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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît
La commission a pour mandat de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 34, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et d'autres dispositions
législatives.
Nous en étions à l'article 149. 15. 1. Excusez-moi. Avant,
il y a les remplacements, s'il vous plaît.
La Secrétaire: Oui. Mme Harel (Maison-neuve) est
remplacée par M. Claveau (Ungava); Mme Juneau (Johnson) est
remplacée par M. Chevrette (Joliette); M. Sirros (Laurier) est
remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert).
La Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain (suite)
Le Président (M. Bélanger): Bien, merci. Alors,
nous en étions à l'article 149. 15. 1 qui se lit comme suit: Tout
propriétaire d'ambulances qui conclut un contrat de location
d'ambulances avec la corporation s'engage à mettre à la
disposition exclusive de celle-ci les ambulances prévues au contrat aux
points de services et seion les horaires déterminés par la
corporation. " C'était un amendement de M. le ministre, si je ne
m'abuse.
Je n'étais pas là jeudi; où en était la
discussion?
M. Dutil: Si je me rappelle bien, on était sur le point de
voter.
M. Chevrette: M. Claveau avait 12 minutes de faites sur
l'amendement. Est-ce que tu veux renseigner le ministre sur ce qui s'est
passé?
M. Dutil: Je pensais qu'on était sur le point de voter sur
cet article-là.
Le Président (M. Bélanger): II y a seulement M.
Claveau qui avait parié pendant 12 minutes.
M. Dutil: Et lors de remplacements, ■ le remplaçant
finit le temps de celui qui avait commencé.
Une voix: Oui.
M. Chevrette: II a remplacé Mme Harel. Lorsqu'il arrivera,
il aura 8 minutes.
M. Dutil: Si je comprends bien, on aura droit à 20
minutes, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): il y aura 20 minutes
à M. le député de Joliette et il restera 8 minutes
à M. le député d'Ungava, s'il revient.
M. Chevrette: Et Mme Vermette aura 20 minutes si elle arrive.
Le Président {M. Bélanger): Oui elle a droit
à 20 minutes si elle est là. M. Blais a aussi droit à 20
minutes.
M. Chevrette: Au cas où Mme Blackburn descendrait.
Le Président (M. Bélanger): Et M. le
député de Terrebonne aussi y a droit. Je vous en prie,
procédez.
M. Chevrette: J'ai une question à poser au ministre avant
de faire mon intervention sur l'amendement présenté par le
ministre. Selon l'articie 149. 15. 1 - c'est une correction de
numérotation, je suppose, parce que j'avais 149. 16 - il dit que les
horaires de travail seront déterminés par la corporation, dans
son amendement. Comment pouvez-vous concilier cette rédaction avec la
clause qu'a signée M. Jean-François Munn avec la CSN?
M. Dutil: C'est-à-dire que la corporation doit tenir
compte des négociations qu'elle a avec ses employés,
évidemment. Lorsque les négociations sont terminées dans
une corporation et qu'il y a un contrat collectif, elle détermine les
horaires qui doivent respecter les aspects qu'on pourrait retrouver dans une
convention collective.
M. Chevrette: En d'autres mots, l'esprit de la proposition qui
est là, c'est que tout propriétaire d'ambulances qui conclut un
contrat de location d'ambulances avec la corporation s'engage à mettre
à la disposition exclusive de celle-ci les ambulances prévues au
contrat aux points de services et seion les horaires négociés
entre la corporation et les syndicats.
M. Dutil: C'est-à-dire qu'il faut se rappeler le contexte
du projet de loi qui fait que les techniciens ambulanciers deviennent les
employés de la corporation. Donc, il faut s'attendre que, quant à
la négociation des horaires des employés, c'est entre la
corporation et les employés que ça se déterminera.
M. Chevrette: Vous ne voyez pas une ambulance se promener toute
seule?
M. Dutil: Notre travail avec les propriétaires
d'ambulances, c'est d'obtenir les ambulances aux horaires qu'on
détermine. Les ambulances ne se promènent pas toutes
seules...
M. Chevrette: C'est ça. Donc, c'est...
M. Dutil:... contrairement à ce que dit le chef de
l'Opposition et à ce qu'aurait certainement dit M. le
député d'Ungava.
M. Chevrette: Le député d'Ungava aurait pu vous
parler...
M. Dutil: Des charrues en grève.
M. Chevrette:... de la grève des ambulances, comme il vous
en a déjà parlé. C'est parce qu'un champ de juridiction,
ça... Si j'interviens sur ce point, si je pose la question au ministre,
c'est qu'un champ de juridiction peut être exclu
précisément par législation. Tel que stipulé et
libellé ici, est-ce que... Je sais, pour avoir lu les deux conventions,
celle de la CSN et celle de la FTQ - j'invite les parlementaires à le
faire - qu'il y a des nuances très appréciables dans les deux
cas. Il y a des clauses de la CSN qui sont intéressantes par rapport
à la FTQ qui démontre que ce n'est pas le même contenu.
Je dois vous avouer que j'aurai des questions tantôt, parce que
j'ai mis la main sur une lettre d'entente, qui sont bien importantes. Cela fait
partie intégrante des conventions collectives, donc, droit au grief.
J'aurai des questions très précises, vu que c'est fait au moment
où on est en train de bonifier un projet de ioi. C'est évident
que j'aurai des questions très précises à poser au
ministre sur ce qui a été conclu en l'absence des
propriétaires à une table, et auquel on est en train de les lier
par projet de loi.
Est-ce que le ministre prétend que, te! que libellé,
l'article de loi peut soustraire de la négociation la question des
horaires?
M. Dutil: ici, on parle de location d'ambulances, de
véhicules, on parle d'horaires des véhicules. Il est
évident que la corporation dans son fonctionnement quotidien a des
horaires d'employés à affecter à ces véhicules et
que ceia doit se faire en fonction des négociations qui se feront avec
les employés qui auront convenu d'une façon de
procéder.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre est en train de nous dire
qu'il y aura deux types d'horaire: un horaire de disponibilité du
matériel roulant et un horaire de travail qui serait différent
pour les techniciens ambulanciers9
M. Dutil: II est évident, M. le Président, que
l'horaire des techniciens ambulanciers doit s'appliquer à l'horaire des
véhicules que nous demandons, qui doivent être
opérés en temps requis. Ce qui peut être modifié,
c'est que cela peut être des techniciens ambulanciers différents
en se basant toujours sur cet horaire de base qui est celui des
véhicules demandés. Cela peut être des techniciens
ambulanciers différents en fonction de la convention collective et le
chef de l'Opposition comprendra très bien que, par exemple, un
technicien ambulancier qui était prévu à un horaire peut,
par la convention, voir son horaire modifié parce qu'il s'est servi de
la convention pour obtenir un congé social, par exemple, à la
suite d'un décès ou un congé parental à la suite
d'une naissance, etc. Il est évident que l'horaire des employés
doit cadrer avec l'horaire des véhicules, mais que les personnes qui
seront affectées à cet horaire peuvent être
différentes en fonction des diverses clauses de la convention
collective.
Le Président (M. Blais): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je vais donc déposer
un amendement, à l'articie 149. 15. 1 dont l'esprit va être le
suivant, à la dernière ligne "Selon las horaires
déterminés par a corporation et le syndicat". C'est ceia, c'est
déjà conclu, vous ne nous ferez pas gober autre chose. C'est dans
la convention collective que vous avez déposée quelque chose
comme deux ou trois mois après qu'ils l'ont eue dans les mains. On sait
qu'ils ont déterminé les horaires et que c'est négociable;
donc, qu'on dise: Selon l'horaire défini dans les conventions
collectives ou par la corporation et le syndicat, Mais je pourrais
peut-être écrire "selon les horaires tels que définis par
la convention collective", ce serait peut-être plus précis parce
que vous avez concédé ce pouvoir ou ce droit de négocier
cela. Ce champ d'action est déjà couvert dans les faits par le
syndicat, puisqu'il a négocié sa participation à la
confection de l'horaire. Donc, en l'écrivant dans la ioi, ce pourrait
être une source de chicane. Dieu sait qu'à Montréal... Le
ministre le sait, il ne cesse de nous répéter combien c'est
contentieux, c'est litigieux, les relations du travail à
Montréal.
M. Dutil: Est-ce qu'on discute de l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Blais): Excusez, M. le chef de
l'Opposition...
M. Chevrette: Je serai de retour dans 30 secondes.
M. Dutil: Mais pour le temps.
Le Président (M. Blais): Je voudrais savoir si vous
remplacez "les horaires déterminés par la corporation" par "les
horaires selon les conventions collectives"; c'est ça que vous voulez
remplacer?
M. Chevrette: Oui, dans l'esprit... Je vous !e rédige tout
de suite et je vous le donne.
Le Président (M. Blais): On va attendre, un
peu de patience. M. le ministre, avez-vous quelque chose à
rajouter?
M. Dutil: Non. Il n'y a pas de problème. Le chef de
l'Opposition peut continuer sur son temps avant l'amendement.
M. Chevrette: Non, non.
M. Dutil: Le temps cesse de courir, si j'ai bien compris,
"ô temps! suspends ton vol... "
Le Président (M. Blais): Vous savez, en commission
parlementaire, le temps court toujours et pas toujours sur les mêmes
articles: parfois, ce sont des articles simples; parfois, ce sont des articles
élidés; parfois, ce sont des articles contractés.
M. Chevrette: Sur la recevabilité, je suis prêt
à plaider.
Le Président (M. Blais): Alors, nous recevons
l'amendement. Remplacer les mots "déterminés par la corporation"
par les mots "déterminés par la convention collective".
M. Dutil: Alors, la recevabilité est plaidée par le
chef de l'Opposition. J'aimerais intervenir en une ou deux phrases. C'est
qu'évidemment on parle des propriétaires d'ambulances et on parle
de la mise à la disposition des véhicules et non des horaires des
employés. Donc, je ne sais pas, quant à la recevabilité,
si cela la met en cause, mais il est absolument incorrect, à mon point
de vue, de venir mêler dans ce paragraphe un texte qui concerne les
propriétaires d'ambulances et leurs véhicules avec les horaires
des employés qui seront ceux de la corporation,
éventuellement.
Le Président (M. Blais): M. le chef de l'Opposition?
M. Chevrette: M. le Président, depuis le début que
le ministre dit: Une ambulance, c'est conduit par quelqu'un. C'est clair qu'une
ambulance ne t'attendra pas au coin de rue. Il faudra que quelqu'un
l'amène au coin de rue. C'est évident. Et lui-même, aussi
logique que ça puisse paraître, a concédé ce
droit-là, ce champ de négociations aux parties. Ces deux
briques-là ont été signées en l'absence, les trois
quarts du temps, des employeurs et stipulent que les horaires de travail sont
négociés. Elles disent comment et exactement les
modalités. D'ailleurs, c'est écrit dans un des documents du
RETAQ. Cela a été négocié en l'absence des
employeurs par Jean-François Munn, seul, le représentant des
employeurs. C'est écrit dans les documents du RETAQ.
C'est donc un objet de négociation. Le ministre voudrait marquer
ici "par la corporation", lui qui veut éviter... Il fait tout ce projet
de loi 34 pour éviter les conflits à Montréal. Ce ne sont
pas des farces, c'est son objectif. Il a même dit qu'il voulait doter
l'OSBL d'un pouvoir d'exploitation d'un système d'ambulances parce que
c'est tellement litigieux, les relations du travail à Montréal,
M. le Président, que si, tout à coup, on décidait de ne
pas conduire - j'allais dire "chauffer", si je dis "chauffer", tout le monde
comprend quand même - une ambulance de la coopérative, l'OSBL
aurait ses ambulances, peut-être bien que Cotton ne permettrait pas de
"chauffer" les siennes, mais de "chauffer" celles... Là, il vient dire:
Non, non, c'est la corporation... C'est vrai qu'ils vont contrôler toute
la corporation, par exemple. Là, il a raison. Mais, dans les faits, on
tient pour acquis que cela va être honnête, que cela ne sera pas
contrôlé. On tient pour acquis que Mario Cotton ne siégera
pas, en vertu de la loi, comme membre du conseil d'administration, comme
propriétaire parce qu'il a des coopératives et comme
syndiqué parce qu'il a des syndicats. On ne tient pas pour acquis qu'il
en chapeaute trois. On tient pour acquis que toute cette affaire va être
correcte. Si tout est correct, le ministre n'a pas le droit d'essayer de
soustraire un objet de négociation qui deviendrait une source de conflit
puisque, dans les faits, c'est négocié. Donc, je prétends
que non seulement il devrait plaider pour la recevabilité, mais il
devrait plaider pour sa propre cohérence.
Le Président (M. Blais): Est-ce que vous avez quelque
chose à ajouter à ce sujet?
M. Dutil: Absolument pas, M. le Président.
Le Président (M. Blais): Je crois... Je ne crois pas, mais
je suis persuadé que l'amendement est recevable. Je donne la parole
à M. le ministre ou à M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blais): Vous avez une demi-heure.
M. Dutil: 20 minutes.
Le Président (M. Blais): Un instant! Vous avez 20
minutes.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Vous m'avez fait
peur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président, si je présente cet
amendement - vous comprendrez que mon argumentation ne prendra pas 20 minutes
-c'est pour les motifs suivants: pour ce qui est de la recevabilité,
j'ai carrément parlé du fond, à toutes fins utiles.
Souvent, en plaidant sur la recevabilité, on se rend compte qu'on
doit
plaider sur le fond parce que cela va de soi. Mais rappelons un peu les
faits.
Il est évident que c'est un contrat que les employeurs, les
propriétaires vont signer avec l'OSBL, mais un contrat qui est
subordonné à une foule de contraintes. Ce qu'on est en train de
faire ici, c'est de fixer une assise égale autant au contrat des
propriétaires qu'à celui des employés. Dans les faits - on
vit dans un dilemme, ici - le ministre essaie de légiférer a
posteriori. En d'autres mots, il a fait son lit, il s'est couché, il a
pataugé dedans. Il a concédé un paquet de choses. Il a
choisi ses draps, sa taie d'oreiller, la couleur, son couvre-lit. Il est
bardé comme il faut. Et il dit: Maintenant, légalisez-moi tout
cela. C'est un peu ce qu'il dit. Nous, notre rôle d'Opposition est de le
démasquer, de dire: Votre petit lit trois quarts, c'est peut-être
un peu étroit pour vous et le président du RETAQ.
Une voix:... dans des draps de coton.
M. Chevrette: II fait chaud ici. M. le Président, le
ministre ne peut pas, après avoir posé des gestes,
légiférer à rencontre des gestes posés. Je me
souviens très bien qu'un des arguments clés du ministre a
été le suivant. S'il légiférait par le projet de
loi 34, c'était d'abord parce qu'il y avait un régime de
relations du travail tendu à Montréal. On pensait, même si
l'argumentation dans les notes explicatives du projet de loi 34 était la
qualité des services en région et tout le "kit"... On se rend
bien compte que tout ce projet de loi a été conçu pour
essayer de régler la question de Montréal, point. Pas plus.
Dans les faits, le ministre a déjà engagé son
président. M. Lamarche est engagé depuis - je ne sais pas - six
ou sept mois. Il est dans les corridors d'un bureau d'Urgences-santé
à Montréal. C'est lui qui mène, dans les faits. C'est
clair. Ils ont négocié malgré que le 5 juillet dernier Me
Guy Tremblay ait envoyé une lettre au président en disant qu'il
n'avait pas le mandat de négocier. Et il ne l'a toujours pas. Ils ont
négocié des ententes. C'est écrit noir sur blanc que les
horaires de travail sont négociés.
Le ministre dit que c'est la corporation qui négocie mais, ce
qu'il ne dit pas, c'est que c'est la corporation qui négocie, mais elle
n'est qu'une des deux parties. Il a beau y avoir des gens qui ont trois
chapeaux qui siègent au conseil d'administration de la corporation, ce
n'est même pas la corporation qui a négocié en plus de
cela. Ce n'est même pas le CRSSS de Montréal qui a
négocié cela et ce n'est même pas le nouvel OSBL qui a
négocié cela, U n'est pas reconnu légalement, on peut se
le dire. Ce ne sont même pas les employeurs qui ont négocié
cela, parce qu'ils avaient un mandat le 5 juillet de dire: Vous n'avez pas le
droit de nous représenter. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est le
RETAQ, dans deux lettres. Il dit: La partie patronale était
représentée par Jean-François Munn qui tient à nous
dire que toute entente devra être ratifiée par les employeurs
parce que, juridiquement, notre table n'est pas reconnue. Rappelez-vous tout ce
que ie ministre a dit en commission en juin, les employeurs étaient
toujours là. Quand je lui posais des questions en Chambre, les
employeurs étaient toujours assis là. Jean-François Munn,
lui-même, dit que c'est vrai qu'il était tout seul. Le RETAQ
écrit qu'il n'y avait que Jean-François Munn devant lui.
À un moment donné, il y a une question de
crédibilité dans cela, M. le Président, c'est très
important, c'est une question d'honnêteté Intellectuelle. Quand on
répond à une question en Chambre et qu'on dit à du monde
que les employeurs ont toujours été assis là, qu'on a une
lettre dans les mains comme quoi on retire un mandat, qu'on a un document du
RETAQ qui dit que seui Jean-François Munn représentait les
employeurs, qu'on a Jean-François Munn qui dit: "Écoutez, moi, je
n'ai juridiquement pas le pouvoir mais j'ai été mandaté
par le ministre de le faire", il y a quelqu'un qui ne dit pas la
vérité, quelqu'un qui arrondit les coins. Il y a quelqu'un qui
affirme le contraire de ce qui s'est fait. Vous savez, en droit parlementaire,
je n'ai pas le droit de dire quel est le synonyme de tout cela, ce que je viens
de dire, mais c'est cela qui est arrivé dans les faits. Ce ne sont pas
des farces, c'est cela.
Là, le ministre vient nous faire accroire dans sa proposition que
la corporation va décider seule des horaires, qu'elle va signer un
contrat avec les employeurs en disant aux employeurs: C'est moi qui fixe des
horaires. C'est faux. C'est contraire à la vérité. C'est
déjà fixé dans les conventions de travail. C'est
déjà signé avec le RETAQ. C'est déjà
signé avec les coopératives. Ce n'est pas signé avec les
employeurs, et je comprends que ce ne soit pas signé avec les
employeurs, ils n'ont pas de mandat de négocier, seulement.
Imaginez-vous, dans le même gouvernement, M. le Président - vous
jugerez vous-même de la farce - vous avez un ministre qui, au mois de
septembre, annonçait une entente de principe, qui, au mois d'octobre,
annonçait à nouveau la même entente de principe et, une
journée et demie après avoir annoncé sa deuxième
entente de principe qui est sa première dans le fond, les employeurs
demandaient la conciliation au ministre du Travail du même gouvernement.
Y a-t-il quelque chose qui accroche à quelque part d'après vous?
Comment un groupe d'employeurs, soi-disant assis à la table de
négociations depuis le début, soi-disant dans les couloirs avec
le médiateur ou le représentant du patron depuis le
début... Ce ne sont pas des farces, le ministre se pète les
bretelles: Entente de principe. Il l'avait annoncée le 22 septembre,
mais il s'est fait jouer un tour le 22 septembre, le ministre, il faudrait
rappeler cela. D'ailleurs, je n'ai pas eu la chance encore de le dire,
celle-là, elle n'est pas pire.
Le 22 septembre, le ministre annonce par un beau communiqué de
presse une entente de principe. Le syndicat convoque la réunion et, au
bout de 15 à 20 minutes, il dit: On accepte l'entente de principe
à deux conditions, sans présenter la totalité. Les
conditions, c'est que le ministre paie le régime de retraite et la
demi-heure du lunch. Là, ils ont applaudi et ont voté
là-dessus. Le ministre a annoncé une entente de principe, mais
l'entente de principe qui a été ratifiée le lendemain du
22, ce n'était pas celle que le ministre avait annoncée. C'est
une entente de principe, moins 6 000 000 $ ou 7 000 000 $. C'est clair. Je ne
sais pas si cela a été ratifié par le Conseil du
trésor par la suite, on pourra s'en reparler, mais ce n'est pas ce qui a
été ratifié par les syndiqués. Cela changeait tous
les jours. Les syndiqués avaient cela en main; je l'ai obtenue d'un
syndiqué. Croyez-le ou non, le 6 octobre, la corporation des
propriétaires ambulanciers écrivait pour lui dire: "M. le
ministre, étant donné que vous avez annoncé une entente de
principe, il serait peut-être bon que l'on sache que vous avez
signé pour et en notre nom sans nous le dire. Pourriez-vous nous en
envoyer une copie?" Savez-vous quand ils en ont reçu une copie? Quand
j'ai convoqué le ministre à une interpellation, à la fin
d'octobre. Je convoque le ministre à une interpellation le matin... La
veille, je ne dirai pas à qui j'ai parlé au bureau du premier
ministre, mais je lui ai dit: Ne trouvez-vous pas que c'est indécent que
votre ministre ait annoncé à deux reprises des ententes de
principe et que les propriétaires n'aient pas encore une copie de ladite
entente? Il dit: C'est indécent, cela n'a pas d'allure. Mais savez-vous
quand ils l'ont reçue? À 18 heures le soir de l'interpellation,
ce vendredi de fin d'octobre, et c'est le 22 septembre qu'était
censée être signée l'entente de principe.
Si on appelle cela jouer correctement, "fair play", respecter les
parties, respecter l'esprit du Code du travail, parce que ces gens-là
sont accrédités en vertu du Code du travail. Si le ministre
voulait, il n'aurait même pas affaire là. Il laisserait le
ministère du Travail jouer son rôle de médiateur et de
conciliateur. Là, ce n'est pas cela, le ministre s'est substitué
aux parties. Les parties lui ont même enlevé le mandat de conclure
pour et en leur nom une entente. Le ministre a misé sur le fait qu'il y
avait des coopératives qui étaient à la fois syndicat et
employeur, en même temps. Il a signé avec eux, envoyé
paître tout le monde et on se retrouve devant une situation où il
y a des conventions collectives signées avec le ministre et où le
pouvoir de négocier les horaires est dedans. Là, il ne veut
même pas l'inclure dans sa loi. Je dis: Au moins, tu seras
cohérent et logique. Si tu t'es planté un doigt dans l'oeil,
c'est regrettable, mais tu vas te le gratter toi-même. C'est
évident. Il sera cohérent avec ce qu'il a signé, il a
signé que c'était négocié entre les parties. C'est
le tout. Quand un objet devient négociable, il devient donc soumis aux
parties et le fruit d'un objet soumis aux parties fait un contrat collectif ou
une convention collective. C'est exactement mon amendement. Je dis aux gens: il
y a des situations de fait, des choses qui se sont produites, des
réalisations concrètes et le ministre essaie de les nier a
posteriori en essayant de faire croire aux propriétaires que la
corporation fixera cela. Savez-vous qui est la corporation? Le jour où
il y aura un monopole... Je vais vous expliquer qui est la corporation. Il
faudrait quasiment lire exactement ce qu'il y a dans ça. C'est plus
intéressant de laisser parler le RETAQ que de parler moi-même.
Que nous dit le RETAQ? Il dit: Le gouvernement, pour une fois, se montre
intelligent. Il nous assure que M. Lamarche, ancien conseiller du
président de la CSN, sera président du nouvel OSBL. Donc, le "key
man" le P. -D. G. de l'OSBL sera M. Pierre Lamarche, engagé avant
même que les parlementaires soient saisis du projet de loi 34 et,
ça, le président le comprendra, étant parlementaire
lui-même. Je suis persuadé que le président comprendra cela
facilement. Un P. -D. G. a tous les pouvoirs administratifs et politiques, s'ii
est président-directeur général, ce qui est nouveau
d'ailleurs dans le réseau. Ordinairement, ce sont des D. G. dans le
réseau des affaires sociales et de la santé. Le nouvel OSBL sera
P. -D. G. et devient l'homme clé de cet OSBL Oui, monsieur. Là,
il y aura des employeurs et il y aura des syndiqués. Cela peut
être un membre de coopérative qui est à la fois
syndiqué, qui va siéger pour représenter l'employeur.
Cela, c'est une situation de fait. (10 h 45)
II y aura des membres du syndicat qui peuvent être à la
fois des employeurs et des employés, parce qu'il y a des
coopératives. Il y aura des syndiqués à la CSN. Le
personnel infirmier va être représenté également et
les autres professionnels qui sont tous syndiqués à la CSN. Il y
a une, deux ou trois personnes de l'extérieur de ce joyeux beau monde.
Cela va être quoi tantôt, cet OSBL? Cela va être une bibite
à regarder de très près, à gratter annuellement et
à surveiller constamment, parce que ce seront des gens en conflit
d'intérêts de A à Z, d'alpha à oméga.
Ce beau monde va fixer les horaires. C'est vrai que le ministre a
peut-être dit... Écoutez, je viens de comprendre. Cela me tente
quasiment de retirer mon amendement, d'ailleurs; je viens de comprendre
pourquoi le ministre a écrit ça. Il a dit: Dans les faits, ils
vont tout gérer. Pourquoi dirait-on la corporation et le syndicat? C'est
le même monde. Dans les faits, pourquoi dirait-on que ce sont les
conventions collectives, puisque...
Le Président (M. Blais): Est-ce que vous retirez votre
sous-amendement?
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Blais): Non? D'accord.
M. Chevrette: Non, je veux montrer la logique du ministre, par
exemple. Il se démasque peut-être lui-même en
déposant cet amendement, parce qu'il se dit: Bien oui, cela va
être le même monde. Quand bien même je dirais que c'est la
corporation, ils siègent à la corporation, ils siègent au
syndicat et ils siègent au patronat. C'est le même monde,
écrivons corporation. Mais iI s'adonne qu'il reste quelques travailleurs
affiliés à la FTQ dans ça qui peuvent vouloir, eux aussi,
avoir les droits des autres. Ils y ont droit et c'est pour ça que je dis
"convention collective" parce que s'il n'écrit pas "convention
collective", il pourrait ne décider des horaires qu'avec le RETAQ, sans
se soucier des autres syndiqués.
Il veut étendre son système d'OSBL un peu partout au
Québec. Je ne suis pas sûr que, tantôt, des gens ne se
réveilleront pas pour dire: Le monopole syndical, c'est assez; on va
peut-être faire autre chose, nous aussi. Je ne suis pas sûr. Je
trouve, personnellement, que mon amendement permet au ministre d'être
très cohérent, d'être logique et de légaliser a
posteriori, mais de légaliser les faits, au moins, tels qu'ils existent.
Je veux lui donner une chance de répliquer un peu à
ça.
Le Président (M. Blais): M. le ministre.
M. Dutil: J'avais discuté de la recevabilité de cet
amendement tout à l'heure, parce que ce n'était pas
approprié de parler de convention collective quand on parle d'un contrat
avec les propriétaires pour des ambulances. Alors, tout ce qui est
écrit ici, c'est que ce sont les propriétaires qui ont conclu un
contrat de location, qui mettent à la disposition de la corporation les
ambulances prévues aux points de services et selon les horaires
déterminés. À la suite de ça, l'horaire de ceux qui
travaillent dans ces ambulances vient se greffer, bien sûr. Mais ce n'est
certainement pas dans cet article que ça doit se placer. Merci.
Le Président (M. Blais): Est-ce qu'il y en a d'autres qui
aimeraient avoir le droit de parole?
Mme Vermette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Blais): Mme la députée.
Mme Vermette: Ce matin, on reprend avec toujours le même
auteur du projet de loi et, encore là, on essaie de comprendre la fin de
ce projet de loi qui nous semble de plus en plus rendu ténébreux,
scabreux. Il nous semble de plus en plus que les jeux ont déjà
été joués, avant même qu'on arrive à la
sanction de ce projet de loi. C'est pourquoi il nous semble important
d'apporter les correctifs qui s'imposent pour empêcher que cette paix
syndicale à laquelle on aspire ne dégénère en un
conflit vraiment très dramatique pour l'ensemble de notre
société québécoise.
C'est réellement un des aspects qui est à
privilégier ici, c'est-à-dire que cette paix syndicale ne se
fasse au détriment d'un groupe par rapport à un autre. C'est
inadmissible, dans une société démocratique, qu'on
favorise une partie plutôt qu'une autre et c'est un peu ce qui se passe
à l'heure actuelle. À Montréal, si on connaît bien
la situation, il y a un groupe de syndiqués qui ont un certain monopole
de "membership" dans le domaine hospitalier. C'est ordinairement avec ce groupe
qu'on a le plus de problèmes, parce qu'il a un pouvoir réel de
négociations de par son nombre. Ce nombre fait peur et on essaie de
contenir ou de contraindre un petit peu les différentes
difficultés qu'on a eu à subir au cours des dernières
années, avec les négociations qui reviennent assez
régulièrement.
Plutôt que d'arriver à une situation de négociation
normale, on a finalement devancé le dénouement et on a fait en
sorte qu'à l'intérieur de certaines négociations entre,
d'une part, un représentant du gouvernement qui s'appelle M.
Jean-François Munn et, d'autre part, les syndiqués, on trouve
à un simili d'entente, entente qui est vraiment paraphée, qui est
inscrite en noir et blanc et qui tient lieu d'orientation et d'argumentaire
pour les gens qui veulent faire valoir leur gain par rapport à cette
entente. Nous disons que c'est dangereux parce que ce sont toujours les
mêmes personnes qui sont en cause et ces mêmes personnes jouent sur
tous les plans et elles ont la chance de faire valoir leurs orientations, leurs
idées et leurs points de vue.
Il n'y a place pour absolument aucune autre possibilité. Il n'y a
pas de place pour la flexibilité car, au fond, les propriétaires
qui sont tantôt employés et ces employés qui sont
tantôt propriétaires se retrouvent, finalement, au conseil
d'administration, à la direction et aussi comme prestataires de
services. Cela devient très dangereux parce qu'on sait que, quand on
crée un monopole, il y a évidemment un pouvoir de
négociation qui se réduit parce qu'on est toujours en
présence des mêmes personnes. C'est toujours le rapport de forces
qui est réduit considérablement pour le ministre ou pour le
gouvernement comme tel, puisque ce sont les gens qui doivent administrer la loi
qui imposent leur volonté.
Dans ce sens-là, on trouve que c'est inadmissible et,
évidemment, que la corporation en mène déjà assez
large comme ça. On devrait revenir à des principes beaucoup plus
démocratiques. Regardez les valeurs reconnues dans le monde syndical
lors des négociations, c'est-à-dire les conventions collectives,
elles ont toujours été faites d'une façon
négociée entre le côté patronal, les employeurs et
les employés pour arriver justement à une entente qui favorise
autant une partie que l'autre. Ici, on ne sait plus qui est qui
parce que, finalement, ça prend toute la même forme, la
même couleur et le même moule. C'est cette distinction qu'il est
important de faire ressortir: qui fait quoi et qui est qui.
Actuellement, nous trouvons qu'il n'y a plus rien qui transpire à
ce niveau-là et ça met aussi en cause les autres syndicats qui
existent. Si on veut au Québec une paix syndicale, à mon avis, il
est important de considérer l'ensemble des différents syndicats
existants et c'est seulement à ce prix qu'on aura notre paix syndicale
et sociale. Ce n'est pas vrai que, si on affaiblit un syndicat par rapport
à un autre, on arrivera justement à cette paix syndicale tant
escomptée et si importante pour l'ensemble des Québécoises
et Québécois.
Nous trouvons que c'est aussi dans le respect de cette même
démocratie qu'il faut tenir compte des différences en
présence. Il faut tenir compte aussi des différences entre
groupes syndicaux. Il ne faut pas donner tous les cadeaux aux mêmes, mais
il faut faire ça dans un esprit d'équité, qui favorise
davantage les objectifs qu'on se fixe dans notre société,
c'est-à-dire de faire en sorte que la population puisse recevoir les
meilleurs services possible dans le domaine hospitalier, y compris à
Montréal, y compris dans les régions les plus
éloignées. C'est cet objectif qui est important et c'est ce qui
nous semble le plus menacé à l'heure actuelle, parce que le
libellé de tout ce projet et les différents articles fait qu'on
arrive beaucoup plus à une certaine hégémonie. Finalement,
on considère que le monopole devra faire place à une libre
entreprise qu'on crée. Les mêmes gens sont toujours aux
mêmes endroits et auront toujours à prendre les décisions.
Compte tenu des problèmes et des enjeux, ils pourront s'investir des
différents pouvoirs qui leur sont déterminés par les
différents articles de loi, notamment, quand on dit qu'une des
prérogatives qui leur incomberont, si on laisse aller les choses, ce
sera, entre autres, de faire déterminer les horaires par la
corporation.
À ce moment-ci, on trouve que c'est inacceptable puisque c'est
déjà inclus dans une convention collective. Pourquoi ne pas
laisser aller les choses telles qu'elles sont, plutôt que de commencer,
pour ce qui est des relations du travail, à complètement changer
les règles du jeu? Cette fois-ci, pour régler un problème
très ponctuel, cela nous convient, alors que vous savez fort bien qu'une
fois le modèle créé il risque de devenir un cas de
jurisprudence et, finalement, devenir la règle que tous les autres
voudront suivre. Qu'arrivera-t-il, à un moment donné, si toutes
les corporations décident elles-mêmes d'horaires de travail
déterminés. On reviendra à ces attitudes sauvages
où, finalement, il n'y a plus de place pour faire valoir quelque
préoccupation ou prérogative des employés. Il est
important, aussi, de défendre les intérêts de ces
employés qui ont toujours eu le droit de négocier d'une
façon non directive avec les parties et de laisser place à de la
souplesse pour favoriser des négociations sur les différents
enjeux en présence. Il nous semble qu'à ce moment-ci on y va...
C'est le couperet, c'est la corporation qui va déterminer, en fin de
compte, les faits et gestes des employés, mais sans négociation.
Cela, c'est dangereux. C'est très dangereux et, à mon avis, on
est loin de pouvoir accéder à cette paix syndicale dont on
faisait mention tantôt et sur laquelle on se base depuis le tout
début en disant: Écoutez, nous, les deux choses importantes,
c'est de maintenir la paix syndicale et d'obtenir une souplesse dans le
transport ambulancier. À mon avis, je n'ai pas l'impression qu'on est en
train de... Ce ne sont pas des points convergents ou ce ne sont pas des
articles de loi qui convergent vers ces deux optiques, ces orientations. Au
contraire, cela éloigne les parties en présence, cela fait que,
de plus en plus, on développe une certaine agressivité entre les
parties sur un certain point.
Il y a des gens qui sentent qu'on les laisse tomber, et pour cause! Par
contre, il y en a d'autres qui sentent qu'ils ont enfin toute la place pour eux
et que, dorénavant, ils pourront d'office presque représenter le
gouvernement. Ils se prendront finalement pour... Ils seront tellement forts,
ils seront tellement imbus de leurs pouvoirs qu'on risque, à un moment
donné, de faire face à d'énormes problèmes. Ces
problèmes devront continuellement faire l'objet d'études,
d'examens en ce qui concerne les activités de cette corporation et on
aura toujours à revenir vérifier s'il n'y a pas, de la part des
gens qui sont en présence, cet abus de pouvoir qui est dangereux et qui
ferait comme un genre de miniexplosion des relations du travail parce que,
justement, on n'aura pas inclus cette souplesse si nécessaire à
celles-ci, permettant autant à une partie qu'à l'autre d'arriver
à des positions concordantes ou, en tout cas, par la négociation,
à des ententes qui reflètent autant les préoccupations de
la partie patronale que celles de la partie syndicale.
À notre avis, si on fait fi de ces principes fondamentaux dans
les négociations, on passe à côté de ce qu'on
recherche et on n'apporte pas vraiment de solution et de réforme, comme
on se le proposait au départ, par le projet de loi 34. Nous disons:
Écoutez, il existe des façons de faire les choses, continuons
à les faire telles qu'elles ont toujours été reconnues
dans nos relations du travail. C'est important ces choses-là, mais ne
nous présentez pas un genre de pièce ou un genre de... (11
heures)
C'est comme si, finalement, l'auteur nous disait: Écoutez, j'ai
écrit la fin avant d'écrire le début de ma pièce
mais, en ce qui concerne, finalement, le noeud du problème ou le
préambule et tout cela, cela dépendra de ce qui va se dessiner en
cours de route et comment les gens réagiront. Tout compte fait,
j'ajusterai mon tir en conséquence en paraphant une chose, en
biffant un autre paragraphe, en essayant de faire que cette pièce
soit un tout homogène.
C'est difficile d'arriver à présenter une pensée
homogène dans un tel état d'esprit puisque, déjà,
on a commencé, un peu à la manière des Chinois, à
écrire la fin plutôt que de commencer par le début. Ce ne
sont pas des propos racistes. C'est une question d'attitude et de
mentalité sauf que, chez nous, ce n'est pas reconnu comme étant
une façon de faire les choses. Cela ne fait pas partie de nos attitudes
et de notre mentalité. On est habitués de commencer par un
préambule et d'arriver à faire que tout cela se tienne dans
l'ordre des choses. Actuellement, c'est très nébuleux. On est
toujours à... Je ne voudrais pas dire qu'on est encore dans la queue de
la comète, mais on ne sait pas du tout où on s'en va. Avec les
amendements qu'on présente, on espère arriver à quelque
chose de beaucoup plus concret et de beaucoup plus acceptable aussi, dans
l'esprit de véritables relations du travail respectant les droits de
tous et chacun. Mais on ne sent pas actuellement cette volonté, ce
respect des façons de négocier nos relations du travail au
Québec, encore moins de respecter les différents
représentants d'organismes ou de syndicats. C'est dangereux. Ce n'est
pas en appauvrissant un syndicat au détriment d'un autre, ou un groupe
au détriment d'un autre, qu'on arrive à se faire une place
intéressante ou un nom. Au contraire, cela me semble en dehors de toute
logique et de toutes les règles d'équilibre de la
société.
M. le Président, le ministre est allé un peu rapidement.
Il a peut-être fait preuve de témérité en ce qui
concerne les ententes. Il a annoncé trop rapidement certaines situations
déjà amorcées, notamment quant à une entente. Ce
qui fait que cette entente relevait presque de quelque chose d'occulte puisque
peu de gens étaient au courant du dénouement. Ce n'est qu'un mois
plus tard que les principaux concernés, qui sont les
propriétaires, d'une part, en ont pris connaissance. C'est toujours
cette façon de rompre l'équilibre qui fait qu'on crée un
malaise, un climat si fébrile des relations du travail, qui n'est pas le
meilleur des climats pour arriver à favoriser des changements de
comportement ou à améliorer le climat, ni le plus propice
à favoriser la paix sociale.
Au contraire, on met encore des parties en présence et on les
oppose les unes aux autres. C'est la coutume chez ce gouvernement de mettre les
gens en opposition les uns aux autres. Au lieu de faire en sorte de
créer des esprits de concertation et des relations d'entente, on arrive
à créer cet esprit de malaise où un groupe doit prendre
parti contre un autre. C'est très facile, à ce moment, de
gouverner et de se tailler une place à travers tout cela en disant: Ce
n'est pas nous; on a bien fait notre bout mais, vous voyez, ce groupe ne veut
rien comprendre et l'autre groupe non plus. Tant et aussi longtemps qu'ils ne
pourront pas s'asseoir et essayer de com- prendre l'un et l'autre des points de
vue importants, nous n'avons rien à faire. On attend tout simplement
qu'il y ait cet esprit de concertation.
Je trouve que c'est une attitude assez déplorable. Là
où on développe une certaine force permettant d'aller plus loin
et de grandir, c'est quand on favorise cet esprit de concertation. Lorsqu'on
permet aux gens de toujours être en opposition, cela devient un petit peu
stagnant comme attitude et on ne favorise pas le développement. On ne
favorise pas non plus ce dépassement important, mais on maintient les
gens toujours dans un état de guerre et on maintient toujours cet
état en opposition, sur des lignes d'affrontement. C'est très
difficile, quand on est toujours dans cet esprit d'affrontement, d'arriver
à conclure ou à permettre de penser à un avenir meilleur.
Les gens piétinent sur place et c'est peut-être à
l'avantage de ce gouvernement de faire piétiner les gens sur place en
leur donnant l'illusion que tout va bien dans le meilleur des mondes.
Actuellement, si on regarde les différents projets de loi qui
nous ont été présentés, très peu,
finalement, répondent aux véritables besoins de la population
québécoise. On tient très peu compte, aussi, des
recommandations des différents groupes qui sont concernés, qui
sont en cause et qui, finalement, demandent et reposent sur nous pour qu'on
fasse valoir leur position et leur point de vue. On en fait fi et tout ce qu'on
développe, c'est une situation avec de plus en plus de malaises,
où de plus en plus on prend parti pour un groupe par rapport à un
autre. On tend à dire et à laisser croire que c'est de cette
façon-là qu'on arrivera à établir une certaine paix
sociale et, surtout, une paix dans les relations du travail, alors qu'on change
complètement les règles du jeu établies depuis de
nombreuses années. On fait fi aussi des mécanismes reconnus dans
le Code du travail et, encore là, on est en train de développer,
à mon avis, une attitude néfaste pour l'avenir dans nos relations
du travail. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, madame. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Nous avons
devant nous un sous-amendement, en fait, de l'amendement qui a
été présenté et cet amendement-là dit: Tout
propriétaire d'ambulances qui conclut un contrat de location
d'ambulances avec la corporation s'engage... " Et les horaires des ambulances
seront la responsabilité de la corporation. Je veux bien croire que le
ministre a annoncé une entente de principe avec les parties mais, en
présentant cette entente-là en disant qu'il y avait une entente,
tout le monde a dit dans l'Opposition: Le ministre aurait dû lire la
fable de La Fontaine "La grenouille et le boeuf, parce qu'il s'est
substitué aux parties plutôt que de faire une entente
réelle avec les
parties en cause. On est à écrire, avec toute la
série d'amendements et de sous-amendements dans cette loi-là, "la
trouille et le veuf". On voit que le ministre a peur, il se trouve fin seul, ii
se trouve seul. Les parties n'ont pas fait d'entente avec iui, c'est
évident. Au lieu de lire "La grenouille et le boeuf, il se trouve seul,
donc: "la trouille et le veuf.
Il veut maintenant dire, par l'introduction de 149. 15. 1, que les
horaires seraient déterminés par la corporation. Or, le ministre
se targue de dire que c'est l'horaire des ambulances, du véhicule. Les
véhicules seront à tel endroit de telle heure à telle
heure. Bien sûr, comme le chef de l'Opposition le disait, un
véhicule qui est là doit avoir au moins quelqu'un pour le
conduire; donc, cela regarde les horaires des personnes, des conducteurs de ces
autobus de malades ou ambulances.
Il arrive ceci: la convention collective et les ententes ont eu lieu.
Dans les ententes qui ont eu lieu, l'horaire de travail visé par la
présente convention collective est une semaine moyenne de 40 heures.
Pour le travailleur, c'est une semaine de 40 heures. Voici que le ministre
arrive et dit: Maintenant, la corporation pourra déterminer les heures
auxquelles les ambulances seront à tel ou tel endroit, selon la
volonté de la corporation. Si la corporation décidait qu'il y a
une ambulance durant 35 heures à une place, 40 heures à une
autre, 48 heures à un autre endroit, il faudrait qu'il y ait connivence
entre ta corporation et les syndiqués pour que la convention collective
soit respectée. Alors, il était de bon aloi que l'Opposition
présente ce sous-amendement, "au contrat aux points de services et selon
la convention collective" et non pas seulement selon l'horaire
déterminé par la corporation.
Encore là, si le but ultime visé est d'avoir la paix
sociale entre les syndiqués et les pro-prios, là, on ne l'aura
pas non plus. Même si les proprios sont devenus maintenant une
corporation à but non lucratif - ce sont ces derniers qui pourront
engager et louer les ambulances - II demeure quand même qu'ils vont
travailler avec le même personnel, avec le même monde et les
mêmes chauffeurs. Que l'on change le nom du propriétaire, cela ne
change rien dans les relations et les conventions collectives et cela ne change
rien dans les relations qui étaient mauvaises. Alors, si le but
visé par cette loi est d'améliorer les relations entre les
propriétaires, quels qu'ils soient, et les syndiqués, ce n'est
pas avec une telle présentation, puisque c'est la corporation qui
déterminera les heures sans consultation avec les syndicats, que les
conventions collectives et les relations du travail seront
améliorées.
On dit aussi dans la convention: Règle générale, un
seul horaire par année prévaudra. Mais comment voulez-vous que la
corporation, sans que le syndicat soit mêlé aux horaires des
ambulances, fasse son devoir sans aucune consul- tation avec les
syndiqués? Vous savez que les êtres humains sont beaucoup plus
importants que les véhicules eux-mêmes, même si ces derniers
sont d'une importance capitale dans les soins à apporter en
périodes d'urgence. Il demeure quand même que ce sont les humains
qui rendent des services et se servent de véhicules ou d'accessoires
pour accomplir leur devoir de syndiqués. C'est donc dire qu'encore
là on oublie l'humain dans l'énoncé.
Nous rappelons au ministre que si, par cet amendement, les conventions
collectives doivent primer, le côté humain semble avoir
été oublié dans la discussion depuis le tout début.
Il faut se rappeler que, dans une situation d'urgence, on aura les
véhicules que l'on veut, les techniques que l'on veut, les pièces
et le matériel le plus perfectionné du monde, on serait à
l'avant-garde dans l'inventaire de tout ce qui est nécessaire du
côté matériel pour rendre des services à la
population, si le ministre oublie qu'il y a des êtres humains qui
chapeautent l'ensemble de ces matériaux, soit les conducteurs, les
spécialistes, les techniciens ambulanciers, etc., à ce
moment-là, s'il oublie la convention collective qui a été
convenue avant, il est bien sûr que tout projet de loi ne peut
qu'être un échec.
Nous essayons désespérément de ce
côté-ci de rappeler au ministre que le côté humain a
une importance capitale, parce qu'il semble l'oublier, selon nous. Il est
possible que, selon lui, il contrôle le côté humain et il
discute avec les syndiqués, mais nous ne voyons rien dans son projet de
loi qui rappelle le côté humain de la chose et c'est pour ce faire
que M. le chef de l'Opposition a apporté cet amendement: pour dire au
ministre que ce ne sont pas les véhicules qui doivent être
considérés comme des humains et que c'est la convention
collective qui est à la base même de toute discussion que l'on
doit avoir dans ces relations du travail qui, selon le ministre,
n'étaient pas bonnes. Ce projet de loi est là pour amener des
relations moins tendues.
Alors, il a annoncé, comme dans la fable de La Fontaine, son
entente; comme dans "La grenouille et le boeuf", il se "retrouille" avec "la
trouiile et le veuf. " Il est complètement seul et il a peur maintenant
de son projet de loi. Nous allons l'aider à avoir moins la trouille et
nous allons, s'il le veut, ne pas le laisser veuf, nous allons l'aider à
essayer de faire un lien entre toutes les parties pour le mieux-être de
l'ensemble des Québécois et des Québécoises. On
sait que c'est surtout Montréal qui est visé, mais quand on sait
que la région montréalaise comprend à peu près la
moitié de la population et qu'à l'extérieur on se fie
beaucoup sur ce qui se passe à Montréal pour établir des
barèmes et des standards, eh bien, M. le ministre, le sous-amendement
apporté par le chef de l'Opposition de vous faire penser à la
convention collective et aux humains est de prime importance. Je vous
demanderais donc de considérer cet amendement. (11 h 15)
J'aimerais vous entendre sur cet amendement, parce qu'on ne vous a pas
beaucoup entendu là-dessus. On dirait que vous ne pensez qu'à la
tôle. Vous savez qu'on s'est occupe des véhicules qui roulent sur
les routes du Québec. Notre slogan, on l'a appliqué: La personne
avant toute chose. Là, on voit que c'est l'ambulance avant tout et non
pas les personnes qui les conduisent, non pas les syndiqués qui sont
à la base même de notre système. L'humain est à
considérer et, lorsqu'on ne considère que le matériel, on
se retrouve en trouille et veuf, et non pas en grenouille et boeuf. Merci
beaucoup, M. le Président.
M. Chevrette: Vote nominal.
Le Président (M. Bélanger): Je vais faire la
lecture du sous-amendement qui dirait ceci: Par le remplacement des mots
"déterminés par la corporation" par les mots
"déterminés par la convention collective". C'est à 149.
15. 1 et l'amendement qui était présenté avait pour effet
d'introduire un article 149. 15. 1 à l'article 2 du projet de loi 34 en
le sous-amendant de telle façon. J'appelle donc le vote.
M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Bélanger
(Laval-des-Rapides) est contre. M. Gervals
(L'Assomption)? Il n'est pas là. M. Joly (Fabre) n'est pas
là. M. Laporte (Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Chevrette
(Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Blais
(Ter-rebonne)?
M. Blais: Je suis pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Le sous-amendement est
rejeté. On revient donc à l'amendement qui se lit comme ceci:
Tout propriétaire d'ambulances qui conclut un contrat de location
d'ambulances avec la corporation s'engage à mettre à la
disposition exclusive de celle-ci des ambulances prévues au contrat aux
points de services et selon l'horaire déterminé par la
corporation. " Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cet amendement? M.
le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, le ministre refuse donc de
légaliser ce qu'il a fait. Il a soumis les horaires de travail à
la négociation et, après avoir soumis ça à la
négociation et avoir signé en bonne et due forme pour, au nom et
en l'absence des propriétaires par l'entremise de Jean-François
Munn, il a décidé de bâtir les horaires de travail avec les
syndicats et il refuse de dire dans le projet de loi que c'est en vertu de la
convention collective. Il dit que c'est la corporation qui va fixer les
horaires, alors que c'est négocié en bonne et due forme à
l'article 14 du contrat collectif.
Bien sûr, il n'est pas ratifié par la corporation des
propriétaires d'ambulances. Il n'est pas ratifié par les
propriétaires d'ambulances de Montréal non plus, parce qu'ils
n'ont pas le mandat de parler, seulement, depuis le 5 juillet. Mais il persiste
à dire que c'est la corporation qui va établir les horaires. Il a
peut-être raison; je le disais tantôt dans mon argumentation, parce
que, dans les faits, la corporation, c'est qui?Cela va être
le syndicat tantôt, point.
Il y en a qui vont siéger avec un triple chapeau sur la
tête: représentant du ministre, parce que le ministre va l'avoir
nommé, représentant des employeurs, parce qu'il y a des
coopératives qui sont considérées comme des employeurs,
représentant du syndicat, parce qu'il est aussi président du
syndicat. On va avoir un bonhomme qui va avoir trois chapeaux. Je ne sais pas
s'il a été acheté, par exemple, mais je peux vous dire
que, potentiellement - le ministre n'est pas capable de nous contredire - le
même individu peut siéger avec trois titres différents,
absolument trois titres différents.
Bien sûr, le même individu ne siégera pas à
trois titres. Il va faire nommer ses collègues et, automatiquement,
c'est le contrôle. C'est ça qui s'en vient et le ministre le sait.
C'est probablement pour ça qu'il dit: Pourquoi embarquer dans la
convention... C'est dans la convention collective. Dans les faits, on sait
très bien ce qui va se produire. Il va y avoir un contrôle de ce
fameux OSBL et, quand on arrivera en région, on transposera le type de
Montréal en région, et bravo! Pas de problème, tout va
bien dans le meilleur des mondes, on a acheté la paix. C'est à
peu près ça que le ministre dit.
Je vous avoue bien honnêtement que j'aurais le goût de lui
faire un petit "show" pour essayer de lui ouvrir les yeux. J'en suis quasiment
découragé; je me demande s'il les ouvrira un jour. Je lis un
document qui est ici: Nous avons appris dernièrement le nom de celui qui
sera le premier président-directeur général de ce qu'on
appelait jusqu'à ce jour l'OSBL, qu'on désignera maintenant sous
le nom de corporation Urgences-santé. Il s'agit de M. Pierre
Lamarche,
anciennement adjoint au président de la CSN. En effet, le
ministre a fait un choix judicieux en le nommant le 18 mai dernier.
Je vous rappellerai que c'est le 13 juin qu'on a su qu'il y avait un
projet de loi. Le 18 mai, le ministre avait fait un choix judicieux.
Enfin, le gouvernement a agi de façon intelligente, dit-on. Bien
oui, il nous donne tout ce qu'on voulait. Pour une fois! Voilà que le
ministre est devenu, à toutes fins utiles, la coqueluche du RETAQ, et
ils l'écrivent dans leur document. Mais ça m'apparaît bien
éphémère, ce que recherche le ministre, en ayant
négocié, à toutes fins utiles, de cette
façon-là, en ayant paqueté d'avance - je vous le dis comme
je le pense. Avant même que le projet de loi soit déposé en
Chambre, le président était nommé, le président se
promenait dans les corridors d'Ur-gences-santé, le futur P. -D. G.
agissait pour et au nom du gouvernement à la place du D. G. du CRSSS qui
avait normalement la responsabilité d'Urgences-santé. Ce
n'était pas grave. Les jeux étaient faits, il avait tout
trafiqué en coulisse. Cela, c'est un premier point.
Maintenant, comment se sont négociés les horaires? Parce
qu'il donne le pouvoir exclusif, à toutes fins utiles, à la
corporation, au nouvel OSBL de fixer les horaires. Le ministre refuse
d'admettre ici que c'est négocié. Mon collègue de
Terrebonne vient de démontrer qu'à l'article 14, c'est bel et
bien négocié, pas de problème. C'est très clair:
Une semaine moyenne de 40 heures de travail, sauf dans le cas d'horaires de
travail prévus aux articles 14. 4, 14. 5. Là, tu vas à 14.
4 et 14. 5, où on dit: L'horaire de type 7. 14 consiste... On dit
comment procéder, sauf que ce n'est pas par convention collective. Il
dit que c'est fait par la corporation, alors que la corporation n'est pas
légalement constituée et elle a déjà fixé
dans le contrat collectif les horaires. Ce ne sont pas des farces! C'est ce que
le ministre dit et il n'admet pas qu'il s'est "planté" le doigt dans
l'oeil. Il essaie de nous faire croire que la corporation va définir les
horaires, alors que la corporation n'est pas légalement
constituée, même si Lamarche est nommé depuis le 18 mai,
alors que nous avons su le 13 juin qu'il y avait un projet de loi, ou à
peu près. On sait que ces conventions collectives étaient
signées et que, le 5 juillet dernier, Me Guy Tremblay écrivait au
ministre pour lui dire qu'il n'avait pas le droit de négocier "pour et
en notre nom. " On n'autorisait ni Jean-François Munn, ni personne
à parler en leur nom. Il disait: est accrédité
légalement en vertu du Code du travail et, quand on voudra
négocier, on négociera. C'est un peu ça.
On sait également... Je vais le répéter pour
l'intelligence du ministre, pour essayer de lui ouvrir les yeux avant qu'il ne
soit trop tard. Le ministre m'a répondu en Chambre, à deux
reprises, que les employeurs avaient toujours été à la
négociation. Je les ai personnellement rencontrés. Je leur ai
demandé s'ils avaient toujours été en négociation.
J'ai parlé à leur avocat. S'ils avaient toujours
été en négociation, le ministre peut-il m'expliquer
pourquoi, le 22 septembre, il annonçait qu'il y avait une entente de
principe? Quand on annonce une entente de principe, c'est entre deux parties
légalement constituées: donc, d'une part, les
propriétaires d'ambulances et, d'autre part, le RETAQ. Le ministre
peut-il m'expliquer, dans sa logique, pourquoi il a été
obligé, deux fois, d'annoncer une entente de principe? Pour sa
première entente de principe, il s'est fait jouer un tour. Le premier
soir, les syndiqués de la CSN ont dit oui, à tout le reste. On ne
l'a pas lu mais oui, à tout le reste, sauf que tu vas nous payer en plus
le fonds de retraite et la demi-heure du dîner, et on va crier: Bravo!
Après vingt minutes, on acceptait conditionnellement à ces deux
clauses-là. ll s'est retrouvé gros-gens comme devant et ses
bretelles avaient moins d'élastique. Il a été
obligé de se rasseoir, encore en l'absence des employeurs.
D'ailleurs, ce n'est pas moi qui le dis. Qui contredit le ministre dans
ça? Je vais vous le dire, c'est le RETAQ lui-même. Le RETAQ
lui-même écrit que seul Jean-François Munn
représentait les employeurs. Pourtant, le ministre me disait en Chambre:
Les employeurs ont toujours été là. Ce serait bon de
mettre le ministre au défi. Je suis prêt à faire une motion
privilégiée. On va faire asseoir Larose, de Hull, qui
était un représentant négociateur, on va faire asseoir
Fontaine, de Saint-Hyacinthe, au bout de la table, et on va faire asseoir Fabi.
On va leur demander: Avez-vous toujours été à la table
quand ils ont trafiqué avec le RETAQ? Avez-vous toujours
été à la table et d'accord sur les contenus avant que le
RETAQ se prononce sur l'entente de principe du ministre? On va leur demander
à ces gens-là: Quel soir avez-vous reçu la brique
votée par la CSN? Je leur demanderais: Est-il exact que vous avez
été obligés d'écrire le 6 octobre au ministre Dutil
pour lui demander copie d'une entente que, normalement, vous aviez
acceptée parce qu'il y avait une entente de principe. Vous avez
été obligés d'écrire, par le biais de votre avocat,
Me Comtois, pour lui demander: Pourriez-vous au moins nous envoyer une copie de
ce que vous êtes censé avoir accepté pour et en notre nom?
Je pourrais demander: À quelle date leur avez-vous envoyé la
copie? Il y a eu un ordre du cabinet du premier ministre. Là, on se
garrochait pour envoyer des copies. À la corporation, ils l'ont
reçue à 18 heures le soir de l'interpellation en Chambre, plus
d'un mois après l'entente de principe que le ministre a annoncée.
Il faut le faire!
Deux parties légalement constituées, M. le
Président, un employeur accrédité en vertu du Code du
travail - ce n'est pas le ministre qui est accrédité en vertu du
Code du travail, ce sont les employeurs - et un syndicat, qui sont
censées négocier l'une en face de l'autre apprennent par le
ministre qu'il y a une entente de
principe. Là, le président se dépêche, le
lendemain, à émettre un communiqué de presse pour dire:
Écoutez, c'est tout à fait malhonnête d'annoncer une
entente de principe, je ne sais même pas ce qu'il y a dedans.
Rappelez-vous le communiqué très dur de la corporation des
entrepreneurs ambulanciers du Québec, le 23 septembre, le lendemain de
l'annonce. Le ministre dit: Non, il y a quelqu'un qui ment dans leur "gang",
ils ont toujours été là. Lui, il n'a jamais
été là. Cela, c'est vrai. Il y a quelqu'un qui ne s'est
pas mêlé de ses affaires dans cela, c'est le mandaté du
ministre. Le mandaté du ministre n'avait pas le droit de se substituer
aux employeurs.
Je vais très loin, je suis convaincu que, devant le Tribunal du
travail, s'il y avait plainte formelle déposée, le ministre
serait blâmé pour s'être substitué aux parties
légalement constituées. J'ai fait des relations du travail
pendant 17 ans et j'ai la conviction profonde qu'il n'y a pas un juge du
Tribunal du travail qui accepterait les folies furieuses et l'irrespect du Code
du travail, autant d'actes illégaux qui ont été
posés dans ce processus de négociation avec l'ensemble des
syndiqués par rapport aux droits des propriétaires.
Personnellement, je trouve cela tout a fait inacceptable et je suis convaincu
que le ministre du Travail serait scandalisé de savoir tous les dessous
de cela.
Comment tout cela s'est-il fricoté? Comment tout cela s'est-il
trafiqué? Cela a commencé à se fricoter dans les bureaux
du sous-ministre - on va le mettre au courant s'il ne le sait pas - cela a
continué dans une cabane à sucre, cela s'est "dealé" dans
les corridors, pour arriver à l'Assemblée nationale en disant: II
y aura une nouvelle loi. Les arguments pour vendre ce projet de loi 34 -
tenez-vous bien - c'était la qualité des services ambulanciers.
La qualité des services ambulanciers, c'était l'argument
fondamental pour vendre tout cela, pour se rendre compte qu'à toutes
fins utiles, c'était pour régler un problème,
réaliser et concrétiser un "deal" de coulisse avec la CSN.
C'était juste cela, le projet de loi 34. C'est toujours juste cela, le
projet de loi 34. La preuve? La qualité des services ambulanciers: on
lit la clause de la CSN, qui est différente de celle de la FTQ. (11 h
30)
Je vais vous en parler, de qualité. Si le ministre oublie de lire
ce qu'il a signé ou annoncé comme entente de principe, moi, je
l'ai fait. Un gars de la FTQ, salarié, a droit à aucun
préavis s'il est congédié pour cause. C'est marqué:
Pour raison majeure, pas d'avis. Dehors, tu as commis une faute lourde. Dans le
cas de la CSN, lisez l'article. Dans tous les cas ça prend un
préavis de quinze jours. Laisses-en mourir quatorze, ce n'est pas grave.
Dans tous les cas, pour te mettre dehors, ça prend un préavis de
quinze jours. C'est grave en maudit! Pourtant, dans toutes les notes
explicatives, on parle de la qualité des services ambulanciers.
Plus que ça, le ministre a laissé trafiquer - je dis
trafiquer" et je pèse sur mes mots, a part cela - une lettre d'entente
qui fait partie intégrante d'une convention collective. En aucun cas le
ministère de la Santé et des Services sociaux ou un organisme
gouvernemental ne peut retirer la carte d'attestation de conformité d'un
technicien ambulancier lorsqu'elle a été obtenue, sauf sous de
fausses représentations. Ce ne sont pas des farces! Le Collège
des médecins a le pouvoir d'enlever un permis, d'annuler un permis; les
corporations professionnelles ont le droit de suspendre et de radier d'une
profession quelqu'un qui commet une faute lourde et, dans une lettre d'entente
- je ne sais pas si le ministre l'a lue, mais il devrait regarder ses dossiers
- avec la CSN, il s'enlève même le pouvoir - ce ne sont pas des
farces, de la guenille, c'est ça que ça veut dire - d'annuler une
carte de technicien ambulancier. Et on vient faire de grands discours sur la
qualité des services préhospitaliers et des services
ambulanciers.
Moi, quand j'ai lu ça, j'ai été scandalisé.
Tous vos beaux discours de deuxième lecture en Chambre, tous vos beaux
discours en juin, tous vos beaux discours quand vous avez écouté
les seize groupes qui sont venus présenter des mémoires, tous vos
beaux discours disaient que vous vouliez améliorer la qualité des
services. Cela devait être pire qu'une corporation fermée sans
tribunal de discipline, sans comité de discipline. Même le
ministère n'a aucun droit d'enlever une carte de technicien ambulancier,
alors que les corporations professionnelles qui n'auraient pas ce pouvoir
n'existeraient pas en vertu de nos lois au Québec. On sait que dans un
cas de faute lourde tu as un avocat et tu peux être rayé du
Barreau sans aucun droit de travailler dans le domaine du droit. Un
médecin qui commettrait une faute lourde pourrait être
radié du Collège des médecins et ne pas avoir le droit du
tout de pratiquer la médecine au Québec, sur le territoire
québécois. La même chose dans toutes les corporations
professionnelles parce qu'elles sont constituées en vertu des lois. Dans
le cas d'un technicien ambulancier, s'il vous plaît, commets la faute
lourde que tu voudras, je ne peux même pas l'enlever ta carte. C'est
ça.
Et on va me parler de qualité des services ambulanciers? Dans la
même convention collective, je le répète, en plus, les
quinze minutes... Je parlais à un groupe ce matin. Groupe FTQ, si tu
entres au restaurant il faut que tu ressortes si tu as un "call". Et à
la CSN, si tu as franchi la porte, qu'il meure. Prends ton lunch. On appelle
ça une qualité des services? Une équité? Une
équité dans la conception même des groupes? Un travailleur
de la FTQ technicien ambulancier et un travailleur de la CSN technicien
ambulancier, ce sont deux techniciens ambulanciers. Pourquoi les traiter
différemment? Pourquoi? Pourquoi, si on parle de qualité des
services, M. le ministre, dites-vous dans le cas
de la CSN: Dans tous les cas, quinze jours de préavis, quels que
soient les cas majeurs. Dans le cas de la FTQ, toi, si tu commets une faute
lourde, tu seras dehors tout de suite. À la CSN, ça prendra
quinze jours pour te mettre dehors et, de toute façon, tu ne perdras pas
ta carte même si tu as commis une faute lourde.
Cela n'a pas de bon sens! Cela fait des discours sur la qualité
des services ambulanciers et préhospitaliers. C'est de l'insouciance, de
l'inconscience! C'est inacceptable, M. le ministre! Personnellement, si
j'étais vous, je retirerais tout ce que vous avez dit dans votre beau
discours de deuxième lecture en Chambre pour votre plus grande
crédibilité sur la qualité des services. Tous vos gestes,
par la suite, défont et déforment la nature même de votre
discours. Si vous étiez franc et sincère en haut, si vous disiez
la vérité en haut, comment pourriez-vous justifier ici de tels
agissements, un tel laisser-aller, une telle mollesse dans ce qui touche la
qualité même des services préhospitaliers?
M. le Président, je serais prêt, moi, à faire une
motion avec le consentement du ministre. On va entendre les gens qui ont
été à la table, on va entendre les gens qui,
quotidiennement, vous ont parlé depuis six mois. Donnez-leur une heure
pour poser des questions, une demi-heure chacun, on verra qui dit la
vérité entre nous deux. On va les assermenter si vous voulez, on
va les asseoir au bout de la table: les familles Fontaine, Larose et, si vous
en voulez d'autres, on va les mettre là. Vous ferez venir MM. Munn et
Lamarche, on va les questionner, on va savoir avec qui les confronter. On va
arrêter d'emplir les gens dans ce dossier-là. Vous allez
arrêter de vous targuer de qualité de services quand vous signez
des papiers qui conduisent directement à des abus. Moi, je ne comprends
pas que, dans une convention collective, un groupe a le droit de tout faire et,
l'autre groupe, de ne rien faire. Un groupe est dehors en cinq minutes et
l'autre ne peut pas l'être avant quinze jours. Il y a une consigne qu'on
ne peut pas enlever une carte même en cas de faute lourde, majeure, alors
que toutes les corporations professionnelles pourraient... Allez montrer cela
à un comptable agréé, allez montrer cela...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, s'il
vous plaît.
M. Chevrette:... allez montrer cela à une
infirmière, à un médecin, à un avocat, à un
notaire, ils vont vous dire que c'est épouvantable. On est rendu qu'on
traite des gens mieux que les corporations professionnelles qui ont des codes
de déontologie.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Joliette, votre temps est écoulé.
M. Chevrette: Oui, en conclusion. Toutes les corporations
professionnelles ont des codes de déontologie, ont des comités de
discipline et, là, c'est un groupe qui va faire à sa tête,
quand cela lui tentera de le faire. Inacceptable! Le ministre devrait
carrément retirer ce projet de loi qui, à mon point de vue, sera
une plaie pour notre société et nos services de santé dans
deux ou trois ans.
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: On vient d'avoir un nouvel exemple, un bel exemple
d'une discussion qui se répète depuis maintenant plusieurs mois
et depuis que nous avons repris la commission parlementaire, qui est
complètement hors contexte. On parle, d'un côté, de la
convention collective, alors que nous sommes ici à l'étude
article par article du projet de loi. D'ailleurs, le sujet que nous avons sur
la table ne concerne que Montréal pour l'instant. L'article en question,
je le relis pour ceux qui se sont joints à la commission et qui
pourraient ne pas avoir reconnu dans le discours du chef de l'Opposition ce
dont nous discutions. Nous discutons tout simplement de ceci: à
Montréal, "tout propriétaire d'ambulances qui conclut un contrat
de location d'ambulances avec la corporation s'engage à mettre à
la disposition exclusive de celle-ci les ambulances prévues au contrat
aux points de services et selon les horaires déterminés par la
corporation. "
On voit, M. le Président, qu'à partir d'un texte qui est
très clair, qui ne pose pas de problème, qui concerne
exclusivement Montréal, le chef de l'Opposition est encore une fois
parti sur la négociation, sur l'ensemble des choses qui se passent en
région, alors que nous parlons ici d'un texte qui ne concerne que
Montréal. Il a fait des affirmations qu'il faudrait prendre probablement
une couple d'heures à démolir.
Nous sommes ici pour étudier le projet de loi 34. Nous ne sommes
pas ici pour finaliser une négociation. Dans le projet de loi 34, ce que
l'on prévoit à Montréal, c'est bien connu, c'est connu
publiquement, c'est de former une corporation qui est séparée du
Conseil régional de la santé et des services sociaux, qui
intègre les techniciens ambulanciers et qui loue des ambulances. En
région, ce qu'on prévoit, c'est de maintenir les permis, c'est
à peu près le même système qu'actuellement, sauf
qu'on souhaite qu'il y ait des centrales de coordination qui, elles - nous le
disons dans le projet de loi - sont offertes en priorité aux
propriétaires d'ambulances justement pour contrer une erreur faite par
l'ancien gouvernement qui avait éloigné le lien d'emploi en
formant Urgences-santé qui n'était pas formée par les
employeurs, alors qu'il y avait des propriétaires d'ambulances. Ce
problème a été évoqué par la CSAQ, l'un des
groupes les représentant, qui a dit: Le fait que vous ayez enlevé
une partie du lien d'emploi est la cause prin-
cipale des problèmes que nous connaissons à
Montréal.
Voici ce que nous faisons: le lien d'emploi à Montréal est
refait. Les techniciens ambulanciers vont être les employés de la
nouvelle corporation. En région, ce que nous avons fait, pour
éviter que la même problématique ne se présente,
nous avons dit: En région - il y a des amendements à cet effet
que nous avons présentés - les centrales de coordination qui sont
nécessaires... On le sait parce que, technologiquement, aujourd'hui,
c'est possible et parce que, pour ce qui est du temps de réponse et de
la couverture des zones, c'est un des aspects les plus recommandés par
tous les intervenants. Dans toutes les études qui ont été
faites sur le dossier, les centrales de coordination sont nécessaires
dans la plupart des endroits. Alors, pour éviter que le même
problème qui s'est produit à Montréal ne se reproduise,
dans la loi, il est prévu que les propriétaires d'ambulances,
lorsqu'ils auront un regroupement non pas unanime - nous avons même
prévu qu'il pouvait y avoir une certaine dissidence - mais lorsqu'ils
auront un regroupement représentatif, pourront former la centrale de
coordination visée par la loi et pourront diriger cette centrale de
coordination.
Nous éviterons donc, par ce moyen, ce qui s'est passé
à Montréal parce que le Parti québécois n'avait pas
prévu ce problème, à l'époque où il a
formé Urgences-santé. Nous éviterons le bris du lien
d'emploi et, donc, l'espèce d'apocalypse prédite par le chef de
l'Opposition, l'espèce d'apocalypse prédisant ce qui se passe
à Montréal, ce qui s'est passé, par la faute de l'ancien
gouvernement, en créant Urgences-santé et en enlevant le lien
d'emploi. C'est comme cela que ça s'est passé, et le chef de
l'Opposition le sait, c'est lui qui était ministre responsable en 1984.
Il se rappellera les problèmes et les difficultés qu'a a
vécus, qui ont continué à se vivre. D'ailleurs, j'ai
excusé le chef de l'Opposition de ne pas avoir fait la réforme
que nous faisons actuellement, car, évidemment, à cette
époque, ce n'était pas facile de l'envisager, étant
donné les difficultés du gouvernement. Je le comprends. Mais
qu'il ne s'attende pas que nous fassions une réforme qui corresponde aux
principes et aux valeurs du Parti québécois; maintenant, c'est
nous qui sommes au pouvoir et nous ne partageons pas le désir
d'étatisation globale que lui et ses députés manifestent
depuis que nous discutons.
Ce que l'on entend depuis le début, depuis le printemps, ici, de
la part de l'Opposition, c'est: Étatisez donc ça "board to
board", là, Montréal et toute la province; expropriez tout cela,
toute cette "gang" et le problème va être réglé.
C'est cela qu'on entend. La députée de Marie-Victorin en a
parlé, la députée de Chicoutimi en a fait longuement
état. La députée de Marie-Victorin en a parlé moins
que la députée de Chicoutimi, j'en conviens, et elle ne se
rappelle peut-être pas en avoir parlé, c'est possible, mais elle
en a parlé, j'en ai pris note.
M. Chevrette: Respectez...
M. Dutil: La députée de Chicoutimi en a
parlé également de l'étatisation. Pourquoi
n'étatisez-vous pas cela, pourquoi ne réglez-vous pas tout le
problème? Étatisez donc, dans la province, tous ces
propriétaires d'ambulances; nous, c'est ce qu'on pense qui devrait
être fait.
Bien, moi, la question que je pose, c'est, tout d'abord: Pourquoi ne
l'ont-ils pas fait lorsqu'ils étaient au pouvoir? Nous, ce n'est pas
notre point de vue. Notre point de vue, c'est de recréer le lien
d'emploi à Montréal, à la suite de la situation
créée par l'ancien gouvernement, et nous le faisons. C'est aussi
d'éviter que la même chose ne se reproduise en province, et nous
le faisons. Le chef de l'Opposition a fait grand état de la convention
collective, de toutes sortes de choses en dehors de nos discussions de
commission parlementaire. Pourtant, nos discussions ici concernent l'article
149. 15. 1. Notre travail, c'est de discuter de ce texte pour voir s'il est
conforme et les argumentations devraient porter sur ce texte-là.
Je pense que la commission en a beaucoup entendu en dehors de ce texte
et qu'on devrait rejeter tout autre amendement de l'Opposition à ce
sujet. Puisque nous sommes en discussion sur ce texte, nous devrions l'adopter
séance tenante. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Bien, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur cet amendement à l'article 149. 15. 1? Je
m'excuse, M. le député de Joliette, est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur cet amendement?
M. Chevrette: Non, nous aurons de plaisir d'aller à 149.
17, voir le ministre avec cela.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article
149. 15. 1 et l'amendement proposé est adopté?
M. Chevrette: Rejeté.
M. Dutil: Adopté.
M. Chevrette: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. J'appelle donc l'article 149. 16, qui ce lit: "La corporation peut en
outre, sur demande d'une municipalité de son territoire, l'autoriser
à effectuer du transport ambulancier aux conditions qu'elle
détermine et conclure avec cette municipalité un contrat à
cette fin". (11 h 45)
M. Dutil: Je vois qu'on n'a pas déposé notre
amendement. Nous déposons un amendement pour retirer cet...
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, sur une question de règlement.
M. Chevrette: Je voudrais parler de la recevabilité de cet
amendement.
Le Président (M. Bélanger): On doit le recevoir
avant.
M. Chevrette: Est-ce que vous le recevez?
Le Président (M. Bélanger): II est
déposé par le ministre. Est-ce que tout le monde en a une
copie?
M. Chevrette: On n'en a pas.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Cela va
être distribué.
Cet amendement se lit comme suit: L'article 149. 16, introduit par
l'article 2 de la Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et d'autres dispositions législatives, est
supprimé. Si je comprends bien, vous supprimez l'article?
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Bon. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: À mon avis, c'est irrecevable et je vais
vous expliquer pourquoi. Vous lirez d'abord l'article 197 de nos
règlements qui dit que "les amendements doivent concerner le même
sujet que la motion et ne peuvent aller à l'encontre de son principe.
Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou à remplacer
des mots. "
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: C'est le premier point. Je vous
référerais à une décision qui a été
rendue en juin 1986. Lors de l'étude détaillée du projet
de loi 71, Loi modifiant la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles, un député de l'Opposition propose successivement de
supprimer les articles 8 et 9 du projet de loi, comme vient de le faire le
ministre pour supprimer un article. La décision: "Conformément
à l'article 197, un amendement ne peut aller à l'encontre du
principe de la motion principale. Un amendement ne vise qu'à retrancher,
à ajouter ou à remplacer des mots. Si un député
n'est pas d'accord avec une motion, il doit voter contre. Seul l'auteur d'une
motion peut en proposer le retrait, conformément à l'article 195.
" L'auteur de la motion, après que c'eût été
voté en Chambre, c'est le Parlement.
Vous avez également une autre décision, à l'article
244. Le contexte: Lors de l'étude détaillée d'un projet de
loi, un député indépen- dant propose un amendement visant
à biffer trois articles. Question: Peut-on, par le biais d'un
amendement, proposer de biffer des articles d'un projet de loi?
Décision: Une motion d'amendement ne visant qu'à supprimer un
article est irrecevable. Beauchesne. Vous aimez citer Beau-chesne, vous lirez
Beauchesne. Un amendement... Je peux vous le lire en anglais. S'il vous
plaît, cela va être une corvée.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Procédez.
M. Chevrette: An amendment... Je vais mettre mes verres, cela ira
mieux. C'est petit. Je vais vous passer l'amendement. Je sais que vous
êtes fort en anglais. Voulez-vous le lire? Beauchesne, c'est la
spécialité de Mme Lamontagne. Donc, c'est...
Le Président (M. Bélanger): The Admissibility of
Amendments in Committee. An amendment to delete a clause is not in order, as
the proper course is to vote against the clause standing part of the bill.
"
M. Chevrette: Après cela, vous avez Erskine May, page 556,
M. le Président. Vous pouvez le lire également. Je vous le cite:
"An amendment to leave out... " Un amendement pour retirer un article est
irrecevable. Erskine May, page 556. Il y a un seul moyen de faire cela, c'est
de voter contre.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que M. le
ministre veut intervenir sur la recevabilité?
M. Dutil: Oui, je voudrais intervenir sur la recevabilité,
mais pas dans le même sens et pas avec la même argumentation que le
chef de l'Opposition. Je veux juste mentionner qu'une bonne partie de cet
article a tout simplement été transféré à
l'article 22 dans ce qu'on a transmis au chef de l'Opposition, mais ce qui
serait renuméroté à l'article 21. Il a été
retransmis. La raison pour laquelle nous l'avons transféré, c'est
qu'il s'agit d'une mesure transitoire que nous avons voulu regrouper à
l'article 21. C'est la raison principale, et c'est la raison pour laquelle, je
pense, on devrait recevoir cet article, l'abolir et reporter la discussion
à l'article 21. 1, que vous avez au numéro 22.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il y a
effectivement deux positions. Je pense que M. le député de
Joliette nous a fait longuement état de la position de Beauchesne et de
la jurisprudence qui a été établie dans les commissions
disant que, lorsqu'on veut retirer un amendement, il faut le battre, voter
contre, habituellement. En tout cas, je reviendrai sur cette partie. L'autre
tendance dit: Lorsque le ministre qui présente un projet de loi dont il
est l'auteur désire retirer un des articles, il peut le faire. Il y a
de
la jurisprudence des deux côtés. Je préfère,
personnellement, travailler avec Beauchesne qui nous apparaît être
une source plus définie, mieux articulée et plus
fréquemment utilisée lorsqu'il s'agit de commissions
parlementaires. En vertu de Beauchesne, je préférerais cette
position que celle du député de Joliette, à savoir que si
on veut retirer un article on doit le battre au vote, et c'est la façon
de le retirer.
Vous avez raison. L'amendement de M. le ministre est donc
irrecevable.
M. Dutil: M. le Président, je voudrais poser une question:
Est-ce que ça rendra irrecevable l'introduction, à l'article 22,
d'un article qui n'est pas exactement le même, mais
équivalent?
M. Chevrette: Non, non. Si ç'a de l'allure, on
l'acceptera.
Le Président (M. Bélanger): II dit: On ne le battra
pas, on votera pour.
M. Dutil: Le fait de devoir voter contre, pour le retirer... La
solution que vous me laissez, c'est de voter contre l'amendement, si j'ai bien
compris?
Le Président (M. Bélanger): C'est de voter contre
l'amendement. Maintenant, si vous voulez modifier l'article... Vous faites
état de votre intention de revenir avec cet amendement ou avec le
contenu de cet article à un amendement ultérieur, qui sera
déposé plus tard, mais je pense qu'on ne peut pas avancer sur la
base d'une hypothèse. Vous pourrez le faire à ce
moment-là, présenter un amendement qui...
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît,
M. le député de Joliette, qu'on me laisse finir.
Vous pourriez, à ce moment-là, présenter votre
amendement qui permettra d'inclure ce que vous vouliez retirer à cet
article.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, toujours selon Beauchesne,
comment pouvez-vous indiquer au ministre qu'il pourra faire indirectement ce
qu'il n'a pas le droit de faire directement? En d'autres mots, comment
pouvez-vous dire au ministre qu'il aura le droit d'amender quelque chose qui
vient d'être battu? C'est une réintroduction de quelque chose qui
vient d'être battu, on n'a pas le droit de faire ça. Je voudrais
bien savoir en vertu de quel article de notre règlement vous êtes
en train de dire au ministre, a priori, qu'il va s'enligner dans
l'illégalité, ce que je ne laisserai pas faire, bien
sûr.
Une voix: M. le Président...
M. Chevrette: En d'autres mots, si vous avez mal
préparé votre projet de loi, ce n'est pas ma faute.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, d'une façon ou d'une autre, dans le
fond, quand on regarde ça, le détour pour arriver au même
résultat sera le même. Si on adopte l'amendement, en votant pour
l'amendement, on supprime l'article. Il est irrecevable, on discute de
l'amendement et il est battu au vote. Il peut être réintroduit
ailleurs. Le ministre peut présenter tous les amendements qu'il veut
à son projet de loi, à n'importe quel moment. Donc, on arrivera
au même résultat, c'est juste que le chemin sera plus long. Mais
la procédure le veut ainsi.
M. Chevrette: Je voudrais attirer votre attention sur l'article
773 de Beauchesne, deuxième point; vous verrez que c'est très
clair. Le ministre peut-il apporter un amendement qui serait contradictoire
à une décision antérieure prise par la commission? Non,
Beauchesne dit non. Vous venez de me dire, dans votre première
réponse, que vous vous basiez sur Beauchesne, ce qui me rend très
heureux parce que vous vous en servez depuis le début de la commission.
Là, il ne faudrait pas s'en servir pour un petit bout et le mettre de
côté pour un autre petit bout.
L'article 773 décrit... Le petit bout dont vous avez parlé
tout à l'heure est prolongé par le petit bout que je viens de
vous lire.
Le Président (M. Bélanger): Qu'est-ce qu'on dit
à l'article 773?
M. Chevrette: L'article 773. 2
Le Président (M. Bélanger): Le 2°?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): "S'il est contraire au
projet de loi tel que le comité l'a accepté, ou le contredit; ou
s'il contredit une décision que le comité a rendue au sujet d'un
amendement antérieur. "
M. Chevrette: Comment pouvez-vous dire au ministre, à ce
stade-ci, qu'il pourra réintroduire l'amendement qu'on vient de battre
ici? On ne peut pas dire ça en vertu de l'article 773, je suis convaincu
de ça. Sinon, vous diriez... Qu'est-ce que ça donnerait d'avoir
rendu votre première décision, si vous dites: En vertu de
Beauchesne, tu n'as pas le droit de retirer ta décision. Donc, laisse-la
là et on la bat. Toujours, en vertu de Beauchesne, un amendement qui est
battu ne peut pas être ramené. Expliquez-moi la logique.
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre,
allez-y.
M. Dutil: On a fait un peu le même exercice, rappelez-vous,
à l'article 149. 5, paragraphe 2°. Rappelez-vous que j'avais
déposé un amendement et le débat que nous avons eu, qui a
duré tout près d'une heure, parce qu'il y avait un autre litige,
à savoir si c'était un sous-amendement ou un amendement... Et,
là, ce qu'on faisait, c'est que l'on transposait un article - qui
était un alinéa plus bas dans le même article - et on le
remontait, avec les adaptations nécessaires. On avait les mots "la
corporation" et, parce qu'il y avait un deux-points, ce n'était pas
nécessaire de mettre "la corporation". Mais le sens était
strictement le même.
M. Chevrette:... aider, M. le ministre.
M. Dutil: Laissez-moi finir, M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Je vais vous aider.
M. Dutil: Alors, ce qu'on a fait, on a adopté l'amendement
proposé et on a supprimé l'autre amendement par la suite. C'est
ce qu'on a fait.
M. Chevrette: Si vous voulez faire ça, je peux vous
aider.
M. Dutil: On a...
M. Chevrette: Si vous vouliez faire ça, vos conseillers
auraient dû vous dire: Nous allons suspendre l'étude de l'article
149. 16 et nous allons l'étudier dans le cadre de l'article 149. 21.
Mais quand vous nous proposez de supprimer... C'est ça. Là, je
fais ça pour vous aider. Je pourrais vous envoyer paître et
m'amuser une demi-heure sur les questions de règlement. Je suis
sûr que son Beauchesne ne peut pas devenir incohérent d'une minute
à l'autre.
Donc, si Beauchesne nous dit qu'une proposition supprimée,
ça n'existe pas, il faut la battre, comment pourriez-vous la reporter
ailleurs, à l'intérieur de l'étude d'une même
commission qui se doit d'être cohérente? On a voté contre.
Comment pourriez-vous judicieusement ramener votre amendement, alors que
Beauchesne dit qu'on ne peut pas ramener un amendement qui a été
battu par les mêmes gens? On passerait pour une "gang" d'épais,
selon lui. On bat quelque chose à une place, on le ramène
à l'autre et on vote pour. Voyons!
Il faut être un peu cohérent quand on est
législateur.
M. Dutil: M. le Président...
M. Chevrette: Et c'est le gouvernement - je m'excuse,
j'achève - qui a la responsabilité de gouverner et vous avez
même pas mal plus de ressources qu'on peut en avoir. Donc, alignez vos
flûtes pour que cela ait de l'allure et on va suivre.
M. Dutil: M. le Président, il y a plusieurs solutions.
Le Président (M. Béianger): Un instant! M. le
député de Joliette, vous avez terminé votre intervention?
Oui? M. le ministre.
M. Dutil: II y a plusieurs solutions. Il est évident que,
si je suis appelé à voter contre mon amendement et que vous me
dites que ce ne sera pas recevable quand on va le réintroduire à
22, on va trouver une solution différente, c'est évident.
Le Président (M. Bélanger): II faut le
suspendre.
M. Dutil: Si c'était votre décision, M. le
Président, il y a une autre solution que de le suspendre. Il y a la
solution de l'amender et on renumérotera à la fin, mais qu'on
l'adopte à l'article 149. 16.
M. Chevrette: M. le Président, je vais vous demander d'y
aller une chose à la fois. Je vous ai posé une question sur
l'article 149. 16. Elle est déposée. Donc, vous avez jugé
qu'il fallait le battre. Donc, on procède. Je me réserve le droit
de ramener le débat quand on y arrivera, plus tard. Mais je voulais
montrer au ministre ce qu'est jouer "fair play". J'aurais pu me fermer la
boîte, mais je ne suis pas du genre à me fermer la boîte
quand je sais qu'il est dans le pétrin jusqu'aux oreilles. Il l'est
déjà sur le fond du projet de loi, on n'est pas pour l'emmerder
avec le règlement. Mais c'est clair que je vais revenir. Je vous
demanderais de procéder à l'article 149. 16, d'abord. D'ailleurs,
on n'est pas censé vous le demander par anticipation et vous non plus.
Vous ne devriez même pas répondre à la question que le
ministre vous a posée, parce que vous dites: C'est hypothétique.
Cela, c'est une autre question de règlement que je voulais vous faire,
mais comme je vous trouve assez correct je ne la ferai pas.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez raison
là-dessus.
M. Chevrette: Bon...
Le Président (M. Bélanger): On ne doit
jamais...
M. Chevrette: Encore une fois, si le ministre me donnait raison
sur le fond même, on réglerait.
M. Dutil: Non, mais, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Disons que pour
cette fois là...
M. Dutil: M. le Président, vous me dites que je ne peux
pas le retirer et que, si je veux l'enlever, je dois le battre. Je vous dis que
j'ai le droit de l'amender. Je ne peux pas le retirer, j'ai droit de
l'amender.
M. Chevrette: Non, monsieur. C'est supprimé et
Beauchesne... Comment allez-vous amender le mot "supprimer"?
M. Dutil: Je retire l'autre amendement; l'autre amendement n'est
pas recevable pour l'instant, vous dites...
M. Chevrette: Non, il est recevable; il a été
reçu.
Une voix: Ce n'est pas ça, monsieur.
M. Dutil: II a été déclaré
irrecevable, M. le Président, si j'ai bien compris. Vous me dites que la
seule solution que j'ai pour le réintroduire à 22, c'est de
battre celui-là. Alors, il me dit que c'était irrecevable.
Le Président (M. Bélanger): Si vous nous donnez
deux petites minutes, on va tirer tout ça au clair et on va vous
donner...
M. Chevrette: Rendez ça clair et on va prendre un
café.
Le Président (M. Bélanger): On va suspendre deux
secondes, juste pour rendre ça clair et vous donner une décision
exacte.
(Suspension de la séance à 12 h 5)
(Reprise à 12 h 9)
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
on va suspendre les travaux jusqu'à 14 heures.
M. Chevrette: À 14 heures, je pense qu'on est en
Chambre.
Le Président (M. Bélanger): Un instant On
siège jusqu'à quelle heure?
Une voix: 12 h 30.
M. Chevrette: 12 h 30, qu'on m'a dit.
Le Président (M. Bélanger): Attendez un peu, je
vais vérifier parce que je n'ai pas les ordres de la cour devant
moi...
M. Chevrette:... les ordres de la Chambre.
Le Président (M. Bélanger):... de la Cham- bre.
M. Chevrette: C'est loin d'être une cour; une cour de
récréation.
Le Président (M. Bélanger): C'est 12 h 30, selon
l'ordre du leader? Parfait, pas de problème. Je m'excuse.
M. Chevrette: Pourrait-on savoir tout cela officiellement? C'est
parce que je fais partie du groupe ici et mes collègues aussi.
Le Président (M. Bélanger): Pas de problème,
vous allez tout savoir cela quand ce sera le temps. D'accord? L'amendement
à l'article 149. 16, introduit par l'article 2 de la Loi modifiant Loi
sur les services de santé et les services sociaux et d'autres
dispositions législatives, est supprimé. Nous disions tout
à l'heure que cet amendement est irrecevable en vertu d'une série
de décisions faisant jurisprudence dans Beauchesne et Geof-frion. On
mentionnait aussi qu'il y a une autre attitude ou une autre façon de
procéder qui a été d'ailleurs, semble-t-il,
utilisée jeudi soir, où on le déclare à ce
moment-là recevable, mais on procède avec une fiction,
c'est-à-dire avec un vide juridique jusqu'à ce qu'on arrive
à l'article suivant où là... Cela a été fait
jeudi soir. Maintenant, personnellement...
M. Chevrette: Je n'étais pas ici.
Le Président (M. Bélanger):... je
préfère fonctionner selon Beauchesne et Geoffrion qui nous
offrent toujours une position très claire, nous permettant à ce
moment-là de toujours s'ensuivre et d'avoir une logique dans nos
règles. Donc, à cet effet, nous devons déclarer
l'amendement irrecevable.
M. Chevrette: Qu'avez-vous l'intention de faire là?
M. Dutil: M. le Président, pour ne pas retarder les
travaux, je vais accepter la suspension, mais sans aller à la discussion
de l'article 22, on va continuer à l'article...
M. Chevrette: Donc, vous Droposez la suspension?
M. Dutil:... 149, oui. À l'article 149. 17...
Le Président (M. Bélanger): Vous proposez la
suspension de l'article 149. 16...
M. Dutil: C'est parce que là, M. le Président, je
pourrais proposer des amendements à l'article 149. 16 qui seraient en
conformité avec ce que j'ai transmis à l'Opposition à
l'article 22.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M. le
ministre, vous préférez...
M. Dutil: Je pourrais faire cela, mais je pense que ce serait
plus long...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Dutil:... il nous reste 20 minutes de débat, on
pourrait l'entreprendre immédiatement sur l'article 149. 17...
Le Président (M. Bélanger): Bon. Donc... M.
Dutil:... pour faciliter les travaux.
Le Président (M. Bélanger):... nous suspendons
l'étude de l'article 149. 16 et nous passons...
M. Chevrette: Vous tenez pour acquis qu'on est d'accord?
Le Président (M. Bélanger): Je dis qu'il y a une
proposition de suspension de l'article 149. 16, qui nous dit de passer à
l'article 149. 17. Sur cette proposition...
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger):... de M. le ministre...
Oui, M. le ministre.
M. Dutil: C'est une proposition évidemment; si
l'Opposition n'est pas d'accord, on passera au vote là-dessus, on verra.
Quoi qu'il en soit, il y a toujours l'autre solution, sauf qu'il va falloir
attendre que nous préparions notre amendement, que nous fassions la
concordance et que nous le remaniions, c'est-à-dire que d'ici à
12 h 30 il ne se passera pas grand-chose.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il consensus pour
suspendre l'étude de l'article 149. 16?
M. Chevrette: Oui, pour aborder le deuxième paragraphe de
l'article 149. 17.
Le Président (M. Bélanger): Qu'est-ce que c'est, le
deuxième paragraphe de l'article 149. 17?
M. Chevrette: L'article 149. 17.
Le Président (M. Bélanger): L'article 149. 17...
L'article 149. 16 est suspendu. J'appelle l'article 149. 17. Il y a un
amendement, qu'on me dit, ou une intention d'amendement, M. le ministre?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: On voudrait le connaître...
Le Président (M. Bélanger):... parce qu'il n'est
pas déposé.
M. Dutil: On dépose la proposition d'amendement et on en
donne des copies.
Il y a un point à éclaircir, M. le Président. Avant
que le chef de l'Opposition le soulève, il est aussi bien de
l'éciaircir tout de suite. Nous avions présenté un
amendement, au printemps, à l'article 149. 17. Je pense qu'il n'avait
été que transmis, je n'en suis pas certain. Est-ce qu'il a
été déposé? À ce moment-là, il
faudrait envisager de le retirer lui aussi. Il n'y avait pas eu de discussion
à son sujet.
Le Président (M. Bélanger): II n'y avait rien
à ce sujet-là.
M. Dutil: II avait été juste transmis?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Il n'y a rien
à nettoyer sur la table en termes de procédure. Tout est beau, M.
le ministre. Vous pouvez procéder avec votre nouvel amendement.
M. Dutil: Donc, mon nouvel amendement remplace le texte original
de l'article 149. 17 dans le projet de loi 34 qui se lisait comme suit: "Les
normes d'équipement, de fonctionnement et d'inspection des
opérations des services d'ambulance ainsi que les normes relatives
à la qualification du personnel affecté à ces services,
prévues à un règlement pris en application de la Loi sur
la protection de la santé publique s'appliquent, en faisant les
adaptations nécessaires et compte tenu de la nature des activités
exercées, à tout propriétaire ou municipalité qui a
conclu un contrat en vertu de l'article 149. 15 ou de l'article 149. 16 ainsi
qu'à la corporation. "
Ce serait modifié par l'amendement suivant: "Les normes relatives
à la qualification du personnel affecté aux services constituant
un système préhospitalier d'urgence, de même que les normes
d'équipement, de fonctionnement et d'inspection des opérations de
ces services, prévues à un règlement pris en application
de la Loi sur la protection de la santé publique, s'appliquent, compte
tenu des adaptations nécessaires et de la nature des activités
exercées, à ceux qui ont conclu un contrat avec la corporation en
matière de transport ambulancier ainsi qu'à cette
dernière. "
On voit, M. le Président, qu'entre l'article initial et l'article
que nous déposons il y a des ressemblances énormes. Il y a
certaines modifications que je vous donne immédiatement qui concernent
la qualification du personnel affecté aux services
préhospitaliers d'urgence, principalement. Si je me rappelle nos
débats de ce moment-là, on nous avait justement reproché,
quant aux normes - si je me trompe, on me contredira - de ne parler que des
équipements, que du fonctionnement et de l'inspection, et de ne pas
tenir compte du personnel et de leur qualification. C'est la raison pour
laquelle nous avons introduit ici ce morceau supplémentaire, le reste
étant identique, sauf les adaptations
concernant les articles que nous avons déjà
modifiés.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je vais y aller, dans un
premier temps, comme iI ne reste que treize ou quatorze minutes, purement et
simplement sur ce que je pense de ces normes relatives à la
qualification du personnel. Je vais commencer mon exposé en prenant la
fin de ce que je vous disais tantôt. Cela vous a fait rebondir, cela vous
a choqué, donc, c'est parce que j'avais touché un point sensible,
mais je dois vous rappeler... Je me demande bien ce que cela vient faire, "des
normes relatives à la qualification du personnel", quand on sait qu'il y
a des conventions collectives signées qui disent, par exemple, que dans
tous les cas de mise à pied, pour un groupe, cela prendrait un avis de
quinze jours, quel que soit le cas. Il s'agit de la CSN, la province et
Montréal. Dans le cas de la FTQ, s'il y a faute lourde,
immédiatement: Bonjour Luc, prends la porte! Vous avez fixé des
normes de qualité quand dans la même lettre, une entente entre le
sous-ministre et le RETAQ, vous dites ceci: En aucun cas, le ministère
de la Santé et des Services sociaux ou un organisme gouvernemental -
donc, l'OSBL - ne peut retirer la carte d'attestation de conformité de
technicien ambulancier à un technicien ambulancier, sauf lorsqu'elle a
été obtenue sous de fausses représentations. Donc, je l'ai
obtenue correctement et non sous de fausses représentations, je commets
une faute lourde, je ne peux même pas perdre ma carte. En plus de
ça, même en cas de faute lourde, ça me prendrait un avis de
quinze jours avant de me faire mettre à pied. C'est signé dans
les conventions collectives.
C'est quoi, vos discours sur les normes de qualité? C'est quoi au
juste, quand un employeur - il va en rester quelques-uns - ne pourra même
pas, dans un cas de faute lourde, suspendre ou mettre à pied, sauf avec
un avis de quinze jours? Ayez les normes de qualité que vous voudrez,
ça ne veut plus rien dire dans votre pro|et de loi, ce que vous
êtes en train de nous faire voter, sous prétexte que c'est beau.
Vous vous souciez de la qualité, vous vous souciez dans votre texte
légal de la qualité parce qu'on vous a dit que vous ne vous en
souciiez pas, au mois de juin. Vous arrivez maintenant avec un amendement mais,
dans les faits, dans les contrats que vous signez, dans les lettres d'entente
que vous êtes en train de signer, où les employeurs ne sont
même pas impliqués, vous dites que c'est de la bouillie pour les
chats, c'est de la poudre aux yeux.
Je dis aux gens qui nous écoutent que je suis pour la
qualité mais, dans les faits, faites donc ce que vous voudrez, II n'y a
pas de problème, vous avez votre carte à vie, ad vitam aetemam,
amen, bonjour. Plus que ça, commettez la gaffe que vous voulez, il va
falloir que je vous avertisse quinze jours à l'avance que je veux vous
gronder. Le temps de mobiliser le RETAQ, de faire deux à trois
grèves pour dire: Retire ta plainte parce qu'on fait la grève. On
sait comment cela marche.
Le ministre est d'une naïveté consommée. Il ne
connaît pas le système, il ne sait absolument pas ce qui se passe
dans les faits et il aura beau me reprocher n'importe quoi, le temps que j'ai
été ministre de la santé, au moins, je ne leur ai pas
donné ma chemise, mes "shorts" et mes culottes. Est-ce que c'est clair?
Cela n'a pas de sens. On ne se targue pas de souci de qualité quand,
d'une main, on dit "je veux de la qualité" et, de l'autre main, on dit:
Fais n'importe quoi, tu n'auras pas de problème. C'est à peu
près ça qu'il leur dit.
Je ne suis pas d'accord avec ça. Quand on dit qu'il y a des
normes de qualité, on pourrait au moins exiger un code de
déontologie, un comité de discipline en cas de faute lourde. Je
me rappelle que la corporation des enseignants du Québec, la Centrale de
l'enseignement du Québec, dans toutes les conventions collectives,
disait: Sauf en cas de faute lourde, tu auras un avis. Je me souviens, j'avais
été négociateur syndical et j'avais accepté "sauf
en cas de faute lourde". Pourquoi? Parce que, par exemple, en cas
d'homosexualité chez un jeune, est-ce qu'on laisse le prof en classe? On
disait non. C'est bien simple, le gros bon sens, c'est dehors et bonjour Luc.
Est-ce que vous auriez une enquête sur le Sri Lankais ou n'y aurait-il
pas eu une suspension automatique des personnes qui ont été
impliquées dans ça? Je vous pose la question très claire
et très précise. Y aurait-il eu réinsertion? Si tout
marche par la force, congédier une personne, je fais une journée
de grève et elle est réinstallée le lendemain. Si on
marche toujours comme cela, vous n'avez pas besoin de loi. Vous donnez le
pouvoir concrètement à un seul groupe, ça n'a pas de bon
sens.
Je dis que le ministre est en train de nous endormir avec de beaux
textes de loi. S'il veut véritablement des normes de qualité, iI
devrait écrire dans la convention collective: "Tout technicien
ambulancier sera assujetti aux normes de qualité, sous peine de
déchéance, sous peine de perte de sa carte d'attestation". Fais
ce que tu voudras, tu ne perdras pas ta carte. Si tu es de la FTQ, à
part ça, fais ce que tu voudras, mais tu peux être mis dehors. Si
tu es de la CSN, fais ce que tu voudras, ne te fais pas de bile, tu as au moins
quinze jours, le temps de monter une grève pour te faire
réinstaller. Cela n'a pas de bon sens, pas d'allure, M. le ministre! Et
c'est cela, vous le savez, qui va se passer. On lit les documents, ce n'est pas
une farce. Je lisais les documents du RETAQ, et c'est drôle. Si les
patrons n'acceptent pas cela, ce n'est pas grave, on fera nos moyens de
pression habituels, et ils seront contraints à administrer des petits :
bouts de tôle, pas plus, pas moins.
Vous savez ce qui va venir, M. le ministre. Vous le savez. Ce
pattern-là se dessine pour être exactement la recherche d'un
monopole absolu. Et il s'agit de la recherche d'un monopole dans le domaine de
la santé, M. le ministre. Si vous n'en avez pas peur, mol, j'en ai peur.
Si vous ne craignez pas cela, moi, je le crains. Ce n'est pas une usine de
roues de bicyclettes, ce n'est pas vrai. Ce sont des gens, des gens dans le
champ, qui appellent et qui disent: "Bon, viens, ma mère est malade". On
dit: "Non, aujourd'hui, on ne roule pas, tu as enlevé la carte de
compétence à un de nos collègues. Ou bien, on dit: 'Tu
l'as mis dehors et tu ne lui as pas donné ses quinze jours d'avis". Ou
bien encore, tu rentres au restaurant: "Je ne peux pas y aller avant quinze
minutes, je suis au restaurant, j'ai le droit de prendre mon lunch - dans le
cas de la CSN - appelle la FTQ, eux n'ont pas les quinze minutes". C'est fou
comme balai, fou comme de la merde - excusez l'expression. Fou "fret", cela n'a
pas de bon sens. Et c'est le même négociateur patronal qui a fait
cela. Et le ministre, lui, se targue que tout est correct, tout est parfait, il
n'y a pas de problème, c'est beau.
C'est beau, c'est très très beau, il nous dit: Les patrons
ont toujours été là, même s'ils disent qu'ils n'ont
pas été là. Vous savez, le président de la
corporation, M. Antoine Fabi, le lendemain de votre entente de principe, vous
vous rappelez ce qu'il a déclaré. Il a dit: On demande la
conciliation. Le ministre annonce une entente et l'autre demande une
conciliation. Tu te dis qu'il y a quelque chose qui ne va pas quelque part.
Cela aurait dû être... Ils étaient tous dans la même
salle, et ils ont été obligés d'écrire pour avoir
cela. Je n'en reviens pas!
M. le ministre, nous allons souscrire aux normes relatives à la
qualification, mais vous allez introduire, par des amendements que nous avons
préparés, ou bien un code de déontologie ou un
comité de discipline, ou vous allez donner les pouvoirs de suspension en
cas de faute lourde. Mais ce n'est pas vrai que nous allons vous laisser faire,
vous laisser signer une convention collective qui, à toutes fins utiles,
ne donnerait aucune emprise sur les actes professionnels, alors que vous dites
vous-même que vous voulez dégager 44 000 000 $ - j'ai hâte
de voir le Conseil du trésor avec cela - pour un perfectionnement sur X
années, ou quelque chose du genre. Mettez le nombre de millions que vous
voudrez, vous allez nous dire comment vous allez qualifier des gens et que vous
ne les suspendrez pas pour faute professionnelle? Cela va prendre des
préavis. Ce n'est pas vrai que vous allez faire ça. Vous allez
être sérieux. Si vous voulez véritablement une
qualité des services, vous allez vous donner le pouvoir de sanction de
la qualité. Le pouvoir de sanction de la qualité, où
existe-t-il dans ces articles de loi? Nulle part, M. le Président.
Vous avez travaillé dans le réseau, M. le
Président, vous avez fait partie des CSS. Auriez- vous accepté
qu'un travailleur social use de violence, par exemple, dans le cas d'un jeune
arrêté à la suite d'un signalement? Qu'auriez-vous fait, en
tant que D. G. du CSS de la Monté-régie? Vous l'auriez suspendu
sur-le-champ, vous n'auriez même pas demandé au syndicat ce qu'il
en pensait. Vous connaissant, pour avoir travaillé dans le
réseau, vous auriez immédiatement suspendu ce travailleur social,
vous auriez dit: Fais un grief, fais ce que tu voudras, mais ce n'est pas vrai
que je vais laisser passer ça. Ç'aurait été une
réaction tout à fait responsable, tout à fait correcte, et
je suis convaincu qu'il n'y a pas un homme, ni un femme politique qui vous
aurait reproché d'avoir posé le geste. Il aurait
été possible que vous ne gagniez pas en arbitrage, mais, au
moins, vous auriez pris vos responsabilités à ce moment.
Là, par les documents qui sont signés ou en voie
d'être signés, vous ne pourriez même pas faire ça, M.
le Président. Dans le cas de la CSN, vous seriez tenu de donner un avis
de quinze jours avant de poser un geste, faute lourde ou pas. Et vous trouvez
que c'est une qualité des services? Mon oeil! Ça n'a pas de
maudit bon sens. Plus que cela, vous êtes travailleur social, vous avez
un diplôme, vous avez une corporation, vous exigez que le gouvernement
légifère pour les corporations professionnelles, vous les forcez
à avoir un code de déontologie, un code d'éthique, un
comité de discipline et ils peuvent même avoir une
révocation des diplômes. J'ai vu des enseignants qui ont vu leur
diplôme révoqué après cinq ans ou six ans
d'études, une licence, une maîtrise. Dans le cas des techniciens
ambulanciers, il n'y a aucune possibilité pour le ministère ni
pour une société d'État, s'il vous plaît, de
révoquer la carte. Bon Dieu! Où est-ce qu'on s'en va? Et vous
nous parlez des normes de qualité? Vous êtes en train de tout
donner, le contrôle absolu sur la qualité de l'acte
professionnel.
Le député de Chambly est un avocat, il sait très
bien qu'il y a des types qui sont rayés du Barreau et à qui on a
enlevé leur capacité d'exercer leur métier. Je pourrais
nommer des avocats de grande réputation qui ont vu leur licence de droit
révoquée pour avoir commis des fautes lourdes. Ici, le
ministère est en train de tricoter et de trafiquer en dessous de la
table des lettres d'entente selon lesquelles on ne pourra pas leur enlever la
carte, quoi qu'il arrive. Où allez-vous avec vos gros sabots? Vous
êtes sur le terrazzo avec vos sabots de bois, ça résonne,
ça n'a plus de maudit bon sens, mais ça résonne,
"ré" et non pas "rai". J'appelle ça de l'irresponsabilité
ministérielle que d'aller de cette façon.
Il essaie de nous endormir, en même temps, avec de belles clauses,
de beaux articles: la qualité, des normes de qualité. Vous
êtes en retard, vous auriez dû rédiger votre loi avant de
tout leur donner. Là, on aurait pu discuter de la loi et, après
ça, subordonner votre convention
collective à la loi. Là, vous avez signé votre
convention collective et vous essayez de subordonner votre loi à une
convention collective. Ça fait quétaine un peu, ça fait
dur un peu.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, parce
qu'il nous reste une minute avant de suspendre les travaux.
M. Chevrette: Oui, je vais prendre ma minute, certain! Je
voudrais demander au ministre, très sérieusement, parce qu'il est
encore temps, qu'il réfléchisse avant de déposer des
textes législatifs qui n'auront aucune portée dans les faits
parce que ses acolytes, je ne sais pas qui, ses mandataires sont en train ou
ont défait tout l'esprit qu'il voulait donner à la loi. Je me
rappelle avoir écouté son beau discours en deuxième
lecture, et quelqu'un de naïf aurait pu pleurer: La qualité des
services, il chialait contre le PQ. Il avait hâte d'être au
pouvoir, ça fait trois ans qu'il est là et il n'est pas capable
d'assumer ses responsabilités. Il fallait qu'il améliore la
qualité des services ambulanciers, il faut responsabiliser les
travailleurs. Il ne les soumet à aucun comité de discipline, ils
peuvent faire n'importe quoi, ça prendra quinze jours... On n'endurerait
même pas ça dans une société le moindrement
organisée. Je n'ai pas vu un seul ministre concéder autant de
pouvoirs sur le plan de la qualité professionnelle des services. Et
ça, c'est une faute grave de la part du ministre, c'est même
majeur, cette partie-là.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, il vous restera sept minutes, au retour,
à 15 heures, dans la mesure où on aura l'ordre de la Chambre.
M. Chevrette:... un amendement pour pouvoir lui en parler encore
plus.
Le Président (M. Bélanger): La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)