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(Onze heures cinquante-quatre minutes)
Le Président (M. Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 34, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux et d'autres dispositions législatives. Est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Blais
(Terrebonne) sera remplacé par M. Claveau (Ungava), Mme Harel
(Maisonneuve) par Mme Blackburn (Chicoutimi), Mme Juneau (Johnson) par M.
Jolivet (Laviolette), M. Latulippe (Chambly) par M. Poulin (Chauveau).
Le Président (M. Bélanger): Bien.
La Secrétaire: Mme Harel n'est pas remplacée pour
l'instant.
Le Président (M. Bélanger): On va avoir la
réponse dans cinq minutes.
M. Chevrette: On pourrait suspendre le remplacement de Mme Harel
pour cinq minutes.
Le Président (M. Bélanger): On va le savoir dans
cinq, dix minutes. D'accord, il n'y a pas de problème. Nous en
étions à l'article 149. 15.
M. Dutil: M. le Président, j'aurais une suggestion
à faire.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
Loi sur les services de santé et les services
sociaux (suite)
La Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain (suite)
M. Dutil: On avait parlé de la qualité hier. Vous
vous rappelez, on avait dit: Nos légistes vont regarder de quelle
façon on pourrait faire la formulation. Pour permettre à
l'Opposition de regarder la suggestion que nous ferons, on pourrait
peut-être transmettre l'amendement suggéré. Ils pourraient
le regarder pendant que nous discutons de l'article 149. 15.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
des copies pour les faire circuler? Cela voudrait dire qu'on retire les
modifications qu'on a faites avant et qu'on procède avec cette
dernière version.
M. Dutil: Pour l'instant c'est une transmission et cela permettra
à l'Opposition d'en juger. On verra quand on reprendra la discussion
là- dessus, de quelle façon on procède.
Le Président (M. Bélanger): Nous en étions
donc à l'article 149. 15.
M. Dutil: J'ai une suggestion en ce qui concerne les articles
149. 15 à 19, étant donné que ce sont des articles qui
sont liés. Je suggérerais que l'on fasse la discussion article
par article sans les voter, qu'on procède, donc, paragraphe par
paragraphe, de telle sorte qu'on puisse voir le lien comme si c'était le
même article et après cela on pourra les adopter, amendés
ou non, selon les discussions que nous aurons eues.
Le Président (M. Bélanger): Bien, est-ce qu'il y a
consentement?
M. Dutil: Mon intention, M. le Président, est de ne pas
vider la discussion sur un article parce qu'on irait voter et éviter que
l'Opposition nous dise: On ne peut pas voter sur l'article que vous nous
présentez. Peut-être qu'il est bon, mais, étant
donné les autres articles qui s'en viennent, on n'est pas en mesure
d'apprécier. C'est dans ce sens-là que je fais ma suggestion.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, est-ce que vous acceptez cette proposition du
ministre?
M. Chevette: Oui, c'est seulement l'adoption qu'il ne fait
pas.
M. Dutil: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Oui, alors on reviendra
après et on fera l'adoption article par article. Bien. Donc, l'article
149. 15 se lisait comme ceci: "La corporation peut conclure avec tout
propriétaire d'ambulances, autre qu'une municipalité, un contrat
de location au terme duquel le propriétaire met à la disposition
exclusive de la corporation des ambulances aux points de services et selon les
horaires qu'elle détermine. " Sur cet article, est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre.
M. Dutil: Sur cet article, vous voyez qu'on a ajouté deux
choses. On a ajouté "autre qu'une municipalité" et on a
ajouté la notion d'exclusivité. Les deux ont fait l'objet de
discussion à notre commission dans le passé. L'exclusivité
a fait l'objet d'une première discussion, on se le rappellera, et le
libellé ne satisfaisait pas le député de Gouin. Si vous
vous rappelez bien, M. le Président, on avait suspendu l'article
à ce moment-là, on vient de retirer l'amendement pour le libeller
d'une façon qui, à notre point de vue, à ce moment-ci
devrait
satisfaire les diverses interrogations qui avaient été
soulevées plus particulièrement par le député de
Gouin.
Quant au fait d'ajouter "autre qu'une municipalité", c'est pour
rejoindre une crainte qu'il y avait que les contrats soient accordés
à des municipalités plutôt qu'aux propriétaires
actuels.
Quant à savoir s'il doit y avoir des municipalités dans le
système ou non s'il n'y a pas de contrôle de permis en vigueur et
que, donc, il n'y a pas de bassin préférentiel, je pense que
c'est un autre débat qu'on va retrouver plus loin et qu'il va falloir
faire parce qu'il est très important. (12 heures)
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Au moment où on
discutait de cela, la première journée qu'on a travaillé
sur le projet de loi, on parlait de trouver une formule pour s'assurer que ce
soit l'ensemble des ambulances appartenant à un même
propriétaire qui fasse l'objet d'un contrat. Par exemple, s'il y a 20
ambulances disponibles, on ne voulait pas qu'on fasse trois contrats engageant
différemment les 20 ambulances. À mon sens, cet aspect de
l'exclusivité n'est pas couvert...
M. Dutil:... n'est pas couvert par l'article 149. 15.
M. Claveau:... par l'article 149. 15.
M. Dutil: Vous avez raison, c'est par les articles 149. 16 et
suivants qu'on va faire cette couverture, d'où ma suggestion, tout
à l'heure, de vider la question du premier alinéa sans
l'adopter.
M. Claveau: Cela va.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 149. 15?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Hier soir, on s'est mis à discuter sur la
partie des municipalités. J'ai posé une question au ministre qui
était la suivante: Y a-t-il des municipalités sur le territoire
actuel du CRSSS-MM ou de Urgences-santé qui ont des permis? Et le
ministre m'a répondu non.
M. Dutil: Non, effectivement, M. le Président, et cela va
nous amener à suggérer de reporter l'article 149. 18 à la
province parce que, par contre, dans la province, cette situation existe.
M. Chevrette: C'est pour cela que je demanderais au ministre:
Comment peut-il suggérer à l'article 149. 15: "La corporation
peut conclure avec tout propriétaire d'ambulances autre qu'une
municipalité... " Pourquoi sent-il le besoin de dire "autre qu'une
municipalité" à l'article 149. 15, s'il n'y en a pas? D'autant
plus qu'il vient d'affirmer, par cet article, qu'il assure l'exclusivité
à tous ceux qui sont là présentement, sans qu'une
municipalité puisse s'en prévaloir? Puisque vous dites: On prend
les propriétaires qui sont en place et on négocie de gré
à gré, on décrète - là, c'est sa formule...
Comment peut-il... ? Est-ce que c'est une porte ouverte à la
possibilité d'avoir des municipalités? Rappelez-vous la
discussion qu'on a eue antérieurement sur la notion de pouvoir confier
à des municipalités... Il y a un article qui disait ceci - je ne
me souviens pas du numéro par coeur: On pourrait confier à des
municipalités le soin de s'organiser autrement ou d'avoir une
qualité accrue ou je ne sais trop quoi. Cela avait été
tout le débat, même en deuxième lecture, on en a souvent
parlé. Le ministre se rappellera qu'on a souligné que les
municipalités riches pourraient se doter de services différents
et, sur un même territoire, on aurait une inéquité dans les
services ambulanciers. Je veux savoir exactement pourquoi le ministre introduit
la notion "autre" pour le moment? Est-ce que c'est parce qu'il se
réserve le droit de légiférer différemment en ce
qui regarde une municipalité qui déciderait de se doter d'un
système ambulancier?
M. Dutil: La raison pour laquelle nous mettons "autre qu'une
municipalité", c'est pour assurer que ceux qui ont actuellement des
permis et qui auront des contrats ne puissent pas être exclus du
système ou lésés et que leur bassin
préférentiel demeurera constamment celui qu'il est actuellement.
Cela est le premier point.
Quant à la deuxième partie de la question, nous croyons -
et je pense qu'il faudra faire un débat sur l'article concerné -
effectivement qu'il n'y a pas lieu d'interdire, après que le bassin
préférentiel a été fait, à des
municipalités qui, par exemple, détiennent déjà un
permis - ce n'est pas le cas à Montréal, je l'ai
précisé tout à l'heure, mais c'est le cas dans d'autres
provinces, donc, cela existe, ce n'est pas un phénomène nouveau.
J'en profite pour dire qu'il y a des endroits dans la province, entre autres,
un endroit très connu et très apprécié pour son
dynamisme et sa façon de procéder, la Beauce, où un
regroupement de municipalités exploite des ambulances, avec le centre
hospitalier. Pour ne pas interdire à celles qui ont déjà
des permis, à celles qui souhaiteraient acheter des contrats... C'est
une transaction qui peut se faire entre des entreprises et une
municipalité, d'ailleurs cela donne aux entreprises une alternative de
transaction supplémentaire - et je pense que, dans ce sens-là,
cela renforce même la valeur de leur
permis ou de leur contrat - à une municipalité d'acheter,
si elle le désirait, et, aussi, à une municipalité
où les services seraient insuffisants, où il n'y aurait pas
d'entreprise privée qui souhaiterait, par exemple - cela aussi peut se
produire surtout dans des régions à plus faible densité -
exploiter un système, la possibilité de le faire. Cela nous
apparaît des avenues utiles.
Et quant à la question particulière de la richesse d'une
municipalité par rapport à une autre, bien sûr, on peut se
référer, par exemple, à une municipalité dans le
coeur de l'île de Montréal plus riche qu'une autre qui pourrait
s'offrir des services plus considérables que d'autres. Moi je pense que
ce qui est important, c'est que le service de base accordé soit le
même partout et que ce que paie l'État pour ce service-là
soit la même chose partout. Mais si une municipalité, prenons, par
exemple, la ville de Laval, M. le Président - une ville que vous
connaissez bien - il pourrait arriver que la ville de Laval dise: Bien, nous
serions intéressés à négocier avec l'actuel
détenteur de permis ou de contrat une acquisition, puisqu'on a des
casernes et des possibilités de coordination avec les pompiers, parce
qu'il arrive souvent que les ambulances et les pompiers doivent travailler
ensemble, ou avec les policiers, parce qu'il arrive souvent que les ambulances
et les policiers doivent travailler ensemble. On estimerait favorable que ce
soit nous qui exploitions cela, aux mêmes conditions fixées par le
gouvernement, c'est-à-dire qu'ils doivent remplir le minimum de
qualité et avoir les mêmes revenus. Si par la suite une
municipalité désire, elle, bonifier son service, d'autre part, et
quand on parle de service, ce peut être la fourniture des casernes, ou
une meilleure coordination avec les pompiers, ou une relation directe avec le
911 - on sait qu'à Laval le 911, c'est la municipalité qui l'a...
En tout cas, il y a une foule de possibilités qu'il ne serait pas sain,
à mon point de vue, d'éliminer du décor, pour autant qu'on
préserve les droits et privilèges des corporations actuellement
détentrices de permis et qui seront détentrices de contrats
lorsque la loi sera adoptée.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Mais le débat de fond se fait quand
même là. Si vous accordez l'exclusivité aux
propriétaires, aux détenteurs de permis, selon la formule qui a
été.... Si c'est basé là-dessus, les CRSSS ont un
rôle à jouer pour délimiter le nombre de permis possibles
dans une région. Toute l'argumentation que vous faites c'est sur la
transaction des permis.
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Ce n'est pas en ce qui a trait au fait que vous
n'offrez plus l'exclusivité. Vous pourriez offrir l'exclusivité
à, je ne sais pas comment il s'appelle, je n'ai pas le nom d'un
propriétaire en tête, mais vous négocieriez de gré
à gré avec. Le lendemain, la ville de Laval l'achète. Cela
ne change rien, elle achète les permis et les véhicules de telle
compagnie et c'est avec la ville de Laval que vous négocieriez, à
ce moment-là, de gré à gré, selon la
procédure, avec laquelle je ne suis pas d'accord, mais que vous
proposez. Mais cela ne change rien. Votre argumentation n'est pas dans le sens
que vous avez modifié quelque chose là-dessus. Moi, ce que je ne
veux pas qu'il y ait une inéquité dans les services ambulanciers
sur un même territoire, dans une région. Et vous ouvrez la porte
à cela dans l'article 149. 15. À moins que vous me fournissiez un
argument autre que celui d'une transaction. Une transaction, que ce soit avec
une corporation municipale, que ce soit avec une corporation formée en
vertu de la deuxième partie de la Loi sur les compagnies, que ce soit
dans le cas d'un propriétaire unique qui achète un commerce, cela
ne change rien à la portée de l'article 149. 15...
M. Dutil: C'est cela.
M. Chevrette:... en ce sens que vous allez transiger à ce
moment-là avec l'individu qui est le propriétaire ou le
détenteur des permis d'exploitation. Mais l'exclusivité n'est pas
rattachée au nom d'un individu; l'exclusivité est
rattachée au nombre de permis d'une compagnie, qui peut faire l'objet de
dix transactions au cours d'un an et cela ne change rien.
M. Dutil: Bon, donc le chef de l'Opposition considère
qu'une transaction entre un actuel détenteur de permis ou de contrats,
si la formule est adoptée, avec une municipalité serait possible.
Est-ce que je comprends... ?
M. Chevrette: Ce serait possible au même titre que
n'importe quoi.
M. Dutil: Au même titre, sauf qu'à partir de ce
moment-là, c'est une municipalité qui donne le service. On le
veut bien et...
M. Chevrette: C'est une municipalité qui conclut... Dans
le cas de Montréal, oublions le reste de la province pour le moment,
parce qu'on est au chapitre des pouvoirs de la corporation, M. le ministre, et
vous me répondez avec une argumentation pour le reste du Québec.
Je vous parle avec une argumentation exclusivement pour Montréal.
M. Dutil: Pas du tout.
M. Chevrette: Oui, et je vais vous expliquer pourquoi. Sur
l'île de Montréal, avec la nouvelle corporation, quand bien
même que la ville de
Laval s'approprierait les contrats de, je ne sais pas, Desrochers ou
Durocher ou Lépine, admettons que c'est Lépine, la ville de Laval
ne sera pas patronne des employés, des techniciens ambulanciers. C'est
la corporation qui est la patronne des techniciens ambulanciers. La ville de
Laval se trouve, au même titre que les autres propriétaires, parmi
les gens qui négocient - selon votre formule que je n'accepte pas, mais
que vous proposez - de gré à gré avec vous et qui ont un
décret si cela ne marche pas. C'est bien cela? Donc, pourquoi mettre
là le mot "municipalité" si vous n'avez pas quelque chose entre
les deux oreilles qui vise quelque chose?
M. Dutil: Bon, alors, je m'explique pour terminer mon
argumentation de tout à l'heure. Si la ville de Laval achetait les
contrats de location de véhicules et qu'elle les exploitait de la
même façon qu'une autre corporation, c'est-à-dire sans
tenter de bonifier le système, la seule différence qui se
produirait dans cette situation-là, c'est qu'au lieu d'être un
propriétaire privé ce serait une ville qui aurait les contrats de
location. On est bien d'accord jusque-là. Sauf, qu'à partir de ce
moment-là, la ville de Laval pourrait décider de bonifier le
service à côté. Elle pourrait décider cela. J'ai
mentionné la question des casernes. C'est un exemple. Notre
système pourrait dire: Pour l'instant, ni le gouvernement ni la
corporation ne font des casernes partout comme cela pourrait être
souhaitable ou souhaité. Mais est-ce que la ville de Laval ne pourrait
pas dire: Nous autres on est prêts à le payer par exemple, parce
qu'on en a déjà. Est-ce qu'il y a moyen de s'entendre avec
Urgences-santé quant aux points de services. Il faut des points de
services pour que cela concorde, si c'est possible et si cela ne diminue pas le
temps-réponse, et ainsi de suite.
M. Chevrette: Oui, mais on parle de deux choses
différentes. Qu'un propriétaire vous offre son garage et qu'un
propriétaire vous offre de les laver tous les matins, c'est une affaire.
Ce n'est pas de cela que je discute. Je vous dis que la corporation, le jour
où elle est légalement constitutée, elle devient
propriétaire des individus, il y a un transfert de personnel. La
corporation loue des véhicules. On se comprend bien? Ce sont des
locateurs de véhicules. Que cela s'appelle la ville de Laval ou je ne
sais trop quoi, n'importe quel propriétaire, devient locateur de
véhicules. Qu'ils vous offrent d'avoir un garage ou qu'ils vous offrent
d'avoir un arrosoir tous les matins ou bien un "carwash" pour que cela passe
aux heures, ce n'est pas... Ce que je veux dire là-dessus c'est qu'il
n'y a aucune municipalité du territoire du CRSSS ou
d'Urgen-ces-santé qui, le lendemain matin, peut modifier la nature et le
genre de services offerts à la clientèle. Peut-être que
certains propriétaires vous en donneraient plus que d'autres en termes
d'entretien, je ne sais pas. Je comprends bien que la proposition du ministre
ne modifie en rien la nature des services d'une place à l'autre. Que ce
soit à Laval ou dans le West Island, que vous soyez pauvres ou riches,
c'est un service ambulancier ou préhospitalier d'égale valeur
pour l'ensemble du territoire de la corporation et rien, dans la
présente loi, ne devrait modifier cette perception ou cette conception
des services.
M. Dutil: Je pense que l'on s'entend sur l'équité
des services. Quant à la présence possible d'une
municipalité ou non, est-ce que le chef de l'Opposition pense qu'on
devrait l'exclure? Est-ce qu'une municipalité, à son avis, ne
pourrait pas faire une transaction et détenir les permis?
M. Chevrette: Juridiquement on ne pourrait pas. On ne peut pas,
par une loi...
M. Dutil: Empêcher une transaction.
M. Chevrette:... empêcher une transaction qui
relève...
M. Dutil: Bon cela va.
M. Chevrette:... de nos tribunaux civils. S'ils veulent
transiger, ils transigent. Quant à moi, que cela s'appelle Laval,
Westmount ou Outremont c'est la même chose vis-à-vis de la
corporation. Que Laval devienne propriétaire d'une flotte d'ambulances
ou bien qu'un propriétaire actuel possède une flotte
d'ambulances, cela ne change absolument rien par rapport aux obligations
vis-à-vis de la nouvelle corporation. Elle n'a pas un employé.
Que ce soit une ville, que ce soit une corporation, que ce soit un groupe, que
ce soit une coopérative, que ce soit n'importe qui, c'est exclusivement
un propriétaire de tôle. À ce moment-là, pourquoi
ouvrez-vous la porte, à l'article 149. 15, en disant qu'il pourrait y
avoir autre chose pour une municipalité? (12 h 15)
M. Dutil: En tout cas on estime que d'avoir ajouté "autre
qu'une municipalité" n'apporte rien de plus au texte, sinon que de
repréciser une chose. Si c'est le seul point qui dans le texte - et
c'est pour cela que j'avais proposé de pouvoir ne pas les voter - fasse
difficulté, on pense que d'enlever "autre qu'une municipalité"
qui n'était pas là initialement, je vous le rappelle, ne change
pas fondamentalement la loi et que l'on pourrait s'il n'y a pas d'autres
questions dans...
M. Chevrette: II y en a d'autres, mais...
M. Dutil: Alors on pourrait passer à une autre question
qui concerne l'article 149. 15 et la vider.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous annoncez là-dessus?
M. Dutil: Ce que j'annonce c'est que le fait d'enlever "autre
qu'une municipalité", à notre avis, ne change rien et qu'on
pourrait ne pas l'inclure. Autrement dit, nous pourrions amender notre
amendement et ne pas le mettre. On ne pense pas que cela ait d'autres effets
que celui de rassurer les propriétaires actuels.
M. Chevrette: M. le ministre, il ne faudrait pas non plus fermer
la possibilité de vendre.
Comme vous le dites... C'est votre propre exemple. Je vais partir de
votre propre exemple.
M. Dutil: Je ne le ferme pas.
M. Chevrette: Non, mais vous êtes parti de la ville de
Laval. Vous avez dit: Ils pourraient, parce qu'ils ont des garages, vouloir se
porter acquéreurs de la flotte.
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Donc, cela pourrait être une
municipalité, alors pourquoi est-ce qu'on dirait "autre qu'une
municipalité", à ce moment-là, si vous dites que c'est
mieux logé, que c'est plus proche des points de services, que c'est ci
ou que c'est ça? C'est une transaction matérielle, parce qu'on
dit bien: "La corporation peut conclure avec tout propriétaire
d'ambulances... " Propriétaire peut englober n'importe quel type de
propriétaires: OSBL, municipalité, tout le "kit". La corporation
pourrait même... Je vous donne un exemple: si vous laissiez le mot
"offrir" qu'on avait dans le projet initial, la corporation pourrait même
acheter des véhicules, acheter les permis et graduellement gonfler sa
flotte et être la seule à pouvoir fonctionner sur l'île de
Montréal. Ce ne serait pas incompatible si vous lui donniez le pouvoir
de le faire, mais elle peut le faire en achetant d'une municipalité,
d'une coopérative, de n'importe quel propriétaire.
Le Président (M. Bélanger): Juste avant, j'aurais
peut-être une question, M. le député de Joliette. J'entends
bien, mais je ne suis pas sûr que je saisisse toujours bien, alors pour
les fins du débat...
M. Chevrette: II y a une différence entre entendre et
comprendre bien.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Si je vous
demandais: Là-dessus, quelle serait votre proposition de formulation
sans qu'elle soit formelle?
M. Chevrette: C'est parce que j'ai essayé de savoir
d'abord pourquoi le ministre le mettait, parce qu'on ne met pas quelque chose
dans une loi sans savoir pourquoi on le met.
M. Dutil: J'ai expliqué cela, M. le Président.
M. Chevrette: C'était, d'abord, mon but de le voir, mais
je m'aperçois que l'argumentation du ministre n'est pas contraire
à ce que je dis. Il n'avait pas l'intention... Il voulait
peut-être leur ouvrir la porte pour le bonifier. S'il veut leur ouvrir la
porte pour une bonification de services de soins préhospitaliers
"extra", ce n'est pas là, d'après moi, que cela doit aller et on
ne doit pas, à l'intérieur de l'article 149. 15, empêcher
des transactions. Je ne vois pas pourquoi, parce que vous avez un exemple dans
le reste du Québec où il y a toutes les gammes, c'est dans la
Beauce où il y a des organismes sans but lucratif avec des centres
d'accueil, il y en a d'autres qui sont branchés sur un centre
hospitalier, il y en a d'autres où ce sont les municipalités
ensemble qui ont mis de l'argent, puis il y a des propriétaires
privés.
Le Président (M. Bélanger): Alors en enlevant
"autre qu'une municipalité" cela règle le problème.
M. Dutil: Et on facilite peut-être les transactions des
propriétaires actuels, parce que cela leur donne un acheteur potentiel
de plus, puisque cette réserve-là n'y est pas. C'est comme cela
que je l'interprète.
M. Chevrette: C'est une réserve de taille, surtout quand
on les exproprie sans droit.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je voudrais...
M. Dutil: On ne parlait pas d'expropriation, on parlait de
permettre des transactions à la pleine valeur...
M. Chevrette: On va s'en parler tout de suite après.
M. Dutil:... et le fait d'ajouter un acheteur potentiel, vient
bonifier le prix potentiel des transactions.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: À mon point de vue, cela va au-delà de
ça. Pour le principe de la transaction, d'accord, mais à partir
du moment où on reconnaît, en réaction à cet
article-là, par le fait même, qu'une municipalité peut
avoir des ambulances, donc on ne l'exclut pas, et qu'elle peut avoir des
ambulances et les exploiter autrement que par contrat, cela veut dire qu'elle
pourrait, à la limite, avoir sa propre répartition, ses propres
critères de qualité, son propre personnel en l'embauchant selon
ses propres critères de qualité. Cela veut dire qu'on ouvre la
porte à tout ça dans la mesure où on reconnaît
qu'une municipalité peut être propriétaire
d'ambulances et qu'elle va même les exploiter sans signer de contrat avec
la corporation. Alors, il va falloir qu'elle les exploite d'une façon ou
d'une autre. A ce moment-là, cela permet d'établir, à
toutes fins utiles, un deuxième système à
l'intérieur d'un système global qu'on voulait étanche,
comme le ministre voulait le dire justement. On ouvre la porte à toutes
sortes d'autres possibilités.
Il y a une question que je voudrais poser au ministre, puisqu'il a
parlé de cette possibilité: Est-ce qu'il y a actuellement des
demandes de municipalités sur le territoire de la Communauté
urbaine de Montréal qui seraient intéressées à se
porter acquéreurs d'un service ambulancier? Est-ce que la demande existe
actuellement? Est-ce que des municipalités ont fait valoir leur
intérêt d'être propriétaires de leur service
ambulancier?
M. Dutil: Actuellement, ce qui existe, ce sont des
municipalités ou des regroupements de municipalités, comme le
spécifiait le chef de l'Opposition.
M. Claveau: Mais sur le territoire de la Communauté
urbaine de Montréal?
M. Dutil: Pardon?
M. Claveau: Sur le territoire couvert par la corporation.
M. Dutil: Non, on n'a pas de demande actuellement à cet
effet.
M. Claveau: II n'y a aucune demande à ce chapitre qui
traîne dans les parages.
M. Dutil: Non. D'ailleurs, je l'ai précisé tout
à l'heure. Il n'existe pas de permis et il n'y a pas de demande
actuellement. Toutefois, on se demandait: Pourquoi fermer la porte? Ce que le
chef de l'Opposition nous dit, c'est qu'on est en train de fermer une porte
qu'il ne faudrait pas fermer. C'est ce qu'il nous dit. Est-ce que je comprends
bien?
M. Claveau: On est en train de...
M. Chevrette: C'est sur le plan des transactions entre
corporations que je pense qu'on ferme une porte inutilement.
M. Dutil: Bon, alors je me rends à l'argumentation du chef
de l'Opposition et je pense qu'on devrait enlever "autre qu'une
municipalité".
M. Chevrette: Donc on préparera un amendement dans ce
sens-là.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors l'article
149. 15 se lirait comme ceci - on ne l'adopte pas, mais juste pour se compren-
dre - "La corporation peut conclure avec tout propriétaire d'ambulances
un contrat de location au terme duquel le propriétaire met à la
disposition exclusive de la corporation des ambulances aux points de services
et selon les horaires qu'elle détermine. " Cela va?
M. Chevrette: Oui.
M. Dutil: Alors on pourra entreprendre la discussion sur l'autre
partie du paragraphe.
M. Chevrette: Mais on s'entend bien, M. le ministre, que cela ne
veut pas dire que cela modifie le type de services parce qu'on a enlevé
le mot "municipalité".
Le Président (M. Bélanger): Non, on le revoit
à 149. 18.
M. Chevrette: En d'autres mots, ce n'est pas parce qu'une
municipalité du territoire du CRSSS se porterait acquéreur d'une
flotte d'automobiles et qu'elle ferait une transaction, qu'elle aurait le droit
de déroger au type de services, à la qualité de services,
aux standards de services de la corporation nouvellement
créée.
Le Président (M. Bélanger): 149. 18 couvre cela
très bien.
M. Dutil: La question du chef de l'Opposition est en termes de
bonification. Évidemment, elles ne pourraient pas aller en dessous si
elles étaient propriétaires, donc c'est en termes de bonification
selon l'inquiétude. Pour ma part, je pense qu'il faut réserver ce
débat pour plus tard, parce qu'on devra le faire dans l'un des articles,
pour la raison que j'ai mentionnée tout à l'heure.
Il existe, et c'est en dehors de la région de Montréal,
des situations où les municipalités participent
financièrement à cette bonification. Elles reçoivent la
même chose de l'État, elles ne sont pas favorisées par
l'État quant à la redistribution de la richesse, mais elles
choisissent des modèles différents et de la coordination
différente en termes de services d'urgence. Je tiens à
préciser services d'urgence plutôt que préhospitaliers
d'urgence parce qu'il y a des endroits où la protection civile et les
services ambulanciers travaillent en étroite collaboration, sont
fortement imbriquées. J'ai donné des exemples avec la police et
les pompiers tout à l'heure. Il y a des endroits où ces
modèles se sont aussi développés et sont sains à
mon avis.
Mais, là, il y a une participation municipale à une
bonification des services d'urgence et, si on voulait aller essayer de
démêler cela, à savoir si cet argent-là va vers la
bonification d'un service que l'État veut assurer de façon
égalitaire partout et s'il faut démêler les budgets pour
savoir si cela va aux soins préhospitaliers d'urgence, au transport
ambulancier, à la protec-
tion civile, à la police ou aux pompiers, ce serait inexplicable.
C'est pour cela qu'on a une bonne discussion à avoir sur la
volonté municipale d'offrir des services qu'elle estime adéquats
pour ses citoyens, en plus d'un système qui est, lui, par ailleurs,
égal sur tout le territoire de la province.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Juste une question. Cet article fait donc allusion
à la possibilité de transfert de propriétés. On dit
que le contrat est lié au permis et non pas au véhicule ou au
propriétaire. À ce moment-là, est-ce qu'il peut permettre,
et c'est une question de comportement si vous vouiez, mais est-ce que cela peut
vouloir dire que, dans la mesure où on ne fait plus de gestion de
personnel, mais de la gestion de tôle, de véhicules,
d'équipement, on pourrait assister, dans les prochains mois ou les
prochaines années, à des rachats et des centralisations de la
part, par exemple, d'une compagnie de location de véhicules, comme
Hertz, Tilden ou autres? Mais supposons qu'une société comme
Lavalin, dans le but de développer une expertise pour conquérir
de nouveaux marchés étrangers dans le domaine des soins
infirmiers ou dans cette catégorie d'activité, soit
intéressée à racheter des contrats et après cela
à passer des ententes globales avec la corporation. Ce sont des choses
qui pourraient se produire.
M. Dutil: Oui, effectivement. D'ailleurs cela s'est produit dans
le passé. Il y a beaucoup moins de transporteurs ambulanciers surtout
dans la région de Montréal. Est-ce que je me tromperais en disant
qu'il y en a déjà eu plus de 20? D'ailleurs on voit qu'il y a 17
compagnies qui sont détenues par 7 propriétaires actuellement
parce qu'il y a des transactions qui se sont faites sans enlever...
M. Chevrette: La raison sociale.
M. Claveau: D'accord, ils ont gardé les noms.
M. Dutil:... la raison sociale des compagnies. Il y a des
propriétaires qui ont trois ou quatre compagnies d'ambulances
actuellement, parce qu'ils ont fait des acquisitions de ce genre-là. Et
il ne serait pas d'intérêt pour les entreprises actuelles que nous
empêchions ces transactions-là. Elles sont libres. Est-ce qu'il y
aura des regroupements comme il y a eus dans le passé ou, au contraire,
est-ce qu'il y aura des divisions? Je ne le sais pas. Sauf que le
système semble plus porté actuellement à aller vers des
regroupements.
M. Claveau: Ce que je veux dire c'est que dans la mesure
où maintenant les contrats sont uniquement en ce qui concerne la
fourniture des équipements, du matériel, on risque de voir
apparaître de nouveaux intéressés, de nouveaux clients. GM
pourrait même être intéressée, à la limite,
à avoir sa propre flotte d'ambulances et à racheter des permis.
En tant que producteur d'ambulances elle-même, elle peut dire: Cela
pourrait être intéressant d'avoir une filiale en location
d'ambulances.
M. Dutil: Oui, mais il faut bien...
M. Claveau: On a des nouveaux clients qui peuvent
apparaître dans le système.
M. Dutil:... préciser qu'ils doivent acquérir,
à ce moment-là...
M. Claveau: Les permis. Oui, racheter les permis.
M. Dutil:... la flotte des détenteurs de contrats. Il est
bon d'expliquer comment ça se passait auparavant. Quand les gens qui
détiennent des permis vendent, ils vendent leur entreprise et ils
retournent leur permis au ministère. Il faut comprendre cet
aspect-là. Ils retournent leur permis au ministère. Le
ministère vérifie si celui qui a fait l'acquisition est capable
de fournir les services. Le ministère n'est pas obligé de donner
le permis à celui qui vient de faire l'acquisition. Sauf
qu'évidemment, dans les clauses de transaction, il est toujours
prévu que la transaction est conditionnelle à ce que le
ministère réaccorde le permis au nouveau détenteur, mais
le ministère n'est pas obligé. Je vois le chef de l'Opposition
qui le confirme de la tête....
M. Claveau: Comme dans les télécommunications
d'ailleurs avec le CRTC.
M. Dutil: Oui, comme dans n'importe quoi. Sauf que ce n'est pas
arrivé ou c'est arrivé d'une façon tellement rarissime que
le ministère ait refusé de transmettre le permis au nouvel
acquéreur que l'impression que l'on a actuellement c'est que, quand il y
a une transaction, on vend les permis. Mais ce ne sont pas les permis que l'on
vend, c'est l'entreprise qui est vendue avec la demande au ministère
d'autoriser le transfert du permis. Ce que le ministère n'est pas
obligé de faire.
Le Président (M. Bélanger): Bien, sur 149.
15...
M. Chevrette: Un instant. Juste une autre question au ministre.
M. le ministre, est-ce que vous faites une distinction entre une
municipalité sur le territoire du CRSSS ou d'Urgences-santé par
rapport à une municipalité en dehors du territoire de la
corporation? Parce que vous avez développé une argumentation
à la fin, ce qui a allumé une lumière, alors que vous avez
dit
qu'il faudrait faire un débat sérieux sur le rôle
que pourrait jouer une municipalité dans le transport
préhospitalier. Mais, par la création de cette corporation, je
considère qu'à Montréal le débat se trouve clos en
ce qui regarde les municipalités. A Montréal, le rôle des
municipalités à mon sens ne se limiterait qu'exclusivement,
éventuellement - si vous faites l'amendement et que vous le
déposez - à l'achat possible d'une flotte d'ambulances. Parce
qu'on a décidé que sur le territoire du CRSSS de Montréal
ou d'Urgen-ces-santé, l'exclusivité des services était
donnée non pas aux municipalités ni au CRSSS, mais à une
corporation.
M. Dutil: M. le Président, on ne parle plus de transport
ambulancier uniquement. On parle de soins préhospitaliers d'urgence.
M. Chevrette: Oui.
M. Dutil: Et même, vous rappelez-vous, le docteur Richer
avait dit: II faudrait peut-être même enlever le mot
préhospitalier parce qu'il arrive qu'il y ait des services qui sont
accordés qui n'entraînent pas une hospitalisation. Pourtant ce
sont des services d'urgence qui peuvent être accordés à la
population. Et je réfère le chef de l'Opposition à des
ententes qui sont actuellement prises avec ce que l'on appelle des premiers
répondants dans certaines municipalités. Cela a été
pris avec Urgences-santé parce que c'est un système qui existait,
semble-t-il, d'assez longue date. C'est ce qu'on appelle les véhicules
800. Je ne sais pas si cela dit quelque chose au chef de l'Opposition. Ce n'est
pas du transport ambulancier, mais on pourrait qualifier comme entrant dans un
service préhospitalier d'urgence le fait que des premiers
répondants - et c'est le cas dans les ententes qui ont été
signées au début par Urgences-santé - sont appelés,
dans certaines municipalités, parce que celles-ci ont
décidé de s'offrir ce service. (12 h 30)
M. Chevrette: Je comprends. Mais, M. le ministre, je prends un
exemple: Laval offre un bureau à des "urgentologues", ou à des
médecins qui sont intéressés à oeuvrer, ou à
des infirmières qui ont créé une corporation et qui
peuvent faire du traitement de première ligne. Ce serait alors un point
stratégique avant d'aller à la Cité de la santé,
par exemple, pour le nord de la ville de Laval.
À mon sens, cela ne change pas du tout la nature du projet de
loi. Ce n'est pas parce qu'on améliore les points de chute qu'on change
l'autorité en ce qui regarde les services de soins
préhospitaliers. Au lieu d'aller à une urgence si ce n'est pas
grave, cela peut être un transport rapide dans une clinique privée
pour fermer une blessure, par exemple. Cela peut être fait-là
parce qu'il se fait de la chirurgie mineure à ce point de chute. Ce que
je veux dire, et il faut bien se comprendre, je ne voudrais pas et je
n'accepterais pas cela personnellement, M. le ministre, que l'autorité
soit confiée à ce moment-là à une
municipalité. C'est vraiment sous la gouverne d'Urgences-santé
qui a la possibilité de répartir aux points de chute les plus
près... Vous avez dit vous-même qu'il se peut que des
décisions rapides soient prises. On a fait tout un débat hier,
par exemple, sur les transports interétablissements.
M. Dutil: Oui, oui. Je suis d'accord avec le chef de l'Opposition
pour dire que le transport ambulancier doit rester centraliser comme on l'a
fait jusqu'à maintenant, avec les bénéfices qu'on en a
obtenus, c'est-à-dire des temps-réponse réduits et une
amélioration considérable du service à des coûts
raisonnables.
Si une municipalité décide d'acquérir le contrat
d'un détenteur de contrats et de louer la tôle, de ne peut pas se
dissocier du service, ce qui est la crainte du chef de l'Opposition. Mais il
est possible qu'elle le fasse quand même parce qu'elle estime qu'avec la
coordination qu'elle fait actuellement avec Urgences-santé sur d'autres
services d'urgence ou avec le 911 sur d'autres services d'urgence, c'est une
bonification de son propre service à cause de la coordination qui
s'améliore dans des services qui lui appartiennent, d'autre part, et qui
sont des services d'urgence et non pas des services de transport ambulanccier.
Je ne sais pas si on se comprend.
M. Chevrette: Cela va pour cela. Cela clarifie ce point.
Le Président (M. Bélanger): D'accord pour l'article
149. 15. On passe à l'article 149. 16.
M. Chevrette: À l'article 149. 15, M. le
Président
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Je reviens à l'article 149. 15.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Je vous ai dit que sur le point des
municipalités c'était clair, mais l'article n'est pas vu. "...
met à la disposition exclusive de la corporation des ambulances aux
points de services... ", on a fait une discussion avec le député
de Gouin, M. le ministre et vous vous rappellerez qu'il voulait placer le mot
"exclusif" par rapport au nombre de permis ou l'entièreté de
l'ambulance 24 heures par jour aux services d'Urgences-santé.
Votre article ne corrige pas ce dilemme. Je vais vous l'expliquer. Quand
vous dites "un contrat de location au terme duquel le propriétaire met
à la disposition exclusive - cela règle le fait qu'une ambulance
ne peut pas servir à deux choses - de la corporation des ambulances
aux points de services... ", on a fait la discussion sur le nombre de
permis par rapport au nombre d'ambulances, mais je trouve que c'est encore loin
d'être clair dans votre amendement.
M. Dutil: Effectivement. On ne règle que le
problème de l'exclusivité en faveur d'Urgences-santé.
Quant à l'autre problème qui est de demander si
Urgences-santé s'engage à décerner des contrats pour tous
les permis actuellement en vigueur, c'est plus tard qu'on fera la...
M. Chevrette: C'est où?
M. Dutil: À la fin du premier alinéa de l'article
149. 16: "Le contrat conclu doit viser le nombre d'ambulances proposé -
c'est sur "doit viser" qu'on va probablement discuter - par le titulaire mais
ce nombre ne peut excéder celui inscrit... "
M. Chevrette: D'accord. On fera la discussion là-dessus.
D'accord.
M. Dutil: Oui. C'est pour cela que je...
M. Chevrette: C'est parce que je ne l'avais pas vu comme
cela.
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Maintenant, le troisième point dans
l'article 149. 15, le contrat de location. C'est un peu là le
débat de fond qu'il y a à faire, qu'on le veuille ou non. Si on
laisse passer ici le contrat de location, on va le retrouver par concordance
dans tous les autres articles. Est-ce qu'on est d'accord sur ce point?
M. Dutil: Oui, on est d'accord sur ce point sauf que je vois
venir le chef de l'Opposition. Il va nous dire de la location ce n'est
nécessairement que de la tôle alors que la location, cela peut
être la location de services et la location de véhicules. Cela
peut être les deux; ce n'est pas exclusif.
M. Chevrette: Non, non, je le sais. Mais je veux m'en tenir au
libellé de votre article. Je vais faire la nuance qui s'impose, "... un
contrat de location au terme duquel le propriétaire met à la
disposition exclusive de la corporation des ambulances", donc c'est clair que
c'est une location de véhicules.
M. Dutil: Ce pourrait être cela ou ce pourraient être
des services aussi, donc incluant...
M. Chevrette: Comment pourriez-vous soutenir que cela peut
être un contrat de services, alors que vous venez de me dire que tous les
employés passent sous la tutelle et la juridiction de la nouvelle
corporation? Pourriez- vous m'expliquer comment, en vertu de la logique du
projet de loi 34, vous pourriez conclure un contrat de services? J'ai besoin de
clarifications.
M. Dutil: M. le Président, il n'est pas impossible,
actuellement, que des contrats soient convenus avec les entreprises, avant que
les techniciens ambulanciers ne soient transférés, du moins en
totalité. Remarquez qu'à l'article 149. 22 du projet de loi - et
je pense qu'à l'article 149. 22 on va en discuter longuement aussi parce
qu'il y a des précisions à apporter - le transfert doit se faire
à partir d'un protocole ou à la date déterminée par
le gouvernement. Mais, s'il se fait à partir d'un protocole, ce
protocole doit être négocié. Il faut que le système
continue de fonctionner entre-temps.
M. Chevrette: M. le ministre, vous me permettrez de dire que
votre argumentation est complètement illogique. Le jour où vous
avez un contrat de location, je m'excuse, mais cela veut dire que le gars a
accepté de faire passer tous ses employés. C'est durant la
période transitoire que vous pourriez conclure des contrats de services,
mais vous ne pouvez pas conclure des contrats de services après avoir
conclu un contrat de location. Ou je ne connais rien en droit ou allumez vos
lumières au contentieux et prouvez-moi ça.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je vais attendre.
M. Chevrette: C'est très important qu'on ait une
réponse là-dessus. Voyons! Est-ce qu'on les entre ou est-ce qu'on
ne les entre pas?
M. Dutil: D'ailleurs, de la façon dont c'est
libellé, on retrouve que la location ne concerne effectivement que les
ambulances. On dit: "... un contrat de location au terme duquel - donc on
spécifie ce qui est inclus dans le contrat de location - le
propriétaire met à la disposition exclusive de la corporation des
ambulances aux points de services et selon les horaires qu'elle
détermine. " On ne dit pas, effectivement, que ce seront des
employés. Effectivement, la période transitoire n'est pas incluse
là-dedans. Quand on aura signé des contrats, ce sera lorsque le
transfert des employés sera fait.
M. Chevrette: Le ministre me confirme donc que le contrat de
location ne réfère, exclusivement, qu'au matériel
roulant.
M. Dutil: Oui, aux ambulances.
M. Chevrette: Bon, cela va. C'est ici quand même, M. le
ministre, que doit se faire, à mon point de vue, la discussion. La
notion de contrat de location vient donc pour celui qui s'y lie
changer la nature même de l'entreprise. Est-ce que le ministre est
d'accord avec ça?
M. Dutil: On a beaucoup de problèmes de définition
quant à la nature de l'entreprise et on se rappelle la confusion qu'il y
a. Actuellement, les négociations, plus particulièrement à
Montréal, parce que cela fait plus longtemps, se font d'une façon
centralisée et elles ont échappé petit à petit, de
fait, aux propriétaires d'ambulances. Je pense que le chef de
l'Opposition en conviendra.
Les horaires et les déplacements d'ambulances sont faits par
Urgences-santé et sous ses directives. En tout cas, on pourrait trouver
de multiples exemples qui font que la nature de l'entreprise, actuellement,
à Montréal, que l'on qualifie d'entreprise privée, n'a pas
tous les éléments du concept qu'on se fait en
général de l'entreprise privée, c'est-à-dire de la
personne qui est employeur, qui négocie ses conditions de travail, qui
dirige ses employés, qui décide ce qu'ils font, qui va chercher
ses clients, qui négocie avec ses clients de ses revenus, et ainsi de
suite. Quand le chef de l'Opposition me demande si le transfert des
employés ne change pas la nature de l'entreprise, je lui réponds
ceci: Je ne peux pas dire qu'il n'y a pas là un changement, mais je peux
vous dire que le changement n'est certainement pas de l'ampleur du discours que
l'on tient actuellement, à cause des raisons que je viens de vous
mentionner et du fait que les entreprises privées, bien sûr, n'ont
pas tous les éléments d'une entreprise privée habituelle.
Elles ont un territoire, une zone délimitée, un monopole
fixé par la loi, et tous les autres éléments que j'ai
mentionnés tout à l'heure.
M. Chevrette: Bon, M. le Président, là-dessus, je
vais m'inscrire en faux et je vais expliquer au ministre pourquoi. On a
vécu dans le domaine scolaire, et tous se le rappelleront, au moins en
régions, les commissions scolaires étaient propriétaires
de flottes d'autobus, dans certains coins, et il y avait des
propriétaires privés qui négociaient. Il y a même
des commissions scolaires qui ont acheté des flottes, mais elles ont
acheté le fonds de l'entreprise quand elles achetaient les flottes. Je
donne un exemple. Demain matin, moi j'ai une ambulance - supposons que j'aie
une ambulance - j'ai trois ou quatre employés, je me paie un salaire de
30 000 $, d'accord, je me paie un salaire à même mon entreprise de
30 000 $, ma femme fait la coordination des appels, parce que j'en ai une de
"spare", c'est elle qui s'occupe de mon administration, c'est elle qui s'occupe
des hommes, de voir à ce qu'il y en ait en disponibilité, etc.
J'ai donc une petite entreprise, où je me paie un salaire. Le lendemain
matin, le gouvernement dit: C'est dommage, toi tu n'es qu'un locateur
d'ambulances, et le taux horaire de location d'ambulance, là, c'est bien
regret- table, cela vaut 17 $ l'heure pour faire rouler une ambulance, parce
qu'on peut en avoir dans n'importe quelle compagnie et des plus belles que
celle que j'ai.
Et c'est possible, et c'est vrai. Sauf qu'on vient de m'enlever mon
gagne-pain. Je ne dis pas que c'est cela pour tout le monde, mais je donne un
exemple concret d'un homme qui peut être honnête, qui peut
être propriétaire d'un petit fonds de commerce, qui se paye un
salaire, qui en paye un à sa femme, qui s'est équipé, qui
a investi dans un garage, qui a payé 30 000 S ou 40 000 $ pour un permis
- il y en a qui se sont vendus jusqu'à 100 000 $ - et qui s'est
bâti une petite corporation, une petite entreprise personnelle. C'est le
cas de plusieurs. Le lendemain matin, tu deviens un locateur de
véhicules. Comment puis-je être concurrentiel? Parce que le
débat de fond, il va falloir le faire là, parce qu'il
découle des autres de toute façon. Le lendemain matin on m'offre
17 $ l'heure pour que je prenne mon véhicule et que je le mette au
service. Mais, moi, je ne passe pas, je ne suis pas un employé de la
nouvelle corporation. C'est sur le plan du principe même et cela
n'enlève rien à personne. C'est le respect du principe
même, de la mise... du grappin mis sur l'entreprise. On m'enlève
la possibilité de gagner ma vie, on m'enlève le droit de payer un
salaire à ma femme, on m'enlève le droit même... Parce que
pour les fins de calcul, c'est seulement calculé pour savoir combien
cela coûte pour faire rouler une ambulance, mais on ne calcule pas les
investissements que j'ai dû faire pour l'achat de mon permis, pour lequel
je peux avoir encore des dettes, en passant - et n'importe quel
député peut comprendre cela - pour lequel je peux avoir
immobilisé, dans un garage, des centaines ou des dizaines de milliers de
dollars dans mon entreprise, pour lesquels je suis redevable. Ce n'est pas
drôle pour ceux qui ont des principes, le moindrement. C'est correct,
là?
Le Président (M. Bélanger): Oui. cela va bien.
M. Chevrette: Pour ce que j'ai investi, j'ai fait des emprunts,
et je n'ai plus aucune maudite possibilité de vendre, de façon
à recouvrer mon argent, en plus de cela. Et ce n'est pas la question
d'être anti-ceci ou anti-cela, c'est une question purement de perception
face à l'entreprise privée. On peut être en
désaccord ou en accord. Qu'on exproprie selon les coûts que cela
vaut, je n'ai rien contre cela, mais qu'on enlève à quelqu'un le
droit au moins d'être indemnisé en fonction de mécanismes,
là j'en ai, par exemple, et c'est sur le plan des principes. Et cela ne
veut pas dire que je suis contre quelqu'un quand je fais cela. Cela veut dire
que j'ai des principes qu'en droit, aussi, il faut respecter. Il y a un Code
civil qui existe. Vous essaierez, vous, à part un gouvernement, comme
vous essayez de faire là, vous essaierez de faire une transaction
comme celle-là et d'aller mettre le grappin... (12 h 45)
Quand le ministre des Transports exproprie un coin de terre pour faire
passer une route, le gars dit: II est en "branchailles". Je n'ai pas
demandé s'il poussait des carottes ou des pommes de terre. Il
m'appartient et vous allez m'indemniser. Et plus encore, on lui paie son avocat
et on lui paie son évaluateur pour qu'il se présente devant le
tribunal d'arbitrage pour plaider pour son indemnité.
Ce que vous proposez, M. le ministre, est totalement inacceptable. Vous
allez contre les droits fondamentaux de propriété, vous, un
gouvernement libéral axé sur la philosophie de la privatisation.
Et c'est ce que vous proposez. Cela n'enlève rien au RETAQ d'être
honnête envers tout le monde dans une transaction correcte. Depuis le
début de cette commission, je dis que le fait qu'on exproprie
complètement... Qu'on veuille améliorer la centralisation des
employés et une meilleure coordination et des meilleurs conditions de
travail n'enlève rien au fait qu'on a une responsabilité
même morale de jouer sur le gagne-pain d'individus, sur la
propriété d'individus. Ce ne sont pas tous des voleurs, bon Dieu!
Comme ce n'est pas tout le monde qui travaille avec la même
honnêteté intellectuelle et la même rigueur professionnelle.
Mais on n'est pas pour généraliser. Ce n'est pas parce qu'il y a
deux ou trois espèces d'énergumènes dans un groupe que tu
dois juger les membres du groupe comme étant tous des
énergumènes.
Mais sur le droit fondamental... Ce que vous vous apprêtez
à faire et ce sur quoi on va lutter, M. le ministre, c'est sur le
respect des droits fondamentaux inscrits dans notre Code civil selon la preuve
et la jurisprudence présentées devant les tribunaux de droit
commun. Et l'amendement que vous proposez globalement - parce que c'est aussi
bien de dire ce que je pense - c'est un peu pire que ce qui existait dans votre
loi, en plus. Parce que non seulement vous en faites exclusivement des
locateurs de tôle, mais vous dites: La négociation est de
gré à gré et si cela ne marche pas, je
décrète ceci et si tu n'es pas fier, salut Luc. On n'a pas
accepté cela dans l'étatisation en ce qui concerne le rachat des
permis par les chauffeurs de taxi de Montréal qui s'étaient
basés sur une philosophie de détention de ces permis pour
bâtir leur entreprise. On n'a jamais accepté cela dans n'importe
quelle étatisation qu'on a faite, que ce soit le cas de la raffinerie de
sucre à Saint-Hilaire ou que ce soit dans n'importe quoi, l'amiante,
etc. Imaginez-vous, Bell Canada est obligée de payer des concessions
pour avoir un droit de passage sur un terrain privé et nous enlevons la
possibilité même, pour un individu, qui ferait vivre sa petite
famille à même son entreprise... On lui dit: Toi, tu loueras de la
tôle, mon goriot puis "no more". Bien, qu'on ait le courage politique
d'étatiser au complet! Je vais crier bravo et l'appuyer tout de suite.
Et je vais dire au ministre: Mettez-vous des mécanismes, par exemple,
pour que cela ne vaille pas quatre fois, cinq fois et dix fois... Pas question
d'aller faire des cadeaux. Si on a le courage politique d'étatiser,
qu'on ait le courage politique de prévoir un mécanisme pour un
règlement juste et équitable. C'est la base de toute notre
législation d'avoir des règlements justes et
équitables.
Et, M. le ministre, là-dessus, je vous annonce nos couleurs. Cela
prendra huit jours, vingt jours, mais vous ne passerez pas sur nous, en ce qui
concerne des principes aussi fondamentaux que cela, reconnus devant les
tribunaux civils, reconnus devant les tribunaux de droit commun, reconnus
partout dans le monde. Cela ne se fait pas. On n'est pas dans un pays
communiste. On est dans un pays où on a reconnu la
propriété privée et la propriété
privée... Que le propriétaire soit un pas bon ou un bon ou un
moins bon ou un médium saignant, il reste qu'il est propriétaire
de l'entreprise. Si cela vaut 10 000 $, je ne vous demande pas d'en donner 11
000 $; je vous conseille de négocier pour que cela en vaille 9800 $.
Mais c'est sur le principe fondamental. Je prends n'importe quel individu, M.
le Président, qu'il soit syndiqué, non syndiqué, quand tu
t'achètes quelque chose, quand on achète... Je donne un exemple
concret. Quand on a déclubé, qu'on a fait l'opération
déclubage, qu'est-ce qu'on a fait pour les groupes qui avaient des
petits camps privés? On a été obligés de les
indemniser parce qu'on voulait donner accès au public. On a
été obligés d'indemniser les messieurs qui avaient des
petits camps de 12 000 $, 20 000 $. C'est un principe fondamental. Et je veux
que le ministre nous dise carrément: Croit-il à ce princpe
fondamental ou pas? Je le répète. On n'enlève rien, rien
à qui que ce soit. Il n'y a aucune infirmière qui soit
pénalisée parce qu'on reconnaît un droit fondamental de
propriété. Il n'y aucun technicien ambulancier qui soit
pénalisé parce qu'on reconnaît un droit fondamental de
propriété. D'autant plus que ce même technicien ambulancier
a dit, par la bouche de ses représentants, qu'il voulait
l'étatisation complète. Mais l'étatisation complète
présuppose en justice sociale, selon les droits devant être
reconnus devant les tribunaux, un mécanisme de règlement juste et
équitable.
Là-dessus, M. le ministre, vous allez nous entendre longuement
parce que vous n'avez pas compris encore que c'étaient des principes. Il
y a des gens qui n'ont pas de principes et il y en a d'autres qui en ont. Cela,
c'est un principe. S'il fallait que le gouvernement bafoue cela, je suis
persuadé qu'indépendamment des cours internationales, on
passerait pour un gouvernement farfelu qui fait fi des conventions
internationales face au droit de propriété. Là-dessus, je
vous mets au défi, M. le ministre, de me prouver que vous
n'empiétez pas, par cette loi, sur le droit de propriété,
surtout vous autres qui avez une philosophie de privatisation depuis que vous
êtes au pouvoir. Vous avez été élus à cause
de la
privatisation. Je suis d'accord avec l'étatisation dans le
présent cas, au coton à part cela.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Elle était bonne...
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Chevrette: Je m'excuse. C'est une expression de chez nous.
Quand je suis d'accord pleinement, je suis d'accord au coton.
Donc, cela dit, quand on est d'accord avec un principe, cela ne veut pas
dire que parce qu'on est d'accord avec un principe aussi fondamental qu'on
doive brimer les droits des autres pour donner justice à un. Je suis
pour l'étatisation complète à Montréal. D'accord?
On va se parler du reste de la province dans un deuxième temps parce
qu'il y a des particularités. Mais, à Montréal, il est
clair, et je me rends aux arguments du ministre, à cause du contexte de
ce qui s'est passé et de ce qui se passe, c'est préférable
que ce soit l'étatisation mais cela ne veut pas dire d'empiéter
sur des droits. Le ministre devrait comprendre cela.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, le chef de l'Opposition a
commencé son argumentation sur le fait que le transfert
d'employés changeait la nature de l'entreprise. C'est bien la base de
l'argumentation. On se comprend bien là-dessus. Sauf que les exemples
qu'il a donnés semblaient référer à l'ensemble de
la province parce que de petits propriétaires à Montréal
du genre de l'exemple qu'il a donné, il n'y en a pas. Il y en a un qui a
trois ambulances.
Je veux continuer à donner mon argumentation. On a
écouté le chef de l'Opposition longuement parler de la libre
entreprise. Je dois lui dire que je l'approuve là-dessus. La libre
entreprise, cela existe dans notre pays et si nous posons des gestes qui sont
des équivalences d'expropriation, nous devons indemniser. C'est clair.
Je l'ai toujours dit. La question maintenant c'est: Est-ce que nous changeons
la nature de l'entreprise de telle sorte que cela justifierait une
expropriation?
Un autre argument que le chef de l'Opposition a employé pour dire
que c'était une sorte d'expropriation, c'est que nous
décrétons les tarifs. Je pense que c'est confondre le
système qui existe actuellement qui n'est pas considéré
comme un système où l'on a exproprié et où les
tarifs dans la loi actuelle sont fixés par le gouvernement. On ne change
rien au système de transport ambulancier que cela n'empêche pas
qu'actuellement c'est le gouvernement qui, en tant que principal client - on va
vous le démontrer, on a la loi là-dessus - fixe les tarifs.
Même dans la loi, il n'est pas prévu de négocia- tion. Nous
ajoutons une période de négociation de gré à
gré avant que ne soient déterminés les tarifs. Dans la loi
actuelle, ce n'est pas le gouvernement, je pense que c'est fixé par le
ministre, si je ne m'abuse. Je vais lire les articles qui concernent ce que je
viens de dire. Â la Loi sur la protection de la santé publique,
article 2. "Le ministre de la Santé et des Services sociaux est
chargé de l'application de la présente loi. Il a pour fonctions:
- et je m'en vais à la fonction g) - de délivrer des permis
conformément à la présente loi. En outre des pouvoirs qui
lui sont conférés par la présente loi, le ministre peut
par règlement: a) déterminer des zones de services d'ambulance;
b) fixer les coûts ou taux du transport en ambulance en fonction des
zones ou établir des normes permettant de les fixer. " Voilà.
M. Chevrette: Oui.
M. Dutil: Ce que je veux préciser, c'est que le chef de
l'Opposition ne peut pas baser son argument sur l'ensemble du reste du
territoire parce que les exemples qu'il a donnés faisaient confusion et
touchaient l'ensemble du territoire. Je vais revenir à Montréal
tout à l'heure si on en a le temps, M. le Président, ou
après la suspension.
Mais, quant à l'ensemble du territoire, il est de la
responsabilité du gouvernement de voir s'il n'y aurait pas lieu de
trouver un aménagement dans le système qui améliore le
service. C'est la responsabilité du gouvernement. Il peut le faire tout
en respectant les entreprises privées, tout en ne changeant pas la
nature fondamentale de l'entreprise mais tout en permettant, au plan de la
tarification, de la coordination des appels et à d'autres niveaux, de
bonifier le service à la population. Ce n'est pas à l'entreprise
privée d'établir, à tort ou à raison, le mode
choisi. Je ne parle pas du mode choisi. On peut critiquer. Les entreprises
privées qui ont une expertise dans le service ambulancier peuvent
critiquer la décision du gouvernement, si elles le jugent
approprié, du choix qu'il fait quant à la qualité du
service à offrir. C'est leur droit le plus absolu et, ayant une
expertise, elles peuvent le faire. Mais c'est au gouvernement de fixer s'il
doit payer par transport ou par disponibilité.
Le choix que nous faisons, c'est celui de changer le mode de fixation
des tarifs parce qu'on se rend compte que, particulièrement dans les
régions où il y a peu de transport - et d'ailleurs le
système a été un peu changé, ce n'est plus par
transport dans les régions à faible densité de volume -
les entreprises ne vivaient pas. Ce que le gouvernement a fait pour maintenir
les entreprises privées sur place pour qu'il puisse accorder le service,
c'est qu'il a assuré l'équivalent en tarification d'un minimum de
transport. C'est ce qui s'est passé. Donc, on tend vers un
système où on ne paie plus au transport,
on tend vers un système dans 130 zones subventionnées. On
tend vers un système qui est l'équivalent de payer à la
disponibilité, comme on le préconise, plutôt que de payer
au transport. En garantissant le minimum de transport, on vient de garantir une
enveloppe budgétaire à l'entreprise qui lui permet d'arriver dans
ses finances.
Toutefois, en régions, M. le Président, le permis nous
cause divers problèmes. Nous pensons que nous pouvons transposer le
système de permis en système de contrats de façon telle
que ça ne change ni la nature de l'entreprise, ni sa possibilité
de rentabilisation, ni sa possibilité de transiger, si elle
désire vendre aux mêmes prix qu'elle le fait actuellement. Au
contraire, on pense même que cela peut avoir pour effet de transiger avec
de meilleurs prix puisque le risque de notre formule est beaucoup moins
considérable que le risque de l'ancienne formule au transport qui a
été constamment ajustés parce que, dans 130 zones, on
n'arrivait pas à rentabiliser les entreprises et on risquait à
tout bout de champ de voir les propriétaires nous remettre leur permis
en disant: Assurez le service; on est incapables d'arriver. C'est ce qui se
passe en pratique et en réalité dans beaucoup de régions
et les propriétaires nous demandent actuellement: Quand la stabilisation
de l'emploi, la loi et toutes ces choses vont-elles se faire?
Évidemment, ils veulent protéger leurs droits et
privilèges et, je le dis, c'est ce que nous faisons. Mais ils disent
aussi: Je ne suis plus capable d'arriver. Le système actuel ne me permet
pas d'arriver.
Vous voyez l'ambiguïté de la situation et la raison pour
laquelle je pense qu'il est important d'apporter des nuances sur la nature de
l'entreprise. Ce n'est pas une entreprise qui a 56 clients autres que le
gouvernement, c'est une entreprise qui a des permis émis par le
gouvernement. Les propriétaires peuvent transiger entre eux; ils peuvent
vendre leur entreprise. C'est une notion qu'il faut répéter. Ils
peuvent vendre leur entreprise, non pas leur permis. Le permis est
retourné au ministère qui n'est pas obligé de le
retransmettre à celui avec qui ils ont transigé.
Évidemment, je l'ai dit tantôt, quand la transaction...
M. Chevrette:...
M. Dutil: Bien sûr! Personne ne va acheter une
entreprise...
M. Chevrette: Bon. Qu'est-ce que ça vaut sans permis?
M. Dutil: Est-ce que je peux finir?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va laisser terminer M. le ministre.
M. Dutil: Je pense avoir écouté religieusement le
chef de l'Opposition malgré toutes les choses qu'il a
énoncées. Je lui demanderais de faire la même chose.
Le Président (M. Bélanger):...
M. Dutil: Merci, M. le Président.
La différence est importante parce que les propriétaires
privés attachent beaucoup d'importance au terme "permis", alors que
justement la question n'est pas là, elle est déplacée. On
transige des entreprises et on demande au ministère de transférer
le permis. Le chef de l'Opposition, je le rappelle, opinait de la tête
tout à l'heure quand je lui disais que le ministère
n'était pas obligé de transférer le permis, qu'il
n'était pas obligé de le faire et qu'il pourrait bloquer des
transactions de cette façon. Si ce n'est pas risquer justement
d'empêcher les entreprises de contracter, de transiger de la même
façon qu'une autre entreprise privée, je me demande ce que c'est.
Dans la situation actuelle, c'est ce qui se passe. On est à
Montréal maintenant et j'y reviens.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, avant
que vous ne continuiez, compte tenu que la commission...
M. Chevrette: Pourquoi avez-vous évoqué le
permis?
M. Dutil: On va expliquer ça.
Le Président (M. Bélanger):... a commencé
ses travaux en retard ce matin, est-ce qu'il...
M. Chevrette: Suspension, j'ai des obligations.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
consentement. On suspend les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 9)
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend donc ses travaux. J'aimerais rappeler le
mandat de la commission qui est de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi 34, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et d'autres dispositions
législatives.
Mme la secrétaire, est-ce qu'on a des remplacements?
La Secrétaire: Simplement, à la suite de l'entente
intervenue ce matin, M. Godin (Mercier) remplacera Mme Harel (Maisonneuve).
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la
secrétaire. J'aimerais rappeler que nous en
sommes à l'article 149. 15 tel qu'introduit par l'article 2. Nous
en étions à l'amendement proposé par M. le ministre qui
porte le numéro 149. 15. M. le ministre, vous êtes à votre
droit de réplique.
M. Dutil: Oui, Mme la Présidente. D'ailleurs, vous avez
peut-être manqué le dernier bout de la commission. On était
un peu loin de l'article 149. 15.
M. Jolivet:... Mme la Présidente. Est-ce que j'ai bien
compris que vous avez dit qu'il est à son droit de réplique alors
qu'il y en a d'autres qui ont demandé la parole?
M. Claveau: Qu'est-ce que c'est son droit de réplique?
M. Dutil: Je n'avais pas fini mon droit de parole.
M. Jolivet: Je sais, mais c'est parce qu'elle a dit son droit de
réplique. D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, c'est l'intervention de
M. le ministre et ensuite, l'intervention de M. le chef de l'Opposition.
M. Dutil: C'est parce que vous craignez que ça ne close le
débat. Non, non, cette question ne clôt pas le débat. Cela
devrait parce que je pourrais avoir des arguments percutants qui devraient
finalement convaincre l'Opposition du bien-fondé du projet de loi.
Mme la Présidente, j'en étals à faire la
démonstration que l'exemple que donnait le chef de l'Opposition tout
à l'heure quant à l'indemnité était un exemple qui
se rapportait à des régions. Je le démontre. C'est
qu'à Montréal il y a actuellement huit propriétaires
d'ambulances sur, et je pense que c'est un chiffre important, plus de 180 ou
190 en province au total du nombre de propriétaires. Donc un nombre
beaucoup plus réduit, ce qui démontre que la proportion
d'ambulances possédées par ces propriétaires est plus
considérable.
Les plus gros à Montréal ont jusqu'à 25 ambulances.
Il faut voir les plus petits parce que c'est l'exemple que donnait le chef de
l'Opposition tout à l'heure. Le plus petit en a deux, le second en a
trois, un autre en a quatre et un quatrième en a cinq. Ce sont les plus
petits propriétaires d'ambulances. Mais II faut voir qu'à
Montréal l'organisation du service ambulancier est bien
différente de l'organisation en régions. L'exemple que donnait
tout à l'heure le chef de l'Opposition ne s'applique virtuellement qu'en
régions parce qu'il implique beaucoup plus de disponibilité, sans
être dans l'ambulance, qu'à Montréal où la
présence de l'ambulance sur des points de service en quantité
d'heures considérables est existante. Ce qui permet effectivement en
régions d'exploiter un service ambulancier avec peu de gens qui sont
souvent le propriétaire, son épouse, peut-être ses enfants
ou une ou deux autres personnes qui ont beaucoup de disponibilité. Ce
n'est pas le cas à Montréal. À Montréal, même
avec deux ambulances... Je donne le chiffre de trois ambulances parce que je
n'ai pas eu les chiffres exacts de deux ambulances mais avec trois ambulances,
le nombre de travailleurs à temps plein est de 14 et de 12 à
temps partiel. Alors on voit que c'est une entreprise de 28 employés
dont 14 à temps plein. Bon, les 12 à temps partiel peuvent
équivaloir à combien d'employés à temps plein?
Peut-être trois, quatre employés. Disons trois. Le quart de temps
est considéré, donc, l'équivalent de peut-être 17
employés à temps plein. Ce n'est pas la même situation que
soulevait le chef de l'Opposition, et je tenais à le préciser. Je
ne dis pas que ça justifierait de faire des changements et de la nature
de l'entreprise, et de la profitabilité de l'entreprise d'une
façon inconsidérée, sans indemnité. Mais je voulais
expliquer que les situations évoquées par le chef de l'Opposition
ce matin ne concernaient pas du tout Montréal. C'est pour cela que j'ai
entrepris le début de mon argumentation tout à l'heure en parlant
des régions.
En régions, ce que nous faisons, c'est de changer un
système de tarification au transport en un système de
tarification à la disponibilité, de changer un système
où la perméabilité des zones n'est possible que s'il y a
une bonne entente entre les propriétaires voisins et qu'ils veulent
conclure des accords entre eux, en un système où on va inciter
très fortement... Parce qu'on pourra le faire si les
propriétaires ne le font pas ou si personne ne le fait ou si personne ne
veut le faire. On pourra en arriver à un système où
l'étanchéité des zones sera nécessairement abolie
et permettra, avec les centrales de coordination qui s'installeront, de
réduire le temps-réponse dans des cas surtout où il y a
une zone qui est - je cherche le terme que j'emploie souvent -
découverte, voilà. On ne le sait pas actuellement dans les
endroits où il n'y a pas de centrale de coordination. Si l'ambulance est
partie et fait un interétablissement ou fait un transport, il y a une
zone qui, pendant un certain temps... Et cela pourrait être, dans des
zones qui sont quand même d'une certaine étendue, dans des zones
à très faible densité, assez dramatique s'il y avait
besoin d'un deuxième transport. Il faut que quelqu'un le sache pour la
qualité du système, et nous pensons que les centrales de
coordination ne peuvent pas être laissées à la seule
initiative de ceux qui sont actuellement propriétaires de services
ambulanciers et de la bonne entente qu'ils peuvent avoir entre eux. (15 h
15)
Sans exclure cette façon de procéder qui serait sans doute
souhaitable et bénéfique pour les propriétaires et pour le
service à la population, c'est au gouvernement de déterminer
le
service qu'il veut pour la population du Québec. J'ai
donné cette argumentation-là ce matin et je le
répète. Cela ne veut pas dire qu'on le fait sans tenir compte et
sans consulter ceux qui sont dans le système, entre autres les
propriétaires ambulanciers qui ont une expertise. Et la loi
n'empêche pas du tout cette chose-là. Mais il est important que ce
service de centrale de coordination s'étende éventuellement
à toute la province pour diminuer les temps-réponse dans les cas
où, entre autres, il y a des couvertures de zones.
Ce que nous faisons en régions, et je l'ai expliqué, je le
résume brièvement, c'est de transposer un système de
permis qui n'est pas... On vend des entreprises, pas des permis. J'ai
expliqué, et le chef de l'Opposition était d'accord ce matin, que
le permis était retourné au ministère et qu'on redonnait
le permis à celui qui venait d'acquérir l'entreprise et que
c'était la décision du ministère. En
général, il l'a toujours fait. Ce n'est pas le permis qui est
vendu mais bien l'entreprise. On transpose donc le système de permis
avec des zones imperméables et avec une structure de tarification qui
relève des Transports en général, à un
système de contrats fermés, exclusifs et sans appel d'offres
public. C'est-à-dire qu'en cas de négociation où il n'y
aurait pas accord sur la tarification, on fixe les tarifs par décret.
Cela est le système actuel. On ne change donc pas cela, sauf qu'on
accélère certainement le processus d'installation de centrales de
coordination. Et, dans les endroits où cela ne se ferait pas de
façon spontanée, bien on pourrait arriver et inciter fortement et
accélérer le processus. On s'est d'ailleurs donné une
échéance de quelque trois ans pour y parvenir. On ne peut pas
faire cela du jour au lendemain, mais on a besoin de quelque trois ans pour
parvenir à couvrir l'ensemble du territoire du Québec à
cet effet-là.
J'en arrive à Montréal maintenant où la question de
l'indemnité a été soulevée par le chef de
l'Opposition ce matin, l'article 22 de la loi. Le chef de l'Opposition me
disait: Est-ce qu'on ne change pas la nature de l'entreprise? J'ajouterai
à cette première question: Est-ce qu'on change la
rentabilité de l'entreprise? J'ai parlé ce matin de la nature de
l'entreprise. Sans dire que nous la changeons, que nous ne la changeons pas, il
y a une question de degré bien sûr et il y a une discussion
importante à faire. Je donne un exempte. Quand le chef de l'Opposition
lui-même a décrété des conditions de travail dans le
système pour bonifier les conditions de travail des techniciens
ambulanciers à Montréal en 1985, il est venu
décréter des conditions de travail d'employés qui
étaient dans des entreprises privées. Il est venu, finalement,
est-ce qu'on peut dire changer la nature de l'entreprise? En tout cas
certainement influencer d'une façon importante la rentabilité si,
d'autre part, il ne donnait pas l'équivalent de ce qui était
accordé aux employés par le décret. Je pense qu'on est
tous d'accord là-dessus. Et s'il l'a fait, c'est parce que, bon,
c'était dirigé par l'entreprise privée qui donnait des
services très importants d'urgence pour la santé publique. C'est
pour cela qu'il l'a fait. Il y a eu des problèmes de tension et il
voulait les régler. C'est bien correct et c'est bien normal. Mais est-ce
que cela a été transposé au niveau des revenus des
propriétaires? En tout cas, à ce qu'on me dit, ce n'est pas le
cas. Et actuellement les propriétaires se plaignent que ce qu'ils
reçoivent comme montant d'argent pour payer la disponibilité des
employés n'est pas équivalent à ce qui est donné
aux employés. ll y a des 15 minutes qui ne sont pas payées. Quand
les employés ne sont pas sur place, l'État ne paie pas. Il y a un
système mixte qui est assez complexe à Montréal et qui est
en fonction du nombre de transports, mais aussi de la disponibilité et
ainsi de suite.
Donc, cela a eu pour effet d'influencer la rentabilité des
entreprises. Ces décisions-là ont eu pour effet de changer la
rentabilité des entreprises. C'est pour cela que je dis qu'il faut
parler, quand on arrivera à la clause 22 quant à
l'indemnité potentielle, de deux choses, et j'en ajouterai une
troisième. La première: de quelle façon change-t-on la
nature de l'entreprise? Et je prétends que c'est beaucoup moins
considérable que ne le prétend le chef de l'Opposition et il y a
un débat à faire. La deuxième: de quelle façon
change-t-on la rentabilité de l'entreprise? Supposons qu'on augmente la
rentabilité de l'entreprise, faudra-t-il prévoir dans la loi que
les propriétaires d'ambulances de Montréal nous donnent une
indemnité parce que le changement de la loi fait qu'on augmente leur
rentabilité de l'entreprise?
La raison pour laquelle je parle de rentabilité de l'entreprise,
c'est que finalement c'est le coeur du problème de changer la nature de
quelque chose, si cela n'influence pas de façon néfaste la
rentabilité de l'entreprise ou si cela l'améliore. Sur le plan de
l'identification d'une éventuelle indemnité, ce n'est pas la
même chose que de changer la nature d'une entreprise à quelque
degré que ce soit quand cela a pour effet de diminuer la
rentabilité de l'entreprise. Ah! Là, ce n'est pas la même
question. Là, je comprendrais qu'on proteste avec
véhémence de l'autre côté pour dire que ce n'est pas
justifié.
Mais ce que nous prétendons de notre côté, c'est que
notre réforme, non seulement améliore la qualité du
service en régions, contrairement à ce que dit le chef de
l'Opposition, à cause des centrales de coordination, je l'ai
expliqué tout à l'heure. Non seulement elle a des chances, et il
faudra en discuter, d'améliorer même potentiellement la
rentabilité des entreprises parce que, entre autres, moins de tensions
dans le système et plus de transparence dans les budgets, plus de
dialogue entre les divers intervenants, notre conseil d'administration, et on
en a convenu. L'amendement que nous avons fait comprend la plupart des
intervenants du système, y inclus
techniciens ambulanciers et propriétaires sur le conseil
d'administration, justement pour aider au dialogue, éliminer les
tensions et avoir plus de transparence dans ce qui se passe dans ce
système.
Tout cela nous fait dire que nous n'avons pas d'objection à
discuter d'indemnité. Ce que nous disons, c'est qu'il faut la regarder
sur le plan des changements de nature qui sont à un moindre degré
à notre point de vue que ce que prétend le chef de l'Opposition,
et il faudra l'évaluer. Nous disons aussi que cela n'aura pas pour effet
de diminuer la rentabilité des entreprises. Nous ne le croyons
sincèrement pas. Cela mérite d'être évalué.
C'est pour cela que, dans la clause 22, il y a des discussions pour en arriver
à un protocole d'entente sur ce transfert.
Le troisième élément dont je vous parlais tout
à l'heure: est-ce que ce sera une intégration des techniciens
ambulanciers forcée ou convenue? Cela aussi a de l'importance. Si cela
se fait par négociation parce que c'est le choix de certains
propriétaires d'ambulances que les techniciens ambulanciers soient
intégrés et deviennent, eux, des locateurs d'ambulances au lieu
d'être des locateurs de services ambulanciers, si c'est leur
volonté, leur choix, c'est parce qu'ils comprennent que cela ne
diminuerait pas leur rentabilité mais que cela éliminerait les
tensions et que cela pourrait effectivement faciliter la coordination des
services et que tout le monde est gagnant.
Cela peut arriver que tout le monde soit gagnant dans une
négociation. D'ailleurs, une bonne négociation c'est quand tout
le monde est gagnant. Il y a moyen qu'il n'y ait pas de perdant dans une
négociation. Cela peut arriver. C'est ce que je vise.
Alors, si c'est fait de façon volontaire, il faut le discuter
aussi. Pourquoi est-ce que cela donnerait ouverture, à ce
moment-là, à une indemnité? Donc, et je suis rendu
à la clause 22, c'est bien sûr, c'est de cela qu'on parle. Ce que
l'on dit à la clause 22, c'est: Les techniciens ambulanciers deviennent,
à la date fixée par la Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal et par les personnes mentionnées
à l'annexe (... ) Cela veut dire qu'il faut que ces deux groupes, la
corporation et les personnes mentionnées à l'annexe étant
les propriétaires, s'asseoient et voient s'il est de leur
intérêt commun de faire cette transaction. C'est cela que cela
veut dire.
Là, un bout de phrase est ajouté qui est "ou à la
date déterminée par le gouvernement. " Donc, il y a deux
hypothèses: c'est volontaire ou c'est forcé. Si c'est volontaire,
de quelle façon est-ce que cela amène l'indemnité, s'il y
a lieu? S'il n'y en a pas, bien on n'en prévoit pas. Et si c'est
forcé, est-ce que c'est là une expropriation qui a eu pour effet
de changer la nature de l'entreprise et/ou sa rentabilité et, donc,
est-ce que cela devrait donner ouverture à une indemnité? Je
conçois qu'on a un débat important à faire à la
clause 22. Je le conçois.
En conclusion, ce matin, j'avais justement proposé de discuter
des clauses des articles 149. 15 à 149. 19. Évidemment, par
incidence, on a fini par discuter de la question des indemnités. Je dis
bien "par incidence".
Mme la Présidente, ce n'est pas évident que ce que l'on
fait donne ouverture à des indemnités parce que nous
n'exproprions pas à Montréal. C'est évident que, dans la
province, cela ne donne pas ouverture, si on adopte le projet tel quel,
à des indemnités parce que loin d'étatiser, à mon
avis, le nouveau système particulier que nous envisageons au plan des
tarifs diminuera les risques des entreprises.
Voilà! C'est le point que je voulais faire et je pense qu'il
faudra en arriver à discuter le texte et à s'acheminer
graduellement vers l'article 22 alors qu'on videra la question. Si l'Opposition
démontre que nous sommes dans l'erreur... Jusqu'à maintenant,
contrairement à ce que dit le député de Laviolette quand
il est ici - il me dit têtu - je pense avoir fait la preuve que
j'étais capable d'accepter des amendements quand on argumentait et qu'il
y avait du fond à l'argumentation. Quand l'Opposition nous dit: Si cela
doit durer huit jours, dix jours ou vingt jours de discussion pour qu'on se
comprenne sur ce projet de loi, pour qu'on en arrive à établir
l'ensemble des modalités, y inclus, s'il y a lieu, les
indemnités, je réponds: Si cela prend 30 jours pour le faire, on
le fera. S'iI faut passer l'été dessus, on le fera. Merci.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Quand le ministre abolit, à l'article 149 et
suivants - parce qu'il l'a mis dans un seul document, à la suite - et
lorsque vous allez vers la révocation du permis, lequel était la
base même de discussion pour exploiter, est-ce que vous venez me dire que
vous ne changez pas la nature même de l'entreprise? Seuls les
détenteurs de permis pouvaient auparavant avoir accès à
des contrats.
Je le référerais à plusieurs lois. Je le
réfère par exemple à la Loi et au Règlement sur le
camionnage. C'est exactement le même principe de fonctionnement. Si tu as
un permis, tu vends ton permis à la condition que la commission accepte
le transfert. C'est clair. Tu vends ton commerce, mais c'est toujours
conditionnel, et le ministre le sait. L'achat du fonds du commerce est toujours
conditionnel à ce que la commission transfère. Mais, comme vous
révoquez les permis, vous réduisez à néant le fonds
de commerce. La même chose avec la Loi sur les transports. Je vous
réfère à l'article 32: "Délivrer les permis et en
fixer la durée". L'article 36, exactement la même chose. La Loi
sur l'Instruction publique, vous irez voir l'article 431. 7. On y parle de
permis. Je pourrais vous référer à trois ou quatre autres
lois. La Loi sur les conseils intermunicipaux de transport de Montréal,
regardez l'article
1, regardez l'article 3, l'article 4; il y a une différence entre
un contrat et la notion de permis. Je pense que le ministre sait très
bien qu'il y a une différence, lui-même, qui vient de
l'entreprise, connaît la différence fondamentale entre un contrat
et un permis.
Je vous référais à l'article 12. 01 de la Loi sur
les conseils intermunicipaux de transport de la région de
Montréal. On dit bien à l'article 12. 1: "Lorsque le conseil
organise pour la première fois un service de transport en commun, autre
qu'un service de transport collectif par taxi, qui vient en concurrence avec
celui que fournit un titulaire... "
On voit très bien que la notion de capacité est
reliée à une notion de permis et non pas à une question de
contrat, parce qu'on ne peut avoir de contrat si on n'a pas de permis. Quand il
en vient à l'article, 149. 18 je pense selon votre nouvelle
numérotation, à la page 2, en haut, 149. 16: Tous les permis
d'exploitation de services d'ambulance accordés par le ministre ou par
le conseil régional pour le territoire de la corporation, y compris ceux
accordés à une municipalité, sont révoqués
au jour de l'entrée en vigueur de ces contrats, que les titulaires de
ces permis soient parties ou non à un de ces contrats. "
C'est changer la nature même de l'entreprise, et vous le savez
très très bien. En plus des exemples que j'ai donnés ce
matin, comme quoi vous voulez exporter, peut-être pas en gros - je
comprends qu'il y a une différence entre Montréal et le reste de
la province - mais si vous exportez votre "pattern" de Montréal dans
tout le Québec - les exemples que j'ai donnés sont
peut-être plus frappants pour le reste de la province - mais sur le
principe même, trouvez-moi donc une différence avec le fait
d'exproprier un commerce. En changeant la nature même de l'entreprise, ne
venez pas me dire que vous ne changez pas les règles du jeu. Vous le
dites vous-même textuellement dans votre article. Je vais prendre le
temps qu'il faut pour vous convaincre. C'est clair, vous changez la nature
même de l'entreprise. À ce moment-là, ayez le courage de la
changer correctement, et on va vous suivre et rapidement. Mais si vous ne
changez pas la nature même, cela va être plus long, c'est clair.
(15 h 30)
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: À ce qui vient d'être soulevé comme
exemples par le chef de l'Opposition, entre autres dans la Loi sur les
cités et villes dont il citait un paragraphe, j'en ajoute un, justement
celui qui suit celui qu'il a mentionné. Non, je vais tous les citer, Mme
la Présidente. Premier paragraphe: demande de soumissions: "À
défaut d'entente avec le titulaire de permis dans les 90 jours qui
suivent la remise du cahier des charges, la municipalité peut demander
des soumissions. " Je saute le passage qui dit qu'elle doit aller à la
soumission la plus basse. On sait que les cités et villes doivent aller
à la soumission la plus basse. "Modification. Aucune modification ne
peut être apportée au cahier des charges pour cette demande de
soumissions ou pour cette négociation. " "Paragraphe 467. 3. 1
Révocation du permis", qu'a oublié de citer le chef de
l'Opposition - je le répète pour être sûr que tout le
monde comprenne: "Révocation du permis. Malgré l'article 40 de la
Loi sur les transports (chapitre T-12) la Commission des transports du
Québec doit révoquer le permis du titulaire visé à
l'article 467. 2, sur réception d'une copie du contrat conclu, que ce
titulaire soit partie ou non à ce contrat. "
Ce que je veux faire comme démonstration, c'est que ce n'est pas
la première fois qu'on change une notion de permis pour un
équivalent en droits et privilèges, ce qui ne lèse pas du
tout le groupe concerné, parce que le permis ne vaut que s'il ouvre
droit à quelque chose. Il faut identifier ce quelque chose et voir si on
transpose ce quelque chose.
Donc, dans le domaine des ambulances, à quoi le permis ouvre-t-il
droit? Il ouvre droit dans une zone déterminée à recevoir
de l'État 90 % de ses revenus quand il fait du transport ambulancier.
Ces revenus en question sont négociés actuellement par
l'État avec les transporteurs ambulanciers, de gré à
gré, bien que la loi ne prévoie pas de négociation. Ce que
la loi prévoit, c'est que les tarifs sont fixés par le ministre.
Je l'ai démontré ce matin, je ne veux pas le
répéter. Je ne veux pas réciter l'article de loi,
même s'il y a de nouveaux députés de l'Opposition qui sont
de l'autre côté et qui n'y étaient pas ce matin. Je les
réfère aux galées. Ils peuvent aller voir, je suis certain
que ce que j'ai cité ce matin à cet égard les
intéresse beaucoup.
Le permis ouvre donc droit à transiger avec l'État dans
une zone de transport ambulancier de façon exclusive, et cette
transaction se fait sous le modèle de négociation de gré
à gré, qui n'est pas prévu dans la loi, mais qui est dans
la pratique et que nous prévoyons inclure dans la loi; une
négociation de gré à gré. Le droit de parole pour
les propriétaires, qui existe de fait, mais qui n'existe pas dans la
loi, on l'inscrit; c'est un plus. Et c'est là que nous avons
accepté l'argumentation des propriétaires, "non plus à une
soumission publique", parce que les propriétaires craignaient par ce
biais d'être évacués du système - la soumission
publique qu'on retrouve dans d'autres exemples de transposition de permis
à un système de contrats. Le transport scolaire en est un bon
exemple. On a transposé à une certaine époque les permis
en contrats qui peuvent aller, après une négociation de
gré à gré, en soumissions publiques. Nous avons
accepté - et les amendements le démontrent - de retirer ce
système possible de soumissions publiques pour maintenir le
système de prix fixés, non plus par le ministre mais par le
gouvernement, et par décret au lieu de par réglementation,
ce qui, encore là, est une bonification. Ce n'est plus le ministre dans
son bureau qui, par ses règlements, fixe les tarifs. De toute
façon, il faut bien le dire, quand il s'agit de fixer des tarifs qui
coûtent 40 000 000 $ ou 50 000 000 $, cela va certainement passer dans le
circuit habituel des décisions du gouvernement, c'est-à-dire
vérification du Conseil du trésor et décision du
gouvernement, quoi qu'il en soit. Donc, encore là, on confirme un
processus qui a bien des chances d'être celui qui est suivi actuellement,
bien que ce ne soit pas écrit aussi explicitement. Nous revenons dans
nos amendements au système auquel ouvrait droit le permis,
c'est-à-dire négociation et, s'il y a mésentente, tarifs
déterminés par le gouvernement.
Est-ce qu'il y a d'autres droits auxquels ouvrait le permis? Ah oui!
l'autre droit, un droit important. C'est qu'il faut que ce contrat soit
transférable et que celui à qui il est transféré
puisse également le transférer. Je m'explique parce que c'est un
peu complexe. Si vous pouvez vendre votre contrat... Ils peuvent vendre leur
contrat tandis qu'ils ne pouvaient pas vendre leur permis. Je l'explique, c'est
important. Ils ne pouvaient pas vendre leur permis. Si le gouvernement avait
dit à une entreprise qui avait vendu son entreprise à quelqu'un
d'autre. Je reprends votre permis et je refuse de le donner à l'autre.
Je me demande comment celui qui voulait vendre son entreprise se serait
débattu pour obliger l'État à transférer le permis,
parce que rien dans la loi n'oblige l'État à transférer le
permis à un autre détenteur que celui qui est là
actuellement. Les entreprises ne peuvent pas vendre leur permis. Elles peuvent
vendre, bien sûr, avec la condition que l'État accepte de
transférer le permis, ce qui a été fait en
général quand le nouvel acquéreur satisfaisait aux
conditions du permis.
La deuxième condition était de pouvoir transférer
et vendre les entreprises non pas au premier, mais également au second
et ainsi de suite, parce que si vous donnez le privilège de bassin
préférentiel aux seuls détenteurs actuels ou aux seuls
propriétaires de permis actuels, c'est bien sûr que lors d'une
transaction, si on ne transmet pas ce privilège de bassin
préférentiel au nouvel acquéreur, la transaction ne se
fait pas à la même valeur et il y a préjudice pour les
entreprises. C'est pour cela qu'on permet de transporter le privilège
d'acquéreur à acquéreur, bouclant donc la boucle et
donnant plus que ce qui est actuellement le cas, parce que le permis ne peut
pas être vendu, tandis que les entreprises peuvent être vendues et
le contrat peut suivre les entreprises.
Je viens d'établir que la révocation de permis et sa
transposition en contrat est une chose qui s'est faite dans le passé. Je
ne me rappelle pas avoir vu dans ces lois qu'on ait prévu des
indemnités, parce que ne changeant ni la nature ni la rentabilité
des entreprises, il n'y avait justement pas ouverture à
indemnités. J'ai déjà expliqué que pour ce qui est
de la rentabilité des entreprises, nous diminuons le risque. Alors, je
pense que de ce côté, nous sommes couverts.
Comment le chef de l'Opposition peut-il prétendre que de vouloir
changer une organisation de système d'ambulances - parce que c'est
là notre objectif - on veuille changer le fonctionnement? Il nous dit
qu'on veut transposer le système de centrale de contrôle de
Montréal dans les régions avec le risque de transposer le
même modèle de relations du travail et les mêmes tensions,
et ainsi de suite. C'est cela le fond de la question. On craint que s'il y a
des centrales de coordination en régions, cela aura pour effet de
transposer les mêmes tensions dans le système. Nous
prétendons que les tensions dans le système n'ont rien à
voir avec l'existence ou non de centrales de coordination, et qu'on ne privera
pas l'ensemble de la province de Québec d'une amélioration de
temps-réponse dû au fait que nous installerions des centrales de
coordination que la technologie moderne nous permet d'installer dans toutes les
régions. J'ajoute, avec un numéro unique si possible, non
seulement pour les centrales de coordination - c'est un peu complexe à
expliquer - mais pour les gens de Montréal et d'autres gens en province
qui ont le système. Le numéro unique d'urgence serait un atout
considérable pour la population du Québec. Pouvoir signaler 911
de n'importe où, y compris d'une cabine téléphonique,
même si vous n'avez pas de monnaie dans vos poches, vous n'avez pas
à mettre un jeton pour avoir accès à une urgence, 911,
où vous pouvez demander policier, pompier, ambulance et le travail se
fait. Il est possible que la répartition des ambulances ne soit pas au
même endroit que le 911, comme c'est le cas à Montréal;
mais de façon quasi instantanée, le personnel, étant
extrêmement qualifié à ces endroits et connaissant bien son
réseau, transpose l'appel directement au bon endroit.
N'est-ce pas là un service fantastique à accorder aux
régions? N'est-ce pas la responsabilité de l'État
d'envisager l'établissement d'un tel service malgré la crainte
peut-être légitime, étant donné les conflits qu'il y
a eus à Montréal, qu'on risque de transposer ces conflits?
Je prétends que ce n'est pas le fait des centrales de
coordination qui transpose des conflits; ce qui transpose des conflits, c'est
un manque de dialogue. Ce qui transpose des conflits, c'est un manque de
transparence dans les relations, dans les budgets et dans les sommes d'argent
à disposer. Ce qui transpose les conflits, c'est l'attitude des
intervenants; je dis bien des intervenants. Le député d'Ungava
vient de dire: L'attitude du "boss". Je pense que chacun a sa
responsabilité, dans de bonnes ou de mauvaises relations. Je pense que
c'est important que chacun y mette du sien. Je considère que la
très grande majorité des employeurs de la province de
Québec dans le domaine du service ambulancier veulent donner un service
de la plus haute qualité possible; ce sont des gens responsables qui
veulent rendre des services à la population. Je prétends que la
très grande majorité des techniciens ambulanciers de la province
de Québec veulent dispenser des services de très haute
qualité et qu'ils sont consciencieux et responsables. C'est ce que je
prétends. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de tension dans le
système. Cela ne veut pas dire que tout le monde est d'accord sur la
façon dont cela devrait fonctionner. Cela ne veut pas dire que c'est une
situation facile.
Je suis convaincu, et c'est pour cela que nous allons nous battre sur
cette loi, que cette loi est un bloc nécessaire et important dans la
réforme que nous avons annoncée, pour bonifier
considérablement le service en région, parce que beaucoup plus de
dollars s'en iront en régions avec cette réforme que nous avons
annoncée, et pour diminuer considérablement les tensions dans le
système. C'est notre objectif. Il arrive souvent que l'Opposition dise,
et j'entends ça régulièrement à l'Assemblée
nationale: Le gouvernement n'avance pas. Il ne fait rien. Cela ne bouge pas.
Qu'est-ce qu'on nous dit? Le gouvernement devrait étudier encore plus,
comme s'il n'y avait pas eu assez d'études dans ce dossier! Je vois la
députée de Marie-Victorin rire. C'est une des personnes qui se
plaît à répéter que le gouvernement ne fait rien;
elle se plaît à dire qu'on n'avance pas assez vite. On avance et
on va avancer dans ce dossier. On va avancer, même si l'Opposition ne
veut pas que le système se bonifie, pour une raison que je ne comprends
pas. On va avancer dans ce dossier parce que c'est important pour les
régions du Québec.
Ce qui est important, ce n'est pas de nationaliser l'amiante, de
nationaliser les pêches au Québec ou de nationaliser le transport
au Québec; ce n'est pas ce qui est important. Ce qui est important,
c'est, avec la technologie moderne, de s'ajuster sur un système
performant, en diminuant les temps-réponses. Selon les recommandations
de groupes d'employés, mais aussi selon les recommandations de groupes
qui s'occupent de sécurité routière, telle la Régie
de l'assurance automobile, qui s'occupent de soins médicaux et ainsi de
suite, une multitude de groupes qu'on a consultés qui, à 19 sur
20-19 sur 20, cela fait 95 % et j'espère qu'on estime que c'est
important que 95 % du monde soit d'accord - l'un des points majeurs et
importants dans un système préhospitalier d'urgence - ce n'est
pas le seul, il y en a quinze; il y a bien des choses, il y a du travail
à faire avant d'en arriver là. Il y en a 15 - c'est de pouvoir
coordonner les appels. Coordonner les appels signifie moins de
découverture de zones, cela signifie un temps-réponse plus rapide
et cela veut dire, si on ajoute à cela - et on l'a annoncé dans
la réforme - la stabilisation de l'emploi et si on y ajoute la
formation. supérieure, cela veut dire, Mme la Présidente, des
vies sauvées.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, on vient d'avoir un bel
exemple de remarques préliminaires, vingt heures plus tard. Si le
ministre avait fait en remarques préliminaires l'intervention qu'il
vient de faire - ce sont des remarques préliminaires parce qu'il a
parlé de tout, excepté de l'article dont il est question -
à ce moment-là, on aurait probablement évité
beaucoup de débats, mais il va le savoir pour la prochaine fois. Il
commencera par le bon bout.
M. Jolivet: C'est la première fois.
M. Claveau: C'est vrai que c'est la première fois qu'il a
un projet de loi à défendre devant la commission parlementaire.
On va l'excuser.
Une voix: II a eu affaire au plein air.
M. Dutil: J'ai eu affaire au député de Laviolette.
Cela n'a pas été drôle.
M. Claveau: Ah! Cela n'a pas... M. Dutil: C'est la
troisième fois.
M. Claveau: C'en est un autre qui ne se laisse pas marcher sur le
corps.
La Présidente (Mme Dionne): Continuez, M. le
député d'Ungava.
M. Dutil: Excusez-moi, Mme la Présidente.
M. Claveau: J'ai quand même un certain nombre de questions
à poser au ministre à la suite de son intervention concernant
différents éléments. D'abord, la différence entre
permis et contrat. Vous savez, des permis, dans notre société, il
y en a partout, en commençant par les permis de conduire. Il faut
presque un permis pour venir au monde. Cela va dans le domaine agricole, les VR
pour le transport en vrac dans les régions, les permis de conduire...
(15 h 45)
Une voix: De pêche.
M. Claveau:... des plaques, il en faut partout. Cela c'est une
chose. Et les contrats conclus à partir de l'utilisation de ces permis
ou la façon d'utiliser un permis, c'est autre chose. Ce sont deux
concepts qui sont carrément différents. Je pense que tout le
monde va concevoir très facilement dans notre société
qu'il s'agit là de deux concepts très différents. Le fait,
par exemple, d'avoir une carte de la construction, à savoir un permis
pour travailler
dans la construction, ne veut pas dire que tu vas avoir un "job" pour
autant. Le "job" va être lié à un contrat en particulier,
qui va remplir un certain nombre de critères identifiés à
un milieu de travail, etc. Le permis est une chose, et le contrat, c'est une
autre affaire. Le ministre nous dit que c'est la même chose. Ce doit
être du droit nouveau. Je sais qu'il y a beaucoup de ses collègues
qui nous ont parlé de droit nouveau dans d'autres projets de loi. Il n'a
pas osé utiliser le terme. Mais si un permis devient un contrat en soi,
c'est du droit nouveau à mon avis.
Le ministre va m'expliquer une chose. Actuellement le permis auquel on
se réfère pour conclure les contrats, si je ne m'abuse, une fois
que l'ambulancier a son permis, à ce moment-là, il a
l'autorisation d'offrir des services ambulanciers, de conclure des ententes de
services ambulanciers avec le ministère aussi longtemps qu'il en a envie
ou est-ce que le permis est révocable après un certain nombre
d'années?
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre. M. Dutil:
II y a des raisons de révocation...
M. Claveau: Non, non mais en dehors des raisons. Toutes les
raisons sont remplies.
M. Dutil: Oui, d'accord. Des raisons pour cause. Cela va
jusqu'à 65 ans et plus. La source que j'ai mentionnée tout
à l'heure... Non, il faut leur redonner le permis s'il n'est pas
révoqué pour cause.
M. Claveau: D'accord.
M. Dutil: Cela va. Mais par contre, il ne peut pas vendre son
permis, comme je le mentionnais tout à l'heure.
M. Claveau: D'accord.
M. Dutil: Le permis est accordé à un individu, non
pas à une corporation.
M. Claveau: Comme la plupart des permis dans notre
société. Comme moi, je ne peux pas vendre mon permis de conduire
à un gars qui n'en a pas.
M. Dutil: C'est cela.
M. Claveau: Les permis ne sont pas tous transférables
alors que les contrats, en règle générale, sont
transférables dans la mesure où celui qui est détenteur
est en mesure ou non de le remplir et qu'il peut le transférer.
M. Dutil: D'où bonification du système pour celui
qui a un contrat plutôt qu'un permis.
M. Claveau: D'où le fait qu'un permis n'est pas un contrat
et un contrat n'est pas un permis.
M. Dutil: Je n'ai jamais dit que l'un était égal
à l'autre.
M. Claveau: D'accord. Vous dites que vous ne changez pas... J'ai
plusieurs petites questions à vous poser. Vous pouvez donner des
réponses un petit peu plus brèves si vous voulez gagner du temps.
La dernière a pris 20 minutes. D'accord, c'est un permis. Et vous dites:
On ne change pas les droits. On ne modifie en rien la structure de
l'entreprise, sauf qu'il n'y a plus de permis, il va y avoir un contrat. Ces
contrats seront valables pour combien de temps?
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Ces contrats sont négociés. La
négociation inclurait le temps de durée du contrat. À
Montréal il y a eu un exemple où l'entente a été de
trois ans. À ce moment-là, c'était une entente parce qu'on
ne pouvait pas appeler cela un contrat. Ceux qui avaient un permis avaient une
entente de trois ans qui est terminée depuis le 1er avril cette
année. Donc, je vais répondre rapidement. La première
question est sur la durée du contrat. C'est négociable, mais il y
a un précédent qui fait que c'est trois ans, et trois ans
semblent une période raisonnable dans le système. Mais ce qui est
surtout important, c'est que ce contrat est renouvelable, négocié
avec les mêmes parties, de façon exclusive, sans appel d'offres
public et avec un prix fixé par le gouvernement en cas de
mésentente, comme c'est le cas actuellement.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Donc, il ne s'agit pas d'un contrat qui est reconduit
automatiquement dans la mesure où on ne contrevient pas aux normes.
C'est un contrat qui est renouvelable sur une base périodique.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: C'est un contrat qui est reconduit de façon -
lisez les textes de la loi, il y a des amendements que nous avons
déposés - qui ne peut nécessairement être
négocié autrement qu'avec le détenteur du contrat pour le
même nombre de permis, pas moins, à moins que ce ne soit lui qui
souhaite en avoir moins. Ce qui peut arriver. C'est pour cela qu'on l'a
prévu. C'est pour cela qu'on dit "doit aviser". C'est sa décision
s'il veut en avoir moins.
M. Claveau: D'accord.
M. Dutil: II ne peut pas en avoir plus. Mais on est
obligés de lui offrir le même nombre de
permis. C'est important d'expliquer cela. Une voix: Oui, allez-y.
M. Dutil: Cela répond à votre question.
M. Claveau: Je veux savoir. Est-ce que vous nous dites...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau:... que ce contrat est reconduit automatiquement?
M. Dutil: Reconduit après négociation. M.
Claveau: Après négociation.
M. Dutil: Dans le passé, par la loi, il était
reconduit automatiquement par des tarifs fixés par le gouvernement.
M. Claveau: Mais par le permis, les droits n'étaient pas
suspendus même si on était en négociation, alors que dans
le contrat, le droit est suspendu tant que la négocation de la
reconduite du contrat n'est pas complétée.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Pas du tout. La personne continue à fonctionner.
On n'interrompra pas les services d'ambulance.
M. Claveau: Elle fonctionne, mais son contrat...
M. Dutil: On ne peut pas interrompre les services
d'ambulance.
M. Claveau:... fonctionne par anticipation. Non, d'accord.
M. Dutil: On ne peut pas lui enlever les services d'ambulance,
même si la négociation est en cours.
M. Claveau: D'accord. Mais dans la mesure où vous
n'arrivez pas à vous entendre au premier ou au deuxième
renouvellement de contrat...
M. Dutil: Oui.
M. Claveau:... que se passe-t-il?
M. Dutil: C'est décrété par le
gouvernement.
Une voix: Les tarifs...
M. Claveau: Et si le propriétaire d'ambulance dit: Moi,
c'est dommage, mais je n'arrive pas avec cela, je parque mes ambulances.
M. Dutil: C'est la même situation qu'actuellement.
M. Claveau: Je vous demande ce qui va se passer.
M. Dutil: Je vous explique la situation actuelle.
M. Claveau: Actuellement...
M. Dutil: Je vais vous dire ce qui va se passer.
M. Claveau: Excusez-moi, M. le ministre, la grosse
différence, c'est qu'actuellement le propriétaire a du personnel,
il a des gens à faire vivre, il a un salaire à en retirer; il
n'est pas tout seul lié à la boîte, il y a une dynamique
interne dans sa boîte actuellement, qui fait en sorte qu'il y a un autre
niveau de responsabilité. S'il a juste de la tôle à louer
et si, en plus, il est incorporé parce qu'on a dit tout à l'heure
que les contrats pouvaient se racheter... Si Tilden, par exemple, qui a
racheté deux ou trois contrats en cours d'exercice dit: C'est bien
dommage, M. le ministre, mais votre décret, on n'a pas besoin de cela
pour vivre; on parque les ambulances tant que vous ne nous aurez pas
donné satisfaction. Il n'y a plus de dynamique interne, parce que c'est
vous-même qui fournissez le chauffeur, vous fournissez tout.
M. Dutil: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Claveau: La dynamique est drôlement modifiée
à l'intérieur de l'entreprise, vous en conviendrez.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Absolument pas. C'est tout le contraire. Ce que le
député d'Ungava vient de faire, c'est la même chose que
tout à l'heure, il vient de parler à la fois de ce qui se passe
en province et de ce qui se passe à Montréal.
M. Claveau: Non, non, je parle de Montréal.
M. Dutil: Ce ne sont pas, à part Montréal, ce qu'il
appelle des locateurs de véhicules. Ce sont des entreprises qui
demeurent des entreprises avec toutes les fonctions de l'entreprise, tel que
c'est actuellement.
M. Claveau: M. le ministre, c'est vous qui essayez de noyer le
poisson. On parle de la corporation de Montréal, on parle des contrats
de location; c'est la corporation versus les ambulanciers actuels de
Montréal qui vont devenir des fournisseurs de biens et services.
D'accord?
M. Dutil: C'est cela. Alors le député
d'Ungava...
M. Claveau: Mais on ne parle pas des régions. Moi, je vous
dis qu'actuellement le propriétaire d'ambulances à
Montréal qui a un personnel, qui a une dynamique interne de relations du
travail dans sa boîte, c'est certain qu'il continue à fonctionner;
il a des salaires à verser, des conventions à respecter, etc.
D'une façon ou d'une autre, vous êtes le fournisseur unique ou
vous êtes l'unique client. Il est obligé de vous attendre à
toutes fins utiles pour respecter ses engagements et ses conventions.
M. Dutil: Comme c'est le cas actuellement.
M. Claveau: Comme c'est le cas actuellement. À l'avenir,
cette dynamique à l'intérieur disparaît: le gars loue de la
machinerie, il peut avoir un "job" ailleurs et cette machinerie peut appartenir
à une autre entreprise qui est carrément en dehors du
réseau et dont l'une des fonctions, un petit appendice, est de louer des
ambulances, parce que n'importe qui peut racheter les contrats. À ce
moment-là, il dit: M. le ministre, c'est bien dommage, je n'ai plus de
personnel, je n'ai plus de chauffeurs, d'infirmières, de
médecins, de comptables qui sont rattachés à cela. Tout ce
que je fais, c'est de louer de la machinerie. C'est bien dommage, le
décret, je ne le prends pas et ma machine reste parquée.
Arrangez-vous avec vos problèmes. Comment allez-vous réagir?
M. Dutil: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Mme la Présidente, le député
d'Ungava semble dire que tous les propriétaires d'ambulances travaillent
comme techniciens ambulanciers ou travaillent dans leur entreprise comme
administrateurs.
M. Claveau: Non, non.
M. Dutil: Bien oui, il dit: II s'en va travailler ailleurs.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je veux dire qu'actuellement, il a une convention de
travail à gérer, il a du personnel, il peut avoir un garage
d'entretien mécanique, tout ce que vous voulez qui est lié
à sa machinerie.
M. Dutil: Oui, oui.
M. Claveau: II est lié par du personnel. À partir
de maintenant, il n'aura plus de lien avec le personnel; c'est vous qui allez
l'avoir ou c'est la corporation qui va l'avoir. Lui, le seul lien qu'il aura,
ce sera de vous fournir des équipements. S'il dit: C'est bien dommage,
mais à ces conditions, je ne fournis plus les équipements, vous
irez les prendre ailleurs, eh bien, vous allez vous retrouver à la fin
du contrat. S'il n'y a pas renouvellement, surtout si c'est une grande
entreprise...
M. Dutil: Voilà tout le problème.
M. Claveau:... comme on a dit que cela pouvait arriver...
M. Dutil: Oui.
M. Claveau:... qui fait toutes sortes de choses et qui pourrait
ouvrir une succursale de fourniture d'équipements ambulanciers pour la
corporation; à ce moment-là, pour elle cela devient une
activité marginale. C'est bien dommage, mais si elle n'est pas
satisfaite de la négociation, comme cela va arriver... On connaît
des entrepreneurs qui négocient avec le ministère pour des
placements de machinerie. Si les prix ne font pas leur affaire, le bulldozer
passe l'été dans la cour plutôt que d'aller perdre sur les
chantiers.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Comme c'est arrivé. Il dit: Comme cela va
arriver...
M. Claveau: Non, non, comme...
M. Dutil: Comme c'est arrivé dans le transport
ambulancier. Il est arrivé que des gens ont dit: Nous, on ne fonctionne
plus, parce qu'on n'est pas satisfaits ou de la tarification ou de la
façon dont cela fonctionne.
M. Claveau: D'accord.
M. Dutil: Le ministère a dû trouver des solutions
pour s'assurer que les services continuaient à être
accordés en régions ou ailleurs ou à Montréal - je
ne pense pas que cela soit arrivé à Montréal - en
régions, parce que la densité est plus faible. Il a fallu que le
ministère s'assure que le service puisse continuer à se
maintenir. On a des endroits actuellement où, si on ne bouge pas quant
à la stabilisation d'emplois, il n'y aura plus de services ambulanciers.
Il n'y en aura plus parce qu'il y a eu, à une époque, des gens
qui ont accepté de faire d'énormes sacrifices pour accorder
à leur population des services ambulanciers. Ils étaient
disponibles pour travailler pour rien et finalement à 1 $ l'heure pour
la disponibilité, en dehors de leur travail régulier sur les
ambulances. Sauf que cela devient difficile et ce n'est pas leur premier
travail. Ce n'est pas pour rien qu'on parle de stabilisation d'emploi et
d'une
meilleure formation. C'est pour cela qu'on en parle.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Ne mêlons pas les choses, M. le ministre. La
plus belle façon de noyer le poisson c'est de parler tous en même
temps. Je ne vous ai jamais parlé du problème en régions.
On pourra en discuter après. Je connais assez bien les régions du
Québec pour pouvoir en parler. Cela a été une grande
partie de ma vie, les régions. On peut en parler.
Pour le problème de la corporation, actuellement, ce dont je
parle n'est pas possible parce que, premièrement, il y a une dynamique
à l'intérieur de l'entreprise, le propriétaire par rapport
à ses travailleurs, ses employés, etc., ce qui fait qu'il a
besoin d'une entrée d'argent. Vous êtes le seul avec qui il peut
prendre des contrats. Donc il est obligé de vous suivre d'une certaine
façon.
Deuxièmement, vous nous l'avez dit, dans le cas des permis, vous
avez le contrôle sur leur transfert. Le permis ne se vend pas. Cela veut
dire que si quelqu'un achète la boîte avec le personnel il faut
qu'il passe par vous pour avoir l'autorisation de transférer le permis.
Vous avez un contrôle là-dessus.
Vous avez dit: Le contrat, ce n'est plus cela. Le contrat est
transférable automatiquement. Vous vendez et le contrat suit. D'accord.
Rien ne vous dit, M. le ministre, que dans une dynamique comme il y en a
à l'occasion dans le monde des affaires vous ne vous retrouvez pas,
après avoir signé actuellement... Comment avez-vous dit? Vous
pouvez partir la semaine prochaine et aller signer sept contrats
différents, mais à la conclusion de ces contrats rien ne dit
qu'ils n'appartiendront pas à un seul et unique propriétaire, par
exemple, parce qu'il y a une dynamique qui pourrait jouer en ce sens que
quelqu'un, quelque part, serait intéressé à prendre le
monopole là-dessus et qu'à la fin du contrat, sans même que
vous en ayez eu connaissance, toutes les ambulances appartiendraient au
même propriétaire sous des noms différents. Après
cela, il viendra négocier avec vous et vous allez voir que la dynamique
va être différente de celle qui existe actuellement.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre. M. Dutil:
Est-ce que je peux parler?
M. Claveau: Oui, oui. Je vous pose des questions. C'est votre
temps de réponse.
M. Dutil: C'est que votre question était longue un peu. Ma
réponse sera brève. Est-ce que le député d'Ungava
est en train de me dire qu'il faudrait systématiquement avoir une clause
qui interdise les transactions si on juge approprié qu'il...
M. Claveau: Non, non. Ce n'est pas ce que je dis.
M. Dutil: Mais oui, parce que ce sont les entreprises qui
décideraient de vendre à quelqu'un qui voudrait centraliser
davantage, qui voudrait regrouper. Ce n'est pas nous qui prenons cette
décision. Si les entreprises te font, c'est parce qu'elles estiment que
c'est leur intérêt de le faire. C'est cela l'entreprise
privée. Est-ce que le député d'Ungava est contre cela?
La Présidente (Mme Dionne): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: À ce moment, est-ce que ce serait dans
l'intérêt de la corporation que cela se fasse? Actuellement, vous
pouvez révoquer les permis si vous voyez qu'il y a une forte
monopolisation ou s'il y a quelque chose qui ne fait pas votre affaire.
M. Dutil: Ce n'est pas la monopolisation qui est notre
problème.
M. Claveau: Non, mais vous auriez le droit de le faire.
M. Dutil: II s'est fait des transactions dans le passé qui
ont fait qu'on a réduit de plus en plus le nombre de
propriétaires par des transactions internes à Montréal. Je
ne pense pas que le gouvernement du passé, pas plus que celui
d'aujourd'hui d'ailleurs, soit intervenu pour empêcher cela. Au
contraire, parce qu'à 30 transporteurs ambulanciers... Combien y en
avait-il au maximum à Montréal? 23? À 23 transporteurs
ambulanciers, ce n'était pas facile de coordonner tout cela. On se
retrouve aujourd'hui avec sept. On peut dire qu'il y a trois
propriétaires considérables qui regroupent...
M. Claveau: Jusqu'à maintenant, M. le ministre, vous
conviendrez que par le biais des permis vous avez quand même un droit de
regard ou un suivi minimum que vous pouvez exercer sur les transactions parce
que le permis n'est pas transférable. Alors, il doit revenir devant vous
chaque fois pour redemander le renouvellement du permis. Vous savez où
cela mène.
Dans le cas où ce sont des contrats négociables et
automatiquement transférables au nouveau propriétaire sans permis
spécial, vous ne savez plus où va la propriété des
ambulances. Vous ne saurez pas dans cinq ans ou dans huit ans avec qui vous
traiterez quand vous négocierai.
M. Dutil: Savez-vous qu'il y a de la contradiction dans ce
qui...
M. Claveau: Non, mais je vous...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Ce que je veux dire par là, c'est qu'on nous
reproche d'avoir le contrôle sur les tarifs horaires. Je dis que c'est le
même système actuellement que nous transposons, c'est cela qui se
passe. Que ce contrôle sur les tarifs peut faire crever les entreprises.
Ce qu'on vient de nous dire c'est qu'on n'a aucun contrôle sur ce qui se
passe quant au service, à la tarification et tout et qu'on risque de se
retrouver devant un monstre.
M. Claveau: Non, non. J'ai dit que vous n'aviez pas de
contrôle sur les transferts, les reventes de propriété. Je
n'ai pas dit que vous n'aviez pas le contrôle sur les tarifs. Sauf que le
jour où vous vous retrouverez avec un ou deux qui feront cartel ce ne
sera probablement pas pareil.
M. Dutil: D'accord. Je prends note que l'Opposition veut
s'assurer que le gouvernement autorise les transferts de contrats qui ne
peuvent pas se faire si... (16 heures)
M. Claveau: Je veux m'assurer, par exemple, que vous puissiez
avoir une loi anticartel, si vous voulez, dans le domaine. Il y a des choses
qui se font.
M. Dutil: Oui, d'accord. Autrement dit, le bénéfice
que nous donnions en supplément aux entreprises, l'Opposition n'est pas
d'accord qu'on le donne parce qu'on leur permettait de transiger sans
être obligées de repasser par le gouvernement, comme cela a
été le cas avec les permis.
M. Claveau: Savez-vous...
M. Dutil: Ce qu'on nous dit, c'est que vous allez nous faire une
proposition pour ajouter une clause qui va interdire les transactions entre
entreprises...
M. Claveau: M. le ministre, je vais vous expliquer quelque chose
en deux temps, trois mouvements. Vous allez comprendre très vite, vous
avez été maire.
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau: Dans les petites municipalités
éloignées, isolées, là où il n'y a qu'un
entrepreneur de disponible pour l'entretien d'hiver et ces affaires-là
et où la concurrence ne joue pas, dans la grande majorité des
cas, savez-vous que les municipalités, pour économiser de
l'argent, ont été obligées de s'acheter de la machinerie?
Quelqu'un qui n'achète pas de machinerie est à la merci de
l'entrepreneur qui dit: C'est bien dommage, mais cela va te coûter 850 $
le kilomètre pour entretenir tes rues et si cela ne fait pas l'affaire,
va en chercher un autre ailleurs...
M. Dutil: Mais c'est pour cela...
M. Claveau:... et il n'y en a peut-être pas de disponible.
Alors la municipalité dit: Je suis capable d'entretenir pour 300 $ ou
350 $ le kilomètre. Donc, je vais m'acheter de la machinerie. C'est ce
qui risque d'arriver dans votre cas. Le jour où la corporation sera
dépendante d'un seul fournisseur d'équipements ou d'ambulances,
vous allez dire: Peut-être que je serais mieux de m'en acheter parce que
je suis en train de me faire avoir et je ne suis plus capable de
négocier.
M. Dutil: Fantastique!
M. Claveau: Là, vous aurez vraiment
étatisé...
M. Dutil: Vous venez de confirmer ce qu'on veut prendre comme
précaution, c'est-à-dire s'assurer qu'on puisse... Non, Mme la
Présidente...
M. Claveau: Vous serez obligés d'étatiser à
ce moment-là pendant un deuxième temps...
M. Dutil: En tout cas! Je pense avoir expliqué tout cela
tout à l'heure.
M. Claveau:... comme les municipalités sont
obligées de s'acheter de la machinerie, donc de municipaliser parce
qu'elles sont à la merci d'un seul entrepreneur disponible. Vous risquez
qu'il vous arrive la même chose. C'est une mise en garde en bout de
piste. Cela n'arrivera peut-être pas, mais cela peut fort bien arriver.
Mettez-vous cela dans la tête.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le député de Laurier, est-ce
que cela va?
M. Sirros: Cela va.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, Mme la Présidente. J'ai l'impression
qu'on a de la difficulté à s'entendre avec le ministre, qu'on est
vraiment sur des tangentes très différentes et qu'on n'arrivera
sûrement pas à faire une hyperbole ici. J'écoutais le
ministre parler de la rentabilité et nous dire que finalement, comme il
ne touche pas la rentabilité des entreprises... Pour lui, dans sa
tête, actuellement, la majorité des propriétaires sont
déjà des locataires de tôle de toute façon et il ne
change en rien le statut de ces entreprises. Elles vont demeurer
continuellement et il
ne voit pas pourquoi il leur paierait une indemnité. Je trouve
que c'est aller très loin, parce qu'actuellement, lorsqu'il y a des
négociations, ces gens-là sont à la table de
négociations. Ce sont les employeurs, les propriétaires
d'ambulances qui participent aux négociations et le gouvernement
intervient, le ministère intervient uniquement en dernier ressort, quand
il n'y a plus de possibilité d'entente. Il dit: Écoutez, on fait
cela, cela va être comme cela, cela se passe de même. Mais on ne
lui enlève pas tous ses droits. Par contre, lorsqu'un locataire n'aura
plus de personnel sous sa gouverne, il n'aura absolument plus de frais
généraux à vérifier et il n'aura pas de frais
d'exploitation de cette entreprise, parce qu'il y a du personnel, parce qu'il y
a plein de choses tout autour et que, finalement, il change par le fait
même la nature même de l'entreprise. Même s'il essayait de
nous faire croire qu'il ne change pas la nature de l'entreprise, il la change
de toute façon. Et pour cela, parce que c'est un droit acquis, quand on
change la nature d'une entreprise, quand on crée un préjudice, il
faut réparer ce préjudice et il faut favoriser une indemnisation.
Je pense que c'est de la justice naturelle dans notre société que
de reconnaître ce simple fait. Ce qu'on demande, c'est qu'on reconnaisse
au moins ce fait et que les gens qui auront à subir ce tort soient
indemnisés. C'est notre argumentation et je pense qu'on s'aligne tout
simplement sur un cas de justice naturelle. Aujourd'hui, ce sont les
propriétaires d'ambulances. Demain, cela pourrait être un autre
organisme, un autre facteur qui fasse en sorte qu'on demande que la même
justice soit reconnue aux individus.
Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui ce sont les propriétaires
d'entreprises d'ambulances qu'on est pour un groupe par rapport à un
autre groupe. C'est parce qu'aujourd'hui les circonstances font qu'on est
obligé de se situer par rapport à une problématique qu'on
nous présente dans le projet de loi 34. Mais il aurait pu en être
tout autrement et on aurait pu avoir les mêmes arguments pour un autre
groupe qui se serait présenté. Je pense que notre argumentation
est fondée sur un principe de justice, de reconnaissance de droits
acquis. Et c'est là-dessus que porte l'ensemble de nos arguments parce
que c'est reconnu internationalement. C'est un droit reconnu. C'est un droit
fondamental des entreprises. C'est un droit commercial. C'est une chose qui est
reconnue et on ne peut pas aller au-delà de tout cela. C'est pourquoi on
dit: Au moins, reconnaissez cette partie-là, reconnaissez que c'est la
partie la plus importante et la plus essentielle. Si on veut, tout bas, que les
entreprises soient sous ta gouverne de l'État et que ce soit
l'État qui devienne propriétaire, qu'on répare le tort
fait à ces entrepreneurs ambulanciers. Ils vont savoir à quoi
s'en tenir. Ils vont savoir exactement de quoi il retourne et quelle est leur
situation. On aura finalement réglé le problème une fois
pour toutes et on aura au moins maintenu cet équilibre qui est important
c'est-à-dire reconnaître le droit fondamental à
l'indemnisation dans des cas de cette nature.
J'aurais une question à poser au ministre. Dans votre projet de
loi vous parlez des régions limitrophes de Montréal qui vont
faire partie de la corporation. Je m'interroge quant à la région
6-C parce que dans cette région ce sont des petits entrepreneurs. Et il
y a même des gens, il n'y a pas si longtemps, qui étaient
d'anciens techniciens ambulanciers qui ont formé une corporation.
Finalement, ils risquent eux aussi d'être pénalisés. Et
j'aimerais savoir du ministre si ces gens de la région 6-C seront
considérés comme faisant partie des régions
éloignées ou s'il les considère comme partie
intégrante du grand Montréal ou des régions limitrophes.
Parce qu'on n'a pas discuté de cela et c'est important de le savoir.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: C'est pour cela qu'on a passé un article 2,
paragraphe 149. 4 où on a apporté un amendement et où on a
dit que le territoire était celui constitué du territoire de la
région du Montréal métropolitain. On a fixé la
date, au moment de la présentation de l'amendement que j'ai fait, pour
que cela ne se modifie pas et la réponse est: Non, les autres
régions ne sont pas incluses dans ce que couvre la corporation.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Parce que pour ces régions-là il y a
justement un risque à cause de ce vers quoi on s'oriente. Je ne sais pas
si vous allez inclure ou exclure les municipalités, cela aussi c'est
toujours en suspens, mais cela a une influence importante pour cette
région qui est la Montérégie parce qu'on ne sait pas ce
qui va arriver de cette région-là qui est à la limite de
Montréal et dont 70 % ou 80 % du transport interétablissement se
fait par Montréal. Il y a une problématique de taille à ce
chapitre-là. Et les propriétaires d'ambulances de la rive sud de
Montréal risquent de perdre une bonne partie de leurs permis parce
qu'ils ne savent pas si à un moment donné cela va être la
corporation qui va finalement donner tout le service, en disant qu'ils sont
à proximité, à cause des ponts, que Montréal peut
très bien desservir l'ensemble de la rive sud sans tenir compte de leurs
prérogatives en tant que propriétaires d'entreprise et qu'eux
aussi se retrouveront avec le fait que cela ne fera plus l'affaire? On aura
négocié de gré à gré. Ils ne
répondront plus aux critères et aux conditions. Alors finalement
on leur dira: Écoutez, vous ne répondez pas à nos
conditions, et à défaut d'entente vous partez. Parce que ces
entreprises-là sont vraiment des petites entreprises et il y a les
principes sur lesquels vous vous appuyez en disant que vous ne changez pas
la
nature de l'entreprise, mais pour ces cas-là, à
proximité de Montréal, de l'autre côté des ponts,
vous changez considérablement la nature de ces entreprises-là.
Parce que ce ne sont pas de gros propriétaires, mais ce sont de petits
propriétaires. Et plus souvent qu'autrement, ce sont des corporations.
Ou si ce ne sont pas des corporations, ce sont des anciens travailleurs qui se
sont regroupés...
Une voix: Des coopératives.
Mme Vermette:... des coopératives. Et ce sont ces
gens-là qui vont âtre pris à partie. Ce sont ces
gens-là qui vont avoir des problèmes à vivre parce qu'il
n'y a pas... Je ne le sais pas. Vous dites: Non ils ne le seront pas. Mais en
tout cas cela laisse présager qu'à un moment donné la
corporation pourra gruger un à un... Ce sont des permis. Elle pourra
finalement à un moment donné se permettre d'avoir
complètement tout ce réseau-là et desservir l'ensemble de
ce réseau de sorte que la majorité des propriétaires sur
la rive sud de Montréal se retrouveront avec rien. Ils perdront tout ce
qu'ils avaient mis sur pied, le temps, l'énergie. En tout cas, je vous
mets au défi d'aller vérifier et même si c'est à
côté de Montréal, parce qu'on a toujours l'impression
qu'à Montréal tout le monde éternue en même temps,
mais ce n'est pas tout à fait la même chose. Je peux vous dire
qu'il y a des cas très particuliers, de l'autre côté des
ponts, à quelques milles, à peine trois milles de
Montréal, et qu'effectivement ce sont des entreprises familiales, ce
sont des entreprises qui ont énormément d'années
d'expérience et qui ne font pas des profits si immenses que cela. Mais
cela permet à ces entreprises de s'en sortir parce que c'est le mari, la
femme et quelquefois les fils, même les filles qui ont repris la
succession. Ce sont des entreprises familiales.
Dans le cas des coopératives, c'est un groupe de gens qui ont
déjà été des salariés et qui, avec leurs
économies, ont décidé de se prendre en main et de
créer leur propre entreprise. Donc ce sont des gens qui n'ont pas des
montants si considérables. Ce sont des gens qui ont mis l'ensemble de
leurs économies dans une entreprise. Et on arrive, on va leur causer un
tort considérable. Je trouve qu'on touche vraiment la nature de
l'entreprise à ce moment. J'espère que le ministre va prendre en
considération les régions limitrophes de la région de
Montréal, plus particulièrement la région 6-C qui est
à côté et où la corporation sera très
tentée, à cause justement de la proximité et à
cause des ponts, de faire en sorte que dans peu de temps la majorité du
service ambulancier soit régie par la corporation de Montréal,
que l'ensemble du réseau ambulancier de la Montérégie de
la rive sud de Montréal soit aussi sous les mécanismes et qu'on
n'ait rien prévu à ce moment. Ces gens vont se retrouver sans
aucune indemnisation et sans recours parce qu'ils auront été
emportés par l'ensemble des projets de loi en tenant compte plus
spécifiquement de la région de Montréal, sans tenir compte
de cette spécificité et de cette particularité qui est la
rive sud de Montréal.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. J'aimerais rappeler à tous les
gens dans la salle que c'est très difficile d'entendre. J'aimerais
demander le calme, s'y vous plaît, à gauche, à droite, au
nord, au sud. M. le député de Laurier.
M. Sirros: Merci, Mme la Présidente. J'écoute
attentivement les débats depuis hier et surtout depuis ce matin
où on est arrivés au coeur du problème. Ce qui a
été soulevé par le député de Joliette et
chef de l'Opposition ce matin, qui a été repris par la
députée de Marie-Victorin tout à l'heure, c'est toute la
question autour de la nature de l'entreprise.
L'argumentation qui est faite de l'autre côté, c'est que le
gouvernement change la nature de l'entreprise et procède sans
indemnisation en changeant la nature de l'entreprise. Il me semble que c'est
là que cela achoppe, si on peut s'exprimer ainsi.
Nous sommes bien disposés, et cela a été dit par le
ministre, à siéger le temps qu'il faudra parce qu'on croit
sincèrement que le projet de loi est essentiel et nécessaire pour
la bonne qualité des services ambulanciers a la population. Mais
J'aimerais beaucoup qu'on essaie de dénouer le noeud qu'on a devant
nous. Il me semble qu'on procède... On voit ce qu'il y a de l'autre
côté, soit à la suite d'un malendu, je n'oserais pas dire
d'une mauvaise volonté. J'ai une question simple à poser au
ministre. Je pense que la réponse pourrait peut-être
éclairer et le député de Joliette et la
députée de Marie-Victorin qui prétendent, comme je le
disais tout à l'heure, qu'on force un changement de l'entreprise sans
indemnisation.
Ma question au ministre est très simple. Est-ce que demain matin
un propriétaire d'ambulances, et on parle de Montréal, qui ne
veut pas louer ses ambulances, mais qui veut continuer à offrir des
services ambulanciers pourra le faire? Est-il forcé ou s'il pourra
continuer à offrir des services ambulanciers même avec la mise sur
pied de la corporation?
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: C'est ce que j'expliquais tout à l'heure. Je
pense que c'est un point important. Le député...
M. Sirros: Je m'excuse d'interrompre le ministre. Le débat
sur les principes a été fait ce matin. Cela a été
repris sur les principes. C'était un principe qu'on défendait de
l'autre côté. Alors, en ce qui touche les principes, j'aimerais
poser la question que je viens de poser au ministre et avoir sa réponse.
Est-ce qu'en ce qui
touche les principes on force l'ambulancier à louer ses
ambulances ou est-ce qu'il pourra continuer à offrir des services
ambulanciers à la corporation après l'adoption du projet de loi,
avec les amendements? (16 h 15)
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: L'article 22 dit que l'intégration des
techniciens ambulanciers se fait à la date fixée par la
corporation, il y a un long bout de phrase, et que les personnes nommées
en annexe, ce sont les propriétaires ambulanciers. Donc, c'est par
protocole et donc de façon volontaire. Il y a un "ou" ajouté
à cela: "ou à la date déterminée par le
gouvernement". Dans tout le débat que j'ai fait tout à l'heure
j'ai parlé du degré de changement de nature de l'entreprise - et
il y a moins de changements de nature de l'entreprise que le prétend
l'Opposition, mais il faudra en discuter - du niveau de rentabilité de
l'entreprise - et c'est important de considérer l'effet que la loi a sur
le niveau de rentabilité de l'entreprise, parce que c'est un point
majeur - et il y a la volonté ou non des entreprises d'intégrer
leurs techniciens ambulanciers à Montréal. Effectivement, le
gouvernement pourrait forcer l'intégration dans le projet de loi, mais
c'est une option, ce n'est pas une obligation pour le gouvernement.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Mme la Présidente, si je comprends bien, si le
gouvernement n'exerce pas cette option, et on pourrait discuter d'amendement
à cet égard, de décréter la date de transfert, le
seul transfert qui aurait lieu quant au personnel et donc au changement, si on
peut parler ainsi de la nature de l'entreprise, se ferait par une
décision volontaire de l'ambulancier, parce que cela lui convient mieux,
en quelque sorte, de passer un contrat avec la corporation pour louer ses
ambulances. Est-ce que c'est vrai?
M. Dutil: Voilà.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Voilà.
M. Sirros: Je fais abstraction des problèmes que les
ambulanciers jugeraient pouvoir avoir. Ce que le ministre me dit, c'est qu'il
n'y a rien dans la loi, si le gouvernement n'exerce pas cette option qu'il a de
décréter la date, qui oblige par force le changement de nature
d'entreprise. C'est évident, dit le député de
Laviolet-te.
Une voix: La nature.
M. Sirros: C'est évident. Si c'est évident que la
loi ne force pas un changement de nature de l'entreprise, à ce
moment-là, il me semble que la décision que prendra l'ambulancier
quant à entrer dans un contrat ou une entente avec la corporation, se
basera sur le plus ou le moins qu'il pourrait en tirer avec ce genre de
contrat. À ce moment-là, il me semble que l'Opposition devrait
être beaucoup plus préoccupée par les services ambulanciers
qu'on devrait offrir à la population et leur qualité, et
permettre l'adoption de ce projet de loi.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Laurier. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Voilà un exemple de rêve en couleur.
Je vais vous expliquer, M. le député de
Laurier, comment cela marche à Montréal. Il a dit qu'il y
avait sept entrepreneurs...
M. Sirros:... principes, M. le chef de...
M. Chevrette: Non, on va parler des principes, mais de la
réalité, bon Dieu!
M. Sirros: On ne peut pas faire les deux en même temps.
M. Chevrette: On va parler de la réalité.
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre,
messieurs!
M. Chevrette: À partir des principes.
M. Sirros: On peut parler de cela aussi, mais il faut faire les
débats comme il faut les faire. Vous avez fait tout le débat
à l'égard des principes.
M. Chevrette: Avez-vous fini? Quand vous aurez fini, vous me le
direz, je croyais que la présidente m'avais donné la parole.
M. Sirros: Je ne veux pas obstiner le député de
Joliette.
La Présidente (Mme Dionne): Je m'excuse,
M. le député de Laurier, j'avais cédé la
parole au député de Joliette. Vous pourrez peut-être
compléter par la suite.
M. Chevrette: Sur le plan strictement théorique, les
entrepreneurs ambulanciers ont le droit de ne pas signer le contrat de location
qu'on leur offre. Mais demain matin, si les sept décident de ne pas
signer le contrat, qu'est-ce qui arrive? Étant donné qu'à
la nouvelle corporation ce sont des locations d'ambulances, qu'est-ce qui
arrive? Vous allez être obligés de former votre flotte ou d'aller
chez Tilden vous trouver des ambulances. Qu'est-ce qui arrive
concrètement pour le transfert des employés qui se fait par le
biais des entrepreneurs? Est-ce qu'ils vont
tous laisser leur entrepreneur et avec la perte des droits acquis qui ne
seront pas transférés parce que leur entrepreneur ne vient pas?
Avez-vous pensé à cela sur le plan pratique? Quand on fait une
conversion - je veux finir ce que je veux dire - d'une entreprise et que
légalement on laisse la liberté, comme vous dites, et qu'on lie
le travailleur à son employeur... Il dit que le transfert va se faire si
l'employeur vient. Prenons-en un qui a 75 employés et qui décide
de pas intégrer Urgences, la nouvelle corporation, sous prétexte
qu'il ne veut pas de contrats de location. D'abord, son champ d'action n'est
pas fort parce que c'est permis et c'est là que vous touchez la nature
même de l'entreprise. S'il n'exerce pas son permis, il ne pourra toujours
pas l'exercer sur le territoire de Montréal, puisque
l'exclusivité des services ambulanciers est donnée à une
corporation. Donc, il faut que le type qui oeuvre présentement avec des
permis sur le territoire de Montréal aille se trouver un nid en
province, quelque part où il y a de la place. Mais ses employés,
eux? Vu que l'employeur ne transfère pas, les employés s'en vont
où? Ou ils le suivent ou ils vont se faire engager chez d'autres
employeurs, mais ils deviennent des nouveaux salariés chez l'autre
employeur parce que ce sont des entités uniques et il y a la perte
complète des privilèges ou des droits acquis.
Ce n'est pas cela que la loi dit présentement. Seuls les
employés figurant à la liste de transfert. Si le ministre
écrit cela, c'est parce qu'il sait très bien qu'il y a des
propriétaires qui pourraient au moins ne pas transférer. ll n'y a
pas seulement le côté des propriétaires à
protéger, c'est clair. Vous semblez vous imaginer qu'un
propriétaire est libre. Où voulez-vous qu'il aille? La nature de
l'entreprise, dans le domaine des services ambulanciers, dépend de la
notion des permis qu'ils ont obtenus, ou du ministère, ou d'un CRSSS.
C'est de même que cela marche pour décerner les permis, vous le
savez. À partir de ce fait-là, il n'y a qu'une solution logique
au gars qui n'irait pas, c'est de vendre. Il faudrait qu'il vende parce qu'il
ne peut pas aller s'établir ailleurs, vous ne lui donnerez pas de permis
ailleurs à moins que vous décidiez d'en augmenter le nombre dans
d'autres régions du Québec, vous le savez très bien.
À ce moment-là, vous allez avoir un double problème: le
problème d'un employeur qui ne veut pas adhérer à votre
contrat de location et le problème des individus; où est-ce
qu'ils vont aller? Ils vont aller rejoindre les rangs des autres? C'est cela
légalement et c'est cela qu'on essaie de vous faire comprendre que vous
changez la nature de l'entreprise. C'est bien plus sérieux qu'on ne
pense. Vous ne comprenez pas quand on parle de notions d'entreprises. La seule
façon de protéger les employés globalement et totalement
et de donner une pleine sécurité, c'est que tous les
employés de tous les propriétaires actuellement, qu'ils signent
ou pas leur contrat de location, passent à la nouvelle corporation sinon
il y a des employés d'un propriétaire puis cela c'est...
Lisez-le votre projet de loi, si vous ne comprenez pas ce que vous avez
écrit, ne nous reprochez pas de vous éclairer sur votre propre
législation. Vous êtes en train d'essayer de faire croire que
c'est un projet de loi à toute épreuve. C'est plein de trous.
Desrochers, demain matin, ou Durocher, je ne sais pas, déciderait de ne
pas signer votre contrat de location, ses employés s'en iraient
où? S'en iraient où si Tilden va louer à qui? Voyons!
C'est cela que vous avez écrit. Ce n'est pas pour rien que le ministre,
ses avocats ont écrit "seuls ceux qui sont sur la liste". Bien sûr
ceux de Desrochers ne seraient pas sur la liste parce qu'il n'accepte pas de
signer le contrat de location.
Il y en a qui ne l'ont pas vu encore ce trou-là, mais on s'en
vient graduellement à le démystifier ce projet de loi-là
qui a été fait à la sauvette puis qui n'est pas
sérieux, c'est clair? C'est plein de trous puis on va se ramasser avec
des maudits problèmes parce que vous allez avoir des
propriétaires qui, eux, peuvent utiliser des moyens de pression
exclusivement pour... Cela peut être eux autres aussi qui décident
de niaiser. Qu'est-ce qui arrive? 75 ou 100 personnes vont se retrouver une
patte en l'air...
Une voix: Un autre projet de loi.
M. Chevrette:... pour un salarié, mais qui n'a plus de
contrat parce qu'il n'a pas voulu le contrat de location, il va faire quoi? Il
va aller s'engager chez Pierre Mutter? Qu'est-ce qui va arriver? Il n'en a pas
besoin, lui, il est obligé de prendre les ambulances exclusivement, lui
qui a ses permis.
Une voix: II continuera.
M. Chevrette: II continuera. Lui, il va continuer, mais s'il y en
a un qui ne continue pas, il va falloir que vous fassiez appel à
d'autres. Vous allez dire à un employeur: Augmente ton nombre
d'ambulances. C'est très sérieux, votre projet de loi est plein
de trous puis vous ne l'avez pas dit au monde. Ce n'est pas pour rien que le
ministre a marqué, je le répète: "la liste des
employés seulement", ceux qui figurent à la liste des
employés. Je comprends que les avocats ont fait leur devoir. Ils ont dit
au ministre: Si tu ne marques pas cela, c'est évident que tu vas avoir
des problèmes. Mais iI ne dit pas, et c'est cela l'avantage d'une
étatisation complète ou d'une expropriation complète,
qu'on exproprie l'ensemble des obligations vis-à-vis de tout le monde
puis l'ensemble des véhicules. C'est clair cela. Puis on les paie
à leur juste valeur, mais on a un transfert global selon des
règles correctes, admises dans tous les tribunaux de droit commun. C'est
cela que vous ne semblez pas comprendre. J'ai trouvé la
question du député de Laurier intéressante en ce
sens qu'elle démontre fort bien que vous avez rédigé un
projet de loi sans vérifier les répercussions sur l'ensemble des
groupes, sur l'ensemble des propriétaires d'abord. Vous leur dites: II y
a la liberté. Bien sûr qu'il y a la liberté! Il y en a
quelques-uns qui sont en train de craquer, de toute façon.
Une voix: Ils ont le fusil sur la tempe.
M. Chevrette: II va falloir que vous trouviez une autre formule.
Qu'est-ce qui arrive aux employés de ces mêmes
propriétaires qui ne voudraient pas accepter un contrat de services
parce qu'ils sont libres, comme vous dites? Le ministre dit bien dans sa loi,
puis lisez-la, que le jour où il passera, ce sera le jour où il
décidera. Savez-vous qu'entre-temps, le ministre est obligé de
conclure des contrats de services avec ce monde-là? Si la
négociation ne marche pas pour le contrat de location, il n'a pas
prévu qu'il y avait un contrat de services dans les mesures
transitoires. Il ne l'a pas encore prévu. Vous pouvez être un an
à négocier entre un propriétaire et la corporation, mais
durant cette année-là, il y a des services qui vont se donner.
Sur quelle base? Ce n'est pas un contrat de location durant cette
année-là, c'est un contrat de services, parce que les individus
demeurent toujours la propriété du propriétaire tant et
aussi longtemps que le contrat de location n'est pas signé.
C'est un autre trou que vous n'avez pas vu et qui est dans la loi
présentement. Je m'excuse. C'est préparé à la
sauvette. Vous essayez de nous faire gober cela. On va prendre notre temps,
article par article, puis on va corriger tous les trous. Je suis d'accord avec
le ministre. Si cela prend 50 jours, cela prendra 50 jours.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Mme la Présidente, le député de
Joliette fait deux genres d'arguments en même temps. S'il y a des failles
dans le projet de loi, je pense qu'on est ici pour essayer de bonifier les
projets de loi. Donc, si vous avez des amendements concrets à proposer
par rapport aux failles, c'est une chose. On n'a jamais dit qu'on ne voulait
pas écouter cela et en discuter.
Par contre, vous avez étalé toute une argumentation ce
matin et vous l'avez reprise tout à l'heure en disant que c'était
un changement de nature de l'entreprise, ce qui, pour moi, veut dire que le
projet de loi, quelque part, contiendrait un article qui forcerait le transfert
des employés et viderait tout le fonds de l'entreprise en le
transférant à la corporation par force de loi. Ce qu'on
prévoit - et j'avais bien dit: À l'exception, en tenant pour
acquis que le gouvernement n'exercerait pas son option de
décréter la date de transfert - c'est que c'est une
négociation qui se fera entre le propriétaire et la
corporation.
Il se pourrait très bien que, demain matin, aucun
propriétaire d'ambulances ne veuille passer une entente avec la
corporation - on parle toujours de Montréal - ce qui voudrait dire,
quant à moi, et c'est la question que j'avais posée au ministre,
que le système actuel demeure en place. Maintenant, est-ce qu'il va y
avoir des problèmes pratico-pratiques? Est-ce qu'il va y avoir des
problèmes continus dans les relations du travail? Est-ce que, est-ce
que, est-ce que, ça c'est une autre histoire.
Chacun va évaluer - quand je dis chacun, je parle des
propriétaires - s'il veut continuer avec la réalité telle
qu'il la connaît. Pourquoi est-on arrivé à ce
point-là? On n'est pas pour refaire l'historique, mais ils auront chacun
à évaluer s'ils veulent vivre avec la situation qui existe
présentement. Mais, le projet de loi, nulle part, et c'est la question
que j'avais posée, ne force un propriétaire à donner son
personnel, à arrêter d'offrir des services ambulanciers ou
à devenir un locataire d'ambulances. C'est à la suite d'une
négociation. Une porte est ouverte, en quelque sorte, parce que si on
regarde la réalité, on va tous reconnaître qu'il y a des
problèmes et personne ne va dire que cela marche à merveille dans
ces services-là. Alors, une porte est ouverte, avec comme but principal,
et je souhaite que ce soit aussi le but principal que recherche l'Opposition,
que l'on offre les meilleurs services possible dans les services
ambulanciers.
Une voix: Je ne suis pas sûr de cela.
M. Sirros: Ce n'est pas sûr, quant à nous...
M. Chevrette: Vous ne commencerez pas à juger nos
argumentations.
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Sirros: On ne jugera pas cela, mais je... M.
Chevrette:... ce que je vais vous dire.
M. Sirros: On souhaite, M. le député de
Joliette...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laurier.
M. Sirros:... que ce soit l'objectif partagé par
l'Opposition. Si c'est le cas, comme je le disais tout à l'heure,
essayons de bonifier concrètement le projet de loi avec des amendements
concrets et constructifs, mais par contre, ne mêlez pas les deux choses.
Si on veut rester aux principes pour faire l'argumentation de ceux-ci et quant
au changement qui, selon vous, existe dans la nature de l'entreprise, restons
sur les
principes. En ce qui les concerne je vous dis: Je ne vois rien
là-dedans qui force, demain matin ou à une date
ultérieure, si le gouvernement n'exerce pas cette option - et de cela,
on pourrait peut-être en discuter - ce changement de nature de
l'entreprise. S'il n'y a rien qui le force en ce qui concerne les principes,
vos arguments ne tiennent pas. Si vous avez des objections sur le plan concret,
apportez des amendements pour qu'on puisse procéder. C'est tout. (16 h
30)
M. Chevrette: Concernant les principes...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Chevrette: Ce n'est pas l'alternance, madame?
La Présidente (Mme Dionne): Le ministre peut
répondre après chaque intervention.
M. Dutil: Je vais répondre rapidement. M. Chevrette:
D'accord.
M. Dutil: En ce qui concerne la nature du changement, l'influence
sur la rentabilité des entreprises et la volonté des entreprises
ou non d'embarquer dans ce processus, j'ai dit et je répète que
je pense que nous avons là une discussion importante à faire pour
établir la chose, mais qu'il n'est pas évident que le changement
de nature dont parle le chef de l'Opposition, avec l'importance qu'il lui donne
- parce que ce n'est pas une entreprise privée du genre des autres
entreprises privées, puisque le seul client actuellement, c'est
l'État - aura l'influence néfaste que semble dénoncer
l'Opposition et qu'il n'est pas évident que la volonté des
entreprises n'est pas d'embarquer dans ce processus-là. Alors, c'est
juste cela. On serait probablement rendus à l'article 22 si on avait
fait notre travail sur le reste du projet de loi et on serait en train d'en
discuter pour en analyser les implications.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Joliette, vous aviez une question?
M. Chevrette: Mme la Présidente, je voudrais poser une
question au ministre. Pour bien démontrer le changement d'entreprise,
disons que j'ai un permis pour exploiter sur un territoire donné.
L'option qu'on m'offre, c'est un contrat de location. J'ai payé,
admettons, 100 000 $ pour mon permis. Je me suis acheté des ambulances.
Que vaut mon permis le jour où je ne lie plus la possibilité du
travail au permis, mais où on m'offre purement une location de
tôle? Quel "goodwiH" - il connaît l'expression, je vais l'utiliser
exprès pour qu'il comprenne - reste-t-il? Absolument plus rien.
M. Dutil: Mme la Présidente, bien non.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Est-ce une question?
M. Chevrette: Oui, c'est une question...
M. Dutil: C'est une question?
M. Chevrette:... et je veux l'expliciter davantage.
M. Dutil: Oui, d'accord. Mais je vais répondre à la
question. Le "goodwiH" est fonction de quoi dans une entreprise? Est-ce qu'il
est fonction des opérations qui sont faites précisément,
ou s'il est fonction de la rentabilité de l'entreprise? Il y a des
entreprises extrêmement bien constituées, avec un
président, trois adjoints, six cadres intermédiaires, 100
employés, en tout cas bien étendues et qui n'ont pas de valeur
d'achalandage, bien que ce soient des entreprises beaucoup plus grosses que
celles dont on parle. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas de profit. Un entreprise
sans rentabilité, la valeur de l'achalandage, c'est zéro. Et
c'est pour cela que j'introduis dans la discussion la question de l'influence
du changement de régime sur la rentabilité de l'entreprise. Le
chef de l'Opposition déduit que de ne laisser que la location de
véhicules a pour effet de réduire la rentabilité de
l'entreprise. Ce n'est pas sûr, ça.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Bien, allons à la pêche avec vous.
Êtes-vous prêt à considérer les critères
suivants dans votre négociation de gré à gré:
Êtes-vous prêt à considérer le coût aux livres
du permis ou de remboursement de dettes sur permis? Êtes-vous prêt
à considérer le coût des immobilisations? Êtes-vous
prêt à considérer la valeur, bien sûr, en termes
d'entretien et tout, dans un contrat de location, ou si vous allez
bêtement, comme le fait Tremblay dans son rapport, dire: Faire rouler une
ambulance, cela coûte tant?
M. Dutil: Alors, voyez-vous...
M. Chevrette: Trouvez-vous que c'est intelligent la façon
dont vous avez rédigé cela?
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Dutil: Regardez, M... Mme la Présidente, excusez-moi
encore une fois de vous appeler M. le Président.
M. Chevrette: Mme la ministre.
La Présidente (Mme Dionne): Mme la ministre.
M. Dutil: Regardez ce qui est soulevé encore par le chef
de l'Opposition, le concept, d'abord, de détermination de prix, le
premier concept. Cela a été établi dans un rapport qu'on a
appelé le rapport Tremblay et il critique cet établissement de
prix.
M. Chevrette: Je l'ai lu.
M. Dutil: Non, non, je fais le point.
M. Chevrette: Je l'ai lu.
M. Dutil: Oui, oui, je n'en doute pas. Je parle du principe de
l'établissement des prix. Avec une entreprise privée, un des
meilleurs principes d'établissement de prix que l'on connaisse - je ne
fais pas référence aux ambulances plus qu'à autre chose-
c'est la soumission publique. Il y a des circonstances où on ne peut pas
y aller et le député d'Ungava en faisait référence
tout à l'heure. Si vous êtes dans une région
éloignée, pour du déneigement où il y a un seul
entrepreneur ou pas d'entrepreneur, la soumission publique ne joue pas.
Évidemment, "sky is the limit" pour le prix, et il vaut mieux, à
un moment donné, que l'organisme public en question s'organise.
Alors, il vient de soulever la question des tarifs, mais ce
problème-là se pose dans le régime actuel comme dans le
prochain régime, de la même façon. L'État
étant le client principal à 90 %, on peut donc dire qu'il a le
monopole du revenu de l'entreprise. Tout dépend, dans la
négociation, de la somme des revenus que l'État va laisser, moins
la somme des dépenses que l'entreprise va laisser en bas de la ligne; et
pour une fois, il est préférable d'être dans le bleu que
dans le rouge. Et ça dépend du ton de bleu que tu atteins, s'il y
a objet d'indemnité à mon point de vue et quels que soient les
critères, parce que évidemment tout est inclus dans le "bottom
line". Il inclut l'ensemble des frais de l'entreprise.
Je fais une remarque particulière pour l'achalandage. Il pourrait
arriver qu'un entrepreneur ait acheté une entreprise et ait payé
un achalandage à un prix très considérable. Est-ce que
cela entre dans les frais d'entreprise? Il y a une discussion à avoir.
S'il a fait une erreur et qu'il a payé des frais d'achalandage
considérables en estimant, par exemple... Je vous donne un exemple: on
considère qu'une entreprise privée qui n'est pas à la
Bourse, quand il se fait une transaction, elle se fait habituellement à
cinq ou six fois les profits que s'attend de faire l'acquéreur. Si un
acquéreur a pris le "gambling" de payer dix fois les profits, par
exemple, peut-être a-t-il fait une erreur. Donc, il y a toute une
considération concernant l'achalandage qui est à faire. C'est un
problème particulier.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut suspendre pour huit minutes?
La Présidente (Mme Dionne): La commission suspend ses
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 38)
(Reprise à 16 h 52)
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Joliette?
M. Jolivet: De Laviolette.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette, c'est à vous.
M. Jolivet: Merci, Mme la Présidente. J'écoutais
avec beaucoup d'attention le député de Laurier et cela m'a fait
penser à certaines choses. D'abord, dans le projet de loi, si le
ministre met une clause de sauvegarde... Parce que le député de
Laurier a posé une question au ministre. Est-ce que les gens qui sont
les propriétaires d'ambulances sont obligés de? Moi, j'ai
toujours appris, et j'ai souvent eu à négocier des choses, qu'un
principe habituel trop fort ne casse pas et qu'on écrit souvent les
choses pour s'assurer de notre protection mur à mur. Alors, si dans un
projet de loi comme celui-là on met une clause de sauvegarde indiquant
dans la mesure où je ne peux pas obliger un propriétaire
d'ambulances à vendre ou à louer ses services, peu importe, je
prends le cas ici, si je veux un service comme vous voulez l'avoir, et nous
aussi d'ailleurs - parce qu'on ne se lancera pas à savoir lequel des
deux est le plus fin et le plus aimable - je pense que ce que tout le monde
cherche, c'est un service de qualité.
Un fois qu'on sait cela, il y a une chose qui est certaine, c'est qu'on
met une clause de sauvegarde dans la mesure où l'on sait qu'il arrivera
peut-être des moments donnés où des gens refuseront de
donner le service auquel on s'attend. Cette clause de sauvegarde permettra
alors au ministre de décréter que le service doit être
dispensé. Et là, quand j'entends le député de
Laurier parler de cette façon, je me mets dans l'esprit que
peut-être une clause de sauvegarde aurait sauvé les emplois et que
les batailles n'auraient pas eu lieu au Manoir Richelieu. Je pense que les
clauses de sauvegarde, il faut s'assurer justement qu'elles existent. S'il y a
une clause de sauvegarde dans la loi, c'est parce qu'on dit: Un jour on va
devoir s'en servir. Le ministre se donne donc le pouvoir de
décréter.
Je reprends cela à l'inverse en me rappellant, dans l'histoire,
qu'un autre gouvernement,
avait décidé de prendre un système postal et de
l'envoyer à l'intérieur du service canadien. Vous vous en
souvenez certainement, les gars de Lapalme. Je pense que c'est à
l'inverse de ce qu'on peut connaître ici, mais ce n'est pas une raison,
justement, de provoquer des choses par un projet de loi sans sauvegarder un
droit de propriété au moins pour les propriétaires.
Mon collègue, te chef de l'Opposition, a posé une question
et là, le député de Laurier a demandé qu'on lui
apporte des amendements. Moi, je sais que pour ce qui est des principes et des
possibilités d'amendements, avec les avocats que vous avez, vous
êtes plus à même de répondre aux questions qui sont
posées et de préparer les amendements en conséquence, s'il
le faut. On peut en faire nous aussi, mais le problème, c'est qu'on
essaie de bien voir où l'on peut y arriver. Si on arrive à
s'entendre lors de la discussion, après cela, on rédigera ce
qu'il faut. Si on ne s'entend pas au départ, connaissant le ministre,
têtu comme il est, je dis qu'il y a de fortes chances qu'on n'aboutisse
à rien. Lors de l'étude d'un autre projet de loi, on lui a
proposé des amendemants, il les a tous refusés; mis a part un ou
deux amendements concernant le conseil d'administration, comme on l'a vu ici,
il a accepté de passer de 9 à 11 membres, mais il n'a jamais
voulu qu'on discute de la composition du conseil d'administration par la
suite.
Je pense que cela fait partie un peu de l'entêtement. On dirait
qu'il prend comme une insulte personnelle le fait d'apporter des correctifs,
alors que je ne vois pas cela de cette façon. Non, non, c'est vrai, M.
le ministre, je ne vois pas cela de cette façon. Le ministre peut bien
sourire, et rire en plus, mais il me semble qu'il devrait au moins accepter que
si vraiment il est d'accord, il peut apporter les changements qui
s'imposent.
J'étais en train de dire qu'il ne faut pas avoir vécu trop
longtemps pour voir des problèmes qui ont existé dans des fusions
ou des intégrations en ce qui concerne certains autres services. Je l'ai
vécu chez moi, comme mon collègue, le député de
Joliette, lors des intégrations des commissions scolaires, où on
a eu aussi des intégrations de services de transport scolaire. Dans ce
contexte-là, il faut le regarder avec les problèmes que cela a
causés sur le terrain. Compte tenu des capacités que le
ministère de l'Éducation a eues a l'époque, en
collaboration avec le ministère des Transports puisqu'il
négociait par ces intermédiaires, de pouvoir trouver les
correctifs nécessaires permettant des transferts de l'un à
l'autre, on sait maintenant, comme le dit le ministre, qu'il ne s'agit pas de
donner des permis à tout le monde, mais qu'il faut s'assurer que, sur un
territoire donné, il n'y ait pas non plus de problème quant au
nombre de permis qui sont accordés. Si on en émet cinq alors
qu'il peut y avoir juste trois services ambulanciers, il y en a deux qui vont
crever. On a cela dans le taxi et dans d'autres secteurs concernant le
permis.
Quand on regarde ce que cela a comme effet, au moment où
l'obligation se fait, la question qu'il faut se poser, c'est: Qu'est-ce qui
arrive d'un propriétaire d'ambulances qui décide de ne pas
s'intégrer, à Montréal ou ailleurs si cela vient à
exister? Il n'accepte pas, compte tenu des conditions qui lui sont
posées. Qu'est-ce qui arrive? Il nous dit qu'il est libre. Parfait, il
est libre. Il est libre. S'il se trouve dans mon secteur et qu'il a du service
à donner, où est-ce qu'il va donner le service, pensez-vous? Il
ne donnera pas de service s'il y a une corporation qui fait la jonction de
l'ensemble du service. Donc, à quoi est-il poigné? Il est
poigné comme un rat dans un coin. Il va être poigné
à négocier et à le faire au prix de celui qui donne seul
le service.
Le ministre dit...
Une voix: Quelle comparaison!
Une voix: II aurait pu dire qu'il est poigné comme...
M. Jolivet: Je ne vous dérange pas trop?
Une voix: Non, j'ai tout simplement dit: Quelle comparaison!
M. Jolivet: Écoutez, ce sont des comparaisons que vous ne
pouvez peut-être pas employer chez vous, mais on les emploie chez nous de
temps en temps. Quand on négocie, on sait ce que cela veut dire,
nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): D'accord. À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Laviolette...
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne):... vous avez la parole.
M. Jolivet: Ce que j'étais en train de dire, c'est: Le
service, dans le secteur, par qui va-t-il être donné? Par qui
sera-t-il coordonné? La personne qui s'est acheté une ambulance
dernièrement ou qui s'est dotée d'outils pour donner du service
à la clientèle, comme le ministre le disait tout à
l'heure, qu'est-ce qui lui arrivera si elle ne décide pas du contrat? Le
ministre, s'il en a besoin, va décider d'une chose, va le
décréter et va l'entrer dedans; c'est cela qu'il va faire. Ou
bien, il va demander à un autre de le donner et il va y avoir une
question de révocation de permis, à un moment donné. Il va
falloir que le service soit donné. Pour que le service soit
donné, ou bien le ministre va décider par décret de le
faire donner, ou bien il va faire des révocations. Le ministre dit: La
révocation n'est
presque jamais utilisée et au moment où la personne vend
son entreprise, normalement elle nous retourne son permis. Mais le transfert de
permis se fait presque automatiquement ou du moins, le ministère a quand
même un regard dessus. Dans bien des cas, jusqu'à maintenant, il
n'y a pas eu de problème. (17 heures)
On en connaît dans d'autres secteurs. Vous n'en avez
peut-être pas chez vous mais moi, j'en ai en masse, du transport en vrac
dans les régions et les disputes qu'il y a à ce sujet. Il y a des
problèmes équivalents dans le transfert du permis, même si
l'entreprise a été vendue de l'un à l'autre, avec tous les
affichages qu'il doit y avoir dans la Gazette officielle.
On le vit à tous les jours chez nous et ce sont des choses qu'on
vous demande d'éviter. Si le ministre a mis une clause de sauvegarde
dans le projet tel qu'il est là, c'est parce qu'il sait qu'il va avoir
des problèmes, sinon il ne le mettrait pas. Il dirait: Tout va
très bien, Mme la marquise, tout est parfait, je n'ai aucun
problème.
Mais ce n'est pas de cette façon que cela va se passer dans la
réalité. Il y a une personne qui, à un moment
donné, individuellement ou en groupe si elle le décide, va
vouloir ne pas embarquer dans le projet. Le ministre va devoir faire quoi,
pendant la négociation, s'il veut qu'un service de qualité soit
donné, sinon, avoir des ententes de service?
À ma connaissance, selon les discussions qu'on a eues avec celui
qui est porteur du dossier pour notre formation politique, il n'y a pas
actuellement de ces choses qui permettent des ententes de service, à
moins que le ministre n'apporte des amendements. Il va arriver quoi? La
recherche de service de qualité, si vous voulez aller dans la
région de Montréal, ou ailleurs au Québec, dans la mesure
où cela pourra s'étendre, va se donner comment? Qu'est-ce qui
nous dit actuellement qu'il va y avoir le service?
Le député de Laurier vient nous dire: Ce n'est pas grave,
il est libre. C'est ça qui est la gravité de la situation. Il est
libre d'adhérer ou de ne pas adhérer, jusqu'au moment où
on va l'obliger. Mais on va l'obliger un jour. Ce n'est pas juste une question
de principe. On va voir la réalité. Le principe est là,
mais la réalité de l'application est différente. Quand on
négocie des choses et qu'on veut s'assurer que tout est parfait, il faut
au moins chercher s'il y a malheureusement un trou et essayer de le combler,
pour éviter qu'au moment où la situation va se produire, le
service ne soit pas donné.
À ce moment-là, le ministre, au lieu de passer par le
système normal d'un projet de loi obligeant des gens, va le faire par
décret; il sera tout seul à décider. C'est lui qui l'a
dit, il nous l'a répété: Je suis le seul qui donne
à ces gens une sorte de clientèle, si on peut l'appeler comme
telle. Où est-ce que les gens qui sont propriétaires
d'ambulances, avec un droit de propriété actuel, pourront aller
plus tard? Nulle part ailleurs que chez celui qui demande le service. C'est
qui? C'est la corporation, le ministère ou le CRSSS actuellement, cela
dépend comment on le donne.
C'est dans ce sens-là qu'on dit qu'il faut assurer à ces
gens une compensation pour l'obligation qu'on leur fait. Vous allez dire: Selon
le principe du projet de loi, il est libre. Mais dans la réalité
quotidienne, il n'est pas libre. Il est soumis à des impératifs
qui sont: Où est-ce que je peux donner le service? Par qui dois-je
passer pour donner le service? En ce sens, c'est bien différent de ce
que le député de Laurier voulait nous amener en disant: Faisons
la dichotomie; séparons le principe et après on discutera du
reste. Bien, le principe ne le sépare pas, dans la réalité
quotidienne. Non!
On peut discuter d'un principe, mais il faut savoir comment l'appliquer,
maintenant. C'est ça le problème. L'application qu'on a devant
nous n'est pas correcte, parce qu'elle lèse des personnes; et notre
travail, comme membres de l'Opposition, c'est de vous le dire et d'essayer de
vous convaincre - ce qui est difficile cependant, on le sait très bien,
avec le ministre têtu qu'on a devant nous - qu'il fait fausse route et
qu'il doit éviter que ce qu'il recherche soit perturbé par qui
que ce soit, par quelque organisation que ce soit.
Hier, je me faisais servir par le ministre du Commerce extérieur
à la commission sur le libre-échange - et je lui ai
répété la même chose - que "trop fort ne cassait
pas"; c'est un vieux principe qu'on connaît en négociations. On se
barde de tous les côtés pour s'assurer qu'on ne se fera pas avoir.
Ce n'est pas anormal de défendre cette position. Ce n'est pas anormal de
dire que des gens vont être lésés. Il faut permettre
à ces gens lésés il faut leur permettre d'avoir une voix
ici pour convaincre le gouvernement et les membres de l'Opposition qui nous
écoutent depuis un bout de temps qu'ils essayent de convaincre le
ministre de lâcher cet amendement une fois pour toutes, de nous
l'apporter et de faire en sorte qu'il compense convenablement. On dit: On va
louer le service, on va louer la tôle, comme on dit depuis le
début, et vous allez voir qu'il n'y aura pas de problème avec
cela. On le fait différemment actuellement, mais... Un instant. Quand on
regarde ce qui s'est passé pour les transferts de permis au niveau
scolaire dans les regroupements qu'il y a eus, il y a eu de fortes
négociations et, vous le savez très bien, il a fallu adopter une
loi à l'Assemblée nationale pour les obliger à retourner
au travail, alors qu'on s'opposait à ces formules, parce qu'il n'y avait
pas eu de négociation convenable, parce que les gens étaient pris
en otages par un seul. C'est dans ce sens qu'on dit que vous avez à
protéger le droit de propriété des personnes. Si vous
voulez faire l'étatisation, faites-la, mais
faites-la complètement, pas en partie.
Le ministre a déjà l'oreille fermée; il
n'écoute même pas. C'est vrai. Non? Vous n'avez pas l'air de me
croire, M. le ministre, quand je dis que vous lésez du monde. Vous
dites: On va louer le service par l'intermédiaire de la corporation et
ils vont être contents. À ce moment-là, on va louer
seulement la tôle, mais on ne compensera pas pour le reste. Le ministre
va dire: Le montant qu'on va leur donner va compenser pour tout le reste, ne
vous inquiétez pas. C'est bien beau la confiance, mais je ne suis pas
capable de la lui donner. J'aime mieux l'avoir dans un texte de loi. J'aime
mieux m'assurer que, si quelque chose doit se faire légalement, les gens
puissent l'utiliser pour se défendre. C'est plus important que de me
dire: Ne vous inquiétez pas.
Je disais cela à un autre ministre hier, quand il me disait de
lui faire confiance sur le libre-échange: Vous étiez euphorique
à la sortie de la rencontre avec Campeau, à New York. La
confiance n'a pas donné grand-chose actuellement. C'est cela la
confiance. On ne peut pas se la permettre quand il y a un projet de loi qui
donne des pouvoirs au ministre, si cela ne marche pas à son goût,
de décréter sans passer par l'Assemblée nationale, sans
passer par des projets de loi habituels, s'il veut le faire. Là, on va
me dire qu'il est libre. Voyons donc! Il n'est pas libre; il est libre
jusqu'à ce qu'il soit contraint. La liberté va s'arrêter au
moment du décret. La liberté va être décidée
par le ministre au Conseil des ministres, dans la mesure où il va juger
que cela a assez duré pour lui. Comme il n'a trouvé personne
capable de s'acheter une ambulance et de donner le service, il est
obligé de le forcer à le donner. Pendant ce temps-là, on
aura les problèmes qu'on a dans d'autres secteurs au Québec parce
qu'on est des secteurs éloignés et qu'on ne donne pas les
services parce que le ministère de la Santé et des Services
sociaux ne veut pas les donner, à Parent en particulier.
Il faut regarder convenablement dans l'ensemble du Québec... Je
dis souvent cela à des gens de Montréal: À la fin de votre
mandat, peu importe le temps que vous allez rester à l'Assemblée
nationale, vous allez rester monovalents. Nous, avec tous les problèmes
que nous avons dans nos comtés, nous devenons polyvalents, et vite
à part ça. On les connaît vite parce que les gens viennent
nous le dire. On sait comment proposer des amendements et des
aménagements. Quelquefois on les obtient, même si on est dans
l'Opposition.
Je peux dire juste une chose: le ministre, dans le projet de loi qui est
devant nous, se donne des pouvoirs qui, pour nous, sont exorbitants, des
pouvoirs qu'il faut baliser. Si notre rôle de député n'est
pas d'aider le ministre à baliser et à amender le projet pour le
rendre le plus complet possible, on n'a pas d'affaire ici, mais je ne pense pas
que ce soit cela. On a affaire à être ici. Vous seriez trop
content d'être au Nouveau-Brunswick, mais vous n'êtes pas au
Nouveau-Brunswick.
Une voix:... attention...
M. Jolivet: Non, vous êtes trop content. La seule chose que
je dis, c'est qu'au moins, on va faire notre travail jusqu'au bout. On va
indiquer au ministre qu'il fait fausse route et qu'il devrait réviser sa
position. Je pense que ce n'est peut-être pas peine perdue. Je
l'espère.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le député de Mercier.
M. Sirros: Je veux assurer le député de
Laviolette...
La Présidente (Mme Dionne): Je m'excuse. M. le
député de Laurier.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: En dépit même de son approche très
fâchée et agressive, je veux dire qu'on...
M. Jolivet: J'ai une grosse voix, mais je ne suis pas
fâché.
M. Sirros: Vous avez une grosse voix. En dépit de sa
grosse voix...
M. Jolivet: Je n'ai jamais été fâché.
Tout le monde me dit que, parce que j'ai une grosse voix, je suis
fâché. Je ne suis pas fâché.
Une voix: II est venu au monde comme cela.
M. Sirros: Bon, d'accord. Je veux juste l'assurer qu'on ne veut
pas voir disparaître complètement l'Opposition, Mme la
Présidente. C'est sa voix et ma petite voix.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je ne suis pas
fâché. J'essaie de convaincre et, quand je convaincs, je parle
fort.
La Présidente (Mme Dionne): C'est noté, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci.
La Présidente (Mme Dionne): Vous avez
complété, M. le député de Laurier?
M. Sirros: Pour l'instant, oui.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Mme la Présidente... M. Dutil: Une seule
remarque...
M. Godin: Souhaiter la bienvenue? M. Dutil:... avant de...
Oui. M. Godin: Merci.
M. Dutil: Non, ce n'est pas cela. J'aurais aimé prendre
deux secondes pour parler de...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre. M. Dutil:
Si vous le permettez.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y en a un qui vous en a passé
une vite?
M. Dutil: Non, c'est parce que je regardais les sujets divers qui
ont été amenés par le député de Laviolette
pendant ses vingt minutes. Il a parlé de Campeau, Blue Bonnets, du
Conseil de la famille, de ses cas de comté, du Nouveau-Brunswick et du
libre-échange, et très peu de notre projet de loi.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Mercier.
M. Jolivet: On peut prendre les arguments qu'on veut.
M. Godin: Mme la Présidente, je pense qu'on a devant nous
un cas typique d'abus de pouvoir. Le ministre, fort de sa majorité en
Chambre et fort aussi de son inexpérience du milieu à
Montréal, décide d'imposer un système d'ambulances
soi-disant pour améliorer la situation. Mais je ne suis pas sûr
que le résultat visé soit atteint pour les raisons suivantes:
c'est qu'il prétend aujourd'hui qu'étant le seul usager, le
gouvernement peut déterminer qu'il ne paie pas la tôle, comme ils
disent. Sauf que ceci l'amène à la situation suivante: les
propriétaires ne vont peut-être pas tous signer la proposition du
ministre. Donc, cela veut dire qu'il y aura des gars de Lapai me dans les
groupes de la CSN actuellement, et qu'ils ont bien connus à
l'époque. Il y aura des victimes syndicales des refus de signer des
propriétaires d'ambulances. Je pense que le ministre devrait s'entendre
d'abord avec eux et les dédommager pour ce qu'ils vont perdre dans
l'opération. Si le ministère achetait Tilden, est-ce qu'il
payerait Tilden? Sûrement qu'il paierait Tilden parce que cela veut dire
des capitaux investis, des services, un achalandage et tout. S'il y a des gars
de Lapalme, cela veut donc dire un service incomplet à Montréal,
des crises, des conflits et des victimes du côté des patients, des
malades et des usagers.
Nous croyons que le ministre a le devoir de s'assurer que le service
sera aussi bon que possible à Montréal, dans le comté de
Laurier, dans le Parc Extension, dans le Mile End, etc. Nous ne sommes pas
sûrs que l'attitude actuelle du gouvernement et du ministre nous
mènera à des solutions qui vont éviter des
problèmes que nous craignons maintenant de plus en plus, après
avoir entendu le ministre se targuer qu'étant le seul usager, il avait
tous les pouvoirs et qu'il se foutait de la démocratie, au fond, et des
droits fondamentaux des gens qui vont lui céder, veut, veut pas,
"willy-nilly" comme on dit en anglais, nolens, volens en latin, des biens
achetés par eux et qui ont une valeur qu'on peut chiffrer et que le
ministre refuse de chiffrer. Donc, loins d'avoir un service ambulancier
au-dessus des problèmes à Montréal, nous risquons
tôt ou tard d'en avoir un plein de problèmes et qui va mettre les
patients éventuels dans des situations difficiles.
Notre rôle, notre seul rôle dans ce Parlement, c'est
précisément d'éviter qu'à Montréal la soupe
ne tourne à l'amertume et qu'on n'ait d'autres gars de Lapalme dans le
domaine ambulancier. Nous craignons que l'attitude actuelle du ministre et sa
loi actuelle, surtout, non amendée dans ces secteurs, ne nous
mènent à des gars de Lapalme, donc à des conflits
coûteux pour la paix sociale d'une part, mais surtout pour les patients
que les ambulances transportent et que les techniciens ambulanciers
transportent, d'autre part. Donc, tant que le ministre n'aura pas fait son lit
de modifier sa loi dans le sens d'une plus grande garantie pour les
employés actuels des compagnies ambulancières, nous nous battrons
contre sa loi. Nous devrons faire notre "job" de parlementaires soucieux,
d'abord et avant tout, des usagers à Montréal, des ambulanciers
et des services. J'ai terminé.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Mercier. M. le ministre.
M. Dutil: En remarque, je vois qu'on vient de changer l'objet de
la discussion. Elle porte sur la protection... Oui, bien sûr. Mais je
voudrais bien qu'on se comprenne. La discussion portait sur la protection des
entreprises, et la prétention de l'Opposition est que le changement de
nature devrait donner droit à une indemnisation, alors que
l'argumentation apportée par le député de Mercier portait
sur la protection des employés. De ce côté-là, je
pense qu'il n'y a pas eu de discussion des entreprises à l'effet que
nous nuisions ou faisions du tort aux employés.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Mme la Présidente, moi, je veux faire un
amendement concret. Je propose ceci: L'amendement apporté à
l'article 149. 15, tel qu'introduit par l'article 2 du projet de loi 34, est
remplacé par le suivant: Le gouvernement
doit signifier des avis d'expropriation à tous les
propriétaires ambulanciers titulaires d'un permis d'exploitation sur les
territoires de la corporation, dès l'entrée en vigueur de la
présente loi. De plus, il doit intégrer tous les salariés
de ces propriétaires d'ambulances à la corporation, avec tous les
droits et privilèges acquis auprès de leur propriétaire
respectif.
La Présidente (Mme Dionne): On va suspendre, juste une
minute, le temps de...
(Suspension de la séance à 17 h 18)
(Reprisé à 17 h 20)
La Présidente (Mme Dionne): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. L'amendement est jugé
recevable et vous avez la parole, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Allez-vous le
distribuer?
La Présidente (Mme Dionne): Nous allons faire des
photocopies.
M. Chevrette: Mme la Présidente, mon argumentation est
assez claire. Une fois pour toutes, cela ne sert à rien de tourner
autour du pot. En ce qui concerne la nouvelle corporation, le nouvel OSBL, ce
que l'on veut est clair: à Montréal, ne jouons pas deux jeux; on
rapatrie tous les employés, avec tous les droits et privilèges,
à la nouvelle corporation et les propriétaires sortent du
décor. Il n'y a pas de cachette non plus. On annonce au ministre que ce
ne sera pas la même position dans la province, parce que ce n'est pas un
modèle qui se transporte nécessairement dans le Québec. Je
pense que c'est pour toutes sortes de raisons. Lui-même a fait les
distinctions en disant qu'il y avait des expériences d'autre nature. On
ne peut pas penser à une formule du genre dans certains territoires
éloignés. Il faut penser plutôt localement, avec des
recettes appropriées au milieu pour améliorer la qualité
des services qui sont donnés. Mais à Montréal, on change
à moitié dans la propositon du ministre et, je vais le dire comme
je le pense: La proposition qui est sur la table présentement par
rapport à la première version de la loi 34 est pire. Dans la
première version, on pariait de contrat de location, on donnait
l'impression d'aller en appel d'offres public, puis on donnait l'impression
qu'on jouait les règles du marché. Cette fois-ci, c'est chose
claire: un, négociation: si cela ne marche pas, tu
décrètes; si tu ne signes pas, tu t'en vas; si tu signes, tu as
révocation des permis. C'est clair, c'est beaucoup plus limpide et cela
va plus loin que la proposition de la loi 34 antérieure.
À mon point de vue, cela démontre une volonté
politique beaucoup plus claire de tasser complètement, une fois pour
toutes: branchez-vous, sinon on se branche à votre place et on vous
branche, alors que l'étatisation, à mon point de vue, a pour
objectif de donner l'entier contrôle sur tout. On ne peut pas arriver
avec des surprises avec cette formule-là. C'est la corporation qui a la
responsabilité totale de tout. Je voudrais donner un exemple, et le
ministre va comprendre rapidement: à supposer qu'un propriétaire
ne veuille pas signer le contrat de location, qu'arrive-t-il
concrètement? Qu'est-ce qui arrive à ses employés?
Qu'est-ce qui arrive s'il ne veut pas le décret? S'il dit que ça
ne marche pas? Il faudra bien avoir les équipements nécessaires.
Il va aller avec Tilden, avec GM et je ne sais pas avec qui. Après trois
ou quatre mois, l'expérience ne marche pas. Il se retrouve avec la
même chose. Il n'aura pas de flotte, le ministre n'en veut pas. Il est
à la merci, à toutes fins utiles. Il laisse une corporation
à la merci des chantages économiques des propriétaires
qui, eux, n'ont pas d'autre choix parce qu'on ne leur donne pas le pouvoir; on
ne leur donne pas une formule d'arbitrage; on ne dit pas que les
négociations peuvent traîner en longueur. Et il y a le jeu des
rapports de forces qui jouent, on dit qu'il y a un décret. On va se
ramasser avec des trous béants de trois mois, six mois ou un an, on ne
le sait pas. On ne peut pas se permettre ça.
Quand on enlève à une entreprise son principal actif que
sont ses travailleurs, il faut être cohérent, logique et dire: On
t'exproprie. C'est "clean", c'est franc, cela donne des droits et
prérogatives, cela n'a pas d'ambiguïté. On change la nature
de l'entreprise puisque quand on enlève à une entreprise...
Quelqu'un me faisait une "joke" ce midi et cela faisait drôle. On disait
au cultivateur: Garde tes vaches si tu veux, mais tu n'as plus de quota de
lait. Ce n'est pas bien grave. Garde tes animaux si tu veux, mais on ne te
donne plus de quota, donc tu ne pourras plus produire. On pourrait continuer.
J'ai donné au ministre une série d'exemples: l'expropriation pour
un bout de chemin. Quand tu passes sur un bout de terre en friche, tu dis: Je
prends votre espace de terrain, l'espace de jeu, je le prends. En vertu de la
loi. le type est habilité à se présenter devant le
Tribunal de l'expropriation s'il ne s'entend pas de gré à
gré. Il y a toujours le privilège du gré à
gré au départ; cela, je le reconnais. Mais au bout, il y a un
mécanisme qui tranche et dans le mécanisme que de dix pieds de
terrain, imaginez-vous, quand on enlève à quelqu'un dix pieds de
terrain, on va jusqu'à lui payer dans nos législations, son
avocat, son procureur et son évaluateur. Uniquement Bell Canada,
Hydro-Québec ou, encore, Gaz Naturel qui passent sur notre terrain, on a
le droit d'être indemnisé parce qu'ils viennent se garder une
servitude. Pour passer sur notre terrain, on a droit à une certaine
indemnité; ce ne sont pas des farces. Quand on change un
mécanisme qui tient compte de la nature même de
l'entreprise qui est la notion de permis, puis qu'en vertu d'une loi tu changes
le système, tu dis: Dorénavant, il y aura révocation du
permis dès qu'il y aura contrat de location. Tu viens d'enlever
précisément l'élément essentiel qui constituait ta
raison d'être comme corporation parce qu'après cela devient des
compagnies de location de véhicules.
Donc, un type qui aurait 20 ans, 30 ans de faits dans le domaine du
transport ambulancier, qui a fait les démarches pour avoir ses permis,
qui a acheté ses permis, qui a immobilisé dans son entreprise, du
jour au lendemain on dit: Bon, toi, tes employés ne t'appartiennent
plus, viens-t'en ici. Tes ambulances, tu me les loues mais à mon prix,
si tu n'es pas fier, je te les décrète, ne signe pas puis
va-t-en. C'est exactement la procédure qui est dans la loi actuelle.
Puis cela, qu'est-ce que vous voulez, cela a beau faire sourire mais c'est la
réalité que vous proposez. C'est exactement cela, relisez les
articles 149. 15 jusqu'à 149. 20 environ. C'est exactement ce que vous
proposez puis cela vous met bien à l'aise.
Donc, moi, je vous dis, contrairement à votre philosophie, vous
avez le droit de changer d'idée, vous l'avez fait dans Marine Industrie
aux fêtes. Vous avez pris 60 000 000 $ des Québécois puis
vous avez étatisé les chantiers de Sorel, les Marine Industrie,
pour pouvoir les fermer quelques mois après. C'était contraire
à votre philosophie de privatisation. Dans le cas présent, vous
avez de l'entreprise privée qui vous dit qu'elle veut continuer selon
les règles du jeu ou bien les sortir selon des règles normales
reconnues. Vous ne voulez plus qu'elles soient là; vous voulez les
étatiser. Procédez donc conformément aux règles du
jeu d'une étatisation. C'est cela qu'on vous dit et on vous donne
l'occasion rêvée. Par l'amendement que je dépose
présentement, je vous donne l'occasion rêvée d'être
cohérents avec les principes de droit reconnus dans de telles
circonstances. C'est cela que je vous dis. N'y allez pas hypocritement, n'y
allez pas par la bande, allez-y directement. Il n'y a personne à
Montréal, régions le cas de Montréal, il n'y a personne
à Montréal qui va être malheureux et qui va
considérer qu'il y a des droits brimés avec l'amendement que je
vous propose puisqu'il y a le transfert de tous les employés
accrédités à ses employeurs, avec tous leurs droits et
privilèges. Cela, c'est beaucoup plus clair que votre article où
seuls les noms figurants sur la liste seront transférés. Cet
article-là est pas mal plus clair que votre projet de loi, je peux vous
dire cela. L'employeur qui signerait un protocole dans le texte tel que votre
loi est libellée et qui ne mettrait pas dans sa liste un, deux, cinq ou
dix employés, qu'est-ce qui arrive? Vous êtes-vous posé la
question, M. le ministre? Un employeur qui dirait: Oui, je transfère la
location mais je vous transfère X employés; ceux-là, je
n'en veux plus.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Joliette...
M. Chevrette: Je n'ai pas fini. J'ai vingt minutes. Ah! Parce
qu'il a demandé la suspension à 17 h 30. D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Je crois que nous avons
consentement entre les partis pour suspendre les travaux à 17 h 30. La
commission reprendra ses travaux à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 30)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux sur
l'étude du projet de loi 34. Nous en étions à la motion de
sous-amendement à l'article 149. 15 présentée par M. le
député de Joliette. Alors, sur cet amendement, est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Chevrette: II me reste dix minutes?
Le Président (M. Bélanger): II vous reste dix
minutes, monsieur. Alors, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Vous permettez, M. le
Président. De toute façon, durant que mon temps court, je vais me
retrouver. Écoutez, c'est bien simple et je pense que le chef de
l'Opposition a déjà eu l'occasion de commencer à expliquer
son point de vue d'une façon très concrète avant
l'ajournement des débats, la suspension de 18 heures. Il n'y a rien de
sorcier dans cela. Il n'y a rien de difficile à comprendre. Pourtant, je
crois que tout ce qu'on a donné comme argumentation au ministre depuis
le début nous permet de croire que s'il ne fait pas cela, il s'enlise,
il s'en va vers de véritables problèmes à plus ou moins
court terme. D'une part, par son projet de loi, certes, le ministre crée
une corporation où il récupère... enfin, il met ensemble
le personnel d'Urgences-santé. Il y a tous ceux qui travaillent dans le
service. Mais à partir de listes qui vont être
déposées au moment, je suppose, des ententes avec des
propriétaires et de la conclusion des contrats, à ce
moment-là, il y a des listes de personnel qui vont être
déposées. C'est sur la base de ces listes-là qu'on dit
qu'on va intégrer ces gens-là au personnel de la Corporation
urgences-santé.
Le chef de l'Opposition nous a parlé de problèmes
potentiels dans cela. La liste est une référence. À moins
qu'il y ait un droit d'appel prévu quelque part, il est toujours
possible que l'outil ne soit pas complet. Alors, ce que l'on cherche, ce n'est
pas nécessairement de glorifier ou de justifier un outil qui s'appelle
la liste,
c'est de s'assurer que tous les employés qui travaillent
actuellement pour les différents propriétaires d'ambulances qui
sont dans le réseau, sur le territoire qui doit être desservi par
Urgences-santé, aient la garantie de transfert à la nouvelle
corporation, avec respect de leurs droits et privilèges,
ancienneté, enfin tous les droits acquis depuis leur intégration
dans les différentes compagnies dont il est question. Or, à ce
moment-là, il nous semble bien évident que la meilleure
façon de le dire, la liste étant un outil mais n'étant pas
l'objectif en soi, c'est de dire carrément, comme on l'a fait, que tous
les salariés de ces propriétaires doivent donc être
incorporés. Vous me permettrez de lire exactement le texte: De plus, il
doit intégrer tous les salariés de ces propriétaires
d'ambulances à la corporation avec tous les droits et privilèges
acquis auprès de leur propriétaire respectif. C'est très
clair. Cela ne laisse pas de possibilité qu'il y ait d'oubli. Cela ne
laisse pas de marge à l'erreur. Cela ne laisse pas de possibilité
de contestation.
À ce moment-là, les listes qui serviront, de toute
façon, seront des outils pour rétablir les droits et
privilèges, les acquis de chacun de ces travailleurs, mais ce seront des
outils. Ce que l'on aura établi dans le principe, c'est que tous les
travailleurs, qui sont actuellement des salariés avec des droits, des
privilèges, des acquis auprès de chacun des propriétaires
respectifs, vont être transférés à la nouvelle
corporation. On ne risque pas que quelqu'un reste sur le carreau. Je ne crois
pas que ce soit de l'intérêt du ministre, ni dans ses intentions
d'ailleurs, de faire en sorte qu'il y ait des gens qui soient
écartés par erreur, par oubli ou par omission, dans une liste qui
aura été conçue ou préparée
antérieurement à l'acte de passation comme tel. C'est un des
points non négligeables. Pour nous, il est extrêmement important
de s'assurer que personne ne sera marginalisé. On dit: Le but de
l'article, l'important, c'est de s'assurer que tous les travailleurs soient
transférés, qu'il n'y ait personne qui soit lésé en
tant que travailleur, parce que le ministre a décidé de changer
les règles du jeu en cours de partie, et d'éviter qu'il y ait des
gens qui risqueraient d'être sur le carreau.
Comme ce n'est sûrement pas son intention, à ce
moment-là, on ne voit pas pourquoi il s'opposerait à ce qu'on
établisse les choses très clairement, à ce que l'on dise
exactement ce que l'on veut dire. Après cela, ce sont des listes
informatisées, des listes manuelles, enfin établies à
partir du "payroll". À partir de quelque liste que ce soit, on pourra
établir qui sont effectivement les travailleurs qui sont payés
par ces compagnies, par ces propriétaires d'ambulances et qui, par le
fait même, seront intégrés à la nouvelle Corporation
d'urgences-santé de la région métropolitaine de
Montréal.
C'est quelque chose qui nous semble vraiment primordial et fondamental
pour s'assurer que personne, absolument personne, ne puisse se sentir
lésé ou, par exemple, être écarté, comme on
le voit dans d'autres compagnies. M. le ministre, je viens du secteur minier,
je sais comment cela se passe. C'est un milieu où 8 y a beaucoup
d'accidentés du travail. Je vous assure que lorsqu'une compagnie a la
possibilité d'écarter un travailleur parce qu'il a un
problème d'accident du travail, soit des maux de dos ou n'importe quoi,
tous les moyens sont bons. On sait comment cela se passe là-dedans, on
n'est pas nés de la dernière pluie non plus. Pour éviter
peut-être qu'il y ait des petites magouilles qui fassent en sorte que
l'on puisse écarter quelques travailleurs qui, pour une raison ou pour
une autre, pourraient être considérés comme moins
rentables, moins productifs; c'est ce qui pourrait arriver à quelqu'un
qui est en guerre ouverte avec son propriétaire actuel. Ce sont des
choses qui pourraient arriver aussi. Cela arrive un petit peu partout, pourquoi
pas là? A ce moment-là, on pourrait tenter d'écarter ces
gens en omettant de les mettre sur la liste; après cela, la personne
doit revenir en appel, discuter, aller devant les comités d'arbitrage et
tout ce que vous voulez, des procédures qui s'éternisent, parce
qu'on avait oublié de la mettre sur la liste au départ.
Si telle n'est pas l'intention du ministre, qu'il le dise clairement et
qu'il exprime carrément dans la loi, fondamentalement, que ce sont tous
les travailleurs, actuellement au service des corporations ambulancières
concernées, qui se verront transférés à la nouvelle
corporation.
D'autre part, on parle d'expropriation. On demande carrément au
ministre d'exproprier les propriétaires. C'est simple, on l'a quand
même démontré sous toutes sortes de facettes, le ministre
s'en va vers un cul-de-sac, vers un certain nombre de problèmes. Je
reprendrai, en quelques mots, le plus brièvement possible, en
espérant d'être plus clair si c'est possible, la même
argumentation que j'avais cet après-midi, dans la mesure où
d'abord on enlève le permis. Le permis, au moment où on se parte,
à toutes fins utiles, c'est l'assise juridique qui permet à un
propriétaire d'ambulances de pouvoir fonctionner et de pouvoir
prétendre aller obtenir un contrat pour faire du transport ambulancier.
On lui enlève cela. Le ministre dit: On ne modifie pas la structure de
l'entreprise. Permettez-nous d'en douter. À partir du moment où
on enlève l'assise juridique qui permet à l'entreprise de
fonctionner, ce n'est pas tout à fait évident qu'on ne modifie
pas sa structure, d'une part.
D'autre part, le contrat ne sera plus un contrat qui va lier des
individus et des équipements entre un propriétaire de services
à offrir et un propriétaire de services à acheter,
c'est-à-dire le gouvernement qui achète des services et
l'ambulancier qui vend les services. Actuellement, il y a un contrat, il y a
une entente qui implique du personnel et des équipements. À ce
moment-là, il y a une dynamique propre qui est établie
là-dedans, qui fait en sorte que le propriétaire d'une
ambulance doit respecter toute une série de contraintes dans sa propre
entreprise, au niveau de ses relations de travail, du renouvellement de sa
flotte. Bon, il y a toute une série de choses qui fait qu'il y a une
dynamique interne dans l'entreprise, et il y a la dynamique interne aussi de
l'ensemble de la coordination des activités de ces entreprises pour
assurer un service adéquat et de qualité, sur un territoire
donné. Cela, c'est une chose; c'est ainsi que cela se passe
actuellement. On trafique là-dedans, on modifie le rapport de forces.
Là, c'est l'achetant, celui qui veut le service, qui a son personnel. Ce
n'est plus du tout la même chose. Celui qui offre un service n'a que de
la machinerie à offrir, n'a que des équipements techniques,
mécaniques, qui peuvent se changer à la va comme je te pousse,
n'importe quand, je veux dire sans avoir à prendre en
considération tout un tas de facteurs socio-économiques, comme
c'est le cas quand on gère du personnel et des conventions de
travail.
Là, on change une ambulance pour une autre; on change, je ne sais
pas, un stimulateur cardiaque pour un autre, une civière pour une autre.
C'est de l'équipement. Il n'y a plus de relations de travail au sens
strict au niveau du fournisseur d'équipement. À ce
moment-là, le fournisseur d'équipement n'a plus la
responsabilité légale de quelque travailleur que ce soit; c'est
la Corporation d'urgences-santé qui va avoir la responsabilité
légale des travailleurs, enfin, la responsabilité de gestion des
conventions de travail, la responsabilité de gestion, enfin, de tout ce
qui s'appelle personnel humain ou partie humaine dans la fonction de services
ambulanciers préhospitaliers. À ce moment-là, la
corporation est à la merci de ces fournisseurs de machinerie. C'est
clair. C'est clair comme de l'eau de roche. Ils seront un, cinq, dix ou cent.
Ils n'ont qu'à se mettre ensemble et dire: Nous autres, on s'en sacre
bien, M. le ministre, on n'accepte pas vos conditions, on s'assoit puis on
attend. De toute façon, notre machine est là, on n'a pas de
salaire a payer, et on n'a plus rien à faire. Durant ce temps, les pneus
ne s'usent pas, et tout. On est capables de vous attendre longtemps.
Généralement, des fournisseurs de services de la sorte sont
obligés de bouger rapidement pour avoir des contrats et tout cela, entre
autres, pour maintenir le personnel et être capables de remplir les
obligations qu'ils ont envers leur propre personnel, envers les conventions
qu'ils ont a gérer.
Mais là, cela ne sera plus le cas. La seule chose qu'ils auront
à donner, c'est de l'équipement. Un fournisseur
d'équipement en vaut un autre. Une ambulance sans personnel,
équipement pour équipement, n'importe qui peut l'offrir. On n'est
pas obligés d'être spécialiste en la matière. Il
s'agit juste de connaître un peu comment acheter et revendre la
machinerie, et on est capables de le faire. Cela ne devient pas plus
spécialisé ou pas plus, je dirais, j'oserais même dire, au
sens strictement mercantile, ce n'est pas plus important que de placer un
bulldozer, que de placer un "truck", que de placer une pépine, que de
placer un hélicoptère. Cela devient un fournisseur
d'équipement, comme un vendeur d'ordinateurs. Cela devient un
équipement très spécialisé dans une activité
donnée, mais dont on retrouve le pendant dans n'importe quelle autre
activité. Cela peut être, je ne sais pas, moi, quelqu'un qui loue
des ordinateurs. Il loue des ordinateurs et, s'il ne fait pas l'affaire, on va
en voir un autre.
C'est cela, la nouvelle relation à laquelle le ministre va se
contraindre. En plus, en abolissant les permis et en permettant que les
contrats soient revendables à volonté à quelque acheteur
que ce soit, sans contrainte en termes d'acheteurs et sans aucun droit de
regard au niveau de l'acheteur, il perd le contrôle. Je continue à
prétendre qu'en bout de piste, après trois, quatre ou cinq ans,
le ministre va conclure des contrats avec des entités juridiques, des
personnes morales, mais sans en connaître le propriétaire
physique. En bout de piste, une même compagnie pourra fonctionner sous
cinq ou six noms différents, ou un même entrepreneur pourra
fonctionner sous cinq ou six noms différents, signer des contrats avec
le ministre, mais on aura affaire toujours au même individu, parce qu'il
n'y aura plus de contrôle là-dessus. C'est la même chose que
si le CRTC abandonnait, par exemple, ses contrôles sur la revente des
stations de radio et disait: "À compter de demain matin, il n'y a plus
de permis pour fonctionner, vous vendez tant que vous voudrez. " Qu'est-ce
qu'on ferait, vous pensez? Je pense que ça crierait dans quelques coins.
On dirait: "Aie! les communications ne peuvent pas être entre les mains
d'un cartel, ce ne peut être entre les mains d'un monopole. On n'aura
plus de liberté d'expression. " C'est le même
phénomène qui se passe. Le ministre aura beau dire après:
Le député a parlé de toutes sortes d'affaires. Qu'il
réalise l'image, qu'il voie la relation et peut-être qu'à
ce moment-là, il va finir par comprendre que ses propos ni le contenu de
son projet de loi ne correspondent pas à ce qu'il recherche.
Alors nous disons au ministre que dans cinq ans peut-être,
peut-être même avant, peut-être même dans deux ans, il
va être pris à la gorge, il va avoir un autre problème sur
le dos, il va avoir des fournisseurs d'équipement qui n'ont plus de
convention de travail à gérer, qui n'ont plus de
responsabilité civile envers du personnel. Tout ce qu'ils ont à
faire, c'est de placer de la machinerie; cette machinerie peut attendre deux ou
trois mois sans travailler, si c'est plus payant de la faire attendre pour
pourvoir rapporter plus après. Parce qu'il n'y aura plus de salaires
à payer entre-temps et il n'y aura pas à congédier du
monde et a en rengager et tout ce que vous voudrez. À ce
moment-là, ils attendront et le ministre sera obligé d'aller
jouer dans ses décrets, ou sinon il sera obligé de s'acheter
de
l'équipement lui-même ou la corporation sera obligée
de s'acheter de l'équipement, et on va revenir à peu près
à la même situation. On va revenir à une situation
où la corporation, comme le ministre l'a prévu d'ailleurs ou le
prévoit dans les textes qu'il nous présente, sera
propriétaire d'équipement; ou il essayera de susciter d'autres
intervenants aux alentours pour qu'ils s'achètent de l'équipement
et qu'ils viennent à contrat avec lui, on ne le sait pas.
Toujours est-il que c'est la meilleure façon de régler ce
problème une fois pour toutes et c'est d'ailleurs ce qu'ont
demandé les syndicats au départ. C'est d'ailleurs ce que tous les
intervenants au départ s'entendaient à dire. Je ne sais pas
pourquoi le ministre dit qu'on est les seuls à comprendre cela. C'est ce
que tous les intervenants au départ demandaient. C'est ce que ses
intervenants souhaitent en bout de piste aussi, même si pour l'instant
ils pourraient, disons, se familiariser ou s'adapter à une situation
mitoyenne, celle qui est présentée là. En bout de piste,
c'est cela que souhaite, tout le monde - c'est que la machinerie, la
tôle, les civières, que tout cela appartienne à la
corporation. À ce moment-là, on fonctionnera globalement, avec
une entité propre, quelque chose qui sera géré d'une
façon continue, avec un suivi beaucoup plus logique probablement. Avec
une assurance aussi que les ambulances vont être là, et avec
l'assurance aussi que le personnel aura à travailler toujours sur des
équipements qu'il connaît; il est habitué à son
ambulance, il est habitué aux équipements qui sont dedans.
Parce qu'on a toujours dit que le contrat ou l'exclusivité
n'étaient pas liés a la machine comme telle, mais étaient
liés au droit du propriétaire d'avoir la machine. On peut
peut-être appeler cela un permis, mais il n'y en aura plus, si on relit
l'article tel qu'on l'a voté antérieurement. C'est lié
à un droit, pas à une machine, pas à un équipement
comme tel. Il n'y a rien qui vous dise par exemple qu'un propriétaire
d'ambulances va signer aujourd'hui un contrat avec vous sur une ambulance
flambant neuve qui va très bien, mais que dans trois mois, un matin au
poste, vous n'allez pas vous retrouver avec une vieille tôle à
moitié percée. Vous n'aurez pas de contrôle
là-dessus, M. le ministre, parce que ce que vous avez loué, c'est
le droit d'avoir une ambulance. Vous n'avez pas loué la qualité
de l'ambulance, vous n'avez pas loué le véhicule; vous avez
conclu un contrat sur le droit ou l'obligation d'avoir un véhicule dans
ce poste. C'est cela qui arrive.
À moins que vous me disiez, M. le ministre, que vous allez faire
comme au ministère de Transports où, par exemple, il y a toute
une catégorie, un échelonnage de coûts qui sont liés
à l'état du véhicule. Au ministère des Transports,
on fait des contrats de route où chaque machine, un camion, un 10
tonnes, un "bulldozer", un D-8, un D-7, un D-6, sont tous qualifiés par
grosseur et par âge. Un camion qui a dix ans est loué moins cher
l'heure qu'un camion flambant neuf; 8 y a toute une nomenclature
compliquée là-dedans, mais enfin les entrepreneurs y sont
habitués, c'est la règle du jeu depuis longtemps. Ils sont
habitués à cela, ils connaissent la règle du jeu. Mais si
vous nous dites que c'est cela que vous voulez faire, que vous allez lier le
contrat à l'âge de l'ambulance, à l'état de sa
civière, à l'équipement qu'il y a dedans, je ne sais pas,
à la qualité des pneus et à tout ce que vous voulez, avec
une tarification précise pour chacun des véhicules, selon sa
catégorie, sa grosseur, son âge, sa peinture et tout ce que vous
voulez, à ce moment-là, vous pourriez peut-être avoir un
minimum de contrôle sur la qualité de l'équipement qui va
être au point de service. À moins de cela, vous ne pourrez pas.
Vous allez conclure un contrat sur une ambulance flambant neuve et vous allez
vous retrouver dans trois mois avec une vieille ambulance qui a roulé
350 000 km et qui est à moitié percée. (20 h 30)
Le Président (M. Bélanger): Une minute et
demie.
M. Claveau: Vous allez être obligé de la garder,
parce que le contrat n'est pas lié à la machine, il est
lié au permis actuel. Ce sont toutes sortes de choses comme cela qu'il
va falloir que vous précisiez bien, M. le ministre, si vous ne voulez
pas avoir de problème. Nous vous disons que la meilleure façon de
solutionner cela, c'est de mettre tout de suite la hache là-dedans et de
revenir vers une véritable étatisation, de
récupérer...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau:... tous les équipements et tout le personnel,
d'indemniser les gens en conséquence, sans prendre pour autant la part
des ambulanciers. On pourrait parler de la qualité de votants des
ambulanciers. Ceux que je connais chez nous, ce ne sont pas eux qui me
financent le plus dans mon parti, je peux vous l'assurer, même si on le
prétend à certains égards. Je vous dirais même que
mon adversaire politique est un ambulancier et que cela fait plusieurs
années qu'on ne s'entend pas vraiment. Ce ne sont pas ces gens qu'on
défend.
Des voix: Oh!
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Une voix:... propriétaires.
M. Claveau: Contrairement, contrairement à ce que
certains...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, s'il
vous plaît.
M. Claveau:... contrairement à ce que certains
prétendent, ce n'est pas cela qu'on défend. Ce qu'on
défend c'est le droit de la population d'avoir un
véritable...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau:... service, honnête, concret, organisé
de la meilleure façon possible; pas de demi-mesures, comme le ministre
est en train de nous y obliger aujourd'hui par son projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): Votre temps est
écoulé. Je vous remercie. Est-ce qu'il y a un autre intervenant
sur cet amendement? M. le député de Mercier.
M. Godin: Ce que je ne comprends pas, c'est l'hostilité du
ministre envers les propriétaires ambulanciers. Au fond, si on regarde
sa loi, à l'article 149. 5 alinéa 1, 149. 16, 149. 19, 149. 32
alinéa 4, 403. 1, 403. 3, 403. 4 et article 20, on parle d'eux comme des
détenteurs de permis, intervenants comme exploitants, mais au fond, ce
sont des partenaires. Ce que je ne comprends pas, c'est que ces partenaires,
qui sont essentiels au bon fonctionnement de son nouveau service plus efficace
et plus soucieux des besoins de la clientèle dans tout le Québec,
il les écoeure tant qu'il peut. Il s'expose ainsi à des
représailles, comme on dit dans l'accord de libre-échange, des
mesures de rétorsion et il met en danger le principe même de sa
loi qui consisterait, d'après ses propos, à donner le meilleur
service possible aux usagers, aux patients et aux malades. Je crois que s'il
décidait, comme l'amendement du chef de l'Opposition le propose, de
s'entendre avec les propriétaires exploitants, avec les titulaires, avec
les intervenants, comme il les appelle aussi, il aurait plus de chance de voir
ces partenaires soucieux d'assurer le service qu'il veut donner à la
clientèle dans tout le Québec. Donc, je ne comprends pas pourquoi
il est si hostile à ces gens qui sont ses partenaires éventuels
et qui peuvent, s'ils sont maltraités, bloquer la machine et nuire
à la machine autant que faire se peut. Si vraiment il est sérieux
dans l'objectif qu'il vise - que le service soit amélioré et que
les patients soient mieux traités - il doit être aussi
généreux avec les propriétaires exploitants qu'il l'est
avec le syndicat des techniciens ambulanciers. D'ailleurs, il a probablement
raison de l'être, sauf qu'il doit mettre les deux partenaires sur le
même pied et donner autant à un groupe qu'à l'autre.
La signification de l'amendement du chef de l'Opposition va dans ce
sens. Ce que nous suggérons, c'est qu'il exproprie, avec
dédommagements raisonnables et honorables, les exploitants ambulanciers
et qu'il s'assure que chaque employé de ces propriétaires
ambulanciers sonserve ses anciens droits et puisse garder tous les droits et
privilèges obtenus après des luttes souvent épiques depuis
quelques années au Québec. Je crois humblement et modestement que
la proposition de l'amendement du chef de l'Opposition va dans le sens de
garantir un meilleur service aux usagers, eux qui sont notre raison
d'être comme Opposition ici et qui sont la raison pour laquelle nous nous
battons encore et pour laquelle nous nous battrons jusqu'à la fin, pour
que ce projet du ministre soit au service des usagers et non pas au service de
la gloire et d'une gloriole quelconque du ministre qui veut avoir la peau de
l'Opposition, qui veut venir à bout des nerts de l'Opposition, en
refusant d'entendre la raison qui parle par notre bouche, M. le
Président.
M. le ministre peut rire tant qu'il veut, mais il reste que nous pensons
qu'il a mis au monde un système qui va, en fin de compte, lui causer
plus d'ennuis qu'il ne l'imagine, à moins qu'il ne s'entende avec les
propriétaires exploitants, de façon honorable et respectable, et
qu'il tienne compte de la valeur réelle de leurs investissements et de
la qualité des services qu'ils ont rendus au Québec depuis de
nombreuses années. M. le Président, c'est mon argumentation.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
député de Mercier. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur cet
article? Mme la député de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Il me semble
qu'actuellement, en fin de compte, le gouvernement comme tel joue sur plusieurs
tableaux à la fois. Tantôt, il essaie de contenter ses amis, plus
souvent qu'autrement, qui sont les gens de la haute finance et quelquefois,
quand cela se prête bien et que c'est à sa convenance, il favorise
d'autres groupes d'intervenants. Cela, sans aucune considération, en
tout cas, pour favoriser un équilibre qu'on pourrait appeler un genre
d'écosystème au plan des gouvernements. Il n'y a plus rien qui
fonctionne ici. C'est comme cela va, selon le vent, selon les courants et
selon, finalement, un entêtement de ministre. Il n'y a pas vraiment de
ligne directrice. On ne sait pas vraiment. Des arguments de fond n'existent que
très peu. En tout cas, on en entend très peu si ce n'est,
finalement, qu'une position bien ancrée et que, par entêtement, on
n'est pas capables de faire bouger ou de faire changer de quelque façon
que ce soit.
Il y a des principes très fondamentaux qui sont reconnus et je ne
crois pas que ce soit en faisant une nationalisation à rabais qu'on va
arriver à régler les gros problèmes de notre
société québécoise et qu'on va favoriser une
meilleure relation entre employés et employeurs. En fait, ce qu'on
essaie de maintenir, c'est cet équilibre entre les employés et
les employeurs et une paix sociale non seulement pour un ensemble, mais autant
d'un côté que de l'autre. Qui fait
toujours les frais de ces négociations, de ces problèmes?
Ce sont les usagers. Mais de cela, on n'en parle pas. On fait comme si l'usager
venait après. De toute façon, qu'à cela ne tienne, c'est
le grand principe. Quand on ne sait plus de quoi parler, on parle des
usagers.
Je ne pense pas que ce soit réellement notre objectif, quant
à nous, parce qu'un service de qualité tient compte justement de
donner à une population au moment le plus favorable et opportun, le
service dont elle a besoin, selon son état. Je crois que c'est
l'ensemble. Ce sont plusieurs services à la fois. Ce sont plusieurs
facteurs aussi qui font qu'on est capables d'arriver à cette
qualité, a cet objectif de qualité. Le premier point, au
départ, il faudrait peut-être que les gouvernements commencent
à être un modèle aussi. Il faudrait peut-être qu'on
commence à se donner une façon de travailler pour que les gens
puissent avoir confiance en nous et croire en nous. Et cette façon, ce
n'est pas de faire des choix selon sa convenance et selon, finalement, les
groupes en présence, mais c'est basé sur des principes
fondamentaux qui n'occasionnent, hors de tout doute, aucune discussion.
Vous voyez le nombre d'heures que nous passons ici parce que nous sommes
devant des articles de loi, un projet de loi, qui font en sorte qu'il y a
beaucoup de points d'interrogation parce qu'il n'y a pas de ligne claire, il
n'y a pas de ligne directrice et parce que, finalement, on sème
l'ambiguïté. On parle d'une quasi-nationalisation. Ce n'est pas
vraiment une nationalisation parce que dans les faits, on dit: On ne change
rien dans la nature de l'organisme, de la corporation comme telle. La
corporation, de toute façon, elle a toujours passé ses
ambulances. Quant au reste, elle ne s'en est jamais tellement
préoccupée. Pourtant, ce n'est pas vrai, M. le Président.
Dans les faits, la corporation a toujours été responsable aussi
de ses employés. Il y avait une relation entre patrons, employés
et corporation. Même si le ministre essayait de me dire qu'il ne change
pas la nature à l'heure actuelle par son projet de loi, c'est ce qui
fait qu'actuellement, il y avait des corporations, il y avait des
employés qui avaient un employeur et que cet employeur-là va
changer. C'est un état de fait. C'est une réalité et on
change à ce moment-là les règles du jeu. Mais on change
les règles du jeu pour le propriétaire. C'est ce qu'on se dit.
Cet état de fait-là fait qu'on lèse une des parties. Et la
partie lésée dans ce cas-ci, dans le cas qui nous
préoccupe, est la partie patronale. Évidemment, un autre
tantôt, cela pourrait être la partie syndicale. Mais on fera alors
les discussions qui s'imposeront, au moment opportun, et on verra avec la
même droiture d'esprit à apporter des arguments pour permettre que
la lumière soit faite et que l'on prenne les décisions les mieux
éclairées possible.
Donc, on arrive à un projet d'argumentation de fond, puisqu'on
dit ici: Si on veut étatiser, étatisons. Si on veut faire en
sorte qu'il n'y ait qu'un employeur unique et que finalement l'ensemble du
monde ambulancier soit des organismes sous la gouverne de l'État, soit
nationalisé, faisons-le correctement, clairement et je pense que
personne n'est contre. Je lisais même dans le petit cahier, le journal
des syndicats des employés techniciens ambulanciers: Nous mettons en
garde le gouvernement de plier au lobbying des propriétaires... et
j'aimerais rappeler que le RETAQ avait demandé l'étatisation pure
et simple. À la suite de la bonne volonté que le ministre a
démontrée nous avons accepté la réforme telle
qu'elle nous a été présentée.
Donc, M. le Président, je me dis. On est devant quoi? Il y a des
gens qui partent avec des principes fondamentaux, mais parce qu'à un
moment donné il y a des choses qui arrivent et qui font notre affaire,
on laisse tomber les principes et après on vient dire: Vous n'avez pas
raison de prendre le temps qu'il vous faut pour aller au fond des choses, mais
vous savez qu'une loi a des conséquences. On n'est pas pour se
réunir régulièrement sur le même projet de loi parce
qu'on change d'accréditation. On pourrait changer de personne et bien
des choses. Une loi a une portée à long terme. C'est notre
devoir, nos prérogatives en tant que députés
représentant la population, parce qu'elle nous a fait confiance et
qu'elle nous a donné un mandat précis de faire des lois
convenables, parce que, tout compte fait, c'est la population qui paie les
taxes et qui doit assumer les frais qu'elle assume de deux façons: par
le biais de ses impôts et aussi quand elle a besoin du service. Elle
devrait recevoir un service de qualité auquel elle est en droit de
s'attendre parce que c'est elle qui paie ce service, tout compte fait.
Donc, M. le Président, à partir de cela, je me dis:
Où sont les grands principes? Quels sont les arguments de fond? Cela ne
tient pas. En fin de compte, c'est selon le bon vouloir des gens et leur
convenance, mais on ne fait pas des lois pour leur convenance. On fait des lois
à haute portée, beaucoup plus forte et plus longue pour faire en
sorte que l'ensemble de la population qui devra subir et assumer cette loi soit
la mieux servie possible et que, lorsqu'on arrive et qu'on prend nos articles
de loi, ce soit clair, précis et qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté.
L'autre point de vue c'est qu'une loi, à mon avis, doit
être respectueuse aussi de jurisprudence. Elle doit être
respectueuse de ce qui a déjà été établi.
Mais dans ce cas-ci, il nous semble, et je suis convaincue, que l'indemnisation
représente une certaine somme d'argent. Bien sûr, nous en sommes
tous conscients, mais ce n'est pas parce que cela représente une
certaine somme d'argent... Nous sommes habitués avec ce gouvernement, de
toute façon. Il fait toujours payer de la poche de quelqu'un. Finalement
ce n'est jamais le Conseil du trésor qui ouvre sa bourse, mais c'est
toujours dans une poche de
quelqu'un qu'on essaie de trouver de l'argent pour le donner à un
autre. C'est le système qu'il a établi. On sait fort bien, quand
on parle maintenant de faire de la nationalisation, qu'on peut bien sûr
parler de nationalisation à rabais, un semblant de nationalisation,
parce qu'il y a des frais à payer. Bien sûr qu'il y a des frais.
On peut bien emporter tous les arguments qu'on voudra bien, mais à un
moment donné il y a un prix à payer. Cela fait partie de la vie
courante et on a été obligés de l'assumer, nous aussi,
quand on a été au gouvernement. On a pris toutes les critiques et
tous les torts dans certaines circonstances et à d'autres moments tout
le monde était heureux et content.
M. le Président, le ministre nous a toujours dit qu'il devait
assumer ses responsabilités et ses choix, je suis tout à fait
d'accord avec lui. Bien sûr qu'il devra vivre, mais par contre, qu'il
n'essaie pas de nous faire accroire que c'est par principe fondamental. C'est
une question de sous, une question de signe de piastres tout simplement. Il
faudrait bien qu'on se le dise entre nous. Ce qui fait que finalement on
hésite à vouloir aller au fond des choses, à
réellement reconnaître des droits acquis et un principe
fondamental qui est l'indemnisation. (20 h 45)
Quand tu changes la nature même d'une entreprise, il y a un tort
qui est causé au propriétaire qui a droit à une
indemnisation et ça, c'est reconnu. Cela a toujours été
fait, cela s'est toujours fait comme cela et, là, on arrive puis on nous
dit: Non, ce n'est pas tout à fait cela, il y a des nuances, vous n'avez
pas vu, antérieurement, ce n'est pas vrai qu'on change la nature et puis
tout cela. Mais il fallait y penser, M. le ministre, avant même de
présenter votre loi. Vous saviez fort bien qu'en prenant cette
direction-là, en vous en allant vers cette orientation-là, qu'il
y aurait des coûts à assumer. C'était clair cela. Tout le
monde devait s'y attendre à un moment donné. Dans votre
gouvernement vous êtes des hommes d'affaires, vous devez être des
hommes prévoyants. Quand on est en affaires, on connaît ce qu'on a
dans notre portefeuille avant de commencer, à moins qu'on fasse du
"gambling", à moins que vous soyez un gouvernement de joueurs de poker.
C'est peut-être une autre chose cette histoire-là. À notre
avis, je ne pense pas que cela soit sérieux. Cela ne montre pas le
sérieux d'un gouvernement et, quant à faire les choses, il faut
les faire correctement, en étant très respectueux des droits des
uns et des autres, mais en maintenant tout de même que tout le monde a
des droits et qu'il faut les respecter quelles que soient les catégories
de personnes ou de groupes qui existent.
Il y a une autre part et c'est un principe d'équité. Une
loi doit être basée et fondée sur un principe
d'équité. C'est ce qu'on appelle finalement le principe de base
pour faire des lois et on doit être animés par ce
principe-là quand on fait une loi. Actuellement, je ne vois pas du tout
ce principe-là transpirer l'intérieur du projet de loi et tout le
monde a averti, tout le monde s'est inscrit en faux et même je pourrais
dire que ce n'est pas juste nous qui décrions ce fait-là. Il y a
de nombreux éditorialistes qui l'ont décrié aussi et des
gens du monde des affaires. Quand on regarde Jean-Paul Gagné, je ne le
connais même pas, donc je ne peux pas vous dire quelle est son
allégeance politique, ce n'est pas de cela que je m'enquiers à
chaque fois que je lis un article, mais, il est dans le monde des affaires, le
journal Les Affaires. Peut-être que pour certains cela n'a pas de
valeur parce que c'est trop capitaliste, mais indépendamment de cela,
c'est tout de même un homme qui a un jugement, qui est capable d'apporter
des points de vue et je crois que cette personne-là dit: Écoutez,
attention. Je pense à combien d'autres éditoriaux qui ont
été faits dans ce sens-là et qui disent: Cela n'a pas
d'allure, c'est contre tous les principes d'équité qui existent,
qui ont toujours existé et qui ont fait que cela a été les
principes fondamentaux des législateurs, ce principe
d'équité.
L'autre point de vue c'est qu'il y a aussi des travailleurs qui sont
impliqués. Il y a des travailleurs et c'est important d'en tenir compte.
C'est aussi important de tenir compte du droit d'un travailleur de ne pas se
retrouver le lendemain matin sans emploi. Cela aussi, c'est un droit
fondamental. Je pense qu'on devrait prendre l'ensemble des droits des
travailleurs, mais pas seulement ceux qui font notre affaire. C'est un principe
fondamental: quand tu es travailleur, tu as des droits comme quand tu es
patron, tu as des droits et tu as des devoirs autant d'un côté
comme de l'autre. Cela aussi, c'est un principe d'équilibre dans une
société et je pense à tous ces gens-là qui sont
à l'intérieur. Si à un moment donné il y a des
mises à pied, ce sont toujours les plus petits qui doivent faire les
frais de tout cela, ces changements-là, le changement des règles
du jeu. Ce ne sont pas toujours ceux qui sont bien cambrés, ce ne sont
pas ceux qui sont bien en place, ce ne sont pas ceux qui ont des positions
stratégiques, mais ce sont les gens les plus fragiles, les plus
vulnérables qui doivent toujours faire les frais de ce changement des
règles du jeu.
Ce que nous nous sommes dit, nous, de ce côté-ci de la
table, c'est qu'il fallait protéger justement ces gens-là qui
sont les plus faibles, les plus vulnérables. Il faudrait faire en sorte,
quand on connaît le taux de chômage ici au Québec, de
peut-être protéger les emplois qu'on a et s'assurer que les gens
qui ont des emplois à l'heure actuelle puissent les maintenir et les
garder. C'est cela aussi notre préoccupation: une qualité de
service pour l'ensemble de la population qui sont les contribuables, qui ont le
droit d'avoir un service de qualité et le respect de cette population en
lui donnant des lois claires sans ambiguïté dans le respect de
l'équité et du droit fondamental des travailleurs qui, eux
aussi,
ont le droit d'avoir un emploi et de le conserver, quelles que soient
les règles du jeu, même si cela ressemble plus à un caprice
de ministre à un principe fondamental parce qu'à ce jour il n'y a
aucun argument fondamental qui, transpire dans cette loi. Je regarde le journal
et je peux le relire encore une fois. Nous mettons en garde le gouvernement de
plier au lobbying des propriétaires, car j'aimerais vous rappeler que le
RETAQ avait demandé l'étatisation pure et simple. À la
suite de la bonne volonté que le ministre a démontrée,
nous avons accepte la réforme telle qu'elle est et qu'on nous l'a
présentée. Je crois, M. le Président, qu'il n'y a personne
qui a une leçon à nous donner ici quand on a de tels propos parce
que personne n'a réellement d'objectifs fondamentaux parce que les
principes, c'est comme les idées, ils sont mous. On les manipule un peu
comme de la terre glaise selon ce qu'on veut, selon ses objectifs, selon le
moment finalement. Je ne crois pas que ce soit de cette façon que nous
allons démontrer notre sérieux en donnant notre aval à un
projet de loi. Je pense que l'amendement qui a été proposé
par notre collègue, le chef de l'Opposition, est fondé parce
qu'il est respectueux des droits fondamentaux, autant ceux des travailleurs que
ceux des employés. Je pense que c'est un grand principe pour lequel on
s'est toujours battus et on va continuer à se battre parce que,
justement, c'est un principe fondamental qui nous anime, un principe
d'équité, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cet amendement? Je vous remercie.
Alors, M. le député de Lavioiette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je vais essayer
d'utiliser ma voix un peu moins forte pour permettre au député de
Laurier de ne pas être dérangé par le son de ma voix.
Mme Vermette: II veut dormir.
M. Jolivet: C'est peut-être l'occasion qu'on a de demander
au ministre s'il est vraiment sérieux avec son projet de loi. Le
ministre nous indique qu'il veut apporter un projet de loi pour donner un
meilleur service. Comme le député de Laurier en faisait mention:
Amenez-nous des amendements. Je lui disais - vous n'étiez pas là,
M. le Président, c'était votre remplaçante qui
était là - que normalement, on discutait à fond, qu'on en
arrivait à un moment donné à proposer des amendements et
que le ministre était même mieux équipé que nous
pour pouvoir juridiquement placer avec les gens du contentieux qui sont avec
lui des amendements permettant de s'assurer que l'amendement soit recevable ou
pas et que cet amendement ait l'effet escompté. Nous sommes devant cette
Assemblée et nous avons donc un amendement qui a été
proposé par le chef de l'Opposition qui va, d'une certaine façon,
tester le sérieux du ministre.
Je me souviens d'une discussion que j'ai eue avec lui sur un autre
projet de loi. Le ministre pourra dire qu'effectivement, j'amène des...
M. le Président, je m'excuse, mais le ministre fait des signes parce que
vous n'étiez pas là cet après-midi et ce qu'il m'a
apporté comme argument, c'est que j'ai beau lui apporter des exemples,
après cela, il va faire le décompte de cela et une fois que
j'aurai donné ces exemples, il va dire que j'ai parlé de tout et
de rien. Cela ne me dérange pas du tout. Je suis habitué avec le
ministre. La seule chose que je peux vous dire, par exemple, c'est que j'aime
bien appuyer l'argumentation que je vais apporter sur des exemples. Je me
souviendrai toujours, parce que le ministre s'en souvient aussi, à cette
même table, dans des soirées où on a discuté
longuement du Conseil de la famille, du ministre, dans son entêtement,
qui n'avait aucunement accepté les amendements qu'on avait
apportés sauf un, j'en ai fait mention, à un moment donné,
où on augmentait le nombre des membres du conseil d'administration de
neuf à onze. Je répéterai, encore une fois, qu'une fois
que le ministre eut accepté cela, il n'a jamais accepté qu'on
discute du contenu du conseil d'administration et des personnes qui le
composent. Je dirai quand même qu'il y a des gens qui étaient
à peu près dans la même situation. Vous vous en souvenez,
j'en suis sûr. Il y a des gens qui disaient et là, je prends le
projet de loi qui est là: J'aime mieux avoir cela que rien. Ils
disaient: En ayant cela, je suis peut-être un peu plus rassuré que
ne rien avoir. Il y en a d'autres qui disaient: J'aime mieux ne rien avoir
qu'avoir cela. Excusez-moi, M. le député de Laurier.
Mme Vermette: On le réveille.
M. Chevrette: On parle du timbre de voix...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît, M. le député de Lavioiette.
M. Jolivet: Je suis capable, je suis habitué...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
revenez à votre intervention. Pas de problème.
M. Jolivet: Merci.
M. Chevrette: Cela le réveille. Cela lui fait du bien.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
de part et d'autre...
Mme Vermette: II est en train de s'endormir.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Jolivet: J'étais en train de dire qu'il y a
des gens...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Jolivet: J'étais en train de dire, M. le
Président, qu'il y a des gens - et je pense que c'est logique - qui le
veulent comme cela. C'est leur droit. Jamais je ne mettrai en doute cette
capacité de désirer une chose. Donc, ils disaient: J'aime mieux
avoir cela que ne rien avoir, parce que si j'ai cela, c'est un premier pas, le
reste viendra ensuite. Je pense que c'est normal. Il n'y a personne autour de
cette table qui va dire le contraire, que, parfois, dans certaines choses: Vaut
mieux avoir un tiens plutôt que deux tu l'auras. D'un autre
côté, il y en a d'autres qui disaient: Si on a cela, il y a des
risques. Donc, j'aime mieux ne rien avoir plutôt que cela. J'aime mieux
qu'on continue à discuter. J'aime mieux qu'on amène des
amendements, s'il le faut.
Dans cette salle, il y avait deux groupes de personnes, je m'en
souviendrai toujours: un premier groupe qui voulait avoir le projet de loi et
l'autre qui ne le voulait pas. Si on avait écouté ceux qui le
voulaient, nous n'aurions, en fait, rien fait. Nous aurions dit: premier
article, adopté; deuxième article, adopté;
troisième article... Finalement, on serait arrivés à la
fin avec un projet de loi plein de trous, plein de difficultés. Il y a
eu des amendements en cours de route. Ce projet de loi a été
adopté. C'est évident, je n'étais pas innocent au point de
penser que la majorité, un jour, ne l'emporterait pas. La
majorité l'a emporté. C'était normal, c'est la
démocratie. La majorité l'ayant emporté, cela ne nous a
pas empêchés d'essayer de faire les amendements qui s'imposaient.
C'est évident que, dans bien cas, on n'en a pas gagné et, dans
d'autres cas, on a gagné. Le but n'était pas de savoir le
décompte de ce qu'on gagnait ou de ce qu'on perdait. C'était de
savoir: Est-ce que, à la fin, c'est un meilleur projet de loi que celui
du début? Finalement, c'était un meilleur projet de loi,
même s'il n'était pas à notre satisfaction. Il fut
adopté à l'Assemblée nationale.
Je me souviendrai, le chef de l'Opposition a rencontré les deux
groupes avec moi. Même à ce moment-là, ils disaient:
Qu'est-ce que le critique de l'Opposition a fait dans le dossier? Cela n'a pas
de bon sens. C'était un groupe. L'autre disait: C'est extra, allez-y,
continuez. Ce qui est arrivé, c'est qu'on a fait le décompte de
cela. C'est normal qu'en démocratie des gens en arrivent à
proposer des choses, les uns, d'une façon, les autres, de l'autre
façon. La majorité l'a emporté.
Vous savez qu'en démocratie, à l'Assemblée
nationale, même si des gens critiquent parfois le travail qui est fait
par des hommes politiques, à la fin du compte, il arrive toujours que la
majorité a des droits. Cette majorité peut s'exprimer. Elle
s'exprime de différentes façons. Une fois qu'on a
étudié tout l'ensemble du projet de loi, elle vote et adopte,
c'est fini, ils vivent avec. On l'a vécu dans le temps où on
était au pouvoir et on le vit maintenant qu'on est dans l'Opposition.
C'est normal, il n'y a rien d'anormal. Je dois dire que même en certaines
circonstances, même on l'a adoptée, eux aussi l'ont
adoptée, dans l'espace de deux semaines. Ils ont proposé une
motion à l'Assemblée nationale obligeant la discussion de telle
motion, de telle décision. Cela a pris cinq heures, cela a
été adopté et on a passé à autre chose.
Pendant deux semaines consécutives, parce qu'ils n'ont pas grand-chose
à l'Assemblée nationale, ils ont décidé de jouer
une "game" à l'intérieur de l'Assemblée nationale.
C'était leur droit, je ne leur en veux pas. Ils ont pris ce que le
règlement de l'Assemblée nationale leur permettait et ils l'ont
fait. Donc, qu'ils ne viennent pas me dire aujourd'hui qu'en essayant de les
aider à amender ce projet de loi, ils ne peuvent pas, en fin de compte,
d'ici le 23 juin prochain, l'adopter. Je pense que, logiquement, ils vont
l'adopter. Un des moyens qu'ils ont, à un moment donné, s'ils
trouvent que cela ne va pas à leur rythme et qu'ils veulent l'adopter
avant la fin de la session... Vous savez qu'après le 23 juin, cela prend
des urgences pour faire siéger l'Assemblée nationale. On en verra
peut-être une vers le 30 juin si jamais la Cour suprême
décide de sortir son jugement sur la loi 101. Ils vont nous ramener en
Chambre. Il n'y a personne qui va nous empêcher de faire cela. C'est eux
qui décident. C'est à eux qu'appartient la décision.
Une fois qu'ils ont la décision, cependant, il y a, à
l'égard de ce projet de loi, une décision qu'ils auront à
prendre et ils feront une motion à l'Assemblée nationale. Ils
décideront, à l'Assemblée nationale, de clôturer la
discussion ici, de nous amener en haut et, dans l'espace de cinq heures, tout
sera fini, le projet de loi sera adopté. C'est leur choix. Mais
entre-temps, notre travail comme membres de l'Opposition, c'est d'en arriver
à les aider à améliorer le projet de loi. Là,
qu'ils ne m'amènent pas comme argumentation, quand on présente
des amendements: Vous autres aussi, parfois, vous n'acceptiez pas cela dans le
passé. Il nous arrive souvent de nous faire dire cela, mais cela est
passé, ce sont eux qui sont au pouvoir. Si on a commis des erreurs,
j'espère qu'ils ne commettront pas les mêmes parce qu'on sait
où cela nous a menés. (21 heures)
Une chose est certaine, c'est qu'on va les aider. S'ils ne veulent pas,
on ne peut pas s'entêter. On va, comme je le dis souvent au ministre,
être tenaces dans notre action, mais pas entêtés. Ce projet
de loi doit donc être amendé. Cet amendement se situe sur deux
plans. "Le gouvernement doit signifier la motion des avis d'expropriation
à tous les propriétaires d'ambulances titulaires d'un permis
d'exploitation sur le territoire de la corporation dès l'entrée
en vigueur de la loi. " Donc, le ministre aura le pouvoir, avec cet
amendement-là, de demander des avis d'expropriation qui permettront
de
régler un problème de justice envers des
propriétaires, celui de leur donner la pleine compensation. Puis
là, on ne discutera pas de l'ensemble de la compensation que l'on devra
apporter, parce que cela fera l'objet des discussions qu'ils auront au chapitre
de l'expropriation. L'expropriation, je la vis continuellement, M. le
Président. Peut-être que vous, dans votre comté, vous ne la
vivez pas comme moi, mais moi, sur la route entre Grand-Mère et La
Tuque, il y a des expropriations tous les jours, route qu'ils décident
d'élargir et d'améliorer. On en vit un, actuellement. Qu'est-ce
qui est arrivé? C'est qu'on a, en vertu de la Loi sur l'expropriation,
donné aux gens la capacité d'engager une personne qui est un
avocat, un arpenteur-géomètre, pour faire l'évaluation de
l'ensemble de leurs terrains expropriés, puis d'aller défendre
leurs droits, devant le Tribunal de l'expropriation. Ils ont le droit, le
pouvoir, donc, de se défendre. C'est ce que l'on dit.
Ce n'est donc pas à nous, ni au ministre, au moment où
l'on se parle, de dire quel est le quantum quant à l'expropriation qu'il
devra faire pour tel ou tel propriétaire. Mais il aura à faire
une proposition. Le propriétaire aura à faire sa proposition et
à prendre une décision devant le tribunal par
l'intermédiaire d'une personne qui lui attribuera le montant qui doit
être donné pour expropriation du service qu'il donnait autrefois
et de la machinerie, des ambulances et de tout ce qu'il a comme proposition
à faire. Cela, c'est la première chose que propose
l'amendement.
La deuxième dit: "De plus, il doit intégrer tous les
salariés de ces propriétaires d'ambulances à la
corporation avec tous les droits et privilèges acquis auprès de
leur propriétaire respectif. " Donc, c'est de protéger la
deuxième partie qui, je pense, est la recherche de tout le monde, aussi
bien de ceux qui sont les employés actuels de ces propriétaires
d'ambulances que du ministère ou du ministre, ou de ceux qui sont de ce
côté-cl. C'est donc dire qu'on doit s'assurer que le transfert
soit un transfert qui permette, à ce moment-là, aux
employés d'avoir des droits acquis préservés. Cela, je
l'ai négocié souvent dans ma vie, dans des conventions
collectives. On a eu des batailles mémorables; on a eu des choses
extraordinaires qui se sont produites, par solidarité des travailleurs
devant les employeurs qui ne voulaient pas du tout. Puis, je vous conterais
simplement. - le ministre pourrait prendre cela en note dans ses
répliques qu'il pourra me faire tout à l'heure - qu'en 1964, je
me souviens, lors de la régionalisation des commissions scolaires
où j'étais, comme beaucoup de gens à ce moment-là,
enseignant à une commission scolaire locale qui se voyait
transférer son secondaire à la régionale, qu'on avait dit:
Pas de contrat, pas de travail. Sur 700 employés, il y en avait
peut-être une quarantaine qui, comme c'est habituel, avaient signé
des contrats. Tous les autres n'en n'ayant pas signé, on s'est
retrouvés le 9 octobre avec une convention signée, avec un mois
de moins de classe, mais avec des conditions de travail qui nous permettaient
de prévenir l'avenir. Cela, simplement parce qu'il y avait
solidarité et qu'en même temps les gens s'étaient tenus
pour gagner leur acquis. Mais, je ne dirai jamais à des employés
de faire ces choses. Au contraire, je leur dirai: Faites votre boulot, faites
votre travail, ayez les organisations qu'il faut pour le faire, mais
gagnez-le.
Et dans la loi, il s'agit justement de préserver les acquis pour
ces personnes-là. Donc qu'on ne vienne pas me dire au bout de la course
que la proposition qui est là n'offre pas les deux buts
recherchés: S'assurer que tous les employés de ce
propriétaire voient leur dossier transféré à la
nouvelle corporation qui prendra fait, cause et charge de l'ensemble de leurs
activités, au plan salarial, des droits acquis, des congés, etc.,
peu importe, les caisses de retraite, les conditions à l'égard
des assurances collectives. Cela, on le sait, on a déjà
négocié ces choses-là. On sait de quoi l'on parle. On ne
parle pas dans le vide. Je me souviens de ces batailles et je sais gré
à des gens de les défendre, mais la proposition qui est faite,
c'est de les défendre. Donc, employés et employeurs, et il ne
faut pas qu'en voulant protéger une partie, on détruise l'autre.
Si aujourd'hui on avait un projet de loi qui avait pour but, comme je le disais
comme exemple, de faire le cas de ce qu'on a appelé "les gars de
Lapalme", de transférer et de donner tous les droits acquis et tous les
avantages aux propriétaires et ne rien donner aux syndiqués, on
se retrouvera à peu près comme au Manoir Richelieu, où on
a donné tous les bénéfices à quelqu'un qui a
acheté l'ensemble de la bâtisse, et rien aux employés. On a
connu ce que cela a donné.
Je pense que ce n'est pas ce qui est recherché, et je ne pense
pas que ce soit ce que le ministre recherche. Je vais être honnête
envers lui. Je suis capable de le reconnaître; je l'ai déjà
dit que je suis capable de le reconnaître. Le ministre ne recherche pas
cela. Ce que veut le ministre, c'est trouver la meilleure solution possible. Je
pense que je suis honnête quand je le dis, et je sais que c'est ce qu'il
recherche. On veut l'aider à trouver la meilleure solution. Mais on lui
dit: ne le faites pas seulement pour les employés; faites-le aussi pour
les employeurs qui sont les propriétaires. Eux aussi ont des droits;
protégeons-les jusqu'au bout. Donnons-leur les acquis, assurons-nous que
demain matin, quand il y aura une nouvelle corporation, qu'au bout de la course
ils ne soient pas pénalisés parce que le gouvernement a
décidé de nationaliser ou étatiser, peu importe le terme,
un service et de l'améliorer pour tout l'ensemble de la clientèle
qui est le public demandant l'aide de l'ambulance.
Mais ne faisons pas cela sur le dos de gens qui sont les
propriétaires, auxquels on va enlever des droits acquis, auxquels on va
dire: Écoutez,
vous avez des équipements que nous voulons louer maintenant.
Contrairement au député de Laurier, je dois vous dire, M. le
Président, que je comprendrais mal que l'on en arrive à faire en
sorte qu'au bout de la course, les entreprises soient obligées par
décret de subir quelque chose qu'elles ne veulent pas subir. Parce que,
je le dis, une clause de réserve dans une loi, c'est comme toute clause
de réserve que j'ai connue dans n'importe quelle négociation que
j'ai faite. À un moment donné, on l'utilise. Le ministre va
peut-être rire, je donne un exemple: pas tellement plus tard qu'il y a
deux semaines, le leader du gouvernement pour une décision qu'il lui
appartient de prendre, à la suite de discussions avec son caucus et son
gouvernement, a décidé de changer d'idée. L'an
passé, lors d'une discussion qu'on a eue ici à l'Assemblée
nationale, en commission parlementaire, il avait accepté de mettre dans
une loi une portion nouvelle qui indiquait que, pour le recensement, cela
prenait une double majorité pour l'annuler. Cela faisait partie d'une
discussion ici, à l'Assemblée nationale. Il l'avait
accepté. Qu'est-ce qui est arrivé? Il a dit: Parce que je l'ai
accepté à l'époque, j'ai été un peu, je ne
dirai pas "niaiseux", mais un peu trop naïf. Il a dit: Écoutez, je
ne pensais pas qu'ils l'utiliseraient. Quelle drôle d'argumentation! Je
ne pensais pas qu'ils l'utiliseraient. Si on le met, c'est parce qu'un jour on
va l'utiliser. C'était une clause de réserve qu'on a
utilisée. Il a décidé de présenter une motion en
Chambre pour annuler tout cela, une première motion pour enlever ce
qu'il avait marqué un an avant, et une deuxième motion pour
annuler la suivante. Mais cela fait partie des décisions qu'il
appartient à un gouvernement de prendre. On les contestera, on sera
battus parce qu'on n'est pas majoritaires, et on verra dans le temps ce que
cela apportera comme résultat.
Mais une chose est certaine, c'est que la clause de réserve
était là, et il l'a utilisée. Alors ne venez pas me dire
aujourd'hui que, quand on met une clause de réserve en disant que si
cela ne fonctionne pas on va l'utiliser, vous ne l'utiliserez jamais. Et c'est
ce que je disais au député de Laurier, c'est que des employeurs
qui sont propriétaires pourraient dire aujourd'hui: Moi, je refuse le
taux qu'on me donne; cela n'a pas de bon sens; je ne peux pas rentrer dans mes
coûts; j'ai besoin de vivre et non pas de vivoter. Et dans ce
contexte-là, je refuse. Si ce groupe se reforme maintenant comme
propriétaires, qu'est-ce qui va arriver? Il n'y aura pas de service.
S'il n'y a pas de service, qu'est-ce qui va arriver? Le juge ultime, c'est le
ministre. Le ministre, sans penser à autre chose qu'à la
décision que lui peut prendre dans les intérêts pour lui
comme parti politique ou comme gouvernement, mais non pas comme décision
qui doit être prise par l'Assemblée nationale, si le ministre
disait qu'une discussion devrait être faite à l'Assemblée
nationale, ce serait peut-être différent. Ce n'est pas ce qu'il
dit: Par décret.
Un décret, vous savez qui prend cela. Je suis surpris d'entendre
des gens, quand ça fait leur affaire, dire: Qu'il décrète.
Quand cela ne fait pas leur affaire, là par exemple, ils vont contester.
Gela m'inquiète. Cela m'inquiète parce qu'il va y avoir le
même langage.
Cette semaine, j'ai lu quelque part: Utilisez la force du nombre. Il
faudrait que ce soit partout, dans la construction comme ailleurs. Si c'est la
force du nombre, disons donc maintenant que c'est la FTQ, si on veut être
logiques jusqu'au bout. La force du nombre, il faut faire attention. C'est dans
ce sens que je dis que si le gouvernement veut prendre la force du nombre,
qu'il la prenne, il en a le pouvoir. Il sera jugé sur la décision
qu'il aura prise, c'est autre chose. Il a le droit. Je ne le contesterai pas.
Mais je lui dis: Avant de le prendre, regardez la proposition qui est faite.
C'est une proposition logique, une proposition qui, malgré le ton que
j'emploie pour essayer de convaincre le député de Laurier, n'aura
pas eu pour effet de le réveiller au point de le faire parler enfin. M.
le Président, je vous remercie.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député de...
M. Sirros: Est-ce que je pourrais profiter de cette occasion qui
m'est offerte par le député de Laviolette pour lui offrir un
café, M. le Président?
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président... Le
Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. Jolivet:... mais je ne bois pas de café. J'en bois le
matin. Quand je m'occupais de syndicats, j'en buvais douze, treize par
jour...
Le Président (M. Bélanger): Merci, merci. M.
Jolivet: J'ai arrêté, j'en prends un.
Le Président (M. Bélanger): Merci. On s'expliquera
dans les coulisses après. M. le ministre.
M. Dutil: Je n'ai pas compris l'allusion à la FTQ qu'a
faite le député de...
M. Jolivet: Je veux juste dire une chose. J'ai entendu et j'ai lu cette
semaine que des gens ont demandé au gouvernement d'utiliser la force du
nombre. Cela venait de la CSN, je pense. J'y fais allusion simplement en disant
que si c'est cela, dans la construction, étant donné que le
nombre c'est la FTQ, si on agissait ainsi, il y aurait peut-être quelques
problèmes.
M. Dutil: Cela va. L'autre question que je
voudrais poser au député de Laviolette... M.
Chevrette:... réponse.
M. Dutil: Quand il a parlé des décrets, est-ce
qu'il se référait à la fixation des tarifs? Ici il y a un
décret prévu dans la loi pour la fixation des tarifs. La clause
22 ne prévoit pas sous forme de décret l'intégration ou
à la date déterminée. Il se référait
à la date et non pas au prix, j'Imagine. On se comprend bien?
M. Jolivet: Quand je dis cela, je parle de l'ensemble des
employeurs. M. le ministre, si demain matin vous avez des problèmes
parce que la personne n'accepte pas vos tarifs...
M. Dutil: Cela répond à ma question.
M. Chevrette:... par décret les termes et conditions de
contrôle.
M. Dutil: Est-ce que le député de Laviolette sait
de quelle façon sont fixés les tarifs actuellement dans le
domaine ambulancier?
M. Chevrette: Ce n'est pas lui qui est ministre.
M. Dutil: Est-ce qu'il le sait? Il a juste à dire oui ou
non, M. le Président.
M. Chevrette: Pour votre information, vous devriez vous comporter
comme un ministre.
M. Dutil: Je voudrais l'informer, M. le Président.
M. Chevrette:... On va se comporter comme des
députés...
M. Jolivet: Que les tarifs cela marche par décret?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, s'il vous plaît.
M. Dutil: Je voudrais tout simplement informer le
député de Laviolette...
M. Chevrette: Faites-le, mais ne questionnez pas.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, s'il vous plaît.
M. Dutil:... de la façon.
M. Jolivet: Actuellement, c'est par décret.
M. Dutil: Oui.
M. Jolivet: Oui, je sais. Je parle de deux choses: le
décret, c'est pour les tarifs; la deuxième: le ministre se garde
une clause de réserve lui permettant d'obliger l'employeur qui
refuse...
M. Dutil: À intégrer ses... D'accord, cela va. M.
Jolivet: Oui.
M. Dutil: Cela va. Je pensais que le député de
Laviolette avait argumenté... Dans tout ce qu'il a dit, j'en ai perdu
des bouts.
M. Jolivet: C'est parce que...
M. Dutil:... avait argumenté que c'était immoral de
décréter les tarifs, alors qu'actuellement...
M. Jolivet: Non, je n'ai jamais dit que c'était
immoral.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai écouté
attentivement et je suis surpris qu'il y ait peu de réaction de ce
côté-là. Le député de Deux-Montagnes s'est
exprimé à quelques reprises depuis le début en faveur du
droit à l'indemnisation, si jamais on enlevait... Le
député de Chambly s'est fait remplacer ce soir par le
député de Chauveau; lui aussi avait parié. Je ne sais pas
ce qui se passe. Il me reste quelques minutes; je vais expliquer un peu mon
point de vue. J'ai toujours eu pour principe dans la vie, M. le ministre, que
quand vous donnez quelque chose qui correspond à une justice et qui
n'enlève rien, je n'ai rien à dire. Personnellement, je vais vous
avouer que je suis surpris de la réaction de certains groupes dans ce
débat qui s'opposent à ce que justice soit faite, alors que cela
ne leur enlève rien. Cela me surprend beaucoup. Cela me surprend
beaucoup qu'un groupe se permette de s'opposer à ce que justice soit
faite selon des droits, selon des règles, selon le Code civil, selon nos
lois existantes, alors que cela ne leur enlève rien. Cela me frappe
beaucoup. Je ne sais pas quel en est l'objectif, mais c'est un drôle de
raisonnement. C'est camarade gros comme le bras et ce serait le régime
communiste si on le pouvait. Respecter les principes de justice,
d'équité en vertu des lois existantes quand cela n'enlève
rien à personne, je suis surpris de voir des réactions comme
celles-là et je suis à la fois inquiet. Comme groupe influenceur
public, c'est un peu désarmant de voir quand on préconise
l'injustice pour les autres en criant justice pour soi, alors que cela ne nous
enlève rien, cela fait dur, cela fait vraiment dur. Je suis à la
veille de le dire bien haut. (21 h 15)
Deuxième chose. Quand ce projet de loi a été soumis
à la commission parlementaire, seize
groupes y sont venus. Sur les seize, un seul groupe s'est dit en parfait
accord avec le ministre; il écrit d'ailleurs dans son petit journal que
c'est un compromis. Les autres groupes n'ont pas pu le négocier; ils
n'ont pas pu avoir de compromis. Quinze groupes sur seize sont venus dire au
ministre, dont des travailleurs syndiqués aussi de la FTQ, des
travailleuses syndiquées, la FIIQ, dont des cadres intermédiaires
qui ont aussi le pouvoir de négocier, qui ont une convention collective,
sont venus crier à la justice, à des droits et à la
reconnaissance de leurs acquis. Ils ont demandé au ministre par
télégramme cet après-midi de reporter son projet de loi
parce qu'il n'est pas correct.
Il y a la FMOQ qui représente les médecins. Et les
médecins d'Urgences-santé, eux, disent: Sans amendement profond
quant au contrôle de la qualité des services, ce projet ne devrait
pas avoir lieu pantoute. Les CRSSS, qui sont les planificateurs en
régions, sont venus dire qu'avant d'adopter un projet de loi du genre,
on devait penser à l'élaboration d'une véritable politique
de soins préhospitaliers. Ils l'ont répété cet
après-midi dans un télégramme. Puis il y a des gars qui
ont investi 1 000 000 $, 2 000 000 $ et qui disent: Moi, si on me tasse, j'ai
au moins le droit d'être indemnisé. C'est un minimum. C'est un
principe reconnu dans nos lois. Moi, je demanderais à ceux qui
interviennent dans ce débat-là, que ce soit à
l'intérieur ou à l'extérieur de cette chambre, de penser
bien gros avant de crier à organiser le portrait des autres, quand cela
ne leur enlève rien, et de penser où irait notre
démocratie, où irait notre système si on n'appliquait pas
les lois correctement. Je me demande ce que ces mêmes gens diraient si,
par exemple, Hydro-Québec avait le droit de venir "dévierger" nos
terrains sans indemnité. Je me demande ce que ces gens-là
diraient si on faisait des routes sans expropriation, sans indemnisation. Je me
demande ce que ces gens-là diraient s'ils avaient un petit commerce et
on leur disait: Dorénavant, je te paie le loyer mais c'est moi qui
l'exploite. Je vous garantis qu'ils réfléchiraient un petit peu.
On ne se lance pas en l'air en disant n'importe quoi dans une
société sans avoir un minimum de respect des droits fondamentaux.
Et le droit de propriété dans l'histoire des peuples, des nations
et des pays s'inscrit comme un des premiers droits inaliénables. Cela
est-il clair?
Le Québec et le Canada ont signé des ententes
internationales sur le droit fondamental de propriété. C'est
comme le droit au travail, c'est un droit fondamental dans une
société. Bien, le droit de propriété est un droit
inaliénable, la même chose. Cela ne veut pas dire que tu es pro et
que tu es contre quand tu défends des principes fondamentaux comme
ceux-là. Cela veut dire que tu as un but de souci de justice sociale.
Moi, même si le ministre donnait 10 $ à un entrepreneur qui se
voit enlever son commerce, si cela ne m'en enlève pas 10 $ et si cela ne
m'enlève rien, je ne vois pas pourquoi je crierais: Abattez-les, les
rats! C'est une société basée sur pas grand-chose. Quand
on est un tant soit peu sérieux, on se bâtit un peuple avec des
unités de famille et lorsqu'on réagit de la sorte, je vous avoue
que cela fait quétaine, dangereux pour ne pas dire plus. Ce n'est pas le
genre de principe qui m'épate et qui m'ébranle. Au contraire,
cela me fortifie dans mes convictions pour exposer mon point de vue parce que
je ne suis pas de nature à marcher au chantage, et surtout pas à
marcher par esprit de vengeance non plus, surtout qu'on est à
l'Assemblée nationale et l'Assemblée nationale doit transcender
tout groupe de pression quel qu'il soit quand on a à appliquer des
principes élémentaires de justice reconnus dans nos droits. Je
vois le député de Sainte-Marie qui est avocat. Il doit au moins
se rappeler ses cours élémentaires de droit là-dessus. Une
société, un Parlement qui vote des lois doit les faire respecter,
quels que soient les groupes, quels que soient les lobbies, quels que soient
les "deals" qu'on a à faire. C'est fondamental dans une
société si on veut qu'elle fonctionne et c'est ce que j'ai appris
dans douze ans de parlementarisme. Au-delà de ce que l'on peut avoir
comme pression ou comme objectif, au-delà des craintes que l'on peut
appréhender, il y a un principe fondamental qui doit nous guider comme
parlementaires, c'est que les principes de justice doivent s'appliquer
même à ceux à qui on n'aime pas la "bette". C'est le
rôle fondamental des députés surtout dans un Conseil des
ministres, par exemple, parce que c'est lui qui prépare les lois et qui
les vend au caucus.
Ce projet de loi, M. le Président, personnellement je n'arrive
pas encore à comprendre que cela n'enlève rien à aucun
groupe et on se ramasse avec une proposition qui sabre littéralement
dans le droit de propriété et on s'en glorifie. On essaie
maladroitement à part cela de se sortir de la définition de
contrat de location par rapport à contrat de service. On essaie de faire
une distinction entre un permis et un contrat, ce qui est totalement
différent dans le libellé de nos lois. Il y a un monde entre les
deux, il y a une perception complètement différente, parce que le
permis est un droit d'exploitation à des coûts qui, eux, sont
contractuels. Je pense que quand on est rendu ministre, on doit être
capable de faire la distinction entre ce qu'est la notion de permis par rapport
à la notion de contrat et ce qui touche de facto le droit de
propriété, un droit inaliénable. Si on veut faire des
discussions philosophiques, je peux embarquer rapidement à part cela,
parce que ce sont des droits sacrés, qu'on aime ou qu'on n'aime pas les
"bettes", et quand on intervient, on n'a pas affaire à agir en vengeance
dans cela sur le respect des droits.
Je me souviens quand j'ai fait l'enquête Cliche, la
FTQ-Construction passait pour les gros méchants et la CSN pour les
victimes. Puis la CSN criait: II ne faut pas que vous donniez lé
monopole syndical, il faut que vous assuriez le pluralisme syndical dans
l'industrie de la construction. J'étais avec le regretté juge
Cliche et on a entendu toutes les parties. On a dit: Le pluralisme syndical a
sa place, envers et contre tous. Pourtant, c'était la loi du plus fort
qui jouait. La FTQ-Construction à l'époque regroupait environ 75
% des travailleurs contre 25 %. On a maintenu le pluralisme syndical à
cause de principes fondamentaux auxquels on croyait. La FTQ vient vous dire
ici: Ils sont minoritaires dans ce cas. C'est l'inverse de 1974. Qu'ils
viennent vous dire: Nous aussi avons des droits. On est syndiqués en
régions. On veut être écoutés et entendus. On n'a
pas fait de compromis sur le projet de loi. On n'a pas été
écoutés, on n'a pas été entendus, on n'a même
pas été consultés. Si on l'a été, c'est pour
la frime. C'est fondamental aussi comme gouvernement.
En conclusion, mon amendement viendrait au moins régler un
problème une fois pour toutes à Montréal et en ce qui
concerne la province on l'étudlera dans un deuxième temps... On
va régler le problème de Montréal et après on
réglera le problème de la province. C'est de même que je le
vois et je considère qu'on devrait l'adopter.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
ministre.
M. Dutil: M. le Président, il est important de
préciser que le groupe auquel faisait référence le chef de
l'Opposition ne s'est pas opposé à des indemnités en cas
d'étatisation. Sa position connue publiquement est très claire,
elle a été déposée dans un livre assez volumineux.
Sa position était l'étatisation complète du système
avec indemnité. Je pense qu'il est très important de clarifier ce
point-là. Il n'est pas question que le groupe auquel il faisait
référence, et cela m'étonne qu'il le dise, II y a
sûrement un malentendu, s'oppose à de l'indemnité. Le
problème n'est pas cela. Le problème est que nous avons
refusé cette partie de l'alternative, soit l'étatisation. Nous
l'avons refusée, la pensant une moins bonne solution et nous avons
entrepris une réforme de la qualité du service en dehors du
modèle de l'étatisation, en disant qu'il y a moyen
d'aménager le système de telle sorte que la qualité sera
là, que ce sera vivable et qu'il sera possible pour les techniciens
ambulanciers, particulièrement en région, parce que la
difficulté de vivre de ce métier-là est surtout en
région actuellement, de vivre correctement et pour que ce service puisse
continuer à être assuré en partie par l'entreprise
privée. Je tenais à préciser cela et tout le débat
que nous avons, d'ailleurs, porte là-dessus.
L'Opposition prétend que nous étatisons ou souhaite que
nous étatisions, l'un ou l'autre. Nous prétendons que ce n'est
pas la voie qu'il faut prendre. Nous avons trouvé un modèle qui
nous apparaît acceptable. L'Opposition refuse de discuter de ce
modèle-là d'une façon autre que par obstruction
systématique. C'est son droit, nous sommes au Parlement, et elle
souhaite qu'on lui impose le bâillon, comme le dit le
député d'Ungava. Voilà, elle refuse de discuter du projet
de loi pour des raisons que je n'ai pas encore comprises, parce qu'on refuse de
discuter du projet de loi à toutes fins utiles. Je pense que la motion
qui est présentée ici va justement, dans une direction et nous
n'adhérons pas à cela. Je demande à la commission de
rejeter l'amendement de l'Opposition.
M. Chevrette: Vote nominal.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, M. Dutil
(Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): C'est sur le
sous-amendement?
M. Chevrette: Sur l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): C'est un
sous-amendement à un amendement.
M. Chevrette: Je pensais qu'on avait accepté pour les fins
de la discussion que le ministre le présentait globalement, que cela
devenait la proposition. Cela ne me dérange pas, cela ne change
rien.
Le Président (M. Bélanger): En tout cas, c'est
juste pour la procédure.
M. Chevrette: Ce n'est pas grave.
Le Président (M. Bélanger): M. Claveau
(Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Chevrette
(Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Gervais
(L'Assomption)?
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
M. Chevrette: Trois à deux.
Le Président (M. Bélanger): Donc, 1 y a trois votes
de votre formation. Vous avez droit à trois votes de votre
côté?
Une voix: C'est cela.
M. Chevrette: C'est vrai, il y en a deux qui n'ont pas droit de
vote mais qui ont droit de parole.
Le Président (M. Bélanger): M. Laporte
(Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Poulin
(Chauveau)?
Une voix: II n'est pas là.
Le Président (M. Bélanger): II n'est pas ici. M.
Sirros (Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Cinq à trois, le
sous-amendement est rejeté. Donc, nous revenons à l'amendement
à l'article 149. 15. Est-ce que l'amendement proposé par M. le
ministre est adopté?
M. Chevrette: M. le Président, je propose un
amendement.
Une voix: Oui, cela nous a joué des mauvais tours.
Le Président (M. Bélanger): C'est-à-dire que
c'est un sous-amendement à l'amendement.
M. Chevrette: Un sous-amendement, vous l'appellerez comme vous
voudrez. L'amendement proposé à l'article 149. 15...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Si on veut bien écouter. Je vous en prie, M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: L'amendement proposé à l'article 149.
15 tel qu'introduit par l'article 2 du projet de loi 34 est amendé, est
sous-amendé dans les circonstances, par le remplacement dans la
sixième ligne des mots "des ambulances aux points de service et selon
les horaires qu'elle détermine" par les mots suivants "tous ses actifs,
équipements, achalandage, véhicules et personnel". Faites-en
faire des copies.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a des
photocopies? Non, pas encore.
M. Chevrette: Non. On peut arrêter le temps de fumer une
cigarette.
Le Président (M. Bélanger): On va suspendre
quelques instants, le temps de faire faire une copie.
(Suspension de la séance à 21 h 30)
(Reprise à 21 h 41)
Le Président (M. Bélanger): On reprend sa place. On
reprend sa place. S'il vous plaît! Je demanderais a chacun de bien
vouloir reprendre sa place.
Une voix: On va essayer.
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous avez devant
vous - cela, c'est celui qui est rejeté - copie du sous-amendement
apporté à l'article 149. 15 introduit par l'article 2 du projet
de loi 34. Celui-ci est ainsi amendé par le remplacement, dans la
sixième ligne, des mots "des ambulances aux points de service et selon
les horaires qu'elle détermine" par les mots suivants: "tous ses actifs,
équipements, achalandage, véhicules et personnel". Là, il
n'y a aucune équivoque, il est recevable. Aucune équivoque
possible.
M. Laporte: Vous ne reviendrez pas sur votre décision?
Le Président (M. Bélanger): Non, il est
définitivement recevable. Alors, M. le député de Joliette,
sur votre amendement.
M. Chevrette: Monsieur, l'article 149. 15 se lit comme suit: La
corporation peut conclure avec tout propriétaire d'ambulances autre
qu'une municipalité - le ministre, là-dessus, a annoncé un
amendement - un contrat de location aux termes duquel les propriétaires
mettent à la disposition exclusive de la corporation... Vous biffez le
reste et vous ajoutez: tous ses actifs, équipements, achalandage,
véhicules et personnel. On pourrait écrire, peut-être,
salariés au lieu de personnel, cela ne me ferait rien. Je ne sais pas si
cela serait plus précis.
M. Dutil: Ah! on a bien compris. Il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Bélanger): Personnel
salarié.
M. Chevrette: L'objectif est d'éviter qu'il y ait purement
et simplement la période transitoire. Le ministre n'en a pas
parlé ou presque pas jusqu'ici. Mais, au lendemain de sa loi, qu'est-ce
qui régit les relations du travail, qu'est-ce qui régit les
contrats avec les propriétaires, quel est le mode? Tant et aussi
longtemps que le ministre n'aura pas signé de protocole, il y aura un
vide
juridique. Il y a un vide juridique en ce sens que c'est un contrat de
location alors que, pour qu'il n'y ait pas de vide juridique, en ce qui regarde
les salariés, il faudrait que cela soit un contrat de services pendant
la période transitoire. C'est le papier officialisant le contrat de
location qui fait en sorte que les employés sont
transférés dans le protocole avec le contrat de location. Le
transfert est signé, la liste des salariés est incluse. Et c'est
marqué en plus: seuls les salariés apparaissant sur la liste sont
transférés. C'est ce qui est écrit dans le projet de
loi.
N'ayant pas de contrat de services prévu dans la période
transitoire et ne parlant ici que de contrats de location, au moins, par le
contrat de location et par cet amendement, on ferme les trous juridiques en
disant: Vous transférez, à ce moment-là, à la fois
le personnel, les équipements, l'achalandage, parce que c'est un tout,
et les actifs. (21 h 45)
Moi, je prétends que cet amendement, sans être juriste, a
pour effet concret de bien définir qu'il n'y aura pas de vide, que les
gens ne seront pas pris... Comme je l'expliquais avant le souper, c'est le
personnel qui est transféré dans le contrat de location. Les
contrats de location, même si les propriétaires restent libres
à ce moment-ci... J'aurai un amendement plus tard démontrant
qu'il y a obligation et non "peut", parce que, là, c'est écrit:
la corporation peut conclure. Si elle n'en conclut pas - cela deviendra un
autre amendement par la suite - qu'est-ce qui arrive avec le personnel, puisque
plus loin vous pariez de révocation des permis? Qu'arrive-t-il avec un
employeur dont vous révoquez le permis? Les salariés sont
liés avec l'accréditation de l'employeur. Cela va? Vous vous
êtes compris? Parfait. Je peux continuer? Je ne vous dérange pas
trop? D'accord.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Donc, ce que je disais Mme... Monsieur... Ah! Ils
ont changé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ce que je disais donc, M. le Président, tel
que je le libelle, au moins je m'assure que les équipements
présentement, les actifs présentement au service
d'Urgences-santé, les personnels présentement au service
d'Urgences-santé, tout ce qui est au service des transports ambulanciers
se trouve transféré à la nouvelle corporation. Je n'ai pas
réglé pour autant, je le reconnais dans mon article, l'obligation
d'en arriver à une conclusion, parce que la corporation, tel que c'est
libellé, "peut conclure". Je reviendrai sur "peut" par "doit". Vous
conviendrez que cela s'en vient dans quelques minutes, mais, pour le moment, je
me contenterai de présenter l'amendement et je garderai mon droit
d'argumentation pour le temps qui me reste.
Le Président (M. Laporte): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement présenté? M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, lorsqu'on regarde le texte
tel qu'il est libellé actuellement, on dit: "La corporation peut
conclure avec tout propriétaire d'ambulances autre qu'une
municipalité un contrat de location aux termes duquel le
propriétaire met à la disposition exclusive de la corporation des
ambulances aux points de service et selon les horaires qu'elle
détermine. " C'est le texte actuel. Cela veut dire des ambulances, cela
ne veut pas dire toutes les ambulances. On dit qu'il doit les mettre à
la disposition exclusive de la corporation aux points de service. Donc, il y a
des points de service qui sont détermines. On sait comment cela
fonctionne actuellement. Et ensuite, selon les horaires qu'elle
détermine, c'est donc pour s'assurer qu'à tous les points de
service, à toute heure de la journée, au moment où on en a
besoin, il y ait des ambulances qui soient placées là. Donc, on
dit qu'il met à la disposition exclusive de la corporation des
ambulances à ces points de service et selon les horaires qu'elle
détermine.
Ces mots-là, "des ambulances aux points de service et selon les
horaires qu'elle détermine" sont remplacés par les mots "tous ses
actifs, équipements, achalandage, véhicules et personnel". Ce que
l'on dit dans le fond, c'est d'éviter qu'il y ait entre le moment
où cessera la formule actuelle et arrivera la nouvelle formule,
d'être assuré que tous les actifs actuels, tous les
équipements, achalandage, véhicules et le personnel seront mis
à la disposition exclusive de la corporation. À ce
moment-là, la corporation pourra déterminer, et il n'est pas
besoin de le mettre dans le texte de la loi actuelle, les points de service
où elle voudra envoyer les actifs, équipements, véhicules
et personnel et cela, selon les horaires qu'elle déterminera à ce
moment-là.
Donc, nous nous retrouvons avec l'assurance qu'au moment où il y
aura passation de pouvoirs entre les deux il n'y aura pas de vide juridique,
comme le dit mon collègue, qu'il n'y aura non seulement pas de vide
juridique, mais de vide dans le service. Il faut se souvenir, et le
député de Laurier nous en faisait mention tout à l'heure,
que tout le monde cherche la qualité du service. Il ne faut donc pas
qu'il y ait arrêt de service aux points de service
déterminés ainsi qu'aux horaires déterminés. Donc,
il faut s'assurer que le service continue, que les ambulances ainsi que les
techniciens ambulanciers soient là pour les besoins du service qu'on
veut donner, et par le fait même que les équipements y soient.
Or, dans ce sens, l'amendement qui est proposé arrive à
clarifier davantage le texte et à assurer qu'il n'y ait pas
d'arrêt de service, qu'il
n'y ait pas non plus - mon collègue fait déjà
mention de conclusion d'ententes avec le terme juridique "doit" et non pas le
terme juridique "peut"... Souvent, dans des textes de conventions collectives
ou même dans des lois, les gens du contentieux nous le disent, le mot
"peut" dans un texte juridique est un "doit". On va le clarifier, comme je le
sais, selon le principe trop fort ne casse pas. On doit s'assurer qu'il n'y
ait, à ces moments-là, aucun arrêt de service, aucune
difficulté quant à la qualité du service qui doit
être donné à l'ensemble des gens qui en ont besoin.
Évidemment, il faut s'assurer que la passation de pouvoirs se
fasse dans les meilleures conditions possible. Il ne faut pas être
imprévoyant à ce point que, finalement, il y ait des gens qui
refusent de donner le service. Dans le texte tel qu'il est libellé,
actuellement, on dit: peut conclure avec tout propriétaire un contrat de
location. On sait, on le répète, on veut bien le dire, qu'il peut
y avoir des gens qui le refuseront. Le député de Laurier nous le
disait, les gens sont libres. S'ils sont libres de donner le service par
l'intermédiaire d'un contrat de location, ils sont aussi libres de le
refuser, de ne point le donner. S'ils ne le donnent pas, si on n'est pas
assuré que les ambulances qui, actuellement, sont sur le territoire
dévolu aux points de service et selon les horaires à venir, on va
avoir quelques problèmes. Ces problèmes ne doivent pas exister et
le ministre en est bien conscient, c'est-à-dire qu'il ne doit pas y
avoir d'arrêt de service.
Il doit conclure qu'il est essentiel que l'on retrouve, sans arrêt
de service, entre le nouveau système et l'ancien système, tout ce
qu'il faut pour qu'en fin de compte il n'y ait pas de problème. Si
l'arrêt de service durait plusieurs jours, plusieurs semaines, le
ministre devrait intervenir II devrait intervenir, à ce
moment-là, en vertu de la loi qu'il s'est donnée comme
décret. Nous disons que c'est tellement important que cela doit
être plus que par simple décret. Cela aurait dû être
le système qu'on a toujours connu quand il s'agit de donner des services
essentiels, le système d'une loi spéciale là où il
y a une discussion franche et honnête qui se fait à
l'Assemblée nationale. On donne les raisons pour lesquelles on doit
adopter la loi et d'autres peuvent y répliquer, mais après cela
il y a une décision qui est prise et la loi est appliquée.
Il me semble que le ministre ne peut pas s'entêter à ce
point de refuser un tel amendement. Le ministre sourit quand je dis cela. Mais,
avez-vous remarqué que le député de Laurier nous a
invités à proposer un amendement? On en propose un et il le
refuse. Je suis tellement habitué au ministre, de le voir agir de cette
façon que je prends mes précautions avant même de commencer
ma discussion. Je veux essayer de le convaincre et j'ai de la difficulté
à le faire. Je le vois sourire, je suis même habitué
à le voir rire, mais il y a une chose qui est certaine, c'est que le
ministre ne peut pas nous empêcher d'essayer de l'aider. Cependant, il
peut... Mon collègue me dit qu'on essaie de l'aider malgré lui,
mais le problème c'est qu'il ne veut pas.
Comme il ne veut point, nous lui demandons pourquoi, cette fois-ci, il
ne voit pas la capacité de rechercher son bien. Ce n'est pas son malheur
qu'on veut, c'est son bien. S'assurer qu'il n'y ait pas d'interruption dans le
service, il me semble que c'est logique. Il me semble que c'est un but que l'on
doit rechercher et que le ministre aussi doit rechercher avec nous. Ses
collègues devraient le convaincre sur les meilleures décisions
à prendre.
Je sais que la députée de Deux-Montagnes est une personne
qui écoute avec beaucoup d'attention, qui, souvent même, nous
indique de façon bien spontanée l'idéal qu'elle recherche
d'une meilleure entente dans la société. Même, la
députée de Deux-Montagnes se permet de nous envoyer les petits
poèmes qu'elle compose. Dans ces poèmes, elle compose des textes
sur l'amitié humaine, sur la bonne entente, sur la capacité de
bien aimer son prochain. Je peux vous dire que c'est vrai. Elle rougit pour le
principe, la "traître", mais en réalité...
M. Chevrette: Elle ne se laisse pas prendre... En
réalité, c'est une douce.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: En réalité, je dois vous dire que notre
collègue de Deux-Montagnes est une personne très humaniste. Je ne
la mettrais pas dans le même sac que le ministre de l'Éducation.
Le ministre de l'Éducation, lui, est misogyne. Il est même, d'une
certaine façon, mesquin. Ce n'est pas le lot de la députée
de Deux-Montagnes. C'est vrai. Je fais la disctinction entre les deux parce que
le ministre de l'Éducation fait souvent mention de son humanisme, mais
on sait de quel humanisme il se nourrit. Tandis que la députée de
Deux-Montagnes, avec la médecine douce dont elle nous fait souvent la
propagande, non, je ne devrais pas dire la propagande mais l'information, avec
le fait qu'elle nous indique qu'elle recherche la bonne entente, devrait
convaincre son collègue le ministre. Même si elle ne fait pas
partie du cabinet, elle fait partie du même caucus. Je sais quelquefois
que l'affection qu'elle porte au ministre délégué à
la Santé et aux Services sociaux, ministre responsable de la Politique
familiale, va jusqu'à voter contre son idée. Elle en a fait
mention tout à l'heure en disant au ministre: C'est parce que je vote
comme mon ministre. Mais elle devrait essayer de le convaincre et elle voterait
toujours du même côté que le ministre, si elle
réussissait à le convaincre. Son affection ne serait pas perdue.
Moi, je pense qu'il est important de la convaincre, parce qu'elle peut
réussir plus que moi, je pense, à convaincre le ministre. Je
pense que j'ai plus de chance en passant par elle. D'ail-
leurs, on a toujours dit...
Mme Legault: Bien sûr, le charme féminin! Le
Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. Jolivet: On a toujours dit que le Christ était attendri
par les propos de sa mère.
Mme Legault: Et Marie-Madeleine? Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix:...
M. Jolivet: Mais la députée de Deux-Montagnes peut
agir comme avec un coeur de mère sur le ministre et l'amener à
changer d'opinion. S'il changeait d'opinion...
M. Garon: Comme aller faire un tour de bicycle ensemble.
M. Jolivet: S'il changeait d'opinion, on en arriverait
peut-être à obtenir un premier amendement ce soir ou aujourd'hui,
amendement important qui permettrait à ce moment-là le transfert
de tous les actifs, équipement, achalandage, véhicules et
personnel des propriétaires actuels à la corporation à
être formée. Je pense que c'est important de le considérer
comme tel. J'invite le ministre à y réfléchir dans les
minutes qui viennent. Je sais que mes collègues vont essayer de le
convaincre, mais j'aimerais entendre la députée de Deux-Montagnes
essayer de convaincre le ministre parce qu'elle a fait mention dans ses propos
antérieurs, ici, à cette commission, du désir, justement,
de permettre aux propriétaires actuels une meilleure compensation que
celle prévue par le projet de loi. Merci, M. le Président, pour
le moment.
M. Dutil: Seulement une petite remarque, M. le Président,
sur l'intervention du député de Laviolette. J'ai remarqué
qu'elle n'était pas dans le style habituel. Cela m'a un peu
étonné. J'ai constaté que le député de
Lévis, qui n'a pas le droit de faire de discours, a peut-être
soufflé un peu dans l'oreille du député de Laviolette qui
s'en inspirait.
M. Garon: C'est un message plus doux, si vous avez
remarqué.
M. Dutil: Quant au fond de l'amendement qui est
présenté, j'imagine qu'il y a d'autres interventions du
côté de l'Opposition avant que je réplique.
Le Président (M. Laporte): M. le député
de
(22 heures)
M. Godin: Je pense que le sous-amendement est important parce
que, si on laisse l'amende- ment tel quel, si on ne parle que d'ambulances, on
s'expose à un cas de blocage de la part des "sept samouraïs de
Montréal. " S'ils refusent de collaborer avec le ministre, ce que je
crains et ce que je présume, à cause du traitement qu'ils vont
subir de sa part, en adoptant l'amendement du député de Joliette,
on a l'avantage de mettre les actifs à la disposition de la corporation
et celle-ci décidera elle-même des meilleures ambulances à
mettre là où c'est nécessaire, des ambulances
équipées de la meilleure manière possible, parce que, s'il
y a la moindre résistance de la part des sept propriétaires
actuels, laquelle on peut présumer arriver sous peu, la corporation se
retrouvera avec des équipements peut-être pas les meilleurs,
peut-être des ambulances sous-équipées. Donc, l'amendement
en question aura l'avantage de remettre à la corporation l'ensemble des
actifs et celle-ci choisira les actifs qu'elle mettrait à la disposition
des usagers qui sont notre seule raison d'être ce soir ici comme
Opposition officielle. J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): Je vous remercie, M. le
député de Mercier. Alors, on appelle le vote. Est-ce que
le...
M. Dutil: M. le Président, je prendrais deux secondes pour
répliquer sur le fond, disons deux minutes, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): Je vous en prie, M. le
ministre.
M. Dutil: Je n'en prendrai pas 20, je peux vous l'assurer. Cet
amendement, à toutes fins utiles, voudrait dire l'expropriation. Nous
avons toujours mentionné que ce n'était pas vers cela que nous
allions. J'aurais souhaité que la proposition que j'ai faite ce matin de
discuter les paragraphes l'un après l'autre et une fois la discussion
faite de passer au vote sur tous les articles de 149. 15 à 149. 19, ce
qui nous aurait permis d'avancer, se fasse, mais quoi qu'il en soit ce n'est
pas la voie qu'a adoptée l'Opposition. Alors, puisque nous votons sur
l'amendement, je vais demander aux membres de la commission de voter
contre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le
sous-amendement à l'amendement de l'article 149. 15, tel que
proposé par le député de Joliette, qui dit que l'article
149. 15 est amendé par le remplacement à la sixième ligne
des mots "des ambulances aux points de service et selon les horaires qu'elle
détermine" par les mots suivants tous ses actifs, équipements,
achalandage, véhicules et personnel". Ceux qui sont pour... Excusez. M.
Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Claveau
(Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Chevrette
(Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Gervais
(L'Assomption)?
Une voix: il n'est pas là.
Le Président (M. Bélanger): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Laporte
(Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Sirros
(Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Donc, le
sous-amendement à l'amendement est rejeté.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais demander au
ministre, quand il nous a expliqué cet après-midi la
liberté... Je pense que c'est le député de Laurier
plutôt qui a dit que les propriétaires avaient la liberté
d'adhérer ou non. Si je comprends bien, la corporation a, elle, la
liberté de négocier ou non, avec l'article que vous avez, parce
que c'est écrit "peut conclure".
Étant donné qu'on veut sauver à peu près
tout ce qu'il y a dans les corporations existantes, qu'on veut faire un
transfert de gré à gré concernant l'entente sur les
tarifications, si vous voulez que votre contrat de location ait un certain
sens, si vous ne voulez pas avoir exclusivement tout le rapport de forces pour
vous ou pour la corporation, parce que c'est votre prolongement, c'est une
créature du ministre, puisque les onze membres du conseil sont choisis
par le ministre, même s'il reste quelques points en suspens
là-dessus, afin de donner au moins une assurance minimale d'une
obligation faite au ministre d'offrir et de garder - on verra à amender
les autres paragraphes pour donner plus de sens à cela, on va vous
suggérer des paramètres précis quant à la
négociation de gré à gré - donc, pour m'assurer que
vous ne mettrez personne de côté, puisque c'est écrit
"peut", je vais vous présenter un amendement qui changera "peut" par
"doit".
M. Dutil: Je voudrais intervenir sur cet amendement pour apporter
une précision avant que le député de...
M. Chevrette: Oui, je peux attendre. Donnez-la-moi.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre.
M. Dutil: C'est à l'article 149. 16 que l'on écrit
"doit". "La corporation doit, pour l'ensemble des premiers contrats de location
d'ambulances à être signés, négocier de gré
à gré... Le contrat conclu doit viser le nombre d'ambulances
proposé par le titulaire. " C'est par cet article qu'est couvert
l'objectif du député de Joliette et chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Non. Je pense que le premier... - le premier, il
est loin du premier - je pense que le ministre, sans vouloir, induit cette
commission en erreur sur le plan du droit. "La corporation doit, pour
l'ensemble des premiers contrats de location d'ambulances à être
signés, négocier de gré à gré. " D'accord.
Mais il n'y a pas obligation de conclure. La preuve qu'il n'y a pas obligation
de conclure, c'est que vous pouvez négocier sans conclure.
J'espère, c'est ce que vous vouliez dire, vous.
M. Dutil: Ce que nous devons faire, c'est que nous devons viser
à avoir le nombre d'ambulances.
M. Chevrette: Ce n'est pas ce que vous avez dit.
M. Dutil: C'est ce qui est écrit ici.
M. Chevrette: Vous m'avez dit, M. le ministre, même s'il
est 22 h 7, la compréhension des textes... C'est en français. Le
premier dit que vous pouvez conclure et le deuxième dit que vous devez
négocier, mais vous n'êtes pas obligé de conclure. Est-ce
que c'est vrai ou est-ce faux?
M. Dutil: C'est dans deux contextes différents.
M. Chevrette: Vous pouvez vous renseigner, la petite dame en vert
va vous dire que j'ai raison.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président.
M. Chevrette: Est-ce que j'ai raison ou
non?
M. Dutil: À notre point de vue, vous avez tort. Le
deuxième paragraphe couvre exactement ce que préconise le chef de
l'Opposition, c'est-à-dire que la corporation doit négocier de
gré à gré. Obligation qui n'existait pas dans l'ancienne
loi, je le précise. Il y avait fixation par le ministre des tarifs;
l'obligation de négocier n'existait pas. Je continue, on lit le
deuxième paragraphe: "Le contrat conclu doit viser le nombre
d'ambulances proposé. " La raison pour laquelle on l'écrit comme
cela, c'est qu'il peut arriver que le propriétaire, qui avait
peut-être dix ou onze permis, lui, souhaite contracter seulement pour
sept ambulances...
M. Chevrette: Ce que je vous ai dit, M. le ministre...
M. Dutil: À ce moment-là, il faut qu'il puisse le
faire, sinon on va être obligés de contracter avec lui pour le
nombre qu'il détient, même si ce n'est pas sa volonté, ou
pour pas du tout.
M. Chevrette: Ce n'est pas la question. Vous n'êtes pas en
Chambre pour patiner et "flâser".
M. Dutil: Je veux savoir...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Chevrette: La question que je vous pose: Est-ce exact que
votre texte tel que libellé vous oblige à tenter de
négocier? Si cela ne marche pas, vous décrétez. Je pense
que c'est clair. Mais vous n'êtes pas obligé de conclure, c'est ce
que je vous demande. Est-ce cela que disent vos textes? Si ce n'est pas cela,
je vais vous les lire. Cela va prendre cinq minutes, mais je vais le lire.
M. Jolivet: Le premier précède le
deuxième.
M. Chevrette: Vous commencez par la fin, vous n'êtes pas
obligé de conclure, mais vous vous obligez, dans le deuxième
temps, à négocier.
M. Jolivet: Et en troisième lieu... M. Chevrette:
C'est bien fait. M. Dutil: Ce texte est bien fait.
M. Chevrette: II commence à l'envers, il commence par la
fin. Ordinairement, on commence par les obligations de négocier et
ensuite on a la "facultatrvité" de conclure.
M. Dutil: Première chose, j'ai dit que c'est possible pour
la corporation de conclure. C'est le premier paragraphe. Le deuxième
paragraphe fait obligation à la corporation de négocier de
gré à gré et il fait obligation à la corporation de
viser à conclure pour le nombre d'ambulances que le titulaire
détient, mais sans que cela excède ce nombre-là.
Évidemment, il peut arriver qu'il n'y ait pas entente. C'est
déjà arrivé dans le passé que les tarifs aient
été fixés par le gouvernement. Il peut arriver qu'il n'y
ait pas entente. C'est comme cela que cela se passait dans le passé.
À ce moment-là, il faut qu'il y ait quelqu'un qui décide.
Il faut trouver une formule de détermination des tarifs s'il n'y a pas
entente. La formule qui existait auparavant était de fixer les tarifs.
Le ministre fixait les tarifs. Ce que je préconisais initialement,
c'était d'aller en appel d'offres public s'il n'y avait pas entente.
Nous avons décidé, pour les raisons que j'ai expliquées
abondamment, de revenir là-dessus et de remettre la formule existante,
soit de fixer les tarifs par décret. Qu'est-ce que le
député de Joliette ne comprend pas là-dedans?
M. Chevrette: D'abord, vous ne comprenez même pas ma
question. Il est difficile... Vous avez bien raison de vous interroger sur ce
que je veux dire. C'est vous-même qui ne comprenez pas.
Vous commencez par dire que vous n'êtes pas obligé de
conclure et, après cela, vous dites: Bien écoutez. il faut que je
me donne bonne conscience, je vais m'obllger à négocier par
contre. C'est à peu près cela le raisonnement qu'il y a dans la
loi. Je ne suis pas obligé de conclure, mais je me donne bonne
conscience. Soyez sans crainte, je vais m'asseoir pour négocier.
Je vais vous donner un exemple concret Vous ne voulez pas, la
corporation ne voudrait pas d'un employeur, par exemple, ou d'un
propriétaire. Elle ne voudrait pas conclure, d'autant plus qu'elle
"peut". Suivez bien mon raisonnement. Je prends n'importe lequel au hasard,
cela va toujours mieux de parler avec un exemple; mettons que c'est Desrochers.
La corporation n'en veut pas. Elle est bien libre de conclure ou pas parce
qu'elle se dit "peut". D'accord? Jusque là on se suit.
M. Dutil: Je ne dis pas qu'elle décide.
M. Chevrette: Là, vous vous assoyez pour négocier,
vous vous obligez, vous dites: C'est 15 $, toi. Le gars dit: Je ne peux pas
arriver, c'est 23 $. Ce n'est pas grave. Décret, 15 $! Suis-tu ou bien
si tu ne suis pas? Il dit: Je ne suis pas. Donc, je ne conclus pas. Salut, Luc,
dehors. C'est cela que cela veut dire.
M. Dutil: Mais comment le chef de l'Opposition pense-t-il que
cela se passe actuellement? C'est cela la façon de procéder
actuellement. Il y a des discussions entre les propriétaires
d'ambulances actuellement pour conclure des contrats. Si le tarif est trop bas,
ils demandent de monter
le tarif, parce qu'on peut le fixer par règlement. M.
Chevrette: Oui.
M. Dutil: Donc, on peut arriver, dans la situation actuelle, que
le chef de l'Opposition dise à la fin qu'on veut arriver avec le nouveau
projet de loi.
M. Chevrette: Le ministre reconnaît-il que c'est la
corporation qui a le pouvoir, même pas lui? Est-ce qu'il reconnaît
cela dans la loi qu'il a écrite? Est-ce qu'il se rappelle avoir
écrit "la corporation peut conclure"? Donc, ce n'est même pas
vous. Après qu'elle est légalement constituée, ce n'est
pas vous, c'est la corporation. On s'entend là-dessus?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: La seule obligation légale qu'a la
corporation, c'est de s'asseoir pour négocier.
M. Dutil: Aux conditions déterminées par le
gouvernement.
M. Chevrette: C'est elle qui a l'obligation de négocier,
oui ou non?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Qui a l'obligation de conclure, si elle ne veut
pas? Ce n'est pas le ministre, c'est la corporation. On s'entend
jusque-là?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Je n'aime pas la face de l'un, moi; je ne conclus
pas. Qu'est-ce qui arrive? Pouvez-vous me répondre?
M. Dutil: En tout cas, à mon sens...
M. Chevrette: II n'y a pas d'en tout cas, je veux avoir une
réponse.
M. Dutil: M. le Président, est-ce que le
député de Joliette me laisse répondre?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre, procédez.
M. Dutil: C'est notre interprétation là-dedans et
je relis le texte: La corporation doit - je saute un petit bout de phrase -
négocier de gré à gré, aux conditions
déterminées par le gouvernement, avec tout titulaire de permis
d'exploitation. Cette phrase n'existait pas dans le passé. Il y a des
négociations qui sont faites avec les propriétaires dans
l'ensemble du territoire, y compris Montréal, pour essayer de fixer les
prix et cela se fait couramment. Ce n'était pas prévu dans la loi
auparavant, c'est une pratique. Ce qui était prévu dans la loi,
c'est que le ministre peut par règlement fixer les tarifs. On se
comprend jusque-là?
M. Chevrette: Oui.
M. Dutil: II y a donc une modalité intermédiaire
qui est très raisonnable, qui est pleine de bon sens, que l'on vient
ajouter dans la loi où on dit qu'il doit y avoir une négociation.
On vient la normaliser. Elle n'existait pas et on le faisait. Là, on
vient la normaliser.
M. Chevrette: M. le ministre, la différence cette fois-ci,
je vais vous l'expliquer, moi. C'est que le ministre, lui, a émis des
permis à des groupes leur donnant une licence, un peu comme à un
entrepreneur en construction sa licence d'entreprendre. Le ministre ou le CRSSS
a donné un permis à un individu et ce n'est même pas le
ministre qui décide si son permis est efficient ou non sur le
territoire, c'est la corporation qui a liberté de conclure ou de ne pas
conclure. Cela, sur le plan juridique, M. le Président, je trouve cela
drôle.
Je trouve cela drôle que la seule obligation qui soit faite soit
une obligation de conclure un contrat de location de gré à
gré et le résultat pour l'individu qui signerait un contrat de
gré à gré... C'est bien pour les premiers contrats, il le
dit lui-même: l'obligation de négocier de gré à
gré n'est qu'au premier contrat, en plus. Avec cette
obligation-là, le gars qui se lie pour un premier contrat a au moins
l'assurance qu'il va être appelé pour négocier. On se suit
jusque-là. (22 h 15)
Mais, tout de suite après qu'il a signé son contrat,
regardez le haut de la page 2, je m'adresse à la députée
de Deux-Montagnes qui pourrait peut-être comprendre ce que je disais
tantôt. Mme la députée de Deux-Montagnes, je vous
inviterais à lire la page 2 de l'article 19. 16. Tel que libellé
là, la seule obligation, je le répète, c'est de
négocier avec un entrepreneur de gré à gré. Si
l'individu au premier contrat s'entend pour un contrat de location, il se voit
révoquer son permis. Donc, la licence et c'est cela qui change la notion
de propriété, la licence qu'il avait, la certification qu'il a
obtenue légalement, correctement, il se la voit enlever et, au
deuxième contrat, il n'a même pas l'obligation de négocier,
puisque ce n'est qu'au premier contrat qu'il y a obligation de négocier.
C'est cela que dit le texte, ce n'est pas moi qui l'ai écrit. Donc,
l'individu obtient par le ministre, comme seule assurance, pour une entreprise
peut-être d'un million ou de deux millions, je ne sais pas,
l'obligation de négocier mais la "facultativité" de conclure ou
non le contrat, imaginez-vous. S'il est poisson et s'il dit qu'il n'a pas le
choix, je dois signer le premier, il perd son permis puisque celui-ci est
révoqué en vertu de l'article 149. 16.
Reconnaissez-vous que le raisonnement que je fais, M. le ministre, est
tout à fait juste par rapport à votre article de loi?
M. Dutil: M. Le Président, le député de
Joliette nous prête des intentions qui ne sont pas correctes et, à
mon avis, il interprète le texte d'une façon également
incorrecte. Mais, je voudrais lui dire que...
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait poser à l'avocate des
questions précises?
M. Dutil: Oui, d'accord. On va y venir. Je voudrais juste faire
un retour sur la façon actuelle de procéder. Si l'État
québécois décidait qu'il voulait éliminer les
propriétaires ambulanciers, il n'aurait actuellement qu'à fixer
les tarifs trop bas et tout le monde viendrait remettre son permis. Le permis
ne vaudrait plus rien. Ce que je veux dire, c'est que la situation actuelle ne
protège pas plus les détenteurs de permis, s'il avait raison, que
dans le futur.
M. Chevrette: M. le ministre, si c'est vrai que vous voulez leur
laisser leur permis et si c'est vrai que vous voulez qu'ils vaillent quelque
chose, pourquoi les révoquez-vous quand il y a un premier contrat de
location? Ma question s'adresse à Mme l'avocate.
M. Dutil: J'ai expliqué cela ce matin, je ne reviendrai
pas là-dessus. On va poursuivre avec les autres questions.
M. Chevrette: En vertu de l'article 149. 15, est-ce qu'il y a une
"facultativité" de conclure ou non un contrat sur le plan
légal?
Mme Harvey (Liette): L'article 149. 15, c'est parce qu'ils
doivent s'unir ensemble.
M. Chevrette: À l'article 149. 15, la corporation a-t-elle
la "facultativité" de conclure ou non un contrat?
Mme Harvey: C'est un pouvoir qu'on donne à la corporation
de conclure des contrats. Comment doit-elle les conclure? On le retrouve
à l'article 149. 16, 149. 17.
M. Chevrette: Oui, mais conclure ou non? Si tu donnes le pouvoir
de conclure, cela ne veut pas dire que...
Mme Harvey: Oui, elle pourrait... D'ailleurs, on a dit qu'elle
pourrait avoir son propre système d'ambulances.
M. Chevrette: Donc, elle a la "facultativité". D'accord.
Deuxième question, en vertu de l'article 19. 16, est-ce une obligation
de négocier seulement, oui ou non, et non pas de conclure?
Mme Harvey: C'est une obligation de négocier...
M. Chevrette: Et non de conclure.
Mme Harvey:... avant de pouvoir faire tout autre
procédure.
M. Chevrette: C'est donc une obligation de négocier avec
une "facultativité" à 15 de conclure.
Mme Harvey: Non, lorsque vous dites "facultativité"
à 15 de conclure, elle a l'obligation de négocier. L'obligation
de négocier ne peut pas être obligation de conclure. Cela ne
serait plus une négociation. Elle a l'obligation de négocier dans
un bassin préférentiel.
M. Chevrette: Elle a l'obligation de négocier dans un
bassin préférentiel. Est-ce que la corporation a l'obligation de
conclure?
Mme Harvey: C'est-à-dire qu'on dit aux conditions
déterminées par le gouvernement. Si quelqu'un accepte les
conditions déterminées par le gouvernement, oui, elle doit
conclure. Elle ne pourrait pas écarter, de façon arbitraire,
quelqu'un qui est visé par cet alinéa, parce qu'elle exercerait
mal un devoir qu'on lui confie et pourrait en être redevable devant la
Cour supérieure, par exemple. Quand on donne une obligation à la
corporation, elle ne peut pas l'exercer de façon arbitraire. Elle doit
négocier aux conditions déterminées par le gouvernement et
ceux qui acceptent ces conditions vont signer le contrat. S'il y a des
individus qui ne les acceptent pas, elle peut, parce que le nombre d'ambulances
disponibles n'est pas suffisant, procéder sur autorisation du ministre
de la manière qu'elle estime appropriée.
M. Chevrette: Donc, elle peut, elle doit négocier, elle
n'est pas obligée de s'entendre, ni elle, ni le
propriétaire...
Mme Harvey: Non, mais elle doit négocier.
M. Chevrette: Elle n'est pas obligée de s'entendre, ni
elle, ni le propriétaire.
Mme Harvey: Non.
M. Chevrette: Ils peuvent réciproquement refuser les
offres de part et d'autre.
Mme Harvey: C'est-à-dire que, pour la corporation, son
mandat, les conditions sont déterminées par le gouvernement.
M. Chevrette: Son mandat est... Je sais tout cela. Tous les
négociateurs du gouvernement reçoivent un mandat du Conseil du
trésor. Là, vous ne m'apprenez rien. Mais, sur le plan du
droit, je vous demande si un propriétaire peut, de plein
gré, refuser une offre comme la corporation peut refuser une demande?
C'est cela une négociation.
Mme Harvey: Le propriétaire peut, de plein gré,
refuser une offre, mais je pense que la corporation est liée par une
demande qui répondrait aux conditions qui ont été... Si la
corporation dit: Moi, je vous offre le contrat à telles conditions et
que le propriétaire dit: Oui, dans les. limites qui sont là,
c'est-à-dire le nombre, la corporation doit conclure.
M. Chevrette: Je prends un exemple, madame, très concret
qui peut arriver. Le propriétaire dit: Regardez mes livres, cela me
prend 20 $ l'heure. Le Conseil du trésor a donné 18 $.
Indépendamment de la preuve qui est faite par l'employeur,
indépendamment de cela, le négociateur qui a pour mandat en poche
18 $, offre 16 $, il a un mandat pour aller jusqu'à 18 $, mais il offre
16 $ parce qu'il est plus serré avec l'un qu'avec l'autre, par exemple,
cela se fait-il en négociation? J'ai négocié pendant 17
ans, moi.
M. Dutil: Cela, c'est une question d'opinion juridique.
M. Chevrette: Oui, c'est une opinion juridique, c'est pour lui
montrer que cela peut très bien arriver. La corporation peut conclure,
elle n'est pas obligée de conclure. Quand c'est "peut" il n'y a pas
d'obligation de faite. Dans tous les textes de loi, dans tous les textes de
convention collective ou dans tous les textes de décret, quand on veut
créer l'obligation, on écrit "doit". À l'intérieur
des mandats du gouvernement, si c'était marqué "doit", je vous
croirais, mais tant et aussi longtemps que c'est marqué "peut", reste le
pouvoir discrétionnaire d'accepter ou de refuser.
Je continue. Le propriétaire qui dit oui à un premier
contrat se fait-il révoquer son permis?
Mme Harvey: Oui.
M. Chevrette: Oui. Est-ce qu'au deuxième contrat il y a
une obligation de la corporation en vertu de l'article 149... -attendez un peu,
je vais vous le dire...
Mme Harvey: 149. 17. M. Dutil: 149. 17, oui.
M. Chevrette: Bon, le détenteur est titulaire d'un permis
d'exploitation. Comme vous le révoquez à 149. 16...
Mme Harvey: C'est "était titulaire" à 149. 17.
M. Dutil: On vient couvrir ceux qui étaient
détenteurs d'un permis.
M. Chevrette: Attendez une minute, je vais le lire. Je me fie
plus à ma lecture. Comme on a révoqué son permis, Mme
Harvey, le propriétaire qui vend son affaire à un autre, en vertu
de quel article le nouvel acquéreur aurait-il une protection puisqu'il
n'a plus de permis?
Mme Harvey: En vertu de l'article 149. 19.
M. Chevrette: Je vais aller voir tout de suite. À 149. 19,
c'est la corporation qui va s'occuper d'accepter le nouveau
propriétaire. Est-ce bien cela que vous me dites?
Mme Harvey: La corporation est partie au contrat. Le transfert ne
peut s'effectuer sans qu'elle l'autorise. C'est elle le co-contractant.
M. Chevrette: Donc, la corporation pourrait décider
dorénavant, au lieu du CRSSS qui donnait le permis, au lieu du ministre
qui donnait le permis, si l'acheteur a de l'allure ou s'il n'en a pas. Est-ce
cela?
Une voix: C'est cela.
M. Chevrette: Bonne chance, messieurs. J'ai tout compris.
Le Président (M. Bélanger): Comme
député de Laval-des-Rapides, j'avais levé ma main;
ensuite, ce sera M. le député d'Ungava, Mme la
députée de Deux-Montagnes et, évidemment, M. le ministre,
en tout temps.
Je me permets une intervention. Au départ, j'avais la même
impression que M. le député de Joliette, à savoir qu'elle
peut quand elle veut ou qu'elle ne peut pas quand elle ne veut pas. À la
réflexion et en relisant dans le contexte - j'ai pris la peine de
repartir du début de l'article 2, nous sommes quand même à
l'article 2 qui définit premièrement ce qu'est la corporation,
deuxièmement son siège social et en vertu de quelle partie de la
Loi sur les compagnies elle est incorporée, son territoire et son objet
et, par la suite, il donne la composition de son conseil d'administration.
Là, le législateur donne le pouvoir à cette corporation de
conclure des ententes. Jusque-là, il n'y a pas de problème. Le
législateur lui donne le pouvoir. Cela ne veut pas dire qu'elle a un
pouvoir discrétionnaire de le faire ou de ne pas le faire.
Dans un deuxième temps, il définit ce qu'elle doit faire
avec ce pouvoir. Elle doit, pour l'ensemble de la location, négocier de
gré à gré. C'est comme cela que cela se présente.
N'est-ce pas, maître?
M. Chevrette: Dans les fonctions, dans ce que vous
décrivez là, cela aurait été bien plus simple si le
ministre avait dit, à l'article 149. 5...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette:... "pouvoirs et fonctions". Voici ce que peut faire
la corporation: pouf, pouf, pouf. Là, c'est "objet", après cela,
c'est "fonctions" et après cela, c'est "pouvoirs". Ce sont des
entourioupettes. Après cela, on se demande pourquoi le monde ne comprend
rien. En tout cas, aux fins des discussions, je dépose l'amendement:
"peut" par "doit".
Le Président (M. Bélanger): Avant, il y
avait...
M. Chevrette: Vas-y. Il y avait quelqu'un?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Il y avait M. le
ministre et Mme la députée de Deux-Montagnes n'est pas
là.
M. Claveau: J'avais demandé la parole.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que cela va, M.
le ministre? Bien. Alors, M. le député d'Ungava. Pardon?
M. Claveau: J'avais demandé la parole.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui, c'est
à vous.
M. Claveau: C'est à moi!
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Claveau: Je ne suis pas satisfait d'une réponse qui a
été donnée à une question qui a été
posée. Il y a quelque chose que je n'ai pas saisi, si cela a
été donné comme réponse, mais je ne le crois pas.
L'article 149. 16, est-ce qu'il s'applique uniquement dans le cas du premier
contrat? Est-ce bien cela?
M. Dutil: Cela définit, au plan du premier contrat, la
première étape...
M. Claveau: Oui, oui.
M. Dutil:... c'est-à-dire la transition de
régime.
M. Claveau: Alors, où est l'obligation de négocier
dans la reconduction d'un contrat?
M. Dutil: L'article 149. 17. Maintenant, c'est écrit: "La
Corporation négocie". En termes juridiques, c'est une obligation, mais
on peut écrire "doit négocier" pour plus de précision et
de compréhension, si nécessaire. Mais tel qu'écrit,
l'obligation est là.
M. Claveau: D'accord. L'article 149. 19 ne s'applique qu'au
premier alinéa de l'article 149. 17. Qu'est-ce qui garantit les droits
d'un acheteur dans le cas d'une négociation conclue en vertu de
l'article 149. 16?
M. Dutil: C'est le premier contrat. S'il y a eu une transaction
à ce moment-là, avant que les permis soient
révoqués, la nouvelle personne va être détentrice
d'un permis selon le processus actuel, c'est-à-dire que le permis va
être retourné au gouvernement. Le gouvernement va accepter de
remettre le permis au nouveau propriétaire qui va devenir...
M. Claveau: Mais le permis sera...
M. Dutil:... donc un détenteur de permis.
M. Claveau:... révoqué au moment de la signature du
premier contrat et non pas au moment de la signature du deuxième
contrat. Durant l'exécution du premier contrat, il n'y a plus de
permis.
M. Dutil: II peut arriver deux situations. La première
situation, c'est qu'avant la signature d'un premier contrat, on le signe avec
les détenteurs de permis. Si, entre-temps, il y a eu une transaction -
c'est ce que vous dites - s'il y a eu un changement de propriétaire
avant qu'il y ait signature du premier contrat...
M. Claveau: Non, mais au lendemain de la signature du premier
contrat, par exemple.
M. Dutil: Bien, le lendemain de la signature du premier contrat,
il peut y avoir n'importe quelle transaction; elles seront couvertes par
l'article 149. 19. (22 h 30)
M. Claveau: L'article 149. 19. D'après ce que je lis, au
premier alinéa de l'article 149. 17 "s'applique à toute personne
qui... " ou au premier alinéa de l'article 149. 16. D'accord, il est
couvert. Attendez un peu.
M. Dutil: Oui. Voulez-vous que Mme l'avocate vous l'explique?
M. Claveau: Oui.
Mme Harvey: Comme le disait...
M. Chevrette: Parlez plus fort.
Mme Harvey:... M. le ministre, avant la signature des premiers
contrats, il y a encore des permis même si, dans le bassin
préférentiel du premier contrat, un titulaire X a signé.
Il faut au moins partir de là. S'il cède ses droits dans le
contrat, il a déjà signé les droits qui sont
cédés. C'est déjà fait cette
préférence, elle est déjà exercée. Donc, la
préférence qu'on devra lui donner, c'est celle du renouvellement,
à chaque fois, du bassin préférentiel. Ce renouvellement
du bassin préférentiel s'appliquera, peu
importe qu'on soit dans le cadre d'un contrat conclu en vertu de
l'alinéa 17, donc, dans les étapes ultérieures de
renouvellement, ou du premier alinéa.
Ce pourquoi on a senti le besoin de dire cela, c'est de dire que ce soit
l'ensemble des premiers contrats conclus ou n'importe quel contrat conclu par
la suite. Quelqu'un qui est dans le bassin préférentiel peut
toujours céder ses droits dans un contrat avec la
préférence de la négociation de départ.
M. Claveau: D'accord. À l'article 149. 19, en plus de dire
cela, vous introduisez une nouvelle notion qui n'avait jamais existé
jusqu'à maintenant. On n'a jamais dit, jusqu'à maintenant, dans
les quelque vingt heures de débat qu'on a eues, que le transfert ou le
changement de propriétaire devait être autorisé par la
corporation. C'est bien ce que l'on lit à l'article 149. 19: "S'applique
à toute personne qui, avec l'autorisation de la Corporation, acquiert
les droits sur un contrat. " On a largement parlé des contrats cet
après-midi, mais il n'a jamais été question de cela.
M. Dutil: Je voudrais rappeler les discussions que nous avons
eues cet après-midi où le député d'Ungava nous
reprochait de ne pas avoir une clause pour que, lorsqu'il y a des transactions,
on s'assure qu'il n'y aura pas monopolisation et donc, qu'il y a autorisation
pour permettre les transactions.
M. Claveau: Oui, d'accord. Mais, la clause appartenait avant au
gouvernement. Sur le plan légal, je ne sais jusqu'à quel point la
corporation, qui est une entité créée par une loi, a le
pouvoir de statuer sur la pertinence qu'untel ou untel devienne
propriétaire, à moins que l'on revienne, par le biais de la
législation, qu'on ait une législation au Parlement qui autorise
des corporations à pouvoir juger du comportement d'actionnaires dans des
compagnies à contrat dont la gestion leur échappe
complètement. Je ne vois pas en vertu de quel droit la corporation
pourrait s'autoriser à refuser ou à accepter telle ou telle
transaction dans des entités dont la gestion lui échappe
complètement.
Le gouvernement peut le faire, à la limite, par le biais du
contrôle des permis. On a bien dit qu'en ce qui concerne le
contrôle des permis, on ne régissait pas les transactions entre
les compagnies; on régissait le permis. C'est la même chose si je
vends mon "char". Le nouvel acheteur doit retourner se "plaquer"; je ne vends
pas ma plaque avec. Cela, c'est clair. On comprend cela; il y a un
contrôle sur la continuité des activités par
l'intermédiaire du transfert du permis qui est autorisé par le
gouvernement.
Même le gouvernement ne se permet pas de juger de la pertinence de
l'acheteur. Alors, comment le gouvernement peut-il autoriser une entité
qu'il crée lui-même par une loi à pouvoir juger de la
pertinence ou non d'un acheteur?
M. Dutil: Est-ce que le député d'Ungava comprend
que quelqu'un qui achète une automobile de quelqu'un d'autre, postule
évidemment avant d'acheter, sinon il mettrait comme condition au contrat
que le gouvernement va lui redonner une plaque pour pouvoir circuler sur la
route? Sinon, il n'achètera pas le véhicule, n'est-ce pas?
M. Claveau: Ce n'est pas évident. Je n'ai pas besoin de
savoir si mon gars a perdu son permis de conduire quand il m'achète mon
"char". C'est lui qui s'arrangera avec le...
M. Dutil: Non, excusez-moi, je parle de la plaque
d'immatriculation et non pas du permis de conduire.
M. Claveau: Mais, il ne sera pas capable de se "replaquer", s'il
n'a plus de permis de conduire.
M. Dutil: Je me suis trompé. Je voulais dire la plaque
d'immatriculation, évidemment. Je ne parlais pas du permis de conduire.
Le nouvel acquéreur ne le met pas comme condition, et il sait bien que
le gouvernement va lui émettre sa plaque d'immatriculation. C'est
automatique dès que...
M. Claveau: Ce n'est pas évident, mais c'est un
problème entre l'acheteur et le gouvernement. Ce n'est pas au niveau du
vendeur. De la façon dont cela se passe là, c'est un
problème.
M. Dutil: Je comprends. Mais ce que je veux dire, c'est que dans
la transaction pour acheter son véhicule, il ne met pas comme condition
que le gouvernement doit lui émettre une plaque d'immatriculation, parce
qu'il est sûr qu'il va l'avoir.
M. Claveau: Tout exemple étant imparfait en soi, le
ministre comprend ce que je veux dire.
M. Dutil: Dans une transaction où il y a implication de
permis d'ambulance - le permis étant retourné au gouvernement et
la transaction se faisant sur les actifs ou les actions de l'entreprise - il y
a toujours une condition dans ces contrats. Je suis convaincu - je n'en ai
jamais vu - qu'il y a toujours une condition où il doit être dit:
"La transaction sera valide si le gouvernement accepte le transfert du permis.
" C'est ce que le gouvernement fait, à la condition que la
qualité du service que pourra offrir la personne qui vient de
l'acquérir soit valable.
M. Claveau: Le gouvernement ne le fait pas de pleine
autorité. Il le fait par le biais d'un artifice qui s'appelle le permis,
dans la reconduction du permis. Mais il ne va pas s'ingérer sans
raison, de pleine autorité, dans la pertinence ou non de
l'acheteur ou de la transaction. Il autorise la corporation à le faire,
par exemple, parce que la corporation ne peut s'appuyer sur rien pour pouvoir
juger de la pertinence ou non de l'acheteur - si ma gueule lui va ou s'il a une
binette qui ne me revient pas - c'est très arbitraire. On ne
définit pas le critère ou l'artifice auquel va s'accrocher la
corporation pour pouvoir juger de la pertinence de transférer ou pas la
compagnie à un nouveau propriétaire.
C'est ce qui m'amène, M. le ministre, à vous interroger
sérieusement sur le quatrième alinéa de l'article 149. 16
- j'espère que vous allez comprendre ma démarche, puisque c'est
vous qui avez proposé que l'on regarde tout cela ensemble - où on
abroge les permis. On fait disparaître les permis. Quel avantage
avez-vous à faire disparaître les permis? Qu'est-ce que cela
amène de neuf ou de plus? Qu'est-ce que cela amène de
sécurisant pour le client, qui est obligé de se servir de
l'ambulance, qu'il n'y ait plus de permis? En quoi améliorez-vous la
qualité du service en faisant disparaître les permis?
Le Président (M. Bélanger): J'aimerais qu'on s'en
tienne à l'article 149. 15, parce que là, on est rendus
très loin dans le débat.
M. Claveau: C'est le ministre qui a proposé de se
promener...
M. Dutil: C'est cela, mais j'ai expliqué, M. le
Président - et je suis certain que le député d'Ungava
m'écoutait attentivement cet après-midi la raison du changement
de régime et la transposition que nous faisions entre le système
de permis et le système de contrats.
Je voudrais dire, en ce qui concerne l'article 149. 19, que le permis
est décerné à une personne et non à une
corporation, actuellement...
Une voix: Oui.
M. Dutil:... et ne peut donc pas être vendu. Il doit
nécessairement repasser par le gouvernement. Vous allez nous dire qu'on
a un trou ici, parce que le contrat est à la corporation et que si ce
sont les actifs de la corporation qui sont vendus, cela prend alors
l'autorisation. Mais si ce sont les actions de la corporation - est-ce qu'on
suit bien? - si la corporation change d'actionnaires, la corporation n'a pas
besoin d'autorisation parce qu'alors le contrat qui a été
accordé à la corporation demeure dans la même corporation
et ils n'ont pas besoin d'autorisation du tout. Ce qui est un avantage par
rapport à l'autre formule pour les détenteurs de contrat.
M. Claveau: Mais vous dites qu'il n'y a pas d'autorisation et on
dit: "Avec l'autorisation de la corporation... 11 Cela veut dire, si
on lit bien l'article 149. 19, que vous avez deux choses. Vous avez un article
qui permet la continuité du contrat avec un changement de
propriétaire. On va parler de cela cet après-midi. Mais vous
amenez la notion que ce changement de propriétaire devra se faire avec
l'autorisation de la corporation. Advenant le cas où il y aurait eu un
changement de propriétaire sans autorisation de la corporation, à
ce moment-là, le contrat n'est pas renouvelable.
M. Dutil: Non. Ce que je viens d'expliquer justement...
M. Claveau: Ou la corporation n'a pas à honorer son
contrat.
M. Dutil:... et je pense que le chef de l'Opposition est en train
de regarder cela...
M. Claveau: Mais c'est ce qui est écrit...
M. Dutil:... ce que je viens d'expliquer - laissez-moi finir, M.
le député d'Ungava - ce que je viens d'expliquer, c'est que le
contrat étant attaché à la corporation...
M. Claveau: C'est ce qui est écrit...
M. Dutil:... les actions de la corporation peuvent changer de
main et le contrat est toujours valable, parce que c'est la même personne
morale qui détient le contrat. Ce qui n'était pas le cas pour les
permis. Si j'étais propriétaire, je trouverais très
avantageux d'avoir une formule semblable qui ne m'oblige pas à repasser
par le gouvernement, à remettre mon permis et à courir le risque
que le nouvel acquéreur ne puisse pas avoir le permis.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette. J'aimerais me réserver une
intervention par la suite.
M. Chevrette: Mais le ministre peut-il répéter,
parce que je n'étais pas ici cet après-midi, et j'aimerais
comprendre sa savante explication? Quels sont les motifs profonds qui l'ont
poussé à enlever la notion de permis, puisque le permis est une
clé qui permet de conclure un contrat? Quand vous dites que vous enlevez
le permis, vous me faites penser à un gars qui a une carte de
compétence. Cela lui prend une licence pour contracter. Vous dites: Si
tu travailles pour moi, je t'enlève ta licence mais je vais t'offrir de
négocier de gré à gré et, si je ne m'entends pas,
je vais pouvoir décréter. Quels sont les motifs qui vous poussent
à enlever le permis, puisque vous dites qu'un permis, cela n'aura plus
aucun sens. C'est vous-même tantôt qui l'avez dit, il y a à
peine cinq minutes. La notion de permis: l'individu a payé 100 000 $
pour un permis - et il y en a dernièrement, on me dit que cela a
été jusqu'à 100 000 $ de transactions sur un permis - cela
doit valoir
quelque chose si les permis se vendent 30 000 $, 40 000 $ ou 50 000 $.
Ils achetaient un fonds de commerce.
C'est toujours le débat, M. le ministre, qui est à
l'état latent tout le temps, pour le moment, sur le changement
même de l'entreprise ou du statut de l'entreprise. Si un individu, pour
pouvoir fonctionner dans le passé, avait l'obligation d'obtenir un
permis, s'il y a eu des transactions assez élevées quant à
l'achat dudit permis et que vous vous permettez de le révoquer pour
devenir de simples locateurs, je suis surpris que... Dans le cas de la location
d'ailleurs, vous pourriez tout simplement dire que le nouvel acquéreur,
dans le cas de contrat de location, a les mêmes obligations que celui qui
a vendu. Point final.
Je me demande même quand on loue de la machinerie, un tracteur ou
une ambulance, que ce soit Jos Bleau qui décide d'acheter les ambulances
de Desrochers ou bien Mme Tartempion qui loue cette machinerie, pourquoi on ne
parle plus de compétence professionnelle pour exploiter une entreprise.
Je ne comprends pas. C'est parce que vous y voyez là - et c'est
là que je trouve la procédure fondamentalement vicieuse dans
votre projet de loi - c'est qu'en enlevant la notion de permis, vous venez
d'enlever la notion même de pouvoir contracter, alors que vous
étendez la possibilité de location à n'importe qui,
à toutes fins utiles. N'importe qui pourrait s'improviser demain
matin... Par exemple, dès que vous avez un entrepreneur sur l'île
de Montréal - on parle toujours de l'île de Montréal - qui
décide de ne plus contracter, cela peut être Tilden qui entre
là, cela peut être GM, parce qu'il n'y a plus besoin de permis
pour entrer sur le marché, il n'y a plus besoin de permis
décerné par le ministère ou par le CRSSS. Cela peut
être n'importe quel locateur de véhicules qui peut maintenant
s'introduire, n'importe qui. C'est cela qui est vicieux dans le système.
Vous donnez l'impression que vous l'enlevez pour changer d'orientation, mais
vous l'enlevez précisément pour diminuer la valeur même de
l'entreprise.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on respecte le député de Joliette pendant qu'il parle, s'il vous
plaît.
M. Chevrette: Vous enlevez par le fait même toute la valeur
de l'entreprise qui a existé. Et vous dites par la suite... Je sais bien
qu'un gars qui a un contrat de location, M. le ministre, pour sept ambulances
et qui va avoir un contrat avec vous, déterminé par vous,
décrété par vous en termes de tarification, sans
mécanisme d'arbitrage, sans mécanisme d'aucune façon pour
obtenir quelque chose qui pourrait être juste et équitable, c'est
la corporation qui peut conclure en plus, et là, il n'y a plus de
permis... Qui va risquer d'acheter cela? Qu'est-ce que cela va valoir comme
fonds de commerce? Même si tu avais investi 2 000 000 $, tu viens de
faire une transaction, ils vont te dire: Toi, tes bebelles... Tu as une 1978,
une 1981 et une 1983, cela vaut tant.
Si c'est en campagne, si le modèle se transposait en
région maintenant, là ce serait encore pire. Parce que l'individu
qui, lui, est maître de son entreprise et qui travaille comme
salarié de sa propre entreprise avec des membres de sa famille - parce
qu'il y a beaucoup d'entreprises familiales dans ce domaine dans les
régions - tout ce qu'aurait l'individu, si ce modèle était
exporté, ce serait la valeur non plus du permis, ce serait la valeur
d'un contrat de location avec perte de son salaire, perte des membres de sa
famille, parce qu'il n'y aura pas de transposition pour sa femme qui
téléphone et qui se paie un salaire de tant à même
la compagnie. Je vous avoue là que cela fait dur. C'est cela la justice
sociale. Vous pouvez bien rire, bon Dieu! Si cela vous fait rire, c'est
épais dangereux. (22 h 45)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député de Joliette, on s'adresse à la commission et
non pas à la salle. S'il vous plaît!
M. Dutil: Ce que l'on essaie de faire croire ici, c'est que le
permis est une garantie à toute épreuve de protection pour les
propriétaires. Si le gouvernement avait comme objectif d'éliminer
les entreprises, avec le système actuel, il aurait plusieurs
façons de le faire. Il pourrait y en avoir une qui serait
d'émettre plus de permis; il y aurait moins de transports par ambulance,
donc moins de revenus, ce qui ne serait plus rentable pour personne. Cela en
serait une. J'essaie d'imaginer des scénarios qui pourraient se
produire. Bien, les tarifs, M. le Président. Le permis n'est valable que
si on peut être rentable avec le permis et si les tarifs sont
fixés à un taux par le gouvernement - et c'est cela que la loi
actuelle dit - on fixe les tarifs à un taux tel qu'il n'y a plus
personne qui soit rentable; le permis ne vaut plus rien.
M. Chevrette: Prenons la coopérative sur la rive sud qui
vient d'investir quelque chose comme 50 000 $; cela fait partie d'une dette
à rembourser. Combien?
M. Dutil: 1 000 000 $.
M. Chevrette: 1 000 000 $? Ah bon! 1 000 000 $ pour qu'ils
renouvellent du stock, je ne sais pas. Il arrive avec une tarification qui ne
leur permet même pas de rembourser leur dette, mais qu'il juge
équitable et il n'est pas obligé de conclure. Il y en a d'autres
qui vont rire moins.
M. Dutil: C'est la situation actuelle.
M. Chevrette: On va se parler à ce mo-
ment-là de notion de conflits d'intérêts pour ceux
qui siègent au conseil de la corporation.
M. Dutil: Vous pariiez de la Corporation de la rive sud?
M. Chevrette: Oui, oui, je vous donne un exemple.
M. Dutil: Oui, les tarifs sont déterminés par le
gouvernement, pour la Corporation de la rive sud comme pour les autres
entreprises à but non lucratif de la province, comme pour les
entreprises privées. Si les tarifs étaient établis
à un niveau tel qu'aucune entreprise n'arriverait, le permis
évidemment ne vaudrait rien, parce qu'il n'y a pas de libre
marché dans cela. C'est cela la situation.
M. Chevrette: Je sais qu'il n'y a pas de libre marché.
M. Dutil: Bien oui, mais c'est comme cela.
M. Chevrette: Je sais tout cela. À plus forte raison, il
faut qu'il y ait un mécanisme pour rendre justice. Quand la notion de
permis a été introduite c'était pour donner une certaine
forme d'exclusivité. S'il n'y avait pas eu la notion de permis, il y
aurait eu une affluence de locateurs, vous le savez très bien. C'est la
même chose dans le camionnage en vrac, c'est la même chose dans les
permis du camionnage lourd, c'est la même chose dans les "school bus",
dans les autobus scolaires.
M. Dutil: Oui, mais il y a une différence entre le
transport en vrac, les ambulances et le transport scolaire. La
différence c'est que pour le transport en vrac, on émet un
certain nombre de permis, parce qu'on sait qu'il y a un certain volume de
marché, mais les transporteurs en vrac contractent sur le marché.
Ce n'est pas le gouvernement qui paie.
M. Jolivet: Non, non, le permis, c'est la
Commission des transports qui détermine. Dans une région
donnée, s'il y a des objections... Attention, attention.
M. Chevrette: L'article 1201.
M. Dutil: Les tarifs, vous voulez dire.
Le Président (M. Bélanger): Non, non,
l'émission d'un permis.
M. Jolivet: Non, non, les permis. Il y a un moratoire depuis
1982, si je ne me trompe pas, sur les permis. Je m'excuse.
M. Dutil: Ce n'est pas cela que J'ai dit.
M. Chevrette: Oui, c'est cela que vous avez dit.
M. Dutil: Je m'excuse, je dis que les revenus des transporteurs
en vrac ne leur viennent pas du gouvernement.
M. Jolivet: Bien non ce n'est pas cela. Je parle du permis de
transport, un instant.
M. Chevrette: Le transport scolaire.
M. Dutil: Non, non ce n'est pas de cela que je parle, M. le
Président. Je suis en train d'expliquer à l'Opposition qu'il y a
un problème de genre d'entreprises, entre des entreprises qui
reçoivent des permis mais qui n'ont pas comme client l'État, par
rapport à un système comme les ambulances, qui reçoivent
des permis mais dont le client ou le payeur est l'État. Il y a un
différence.
M. Jolivet: Vous comprenez mal, M. le Président, c'est que
le tarif du camionneur en vrac est déterminé par une
décision du conseil qui s'appelle la Commission des transports. Ils sont
dans un secteur captif eux aussi. Il y a un moratoire. Tu ne peux pas
transférer d'une région à l'autre un permis de transport
en vrac. Donc, il faut faire attention. Il y a un secteur captif aussi.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser M. le
ministre s'expliquer; par la suite vous interviendrez, s'il y a lieu. J'avais
demandé à intervenir avant.
M. Dutil: Je vais essayer de trouver un meilleur exemple pour un
endroit où il y a des permis sans tarifs fixés et qui sont, au
niveau de leurs transactions et de leurs revenus, sur le marché libre.
On va essayer de vous trouver un exemple.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, je vais faire mon intervention pendant cette période,
à titre de député de Laval-des-Rapides et non comme
président. Avant de donner à la corporation un ordre comme
législateur, en disant que la corporation doit négocier de
gré à gré, il faut d'abord lui donner le pouvoir
d'exécuter cet ordre. Vous retrouvez cela à peu près dans
toutes les lois. On ne peut pas lui dire: Tu vas faire cela de telle
façon, sans lui avoir donné le pouvoir de le faire. Je pense que
c'est juste l'ordre des choses en matière de légalité, si
on ne veut pas avoir un vide juridique qui fait qu'on lui ordonne de faire une
chose, sans qu'elle ait les pouvoirs de le faire. On ne peut pas
procéder autrement. Donc, on commence par dire: La corporation peut ou,
prenons-le autrement, a le pouvoir ou l'autorité de conclure des
ententes avec les propriétaires d'ambulances. Dans un deuxième
temps, on dit qu'elle doit négocier de gré à gré.
Là-dessus, je
diffère d'opinion avec le député d'Ungava qui
disait: De gré à gré. Si je ne t'aime pas la face, je ne
négocie pas. Excusez-moi, mais il existe des normes légales, il
existe des tribunaux dans la province. Si une corporation qui a l'obligation de
négocier de gré à gré et de bonne foi - c'est
implicite dans la loi - ne le fait pas, j'ai des recours devant les tribunaux
qui vont l'obliger à négocier et qui peuvent même l'obliger
à payer des dommages et intérêts, s'il y a eu dommage ou
préjudice à mon égard. C'est tout simplement l'ordre
logique des choses qui nous est présenté dans cela. Moi, je ne
vois pas pourquoi on dirait "doit conclure" en partant, alors que c'est
après qu'on le dit. On lui donne d'abord le pouvoir de conclure et
ensuite, on lui donne un ordre comme législateur. C'est comme cela que
la loi doit être lue.
Une voix: Vous avez raison.
M. Dutil: Je voudrais donner mon exemple.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, si on peut revenir... Pour
être dans les services funéraires, cela prend un permis. La raison
pour laquelle cela prend un permis, c'est pour s'assurer qu'il y a un certain
contrôle de la qualité. Si vous satisfaites aux conditions du
permis, vous pouvez ouvrir un salon funéraire et les autres services
funéraires concernés. Cela va? Cela dit, cela n'a pas pour effet
de limiter le marché. Tous ceux qui satisfont aux conditions peuvent y
entrer et ils exigent les tarifs qu'ils veulent à leur clientèle.
On se comprend bien?
La différenciation que je veux faire, c'est que dans ce
système, les permis pour services d'ambulance initialement avaient
été émis pour contrôler la qualité du service
rendu par ceux qui l'offraient. C'était cela, le but. L'objectif
n'était pas de limiter la compétition, mais de s'assurer que ceux
qui entraient sur ce marché et qui tarifaient leurs clients - parce que
le transport ambulancier était tarifé aux clients à ce
moment-là - avaient les normes de qualité minimale pour suffire
à la tâche. Le système a évolué et on a fini
par arriver à une notion de permis qui était un contrôle de
quantité, pour qu'il y ait de moins en moins de gens qui oeuvrent dans
ce secteur, parce que de plus en plus, c'était l'État qui payait,
et il y avait lieu de faire une certaine rationalisation du système
puisque le libre marché ne fonctionnait plus. L'État payait un
certain tarif. C'est cela, la notion de permis. Mais on essaie de dire que la
notion de permis pour les services ambulanciers, c'est la même chose que
là où il y a un libre marché par la suite. La notion de
permis, initialement, ce n'était pas pour donner une plus-value aux
entreprises, c'était pour s'assurer que ceux qui embarquaient dans le
système donnent un service de qualité.
Actuellement, nous transposons une notion de permis en une notion de
contrat exclusif, avec négociation de gré à gré et
fixation des prix par le gouvernement, puisque c'est nous qui payons
ultimement, mais auprès, et ce, exclusivement, de ceux qui
détiennent un permis en seconde course, parce que les permis seraient
révoqués au premier contrat, de ceux qui détenaient un
contrat auparavant; donc, un bassin préférentiel.
On transpose le système, mais faire croire que c'est le permis
qui donne la valeur à l'entreprise, ce n'est pas cela. Ce qui donne la
valeur à l'entreprise, c'est que l'État a limité le nombre
de permis, c'est cela qui donne la valeur à l'entreprise. Ce qui donne
la valeur à l'entreprise, c'est que l'État paie des tarifs qui
sont suffisants pour donner une rentabilité à l'entreprise, ce
n'est pas le permis lui-même.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Là, j'entre directement dans la discussion qui
est commencée depuis tout à l'heure et je voudrais avoir une
explication parce que je crois comprendre... Le ministre a raison quand il dit
que le permis qui était autrefois pour vérifier la qualité
du service rendu en est arrivé dans le transport en taxi, dans le
camionnage en vrac, parce qu'il y avait trop de monde, pour limiter l'ensemble
des camionneurs, dans l'ensemble du transport scolaire ou dans l'ensemble du
transport ambulancier dont on discute ici. Ce qui est arrivé,
c'était pour en diminuer le nombre tout en s'assurant de la
qualité. Ce que je crois comprendre, le ministre me dira si j'ai tort ou
raison, ce qu'on veut installer dans le système ambulancier, que s'il
peut conclure un contrat, cela veut dire que, maintenant, il va y avoir une
forme de concurrence et il y aura des gens qui vont vivre et des gens qui vont
mourir. Parce que ce qu'on va faire, c'est donner justement de la concurrence.
C'est ce qu'on va rechercher.
Le député de Laval-des-Rapides, président de la
commission dit: Écoutez, quand elle pourra conclure, elle devra conclure
de telle façon. Ce sont les articles suivants.
Une voix: II en a le pouvoir.
M. Jolivet: II a raison de dire cela comme cela. Le seul
problème, c'est que cela sous-entend que si elle peut conclure, à
moins que quelqu'un me dise l'inverse, elle peut aussi ne pas conclure. Pour
conclure...
Une voix:...
M. Jolivet: Non, non, écoutez, vous me dites...
Des voix:...
M. Jolivet: Écoutez, c'est ce que vous m'avez dit tout
à l'heure. Vous m'avez dit: Si je ne suis pas content parce qu'il ne
veut pas conclure un contrat avec moi, j'irai devant les tribunaux. C'est cela
que vous avez dit tout à l'heure.
M. Dutil: Dans un deuxième temps.
M. Jolivet: Bien oui. C'est ce que je dis depuis tout à
l'heure. Ce que vous êtes en train de me dire, c'est que dans le premier
alinéa de l'article 149. 15, vous dites, "peut" conclure. Après
cela, on s'en va à 149. 16 et on dit "doit" selon les conditions... Ce
que vous êtes en train de dire, c'est que si, moi, Jolivet, je
décide d'avoir un système ambulancier, que je m'en vais sur le
marché et que je veux conclure une entente avec telle corporation
à Montréal, à Grand-Mère ou ailleurs, s'il y en a,
moi, Jolivet, je vais avoir le pouvoir de conclure une entente avec eux autres.
Si je suis bien ami avec eux, j'ai des chances de conclure un contrat et je
dois le conclure selon les conditions de l'article 149. 16. C'est ce que je
comprends. S'ils ne m'aiment pas, est-ce que cela se pourrait que, dans la
corporation, ils ne veuillent pas conclure de contrat avec moi? Si c'est cela,
cela veut dire qu'à ce moment-là, le seul recours que j'aurais
comme individu, selon ce que vous me dites, serait d'aller devant les tribunaux
pour me faire comprendre que j'ai le droit de conclure avec eux autres, mais
qu'ils ne veulent pas que je conclue et qu'ils me lèsent en
conséquence et me causent préjudice. C'est ce que je crois
comprendre. Arrêtez de me dire que le "peut" veut lui donner un pouvoir;
cela lui donne plus qu'un pouvoir. Cela lui donne le droit de vie ou de mort
sur la personne qui vient faire une demande. Vous remplacez tout le
système des permis. Vous direz ce que vous voudrez, mais c'est ce que
cela veut dire, parce que si le "peut" n'est pas un "doit" juridique, cela veut
dire qu'elle peut et qu'elle ne peut pas. C'est ce que cela veut dire. Si elle
ne peut pas, je n'aurai d'autre recours que d'aller devant la cour pour me
faire comprendre. Cela peut prendre un bout de temps, il y a un autre qui aura
conclu un contrat de services et moi je vais être dehors, je n'aurai plus
rien et j'aurai quand même mon ambulance.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Joliette, et je reviendrai ensuite comme
député de Laval-des-Rapides.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais examiner un peu
la cohérence du gouvernement. Vous avez déposé le projet
de loi 16 à l'Assemblée nationale. Je veux juste faire une
analogie et je veux bien me faire comprendre. Dans les explications que vous
venez de donner, vous introduisez dans le projet de loi 34 la notion
éventuelle de concurrence dans le transport ambulancier. Dans la loi 16,
intitulée Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant le transport par autobus, à l'article 467. 3, juste pour
faire une analogie, vous vous donnez le pouvoir suivant: "... s'il y a lieu,
révoque tout permis de transport par autobus de la catégorie
déterminée par les règlements pris en application de
l'article 467 autorisant son titulaire à exploiter sur le territoire de
la municipalité un service qui viendrait en concurrence avec celui
prévu au contrat. " Dans la loi 16, dans un secteur, vous vous donnez le
pouvoir, le même gouvernement de révoquer les permis qui
viendraient en concurrence sur un territoire et dans un autre projet de loi,
vous ouvrez la porte à la concurrence. Je vous avoue que, comme
gouvernement, c'est beau. (23 heures)
M. Dutil: On avait maintenu, dans le projet de loi, les
soumissions publiques. Sans changer le contingentement, on aurait ouvert la
porte à la concurrence. Ayant décidé de revenir au
système de fixation des prix par décret, si nécessaire,
faute d'entente, nous avons décidé d'en rester au bassin
préférentiel, contingenté, donc avec tous les droits et
privilèges qu'attribuait le permis. Voilà, en peu de mots.
M. Chevrette: M. le Président, je propose
l'amendement...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, j'avais
prévu une intervention. Je reviens à ce qu'on disait tout
à l'heure. C'est qu'on ne peut pas, comme législateurs, donner
une obligation à une corporation sans lui donner les pouvoirs qui vont
lui permettre de faire honneur à son obligation. Je pense que
là-dessus on se comprend bien. Quand on lui donne le pouvoir de conclure
des ententes, cela ne veut pas dire qu'elle peut faire ce qu'elle veut avec son
pouvoir et vous avez tout à fait raison.
Or, pour être sûrs que cela n'ira pas à gauche ou
à droite ou n'importe comment, on dit: Elle doit. On balise donc ce
pouvoir-là par la suite, mais il faut que je le lui donne pour pouvoir
le baliser. Dans un deuxième temps, on balise ce pouvoir. On le balise
en disant: Elle doit négocier de gré à gré et on
définit même des conditions dans les articles plus loin. S'il n'y
a pas d'entente, cela revient au gouvernement, qui lui, fixe un décret.
Mais entre-temps, cela n'exclut pas les possibilités de recours
légaux si jamais l'entrepreneur, le soumissionnaire ou le
propriétaire d'ambulances, appelons-le comme on veut, décide que
cela ne fait pas son affaire. Il y a toujours cette possibilité de
recours. Les lois générales du Québec s'appliquent
à tout le monde.
M. Jolivet: Justement, M. le Président, je veux bien me
faire comprendre. On dit que le contrat conclu doit viser le nombre
d'ambulances proposées par le titulaire, mais ce nombre ne peut
excéder celui inscrit dans son permis. On
dit que c'est dans le cas des premiers contrats. Donc la personne, comme
premier contrat, elle a à son permis tant de véhicules. D'accord?
Et on s'en va à un autre article, on en a parlé tout à
l'heure, 149. 7, où on révoque ensuite tous les droits qui sont
appliqués au permis.
Le Président (M. Bélanger): On annule les permis.
On protège les acquis, ensuite, on annule les permis. C'est logique.
M. Jolivet: On dit: "La corporation peut conclure". Vous avez
beau me dire que ce que vous donnez par le "peut conclure", cela veut dire que
cela lui donne le pouvoir de faire telle chose et, après cela, on
balise. Pour cela, il faut en arriver à une chose importante. C'est que
si elle ne veut pas conclure, elle a le droit également de ne pas
conclure. À ce moment-là, vous arrivez à l'autre article
où c'est le gouvernement qui décide. Mais le gouvernement, s'il
décide de ne pas conclure parce qu'il pourrait le déterminer,
lui, il n'y a rien qui l'empêche? Vous dites: Vous aurez affaire aux
tribunaux. C'est là qu'on dit non. On veut qu'il soit obligé de
conclure avec ceux qui sont là et il les conclut dans des conditions
telles... En tout cas, on aura l'occasion de discuter avec les M. AN.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, si on
ne s'entend pas avec la corporation et si on ne s'entend avec le gouvernement,
il y a quelqu'un qui est malcommode quelque part. Je ne sais pas, il y a
quelque chose qui ne marche pas dans le système!
M. Jolivet: J'espère que vous ne dites pas que c'est la
même personne.
Le Président (M. Bélanger): Pardon?
M. Jolivet: J'ai dit que j'espérais que vous ne
sous-entendiez pas dans votre esprit que ce soit la même personne
incluant le fait que ce soit probablement le propriétaire, parce que
cela se pourrait. Cela se pourrait que les propriétaires se
liguent...
Le Président (M. Bélanger): Cela pourrait
être le gouvernement, je ne le sais pas. Écoutez...
M. Jolivet: Mais rien ne vous dit qu'ils ne pourraient pas
décider de le faire de cette façon.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, on vit
sur la terre avec des humains.
M. Jolivet: Ah! c'est cela.
Le Président (M. Bélanger): C'est sûr que si
on met des "si", on va aller loin. Tout est possible avec des "si".
M. Jolivet: Sauf que le projet de loi doit s'assurer qu'il n'y
ait pas trop de "si".
Le Président (M. Bélanger): Si un gouvernent
était de mauvaise foi dans une négociation avec des
propriétaires, j'ai l'impression qu'il y a assez de mécanismes de
recours légaux, premièrement, et deuxièmement, qu'il y a
quand même toute l'opinion publique qui n'accepterait pas des choses
comme cela. Un gouvernement offre des garanties.
M. Jolivet: Mon Dieu, que vous donnez la confiance qu'on n'a pas
envers vous!
Le Président (M. Bélanger): Mais que le peuple a
eue en nous élisant 100 contre 22.
M. Jolivet: Ah! cela...
Le Président (M. Bélanger): Eh oui! C'est cela.
M. Jolivet: Vous pouvez bien dire cela, si vous voulez.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela, la
démocratie, monsieur.
M. Jolivet: Vous pouvez bien dire cela, mais cela ne vous donne
pas tous les droits d'autorité de décider pour eux, par
exemple.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas cela qu'on
a fait.
M. Jolivet: Vous avez le devoir de passer par l'Assemblée
nationale et d'entendre ce qu'on dit. Mais ne prenez pas un ton d'arrogance,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Bélanger): Mais vous m'avez ouvert
la porte. Je vous ai seulement répondu.
M. Jolivet: Mais je trouve que, comme président, vous
l'ouvrez comme un gars qui entre par une porte de grange.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): J'interviens comme
député de Laval-des-Rapides. J'ai bien pris la peine de le
préciser avant.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): J'ai même pris la
peine de le préciser avant.
M. Claveau: Et non pas comme candidat libéral aux
élections...
M. Jolivet: Ouais. Ouais. Agissez comme
président neutre de temps en temps.
Le Président (M. Bélanger): Wo, wo, wo! M. Chevrette:
Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Je reprends mon
rôle de président. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Question de règlement. M. Jolivet:
C'est bien facile de dire cela.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
C'est assez. M. le député de Joliette.
M. Claveau: II vient de l'échapper...
M. Jolivet: II a le droit comme président, mais il
n'a pas le droit d'abuser.
M. Chevrette: Oui, mais c'est dangereux d'essayer de se faire
juge et partie.
M. Jolivet: J'ai déjà fait cela, moi.
Le Président (M. Bélanger): J'ai le droit
d'intervenir comme député.
M. Chevrette: Vous avez le droit d'intervenir, mais vous demandez
aux parlementaires...
Le Président (M. Bélanger): Je l'ai bien
précisé avant.
M. Chevrette:... d'Intervenir, de ne pas s'engueuler, de laisser
parler les autres et vous, vous êtes en train de vous engueuler comme un
bon. C'est vous qui édictez les règles. Soyez cohérent un
petit peu.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez
invoqué une question de règlement et on est revenu à
l'ordre.
M. Chevrette: Non, M. le Président, j'ai la parole. Vrai
ou faux?
Le Président (M. Bélanger): Continuez.
M. Chevrette: Vous venez de m'interrompre à part cela.
Vous venez de me donner la parole. D'accord?
Le Président (M. Bélanger): Vous l'avez
effectivement.
M. Chevrette: Allez-vous me la laisser?
Le Président (M. Bélanger): Je vous la laisse, M.
le député.
M. Chevrette: Parfait. Je vous dis, M. le Président, que
je ne vous blâme pas d'intervenir comme député de
Laval-des-Rapides, mais votre rôle est d'autant plus délicat que
lorsque vous intervenez et que quelqu'un vous contredit, vous n'avez pas
à perdre les pédales. Vous êtes obligé
d'écouter les arguments de l'autre et de vous inscrire comme les autres
pour parler à votre tour.
Le Président (M. Bélanger): C'est ce que j'ai
fait.
M. Chevrette: Non pas de vous donner des droits prohibitifs par
rapport à ceux que vous enlevez aux autres. Dès qu'on interrompt
quelqu'un, vous êtes le premier à dire: Respectez donc la parole
de l'autre. Cela fait à peu près cinq minutes que vous prenez la
parole quand vous voulez, sans arrêt. Vous ne laissez même pas
finir le député de Laviolette.
Le Président (M. Bélanger): C'était mon
intervention. C'est lui qui m'a interrompu.
M. Chevrette: Voyez-vous, vous ne me laissez même pas finir
encore une fois. Vous nous en donnez la preuve à toutes les deux
secondes ces temps-ci.
Le Président (M. Bélanger): Parfait. Je vous
répondrai après.
M. Chevrette: D'accord. Vous répondrez à votre
tour.
Le Président (M. Bélanger): Continuez. Oui.
M. Chevrette: Ce que je vous demanderais comme président,
c'est de prêcher au moins par l'exemple...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Parce que le respect, ça se gagne.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Puis-je
intervenir?
M. Chevrette: J'ai arrêté là.
Le Président (M. Bélanger): Bon. Alors, je vous
ferai remarquer que, tout à l'heure, c'est moi, comme
député de Laval-des-Rapides, qui vous avais informé
à l'avance que je prendrais la parole dans deux interventions. C'est
pendant mon intervention que le député de Laviolette est
intervenu. Je ne suis pas intervenu pendant la sienne. Il faudrait juste se
rappeler cela.
M. Chevrette: Puis durant la mienne?
Le Président (M. Bélanger): Non, mais il faudrait
juste se rappeler cela. Pour ma part, c'était l'intervention du
député de Laval-des-
Rapides. Le député de Laviolette est alors intervenu et je
lui ai répondu. Mais je faisais une intervention selon mon droit de
parole légitime et après vous en avoir informé d'avance.
Je continuerai à le faire. À ce moment-là, je devrais
dire: Je reprends mon chapeau de président pour respecter mon droit de
parole. Je ne voudrais quand même pas commencer à jouer à
cela. Je pense que tous ici sont des grands garçons capables de
respecter cela.
M. Chevrette: II y a des grandes filles aussi.
Le Président (M. Bélanger): Quand je fais une
intervention comme député et que quelqu'un intervient durant mon
intervention, il ne faudrait pas qu'on vienne me dire que c'est moi qui l'ai
interrompu. Ce serait désagréable.
M. Jolivet: M. le Président, sur la même question de
règlement...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, j'ai occupé votre
poste comme président de commission et celui de vice-président de
l'Assemblée nationale et je sais que les nouvelles règles donnent
des pouvoirs plus forts aux présidents d'une commission parlementaire
qu'avant, à moins qu'il soit président de séance. Vous
êtes un président de commission et il ne faudrait pas, pendant que
vous avez le droit de parole, qu'on en arrive à avoir des propos
tellement partisans que vous mettez dans le fond... Non mais, comme
président, n'oubliez pas cela là. Il y a une question de
partisanerie et de choses qui sont logiques. Ça, je dois vous le dire:
Le poste de président est trop important pour que vous utilisiez la
partisanerie. C'est là-dessus que j'ai voulu vous arrêter tout
à l'heure. C'est la partie partisane de votre affaire. Ce que je vous
dis, c'est de ne pas utiliser l'arrogance à votre poste et à
votre parti pour dire que, parce qu'il y a eu telle ou telle chose, on en est
rendus aujourd'hui à avoir tous les permis et toutes les permissions
possibles. Je vous dis simplement, M. le Président, sur la question de
règlement, qu'il me semblait que vous aviez un peu dépassé
les bornes et il me semblait important de vous le dire.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je vous
inviterais à relire les minutes, les galées de la commission
parlementaire et vous apprécierez.
M. Jolivet: On le fera.
Le Président (M. Bélanger): Vous
apprécierez. Je me sens tout à fait à l'aise. Nous
revenons à notre article. M. le député de Joliette, vous
aviez demandé la parole pour déposer un sous-amendement.
M. Chevrette: Pouvez-vous le distribuer?
Le Président (M. Bélanger): II y a un
problème de forme dans le sous-amendement, mais on ne s'arrêtera
pas là-dessus.
M. Chevrette: C'est un sous-amendement au lieu d'un
amendement?
Le Président (M. Bélanger): Oui. C'est le
sous-amendement apporté à l'article 149... "... est
amendé, dans la première ligne, par le remplacement du mot "peut"
par le mot "doit". " Est-ce qu'on a des copies pour tout le monde?
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas
nécessaire. On est d'accord, ce n'est qu'un mot qui change, soit "peut"
par "doit". Est-ce qu'on peut entendre le député de Joliette sur
son sous-amendement? Est-ce qu'on peut vous entendre sur votre sous-amendement
s'il vous plaît?
M. Chevrette: Oui, c'est parce que je pensais que vous le
distribueriez pour que tout le monde en prenne connaissance.
Le Président (M. Bélanger): Quand il est plus
compliqué, on le distribue.
M. Chevrette: Je me suis fait jouer un tour pour la
cigarette.
M. le Président, l'objectif est clair, pas compliqué et
simple. C'est de s'assurer que, conformément à l'esprit du
ministre qui veut absolument donner préséance à ceux qui
sont en place, d'autant plus qu'il peut juger, pour cause, les motifs de
révocation par la suite, de créer, à la corporation, le
devoir de conclure une entente, l'obligation de conclure une entente. Nous
précisons qu'à défaut d'entente dans les
négociations de gré à gré... Un amendement
sèchement déposé pourrait être
interprété comme n'ayant aucun sens s'il n'était pas suivi
d'un amendement. Nous disons: Doit conclure une entente ici, l'obligation de
conclure, et on arrivera avec un mécanisme dans le cas d'une
mésentente à la suite de négociations de gré
à gré. Le texte de loi sera cohérent à ce
moment-là. Mais on doit démontrer qu'il y a véritablement
une obligation.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre,
avez-vous une intervention?
M. Dutil: M. le Président, je pense avoir fait toutes les
interventions sur ce sujet-là. Il y a une question de différence
d'opinion juridique là-dessus et moi, je comprends très bien le
texte. Il faut d'abord commencer par permettre de conclure avant de dire que tu
dois négocier, que tu dois, etc.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, je ne sais pas, mais il est
bien évident qu'on peut permettre et dans le fond, on devrait permettre,
la négociation pour en arriver à une conclusion obligatoire. On
peut jouer cela n'importe comment cette chose-là. Il reste une chose qui
doit être claire, d'accord? On peut interpréter à gauche,
à droite, à l'envers, à l'endroit et l'histoire du gars
qui virait lourd, on peut l'interpréter n'importe comment, sauf qu'il y
a une chose qui doit être claire et qui ne laisse pas une porte ouverte
à l'interprétation une fois que la loi sera adoptée. C'est
qu'après la négociation, qu'on l'ait permis ou pas, on suppose
qu'on l'aura permis, et qu'on a le droit de conclure une entente - de toute
façon, quand on donne le droit, implicitement le droit à la
négociation, c'est dans l'hypothèse qu'il va y avoir une entente
sinon on ne donnerait pas le droit à la négociation - il faut en
fin de compte être certain que la corporation a l'obligation de tout
faire pour en arriver à conclure une entente. Ce n'est pas ce qu'on
retrouve là-dedans. Qu'il y ait une obligation d'en finir par une
entente. Si ce n'est pas le cas, à ce moment-là, on va se
retrouver avec plein de trous.
J'écoutais le président dire tout à l'heure: Quand
cela ne marchera pas, on ira devant les tribunaux. Si on veut
légiférer par le biais des tribunaux, à ce
moment-là, quelqu'un s'est prononcé là-dessus justement
dernièrement, le candidat d'Anjou, en disant: Oui, on va
légiférer par le biais des tribunaux, ce n'est pas grave. Mais
messieurs les ministres, la plupart de vos collègues ne disent pas la
même chose en Chambre. On dit: Non, les tribunaux, c'est seulement
à la limite, mais il ne faut pas leur laisser plus de place qu'il faut
non plus. Et vous l'avez dit vous-même, vous avez utilisé à
plusieurs reprises le terme étanchéité, vous avez bien
compris? Étanchéité, qui veut dire: être
étanche.
M. Dutil: C'est en plein cela.
M. Claveau: Quand c'est étanche, cela veut dire qu'on ne
laisse pas trop de trous pour que cela passe, c'est en plein cela? Une
passoire, ce n'est pas étanche, à votre avis? Non? On est
d'accord là-dessus?
M. Outil: En plein cela!
M. Claveau: Bon. Si vous faites un article dans lequel il y a une
passoire, qui peut conclure au lieu de donner l'obligation de conclure, vous
venez de perdre votre principe d'étanchéité. Parce que si
vous n'obligez pas d'en venir à une entente en conclusion, par le biais
d'une conciliation ou autrement, vous devrez légiférer ou
décréter chaque fois pour vous assurer qu'il y ait une entente.
Il est très rare que, quand il n'y a pas d'obligation d'en arriver a une
entente, les parties, dans quelque domaine que ce soit, vont se contenter de
signer s'il n'y a pas une obligation formelle de le faire quelque part. Je
pense que vous devez savoir de quoi on parle, ce n'est pas sorcier, cela fait
partie de tous les mécanismes humains et de toutes les organisations
sociales. Là où il y a de l'homme, a y a de l'hommerie", comme on
dit. C'est le cas. (23 h 15)
Quand il y a une possibilité d'aller plus loin dans la
négociation on s'en sert tout le temps. Quand il y a une
possibilité de faire décider par un tiers en cas de conflit, on a
tendance aussi à aller jusque-là. La plupart du temps ce sont les
tribunaux. La preuve c'est que tout le monde va devant les tribunaux quand on
ne réussit pas à s'entendre. Mais dans ce cas, cela va être
le ministre qui devra aller par décret ou autrement parce qu'il n'aura
justement pas fermé la clause afin d'obliger d'en arriver à la
conclusion d'une entente. Et on pourrait, à ce moment, comme c'est le
cas dans les relations de travail en règle générale,
à la limite, si la négociation comme telle n'a pas permis de
prévoir des mécanismes de conciliation, d'appel, etc., qu'on
oblige la conclusion d'une entente. Ce n'est pas ce qu'on trouve là.
M. Dutil: J'aimerais avoir un exemple de l'obligation d'une
conclusion d'entente avec arbitrage en ce qui concerne l'aspect financier entre
l'État, un sous-entrepreneur et quelqu'un qui lui donne un service. M.
le Président, je vous donne un exemple de l'argumentation qui est faite.
Même en ce qui a trait aux policiers, il y a un système de
négociations entre la Sûreté du Québec et le
gouvernement qui est l'employeur. Mais malgré le fait qu'il y ait un
processus d'arbitrage non obligatoire, l'État n'est pas obligé
d'accepter les conclusions d'arbitrage. Je pense que le député
d'Ungava sait à quoi...
M. Jolivet: C'est pour cela que vous avez donné 10 % la
dernière fois.
M. Dutil: Pardon?
M. Jolivet: C'est pour cela que vous avez donné 10 % la
dernière fois et 3, 5 % aux autres.
M. Dutil: Et je me réfère au conflit... M. Jolivet:
Oui, oui, c'est vrai.
M. Dutil:... qu'il y avait eu, vous vous rappeliez, lors de la
visite du pape. Il y avait eu un arbitrage...
Une voix: M. le ministre...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va laisser M. le ministre terminer.
M. Dutil:... et l'État n'était pas obligé de
respecter l'arbitrage et ne l'a pas respecté par décret
gouvernemental. Ce que je veux dire...
M. Chevrette: Vous parlez de n'importe quoi.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît, M. le député. M. le ministre,
continuez.
M. Dutil: M. le Président, le chef de l'Opposition a
quitté quelques minutes et il n'a pas suivi le débat parce qu'il
y a une chaîne très logique entre tout ce que j'ai dit jusqu'ici.
Je sais que le député d'Ungava peut le confirmer, c'est un homme
honnête. Il comprend ce à quoi je me réfère parce
qu'il est en train de nous proposer un mécanisme d'arbitrage pour
conclure des contrats.
M. Chevrette: Cela va venir. 1916.
M. Dutil: C'est cela que je sens venir, un mécanisme
d'arbitrage qui lierait le gouvernement, j'imagine?
M. Chevrette: Ah! vous verrez en temps et lieu. On attend vos
amendements.
M. Claveau: Ce que vous me dites, M. le ministre... Je n'ai pas
fini mes 20 minutes. Dans le cas de mes 20 minutes j'ai toujours le droit de
répliquer tant que...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Oui, oui, mais il y avait M. le député de Laviolette qui avait
demandé la parole avant.
M. Claveau: Oui, mais c'est la continuité de mon
intervention, M. le Président. Au lieu de la faire tout d'un bout j'ai
le droit de revenir.
Le Président (M. Bélanger): Là on
marchait...
M. Dutil: On peut faire un arbitrage avec le député
de Laviolette.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, vous permettez qu'on reconnaisse M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Je vais juste reprendre rapidement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava la parole est à vous.
M. Claveau: Le ministre me donne l'exemple d'un employé de
l'État par rapport à son employeur. Les policiers ne sont pas
à contrat pour l'État, ils sont employés de l'État
avec des conventions de travail. Bon! C'est la même chose que dans une
entreprise, un employé et un employeur. À ce moment la dynamique
n'est pas la même que quand tu as affaire à un "contractant"
où tu as juste à signer un contrat et si cela ne fait pas
l'affaire, tu vas en chercher un autre. Ce qui n'est pas le cas quand il y a
des relations de travail d'établies. Dans le cas présent le
ministre dit: Quand on passe un contrat on n'est pas obligés d'en
arriver à une conclusion. C'est vrai dans la mesure où il y a
différents employeurs. Si on s'en va, à titre d'exemple, au
ministère des Transports où on passe des contrats quotidiennement
pour des réparations de routes, etc, le nombre de fournisseurs est
illimité à toutes fins utiles, le nombre de "contractants"
potentiels; il peut y en avoir tant que le marché le permet. Ce n'est
pas fermé comme c'est le cas actuellement dans... d'une part, et d'autre
part, si la personne ou l'entrepreneur n'a pas le contrat prévu avec le
ministère des Transports il y a toujours un autre paquet de
possibilités de soumissionner. Que ce soit pour Hydro-Québec,
pour une municipalité sous contrat, pour une compagnie
forestière, minière etc. La gamme est vaste autant à
l'égard des entrepreneurs qu'à l'égard des gens qui font
appel à ces contrats. Ce qui n'est pas le cas actuellement. Il y a un
nombre limité d'individus, de compagnies, de corporations qui peuvent
faire affaire parce que le bassin est quand même limité. On donne
une "préférentielle", comme dit le ministre à tour de
bras.
D'autre part, il y a un seul employeur possible qui a une
exclusivité, la Corporation d'urgences-santé de la région
de Montréal métropolitain. Dans ces conditions, où
voulez-vous que les jeux du marché, que les forces du marché
agissent? Comment voulez-vous que les forces du marché agissent? D'autre
part, vous n'avez pas le contrôle sur la gestion du contractant. Vous
n'avez pas le contrôle sur la gestion du propriétaire de la
machinerie. Le seul contrôle que vous avez, c'est sur votre gestion, sur
celle de la corporation. À ce moment-là, comment voulez-vous que
l'on puisse établir une véritable dynamique pour en arriver
à des ententes, à la suite de négociations, sans qu'il y
ait, dans la loi, obligation d'en arriver à cette conclusion de
négociation? Sinon, à tous les coups, M. le ministre et vous
saurez me dire le contraire, il y aura, soit une partie ou une autre qui ira
devant vous ou qui ira devant les tribunaux pour faire respecter ses droits ou
pour essayer d'aller encore un peu plus loin par rapport à l'offre ou
à la demande.
C'est fa triste réalité, parce qu'il n'y a pas de
solution. Si tu n'as pas de contrat, tu ne peux pas te revirer de bord, il n'y
en a pas d'autre qui engage pour des ambulances. C'est la triste
réalité. Vous ne pouvez pas me contredire là-dessus.
D'autre part, j'aurais peut-être une petite question
complémentaire à vous poser par rapport
à cela: Est-ce que la corporation va être obligée
d'offrir, en ce qui concerne les offres au commencement des
négociations, les mêmes conditions à tous les entrepreneurs
ou à tous les propriétaires de véhicules pour des
équipements et des véhicules de qualité
équivalente? Est-ce que la base des négociations va être la
même pour tout le monde?
M. Dutil: Je veux vérifier dans la loi où c'est et
de quelle façon c'est écrit. Il est évident que c'est ce
qui va se passer, mais ii faut que ce soit écrit dans la loi.
M. Claveau: Oui.
M. Dutil: Les normes d'équipement. L'article 149. 20: "Les
normes d'équipement, de fonctionnement et d'inspection des
opérations des services d'ambulance, celles relatives à
l'évaluation de la qualité de ces services ainsi que les
qualifications du personnel qui y est affecté, prévues à
un règlement pris en application..., s'appliquent, compte tenu des
adaptations nécessaires et de la nature des activités
exercées, à tout propriétaire ou à toute
municipalité qui ont conclu un contrat... " Non, cela ne
réfère pas aux tarifs.
M. Claveau: Ce sont les normes, ce n'est pas la base des
négociations.
M. Dutil: Ce sont les nonnes. La question, c'est: Est-ce qu'on
peut donner moins à l'un qu'à l'autre. Alors...
M. Claveau: Est-ce que vous pouvez offrir, par exemple,...
M. Dutil: C'est cela.
M. Claveau:... dans le cas d'un contrat...
M. Dutil: Oui.
M. Claveau:... est-ce que vous pouvez commencer la
négociation à 20 $ l'heure...
M. Dutil: C'est cela.
M. Claveau:... et dans le cas d'un autre la commencer à 16
$ l'heure?
M. Dutil: Ce n'est pas là où on la commence qui est
important, c'est là où on la finit.
M. Claveau: Oui, mais l'offre de départ est importante.
Vous comprendrez que l'offre de départ est importante dans...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Claveau:... le comportement des parties lors de la
négociation.
M. Dutil: Pour donner un exemple qui a été
cité en Chambre dernièrement, ce qui compte, ce n'est pas le
départ de la course, c'est l'arrivée. Le gagnant, ce n'est pas
celui qui est parti le plus tôt...
M. Jolivet: C'est ce qu'on a vu à Blue Bonnets.
M. Claveau: C'est important que les deux puissent partir...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Claveau:... dans les mêmes conditions, par exemple.
M. Chevrette: Ce n'est pas votre meilleur exemple.
M. Dutil: Non, mais quoi qu'il en soit...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Claveau: Cela peut drôlement conditionner...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Il ne faudrait pas faire ce qu'on reprochait tout
à l'heure. M. le député d'Ungava, c'est à vous la
parole.
M. Chevrette: On a pris l'exemple de vous, M. le
Président.
M. Claveau: Ce que je voulais dire...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Claveau:... c'est que les conditions du départ peuvent
drôlement conditionner l'arrivée.
M. Dutil: M. le Président, évidemment, les
conclusions... Les contrats négociés de gré à
gré ou décrétés devront être les mêmes.
On ne pourra pas dire, parce qu'on aime moins quelqu'un, qu'il va avoir moins
et parce qu'on aime plus quelqu'un, il va en avoir plus.
M. Claveau: À quelle place est-ce écrit? M.
Dutil: C'est évident.
M. Claveau: À quelle place retrouve-t-on cette obligation
de la corporation?
Le Président (M. Bélanger): Ce n'était pas
à vous la parole.
M. Dutil: Ce n'est pas écrit spécifiquement, mais
à l'article 149. 16, on retrouve: "aux conditions
déterminées par le gouvernement"... Je veux
dire qu'actuellement le régime fait qu'on offre la même
chose à tout le monde. C'est le régime, c'est la situation. Sauf
qu'évidemment il y a des conditions particulières en
régions, mais là je parle de Montréal. C'est de cela qu'on
parle?
M. Claveau: Oui. On parle du territoire concerné par la
corporation.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Claveau: En tout cas, ce n'est pas évident non
plus.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous avez
terminé? M. le député de Laviolette?
M. Jolivet: M. le Président, je me pose toujours la
même question: Qu'est-ce qui est caché en dessous de cette
obstination, de cet entêtement de refuser un tel amendement? Tout
à l'heure, on disait que le commencement de la course, parfois, ce n'est
peut-être pas ce qui est important. C'est le résultat de la
course. Pour faire une petite blague en passant, en 1957, le long de la ligne,
je ne sais pas si c'est à Calgary ou à Edmonton un joueur des
Alouettes de Montréal s'est fait enfarger par quelqu'un, vous vous en
souvenez, ce qui a fait que la Coupe Grey a été perdue par
Montréal cette année-là. C'est aussi le résultat de
la course qui est important. Je pense que le ministre doit le comprendre. C'est
parce que le ministre ne suivait pas le football dans le temps, mais on se
souviendra toujours de ce qui s'est passé le long de la ligne. À
l'époque, à la ligne de jeu, quelqu'un a enfargé le joueur
des Alouettes de Montréal et son équipe n'a pas gagné la
Coupe Grey à cause de cela. C'est simplement pour vous dire qu'il y a le
départ et qu'il y a l'arrivée aussi. Ce que je vous dis ici - il
ne le comprendra jamais - c'est: Qu'est-ce qui est caché en dessous du
fait que le ministre ne veut pas accepter "doit" plutôt que "peut"? Je
pense avoir une idée là-dessus... Je vais arrêter de parler
parce que le ministre n'écoute pas, ce qui fait que je ne
réussirai pas à le convaincre.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît!
M. Dutil: M. le Président, j'ai compris. Le chef de
l'Opposition vient de me l'expliquer.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. Dutil: C'était très clair.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Dutil: Pour le point manqué des Alouettes.
M. Jolivet: Ah bon!
M. Chevrette: Je suis plus vieux, moi, je m'en souviens.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Alors, j'en viens au fait suivant: qu'est-ce qui est
caché dans le fond de la pensée du ministre de refuser le "doit"?
Peut-être qu'il ne s'en est pas aperçu et que je peux le
convaincre. C'est toute la question de la déréglementation. Si
j'ai bien compris, il arrive que nous passerons de ce qui est actuellement
connu, prenons Montréal, prenons ailleurs, n'importe où, vers le
nouveau système d'une corporation, organisme sans but lucratif, laquelle
corporation va avoir à donner des services. Elle va donc devoir signer
des premiers contrats. Je comprends bien qu'elle doit signer des premiers
contrats. Là où on ne s'entend pas, c'est entre les articles 149.
15 et 149. 16. Je reviens pour bien expliquer parce qu'on a joué dans
les deux articles; si je prends l'article 149. 16, on dit: La corporation doit,
pour l'ensemble des premiers contrats de location d'ambulances à
être signés, négocier de gré à gré,
aux conditions déterminées par le gouvernement, avec etc. Et
là, on dit: S'il n'y a pas d'entente, à ce moment-là, le
gouvernement fixera. Chut!
M. Dutil: Le député de Laviolette... M. Jolivet:
Je n'ai pas fini.
M. Dutil:... vient de demander au député de
Lévis de se taire, si j'ai compris?
M. Jolivet: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
laissez le président faire cela.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Mais, je continue. Donc, dans le deuxième
article, on dit: La corporation doit. Puis, on dit: Doit négocier de
gré à gré. Pour pouvoir négocier de gré
à gré, il faut que j'aie quelqu'un devant moi pour
négocier. La corporation va négocier avec un propriétaire
d'ambulances. Si elle négocie avec un propriétaire d'ambulances,
il faut que celui-ci ait la possibilité d'y arriver. Donc, il est faux
de prétendre que s'il n'y a pas entente, c'est le gouvernement qui
décide, comme vous le disiez tout à l'heure, M. le
Président, dans votre intervention comme député de
Laval-des-Rapides. C'est faux de prétendre cela. C'est seulement
lorsqu'il y a négociation, ce qui implique que la corporation doit donc
conclure, parce que si elle ne veut pas le faire, elle ne négociera
même pas.
Je prends l'exemple, qu'il y a huit entreprises qui viennent devant la
corporation; parmi les
huit, il y en a une que la corporation ne veut pas voir. Où
est-ce qu'elle a l'obligation de négocier? Où est-ce qu'elle a
l'obligation de conclure? Il n'y en a pas. Vous allez dire: Ah! un instant, la
corporation, l'entreprise, voyant qu'elle ne veut pas négocier, va se
retourner du côté du ministre et va dire: Écoutez, M. le
ministre, elles ne veulent pas négocier. Donc, si elles ne veulent pas
négocier, le ministre peut dire: Je vais décider. Là, il
pose un décret. Il pourra dire: Moi non plus, je ne veux pas
négocier avec toi. Qu'est-ce qui arrive? Il arrive que l'entreprise va
se tourner du côté des tribunaux.
Durant ce temps-là, le trou qui est laissé par les sept,
huit, neuf ou dix ambulances que l'entreprise avait va être comblé
par qui? Deuxièmement, elle, elle va faire quoi avec ses ambulances
durant ce temps-là? Va-t-elle être obligée de les vendre
à quelqu'un d'autre qui va avoir la face plus acceptable par la
corporation et par le ministre? À ce moment-là, elle va les
vendre dans des conditions telles qu'on va se retrouver comme quand une
personne a une maison à vendre. On sait qu'elle est obligée de la
vendre parce qu'elle est en faillite ou qu'elle n'a pas le choix; si elle ne la
vend pas, elle a des problèmes, elle est mieux de la vendre. Les gens
l'apprennent rapidement, donc on va lui offrir... Puis, à un moment
donné, elle va être obligée de la vendre au prix que la
personne veut acheter et non au prix qu'elle veut vendre. (23 h 30)
Et là, on vient de me dire que la corporation peut conclure, que
ce n'est pas grave. Écoutez, si on veut être logiques, il y a tant
d'entreprises sur le territoire, puis la nouvelle corporation arrive; bien, la
nouvelle corporation va devoir conclure quelque chose avec elle. Après
cela, elle négociera de gré à gré. Puis si cela ne
marche pas, le ministre imposera ses vues. Mais pas comme on le dit là,
parce que la personne, dès le départ, ne sera même pas
acceptée dans le bureau pour aller négocier. On va lui fermer la
porte.
Vous allez dire: Ah! mon Dieu Seigneur, que le député de
Laviolette est pessimiste! J'aime mieux avoir prévu les choses que de me
faire dire que je suis trop optimiste. Pourtant, les gens qui me connaissent
savent que je suis un homme optimiste de nature, mais pas naïf. J'ai eu
à négocier bien des choses dans ma vie, mais je peux vous dire
que je n'ai pas accepté du premier souffle ce qu'on disait en face de
moi, parce que si j'avais accepté, cela ferait longtemps qu'il y a des
choses qui n'auraient pas existé. La négociation se fait à
condition que les deux parties veuillent bien négocier, qu'il y ait des
obligations.
Le gouvernement décide de changer les systèmes dans
lesquels nous sommes. Bien, il doit prendre ses responsabilités, il doit
mettre ses culottes. Il doit être capable de dire: La corporation n'a pas
le choix, c'est le premier contrat qu'on signe. S'il faut différencier
le premier contrat des suivants, peut-être que là, le ministre
aurait raison, parce qu'il faudrait distinguer le premier lot de personnes qui
va arriver à la corporation de tous les autres qui veulent suivre. Et
pour tous les autres qui veulent suivre, peut-être qu'il aura le choix
d'accepter ou de refuser, parce qu'il va mettre les autres en péril.
Peut-être qu'il faut le distinguer comme cela. Mais pour le premier coup,
la première négociation, la corporation n'a pas le choix: elle va
devoir négocier, elle va devoir conclure avec eux. Mais si elle n'a pas
le devoir, l'obligation de conclure et si elle peut le faire, il va arriver des
difficultés dès la négociation du premier contrat.
Il me semble que cette logique se comprend. Ce n'est pas là pour
rien. C'est là parce qu'on change le système. Si on ne le
changeait pas, on resterait comme c'est là et il n'y aurait pas de
problèmes. Mais là, on le change. Est-ce que, à ce
moment-là, on veut distinguer? Bien, la distinction pourrait être
de dire qu'à la conclusion du premier contrat, la corporation n'aura pas
le choix de prendre tous ceux qui sont là, de conclure un contrat avec
tout propriétaire d'ambulances qui est là. Et elle doit le faire
dans telles et telles conditions. Cela, c'est l'article 149. 16.
Le ministre dit: On veut donner un service de qualité et
protéger tout le monde. Bien, qu'il donne la preuve de la protection
qu'il veut accorder. Qu'il accepte notre amendement qui va lui permettre,
à ce moment-là, de donner l'assurance aux propriétaires
actuels qu'ils ne feront pas l'objet de discrimination pour toutes sortes de
raisons, discrimination qui va avoir pour effet de jouer aussi sur l'ensemble
des travailleurs de cette entreprise. Il me semble que pour pouvoir passer
à l'étape 2, j'ai toujours appris qu'on faisait d'abord
l'étape 1. L'étape 1, c'est l'obligation de conclure des choses.
Ces choses à conclure, c'est donc l'obligation de conclure un contrat au
terme duquel le propriétaire met à la disposition exclusive de la
Corporation - parce qu'on a battu l'amendement - des ambulances aux points de
services et selon les horaires qu'elle détermine.
Il me semble que c'est la logique même. Mais si on veut, dans les
contrats futurs, donner cette possibilité de conclure ou de ne pas
conclure, bien oui, allons, mettons un article disant que lors du
deuxième contrat ou des contrats subséquents, elle pourra... Mais
là, ce que j'essaie de protéger, ce sont ceux qui existent
actuellement, parce que plus loin, on va dire à un autre article qu'on
va révoquer. Mais admettons que le propriétaire n'a même
pas eu l'occasion d'aller discuter, d'aller négocier avec les personnes
et qu'on lui enlève en plus son permis en vertu des autres articles, on
va avoir l'air fou tout à l'heure. Un propriétaire d'ambulances
se verra donc enlever tous les droits qu'il a.
Moi, je peux faire confiance - je le dis
souvent au ministre en place - mais je ne suis pas sûr de lui
faire confiance continuellement. On ne sait même pas, d'abord, s'il sera
encore là dans une semaine ou deux. Il occupera peut-être un autre
poste. Une chose est certaine, c'est qu'il risque peut-être de perdre son
poste actuel et, alors, ce n'est pas lui qui va négocier. Ce sont des
questions qu'il faut se poser et pour lesquelles il faut
s'inquiéter.
Je sais que la députée de Deux-Montagnes essaie de
convaincre le ministre, mais elle l'empêche de m'écouter, par
exemple!
Mme Legault: II est en train d'écrire son poème.
Attendez qu'il art écrit son poème.
M. Jolivet: Je peux attendre quelques instants, M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): La parole est à vous. Je
suis persuadé que, d'une oreille attentive...
M. Jolivet: Je sais que la parole est à moi, mais
l'écoute n'est pas à moi.
Une voix: C'est la parole qui...
M. Chevrette: Non, non, ne lâchez pas si vous pouvez le
convaincre.
M. Garon: Je me demande ce qu'il fait après minuit.
Dis-lui qu'elle lui demande ce qu'il fait après minuit.
M. Jolivet: Je comprenais que la députée de
Deux-Montagnes, humaine comme elle est, capable de réconcilier, essayait
de convaincre le ministre de notre point de vue, sauf que je suis sûr
qu'elle va prendre la parole et qu'elle va lui dire qu'effectivement, c'est
l'occasion voulue de donner l'assurance aux propriétaires actuels
d'ambulances qu'ils doivent être protégés par une
décision du ministre. C'est le ministre qui, à la suite de
négociations, a décidé de changer le système.
Je vais vous donner une autre analogie. Je m'excuse, M. le
Président, de prendre toujours la même, mais elle est là
quand même. Je me souviens que, le 27 décembre, j'étais
chez moi, devant mon téléviseur et je regardais le ministre de
l'Agriculture, tout heureux de se pavaner à la télévision,
qui disait: J'ai enfin trouvé une solution pour Blue Bonnets. Regardez
où on se retrouve six mois après. Écoutez, c'est une
analogie importante, M. le Président. Cette personne disait: Faites-moi
confiance, j'ai trouvé la solution. Il est encore en train de
négocier, au moment où on se parle, avec les syndiqués et
les propriétaires de chevaux, et il n'est même pas sûr que
le 30 juin, il va y avoir des courses à Montréal. Là, vous
allez me dire de vous faire confiance, de ne pas m'inquiéter, que
ça va bien aller? Je n'en suis pas sûr. Je ne suis pas capable de
faire ça. Je ne suis pas capable de donner un chèque en blanc au
ministre, parce qu'il faut assurer à l'ensemble des propriétaires
d'autobus - excusez-moi, je suis rendu dans les autobus scolaires -
d'ambulances...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Cela galope. Cela galope.
M. Jolivet: Cela galope? D'ambulances. Tout à l'heure, je
suis allé fouiller dans le transport scolaire; c'est pour cela que j'ai
dit "autobus".
Une voix:...
M. Jolivet: Chevaux au galop.
Donc, pour donner l'assurance aux propriétaires d'ambulances que,
demain matin, ce qu'ils ont investi - et le ministre l'a souvent entendu dire
de la part de mon collègue, le député de Joliette, qu'il y
en a, dans certains secteurs au Québec, qui sont des entreprises
familiales - durant nombre d'années ne sera pas mis à perte, que
ce ne sera pas perdu pour eux, c'est dans ce sens-là que j'essaie de
convaincre le ministre, et j'espère que ses collègues, dont la
députée de Deux-Montagnes, prendront la parole pour le
convaincre, de changer le "peut" par "doit" et d'accorder au moins de temps en
temps un amendement à l'Opposition pour bonifier son projet de loi.
M. Claveau: M. le Président.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Rapidement, M. le Président. Je vais vous dire
honnêtement que ce n'est pas particulièrement le sort des
propriétaires qui me fatigue le plus. Ces gens-là
réussiront toujours à s'en sortir, d'accord? Ce n'est pas ce qui
me fatigue le plus, en ce qui me concerne. Quand je vous dis qu'il faut que
votre imperméabilité et que votre tapis mur à mur...
Mme Vermette: C'est une question de principe.
M. Claveau: Je ne suis pas trop inquiet de l'avenir des
propriétaires dans la mesure où la plupart sont quand même
des gens... Sans pour autant aller contre les principes, soyons clairs. Ne me
faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais ce n'est pas ce qui me
préoccupe.
Ce qui me préoccupe fondamentalement, c'est justement le service
que vous voulez donner par le biais de la création de la corporation.
Dans la mesure où vous permettez aux propriétaires d'exercer des
moyens de pression supplémentaire et où ils auront aussi juste de
la tôle, maintenant... C'est vrai! C'est vrai! Rappelez-vous... Je vais
vous donner un très bel
exemple, M. le ministre. Avez-vous entendu parler de la grève de
la machinerie forestière, en mai 1981, en Abitibi?
M. Dutil: Oui, oui.
M. Claveau: Hein? Les gens qui sont en forêt et qui sont au
courant de ça, avez-vous entendu parler de cette grève, en mai
1981? Ce n'était pas drôle, dans l'industrie forestière.
Les travailleurs de la forêt, propriétaires de leur machine,
n'avaient pas le droit de faire la grève et il voulaient revendiquer
globalement des choses aux compagnies forestières, aux scieries, aux
papeteries, à tous les gens dans l'industrie forestière pour
lesquels ils travaillaient à contrat. Ils n'avaient pas le droit de
faire la grève. Savez-vous ce qu'ils ont fait? Ce sont les machines qui
ont fait la grève. C'est exactement comme cela que ça s'est
passé. Ils ont dit: Nous, on ne fait pas de grève, c'est notre
machine qui ne veut plus travailler.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Puis, ils ont bloqué toutes les routes de
l'Abitibi, la 113, la 117, la 109. Ils ont dît: Moi, je ne suis pas en
grève, ma machine ne veut pas travailler! Regardez, elle est dans le
chemin et elle ne travaille plus!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est exactement ce qui s'est passé. Vous
riez, M. le ministre. Vous irez voir dans les annales du syndicalisme au
Québec.
Mme Vermette: Qu'est-ce qu'ils ont fait au Stade olympique? Ils
ont fait la même chose. Ils se faisaient payer à temps double.
M. Claveau: C'est ce qui s'est passé. C'est ce qui est
arrivé. Pourquoi nos propriétaires ne feraient-ils pas la
même chose? Savez-vous que cela a créé du trouble dans
l'industrie forestière? Il y a bien des travailleurs syndiqués
dans les papeteries, dans les scieries, qui ont passé proche de perdre
"leur job" à cause de cela, parce que les compagnies n'étaient
plus capables d'honorer les contrats. Et puis, les seules de qui elles
dépendaient pour entrer l'eau au moulin, si vous voulez - dans ce
cas-là, c'était du bois au moulin - c'étaient les
"skideuses", puis les "bûcheuses", puis les "ébrancheuses" des
petits entrepreneurs qui travaillaient avec leurs machines. Mais eux
n'étaient pas en grève, c'étaient leurs machines qui ne
travaillaient plus; elles ne voulaient plus travailler.
Une voix: Les "écorceuses"?
M. Claveau: Non, les "écorceuses" sont à
l'intérieur du moulin, la plupart du temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Normalement, vous avez une "bûcheuse", une
"ébrancheuse", puis une "skideu-se". Et puis là, vous arrivez
là-bas et vous avez besoin d'un chargeur.
Une voix: Le député d'Ungava s'adresse-t-il au
Président?
M. Claveau: Non, mais c'est vrai. On fait bien des farces mais
c'est cela qui s'est passé. Et quand j'interviens pour dire à M.
le ministre de s'organiser pour que les gars n'aient pas trop de
possibilités de faire des pressions sur lui ou sur sa corporation, parce
qu'il va être obligé de trancher chaque fois, en bout de piste,
l'avenir du propriétaire de la tôle ne me fatigue pas trop. Mais
ce qui me fatigue, par exemple, c'est la continuité dans le service
qu'eux autres sont en mesure d'interrompre. Eux autres peuvent interrompre le
service auquel vous avez droit. C'est cela qu'il faut voir, entre autres en
leur permettant de pouvoir étirer les négociations parce qu'il
n'y a pas possibilité de conclure; entre autres, en leur permettant de
pouvoir vous refiler des véhicules de moins bonne qualité, parce
que ce n'est pas sur la qualité du véhicule que vous avez
signé un contrat mais sur le permis qui se rattache à ce
véhicule-là, etc. Et vous laissez dans votre loi plein de
possibilités aux fournisseurs de tôle de vous créer des
pressions qui pourraient éventuellement se traduire par une grève
des ambulances à Montréal. Ce n'est pas la faute des
propriétaires, ce sont les ambulances qui ne veulent plus se rendre sur
les lieux de travail!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: On l'a vu en Abitibi, dans la machinerie
forestière. Pourquoi est-ce que cela ne se verrait pas dans ce
cas-là? On n'est pas plus épais en Abitibi qu'ailleurs. Non, mais
ce sont des choses qui peuvent arriver. Alors pourquoi le ministre ne va-t-il
pas tout de suite au bout de la logique de cette loi-là? Qu'il ferme
toutes les possibilités, comme il l'a dit. Qu'il oblige des
négociations jusqu'en bout de piste pour s'assurer qu'il n'y aura pas de
pressions indues qui pourraient être faites sur lui ou sur la corporation
par les propriétaires de tôle. Ou bien, qu'il aille
carrément à l'étatisation pour l'ensemble de la machine,
la corporation étant une machine administrative, si vous voulez, de A
à Z, intégration verticale de haut en bas, et à ce
moment-là, on pariera tous de la même chose et on sera certains
que quand on voudra faire fonctionner nos machines le matin, ce n'est pas la
grippe qui va empêcher l'ambulance de se rendre à son lieu de
travail.
On rit, mais ce sont des choses qui sont arrivées.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Comprenez-vous cela, M. le ministre? C'est
arrivé, des machines qui ont fait la grève.
Le Président (M. Laporte): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: On rit, mais ce n'est pas drôle.
Le Président (M. Laporte): Avez-vous terminé votre
intervention, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Oui, oui, j'ai fini. J'espère que le ministre
a compris.
Le Président (M. Laporte): II y avait Mme la
députée de Marie-Victorin, mais j'Imagine...
M. Chevrette: Ah! Cela va! Mme Vermette: Cela va.
Le Président (M. Laporte): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Mais moi, ce que...
M. Jolivet: La députée de Deux-Montagnes ne parle
pas?
Mme Legault: Non, non...
Le Président (M. Laporte): Elle n'a pas demandé la
parole. M. le chef de l'Opposition. (23 h 45)
M. Chevrette: M. le Président, qu'arriverait-il si les
entrepreneurs utilisaient des moyens de pression administratifs, de leur
côté, pour obtenir un rapport de forces?
M. Dutil: Si le service n'était pas accordé par les
entrepreneurs, on pourrait révoquer leur permis. Dans ce cas, ce serait
annuler le contrat.
Le Président (M. Laporte): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: J'avais le goût de faire un
parallèle... M. le Président, je demande le vote sur la
motion.
Le Président (M. Laporte): Vous demandez le vote?
Une voix: II révoque des permis, puis il les a abolis!
Le Président (M. Laporte): M. Dutil (Beauce-Sud).
M. Dutil: Je n'ai pas demandé le vote nominal.
M. Chevrette: Je ne veux pas faire rougir Mme la
députée de Deux-Montagnes.
Le Président (M. Laporte): Le vote est demandé sur
l'amendement visant à modifier le sous-amendement.
M. Chevrette: Adopté.
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Laporte): Rejeté.
M. Claveau: Adopté sur division.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai un amendement qui va
plaire au ministre, cette fois-ci, et il va l'accepter: Biffer ", autre qu'une
municipalité, ".
M. Dutil: Adopté.
M. Chevrette: Je vais l'expliquer.
M. Dutil: II est adopté, ce n'est pas
nécessaire!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Laporte): M. le chef de l'Opposition, si
vous voulez poursuivre...
M. Dutil: Est-ce qu'on peut procéder au vote sur l'article
149. 15, s'il n'y a plus d'amendement?
M. Chevrette: Non, non. Vous n'avez pas voulu. C'est vous qui
avez suggéré qu'on apporte un amendement et qu'on l'adopte
à la fin de tout.
M. Dutil: Est-ce qu'on peut conclure que la discussion sur
l'article 149. 15 est terminée?
M. Chevrette: Je vais vous dire cela dans 30 secondes.
Le Président (M. Laporte):... simplement permettre, M. le
ministre et M. le chef de l'Opposition, aux deux partis...
M. Chevrette: II est adopté, c'est sérieux? Une
voix: L'amendement est adopté.
M. Dutil: Oui, les mots ", autre qu'une municipalité, "
sont biffés de l'amendement que nous avions proposé.
M. Chevrette: C'est cela. C'est lui qui l'avait annoncé.
On s'en est parlé cet avant-midi.
II est en train de l'oublier, donc...
M. Dutil: Je ne l'ai pas oublié. Vous aviez à peine
mentionné le sous-amendement, que je disais: Adopté.
M. Chevrette: C'est la première fois que je vous vois
comprendre aussi vite.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On en a discuté longtemps, auparavant.
M. Dutil: Je comprends vite le bon sens, M. le
Président.
M. Chevrette: II a fallu vous en parler longtemps, ce matin.
C'est parce qu'ils ont eu le temps de vous le faire comprendre, cet
après-midi.
Le Président (M. Laporte): M. le chef de l'Opposition,
simplement pour les formalités...
M. Chevrette: Je propose, en bonne et due forme, un amendement
à l'article 149. 15 ayant pour effet de biffer les mots ", autre qu'une
municipalité, " après le mot "ambulances". Cela continuerait
correctement le texte qui se lirait ainsi: "La corporation peut conclure" -
puisque je n'ai pas été capable de faire passer "doit" - "avec
tout propriétaire d'ambulances un contrat de location aux termes duquel
le propriétaire met à la disposition exclusive de la corporation
des ambulances aux points de service et selon les horaires qu'elle
détermine. " Pour le moment...
Le Président (M. Laporte): Adopté.
M. Chevrette: Quoi? Est-ce l'amendement qui est
adopté?
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Laporte): C'est ce que vous proposiez, ce
dont vous avez fait la lecture.
M. Chevrette: C'est que vous avez dit: Adopté. J'ai lu
tout l'article et je ne veux pas me faire jouer un tour.
Le Président (M. Laporte): Pour ce qui est de
l'amendement, M. le chef de l'Opposition?
M. Chevrette: Adopté. M. Dutil: Adopté.
Le Président (M. Laporte): Adopté. L'article 149.
15.
M. Chevrette: Quoi?
M. Dutil: Non, c'est le sous-amendement.
Le Président (M. Laporte): C'est le sous-amendement, je
m'excuse, qui est adopté. M. le ministre.
M. Dutil: Nous étions en train de voir si nous avions
terminé les discussions sur l'article 149. 15, puisque nous avons
convenu ce matin de discuter l'ensemble des articles avant de les adopter, mais
d'achever la discussion sur chaque article.
M. Chevrette: C'est cela. Juste une petite question,
peut-être, au ministre... Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce que vous avez
à rire?
M. Dutil: Je vous écoute.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Cela vous force?
Le Président (M. Laporte): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: L'heure vous travaille?
M. Dutil: M. le Président, j'écoute le chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je ne vois pas pourquoi vous riez. J'aimerais cela
rire avec vous.
Le Président (M. Laporte): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Comptez-nous...
M. Dutil: C'est parce qu'il a mis "petite" devant le mot
"question".
Des voix: Ha, ha, ha! M. Chevrette: Bien quoi?
Le Président (M. Laporte): Je comprends qu'on peut
attribuer cela à l'heure tardive de nos travaux et à leur
longueur. M. le chef de l'Opposition, la parole est à vous.
M. Chevrette: M. le Président, je propose
l'ajournement.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Dutil: Adopté.
Le Président (M. Laporte): Les travaux sont
ajournés à lundi 10 heures, à la salle du Conseil
législatif. Bonne fin de semaine à tous!
(Fin de la séance à 23 h 51 )