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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Chacun reprend sa place. La commission des affaires sociales
reprend ses travaux pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 34, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et d'autres dispositions
législatives. M. le député de Joliette.
Conflit de travail dans les services
ambulanciers
M. Chevrette: Avant que ne commencent les travaux, je voudrais
poser des questions au ministre concernant le traitement fait aux usagers ce
matin à Montréal. Mes sources d'information émanant de
deux endroits différents m'indiquent qu'au moment où on se parle,
il n'y a que 25 véhicules ambulanciers sur une possibilité de 68
et que, d'ici une heure, on sait que les besoins doivent monter à 85. Il
y a une déclaration massive pour une maladie, un virus qui court
à Montréal, où les usagers sont pratiquement pris en
otage. Non, on ne rira pas de cela ici, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député de Joliette!
M. Chevrette: Je m'excuse, on ne rira pas de cela ici!
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais aux gens
dans la salle s'il vous plaît de ne faire aucune manifestation.
M. Chevrette: Je voudrais demander au ministre s'il a posé
des gestes vis-à-vis des services essentiels? A-t-il pris les mesures
pour qu'il y ait un plan d'urgence? Sait-il la réaction à
l'intérieur d'Urgences-santé quant aux cadres et aux
infirmières? Et, comme tout ministre responsable, peut-il nous dire ce
qu'il a envisagé de faire pour que les usagers du territoire
d'Urgences-santé aient toute la qualité des soins et des services
de santé?
Vous vous rappellerez la semaine dernière, M. le ministre, je
vous ai posé une question ici même, et je l'ai même
posée à ceux qui ont témoigné devant nous, la
question suivante: cette loi est-elle reliée à la
négociation ou la négociation a-t-elle un lien avec l'adoption de
ce projet de loi? Tout le monde a répondu non, y compris le ministre. On
négocie, il y a des mandats à la table et rien ne devrait
normalement se produire.
On sait que depuis une semaine, les rumeurs vont bon train, M. le
Président, à savoir que les services seraient perturbés.
Au moment où la commission parlementaire ici même se penche sur un
projet de loi, les Montréalais sont pris en otage d'une certaine
façon et, en particulier, nos malades. Moi, personnellement, comme
député de l'Assemblée nationale - et j'ai l'impression que
ce doit être des deux côtés de la table - je ne peux
accepter qu'une population d'au-delà de 1 000 000, desservie par un
service qui devrait normalement fonctionner exactement comme il a
été conçu, qu'on se ramasse, ce matin, avec un service
perturbé, des cadres qui ne savent plus où donner de la
tête, des infirmières qui ne savent où donner de la
tête là-bas. Je voudrais savoir quelles sont les
précautions prises par le ministre, au moment où on se parle,
pour s'assurer que les services d'ambulance de Montréal soient
rétablis dans les minutes qui suivent? Après cela, M. le
Président, je vous redemanderai la parole pour un autre propos.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
ministre.
M. Dutil: M. le Président, je voudrais rectifier tout de
suite une chose qu'a dite le chef de l'Opposition quant à cette loi. Le
chef de l'Opposition a demandé s'il y avait eu une entente entre le
ministre et le RETAQ à savoir que ce projet de loi devait être
adopté avant la fin de la session. C'était l'objet de la
question; j'ai répondu non et je maintiens le non là-dessus. Nous
avons dit que nous faisions une réforme, et cette réforme
implique, entre autres choses, un projet de loi. Un projet de loi est
déposé à l'Assemblée nationale; quant aux dates
d'adoption du projet de loi, on connaît le processus parlementaire qui
peut être court ou long, selon les circonstances; cette fois-ci, il est
long. Je respecte le droit de l'Opposition de faire l'obstruction
systématique qu'elle fait sur le projet de loi. Cela a été
très clair, pour ma part, moyens de pression ou non, que le processus
parlementaire doit être suivi et le cheminement doit se faire à la
manière dont nos institutions fonctionnent. Je pense que, de ce
côté-là, bien que nous puissions être en
désaccord sur la façon dont procède l'Opposition ou bien
que l'Opposition puisse être en désaccord avec notre façon
de procéder, nos institutions doivent être respectées et il
ne peut y avoir d'entente sur l'adoption d'un projet de loi puisque celui-ci
doit faire l'objet des discussions que nous avons actuellement concernant
l'étude article par article.
Ceci dit, en ce qui concerne Montréal, j'ai eu une réunion
ce matin pour vérifier la situation de Montréal et je puis
assurer le chef de l'Opposition, bien que ce genre de situation ne soit pas
facile - il le sait - que nous prendrons toutes les mesures nécessaires
pour nous assurer que les citoyens de l'agglomération de Montréal
aient les services auxquels ils ont droit.
Est-ce que nous devrons faire appel ce matin aux services essentiels? Si
c'est nécessaire, le ministère pourra agir en collaboration avec
le CRSSS, le CRSSS étant celui qui dirige les services ambulanciers
à Montréal, comme on le sait. S'il y a d'autres mesures à
apporter, nous aviserons pour nous assurer que ces moyens de pression
n'affectent pas la qualité du service à la population.
Je tiens à rappeler au chef de l'Opposition, à la
députation du Parti québécois, à notre
députation et à l'ensemble de la population que depuis deux ans
et demi que nous sommes au pouvoir, pour ce qui est des relations du travail,
nos principes de base, nos piliers de base ont été de deux
ordres. Un premier qui est très important et que je tiens toujours
à répéter en premier lieu, c'est le respect des
employés. C'est le droit qu'ils ont à une négociation
faite de bonne foi. C'est le droit qu'ils ont à du respect, même
s'il y a des différences d'opinions. Là-dessus, je pense que,
depuis deux ans et demi, notre gouvernement a été exemplaire en
ce sens qu'il a toujours négocié de bonne foi et qu'il a
essayé de trouver des terrains d'entente acceptables pour l'ensemble des
employés de l'État et des employés parapublics.
L'autre pilier - nous l'avons également démontré
par des mesures appropriées quand les événements l'ont
justifié - c'est le respect de la population qui a droit à des
services de qualité, plus particulièrement dans les services de
santé, des services de qualité ininterrompus et non
diminués. De ce côté-là, nous nous montrerons tout
aussi inflexibles que nous nous sommes montrés - je peux vous l'assurer
- dans d'autres circonstances similaires.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, on va laisser terminer M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Juste une minute, je n'ai pas terminé.
M. Rochefort: Est-ce que c'est sur la même question?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Non, c'est... «
M. Rochefort: Bien, moi, c'est sur la même question.
M. Chevrette: Moi aussi.
M. Rochefort: Bien, ce n'est pas non, c'est oui.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser continuer
M. le député de Joliette et on revien- dra à M. le
député de Gouin.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut nous confirmer si les
chiffres que j'ai avancés sont véridiques?
M. Dutil: Voulez-vous me les rappeler, s'il vous plaît?
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut me dire s'il est exact
qu'au moment où on se parle, à 9 h 55, il y a 25 ambulances sur
68?
M. Dutil: C'est ce qu'on me dit, oui.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre s'est ■ enquis
auprès d'Ugences-santé pour connaître les réactions
à l'intérieur des différents personnels et les gestes que
ceux-ci peuvent poser si jamais la situation ne se rétablit pas dans les
prochaines minutes ou l'heure qui suit?
M. Dutil: M. le Président, j'ai eu une rencontre ce matin.
Je l'ai dit tout à l'heure. Cette rencontre a fait que les gens de mon
ministère vont me tenir au courant du déroulement des
événements et prendre toutes les mesures appropriées pour
nous assurer que le service de la qualité nécessaire ne sera pas
perturbé et, sinon, voir à prendre les mesures pour le
rétablir.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre s'engage, au cours de la
journée, à nous tenir au courant des données qui lui
arrivent de son ministère?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Chevrette: Mais je voudrais ajouter un dernier point dans ce
cas-là. Quand le ministre dit que l'Opposition fait de l'obstruction,
j'ai l'intention, immédiatement après l'intervention du
député de Gouin, de lui ouvrir une porte globale. Mais je
n'accepterai pas que le ministre dise que c'est nous qui allons bloquer le
projet de loi.
Depuis quinze jours, à l'Assemblée nationale, pour ceux
qui suivent cela un peu de près, la formation libérale, par le
poids du nombre, a imposé deux projets de loi sur le recensement.
C'était pas mal secondaire par rapport aux soins de santé. Donc,
le poids du nombre auquel Gérald Larose fait allusion, servez-vous-en si
vous jugez que vous devez vous en servir. Mais arrêtez donc de dire que
c'est nous avec 20 contre 99. Cela a plutôt l'air léger, pour ne
pas le dire, comme argumentation quand une formation politique qui compte 99
députés contre 20 essaie de faire porter l'odieux
législatif sur une Opposition qui
en compte 20.
Vous avez été capables de vous servir de votre poids du
nombre pour des articles secondaires, y compris pour le projet de loi 37 sur
l'aide sociale, le projet de loi 31 sur la construction qu'on ne
reconnaît plus comme projet de loi. Ne venez pas dire que c'est
l'Opposition qui peut vous barrer les pieds quand vous êtes 99 et que
vous avez prouvé toute l'arrogance dont vous étiez capables en ce
qui concerne le recensement.
Quand on veut avoir une loi et qu'on est au pouvoir, on a tous les
moyens possibles. Quand on ne veut pas la loi mais qu'on laisse croire au monde
qu'on la veut, on pose les gestes qu'ils posent présentement. Si vous
voulez la loi, vous avez tous les moyens parlementaires pour l'avoir. Cela ne
veut pas dire que nous ne sommes pas là pour attirer l'attention sur des
points bien précis auxquels on croit mordicus et que nous avons le droit
de faire valoir notre point de vue d'une façon tout aussi tenace, tout
aussi soutenue. Donc, que le ministre cesse de dire - s'il veut être pris
au sérieux - que le poids du nombre ne joue pas dans ce cas-ci. Cela
fait peut-être votre affaire de ne pas avoir votre loi et vous n'osez pas
le dire.
M. Dutil: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre. Et par
la suite, nous procéderons à la liste des remplacements et je
reconnaîtrai le député de Gouin. Juste pour être
sûr qu'il n'y aura pas d'équivoque dans ces
remplacements-là. M. le ministre.
M. Dutil: Je voudrais préciser, M. le Président,
qu'il n'y a pas eu de motion de clôture, comme on pourrait le croire
à la suite de ce que vient de dire le chef de l'Opposition quant au
projet de loi 31, ni quant au projet de loi 37. Et que, en ce sens-là,
tout le processus parlementaire a joué comme il joue habituellement. Le
seul endroit où il y aurait eu motion de clôture, c'est sur le
recensement. Est-ce que je me trompe en disant cela, M. le Président? Je
pense qu'il serait bon de le dire.
M. Chevrette: Deux fois dans une semaine.
M. Dutil: Sur le recensement et uniquement sur le
recensement.
M. Claveau: Vous avez invoqué l'urgence.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va laisser continuer M. le ministre.
M. Dutil: Je pense qu'il est important, M. le Président,
d'apporter cette précision-là. Quant aux lois en
général, le processus parlementaire, doit se jouer à moins
que l'on plaide l'urgence. Et, dans ce cas-ci, j'estime important que les
discussions article par article se fassent de la façon la plus
complète possible. Et je suis heureux d'entendre le chef de l'Opposition
qui nous parle ce matin d'une ouverture globale sur l'ensemble du projet de
loi. J'ai donné, je pense, également les ouvertures
nécessaires à la discussion quant à diverses questions qui
ne touchent pas le fond du projet de loi. Je ne crois pas que ce que nous
discutons actuellement touche véritablement le fond du projet de loi qui
est de s'assurer, à Montréal, du détachement
d'Urgen-ces-santé du CRSSS et, le cas échéant, de
l'intégration des techniciens ambulanciers pour une meilleure
coordination et une diminution des tensions que l'on connaît dans ce
système-là et qui est, d'autre part, la possibilité pour
le gouvernement d'avoir en province des centrales de coordination qui auraient
pour effet de diminuer considérablement le temps-réponse. Ceci
étant bien établi, quant aux autres modalités, j'ai
mentionné depuis le début qu'il y avait possibilité de
discussion avec l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Avant de
reconnaître M. le député de Gouin, est-ce qu'il y a, Mme la
secrétaire, des remplacements ce matin?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Blais
(Terrebonne) sera remplacé par M. Claveau (Ungava); Mme Juneau (Johnson)
par M. Jolivet (Laviolette).
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas d'autres
remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je reconnais le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je veux revenir
quelques minutes sur la situation qui prévaut actuellement à
Montréal. Combien y a-t-il de véhicules, en temps normal,
à la disposition d'Urgences-santé le lundi avant-midi?
M. Dutil: Je n'ai pas ces chiffres exacts. C'est
Urgences-santé qui suit...
M. Rochefort: Comment faites-vous, M. le ministre, pour
évaluer qu'il faudra intervenir ou non pour rétablir les
services, si vous ne savez pas combien...
M. Dutil: M. le Président...
M. Rochefort: Je vais au moins compléter ma phrase, si
vous le permettez.
M. Dutil: Bien, je n'ai pas pu compléter la mienne, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: À Montréal, il faut se rappeler
qu'Urgences-santé a des transports ambulanciers non seulement pour le
transport dit d'urgence, mais également pour le transport
interétablissement et qu'en cas de conflit, évidemment,
Urgences-santé s'assure que les services les plus essentiels sont les
premiers fournis. C'est bien évident. Alors quand on parle de 80 permis,
de 68 ambulances, etc., il y des moments dans la journée, même
quand la situation est correcte sur le plan des relations du travail et qu'il
n'y a aucun moyen de pression, où il n'y a pas, bien sûr, autant
d'ambulances que dans les périodes de pointe où le transport
interétablissement vient s'ajouter à l'ensemble des autres
transports.
M. Rochefort: M. le Président, on comprend bien cela et
c'est d'ailleurs pour cela que je n'ai pas dit au ministre: Vous en avez 25 sur
80, qu'est-ce que vous attendez pour bouger? J'ai demandé combien il y
en a habituellement de disponibles et nécessaires à une telle
période de la journée, comme la période dans laquelle nous
sommes. Donc, cela faisait référence, M. le Président,
à une connaissance de cette situation. Sauf que je suis surpris que le
ministre ne connaisse pas, finalement, quel est son manque à gagner,
quelle est la diminution des services à laquelle il fait face ce matin.
Et je me demande comment, comme ministre responsable, il sera en mesure de
prendre les décisions appropriées. Je me serais attendu à
ce que le ministre sache très bien et dise: Ce matin j'ai tant de
véhicules, j'ai tant de personnel sur une nécessité de X.
En conséquence, compte tenu d'une absence de Y, je poserai tel et tel
geste. Le ministre nous répond ce matin, en plein coeur de
l'étude du projet de loi qui concerne ces transports, ces services
préhospitaliers d'urgence, alors qu'il y a un problème de
relations du travail, de diminution de services reconnu par lui-même, il
dit: Je ne sais pas, par exemple, quelle est son ampleur, je ne suis donc pas
capable de vous dire dans quelle mesure ça peut affecter ou ne pas
affecter la population. (10 h 30)
Moi, M. le Président, cela me rend pour le moins inquiet. Je
pense que c'est une belle illustration de la performance que nous a
donnée le ministre jusqu'à maintenant, qu'il intervient
législativement dans un dossier qu'il ne connaît pas; il vient de
nous en donner une nouvelle manifestation ce matin. Je ne peux pas imaginer
qu'un ministre fasse face à de telles situations, avec les
responsabilités qu'il a ce matin, sans même savoir quel est
l'état de pénurie de services auquel il fait face à
l'heure où on se parle. Quand il nous parle de l'utilisation du
transport interétablissement comme souplesse dans le système, je
lui dirai que ce transport interétablissement n'est pas une promenade
touristique. Dans cela, il y a des gens qui doivent subir des interventions
chirurgicales majeures et des examens très importants qui
détermineront des interventions à faire, des gestes à
poser, des traitements à prescrire. Ce n'est pas vraiment du transport
touristique qui peut être reporté à la semaine
prochaine.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, avant
qu'on ne réponde...
M. Rochefort: Est-ce que le ministre, M. le Président, est
en mesure, d'ici cinq minutes, de nous fournir cette réponse...
Le Président (M. Bélanger): Avant que...
M. Rochefort:... pour qu'au moins les membres de la commission
soient au courant?
Le Président (M. Bélanger):... M. le ministre ne
réponde à cela, je voudrais juste rappeler que le mandat de la
commission est de procéder, ce matin, à l'étude article
par article du projet de loi 34. Nous sommes actuellement en période de
questions sur un problème ponctuel. Je n'ai aucune objection, dans la
mesure où j'ai le consentement des deux côtés, à
continuer cette période de questions.
M. Chevrette: M. le Président, sur une question...
M. Rochefort: M. le Président, juste une seconde.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
D'abord, je voudrais qu'on règle ce point-là.
M. Rochefort: J'ai posé une question au ministre: Est-ce
qu'il est prêt, d'ici cinq minutes, à nous fournir les
informations qu'il n'a pas?
Le Président (M. Bélanger): Je vous dis qu'avant
de continuer une période de questions, je veux savoir si les deux
côtés ici sont d'accord pour que nous continuions.
M. Dutil: Non.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que j'ai le
consentement?
M. Dutil: M. le Président, je voudrais donner une
explication avant de vous dire mon opinion sur le consentement. Est-ce que je
peux le faire?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): J'avais une question de
privilège.
M. Chevrette: Consentement pour qu'il le dise...
Le Président (M. Bélanger): Consentement. M.
Chevrette:... et j'irai après.
Le Président (M. Bélanger): Après cela, on
recevra une réplique de M. le député de Joliette et ce
sera terminé pour cette période de questions.
M. Dutil: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Je pense avoir donné toutes les réponses
aux questions qui étaient posées. La situation est suivie
actuellement. Évidemment, je ne peux pas être à deux
endroits. Je ne peux pas être ici en train d'étudier le projet de
loi et à Urgences-santé à Montréal. Nous avons des
gens là-bas qui connaissent très bien la situation; ils la
suivent de près et ils vont prendre les mesures... Ils peuvent prendre
toutes les mesures que la loi nous permet, actuellement, pour s'assurer que le
service à la population ne soit pas diminué, selon les principes
que j'ai dits tout à l'heure.
M. le Président, je pense qu'il est inutile d'insister davantage
sur cette question. Je n'ai rien à ajouter pour l'instant. Je
suggère qu'on passe à l'ouverture que nous propose le chef de
l'Opposition sur le projet de loi.
M. Rochefort: M. le Président, le ministre n'a pas
répondu à la question que je lui ai posée. Je
comprends...
Le Président (M. Bélanger): Le ministre n'a pas
l'obligation...
M. Rochefort: Non, non, mais, M. le Président, est-ce que
je peux...
Le Président (M. Bélanger):... de répondre
à des questions en dehors...
M. Rochefort:... compléter ma phrase?
Le Président (M. Bélanger):... du projet de loi qui
est à l'étude ici, ce matin.
M. Rochefort: Oui, mais, M. le Président, puisqu'il a
accepté de répondre au début, est-ce qu'il est en mesure
d'aller chercher les informations et de nous les fournir d'ici cinq minutes? Je
pense que, d'abord, ce serait plus rassurant que le ministre responsable de
secteur le sache...
Le Président (M. Bélanger): D'abord, M. le
député de Gouin...
M. Rochefort:... et que, deuxièmement, il puisse en
informer les membres de la commission.
Le Président (M. Bélanger):... j'ai demandé
le consentement des deux côtés avant de continuer la
période de questions.
M. Rochefort: Personne n'a refusé son consentement.
Le Président (M. Bélanger): Sinon, il y aura
période de questions en Chambre...
M. Rochefort: Qui a refusé son consentement?
Le Président (M. Bélanger):... demain.
M. Rochefort: Qui a refusé un consentement?
Le Président (M. Bélanger): Je n'ai pas eu le temps
d'avoir de réponse...
M. Rochefort: Bon! Donc, on peut poursuivre. Alors, M. le
ministre...
Le Président (M. Bélanger): Te! Te! Te!
M. Rochefort:... êtes-vous en mesure d'aller chercher
l'information?
Le Président (M. Bélanger): Te! Te! Te! Te!
Je m'excuse...
Une voix: C'est Mme Legault.
Le Président (M. Bélanger):... cela prend un
consentement ferme. Je demande, présentement, si j'ai le consentement
pour continuer cette période de questions.
M. Dutil: M. le Président, ayant répondu à
la question du député de Gouin, parce que c'est la même que
celle du chef de l'Opposition, à savoir si on les tiendra au courant de
l'évolution de la situation...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, est-ce
qu'on a le consentement...
M. Dutil: Je ne donne...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, est-ce
qu'on a le consentement pour continuer cette période de questions?
M. Dutil: Ayant répondu à toutes les questions
posées jusqu'à présent et n'ayant rien de nouveau,
non.
M. Rochefort: Bon! Le ministre nous indique...
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
consentement.
M. Chevrette: M. le Président...
M. Rochefort:... qu'il ne le sait pas et qu'il ne veut pas le
savoir. C'est rassurant.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
consentement. Alors, nous revenons à l'étude article par
article.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette:... avant de passer à l'étude article
par article, le ministre peut au moins nous dire, ce matin, quel est le
contexte dans lequel on se retrouve à Montréal. Est-ce que c'est
une situation légale, normale et acceptable?
Une voix: II ne le sait pas, il ne peut pas être à
deux places.
M. Chevrette: II peut au moins répondre à cela,
dans un premier temps. Dans un deuxième temps, je le
référerai à la lettre adressée à Mme
Lavoie-Roux, datée du 2 décembre 1987...
Le Président (M. Bélanger): Je vous ferai
remarquer, M. le député de Joliette, qu'il n'y a pas de
consentement pour une période de questions.
M. Chevrette: Écoutez, cela joue des deux bords, des
consentements.
Le Président (M. Bélanger): Cela prend le
consentement des deux côtés et il n'y a pas de consentement. Donc,
on ne peut pas continuer cette période de questions.
M. Chevrette: Le ministre peut au moins, comme ministre
responsable, répondre à cette question-là. Est-ce une
situation qui lui paraît normale? Est-ce que c'est dans un cadre
légal, ce matin, ce qu'on vit à Montréal? Est-ce que,
comme ministre, il trouve cela acceptable?
M. Dutil: Non, aux trois questions. Le Président (M.
Bélanger): Bon... M. Chevrette: Ce n'est pas
légal?
M. Dutil: Normalement le service doit être attribué
et donné à l'ensemble de la population.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, on a
convenu qu'il n'y avait pas de...
M. Chevrette: Je lui donne le consentement de répondre
à ma question. C'est vous qui décidez des consentements?
M. Dutil: Cela va, cela va. Non, aux trois questions et on
continue avec notre étude des articles.
Le Président (M. Bélanger): Je reprends la question
sur le consentement. Est-ce que je peux avoir un oui ferme ou un non ferme pour
qu'on arrête de dire qu'il n'y a pas consentement ou que c'est moi qui
décide? Est-ce qu'il y a consentement pour qu'il y ait une
période de questions, oui ou non?
M. Dutil: Non.
Le Président (M. Bélanger): Non. Alors, le non est
ferme. Il n'y a pas de consentement. Alors, nous revenons à l'article
149. 15 du projet de loi 34.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): II y avait un
amendement qui enlevait "autre qu'une municipalité" qui avait
été adopté. C'est-à-dire que c'était un
sous-amendement. Donc, l'amendement tel que proposé par le ministre,
est-ce qu'il y a encore des interventions sur l'amendement à l'article
149. 15?
M. Chevrette: M. le Président, je propose l'ajournement de
cette assemblée pour que le ministre puisse, en toute
responsabilité, aller régler cette situation anormale,
inacceptable et illégale et qu'il revienne par la suite; on sera
disponibles pour lui permettre de régler cette situation tout à
fait anormale, illégale et inacceptable, conformément à ce
qu'il a dit lui-même. À ce moment, cela nous permettra comme
parlementaires d'oeuvrer en toute quiétude sachant qu'on ne retient pas
le ministre pour l'empêcher de faire des choses pour rectifier cette
situation que lui-même décrit comme anormale, comme tout à
fait aberrante et comme tout à fait illégale. Cela pourrait lui
donner une heure ou une heure et demie s'il le faut pour aller régler
son problème. La population montréalaise, c'est pas mal plus
important de régler cela là, au moment où on se parle, que
d'être ici sans savoir ce qui se passe.
Le Président (M. Bélanger): La motion d'ajournement
du député de Joliette est-elle acceptée?
M. Chevrette: On peut même la discuter. Le
Président (M. Bélanger): Oui ou non? M. Chevrette:
Pardon?
Le Président (M. Bélanger): On va commencer par
voir si...
M. Dutil: M. le Président, j'accepterais si on fixe la
motion d'ajournement à une heure
précise qui pourrait être...
M. Chevrette: Mais de combien de temps avez-vous besoin? C'est
vous qui pouvez nous le dire.
M. Dutil: Je suggère que l'on ajourne jusqu'à 13
heures. Autrement dit, on reporterait notre séance de ce matin et on
recommencerait à 13 heures jusqu'à 18 heures, cinq heures
d'affilée.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
période de questions aujourd'hui.
M. Chevrette: Moi, je l'accepte compte tenu que le
problème est majeur, M. le Président. La première
responsabilité des parlementaires est de voir à ce que les
services normaux, légaux soient fournis. Je suis content que le ministre
réagisse de cette façon parce que son premier rôle n'est
pas de s'empresser à discuter sur des amendements, mais bien de
régler la situation; ce sont les usagers, tout le monde se targue de
parler pour les usagers, mais il pourra aller travailler pour eux. À 13
heures, on sera ici.
M. Dutil: M. le Président, je voudrais terminer
là-dessus. Je suis d'accord avec le chef de l'Opposition, on ne peut pas
forcer les délibérations en commission parlementaire par des
moyens de pression qui sont inacceptables. J'espère que d'ici une heure
le problème sera réglé, sinon il est possible que nous
continuions la suspension. Le chef de l'Opposition et moi-même sommes
parfaitement d'accord là-dessus. On ne discute pas d'un projet de loi
sous des pressions inacceptables.
M. Chevrette: Et prendre des bénéficiaires en
otages et, plus que cela, M. le ministre, je vous assure de la part de
l'Opposition de toute notre collaboration là-dessus. M. le
Président aurait pu nous citer à ce sujet la Loi sur
l'Assemblée nationale ou les règlements de l'Assemblée
nationale précisément à ne pas mettre de pression indue
sur le dos des parlementaires ou de qui que ce soit dans notre
société quand cette loi ou ces règlements nous forcent
à travailler sur une loi et a fortiori à ne pas accepter qu'on
prenne du monde en otage pour atteindre ces fins.
Le Président (M. Bélanger): Donc, un instant! Les
travaux sont donc suspendus jusqu'à 13 heures. Ils reprendront à
13 heures, à la salle du Conseil législatif. De 13 heures, ils
siégeront jusqu'à 18 heures. Ensuite nous siégerons de 20
heures à minuit. C'est bien cela? Alors, il y a consentement unanime.
Les travaux sont donc suspendus jusqu'à 13 heures.
(Suspension de la séance à 10 h 40)
(Reprise à 13 h 15)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demande le silence. La commission des affaires sociales
reprend les travaux qu'elle avait suspendus ce matin. Nous étions
à l'article 149. 15. Est-ce qu'il y a des commentaires
préalables?
M. Dutil: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: J'ai communiqué avec le chef de l'Opposition
tout à l'heure. Je pense que nous serons d'accord tous les deux bien
qu'un mot d'ordre ait été donné de rétablir
entièrement le service, d'attendre avant de reprendre nos travaux que
les services soient entièrement repris à Montréal. Nous
nous attendons à ce que cela soit dans le courant de
l'après-midi. À ce moment, nous pourrons vous aviser de la
possibilité de reprendre les travaux, si l'Opposition est d'accord.
M. Chevrette: M. le Président, compte tenu que le
ministre, ce matin, a répondu aux trois questions suivantes que
c'était illégal, anormal et inacceptable, et qu'il a
accepté la proposition venant de l'Opposition de suspendre les travaux,
il est bien évident que, dans le même esprit, nous reprendrons les
travaux lorsque les services seront parfaitement rétablis.
Je demanderais au ministre de me donner un rapport, si possible, d'ici
quelques minutes sur la situation à Maniwaki et à Chibougamau,
pour voir si c'est la même chose et si les mots d'ordre ont
été donnés en régions. Toute notre argumentation
depuis le début de cette commission - et là-dessus, on divergeait
un peu d'opinions - est que cela a toujours été, pour nous, un
service de qualité en régions. On m'a rapporté dans les
dernières minutes que Maniwaki et Chibougamau avaient des services
à peine à moitié de ce qui existait.
Je demanderais également au ministre de s'enquérir en
particulier de ces deux points et de faire le point sur l'ensemble du
Québec au cours de l'après-midi. La commission reprendrait sur
convocation du président, si j'ai bien compris, quand on aura eu le
rapport à l'effet que les services seront légaux, normaux et
acceptables.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
tentativement fixer une heure et dire, par exemple, qu'à 16 heures nous
reviendrons ici? S'il y a lieu, nous suspendrons à nouveau ou si l'ordre
est rétabli...
M. Chevrette: Je préférerais que... Je pense qu'on
est capables de se parler, le ministre et moi, et de vous aviser, M. le
Président, de procéder à la convocation des
parlementaires
plutôt que de se promener de deux heures en deux heures ici.
M. Dutil: Cela me semble la formule la plus souple, moi aussi, M.
le Président. J'adhérerais à cette...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Je m'excuse auprès du député
de Joliette et du ministre, mais je ne partage pas leur point de vue. Je pense
qu'il faut que nous nous fixions une heure, pas tellement pour le plaisir de se
revoir, mais pour la garantie qu'à partir de ce moment il y aura du
service ou des actions autres qu'une suspension de commission parlementaire
pour rétablir le service.
En ce qui me concerne, à 16 heures, ou il y aura service, auquel
cas on pourra siéger. Si on ne siège pas à 16 heures,
c'est que le ministre sera à rétablir le service. Je
considère, M. le Président, qu'il faut avoir des garanties
formelles d'un service rétabli, dans les plus brefs délais, non
pas des garanties formelles que nous ne siégerons pas tant et aussi
longtemps qu'il n'y aura pas rétablissement de services. Pour suivre
cette logique, cela pourrait nous mener bien loin aussi.
Je pense qu'à partir du moment où l'attitude
adoptée par l'ensemble des membres de la commission depuis le matin est
de poser un geste visant à assurer les services, non pas aux
parlementaires, mais à la population. Ce qui "urge", ce sont des
services à la population. Le ministre, qui est en position
d'autorité et de responsabilité, doit se fixer à
lui-même un délai ultime pour procéder de façon
différente de celle retenue jusqu'à maintenant. Donc, 16 heures
serait une limite pour que le ministre nous informe que le service est
rétabli, auquel cas la commission reprend ses travaux, ou que le service
n'est pas rétabli et qu'au-delà d'une suspension additionnelle de
nos travaux, il agira dans un délai rapide pour redonner prioritairement
le service préhospitalier d'urgence que les Montréalais ont le
droit de recevoir, comme ailleurs en régions aussi.
Par la suite, la commission reprendra ses travaux. Sinon, on est en
train de faire dans un autre sens le même processus qui mène
à la conséquence qui fait qu'on suspend actuellement.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je reconnais que
l'argumentation du député de Gouin est logique. Personnellement,
je n'ai pas d'objection à revenir à 16 heures. Mais il est bien
évident qu'à 16 heures il faudra avoir un rapport complet de la
situation et des intentions du ministre. Si c'est juste pour ajourner, cela ne
donne rien.
Je voudrais ajouter qu'en ce qui regarde notre formation politique, le
ministre doit être avisé honnêtement, franchement qu'on ne
reprendra pas les travaux de la commission tant et aussi longtemps que les
services ne seront pas légaux, normaux et acceptables. C'est clair?
Deuxièmement, M. le Président, on ne tolérera pas que
l'article 55 de la Loi sur l'Assemblée nationale, paragraphe 10, ne soit
pas complètement respecté, parce que je considère que la
situation va à l'encontre de l'article 55 de la Loi sur
l'Assemblée nationale, paragraphe 10, qui dit que les parlementaires
doivent légiférer en toute quiétude, sans pressions indues
de qui que ce soit. Cela, c'est clair.
M. Dutil: M. le Président, je voudrais
éviter...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît, je demande l'ordre dans la salle. S'il vous plaît,
je demande l'ordre dans la salle et, si des gens ont des excès de toux,
je vous demanderais de les avoir à l'extérieur, si vous pouvez
les prévenir. Mais, dans la salle, nous ne pouvons tolérer aucune
manifestation de quelque sorte et de qui que ce soit. Je vous demande donc
votre collaboration, s'il vous plaît.
M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je pense que les services
devraient être entièrement rétablis, au plus tard à
cinq heures. Ce que je suggère, c'est de suspendre jusqu'à un
maximum de cinq heures. Si, auparavant, les services sont entièrement
rétablis, je vous appellerai et nous pourrons recommencer nos travaux.
Je pense que le député de Gouin comprendra que toutes mes
énergies et tous mes efforts doivent être mis pour nous assurer
que les services soient repris. Donc, si, à 14 heures, ils ne
l'étaient pas, je pense que cela serait souhaitable que je demeure
à mon poste et que nous continuions notre travail. Oui. Donc...
Le Président (M. Bélanger): 17 heures ou 16
heures?
M. Dutil:... jusqu'à 17 heures. 17 heures, donc, au lieu
de 16 heures.
Le Président (M. Bélanger): Donc, à 17
heures, la séance reprendra ses travaux, la commission reprendra ses
travaux. Je vous remercie.
(Suspension de la séance à 13 h 22)
(Reprise à 17 h 20)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais à
chacun de bien vouloir reprendre sa place. Nous en étions à
l'article 149. 15, à l'amendement de l'article. Est-ce qu'il y a des
commentaires? M. le ministre.
M. Dutil: Alors, fa situation, actuellement, en province, c'est
que l'ensemble des services serait repris partout sur le territoire, sauf
à Montréal. À Montréal, il ne s'agit pas de savoir
qui a tort ou a raison, quant aux responsabilités du fait que le service
n'est pas accordé au niveau où il devrait l'être, mais nos
informations disent qu'il y a 24 ambulances et qu'il en faudrait 50 à 17
heures ce qui fait qu'il manquerait 26 ambulances. À 17 heures, le
nombre d'ambulances requis est moins considérable que le matin. Moi, M.
le Président, devant cette situation-là, devant les travaux que
j'ai à faire, devant le fait que les services essentiels travaillent sur
le dossier et devant l'importance de rétablir la situation avant de
pouvoir discuter du projet de loi, je demanderais l'ajournement jusqu'à
demain, à 10 heures.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Les
vérifications qui sont faites par l'Opposition sont à peu
près du même ordre, peut-être avec un nombre un peu plus
grand que celui annoncé par le ministre. Ce serait 38 ambulances qu'il
manquerait et 24 qui rouleraient. Chez certains employeurs, il y a des
individus qui ont accepté de faire un deuxième quart de travail
qu'on en a par exemple, une de plus ici et là. Il y a un seul petit
point, au Québec, à vérifier et j'ai donné cela au
ministre, c'est dans la région de Maniwaki, pas à Maniwaki
même, mais dans la zone de Gracefield, si ma mémoire est
fidèle.
Moi, devant la situation et compte tenu du fait que le ministre doit
absolument faire en sorte que les usagers de Montréal reçoivent
une qualité de service à laquelle ils ont droit dans les
circonstances, j'accepte d'appuyer cette motion d'ajournement en disant au
ministre, d'autre part, que, personnellement, je serais disponible en
soirée si jamais, de part et d'autre, on peut faire évoluer le
dossier sans pour autant siéger publiquement.
Je rappelle à cette commission que, de notre côté,
nous avons fait connaître au ministre notre point de vue sur un
dénouement possible quant au contenu de la loi 34 et, dès que les
services seront rétablis, je le ferais connaître publiquement, au
début de la commission, si le ministre me le permet. Comme Opposition,
on se déclare disponible mais dans des conditions normales où les
citoyens ne sont affectés, en rien, quant à la qualité des
services.
À ce que je sache, au moment où l'on se parle, il y a une
table de négociation, il y a un négociateur mandaté et,
normalement, c'est là que doivent se faire les négociations, tant
et aussi longtemps que les gens se parlent et que ce n'est pas là une
façon de faire, au contraire, personnellement, je considère que
c'est une erreur majeure de la part d'un groupe de pression, quel qu'il soit,
qu'il soit employeur, syndi- qué, travailleur. Au moment où les
législateurs ont à se pencher sur une législation et alors
que les règles du parlementarisme sont respectées, au moment
où les partis politiques en cause doivent s'affronter,
précisément, sur des idées - c'est le rôle du
Parlement - il est tout à fait aberrant, inacceptable et anormal,
d'être placé dans la situation dans laquelle nous sommes et je
suis heureux que le ministre ne tombe pas dans le piège de l'ajournement
périodique de deux heures encore, parce qu'il y en a qui pourraient se
bidonner du fait qu'ils ont non seulement les usagers de Montréal en
otage, mais le Parlement de Québec également. Ce serait
inacceptable, selon nos règles et, quant à moi, j'appuie cette
motion.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer ce
qu'il entend faire, d'ici demain matin, pour rétablir le service.
M. Dutil: Alors, M. le Président, le Conseil des services
essentiels regarde la situation et va certainement nous faire des suggestions
pour s'assurer que le service soit rétabli et que l'on
démêle les fils là-dedans, parce qu'il y a diverses
accusations de part et d'autre, a Montréal, pour dire que le tort n'est
pas du même côté, si les services ne sont pas
rétablis. Alors, je pense que la soirée va nous permettre de
démêler ces choses-là. Le Conseil des services essentiels
surveille le dossier et nous vous aviserons au fur et à mesure du
développement du dossier.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, est-ce que le
ministre est en mesure de nous garantir les pleins services pour les prochaines
heures?
M. Dutil: Je suis en mesure de garantir que nous allons faire
tous les efforts qui seront nécessaires pour que les pleins services
soient accordés à la population de Montréal et de la
province - les services dans la province étant rétablis, donc
pour Montréal - pour ce qui est des services ambulanciers.
M. Rochefort: M. le Président, je me permets un
commentaire. Le rôle que j'occupe est, par définition, non
partisan à l'endroit du ministre. Mais je veux quand même lui dire
ma grande surprise que, depuis dix heures ce matin, on soit à remettre
des ambulances sur la route et qu'il y en ait même une de moins que ce
matin. On nous a dit qu'il y en avait 25 ce matin, sauf erreur. On doit bien
être en mesure de faire quelque chose.
Je suis un peu surpris que la journée de suspension de nos
travaux n'ait pas donné de résultat du côté du
rétablissement des services à Montréal. On se retrouve
même avec une unité de moins que ce matin. Je veux bien qu'il y
ait
ajournement, mais est-ce que la nuit va être plus efficace que le
jour? Je ne sais pas. Mais j'avoue honnêtement que je suis surpris
d'entendre que le Conseil des services essentiels surveille et étudie le
dossier.
On sait qu'il y a un certain nombre de mécanismes. Il y a des
interventions de différentes natures qui peuvent et qui doivent
être prises. Sauf que ce que j'observe, c'est que depuis dix heures ce
matin - cela veut dire que cela fait sept heures - on est censés
remettre en service le transport ambulancier à Montréal, sans
succès. J'imagine qu'il ne faudrait pas qu'on se retrouve dans la
même situation demain, sinon il va falloir s'interroger sur les gestes
posés ou non.
M. Dutil: M. le Président, demain il y aura une
période de questions. J'imagine que ce sera un sujet qui reviendra
à la période de questions.
M. Rochefort: C'est qu'au-delà de la période de
questions, ce n'est pas le match parlementaire qui est intéressant,
c'est le service à la population.
M. Dutil: J'ai dit au député de Gouin que nous
ferons tous les efforts et que nous prendrons toutes les mesures possibles pour
nous assurer que le service soit rétabli. C'est ce que nous avons fait
dans le courant de la journée. D'ailleurs, en province, nous avons
obtenu les résultats escomptés.
M. Rochefort: Ce qui ne me rassure pas, c'est quand vous me
dites: C'est d'ailleurs ce qu'on a fait au courant de la journée.
J'observe qu'à Montréal, le résultat est de moins un,
alors c'est inquiétant pour la nuit.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, il y a un problème
dans ce que le ministre vient de dire. C'est que la période de questions
est à quinze heures, si ma mémoire est fidèle, demain
après-midi. Donc, à dix heures, demain matin, nous sommes
convoqués, selon un ordre de la Chambre.
Le Président (M. Bélanger): Sur un ordre de la
Chambre, oui.
M. Dutil: De toute façon, M. le Président, je
suggère de me tenir en contact avec le chef de l'Opposition et le
député de Gouin sur l'évolution du dossier au cours de la
soirée.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut nous dire à ce
stade-ci s'il entend convoquer la commission ou aviser la présidence de
la commission pour qu'elle nous convoque, si la situation n'a pas changé
demain matin?
M. Dutil: M. le Président, nous allons travailler en
soirée et nous verrons de quelle façon se rétablit la
situation. À ce moment, nous aviserons. Quoi qu'il en soit,
j'apprécie l'offre du chef de l'Opposition, tout à l'heure. Nous
suspendons nos travaux jusqu'à demain, bien sûr. Mais à
neuf heures, si la situation est rétablie, nous pourrons discuter en
dehors de la commission pour voir les diverses alternatives et l'ouverture
présentée sur ce projet de loi.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Si je comprends bien,
demain à neuf heures, il y aura une séance de travail. Non? C'est
une rencontre informelle?
M. Chevrette: Demain, à dix heures, on vous avise si on
est ici ou pas.
Le Président (M. Bélanger): Donc, demain à
dix heures, la commission va siéger. On ajourne nos travaux à
demain, dix heures. S'il y a des changements ou des modifications, on verra
à aviser à ce moment. Je vous remercie. La séance est
close.
(Fin de la séance à 17 h 29)