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(Seize heures treize minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais à chacun de reprendre sa place. La
commission permanente des affaires sociales se réunit afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 34, Loi modifiant la
Loi sur les services de santé et les services sociaux et d'autres
dispositions législatives. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a
des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Blais
(Terrebonne) sera remplacé par M. Chevrette (Joliette), Mme Harel
(Maisonneuve) par M. Claveau (Ungava) et M. Joly (Fabre) par M. - Ah, M. Joly
est là - Lemire (Saint-Maurice).
Le Président (M. Bélanger): Pour la session de ce
soir.
La Secrétaire: Et la même chose pour M. le
député...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je comprends que votre remplacement, c'est
jusqu'à 18 heures et que, ce soir, vous ne serez pas
remplacé?
M. Chevrette: Je demanderais le consentement de celui que je
remplace, puisse éventuellement... Je ne sais pas s'il viendra, mais il
pourrait venir. C'est force majeure.
M. Dutil: Pas de problème, mon cher.
M. Chevrette: Je suis très peiné, d'ailleurs, de ne
pas être ici, ce soir.
M. Dutil: Je suis très peiné que vous n'y soyez
pas, je vais m'ennuyer énormément.
M. Chevrette: Je suis sûr que j'ai de belles lectures
à vous faire, M. le ministre.
Le Président (M. Bélanger): Messieurs, soyez
sincères!
M. Dutil: J'en douterais, de votre part.
La Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain (suite)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Alors, cela va pour les remplacements? Bien, nous en étions... Oui, M.
le député de Joliette?
M. Chevrette: Pour commencer, j'aurais une question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Chevrette: Une question de règlement, M. le
Président. On se rappellera que ce n'est pas ce qu'il y avait de mieux
comme séance, jeudi soir. Mais cependant, j'ai beau relire les
galées et regarder les points de règlement qui ont
été soulevés, de la façon dont on est rendu
à légiférer, à l'Assemblée, nationale, et de
la façon dont les ministres travaillent, je veux avoir une explication
claire et nette sur le déroulement futur des amendements.
Je voudrais m'expliquer pour bien se comprendre. Il est tout à
fait dans l'ordre qu'un ministre arrive avec des amendements, c'est le droit le
plus strict d'un ministre d'arriver avec des amendements chaque jour, s'il le
veut. Il est de coutume, depuis quelques années, on ne connaissait pas
cela les premières années, mais cela a commencé avec notre
gouvernement, au moment où on était là, où on
reprenait l'article complet dans un tout cohérent et on le
déposait, comme le ministre a fait avec certains amendements qu'ii nous
a présentés, autant en juin dernier que cette fois-ci, il arrive
avec d'autres amendements.
Il y a des parties de texte qui ne sont nullement amendées. Aucun
amendement, c'est la reprise du texte, ou bien du projet de loi original de la
loi 34, ou bien c'est un texte qu'il a repris de son amendement qu'il avait
déposé en juin, puis qu'il nous arrive avec un texte où il
reprend des parties un peu partout. Et dès qu'il dépose un
papillon, on se retrouve devant l'obligation d'être en état de
sous-amendement, puisque le ministre dépose un amendement d'un texte
global.
Je comprends que mon ton est moins agressif que jeudi soir, mais il n'en
demeure pas moins, sur le fond, que c'est la même argumentation que je
veux soutenir aujourd'hui et je veux que la présidence rende une
décision, sinon, je vais vous expliquer pourquoi.
Si je suis toujours en situation de sous-amendement et que vous prenez
la même jurisprudence de Beauchesne pour dire qu'on ne peut pas
élargir un sous-amendement mais que vous avez vous-même
insisté pour dire: Bats le sous-amendement et reviens avec un
amendement, je vais l'accepter. C'est à peu près vos propos.
Moi, je dis, d'abord, il y a déjà un premier
désaccord et je ne veux pas contester votre jurisprudence, mais le
premier désaccord est sur le fait que, à mon point de vue, toutes
les règles servant à l'amendement servent au sous-amendement, en
termes de grand principe, cela c'est premièrement. Deuxièmement,
comment pourrais-je accepter que les amendements du ministre, qui reprennent
intégralement le texte de 34, soient transposés, par souci de
méthodologie, sur un papier complet? Je pars avec deux prises contre
moi. Vous me placez en état de sous-amende-
ment, alors que sur des textes intégraux du ministre et de sa loi
même, je serais légalement, juridiquement, et j'ai la conviction
profonde que je suis en amendement à ce moment-là et non pas en
sous-amendement. Si tel était le cas, je dirais au ministre: Vous allez
fonctionner dorénavant de la façon suivante, vous allez amener
exclusivement les textes du projet de loi original qui a été
adopté en haut et c'est comme cela qu'on va y aller, paragraphe par
paragraphe parce que, en commission parlementaire, j'ai le droit d'y aller
paragraphe par paragraphe, alinéa par alinéa, et d'y apporter
autant d'amendements qu'il y a de paragraphes et autant de sous-amendements
qu'il y a de paragraphes.
Une voix: II y a des lignes entre chaque paragraphe.
M. Chevrette: Et même de lignes, au pis aller. Je peux y
aller d'autant d'amendements que je veux sur un texte. À partir de ce
fait, je ne peux pas accepter qu'on considère une proposition
déposée par le ministre comme un amendement. Je suis prêt
à considérer que les parties qu'il amende sont des amendements,
autant d'amendements que de parties qu'il amende, d'abord, mais les autres
points auxquels il ne touche pas, Je ne peux pas accepter qu'on
interprète que le ministre a déposé un amendement
sur ces textes-là. Ce ne sont pas des amendements, c'est la reprise
intégrale du texte. Je vous ai donné un exemple: Exploiter un
service d'ambulances et de soins préhospitaiiers. C'est le texte de 34.
Le ministre n'a pas modifié un seul iota de son projet de loi de juin.
Il avait raison de prétendre cela. Mais, j'ai raison de dire que moi,
à ce moment-là, j'arrive avec un amendement et non un
sous-amendement. Je pense que je peux soutenir cela n'importe quand puisque je
prends 34 et je dis: Écoutez, j'ai beau le lire, je ne fais qu'amender
le projet de loi qui a été voté en deuxième lecture
en haut, je ne suis donc pas en état de subir votre jurisprudence
supposément parce que vous me considérez en sous-amendement. Je
ne marche pas, sur cette partie-là. Vous aviez raison de me dire que je
suis en sous-amendement si j'ajoutais à l'article 149. 5 parce que
lui-même arrivait avec une modification à l'article 149. 5 du
projet de loi 34.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, si vous me le permettez, on va
éclaircir celui-là tout de suite. Il est évident, pour
faciliter les travaux et pour plus de cohérence dans la rédaction
de la loi, pour être sûr qu'il n'y a pas des trous - j'allais dire
des "loopholes" - des erreurs ou des échappatoires dedans, qu'on le
récrive pour plus de cohérence. Je pense que c'est une pratique,
effectivement, que le gouvernement souhaite qu'on continue et qui a pour effet
de nous donner une meilleure qualité de rédaction de nos lois.
Là-dessus, je pense que c'est indiscutable. Mais, vous avez raison
lorsque, dans cette partie-là, on ajoute des éléments qui
ne sont pas différents du texte original. Certes, lorsqu'il s'agit d'un
élément qui ne modifie pas le texte original, nous ne le
considérerons pas comme un amendement, ni comme un sous-amendement. Je
veux dire... Bon. On part avec l'amendement, mais il y a les parties qui sont
le texte original, ce ne sont pas des amendements. Lorsqu'on voudra amener une
modification, on parlera. Dans la mesure où on fait l'analyse de
l'article paragraphe par paragraphe, si on le prend dans sa totalité, le
même raisonnement ne vaut plus. Si on le prend globalement, ils nous ont
refait un nouvel article. Mais si on le prend paragraphe par paragraphe et
qu'on décide cela avant de commencer l'article, je pense que les
éléments qui sont tels quels dans le projet de loi devraient
être considérés comme amendement et non pas comme
sous-amendement.
M. Chevrette: Allons-y, par un exemple concret, on travaille
présentement sur le point 2. Dans la page déposée par le
ministre, iI y a quatre amendements. Ce n'est pas un amendement qu'il
dépose. Il y a quatre amendements dans cette feuille. On va les prendre
l'un après l'autre. Il y a des parties où il n'y a pas
d'amendement en plus. On se comprend bien: ce n'est pas un amendement que le
ministre a déposé...
Le Président (M. Bélanger): C'est cela.
M. Chevrette:... c'est quatre amendements. Sur les quatre points
où il change des choses, je suis en situation de sous-amendement, je le
comprends. Je le suis.
Le Président (M. Bélanger): Dans la mesure...
M. Chevrette: Ce n'est pas un amendement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, dans la mesure où on l'étudie
paragraphe par paragraphe, d'accord. Si on dit qu'on l'étudie
globalement comme article, c'est un amendement.
M. Chevrette: En commission, il est admis... Pas il est admis, on
a tous les droits d'y aller paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Bélanger): Exactement. On dit la
même chose.
M. Chevrette: On ne peut pas dire que le ministre dépose
un amendement. Quand il dépose une feuille du genre, il peut
déposer un amendement à un article qui constitue, pour les fins
de notre règlement, quatre amendements discutables. Il se peut que dans
l'amendement qu'il a déposé à l'article, il y ait des
textes qui, eux, ne
constituent pas des amendements, mais constituent la reproduction du
texte original. Donc, ces paragraphes deviennent, non pas des objets
sous-amendables, parce que le ministre les a repris à son compte, ils
deviennent des objets amendables. On se suit?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Je pourrais, à la rigueur, faire des
amendements - non seulement en plus à ce que le ministre présente
là - au texte de loi 34 lui-même, qui a été
voté en Chambre. Par exemple, je pourrais ajouter un paragraphe de plus,
à l'article 149. 5. Je vous donne un exemple: II y avait cinq
paragraphes, mettons à l'article 149. 5. Je veux en ajouter un
sixième. Ce n'est pas prévu dans le papillon du ministre.
À ce moment-là, cela ne peut pas être un sous-amendement.
C'est nécessairement un amendement à la proposition, à
l'article en plus. Je pense qu'il faut le clairifier, sinon, M. le
Président... L'argument massue que je vais vous donner là-dessus,
c'est que si un ministre se permet de reprendre la législation, si on
devait suivre le raisonnement qui m'a semblé vouloir percer jeudi soir,
le ministre, pour éviter qu'il y ait des amendements à son projet
de loi, nous arrive, à chaque article... Je ne vous dis pas que c'est
son objectif. À la limite le ministre arriverait au début,
à l'article 2: il dépose un papier où il change un mot et
il reprend tous les paragraphes et on serait en état de sous-amendement
tout le long. Cela ne marche pas.
Le Président (M. Bélanger): Je comprends votre
point de vue.
M. Chevrette: Je ne suivrai pas cela, certainement.
Le Président (M. Bélanger): Je comprends
parfaitement votre point de vue. La façon dont on va fonctionner et dont
on a fonctionné depuis de début, lorsqu'il y a des
éléments neufs... Bon, on convient que le papier ici que nous a
distribué le ministre pour nous informer de ces... d'accord, parce qu'on
avait refusé qu'il soit déposé comme amendement dès
le départ, pour justement éviter de se mettre dans un imbroglio
qui nous aurait rendu la vie difficile, le ministre nous a fait une nouvelle
rédaction de l'article, ce qui nous permet une meilleure
compréhension du texte, ce qui nous permet plus de clarté dans le
projet de loi pour éviter que la loi soit sinleuse, tortueuse et mal
rédigée. Alors, à cet effet, on avait
décidé, lorsque M. le ministre l'a déposé, de
procéder paragraphe par paragraphe et c'est dans ce sens-là qu'on
l'avait considéré comme une nouvelle modification. Maintenant, il
est évident que les aspects de l'article qui restent les mêmes,
identiques à ce qu'il était au départ, ne sont pas sujets
à amendement et on peut proposer des amendements, soit en enlevant des
mots, en rajoutant ou en modifiant le sens...
M. Chevrette:... l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): On peut même
toucher le fond sur une motion de fond lorsqu'il s'agit d'un amendement, ce
qu'on ne peut pas faire pour un sous-amendement. On se rappelle du débat
de jeudi, n'est-ce pas? Lorsque c'est le texte intégral du
départ, il est sujet à amendement, je suis d'accord avec vous, il
n'y a pas de problème. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Moi, j'ai besoin d'une explication
supplémentaire surtout concernant les derniers mots que vous venez de
dire, M. le Président. Lorsque vous dites que si on modifie et qu'on a
un amendement, cet amendement-là, si on veut jouer dedans, on est dans
une situation de sous-amendement, c'est clair. Mais encore là, je veux
savoir quand est-ce qu'on peut vraiment parler d'un amendement. Si on prend,
par exemple, le deuxième paragraphe, c'est ma prétention
très personnelle, je prétends que le deuxième
alinéa dont on discute actuellement, c'est-à-dire exploiter un
service ambulancier d'urgence, quand on le compare à celui du texte
originel, administrer un système préhospitalier d'urgence en vue
de favoriser l'accès aux services de santé, on ne parle plus du
tout de la même chose. On a introduit une notion complètement
différente. Dans ce sens, Je ne sais pas jusqu'à quel point on
peut vraiment considérer, comme cela, que c'est un nouveau texte. C'est
quelque chose de tout à fait nouveau où on introduit une nouvelle
notion.
Le Président (M. Bélanger): Mais c'est cela un
amendement!
M. Claveau: Bon!
Le Président (M. Bélanger): C'est quoi un
amendement?
M. Claveau: Un amendement c'est un complément, c'est un...
à ce moment-là...
Le Président (M. Bélanger): C'est un
sous-amendement. Bien voyons!
M. Claveau: D'accord que cela peut peut-être paraître
ridicule, n'est-ce pas?
Le Président (M. Bélanger): Non, c'est cela un
amendement, ce que vous venez de définir!
M. Claveau: Vous voulez me faire dire, par exemple, dans un
projet de loi que c'est noir, d'accord. Vous voulez un projet de loi dans
lequel vous dites que c'est noir et nous, on veut argumenter que c'est blanc.
Alors, qu'est-ce que vous faites? Vous déposez le projet de loi à
l'origine en disant: C'est blanc. Mais là avant
qu'on en discute, vous apportez un amendement qui dit que c'est noir.
Alors, moi, Je ne peux plus discuter sur la couleur parce que là je suis
au stade du sous-amendement. Vous n'avez qu'à dire le contraire de ce
que vous voulez dire dans le projet de loi original et après cela
ramener ce que vous voulez dire à l'amendement en changeant
complètement le texte et on ne peut plus en discuter le sens parce que
là on est en état de sous-amendement, voyons donc! C'est cela que
je disais jeudi soir, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Dutil: M. le Président, je vais prendre un exemple bien
pratique pour les fins de la discussion. Ce que le chef de l'Opposition vient
de dire, c'est que lorsque c'est un texte déplacé seulement pour
des fins de concordance, on le considère comme le texte original, et
tout ce qui est amené est un amendement et non pas un sous-amendement.
Dans le cas contraire, c'est un sous-amendement si c'est apporté par
l'Opposition. Ici, on donne un exemple précis à l'article 149. 5,
il y en a deux qui ne seraient pas des sous-amendements si on voulait les
amender. Ce sont les paragraphes 2 et 4, bien sûr, qui sont la
suppression du deuxième alinéa qui dit la même chose. Le
deuxième alinéa c'est: La corporation peut exploiter un service
d'ambulances ou un service d'interventions médicales d'urgence. On le
reporte en haut. Ces deux paragraphes ne sont pas des amendements. Ce sont tout
simplement des replacements. Je ne sais pas si en termes de
procédure...
Le Président (M. Bélanger): Ils peuvent être
repris.
M. Dutil: Les deux autres, on se comprend bien, ce sont de
véritables amendements.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. Je pense
qu'on s'entendait bien.
M. Dutil: Si on s'alignait là-dessus on serait...
Le Président (M. Bélanger): Je ne sais pas si c'est
clair pour le député de Joliette.
M. Chevrette: II y a juste un point aussi à clarifier.
Quand le ministre a déclaré jeudi soir: Je retire mon amendement
ou je suspends...
M. Dutil: Non, je suspends.
M. Chevrette: Vous savez pertinemment qu'en suspendant un
paragraphe, vous êtes quasi tenu à la suspension totale de
l'article et je vais vous expliquer pourquoi. Il n'y a pas de jeu dans cela. SI
J'ai un amendement de prévu précisément à ce
point-là, sur le plan du droit, comment voulez-vous que j'Insère
quelque chose qui a de l'allure si on continue à légiférer
sur un texte, alors que mon amendement pourrait avoir un effet de changer tous
les autres paragraphes. (16 h 30)
M. Dutil: Sur le plan de la procédure, M. le
Président...
M. Chevrette: Non, je comprends pourquoi on l'a fait.
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Mais c'est parce que si le président
interprète qu'une suspension d'un amendement a pour effet de permettre
tout de suite le débat, pas pour une règle
générale, cela a été pour fins de se
démerder, Jeudi soir, qu'on se le dise. Mais sur l'interprétation
du droit, je ne serais pas d'accord de suspendre l'étude d'un amendement
pour continuer à d'autres paragraphes parce que l'amendement que je
pourrais vouloir insérer à ce paragraphe peut
précisément avoir une Incidence sur tout le reste.
M. Dutil: M. le Président, à partir du moment
où votre décision... C'est-à-dire si c'est une
transposition d'un paragraphe qui existe déjà en haut, on ne le
considère pas comme un amendement, donc l'Opposition peut apporter ce
que l'on appellera un amendement Moi, je propose que l'on annule la suspension,
que l'on ne discute plus de l'autre texte, qu'on reprenne notre discussion sur
le paragraphe 2 et que l'amendement proposé par l'Opposition soit
considéré comme amendement, tel que vous le décidez
maintenant.
Le Président (M. Bélanger): Rappelons-nous que la
suspension avait pour objet de permettre à l'Opposition de
présenter un amendement, d'accord?
M. Chevrette: Non, non, je comprends que...
C'est qu'on s'était parlé puis on s'est dit: II faut s'en
sortir au moins pour... à 21 h 50. Mais là, I est...
M. Dutil: Pour s'en sortir, M. le Président, je fais une
proposition qui disait... Bon, maintenant, puisque le président a dit:
Quand c'est une transposition, on ne le considère pas comme un
amendement...
M. Chevrette:... transposition d'un élément... M.
Dutil: Non mais, là-dedans...
Le Président (M. Bélanger):... on ne le
considère pas comme faisant partie de l'amendement, il est amendable
à ce moment-là. Il ne devient plus objet de sous-amendement, il
devient objet d'amendement. D'accord? M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: II y a quand même là, dans toute cette
démarche, une "procédurite" qui, quant à moi,
m'énerve, d'accord? On a travaillé à d'autres commissions
parlementaires sur des lois tout aussi fondamentales et qui impliquaient des
sommes d'argent astronomiques pour tout le monde, avec des modifications dans
les lois du travail, et tout ce que vous voulez dans le domaine des
investissements et je ne me souviens pas qu'on se soit enfermé dans une
telle "procédurite". On va même, jusqu'à la limite,
à négocier des façons d'amender ou s'entendre sur comment
on pourrait faire pour satisfaire tout le monde, etc.
Je comprends votre démarche, M. le Président, mais je la
trouve quand même très dangereuse parce que, comme je le disais
tout à l'heure, vous avez beau me trouver ridicule, il y a moyen, par la
"procédurite", si elle est appliquée d'une façon
systématique, de nous bâillonner encore parce que, par exemple...
le point 2, bon, il y a eu une entente là-dessus, mais si on l'applique
tel que vous nous l'avez expliqué, le deuxième alinéa
étant un amendement du premier, on est en état de sous-amendement
même si on n'est pas d'accord avec le fond et, s'il est voté,
à ce moment-là, il devient un amendement qu'on ne peut plus
ramener.
Je pense qu'il faut s'organiser si on veut fonctionner et travailler
honnêtement pour sortir de cette "procédurite" dans laquelle vous
êtes en train de nous embarquer pour être capable de travailler sur
des choses fondamentales et en dehors de cela.
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez conclure
rapidement, s'il vous plaît!
M. Claveau: Je conclus là-dessus. Je comprends votre point
de vue, mais je dis qu'il est extrêmement dangereux et je trouve que cela
fait bizarre de se retrouver avec des technicités qui font en sorte de
bloquer un véritable travail qui permettrait d'avancer.
Le Président (M. Bélanger): D'abord, j'accepte
difficilement vos allégations puisque là, vous mettez en doute
l'impartialité de la présidence. La présidence, vous le
savez, c'est l'essence même de nos règles et c'est basé sur
le fair-play dans le sens où que tu sois d'un parti ou de l'autre, et
à ce sujet, si vous pensez qu'on fait trop de "procédurite", je
vous suggérerai après cela une façon de procéder,
on nommera quelqu'un de chez vous président pour le reste de
l'étude de cette loi, cela me fera juste plaisir, je participerai aux
débats et vous allez voir ce que c'est d'être partisan, vous allez
comprendre la différence.
Là, vous me dites d'une façon détournée que
je suis partisan, je regrette. La procédure, c'est celle qui existe, je
ne l'ai pas Inventée, c'est le même code qu'on applique depuis
trois ans et demi ici, en commission, je l'a) toujours appliqué avec
beaucoup d'attention et c'est la première fois que quelqu'un critique
mes décisions de la façon dont vous le faites.
Si vous vouiez aller au bout de votre raisonnement, il vous reste une
chose, c'est de faire une motion de non-confiance. Si je suis battu, cela me
fera plaisir de vous céder la place. Mais en attendant, je voudrais,
s'il vous plaît, que vous arrêtiez ces maudites insinuations parce
que j'en ai ras le bol.
Cela ne changera pas ma façon de mener la commission et de la
présider, cela je vous le garantis. J'en ai assez de cela.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): D'accord? Vous m'avez
repris, tout à l'heure... Je vous demanderais seulement de relire
l'intervention de votre collègue, le député de Joliette,
il vous a donné exactement la réponse à la question que
vous posez depuis tout à l'heure. Et on a dit que c'était comme
cela qu'on procéderait, je ne vois pas ce que je peux vous donner de
plus et je ne vois pas comment on peut vous bâillonner.
Le règlement, lisez-le, vous aussi, il est là pour tout le
monde. C'est le même pour tout le monde, il peut bâillonner autant
d'un bord que de l'autre. Il s'agit de s'en tenir à ce qui doit
être fait là-dedans et comme cela doit être fait. That's it.
Ce n'est pas plus compliqué que ça.
M. Joly: Question de directive, M. le Président. Au lieu
d'aller aussi loin qu'un vote de non-confiance, est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de suggérer que la commission soit présidée par le
vice-président?
Le Président (M. Bélanger): Ce que
j'apprécierais. C'est M. Biais, le vice-président.
M. Joly: À ce moment-là, il n'y en aurait plus de
partialité parce qu'on sait qu'eux sont tout à fait transparents
et impartiaux.
M. Dutil: Moi, M. le Président, je trouve que la
commission est très bien dirigée.
M. Joly: Bon.
M. Dutil: Je ne vois pas pourquoi on changerait de
président à ce moment-ci.
M. Claveau: Je voudrais vous demander si le député,
par son intervention, croyait que son collègue était
partisan...
Le Président (M. Bélanger): Alors on va
considérer le débat comme académique et clos. S'il vous
plaît!
M. Joly: Non, mais la manière que vous
dites ça! Cela fait trois jours que vous dites ça.
M. Claveau: Ce n'est pas ce que j'ai dit, moi.
Le Président (M. Bélanger): Non, mais c'est ce que
vous dites tout le temps. Je ne veux plus que vous le disiez parce que la
prochaine fois, je vous garantis que je vais réagir. Cela, je vous le
garantis.
Mme Vermette: Non, mais c'est une question de perception.
M. Chevrette: Pas de chantage! Pas de chantage! Qu'est-ce qui
s'est passé au juste?
M. Dutil: Le problème est réglé.
M. Claveau: Depuis quand un président peut-il utiliser
d'intimidation envers les membres de la commission? Il a le poing en l'air,
puis "je vous garantis que ça n'arrivera plus, je vais
intervenir"...
Une voix: Cela allait bien avant que tu arrives, toi.
Le Président (M. Bélanger): Chatouillez-moi et je
vais rire encore plus.
M. Claveau: Le président est-il en train de me dire qu'il
veut me sortir de la commission?
M. Dutil: Non, non, le président est en train de dire que
vous pouviez, vous, le sortir, lui. C'est ce qui a été dit,
monsieur. Je pense que les membres de la commission sont tous
témoins.
Une voix: C'est ça, puis c'est...
M. Chevrette: Ah, c'est assez, c'est correct. Est-ce qu'on peut
continuer? Êtes-vous prêts?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Une voix:
J'ai jamais été si prêt.
M. Chevrette: Dans ce cas-là, est-ce qu'on peut vous
déposer, conformément... On va demander le consentement pour
retirer notre dernier amendement, dans ce cas-là...
M. Dutil: Juste une dernière question, avant...
M. Chevrette:... et en fonction des nouvelles règles
claires, on va déposer un amendement en bonne et due forme.
M. Dutil: D'accord. Mais M. le Président, je veux bien
qu'on se comprenne. Ce qu'on avait suspendu, on le réintroduit...
M. Chevrette: Oui, oui, oui.
M. Dutil:... et on était à discuter de l'article 2
de l'amendement présenté?
M. Chevrette: Oui, oui. Je ne veux pas vous jouer de tour
là-dessus, soyez sans crainte.
M. Dutil: Parfait.
M. Chevrette: Non, c'est parce que je ne voulais pas...
Le Président (M. Bélanger): On est rendu à
l'article 2...
M. Chevrette: S'il avait pris ça à la lettre, je ne
pouvais pas faire mon amendement.
Le Président (M. Bélanger): II y a une demande de
suspension du sous-amendement qui avait été amené...
Une voix: L'alinéa 2. M. Dutil: Non.
Le Président (M. Bélanger): Le paragraphe 2...
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Bélanger):... de l'article 149. 5,
introduit par l'article 2 du projet de loi 34, est amendé par
l'ajout...
M. Chevrette: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): On veut retirer tout
ça et vous voulez faire une nouvelle proposition. C'est bien ce que je
comprends?
M. Chevrette: Ouf.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement pour que ce soit retiré?
M. Joly: Consentement.
M. Chevrette: Consentement.
M. Dutil: En tout cas!
Le Président (M. Bélanger): Consentement,
merci.
M. Dutil: M. le Président, je vais vous dire une
chose.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Quel que soit l'amendement proposé par le chef
de l'Opposition, je vais
certainement revenir sur l'argumentation de la fin de la séance
de la dernière fois. On était sur une piste intéressante.
J'ai hâte de voir quel sera l'amendement. Je veux bien donner mon
consentement, mais vous allez peut-être... Si on sort absolument...
M. Chevrette: Vous allez me proposer d'amender ailleurs?
M. Dutil: Non, c'est que si on sort complètement du
contexte de l'amendement que vous avez fait...
M. Chevrette: Non, non, c'est vraiment... M. Dutil:
D'accord. Consentement.
M. Chevrette: C'est vraiment un amendement recevable en vertu des
nouvelles règles de...
Une voix: On en jugera.
Le Président (M. Bélanger): Attendez une minute. M.
le député de Joliette, juste pour bien se comprendre,
actuellement, on a suspendu la deuxième partie de l'amendement du
ministre?
M. Chevrette: Oui. C'est réintroduit.
Le Président (M. Bélanger): Donc, il n'y a rien sur
la table. Vous voulez qu'on le réintroduise, c'est ça?
M. Chevrette: Non, non. Le ministre l'a réintroduit,
d'après ce que j'ai compris. On a donc le texte, par le remplacement du
paragraphe 2 par le suivant: "Exploiter un service d'ambulances et un service
d'interventions médicales d'urgence. "
Le Président (M. Bélanger): Bon, excellent.
M. Chevrette: C'est ce qu'on a sur la table,
présentement.
Le Président (M. Bélanger): Parfait, on se
comprend. Cela va, vous pouvez procéder.
M. Chevrette: Maintenant, je vous demanderais, moi, de... Combien
nous reste-t-il de temps pour argumenter sur le fond de celle-là, avant
de présenter ma motion?
M. Claveau: Cela doit être épuisé depuis
longtemps.
M. Chevrette: Bien non, on a présenté tout de suite
des amendements.
Une voix: Non, il ne restait pas grand-chose...
M. Chevrette: J'ai un montant écrit, juste ici, mol...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, il vous reste vingt secondes,
effectivement.
M. Chevrette: Vous comprendrez que je ne les prendrai pas. M. le
Président, je vais demander d'appeler le vote nominal sur ce point et je
vais annoncer immédiatement l'ajout d'un paragraphe 2. 1 comme
amendement.
M. Dutil: Le vote serait sur l'amendement que j'ai
présenté qui n'est pas un amendement, parce que c'est une
transposition.
M. Chevrette: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): Le paragraphe 2°:
"Exploiter un service d'ambulances et un service d'interventions
médicales d'urgence. " Vous demandez le vote nominal
là-dessus?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc le vote.
Juste une petite seconde qu'on fasse la feuille. M. Dutil (Beauce-Sud).
M. Dutil: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M.
Bélanger (Laval-des-rapides). Pour. M. Gervais (L'Assomption).
M. Dutil: II n'est pas ici. Passez.
Le Président (M. Bélanger): II n'est pas là.
Je m'excuse. M. Joly (Fabre).
M. Joly: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Laporte
(Sainte-Marie).
M. Laporte: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Latulippe
(Chambly).
M. Latulippe: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Leclerc
(Taschereau).
M. Leclerc: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Sirros
(Laurier).
M. Sirros: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Un, deux, trois,
quatre, cinq, six, sept. D'accord. M. Thuringer. Il n'est pas là.
M. Chevrette (Joliette).
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre.
M. Chevrette: Je suis contre et je suis pour qu'on enregistre au
procès-verbal ma dissidance en plus.
Une voix:...
Le Président (M. Bélanger): Comment fait-on
ça?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Non, c'est parce que
non seulement je ne l'ai jamais entendu, mais un vote nominal,
évidemment, on enregistre votre dissidance. Je ne vois pas comment je
peux l'enregistrer plus.
M. Chevrette: Vous m'avez demandé si j'étais pour
ou contre. Je suis dissidant.
Le Président (M. Bélanger): Je comprends. Vous
n'êtes contre au cube.
M. Chevrette: Y a-t-il d'autre chose que vous voulez savoir?
Le Président (M. Bélanger): Mais je ne peux pas
l'écrire plus que là, je veux dire dans le vote.
M. Chevrette: C'est pour ça que vous me demandiez comment
faire ça?
Le Président (M. Bélanger): C'est ça. Je ne
vois pas comment vous pouvez être plus contre que quand vous votez.
M. Chevrette: II y en a assez dans ce Parlement qui ne sont ni
pour ni contre, bien au contraire.
Le Président (M. Bélanger): M. Claveau
(Ungava).
M. Claveau: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Vermette... Ah,
vous avez trois votes; c'est ça. Mme Vermette (Marie-Victorin).
Mme Vermette: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Gouin
(Rochefort).
Des voix: Ma, ha, ha!
M. Dutil: !l y aura bientôt un comté à son
nom! Cela s'en vient!
Le Président (M. Bélanger): M. Rochefort (Gouin).
Excusez-moi, M. Rochefort. Toutes mes excuses! M. Rochefort (Gouin).
M. Rochefort: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. Donc, quatre
contre et sept pour. L'amendement est accepté. Le paragraphe 2° est
accepté.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, je vous... L'article
149. 5 introduit par l'article 2 de la Loi modifiant la Loi, etc., l'amendement
suivant, c'est d'ajouter un paragraphe 2. 1 qui dirait ceci: Exproprier et
indemniser, selon les lois du Québec applicables dans la matière
les propriétaires exploitant des transports ambulanciers... Attendez un
peu; j'ai bien de la difficulté à lire.... lorsqu'elle a
décidé d'exploiter elle-même un service d'ambulances...
En d'autres mots - je peux vous la présenter - vous voulez
l'exploiter. On subordonne donc en additionnant... Dans l'amendement, on dit
oui, M. n'y a pas d'objection. Cela a même été voté,
sauf que vous allez l'exproprier et l'indemniser conformément aux lois
du Québec. C'est ce que ça veut dire. J'ai vingt minutes pour
plaider mon affaire. Mais je vais attendre.
Une voix:... pas recevabJe, ça.
M. Chevrette: C'est très recevabJe. Là, c'est
à son conseil même que... Si on avait su qu'on était...
Le Président (M. Bélanger): SI vous plaît!
Sur la recevabilité, M. le député de Joliette. Est-ce
qu'on pourrait faire des copies?
M. Chevrette: Sur la recevabilité?
Le Président (M. Bélanger): Oui. À l'avenir,
pourrez-vous les rédiger avec un crayon à l'encre? Parce que,
ça... Non? Pour une raison. C'est que quand on fait des photocopies,
elles ne sortiront pas.
M. Chevrette: Correct.
Le Président (M. Bélanger): On va avoir de la
misère. (16 h 45)
M. Chevrette: M. le Président, sur la recevabilité.
Le principe, c'est ce que le ministre a voulu introduire dans la loi, c'est de
donner un pouvoir à l'OSBL, on ne peut pas aller à l'encontre du
principe, mais, en amendement, on a le droit de dire: Ce n'est pas parce que
vous vous donnez un pouvoir que vous allez empiéter sur les autres
pouvoirs. On subordonne donc l'utilisation du pouvoir à un
règlement qui est
l'expropriation. On ne dit pas au ministre: Tu n'as pas le droit de le
faire, on dit: Tu t'es voté un pouvoir, fais-le, sauf que la
façon de procéder, c'est de l'accessoire. Par un amendement, on a
le droit de dire: Oui, tu as un droit, tu as un pouvoir, mais tu peux le
subordonner. C'est un amendement tout à fait recevable, l'utilisation
d'un droit conditionnel à quelque chose. C'est ce qu'on introduit, c'est
la notion de conditionner purement et simplement l'utilisation de ce pouvoir
à un geste administratif, qui est l'expropriation, qui est aussi un
droit, soit dit en passant, mais là-dessus, je plaiderai sur le fond en
temps et lieu.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, sur la
recevabilité.
M. Dutil: Écoutez, M. le Président, je pense bien
que la recevabilité comme telle, vous allez l'accepter, sauf qu'il
s'agit, à toutes fins utiles, d'une mesure qui est effectivement
transitoire. Supposons qu'on se rend à l'argumentation du chef de
l'Opposition, si on le faisait, on le ferait à l'article 22, à
mon sens, où toutes les mesures transitoires ont été
regroupées, et non pas dans le paragraphe qui concerne les objectifs et
les fonctions de l'organisme que nous sommes en train de former.
M. Chevrette: Est-ce que vous me permettez de riposter
là-dessus? Ce n'est pas une mesure transitoire. Si vous deviez retenir
cette argumentation, c'est faux, à mon point de vue, en tout temps...
C'est loin d'être une mesure transitoire. Une mesure transitoire qui dit:
Passagèrement, l'OSBL va d'abord offrir un petit contrat aux
propriétaires.
M. Dutil: On n'a pas contesté la recevabilité.
M. Chevrette: Dans deux ans d'ici, par exemple, vous pourrez
peut-être décider que ce n'est plus transitoire, ils vont
peut-être signer deux contrats avant que le pouvoir de portée
générale existe.
Le Président (M. Bélanger): Sur la
recevabilité, je pense que c'est clair, l'amendement est recevable. Sur
le fond, M. le député de Joliette, ou quelqu'un de votre
formation.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Qui a
rédigé... C'est vous qui présentez l'amendement, M. le
député...
M. Chevrette: Oui, il me restait vingt secondes.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Chevrette: Sur le fond, je me suis négocié vingt
minutes. Merci.
Sur le fond, M. le Président, tout d'abord, je vous dirai que le
ministre devrait prendre la perche qu'on lui tend pour montrer sa bonne foi. Si
c'est un droit d'exploiter un service ambulancier, il y a un droit
inaliénable qui est reconnu depuis des centaines et des centaines
d'années, c'est le droit de propriété. Il y a un droit de
propriété qui est en cause ici, et le ministre vient se donner
à peu près toutes les... Un instant.
Je disais que le ministre était en train de se donner tous les
pouvoirs, même celui d'écraser ceux qui ont une
propriété acquise correctement, conformément aux lois et
aux us et coutumes du Québec dans le domaine, et qui avaient des permis.
Il y a des gens qui ont payé très cher leur permis, qui se sont
bâti une crédibilité dans le secteur, qui ont rendu de
loyaux services, dans certains cas, pendant 20 ou 30 ans, il y en a qui sont
des entreprises familiales, qui font travailler à la fois les enfants,
la femme. Du jour au lendemain, le ministre dit: Moi, je crée un OSBL et
je le crée selon ce qu'un seul groupe veut, puisque tout le monde l'a
décrié, sauf un seul groupe. Non seulement je leur enlève
leur permis, mais je les place en situation de ne même pas avoir de force
pour négocier parce que, si ça tire trop fort, j'utiliserai mon
pouvoir, qu'il vient de se donner, d'exploiter un service d'ambulances. Tu
arrives devant un gars pour négocier avec lui, tu dis: Toi, à
Montréal, par exemple, non seulement tu n'as plus de permis, c'est un
contrat de tôle que tu as. Si ça me coûte trop cher pour la
tôle, je t'envoie paître parce que mon OSBL a le droit d'avoir ses
propres ambulances. C'est exactement ce que l'on retrouve dans la loi.
Le ministre a donné des arguments la semaine dernière,
pour ceux qui ont eu la chance d'assister à cela. Ce n'était pas
un argument trop massu, il avait peur d'avoir du trouble avec les techniciens
ambulanciers, disant que c'était un secteur très dangereux. C'est
bien sûr que si on a peur d'un moindre mouchoir qui sort d'une poche d'un
pantalon, c'est évident que cela devient l'argument principal pour
quelqu'un de peureux. Mais, à mon point de vue, ce n'est pas un
argument; cela ne se dit surtout pas si cela en est un, en tout cas. Je ne le
dirais pas. Je montrerais que j'ai un peu plus de colonne vertébrale que
ça, puis je ne le dirais surtout pas que j'ai peur. C'est pour ça
que je donne tout cela. Ce n'est pas un argument. Des fois, ce n'est pas le
poids qui doit énerver quelqu'un. Il faut bien se parler. Le poids que
vous êtes en train de vous donner, c'est un poids très pernicieux.
Vous enlevez le permis. Vous l'avez dit vous-même, vous fixez des
coûts à ce permis.
Vous avez toutes les directives et les règles pour dire qu'une
ambulance peut être remplacée demain matin. Vous donnez une
semaine pour enlever les "stickers" et pour peinturer: 4000 $.
Vous avez tous les pouvoirs, bon Dieu, puis vous en ajoutez un autre
Ici, en disant: Dorénavant, mon OSBL pourra peut-être avoir des
ambulances en plus. Qu'est-ce qui va rester comme rapport de forces à
ceux qui avaient une propriété, à ceux qui avaient une
"business", à ceux qui avaient une entreprise de services, et comme
poids pour négocier avec le ministère, avec l'OSBL
contrôlé de A à Z ou presque?
Il y a des gens, M. le ministre, qui vont se retrouver autour de la
table représentés à triple titre et je voudrais que les
gens d'arrière-ban du Parti libéral écoutent bien cela. Il
y aura des gens qui siégeront au conseil d'administration d'un nouvel
OSBL, qui seront à la fois en plus propriétaires, parce que
dirigeants de coopératives et à la fois techniciens ambulanciers.
À triple titre dans la structure, ces gens-là vont se
représenter partout. Que vont-ils faire les trois ou quatre "goriots"
qui veulent continuer en affaires? Qu'êtes-vous en train de faire
concrètement? Vous êtes en train de tuer, à toutes fins
utiles, des entreprises. La logique, pour un gouvernement en particulier qui
légifère, quand on enlève un droit de
propriété, quand on enlève, on décide de
s'approprier le bien de quelqu'un, la logique au moins pour l'État,
c'est d'exproprier.
Ce sont nos propres lois comme législateurs qui obligent une
municipalité, par exemple, à dire: SI tu prends un pied de
terrain pour des services collectifs, tu dois l'exproprier en vertu des lois.
On va jusqu'à payer l'avocat, le notaire, tout cela,
l'arpenteur-géomètre qui fait le mesurage. Quand le ministre des
Transports veut faire une route, puis qu'il dit: Je passe dans la cour chez
Chevrette, on me paie un avocat, un évaluateur professionnel et
même le notaire. Là, vous arrivez dans une loi, vous dites:
Tasse-toi que je m'y mette ou tasse-toi puis que je mette Cotton à ma
place, mais là je ne te donne rien en plus. Cela fait dur. C'est
concrètement ce que vous faites. Ce n'est pas pour rien qu'on arrive
avec un amendement qui est le suivant: Si tu as le culot de te donner tous les
pouvoirs, de te donner à peu près tous les moyens pour rendre
même inopérant un début de semblant de négociation,
parce que tu n'as plus aucun rapport de forces. Au moins on dit: soyez
cohérent. Passez par l'expropriation. Ayez l'honnêteté
intellectuelle de dire que vous vous en appropriez et comme gouvernement, c'est
vous qui forcez le ministère des Transports à exproprier du
monde. C'est vous, par vos lois, qui dites aux municipalités: Si tu
empiètes sur l'entreprise privée, tu dois l'indemniser, mais on
le dit quand même. C'est purement cela que l'on dit.
Êtes-vous capable de me dire concrètement si vous
étiez propriétaire d'ambulances à Montréal demain
matin, mon nom c'est Perimutter, Desrochers ou je ne sais qui, le jour
où je n'ai plus de permis, le jour où j'essaie de vous prouver
que c'est 26 $ l'heure que cela me prend, vous en avez décidé 24
$, le jour où on ne sait pas encore qui aura ta
responsabïité sur toute la machinerie, on ne connaît pas les
contrats, huit transmissions dans une semaine chez Lépine-Cloutler, les
mêmes ambulances roulent très bien depuis qu'elles appartiennent
à la coopérative, seriez-vous inquiet un peu, vous, si vous
étiez propriétaire? Accepteriez-vous que, du jour au lendemain,
on ne vous exproprie pas conformément aux lois existantes au
Québec? Je n'accepterais pas cela. J'en connais un paquet parmi vous
autres qui seraient loin d'accepter cela. Je suis convaincu que vous
riposteriez très fort. Ce n'est pas parce qu'ils sont sept, huit ou dix.
On sait comment l'expérience va se faire ailleurs au Québec. On
aura un monopole à Trois-Rivières très prochainement. On
aura un monopole à Québec très très prochainement.
On aura un monopole à Chicoutimi dans quelques semaines. Quand il va
rester seulement Laurentides-Lanaudière et la rive sud - la rive sud,
c'est déjà commencé, ils en ont un OSBL coopératif
déjà sur pied - à ce moment-là au Québec, on
va se ramasser avec quoi? Un monopole de fait et j'irai jusqu'à dire que
la CSN est plus honnête dans l'achat que le ministre l'est dans son
projet de loi. Je vais m'expliquer. La CSN est venu ici en juin nous dire que
cela ne valait pas cinq "cennes". Qu'il ne fallait surtout pas indemniser ces
maudits employeurs véreux. Elle a fait des transactions pour 105 000 $
du permis, avec douze ambulances sur dix-neuf, qui ne valaient plus une
"cenne", il faut qu'ils les changent en février. 105 000 $! Le ministre
est encore accroché à 40 000 $. Il est en retard en
hérode, lui. Vous avez de ces situations où, en affaires, la
coopérative, CSN traite sur une base d'affaires et reconnaît que
c'est un bien qui vaut quelque chose, reconnaît dans les faits que c'est
une entreprise qui s'achète et qui vaut des cents et que, si les
ambulances avaient été un peu mieux, cela aurait valu encore plus
cher, probablement. Mais là, moi, je ne comprends pas où le
ministre veut aller. Lui qui vient de l'entreprise privée, je ne le
comprends vraiment pas. Moi, si j'étais propriétaire, je
gigoterais encore bien plus fort. Je m'arrangerais même pour me rendre au
premier ministre. Cela n'a pas d'allure de laisser faire une affaire comme
celle-là. Si on le fait et on en est conscient, quel est notre
rôle de législateur? C'est de ne pas empiéter sur des
droits d'individu. Vous qui pariez de liberté individuelle, du droit
à l'individu et de l'entreprise privée, je ne vous suis plus.
Vous faites, par cette loi-là, absolument le contraire de ce que vous
prêchez et plus que cela. Vous êtes en train de vous faire passer
une étatisation que vous ne voulez peut-être pas faire. Vous
êtes en train de vous faire passer un monopole avec lequel vous allez
être pris. Vous le savez. Si vous ne le savez pas, vous allez
l'apprendre. Cela est clair. Parce que moi, ce dossier-là ressemble a 74
et je pourrais vous en parler assez longtemps. Je pourrais vous entretenir une
couple d'heures ici sur 74 que j'ai vécu de près et qui
s'en vient, exactement la même chose. Cela semble la même
chose, même chose. Avant, par exemple, notre devoir ici, c'est de donner
au moins aux individus qui sont en place un minimum de droits, un minimum de
respect des droits, le respect du droit, en l'occurrence, puisque le ministre
tient absolument à la confier, la possibilité à son OSBL
parce qu'il dit qu'il a peur des troubles. Cela ne me rentre pas encore dans la
tête, par exemple. Je vois Mario Cotton dire à ses gars: Ne
chauffez plus les ambulances de la coopérative. Il y a du trouble. Venez
chauffer celles de l'OSBL Voyons! Aie! N'est-ce pas "flyé" pour ne pas
dire plus. Cela n'a pas d'allure. Cela ne tient pas. Cela ne résiste pas
30 secondes à l'analyse. N'importe qui n'oserait même pas avancer
un tel argument. Cela a été avancé dans cette salle-ci. Je
ne sais pas si vous y étiez, vous autres. Cela a été le
principal argument du ministre. Donc, mol, je vais permettre au ministre de
riposter à cela, mais je vais lui dire d'essayer de me convaincre qu'il
laisse à l'entreprise privée - je dis bien - qu'il laisse
à l'entreprise privée les moyens de se défendre
correctement, au moins d'égal à égal. Est-ce qu'il ne
brise pas le rapport de forces? Est-ce qu'il ne vient pas de commettre un
accroc fondamental au droit de propriété? (17 heures)
M. Dutil: M. le Président, le chef de l'Opposition semble
vouloir négliger complètement l'amendement que nous lui avons
transmis à l'article 22, par lequel le gouvernement s'engage à
dédommager les propriétaires pour la révocation des
permis. Le chef de l'Opposition veut aller plus loin et voudrait que, parce
qu'à un certain moment donné... Je vais donner un exemple,
plusieurs exemples précis de cela. À un moment donné,
lorsque des contrats sont terminés dans des secteurs où il n'y
aurait pas de permis, on devrait dédommager. Si l'on suit son
raisonnement, cela voudrait dire ceci. Dans une entreprise qui donne des
contrats à des sous-traitants, par exemple, lorsque le contrat est
terminé et que l'entreprise décide de ne pas renouveler avec ce
sous-traitant, supposons, elle devrait le dédommager parce qu'elle lui
cause un tort considérable d'autant plus que cela peut faire de
nombreuses années que cette compagnie offre des services de
sous-traitance à la compagnie qui reçoit des services comme
client de ce fournisseur.
J'illustre cela par un exemple qui concerne le transport scolaire.
L'analogie avec le transport scolaire ne peut pas se faire tout le temps, mais
on a là un bon exemple d'une possibilité qui existe pour le
gouvernement et pour les commissions scolaires à la fin d'un contrat de
dire: C'est un contrat que vous avez. Il est prévu pour une certaine
période de temps. Le temps est terminé. On a le pouvoir de
négocier de gré à gré avec vous, mais on a aussi le
pouvoir d'aller aux soumisions publiques. Aller aux soumissions publiques
est l'équivalent, parce qu'à un moment donné ils
peuvent perdre le contrat, de dire: On le fait en régie. On a le pouvoir
de faire cela et, ce faisant, on cause un dommage considérable à
celui qui, soit perdrait la soumission publique, soit se retrouverait dans la
situation de voir une commission scolaire faire en régie ou une
municipalité de faire en régie pour du déneigement, par
exemple. Ces choses causent un dommage considérable à un
sous-traitant qui a fait ce travail-là pendant de très nombreuses
années. Mais voyez-vous le capharnaüm dans lequel on se
retrouverait dans notre société? À partir du moment,
autrement dit, où tu donnerais un contrat à quelqu'un et que tu
ne le renouvelles pas, tu causes un dommage et tu dois le dédommager
pour le dommage que tu lui as causé.
Maintenant, revenons et appliquons cet exemple en ce qui concerne les
ambulances et en ce qui a trait aux véhicules-médecins en
particulier. En ce qui regarde les véhicules-médecins, il s'agit
de contrôle où il n'y a pas de permis de contrat qui se renouvelle
bona fide, c'est une négociation de fois en fois. Est-ce que le chef de
l'Opposition conclut sur quoi on s'accrocherait pour dire que, si jamais on ne
renouvelle pas avec cette compagnie pour les contrats de
véhicules-médecins, on lui cause un dommage et on doit le
renouveler. Ce que je comprends de ce que dit le chef de l'Opposition, c'est
qu'on devrait le dédommager même s'il n'a pas de permis,
même si le contrat est échu et même si le gouvernement, pour
des raisons qui lui apparatiennent, décide que cette sous-traitance
qu'il avait accordée ne satisfait plus et qu'il souhaiterait le faire
d'une façon différente maintenant. Donc, le gouvernement, par
l'amendement transmis en ce qui concerne l'article 22 à l'Opposition
dit: Nous révoquons les permis et les privilèges qui y sont
attachés et nous dédommagerons pour la révocation des
permis et des privilèges qui y sont attachés. Donc, nous rendons
droit à ceux qui se sont engagés dans cette "business" en se
disant: On a la pérennité des contrats éternellement et,
là, on ne l'aura plus. Donc, il y a un dommage et il faut que ce
dommage-là soit compensé. On dit: Oui. À l'article 22,
c'est ce qu'on dit. On dit: Un dommage, vous pensez quand vous en avez acquis
que la pérennité des contrats durerait éternellement et,
nous, on vous dit que dorénavant, après un premier contrat
accordé et négocié avec vous, cela pourrait aller en
soumissions publiques et vous risquez de perdre ce contrat-là pour la
location des véhicules ou cela pourrait aller en régie et vous
risquez donc de ne plus avoir d'affaires et les conditions sont
changées. On reconnaît par l'amendement transmis que la
révocation des permis et des privilèges qui y étaient
attachés doivent être eux compensés. Je pense que c'est
fair-play, et si ce n'était pas étanche dans l'article 22, on
pourrait reconsidérer la question. On pourrait regarder cela. On recevra
les arguments de l'Opposition quand
on discutera et on verra si Jamais cela n'est pas étanche. Nous
pensons que cela l'est. On pense que c'est équitable et que cela rejoint
deux objectifs, celui de dédommager les propriétaires, mais aussi
celui d'être un administrateur cohérent public et avec les deniers
publics.
C'est bien sûr que la situation est particulière dans le
domaine ambulancier parce que ce que soulevait le chef de l'Opposition tout
à l'heure, c'est curieux, il parlait tout à l'heure de monopole
et il ne parlait de monopole que dans le cas où les propriétaires
sont des employés qui exerceront le travail de techniciens ambulanciers
tout en étant propriétaires de leur compagnie. Mais, il ne
partait pas de monopole dans le cas de d'autres formules. Mais c'est un
monopole partout où il y a des zones fermées et un permis
d'attribué à ce propriétaire. Le monopole peut être
plus étendu s'il y a quinze ambulances, moins étendu s'il y a
cinq ambulances, mais c'est un monopole partout. Personne ne peut s'introduire
maintenant dans les services ambulanciers. Personne ne peut avoir, à
moins d'autorisation du gouvernement, un permis pour aller opérer dans
un zone qui est déjà couverte, que ce soit un propriétaire
privé, une OSBL ou une coopérative. Alors, ce que dit le chef de
l'Opposition, c'est que le fait que des employés décident de
négocier avec leur propriétaire pour l'acquisition de leur
entreprise, décident de profiter d'un programme qui existe à la
Société de développement des coopératives, d'un
programme qui existe depuis longtemps - cela ne fait pas trois ans qu'il
existe, il existe depuis plus longtemps que cela - de profiter de ce programme
pour prendre en main leurs propres affaires, le chef de l'Opposition a dit: Ce
faisant, acceptant cela, permettant à ces gens de profiter d'un
programme qui existe et qui était pour encourager justement ce genre de
prise en charge de leurs affaires par des employés, on crée des
monopoles. Mon Dieu Seigneur, M. le Président, Je ne comprends pas le
fond de l'argumentation là-dessus. On ne crée pas de monopole, il
existe partout, sur tout le territoire et cela fait douze ans que c'est comme
cela, depuis la première réforme.
Quant à la détermination du territoire...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
ministre, de vos cinq minutes.
M. Dutil: Oui. Quant à la détermination du tarif,
évidemment, cela pose un problème quand tu ne peux pas aller en
soumissions publiques pour régler une chose. Cela veut dire que tu
négocies, que tu négocies et que le Jour où tu penses que
tu as un bon tarif de proposé en tant que gestionnaire des fonds
publics, tu l'as. Jusqu'à preuve du contraire, tu dis: Nous n'allons pas
plus loin parce qu'on pense qu'on offre un bon tarif. Évidemment, de
l'autre côté de la table, on peut ne pas être en accord avec
ce tarif et dire que ce n'est pas exact. L'imbroglio, à la limite, se
dénoue et s'est dénoué dans le passé et pourrait se
dénouer dans l'avenir par un décret, ce qui n'est pas nouveau
comme formule. Je reviendrai.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, M. le
ministre, vous avez droit... On m'avait mal informé en arrière en
me disant que vos cinq minutes étaient écoulées. Mais vous
avez droit à vingt minutes parce que là... C'est l'article 245?
Excusez, madame. "Le temps de parole de vingt minutes dont disposent les
membres de la commission vaut pour chaque article, alinéa ou paragraphe
d'un projet de loi, chaque amendement, etc. " Alors, c'est vingt minutes que
vous aviez, ce n'est pas une réplique à une...
M. Dutil: Quant à la force de négocier qui est
enlevée, M. le Président, je donnais l'exemple de la façon
dont on procède actuellement parce que ce qui mêle les gens, ceux
qui ne suivent pas le dossier de près, c'est qu'il y a plusieurs
négociations qui sont en cours actuellement parce que les contrats avec
les propriétaires sont également à terminer et à
renouveler ou on est en train de changer la formule. On parle de budget et
contrat, ce sont des choses qui se font en même temps que les
négociations collectives. Évidemment, ceux qui ne sont pas
près du dossier ne voient pas cette distinction. Mais elle existe et
elle est très grande. Nous sommes aux tables également avec les
propriétaires pour négocier des tarifs. Nous le sommes autant
pour la province que pour Montréal. Il y a des différences
d'opinions sur les calculs et des différences d'opinions sur les
chiffres auxquels on arrive, mais ce sont des choses qui peuvent arriver autour
d'une table de négociations. On le sait. Il faut en arriver à ce
que cela se règle. Il faut finir par se dire: Si on n'est pas d'accord
autour de la table, qu'est-ce qu'on fait? On négocie avec, non pas des
employés dans ce cas-ci, mais des employeurs qui donnent un service que
réclame l'État ou traditionnellement, quand I n'y avait pas de
façon de régler le problème avec un fournisseur en
négociant de gré à gré, on allait aux soumissions
publiques, ce qu'on se refuse à faire dans le cas des régions,
mais ce qui se fera éventuellement dans le cas de Montréal, mais
pas pour le premier contrat.
Si on n'a pas la démonstration, et on ne l'a pas actuellement,
que cela coûte plus cher que ce qu'on offre, et tout le monde sait que,
dans un tarif qui est négocié avec l'État, le chef de
l'Opposition sait très bien cela, M. y a certains frais dont on ne tient
pas compte-. J'en mentionne un dont on ne tiendra pas compte, dont
personne n'a Jamais tenu compte, c'est le prix payé pour l'achalandage
par l'acquéreur. Je vous donne un exemple: supposons que quelqu'un
achète un permis d'ambulance 200 000 $. Ces 200 000 $, s'il n'a pas
l'argent pour l'Investir, vont lui amener des frais d'intérêt de
24 000 $. Il ne peut pas nous passer la facture de
24 000 $, parce que nous estimons d'abord que le prix du permis ne
devrait pas être aussi élevé, le permis est fonction de la
rentabilité, à notre sens à nous, qui est accordée,
et il y en a une qui a été accordée. Quand on
négocie, il y a un certain pourcentage qui est prévu pour les
bénéfices des entreprises. C'est là-dessus que le
propriétaire privé fait son estimation de la valeur de
l'entreprise. S'il pense qu'il peut faire 20 000 $ par année par permis,
il décide alors s'il va payer 100 000 $, 150 000 $ ou 200 000 $. Mais
nous ne tenons pas compte de l'achalandage dans le calcul de tarifs. Et ce
n'est pas une exception, nous n'en tenons pas compte non plus quand nous
négocions des tarifs avec les propriétaires d'autobus scolaires,
nous n'en tenons compte nulle part dans les formules qui existent dans quelque
domaine que ce soit pour établir un tarif quand le gouvernement
désire obtenir un service. Je pourrais donner d'autres exemples, mais ce
point-là peut faire l'objet de discussions ou l'objet du fait que nos
calculs de coûts n'arrivent pas au même résultat que les
propriétaires.
Évidemment, dans leur "breakdown" de coûts, dans leur
analyse de coûts, ils nous mettent des coûts d'achalandage, des
coûts hors dépenses de l'opération des ambulances, à
notre sens. Il peut y avoir une différence qui peut s'élever
à plusieurs dollars l'heure, et qui peut donc faire une
différence relativement considérable.
Quand le chef de l'Opposition dit qu'on enlève de la force de
négociation aux employeurs, le système existait de cette
façon: une négociation à la table et s'il n'y a pas
entente, un décret. Alors la force est évidemment du
côté de celui qui requiert le service. Et celui-ci doit être
de bonne foi, et je pense que c'est notre cas, nous sommes de bonne foi, nous
avons analysé ce tarif en long et en large, et nous pensons que notre
offre est correcte en tant que gestionnaires des fonds publics. Que les
propriétaires d'ambulances le contestent, c'est leur droit. Qu'ils nous
apportent des chiffres, et on verra. Il y a de plus en plus de chiffres qui
nous sont envoyés par des canaux qui ne sont pas habituels, je dois vous
l'avouer, mais des chiffres nous sont apportés, qui vont peut-être
nous amener à réviser notre position, si nous nous sommes
trompés. Je ne refuse pas de reviser ma position quand je me trompe,
mais en fonction...
M. Chevrette:... c'est efficace.
M. Dutil:... en fonction, il aurait été
préférable que ces données viennent beaucoup plus
tôt.
M. Chevrette: Cela fait plusieurs fois qu'on vous les
offrait.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on respecte le droit de parole du ministre.
M. Chevrette:... les copies étaient rendues plus
haut...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député de Joliette. M. le ministre continuez.
M. Dutil: Et, en tout cas, je voudrais remercier le chef de
l'Opposition d'avoir transmis si rapidement les données qu'il a
reçues, beaucoup plus rapidement que nous.
M. Chevrette:...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Dutil: Alors, quant à la force de négociation,
et là le chef de l'Opposition, pour parler de son amendement de
façon précise, estime que le fait que l'on décide de se
garder la possibilité éventuelle d'avoir en régie des
ambulances vient diminuer la force de négociation des patrons. En quoi
cela diminue-t-il la force de négociation des patrons? Si on va à
l'article 22, non déposé mais transmis à l'Opposition, on
voit qu'il y a une procédure qui est prévue pour la
révocation des permis, et que cette procédure, à notre
point de vue, à notre sens, nous en discuterons sur le fond quand nous
arriverons à cet article. Si nous avons la démonstration qu'on
s'est trompé, on verra s'il y a lieu d'apporter des amendements, mais,
à notre sens, l'article 22 protège les propriétaires
contre ces aléas. (17 h 15)
Tout ce que j'ai dit, c'est que nous pensons qu'il est souhaitable que
les ambulances, les véhicules mêmes, soient louées par le
secteur privé. Si nous ne pensions pas cela, nous pourrions
acquérir l'ensemble des entreprises et, à ce moment-là,
l'opérer à partir de l'OSBL Mais notre Intention, d'abord et
avant tout, c'est de souhaiter et d'espérer qu'il y aura des gens qui
accepteront de nous louer les véhicules pour des raisons de souplesse,
des raisons de multitude d'avantages qu'il serait trop long à
énumérer ici. C'est la raison pour laquelle nous nous en tenons
à la révocation des permis et à l'indemnité en
fonction de la révocation des permis. Et cette révocation des
permis et cette indemnité-là - on retrouve ceia à l'un des
paragraphes, on en discutera plus en profondeur - va venir après que le
premier contrat ait été émis à ces entreprises, ce
qui les protège. Une période de transition, quant à
l'arbitrage, de quelques mois m'apparaît tout à fait suffisante
et, donc, va être versée bien avant que le premier contrat qui est
réservé pour les employeurs ne soit terminé. Voilà,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie M. le
ministre. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, pour l'information du
ministre, je ne sais pas s'il sait que, présentement, il y a des
propriétaires qui ne sont même pas capables d'emprunter à
la banque sous prétexte précisément qu'ils n'ont pas de
contrat ferme dans les mains. Ils ont de la difficulté à
emprunter. Vous êtes en train d'introduire un mécanisme dans la
loi et vous dites même aux institutions bancaires, par la loi à
part cela: Ces gars-là, attention, ne leur prêtez pas parce que
dans trois ans ce n'est pas sûr qu'ils l'aient. Connaissez-vous une
institution bancaire, vous, un homme d'affaires de la Beauce, qui va
prêter, par exemple, à un propriétaire ambulancier à
qui vous demandez de renouveler huit, neuf ou dix ambulances KK
commandées à Miami? Connaissez-vous une institution bancaire? Il
va avoir de la difficulté à mort à emprunter, vous le
savez très bien. Je trouve, personnellement, que vous faites fi des
principes les plus élémentaires du traitement en affaires. Il va
se présenter à la banque et Ils vont dire: Combien te reste-t-il
de temps dans ton contrat? Ah! les ambulances, il te reste un an. Tout d'un
coup que la coopérative est rendue avec quatre gars plus le
président qui vient d'eux autres, cela fait cinq. Ils ont cinq sur neuf
et ils décident d'avoir un OSBL qui a des ambulances. Quelle Institution
bancaire va prendre le risque de prêter pour une fin de contrat d'un an
pour renouveler une flotte? La qualité même, à ce
moment-là, du service peut en souffrir. Quelle Incitation ou quelle
motivation, puisque tu n'as pas de permis et que tu ne loues que de la
tôle, pourrais-tu avoir à six mois ou à un an de la fin de
l'échéance du contrat d'améliorer ton matériel
roulant, ne sachant pas si l'OSBL va mener ou ne mènera pas? Si vous
n'avez pas de balises, vous ne fixez aucune balise, M. le ministre, à
l'action de votre OSBL Cela peut être M. Lamarche qui est
déjà choisi avec quatre de la coopérative, cela fait cinq,
plus s'ils ont convaincu un ou l'autre, Ils ont la majorité, ils peuvent
décider en tout temps d'avoir leur propre flotte. Vous n'avez
fixé aucune balise, vous ne dites pas: Pour cause, dans le cas de refus,
rien. Vous exploitez un service d'ambulances. Quand? Au bon vouloir de ceux qui
vont contrôler.
Je m'excuse, mais quand on fait une loi, on peut faire une loi dans une
circonstance X et on peut avoir un portrait Y à un moment donné,
vous le savez très bien cela. On peut passer une loi au moment où
i y a 40 employeurs et tu veux mettre un peu d'ordre dans cela et tu
peux te ramasser avec la même loi et un seul employeur qui est à
la fois syndicat, employeur et représentant sur l'OSBL en plus.
Feriez-vous la même loi, M. le ministre? Seriez-vous assez responsable
pour y rédiger les mêmes textes? Gérer, je pense,
légiférer et administrer, c'est l'art de prévoir. On doit
être au moins assez perspicace pour prévoir ce qui peut venir dans
quelques mois. Vous ne semblez pas voir ça, pas du tout. Pas de balises,
n'Importe comment, vous ne fixez aucune contrainte. Vous ne dites pas que vous
allez offrir prioritairement d'acheter, par exemple, la flotte du
propriétaire si jamais vous permettez à l'OSBL d'acheter du
matériel roulant. Vous ne vous mettez aucune contrainte. Cela ne fait
pas sérieux, il y a des gens à qui vous révoquez le
permis, vous troquez le permis pour un contrat de tôle. Ce n'est pas tout
à fait la même "business", je m'excuse. Ce n'est pas tout à
fait la même chose. Je vous avoue que, si vous aviez au moins mis des
balises, si vous m'aviez dit: On va permettre à l'OSBL d'avoir son
matériel roulant dans le cas de refus d'un propriétaire actuel
d'exécuter le contrat. Ou bien parce qu'il n'entretient pas du tout ses
véhicules après tant d'avertissements. Je lisais cet
après-midi les conventions collectives FTQ, CSN, c'est très
drôle, votre même Jean-François Munn a signé un
article - je ne sais pas où 1 est aujourd'hui, je ne l'ai pas vu - avec
la FTQ en disant - c'était drôle, l'article est bien fait -:
Quinze jours sauf pour cause: je vais le foutre dehors. La CSN, aucun
préavis. Deux poids, deux mesures. Est-ce que c'est quelqu'un de
l'extérieur qui vous dit ces maudits textes-là pour que cela
représente toujours un seul côté de la médaille? Ce
que vous faites n'a pas de bon sens, M. le ministre. Aucune balise, je vous
avoue qu'on va probablement vous en donner des balises additionnelles. On va
essayer de vous faire penser au sens des responsabilités que vous
devriez avoir en vous présentant des amendements. Si vous battez tous
ces amendements, c'est parce que vous voulez écraser des gens. C'est
clair.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, il vous reste deux minutes.
M. Chevrette: Le ministre compare cela au transport scolaire.
Pour son Information, il y avaft à peu près 55 commissions
scolaires régionales en plus des locales, il n'y a pas un seul donneur
d'ouvrage au Québec. Il y a Jérome-LeRoyer qui a du transport
scolaire sur l'île de Montréal. Si vous voulez comparer les
choses, on va les comparer. C'est très différent. C'est
très différent. Vous le savez que c'est très
différent, à part cela. Vous voulez le comparer, allez-y, c'est
à votre guise. Mais ce n'est pas ce qu'on vous dit fondamentalement. Le
transport scolaire, ils ont commencé en toute connaissance de cause en
faisant cela. Vous aviez permis à des commissions scolaires de faire du
transport scolaire jadis. Peu à peu, c'est l'inverse de ce que vous
faites. Les commissions se sont départies au profit de l'entreprise
privée. Dans mon coin, la commission scolaire régionale
Lanaudière faisait du transport scolaire et c'est au profit du
privé précisément que cela s'est en allé,
contrairement à ce que vous faites, M. le ministre. Je ne comprends pas
votre obstination à vous donner tous les pouvoirs, sans aucune
contrainte. Vous pourriez au moins dire que l'OSBL ne pourra pas
faire cela s'il n'y a pas refus et s'il y a un travail bien fait. Cela
serait un minimum. Non, non, pas de problème, c'est pour aucune raison.
Cela me fait penser, le deux poids deux mesures de la FTQ-CSN, je vous ferai
parvenir une petite étude comparative que j'ai faite seulement sur les
clauses de convention. C'est drôle en maudit. Je l'ai fait et assez
rapidement. Les articles 15 et 25. Vous allez vous demander: Vous allez dire:
Écoutez donc dans ce mosus de dossier, les travailleurs
identifiés à une centrale ne sont pas traités comme les
autres. Les coopératives ne sont pas traités comme les
employeurs. Qu'est-ce que vous visez à ne pas vouloir avoir un poids et
une mesure pour tout le monde? Je vais m'arrêter. Je vais revenir, M. le
ministre, pour des affirmations que vous avez faites en Chambre, que vous avez
faites également ici, dont j'ai pu avoir la preuve du contraire me
venant du RETAQ lui-même. Je vais demander aux gens de voter en faveur de
mon amendement qui vient civiliser un petit peu le comportement gouvernemental
vis-à-vis d'un droit de propriété, qui, à mon avis,
est un droit inaliénable.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez encore quatre
minutes, M. le ministre. M. le député de Joliette, votre temps
est écoulé.
M. Dutil: M. le Président, la première remarque du
chef de l'Opposition portait sur les emprunts bancaires possibles à
partir du moment où on a des contrats. C'est évident que des
contrats finissent par venir à expiration. Ce n'est pas le seul secteur
où des contrats sont accordés périodiquement, sur une
longueur que déterminent les institutions ou les secteurs privés,
c'est la même chose dans la sous-traitance. Mais parlons des institutions
municipales, scolaires ou gouvernementales qui accordent des contrats sur des
périodes de trois, cinq ou sept ans, qui varient souvent en fonction de
la durée de vie de l'immobilisation requise pour le service
demandé. Les institutions comprennent très bien que lorsqu'elles
requièrent un service, elles demandent un contrat, si elles
requièrent un service de trois ans, alors que l'immobilisation requise
est d'une durée de vie de cinq ans, eh bien, elles risquent de payer
plus cher parce que la personne qui soumissionne va évidemment prendre
la précaution de hausser son tarif en tenant compte du fait que son
contrat n'est que de trois ans, pour tenir compte du fait qu'il peut perdre son
contrat au bout de trois ans. Et c'est à l'institution, que ce soit une
institution gouvernementale, commission scolaire ou autre, à tenir
compte de ce fait-là. Si elle veut payer moins cher, il est souhaitable
qu'elle ajuste sa durée de contrat en fonction de la durée de
l'immobilisation requise pour avoir le meilleur prix possible. On voit ce genre
de chose-là partout, des contrats qui sont accordés pour une
période de temps limité, et où l'entrepreneur a un risque
à prendre, et il doit composer avec sa banque, justement, avec les
institutions financières qui le financent, il doit administrer ses
emprunts en conséquence. Cela semble être une découverte
pour le chef de l'Opposition. Il y bien des gens qui négocient des
contrats qui ont une fin et sur lesquels il n'y a aucune
pérennité, qu'ils peuvent perdre au bout d'un certain temps, et
qui obtiennent les marges de crédit dont ils ont besoin pour
fonctionner. Et de ce côté-là, je pense que l'argument du
chef de l'Opposition ne tient pas.
Quant aux autres arguments, j'en ai mentionné plusieurs que je
répète rapidement. Pour ce qui est du fait de vouloir permettre
à la corporation à but non lucratif de pouvoir, le cas
échéant, opérer un service d'ambulances, donc d'avoir les
véhicules, il y a tellement de sénarios possibles que s'enfarger
avec un texte comme celui que le chef de l'Opposition nous présente,
nous obligerait vraisemblablement à revenir à la
législation relativement rapidement. L'un de ces sénarios est
qu'il n'y ait pas de soumissionnaire à un moment donné, pour une
raison ou pour une autre, cela peut arriver. Il peut arriver qu'il n'y ait pas
de soumissionnaire et qu'à ce moment-là, le pouvoir
n'étant pas à l'OSBL d'avoir ses propres ambulances, bien ils ne
peuvent pas. Amendement.
M. Chevrette: Qu'ils s'en tiennent à l'amendement.
M. Dutil: C'est cela.
M. Chevrette: Ce n'est pas le pouvoir. Il est voté le
pouvoir, il argumente sur le pouvoir qu'il s'est donné tantôt.
M. Dutil: J'espère, M. le Président, que vous allez
me permettre de poursuivre mon argumentation.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, on va laisser M. le ministre poursuivre son
argumentation.
M. Dutil: Je pense que ce que je dis concerne l'amendement,
concerne ce qui entoure l'amendement et que je suis dans le sujet, M. le
Président.
Et de toute façon, le chef de l'Opposition est intervenu sur le
traitement que l'on faisait en ce qui regarde les coops en fonction de ceux qui
sont dans une centrale syndicale, ou dans l'autre centrale syndicale. Et je
pense que c'est en dehors de l'amendement, M. le Président, c'est
carrément en dehors de l'amendement, mais le chef de l'Opposition en a
parlé.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je vous
en prie.
M. Dutil: Je voudrais seulement répondre.
Le Président (M. Bélanger): Je vous prierais... on
s'en tient à l'argumentation, s'il vous plaît.
M. Dutil: D'accord, M. le Président. Je ne
relèverai pas cette argumentation-là, nous aurons l'occasion d'y
revenir. Cela va.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Marie-victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président, j'aurais un
sous-amendement à apporter à l'amendement qui a été
déposé par le chef de l'Opposition tantôt. Alors cela se
lirait comme suit, à l'alinéa 2. 1: "Exproprier et indemniser
selon les lois du Québec applicables à la matière... " ah,
alors à l'amendement qui a été proposé
tantôt, je voudrais qu'on ajoute à la toute fin "avec l'accord du
gouvernement". Cela va? C'est-à-dire que vous prenez l'amendement qui a
été proposé tantôt, à l'alinéa 2. 1,
et vous rajoutez à la fin "avec l'accord du gouvernement".
La Présidant (M. Bélanger): Sur la
recevabilité, quelques instants, brièvement. S'il vous
plaît! Mme la députée de Marie-Victorin, on vous entend sur
la recevabilité. (17 h 30)
Mme Vermette: Oui, M. le Président, je trouve qu'il est
important à ce moment-ci de la discussion d'apporter cet
élément additionnel parce qu'il apporte une garantie et cela
démontre que le service d'ambulances qui exploite ne peut, de
lui-même, sans l'approbation du gouvernement, indemniser ou exproprier
une compagnie de transport ambulancier.
La Président (M. Bélanger): Oui. Dans le fond, si
je comprends bien, votre argumentation...
Mme Vermette: Parce que l'OSBL...
Le Président (M. Bélanger):... n'introduit pas
d'élément nouveau, sauf que...
Mme Vermette: C'est un... Oui.
Le Président (M. Bélanger):... vous ajoutez,
là, dans le sens...
Mme Vermette: Je pense que,...
M. Chevrette: Le but d'un sous-amendement.
Mme Vermette: M. le Président, c'est simplement un ajout,
finalement, qui apporte tout simplement un élément de
sécurité au premier amendement qui a été
apporté.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Alors, M. le
ministre, brièvement, sur la recevabilité.
M. Dutil: Je m'en remets à votre bon jugement, M. le
Président.
La Président (M. Bélanger): Bien. Le
sous-amendement est recevable sur le fond. Je vous entends.
Une voix: Cela, c'est bien.
Mme Vermette: Oui. Alors, M. le Président, je trouve
ça important à ce moment-ci, parce qu'il ne faut pas laisser tout
simplement le plein pouvoir à l'OSBL sans que le gouvernement ne soit
aussi impliqué dans ce processus, qui est tout de même un
processus assez inusité, quoiqu'on semble dire que ça se fait
assez régulièrement. C'est assez inusité, finalement,
qu'un gouvernement passe les pouvoirs à un organisme de service
d'ambulances et qu'on donne des pouvoirs qui, généralement, sont
uniquement donnés à un gouvernement. Le pouvoir d'exproprier
appartient généralement à un gouvernement. Ce que je
trouve Important à ce moment-ci, c'est que ce caractère ressorte,
parce qu'on ne peut pas se dépouiller de ses responsabilités.
C'est très important de soulever ce fait. À cet égard, il
serait important, je pense, de savoir ce que notre gouvernement pense; qu'il
prenne ses vraies responsabilités et qu'on voit vraiment jusqu'où
il peut aller et quelles sont ses véritables intentions. Donc, c'est une
protection dans le cas où l'on pense qu'actuellement tout est
aléatoire, tout pourrait se passer d'une façon où les
pertes réelles ne seraient pas prises en considération et que
finalement on fait l'indemnisation basée sur les permis, ce qui n'aurait
plus aucune valeur significative pour les propriétaires qui ont toujours
donné le service avec leurs ambulances.
Je trouve inacceptable, M. le Président, qu'on ne puisse pas,
justement, sur une base d'équité, redonner à des individus
qui ont exploité pendant X nombre d'années un service pour lequel
il y avait toujours les lois de la concurrence qui s'appliquaient mais qui ne
peuvent plus s'appliquer actuellement, parce qu'on est en train de créer
un monopole et qu'on ne peut plus faire valoir, en tout cas, que ça se
fait dans d'autres milieux, notamment dans le milieu du transport scolaire,
comme essayait de nous le faire accroire le ministre... Je trouve que sa
comparaison était tout à fait boiteuse et que ce n'était
pas justifié, en tout cas, dans le cas qui nous concerne, le transport
des services ambulanciers.
Je ne crois pas qu'on soit en train d'étatiser à l'heure
actuelle le service de transport dans le monde scolaire et ça ne serait
pas heureux non plus. Mais, ici, nous sommes devant une étatisation et
les faits sont tout à fait différents. Je pense qu'un
gouvernement doit prendre ses responsabilités et que le ministre devrait
aussi, quant à lui, indiquer clairement sa position. S'il veut que les
OSBL gèrent, il faut qu'il apporte aussi des garanties. S'il veut
qu'ils
exploitent le service, bien oui, à condition qu'on mette un terme
à des contrats et qu'on évalue devant un tribunal d'arbitrage les
pertes réelles encourues par les propriétaires avec lesquels on
veut mettre un terme au contrat. Cela, ce sont des mécanismes
acceptables mais, actuellement, on veut passer par-dessus toutes les
règles du jeu acceptables pour arriver tout simplement le plus
rapidement à des conclusions qui font en sorte que les gens sont devant,
non plus une équité, mais une perte réelle très
dramatique dans certains cas, puisque c'est le gagne-pain de plusieurs
entreprises et entrepreneurs et, comme on le disait tantôt, de certaines
PME, de petites entreprises dites familiales. Au moment où l'on parle de
plus en plus qu'il faut protéger nos PME et favoriser tout ce qui peut
mettre en lien direct les liens de la famille, je trouve que ce n'est pas,
actuellement, aller dans un sens d'une politique qui prétend vouloir
sauver les intérêts des plus petits, en tout cas. Comme,
très souvent, on essaie de nous faire croire que ce gouvernement est le
gouvernement des chevaliers des temps modernes pour défendre la veuve et
l'orphelin, on s'aperçoit bien que, dans ce projet de loi, il n'en est
rien et que, effectivement, on essaie encore une fois de défendre les
plus forts. On va du côté des plus forts et, finalement, on laisse
pour compte ceux qui n'ont pas les mécanismes ou les moyens
nécessaires pour se défendre, Us sont sans ressources. Nous
sommes, encore une fois, devant cet état de fait et nous devons
constater un manque de cohérence, de politique claire et bien
déterminée à aller dans le sens de l'équité.
On a parlé plus d'une fois de l'équité, M. le
Président. Encore une fois, cela semble peine perdue parce que les
décisions nous semblent déjà prises. On a beau essayer de
prendre tous les moyens nécessaires pour que, finalement, l'on
reflète cette notion d'équité le plus possible envers des
gens qui ont donné, avec les moyens qu'ils avaient, un service à
la population qui était acceptable au moment où ils ont
donné le service. On arrive à une réévaluation et
on se dit: Bon, il faut regarder la meilleure façon de donner le service
à l'ensemble de la population et, compte tenu de certaines situations de
relations du travail, on remet en cause les personnes qui donnaient ce service
au détriment, finalement, de ces personnes qui ont toujours voulu donner
un service à une population. On se réveille aujourd'hui avec un
projet de loi qui fait en sorte qu'il y a des Inéquités et, pour
acheter une certaine paix sociale, on arrive avec des problèmes qui, il
me semble, seront beaucoup plus graves pour les temps qui viennent parce que,
justement, quand on crée des monopoles, vous savez, surtout des
monopoles qui appartiendront au genre de l'OSBL, tout est à
prévoir. À ce moment-là, ce sera la population et les
gouvernements qui seront pris en otage. Ce n'est pas un gage de garantie de
succès ou de paix sociale, à mon avis. C'est sûr qu'il y a
des éléments à court terme, mais V faut aussi avoir des
éléments à long terme. Il faut aussi penser à long
terme. Mais, en ce qui me concerne ici, il n'y a pas de vision à long
terme. On essaie de régler un problème ponctuel avec une loi qui
aura des effets inacceptables, en fait, pour l'ensemble des exploitants et des
propriétaires exploitants antérieurs qui se retrouvent sans aucun
moyen, finalement. Le ministre va décider le prix d'un permis et il ne
tiendra pas compte de la valeur réelle de toutes ces choses. C'est une
première, en fait. C'est curieux de la part d'un gouvernement qui dit
fonctionner selon les règles du marché, la libre concurrence et
de tous les principes du capitalisme, finalement, et que là il se
retire, ii revient en arrière avec d'autres formes de principe parce
que, pour une fois, cela l'arrange, cela fait son affaire. Cela fait des
discours où on ne sait plus vraiment où on s'en va et où
se trouve exactement la réalité des choses.
Est-ce que, à chaque fois qu'on aura besoin d'éviter un
conflit de travail, on devra présenter des projets de loi qui feront que
ceux qui sont les mieux armés, les mieux préparés parce
qu'ils représentent au niveau syndical un élément de
taille en ce qui concerne les relations du travail, on devra faire des projets
de loi qui favorisent ces gens pour les empêcher de crier... mais c'est
toujours ponctuel. Je reviens toujours sur ce fait-là, parce que si cela
a marché une première fois, vous savez ce qui se passe quand on
crie au loup, tout le monde sort la première, la deuxième et la
troisième fois. Alors, on sera toujours pris devant ce même
problème. En fait, le projet de loi ne résoud absolument rien. On
reviendra toujours aux mêmes conséquences et même, qui plus
est, on aura dépouillé certains propriétaires qui
étaient exploitants d'un service. Finalement, ce n'est pas une garantie
d'un meilleur service. C'est là qu'est le problème. C'est
pourquoi, M. le Président, on a apporté tantôt le
sous-amendement. J'aimerais bien, en tout cas, que le gouvernement cautionne
jusqu'à un certain point la part de responsabilité qui lui
revient dans ces décisions et qu'il endosse, d'une part, jusqu'où
il est prêt à mettre et quelles sont, justement, les
modalités qu'il veut mettre de l'avant pour avoir une indemnisation qui
serait équitable pour les anciens exploitants et les
propriétaires exploitants pour qu'ils ne se retrouvent pas avec une
coquille vide.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Vous ne répondez pas?
M. Dutil: M. le Président, c'est très facile d'y
répondre. La députée de Marice-Victorin a
présenté un sous-amendement pour marquer avec le gouvernement sur
son propre amendement. L'Opposition aurait pu l'inclure tout de suite. De toute
façon, elle n'a pas discuté de ça, elle a discuté
de l'amendement. Cela redonne 20
minutes au chef de l'Opposition, d'après ce que j'ai compris?
M. Chevrette: Bien, cela fait ça. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Dutil: C'est probablement le seul effet concret de...
M. Chevrette: Non. Je pense que vous avez indiqué vos
couleurs dans votre droit de réplique, M. le ministre. À mon
amendement, vous avez clairement indiqué que vous étiez contre.
Le sous-amendement vise au moins à vous démontrer - il est
très cohérent avec toute l'argumentation que j'ai suivie... On ne
saura pas si, tantôt, l'OSBL ne sera pas contrôlé de a
à z. Pour éviter qu'il puisse décider n'importe quand de
ce qui va se passer au sujet de l'OSBL même, pour éviter, donc,
qu'N y ait des décisions disant qu'à compter de juin 1991 l'OSBL
aura son matériel roulant, il faudrait au moins que ce soit
décidé par décret gouvernemental ou l'équivalent,
c'est ce que vise le sous-amendement. Si le ministre ne comprend pas, il y a
peut-être une chance ou deux, en tout cas, qu'autour de la table - ils
sont 26 - quelques ministres commencent à poser des questions et qu'ils
disent: Avant d'autoriser l'OSBL à acheter des ambulances, il serait
peut-être bon qu'on commence à regarder s'il n'y a pas un droit de
propriété qu'on brime ici. Il y a peut-être des ministres
qui, autour de la table, sont issus de l'entreprise privée, qui n'ont
pas perdu leurs principes et qui vont dire: Ça ne marche pas de
même. Il y a peut-être certains ministres qui vont dire: Mais, quel
avantage a-t-on à se porter acquéreur de K, K, K, K, là?
Pour avoir d'autres K, oui, avoir d'autres problèmes? Il y a
peut-être des ministres qui diraient à l'OSBL: Non, tu ne rouleras
pas; tu vas rouler avec les contrats du privé. Cela me paraîtrait
un peu correct d'assujettir, à toutes fins utiles, la décision
ultime à un décret gouvernemental du Conseil des ministres. Au
moins ça et non pas laisser un OSBL.. On ne sait même pas qui
formera l'OSBL tantôt, entre vous et mol.
Il y avait un article, la semaine dernière, qui disait que jeudi
prochain - en parlant du jeudi qui vient - il y aurait peut-être une
offre, on va peut-être se ramasser avec une seule coopérative,
c'est-à-dire trois à quatre coopératives mais avec le
même groupe puis le même syndicat, qui aurait son siège
d'entrepreneur à l'exécutif de l'OSBL, et qui aurait les postes
de salariés. La marge vient de la CSN; on va se ramasser avec un OSBL
complètement contrôlé. C'est peut-être bon que le
Conseil des ministres, à un moment donné - c'est ça
l'objet de l'amendement - se dise: Bien, une minute, là, on n'a pas
créé de petites chaires ici pour laisser un groupe de la
société décider de la qualité du type de service
qu'on va se donner. Cela va coûter quoi, ça? Il y a des piastres
dans ça, oui. Le ministre s'évertue à me dire: Oui, mais,
si on a négocié avec Jean-François Munn et si les
employeurs n'étaient pas trop à la table, il faut bien se rendre
compte que c'est moi qui paie, c'est de l'argent payeur; cela a
été son argument. Il disait, de plus: Les employeurs ont toujours
été là. Je voudrais dire au ministre que la CSN ne pense
pas comme lui- II faudrait qu'il lise la mise en demeure que la CSN a
envoyée aux employeurs. Il y a eu des rencontres de négociation
les 14 et 28 avril 1988, les 3, etc., etc. Lors de la rencontre de
négociation du 7 juillet, le négociateur gouvernemental, M. Munn,
nous avisait, et nous citons, "que la table de négociation n'a aucun
statut juridique, que ce qui se négocie est de consentement des parties,
que les absents ne sont pas nécessairement d'accord. " La CSN met en
demeure les employeurs, elle dit: SI vous ne venez pas à la table, mes
maudits, on fait tout sauter. Le ministre soutient qu'il était à
la table. Il y a quelqu'un qui nous ment. Il y a quelqu'un qui conte des
mensonges. Le ministre a toujours dit que la CSN était là. C'est
pour ça que j'ai de la difficulté à croire le ministre
pendant de grands bouts, parce qu'il nous dit le contraire de ce que la CSN
écrit.
M. Dutil: J'ai confiance en la CSN.
M. Chevrette: Pardon? Qu'est-ce que vous avez dit?
M. Dutil: J'ai confiance en la CSN. (17 h 45)
M. Chevrette: Je commence à croire la CSN, moi. Dans
l'argument fondamental pour le sous-amendement de Mme la députée
de Marie-Victorin, ce sont des piastres. Savez-vous ce que représente la
possibilité de quelque 80 ambulances si c'est à 85 000 $ chacune?
Les KK que M. Cotton veut, il va vous dire le prix. Ce n'est pas 65 000 $
certain. Pour votre information, juste la boîte coûte 55 000 $.
Vous êtes en retard dans les nouvelles. Ils viennent de Miami en plus de
cela.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Donc, I y a de gros sous dans cela et le ministre
laisserait à un OSBL le soin de décider d'acheter des
véhicules alors que l'élément payeur, 85 ambulances
à 85 000 $, c'est une belle petite dépense pour un OSBL, sans
autorisation du Conseil des ministres, sans décret. Cela ne fait pas
trop sérieux quand on sait, par exemple, que la Régie des sports
- j'ai été ministre du Loisir - qui est à
Trois-Rivières était obligée de nous présenter son
budget et elle n'avait pas de pouvoir de décider pour des millions et
des millions. Voyons! Là, il laisserait à un groupe qui a le
contrôle, à toutes fins utiles, de l'OSBL, le soin de
décider du jour au
lendemain, sans incorporer le pouvoir d'exproprier. Je trouve cela
personnellement inacceptable et je ne comprends pas le ministre du tout. Cela a
changé. Vous savez que le portrait a changé, M. le ministre. Vous
allez vous ramasser tantôt... On a réglé la composition du
conseil d'administration en juin. Est-ce que vous feriez la même
proposition quant à la composition du conseil d'administration
aujourd'hui sachant que le portrait s'est modifié? Est-ce que vous
accepteriez que le conseil d'administration de votre futur OSBL, par exemple,
soit contrôlé majoritairement par un groupe?
M. Dutil: Ce n'est pas le cas.
M. Chevrette: Ce n'est pas le cas actuellement. Qu'est-ce qui
vous dit que ce ne sera pas le cas la semaine prochaine?
M. Dutil: II faudra revérifier les galées et vous
allez voir.
M. Chevrette: Bien voyons!
M. Dutil: Voyons! M. le Président.
M. Chevrette: J'essaie...
M. Dutil: On est rendu dans le conseil d'administration...
M. Chevrette: Mais non, mais je veux vous montrer que vous
acceptez n'importe quoi.
M. Dutil: Non, non, mais...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On va laisser terminer M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Bon, c'est une mosus de bonne affaire.
M. Dutil: Donc, j'appelle à la pertinence du
débat.
Le Président (M. Bélanger): Vous aurez votre...
M. Dutil: Le conseil d'administration n'a pas d'affaire dans
nos...
M. Chevrette: C'est très pertinent. J'étais en
train de vous montrer...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, vous
aurez votre droit de réplique de cinq minutes tout à l'heure. M.
le député de Joliette.
M. Chevrette: Je suis en train de justifier notre amendement, de
démontrer que le ministre se laisse embarquer de tous bords et de tous
côtés. Il ne sait pas où il s'en va. tt dit n'importe quoi.
Il est contrôlé de A à Z. Il a tout donné... Je
pense qu'il a même donné ses idées ou bien ce sont les
autres qui lui ont injecté les idées. Il ne comprend même
pas qu'il s'en va vers un cul-de-sac monumental avec son projet de loi. Il est
en train de donner des pouvoirs de dépenser sans aucune autorisation
préalable parce que dès que tu permets à quelqu'un
d'exploiter, tu lui permets d'acheter, par loi à part cela. Exploiter un
système d'ambulances, le jour où cela a fait notre affaire, la
décision est prise. Quatre salariés, un employeur qui est
représenté. Ils auront seulement à aller chercher... Il y
a le président qui vient du milieu. Ils viennent de contrôler
l'OSBL Cela ne prend pas un génie pour comprendre qu'ils peuvent
contrôler. C'est dans l'article 9. Puis, il y en a deux ou trois qui
viennent de l'intérieur en plus et à qui on peut tordre
facilement un bras parce qu'ils ne sont pas nombreux, pas trop gros. Donc,
chantage avec tout cela et la décision est prise. Cela n'a pas d'allure.
Au moins, avec l'amendement de la députée de Marie-Victorin, vous
avez au moins l'obligation de présenter au Conseil des ministres un
décret pour dire: Permet-on l'an prochain à l'OSBL de s'acheter
du matériel roulant, 83 ou 85 permis, au moins, là, II y a
peut-être des ministres un peu plus responsables qui vont se questionner,
qui vont dire: Mais, cela n'a pas trop de bon sens. On est peut-être
mieux de continuer, on est peut-être mieux de chercher un
aménagement. Mais là, ce n'est pas ça. Le ministre
ridiculise le sous-amendement. Il ridiculise l'amendement et il dit que les
gens ont le pouvoir de négocier. Je voudrais bien voir le pouvoir de
négocier qu'ils vont avoir. S'il ne donnait pas le pouvoir à
l'OSBL, il pourrait dire aux employeurs: Vous avez un certain pouvoir de
négocier. Mais dès qu'il le met tout de suite, il enlève
pratiquement tout le pouvoir juridique de négocier, d'échanger.
C'est clair. Il remet à l'OSBL tous les pouvoirs nécessaires pour
écraser les individus propriétaires. C'est évident.
Pourtant, le ministre sait très bien qu'en décembre, en
juin de chaque année, il peut arriver avec un amendement
législatif. S'il y a des troubles, il dit: On insérera ce pouvoir
si ça ne marche pas. Mais se le donner a priori, ce n'est pas pour
rien.
M. le ministre, pour vous montrer qu'ils ont compris ça - il y a
des gens qui ont compris ça - il y a des gens qui vont jusqu'à
écrire. Enfin, la structure idéale s'en vient. Les "boss" ne
seront même pas capables de gérer un bout de tôle. C'est
écrit tel quel. Il y en a qui ont compris ça. C'est écrit
dans le journal. Les RETAQ, ils ont compris la "game". Ils ont dit: Le jour
où on va avoir notre OSBL, avec notre ancien permanent de la CSN, nous
allons pouvoir gérer les choses correctement. Si les "boss" font des
pressions, disent-ils, on s'arrangera pour qu'ils ne soient même pas
capables de gérer un bout de tôle. Pas de problème, ils ont
compris. C'est le ministre qui devrait comprendre; c'est lui qui a la
responsabilité d'éviter que de telles
situations...
Je pourrais vous le dire ici. Si le gouvernement se soumet aux pressions
des patrons, nous nous verrons dans l'obligation de revenir à nos
premières demandes et les "boss" n'auront même plus un morceau de
tôle à gérer. Pouf! Pas de problème. C'est Mario
Cotton qui a écrit ça. Lui, il a compris la "game". Il dit qu'il
est très heureux, d'ailleurs, que vous ayez nommé l'ancien
bonhomme de la CSN. Il est très heureux aussi de voir
Jean-François Munn représenter les patrons seul à la
table. Il a tout compris la "game", lui.
Il va falloir que le ministre commence à comprendre qu'il peut y
avoir une "game" et qu'il aura la responsabilité devant la population
d'y répondre. Il y a de gros sous dans ça, mais il y a aussi une
qualité de service, une qualité de soins. La
responsabilité ne doit pas relever de l'OSBL, à mon point de vue.
Elle doit relever du Conseil des ministres, tout au moins, si le ministre n'en
veut pas. Cela justifie l'amendement de ma collègue, parce que je ne
crois pas que le Conseil des ministres, dans son entité, dans son
entièreté, en tout cas, si on les prenait ensemble, soit d'accord
pour enlever le droit de propriété et pour donner un droit
inconditionnel à un OSBL qui va probablement être régi
à 100 % le soin de dépenser des sommes d'argent et de
définir comment ça va marcher et que le droit de
propriété, ce n'est pas indemnisable. Je ne crois pas à
ça, moi.
Je suis persuadé qu'on prendrait le premier ministre assis ici,
on lui parlerait du droit de propriété et il n'aurait pas le
discours de son ministre. Je suis convaincu que le premier ministre
comprendrait, parce qu'il a vécu des événements en 1974.
Il comprendrait quels sont les dangers d'un monopole et un véritable
monopole dans un territoire donné où on sait qu'il n'y a pas de
concurrence dans ce secteur. N'ayant pas de concurrence et ayant un monopole,
savez-vous ce que ça veut dire, ça? Non, je ne l'avoue pas du
tout.
Ce que vous ne comprenez pas, c'est que s'il y avait quinze ou vingt
employeurs différents, accrédités selon le Code du travail
et non pas assujettis à un OSBL comme vous avez fait, c'est
vous-même qui le créez juridiquement, votre monopole, alors que,
dans les faits, il n'existe pas, M. le ministre. Demandez à vos
procureurs de vous expliquer ce qu'est une accréditation syndicale en
vertu du code et venez me dire que, actuellement, tant et aussi longtemps que
les employés relèvent de l'employeur, ce n'est pas une
entité en soi. S'il y avait dix-sept employeurs sur l'île de
Montréal, il y aurait dix-sept entités et il pourrait y en avoir
quinze qui marcheraient différemment des deux autres.
Mais le jour où juridiquement vous ne créez qu'une
entité, une entité qui va devenir à la fois une
entité corporative d'employeurs et une entité corporative
syndicale et qui va être assise à l'OSBL et se représenter
en plus, venez me dire qu'il n'y a pas un danger réel, évident
qui ne demande pas... Je vous le dis, M. le ministre, je n'essaie pas du tout
de caricaturer là-dessus. J'ai été ministre à la
Santé, moi aussi, un an et avec dix-sept entités, on est venu
à bout de sauver des morceaux ici et là, parce qu'il y en avait
qui avaient assez de "poigne" pour être capables d'en faire travailler
quelques-uns dans leur milieu.
Vous êtes en train de créer une structure unique qui va
marcher au piton. Ce sont des humains à Montréal, sur la grande
le de Montréal, qui sont privés instantanément d'une
structure globale, totale. Cela, c'est d'avoir le sens des
responsabilités. Vous ne semblez pas être ému, nullement.
Vous ne semblez même pas comprendre vers quoi on s'achemine. Ce n'est pas
de vouloir faire une prédiction pour le plaisir de faire une
prédiction, dans les faits, c'est cela et vous êtes bien les seuls
à ne pas le comprendre de votre côté et à ne pas
vous le faire dire. Il y a des gens qui s'en vantent et qui s'en vont
carrément dans ce sens-là. Qui a la responsabilité de
contrer des effets éventuels d'une situation qui peut devenir aberrante?
Bien, je pense que c'est le gouvernement. Encore faut-il un peu déceler
ce qui peut arriver. Vous ne semblez pas du tout regarder. Cela ne vous
énerve pas. Il n'y a pas de problème. Pas de problème,
mais quand vous en verrez une demi-douzaine déguisés en
père Noël et qui ramasseront les morts à
Saint-Léonard comme cela a été le cas en 1984 et que ce
sera juste comme cela et tout le monde va fermer en même temps, il n'y
aura pas un Perlmutter ouvert, il n'y aura pas de Desrochers ouvert sur le
temps que vont les choses, II n'y aura pas de Lejeune qui en a acheté
quatre et qui est sur le point de faire une faillite. Il y en aura seulement un
qui va se promener et: On arrête les petits gars. Aujourd'hui, les KK ce
n'est plus nous autres qui les achetons, c'est l'OSBL, sinon on arrête.
Quel sera votre plan d'urgence à Montréal?
On s'est battu au Québec dans différents secteurs pour
garder le pluralisme syndical. Présentement, on est train juridiquement
de créer à la fois le monopole syndical et un monopole, à
mon point de vue, de service dans un secteur le plus névralgique de
notre société qui est la santé du monde. On n'accepte
presque pas... Je me souviens de la grève de ceux qui transportaient les
déchets à Montréal. Cela a duré quinze jours et
tout le monde s'alarmait. Tout le monde criait. Est-ce qu'on peut se payer le
luxe, dans une société moderne, d'être une journée
sans aucune ambulance sur le territoire de la ville de Montréal? Est-ce
qu'on peut se payer ce luxe-là?
Mol, en tout cas, je suis très inquiet, pas pour la
majorité des salariés, non. Je sais comment cela fonctionne.
Imaginez-vous, s'il y a des salariés qui ont peur et qui fonctionnent au
ptton. Ils doivent avoir peur en hérode quand Us
voient un ministre qui "shake" comme une feuille et qui est tout
près de donner ses culottes et sa chemise devant des revendications.
Plutôt que se tenir debout et dire: La structure ne permettra pas de
folie. On va contrôler la structure, comme État. On ne laissera
pas jouer dans les droits fondamentaux y compris du droit à la
santé et on ne permettra pas non plus dans les droits fondamentaux, du
droit de propriété. On va faire les choses correctement.
Agite-toi, si tu veux, je n'ai pas peur. C'est comme cela qu'il faut
fonctionner.
Dès qu'un chien sent que tu as peur, que fait-il? Il te mord. Je
pense que la CSN a compris cela, lis ont agité un mouchoir au ministre.
Il est parti et il a négocié son projet de loi 34
carrément. Le projet de loi 34 était connu plus des
salariés qu'il ne l'était de nous tous avant même que se
fassent les audiences publiques. Je me souviens de cela. Il était connu
par tout le monde. Le président était choisi. Il était
engagé par contrat et, nous autres, comme législateurs, qui
avions à se prononcer sur une éventuelle loi, on ne savait pas
encore ce qu'il y avait dans cela. M. le Président... Quoi? Un ennemi?
D'accord. M. le Président, ce sont pour ces raisons fondamentales que,
quant à moi, je prétends qu'il est temps que le ministre s'ouvre
les yeux et qu'il écoute au moins certains dans son entourage. Je sais
que dans son entourage, il y a des gens qui pensent exactement comme moi. Je
sais que dans votre entourage, mon cher ministre, il y a des gens qui ont peur
aussi d'éventuels résultats de cette législation pourrie.
Je sais aussi que dans votre entourage, il y a des gens qui respectent le droit
de propriété. Je sais que, dans votre entourage, il y a des gens
qui craignent les monopoles et il y a des gens qui sont pour le pluralisme.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 17)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 34, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux et d'autres dispositions législatives. Nous en étions
à l'article 149. 5, deuxième alinéa, deuxièmement,
qui avait été adopté et il y avait un 2. 1 d'ajouté
qui avait été amendé, un amendement apporté
à 2. 1 et un sous-amendement à cet amendement qui rajoutait les
mots "avec l'accord du gouvernement", à la fin, sur lequel nous
étions en discussion. Alors, la parole appartenait à ce moment au
député de Joliette qui avait d'ailleurs terminé tout son
temps. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur le sous-amendement, je dis
bien le sous-amendement? M. le ministre. En réplique, nous étions
rendus au ministre.
M. Dutil: M. le Président. Alors, le chef de l'Opposition
a terminé, sans que je puisse répliquer, puisqu'il était
six heures et, évidement, je veux reprendre, même si est absent ce
soir, les sujets qu'il a élaborés sur lesquels il a dit des
choses qui ne m'apparaissent pas tout à fait conformes à la
vérité, pour employer des termes tout à fait
parlementaires. Si je n'employais pas des termes parlementaires, je dirais
qu'il a menti mais étant donné que je respecte les termes
parlementaires.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, vous
savez qu'on ne peut pas faire indirectement ce que l'on se peut pas faire
directement. Je vous prierais de continuer.
M. Claveau: Profitez-en, il n'est pas là.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Dutil: Plusieurs choses ont été
apportées. Je veux faire une précision parce que quand on pa; 1e
du projet de loi, il faut se rappeler qu'actuellement on parle de
Montréal, le seul endroit où la structure est modifiée de
la façon dont elle est modifiée et où les permis sont
révoqués. Les permis en province ne sont pas
révoqués, le système de permis continue et le
système habituel continue. Ce que l'on envisage de faire, c'est d'avoir
des systèmes à contrat-budget plutôt qu'au transport, c'est
une autre question qui devrait, de toute façon, à notre point de
vue, non seulement améliorer la situation des entreprises mais diminuer
leurs risques. C'est là un premier point.
Un autre point, le chef de l'Opposition est revenu sur les membres du
conseil d'administration, que nous avons longuement discuté au
printemps, vous vous le rappelez, M. le Président, cela à fait
l'objet de multiples discussions et d'amendements, pour dire: C'est bien
terrible - je prends les paroles du chef de l'Opposition - c'est tous les
employés et surtout les techniciens ambulanciers avec les coops qui vont
contrôler le conseil d'administration. Je prends les membres du conseil
d'administration un à un, il y en a onze. Le directeur
général, ce n'est pas un technicien ambulancier, que je sache. Je
ne pense pas qu'on puisse critiquer ça. Un représentant de la
Communauté urbaine de Montréal, ce n'est pas un technicien
ambulancier, écoutez messieurs et mesdames de l'Opposition, ça
fait deux sur onze. Un membre nommé après consultation de la
ville de Laval. Je vous rappelle les longs débats que nous avons eus sur
cette question et à l'initiative du président qui dit, il y a
quand même du monde de Laval là-dedans, il
faudrait avoir un représentant de la ville de Laval au conseil
d'administration. Cela a été adopté à
l'unanimité autour de la table ici, ce n'est pas un technicien
ambulancier, que je sache.
Un membre nommé après consultation des groupes
représentant les usagers du territoire. Il pourrait arriver que l'usager
soit technicien ambulancier, mais disons que c'est peu probable et je pense que
si c'était le cas, on l'exclurait de facto pour s'assurer qu'il n'y ait
pas de conflit d'intérêts. Ce n'est pas un technicien ambulancier.
On est rendus à quatre sur onze, on continue.
J'ai vingt minutes, M. le Président? Un membre nommé
après consultation...
Le Président (M. Bélanger): Cinq minutes, M. le
ministre. Nous sommes à la réplique, nous ne sommes pas...
M. Dutil: Un membre nommé par l'Association des
hôpitaux du Québec, ce n'est pas un technicien ambulancier; un
membre nommé après consultation de l'Association des conseils de
médecins, ce n'est pas un technicien ambulancier. Maintenant, nous
arrivons aux gens qui sont dans l'OSBL, mais qui ne sont pas des techniciens
ambulanciers: un médecin d'Urgences-santé, une
représentante des infirmières et un représentant des
autres salariés. Il reste deux postes: un propriétaire et un
technicien ambulancier. Un seul technicien ambulancier sera au conseil
d'administration - l'autre sera un propriétaire - sur onze personnes. Et
le chef de l'Opposition nous parle du contrôle du conseil
d'administration par les coopératives et les techniciens ambulanciers.
C'est du charriage pur et simple, M. le Président.
La concurrence, j'en ai parlé. Le chef de l'Opposition nous
prédit l'apocalypse - on est habitué, remarquez bien, ça
fait cinq fois -quand I nous dit que notre système va faire que ce sera
pire que c'était. Pourtant, il nous décrit ce que c'était
quand lui était ministre des Affaires sociales. Si ça, ce
n'était pas l'apocalypse, je me demande ce que c'était. Il nous
dit qu'on ne devrait pas modifier le système, mais quand I
exerçait le métier de ministre de la Santé et des Services
sociaux, c'était le bordel institutionnalisé. C'est ce que nous a
dit le chef de l'Opposition cet après-midi. On est en train de changer
un système, on pense que ça va améliorer
considérablement la situation, entre autres, sur le plan des relations
du travail.
Curieusement, il nous dit qu'il faut étatiser, mais que la pire
erreur qu'on pourrait faire, ce serait d'étatiser. L'amendement qui nous
est apporté, à toutes fins utiles, c'est dans le but
d'étatiser, mais l'argumentation, c'est toujours de dire:
Étatiser, c'est une erreur épouvantable, il ne faut pas faire
ça parce qu'on est en train de créer un monopole. Je pense que la
difficulté qu'il y a dans le dossier, actuellement, pour les
propriétaires de Montréal, c'est que nous, on estime qu'on doit
révoquer les permis et compenser pour les permis parce que si on
achetait l'ensemble des entreprises, on ferait passer les véhicules par
le système public, et les remettre dans le réseau prtvé,
ce serait une difficulté majeure. C'est beaucoup plus facile pour
l'État d'acquérir que de remettre dans le réseau
privé par la suite. Ce que nous voulons faire, c'est trouver un
système par lequel on va continuer à avoir de la location de
véhicules par le système prtvé, pour des raisons de
souplesse, et on pourrait en nommer plusieurs. C'est ce que l'on veut
faire.
Je comprends la crainte des propriétaires qui pensent qu'avec une
révocation de permis et compensation, même avec un arbitrage, plus
éventuellement une transaction pour vendre leurs autres actifs, ils
n'auront pas autant que si c'était étatisé, si
c'était acheté complètement par l'État. Je pense
qu'il faut trouver le moyen de faire disparaître cette difficulté.
Mon impression personnelle, c'est que la formule que nous mettons sur la table
par l'amendement que nous allons déposer à l'article 22 et que
nous avons transmis à l'Opposition, fait qu'ils pourront obtenir, avec
la révocation de leur permis, le prix décidé par le
ministre, avec la possibilité d'aller en arbitrage pour la
différence entre une transaction où iIs vendraient l'ensemble de
leur entreprise et le fait que le système soit changé et qu'il
n'y ait plus de permis. Donc, 1s sont compensés pour la partie de la
modification que nous introduisons par la loi. C'est là. notre
raisonnement, et c'est la difficulté qu'il faut surmonter à
l'article 22, et non pas a l'article 149. 5 qui ne parle pas du tout de la
question des litiges que nous pouvons avoir avec les propriétaires, mais
qui parle des objectifs de la corporation et des fonctions qu'elle doit
assumer.
Je tiens à répéter que l'une de ces fonctions, qui
est la possiblité d'exploiter un service d'ambulances et un service
d'exploitation médicale d'urgence, est une possibilité qu'l faut
maintenir, malgré tous les arguments qui peuvent être
apportés, de craintes dans la période de transition ou de
difficultés qui peuvent se produire, pour la corporation parce qu'l peut
arriver une multitude de scénarios. J'en ai évoqué un,
mais I y en a une quantité énorme qu'on ne peut pas tous
préciser dans le projet de loi. On ne peut pas tous les mettre. L'un de
ceux-là est qu'il pourrait, dans quelques années,
peut-être, on ne sait pas, ne pas y avoir de soumissionnaires, ou n'y
avoir qu'un seul soumissionnaire, pour la fourniture des véhicules, et
on se retrouverait dans l'Impossibilité d'avoir une espèce de
"bargaining power". Il nous faut donc, je pense, décider d'avoir des
véhicules à la corporation. C'est une possiblité qui
m'apparait tout à fait normale, et que reconnaît à toutes
fins utiles, le chef de l'Opposition. Je vais citer d'ailleurs le texte, si
vous le permettez, M. le Président, cela va prendre une seconde. Le
chef
de l'Opposition a reconnu cela l'autre soir, il était
peut-être plus fatigué qu'au début de la soirée,
jeudi soir. Il disait ceci: "Donc, M. le Président, ce n'est pas pour
rien qu'on a insisté, de ce côté-ci, pour dire que
l'objectif fondamental est d'en arriver à dire que vous ayez la
possibilité d'exploiter un service d'ambulances, soit, mais pas
n'importe quand, pas n'importe comment, pas pour faire chanter
théoriquement durant une négociation". Je comprends l'objectif du
chef de l'Opposition, mais il y a au moins un élément
supplémentaire que nous n'avions pas jusqu'à jeudi soir dernier,
qui fait que le chef de l'Opposition reconnaît qu'il est
intéressant et normal pour l'organisme sans but lucratif d'avoir ce
pouvoir-là, le cas échéant. Voilà.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Ungava. (20 h 30)
M. Claveau: M. le Président, c'est avec beaucoup
d'intérêt que j'ai suivi les doléances du ministre à
la suite du discours du chef de l'Opposition en fin de période de
travail cet après-midi. Je vois où le ministre veut en venir.
Quand on se réfère à l'article 22, de toute façon,
on ne sait pas s'il parle de l'article 22 du projet de loi ou les amendements
de l'article 22 qu'on verra peut-être un jour, dans l'article 22 tel que
dans la proposition d'amendement qui nous a été
déposée, il y a certaines choses qui apparaissent. Il est
peut-être un peu tôt pour en discuter, dans la mesure où ce
n'est pas encore sur la table, finalement. À toutes fins utiles, cela
devrait être encore en l'air pour le moment. Quant à la
composition du conseil d'administration, de toute façon, on en a
déjà discuté amplement. En effet, il y a d'ailleurs des
choses sur lesquelles on a insisté, entre autres, toute la question de
le nommer après consultation ou après recommandation. Nous
pensons que les organismes sont assez grands pour être capables de le
nommer tout seuls, sans avoir à faire une recommandation au ministre.
Mais de toute façon, cela n'est pas l'objet de l'amendement qui est sur
la table actuellement, sauf que si j'en parle au ministre, c'est parce que
c'est lui qui en a parlé tout à l'heure en réplique, alors
je ne vois pas comment il pourrait m'empêcher d'en parler maintenant.
Le ministre a dit deux choses avec lesquelles, personnellement, je ne
suis pas en désaccord sur le principe. On ne peut pas être contre
la vertu. Il a dit: On veut améliorer les conditions de travail, on
avait une situation bordélique antérieurement, il n'a pas dit
tout à fait cela... Il a dit: On va améliorer les conditions, les
relations du travail. Tout le monde veut améliorer les relations du
travail, et tout le monde cherche à avoir un contexte de vie dans lequel
c'est plus agréable d'évoluer et dans lequel tout le monde
s'entend et où on peut arriver à donner aussi des services de
qualité et faire en sorte qu'il n'y ait pas trop de perdants dans tout
cela. On est pour cela, le ministre n'essaiera pas de nous faire croire et dire
ou nous amener à penser qu'on est contre cela, ce n'est pas vrai. On est
pour cela. Mais il y a une chose qu'on a de la difficulté à
comprendre, par exemple, c'est pourquoi, je pense qu'on en a parlé en
juin dernier, mais il va falloir y revenir, il s'agit-l'à d'une notion
de stricte justice sociale. Quand tu veux améliorer des relations, des
conditions, tu peux le faire, mais ce n'est pas à nous,
législateurs, de juger du comportement de qui que ce soit. Il y a des
instances pour cela, il y a des cours, des juges, des appels possibles, il y a
toutes sortes de choses et des gens qui sont spécialisés dans la
condamnation de l'un ou l'autre. Nous ne sommes pas là pour cela.
Si on veut établir les meilleures conditions possible, on ne voit
pas pourquoi cela devrait se faire en créant une autre sorte
d'injustice, finalement. Il y a toujours eu des injustices dans notre
société, on espère qu'il y en aura de moins en moins, mais
le jour où il n'y en aura plus n'est probablement pas encore
levé. Probablement que l'aurore est encore un peu loin. On essaie, tout
le monde, de travailler pour les éliminer, ça c'est clair, et
essayer d'aller plus loin vers, en tout cas, une société de plus
en plus agréable et parfaite, entre guillemets. On ne comprend pas que,
finalement, ce soit nécessaire de pénaliser, ces gens au point
que le ministre ne voulait même pas les indemniser parce qu'il disait
qu'il ne modifiait pas leur structure de travail, que ce soit ceux qui ont
investi jusqu'à ce jour dans le domains ambulancier pour
améliorer des relations du travail par le biais d'une création
d'une autre corporation mais, en modifiant la structure, on ne voit pas
pourquoi il ne doit pas respecter un minimum de fair-play en termes de justice
sociale, sur ce plan. S'il y a des gens qui sont coupables d'injustice et de
toutes sortes de choses, ce n'est pas à nous d'en juger comme je dis.
Toutes les méthodes possibles et imaginables sont l'à, elles
existent et sont toutes prévues dans toutes les lois, partout, pour
juger cela. C'est pour cela qu'on disait et qu'on maintient que ceux qui
verront la structure de leur entreprise modifiée par le projet de loi
devraient avoir des recours qui leur permettent de pouvoir se faire compenser
en conséquence et, ce n'est pas au ministre d'en juger. Il y a des
instances qui existent et qui peuvent le faire. Donc, amélioration des
relations du travail, on y est. Ce n'est pas contre cela qu'on est, absolument
pas.
Voici une autre chose aussi intéressante qu'il a dite dans son
petit laïus. Qu'il fallait laisser les véhicules au privé
pour des raisons de souplesse. Qu'il s'agissait d'une question de souplesse,
qu'il fallait laisser les véhicules à l'entreprise privée,
que cela devenait éventuellement trop rigide si cela... J'en
déduis que si cela appartenait carrément au secteur public, ce
serait trop rigide, puisqu'il les laisse au privé pour des raisons de
souplesse. C'est là qu'on commence à
avoir un petit peu plus de problèmes à comprendre le
fonctionnement du ministre. Personnellement, je continue à croire qu'il
y a anguille sous roche. Le ministre dit: Je ne veux pas les ambulances, c'est
le privé qui doit les garder. Le privé garde les
équipements parce que cela va être plus souple. C'est ce qu'il a
dit. Mais il se laisse toujours la porte ouverte pour en avoir, soit. Il veut
avoir la porte pour en avoir. On peut, à la limite, le comprendre, lui
concéder ce point. Ce qu'on ne comprend pas, c'est pourquoi il tient
à le faire dans les règles du jeu avec lesquelles nous sommes en
désaccord parce que, là, sa notion de justice sociale qui devrait
prévaloir à la discussion de quelque loi que ce soit en ce
Parlement, à notre avis, n'est pas respectée, dans la mesure
où il n'identifie pas ni où, ni comment, ni pourquoi, ni à
quelles conditions la corporation, l'OSBL, va se prévaloir de cet
article-là pour acquérir des ambulances. Ce qu'on dit au
ministre: Soit, l'OSBL en veut des ambulances, à la limite, c'est de ses
affaires. Le ministre lui donne... Sur cela, le gouvernement est d'accord, mais
qu'il fixe les conditions quand, où, pourquoi, comment cela va se faire,
pour ne pas que cela serve de chantage, de moyen de pression, finalement, de
façon à pouvoir modifier le cours normal d'une
négociation.
J'ai donné des exemples jeudi dernier en ce qui concerne le
ministère des Transports. Il me semble qu'il y a des analogies
là-dedans qui restent quand même valables même si on ne
parle pas du même service. Il y a des analogies qui sont valables. Quand
le ministère des Transports et le ministre m'avaient repris
là-dessus d'ailleurs en disant: Effectivement, le ministère des
Transports a des équipements; des fois, il donne à contrat, des
fois, il va en soumission publique, des fois, il négocie de gré
à gré sur une base de pointage, des fois, il fait son travail en
régie avec son propre équipement. Oui, mais c'est
déterminé d'avance. Il dit, par exemple: Ce secteur-là, je
l'entretiens. Pas de problème, il n'ira pas en soumission publique et
tout cela. Tel autre secteur, on va aller en soumission publique. Il ne vient
pas par après dire aux soumissionnaires: Attention, si les soumissions
ne sont pas à mon goût, je vais mettre mes équipements.
Non. Cela c'est un secteur qui est donné en soumission publique, point
final. Tel bout de route, entretenu par soumission publique. Peu importe
l'issue de la soumission et, généralement, il commence par donner
un contrat d'un an la première année pour tester l'entreprenez,
etc., et après cela, il va sur un contrat de trois ans. Mais c'est
clair, c'est déterminé d'avance. Quand le gars a son contrat pour
trois ans, il sait qu'il l'a pour trois ans et le ministère ne peut plus
venir lui jouer dans les pattes à moins qu'il y ait des enfarges
vraiment graves et qu'il y ait des plaintes énormes. Mais le
ministère ne peut plus venir lui jouer dans les pattes, il paie et le
gars est sûr qu'il va l'avoir pendant trois ans. Il n'y a pas, un moment
donné, un véhicule du ministère qui va commencer à
venir faire son job sur son terrain à sa plaçe et qui va
commencer à venir lui dire: Écoute, tasse-toi parce que je vais
mettre ma gratte, Je vais mieux que toi. Il y a des délais, des endroits
déterminés, des territoires, c'est ce que l'on demande au
ministre. D'abord, dans l'amendement, en disant: Vous achèterez des
ambulances. D'accord, l'OSBL pourra acheter des ambulances qui pourront
fonctionner sur un territoire déterminé après avoir
statué que ce territoire ne fera plus l'objet d'une négociation
à des entrepreneurs privés et que les entrepreneurs privés
qui, éventuellement, auraient pu travailler sur ce territoire
antérieurement seront expropriés en conséquence. Nous,
c'est ce qu'on dit. En plus, on dit en sous-amendement que cela devra se faire
avec l'accord du gouvernement. On ne volt pas en quoi cela peut être
nuisible pour améliorer des relations du travail quand le ministre nous
dit: Nous c'est des relations du travail qu'on veut améliorer. Les
relations du travail, on l'a déjà dit, le personnel est
passé de l'autre côté à l'OSBL On ne voit plus en
quoi ce cheminement va empêcher de pouvoir améliorer les relations
du travail? Par contre, on clarifie le deuxième point que le ministre
disait tout à l'heure quand il disait: On va laisser les
véhicules au privé pour des raisons de souplesse, mais à
ce moment, il trouve que lui, il peut être plus souple que le
privé. C'est ce qu'il faut supposer. À ce moment, et là
où l'OSBL pourra être plus souple que le privé
supposément là il va le statuer dans ce secteur. On règle
le problème du privé et on fonctionne. Quant à nous, notre
préoccupation fondamentale par rapport à cela, on en a beaucoup
de préoccupations de projets de loi, mais on en a une en particulier et
moi J'en ai une que je vais émettre. Supposons que dans un secteur
donné, il y a 50 ambulances qui fonctionnent. Je prends un
quadrilatère avec un certain nombre d'hôpitaux et de points de
desserte. La première année, i'OSBL dit: Moi, les gars, les
ambulances disponibles, de toute façon, si on se réfère
à l'amendement qui va venir éventuellement à l'article
22:... le nombre d'ambulances disponibles suivant le contrat conclu en vertu du
présent article ne permet pas d'offrir des services, etc. On va pouvoir
le faire fonctionner nous-mêmes. D'accord? On dit, moi, cette
année Je vais en contrat sur 45 ambulances. On va aller en soumission et
l'OSBL en met cinq des siennes. Le ministre pourra toujours me dire tout
à l'heure à quelle place je me trompe, mais je vais faire ma
démonstration tout de même. L'OSBL dit: Nous avons cinq ambulances
de disponibles qu'on a achetées. Elles sont flambant neuves. On a
payé pour. On a le personnel. On les met là. On va
négocier juste pour 45 ambulances sur ce territoire. Après un an
d'exploitation, après un contrat, là on vient pour renouveler. On
dit au propriétaire: C'est bien dommage, mais tu as fonctionné
pour plus cher que nous autres. On a fait un meilleur coût unitaire par
ambulance à
l'interne. Cette année, on t'en donne seulement 30 et on en prend
20 pour nous, et nous, on négocie juste pour 30 ambulances. Où
est-ce qu'on s'en va finalement? On s'en va vers une étatisation par la
vente qui va amener le propriétaire de la tôle, qu'on avait
gardé au départ sous prétexte de souplesse et de
flexibilité semble-t-il, vers un cul-de-sac. Puis, finalement, on va
opérer une étatisation en douce, par la bande, sans que cela
paraisse, et à mesure que le propriétaire va avoir un
véhicule qui sera "scrap", ou qui ne sera plus réutilisable,
plutôt que d'offrir la possibilité d'en acheter un neuf,
peut-être que l'OSBL va avoir tendance, si elle juge que c'est bon...
Mais c'est comme on dit, ce n'est peut-être pas cela qui va se passer,
mais c'est l'hypothèse de ce qui peut se passer. C'est cela. On ne fait
pas des lois pour faire des trous. On fait des lois pour essayer de combler au
maximum les trous qui existaient avant. Alors, pourquoi, à ce moment, le
ministre refuse-t-il de vouloir aller d'abord à l'opération par
OSBL, propriétaire de ses ambulances et de son personnel, dans tel
secteur qu'on détermine à l'avance et qu'en plus, qui ne sera pas
déterminé uniquement par la bonne volonté du ministre ou
par la bonne volonté de l'OSBL, mais qui devra faire l'objet d'une
approbation ou d'un accord du gouvernement. A ce moment, tout est clair. Je ne
vois absolument pas en quoi cela peut avoir quelque impact que ce soit par
rapport aux relations du travail. Le ministre dit qu'il veut améliorer
les relations du travail. Là, on est à un autre niveau. On n'est
plus à faire des relations du travail, on comprend que le personnel
passe à l'OSBL et que là, il aura à arranger ses affaires.
Mais, le ministre peut-il me dire, qu'en faisant cela, en éclaicissant
la façon dont l'OSBL va pouvoir opérer dans l'achat et
l'utilisation de ses propres ambulances, en quoi cela va-t-il enlever des
droits aux travailleurs qui vont être syndiqués, employés
de l'OSBL pour donner les services de desserte? En quoi cela va-t-il nuire aux
relations du travail? Si le ministre est capable de me faire la preuve que
là, il y a un problème de relations du travail... Dans le fond,
une compagnie de transport peut très bien travailler avec tous des
véhicules loués chez Tilden, Hertz, Riders ou tout le gang de
locateurs de camions de toutes sortes. Cela ne modifie en rien sa dynamique de
travail interne. En quoi cela va-t-il nuire aux relations du travail, que l'on
détermine clairement là où l'entreprise va être plus
ou moins flexible, selon les propres critères que le ministre a
donnés comme raison pour laisser les ambulances au privé en
disant: On fait cela par préoccupation de flexibilité? C'est ce
qu'il nous a dit tout à l'heure. En tout cas, je vais vous dire que j'ai
vraiment une préoccupation là-dessus. Le reste, le ministre dit
qu'il fait ses choix. On peut discuter de ces choix. Une fois qu'il les aura
faits, il va voter pour quand même, mais on va en discuter, par exemple.
Mais, il va avoir à vivre avec ses décisions. Il reste qu'il ne
nous empêchera pas de dire ce qu'on en pense. On espère qu'on va
finir par lui faire comprendre quelque chose.
M. Dutil: M. le Président, les arguments du
député d'Ungava ne m'ont pas convaincu et je demande qu'on passe
au vote et qu'on rejette le sous-amendement présenté par la
députée de Marie-Victorin.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): II y a une intervention
de Mme la députée de Jonquière.
M. Dutil: Ah oui!
Le Président (M. Bélanger): De Chicoutimi.
Mme Blackburn: De Chicoutimi, M. le Président. De
Chicoutimi.
Une voix: Mme Dufour. Le Président (M.
Bélanger): Mme Dufour. Mme Blackburn: M. le
Président... Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Cela fait bien plaisir à mon
collègue de Jonquière. C'est comme cela que je le taquine
toujours.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas la
même chose, je peux en témoigner. Je suis natif de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, il est peut-être
important de rappeler un peu l'esprit dans lequel cela s'est fait. Ce qu'a
tenté de faire le député d'Ungava, c'est de bien
démontrer que l'esprit de ce projet de loi vient placer la corporation
dans les mains des techniciens ambulanciers. Tantôt, ces deux organismes,
le ministre et le gouvernement qui ont toujours réussi à
contrôler les coûts de santé au Québec, on le sait...
D'ailleurs, c'est une des évaluations assez surprenantes qu'on a
reçues des études qui nous ont été faites dans le
cadre de la commission Rochon. On réussit à contrôler le
coût de nos services de santé. Le ministre peut-il nous dire
comment il va réussir à contrôler le coût des
services ambulanciers quand ceux qui vont travailler au sein de ces services
ambulanciers, les techniciens ambulanciers, vont être ceux qui,
tantôt, par des mesures de pression de toutes sortes, pourront forcer la
corporation qui est appelée à négocier avec eux à
amener des conditions plus favorables? Toutefois, ne serait-ce que parce qu'ils
vont être propriétaires tantôt des ambulances, si j'ai bien
compris, ils vont pouvoir se former en coopérative et acheter des
ambulances par le biais d'un programme qui s'appelle la
Société de développement des coopératives où
on sait qu'ils vont avoir accès à un prêt sans
intérêt pendant deux ans. Devenant propriétaires de ces
ambulances, tantôt, ils vont pouvoir en créant le monopole exiger
des tarifs-plus élevés pour l'utilisation des ambulances.
M. le Président, le sous-amendement qui a été
apporté à l'amendement était clair. D'abord, relisons
l'amendement: À l'amendement du ministre qui dit: Exploiter un service
d'ambulances et un service d'interventions médicales d'urgence, on dit:
exproprier et indemniser, selon les lois du Québec applicables en la
matière, les propriétaires exploitants de transport ambulancier
lorsqu'elle a décidé d'exploiter elle-même un service
d'ambulances et, on dit: avec l'accord du gouvernement. Parce qu'on estime
qu'en des matières aussi importantes, il n'est pas vrai que la
corporation elle-même, ayant en son sein plusieurs membres du groupe des
employés, sera à même de porter un jugement sur ces
matières, sans qu'il y ait consultation du gouvernement. (20 h 45)
Ce serait bien la première fois que je vois un ministre qui n'est
pas intéressé, ou à une consultation ou aux fins de
décision, que ce soit ramené au niveau du gouvernement. C'est
d'ailleurs la responsabilité des élus de prendre ce genre de
responsabilité, ce genre de décision. I; est difficilement
envisageable... Probablement l'éditorialiste qui a écrit avec le
plus de justesse là-dessus, c'est M. Francur du Devoir qui disait
qu'on peut difficilement concevoir comment, tantôt, ces techniciens,
propriétaires d'ambuances, qui vont pouvoir négocier avec la
corporation l'utilisation d'un service d'ambulances à des coûts un
peu plus bas, ne vont pas introduire un niveau de compétition tout
à fait insoutenable pour les propriétaires privés
d'ambulances. Je crois que cela a été énoncé ici
à plusieurs reprises. Il y a quelque chose d'inéquitable qu'on
est en train d'introduire dans le système. Si je suis tout à fait
favorable à la création de coopératives, du moment
où ces coopératives sont financées avec notre argent, par
le biais de la Société de développement des
coopératives, par un prêt sans intérêt, vont pouvoir
tantôt mettre leurs ambulances au service de la corporation à des
coûts moindres, parce qu'on les aura aider à acheter ces
ambulances. Qui plus est on peut le dire, sans leur prêter de mauvaises
intentions - au moment où les tensions seront assez grandes, il pourrait
arriver que les techniciens ambulanciers qui vont conduire les ambulances qui
n'appartiennent pas à leur coopérative, ils soient plus ou moins
soigneux avec le matériel qui ne leur appartient pas, d'autant plus que
ce matériel va venir en compétition avec le leur,
c'est-à-dire celui dont ils sont propriétaires. Est-ce qu'il n'y
a pas quelque chose de dangereux dans un tel système? Ce n'est pas
compliqué, il me semble que c'est simple. Comment peut-on installer dans
un système public - parce que c'est un service public - une telle
compétition qui risque de complètement fausser les règles
du jeu?
Ma question est la suivante: Comment le gouvernement, lorsqu'il s'agit
de coopératives, qui font affaire avec un secteur privé... ? Je
ne sais pas trop, la compétition, c'est égal, cela va de soi,
cela peut être encouragé. Lorsque la compétition qui va
s'exercer dans ce système risque d'avoir, d'ici deux, trois, quatre,
cinq ans, des impacts réels sur le coût des services ambulanciers
au Québec, ces coûts des services, c'est nous qui allons les payer
avec nos taxes. Ils vont être placés pour avoir des exigences
très grandes, lorsqu'ils seront en même temps propriétaires
et syndiqués et ayant un pouvoir assez grand, comme on le sait, au sein
de la corporation. Comment la corporation va-t-elle pouvoir résister
à ce pouvoir de pression? Ils vont pouvoir agir non seulement comme
syndiqués mais aussi comme propriétaires...
M. Dutil: C'est une question, M. le Président?
Mme Blackburn:... de la coopérative des services
ambulanciers.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser terminer
Mme la députée de Chicoutimi.
M. Dutil: Je pensais qu'il y avait une question.
Mme Blackburn: Je ne comprends pas comment il se fait que le
ministre a accepté d'embarquer dans un piège aussi gros. Je ne
comprends pas non plus - et cela, je vais le maintenir et en parler aussi
longtemps que je vais être ici - comment il se fait qu'il n'ait pas
choisi en même temps de régler la situation des services
ambulanciers en région. C'est un gars qui vient d'une région, il
sait ce que cela veut dire les problèmes de région. Quand on a eu
ce qu'on a appelé la grève du zèle dans le service
ambulancier à Chicoutimi, cela a duré cinq mois, ils n'avaient
pas seulement placardé toutes les ambulances, ils faisaient la
grève du zèle. Plutôt que de prendre dix ou quinze minutes
pour répondre au service, cela en prenait le double. Il me semble que
cela doit dire quelque chose au monde. Il est vrai que cela ne laisse pas des
gens sur le coin des rues, comme à Montréal. Il y a moins de rues
à Chicoutimi, c'est connu, comme il y a moins de monde. Cela ne veut pas
dire que cela ne fait pas aussi mal, d'autant que généralement
ces personnes sont juste plus loin de l'hôpital, parce que le territoire
est plus grand. Cela prend un peu plus de temps pour se rendre de chez soi
à l'hôpital que si on est à deux, trois coins de rue de
l'hôpital. Voici ce que je dis, M. le Président. Comment se
fait-il qu'on ait accepté d'établir des règles telles que
cela pour ainsi dire, permet au gouvernement,
j'allais dire de spolier, de flouer les propriétaires
d'ambulances quand on sait qu'une fois les propriétaires d'ambulances
n'auront pas réussi pour une raison ou pour une autre, parce que leur
soumission va être trop élevée par rapport à ce
qu'on s'est fixé comme corporation, il n'y aura pas de contrat pour ces
ambulances. Le gouvernement pourra racheter la corporation, seulement le
permis, sans s'occuper de la tôle, pourtant on sait que la tôle
ça coûte cher surtout quand c'est une ambulance.
M. le Président, le sous-amendement qu'on ajoutait
précisait au moins que si la corporation peut exproprier et indemniser,
selon les lois du Québec, les lois officielles du Québec
applicables en ces matières, les propriétaires exploitants de
transport ambulancier, lorsqu'elle a décidé d'exploiter elle
même un service d'ambulances telle que la corporation peut le faire,
selon l'amendement qui nous a été proposé ici... c'est que
si la corporation peut exploiter un service d'ambulances, comme exploitant, si
elle peut exproprier et acheter des ambulances, qu'elle le fasse, M. le
Président, avec l'accord du gouvernement.
Le Président (M. Bélanger): Terminé? Bien.
Votre droit de réplique, M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, cela fait plusieurs fois que
Mme la députée de Chicoutimi revient sur la question de la
grève dans Chicoutimi qui aurait duré cinq mois. Elle nous parle
aujourd'hui de ralentissement de travail. Je pense bien que ce soit hors
contexte, étant donné qu'elle a encore parlé de ça,
encore une fois. Je tiens à lui dire que nos indications durant tout le
temps des moyens de pression qui était le port du jeans et qu'ils ont
ôté les vignettes... nos indications font que n'avons pas eu du
CRSSS, le CRSSS était chargé de surveiller de près s'il y
avait une diminution du service à la population et
particulièrement au niveau du ralentissement de travail, d'avis à
l'effet que c'était le cas. Nous n'avons eu de la part d'aucun
député du Lac-Saint-Jean pendant cette période, à
ma connaissance, en tout cas pas à mon cabinet, d'avis à l'effet
qu'il y avait un ralentissement de travail et que ça pouvait nuire et
affecter la santé et la sécurité de la population, sinon
je vous assure que nous nous serions assurés que ce n'était pas
le cas, ou, si c'était le cas, que ça ne se produirait pas. Je
l'ai toujours mentionné et je pense qu'il est important de le
répéter, la santé et la sécurité de la
population ne doivent pas être mises en péril parce qu'il y a des
divergences d'opinions au niveau des relations du travail, au niveau des
discussions aux tables de négociation, et c'est un principe sur lequel
nous ne démordons pas.
Alors, dans son intervention qui porte à peine sur la
modification qui était suggérée par le gouvernement, elle
est encore une fois revenue là-dessus. Il va falloir finir par vider
cette question parce que ce sont des accusations extrêmement graves qui
sont faites par Mme la députée de Chicoutimi sur la
qualité de services accordée par des techniciens ambulanciers.
Elle les accuse d'avoir manqué à leur devoir au niveau de la
santé et de la sécurité de la population. C'est
extrêmement grave. Nous n'avons pas ces indications, M. le
Président. J'aurais aimé qu'on les ait.
Quant aux autres remarques de Mme la députée de Chicoutimi
concernant l'amendement, je pense que ça tourne autour de la même
argumentation qui nous a été présentée par les
autres membres de l'Opposition. Je ne pense pas que même si la
députée de Marie-Victorin revenait à la charge sur cet
amendement, elle pourrait ajouter d'autres éléments. C'est pour
ça que je pense qu'on devrait passer immédiatement au vote sur ce
sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui. Tout à l'heure dans mon
intervention...
Le Président (M. Bélanger): II vous reste quatre
minutes, M. le député.
M. Claveau: Très rapidement, M. le Président,
J'avais posé une question tout à l'heure au ministre dans mon
intervention, à savoir en quoi le fait de déterminer à
l'avance des territoires sur lesquels il y aurait des opérations de
véhicules appartenant à l'OSBL et de régler le
problème des indemnisations, à ce moment-là des
ambulanciers et propriétaires de tôle qui... en quoi cela
empêche l'OSBL ou le ministre d'atteindre son objectif
d'amélioration des conditions ou des relations du travail dans le
domaine des services ambulanciers?
M. Dutil: Si je comprends bien la question, M. le
Président, quant au territoire, il est bien déterminé,
c'est celui d'Urgences-santé. C'est bien déterminé. On a
une clause qui détermine le territoire et sur lequel nous avions
d'ailleurs apporté un amendement au printemps dernier pour, justement,
ne pas prévoir la possibilité d'expansion de ce territoire. Quant
au territoire, il est bien déterminé, celui sur lequel va oeuvrer
Urgences-santé. Est-ce que je réponds à la question?
M. Claveau: Un certain nombre d'ambulanciers, de
propriétaires d'ambulances, oeuvrent sur ce territoire.
M. Dutil: Effectivement.
M. Claveau: Ils oeuvrent sur l'ensemble du territoire.
M. Dutil: Oui.
M. Claveau: Mais, ils ont des postes où ils doivent...
M. Dutil: Oui, effectivement, en général...
M. Claveau:... se rapporter. Ils se rapportent à des
endroits précis.
M. Dutil: Oui.
M. Claveau: Alors, quand je parle de territoire, disons pour
être plus précis, par rapport au lieu de départ ou à
l'endroit où doivent se rapporter chacun des propriétaires avec
le nombre de véhicules.
M. Dutil: Oui. C'est-à-dire que cela peut fluctuer. Il y a
tout un système à Montréal, que vous connaissez sans
doute, où les points de service peuvent être
déplacés en fonction des besoins et en fonction de la demande.
S'il y a des zones découvertes, il faut que des ambulances puissent
venir couvrir cet endroit-là. Ce qui est le critère à
Montréal, beaucoup plus que le territoire physique, c'est le nombre
d'heures accordé à chacun des propriétaires en fonction du
nombre d'ambulances qu'ils ont. C'est beaucoup plus cela, le critère,
que la question du territoire. C'est une organisation intégrée,
quant au territoire.
M. Claveau: Je vais reprendre ma question autrement: Le fait
d'introduire un élément qui dit qu'on ne peut intervenir à
moins d'avoir réalisé une expropriation en règle des
ambulanciers qui interviennent à partir de tel point de service ou
à partir de tel nombre d'heures de services, etc., en quoi cela
empêche-t-il le ministre de pouvoir régler son problème
d'amélioration des relations du travail?
M. Dutil: M. le Président, à l'article 22 que nous
avons transmis à l'Opposition, nous avons un processus qui indemnise les
propriétaires quant à la révocation des permis et des
privilèges qui y étaient attachés. La revendication des
propriétaires, actuellement, c'est de dire... Si je comprends bien leur
argument, et je pense que je le comprends bien, c'est de dire: Si vous ne nous
expropriez pas, nous obtiendrons moins si nous voulons nous départir de
nos entreprises, nous obtiendrons moins si nous devons vendre nos actifs
tangibles et accepter votre indemnité que si vous nous expropriez; la
somme devant nos actifs tangibles plus l'indemnité que vous nous
verserez sera moindre, à leur point de vue,, que si nous exproprions
l'ensemble de leurs entreprises. Alors que mon argumentation est la suivante:
Si nous exproprions l'ensemble des entreprises, nous acquérons des
véhicules et divers autres actifs et nous croyons qu'il est
préférable - tout à l'heure vous avez soulevé la
question de souplesse, mais j'ai mentionné qu'il y à bien
d'autres argumentations que seulement la ques- tion de souplesse - de laisser
dans le secteur privé le plus possible la question des véhicules.
Alors, si nous parvenions à résoudre cette difficulté, qui
est leur crainte, de ce que nous leur accorderons, et ce n'est pas l'objectif
de la loi, l'objectif de la loi, ce n'est pas de leur accorder moins que la
véritable perte que leur fait assumer le fait que nous révoquions
les permis, pas du tout, l'objectif de la loi, c'est de permettre de laisser
dans le secteur privé la location de véhicules seulement, puisque
les techniciens ambulanciers sont intégrés. Je suis
personnellement convaincu que si nous procédions comme ils le
souhaitent, pour leur objectif qui est d'obtenir autant que dans l'autre
formule, c'est sûr qu'une expropriation, c'est plus clair, c'est plus
net, évidemment, tu dis: On ramasse tout, on paie tout et là un
arbitrage détermine le juste prix. La difficulté pour le
gouvernement, à ce moment-là, c'est de dire: Maintenant que nous
avons tout, nous devons reprivatiser la tôle parce qu'on pense qu'il
serait préférable que les véhicules soient loués au
secteur privé.
M. Claveau: C'est là qu'est le problème. (21
heures)
M. Dutil: Je pense, pour répondre très pratiquement
à la question du député d'Ungava, que la
difficulté, d'abord si elle existe vraiment, il faut en faire la
démonstration à l'article 22. On se retrouve dans le même
débat qu'au printemps dernier. On est en train d'essayer d'introduire,
à partir de l'article 149. 5, l'article 249. 5... des choses qui
concernent non pas les objets et les fonctions de l'OSBL, mais les choses qui
concernent la relation équitable que nous devons avoir avec les
propriétaires actuels qui se retrouvent dans un système
modifié. Donc, je dis: Discutons-en à l'article 22. S'il y a une
démonstration qui est faite et des amendements pour sécuriser les
propriétaires, je ne dis pas qu'on doive être contre, au
contraire. Notre objectif n'est pas de les pénaliser sur le plan
économique. Notre objectif, c'est d'éviter que les
véhicules passent par une expropriation, parce qu'on ne sera pas capable
de les retourner dans le marché privé, c'est tout. Je pense que
quand on aura résolu cette difficulté, on n'aura pas
répondu à votre question concernant le fait que l'OSBL va
pouvoir, le cas échéant, avoir ses véhicules. On aura
réglé le problème sur le plan du litige avec les
propriétaires qui se sentiraient plus équitablement
traités.
Mais quant à l'autre question, à savoir pourquoi on permet
à l'OSBL d'avoir, le cas échéant, des véhicules, ma
réponse est la suivante. À partir du moment où on trouve
une modalité équitable pour compenser les propriétaires de
Montréal, pourquoi se fermerait-on les portes? On sera compensé
équitablement; c'est ça, le débat; ce n'est pas autre
chose que ça. On sera compensé équitablement,
éventuellement, et on trouvera une solution si elle n'est pas
équitable
ou si on nous le démontre de le faire. Pourquoi se fermerait-on
des portes dorénavant à cette possibilité que l'OSBL ait
des véhicules? Je vous donne un exemple, M. le Président. L'OSBL,
ce n'est pas une organisation de méchants. C'est un OSBL comme on en
retrouve dans la province de Québec et particulièrement en
Beauce.
Le chef de l'Opposition disait: Vous autres, dans la Beauce, vous
êtes bien bons; vous êtes dans la petite entreprise et vous
connaissez ça, l'entreprise privée. Je ne comprends pas le
député de Beauce-Sud de ne pas être pour l'entreprise
privée, tatati, tatata. Dans la Beauce, sachez donc que le
système d'ambulances, c'est un OSBL qui a ses véhicules et ses
employés qui pourrait avoir, le cas échéant, sa centrale
de coordination, et cela fonctionne.
Alors, tout ce que je dis, c'est qu'à partir du moment où
on paie et où on trouve la formule pour que ce paiement soit
équitable, tout en respectant la contrainte que je pense légitime
de ne pas vouloir faire passer les véhicules dans le réseau
gouvernemental, parce qu'on ne pourra pas y ressortir, une fois qu'on a
réglé ça, je pense qu'il est normal que l'OSBL ait cette
possibilité, cette alternative, si elle le désire et en fonction
des circonstances, d'avoir, en partie ou en tout, ses véhicules,
même si je considère, aujourd'hui, que ce n'est pas la solution
idéale, c'est une solution.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi. Il vous reste dix minutes.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'ai de la
difficulté à suivre le ministre lorsqu'il nous dit... Il tient un
discours contradictoire. Il dit que l'OSBL pourra exploiter un service
d'ambulances, donc, être propriétaire de la tôle, pour
parler de ce propriétaire de véhicules. Comment se fait-il qu'il
peut concevoir... Il trouve ça tout à fait normal. Ils pourront,
effectivement... Ce ne sont pas des méchants; ils pourront exploiter
leurs services et, en même temps, j'ai hâte de voir ce que cela
donnerait comme dynamique si la corporation a une flotte d'ambulances, les
techniciens sont aussi propriétaires, si je comprends bien, d'une autre
flotte d'ambulances.
Le ministre nous dit: On ne veut pas, pour le moment, acheter de la
tôle, faire de l'expropriation, parce qu'en faisant de l'expropriation,
on va acquérir non seulement les permis, mais on veut aussi
acquérir les ambulances et d'autre matériel. Je demande au
ministre comment il se fait que, d'une part, il estime qu'il ne veut pas, dans
la phase actuelle, en expropriant, devenir également propriétaire
des ambulances et, en même temps, qu'il se dit que la corporation pourra
le devenir tantôt et qu'il trouve ça tout à fait normal? La
corporation, c'est l'OSBL.
Il nous dit: Si c'est pour être plus équitable à
l'endroit des propriétaires actuels, je n'ai pas de problème.
S'il n'y avait pas de problème, il me semble qu'il y aurait un bout de
chemin de fait et que ce serait réglé. Comment se fait-il
qu'à son évaluation à lui, il estime que
l'équité...
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, Mme
la députée de Chicoutimi, je demanderais à ceux qui
veulent tenir des conversations parallèles de le faire à voix
très basse pour ne pas interférer dans le débat, s'il vous
plaît. Mme la députée de Chicoutimi, si vous voulez bien
continuer.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
L'incident est clos.
Mme Blackburn: Le ministre se dit ouvert. Il dit: Si ça
devait être plus équitable pour les propriétaires, on
pourrait peut-être envisager... Mais qu'est-ce qu'il est prêt
à envisager? Comment se fait-il que l'écart qui existe entre ce
que, lui, estime être équitable pour les propriétaires
actuels et ce que le propriétaire exige? Pourquoi est-ce lui qui a
raison et non pas les propriétaires qui, eux, sont propriétaires?
J'imagine qu'ils ont comme une petite idée pour savoir ce que cela
devrait leur rapporter lorsqu'ils se débarrassent de leur
matériel. Il me semble qu'il y a une espèce de discours
contradictoire que je n'arrive pas bien à saisir. Il dit: Je ne veux pas
exproprier. Si j'exproprie, je vais devenir propriétaire non seulement
des permis, mais également du matériel, des ambulances et d'autre
matériel. Par ailleurs, l'amendement qu'il nous apporte à
l'article 2 c'est: Exploiter un service d'ambulances et, il nous explique que
la corporation ou l'OSBL, à ce moment, pourrait être
propriétaire effectivement d'ambulances, c'est-à-dire de voitures
d'ambulances qui pourraient être louées par contrat de la
même façon qu'il va établir des contrats avec les
coopératives qui seront propriétaires aussi d'ambulances. Alors,
je veux savoir la distinction qu'il fait entre le fait de refuser
l'expropriation sous prétexte qu'il va devenir propriétaire
d'ambulances et le fait qu'il accorde la possibilité à l'OSBL de
devenir propriétaire d'ambulances et d'exploiter un service
ambulancier.
M. Outil: Je pense avoir répondu à la deuxième
question qui est celle de ne pas se priver d'objets à partir du moment
où avec les deniers publics on a indemnisé des
propriétaires. De ne pas se priver d'une porte qui peut s'avérer
intéressante dans certaines circonstances, qui, entre autres peuvent
être, j'ai donné quelques exemples, je ne voudrais pas qu'on me
cite sur ces seuls exemples comme étant les seuls scénarios
possibles... S'il y avait seulement deux ou trois scénarios possibles,
on pourrait les écrire. Il peut y en avoir une infinité de
scénarios. Mais l'un des scénarios peut être que dans
quelques années, par exemple, on se retrouve devant un seul
soumisionnaire et que, le soumisionnaire
sachant qu'il est seul, nous impose un prix excessif. Si on n'a pas la
possibilité de faire nous-mêmes en régie le service, c'est
une situation qui est anormale à partir du moment où on a
vraiment indemnisé les propriétaires.
J'ai répondu à la deuxième question. Je reviens
à la première: pourquoi le ministre estime-t-il qu'elle est
équitable sa formule, à Montréal? Je me dis que le
système modifié n'enlève pas toute valeur, loin de
là, aux entreprises. Cela enlève une partie de la valeur. Cette
partie de la valeur, nous le reconnaissons en disant à la clause 22: Le
ministre va déterminer une Indemnité pour la révocation
des permis et évidemment cette révocation des permis si cela
justifie une indemnité c'est parce que cela enlève des
privilèges. Un de ces privilèges, c'est la
pérennité des contrats, entre autres, qui était bien
importante. Mon raisonnement... c'est pour cela qu'on a mis un conseil
d'arbitrage parce que Mme la députée de Chicoutimi dit: Pourquoi
le ministre pense-t-il qu'il a plus raison que: es propriétaires? On
s'est posé cette question. Là, évidemment, on est
impliqué et les propriétaires sont impliqués. Elle dit:
Pourquoi le ministre pense-t-il avoir plus raison que les propriétaires?
Et le ministre dit: Pourquoi les propriétaires pensent-ils avoir plus
raison que le ministre? Il faut trouver une solution. La solution qu'on a
trouvée, on l'a écrite à l'article 22. S'il y a des
accords sur le prix déterminé quant à la révocation
des permis et la valeur de cette révocation entre les
propriétaires et eux, un comité d'arbitrage formé d'un
représentant patronal, un représentant du gouvernement et un
troisième nommé par les deux arbitres en question, une formule
qui existe fréquemment, et qui sont chargés de revoir ce prix, si
le ministre a été équitable ou non. Si cela
représente véritablement la perte occasionnée aux
entreprises, le fait de révoquer les permis et donc les
privilèges qui y étaient attachés, si le ministre a
déterminé un prix qui est équitable; sinon, le cas
échéant, il peut majorer, on ne s'attend pas qu'un conseil
d'arbitrage aille en bas du prix qu'effectuera !e ministre, est-ce qu'il ira en
haut? C'est une autre question, c'est possible aussi. Mais si le ministre
s'était trompé, le conseil d'arbitrage aurait tout pouvoir
d'aller en haut de ce prix et donc, de faire vraiment la différence
entre l'entreprise telle qu'existait avant et l'entreprise telle qu'elle
existera par la suite, c'est-à-dire de location de véhicules et
de combler cet écart d'une façon totale et entière;
c'esî-à-dire idéalement si les entreprises, cela peut
apparaître théorique, désirent vendre ce qui leur reste de
l'entreprise, elles devraient normalement obtenir un prix tel que la somme de
la compensation qu'on donne plus le prix qu'elles obtiendront de leur
transaction qui serait égal à l'expropriation, si on avait
accepté cette voie.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je suis le raisonnement du ministre de la
façon suivante. Il dit donc: Révocation du permis et on va
évaluer la valeur de cette révocation parce qu'il y a des
avantages attachés aux détenteurs d'un permis, par exemple, la
pérennité des contrats. Je demande au ministre: Comment
allez-vous l'évaluer? Là, vous dites: S'ils veulent vendre leurs
véhicules, ce qu'on leur accorde pour la révocation des permis
plus la somme qu'ils obtiendraient pour la vente de leurs véhicules
devraient normalement équivaloir à ce qu'ils auraient pour
l'expropriation. Comment pourra-t-il évaluer combien les
propriétaires pourraient obtenir pour leurs véhicules dans une
situation où la compétition ne serait plus égale entre les
propriétaires de véhicules et la nouvelle corporation qui, elle,
pourra faire baisser la valeur des véhicules, parce que les
propriétaires seront tenus de vendre parce qu'incapables de soumettre au
même prix que les nouveaux propriétaires des
coopératives?
Il me semble que c'est fondamentalement l'enjeu. Vous prenez les permis:
J'ai 25 ou 30 véhicules et, à côté, il y a une
coopérative qui vient d'acheter autant de véhicules, sauf qu'elle
les a achetés avec un prêt sans intérêt.
Déjà, ça lui coûte pas mal moins cher que si moi, je
les ai achetés comme propriétaire privé. Elle les a
achetés avec un prêt sans intérêt et, à ce
moment-là, pour établir une concurrence telle entre les nouveaux
propriétaires, la coopérative et le propriétaire
privé qu'elle pourra soumissionner plus bas. De deux choses l'une: Ou
ils ne pourront pas arriver avec le prix qui sera fait avec la nouvelle
coopérative, ou encore ils n'arriveront pas à
compétitionner, ils seront en dessous de la plus basse soumission et
leurs véhicules ne seront pas utilisés. À mon avis, la
dépréciation va venir de là, elle ne viendra pas du fait
qu'ils vont continuer à mettre des véhicules sur la route, bien
qu'on sache qu'on pourrait aussi penser que des gens moins bien
intentionnés pourraient mal utiliser leurs véhicules. Cela, c'est
une autre histoire. Essentiellement, c'est ce type de compétition qu'on
va introduire dans le système qui va laisser pour compte les
propriétaires actuels.
M. Dutil: M. le Président, si je peux répondre
à cette question-ci, le premier contrat serait accordé aux
propriétaires actuels, même après la révocation des
permis. Pour tenir compte de ce qui est mentionné par la
députée de Chicoutimi, évidemment, on ne peut pas se
tourner de bord, si on est propriétaire d'un système
d'ambulances... Cela n'élimine pas la difficulté suivante. Le
premier contrat est négocié avec les propriétaires et on
doit l'accorder aux propriétaires actuels de permis et, quand ils
n'auront plus de permis, aux propriétaires des véhicules qui
desservaient Urgences-santé. C'est
bien évident que la difficulté de la détermination
du prix demeure, M. le Président. On va négocier, et si on ne
s'entend pas sur le prix, on sera obligé de le décréter
parce que c'est comme ça, malheureusement, que ça s'est produit
dans le passé et que ça peut se passer si on ne s'entend pas sur
les chiffres, comme c'est le cas actuellement. On a une situation qui demeure
difficile dans la détermination du prix, quoi qu'il en soit. Cela, c'est
la première réponse.
Je rappelle que c'est uniquement à Montréal, pas en
régions. Je sais qu'il y a des propriétaires des régions,
ici, qui pensent qu'on discute d'un système provincial. Pas du tout;
dans les régions, les permis demeurent et demeureront, et la loi ne
change rien à ces choses.
Je reviens à l'autre question, la question des coops qui auraient
avantage à soumissionner un prix plus bas. Mme la députée
de Chicoutimi était absente quand on en a discuté avec
l'Opposition. Je vais répéter ce que j'ai dit. Il est important
que je le répète, je pense, non seulement pour la
députée de Chicoutimi, mais pour bien se comprendre. La SDC, la
Société de développement des coopératives, ce n'est
pas nouveau, le ministre délégué à la Famille,
à la Santé et aux Services sociaux n'a pas inventé
ça, ça existait avant que le gouvernement libéral soit
là. Je ne sais pas à quelle date ça a été
institué, c'est peut-être sous le gouvernement du Parti
québécois. (21 h 15)
Mme Blackburn: Ils l'ont abolie dans ma région. Ils en ont
gardé quelques-unes dans la Montérégie et dans
l'Outaouais...
M. Dutil: Quoi qu'il en soit, ils l'ont aboli... Le Parti
québécois ou...
Mme Blackburn: Vous autres.
M. Dutil: On a fait cela, bon. Ce que je voulais illustrer, c'est
qu'un programme a été institué par l'ancien gouvernement
pour le développement des coopératives. Des travailleurs qui
désirent devenir propriétaires de leur entreprise,
négocier avec leur patron un contrat d'achat avec un prix, vont
rencontrer la Société de développement coopératif -
laissez-moi finir mon raisonnement - et peuvent obtenir une garantie de
prêt qui représente la moitié de leur investissement plus
un rabais d'intérêt. Cette coopérative qui vient
d'être formée est sur un marché compétitif.
Supposons qu'elle a acheté une usine de meubles de bois, les
employés ont acheté leur usine de meubles de bois, ils sont
subventionnés par l'État parce qu'ils ont obtenu un prêt
sans intérêt pour deux ans et, de plus, sur le plan de la
liquidité, ils ont obtenu une garantie de prêt sans, en
contrepartie, avoir dû garantir la SDC. Cela, c'était pour
encourager des travailleurs qui n'en avaient peut-être pas les moyens
financiers mais qui avaient la volonté de s'impliquer dans leur
entreprise, à acquérir leur propre entreprise et, donc, à
être leur propre propriétaire. Ils sont sur un marché
compétitif et dans leur usine de meubles, ces employés-là,
parce qu'ils ont bénéficié de ce programme, ils vont venir
faire compétition à d'autres entreprises de meubles et ils vont
pouvoir baisser les prix à Sears, Eaton, La Baie parce qu'ils ont une
subvention de l'État. Donc, ce n'est pas équitable pour les
autres entreprises de meubles qui n'ont pas bénéficié du
même système si je comprends bien le raisonnement de la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre sait
très bien, il est capable de faire le même raisonnement parce que
je sais qu'il est en affaires, la très grande majorité des
entreprises québécoises bénéficient de subventions,
d'abris fiscaux au moins comparables à ce qu'on accorde dans le cadre de
la Société de développement coopératif. Je ne lui
apprends rien. Donc, il n'y a pas de compétition illégale
là-dedans, de compétition indue entre les secteurs. Une
coopérative, des travailleurs qui achèteraient, par exemple, une
entreprise de fabrication de meubles, à cause des subventions de la
Société de développement coopératif, n'entrent pas
de façon indue en compétition avec un autre fabricant de meubles
parce que - je le rappelle - la plupart de nos entreprises
québécoises, surtout en fabrication, bénéficient de
subventions de toutes sortes, y compris d'abris fiscaux, qui sont au moins
équivalentes à ce qu'on accorde dans le cadre de programmes de la
Société de développement coopératif. La
différence cependant, je ne vois nulle part, dans nos programmes de ce
gouvernement comme du gouvernement précédent, de programmes qui
viennent encourager, subventionner ou soutenir l'achat d'entreprises de
services. Quand on parle de coopératives, d'ambulances, de services
ambulanciers, c'est une entreprise de services et, là, on ne peut pas
parler de compétition égale puisque l'entreprise de services en
services ambulanciers qui a droit à une subvention dans le cadre de la
Société de développement coopératif n'a pas le
même service qui est donné aux propriétaires privés
d'ambulances. C'est là où il y a une espèce
d'iniquité parce que les propriétaires privés d'ambulances
ne peuvent pas, au même titre que le fabricant de meubles privé,
avoir droit à des déductions fiscales ou à des subventions
et je pense que le ministre fait une comparaison qui ne tient pas à
l'examen.
M. Dutil: On peut faire d'autres comparaisons, M. le
Président, mais je veux illustrer une chose. Est-ce que la
députée de Chicoutimi est en train de nous dire qu'il faudrait
interdire aux coopératives de services de faire une demande dans le
cadre de programme de la SDC et d'obtenir donc les bienfaits de ce
programme-là et, si oui, pourquoi l'ancien gouvernement quand il a
institué le programme n'a-t-il pas fermé
cette porte-là? Elle existe, les travailleurs ont
décidé de le demander, cela faisait partie des normes du
programme, ils l'ont obtenu et Je ne vois pas pourquoi j'aurais dû
être contre cela. Est-ce que la députée de Chicoutimi me
dit qu'on devrait abolir pour des travailleurs la possibilité
d'acquérir des entreprises de services avec les bénéfices
du programme de la SDC? Est-ce ce que je dois comprendre?
Mme Blackburn: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai
dit. Je vais le répéter pour les... Je pensais que le ministre me
citerait trois ou quatre exemples comme si on avait déjà permis,
avec la Société de développement coopératif, de
financer des entreprises qui oeuvrent dans le secteur des services et non pas
dans le secteur de la production. Dans la très grande majorité
des cas que je connaisse, en tout cas, les subventions ont été
accordées dans le secteur de la production. La société ne
subventionne pas une coopérative qui va ouvrir un marché
d'alimentation, pas à ma connaissance du moins. On a fait une
distinction entre ce qui était de l'ordre de la production et de l'ordre
des services. Je n'ai jamais dit qu'il fallait abolir ce programme. D'ailleurs,
il y a justement une entreprise de fabrication de meubles dans mon comté
qui a bénéficié de ce programme. Moi, j'en suis tout
à fait ravie. Cela fonctionne. J'ai même trouvé que
c'était une façon tout à fait intéressante et je
pense qu'on n'a pas beaucoup trouvé mieux pour rendre nos entreprises
compétitives. Il s'agit d'intéresser les travailleurs à la
fabrication, les intéresser en leur permettant de détenir des
actions dans leur entreprise. C'est cela finalement, la Société
de développement coopératif Alors, je n'ai jamais dit qu'il
fallait arrêter cela. Je pense que c'est tout à fait... C'est un
des bons programmes et je peux juste déplorer qu'on l'ait fermé
dans des régions où cela fonctionnait bien comme la nôtre,
par exemple. Alors, ce n'était absolument pas ce que j'ai dit.
Cependant, je dis qu'à ma connaissance, ces programmes ont
été appliqués dans les cas où il s'agissait de
l'entreprise de fabrication et non pas de l'entreprise de services parce qu'on
n'a pas l'équivalent de programmes pour encourager les entreprises de
services. Je n'ai jamais vu de subvention pour ouvrir un restaurant. Je n'ai
jamais vu de subvention pour ouvir des chaînes de propriétaires de
taxis. Cela n'existe pas parce que c'est dans le service et y compris quand les
chauffeurs devraient devenir propriétaires. Je ne le crois pas. Alors,
ce que je dis simplement, c'est que cela vient introduire, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn:... une certaine inéquité en
matière de compétition dans ce dossier. Ce. a est bien.
Le Président (M. Bélanger): Votre réplique,
M. le ministre.
M. Dutil: Ma réplique est que... C'est de cette
façon-là que je voulais terminer quant à Montréal.
On a fait un calcul l'autre jour de l'avantage consenti sur une période
moyenne pour les coopératives et on se rend compte que cela
représente un très faible pourcentage des frais
d'opération. On avait établi, sans refaire tout le calcul, que
cela pouvait représenter 3000 $ par année pour une firme
ambulances qui fait un chiffre d'affaires d'environ 200 000 S à 300 000
$ par année, ce qui peut varier en fonction de la formule d'emploi qui
existe. Dans la région, effectivement, où il y a moins de
densité de population, cela peut être trois travailleurs. À
Montréal, cela peut aller jusqu'à dix travailleurs sur les
systèmes de 40 heures. Alors, le chiffre d'affaires étant de 200
000 $ à 300 000 $, 3000 $ ne représentent pas une somme
très considérable. De toute façon, nous
n'établissons pas notre tarification en tenant compte de ces
choses-là. L'ensemble des tarifications est équivalent quelle que
soit la formule. Que ce soit un OSBL, que ce soit une coopérative ou que
ce soit un propriétaire privé, les tarifs sont calculés en
fonction des coûts d'opération que l'on peut évaluer ou que
l'on retrouve dans certains états financiers que nous connaissons
d'entreprises et qui nous permettent de dégager de quelle façon
un administrateur, qui administre bien son affaire, est capable de s'en tirer
et d'établir par la suite une marge bénéficiaire qui est
raisonnable pour ces administrateurs. Ceia n'empêche pas
évidemment que, dans certains cas, certains administrateurs peuvent
faire moins bien pour diverses raisons, d'autres faire mieux parce qu'ils sont
plus habiles à faire mieux. Quoi qu'il en soit, le fait qu'il existe des
systèmes différents ne vient pas influencer notre façon
d'établir la tarification pour les entreprises, pas du tout. Ils ne
peuvent pas se faire faire compétition par quelqu'un d'une entreprise
d'une autre région, ce qui fait que cela exclut cette
possibilité. Donc, l'argument de la députée de Chicoutimi,
en tout cas, pour ce qui est de la province ne tient pas du tout. Quant
à Montréal, à partir du moment où nous donnons une
compensation qui est équitable... Je dis que le problème est que
de la perception des propriétaires de Montréal, notre formule
n'est pas équitable alors que, nous, on l'estime équitable pour
les raisons que j'ai déjà mentionnées et sur laquelle on
peut travailler à nouveau sans doute. Je ne refuse pas devant des
démonstrations qui doivent toutefois être fartes de regarder ces
choses-là. À partir du moment où la compensation
équitable a été donnée, moi, je pense, M. le
Président, que les soumissions par la suite doivent être ouvertes
à qui veut bien soumissionner. À la limite, que cela puisse se
faire en régie par la coopérative, et je ne pense pas que qui que
ce soft ait à critiquer là-dessus, pour autant évidemment
que l'autre partie
de la compensation équitable soit réglée.
Le Président: (M. Bélanger): Bien, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur ce sous-amendement? Est-ce que le sous-amendement
est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
M. Dutil: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
Rejeté sur division.
Mme Blackburn: On aurait pu appeler le vote.
Le Président (M. Bélanger): Nous revenons donc
à l'amendement 2. 1, qui se lit comme suit: "Exproprier et indemniser
selon la loi du Québec applicable en la matière, les
propriétaires exploitants de transport ambulancier lorsqu'elle a
décidé d'exploiter elle-même un service d'ambulances".
C'est l'amendement principal, sur l'amendement il reste encore des
possibilités d'interventions, effectivement.
Mme la députée de Marie-Victorin, vous voulez
intervenir?
Mme Vermette: Non, je trouvais qu'il est adopté, quant
à nous.
Le Président (M. Bélanger): Quant à vous,
mais c'est une erreur. Alors sur cet...
Mme Vermette: J'ai tout dit. Quant à nous, il est
adopté.
Une voix: Mais je demanderais peut-être de passer au
vote.
Le Président (M. Bélanger): Au vote, vous voulez
dire au vote nominal.
Mme Vermette: Au vote nominal.
Le Président (M. Bélanger): Un instant! J'appelle
le vote...
Mme Blackburn: M. le Président, j'avais le droit de parole
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): Le vote a
été demandé maintenant, madame. Votre collègue
vient de demander le vote nominal. Alors, M. le ministre Dutil,
député de Beauce-Sud.
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. Guy
Bélanger (Laval-des-Rapides), contre. M. Lemire (Saint-Maurice), il n'y
est pas présentement.
M. Laporte (Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Latulippe
(Chambly)?
M. Latulippe: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Leclerc
(Taschereau), il n'est pas là. Qui d'autre est là? Mme Blackburn
(Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Et M. Claveau
(Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Alors c'est donc
rejeté quatre à trois.
Des voix:...
Le Président (M. Bélanger): Le président
vote. Je l'ai dit. C'est mon droit. Ha, ha, ha! Il est malcommode.
Donc l'amendement 2. 1 est rejeté, ce qui nous ramène au
paragraphe 3. S'il vous plaît! M. le député d'Ungava.
M. Claveau: J'ai cru comprendre - question de règlement -
que cela veut dire qu'à l'avenir on est certain que le président
va toujours voter du côté du ministre?
Le Président (M. Bélanger): Le président
vote selon ce qu'il a envie de voter, il n'a pas à vous rendre de compte
là-dessus, je m'excuse. La question est non conforme au règlement
et non recevable. Franchement.
Ce qui nous ramène à l'article 2, la suppression du
troisième alinéa, au paragraphe troisième, il y avait un
amendement, de l'alinéa 1, de l'article 149. 5 est modifié par la
suppression des mots "selon les cas, offrir ces services ou". Alors si vous
voulez que je relise le texte au complet?
C'est un amendement qui a été introduit au mois de juin,
si on se rappelle bien. Oui.
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le
paragraphe 3 de l'alinéa 1 se lit comme ceci: "recevoir les
appels des personnes et des établissements qui demandent des services
ambulanciers et" - c'est à partir de là - "selon les cas offrir
ces services ou* était enlevé, "répartir ces demandes
parmi les propriétaires d'ambulances qui ont conclu un contrat de
location d'ambulances avec elle". Est-ce qu'il y a des interventions sur cet
amendement. C'est un amendement, ce n'est pas un sous-amendement.
M. Claveau: Alors écoutez, on se souviendra...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau:... M. le Président, qu'au moment où on
avait discuté de cet amendement au troisième paragraphe, au mois
de juin dernier, on avait décidé de le laisser en suspens parce
qu'on ne s'entendait pas sur le... enfin le ministre ne voulait pas s'entendre
avec nous sur "selon les cas offrir ces services". Nous maintenons quand
même notre position. Il reste qu'on prétend que l'article devrait
toujours se lire "recevoir les appels des personnes et des
établissements qui demandent des services d'ambulance et répartir
ces demandes parmi les propriétaires d'ambulances qui ont conclu un
contrat de location d'ambulances avec elle. " Bah! le ministre pourra toujours
nous dire... (21 h 30)
M. Dutil: J'ai quasiment envie.. On m'a demandé de passer
au vote sur l'amendement. De toute façon, M. le Président,...
Le Président (M. Latulippe): Oui.
M. Dutil:... le troisième alinéa, là,
amendé est différent. Alors, je voudrais qu'on se retrouve,
là, je cherche...
M. Claveau: Bon! l'amendement a été
déposé au printemps dernier. Donc, il doit être
discuté et rejeté avant que vous ne puissiez revenir avec un
nouvel amendement.
M. Dutil: Oui. C'est bien ça, M. le Président? Il
faut rejeter l'amendement qui est déjà sur la table ou le
retirer?
Le Président (M. Latulippe): Si je comprends bien,
l'amendement qui est sur la table est l'amendement à l'article 2, celui
qui si lit ainsi: "Le paragraphe 3° de i'article 1 de l'article 149. 5 est
modifié par la suppression des mots "... selon les cas, offrir ces
services ou".
M. Claveau: C'est ça.
Le Président (M. Latulippe): Je comprends que cet
amendement avait déjà été déposé au
printemps, au mois de juin passé.
M. Claveau: C'est ça et il avait été
suspendu.
Le Président (M. Latulippe): Effectivement, on doit, dans
un cas semblable, disposer d'abord de cet amendement. Il vous reste, M. le
député de l'Ungava, dix minutes sur cet amendement.
M. Dutil: Est-ce que je pourrais me permettre une suggestion?
M. Claveau: On avait dix minutes de faites au printemps
passé?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dutil: J'aurais une suggestion, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): En quelques
minutes.
M. Dutil: Je suggérerais, pour raccourcir nos
débats et être plus efficaces, que nous retirions cet amendement
et que nous introduisions l'amendement que j'ai transmis à l'Opposition
en le déposant de façon officielle.
Je suggère que l'Opposition retire son amendement pour nous
permettre d'introduire l'amendement que nous proposons. Si ma suggestion n'est
pas retenue, on va écouter avec intérêt le
député d'Ungava pendant ses dix minutes.
M. Claveau: Non, on avait déjà commencé
à discuter de l'amendement. D'ailleurs, au stade où l'on en est
rendu, la discussion est commencée là-dessus, on a
déjà la moitié du temps de fait...
M. Dutil: M. le Président, que le député
d'Ungava continue donc là où il en était rendu au
printemps dernier.
M. Claveau: On avait déjà la moitié du temps
de fait, il n'est pas question de demander de le retirer. À la limite,
on pourrait voter dessus pour...
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, sur
l'amendement, M. le député d'Ungava, vous avez dix minutes
d'Intervention.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Nous prétendons
que, malgré ce dont on a discuté tout à l'heure et ce que
le ministre a fait voter dans les paragraphes antérieurs, ce qui permet
à l'OSBL d'avoir ses ambulances et tout ça, la portée de
l'article 3 devra toujours être la même, soit: "recevoir les appels
des personnes et des établissements qui demandent des services
d'ambulance". Là-dessus, on est clair, I n'y a personne qui va discuter
de ça. Il s'agit de donner le meilleur service possible aux gens qui
ont besoin d'ambulance. On sait que, quand on a besoin d'ambulance, ce
n'est généralement pas pour s'amuser ou aller en picnic; on
s'entend là-dessus. On dit aussi: "... ou répartir ces demandes
parmi les propriétaires d'ambulances qui ont conclu un contrat de
location. "
Les ambulances sont normalement sous contrat. Si on prétend que
la corporation peut avoir ses propres ambulances, on devrait le mettre dans un
article à part. On devrait le mettre en amendement ou ailleurs dans un
autre article où l'on dit, dans un premier temps, que le job principal
de l'OSBL, de la corporation, étant donné que ce n'est pas
d'avoir des ambulances, est de répartir des ambulances parmi les
propriétaires qui ont signé des contrats pour donner un meilleur
service aux personnes et aux établissements qui ont fait la demande de
services d'ambulance, donc, qui ont téléphoné pour dire
qu'ils avaient besoin d'une ambulance. L'OSBL doit s'assurer de répartir
ces contrats avec les propriétaires d'ambulances. Les
propriétaires d'ambulances peuvent être des coopératives,
peuvent être des entreprises privées. On le sait. D'accord? Si on
nous dit que c'est, comme le minitre nous disait, à la limite, c'est ce
qu'on veut, c'est faire des contrats avec des propriétaires, si on s'est
gardé une clause qui permet d'acheter les ambulances, nous
prétendons que cela ne fait partie de la vocation première de
l'OSBL Le ministre nous l'a dit aussi, ce n'était pas sa vocation
première, ce n'était pas son but, ce n'était pas pour cela
qu'il était fait. Il a été fait, dans un premier temps,
pour régler des problèmes de relations du travail et, dans un
deuxième temps, pour laisser les ambulances à l'entreprise
privée, parce que c'était plus flexible. Si c'est vraiment cela
qu'il veut faire, qu'il ne mêle pas les cartes et ne dise pas: II donne
des services, soit. Le but premier, donc donner des services, au paragraphe 3,
on est d'accord, aux personnes et aux établissements qui en ont fait la
demande et de répartir ces services, d'abord et avant tout, parmi les
propriétaires qui ont signé des contrats de location de
tôle avec la corporation. Si, par après, on veut discuter et aller
plus loin quant aux services que l'OSBL pourrait donner lui-même avec ses
ambulances, à ce moment-là, on les mettra dans un autre article,
dans la mesure où il ne pourrait pas, dans un premier temps, d'abord
répartir les services entre les propriétaires qui ont
signé les contrats. Cela nous semble important que l'on vote sur
l'amendement pour enlever "offrir les services lui-même" dans la mesure
où il doit, à notre avis, et selon ce que le ministre nous a dit
depuis le début, d'abord et avant tout priviligier des contrats, des
ententes de service avec des propriétaires de tôle. Ce n'est que
dans la mesure d'une éventualité hypothétique où il
n'y aurait peut-être pas de service possible, où il n'y aurait pas
d'entente possible... Encore là, la question de l'entente possible
devient de moins en moins claire quand on va plus loin dans le projet de loi et
qu'on se rend compte que le gouvernement se garde la possibilité de
décréter des tarifs d'une entente avec les propriétaires,
si jamais on n'arrive pas à une entente par néqociation, le
gouvernement peut toujours imposer un tarif aux propriétaires de
tôle. Ce qui fait que cela enlève encore du poids à
l'argument du ministre qui dit qu'il est nécessaire d'avoir des
ambulances pour les cas où on ne pourrait pas s'entendre,
négocier ou les cas où, il en manquerait, dans la mesure aussi
où après une première entente, selon l'article 22 auquel
il s'est référé de nombreuses fois, dans la mesure
où, après une première entente, un premier contrat
négocié ou imposé par le gouvernement si on ne s'entend
pas sur les termes de la négociation, qui doit se faire sur la base du
nombre d'ambulances qu'il y avait sur le permis qui a été
révoqué... Cela vaut pour la première fois, d'après
notre compréhension.
À partir de la deuxième fois, tout le monde peut
soumissionner avec le nombre d'ambulances qu'il veut, finalement, et on n'est
même pas obligé de respecter des gens qui avaient
déjà des contrats ou qui avaient déjà des permis
d'exploitation. N'importe quelle entreprise peut y aller. Le ministre disait
tout à l'heure qu'il n'a pas d'objection que cela soit ouvert à
tout le monde. À ce moment-là, on prétend et on continue
à prétendre qu'il faut amender le troisième paragraphe
pour faire en sorte qu'on identifie clairement dans le texte du projet de loi
que ce que l'on veut d'abord et avant tout c'est recevoir des appels de
personnes ou d'établissements qui font la demande de services
d'ambulance - on est d'accord avec le ministre là-dessus. C'est rare
qu'on soit d'accord avec le ministre, mais on l'est là-dessus - et
après, de répartir, parmi les propriétaires d'ambulances
qui ont conclu des contrats de location d'ambulances avec elle. Si cet article
n'est pas suffisant, on en introduira un deuxième qui permettra de
pouvoir aller plus loin, dans la mesure où cela ne serait pas suffisant.
Mais, il y a une anomalie même. On dit que la psychologie, cela existe.
Il y a bien des gens qui travaillent cela. On a toujours tendance à
donner en premier notre ordre de priorité. Quand vous vous
référez à quelque chose, vous avez toujours tendance
à donner la première chose que vous avez dans la tête en
premier et les autres viennent après. Quand on regarde la liste de
comment le ministre a établi ses priorités dans son paragraphe,
il dit: "selon Ses cas, offrir ces services ou répartir parmi les
autres". Si sa priorité, tel qu'il dit derrière sa tête,
loin dans son subconscient, cela avait été vraiment d'abord de
signer des contrats avec les propriétaires existants et après
éventuellement que l'OSBL puisse avoir ses propres ambulances,
normalement, son réflexe aurait été de mettre dans l'autre
sens et de dire: Selon le cas, répartir ses demandes parmi les
propriétaires ou offrir des services à l'interne. Mais sa
priorité, on le voit, son réflexe a été d'abord
et
avant tout de répartir parmi les propriétaires, d'offrir
les services lui-même ou que l'OSBL offre les services lui-même. Je
crois qu'il y a là un petit quelque chose qui nous permette toujours...
Si on approfondie et on gratte un peu en profondeur, on finit toujours par
trouver un tasd'indices, de comportements, des façons de
rédiger les textes, de façons de présenter les choses qui
nous font croire, à juste titre, je pense, qu'en fin de compte, le
ministre veut faire une étatisation complète du système,
mais il ne veut pas que cela paraisse. Il veut s'organiser pour avoir à
payer le moins cher possible eî qu'à ce moment-là, sous
prétexte de souplesse, etc., il va dire: On va continuer à
fonctionner, mais on sait où on s'en va. Un jour ou l'autre, on aura pas
eu besoin de payer trop cher et on aura ramassé l'ensemble du
système. Finalement, 'es propriétaires actuels crèveront
avec leur vieille tôle. Remarquez qu'il peut penser cela, ce sont ses
affaires, mais encore là, cela me ramène à la question que
je posais avant: En quoi le fat de faire crever les propriétaires
actuels avec leur vieille tôle va-t-il lui permettre de pouvoir atteindre
son objectif primordial, comme: le disait lui-même tout à l'heure,
qui était d'abord et avant tout de régler des problèmes de
relations du travail ou d'améliorer les conditions de travail à
l'intérieur du système ambulancier en vigueur au Québec,
et tout particulièrement, dans la région de Montréal?
Voilà, ma question est toujours ouverte. Je ne veux pas...
M. Dutil: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Votre temps est
écoulé, M. le député. M. le ministre, en
réplique M. le ministre.
M. Dutil:... on est d'accord sur une chose et on est en
désaccord sur l'autre. On est d'accord sur le fait qu'il faut enlever
cela, sauf que nous, ce que nous voulions proposer, c'est d'enenlever plus que
cela et d'introduire un amendement qui ferait que l'article se lirait comme
suit: Recevoir les appels des personnes et des établissements qui
demandent des services d'ambulances et y donner suite de façon
appropriée. Les raisons pour lesquelles nous apporterions cet amendement
si on rejetait celui-ci, c'est aue ce que dit le député d'Ungava
est plus complique et que la question ne porte pas juste sur une
répartition équitable des appels. Cela porte aussi sur la
façon d'administrer ces appels. Il y a des appels à
Montréal qui sont reçus et qui ne donnent pas
nécessairement lieu à un envoi d'ambulance. Il y a un certain
tri. De toute façon, on le sait, il y a des appels au 911 qui ne sont
pas des demandes d'ambulance. Normalement, c'est référé
à Urgences-santé quand on pense que c'est un cas médical,
mais encore là, il arrive parfois que ce sont des demandes de conseils
beaucoup plus que des demandes d'envoi d'ambulance. Cela n'entraîne pas
toujours envoi d'un service ambulancier. C'est pourquoi après avoir
mijoté cela et regardé dans les autres lois de quelle
façon cela pouvait être rédigé, on s'aperçoit
que mettre "de façon appropriée" est une formule que l'on
retrouve fréquemment. Donc, en procédant de cette façon,
nous n'introduirions pas une nouveauté. Cela permet justement d'adapter
aux besoins et aux situations le comportement de ceux qui ont à agir
dans un service d'urgence comme celui-là, en particulier.
Alors, M. le Président, pour arriver à pouvoir
présenter mon amendement, il faut malheureusement, bien que nous
faisions partir également la phrase, selon le cas, "offrir ces services
ou", on le fait partir nous aussi... C'est pour cela qu'on dit qu'on est
à la fois en accord et en désaccord avec l'Opposition. De deux
choses l'une, ou on vote avec l'Opposition pour faire partir ce bout de phrase
et dans notre amendement, on élimine ce bout de phrase ou on garde
l'autre partie de phrase parce qu'on l'élimine de toute façon. Je
pense que si on voulait épargner un peu de temps, de l'autre
côté, on conviendrait qu'il vaudrait mieux voter
immédiatement pour cet amendement si c'est de l'Opposition et le
retrancher de mon amendement ou voter immédiatement contre et introduire
mon amendement pour pouvoir en discuter. On économiserait un temps
précieux à 21 h 45 ce soir, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur cet amendement?
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette:... j'ai pris bonne note des demandes du ministre en
ce qui concerne... Actuellement, il serait prêt à procéder
tout de suite pour économiser du temps, mais effectivement, c'est que
nous voulons aller en profondeur pour bien comprendre, pour ne pas laisser
planer de doute en ce qui concerne... (21 h 45)
M. Dutil: J'ai dit que j'étais prêt à voter
pour.
Mme Vermette: Exactement...
M. Dutil: J'ai dit prêt à voter pour, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je vous
prierais d'écouter l'intervention de Mme la députée de
Marie-Victorin. Vous aurez votre droit de réplique de cinq minutes
à la fin. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je suis tout à fait d'accord que le ministre
est prêt à voter pour, qu'i avait certaines réserves et
qu'en même temps il
comprenait notre cause et qu'il était favorable aussi en
même temps. Bon. Alors, c'est bien sûr, et je me réjouis de
voir que de plus en plus, plus nous allons continuer à travailler,
peut-être qu'il va partager complètement notre point de vue. C'est
ce qui m'amène à vouloir parler un peu plus sur le projet de loi,
parce que j'ose croire et espérer qu'à la fin ce sera finalement
l'entente totale sur l'ensemble du projet de loi. Donc cela nous permet de dire
qu'effectivement, nous aussi, nous étions d'accord pour qu'on s'entende
uniquement à ce que l'OSBL donne réellement les services et non
pas finalement l'exploitation et la gestion complète pour ce qui est des
véhicules, parce que, quant à nous, cela créait un
précédent et cela pourrait être dangereux pour les
entreprises qui étaient en cause actuellement, et que nous étions
d'accord pour qu'ils donnent le meilleur service possible à la
population, et ce, dans les délais les plus rapides.
C'est bien sûr que pour ce qui est de la qualité du
service, nous serons toujours d'accord pour qu'on puisse améliorer,
prendre toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que les
services répondent le plus adéquatement aux besoins de la
population, surtout dans les cas d'accident, ou dans les cas où ces
personnes ont besoin de gens compétents pour répondre à
leur appel.
Par contre, là où nous nous interrogeons, c'est à
savoir si la nécessité de ces mêmes OSBL à pouvoir
exploiter un jour le service des véhicules, pour ce qui est de
l'administration de la tôle, parce que là encore, je trouve cela
une façon assez inusitée que d'avoir, d'une part, ce double
emploi et même à un moment donné le triple emploi,
puisqu'ils devront même faire partie du conseil d'administration et
auront des représentants, ce qui fait qu'à mon avis ces gens
auront tendance à devenir des administrateurs plutôt que des
dispensateurs de services. On sait ce qu'il arrive finalement avec ces gens,
cela devient très difficile, parce qu'ils doivent trancher entre
répondre à des impératifs de leurs services et, d'autre
part, répondre à des impératifs administratifs. Ce n'est
pas facile, et nous disons: Pourquoi ne pas trancher directement tout de suite,
pour permettre justement que ces gens puissent donner le meilleur service
possible, le plus adéquatement possible? Donnons-leur tous les outils,
c'est-à-dire laissons-les tels quels, être tout simplement des
prestateurs de services, et non pas des exploiteurs de services. C'est ce que
nous demandons, tout simplement, c'est toujours dans la perspective de donner
les soins et les services les plus appropriés à la population,
qui, tout compte fait, est formée de contribuables.
Donc, pour ce qui est du service, nous sommes d'accord, mais ce dont
nous avons peur, comme mon collègue le mentionnait tantôt, c'est
qu'on arrive sur un terrain glissant et que de plus en plus, après la
négociation d'un premier contrat, dont on ne connaît d'ailleurs ni
la durée ni la portée, parce qu'il revient toujours au ministre
de prendre les décisions à cet effet, qu'arrivera-t-il? C'est
là qu'arrivent les points d'interrogation et l'insécurité
qui pourrait se dresser pour les propriétaires de véhicules. Nous
disons: Quelle est la protection, quelles sont les garanties que, justement,
l'OSBL, les techiciens, la corporation n'auraient pas le goût d'exploiter
un service et de faire en sorte qu'ils peuvent s'organiser pour que les
propriétaires de véhicules n'ont plus droit de recours et sont
tout simplement à la merci entre, d'une part, des négociations
avec un ministre qui pourra fonctionner par décret, et, d'autre part,
des gens qui devront dispenser ces services... Ce n'est pas facile d'avoir
toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête,
lorsqu'on a des obligations et des responsabilités à assumer sur
le plan administratif. Nous disons que cet esprit, en fin de compte, tend
à persister dans le projet de loi. C'est pourquoi nous voulons avoir des
garanties, des éclaircissements, qui nous permettraient, hors de tout
doute, de croire que, je veux bien croire que... Je veux bien croire le
ministre quand il dit qu'il n'y a pas de problème, tout ce qu'il veut
c'est assurer la souplesse du service sur le pian de la location des
véhicules par l'entreprise privée, d'une part, et qu'il
considère que, quant à eux, sur le plan de l'équité
tout est rempli puisque, finalement, l'indemnisation des permis plus le prix
que l'entrepreneur pourrait vendre ses véhicules font qu'en sorte cela
équivaudrait à, finalement, l'indemnité. Donc, je trouve
que c'est un peu aller rapidement, parce que ce n'est pas tenir compte de
l'ensemble du contexte des événements qui pourraient alors
exister à ce moment-là. J'ose croire, M. le ministre, que ce
n'est pas clair encore et même si... Je vais encore vous écouter
parce que, quant à moi, ce n'est pas tout à fait clair. Ce ne
sont pas les garanties qui sont importantes, en fait, pour l'ensemble des gens
qui sont concernés dans la problématique. Il me semble, en tout
cas, quant à eux, qu'il leur reste énormément de points
d'interrogation et beaucoup d'incertitude et toutes les paroles que vous avez
prononcées jusqu'à maintenant n'ont pas fait qu'en sorte leurs
incertitudes se soient estompées. Elles demeurent toujours. Quant
à nous, de l'Opposition, nous partageons aussi un peu ces
inquiétudes, parce que nous croyons que si, finalement, votre projet de
loi avait fait le consensus l'ensemble des propriétaires qui, plus
souvent qu'autrement sont beaucoup plus sympathiques à votre cause
qu'à notre cause, auraient apprécié et applaudi grandement
votre projet de loi. Alors que, finalement, actuellement, ils se retournent
vers nous comme étant les gens qui pourraient mieux les défendre
en ce qui concerne ce projet de loi parce qu'ils ont vraiment des peurs. Ils
sont très insécures, vos paroles ne les sécurisent pas
à l'heure actuelle et les articles de loi que vous nous avez
présentés ne les ont pas encore
sécurisés. C'est pourquoi nous devons intervenir et
revenir souvent sur le métier.
M. Outil: M. le Président, je sais qu'il y a de la
sécurité dans le système, actuellement. Je sais aussi que
quand la loi sera passée et que nous aurons fini notre réforme,
tout le monde dira: On ne pensait pas que cela irait si bien, que ce serait
parfait comme cela et que les problèmes seraient réglés.
Parce que l'Opposition alimente cette crainte-là et, disons que cela
peut faire partie de son rôle, mais je vais vous dire qu'en trois ans au
Parlement, c'est a première fois que je vois l'Opposition faire de
l'obstruction systématique sur un amendement qu'elle présente et
où j'ai dit que j'étais prêt à voter pour. Vraiment,
c'est le comble de l'opposition systématique. Si Mme la
députée de Chicoutimi veut aussi intervenir pour me convaincre de
voter pour un amendement où j'annonce qu'on va voter pour, qu'elle y
aille.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On va la laisser parler et peut-être qu'elle va
lui faire changer d'idée et...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi. À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Blackburn: M. le Président, en essayant de faire son
fin finaud, le ministre est en train d'essayer de faire passer l'Opposition
pour ridicule. En fait, ce qu'il faut voir là-dessus, le ministre sait
très bien...
Une voix: II veut voter pour.
Mme Blackburn: Oui. C'est bien évident que le ministre va
être pour, parce qu'il vient d'adopter la modification en deux qui lui
permet d'exploiter un service ambulancier. Il faut arrêter de rire du
monde. Tout ce qu'on dit, nous... C'est, effectivement, qu'on dit... Lui, iI
dit: Cela ne me fait rien à présent que vous l'enleviez, "offrir
un service ambulancier", je viens de l'adopter et on va l'offrir pareil.
À ce moment-là, de deux choses l'une, ou notre amendement est
irrecevable, ce que je pense.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Parce qu'il aurait peut-être fallu que le
président le dise avant.
Le Président (M. Bélanger): Vous auriez dû
nous dire cela au mois de juin.
Mme Blackburn: Parce que, avec le nouvel amendement que vous
venez...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: M. le Président, regardez bien, avec le
nouvel amendement que vous venez d'apporter et que vous venez d'adopter ici,
"peut exploiter un service ambulancier", vous n'avez plus besoin de
celui-là. C'est bien évident qu'il est inutile; vous n'êtes
pas d'accord avec moi? Vous n'êtes pas d'accord avec moi qu'il faut
l'enlever?
M. Dutil: Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que
j'étais d'accord avec l'amendement parce que l'amendement que je tiens
à présenter enlève aussi cette partie-là en plus
d'enlever d'autres parties et de faire un texte législatif plus moderne
que l'on retrouve dans d'autres...
Mme Blackburn: Oui, pour la simple raison que, au moment
où, nous, on voulait le faire enlever et ce que le ministre ne dit pas,
et au moment où le ministre est en train de vouloir le faire enlever,
c'est parce qu'il l'a placé dans un autre article. Ce n'est pas
compliqué. Ce n'est pas tout à fait pour les mêmes raisons
que, nous, on voulait le faire enlever. Quand on a déposé la
proposition d'amendement, c'était parce qu'effectivement on ne voulait
pas voir cette corporation-là offrir des services ambulanciers.
C'était bien clair. Sauf qu'il vient d'adopter un amendement à
l'effet qu'il ne mette pas à deux places, qu'il va les offrir. Je veux
bien croire que son projet va être blindé, là, mais ce
n'est pas tout à fait pour les mêmes raisons qu'il veut l'enlever.
Il faut arrêter de faire niaiser le monde, là. Il veut l'enlever
parce qu'il s'est donné la garantie, à l'amendement qu'on vient
d'adopter, d'exploiter un service d'ambulances. Il n'a pas besoin de le
répéter, là. En gros, c'est exactement ça et c'est
cette raison qui l'amène à dire qu'il va déposer un
amendement pour dire: "... selon les cas, offrir ces services. " Offrir ces
services, il n'a pas besoin de le marquer à deux endroits. C'est bien
évident que c'est pour ça qu'il va vouloir l'enlever, mais ce
n'est pas tout à fait pour les mêmes raisons que nous invoquions.
Les raisons que nous, nous invoquions, étaient parce que, pour nous,
offrir un service d'ambulances, cela ne devait pas être offert par la
corporation. Tandis que la raison pour laquelle le ministre veut l'enlever de
là, c'est parce qu'il vient de le mettre en haut, de le placer dans
l'autre amendement, à moins que je n'aie rien compris à votre
système.
M. Dutil: Ah! vous avez... M. le Président, Mme la
députée de Chicoutimi a très bien compris.
Mme Blackburn: Bien..
M. Dutil: Bien oui! Sauf qu'on a débattu et qu'on a
disposé de la clause à laquelle elle nous apporte encore des
amendements. Là, ce dont nous discutons, c'est de la modification d'un
autre texte qui parle de la répartition des appels de façon
appropriée. Nous, ce que nous sug-
gérons, c'est de mettre "de façon appropriée". Et
l'on va faire la démonstration tout à l'heure quand, je
l'espère, on pourra introduire notre amendement, que c'est une formule
convenable que l'on retrouve dans d'autres lois qui ont été
adoptées sous l'ancien gouvernement, entre autres, que c'est très
bien au point de vue législatif de procéder ainsi et que
ça n'a pas de rapport avec l'argumentation sur l'autre paragraphe que
nous avons adopté tout à l'heure et sur lequel je sais que
l'Opposition n'est pas d'accord. On a entendu cet argument pendant huit heures,
alors, je sais qu'elle n'était pas d'accord avec l'autre paragraphe.
Mais, moi, je me dis qu'on est rendu au troisième paragraphe et qu'on
discute du troisième paragraphe.
Mme Blackburn: M. le Président, si le ministre est en
train de me dire que l'amendement dont on est en train de discuter, dont on va
disposer tout à l'heure, n'a pas de rapport avec celui qu'on vient
d'adopter, moi, je n'ai jamais lu le projet de loi! Pourtant je l'ai pas mal
lu. Ce que je dis, c'est que si vous relisez le paragraphe 3° qu'on est en
train de vouloir amender, "... recevoir les appels des personnes et des
établissements qui demandent des services d'ambulance et, selon les cas,
offrir ces services... ", c'est bien ça, c'est ce qu'on veut enlever.
Pourquoi le ministre veut-il l'enlever? Pas parce qu'il ne veut pas offrir des
services d'ambulance, mais simplement parce qu'il s'est assuré qu'il
pourrait les offrir à d'autres paragraphes. Cela m'étonnerait
bien que je n'aie pas la bonne compréhension. C'est sûr que le
ministre va être d'accord avec l'amendement qu'on propose, mais pas pour
les mêmes raisons, c'est bien évident. Alors, il ne faudrait pas
donner l'impression que l'Opposition n'a rien compris dans ce dossier.
Je maintiens que je ne suis pas certaine de ne pas avoir raison.
Étant donné qu'il y a un amendement qui vient d'être
adopté qui permet d'offrir des services d'ambulance, cet amendement est,
à mon avis, irrecevable. M. le Président, j'appellerais le
vote.
M. Dutil: M. le Président.
Mme Blackburn: Tout le monde est d'accord?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
Mme Blackburn: Le vote est demandé, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, vous
demandez le vote? Vote nominal?
M. Dutil: Non, non. Adopté. Amendement adopté,
quant à moi.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le paragraphe
3° de l'alinéa 1 de l'article 149. 5 est modifié par la
suppression des mots "... selon les cas, offrir ces services ou... " du texte
de la loi. Est-ce que l'amendement que vous nous aviez remis mais qui n'est pas
déposé est adopté? Il est adopté, oui. Est-ce
que...
M. Dutil: C'est-à-dire que l'amendement que j'ai remis et
non pas déposé, je vais le modifier pour faire un amendement qui
va se lire comme suit: "Par le remplacement dans la troisième et
quatrième lignes du paragraphe 3, par ce qui suit: Répartir ces
demandes parmi les propriétaires d'ambulances. " Alors, vous voyez qu'on
a enlevé ce qu'on vient d'enlever: "... selon les cas, offrir ces
services ou... ". Donc, "répartir ces demandes parmi les
propriétaires d'ambulances qui ont conclu un contrat de location
d'ambulances avec elle" par les mots "y donner suite de façon
appropriée et... "
Mme Blackburn: M. le Président, une question de
directive: Est-ce que l'amendement est recevable? Est-ce qu'on pourrait
déposer l'amendement?
Le Président (M. Bélanger): Pardon?
Mme Blackburn: Est-ce que l'amendement pourrait être
déposé?
Le Président (M. Bélanger): II vient effectivement
de le déposer.
Une voix: Non, mais là...
M. Claveau: Là, ce n'est pas l'amendement...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, un instant,
M. le député de l'Ungava!
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez, on va
écouter Mme la députée de Chicoutimi, là, parce que
je ne comprends pas...
Mme Blackburn:... dans la série de papillons qui nous a
été remise, il y a déjà quelques mois, je ne sais
plus quand...
Le Président (M. Bélanger): Oui. (22 heures)
Mme Blackburn:... la modification qui apparaît ici est la
suivante et ce n'est pas celle que je viens d'entendre de la part du ministre,
c'est: "3. Par le remplacement, dans la deuxième et troisième
lignes du paragraphe 3° de ce qui suit, "selon les cas, offrir ces
services...
Le Président (M. Bélanger): Cela vient d'être
biffé par le ministre.
Mme Blackburn:... ou répartir ces demandes
parmi les propriétaires d'ambulances qui ont conclu un contrat de
location d'ambulances avec elle" par les mots "y donner suite de façon
appropriée. " Ce que je dis, je demande au ministre de déposer
son amendement, parce que ce que j'ai en main, ce n'est pas cela.
M. Dutil: M. le Président, j'ai transmis des textes
d'amendement à l'Opposition, mais je ne les ai pas
déposés.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, M. le
ministre. Ce que vous avez en main et ce que vous n'avez pas en main, cela n'a
pas d'importance.
Mme Blackburn: Non. Vous avez le texte en main...
Le Président (M. Bélanger): Ce qui compte, c'est ce
que le ministre va déposer présentement et, à partir de
là, on en fera une copie et on vous la donnera.
Mme Blackburn: Ah, bon!
M. Dutil: Ce que je dépose, M. le Président, c'est:
"Par le remplacement, dans les deuxième, troisième et
quatrième lignes du paragraphe 3° de ce qui suit: "Répartir
ces demandes parmi les propriétaires d'ambulances qui ont conclu un
contrat de location d'ambulances avec elle" par les mots "y donner suite de
façon appropriée".
Le Président (M. Bélanger): L'amendement est
recevable. M. le ministre, si vous voulez présenter votre amendement
maintenant, on vous fait une copie.
M. Dutil: M. le Président, puis-je commencer à
débattre la question?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre.
M. Dutil: M. le Président, on retrouve dans bien des lois
qui ont été adoptées, comme je e mentionnais, sous
l'ancien gouvernement comme sous le nôtre, cette formule, qui est
probablement plus appropriée pour régler la question. Alors, je
cite quelques exemples: la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnes qui dit, à
l'article 128: "Ordonner à l'organisme public de prendre les mesures
qu'elle juge appropriées pour satisfaire aux conditions prévues
par la présente loi ou par la prescription de la commission. " Cela a
été adopté en I982, donc sous l'ancien gouvernement.
Dans la Loi sur les accidents de travail et les maladies
professionnelles, à l'article 170, quant à l'élaboration
du programme: "dans ce cas, la commission prépare et met en oeuvre, avec
la collaboration du travailleur et après consultation de l'employeur, le
programme de réadaptation professionnelle approprié au terme
duquel le travailleur avise son employeur qu'il est devenu capable d'exercer
l'emploi convenable disponible. "
Un autre exemple, la loi de la Charte de la langue française,
adoptée en 1977, donc encore sous l'ancien gouvernement, disait à
l'article 141: "Les programmes de francisation ont pour but la
généralisation de l'utilisation du français à tous
les niveaux de l'entreprise. Ceci comporte h) une politique d'embauche, de
promotion et de mutation appropriée. "
C'est la même chose au Code de la sécurité
routière qui, lui, a été adopté en 1986, donc sous
notre gouvernement, et qui dit, quant à l'absence d'une partie: "Si, au
temps fixé par l'audience, une partie ne se présente pas ou
refuse de se faire entendre, le tribunal peut procéder en son absence,
rendre les ordonnances appropriées ou déclarer l'appel
périmé. "
Un dernier exemple, la Loi sur la santé et la
sécurité du travail: "Lorsqu'un inspecteur constate sur les lieux
du travail que les outils, les appareils ou machines utilisés ne sont
pas conformes au règlement, au programme de prévention s'il y en
a un ou à une autre norme de sécurité, et qu'il en
résulte un danger pour la sécurité, la santé et
l'intégrité physique des travailleurs de la construction, il doit
ordonner au maître d'oeuvre de prendre les mesures appropriées.
"
Voilà plusieurs exemples qui illustrent cette façon tout
à fait conventionnelle de procéder dans les lois aujourd'hui.
Quant à la définition du mot "approprié", que je tire non
pas de Robert, mais du Petit Robert, c'est dit: Adéquat, assorti,
conforme, convenable, pertinent. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi. Vous avez demandé la parole, alors
je vous la donne.
Mme Blackburn: Alors, je vais y aller, M. le Président.
J'écoutais avec attention les exemples cités par le ministre pour
illustrer que la modification est utilisée de façon courante dans
la législation québécoise. Il citait un article
tiré de la loi 101 où il est prévu que, dans les
programmes de francisation dans les entreprises, on adopte une politique
d'embauche et de promotion appropriée. Je dirais que c'est probablement
le pire exemple que le ministre a pu choisir pour illustrer son propos. Parce
que, précisément, c'est un secteur où une telle largesse
dans l'interprétation possible du mot "approprié" a laissé
place non pas à la rigueur et à l'efficacité mais au
laxisme. Moi, je pense que c'est un bien mauvais exemple pour venir illustrer
son propos qui nous permettrait précisément de s'interroger sur
l'usage tantôt qu'on pourrait faire d'un tel vocable. Il faut voir
comment actuellement cette espèce de souplesse qu'on a
laissée aux entreprises en utilisant nous, je pense bien,
à l'époque, de façon tout à fait confiante qu'il
n'y aurait pas un législateur pangouvemment qui viendrait
interpréter d'une telle manière ce terme "de façon
appropriée", de manière qu'il n'y ait plus aucune portée
ou encore qu'on puisse l'interpréter de n'importe quelle manière;
je me dis, jamais on ne l'aurait introduit dans une législation surtout
pas dans la loi 101, loi qui vient protéger la langue au Québec.
Quand le ministre utilise cet exemple, je n'ai pas besoin de vous dire que ce
n'est pas avec un tel exemple qu'il va m'amener à penser que le terme
qu'il veut utiliser, le vocable qu'il veut utiliser à la place de
l'article qu'on retrouve là et qui se lit de la façon suivante:
Répartir ces demandes parmi les propriétaires d'ambulances qui
ont conclu un contrat de location d'ambulances avec elle, et y donner suite de
façon appropriée... Moi, je vous dis, remplacer cela par "y
donner suite de façon appropriée", c'est insuffisant. Cela laisse
place à n'importe quoi. Tout comme cela a laissé place à
n'importe quoi en matière de politique linguistique. M. le
Président, le législateur, surtout au moment où on a
adopté un certain nombre de lois au Québec, au moment où
le gouvernement du Parti québécois était au pouvoir, a eu
tendance à laisser dans les lois une place à un certain nombre de
pouvoirs discrétionnaires au ministre. Il faut savoir quel usage on en a
fait après. Là, je viens juste de parler de ce qui s'était
passé en matière de langue au Québec.
Il faudrait voir ce que le ministre a fait de l'utilisation d'un tout
petit vocable, d'un tout petit pouvoir discrétionnaire qui était
laissé au ministre dans la Loi sur l'instruction publique où on
disait: Lorsque le bien-être ou l'intérêt de l'enfant est
menacé, le ministre pourrait accorder une dérogation. La
dérogation qu'on voyait s'appliquer dans des cas tout à fait
exceptionnels où un enfant aurait subi des préjudices parce qu'il
n'avait pas l'âge requis pour rentrer à l'école, on a
attaché à cette interprétation... Le ministre actuel de
l'Éducation en a fait une interprétation tellement large qu'on
est passé de quelques dérogations des cas d'espèce au
moment où le Parti québécois était au pouvoir
à plus de 2000 dérogations cette année.
Alors, quand on laisse place à l'interprétation, de bonne
foi, je pense bien, comme l'avait fait le gouvernement du Part!
québécois à l'époque, en laissant suffisamment de
souplesse, en laissant une certaine souplesse dans un projet de loi, on le fait
souvent en supposant que le gouvernement qui va suivre va avoir la même
interprétation de son projet de loi, va l'interpréter de
manière assez restrictive, assez rigoureuse et sans faire d'abus, sans
abuser de la souplesse qu'on laisse dans une loi. Ce n'est pas vrai que je vais
faire confiance au gouvernement du Parti libéral pour lui laisser ces
trous-là dans la loi. Si j'avais mon mot à dire là-dessus,
jamais de la vie.
On sait ce qu'il a fait avec la loi 101. Chaque fois qu'on a
laissé un petit bout d'interprétation, ces gens l'ont
utilisé pour en abuser. On sait ce que le ministre actuel de
l'Éducation fait avec un petit pouvoir discrétionnaire qui
était supposé être utilisé lorsque l'enfant pouvait
subir quelques préjudices, parce qu'il ne lui manquait qu'une
journée pour aller à l'école et, pour harmoniser cela avec
un autre système, pour des raisons de cette nature, on met, de bonne
foi, cela dans la loi en disant qu'il y a des cas qui sont vraiment limites,
à la marge, avec lesquels, par humanisme, on devrait pouvoir jouer. Vous
savez ce qu'il en a fait le ministre de l'Éducation? Plus de 2200
dérogations. C'est cela, un pouvoir discrétionnaire qu'on laisse
à un ministre. Quand on veut introduire dans une loi autant de
souplesse, ce n'est pas vrai que je vais être d'accord. On aura beau
dire, mais l'Opposition va tout invoquer pour essayer de prolonger les
débats, pas pour prolonger les débats. Pour moi, c'est une
question de principe parce que je suis en train de réaliser qu'on ne
peut pas, parce qu'on a de bonnes intentions lorsqu'on adopte une loi,
prêter les mêmes intentions quand on change de gouvernement. J'ai
regardé et observé plusieurs lois dans lesquelles on avait
laissé une souplesse qui semblait rendre l'application des lois un peu
plus humaine et c'est pour cela que ça été fait. Et ce
n'est pas l'usage qu'on en a fait. Ce que l'on a fait, c'est un abus en
poussant à la limite l'interprétation qu'on en a donné et
si on continue comme ça, avec le ministre actuel de l'Éducation,
on va donner des privilèges à peu près à tous les
enfants qui sont capables d'aller frapper à la porte d'un
député, et d'un député libéral de
préférence. Parce que vous savez comment ça s'est fait,
les dérogations ont été accordées en passant, dans
de nombreux cas, par la porte du député.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse madame. Je
voudrais qu'on revienne à l'article.
Mme Blackburn: Je suis tout à fait dans l'ordre.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, vous
pariez de la loi 107 sur l'éducation, mais on parle du transport
ambulancier. Je veux bien des exemples, mais il faudrait qu'ils soient dans la
même ligne ou je ne sais pas, peut-être comme les camions de
transport l'autre fois, mais là, je ne vois pas la pertinence.
Mme Blackburn: M. le Président. Si vous n'êtes pas
en mesure de comprendre le parallèle que je suis en train de faire dans
un petit article de la loi qui a laissé des pouvoirs
discrétionnaires au ministre et l'abus qu'il en a fait, et le fait qu'on
laisserait ici la possibilité d'une large interprétation avec les
abus que ça pourrait entraîner, eh bien, je pense que vous avez
des problèmes.
Le Président (M. Bélanger): J'ai des
problèmes, madame. On vous rappelle à la pertinence du
débat s'il vous plaît.
Mme Blackburn: Et je le rappelle. On a laissé ce petit
article dans la Loi sur l'instruction publique qui prévoyait que si
l'enfant subissait des préjudices, on pourrait lui accorder une
dérogation à l'âge d'admission. L'usage quon en a fait,
c'est qu'on a considéré qu'il y avait 10 000 enfants qui
subissaient des préjudices au Québec, ça veut dire qu'on a
un problème, on a abusé. Alors, je dis, M. le Président,
par rapport à cette introduction, cette modification aux fins
d'introduire un terme beaucoup plus large qui laisse place à toutes les
interprétations et qui laisse place à un grand pouvoir
d'interprétation à cet organisme, moi je ne suis pas d'accord, je
ne suis pas d'accord et j'en fais une question de principe.
M. le Président, comment va être interprété
cet article? Comment y donner suite de façon appropriée, selon
l'appréciation qu'en fera la personne qui sera en train de
répondre à la demande, à cette corporation qui pourra,
selon son appréciation - et on sait les problèmes que ça
pose - prendre des décisions qui ne font pas toujours l'affaire des
personnes qui sont er. demande de services? Je dis qu'une telle
interprétation, j'aime qu'elle soit mieux encadrée, qu'on indique
les balises. Il n'y a pas de balises avec "de façon appropriée",
c'est n'importe quoi. "De façon appropriée", c'est à peu
près n'importe quoi et personne ne pourra vous dire: Écoutez,
mol, j'appelle pour avoir un service d'ambulances. Vous m'envoyez quelqu'un et
j'estime que ça n'a pas été fait de façon
appropriée. Le fardeau de la preuve m'appartient terriblement parce que
le gars qui est assis là, dans ma loi, moi, j'ai estimé que
c'était ça "de façon appropriée", mes balises, ce
sont les seules balises que j'ai.
M. le Président, on ne peut pas accepter, et l'expérience
le démontre, d'introduire dans un projet de loi des termes qui laissent
autant de souplesse, de marge de manoeuvre à une interprétation
possible du service, tantôt, qui va être offert. C'est un service
essentiel, les ambulances. Tout le monde le reconnaît et je ne vois pas
au nom de quelle logique on devrait laisser à une corporation, si bonne
soit-elle, si bien intentionnée soit-elle, la possibilité
d'interpréter à sa manière les services appropriés
à rendre. S'il fallait qu'on Interprète ça de la
même façon un peu partout dans notre système de
santé, notre système de services sociaux au Québec, on
aurait des problèmes. Je maintiens, M. le Président. qu'avec
l'interprétation que ce gouvernement a donnée à certains
articles de la loi qui mettaient un peu plus de souplesse, qui permettaiem un
peu plus d'interprétation, l'abus que ces gens en ont fait ne me donne
pas assez confiance pour commencer à leur donner cette largesse dans
cette loi.
Mais je retiens deux exemples précis la loi 101, où on dit
se donner une politique d'embauche et de promotion appropriée, ça
on a pu mettre n'importe quoi là-dedans parce qu'on n'a pas
Indiqué ce qui était approprié. On n'a pas défini
ce qui était approprié. Je pense qu'en matière
d'éducation, je l'ai rappelé, on a abusé, ça ne
s'est jamais vu au Québec avoir fait une telle interprétation
d'un petit pouvoir discrétionnaire qui est devenu une
généralité, du moment où l'intéressé
était capable de payer. Cela a été une façon de
donner des privilèges aux mieux nantis. (22 h 15)
Alors, il n'est pas vrai qu'il va falloir qu'on y repense.
Appropriée, c'est peut-être de la même façon qu'on a
fait, donner des privilèges à certaines personnes au
détriment d'autres. Je ne fais pas confiance à ce
gouvernement-là pour lui donner des marges de manoeuvre par un projet de
loi, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qui y a d'autres
interventions?
Mme Vermette: Je vais donner la chance au ministre de pouvoir
intervenir, s'il voulait intervenir.
Le Président (M. Bélanger): Si M. le ministre ne
désire pas intervenir.
M. Dutil: Oui, M. le Président, juste pour dire que les
exemples que j'ai donnés me semblent appropriés, quant a cette
question. Evidemment qu'il existe des règlements et des directives qui
balisent la façon dont le travail se fait pour qu'il soit de
qualité, nous sommes convaincus qu'au niveau de la loi et avec le nombre
de précédents que j'ai mentionnés, c'est vraiment la bonne
façon de l'écrire. Il n'y a rien là.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors je vois bien que
c'est dans la ligne de pensée du gouvernement de laisser des choses
floues, imprécises et qui laissent la place à
interprétation. Je comprends que le ministre avait bien raison de dire
qu'il ne pouvait pas déroger à la ligne du parti, à la
ligne de conduite du gouvernement.
Ce qui nous semble un petit peu inacceptable, c'est justement cette
notion-là de flou, de choses discrétionnaires sujettes à
interprétation qui laissent toutes les portes ouvertes à
n'importe quel genre d'interprétation. Cela est dangereux, quand on est
dans un gouvernement, parce que ça repose toujours sur les personnes qui
sont en place, qui sont titulaires d'un poste ou d'un ministère, et
c'est sujet à varier selon les personnes qui sont en place.
Donc, comme c'est sujet à interprétation,
toutes les latitudes et toutes les compréhensions peuvent
être explorées et être interprétées. A notre
avis, quand on parle d'un soin de santé, de qualité de soins
à une population donnée, on ne peut laisser à l'arbitraire
des interprétations, parce que... On revient souvent sur cette notion,
c'est toujours la population qui est prise en otage, dans des conditions de
cette nature, et c'est elle qui doit en faire les frais, qui doit pâtir,
parce qu'avant que les gens ne s'arrêtent pour comprendre vraiment la
nature de l'interprétation qu'on doit donner au sens des mots, c'est
vraiment les gens qui sont en place qui subissent les frais de ces
délibérations d'ordre intellectuel et juridique.
Et tout dépend du contexte. Comme on revient souvent dans des
contextes très ponctuels, ça devient des capacités de
l'État à payer, qui orientent bien plus les décisions que
le sens du bien commun. C'est dommage, parce que c'est le payeur de taxes
lui-même qui est toujours pénalisé et qui, comme tout bon
citoyen, n'a pratiquement pas de recours puisqu'il subit les lois qu'on
passe.
A notre avis, il est important, lorsqu'on fait des lois, qu'on ait en
tête le soin de protéger de la façon la plus
adéquate possible ce même payeur de taxes qui est le contribuable,
qui est le citoyen, sur lequel il a fait porter sa confiance, sur les femmes et
les hommes qu'il a élus à l'Assemblée nationale pour le
représenter.
Encore plus lorsqu'on est ministre, on a le devoir davantage de
maintenir les prérogatives qui l'aident à sa charge,
c'est-à-dire de faire en sorte que les lois soient les plus claires
possible et qu'elles ne laissent pas de place à la confusion et à
l'interprétation qui pourraient aller dans un sens qui laisse trop de
latitude ou qui pourraient même détériorer la nature
même d'un service pour lequel la population, surtout quand il est
question de santé, surtout quand il est question d'urgence... Parce que,
généralement, lorsqu'on en parle, on fait affaire à des
cas d'urgence où il n'y a pas place à l'improvisation, mais tout
doit être dans une structure bien donnée, avec un arbre de
décisions très claires, très précises, où
les gens peuvent intervenir dans un laps de temps le plus court possible, parce
qu'on sait que dans ce domaine-là, ce sont une question de minute et
c'est une question de vie. Une question de seconde, même. Voyez-vous,
même le ministre admet que ce n'est même plus les minutes qui
comptent, dans ce cas-là, c'est les secondes.
D'autant plus qu'il ne faut pas laisser tellement de place à
l'arbitraire, mais il faut savoir exactement prendre une décision la
plus appropriée possible, dans un court laps de temps.
Nous aimerions bien en arriver ici, dans un court laps de temps,
à un projet de loi précis, concis, qui réponde
réellement aux besoins et aux exigences que sont en droit d'attendre,
d'une part, la population et d'autre part, les personnes impliquées dans
ce projet de loi.
Alors, nous sommes d'accord avec des notions claires, précises,
des notions qui orientent correctement les gens, à savoir les
rôles respectifs de tous et chacun. C'est vrai quand on dit que chacun
sait bien ce qu'il doit faire, c'est là où exactement il n'y a
pas de confusion, il n'y a pas double emploi, il n'y a pas aussi de gens qui se
pilent sur les pieds, qui tournent en rond, comme on dit, et qui finalement ne
prennent pas de décision, parce que tout le monde a l'impression que
c'est tous et chacun qui a pris la décision et que les choses
essentielles qui devraient être faites ou qui auraient dû
être mises de l'avant n'ont pas été faites, parce que tout
le monde se fiait à ce qu'un autre ou l'autre devait ou pouvait le
faire.
A ce moment-là, je trouve que ça fait partie des devoirs
du ministre de mettre des balises très claires pour que les gens aient
une forme de contrôle qui permette de donner des statistiques qui nous
permettent de savoir où l'on s'en va, où l'on peut qualifier la
nature même du service, et d'avoir des unités de mesure à
partir desquelles on peut savoir exactement qui répond de quoi et de
quelle façon on pourrait améliorer ou orienter le service pour
donner un résultat optimal à la population et, dans ce cas-ci,
une population très vulnérable. Là, on laisse encore la
place à l'improvisation jusqu'à un certain point, à
l'arbitraire. On se dit: Bon, bien, on laisse aller les choses, et
généralement, c'est le sens commun qui l'emporte;
généralement, on va toujours dans le sens qui devrait faire appel
au bon sens. Mais, comme on dit que l'action actuelle est garante de l'avenir,
on peut avoir de fortes interrogations. On se dit qu'on n'a pas de garantie
pour l'avenir, actuellement, parce que la pratique d'usage fait qu'on a
beaucoup d'exemples qui nous permettent de voir que le gouvernement utilisa
toutes les portes nécessaires pour interpréter en sa faveur...
Finalement, ce qui arrive, c'est qu'on s'aperçoit que la règle
d'or du gouvernement - et je fais probablement abstraction du ministre - je
parle de la globalité du gouvernement, c'est de diviser pour
régner, c'est-à-dire qu'elle est de mettre les partis en
opposition; cela leur favorise le chemin. Il va du côté qui lui
donne le moins de troubles possible et se range finalement du côté
du plus fort.
C'est facile de gouverner de cette façon, comme on le sait fort
bien, on élimine les vagues, on élimine les conflits, mais,
finalement, ça fait une situation très artificielle, ça
fait une situation qui peut éclater du jour au lendemain, parce qu'on ne
sait pas où vont les courants. C'est très dangeureux, à ce
moment-là, d'avoir des effets de poudrière, à un moment
donné ça explose, et on se pose la question: mais, mon doux!
c'était évidemment prévisible. On a laissé aller
les choses, on a laissé place à l'interprétation et il y a
des gens qui, à un moment donné, se sont sentis
lésés par rapport à d'autres groupes de pression.
Finalement, cette bonne formule qu'on avait mise en application,
c'est-à-
dire diviser pour régner, fait en sorte qu'on en arrive à
un climat intolérable où les personnes se regardent comme des
chiens de faïence parce que tous ne peuvent pas trouver de moyen d'arriver
à une entente ou qui permettrait la concertation.
Quand on sait que, de plus en plus, on devra aller dans le sens de la
concertation, si on veut que nos institutions puissent fonctionner, si on veut
aussi que les différentes personnes en présence puissent
s'asseoir à une même table pour en arriver à prendre les
décision qui permettraient d'offrir de meilleurs services et d'avoir de
meilleurs résultats en ce qui concerne les prises de décision,
bien, ce n'est pas avec des lois aussi floues ou imprécises qu'on pourra
arriver à atteindre des objectifs supérieurs. Tout compte fait,
c'est la population elle-même qui sera la première
bénéficiaire. Donc, on laisse des trous, on laisse des situations
à l'interprétation, à l'arbitraire et ça laisse
aussi tout le monde, finalement, qui pourra se dire qu'on fonctionne selon une
façon appropriée, parce qu'on ne connaîtra pas
l'interprétation du mot "approprié". J'aimerais, M. le ministre,
que vous me donniez une explication sur le sens que vous donnez au mot
"approprié". À part du Petit Robert, évidemment,
j'aimerais avoir une définition beaucoup plus objective que
subjective.
M. Dutil: La députée de Marie-Victorin me demande
la définition du mot "appropriée" et elle vient me dire qu'elle
veut une définition objective, c'est-à-dire pas celle du Petit
Robert, mais la mienne.
Mme Vermette: Non, non, mais en fait, c'est parce que c'est une
question d'interprétation, M. le Président. Je faisais
référence au Petit Robert par rapport au ministre,
peut-être. Peut-être qu'il s'est pris pour un grand livre, mais en
tout cas, je ne sais pas cette référence. Je voulais avoir son
interprétation finalement. Quant à moi, oui, effectivement, je
voudrais aller vers une notion beaucoup plus globale. C'est ce que je lui
demande comme interprétation.
M. Dutil: M. le Président, j'ai expliqué ce que
voulait dire "de façon appropriée" en long et en large, tout
à l'heure. Je ne voudrais pas me répéter. Alors, je
réfère la députée de Marie-Victorin aux
galées de ce que j'ai dit tout à l'heure. (22 h 30)
Mme Vermette: Non pas parce que les propos du ministre ne m'ont
pas... mais ce n'était pas assez percutant, ou ils ne m'ont pas vraiment
assez... S'il y avait eu quelque chose d original comme formule ou quelque
chose qui tenait vraiment à la nature des propos en ce qui concerne le
mieux... j'aurais peut-être été prise, captée. Il
aurait capté toute mon attention M. le Président. Or, je trouve
cela un peu dommage que mon attention n'ait pas été captée
par ses propos. Probablement, encore une fois, cela devait être des
propos appropriés à son discours, mais cela ne devait pas
être des propos appropriés à la notion dont j'aurais
aimé entendre parler. C'est pour cela que je vous dis que cela laisse
toujours sujet à interprétation. C'est cela, quand on arrive avec
des termes imprécis, avec des propos imprécis. Comme on vit dans
un système de perception, tout le monde peut déduire que sa
façon de voir les choses est la plus appropriée. On devient
suggestif et surtout dans cette façon de voir les choses. Vous savez, on
pariait de territoire tantôt et chacun, selon son territoire
donné, pourrait interpréter les choses à sa façon,
selon sa compréhension des choses. Il y avait un côté
très important, soit la répartition des appels, qui était,
à mon avis, très important. Comment va-t-on savoir le genre
d'appels qu'on va recevoir, selon la nature, la gravité des cas? Quelle
sera finalement l'intervention à laquelle on devra faire face?
"Appropriée" ne le dit pas du tout. On n'a pas d'arbre de
décision dans cette notion. On ne sait pas du tout. Alors, les gens sont
devant des incertitudes encore là et c'est dans un domaine où les
gens ne peuvent pas travailler dans l'incertitude. C'est un endroit où
les gens doivent travailler avec des normes très précises, des
directives très précises, très claires pour avoir vraiment
une intervention la plus adéquate possible, la plus sécurisante
possible, d'une part, pour les intervenants et, d'autre part aussi, pour les
gens qui doivent recevoir le service. Là, encore une fois, on est devant
absolument rien. On laisse les gens à eux-mêmes. Ils feront leur
propre interprétation et chacun ira selon son bon vouloir, son bon sens,
selon sa bonne compréhension des choses. Mais encore là, on ne
sait pas de quelle façon cela sera fait. Il n'y aura pas de ligne de
conduite directrice. Il n'y aura pas de sens de continuité, finalement,
dans l'action. Cela ira selon les individus qui seront en place, selon
l'interprétation qu'ils en feront, selon ce que cela veut dire "d'une
façon appropriée" pour chacun. Pour avoir travaillé dans
le milieu, je sais qu'il y a plusieurs façons. Chacun peut dire qu'il a
une façon appropriée de le faire, c'est-à-dire que chacun
développe sa propre technique de travail, sa propre technique
d'approche, sa propre technique d'intervention. Il pourra y avoir autant de
façons appropriées qu'il y aura d'individus. Cela deviendra tout
simplement une façon très arbitraire. Actuellement, ces gens
étaient habitués de travailler avec un système de
répartition qui était très important. Ils étaient
habitués de travailler avec des orientations très claires et
très précises. Là, on leur enlève cette
sécurité, cette notion qu'ils avaient de pouvoir travailler avec
des lignes de conduite très claires et très précises. Je
trouve cela inacceptable, M. le Président, que le ministre
s'enlève une occasion de pouvoir contrôler son service, qu'il
laisse une fois de plus à l'arbitraire un service qui, hors de tout
doute dans notre esprit, devrait être bien balisé, bien
organisé, bien normalisé
pour faire en sorte que les gens aient les directives les plus
précises, les plus claires qui font que cela sécurise tout le
monde et que les personnes qui reçoivent le service sentent qu'ils sont
entre des mains de gens qui, hors de tout doute, ont ce qu'il faut pour
répondre au moment donné et apportent les solutions
adéquates. Là-dedans, il n'y a absolument rien qui nous laisse
croire, en tout cas, ou présager que la qualité des services
pourra être aussi importante dans l'esprit des gens qu'elle l'est
actuellement. Cela veut dire quoi, approprié? Est-ce que c'est
approprié par rapport à l'administration ou si c'est
approprié par rapport à la qualité du service? On ne le
sait pas. C'est approprié et n'importe qui peut vous dire: Dans les
circonstances données, selon les moyens du bord et avec ce qu'on avait,
c'est un service approprié. Donc, on ne va pas plus loin que cela dans
cette notion-là. C'est dangereux, à mon avis, parce qu'on ne
pourra jamais dire à quelqu'un qu'il a agi de mauvaise foi parce qu'on
reste avec cette notion floue "de façon appropriée" et chacun
pourra dire: Les gens auront donné un service approprié vu les
situations dans lesquelles ils auront à travailler, qu'ils auront
à faire face ou à envisager. Que le ministre, à un moment
donné, décide de couper ses budgets, les gens diront: On donne ce
service-là, c'est un service approprié. On nous a coupé
les budgets dans ce domaine-là et, finalement, c'est tout ce qu'il nous
reste et nous autres, qu'est-ce que vous voulez, on va avoir moins de gens
parce qu'il nous faut arriver là-dedans, moins de personnes qui vont
travailler ou bien moins de gens à la répartition des appels.
Donc, ce qui fait que, finalement, le service sera approprié parce qu'il
sera approprié selon les circonstances. Alors, on n'a aucune garantie,
à mon avis, et je trouve que pour ces raisons, M. le Président,
j'aimerais apporter des précisions et je vais présenter un
sous-amendement à l'amendement.
Une voix: Une définition d'approprié comme
sous-amendement.
Mme Vermette: II faut clarifier, être précis. M. le
Président, j'aimerais apporter comme sous-amendement, après les
mots "de façon appropriée" le mot "rapide". De façon
appropriée et rapide. C'est déjà un commencement. C'est
très important.
Le Président (M. Bélanger): Vous l'avez par
écrit?
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Parce qu'un service
d'ambulances d'habitude c'est rapide.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: De façon rapide et appropriée. M. le
Président, je veux bien croire que de l'autre côté on
puisse rire. Je mets cela sur le compte de l'heure, il est 22 h 30.
Habituellement, on finit à 22 heures.
Le Président (M. Bélanger): Donc, le
sous-amendement, Mme la députée de Marie-Victorin, au paragraphe
3. On ne s'arrêtera pas sur la forme, on va y aller sur le fond.
Insérer dans la dernière ligne du paragraphe 3 après les
mots "de façon" les mots "rapides et...
Mme Vermette: Appropriée et rapide.
M. Claveau: De façon rapide et appropriée.
Le Président (M. Bélanger): Non, c'est écrit
"de façon" et après cela les mots "rapide et...
M. Claveau: Introduire après "de façon"...
M. Dutil: "Rapide et" et après cela on laisse
"appropriée". C'est facile à comprendre, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je suis d'accord que
c'est facile. C'est parce que ce n'est pas ce qui est écrit.
M. Claveau: C'est ce qui est écrit, M. le
Président.
M. Dutil: Disons que c'est un sous-amendement qui a
été fait un peu rapidement.
Ni. Claveau: M. le Président, pour le sous-amendement
c'est écrit: Introduire après "de façon" rapide... "De
façon" là...
Le Président (M. Bélanger): Les mots "rapide
et".
M. Claveau: Introduire les mots "rapide et". Alors, cela se lit
"de façon rapide et appropriée".
Le Président (M. Bélanger): D'accord. C'est parce
qu'on avait mis des guillemets là où il ne fallait pas en
mettre.
Mme Vermette: II ne faudrait pas trop mettre de guillemets, M. le
Président, vous allez avoir du mal à vous retrouver.
Le Président (M. Bélanger): Je vais juste en
enlever, cela va nous permettre de le comprendre parce qu'il y en avait un
petit peu partout. Il est recevable.
Mme Vermette: C'est recevable? Le Président (M.
Bélanger): Oui.
Mme Vermette: Je le savais, M. le Président, que cela
devait être recevable. Alors, de
toute façon, tantôt on riait parce que...
M. Dutil: M. le Président, son temps court quand elle boit
de l'eau.
Mme Vermette: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Comment vous dites?
Mme Vermette: Ils sont en train de comptabiliser le temps.
M. Dutil: Je dis: Son temps court rapidement.
Le Président (M. Bélanger): C'est le temps de
parole de la députée de Marie-Vicîorin effectivement.
Mme Vermette: Oui, M. le Président, j'entendais rire
tantôt lorsque je voulais apporter ce sous-amendement qui apportait la
notion de rapidité qui est, à mon avis, un des
éléments essentiels à un service d'urgence qui
répond à des situations dramatiques dans plusieurs cas, puisque
ces gens doivent aller sur les lieux d'un accident ou à une
résidence donnée parce que les gens ont subi un accident ou une
perte de leur état qui étaient dans une situation stable. Ces
gens doivent subir une intervention rapidement. Tantôt, le ministre me
faisait remarquer que ce n'est même pas une question de minutes, mais une
question de secondes, une question de souffle de vie. Effectivement, c'est
vrai. Je le disais tantôt dans mon argumentation, cette notion de
rapidité n'était pas vraiment très claire. Tout le monde
pourrait vous dire; Écoutez, cela pourrait me prendre trois quarts
d'heure à répondre, je n'ai pas plus d'ambulances que cela, ou
bien, personne ne peut donner le service. Dans ce cas, c'est un service
excessivement approprié d'attendre trois quarts d'haure compte tenu de
la situation. Quand on a une notion de rapidité, à mon avis, cela
devient beaucoup plus clair. Cela veut dire que les gens doivent
répondre à l'un des critères, la qualité du
service, c'est-à-dire la rapidité du service, et cela devient de
la précision. À mon avis, cest l'une des choses les plus
importantes quand on veut donner un service de qualité.
Évidemment, il faut avoir des techniciens compétents qui puissent
donner un service de qualité et rapide. La rapidité et la
qualité peuvent aller de pair lorsqu'on a reçu la formation
adéquate, toutes les notions et les connaissances nécessaires
pour l'intervention. il est essentiel de bonifier cet article par le
sous-amendement que j'ai apporté. Je suis en train de faire la
démonstration et je crois que c'est important pour que... La population
est en droit d'exiger une réponse rapide à ses besoins. Souvent,
on a vu des cas d'accident. Ce n'est pas l'une des scènes que j'aime le
plus regarder.
Vous voyez dans quel état de panique sont les gens. On dit: II y
différents soins à donner à ces personnes qui sont en
état de choc. Quand les gens sont en état de choc, il faut
absolument avoir des éléments de base qui permettent de limiter
les dégâts. C'est dans ce sens qu'on arrive avec cette notion de
rapidité afin d'éliminer les dégâts. Dans ma
tête, quand je parle de rapidité, je fais déjà appel
à des notions de qualité de service. J'ose espérer, en
tout cas, qu'on aura ces notions de qualité de service, que les
intervenants pourront donner un service rapide et de qualité.
Cette notion, je la reprends et je la remets en évidence. De cela
dépend si une personne pourra, dans certains cas, survivre et, dans
d'autres cas, si on pourra limiter les dégâts, amoindrir les
séquelles d'un accident ou sécuriser tout simplement les gens.
Les individus auront besoin de support; soit les réchauffer, soit
finalement leur apporter cette notion très importante de
sécurité dans des situations de détresse ou de panique
parce qu'un équilibre a été rompu par un
événement brusque qu'on appelle un accident. Toutes ces
interventions doivent être à ce moment-là vraiment claires.
Et quand on veut intervenir d'une façon rapide, il faut savoir sur quoi
on va réagir. C'est pourquoi je me dis, d'une part, lorsque je parlais
de façon appropriée, qu'elle a besoin d'être de plus en
plus précisée. On peut ajouter des qualificatifs à cette
précision. L'un de ces qualificatifs, c'est la notion de
rapidité. Il peut y en avoir d'autres, j'en conviens et je ne voudrais
pas ne me limiter qu'à cette qualité. On peut en ajouter d'autres
qualités. Je suis d'accord pour dire que c'est très restrictif
que de ne se limiter qu'à cette notion de rapidité. Mais, par
contre, je suis d'accord pour dire que c'est un bon élément de
départ pour préciser la nature même du service dans lequel
on veut donner un peu plus de précision par rapport à cette
imprécision, cette grande interprétation du mot
"approprié".
Comme il faut commencer quelque part, commençons par le mot
"rapide". Nous savons à quel point est essentielle une intervention de
cette nature pour maintenir leur intégrité dans l'état
dans lequel ils se trouvent et essayer de les maintenir dans un état
d'équilibre relatif par rapport à leur état de
santé.
Donc, M. le Président, je trouve que le ministre devrait accepter
ce sous-amendement parce que ça vient un peu l'aider, dans cette
définition floue, à donner un peu plus de balises, à
donner un peu plus de compréhension par rapport au mot
"approprié", à donner une interprétation. Et, pourquoi pas
en même temps avec le mot "rapide" lui apporter finalement les
interventions qui devront sous tendre ce mot "rapide"? C'est-à-dire que,
bon, on dit: Dans telle intervention, il faut telle chose pour agir rapidement.
Qu'est-ce que ça veut dire "être rapide" par rapport à quel
cas, selon la lourdeur de la clientèle? Je suis d'accord que dans
certaines situations... Déjà les gens qui sont
habitués à agir rapidement, il ne faudrait pas laisser cette
interprétation aller selon leur désir et selon leur
disponibilité. Je pense que ce n'est pas seulement sur une question des
gens qui sont en place mais c'est beaucoup plus une question au niveau de la
situation que les gens doivent subir par rapport à un état
donné. Et c'est plus ça qui est... Quant à moi, c'est la
notion du service à donner, la qualité du service à donner
à une population qui est en droit de recevoir les meilleurs soins requis
dans une situation dramatique qui nécessite le plus rapidement possible
une intervention qui assure un bon état de santé,
l'intégrité de leur état... Cela fait toute la
différence par une action rapide et qui permettra peut-être
d'avoir des chances de survie et d'avoir des chances de récupérer
le plus rapidement possible dans leur état de santé, dans leur
intégrité de santé.
Et c'est pourquoi, quant à moi j'invite le ministre à
abonder dans le sens de notre sous-amendement et faire en sorte que si ce n'est
pas suffisant le mot "rapide" on peut en ajouter quelques autres et lui faire
plusieurs autres suggestions parce que, quant à moi, cette notion "de
façon appropriée" reste tout à fait floue, tout à
fait imprécise. Et on joue bien notre rôle d'Opposition en voulant
aider le gouvernement, en lui apportant des balises qui pourraient faire en
sorte que, hors de tout doute, les gens, la population et les intervenants
mêmes, parce que c'est important pour les intervenants aussi, c'est
sécurisant pour les gens quand on travaille dans un milieu donné,
de savoir exactement ce qu'on doit faire, quel est le temps nécessaire
pour intervenir, que veut dire la notion de rapidité par rapport
à une situation donnée... Ce sont tous des éléments
importants pour qu'on puisse justement avoir une qualité de service, une
qualité d'intervention. C'est tout à l'avantage du ministre
qu'actuellement nos interventions sont déployées surtout à
cette heure-ci de la soirée pour permettre justement au ministre de
comprendre son rôle et qu'il puisse être plus précis. On ne
voudrait pas qu'on lui dise, tout compte fait, qu'on a mal joué notre
rôle, que si on lui avait donné un peu plus d'aide il aurait pu
avoir une loi beaucoup plus adéquate, plus précise. C'est
pourquoi on intervient aussi souvent et avec une... Oui, vraiment dans un
esprit de collégialité pour aider le ministre dans son projet de
loi, parce qu'on voit bien qu'actuellement il y a des trous et qu'il faut
vraiment trouver des moyens d'arriver le plus possible à répondre
et à trouver la situation la plus adéquate autant pour les
intervenants que pour les gens qui voudront à un moment donné
être propriétaires... ou les gens qui doivent recevoir le service.
Nous nous empressons, avec nos sous-amendements et nos amendements, de lui
apporter des éléments les plus favorables pour faire en sorte que
son projet de loi réponde aux attentes de tous les gens
concernés.
C'est dans un esprit vraiment de collaboration qu'on apporte ces
amendements et ces sous-amendements. Donc, j'espère que le ministre
appréciera le sous-amendement qu'on vient de déposer et que, mon
doux! il pourra aller dans ce sens et qu'il donnera son aval à nos
sous-amendements. (22 h 45)
M. Dutil: Oui, je fais ma réplique et je vous passe la
parole. D'accord.
M. Leclerc: M. le Président, la députée de
Marie-Victorin n'a aucune considération pour ceux et celles qui ont la
tâche ingrate de transcrire nos débats. Elle fait des phrases de
cinq minutes, 1000 mots, 64 subordonnées. Je voudrais dire que je
sympathise avec ceux et celles qui auront la tâche de transcrire ce
texte.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Est-ce que vous pourriez revenir au débat?
Mme Vermette: M. le Président, j'aimerais bien... par
contre, si mes phrases sont longues, avec beaucoup de mots, je dois avoir
beaucoup de vocabulaire. J'en remercie le député de l'autre
côté. J'aimerais aussi entendre le député parce que,
depuis le début de la commission, il est toujours présent, mais
on ne l'a jamais entendu parler si ce n'est que pour relever des choses de
forme. Quant au fond, M. le Président, ce serait très important
qu'il se prononce...
M. Dutil: Je croyais, M. le Président...
Mme Vermette: Nous pourrions apprécier en tout cas la
qualité de ses interventions sur le fond...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, M. le
ministre! On va laisser Mme la députée de Marie-Victorin
terminer.
M. Dutil: Elle a fini son temps, elle?
Mme Vermette:... et ce serait très inté-resant.
Le Président (M. Bélanger): Combien de temps
reste-t-il à Mme la députée de Marie-Victorin? M. le
ministre, votre réplique.
M. Dutil: M. le Président, je vous dis honnêtement
que je suis en admiration devant la députée de
Marie-Victorin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dutil: Je trouve un peu déplorable que ses
collègues l'aient laissée, elle, toute seule, parler pendant 40
minutes, surtout sur un amendement aussi simple et aussi difficile. Imaginez!
Parler pendant 20 minutes après avoir déjà parlé
pendant 20 minutes sur "et rapide"
alors qu'on a écrit "approprié" et que tout le monde sait
très bien que "approprié", implicitement, inclut les
qualités de la réponse. On est dans un système d'urgence.
On a tous compris que, dans un système d'urgence, ça incluait le
mot "rapide". Ce n'est pas nécessaire de voter, d'ajouter le mot
"rapide" quand c'est écrit "approprié". M. le Président,
je demande à la commission de battre ce sous-amendement inutile et
implicite.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Dans les exemples que j'ai cités tout
à l'heure, il semblait implicite que "approprié" en
matière d'application d'une politique touchant la langue, ça ne
devait pas comprendre qu'il n'y avait pas de politique. C'est un exemple que le
ministre nous citait tout à l'heure pour dire que "approprié"
était utilisé dans plusieurs lois québécoises. Je
trouve que l'utilisation qu'on en a fait dans le cas que je viens de citer a
dépassé largement ce que le sens commun entendait.
"Approprié" est devenu complètement inapproprié, parce que
ça ne s'est pas appliqué ou, quand ça s'est
appliqué, ça a laissé place à tous les laxismes
possibles. Alors, n'allez pas me dire que c'est suffisant. Que
"approprié" en services ambulanciers inclut implicitement la
rapidité, je crois que ça relèverait normalement du sens
commun. Il faut voir comment les services sont rendus au moment où on
commence à faire un peu de grève du zèle. Et
"rapidité et appropriée", ça ne va plus tout à fait
ensemble, et vous le savez très bien. Pourquoi inclure "rapidité"
de façon à définir un peu mieux la portée de
"approprié"? Parce que nous savons tous - j'espère au moins que
le ministre le sait, je ne connais pas la profondeur, la connaissance intime ou
non qu'il peut avoir des systèmes ambulanciers au Québec - et
tous ceux qui ont travaillé dans ce service-là savent qu'il y a
un rapport direct entre la rapidité de l'intervention et
l'efficacité des traitements qui suivront. C'est directement
proportionne! et chaque minute compte dans ce service-là. Selon que vous
répondez qu'il y a un décalage à cause d'un embouteillage,
à cause d'un détournement vers un autre centre hospitalier, on
diminue les chances de succès de l'entreprise quand or, ne menace pas la
vie de la personne même. Et la rapidité... ce n'est pas gratuit,
introduire "rapidité" lorsqu'on parle d'un service ambulancier. Si
j'étais à la place du ministre, plutôt que d'en rire un peu
et dire: Écoutez, c'est implicite dans "approprié", je pense
qu'il devrait plutôt réfléchir à quels seraient les
vocables, quels seraient les qualificatifs qu'on pourrait ajouter au terme
"approprié" pour lui donner un peu plus de consistance, un peu plus de
valeur, pour aider à l'interprétation qu'on pourra tantôt
en faire dans les services. Pour moi, le terme "rapidité" n'est pas
superflu lorsqu'on parle de services ambulanciers. Il n'est d'autant pas
superflu lorsqu'on parle de services ambulanciers quand le ministre veut, pour
sa part, se contenter d'un terme aussi vague et aussi large qui laisse place
à autant d'interprétations que celui de "approprié".
"Approprié", comme le signalait tout à fait avec beaucoup de
Justesse, la députée de Marie-Victorin, cela peut être
approprié selon les ressources qu'on veut bien y mettre. Cela peut
être approprié selon que vous avez réussi à faire
rentrer tous vos techniciens. Cela peut être approprié selon ce
que l'administration estime être approprié. Je suis loin
d'être convaincue qu'on pourra avoir un service aussi approprié
dans l'est de Montréal que dans l'ouest, par exemple. Tout à
coup, on sait très bien qu'il y en a que pour un service
approprié, ils sont un peu plus exigeants, d'autres ont moins de voix
dans ces systèmes-là et on le sait tous, pas parce que je
critique les techniciens ambulanciers, ou que je critique la vigilance avec
laquelle on pourra assurer un certain service, non pas ceux qui y vont, mais
ceux qui passent les commandes, selon qu'on s'adresse au West Island ou que
cela fait cinq fois qu'on est appelé dans Saint-Henri ou dans
Maisonneuve-Rosemont. II n'est pas certain que la corporation soit aussi
vigilante dans un cas comme dans l'autre. "Service approprié", ce n'est
pas vrai que je trouve que c'est suffisant. Je pense que le ministre devrait
faire un travail un peu plus sérieux là-dessus, on pourrait
peut-être suspendre, car il nous reste dix minutes pour ce soir. Ce n'est
pas gros, mais cela suffirait peut-être pour lui faire faire sa
réflexion.
Il faut se demander comment on ne pourrait pas qualifier un peu le terme
"approprié", de manière que cela permette une
interprétation des mesures et des régies qui seront
adoptées pour offrir ce genre de services. Répondre de
façon appropriée et rapide, c'est un minimum, mais on pourrait
voir jusqu'à quel point on pourrait ajouter au terme "approprié",
de manière à un peu baliser l'interprétation qui pourrait
en être faite tantôt par la corporation.
Lorsque le ministre essaie de me faire dire, comme il l'a fait tout
à l'heure, des choses que je n'ai pas dites, en prétendant que
j'accusais les techniciens ambulanciers de la région de Chicoutimi
d'avoir fait une grève du zèle un peu sauvage en ne donnant pas
les services requis, ce que je dis... parce qu'il m'a dit: "Écoutez, les
accusations que la députée de Chicoutimi portent à
l'endroit des techniciens ambulanciers de Chicoutimi sont graves", je n'ai
jamais dit qu'ils avaient menacé la vie des gens, qu'ils avaient mis la
vie des gens en danger, mais tout le monde le sait et le sait pertinemment
qu'à un moment donné, on était un peu moins vite sur la
pédale. Cela s'est fait un peu partout au Québec. Ce n'est pas
une accusation gratuite, c'est simplement que la réaction était
peut-être un
petit peu plus lente. Quand je dis que le terme "approprié" n'est
pas suffisant, non pas parce que les techniciens ambulanciers ne se rendront
pas plus vite, mais parce qu'il peut très bien y avoir des directives
qui visent à servir un peu mieux certains quartiers par rapport à
d'autres, parce que les critiques sont plus facilement reçues selon que
vous avez les moyens de les faire passer, selon que vous avez plus ou moins de
voix. Alors, ce que je dis au ministre: S'il veut faire un travail
sérieux, peut-être qu'il veut être perçu, par rapport
à la législation québécoise, comme quelqu'un qui a
fait un travail sérieux plutôt que comme quelqu'un qui a
"butché" son travail, une façon de faire un travail
sérieux là-dessus, ce serait peut-être de qualifier un peu
plus et un peu mieux le terme "approprié", de "façon
appropriée", de manière à mieux faire comprendre
l'intention du législateur, mieux interpréter la loi en cette
matière, mieux faire comprendre à ceux qui auront à
l'appliquer comment on devrait interpréter le terme
"approprié".
M. le Président, je pense bien que les termes "rapide" et
"approprié", dans les circonstances, ne m'apparaissent pas superflus
parce que lorsqu'on parle de services d'urgence, je le rappelle, la
rapidité d'exécution, la rapidité avec laquelle on se rend
sur les lieux, le plus souvent quand on peut ne pas détourner - parce
que c'est engorgé dans le domaine des ambulances, les services d'urgence
à Montréal, on le sait, on sait également les effets que
cela a sur les personnes, sur les patients lorsqu'on est obligé de
détourner les ambulances vers d'autres services hospitaliers - on sait
les effets que cela a sur la capacité de récupérer des
personnes qui sont en état de choc, que ce soit pour des arrêts
cardiaques, pour des problèmes de santé ou à la suite d'un
accident. On sait déjà qu'en raison de l'engorgement des salles
d'urgence dans la région de Montréal, ce qui devait être
corrigé dans les six mois après que ce gouvernement serait au
pouvoir, c'est, semble-t-il, une médecine de guerre permanente. On sait
que cela a des effets directs sur les patients qui se voient
détournés vers d'autres centres hospitaliers parce qu'incapables
d'être admis dans des services d'urgence, je pense en particulier
à l'hôpital du Sacré-Coeur de Montréal. Je ne pense
pas que ce soit superflu d'indiquer que les services doivent être
assurés rapidement. Je veux accepter "approprié" également
dans ce sens-là, du moment où il est enrichi, cela pourrait
peut-être faciliter l'interprétation.
M. Outil: La députée de Chicoutimi a dit que le mot
"rapide" était inclus dans "approprié"; quant à moi, je
vais plus loin, je dis que "rapide" est inclus dans "approprié" et qu'il
n'est donc pas nécessaire de l'ajouter.
M. Claveau: Est-ce que le mot "lent" pourrait être inclus
aussi dans "approprié"?
M. Dutil: Le mot "lent" devrait être inclus dans la
qualification que l'on pourrait donner à nos travaux, mais pas dans le
texte de loi.
Une voix: Pas lent, arrêté.
M. Claveau: Si je comprends bien le ministre, nos travaux ne sont
pas appropriés.
M. Dutil: À mon avis, effectivement... Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Dutil:... ne se déroulent pas d'une façon
appropriée.
M. Claveau: D'accord, c'est l'avis du ministre d'ailleurs.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi, s'il vous plaît.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Blackburn: "Approprié" est un terme très
subjectif, c'est approprié, selon... Si vous regardez à nouveau
les exemples fournis dans le dictionnaire, cela vous met en situation. Vous
mettre en situation pour bien comprendre le terme "approprié", c'est en
situation 1, par rapport aux effectifs que vous avez sur place, à la
disponibilité, aux directives de l'administration, à la
qualité des équipements. C'est approprié selon la
situation qui peut être variable du moment où la corporation n'a
pas d'idée plus précise, d'exigence j'allais dire, parce que
"rapide", c'est une exigence; "approprié", cela laisse place à
toutes les interprétations. Mais le mot "rapide" qualifie,
établit une exigence. Que le ministre vienne me dire que "rapide" est
inclus dans "approprié", comme dirait mon collègue d'Ungava, il
faudrait peut-être voir que "lent-est peut-être aussi dans
"approprié", parce qu'il y a peut-être des moments où il
faudrait que ce soit lent ou que ce le sera fatalement lorsqu'on sera dans le
trafic. Je veux dire que "rapide" n'est pas superflu, à mon avis, ce qui
laisse place à toutes les interprétations, ce qui est
extrêmement subjectif. Le terme "approprié" est subjectif; ce qui
peut m'apparaître approprié, peut ne pas le paraître pour le
ministre, par exemple. Ce qui peut apparaître approprié pour
quelqu'un qui demande un service, il se peut bien que l'interprétation
qu'on en fasse serait de dire: Ce n'est pas approprié. Cela laisse place
à presque toutes les interprétations. Il me semble que, de
qualifier un peu, ce qui est approprié en la circonstance,
c'est-à-dire un service d'ambulance, qu'il soit rapide, ce n'est pas
superflu.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
ministre.
M. Dutil: M. le Président, on nous a apporté
beaucoup d'arguments qui, pour ma part, ne m'ont pas convaincu. Est-ce que les
autres membres de la commission ont été convaincus de
l'argumentation qui a été apportée? Il faudrait voir mais,
à mon avis, on devrait rejeter cet amendement et l'adopter tel qu'il a
été présenté, parce que c'est approprié de
le faire ainsi.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Le ministre est dur à convaincre. Il faut
aussi situer la portée de l'article, savoir ce à quoi on fait
référence quand on parle de ce paragraphe et, encore là,
cela fait aussi référence à toutes les supercheries dont
on a parlé antérieurement, quant à la mécanique
d'apporter un article de loi et de le négocier. Est-ce que "supercherie"
est antiparlementaire?
Une voix: Non.
Le Président (M. Bélanger): On ne s'arrêtera
pas sur le sexe des oiseaux. Vous pouvez continuer, s'il vous plaît.
Mme Blackburn: On dit: le sexe des anges; celui des oiseaux,
c'est connu.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Vous m'expliquerez
comment vous faites, vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dutil: Elle les prend au vol.
Le Président (M. Bélanger): Comme il est 23 heures,
la commission ajourne ses travaux jusqu'à 9 heures demain matin.
Merci.
(Fin de la séance à 22 h 56)