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(Quinze heures cinquante-sept minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 34, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux et d'autres dispositions législatives.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire: Oui. M. Blais (Terrebonne) sera
remplacé par M. Chevrette (Joliette); Mme Harel (Maisonneuve) par M.
Claveau (Ungava); M. Latulippe (Chambly) par M. Cusano (Viau) et M. Sirros
(Laurier) par M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas d'autres
remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
La Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain (suite)
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous remercie.
Nous en étions à l'article 149. 5, tel qu'introduit par l'article
2 du projet de loi, à l'amendement tel que proposé par M. le
ministre. Nous en étions au deuxième paragraphe, à son
remplacement par le suivant: 2° Exploiter un service d'ambulances et un
service d'interventions médicales d'urgence uniquement. Et on avait un
sous-amendement qui se lisait comme ceci: Le sous-amendement apporté au
paragraphe 2° de l'article 149. 5 est de nouveau amendé par l'ajout,
à la fin des dernières lignes du paragraphe 2°, des mots
suivants: uniquement dans les cas d'abandon ou de refus de respecter le contrat
conclu avec les propriétaires existants.
Nous en étions à ce sous-amendement déposé
par le chef de l'Opposition et député de Joliette. M. le
ministre.
M. Dutil: La discussion était faite là-dessus, on
était sur le point de voter, si je me rappelle bien.
Le Président (M. Bélanger): Non. La discussion a
été faite sur la recevabilité et non sur le fond, je
m'excuse.
M. Chevrette: Vous êtes bien habile, M. le ministre, mais
pas assez pour me "pogner" de même.
Le Président (M. Bélanger): On aurait bien
aimé vous aider, M. le ministre, mais malheureusement...
M. Chevrette: Et là-dessus, Mme Lamontagne va me donner
raison.
Le Président (M. Bélanger): Ah oui!
M. Dutil: Mais je ne suis pas d'accord qu'on ait tant à
discuter de la recevabilité. La recevabilité avait
été discutée et acceptée.
Le Président (M. Bélanger): II y a eu une
discussion sur la recevabilité du sous-amendement et il a
été déclaré recevable. Alors maintenant, nous
plaidons sur le fond, même si à ce moment-là, le
député de Joliette avait davantage parlé sur le fond que
sur la forme, nous allons l'entendre de nouveau sur le fond.
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire que je suis
habile?
Le Président (M. Bélanger): Oui. M. Chevrette:
Merci, envoyez fort!
Le Président (M. Bélanger): Je vous l'ai
déjà dit. Vous êtes très habile dans l'art de faire
indirectement ce que vous ne pouvez faire directement.
M. Chevrette: Foule en délire, appuyez-moi. Le
Président (M. Bélanger): Allez-y.
M. Chevrette: Combien me reste-t-il de temps?
Le Président (M. Bélanger): Douze minutes.
M. Chevrette: Donc, j'ai parié seulement huit mfnutes.
Le Président (M. Bélanger): C'est
déjà beaucoup.
M. Chevrette: Parfait. Fort en chiffres? La famille Dutil va
m'engager pour administrer chez elle.
Cela dit, M. le Président, je vais profiter de mes douze minutes,
bien sûr, pour vous parler un peu de mon amendement, mais surtout pour
vous parler de l'effet qu'est en train d'avoir la fameuse loi sur les
transactions qui se passent dans l'entreprise privée,
précisément à Montréal. Ce n'est pas pour rien que
j'ajoute des bouts de phrases ici et là pour sécuriser, pour
démontrer que les employeurs existants conservent des droits, des
prérogatives, des privilèges. Au moment où on se parle,
à cause de l'incertitude de la loi qui enlève des permis, qui ne
reconnaît pas, qui reconnaît un petit peu, qui reconnaît plus
ou moins la validité des permis, l'entreprise
privée est aux prises, dans bien des cas, avec des
problèmes d'emprunt alors que la coop est assurée,
"backée" par le ministre, par la SDC, à tour de bras. Pouf! On
vous appuie, 1 300 000 $. Les transactions passent quasiment avant que les
transactions se fassent. Pas de problème! On reçoit des lettres
à nos bureaux, des copies conformes disant que les caisses et les
banques serrent la vis aux entreprises privées qui, elles, n'ont pas de
SDC pour les "hacker", elles n'ont pas de ministre pour les "hacker". On risque
carrément de se retrouver avec des gens qui vont tout perdre et des gens
de bonne foi, dans l'entreprise privée, qui ont investi. Et cela, c'est
l'effet d'une loi précisément qui, à mon avis, crée
deux poids deux mesures. C'est un non-sens. Personnellement, M. le
Président, quand j'ai ajouté cet amendement, hier, je vous
disais: C'est drôlement important de ne pas avoir, en rapport de forces
de négociation, une clause qui permette au ministre, n'importe quand, de
faire chanter n'importe qui. C'est pas pour rien que j'ai ajouté:
Uniquement dans les cas d'abandon ou de refus sinon, en donnant à l'OSBL
le droit d'avoir sa propre flotte, cela déséquilibre, tous les
rapports de forces, enlève toute force de négociation à
qui que ce soit.
Et je suis surpris que l'aile libérale, dite axée sur
l'entreprise privée, ne comprenne pas ça. Je regarde le jeune
député de Taschereau, il vient de l'entreprise privée, il
me semble qu'il devrait comprendre ça, lui. Il n'accepterait pas, lui,
qu'un gouvernement se crée une concurrence déloyale par une loi,
puis qu'il fasse mourir, à toutes fins utiles, l'entreprise
privée. Je suis convaincu que c'est parce que vous ne l'avez pas
préparé, parce qu'il n'accepterait pas ça, j'en suis
convaincu.
Je suis convaincu qu'un gars comme le député de
Saint-Hyacinthe, qui connaît très bien l'entreprise, parce qu'on
l'a très brien "briefé", très bien renseigné,
n'accepte pas des maudites folies de même, puis s'il les accepte, il ne
fera pas des enfants forts en politique. Je suis convaincu qu'il n'accepte pas
ça, mais il faudrait qu'il art le courage de le dire, ici. Il faudrait
qu'il ait le même courage qu'il manifeste quand il rencontre les gens qui
lui expliquent, puis qu'il leur dise s'N les comprend. Il faudrait qu'il ait le
même "guts" que j'ai de ce bord-ci puis qu'il dise ce qu'il pense une
fois de temps en temps.
La même chose pour le député de L'Assomption. Je
suis convaincu que Saint-Amour est allé voir le député
Gervais, de L'Assomption, qu'il lui a expliqué ce qu'il se passait
puisqu'il lui a dit: Vote pas n'importe quoi, toi, mon député, et
qu'il lui a expliqué les dangers d'une telle loi pour l'entreprise
privée.
Mais j'ai hâte que vous vous dégeliez. Vous êtes
affables quand ils vont vous voir dans vos bureaux, messieurs. Vous comprenez
tous quand ils vont vous voir dans vos bureaux. Pourriez-vous manifester la
même maudite compréhension quand on vous parle, ici? Pourriez-vous
égale- ment répéter un peu ce que vous entendez dans vos
milieux? Etes-vous capables de me dire, chacun de vous autres... Je vous mets
au défi toute la gang, jusqu'à 23 heures je vais me fermer la
boîte, je vais juste vous écouter, répétez-moi ce
qu'on vous a dit dans vos bureaux, et répétez aussi ce que vous
leur avez dit dans vos bureaux, toute la gang, sans rougir et là. je
vais dire que vous êtes des hommes. Mais tant et aussi longtemps que vous
ne le ferez pas, vous allez être quoi? Vous allez être des petits
gars en culottes courtes. Est-ce clair'? Vous ne serez pas des gens avec du
"guts", vous ne serez pas des gens avec des colonnes vertébrales, qui
représentez des électeurs, qui voulez débattre des
principes.
Quand je reçois une lettre, comme celle de cet après-midi,
adressée au ministre, d'un jeune qui va faire faillite si son cas ne se
règle pas aujourd'hui ou demain. S'il était une
coopérative, savez-vous ce qui arriverait demain matin? Il aurait un
décret de signé par votre "boss", il aurait 1 300 000 $ de
prêtés sans intérêt pour deux ans. Lui, le jeune, il
a emprunté, à 10 % ou 12 %, puis parce que ça ne se
règle pas, il va craquer. On va prendre ses ambulances puis on va les
donner savez-vous à qui? Aux coopératives. Vous êtes
d'accord avec ça, vous?
Puis ça, ce n'est pas être contre les coopératives,
c'est être pour le respect de l'entreprise privée, qui a des
droits, aussi C'est ça que je vous demande. Je suis content de vous voir
ici le député de Saint-Hyacinthe, entre autres. Je suis content
de le voir ici! Est-ce qu'il est venu parce qu'il y a du monde de
Saint-Hyacinthe dans la salle? Je suis prêt à lui donner tous les
consentements pour parler, pour montrer comment il se tient debout devant ses
électeurs, M. le Président, tout de suite, consentement de ma
part. Puis tous les autres, tous ceux qui veulent s'exprimer, montrez-nous que
vous avez des couilles, que vous avez du "guts", je vais vous respecter, je
vais vous applaudir, à part ça. Puis ensemble, on va dire au
ministre: Minute, c'est fini, les folies. Si vous avez transigé avec un
seul groupe, réveillez-vous, il y a plusieurs groupes dans cela.
Dites-le à votre ministre et si ce n'est plus lui qui a le dossier, on
va aller le dire au cabinet du premier ministre. On va dire: Qui a le dossier
pour qu'on lui parte, pour que cela ait de l'allure cette histoire-là,
pour que ce soit équitable. Cest cela qu'on dit.
Je propose quoi comme amendement, pour vous aider à voter? Je
dis: M. le ministre, vous voulez que l'OSBL ait sa flotte? Oui. Mais il aura sa
flotte uniquement lorsqu'il y aura abandon des contrats existants, quand il y
aura refus d'exécuter un contrat; mais pas: L'OSBL aura le pouvoir
d'avoir sa flotte n'importe quand, en termes de négociations, quand je
voudrai vous faire chanter. Il n'y a pas une entreprise
québécoise qui accepterait cela. J'espère que ce n'est pas
les principes que vous avez fait accroire au
monde quand vous vous êtes présenté pour vous faire
élire, qui que vous soyez sur votre bord.
Je veux me garder quelques minutes pour permettre au ministre de se
défouler lui aussi, parce que je le sens tout poigné, tout
crispé devant ses collègues. Il devra s'expliquer, donc ce serait
bon de le laisser aller quelques minutes. J'ai affaire au leader
maintenant.
M. Dutil: J'espère que le chef de l'Opposition va rester
ici.
M. Chevrette: Je vais vous écouter, soyez sans crainte.
Pour le peu que vous sortez, je comprends tout.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau, vous voulez...
M. Leclerc: Comme on a été mis en cause, je ne sais
pas si le ministre...
Le Président (M. Bélanger): Oui, absolument. Une
voix: On va vous réserver du temps.
M. Chevrette: Ils ont droit à 20 minutes chacun, sur
consentement...
Le Président (M. Bélanger): Cela n'enlève
pas de temps au ministre, c'est juste votre temps à vous, allez-y.
M. Leclerc: Je voudrais intervenir sur ce qu'il a dit.
Le Président (M. Bélanger): Bon. D'abord. M. le
ministre, et M. le député de Taschereau par la suite.
M. Dutil: Le chef de l'Opposition, comme d'habitude, mêle
tout; il mêle la province avec Montréal, en particulier. Je vais
réitérer ce que j'ai déjà dit depuis le
début, mais qu'il ne semble pas avoir compris.
Au niveau de la province, il n'y a pas de révocation des permis
et il n'y a pas d'indemnisation sur les permis, parce qu'il n'y a pas de
révocation des permis. Donc, au niveau de la province, ce que l'on vit,
actuellement, c'est une négociation qui s'est faite entre les employeurs
et les employés, où participait le gouvernement.
Évidemment, j'ai déposé ou j'ai mentionné que nous
allions déposer une lettre - je pense qu'on ne l'a pas fait, hier - de
la CSAQ qui confirmait que les intéressés avaient
négocié pour un montant de 114 000 $ qu'ils réclament,
alors que ce qui avait été prévu n'était que de 80
000 $, pour les frais de négociation.
Ce qui est en cause, actuellement, c'est un désaccord sur le
contrat-budget, entre le gouvernement et les employeurs; il faut poursuivre les
négociations, de ce côté-là, pour en arriver
à une entente. La loi n'a donc aucun effet, con- trairement à ce
que laisse supposer le chef de l'Opposition, concernant les négociations
qui peuvent se passer dans le secteur autre que Montréal.
Quant à Montréal, ce que nous visons à faire, c'est
de révoquer les permis, étant donné la réforme que
nous faisons, et de compenser pour les permis que nous révoquons. Plus
que cela, M. le Président, dans l'article 22 que nous avons transmis
à l'Opposition, qui sera discuté, nous prévoyons qu'en cas
de désaccord sur l'indemnité fixée par le gouvernement, il
sera loisible à ceux qui ne seraient pas d'accord, de former avec. nous
un conseil d'arbitrage, sur lequel une personne est nommée par les
employeurs, un arbitre est nommé par le gouvernement, et le
troisième arbitre est choisi par les deux premiers arbitres, pour en
arriver à vérifier si nous avons été justes et
équitables dans le montant qui était prévu par le
gouvernement pour indemniser la révocation des permis à
Montréal.
Mais cela veut dire quoi, la révocation des permis? Cela veut
dire qu'il n'y a plus de permis, donc plus de privilèges
d'attachés aux permis. Et je donnais cet exemple au chef de
l'Opposition, hier. Faisons l'hypothèse que, demain matin, il n'y a pas
de système ambulancier, à Montréal, et qu'on
désire, nous, du gouvernement, en installer un. On pourrait
procéder de la façon suivante: on engage des employés et
on va aux soumissions publiques pour obtenir des véhicules de
l'entreprise privée, qui nous les fournira sur une base, à
déterminer, de trois, cinq ou sept ans; cela pourrait varier selon les
besoins.
Mais une fois que le contrat est terminé, il n'y a plus aucune
obligation - et celui qui a soumissionné connaît son risque - ni
de négocier, ni même de retourner aux soumissions publiques. Le
gouvernement pourrait décider que maintenant, il désire - c'est
des scénarios qu'on pourrait imaginer; il pourrait y en avoir plusieurs,
j'en ai évoqué quelques-uns tout à l'heure - qu'il
pourrait décider d'avoir, lui aussi, sa propre flotte.
Je donne un exemple vécu. En 1976, ce n'est pas Montréal,
bien sûr, je vais parler de la Beauce, il y a eu une réforme des
ambulances. L'effet que cela a eu, c'est qu'il n'y a pas eu de service
d'ambulance pendant quelques semaines dans la Beauce parce que les
propriétaires privés ont décidé qu'ils n'offraient
plus le service aux nouvelles conditions prévues par le gouvernement de
l'époque, en 1976, celui du Parti québécois. Je me
rappelle très bien avoir été grandement impliqué
là-dedans pour influencer les municipalités - j'étais
moi-même conseiller municipal - et travailler pour la création
d'un OSBL pour organiser un service d'ambulances dans la Beauce.
L'OSBL doit lui-même pourvoir aux services d'ambulance dans la
Beauce, ce système est encore en cours aujourd'hui et il fonctionne
bien. Ce n'est pas le seul système qui peut fonctionner, il y a
des endroits où le système prévu fonctionne très
bien et il y a des endroits où il y a des OSBL et il y a maintenant des
coopératives. Trois systèmes qui existent, qui peuvent cohabiter
et fonctionner très bien.
Alors, ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que,
premièrement, ce que la loi prévoit, à Montréal,
c'est de révoquer les permis. Deuxièmement, c'est de donner des
indemnités. Nous avons convenu de cela, cela a été un long
débat au printemps passé: on en a parlé jusqu'à 30
heures sur les 42 heures. Est-ce qu'on peut indemniser les
propriétaires? Nous avons dit: Oui. Nous l'avons même prévu
dans le document transmis à l'Opposition.
Mais à partir de cela, pourquoi le gouvernement fermerait-il la
porte à divers scénarios possibles? Par exemple, il ne se
retrouve que devant un seul soumissionnaire dans trois ans, quatre ans ou cinq
ans. Et il n'y a plus de concurrence et il n'obtient pas un tarif aux
soummissions qu'il estime correctes.
Tous ces scénarios peuvent être imaginés. C'est la
raison pour laquelle je pense qu'on doit maintenir cet article et rejeter
l'amendement du chef de l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le ministre,
votre temps est écoulé. Je cède maintenant la parole au
député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Très
brièvement, puisque le chef de l'Opposition m'a mis en cause. Je
voudrais lui dire que le siège social de Lépine-Cloutier est dans
le comté de Taschereau. Comme il nous a demandé d'avoir les
couilles de répéter ici ce que l'on avait dit à ces gens
dans nos bureaux, je dois lui dire que je n'ai eu, à ce jour, aucune
représentation qui m'a été faite par
Lépine-Cloutier.
Je suis disponible pour les rencontrer, sauf erreur, cependant, cette
maison a été récemment vendue à Urgel Bourgie. Par
conséquent, malgré toute les bonnes intentions que veut me
prêter le chef de l'Opposition, puisque je n'ai pas eu de
représentation, je ne peux pas me contredire ici.
M. Chevrette: Mais est-ce que vous avez des idées sur les
articles qu'on fait et sur les amendements qu'on fait?
M. Leclerc: Certainement.
M. Chevrette: Bon. Je voulais vous offrir l'occasion de le
dire.
M. Leclerc: Vous nous avez demandé d'avoir les
couilles...
M. Chevrette: Un gars qui vient de l'entreprise privée
peut-il être d'accord ou pas avec cela?
M. Leclerc: Vous nous avez demandé d'avoir les couilles de
dire la même chose ici que l'on disait aux gens qui nous faisaient des
représentations dans nos bureaux.
M. Chevrette: Ah! Si vous n'avez rien à dire, cela ne vous
oblige pas à parler, c'est bien sûr.
M. Leclerc: C'est cela.
M. Chevrette: Je me rends compte que vous n'avez rien à
dire.
M. Leclerc: Vous vous rendez compte que je n'ai pas eu de
représentation de leur part.
M. Chevrette: Vous, c est un autre problème que vous allez
avoir à vivre. Vous allez vivre un monopole coopératif des
ambulances à Québec et on en reparlera dans deux ans. Ce n'est
pas le cas à Saint-Hyacinthe, par exemple.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Avec le consentement, parce que je ne suis pas membre
de la commission.
M. Chevrette: Oui, je vous le donne, puis une heure de
débat.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Si vous pouvez nous dire tout ce que vous avez sur
le coeur.
M. Messier: Non, pas nécessairement. Le chef de
l'Opposition, c'est un fin ratoureur, mais je vais quand même intervenir
dans le présent débat. Effectivement, j'ai
énormément de représentations. C'est évident que M.
Fontaine, un résident de Saint-Hyacinthe, fait effectivement
énormément de représentations, en personne et aussi par le
biais de gens qui sont relativement intéressés par le
présent dossier.
J'en ai parlé tout à l'heure avec le ministre. Celui-ci
est conscient qu'effectivement, les pressions sont très fortes sur
l'ensemble des députés qui sont touchés par le projet de
loi. À titre d'exemple, j'ai posé trois ou quatre questions au
ministre, cela ne me fait rien de les répéter. Je vais lui poser
les questions. Il va me donner sensiblement les mêmes réponses.
Est-ce qu'il est normal d'avoir deux conventions collectives, une avec la CSN
et l'autre avec la FTQ avec des clauses différentes et les amendements
dont j'ai un certain texte qui m'a été remis.
M. Chevrette:... le même négociateur qui est....
M. Messier: Avec le même négociateur qui
est... si vous voulez bien.
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais de
respecter le droit de parole du député de Saint-Hyacinthe.
M. Chevrette: C'est parce que je voulais souligner la
présence du négociateur. (16 h 15)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le député de Saint-Hyacinthe, si vous
voulez continuer.
M. Messier: Alors, je voudrais savoir si c'est normal d'avoir
deux conventions collectives, une avec la FTQ et l'autre avec la CSN, mais avec
des clauses différentes, à savoir l'effet des coopératives
dans le secteur ambulancier. Est-il normal que les coopératives se
fassent financer par le gouvernement et, d'autre part, comme le cas soumis
à Montréal, qu'elles soient en train de s'endetter davantage?
Advenant la dislocation ou la faillite de la coop, qu'est-ce qui se passe
après ça? C'est de l'argent gouvernemental qu'on a mis
là-dedans; c'est donc dire qu'on va être obligé de payer
deux fois. Le ministre m'a répondu et je pense que ce serait
peut-être intéressant qu'il me redonne les mêmes
réponses qu'il m'a données tout à l'heure.
M. Dutil: Avec plaisir.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, en
réplique, vous avez cinq minutes.
M. Dutil: Quant aux clauses différentes entre la FTQ et la
CSN, il y a effectivement quelques petites différences, mais on parle
justement de pluralisme syndical et on dit que ce sont les véritables
employeurs et que nous, du gouvernement, avons un coordonnateur à la
table de négociations. Est-ce que le chef de l'Opposition est en train
de me dire qu'il faudrait, malgré le pluralisme syndical, que toutes les
clauses soient parfaitement identiques.
M. Chevrette: Non.
M. Dutil: II n'est pas en train de me dire ça.
M. Chevrette: Voulez-vous que je vous réponde?
M. Dutil: Vous n'êtes pas en train de me dire
ça.
M. Chevrette: Non, mais je suis en train de vous dire, par
exemple, que je trouve curieux que les travailleurs de la FTQ seront
obligés de prendre les appels, même s'ils sont assis dans un
restaurant et que ceux de la CSN, dès qu'ils mettent le pied dans un
restaurant, ne sont plus obligés de répondre aux appels. C'est la
qualité même des services, M. le ministre. Vous n'avez aucun
argument pour répondre à ça. Ce ne sont pas des
différences de clauses pour dire qu'il y en a un qui entre cinq minutes
avant et l'autre cinq minutes pendant. Ce sont vraiment deux techniciens
ambulanciers...
M. Dutil: Est-ce que je peux reprendre la parole?
M. Chevrette:... de la même formation... Je vous la donne
tout de suite après. Vous m'avez posé une question et c'est
important que je vous réponde; ça va aider vos
collègues.
M. Dutil: Oui, oui, absolument.
M. Chevrette: Deux techniciens ambulanciers, un de la FTQ et un
de la CSN. FTQ, tu sautes dans ton ambulance et tu t'en vas au restaurant; tu
entres dans le restaurant, tu commandes ton hot dog, tu reçois un
téléphone, tu pars et tu vas chercher ton malade. CSN, tu pars
dans ton véhicule, tu entres dans le restaurant et hop, durant quinze
minutes, ils n'ont plus le droit de te déranger. C'est quoi
ça?
M. Dutil: Alors, M. le Président...
M. Chevrette: Qualité des services en région?
Équité dans les services? Équité dans les
conditions de travail? Il n'y a pas de coordonnateur qui accepte ça.
C'est un principe fondamental de deux traitements égaux à donner
à des salariés et surtout une qualité de traitement
égal à donner à des citoyens dans une région.
M. Dutil: Le chef de l'Opposition est en train de se contredire
en disant qu'on devrait imposer une convention collective qui serait la
même pour tout le monde, partout en province.
M. Chevrette: Vous savez très bien que...
M. Dutil: C'est ce que le chef de l'Opposition est en train de
nous dire. Alors que les négociations se sont poursuivies, on le sait,
à trois tables différentes. Il y avait une table formée
d'une association patronale avec la FTQ, la même association patronale
avec la CSN et une autre association patronale avec la CSN. Deux de ces tables
se sont entendues, ont paraphé un texte de convention collective avec de
légères différences sur les textes, mais ce sont les
employeurs qui ont paraphé ces ententes; ce sont les
représentants des employeurs qui devront retourner face à chacun
de leurs employeurs qu'ils représentent à la table pour voir si
ça convient à chacun de ces propriétaires d'ambulances
puisque ce sont les employeurs qui devront ultimement signer les conventions
collectives.
Ce que je dis au chef de l'Opposition et à tout le monde ici,
c'est que la dernière table,
celle de la CSAQ-CSN, où il n'y a pas ou à peu près
pas de textes de paraphés, il pourrait y avoir 90 % des textes qui
seraient paraphés si on avait le moindrement la volonté de la
CSAQ de ne pas lier les deux choses de façon aussi malhabile, à
mon point de vue, celle du contrat-budget avec la signature de la convention
collective. Que les employeurs ne signent pas ultimement la convention
collective paraphée et qu'ils attendent une semaine ou deux que nous en
ayons terminé avec les contrats-budgets et que nous nous soyons entendus
là-dessus, cela m'apparaït compréhensible. Ce qu'ils
négocient est payé à 90 % par le gouvernement. Ce qui est
accepté à la table de négociations, le gouvernement doit
l'entériner, c'est lui qui va payer la plus grosse partie de la facture.
Les employeurs doivent s'assurer que le gouvernement, évidemment
présent aux tables pour la raison qu'il est le principal payeur, serait
éventuellement en mesure de payer les clauses qui seraient
acceptées aux tables de négociations. C'est ça l'objectif
premier. Eh bien! Ces contrats à budget que l'on doit terminer, sur
lesquels il y a encore quelques différends que l'on doit faire passer
par la machine gouvernementale pour fins d'approbation, c'est Important pour
tes employeurs. Je le comprends. Mais, de là à lier les deux, de
là à lier le contrat à budget avec le paraphe des clauses
d'une convention collective, ça m'apparaît exagéré,
ça m'apparaït même inconvenant.
Quant à la coop... Est-ce qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Encore un peu plus
d'une minute.
M. Dutil: Quant aux coops qui se sont formées, je voudrais
rappeler ce que j'ai dit hier aux gens qui sont ici. Il y a un programme qui
existe qui est à la Société de développement des
coopératives. Ce n'est pas nouveau, ce n'est pas une innovation, ce
n'est pas une invention, ça fait des années que ça existe
et dont peuvent se prévaloir des travailleurs qui désirent
acquérir leur entreprise. Le service ambulancier est une entreprise. Il
y a des propriétaires et il y a des travailleurs à quelques
endroits qui ont manifesté leur intérêt d'acquérir
ces entreprises. Ils l'ont fait dans les cadres du programme.
Alors, pour répondre à la question du député
tout à l'heure, si une coopérative est formée non
seulement dans le secteur ambulancier mais dans tes autres secteurs et s'il
advenait que l'entreprise fasse faillite pour une raison ou pour une autre,
c'est sûr que le gouvernement à l'intérieur de ce programme
a donné des garanties et qu'il doit répondre à ces
garanties. C'est bien évident. Sauf qu'en pratique, ce que fait le
gouvernement, ce que la SDC fait, c'est qu'elle vérifie, avant
d'accorder son aide, la capacité de gestion des employés, leur
motivation à acquérir leur entreprise et beaucoup d'autres
facteurs de façon à limiter le risque que prend la SDC avec les
deniers publics et d'éviter que ça se produise le plus souvent
possible. Cela ne veut pas dire que ça n'arrivera jamais mais je pense
que les précautions sont prises de la façon habituelle dans le
cadre d'un programme existant pour aider les travailleurs à prendre en
main leurs entreprises quand ils le désirent avec des risques qui
existent non seulement dans le transport ambulancier mais dans l'ensemble du
secteur des coopératives comme dans l'ensemble du secteur des
entreprises.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je veux dire carrément au ministre qu'il
recherche continuellement des moyens d'esquiver les vraies questions. Je le dis
pour ses députés qui sont de bonne foi.
La vraie question fondamentale que le ministre ne comprend pas c'est que
Mario Cotton qui est président du RETAQ est aussi le patron des
coopératives. Donc, quand il va signer avec le coordonnateur du
gouvernement et que les employeurs ne sont même pas à ta tabie
pour négocier, très souvent, parce qu'il y a déjà
une lettre du 5 juillet, d'abord dans le cas de tous les propriétaires
de Montréal, 8 y a déjà un mandat sur la table que le
ministre n'a pas le droit d'envoyer et de négocier pour et au nom des
propriétaires de Montréal. C'est là une première
chose.
Vous avez la lettre hier de Fabi, le président de la corporation
qui dit qu'il y a au moins 19 points pour lesquels ils n'ont même pas
été consultés comme corporation. C'est signé Mario
Cotton des coopératives. Bien sûr! C'est le même gars. Mais,
comment se fait-il que le ministre, aux dépens de l'équité
des services, signe qu'un gars du RETAQ, CSN, coopératives, lui ne
prendra pas les appels quand il sera assis dans un restaurant. Drôle de
qualité de services pour une population! En passant, c'est
Trois-Rivières et c'est Québec. Mais là où il y a
eu l'avocat Guillemette avec cinq ou six propriétaires dans les
Laurentides, FTQ, les gens vont prendre les appels. Dans ma région, je
vais être pas pire. Même s'ils rentrent au restaurant, les gens
vont sortir et y aller.
Qu'est-ce qui va arriver à Montréal, à
Québec et à Trois-Rivières? Qu'est-ce qui va arriver
à Montréal? Il y a 30 % des ambulances dans Montréal.
C'est le RETAQ et les coopératives. Deux poids, deux mesures. Rive sud?
RETAQ, coopératives. Les gens de la rive sud sont traités
différemment. Sur la qualité des services, je n'accepte pas
ça. Il pourrait y avoir des différences entre les conventions
collectives, je n'en disconviens pas. Il y en a qui aiment mieux la fête
de Dollard que le vendredi saint, par exemple. Cela ne me dérange pas.
Mais, sur l'équité et la qualité des services, qu'on
ne
vienne pas me parler de la manière aussi folichonne qu'on le fait
présentement. Et ce n'est pas normal qu'un individu dans l'entreprise
privée, qui est obligé d'emprunter à 12 % - vous direz
ça à votre ministre - et à 13 % pour acheter des
ambulances et pour payer les collants qui ont décollé de
l'ambulance, a les mêmes offres dans le contrat-budget que la
coopérative qui est deux ans sans payer d'intérêt sur 1 400
000 $.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, il vous reste une minute.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, et j'ai un amendement
préparé. Je vous garantis que je vais vous entretenir encore 20
minutes là-dessus. Cela n'a pas de maudit bon sens qu'on passe des
sapins comme ça et qu'on cache la vérité même aux
députés.
Le Président (M. Bélanger): Vous ne pouvez pas,
là.
M. Chevrette: Je peux sous-amender un amendement quand je veux,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Non.
M. Chevrette: Je vais vous présenter un autre amendement.
Si ça vous en prend quinze, on va vider le sujet, garanti, je vais vous
en trouver jusqu'à demain matin.
Le Président (M. Bélanger): Un député
qui a présenté un amendement ou un sous-amendement ne peut le
sous-amender. C'est formel dans le règlement.
M. Chevrette: Je dépose donc celui-ci. On va lui en faire
un amendement. Prépare-m'en donc deux autres.
Mme Vermette: C'est un sous-amendement que je dépose?
M. Chevrette: II me reste une minute?
Le Président (M. Bélanger): Oui, il reste une
minute.
M. Chevrette: Vous allez m'endurer pendant au moins une autre
minute.
Le Président (M. Bélanger): Pas de
problème.
M. Chevrette: Je dis que ça n'a pas de maudit bon sens ce
qu'on fait. On est en train d'établir un régime de
disparité et on se donne des amendements législatifs qui peuvent
faire chanter n'importe qui. Quand ce sera marqué dans la loi: L'OSBL de
Montréal pourra avoir sa flotte d'ambulances, quand ils vont venir pour
négocier après les deux ans qu'ils prennent là, il va
dire: II n'y en a plus de contrat à Montréal dans les entreprises
privées. Vous demandez trop cher. On s'en va en soumissions publiques ou
encore c'est l'OSBL de Montréal qui va avoir sa flotte. Vous
êtes-vous imaginé quel intérêt aura une
coopérative à qui on demandera... Tes véhicules
s'achèvent, on te donne rien que 2 $ l'heure ou 3 $ l'heure, quel
intérêt vont avoir ces gens pour garder la flotte? Ils vont
prendre les clés, ils vont aller les porter au ministre et ils vont
dire: Paie-les tes KKK, toi. C'est ça qu'ils vont lui faire. Qui aura
payé? C'est le fonds de développement coopératif
québécois, toi et moi. C'est ça qui va arriver et on ne
comprend pas. Et je conclus.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je conclus, M. le Président, en me
reprenant, bien sûr, sur l'autre amendement qui s'en vient. Je conclus en
disant ceci, à part ça. Plus encore que ça. Le ministre
nous a servi un argument hier. Il a dit: C'est au cas d'avoir des
problèmes avec les techniciens que je donne le pouvoir aux coops,
à l'OSBL, d'avoir sa flotte. Voir si le RETAQ qui va refuser de chauffer
ses propres ambulances vont aller chauffer celles de l'OSBL qui est
contrôlé par un président qui vient d'eux autres. C'est fou
comme balai. C'est ce qu'a sorti votre ministre hier. Il serait bon que vous
lisiez les épreuves. Vous allez voir que c'est faible en Jésus,
Marie, Joseph!
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
intervenants là-dessus.
M. Dutil: M. le Président, quant à la
dernière déclaration du chef de l'Opposition, j'ai
illustré...
M. Chevrette: il avait fini son temps. Si vous lui donnez la
parole, je reprends.
M. Dutil: II me reste cinq minutes.
Le Président (M. Bélanger): Le ministre a droit
à cinq minutes de réplique à la suite de chaque
intervention.
M. Chevrette: Ici aussi.
Le Président (M. Bélanger): Non. Le ministre, selon
le règlement.
M. Chevrette: Si Mme Lamontagne l'a décidé.
Le Président (M. Bélanger): Mme Lamontagne n'a rien
décidé. C'est le règlement. C'est comme ça. M. le
ministre, vous avez cinq minutes.
M. Dutil: Merci, M. le Président. Je comprends que le chef
de l'Opposition puisse oublier certaines parties du règlement...
Une voix: Cela ne change rien.
M. Dutil: Les exemples que j'ai donnés hier, M. le
Président, ne concernaient pas l'OSBL. J'ai mentionné qu'à
Montréal l'une des difficultés de la négociation c'est que
nous sommes dans un système d'entreprise privé, mais sans
concurrence, sans possibilité pour le gouvernement à
Montréal actuellement d'aller en soumissions publiques. On se retrouve
autour d'une table de négociations pour essayer d'établir le
juste prix. Ce n'est pas facile parce que, évidemment, on peut ne pas
s'entendre éternellement. D'ailIeurs, dans le passé, si je me
rappelle bien, les conditions de travail ont été
décrétées par le chef de l'Opposition lui-même
lorsqu'il était ministre de la Santé et des Services sociaux
parce qu'il avait le même problème. Il ne parvenait pas à
s'entendre avec tes propriétaires sur la tarification.
C'est ce que j'ai illustré hier. Ce que j'ai dit comme
problème que nous avons vécu cet été, c'est qu'il y
a eu une lettre envoyée à tous les employés après
qu'on nous en ait prévenu, évidemment, mais ça ne change
pas le fait que le moyen est inacceptable. On avait été
prévenu que les employés allaient être coupés de 25
% de leur salaire parce que les employeurs pensaient qu'à la table de
négociations avec le gouvernement, ils n'obtenaient pas satisfaction sur
leurs revendications qu'ils croient, bien sûr, justes et
légitimes. Qu'eux pensent leurs revendications justes et
légitimes, je le conçois. On peut être en désaccord
là-dessus et c'est un problème que d'être bloqué
avec une négociation "entreprise privée". Alors qu'on ne peut pas
sortir de ce réseau, c'est un problème, ce n'est pas facile et il
faut s'entendre autour de la table. C'est une chose; mais aller menacer des
employés de les couper de 20 %, c'est une autre chose. Je vous le dis,
c'est une affaire qui ne se reproduira plus dans le système des
ambulances de Montréal. (16 h 30)
M. Chevrette: Sur les deux bords, je suis d'accord avec vous. Si
vous avez autant de colonne pour faire ce que vous venez de faire, sur les deux
bords, on te prend en Christophe et longtemps, à Montréal, mais
sur tes deux bords.
Le Président (M. Bélanger): Bon! Est-ce que...
M. Dutil: Sur les deux bords...
M. Chevrette: Attachez-vous après les oreilles à
papa, vous.
M. Dutil: Sur les deux bords...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! De part et d'autre, si vous plaît! M.
Dutil: Je reviendrai. Le Président (M. Bélanger): S'H
vous plaît! M. Dutil: Je reviendrai.
Le Président (M. Bélanger): Nous en sommes rendus
à nous demander si le sous-amendement proposé par le
député de Joliette est adopté ou...
M. Chevrette: Appel nominal.
Le Président (M. Bélanger): Appel nominal Bien.
M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Bélanger
(Laval-des-Rapides)? Contre. M. Gervais (L'Assomption)?
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Laporte
(Sainte-Marie)? Il n'est pas là, excusez. M.
Cusano (Viau)? il n'est pas là. M. Lederc (Taschereau)?
M. Lederc: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Farrah
(îles-de-la-Madeleine)? Il n'est pas là. M. Claveau (Ungava)?
M, Claveau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Chevrette
(Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Rochefort n'est pas
là. Alors, le sous-amendement est rejeté.
Donc, te rappelle te paragraphe 2, qui se lit comme suit:
deuxièmement, par le remplacement du paragraphe deuxième par le
suivant: 2°
exploiter un service d'ambulances ou un service d'interventions
médicales d'urgence. Sur cet amendement - c'est cela, puisque c'est une
proposition amendée - est-ce qu'il y a des commentaires ou si on est
prêt à passer au vote?
Mme Vermette: M. le Président, est-ce que je peux
présenter...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, est-ce que je pourrais
présenter un nouvel amendement à cet amendement?
Le Président (M. Bélanger): Un sous-amendement
à l'amendement? Oui.
Mme Vermette: Un sous-amendement à l'amendement...
M. Chevrette: J'en ai un autre pour Claveau.
Mme Vermette:... et qui se lirait comme suit...
Le Président (M. Bélanger): Ils sont juste 22, on
va l'avoir.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Excusez, Madame.
M. Chevrette:... je vous avoue très honnêtement
que...
Le Président (M. Bélanger): Pas de commentaire.
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
M. Chevrette: C'est vous qui devriez vous abstenir d'en
faire.
Le Président (M. Bélanger); Mme la
députée de Marie-Victorin, je vous en prie.
Mme Vermette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
à l'ordre!
Mme Vermette: L'amendement apporté au paragraphe
deuxièmement de l'article 149. 5 est de nouveau amendé par le
remplacement du paragraphe deuxièmement par le suivant: Coordonner un
service d'ambulances et/ou un service d'interventions médicales
d'urgence uniquement dans les cas d'abandon ou de refus de respecter les
contrats conclus avec les propriétaires existants.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, c'est
le même...
Mme Vermette: Ah!
Le Président (M. Bélanger): Vous vous êtes
trompée de feuille.
Mme Vermette: Vous me donnez le même. M. Dutil:
Irrecevable, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vous venez de me lire
exactement celui sur lequel on vient de voter.
M. Chevrette: Excusez! Commencez donc par écouter avant de
dire que c'est le même.
Le Président (M. Bélanger): Bien, j'ai bien
écouté.
M. Chevrette: C'est marqué "exploiter" et elle dit
"coordonner". Ouvrez-vous les oreilles...
Mme Vermette: Coordonner.
M. Chevrette:... ne faites pas voir que vous êtes
insignifiant...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. Chevrette:... plus que vous ne l'êtes.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Chevrette: Relis-le donc, s'il vous plaît... Le
Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. Chevrette:... pour leur montrer que ce sont des
insignifiants.
Le Président (M. Bélanger): Pouvez-vous nous donner
la copie...
M. Dutil: Oh!
M. Chevrette: Et je ne retire pas un mot... Le
Président (M. Bélanger): S'il vous plaît! M.
Chevrette:... de ce que je dis.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je vous demanderais d'utiliser un langage
parlementaire.
M. Chevrette: Bien, commencez vous-même...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député...
M. Chevrette:... par avoir au moins l'hon-nêté
d'écouter.
Le Président (M. Bélanger): de Joliette.
M. Chevrette: Non, monsieur...
Le Président (M. Bélanger): Non, non, non!
M. Chevrette: vous ne me monterez pas...
Le Président (M. Bélanger): Non, non!
M. Chevrette:... sur la tête.
Le Président (M. Bélanger): Vous non plus!
M. Chevrette: C'est tu clair, ça!
Le Président (M. Bélanger): Vous non plus.
M. Chevrette: Commencez par écouter...
Le Président (M. Bélanger): Non, bien vous
aussi.
M. Chevrette:... avant de ridiculiser les participants ici.
Le Président (M. Bélanger): Avant de ridiculiser le
monde et..
M. Chevrette: C'est tu correct?
Le Président (M. Bélanger):... de parler n'importe
comment ici, vous allez vous conduire de façon parlementaire.
M. Chevrette: Bien si vous êtes président,
écoutez avant.
Le Président (M. Bélanger): Conduisez vous de
façon parlementaire, peut-être qu'on vous écoutera
davantage.
M. Chevrette: Commencez par écouter, ce n'est même
pas moi qui parlais seulement.
Le Président (M. Bélanger): Non. Je vous
demanderais...
M. Chevrette: Vous n'êtes pas Dieu, vous n'êtes pas
impressionnant du tout.
Le Président (M. Bélanger): Je vous demanderais,
à l'avenir, de garder votre langage dans les normes acceptables d'une
éthique parlementaire, point.
M. Chevrette: Présidez et contentez-vous de ne pas faire
le bouffon.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin. s'il vous plaît.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors, il faudrait
peut-être entendre le premier mot qui est très important et qui
apporte les nuances: Coordonner un service d'ambulances...
M. Chevrette: Ah! Ah!
Mme Vermette:... et/ou un service d interventions
médicales d'urgence uniquement dans les cas d'abandon ou de refus de
respecter les contrats conclus avec les propriétaires existants.
Est-ce que vous avez bien compris le pont de départ de la
proposition?
M. Chevrette: Explique la différence entre le mot
"exploiter" et "coordonner".
Le Président (M. Bélanger): S'il vous ptaît,
est-ce qu'on pourrait avoir la copie écrite?
Mme Vermette: Oui, M. le Président, avec plaisir.
M. Chevrette: Ils pourraient aller chercher chacun un Petit
Robert pour voir la d'fférence entre "coordonner" et "exploiter".
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, s'il vous plaît, c'est assez. Je
demanderais une copte de l'amendement.
Mme Vermette: Donc, l'amendement est recevable. Vous avez bien
compris.
Le Président (M. Bélanger): Non. On n'a rien dit
là-dessus.
Mme Vermette: Ah bon!
Le Président (M. Bélanger): On a juste dit qu'on
voulait la copie écrite. Où est le page pour faire des
photocopies? D'accord. Le temps qu'il va aller faire des copies, on va
suspendre deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprisée 16 h 44)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'égard du sous-amendement
déposé par Mme la députée de Marie-Victorin,
j'aimerais vous entendre sur la recevabilité, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Je peux le donner sur la recevabilité,
étant donné que je me suis amusé avec ça quelque
temps.
Le Président (M. Bélanger): On va s'entendre pour
une intervention de chaque côté. J'ai
juste besoin de savoir une chose de votre part.
M. Chevrette: Je vais vous donner ça dans 30 secondes. M.
le Président, dans le projet de loi 34, tel que déposé en
Chambre, parce qu'on est obligé de faire l'historique des
différents dépôts pour vous dire si c'est recevable, si
vous lisez l'article 1, 18. 3, c'était la suppression du
troisième alinéa. D'accord? Le texte original du tout; le texte
déposé en Chambre. Le texte déposé par le ministre
reprenait par les termes "la suppression du paragraphe 2° du premier
alinéa". Il arrivait avec un amendement différent. Le ministre a
réintroduit lui-même, hier, un amendement qui était de le
remplacer, cette fois-ci. Il vient remplacer le paragraphe qu'il nous proposait
de supprimer antérieurement et c'est lui-même qui introduit le mot
"remplacement" pour le paragraphe. Il utilise les termes "exploiter un service
d'ambulances" alors que l'amendement dit "coordonner un service d'ambulances"
ce qui est tout à fait acceptable comme amendement. Il vient purement et
simplement modifier la nature de la proposition, mais comme tout amendement est
plausible, il est acceptable. Ce n'est pas un principe qui est là, c'est
purement et simplement un texte dans lequel on modifie les modalités
dans les pouvoirs; on modifie un pouvoir qui est donné à la
corporation et on a le droit. Le législateur est
précisément là pour définir les pouvoirs de la
corporation. On modifie donc un des pouvoirs que la corporation se verra
octroyer dans l'adoption de la loi.
Le Président (M. Bélanger): Alors, juste avant
d'entendre... Allez-y M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je pense qu'on vient de changer
tout à fait et complètement le fond de cette proposition qui est
faite. Évidemment, coordonner n'est pas exploiter, c'est bien
évident, c'est très clair. D'ailleurs, le chef de l'Opposition
vient de le dire: Coordonner, ce n'est pas exploiter, alors que la
volonté que nous avons c'est de pouvoir, le cas échéant,
exploiter un service d'ambulances. À mon avis, cet amendement n'est pas
recevable pour cette raison.
Le Président (M. Bélanger): Pouvez-vous me donner
quelques secondes, le temps de consulter?
M. Chevrette: Dans le projet de loi 34, avant que le ministre
vous présente la brique, je vous donne juste un exemple. Il n'y a pas de
pouvoir d'indemnité. C'est correct? Le ministre arrive avec un
amendement qui nous donne un pouvoir d'indemnité. C'est une nouvelle
bebelle. Il change tout. Il change tout le rationnel. Dites-vous que votre
décision là-dessus aura des incidences sur un maudit paquet de
choses, pour votre information et surtout pour aider votre ministre.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Voici. A
priori, il apparaît que la première partie de votre
sous-amendement, soit de coordonner un service d'ambulances et un service
d'interventions médicales d'urgence, a déjà
été votée dans l'alinéa précédent
lorsqu'on dit: La corporation a pour objet dans un territoire, sous
réserve des pouvoirs accordés à tout conseil
régional et à tout établissement, d'organiser et de
coordonner un système préhospitalier d'urgence comprenant le
transport ambulancier en vue de favoriser l'accès aux services de
santé. Donc la question est déjà réglée. Et
la deuxième partie, c'est exactement celle qu'on venait de rejeter. Dans
ce sens, je ne peux pas le juger recevable. Donc le sous-amendement est
irrecevable, parce que dans la première partie, on l'a
déjà voté.
M. Chevrette: Lâchez-nous Beauchesne à cette
heure-là.
Le Président (M. Bélanger): Dans la première
partie de l'amendement... S'il vous plaît!
M. Chevrette: Pas de s'il vous plaît.
Le Président (M. Bélanger): Dans la première
partie de l'amendement, on a voté pour, on a accepté: Coordonner
un service d'ambulances et un service d'interventions médicales. C'est
déjà voté et adopté. Le reste de votre
sous-amendement est exactement conforme à celui qu'on venait de rejeter.
Or, je ne peux pas le déclarer recevable.
M. Chevrette: Est-ce que je peux vous poser une question?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Chevrette: Organiser un service et coordonner un service
d'urgence comprenant le transport, pour vous, cela veut bien dire la même
chose que coordonner un système de transport?
Le Président (M. Bélanger): Reprenez cela
tranquillement.
M. Chevrette: Coordonner un système préhospitalier
d'urgence...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette:... organiser et coordonner un système
préhospitalier d'urgence, pour vous, c'est implicite, cela veut dire la
même chose que de coordonner un service d'ambulances?
Le Président (M. Bélanger): Oui, qu'est-ce qu'il y
a? Il est compris dedans...
M. Chevrette: C'est clair pour vous.
Le Président (M. Bélanger):...: un
système
préhospitalier d'urgence comprenant le transport ambulancier.
M. Chevrette: D'accord. Cela va. Je vais vous poser une
deuxième question. Exploiter un service d'interventions médicales
d'urgence, est-ce que vous considérez que c'est compris dans la
première partie?
Le Président (M. Bélanger): Vous vous
référez...
M. Chevrette: Non, le paragraphe qu'on a approuvé...
Le Président (M. Bélanger): Vous vous
référez à cela par rapport à 1 qu'on a
déjà adopté. C'est ce que vous voulez me dire? D'accord.
La question se pose.
M. Chevrette: Non, non, mais si la partie que je vous propose
comme amendement est redondante, est-ce que la partie que le ministre vous
propose est redondante?
Le Président (M. Bélanger): Coordonner et
exploiter, non.
M. Chevrette: Organiser et coordonner, ce sont les termes du
premier paragraphe, M. le Président. Est-ce que coordonner et organiser
ne veut pas dire exploiter?
Le Président (M. Bélanger): Organiser, c'est mettre
en place. Coordonner, c'est voir à ce qu'il fonctionne
harmonieusement.
M. Chevrette: Et exploiter...
Le Président (M. Bélanger): Exploiter, cela veut
dire avoir les véhicules et procéder à la dotation des
services.
M. Chevrette: Donc, vous déclarez... Le
Président (M. Bélanger): Irrecevable.
M. Chevrette: On va avoir du "fun" tout à l'heure.
Allez-y.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Étant donné que vous n'avez pas voulu
vous prononcer de façon définitive sur le contenu du paragraphe,
M. le Président, à savoir ce que cela voulait dire, je
déposerai donc un amendement afin qu'on enlève, dans le
deuxième alinéa de l'article 2...
Une voix: L'article 149. 5.
M. Claveau: 149. 5. C'est cela. Excusez-moi.
M. Chevrette: 2°.
M. Claveau: À l'article 149. 5 2°, qu'on enlève
les mots "un service d'ambulances" de façon que le deuxième
alinéa de l'article 149. 5 se lise comme suit: Exploiter un service d
interventions médicales d'urgence.
Le Président (M. Bélanger): D'accord Pourrais-je
avoir la copie écrite de votre sous-amendement, s'il vous
plaît?
Une voix: M. le Président, le député
d'Ungava s'y connaît en ambulances, il est un propriétaire
d'ambulances...
M. Claveau: Et il a fait cinq mois de grève. Vous n'en
avez pas parlé.
Une voix:...
M. Claveau: Je viens juste de le faire, le printemps
passé. Cela ne fait pas longtemps qu'elle est là. Cela ne fait
pas longtemps qu'elle est réveillée.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava...
Des voix:...
Le Président (M. Bélanger): Si vous plaît,
s'il vous plaît.
M. Chevrette: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Sur la
recevabilité M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Sur la recevabilité, je vous avoue
très honnêtement que je ne sens même pas le besoin
d'argumenter. Je préfère beaucoup entendre le ministre
argumenter. Comme j'ai une possibilité de 20 minutes, on verra.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
ministre.
M. Dutil: M. le Président, étant donné que
le chef de l'Opposition s'en remet à votre bon jugement sur la
recevabilité, je vais faire de même. Cela va raccourcir nos
débats.
Le Président (M. Bélanger): Alors, l'amendement est
recevable sur te fond.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas par esprit
de contradiction.
M. Chevrette: Je vous avoue, M. le Président, maintenant
que vous l'avez reçu, qu'on
peut dire des choses aberrantes ici dans l'espace de cinq minutes. Juste
pour vous montrer: vous avez refusé notre amendement il y a cinq
minutes. Je ne dis pas cela pour ridiculer la présidence.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, je
l'espère bien.
M. Chevrette: Mais votre argumentation disait, M. le
Président, et lisez bien le texte avec moi: lis viennent tout changer,
cela n'a pas d'allure. J'ai même écouté Mme Lamontagne vous
souffler quelques bouts. Mais avec l'amendement que vous avez là, vous
avez exactement la situation que vous ne vouliez pas avoir en refusant notre
premier amendement, oui, oui, et je vais vous expliquer pourquoi. C'est pour
cela que je n'ai pas plaidé.
Le Président (M. Bélanger): Expliquez-moi cela.
M. Chevrette: On n'est pas aussi fou qu'on en a l'air. Lisez le
premier paragraphe à l'égard d'organiser.
Le Président (M. Bélanger): Hum! je vais avoir des
doutes tantôt.
M. Chevrette: Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Je vais avoir des
doutes tantôt.
M. Chevrette: Les doutes, vous allez peut-être les avoir
sur votre propre personne, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Ce n'est pas moi qui ai pris la décision,
c'est vous.
Le Président (M. Bélanger): On
appréciera.
M. Chevrette: Lisons le paragraphe 149. 5 adopté.
D'accord? Vous avez: d'organiser et coordonner un système
préhospitalier d'urgence comprenant un transport ambulancier en vue de
favoriser l'accès des services de santé. Bon. C'est clair,
n'est-ce pas? Cela coordonne, cela structure, cela organise. Là, on vous
a laissé le mot "exploiter"; exploiter un service d'interventions
médicales d'urgence. Quelle est la différence entre ce
deuxème paragraphe maintenant amendé et le premier paragraphe
adopté?
Le Président (M. Bélanger): Vous voulez que je vous
réponde?
M. Chevrette: Oui, oui, je veux bien.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Joliette, vous êtes dans l'erreur totale et je
vous explique pourquoi.
M. Chevrette: Bien sûr. J'y ai bien pensé.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez bien
comme il le faut, comme vous me l'avez recommandé tantôt.
Calmement.
M. Chevrette: Bien, là, vous êtes le seul à
vouloir vous calmer. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
écoutez bien cela. Coordonner un service d'ambulances et un service
d'interventions médicales d'urgence. Cela était
déjà adopté et c'était le seul
élément différent du sous-amendement qu'on venait de
rejeter auparavant. Comme il était déjà adopté,
qu'est-ce que cela changeait dans le deuxième sous-amendement? Il ne
changeait rien votre sous-amendement.
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Bélanger): La partie qui avait
été refusée, qui venait d'être refusée par
vote, est encore refusable. Le reste avait déjà été
adopté.
M. Chevrette: Continuez.
Le Président (M. Bélanger): Cela ne rendait pas
plus votre proposition conforme. Cela plaçait la commission dans une
situation où, supposons qu'on l'aurait rendue acceptable et qu'on
l'aurait votée, elle aurait pu rejeter, parce qu'une partie
n'était plus acceptable, ce qu'elle avait déjà
adopté, ce qui était carrément inacceptable pour la
logique de nos travaux, monsieur.
M. Chevrette: Bon.
Le Président (M. Bélanger): Alors, ce qui
était voté en première partie est resté voté
et ce qui n'ajoutait rien à l'amendement...
M. Chevrette: D'accord.
Le Président (M. Bélanger):... ce qui était
conforme à l'ancien, c'est sur cela que la décision a
été rendue.
M. Chevrette: Je vais vous aider à vous retremper.
Le Président (M. Bélanger): C'était
très simple.
M. Chevrette: Pourquoi le ministre apporte cet amendement
d'exploiter un service d'ambulances? C'est parce que le ministre veut avoir la
possibilité qu'il y ait des ambulances au service de l'OSBL. En enlevant
la possibilité d'avoir des
ambulances au service de l'OSBL, ils vont faire quoi de plus que de
coordonner et d'exploiter un service préhosprtalier? C'est la question
que je vous pose.
M. Dutil: Est-ce qu'on est en train de discuter de la
recevabilité, M. le Président, ou...
M. Chevrette: Non, elle est reçue. Ha, ha, ha!
M. Dutil:... si cela compte sur son temps de débat?
M. Chevrette: Elle est reçue. Je voulais juste lui montrer
où mène le ridicule des fois.
M. Dutil: Donc, son temps coule.
Le Président (M. Bélanger): Le député
de Joliette est à discuter du fond. Qu'il nous amène où il
voudra, c'est son choix.
M. Dutil: Donc, ses 20 minutes coulent. Cela va. Parfait.
Le Président (M. Bélanger): Alors, on
reconnaît toujours M. le député de Joliette. Si vous voulez
continuer votre argumentation.
M. Chevrette: Non, non, parfait. Donc, ce qui n'était pas
recevable est devenu recevable, M. le Président. J'ignore par quelle
logique, mais peu importe. On ne pouvait pas présenter un amendement
indiquant que la corporation pouvait avoir des ambulances, c était
irrecevable si on enlevait cela, et là, c'est rendu recevable tout en
lui enlevant. Cela m'amène à vous dire pourquoi je suis en
désaccord. Je suis en désaccord, je vais le répéter
tant et aussi longtemps que le ministre ne comprendra pas, parce qu'à
mon avis, le ministre n'a pas besoin de cette arme législative de
chantage. C'est une arme législative de chantage que de mettre dans le
projet de loi 34 une clause qui dit que l'OSBL pourra avoir sa propre flotte et
cela peut prêter flanc à n'importe quoi. Premièrement, il
négocie prioritairement avec les gens en place. Les coopératives,
les propriétaires privés négocient un tarif, pour le
premier contrat. Cela ne fonctionne pas, ils ne s'entendent pas. Il peut aller
en soumissions publiques. Il a déjà le pouvoir d'aller en
soumissions publiques. Il dit: Ce n'est pas assez. Je me donne le pouvoir en
plus que l'OSBL puisse acheter ses propres ambulances, ait sa propre flotte et
exploite sa propre flotte. C'est ce qu'il dit par l'article qui est là.
Pourquoi fait-il cela? Hier soir, il nous a répondu: Vous connaissez le
milieu. Il peut y avoir des grèves, eh bien, on aura nos ambulances.
Bien oui! Prenez les coopératives, ce sont les mêmes techniciens
qui vont faire la grève avec leurs ambulances et qui vont aller chauffer
celles de la coop. Imaginez-vous si c'est brillant comme
raisonnement1 On est en grève, pensez-y! Le RETAQ est en
grève, à Montréal, et on dit: Ah, l'OSBL a des ambulances!
Voir si Mario Cotton va dire à ses gars du RETAQ: Allez donc chauffer
les ambulances de l'OSBL! Aïe! voyons, bon Dieu, n'importe quel enfant ne
croirait pas ça! Il faut croire que le ministre y croit. C'est
l'argument fondamental qu'il nous a donné hier. Rappelez-vous1
(17 heures)
Après ça, le deuxième argument fondamental qu'il a
essayé de nous apporter quand il a vu qu'on avait rétorqué
dans ce sens-là, c'était: C'est vrai, cela n'a presque pas
d'allure, il faut que je change de "track", j'ai un peu l'air fou avec cet
argument-là. Il a changé d'argument Comme deuxième
argument, il a dit: Écoutez, je pourrais aller en soumissions publiques
et je pourrais ne pas avoir preneur. Cela c était un peu plus
sérieux. S'il l'avait servi comme premier argument, ça aurait
été un peu plus sérieux Parce qu'à Montréal
disait-il, je révoque les permis après tout. On sait ça.
Depuis cet après-midi, il dit qu'il a introduit une indemnité, ce
qu'il n'a jamais voulu faire durant tout le mois de juin. La il essaie de nous
faire accroire qu'il crie à ça depuis le mois de juin. On avait
même sorti une des feuilles, en juin, qu'il avait présentée
au Conseil du trésor. Il a nié que c'était eux qui
l'avaient préparée. De toute façon, vous savez toute
l'histoire, M. le ministre. Ce n'est pas de notre faute si vos valises sont
percées et si elles laissent échapper des documents. Mais
ça venait de vous, ça venait de vos paperasses. À partir
de la, on savait bien que vous vouliez l'indemniser au mois de juin, mais vous
n'aviez pas, ou bien réussi au Conseil du trésor ou bien au
Conseil des ministres, mais vous n'aviez pas réussi à
l'époque. La pression n'avait pas été assez forte pour que
vous puissez représenter un pouvoir d'indemnité. Là vous
l'apportez en argument. Vous arrivez là. C'est un nouvel amendement,
mais ça ne fait pas un mois que vous nous le criez. Là vous
dites: Peut-être que si je n'en ai pas en soumissions publiques, je vais
dire à l'OSBL: Achetez-les, les gens ne marchent plus et je n'ai pas de
soumissions publiques, donc, ça me prend des ambulances pour rouler.
C'était là le deuxième argument qu'il a sorti hier.
Mais, personnellement, je ne comprends pas que dans un marché
fermé... Le ministre lui-même me dit: Les permis sont
limités, c'est nous qui les donnons. S'il y a 80 permis à
Montréal, il n'y en a pas 110. C'est clair. Dans un marché
fermé, est-ce que vous allez laisser équiper.. Par exemple, un
employeur qui aurait 26 permis, 26 KKK à 100 000 $, je ne sais trop,
mettez-les à 100 000 $ l'ambulance surtout si elle vient de Miami et
à tous les deux ans, avec la surenchère, c'est vrai qu'il n'y en
aura plus, parce qu'il n'y a pas un maudit fou sur la terre qui va
dépenser 3 000 000 $ pour des ambulances et qui va être soumis aux
aléas de Tilden ou bien de n'importe quelle compagnie qui peut coter
à
court terme pour faire crever quelqu'un. C'est clair. Jouer fair-play
dans ça c'est dire: Écoutez, ou bien on le donne à un et
on négocie avec lui et on lui donne une forme d'arbitrage à
partir des états financiers. C'est un circuit fermé. Cela serait
cohérent, cela serait agir en homme d'affaires et respecter
l'entreprise. Mais là, même les coopératives avec une
clause du genre peuvent ne pas avoir l'intérêt de continuer dans
la tôle même si à court terme elles peuvent nous dire le
contraire. Prenez n'importe quelle coopérative, quand le temps de
renouveler la flotte va arriver, avec les exigences, si ça coûte
85 000 $ le véhicule, ou 90 000 $ dans le temps, la coopérative
va dire: Écoutez, ça n'a pas d'allure, il faut que vous nous
donniez 25 000 $ ou 26 000 $, parce qu'il faut fournir les draps, il faut
engager quelqu'un pour aller chercher nos civières, retournez ceci et
retournez cela. Ça ne fonctionne plus. Nos deux ans sans
intérêt de la SDC ne sont plus là. On doit faire face
à nos redevances, et ça nous prend 26 000 $, ça nous prend
27 000 $. Il dit: Non, on s'en va en soumissions publiques. Même la
coopérative ne sera plus intéressée à ce
moment-là, potentiellement, pas plus qu'un entrepreneur privé,
à jouer cette "game-là". Ils vont dire: Que le diable l'emporte.
S'il veut jouer de même, qu'il s'en achète des ambulances. Nous
autres, on va simplement s'occuper de la partie "technicien". Et qu'est-ce que
tout ça aura donné? Qu'est-ce que le ministre cherche à
court terme? Je ne sais pas ce qu'il veut "dealer" et avec qui. Qu'est-ce qu'il
cherche? C'est un fonctionnement, il me semble, d'affaires normal. En affaires,
quand on légifère, on ne s'arrange pas pour que l'affaire
échoue dans un an dans deux ans ou dans trois ans. Je sais bien que si
j'avais des ambulances à Montréal, elles seraient à vendre
et sur un maudit temps. C'est-y clair? Elles seraient à vendre sur un
maudit temps. Je peux vous dire qu'à voir aller tout ça, je ne
voudrais pas être, dans trois ans, le ministre qui a provoqué tout
ça. On s'en reparlera dans trois ans. Vous ne savez pas ce qui va
arriver. Vous pouvez le prévoir. Ce n'est pas une apocalypse, M. le
ministre. Ce sont des faits concrets. Quand va arriver le temps de
répondre aux exigences de ce qu'est l'achat d'ambulances... On ne niaise
pas avec ça. Les exigences, c'est de changer aux deux ans et aux trois
ans selon le millage, et vous le savez. Quand elles seront finies, les
boîtes, quand vous donnerez ordre de changer une ambulance, vous
essaierez de la vendre plus cher que 5000 $, pour faire du camping ou une
bebelle pour aller a la chasse. Vous essaierez de vendre ça bien cher.
Une ambulance qui a fait le tour du cadran, vous essaierez de vendre ça
à un particulier pour voir s'il va vous donner le gros prix. C'est-y
clair? Ne venez pas me dire que ça vaut quelque chose. Vous allez faire
équiper du monde de même régulièrement et vous ne
leur donnerez pas la garantie d'une transaction au moins sur un long terme avec
un mécanisme d'arbitrage? Basez-vous sur quelque chose de comparable. Le
transport scolaire, par exemple ce sont des contrats négociés.
Ils tiennent compte des états financiers. Ils tiennent compte des
états financiers vérifiés. Ils négocient. Ils
disent: On ne vous donne pas plus de 0, 03 $ d'augmentation le kilomètre
avec ce que vos états financiers démontrent. On fait une analyse.
Le ministre voudrait introduire je ne sais pas quoi, quelle sorte de
mécanisme. Il n'y a pas un homme d'affaires qui va tenir. À court
terme, les coopératives vont tenir, mais elles ne tiendront pas plus
dans un système de même en ce qui regarde la tôle. Je vous
prédis ça. Ils ne tiendront pas plus, d'autant que
l'intérêt va être bien moins grand pour garder de la
tôle qui ne vaut plus cher. Ce sera les clés au ministre et ils
diront: Ce qu'on vous demandait, il y a trois ou quatre ans, soit
d'étatiser, vous avez la tôle complète avec parce qu'on
n'en veut plus. Ils ne perdront pas toujours trop trop. Disons que c'est 3 000
000 $ une coopérative, il y a 1 500 000 $ de prêtés par la
SDC sur aucun nantissement et l'autre partie, 1 200 000 $, est
prêtée par la CSN sur le nantissement. La mise de fonds est
d'à peu près 300 000 $. Ils n'auront pas perdu grand-chose pour
aller se chercher quelque chose de solide. D'abord, pour conserver leurs
emplois, le négocier et tout. Où vous en allez-vous avec un
système de même? Il n'y a personne dans l'entreprise, et j'ai vu
des hommes d'affaires à la tonne, qui comprend où vous allez. Il
n'y a personne qui comprend ça, et pas des gens du patronat qui couchent
avec le gouvernement trois fois par jour; des gars d'affaires qui ont
bâti une petite "business" tout seuls. Ils disent: Comment voulez-vous
qu'on fonctionne? On ne sait pas où il s'en va. Le problème,
c'est qu'il ne le sait pas lui non plus parce qu'il n'est pas capable de nous
le dire. C'est ça le problème. Si on savait où il s'en va.
Ça se bâtit comment une entreprise, surtout dans le domaine
public, qui est contrôlée? Ce n'est pas comme la concurrence des
roues de bicycle. Ce n'est pas la même affaire du tout. Ce sont des
contrats limités, donnés par l'État et
négociés par l'État. Vous ne pouvez pas introduire une
notion de concurrence dans ça. Vous établissez des normes pour
fixer les coûts, des balises pour fixer les coûts, des clauses
escalatrices pour suivre les... C'est de même qu'on transige dans le
domaine du transport scolaire. Je ne comprends pas où vous vous en
allez. Je ne comprends pas et il y a du monde qui ne comprendra pas grand-chose
tantôt, quand ce sera le temps, par exemple, de recevoir des ordres de
repeinturer un ambulance. Ça peut avoir l'air drôle de peinturer
une ambulance pour quelqu'un qui l'a dépeinturée, mais quand
ça coûte 3000 $ l'ambulance, il y a quelqu'un qui paie. Qui va
payer les ambulances? Cela fait-il partie du coût d'établissement?
Si trois ou quatre transmissions sautent dans une semaine, est-ce que ça
fait partie du coût, est-ce qu'il y a une clause escalatrice ou des
choses? Ça se
discute, ça!
J'ai vu des états financiers; je ne suis pas spécialiste
des chiffres, mais j'ai vu des états financiers. Cela s'analyse;
ça ne prend pas un grand génie en chiffres! Je vais vous en
donner. Vous avez fait soumissionner Tilden et le groupe des caisses
populaires, M. le ministre, qui vous ont fourni des chiffres à 19 $
l'heure. Mais ils ne fournissaient pas l'essence, les draps ou la
médication de base. Ils ne fournissaient pas ci, ils ne fournissaient
pas ça et ils arrivaient à 19 $. J'ai consulté du monde
pour demander quel serait le tarif approximatif que cela pourrait coûter
avec les médicaments, tarif fourni par Tilden: 7 $ ou 8 $ de plus.
C'était plus cher que ce que le ministre offre présentement
à 24, 07 $. Juste pour vous montrer un exemple, quand tu vas chercher de
l'expertise, tu ne demandes pas à l'un: Toi, donne-moi un cheval et toi,
donne-moi le prix d'un lapin, pour essayer d'offrir le prix du lapin pour le
cheval. Tu donnes toutes les mêmes exigences de base, tu les écris
et là, tu demandes: Bon, à combien soumissionnez-vous? À
partir de là, tu as une expertise qui te donne un cadre pour
négocier tes contrats. Surtout quand un gars vient du monde des
affaires, normalement il n'a même pas besoin de se faire expliquer
ça par quelqu'un qui vient du secteur public. Il devrait comprendre
ça spontanément. Ce n'est pas ce qui se fait présentement.
Toute la situation bordélique de ce dossier vient du fait...
Vous avez hâte que je finisse, M. le ministre? Ce ne sera pas
long. Combien me reste-t-il de minutes, madame?
Une voix: Quatre.
M. Chevrette: Bon! Cela ne fait rien, je vais me reprendre et, si
je n'ai pas fini, je proposerai un autre amendement pour vous dire tout ce que
j'ai à vous dire.
Ce que veux expliquer, ce qui est très clair, c'est que, si c'est
aussi bordélique dans ce dossier, c'est parce qu'on n'écoute pas
les parties. On ne voit qu'un côté de la médaille et on
oublie qu'il y a des gens qui ont bâti leur vie autour de quelque chose.
Bâtir sa vie autour de quelque chose, c'est aussi vrai pour un employeur
qui a gagné sa vie avec des ambulances, que pour un employé qui a
travaillé toute sa vie là. Mais on ne voit pas un seul
côté de la médaille et, surtout quand on est assis ici, on
doit regarder les deux côtés de la médaille, pas un
seul.
On ne dort surtout pas avoir la trouille parce que quelqu'un fait des
menaces, et céder à n'importe quel chantage. S'il fallait qu'ici,
autour de cette table, on commence à pisser dans nos bottes toute la
"gang" devant du chantage, vous savez ce qu'il arriverait dans notre
société? Au plus fort, la poche. Cela veut dire qu'à ce
moment-là, n'importe qui laisserait créer des injustices pour
faire crever du monde. On doit être au-dessus de la mêlée,
ne pas craindre parce qu'on nous menace. Je passe dans cette salle et je sens
qu'il y en a qui, s'ils avaient des pistolets à la place des yeux, me
tueraient. Je me dis que je ne suis pas élu pour garrocher un sourire,
moi, Christophe. Je suis élu pour dire ce que je pense et pour faire
respecter tes droits de chacun et ça ne m'empêchera pas de passer
là, de passer proche de là, et pas plus que ça. C'est
parce que c'est ça notre rôle. Notre rôle, ce n'est pas de
se camoufler dans tes passages et de céder devant n'importe quelle
petite forme de chantage. On sort demain matin; on fait une inspection. Cela
fait trois jours qu'elle est faite. Quand tu es naif, tu crois tout ça,
mais quand tu t'informes sur ce qui s'est fait, tu ne crois plus ça, tu
dis: Ce n'est pas ce qui s'est fait. L'inspection a été faite
trois jours avant. Comment se fait-il que vous tolériez tel aspect en
vertu de la loi 160? Ce n'est pas grave.
C'est ce que je veux dire au ministre. Qu'il se place au-dessus de la
mêlée et qu'il regarde les faits. Qu'il regarde exactement ce qui
se passe. Il va nous présenter quelque chose qui va rallier tout le
monde et on va s'en sortir, de ce dossier-là. Ça n'a pas
d'allure.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le ministre.
M. Dutil: Le chef de l'Opposition vient de nous resservir une
bonne partie des arguments qu'il nous sert depuis hier là-dessus...
M. Chevrette: J'ai hâte que...
M. Dutil:... sur lequel je reviens encore une fois. Est-ce que
vous allez me laisser parler, M. le chef de l'Opposition?
M. Chevrette: Bah oui!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!M. le ministre.
M. Dutil: Entre autres, il a fait l'analogie avec le transport
scolaire. C'est une analogie qui peut se faire jusqu'à un certain point,
mais il y a un aspect de l'analogie qu'il n'a pas fait.
Dans le transport scolaire, il est possible d'aller en soumissions
publiques pour les commissions scolaires. C'est possible.
M. Chevrette:
M. Dutil: Non, mais vous ne l'avez pas dit
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
(17 h 15)
M. Dutil: Alors, quand ça se négocie autour de la
table avec les commissions scolaires, laissez-moi vous dire que ce qu'il se
passe en pratique, c'est qu'ils se font dire: Écoutez, les
petits amis, vous n'êtes pas raisonnables dans votre prix, on va
aller en soumissions publiques. Voilà ce qu'ils se font dire.
Le chef de l'Opposition a encore mêlé les régions
avec Montréal, je veux le rappeler. Évidemment, les soumissions
publiques dans le domaine du transport ambulancier, c'est une autre question,
parce que la qualification des personnes qui conduisent, qui sont des
techniciens ambulanciers, est élevée. On exige qu'elle le soit de
plus en plus et vouloir aller en soumission publiques, en régions
particulièrement, ça pourrait faire qu'on se retrouve sans
soumissionnaire.
De toute façon, on s'est laissé convaincre et on a
accepté de maintenir le système de permis en région, avec
une négociation de gré à gré avec les
propriétaires d'ambulances et la possibilité, si on ne
s'entendait pas, de décréter les conditions de tarification
accordées aux propriétaires d'ambulances, parce qu'il faut finir
par s'entendre? Il faut finir par avoir un règlement.
Donc, quand on me parle des petits propriétaires d'ambulances, il
faut se rappeler que la très grande majorité sont en
région. Ils ne sont pas touchés du tout par ce que nous discutons
actuellement. Pas du tout. En aucune façon. En région, on
maintient le système de permis; en région, on maintient le
système de négociation de gré à gré, non pas
avec une formule de soumissions publiques, en fin de compte... Le
Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dutil:... mais avec une formule de décret s'il n'y
avait pas entente autour de la table. Le chef de l'Opposition fait un postulat
relativement rapide qui est celui-ci: Entre gens de bonne volonté autour
d'une table, on ne peut pas faire autrement que de s'entendre sur les chiffres.
Bien, comme c'est là, je dois vous dire qu'on ne s'entend pas sur les
chiffres autour de la table, entre autres avec les propriétaires de
Montréal. On ne s'entend pas sur les chiffres.
Le chef de l'Opposition a soulevé tout à l'heure toutes
sortes de questions sur le rehaussement des normes, laissant implicitement
entendre que si on rehausse les normes, on ne rehaussera pas la tarification
qu'on accorde. C'est bien évident, M. le Président, que les
chiffres sur lesquels on se base pour justifier ce que l'on est prêt
à payer à ceux qui nous fournissent des services d'ambulances
sont fonction des exigences que l'on a quant à ces services à
être rendus à la population. C'est bien évident.
Si on rehausse les normes d'équipement, les normes de
véhicules, les normes de formation et ainsi de suite, on en tient compte
quand arrive le moment d'établir ce que l'on est prêt à
accorder aux propriétaires d'ambulances pour donner ce service. Mais,
ça ne semble pas entrer dans la tête du chef de l'Opposition. Il a
l'air de penser que notre objectif est exploiter nous-mêmes le service
d'ambulances, alors qu'il est de s'assurer qu'il y aura des services
d'ambulances en tout temps.
Si on prend le cas de Montréal en particulier, les exemples que
j'ai donnés hier ne concernaient pas du tout la grève possible,
éventuelle, etc., mais concernaient justement le défaut d'entente
autour d'une table de négociation avec ceux qui nous fournissent des
véhicules, une fois le projet de loi adopté. Il faut que le
gouvernement ait la possibilité, à ce moment-là, de se
procurer des ambulances. Il pourra le faire, s'il n'y a pas entente autour de
la table, différemment de la province, soit en allant en soumissions
publiques ou en dernier lieu, s'il en décide ainsi, ou s'il n'y a pas de
soumissionnaire ou quelque autre scénario qu'on puisse imaginer, en
donnant ces services d'ambulances... C'est tout.
Ce qui nous justifie de faire ça actuellement, c'est que l'on a
précisé l'indemnité. On se rappellera qu'au mois de juin,
je disais: Nous ne sommes pas en désaccord sur le fait qu'il y ait un
amendement pour une indemnité. Il suffit de voir de quelle façon
la construire et jusqu'où on va dans cette indemnité, parce qu'il
y a une différence de nature entre exproprier une entreprise d'amiante
et être dans le secteur ambulancier, où on est à 90 % le
fournisseur d'argent, où c'est nous qui établissons les normes,
et ainsi de suite. J'avais élaboré, à ce moment-là,
toute mon argumentation là-dessus.
Quand le chef de l'Opposition nous parle de dans trois ans, il aurait
été bien avisé, il y a trois ans, de s'interroger sur ce
qui allait se passer dans trois ans. Il était ministre de la
Santé et des Services sociaux. Il a fait une loi et il est allé
négocier sa loi. Il s'en souvient. Il n'aime pas ça.
Évidemment, chaque fois que je parle de ça, il essaie de
m'interrompre.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Vous vous adressez à la présidence pour
éviter...
M. Vermette: Tout ce que je vous dis, c'est que je n'ai jamais
donné ma chemise.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît,
M. le député de Joliette. S'il vous plaît! M. le
ministre, si vous voulez continuer. S'il vous plaît!
M. Dutil: Le chef de l'Opposition nous fait des leçons de
prévisions de ce qui va se passer dans trois ans. Il nous demande de
nous en préoccuper et nous nous en préoccupons. Je pense que la
loi va faire que dans trois ans on ne parlera plus de ce dossier de la
façon dont on en parle aujourd'hui. Je ne crois pas qu'il y a trois ans,
on ait pu dire la même chose. Je comprends ce qui s'est passé il y
a trois ans. C'est explicable. Le gouvernement s'en allait à la
va-comme-je-te-pousse. Il y avait une crise gouvernementale. Ce sont des
choses qui arrivent. Ils ne s'entendaient pas entre eux autres. Ce devait
être difficile de fonctionner et de naviguer. Je comprends ça. Il
n'y avait pas unanimité dans ce gouvernement.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, en
conclusion; votre temps est écoulé.
M. Dutil: Ce n'était pas facile de prévoir à
long terme, et c'est l'excuse que je trouve pour le chef de l'Opposition de ne
pas avoir prévu à long terme dans les règlements qu'il a
faits dans le dossier des ambulances. Cela aurait été utile, il y
a trois ans, que le problème se règle. On ne serait pas
obligés de le régler aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
ministre. Y a-t-il d'autres intervenants? Mme la députée de
Marie-Vtctorin
Mme Vermette: Oui, M. le Président. J'avais laissé
te débat au mois de juin et je m'imaginais que vu qu'on avait une longue
période estivale peur réfléchir sur te projet de loi, on y
apporterait des modifications substantielles et on reviendrait probablement
à la raison, de sorte que tout le monde pourrait trouver tes correctis
qui s'imposaient, par la nature même des discussions que nous avions
entreprises à ce moment-là. On est obligés de constater
que nous sommes toujours devant les mêmes problèmes et que les
résultats sont peu prometteurs en ce qui concerne l'avenir du
système d'ambulance au Québec.
On s'attendait vraiment qu'on apporte des modifications substantielles
pour la qualité du service. Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'on
arrive plus que jamais déchirés entre tes différentes
parties qui sont habituées à vivre à l'intérieur
d'un système hospitalier et de soins préhospitaIiers dans te
domaine du transport ambulancier. Tout compte fait, qui devra faire encore tes
frais de tout ça? Ce sont encore tes mêmes, les
bénéficiaires, les contribuables qui sont pris entre des
décisions administratives et légales et, ma foi, devront remettre
en cause ce qu'on appelle l'intégrité des hommes et des femmes
publics ou en politique.
Je trouve ça dur à accepter, M. le Président, parce
que généralement on travaille fort sur nos projets de loi pour
arriver au bien commun. C'est ce qui devrait toujours nous motiver à
l'intérieur de nos décisions, de nos orientations. Ce que j'en
retire, à la lumière de toutes nos discussions, c'est que le bien
commun me semble très loin de nos préoccupations, en étant
beaucoup plus biaisé vers certains partis pris qui font qu'on pourrait
dire que c'est la théorie de Darwin qui s'applique dans notre
société, c'est-à-dire que les plus forts peuvent survivre
tandis que les autres... On sent ça un peu partout, une cassure, une
brisure dans notre société.
On met en opposition cette cassure, cette brisure, entre les
différentes classes sociales pour des principes, à mon avis, plus
ou moins acceptables dans une société qu'on dit
démocratique. Mon discours est beaucoup plus en ce sens parce que je
trouve que de toute façon, plus on parle, plus on revient aux
mêmes arguments, parce qu'il n'y a pas de changement. On fait du
piétinement. À ce moment-ci, il est inacceptable qu'on ne
progresse pas davantage vers le bon sens en tenant compte des parties en
présence et des gens qui, depuis longtemps, oeuvrent dans ce
système et demanderaient un peu plus d'égards, en tout cas, de la
façon dont on serait prêts à traiter tout ça.
On oublie et on omet très souvent des notions de
simplicité concernant la gestion; ce n'est pas si compliqué de
gérer. Les relations de travail impliquent toujours aussi une question
de relations avec des individus, et de bonne foi et de bonne volonté des
individus. On peut dire aujourd'hui qu'on a laissé tomber cette bonne
foi et les bonnes intentions des individus pour présupposer que la
vérité n'allait que dans un sens et que le favoritisme ne pouvait
aller que dans un sens. Ce n'est pas de cette façon que nous allons
pouvoir faire rehausser dans l'opinion publique la confiance que la population
peut mettre dans les hommes et tes femmes politiques.
Si on ne peut faire preuve de maturité, c'est toute la
société qui en prend pour son rhume à l'heure actuelle.
Moi, j'espère qu'on pourra arriver à une commune mesure qui fera
que personne ne sera lésé dans ce projet de loi, mais au
contraire, qu'on se souviendra que ce pourquoi nous faisons un projet de loi,
c'est pour améliorer la qualité des services, autant en
région qu'à Montréal. On en parle très peu
actuellement, mais ce que l'on voit, c'est qu'encore une fois on veut
établir des stytes de concurrence pour que les contribuables puissent
être te moins taxés possible, pour avoir les meilleurs prix
possible, mais à quel prix? Au prix de la paix sociale, où on met
à partie d'anciens propriétaires contre d'anciens employeurs,
d'anciens travailleurs qui veulent devenir à leur tour
propriétaires, ce qui fait que tout le monde s'y perd et que tous se
regarderont comme des chiens de faïence et qu'on n'obtiendra rien pour ce
qui est de la paix sociale.
Et malgré toutes les belles paroles réconfortantes qu'on
peut entendre de la part du ministre à l'heure actuelle - je ne mets pas
en cause sa bonne volonté ou sa bonne foi - je trouve que la
façon dont nous sommes partis actuellement, nous n'atteindrons
sûrement pas ses objectifs. On demande tout simplement qu'il y ait une
équité, et cela demande que l'on reprenne les différents
articles de ce projet de loi, pour que vraiment hors de tout doute, nous
puissions voir le libellé de cette équité, ce que nous
n'avons pas encore vu. Je comprends pourquoi toutes les parties en
présence sont aussi survol-tées et qu'on n'arrive absolument
à rien. Nos
objectifs, malheureusement, ont été mis de
côté pour que la population soit mieux servie; ils ont
été encore une fois mis en veilleuse pour d'autres
intérêts qui, ma foi, ne sont pas les intérêts les
plus favorables dans un principe démocratique.
C'est un petit peu désolant de voir qu'encore une fois nous
devons prendre énormément de temps pour débattre beaucoup
de points, pour faire connaître et ressortir un semblant
d'équilibre social, d'équité; nous arrivons encore
à dépenser de l'énergie pour arriver toujours au
même point de départ. Et ça, c'est malheureux et c'est
inacceptable de la part de personnes qui sont supposées
représenter le bien commun. Si je parle ici, relativement à ce
projet de loi, c'est que j'espère qu'on tendra vers un équilibre
et une équité afin qu'autant les uns que les autres puissent
trouver leur compte, que cette notion de concurrence, si chère dans les
systèmes de libéralisme économique, ne sera pas uniquement
les objectifs qu'on aura mis en cause et qu'on pensera à d'autres
objectifs, à des intérêts supérieurs pour l'ensemble
de la population du Québec.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Thuringer): M. le ministre.
M. Dutil: Pas de réplique sur le discours de Mme la
députée.
Le Président (M. Thuringer): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, quelques petites réflexions. Des
voix:... Nicaragua. Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: II y a des aborigènes dans ton coin?
M. Claveau: Remarquez que je connais bien le Nicaragua et que
cela ne me gêne pas du tout. Je ne suis absolument pas
gêné.
J'aurais des petites questions.... Le ministre...
Le Président (M. Thuringer): Le ministre est parti.
M. Claveau: J'ai de la difficulté... Est-ce que nous
pouvons attendre que le ministre soit de retour, ou bien...
Une voix: Oui, oui.
Le Président (M. Bélanger): On peut suspendre la
séance pour quelques instants. Il est parti à la Chambre.
(Suspension de la séance à 17 h 29)
(Reprise à 17 h 32)
Le Président (M. Bélanger): La pause-santé
étant terminée... Alors, nous en étions rendus au
député d'Ungava. M. le député d'Ungava, on vous
écoute.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je vais essayer
d'être très bref ou le plus bref possible. Il y a des choses que
je voudrais vraiment que le ministre nous précise en ce qui concerne ce
qu'il a dit tout à l'heure. Moi, j'ai accroché, dans la
dernière intervention du ministre, sur la phrase suivante qu'il a dite:
Notre objectif est d'assurer des services d'ambulances en tout temps. J'ai beau
essayer de voir pourquoi, dans son cheminement, si son objectif réel est
d'assurer des services d'ambulances en tout temps - j'ai repris le mot à
mot - il se sent obligé de permettre à la corporation d'avoir ses
propres ambulances. Je demanderais au ministre de consulter son collègue
des Transports pour voir ce qu'il se passe actuellement au ministère des
Transports. On sait que le ministère des Transports a eu et a,
abondamment, toutes sortes de machines pour faire ses propres entretiens et
tout ça. On les appelait, dans le temps, "les gars de la voirie", vous
connaissez les histoires qui ont tourné autour de ça. Mais,
aujourd'hui, le ministère des Transports se désengage
continuellement de ça et, pourtant, s'il y a un secteur vital autant
pour notre santé que pour notre économie, pour tout, c'est
l'entretien de nos routes. Il n'y a pas une ambulance qui peut se promener dans
trois pieds de neige et pas un cardiaque qui va pouvoir se rendre à
l'hôpital si les routes ne sont pas déblayées. Il n'y a pas
un service, quel qu'il soit, qui va pouvoir être donné si
l'entretien des routes n'est pas fait, surtout en hiver. Je regarde chez nous,
il y a une tempête depuis environ deux heures cet après-midi.
C'est vital, c'est fondamental, c'est vraiment névralgique, dans notre
société, l'entretien des routes. Pourtant, le ministère se
désengage continuellement de sa propre machinerie et ne renouvelle plus
rien.
À propos de ce que mon collègue, le chef de l'Opposition,
disait tout à l'heure concernant les coûts de la tôle, bien,
il a tout à fait raison. Le ministère des Transports a aussi
été pris avec de la machinerie qui n'a plus de valeur, qui se
détériore terriblement vite et qu'on n'est pas capable de
remplacer, et tout ça. Alors, qu'est-ce qu'on fait actuellement? Il y a
deux types de contrat qui se font de plus en plus au ministère. Les
entretiens en régie sont en voie de disparition très rapidement.
On fait soit des ententes négociées sur certains bouts de route,
soit des contrats par soumissions sur d'autres bouts de route, mais avec des
entreprises privées, sans leur suspendre au-dessus de la tête une
épée de Damoclès en leur disant: Si ça ne marche
pas, on vous enlève votre machinerie et votre personnel pour les prendre
nous-mêmes. Pourtant, le
premier intérêt du ministère des Transports est
aussi d'assurer des services d'entretien routier en tout temps,
l'accessibilité en tout temps qui permettra entre autres aux ambulances,
à tous les services publics et aux citoyens de pouvoir se
déplacer. Je crois que le ministre, dans son cheminement, en tout cas,
va à l'inverse de ce qu'il se passe ailleurs. J'aimerais vraiment
l'entendre là-dessus, j'aimerais qu'il nous explique, d'une façon
claire, pourquoi il tient à ce que la corporation puisse exploiter son
propre service d'ambulances pour assurer des services ambulanciers en tout
temps, alors qu'il y a des entreprises, qu'il y a des ambulanciers
qualifiés qui travaillent pour des propriétaires d'ambulances qui
ont des permis, qui ont une dynamique de relation de travail, soit, une
dynamique qui n'est pas toujours facile, comme dans n'importe quelle
entreprise, comme ça se passe aussi au ministère des Transports
avec les entrepreneurs qui soumissionnent pour l'entretien des routes, à
l'occasion, il y a des problèmes de relation de travail et des conflits
de toute sorte entre l'entrepreneur et ses employés, mais il n'est pas
nécesssaire pour autant de lui dire: D'accord, si tu n'es pas capable de
régler ton problème de travail, je te reprends tes
employés et ta machinerie et c'est moi qui vais faire l'entretien des
routes. Au contraire, on est en train de les éliminer. Je sais que toute
comparaison n'est pas toujours bonne, qu'on peut toujours me dire:
Écoute un peu, les ambulances ce n'est pas la même chose que des
charrues. Mais il reste qu'il n'y a pas une ambulance qui va voyager si les
charrues ne passent pas. Des ambulances avec une gratte en avant, je n'en ai
pas vues beaucoup jusqu'à maintenant; il ne doit pas en exister
tellement.
C'est une question de contexte, d'approche, c'est une façon de
voir les choses. J'essaie de comprendre pourquoi, et je termine mon
intervention là-dessus, en demandant au ministre encore une fois
pourquoi il exige ou il maintient qu'il faut que la corporation puisse avoir
ses propres ambulances, puisse gérer son propre service ambulancier
plutôt que de se réduire à gérer une coordination de
ces services ambulanciers-là. Pourquoi doit-elle avoir son propre
service ambulancier pour assurer un service ambulancier en tout temps, comme il
l'a dit, alors qu'ailleurs, dans d'autres secteurs névralgiques de notre
société, on ne se pose pas la même question?
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Dutil: Pour répondre à la question
précise du député d'Ungava, sans en référer
au ministère des Transports, aux charrues et au ciel qui peut nous
tomber sur la tête, je ne privilégie pas la formule de gestion du
véhicule par l'OSBL, mais je souhaite que cette possibilité
existe dans la loi et je fais une distinction entre les deux.
M. Claveau: J'ai encore du temps de parole, M. le
Président?
M. Chevrette: Oui, il te reste 15 à 20 minutes.
Le Président (M. Bélanger): Combien de minutes?
Une voix: Douze.
Le Président (M. Bélanger)-. \\ vous reste douze
minutes.
M. Claveau: II me reste douze minutes. Bon, d'accord. Cela va me
permettre de questionner encore un peu. Si c'est le cas, M. le
Président, pourquoi le ministre a-t-il voté contre l'amendement
qu'on a fait tout à l'heure où on disait: ... uniquement dans des
cas d'abandon ou de refus de respecter des contrats conclus avec les
propriétaires existants? Alors si c'est cela qu'il veut, si c'est
vraiment, à la limite là, une alternative, un palliatif ultime
dans la mesure où on ne peut pas faire autrement, alors pourquoi a-t-il
voté contre un amendement qui disait spécifiquement cela?
M. Dutil: Parce que, M. le Président, des
scénarios, il peut en arriver beaucoup d'autres que ceux-là et,
étant donné que maintenant nous avons pris la décision
d'indemniser pour le retrait et la révocation des permis les gens de
Montréal, je ne vois pas pourquoi l'État fermerait la porte
à l'existence d'éventuelles possibilités. Je ne vois pas
pourquoi, après avoir accepté d'indemniser des
propriétaires, non seulement par une décision en chiffres du
gouvernement, on met un prix mais on met aussi une possibilité
d'arbitrage en cas de désaccord, justement pour être plus
équitables envers les propriétaires actuels, en leur disant: Vous
ne pouvez pas nous laisser entre les mains la détermination de cette
indemnité-là seulement, vous pourriez la considérer comme
inéquitable; si c'était le cas, on vous offre, par
législation, d'avoir un arbitrage qui vient vérifier si on a
été équitables dans notre prix et qui vient dire, si on ne
l'a pas été, d'augmenter le tarif. À partir de ce
moment-là, je ne vois pas pourquoi l'État se fermerait des
portes, même si ce n'est pas ce que l'on privilégie comme
système. Je pense qu'il est plus souple, plus facile que les
véhicules soient loués que d'en être les
propriétaires, nous, l'État, par l'OSBL Je pense que c'est plus
valable. Je ne comprends pas que vous souhaitiez qu'on se ferme des portes
alors qu'on a payé avec les deniers publics pour révoquer les
permis. On paiera.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, il y a un problème qui
existe. Je ne sais pas comment le ministre fait pour ne pas voir ce
problème. Je pense qu'il n'y a aucun autre secteur dans l'administration
publique, quel qu'il soit, où le gouvernement se garde une arme de
chantage aussi importante envers les propriétaires ou envers toute
l'industrie du transport quel qu'il soit ou dans d'autres domaines, en disant:
Si on ne réussit pas à s'entendre, j'ai toujours un as de pique
dans ma poche d'en arrière, je suis capable de te revirer de bord demain
matin et de m'organiser tout seul. J'ai l'impression qu'il s'agit là
d'une démarche qui est, à toutes fins utiles, inacceptable dans
un processus de négociation normale, à moins qu'on dise
carrément: Je privatise, j'indemnise et, à partir de demain
matin, c'est moi qui gère...
Une voix: J'étatise.
M. Claveau:... j'étatise, excusez... La privatisation, on
en a tellement entendu parler dans ce gouvernement que c'est bizarre de voir un
ministre qui va à l'encontre de la vision globale de son gouvernement.
À moins de dire: J'étatise; à partir de demain matin,
c'est nous qui avons les services, c'est nous qui gérons et qui payons
pour la tôle, donc c'est nous qui allons gérer cette tôle;
on paie les indemnités en conséquence et à partir de
demain matin, c'est cela, alors, à moins qu'on ne dise ça, si on
laisse une mécanique de négociation et qu'on dit: Non, je ne la
prendrai pas la tôle, je vais la laisser de côté, c'est moi
qui paie, mais je la laisse de côté et je négocierai avec
des propriétaires de cette tôle. Mais toujours en se gardant un as
de pique dans la loi qui dit: Si tu n'acceptes pas mes conditions, je sors ma
carte gagnante et je le prends en main. Là, il y a une mesure de
chantage qui fait en sorte que cela modifie carrément toute l'allure des
négociations avec qui que ce soit.
M. Dutil: Voilà!
M. Claveau: C'est cela qui me semble être une
démarche difficile à accepter dans un fonctionnement qui se veut
clair, un fonctionnement où tout le monde devrait comprendre les
règles du jeu au départ.
M. Dutil: Est-ce que je peux... Est-ce que c'est une
question?
M. Claveau: Oui, oui, c'est une question. Si vous voulez y
répondre...
M. Dutil: Alors, j'explique...
M. Claveau: Je me pose des questions aussi.
M. Dutil:... de façon posée, la raison pour
laquelle nous avons décidé de ne pas faire ce que vous appelez
une étatisation et de laisser les véhicules aux
propriétaires. C'est que justement on privilégie cette formule
plus souple, à savoir que les véhicules nous soient loués
par des propriétaires parce que des véhicules... Les gens sont
portés à croire que les véhicules, c'est un petit contrat,
une petite affaire de rien. On parle de quelque chose comme 120 000 $ par
année de coûts pour l'OSBL. On parle de 24, 07 $ l'heure pour 5000
heures par année. On parle d'un bon contrat, un contrat
intéressant. Pourquoi est-ce que cela coûte de 100 000 $ à
120 000 $ par année pour louer l'ambulance de quelqu'un d'autre? On
estime que si c'était l'OSBL qui les avait, cela coûterait aussi
cher, sinon plus cher, premièrement; deuxièmement, qu'il est
avantageux, à cause de la souplesse de l'entreprise privée dans
la location de véhicules, puisque ce service existe, de le faire faire
par eux. Si on faisait ce que dit le député d'Ungava, qu'on
étatisait et qu'on ramassait les véhicules, justement, on aurait
de la difficulté ensuite à retourner les véhicules sur le
marché.
On pense, honnêtement et sincèrement, que les
propriétaires, avec la formule d'indemnité pour le retrait des
permis et la possibilité, s'ils le désirent, ne plus être
dans la "business" - cela existe - et de vendre leurs ambulances à
d'autres qui désirent être dans cette affaire, si on
considère la somme des deux, l'indemnité plus la vente, ils vont
faire autant d'argent - c'est peut-être un peu plus compliqué pour
eux - que si on suivait et qu'on acceptait le raisonnement du
député d'Ungava. (17 h 45)
Je voudrais répondre à une autre partie de la question: II
dit qu'au gouvernement, cela n'existe pas. Mon cher ami, cela existe partout,
des soumissions publiques ou la possibilité de faire des choses en
régie interne. Au ministère du Travail en particulier...
M. Claveau: Ils délaissent cela, justement.
M. Dutil: La possibilité législative de le faire en
régie interne existe. Qu'il se fasse un choix administratif autre, c'est
une chose, mais la possibilité de le faire en régie interne...
Les soumissionnaires du privé le savent que la possibilité de le
faire en régie interne existe dans le domaine dès transports.
C'est une façon de dire à des... Je vous donne cet
exemple-là, mais il y en a une multitude qu'on pourrait prendre comme
ça, une multitude d'exemples où l'État a le choix entre
une négociation de gré à gré, une soumission
publique ou la régie interne. Ce n'est pas une catastrophe, c'est
très fréquent, et l'État choisit quelle est la meilleure
formule pour le mieux-être de ses concitoyens, dans ces divers
domaines.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette:... j'aurais une question relativement à ce
point. Je pense que vous devriez étatiser au complet, et ]e vais vous
dire pourquoi. Il n'y a pas un gars du privé qui va "toffer" ça.
Je vous donne un exemple. Le 1er octobre 1988, pour le groupe
Lépine-Cloutier, la vente - les heures - a rapporté 4 974, 77 $;
le 2 octobre, 1 637, 69 $; le 3 octobre, 4 000 $; 4 octobre, 5 000 $; le 5, il
y a eu 9 000 $. Cela varie entre 4 000 $ et 5 000 $. Cela, c'est le
privé en concurrence avec le secteur des coopératives. Au rnoment
où il se porte acquéreur, le 14, 10 000 $, la première
journée. Il n'y a pas une journée en bas de 10 000 $
après. Cela monte à 14 000 $, 13 000 $, 14 000 $, 12 000 $.
Comment voulez-vous, même si vous accordez le même prix horaire par
rapport à la productivité de un... c'est de la tôle que
vous faites digérer par d'autres? Cela n'a pas de bon sens. Vous
êtes bien mieux d'être bien honnêtes avec tout le monde,
d'étatiser la tôle et de donner à ceux qui sont productifs
quand la tôle est à eux. Il n'y a pas un chat qui va vivre avec
ça. M. le ministre, ce sont des chiffres vérifiés par des
comptables. Chabot, ce n'est pas un deux de pique. Cela varie toujours en bas
de 5 000 $ quand c'est à caractère privé et il n'y en a
pas un en bas de 10 000 $ quand c'est la coopérative. Donc, la morale de
cela c'est qu'il vaudrait mieux tout donner à la coopérative. Les
véhicules qui ne marchent pas quand ils appartiennent au privé
roulent en cristi! quand ça appartient à une
coopérative.
Pourquoi garderiez-vous une concurrence à l'intérieur d'un
système? Cela n'a pas de bon sens. Et en ce qui concerne la
qualité du service à Montréal, si c'est vrai que ça
roule mteux, si, comme par enchantement, les véhicules sont mieux
graissés, tant mieux pour le client, pour les citoyens, pour tout le
monde. Je ne comprends pas ça. Je suis convaincu que le ministre devrait
regarder ça de près. Ses fonctionnaires savent ça, ce qui
se passe à Montréal. Je ne sais pas s'ils vous l'ont dit? Le
savez-vous, vous? Si vous ne le savez pas, c'est parce qu'ils ne vous l'ont pas
dit, mais its le savent. Ils le savent, et on va prendre maintenant...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci.
Le President (M. Bélanger): Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président, je suis
persuadé...
Le Président (M. Bélanger): Très
briève- ment.
M. Chevrette:... que le ministre, sachant ces faits, est encore
moins pardonnable de ne pas réagir. Ce ne sont pas des menaces de
coupure de 20 %. Cela, M. le ministre - vous aimez que je vous écoute
quand vous parlez - c'est bien plus qu'une menace; c'est un fait. Ce n'est pas
une menace de couper de 20 % dans quelques jours. C'est une perte quotidienne,
pendant X temps, chaque jour, vérifiée, certifiée, sans
changement de flotte. Qu'est-ce que vous répondez à ça?
Est-ce que vous avez la même agressivité que vous aviez en
menace?
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je peux vous le passer, vous le savez. Je ne
charrie pas...
M. Dutil: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil:... le chef de l'Opposition et moi recevons le
même courrier. Alors il n'y a pas de problème.
M. Chevrette: Oui, mais je voulais savoir ce que vous pensiez de
celui-là.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous pensez de ça?
Le PrésMent (M. Bélanger): M. le ministre, la
parole vous appartient.
M. Dutil: M. le Président, est-ce que le chef de
l'Opposition n'est pas au courant qu'à Montréal, l'une des
grosses difficultés justement qui a existé, et non pas seulement
dans cette compagnie-là, était que, quand I y avait des moyens de
pression, c'était le véhicule qui prenait le coup? Le chef de
l'Opposition le sait. Ce n'est pas un phénomène nouveau. Ce n'est
pas un phénomène qui est arrivé le jour où le Parti
libéral a pris te pouvoir.
M. Chevrette: Non, non.
M. Dutil: C'est un phénomène qui a
déjà existé dans le passé et à de nombreuses
reprises. Quelles solutions ont été trouvées par
l'Opposition, qui formait le gouvernement à ce moment-là, pour
régler ce genre de litige? Quelles solutions ont-ils trouvées?
Dans te cas de la compagnie à laquelle I réfère, je pense
que c'est très important et très sérieux, parce que...
M. Chevrette: C'est Lépine-Cloutier.
M. Dutil: Oui. La compagnie à laquelle le chef de
l'Opposition fait référence était probablement celle
où les difficultés dans les relations de travail étaient
les plus considérables et où les véhicules étaient
les plus brisés, dans le passé, avant même que je prenne le
dossier, probablement avant même que le chef de l'Opposition...
M. Chevrette: Mais ils n'ont pas changé d'âge le 13
octobre, les véhicules.
M. Dutil:... ne prenne le dossier. Il me demande ce que je pense
du fait que les revenus ont été haussés
considérablement, du jour au lendemain, dans la compagnie
Lépine-Cloutier. Je voudrais lui suggérer de demander aux
propriétaires actuels de Montréal ce qu'ils pensent du fait que
Lépine-Cloutier a fait très peu de transport pendant huit mois,
alors que Lépine-Cloutier avait déjà annoncé
qu'elle était à vendre et qu'elle faisait très peu de
transport parce qu'elle s'était retrouvée dans une situation
où les relations de travail étaient extrêmement
pénibles et à les véhicules avaient de la
difficulté à circuler en nombre suffisant.
M. Chevrette: Je comprends. Me permettez-vous une
sous-question?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Même si ça allait mal, le lendemain,
ce sont les mêmes autos avec les mêmes transmissions
changées huit ou neuf fois, mais ce sont les mêmes vieilles
cabanes dont 12 sur 19 devront être changées en février.
Comment se fait-il que ça se met à rouler pour faire 12 000 $ par
jour en moyenne au lieu de faire 4000 $? Ce n'est pas juste une question de
relations de travail.
M. Dutil: M. le Président, la problématique des
bris de véhicules est une problématique extrêmement grave
pour laquelle l'Opposition n'a pas trouvé de solution, pas plus qu'on
n'en a trouvée actuellement. Ça prend une preuve pour
démontrer qu'intentionnellement, le véhicule a été
brisé par les employés.
M. Chevrette: Pourquoi ne les offrez-vous pas toutes à la
coop? Ça a l'air de bien rouler, chez elle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est ça que je vous demande. Offrez-lui.
Ça roule de 4000 $ à 12 000 $ en moyenne, d'un coup sec, pour les
mêmes périodes. Offrez-lui toutes les ambulances.
M. Dutil: M. le Président, le chef de l'Opposition qui
semblait critiquer vivement le système des coopératives dans le
transport ambulancier, semble trouver tout à coup que c'est
extrêmement intéressant.
M. Chevrette: Mais non. C'est parce que je viens d'avoir
ça. Je trouve ça le "fun" de voir qu'il n'y a plus de bris et que
ça roule sur des roulettes.
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: D'un coup sec. Bon Dieu! Vous l'avez votre solution
là.
M. Dutil: Le chef de l'Opposition nous suggère que la
coopérative acquière l'ensemble de la flotte...
M. Chevrette: Par expropriation, puis vous allez étatiser
complètement. Nous autres, on est cohérents parce que c'est
ça qu'on vous a dit en juin. En juin, c'est exactement ça, M. le
ministre, qu'on vous a dit. On vous a dit: Si vous voulez régler cela,
n'étatisez pas hypocritement une partie; donnez-les toutes. Vous en avez
la preuve chez Lépine-Cloutier: une moyenne de 4000 $ du 1er au 13
octobre, disons, et, du 14 au 28, en quatorze jours, une moyenne de 13 000 $,
12 000 $. Ça roule quand ça appartient à la coop. Bien,
Christophe! Étatisez et donnez-leur tout ça, mais étatisez
conformément aux critères d'étatisation. Ils vont rouler,
eux autres. Vous n'aurez plus de problème à Montréal.
M. Dutil: M. le Président...
M. Chevrette: Lépine-Cloutier perdait 165 000 $ par
mois.
M. Dutil:... en réponse à la suggestion du chef de
l'Opposition, deux remarques.
M. Chevrette: C'est ça. Ça roule.
M. Dutil: La première remarque: on ne force pas des
employés à acquérir la compagnie de leur employeur s'ils
ne désirent pas le faire.
M. Chevrette: Si ça roule bien, offrez-leur au moins.
Ça roule.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On va écouter M. le ministre. Après, on reviendra.
M. Dutil: La première coopérative dans le domaine
des ambulances existe depuis un an à peu près, tout près
d'un an. Elle était sur la rive sud, et c'en est une deuxième
coopérative. Mais le chef de l'Opposition a l'air de penser que c'est
nous autres qui décidons si on acquiert ou non la compagnie de tel
employeur. Si la coopérative est intéressée à
acquérir les autres compagnies, elle a le droit de faire des
démar-
ches comme n'importe quelle autre personne.
M. Chevrette: Mais ce serait plus payant pour vous, d'abord de
l'acquérir, puis de (dur donner parce que ça route quand c'est
à eux autres. C'est ça que je vous dis.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, on va laisser le ministre terminer, puis on
reviendra à vous. Vous êtes d'accord?
M. Dutil: Est-ce que je peux...
M. Chevrette: Acquérez et donnez.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser M. le
ministre continuer. S'il vous plaît!
M. Chevrette: Excusez-moi. C'est vrai.
M. Dutil: M. le Président, ce que le chef de l'Opposition
doit très bien comprendre, c'est que, si on l'acquiert, ça va
être pas mal difficile de la rendre au secteur privé, la location
des ambulances. Ce que l'on propose, M. le Président, c'est de
révoquer les permis et d'indemniser en conséquence les
propriétaires. Pour être sûr que cette évaluation va
être faite d'une façon objective, parce que c'est un dossier
complexe, on accepte qu'il y ait éventuellement un arbitrage pour
contester le prix que l'on pourrait mettre là-dessus, de telle sorte
que, si les propriétaires d'ambulances veulent vraiment se
départir, comme ils le mentionnent, de leur entreprise, la somme de ce
qu'ils pourraient vendre comme actif tangible plus ce qu'ils vont vendre comme
actif non tangible au gouvernement, c'est-à-dire l'achalandage,
c'est-à-dire l'indemnité quant à la révocation des
permis, est certainement tout aussi grande que si l'on prenait l'alternative
que propose le chef de l'Opposition, c'est-à-dire d'étatiser et
d'essayer par la suite de retourner au secteur privé la location des
véhicules, ce qui me semble un exercice périlleux.
M. Chevrette: C'est enfin l'heure de souper.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 34, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux et d'autres dispositions législatives. Nous en étions
à l'article 149. 5. paragraphe 2 où il y a un sous-amendement
proposé par le député d'Ungava qui se lit comme ceci:
L'amendement apporté au paragraphe deuxième de l'article 149. 5
est sous- amendé par la suppression des mots "un service d'ambulances
et".
M. Claveau: II se lit comme suit...
M. Chevrette: On va avoir du plaisir ce soir.
Le Président (M. Bélanger): Je viens juste de le
lire, ce qui fait que la proposition...
M. Chevrette: Un instant! On va se retrouver. J'avais trop de
bons textes à lire en même temps.
Le Président (M. Bélanger): Si vous plaît!
Cela fait que l'article se lirait maintenant: Deuxièmement...
M. Chevrette: Vous aHez y goûter tout à l'heure.
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre, s'iI vous plat! Alors, exploiter un service
d'interventions médicales d'urgence...
M. Chevrette: Un instant! Cela s'en vient. Ce ne sera pas long,
M. le Président. Donnez-nous trente secondes.
Le Président (M. Bétenger): Sur l'amendement, le
député d'Ungava a encore neuf minutes et M. le
député de Joliette, zéro.
Des vote: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Vous pariez trop,
monsieur, je vous l'ai dit.
M. Chevrette: Est-ce que le député d'Ungava peut,
à deux minutes de (a fin, présenter un amendement?
Le Président (M. Bélanger): Bien sûr. M.
Chevrette: Merci.
Le Président (M. Bélanger): On est sur un
sous-amendement. On va d'abord en disposer.
M. Chevrette: Bien sûr.
Le Président (M. Bélanger): Après
cela...
M. Chevrette: C'est parce qu'il y aurait d'autres amendements,
mais à deux minutes de la fin, on voulait le savoir.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
M. Chevrette: Merci bien. Vous êtes bien gentil. Je n'en
demandais pas tant.
Le Président (M. Bélanger): Ce sont les
règlements, monsieur. Ce n'est pas de ma faute. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: On me donne la parole. Écoutez,
sérieusement, le but de cet amendement provient de ce que le ministre
n'est vraiment pas capable de nous convaincre et d'articuler sa position d'une
façon ferme, quant à la pertinence de son opération qui
est d'assurer un service très sécuritaire d'ambulances en tout
temps, étant donné que notre avis n'est pas lié au fait
que la corporation peut ou non être propriétaire des ambulances et
des différents équipements qui composent le service. À ce
moment-là, je pense qu'il serait juste d'éliminer à ce
stade-ci du projet de loi, quitte à ce qu'il nous le ramène
ailleurs dans un autre article et on pourra toujours en discuter
éventuellement, il me semble qu'on devrait éliminer la question
des services d'ambulances. Ceux-ci peuvent faire l'objet d'une exploitation de
la part de la nouvelle corporation, étant donné que ce n'est pas
cela que la corporation veut. La corporation n'est pas créée pour
cela. Les buts de la corporation, et le ministre nous l'a dit, nous l'a
expliqué à maintes reprises, si je...
Une voix: Privilège.
M. Chevrette: Cela n'a absolument pas d'allure.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je vous en prie.
M. Claveau: Non, mais...
Une voix: Je m'excuse auprès...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, la parole est à vous. M. le
député de Joliette n'a pas la parole.
M. Chevrette: Le ministre va blêmir tantôt.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je vous en prie. M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je n'ai pas de problème? M. Chevrette:
Vas-y.
M. Claveau: Le ministre nous a expliqué et il a fait la
preuve finalement que ce qu'il voulait, par le biais de sa corporation,
c'était d'assurer des services d'interventions médicales
d'urgence, d'assurer qu'il y ait des services donnés en tout temps et en
toute sécurité à l'ensemble des utilisateurs potentiels
des ambulances, pour les fins d'un bon fonctionnement des services de
santé sur l'ensemble du territoire québécois. On a
beaucoup parlé de Montréal, mais dans son projet de loi et dans
les notes préliminaires aussi, il parle pour l'ensemble du Québec
et on espère que c'est toujours dans ses visions de régler le
problème pour l'ensemble du Québec. Donc, étant
donné que c'est ce qu'il cherche et non pas de devenir
propriétaire d'une compagnie qui va gérer ses ambulances parce
que s'il avait voulu le faire, il aurait pu passer par une étatisation
pure et simple du système ambulancier, ce n'est pas ce qu'il fait. Il se
garde une marge de manoeuvre, une possibilité de mettre le couteau sur
la gorge à qui que ce soit au moment de négociations sur le
coût du service de location d'équipement et de véhicules en
disant: Si tu n'entres pas dans mes barèmes, je peux tout simplement
acheter mes véhicules et tu va moisir avec les tiens. C'est ce que cela
veut dire.
À notre avis, ce n'est vraiment pas là l'objet de son
projet de loi et, à ce moment-là, il faudrait vraiment revenir au
thème ou à l'objet fondamental du projet de loi d'où
l'amendement, d'ailleurs, qui vise à éliminer cet
élément-là d'exploiter un service d'ambulances et de
revenir, effectivement, à un service de base ou même un service de
coordination, soit un article qui pourrait se lire: Exploiter un service
d'interventions médicales d'urgence qui, au dire du président de
la commission, n'incluait pas les services d'ambulances
spécifiquement.
Quand le ministre nous donnait des exemples en fin d'après-midi,
on a parié du ministère des Transports, on en parlait à
titre d'exemple, mais il y a différents exemples qui pourraient
être mis sur la table aussi. Vous savez-à quoi cela va me faire
penser toute cette histoire-là? J'ai l'impression qu'on s'en va vers un
genre de problématique comme celui que vivent actuellement les
camionneurs-artisans au Québec.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est pas des farces! C'est vrai. On essaie de se
donner des exemples pour se comprendre, pour voir où on s'en va, parce
que jusqu'à maintenant on n'a pas beaucoup d'exemples semblables dans le
domaine ambulancier comme tel. Mais vous savez, les camionneurs artisans sont
propriétaires de leurs camions et ils doivent vivre à l'aide de
leurs camions et de contrats qui leur sont donnés soit par le
gouvernement ou par des entreprises. Sauf que, malheureusement, étant
donné qu'ils sont assez nombreux et que les travaux ne sont pas toujours
très volumineux dans les régions, une concurrence féroce
s'établit entre les différents camionneurs artisans et, à
la limite, ils sont pris à un autre niveau. Ils sont pris entre
l'entrepreneur, qui doit les engager pour réaliser son
contrat, et le môme entrepreneur qui peut, s'il le veut, le faire
avec ses propres camions. Alors, l'entrepreneur va voir le camionneur artisan
et dit: Combien me demandes-tu pour charrier de la "gravelle"? Le gars dit:
Cela va être 30 $ le voyage. L'entrepreneur dit: C'est bien de valeur,
mais tu vas me le faire à 26 $ le voyage. Le camionneur artisan dit:
À 26 $ le voyage, je ne suis pas capable de le faire, je crève.
L'entrepreneur dit: C'est bien de valeur, si tu ne me le fais pas à 26 $
le voyage, je vais prendre mes propres camions et je vais le faire. Finalement,
si le gars ne l'accepte pas, il reste chez lui et il crève avec ses
camions dans la cour, ou il finit par faire une manifestation sur la colline
parlementaire parce qu'il n'a pas d'autres moyens de se faire entendre, et il
rebondit avec tous ses camions Ici. On s'en va vers une situation semblable. On
va mettre le propriétaire d'ambulances dans une situation où,
s'il ne peut pas respecter les chiffres qui lui seront imposés par le
ministère, le ministère va lui dire: C'est bien de valeur, si tu
ne me les fais pas à ce prix-là, moi, je suis capable d'acheter
des ambulances et tu t'arrangeras avec les tiennes. Ou le jour où la
corporation aura ses ambulances - il va y en avoir et il n'y a rien qui dit que
la corporation n'aura pas éventuellement, pour des raisons de
dépannage ou autres, quelques ambulances en stock qu'elle va garder au
cas où elle en aurait besoin - à ce moment-là, si la
négociation vire mal quelque part, s'il y a des retards, s'il y a des
pressions faites à l'intérieur d'un mécanisme de
négociation normal, la corporation sort ses ambulances et elle dit:
C'est bien de valeur, mon gars, je fais le briseur de grève
moi-même, dans le fond. C'est un peu le principe des briseurs de
grève. On a fait une loi antibriseur de grève parce qu'on ne
croyait pas à ce genre de démarche dans l'industrie quand
l'employeur était capable d'engager du monde par la bande, par en
arrière, pour remplacer les gens qui étaient à l'ouvrage.
On espère que le gouvernement actuel va maintenir cette loi même
si ce n'est pas toujours ses intentions. À ce moment-là, ce qu'on
fait, on établit le même principe pour des locations
d'équipements et de machinerie. On va dire: Nous, on se sacre bien de
toi, finalement, si tu n'es pas capable de rentrer dans nos prix, parce qu'on
est capable d'avoir nos équipements et, d'opérer
nous-mêmes. Que le ministre soit clair une fois pour toutes. Qu'il
achète, qu'il étatise l'ensemble, qu'il le mette en exploitation
dont il aura la gérance totale et, à ce moment-là, on le
règle une fois pour toutes, ou bien qu'il la laisse à
l'entreprise, mais en la laissant à l'entreprise, qu'il la laisse
vraiment à l'entreprise.
M. Dutil: II faudrait voter sur la motion.
M. Chevrette: Non, vous avez droit à cinq minutes si vous
avez quelque chose à dire.
M. Dutil: J'ai tout dit ce que j'avais à dire et je n'ai
pas de commentaire à faire sur les déclarations du
député d'Ungava.
M. Chevrette: Je demande le vote nominal.
Le Président (M. Bélanger): Le vote nominal sur le
sous-amendement proposé par le député d'Ungava. Un
instant, je vous prie!
J'appelle le vote. M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Bélanger
(Laval-des-Rapides)? Contre. M. Gervais (L'Assomption)?
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Leclerc
(Taschereau)?
M. Leclerc: Contre.
M. Chevrette: Parce qu'il sait que cela ne donne rien.
Le Président (M. Bélanger): M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Chevrette
(Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Claveau
(Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le
sous-amendement est rejeté. Donc, nous revenons à l'amendement
qui se lit comme suit: 2° exploiter un service d'ambulances et un service
d'interventions médicales d'urgence.
M. Claveau: Un sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: D'accord. Alors, un sous-amendement à
l'amendement porté au paragraphe deuxième de l'article 149. 5 est
donc de nouveau amendé par l'ajout à la fin de la
troisième ligne des mots "après avoir procédé
à l'expropriation des propriétaires exploitant selon la
disposition de la loi".
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez me remettre
la copie.
M. Chevrette: Je peux plaider sur la recevabilité.
Le Président (M. Bélanger): On va le lire
avant.
M. Chevrette: Le temps que vous voudrez bien m'accorder, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Juste une seconde.
M. Chevrette: Oui, je suis très soumis. J'ai assez
hâte de passer ce que j'ai à dire. J'étais quasiment comme
un enfant quand j'ai lu cela.
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur la
recevabilité, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Avez-vous besoin d'être renseigné ou
si vous êtes sûr de vous.
Le Président (M. Bélanger): Oh, non, je veux
être renseigné cette fois-ci et vraiment.
M. Chevrette: M. le Président, on ne détruit pas le
principe de l'amendement qui vise à exploiter correctement un service
ambulancier, mais on dit que ce pouvoir devra s'exercer après un geste.
Donc, on ne fait que poser un geste. On ne fait que conditionner l'utilisation
de ce geste à un amendement. C'est tout à fait légal et
vous aurez beau me sortir Beauchesne ou n'importe qui, personne me dira que
c'est une proposition inacceptable puisqu'elle ne vient pas détruire
l'amendement, elle vient le conditionner à un geste. Vous avez besoin
d'aller fouiller dans les archives de l'Assemblée nationale, Mme
Lamontagne, parce que Morin, lui, est bien plus logique que tout cela.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
J'aimerais mieux la recevabilité que la technicité.
M. Chevrette: Le cas de Morin, ce n'est pas une
technicité.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que sur la
recevabilité, vous...
M. Chevrette: Le principe même d'un amendement n'est pas de
modifier le sens de la proposition, mais d'apporter des modalités
entourant... il peut changer des modalités entourant l'usage d'un droit,
par exemple, en l'occurrence et l'exercice d'un droit. On n'enlève pas
l'exercice du droit, c'est une contre-proposition, donc c'est inacceptable...
On vient subordonner l'exercice du droit à une modalité. C'est
tout à fait acceptable dans un amendement. Je pourrais dire: J'ai le
droit de vote à 21 ans. Vous pourriez dire: Oui, à 21 ans, mais
à minuit et une minute, la journée que tu as 21 ans. On n'a pas
modifié la nature de la proposition, on n'a mis qu'une
spécification quant à l'utilisation précise du droit. On
ne dit pas qu'on n'a pas le droit d'exploiter un service d'ambulances. On dit
qu'on ne devra l'exploiter que le jour où on aura procédé
à, et c'est une modalité entourant, donc, il n'y a aucun
problème.
Le Président (M. Bélanger): Selon vous.
M. Chevrette: Selon moi et selon n'importe qui qui a du
jugement.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M. le
ministre.
M. Dutil: M. le Président. Il y a beaucoup de
technicité là-dedans. Je m'en remets à votre jugement
quant à cet amendement, quant à sa recevabilité.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, dans votre proposition telle qu'elle est
libellée ici, vous donnez le pouvoir d'expropriation à la
corporation.
M. Claveau: Je ne donne pas le pouvoir d'expropriation.
Le Président (M. Bélanger): Bien, c'est ce sur quoi
je voudrais vous entendre, parce que c'est ce que je lis.
M. Claveau: Non, non.
M. Chevrette: Le pouvoir d'indemnisation.
M. Claveau: En tout cas, s'il a le pouvoir d'expropriation, il
n'est pas dans cet article-là. Éventuellement, il est ailleurs.
C'est parce qu'on dit: Selon les dispositions de la loi. Alors les dispositions
de la loi ne font pas partie de l'article en question.
M. Chevrette: Mais il n'y a rien qui empêche le
législateur, M. le Président, de confier à une structure
dite autonome le pouvoir d'exproprier. Je vous donne un exemple. Les
municipalités...
Le Président (M. Bélanger): C'est la question que
je vous pose. Si vous voulez...
M. Chevrette: Non. Les municipalités de qui
tirent-elles...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, si vous le
permettez, je veux seulement savoir si c'est à la corporation que vous
voulez donner le pouvoir de procéder à l'expropriation des
exploitants.
M. Chevrette: Ah, cela, on pourrait le spécifier n'importe
où.
Le Président (M. Bélanger): Mais c'est ce que je
veux savoir.
M. Chevrette: On n'est pas obligé de le spécifier
ici.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Claveau: II n'est pas dedans. On dit seulement: dans les
dispositions de la loi. Ce pourrait être une autre loi
complètement à part.
M. Chevrette: Ce pourrait être une loi, ce pourrait
être le ministre, qui a le pouvoir, dans un article subsidiaire ou
additionnel.
Le Président (M. Bélanger): On suspend les travaux
quelques instants, juste le temps de voir clair là-dedans.
(Suspension de la séance à 20 h 31)
(Reprise à 20 h 36)
M. Chevrette: M. le Président, me permettez-vous une
remarque avant?
Le Président (M. Bélanger): Bien sur.
M. Chevrette: Je suis très conscient du fait que la
proposition qui est sur la table, la décision que vous avez à
rendre, est extrêmement importante pour l'avenir du droit parlementaire.
J'insiste là-dessus, je voudrais un argumentaire étoffé
pour ne pas créer de précédent puisque la motion
proposée ne vise qu'à subordonner un principe à un
accessoire. Il y a eu de multiples cas de jurisprudence qu'on ne peut
malheureusement pas vous fournir sur-le-champ, mais qu'on pourrait fournir au
besoin. Je préférerais de beaucoup, plutôt que d'avoir une
réponse hâtive, qu'on aille rencontrer le conseiller en droit
parlementaire pour ne pas nous ramasser avec une décision qui
créerait jurisprudence et qui risquerait purement et simplement de
créer un précédent dangereux en commission
parlementaire.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de la
remarque de M. le député de Joliette, il y a deux solutions
possibles: suspendre l'étude de cet article et passer au suivant, et je
ferai cette démarche auprès du conseiller en droit parlementaire
pour vous fournir un argumentaire complet, ce que je n'ai pas eu le temps de
préparer en quelques secondes, vous comprendrez pourquoi, je ne suis
quand même pas un juriste ou un spécialiste de la procédure
ici et je n'ai pas l'intention de le devenir non plus...
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger):... même si on me
fait pratiquer très fort..
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Je propose, si vous
permettez, qu'on suspende l'étude de cet article et qu'on passe à
l'article suivant. En suspendant l'étude de cet article, lorsqu'on le
reprendra, à la suite de la décision rendue par le
président, on continuera aux mêmes conditions, le temps
écoulé sera compté, etc. On reprendra exactement où
l'on en est. Alors, si vous êtes d'accord avec ça, on passera
à l'article suivant et on vous donnera un argumentaire plus complet
là-dessus.
M. le ministre.
M. Outil: M. le Président, est-ce que je peux savoir
combien cela peut prendre de temps avant qu'on reprenne l'article en
question?
Le Président (M. Bélanger): À la prochaine
séance.
M. Dutil: Mardi prochain?
Le Président (M. Bélanger): Mardi prochain, oui.
À moins qu'on veuille me remplacer pour que j'aille en haut pendant ce
temps-là.
M. Chevrette: M. le Président, je suis toujours plus
réceptif que le ministre, c'est clair. J'en vois deux qui sont
déjà arrivés à votre secours. Vous pourriez
très bien suspendre les travaux et aller les voir parce que le ministre
voulait une très grande cohérence dans la suite, dans le
processus de l'étude de son projet de loi. Je ne comprends pas que ce
soir, 'i veuille briser cette chaîne logique et cohérente d'un
article à l'autre. Il y en a deux qui attendent pour vous donner l'heure
juste et vous préparer un argumentaire. Si j'étais vous,
j'ajournerais les travaux et j'irais.
Le Président (Bélanger): Alors on suspend les
travaux pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 38)
(Reprise à 20 h 52)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre. s'il
vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous en étions à la
recevabilité d'un sous-amendement proposé par le
député d'Ungava qui se lisait comme suit: L'amendement
apporté au paragraphe 2° de l'article 149. 5 est de nouveau
amendé par l'ajout, à la fin de la troisième ligne, des
mots
suivants: "après avoir procédé à
l'expropriation des propriétaires exploitants selon les dispositions de
la loi". Alors, nous avons consulté toute la jurisprudence possible
parce qu'il y en a abondamment sur le sujet, entre autres, ce qui a
été dit par M. Jean-Noël Lavoie, par exemple, le 19
décembre 1973, et Jean-Noël Lavoie encore en décembre 1973,
dans la même journée, il dit ceci: L'objet d'un sous-amendement
est de modifier un amendement. Comme le précise Beauchesne, que vous
aimez beaucoup...
M. Chevrette: C'est Mme Lamontagne que j'aime bien.
Le Président (M. Bélanger):... il ne devrait pas
élargir la portée de l'amendement, mais se rapporter à des
questions non visées par celui-ci. Le sous-amendement proposé par
le député est une répétition, selon ses termes, de
l'amendement et doit être déclaré irrecevable. Dans le cas
présent, il n'est pas nécessairement une
répétition, mais il est un... On va citer Beauchesne
intégralement: L'objet d'un sous-amendement étant de modifier un
amendement, il ne devrait pas élargir la portée de l'amendement,
mais se rapporter à des questions non visées par celui-ci. Si
l'intention est de soulever des questions étrangères à
l'amendement, cela doit se faire à un autre moment ou sur l'ensemble du
projet de loi qu'il faut remettre en question à ce moment-là.
M. Chevrette: Voulez-vous m'expliquer dans un vocabulaire qu'on
puisse comprendre ici?
Le Président (M. Bélanger): Qu'est-ce que vous
n'avez pas compris? En termes clairs, cela veut dire que...
M. Chevrette: Attendez un peu. J'aimerais peut-être vous
l'expliquer si vous voulez me répondre. Vous commencez à me
répondre et je ne vous ai pas encore posé la question.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
L'objet d'un sous-amendement étant de modifier un amendement, dit-on,
c'est clair que lorsqu'on fait un sous-amendement, on veut modifier une partie
d'un amendement, soit pour y ajouter des mots, soit pour en retrancher, le
bonifier, le simplifier, etc. C'est dans cette perspective qu'un
sous-amendement doit être fait. Lorsqu'il amène un fait nouveau,
qu'il change la nature de l'amendement, il devient non recevable comme
sous-amendement.
M. Chevrette: En quoi change-t-il la nature, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): À ce
moment-là, vous dites... On va reprendre tout le texte.
M. Chevrette: J'ai besoin d'explications là- dessus.
Le Président (M. Bélanger): On va vous donner
cela.
M. Chevrette: Ce n'est pas une contestation. J'ai au moins le
droit de savoir ce que vous dites.
Le Président (M. Bélanger): Alors, ici, les mots
sont "exploiter un service d'ambulances et un service d'interventions
médicales... "
M. Chevrette: Je vous pose tout de suite une question. Est-ce
que mon amendement a pour objectif d'enlever l'exploitation du système
ambulancier?
Le Président (M. Bélanger): Mais vous ajoutez un
fait nouveau.
M. Chevrette: La question que je vous pose...
Le Président (M. Bélanger): II n'enlève pas
cela, mais il ajoute un fait nouveau, soit l'expropriation, et ce n'est
absolument pas l'objet de l'amendement qui est là. Vous amenez un fait
nouveau.
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Bélanger): Donc, le fait
étant nouveau, il ne peut être reçu.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse et j'ai
beaucoup de respect pour la présidence...
Le Président (M. Bélanger): Je vous l'ai bien lu
tout à l'heure. La jurisprudence...
M. Chevrette:... mais je n'ai pas fini, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Excusez, mais c'est moi
qui avais la parole.
M. Chevrette: D'accord. Finissez.
Le Président (M. Bélanger): L'objet d'un
sous-amendement est de modifier un amendement et, comme disait Beauchesne, il
ne devrait pas élargir la portée de l'amendement. C'est facile
à comprendre, c'est simple, il ne doit pas l'élargir. Or, vous
l'élargissez considérablement, vous introduisez la notion
d'expropriation dedans.
M. Chevrette: Écoutez, si vous pelletez votre cour avec
une gratte ou avec une pelle, avez-vous le droit de dire si c'est avec votre
pelle ou avec votre gratte? Voyons!
Le Président (M. Bélanger): Vous pelletez...
M. Chevrette: Si c'était le sens que vous dormiez, M. le
Président, je m'excuse, avec tout le respect que j'ai pour les
conseillers techniques, mais cela n'a ni queue ni tête. Cela voudrait
dire qu'on ne pourrait même pas, pour ce qui est des moyens, dire, par
exemple, que j'écris une lettre avec un crayon à mine ou avec un
stylo. Voyons! Et est-ce que j'ai le droit de l'écrire avant de
dîner ou avant de souper? C'est exactement cela. Un amendement dit: J'ai
le droit de manger; est-ce que j'ai le droit de manger avec une fourchette,
avec une cuillère? Oui; est-ce que j'ai le droit de manger avant 11
heures, après 11 heures? Oui. En l'occurrence, l'amendement qui vous est
proposé c'est: Oui, vous avez le droit de l'exploiter, mais vous allez
l'exploiter après que. C'est exactement le sens d'un amendement et je
vous avoue que c'est la première fois, en douze ans de vie
parlementaire, que j'entends un raisonnement juridique aussi faible basé
sur rien. Quand Beauchesne dit: Vous n'avez pas le droit de prolonger. Je vais
vous expliquer ce qu'il veut dire.
Le Président (M. Bélanger): Ne doit pas
élargir un sous-amendement.
M. Chevrette: Élargir un sous-amendement. Le
Président (M. Bélanger): Oui
M. Chevrette: Élargir un sous-amendement veut dire quoi?
D'abord, ce n'est pas l'élargissement d'un sous-amendement, c'est
l'élargissement d'un amendement.
Le Président (M. Bélanger): Non. M. Chevrette:
Oui, je m'excuse.
Le Président (M. Bélanger): Non, vous faites un
sous-amendement. Ce n'est pas un amendement.
M. Chevrette: Je m'excuse, vous demanderez à vos
conseillers.
Le Président (M. Bélanger): Vous demanderez aux
vôtres aussi.
M. Chevrette: Vous demanderez à vos conseillers.
Le Président (M. Bélanger): Là, on parle
d'un sous-amendement. Vous avez fait un sous-amendement et c'est ce qui est
rejeté.
M. Chevrette: Je n'ai pas fini. Beauchesne vous dit...
Le Président (M. Bélanger): Un amendement, c'est
autre chose.
M. Chevrette: Voulez-vous me laisser finir mot aussi?
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais partez d'un
sous-amendement. Partez de la même chose que vous.
M. Chevrette: Beauchesne dit: Élargir un sous-amendement.
Le sous-amendement existe précisément pour donner de la
prolongation à l'amendement. Sinon, le sous-amendement n'aurait aucun
sens. Si tu ne peux modifier en aucune façon un amendement, cela veut
dire que le sous-amendement n'est pas possible, enlevez-le des
règlements. Ce serait un non-sens. Vous avez bien donné comme
raison et comme jurisprudence qu'un sous-amendement ne pouvait prolonger un
sous-amendement. Ce n'est pas cela. Un sous-amendement peut prolonger un
amendement en tout temps, il existe pour cela. Il existe pour fixer des temps,
il existe pour fixer des modalités différentes, il existe pour
subordonner, des modalités que vous voulez faire passer à un
mécanisme.
Le Président (M. Bélanger): Absolument pas. M.
Chevrette: Voyons!
Le Président (M. Bélanger): L'objet d'un
sous-amendement est de modifier un amendement. Comme le précise
Beauchesne. il ne devrait pas élargir la portée de l'amendement.
C'est exactement te contraire de ce que vous venez d'affirmer.
M. Chevrette: Est-ce que j'ai le droit de dire que j'ai te droit
d'écrire une lettre avant le dîner ou après le
dîner?
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez donner les
exemples que vous voudrez. Je vous ai dit exactement ce qui en était du
rationnel pour la décision.
M. Chevrette: Rationnel?
Le Président (M. Bélanger): Je vous ai donné
la jurisprudence, vous pouvez lire toute la section 2 des amendements, de 196
à 200, elle vous donne tout ce qui en est des sous-amendements et des
amendements. La décision est donc rendue et maintenue et le
sous-amendement est non recevable.
M. Chevrette: M. te Président, je veux en appeler à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez le faire,
c'est votre privilège.
M. Chevrette: Je vous le dis tout de suite, je vais en appeler
à l'Assemblée nationale parce que ce n'est pas vrai qu'en
commission parlementaire...
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez le
faire.
M. Chevrette:... vous allez nous enlever le droit de faire des
sous-amendements. Ce n'est pas vrai que vous allez lui donner un sens
restrictif au point qu'on n'ait même pas le droit de modifier les
modalités d'un pouvoir. C'est fou comme de la merde! C'est fou comme un
balai de voir qu'on n'est pas capable de changer une modalité. Voyons!
Voir si cela aurait du sens de dire: Je dois me rendre à Ottawa; Oui,
rends-toi; est-ce que j'ai le droit de prendre l'avion ou l'autobus? Est-ce que
j'ai le droit de dire: Tu iras après 6 heures ou avant 5 heures? Voyons.
Si ce n'était pas...
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M.
Chevrette: Je n'ai pas fini.
Le Président (M. Bélanger): Cela ne fait rien. Je
pense que...
M. Chevrette: Je n'ai pas fini.
Le Président (M. Bélanger): C'est une
décision du président et je pense que...
M. Chevrette: J'en appelle de la décision du
président.
Le Président (M. Bélanger): Vous ne pouvez pas en
appeler d'une décision du président et vous connaissez fort bien
le règlement à ce sujet.
M. Chevrette: J'en appellerai à l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Bélanger): Ah! Vous le ferez, mais
en dehors d'ici. Pour le moment, la décision est rendue, elle est
maintenue et elle est irrévocable.
M. Chevrette: Ça n'a pas d'allure.
Le Président (M. Bélanger): C'est votre
privilège.
M. Chevrette: Aucun bon sens, fou comme balai.
Le Président (M. Bélanger): Je vous demande de la
respecter. Elle est rendue et elle ne sera pas changée, c'est clair.
M. Chevrette: Je ne peux pas respecter quelque chose qui va
à l'encontre d'un droit fondamental et je vais invoquer la loi.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Je pense que c'est fini là-dessus.
M. Chevrette: Je vais invoquer l'article de la Loi sur
l'Assemblée nationale, M. le Président. C'est une question de
règlement. Juste une minute.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Chevrette: C'est une question de privilège.
Le Président (M. Bélanger): Question de
privilège. Je vous reconnais M. le député de Joliette.
M. Chevrette: En vertu de la Loi sur l'Assemblée
nationale, tout président...
Le Président (M. Bélanger): Quel article? M.
Chevrette: Je vais vous le donner.
Le Président (M. Bélanger): Parce qu'il n'y a pas
de privilège en commission, vous le savez.
M. Chevrette: Ah, oui! Il y a un privilège de
député.
Le Président (M. Bélanger): Regardez, regardez. Il
n'y a aucun privilège en commission.
M. Chevrette: Pour un député.
Le Président (M. Bélanger): Regardez. Même
pas pour un chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Je m'excuse, Dédé Desjardins est venu
pour battre du monde ici et il a eu des privilèges. Vous avez même
le privilège d'emprisonner quelqu'un qui viendrait nous déranger
ici. Ne dites pas qu'on n'a pas de privilège. Je m'excuse, mais vous
parlez trop vite. Demandez à Mme Lamontagne, elle va vous le dire.
Le Président (M. Bélanger): Les questions de
privilège soulevées à l'Assemblée nationale ne
peuvent être soulevées en aucun temps en commission. Il n'y a pas
de question de privilège en commission.
M. Chevrette: On a des droits. Point d'ordre d'abord.
Le Président (M. Bélanger): À la Chambre,
mais pas en commission.
M. Chevrette: Point d'ordre, d'abord. Est-qu'on a le droit?
Le Président (M. Bélanger): Point d'ordre, je vous
reconnais. De toute façon, on va être obligés de vous
entendre, vous allez le faire quand même.
M. Chevrette: C'est sûr que je vais le faire quand
même.
La Président (M. Bélanger): Je vous donne cinq
minutes et, après ça, on passe à autre chose parce que la
décision sur l'article est rendue.
M. Claveau: Je veux avoir des informations, moi.
M. Chevrette: En vertu de la Loi sur l'Assemblée
nationale, le président est chargé de respecter les droits de
chaque député: son droit de parole, son droit de proposer, son
droit d'être entendu.
Une voix: C'est une extension de l'Assemblée
nationale.
M. Chevrette: Exactement. C'est une extension de
l'Assemblée nationale. Pardon? Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Cela se fait juste en
Chambre.
M. Chevrette: Je ne le sais pas. Est-ce un député
qui parte?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plat!
On laisse le député de Joliette finir son argumentation
pour qu'on en finisse une fois pour toutes. Je vous donne encore...
M. Chevrette: Je respecte tes
gars, mais...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le député de Joliette, s'il vous plaît! Continuez votre
argumentation; on va terminer.
M. Chevrette: Est-ce moi qui ai parlé?
Le Président (M. Bélanger): Vous vous adressez au
président, c'est la régie première en commission. Oui,
c'est ça, même pour le chef de l'Opposition. Alors je vous
écoute.
M. Chevrette: Ce n'est pas moi qui parlais. C'est un gars qui n'a
pas le droit de parler.
Le Président (M. Bélanger): Parfait. Continuez avec
moi. Je vais m'occuper de lui.
M. Chevrette: Bon. Rappelez-le à l'ordre, mais pas
moi.
Le Président (M. Bélanger): Parfait. Je vous en
prie, continuez.
M. Chevrette: Est-ce moi que vous ramenez à l'ordre?
Le Président (M. Bélanger): Continuez, je vous en
prie. Je vous écoute.
M. Chevrette: Je vous demande si c'est moi que vous avez
ramené à l'ordre.
Le Président (M. Bélanger): Les deux. Parce que
vous partiez entre vous et ce n'est pas l'objet de la commission. Je vous
demanderais de continuer avec moi. On va régler le point en litige.
M. Chevrette: Ah ben! Mon maudit chausson de laine de crisse!
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez faire les
crises que vous voulez, cela ne changera rien.
M. Chevrette:...
Le Président (M. Bélanger): Les questions de
privilège, M. le député de Joliette, sont un fait. Toute
violation de droit ou de privilège de l'Assemblée ou de l'un des
membres peut être signalée à l'Assemblée. C'est la
seule place où on peut la signaler. L'intervention doit se rapporter au
droit ou au privilège que la loi ou (a tradition reconnaît, soit
à l'Assemblée.
M. Claveau: II y a une question, M. le Président, que je
tiens à poser.
Le Président (M. Bélanger): Si c'est pour remettre
en question la décision qui a été prise, je ne t'accepte
pas.
M. Claveau: Ce n'est pas pour la remettre en question. C'est une
question d'information sur le règlement ou sur la procédure.
Le Président (M. Bélanger): Parfait. Je vous
écoute.
M. Claveau: Je veux que vous me disiez si un amendement à
un article peut changer les modalités, l'orientation ou le contenu de
l'article?
Le Président (M. Bélanger): Reprenez votre
question.
M. Claveau: Un amendement apporté à un article d'un
projet de loi peut-il en changer la portée?
Le Président (M. Bélanger): Un amendement oui; un
sous-amendement non.
M. Claveau: C'est-à-dire qu'on peut modifier, dans un
amendement, un article, n'importe comment, même si ça peut aller
à l'encontre de l'article au départ.
Le Président (M. Bélanger): Oui. mais là on
parle d'un sous-amendement à un amendement.
L'objet d'un sous-amendement étant de modifier un amendement, il
ne doit pas élargir la portée d'un amendement, mais se rapporter
à des questions non visées par celui-ci, c'est-à-dire
qu'on peut le bonifier en ajoutant des mots, en en retranchant. C'est la seule
chose qu'on peut faire avec un sous-amendement.
M. Claveau: Comment pouvez-vous juger de...
Le Président (M. Bélanger): C'est le
règlement tel quel.
M. Chevrette: Pouvez-vous me relire Beauchesne?
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est ce que je
viens de faire.
M. Chevrette: Relisez donc lentement.
Le Président (M. Bélanger): L'objet d'un
sous-amendement étant de modifier un amendement...
M. Chevrette: II ne peut pas élargir...
Le Président (M. Bélanger):... il ne doit pas
élargir la portée de l'amendement...
M. Chevrette: Est-ce qu'il peut restreindre?
Le Président (M. Bélanger):... mais se rapporter
à des questions non visées par celui-ci.
M. Chevrette: Est-ce qu'il peut restreindre s'il ne peut pas
élargir?
Le Président (M. Bélanger): Vous voulez dire quoi
par restreindre?
M. Claveau: II veut être limitatif.
Le Président (M. Bélanger): Faites attention.
M. Chevrette: Je ne peux pas dire: Non seulement tu as un pouvoir
d'exploitation d'un système ambulancier; tu peux en acheter, en vendre,
en faire le commerce, mais tu ne peux pas restreindre la portée d'une
proposition? Voyons! Voyons, vous autres!
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, la
décision est rendue.
M. Chevrette: Je vous pose la question.
Le Président (M. Bélanger): J'invoque le
règlement qui dit qu'on ne discute pas une décision du
président.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement.
M. Chevrette: Est-ce qu'un amendement peut restreindre?
Le Président (M. Bélanger): Non recevable.
Nous sommes ici à l'étude article par article. Je voudrais
qu'on s'en tienne à ça, s'il vous plaît.
Je ne veux pas qu'on fasse de la procédure toute la nuit. La
décision est rendue. Je pense que toute question...
M. Chevrette: Donc, on ne peut pas élargir ni
restreindre?
Le Président (M. Bélanger): Toute question de
nature à remettre en question de quelque façon que ce soit la
décision du président est non recevable, et vous le savez. Je
m'en tiens à la même décision et je vous prierais, s'il
vous plaît, de continuer.
M. Chevrette: Pourriez-vous aller vérifier à
nouveau auprès de vos conseillers s'ils vont restreindre...
Le Président (M. Bélanger): C'est une question
hypothétique. Lorsque nous serons devant une situation où il y
aura une décision à prendre, nous la prendrons.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Sur les questions
hypothétiques, je ne donnerai pas de réponse.
M. Chevrette: Question de règlement. Comme votre sentence
est à l'effet...
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas une
sentence, c'est une décision.
M. Chevrette: Comme votre décision... Vous faites office
de juge un peu. Comme votre décision est à l'effet qu'on n'a pas
le droit d'élargir et que mon amendement est à l'effet de
restreindre, pourriez-vous concilier votre décision avec la
jurisprudence sur laquelle vous vous basez par rapport au fait que je vous
propose?
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, la
décision est rendue. Elle est sans appel.
M. Chevrette: Non. Je vous pose une question.
Le Président (M. Bélanger): Elle est
irrévocable. Je vous dis que ça ne donne plus rien de discuter
autour de la décision. Je n'y reviendrai pas. Elle est prise, elle est
ferme et elle va rester là.
M. Chevrette: Sans savoir pourquoi, n'est-ce pas?
Le Président (M. Bélanger): Je pense que j'ai
donné assez d'explications. Elles ne semblent pas vous satisfaire.
Alors, je m'en tiens à ce qui a été donné
jusqu'à maintenant. Je vous ai cité le règlement et
tout.
M. Chevrette: Oui mais, M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Je vous prierais de
revenir à l'objet de nos débats.
M. Chevrette: Même si vous criez, ça ne me
dérange pas, je vais quand même vous poser ma question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Cela ne me
dérange pas que vous criiez non plus, mais on va revenir à
l'objet de nos débats.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement? Quel article?
M. Chevrette: Vous êtes obligé de l'écouter,
malheureusement.
Le Président (M. Bélanger): Quel article? M.
Chevrette: Vous me répondez...
Le Président (M. Bélanger): En vertu de quel
article, votre question de règlement?
M. Chevrette: En vertu des droits d'un député de
parler.
Le Président (M. Bélanger): Mais quel article?
M. Chevrette: Est-ce clair?
Le Président (M. Bélanger): Quel article?
M. Chevrette: L'article 37. Cherchez-le. Je vais m'exprimer.
À partir du fait qu'un député...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, je vais
vérifier.
M. Chevrette: À partir du fait qu'un député
propose une restriction et que vous lui répondez sur un
élargissement...
Le Président (M. Bélanger): Alors, l'article 37 dit
que quand le président se lève, le député qui a
droit de parole doit s'asseoir. Merci.
Alors, on revient à l'étude de l'article.
M. Chevrette: M. le Président donc, à partir du
fait...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît'
M. Chevrette: Non, non. Vous ne m'aurez pas.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que c'est
clair. Vous ne m'aurez pas non plus.
M. Chevrette: Vous ne m'aurez pas. Quand bien même il
serait 22 h 10.
Le Président (M. Bélanger): On va revenir à
l'objet de nos débats, sinon...
M. Chevrette: Même s'il était 22 h 10.
Le Président (M. Bélanger): Non. Je ne vous
reconnais pas le droit de parole.
M. Chevrette: Oui. J'ai le droit sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Non. M. Chevrette:
Question de règlement. Le Président (M. Bélanger):
Quel article? M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de quel
article?
M. Chevrette: Je ne vous donnerai pas l'article, c'est mon
privilège de droit de député qui est mis en cause.
D'accord?
Le Président (M. Bélanger): Je veux savoir quel
article? De quelle façon votre droit est-il mis en cause?
M. Chevrette: Vous avez répondu à une question qui
était un élargissement d'une proposition alors qu'on veut la
restreindre. Comme président, vous avez le droit de corriger une
situation lorsque... Même un individu qui s'exprimerait mal ou qui
rédigerait mal une proposition, vous avez le droit de le corriger.
Le Président (M. Bélanger): On l'a fait à
plusieurs reprises.
M. Chevrette: Vous allez m'expliquer comment un
député peut s'y prendre, parce que c'est votre droit de
conseiller un député, quand H a une décision contraire au
fait et à la vérité, ce n'est pas un élargissement
mais une restriction. Que répondez-vous à ça? Que lui
conseillez-vous de faire?
Le Président (M. Bélanger): Je vous ai dit
tout à l'heure que c'est une question hypothétique.
Lorsque la situation se présentera, qu'il y aura une décision
à prendre, comme président, je la prendrai à ce moment en
fonction des faits et de la situation telle qu'elle se présentera. Je
vous demande donc de revenir à l'objet de nos débats. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, j'aurais un amendement
à vous apporter. L'amendement apporté au deuxième
alinéa de l'article 149. 5 est de nouveau amendé par l'ajout,
à la fin de la troisième ligne, des mots "après avoir
indemnisé les techniciens de permis d'exploitation de services
d'ambulance... "
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, M. le
député de Joliette. C'est parce que j'entends très
mal.
Mme Vermette: Je vais reprendre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Pouvez-vous reprendre,
s'il vous plaît?
Mme Vermette: "Après avoir indemnisé les titulaires
de permis d'exploitation de service d'ambulances, conformément à
l'article 22. 2. "
Voulez-vous le lire? Peut-être que ça pourrait vous
éclairer davantage?
M. Chevrette:... l'amendement du ministre qui a
déposé ce matin l'article 22. 2.
Le Président (M. Bélanger): Ah! L'amende- ment
apporté au deuxième paragraphe de l'article 149. 5 est de nouveau
amendé par l'ajout, à la fin de la troisième ligne, des
mots "après avoir indemnisé les titulaires de permis
d'exploitation de service d'ambulances, conformément à l'article
22. 2. "
Attendez un peu. Où est mon projet de loi? Mme la
députée de Marie-Victorin, on a un petit problème. Vous
faites référence à un article qui vous a été
transmis, mais qui n'est pas encore déposé. M. Chevrette:
Biffez le numéro de l'article, le contenu est intégral.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. On va enlever
"conformément à l'article 22. 2".
M. Chevrette:... 22. 2.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Chevrette: L'essentiel, c'est que le texte soit là.
Le Président (M. Bélanger): C'est parce qu'on ne
l'a pas encore reçu.
M. Chevrette: Le texte est là.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Chevrette: C'est proposé par le ministre. C'est dans le
but de restreindre et non pas d'élargir.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, pour les mêmes raisons que tout
à l'heure, nous devons le juger irrecevable.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut plaider sur la
recevabilité?
Le Président (M. Bélanger): On peut vous entendre
sur la recevabilité.
M. Chevrette: Merci. M. le Président, vous venez de rendre
une sentence très correcte, je pense, en disant que Beauchesne dit qu'on
n'a pas le droit d'élargir la portée d'une proposition.
Élargir la portée d'une proposition, ce serait donner des droits
démesurés à partir d'un thème qui est d'exploiter
un service d'ambulances à n'importe quelle condition, n'importe
où, n'importe comment, n'importe quand. L'amendement existe et c'est
là-dessus que vous devriez réfléchir, M. le
Président. Vous l'avez bien dit vous-même. Il ne doit pas
élargir, mais il a le droit de restreindre. Ce n'est pas pour rien que
le mot amendement... Vous êtes en train de vous enliser dans une
jurisprudence où on ne pourrait plus faire aucun amendement. Si on ne
peut plus restreindre, ça voudrait dire quoi la réglementation
à l'Assemblée nationale? Pensez-y 30 secondes, M. le
Président. J'ai le droit. Je vais vous donner des exemples
bébêtes. Comme enseignant, je parlais toujours pour que le dernier
de ma classe comprenne, pour être sûr que tout le monde ait
compris. Je vais essayer de donner des exemples pour que tout le monde
comprenne.
M. le Président, si j'ai le droit de restreindre, c'est parce que
je veux éviter qu'on fasse n'importe quoi n'importe quand. D'accord? Je
pense qu'on se suit jusque-là. Donc, si vous dites "exploiter un service
d'ambulance" - point final. - cela voudrait dire, demain matin, que vous auriez
le droit d'exploiter un service d'ambulances de n'importe quelle façon,
sans exiger des points de chute, sans exiger d'horaire, faire comme vous
voulez. Vrai ou faux? Vous pourriez le faire sans l'assentiment de ceux qui
vous louent les ambulances de n'importe quelle manière. Vous exploitez.
L'amendement vient faire quoi? L'amendement vient fixer des règles du
jeu dans les limites de votre pouvoir d'exploitation. D'accord? Il ne vient pas
élargir, il ne vient pas dire: Va exploiter comme bon te semblera
à l'encontre de n'importe quelle loi. Vous n'auriez pas le droit de dire
ça. Est-ce clair? (21 h 15)
Vous n'auriez pas le droit de dire que vous pouvez exploiter un service
d'ambulances à l'encontre de toute loi existante. C'est de
l'élargissement. Quand on vient vous proposer un amendement visant
à dire: Vous avez un droit, mais vous allez l'exercer selon certaines
normes, vous allez l'exercer dans un cadre bien spécifique, vous allez
l'exercer exclusivement après avoir posé certains gestes. Cela,
c'est de la restriction. C'est de restreindre la portée d'une
proposition principale. Si vous deviez rendre une décision fondée
sur le fait qu'on n'a pas le droit d'élargir, mais que vous nous
empêchez de restreindre, M. le Président, je vous avoue que si
nous étions devant la Cour d'appel, avec toute votre plaidoirie sur
l'élargissement avec un texte qui vise à restreindre, vous seriez
débouté. C'est bien beau que la présidence de
l'Assemblée nationale n'ait pas de privilège, qu'on n'ait pas le
droit d'en appeler et qu'on soit obligés de faire des courbettes devant
vous tous, mais quand cela n'a pas d'allure, cela n'a pas d'allure. Il faut
vous le dire en toute honnêteté.
Un amendement, je vous le répète, qui vise à
surbordonner à une règle, à surbordonner à un
geste, à encadrer une action, c'est un amendement tout à fait
recevable. J'ai fait 17 ans de vie syndicale et des amendements pour
restreindre, il y en avait à la tonne. Je n'ai jamais vu un
président d'assemblée nous dire: Je veux aller en grève,
je vote la grève. Ce n'est plus vrai. Oui, mais tu iras en grève,
si on a un vote à 70 %. On n'a pas enlevé le droit de
grève aux individus, mais on a subordonné le droit de
grève à un certain pourcentage de membres. J'ai vu cela. J'ai vu
aussi du monde dire. On viole une loi d'exception. Tiens! D'autres gens plus
prudents qui disent: On violera une loi d'exception, mais on le fera à
la condition que 80 % des membres soient d'accord, parce que cette histoire est
trop dangereuse.
M. Claveau: Une modalité.
M. Chevrette: C'est une modalité. On ne dit pas qu'on fait
sauter - c'est très grave la décision que vous avez prise
tantôt et que je ne peux contester - mais je vous dirai que - là,
il n'y a plus de Beauchesne - vous ne permettez plus à un parlementaire
de soumettre une condition à l'exercice d'un droit. Cela n'a pas de bon
sens. Ce n'est plus un amendement.
Je vous avoue très honnêtement que vous êtes rendu
dans le droit nouveau, et que vous êtes en train de dire: Écoutez,
ne faites pas d'amendement, vous élargissez. Le mot "élargir",
savez-vous ce qu'il veut dire? Élargir veut dire: Donner plus
d'extension au droit. Exploiter un service d'ambulances, cela veut dire le
droit de gérer des ambulances. Comment voulez-vous qu'on
élargisse cela? En leur disant: "Casse-le ou ne le casse pas, cela ne me
dérange en rien, c'est moi qui suis exploiteur"? Ce n'est pas cela qu'on
dit. On dit que vous allez l'exploiter, mais à une condition: que vous
soyez civiisés et qu'auparavant vous indemnisiez. C'est cela qu'on
dit.
Cette modalité que je vous propose à part cela, on ne la
retrouve pas dans les limbes, on fa retrouve dans les documents du ministre.
Donc, c'est conditionner l'exercice d'un droit à un geste qui est
proposé par le ministre lui-même. Ne me dites pas que c'est
élargir, c'est établir une modalité purement et
simplement. Donc, avec tout le respect que j'ai pour la présidence, de
grâce, n'allez pas puiser dans les archives partisanes des sentences du
genre, cela n'a pas de bon sens. Je ne voulais pas dire dans les archives,
j'allais dire autre chose mais je vais me retenir.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je suis tout à fait d'accord avec
votre argumentation.
M. Chevrette: Ah bon!
Le Président (M. Bélanger): Pour une raison. Vous
voyez, je n'ai pas été professeur au secondaire, je n'avais pas
la formation pour cela; je l'ai été au niveau universitaire, au
niveau de la maîtrise. Je parlais à des gens qui comprenaient
vite, j'étais habitué à m'exprimer relativement
facilement. Vous parlez d'un amendement, mais il est question d'un
sous-amendement. Un sous-amendement, ce n'est pas un amendement. Si je continue
mon raisonnement de tout à l'heure, j'ajouterais ceci, suite à
Beauchesne que je peux vous citer: "Si l'intention est de soulever, par le
sous-amendement, des questions étrangères à l'amendement,
le député devrait attendre qu'il ait été
statué sur l'amendement pour en proposer un nouveau. " Voilà
votre porte de sortie que vous cherchez; elle est là dans le
règlement, non pas au niveau du sous-amendement mais de
l'amendement.
M. Chevrette: Qu'est-ce qui est dans le texte de loi?
Le Président (M. Bélanger): Ce sont deux choses
bien différentes.
M. Chevrette: Bon! Qu'est-ce qui est dans la loi 34? Avez-vous lu
la loi 34?
Le Président (M. Bélanger): Je vous parle de
l'article 438.
M. Chevrette: Non, non.
Le Président (M. Bélanger): C'est parce que vous
avancez une argumentation sur un amendement. Je suis d'accord avec vous.
M. Chevrette: C'est parce que le ministre a introduit...
Le Président (M. Bélanger): Mais c'est un
sous-amendement...
M. Chevrette: Bien voyons!
Le Président (M. Bélanger):... qui est en
question.
M. Chevrette: Bien voyons donc!
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas la
même portée et cela ne vise pas les mêmes objets. Si vous
voulez arriver au même résultat, faites-le sous...
M. Chevrette: Les saints martyrs canadiens.
Le Président (M. Bélanger):... forme d'amendement.
C'est clair, net et précis. C'est très logique, facile à
comprendre...
M. Claveau: Est-ce que je peux dire...
Le Président (M. Bélanger):... même au
secondaire.
M. Chevrette: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Chevrette: Êtes-vous capable de me dire le contraire de
ce que je vais avancer? Tous les principes s'appliquant à l'amendement
s'appliquent au sous-amendement. Trouvez-moi n'importe quoi dans Beauchesne;
Ti-Noir, Ti-Rouge et la petite attachée politique libérale,
trouvez-moi ça.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, je
pense qu'on n'a pas à qualifier les gens ici.
M. Chevrette: Écoutez, il y a toujours bien des limites!
Oui, allez-y!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, on a affaire à un vice
de forme écoeurant. Oui, oui, c'est le parti parlementaire. On a affaire
à un vice de forme écoeurant...
Le Président (M. Bélanger): Je vous prierais quand
même au niveau du vocabulaire...
M. Claveau:... dans la mesure où on nous dépose des
liasses d'amendements qui ne disent en rien ce que disait le texte de
départ, l'article de loi. Je vais vous les lire juste pour vous amuser
un peu.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, un
instant.
M. Claveau: Attendez un peu!
Le Président (M. Bélanger): Ce sont des choses qui
vous ont été déposées pour information, qui vous
ont été transmises et qui ne sont pas déposées
à la commission. Donc, on ne peut pas en discuter pour le moment.
M. Claveau: D'accord. Non, non, on va les prendre un par un.
Le Président (M. Bélanger): Sous cette
réserve.
M. Claveau: Écoutez. Cela veut dire qu'un ministre
pourrait arriver avec n'importe quel projet de loi en trois articles et nous
déposer cela en disant: Voilà mon projet de loi. Après,
lors de la discussion, il nous apporte 75 articles complémentaires, des
sous-amendements, et on n'a plus le droit d'en discuter parce que ce sont des
sous-amendements. Ce sont des amendements au projet de loi de départ.
Lisons pour voir. Il y a là quelque chose de vraiment inacceptable. Dans
le texte de loi original, page 6, article 149. 5, 2°, on dit: "Administrer
un service préhospitalier d'urgence en vue de favoriser l'accès
aux services de santé. " On administre un service préhospitalier.
On nous apporte alors un amendement. L'amendement dit "exploiter". On
n'administre plus, on exploite un service d'ambulances et un service
d'interventions médicales d'urgence. Dans l'amendement, on a
complètement changé la portée de l'article original. Mais
comme il est proposé comme amendement, là on ne peut plus le
discuter parce que ce sont des sous-amendements dont on ne pourra plus
élargir la portée.
Le Président (M. Bélanger): Je ne vous suis pas du
tout dans votre logique.
M. Claveau: L'amendement...
Le Président (M. Bélanger): Pantoute, pantoute!
M. Claveau:... qu'on a sous les yeux modifie carrément la
portée de l'article de départ. Il ne dit plus du tout la
même chose. Mais comme c'est un amendement, et non pas le texte de
départ, là on ne peut pas le sous-amender en rajoutant ou en
enlevant quoi que ce soit. Donc, on nous enlève la possibilité de
travailler dessus alors que, normalement, un texte semblable aurait dû
être un article de départ et non pas un amendement. Ce n'est
même pas un amendement à l'article, c'est un changement complet de
l'article. Cela change la portée. Cela change les visions. Cela change
l'ampleur de ce que l'article prévoyait au départ. Nous
demandons, à toutes fins utiles, de le ramener à ce
qu'était l'article au départ.
Le Président (M. Bélanger): Bon, d'accord,
d'accord.
M. Claveau: Vous l'avez sous-amendé et ça ne va
plut dire ce que ça veut dire.
Le Président (M. Bélanger): Bon, écoutez,
vous dites des choses qui sont fausses.
M. Claveau: Non, non, non. Il n'y a rien de faux dans ce que je
dis, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Tatata. Il y a eu des
sous-amendements qui ont été adoptés depuis le
début et ce. à plusieurs reprises. Je vais en trouver, M. y en a
tout plein.
M. Claveau: Oui, mais on n'est plus capables de sous-amender quoi
que ce sort. On apporte un amendement qui modifie carrément la
portée de l'article au départ. Ce que le ministre aurait dû
faire....
Le Président (M. Bélanger): Un
amendement, oui.
M. Claveau:... c'est de mettre ça à la poubelle et
de nous présenter un nouveau projet de loi. On aurait pu discuter sur
une base honnête. Il nous amène cela sous forme d'amendements, ce
qui nous empoche de sous-amender en ajoutant ou en enlevant quoi que ce
soit.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que ça se
peut? Mais qu'est-ce que c'est un amendement pour vous?
M. Claveau: Un amendement c'est quelque chose qui devrait...
Le Président (M. Bélanger): A quoi ça sert
un amendement? Bien voyons donc!
M. Claveau: Bien oui mais...
Le Président (M. Bélanger): Un amendement sert
à changer des choses dans la loi. Un sous-amendement sert à
modifier des choses à l'intérieur, soft en ajoutant ou en
enlevant des choses, sans en changer la nature. Si vous voulez changer la
nature, vous proposez un autre amendement.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): C'est ça le
fond. Voyons donc!
M. Claveau:... vous arrivez avec un amendement...
Le Président (M. Bélanger): C'est ça.
M. Claveau:... qui modifie fondamentalement la portée de
l'article au départ. Mais vous nous dites qu'on ne peut plus discuter,
parce que ce seront des sous-amendements. Voyons donc! Vous êtes en train
de nous bâillonner carrément sans vouloir nous le dire.
Le Président (M. Bélanger): Wo! Wo!
M. Claveau: Mettez le bâillon tout de suite ce soir et vous
vivrez avec votre projet de loi!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, ça suffit.
M. Claveau: Mais ne venez pas nous bâH-lonner par la bande!
Ne venez pas nous bâillonner par en arrière...
Le Président (M. Bélanger): Oh! du calme!
M. Claveau:... en nous faisant accroire, à partir de
points de détail, qu'on n'aura plus le droit de discuter.
Le Président (M. Bélanger): Coupez le son.
(Suspension de la séance à 21 h 20)
(Reprise à 21 h 25)
Le Président (M. Bélanger): Nous sommes à un
amendement qui a été proposé par le ministre qui change,
il est vrai, la portée...
Une voix:...
Le Président (M. Bélanger): SI vous plaît!
Oui change la portée du premier article qui avait été
présenté dans le projet de loi, la première
présentation. Il s'agit d'un amendement et nous en sommes aux
sous-amendements. Mais si vous n'êtes pas d'accord avec le fond du
règlement, ce que vous voulez proposer par des sous-amendements, je vous
dis que vous pouvez le faire par la voie - lorsqu'on aura vidé tous les
sous-amendements, lorsqu'on sera à l'amendement lui-même - d'un
nouvel amendement qui change celui-là et qui va exactement dans le sens
que vous voulez. C'est ça la logique du règlement.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas moi qui
l'invente. Il est fait comme ça.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M.
Bélanger): Je vous en prie.
M. Chevrette: Au début de la commission hier, j'ai pris la
peine, M. le Président, quand le ministre a déposé
ça officiellement, c'est-à-dire
lorsqu'il en a remis une copie au député de Gouin en
disant qu'il les déposerait article par article, j'ai pris la peine,
dis-je de prendre toutes les précautions possibles et de vous dire: M.
le Président, attention à ce que vous allez faire ici. Il y a
même des principes ici d'introduits, et vous n'avez même pas le
droit au niveau de la commission de le faire, même si vous avez le
goût de le faire. Là, vous allez plus loin.
Le Président (M. Bélanger): Précisez ce que
vous avez dit...
M. Chevrette: Je vais finir.
Le Président (M. Bélanger):... parce que ce n'est
pas clair.
M. Chevrette: Oui, mais je veux finir. Je vous laisserai aller
dans...
Le Président (M. Bélanger): Allez-y.
M. Chevrette: Vous prendrez une demi-heure, si vous voulez, trois
quarts d'heure.
Le Président (M. Bélanger): Je n'en ai pas
l'intention.
M. Chevrette: J'ai pris la peine de bien établir qu'il
pouvait y avoir des principes qui n'avaient même pas été
débattus en deuxième lecture en haut et qui n'avaient pas le
droit d'arriver ici comme principes, s'ils n'avaient pas été
établis en haut. Et - Beauchesne, petit papier, pas de papier, pas de
gros papier - c'est ce qui a été décidé dans la
cause de l'assurance automobile avec Jean-François Bertrand et dans la
cause également de Mme Thérèse Lavoie-Roux qui voulait,
dernièrement, apporter les soins dentaires à un projet de loi sur
la santé. Je ne me souviens pas quel numéro; je ne sais pas si
c'est 37, 40 ou 140. Compte tenu de ce fait, si je suivais votre raisonnement,
tout ministre qui arrive ici avec un amendement à un projet de loi qui a
été dûment déposé en haut - d'accord? - nous
empêcherait - parce qu'il dépose massivement des articles - de
sous-amender précisément, parce qu'il y a priorité de
dépôt de toute une liste. Et ça, vous n'y avez
peut-être pas pensé quand vous avez rendu votre sentence, mais
vous n'avez pas le droit d'empêcher...
Le Président (M. Bélanger): Quelle sentence?
M. Chevrette:... et c'est exactement ce que mon collègue
d'Ungava dit. Si le ministre...
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi. À
quelle décision faites-vous référence? Je n'ai pas rendu
de décision là-dessus. J'ai dit qu'il était non recevable
et qu'on les verrait article par article au moment où il les
déposerait.
M. Chevrette: J'essaie de vous démontrer comment votre
logique...
Le Président (M. Bélanger): Je n'ai pas
touché à ça du tout.
M. Chevrette: Sur la question qu'il vous pose, j'essaie de vous
démontrer que la logique dans laquelle vous essayez de nous
enfermer...
Le Président (M. Bélanger): C'est la logique du
règlement, pas la mienne.
M. Chevrette:... fait qu'on ne pourrait plus,
théoriquement, amender quoi que ce soit. Vous n'avez qu'à
accepter chaque fois l'amendement du ministre et nous autres, on est
fourrés, parce que "élargir", ça veut dire "restreindre"
pour ceux qui vous conseillent.
M. Claveau: Une fois qu'il est voté? M. Chevrette:
Voyons!
M. Claveau: Une fois que l'amendement est voté, on ne peut
plus...
M. Chevrette: On n'acceptera jamais ça. On va sacrer le
camp d'ici avant. C 'est-y clair?
M. Claveau: A chaque fois que vous votez, une fois qu'il est
voté, on ne peut plus l'amender à nouveau.
M. Chevrette: Voyons!
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas ça
que je vous ai dit. Cela fait une demi-heure que je...
M. Claveau: Comment voulez-vous qu'on ramène un autre
article après qu'il ait été voté?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, ça fait au moins quatre ou cinq fois que
je vous dis que lorsqu'on disposera de l'amendement, vous pourrez proposer un
autre amendement qui change la nature. C'est ça que je vous ai dit, mais
vous pouvez le faire à la fin.
M. Claveau: En disposer, ça veut dire qu'on passe au vote,
ça? Vous connaissez la portée du vote? Une fois qu'on a
voté en faveur, qu'il est accepté majoritairement par la
commission, on ne peut plus l'amender à nouveau.
Le Président (M. Bélanger): Avant qu'il soit
passé au vote, vous pouvez faire une proposition, un autre
amendement.
M. Chevrette: Vous venez de dire ceci. Je
vous le répète mot à mot.
Le Président (M. Bélanger): Oui, allez-y.
M. Chevrette: II ne faut pas qu'un amendement change la
portée. Il ne faut pas que ça change le principe.
Le Président (M. Bélanger): Un sous-amendement, pas
un amendement.
M. Chevrette: Écoutez! Dans le règlement...
Le Président (M. Bélanger): Ah bien, il y a une
grosse différence. Écoutez, il faudrait lire le règlement.
Voyons!
M. Chevrette: Écoutez! Un amendement n'a pas le droit de
changer le principe d'une proposition principale. Vrai ou faux? Un amendement
n'a pas le droit de changer le principe d'une motion principale.
Le Président (M. Bélanger): Non.
M. Chevrette: Bon. Encore moins un sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): Bon! c'est clair.
M. Chevrette: Laissez-moi dire si c'est clair. Suivez le
raisonnement. Quand la proposition principale dit "exploiter un service
d'ambulances", c'est le principe, d'accord?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: C'est cela qui est la proposition principale:
Exploiter un service d'ambulances. En amendement, on peut dire: Exploiter un
service d'ambulances les fins de semaine seulement. Vrai ou faux?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: C'est un amendement. Et moi, je pourrais dire: Et
le dimanche, jusqu'à midi.
Le Préskient (M. Bélanger): En sous-amendement.
M. Chevrette: Je n'ai rien changé.
Le Président (M. Bélanger): En sous-amendement.
M. Chevrette: Je ne fais que modifier les détails.
Le Président (M. Bélanger): Cela va bien
jusqu'ici.
M. Chevrette: Le seul principe sur lequel vous avez eu à
vous prononcer, et c'est là que vous aviez à juger, c'est:
Exploiter un service d'ambulances. C'est votre motion principale.
Êtes-vous en train de me dire que l'amendement, et il y a eu un
sous-amendement, parce qu'exploiter le sous-amendement, je pourrais vous dire
que vous êtes dans les carottes. Je vais vous dire pourquoi. Non, non, je
vais vous dire pourquoi. Voulez-vous prendre votre projet de loi 34, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger):... sous-amendement.
M. Chevrette: Prenez votre projet de loi 34. Prenez votre projet
de loi 34, l'original. Prenez-le, M. le Président, à l'article
149. 5, à la page 6: "La Corporation peut exploiter un service
d'ambulances ou un service d'interventions médicales d'urgence. "
Avez-vous cela après le paragraphe 5°? Regardez après le
paragraphe 5e. Lavez-vous? Bon. Vous êtes en train de me dire
qu'on sous-amende un texte, alors qu'on amende le texte de 34. Regardez 34.
Le Président (M. Bélanger): II l'a,
l'amendement.
M. Chevrette: Oui. En quoi ai-je apporté un
sous-amendement, quand vous retrouvez le texte intégral dans 34?
Le Président (M. Bélanger): II est là, le
sous-amendement.
M. Chevrette: Non, non. Vous avez dit que c'est un
sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): C'est même cela
qui est écrit là.
M. Chevrette: C'est parce que vous considérez - non, non
parce que vous considérez que le texte - non, non - que le ministre...
Non, non, laissez-moi finir avant d'en jaser.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui
M. Chevrette: Vous vous toquez avant même de comprendre.
Comme professeur de maîtrise, ce n'est pas comme cela...
Maîtrisez-vous.
Le Président (M. Bélanger): Qu'est-ce que vous
voulez, c'est parce qu'on fait affaire à des intelligences
différentes.
M. Chevrette: La corporation peut exploiter. Est-ce que c'est
écrit? Est-ce que c'est la proposition principale, ce qui a
été déposé en haut? Est-ce que c'est la proposition
principale qui a été déposée en haut?
Des voix: Oui, cela va.
M. Chevrette: Bon. Est-ce que c'est un
amendement ou si c'est un sous-amendement? Ce n'est pas parce que le
ministre reprend le texte intégral du projet de loi 34 que cela
constitue un amendement, quand le texte est identique. Êtes-vous capable
de me dire le contraire de cela?
Le Président (M. Bélanger): Non, mais il y a
des...
M. Chevrette: Bon. Donc, le papier que vous avez sur la table,
c'est un amendement au texte principal. S'il ne change pas la portée,
c'est tout à fait recevable.
Le Président (M. Bélanger): Cela vire vite par chez
vous!
M. Chevrette: Bien, c'est cela. Prouvez-moi le contraire.
Le Président (M. Bélanger): De toute façon,
nous en étions à la motion de Mme la députée de
Marie-Victorin, qui se lisait: Après avoir indemnisé les
titulaires de permis d'exploitation de service d'ambulances. Nous la jugions,
à ce moment-là, non recevable.
Une voix:... le baîllon, on lève le...
M. Chevrette: Pardon? Qu'est-ce que c'est?
Le Président (M. Bélanger): Je répète
la décision que j'ai rendue tout à l'heure.
M. Chevrette: Oui, mais ce n'est plus un sous-amendement, c'est
un amendement. On amende le texte principal.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le voulez, on
va d'abord disposer... Gardez-le en réserve, à ce
moment-là, ne le présentez pas comme un sous-amendement.
Finissons par liquider les sous-amendements qui sont sur la table.
M. Chevrette:...
Le Président (M. Bélanger): Bien,
écoutez...
M. Chevrette:...
Le Président (M. Bélanger): M. le chef de
l'Opposition, il vous reste une solution: Vous pouvez toujours faire une motion
de non-confiance au président. On pourrait en débattre en haut,
n'est-ce pas? On étudiera les galées et on jugera de votre
comportement. Il y a une limite. Vous pensez nous intimider. Si vous voulez
faire de l'obstruction, vous pouvez le faire, mais faites-le d'une façon
intelligente, pas en jouant comme cela.
M. Chevrette: On ne vous intimide pas...
Le Président (M. Bélanger): Cela fait des
années que cela se fait dans ce Parlement et cela s'est toujours fait de
façon correcte.
M. Chevrette: C'est la première fois, par exemple, qu'on
voit des présidents prendre parti sur un contenu quand on lui lit
intégralement le projet de loi 34.
Le Président (M. Bélanger): Faites une motion de
non-confiance!
M. Chevrette: On vient de vous lire... Je viens...
Le Président (M. Bélanger): Si elle est
acceptée, je vous garantis que je céderai la place avec un
immense plaisir, justement à vous.
M. Chevrette: Avez-vous fini? Le Président (M.
Bélanger): Oui.
M. Chevrette: C'est là une question de règlement.
Je viens de vous lire l'article du projet de loi 34 intégralement. Vous
reconnaissez vous-même, comme président, de votre siège,
que c'est vrai, ce que je dis. Je vous dis donc que c'est un amendement
à ce texte-là et vous maintenez Beauchesne avec toutes vos
mémères autour, alors que c'est un amendement au texte de loi
initial proposé en Chambre. Allez-vous rire de nous toute la
veillée?
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, on
était...
M. Chevrette: Moi, je ne marche pas dans cela. Je m'en vais en
haut, c'est fini.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, vous
pouvez vous reposer un peu. La fin de semaine portera conseil, si c'est ce que
vous cherchez. Mais, vous relirez les galées, vous relirez tout le
débat et, ma foi du bon sens, vous allez retomber sur vos pieds,
à un moment donné. Non, pas de suspension. Pas question de
suspension. Là, nous en sommes au niveau des sous-amendements. Il y
avait ici un sous-amendement qui a été jugé non recevable.
Le sous-amendement se lisait comme ceci: L'amendement apporté au
paragraphe deuxième de l'article 149. 5 est de nouveau amendé -
donc, c'est sous-amendé - par l'ajout, à la fin de la
troisième ligne, des mots "après avoir indemnisé les
titulaires de permis d'exploitation de services d'ambulances".
M. Chevrette: M. le Président, j'ai une question à
vous poser. Sur quel texte doit-on se baser présentement pour commencer
à faire des amendements et des sous-amendements? Est-ce que c'est sur le
texte de loi qui a été déposé en haut? Oui ou
non?
Une voix: II a été discuté en
deuxième lecture.
M. Chevrette: Est-ce que c'est sur ce texte-là? Oui ou
non?
Le Président (M. Bélanger): C'est le texte sur
lequel on discute. C'est l'article qu'à la dernière
séance, il y a quatre mois, nous avions accepté...
M. Chevrette: Vous aviez décidé de le
discuter...
Le Président (M. Bélanger):... et adopté la
première partie à l'unanimité, même pas sur
division. Alors, nous en sommes à la deuxième partie. Je ne vois
pas pourquoi on le remettrait en question aujourd'hui.
M. Chevrette: Non, non. À la page 6 de votre projet de loi
discuté en haut...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette:... qu'est-il écrit au deuxième
paragraphe de l'article 149. 5?
Le Président (M. Bélenger): II fallait tenir cette
argumentation avant cela ici.
M. Chevrette: Non, non. Qu'est-il écrit?
Une voix: Je vous l'ai lu tantôt. Voulez-vous que je vous
le relise?
M. Chevrette: Qu'est-il écrit?
Le Président (M. Bélanger): Le deuxième?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Administrer un service
préhospitalier d'urgence.
M. Chevrette: Non, non. La corporation peut...
Une voix: Le deuxième alinéa, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Le deuxième
alinéa: La corporation peut exploiter un service d'ambulances ou un
service d'interventions médicales d'urgence.
M. Chevrette: Bon. Quelqu'un qui apporte un amendement à
ce texte intégral, est-ce un amendement ou un sous-amendement?
Le Président (M. Bélanger): Au départ? C'est
un amendement.
M. Chevrette: Bon. C'est exactement ce qu'on a fait. Merci. C'est
tout ce qu'on voulait savoir.
Le Président (M. Bélanger): Non. Mais là,
excusez. Il y a juste un petit vice. Nous sommes sur un amendement et, sur
l'amendement, vous avez proposé un sous-amendement parce que c'est sur
cela qu'on travaille. Et même qu'une partie a été
adoptée à l'unanimité. Alors, vous ne pouvez pas dire
cela. Là, je m'excuse, vous êtes totalement en erreur.
M. Claveau: Autrement dit, M. le Président, pour pousser
votre logique à l'extrême, on pourrait avoir une copie conforme,
à toutes fins utiles, du projet de loi en question où on
changerait un ou deux mots dans chaque article et on travaillerait à
l'avenir juste sur la deuxième copie qui serait un amendement global On
n'aurait qu'à se baser sur des sous-amendements et on ne pourrait plus
aller sur des sous-amendements parce qu'on éliminerait le texte
original. À l'extrême, votre logique veut dire cela. On
présente un projet de loi A et on présente un autre projet de loi
il où on change juste un ou deux mots dans chaque article. On travaille
sur cela qui est un amendement global. On a seulement des sous-amendements sur
lesquels se baser. On ne peut plus discuter de rien.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, si
c'est votre compréhension du règlement, je vous
inviterais...
M. Claveau: C'est ce que vous nous dites.
Le Président (M. Bélanger): Je vous
inviterais...
M. Claveau: C'est ce que vous nous dites dans votre
interprétation. Ce n'est pas pour rien que le ministre de
l'Éducation a 400 amendements sur notre projet de loi. On commence
à comprendre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, je vous inviterais à lire le
règlement avant de le commenter pour dire des choses qui ne sont pas
selon le règlement. Donc, nous en étions au sous-amendement qui
est jugé irrecevable pour les mêmes raisons que
précédemment. Alors, est-ce qu'il y a d'autres Interventions sur
le paragraphe 2?
M. Chevrette: M. le Président, j'ai une question qui
pourrait m'aider aux fins des travaux. Supposons que vous adoptiez par le poids
du nombre la proposition du ministre, comment pourrais-je apporter un
amendement à l'alinéa 2 du paragraphe 5?
Une voix: il serait voté.
Le Président (M. Bélanger): Non. Avant le
vote.
M. Chevrette: Je vous pose la question. Vous avez le devoir de
nous renseigner pour bien jouer notre rôle de député. C'est
l'article 2 de la Loi sur l'Assemblée nationale. Comment vais-je faire
pour amender le deuxième alinéa de la loi 5 si vous acceptez
l'amendement du ministre?
Le Président (M. Bélanger): C'est tout simplement,
M. le député de Joliette, que nous avions décidé
d'adopter cette loi-là non pas article, par article mais même
paragraphe par paragraphe.
M. Chevrette: Ce n'est pas la question que je vous pose. Je vous
demande: Comment vais-je faire?
Le Président (M. Bélanger): Nous avons donc
adopté le premier paragraphe. En ce qui concerne le deuxième, on
est à le discuter.
M. Chevrette: II y aurait peut-être...
Le Président (M. Bélanger): II y a un amendement
là et vous essayez de le sous-amender. Moi, je vous dis: Nettoyons les
sous-amendements. Arrivons à l'amendement et proposez un autre
amendement. Là, on discutera sur le terrain que vous voulez discuter.
C'est la logique du règlement.
M. Chevrette: La logique du règlement?
Le Président (M. Bélanger): Bien oui. C'est aussi
simple que cela. Tout le monde a compris.
M. Chevrette: Pouvez-vous prendre votre livre de la jurisprudence
à la page 200-1, article 200.
Le Président (M. Bélanger): Page 200? Celui des
jurisprudences ou le code...
M. Chevrette: Jurisprudence.
Le Président (M. Bélanger): Jurisprudence.
M. Chevrette: Vous en avez des décisions là. Vous
dites: Le présent sous-amendement il donne un exemple très
concret - ne peut être reçu si l'amendement ne doit pas être
au fond la répétition de la motion d'amendement. Ce n'est pas une
répétition de la motion d'amendement. Je vais vous expliquer
pourquoi. Je vous donne un exemple de la décision de l'article 200 - le
problème dans le dilemme que vous avez est que l'amendement est le
même texte que dans la proposition principale. Moi, j'ai l'article 200,
il n'y a pas de page dans ça. Le dilemme, c'est que | le texte de
l'amendement du ministre est dans un
I tout, M. le Président, vous comprenez ça. Il y a "des
paragraphes d'un tout qui peuvent être identiques à une motion
principale. C'est correct? Le Président (M. Bélanger):
Oui.
M. Chevrette: On se suit. Si vous considérez que le
paragraphe est identique à la motion principale mais qui fait partie de
l'amendement global du ministre... chaque fois qu'un ministre ne voudra pas
qu'on discute, il ne voudra pas qu'on apporte un sous-amendement, il va
apporter un amendement global et je vais vous montrer le danger de votre
décision. Il a seulement à apporter un amendement global en
reprenant les paragraphes même s'ils sont intégraux à la
motion principale et il nous place en situation de sous-amendement. Et
là vous dites: Vous n'avez plus le droit d'élargir, vous n'avez
plus le droit de restreindre. Cela aurait ni queue ni tête et ce n'est
pas pour rien que je vous dis que les règles du sous-amendement sont
tout à fait les mêmes que l'amendement pour autant qu'on ne vienne
pas changer le sens essentiel de la proposition. La proposition, en
l'occurrence: exploiter un service d'ambulances, et à partir de
là, c'est une modalité qu'on y met et c'est tout. Quant à
moi, ça serait un amendement mais le ministre l'a mis dans son texte
d'amendement même s'il est intégral au texte de la motion
principale, ça devient un sous-amendement mais votre décision
vient tout "fucker". Cela veut dire qu'on ne permettra plus jamais au ministre
de déposer - je vais vous le dire comment je vais oeuvrer ici s'il fait
ça - ça va être à chaque paragraphe, faites votre
petit amendement.
Je comprends que le ministre, pour une logique, pour une question de
méthodologie de travail, a présenté une proposition
globale. J'aurais fait la même chose que vous parce que c'est ce que je
faisais le temps où j'étais ministre. Tu reprends le texte
intégral, mais ça ne va rien changer dans plusieurs paragraphes,
c'est normal. Mais là, on est placé en situation d'agir en
sous-amendement. Ce n'est même pas ça qu'il a voulu faire.
Demandez-le lui. Vous "fuckez" plus la commission que nous tous ensemble.
Le Président (M. Bélanger): Non, non. On a
travaillé alinéa par alinéa, chapitre par chapitre. On en
a adopté certains... de l'amendement. L'amendement n'est pas encore
adopté et lorsqu'on aura à adopter l'amendement, c'est versus le
projet de loi initial qui est là et il vous sera toujours loisible de
proposer un autre amendement.
M. Chevrette: Bien non. Si vous adoptez l'amendement global, on
est précisément sur ce texte-là qui est le même que
la proposition principale. Vous allez nous tuer. Vous allez être
obligé de l'amender, il va être adopté.
Le Président (M. Bélanger): Non. On est au
niveau des sous-amendements. Il n'est pas encore adopté. C'est
lorsqu'on y arrivera, avant l'adoption, vous pourrez faire une autre
proposition d'amendement. Ce n'est pas un sous-amendement à ce
moment-là.
M. Chevrette: M. le Président. Je vais vous l'expliquer
bien calmement. Le texte étant le même que la proposition
principale, vous considérez que je suis en sous-amendement, correct.
Le Président (M. Bélanger): Non. Le texte n'est pas
le même.
M. Chevrette: Saint bon Dieu. Si vous êtes plus capable de
lire seulement le texte 34 par rapport au texte... Que voulez-vous que je vous
dise... je n'ai plus rien à faire.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, c'est
bien facile. On va les mettre un à côté de l'autre. C'est
sûr que ce n'est pas le même, sinon il n'y aurait pas d'amendement
si c'était le même.
M. Chevrette: Bien sûr. Vous avez bien raison.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, on
discute d'un amendement, c'est parce qu'il est différent.
M. Chevrette: Vous allez nous placer dans une situation où
la proposition va être adoptée et on n'aura plus le droit de
l'amender. Voyons, vous ne rirez pas de nous, c'est clair. Comment voulez-vous
qu'on ait le droit d'amender un texte que vous allez passer au vote et qui va
être adopté?
Le Président (M. Bélanger): Non, il n'est pas
adopté. Avant qu'il soit adopté, lorsque nous reviendrons
à l'amendement comme tel, vous pourrez proposer un autre amendement et
cela, avant le vote. C'est votre privilège, votre droit. Vous
l'exercerez à ce moment-là. Je vous le dis. On ne peut pas
changer la décision et c'est comme ça que c'est fait dans le
règlement. Je ne vois pas pourquoi cela vous embête. Vous le
proposerez à ce moment-là.
M. Chevrette: C'est le texte de la loi, M. le Président.
Voulez-vous nous allons nous rencontrer, M. Dutil, vous et moi, et nous allons
vous expliquer en 30 secondes ce que nous voulons dire. Peut-être que
cela vous énerve qu'il y ait beaucoup de monde, mais bon Dieu, ce n'est
pas difficile à comprendre.
Le Président (M. Bélanger): Ah non, ne vous en
faites pas, je suis habitué à voir beaucoup de monde. Il n'y a
pas de problème là-dessus, et cela ne m'a jamais, jamais,
stimulé à faire des choses quand il y avait beaucoup de
monde.
M. Chevrette: Bien, les méninges ne marchent pas.
Le Président (M. Bélanger): J'applique simplement
le règlement, la procédure comme on l'a toujours
appliquée, depuis trois ans et demi.
M. Chevrette: C'est la première fois que je vois cela.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a jamais eu de
problème à la commission.
M. Chevrette: La première fois que je vois cela en douze
ans.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez votre
conseiller, je pense qu'il va vous dire exactement ce que je vous ai dit.
M. Chevrette: C'est la première fois qu'il voit cela en
douze ans.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez-le comme
il faut.
On peut suspendre, mais il faut régler ce point-là, parce
que nous sommes rendus à disposer de....
M. le député de Joliette, dans toutes les choses qu'on a
dites, le sous-amendement du député d'Ungava, qui avait
été jugé recevable, qui a été
débattu, qui a été battu au vote mais qui a
été reçu, c'était votre sous-amendement à
vous... Écoutez, nous marchons selon la même logique depuis le
matin.
M. Chevrette: Non, ce n'est pas cela, c'est parce que...
Beauchesne...
Le Président (M. Bélanger): Bien oui, non, non,
c'est parce que vous vouliez une décision selon la jurisprudence, mais
la décision était très claire, très
évidente. Voyons donc!
Mme la députée de Marie-Victorin.
M. Chevrette: C'est ajourné.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
M. Chevrette: Quand il voudra parler, il fera allumer son
micro.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin. Bon, est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dutil: Bien moi Je suis prêt à ajourner, si le
président est d'accord. Pas ajourner, suspendre pendant cinq
minutes.
Le Président (M. Bélanger): Suspendre
pendant cinq minutes. D'accord. Nous suspendons les travaux pendant cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 46)
(Reprise à 21 h 50)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
D'accord, c'est réglé, cela va. Sil vous plaît!
Alors, le sous-amendement de Mme la députée de
Marie-Victorin étant rejeté, nous revenons à l'amendement
du deuxième paragraphe par le suivant: "2° Exploiter un service
d'ambulances et un service d'interventions médicales d'urgence. "
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Je propose à la commission de retirer cet
amendement et, si la commission l'accepte, d'aller discuter le deuxième
alinéa de la loi 34 initiale.
M. Chevrette: M. le Président, étant donné
que la proposition du ministre a pour effet de ramener le texte
intégral, qui s'appelait "amendement" mais qui est dans la proposition
principale, notre amendement devient donc recevable.
Le Président (M. Bélanger): II n'est plus un
sous-amendement, il est un amendement et il est recevable, effectivement.
M. Chevrette: Est-ce que je peux vous demander un
privilège pour la semaine prochaine: Me donner une petite plaidoirie sur
ce que sont les principes d'un sous-amendement par rapport à un
amendement?
Le Président (M. Bélanger): Avez-vous objection
à ce qu'on fasse ça à l'heure du dîner?
M. Dutil: M. le Président, on discutait de la motion
d'amendement présentée par la députée de
Marie-Victorin qu'on va écouter avec intérêt.
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous pouvez
présenter... Elle est recevable sur le fond.
Mme Vermette: En fait, M. le Président, ce qu'on peut
retrouver dans cet amendement, c'est le principe d'indemnité qui a
été retenu. Si vous vous souvenez bien, en juin, nous
étions très favorables à ce principe parce que
c'était le principe même d'équité et que, pour nous,
c'était inconcevable finalement de présenter un projet de loi
sans indemnité et de vouloir faire en sorte de changer
complètement de propriétaire, en fin de compte, sans qu'on ait ce
principe d'indemnisation. Nous considérons que c'est essentiel, que tout
ça repose sur des principes reconnus et qu'il n'y a jamais eu de
négociation sans reconnaître ce principe d'équité et
que, lorsqu'on cause un préjudice à quelqu'un, il faut
réparer le tort qui est causé, ce qui repose sur des principes
fondamentaux d'indemnisation. Alors, c'est pourquoi nous avons apporté
cet amendement, parce que nous considérons qu'il est essentiel et que
nous devons en tenir compte pour des principes de justice et
d'équité.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
ministre.
M. Dutil: M. le Président, à l'article 22 nous
avons effectivement l'intention d'introduire une indemnité pour les
titulaires de permis d'exploitation, nous ne nous en sommes pas cachés.
Mais je ne voudrais pas qu'on lie les deux pour des raisons, entre autres,
chronologiques; il peut arriver que l'indemnité soit versée un
peu plus tard, que la loi soit mise en vigueur un peu plus tôt et je ne
crois pas que cela ajoute une assurance supplémentaire que d'aller
introduire au 2° alinéa de l'article 145 l'amendement que propose
Mme la députée de Marie-Victorin. Alors, je pense qu'on devrait
voter contre cet amendement et adopter le deuxième alinéa tel
quel.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: L'amendement qu'on a sur la table introduit une
notion très importante, à mon point de vue, et qui peut permettre
de régler en grande partie les problèmes, entre autres, de
pression indue qui pourrait être amenée au moment de la
négociation avec les propriétaires d'ambulances. Dans la mesure
où l'on a décidé que, dans un secteur donné, sur un
circuit précis, on ne réussit plus à s'entendre sur les
façons de fonctionner, à ce moment, on applique l'article 22. On
dit: On étatise la section, on étatise le service dans cet
endroit. C'en est fait une fois pour toutes. On indemnise et, après
cela, on fonctionne. C'est différent, comme point de vue, de dire: On va
opérer, on va avoir des ambulances. On va pouvoir les faire fonctionner
au besoin dans les mêmes secteurs, dans les mêmes milieux sans pour
autant que ces mêmes milieux soient étatisés en termes de
service global. Actuellement, si on entreprend une négociation sur le
coût du service des ambulances avec un propriétaire, quel qu'il
soit, cela pourrait être des propriétaires actuels comme cela
pourrait être Tilden, Hertz ou n'importe quelle compagnie qui
s'embarquerait là-dedans, à ce moment, on a un moyen de pression
qui est donné par la loi et qui, à notre avis, est
carrément hors de proportion. Comme je l'identifiais tout à
l'heure, c'est un moyen de "scab" finalement de dire: D'accord, tant qu'on n'a
pas réglé avec toi, on remet nos ambulances et on va te prouver
qu'on est capable de fonctionner à moins
cher, etc, etc, que ce que tu nous offres. Mais après...
Le Présidant (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Il y a beaucoup de bruit dans la salle.
M. Claveau:... on peut finir par négocier une entente,
retirer les ambulances de la corporation et remettre les ambulances du
propriétaire. Donc, on exerce un moyen de pression qui modifie toutes
les règles de négociation tandis que si, dans un secteur
donné, par rapport à un milleu précis, un circuit bien
déterminé, on dit: D'accord, on n'est plus capable de s'entendre.
Donc, on étatise le secteur et on opère. Il n'est plus question
de négocier ou quoi que ce soit. On prend la responsabilité du
secteur. Là, on a changé l'allure des choses. Si on n'a pas
d'entente, on a la responsabilité. Ce n'est plus du tout le même
genre de pression, le même genre de fonctionnement, de relations que ce
qui nous est proposé à ce jour où il n'y a aucune garantie
d'étatisation même si on introduit, à l'occasion, des
ambulances qui appartiennent à la corporation dans un secteur
donné pour créer des pressions ou des discordances dans un
processus de négociation de coût.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le ministre.
Vous voûlez répondre?
M. Dutil: C'est la même argumentation que tout à
l'heure, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, la proposition qui est
maintenant légale est exactement la même que celle dont on parlait
sauf que les mots changent, à toutes fins utiles, par rapport à
ce qui était proposé. Que l'on parle d'indemnité ou
d'expropriation légale, à mon point de vue, cela s'apparente
comme procédure ou comme processus. On peut négocier un processus
d'indemnisation dont les normes diffèrent un peu des normes habituelles
des règles d'expropriation reconnues devant les tribunaux civils, mais
à mon point de vue, c'est indispensable si on ne veut pas créer
une disproportion dans le rapport de forces. C'est très différent
de laisser un pouvoir d'exploiter sans aucune contrainte par rapport à
un pouvoir d'exploiter le jour où j'ai des problèmes. Cela fixe
au moins les règles du jeu. Ce n'est pas admissible en sous-amendement,
mais cela l'est en amendement. Donc, M. le Président, ce n'est pas pour
rien qu'on a insisté, de ce côté-ci, pour dire que
l'objectif fondamental était d'en arriver à dire: Que vous ayez
la possibilité d'exploiter un service d'ambulances, sort, mais pas
n'importe quand, pas n'importe comment, pas pour faire chanter
théoriquement durant une négociation. Parce que cela pourrait
devenir une arme. D'abord, les ministres ne sont pas éternels sur un
siège, il y a des remaniements, vous le savez. Il y a des aspirants
à part cela. Vous en connaissez. Donc...
Une voix:...
M. Chevrette: C'est quoi?
Une voix:...
M. Chevrette: Je n'ai pas fini, je commence. Non, mais blague
à part, c'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Ne me regardez pas.
M. Chevrette: Je n'ai absolument pas regardé de ce
côté-là, je regardais le ministre.
M. Dutil: Vous devez regarder là, c'est lui le
président.
M. Chevrette: Au lieu de regarder les aspirants.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: À part cela, tout ce processus n'est pas
nécessairement politique après. Ce n'est pas
nécessairement l'esprit qu'on voulait y mettre. C'est l'arme qu'il
constitue après. Cela devient une arme administrative. On a vu des
exemples d'arme administrative qui ont tourné et qui ont brisé
les rapports de forces. Je vous donnais juste un exemple cet après-midi.
Le ministre de l'Éducation qui s'était levé en Chambre
pour faire un plaidoyer en disant: Voici une décision administrative qui
s'est prise. Plus on met d'armes législatives dans les mains de
l'administrateur, plus vous pouvez créer des débalancements. Je
ne dis pas que vous n'en avez pas besoin éventuellement, mais je dis que
vous ne devriez pas l'utiliser à n'importe quelle sauce et que vous
devriez l'utiliser dans un contexte précis, pour que les choses se
fassent en bonne et due forme, et que ça ne brise pas un rapport de
forces normal en négociation.
Déjà l'État, entre vous et moi, a un pouvoir
disproportionné, quand on parle de négociations, avec n'importe
quel groupe de la société: avec les salariés, avec les
employeurs, avec n'importe qui. On a un pouvoir tout à fait
disproportionné, parce que dans l'espace de 24 heures, le premier
ministre a un pouvoir de convoquer les Chambres, de suspendre les régies
et d'en arriver à adopter une loi spéciale. Vous le savez
très bien, cela se fait en 24 heures.
Pourquoi, si toutes ces choses se font en 24 heures, tente-t-on à
ce moment-là d'introduire une notion aussi importante qui risque de
briser le rapport de force? On y reviendra, je trouve ça
fondamental.
Le Président (M. Bélanger): Je veux
préciser
que les avis en Chambre ont été modifiés,
concernant le fait que nous devions siéger le mardi 15 novembre 1988,
à 10 heures. La commission ne siégera pas mardi le 15 novembre
à 10 heures.
Pour le reste des séances, les autres ordres du président
tiendront. Il y aura de petites modifications à l'horaire, on vous les
fera savoir à ce moment-là. Merci.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 1)