c'est couvert pour
l'ensemble des citoyens du Québec et non pas seulement pour les clients
de la sécurité du revenu, évidemment, le régime
universel s'applique.
Mme Harel: M. le Président, je pense bien que cette
réponse est insatisfaisante. Les besoins spéciaux ont justement
comme fonction de compenser lorsque les régimes universels sont
insuffisants. Il serait vraiment absurde, en ce moment où nous revoyons
la réglementation, que nous ne donnions pas suite, notamment, aux
représentations de l'Association des mammectomisées qui rappelle
que, dans le cas des prothèses génitales pour homme, c'est
entièrement remboursé, le coût de la facture est
acquitté, tandis que, dans le cas des prothèses pour femme, et on
sait l'incidence... Je pense, entre autres, à des régions comme
Thetford-Mines, où l'incidence du cancer est beaucoup plus
élevée que dans d'autres régions du Québec, et
c'est l'Association des mammectomisées de la région de
Thetford-Mines qui m'a fait des représentations dans le sens que c'est
assez inconvenant, pour ne pas dire inconséquent, qu'on se contente du
régime universel qui est totalement insuffisant en ne permettant pas
à des femmes sans revenu, qui ont à faire appel à l'aide
sociale, de pouvoir adéquatement obtenir la prothèse qui va leur
être ajustée. Un montant de 50 $ à tous les deux ans, c'est
à peu près rire des gens, étant donné les
coûts en croissance des prothèses. Je demanderais au ministre de
vérifier et d'examiner cette question.
S'il me le permet, comme on a d'autres engagements, on pourrait
procéder, mais il serait certainement utile, compte tenu des autres
aspects, parce que je ne voudrais pas que nous prenions le temps qui nous est
imparti ce matin pour examiner les engagements, que nous puissions discuter
dans le cadre de cette rencontre avant l'étude de la
réglementation.
Le Président (M. Latulippe): Alors, cela va?
M. Bourbeau: M. le Président, on m'indique que c'est la
même politique qui est suivie à l'égard des
prothèses pour homme que des prothèses pour femme. C'est le
régime universel qui s'applique. La députée prétend
qu'on a un système de deux poids, deux mesures. À moins qu'on ne
m'informe mal, il semble que nous ayons la même procédure dans les
deux cas, à moins que la députée ne puisse signaler
exactement, dans le règlement, à quel endroit nous remboursons
les prothèses pour les hommes différemment que nous le faisons
à l'égard des . femmes.
Mme Harel: M. le Président...
M. Bourbeau: La députée est en possession du
règlement. Alors, est-ce qu'elle peut nous indiquer à quel
endroit?
Mme Harel: Le ministre aura intérêt sans doute
à se faire transmettre l'ensemble du dossier "Le régime
universel" à la Régie de l'assurance-maladie. Il traite
différemment le remboursement des prothèses mammaires et le
remboursement des prothèses génitales.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée ne
parle plus du même sujet. On ne parle plus du remboursement par le
régime de la sécurité du revenu. Chez nous, nous traitons
de la même façon les femmes et les hommes en ce qui concerne les
prothèses. Maintenant, si la députée parie d'autre chose,
évidemment ce n'est plus mon domaine.
Mme Harel: M. le Président, il ne faudrait pas que le
ministre détourne la question. Le ministre vient de me répondre,
il y a quelques minutes, qu'il se satisfait du régime universel en
matière de prothèses mammaires et je lui dis que le régime
universel traite différemment les hommes et les femmes. Je n'ai jamais
prétendu que c'était le règlement qui le faisait.
Justement, le problème, c'est que le règlement en matière
de besoins spéciaux ne vient pas compenser les coûts
supplémentaires qui sont exigés par des prothèses
mammaires. Ce que je dis au ministre, c'est qu'il s'informe du régime
universel qui est en vigueur puisque nous allons avoir l'occasion, lors de
l'étude de la réglementation, d'examiner les compensations
financières qui devraient être Introduites pour permettre des
prothèses aux personnes qui ont déjà à vivre ce
handicap.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve, dans la deuxième reformulation de sa question ou de son
observation, est un peu plus claire. Je regrette de ne pas avoir très
bien saisi la première fois, mais cela manquait un peu de clarté.
Je lui dis simplement que, chez nous, il n'y a aucune discrimination.
Maintenant, si elle prétend qu'il y en a à la Régie de
l'assurance- maladie, cela dépend d'un autre ministre que moi. Je lui
dirai: C'est peut-être vrai que nous ne satisfaisons pas, à 100 %,
à toutes les demandes qui nous sont faites tant pour des besoins
spéciaux et dans le domaine dont on parle présentement que dans
d'autres domaines. Évidemment, les demandes sont infinies. Si nous
devions répondre à toutes les demandes de tous les groupes, les
besoins spéciaux n'occasionneraient pas au gouvernement, comme c'est le
cas présentement, un coût de plus de 200 000 000 $. Je fais
vérifier le chiffre pendant qu'on se parle, mais ça pourrait
aller jusqu'à 800 000 000 $, 1 000 000 000 $. Il n'y a pas de fin aux
demandes de la clientèle à l'égard des besoins
spéciaux.
Je pense que le gouvernement fait des efforts pour améliorer les
besoins spéciaux. Quand on aura fini d'étudier le nouveau
règlement sur la sécurité du revenu, la
députée va constater qu'on a fait un effort exceptionnel pour
remettre à niveau la plupart des barèmes dans à peu
près tous les domaines. Je lui signalerai que, dans bien des cas, ces
besoins n'avaient pas été indexés depuis de très
nombreuses années. Dans bien des cas, ça remontait à
l'année 1976. Nous dépensons actuellement environ 215 000 000 $
par année uniquement au titre des besoins spéciaux. Je dirai
à la députée de Maisonneuve que si le gouvernement
était dans une meilleure situation financière, si on ne nous
avait pas laissé une dette d'à peu près 30 000 000 000 $
et un déficit annuel qui dépassait les 4 000 000 000 $, lors de
notre arrivée à la direction des affaires de l'État,
peut-être serions-nous, aujourd'hui, dans une meilleure situation
financière et pourrions-nous en ajouter davantage à
l'égard des besoins spéciaux.
Pour l'instant, nous faisons un effort important avec le nouveau
règlement. La députée le verra lorsque nous
étudierons le règlement les 21 et 22 février prochain. Si
jamais le gouvernement a les moyens d'en mettre plus, peut-être qu'on
pourra le faire un jour.
Mme Harel: Écoutez, M. le Président. Je ne parle
pas au ministre de problèmes esthétiques. Je constate que, dans
la nouvelle réglementation, rien ne vient couvrir les coûts
afférents aux prothèses mammaires pour les femmes
mammec-tomisées. Je dis simplement qu'on traite différemment, par
exemple, les prothèses orthopédiques. Je constate, dans la
nouvelle réglementation, qu'il y aura une augmentation substantielle
pour couvrir les coûts des prothèses orthopédiques - je
pense que ça passe de 200 $ à 500 $, de mémoire - mais que
rien ne vient compenser pour les prothèses mammaires. Je dis au ministre
que c'est une omission qu'on doit corriger. Je ne pourrais pas croire qu'il
serait sans coeur au point de prétendre que le déficit est trop
important pour que les personnes qui ont un cancer du sein et qui doivent en
subir
l'ablation ne puissent pas se voir compenser une partie, au moins plus
que les 50 $ à tous les ans, de la prothèse qu'elles doivent
porter. J'espère que le ministre va se raviser d'ici l'étude
qu'on va en faire en commission parlementaire.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas dit à la
députée que j'étais opposé à l'idée
de tenter de compenser ces besoins. J'ai dit qu'on regarderait ça, qu'il
y a une question de moyens financiers. La députée elle-même
nous arrivera probablement, au cours des prochaines minutes, avec d'autres
demandes - la connaissant, je sais que son sac doit être plein de
demandes - et nous verrons quelle est la capacité financière du
gouvernement pour répondre à l'ensemble de ces demandes. Pour
l'instant, dans le nouveau règlement, nous faisons un effort important
de remise à niveau d'un grand nombre de besoins spéciaux. On
verra pour les autres si le gouvernement a les moyens de payer pour ces besoins
additionnels.
Mme Harel: M. le Président, je vais compter sur la grande
sensibilité exprimée par le ministre en matière de
condition féminine pour prévoir qu'il va se raviser sur cette
question et qu'il va introduire un papillon dans l'étude de la
réglementation. Je vous invite à procéder.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
engagements du mois de juillet sont vérifiés?
Mme Harel: Vérifiés.
Le Président (M. Bélanger): Vérifiés.
Bien. J'appelle donc les engagements du mois d'août 1987.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais peut-être
qu'on examine les engagements de septembre et d'octobre 1987. S'B nous reste du
temps à la fin de nos travaux, nous pourrions revenir aux engagements
d'août 1987; sinon, nous les considérerons
vérifiés.
Septembre et octobre
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Est-ce qu'il
y a consentement là-dessus? Consentement? Qui ne dit mot consent.
J'appelle donc les engagements du mois de septembre 1987. Vous voulez
vérifier quel engagement en particulier, Mme la députée de
Maisonneuve?
Mme Harel: L'engagement 31.
Le Président (M. Bélanger): L'engagement 31?
L'engagement 31 se lirait comme ceci: Commission de formation professionnelle,
programme Soutien à la formation en entreprise. C'est bien cela?
Mme Harel: C'est bien cela.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, si vous
voulez procéder.
Mme Harel: M. le Président, il y a donc un montant
engagé de 3 555 000 $ pour les commissions de formation professionnelle.
Nous voyons cet engagement au mois de septembre 1987 et nous le voyons
également au mois d'octobre 1987. Alors, si vous le permettez, on
pourrait étudier conjointement septembre et octobre 1987. Je vous
réfère aux engagements 4 et les suivants, qui sont tous des
engagements de subventions aux commissions de formation professionnelle. Nous
aimerions, à ce stade-ci, examiner de plus près toute la question
relative aux commissions de formation professionnelle et aux différents
programmes qui sont gérés par celles-ci. (11 il 30)
Je vous informe, M. le Président, que j'ai avec moi ma
collègue de Chicoutimi, qui est accompagnée de travailleuses et
de travailleurs de sa région qui ont connu une expérience
très difficile puisqu'ils sont, depuis quelques semaines, mis à
pied par leur employeur, qui leur a préféré des
travailleurs subventionnés, à la suite de programmes que nous
examinerons, tant de formation sur mesure en établissement que bon
d'emploi. Nous allons voir de plus près, et ma collègue aura
certainement des questions à poser au ministre sur l'administration de
ces programmes, comment il se fait que des travailleurs et des travailleuses
sont mis à pied pour être remplacés par des personnes qui,
elles, sont subventionnées par des programmes. Donc, en regard de
septembre précisément, quand on lit l'engagement de 3 555 000 $,
le ministre peut-il nous préciser quelle est la ventilation du programme
de soutien à la formation en entreprise? S'agit-il là d'un des
onze programmes? Faut-il comprendre, pour se retrouver, qu'a s'agit là
des programmes que nous retrouvons dans le dépliant des commissions de
formation professionnelle? Nous dénombrons onze programmes
différents qui sont distincts des programmes nouveaux mis en place par
l'entente fédérale-provinciale. Donc, au total, il y aurait
quinze programmes. En octobre 1987, dans les engagements financiers, si nous
les additionnons, nous voyons qu'il y a eu des subventions pour les programmes
Formation sur mesure en établissement, Développement de la
formation professionnelle, Stages en milieu de travail,
Équipement-Québec, Équipement-Fédéral,
Formation professionnelle à temps plein, Transition-Travail. Nous voyons
aussi: Recyclage et perfectionnement, Planification de l'emploi. Nous pouvons
également, à l'engagement 17 du même mois, octobre 1987,
ajouter le programme de Formation générale à temps plein
et le programme de soutien à la formation en entreprise.
Immédiatement, nous aimerions que le ministre nous trace exactement
l'état de la situation en matière des différents
programmes. Nous pensons que, par écrit... Il n'est peut-être pas
nécessaire de le faire immédiatement, mais nous devons
obtenir la ventilation des subventions dans les différentes
commissions professionnelles. C'est évident que les engagements
concernent les onze commissions professionnelles. Ce sont des engagements de 19
000 000 $, 3 000 000 $, 42 000 000 $, mais nous n'avons pas du tout la
ventilation de ces sommes affectées dans chacune des commissions de
formation professionnelle. Nous devons donc comprendre qu'il s'agit de
subventions, et pas nécessairement de sommes dépensées.
À ce stade-ci, le ministre est certainement capable de nous indiquer,
à la veille ou deux mois avant la clôture de l'exercice financier,
quelles sont, en proportion, les sommes qui ont été
dépensées dans les différents programmes.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve pose des questions d'ordre extrêmement général,
et dès que le ministre essaie de répondre d'une façon
générale à ses questions, il se fait abreuver d'injures en
se faisant dire: Non, vous devez répondre spécifiquement à
la question. Alors là, c'est difficile, la porte ne peut pas être
à la fois ouverte et fermée. En tant que député de
Laporte, je préfère les portes ouvertes, mais quand je les ouvre
trop, la députée me demande de les fermer.
Alors là, on était, si... La députée de
Maisonneuve est comme un écureuil, M. le Président, elle commence
à parler du mois de septembre, après ça du mois d'octobre,
elle revient au mois de septembre, et j'ai de la difficulté,
n'étant pas prévenu, à suivre dans le cahier l'état
de ses pérégrinations à travers les pages. J'étais,
jusqu'à nouvel ordre, au mois de septembre 1987, à un engagement
de 3 555 000 $. On peut partir de là, si la députée veut
bien. On va commencer par régler cet engagement et après, on
passera à d'autres. Il s'agit de subventions...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, ce que
j'ai bien compris de la question de Mme la députée de
Maisonneuve, c'est surtout l'engagement 6 de septembre qui est visé, et
les engagements 4 et suivants d'octobre, qui sont afférents ou
complémentaires à celui-là. Alors elle a fait un "package"
de la question.
M. Bourbeau: M. le Président, je peux répondre aux
questions une par une, si la députée veut me poser une question
sur un engagement. J'avais compris qu'on était à l'engagement 31
du mois de septembre, mais là, vous dites l'engagement 6, alors on va
aller à l'engagement 6, je n'ai pas d'objection.
Mme Harel: M. le Président, il faudrait que le ministre
puisse d'abord se retrouver lui-même dans le fait que...
M. Bourbeau: Non, M. le Président, je n'ai aucune
difficulté à me retrouver, mais...
Mme Harel: ...je l'interroge sur les commissions de formation
professionnelle. Autant l'engagement 31 de septembre que les engagements 4 et
suivants d'octobre concernent des subventions aux commissions de formation
professionnelle, sur les différents programmes. Je suis convaincue que
les adjoints du ministre lui transmettront les réponses que je cherche
à obtenir, parce que c'est certain qu'ils ont, eux, par programme, les
sommes qui ont été allouées dans les différents
programmes aux commissions de formation professionnelle.
Je signalais au ministre que nous avons, pour les mois de septembre et
d'octobre, au-delà de douze programmes qui concernent tous des
subventions aux commissions de formation professionnelle.
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends que la
députée renonce à poser des questions spécifiques
sur l'engagement 6.
Mme Harel: Non, non, non, je ne renonce pas. Et le ministre n'a
pas besoin de me relire le rapport annuel 1987-1988 du ministère...
M. Bourbeau: Mais c'est exactement le contraire, M. le
Président, la députée divague. Elle prétend, en
disant cela, que je réponds d'une façon vague. Le rapport annuel,
c'est une réponse vague. J'essaie de répondre
précisément à des engagements financiers; c'est l'inverse
que je tente de faire, de répondre à des engagements
précis.
J'avais cru comprendre que la première question portait sur
l'engagement 31 de septembre, 3 555 000 $, mais la députée n'est
pas intéressée à cela. On me dit: Non, c'est l'engagement
6 de septembre, des contrats et des subventions de 5 292 000 $. J'allais lui
donner la ventilation quand elle me réfère à autre chose.
M. le Président, je veux bien voltiger, mais à un moment
donné, la députée devrait être précise dans
ses questions. Que voulez-vous exactement, je vais vous répondre, mais
dites-moi clairement ce que vous voulez?
Mme Harel: Clairement, M. le Président, je vais
répéter au ministre ce que je lui ai signalé à deux
reprises, mais j'ai l'impression que lui-même l'ignore, sauf la lecture
qu'il peut nous faire de son rapport annuel, ce n'est pas de... Cela, j'ai pu
le lire, il n'a pas besoin de nous le lire en commission parlementaire, ce
n'est pas nécessaire qu'il nous le relise.
Je vais lui dire clairement ce qu'il aura à me transmettre comme
information, parce qu'il ne peut pas nous reprocher d'examiner globalement,
c'est globalement qu'on retrouve les montants de subventions. On ne traite pas
de chacune des commissions de formation professionnelle, on nous parle de 19
593 000 $ pour onze commissions de formation professionnelle, pour les
programmes de formation sur mesure en
établissement. Cela, c'est une information qui ne nous dit rien,
absolument rien. Ce que je veux obtenir du ministre, s'il veut bien le prendre
en note... Ce n'est pas nécessairement immédiatement. J'ai besoin
de ces informations pour savoir où on s'en va en matière de
formation professionnelle au Québec. Je veux obtenir du ministre combien
chaque commission de formation professionnelle a obtenu pour chacun des
programmes tant le programme 31 de septembre 1987, que les programmes 4 et
suivants et il y en a 11 parce que cela inclut aussi le programme 17 d'octobre
1987. Est-ce que le ministre me suit? Je veux savoir combien chaque commission
régionale a obtenu pour chacun des programmes de subventions et je veux
aussi obtenir du ministre et je suis convaincue que sa Direction
générale des programmes et des services peut le lui fournir
quelles sont les sommes qui sont actuellement engagées dans chacun de
ces programmes? Comment pensez-vous que l'Opposition ou quelque observateur
intéressé puisse se retrouver quand on parle de subventions? Les
subventions n'indiquent pas quelles sommes ont été
dépensées et cela ne me donne rien de ce qui sera
périmé au bout de l'année. Le ministre n'est pas
obligé de me répondre tout de suite.
M. Bourbeau: Premièrement, est-ce que je pourrais savoir
pour quelle année? Est-ce pour l'année 1987-1988 ou
l'année 1988-1989?
Mme Harel: Voilà, l'année 1987-1988 il l'a
certainement, et l'année 1988-1989.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je peux demander
une suspension de la séance pour deux minutes parce que les informations
que me demande la députée sont de nature générale.
Dans cinq minutes, je vais être en mesure de vous donner les
réponses.
Le Président (M. Bélanger): Alors, requête
accordée, M. le ministre.
(Suspension de la séance à 11 h 43)
(Reprise à 11 h 46)
M. Bourbeau: M. le Président, J'ai ici avec moi la
ventilation, commission par commission, du budget des commissions de formation
professionnelle, je l'ai de toutes les façons, pour l'année
1988-1989. Pour l'année 1987-1988, je n'ai pas avec moi les tableaux,
les documents; on a fait des vérifications. Ce que je peux faire, de
deux choses l'une, je peux dire à la députée de
Maisonneuve que je lui ferai parvenir dans les meilleurs délais la
ventilation, programme par programme et commission par commission, de
l'année 1987-1988, ou je peux lui donner sur-le-champ la ventilation de
l'année 1988-1989.
Mme Harel: M. le Président, ce que j'apprécierais,
c'est que le ministre puisse me le transmettre - j'en ferai l'examen durant
l'interruption du dîner - ce qui me permettra d'y revenir à
l'échange qui suivra à 14 heures. J'apprécierais que le
ministre nous le transmette sans pour autant que ce soit de vive voix, ce qui
nous sera utile pour la raison suivante: nous examinerons, là, les
subventions de septembre et d'octobre 1987. Dans le rapport annuel, nous savons
par exemple que, pour le programme Formation sur mesure en
établissement, il y a eu 12 771 000 $ de dépensés,
n'est-ce pas? Pourtant nous voyons, à octobre 1987 - et ce n'est pas peu
de chose que de se retrouver dans la formation professionnelle au Québec
- 19 593 000 $ de subventions. C'est donc dire qu'il y a eu beaucoup de
périmé dans ce programme. Il y a eu au-delà de presque,
quoi, 7 000 000 $ de périmés. Alors, on nous dit que c'est
essentiellement à cause du retard dans la signature de l'accord
Canada-Québec, mais la seule façon de se retrouver dans ces
programmes, ce n'est pas par les subventions, c'est à la fois pour
connaître la performance de chaque région et cela nous permet
aussi de voir l'évolution des programmes. Alors, j'apprécierais
beaucoup que le ministre puisse me faire parvenir ce qu'il a à son
bureau pour l'année 1987-1988, concernant l'attribution pour chacune des
régions, et qu'il me transmette aussi ce qu'il a par-devers lui,
maintenant, pour l'année 1988-1989.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas si on aura le
temps de faire parvenir à la députée de Maisonneuve le
document en question pour l'ajournement de midi. Nous sommes à environ
40 minutes de l'ajournement et je ne suis pas certain que ces documents soient
dans une forme acceptable. Quant aux documents que j'ai devant moi, je ne peux
pas les transmettre à la députée non plus, ce sont des
documents internes du ministère, qui contiennent en partie des
renseignements de nature confidentielle. Je pourrais également dire
à la députée que je lui ferai parvenir un tableau
contenant tous les renseignements qu'elle demande à l'égard de
l'année courante, mais encore là, il faudra que le dossier soit
constitué et qu'on le fasse parvenir à la députée
dans les meilleurs délais.
Mme Harel: Alors, on se comprend bien, donc, pour chacune des
commissions par région et pour chacun des programmes.
M. Bourbeau: Oui, c'est exact, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Sur ce point,
est-ce qu'il y a d'autres questions? Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Cela concerne toujours l'engagement 4 d'octobre 1987, les subventions
aux onze commissions de formation professionnelle.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
juste une minute. Nous allons terminer ceux de septembre et nous allons revenir
à ceux d'octobre tout de suite après.
Mme Blackburn: Ah! d'accord.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
juste pour se retrouver, parce que ça risque d'être
compliqué. Sur septembre 1987, est-ce qu'il y a d'autres questions, Mme
la députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Un instant, M. le Président. Il y avait
simplement l'engagement 7 sur la location de logiciels de marque IBM. Nous
voulions vérifier si l'ensemble du système était
francisé mais on aura l'occasion cet après-midi de revenir sur le
système informatique. Enfin, peut-être pouvez-vous vous
préparer à répondre à cette question?
M. Bourbeau: La députée parle de l'engagement 7 de
septembre 1987?
Mme Harel: Oui. C'est la location de logiciels pour diverses
périodes mais cela nous amenait a poser une question plus
générale à savoir est-ce que... On veut simplement
s'assurer qu'il y a francisation du système informatique. Contrairement
à celui de l'Assemblée nationale, est-ce que celui du ministre
l'est?
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
que la question de la députée de Maisonneuve porte sur
l'informatique et que c'est quand même assez technique, je demanderais la
permission à la commission de laisser répondre le sous-ministre,
M. Jean Pronovost, qui a des renseignements très précis.
Le Président (M. Bélanger): Absolument. M.
Pronovost, la parole est à vous.
M. Pronovost (Jean): M. le Président, tous les usagers
gouvernementaux de l'informatique et surtout de la grande informatique ont le
même problème: les logiciels et le matériel qu'on utilise
sont très souvent conçus par des anglophones, pour des
anglophones. Pour que nos ordinateurs parlent français, il faut, par
exemple, des claviers qui Incluent des choses aussi petites mais importantes
que des accents. Il faut que nos logiciels soient capables de prendre les
accents et il faut que nos imprimantes soient capables de les imprimer aussi.
C'est un problème assez complexe.
On fait des efforts au niveau gouvernemental. Le ministère des
Communications sert actuellement de fer de lance à cet effort gou-
vernemental pour amener nos fournisseurs à nous produire des logiciels
et du matériel qui sont capables de parier français. La plupart
des ministères ont fait, depuis un an ou un an et demi, des
progrès considérables. Je suis heureux de dire que notre
ministère est à la fine pointe de ce progrès et est un peu
un leader gouvernemental en la matière. Cela n'empêche pas que,
par exemple, tous les messages informatisés que nous donnons à
nos bénéficiaires, vous l'aurez remarqué, sont en lettres
majuscules. Il n'y a pas d'accent, même si, évidemment, la langue
parlée est le français.
Nous tenterons, dans les mois qui suivent, une expérience en
vertu de laquelle on va franciser tous les messages d'un secteur
d'activités du ministère - qui s'appelle le recouvrement - qui
vont être en bon français, y incluant les accents. Cette
expérience va nous permettre de découvrir un à un et de
régler un à un les obstacles qui s'opposent encore chez nous -
ils sont de moins en moins nombreux au fur et à mesure que les mois
passent - à une francisation intégrale. Une fois qu'on va avoir
réellement, à la faveur de cette expérience, acquis la
dextérité, les équipements et les logiciels
nécessaires, on va pouvoir tout franciser, mais le problème que
vous touchez est un problème réel.
Un secteur de nos activités qu'on ne réussira probablement
pas à franciser intégralement c'est le secteur très
technique des logiciels d'exploitation de nos systèmes. Ce sont les
logiciels que nos techniciens et ingénieurs utilisent pour faire marcher
le système en soi. Cela, on va avoir peut-être beaucoup de
difficulté parce que ces logiciels existent en petit nombre, ils sont
très complexes et cela nous coûterait une fortune à
franciser. Par contre, tous les logiciels auxquels auront accès nos
employés, les employés standards, les employés dans nos
bureaux, tous les logiciels qui servent à produire des messages à
nos clients et éventuellement les logiciels auxquels les clients auront
accès seront en bon français d'ici un nombre relativement petit
de mois ou d'années.
Je ne sais pas si cela répond à votre question, M. le
Président, mais la situation, en une capsule, c'est celle-là.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. Pronovost.
Mme la députée de Maisonneuve, est-ce que...? Alors, l'engagement
de septembre 1987 est vérifié. J'appelle donc l'engagement
d'octobre 1987. Mme la députée de Chicoutimi avait une question,
si je me rappelle bien.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Concernant cet
engagement, on lit dans la publication qui a été produite par
votre ministère sur les différents programmes de
développement de la main-d'oeuvre et distribuée par les
commissions de formation professionnelle, que le programme de formation sur
mesure en établisse-
ment vise, et c'est vraiment le premier point, la formation dans les
occupations où sont identifiées des pénuries de
main-d'oeuvre. Est-ce que le ministère a un contrôle réel
sur cette question, à savoir que les cours offerts aux
bénéficiaires de l'aide sociale en particulier - c'est à
eux que je pense - visent essentiellement des secteurs où il y a
effectivement une pénurie de main-d'uvre?
M. Bourbeau: Les commissions de formation professionnelle ont
pour mandat d'identifier les besoins en main-d'oeuvre dans chacune des
régions. Dans chaque région, nous avons des économistes
régionaux qui s'affairent justement à cette tâche
d'identification des besoins régionaux en matière de
main-d'oeuvre. C'est d'ailleurs le rôle des CFP d'identifier les besoins
de main-d'oeuvre dans chacune des régions du Québec et de faire
en sorte que nous placions des commandes, soit auprès du
ministère de l'Éducation ou ailleurs, pour que la main-d'oeuvre
puisse être formée en fonction des besoins régionaux. Le
gouvernement fédéral nous indique également, à la
suite de ses propres études, le résultat de ces
études-là. C'est à la lumière de toutes ces
constatations que les commissions de formation professionnelle orientent leur
action.
Mme Blackburn: Bien. Alors, il faudrait que le ministre... Quel
genre de contrôle exercez-vous sur cette situation? Est-ce que vous
vérifiez selon des données québécoises la situation
réelle en matière de main-d'oeuvre dans certains secteurs? Je ne
m'explique pas que, par exemple, en ce qui touche les moniteurs de conduite
automobile... La situation est connue par le biais de la Régie de
l'assurance automobile du Québec qui, annuellement, publie le taux de
placement et le nombre d'heures travaillées par les moniteurs de
conduite automobile et les moniteurs instructeurs en conduite automobile.
Alors, je vous lis les données suivantes qui apparaissaient dans le
bulletin de 1987 de la Régie de l'assurance automobile du Québec:
En 1987, il y avait 1640 moniteurs dans les 425 écoles de conduite du
Québec. Sur ce nombre, 8,3 % de ces personnes avaient travaillé
36 semaines de 40 heures. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, où vient de
débuter un nouveau cours de moniteur en conduite automobile, il y a
douze personnes d'inscrites. Le cours a commencé lundi. Douze moniteurs
seront formés. La situation est la suivante. Il y a déjà
96 moniteurs dans la région qui sont enregistrés à la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Il y en a 55 qui sont
actifs, qui veulent toujours travailler. De cela, il y en a onze qui
travaillent, c'est-à-dire à peu près 20 %. Je voudrais
savoir comment on contrôle cette situation-là et c'est quoi
l'idée de continuer à former des personnes dans un secteur qui
est sursaturé. Est-ce que cela n'a pas des effets de
démobilisation chez les bénéficiaires de l'aide sociale
quand on les emploie dans un marché qui est déjà
suroccupé?
Je pourrais vous donner quelques autres exemples. Je ne les avance pas,
parce que je n'ai pas les données de placement aussi sûres, mais
celles-là, je les ai et elles viennent de la Régie de l'assurance
automobile. (12 heures)
M. Bourbeau: Je comprends que le problème qu'évoque
la députée de Chicoutimi est un problème relatif à
sa région et je comprends qu'il s'agit non pas de cours de
perfectionnement à l'égard de moniteurs déjà
agréés, mais de nouveaux postes de moniteur qu'on voudrait
créer alors que, selon elle, le marché est déjà
saturé et même sursaturé. C'est ça, le
problème?
Mme Blackburn: M. le Président, pas selon moi, selon la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Je cite les chiffres
de la régie. Le cours qui est destiné aux
bénéficiaires de l'aide sociale s'appelle Formation sur mesure en
établissement, volet employabilité, et il y a douze personnes qui
sont inscrites qui ont commencé leur cours lundi, à qui on promet
un emploi éventuellement - puisque, évidemment, lorsque vous
allez chercher une formation pour augmenter votre employabilité,
ça ne doit pas déboucher sur un mur - alors qu'on sait que, dans
la région, il y a onze moniteurs qui travaillent sur 96.
Ils ne réussiront pas à se placer ailleurs non plus,
puisque la situation au Québec, c'est 8,3 % qui ont réussi
à travailler 36 semaines de 40 heures. Quels sont les contrôles
qu'on a là-dessus?
M. Bourbeau: Je ne surprendrai pas la députée en
lui disant que je n'ai pas une connaissance personnelle de la situation, de
l'état des emplois au Saguenay-Lac-Saint-Jean en ce qui concerne les
moniteurs en conduite automobile. Je pense bien que la députée
comprendra que je ne peux pas avoir toutes ces connaissances
immédiatement. Mais pour ce qui est de la question plus globale, je
pense encore là, si vous n'avez pas d'objection, que le sous-ministre,
qui a une connaissance beaucoup plus étendue que moi sur cette question,
puisqu'il est là depuis plus longtemps que moi, pourrait donner une
réponse au nom du ministre si la députée de Chicoutimi n'a
pas d'objection.
Mme Blackburn: Je n'aurais pas d'objection, M. le
Président.
M. Bourbeau: Je peux donner la réponse moi-même,
mais ce sera sûrement moins élaboré et moins complet ou,
encore, on peut laisser le sous-ministre répondre. C'est à votre
choix.
M. Provonost: Ce que je peux faire, M. le Président, c'est
vous décrire, dans ses grandes lignes, le système que nous
utilisons, justement, pour s'assurer que notre formation corresponde
à
des vrais besoins et qu'elle permette aux gens qui en
bénéficient de déboucher là où il y a des
emplois. En gros, on a deux façons de planifier nos achats de formation
ou nos offres de formation.
Il y a une méthode que j'appellerais, en gros, si vous me passez
l'expression... Chaque CFP, dans beaucoup de cas, à partir d'une
enquête annuelle qu'elle fait auprès des entreprises
représentatives du secteur économique dans la région,
essaie de déterminer les besoins de la région en matière
de formation professionnelle. Ces besoins sont ensuite discutés avec la
Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada et, dans les deux cas,
tant chez nous qu'à la Commission de l'emploi et de l'immigration du
Canada, on associe au processus des économistes qui viennent fournir les
données prospectives sur le marché de l'emploi dont on a besoin
pour prendre des décisions correctes.
Dans notre cas, au MMSR, l'économiste en question - on en un par
région - est physiquement localisé dans la CFP. Ce processus
aboutit à un plan régional et l'ensemble de ces plans
régionaux à un plan provincial d'achat de blocs de cours à
des institutions d'enseignement. Les gens qui profitent de ces cours font
l'objet d'une sélection par les maisons d'éducation et par les
centres d'emploi et centres d'immigration Canada. Cela, c'est le premier
processus.
Le deuxième processus, qui est complémentaire du premier
et qu'on utilise dans certains programmes, est plus spécifique que
ça, puisqu'il suppose un contrat tripartite - c'est le cas pour les
bénéficiaires de l'aide sociale - entre une maison
d'enseignement, la CEIC et le ministère pour un besoin plus
spécifique.
D'après ce que je comprends de la question de Mme la
députée, il s'agirait, dans ce cas précis qu'elle
soulève, d'un besoin spécifique. D'accord? Je ne suis pas au
courant de ce cas spécifique. Il nous fera plaisir d'en prendre
connaissance toutefois parce que le processus que je vous décris est un
processus qui se veut précautionneux, qui veut bien encadrer les choix
que nous faisons, mais il n'est pas impossible qu'il y ait des failles dedans.
Ce cas précis, il nous fera plaisir d'en prendre connaissance et de vous
donner les renseignements précis à savoir pourquoi, dans ce
cas-là, même si les indications que vous donnez sont en ce sens
que le marché du travail est saturé, on a choisi de donner ce
cours-là quand même?
Mme Blackburn: M. le Président, je tenterais
peut-être quelques explications, mais en guise de remarque, je vais
plutôt passer aux conséquences de cette situation.
Actuellement, compte tenu d'une compétition relativement
féroce dans les maisons de conduite automobile, l'intérêt
pour les employeurs, c'est d'avoir des employés subventionnés par
des programmes publics, soit du gouvernement fédéral, Je le
reconnais, ou du gouvernement provincial. En guise d'exemple, on a
accordé à Chicoutimi un bon d'emploi plus à une personne
qui avait son permis de moniteur en conduite automobile, qui est allée
en "bumper", pour parler français, un autre. Cela se fait de
façon assez systématique soit à l'aide de subventions du
gouvernement fédéral ou du gouvernement provincial. La pratique
est la suivante: Si vous avez votre bon d'emploi pour un an, juste avant que
vous ayez terminé votre bon d'emploi, à dix mois, vous en engagez
un autre. Quand le bon d'emploi est terminé, mine de rien, il y a un
ralentissement. Est-ce qu'on a des contrôles réels
là-dessus? Comment peut-on expliquer qu'on continue premièrement
à subventionner ce genre d'emploi. Et deuxièmement, comment se
fait-il que l'on continue à former dans un secteur où il y a
sursaturation, et non pas selon des données statistiques...
J'ai ici le cas de personnes - le cas a abouti sur mon bureau - je
dirais que ce n'est pas le premier cependant, je vais vous en rappeler un autre
que j'ai cité en Chambre l'automne dernier, au moment où on
discutait du projet de loi 37 et un autre qui a été porté
à mon attention et qui touche les cuisiniers d'établissements. Il
y a des personnes qui travaillent dans des écoles de conduite
automobile, qui ont attiré mon attention sur le fait que, compte tenu de
la compétition d'un très large bassin de recrutement de personnes
en matière d'enseignement de la conduite automobile, il y avait un
roulement très grand et aucune sécurité, aucune
statibilité de l'emploi dans ces secteurs-là. Ces personnes sont
venues à mon bureau, elles m'ont expliqué comment cela se
passait. Je trouverais intéressant que le ministre se penche sur ce
genre de pratique dans les maisons de conduite automobile du Québec.
J'ai ici le cas de deux personnes qui ont été
subventionnées, celle dont je vous parle est actuellement sur
l'assurance-chômage alors que la personne qui l'a suivie travaille. Ce
sont deux personnes qui ont été subventionnées par le
biais... Celle qu'il y a ici n'est pas du bon d'emploi cependant, il faut que
je sois tout à fait honnête là-dessus; celle qui a
été subventionnée par un bon d'emploi n'est pas
présente actuellement, mais je peux vous donner son nom, elle ne
travaille pas actuellement parce qu'elle a été remplacée
par quelqu'un d'autre. Cela se comprend - la possibilité étant
là - que les employeurs y recourent.
Lorsque j'ai soulevé cette question en Chambre, au moment
où on discutait du projet de loi 37, et où on a abordé la
question des emplois subventionnés, je le rappelle, dans une entreprise,
un petit commerce de la Place du Royaume, pour ne pas le nommer, le
propriétaire a congédié tout le monde pour engager des
personnes qui avaient un emploi subventionné. C'est facile à
comprendre. Je demande au ministre: Est-ce cela le genre d'emploi qu'on veut
offrir aux bénéficiaires de l'aide sociale?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Chicoutimi fait allusion à ce que l'on appelle la substitution d'emploi.
C'est un problème qui se pose toujours lorsqu'on tente d'implanter un
programme de subvention salariale. C'est le revers de la médaille, si je
peux m'exprimer ainsi. C'est un danger et chaque fois qu'on met sur pied un
programme de transfert de subventions ou de subventions salariales, il faut
prendre des dispositions pour essayer d'éviter ce genre de
problème. On est parfaitement au courant de ce danger.
Dans le cas du programme Bon d'emploi plus, les critères qui
régissent ce programme font en sorte que les organismes et les
employeurs doivent avoir été en exploitation continue au
Québec durant six mois au cours des douze mois précédant
la demande de subvention. C'est pour éviter qu'on mette
littéralement sur pied des entreprises avec des emplois
subventionnés. On veut que les emplois qui sont créés
soient insérés dans des entreprises qui existent.
Maintenant, l'embauchage d'une personne doit permettre d'occuper un
poste situé au Québec et provenir de la création d'un
nouveau poste de travail. C'est une condition essentielle du programme Bon
d'emploi plus et on me dit que l'on vérifie systématiquement le
niveau d'emploi pour s'assurer qu'il s'agit vraiment d'un nouvel emploi et non
pas d'une substitution d'emploi. On fait en sorte de vérifier le niveau
d'embauché six mois auparavant et au moment de la demande, me disent mes
adjoints, les experts en la matière, on vérifie pour s'assurer
qu'on ajoute un poste et non pas qu'on substitue un autre poste.
J'aimerais, puisqu'on parle du programme Bon d'emploi plus, vous citer
un extrait d'un document que j'ai devant moi qui fait état de
l'évaluation du programme et qui touche cette question. Je signalerais
que les employeurs et les participants au programme Bon d'emploi plus, lors
d'une enquête que nous avons faite, ont d'abord voulu donner l'occasion
à des jeunes d'acquérir une expérience sur le
marché du travail. Ainsi, 40 % d'entre eux ont réduit leurs
critères d'embauché pour engager un de ces jeunes, même si
une main-d'oeuvre expérimentée était disponible, et 48 %
en font un de leurs critères d'embauché.
De plus, ce programme a eu un effet sur l'augmentation de
jours-personnes travail. Grâce au Bon d'emploi plus, 41,4 % des
employeurs participants ont pu devancer l'embauche prévue de quatre
mois, en moyenne, et 25 % ont pu convertir un poste prévu à temps
partiel en poste à temps plein. Finalement, 52 % des employeurs
n'avaient pas prévu cette embauche avant de se faire proposer le
programme.
D'autre part, les entreprises qui ont utilisé le programme Bon
d'emploi plus sont surtout de petites entreprises de moins de dix
employés, c'est-à-dire dans une proportion de 70 % des
entreprises. Elles oeuvrent dans le secteur tertiaire dans une proportion de 78
%. Ce sont des entreprises de la région métropolitaine qui ont le
moins recours au programme. Les emplois offerts sont surtout des emplois de
soutien, dans 64 % des cas. Bon d'emploi plus a été une suite
à un programme de développement de l'employa-bUité pour 40
% des jeunes et 34 % au PSMT, le Programme de stages en milieu de travail qui
ont vu leur bon d'emploi honoré.
Le curriculum vitae ne peut pas être utilisé comme le seul
moyen d'entrée en contact avec les employeurs, puisque seulement 13 % de
ceux-ci s'y réfèrent. Voilà des indications que j'avais
tenu à donner sur le programme Bon d'emploi plus.
Mme Blackburn: Alors, M. le Président, je vais
peut-être... M. le ministre a sauté des paragraphes de ce qu'il
lisait, de la synthèse du sondage sur l'attraction du programme Bon
d'emploi plus auprès des employeurs participants. Je trouve ça
intéressant, parce qu'on va faire la lecture des...
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai lu textuellement le
document qui est devant moi, les faits saillants du programme et je
rencontrerai la députée pour lui montrer que je n'ai pas
cherché à cacher rien du tout.
Mme Blackburn: Alors, M. le Président, disons que ce sont
les fonctionnaires qui lui ont soumis les éléments les plus
intéressants, en en escamotant quelques-uns.
M. Bourbeau: Si elle veut que je lui lise toute l'analyse, je
peux le faire, cependant. (12 il 15)
Mme Blackburn: M. le Président, je vais rappeler, dans le
même document qui nous a été remis à la suite d'une
question, que 78 % de ces personnes oeuvrent dans le secteur tertiaire et que
dans le secteur commercial, c'est à la page 3 du document, on engage
surtout du personnel de soutien et le bon d'emploi est devenu un critère
d'embauché. Il n'y a pas de nouvel emploi. Le bon d'emploi est devenu,
dans les commerces au Québec et dans les services de façon
générale, un critère d'embauché. Cela se retrouve
textuellement dans le résultat du sondage portant sur l'attraction de ce
programme. Le ministre trouve-t-il normal...
Mme Harel: II n'y a pas de création...
Mme Blackburn: ...que cela débouche sur une situation qui
est la suivante. Il dit: On s'assure qu'il y ait un emploi nouveau
là-dessus, alors que le document qu'il a lui-même en main, qu'il a
commandé, démontre que c'est devenu un critère
d'embauché. Trouve-t-il cela normal? Trouve-t-il que c'est une
façon de mobiliser les bénéficiaires de l'aide sociale que
de les envoyer
à nouveau dans ce cul-de-sac et créer le syndrome de
l'échec? Le problème actuellement... Ce que me disent les gens
qui sont ici dans la salle, et ils pourront vous le répéter:
Notre problème nous, nous aimons notre emploi, on trouve cela
agréable et on a du plaisir à l'exercer, sauf que c'est la
précarité la plus totale. Ils nous disent: Écoutez, on est
conscient que... Mme Tremblay qui est là pourrait vous le dire. Moi,
quand je suis entrée, me dit-elle, j'ai "bumpé" quelqu'un, je
m'en suis aperçue après et une autre est en train de me faire la
même passe, et là on les envoie de génération en
génération. Est-ce que c'est normal? C'est cela que je veux
demander au ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Chicoutimi n'est pas très réaliste dans ses déclarations,
elle nous dit essentiellement, si je comprends bien son propos, que le bon
d'emploi est un critère d'embauché et, pas de bon d'emploi, pas
d'embauché. Cela résume rapidement ce qu'elle vient de dire.
Mme Blackburn: M. le Président.
M. Bourbeau: Pas de bon d'emploi, pas d'emploi. Or, M. le
Président, il faut savoir qu'au Québec, nous avons annuellement
à peu près 3000 bons d'emploi, c'est le budget du gouvernement.
Il se crée au Québec chaque année - les dernières
analyses que nous avons faites l'indiquent - à peu près 500 000
à 600 000 emplois nouveaux, et il se perd de 400 000 à 500 000
emplois de sorte que la création nette d'emplois a été
d'environ 100 000 au cours de la dernière année. Quand on dit que
nous avons créé 100 000 emplois nets, nouveaux, on sait que cela
veut dire qu'il y a eu plusieurs centaines de milliers d'emplois qui ont
été créés ou qui ont été
modifiés et que plusieurs centaines de milliers d'emplois ont
été perdus ou ont été aussi modifiés
substantiellement de sorte que quand on parle d'emplois créés,
c'est le résultat net de l'opération.
Quand je regarde le nombre de bons d'emplois que nous avons par rapport
au nombre d'emplois nouveaux créés, c'est assez ridicule de venir
prétendre: Pas de bon d'emploi, pas d'emploi. Quand on sait
qu'au-delà de 60 % des nouveaux emplois créés sont dans le
secteur tertiaire justement et que la députée parle du secteur
tertiaire. On peut dire qu'il y a des centaines de milliers d'emplois qui sont
créés dans le secteur tertiaire chaque année au
Québec et s'il fallait qu'on ait besoin d'un bon d'emploi dans chacun de
ces emplois créés, je peux dire que c'est tout le budget du
gouvernement qui y passerait. Donc, l'argument ne tient pas.
Mme Blackburn: M. le Président, on ne peut pas dire
n'importe quoi sous prétexte que les gens n'ont pas le document en main.
Ce que j'ai cité est tiré, je le rappelle, des résultats
du sondage portant sur l'attraction du programme Bon d'emploi plus
auprès des employeurs. Je vais me permettre de relire le bout que le
ministre n'a pas lu parce que cela ne faisait vraisemblablement pas son
affaire: Dans la fabrication, le programme est vu comme un avantage
monétaire pour compenser la perte de productivité durant les
premiers mois d'apprentissage des jeunes. C'est vu comme un avantage
monétaire pour l'entrepreneur. Ce n'est pas vraiment vu comme un
avantage réel pour l'employé. On sait que, de toute façon,
dans la fabrication, le bon d'emploi est peu utilisé, il est peu
courtisé. Dans les services professionnels, il n'est pas davantage
utilisé. Dans les services tertiaires, c'est 78 % des personnes qui ont
un bon d'emploi qui se placent dans le tertiaire. Et toujours tiré du
même texte... Je n'ai pas dit que tous les emplois du Québec
étaient créés à partir de Bon d'emploi plus, ne
soyons pas ridicules, cela touche les assistés sociaux, donc une partie
des travailleurs potentiels et non pas tous les travailleurs potentiels. Tout
ce que je dis, c'est dans ce document... Il est précisément
cité, en page 3, que dans le secteur commercial, on engage surtout du
personnel de soutien, comme l'a rappelé le ministre, et le bon est
devenu un critère d'embauché.
Est-ce que c'est ça, créer de nouveaux emplois? Est-ce que
ce n'est pas concret de voir les quatre personnes ici, à
l'arrière, qui viennent vous dire: Écoutez, à cause des
subventions à l'emploi, moi, dans mon emploi, je n'ai aucune
stabilité. C'est une façon, je dirais, de subventionner
l'employeur qui introduit une pratique dans un champ d'activité que l'on
connaît - c'est la conduite automobile - qui est doublement
pénalisante pour les travailleurs d'abord, parce qu'elle force un peu
les entrepreneurs à avoir recours à la même pratique,
sinon, ils ne sont pas compétitifs, et influe sur la qualité de
la formation qui est donnée aux chauffeurs, aux conducteurs de voitures,
parce qu'il n'est pas sensé de croire que lorsque vous changez, que vous
avez constamment un personnel nouveau qui n'a pas l'occasion d'acquérir
une expérience de plus de dix mois ou un an, qu'il peut donner une
formation de qualité égale à celle qu'il pourrait
transmettre s'il avait une plus grande stabilité dans son emploi. Cela a
des conséquences éventuelles pouvant entraîner des
accidents de voiture, parce qu'on n'a pas dans nos écoles de conduite au
Québec des conditions qui permettent d'avoir un personnel qui acquiert
de l'expérience au cours des années.
Vous allez me dire que c'est secondaire et que cela ne concerne pas la
question d'aujourd'hui. Mais concrètement, les quatre personnes qui sont
ici sont venues nous parler de pratiques inacceptables qui créent de la
précarité dans ces emplois. Est-ce dans ce genre de direction
qu'on veut acheminer les bénéficiaires de l'aide sociale en
prétendant qu'on crée de l'emploi?
Je le rappelle. Quand on a parlé de cette
question en Chambre, au moment où on débattait le projet
de loi 37, j'ai soulevé le cas de ce petit commerçant de la Place
du royaume, à Chicoutimi. Le ministre m'a répondu:
Écoutez, on fait confiance à la conscience des gens, des
employeurs. On espère que cela ne donnera pas lieu à ce genre de
pratique. Ma question est la suivante: Quels sont ses contrôles et est-ce
qu'il trouve ça normal? Est-ce qu'on peut appeler ça de la
création d'emplois?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Chicoutimi n'a certainement pas pris connaissance du rapport qu'a
déposé mon collègue, le ministre des Transports, la
semaine dernière et qui fait état d'une diminution des accidents
d'automobiles au Québec depuis la dernière année, ce qui
contredit ce qu'elle vient d'affirmer. Je note qu'au cours d'une
conférence de presse qu'elle a donnée récemment, la
députée de Chicoutimi, tel qu'en fait foi le journal Le quotidien
du samedi 28 janvier 1989, s'est engagée à rencontrer la semaine
prochaine le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu et à lui faire part de ses observations en matière du
programme Bon d'emploi plus et des subventions aux moniteurs en conduite
automobile. Je me rends compte que la députée de Chicoutimi tient
parole, qu'elle pourra retourner dans son comté la semaine prochaine en
produisant le Journal des débats et dire: J'ai rencontré
le ministre. J'ai fait état de mes préoccupations dans ce
dossier. Bref, la députée, dans sa conférence de presse -
elle reprend textuellement aujourd'hui les propos qu'elle a tenus devant les
journalistes de Chicoutimi - a demandé qu'on mette fin au programme de
formation des moniteurs en conduite automobile... C'est un peu ce qu'elle nous
a demandé tout à l'heure et, également, la
députée... Je cite le journal "Comme les bons d'emploi
contribuent à casser les reins d'une saine concurrence, il faudrait,
selon Jeanne Blackburn - je cite le journal, M. le Président - que le
gouvernement abandonne également ce programme." On parle toujours du
programme Bon d'emploi plus.
M. le Président, je prends note de la demande de la
députée de Chicoutimi qui veut qu'on mette fin au programme Bon
d'emploi plus. Je signale que c'est un programme qui a été mis
sur pied par le gouvernement du Parti québécois, que nous avons
maintenu jusqu'à aujourd'hui, et je présume que la
députée parle au nom de l'Opposition. Je peux lui dire que nous
allons considérer très sérieusement sa demande de mettre
fin au programme Bon d'emploi plus et que nous pourrons en traiter davantage
lors de l'étude des crédits du mois d'avril prochain.
Mme Blackburn: M. le Président, tout le monde aura compris
qu'il tient un propos ou fait une démagogie facile. Tout ce que je dis
et tout ce que j'ai dit, c'est qu'il ne faudrait pas que les bons d'emploi,
bien qu'ifs soient utiles au moment où il y a de la création
d'emplois, viennent créer artificiellement une compétition
anormale et rendre précaires des emplois qui le sont déjà
suffisamment. C'est cela que j'ai dit. Il ne faudrait pas que les bons d'emploi
servent à des employeurs pour créer une situation,
acquérir du "cheap labour" alors qu'ils ne créent même pas
d'emplois. C'est ce que je dis, et je le maintiens.
J'imagine qu'à cet égard, je dois représenter...
J'espère que je représente bien l'avis du ministre
également à savoir qu'il ne faudrait pas que les bons d'emploi
servent simplement à venir "bumper" des emplois, à mettre des
gens dehors pour faire de la place à un autre qui a un bon d'emploi.
J'espère que ce n'est pas ce que souhaite le ministre. Est-il en train
de nous dire que c'est cela qui est le bon?
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: J'aimerais faire valoir au ministre que, dans les
réponses qu'il nous a apportées, c'est comme s'il n'avait pas
clairement distingué deux programmes, soit celui des Stages en milieu de
travail et celui du bon d'emploi. Le ministre a tenu pour acquis qu'il
était normal que, dans le cadre d'un bon d'emploi, on remplace
successivement un travailleur qui a un bon d'emploi par un autre nouveau qui
obtient un nouveau bon d'emploi. Je crois au programme Bon d'emploi plus. C'est
d'ailleurs peut-être le progamme auquel je crois le plus parmi les
programmes d'emploi, mais j'y crois dans la mesure où il est
utilisé comme il est censé l'être pour la création
de nouveaux emplois. Il est absurde qu'un travailleur, moniteur dans une
école de conduite, soit remplacé chaque fois, par un travailleur
ayant un bon d'emploi. C'est là une application tout à fait
contraire aux critères d'obtention d'utilisation du bon d'emploi. Donc,
si on parle de préemployabilité, on parle de stage en milieu de
travail, c'est une chose; ce n'est pas ce dont il s'agit. Le bon d'emploi
s'applique à ceux qui sont censés avoir la formation
nécessaire, adéquate, essentielle pour occuper l'emploi. Ce ne
sont pas des gens qui ont des problèmes d'employabilité qui ont
le bon d'emploi plus, ce sont des gens parfaitement employables à qui
l'on donne le coup de pouce supplémentaire parce qu'ils auraient
été, durant un certain temps, retirés du marché du
travail ou parce qu'ils viendraient de terminer des études et qu'ils
n'auraient pas la première expérience de travail. Mais ils
correspondent à tous les critères d'embauché requis pour
l'obtention du bon d'emploi plus.
Concernant le bon d'emploi plus, le ministre doit rigoureusement
s'assurer qu'il ne sert qu'à la création nouvelle et, jamais, il
ne devra y avoir un bon d'emploi accordé lorsqu'il y a
déjà
un bon d'emploi. Je demande au ministre de bien distinguer le stage en
milieu de travail du bon d'emploi, sinon, on va complètement
discréditer le bon d'emploi plus qui est pourtant une formule qui,
à mon point de vue, répond beaucoup plus aux besoins de la
main-d'oeuvre que celui des subventions à l'entreprise.
M. Bourbeau: M. le Président, je conseillerais à la
députée de Maisonneuve de discuter avec la députée
de Chicoutimi et de tenter de faire la paix entre elles sur leur conception
quant à l'avenir du bon d'emploi.
Quant à moi, je fais référence encore une fois
à un journaliste de Chicoutimi, M. Claude Côté - vous
connaissez? Oui - qui écrit dans Le Quotidien de Chicoutimi ou de
Jonquière, je présume qu'il doit être de Chicoutimi, je ne
veux pas m'introduire dans des querelles régionales, je cite
textuellement le journal qui est devant moi: "Comme les bons d'emploi
contribuent à casser les reins d'une saine concurrence, il faurait,
selon Jeanne Blackburn, que le gouvernement abandonne également ce
programme."
Mme Blackburn: Faites référence au titre de
l'article...
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Blackburn: Dans la conduite automobile, M. le
Président...
M. Bourbeau: Non.
Mme Blackburn: ...dans la conduite automobile.
M. Bourbeau: Non, M. le Président. Mme Blackburn:
Voyons donc!
M. Bourbeau: Dans l'article en question, on traite de deux
choses...
Mme Blackburn: On ne sort pas cela comme cela.
M. Bourbeau: ...on traite de la conduite automobile et le
journaliste dit: "II faudrait donc, selon la députée, Mme
Blackburn, que le gouvernement mette fin à son programme de formation de
moniteur en conduite automobile."
Mme Blackburn: C'est le bon d'emploi en conduite automobile.
M. Bourbeau: C'est la première partie de l'article.
Mme Blackburn: Voyons!
M. Bourbeau: La deuxième partie: "II faudrait, selon
Jeanne Blackburn, que le gouver- nement abandonne également ce programme
de bon d'emploi...
Mme Blackburn: ...dans la conduite automobile.
M. Bourbeau: M. le Président, il est très
clair...
Mme Blackburn: Cela va de soi. M. Bourbeau: ...que le
programme...
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, M.
le ministre, compte tenu de l'heure, y a-t-il consentement pour continuer
quelques instants? Consentement.
Mme Harel: Le ministre va terminer parce qu'il fait une
étude littéraire...
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez
terminer, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais revenir
sur...
Mme Harel: II ne faut pas qu'il oublie de lire les titres avant
de lire les paragraphes.
M. Bourbeau: Je voudrais revenir sur... Il est 12 il 30 et on
devrait ajourner. À 14 heures, comme j'ai le droit de parole, je
terminerai, M. le Président, sur cette question des critères
d'embauché etc. J'en aurai à dire à la
députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Bélanger): II y a une suggestion
de M. le ministre qui, dans une étude des crédits, n'est pas
membre de la commission. Un membre de la commission endosse-t-il sa suggestion
pour qu'on suspende les travaux jusqu'à 14 heures? Bien. Alors on se
retrouve à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 il 30)
(Reprise à 14 il 10)
Le Président (M. Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux pour
procéder à la vérification des engagements financiers du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
Nous en étions au mois d'octobre 1987. Est-ce qu'il y avait
d'autres questions sur les engagements financiers d'octobre 1987? Mme la
députée de Maisonneuve?
Mme Harel: M. le Président la parole est au ministre. En
fait, il avait annoncé qu'il reprendrait la parole au commencement de
nos travaux,
cet après-midi.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement, Mme la
députée, vous avez bonne mémoire. M. le ministre, est-ce
que votre intervention était terminée ou si vous aviez encore des
choses à ajouter?
M. Bourbeau: Vous vous souvenez, M. le Président, qu'il y
avait la députée de Chicouti-mi... Est-ce que la
députée de Chicoutimi nous a quittés pour la
journée ou si on doit l'attendre un peu plus tard?
Mme Harel: La députée de Chicoutimi est
rentrée à Chicoutimi avec les gens qui l'accompagnaient, M. le
Président.
M. Bourbeau: De toute façon, ça ne change rien.
C'est parce que les propos que je voulais tenir faisaient suite à ceux
qu'avait tenus la députée de Chicoutimi. En conférence de
presse, la semaine dernière, elle avait annoncé qu'elle viendrait
rencontrer le ministre pour demander de mettre fin à deux programmes, si
j'ai bien compris: celui qui, à Chicoutimi, visait a entraîner des
moniteurs de conduite automobile et celui du bon d'emploi, enfin ce qu'en dit
le journaliste Claude Côté.
Maintenant, je présume que sa mission est accomplie. Elle a
rencontré le ministre, elle a fait son message et elle va convoquer une
nouvelle conférence de presse à Chicoutimi pour donner le
résultat de ses travaux.
De toute façon, la question qui reste en suspens, c'est celle du
bon d'emploi comme critère d'embauché. Ce matin, la
députée de Chicoutimi alléguait que, finalement, il
était de commune renommée, dans son coin en tout cas, que s'il
n'y avait pas de bon d'emploi, il n'y avait pas d'embauché. Elle se
basait sur un document qui émane de la Direction de l'évaluation
des programmes du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Là encore, elle ne fait qu'une lecture
fragmentée ou partielle du document. Il fallait s'y attendre. Ce matin,
si j'avais eu le temps de prendre la parole avant la fin, on aurait
peut-être pu replacer les propos dans un contexte un peu plus large. Il
est un fait que l'évaluation du programme indique qu'un certain nombre
d'employeurs participants considéraient que le bon d'emploi était
un facteur extrêmement intéressant dans l'embauche. Il faut bien
qu'on réalise que le bon d'emploi est un programme utilisé pour
venir en aide aux jeunes surtout. C'était un programme qui s'adressait
aux jeunes de moins de 30 ans, aux jeunes sans emploi et
bénéficiaires de l'aide sociale, bref, une catégorie de
citoyens sans expérience de travail en tout cas à qui -
après avoir passé par des problèmes d'employabilité
- on décernait un bon d'emploi. Ces gens-là ne se
présentent pas sur le marché du travail avec une grande
expérience. En fait, ce sont de jeunes travailleurs
inexpérimentés, il faut bien le reconnaître. Oui,
inexpérimentés. La députée de
Maisonneuve me regarde avec des yeux inquisiteurs...
Mme Harel: Pas nécessairement jeunes, M. le ministre. Le
bon d'emploi est ouvert à toute personne de plus ou de moins de 30
ans.
M. Bourbeau: En fait, c'est vrai qu'à votre âge on
considère que 30 ans ce n'est pas jeune. Pour moi, évidemment, je
considère que c'est encore jeune quand on est dans la vingtaine. Ce sont
des gens dans la vingtaine. Forcément, puisqu'ils ont moins de 30 ans.
Quant à moi...
Mme Harel: Excusez-moi, M. le ministre, je pense qu'il y a une
information qui ne vous a pas été transmise. Le bon d'emploi est
ouvert aux plus de 30 ans également. Vous venez de prétendre que
le bon d'emploi était ouvert aux moins de 30 ans et vous pensez qu'il
n'est offert qu'aux jeunes. Pas du tout. C'est offert à toute personne,
quel que soit son âge.
M. Bourbeau: Ce que la députée de Maison-neuve ne
sait pas, c'est que le document sur lequel l'Opposition se base pour faire la
critique a été fait sur le bon d'emploi à l'époque
où il ne s'appliquait qu'aux moins de 30 ans. Alors c'est donc exact de
dire que le document en question porte sur le bon d'emploi appliqué
uniquement à la clientèle de moins de 30 ans, donc, la
clientèle dans la vingtaine. Et ce sont des jeunes qui se sont
présentés pour se faire employer, donc des gens sans
expérience et les employeurs en ont tenu compte. C'est évidemment
la rentabilité, si on peut parler ainsi, ou la productivité qui
est susceptible d'être moins intéressante, moins grande, quand
l'employé n'a aucune expérience. Et c'est pour ça que le
bon d'emploi vient bonifier l'emploi, vient dorer la pilule, si je peux dire,
de façon à rendre attrayant ce qui pourrait l'être moins en
raison du manque d'expérience.
Et l'évaluation dont on parie... La députée a
cité la partie de l'évaluation qui dit que 43,8 % des employeurs
participant considéraient le bon d'emploi comme un des critères
d'embauché, mais elle n'a pas cité le reste qui dit que lorsqu'on
demandait à l'employeur ce qu'il avait fait du poste après le
départ du jeune, 40 % ont répondu qu'ils remplaceraient cette
personne par quelqu'un ayant plus d'expérience. Donc, on voit quand
même que le manque d'expérience est un facteur et que si
c'était à salaire égal on préférerait
quelqu'un avec plus d'expérience. C'est là que le bon d'emploi
vient remplir la carence. "On peut donc déduire que ces employeurs - et
je cite toujours le document - avaient accepté de baisser certains de
leurs critères d'embauché comme l'expérience pour faire
place à un jeune et lui donner sa chance.* Je pense que cela explique la
raison du bon d'emploi, la
question du critère d'embauché peut être
évoquée. On dit aussi: "Parmi les avantages du bon d'emploi, l'un
des points les plus importants qui ressort, c'est l'attitude positive des
employeurs à vouloir donner à un jeune une chance
d'acquérir de l'expérience." Je peux citer un autre extrait; je
ne veux pas tout citer, n'en ayant pas le temps, mais on dit: En somme, il est
ouvert le bon d'emploi aux problèmes de pénurie d'emploi chez les
jeunes en autant que - j'en saute des parties - la subvention compense pour la
moindre productivité des premiers mois." C'est cela. Le bon d'emploi
vient équilibrer, pour l'employeur, la situation entre deux
employés dont l'un pourrait être expérimenté et
l'autre pas. Le montant de la subvention, d'une certaine façon,
rétablit l'équilibre.
Ce que je dis, c'est: Si l'employeur ne garde pas l'employé en
emploi, à la fin du bon d'emploi, c'est dommage, mais ce n'est pas
perdu, en ce sens que l'employé a quand même acquis une
expérience réelle de travail dans un milieu de travail. Lorsqu'il
se présentera ailleurs subséquemment pour solliciter un emploi,
il pourra faire état, non seulement d'une expérience en mesure
d'employabilité, en stage et en milieu de travail, mais il pourra
également dire qu'il a détenu un véritable emploi dans un
milieu de travail et qu'il a acquis de l'expérience réelle en
emploi. Je pense donc que c'est positif et que, même si, malheureusement,
l'emploi n'est pas conservé la première fois, il est possible
que, dans une deuxième tentative, il puisse se décrocher un
emploi sans avoir à recourir au bon d'emploi. Bref, cette
expérience m'apparaît positive, même si on souhaiterait,
bien sûr, que tous les emplois deviennent permanents.
Voilà, M. le Président, ce que je voulais dire au sujet du
bon d'emploi. Je suis disposé à en parler encore si la
députée de Maisonneuve le désire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'ai eu l'occasion, ce midi,
de parler avec des personnes qui connaissaient une sorte d'échec du fait
de ne pas avoir été retenues à l'emploi malgré
leurs qualifications, leur intérêt et leur investissement
personnel dans le travail. C'est plus un syndrome d'échec dont on peut
parler pour les personnes qui se qualifient à tous égards et qui,
malgré les efforts qu'elles font, finissent par constater que ces
efforts ne portent pas parce qu'elles se retrouvent finalement dans la trilogie
que l'Opposition du temps, devenue le gouvernement depuis,
dénonçait celle-là qui consistait à un emploi,
ensuite à l'assurance-chômage, à l'aide sociale puis
à l'emploi. Cette trilogie, sous de nouvelles appellations, de nouveaux
programmes, est tout à fait celle qui, comme on peut le constater, est
malheureusement offerte aux sans-emploi du Québec.
M. le Président, nous avons encore plusieurs mois d'engagements
financiers à examiner. J'aurais souhaité que, dans le cadre de
l'étude que nous faisons des budgets des commissions de formation
professionnelle, nous puissions examiner l'ensemble de ces programmes. Ce n'est
pas peu de chose. Je rappelle au ministre que, simplement en octobre 1987, nous
pouvons constater que neuf programmes, de l'engagement 4 jusqu'à
l'engagement 12, sont censés être offerts aux personnes sans
emploi. Il faut ajouter à ça l'engagement 17, toujours en octobre
1987, et l'engagement 31 de septembre 1987, pour un montant de 3 555 000 $; au
total ça fait onze programmes, seulement pour les mois de septembre et
octobre.
Évidemment, ces onze programmes sont distincts des programmes
qu'on retrouve dans l'entente fédérale provinciale. Dans cette
entente, il y a les programmes de formation préparatoire à
l'emploi qui comprennent les programmes de formation générale de
niveau secondaire, de formation professionnelle de niveau secondaire et
collégial, de formation sur mesure pour travailleurs en emploi, des
programmes d'apprentissage, ensuite, il y a les programmes de
développement de l'emploi, les PDE. Cela comprend l'intégration
professionnelle, d'autres, qui s'appellent innovation, d'autres qui s'appellent
acquisition de compétences, d'autres qui concernent les pénuries
de main-d'oeuvre, d'autres à l'article 38 et il y en a d'autres qui
portent le nom de Formation sur mesure en établissement. C'est
évidemment à part des travaux communautaires, du rattrapage
scolaire, des retours aux études postsecondaires et ça ne
comprend évidemment pas les bons d'emploi plus, les Jeunes promoteurs,
les Jeunes volontaires, les SEMO et c'est sans tenir compte des nouveaux
programmes du BAS. C'est évident qu'une chatte n'y retrouverait pas ses
chats.
Ce que je veux vous dire c'est que, partie comme je le suis à la
recherche des programmes pour les sans-emploi, je me suis rendu compte qu'il y
avait là une sorte de fouillis Inextricable, qu'il y avait, finalement,
une absence de politique intégrée de main-d'oeuvre, que la
multiplicité des programmes n'était rien à comparer avec
la multiplicité des critères d'admissibilité aux
programmes et que, finalement, non seulement il y avait un problème tout
simplement pour se retrouver dans les programmes, mais qu'en plus - ce que j'ai
pu constater durant le mois de janvier qui vient de se terminer, après
une rapide tournée - au Québec, il n'y avait plus du tout - et je
pèse mes mots - de placement des sans-emploi. Cet abandon que le
Québec a fait en transférant sa juridiction entre les mains du
fédéral, il y a trois ans, sous prétexte de cesser de
faire double emploi, a été une sorte de trahison à
l'égard des sans-emploi parce que le fédéral, il y a un an
et demi, a lui-même abandonné le placement.
J'ai moi-même pu visiter les nouveaux libres-services dans les
centres d'emploi et
d'immigration du Canada, des libres-services avec des
panneaux-réclame sur lesquels on vous affiche des postes qui, comme j'ai
pu moi-même le vérifier, sont occupés au moment même
où ils sont affichés. La personne avait entre les mains des
postes à afficher sur les panneaux-réclame et les gens qui
m'accompagnaient les ont immédiatement pris, avant que toute autre
personne puisse faire les contacts. Ils se sont adressés, avec le
numéro, au comptoir où on leur donnait le numéro de
téléphone de l'employeur et, là, on leur a dit que
c'était trop tard. Il n'y a plus d'accompagnement de la main-d'oeuvre,
il n'y a plus de soutien, il n'y a plus de conseillers et je vous dis - je n'ai
pas terminé, il me reste encore tout le mois de février avant
notre retour en mars...
M. Bourbeau: Parlez-vous du fédéral quand vous
dites qu'il n'y a plus de conseillers?
Mme Harel: Je parle de l'abandon que vous avez fait, entre les
mains du fédéral, de la fonction de placement de la main-d'oeuvre
du Québec.
M. Bourbeau: L'incident que vous relatez... Mme Harel:
C'est dans les centres... M. Bourbeau:
...fédéraux.
Mme Harel: ...d'emploi fédéraux à qui vous
avez confié le placement de la main-d'oeuvre du Québec. Je vais
inviter le ministre et mes collègues de la commission à aller
faire un tour - ça vaut vraiment la peine - dans un centre d'Emploi et
Immigration Canada. J'y suis allée parce que j'ai fait des entrevues
avec Gilles Proulx, à CJMS, qui accusait les assistés sociaux
d'être des paresseux et qui invoquait que, sur la rue Ontario, dans mon
secteur, il y avait de grands panneaux-réclame où il y avait
plein d'offres d'emplois. Mais les offres d'emplois qui y sont affichées
sont, pour la très grande majorité, des emplois
déjà occupés au moment même où ils sont
affichés. Plus encore, l'examen que j'ai pu faire m'a
révélé que la pénétration des centres
d'immigration du Canada dans les entreprises est à peine de 20 %. Il y a
80 % des entreprises qui font appel à d'autres agences, à
d'autres moyens de placement plutôt qu'aux centres d'emploi du Canada. Il
n'y a plus de placement de la main-d'oeuvre au Québec.
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment tout cela
s'est bien sûr passé avant mon arrivée. Je me fais raconter
un peu la petite histoire. Disons qu'il se faisait du placement
général au ministère et qu'il s'en faisait aussi au
gouvernement fédéral. C'était un peu un genre de
compétition qui se faisait. Qui avait le meilleur placement?
C'était faire double emploi en tout cas. Cela n'était pas
très efficace au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Je suis bien à l'aise de le dire, M.
le Président, parce que cela se faisait avant nous, bien sûr, sous
le Parti québécois. En ce qui concerne la performance, il y avait
vraiment rien là pour se vanter à la télévision ou
à la radio. On a jugé bon, à ce moment-là, de
concentrer nos efforts. On n'a rien abandonné, mais on a
concentré nos efforts sur des formes de placements à
l'égard de la clientèle la plus démunie. Par exemple, des
efforts additionnels ont été faits avec le réseau des
SEMO. C'est du placement individualisé et spécialisé que
l'on fait - la députée de Maison-neuve le sait - à
l'égard d'une clientèle extrêmement démunie et
à l'égard des handicapés, par exemple, des jeunes et des
femmes, etc. Là, on fait vraiment du placement à la petite
cuillère, avec beaucoup de suivi et d'une façon exemplaire.
D'ailleurs, le réseau de SEMO a sa renommée.
Le bon d'emploi est aussi une forme de placement que l'on fait,
individualisé là aussi. Donc, il n'est pas exact de dire que nous
ne faisons pas de placement. Nous en faisons du placement, cependant, nous
avons décidé de concentrer nos efforts dans certains domaines,
afin d'être plus efficaces. À vouloir tirer dans toutes les
directions en même temps, finalement, on n'obtenait pas grand-chose,
avant notre arrivée au ministère. Il y a beaucoup d'argent qui se
dépensait pour peu de résultats. Alors, la députée
de Maisonneuve peut porter ses jugements, mais je lui dirai qu'avec le nouveau
programme que j'ai annoncé et dont les détails seront connus plus
tard de subvention salariale, là il va se faire du placement toujours
pour notre clientèle, soit celle, bien sûr, des plus
démunis, la clientèle de la sécurité du revenu.
L'intention du gouvernement est de faire du placement et d'en faire beaucoup,
puisque nous avons l'intention d'offrir des emplois à un grand nombre
d'assistés sociaux.
Alors, je pense qu'il n'est pas exact de parler, comme l'a fait la
députée de Maison-neuve, de trahison, d'abandon. La
députée de Maisonneuve sort son vocabulaire des grands jours,
mais, finalement, tout cela n'est pas tout à fait exact.
Mme Harel: M. le Président, sur ces engagements, le
ministre aura, durant les mois qui viennent à répondre des
décisions qui ont été prises par son gouvernement. Sous
prétexte qu'avant, on tirait dans toutes les directions, il n'y a
maintenant plus personne qui tire nulle part. On se réfère au
placement qui se fait dans les SEMO qui est infime, je pense que ça
n'atteint même pas 2 % de la clientèle des sans-emploi au
Québec, et encore faut-il faire partie des clientèles dites
marginales puisque les SEMO ne sont pas accessibles à l'ensemble de la
main-d'oeuvre. Alors, c'est évident que, malheureusement, sous
prétexte de ne pas faire double emploi, il ne se fait pas de placement.
J'invite le ministre à aller vérifier sur place ce qui ne se
fait plus dans les centres d'immigration du Canada, à qui il a
confié le placement de la main-d'oeuvre du Québec.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve parle comme si on était dans la perspective d'un
Québec souverain, indépendant où le Québec devait
tout faire tout seul. Mais nous vivons dans un contexte fédéral
où le gouvernement fédéral lui aussi a une
responsabilité, qu'il reconnaît, en matière de
main-d'oeuvre et de sécurité du revenu. La députée
sait que le gouvernement fédéral paie 50 % de tous les
coûts de la sécurité du revenu et que, dans les cas de
main-d'oeuvre, c'est même supérieur à ça. Les
budgets du gouvernement fédéral sont importants au Québec,
en matière de main-d'oeuvre, on le sait. Alors, il est normal que le
fédéral paie, forcément, puisque c'est sa
responsabilité de même que celle du Québec. La
responsabilité est partagée. Il n'y a là absolument rien
qui fait en sorte que ce ne soit pas correct. Au contraire, c'est de la saine
gestion et de la bonne administration que d'éviter de faire double
emploi. (14 il 30)
Cela donne quoi, par exemple, d'avoir chacun nos bureaux dans tout le
Québec, dans toutes les régions du Québec pour faire
exactement la même chose? Ce serait véritablement aberrant que les
deux gouvernements concurrencent pour la même chose. Sur une somme de 600
000 000 $ qui est dépensée au Québec en main-d'oeuvre, il
y a un peu plus que 400 000 000 $ - je crois que c'est 431 000 000 $ - qui
viennent du gouvernement fédéral. Donc, un peu plus que les deux
tiers de la somme proviennent du gouvernement fédéral, il faut au
moins que le fédéral fasse un peu sa part avec une telle somme et
des efforts semblables. Donc, moi, je n'ai absolument pas honte de dire que le
fédéral peut s'occuper du placement privé, qu'on peut
très bien lui laisser la responsabilité de ce domaine-là
et que le Québec peut très bien concentrer ses efforts sur la
clientèle la plus démunie, soit celle de l'aide sociale. Ce
serait peut-être une façon plus logique de procéder. Je
sais que, sous l'ancien gouvernement, on ne croyait pas à ce genre de
collaboration avec le gouvernement fédéral. On voulait faire
double emploi pour à peu près tout ce qui existait au
fédéral, y compris avoir sa propre compagnie d'aviation,
Quebecair, ainsi que tous les autres services gouvernementaux. Nous avons une
philosophie différente. Nous pensons que nous travaillons avec le
fédéral comme des partenaires et qu'il y a moyen de s'entendre
pour avoir une meilleure efficacité, une meilleure efficience des
fonds.
En ce qui concerne le placement, dans les prochains mois, nous allons
intensifier nos efforts pour tenter de réinsérer à
l'emploi la clientèle la plus démunie, soit celle de l'aide
sociale ou de la sécurité du revenu. Le program- me de subvention
salariale sera justement axé sur ça. Dans ce sens, je pense que
nous avons manifesté une intention claire et évidente de
travailler à placer en emploi la clientèle de l'aide sociale.
J'espère qu'on atteindra nos objectifs dans les meilleurs
délais.
Mme Harel: Malheureusement, je constate que le ministre se lave
les mains de ce que le fédéral ne fait plus. Sous prétexte
de faire cesser ce double emploi, le ministre n'a même pas cru bon de
vérifier de quelle façon le fédéral s'acquittait de
ça, pour M. et Mme Tout-le-Monde sans emploi au Québec,
susceptibles de devenir des bénéficiaires de l'aide sociale s'ils
n'obtiennent pas au bon moment le soutien qui peut les aider à se
réinsérer rapidement après la perte d'un emploi.
De toute façon, le ministre le sait, je l'en ai informé ce
matin, comme porte-parole de l'Opposition en matière de main-d'oeuvre et
sécurité du revenu, je procède présentement
à l'examen le plus rigoureux possible de toute cette question. J'ai
constaté des aberrations. Je vous mentionnais que les centres Emploi et
Immigration Canada, à qui le Québec a confié le placement,
ont un taux de pénétration d'à peine 20 % et qu'il y a une
prolifération d'agences de placement privées, à cause du
manque de responsabilité des pouvoirs publics en matière de
main-d'oeuvre. Mais on aura l'occasion de revenir là-dessus. M. le
Président, on va devoir...
Le Président (M. Bélanger): Sur les engagements
financiers d'octobre 1987, est-ce qu'il y a d'autres questions? Est-ce que le
mois...
Mme Harel: Je veux inviter le ministre à...
Le Président (M. Bélanger): Le mois d'octobre 1987
est-il vérifié?
Mme Harel: Simplement, en ce qui concerne l'engagement 14...
Le Président (M. Bélanger): Bien, madame. M. le
ministre, l'engagement 14.
Mme Harel: L'engagement 14 concerne une subvention...
M. Bourbeau: Je m'excuse. Je n'ai pas compris, quelqu'un a
toussé. C'est l'engagement...
Le Président (M. Bélanger): La question porte sur
l'engagement 14.
M. Bourbeau: L'engagement 14 d'octobre?
Le Président (M. Bélanger): On y va.
M. Bourbeau: Cela va. Bon!
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: L'engagement 14 porte sur une subvention de 30 000 $
au programme Action revitalisation Hochelaga-Maisonneuve (PAR-HM), à
titre d'aide financière pour la mise sur pied d'un comité
employable dont la mission sera de faciliter et de maximiser la
réinsertion sur le marché du travail de la population active sans
emploi dans le territoire sud-est de Montréal, dans le cadre de l'accord
d'encouragement à l'adaptation de la main-d'oeuvre.
Mes questions sont les suivantes: Est-ce que le ministre entend
maintenir l'aide qu'il a apportée en octobre 1987 et est-ce que le
ministre entend soutenir à nouveau ce comité employabilité
qui, je pense, avait été annoncé dans le cadre de la
conférence de presse du ministre Daniel Johnson, l'an dernier?
M. Bourbeau: M. le Président, je regrette, la
députée dit: Je commence avec... Dans mes dossiers, je n'avais
pas le... Je viens de le trouver. Je croyais que c'était en novembre. Je
cherchais dans novembre. Là, j'arrive à octobre, j'ai
trouvé le montant de 30 000 $, mais je n'ai pas compris la question,
parce que j'étais en train de chercher. Alors, il faudrait
peut-être, avant de poser la question, s'assurer que j'ai bien compris.
La députée voltige un peu, on ne suit pas dans l'ordre. Je veux
bien que la députée voltige, mais on devrait me donner un
préavis lorsqu'on change de mois et qu'on passe à tel engagement,
sans ça, on risque que je ne suive pas. Alors, là, j'y suis, mais
je n'ai pas compris la question.
Mme Harel: M. le Président, je ne veux pas rappeler le
député à l'ordre, mais nous en étions à
examiner les engagements financiers d'octobre 1987.
M. Bourbeau: Oui, mais quelqu'un, ici, a dit novembre, alors Je
cherchais dans novembre.
Mme Harel: Je constate que c'est assez général, en
fait, assez régulier: lorsque le ministre ne sait pas la réponse,
il m'accuse de ne pas poser les bonnes questions.
M. Bourbeau: Ce n'est pas ça du tout, M. le
Président. Tout ce que je dis, si la députée... C'est
facile, vous avez le loisir de poser des questions où vous voulez. Vous
pouvez dire: Au mois de novembre, au mois de septembre, au mois d'octobre, tel
numéro, et poser la question. Pendant que vous posez la question, je
cherche dans mon livre à vous rejoindre, parce que c'est vous qui avez
l'initiative. Au moment où je trouve l'engagement, votre question est
terminée. Parfois, je ne peux pas à la fois écouter et
chercher. Alors - je ne suis peut-être pas aussi rapide que vous...
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le ministre,
nous sommes...
M. Bourbeau: ...je dis à la députée: Si vous
ne voulez pas poser vos questions deux fois, laissez-moi trouver, d'une part,
l'engagement et, après ça, posez votre question.
Le Président (M. Bélanger): Alors, c'est
l'engagement 14 d'octobre 1987.
M. Bourbeau: J'y suis, M. le Président... Mme Harel:
D'accord.
M. Bourbeau: ...mais je n'ai pas compris la question.
Mme Harel: Alors, la question, M. le ministre, est la suivante:
Vous avez financé pour un montant de 30 000 $...
M. Bourbeau: J'espère que vous n'avez pas d'objection?
Mme Harel: ...le comité employabilité. C'est un
comité qui a, je pense, bonne réputation dans le milieu du bas de
la ville. Il est composé à la fois de représentants des
milieux institutionnels, comme la CECM, le Centre d'emploi du Canada, le
cégep Maisonneuve, les commissions de formation professionnelle, et de
gens venant des milieux syndicaux, entre autres de la FTQ, je crois, et des
milieux communautaires aussi. Je pense à un certain nombre d'organismes
qui le composent. Ce comité employabilité avait été
mis en place à la suite du rapport du CREEEM, le Comité pour la
relance de l'économie et de l'emploi de l'est de Montréal. Donc,
il fait un suivi, d'une certaine façon, des recommandations du
CREEEM.
Il y a un an, votre collègue, le ministre Daniel Johnson,
annonçait une série de mesures pour donner suite aux
recommandations du CREEEM, tant pour l'entreprise et la main-d'oeuvre. En ce
qui concerne la main-d'oeuvre, votre collègue et
prédécesseur, M. Paradis, m'a si fréquemment
réitéré sa générosité qu'il m'est
impossible de ne pas vous poser cette question - et je suis certaine que mes
collègues membres de la commission se rappellent combien
fréquemment, il y a un an, le ministre Paradis invoquait ces sommes
affectées à la main-d'oeuvre de l'est - à savoir si ce
comité employabilité que vous avez financé, en 1987 - je
crois que vous l'avez aussi financé en 1988, mais je n'en suis pas
certaine... Je sais, en tout cas, que le fédéral l'a lui aussi
financé en 1987, pour 60 000 $ je crois, alors que vous, vous l'avez
financé pour 30 000 $. Mais qu'est-ce qui arrive avec l'annonce qu'avait
faite Daniel Johnson, le ministre de l'Industrie et du Commerce, concernant un
bureau consultatif? Actuellement, dans le milieu, on considère que,
depuis un an, ia
nomination de ce bureau tarde et on se demande ce qui arrive exactement
avec ça. Tantôt, vous parliez de double emploi, qu'il fallait y
mettre fin. Vous justifiez le transfert de la responsabilité de
placement au Québec par le motif du double emploi. Je veux savoir ce que
vous entendez faire avec le chevauchement entre le bureau consultatif,
annoncé il y a un an, et le comité employabilité,
financé il y a deux ans?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
aborde le dossier du plan de relance de l'est de Montréal. Je rappelle
que le 12 février 1988, le ministre de l'Industrie et du Commerce du
temps, M. Daniel Johnson, avait annoncé un plan de relance pour l'est de
Montréal d'un montant de 27 000 000 $ réparti sur trois ans: 15
000 000 $ pour les personnes et entreprises désirant profiter des
programmes existants, des commissions de formation professionnelle et 12 000
000 $ pour mettre en oeuvre la stratégie d'aide à l'adaptation de
la main-d'oeuvre de l'est de Montréal. La clientèle visée
était les travailleurs licenciés de l'est de Montréal.
L'objectif était, bien sûr, d'améliorer
l'employabilité.
Alors la situation telle qu'elle se présente est la suivante: en
matière d'identification des besoins, on a procédé
à un inventaire. Il y a eu une opération de publicité
à la radio et dans les journaux pour faire connaître
l'opération. Nous avons procédé à l'embauche de
cinq conseillers en orientation. 420 résidents ont reçu des
services d'orientation et 70 % des personnes rencontrées ont
été référées à un cours.
Maintenant, en ce qui concerne les entreprises, un inventaire du
territoire a été fait et on rapporte qu'il y aurait environ 6200
entreprises répertoriées dans le territoire. De ce nombre, 2200
entreprises ont quatre travailleurs et plus, 455 ont reçu une aide
à l'identification des besoins de recyclage et de perfectionnement, 396
sur les 455 entreprises sont des PME. Toutes les entreprises de 20
employés et plus ont été approchées. Finalement, il
y a eu l'embauche de quatre conseillers en main-d'oeuvre pour
l'évaluation des besoins et la mise en oeuvre d'activités de
formation.
Je signalerais maintenant que 102 entreprises ont été
touchées pour un montant de 780 000 $ et 1969 personnes ont
été touchées par ces mesures. Ces projets spéciaux
concernent la conservation des emplois, le déplacement de la
main-d'oeuvre et le réemploi, l'aide à la création
d'emplois et à l'"entrepreneurship" local ainsi que les initiatives
locales.
La situation au 31 mars 1989. Les sommes engagées à ce
jour par la Commission de formation professionnelle pour l'exercice financier
courant 1988-1989 totalisent 1 082 200 $ et se répartissent comme suit:
identification des besoins de la main-d'oeuvre, c'est-à-dire les
ressources professionnelles: 160 000 $...
Mme Harel: Je ne sais pas si le ministre s'est rendu compte qu'il
a fait référence au 31 mars 1989.
M. Bourbeau: Excusez-moi. J'ai dit engagements au 31 mars, ce
sont les prévisions de dépenses estimées au 31 mars
1989.
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: ...identification des besoins des entreprises,
ressources professionnelles: 130 000 $; préservation des emplois
excluant le PSFE, le programme de formation d'entreprises financé
à même les budgets existants: 538 000 $; déplacement de la
main-d'oeuvre, réemploi: 1200 $; aide à la création
d'emplois et l"'entrepreneurship" local, fonds pour initiatives locales: 63 000
$ et finalement coordination des activités, frais d'administration, de
personnel technique et de soutien: 690 000 $. Total: 1 082 200 $. M. le
Président, je pense que ça signifie que le projet est en marche,
qu'il démarre, qu'il est en voie de réalisation.
En ce qui concerne le bureau consultatif, les informations que je
possède sont à l'effet que l'annonce de ce bureau devrait se
faire incessamment. C'est dans la machine gouvernementale et on devrait
connaître des développements incessamment. (14 h 45)
Mme Harel: M. le Président, je remercie le ministre de ses
informations. Mais le ministre de l'Industrie et du Commerce avait
annoncé le 12 février dernier, il y a bientôt un an, qu'un
montant de 27 000 000 $ devait être consacré à la
main-d'oeuvre de l'est, aux sans-emploi de l'est. Je me permets de constater
qu'il va y avoir, pour l'année qui vient de s'écouler, presque
les deux tiers de la somme prévue qui seront périmés. Avec
les chiffres que vient de me fournir le ministre et compte tenu que 12 000 000
$ devaient être consacrés - c'est l'annonce qu'avait faite le
ministre de l'Industrie et du Commerce - aux mesures spécifiques
à l'est et que, parmi ces 12 000 000 $ répartis sur trois ans, 3
270 000 $ devaient être dépensés pour l'année
1988-1989, compte tenu des prévisions que le ministre vient de me
transmettre pour l'année 1988-1989 jusqu'au 31 mars, prévisions
de dépenses de 1 082 000 $, sur le total de subventions annoncées
pour l'année 1988-1989 de 3 270 000 $, il faut constater que plus de 2
200 000 $ - les deux tiers de la somme - n'auront pas été
dépensés et seront vraisemblablement périmés par le
ministre. Est-ce que la situation des sans-emploi serait suffisamment
modifiée de manière à ne plus nécessiter ces fonds?
On doit malheureusement constater que, pour l'ensemble de l'est de
Montréal, les sans-emploi dont le nombre était
évalué par le Comité de relance de l'économie et de
l'emploi, le CREEM, à 32 000, respectivement deux tiers sur
l'assurance-chômage et un tiers de bénéficiaires d'aide
sociale, trois ans plus tard, à
l'automne 1988, selon les estimations que j'ai pu faire avec les
fonctionnaires fédéraux qui ont ces chiffres, il y aurait
maintenant 33 000 sans-emploi dans l'est de Montréal, que sensiblement
rien n'a été modifié à la baisse, pendant que le
ministre constate que les deux tiers des subventions prévues pour la
main-d'oeuvre seront périmés. Comment peut-il justifier les
estimations qu'il vient de me transmettre?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée a
raison de dire qu'il y a un écart entre les montants
budgétisés et les montants qui seront vraisemblablement
dépassés, pour l'année courante en tout cas. je ne peux
parler pour les années futures. Ce n'est pas absolument inédit
que, dans le démarrage d'un programme aussi ambitieux que
celui-là, il y ait des retards dans la mise sur pied des infrastructures
du programme. On l'a vu dans d'autres programmes qui ont subséquemment
pris leur envol et qui sont devenus très performants.
L'expérience que j'ai eue dans le passé m'a indiqué
que, sous l'ancien gouvernement, cela avait été la même
chose. Il y a des programmes qui ont démarré très
lentement sous le Parti québécois aussi; je rappelle le programme
Logi-nove qu'on avait annoncé en 1980, qu'on a annoncé à
nouveau en 1982 alors qu'il n'avait même pas décollé et qui
a finalement démarré en 1984. Cela a pris quatre ans avant que ce
programme n'atteigne son rythme de croisière. Nous avons connu une
expérience semblable avec le programme PARCQ qui, semble-t-il,
était un fiasco la première année et qui, durant la
deuxième année, a atteint 96 % de ses objectifs et est devenu un
franc succès. Avec le programme APPORT - je suis convaincu que la
députée de Maisonneuve va revenir avec le programme APPORT
bientôt - c'est le même phénomène. C'est un programme
qui démarre et qui, dans sa phase initiale, évidemment, peut ne
pas atteindre toujours les objectifs ambitieux que nous lui avions
assignés, mais qui, en son temps, atteindra son rythme de
croisière.
Ici, c'est un peu la même chose. J'aimerais simplement signaler
que cela a peut-être pris un peu plus de temps à mettre sur pied
les structures nécessaires. L'un des aspects les plus coûteux du
programme est le développement d'un service de reconnaissance des
compétences professionnelles qui en est au stage de développement
Initial. J'aimerais signaler que les sommes affectées à certaines
activités de formation réalisées dans 31 entreprises et
touchant 277 employés ont été comptabilisées dans
les programmes existants pour une somme de 964 000 $. On peut donc dire que, si
la somme prévue n'est vraisemblablement pas dépensée, on
doit quand même comptabiliser cette somme de 964 000 $ qui a
été effectivement dépensée sur le territoire et non
Imputée à ce budget-ci. C'est donc d'une somme d'un peu
au-delà de 2 000 000 $, dont on devrait parler comme ayant
été investie dans l'est de Montréal.
Cependant, quant à l'aide à des intitiatives locales,
aucune demande n'a été reçue jusqu'à maintenant de
la part des organismes concernés.
M. le Président, on me signale également que bon an mal
an, indépendamment du programme que nous avons devant nous ici, la
Commission professionnelle de Montréal métro dépense
chaque année, 5 000 000 $ pour le territoire de l'est de
Montréal. Ces sommes sont dépensées. On ne va pas dire que
nous dépensons uniquement 1 082 000 $ qui est maintenant devenu 2 000
000 $. Il faut ajouter les 5 000 000 $ qui sont dépensés de toute
façon dans l'est de Montréal par la CFP. Alors, ça change
un peu le portrait quand même. Ce sont des sommes
intéressantes.
Mme Harel: Cela ne change pas le portrait, M. le ministre, parce
que dans l'annonce qui avait été faite, votre collègue ne
s'était pas contenté d'annoncer un montant de 12 000 000 $
spécifique à l'est, il avait arrondi la somme. C'est un montant
de 27 000 000 $ qui a été annoncé à grand renfort
de communiqués de presse. Dans le montant global de 27 000 000 $ qui
était annoncé, il y avait ces programmes déjà
existants et qui totalisaient 15 000 000 $ pour les trois années et qui
nous amenaient donc à prévoir que, comme d'habitude, l'argent
allait se dépenser, là comme ailleurs, dans d'autres
régions du Québec. Mais le ministre Johnson, lui, l'avait
privilégié en en faisant des communiqués comme si
c'était là un fait particulier dont devaient se féliciter
les résidents de l'est de Montréal.
Au total, c'est un montant de 8 270 000 $ qui était prévu
pour l'exercice financier 1988-1989. C'est évident que, compte tenu que
vous allez certainement nous transmettre dans le courant de la journée
les chiffres dont on a parlé ce matin, c'est-à-dire la
ventilation par commission de formation professionnelle par programme, nous
allons pouvoir identifier, ce qui n'est pas possible actuellement, compte tenu
de la façon de nous transmettre les informations, l'argent qui est
effectivement dépensé pour la main-d'oeuvre sans emploi.
Pour tout de suite, dans l'est, ce que je dois conclure c'est que sur la
somme prévue de 3 270 000 $, il y en a toujours deux tiers qui,
malheureusement, n'ont pas été dépensés et que par
ailleurs l'ensemble des autres programmes existants, comme dans les autres
régions du Québec, ont financé des activités. il
n'y a rien de nouveau là-dedans.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais quand même
ramener ça dans une perspective. La députée parle d'une
somme annoncée de 8 270 000 $. C'est ça?
Mme Harel: C'est ça.
M. Bourbeau: Là-dessus, il faut prendre le montant de 5
000 000 $, qui représente un tiers du montant de 15 000 000 $ qui, lui,
est dépensé.
Mme Harel: 11 n'a pas encore été
dépensé, c'est une subvention. Cela va dépendre de la
manière dont les programmes auront performé ou non. Pour tout de
suite, j'espère que vous avez raison, mais j'ai peur que vous ayez
tort.
M. Bourbeau: Disons qu'il est un peu prématuré de
porter un jugement. On me dit que bon an mal an, on dépense ce montant
de 5 000 000 $. Donc, on devrait être capables de le dépenser.
Après, il reste le montant de 1 082 000 $ dont j'ai parlé
tout à l'heure qui, vraisemblablement sera dépensé. Il
faut ajouter à ça le montant de 964 000 $ dont j'ai parlé
également tout à l'heure qui affecte 31 entreprises bien
identifiées dans l'est de Montréal et touché 277
employés. Ce sont des montants qui sont dépensés dans
l'est de Montréal.
Mme Harel: Ils ne faisaient pas partie du montant de 3 000 000 $.
Ils faisaient partie des programmes existants.
M. Bourbeau: Ils sont comptabilisés dans les programmes
existants mais sont dépensés dans l'est de Montréal.
Donc un montant de 2 000 000 $ est dépensé en plus du
montant de 5 000 000 $. Si on ajoute ces deux montants, ça fait 7 000
000 $.
La députée parle d'annonce de 8 200 000 $.
Déjà, je vous pointe du doigt 7 000 000 $. Il n'y a pas de quoi
crier au scandale. On n'atteint peut-être pas l'objectif exact
prévu mais on n'en est pas à ce point éloignés.
Comme on est en phase de démarrage, ce n'est pas un
phénomène nouveau. Cela arrive assez fréquemment comme
ça, au gouvernement, que dans la première année d'un
programme, on ne réussisse pas à atteindre pleinement les
objectifs.
Mme Harel: À dix jours près, il faut constater que
le démarrage a duré un an. Puisque c'est le 12 février
dernier que l'annonce était faite. Il faut constater que le ministre
présume qu'on doit additionner les 5 000 000 $...
M. Bourbeau: Vous êtes au courant.
Mme Harel: ...aux 964 000 $. Le ministre présume
simplement mais ici, devant la commission, prétendre de façon
certaine que ces 5 964 000 $ ont été dépensés dans
l'est de Montréal sur le territoire, c'est un peu surréaliste
parce que c'est additionner les 5 000 000 $ en plus du montant qui a
été consacré à la formation en entreprise.
M. Bourbeau: II est difficile de donner les chiffres exacts. La
députée sait fort bien que dans une entreprise, on fait le bilan
à la fin de l'année. Les vérificateurs s'amènent
trois mois après. C'est six mois après qu'on sait si on a
réellement dépensé les sommes d'argent. On est dans
l'année fiscale qui se termine le 31 mars, moi je ne peux pas d'avance
dire à la députée, on va dépenser exactement 5 000
000 $, ou 4 900 000 $ ou 5 200 000 $. Tout ce que je peux dire à la
députée, c'est que la question est prématurée.
Attendons de voir la fin de l'année fiscale. On regardera dans les
livres après.
Je voudrais bien être en mesure de renseigner la
députée. Je ne peux quand même pas prévoir l'avenir.
Je ne suis pas un devin.
Mme Harel: M. le Président, le ministre, un an
après l'annonce qui en avait été faite, nous dit - j'ai
pris en note, d'ailleurs, exactement - que c'est dans la machine la nomination
du bureau "aviseur" et que ça ne devrait pas tarder. Je lui
répète la question que je lui ai posée initialement.
Pourquoi un bureau "aviseur", qui va faire duplication, avec le comité
employa-bilité que l'on retrouve à l'engagement 14? Le ministre
est certainement au courant qu'il y a des entreprises du secteur et l'ensemble
du milieu concerné lui ont écrit pour invoquer que ce bureau
conseil ferait double emploi, ne serait que duplication et qu'il se
révélerait totalement inutile de dédoubler les structures,
compte tenu de ce comité employabilité qui a déjà
une entente avec le ministère. J'avertis le ministre que lorsqu'il va
faire l'annonce de ce bureau, ce dernier va s'ajouter à une table de
concertation, mise en place par les trois gouvernements, qui devrait avoir sa
première rencontre bientôt. Il va aussi s'ajouter à un
comité employabilité. Par ailleurs il y a une entente avec la
Main-d'Oeuvre et la Sécurité du revenu, ce bureau va s'ajouter
à un comité directeur qui fait le suivi des recommandations du
CREEM, ça va être malheureusement un immense éclat de rire
quant un nouveau comité va être ajouté par le ministre
à la planopfie de ceux qui ont déjà été mis
en place.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve prétend que le comité "aviseur" dont le nom se fera
incessamment...
Mme Harel: Pour les distinguer des commissions
employabilité, le bureau...
M. Bourbeau: ...ferait concurrence au comité dont on parle
ici à l'engagement 14. Un comité d'employabilité dont la
mission sera de faciliter et de maximiser la réinsertion sur le
marché du travail de la population active sans emploi dans le territoire
sud-est de Montréal. C'est bien ce que prétend la
députée, n'est-ce pas?
Mme Haref: Oui.
M. Bourbeau: Maintenant, je ne crois pas, nous ne croyons pas
que, effectivement, ces deux organismes se fassent concurrence. Ils ne
participent pas de la même problématique. Le sous-comité
dont parle la députée... (15 heures)
Mme Harel: Auquel siègent, je vous le rappelle, à
la fois des chefs d'entreprises, mais pas n'importe quels puisque je crois que
le président a amené le vice-président de Johnson &
Johnson où siègent tous les corps institutionnels, y compris le
cégep, la CECM, Emploi et Immigration du Canada, les centres
Travail-Québec, le module d'aide sociale de Montréal.
M. Bourbeau: On ne comprend pas tous la même chose ici
autour de moi. Je comprends une chose, mon conseiller de droite comprend autre
chose et M. le sous-ministre autre chose des propos de la députée
de Maisonneuve. Est-ce que vous parlez d'une table de concertation, du
comité employabilité, du comité dont il est question
à l'engagement 14? Vous parlez également du bureau aviseur. On
aimerait comprendre de façon à pouvoir répondre à
la députée. J'avais cru comprendre que la députée
nous reprochait de mettre sur pied un bureau "aviseur" dont les travaux
viendraient concurrencer ou faire la duplication avec le comité Action
Revitalisation dans Hochelaga-Maisonneuve. Est-ce bien cela que la
députée prétend?
Mme Harel: M. le Président, ce que je constate...
M. Bourbeau: M. Hébert dont vous pariez est
président d'un comité de coordination d'ensemble.
Mme Harel: C'est cela. Je constate, M. le Président, qu'il
y a sur le terrain 18 sociétés, programmes, offices,
ministères ou commissions qui interviennent. C'est seulement
institutionnel: Québec, Montréal ou Ottawa: 18. Je peux vous les
énumérer. Ce que je constate à part cela, c'est que le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu finance
d'une part, un comité employabilité chargé de la
réinsertion sur le marché du travail de la population active sans
emploi, que ce comité employabilité relève d'une table de
concertation mise en place par les trois ordres de gouvernement, que cette
table de concertation est dirigée par un comité directeur mis en
place par les gouvernements et qu'il va ajouter à ces trois instances un
bureau "aviseur". Je lui demande pourquoi, pour faire quoi que les trois autres
ne font pas?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
semble nous reprocher de nous occuper de l'est de Montréal.
Mme Harel: Non, je vous reproche de multiplier les
comités.
M. Bourbeau: C'est la façon de voir les choses. La
députée pense qu'on devrait simplifier, nous pensons que c'est
suffisamment important pour qu'on s'en occupe d'une façon
structurée. Alors, nous avons mis sur pied une table de concertation.
Nous avons un bureau conseil pour nous aviser. Nous souhaitons être
avisés et c'est la façon dont nous voyons les choses. La
députée a une vision autre de la situation.
Mme Harel: Est-ce que vous n'avez pas déjà des
représentants du ministère à la table de concertation?
M. Bourbeau: La réponse est négative, M. le
Président.
Mme Harel: Est-ce que vous avez des représentants du
ministère au comité employabilité?
M. Bourbeau: Oui, nous en avons, M. le Président.
Mme Harel: Alors, vous allez donc avoir des représentants
au comité employabilité qui vous avisent et vous allez mettre sur
pied un bureau conseil pour vous aviser?
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Est-ce qu'ils vont se réunir entre eux aussi?
Peut-être un sous-comité de ceux qui participent au
comité.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un fonctionnaire qui
siège au comité employabilité. Au comité "aviseur",
ce sont des gens à l'extérieur du gouvernement qui ont
accepté d'y servir. C'est donc une perspective différente qu'ils
vont apporter. Ce ne sont pas des gens qui ont le même type
d'activités et qui sont susceptibles d'apporter un éclairage
différent. Nous ne voulons pas nous priver de cet éclairage
différent.
Maintenant je reconnais que la députée peut avoir des vues
différentes. Elle peut être d'une école qui voudrait que
l'on simplifie la structure à outrance. Nous pensons que le programme
est complexe, que la situation demande ce genre de structure-là pour
pouvoir faire un bon travail. On verra à l'usage si nous avons eu raison
ou si c'est la députée qui aura eu raison, mais on ne saura
jamais si la députée a eu raison puisqu'on ne suit pas ses
conseils.
Mme Harel: M. le Président, je constate que ce qui servait
de prétexte ou de justification - c'était au choix - au ministre
pour justifier le transfert du placement au gouvernement fédéral,
sous prétexte de ne pas faire de duplication, ce qui servait entre les
deux ordres de gouvernement, non seulement ça ne lui sert pas de
leçon, il n'utilise pas le même raisonne-
ment mais il fait la duplication au sein de son propre ministère.
Là, il ne s'agit pas de duplication entre deux ordres de gouvernement,
c'est à l'intérieur de son propre ministère. Je lui
rappelle qu'au comité employabilité il y a aussi des gens du
milieu. Que je sache, Boulot...Vers, dont on a vu d'ailleurs qu'il y avait un
engagement financier du ministère à l'égard de cet
organisme, La Puce communautaire qui est un organisme du milieu, le Pavillon
d'éducation communautaire siègent au comité
employabilité, comme on y retrouve également je crois les
travailleurs et les travailleuses syndiqués de la région de
Montréal comme on y retrouve l'Institut de recherche appliquée
sur le travail. Alors, il y a un comité employabilité qui
travaille déjà, depuis deux ans, qui est déjà
financé, on le voit par l'engagement 14 d'octobre 1987, et qui l'a
été en 1988, je crois, mais on verra ça plus loin, qui est
déjà représentatif du milieu et, en plus de cela le
ministre me dit qu'il lui faut mettre sur pied un autre bureau sur lequel vont
siéger aussi des gens du milieu. Ce sont les gens du milieu qui ne
comprennent plus où le ministre s'en va, là.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai tenté, dans mes
mots, d'expliquer à la députée comment nous voyons les
choses. J'aimerais qu'on passe la parole au sous-ministre pour une minute ou
deux afin qu'il fasse valoir le point de vue technocratique du
ministère, si la députée ne s'y oppose pas. Je pense que
c'est de nature à éclairer les membres de la commission.
Mme Harel: Certainement, je crois que malgré
l'échange que nous avons, qui porte sur les structures, il reste un
problème. Nous sommes devant le même nombre de sans-emploi
maintenant qu'il y a trois ans. Alors, j'écoute avec plaisir le
sous-ministre en titre.
M. Pronovost: La structure ou Interrelation entre les trois
organismes qui font l'objet de la discussion est conçue comme suit: Tout
d'abord le comité de coordination présidé par M.
Hébert se veut un comité de coordination d'ensemble qui s'occupe
de tous les aspects de la question de la relance de l'est de Montréal, y
incluant, bien sûr, les aspects main-d'oeuvre mais aussi les autres
aspects qui tiennent plus spécifiquement au développement
économique stricto sensu.
Le bureau "aviseur" a été conçu comme le
sous-comité main-d'oeuvre de cette grande table-là. Son mandat
principal, si je le résume en mes mots, est d'aviser la commission de
formation professionnelle sur le type de programmes et le mode de livraison des
activités mesures-main-d'oeuvre mais toujours sous la coordination du
grand comité. Idéalement, des gens siégeraient aux deux
pour faire le pont en termes de communication. Le comité "aviseur" se
préoccupe de la main-d'oeuvre et le grand comité de tous les
aspects.
Le PAR-HM dans ce portrait c'est tout simplement un organisme
privé qui a, comme on le disait tantôt, une certaine
réputation dans le milieu et qui nous a demandé des subventions
pour mener à terme certaines activités qui, évidemment,
puisqu'il s'agit d'employabilité de l'est de Montréal, peuvent
intéresser les membres de l'un ou l'autre des deux comités dont
je viens de parler ou influencer leur décision, mais c'est un organisme
privé qui bénéficie d'une subvention du ministère
comme d'autres organismes privés se préoccupant d'autres aspects
de la question peuvent aussi être subventionnés à
l'occasion par le ministère si les demandes correspondent aux
critères. C'était le dessin d'ensemble.
Mme Harel: M. le Président, c'est intéressant,
expliqué comme ça sur papier mais, est-ce que le ministre ou le
sous-ministre a consulté le comité de coordination et M.
Hébert avant de lui prévoir un sous-comité main-d'oeuvre?
Est-ce que mon information est exacte en ce sens que le comité de
coordination que préside M. Hébert - le ministre n'a pas
parlé de la table, peut-être est-ce là juste une question
d'appellation - coordonne une table de concertation? Est-ce bien le cas? Mon
information est en ce sens que le comité de coordination que
préside M. Hébert, dont les membres sont nommés par le
gouvernement, a transmis au ministre une réflexion à savoir
comment devrait fonctionner l'ensemble de la planification en regard de l'est.
Quand le sous-ministre me dit: Ce sera un sous-comité main-d'oeuvre,
s'est-il assuré auprès du comité que c'était bien
le sous-comité qu'il désirait? S'est-il assuré
auprès du comité, avant de lui adjoindre un sous-comité,
que le comité de coordination n'avait pas une autre vision des
choses?
M. Bourbeau: M. le Président, beaucoup de ces choses se
sont passées avant mon arrivée au ministère. La
députée fait allusion à des contacts qui auraient eu lieu
en partie avant et peut-être en partie après mon arrivée.
Pour ce que j'en sais depuis mon arrivée au ministère, je ne
pense pas que la table de concertation ou le comité coordonnateur ait
transmis - en tout cas, certainement pas au ministre qui vous parle -ses
observations sur la pertinence de mettre ou non sur pied un comité
"aviseur". C'est tout ce que je peux répondre à la
députée.
Mme Harel: Est-ce que je peux inviter le ministre à
beaucoup de vigilance sur cette question? Il n'est pas sans savoir, par
exemple, qu'on ne fait pas une entente avec des personnes qui se mettent au
travail de bonne foi, comme cela a été le cas avec le
comité employabilité... Le sous-ministre a beau appeler cela un
groupe privé, je pense, il reste que l'entente qui a eu lieu a permis,
durant deux années, à des gens de milieux fort différents,
mais tous représentatifs,
d'amorcer toute une démarche de réinsertion des
sans-emploi dans le sud-est. Il serait extrêmement dommageable de perdre
l'expertise qui s'est développée au sein de ce comité.
Le ministre peut s'attendre que t'annonce d'un nouveau bureau - il
appelle cela un comité, mais c'est un bureau "aviseur" - où
siégeaient des personnes dont aucune d'entre elles ne pourrait
éventuellement avoir déjà acquis cette expertise ou
développé cette vision de l'employa-bilité serait
extrêmement mal reçue dans le milieu. J'invite le ministre
à bien vérifier s'il est opportun de doubler ce qui est
déjà entrepris par quelque chose qui, un an plus tard, n'a pas vu
le jour et qui ne semble pas être attendu par le milieu.
M. Bourbeau: M. le Président, je veux bien prendre les
mises en garde de la députée et les leçons qu'elle me
sert, mais je la mettrai aussi en garde de ne pas pousser trop loin ses cris
d'alarme. Nous avons, de gaieté de coeur, subventionné
l'organisme PAR-HM pour une somme de 30 000 $. Je signale que c'est un
organisme de revitalisation de Hochelaga-Maison-neuve et que la
députée qui parle est la députée de Maisonneuve. On
sait qu'elle est très près du groupe en question. La
députée n'est peut-être pas très heureuse des
recommandations qui ont été faites pour assurer le quorum ou le
membership du bureau "aviseur". Elle aurait peut-être souhaité que
d'autres personnes y soient nommées, je ne sais trop, mais tout ce que
je peux dire, c'est que le témoignage de la députée
commence à ressembler un peu à quelque chose d'un peu
intéressé. J'en prends en partie et j'en laisse aussi en partie.
Nous voulons bien venir en aide au programme Action Revitalisation
Hochela-ga-Maisonneuve, mais dans l'est de Montréal, que je sache, il
n'y a pas que Hochelaga-Maison-neuve, il y a autre chose aussi. Et le
gouvernement ne peut quand même pas mettre tous ses oeufs dans le
même panier, panier dont on peut dire que la députée de
Maisonneuve est tout près. (15 il 15)
Mme Harel: M. le Président, je pense que le ministre n'est
certainement pas informé ou ne l'a pas été, mais il se
doit pourtant de l'être, que le programme Action Revitalisation
Hochelaga-Maisonneuve n'a plus maintenant juridiction uniquement dans le
secteur Hochelaga-Maison-neuve. Le ministre ignore, en tout cas, les propos
qu'il vient de tenir le démontrent, que le CREEEM, le Comité pour
la relance de l'économie et de l'emploi dans l'est de Montréal
mis sur pied par les trois ordres de gouvernement, et sans que la
députée de Maisonneuve n'ait fait d'aucune façon des
Interventions en ce sens, a recommandé que le suivi de ses
recommandations soit attribué au PAR-HM pour mettre en oeuvre les
recommandations qu'il faisait. Le ministre crie au loup inutilement et
très injustement, je pense, concernant les recommandations que je lui
fais. Le PAR-HM est certainement appuyé par l'ensemble de tous les
intervenants, qu'ils soient municipaux, provinciaux ou fédéraux,
et fort heureusement.
M. Bourbeau: Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu aussi puisque nous le subventionnons.
Mme Harel: Voilà! Alors le ministre a tout à fait
tort, et c'est tout à fait injuste de prétendre qu'il y a
là une sorte de, je ne sais trop, de présomption de ma part des
intérêts qui ne seraient pas ceux de ma communauté. Je
rappelle au ministre qu'il n'y a pas que moi, je ne suis pas la seule, loin de
là, puisque l'ensemble du milieu communautaire ou du milieu des
travailleurs, qu'il s'agisse des grandes ou des petites entreprises, se
retrouve avec satisfaction au sein du PAR-HM, que le CREEEM a cru bon
espérer qu'on confie au PAR-HM des responsabilités à
l'égard de l'ensemble du territoire de l'est.
Ce que je veux signaler au ministre, c'est qu'au moment où on
constate qu'il y a toujours 33 000 sans-emploi dans l'est de Montréal,
le bilan de son gouvernement est certainement trop piètre pour qu'il
prétende que c'est simplement l'implantation de comités qui va
pouvoir satisfaire la population.
Malheureusement, d'un revouvellement de comité à un autre
comité, on reporte le problème, et c'est certainement ce qui va
soulever les protestations dans le milieu. Ce qui les soulève, c'est que
le ministre se satisfasse tous les ans... Je rappelle qu'en 1987 le ministre
Johnson avait formé un comité pour l'est de Montréal; en
1988 il a annoncé un bureau "aviseur"; en 1989 le ministre va en
déterminer la composition et il y a toujours 33 000 sans-emploi dans
l'est de Montréal.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un point de vue qui
peut se défendre quand on est dans l'Opposition. Nous voyons les choses
différemment. Le gouvernement aurait pu ne rien faire, comme l'ancien
gouvernement. Nous avons décidé de bouger, de faire des choses,
nous prenons des initiatives, dépensons de l'argent et faisons en sorte
de réinsérer en emploi, ou de conserver des emplois.
Tantôt, dans le bilan que j'ai énoncé, il y avait quand
même des actions concrètes et des réalisations. Je pourrai
revenir là-dessus tout à l'heure.
Par exemple, dans les besoins de main-d'oeuvre, j'ai signalé que
70 % des personnes rencontrées ont été
référées à un cours. Nous posons des gestes
concrets dans le but d'améliorer la situation. C'est sûr qu'on ne
peut régler en un jour un problème semblable qui est le
résultat d'une détérioration qui s'est probablement
déroulée sur une période de 15 à 20 ans. La
situation doit être prise en main, corrigée, et on va y arriver
sur une période de temps, mais certainement pas dans une
année.
Maintenant, pour ce qui est du PAR-HM, la députée n'a pas
à nous dire ce qu'est le PAR-HM et à nous inciter à nous
en occuper puisque nous le faisons déjà, nous subventionnons
l'organisme. Donc, nous sommes parmi ceux qui, au premier chef, l'appuient
concrètement. Je pense que peu d'instances peuvent prétendre
avoir investi 30 000 $ dans l'organisme. Il y en a certainement d'autres qui
ont contribué, mais nous avons fait notre part. L'organisme vient de
Hochelaga-Maisonneuve, il essaime dans l'ensemble de la région, nous le
savons, et nous savons également que la députée de
Maisonneuve est très près de l'organisme et qu'il lui tient bien
à coeur. Tant mieux, sauf qu'on doit en tenir compte. Quand la
députée de Maisonneuve veut empêcher le gouvernement de
nommer un bureau "aviseur", nous ne pensons pas que le fait qu'il existe un
PAR-HM fait en sorte que nous ne devons pas créer semblable bureau. Nous
pensons que le bureau "aviseur" a sa place et que le rôle qu'il jouera ne
sera pas le même que celui du PAR-HM. Alors, c'est une façon de
voir les choses qui semble différer du point de vue de la
députée de Maisonneuve, mais ce n'est pas parce que nous
divergeons d'opinions que nous avons nécessairement tort.
Mme Harel: M. le Président, je suis très
près du PAR-HM comme tous ceux qui, dans l'est, ont vraiment à
coeur l'amélioration de la situation des sans-emploi.
M. Bourbeau: Comme nous.
Mme Harel: Je veux demander au ministre s'il entend...
Évidemment, puisqu'il invoque le bon travail qui se fait et je le lui
rappelais... Je retrouvais d'ailleurs, à l'instant même, la
recommandation du CREEEM dans les mesures qui étaient proposées
en regard de l'employabilité de la main-d'oeuvre. Elle consistait
justement à soutenir un comité employabilité du PAR-HM. La
recommandation du CREEEM, ce n'était pas un bureau "aviseur" à
côté, c'était le soutien gouvernemental au comité
employabilité.
Le ministre a décidé d'ajouter à cela un bureau
"aviseur", bon! On verra quel usage il en sera fait. Ce ne sera pas le premier
comité qui s'ajoutera à la demi-douzaine de comités que le
fédéral avait mis sur pied pour Montréal et que le
ministre entend mettre sur pied. J'aimerais m'assurer, c'est là l'objet
de ma question, auprès du ministre que ce bureau ne fera pas cesser pour
autant l'appui ou l'entente que le ministère a avec le comité
employabilité du PAR-HM.
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment ce n'est
pas moi qui décide des subventions, cela se fait selon une
mécanique connue. On m'indique qu'il n'y a pas d'intention au
ministère actuellement de modifier la décision qui a
été prise précédemment de venir en aide au
comité employabilité du PAR-HM. Sans vouloir m'engager, puisque
je n'ai pas le dossier devant moi, je n'ai rien qui m'indique que nous nous
disposons à mettre fin à cette aide.
Maintenant, ce que je ne comprends pas, c'est l'acharnement de la
députée de Maisonneuve à vouloir faire en sorte que le
gouvernement ne se dote pas d'un bureau "aviseur". Ce bureau est un organisme
bénévole, absolument bénévole qui va venir
conseiller le gouvernement et apporter un éclairage de gens
d'expérience dans le milieu. Pourquoi le gouvernement se priverait-il de
cet éclairage additionnel? Le fait que des individus, agissant
bénévolement, tentent de venir faire profiter de leur
expérience et de leur prestige la cause que nous défendons tous,
en quoi cela va-t-il préjudicier l'objectif que nous recherchons? Est-ce
que nous devons limiter l'assistance que nous recherchons à un certain
groupe, faire comme dans la chanson de Jacques Brel, Les dames patronnesses,
s'assurer que chacun puisse reconnaître ses pauvres à soi? Il n'y
a pas de raison que nous nous limitions, que nous mettions de côté
le bénévolat et l'aide que des gens peuvent apporter.
Je ne vois pas la raison de cet acharnement de la députée
de Maisonneuve. Est-ce que, dorénavant, seulement des groupes connus,
subventionnés par le gouvernement auront droit de s'occuper de la cause
sacrée et que tous ceux qui voudraient, bénévolement,
venir nous donner un coup de main seront mis de côté parce qu'ils
ne font pas partie du clan? Je ne comprends absolument pas la
députée de Maisonneuve. Vraiment, M. le Président, j'y
perds mon latin. Je ne vois pas ce qui la motive.
Mme Harel: M. le Président, écoutez, tout ça
est assez désiroire, quand on pense qu'il n'y a eu amélioration
sensible de la situation, d'aucune façon, malgré la croissance
économique que l'on connaît. Le ministre peut s'amuser à
multiplier les comités de bénévoles s'il le veut. Le
problème, c'est qu'il leur confie des mandats et que la population
s'impatiente entre-temps, parce qu'elle ne voit rien venir. Les comités
sont tous aussi composés de bénévoles.
Bénévoles pour bénévoles, pourquoi est-ce que le
ministre, qui finance déjà un comité employabilité,
n'a-t-il pas cru bon d'utiliser ces bénévoles comme étant
ceux qui, depuis deux ans du moins, ont recueilli l'expertise dans le milieu et
une compétence qui leur est maintenant reconnue? Ils ont pu
élaborer des problématiques. Finalement, c'est ça la
question, pourquoi ne pas utliser les compétences qui sont là,
qui sont multidisciplinaires, des gens qui sont de tous les milieux, des
bénévoles? Pourquoi cet acharnement? Je lui renvoie la question:
Pourquoi cet acharnement à ne pas vouloir se faire aviser par ces gens
qui sont sans attache aucune avec une quelconque formation politique, qui sont
là parce qu'ils sont représentatifs de leur milieu? Celà
étant dit, M. le Président, je pense bien que...
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Harel: ...je ne convaincrai pas le ministre qu'il s'engage
dans la mauvaise voie.
M. Bourbeau: J'aimerais bien dire un mot quand môme parce
que je pense bien qu'on a droit à l'alternance. Je dirai simplement
à la députée que nous faisons affaire avec ces
bénévoles-là. Nous les reconnaissons. Nous les
subventionnons même. Alors, que la députée ne vienne pas
prétendre que nous les ignorons. Mais pourquoi ne traiterions-nous
qu'avec les bénévoles qu'indique la députée de
Maisonneuve? Pourquoi limiterions-nous le champ de nos consultations à
un certain groupe de bénévoles qu'indique la
députée? Pourquoi n'aurions-nous pas droit à d'autres
bénévoles, à rechercher l'éclairage ailleurs?
Pourquoi nous limiter aux bénévoles de la députée
de Maisonneuve? Nous avons aussi d'autres bénévoles. Nous
traitons avec ceux dont vous parlez. Nous traitons avec tous ceux qui ont
quelque chose à dire, quelque chose à faire et qui peuvent faire
en sorte d'aider la cause. Alors nous ne limiterons certainement pas le nombre
de bénévoles à un petit groupe sélectionné
et qui plaît plus particulièrement à la
députée de Maison-neuve.
Mme Harel: Quel sera le budget du bureau "aviseur"?
M. Bourbeau: On me dit que c'est bénévole, donc il
n'y a pas d'honoraires ou de salaire payés à ces
gens-là.
Mme Harel: Je veux bien le croire, mais quel sera le budget de
fonctionnement?
M. Bourbeau: M. le Président, on prend avis de la question
et on va vous répondre dans quelques instants. Essentiellement, il n'y a
pas de frais. Les frais de secrétariat vont être assumés
par la CFP. Il n'y a pas de salaire. S'il y a des frais de voyage ou de
déménagement, je ne vois pas ce que ça peut être
parce que ce sont tous des gens qui demeurent dans la région et qui vont
oeuvrer dans la région. Alors ça ne devrait pas coûter
très cher de déplacement. Je ne pense même pas qu'il y ait
des frais de déplacement. Bref, ce sera un comité
bénévole à toutes fins utiles.
Mme Harel: Qui va être présidé par le
directeur adjoint de la CFP?
M. Bourbeau: On annoncera la composition du bureau en temps et
lieu.
Mme Harel: On comprend que c'est essentiellement un bureau
"aviseur" pour la CFP. C'est ce que le ministre a dit
précédemment.
M. Bourbeau: C'est ça, oui.
Mme Harel: C'est un bureau "aviseur" pour la Commission de
formation professionnelle.
M. Bourbeau: Auprès de...
Mme Harel: M. le Président, une dernière question
concernant l'engagement 18.
M. Bourbeau: Vous dites l'engagement 18? Mme Harel: On est
toujours à octobre 1987.
M. Bourbeau: Oui, c'est très bien. La subvention de 25 851
000 $?
Une voix: C'est ça.
Mme Harel: Est-ce là une subvention totale pour
l'année financière 1987-1988?
M. Bourbeau: M. le Président, la subvention versée
aux Commissions de formation professionnelle de la main-d'oeuvre du
Québec est pour les fins de fonctionnement. Cette mesure vise à
subventionner les Commissions de formation professionnelle afin de leur
permettre d'assumer l'évaluation des besoins, la mise en oeuvre des
mécanismes de consultation et de participation des intervenants
régionaux, de gérer les programmes de formation professionnelle
en régions, de sélectionner les clientèles,
d'évaluer les résultats obtenus et d'élaborer les devis de
formation.
L'engagement permet de fournir aux Commissions de formation
professionnelle de la main-d'oeuvre les sommes requises afin de leur permettre
d'assumer les fonctions qui leur ont été attribuées. Ces
sommes leur sont versées conformément aux normes du CT 165-249 du
19 août 1987 et les dépenses sont autorisées par le
même CT. Le montant dont il est question ici représente la
totalité de la subvention de fonctionnement pour l'année. (15 il
30)
Mme Harel: M. le Président, la même question que ce
matin. Nous voudrions avoir la ventilation par région. À quel
moment allez-vous nous faire parvenir la ventilation des programmes par
région? Dans une semaine?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne saurais donner de date
précise, mais on va le faire dans les meilleurs délais.
Mme Harel: Dans les meilleurs délais? M. le ministre,
pouvez-vous nous présenter la personne qui vous accompagne, à
votre droite?
M. Bourbeau: Oui. J'ai le très grand honneur de vous
présenter, à ma droite, le sous-ministre à la
Main-d'Oeuvre, M. Herman C. Girard, en poste depuis le 17 octobre 1988.
Août 1988
Mme Harel: Comment se fait-il que, pour l'année 1988... Si
on remonte à août 1988, le ministre aura tout un exercice à
faire; il va falloir qu'il passe d'octobre 1987 à août 1988. On va
y aller lentement, mais il va y arriver.
M. Bourbeau: Alors on reprend l'opération girouette, M. le
Président. Août 1988, oui.
Mme Harel: Je sais que le ministre est mieux équipé
que nous; il a ça par programme. Imaginez-vous les exercices que nous
avons dû faire pour nous retrouver. Pour l'année 1988- 1989, la
subvention de fonctionnement aux onze Commissions de formation professionnelle
est de 17 000 000 $, c'est-à-dire 8 000 000 $ de moins. Pour quelle
raison?
M. Bourbeau: M. le Président, si la députée
de Maisonneuve veut bien attendre un peu. Comme nous étudions 17 mois et
que la députée a la bonne habitude de sauter d'un mois à
l'autre et même d'une année à l'autre, je n'ai pas le mois
d'août 1988 dans les documents devant moi, mais j'y arrive, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez
une petite seconde. Est-ce qu'on pourrait finir l'engagement 18 et le mois
d'octobre 1987 tout de suite et passer à un autre? Avez-vous d'autres
questions pour octobre, Mme la députée?
Mme Harel: Une chance que le président, à
l'occasion, nous rejoint dans nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): Toujours là,
madame.
Mme Harel: Regardez. Août 1988 et octobre 1987, c'est la
même subvention pour les mêmes onze commissions.
Le Président (M. Bélanger): Je comprends.
Mme Harel: Dans un cas, c'est pour l'année 1987-1988 et,
dans l'autre cas, c'est pour l'année 1988-1989.
Le Président (M. Bélanger): Je le sais, mais...
Mme Harel: Et il se peut qu'on n'arrive pas au mois d'août.
Quand, ce soir, vous voudrez qu'on dise que tout est vérifié,
vous serez bien content que je dise oui parce qu'on aura vu août
1988.
Le Président (M. Bélanger): Oh! Cela ne me fait
rien. Si vous voulez revenir demain, je suis disponible.
M. Bourbeau: Mais pas moi, M. le Président. Est-ce que la
députée peut nous dire le numéro de l'engagement
d'août 1988.
Mme Harel: Onze.
M. Bourbeau: M. le Président, la réponse à
la question de la députée, c'est que la somme de 17 178 600 $
prévue à l'engagement 11 du mois d'août 1988 est une somme
partielle, le budget total pour l'année 1988-1989 étant de 27 304
903 $. J'ai plutôt ici 27 178 600 $.
Mme Harel: Alors, le ministre comprendra certainement notre
curiosité de savoir pourquoi, avec la même formulation pour
l'année 1987- 1988 il y avait des subventions prévues pour
environ 25 000 000 $ et que pour l'année 1988- 1989 on retrouvait 8 000
000 $ de moins. Il faut donc voir que c'est partiel et que dans des engagements
ultérieurs on retrouvera le montant.
Compte tenu que le ministre va nous transmettre dans les jours qui
suivront la ventilation par région, M. le Président, nous
pourrions considérer comme vérifiés les engagements
d'octobre 1987.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, les
engagements d'octobre 1987 sont vérifiés.
Novembre et décembre 1987
Nous appelons les engagements de novembre 1987.
Mme Harel: On peut les considérer comme
vérifiés également.
Le Président (M. Bélanger): Les engagements de
novembre 1987 sont vérifiés. Nous appelons les engagements de
décembre 1987.
Mme Harel: Vérifiés.
Le Président (M. Bélanger): Les engagements de
décembre 1987 sont vérifiés.
Janvier et mars 1988
J'appelle les engagements de janvier 1988.
Mme Harel: Nous entreprenons les engagements financiers de
janvier et mars 1988. Je le signale immédiatement au ministre pour
essayer de comprendre. Je n'ai pas la prétention de pouvoir comprendre
exactement ce qui s'est passé dans le cadre du programme APPORT. C'est
finalement pour les mois de janvier et mars 1988 essentiellement qu'on retrouve
les engagements financiers à l'égard du programme APPORT.
Comme le ministre n'a pas encore cru bon de répondre aux
questions que nous avions inscrites au feuilleton de l'Assemblée
nationale le 2 novembre dernier, je lui rappelle que, confor-
mément à l'article 75 des règles de
procédure de l'Assemblée nationale, nous avions inscrit au
feuilleton un certain nombre de questions relatives au programme APPORT pour
lesquelles nous attendons toujours réponse.
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons répondu
à ces questions. Si je me souviens bien, j'ai déposé toute
la documentation à l'Assemblée nationale le dernier jour de la
session, en décembre. On a fait le dépôt, à la
période de questions, des réponses du gouvernement aux questions
de l'Opposition sur le programme APPORT.
Mme Harel: Le ministre sait très bien que le dernier jour
de la session, il y a évidemment beaucoup de tumulte à
l'Assemblée. Est-ce qu'il a présentement avec lui ces
réponses qu'il aurait déposées le 23 décembre?
M. Bourbeau: J'ai les renseignements. Ce ne sont pas les
documents que j'ai déposés, ce sont des renseignements connexes.
Si la députée veut s'informer auprès du Secrétariat
de l'Assemblée nationale, les réponses ont été
données avant la fin de la session.
Mme Harel: Donc, le ministre est maintenant en mesure de nous
dire exactement... Quand on examine les engagements de janvier 1988, on se rend
compte, aux engagements 5 et 12 particulièrement et, en ce qui concerne
le mois de mars, on retrouve les engagements 1, 2, 19, 18, l'engagement du
loyer, en fait c'est difficile de l'identifier, l'engagement 30...
M. Bourbeau: C'est 16 302 500 $? Paiement à la SIC,
coût de location des espaces.
Mme Harel: L'engagement 30, à la page 1, parle de 16 302
500 $, mais vous avez à la page suivante, M. le ministre, Coût de
location d'espace occupé par le programme APPORT, loyer, là vous
avez 43 096 000 $, c'est bien ça? Ce n'est pas 43 000 000 $, c'est 43
000 $...
M. Bourbeau: Oui, oui, 43 000 $.Mme Harel: C'est 43 mille,
96 mille dollars. M. Bourbeau: Non. 43 096,35 $. Mme Harel: C'est
ça, 43 000 $.
M. Bourbeau: Que la députée n'en mette pas plus que
le client en demande.
Mme Harel: Non, non. Je sais que vous avez déjà dit
que les fonctionnaires étaient suffisamment mêlés sur le
programme APPORT.
M. Bourbeau: C'est la députée de Maison-neuve qui
est mêlée.
Mme Harel: Je ne vous réitèrerez pas vos propres
propos à la radio en septembre dernier.
Ensuite, on retrouve aussi une autre facture pour entretien et
réparations, le programme APPORT, 91 903 $. Enfin, on peut jouer au
Petit Poucet et retrouver comme ça... Je peux vous citer d'autres
engagements.
M. Bourbeau: Allez-y. On est là pour ça.
Allez-y.
Mme Harel: Vous en avez aussi en mai. Vous en avez en avril. Vous
en avez au mois d'août.
M. Bourbeau: Quelle année?
Mme Harel: C'est 1988. Toujours 1988.
M. Bourbeau: Forcément.
Mme Harel: Par exemple, vous retrouvez en août un
nouveau...
M. Bourbeau: En août, quel engagement?
Mme Harel: Attendez que je retrouve ça. Les avez-vous lus
d'avance?
M. Bourbeau: M. le Président, il faut être d'une
rapidité exemplaire pour suivre la députée de Maisonneuve
qui est comme une girouette; elle saute d'un mois à l'autre, d'une
année à l'autre.
Mme Harel: Si le ministre préfère qu'on
procède engagement par engagement, pendant dix-sept mois, on en a pour
plusieurs jours. C'est très bien. Si cette procédure ne lui
convient pas, qu'il le dise immédiatement.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis très heureux
et je demanderais à la députée de Maisonneuve de
réaliser que c'est elle qui appelle les mois et c'est moi qui dois
suivre. Alors, si elle veut me donner le temps de la suivre dans sa haute
voltige...
Mme Harel: Mais tout porte sur APPORT. M. Bourbeau: Oui,
je comprends bien. Mme Harel: Je crois que vos adjoints... M.
Bourbeau: Je lui fais confiance.
Mme Harel: ...sont bien préparés à
répondre programme par programme. Au mois d'août, M. le ministre,
c'est l'engagement 9. Celui qui concerne une nouvelle impression de 1 270 000
dépliants qui s'ajoutait a la première impression de 1 420 000
dépliants.
M. Bourbeau: M. le Président, j'avais le
mois d'août tout à l'heure...
Mme Harel: Comme ça, on a pu constater qu'un total de
près de 2 700 000 dépliants qui ont été
distribués au Québec et qui traitaient du programme APPORT. Le
moins qu'on puisse dire, c'est que l'échec du programme ne peut
certainement pas être attribué à un manque
d'information.
M. Bourbeau: Bon. Il faudrait s'assurer, si on est d'accord, que
le programme est un échec, d'abord, premièrement.
Mme Harel: Parlez-nous donc du programme APPORT.
M. Bourbeau: C'est un excellent programme, M. le
Président.
Mme Harel: Combien de bénéficiaires jusqu'à
maintenant? Quelles sont, en moyenne, les prestations pour ces
bénéficiaires?
M. Bourbeau: M. le Président, on se rappellera que le
programme APPORT est un programme en phase d'implantation. Le programme a
débuté... Les premiers versements ont été
effectués au mois de juillet dernier, il y a de ça six mois. Le
programme est en phase d'implantation, comme je l'ai dit, et forcément,
il n'a pas encore atteint son rythme de croisière. Je sais que la
députée de Maisonneuve est partie en guerre contre le programme
APPORT et qu'elle prétend que le gouvernement n'atteindra pas ses
objectifs. Je dis à la députée, dès le
début, qu'il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Comme
tous les programmes de ce genre, ça prend au moins un an, un an et demi
avant d'atteindre le rythme de croisière. Pour l'instant, on est en
phase ascensionnelle. (15 h 45)
Nous avons à ce jour, en décembre - la
députée conviendra que je peux difficilement lui donner des
chiffres plus récents que le mois de décembre 1988 - reçu
27 180 demandes. Nous en avons traité 26 904. C'est donc dire que nous
sommes passablement à jour. La clientèle totale admissible
présentement est estimée à 16 750 et la clientèle
recevant des versements au moment où on se parle est, à toutes
fins utiles, de 14 000.
Mme Harel: En quoi est-ce ascensionnel?
M. Bourbeau: En plus de ça, il y a une clientèle
additionnelle de 2750 qui est admissible. Le montant de la subvention ne sera
versé qu'à la fin de l'année, puisque les montants ne sont
pas très importants. Lorsque les montants n'ont pas un minimum
d'importance, on ne les verse qu'à la fin de l'année. Il faut
donc ajouter ces 2750 aux 14 000, ce qui fait 16 750 dont j'ai parlé
tout à l'heure comme étant la clientèle admissible.
Le taux d'acceptation est de 62 % depuis le début des demandes
reçues et traitées versus la clientèle exigible. Est-ce
que cela répond aux questions de la députée de
Maisonneuve?
Mme Harel: M. le ministre, à quoi attribuez-vous
l'échec du programme APPORT?
M. Bourbeau: M. le Président, le programme APPORT n'est
pas un échec. La députée de Maisonneuve, avec sa formation
d'avocate, essaie de mettre dans la bouche du ministre des propos qu'il n'a
pas. C'est la députée de Maisonneuve qui crie au loup et qui
voudrait que le programme APPORT soit un échec. Je veux bien aider la
députée de Maisonneuve dans sa croisade, mais je ne peux quand
même pas prononcer des paroles qui vont à rencontre de ce que je
pense. Le programme APPORT n'est pas un échec. Il sera un succès
et un grand succès si on lui donne la chance de prendre son envol. C'est
un programme qui est en phase de démarrage. Il vient à peine de
quitter la piste d'atterrissage. Il s'envole. Laissez-lui le temps de prendre
son altitude de croisière et on verra un jour, quand le programme aura
fait un an et demi, deux ans, s'il atteint ou non les objectifs ambitieux qu'il
s'était tracés.
Mme Harel: Le programme a été annoncé en
avril 1987 - ça fera deux ans dans deux mois - pour donner le temps au
gouvernement de le mettre en place pour janvier 1988.
M. Bourbeau: M. le Président.
Mme Harel: En janvier 1988, le gouvernement a invoqué
qu'il retardait la mise en place, ayant des procédés
administratifs à établir pour l'application du programme. Il a
retardé le programme à juillet 1988. En juillet 1988, le
gouvernement a invoqué qu'il n'y avait pas suffisamment eu de
publicité sans doute ou, enfin, quels que soient les motifs, cela a
été reporté à septembre, je crois que
c'était le 10 septembre 1988. Cet automne, la date d'inscription
rétroactive au 1er janvier était reportée au 10 janvier
1989. C'est plus qu'au compte-gouttes qu'il y a maintenant des inscriptions,
puisque la variation du nombre de ménages qui reçoivent APPORT
est à peine... SI le ministre considère que c'est ascensionnel,
il est d'un optimisme béat à toute épreuve, parce que les
16 750 ménages sont une variation à peine du nombre de
ménages dont on nous avait donné le total en novembre dernier. De
mémoire, je crois que c'est autour de 15 000. Cela veut donc dire que ce
sont à peine 1500 ménages de plus et ce n'est quand même
pas peu de chose. Je trouve qu'il faut quand même être
sérieux dans la gestion des fonds publics. Tantôt, je demanderai
d'ailleurs au ministre combien de dépenses ont été
encourues à ce jour pour l'engagement de consultants en
Informatique et de consultants en gestion, combien de dépenses
ont été encourues en publicité pour faire connaître
le programme ainsi que le total des dépenses administratives. On aura
à faire le bilan à la fin de mars prochain. Combien coûte
le programme en fonction du nombre de prestataires qui en
bénéficient? Le ministre des Finances avait annoncé un
total de 44 000 bénéficiaires en avril 1987; 16 750, c'est
à peine 35 % de l'objectif. Il y a 65 % de l'objectif qui n'est pas
atteint. Quels sont les moyens que le ministre entend prendre simplement pour
atteindre le pourcentage...
De mémoire, je me rappelle que le ministre des Finances avait dit
que, 44 000 bénéficiaires, c'était juste pour commencer et
que ça allait progresser. Quelles sont les mesures qui seront mises en
place? Je constate qu'il n'y a pas vraiment de reproches à faire
à ce programme tout au moins. Il y a tellement de programmes qui sont
moins publicises - je pense à Logirente, entre autres, qui ne l'est
pratiquement plus - en regard de ce programme qui l'a été
relativement beaucoup; 2 700 000 dépliants, ce n'est quand même
pas si mal pour la société québécoise. On me dit
qu'il y a eu plus de 100 000 appels téléphoniques dans les
centres Travail-Québec pour avoir de l'information, qu'au-delà de
55 000 formulaires ont été envoyés à des personnes
qui, au téléphone, pouvaient être jugées
susceptibles d'avoir droit à APPORT.
J'ai fait moi-même l'expérience. Pendant les vacances de
Noël, j'ai aidé des personnes à remplir les formulaires pour
qu'elles puissent, en date du 10 janvier, s'inscrire au programme, mais
rétroactivement. J'ai moi-même appelé au bureau
régional, au coin de Maisonneuve et Amherst, je pense, d'abord, pour
m'informer si ces personnes pouvaient y avoir droit. Et, sur la base des
informations qu'on m'a données, j'aurais immédiatement conclu que
ces personnes n'y avaient pas droit. Si je n'avais pas eu une connaissance
personnelle du programme, avec les informations qui m'étaient
communiquées, immédiatement j'aurais fermé le
téléphone en disant: Je n'y ai pas droit, si je n'avais pas
été en mesure de confronter les informations qui m'étaient
données avec celles que je possédais déjà. Le
sous-ministre sait très bien que j'ai fait cette expérience. J'ai
eu l'heureuse occasion de le rencontrer dans un aéroport et de lui
transmettre ces informations. Les personnes pour qui j'obtenais les
informations avaient de la difficulté à remplir le formulaire.
Qu'est-ce qui s'est produit? J'ai dit: Est-ce que vous pouvez aider des
personnes à remplir le formulaire? Elles se trouvaient en situation de
dénuement. S'il y a des personnes qui sont des analphabètes
fonctionnels dans notre société, il y en a aussi qui sont sur le
marché du travail. On m'a répondu: Non, on n'a pas de ressources
pour ça. Évidemment, j'ai répliqué: Si tant est que
ces personnes ont de la difficulté à s'exprimer en
français ou en anglais, qu'est-ce qui se passe? On m'a dit.
Elles doivent venir avec un traducteur.
Je pense qu'il y a un problème de gestion du programme APPORT au
départ. Le ministère du Revenu a lui-même mis en place des
conseillers afin que des personnes qui ont de la difficulté à
remplir leur formulaire d'impôt puissent obtenir le soutien
nécessaire. Il est étonnant que, dans les différents
bureaux - et je dirai les bureaux locaux, non pas seulement les bureaux
régionaux... Cela peut toujours aller, à Montréal, de se
déplacer et daller au coin d'Amherst et de Maisonneuve. Mais j'imagine
que dans des régions où la seule façon que l'on puisse se
faire aider, c'est au niveau régional... Il faudrait que dans les
bureaux locaux, là où les personnes ont plus facilement
accès géographiquement, il y ait des conseillers habilités
tout simplement à accompagner la démarche de remplir les
formulaires. Ce formulaire a 23 pages. Vous allez me dire qu'il est plus facile
à remplir malgré l'aspect rébarbatif qu'il a au premier
abord, mais à première vue, quand vous feuilletez 23 pages de
formulaire, bien des personnes ont immédiatement le réflexe
d'abandonner avant même d'avoir entrepris. Cela aurait été
le réflexe des gens pour lesquels j'ai rempli le formulaire. Est-ce
qu'il y en aura maintenant un nouveau? Le ministre semble en avoir un entre les
mains Alors, je repose ma question: Qu'est ce que le ministre entend faire,
quelle mesure entend-il prendre pour corriger l'échec du programme
APPORT?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve charrie littéralement. Je veux bien qu'elle fasse du millage
politique, mais il ne faudrait quand même pas exagérer. Le
formulaire APPORT, je l'ai devant moi, est-ce qu'il a 23 pages? Je demande aux
membres de la commission de le regarder. Il n'a pas 23 pages. Il y a d'abord la
page couverture où il n'y a rien à remplir; il y a une page, deux
pages, ce sont des instructions, trois et quatre pages. Nous n'avons pas le
même formulaire: Demande d'aide aux parents pour le revenu de travail
APPORT.
Mme Harel: Je veux bien croire que M. le ministre veuille rendre
dérisoire cette question. Mais combien y a-t-il de questions à
votre formulaire?
M. Bourbeau: Là n'est pas la question. Mme Harel:
La question est la suivante.
M. Bourbeau: La députée parie de 23 pages, et il y
en a 4.
Mme Harel: Oui, et combien de pages a le guide qui est remis aux
personnes qui doivent prendre connaissance d'un guide de 23 pages...
M. Bourbeau: C'est une autre chose.
Mme Harel: ...et j'invite les personnes qui l'ignoraient à
prendre connaissance du guide.
M. Bourbeau: La députée modifie maintenant son
langage. Elle ne parle plus d'un formulaire de 23 pages, mais d'un guide de 23
pages. On m'informe que ce guide n'existe plus.
Mme Harel: Depuis quand exactement?
M. Bourbeau: Pour l'année courante, il y a un nouveau
guide qui, me dit-on, sera beaucoup plus succinct que l'ancien.
Mme Harel: Le nouveau guide. M. le ministre, je regrette mais on
ne viendra pas ridiculiser ce que je vous dis concernant APPORT. Ce qui est
ridicule, c'est que vous ne constatiez pas ce que tout le monde sait, c'est que
si vous ne prenez pas des mesures pour corriger ce programme, c'est un
échec lamentable, retentissant!
M. Bourbeau: M. le Président, je ne dis pas que le
programme est parfait, j'ai même dit un nouveau guide et de nouvelles
formules sont en préparation et, comme tout nouveau programme, il est
perfectible, comme tout programme d'ailleurs.
Tout à l'heure, dans son allocution, la députée
nous disait: Le ministre des Finances l'a annoncé en 1987, on est rendus
en 1989, comme s'il n'y avait rien eu de fait depuis deux ans. Alors remettons
les choses dans leur contexte. En 1987, on a annoncé le programme APPORT
pour l'année 1988. On n'a jamais dit que ce programme serait en vigueur
en 1987, la députée ne l'a pas dit non plus, mais de la
façon dont cela a été présenté, c'est comme
si on avait un programme qui était en vigueur depuis deux ans. Le
programme a été mis en vigueur, tel que promis, en 1988. Il est
rétroactif au 1er janvier 1988, et nous avons commencé à
faire les paiements en juilllet 1988. On parle donc d'un programme très
récent, en phase de démarrage. Et je reviens là-dessus
pour dire à la députée: Regardez ce que vous avez fait
quand vous étiez là, Loginove, un programme que j'ai
étudié à fond. Il vous a fallu quatre ans, dans Loginove,
avant d'avoir un rythme de croisière, et il ne s'est rien fait pendant
les deux premières années, alors que nous démarrons en
trombe l'année où nous l'avons promis, et le programme
démarre relativement bien.
Tout à l'heure, la députée nous a dit: Le programme
plafonne. Dans le même souffle, elle a reconnu que, de novembre à
décembre, on avait enregistré 1500 clients de plus, dans un mois.
Si on projette ces 1500 sur une année, ça fait 18 000 de plus, si
la tendance se maintient. Ajoutez 18 000 aux 17 000 environ que nous avons
présentement et on pourrait dire que, dans un an à partir
d'aujourd'hui, on pourrait être autour de 35 000 ou 36 000. Il faut faire
des projections, on est en phase de démarrage. Rien ne me laisse voir
que ce programme est un échec. C'est un programme en phase de
démarrage, qui en est à prendre son envol et qui devrait
atteindre des sommets. Est-ce que ce sommet sera 44 000, tel que prévu
originalement? Est-ce que ce sera 36 000, 40 000? On le verra en temps et lieu.
Mais if est trop tôt pour crier au secours. Je ne pense pas que le
programme sort en danger. (16 heures)
Tout à l'heure, à partir de cas isolés, la
députée a conclu à l'universel. Je ne doute pas qu'il y
ait des problèmes dans certains centres Travail-Québec et je dois
dire à la députée que nous nous employons à tenter
d'améliorer le service à la clientèle dans le
réseau des centres Travail-Québec. Nous venons de nommer, il y a
à peine un mois et demi, un nouveau sous-ministre qui s'est
attaqué résolument à la tâche. Il fait un travail
admirable, je dois le dire, un sous-ministre adjoint, bien sûr, de
même que le sous-ministre adjoint à la Main-d'Oeuvre. Ce sont des
gens dynamiques et énergiques qui veulent faire en sorte que le
ministère fonctionne bien. Alors, je dis à la
députée de Maisonneuve que je n'ai rien qui me permette de voir
les choses d'une façon aussi noire et aussi pessimiste qu'elle le fait.
Je n'accepte pas qu'on dise, comme la députée le fait, que le
programme APPORT est un échec. Ce n'est pas un échec. Il est trop
tôt pour porter un jugement et quant à sa réussite et quant
à son échec éventuel. C'est trop tôt, le programme
est en démarrage. Il démarre bien. Nous avons toutes les raisons
de croire que, avec les rectifications que nous sommes en train de faire, nous
tentons de corriger les erreurs si tant est qu'il y en a. Nous faisons en sorte
de produire un nouveau formulaire, un nouveau guide. Nous sommes en train de
nous ajuster, au fur et à mesure que le programme se déroule. Je
dis à la députée: Soyez patiente, prenez votre temps, on
va arriver et le programme sera un succès.
Mme Harel: Le ministre peut bien se satisfaire de son monde
imaginaire, mais je ne comprends pas qu'il puisse se fabriquer de cette
façon des statistiques en faisant les calculs qu'il vient de faire,
notamment celui qui consiste à penser que l'augmentation de 1500 en deux
mois pourrait être multipliée par un même nombre
d'augmentation, sans tenir compte du bénéfice qui était
attaché, puisque toute personne qui pouvait déposer sa demande
avant le 10 janvier la voyait examiner de façon rétroactive au 10
janvier précédent, ce qui n'existe plus maintenant. Depuis le 10
janvier 1989, il faut constater certainement qu'il n'y a plus cet avantage qui
avait peut-être été un facteur d'augmentation du nombre de
dossiers traités par les centres Travail-Québec.
Alors, comme le ministre se complaît dans cette espèce de
monde imaginaire, remarquez
qu'il peut bien s'y complaire, il est sans doute le seul à le
faire. Un jour ou l'autre, il aura à retomber dans la
réalité et il aura à donner des réponses
précises sur ces programmes.
Actuellement, le ministre doit certainement pouvoir nous indiquer quel
est le montant total des prestations qui sont versées. Alors, il nous a
indiqué qu'il y avait 16 750 ménages, si j'ai bien saisi, 14 000
de façon mensuelle et 2750, non pas pour les raisons qu'il a
données mais sans doute parce qu'il y aura là des revenus
annualisés qu'ils obtiendront au moment, j'imagine, du rapport
d'impôt. Alors, quel est le montant total des prestations qui sont
versées chaque mois? Quel est le montant total versé depuis que
le programme est en vigueur, comme le sous-ministre l'a indiqué, en
juillet dernier?
M. Bourbeau: M. le Président, avant de répondre
à cette partie spécifique de la question de la
députée, pour ce qui est du guide... On a parlé d'un guide
de 23 pages, tout à l'heure. Je tiens à dire que dans le nouveau
formulaire, le guide a une page, une seule page de guide.
Mme Harel: Alors, peut-on nous donner copie du nouveau
formulaire?
M. Bourbeau: Certainement, M. le Président. Je peux
même vous donner la copie que j'ai devant moi, si vous voulez.
Mme Harel: Excellent!
M. Bourbeau: Peut-être la faire livrer. Alors, un guide
d'une page, un formulaire de quatre pages. Je pense que là on se rend au
désir de la députée de Maisonneuve de simplifier. Je
reconnais... La députée de Maisonneuve sourit, M. le
Président, et semble reconnaître les efforts du ministre.
Pour ce qui est des dépenses, nous prévoyons...
Mme Harel: Le montant total des prestations versées depuis
le début du programme et en date, par exemple, de janvier.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée pourrait
reprendre sa question? J'étais en train de regarder une série de
chiffres. Une question précise.
Mme Harel: Le total des prestations versées aux
bénéficiaires du programme et les prestations pour le mois de
janvier. Qu'ont-elles été pour le mois de janvier? Et le total
versé depuis juillet.
M. Bourbeau: Depuis le mois de juillet, donc en six mois, nous
avons versé à ce jour 8 800 000 $. Et les dépenses
prévues jusqu'au 31...
Mme Harel: 8 800 000 $?
M. Bourbeau: 8 800 000 $. Et les dépenses prévues
jusqu'au 31 mars sont de 5 200 000 $, pour un total de 14 000 000 $ qui est la
partie anticipée. Maintenant la députée sait que, en plus
de ça... Ces 14 000 000 $ ne constituent qu'une partie du versement
puisque le ministère des Finances versera aux mêmes
bénéficiaires, à la fin de l'année, une somme
d'argent qui va équivaloir à 25 % de cette somme-là,
c'est-à-dire environ 3 750 000 $ plus les sommes d'argent qu'il faudra
verser pour le contingent de 2750 personnes qui ne reçoivent pas de
versements anticipés parce que les sommes d'argent sont moins
importantes que les autres.
Mme Harel: Vous parlez des sommes que le ministre des Finances va
verser à la fin de l'exercice financier. À quel titre
seront-elles versées? Ce sont les 25 %, ça?
M. Bourbeau: Oui, ce sont les 25 % qui sont retenus
jusqu'à la fin de l'année pour fin de vérification.
Mme Harel: Et les 2750 personnes, s'agit-il de celles qui ont vu
leur demande annualisée, qui ont vu finalement leur revenu
annualisé de manière telle qu'il les excluait de
l'admissibilité au programme mais qui, rétroactivement,
pourraient se voir admises, étant donné que les revenus ont
été moindres?
M. Bourbeau: M. le Président, il faut ajouter aux 14 000
000 $ les 25 % qui vont être versés à la fin par le
ministère des Finances. Il faut ajouter une somme qui est inconnue
jusqu'à ce jour pour la clientèle suspendue de 2750. On n'a pas
les sommes estimées présentement. Il faudra également
ajouter à ça ceux qui pourraient être admis
rétroactivement en vertu du phénomène d'annualisation. Je
ne peux pas donner de chiffres à la députée de Maisonneuve
pour ces montants-là.
Mme Harel: M. le Président, évidemment on aura un
jour la vérité des chiffres, n'est-ce pas à la fin de
l'exercice financier et on pourra savoir combien de crédits
périmés l'ont été malheureusement pour des
travailleurs et des travailleuses à faible revenu, compte tenu des
sommes qui avaient été budgétisées et de celles qui
étaient allouées avec le programme précédent,
SUPRET, qui a été tant critiqué pour son
inefficacité par l'actuel gouvernement au moment où il
était dans l'Opposition. On se rendra malheureusement compte que le
gouvernement a été incapable de dépenser, au moins
à l'égard des travailleurs et travailleuses
défavorisés à faible revenu, les sommes que le programme
précédent leur consacrait, puisque le total des montants
estimés de 14 000 000 $, plus les 3 000 000 $, soit 17 000 000 $, compte
tenu même de l'annualisation des sommes ou des petits montants qui ne
l'ont pas encore été, ne permettront
même pas au gouvernement d'arriver aux deux tiers des sommes que
SUPRET attribuait aux travailleurs et aux travailleuses à faible revenu.
De toute façon, on aura l'occasion, lors de l'étude des
crédits, d'examiner ceci de plus près. C'est certainement
très inquiétant compte tenu des prétentions de retour au
travail pour les bénéficiaires de l'aide sociale que
répète l'actuel ministre de la Main-d'Oeuvre.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve compare des choses incomparables. Elle compare le programme SUPRET
qui était en phase de croisière depuis un certain temps à
un programme en démarrage après six mois d'exercice. C'est bien
évident qu'on ne peut pas comparer ces choses-là. Il faudrait
attendre que le programme APPORT ait fait deux ans d'exercice, je pense,
à compter du moment où on a commencé à s'en
occuper, pour comparer deux choses semblables. Je vous dirais, Mme la
députée de Maisonneuve, que vos cris d'alarme sont
prématurés. Attendez que le programme APPORT ait fait un peu de
millage avant de faire des comparaisons.
Mme Harel: Ce qui était certainement
prématuré, c'était le discours du ministre des Finances en
avril 1987. On aura l'occasion d'y revenir, M. le Président, mais
c'était certainement non seulement prématuré, mais surtout
présomptueux de prévoir 44 000 bénéficiaires pour
l'année 1988 et de prévoir la progression pour les années
subséquentes.
Ce qui est présomptueux, c'est que, si le gouvernement pensait
comme le ministre, il n'aurait pas budgétisé des crédits
qui ne seront pas dépensés. Le fait est que ces crédits
seront périmés parce que le programme ne donne pas les
résultats qui étaient planifiés et escomptés.
M. Bourbeau: On ne peut pas blâmer le gouvernement d'avoir
mis des crédits dans le budget pour les travailleurs. Le gouvernement
fait ce qu'il peut pour tenter d'intéresser la clientèle à
ces programmes-là. Si nous avions une forte demande et pas de
crédits, là, la députée aurait raison de nous
chanter pouilles, entre guillemets, M. le Président, et de blâmer
le gouvernement. Mais c'est l'inverse qui se produit. La demande est moins
forte que l'offre. Le gouvernement a été trop
généreux, si je puis dire, dans ses prévisions. Nous avons
des fonds disponibles pour ceux qui les veulent; il s'agit de venir les
chercher, et nous dépensons des sommes aussi importantes en
publicité pour tenter d'informer la population.
Je ne vois pas pourquoi on blâme le gouvernement, M. le
Président. C'est un gouvernement exemplaire qui a mis plus d'argent dans
le budget que la clientèle en a besoin, qu'elle le demande en tout cas,
et nous allons continuer d'informer la clientèle que ces sommes d'argent
sont disponibles. Nous avons les liquidités voulues et prévues et
le gouvernement est sans faute là-dedans, M. le Président, parce
qu'il a mis plus d'argent que la clientèle ne peut en consommer. Je dis:
Bravo! Voilà un gouvernement qui n'a pas lésiné, qui n'a
pas marchandé et qui a mis amplement de fonds; il en a même trop
mis. C'est quand même exemplaire. Je pense qu'on a vu des gouvernements
annoncer de gros programmes, mettre de petites sommes d'argent et, au bout de
quelques mois, dire que le programme était fermé, faute d'argent.
Nous ne fermons pas faute d'argent, M. le Président, il en reste.
Mme Harel: II ne vous viendrait pas à l'idée des
fois, M. le ministre, de vous demander si votre programme est vraiment
adéquat et, plutôt que de blâmer la clientèle qui ne
l'utilise pas, de vous interroger sur la pertinence de cette stratégie
qui consiste à ajouter aux revenus de travail pour voir si d'autres
stratégies ne seraient pas plus efficaces? (16 il 15)
J'aimerais également connaître le nombre de
bénéficiaires qui reçoivent APPORT et qui recevaient
précédemment SUPRET.
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve sort ses
lapins du chapeau un à un. Elle nous pose une question à
brûle-pourpoint. Nous n'avons pas cette information présentement
avec nous.
Mme Harel: J'imagine que votre programme informatisé vous
permet certainement de l'obtenir.
M. Bourbeau: Mme la députée de Maison-neuve sait ou
devrait savoir que la vérification du programme est faite par le
ministère du Revenu. Pour pouvoir obtenir les renseignements que la
députée de Maisonneuve voudrait avoir, il faudrait que nos
fichiers du programme APPORT soient couplés avec les fichiers de SUPRET.
La députée sait fort bien combien il est difficile d'obtenir des
renseignements du ministère du Revenu, étant donné la
très grande confidentialité des rapports d'impôt. Il n'est
pas facile de faire une opération semblable avec le ministère du
Revenu. Je ne sais pas si nous pourrions y arriver.
Mme Harel: M. le Président, comment se fait-il que tous
les bénéficiaires du programme SUPRET ont reçu une lettre
leur annonçant le programme APPORT et les informant qu'ils pouvaient s'y
rendre admissibles. Il y a certainement eu fusion en termes informatiques des
deux listes pour que les bénéficiaires du programme SUPRET
obtiennent l'information sur le programme APPORT.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve devrait savoir que cette lettre
venait Justement du ministère du Revenu qui, lui, n'a pas de
problème de confidentialité avec lui-même. Parce que le
ministère du Revenu ne nous donne pas et ne veut pas nous donner ses
bandes informatiques, il peut se permettre lui-même d'écrire a sa
propre clientèle, mais nous n'avons pas accès à ces
fichiers. C'est la confidentialité des rapports d'impôt. La
députée de Maisonneuve sait ce que c'est.
Mme Harel: Justement, quelle est la procédure convenue
avec le ministère du Revenu concernant les acomptes versés et les
revenus réellement gagnés au cours de l'année? Il y a
certainement eu une entente d'intervenue.
M. Bourbeau: Nous payons des acomptes et nous transférons
l'information au ministère du Revenu. Le ministère du Revenu
reçoit les rapports d'impôt des particuliers, fait la conciliation
avec les informations venant du MMDSR et, s'il y a lieu, fait parvenir le solde
de la subvention au bénéficiaire, sans que nous ayons quoi que ce
soit à voir avec les renseignements privilégiés que
possède le ministère du Revenu.
Mme Harel: Cela me rassure, M. le Président. Est-ce que le
ministre peut nous indiquer - nous pourrions y arriver car nous avons fait des
calculs qui nous permettent mois après mois, engagement financier
après engagement financier, de calculer les dépenses de
consultants, les dépenses en informatique, les dépenses en
gestion, les dépenses en publicité - quel est le total des
dépenses encourues pour le programme APPORT?
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir de
répondre à la question de la députée de Maisonneuve
comme suit. Les renseignements que je donne datent d'aujourd'hui. Les
dépenses d'administration pour l'année 1987-1988, se chiffrent
à 1 044 000 $. Pour l'année 1988-1989 - il y a eu
évidemment tous les coûts d'implantation et de
développement - c'est un montant de 7 243 000 $. Pour l'année
1989-1990, nous prévoyons 2 856 000 $. Évidemment, c'est le
rythme de croisière qui va s'installer.
Je pourrais donner à la députée de Maison-neuve une
ventilation additionnelle. Dans ces dépenses, il y a
l'élément "personnel et autres dépenses". Est-ce que
ça vous intéresse?
Mme Harel: Oui, ça m'intéresse. M. Bourbeau:
Oui. Bon.
Mme Harel: Mais, d'une certaine façon, ce qui est encore
plus intéressant, c'est de les avoir par écrit pour pouvoir les
utiliser. De toute façon, il est difficile de les prendre en note au
moment où vous les transmettez.
M. Bourbeau: Très bien. On pourrait vous les envoyer.
Maintenant, rapidement. En informatique, par exemple, pour
l'année courante, les dépenses sont de 1 840 000 $ et les
crédits prévus pour l'an prochain, sont de 139 000 $.
Évidemment, le gros coup a été donné dans
l'année courante. Il faut ajouter à ça le coût du
personnel en informatique de 132 000 $ et les autres dépenses, toujours
pour l'année 1988-1989, de 1 708 000 $, toujours en informatique. Alors,
ce que je signale là, c'est que les deux derniers chiffres que je viens
de donner sont la ventilation du chiffre de dépenses, soit 132 000 $ en
personnel, et autres dépenses: 1 708 000 $. Total. 1 840 000 $ en
informatique, pour l'année courante.
Pour l'année prochaine, comme je l'ai dit. 139 000 $. Pour les
dépenses dans le réseau, pour l'année courante, c'est 3
230 000 $. Ce sont surtout des dépenses de personnel Pour l'année
prochaine, les crédits prévus sont de 1 395 000 $.
Mme Harel: Quand vous dites le personnel, ce n'est quand
même pas le personnel qui dort transmettre l'information aux
bénéficiaires éventuels?
M. Bourbeau: C'est le personnel engagé
spécifiquement pour le programme APPORT
Mme Harel: ...réduire le personnel.
M. Bourbeau: Évidemment, l'année courante, c'est
l'année de départ où il a fallu...
Mme Harel: Le programme APPORT n'a pas encore atteint son rythme
de croisière.
M. Bourbeau: Peut-être que, rendu au mois d'avril 1989, le
personnel sera mieux formé, on aura besoin de moins de personnel. La
députée réalise comme moi que...
Mme Harel: Oui, mais il y a presque 2 000 000 $ de moins.
M. Bourbeau: ...nous n'avons pas atteint l'objectif de 44 000 la
première année; donc, on peut prendre un peu plus de temps pour y
arriver, etc. La clientèle étant moindre cette année que
prévu, nous n'avons pas besoin d'autant de monde. On y arrivera
éventuellement, mais un peu plus tard.
Mme Harel: Allez-vous vous satisfaire à ce
moment-là du nombre de bénéficiaires que vous allez
avoir?
M. Bourbeau: Non, pas du tout. Mais, si on avait engagé un
peu plus de personnel que nous en avions besoin, pensant que nous arriverions
au rythme de croisière plus tôt, ce serait illogique de les garder
tant et aussi longtemps qu'on n'arrivera pas à notre rythme de
croisière.
La députée viendrait me blâmer de garder du
personnel à ne rien faire tant qu'on n'arrivera pas au rythme de
croisière. Les communications pour l'année courante: 544 000 $.
L'an prochain: 163 000 $.
Mme Harel: Est-ce que c'est le total?
M. Bourbeau: Ce sont tous les chiffres qu'on m'a remis:
dépenses, coûts administratifs, informatique, réseau,
communications. Tout à l'heure, j'avais donné les dépenses
de transfert.
Mme Harel: II faut constater qu'à part les dépenses
d'informatique - ça, on peut les comprendre parce que ce sont des
dépenses d'immobilisation, d'une certaine façon - en ce qui
concerne les communications et le personnel, vous entendez dépenser
moins d'argent en 1989-1990.
M. Bourbeau: Dans les communications?
Mme Harel: Concernant le personnel et les communications. Comment
allez-vous faire pour doubler le nombre de bénéficiaires, et en
le doublant, vous n'atteignez même pas l'objectif qui était
annoncé par le ministre des Finances en 1987, deux ans avant, même
en le doublant?
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Harel: Comment allez-vous faire pour doubler avec moins de
communications et moins de personnel?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai jamais
prétendu que nous obtiendrions l'objectif de 44 000 dans le laps de
temps qui avait été annoncé. J'ai dit et
répété à la députée d'être
patiente. Évidemment, reconnaissant implicitement que l'objectif de 44
000 ne serait pas atteint dans l'année courante. Il est fort possible
que les crédits que nous avions, au départ en tout cas,
étaient trop importants par rapport à la performance qui a
été atteinte jusqu'à ce jour. Les ententes que nous avons
avec le Conseil du trésor font en sorte que nous pourrons ajouter des
crédits additionnels au fur et à mesure que la clientèle
augmentera, ce qui est une façon beaucoup plus logique de
procéder que d'engager le personnel en attendant que la clientèle
se présente.
Maintenant, j'aimerais donner d'autres informations financières
à Madame la députée, si elle veut bien attendre 30
secondes. On me communique un renseignement. M. le Président, j'aimerais
communiquer des chiffres. Depuis que la députée de Maisonneuve a
commencé à poser des questions, évidemment, on a fait
vérifier nos chiffres car je n'avais pas prévu de telles
questions. Si la députée de Maisonneuve veut bien
m'écouter, je pense que je peux lui donner un portrait assez complet des
coûts du program- me APPORT pour la première année. Je
voudrais donner quatre chiffres. De juillet à décembre, j'ai
déjà donné le chiffre de 8 800 000 $ payés en
prestations. En ajoutant à cela les 25 % qui viendront du
ministère du Revenu, cela fait 2 200 000 $. Maintenant, la
députée de Maison-neuve sait que le programme est
rétroactif au 1er janvier 1988. Cette rétroactivité ne
sera payée qu'à la fin de l'année, puisque nous avons
commencé à faire des versements seulement au mois de juillet pour
les clients qui étaient là. Donc, la rétroactivité
de janvier à juillet est estimée à 7 000 000 $. Pour ce
qui est de la clientèle de 2750 $ qui est suspendue et dont je parlais
tout à l'heure, parce que la...
Mme Harel: Ce sont 2750 personnes.
M. Bourbeau: 2750 personnes, oui. Cette clientèle devrait
nous coûter... En considérant les crédits que nous
débourserons jusqu'à la fin de l'année financière -
notre année financière se termine le 31 mars - il faut ajouter 5
200 000 $ pour un total de 23 200 000 $.
Maintenant, si on regardait le SUPRET. Le SUPRET s'adressait à la
fois aux familles et aux particuliers. Si on prend la dernière
année du SUPRET, l'année de croisière, et la partie de
SUPRET qui s'appliquait aux familles seulement, pour faire des comparaisons de
choses qu'on peut comparer: SUPRET, dernière année de
croisière: 17 264 familles, coût 23 000 000 $. APPORT, en rythme
de croisière, enfin, même pas après un an: 16 590 familles
et un budget à peu près identique. Donc, un programme qui
s'adressait à la même clientèle, après plusieurs
années d'opération en phase de croisière et un programme
qui est en démarrage; je n'ai absolument pas de problème à
comparer les deux. On a déjà atteint les performances de SUPRET
après moins d'un an de fonctionnement, à l'égard des
mêmes clientèles, et cela nous coûte à peu
près le même budget. Alors, la députée de
Maisonneuve devrait se réjouir; il me semble que c'est une performance
assez exceptionnelle. Après moins d'un an, on a déjà
atteint les performances de l'ancien programme. Je pense qu'il y a tout lieu
d'entrevoir l'avenir avec optimisme.
Mme Harel: M. le Président, je constate qu'après
avoir tant décrié le programme SUPRET au moment où il
était dans l'Opposition, le gouvernement est maintenant content de le
comparer. Je constate que, malheureusement, dans l'opération, il aura
laissé tombé les travailleurs et les travailleuses à
faible salaire, mais sans enfant. Finalement, dans cette opération, il
aura abandonné sa responsable à leur égard. Nous aurons
l'occasion, au moment de l'étude des crédits, de revenir sur
l'ensemble du programme, et je remercie le ministre pour le tableau qu'il nous
fournit. (16 il 30)
M. Bourbeau: Je crois comprendre que la
députée est satisfaite, que finalement, le programme
APPORT, à l'égard des familles, n'est pas aussi noir que ce
qu'elle avait pensé au début, et je dis à la
députée d'attendre encore quelques mois et je lui promets que les
performances seront encore meilleures. On se compare, bien sûr, à
SUPRET, mais en phase de démarrage, à un SUPRET en plein vol, et
je pense qu'il est injuste de comparer APPORT aujourd'hui avec SUPRET en phase
de croisière, car lorsque APPORT aura atteint sa vitesse de
croisière, je pense qu'il aura atteint des sommets plus
élevés que SUPRET ne l'a jamais fait.
Mme Harel: Je pense que le ministre ne m'avait pas bien comprise
dans le passé. Je ne défends ni SUPRET ni APPORT, et je n'attaque
pas APPORT, pas plus que je ne défends SUPRET. Je dis au ministre que,
dans un cas comme dans l'autre, ce n'est pas la stratégie utile pour
corriger les problèmes que vivent les travailleurs et travailleuses
à faible revenu Je dis que cette stratégie est inefficace. Le
gouvernement, quand il était dans l'Opposition, le prétendait
à l'égard de SUPRET, et faisait croire qu'il trouverait la
formule magique, qui était censée être APPORT. Maintenant,
il semble se satisfaire qu'APPORT donne des résultats à peu
près similaires à ceux que SUPRET attribuait aux ménages
avec enfants, tout en constatant qu'entre-temps, le gouvernement s'est
déresponsabilisé à l'égard des travailleurs qui
sont aussi défavorisés sur te marché de l'emploi,
étant donné qu'on sait très bien que le salaire minimum
est très en deçà des seuils de faible revenu. Cela vaut
pour les ménages sans enfant, comme pour les ménages avec
enfants. Le gouvernement me dira peut-être que la situation est encore
plus grave pour les ménages avec enfants, en regard des seuils de faible
revenu, mais cela vaut aussi pour les travailleurs sans enfant.
Ce que je rappelle au ministre, c'est que cette stratégie doit
être corrigée par une véritable politique de
sécurité du revenu, qui consiste, entre autres, à indexer
le salaire minimum au salaire industriel moyen, et également à
permettre des gains de travail. C'est tellement absurde, quand on examine la
réglementation, de se rendre compte que les personnes qui ont de
sévères contraintes à l'emploi sont celles qui pourront
faire les gains de travail les plus élevés, mais que celles qui
sont susceptibles d'être aptes au travail, ont des gains de travail
absolument inacceptables, qui les renvoient dans la trappe de pauvreté.
C'est cette stratégie d'ajouter aux revenus de travail que je conteste.
Cela vaut pour les programmes que nous avons mis en place, parce que nous avons
eu le courage de faire notre propre examen, mais cela vaut aussi pour le
programme qui, malheureusement, a été retenu par le
gouvernement.
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne
l'indexation du salaire minimum, la députée devra
reconnaître que le gouvernement libéral a fait un effort
sérieux pour tenter de l'indexer. Nous l'avons indexé à
chaque année depuis notre arrivée au gouvernement. L'ancien
gouvernement ne l'avait pas indexé pendant les quatre dernières
années de son mandat, ou enfin quatre des cinq dernières
années. Donc, je ne vois pas pourquoi la députée de
Maisonneuve revient toujours avec cela. Si c'était vraiment une si bonne
stratégie, pourquoi ne l'avez-vous pas appliquée lorsque vous
étiez là? C'est facile, maintenant que vous êtes dans
l'Opposition, de donner des leçons et de faire la morale au
gouvernement: Vous devriez faire ceci et cela. Mais vous ne l'avez pas fait
vous-mêmes, et si cela avait été si bon que cela, je
présume que vous l'auriez fait. Votre chef qui, semble-t-il, se
prétend un expert en la matière, a été à la
barre des finances gouvernementales pendant sept ou huit des dernières
neuf années de votre gouvernement. Comment se fait-il qu'il n'ait pas
appliqué ces si belles théories, puisqu'elles seraient,
semble-t-il, magiques? Tout ce que je peux dire, c'est que nous avons une
stratégie différente de celle dont vous parlez. Nous avons
indexé le salaire minimum le plus possible, tout en respectant les
contraintes que cela implique, et nous tentons justement d'inciter les
travailleurs à sortir de la trappe de pauvreté, à aller au
travail. Nous voulons bonifier leurs gains de travail, pour qu'ils ne soient
pas incités à retomber dans les régimes d'aide
gouvernementaux. Le but du programme APPORT est justement d'inciter ces
travailleurs à ne pas se décourager, à continuer à
lutter pour se sortir de la pauvreté et pour subvenir à leurs
besoins. C'est une façon de voir les choses qui, à notre avis,
est plus réaliste, mais je reconnais que la députée de
Maisonneuve et son chef peuvent avoir des vues différentes, tout en me
demandant pourquoi ils n'ont pas appliqué ces belles théories
lorsqu'ils étaient au pouvoir.
Mme Harel: On doit donc constater, M. le Président, que le
ministre se désintéresse du sort des travailleurs sans enfant,
contrairement à ce que faisait le gouvernement précédent.
Le gouvernement précédent avait plutôt choisi la
stratégie d'ajouter au revenu de travail. C'est vous qui
prétendiez que c'était une erreur, à l'époque, et
qui décriiez le programme SUPRET. Par la suite, vous vous enfoncez dans
la même stratégie avec un programme qui ne donne pas plus de
résultats, entre autres, parce que les populations répugnent aux
contrôles qui sont nécessaires avec ce genre de programme.
Nous, nous disons que, si nous avons la moindre chance, dans un avenir
rapproché, d'appliquer nos propres politiques, elles ne seront
certainement pas dans la suite d'un troisième programme qui suivrait le
premier échec de SUPRET et d'APPORT. À part vous, M. le ministre,
il n'y a personne qui s'imagine que ça va bien avec APPORT. C'est
évident qu'il faudra
corriger notre façon de penser et l'une des façons de la
corriger, ce n'est pas simplement d'indexer le salaire minimum, mais c'est de
l'ajuster au salaire industriel moyen et également de permettre des
gains de travail aux personnes bénéficiaires de l'aide sociale,
ce que vous ne faites pas, même avec la réglementation. On aura
l'occasion d'y revenir.
Comme vous avez fait écho au salaire minimum, avez-vous
l'intention de l'indexer, comme votre prédécesseur l'a fait,
à tous les six mois, notamment au 1 er avril prochain?
M. Bourbeau: M. le Président, on verra. Il est
prématuré de prendre une décision relativement au salaire
minimum. La députée sait qu'indexer le salaire minimum, ça
implique un certain nombre de vérifications avec les autres provinces.
Il faut voir ce qui se fait un peu partout dans l'environnement
économique dans lequel nous vivons. La venue du libre-échange
nous met en compétition directe avec les autres provinces et avec les
États-Unis. Nous devons donc tenir compte d'un certain nombre de
facteurs.
Nous sommes en train d'étudier la situation. Nous suivons de
très près la situation. En temps et lieu, le gouvernement prendra
sa décision.
Mme Harel: Alors, nous aurons certainement l'occasion d'y
revenir.
Pour compléter l'étude des engagements de janvier, une
question technique à l'engagement 10. Le montant de l'engagement est de
885 000 $. Il y avait une autre soumission qui était de 572 000 $,
c'est-à-dire quelque 300 000 $ de moins que le fournisseur retenu.
Pourquoi ce choix, finalement, en faveur du soumissionnaire le plus haut?
M. Bourbeau: M. le Président, il y a deux cas semblables.
Je vais épargner à la députée de Maisonneuve
d'avoir à poser deux questions. Il est arrivé à deux
reprises que nous n'ayons pas accordé au plus bas soumissionnaire le
contrat pour la fourniture de services professionnels en informatique.
L'engagement 12 du mois de janvier en est un bon exemple. Le fournisseur choisi
a été CGI, pour un montant de 885 000 $, alors qu'un autre
soumissionnaire avait soumissionné la somme de 572 000 $. Je reviendrai
tout à l'heure à l'autre cas où c'est l'inverse qui s'est
produit, où celui qui était le plus bas soumissionnaire ici a
obtenu le contrat, c'est-à-dire la firme DMR, n'étant pas le plus
bas soumissionnaire, et où CGI, qui était à ce
moment-là le plus bas soumissionnaire, ne l'a pas eu et ce pour les
mêmes raisons. Alors, pour les deux cas, c'est la même raison:
c'est que le plus bas soumissionnaire n'était pas conforme.
Je donne les informations suivantes. C'est un contrat pour la fourniture
de services professionnels en informatique en vue de réaliser et
d'implanter la phase I du nouveau système APPORT. L'objectif du mandat
était de réaliser et d'implanter la phase APPORT,
c'est-à-dire réaliser l'architecture des traitements et
données, effectuer l'analyse fonctionnelle de chacune des fonctions
incluses dans la phase. Disons que je vais sauter les détails du mandat,
c'est assez technique.
Il y a eu le lancement d'un appel d'offres public. Sur un total de 28
firmes ayant pris possession du cahier des charges, 17 ne nous ont pas transmis
d'avis pour nous informer de leur décision. Neuf firmes n'ont pas
soumissionné car les ressources possédant les qualifications et
l'expérience nécessaires pour répondre adéquatement
à nos exigences sont déjà assignées à
d'autres mandats.
Les deux firmes évaluées étaient DMR et CGI. La
soumission de la firme DMR ne répondait pas aux exigences de base. Le
contrat fut donc octroyé à la firme CGI qui, elle,
répondait aux exigences de base. Les exigences de base étaient
les suivantes: avoir trois ans d'expérience en tant qu'architecte
fonctionnel des traitements; posséder une expérience en
modélisation fonctionnelle de données; avoir déjà
été responsable d'un projet d'une telle envergure au cours des
cinq dernières années. Or, M. le Président, une des deux
firmes, celle qui avait la plus basse soumission, ne remplissait pas ces
exigences de base.
Étant donné que c'était une décision assez
difficile à prendre que celle d'accorder le contrat au deuxième
plus bas soumissionnaire, laissant sur la table 300 000 $, nous avons
formé un comité ad hoc pour venir revérifier la
décision du comité que nous avions formé. Et ce
comité ad hoc là était formé de trois personnes
externes au ministère. J'ai ici les noms des personnes mais je
présume que ce n'est pas très Important. Ce comité ad hoc
qui a revérifié les décisions du premier comité a
confirmé la justesse de la décision du comité selon
laquelle le plus bas soumissionnaire n'était pas conforme. Voilà,
M. le Président, les raisons pour lesquelles le contrat a
été accordé au deuxième plus bas
soumissionnaire.
Le Président (M. Bélanger): D'autres questions,
madame?
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors est-ce
qu'il y a d'autres questions sur les engagements de janvier 1988? Est-ce que
les engagements de janvier 1988 sont tous vérifiés?
Vérifiés. Bien. J'appelle février 1988.
Février
Mme Harel: Concernant février 1988, j'aimerais que le
ministre nous précise s'il s'agit bien, à l'engagement 2, du
conseil d'arbitrage prévu en vertu de la loi relative aux normes
minimales.
M. Bourbeau: II s'agit du conseil d'arbitrage qui est
prévu en fonction de la Loi sur la qualification professionnelle de la
main-d'oeuvre.
Mme Harel: Est-ce essentiellement dans la construction que ce
conseil d'arbitrage agit?
M. Bourbeau: Surtout dans la construction. (16 h 45)
Mme Harel: Le ministre a parlé un peu plus tôt, cet
après-midi ou ce matin, en invoquant les multiples
responsabilités qui lui incombaient, de celle concernant la Loi sur les
normes du travail. Et il a fait état de travaux... Je pense qu'il avait
commencé sur cette question. Sa collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine a
annoncé, à la suite de la rencontre du 28 novembre dernier
à laquelle il a fait écho ce matin, un assouplissement des lois
du travail et le ministre, considérant que l'amélioration des
lois du travail, notamment en matière de congé de
maternité et de temps partiel, devait être introduite assez
rapidement, je lis exactement ce qu'on pouvait retrouver dans les médias
d'information: "La ministre songe à un projet de loi à être
déposé d'ici au 15 janvier par le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu chargé de modifier les lois du
travail." Ce projet de loi, compte tenu des propos de sa collègue,
devait à la fois porter sur le congé de maternité, sur le
congé pour le père, sur le temps partiel. Est-ce que la ministre
déléguée à la Condition féminine avait vu
juste en prévoyant un tel projet de loi? Est-ce que le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu peut nous annoncer
qu'il entend donner suite à cet engagement? J'entendais son
collègue, le député de Rosemont et ministre responsable de
l'application de la Charte de la langue, dire à l'université
McGill avant-hier que le vrai problème n'était pas un
problème linguistique, mais un problème de natalité.
Voulant détourner l'attention vers des mesures qui se font attendre,
est-ce que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu entend donner suite à ce qui semble devenir une impatience de la
part de ses propres collègues?
M. Bourbeau: M. le Président, effectivement, ma
collègue, la ministre déléguée à la
Condition féminine, avait raison de dire que nous nous affairons
présentement à la préparation d'un avant-projet de loi
pour modifier la Loi sur les normes du travail. Je tenais d'ailleurs, encore
hier, avec ma collègue, les membres de son cabinet et les membres de mon
cabinet une séance de travail sur ce sujet, et je dois dire que notre
ministère travaille activement sur ce dossier complexe, on doit le
reconnaître. J'ai fermement l'intention, avec, bien sûr, l'appui de
ma collègue, de déposer au cours des prochains mois un
avant-projet de loi. Je ne peux dire la date exacte du dépôt,
mais...
Mme Harel: ...n'est-ce pas avant la clôture de la
session?
M. Bourbeau: Oui, certainement. J'ai l'intention de
déposer le projet de loi avant la clôture de la session. Bien
sûr, ce sera suivi d'une commission parlementaire et,
éventuellement, de l'adoption du projet de loi, je l'espère,
toujours avec le concours de l'Opposition.
Mme Harel: Sur lequel vous pouvez compter, si vous arrêtez
la mauvaise habitude de nous bâillonner.
M. Bourbeau: Oh! M. le Président, qu'est-ce que c'est que
ces paroles? Nous n'avons pas l'habitude de bâillonner.
Mme Harel: Vous avez la mémoire trop courte.
M. Bourbeau: Que la députée de Maison-neuve regarde
le grand nombre de lois que J'ai eu l'honneur de piloter en cette Chambre
depuis trois ans, M. le Président, et c'est tout à fait
exceptionnellement que nous avons recouru à la méthode du
bâillon ou la motion de clôture. Cela a été
exceptionnel, M. le Président.
Mme Harel: Est-ce que le ministre entend donner suite aux
recommandations du personnel domestique concernant les modifications à
apporter à la Loi sur les normes du travail? Heureusement que le
ministre nous annonce qu'il entend procéder durant la présente
session parce que son prédécesseur nous avait aussi
annoncé qu'il allait procéder durant la session du printemps
dernier. L'article du 26 mars 1988 s'intitule: Pierre Paradis veut modifier la
Loi sur les normes du travail. Là, suivait une série de
considérations de la CNT que le ministre entendait corriger dans les
semaines qui suivaient. Il faut croire que c'est maintenant son successeur qui
va y donner suite, un an plus tard. Est-ce qu'on peut simplement souhaiter que
le ministre prenne en considération les volumineux rapports, les
études et les pétitions qui avaient été
adressés à son précédesseur pour que la loi sur les
normes tienne compte du personnel domestique?
M. Bourbeau: M. le Président, mon
prédécesseur avait promis des choses. J'ignore toutes les
promesses qu'il a faites et je ne veux pas m'engager à toutes les
remplir. Ce que je peux dire à la députée de Maisonneuve,
c'est que je m'affaire à certains dossiers. J'espère qu'on pourra
dire que les fruits ont bien rempli la promesse des fleurs. En ce qui me
concerne, je travaille d'une façon régulière et aussi
rapidement que possible avec ma collègue, ministre
déléguée à la Condition féminine, à
la préparation d'un avant-projet de loi pour amender la Loi sur les
normes du travail. Nous prenons en
considération tous les rapports qui ont été faits,
toutes les démarches qui ont été faites, toutes les
études qui ont été faites. C'est un dossier
extrêmement volumineux. Nous avons un certain nombre de fonctionnaires
également, tant au ministère chez nous qu'à la Condition
féminine qui siègent régulièrement à des
comités de travail. La question du traitement du personnel domestique
fait partie de nos réflexions. Éventuellement, on verra ce qui
pourra en ressortir.
Mme Harel: M. le Président, en ce qui nous concerne, les
engagements du mois de février seraient vérifiés.
Mars
Le Président (M. Bélanger): Les engagements de
février sont-ils vérifiés? Vérifiés.
J'appelle donc les engagements du mois de mars.
Mme Harel: Les engagements de mars le sont
également...
Le Président (M. Bélanger): Ils le seraient
également.
Mme Harel: ...compte tenu de l'examen que nous avons fait du
programme APPORT.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, les
engagements de mars 1988 sont vérifiés. J'appelle les engagements
d'avril 1988.
Avril
Mme Harel: M. le Président, il y a une seule question dans
le cas des engagements d'avril, plus précisément une question
compte tenu du peu de temps qui reste à notre disposition. C'est
à l'engagement 14. Cela se lit comme suit: Paiement à Maranda et
Labrecque Itée représentant la contribution du gouvernement du
Québec dans le cadre de l'accord d'encouragement à l'adaptation
de la main-d'oeuvre et de la protection de l'emploi. Que l'on sache, Maranda et
Labrecque Itée, c'est là une entreprise. Pour ce qui nous
concerne en fait, toutes les sommes versées dans le cadre de l'accord
d'encouragement à l'adaptation de la main-d'oeuvre et de la protection
de l'emploi l'avaient été plutôt à des organismes
sans but lucratif. La question est de savoir quel rôle joue Maranda et
Labrecque Itée?
M. Bourbeau: II s'agit d'une subvention versée dans le
cadre du programme de l'accord d'encouragement. Le contrat est signé
entre Maranda et Labrecque Itée et le Syndicat des apprêteurs et
teinturiers en fourrure de Québec inc., affilié à la CSD,
de même qu'avec le ministre de l'Emploi et de l'Immigration du Canada et
le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu du
Québec.
L'employeur a demandé et accepté l'aide du ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu afin de faire faire une
étude pour identifier et analyser les problèmes de l'entreprise,
d'explorer les voies de solution, de recommander aux parties les correctifs
appropriés et de coordonner les activités à l'étape
de la mise en oeuvre des recommandations.
Le budget global du comité qui a été formé
et dont j'ai donné tout à l'heure la nomenclature des parties est
de 75 000 $. L'employeur verse une contribution de 25 %, c'est-à-dire 18
750 $. Les salariés ne versent rien et le solde est payé à
part égale par le ministre fédéral, 37,5 %, soit 28 125 $,
et le ministre du Québec, 37,5 %, 28 125 $ également.
Mme Harel: D'accord. Très bien. Alors, pour
compléter l'engagement...
Le Président (M. Bélanger): ...d'avril 1988?
Mme Harel: D'avril, M. le Président, le ministre est
certainement informé des représentations qui sont faites dans sa
région, la région de la Montérégie, pour
l'ouverture d'un SEMO, qui s'adresserait aux personnes handicapées, dans
le secteur Montérégie-Est. Alors, comme on retrouve à
l'engagement 12 une série de subventions à accorder à des
SEMO, mon Dieu, j'en profite pour lui demander s'il entend donner suite
à ces représentations qui ont été faites et qui
révèlent qu'un certain nombre de villes, je pense, Valleyfield,
entre autres, Vaudreuil-Soulanges et un certain nombre de villes de l'est de la
rive sud, n'ont pas ce service externe de main-d'oeuvre offert aux personnes
handicapées. Entend-il donner suite dans les meilleurs délais,
c'est-à-dire dans le cadre du prochain exercice financier, à
cette demande qui lui est formulée?
M. Bourbeau: M. le Président, je suis très
sympathique à ces demandes, d'autant plus que les services externes de
main-d'oeuvre remplissent des fonctions importantes dans la
société. Nous avons un certain nombre de demandes
présentement à l'étude.
Mme Harel: Combien y a-t-il de demandes? Est-ce que ça
s'est stabilisé?
M. Bourbeau: Disons que tous les SEMO veulent des augmentations
de budget et nous avons également des demandes additionnelles pour
l'ouverture de nouveaux SEMO.
Mme Harel: C'est plutôt ça qui m'intéresse.
Est-ce que les ouvertures de SEMO sont en progression? Est-ce que s'est
stabilisée la demande d'ouverture de nouveaux SEMO et quel en est
l'ordre?
M. Bourbeau: Nous en avons quelques-uns. Je ne crois pas qu'il y
ait une demande impor-
tante pour de nouveaux SEMO. Il y en a quelques-uns que nous
considérons présentement. Il y a des demandes pour des
augmentations de budget. La députée de Maisonneuve verra au cours
des prochains mois, lors de l'étude des crédits, que nous avons
obtenu des crédits additionnels, de très légers
crédits additionnels et qu'avec ça il y aura possibilité
d'accorder, de créer, enfin, quelques nouveaux SEMO, mais très
peu. Enfin, disons que le Conseil du trésor a été sensible
à mes représentations.
Mme Harel: On y reviendra alors, M. le Président. Nous
pouvons considérer les engagements d'avril comme étant
vérifiés.
Le Président (M. Bélanger): Les engagements d'avril
sont vérifiés. J'appelle ceux de juin 1988. Excusez.
Mai
M. Bourbeau: M. le Président, les engagements de mai sont
aussi considérés comme étant...
Le Président (M. Bélanger): C'est mon erreur. Je
m'excuse. Mme la députée de Maison-neuve.
Mme Harel: M. le Président, compte tenu du peu de temps
mis à notre disposition, nous allons immédiatement proposer
d'examiner les engagements de juin et considérer comme
vérifiés ceux de mai.
Juin
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc les
engagements de juin.
Mme Harel: À moins qu'H n'y ait des personnes dans
l'entourage du ministre qui aient des questions à nous suggérer
pour mai.
M. Bourbeau: On peut bien, mais ça aurait pour effet de
retarder les travaux de la commission. Quant à nous, tout est parfait,
tout est correct, et il n'y a rien à redire.
Mme Harel: Toujours dans le sens de tout va très bien, Mme
la marquise.
M. Bourbeau: Toujours.
Le Président (M. Bélanger): Cela a fait un
succès. (17 heures)
Mme Harel: Alors, juin 1988. Nous aimerions examiner
particulièrement l'engagement 8 concernant Hyundai. J'inviterais
immédiatement le ministre à procéder à cet examen,
à la fois, en examinant en juin 1988, l'engagement 8, qui consiste en
une subvention du montant de 2 338 700 $ dans le cadre du programme Hyundai,
avec celle qu'on retrouve deux mois plus tard, en août 1988, qui serait
l'engagement 14 d'août 1988.
M. Bourbeau: M. le Président, je serais disposé
à donner un certain nombre de renseignements.
Mme Harel: D'accord. Alors, si on pouvait examiner globalement
ces subventions, comme on l'a fait précédemment, puisque,
à la fois en juin, on retrouve la subvention de 2 338 700 $ dans le
cadre du programme Hyundai et, en août, on retrouve une subvention de 3
400 000 $ dans le cadre du programme Hyundai Doit-on additionner les deux
subventions? Si c'est le cas, on doit donc calculer une subvention totale de 5
738 700 $, donc près de 6 000 000 $ de subvention dans le cadre du
programme Hyundai, en août 1988. Évidemment, le ministre va devoir
nous le ventiler et nous dire à quelles fins puisque, lorsqu'il a rendu
son programme public, il s'agissait de 200 bénéficiaires de
l'aide sociale. On doit donc comprendre que cela s'adresse à plus de 200
personnes.
Dans le mémoire soumis au Conseil des ministres dont nous avons
copie, nous retrouvons que ces sommes devraient être réparties sur
une période de quatre ans et qu'elles concerneraient 1200 personnes.
Excusez-moi, c'est sur une période de trois ans. Il s'agit plutôt
d'un CT réservé au Conseil du trésor et non pas d'un
mémoire soumis au Conseil des ministres. C'est un CT du Conseil du
trésor en date du 13 avril 1988 qui fait état du programme
Hyundai et qui prévoit des crédits de 3 461 100 $ pour 1988-1989.
C'est dans le CT du 13 avril 1988. En juin, on retrouve un engagement de plus
de 2 000 000 $ et, en août, un engagement de plus de 3 000 000 $. Dans le
CT du Conseil du trésor, on prétend que la clientèle
visée sera de 1200 personnes sur une période de trois ans -
est-ce que cela signifie 400 personnes - auquel cas, en deux mois, on aurait
dépensé 15 000 $ par emploi si tant est qu'il s'agissait de 400
personnes ou 30 000 $ par emploi, et c'est toujours au titre de la formation,
s'il s'agissait de 200 personnes.
On demande au ministre de faire la lumière sur ce programme
Hyundai qui, jusqu'à maintenant, a coûté presque 6 000 000
$, de nous dire combien de bénéficiaires de l'aide sociale ont
été engagés, de nous donner le nombre exact de
travailleurs qui ont bénéficié des programmes de formation
compte tenu du fait que l'argent est dépensé...
M. Bourbeau: M. le Président, mes collaborateurs sont en
conciliabule. Est-ce que la députée aimerait, peut-être...
Je ne voudrais pas retarder les travaux de la commission. Ou bien on suspend et
on fait le point là-dessus, il y a certainement des réponses
à donner - ce serait peut-être la meilleure chose à faire,
suspen-
dre - ou bien on peut continuer sur autre chose et je reviendrai avec la
réponse un peu plus tard.
Mme Harel: Si tant est qu'on suspende, j'attirerais l'attention
sur le fait qu'on se retrouve aux engagements 8 de juin et 14 du mois
d'août. D'accord?
M. Bourbeau: Exactement. Je préférerais qu'on
suspende, M. le Président, parce que je voudrais participer à ces
discussions.
Le Président (M. Bélanger): Alors, on va suspendre
nos travaux quelques instants.
Mme Harel: D'accord. J'aimerais aussi avoir une information sur
les 1 845 900 $ accordés pour le programme formation Montupet. Encore
une fois, combien de personnes sont visées? Combien ont
bénéficié du programme de formation? Combien de
bénéficiaires de l'aide sociale ont été
engagés?
M. Bourbeau: Très bien, M. le Président. On va
donner les renseignements dans quelques minutes.
Le Président (M. Bélanger): On va suspendre les
travaux pour quelques instants, le temps d'un conciliabule.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise à 17 h 11)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne Hyundai,
il y a deux montants d'indiqués, comme le signalait la
députée de Maison-neuve: un montant de 2 338 700 $ dans les
crédits de juin et un autre de 3 400 000 $ dans les crédits du
mois d'août. La situation est la suivante. La mesure vise à former
l'ensemble du personnel embauché par Hyundai et à offrir à
l'entreprise l'assistance technique qui lui permettra d'obtenir du gouvernement
fédéral le financement d'une partie du programme de formation que
n'assume pas le Québec. L'engagement du mois de juin permet de fournir
aux Commissions de formation professionnelle de la main d'oeuvre les sommes
requises pour les paiements relatifs au programme Hyundai. Ces sommes leur sont
versées conformément aux normes du décret du 19 août
1987 du Conseil du trésor et les dépenses sont autorisées
par le même CT.
Ce qui s'est produit, et ce qu'il faut savoir dans un premier temps,
c'est que l'année financière des CFP n'est pas la même que
l'année financière du gouvernement. Elles fonctionnent sur une
année financière qui va du 1er juillet au 30 juin, comme les
commissions scolaires. Le premier engagement, celui du mois de juin,
était pour l'année financière - l'année
dernière, si je peux m'exprimer ainsi - des Commissions de formation
professionnelle et celui du mois d'août, de 3 400 000 $, pour
l'année financière courante. On doit comprendre que ce sont des
engagements et des transferts, mais non pas des dépenses. La
dépense ne se fait pas par le ministère, mais par les CFP, et ce
n'est pas parce qu'une somme d'argent est engagée et
transférée au CFP qu'elle est nécessairement
dépensée. C'est ce qui s'est effectivement produit à
l'égard de la première somme de 2 300 000 $. Il appert que les
CFP, finalement, n'ont déboursé que 658 000 $ dans leur
année financière se terminant le 30 juin dernier, ce qui a
causé une péremption de 1 700 000 $ pour cette
année-là.
En ce qui concerne les 3 400 000 $ qui ont été
engagés pour l'année en cours, pour toute l'année, soit du
1er juillet 1988 au 30 juin 1989, les estimations sont les suivantes: on aura
dépensé, au 31 mars, 1 500 000 $ et, à la fin de
l'année financière des CFP, c'est-à-dire le 30 juin, une
somme de 2 400 000 $, faisant en sorte qu'une péremption additionnelle
de 1 000 000 $ aura lieu. Si ces projections sont maintenues, on aura donc
déboursé, au 30 juin 1989, 2 400 000 $ plus 658 000 $,
c'est-à-dire environ 3 000 000 $ sur l'engagement total de 7 348 348 $
qui a été fait à l'égard de Hyundai. Il est bien
entendu que le gouvernement ne paiera Hyundai que dans la mesure où les
sommes d'argent seront dépensées et ou la formation sera
donnée. L'objectif est de former 1200 travailleurs à l'usine de
Bromont, d'offrir l'assistance technique permettant à l'entreprise
d'obtenir du gouvernement fédéral le financement d'une partie du
programme de formation que n'assume pas le Québec et de cibler la
clientèle de l'aide sociale. Nous espérons pouvoir former 200
travailleurs à même la clientèle de l'aide sociale.
En ce qui concerne le nombre de personnes formées, nous estimons
qu'à ce jour le nombre est de 400 sur 1200. C'est au moment où
l'on se parie. En ce qui concerne la clientèle de l'aide sociale, il y a
eu 141 offres de service des clients de l'aide sociale qui ont
été présentées, 119 clients sur les 141 ont
été convoqués jusqu'à ce jour aux étapes de
sélection, et on m'indique qu'un premier contingent de 55 personnes
auraient été effectivement engagées et que d'autres le
seraient Incessamment. Il y a eu un certain retard dans le programme, on le
volt d'ailleurs par la péremption des fonds, un retard dans l'embauche
du personnel occasionné par l'accusation de dumping qui avait
été faite par les trois grands de l'automobile Ford, Chrysler et
GM, et on sait que cette accusation a finalement été
rejetée par les cours. (17 h 15)
II y a eu également des écarts entre les prévisions
initiales et les ajustements apportés par l'entreprise en ce qui a trait
à la construc-
tion et à la mise en opération de l'usine, ainsi que
certains programmes de formation qui ont été assumés
entièrement par le fédéral. Ces programmes ont
été mis en place en premier lieu.
Je dirais, en terminant, qu'il y a peut-être une somme d'argent
qui est un peu plus élevée per capita que la subvention totale,
on le voit. Si on prend le nombre de 400 personnes sur 1200 -
évidemment, 400, c'est en date d'aujourd'hui et non pas en date du 30
juin prochain - il est possible qu'au moment où on atteindra la
moitié du budget dépensé, on n'ait pas la moitié
des gens de formés. Il faut comprendre que, dans un premier temps,
Hyundai a dû exporter des travailleurs ou importer en Corée des
travailleurs québécois, à des fins de formation sur place.
Ces équipes, qui ont été amenées à grands
frais, bien sûr, en Corée, à des fins de formation, sont
celles qui, maintenant, voient à la formation du personnel local. Les
coûts de formation des premiers sont beaucoup plus importants que les
coûts de formation per capita des seconds.
Pour ce qui est de Montupet, les renseignements sont les suivants: il
s'agit d'une entente au montant de 4 900 000 $ pour la formation de 650
travailleurs sur une période de quatre ans. Également, nous avons
là aussi un objectif d'embauche de clients de l'aide sociale.
L'état de la situation est le suivant: La compagnie Montupet
complétait récemment le plan de formation et le déposait
en décembre 1988, c'est-à-dire il y a à peine un mois. Le
plan d'action a fait l'objet d'une analyse par le personnel du
ministère. Les discussions sont en cours afin de préciser les
termes et les conditions de l'entente. Cette entente sera conclue très
prochainement et, pour l'année 1988-1989, nous avions prévu des
crédits de 1 845 000 $. Jusqu'à présent, les chiffres
officiels démontrent que nous prévoyons une dépense de 845
000 $. Il y aurait encore là des fonds périmés pour
l'année courante. Les raisons qui expliquent l'écart, c'est que
le plan de formation n'a été déposé qu'en
décembre 1988.
Mme Harel: M. le Président, en contrepartie de la
subvention de 7 300 000 $ qui a été annoncée, Hyundai
s'engageait à recruter 200 personnes dans la clientèle des
bénéficiaires de l'aide sociale. Le ministre nous parle de 119
bénéficiaires qui ont été convoqués aux
étapes de sélection et de 55 qui ont été
engagés. Est-ce à dire que les personnes convoquées aux
étapes de sélection n'auraient pas été retenues, ce
qui est vraisemblable? C'est juste le quart de l'objectif de 200 qui est rempli
jusqu'à maintenant. Pour tout de suite, 55 bénéficiaires,
je pense bien que tout le monde va convenir que c'est à peu près
25 % seulement des 200 bénéficiaires qui étaient
prévus dans l'embauche de Hyundai, en contrepartie des millions de
dollars qui lui étaient accordés. Alors, je demande ceci au
ministre: Quelles sont les mesures qui sont prévues pour hausser ce
nombre, d'une part? D'autre part, si on calcule que 80 % des employés
étaient censés défiler sur les bancs d'école -
finalement, c'était l'annonce qui avait été faite au
moment du communiqué, en octobre dernier - là, on en est au tiers
- 400 sur 1200 - alors, là aussi, quelles sont les étapes qui
sont prévues, puisqu'on juin, il y aurait 3 000 000 $ de
dépensés? Si c'est 3 000 000 $ et qu'on s'est adressé
à 400 personnes - j'imagine qu'on n'a pas envoyé les 400 en
Corée - mais 400 à 3 000 000 $, c'est quand même 7500 $ par
personne, simplement au titre de la formation. Le ministre va certainement
vouloir obtenir de Hyundai une évaluation des sommes qui ont
été engagées, à quelles fins les dépenses
ont été effectuées par la Commission de formation
professionnelle, de manière qu'on puisse ventiler l'usage qui a
été fait des sommes. Les millions de dollars, il faut quand
même qu'ils servent à la formation. Il faut savoir à quel
type de formation cela a servi et combien de personnes en ont
bénéficié.
M. Bourbeau: On aura, en temps et lieu, évidemment, les
statistiques. J'aimerais répondre, en premier lieu, à la partie
de la question qui portait sur la clientèle de l'aide sociale.
Mme Harel: En temps et lieu. Est-ce que le ministre n'en a pas
déjà? Déjà, il y a eu une année
d'engagée. Tantôt le ministre m'a dit qu'il y avait eu quand
même 2 338 700 $ de dépensés en 1988, avant l'exercice de
juillet.
M. Bourbeau: 658 000 $.
Mme Harel: Ah!
M. Bourbeau: J'ai dit qu'on avait engagé et
transféré dans le réseau 2 300 000 $, mais que le
réseau n'a dépensé que 658 000 $, causant une
péremption de fonds de 1 700 000 $
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: Maintenant, pour ce qui est des 658 000 $, est-ce
qu'on a la ventilation? Nous ne l'avons pas ici avec nous parce que ce ne sont
pas des crédits directs du ministère, mais on pourrait
l'obtenir.
Je reviens sur la clientèle de l'aide sociale. Je ne crois pas
qu'il y ait un problème. Je répète les chiffres. Cent
dix-neuf assistés sociaux ont été convoqués aux
étapes de sélection. L'objectif est de 200.
Mme Harel: Ils n'ont pas été retenus. M.
Bourbeau: Non.
Mme Harel: Ils ont seulement été
convoqués.
M. Bourbeau: Ils ont été convoqués. Il y a
eu 140 offres de service.
Mme Harel: L'objectif n'est pas d'en convoquer 200, c'est d'en
engager 200.
M. Bourbeau: Si la députée veut bien prendre son
temps, ne pas trop s'exciter, elle va comprendre II y a eu 141 offres de
service. On n'a pas convoqué tous ces gens-là.
Déjà, toutes les offres de services sont présentées
à la suite d'une analyse des profils des clients. Donc, on ne va pas
à la pêche indistinctement. Ce sont déjà des gens
qui ont fait l'objet d'une certaine étude. On a étudié le
profil de ces gens-là. 119 qui semblaient présenter les
qualifications requises aux étapes de sélection ont
été convoqués. Déjà 55 ont été
engagés et on me dit qu'on s'attend que de nouveaux engagements soient
faits incessamment.
Maintenant, la députée réalise qu'il n'y a que 400
personnes de formées sur 1200. C'est bien normal. L'usine vient de
démarrer. Et on produit très peu de véhicules
présentement, quelques milliers, alors que la capacité de l'usine
est de 100 000. Donc, au fur et à mesure que l'usine va produire
davantage, on va engager des personnes additionnelles et certainement des
assistés sociaux. Il n'y a rien qui me laisse penser qu'on n'atteindra
pas l'objectif de 200. On en a déjà 55 et l'usine démarre
à peine.
Maintenant - je termine là-dessus - la députée de
Maisonneuve sait que l'usine de Bromont a eu une bonne nouvelle hier, alors que
la compagnie Chrysler a signé une entente avec Hyundai pour lui faire
construire, à Bromont, 30 000 Eagle par année, ce qui va
s'ajouter à la production de la Sonata de Hyundai et qui va faire en
sorte d'assurer encore davantage la possibilité que l'usine de Bromont
fonctionne à plein rendement.
Mme Harel: M. le Président, le ministre peut-il me dire -
ses collaborateurs doivent le savoir - combien de travailleurs sont maintenant
embauchés sur le total de 1200?
M. Bourbeau: On me dit que c'est à peu près le
tiers des 1200 personnes prévues originalement, c'est-à-dire
environ 400.
Mme Harel: À peu près 400 au moment où l'on
se parle. Est-ce qu'on peut penser - malgré que l'objectif de 200
bénéficiaires à engager puisse être
dépassé, disons que c'est un objectif à atteindre - qu'il
faut 141 offres de service pour que plus ou moins 55 personnes soient
embauchées, c'est-à-dire une sur trois, plus ou moins, puisque
141 profils ont été retenus, choisis par les centres
Travail-Québec, j'imagine, ou par les Commissions de formation
professionnelle?
M. Bourbeau: On est en processus d'engagement. Sur les 141
personnes dont 119 ont été convoquées aux étapes de
sélection, il n'est pas dit que les autres, la différence entre
119 et 55, sont des gens rejetés. Ce sont des gens qui sont
présentement dans le processus d'embauche. Il est fort possible,
finalement, que les 119 soient embauchés, ou 80 ou 60 ou 90.
Mme Harel: Quel est le territoire qui est couvert? Est-ce que
l'est de Montréal peut également bénéficier de la
mesure?
M. Bourbeau: On vise surtout le territoire de la
Montérégie et - la députée de Maison-neuve, je
l'espère, n'a rien contre ça - également le territoire du
Grand Montréal. Et cela n'exclut pas la possibilité que des
travailleurs puissent venir d'en dehors.
Mme Harel: Par qui les offres de service, les profils, ont-ils
été faits?
M. Bourbeau: Par le réseau Travail-Québec.
Mme Harel: Les centres Travail-Québec de la
Montérégie, c'est ça?
M. Bourbeau: Effectivement.
Mme Harel: On retrouve, toujours à l'engagement financier
14, le plan de formation Relance de l'est de Montréal: 3 000 000 $. Il
s'agit finalement des 3 000 000 $ budgétisés, mais non
dépensés, comme nous l'a indiqué le ministre en
début d'après-midi. Est-ce exact?
M. Bourbeau: Oui. Je m'excuse, l'engagement 14 du mois de juin
1988?
Août et juillet
Mme Harel: Du mois d'août 1988.
M. Bourbeau: Ah, bon! Août 1988. Ce sont des subventions
aux Commissions de formation professionnelle, le 14 août 1988.
Mme Harel: Oui, c'est ça. Ce sont des subventions et on
retrouve, au titre du plan de formation Relance de l'est de Montréal, 3
000 000 $.
M. Bourbeau: L'engagement est de 2 285 000 $.
Mme Harel: Au mois d'août 1988.
Le Président (M. Bélanger): Au mois d'août
1988, au numéro 394, plan de formation Relance de l'est de
Montréal, il y a effectivement 3 000 000 $ d'inscrits.
M. Bourbeau: Alors, il semble y avoir une petite erreur. Ce sont
3 000 000 $, oui, effectivement.
Mme Harel: De quels 3 000 000 $ s'agit-il? Dans quel programme?
Pour quel comité, bureau ou table?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée se
souviendra que, tout à l'heure, j'avais estimé les
dépenses probables à 1 082 000 $; on avait engagé et
prévu 3 000 000 $.
Mme Harel: Ce sont les mêmes 3 000 000 $ dont on a
parlé au début de l'après-midi.
M. Bourbeau: Ce sont les mêmes 3 000 000 $. Oui.
Mme Harel: Très bien. Équipement-Québec.
Qu'est-ce que c'est exactement que ce programme? Toujours au même
engagement du mois d'août 1988 qui porte le numéro 396.
M. Bourbeau: C'est un fonds disponible pour permettre aux
commissions scolaires, aux commissions régionales, aux collèges,
aux établissements péripublics et parapublics ainsi qu'aux CFP de
disposer des équipements requis pour dispenser des activités de
formation professionnelle de la main-d'oeuvre. Cet engagement permet de fournir
aux CFP les sommes requises aux fins de ce programme dont les normes ont
été approuvées par le CT 167523.
Mme Harel: M. le ministre, peut-on compter que vous nous
transmettrez la ventilation des dépenses effectuées en
matière du programme Hyundai pour l'année 1988 qui est
terminée, compte tenu des années financières qui se
terminent en juillet? On aura exactement la même demande pour
l'année 1989, lorsque ce sera complété.
Le Président (M. Bélanger): Sur les engagements de
juin 1988, est-ce qu'il y a d'autres questions? Ils sont
considérés vérifiés.
Une voix: Vérifiés.
Le Président (M. Bélanger): Vérifiés.
Merci. J'appelle les engagements de juillet 1988.
Mme Harel: Est-ce que j'ai une réponse positive? Je crois
comprendre que le ministre consent à cette ventilation concernant
Hyundai.
M. Bourbeau: Oui, absolument, dans la mesure où je
l'obtiendrai moi-même des CFP, bien sûr.
Mme Harel: D'accord. M. le Président, pour ce qui est de
juillet 1988, nous aimerions, à l'engagement 3, connaître le
résultat de l'étude effectuée sur les effets de
l'abolrtion de la retraite obligatoire. L'étude est-elle
complétée? Peut-on en avoir copie?
M. Bourbeau: M. le Président, on attend cette étude
incessamment, d'une semaine à l'autre. Elle sera déposée
à l'Assemblée nationale dès la reprise de la session.
Mme Harel: Vérifié.
Le Président (M. Bélanger): Les engagements de
juillet 1988 sont vérifiés. J'appelle les engagements
d'août 1988.
Mme Harel: Vérifié aussi.
Le Président (M. Bélanger): Les engagements
d'août 1988 sont vérifiés.
Septembre
J'appelle les engagements de septembre 1988. Il y a deux listes. Donc,
j'appelle la liste A. (17 h 30)
Mme Harel: II est bien entendu, n'est-ce pas, M. le
Président, que le ministre nous transmet la ventilation des subventions
par commission régionale et par programme.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
revient continuellement avec la même question Combien de fois dois-je
vous le promettre?
Le Président (M. Bélanger): Nous considérons
donc qu'on aura ces engagements ventilés pour chacune des commissions
régionales de la part du ministre.
Mme Harel: Par programme.
Le Président (M. Bélanger): Par programme
M. Bourbeau: Le moins que l'on puisse dire, M. le
Président, c'est que la confiance ne règne pas. "Jusques à
quand Catilina..."
Mme Harel: Vérifié.
Le Président (M. Bélanger): Les engagements de
septembre, liste A, sont vérifiés. Liste B.
Mme Harel: C'est ça. La liste A est
vérifiée. La liste B.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Concernant l'engagement
25.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, Mme la
députée de Maisonneuve...
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): je vous
entends bien, mais je ne vous suis pas.
Mme Harel: La dernière page et le dernier engagement.
Le Président (M. Bélanger): Ajustement de
facturation, c'est ça?
Mme Harel: Cela s'intilude Tonds d'aide à l'innovation et
à l'expérimentation". Pour l'année 1988-1989, 31 500 $.
Cela s'intitule le P-A-V-O-I-S, le PAVOIS, Charlesbourg, comté de
Charles-bourg. Enfin, c'est si rare des subventions au titre du programme 1,
élément 2 du Fonds d'aide à l'innovation et à
l'expérimentation. Je voulais savoir du ministre de quel projet il
s'agissait.
M. Bourbeau: Le projet consiste à l'intégration
à l'emploi de personnes handicapées psychiatriques. Il s'agit
d'un organisme sans but lucratif qui s'est donné comme mission
d'établir une nouvelle ressource communautaire pour la
réadap-tion et la réintégration au travail des
bénéficiaires de l'aide sociale souffrant de troubles affectifs
et considérés comme inaptes au travail. Les services offerts sont
d'établir, d'exploiter, de diriger et de maintenir tout genre de service
d'aide, de support, d'information, d'orientation et d'éducation
auprès de ce groupe de personnes.
Mme Harel: Oui. De combien est constitué ce Fonds d'aide
à l'innovation et à l'expérimentation au total?
M. Bourbeau: De 500 000 $ par année.
Mme Harel: Qui sont directement administrés de
Québec ou des Commissions de formation professionnelle?
M. Bourbeau: Non. De Québec.
Mme Harel: De Québec. Quels sont les critères qui
permettent de présenter des demandes à ce fonds d'aide?
M. Bourbeau: II faut que ce soit dans le champ d'action du
ministère; la subvention doit être de 35 000 $ au maximum pour
l'expérimentation. Et c'est non récurrent.
Mme Harel: Non récurrent, pour une seule année?
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: D'accord. Peut-on m'indiquer combien il y a d'argent
de dépensé pour l'année en cours sur les 500 000 $?
M. Bourbeau: Un montant de 200 000 $ jusqu'à ce jour.
Mme Harel: On peut encore présenter des projets
jusqu'à la fin de mars?
M. Bourbeau: II n'y a aucun problème.
Mme Harel: À qui doit-on les présenter?
M. Bourbeau: Au ministère.
Mme Harel: Au ministre?
M. Bourbeau: Au ministère.
Mme Harel: Oui, mais à qui au ministère?
M. Bourbeau: Au fonctionnaire en charge.
Mme Harel: Qui est-il? Le ministre le sait-il?
M. Bourbeau: On me dit que c'est le sous-ministre. Enfin,
à l'attention du sous-ministre.
Mme Harel: À l'attention du sous-ministre
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de Maisonneuve a
des programmes à...
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur les
engagements de septembre 1988, liste B, est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Mme Harel: Le ministre a-t-il fait connaître la
possibilité d'utiliser ce fonds? Je pense, entre autres, à des
organismes qui s'étaient présentés devant la commission
parlementaire l'an dernier. Je ne sais si vous vous rappelez, qui s'occupaient
justement de psychiatrisés, je crois, dans la ville de La Baie au
Saguenay, et qui cherchaient justement un soutien financier.
Le Président (M. Bélanger): La porte
d'entrée pour ce programme.
Mme Harel: Je me rappelle aussi un groupe de Montréal qui
engageait des personnes très en difficulté d'employabilité
et qui louait des bicyclettes, je pense, dans des kiosques à la suite
d'une entente avec la ville de Montréal. Très bien. Alors, on
fera la publicité pour le ministre.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Alors, sur la
liste B de septembre 1988, y a-t-il d'autres questions?
Mme Harel: Vérifié.
Le Président (M. Bélanger): Vérifié.
J'appelle les engagements d'octobre 1988.
Octobre
Mme Harel: En fait, il s'agissait de la même question, M.
le Président. Toujours à la dernière
page. Il s'agissait aussi de subventions relevant du fonds
ministériel d'aide à l'expérimentation et à
l'innovation, comté de Gatineau. C'est aussi l'identification des
comtés qui m'avait alertée. Il ne s'agissait que de comtés
ministériels. Je me demandais s'il y avait là une relation. Je
crois comprendre qu'il n'en est pas ainsi, que même les organismes des
comtés de l'Opposition peuvent présenter des projets.
M. Bourbeau: M. le Président, je peux assurer la
députée de Maisonneuve qu'il n'est absolument pas question de
privilégier certains comtés par rapport à d'autres. Je
dirais même que, si la députée regarde attentivement mon
passé comme ministre, à ce sujet, surtout dans l'ancien
ministère, il y a un grand nombre de comtés, je serais même
porté à parier que, proportionnellement, il y a peut-être
eu autant sinon plus de comtés de membres de l'Opposition qui ont eu des
subventions. Je fais référence, entre autres, aux programmes lors
de l'année des sans-abri. Il y a eu un très grand nombre de
subventions données dans des comtés représentés par
des députés de l'Opposition. Je me souviens, entre autres, du
comté de Saint-Jacques qui avait été littéralement
abreuvé de subventions, de Maisonneuve aussi qui avait été
très bien traité.
M. le Président, je ne fais pas de distinction. Le mérite
est le seul critère que je reconnais. Les besoins.
Mme Harel: Évidemment, ce n'est pas sans relation avec le
fait que c'est dans ces comtés que les sans-abri se trouvent.
M. Bourbeau: évidemment. Mme Harel:
Vérifié, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Les engagements du mois
d'octobre 1988 sont vérifiés. J'appelle les engagements de
novembre 1988.
Novembre
Mme Harel: M. le Président, comme on a peu de temps, on
pourrait procéder tout de suite à la vérification de
novembre.
Le Président (M. Bélanger): Oui
Mme Harel: Cela va nous permettre d'examiner le mois d'août
1987 que nous avions mis en suspens, s'il nous reste du temps à la fin
de notre commission.
Le Président (M. Bélanger): Pour le mois de
novembre 1988, y a-t-il des questions?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Au fond, il n'y en avait qu'une seule qui nous
semblait Importante. L'information était trop insuffisante. Il s'agit du
dernier engagement de la dernière page de novembre 1988. Il y a
certainement une sorte de déficience dans la définition, puisque
ça ne permet pas de savoir à quelles fins l'occupation a
été faite On y lit: 90 596 $, entente d'occupation concernant un
espace situé dans l'immeuble connu et désigné comme suit:
766, rue Kirouac, Québec.
Le Président (M. Bélanger): C'est l'engagement 12
de novembre 1988, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, afin de reloger le Centre
Travail-Québec de Saint-Vallier dans un endroit répondant aux
normes établies, le ministère a conclu une entente d'occupation
avec la Société immobilière du Québec. Le nouveau
local a une superficie locative de 582,48 mètres carrés. Le loyer
mensuel de l'espace est de 7549,70 $. Le centre Travail-Québec de
Saint-Vallier offre ses services sous un nouveau nom à l'adresse
suivante: Centre Travail-Québec de Saint-Sauveur, 766 rue Kirouac,
Québec (Québec), G1M 2J4. La Société
immobilière du Québec négocie des contrats de location
d'immeubles avec les différents fournisseurs de la province. C'est la
SIQ qui octroie les contrats de location et le ministère n'intervient
pas dans le choix des fournisseurs.
Mme Harel: Vérifié, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Les engagements de
novembre 1988 sont vérifiés. J'appelle donc l'engagement du mois
d'août 1987 qui était resté en suspens ce matin.
Août 1987
Mme Harel: M. le Président, nous aimerions aborder
l'engagement 1 concernant le microfilmage de dossiers. Nous aimerions discuter
avec le ministre de la question de la confidentialité des dossiers de
l'aide sociale.
D'une part, j'aimerais porter à son attention une pratique
maintenant en usage. Je ne sais pas si c'est dans l'ensemble des bureaux, mais
elle l'est en tout cas à Verdun. J'ai ici un dossier du centre
Travail-Québec de Verdun. C'est une pratique qui me semble contrevenir
aux règles de la confidentialité des dossiers. Je m'explique
là-dessus et on reviendra à la question de la
confidentialité à partir des dossiers informatiques. Mais, en ce
qui concerne la pratique maintenant en usage à Verdun, il s'agit de
demander à tout nouveau requérant de l'aide sociale de faire
remplir par des tierces personnes les formulaires nécessaires à
l'étude de sa demande. J'ai des documents à cet effet.
Le cas précis est le suivant: Une personne de moins de 30 ans se
présente au centre
Travail-Québec de Verdun pour obtenir de l'aide. On accueille sa
demande en prenant toutes les informations concernant ses employeurs
antérieurs et l'institution bancaire où elle a un compte. Cela
fait partie des règles prévues dans la réglementation.
Mais, de plus, on lui dit que, pour faire étudier sa demande, elle va
devoir elle-même aller faire remplir un formulaire par son employeur
précédent. On lui remet le formulaire en question. Et le
formulaire dit ceci: "Nous apprenons que la personne désignée
ci-dessus est ou a été à votre service. Pour nous
permettre de compléter notre dossier, auriez-vous l'obligeance de
remplir le présent questionnaire et de nous le retourner dans les plus
brefs délais? - et là, suit le nom - Merci de votre
coopération, l'agent d'aide socio-économique du centre
Travail-Québec."
Donc, le requérant, le bénéficiaire - je ne
l'appelle pas le client parce qu'il me semble qu'il ne bénéficie
de rien d'autre que ce à quoi il a droit en vertu de ce qu'on pense
être le minimum vital dans notre société - se
présente pour obtenir de l'aide et répond à toutes les
questions posées. Mais on lui dit: Pour qu'on étudie votre
demande, il va falloir que vous demandiez à des tierces personnes de
remplir des formulaires. On lui remet les formulaires, celui de l'institution
bancaire qu'il doit lui-même aller faire remplir en s'identrfiant comme
un assisté social en demande, et celui de son employeur antérieur
à qui il doit aller dire qu'il demande de l'aide sociale, mais que, pour
faire étudier sa demande, il doit lui faire remplir un formulaire.
Cela nous semble transgresser les règles de la
confidentialité puisque, maintenant, des tierces personnes vont
être inpliquées dans l'étude de la demande.
M. Bourbeau: M. le Président, on a porté à
notre attention un dossier qui ressemble à celui-là. Je ne peux
savoir si c'est exactement celui-là, mais je sais que, récemment,
on a porté à l'attention du ministère et du cabinet un
dossier semblable, qui fait présentement l'objet d'une
investigation.
Au sujet de ce problème, ce qu'on fait dans les CTQ c'est que,
lorsqu'un bénéficiaire en puissance se présente, nous
avons besoin d'un certain nombre de renseignements pour nous assurer de
l'exactitude des faits qui sont allégués. Souvent, le
bénéficiaire en puissance doit faire confirmer ces faits par des
documents. Il a le choix d'aller chercher lui-même les documents dont on
a besoin, ce qui n'implique pas de formules préparées par nous.
Il va chercher les documents et n'a pas besoin de faire connaître
à des tiers à quoi serviront ces documents. Mais il arrive
parfois que les bénéficiaires en puissance ne soient pas capables
de se procurer ces documents, n'ont pas la possibilité de le faire pour
toutes sortes de raisons. À ce moment-là, il peut autoriser un
fonctionnaire à aller chercher ou obtenir les documents pour lui, auquel
cas il doit autoriser le fonctionnaire à faire la démarche en son
nom, ce qui respecte évidemment la confidentialité, puisque
l'autorisation de la personne est requise. C'est la façon normale de
procéder, me dit-on. (17 h 45)
Maintenant, dans un cas qui a été porté à
notre attention récemment, on aurait, semble-t-il - il n'y a rien de
confirmé, ce sont des rumeurs - utilisé un formulaire maison non
autorisé, et vous savez qu'il y a une directive qui a été
émise par le ministère à savoir qu'aucun fonctionnaire
n'est autorisé à fabriquer des formulaires maison; tous les
formulaires doivent avoir été préalablement
autorisés par la haute direction du ministère. Nous faisons
présentement enquête sur ce cas. Je ne sais pas si c'est le cas
dont parle la députée de Maisonneuve, mais je lui suggère
de porter à notre attention ce cas - c'est peut-être le
même, peut-être un autre - et nous allons certainement faire les
vérification d'usage.
Mme Harel: M. le Président, j'ai devant moi deux
formulaires: un formulaire maison, daté du 10 janvier 1989, Verdun,
Institution bancaire, centre Travail-Québec de Verdun, 4932 Wellington,
qui est signé par un agent; un formulaire du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, toujours pour la
même date, le 10 janvier 1989 également, toujours du centre
Travail-Québec, 4932 Wellington, qui est également signé
par l'agent d'aide socio-économique. Les deux formulaires, le formulaire
maison et le formulaire conforme aux directives du ministère, ont
été remis au nouveau requérant. On lui a demandé
d'aller faire remplir ces deux formulaires, alors qu'il avait
déjà fourni toutes les informations. Dans la demande même,
en vertu de l'article 58, je pense - on y reviendra au moment de l'étude
de la réglementation - le requérant est déjà tenu
de répondre à toutes les questions concernant son compte de
banque; il est même tenu d'apporter son livret, mis à jour. Mais,
là, il devait aller à l'institution bancaire faire apposer le
sceau de la succursale et faire signer une personne autorisée, d'une
part, et, d'autre part, même s'il avait déjà répondu
à toutes les questions concernant ses emplois antérieurs, il
était tenu d'aller faire compléter un formulaire par une personne
pour laquelle il avait déjà travaillé - la dernière
personne j'imagine, mais ce n'est pas indiqué, on dit simplement: "Nous
apprenons que la personne désignée ci-dessus est ou a
été à votre service". C'est un questionnaire assez
considérable, ce n'est pas un petit questionnaire de rien. Il y a quand
même dix questions, ce n'est pas peu de chose.
Je me demandais, puisque c'était exigé avant qu'on fasse
l'étude de la demande, si c'était une pratique qu'entendait
reconnaître le ministère?
M. Bourbeau: On me dit que ce n'est pas une pratique courante et
systématique. Cela peut se faire dans certains cas. La
députée sait que lorsqu'un individu se présente à
un bureau de Travail-Québec pour une subvention, on doit faire des
vérifications; on ne prend pas nécessairement toutes ses
allégations comme étant vraies à 100 %. Il faut
vérifier un certain nombre de choses, sans quoi, plutôt que
d'avoir 30 000 000 $ de trop-payé par année, on aurait à
peu près 100 000 000 $ de trop-payé. Même avec les
vérifications qu'on fait, on se retrouve toujours avec un
trop-payé de 30 000 000 $, alors qu'est-ce que ce serait si on ne
vérifiait pas? Il est possible qu'il y ait eu du zèle de la part
de certains fonctionnaires, je ne le sais pas, mais je dis à la
députée de Maisonneuve que nous sommes très soucieux de
respecter la confidentialité. Les directives sont très claires et
en aucune façon nous ne voulons passer outre à ces directives. Si
la députée de Maisonneuve veut nous transmettre la documentation
qu'elle a, nous allons faire enquête et nous la tiendrons au courant des
développements.
Mme Harel: Très bien, M. le Président. Je ferai
tout de suite transmettre au ministre et au sous-ministre ce dossier qui,
d'ailleurs, a également été communiqué à la
Commission des droits de la personne. J'aimerais savoir du ministre...
M. Bourbeau: On s'en doutait, M. le Président.
Mme Harel: ...quel est le système de quota en ce qui
concerne la fermeture des dossiers d'aide sociale? On me parle d'un
système de quota concernant la fermeture des dossiers la fermeture
signifiant, évidemment, le fait qu'on souhaite qu'il y ait des dossiers
d'aide qui soient fermés. Y a-t-il un tel système de quota? Il
n'y a pas de tel système de quota.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne connais pas
l'existence d'un tel système. Le sous-ministre, qui est là depuis
plus longtemps que moi, ne le connaît pas non plus. Je vais voir s'il y
en a d'autres qui... Personne ici ne semble au courant, mais si la
députée veut encore nous informer, on va faire enquête.
C'est peut-être encore là le résultat du zèle d'un
individu quelconque qu'on pourrait peut-être tenter d'identifier, mais je
ne sais pas...
Mme Harel: Je compte sur la collaboration du ministre pour
éclaircir un autre dossier qui a été porté à
mon attention. Dans les cahiers de charges du ministère, il vous est
certainement possible de retrouver... Je vais vous donner les numéros:
les numéros CS... D'abord, à quoi correspond le CS?
M. Bourbeau: Commission scolaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Contrat de services.
Mme Harel: Exactement.
M. Bourbeau: Contrat de services.
Mme Harel: Donc, dans ces cahiers de charges qui sont
préparés par votre ministère, il y a les numéros
88-183 et 88-184 et 88-185. Si je comprends bien, ces cahiers de charges ne
sont pas confidentiels? Il s'agit de demandes de soumissions.
M. Bourbeau: Semble-t-il. Si c'est pour des appels d'offres
publics, c'est forcément public.
Mme Harel: Nécessairement public. Donc, le ministre ne
voit pas d'inconvénient à me communiquer les trois cahiers de
charges en question.
M. Bourbeau: Dans la mesure où ce sont des documents
publics, je n'ai pas d'objection.
Mme Harel: Je crois même qu'on pourrait m'en faire part
immédiatement.
M. Bourbeau: M. le Président, ce sont des appels d'offres
qui ont été retirés par le sous-ministre. Ils avaient
été lancés à la suite d'une initiative qui n'a pas
été autorisée par le sous-ministre et ils ont
été retirés. A priori, je n'ai pas d'objection à
rendre ces documents publics, mais le sous-ministre me dit qu'il veut
vérifier avant le contenu de ces documents qu'il n'a jamais vus
lui-même et c'est la raison pour laquelle ils ont été
retirés. À la suite de ces restrictions, je vais prendre acte de
la demande de la députée de Maisonneuve et je verrai si on peut,
étant donné qu'il n'y a pas eu de suite à ces offres, les
rendre publics ou non. Mais il n'y a pas eu de suite à ces
offres-là. Aucun contrat n'a été accordé et les
documents ont été retirés.
Mme Harel: M. le Président, j'en prends note
évidemment. C'est peut-être plus rapide de procéder comme
ça que par l'intermédiaire de votre secrétaire
chargé de l'accès à l'information. Comme je crois que ces
cahiers de charges ont quand même été rendus... Est-ce
qu'ils ont été rendus publics ou ces offres ont-elles
été...
M. Bourbeau: II s'agit de soumissions sur invitation. Le montant
est inférieur à 5000 $, donc on n'est même pas
obligés de demander des soumissions. C'est 4900 $. Quatre firmes ont
reçu la demande et deux seulement ont soumissionné, je crois. De
toute façon, nous avons retiré les soumissions. Nous n'avons pas
accordé de contrat et nous avons retiré les soumissions. Mais on
va voir s'il est possible d'envoyer les documents à la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je compte sur la collaboration du ministre. Je ne
crois pas qu'il soit d'intérêt public que cette information soit
réservée au ministère. De toute façon, cela va nous
intéresser d'autant plus de l'obtenir et on fera, évidemment, des
démarches en ce sens auprès de la commission d'accès.
M. Bourbeau: J'y compte bien.
Mme Harel: Une dernière question. Le ministre a eu sur son
bureau des études de son contentieux concernant la
confidentialité et le respect des dispositions des chartes en regard de
la nouvelle législation. Le ministre nous avait répondu, lorsque
nous lui avons posé une question en Chambre, qu'il venait simplement de
prendre connaissance de ces études. Quand entend-il les mettre à
la disposition de l'Opposition?
M. Bourbeau: Les opinions juridiques? M. le Président,
selon ma compréhension, ces opinions juridiques ne font pas partie des
documents que nous sommes obligés de rendre publics en vertu des lois, y
compris celles qui ont trait à la Commission d'accès à
l'information. Ce sont des documents qui sont fournis au ministre afin de lui
permettre de s'assurer de la légalité des gestes que nous posons
et des projets de loi que nous avons l'intention de déposer.
Je dois dire que j'avais oublié les discussions là-dessus.
Je ne crois pas m'être jamais engagé à les rendre publics
mais je vais regarder le contenu de ces opinions. Sans m'engager à les
rendre publics, je vais voir dans quelle mesure l'intérêt public
justifierait que j'en fasse parvenir une copie à la
députée.
Mme Harel: M. le Président, le ministre sait certainement
qu'il y a déjà une demande - je l'ai appris dernièrement -
devant le Conseil d'accès à l'information...
M. Bourbeau: Attendons la suite.
Mme Harel: ...sur ces documents. Indépendamment de
ça, je pense qu'en matière de droits et libertés,
l'opinion publique est suffisamment sensibilisée pour qu'il apparaisse
contraire à l'intérêt public que le ministre ne rende pas
disponibles les études qui ont été
réalisées. Tout au moins, ça laisse planer des
soupçons. Comme, en matière de droits et de libertés
fondamentales, il faut qu'il y ait non pas simplement apparence de
réalité mais réalité hors de tout soupçon,
je crois que le ministre aurait intérêt à rendre ces
études disponibles.
M. Bourbeau: Écoutez, M. le Président, la
députée, qui est avocate, sait fort bien qu'il n'est pas toujours
exact de dire que les opinions juridiques peuvent être rendues publiques.
Elles peuvent signaler les faiblesses, les forces et les possibilités
que peut avoir un ministre dans ses choix. Souvent, il peut ne pas être
d'intérêt public de rendre justement publiques les opinions
juridiques. Alors, la députée ne m'embarquera pas dans sa salade.
Je continue à penser qu'il peut être d'intérêt public
de ne pas rendre publiques justement les opinions juridiques.
Mme Harel: M. le Président, juste avant de terminer, je
voudrais dire que je pense bien que les propos du ministre laissent très
songeurs. Ils laissent croire qu'il est très mécontent des
études qu'il a obtenues et que sans doute elles ne le satisfont pas
parce qu'elles mettent en cause les prétentions qu'il a eues
jusqu'à maintenant.
M. Bourbeau: C'est ce que la députée de Maisonneuve
pense, moi, je ne me souviens même pas du contenu de ces opinions. Il
faudrait que je les relise. Le souvenir que j'en ai, c'est qu'elles me
satisfaisaient à l'époque. Donc, cela devait quand même
être assez favorable à la position gouvernementale. Je les relirai
à tête reposée dès que j'en aurai le loisir.
Le Président (M. Bélanger): Sur les engagements du
mois d'août 1987, y a-t-il d'autres questions? Est-ce que les engagements
du mois d'août 1987 sont vérifiés?
Mme Harel: Vérifiés.
Le Président (M. Bélanger): Vérifiés.
Donc, cela termine notre travail. Sous réserve de l'obtention des
réponses aux questions prises en note, est-ce que la vérification
des engagements financiers du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, pour le mois de juillet 1987 au mois de
novembre 1988, est terminée?
Mme Harel: Terminé.
Le Président (M. Bélanger): Terminé. La
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 2)