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(Onze heures trente-deux minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demande à chacun de bien vouloir prendre sa place
afin que le commission des affaires sociales puisse procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 95, Loi modifiant la
Loi sur les régimes supplémentaires de rentes. Y a-t-il des
remplacements, Mme la secrétaire.
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Bélanger): II n'y a aucun
remplacement, bien. Y a-t-il des remarques préliminaires sur ce projet
de loi?
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je vous
reconnais.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, comme il a été
annoncé, le projet de loi que nous avons devant nous et qui a pour
titre: Loi modifiant la Loi sur les régimes supplémentaires de
rentes, a pour but de prévoir un moratoire ou un gel des surplus des
régimes de retraite privés pour une période de temps qui
est indiquée dans le projet de loi. Il sera donc interdit de modifier,
pendant toute cette période du moratoire, un régime
supplémentaire de rentes relativement au droit de l'employeur ou des
participants à la partie de l'actif de la caisse de retraite qui
excède les crédits de rentes des participants. De plus, pendant
la même période du moratoire, la Régie des rentes du
Québec devra refuser d'approuver toute modification d'un régime
ayant pour effet de répartir l'actif d'une caisse de retraite entre
plusieurs régimes autrement qu'au prorata des crédits de rentes
des participants.
Nous avons l'intention de proposer certains amendements que nous faisons
d'ailleurs distribuer immédiatement aux participants, qui ont pour objet
de modifier quelque peu le projet de loi en l'adaptant, en y insérant
certains éléments de souplesse permettant de tenir compte de
certaines situations particulières. Par ailleurs, aux termes du projet
de loi, il sera interdit, pendant la même période où le
moratoire sera en vigueur, de verser à l'employeur quelque partie que ce
soit de l'actif de la caisse de retraite. Enfin, le projet de loi
précise à quelles conditions le solde de l'actif d'une caisse de
retraite peut être versé aux participants et participantes qui
sont visés par la terminaison totale d'un régime de retraite.
M. le Président, il s'agit d'un projet de toi qui va permettre au
gouvernement de préparer en toute quiétude une refonte
complète de la Loi sur les régimes supplémentaires de
rentes. Le gouvernement a pris connaissance de certaines situations qui se sont
présentées au cours des derniers mois et qui ont fait en sorte de
créer une certaine insécurité dans le public quant
à la disposition des surplus des fonds de retraite privés. C'est
justement pour rétablir un climat de quiétude que le gouvernement
a décidé de procéder dans ce dossier en deux
étapes: une étape préliminaire qui est celle à
laquelle nous nous attelons aujourd'hui, l'étape du gel des surplus du
moratoire et, dans un deuxième temps, au début de l'an prochain,
l'étape de la refonte complète de la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes. Celle-là permettra d'établir un
nouveau régime pour les années à venir.
M. le Président, c'est l'essentiel des remarques que j'avais
à faire. Nous verrons, au cours des prochaines minutes, peut-être
même au cours des prochaines heures, quelles modifications nous entendons
apporter au projet de loi tel qu'il a été déposé.
Merci.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, nous entendions souscrire
rapidement à l'adoption du projet de loi 95 jusqu'à ce qu'on nous
soumette les amendements. Vous comprendrez que nous aurons à en prendre
sérieusement connaissance. Je souhaiterais que le ministre nous explique
l'économie générale des modifications qu'il entend
apporter au projet de loi 95. Nous allons, de notre côté, à
l'ajournement de 13 heures, consulter notre formation politique. Il
était entendu que le projet de loi 95 tel que libellé, tel que
formulé, nous en souhaitions l'adoption le plus rapidement possible,
nous avions même publiquement invité le ministre à une
adoption immédiate dès le dépôt. Mais là, il
faudra voir les modifications apportées par les amendements. Je ne
serais pas en mesure, aussi rapidement, ce matin, de vous indiquer ce que sera
la réaction de ma formation politique.
Je pense que ce qui serait le plus utile, avant de faire l'étude
article par article, serait de demander au ministre qui a déposé
des amendements s'il entend d'abord modifier les notes explicatives. Est-ce que
les notes explicatives du projet de loi se trouvent pour autant
modifiées?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, nous allons les
modifier, mais à la toute fin, quand les amendements auront
été acceptés, bien sûr.
Mme Harel: Nous aimerions connaître la teneur, la
formulation qui sera donnée aux notes explicatives. La volonté
politique s'exprime généralement dans les notes explicatives.
Nous aimerions connaître les modifications qui seront apportées,
ça nous simplifierait les choses par rapport à nos propres
collègues qui, comprenez-le, aujourd'hui, ont peut-être d'autres
soucis en tête. Il faudra leur simplifier, leur mâcher
énormément les choses pour que le débat ne
s'éternise pas.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
Discussion générale
M. Bourbeau: Je serais disposé à donner à la
députée de Maisonneuve et à l'Opposition officielle un
sommaire, un résumé des modifications que nous proposons ce
matin. Dans un premier temps, nous suggérons que l'interdiction de
verser tout ou partie du surplus de l'actif à l'employeur ou aux
participants, en tout temps, avant la terminaison totale du régime, ne
vise pas à empêcher d'affecter ce surplus à l'acquittement
de cotisations salariales ou patronales. On sait que, dans la
réalité des choses, il arrive assez fréquemment que
lorsqu'un surplus d'actif est identifié, les parties, soit la partie
patronale et la partie syndicale, les travailleurs, utilisent la part du
surplus qui leur appartient à l'acquittement des cotisations. Nous
n'avons jamais eu l'intention de mettre fin à cette pratique pendant le
moratoire. Selon certaines interprétations qui ont été
faites par certains avocats plus méticuleux, un doute aurait surgi au
cours des dernières semaines à l'analyse du projet sur ce point.
Donc, nous allons confirmer par les amendements le respect de cette pratique
courante et nous n'entendons pas empêcher d'affecter les surplus à
l'acquittement des cotisations salariales ou patronales.
Deuxièmement...
Mme Harel: Me permettez-vous une question immédiatement?
J'ai en tête le dossier...
M. Bourbeau: Oui, sûrement.
Mme Harel:... est-ce que ce serait celui de Singer, où
finalement une partie avait été utilisée pour le paiement
de cotisations, mais à l'extérieur du Québec? Est-ce que
dans le dossier de Singer il n'y a pas justement eu une sorte - je dirais - de
détournement, d'une certaine façon, de ces surplus pour compenser
des cotisations qui devaient être payées dans le régime
mais concernaient des travailleurs à l'extérieur du
Québec? C'était une terminaison partielle.
M. Bourbeau: À ce moment-là, si j'ai bonne
souvenance, dans le dossier de Singer, il y avait eu une entente pour que le
régime soit supervisé par la Régie de l'Ontario
plutôt que par la Régie du Québec. À ce
moment-là, c'étaient les lois ou les règlements ontariens
qui s'appliquaient et qui permettaient, comme d'ailleurs la
réglementation québécoise, que l'employeur puisse prendre
congé de cotisations s'il y a des surplus accumulés.
Subséquemment, si j'ai bien compris, le régime est revenu sous la
juridiction de la Régie des rentes du Québec.
Mme Harel: Est-ce que ce n'est pas du Crédit foncier dont
on parle? Dans le cas de Singer plus précisément, il y a eu en
fait, tout au moins - je ne suis pas en mesure de vérifier si c'est
fondé ou non - je pense qu'il y a eu des critiques selon lesquelles une
partie des surplus avait été utilisée pour...
M. Bourbeau: Dans le dossier Singer, on me dit que deux
régimes québécois ont été fusionnés
avec trois régimes ontariens...
Mme Harel: C'est cela.
M. Bourbeau:... pour ne faire qu'un seul régime.
Subséquemment, comme le fonds était en surplus partout,
l'employeur a pris des congés de cotisations. Évidemment, ces
congés ont été pris à l'égard de tous les
régimes de sorte que tout était Imbriqué. Je voudrais
ajouter une nuance Importante pour le profit de l'Opposition. Ce droit à
des congés de cotisations qui va être maintenu, va être
balisé. Il sera dit dans l'amendement que si jamais, lorsque plus tard
nous allons modifier la loi, l'an prochain, il arrivait, à cause des
congés de cotisations, qu'il y avait un manque dans les surplus, qui ne
permettait plus à l'employeur d'acquitter ces nouvelles
responsabilités qui lui seront dévolues en vertu de la nouvelle
loi, à ce moment-là, l'employeur serait tenu de rembourser les
sommes d'argent qu'il aurait affectées à l'acquittement de ces
cotisations.
Mme Harel: Donc, si je comprends bien là, dans le cas plus
précisément de Singer, mais c'est en fait plus fréquent,
l'amendement permettrait que l'entreprise se serve des surplus
enregistrés par le fonds de retraite pour payer une partie de sa
cotisation.
M. Bourbeau: Dans la loi, le même privilège existe
pour les travailleurs aussi.
Mme Harel: Oui, mais en général je dois comprendre
que les régimes supplémentaires sont à la charge de
l'employeur. (11 h 45)
M. Bourbeau: C'est-à-dire que les deux parties cotisent,
l'employé et l'employeur. L'employeur lui-même a la
responsabilité de voir à payer les manques à gagner.
Évidemment, la contrepartie, c'est qu'il a la propriété
des surplus dans la plupart des cas. Mais il y a des cas où ce sont les
employés qui ont la propriété
des surplus. Maintenant, je vais répéter ce que j'ai dit
tantôt pour que ce soit très clair. Dans
l'éventualité où le nouveau projet de loi que nous
approuverons l'année prochaine viendrait augmenter les crédits de
rente des participants, l'employeur dont les cotisations auront
été ainsi acquitées par l'usage de surplus, sera tenu de
verser à la caisse de retraite les sommes nécessaires au
financement de cette augmentation...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous pouvez
vérifier si c'est un quorum ou un vote?
M. Bourbeau:... et ce, jusqu'à concurrence des cotisations
qu'il aura acquittées. Mais on reviendra à ça tout
à l'heure.
Mme Harel: D'accord. Cela, c'est une remarque que vous nous
faites à même...
M. Bourbeau: Je m'inspire de documents que j'ai.
Mme Harel: D'accord, très bien. De toute façon, je
pense que l'important, c'est que ces choses soient dites au Journal des
débats...
M. Bourbeau: Oui, c'est ce que je vais faire, d'ailleurs.
Mme Harel:... de manière que, pour toute personne qui sera
là, à cette époque, il se peut que le ministre ou moi n'y
soyons plus, les engagements qui seront pris...
M. Bourbeau: J'espère qu'on n'aura pas changé de
fonction.
Mme Harel:... soient mieux tenus que d'autres engagements
auxquels je fais allusion sans y faire référence.
M. Bourbeau: C'est très nébuleux, M. le
Président, vous en conviendrez.
Mme Harel: Alors, je vais les rappeler expressément au
ministre ceux de son prédécesseur de déposer des
règlements en matière d'aide sociale.
Le Président (M. Bélanger): Cela suscite des
polémiques, madame... Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Cela, c'est le premier amendement dont je voulais
parler. Le deuxième amendement, j'en ai parlé tout à
l'heure, c'est dans le cas où le surplus d'actif sert à
l'acquittement de cotisations patronales. L'employeur aurait l'obligation de
restituer la partie du surplus qui a servi à un tel acquittement, dans
la mesure nécessaire à l'acquittement des droits que pourraient
éventuellement acquérir les participants à la suite de la
réforme législative des régimes de retraite.
C'est le complément à ce que j'ai dit tout à
l'heure. Donc, droit de continuer le congé de cotisations, mais à
la condition qu'il ait l'obligation de restituer, si jamais ça
empiète sur les droits éventuels qui pourraient être
générés en faveur des participants.
Mme Harel: Est-ce que ça fait référence
à un amendement précis, ça?
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Lequel, pour que je me retrouve?
M. Bourbeau: C'est l'amendement à l'article 43. 1,
à la fin du premier alinéa et également dans le
deuxième alinéa.
M. le Président, un autre amendement, c'est l'approbation par la
Régie des rentes du Québec d'une modification d'un régime
visant à répartir l'actif de la caisse de retraite entre
plusieurs régimes - donc, c'est le cas où il y a plusieurs
régimes à ce moment-ci - ou d'un rapport de terminaison partielle
ou totale. L'approbation de la régie doit être subordonnée
aux conditions qu'elle estime justes pour l'ensemble des participants lorsque,
après le 15 novembre 1988, elle a approuvé une modification qui,
augmentant des crédits de rentes de participants, est antérieure
à cette terminaison ou à la modification proposant la division de
la caisse de retraite.
On peut suspendre quelques secondes, parce que...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie. La
commission suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 51 )
(Reprise 12 h 1)
Le Président (M. Bélanger): Cela va?
M. Bourbeau: Je voudrais maintenant parler de l'amendement que
nous apportons à l'article 9. 1, qui a été
distribué également à l'Opposition. Et si vous n'avez pas
d'objection, on va entendre M. Yves Slater, directeur des régimes de
retraite à la Régie des rentes du Québec.
M. Slater (Yves): L'amendement proposé à l'article
9. 1 vise à... Cet article, initialement, visait à
requérir, lorsqu'il y avait une division de régime, une
répartition de l'actif du régime au prorata des crédits de
rentes de chacun des participants. L'amendement proposé, c'est dans le
but d'en arriver à une répartition équitable du surplus
pour l'ensemble des participants à un même régime,
lorsqu'à partir d'un même régime, plusieurs régimes
naissent.
L'amendement fait en sorte de mieux baliser
cette situation et de permettre à la régie, lorsqu'elle
constate que, avant cette division, il y a eu une modification au régime
qui n'était... qui ne touchait que quelques participants, d'imposer des
conditions particulières à la répartition, vu que la
modification précédente aurait eu pour effet d'augmenter les
crédits de rentes de certains participants et ainsi, faire une
répartition, toujours au prorata par la suite, qui aurait drainé
plus de surplus dans un régime que dans un autre. Donc, c'est l'essence
de la modification à l'article 9. 1.
Cet amendement vise aussi les divisions de régimes qui touchent
tant un seul employeur que lorsqu'un régime est divisé en
plusieurs régimes auxquels vont cotiser des employeurs
différents.
Mme Harel: Est-ce qu'elle est de même nature que
l'intervention qui s'était faite en Ontario, justement, pour
empêcher qu'il y ait des mouvements de morcellement des régimes
pour contourner toute cette question d'utilisation des surplus?
M. Slater: Je ne sais pas à quelle modification
particulière de l'Ontario vous référez, mais il y a un
moratoire, en ce moment, en Ontario, concernant les retraits de surplus des
caisses de retraite.
Mme Harel: Et ce moratoire concernait également les
divisions... En fait, ce moratoire a été très, très
sévère sur les mouvements qui pouvaient se faire. Est-ce que
c'est... Vous n'avez pas comparé la législation ontarienne avec
les amendements que vous nous apportez?
M. Slater: Là-dessus... Sur la question de la division des
régimes en Ontario, je crois que les règles ne sont pas encore
connues. Le gouvernement ontarien a une possibilité de
réglementation là-dessus, mais je ne crois pas qu'il s'en soit
servi encore.
Mme Harel: Sur cette question, à l'article 9. 1 plus
précisément, on va y revenir en fait, vous nous informez que
c'est essentiellement lorsqu'il y a division de régime, c'est bien cela,
et qu'il n'y a pas nécessairement distribution au prorata des
crédits de rentes des participants.
M. Slater: Oui, il y a toujours distribution au prorata des
crédits de rentes, sauf que...
Mme Harel: Mais si avant la division, il y a eu une modification
en faveur seulement de quelques-uns des participants, la régie pourrait,
à ce moment-là, réviser la nouvelle modification pour
tenir compte... c'est bien cela?
M. Slater: C'est cela.
Mme Harel: Cependant, pourquoi dans le libellé de
l'amendement ne faites-vous pas obligation à la régie de le
faire? La régie peut.. Je lisais, par exemple, au deuxième
alinéa de l'article 9. 1 tel que maintenu - l'amendement consiste
seulement a biffer: "à compter de la même date" - que la
régie doit refuser d'approuver une modification d'un régime,
etc.. au deuxième alinéa. C'est une obligation que vous faites
à la régie, si elle considère que la modification a pour
effet de répartir autrement qu'au prorata les crédits de rentes.
Là, vous lui en faites l'obligation. Pourquoi ne pas lui faire
également la même obligation dans les cas où les
modifications n'auraient été faites qu'en faveur seulement de
quelques participants?
M. Slater: C'est qu'il y a plusieurs types de modifications qui
peuvent être apportés On peut prendre l'exemple d'un régime
qui pourrait augmenter seulement les crédits de rentes des cadres
supérieurs d'entreprises dans le but de détourner une partie du
surplus. Ce serait une modification où la régie imposerait des
conditions. Par contre, si l'activité économique est au ralenti
dans ce domaine-là et que l'employeur désire donner des retraites
anticipées plus généreuses à certains de ses
travailleurs, autant des cols bleus que des cols blancs, de façon
à faciliter leur retrait du marché du travail, on ne pourrait pas
affirmer que c'est une modification qui visait à détourner du
surplus. Donc, lors d'une telle modification, la régie n'imposerait pas
de condition. On doit discriminer entre les modifications.
Mme Harel: J'ai une autre question à poser, M. le
Président. On y reviendra peut-être dans un autre alinéa...
Peut-être, est-ce l'occasion de le faire immédiatement.
L'amendement consiste à remplacer le troisième alinéa par
le suivant: "L'interdiction prévue au premier alinéa emporte
même la nullité d'une modification faite avant le 15 novembre 1988
et qui, à cette date, n'a pas été approuvée par la
régie. " Qu'arrivera-t-il des modifications qui ont été
fartes avant le 15 novembre, mais qui dans le fond.. Le mot "approuvée"
est un peu excessif pour illustrer ce que la régie faisait avant le 15
novembre parce qu'elle n'avait pas le pouvoir de décider d'approuver ou
pas, parce que si tant est que le contrat qui liait les parties était
que l'employeur seul, unilatéralement, pouvait modifier... La
régie, à ma connaissance, n'avait qu'à entériner et
non pas à approuver. Alors, si j'ai bien compris, avec cet amendement,
vous ne couvrez que les modifications qui n'auraient pas été
approuvées par la régie avant le 15 novembre. Mais qu'arrive-t-il
de toutes ces modifications qui l'auraient été, au sens
peut-être un peu excessif du mot "approuver", depuis le jugement de la
Cour d'appel en 1986 qui faisait que depuis cette date-là la
régie approuvait au sens d'entériner?
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut laisser Me
Roy répondre à cette question?
Le Président (M. Bélanger): Bien sûr. Je vous
en prie, Me Roy.
M. Roy (Jean-Aimé): Jean-Aimé Roy, avocat à
la Régie des rentes. Dans le cas que vous mentionnez, je pense qu'il
faudrait une rétroactivité énorme. Il faudrait remonter
à l'affaire J. J. Newberry. Si je me souviens bien, c'est en 1975 que
cela s'est passé.
Mme Harel: Dans le cas de? M. Roy: J. J. Newberry. Mme Harel:
J. J? M. Roy: J. J. Newberry. Mme Harel: J. J. Newberry.
M. Roy: Le cas J. J. Newberry. Le jugement de la Cour d'appel a
dit, en fait, que la régie devait approuver seulement selon les normes.
Je pensais que c'était le...
Mme Harel: Non, non, moi je faisais...
M. Roy:... jugement de la Cour d'appel dont vous parliez.
Mme Harel:... référence... Je pense à United
Stores. C'est cela, United Stores.
M. Roy: C'est la même chose. Mme Harel: C'est la même
chose? M. Roy: C'est la même chose, oui. Mme Harel: Comment
l'appelez-vous? M. Roy: J. J. Newberry.
Mme Harel: Newberry. C'est le nom du propriétaire?
M. Roy: C'est une cause qui a vraiment marqué un tournant
dans la façon d'agir de la régie, parce que le juge lui a
indiqué qu'elle ne devait approuver les modifications et un
régime que s'ils étaient conformes aux normes
édictées par la loi. Dans le cas dont vous parlez, celui d'un
régime qui identifie ou dispose que l'employeur peut modifier le
régime a sa guise, on n'a pas de normes dans la loi qui interdisent
cela. Donc, pour régler le passé, il faudrait prévoir une
rétroactivité qui serait, je pense, exorbitante.
Mme Harel: Alors, si je comprends bien, pour l'avenir, l'une des
façons de régler le problème serait d'édicter dans
la loi que les surplus ne peuvent pas être utilisés, à
moins qu'il n'y ait entente entre les parties. Je com- prends bien que...
M. Bourbeau: Parlez-vous de l'avenir, de la loi qu'on
édictera l'an prochain ou du moratoire qu'on adopte aujourd'hui?
Mme Harel: En fait, il faudrait quasiment poser la question pour
les deux situations.
M. Bourbeau: C'est parce que, pour ce qui est de l'an prochain,
le gouvernement n'a pas encore statué sur les orientations
définitives de la réforme. On a quelques idées, mais je
pense bien qu'il faudra quand même attendre un peu. Pour ce qui est
d'aujourd'hui, c'est une situation temporaire, c'est un gel temporaire. Ce
qu'on fait aujourd'hui, ce n'est pas nécessairement exactement ce qu'on
fera l'an prochain. Il y a peut-être des choses qu'on fait aujourd'hui et
qu'on ne fera pas l'an prochain, il faudrait voir.
Mme Harel: Non, c'est cela. Évidemment, pour les causes en
cours, cela ne règle strictement rien.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que la philosophie qui est
suivie ici, c'est qu'on ne peut pas s'immiscer dans les causes qui sont
présentement devant les tribunaux. On ne peut modifier en aucune
façon la situation des parties, sauf que la loi prévoit, si un
jugement intervient, qu'il sera forcément basé sur la loi
actuelle et sur les contrats tels qu'ils existent présentement. Il ne
sera pas permis de distribuer les fonds, même si le tribunal
déclare que les fonds appartiennent à l'employeur; il ne sera pas
permis de distribuer les fonds tant que le moratoire ne sera pas
levé.
Mme Harel: Dès que le moratoire sera levé, la
distribution se fera...
M. Bourbeau:... selon la nouvelle loi.
Mme Harel:... en fonction du jugement du tribunal.
M. Bourbeau: Oui, mais en respectant aussi la nouvelle loi.
Mme Harel: SI la nouvelle loi contient... M. Bourbeau: On
pourrait avoir une... Mme Harel:... des dispositions...
M. Bourbeau:... clause "nonobstant" qui pourrait dire: Nonobstant
les jugements rendus, dans la distribution des fonds, on doit tenir compte
de... Et il devrait nécessairement y avoir un certain
élément de rétroactivité.
Dans l'un des amendements, à l'article 43. 1, on va voir qu'il
est dit que l'interdiction des déboursés prévue au premier
alinéa vaut aussi à
l'égard de la partie de l'actif de la caisse de retraite à
laquelle l'employeur a droit au titre d'un régime terminé avant
le 15 novembre 1988 et qui, à cette date, ne lui a pas encore
été versée. Elle s'applique même aux instances en
cours le 15 novembre 1988.
On me dit que la seule exception qu'il pourrait y avoir, ce sont les cas
où un jugement aurait déjà été
prononcé, mais dont les sommes n'auraient pas été
versées. Là, les conseillers juridiques me disent qu'il ne serait
pas possible de geler ces sommes. D'autre part, on me dit qu'il n'y a pas de
situation connue de jugement prononcé où les sommes n'auraient
pas été déboursées. (12 h 15)
Est-ce qu'on peut passer aux explications sur d'autres
modifications?
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: M. le Président, dans une autre modification,
on vise à ce que la répartition du surplus d'actif de la caisse
de retraite entre les participants puisse se faire, en cas de terminaison
totale du régime, jusqu'à concurrence des plafonds de prestations
autorisés en vertu des lois fiscales.
Mme Harel: À quel article êtes-vous? M. Bourbeau:
À l'article 43.
Mme Harel: Juste avant, M. le Président, si j'ai bien
compris, à l'amendement 9. 1, il s'agit spécifiquement, des cas
de division de régime, mais ça peut être aussi des cas de
fusion.
M. Roy: Les cas de fusion ne sont pas visés.
Mme Harel: Les cas de fusion ne sont pas visés. Ainsi, ce
n'est pas...
M. Bourbeau: On me dit qu'il n'y a pas de problème dans
les cas de fusion, le problème ne se pose pas.
Mme Harel: Pour le Crédit foncier, ça n'a pas
été le problème? C'est un problème de fusion; il
n'y a pas eu de terminaison, il y a simplement eu des mises à pied et la
fusion du régime s'est faite, finalement, en faveur des salariés
de l'Ontario.
M. Slater: Au crédit foncier, des fusions ont
été faites, il y a très longtemps. Elles ont
été suivies par une division en 1985, je crois, Là, on a
deux régimes distincts. Lorsqu'il y a fusion, l'ensemble des fonds
demeurent dans le régime. Il n'y a pas de sortie de surplus à ce
moment-là. La division est davantage problématique en ce sens
qu'il pourrait y avoir, à ce moment-là, répartition de
surplus entre deux groupes de participants qui iraient dans des régimes
différents, des régimes qui pourraient s'en aller à
l'extérieur de la juridiction du Québec, tandis que lorsqu'il y a
fusion, finalement, les sommes restent toujours dans un régime et les
participants du Québec y sont toujours. Donc, Ils peuvent toujours
prétendre à une partie du surplus et leurs droits ne sont pas
menacés.
M. Bourbeau: Peut-être que Me Roy pourrait apporter un
complément d'information.
M. Roy: II ne faudrait peut-être pas se mêler avec ce
qui s'est passé en 1985. Il y a eu un projet de loi qui a
fusionné Montréal Trust et le Crédit foncier, mais ce qui
se passe avec le régime, n'était pas visé dans le projet
de loi comme tel.
Mme Harel: II y a eu un projet de loi privé qui a
été déposé devant la commission.
M. Roy: Pas pour le régime de retraite, pour la fusion des
deux entreprises, Montréal Trust et Crédit foncier.
M. Bourbeau: On a fusionné l'entreprise, mais non les
fonds de retraite.
M. Roy: II y avait des dispositions concernant le régime
de retraite dans le projet de loi déposé, mais lorsqu'il a
été adopté, ces dispositions ont été
enlevées.
Mme Harel: Les dispositions de fusion?
M. Roy: Oui.
Mme Harel: À ta demande...
M. Roy: Je ne suis pas sûr, je ne me souviens plus.
Mme Harel: Le fait qu'il n'y a pas eu de fusion, finalement, fait
que les participants québécois ont été beaucoup
moins bien indemnisés que les participants ontariens. Est-ce bien cela?
Par exemple, j'ai ici une lettre écrite par M. Guy Lachance,
est-ce...
Une voix: C'est le secrétaire de la régie.
Mme Harel:... qui dit: "Je dois toutefois vous informer - il
écrivait au chef de l'Opposition - qu'il existe des différences
quant aux bénéfices minima prévus par ces lois et que ces
différences peuvent être perçues comme une injustice par
les participants, si l'employeur n'accorde que les bénéfices
minima prévus. " Il faisait référence au régime
supplémentaire de rentes et aux lois semblables des autres provinces.
Donc, dans ce cas, je dois comprendre à ce moment-là, que le
problème est venu du fait qu'il
n'y a pas eu de fusion, qu'il y a eu maintien, finalement, des divisions
du régime, malgré la fusion des entreprises, est-ce bien
cela?
M. Bourbeau: Je m'excuse, la question, c'était quoi?
Mme Harel: Est-ce qu'on doit comprendre que, dans ce cas, le fait
qu'il n'y ait pas eu fusion défavorise les participants?
M. Slater: La fusion n'affecte pas les droits minima des
participants. Le contrat, c'est le régime et les lois s'appliquent.
C'est-à-dire que même si des Québécois participaient
au même régime que des Ontariens, il reste que les droits
définis dans le contrat, c'est-à-dire le régime, et aussi
la loi québécoise s'appliquent aux Québécois et la
loi ontarienne s'applique aux Ontariens.
Mme Harel: Alors expliquez-moi ceci. C'est un dossier que m'a
fait parvenir le chef de l'Opposition et il y a eu un échange de lettres
important entre la régie et lui. Je vous lis la lettre qui lui avait
été adressée par les employés du Crédit
foncier et qui disait ceci: "En décembre 1986, des représentants
des régimes de rentes du Crédit foncier se présentaient
à Québec pour empêcher la fusion de leur fonds de pension
avec celui de Montréal Trust, comme le prévoyait le projet de loi
visant à la fusion des deux compagnies que Montréal Trust
soumettait alors à l'approbation de l'Assemblée nationale. Une
telle fusion aurait entraîné le transfert du surplus très
considérable de ces fonds de pension au régime des rentes des
employés du Montréal Trust, au détriment des anciens
employés du Crédit foncier. Montréal Trust retira les
articles litigieux de son projet de loi et le sort du régime des rentes
des employés du Crédit foncier fut confié aux bons soins
de la Régie des rentes du Québec. " Et là, de continuer:
"En 1987, le 28 août, la Régie des rentes décréta la
terminaison partielle des régimes de rentes des anciens employés
du Crédit foncier etc. On dit que la régie demanda à
Montréal Trust de lui présenter un rapport de terminaison
précisant ce qui devait revenir à chacun des anciens
employés de Crédit foncier. Le rapport de terminaison
déposé par Montréal Trust fait fi de toute justice pour
les employés qui ont contribué à ce fonds durant plusieurs
années. Nous trouvons ce rapport tout à fait inacceptable. "Dans
le rapport de terminaison partielle déposé par le Montréal
Trust, les anciens employés du Crédit foncier sont traités
différemment selon qu'ils travaillaient au Québec ou ailleurs. Le
rapport fait une nette discrimination entre les employés du
Québec tout en avantageant ceux qui travaillaient dans d'autres
provinces etc. La régie n'a pas encore statué sur le sort qu'elle
entend - voyez-vous, c'est en date de juillet 1988 - réserver au rapport
des actuai- res du Montréal Trust. Nous demandons votre intervention
avant qu'il ne soit trop tard. "
M. Bourbeau: Cette lettre était écrite par qui?
Mme Harel: "Veuillez agréer, etc. Trois personnes ont
signé conjointement.
M. Bourbeau: C'étaient des personnes visées
personnellement par...
Mme Harel: Non, ce sont les représentants des
régimes de rentes du Crédit foncier. Ce sont des employés:
Jacques David, Christopher Hyde et Jean Pinard.
M. Bourbeau: Ce sont des anciens employés.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: La lettre était adressée à
qui?
Mme Harel: La lettre est adressée au chef de
l'Opposition.
M. Bourbeau: D'accord. Est-ce qu'on peut suspendre?
Le Président (M. Bélanger): La commission suspend
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise à 12 h 27)
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais dire à la
députée de Maisonneuve qu'au même moment, probablement,
où cette lettre a été écrite, on m'a écrit,
également. J'avais, à ce moment-là, communiqué avec
la régie, avec le président de la régie, pour lui demander
de m'informer sur cette question et de s'assurer que les droits des
participants étaient protégés. On me dit que la
régie a rendu une première décision - et je crois que vous
en avez fait état dans votre lettre, aussi - où elle a
confirmé avoir approuvé le rapport de terminaison, parce que le
rapport était fait conformément à la réglementation
existante.
Je dois dire que le Montréal Trust, effectivement, a
accordé le minimum prévu par la réglementation et rien de
plus. Le problème qui se pose, c'est que le minimum
québécois est inférieur au minimum ontarien. Comme
Montréal Trust a décidé de donner le minimum partout, des
employés ontariens ont pu recevoir plus, parce que le minimum
prévu en Ontario est supérieur. Actuellement, la décision
de la régie est en révision à la régie, il y a
un processus de révision qui existe et la révision n'est
pas
terminée. Je ne peux pas préjuger de ce que sera la
décision, on verra plus tard. De toute façon, une situation comme
celle-là, c'est justement ça qu'on veut corriger avec la
réforme de la loi.
On m'indique que, de toute façon, pour avoir un éclairage
total sur le dossier, les employés en question ont reçu, à
la fin de leur emploi, des primes de séparation assez substantielles
qui, prétend-on du côté patronal, visaient à
compenser un peu pour le problème dont on fait état. Je ne dis
pas que ça compense, je ne veux pas me prononcer là-dessus. Mais
uniquement pour les fins du dossier, je pense qu'il fallait le dire. Alors,
c'est l'état du dossier au moment où on se parle.
Mme Harel: Alors, M. le Président, ce qu'on évoque,
les propos du ministre, c'est ce qui était évoqué plus
tôt. Les minima, les bénéfices minima prévus dans
les régimes ontariens et québécois seraient
différents. Mais n'y a-t-il pas également une autre dimension
importante à savoir que, dans le régime ontarien, la terminaison
soit-elle partielle ou totale, il n'y a pas de différence et les surplus
doivent être distribués au prorata? Dans le régime
québécois, il y a une distinction entre la terminaison totale et
partielle. Et, dans le cas du Crédit foncier, cela a été
un facteur déterminant pour ce traitement inégal qu'ils auraient
reçu.
M. Bourbeau: La différence, c'est qu'au Québec, il
ne peut pas y avoir de distribution si ce n'est pas une terminaison totale,
alors qu'en Ontario, on peut faire des distributions lorsqu'il y a une
terminaison partielle. L'autre point...
Mme Harel: Alors, est-ce qu'on peut penser que les
employés du Crédit foncier verront leur situation
s'améliorer avec des interventions législatives ou pas et de
quelle manière?
M. Bourbeau: C'est prématuré de répondre
à cette question, puisque le Conseil des ministre n'a pas encore
statué sur les éléments de la réforme. Est-ce qu'on
pourra aller aussi loin que jusqu'à modifier des régimes qui ont
fait l'objet d'une terminaison? Je ne peux pas le dire. Je ne pense pas qu'il
faille être très enthousiaste et que l'on puisse, à ce
moment-ci, laisser poindre de trop grands espoirs en ce qui concerne une
situation comme celle-là. On parle d'une situation qui date quand
même d'un certain temps et qui emporte un élément de
rétroactivité tel qu'on ne saurait plus où tirer la ligne,
éventuellement. Si on recommence à retourner en arrière
dans des régimes qui sont terminés...
Mme Harel: Mais la décision est encore en révision
devant la régie. On ne parle pas d'un passé lointain. La
décision de la régie est toute récente, c'est cet automne,
en octobre. C'est la loi actuelle que le ministre prétend changer.
M. Bourbeau: Aujourd'hui, c'est impossible de dire
jusqu'où et dans quelle mesure cette rétroactivité pourra
jouer. On a l'intention d'introduire certains éléments de
rétroactivité dans la loi. Tout cela est à l'état
de projet.
Jusqu'où cela ira? Pour l'instant, je suis incapable de le
dire.
Mme Harel: Je reprends l'amendement que l'on retrouve à
l'article 43. 1, que vous nous avez lu et qui se lit comme suit:
"L'interdiction prévue au premier alinéa... " Donc, c'est
l'interdiction de modifier, c'est bien cela?
M. Bourbeau: À l'article 43. 1?
Mme Harel: À l'article 43. 1, dernier paragraphe. Cet
amendement au troisième alinéa ne s'appliquerait pas, même
si le régime s'est terminé avant le 15 novembre et que le surplus
n'a pas encore été versé. C'est donc dire que cela ne
s'appliquerait pas dans le dossier du crédit foncier.
On dit: "L'interdiction prévue au premier alinéa vaut
aussi à l'égard de la partie de l'actif de la caisse de retraite
à laquelle l'employeur a droit au titre d'un régime
terminé avant le 15 novembre - c'est bien le cas pour le Crédit
foncier - et qui, à cette date, ne lui a pas encore été
versée. " Donc, la seule différence, c'est que ce n'est pas une
modification de régime, mais une terminaison partielle. C'est la seule
différence. Alors, pourquoi vouloir protéger, couvrir et donner
à la régie le pouvoir de refuser d'approuver des modifications de
régime et pourquoi ne pas lui donner rétroactivement le pouvoir
de refuser des terminaisons totales?
M. Slater: Le troisième alinéa de l'article 43. 1
s'applique uniquement lorsqu'il y a interdiction. L'interdiction en est une de
remise de surplus à l'employeur. Cette remise ne peut être
effectuée, compte tenu de la loi actuelle, que lorsqu'il y a terminaison
totale. Lorsqu'il y a une terminaison partielle, il ne peut y avoir de remise
de surplus. C'est déjà comme ça dans la loi.
Mme Harel: Mais est-ce que ce n'est pas ce qu'il faut
changer?
M. Slater: Cela ne s'applique pas au Crédit foncier. Le
Crédit foncier ne peut reprendre de surplus, parce que son régime
est terminé partiellement.
Mme Harel: Voilà.
M. Slater: C'est impossible qu'il le reprenne. D'accord?
Mme Harel: Oui, cela je le comprends très bien, mais ce
que je ne comprends pas c'est ceci: est-ce une loi correctrice qui est
introduite?
M. Bourbeau: Ici ce n'est pas une loi correctrice, c'est une
loi...
Mme Harel: L'amendement introduit une modification qui... En
ajoutant, après le premier alinéa... L'amendement introduit une
modification, pas seulement dans les cas de terminaison totale, mais dans les
cas de division. Là, vous m'avez dit que l'amendement - je reprends
exactement vos propos - va consister, lorsqu'il y a division de régime,
à ce que la distribution se fasse de manière à ne pas
privilégier quelque participant que ce soit. Mais vous me dites que
c'est uniquement dans les cas de terminaison totale?
M. Slater: L'article 9. 1 vise les cas de division de
régime, d'accord?
Mme Harel: Voilà.
M. Slater: Lorsqu'il y a division...
Mme Harel: Mais une division, ça peut se faire tout en
maintenant le régime actif. Il n'y a pas de terminaison.
M. Slater: C'est ça.
M. Harel: Et vous introduisez un amendement qui couvre les cas de
division de régimes.
M. Slater: C'est ça.
Mme Harel: Donc, c'est un amendement qui s'ajoute, n'est-ce pas?
Parce que l'article 9. 1 cela corrige, c'est dans ce sens que c'est correcteur,
ce n'est pas simplement le moratoire. On ne dit pas simplement qu'il va y avoir
un moratoire sur la distribution des surplus, lorsqu'il y a terminaison; on dit
que lorsqu'il y a division... C'est ça? Je vous suis bien?
M. Slater: D'accord.
Mme Harel: Lorsqu'il y a division, donc, maintien du
régime. La régie se donne le pouvoir d'approuver, de subordonner
son approbation à des conditions, n'est-ce pas? C'est dans des cas de
division, de maintien du régime. C'est correcteur, ça. Ce n'est
pas le moratoire, ça.
M. Slater: C'est-à-dire... Ce que ça vise, c'est...
Pour vous donner un exemple, il pourrait y avoir, au Québec, un
régime qui comprendrait des participants du Québec et du
Nouveau-Brunswick. Là, ce régime est enregistré et
assujetti à la loi. L'intention de l'employeur, c'est de le terminer, le
régime, mais il ne peut pas récupérer les surplus, parce
que, au Québec, il y a un moratoire. Alors, il décide de diviser
son régime d'une façon telle que tout surplus s'en va sur la
tête des gens du Nouveau-Bruns-wick et, là, deux jours
après que ce soit rendu au Nouveau-Brunswick, il le termine et
récupère les surplus. C'est une mesure tout à fait
liée au moratoire, pour être sûr que le moratoire est
complet.
Mme Harel: Alors, c'est pour ne pas voir détourner vos
dispositions que vous avez décidé de contrôler les
mouvements qui peuvent se faire à l'intérieur des régimes.
Je me suis déjà fait expliquer par des gens qui sont
spécialisés dans le domaine que c'est ça qu'il fallait
faire et que c'est ça qui n'était pas dans le projet de loi.
C'est ça que l'Ontario avait fait aussi au moment de son moratoire sur
la fusion et les divisions. Mais, là, le problème, c'est qu'il
peut y avoir un détournement tout simplement en procédant par une
terminaison partielle. La terminaison partielle, vous me dites que ce n'est pas
couvert. C'est la loi actuelle qui va s'appliquer.
M. Slater: La terminaison partielle ne permet pas de toucher au
surplus.
Mme Harel: Je veux bien le croire, mais jusqu'à quand?
Vous me dites qu'elle ne permet pas de toucher au surplus jusqu'à ce que
le moratoire soit levé, mais en attendant, vous allez procéder
conformément aux dispositions de la loi actuelle qui, dans les cas de
terminaison partielle, n'oblige pas à distribuer des surplus.
M. Bourbeau: M. le Président, Me Roy peut répondre
à cette question.
M. Roy: En ce qui concerne la terminaison partielle, comme en ce
qui a trait à la terminaison totale, on a amené une modification
à l'article 40 qui dit ceci...
Mme Harel: Montrez-moi donc ça. C'est dans les
amendements?
M. Roy: Oui, c'est l'article 1. 1 du...
Mme Harel: Si vous nous les aviez remis un peu d'avance, les
amendements, disons que ça aurait aidé. Surtout qu'ils sont
prêts depuis une semaine...
M. Bourbeau: Non, je regrette. Les amendements sont prêts
depuis hier soir.
Mme Harel: J'allais dire... Je pensais que c'était une
mauvaise habitude que le ministre prenait!
M. Bourbeau: Non, mais la députée devrait savoir
que c'est un projet de loi qui est venu tard dans la saison et qui a fait
l'objet de modifications un peu de dernière minute et les
dernières modifications ont été approuvées hier, en
comité de législation, avec une reconstruction, si je peux dire,
des amendements dans la journée d'hier. Donc, la députée
ne peut pas nous
accuser de ne pas lui avoir donné des amendements qui
n'étaient pas prêts.
M. Roy: Donc, on ajoute l'article 1. 1 au projet de loi qui
modifie l'article 40 de la Loi sur les régimes supplémentaires.
Cet article vise exclusivement la terminaison du régime, tant total que
partiel. Il dit justement qu'il faut fournir un rapport terminal qui doit
être approuvé par la régie. On ajoute un deuxième
alinéa qui dit: "L'approbation de ce rapport par la régie peut
être subordonnée aux conditions qu'elle estime justes pour
l'ensemble des participants si une modification du régime,
approuvée par la régie après le 15 novembre 1988, a eu
pour effet, par l'augmentation de crédits de rentes, de
privilégier certains participants. " C'est le pendant de ce qu'on avait
pour la division.
Mme Harel: Où retrouvez-vous cela?
M. Roy: C'est l'article 1. 1...
M. Bourbeau: L'article 1. 1.
M. Roy:... des papillons.
Mme Harel: Ah! Est-ce qu'on a les papillons? Oui?
M. Bourbeau: Oui, on vous les a distribués.
Mme Harel: D'accord, merci. Pourquoi cet amendement ne
viendrait-il pas améliorer la situation dans le dossier du Crédit
foncier? On dit: "L'approbation de ce rapport"... C'est le rapport de
terminaison, donc, le rapport du Montréal Trust. "L'approbation de ce
rapport par la régie peut être subordonnée. " Donc, dans
l'instance de révision en cours actuellement à la régie...
La régie, par exemple, une fois la loi 95 adoptée, ce sera
toujours en révision, si elle ne se décide pas à
procéder trop rapidement.
M. Slater: Dans le cas du Crédit foncier, tout d'abord, ce
n'est pas un cas de surplus, il n'y a pas de remise de surplus. C'est une
question de droits minimaux prévus par les différentes lois de
chacune des provinces.
Mme Harel: Pourquoi n'y a-t-il pas de surplus? Parce que c'est
une terminaison partielle?
M. Slater: C'est cela.
Mme Harel: Bon. Mais il y en a des surplus; ne me dites pas qu'il
n'y a pas de surplus. Je veux dire...
M. Slater: II n'y a pas de remise de surplus.
Mme Harel:... au sens de la loi actuelle... Oui, c'est cela. Il y
a des surplus, mais il n'y a pas de remise au Québec. Il y en a en
Ontario parce que, en Ontario, la loi prévoit la remise des surplus,
même dans les cas de terminaison partielle.
M. Slater: Dans une certaine mesure, il est remis aux
participants, si le régime prévoyait que, en cas de terminaison,
il devait aller aux participants jusqu'aux maximums fiscaux. C'est parce que le
régime le prévoit à la terminaison totale et que la loi
ontarienne vient obliger le régime à donner le même
bénéfice en cas de terminaison partielle que totale. Alors, ce
qui est visé à l'article 1. 1, c'est lorsque... Supposons qu'un
régime est modifié après le 15 novembre 1988 pour
améliorer fortement la rente ou le crédit de rentes d'un
participant ou d'un sous-groupe de participants et qu'après cette
amélioration, ces participants quittent le régime - donc une
terminaison partielle - et s'en vont avec une grande partie du surplus qui a
passé dans l'amélioration de leurs prestations, la modification
à l'article 40 vise à empêcher, encore là, de passer
à côté du moratoire.
Mme Harel: Pourquoi ne pas avoir utilisé, seulement sur le
plan de la sémantique, l'expression qu'on retrouve à l'article 9.
1: "si une modification antérieure de ce régime, approuvée
par la régie après le 15 novembre... "
M. Slater: Ah! C'est tout simplement qu'une division de
régime doit être faite par le biais d'une modification au
régime, tandis qu'une terminaison de régime, c'est un état
de fait qui ne nécessite pas une modification au régime.
Mme Harel: Oui. Alors là, vous avez décidé
de corriger la situation simplement lorsqu'il y a distribution
ultérieure. Vous allez vous donner le pouvoir d'aller voir si,
auparavant, il y avait eu des mouvements du genre de ceux qu'on fait avant de
mourir quand on ne veut pas trop payer d'impôt... Enfin, pour être
plus sérieux, pourquoi ne pas avoir abordé carrément la
possibilité de donner à la régie le pouvoir de subordonner
les terminaisons partielles qui ne sont pas complétées?
M. Slater: C'est cela. Le but de ce projet de loi, c'est la
question d'imposer un moratoire et les amendements...
Mme Harel: Donc, l'incurie du gouvernement à
procéder rapidement va, par exemple, dans le cas précis du
Crédit foncier... Les employés du Crédit foncier seront
vraiment, en fait, les victimes de la lenteur gouvernementale. Là, c'est
en révision. Vous allez donc avoir à décider en vertu de
la loi actuelle. La loi actuelle est vétuste, notamment en
matière de terminaison partielle.
M. Slater: Le comité de révision, dans la
cas du Crédit foncier, va décider en fonction de la loi
qui était en vigueur au moment où les événements
relatifs au Crédit foncier se sont produits. (12 h 45)
Mme Harel: Comme les tribunaux, n'est-ce pas? Le ministre dit
qu'il sera possible qu'il y ait un nonobstant concernant les décisions
des tribunaux, pourquoi n'y en aurait-il pas un concernant les décisions
de la régie?
M. Bourbeau: II y a déjà un "nonobstant" dans la
loi actuelle. Ce n'est pas sous cette forme-là, on réfère
aux causes pendantes. Maintenant, pourquoi? C'est sûr que si on avait
légiféré en 1976, 1977, 1978, 1979, 1980, 1981, 1982,
1983, 1984, 1985, 1986, 1987 et 1988, on aurait peut-être pu
régler des cas, des situations qui se sont terminées au cours de
ces années-là. La députée dit que le gouvernement
actuel est responsable de ne pas avoir agi avec célérité.
Probablement que si on avait agi l'an dernier, il y a deux ans, les
circonstances auraient été différentes. Mais si l'ancien
gouvernement avait agi en 1984 ou 1985, cela aurait été
différent, aussi.
Mme Harel: Si, plus modestement, vous n'aviez pas mis au rancart
ce qui avait déjà été préparé et qui
était considéré par le comité de législation
comme étant un modèle de projet de loi sur le plan de la
rédaction des lois... C'est très connu, c'était vraiment
un projet... Je suis certaine que le président actuel de la
régie, lui-même souscrirait aux propos que je tiens sur l'effort
et l'énergie investis pour donner lieu à un projet de loi. C'est
sûr qu'à ce moment-là... Je vous rappelle... Pour avoir lu
tous les mémoires au Conseil des ministres, tous ceux qui avaient
été déposés au Conseil des ministres et qui, entre
autres, étaient rédigés, en grande partie, par la
régie, je sais très bien que la régie, dans son
souci...
M. Bourbeau: Avez-vous lu les derniers mémoires aussi?
Mme Harel:... dans son souci d'étanchéité, a
fait les meilleures recommandations au gouvernement. Je ne voudrais surtout pas
que le ministre blâme la régie pour ne pas avoir prévu,
à cette époque, des dispositions qu'il était difficile
d'imaginer. Comme le problème des surplus est allé en s'aggravant
avec je dirais quasiment les rendements sur les investissements, que la
régie n'avait pas prévus, puisqu'elle n'avait pas cru
nécessaire, à ce moment-là... Je pense que c'est la
même régie, je crois comprendre que c'est à peu près
les mêmes personnes qui sont maintenant ici qui étaient là
à ce moment-là. Alors il faut que le ministre fasse attention,
parce que ce sont les mêmes collaborateurs.
M. le Président...
M. Bourbeau: Les fonctionnaires demeurent et les politiciens
passent, c'est ce que vous allez me dire.
Le Président (M. Bélanger): C'est connu, c'est
connu!
Mme Harel: Non, mais je veux surtout signaler au ministre
qu'à ce moment-là, c'est au meilleur de la connaissance des
personnes-ressources qu'on a à notre disposition qu'on
légifère en ces matières. Mais il faut être
soucieux, sur le plan législatif, de s'assurer que l'intention du
législateur est bien celle que les textes de loi prétendent
qu'elle est. Mais je veux connaître l'intention du législateur,
à ce moment-ci. Si le Crédit foncier, comme le suggérait
d'ailleurs M. Lachance, vice-président aux affaires professionnelles par
intérim, au chef de l'Opposition, que la... Je vais le lire exactement
pour bien le citer: "Je vous rappelle que si l'une ou l'autre des parties n'est
pas satisfaite des décisions de la régie, elle peut en demander
la révision ou, s'il s'agit d'un litige hors de la compétence de
la régie, porter le débat devant la Cour supérieure,
auquel cas la régie surseoirait au traitement du dossier. "
Dans le cas des terminaisons partielles, est-ce que la régie
considère que c'est, en fait, hors de la compétence de la
régie? Pourquoi avoir fait une telle recommandation? Pourquoi
recommander qu'une des parties porte le débat devant la Cour
supérieure?
M. Bourbeau: M. le Président, avant de répondre
à la question de la députée de Maison-neuve...
Mme Harel: Oui, je crois comprendre que ce n'est pas une
recommandation, mais on évoque la possibilité...
M. Bourbeau:... j'aimerais simplement dire à la
députée qu'on voit très bien que, d'une façon
très subtile, je dois le dire, la députée de Maisonneuve
tente de créer la zizanie dans le camp ennemi en insinuant que le
ministre a blâmé la régie ou blâme la régie
pour une présumée inaction dans le passé. Mais en aucun
temps, M. le Président, je n'ai blâmé la régie de
quoi que ce soit. D'ailleurs, la meilleure preuve en est que nous avons
conservé absolument intacts les effectifs de la régie depuis
trois ans. Si nous avions des blâmes à adresser soit au
président ou à d'autres personnes de la régie, on s'en
serait peut-être rendu compte par des mutations de personnel. Or, la
députée elle-même a reconnu que le gouvernement a fait
preuve d'une attitude exemplaire en maintenant à la régie des
gens qui ont pu avoir, dans le passé, des sentiments différents.
Je l'ignore, et nous...
Mme Harel: Non, et vous avez reconnu leur compétence. Je
pense qu'elle est publiquement
reconnue.
M. Bourbeau: Oui, exactement. Alors la députée se
contredit en...
Mme Harel: Et ils étaient aussi compétents il y a
quatre ans qu'ils le sont maintenant, au moment du projet de loi 58.
M. Bourbeau: Tout à l'heure, elle me blâmait. La
députée, M. le Président, est d'une incohérence
dans ses propos! il y a cinq minutes, elle me disait que je blâmais la
régie et, maintenant, elle dit qu'on reconnaît sa
compétence. Alors, comme on ne peut pas en même temps
reconnaître la compétence et blâmer, je voudrais qu'elle se
branche.
Mme Harel: Je rappelle au ministre que, lorsqu'il faisait grief
au projet de loi 58 de ne pas contenir telle ou telle disposition qui, selon
lui, aurait...
M. Bourbeau:... s'adressait au surplus.
Mme Harel: C'est ça. D'une certaine façon, il faut
bien comprendre que ce n'était pas là, à l'époque,
une des recommandations de la régie.
M. Bourbeau: Mais ce n'était pas la régie que je
blâmais, c'était l'ancien gouvernement de ne pas avoir
prévu dans ses orientations à la régie...
Mme Harel: Oui, oui. Je comprends que le ministre a beau, de
façon politique, blâmer l'ancien gouvernement, mais il sait
très bien que tout ça évidemment... Comme je peux
blâmer le ministre pour un certain nombre de choses, mais...
M. Bourbeau: Mais, de quoi me blâmez-vous? M. le
Président, j'aimerais le savoir.
Mme Harel: De ne pas avoir agi.
M. Bourbeau: Mais, j'ai agi, M. le Président...
Mme Harel: Cela, c'est peut-être le principal blâme
qu'on peut vous faire...
M. Bourbeau: Mais j'ai agi, M. le Président, j'ai agi avec
célérité. On ne peut pas agir avec plus de
célérité.
Mme Harel:... et de ne pas agir aussi en ce qui a trait à
l'accès des travailleuses au foyer à la régie des
rentes.
M. Bourbeau: M. le Président...
Mme Harel: J'aimerais bien d'ailleurs - on n'abordera pas le
sujet - connaître l'opinion du président et de ses
collaborateurs...
M. Bourbeau: Peu de ministres ont fait autant en si peu de
temps.
Mme Harel:... de la régie sur cette question.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne suis pas là
depuis 6 mois et...
Mme Harel: Nous aurons une autre occasion...
M. Bourbeau:... j'ai déjà réformé
l'aide sociale, au surplus des rentes et je m'attends, M. le
Président...
Mme Harel: Alors, là, M. le ministre, je peux vous dire
que tous les éditorialistes prétendent que tout est encore
à faire.
M. Bourbeau: M. le Président, sans parler du Régime
de sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris qui
sera loi dans quelques semaines, dans quelques jours, que dis-je?
Mme Harel: Bon! Heureusement que le gouvernement
précédent avait déjà...
M. Bourbeau: Les allocations familiales... Mme Harel:...
bien engagé la réforme!
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
on pourrait revenir à l'article en question ici, cela me
paraîtrait plus...
Mme Harel: Oui. Donc, je pose de nouveau la question au ministre:
Puisque la régie évoquait - sans la recommander, j'en conviens -
la possibilité d'un appel devant les tribunaux - en fait, elle
recommandait de porter le débat devant la Cour supérieure, ce qui
a pour objet de faire surseoir au traitement du dossier - peut-on penser que,
dans un cas comme celui-là, puisque ce sera une instance en cours - et
je veux avoir une réponse claire - quand on dit, dans le
troisième alinéa de l'amendement, "aux instances en cours le 15
novembre", ce sont celles qui sont en cours le 15 novembre et qu'il y a des
instances qui, d'ici à l'adoption de la loi, ne le seraient pas?
M. Roy: C'est l'article introductrf 43. 1 qui s'applique. On n'a
pas d'affaire à le spécifier directement.
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: C'est parce qu'ils sont sujets au nouveau
régime.
Mme Harel: Ils sont sujets au nouveau régime et le nouveau
régime, c'est le moratoire.
M. Bourbeau: C'est ça. Ils sont sujets au moratoire, donc,
il n'y a pas lieu de les traiter comme s'il s'agissait d'instances qui avaient
pris naissance avant le 15 novembre.
Mme Harel: Bien sûr. Mon conseiller me rappelle que c'est
vraiment assez inusité de procéder comme ça. Cela illustre
bien le retard apporté à légiférer, parce que ce
n'est pas de gaité de coeur qu'on gèle des causes en instance,
des causes pendantes.
M. Bourbeau: Écoutez, si la députée veut
qu'on ne gèle pas les causes pendantes, on peut peut-être le
considérer, mais je pense que c'est dans l'intérêt de tout
le monde de le faire.
Mme Harel: C'est ça.
M. Bourbeau: C'est évident qu'on agit d'une façon
soudaine et subite, mais, la situation actuelle exige que le gouvernement
intervienne de cette façon et on ne procède pas
différemment de ce que l'Ontario a fait, par exemple. L'Ontario a
procédé de la même façon quand il est devenu
évident que la situation commandait une action énergique.
Mme Harel: Alors, si je comprends bien, le ministre n'a pas
l'intention de légiférer, tout au moins rétroactivement,
en matière de terminaison partielle.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne veux pas, pour
l'instant, préjuger de ce que sera la prochaine réforme. J'ai
donné tout à l'heure certaines indications, je ne veux pas aller
plus loin. On verra ce que le gouvernement décidera en temps opportun et
ce que l'Assemblée nationale décidera, parce que, parfois,
l'Opposition modifie singulièrement les lois, M. le Président.
Nous sommes tellement ouverts à toutes les modifications et suggestions
de l'Opposition! Peut-être l'Opposition pourra-t-elle nous convaincre
d'aller plus loin ou moins loin que ce qu'on voudrait faire.
Mme Harel: Ce "parfois", M. le Président, s'applique, il
est vrai, assez fréquemment, mais exclusivement à d'autres qu'au
ministre actuel.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne crois pas que ce soit
la vérité. Si la députée consulte, elle verra
qu'à l'occasion, on accepte des modifications lorsqu'elles ont pour
objet de bonifier le projet de loi.
Mme Harel: Alors, M. le Président...
M. Bourbeau: J'invite la députée à nous
suggérer des amendements qui bonifieraient le projet de loi.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut compléter avant 13 heures
pour se donner l'occasion de revenir ensuite avec un point de vue plus
mûr?
M. Bourbeau: Oui, bon, très bien.
Mme Harel: Est-ce qu'on pourrait aborder tout de suite l'article
2 qu'on n'a pas vu? Parce que l'article 3 des amendements... L'article 1 a
été assez couvert...
M. Bourbeau: II y a un article, un amendement qui dit... M. le
Président, l'amendement à l'article 43, c'est-à-dire
à l'article 2 du projet de loi, fait en sorte que la répartition
du surplus d'actif de la caisse de retraite entre les participants puisse se
faire, en cas de terminaison totale du régime, jusqu'à
concurrence des plafonds de prestations autorisés en vertu des lois
fiscales au prorata des crédits de rente des participants et sans que la
part non versée à un participant en raison de ces plafonds puisse
accroître aux autres participants.
Cet article remplace le premier alinéa de l'article 43 de la Loi
sur les régimes supplémentaires de rentes. Le nouvel
alinéa vise à établir la procédure
d'établissement du solde de l'actif d'une caisse de retraite lorsque le
régime est entièrement terminé. Cet alinéa fixe de
plus la manière de répartir le solde de l'actif d'un
régime à sa terminaison totale lorsqu'il doit être
versé aux participants. Les amendements apportés à cet
article du projet de loi 95 introduisent des exceptions à l'exigence de
répartir le solde de l'actif déterminé lors d'une
terminaison totale du régime entre tous les participants au prorata de
leurs crédits de rentes. Ces exceptions visent les situations
particulières suivantes: le cas des régimes qui stipulent
l'augmentation des crédits de rentes jusqu'au plafond de prestations
autorisées par les lois fiscales; le cas où les participants et
l'employeur ont convenu d'une répartition selon une règle qui,
sans être celle du prorata des crédits de rentes, est juste et
équitable de l'avis de la Régie des rentes du Québec; et
troisièmement, le cas où la répartition ne suit pas la
règle du prorata des crédits de rentes, mais a été
approuvée par la régie avant la date de la présentation du
projet de loi sous étude.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
à moins de consentement pour continuer quelques minutes... Non? Compte
tenu de l'heure, la commission... Consentement?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): La commission suspend
ses travaux jusqu'à 16 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise 16 h 23)
Le Président (M. Leclerc):... S'il vous plaît! Je
demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa place afin de permettre
à la commission des affaires sociales de se réunir pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 95, Loi modifiant la Loi sur les régimes supplémentaires de
rente.
Nous en étions, ce matin, aux informations préliminaires
sur les notes explicatives. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le
processus qu'on avait entrepris ce matin pour mieux se comprendre, si on peut
dire, dans les amendements qui sont très techniques? Est-ce qu'il y a
d'autres Interventions? Est-ce que nous sommes prêts à
procéder article par article?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, en ce qui nous
concerne.
Étude détaillée Enregistrement
des régimes
Le Président (M. Leclerc): Alors, nous sommes prêts
à procéder article par article?
Bien. J'appelle donc l'article 1. Sur l'article 1, M. le ministre.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Leclerc): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel:... avant qu'on entame nos travaux, j'ai
consulté, notamment, dans le peu de temps à notre disposition, un
actuaire et je dois lui reparler à 17 heures. Alors, je vous demanderais
s'il serait possible, à 17 heures, de suspendre pour dix minutes, le
temps que je puisse obtenir mes informations.
M. Bourbeau: Cela veut dire que d'ici à 17 heures, on va
faire du "surfing" quoi, du "sur place"?
Mme Harel: Cela peut toujours être utile.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut ajourner
jusqu'à 17 heures?
Le Président (M. Leclerc): Je n'ai pas d'objection, si
nous avons le consentement des deux partis.
Mme Harel: On va suspendre.
Le Président (M. Leclerc): Nous suspendons la
séance jusqu'à 17 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprise à 17 h 12)
Le Président (M. Bélanger): La commission reprend
ses travaux. Nous en étions à l'article 1.
J'appelle donc l'article 1. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 1.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 modifie la Loi
sur les régimes supplémentaires de rentes en y ajoutant l'article
9. 1. L'article 9 1, qui est un nouvel article, vise à interdire toute
modification d'un régime de retraite lorsque son objet porte sur le
droit des parties à recevoir l'excédent d'actif d'une caisse de
retraite. Cette prohibition vise même les modifications qui ont
déjà été soumises à la Régie des
rentes du Québec, si elle ne les a pas encore approuvées à
la date de prise d'effet de l'article. Il impose de plus un devoir à la
régie de refuser d'approuver une modification lorsque, à son
avis, elle a pour effet de répartir une caisse de retraite entre
plusieurs régimes autrement que suivant la règle de la
"proratisation" des actifs correspondant aux crédits de rentes.
Les amendements proposés à cet article visent à
préciser que l'interdiction de modifier un régime, quant au droit
des parties de recevoir l'excédent d'actif, n'empêche pas de le
modifier pour pouvoir utiliser cet excédent en acquittant des
cotisations. Ils accordent également à la régie le pouvoir
de n'approuver qu'à certaines conditions une modification visant
à diviser une caisse de retraite entre plusieurs régimes, si le
régime qui fait l'objet de la division avait été
antérieurement modifié pour augmenter les droits d'un groupe
restreint de participants ou privilégier certains d'entre eux par une
telle augmentation.
Ces amendements introduisent enfin deux reformulations portant sur les
deuxième et troisième alinéas de l'article 9. 1
présenté le 15 novembre dernier. Ces reformulations sont
conséquentes à la nouvelle structure de cet article et à
la nécessité de préciser plus clairement ses effets.
M. le Président, cela porte tant sur l'article 1 lui-même
que sur les amendements dont nous avons remis copie, ce matin, à
l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Maisonneuve?
Mme Harel: M. le Président, les consultations que j'ai pu
faire ne sont pas entièrement terminées, mais je peux, à
ce moment-ci, certainement faire valoir au ministre des difficultés qui
se présentent, notamment, quant aux amendements introduits.
D'abord, il faut comprendre, et il faut surtout vérifier si
l'intention du ministre est bien de ne pas formaliser des pratiques qui
étaient déjà en vigueur et qui sont sujettes à
être remises en question dans le cadre d'une réforme
complète de la Loi sur les régimes
supplémentaires de rentes. En d'autres termes, ce qu'on avait
devant nous, c'est un moratoire sur la distribution des surplus. Et là,
il ne faut pas se réveiller devant un projet de loi où il y
aurait déjà des choix qui seraient connus, où le ministre
se serait déjà commis et où des choix seraient
déjà clairement introduits.
Maintenant ou formalisant des pratiques qui sont sujettes à
être questionnées en cours d'une réforme globale - je
m'explique là-dessus - le ministre a introduit un amendement à la
fin du premier alinéa de l'article 9. 1, n'est-ce pas? Cet amendement se
lit comme suit: "; cette interdiction n'a pas pour effet d'empêcher la
modification du régime pour affecter ce solde de l'actif de la caisse de
retraite à l'acquittement de cotisations. "
C'est là, une pratique d'utilisation des surplus au cours de
l'existence du régime qui est mis en question. Est-ce que le
gouvernement prétend... C'est une pratique d'utilisation des surplus au
cours de l'existence du régime. Le ministre n'est pas sans savoir qu'il
y a une volonté, dans les milieux syndicaux, d'interdire cette pratique
d'utilisation des surplus, au cours même de l'existence du régime,
pour défrayer des contributions. Alors, c'est évident que c'est
vraiment perçu comme introduisant, à ce stade-ci du moratoire, un
amendement qui va venir formaliser, rendre rigide, renforcer cette pratique qui
est considérée comme devant, au contraire, être
interdite.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne pense pas qu'en
faisant ça, on formalise ou on cristallise ou on prend des
décisions qui vont nous lier dans l'avenir. En fait, cette prolongation
d'une situation qui existe présentement, n'est en fait que la poursuite
de ce que permet déjà l'article 52 de la loi, qui dit que tout
surplus déterminé par une évaluation actuarielle peut
être utilisé pour réduire les contributions requises en
vertu du régime. En fait, ça, c'est le règlement des... Ce
n'est pas loi, c'est le règlement, plutôt.
Nous n'innovons pas en faisant ça, mais nous ne mettons pas fin,
non plus, à ce qui est permis actuellement dans le régime actuel.
Nous allons quand même déjà amener un certain frein en
disant: Oui, vous pouvez continuer la pratique qui est déjà
permise, mais, attention, il ne faut pas que ça, mette en péril
la réforme qui s'en vient. Donc, dans ce sens, je pense que ça
serait même assez exhorbitant de mettre un frein tout de suite à
cette pratique, puisqu'elle fait partie de la coutume. Ce serait innover,
à ce stade-ci.
Je suis d'accord avec la députée qu'on ne cherche pas
maintenant à faire du droit nouveau, mais plutôt à figer
dans le temps l'ensemble de ce dossier. Et si c'est notre objectif de figer ou
de geler la situation présente, on doit la geler avec ses us et
coutumes. Et une des coutumes, une des pratiques permises par la
réglementation actuelle, c'est de permettre justement l'utilisation des
surplus qui sont déterminés par une évalua- tion
actuarielle pour des fins d'acquittement des cotisations.
Maintenant, je signale à la députée que, de plus,
la Loi sur l'impôt impose, à certaines conditions, l'utilisation
des surplus pour les fins d'acquittement des contributions requises en vertu du
régime, de façon à ne pas bâtir indûment des
surplus qui ont été possibles, qui ont
généré des économies d'impôt pour les
compagnies.
Mme Harel: M. le Président, je pense bien que le ministre
va devoir s'expliquer. La Loi sur l'impôt introduit un plafond, mais il
s'agit là, non pas nécessairement dû plafond, mais
d'affection du solde pour prendre un congé de cotisations. C'est bien le
terme qui est utilisé. Donc, ce n'est pas tant pour souscrire à
quelques exigences de la Loi sur les impôts que pour prendre un
congé de cotisations.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'a pas ici la Loi sur
les impôts, mais mes conseillers juridiques me confirme qu'elle oblige ou
impose l'utilisation de cette méthode, c'est-à-dire que
l'employeur doit utiliser les surplus dans le fonds de retraite pour prendre
des congés tout en acquittant les cotisations, dans le cas où il
y a un tel surplus et cela se comprend. Quand on construit ces surplus, cela se
fait à la faveur d'avantages fiscaux. Ces avantages sont là
à partir du moment où l'argent est dans le fonds. Alors,
l'impôt dit: Avant de réclamer d'autres avantages fiscaux
additionnels, utilisez donc l'argent que vous avez déjà dans le
fonds et qui a été mis là lors de votre prise d'avantages
fiscaux. Je serai peut-être en mesure, dans quelques minutes, de vous
donner les références à la Loi sur les impôts.
Mme Harel: Oui, parce qu'il ne va pas falloir confondre
l'augmentation des prestations des participants jusqu'au plafond établi
par la Loi sur les impôts.
M. Bourbeau: Oui, c'est une autre chose. Mme Harel: C'est
une autre chose.
M. Bourbeau: Ce sont deux choses totalement
différentes.
Mme Harel: Alors, celle-ci... Je souhaiterais que le ministre
puisse en faire lecture pour que ce soit noté au Journal des
débats.
M. Bourbeau: Je pourrais peut-être citer à la
députée...
Mme Harel: Cela vaut tout autant, du moment qu'on le cite.
M. Bourbeau: Alors, je vous réfère à la
circulaire d'information numéro 72-13R7 qui parle
justement du remboursement d'un surplus à l'employeur. On peut
peut-être citer un paragraphe, Mme la députée.
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: "En ce qui concerne le ministère, un surplus
dans un régime de pension tel que certifié par un actuaire, quand
il s'agit d'un régime prévoyant des prestations
déterminées, peut être remboursé à
l'employeur qui a versé des contributions qui seraient autrement
exigées de lui pour le compte des services courants des employés
au cours des 24 mois suivants. Si la fraction du surplus qui dépasse ces
contributions pour services courants n'est pas remboursée, il faudra la
déduire des obligations de l'employeur, en ce qui concerne les
contributions pour services courants ou antérieurs, au cours de
l'année courante et des années suivantes. D'autres demandes de
remboursement ou des déductions de surplus de fonds seront aussi prises
en considération, mais elles ne doivent pas être effectuées
avant que l'approbation ait été donnée. "
Mme Harel: À la première lecture comme cela, est-ce
que cela n'est pas, d'une certaine façon, assimiler ces contributions
à du salaire différé?
M. Bourbeau: Les contributions de l'employeur? Dans quel
sens?
Mme Harel: Aux crédits de rentes?
M. Bourbeau: C'est de l'argent qui a été mis de
côté pour fin d'acquitter la contribution de l'employeur. Des
avantages fiscaux sont générés par la mise de
côté de ces sommes. Les prestations prévues par le
régime peuvent être assimilées à du salaire
différé, mais pas nécessairement la méthode
financière.
Mme Harel: Oui. Qu'est-ce qui se passe dans le cas de
l'amendement qui est introduit à l'égard de l'utilisation des
surplus lors de la transformation d'un régime à prestations
déterminées en un régime à cotisations
déterminées?
M. Bourbeau: Selon le système actuel, vous voulez
dire?
Mme Harel: Avec l'amendement.
M. Bourbeau: Est-ce que vous voulez... Est-ce que la
députée pourrait reprendre sa question? Avec l'amendement qu'on a
là, qu'est-ce qui se passe si...
Mme Harel: Donc, l'amendement dit que cela n'empêche pas la
modification du régime pour affecter ce solde de l'actif de la caisse de
retraite à l'acquittement de cotisations. Il faut donc comprendre que
cela vaut aussi pour l'utilisation de surplus lors de la transformation d'un
régime à prestations déterminées en un
régime à cotisations déterminées.
M. Bourbeau: On me dit que ça ne change rien, que
l'employeur peut continuer à prendre des congés de cotisation
selon l'une ou l'autre formule.
Mme Harel: La modification pourrait être faite
malgré le moratoire et l'employeur pourrait la financer à
même les surplus.
M. Bourbeau: Vous voulez dire la transformation d'un
régime à prestations déterminées en un
régime à cotisations déterminées? Oui. ça
peut se faire en vertu du régime actuel.
Mme Harel: Malgré le moratoire, et l'employeur pourrait
utiliser le surplus pour financer sa contribution.
M. Bourbeau: II peut l'utiliser maintenant, avec le
système actuel.
Mme Harel: Avec le moratoire, ça ne change pas.
M. Bourbeau: Mais non, justement, on veut permettre de continuer
cette pratique. D'ailleurs, lorsque nous avons déposé le projet
de loi original, l'intention n'était pas de mettre fin à cette
pratique, sauf que j'ai expliqué ce matin que des intervenants ont
signalé qu'il y avait peut-être une ambiguïté quant
à la possibilité de continuer cette pratique. Comme notre
intention n'a jamais été de mettre fin à cette pratique,
nous avons jugé bon de le confirmer par un amendement, un papillon, tout
en statuant quand même à l'article 3 qui amende l'article 43. 1
que, dans l'éventualité où la loi que nous adopterons l'an
prochain, j'espère, augmenterait les crédits de rentes des
participants, l'employeur dont les cotisations auront été ainsi
acquittées en utilisant le surplus pour prendre congé de
paiements sera tenu de verser à la caisse de retraite les sommes
nécessaires au financement de cette augmentation, et ce, jusqu'à
concurrence des cotisations acquittées.
Donc, on dit: Si vous utilisez l'article 52 des règlements, comme
je l'ai expliqué tout à l'heure, vous pouvez continuer d'utiliser
les surplus déterminés par une évaluation actuarielle pour
réduire vos contributions, sauf que si jamais, plus tard, lorsque la
nouvelle loi sera en vigueur, il y avait dans cette loi des obligations qui
vous incombaient relativement à la bonification du régime actuel
et que, là, il manquait d'argent dans la caisse parce que vous avez
utilisé l'article 52, vous serez tenu de rembourser la
différence.
Mme Harel: L'amendement à 43. 1, celui
auquel vous venez de vous référer, s'applique
également dans les cas de terminaison partielle?
M. Bourbeau: Vous voulez dire: Est-ce qu'il s'applique en cas de
terminaison partielle?
Mme Harel: Les indications qu'on me donne sont que ça
couvre notamment les cas de terminaison partielle.
M. Bourbeau: On me dit que ça n'a rien à avoir avec
une terminaison partielle, c'est là.
Mme Harel: Pourquoi ça n'a rien à voir?
M. Bourbeau: Au Québec, on ne peut pas distribuer les
surplus lors d'une terminaison partielle, on le peut seulement lors d'une
terminaison finale, totale. Donc...
Mme Harel: "Ou partie du solde". On ne parle pas d'affectation de
tout le solde, mais de l'affectation d'une partie du solde. Ce n'est pas: "de
tout et", mais c'est: "de tout ou partie". Dans un cas de terminaison
partielle, il y a quand même une affectation d'une partie du solde de
l'actif, il peut y en avoir une, en tout cas, pour le rendement des cotisations
des employés.
M. Bourbeau: II ne peut pas y avoir, en cours de régime,
de distribution du capital, en fait du surplus à l'employeur, c'est
évident. Maintenant, s'il y a une entente pour une distribution entre
les participants, ça peut se faire, mais pourvu qu'il n'y en ait pas
à l'employeur, lors de la terminaison totale du régime, bien
sûr.
Mme Harel: Regardez bien, on va reprendre concrètement ce
qu'on me dit de ces dispositions, les unes interprétées par
rapport aux autres. D'une part, rien ne permet... Qu'est-ce que ça me
donne de parler, le ministre ne m'écoute même pas.
M. Bourbeau: M. le Président, j'écoute, je ne suis
pas obligé de regarder la députée de Maisonneuve dans les
yeux, je peux l'écouter même en regardant le plafond.
Mme Harel: De laquelle des deux oreilles m' écoutez-vous?
(17 h 30)
M. Bourbeau: Je vous écoute de mes deux oreilles, M. le
Président, mais la députée de Maisonneuve est possessive
à ce point que non seulement je dois l'écouter mais en plus je
dois la regarder!
Mme Harel: Non, cela ne me dérange pas. Ne me regardez
pas, mais quand vous m'écoutez, écoutez-moi, au moins des deux
oreilles. Vous pouvez faire autre chose, lire, mais au moins écoutez des
deux oreilles!
M. Bourbeau: Même si je l'écoutais d'une seule
oreille...
Mme Harel: Est-ce que le député de Fabre est
satisfait?
M. Joly: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce qu'on
pourrait revenir à nos propos s'il vous plaît?
Mme Harel: Bon, d'abord, le problème, c'est que dans les
surplus, il n'y a pas encore de détermination de la source des surplus.
Cela peut venir tout autant d'un excès de cotisations de l'employeur que
d'un rendement des cotisations des employés.
M. Bourbeau: C'est évident.
Mme Harel: Contrairement à l'Ontario qui a
déjà exigé que les régimes comptabilisent sur une
base différente, ce n'est pas le cas ici, n'est-ce-pas?
M. Bourbeau: Comptabilisent, vous voulez dire la source des
surplus en Ontario?
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Qu'on identifie si les surplus viennent de
l'employeur ou de l'employé ou des excès d'intérêt
gagnés par le régime?
Mme Harel: Oui. C'est une comptabilité distincte qui est
exigée.
M. Bourbeau: II faudrait peut-être qu'on pense... Si la
députée parle du système qui a prévalu en Ontario
jusqu'à maintenant, on me dit que ce n'est pas le cas. Maintenant, il y
a une réforme en marche en Ontario. Dans le système
réformé de l'Ontario, il y a des dispositions nouvelles et, bien
sûr, nous aussi nous allons procéder à des dispositions
nouvelles qui, éventuellement...
Mme Harel: Alors, cette comptabilité distincte permet...
Ce qui est embarrassant à ce moment-ci, c'est que le ministre vient, par
son amendement, renforcer l'utilisation des surplus au cours de l'existence du
régime, que ces surplus soient produits par des rendements de cotisation
des employés ou qu'ils le soient par un excès de cotisations de
l'employeur, quelle qu'en soit la source. On me fait savoir que le
problème est particulièrement grave au moment de la terminaison
partielle et que la lecture de l'article 43. 1 - ce sont deux avocats actuaires
différents que j'ai consultés - donne à entendre que cet
article pourrait s'appliquer dans les cas de
terminaison partielle et que, au contraire, me fait-on savoir, une
fraction du surplus devrait être allouée aux participants
visés par la terminaison au prorata de leurs crédits de rentes
pour bonifier leur prestation.
M. Bourbeau: M. le Président, lors d'une terminaison
partielle, il n'y a pas de distribution de surplus. On ne fait qu'attribuer des
sommes d'argent à la rente des employés qui sont présents
à ce moment-là dans le décor.
Mme Harel: Regardez bien, M. le ministre...
M. Bourbeau: Alors, il n'est pas question d'affecter le surplus
à ce moment-là.
Mme Harel: On va lire ensemble l'article 43. 1. "À compter
du 15 novembre 1988, il ne peut être versé à l'employeur
aucune partie de l'actif de la caisse de retraite du régime. " Cela,
c'est dans le cours de l'existence. On continue - et tout cet
article-là, c'est en cours d'existence: "en cours d'existence" et en
tout temps, on va dire que c'est pareil, d'accord? - "Cette interdiction n'a
pas pour effet d'empêcher l'affectation... "
M. Bourbeau: Je vous écoute toujours.
Mme Harel: Faisons l'effort mental d'enlever les mots "de tout"
pour lire "cette interdiction n'a pas pour effet d'empêcher l'affectation
d'une partie du solde de l'actif de la caisse de retraite,
déterminé lors d'une évaluation actuarielle du
régime, à l'acquittement de cotisations patronales. Donc, cela
peut se passer dans le cas d'une terminaison partielle où il y a, de la
part de l'employeur, affectation d'une partie du solde de l'actif de la caisse
de retraite pour obtenir un congé de cotisation.
M. Bourbeau: Absolument, c'est ce qu'on dit depuis le
début.
Mme Harel: Oui, mais il arrive qu'il y aurait en cours de route
par la suite, une terminaison partielle. Elle peut se produire, compte tenu de
ce qu'on connaît, de l'effervescence de l'économie. Tout cela se
joue dans des entreprises qui naissent et qui parfois meurent ou qui ferment un
service ou une filiale ou n'importe. Alors, une fois que ce congé de
cotisation a eu lieu, la terminaison a lieu et il arrive que...
M. Bourbeau: Partielle.
Mme Harel: Partielle, effectivement. À ce
moment-là, le surplus ne sera pas là lors de la terminaison
partielle. Il aura été utilisé pour des congés de
cotisation. Tout ce que vous vous réservez...
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas, mais
peut-être ne se comprend-on pas. S'il y a une terminaison partielle, on
ne touche pas au surplus, on n'affecte pas le surplus, on ne le distribue
pas.
Mme Harel: C'est cela qui est grave.
M. Bourbeau: Mais non, ce n'est pas grave.
Mme Harel: C'est qu'ils ont droit à rien.
M. Bourbeau: Mais oui, ils ont droit... À ce
moment-là, à la terminaison partielle, on alloue les fonds
disponibles qui sont requis.
Mme Harel: Cela peut se faire sans qu'il n'y ait aucun rendement
des cotisations.
M. Bourbeau: On alloue les fonds requis pour capitaliser les
rentes des gens qui quittent.
Mme Harel: Et des gens peuvent quitter avec moins que ce qu'ils
auraient eu s'ils avaient mis le même montant à la caisse
populaire?
M. Bourbeau: Un instant, cela dépend. Si les gens ne sont
pas admissibles à la rente, parce qu'ils n'ont pas fait les dix ans ou
les 45 ans, là, c'est sûr qu'ils se retirent. On est au courant,
on veut corriger cela. Mais si les gens ont un droit acquis à la rente,
à ce moment-là, on la capitalise et, selon le contrat, avec les
intérêts qui y sont prévus - je reconnais que les
intérêts ne sont pas très élevés, mais on
suit le contrat - les surplus continuent.
Mme Harel: Ils sont soustraits complètement de
l'affectation des surplus? Alors, le principe c'est: Vaut mieux que votre usine
ferme complètement plutôt que de fermer en partie seulement.
M. Bourbeau: M. le Président, on m'indique une nuance.
Parfois, il faut ajouter un peu à ce que l'on dit. En cas de terminaison
partielle, on affecte la partie des cotisations patronales à la rente
des participants. Donc, c'est une exception à la règle
générale, à la règle 1045. Donc, le surplus...
Mme Harel: Mais ce n'est pas nécessairement le surplus,
c'est la part de l'employeur?
M. Bourbeau: C'est la part de l'employé...
Mme Harel: Mais le surplus échappe
complètement...
M. Bourbeau: et de l'employeur, à ce qu'on me dit, mais
les surplus demeurent dans la caisse jusqu'à la fin du
régime.
Mme Harel: Et ne sont soustraits complète-
ment que pour des personnes qui ont à quitter. Une terminaison
partielle, ce n'est pas fait volontairement.
M. Bourbeau: On verra avec la réforme. C'est cela que nous
voulons réformer. Quand on fera la réforme au printemps, on verra
ce que l'on fera en matière de rétroactivité, surtout
après le 15 novembre qui est une date assez importante. Mais pour ce qui
se sera passé après le 15 novembre, il y a des chances qu'il y
ait un certain élément de rétroactivité qui
obligera peut-être - toujours au conditionnel - d'utiliser une partie des
surplus pour tenter de réparer... je n'ose pas dire les injustices, mais
le manque à gagner que certains peuvent constater dans les rentes des
travailleurs. Alors, si le gouvernement, avec le concours de l'Opposition bien
sûr, décidait de bonifier la loi et, rétroactivement, ces
rentes, le surplus pourrait être utilisé à cela, d'autant
plus qu'il est gelé. Donc, il ne peut pas être utilisé
maintenant.
Si l'employeur a utilisé l'article 52 du règlement pour
prendre congé de cotisation, il le fait, pour employer une expression
connue, à ses risques et périls, en ce sens qu'il peut le faire,
mais si, après, il manque de l'argent dans la caisse pour bonifier
rétroactivement les rentes dont on parle, il devra rembourser. Mais je
ne pense pas que ce soit...
Mme Harel: Mais si, entre-temps, il y a faillite de l'entreprise?
J'ai communiqué avec les représentants des travailleurs de Forano
et je dois communiquer de nouveau avec eux, mais s'il y a faillite de
l'entreprise entre-temps, que se passe-t-il? Sont-ils sans droit?
M. Bourbeau: Vous parlez du cas de Forano, qui est un cas
particulier. On va en traiter tout à l'heure, je présume. S'il y
a une faillite maintenant et que 335 ou 350 personnes perdent leur emploi, il y
aura à évaluer la situation. On va tenter de le faire en prenant
le plus de précautions possible. Mais c'est sûr que si on convient
d'affecter une partie du surplus, la partie du surplus qui appartient à
l'employeur, si on permet exceptionnellement qu'elle soit réinvestie
dans l'entreprise, espérons qu'il n'y aura pas de faillite. S'il y a une
faillite, c'est sûr que ces fonds disparaîtront, mais ces fonds
étaient, de toute façon, destinés à
l'employeur.
Si on permet à Forano et à d'autres qui pourraient
être dans le même cas d'utiliser ces fonds, ce sera après
avoir pris un certain nombre de précautions. On verra tout à
l'heure. On a même un autre amendement à proposer là-dessus
et, cela, c'est un risque calculé qu'on devra prendre.
Mme Harel: Pourquoi ne pas subordonner ou assujettir ces risques
à une entente négociée entre employeurs et membres du
régime?
M. Bourbeau: Dans le cas de Forano, c'est le cas. Une entente
comme ça a été faite, je crois. J'ai moi-même
rencontré les dirigeants de Forano et j'ai demandé qu'on pousse
ces ententes un peu plus loin. Le gouvernement, dans sa décision,
lorsqu'il émettra un décret d'exclusion, imposera un certain
nombre de conditions et c'est notre intention, entre autres, de nous assurer
qu'il y aura des négociations entre les employeurs et les
employés relativement à la bonification des rentes des
employés et des retraités possiblement.
Mme Harel: Parce qu'il s'il y a des victimes des risques
calculés... Les risques, ils sont calculés, mais il peut y avoir
éventuellement des victimes.
M. Bourbeau: Absolument.
Mme Harel: Sinon, il n'y a pas de risques au sens
littéral. Il faut que ces victimes soient consentantes d'une certaine
façon, parce que ça reste leurs épargnes, enfin.
M. Bourbeau: En partie, oui, mais, en partie, non.
Présentement, avec la loi actuelle, il n'y a pas grand-chose qui leur
appartient. Parce que nous entendons essayer de bonifier ça avec un
effet rétroactif, nous demandons d'assurer qu'il va en rester dans la
caisse un peu plus qu'il y en a présentement. Mais il ne fait pas de
doute qu'il y en a encore plus dans la caisse que ce qui sera requis. Ce qu'il
s'agit de faire, c'est de prendre une partie de la caisse - la partie qui, de
toute façon, reviendrait éventuellement à l'employeur -
pour la réinvestir dans la compagnie et permettre de sauver
l'entreprise.
Notre intention est de nous assurer qu'il y aura justement ces
négociations avec les employés, et peut-être les
retraités aussi pour tenter de bonifier au départ, d'une certaine
façon, le régime et faire en sorte que les surplus, après
cette bonification, puissent être immédiatement retirés de
la caisse et investis dans l'entreprise pour sauver les emplois.
Mme Harel: Mais ça suppose une comptabilité
distincte, d'une certaine façon.
M. Bourbeau: Pour ce qui est de la comptabilité distincte,
ici, les gens qui m'entourent sont sceptiques quant à votre
interprétation de la nouvelle loi ontarienne. On ne croit pas qu'il y
ait une comptabilité distincte qui soit tenue. Mais je pense que ni l'un
ni...
Mme Harel: Je dois vous dire que je plaide complètement le
ouï-dire dans cette matière, mais les personnes que j'ai eu le
privilège d'interroger sur ces questions sont considérées
habituellement comme des experts dans notre société par tous les
milieux, y compris le milieu d'affaires. Alors, ils sont parfois,
peut-être pas
toujours, mais aussi à jour, sinon plus, que les milieux
gouvernementaux.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée pourrait nous
citer l'article de la loi? On a la loi de l'Ontario ici. On va pouvoir
vérifier immédiatement.
Mme Harel: Ah, ce serait Intéressant mais,
malheureusement, je n'ai pas cette précision.
M. Bourbeau: Bon, en tout cas.
Mme Harel: On va vérifier, de toute façon, parce
que j'ai bien l'impression qu'on va être obligé de continuer
demain, à moins qu'on poursuive après 18 heures. À quelle
heure le ministre a-t-il sa réunion au Conseil des ministres?
M. Bourbeau: C'est après 18 heures. Mme Harel:
Après 18 heures.
M. Bourbeau: Mais je dois nécessairement quitter à
18 heures.
Mme Harel: Ah oui? Il y a une grande déception. Je pense
bien que le ministre en est conscient. Alors, il y a une autre partie de la
déception qui arrive. Ha, ha, ha! J'ai reçu des réactions
premières et la déception vient du fait qu'une portion du surplus
de la caisse va continuer à être retournée à
l'employeur sans qu'il y ait des ententes à cet effet. (17 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, la question des
congés de cotisations vaut autant pour les employeurs que pour les
employés. Il est évident que... Si la députée de
Maisonneuve n'écoute pas, M. le Président, on va suspendre.
Mme Harel: Ha, ha, ha! Que le ministre me laisse seulement une
seconde.
M. Bourbeau: Oui, je comprends, mais j'ai l'impression de
prêcher dans le désert.
Mme Harel: L'avocat, Me Rivest, a quand même une
expertise...
M. Bourbeau: Je suis la voix de celui qui prêche dans le
désert.
Mme Harel: Encore une troisième voix qui s'ajoute
finalement aux deux autres. Qu'il n'y ait pas cette reconnaissance de fait des
congés de cotisations semble vraiment l'enjeu majeur du milieu syndical.
L'impression qui est clairement reçue dans ces milieux, c'est que le
ministre vient, par ses amendements, de faire basculer ce qui était un
état de fait, mais qui n'avait pas besoin d'être renforcé.
C'est considéré comme une reconnaissance de fait dans un projet
de loi qui portait sur un moratoire. Je peux vous dire que cela a produit
quelques impacts.
M. Bourbeau: M. le Président, I n'a jamais
été question de mettre fin à la pratique courante des
congés de cotisations. Là, c'est drôle! Parce que le
gouvernement a annoncé un geste qui a été bien vu, on
voudrait, après coup, aller en remettre par-dessus ce que nous avons
annoncé. Je pense que ce que nous avons annoncé est un geste
important, mais nous ne voulons pas régler aujourd'hui la réforme
du régime supplémentaire de rentes. La députée nous
disait justement tout à l'heure qu'il ne fallait pas le faire, et,
aujourd'hui, on voudrait qu'on vienne, d'un seul coup, régler...
Autrement dit, faire aujourd'hui la réforme qu'on entend faire au
printemps. Ce que nous faisons, c'est geler la situation présente pour
empêcher que des problèmes sérieux ne se produisent avec
les surplus. Par contre, nous ne voulons pas empêcher la terre de
tourner. Les congés de cotisations existent présentement. C'est
quand même... Je voudrais vous dire, M. le Président... Quand on
parle de surplus dans les régimes de retraite, qui sont dans les
millions de dollars, ce n'est pas les quelques congés de cotisations que
pourront prendre les employeurs d'ici au mois de juin prochain qui vont changer
grand-chose dans la balance, dans le bilan financier. Si on parlait de
permettre des congés de cotisations pendant les prochaines dix
années, il se pourrait que cela draine la caisse, mais ce n'est
certainement pas les prochains six mois qui vont changer grand-chose quand on
parle de sommes... Quel est le total des sommes accumulées comme surplus
dans les caisses? C'est 1 000 000 000 $. Un minimum de 1 000 000 000 $ est
actuellement considéré comme surplus dans les caisses. Ce n'est
pas les prochains six mois de congé de cotisations qui vont changer
grand-chose. Au contraire, je pense qu'il y aurait plutôt des
désavantages, peut-être, à instaurer immédiatement
des éléments de réforme, alors que notre but n'est pas de
faire la réforme maintenant, mais simplement de maintenir un
équilibre précaire d'ici les prochains mois.
Mme Harel: Ce qui est évidemment, M. le Président,
interprété différemment. Une interprétation, qui
vaut aussi, voulait que le projet de loi maintienne un statu quo qui se trouve
maintenant enfreint par ces amendements qui vont reconnaître, de fait,
une situation en la renforçant. C'est évidemment
l'interprétation contraire qui prévaut, du moins...
M. Bourbeau: Justement, M. le Président, nous maintenons
le statu quo. C'est pour cela que nous continuons, que nous ne mettons pas fin
à...
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau:... à cette façon de faire.
Mme Harel: Le ministre accepterait-il, par exemple, un amendement
à l'article 43. 1 qui se lirait ainsi, si c'est vraiment le statu quo
qu'il veut maintenir: À compter du 15 novembre 1988, il ne peut
être versé à l'employeur aucune partie de l'actif de la
caisse de retraite du régime. Cette interdiction n'a pas pour effet...
Ah oui. Excusez-moi. Juste avant cette interdiction...
M. Bourbeau: C'est déjà dedans.
Mme Harel: L'amendement consiste à ajouter: "Si le
régime le prévoit, cette interdiction n'a pas pour effet
d'empêcher l'affectation de tout ou partie du solde de l'actif de la
caisse de retraite. "
M. le Président, je souhaiterais faire une chose avec le
ministre. Je pourrais tout de suite, avant de terminer, lui indiquer quels
seraient les amendements qu'on souhaiterait. Ils ne sont pas écrits, par
exemple. Il faudrait que vous les preniez en note. On aura l'occasion de les
écrire. Comme cela, demain, cela ira plus rapidement.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection, mais pas demain.
Le Président (M. Bélanger): II est prévu
qu'on siège pour d'autres projets de loi demain.
Mme Harel: Ah bon!
M. Bourbeau: C'est vous qui avez demandé qu'on ne
siège pas demain, alors on ne siège pas.
Mme Harel: Vous êtes trop bon pour moi. Puisqu'on n'a pas
terminé, j'ai pensé que l'entente ne convenait plus. Mais je
souhaite plutôt maintenir, sinon...
M. Bourbeau: M. le Président, c'est le bout du bout! La
députée nous demande de ne pas siéger demain, on fait des
pirouettes pour l'accommoder... Aujourd'hui, elle vient nous...
Mme Harel: Je ne suis pas certaine que le ministre soit pour
quelque chose dans le fait qu'on ne siège pas demain.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis presque tenté
d'utiliser les vers de Virgile qui disait: Varium et mutabile semper... et que
François 1er avait traduit comme étant...
Mme Harel: Ha, ha, ha! Souvent femme varie, bien foi qui s'y
fie.
M. Bourbeau: Souvent femme varie, bien foi est qui s'y fie. M. le
Président, fin de la citation. Ce n'est pas de moi, je vous le
signale.
Mme Harel: Oui, oui.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui.
Mme Harel: Oui, parce que ce serait envoyé au
comité de la condition féminine du Parti libéral.
Le Président (M. Bélanger): Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, je n'en prends pas la
paternité, je n'endosse pas ces propos. Ce sera enregistré au
Journal des débats, d'ailleurs. Mais si la députée
veut siéger demain...
Mme Harel: Non, écoutez... On pourrait peut-être le
faire demain matin, si vous voulez. Si on veut procéder...
Le Président (M. Bélanger): Demain, on a le projet
de loi...
Mme Harel: On verra, en tout cas.
Le Président (M. Bélanger): On m'informe que...
M. Bourbeau: S'il y a moyen d'accommoder de nouveau la
députée de Maisonneuve...
Mme Harel: Non, non.
M. Bourbeau:... je pourrais toujours me libérer, annuler
certaines...
Mme Harel: On verra. Nous allons vous indiquer tout de suite
là où des difficultés se présentent. Celle que je
vous ai indiquée à 43. 1 en est une assez importante. Ensuite,
à l'article 2, l'amendement qui consiste à remplacer le premier
alinéa de l'article 43, particulièrement la question qui se pose
au paragraphe a, à savoir si, d'une part, le plafond va permettre
l'indexation des prestations jusqu'à la retraite et après la
retraite...
M. Bourbeau: L'indexation de...
Mme Harel: Alors, je reprends. Le paragraphe a de l'article 2 qui
amende le premier alinéa de l'article 43. Est-ce que le plafond
mentionné au paragraphe a, plafond établi en vertu de la Loi sur
les impôts, va permettre l'indexation des prestations jusqu'à la
retraite et après la retraite? Et surtout: Que fait-on avec le solde,
une fois que le solde a servi à augmenter les prestations des
participants jusqu'au plafond?
Au paragraphe b, pour ne pas nuire à des ententes hors cour qui
sont souhaitables... Bien des gens préfèrent avoir moins tout de
suite que plus quand ils seront dix pieds sous terre. Pour certains, la lecture
du paragraphe b comme tel pourrait laisser croire que l'entente par
écrit ne peut constituer qu'une entente pour répartir entre les
participants seulement ou entre des participants actuels et ceux passés.
On nous fait valoir qu'il y a des ententes où il serait souhai-
table qu'on convienne par écrit que c'est finalement un partage
entre employeur et participants. Mais, à la lecture, effectivement...
Quand vous lisez, "lorsque l'employeur et les participants ont convenu par
écrit... ", ils ont convenu, quoi? De répartir entre les
participants seulement ou entre ces derniers et des participants anciens? Cela
semble laisser de côté l'entente possible entre l'employeur et les
participants. Mais, si ça ne la laisse pas, il faudrait peut-être
mieux le formuler.
M. Bourbeau: On va le regarder.
Mme Harel: D'accord? D'autre part, quel est le pourcentage des
travailleurs, des participants qui sera requis pour convenir par écrit
d'une telle entente? S'il n'y a pas de pourcentage, c'est comme si
c'était 100 % qui était requis.
M. Bourbeau: On va aussi regarder ça. Est-ce que c'est
terminé?
Mme Harel: Au premier alinéa de l'article 9. 1, la
recommandation est de le supprimer. Vous comprenez que, dans la dynamique,
c'est vraiment perçu comme une reconnaissance de fait d'un danger qui
semble majeur, et ça, c'est vraiment perçu très
négativement.
M. Bourbeau: M. le Président, là-dessus...
Mme Harel: On ne peut pas amender en supprimant, je pense? On
peut biffer. Je ne fais que transmettre ça au ministre pour qu'il le
sache.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais quand même
rappeler à la députée - je veux revenir là-dessus -
que, pour ce qui est des congés de cotisation, depuis le début
nous avons toujours estimé ne pas faire de modification par rapport au
statu quo. Nous voulions conserver le statu quo d'une façon
générale, sauf, bien sûr, le gel des surplus. Nous n'avions
jamais pensé mettre fin à cette pratique de congés de
cotisation, mais nous avons quand même inséré dans le
projet de loi une disposition rendant l'employeur responsable, si jamais
l'utilisation de ces surplus avait pour effet de ne pas permettre la
bonification rétroactive qui pourrait être permise. Je dirais
à la députée qu'il n'a jamais été de notre
intention de créer des droits nouveaux en faveur des employeurs avec la
loi que nous avons devant nous. Si des employeurs n'avaient
précédemment pas de droits, notre intention n'est pas de leur en
donner. Alors, nous allons regarder...
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
nous devons suspendre nos travaux sine die.
Mme Harel: Consentement pour cinq minutes, pour qu'on puisse
terminer.
M. Bourbeau: Peut-être pour finir... Je n'aurais pas
d'objection pour une couple de minutes.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Consentement pour cinq
minutes? D'accord.
M. Bourbeau: La députée suggérait un
amendement qui aurait eu pour effet de mieux consacrer le statu quo en ce qui
concerne les congés de cotisations. Je n'aurais pas trop de
problèmes à vivre avec cela, sauf que je ne suis pas sûr
que ces congés de cotisations n'existent pas en vertu de la loi
plutôt qu'en vertu des contrats. Il faudrait voir à ce
moment-là. Si c'est la loi qui le permet, cela va peut-être
créer un problème. On se trouverait à restreindre. Si
c'était uniquement le cas de dire: Ceux qui. dans leur convention, leur
contrat, ont le droit pourront continuer et les autres ne pourront pas modifier
le régime pour se donner le droit, je serais assez d'accord avec
cela...
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau:... sauf que s'ils peuvent le faire de plein droit
sans modifier le régime, cela pourrait créer... De toute
façon, on va regarder le problème sous cet angle, mais je
répète à la députée que mon intention n'a
jamais été de permettre aux employeurs de s'affairer à
faire des choses qu'ils n'ont pas le droit de faire ou, en tout cas, de se
donner des droits qu'ils n'avaient pas avant.
Mme Harel: Alors, je vais terminer, M. le Président, avec
deux autres remarques à l'article 43. 1, deuxième alinéa,
cette fois. C'est cette impression d'un pouvoir discrétionnaire trop
grand que dégage la lecture du deuxième alinéa. Je reviens
à la question des risques calculés. Il vaudrait peut-être
mieux convenir entre les personnes qui auront à assumer les risques,
plutôt que de laisser au seul gouvernement la décision de leur
évaluation; il faudrait vraiment que, dans des cas comme ceux-là,
il y ait des ententes.
M. Bourbeau: Mme la députée aurait dû voir la
première version. Elle se serait rendu compte que cette version-ci est
beaucoup plus respectueuse des règles de prudence. Nous n'avons pas
voulu conférer au gouvernement des droits discrétionnaires
absolus. Nous avons tenu à baliser beaucoup le pouvoir que le
gouvernement peut avoir de soustraire à l'effet de la loi des cas
particuliers. Alors, nous avons prévu, dans un premier temps, exiger que
cela ne puisse se faire que lorsque la survie de l'entreprise est en cause.
Lorsque l'employeur y a droit, c'est une autre des conditions. Il faut que
l'employeur y ait droit, mais, premièrement, il faut que la
survie de l'entreprise soit en cause. En outre, nous allons
également stipuler dans la loi qu'il faut que ces sommes soient
réinvesties dans l'entreprise si les emplois sont menacés. J'en
ai parlé tout à l'heure. Également, nous allons faire en
sorte que l'engagement de restituer à la caisse de retraite les sommes
ainsi versées, puisse être là aussi si jamais on amende la
loi plus tard. Donc, il y a déjà toute une série de
balises dans la loi et, ceci étant là, on a également
ajouté une autre contrainte, à savoir que les sommes dont "le
gouvernement a autorisé le versement en application du présent
alinéa doivent être transmises à un fiduciaire... " Donc,
pour nous assurer que les sommes seront réinvesties dans l'entreprise,
nous ne voulons pas donner les sommes à l'employeur, surtout que cela
pourrait se faire dans des cas où la santé financière de
l'entreprise est vacillante. Donc, il n'est pas question de donner les sommes
directement à l'employeur, ce sera à un fiduciaire qui s'assurera
que les sommes sont vraiment réinvesties dans l'entreprise.
Nous avons pris un certain nombre de précautions
déjà dans la loi. C'est sûr que cela prendra un
décret du gouvernement et que ce décret ne sera adopté
qu'après qu'on aura fait une étude, cas par cas, de la situation
spéciale inhérente à chaque cas. Nous nous assurerons
très certainement qu'avant de pouvoir retirer les fonds, les employeurs
auront conduit des négociations avec les employés et qu'il y aura
eu une certaine forme de consensus. Je ne pense pas qu'il soit raisonnable
d'exiger un consensus total, parce qu'à ce moment-là, il
s'agirait qu'une seule personne s'oppose pour faire une sorte de chantage sur
l'ensemble des autres participants et l'employeur. Donc, je pense qu'il va
falloir qu'on étudie cela au mérite et que le gouvernement,
à ce moment-là, prenne une décision dans le meilleur
intérêt de l'entreprise. La députée ne peut pas
mettre en doute la bonne foi du gouvernement là-dedans, il n'y a pas de
sommes d'argent qui seront distribuées au gouvernement ou dans les
caisses de l'État. Il ne s'agit que de sauver des emplois, c'est l'objet
de la mesure, et nous devrons faire le partage entre les intérêts
des travailleurs, en autant que leur fonds de retraite, et celui,
peut-être, des retraités, est concerné, et les
intérêts des travailleurs, en autant que la survie de leur emploi
est concernée aussi.
Mme Harel: On reviendra, à une autre occasion,
là-dessus. Mon propos était simplement de signaler au ministre
qu'il y a, malgré tout, un problème, du fait que ce sont des
risques calculés, mais il peut y avoir des victimes. Et les victimes ne
sont pas nécessairement celles qui seront sauvées de la menace de
la fermeture, cela pourrait être des retraités qui n'obtiendront
pas les avantages immédiats.
La retraite, c'est aussi pour en jouir qu'on en met de
côté; c'est pour en jouir au moment où on n'est pas encore
sur son grabat. Et cela peut être un problème que ce soit
différé comme ça, parce que c'est le solde de l'actif,
c'est le surplus qui serait réinvesti dans l'entreprise. À ce
moment-là, c'est sûr que le surplus étant investi, il n'y
aurait pas de bonification pour les personnes qui y ont participé, qui
ont cotisé, et qui quitteront à cause de l'âge de la
retraite. Mais enfin, on pourra y revenir.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais signaler à
la députée que cela est uniquement dans le cas où
l'employeur y aurait eu droit, d'une part, et d'autre part, si on ne fait rien
et qu'il y a une faillite, les retraités ne seront pas mieux
traités, ils n'auront rien du tout. Il faut aussi qu'on pense...
Mme Harel: II faut prendre le surplus et...
M. Bourbeau: Non, mais le surplus appartient à
l'employeur.
Mme Harel: Le surplus du solde.
M. Bourbeau: II appartient à l'employeur, le surplus,
c'est marqué dans l'amendement que...
Mme Harel: Qui y a droit. Ah oui, c'est "qui y a droit".
M. Bourbeau: Oui, "l'employeur qui y a droit... " Mais
peut-être que lorsque nous aurons amendé la loi, ce
droit-là sera un peu mitigé, rétroactivement. Donc, ces
retraités-là n'ont pas de droits, présentement. Ce sont
des droits potentiels qui viendront plus tard, lorsque la loi sera
amendée, mais il est possible que cela ne vienne jamais et, s'il y a
faillite entre-temps... Donc, il faut...
Mme Harel: Est-ce que ça vise essentiellement Forano?
C'est un cas particulier?
M. Bourbeau: C'est le premier...
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
malheureusement, nous devons ajourner nos travaux sine die.
Mme Harel: Juste un dernier petit mot, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Harel: Bon, on reviendra là-dessus, mais on me signale
que... Le ministre avait-il l'intention de faire en sorte qu'un participant
conserve un droit presque absolu au surplus, tant et aussi longtemps que ne lui
aura pas été allouée la fraction du surplus qui peut
éventuellement lui revenir? En d'autres termes, avec le moratoire
actuel, il peut arriver aussi qu'il y ait, actuellement, depuis le 15 novembre,
des cessa-
tions d'emploi, des transferts, des décès, des retraites,
de l'invalidité; est-ce que le participant conservera un droit au
surplus?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
entre dans les questions portant sur les intentions du gouvernement
relativement à la réforme et j'ai dit à la
députée ce matin que, pour l'instant, ces orientations ne sont
pas précisées au point où on peut identifier exactement
quels pourraient être les individus touchés par la
rétroactivité possible. Tout cela est encore à
l'état de projet, donc je ne peux pas répondre à la
députée, à ce moment-ci.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 8)