Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit aux fins de
procéder à une interpellation, une question soulevée par
la députée de Chicoutimi à la ministre de la Santé
et des Services sociaux, à savoir: L'absence d'une véritable
politique de la santé au Québec.
On connaît un peu les règles de procédure. Je pense
que, de part et d'autre, on a un peu l'habitude des interpellations. Nous
allons donc nous en tenir à une gestion stricte du temps pour
éviter les débordements.
La première intervenante est Mme la députée de
Chicoutimi qui a droit à dix minutes. Mme la députée, je
vous en prie.
Exposé du sujet Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Il nous a paru
opportun de faire un peu la lumière quant aux intentions de la ministre,
à savoir de donner suite ou non aux recommandations du rapport Rochon.
Le 12 octobre dernier, au moment où on examinait des engagements
financiers, la ministre m'a dit et je cite: "Je pense que je ne favoriserais
pas un livre blanc pour éviter l'écueil de la consultation. La
consultation pourrait être faite, mais sur des modifications
législatives. " Vous retrouvez cela dans la retranscription des
débats de la commission chargée de l'étude des engagements
financiers.
D'abord, il faut rappeler un certain nombre d'événements
et d'éléments qui militent en faveur du dépôt d'un
livre blanc sur une politique de la santé au Québec, et qui
illustrent comment la ministre est en train de se défiler dans ce
dossier.
Le rapport Rochon semble vouloir être tabletté, alors que
la ministre garde sous la main le rapport Gobeil. La ministre a en main tous
les éléments qui lui permettent de prendre une décision
éclairée sur les principales orientations qui devraient
être retenues dans une politique de santé au Québec. Elle a
le rapport d'une commission qui a travaillé pendant deux ans et demi
pour examiner la situation et qui nous a coûté plus de 6 000 000
$. Se sont ajoutés à cela les coûts et les contenus,
évidemment, les rapports de six comités qu'elle a
créés, entre autres, parce que je sais qu'il y en a davantage. En
particulier, ces comités ont travaillé sur les soins infirmiers,
sur la violence faite aux personnes âgées, sur les mandats des
DSC, des CLSC. Au total, il y en a six. À cela, j'ajouterais - ce qui
n'est pas mineur - que le Parti libéral, en campagne électorale,
dans son programme électoral, annonce l'établissement d'une
politique québécoise de la santé. Si la ministre se
rappelle bien, au moment où cette proposition était entrée
au cahier des propositions, en mars 1985, elle disait que c'était la
seule façon d'avoir une vision ou une approche intégrée de
la santé au Québec pour favoriser la recherche d'un consensus
entre les divers intervenants autour des priorités qui seraient
établies dans une politique québécoise de la santé
et des services sociaux. Cette proposition qui avait été suivie
de la création d'un comité de la commission Rochon avait fait
dire à certains observateurs que le Parti québécois, alors
au gouvernement, avait repris une idée de l'Opposition qui était
représentée par l'actuelle ministre de la Santé et des
Services sociaux... Donc, il y a - je dis bien - une volonté, nous
semblait-il, gouvernementale, à tout le moins le Parti libéral,
qui aurait dû se traduire dans une volonté gouvernementale de se
donner une politique québécoise de la santé au
Québec. Les recommandations du rapport Rochon constituent un consensus
national tant sur l'évaluation de la situation que sur les solutions et
les moyens pour corriger et améliorer la situation dans les services de
santé et les services sociaux.
La ministre nous a dit: J'ai l'intention de déposer des
orientations ministérielles. En gros, ce qu'on sait des orientations
ministérielles, il s'agirait de modifications à la composition
des conseils d'administration des différents établissements de
santé au Québec, quelque 950. Je ne vois pas là des
éléments d'une politique de santé au Québec. La
décentralisation et des projets pilotes dans deux régions, on
parle de l'Outaouais et de l'Estrie, ce n'est pas là non plus
très révélateur de ce qui pourrait se passer si on allait
en projet pilote ou en expérience pilote dans des régions comme
l'Abitibi, le Saguenay ou la Côte-Nord, parce qu'on sait que
déménager des gens, déménager des fonctionnaires en
Estrie, cela se fait; mais déménager des fonctionnaires en
Abitibi, à Gaspé, c'est moins facile. On ne peut pas se contenter
de mesures à la pièce actuellement. C'est pourquoi les groupes
réclament, et la ministre est mieux placée que moi pour le
savoir, le dépôt d'un livre blanc et une consultation sur les
orientations de ce gouvernement en matière de santé et de
services sociaux. La CSN s'est prononcée, la FTQ s'est prononcée,
la Fédération des infirmiers et des infirmières du
Québec s'est prononcée, les cercles de fermières se sont
prononcés. Et je sais que les personnes de l'âge d'or ont
annoncé plus particulièrement sur le maintien à domicile
qu'elles mèneraient une dure bataille à la ministre si elle
devait porter atteinte à la gratuité aux services de maintien
à domicile.
Pourquoi un livre blanc? Pourquoi une
politique québécoise plutôt que des orientations
ministérielles? Une politique québécoise engage tout le
gouvernement, une politique québécoise intersectorielle peut
aussi engager d'autres ministères; une politique
québécoise engage de façon certaine un gouvernement
à investir pour réaliser la politique qu'il met sur la table,
tandis que s'il s'agit d'orientations ministérielles, la ministre sera
Invitée à réaménager ses budgets de manière
à réaliser ses engagements et des orientations
ministérielles n'engagent en rien les autres ministères. Une
approche globale de la santé, cela tient compte, non pas seulement d'un
symptôme d'une maladie, mais de la personne dans sa totalité. Les
nouveaux-nés de faible poids ne se résument pas à des
oeufs et du lait, cela naît dans des logements insalubres, d'une
mère qui vit en dessous du seuil de la pauvreté, qui
connaît mal et qui utilise mal les services de santé et les
services sociaux. Cela appelle des interventions dans les différents
ministères. Une politique de santé et de bien-être doit
tenir compte de ces différents éléments.
La population est inquiète. J'ai fait le tour des principaux
intervenants, tous ceux qui sont le plus près des services de
santé et des services sociaux au Québec. L'inquiétude est
la même partout: on ne sait pas où la ministre s'en va. La
privatisation semble être devenue une réalité de plus en
plus présente dans les services sociaux et les services de santé
et le rapport Gobeil est beaucoup plus proche de la ministre qu'elle ne semble
vouloir le dire, parce qu'elle reste muette sur certaines situations qui
mènent directement à la privatisation actuellement. J'aurai
l'occasion d'y revenir.
Le rapport Rochon proposait une approche plus intégrée
qui, particulièrement - c'est ce que j'ai retenu - devait réduire
les inéquités entre le partage des ressources entre les
régions et les inégalités quant à l'accès
à la santé au Québec. On sait qu'il y a un rapport direct
entre la maladie, le mauvais état de santé et la pauvreté.
La ministre connaît très bien ces chiffres-là et c'est
pourquoi on a besoin d'une politique intégrée de santé au
Québec. Que la santé soit reconnue comme étant un droit et
non pas un privilège réservé à une classe qui est,
il faut le dire clairement, une classe de privilégiés dont on
continue à accroître les privilèges dans un gouvernement
plus tenté de servir sa clientèle, c'est-à-dire ceux qui
sont à l'ouest de Montréal, que ceux qui se retrouvent à
l'est.
En matière de santé au Québec, c'est connu, ce ne
sont pas des interventions à la pièce dont on a besoin, ce sont
des interventions qui prennent en compte l'ensemble du problème et qui
dépassent largement l'exclusif ministère de la Santé.
La population s'inquiète, parce qu'il y a un glissement, il y a
un désengagement de l'État et la ministre est restée
silencieuse, plus particulièrement à la suite de la
décision du jugement de la cour sur le CLSC Katéri, en ce sens
qu'il pourrait imposer des frais pour le maintien à domicile. Elle s'est
associée à des activités qui en sont essentiellement des
activités de privatisation; j'y reviendrai.
La ministre dit: Je veux éviter l'écueil d'une
consultation générale là-dessus. Je pense qu'elle s'ouvre
un piège. J'aborde brièvement la question actuellement à
l'ordre du jour, la menace que ferait courir le libre-échange à
nos programmes de santé et de services sociaux au Québec.
J'ai été étonnée, comme vous, de voir la
facilité qu'ont eue les détracteurs du libre-échange de
faire transférer cette peur sur des gens relativement démunis. On
sait comment cela a procédé à l'occasion du
référendum sur la question nationale au Québec. Le
même scénario est en place, et j'ai été
étonnée de la facilité de pénétration de la
perception que la population a eue en ce sens que le libre-échange
aurait des effets sur les programmes de santé et de services
sociaux.
Essentiellement, ce que les gens ressentent, c'est que ce gouvernement
qui a fait de la privatisation une religion qui, progressivement, a un discours
- selon que vous entendez le ministre délégué aux Finances
et à la Privatisation ou le président du Conseil du trésor
- qui vient favoriser la privatisation, les gens se disent et avec - faut-il
l'ajouter - les pressions du Conseil du patronat qui dit qu'il faut
réduire les coûts sociaux au Québec... Le résultat
net, c'est que la population a vu un rapport direct - M. le Président,
je termine - entre la diminution des services de la santé et des
services sociaux et le libre-échange, bien qu'il n'y ait pas ce rapport,
à mon avis. Nous y reviendrons, mais je pense que la ministre a
intérêt -...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
vous débordez largement...
Mme Blackburn:... c'est ma question - à déposer un
livre blanc sur la santé au Québec et à tenir une
consultation.
Le Président (M. Bélanger): Je rappelle aux
partisans... aux participants, excusez-moi!
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Cela aussi, M. le Président!
Le Président (M. Bélanger): Cela aussi! Je rappelle
aux participants que lorsque vous débordez votre temps, nous devons le
prendre sur l'intervention suivante, les règles étant
très... l'intervention finale, doit être diminuée d'autant.
Alors, je vous le rappelle pour ne pas qu'il y ait frustration à la fin.
Mme la ministre, c'est votre droit de réplique pour dix minutes.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on va reprendre le temps qu'on a perdu,
parce qu'on a commencé
en retard?
Le Président (M. Bélanger): C'est deux heures
fixes.
Mme Blackburn: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Sauf s'il y a des
interventions qui ne sont pas faites et qu'on décide de sauter des blocs
d'intervention, ce temps-là est perdu, il n'est pas gardé. Mme la
ministre.
Réponse de la ministre Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord remercier l'Opposition de me donner cette occasion de faire un premier
bilan de l'action globale du présent gouvernement dans le domaine de la
santé et des services sociaux. Car parler d'une politique de la
santé au Québec exige qu'on l'envisage sous deux angles. Le
premier, ce sont les gestes posés depuis près de trois ans pour
redonner de la vigueur à un secteur que l'ancien gouvernement avait
malheureusement laissé se détériorer pendant les neuf
années de son administration.
Le second, et je mettrai davantage l'accent sur le second puisque c'est
vraiment là-dessus que la députée a fait porter ses
propos... Pour renseigner la députée de Chicoutimi, ce second
angle est l'organisation des services. Sans doute, faut-il organiser les
services, mais il faut surtout les planifier et les organiser en fonction
d'objectifs de santé et de bien-être pour la population.
J'aimerais dire que cette nouvelle approche ou cette nouvelle dynamique
mondiale à l'égard du système de la santé et des
services sociaux gagne dorénavant le Québec. Je puis lui dire que
nous aurons d'ici peu une politique de santé et de bien-être. Mais
encore faut-il s'entendre sur ce que veut dire ou sur ce que sous-tend une
politique véritable de santé et de bien-être. D'ailleurs,
il m'étonne que la députée de Chicoutimi - je ne lui en
fais pas reproche, il n'y a pas très longtemps qu'elle est dans ce
dossier, et je dois dire qu'elle l'a pris à coeur - semble
réduire toute une politique à une politique globale de
santé alors qu'aujourd'hui, on ne traite plus isolément la
santé, mais elle doit être toujours traitée dans son
contexte général de bien-être social, compte tenu de tous
les autres agents qui jouent un rôle important sur ou dans la
santé.
Si on entend par politique la fixation d'objectifs précis
à atteindre, nous l'aurons sous peu. Si on entend les grandes actions
à poser pour atteindre ces objectifs, oui, nous l'aurons. Par contre, si
on entend par politique, l'articulation très précise et ce, dans
tous les détails de ces moyens sur chacun des territoires du
Québec, vous allez convenir qu'un peu plus de temps est requis.
De plus, à tout événement, il faudra aussi
permettre, pour l'application de la politique, qu'un certain consensus sur les
objectifs et les moyens se dégage, ce qui aussi, dans le temps, va
nécessiter un certain temps. Également, le fait que nous aurons
une politique dans le sens que je viens d'expliquer nous obligera à
faire certains choix.
Par exemple, voulons-nous agir d'une façon plus
déterminée dans le domaine des accidents de la route, des
maladies cardio-vasculaires ou encore dans le secteur des maladies transmises
sexuellement, ou celui des abus envers les personnes âgées? Ces
responsabilités très grandes devront-elles demeurer uniquement
l'apanage du ministère de la Santé et des Services sociaux ou
être partagées par l'ensemble des ministères
concernés dans un effort de concertation interministérielle?
C'est à toutes ces questions que nous devrons répondre pour se
retrouver devant une véritable politique de santé et de
bien-être, les deux étant indissociables, comme l'a d'ailleurs
souligné la députée de Chicoutimi, disant que les choses
ne peuvent pas être considérées isolément, mais par
contre, nous conviant à un débat qui portait strictement sur ce
qu'elle a qualifié une politique de santé.
M. le Président, je voudrais reprendre certaines craintes - je
pense que ce sont des craintes - que la députée de Chicoutimi a
exprimées en sortant probablement de son contexte ce qu'elle appelle
l'écueil de la consultation. Je tiens à l'expliquer publiquement.
D'ailleurs, je l'ai expliqué tout au long de la consultation que j'ai
menée à la suite des recommandations de la commission Rochon. Il
me fait plaisir de dire que lors de cette consultation dans l'ensemble du
Québec, j'ai rencontré quelque 400 groupes. C'est dire que,
déjà, il y a eu la consultation de la commission Rochon, il y a
eu cette consultation et je n'écarte pas pour l'avenir une consultation,
bien au contraire. Devrait-elle être faite à l'occasion de ce que
la députée appelle un livre blanc ou devrait-elle être
faite à l'occasion d'orientations - je tiens à le dire, je n'ai
jamais parlé d'orientations ministérielles, j'ai toujours
parlé d'orientations gouvernementales, comme elle le souhaite -
gouvernementales acceptées, accompagnées d'un projet
législatif? Ma seule motivation en agissant de cette façon serait
de ne pas créer des délais supplémentaires dans
l'application des actions qui s'imposent. Je pense qu'au moment de cette
consultation, qui devrait avoir lieu sur des modifications législatives,
on aurait tout le loisir de se prononcer sur les orientations gouvernementales.
(10 h 30)
Si les gens préfèrent un délai
supplémentaire... Je doute - il y a beaucoup de sons de cloche qui me
parviennent - qu'on veuille encore prolonger une étape de consultation
pour ensuite
passer à des actions. Je pense que c'est uniquement l'objet du
processus que j'ai proposé qui n'est pas, comme on dit, dans le
béton mais qui m'apparaît peut-être plus pratique, plus
réaliste et qui pourrait permettre une action plus rapide. J'ose
espérer que cela va rassurer la députée de Chicoutimi.
Elle affirme que le rapport Rochon est resté sur les tablettes. Elle a
d'ailleurs plusieurs affirmations. Je ne les relèverai pas toutes. Je
pense qu'un ministre qui a fait la tournée que j'ai faite au printemps
dernier, une tournée extrêment intense et dont les gens se sont
déclarés généralement très heureux et
satisfaits quant à la forme de consultation... Je pense qu'on ne peut
pas parler d'un rapport déposé sur une tablette. Mais il faut
quand même le temps raisonnable pour... On a entendu différents
points de vue et il faut bien dire aussi que le rapport de la commission Rochon
n'a pas fait un consensus aussi, dit-on, global que ce que la
députée de Chicoutimi affirme aujourd'hui. Je pense que le
rapport de la commission Rochon nous a donné beaucoup de matériel
mais je pense que certains souhaitaient aussi que ce matériel puisse se
traduire en un plan d'action plus concret. L'objectif de la consultation
était justement de permettre de mener les résultats du rapport de
la commission Rochon à une étape plus loin.
M. le Président, je ne reviendrai pas à ce moment-ci sur
le bilan du gouvernement. Je pense que tout le monde sait que nous avons mis
des efforts considérables au plan budgétaire. Mais je voudrais
aussi dire que même les actions que nous avons prises n'ont pas
été prises, je dirais, dans l'abstrait ou prises d'une
façon désordonnée et non coordonnée. J'en veux
comme preuve la politique sur l'alcoolisme et la toxicomanie, également,
la politique sur la réinsertion sociale à laquelle se joindra
sous peu la politique gouvernementale sur la santé mentale. Je pourrais
ajouter que les actions qui avaient été recommandées par
la commission Rochon et qui étaient déjà en vigueur, entre
autres, cette question d'équité interrégionale, une action
qui a débuté dans mon ministère depuis maintenant, j'ose
dire, deux ans au moins et dont on a vu les effets au moment de la distribution
d'argent relativement à l'alourdissement des clientèles, au
service de maintien à domicile ou encore l'argent qui a
été accordé pour l'alcoolisme et la toxicomanie... Je
pense que tout le monde s'accorde dans les conseils régionaux pour dire
que ce souci qui n'était pas présent, ou qui ne l'était
pas d'une façon suffisante, en tout cas, au ministère de la
Santé et des Services sociaux, est maintenant une
réalité.
M. le Président, l'autre mécanisme que nous avons mis en
place, enfin, l'autre geste que nous avons posé, il s'agit de geste
très concret, d'effort pour régler le problème des
effectifs médicaux particulièrement en région. Une loi a
été adoptée et l'Opposition, d'ailleurs, n'a pas
jugé bon de voter pour. Elle a voté contre.
Également, au plan de l'effectif en main-d'oeuvre
infirmière, des gestes ont été posés et continuent
d'être posés. Du côté de l'évaluation de la
technologie médicale, il y a maintenant un comité qui, d'une
façon permanente, évalue la technologie médicale et nous
permettra de faire une meilleure planification.
J'arrête ici, M. le Président. Ce ne sont que quelques
exemples non seulement des services que nous avons développés et
enrichis, mais également de cette cohérence que nous avons
tenté d'établir pour mieux asseoir nos services de santé
et services sociaux sans exclure évidemment la nécessité
d'arriver avec une politique plus cohérente dans ce domaine.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
ministre.
Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Chicoutimi.
Argumentation Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je vais relever
deux points. D'abord, lorsque la ministre rappelle qu'on a voté contre
la loi sur les effectifs médicaux, on avait peut-être raison. Si
on regarde les résultats, ce n'est pas très efficace.
Deuxièmement, je trouve que la ministre, là-dessus, c'est
la deuxième fois qu'elle me fait le reproche... elle est nouvelle, elle
ne connaît pas son dossier. Je trouve ça tout à fait
charmant. Je lui rappellerai simplement qu'en cette Chambre, si je ne connais
pas mon dossier, il y a certains dossiers que la ministre ne connaît pas.
Quand elle a avoué en cette Chambre qu'elle ignorait qu'on a eu cinq
mois de grève dans les services ambulanciers à Chicoutimi en
disant: C'est de votre temps, ça, ces cinq mois de grève, j'ai
été complètement bouleversée. Cela veut dire que
les régions, ce n'est pas parmi les priorités de la ministre.
Elle m'a dit: Vous connaissez mal votre dossier. Elle m'a dit qu'elle ignorait
qu'il y avait eu une grève de cinq mois aux services ambulanciers
à Chicoutimi. Il faut le faire.
Je reprends au texte la déclaration de la ministre en commission
parlementaire à l'occasion de l'examen des engagements financiers qu'on
tenait le 12 octobre dernier. Elle a dit: C'est un peu dans les moeurs, les
livres blancs et les livres verts, quoique nous ayons été un peu
moins prolifiques là-dessus; peut-être que l'ancien
gouvernement... Je vais simplement dire la raison pour laquelle je pense que je
ne favoriserais pas un livre blanc, et je pense l'avoir déjà
expliqué, vous l'avoir expliqué personnellement. C'est pour
éviter recueil - et peut-être que je me trompe - d'avoir à
procéder à une autre consultation, mais pour voir s'il y a
consultation, si on a davantage consulté sur des modifications
législatives...
Je ne me trompe pas quand je dis qu'une consultation sur un livre blanc,
si je m'en tiens à la déclaration qui a été faite,
et sur une politique et une consultation qui prendra en considération
à la fois les choix de la ministre avant de les figer dans des
orientations, des modifications législatives, il me semblait avoir bien
compris. Quand je dis que la ministre et quand je me fais ainsi l'écho
de tous les organismes qui se sont prononcés là-dessus, la
ministre n'a pas l'intention de déposer une politique pour laquelle il y
aurait une consultation. Elle nous dit: Écoutez, c'est parce que je ne
veux pas prolonger. Je veux bien la croire sauf que, si elle ne voulait pas
prolonger, pourquoi a-t-elle fait cette tournée de consultation bidon
pour savoir si les gens vont lui répéter la même chose
qu'il y a dans le rapport Rochon? Je trouverais ça un peu surprenant.
Deux ans et demi, un rapport, et elle va vérifier auprès des
gens: Est-ce que c'est bien ce que vous avez dit? Je trouve ça assez
ordinaire. D'ailleurs, c'est l'impression générale que ça
a laissé, et la ministre le sait, elle est en train de nous demander de
résumer en quinze minutes ce qu'on a dit pendant deux heures à la
commission Rochon. Est-ce qu'elle s'attend qu'on modifie les positions qu'on a
prises? C'était là la réaction dans le réseau, et
avec raison. Cette démarche a eu comme effet de retarder la publication
d'un livre blanc; c'est ça le problème. C'est une façon de
pelleter les problèmes en avant. Je voudrais entendre la ministre
concernant nos inquiétudes quant à la privatisation dans le
réseau.
Je vais vous citer un certain nombre d'exemples. M. Gobeil se dit
très favorable à la privatisation des hôpitaux de courte
durée. Mme la ministre nous dit non pour l'instant. Cependant son
silence à l'endroit des formes de privatisation dans le réseau
est éloquent et inquiétant. M. le premier ministre se dit
réticent à la privatisation et il déclarait: Comment
imaginer qu'une entreprise à but lucratif à qui on
céderait la gestion d'un hôpital se contenterait de faire des
profits uniquement en améliorant la méthode de gestion et non pas
en détériorant les soins? C'est une déclaration du PM.
Pourtant on dépose un projet qui s'appelle OSIS. Dernièrement, M.
Fortier déclarait que la privatisation pourrait s'étendre au
réseau de santé. On ne les invente pas. Il n'y a pas de politique
claire. L'attitude de la ministre laisse croire qu'elle est contre la
privatisation, mais, dans les faits, elle s'associe à des actions de
privatisation. En novembre 1987, elle ne s'oppose pas à la vente de
l'hôpital Saint-Michel à la firme Lavalin. En 1987, elle assiste
à la mise en chantier d'un projet de résidence privée -
les 2 R - branchée directement sur un hôpital, une espèce
de coup de fil pour avoir accès aux services de l'hôpital. Si ce
n'est pas de la privatisation, des avantages consentis en vertu d'un
établissement privé, il y a un problème dans ma
compréhension.
Il faudrait qu'elle voie le coût et l'usage qu'on fait des agences
privées pour l'engagement du personnel infirmier dans les
hôpitaux. Il y a des données là-dessus; par exemple 340 $
pour huit heures la nuit, 310 $ pour le soir et 300 $ pour le jour. Cela
coûte cher et la qualité des services s'en trouve affectée.
Je dis à la ministre qu'aux personnes âgées, de plus en
plus, et on va y revenir tout à l'heure, on lance des ballons. La
ministre me disait: Ce n'est pas vrai, 100 000 000 $, vous avez inventé
ça. Un journaliste très crédible que je pourrai nommer a
la ministre tantôt m'a dit que l'information venait de son chef de
cabinet.
Le Président (M. Bélanger): Votre question, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Bon. M. le Président, comment comprendre la
ministre qui se dit contre la privatisation et qui a l'air de dire:
Écoutez, ce n'est pas vrai que je sois proche du rapport Gobeil.
Pourtant, dans la réalité, elle et tout son gouvernement
concourent à laisser cette perception.
Le Président (M. Bélanger): Merci. La parole est
maintenant à Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Je regrette que la députée de
Chicoutimi s'offusque que je lui dise qu'elle ne connaît peut-être
pas tous les aspects du dossier de la santé et des services sociaux.
Quant à moi, il m'a fallu les apprendre. D'ailleurs sa première
remarque a été pour me dire qu'elle trouvait ça tellement
simple, beaucoup plus simple que l'éducation. Elle va voir ce qu'il en
est.
Une autre chose, M. le Président, mais cela n'a rien à
voir et je pense qu'elle fait son travail d'une façon très
correcte et vigoureuse, et, là-dessus, je ne puis que l'en
féliciter, mais, néanmoins, cela ne lui permet pas non plus de
dire à peu près n'importe quoi. Pour revenir sur certaines choses
qu'elle a dites, par exemple quand elle nous lance des choses a savoir que nous
nous préoccupons plus des gens de l'ouest que des gens de l'est et que
je ne m'occupe pas des régions, M. le Président, je vais vous
donner trois petits exemples. Les trois premières priorités que
la ministre de la Santé et des Services sociaux a eues quand elle est
arrivée à la tête de son ministère, eu égard
au développement hospitalier ou, encore, à la
vétusté du réseau hospitalier, ses trois premiers choix,
dis-je, ont porté sur les Îles-de-la-Madeleine, le comté de
Pontiac et la Basse-Côte-Nord. Mais si on parle là d'un manque
d'intérêt pour les régions, je pense que vraiment, la
députée devrait vérifier.
Qui s'est préoccupé le premier - ou la
première - de cette équité interrégionale
dans la distribution des ressources si ce n'est pas la personne qui vous parle
actuellement? J'ai fait allusion tout à l'heure du côté de
l'alourdissement des clientèles, des services à domicile, de tout
l'argent nouveau que nous pouvons recevoir pour du développement de
services.
J'ai dit tout à l'heure que si on m'indique d'une façon
généralisée qu'une consultation doit être faite
avant de passer à d'autres gestes, il n'y a rien de coulé dans le
ciment ou dans le béton, mais je pense qu'il y a eu. et c'est aussi
l'opinion que j'ai eue de beaucoup de personnes et d'observateurs, et je
pourrais citer des éditorialistes entre autres qui ont dit que la
consultation, c'est suffisant, il faut maintenant passer à l'action...
C'est dans ce sens qu'on dit: Écoutez, il faut peut-être profiter
d'une occasion mixte, à la fois d'une consultation sur des modifications
législatives et qui permettrait une consultation sur les orientations
gouvernementales. Mais, en tout cas, si c'est le message que la
députée de Chicoutimi veut passer. Qu'elle le garde.
Je voudrais revenir sur la question de la privatisation. Elle veut que
je lui réponde sur la privatisation. Quand elle me dit: La ministre
était prête à privatiser l'hôpital Saint-Michel.
L'hôpital Saint-Michel n'a pas été privatisé. Alors,
s'il n'a pas été privatisé, c'est parce que la ministre
s'y est opposée. Alors, je ne vois pas comment on peut déduire
que la ministre a laissé se privatiser l'hôpital Saint-Michel.
C'est moi qui donne les refus ou les acceptations pour une privatisation ou
non, comme on nomme les autres hôpitaux qui ont été
privatisés depuis que je suis à la direction de ce
ministère.
Quand on parle d'agence privée pour des services infirmiers,
qu'on parle d'agence privée pour services à domicile, la
députée de Chicoutimi sait-elle que, de toute façon, ces
agences existaient déjà depuis plusieurs années,
même sous l'ancien gouvernement. Elles n'ont pas été
créées lors de ma nomination au titre de ministre de la
Santé et des Services sociaux. Je pense que les propos de la
députée de Chicoutimi sont sans fondement sur ces points. Nous
aurons l'occasion de le voir au moment du dépôt des orientations
gouvernementales. Je reviendrai peut-être un peu plus tard, M. le
Président, sur les OSIS. Mon temps est écoulé.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Merci, Mme la
ministre. J'invite maintenant le député de Laurier à
Intervenir.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. Je vais juste reprendre
le passage où la députée a parié de la consultation
et son insistance à voir publier un livre blanc par la ministre.
SI j'ai bien compris, la députée de Chicoutimi nous invite
et insiste pour qu'on publie un livre blanc plutôt qu'on mette sur la
table les orientations du gouvernement à la suite du rapport Rochon. (10
h 45)
La ministre a parié de l'accueil de la consultation et les
raisons qui nous incitent de ce côté-ci à ne pas aller vers
une autre consultation publique par le biais d'un livre blanc. J'aimerais
refaire le tour, simplement, de toutes les consultations qui ont eu lieu au
Québec depuis trois ans maintenant, même un peu avant, avec la
commission Rochon qui, elle, a fait la tournée du Québec pendant
deux ans pour consulter un nombre impressionnant de personnes, d'organismes,
d'établissements, etc., pour en arriver, après les deux ans de
ces études sur les systèmes de santé, avec son
rapport.
Par la suite - parce qu'on ne voulait pas laisser le rapport Rochon sur
les tablettes, on voulait tirer le maximum de profit de toute cette expertise
et tous ces contacts que la commission Rochon a eus avec les différents
intervenants dans le réseau - on a aussi fait une consultation sur les
points précis que la députée de Chicoutimi appelle
très allègrement "consultation bidon", parce qu'elle n'a pas
participé à la consultation, elle n'a pas su le nombre de
personnes et le temps qu'on a mis à consulter ces personnes dans toutes
les régions du Québec, partout, d'un bout à l'autre,
à tous les niveaux également. Partant des groupes communautaires
jusqu'aux centres hospitaliers superspécialisés, avec beaucoup de
temps, une douzaine d'heures par jour, je dirai même, souvent. Et elle a
appelé allègrement comme ça "consultation bidon" pour tous
ceux qui ont participé. Je pense qu'on peut comprendre la
nécessité politique qui oblige la députée de
Chicoutimi à faire son petit show de temps en temps.
Il n'y a quand même pas lieu de dire n'importe quoi, comme disait
la ministre. Effectivement, il y a eu une consultation réelle qui nous a
amenés à discuter et à échanger avec les personnes
qui sont directement impliquées dans la dispensation des services sur
les points précis qui ont été abordés par la
commission Rochon, parce que la commission Rochon ne faisait pas le consensus
nécessaire, dans son rapport, à prendre tout de go ses
recommandations pour les appliquer dans une loi. On vous rappellera simplement
la recommandation principale qui est de faire instaurer au Québec un
autre palier de gouvernement avec un pouvoir de taxation pour gérer le
système de santé et des services sociaux sur une base
régionale.
Je pense qu'il est clair et cela a été clairement
démontré au cours des consultations qu'on a faites aussi, qu'il
n'y a pas grand monde qui favorise ce genre, ce mode d'organisation. La
consultation qu'on a faite nous permettra de déposer des orientations du
gouvernement en matière de santé et des services sociaux parce
qu'une politique de santé et de bien-être, ce n'est pas simplement
quelque chose qu'on dépose.
Cela peut être une voie que l'ancien gouvernement a
favorisée souvent de déposer un livre blanc, un livre vert, un
livre orange et faire toutes sortes de consultations. Il peut aussi y avoir eu
une étude par les consultations qui ont été menées
par la commission Rochon, et les consultations qui ont été
menées par la ministre actuelle et un guide des orientations qui sont
déposées sur la table qui démontrent clairement les choix
que le gouvernement fait en matière de santé et de services
sociaux, et une politique globale de santé et de bien-être par le
biais de propositions concrètes qui seront mises sur la table par le
biais des orientations gouvernementales qui seront publiées très
prochainement...
On pourrait également parler de tout ce qui a été
fait depuis trois ans maintenant sur des dossiers précis et
spécifiques. On pourrait vous parler de l'alourdissement de la
clientèle, par exemple, ou si on compare les efforts qui ont
été faits par l'ancien gouvernement et celui qui est ici en place
depuis trois ans. On remarquera qu'il y a une nette différence en ce qui
concerne les budgets consacrés dans ce domaine par rapport aux personnes
âgées et leurs besoins. On pourrait également reprendre
tous les efforts qui ont été faits, pour avoir une plus grande
équité interrégionale. Il ne faudrait pas que la
députée essaie de jouer de façon pernicieuse sur les
préjugés qui peuvent exister par rapport aux exemples qu'elle
amène lors de la période des questions, en particulier, en
faisant la comparaison entre l'est et l'ouest de Montréal. Il faudrait
faire attention si on veut jouer honnêtement et réellement sans
jouer sur les préjugés des gens, Mme la députée de
Chicoutimi.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Laurier. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. La ministre ne m'a
pas répondu à tout le volet et aux questions que je soulevais
autour des gestes de privatisation dans le réseau et de
désengagement de l'État. Lorsque la ministre me dit: Je n'ai pas
accepté la vente de l'hôpital de Saint-Michel, je la
référerais à la Presse du 12 novembre dernier qui
disait: La ministre de la Santé, Mme Thérèse Lavoie-Roux,
estime que la vente d'un hôpital public au secteur privé à
titre expérimental ne pose pas de problème de principe. Mme
Lavoie-Roux juge que le projet est recevable au point d'en saisir ses
collègues. Si l'hôpital n'a pas été vendu, pas
question de privatiser l'hôpital Saint-Michel, disent la direction et le
syndicat. Ce n'est pas parce que la ministre ne voulait pas, c'est parce que
l'hôpital s'y est opposé. Dans le fond, ce que je traduis ce
matin, c'est exactement la perception qu'a la population de la situation. Pour
l'illustrer, je vais utiliser l'actualité d'aujourd'hui qui nous montre
avec quelle facilité les détracteurs du libre-échange ont
réussi à impressionner les gens quant à la question,
à la menace que ferait peser le libre-échange sur les programmes
sociaux et les programmes de santé.
La ministre a certainement dû être très
impressionnée - si j'étais à sa place, je le serais - par
la facilité avec laquelle on a convaincu la population qu'il y avait un
rapport entre le désengagement de l'État et le
libre-échange. C'est très facile à comprendre pourquoi la
population a cette perception, on a fait de la privatisation une religion avec
ce gouvernement, un dogme. Personne ne s'y oppose, on pourrait faire
gérer nos hôpitaux par le privé, personne n'y voit
d'objection. De là à ce que la population conclue que dans
l'hypothèse d'un libre-échange, nos hôpitaux seraient
gérés par des Américains, il n'y avait qu'un pas à
franchir qui était facile à franchir. Je ne fais pas tout
à fait la même lecture parce que le gouvernement du Québec,
et c'est prouvé, n'a pas attendu et n'a pas à attendre le
libre-échange pour se désengager. Indépendamment du
libre-échange, nos hôpitaux pourraient passer aux mains des
Américains, cela n'a pas un rapport avec le libre-échange; sauf
que, dans certains secteurs, elle va reconnaître que si on ouvre des
portes trop grandes, on risque d'avoir un petit peu plus de problèmes.
Ce n'est pas le libre-échange qui fait problème, c'est le
désengagement et le discours de ce gouvernement à l'endroit des
programmes de santé et de services sociaux. C'est le discours du Conseil
du patronat qui dit, précisément dans son bulletin du 8 septembre
dernier: Écoutez, il faut réduire les coûts de
société, les coûts des services de santé au
Québec parce qu'on est non concurrentiel. C'est le discours du
gouvernement conservateur qui veut se désengager ou enlever
l'universalité des pensions de vieillesse, cela ne nous concerne pas,
mais il n'y a rien d'étonnant que la population fasse un rapport entre
la détérioration des services de santé au Québec,
l'imposition de ticket modérateur, le silence, le gros projet de OSIS
qui pourrait permettre, par exemple à une polyclinique, d'offrir des
services de santé au Québec. La polyclinique pourrait être
propriété des Américains comme elle pourrait être la
propriété des Québécois, la ministre le sait
très bien.
La population a fait un rapport qui, à mon avis, ne se fait pas.
Cependant, pourquoi est-ce qu'elle a fait ce rapport? La faute en incombe au
gouvernement actuel qui n'a pas réitéré les grands
principes sur lesquels est fondé notre système de santé et
de services sociaux au Québec: l'accessibilité, la
gratuité et l'universalité. Aussi longtemps qu'on n'aura pas
réaffirmé cela dans un document clair qui précise les
choix de ce gouvernement, la population aura raison d'être
inquiète, indépendamment, je le rappelle, qu'il y ait
libre-échange ou non, peut-
être un peu plus s'il y a libre-échange, mais
indépendamment de cette situation. Ce que la population dit au
gouvernement: Nous sommes inquiets et le libre-échange ne fait rien pour
diminuer nos inquiétudes. Les gens font un rapport, je le rappelle, que
je ne fais pas de façon aussi étroite. Si le gouvernement actuel
se trouve dans cette situation, la responsabilité lui en incombe avec
des discours qu'a tenus le ministre délégué à la
Privatisation et le silence de la ministre actuelle par rapport à la
gratuité et à l'accessibilité des services. Tout cela
vient alimenter les peurs et les craintes de la population du Québec
quant à l'avenir des services de santé et des services sociaux.
Une parenthèse, quand je parle d'une politique de la santé,
j'ajoute une politique de bien-être, cela équivaut bien aux
services sociaux.
Le Président (M. Bélanger): Bien, merci
Mme la députée de Chicoutimi. Je cède la parole
à Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous me permettrez de
sourire des affirmations de la députée de Chicoutimi qui affirme
avec force, ce qui m'apparaît être aussi de la conviction, qu'elle
comprend que la population soit alarmée eu égard aux affirmations
qui ont été faites à l'endroit du libre-échange
comme pouvant affecter nos services de santé et nos services sociaux.
S'il y en a une qui entretient des craintes non fondées, c'est vraiment
la députée de Chicoutimi qui nous parle de
détérioration des services de santé et de services
sociaux, alors qu'on sait que cette détérioration a
été le produit de neuf années d'administration de l'ancien
gouvernement qui a coupé sans vergogne dans les services de santé
et les services sociaux quelles qu'aient été les raisons et que,
depuis ce temps, par les efforts financiers que nous avons faits pour investir
dans ce domaine de la santé et des services sociaux nous
commençons peut-être à remettre un peu à flot ce
système qui s'en allait, et je n'hésite pas à le dire,
presque à la dérive à bien des égards.
M. le Président, pour revenir à la privatisation, d'abord,
je voudrais dire ceci pour la population puisque la députée de
Chicoutimi m'en donne l'occasion. La population n'a pas à
s'inquiéter du rapport entre le libre-échange et la privatisation
ou une perte de services dans le domaine de la santé et des services
sociaux. On sait fort bien que tout ceci dépend de la volonté
gouvernementale et que si une volonté gouvernementale voulait
aujourd'hui, sans libre-échange, privatiser le système de
santé, elle aurait le loisir de le faire puisque, comme je le disais
tout à l'heure, les acceptations ou refus pour privatiser ou non
relèvent du ministre en titre. Nous avons d'ailleurs d'autres garanties,
beaucoup de règlements et autres qui font que les services de
santé et les services sociaux ne peuvent pas être affectés
par une volonté qui proviendrait des influences du libre-échange,
bien au contraire, et je le souhaite fort bien. Je pense que s'il y a des
effets sur la santé et les services sociaux, les pressions se feront
davantage sentir du côté américain qui n'a pas les
mêmes avantages que nous au plan de la santé. Tous ceux qui
sortent du Québec le savent fort bien que nous sommes
privilégiés à cet égard, non seulement au
Québec, je pense, mais dans l'ensemble du Canada. C'est une des choses
que nous ne voulons pas perdre. Pour revenir à la privatisation
elle-même, je n'entrerai pas dans l'explication des OSIS, des organismes
intégrés de santé, qui n'ont rien à voir avec la
privatisation - j'ai eu l'occasion de le répéter à moult
reprises durant la consultation - et qui, de toute façon, ne sont pas
encore une chose décidée, qui feraient l'objet
d'expérimentation mais qui vont préserver, je l'ai dit et redit,
les principes d'accessibilité et de gratuité aux services de
santé... il n'est nullement question, M. le Président, ce sera
dans les orientations gouvernementales, pour le gouvernement de privatiser les
services de santé. Si la députée veut que je lui affirme
aujourd'hui, ce n'est pas pour la rassurer parce qu'elle préfère
entretenir ce mythe la députée de Chicoutimi. Je pense que je me
dois de rassurer la population.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme le ministre.
Je cède la parole à un député ministériel,
Mme la députée de Deux-Montagnes.
Mme Yolande D. Legault
Mme Legault: Merci, M. le Président. À titre de
membre siégeant à la commission des affaires sociales, je me sens
particulièrement concernée par la situation de la santé au
Québec. Tout d'abord, je suis tout à fait en désaccord
avec le sujet de l'interpellation, car j'ai la ferme conviction que nous
possédons présentement au Québec un des meilleurs
systèmes et une des meilleures politiques de santé au monde. Je
reconnais qu'il n'est pas parfait et qu'il y a toujours place à
l'amélioration, mais les faits concrets nous prouvent que depuis que
notre gouvernement a été élu, en décembre 1985, la
ministère de la Santé et des Services sociaux a adopté une
série de mesures pour améliorer les nombreux et complexes
problèmes qui existent dans ce domaine. Malgré toutes les
réformes et les critiques formulées, je crois qu'avant tout, nous
devons penser à protéger nos acquis et ce, dans une perspective
également d'avenir. Nos enfants pourront-ils continuer à profiter
de l'accessibilité et de l'universalité des soins comme
aujourd'hui, si nous ne demeurons pas vigilants sur la gestion et
l'administration? De ce budget qui s'avère, avec l'éducation, un
des plus importants de notre gouvernement, il faut axer
notre action sur les qualités des soins avant de penser en termes
de structures, de bâtiments et d'équipements. Une meilleure
coordination, concertation, planification, s'impose dans l'élaboration
d'une politique structurée et cohérente de la santé au
Québec. (11 heures)
De plus, y aurait-il lieu de repenser à la contribution du
fédéral en matière de santé face aux provinces?
Encore là, il est à souhaiter qu'une plus grande
équité et une meilleure répartition des ressources soient
instituées.
Face au rapport Rochon qui comparaît la
détérioration des services à une cafétéria
de soins de fast food, il m'apparaît clair que nous devons redonner aux
organismes communautaires et aux CLSC leur vraie vocation:
décentraliser, régionaliser, oui, mais il ne faudrait pas
créer encore plus d'intermédiaires dans cette structure
déjà trop hiérarchisée et bureaucratisée.
À mon avis, il faut penser à simplifier, alléger,
humaniser, plutôt que compliquer et alourdir. D'ailleurs, devant tous ces
problèmes vécus, des études nous démontrent
qu'injecter de l'argent n'est peut-être pas la solution miracle, puisque
plus le gouvernement débloque des fonds, plus l'état de
santé des Québécois continue à
dépérir et à engorger les salles d'urgence. Cette
situation est très alarmante, M. le Président, et témoigne
du déséquilibre et du malaise profond que vit notre
société actuelle.
D'un autre côté, devant une économie fragile, les
démographes continuent à nous alarmer sur les stastitiques d'une
population vieillissante au Québec et d'une crise de
dénatalité irréversible. Par conséquent, nous
sommes obligés d'envisager une hausse inévitable pour l'avenir
des coûts et de l'utilisation des services de santé au
Québec. Face à ce contexte, il est bien entendu que
l'État, tout en tenant compte de ses capacités de payer, doit
prendre ses responsabilités, tout en considérant comme
indispensable et complémentaire le bénévolat et une plus
grande participation de l'entreprise privée. À cet effet, toute
action efficace doit reposer sur une concertation des décideurs et des
intervenants de notre société.
Même si des coupures budgétaires dans ce domaine ne se font
jamais de gaieté de coeur, nous n'avons parfois pas le choix, puisqu'il
ne faut pas oublier que le social est tributaire de la prospérité
économique. Malgré le pessimisme qui peut paraître
régner présentement, je crois que l'avenir s'avérera
optimiste dans la mesure où nous saurons, comme société,
être innovateurs et originaux dans nos solutions. Pour ce faire, il faut
cesser d'avoir peur de mettre en question et de critiquer certains de nos vieux
schèmes de pensée. Au lieu de traiter le problème à
la pièce en faisant du cas par cas, je crois qu'il faut vraiment
concevoir une politique globale de la santé au Québec. Nous
devons nous attaquer aux causes et non pas uniquement aux effets du
problème. Pour cela, il faut apprendre à changer notre
philosophie face à la maladie et face aux relations qu'entretient le
corps médical avec des personnes humaines souffrantes.
Quant à la régionalisation des services, nous croyons
qu'il est également important de dispenser une qualité
équivalente de soins partout au Québec. Un malade en province est
aussi important qu'un patient de Montréal.
M. le Président, j'aurais aimé continuer. Est-ce que je
peux avoir le droit de continuer?
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement, les
règles sont très strictes en interpellation.
Mme Legault: En conclusion, je pense que tous ces arguments
concrets nous prouvent, encore une fois, que notre gouvernement, sans
être parfait, a quand même de ces positifs pour améliorer la
qualité de vie et des soins au Québec, compte tenu de la courte
histoire de notre collectivité. Comparativement à d'autres pays,
nous pouvons, malgré les lacunes de notre système, en être
fiers. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec beaucoup de plaisir, je dirais, les propos de la
députée de Deux-Montagnes et je comprends que la ministre et le
parti ministériel ne souhaitaient pas la laisser parler plus longtemps
sur l'état de santé et les budgets des services sociaux. Ce que
j'essaie de faire comprendre à la ministre, c'est ce genre de discours
qui entretient exactement ce qu'on est en train de dire. Il faut compter sur le
bénévolat et les entreprises privées, nous dit-elle, et
ensuite il y a eu des coupures et ce n'est pas de gaieté de coeur. Cela
ne pouvait pas être mieux dit. Alors, je dis bravo, cela vient juste
illustrer de façon très claire et très précise
toutes les appréhensions de la population actuellement, parce que je
crois beaucoup à la sincérité de la députée
de Deux-Montagnes. Elle se fait ainsi le porte-parole de la perception
populaire qu'a la population à l'endroit de ce gouvernement. Sa
perception est juste.
M. le Président, je vais revenir aux OSIS. Mme la ministre nous
dit: Ce n'est pas encore implanté. Elle dit que celles qui vont
être implantées vont préserver l'accessibilité et la
gratuité. Donc, "qui vont être implantées", il y a comme
une contradiction. Est-ce qu'elles vont être implantées ou est-ce
qu'elles ne le seront pas? J'ai un certain nombre de questions
là-dessus. Je ne vous cache pas que si la mi-
nistre n'a pas donné son accord au sous-ministre pour lancer un
tel document, j'ai des problèmes.
J'imagine qu'il l'a fait avec le consentement de la ministre, le
consentement de la ministre, je le crois, malgré que d'autres aient
prétendu que non, parce qu'elle-même se disait
intéressée à la formule des HMO et qu'ils devenaient un
peu les OSIS qui semblent susciter une saine compétition entre les
établissements du réseau. Ce sont ses paroles. Pourquoi une
compétition au sein du réseau? La députée de
Deux-Montagnes vient de nous dire que le système est bon, 80 % de la
population est satisfait; on contrôle nos coûts et ça va
relativement bien. On est parmi les meilleurs systèmes au monde, y
compris quand le gouvernement était là pendant neuf ans. Je le
dis en passant.
La ministre ne peut pas nier son intérêt pour les OSIS. Les
OSIS, cela pose un certain nombre de questions. Qui sera
intéressé à adhérer aux OSIS? Les gens
généralement bien informés. Cela laisse encore pour compte
les gens moins bien informés, plus inquiets de leur avenir, de l'est de
Montréal et des quartiers défavorisés. Les gestionnaires
de ces OSIS vont-ils être intéressés à
réduire les coûts? Vraisemblablement, parce que le document dit:
Un léger recours à une forme d'incitatif pourrait être
souhaitable. Donc, si vous en économisez plus, vous pourrez en garder
une partie plus importante.
Qu'adviendra-t-il des personnes sur un territoire de CLSC qui
n'adhéreront pas à l'OSIS? Le CLSC a un territoire et dessert la
population. Il y en a un qui aurait sa carte-soleil et l'autre, sa carte OSIS?
Je ne le sais pas. En ce qui concerne l'argument de la concurrence, on n'a pas
de concurrence actuellement. C'est un argument malhonnête. On n'a pas de
concurrence pour ainsi dire dans notre système de santé.
Pourtant, on reconnaît internationalement que c'est parmi les plus
compétitifs, les plus intéressants, les moins coûteux,
largement moins coûteux qu'aux États-Unis qui font l'envie et on
est en train de nous dire qu'il faudrait y introduire de la concurrence.
Ce que la ministre veut faire avec les OSIS, elle veut essayer de
régler le coût des actes médicaux. C'est ça. Bien,
elle n'ose pas s'attaquer au gros problème. C'est ça, le
problème avec les OSIS. À présent, les OSIS... La ministre
va répondre à trois ou quatre questions là-dessus. Dans
l'hypothèse... Là, je vois celui-là, parce que c'est
vraiment la porte ouverte à la privatisation, d'une part, à
l'appétit vorace des entrepreneurs privés qui vont vouloir se
remplir les poches en gérant nos établissements publics et les
OSIS, confiés à une polyclinique, tel qu'envisagé, comment
peut-elle me garantir et garantir aux Québécois, au moment
où on se parle, qu'elle pourra empêcher - dans le cadre du
libre-échange - les Américains de devenir propriétaires
d'une polyclinique qui deviendrait une OSIS? Est-ce qu'elle peut me
répondre?
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi. J'invite maintenant Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux...
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la députée
de Chicoutimi invoque de tel spectre que... enfin, je vais essayer de lui
répondre. D'abord, les OSIS, il en a été question durant
la consultation que j'ai menée. On n'a pas sorti cela d'un sac. C'est
une formule non pas pour créer de la concurrence ou de la
compétition. C'est une formule qui, en empruntant certains
éléments des HMO aux États-Unis, permettrait de mettre
davantage l'accent sur le préventif que sur le curatrf.
Ce que beaucoup de gens nous ont dit, ce que tout le monde s'entend
à dire - là-dessus, il y a presque un consensus - c'est qu'il
faut faire un virage. Il faut mettre plus d'argent dans le préventif que
dans le curatif. OSIS. ou cette organisation de soins intégrés de
santé - il faudrait parler un langage un peu plus simple - permet
peut-être de faire ce virage. Personne ne va se remplir les poches, comme
la députée semble l'entendre. Parce que si ce virage se fait et
que pour la population, tout en étant aussi bien servie, les coûts
étaient moins chers, cela permettrait d'investir ces sommes dans de
nouveaux services, encore au service de la population. Mais il ne faudrait pas
créer l'impression, M. le Président, que, demain matin, le
Québec est couvert de ce type d'institution. Il y a encore
énormément... D'ailleurs, je pense que, dans ce rapport, il est
sorti, parce que tous les documents... Il y a beaucoup de documents de travail
qui sont préparés par notre service de planification et
d'évaluation, ce ne sont pas des documents secrets. Il est sorti et je
pense qu'il était naturel qu'il sortie. Mais comme on l'indique dans ce
livre-là, je pense, il faut maintenant voir la faisabilité d'un
tel projet, qui ne serait nullement un projet pour alimenter ce qu'elle appelle
la concurrence ou la compétition, mais vraiment une émulation
mais bien davantage, tenter de faire faire un virage que plusieurs souhaitent.
Si jamais, les conditions de faisabilité pouvaient être
réunies, il pourrait s'agir au plus d'un ou de deux projets
expérimentaux. C'est tout ce qu'on pourrait faire.
Vous savez, M. le Président, une chose me tracasse: tout le monde
souhaite qu'on corrige les problèmes de santé et de services
sociaux. Tout le monde dit: il y a des chose à améliorer;
là-dessus, j'en conviens parce qu'on travaille très fort pour les
améliorer. Mais penser qu'on peut améliorer sans jamais rien
remettre en question, sans jamais penser à des formules nouvelles, sans
jamais dire: est-ce qu'il y aurait moyen d'initier autre chose? à ce
moment, retournons chacun chez nous, demandons strictement à des
robots
d'administrer le service de la santé et, à ce moment,
peut-être que la députée de Chicoutimi sera heureuse.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Je cède maintenant la parole au député de
Notre-Dame-de-Grâce. M. le député.
M. Harold Peter Thuringer
M. Thuringer: M. le Président, je suis aussi bien heureux
d'ajouter mon appui à la ministre pour notre politique de la
santé et des services sociaux au Québec. J'ai moi aussi
travaillé dans ce domaine il y a plusieurs années et je remarque
que la qualité des services, maigré le fait qu'il y a beaucoup de
choses à faire encore, est quand même sur une bonne piste. On a
fait beaucoup de gestes positifs.
J'aimerais parler plutôt d'un secteur de la santé et des
services sociaux soit la réadaptation. Il est clair que notre
gouvernement, dans le secteur qui touche les déficiences
intellectuelles, comme l'alcoolisme et les drogues, a fait bien des pas au
cours des dernières années. Il faut aussi remarquer que l'ancien
gouvernement n'a pas, au cours des années passées, injecté
ni fait de grands pas comme nous.
Je veux revenir sur les gestes positifs et concrets. En 1984, la
ministre a réaffirmé le caractère impératif, humain
et social de l'intégration des personnes présentant une
déficience intellectuellle. Alors, elle a mis et consacré des
budgets: d'abord, une somme de 8 000 000 $ a été annoncée
à cette fin; 2 000 000 $ ont été consacrés aux
services de thérapie et de dépannage à l'intention des
familles qui gardent dans leur milieu une personne atteinte de cette maladie;
un montant de 1 500 000 $ a été alloué au service de la
stimulation précoce pour les enfants entre 0 et 4 ans et au service
d'assistance éducative pour les personnes entre 5 et 21 ans. Un budget
de 2 500 000 $ a aussi été octroyé afin d'ouvrir, dans de
nouvelles places, des services d'apprentissage aux habitudes de travail. Une
autre somme de 2 000 000 $ a, par ailleurs, été consacrée
à des projets de réintégration provenant des centres de
réadaptation et des centres hospitaliers pour desservir cette
clientèle. Je pense que ce sont des gestes tellement postifs et
concrets. Comme je l'ai mentionné, il reste encore bien des demandes.
(11 h 15)
La même chose pour le problème de la drogue. Encore une
fois, 3 900 000 $ ont été consacrés à ce domaine
pour la prévention, la recherche et la réadaptation: 2 600 000 $
pour la consolidation des centres de réadaptation, 600 000 $ pour la
prévention et une somme de 200 000 $ pour des organismes
communautaires.
J'aimerais ouvrir une parenthèse. Je pense que le gouvernement
peut être le moteur et inciter bien des choses et des services. Il faut
aussi la collaboration du secteur privé et du secteur du
bénévolat. À la commission parlementaire où j'ai
siégé pendant plusieurs semaines, on a reçu le message que
le public, les parents et les organismes veulent vraiment valoriser et
impliquer tes familles dans les services et les programmes. Ayant
travaillé plusieurs années dans ce domaine, je trouve que c'est
très Important. C'est une question de complémentarité. Il
ne s'agit pas de transférer la responsabilité au secteur du
bénévolat. Mais c'est une chose très importante que
j'appuie fortement.
En conclusion, M. le Président, je veux juste dire que même
si c'est un petit secteur que j'ai visé dans cette courte période
de temps où je me suis adressé à vous, malgré cela,
on voit positivement les choses. Je pense qu'on doit au moins indiquer que le
gouvernement a fait de bonnes choses. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâces. J'invite maintenant Mme la
députée de Chicoutimi...
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'aurais
aimé que la ministre me dise comment un CLSC bien mandaté ne
pourrait pas réaliser ce qu'elle veut confier à une OSIS.
J'aurais aimé que la ministre, qui me dit: Je n'ai pas parlé de
concurrence, se rappelle les propos qu'elle tenait, en disant que les HMO aux
États-Unis semblent susciter une saine compétition entre les
établissements du réseau - je n'ai pas inventé le terme.
Par ailleurs, j'aimerais que la ministre, lorsqu'elle nous dit: II faut
chercher d'autres voies... Là-dessus, je la rejoins tout à fait,
il faut se dire que l'idée d'un organisme quelque part un peu plus
intégré dans sa vision des besoins des personnes, qui a un -
j'allais l'appeler ainsi - guichet, comme on l'a déjà dit, pour
recevoir une gamme de services importants, c'est une idée
alléchante.
Cependant, aller prétendre qu'il faut absolument confier cela
à n'importe qui, y compris à des polycliniques, là j'ai
des problèmes. L'idée d'avoir un organisme... Si la ministre se
penchait sur la possibilité de mandater nos CLSC actuels, si la ministre
se penchait sur l'idée de ce que j'appellerais une OSIS, une
organisation de soins intégrés de santé - appelez cela
n'importe comment - régional, là on se parlerait. Ce n'est pas de
cela qu'on parle. Ce dont on parle, c'est la possibilité
d'établir des services. D'abord, on sait que ce n'est pas applicable
dans les régions. Qu'est-ce qu'on va faire avec les régions quand
on va vouloir axer nos interventions sur la prévention? On dit: Dans les
régions, une OSIS, ce n'est pas vraiment applicable, ce n'est pas
vraiment à retenir. Et on va aller faire cela dans des régions
plus populeuses. Comment va-t-on s'assurer qu'il n'y aura pas de
sélection des clientèles?
Si je voulais ouvrir une OSIS au Québec, je ne
sélectionnerais pas mes clientèles, je sélectionnerais mon
quartier. Une polyclinique dans le West-lsland et une polyclinique à
Saint-Henri, cela n'a pas tout à fait la même clientèle et
cela n'a pas tout à fait les mêmes chances de succès. C'est
cela, le problème, avec le projet de la ministre. Avec son projet, la
ministre laisse planer l'impression, comme ses collègues d'ailleurs,
qu'il faut introduire de la compétition dans notre système. Et
cela, je n'y crois pas. Je n'y crois pas plus que Lee Sodérstrom qui
déclarait, dans une étude qui a été
réalisée pour la commission Rochon... Je me permets de le citer.
Il concluait qu'un régime concurrentiel au Québec aurait des
effets négatifs au moins sur deux plans, un système moins
équitable, une médecine pour riches et une médecine pour
pauvres et un système davantage bureaucratise en raison de la
complexité. Les coûts pour le gouvernement pourraient être
réduits mais il est inévitable qu'au plan global de
l'économie, les dépenses de soins de santé seraient en
hausse. Ce n'est pas moi qui le dis. Je dis qu'on ne peut pas lancer un tel
ballon, OSIS, sans inquiéter la population. Et quand la ministre me dit
que c'est normal, qu'il y a beaucoup de rapports qui sont pondus au
ministère et qui sont rendus publics, j'ai interrogé la ministre
en commission, précisément le 12 octobre dernier, sur l'existence
d'un rapport sur les besoins de soins pour les personnes dans les institutions
psychiatriques au Québec. Elle m'a dit textuellement: "Cela n'existe
pas. Si vous l'avez vous êtes bien chanceuse. " Je l'ai effectivement,
parce que c'est un rapport comme celui-là. Mais M. Lamarche n'a pas
choisi d'aller le rendre public au cours d'une conférence de presse.
C'est ça la différence. Si elle n'y voit pas de
différence, j'en vois une, majeure. Alors je demande à la
ministre si elle peut me dire comment ces OSIS vont régler le
problème de l'accès aux services de santé dans les milieux
défavorisés. Comment les OSIS vont-is régler le
problème d'accès et d'égalité aux soins de
santé dans les régions éloignées? Comment les
OSIS... Comment l'argent qu'on va distraire pour faire la publicité et
l'information - parce qu'il va bien falloir en faire un peu - ne sera pas pris
ailleurs pour favoriser une clientèle qui l'est déjà? Je
dis qu'on ne peut pas s'en aller dans une telle direction sans soumettre ces
hypothèses de travail - même si elles peuvent apparaître
intéressantes à certains égards - sans que ça
inquiète la population et sans que ça exige un large débat
public. On ne peut pas, M. le Président, changer les règles du
jeu, modifier l'accès aux services ou leur dispensation sans qu'il y ait
un débat sur l'ensemble. Et ce n'est pas vrai que des ballons vont
suffire.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Mme la ministre, votre droit de
réplique.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous comprendrez que
c'est assez difficile de pouvoir convaincre la députée de
Chicoutimi, quoiqu'il y ait une certaine admission qu'elle pense qu'on puisse
tenter des expériences nouvelles. C'est déjà un
progrès par rapport à ses affirmations préalables. En
même temps, elle affirme des choses qui sont inexactes comme, par
exemple, comment va-t-on empêcher la sélection de la
clientèle, c'est-à-dire une présélection de
clientèle ou favoriser une clientèle par rapport à une
autre? Je voudrais lui dire là-dessus, M. le Président, qu'une de
nos préoccupations c'est justement que cette sélection de
clientèle qui se fait aux États-Unis ne puisse pas se faire au
Québec dans le sens où elle se fait aux États-Unis,
à savoir qu'on pourrait choisir une clientèle jeune, en bonne
santé, etc. Alors c'est un des problèmes, qu'il n'y ait pas ce
type de sélection de clientèle.
Cela pourrait tout aussi bien avoir lieu dans un quartier
défavorisé que dans un quartier favorisé. Il n'y a rien
qui s'y oppose. Et quand elle dit: II y aura une carte de l'OSIS et il y aura
une carte d'assurance-maladie. Je regrette, M. le Président - je suis
bien prête à rencontrer Mme la députée de Chicoutimi
pour lui donner une foule d'information qu'elle n'a pas - il n'y aura pas deux
cartes d'assurance-maladie. Ce sera la même carte qui va être
utilisée dans les deux. Je trouve que ce que la députée
avance est absolument sans fondement.
Autre chose. Elle dit: Pourquoi ne le remettez-vous pas à un
CLSC? Il n'y a aucune institution qui n'en est exclue. Ce n'est pas impossible
qu'un CLSC... Et d'ailleurs, je pense que certains CLSC se sont montrés
intéressés. Alors il n'y a rien d'exclu à cet
égard-là. Je veux bien que la députée de Chicoutimi
nous fasse des tas d'affirmations gratuites, mais je lui répète
qu'il s'agit d'expérience qui permettrait - peut-être que nous
nous trompons, peut-être que l'expérience pourrait s'avérer
non fondée si elle devait avoir lieu - de changer un peu le "focus", je
dirais, l'accent, le déplaçant du curatif au préventif.
Mais c'est une opération qui peut être lancée strictement
à titre expérimental et au moment où nous aurons toutes
les garanties que l'accessibilité, la gratuité des services et la
non-sélection... Si c'est l'universalité, tout le monde y a
accès, enfin peut y avoir accès dans un quartier
donné.
Écoutez, je n'ai rien d'autre à ajouter, sauf que la
députée de Chicoutimi pense avoir trouvé là un
cheval de bataille et dire qu'il faut surtout entretenir la peur du public
vis-à-vis d'une expérience nouvelle qui pourrait risquer,
imaginez-vous donc, d'améliorer nos services de santé et nos
services sociaux. M. le Président, je n'ai pas d'autre argument. Je
pense que la députée veut passer ce message, veut l'entretenir,
veut le développer et, si possible, même
créer des craintes dans la population. Ce que je veux dire
à la population, je l'ai dit tout à l'heure, rien ne sera fait
pour être une menace à nos services de santé et nos
services sociaux. Au contraire, le seul objectif que des orientations
gouvernementales nouvelles pourraient poursuivre, ce sont des objectifs
d'amélioration des services de santé et des services sociaux.
Encore une fois, si nous ne voulons rien faire, si nous ne voulons rien
examiner, aucune avenue nouvelle, je pense que nous nous trouvons devant un
cul-de-sac dans le domaine de la santé et des services sociaux. Comme
ministre, je refuse de dire que nous sommes devant un cul-de-sac. Il y a
déjà des améliorations qui ont été
apportées. On a un bon service de santé au point de
départ. Des améliorations ont été apportées
au cours des trois dernières années, et je veux et le
gouvernement veut poursuivre dans cette direction.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
ministre.
Nous reconnaîtrons maintenant M. le député de
Fabre.
M. Jean A. Joly
M. Joly: Merci, M. le Président. Lorsque j'ai su que Mme
la députée de Chicoutimi était ici ce matin, je me suis
dit: il ne faut pas que je manque ça parce que telle qu'on la
connaît, elle s'est quand même fait une réputation. A mon
sens, ces gens ont à peu près tous une spécialité
de l'autre côté. On a rencontré des députés
alarmistes. Maintenant, on rencontre des députés qui
entretiennent des mythes. Je ne voudrais pas dire pour autant que ce sont des
députés "mytheux". Je me dois quand même de souligner
l'effort que fait Mme la députée de Chicoutimi pour entretenir
cette crainte dans la population. Le rôle d'un député est
celui d'un animateur et non pas d'un agitateur. On retrouve beaucoup de
qualités chez la députée de Chicoutimi, mais elle semble
vouloir faire diriger le débat strictement vers un sujet qui n'est pas
encore réglé, tout cela pour faire oublier tout ce qui se fait de
bon et de positif. J'aimerais vous entretenir surtout de ce qui s'est fait pour
les organismes communautaires, dans le secteur des services à la
jeunesse. Si on cherche à décortiquer l'éventail des
organismes qui sont actuellement sous le chapeau, sous la tutelle, sous l'aide
de notre gouvernement, on peut quand même en identifier plusieurs. Je me
réfère aux maisons des jeunes, aux organismes orienteurs, aux
maisons d'hébergement jeunesse, aux organismes de prévention et
d'aide dans le domaine de la prostitution juvénile, de la
délinquance et de la prévention du suicide. Si on se
réfère à ce qui se passait en 1984-1985, des années
qui ont été quand même sous le pouvoir du gouvernement
péquiste, il n'avait à donner que seulement des budgets de 4 500
000 $, alors qu'aujourd'hui, en 1988-1989, il y a presque 12 000 000 $. Si ce
n'est pas ça faire de la prévention, je me demande, M. le
Président, ce qu'on pourrait imaginer de plus. Regardons
spécifiquement ce qui s'est fait pour les maisons des jeunes. En
1984-1985, il y avait 73 organismes; aujourd'hui, en 1988-1989, il y en a 149,
passant d'un budget de 2 800 000 $ à 6 500 000 $. Je ne comprends pas la
députée de Chicoutimi de vouloir entretenir dans la population
des mythes à savoir qu'il ne se fait absolument rien. Si on regarde les
mandats qu'ils s'étaient donnés quant aux maisons des jeunes, ils
n'avaient même pas d'aide, même jamais de crédits
approuvés par le Conseil du trésor. Jamais. C'est la même
chose dans le cas des maisons d'hébergement jeunesse. Absolument aucune
politique approuvée. Cela a été défini. Cela a
été dit. On se devait de négocier ça toujours
à la pièce. Il n'y avait absolument rien qui garantissait que ces
maisons pouvaient s'assurer une survie tout en faisant de la prévention.
Quant à l'hébergement jeunesse, il y a une augmentation de plus
de 100 % du budget. (11 h 30)
Alors, Mme la députée de Chicoutimi, je vous demanderais
une fois pour toutes d'être honnête, de faire en sorte que la
population ait le vrai portrait de la situation et non pas simplement votre
interprétation. C'est facile de mal utiliser le pouvoir que vous avez et
d'alerter à votre façon la presse ou la population en
général quand vous savez pertinemment que tout ce qu'on cherche
à faire, c'est justement d'améliorer le système. Il a
été dit par chacun des intervenants qu'il n'est pas parfait.
C'est sûr qu'il n'est pas parfait, mais de la façon constante dont
on recherche des solutions, on ne peut faire autrement que d'aller vers une
amélioration. Essayez d'arrêter d'entretenir ces mythes qui sont
néfastes pour toute la population et pour vous-même, Mme la
députée, parce que vous serez jugée sur tout ce que vous
dites. Tout ce que vous avez dit jusqu'à maintenant peut être
vérifié. Je pense que Mme la ministre a clairement défini
les politiques qui seront mises de l'avant et, par la suite, on pourra
sûrement démontrer très clairement, autant avec des
chiffres qu'avec des réalisations, que le gouvernement en face de vous
est sérieux et honnête.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Fabre.
Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je vais
toucher seulement au volet du troisième âge, compte tenu que c'est
ma responsabilité ici, à l'Assemblée nationale.
M. le Président, celles et ceux qui, aujourd'hui, ont plus de 60
ans, en plus d'avoir modelé la société
québécoise dans laquelle nous vivons, constituent le creuset de
notre histoire. Ce n'est
donc pas un hasard si les partis politiques sont de plus en plus
appelés à se définir quant à ce groupe de personnes
qui, en 1988, totalisent plus 650 000 individus. Ce qu'il faut d'abord savoir
des personnes du troisième âge, c'est que plus de 70 % sont
autonomes et capables de se défendre. Elles ont leurs propres
activités et leurs propres réseaux de rencontres; les clubs de
l'âge d'or existent, l'Association des aînés francophones,
la Défense des retraités et j'en passe. Ces personnes organisent
des colloques et des rencontres et elles font directement pression sur le
gouvernement. Elles sont organisées et elles peuvent influencer les
décisions qui les concernent.
Ce dont je désire cependant vous entretenir aujourd'hui, c'est de
cet autre 30 % de personnes âgées qui sont presque sans
défense, sans organisme de pression et qui comptent sur l'aide du
gouvernement pour qu'on les traite avec dignité. Parmi ces personnes, 25
000 sont en centres d'accueil; plus de 3000 autres sont en soins
prolongés dans des hôpitaux, 7000 reçoivent des soins
à domicile et quelque 7000 autres attendent que le gouvernement leur
trouve une place parce qu'ils sont incapables de subvenir à leurs
propres besoins.
Lors de la campagne électorale de 1985, le Parti libéral
s'était engagé à faire davantage pour les personnes
âgées. Faisons donc ensemble le bilan de ces trois années
de pouvoir. Le Parti libéral s'était engagé à
régler le problème des listes d'attente en centres d'accueil;
pourtant 7000 personnes attendent toujours qu'on leur trouve une place. Le
Parti libéral s'était engagé à aider les personnes
âgées démunies à se loger plus facilement; pourtant
le gouvernement a coupé dans les programmes pour les constructions de
HLM. Le Parti libéral s'était engagé à adopter une
loi plus sévère à l'égard des foyers clandestins
qui exploitent les personnes âgées; on n'a pas encore vu l'ombre
d'un projet de loi dans ce domaine. Le Parti libéral s'était
engagé à sensibiliser les médecins au problème de
la surmédication des personnes âgées; rien n'a
été mis sur la table dans ce domaine. Le Parti libéral
s'était aussi engagé à créer un office de
protection pour les personnes âgées victimes de violence et d'abus
de toutes sortes; encore rien n'a été fait dans ce domaine. La
conclusion n'est pas très difficile à tirer, M. le
Président. Les personnes âgées vivent une situation
inacceptable et le gouvernement du Parti libéral n'a pas livré la
marchandise.
M. le Président, c'est difficile à accepter quand on voit
ce qui se passe dans les centres d'accueil où il n'y a même pas un
minimum de qualité de vie à cause des ressources manquantes. Pour
ce faire, il me semble Important que le gouvernement injecte des fonds
substantiels supplémentaires à ceux qu'il a déjà
versés pour la construction de nouveaux centres d'accueil et pour
ajouter des ressources dans les centres d'accueil existants. On sait que lors
du congrès des centres d'accueil qui s'est tenu au Hilton au printemps
dernier la recommandation était très importante et ce qu'on a
donné était beaucoup moins.
Quand vous lisez dans les journaux que faute de personnel suffisant les
personnes âgées sont nourries à la chaîne,
mélangent la nourriture avec la soupe pour que ça prenne moins de
temps pour les nourrir, on leur met des couches parce qu'on n'a pas le temps de
les amener à la toilette, on ne blâme pas le personnel qui est
là. Il est insuffisant pour le nombre de personnes qui sont en centre
d'accueil.
M. le Président, ce matin, je veux savoir quand Mme la ministre
responsable de la Santé et des Services sociaux et son gouvernement va
être en mesure de nous dire qu'il y aura de la place pour les 7000
personnes inscrites sur une liste d'attente? Aussi, quand va-t-elle demander
à son collègue ministre d'injecter d'autres fonds pour la
construction de HLM? Quand va-ton aussi faire en sorte que les foyers
clandestins ne puissent faire du mal à ces gens?
M. le Président, je souhaite que la ministre puisse nous
répondre de façon que nos gens âgés soient
traités dignement et avec humanité.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson. Je cède maintenant la parole à
Mme la ministre pour son droit de réplique.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Sans reprendre
l'exposé qu'elle a fait, je partage les sentiments de la
députée de Johnson à l'endroit du respect qu'exigent les
personnes âgées et de la considération que l'on doit avoir
pour elles.
Je voudrais quand même revenir sur certaines de ses affirmations
voulant que le gouvernement n'ait rien fait. Je voudrais simplement lui dire
que si on prend, par exempte, uniquement la question de l'alourdissement des
clientèles, c'est là un problème qui remonte à
1976, 1977, 1978. À ce moment, les centres d'accueil réclamaient
déjà de l'argent pour l'alourdissement des clientèles.
Je peux dire à Mme la députée de Johnson que le
gouvernement antérieur qui, au titre de l'alourdissement des
clientèles et de l'amélioration justement de la qualité
des services dans les centres d'accueil, a remis sur une période de neuf
ans 31 000 000 $. Sur une période de cinq ans, nous aurons mis
près de 61 000 000 $ ou 65 000 000 $, soit l'un ou l'autre, disons 60
000 000 $. Alors, c'est vous dire que nous faisons aussi notre large part.
Aussi, vous ajoutez que le problème auquel nous faisons face
présentement doit se solution ner non seulement à partir d'argent
pour l'alourdissement des clientèles, c'est un élément
très important, mais aussi la reconversion de nos lits de centres
d'accueil pour hébergement en lits de soins prolongés. Je dois
dire que, malheureusement, le gouvernement antérieur a construit des
centres d'accueil, et j'en conviens fort bien, je l'ai dit à
l'Assemblée nationale, comme d'ailleurs nous continuons d'en construire,
mais qu'ils ne les ont pas construits d'une façon suffisamment
fonctionnelle sauf à partir peut-être de 1984-1985. Ce qui veut
dire qu'aujourd'hui nous faisons face a un défi considérable sur
le plan financier pour rendre ces places fonctionnelles. Cela aussi fait partie
de l'amélioration de la qualité des services que nous pourrions
donner aux personnes âgées.
Nous en avons converti déjà un certain nombre le printemps
dernier. Nous voyons à la reconstruction, dans des cas, au
réaménagement d'un grand nombre de centres d'accueil mais, encore
une fois, ce plan doit être étalé sur un certain nombre
d'années parce qu'il s'agit de montants importants. Je serais heureuse
de dire à la députée de Johnson qu'à l'heure
actuelle il y a en construction, soit à cause de la
vétusté, de la sécurité ou à cause de la
construction nouvelle, plus d'argent sur la table qu'il n'y en a jamais eu
depuis un très grand nombre d'années.
Évidemment, il y a des lenteurs dans la réalisation de ces
constructions. On n'a qu'à se rappeler, par exemple, le centre
Anna-Laberge dont la construction a débuté, je crois, en 1985 et
qui ouvrira ses portes en 1990. Si on prend le maintien à domicile
aussi, il faut bien que vous réalisiez que sur trois ans, nous avons
augmenté les budgets d'aide à domicile d'environ 48 %. Alors,
c'est dire aussi que c'est une priorité pour nous. Nous avons aussi
tenté - et nous espérons faire davantage - d'augmenter un peu les
subventions aux organismes communautaires à domicile qui oeuvrent
auprès des personnes âgées.
Je pense que cette matière, je le reconnais, préoccupe la
députée de Johnson. Je pense que c'est une préoccupation
que l'ensemble de notre société doit avoir et que le gouvernement
doit épauler le plus possible. Je pourrais ajouter toutes les
unités de gériatrie qui ont été mises en place ou
consolidées, depuis que nous sommes arrivés, dans le cas de
certaines qui existaient pour permettre cette approche beaucoup plus de
réadaptation des personnes âgées qu'on ne le faisait dans
le passé. On pourrait parler de centres de jour, etc. Je pense, M. le
Président, que ce sont là des gestes très significatifs
que nous avons posés. En terminant, je veux ajouter, que sur la question
des abus envers les personnes âgées, le rapport ne m'a pas encore
été remis, il doit l'être incessamment. Fort probablement,
les orientations gouvernementales sur la politique globale sur la santé
et les services sociaux auront un accent particulier mis sur les
problèmes des personnes âgées.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Je cède maintenant la parole au député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. J'aimerais profiter de
ces cinq dernières minutes qui sont dévolues aux
députés ministériels pour revenir sur quelques-unes des
interventions qu'a faites la députée de Chicoutimi et plus
particulièrement sur toute la question de la privatisation qui est
prônée par ce gouvernement, selon son dire. Je trouve que
l'exercice auquel a procédé la députée de
Chicoutimi c'est un exercice, en tout cas, que je ne qualifierai pas parce que
cela risquerait d'être antiparlementaire. De façon consistante,
elle lit, elle aborde la question de la privatisation en même temps
qu'elle parle de l'OSIS comme si le but de l'OSIS, une organisation de soins
intégrés de santé, était de passer à la
privatisation. M. le Président, soit que la députée n'ait
pas lu le rapport, soit qu'elle ait lu et qu'elle décide d'induire la
population en erreur. C'est un choix qu'elle est libre de faire comme
députée. Un des collègues a dit qu'on sera jugé,
à un moment donné, sur nos agirs.
Si c'est le choix qu'a fait la députée qui est de faire
planer des doutes dans la population sur la privatisation et les idées
pernicieuses que pourrait avoir ce gouvernement, si on reprend son
communiqué de presse, par exemple, et je la vois sourire, toute contente
de son coup, j'imagine... Elle parle des organisations - en parlant des
organisations de soins intégrés de santé - qui, selon
elle, tenteraient de favoriser les clientèles déjà
privilégiées et concentrer en leur faveur davantage de moyens
pour une plus grande qualité des soins. Un peu ce que je disais tout
à l'heure, de façon très pernicieuse, elle veut opposer,
elle veut jouer sur les préjugés des gens. Il n'y a absolument
rien, et je la défie de nous prouver que ce qu'elle avance dans son
communiqué de presse est vrai, il n'y a absolument rien, dis-je, qui dit
que les OSIS, les organisations de soins intégrés de
santé, nous le répétons, qui sont encore des
expériences qu'on voudrait tenter pour mettre davantage l'accent sur le
préventif, puisqu'il s'agirait de maintenir le niveau de santé de
la population afin qu'on évite de réagir par le curatif, c'est le
but de ces organisations de soins intégrés de santé... Je
la défie de nous prouver qu'elles sont là pour favoriser les
classes privilégiées. Je la défie de nous prouver qu'elles
ne seront pas ou qu'elles ne pourront pas être implantées dans les
quartiers défavorisés. Je la défie de nous prouver
qu'elles ne seront pas implantées à partir des principes
d'universalité, d'accessibilité, de gratuite pour tout le monde
qui voudrait y adhérer, si on en arrive au point où on les
implantera. En tenant compte des problèmes qu'ils ont eus aux
États-Unis, où effectivement le système est privé
et dans lequel on ne veut pas embarquer, on a dénoté les
faiblesses des organismes privés aux États-Unis et,
effectivement, dans le document qui est là et qui est public, elle va
voir que ce sont des caveat qu'on
met avec ces organisations de soins intégrés de
santé. C'est-à-dire qu'il faut faire en sorte que les
clientèles ne soient pas choisies au préalable. Quant aux
quartiers, comme elle le soulignait tout à l'heure, ces organismes
pourraient être implantés dans tous les quartiers du Québec
où il y a une concentration de population assez large pour permettre un
véritable choix à la population. Comme il y a des quartiers plus
favorisés que d'autres, j'imagine qu'il va y en. avoir dans l'ensemble
de ces quartiers si on met ces organismes en place.
L'ensemble de mon intervention était pour souligner que la
démarche que fait la députée de Chicoutimi, en associant
les notions de privatisation avec celles sur les OSIS, en parlant de
concurrence en même temps qu'elle parle de ces organisations, tout en
disant qu'elle veut chercher elle aussi de nouvelles formules pour
améliorer les choses, j'arrive, à un moment donné,
à ne pas être capable de la suivre dans sa logique. Effectivement,
si elle veut chercher des façons d'améliorer et surtout de mettre
davantage l'accent sur le préventif, je pense qu'il y aurait lieu de
regarder cette expérience avec un oeil positif. Ses électeurs,
effectivement, la jugeront à un moment donné. Merci. (11 h
45)
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
député de Laurier. Je cède la parole à Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. La
vérité a ses droits, comme j'entends dire souvent de ce
côté-là de la Chambre. D'une part, je vous dirais, en toute
simplicité, que j'ai hâte que ce gouvernement prenne le pouvoir,
cela fait trois ans qu'il justifie son incapacité de prendre des
décisions sur le précédent gouvernement. Assez, c'est
assez assez, vous savez. Il me semble que la population doit être
tannée d'entendre ce discours tellement il est
dépassé.
La ministre dit: J'ai investi beaucoup - aux commentaires de ma
collègue de Johnson - sur le sort des personnes âgées. Elle
oublie de dire qu'en neuf ans, le gouvernement du Parti québécois
a construit exactement 69 centres d'accueil et d'hébergement et que le
Parti libéral en aura construit 6 au cours des trois dernières
années. Qu'elle me mette les chiffres sur la table et elle va pouvoir
constater la véracité de ce que je lui dis; nous avons
vérifié.
La deuxième, la carte-OSIS... J'écoutais le
député de Laurier dire que je n'avais pas lu le rapport sur les
OSIS. J'ai lu ce rapport, assez pour savoir qu'il ne peut pas y avoir deux
cartes. La ministre aurait vraiment un problème si la personne qui
adhère à l'OSIS garde sa carte-soleil, on va avoir un
problème certain. C'est encore plus grave que ce que je pense. Cela veut
seulement dire qu'elle n'a pas complètement pris connaissance de ce
rapport et cela commence à être préoccupant. On ne lance
pas n'Importe quoi dans le public comme cela.
À présent, le député de Laurier me demande
de faire la preuve que l'OSIS est bonne. Il me semble que le fardeau de la
preuve appartient à ceux qui font la proposition après cela on
examinera. Le fardeau de la preuve n'a pas à appartenir à
l'Opposition.
Je vais revenir maintenant sur le maintien à domicile des
services de santé. La ministre a dit que c'est un canard l'histoire des
100 000 000 $ de récupération dans les soins à domicile.
Pourtant deux journalistes, dont l'un n'est pas le moindre, Jean Francoeur, dit
dans Le Devoir du 6 octobre 1988: La gratuité freine l'expansion des
soins à domicile et, selon des sources au sein du ministère, le
gouvernement du Québec serait à déterminer à
récupérer une partie des 100 000 000 $. Ce n'est pas n'importe
qui qui a dit cela. Ce n'est pas moi qui tiens des propos alarmistes. Tous les
journaux font état de ces mêmes situations et de ces mêmes
préoccupations. Quand on dit que c'est la députée qui
encourage cela, il faudrait mettre un frein à cela. Par ailleurs, ce qui
encourage cette perception, c'est le silence de la ministre quant à ses
intentions de maintenir ou non la gratuité dans les services de maintien
à domicile à la suite du jugement de la Cour supérieure
dans le cas du CLSC de Katéri. Les personnes âgées
attendent avec impatience et anxiété la réponse de la
ministre. Y aura-t-il, oui ou non, des tickets modérateurs? Il ne faudra
pas se demander s'il y en aura ou non, il y en a déjà parce que
les ressources étant insuffisantes les CLSC se voient dans l'obligation
de sélectionner les clientèles et de reférer des personnes
âgées à des agences privées. Il faut absolument que
cela soit dit clairement. Ce n'est pas nous qui nous inquiétons de cela,
ce sont les gens âgés qui se liguent pour la gratuité des
soins à domicile; ils ont formé une coalition. Ce n'est pas la
députée de Chicoutimi qui parle, c'est la Coalition des
regroupements des personnes âgées, l'AQDR, la FAOOQ et les autres.
Cette question est majeure sur la qualité des soins aux
Québécois et aux Québécoises de la gratuité
pour les soins à domicile. La ministre sait très bien que son
silence à cet égard la sert, mais, en même temps, elle
provoque des inquiétudes dans les milieux concernés. La ministre
connaît également les données qui lui ont été
fournies par le Conseil régional du Montréal métropolitain
en ce sens qu'on a actuellement les ressources pour répondre à
peu près au besoin de 1000 personnes en soins intensifs de maintien
à domicile, alors qu'on évalue à quelque 6800 le nombre de
personnes qui auraient besoin de tels soins. Moi, ce que je dis à la
ministre et aux députés du gouvernement, ce n'est pas moi qui
suis en train de semer l'inquiétude dans ce milieu, je rappelle que
c'est la population qui s'inquiète. La privatisation ce n'est pas moi
qui en parle, c'est ce
gouvernement qui en parle et qui voit dans la privatisation la
panacée à tous les maux. C'est ce qui est inacceptable. Ce que je
pense de cette question des personnes âgées, une clientèle
fragile, il faut que la ministre nous dise rapidement si elle maintiendra, oui
ou non, la gratuité des services de maintien à domicile
dispensés par les CLSC et, si oui, combien est-ce qu'elle entend
investir, parce qu'actuellement ces services ne sont pas gratuits?
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Chicoutimi. Nous en sommes aux conclusions.
J'inviterais, Mme la ministre à exercer son droit de réplique de
dix minutes et ensuite Mme la députée de Chicoutimi pour dix
minutes. Mme la ministre.
Conclusions Mme Thérèse
Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de tirer des
conclusions, je voudrais parler des services que nous avons ajoutés pour
les personnes âgées. Si l'on considère que j'ai
parlé des montants pour le maintien à domicile, l'alourdissement
de clientèle, je ne reviens pas là-dessus. Parlons des
unités de gériatrie: 27 unités de gériatrie ont
été mises en place ou consolidées; 17 hôpitaux de
jour également et 23 centres de jour ont été mis en place
ou, dans certains cas, consolidés et, cela, après deux ans et
demi. M. le Président, je crois que ce sont quand même des
statistiques fort intéressantes.
Je voudrais également revenir sur les 7000 qu'on nous a
lancés tout à l'heure comme étant le montant des personnes
en liste d'attente pour des centres d'accueil. D'abord ces 7000, il faut les
nuancer parce qu'une même personne peut être sur une liste
d'attente à deux ou trois places; de façon précise, ce
chiffre n'est pas exact. M. le Président, cela dit, je dois vous dire
que je suis un peu déçue que, dans tout ce débat, la
députée de Chicoutimi ne nous ait pas fait de suggestion
constructive pour cette fameuse politique globale de santé et de
bien-être, qu'elle ne nous ait fait aucune suggestion concrète,
sauf s'attaquer - et c'est son droit, je le respecte tout à fait -
à la question de la privatisation d'une façon continue comme pour
convaincre la population que les services de santé seraient
privatisés.
M. le Président, je le répète, il n'est pas
question de privatiser les services de santé et, encore une fois, nous
n'avons pas le temps de le faire. La commission Rochon a parlé de
l'apport du secteur privé, eu égard aux organismes
bénévoles, aux fondations, aux centres d'accueil privés
qui existaient tous, bien avant que la ministre actuelle n'y soit. Alors, M. le
Président, je trouve que c'est un peu... en tout les cas, je vais
laisser au public le soin de juger.
Je veux rappeler, parce que j'ai lu aussi le contenu du
communiqué de presse de Mme la députée de Chicoutimi qui
vient de nous annoncer qu'elle vient de constater un problème aigu de
santé dans les zones urbaines défavorisées de
Québec et de Montréal. Quelle nouvelle, M. le Président!
Nous le savons malheureusement, que ce sont les classes les plus
défavorisées, selon toutes les. recherches qui ont
été faites, qui utilisent le moins les services de santé
et aussi les services d'éducation. C'est dans cet esprit-là que
nous avons tenté des expériences, par exemple, eu égard
aux problèmes des bébés prématurés qui
naissent avec un faible poids. Déjà, les mesures peuvent produire
des résultats positifs, et on assiste à une augmentation du poids
des bébés prématurés dans les milieux
défavorisés. Mais ce n'est là qu'une mesure. Je voudrais
simplement revenir sur le fait qu'une politique, si on parle d'objectifs, il y
en aura une, si on parle des grandes actions à poser pour
réaliser ces objectifs, il y en aura. Si, par contre, on entend par
politique l'articulation plus précise dans tous les détails pour
chaque territoire, faisant allusion aux régions du Québec, il
faudra un peu plus de temps, il faudra également obtenir
l'adhésion de la population et de l'ensemble de notre
société pour permettre d'atteindre ces objectifs. Entre-temps, M.
le Président, le ministère que je dirige a été
extrêmement actif dans le domaine de la solution des problèmes, si
on pense, par exemple, à la politique de santé mentale, qui
devrait être rendue publique incessamment, aux politiques de
réinsertion sociale, eu égard aux handicapés
intellectuels; si on regarde les gestes qui ont été posés
du côté de la main-d'oeuvre médicale, du côté
de la main-d'oeuvre infirmière, qui n'en est qu'à ses
début, mais qui, quand même, est un problème très
complexe et pour nous, c'est un fondement très important de nos services
de santé; si on parle des actions prises dans le domaine de l'alcoolisme
et de la toxicomanie et également à l'endroit du sida, d'autres
actions vont devoir être posées assez prochainement.
Je ne cite là que quelques domaines où le ministère
a été très actif, sans compter tous les problèmes
que nous avons dû solutionner. Parce que si on pense aux hôpitaux
qui étaient sous-budgétisés, si on pense aux urgences
où les problèmes ne sont pas tous résolus, mais qu'on est
en bonne voie de résoudre, un bon nombre ont été
résolus, mais ils nécessitent une vigilance constante, je suis
fière de dire que pour toutes ces choses, j'ai reçu l'appui du
gouvernement et un appui constant. Je peux aussi assurer la population que la
santé et le bien-être des citoyens demeurent une priorité
pour le gouvernement auquel j'appartiens.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
J'invite Mme la députée de Chicoutimi à exercer son
dernier droit de réplique.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je vais revenir aux
propos que j'avançais au début de cette intervention de
l'Interpellation. Je me réjouis de la décision de la ministre de
doter le Québec d'une véritable politique globale en santé
et en bien-être, si c'est bien ce que j'ai compris. Cela a
été moins clair quant à son intention de consulter. Mais
j'ai cru comprendre qu'elle dit aux organismes: Si vous faites assez de
pressions, il y aura une consultation.
Alors, s'il y a suffisamment de pression, j'y verrai. Je lui dis tout de
suite qu'il y a - cela représente un certain nombre de personnes - la
FTQ, la CSN, l'AIIPQ, la Fédération des infirmiers et
infirmières du Québec, je sais qu'il y a les fermières et
d'autres groupes qui vont réclamer une politique. Ce que je veux dire
ici, à ce gouvernement, c'est qu'on ne peut pas toucher au consensus qui
a été fait dans la société quant à la
gratuité, à l'accessibilité et à
l'universalité de nos soins de santé sans que cela fasse l'objet
d'un débat. Je dirais qu'aucune politique de la santé au
Québec n'a de chance de se réaliser avec succès sans ce
consensus. C'est pourquoi il est important de faire un large débat
là-dessus. On m'accuse de parler de privatisation, mais tout votre
gouvernement parle de privatisation.
Mme Lavoie-Roux:... privatisation, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Tout votre gouvernement parle de privatisation. La
réaction de la ministre est de dire que rien ne l'empêcherait de
privatiser, de vendre à Lavalln, Saint-Michel de Bellechasse, sauf que
l'hôpital s'y est opposé. Non, Saint-Michel...
Ce que je dis à la ministre et à ce gouvernement, c'est
qu'il est indispensable que cela fasse l'objet d'un débat public parce
qu'une politique, cela doit d'abord énoncer certains principes:
accessibilité, gratuité et universalité, cela a
été la base de l'établissement de nos services de
santé et services sociaux. La deuxième chose: cela doit
identifier certaines cibles, et je pense qu'aucune action dans le réseau
ne devrait être posée sans qu'il n'y ait une perspective de
prévention. Cela est primordial. La troisième chose: il faut
absolument qu'une politique globale de la santé au Québec
réduise les inégalités interrégionales, les
confirme et présente dans un plan d'action une volonté
réelle de réduire les inégalités en santé au
Québec. C'est ce qu'il faut.
La commission Rochon propose un certain nombre de pistes et, pour moi
qui suis d'une région, je pense que c'est dans la régionalisation
qu'on va obtenir cela, non pas en créant des OSIS, non pas en
privatisant, mais en décentralisant le pouvoir et les budgets.
Voilà ce que je dis à la ministre. Une politique de la
santé au Québec, ce ne sont pas des oeufs et du lait pour des
bébés qui ont un faible poids à la naissance. C'est bien
fin, c'est joli, cela fait grossir, mais cela ne règle pas le
problème. Le problème fondamental en est un de pauvreté.
C'est cela, une politique de la santé au Québec. Une politique de
la santé au Québec, ce n'est pas un fauteuil roulant pour les
handicapés. C'est une concertation entre les deux ministères - et
je ne l'ai pas encore vue - le ministère de l'Éducation et le
ministère de la Santé et des Services sociaux pour
l'intégration des jeunes enfants dans les écoles. On sait qu'il
n'y a pas eu d'entente - à ma connaissance - en trois ans entre ces deux
ministères. Actuellement, le ministre de l'Éducation coupe les
postes des professeurs itinérants pour ceux qui ont des problèmes
de vision dans les écoles, 50 % des effectifs. Ensuite, le Centre
d'entraînement à la vue de Chicoutimi, qui avait un centre de
vision, n'est toujours pas subventionné. Les gens prennent cela à
même leur budget et disent. C'est à nous, on ne le tient plus.
Une politique de la santé, c'est une vision
intégrée des actions à prendre qui permet à un
gouvernement de dire à ses ministres: Vous allez vous ajuster en
conséquence, sinon, parlez-vous un peu. C'est cela, une politique
globale de la santé au Québec.
Il y a actuellement un écart considérable entre
l'espérance de vie et la qualité de vie selon les quartiers. Et
l'étude qui a été réalisée par le Conseil
des affaires sociales et de la famille nous trace un portrait - la ministre va
dire alarmiste - réel de la situation de la pauvreté au
Québec. On ne peut pas négliger des interventions
concrètes en dépit de tout le charme que cela peut avoir, je le
maintiens. C'est sympathique tout plein qu'elle ait décidé de
subventionner le dernier refuge et, avec une question plantée, en
Chambre, elle nous annonce cela. Cela ne règle pas le problème
lié à la désinstitutionnalisation cruelle et sauvage qui
se fait actuellement. Les gens se retrouvent dans le dernier refuge.
Deuxième chose. La désinstitutionnalisation, telle que
réalisée, c'est le syndrome de la porte tournante. On les met
à l'extérieur et souvent ils se ramassent dans la rue dans des
conditions bien pires que celles qu'ils avaient lorsqu'ils étaient en
institution. Une politique! Elle nous dit tout ce qu'elle a fait. J'aimerais
bien voir ce qu'elle a fait pour les femmes violentées et les femmes
battues. Je trouvais ça tout à fait charmant, une belle campagne
d'information à laquelle j'adhérais et nous adhérions et
qui a eu des succès sans précédent quant à la
sensibilisation et la perception que la population a eue du problème,
quant à la nécessité de recourir à certaines
mesures. La seule solution, quand elle a vu que ça débordait,
elle a coupé. Je dis à la ministre que ça nous prend une
politique globale de la santé. Il faut arrêter de lancer des
ballons dans toutes les directions. Il faut absolument qu'elle nous
dépose cette politique et qu'elle
fasse rapidement l'objet d'une consultation parce qu'elle a perdu un
temps considérable dans un voyage un peu touristique autour du
Québec en allant demander aux gens s'ils étaient d'accord avec ce
qu'il y avait dans le rapport Rochon. Je pense qu'il aurait été
beaucoup plus pertinent de rédiger certaines grandes orientations. Si
elle était partie avec un certain nombre d'orientations bien claires et
qu'elle avait dit: C'est là-dessus que je vais consulter et j'aimerais
qu'on revienne... Mais elle s'en allait à la pêche.
Êtes-vous pour ou contre la décentralisation, la
régionalisation? Pour ou contre telle formule? Ce n'est pas ça
une politique. Une politique c'est de dire: Voilà mes intentions. Je
m'en vais dans cette direction-là. Qu'est-ce que vous en pensez? C'est
ça que ça nous prend pour arrêter d'agir à la
pièce et pour aussi - la ministre le sait et le parti ministériel
le sait - atténuer les appréhensions de la population à
l'endroit du désengagement de l'État qui aurait un rapport avec
le libre-échange. Je dis qu'il n'y a pas de rapport. La ministre a
raison. On pourrait tout privatiser sans le libre-échange.
Là-dessus, je n'encouragerai pas les propos défaitistes qui sont
tenus à cet égard. Sauf que quand elle ne répond pas
à nos questions... Est-ce qu'il y aura maintien de la gratuité
des services de maintien à domicile? Elle n'a jamais répondu. La
ministre n'a pas répondu à cette question-là. Comment
entend-elle répondre à la question qui a été
soulevée par le jugement de la Cour supérieure quant aux services
offerts par les CLSC? Elle n'y a pas répondu non plus. C'est ça
qui maintient l'inquiétude dans la population. Et c'est pourquoi il faut
qu'on soit au clair là-dessus. Qu'est-ce que l'État a l'intention
de faire au cours des prochaines années pour maintenir son engagement
dans les services de santé et les services sociaux?
Je voudrais à présent assurer la ministre que dans
l'hypothèse où elle accepte de déposer une politique
globale de la santé au Québec et de proposer des solutions
concrètes pour l'application de la politique, c'est avec beaucoup de
conscience, de vigilance et de sincérité que j'entends participer
au débat. Parce que je suis comme elle, très soucieuse... D'abord
convaincue qu'on a un bon système, convaincue qu'il y a des
améliorations à apporter. Et le bon système, on l'a
répété, il y a eu neuf ans de gouvernement péquiste
et il reste bon, ne vous en déplaise... Le système est bon. Il
peut être amélioré. Il y a des problèmes qui ont
été identifiés auxquels je suis sensible. C'est avec toute
ma sincérité et les connaissances que j'ai que je vous offre ma
collaboration pour travailler à l'élaboration, au fignolement,
à la bonification de ce que pourrait être une politique de
santé au Québec. Je pourrais aussi, et je vous offre toute ma
disponibilité, vous indiquer les voies que nous privilégions
quant à l'amélioration et à la bonification des services
de santé et des services sociaux au Québec. J'ajoute qu'à
mon avis, ça n'existe pas dans les OSIS à moins d'avoir une belle
OSIS régionale. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je remercie tous les
participants. La commission ayant rempli son mandat ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 7)