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(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance ouverte. Je vous rappelle le
mandat de la commission. Ce soir, nous devons procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 73, Loi modifiant la
Loi sur les allocations familiales et d'autres dispositions
législatives.
Mme la Secrétaire, pouvez-vous annoncer les remplacements s'il
vous plaît?
La Secrétaire: Oui, M. le Président, M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) sera remplacé par M. Audet
(Beauce-Nord); Mme Juneau (Johnson) par M. Claveau (Ungava). C'est tout.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, nous sommes
prêts à débuter. On a sans doute des remarques
préliminaires. M. le ministre, vous avez la parole?
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, je désire simplement
rappeler, pour le Journal des débats, que ce projet de loi a pour
objet de modifier la Loi sur les allocations familiales afin de prévoir,
en plus du paiement de l'allocation familiale et de l'allocation pour enfant
handicapé, le paie ment de deux nouvelles allocations qui sont
l'allocation pour jeune enfant et l'allocation à la naissance.
J'aimerais également souligner que ce projet de loi a pour objet de
changer le titre de la loi et le remplacement des sections I, II et III.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci. Mme la
porte-parole officielle de l'Opposition?
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président. Nous avons l'intention, du
côté de l'Opposition, de procéder à un examen
minutieux, rigoureux et sérieux de ce projet de loi très
important. Vous remarquerez que j'ai le plaisir d'être accompagnée
par de nombreux collègues. Les remplacements sont faits. M. Claveau?
Le Président (M. Audet): M. Claveau remplace Mme Juneau,
députée de Johnson.
Mme Harel: Mon collègue d'Ungava aura l'occasion de faire
part de son grand intérêt pour cette question. Mme la
députée de Marie-Victorin qui, à maintes reprises, a fait
connaître son inquiétude sur les tractations autour de
l'allocation de disponibilité, vous en fera part, et
Mme la députée de Chicoutimi, comme vous le savez,
s'intéresse beaucoup à toute cette question.
M. le Président, nous allons entamer un projet de loi qui est
important. Ce projet de loi modifie la Loi sur les allocations familiales et
d'autres dispositions législatives. Le projet maintient les allocations
familiales déjà existantes. Il n'y a donc pas bonification
à ce chapitre-là. Il y a les allocations pour enfants
handicapés également et le projet prétend introduire deux
nouvelles mesures. Nous verrons le caractère novateur de ces mesures
à savoir l'allocation pour jeune enfant qui, en fait, est un nom nouveau
pour remplacer l'allocation de disponibilité qui est abolie et ce, avec
quelques modalités nouvelles de même que la mesure vraiment
nouvelle qui est l'allocation à la naissance. Nous aurons l'occasion, je
le souhaite, d'échanger nos vues avec les responsables de la
Régie sur le nombre de familles qui ont charge d'enfants et qui verront
bonifier leurs allocations, sur l'ensemble de toute cette préoccupante
question du soutien aux charges familiales et sur cette réalité
que nous tenterons de mieux connaître à l'occasion de l'examen de
ce projet de loi, celle des naissances de premier rang, de deuxième rang
et de troisième rang. Nous allons y revenir.
Incidemment, le Conseil des affaires sociales et de la famille a,
à juste titre, retenu l'attention de l'opinion publique en signalant
qu'au cours des dernières années, plus exactement, je pense entre
1980 et 1986, on comptait 12 910 naissances de moins en six ans. De ce nombre
de naissances de moins, 72, 5 % étaient attribuables non pas à la
diminution des enfants de quatrième et de troisième rang, mais
à la diminution des enfants de deuxième et de premier rang. C'est
là une donnée extrêmement préoccupante qui nous
permet certainement de nous inquiéter sur le sort, non plus seulement
des enfants de troisième rang mais de deuxième rang, sinon de
premier rang. Sans simplifier, je pense qu'on peut constater que les enfants de
quatrième rang sont disparus à l'occasion de la décennie
soixante, ceux de troisième rang étaient en voie d'extinction
durant la décennie soixante-dix.
Je crois ne pas me tromper en reprenant l'affirmation selon laquelle
actuellement moins de 15 % des familles du Québec comptent trois enfants
et plus. Le ministre, qui est assisté de personnes chevronnées,
pourra nous donner plus exactement les pourcentages et le total des enfants de
premier, deuxième, troisième et quatrième rang. Mais, il
demeure que durant les années soixante-dix, on a assisté à
une sorte d'extinction de l'enfant de troisième rang. Au moment
où, durant les années quatre-vingt, on se préoccupe du
sort de l'enfant de troisième rang, c'est celui de deuxième et de
premier rang qui commence à diminuer. Nous aurons l'occasion de
questionner le ministre sur sa volonté politique en ce qui a
trait au soutien véritable de l'enfant de premier et de deuxième
rang.
M. le Président, les allocations familiales ne sont pas
modifiées, elle sont maintenues telles quelles, à savoir 8, 34 $
pour le premier enfant, 11, 92 $ pour le deuxième, 14, 90 $ pour le
troisième, pour la somme totale de 35, 76 $ par mois. C'est bien peu,
évidemment, en regard de ce qu'occasionnent les frais pour entretenir un
enfant. À la lecture du projet de loi, nous aurons l'occasion
d'Interroger le ministre sur cette question. Nous constatons que le ministre
n'a pas cru bon, en modifiant la loi, d'introduire une réforme qui est
attendue par l'ensemble, je dirais, des organismes familiaux et plus
particulièrement par certains groupes. Je pense, entre autres, au Cercle
des fermières, je pense également à l'AFEAS, l'Association
féminine d'éducation et d'action sociale, qui ont
réclamé du gouvernement une disposition afin que les enfants
conservent toujours leur rang à l'intérieur de la famille. Il
n'est pas souhaitable que l'enfant de troisième rang ne soit pas
toujours le troisième et que l'enfant puisse changer de rang selon ce
que devient l'aîné.
Nous aurons l'occasion, M. le Président, et j'en Informe
Immédiatement le ministre et les membres de la commission parlementaire,
d'introduire un amendement pour demander au ministre non pas de le changer, au
contraire, mais de le conserver, pour demander au ministre que les enfants
puissent toujours conserver leur rang à l'intérieur de la
prestation des allocations familiales de façon à
reconnaître l'apport des familles nombreuses et les efforts que les
parents continuent d'assumer après que leur aîné ait
atteint la majorité. Nous aurons l'occasion, à l'article 2,
alinéa... Ce sont des alinéas, n'est-ce pas, quand ils ne sont
pas numérotés, Mme la Secrétaire?
La Secrétaire: C'est cela.
Mme Harel: Alors, à l'article 2, alinéa 3, nous
aurons l'occasion d'Introduire un amendement à cet effet. Donc, les
allocations familiales sont maintenues telles quelles. L'amélioration,
il faut le reconnaître, en est une qui vient bonifier la situation parce
qu'elle redonne aux familles du Québec qui paient de l'Impôt. Et
j'insiste, parce que les familles pauvres n'y gagnent rien. Il n'y a que les
familles qui paient de l'Impôt qui trouvent une bonification au chapitre
des allocations familiales puisque la récupération par
l'impôt est abolie. Cette abolition de la récupération par
l'impôt avait été mise en vigueur dans le budget de 1986.
malgré que cette récupération avait été
annoncée par le ministre Duhaime. auparavant. Mais, il faut le
reconnaître, c'est le ministre des Finances actuel qui l'avait mise en
vigueur.
Le gouvernement aurait très bien pu, comme il l'a fait dès
son arrivée au pouvoir, en décem- bre 1985, en posant comme
premier geste législatif la réduction d'impôt pour les
hauts salariés, faire connaître plutôt sa décision
d'abolir cette récupération de l'allocation familiale en fonction
du revenu des parents. Mme la secrétaire, j'ai un problème.
Est-ce que ce serait possible de faire le nécessaire pour ne pas que je
me noie? Ce n'est pas nécessaire, je ne veux pas faire perdre de temps
à la commission.
Une voix: Un instant... Ce ne sera pas long. Mme Harel:
D'accord. Je vais poursuivre.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée voudrait qu'on
suspende? Moi, je n'ai pas d'objection. Je ne voudrais surtout pas perdre la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, cela va aller.
M. Bourbeau: Parce que là on se retrouverait avec la
députée de Marie-Victorin, et ce ne serait pas souhaitable.
Mme Harel: La députée de Marie-Victorin a des
choses extrêmement importantes à vous signaler, M. le ministre sur
l'allocation de disponibilité. Donc, il est maintenant convenu. Je vous
rappelle que cette récupération avait été
Introduite pour harmoniser l'impôt du Québec à celui du
fédéral. Fort heureusement, cette somme de 126 000 000 $ qui
était récupérée a été redonnée
aux familles du Québec qui paient de l'impôt. Je n'insisterai
jamais assez sur le fait qu'une politique familiale, ce n'est pas uniquement
pour les classes moyennes. Nous verrons à l'occasion de l'examen de ce
projet de loi qu'un très grand nombre de mesures ne viennent
qu'améliorer la situation des familles qui ont déjà des
revenus Imposables.
C'est une situation très sérieuse parce qui faut se
rappeler qu'un enfant sur six au Québec naît d'une femme
assistée sociale - un sur six - et que. selon les dernières
données du Conseil canadien de développement social, un enfant
sur cinq vit dans une famille pauvre au Québec. Alors, ce sont donc
là des mesures concernant les allocations familiales qui n'auront pas
d'impact sur ces familles, précisément celles qui ne paient pas
d'impôts, puisque ta bonification ne consiste qu'à redonner
finalement aux familles qui paient de l'impôt par l'abolition de la
récupération par l'impôt.
Brièvement, j'aurai le même commentaire sur les allocations
pour enfant handicapé puisqu'il s'agit du maintien des mêmes
barèmes que ceux déjà existants.
Abordons la question de l'allocation pour jeune enfant. Cette allocation
mensuelle pour tout enfant de moins de six ans va remplacer, au chapitre des
revenus, l'allocation de disponibilité qui, elle, est abolie. Je sais
que ma collègue de Marie-Victorin est une spécialiste de
cette question, je lui laisserai donc le soin de vous en parler. Je veux
simplement vous rappeler que, pour l'année 1987, j'ai retrouvé
dans le discours sur le budget du ministre des Finances la
référence à l'économie que le gouvernement a
réalisée en 1987 en inversant les sommes versées pour
l'allocation de disponibilité. En termes clairs, le gouvernement, dans
le discours sur le budget, admet avoir économisé 48 000 000 $
simplement par un jeu comptable où il transformait l'allocation de 300 $
pour le premier enfant en une allocation de 100 $, économisant ainsi sur
le dos des familles un montant de 200 $ pour le premier enfant, tout en sachant
que la majorité des familles avec enfant compte un enfant.
C'était là une économie extrêmement substantielle.
L'allocation pour le deuxième enfant était maintenue
équivalente au même montant de 200 $, tandis que la
générosité du gouvernement s'exprimait à
l'égard du troisième. Cette générosité, elle
est inversement proportionnelle au nombre d'enfants. Plus il y en avait, moins
le gouvernement se montrait généreux à l'égard du
premier et moins il y en avait, plus II était prêt à
l'être, à l'égard du troisième. Dans le discours sur
le budget du ministre des Finances, on retrouve une économie de 48 000
000 $ au chapitre de l'inversion des sommes versées pour l'allocation de
disponibilité. (20 h 30)
En 1988, l'année où nous nous trouvons, c'est au bas mot,
sans doute, une économie d'environ 50 000 000 $ que le gouvernement va
réaliser grâce à l'abolition de l'allocation de
disponibilité, sans qu'elle soit remplacée, fiscalement parlant,
les allocations pour jeunes enfants ne débutant qu'au 1er janvier 1989.
L'année financière va permettre au gouvernement une
économie très substantielle, mais une économie qui est
faite à la sauvette, presque en cachette, de 50 000 000 $. J'aurai
l'occasion, au cours de la commission ce soir, de porter à l'attention
de ses membres des témoignages de concitoyens du Québec qui m'ont
écrit pour m'expliquer en détail, chiffres à l'appui, la
situation qui prévalait compte tenu de la perte de l'allocation de
disponibilité pour 1988 et du jeu du 1er janvier 1989.
Alors donc, pour l'année 1989, cette nouvelle allocation
mensuelle pour tout enfant de moins de six ans sera de 8, 34 $ lorsqu'il y a un
seul enfant de moins de six ans - je rappelle que c'est là donc que l'on
retrouve le gros des familles avec enfant - de 25 $ par mois lorsque la famille
compte deux enfants de moins de six ans et de 66, 67 $ lorsque la famille
compte trois enfants de moins de six ans. Il faut bien constater encore une
fois que moins il y a de familles avec un fort nombre d'enfants, plus le
gouvernement est généreux. Plus il y a de familles avec un
enfant, moins il l'est. C'est une sorte de baptême, finalement, cette
allocation pour jeune enfant. C'est une manière de. rebaptiser -
déjà, Mme la Secrétaire! - l'allocation de
disponibilité.
L'amélioration. Il y a une amélioration. Cela augmente
très légèrement le nombre de bénéficiaires
en regard de l'allocation de disponibilité parce que le rang des enfants
n'est plus seulement comptabilisé parmi ceux qui sont âgés
de moins de six ans. Dorénavant, le rang des enfants sera
comptabilisé parmi tous les enfants d'une famille qui sont
âgés de 0 à 17 ans. Ce qui également est une
amélioration, c'est qu'il y aura un chèque mensuel. Et
l'amélioration réelle, certainement, c'est que,
dorénavant, les parents qui demandent une déduction pour frais de
garde pourront également toucher l'allocation pour jeune enfant. C'est
évident que dans le cumul des deux, il y a là certainement
matière à amélioration.
Le Président (M. Audet): Vous devez conclure, Mme la
députée de Maisonneuve, s'il vous plaît.
Mme Harel: Alors, M. le Président, j'aurai l'occasion
évidemment de reprendre là où j'ai laissé...
M. Bourbeau: Ne vous gênez pas, on a tout le temps qu'il
faut, M. le Président.
Mme Harel: Et je vous remercie pour l'attention que vous m'avez
accordée, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée. Étant donné que vous sembliez
disposée à apporter des amendements, est-ce qu'on est prêts
à passer à l'étude de l'article 1 ou s'il y a d'autres
remarques?
Mme Vermette: Non, M. le Président, sur les
remarques...
La Président (M. Audet): Mme la députée de
Marle-Victorln, vous avez la parole.
M. Bourbeau: On ne voudrait pas se priver des remarques
préliminaires de. la députée de Marie-Victorin, surtout
pas, M. le Président.
Mme Vermette: Surtout pas.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Marie-Victorin, vous avez la parole.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: M. le Président, évidemment le projet
de loi 73 qui modifie les allocations familiales et d'autres dispositions les
concernant apporte des améliorations. On ne peut pas être
complètement contre, sauf qu'il faut apporter des nuances - c'est
ça qui est Important - et préciser qu'avec ce qu'on a fait
d'économie dans l'année 1988 en ce qui concerne les
allocations
de disponibilité, on peut être très
généreux en 1989. Je vais vous expliquer comment fonctionne ce
gouvernement. Il fonctionne d'une façon Insidieuse. Je pense que
même le Marquis de Sade aurait apprécié les façons
de faire de ce gouvernement tellement c'est fait d'une façon subtile,
presque avec plaisir même et on en voit les effets pervers sur les
familles qui doivent assumer de telles tractations.
Je vais vous donner un exemple en ce qui concerne les allocations de
disponibilité. Vous savez à quel point, l'année du grand
budget, tout le monde avait mis son noeud papillon - on sait que les papillons
se brûlent facilement les ailes - pour célébrer ce
célèbre budget de l'an 2000 en disant qu'il était pour
apporter des améliorations extraordinaires et pourrait favoriser le
développement de la famille.
Tout le monde s'attendait que ce gouvernement apporte des mesures
extraordinaires, non pas des mesures natalistes, mais vraiment des mesures qui
auraient aidé la famille dans des situations très
concrètes et qui auraient au moins encouragé le premier enfant.
Mais en fait, on a préféré passer certaines étapes
et considérer que c'était préférable d'aider le
troisième, alors que la plupart des familles québécoises
n'ont pas trois enfants.
Mais je me souviens encore du grand sourire du jovialiste ministre des
Finances alors qu'il bonifiait son budget et qu'il annonçait en grande
pompe que, dorénavant, on changerait l'allocation de
disponibilité en allocation pour jeune enfant. Cela voulait dire tout
simplement qu'il profitait de cette occasion pour serrer la vis aux parents
pour l'année 1988 en leur disant: Écoutez, vous allez voir en
1989, on est prêt, si on fait suffisamment d'économies en 1988,
à vous les redistribuer et vous dire à quel point on est
généreux.
C'est exactement ce qu'ils ont fait. En 1987, les allocations de
disponibilité existaient mais, dans le budget, on annonçait
qu'à partir de 1989, on introduisait une nouvelle façon de faire,
on Introduisait une allocation mensuelle plutôt qu'un crédit
d'impôt et que ce ne serait qu'à partir de 1989. Grand vide pour
l'année 1988. Rien, on n'en parle pas, lettre morte, à un point
tel que les parents se retrouvent sans allocation de disponibilité et
aussi sans allocation pour jeune enfant. Rien pour 1988 à ce point de
vue.
Comment cela se passe-t-il? Les parents ne pourront pas se rendre compte
tellement de ces jeux et de ces tractations de maquillage avec
différents programmes portant tel nom plutôt qu'un autre. Comment
cela va t-il se passer? C'est que les gens... d'une façon insidieuse,
oui c'est vrai, parce qu'à partir de 1979... Je ne sais pas si vous avez
des Jeunes enfants, si. en tout cas, vous avez déjà eu une
famille avec de jeunes enfants de moins de six ans ou si vous avez l'intention
d'élever une nouvelle famille. Vous allez vous retrouver avec des
enfants de moins de six ans. Vous devrez assumer à partir de janvier
1989. Vous recevrez une mensualité, si vous n'avez qu'un enfant de moins
six ans, de 8. 64 $ par mois.
Antérieurement, les parents comme je vous l'ai dit recevaient un
crédit d'Impôt. Pour l'année fiscale 1988, en mal 1988,
normalement, ils auraient dû recevoir un crédit d'Impôt,
mais là, ils ne recevront rien, rien du tout, rien. Par contre, Ils ne
s'en rendent pas trop compte. Les parents ne comprendront plus grand-chose,
parce qu'à partir de janvier, ils vont recevoir, par contre, sur leur
allocation familiale, les 8. 64 $ qu'on leur reconnaît mensuellement.
Cela, c'est assez Insidieux et je trouve que ça fait... En tout
cas. il fallait y penser, comme disait le ministre. Il fallait y penser parce
que c'est une question de gros sous pour le gouvernement. Ce n'est pas
nécessairement une question de gros sous pour les familles, parce qu'en
faisant ça, on a mis dans les poches du gouver-nenent environ 50 000 000
$. Et on vient ensuite faire des gorges chaudes en disant qu'on est un
gouvernement généreux, un bon papa, comme il ne s'en fait plus,
qui donne de l'argent à ses enfants, qui a le sens de la famille d'une
façon extraordinaire. mais tout cela à partir des
économies qu'il a faites sur le dos de ses pauvres enfants
Essayez de comprendre. Ils maquillent tellement les chiffres que, comme
on le dit souvent, comme le dirait l'expression populaire, on s'y perd, une
chatte y perd ses petits Et. dans le cas. c'est très approprié
puisque dans ce cas-ci, les familles n'auront pas les sommes d'argent
escomptées en fonction de l'âge des enfants. Donc on y perd au
change, et ce sont les grandes réformes que nous propose le
gouvernement. C'est pour cela que tous ces gens avaient mis leur noeud
papillon, pour célébrer un budget de maquillage par lequel on
laissait croire aux gens, bien sûr, qu'on pouvait butiner les fleurs,
mais que finalement pour ce qui est du nectar, il ne restait plus grand-chose:
on l'avait perdu en cours de route C'est à peu près ce qui s'est
passé. Et, encore aujourd'hui, on essaie de nous faire accepter que
c'est un gouvernement avec un grand coeur, d'une largesse extraordinaire envers
les familles et les parents. C'est en dupant les parents, croit-on, qu'on va
augmenter la famille finalement et inciter les gens à croire aux mesures
mises de l'avant par le gouvernement pour la favoriser. Voyons-donc!
La plupart des groupes et des organismes qui s'occupent de la famille,
de près ou de loin, ont dénoncé cela avec
véhémence en disant. Écoutez, vous Inversez le
problème, il n'y a plus de troisième enfant, ou il y en a
rarement. Commencez-donc par inciter les jeunes couples à penser au
moins à avoir un enfant. Le problème est là. Favorisez-les
au moins à ce niveau et aidez-les sur une longue période.
Finalement, ce que les gens demandent, c'est qu'on leur apporte un réel
soutien, pas simplement un soutien momentané en disant. Écoutez,
faites un enfant,
on va vous donner un boni de 3000 $, mais ensuite ne vene2 plus nous
voir pour nous parler de vos problèmes. Nous avons fait notre effort,
nous avons donné un boni à la naissance, débrouillez-vous
avec cela, cela suffit, maintenant vous avez le problème, votre paquet,
organisez-vous avec, pour nous, c'est organisé, fini, merci,
bonjour.
Je trouve cela vraiment irrespectueux à l'endroit des famillles
que de leur laisser croire qu'actuellement on leur donne des mesures, des
règles législatives qui les favorisent, alors que c'est tout
à fait l'Inverse, puisqu'on a fait ces largesses sur leur dos. C'est ce
qu'il faut absolument dire. Je ne suis pas contre le fait de leur donner de
l'argent et d'augmenter, mais par contre qu'on arrête et qu'on appelle
les choses par leur nom. Si on n'avait pas fait cette économie de 50 000
000 $, je ne suis pas sûre qu'on aurait été aussi
généreux. On aurait, là comme ailleurs, comme on est
habitué de couper les plus petits, coupé pour les enfants de
moins de six ans qui font partie des plus petits. Je ne suis pas certaine qu'on
aurait eu autant de dispositions et de largesse à leur égard et
à leur endroit. (20 h 45)
C'est cette façon de faire les choses que nous sommes
obligés de dénoncer. C'est inadmissible qu'un gouvernement qui se
dit responsable agisse de cette façon, mette de l'avant des programmes
qui donnent l'impression qu'on est généreux alors que cette
générosité est due à des mesures qui ont
empêché les familles de recevoir les allocations qui leur
étaient dues, qui leur avaient été reconnues. C'est
incroyable, mais c'est comme cela que ça s'est passé. Et on
essaie de faire croire que l'Opposition est toujours en train de chialer pour
rien. Elle est toujours en train de sortir des situations apocalyptiques et
inexistantes, c'est l'émanation de leur esprit. Voyons donc! Ce n'est
pas vrai ces histoires-là. Elle passe à côté du
problème. Les gens sont contents et heureux que l'on vienne chercher de
l'argent dans leur poche, ils sont heureux que, finalement, ce soient encore
les familles qui sont toujours les plus taxées et qui ont le plus de
difficulté devant cette situation. Ils sont heureux qu'on leur tape
encore sur la tête et qu'on vienne chercher dans leur poche les quelques
sous qui les favoriseraient, qui leur permettraient justement de mettre un peu
d'argent de côté pour leurs enfants ou qui leur procureraient ce
qui est important et nécessaire pour leur éducation.
Après, on vient nous dire que c'est un gouvernement qui a
l'intérêt du bien commun, qu'il en est préoccupé,
qu'il a un souci d'égalité, d'équité et de justice.
Là je regarde. Où est il l'intérêt
d'équité et de justice quand on est allé
récupérer dans les poches de ces parents 50 000 000 $ pour venir
leur dire après: On vous fait un cadeau pour l'année suivante.
Vous ne vous en êtes pratiquement pas aperçu, mais on vous a
coupé pendant un an. On a fait assez d'économie pendant un an
maintenant pour vous payer votre cadeau. C'est cela, en réalité,
qui s'est passé. Encore là, comme je le dis, c'est un trompe
l'oeil. On laisse croire qu'on a beaucoup d'horizon, mais on se frappe toujours
à un mur. C'est à peu près l'attitude de ce
gouvernement-là.
Comme je le disais, ce sont les parents qui, à partir du mois de
janvier 1989, recevront les nouvelles allocations en fonction des nouvelles
dispositions, sauf que lorsqu'ils arriveront au mois de mai, ils ne recevront
absolument aucun crédit d'impôt pour l'année 1988.
J'appelle cela une forme de récupération et aussi de la
malhonnêteté vis-à-vis des familles. Oui, ce sont de grands
moyens aussi d'aller chercher le peu que l'on donne aux familles qui ont de
jeunes enfants. Et, on sait que c'est cet âge-là qui est assez
difficile pour les parents et très souvent pour les mères, parce
qu'elles sont obligées de rester à la maison. Avec les sommes de
sacrifices que cela représente aujourd'hui, c'est de plus en plus
difficile, l'éducation coûte énormément cher. Quand
on sait combien cela coûte pour acheter les couches des jeunes
bébés, aujourd'hui, ou les jouets éducatifs, toutes ces
choses, je peux vous dire qu'elles ont besoin de ces allocations si elles
veulent passer à travers les premières années. Quand on
dit que tout se joue chez un enfant de 0 à 6 ans, c'est peut-être
important qu'on aide les familles à faire en sorte que les jeunes
enfants soient bien alimentés, qu'ils soient bien aussi dans le domaine
psychologique et affectif, qu'ils soient bien encadrés et qu'on leur
donne tout ce dont ils ont besoin pour leur développement tant
psychomoteur qu'affectif.
Et, ce gouvernement dit qu'il veut tout mettre en place pour avoir une
véritable politique familiale! On aurait pu apporter davantage d'appui
aux familles plutôt que d'aller chercher dans leur poche 50 000 000 $
à la cent près, parce qu'en fait, c'est ce que cela
représente. Et, on vient leur chercher ces sommes sans honte et on a le
culot de venir leur dire après avec un sourire fendu jusqu'aux oreilles
qu'on est d'une générosité débordante à
l'égard de la famille et que la préoccupation est de faire en
sorte que les familles ne soient pas pénalisées.
M. le Président, il faut avoir une dose de culot, de courage et
n'avoir aucun esprit de culpabilité quant aux gestes que l'on peut
pousser et passer. Cela me permet de douter de ce gouvernement. Cela me permet
de douter de toute forme d'engagements que ce gouvernement peut prendre. Je me
dis, lorsqu'il annonce des mesures susceptibles d'aider la famille qu'il doit y
avoir sûrement anguille sous roche qu'il doit y avoir sûrement un
traquenard qui fait qu'on a dû, d'une façon ou d'une autre, aller
siphonner quelques sous dans les poches des parents pour lui permettre d'en
arriver à une économie qui, l'année suivante, permettra de
réaliser les promesses électorales et de démontrer qu'on
est
un gouvernement qui veut vraiment favoriser la famille en lui donnant
des sommes additionnelles qui vont avec l'augmentation du coût de la vie.
Cela est tout à fait faux, parce que, finalement, on ira chercher ces
sommes d'argent dans la poche des parents pour enfin réaliser du
maquillage politique, du maquillage de chiffres. Malheureusement, ce sont ces
formes, ces dispositions que nous devons mettre à la vue des gens, parce
que c'est de cette façon que le gouvernement fonctionne depuis les tout
débuts. En ce qui concerne les allocations pour enfants
handicapés, il aurait pu aussi démontrer, je pense, une
volonté à ce niveau-la, parce que lorsqu'on regarde ce qui se
passe actuellement chez les familles qui gardent leur enfant handicapé.
Il y a une démotivation, un découragement. Je ne sais pas si vous
connaissez la somme d'énergie, d'abnégation que cela demande
à ces parents pour garder leur enfant handicapé à la
maison. Ces parents ont demandé juste un peu de répit, de
gardiennage pour, à un moment donné, les délester un peu
de leur charge. Ils aiment cet enfant qui a un handicap, mais, mon doux,
combien c'est lourd à supporter à tous les autres niveaux. Ils ne
peuvent pas avoir une vie normale comme d'autres parents avec des enfants qui
n'ont aucune difficulté, aucun problème et qui ont une
motricité très facile alors qu'il est tout à fait
contraire... Même avec leurs autres enfants, cela leur occasionne
d'autres problèmes. À ce moment-là, je pense, au
contraire, qu'on devrait les favoriser puisqu'on sait fort bien que l'un des
objectifs du gouvernement en est un de désinstltutionnallsation. Donc,
on devrait favoriser davantage ces familles, ces parents qui veulent garder
chez eux cet enfant qui a un handicap. On devrait faire des efforts
substantiels pour favoriser davantage ces parents qui n'ont que leur
générosité à l'endroit de cet enfant qui,
malheureusement, doivent faire presque à eux seuls les frais de cet
enfant et qui ont très peu de support, très très peu de
support de la part de ce gouvernement actuellement. Je vous dirai que les
personnes handicapées à l'heure actuelle sont en net recul
à tous égards depuis que ce gouvernement est au pouvoir. Je
trouve actuellement qu'il est grand temps qu'on dénonce une telle
attitude de maquillage, de trompe-l'oeil et de manque de perspectives. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la
députée de Marie-Victorin. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? M. le député d'Ungava. vous avez la
parole.
Des voix: Ah, ah!
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci. M. le Président. Je vois que mes propos
étaient attendus avec...
Des voix: Ha, ha. ha!
M. Claveau:... beaucoup d'intérêt de la part des
députés ministériels, ce qui me réjouit d'auteurs.
Je suis convaincu qu'ils vont tous écouter aussi religieusement que
possible, abandonnant leurs activités secondaires pour ne se verser que
dans le travail de cette commission qui est d'une grande importance quant
à l'avenir des familles québécoises.
En effet, M. le Président, ce qu'on a sous les yeux
dépasse l'Imagination. C'est grave ce que le ministre est en train de
nous présenter là, même si cela ne paraît pas. Je
vais vous dire jusqu'à quel point le ministre peut être
mêlé dans ses affaires et ne pas comprendre lui-même ce
qu'il nous dépose comme projet de loi. Juste à titre d'exemple et
un exemple non négligeable, tous ceux qui ont le projet de loi sous les
yeux - et vous l'avez tous, comme je peux le constater - pourront se
référer à la page 6, l'article 3, enfin ça fait
partie de l'article 2. à la section 1, troisième alinéa.
Regardons bien ce qui y est dit. C'est extraordinaire. "Sont des conjoints les
époux qui cohabitent et les personnes qui vivent maritalement. " Sont
des conjoints les époux qui cohabitent. Le ministre nous introduit la
notion de conjoint de fait. Il nous dit que dans le cadre de l'application de
sa loi - Loi modifiant la Loi sur les allocations familiales et d'autres
dispositions législatives - les conjoints de fait, ce sont ceux qui
vivent ensemble. Le même ministre, pas plus tard que dans des amendements
ou dans une loi à propos de laquelle il nous a Imposé d'ailleurs
un bâillon, il y a à peine quelques heures, nous disait que pour
être des conjoints de fait. il fallait que ça fasse au moins un an
qu'ils vivent ensemble. Et le ministre des Transports dit: Ce n'est pas
ça des conjoints de fait, parce que pour bénéficier du
retour d'assurance venant de la Régie de l'assurance automobile du
Québec, il faut que ça fasse au moins trois ans qu'ils vivent
ensemble.
Une chance que le ministre de l'Environnement ne s'en est pas encore
mêlé, parce que ça deviendrait compliqué. C'est
Incroyable. On a hâte de voir la définition de conjoints de fait
du ministre de l'Environnement. Cela va probablement être fa faute de
l'ancien gouvernement. Mais là. trois projets de loi, M. le
Président! Ici. il y a des réflexions. Une chance qu'elles ne
sont pas inscrites dans les transcriptions de la commission, les micros
étant fermés, sinon, il y en a plusieurs qui verraient leur
siège mis en jeu.
Toujours est-il, M. le Président, qu'on a là le plus bel
exemple de l'incohérence de ce gouvernement, une incohérence
chronique. Déjà, il ne sait pas où il s'en va. En tout
cas, quand deux ministres sont dans deux domaines aussi différents que
le transport et le revenu, on peut comprendre qu'ils n'aient pas eu le temps de
se parler. On peut comprendre qu'il y en avait
peut-être un qui était sur la trotte, que l'autre comptait
ses sous et que, finalement, ils n'ont pas eu le temps de se consulter. Ils ne
s'adonnaient pas à être à la même place en même
temps et les réunions du Conseil des ministres étant très
houleuses par les temps qui courent sur la question de la langue, ils n'ont
peut-être pas eu le temps de se parler. Mais quand c'est le même
ministre, on s'entend bien là, et qu'il n'a pas eu le temps de s'en
parler à lui... Dans une loi sur laquelle II nous Imposait le
bâillon pas plus tard qu'hier, il nous dit que pour être conjoint
de fait, II faut que ça fasse au moins un an qu'on vive ensemble. Moins
de cela, ça n'a pas de sens. Aujourd'hui, il nous arrive avec un autre
projet de loi où il dit, sans le dire, mais il nous le dit en prenant un
détour, c'était gênant de le dire directement: "Sont des
conjoints, les époux qui cohabitent et les personnes qui vivent
maritalement. " Donc dès que tu vis ensemble...
M. Bourbeau: Vous pouvez déposer un amendement. On n'a pas
d'objection à le regarder.
M. Claveau: Dès qu'on vit ensemble, en fonction de cette
loi, on devient des conjoints de fait. C'est assez spécial, vous en
conviendrez. Et le ministre nous demande en plus de déposer un
amendement pour changer la définition. Qu'est-ce qu'on va déposer
comme amendement? Sur quoi peut-on se fier? Est-ce qu'on va se
référer au ministre des Transports qui dit au moins trois ans, au
ministre des Communications, on ne le sait pas ou au ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu qui dit un an ailleurs?
Comment voulez-vous qu'on puisse se baser sur quelque chose pour déposer
un amendement alors que lui-même n'a pas été capable de
s'entendre avec sa propre conscience pour nous fournir une seule et unique
version de la notion de conjoint de fait? Et puis, on nous demande... On vient
nous dire que c'est du travail sérieux, que c'est un projet de loi bien
pensé, qu'on n'a rien oublié, que l'Opposition ne sait pas de
quoi elle parle, que c'est sûrement la faute de l'Opposition si le
ministre s'est trompé aujourd'hui. On nous dit tout ça et,
après, on regarde béatement et on sourit aux propositions de
l'Opposition qui pourraient faire avancer le gouvernement au lieu de le
maintenir dans une espèce de zone grise qui fait en sorte que les gens,
au moment où on se parle, ne savent pas trop comment se brancher. (21
heures)
Donc, ouais, peut-être, c'est peut-être encore un bon
gouvernement! On ne s'est peut-être pas trompé... C'est toujours
gênant, pour une population, de se rendre compte qu'elle s'est
trompée aussi manifestement que cela a pu être le cas en 1985.
Alors, on n'ose pas reculer trop vite, on se dit qu'on avait fait un choix
assez fort,.. Qu'est-ce qu'on va faire avec cela? Bon, on va lui donner
encore une petite chance, etc.
Mais la petite chance achève, hein? Avec des propos semblables,
c'est bien évident que cela tire à sa fin.
De plus, si on va plus loin, à la page 14, ah là, par
exemple, on trouve une notion extraordinaire! Du droit nouveau, comme dirait le
ministre de l'Énergie et des Ressources. Du droit nouveau, comme nous
dirait le ministre délégué aux Forêts qui aime bien
ces termes. C'est du droit nouveau. Le droit nouveau, dans ce cas, M. le
Président, c'est qu'à partir de maintenant, par ordre de
priorité, les allocations familiales seront versées aux personnes
suivantes, non pas en fonction des ententes ou d'une façon de faire qui
pourrait éventuellement être avantageuse pour un couple ou
l'autre, indépendamment de leur condition, mais par ordre de
priorité. La mère, d'abord. Deuxièmement, la conjointe du
père, et enfin, le père. Par ordre de priorité, il faut
bien s'entendre. Cela veut dire, si on lit tel que ce doit être lu, que
le pauvre diable qui a eu la garde de ses enfants et qui se trouve une
conjointe... Vous ne connaissez pas cette expression populaire qui veut dire:
"Gens de bonne conscience"? On se parle comme cela, de façon normale. Le
gars, le père de famille... Si vous voulez, on peut vous faire un dessin
aussi, cela va vous aider à comprendre. Le père de famille qui a
eu la garde de ses enfants à la suite d'un événement
malheureux et qui se trouve une conjointe doit nécessairement, de par la
loi, aliéner son droit aux allocations familiales en faveur de sa
conjointe, parce que par ordre de priorité, on a établi que la
nouvelle conjointe, même si c'est dans une situation parentale où
Us ne sont pas mariés, mais s'adonnent à vivre ensemble depuis
trois jours... À partir du moment où on vit ensemble, maintenant,
selon cette loi, on est des conjoints de fait. Le père, alors, doit,
pour respecter la priorité qui est établie dans le projet de loi,
aliéner son droit de perception des allocations familiales en faveur de
sa nouvelle conjointe. Et en plus, si jamais, après six mois, cela ne
marche pas, ce n'est pas automatique qu'il va avoir le retour de ses
allocations familiales, parce qu'un petit peu plus loin, le ministre se garde
la possibilité de fixer par règlement la longueur de temps, la
période de temps pendant laquelle on va appliquer la notion de conjoint
de fait, même après une séparation. Là, on est rendu
loin. Cela, c'est une politique familiale. Cela, c'est quelque chose de
pensé profondément. Il peut bien avoir de la difficulté
à s'entendre avec lui-même, ne serait-ce que pour définir
la notion de conjoint de fait. Écoutez-le.
On se souvient du ministre alors qu'il était aux Affaires
municipales. En deux ans, il a réussi à se mettre tout le monde
à dos, à tel point qu'il a fallu le changer et l'envoyer
ailleurs. Il n'y avait plus une municipalité qui voulait le recevoir. Et
là, parti comme il est, il s'organise pour avoir de la difficulté
à rentrer dans quelque foyer que ce soit au Québec. Si c'est le
cas, il
va avoir de la difficulté à faire du porte à porte
lors de sa prochaine campagne électorale, M. n'y a plus personne qui va
vouloir le recevoir.
M. Bourbeau: Le problème est grave.
M. Claveau: M. le Président, est-ce que quelqu'un d'autre
aurait demandé la parole? Je n'en al pas eu connaissance.
Le Président (M. Audet): À l'ordre. M. le ministre,
s'U vous plaît! M. le député d'Ungava, vous pouvez
continuer.
M. Claveau: Donc, vous voyez, M. le Président, qu'on est
en droit, à partir de simples exemples comme cela, de s'interroger
sérieusement sur les intentions du ministre de déposer ce projet
en fin de session, rapidement, à la hâte. II aurait pu le faire
autrement, il aurait pu appeler cela, par exemple, alors que son leader, en
début de session, se cherchait désespérément des
projets de loi, essayait désespérément de trouver des
moyens de combler les trous dans les commissions parlementaires. Le ministre,
qui avait pensé depuis longtemps à son projet de loi. aurait pu
en profiter pour le déposer pour qu'on ait le temps d'en discuter. Bien
non. il nous apporte cela rapidement, en fin de session. Probablement, si on le
fatigue trop, qu'il va nous mettre le bâillon tout de suite demain matin.
On a vu que cela ne le fatiguait pas de mettre le bâillon sur un projet
de loi. Alors, on peut s'attendre qu'on n'aura peut-être même pas
l'occasion de se rendre jusqu'à minuit ce soir. Si le ministre trouve
que nos arguments ne sont pas satisfaisants, il va tout de suite aller voir son
leader et lui dire: Écoutez, on n'a pas de temps à perdre avec
cela. Le gouvernement a de l'argent à sauver et cela presse qu'on le
sauve. II faut absolument passer la loi en question.
Un exemple que le gouvernement a de l'argent à sauver? Vous vous
souvenez, M. le Président - vous qui avez de nombreux enfants - qu'en
1986, pour un enfant, vous pouviez avoir un crédit d'impôt de 300
$. SI vous aviez un deuxième enfant de moins de six ans, ce
crédit d'impôt montait à 500 $, etc., 600 $ avec trois
enfants. Et, après, on ajoutait toujours 100 $ par enfant. Vous vous
souvenez de cela? Alors, si vous en aviez deux, comme vous me faites signe -
à moins que ce soit le V de la victoire - en 1986, vous avez dû
avoir, donc, un crédit d'impôt de 500 $ pour vos deux enfants. Si
le ministre en avait aussi - étant donné que le ministre est
encore jeune et vert - éventuellement, II aurait pu avoir des enfants de
moins de six ans et V a pu, lui-même, bénéficier d'un
crédit d'impôt de 600 $. En 1987, vous avez dû remarquer, M.
le Président, en faisant votre rapport d'impôt, oh surprise, que
vous n'aviez plus le droit à vos 500 $ mais seulement à 300 $.
Donc, le gouvernement a fait 200 $ sur votre dos et sur le dos de quelques
milliers de familles québécoises qui étalent dans la
même situation que vous. C'est Incroyable! Et on prétend vouloir
aider les familles québécoises, on prétend vouloir faire
des politiques pour avoir des enfants Pour une famille qui compte trois
enfants, là. on se retrouve au même niveau. C'est une chance
encore que cela n'ait pas diminué. On sait combien trois enfants
coûtent par les temps qui courent.
Donc, en 1987. c'était la situation. En 1988. maintenant - vous
allez faire votre rapport d'impôt tout prochainement - si vos enfants ont
toujours moins de six ans, vous allez avoir l'agréable surprise - vous
aurez voté pour, qui plus est - de ne pouvoir demander aucun
crédit d'impôt pour vos enfants de moins de six ans. Cela, c'est
une politique familiale! C'est extraordinaire!
Par contre, on va vous dire ce que le ministre des Finances disait pas
plus tard qu'il y a quelques jours, le 3 octobre dernier, à un M.
Plante qui lui avait écrit ses quelques préoccupations par
rapport à cela. II disait: Je vous assure que le montant des allocations
pour jeunes enfants que votre famille recevra en 1989 sera au moins
équivalent au montant de l'allocation de disponibilité que vous
auriez reçu en 1989 à l'égard de l'année
d'imposition 1988. Ah! Le ministre des Finances, lui, avait compris. II a
compris que, pour 1988, il n'a pas d'argent à verser. Lorsqu'on a
introduit ce programme de crédit d'impôt pour enfant, on a
introduit une récupération rétroactive après
l'année. On fait notre année de travail, on paie durant
l'année et. quand on fait notre rapport d'impôt pour
l'année précédente, eh bien, on enregistre notre
crédit et on a une déduction sur les Impôts qu'on avait
payés l'année précédente. On sen-tend
là-dessus?
À partir de maintenant. Pour 1988, on a payé ces
impôts. Tous les Québécois les ont payés. Tous ceux
qui ont des enfants les ont payés, sauf qu'en 1989, lorsqu'ils vont
faire leur rapport d impôt 1988. ils ne pourront plus les déduire.
C'est fait. Le gouvernement vient de mettre 50 000 000 $ dans ses poches pour
le moins. Voilà la triste réalité. On vous dit M.
Plante, ne vous en faites pas parce que, par le biais de notre nouveau
programme qui va vous permettre de recevoir quelques grenailles tous les mois,
nous allons vous donner un montant équivalent à celui que vous
auriez reçu dans la mesure où vous auriez déclaré
dans votre rapport d'impôt de 1988, fait en 1989, un droit ou que vous
auriez pu bénéficier de ce droit au crédit d'impôt.
Pour 1988, vous ne paierez rien parce que, lorsque vous ferez votre rapport
d'impôt en 1990 pour l'année fiscale 1989, on va vous dire: On
vous l'a déjà payé. Vous venez de l'avoir. Vous l'avez eu
à tous les mois en raison de quelques dollars par mois. Et puis, c'est
comme cela qu'on a leurré toute la population du Québec, qu'on a
essayé de leur en passer une petite vite pour faire en sorte
d'économiser tous
les crédits d'Impôt pour enfants qui, normalement,
malgré les beaux discours du ministre des Finances aux petits souliers
vernis au soir du 1er mai dernier, auraient dû être versés
aux contribuables du Québec qui ont des enfants. Tel ne sera pas le cas.
Le ministre le sait très bien, à moins qu'il ne sache pas lire.
Mais le ministre le sait très bien. C'est ce qui se passe. Après,
il va nous dire: Mais, vous n'avez rien compris. Non, des milliers de
contribuables comme celui qui a pris le temps d'écrire au ministre des
Finances, n'ont probablement rien compris là-dedans non plus. C'est ce
que le ministre va dire. Si vous nous accusez de n'avoir rien compris, M. le
ministre, vous allez accuser l'ensemble des contribuables du Québec qui
ont des enfants de n'avoir rien compris parce que la plupart d'entre eux, c'est
ça qu'ils ont compris.
Quand ces gens vont faire leur rapport d'impôt, cette
année, ils n'auront pas droit aux 500 $, aux 300 $ ou au 600 $ auxquels
ils auraient eu droit si vous aviez appliqué votre loi telle que le
ministre des Finances l'avait annoncé. Ils vont le comprendre en faisant
leur rapport d'impôt. Ce n'est pas en leur changeant un chèque de
500 $ en crédit d'impôt pour enfant, au mois de mars ou avril
qu'ils auraient dû recevoir pour les impôts payés en 1988,
pour un petit chèque de 15 $ par mois que vous allez leur faire avaler
le gâteau. C'est comme essayer de donner un petit peu de cassonade pour
faire avaler de l'huile de castor. Cela change peut-être le goût,
mais cela reste toujours huileux. L'huile de castor reste toujours de l'huile
de castor. C'est ce que vous essayez de faire. Vous avez mis un petit peu de
cassonade au-dessus d'une cuillerée d'huile de castor, mais vous allez
voir que cela va sentir l'huile de castor et les gens vont s'en rappeler. Cela
ne s'avale pas comme cela. C'est ce que vous nous présentez dans votre
projet de loi. Ce sont des mesures semblables. C'est comme cela que vous pensez
relancer la natalité au Québec.
M. le ministre, alors que vous auriez eu l'opportunité, en tant
que ministre responsable d'un dossier aussi important de repenser une
véritable fiscalité ou une véritable approche fiscale
pour...
Le Président (M. Audet): En conclusion, M. le
député...
M. Claveau:... les familles québécoises, vous vous
êtes contenté de faire le travail de bras que vous a
demandé votre collègue, le ministre des Finances, qui vous a dit,
comme il a dit à l'ensemble des autres ministres de ce gouvernement:
Arrangez-vous pour me camoufler de l'argent en quelque part pour que je puisse
encaisser sans que personne ne s'en rende compte. C'est la commande qu'on vous
a faite. C'est ce à quoi vous avez répondu et c'est ce que,
malheureusement, contre votre propre opinion, contre votre propre conscience,
vous allez être obligés de défendre devant cette commission
parlementaire. Si vous preniez réellement à coeur le
problème des familles québécoises tout autant que nous,
vous n'auriez pas le courage, vous n'auriez pas le coeur ou du moins, vous
n'auriez pas envie de défendre devant une commission parlementaire un
projet de loi rempli d'autant d'embûches, d'autant de sinuosités.
Si vous êtes là à nous présenter ce projet de loi ce
soir, c'est tout simplement parce que vous avez une commande à remplir,
une commande que le ministre des Finances et le président du Conseil du
trésor ont passée à l'ensemble des ministres de ce
gouvernement: Ramenez-nous de l'argent dans les coffres...
Le Président (M. Audet): M. le député...
M. Claveau:... cela presse. Il faut avoir une bonne gueule pour
approcher la prochaine campagne électorale.
Le Président (M. Audet):... votre temps de parole est
terminé.
M. Claveau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le ministre, votre
droit de réplique.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas
épuisé mon droit de parole, j'ai pris très peu de temps,
quelques minutes seulement. Je tiens simplement à dire, malgré
tous les blâmes qu'il vient de nous distribuer avec beaucoup
d'éloquence, je le reconnais, que le député d'Ungava - je
vous prierais de le noter d'avance, M. le Président - lorsqu'on va
arriver en Chambre pour voter sur la troisième lecture, je vous le
prédis, va voter en faveur du projet de loi que nous avons devant nous.
Je prends tous mes collègues à témoin ici. Vous avez
entendu tous ces beaux discours. Je vous prédis que le
député d'Ungava va lever son doigt et va voter, il va se lever,
va saluer et votera en faveur du projet de loi, ce qui fera, qu'une autre fois
de plus, le député d'Ungava aura parlé contre un projet de
loi mais votera pour. Voilà, M. le Président.
Mme Harel: Cela va dépendre du sort des autres
amendements.
M. Bourbeau: On verra.
Mme Vermette: M. le Président, je voulais lui dire aussi
qu'on pourrait demander...
Le Président (M. Audet): Votre période de temps est
terminée, Mme la députée de Marie-Victorin. Vous ne pouvez
pas revenir...
M. Bourbeau: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Audet): aux remarques
préliminaires.
M. Bourbeau: Consentement, consentement. M. le
Président.
Mme Vermette: Je voulais tout simplement.... Le
Président (M. Audet): Consentement.
Mme Vermette: Je voulais tout simplement dire au ministre que
finalement l'Opposition. Dans ce cas-ci comme dans d'autres lois, surtout
celles concernant les affaires municipales - notre collègue de
Jonquière pourra peut-être l'affirmer - il est très
chanceux d'avoir l'Opposition pour bonifier ses projets de loi. C'est pour cela
qu'on peut voter, parce que la plupart des amendements viennent de
l'Opposition. (21 h 15)
M. Bourbeau: Je dirai en réplique à la
députée de Marie-Victorin, je répète ce que je lui
ai déjà dit, si vous apportez...
Le Président (M. Audet): II reste un peu de temps sur les
remarques préliminaires.
M. Bourbeau:... oui, je vous dis que si vous proposez des
amendements qui sont de nature à améliorer le projet de loi. Je
vous dis - on l'a fait d'ailleurs lors du dernier projet de loi sur l'aide
sociale - que si les amendements sont de nature à améliorer le
projet de loi, nous allons les faire nôtres, les prendre, les incorporer
au projet de loi. Nous sommes ouverts à toute suggestion de nature
à bonifier le projet de loi dans la mesure, bien sûr, ou cela
rencontre les autorisations que j'ai du Conseil des ministres. Si vous nous
proposez un amendement qui est susceptible de coûter 200 000 000 $ au
gouvernement, vous comprendrez que je n'ai pas les autorisations pour
l'accepter. Mais si c'est un amendement qui est de nature à bonifier le
projet de loi, M. le Président, nous sommes ouverts à toute
suggestion dans ce sens.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, ce que je remarque de ce
gouvernement, c'est d'abord une solide dose de cynisme. Cela prend beaucoup de
cynisme pour faire du surf sur le dos des familles au Québec
actuellement. Cela demande une bonne dose de cynisme pour aller chercher un peu
plus de 100 000 000 $ dans l'enveloppe qui était
généralement prévue, reçue ou impartie pour les
familles et prétendre leur faire un cadeau. Cela demande une solide dose
de cynisme pour le faire avec le sourire et, pour le ministre, de nous dire
qu'il a accepté d'améliorer le projet de loi, plus
particulièrement le 37, cela demande aussi une solide dose de cynisme.
Si le ministre le voulait, il viendrait nous dire ici, au moment où nous
sommes en commission parlementaire, qu'il est capable d'accepter des
modifications qui viendraient privilégier le premier enfant plutôt
que le troisième en maintenant que cela coûterait moins cher aux
Québécois, que la mesure qui privilégierait le premier
enfant serait moins coûteuse pour le gouvernement du Québec. On
pourrait peut-être voir cela, je serais intéressée
Vous allez me permettre... Je vois les députés du parti
ministériel qui nous disent constamment que ce qu'on avance comme
information, c'est le fait de l'Opposition, du PQ Ils pensent que... Je vais me
permettre de commenter un avis qui a été rendu public
récemment, en avril 1988. par le Conseil des affaires sociales et de la
famille et qui avait comme titre. Pour être fiers d être parents En
fait, cet avis dit au gouvernement que la diminution de la natalité au
Québec ne touche pas le troisième ou quatrième enfant. On
est de plus en plus devant la situation où, chez nous, c'est le choix de
faire le premier enfant. Ce n'est pas d'en ajouter un deuxième ou un
troisième, c'est le choix de faire le premier. Et une des raisons qui
expliquent l'hésitation des parents potentiels à faire un premier
enfant, c'est l'appauvrissement des personnes qui sont en âge d'en
avoir.
Dans cet avis on apprend, par exemple qu'en 1986, il y a eu 12 919
naissances de moins qu'en 1980 De ce nombre 72. 5 % est artribuable. non pas a
la diminution des enfants de quatrième et de troisième rang, mais
à la diminution des enfants de deuxième et de premier rang Pis
encore, alors qu'en 1980 le nombre des naissances de deuxième et le
troisième rang d'une famille continuait à croître, à
partir de cette date il commençait lui aussi à diminuer. Et lavis
continue en rappelant que, contrairement à ce qui se passe en Ontario,
en France où on a pris des mesures pour favoriser la venue d'un
troisième enfant - la diminution s'effectuait là, I'impact de la
dénatalité portait sur la décision de faire le
troisième enfant - ce n'est pas la situation au Québec. Au
Québec c'est la décision de faire le premier enfant. Dans cet
avis, on voit également qu'on essaie d'expliquer le pourquoi de cette
hésitation des jeunes couples à faire leur premier enfant. C'est
essentiellement en raison de la pauvreté Et vous allez me permettre de
lire quelques passsages de ce mémoire qui est extrêmement parlant
Je vois le ministre faire des simagrées, il serait intéressant
qu'il écoute. II aurait peut-être pu s'inspirer de cet avis pour
rédiger son projet de loi et, probablement que s'il s'en était
inspiré, M. le Président....
Le Président (M. Audet): M. le ministre....
M. Bourbeau: Je ne sais pas de quoi vous
parlez.
Le Président (M. Audet):... je vous demanderais de
respecter le temps de parole de Mme la députée de Chicoutimi.
M. Bourbeau: La députée de Chicoutimi s'est
adressée à moi, M. le Président.
Le Président (M. Audet): C'est son droit, M. le
ministre.
Mme Blackburn: M. le Président.
M. Bourbeau: Si elle s'adressait à moi, je pensais que je
pouvais lui répondre. Ne vous gênez pas, madame, allez-y. On vous
écoute.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que j'ai le droit
de parole oui ou non?
Le Président (M. Audet): Vous avez le droit de parole, Mme
la députée, mais, je vous rappellerais, afin d'avoir des
débats calmes et sereins, de vous adresser au président. Cela va
peut-être éviter que certains...
Mme Blackburn: C'est ce que J'ai fait, M. le Président, je
ne me suis jamais adressée au ministre.
M. Bourbeau: Bien oui, oui, oui.
Le Président (M. Audet): Alors, continuez, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Sauf que, s'il voulait écouter, cela
pourrait cependant être intéressant. Si le ministre s'était
inspiré de ce projet, probablement que, ce soir, ce serait avec plaisir
que j'aurais souscrit à son projet de loi. S'il avait vraiment tenu
compte de la situation québécoise pour dire: C'est ça
qu'on veut corriger...
Ce qu'il faut corriger au Québec, ce n'est pas le
troisième enfant, comme c'est le cas en Ontario ou en France où
les familles hésitent à faire un troisième enfant, c'est
le premier enfant. Et, je le rappelle au ministre, pourquoi les jeunes couples
hésitent-ils à faire leur premier enfant? Pour des raisons
financières.
Les statistiques révèlent que chez les parents de moins de
35 ans, une famille sur cinq vivait, en 1986, sous le seuil des faibles revenus
comparativement à une sur six en 1981. Donc, les familles sont plus
pauvres en 1986 qu'elles ne l'étaient en 1981. Je ferais remarquer au
ministre qu'il continue de les appauvrir avec sa politique sur le
bien-être, mais c'est un autre projet de loi. Par contre, pour les
familles dont les parents ont plus de 35 ans, la situation s'est
légèrement améliorée. Enfin, chez les familles dont
les parents sont âgés de 25 à 34 ans, là où
se concentre la majorité des naissances, la propor- tion des familles
à faibles revenus est passée de 11, 7 %en1979à19 % en
1986.
C'est ça, la situation. On ne peut pas prétendre avoir une
volonté réelle d'aider les couples qui désirent avoir des
enfants et, en même temps cibler des cibles qui ne nous rejoignent pas.
Le couple qui n'a pas décidé de faire le premier et le
deuxième, vous auriez beau lui donner 3000 $ pour faire le
troisième, n'en fera pas davantage. Et c'est ça, le
problème!
Je trouve ça infiniment malheureux, parce que, moi, je ne joue
pas à l'Opposition en disant que tout est mauvais; il y a des affaires
qui peuvent être bonnes. Je vais examiner un projet de loi avec la
ministre de la Santé et des Services sociaux, demain, et je pense que
c'est un bon petit projet de loi. Je n'ai rien à dire là-dessus;
on ne peut être que d'accord. Il serait agréable qu'on puisse,
à l'occasion, être d'accord sur un projet de loi. Et, s'il avait
ciblé le premier enfant, je vous dis que j'aurais pu être
totalement d'accord. Je trouve ça infiniment déplorable.
L'avis continue en disant qu'il est même significatif que le taux
d'activité des mères d'enfants de moins de six ans sur le
marché du travail soit passé de 34 % en 1976 à 60 % en
1986. Et on n'améliore pas la situation des garderies en milieu de
travail. La situation de la pauvreté chez les couples est surprenante
d'autant plus que, malgré la multiplication de familles à deux
revenus, le revenu familial moyen s'est maintenu au même niveau.
Même s'il y a deux revenus - moi, je ne pensais pas que c'était
vraiment vrai - on dit qu'il faut qu'ils travaillent à deux pour faire
le même revenu. Bien, c'est exactement ce que cet avis nous dit.
Même pour les familles à deux revenus, le revenu familial moyen
s'est maintenu au même niveau, en dollars constants de 1985, entre 1981
et 1985. Autrement dit, ça prend aujourd'hui deux personnes qui
travaillent pour faire un revenu. Le revenu moyen des familles biparentales
avec enfants de moins de 18 ans s'élevait, en 1981, à 38 386 $,
et, en 1985, il était de 38 651 $. Pendant ce temps, le revenu moyen des
familles monoparentales - et il y a de plus en plus de familles monoparentales,
de femmes qui décident d'avoir des enfants - passait de 18 354 $, en
1981, à 16 596 $. C'est ça, le problème. Le
problème n'est pas de faire le troisième enfant. Les familles,
quand elles en sont rendues à décider de faire un
troisième enfant, ont généralement une certaine
stabilité économique. C'est prouvé là-dedans, elles
ont un peu plus de moyens. C'est le premier enfant qu'il fallait cibler.
Le désengagement des gouvernements. Vous allez me permettre de la
passer, celle-là. Curieusement, alors que le gouvernement du
Québec est responsable de la politique familiale, la part la plus
importante du soutien aux parents provient du gouvernement
fédéral.
Au Québec, l'avis du Conseil des affaires
sociales dit qu'il y a trois façons d'aider les familles: un
soutien financier, des garderies adéquates et en nombre suffisant et des
conditions de travail qui permettent aux femmes d'avoir des enfants. Ce sont
les trois conditions qui sont précisées par cet avis.
Le soutien financier, je le rappelle, est inadéquat et cela
demande une certaine dose de cynisme pour se trouver drôle quand on
examine une question comme cela. Il y a des affaires sur lesquelles je suis
bien capable de rire et j'ai du plaisir à le faire, mais pas quand on
est en train de parler de ce genre de question.
Les garderies. Si le montant de 100 000 000 $ que vous avez
économisé sur le dos des familles, vous l'aviez investi dans les
garderies, on aurait pu penser que c'était là un transfert un peu
équitable. Cela aurait permis à un plus grand nombre de femmes
d'avoir des garderies adéquates dans leur milieu de travail, dans leur
milieu propre. Mais ce n'est pas cela. II n'y a pas un sou. Le Québec
n'a pas ajouté un sou en 1989-1990 dans la politique familiale. Pas un
sou. Ce qui est venu, c'est venu du fédéral.
Pour ce qui est des conditions faites aux femmes qui travaillent pour
leur permettre d'avoir des enfants, ce n'est pas plus reluisant.
J'espère qu'à un moment donné les ministériels
seront un peu gênés, parce que essayer de faire croire aux gens
que c'est un cadeau qu'on est en train de leur faire, c'est, je le rappelle,
faire preuve de beaucoup de cynisme, c'est utiliser l'espèce de
naïveté des gens qui croient à un premier discours. Et, on
le sait, du moment où ils ont entendu le premier discours de M.
Lévesque, c'était fait. La très grande
majorité des gens ont été incapables de faire le calcul
qu'on est en train de faire aujourd'hui et vous le saviez pertinemment. C'est
cela qui est malheureux.
Le projet de loi qu'on a ici est intéressant aussi à un
autre titre, mais ce n'est pas pour le trouver correct. Je me rappelle bien du
discours de l'Opposition libérale d'alors qui disait: Nous allons
légiférer mieux et moins et nous allons
déréglementer. Je dois vous dire qu'où j'étais, au
Conseil des collèges du Québec, je trouvais que cela avait du bon
sens. Devant une pNe de règlements de 14 pouces destinés à
gérer les collèges, je me suis dit: Tiens, ce n'est
peut-être pas fou, ça. Enfin, on va pouvoir gérer nos
affaires dans les collèges! C'était une illusion. Je n'ai jamais
vu de projet de loi contenir autant d'articles qui permettent au ministre de se
doter de règlements. Je faisais l'exercice tout à l'heure, on
retrouve quinze articles dans lesquels on réfère à un
règlement possible et l'article qui touche les pouvoirs
réglementaires du ministre prévolt 13 pouvoirs
réglementaires. C'est comme cela partout. Dans le projet de loi sur
l'aide sociale, on retrouve quelque 60 pouvoirs réglementaires. C'est un
gouvernement qui devait moins réglementer. C'était aussi un
gouvernement qui devait mieux légiférer. J'ai des petites
nouvelles pour vous autres. Une bonne législation, cela a quelque
chose... en tout cas. J'espère que. pour cela aussi, vous allez
être un peu gênés. Le ministre de l'Éducation nous
est arrivé. à un moment donné, avec un projet de loi de
quatre articles et M. a été obligé de le
réécrire au complet parce que là cela n'avait pas de bon
sens. S'il n'avait pas été gêné. il aurait dû
récrire celui qu'on a sur la table, le projet de loi 107. II aura
déposé plus de 600 amendements à un projet de loi qui
contient 579 articles; pour le projet de loi 37, il y a une centaine
d'amendements aux 134 articles. On appelle cela bien légiférer.
Si c'est bien légiféré, ce n'est pas très bien
écrit, ce n'est pas très bien pensé. Ce n'est pas
suffisamment pensé et pas suffisamment réfléchi. (21 h
30)
Le ministre nous a dit tout à l'heure et peut-être qu'il
était sérieux, on va pouvoir le mesurer, peut-être qu'il
était sérieux. On va vérifier s'il a du pouvoir au Conseil
des ministres parce que je sais qu'il a réalisé, peut-être
après parce qui est plus nouveau dans le dossier, qu'effectivement on
aurait dû soutenir la venue d'un premier enfant. S'il est sérieux,
on est prêt à proposer des amendements ici qui lui permettraient
de revoir cette politique. S'il prétend que ça coûte le
même prix, il n'aura pas de problème à accorder son projet
de loi à la réalité que lui a tracée le Conseil des
affaires sociales de la famille. S'il nous dit, ce qu'on pense qui est juste,
qu'il ne peut l'Inverser parce que ça coûterait plus cher au
gouvernement du Québec - on appelle ça un "money bill" - qu il ne
pourrait pas le modifier sans retourner au Conseil des ministres et au Conseil
du trésor, cela va confirmer ce qu'on savait.
Mais en gros, ce que je voudrais dire au ministre. II a dit que le
député d'Ungava voterait pour ce projet de loi. Il va voter, mais
à la condition que des amendements soient apportés ne serait-ce
que pour le conjoint de fait. Je vous jure que.. Pour ce qui est des autres
dispositions, je dis au ministre et j'imagine que ma collègue le dit
aussi. qu'il n'y aurait pas d'objection, si vous étiez en mesure et vous
aviez le pouvoir de modifier l'accent, le rapport entre le premier et le
troisième enfant. On pourrait peut être examiner ça de
façon sérieuse. On pourrait peut-être vous inviter à
faire faire les calculs par le président du Conseil du trésor
sauf que, déjà, on le sait, ce projet de loi est du
tape-à-l'oeil. Cela n'a pas été fait pour favoriser les
familles. Cela a été fait pour les berner. Cela a
été fait pour les illusionner. C'est du maquillage de chiffres et
c'est de la poudre aux yeux. C'est aussi la démonstration d'un cynisme
difficilement acceptable lorsqu'on parle de ce genre de questions. Je vous
remercie. M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci Mme la
députée de Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres
remarques préliminaires? Si je comprends bien, on est...
Mme Harel: J'aimerais demander au ministre s'il entend
déposer ses amendements à ce moment-ci de nos travaux, avant que
nous entamions l'étude article par article?
M. Bourbeau: Je suis toujours disposé, M. le
Président, à être au service de la commission. Si Mme la
députée de Malsonneuve veut qu'on les dépose tout de
suite, on peut le faire ou on peut le faire au fur et à mesure. C'est
comme elle le veut.
Mme Harel: II serait certainement préférable que ce
soit fait immédiatement.
M. Bourbeau: Très bien, M. le Président. Mme
Vermette: II y a aussi les règlements.
Mme Harel: Évidemment, les règlements mais on va
d'abord disposer des amendements.
M. Bourbeau: À votre service, Mme la
députée. Est-ce qu'on a les amendements? Est-ce qu'on peut faire
autre chose pour vous faire plaisir?
Mme Harel: Certainement, M. le Président. D'abord.
Comme...
Le Président (M. Audet): Les amendements doivent
être transmis et non pas déposés. C'est cela.
Mme Harel: Transmis, oui.
M. Bourbeau: On va les transmettre.
Mme Harel: J'aimerais également, M. le Président,
demander au ministre, non pour me faire plaisir mais pour permettre un examen
attentif du projet de loi, qu'il nous transmette les projets de
règlements à moins que ça soit aussi caché que les
règlements de l'aide sociale.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, êtes-vous
en mesure de...
M. Bourbeau: Je rappelle à Mme la députée de
Malsonneuve que nous lui avons proposé à l'Assemblée
nationale hier de tenir des séances d'études spéciales sur
le règlement de l'aide sociale. Est-ce que Mme la députée
était là lorsqu'on a fait les propositions?
Mme Harel: En fait, je ne pensais pas que c'était le
ministre qui l'avait exprimée. Il me semble que c'était un
député ministériel. Est-ce que je dois comprendre que le
ministre nous fait très publiquement, puisque ça va être
noté au Journal des débats, cette proposition d'une
commission parlementaire sur la réglementation?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Je crois que c'est une
excellente suggestion qui a été faite par quelques uns des
membres ministériels de la commission parlementaire. Quant à moi,
si Mme la députée de Maisonneuve est d'accord, bien sûr, on
pourrait prendre une couple de jours au mois de janvier pour regarder la
réglementation en commission parlementaire. Maintenant, pour ce qui est
de la réglementation afférente au projet de loi que nous avons
devant nous, les gens de la Régie n'ont pas encore terminé la
rédaction du projet de règlement. Donc, je ne suis pas en mesure
de le communiquer à la commission maintenant, mais dès que le
règlement sera prêt, il me fera plaisir d'en transmettre une copie
aux membres de l'Opposition.
Le Président (M. Audet): Est-ce que ça va Mme la
députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Le ministre comprend que ça va d'autant
compliquer l'étude. Je donne un exemple. Que, par règlement, le
gouvernement se réserve le pouvoir de fixer des barèmes, cela est
tout à fait justifié. Il serait vraiment inconséquent et
dangereux - je le pense également et je partage cette opinion du
ministre - de fixer des allocations dans une loi. Le pouvoir
réglementaire qui est plus souple permet certainement de mieux les
ajuster. Mais là où c'est incompréhensible, et on y
reviendra, c'est que les conditions d'admissibilité, elles, ne soient
pas fixées dans la loi. Je donne l'exemple de l'article 3, je pense,
où, par règlement, seront fixées "les conditions dans
lesquelles une personne sera considérée comme prenant soin d'un
enfant". Je dois vous dire, M. le Président, que cela a
été vraiment la grande surprise. Comment peut-on prétendre
avoir besoin d'un pouvoir réglementaire pour décider qu'une
personne prend soin d'un enfant, prétendre que la manière peut
changer, prétendre fixer les conditions pour considérer qu'elle
prend soin ou pas. Cela m'apparaît totalement injustifiable. Le
gouvernement s'arroge un pouvoir réglementaire, donc susceptible
d'être modifié selon son bon vouloir, selon ses conditions, pour
considérer qu'une personne prend soin d'un enfant ou non. C'est à
l'article 3, excusez-moi, c'est à l'article 2, au premier alinéa.
Là, on est vraiment loin de la fixation des allocations, on n'est pas
dans les barèmes. On y reviendra de toute façon, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Oui. Je pense que ce serait
peut-être préférable. Est-ce que cela va pour les
amendements? Est-ce qu'on est prêt à commencer l'étude
article par article du projet de loi.
Mme Harel: M. le Président, je dois constater rapidement
qu'il s'agit simplement d'un amendement au texte français. Tous les
autres
amendements concernent le texte anglais.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que cela surprend la
députée de Maisonneuve que nous nous limitions à un seul
amendement? Si elle le désire, on peut peut être tenter d'en faire
d'autres, mais...
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, je veux
simplement constater...
M. Bourbeau: C'est une nette amélioration.
Mme Harel:... que lorsqu'il n'y a un seul amendement, le ministre
le dépose, mais, quand il y en a 100, qu'il croit bon de ne pas les
déposer.
M. Bourbeau: M. le Président, la raison est bien simple.
Au rythme où la députée de Maison-neuve étudiait
les articles dans l'autre projet de loi sur l'aide sociale, il était
inutile de déposer la centaine d'amendements parce qu'il était
évident qu'on n'y arriverait jamais. Alors, nous déposions
suffisamment d'amendements pour les deux, trois jours à venir, mais
comme nous pensons que la députée est dans de bonnes dispositions
ce soir, qu'on semble se diriger allègrement vers une étude
très hâtive du projet de loi et que, selon toutes
probabilités, on aura fini dans une heure ou deux, nous n'avons pas
hésité à distribuer tous les amendements. C'est un geste
de bonne foi de la part du parti ministériel.
Mme Harel: M. le Président, je pense bien que le ministre
n'a pas à présumer que nous allons précipiter l'examen de
ce projet de loi. Il n'a pas plus à présumer que nous n'allions
pas faire un examen attentif du projet de loi 37. Nous ne recevons pas les
amendements comme une faveur ou un privilège que nous avons
mérité par notre gentillesse...
M. Bourbeau: Ha, ha, ha!
Mme Harel:... nous les recevons, M. le Président, parce
que c'est tout à fait dans l'exercice normal de l'examen parlementaire
que nous faisons, celui d'étudier article par article un projet de loi
avec ses amendements.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne comprends pas pourquoi
la députée de Maisonneuve tient un pareil langage. Tout à
l'heure, elle m'a demandé si on pouvait lui transmettre les amendements,
je les lui ai transmis avec beaucoup de grâce, je pense, et de bonne foi
et sans dire qu'il s'agissait d'une faveur ou d'un privilège. Je n'ai
jamais utilisé des paroles semblables J'ai dit tout simplement que nous
transmettions les amendements à la demande de la députée.
Alors, je ne sais pas pourquoi la députée vient nous imputer des
motifs que nous n'avons absolument pas, M. le Président...
Mme Harel: Loin de moi, M. le Président...
Le Président (M. Audet): Étant donné que les
remarques préliminaires sont terminées...
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, loin de mol
l'idée
Le Président (M. Audet): est ce qu'on ne pourrait pas
passer à des motions...
Mme Harel: Oui. d'accord.
Le Président (M. Audet): ou au moins à
l'étude du projet de loi.
Mme Harel: Mais loin de moi l'idée d imputer quelque autre
motif que celui invoqué par le ministre à savoir qu'il
motivait son dépôt d'amendements cette fois-ci, contrairement au
projet précédent, par le fait que nous allions précipiter
l'étude du projet.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des motions
préliminaires?
M. Bourbeau: La députée n'a pas saisi l'ironie de
mes paroles, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Y a-t-il des motions
préliminaires? Est-ce qu'on est prêt à procéder
à I étude du projet de loi article par article?
M. Bourbeau: Et c'est sans.
Le Président (M. Audet): Je vais appeler l'article 1.
M. Bourbeau:... illusion aucune, M. le Président.
M. Claveau: C'est parce que Alliance Québec avait
demandé le dépôt.
Le Président (M. Audet): J'appelle l'article 1 du projet
de loi
Mme Harel: Juste auparavant, M. le Président...
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Maisonneuve
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Audet): A l'ordre, s il vous
plaît'
Mme Harel: J'aimerais, M. le Président, que le ministre
s'explique sur la modification... M. le Président, je vous laisse
introduire l'article 1
Étude détaillée
Le Président (M. Audet): Alors, j'appelle l'article 1.
L'article 1: "Le titre de la Loi sur les allocations familiales est
remplacé par le suivant: Loi sur les allocations d'aide aux familles. "
M. le ministre, avez-vous des commentaires là-dessus?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Cet article a pour
objet de remplacer le titre actuel de la Loi sur les allocations familiales,
à la suite du dernier budget. Outre les allocations familiales, qui sont
les allocations de base et les allocations pour enfants handicapés, le
budget 1988-1989 prévoit des allocations pour jeunes enfants et des
allocations à la naissance, d'où le nouveau titre, M. le
Président, de "Loi sur les allocations d'aide aux familles".
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires? Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Dans les amendements que
le ministre nous a remis, on y lit: Article 2. Et, sous la rubrique Article 2,
on retrouve l'article 1 où l'on lit: "Remplacer le deuxième
alinéa de l'article 1, édicté par l'article 2, par le
suivant:... Ah! oui, très bien, dans la Section I; II faut voir...
Alors, avant d'aborder la Section I, j'aimerais demander au ministre
d'où vient la recommandation de modifier la Loi sur les allocations
familiales par la Loi sur les allocations d'aide aux familles? Quel est
l'organisme gouvernemental qui a fait cette recommandation?
M. Bourbeau: De modifier le titre de la loi? On me dit que c'est
une décision qui a été prise à la suite des travaux
qu'ont menés les experts de la Régie des rentes avec le Bureau
des lois. Lors des travaux préparatifs au projet de loi, les conseillers
juridiques du Bureau des lois ont estimé qu'il était opportun de
modifier le titre de la loi pour mieux représenter le nouvel état
de fait créé par les nouvelles décisions annoncées
par le ministre des Finances.
Mme Harel: Quelle est, finalement, la recommandation que le
Secrétariat à la famille a fait à l'égard du projet
de loi? Est-ce que la Régie des rentes a travaillé conjointement
avec le Secrétariat à la famille à la rédaction du
projet de loi?
M. Bourbeau: La Régie des rentos a travaillé avec
le Bureau des lois et les discussions qui ont eu lieu avec le ministre
délégué à la Famille ont été tenues
entre le ministère des Finances et le Secrétariat à la
famille, et non pas directement avec la Régie des rentes.
Mme Harel: C'est donc dire que le Secréta- riat à
la famille n'a pas été en fait partie prenante à la
rédaction du projet de loi à proprement parler.
M. Bourbeau: Non, M. le Président. Comme je l'ai dit tout
à l'heure, les recommandations du Secrétariat à la famille
ont été véhiculées à la Régie des
rentes via le ministère des Finances et non pas directement.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre comment il se fait qu'ils n'ont pas consulté davantage le
Secrétariat à la famille, puisque finalement leur optique
était d'apporter une aide à la famille? Est-ce qu'avec tout ce
qu'on a vu, ce qu'ils ont retranché, finalement, ils étaient un
petit peu gênés de consulter le Secrétariat à la
famille? Pourquoi, finalement, les avoir tenus à l'écart de cette
consultation qui, de toute façon, est très importante pour cet
organisme? (21 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve - excusez-moi, je suis habitué de parler avec la
députée de Maisonneuve - de Marie-Victorin est totalement dans
l'erreur quand elle affirme que le Secrétariat à la famille n'a
pas été consulté. Au contraire, il y a eu beaucoup de
consultations avec le Secrétariat à la famille et son influence
sur le projet de loi est évidente, sauf que, sur le plan administratif,
les contacts ne se sont pas faits directement entre le Secrétariat et la
famille à la régie parce que la régie ne dépend
pas, comme vous le savez fort bien, du Secrétariat à la famille,
et c'est plutôt en travaillant avec le ministère des Finances, le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et la Régie des rentes que le projet de loi a été
confectionné. Mais ça ne veut pas dire que le Secrétariat
à la famille n'a pas eu un impact sur le projet de loi; au contraire,
l'impact a été important.
Mme Vermette: Quelle forme de consultation avez-vous faite
auprès du Secrétariat à la famille? Est-ce que vous avez
eu des rapports sur ces consultations? Est-ce qu'il y a des questions
fondamentales sur lesquelles vous vous êtes penchés pour discuter?
Est-ce qu'il a fait des recommandations? Est-ce que c'est possible d'en prendre
connaissance?
M. Bourbeau: M le Président, comme je l'ai
expliqué, il n'y a pas eu de contact direct entre le Secrétariat
à la famille et la Régie des rentes. L'apport du
Secrétariat à la famille, qui a été non
négligeable, a été véhiculé par le biais du
ministère des Finances et par le biais des contacts avec le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
Mme Vermette: Donc, vous affirmez que c'est plus une
opération financière qu'une véritable aide aux familles
que vous étiez en train de préparer.
M. Bourbeau: Excusez-moi, je n'ai pas saisi la question. Est-ce
qu'il y avait une question?
Mme Vermette: Donc, vous êtes en train d'affirmer que
c'était plus une opération financière que vous
étiez en train de préparer, un projet de loi à saveur
comptable plutôt qu'une véritable aide aux familles.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Marie-Victorin n'a certainement pas lu le dernier discours sur le budget
prononcé par le ministre des Finances. C'est évident que ce
discours, qui est marqué au coin d'une aide extrêmement importante
à la famille, n'a pas été conçu en vase dos. Ce
budget est parsemé de mesures d'aide importantes à la famille.
J'attirerai l'attention de la députée de Maisonneuve... M. le
Président, je dois voir la députée de Maisonneuve dans ma
soupe, parce que je n'arrête pas d'appeler la députée de
Marie-Victorin la députée de Maisonneuve. Pour les fins du
Journal des débats, M. le Président, quand je dirai la
députée de Maisonneuve, ça voudra dire la
députée de Marie-Victorin. J'attire l'attention de la
députée de Marie-Victorin sur le dernier budget où on a
estimé que l'impact total des mesures pour les familles est de 772 000
000 $. Je pense qu'on ne peut pas sérieusement affirmer que le projet de
loi qui est devant nous et l'ensemble des mesures énoncées dans
le budget n'ont pas eu de conséquences sur les familles.
J'ajoute, pour le bénéfice de la députée de
Marie-Victorin qui le sait sûrement autant que moi, qu'uniquement le
projet de loi que nous avons devant nous comporte des augmentations pour les
familles de 123 000 000 $ sur une base récurrente. Donc, on peut dire
que c'est un apport sensible à la condition des familles
québécoises. La députée de Marie-Victorin, qui est
elle-même mère de deux enfants, va certainement y trouver son
profit puisqu'elle aura droit, comme toutes les autres
Québécoises, à sa part des prestations additionnelles que
la nouvelle loi apportera à toutes les familles
québécoises.
Mme Vermette: M. le Président, j'aimerais savoir de la
part du ministre, quand il calcule les 120 000 000 $, s'il comptabilise les 50
000 000 $ qu'on a enlevés avec les allocations de disponibilité?
Il n'en reste plus beaucoup, finalement, quand on fait ces calculs.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Bourbe* u: Oui, M. le Président, que puis-je faire pour
vous?
Le Président (M. Laporte): Peut-être que la
députée de Marie-VIctorin... Un commentaire?
Mme Vermette: Non, cela va; je vais passer la parole à mon
collègue
Le Président (M. Laporte): Toujours sur l'article 1?
M. Claveau: Oui, sur l'article 1, oui.
Le Président (M. Laporte): Sur l'article 1, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: De toute évidence, ça mérite
quelques commentaires, parce que... Écoutez, ce n'est pas sorcier, il
faut bien s'entendre. Le ministre est en train de nous dire que, dans son
discours du budget, le ministre des Finances nous avait annoncé des
mesures exceptionnelles pour la famille et tout cela. Quand on regarde les
courbes de natalité, on n'a rien vu de rebondissant, au Québec,
au cours des derniers mois. Si les urgences des hôpitaux sont pleines, ce
n'est pas parce qu'il y a plus de femmes enceintes qu'il y en avart avant,
c'est bien évident. Il y a d'autres problèmes. Si le budget du
ministère de la Santé et des Services sociaux est rendu au tiers
du budget global du gouvernement, ce n'est pas nécessairement parce
qu'il y a un boum de natalité incomparable dans l'histoire du
Québec.
Je prétends, M. le Président, que changer le titre de la
loi, tel qu'on le fait actuellement, c'est leurrer la population. C'est clair.
On part d'une loi qui s'appelle Loi sur les allocations familiales, tout le
monde comprend ça que les allocations familiales, tu n'en as pas; quand
il y a des allocations familiales, tu as une loi pour les allocations
familiales, et quand tu coupes les allocations familiales, tu coupes la Loi sur
les allocations familiales. Cela finit là. c'est facile à
comprendre. C'est clair et net, comme disaient certains collègues du
ministre, il n'y a pas si longtemps.
Là, le ministre nous présente maintenant une nouvelle loi.
II se présente comme le grand penseur, le maître penseur de cette
société en matière d'atde à la famille et il nous
dit: Nous, on va vous amener quelque chose d'extraordinaire, la Loi sur les
allocations d'aide aux familles, comme s'il avart inventé l'aide aux
familles! Regardons où on en est dans l'aide aux familles pour voir
jusqu'à quel point le ministre est en train de leurrer la population en
donnant un titre pompeux à un projet de loi qui, dans la
réalité, ne correspond pas du tout aux faits, et ne correspond
pas aux prétentions que le ministre des Finances avait au moment du
discours sur le budget.
Rapidement, très rapidement. Une famille avec un enfant a
reçu, en 1986, 300 $, en 1987, 100 $, en 1988, 0 $ et en 1989. elle
recevra 100 $ Ce n'est pas le problème de la Loi sur les allocations
d'aide aux familles, là. C'est sûr qu'il nous dira peut-être
qu'entre 1988 et 1989, on est
parti de 0 $ et on a monté à 100 $; si c'est ça
qu'il veut nous dire, eh bien, il aurait fallu qu'il commence par abolir la Loi
sur les allocations familiales, en partant, et nous revenir, un an
après, avec une autre loi.
On reprend le même scénatio pour les familles avec un
deuxième enfant, le cas du deuxième enfant, Encore là, le
deuxième enfant est un peu considéré comme une machine
à boules, un jour il est le deuxième enfant, quelques
années plus tard, il devient le premier. Si, par malheur, le
deuxième enfant est cinq ans plus jeune que l'autre, il changera de
catégorie assez rapidement. En tout cas, c'est difficile à
comprendre quand iI est premier ou deuxième, parce que, dans le projet
de loi, ça joue, ça change selon les aléas, selon le fait,
par exemple... Si deux personnes seules avec des enfants se retrouvent ensemble
et deviennent du jour au lendemain des conjoints de fait, on ne sait pas
très bien comment cela va s'ajuster. Est-ce que s'ils ont un
troisième enfant ensemble, il sera le troisième enfant? Est-ce
qu'il y en a un qui devra aliéner son droit pour que ça devienne
le troisième enfant? Ce sont toutes des zones grises. Mais on sait que
le ministre est habitué de travailler dans les zones grises, ça
ne le fatigue pas. On n'en a pas parlé... Il a l'habitude des
ténèbres et des situations confuses. C'est bien évident
que ça ne le fatigue pas du tout de nous présenter cela, mais il
y a un problème fondamental là-dedans.
Et on vient nous parler de la Loi sur les allocations d'aide aux
familles! Le ministre, s'il ne s'était pas trompé, aurait
dû écrire une loi sur les coupures d'allocations d'aide aux
familles. Ah, là, il aurait eu raison. Là, il aurait
été dans l'esprit du discours sur lé budget. Là, il
aurait permis au ministre des Finances de pouvoir s'accaparer des 50 000 000 $
en toute honnêteté, en toute limpidité. Ce projet de loi
devrait s'appeler, loi sur les coupures d'allocations d'aide aux familles,
là, tout le monde comprendrait. Quand le président de la
commission recevrait son chèque à la fin du mois, il comprendrait
pourquoi, malgré ses deux enfants en bas âge, il reçoit
moins d'argent qu'il recevait l'année précédente. C'est
ça. Là, il aurait compris et tout le monde aurait compris les
intentions du ministre. Mais on nous parle d'une loi sur les allocations d'aide
aux familles. Remarquez que le ministre a peut-être raison dans la mesure
où le titre de son projet de loi ne dit pas si les allocations sont en
montant ou en descendant. Une loi sur les allocations d'aide aux familles!
C'est évident qu'il va me dire: Le député exagère
parce que, quand je dis ça, ça peut vouloir dire tout autant que
je les augmente que je les diminue, que je les coupe que j'y ajoute. C'est
clair. À ce moment-là, je devrais me ranger du côté
du ministre et lui dire: M. le ministre, vous avez raison; vous avez encore
réussi à noyer le poisson. .
D'après les explications que le ministre a eu l'occasion de nous
donner pendant quelques minutes, il semblait nous dire que, par sa loi, il
allait augmenter l'aide aux familles, il allait permettre d'avoir des familles
plus nombreuses, alors qu'en réalité, lorsque l'on fait les
calculs, les familles avec des enfants vont avoir moins d'argent qu'elles en
avaient avant. C'est extraordinaire avoir du front tout le tour de la
tête comme ça, M. le Président. Il faut le faire. Vous
comprenez... Nous dire ça avec un grand sourire, béatement, sans
rougir. Écoutez, on en perd notre latin. C'est incroyable. Je ne sais
pas si le ministre se rappelle du jour où il a eu ses enfants. Ce qui
coûte cher dans une famille, M. le Président... Vous disiez
vous-même tout à l'heure que vous aviez encore de jeunes enfants,
alors, vous devez vous souvenir que cela coûte cher. Un jeune
ménage qui arrive sur le marché du travail, sans trop
d'expérience et qui sort des études, a des remboursements de
prêts d'étudiants, parce que, comme les bourses vont en diminuant,
c'est bien évident qu'il va falloir augmenter les prêts et,
augmenter les prêts veut dire plus de remboursements plus tard...
Là aussi, on pourrait dire que le ministre de l'Éducation est en
train de nous développer une politique antifamiliale. Le ministre aurait
dû consulter son collègue, le ministre de l'Éducation,
avant de nous présenter quelque chose comme ça, parce que en
endettant... Les étudiants sortis des études et rendus sur le
marché du travail se marieront, mais seront de moins en moins en mesure
d'avoir des enfants, parce qu'ils devront payer leurs dettes, parce que le
ministre de l'Éducation a coupé dans les bourses. Tout cela fait
partie de la politique familiale d'un gouvernement qui se comprend, qui a des
visions communes, c'est bien clair. Le ministre n'étant même pas
capable de s'entendre avec lui-même pour définir ce qu'est un
conjoint de fait, ce n'est pas surprenant qu'il n'ait pas réussi
à s'entendre avec le ministre de l'Education pour essayer
d'établir un niveau de revenu raisonnable ou un niveau d'endettement
raisonnable pour un jeune couple qui se prépare à avoir des
enfants après avoir complété des études. Le
ministre a peut-être oublié cet aspect-là aussi.
Là, on se retrouve devant une situation où le jeune
ménage est égorgé avant même de commencer à
penser à avoir des enfants. Le ministre dit: Ce n'est pas grave; votre
premier enfant... À moins qu'ils aient eu la chance d'avoir des
triplés en partant, là ça peut régler le
problème. Mais s'ils n'ont pas de triplés en partant, ils seront
défavorisés par rapport à leur situation d'il y a deux
ans. En plus d'être plus endettés en raison de leurs études
- ils auront eu moins de bourses et dû faire plus d'emprunts - ils
recevront 100 $, au lieu de 300 $, et on va le leur donner à raison de
quelques dollars par mois, en plus. Ils ne pourront même pas capitaliser
pour dire: On a 500 $ pour acheter un congélateur. Ils ne pourront
même pas faire ça. Ils l'auront à raison de quelques sous
par mois
de façon à ce que ça passe comme ça dans le
budget de la semaine, pour l'épicerie, les biberons et les couches.
À la fin de l'année, ils n'auront eu connaissance de rien. Ce
n'est pas comme recevoir, à la fin de l'année, un beau
chèque de 300 $ pour un premier enfant. Bon, il me fallait un peu de
"cash" pour acheter, je ne sais pas, du linge pour mes enfants. (22 heures)
Quand on achète du linge pour un bébé. Un
bébé, ça pousse vite, et il faut du linge souvent, surtout
quand c'est le premier. Quand c'est le deuxième... Je sais que, chez
nous, on est passé huit dans le même linge, un en arrière
de l'autre. Le premier a coûté beaucoup plus cher que le dernier.
C'est généralement comme ça à moins de venir d'une
famille aisée peut-être, est-ce le cas du ministre - où
à chaque fois, que le bébé grossit, on se
dépêche d'envoyer ça de côté et, après,
quand le deuxième vient, on achète encore du linge neuf. Dans la
plupart des familles d'assistés sociaux et autres qui ont des petits
problèmes financiers et qui ne vivent pas dans les millions,
généralement, quand on achète du linge pour le plus vieux,
la première fois, ce linge va servir deux, trois, quatre, cinq fois
avant qu'il ne finisse chez la cousine, la nièce, l'onde qui va avoir
besoin, à un moment donné, de linge d'enfant.
C'est le premier qui coûte cher. C'est pour le premier qu'on
achète les kits de biberons C'est pour le premier qu'on doit acheter un
bain, une petite voiture, un petit siège de voiture si on va en voiture.
C'est comme ça que ça se passe pour ceux qui ont eu des enfants.
il n'y a pas tellement longtemps Je vois que la moyenne d'âge ici n'est
quand même pas trop élevée Certains ont eu des enfants il y
a quelques années et doivent se rappeler que c'est le premier qui
coûte cher. Bon. Là, on coupe sur le premier. On dit: Tu n'as plus
droit à tes 300 $, tu vas avoir seulement 100 $. En plus, on va te le
donner en raison de 8, 34 $ par mois. Cela, ça permet de se monter un
"cash"! C'est intéressant1 On voit la différence
à la fin de l'année avec 8, 34 $ par mois.
Là, le ministre dit: Moi je suis en train de faire une politique
qui est tellement corsée, qui est tellement bonne pour les familles que
ça vaut la peine de changer le titre de la loi et d'appeler ça la
Loi sur les allocations d'aide aux familles. Écoutez, comment
voulez-vous qu'on prenne ce gouvernement au sérieux? Comment voulez-vous
qu'on prenne le ministre au sérieux quand il nous arrive avec un titre
aussi ronflant pour son projet de loi. alors qu'il aurait très bien pu
garder l'ancien. À ce moment là. on sait que ça concerne
des allocations pour la famille. On n'essaie pas de démontrer qu'on veut
aider la famille outre mesure. On n'essaie pas de faire dire au titre de la loi
ce qu'elle ne dit pas en réalité. Quand on parle de la Loi sur
les impôts, on parle de la Loi sur les impôts: on ne parle pas de
la loi sur les dépenses qui sont occasionnées par les
Impôts. C'est ça, c'est ça.
On nous parle d'une loi qui permet de retourner quelques allocations aux
familles de diverses sources, pour diverses raisons. À ce moment, qu'on
l'appelle par son nom, qu'on ne l'appelle pas loi d'allocation d'aide aux
familles.
Cette loi, en réalité, est rétrograde par rapport
à ce qu'on a connu avant. C'est ça la triste
réalité de ce projet de loi. Quand je regarde un titre semblable,
aussi ronflant, pour un projet de loi qui veut si peu dire.. Écoutez, il
faut quand même comprendre ce qu'est la dynamique familiale au
Québec. Comme je vous le disais tout à l'heure, si vous avez des
triplés en partant, vous avez des chances de pouvoir avoir un minimum Au
moins, vous allez recevoir 66, 67 $ par mois Cela va peut-être vous
permettre de vous ramasser rapidement un petit capital en autant que vous ne
soyez pas trop dépensier Mais, à 8. 34 $ par mois, ça ne
fera pas une grosse différence à la fin de l'année dans le
budget familial et dans l'épicerie. Je vous dis que vous n'allez pas
loin avec ça quand vous payez le lait au-audessus de 1$ la pinte.
Ça va vite. Ce n'est pas avec ça qu'on se ramasse un "cash" qui
va permettre de pouvoir investir pour acheter le minimum de base pour les
enfants. On sait, par exemple, que c'est souvent lors de l'avènement du
premier enfant qu'un couple doit changer de loyer. C'est quand même assez
rare qu'un jeune couple ait suffisamment de "cash", d'argent, de
liquidité en partant, après avoir fait ses calculs pour payer ses
bourses d'études et les prêts qu'il a dû faire parce que les
bourses étaient diminuées, pour se payer une maison en partant
quand il a compté tout ça On se prend généralement
un loyer. On le prend le plus petit possible parce qu'on est drôlement
endetté et on n'est pas sûr de l'avenir. II n'y a rien de garanti.
Avant même de pouvoir obtenir l'accréditation syndicale, il faut
passer déjà quelques semaines ou quelques mois en probation. Cest
partout pareil. Si on entre au gouvernement, aujourd'hui, ça commence
à être difficile de devenir un travailleur permanent: on commence
généralement. Jeune, frais sorti des études, on peut
être drôlement longtemps temporaire. Personnellement, je connais
des gens dans la région de Québec qui sont à
Hydro-Québec depuis quatorze ans et qui sont des travailleurs
temporaires Le ministre nous dit: Ce n'est pas grave. Ce sont des anomalies.
C'est le jeu du hasard C'est le mauvais sort qui joue contre vous Nous on va
vous aider à avoir des enfants Mais le premier enfant, dans tout ce
contexte, vous lui donnez 200 $ de moins de ce qu'on donnait
antérieurement
Je disais que c'est souvent à ce moment-là que le couple
doit changer de loyer. Quand on a un enfant, c'est beau avoir une chambre, un
salon et une petite cuisine, mais il faut prévoir un peu plus grand. On
est obligé de changer pour un logement qu'on va probablement payer plus
cher. On va prendre un logement qui va
probablement être un peu mieux situé, plus près des
hôpitaux, plus près des services publics, où on va pouvoir
se déplacer plus facilement et qui va nécessairement coûter
plus cher. On ne fait pas ça au troisième enfant; on commence
à y penser et à réagir là-dessus au premier enfant.
C'est là que ça coûte cher. C'est d'avoir le premier. Une
fois que vous avez le premier, bien vous avez un minimum, vous vous êtes
établi un minimum vital qui vous permet d'utiliser de nouveau ces
installations, ces équipements pour un deuxième enfant.
Peut-être qu'à l'arrivée d'un troisième enfant,
ça devient encore un peu plus serré, il faut agrandir le logement
et voir un peu différemment, mais, entre le premier et le
deuxième, c'est le premier qui coûte cher.
Tous ceux qui ont eu des enfants vont vous dire la même chose.
C'est tout le temps le premier qui coûte cher. Quand on en est rendu au
septième et au huitième, on est tellement habitué de toute
façon que tout notre décor est arrangé en
conséquence. Ce ne sont pas ceux-là qui coûtent cher parce
que, avec les années, on a eu le temps de tout monter ce dont on avait
besoin pour élever normalement une famille. On a même les sacs
d'école qui sont déjà achetés et on a tout ce qu'il
faut parce qu'il y a de la rotation de l'un à l'autre entre les
différents équipements. Ce n'est pas ça qui coûte
cher.
Ce qui coûte cher, c'est d'avoir le premier enfant. Le ministre le
savait très bien en modifiant l'affaire, étant donné que
c'est ça qui coûte cher. Et le ministre des Finances aussi savait
bien que c'était le premier enfant qui coûtait cher. Eh bien! il
s'est dit: on va en donner moins pour le premier et, comme ça, ça
va nous permettre de sauver de l'argent. En plus, il s'organise pour ne rien
donner en 1988. C'est encore moins intéressant. Imaginez-vous un jeune
couple sorti des études en 1987 avec un taux d'endettement important
parce qu'il n'a pas pu avoir de bourse et qu'il a dû emprunter plus parce
que le ministre de l'Éducation a dit que les bourses aux
étudiants, ça coûte trop cher. Ceux qui se sont
installés en 1988, qui ont eu leur premier enfant en 1988 pensent avoir
droit en fin d'année à un crédit d'impôt pour enfant
parce que le ministre des Finances leur avait annoncé pompeusement
qu'ils y auraient droit. Ils ont déjà une première
déception. Ils pensaient avoir 300 $, c'est 100 $ qu'ils ont.
Deuxième déception, c'est lorsqu'ils font leur rapport
d'impôt. Ils vont dire: oh! je n'ai plus droit à rien. Tout ce
à quoi j'ai droit pour le mois de janvier c'est à un
chèque de 8, 34 $. Cela, ça part bien dans la vie. On part
d'aplomb avec 8, 34 $ pour commencer une famille. Mais c'est ça.
Et le ministre nous arrive avec la Loi sur les allocations d'aide aux
familles. Comment voulez-vous qu'on le prenne au sérieux? Il aurait
été mieux d'être un peu moins pompeux dans son titre, un
peu plus modeste dans ses prétentions et, comme ça, on aurait
peut-être essayé de comprendre un peu où il voulait aller.
Mais il nous met devant l'évidence d'un gouvernement qui dit une chose
et qui en fait une autre, un gouvernement qui prétend vouloir aider les
familles en les saignant plus pour remplir ses coffres. C'est la
réalité. On est capable de compter. On voit comment ça se
passe. On a fait des décomptes. Il y en a aussi d'autres qui l'ont fait.
Je vous ai cité des lettres tout à l'heure. Comment voulez-vous
qu'on vous prenne au sérieux, M. le ministre. Oh! Excusez-moi, M. le
Président, c'est à vous que je dois m'adresser. M. le
Président, voulez-vous transmettre au ministre le message à
savoir qu'on a de la difficulté à le prendre au sérieux
parce que quand il nous dit quelque chose, qu'il nous présente un titre
de projet de loi supposé annoncer des mesures ronflantes pour l'aide aux
familles, si on en fait le décompte après avoir regardé
tout ce qui suit dans les chiffres, on se rend compte que ce n'est pas
ça. Alors, vou-driez-vous dire au ministre que s'il veut être le
moindrement honnête vis-à-vis l'ensemble de la population, les
jeunes familles du Québec, il devrait au moins garder le titre qu'il y
avait avant.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci, M. le
député d'Ungava. Est-ce qu'il y a des commentaires, M. le
ministre?
M. Bourbeau: M. le Président, même si on ne prend
pas très au sérieux les exploits verbaux du député
d'Ungava qui a réussi à parler 20 minutes pour ne rien dire, je
dirai simplement, au cas où ça l'intéresserait mais je
n'en suis pas très sûr, que le changement du titre de la loi est
nécessaire car l'identification des allocations de base,
c'est-à-dire les allocations familiales, demeure inchangée. Par
ailleurs, étant donné que les nouvelles allocations visent des
situations diverses, le titre de la loi doit comprendre un terme
approprié à l'ensemble des types d'allocations. L'aide aux
familles donc traduit bien les identités de toutes les allocations ainsi
que la compensation financière pour la présence d'enfants dans la
famille.
Voilà, M. le Président, ce qu'il fallait démontrer.
Je pense que ça répond très adéquatement aux
préoccupations du député d'Ungava qui semble d'ailleurs
satisfait de ma réponse.
M. le Président, cela dit, quant à nous, nous sommes
disposés à passer à l'adoption de l'article 1 mais si
l'Opposition veut continuer à en parler, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je dois constater que,
malheureusement, le ministre a Introduit l'explication sur l'article
après que mon collègue ait fait son intervention. Il aurait pu
s'éviter l'Intervention du député d'Ungava s'il
avait donné les précisions au bon moment Dex voix:
Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je vais vous inviter à disposer de l'article 1.
M. le Président.
Le Président (M. Audet): Est ce quo l'article 1 est
adopté?
Mme Blackburn: S'il avait lu ses notes. Mme Harel:
Adopté.
Champ d'application
La Président (M. Audet): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2. À l'article 2.
M. Bourbeau: L'article 2
Le Président (M. Audet): Allez y, M. le ministre. Je crois
qu'il y a un papillon.
M. Bourbeau: Oui. Les trois premières sections de la Loi
sur les allocations familiales sont remplacées par trois nouvelles
sections. Cette façon de rédiger est nécessaire pour
servir la bonne compréhension de la loi qui devait être
modifiée aux sections 1, 2 et 3 pour la quasi-totalité des
articles. En effet, ces sections doivent maintenant prévoir des
conditions d'ouverture du droit et des modalités de versement
différentes suivant le type d'allocation, particulièrement en ce
qui a trait à l'allocation pour jeune enfant et à l'allocation
à la naissance.
M. le Président, j'aimerais déposer un amendement à
l'article 2 qui vise à remplacer le deuxième alinéa de
l'article 1 édicté par l'article 2 par le suivant. "Ces
allocations sont accordées par la Régie des rentes du
Québec suivant les formalités prévues à l'article
27. 2 Elles constituent l'allocation anticipée visée à
l'article 1056. 1 de la Loi sur les impôts (L. R. Q., ch 13) et sont
réputées être versées par le ministre du Revenu en
vertu de cet article. "
Le Président (M. Audet): M. le ministre, à ce
stade-ci, étant donné que l'article 2 introduit trois nouveaux
articles, je pense qu'on va les examiner bloc par bloc ainsi que les sous
-articles. Les sous-artides 1, 2, 3 et ainsi de suite. II y a d'autres... Il ne
faut pas se... Il y en a... Combien y a-t-il de sous-articles à
l'article 2?
M. Bourbeau: Neuf.
Le Président (M. Audet): D'accord. Pardon"?
Mme Harel: Jusqu'à l'article 16. 3
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Audet): C'est cela. On va passer
immédiatement à l'amendement proposé par le
ministre. Le sous-article 1 de l'article 2.
Mme Harel: M. le Président, je vais vous demander de
procéder paragraphe par paragraphe, de manière que nous
disposions paragraphe par paragraphe. Ainsi, cela va simplifier l'étude,
si tant est qu'il y a des amendements ou des sous-amendements
L'amendement introduit par le ministre consiste à remplacer le
deuxième alinéa de l'article 1. Alors, il vaudrait mieux disposer
tout de suite du premier avant d'aborder le deuxième.
Le Président (M. Audet): Quand vous parlez
d'étudier paragraphe par paragraphe, vous parlez du paragraphe 1 "Les
allocations...
Mme Harel: Excusez-moi, on parle d'alinéa, à ce
moment-là.
Le Président (M. Audet): Ils sont numérotés.
Cela se trouve être un sous-article. Ce n'est pas un alinéa. (22 h
15)
Mme Harel: Bon Si vous permettez, on pourrait peut-être
examiner l'ensemble de l'article 1 édicté par l'article 2. Et,
pour les fins de notre discussion, il ne faudrait pas toujours
référer aux termes "édicté par l'article 2" Si vous
me le permettez, M. le Président, Jusqu'à 16 1, on devrait parler
selon la numérotation des articles
Le Président (M. Audet): D'accord. Autrement dit, on va
appeler les articles, mais ce seront les sous-articles.
Mme Harel: C'est ça.
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné qu
on procède comme ça, je pourrais donner les explications
additionnelles sur l'ensemble avant de commencer.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Cela éviterait peut-être au
député d'Ungava de faire un autre discours de vingt minutes
inutilement.
Le Président (M. Audet): Sur l'ensemble des 19
sous-articles de l'article 2?
Mme Harel: Sur l'ensemble? Non.
Le Président (M. Audet): Non. je pense que c'est trop
considérable
Mme Harel: Sur l'article 1 édicté par I article ?
On va y aller article par article
Le Président (M. Audet): M. le ministre. je pense qu'on va
y aller bloc par bloc. On va prendre le sous-article ou l'article 1
édicté par l'article 2 et on va en discuter. Mme la
députée de Malsonneuve, est-ce que vous aimeriez..
Mme Harel: Je pense que je vais...
Le Président (M. Audet): Si on y va par bloc complet, iI y
en a trop, c'est trop considérable et on va se mêler.
M. Bourbeau: M. le Président, tout ce que je voudrais
dire, c'est que les très nombreuses modifications apportées
à la loi rendaient désuètes les trois premières
sections et il devenait essentiel de remplacer entièrement ces sections
afin de faciliter la recherche et d'assurer une meilleure compréhension
des nouveaux textes législatifs. Les trois nouvelles sections
s'intitulent donc comme vous pouvez le voir: section I, Champ d'application,
section II, Allocation d'aide aux familles et section III, Versement et
recouvrement des allocations.
M. le Président, si vous voulez procéder article par
article, paragraphe par paragraphe plutôt, on pourra, à l'occasion
de chacun des paragraphes, faire des commentaires.
Le Président (M. Audet): D'accord. On va aller à
l'article 1 édicté par l'article 2 dont vous avez lu l'amendement
tantôt. Je pense que vous allez nous donner de brèves
explications.
M. Bourbeau: Cet article identifie par renvoi les prestations
visées par l'expression "allocation" lorsqu'elle est employée
sans autre déterminant. Ces prestations sont l'allocation familiale,
l'allocation pour enfant handicapé, l'allocation pour jeune enfant et
l'allocation à la naissance.
Le deuxième alinéa précise que la Régie des
rentes du Québec est chargée d'établir
l'admissibilité aux allocations et de les verser. Il prévoit
également que lés allocations sont celles que doit verser le
ministre du Revenu en vertu de l'article 1056. 1 de la Loi sur les
impôts, à titre de crédit d'impôt remboursable.
Le troisième alinéa fixe une obligation
générale qui veut que toute allocation soit employée pour
le bien-être de l'enfant et de sa famille, obligation déjà
prévue dans la loi actuelle.
Le Président (M. Audet): Cela va? Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais beaucoup que le
ministre nous précise, en matière d'obligation
générale, ce que nous retrouvons à l'article 1 - on
s'entend pour les fins de la discussion qu'on ne réfère pas
toujours au fait qu'il est édicté par l'article 2 - au
troisième alinéa, à savoir que ces allocations doivent
être utilisées pour le bien-être de l'enfant pour lequel
elles sont versées ou pour celui de sa famille. Si on se
réfère à la loi actuelle sur les allocations familiales,
on retrouve à l'article 11 la même obligation
générale ou presque, sauf qu'on utilise le singulier plutôt
que le pluriel: "Elle doit être utilisée dans tous les cas pour le
bien-être de l'enfant et de la famille". Évidemment, il y a
là un aspect spécifique, soit le bien-être de l'enfant pour
lequel elles sont versées.
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: Bon. On y reviendra, mais je veux savoir du ministre
où est passé la disposition d'incessible et d'insaisissable.
Le Président (M. Audet): II ne faudrait pas oublier qu'il
y a eu le dépôt d'un amendement tantôt, au deuxième
alinéa. Alors, il ne faudrait pas...
Mme Harel: Oui, mais examine-t-on l'article 1 globalement ou
alinéa par alinéa? Cela m'est égal.. On peut commencer par
le premier alinéa, puis étudier le deuxième, le
troisième...
M. Bourbeau: M. le Président, je suis disposé
à répondre tout de suite à la députée. Si la
députée consulte l'article 16. 3 du projet de loi, elle aura la
réponse à sa question. "Les allocations sont incessibles et
insaisissables. Elles n'entrent pas dans le patrimoine de la personne qui les
reçoit. " Je suis convaincu d'ailleurs que la députée
avait déjà pris connaissance de l'article et qu'elle l'a
certainement oublié, c'est sûrement un trou de mémoire.
Mme Harel: C'est trop de bonté de la part du ministre.
Mais non, on lui sait gré de nous l'indiquer. La référence
qu'on retrouve dans la loi actuelle quant à l'application de l'article
13 de la Loi sur l'aide sociale, chapitre A-16, c'est, j'imagine, dans les
mesures transitoires. Je veux seulement m'assurer, puisque le ministre est
entouré de personnes compétentes qui ont préparé le
projet de loi, s'il y a une telle mesure dans l'actuel projet? Y a-t-il une
disposition de cette nature?
M. Bourbeau: M. le Président, on a fait disparaître
cette référence-là parce qu'on me dit qu'elle était
inutile, qu'elle n'avait jamais été utilisée.
Mme Harel: II s'agit de la disposition en vertu de laquelle
l'allocation n'entre pas dans je patrimoine de la personne qui la
reçoit, sauf pour l'application d'une disposition de la Loi sur l'aide
sociale. Quand le ministre juge bon de spécifier que l'allocation doit
être. utilisée pour le bien-être de l'enfant pour lequel
elle est versée, j'aimerais bien qu'il s'explique là-dessus.
C'est là un ajout nouveau. Comme dirait mon collègue
d'Ungava, c'est là du droit nouveau.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai peine à
comprendre le sens de la question de la députée. II me semble que
les mots sont clairs. C'est pour plus de clarté qu'on a ajouté
que "les allocations doivent être utilisées pour le bien
être de l'enfant pour lequel elles sont versées. " II me semble
que le sens est clair. On ne peut pas utiliser ces allocations pour le
bien-être d'autres enfants que ceux pour lesquels elles sont
versées.
Mme Harel: Oui, mais je vous rappelle. M le Président,
qu'il s'agit d'une spécification qu'on ne retrouve pas dans la loi
actuelle. Dans la loi actuelle, on lit: "Elle doit être utilisée
dans tous les cas pour le bien-être de l'enfant et de la famille. "
L'introduction des mots "pour lesquels elles sont versées" restreint
certainement la portée de l'usage qui en est fait au seul
bien-être de l'enfant. Est-ce que, par exemple, l'allocation peut
être utilisée pour son frère ou sa soeur?
M. Bourbeau: M. le Président, il n'y a aucune
différence entre le sens de l'article actuel et celui du nouveau projet
de loi. du nouvel article. Dans la loi présentement en vigueur, on dit
que l'allocation doit être utilisée pour le bien-être de
l'enfant. Or, de quel enfant s'agit-il? C'est bien évidemment de
l'enfant pour lequel l'allocation est versée. On a choisi de
spécifier dans la nouvelle loi que I enfant, c'est l'enfant pour lequel
elles sont versées, mais on ne veut pas modifier le sens de la loi
actuelle. II n'y a pas de modifications qui sont recherchées par l'usage
ou par l'utilisation de ces mots-là. On spécifie simplement ce
qui était peut-être un peu moins évident, mais qui
était quand même assez évident dans la loi actuelle, le
fait que c'est pour l'enfant. L'enfant, quel enfant? C'est l'enfant pour lequel
elle est versée. Il n'y a vraiment pas de tentative de modifier la loi.
c'est... On me dit que c'est une autre façon de rédiger
l'article, mais il n'y a aucune volonté de notre part de modifier le
sens de la loi actuelle.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: J'aurais une petite question là-dessus, si
vous me permettez. J'essaie de comprendre la logique dans laquelle le ministre
s'inscrit en disant cela. II dit que l'allocation est pour le bien-être
de l'enfant pour lequel elle est versée, d'accord? Dans la mesure
où, antérieurement, on donnait plus pour le premier enfant, en
supposant que ça coûte plus cher pour établir son
bien-être et moins pour les enfants. Plus on avançait, moins cela
coûtait cher. Donc, on suppose qu'à ce moment-là, on peut
transférer des biens d'un enfant à un autre et que, finalement,
le bien-être de tous les enfants est assuré.
Mais avec la logique inverse, le ministre est en train de nous dire que
le troisième enfant a droit à plus de bien-être que le
premier, parce qu'on donne beaucoup plus pour le troisième que pour le
premier alors que c'est le premier qui coûte plus cher.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai répondu
spécifiquement à la question de la députée de
Malsonneuve tout à l'heure, mais je n'ai pas dit au député
d'Ungava de ne pas lire le reste de la phrase. Si le député
d'Ungava lit le reste de la phrase, il va voir...
M. Claveau: Lisez donc.
M. Bourbeau:... qu'on y dit que l'allocation est versée
pour le bien-êre de l'enfant pour lequel elle est versée et pour
celui de sa famille. Sa famille, qui est-ce? Ce sont les autres enfants, c'est
bien évident. Donc, poser la question, c est y répondre. Je
demanderais au député d'Ungava de pousser la curiosité
jusqu'à lire le reste de la phrase et sa question deviendra caduque.
M. Claveau: Mais, la question reste entière. M. Bourbeau:
Et la réponse aussi
M. Claveau: Pour le bien-être de la famille en
général, il est beaucoup plus important de donner plus en
allocation au premier enfant de la famille et moins, par ordre de croissance,
à ceux qui viennent après parce que, encore là, c'est le
premier qui nécessite le plus de modifications dans la structure
familiale, le plus en coût d'achat d'équipements, etc., qui vont
ensuite être transférés aux autres enfants. Il y a quelque
chose qui cloche dans la logique du ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le débat que nous
faisons présentement. Je reconnais que le député d'Ungava
peut avoir une façon différente de concevoir la façon de
payer les allocations familiales Je lui laisse l'entière liberté
de penser ce qu'il veut, mais l'objet de la discussion, présentement, ne
porte pas sur l'opportunité de donner plus au premier, au
deuxième ou au troisième, il porte simplement sur l'utilisation
qu'on fait de la prestation à l'égard d'un enfant. On dit que la
prestation doit être utilisée pour le bien être de l'enfant,
cela vaut pour chaque enfant, et pour celui de sa famille. Alors, je pense que
ce que je dis ne contredit pas non plus ce que dit le député
d'Ungava.
M. Claveau: Cela confirme mes appréhensions, M. le
Président. Dans la logique du ministre, le troisième enfant a
droit à plus de bien-être que le premier.
M. Bourbeau: M. le Président, si c'est...
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires?
M. Bourbeau:... ce que pense le député d'Ungava, je
renonce à le convaincre.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Votre collègue, le ministre de
l'Éducation, comme il. aime faire la leçon, nous dit
régulièrement: Le législateur ne parle pas pour ne rien
dire. Du moment où on inclut un article comme celui-là, comment
allons-nous pouvoir vérifier? Est-ce qu'il y aura un règlement
pour s'assurer que c'est bien utilisé pour le bien-être de
l'enfant et de la famille? Quels sont les contrôles? Comment est-ce qu'on
gère cela? SI le législateur ne parle pas pour rien, il faut au
moins qu'il se donne les moyens de vérifier. À mon avis, il ne
peut pas vérifier. Comment va-t-il interpréter cette
disposition-là? S'il est incapable de la contrôler ou de
l'interpréter, pourquoi est-elle là?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Bourbeau:... quand des plaintes sont portées - et on me
signale que cela arrive de temps à autre - disant que le parent qui
reçoit l'allocation, disons, pour fins d'exemple, la mère,
n'utilise pas les prestations pour le bénéfice des enfants, mais
pour d'autres bénéfices et qu'on peut en faire la preuve,
à ce moment-là la régie intervient et prend les
dispositions pour que les allocations soient payées à une autre
personne que la mère. C'est dans ce cas-là qu'on peut invoquer
l'article en question ici pour rappeler à la mère que ces
allocations doivent être utilisées pour le bien-être de
l'enfant. En se fondant sur cet article-là, on peut, à ce
moment-là, diriger l'allocation vers une autre personne qui, elle, va
utiliser les allocations pour le bénéfice de l'enfant.
Mme Blackburn: Mais, dans le cas d'une négligence, parce
qu'on peut penser que ce dont vous parlez se produit dans un cas de
négligence, autrement je ne vois pas comment cela peut s'expliquer,
est-ce que c'est aux services de l'allocation familiale qu'il appartient
d'intervenir ou à la Protection de la jeunesse? Je ne vois vraiment pas
ce que cela fait là-dedans. D'une façon plus sérieuse...
Je vois que vous avez un article... "Une personne qui reçoit une
allocation - c'est l'article 16 - à laquelle elle n'a pas droit, ou qui
ne l'utilise pas pour le bien-être de l'enfant et de sa famille, doit la
rembourser. " Dans fe temps, je le dis parce que quand j'ai élevé
des enfants les allocations n'étaient pas très
élevées, est-ce que c'était pour le bien-être des
enfants? On attendait que le chèque rentre.
Quand ils voulaient faire faire la toilette du chien, on disait:
Attendez que le chèque rentre et vous ferez faire la toilette de votre
chien. Est-ce que c'était pour le bien-être des enfants? Comment
voulez-vous vérifier? Le législateur ne parle pas pour rien.
Est-ce que c'est indispensable? Comment allez-vous contrôler cela? Est-ce
que cela relève de la Loi sur les allocations familiales, ou de l'aide
à la famille que de vérifier s'il y a une situation de
négligence? Comment cela se vérifie-t-il?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je prends la question
très sérieusement. Je dirai à la députée de
Chicoutimi que l'article est nécessaire justement pour fonder le pouvoir
de la régie de ne plus verser les allocations à la mère,
par exemple, dans les cas où la régie se rend compte,
après qu'une plainte ait été portée
qu'effectivement les fonds sont détournés et ne sont pas
utilisés au profit de l'enfant. Dans ces cas, la régie
intervient. Et, se fondant sur l'article que nous avons devant nous, elle est
justifiée, selon la loi, de faire parvenir les allocations familiales
à une autre personne qui s'engage à respecter le texte de la loi.
(22 h 30)
Mme Blackburn: Est-ce que vous ou l'un ou l'autre de vos
collaborateurs pourriez nous citer ces cas? Et je ramène ma question.
Est-ce que, dans ces cas, il ne s'agit pas de dénonciations faites plus
généralement à la DPJ ou à d'autres organismes qui
interviennent pour retirer l'enfant? J'ai beaucoup de difficulté
à voir comment vous allez gérer cela.
M. Bourbeau: Comment? quoi?
Mme Blackburn: Comment allez-vous gérer cela?
M. Bourbeau: Écoutez, M. le Président...
Mme Blackburn: Comment gérez-vous cela, actuellement?
M. Bourbeau:... est-ce que l'Opposition...
Mme Blackburn: Cela nous donnerait une idée que de savoir
comment vous allez gérer...
M. Bourbeau:... a objection à ce que Me Roy qui est avec
moi et qui a une connaissance pratique...
Mme Blackburn: Je n'ai pas d'objection.
M. Bourbeau:.. donne des cas précis? Je n'ai pas
d'objection, si vous voulez.
Le Président (M. Audet): Veuillez vous identifier, s'il
vous plaît.
M. Roy (Jean-Aimé): Mon nom est Jean Aimé Roy,
avocat à la Régie des rentes. Les cas qui sont visés, en
fait, sont des cas où, bion entendu, les sommes versées en
allocations sont utilisées pour des besoins somptuaires ou d'autres..
Par exemple, quelqu'un qui prend de l'alcool utilise tous les montants possible
pour en prendre. Et il y a des dénonciations. À ce
moment-là, on change le bénéficiaire. On peut même
aller jusqu'à nommer un administrateur des allocations qui va vraiment
se charger de diriger l'argent vers les besoins de l'enfant et de la
famille.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a plusieurs cas comme
ceux-là au Québec dans lesquels vous intervenez de cette
façon-là?
M. Bourbeau: M. le Président, on m'indique que ce n'est
pas très fréquent, mais que cela arrive à l'occasion.
Mme Blackburn: Dans ces cas, est ce qu'on ne fait que nommer un
administrateur des allocations plutôt que de s'inquiéter de la
santé de l'enfant? Cela me pose un problème, votre façon
de faire.
M. Roy: II n'appartient pas à la régie.
Mme Blackburn: Bien non, c'est pourquoi je vous dis...
M. Roy:... de s'occuper de l'enfant, comme tel.
Mme Blackburn: C'est pourquoi je vous dis que cela n'a pas
d'affaire là.
M. Roy: C'est quand même dans la mission de la régie
de verser ces allocations et d'en contrôler la sortie.
M. Bourbeau: M. le Président, je dois dire à la
députée de Chicoutimi que cela a affaire là, parce que
évidemment le mandat de la régie n'est pas de s'occuper de la
santé de l'enfant, comme telle; ce n'est pas dans son mandat. Elle a
pour mandat de débourser des sommes d'argent, des allocations
familiales. Elle doit quand même se préoccuper de la bonne gestion
de ces fonds et s'assurer que ces fonds sont utilisés à bon
escient. Mais si elle se rend compte que ces fonds ne sont pas utilisés
au profit de l'enfant, c'est son devoir de s'assurer qu'ils le soient. Et. en
se fondant sur l'article qui est devant nous, elle est justifiée
légalement de le faire. II ne faut pas demander à la régie
de s'occuper d'autre chose, ce n'est pas son rôle. D'ailleurs, elle n'est
pas équipée pour s'occuper d'autre chose.
Je pourrais peut-être attirer l'attention de la
députée sur l'article 14, troisième alinéa qui dit:
"Lorsque la personne à qui les allocations sont versées n'est pas
en mesure de les administrer ou ne les utilise pas pour le bien-être de
l'enfant et pour celui de sa famille, la régie peut les verser à
une autre personne qu'elle désigne Cette personne administre ces
allocations conformément aux règles déterminées par
règlement et en fait, sur demande, rapport à la régie" Je
pense que cela répond à la question de la
députée.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Blackburn: Cela ne répond pas davantage.
Mme Harel: Ce sont les règles de preuve qui
m'intéressent ici. La régie n'est pas nécessairement
équipée pour enquêter, notamment sur les cas de
négligence. Manifestement, si on reprend les exemples que vous
apportiez, Me Roy, il s'agit finalement d'usage détourné de ces
sommes. Donc, il s'agit sans doute de négligence des enfants Et
lorsqu'il y a plainte, à ce moment là est ce qu'il y a
enquête?
M. Roy: Effectivement, il y a toujours enquête.
Mme Harel: Et l'enquête est faite par... M. Roy: Par des
gens de la régie. Mme Harel: Des enquêteurs de la
régie$M. Roy: Oui.
Mme Harel: Au sens de la loi des commissions d'enquête?
M. Roy: Oui. On a de tels pouvoirs. La Loi sur le régime
de rentes accorde certains pouvoirs d'enquête. On se sert
également de ces pouvoirs pour l'inspection. Ce n'est pas seulement sur
dénonciation.
Mme Harel: Cela peut être....
M. Roy: On n'agit pas seulement sur dénonciation On fait
enquête avant d'arrêter le paiement
Mme Harel: Oui, oui. Donc, c'est toujours à partir d'une
dénonciation, d'une plainte.
M. Roy: On n'a pas d'autre moyen.
Mme Harel: Vous n'avez pas encore sélectionné de
cas au hasard pour savoir comment sont utilisées les allocations
familiales?
M. Roy: Non.
Mme Harel: Cela peut venir avec le ministre que vous avez.
M. Bourbeau: Ce sont des réminiscences, M. le
Président.
Mme Harel: C'est plutôt... Oui?
Mme Vermette: Pour continuer sur cette question, je voudrais
enchaîner là-dessus en vous demandant quels sont les délais
d'intervention? Comme c'est dans l'intérêt de l'enfant, ça
prend combien de temps avant que les transferts soient faits et que les
personnes qui ont charge d'enfants puissent vraiment faire que les sommes
d'argent leur soient versées dans l'intérêt des
enfants?
M. Bourbeau: On m'indique que dès qu'une plainte est
portée, on suspend les paiements et on fait une enquête
très rapidement.
Mme Vermette: Est-ce que c'est rétroactif?
M. Bourbeau: C'est une question de jours ou de semaines avant que
la régie statue sur le cas. Maintenant, on me signale aussi que le
gouvernement du Québec n'est pas le seul à payer des allocations
familiales. Cela se fait en coordination avec le gouvernement
fédéral aussi. Il arrive parfois que les plaintes puissent se
faire au fédéral autant qu'au Québec. Parfois
l'enquête peut se faire aussi par l'enquêteur
fédéral. Enfin, les deux travaillent conjointement et les
décisions qui sont prises dans un cas par un niveau de gouvernement le
sont par l'autre en même temps, aussi. Tout ça est
coordonné, est harmonisé.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Pour continuer. Si, dès qu'il y a une
plainte, on met automatiquement un "stop" aux allocations et que
l'enquête révèle qu'il n'y avait pas de motif pour couper
les prestations ou les allocations, est-ce que des intérêts
courent et les donnez-vous à ce moment-là? Cela fonctionne de
quelle façon?
M. Claveau: À 8 $ par mois, ça ne fera pas beaucoup
d'intérêts.
M. Bourbeau: M. le Président, II n'y a pas
d'intérêts à la Régie du logement, ni sur les sommes
d'argent qui lui sont dues - j'ai dit la Régie des rentes, bien
sûr; comme je le disais, M. le Président, ou comme je voulais le
dire - ni sur celles qu'elle doit. C'est la situation telle qu'elle se
présente.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je m'interrogeais
sérieusement et je me demandais jusqu'à quel point il ne vous
fallait pas, avec les personnes qui vous accompagnent, modifier cette
disposition. J'essaie de m'expliquer. Au moment où cette loi ou la
première Loi sur les allocations familiales a été
adoptée, il pouvait être indiqué d'avoir une telle mesure
puisqu'on n'avait pas, alors, de directeur de la protection de la jeunesse. On
a mis en place un train de mesures et d'organismes responsables pour s'occuper
du bien-être de l'enfant. Je me demande si cette disposition ne vient
pas, n'est pas désuète à cause de la présence
d'autres organismes de protection de l'enfant. Jusqu'à quel point
lorsqu'il y a des événements comme ceux dont vous parlez, le DPJ
est-il prévenu?
M. Bourbeau: La régie n'a pas le choix. Elle doit
respecter son mandat qui est de verser des allocations familiales. Elle le
fait. Elle ne peut pas excéder son mandat et s'introduire dans des
champs d'action qui ne sont pas les siens.
Le Président (M. Audet): D'accord?
Mme Blackburn: Une autre question là-dessus.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: II serait acceptable d'avoir une disposition,
à mon humble avis, qui prévoit que si la personne qui
reçoit l'allocation familiale ne s'occupe pas de l'enfant - l'enfant,
par exemple, demeure avec le père et c'est la mère qui
reçoit encore l'allocation - ce soit versé automatiquement
à la personne qui s'en occupe. Mais il me semble qu'aller plus loin que
ça... Que cela relève de la responsabilité de la
régie, je comprends ça, mais aller plus loin que ça pour
le bien-être de l'enfant... Cela me pose un problème, je le dis en
toute simplicité, parce que s'assurer que le bien-être de l'enfant
est respecté ne relève pas de la responsabilité de la
Régie des rentes. Il y a d'autres organismes pour le faire. Je vais vous
demander d'y réfléchir un peu. Je pense que lorsque ce n'est pas
la bonne personne qui reçoit l'allocation, ça va de soi que vous
ayez une disposition, mais aller au-delà de ça... Deuxième
question. Lorsque vous avez une plainte, est ce que vous rapportez le cas au
DPJ? Est ce quo vous avez quelqu'un aux alentours qui sait que... Ce n'est pas
vraiment votre...
M. Bourbeau: On m'indique que, sur le plan pratique, il y a une
collaboration entre la Régie des rentes et le Comité de la
protection de la jeunesse en ce qui concerne le sujet dont parle la
députée.
Mme Blackburn: Pour moi, la question
demeure entière. Compte tenu de l'existence de nouvelles
ressources, la loi 24, est-ce qu'on a besoin de ce genre de disposition dans
cette loi? Je le rappelle, M. me semble que la disposition la plus pertinente
touche le fait que ce n'est pas la personne qui s'occupe de l'enfant qui aurait
les allocations - c'est automatique, M. faut prévoir le versement
à la personne qui s'occupe vraiment de l'enfant - mais est-ce qu'on a
besoin de cette disposition?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, c'est absolument
essentiel parce que si la régie n'avait pas le pouvoir de cesser de
verser les fonds dans certains cas, même si elle se rendait compte que
les fonds n'étaient pas utilisés à bon escient, elle ne
pourrait pas cesser de payer. Donc, ça lui prend une disposition
habilitante dans la loi.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Une des questions qui se posent n'est certainement pas
de savoir si la régie a ou non ce pouvoir, mais sur la façon dont
elle doit l'exercer. À l'article 14, troisième alinéa,
c'est bien ça, comme me l'a appris Mme la secrétaire de la
commission, on nous dit: "la régie peut les verser à une autre
personne qu'elle désigne. " Je crois bien que c'est là que le
bât blesse parce que si la régie reçoit des plaintes, ce
qui est fort possible dans le cas des conflits familiaux. II est possible qu'un
des conjoints qui n'a pas la garde des enfants puisse être tenté,
vu l'évaluation négative qu'il fait de son ex-conjoint, de juger
que l'usage qui est fait des allocations n'est pas le bon. Il peut en
être ainsi, d'ailleurs. à l'infini avec les familles
reconstituées. II n'est pas dit qu'il ne faut pas qu'il y ait
enquête, je crois bien qu'on souscrit au fait qu'il doit y avoir
enquête. Une des questions, et il n'est pas simple d'y répondre,
est de savoir s'il doit y avoir suspension dès qu'il y a plainte. Ce
n'est pas évident puisque les plaintes peuvent être sans
fondement. Je ne crois pas qu'il y ait une disposition dans le projet de loi
pour écarter ou pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de plainte sans
fondement. S'il y a une plainte sans fondement, on se trouve à
pénaliser. Je ne crois pas qu'a y ait une telle disposition. Donc, ce
n'est pas invraisemblable de penser que quelqu'un puisse porter une plainte
sans fondement et, dès qu'il y a plainte - Me Roy me signale qu'il y en
a - on suspend les paiements. Cela, c'est le premier ordre de
problème.
Le second ordre de problème, c'est que la régie fait
enquête. À ce moment-là, y a-t-il appel ou révision?
L'enquêteur... On ne peut pas décréter et
légiférer sur un jugement, on peut légiférer sur un
pouvoir qu'on accorde à quelqu'un, mais on ne peut pas
légiférer sur le bon sens avec lequel il doit l'exercer.
J'aimerais bien savoir s'il peut y avoir une demande de révision ou
appel de la décision de la régie, j'imagine, devant la Commission
des affaires sociales, je voudrais juste me le faire confirmer, avant que la
régie verse les allocations à une autre personne qu'elle
désigne. (22 h 45)
Finalement, compte tenu des propos de ma collègue, la
députée de Chicoutimi, est-ce qu'il ne serait pas souhaitable que
la régie verse à une autre personne qu'elle désigne... Je
me demande comment il se fait que ce ne soit pas au DPJ. Comment la
régie peut-elle être habilitée à choisir ou à
désigner une autre personne que celle à qui le versement est
suspendu? De quel droit"? Je veux bien croire que l'enquêteur peut aller
voir si l'usage qui en est fait est le bon, mais comment peut il s'immiscer au
point de recommander que ce soit telle autre personne qui soit
désignée pour recevoir les allocations? En quelque sorte, il y a
comme un abus à quelque part. Je regrette, mais le ministre prend
ça pardessus la jambe. Cela ne m'étonne pas d'une certaine
façon parce qu'il n'a pas l'impression que des droits soient en cause
dans les dispositions d'une loi. Pourtant, derrière le jargon
légal et administratif, il y a un contenu humain. Cela concerne des
personnes, pas des droits de propriété, des personnes.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Sainte Marie.
M. Laporte: J'écoute avec attention et
intérêt les arguments qui ont été
évoqués depuis tantôt par les membres de la commission.
J'essayais de penser un peu à toutes les lois existantes où on
retrouve une disposition approximative ou similaire à celle-ci, au Code
civil, à la loi 24, comme on a dit tantôt, à tout un
ensemble de lois, à ce qu'on connaît, aussi, de la commission
d'enquête avec tout le mécanisme prévu à la fois en
matière de dénonciation et de respect. Je pourrais presque citer
la charte où on doit procéder par un mécanisme de tamisage
en tant que tel pour vérifier... Pardon?
Une voix: C'est la charte qu'ils ont distribuée dans
toutes les maisons.
M. Laporte: C'est ça, dans toute les maisons où on
doit procéder par un tamisage en tant que tel de tout ce qui est
produit, de tout ce qui est plainte, pour essayer de voir la justification
J'imagine, en tout cas. et c'est ce qui a été
énoncé tantôt. qu'il ne faut pas prendre.
Mme Harel: II imagine. Une chance qui a beaucoup d'imagination,
le député de Sainte-Marie.
M. Laporte: Est-ce qu'on me permet de continuer7
Merci.
Une voix: Une chance qu'il imagine.
M. Laporte: Je fais plus qu'imaginer, j'essaie de transposer, Mme
la députée de Maisonneuve, et Dieu seul sait combien j'ai du
respect pour votre droit de parole intégral la majorité du temps.
Je pense bien que j'ai droit à la même attitude de votre part. Je
vous remercie bien pour votre compréhension future.
Ce que je tente d'exprimer depuis tantôt, c'est que vous ave2
actuellement - ce n'est pas nécessairement pour le justifier - un
mécanisme qui est donné à la régie pour
vérifier des cas, des cas qui ont été mentionnés
tantôt comme exceptionnels. Cela ne nous empêche pas de voir quel
autre mécanisme peut être institué. Mais, en vertu de ces
pouvoirs qui sont donnés, ce n'est pas pris à là
légère et ce n'est pas une forme d'automatisme. Il a
été expliqué tantôt - à moins que je n'aie
vraiment pas saisi et, alors, on m'éclairera - qu'en tant que tel et
comme ça existe dans toutes les lois, il y a un mécanisme de
tamisage pour vérifier si, effectivement, la déposition ou la
plainte qui peut être déposée n'est pas soit loufoque, soit
frivole, comme ils disent dans la majorité des lois. Par la suite, si
motif il y a, les personnes peuvent toujours être entendues. C'est un
droit fondamental qui existe soit pour contester ou soit pour confirmer,
à tout le moins, la décision qui pourrait être rendue. La
question pourrait être posée autrement: Est-ce que les membres de
la commission sont prêts à accepter que, dans des cas
exceptionnels et extraordinaires, on conserve ou on laisse aux gens là
possibilité d'avoir cette forme d'allocations qui est revenue? Ce serait
peut-être une autre façon de regarder la question sous un autre
angle. C'est simplement un commentaire personnel que je voulais émettre
là-dessus.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
Mme Harel:... M. le député de Sainte-Marie avait
raison de me rappeler à l'ordre parce qu'il est un de ceux qui
respectent toujours les droits de parole des membres de l'Opposition et je
tiens à le souligner, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, en son nom, Mme la
députée. D'ailleurs, c'est mon voisin d'étage...
Mme Harel: Ce n'est pas le cas du député de
Laurier. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Je peux vous dire que j'ai un
excellent voisin. Un instant, M. le député de...
Mme Harel: Laurier.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Laurier, un Instant. Une question avait été posée par Mme
la députée de Maisonneuve à M. le ministre qui est
peut-être prêt à y répondre. Quitte à ce que
vous reveniez après.
M. Sirros: Tout ce que je voudrais savoir, M. le
Président, c'est si on doit interpréter les paroles de Mme la
députée de Maisonneuve comme voulant dire que les autres membres
de la commission ne respectaient pas le droit de parole la majorité du
temps. Nous avons été très sages et très
tranquilles et on l'a écoutée attentivement, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Cela va, M. le
député de Laurier. Cela va. Cela va.
M. Sirros: J'aimerais avoir le même genre de
considération.
Le Président (M. Audet): Cela va. M. le ministre, votre
réponse, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve pose
toujours des questions très pertinentes et je suis prêt maintenant
à lui fournir les réponses concernant l'équité
procédurale qu'elle évoquait tout à l'heure. Je
référerais la députée à l'article 27. 2 du
projet de loi où il est dit que "la régie procède avec
diligence à l'étude des documents et renseignements exigés
et, dans sa décision, informe la personne de son droit d'en demander la
révision dans le délai prescrit à l'article 18. Elle peut,
si elle est fondée à croire que la personne n'a plus droit
à une allocation ou si celle-ci ne fournit pas les renseignements ou
documents exigés, suspendre le paiement de cette allocation pendant
qu'elle vérifie si la famille y a droit, si la personne qui en
reçoit le paiement a droit de le recevoir et si son utilisation est
conforme à la loi; un avis écrit de cette suspension doit
être donné à la personne. " C'est dans le projet de loi
actuel.
Si la députée se réfère à la loi
actuelle, à la partie qui n'est pas amendée, l'article 18 parle
du pourvoi en révision qui est introduit "par une demande faite sur la
formule prescrite par la régie, dans les quatre-vingt-dix jours de la
date à laquelle le plaignant a été avisé de la
décision dont il demande la révision. La régie peut
permettre au plaignant de se pourvoir en révision après ce
délai si celui-ci démontre qu'il a été, en fait,
dans l'impossibilité d'agir plus tôt. La demande de
révision doit contenir un exposé sommaire des motifs
invoqués. " L'article 19 explique comment se fait la
révision.
Dans le système actuel, en ce qui concerne le droit de suspendre
les paiements - j'ai lu tout à l'heure les articles de la nouvelle loi -
il faut se référer aux règlements sur les allocations
familiales. L'article 30 du. règlement dit que, lorsqu'une personne
à qui une allocation est accordée n'est pas en mesure de
l'administrer ou ne l'utilise pas pour le bien-être de l'enfant ou.
de la famille, la régie peut verser l'allocation aux conditions
qu'elle détermine à un administrateur qu'elle désigne ou
en suspendre le versement. On m'indique que ce système fonctionne
très bien depuis un temps immémorial et que, pour cette raison,
on reconduit la même procédure dans la nouvelle loi, mais, cette
lois-ci, dans le texte de loi et non pas dans le règlement. Cela va
plaire à la députée de Maisonneuve que ce soit dans la
loi. Je signale que l'article 27. 2 se termine par un autre
élément d'équité procédurale qui dit qu'un
avis de cette suspension doit être donné à la personne.
Cela va plaire à la députée de Maisonneuve et
peut-être aussi au président de la Commission des droits de la
personne, bien sûr.
Mme Harel: On va compter sur le ministre pour le lui
communiquer.
M. Bourbeau: Sûrement. Mme Harel: C'est son ami.
Le Président (M. Audet): Aimeriez-vous qu'on suspende nos
travaux une couple de minutes, le temps de faire une petite pose et tout
ça?
M. Bourbeau: Ah oui!
Le Président (M. Audet): Cela s'inscrirait un peu dans le
sens de la continuité du président de la commission des affaires
sociales. On me dit qu'en fin de session comme ça. lorsquon termine les
travaux à minuit, on en profite pour prendre cinq minutes et faire ce
qu'il appelle une pose sanitaire.
Mme Harel: Ah! Très bien.
Le Président (M. Audet): Je vous l'offre.
Mme Harel: On l'accepte. On la prend.
Le Président (M. Audet): D'ici à minuit, il reste
encore une bonne heure de travail. On va suspendre trois ou quatre minutes pour
une pose sanitaire comme le dirait Mme la secrétaire.
(Suspension de la séance à 22 h 55)
(Reprise à 23 h 3)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez bien reprendre vos places
La commission reprend ses travaux Nous on sommes toujours à
l'article 1, tel qu'introduit par l'article 2. Merci, Mme la secrétaire.
Est ce qu'il y a d'autres questions? Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je ne sais pas si je peux la poser ici ou.. J'ai un
problème en ce qui concerne. Vous savez qu'il y a beaucoup de nouvelles
familles qui se créent, ça peut être le prolongement d'un
première famille, mais ça peut être aussi une
deuxième famille. Vous pouvez avoir des enfants qui ne sont plus sur
l'aide sociale parce qu'ils sont plus vieux, mais vous vous remariez et vous
avez un enfant. Est-ce que c'est considéré comme un premier
enfant9 À ce moment-là, pour le bien-être de
l'enfant, est-ce qu'on considère que c'est un premier enfant? C'est un
second mariage, mais c'est le premier enfant d'un second mariage.
M. Bourbeau: M. le Président, s'il y a une reconstitution
d'une nouvelle famille et que les nouveaux conjoints n'ont ensemble qu'un
enfant, c est le premier enfant.
Mme Vermette: Oui, mais s'ils ont d'autres enfants. Disons que la
conjointe a déjà un enfant, elle amène un enfant à
I intérieur de la famille et le nouveau conjoint a. lui aussi, un autre
enfant, ce sont deux enfants qui ne sont pas Issus de ce mariage, mais, du
nouveau mariage, il y a un premier enfant...
M. Bourbeau: Alors, cet enfant-là devient le
troisième enfant.
Mme Vermette: II devient le troisième enfant.
M. Bourbeau: Oui, puisque chacun des deux conjoints avait
déjà un enfant. Le troisième qui est issu du nouveau
ménage devient le troisième enfant de la famille et il a donc
droit à l'allocation de 3000 $ à la naissance, ce qui est
intéressant.
Mme Vermette: Je considérais... Ce n'est pas
nécessairement le 3000 $ parce que c'est un nouvel enfant, mais
ça veut dire que, par la suite, il sera toujours considéré
comme un troisième enfant.
M. Bourbeau: II y a des exceptions, par exemple. Pas des
exceptions, mais ce qui peut arriver, c'est que si un des enfants qui a un rang
précédent a atteint l'âge de 18 ans, à ce
moment-là, chacun des autres enfants voit son rang augmenter. Celui qui
était le troisième enfant devient le deuxième; celui qui
était le deuxième devient le premier. Maintenant, si d'autres
modifications à la famille se produisent et que celle ci se reconstitue
d'une autre façon, là le nombre d'enfants peut changer et les
rangs aussi Alors. il faut suivre l'enfant SI l'enfant change de famille, s'il
est adopté, par exemple, par une autre famille ou s'il suit sa
mère dans la formation d'une nouvelle famille, il peut devenir un enfant
de troisième ou de deuxième rang, selon le nombre d'enfants dans
la nouvelle famille.
Mme Vermette: D'accord. Môme si c'est un enfant issu d'un
nouveau mariage, il s'ajoute aux enfants qui sont déjà
apportés par cette fusion-là?
M. Bourbeau: C'est exact.
Le Président (M. Audet): Cela va? Est-ce que cela va pour
cela?
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Audet): Bon. Alors, on va revenir
à l'amendement au deuxième paragraphe de l'article 1. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur cet amendement-là? Le ministre les a
faits tantôt. Du côté de... Mme la
députée.
Mme Harel: Sur l'amendement, pas de commentaires, M. le
Président. Mais, sur l'ensemble de l'article, j'aimerais faire un
commentaire une fois qu'on aura disposé...
Le Président (M. Audet): Vous aimeriez revenir. Ce qu'on
pourrait faire, à ce moment-là, c'est adopter l'amendement.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. Alors, vous avez
des commentaires à faire sur l'ensemble de l'article 1?
Mme Harel: Oui. J'ai pris connaissance avec intérêt
des articles 15 et suivants du projet de loi sur les allocations familiales qui
demeurent quant au pourvoi en révision et en appel. Je vois donc qu'il y
a une équité procédurale qui vaut dans les cas de
suspension de paiement. Mais la question qui reste encore en suspens, c'est la
suivante. Comment la régie peut-elle se considérer
habilitée à désigner une autre personne? Tant qu'il n'y
avait pas la Loi sur la protection de la jeunesse, cela pouvait se justifier,
mais, à partir du moment où la régie conclut à la
négligence - en fait, c'est de la négligence que d'utiliser
à d'autres fins, il y a là quand même un motif de
négligence - comment peut-elle désigner, comment peut-elle
être habilitée à choisir quelqu'un pour administrer? Au
sens de l'article 14, la régie peut verser les allocations à une
autre personne qu'elle désigne. Qui est-elle cette autre personne en
réalité? À qui la régie confie-t-elle le soin
d'administrer les allocations lorsqu'elle considère que la personne
à qui elles sont versées ne les utilise pas pour le
bien-être de l'enfant?
M. Bourbeau: M. le Président, en fait, après que la
régie a fait ses vérifications, la personne
désignée est celle qui est la plus proche de l'enfant, celle qui,
en fait, s'occupe de l'enfant. Il y a toujours une personne qui s'occupe d'un
enfant. SI, par exemple, la mère ne s'en occupe pas, en principe il y a
toujours quelqu'un qui s'en occupe. Enfin, il y a peut-être des cas
où ce n'est pas le cas. À ce moment-là, l'enfant est pris
en charge par un organisme. Mais, tant qu'il y a une personne physique qui
s'occupe d'un enfant, la régie identifie cette personne là et
c'est elle qui est désignée par la régie.
Mme Harel: Bon. Alors, M. le ministre, à ce
moment-là... À l'article 14, on retrouve au deuxième
alinéa: Si aucune de ces personnes, soit la mère, la conjointe du
père ou le père, ne prend soin de l'enfant, les allocations sont
versées à la personne qui subvient à ses besoins. Il y a
deux concepts. Le concept de prendre soin, on y reviendra. C'est un concept que
je vais vous demander de définir. On connaît le concept
d'être à la charge, mais celui de prendre soin, je n'ai pas vu
cela bien défini encore. Il y a le concept de subvenir à ses
besoins, qui est différent de prendre soin. Mais, au deuxième
alinéa, on dit qu'à défaut de la personne qui prend soin,
c'est versé à la personne qui subvient. À ce
moment-là, évidemment, je pense bien qu'on fait
référence au DPJ parce que, dans le fond, le DPJ subvient aux
besoins de l'enfant au sens financier du terme.
Mais pourquoi la régie s'autorise-t-elle à verser à
une autre personne qu'elle désigne et qui est ni celle décrite au
deuxième alinéa, ni celle qui prend soin, ni celle qui subvient?
Ce peut être une autre et c'est laissé comme ça, en
plan.
M. Bourbeau: M. le Président, le règlement
établira qu'une personne prend soin d'un enfant si elle cohabite avec
lui. Dans le cas contraire, on devra démontrer que le défaut de
cohabitation résulte de la maladie ou des études. Une personne
sera considérée comme subvenant aux besoins d'un enfant si elle
est seule à contribuer au bien-être de l'enfant dans une
proportion supérieure à 50 % de ses besoins.
Le second alinéa de l'article fera en sorte qu'une famille
d'accueil ne pourra réclamer les montants d'allocation d'aide aux
familles pour l'enfant qu'elle accueille, à l'exception de l'allocation
à la naissance. C'est l'article 12, deuxième alinéa. Ces
versements sont versés à la famille qui paie la contribution
parentale. M. le Président, je croyais que la députée
serait intéressée à l'article suivant.
Mme Harel: On y reviendra de toute façon. C'est un autre
article, n'est-ce pas? En fait, le ministre nous a cité le commentaire
sur un autre article.
M. Bourbeau: Non. C'était exactement sur
le...
Mme Harel: L'article 14?
M. Bourbeau:... sur le sens de prendre soin de, oui.
Mme Harel: Ah! C'est le sens de prendre soin.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on peut. à ce
stade-ci, adopter...
Mme Harel: Je n'ai pas encore de réponse à la
question. Comment la régie est-elle habilitée à
désigner la personne? C'est peut-être la dernière question
que je vais vous poser. Jamais la régie ne fait rapport au DPJ,
c'est quand même étrange, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: M. le Président, on me dit qu'il y a des
échanges de renseignements entre le DPJ et la régie, mais que,
dans la plupart des cas, quand la régie intervient, en
général on me dit qu'il y a un père qui Intervient et dans
ces cas, à défaut de la mère, en général
c'est plutôt le père qui va être désigné.
Maintenant, le fédéral s'occupe également de
plusieurs de ces cas. Les enquêtes se font assez souvent aussi par le
fédéral qui, comme on le sait, verse des allocations familiales
aussi et se préoccupe de s'assurer, comme d'ailleurs la Régie des
rentes du Québec, que les allocations soient bien dirigées pour
le bénéfice des enfants
Le Président (M. Audet): Cela va?
Mme Harel: Les enquêtes sont surtout faites par la
régie ou par le fédéral?
M. Bourbeau: On me dit que la plupart des enquêtes sont
faites par le fédéral, surtout lorsque les situations sont assez
compliquées. Le fédéral est mieux équipé que
la régie pour faire les enquêtes.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: J'aimerais comprendre, parce que, en fait, si on
regarde la procédure ici au Québec... Généralement,
quand il y a une plainte à savoir que les parents sont Inaptes à
pouvoir éduquer ou élever l'enfant, la plainte est farte au DPJ.
Le rôle du DPJ est de trouver une famille d'accueil pour cet enfant, pour
le sortir de ce milieu qui ne lui est pas favorable et propice. La famille
d'accueil devient la personne responsable d'élever ou d'éduquer
l'enfant et, d'après l'article que vous avez lu tantôt, elle ne
peut recevoir l'allocation.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Bourbeau: Nous avons ici un praticien qui pourrait
peut-être donner une réponse concrète au problème
soulevé par ta députée de Marie-Victorin. C'est M.
Laliberté de la Régie des rentes.
Le Président (M. Audet): M. Laliberté de la
Régie des rentes, on vous écoute.
M. Laliberté (Jules): Dans les cas qui nous sont soumis,
vous avez parlé tout à l'heure de la protection de la jeunesse.
Depuis que c'est en vigueur, on constate beaucoup moins de
dénonciations. Je pense que les gens vont dénoncer directement
à la Protection de la jeunesse avec qui on a des ententes
d'échange de renseignements
Dans les cas où les enfants sont placés en famille
d'accueil, pour que l'allocation familiale du Québec soit versée,
il est obligatoire que les parents versent une contribution parentale. C'est le
centre de services sociaux, à ce moment-là, avec le
fédéral, qui détermine qui, des parents ou du centre de
services sociaux, recevra l'allocation Dans le cas où les parents ne
s'occupent pas de l'enfant, il n'y aura pas de versement d'allocation
familiale, ce sera une allocation spéciale versée au centre de
services sociaux. Le Québec ne paie aucune allocation dans ces cas
là.
Mme Harel: Cest un per diem versé à la famille d
accueil à ce moment-là en vertu de la loi sur la santé et
les services sociaux. C'est ça.
Le Président (M. Audet): D'accord. Est-ce qu'on est
prêt à passer à l'adoption de l'article
Mme Harel: Cela va.
Le Président (M. Audet): Est-ce que I article 1 tel qu
amendé est adopté9
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. J'appelle
l'article 2 J'aimerais ajouter une chose. II y a un paquet de papillons, comme
vous l'avez signalé tantôt, au début de la commission, qui
touchent surtout l'édition anglaise du projet de loi. Je pense qu'il
serait peut-être préférable d adopter ces amendements
à la toute fin. Êtes-vous d'accord avec ça? Bon. Cela va.
L'article 2, M. le ministre.
Mme Harel: En fait, il ne s'agit pas d'amendements. C'est
simplement un problème de traduction, j'imagine.
Le Président (M. Audet): De concordance.
Mme Harel: C'est une meilleure traduction? Est-ce dans ce
sens-là que cela a été introduit?
M. Bourbeau: C'est une traduction.. Mme Harel: Plus
littéraire.
M. Bourbeau:... plus conforme au texte français.
D'ailleurs, c'est le cas pour tous les amendements anglais. C'est pour mieux
traduire le sens du texte français.
Le Président (M. Audet): Cela va.
M. Bourbeau: L'article 2 introduit la notion de famille et fixe
la règle d'établissement du rang de l'enfant dans la famille. Ce
rang est fixé suivant l'âge des enfants de moins de 18 ans en
commençant par le plus vieux. La famille est formée des enfants
et des conjoints ou de la personne seule qui en prennent soin ou pourvoient
à leurs besoins. Le règlement fixera les critères selon
lesquels il pourra être établi que le conjoint ou la personne
seule prend soin ou subvient aux besoins d'un enfant, comme c'est le cas dans
la loi actuelle. La notion de famille est absente de la loi actuelle qui parle
de mère, de père et d'enfant. Cette notion existe dans la
législation fédérale correspondante, la Loi de 1973 sur
les allocations familiales (Statuts du Canada 1973-1974, chapitre 44). L'enfant
placé en famille d'accueil n'est pas considéré partie de
cette famille aux fins de l'ouverture du droit aux allocations.
Tout à l'heure, j'ai donné des commentaires au sujet de la
notion de prendre soin. La députée... Je n'ai pas à
répéter ces renseignements...
Le Président (M. Audet): Cela va? M. Bourbeau: Pour
moi, cela va.
Le Président (M. Audet): Avez-vous des commentaires, Mme
la député de Maison-neuve?
Mme Harel: M. le Président, je rappelle les commentaires
concernant la détermination par règlement des conditions suivant
lesquelles une personne est considérée comme prenant soin d'un
enfant ou subvenant à ses besoins. Je n'ai pas, pour tout de suite en
tout cas, de justification puisque ce n'est pas sujet à changement. Je
comprends qu'on se serve plutôt d'un règlement pour assouplir ou
ajuster ce que la loi ne permet pas de faire. Mais il me semble que les
conditions en vertu desquelles une personne est considérée comme
prenant soin ou subvenant ne doivent pas être laissées à
des ajustements de règlements.
Pour une bonne rédaction, il serait préférable
d'introduire Immédiatement les conditions en vertu desquelles les
personnes sont considérées comme prenant soin ou comme subvenant.
Pourquoi laisser une Inconnue? Les motifs, Jusqu'à maintenant, sont
absents puisqu'on ne définit pas les conditions.
M. Bourbeau: M. le Président, on a choisi de
procéder de cette façon pour reconduire la situation qui
prévaut actuellement.
Mme Harel: Quelle est la situation qui prévaut
présentement?
M. Bourbeau: C'est dans le règlement.
Mme Harel: Cela fait référence à quel
article de la loi?
M. Bourbeau: On va vous donner ça. L'article 6 du
règlement sur les allocations familiales dit qu'un particulier prend
soin d'un enfant lorsqu'il pourvoit au bien-être matériel,
intellectuel et moral de cet enfant. L'article 7: Un particulier subvient
entièrement ou dans une large mesure aux besoins d'un enfant lorsqu'il
contribue au bien-être matériel, intellectuel et moral de cet
enfant dans une proportion au moins égale ou supérieure au
montant de l'allocation visée au premier alinéa de l'article 26
de la Loi et payable à l'égard de cet enfant alors qu'aucun autre
particulier ne contribue pour un montant plus élevé. " Pour le
pouvoir habilitant, M. le Président, je réfère la
députée à l'article 25b de la Loi sur les allocations
familiales qui dit que le gouvernement peut, par règlement,
"déterminer les normes suivant lesquelles il est établi qu'une
personne prend soin d'un enfant ou subvient entièrement ou dans une
large mesure aux besoins de cet enfant; ".
Mme Harel: Je comprends que le ministre va dorénavant, en
vertu de l'article 2, se donner le pouvoir de faire le règlement. Ce
n'est pas ça que je mets en cause. Ce que je mets en cause, c'est la
justification d'un tel règlement vu que la définition
réglementaire, comme celle que lit le ministre, est du type de celle
qu'on introduit dans une loi. Je ne comprends pas, pour dire vrai, cette
habitude que l'on a de faire des lois qui sont des coquilles
législatives vides, qui donnent seulement au législateur le
pouvoir de faire des règlements.
M. Bourbeau: On m'indique que c'est pour conserver plus de
souplesse comme, par exemple, la notion de 50 % qui pourrait, à
l'occasion, nécessiter des modifications, des amendements. En ayant
ça dans le règlement, il est beaucoup plus facile de
procéder à des modifications et à des amendements que si
c'était gelé dans le béton d'une loi.
Mme Harel: Je me suis demandé pourquoi l'expression
"à charge" qu'on retrouve dans tant
d'autres lois sociales n'a pas été retenue. Par exemple,
une famille est formée de conjoints dont l'un, au moins, a des enfants
à charge. C'est assez étonnant que, dans la rédaction des
lois, on laisse utiliser toutes sortes de concepts. Cela laisse place à
toutes sortes d'interprétations. Pourtant, on veut dire la même
chose On veut dire un enfant à charge.
M. Bourbeau: M. le Président, si on employait l'expression
"à charge", cela Impliquerait des déboursés, alors que
"prendre soin" n'implique pas nécessairement des déboursés
C'est plutôt dans le sens de s'occuper de l'enfant, d'être à
proximité de l'enfant sans qu'il y ait nécessairement des
déboursés. Ce sont des notions qui sont un peu..
Mme Vermette: M. le Président, cela me surprend beaucoup.
En fait, je comprends qu'on veut faire une distinction entre le rôle de
la femme et celui de l'homme. Généralement, les femmes prennent
soin des enfants et les hommes prennent charge des enfants ou paient pour les
enfants Et cela m'agace, ce genre de différenciation. On sait fort bien
qu'automatiquement, dès qu'on s'occupe d'un enfant, qu'on prend soin
d'un enfant, il y a des déboursés en fin de compte, peu importe.
Je veux bien croire que les femmes sont peut-être plus enclines à
donner gratuitement, mais il y a une certaine limite à faire des nuances
de cet ordre. Je veux bien croire qu'on amène la notion de conjoint
aussi Mais cela veut tout de même dire une différence entre femme
et homme.
M. Bourbeau: M. le Président, une explica tion
additionnelle.
Le Président (M. Audet): M. le ministre
M. Bourbeau: On me signale le cas, par exemple, d'une femme qui
serait à la maison avec quatre enfants et qui recevrait la pension d'un
homme qui vivrart en dehors Donc, les enfants seraient à la charge de
l'homme qui paierait entièrement pour faire vivre la famille L'homme
aurait les enfants à charge, mais c'est la femme qui en prendrait soin.
Notre intention, c'est de payer les prestations non pas à l'homme, mais
plutôt à la femme. Alors, la députée de Marie
Victorin comprendra que dans ces cas Je suis sûr qu'elle souhaiterait
même que les allocations soient payées à la femme et non
pas à l'homme qui les a à sa charge
Mme Harel: On retrouve à l'article 14 d'ailleurs, à
la section sur les versements, que les allocations sont versées, suivant
les modali tés, à la personne qui prend soin de l'entant
M. Bourbeau: C'est cela
Mme Harel: M. le Président, on arrive à
l'amendement que nous voulons déposer concernant le quatrième
alinéa. II pourrait se lire comme suit Remplacer le quatrième
alinéa. En fait, il s'agit du troisième.
Le Président (M. Audet): Le troisième, oui
Mme Harel: 'Remplacer le troisième alinéa de
l'article 2, édicté par l'article 2, par le suivant: Les enfants
conservent toujours leur rang dans la famille après que leurs
aînés ont atteint leur majorité", mais cela ce n'est pas
nécessairement au pluriel qu'il faut le mettre J'allais utiliser le mot
"nonobstant".
Une voix: C'est bien.
Mme Harel: "Les enfants conservent toujours leur rang dans la
famille nonobstant le droit de l'aîné à l'allocation
familiale. " Je sais. M. le Président, combien le simple usage du mot
"nonobstant" est susceptible d'ouvrir ici.
M. Bourbeau: de traumatiser un peu les membres de la commission.
M. le Président.
Mme Harel: Traumatisme. Non. je crois que je n utiliserai pas le
mot "nonobstant".
M. Bourbeau: II est toujours préférable de s'en
passer quand on le peut
Des voix: Ha, ha. ha!
Le Président (M. Audet): 'Nonobstant, le mot "nonobstant",
on pourrait peut-être mettre un autre mot.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de Maisonneuve
souhaiterait quon suspende quelques instants, M. le Président?
Mme Harel: Oui. s'il vous plaît, M. le Président
Le Président (M. Audet): D'accord. Nous allons suspendre
nos travaux une minute afin de permettre à la députée de
Maisonneuve d'écrire son amendement. Merci.
(Suspension de la séance a 23 h 31)
(Reprise à 23 h 36)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses
travaux. Mme la députée de Maison-neuve, vous avez la parole.
Mme Harel: M. le Président, il s'agirait de remplacer le
troisième alinéa de l'article 2. édicté par
I'article 2. par le suivant 'Pour l'application de la présente loi, les
cadets conservent toujours leur rang dans la famille". Et
l'ai vérifié le mot cadet, M. le Président...
M. Bourbeau: Qu'est-ce que la députée fait des
benjamins?
Mme Harel: C'est un qualificatif qui n'a pas d'incidence, puisque
le cadet se définit comme étant la personne qui, par ordre de
naissance, vient après l'aîné. Ou encore, le cadet signifie
le plus jeune. C'est marqué... Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau:... dans la définition, là. Ha, ha,
ha!
Mme Harel: Ha, ha, ha! Ou encore, on peut dire: "C'est le cadet
de mes soucis. " Le cadet et suivants... Alors, M. le Président,
l'amendement va plutôt se lire comme suit: "Les cadets et suivants
conservent toujours leur rang dans la famille. "
Le Président (M. Audet): D'accord. M. le ministre,
j'aimerais vous entendre sur cet amendement, étant donné
que...
Mme Harel: La recevabilité.
Le Président (M. Audet):... en vertu de l'article 192, si
un amendement engage des fonds publics, il ne peut pas être
présenté par un député, mais plutôt par le
ministre.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Une voix: Ha, ha, ha!
Une voix: M. le ministre...
M. Bourbeau: Toujours sur la...
Mme Harel: J'aimerais surtout savoir quel est le
coût...
M. Bourbeau: M. le Président, toujours sur la
recevabilité, bien sûr.
Mme Harel: Oui, sur la recevabilité. J'aimerais aussi
savoir, puisque vous invoquez un coût, M. le Président, si la
régie a évalué ce que représente le coût
d'une telle mesure. Une évaluation approximative me satisferait.
M. Bourbeau: Ha, ha, ha! M. le Président, est-ce qu'on
pourrait d'abord nous lire le projet d'amendement de la députée,
parce qu'il y a eu une petite modification.
Le Président (M. Audet): Alors, on a ici, c'est le dernier
paragraphe...
Mme Harel: Alinéa.
Le Président (M. Audet): Oui. Le dernier alinéa de
l'article 2, édicté par l'article 2 de la Section I, se lirait
comme suit: "Pour l'application de la présente lof, les cadets et
suivants conservent toujours leur rang dans la famille. "
M. Bourbeau: M. le Président, le projet d'amendement de la
députée de Maisonneuve nous dit que les enfants - enfin, je
présume que ce sont les enfants - conservent toujours leur rang dans la
famille. Mais, il faudrait que la députée de Maisonneuve nous
dise où est la disposition habilitante qui permet d'établir le
rang dans la famille. La députée, en faisant sauter le
troisième paragraphe, a fait sauter l'article de la loi qui nous disait
comment s'établissent les rangs dans la famille. Alors, pour pouvoir
introduire un article qui dit qu'on conserve un rang, il faudrait qu'on nous
dise avant comment s'établit le rang.
Mme Harel: A la naissance, évidemment.
M. Bourbeau: II faudrait introduire un nouveau paragraphe qui va
déterminer comment s'établit le rang dans la famille. Là,
nous avons un article qui dit: "Pour l'application de la présente loi,
le rang des enfants dans une famille s'établit... " on dit comment. En
faisant sauter ce paragraphe, on ne peut pas en introduire un nouveau sans dire
comment va s'établir le rang.
Pendant qu'on calcule les coûts additionnels
générés par...
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, pendant que la
députée considère ça... J'aimerais quand même
avant de me prononcer sur la possibilité de prendre l'amendement
à mon compte, que la députée nous dise comment cet
amendement fonctionnerait dans son esprit. Est-ce qu'elle peut nous
décrire un peu le fonctionnement de cette proposition?
Mme Harel: Je dois dire au ministre que la première
personne qui m'a parlé de ça, c'est la présidente des
Cercles des fermières, au mois d'octobre, cette année. Elle
m'expliquait, elle qui a, je pense, 12 ou 13 enfants, comment ce système
pourrait être mis en place. En vertu du projet de loi, le rang des
enfants va changer en tenant compte des plus âgés qui perdent le
droit à l'allocation. La proposition retenue dans les groupes qui ont
étudié cette question était de conserver toujours le rang
de l'enfant dans la famille
Évidemment, l'expression n'est peut-être pas tout à
fait juridique parce que je conçois que le rang peut lui même
être modifié dans le cas de familles reconstituées. Donc,
ce n'est plus nécessairement en faisant référence à
la naissance de l'enfant que l'on établit le rang. Il faut donc prendre
en compte, dans l'établissement du rang des enfants, le fait que...
L'idée centrale,
c'est que la perte du droit à l'allocation familiale à
cause de l'âge ne serait plus le facteur qui viendrait modifier le rang
des enfants subséquents.
M. Bourbeau: II n'y aurait plus de modification du rang. Un
enfant aurait son rang présumément à la naissance et le
conserverait. Le problème qui se pose... Supposons, par exemple, que
vous avez une famille de cinq enfants, chaque enfant a son rang et là,
les époux se séparent. La femme part avec les enfants de rang 1,
3 et 5, et le mari, avec ceux de rang 2 et 4. La femme se met en ménage
avec un autre homme qui, lui aussi, se retrouve avec des enfants de rang 1, 3,
5. Vous avez un homme et une femme qui ont tous les deux des enfants de rang 1,
3, 5. Alors, qu'est-ce qu'on fait avec les 1, 3, 5? Lequel de rang 1 passe
avant, lequel est le 2, le 3, le 5? Le député d'Ungava a
peut-être la réponse.
M. Claveau: Ah oui, il y a des solutions à tout, M. le
ministre, c'est évident. Quand on veut vraiment trouver une solution, on
en trouve une. Dans le cas des familles reconstituées, on peut
très bien reconstituer le rang des enfants selon leur âge et
chacun retrouve une place à l'intérieur de la nouvelle
famille.
M. Bourbeau: Le problème, c'est que l'âge varie,
évidemment, à chaque année et, là.
M. Claveau: Par âge relatif un envers l'autre.
Mme Vermette: Par âge chronologique.
M. Claveau: Votre 1. 3, 5, dans un cas, ça peut être
16, 14 et 8 et, dans l'autre cas. ça peut être 12, 7 et 3, par
exemple. Là, vous reconstituez une grille familiale selon I âge de
chacun des enfants. Quand on veut trouver des solutions, on en cherche. (23 h
45)
M. Bourbeau: M. le Président, le fondement de la
proposition de la députée de Maisonneuve, c'est que le rang est
gelé, II ne change pas. Le député d'Ungava est le premier
à proposer une modification à la règle
générale, à savoir que le rang changerait dès la
première reconstitution de la famille.
M. Claveau: Ma collègue, la députée de
Maisonneuve, a bien spécifié dans sa proposition qu'il pouvait y
avoir des variations, là où il y aurait des questions de famille
reconstituée ou de divorce. Mais on parle à l'intérieur
d'un noyau familial, quel qu'en soit l'origine ou la composition. On parle d'un
noyau familial. Si cette famille-là se dissout pour en constituer
d'autres, à ce moment-là on va reparier d'une nouvelle structure
familiale, d'un nouveau noyau. C'est dans cette optique-là que l'on
parle de stabilité ou de conservation d'un rang fixe à
l'Intérieur d'un noyau familial précis. S'il y a dissolution et
reconstitution, à ce moment-là c'est une nouvelle molécule
qu'on a, si le ministre est un peu fort en chimie.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Ungava, je voudrais relire l'amendement proposé par votre
collègue de Maisonneuve. II se lisait ainsi. "Pour l'application de la
présente loi. les cadets et suivants conservent toujours leur rang dans
la famille. "
M. Claveau: Dans la famille.
Le Prétident (M. Audet): Alors, vous allez vous ramasser
avec une famille où il y aura deux cadets. Cest un peu ça que
ça veut dire, dans le fond.
M. Bourbeau: M. le Président. Mme Harel: M. le
Président.
Le Président (M. Audet): SI on réfère
à ce que vous avez dit tantôt dans vos remarques
préliminaires quand vous parliez d'un enfant de 16. 14, 12. Je pense que
c'est un peu, comme vous le disiez tantôt, pour user le même linge.
Je ne sais pas si c'est ça que vous vouliez.
Des voix: Ha, ha. ha!
Le Président (M. Audet): Vous pariiez tantôt de
faire user le même linge du plus vieux jusqu'au dernier... Mme la
députée de Maison-neuve
Mme Harel: La, on a un beau cas, M. le Président,
où un règlement bien fait est bienvenu. Justement, on a le cas
patent où, sans doute, il ne faut pas introduire dans la loi ce qui doit
être ajusté par règlement. C'est dans ce que - vous
comprenez que toute règle doit souffrir des exceptions - finalement, mon
amendement, M. le Président, va consister à vous proposer de
biffer le troisième alinéa, tout simplement pour ne pas
spécifier dans la loi que le rang des enfants dans une famille
s'établit en ne tenant compte que de ceux qui ont droit à
l'allocation familiale. C'est ça finalement qui est le but de nos
travaux sur le projet de loi Ce qui est le plus utile pour tout de suite, c'est
que la loi ne prescrive pas une règle impérative à savoir
que, l'enfant âgé de 18 ans et plus perdant son droit aux
allocations familiales, le rang des autres enfants soit établi en
conséquence. Cest la règle impérative du troisième
alinéa. C'est cette règle-là qu'il faut finalement biffer
au profit peut-être tout simplement, en vertu de l'article 4, de la
détermination du barème établi par règlement. Je
répète que c'est une affirmation qui ne m'inquiète pas que
de prétendre, comme je le fais depuis le début de
nos travaux, que les barèmes des allocations doivent être
établis par règlement, mais pas les conditions. Dans la
détermination du barème, à ce moment-là on pourrait
prévoir ces situations. Mais c'est évident que si la loi, au
troisième alinéa de l'article 2, prescrit de façon
impérative que le rang des enfants s'établit en ne tenant compte
que de ceux qui ont droit à l'allocation, en ne tenant plus compte des
plus âgés qui n'y ont plus droit, là, la règle
Impérative fait qu'on ne peut pas ajuster le règlement.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il est évident que si
on fait tomber le troisième paragraphe de l'article 2 et qu'on ne
stipule plus dorénavant qu'on ne tient pas compte de ceux qui ont
atteint l'âge de 18 ans, cela va entraîner des coûts
faramineux pour le gouvernement étant donné qu'on va toujours
payer indéfiniment des montants d'argent à des enfants qui
pourraient n'être que le seul... Un enfant qui serait, par exemple, le
seul de moins de 18 ans, continuerait à être payé sur la
base du troisième enfant et la même chose pour le deuxième
enfant. Cela entraînerait des coûts importants et, dans ce
sens-là, M. le Président, je n'ai aucune autorité pour
introduire un tel amendement.
Mme Harel: M. le Président, je veux juste vous souligner
que mon amendement est recevable et vous allez voir pourquoi il l'est.
Le Président (M. Audet): Le dernier que vous avez
proposé, celui touchant le retrait du dernier alinéa?
Mme Harel: Oui. Et vous allez voir pourquoi il est recevable.
L'amendement proposant de biffer le troisième alinéa ne prescrit
rien d'autre que d'établir le barème en fonction de l'article 4.
En tant que tel, biffer le troisième alinéa n'indique pas un
coût quelconque. Le coût viendra du règlement
qu'édictera le gouvernement. À l'article 4, on y dit que "une
famille a droit à une allocation familiale mensuelle pour tout enfant
âgé de moins de 18 ans qui n'est pas marié... "
L'allocation est déterminée suivant un barème
établi par règlement et dont les montants peuvent varier. Et
j'attire votre attention sur les facteurs de variation, soit, paragraphe 1, le
nombre d'enfants, 2, l'âge de l'enfant et 3, le rang de cet enfant.
Donc, c'est au moment de la détermination du barème que le
gouvernement établira les coûts. Tout ce que je fais en biffant le
troisième alinéa, c'est retirer une disposition
Impérative, mais ça ne veut pas dire pour autant que le
gouvernement est obligé de dépenser. On retire juste la
disposition impérative, mais ensuite son pouvoir réglementaire
est complet et il pourra en disposer comme il l'entend en vertu des trois
paragraphes.
Dans ce sens, mon amendement est recevable. C'est évident que
juridiquement mon amendement est recevable. Il ne prescrit rien du tout comme
dépenses supplémentaires pulsqu'à l'article 4 le
gouvernement va établir le barème. Pour ma gouverne, je serais
très sérieusement intéressée à
connaître les coûts que ça représente. Ce n'est pas
le changement de système administratif. Combien cela peut-il
représenter?
M. Bourbeau: M. le Président, si on biffe le
troisième alinéa de l'article 2, on se trouve à
établir un système qui diffère de celui qu'on a
présentement et qui est entièrement harmonisé avec le
système fédéral. Si on s'en éloigne, on nous dit
que les coûts administratifs seulement seraient de 109
années-personnes, ce qui est quand même très important.
Seulement sur le plan administratif.
Mme Harel: Qu'est-ce que ça veut dire 109
années-personnes?
M. Bourbeau: Le salaire de 109 personnes pendant une
année.
Mme Harel: Ce sont uniquement les coûts administratifs.
Mais avez-vous une idée de l'évaluation des montants, des
versements, des prestations?
M. Bourbeau: M. le Président, on n'a pas les moyens
présentement de mesurer les coûts d'une telle proposition. On me
dit que ce serait extrêmement complexe. C'est presque impossible à
calculer dans le système actuel. Il y a deux conséquences
financières à la proposition. D'abord, c'est évident que
ça coûterait énormément plus cher, mais on ne peut
pas dire combien. Deuxièmement, même si la députée
avait raison de dire que sa proposition n'entraîne pas en soi des
coûts, il y aurait des coûts administratifs étant
donné qu'on devrait modifier la façon de procéder. Cela
entraînerait des coûts importants.
Mme Harel: Non. Je pense que le ministre n'a pas saisi mon
amendement. Mon amendement a simplement pour objet de retirer une disposition
impérative quant à la détermination du rang et laisse
l'entière initiative au gouvernement d'établir les barèmes
en fonction des facteurs qui sont décrits à l'article 4, y
compris le rang. Le gouvernement peut bien décider de maintenir que le
rang des enfants dans une famille s'établit en ne tenant compte que de
ceux qui ont droit à l'allocation. Rien n'interdit de le faire. Mon
amendement a pour objet tout simplement de biffer qu'il ne puisse pas le faire
et non pas qu'il soit obligé de le faire. Est-ce qu'on se comprend bien?
Mon amendement biffe la disposition impérative qui établit le
rang, mais il ne dit pas, c'est évident, que l'article 4 reste entier et
qu'en vertu de cet article le gouvernement a
l'initiative totale, le pouvoir, de déterminer le barème
en fonction des facteurs, y compris le rang.
M. Bourbeau: M. le Président, quant à nous,
l'amendement ne nous apparaît pas recevable. De toute façon, c'est
académique parce que si la députée de Maisonneuve cherche
un article pour faire son tour de piste de vingt minutes, elle le fera sur
l'article suivant, M. le Président. II n'y a pas de problème,
mais...
Le Président (M. Audet): Ce que j'aimerais.
M. Bourbeau: j'opine que, pour ici. ce n'est pas recevable quant
à nous.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, si on biffe, par
exemple, le dernier alinéa, est ce qu'on vient changer le principe de la
motion comme telle? Est-ce bien ce que vous dites? Est-ce qu'on change le
principe de la motion? Quand je parle de motion, je parte de l'article 2. Si on
enlève le dernier alinéa.
M. Bourbeau: M. le Président, je laisse ça à
votre bon Jugement. Quant à nous, je vous dis qu'il y a des Implications
financières à biffer ce paragraphe-là et qu'en
conséquence. cette initiative devrait être prise par le ministre
qui n'a pas l'intention de proposer l'amendement.
Le Président (M. Audet): Bon. Si cela engage des deniers
publics...
Mme Harel: Ce n'est pas parce que le ministre le dit, M. le
Président, que cela en engage.
Le Président (M. Audet): Ouf. mais.
Mme Harel: Regardez bien. Vous n'êtes pas obligé de
prendre pour du "cash" ce qu'aucun de nous dit...
Le Président (M. Audet): Non, non, Mme la
députée, ce n'est pas ça.
Mme Harel: ni moi, ni le ministre. Tout ce que je vous signale,
c'est que le fait de biffer n'implique aucun versement.
Le Président (M. Audet): Je pense que...
Mme Harel: L'effet de biffer n'a aucune conséquence sur
quelque montant d'argent.
Le Président (M. Audet): Ce que je veux vous dire
là-dessus, Mme la députée de Maison-neuve, c'est que deux
choses m'inquiètent. L'article 195 dit que seul l'auteur d'une motion -
et, dans le cadre de cette loi, l'auteur de la motion, c'est le ministre - ou,
avec sa permission, un autre député peut en proposer le
retrait.
C'est une chose. Je n'ai pas ici...
Mme Harel: Le retrait de quoi, M. le Président?
Le Président (M. Audet): Le retrait, biffer un article de
loi, des choses comme ça ou un alinéa ici, dans cet article de
loi, on ne parle pas d'alinéa, comme vous le soulevez. J'ai un peu
d'Inquiétude à ce chapitre parce qu'on n'a pas ici de
Mme Harel: Ah! Vous naurez pas, je pense à vous
Inquiéter parce que c'est une modalité.
L'article 2 porte sur la notion de famille et de conjoint L'article 2.
c'est la définition de la famille.
Le Président (M. Audet): Regardez. Laissez-moi terminer.
D'abord, le premier point. Si on tient pour acquis que l'auteur d'une motion
doit être le ministre, s'il veut en retirer ou en abroger une partie, je
pense que c'est lui qui doit le faire. C'est ce que nous dit l'article 195.
Mme Harel: On peut biffer.
Le Président (M. Audet): Un alinéa, mais je n'ai
pas ici de règlement...
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Audet): Un instant! Je n'ai pas ici de
règlement ou de choses qui me disent que... II y a eu des articles de
lois. Des députés ont déjà demandé à
des ministres, par exemple, lors de l'étude de projets de loi, de
retirer des articles de loi. mais cela a été refusé en
vertu de l'article 195. Oui, lisez l'article 195.
Deuxièmement, je n'ai pas.
Mme Harel: Non, non, je n'ai pas de doute que cela ait pu se
faire, mais dans le cas qui nous intéresse, c'est un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): C'est un amendement II y a un
article spécifique pour ça. Deuxièmement, ce qui
m'inquiète.
Mme Harel: Faites bien attention. En tout cas, je vous
engage.
Le Président (M. Audet): Un instant!
Mme Harel: à ne pas prendre de décision à ce
sujet pour ne pas faire de jurisprudence. On peut biffer par amendement.
Le Président (M. Audet): C'est mon travail et je le fais
au meilleur de ma connaissance et de mon jugement.
Mme Harel: Oui. Mais votre travail juste-
ment...
Le Président (M. Audet): Mais laissez-moi terminer...
Mme Harel: ici, là...
Le Président (M. Audet): Laissez-moi terminer. Si vous
voulez que Je dise quelque chose, laissez-moi terminer. J'ai demandé des
opinions de part et d'autre et je vais terminer.
D'abord il y a l'article 195. Deuxièmement...
Mme Harel: Est-ce que vous avez l'Intention de décider
tout de suite ou si vous nous émettez vos opinions. Vous avez une
obligation de résultat. Vous n'avez pas seulement l'obligation de vous
servir de votre Jugement. Vous avez aussi l'obligation d'Interpréter le
règlement.
Le Président (M. Audet): Si vous me laissez terminer, Mme
la députée, vous allez savoir ce que je veux vous dire.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Audet): J'ai demandé des opinions
de part et d'autre, ici, à la commission. Le ministre me dit que cela
engage des deniers publics. Je suis obligé de le croire en ce qui
concerné votre proposition comme telle.
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Audet): Bien, je prends sa parole. C'est
mon pouvoir et mon privilège de le faire. En vertu de l'article 192, je
suis obligé de vous dire que votre proposition est irrecevable. C'est ce
que je vous dis.
Mme Harel: En vertu de quoi est-elle irrecevable.
Le Président (M. Audet): En vertu de l'article 192 qui
dit: "Seul un ministre peut présenter une motion visant l'engagement de
fonds publics. " On me dit Ici que cela touche les fonds publics. Le ministre a
consulté des gens qui l'accompagnent. Alors, je dois croire ces
personnes, madame.
Mme Harel: Non. M. le Président, je regrette infiniment
mais...
Le Président (M. Audet): Madame, vous n'avez pas à
contester ma décision. Je viens de la rendre. Elle est rendue. Alors,
cet alinéa...
Mme Harel: Écoutez, je regrette infiniment...
Le Président (M. Audet): Votre motion n'est pas recevable,
Mme la députée.
Mme Harel:... mais vous n'avez malheureusement pas agi comme on
s'attend qu'un président agisse. Vous n'avez pas, comme
président, à prendre inconditionnellement les propos d'aucun de
nous, y compris du ministre.
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve devrait
savoir qu'on ne peut pas contester la décision d'un
président.
Mme Harel: L'article 192 ne vous fait pas obligation de demander
au ministre ce qu'il en pense et, après, d'adopter son point de vue.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Audet): Non, mais c'est mon rôle de
consulter de part et d'autre...
M. Bourbeau: Mme la députée de Maison-neuve devrait
respecter le règlement.
Le Président (M. Audet):... pour connaître les
Intentions, les objectifs d'une motion, etc., et les conséquences
qu'elle apporte. M. le ministre, vous voulez ajouter quelque chose? Allez-y
donc. Il nous reste une trentaine de secondes.
M. Bourbeau: J'allais plaider mais votre décision est
rendue, M. le Président. Alors, je me soumets à votre
décision, étant très respectueux du règlement.
Le Président (M. Audet): Je vous remercie, M. le ministre.
Alors, étant donné que le temps est écoulé, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)