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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 34, c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux et d'autres dispositions
législatives.
Est-ce qu'il y a des remplacements ce matin?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Blais
(Terrrebonne) sera remplacé par M. Claveau (Ungava), M. Joly (Fabre) par
M. Théorêt (Vimont), Mme Juneau (Johnson) par Mme Blackburn
(Chicoutimi) et M. Sirros (Laurier) par M. Cusano (Viau).
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous remercie.
Alors, sans plus tarder, j'appelle l'article 1 du projet de loi. M. le
député de Viau.
M. Cusano: M. le Président, vu qu'il y a certaines
discussions qui ont eu lieu derrière le trône, tel que c'est
souvent la pratique ici, à l'Assemblée nationale, je demanderais
l'ajournement de nos travaux jusqu'à 15 heures.
Le Président (M. Bélanger): C'est-à-dire
jusqu'après...
M. Cusano: Après la période de questions.
Le Président (M. Bélanger): Jusqu'après la
période de questions.
M. Cusano: Et aussi pour qu'on puisse permettre pendant ce
temps-là de procéder à d'autres remplacements.
Le Président (M. Bélanger): Alors, à 15
heures on reprendrait les travaux avec un nouvel ordre de la Chambre, si je
comprends votre proposition, et il y aurait possibilité de faire de
nouveaux remplacements. C'est bien cela?
M. Cusano: C'est cela.
M. Chevrette: M. le Président, sachant que... Je pense
qu'on peut dire le motif.
M. Cusano: Si vous le voulez.
M. Chevrette: II y a quand même des gens qui doivent se
demander ce qui se passe. Je voudrais dire que le ministre doit aller au
comité de législation à 11 heures et qu'il
déposerait éventuellement des amendements à 15 heures.
Donc, l'Opposition n'a pas d'objection à ce que le ministre puisse aller
au comité de législation et nous pourrons revenir à 15
heures, en gardant la dimension qu'on pourra avoir des remplaçants
à 15 heures, compte tenu des présences de chacune des formations
politiques.
M. Cusano: C'est bien.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien.
Alors, les travaux de la commission sont ajournés
jusqu'après la période de questions et des affaires
courantes.
(Suspension de la séance à 10 h 16)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Bonjour. La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 34, c'est la Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et d'autres dispositions législatives. Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des changements?
La Secrétaire: Compte tenu de la motion qui avait
été adoptée ce matin, ce soir, M. Chevrette (Joliette)
sera remplacé par M. Gendron (Abitibi-Ouest), mais pour le surplus les
changements restent les mêmes.
Le Président (M. Bélanger): Au moment où M.
Chevrette (Joliette) quittera, M. Gendron (Abitibi-Ouest) pourra le remplacer,
il n'y a pas de problème, et les autres changements restent les
mêmes?
La Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Avant d'appeler
l'article 1, je voudrais vous lire un télégramme que j'ai fait
parvenir au nom de la commission à la famille de Mme Francine McKenzie,
qui se lit comme ceci: "La commission des affaires sociales tient à se
joindre à tous les parents et amis de Mme Francine McKenzie pour offrir
à sa famille ses plus sincères condoléances. L'occasion
qui nous a été donnée de travailler en commission
parlementaire avec Mme McKenzie nous a fait connaître son profond
engagement et sa grande compétence dans les dossiers de la condition
féminine. Femme pondérée, tenace et profondément
convaincue des dossiers qu'elle défendait, ayant une grande vision de
l'avenir, elle a sû faire avancer cette cause qui lui tenait tant
à coeur. C'est avec consternation que nous avons appris son
décès. C'est une grande perte pour la cause des femmes au
Québec, mais son esprit demeurera longtemps parmi nous. La commission
des affaires sociales. " Donc, cela
nous convient, le texte est parti ce matin, d'accord?
Loi sur les services de santé et les services
sociaux
J'appelle donc l'article 1 du projet de loi 34. Nous étions
rendus au troisième alinéa: "3° par la suppression du
troisième alinéa. " M. le ministre, est-ce qu'il y a des
commentaires?
Fonctions du CRSSS-MM
M. Dutil: M. le Président, vous avez reconnu cet
amendement-là irrecevable mais, quoi qu'il en sort, sur le fond, nous
n'étions pas d'accord avec la modification pour les raisons que nous
avons exprimées la dernière fois et qui demeurent en place.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, nous devions siéger
ce matin à 10 heures. Dans mon cas et dans le cas de d'autres, nous
sommes descendus hier soir dans l'objectif de siéger ce matin à
10 heures. On nous a prévenus à 10 heures, selon les
règles, qu'on ne devait pas siéger et la raison invoquée
était que le ministre devait aller devant le comité de
législation. Il y a eu ajournement et le ministre est allé devant
le comité de législation. Avant de commencer, avant que ne
commence l'étude article par article, est-ce qu'on pourrait avoir du
ministre un rapport de la situation? Y a-t-il d'autres amendements qui doivent
venir, en plus de ceux qui ont été déposés vendredi
dernier et, si oui, quand les autres viendraient-ils?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, il est possible qu'il y ait des
amendements au cours de notre étude. Évidemment, une commission
parlementaire, c'est là justement pour bonifier un projet de loi et
vérifier s'il y a des choses qui peuvent être
améliorées ou non. Toutefois, vendredi, nous avons
déposé, je pense, plusieurs amendements substantiels qui
répondent à plusieurs arguments qui nous ont été
présentés lors de la consultation particulière. Pour
l'instant, nous n'avons pas d'autres amendements à déposer. S'il
y a lieu de déposer des amendements, cela viendra au cours de notre
étude, éventuellement.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Donc, sur
l'article 1 du projet de loi 34, est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Cela ne sera pas long.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de
Joliette, comme on vous avait reconnu, est-ce que vous permettez que
l'on reconnaisse le député de Gouin?
M. Chevrette: Oui, j'attendais un document.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je veux juste m'assurer
qu'on est tous au même endroit. L'objectif est donc de supprimer le
troisième alinéa qui se lit: "S'assurer que ces
établissements adoptent et appliquent, en ce qui concerne l'utilisation
et la distribution des lits, des normes conformes aux exigences d'une
répartition adéquate des cas d'urgence ou, à
défaut, fixer de telles normes. " C'est bien là qu'on en est, M.
le ministre?
M. Dutil: Non, ce n'est pas cela qu'on supprime, c'était
une ambiguïté dans le texte que l'on a éliminée. On
parle du troisième alinéa, c'est-à-dire...
Le Président (M. Bélanger): Je vais vous lire le
troisième alinéa. "Le titulaire d'un permis d'exploitation de
services d'ambulances de la région de Montréal
métropolitain doit mettre à la disposition exclusive de la
centrale de coordination la totalité de ses ambulances aux points de
services et selon les horaires déterminés par le Conseil de la
santé et des services sociaux de la région de Montréal
métropolitain. "
M. Rochefort: Si je comprends bien, M. le Président, en
conséquence, dans l'esprit du ministre, une compagnie
propriétaire d'ambulances pourrait ne pas louer la totalité de sa
flotte à son éventuelle corporation.
M. Dutil: Comme je l'ai expliqué, M. le Président,
on revient avec cette clause-là plus tard et il y a des notions
d'exclusivité qui sont mises là et que nous discuterons à
ce moment là. On nous a parlé d'un problème en ce qui a
trait aux municipalités et un de nos amendements porte justement sur
l'étanchéité à y avoir pour préserver ce que
nous demandaient les propriétaires, une exclusivité, de
même qu'il est bon pour la corporation d'avoir une exclusivité
pour éviter que d'autres personnes ne s'insèrent dans !e
système sans permis et sans contrôle.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Le paragraphe dit que "le titulaire d'un permis
d'exploitation de services d'ambulances de la région de Montréal
métropolitain doit mettre à la disposition exclusive de la
centrale de coordination la totalité de ses ambulances aux points
de services et selon les horaires, etc. "; le ministre refuse d'exiger la
totalité des ambulances d'un entrepreneur pour ce qui est de la location
aussi?
M. Dutil: Nous ne refusons pas d'exiger la totalité des
ambulances. Nous avons ailleurs dans le texte de loi des paragraphes qui
l'exigent. Vous avez à 149. 15: "La corporation peut conclure avec tout
propriétaire d'ambulances un contrat de location en vertu duquel les
ambulances doivent être disponibles aux points de services et selon les
horaires qu'elle détermine. " Ce qui vient remplacer une partie de ce
paragraphe-là. Vous avez également ailleurs - je n'ai pas le
numéro...
M. Chevrette: Non, mais je parle de la notion
d'exclusivité, M. le ministre.
M. Dutil: Oui, l'autre aspect... C'est dans le domaine des
contrats que l'exclusivité serait incluse.
M. Chevrette: C'est-à-dire que vous le prévoiriez
dans la formule de contrat de location que...
M. Dutil: Que celui qui a un contrat avec nous nous assure
l'exclusivité.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: J'aimerais bien comprendre. Supposons que vous ayez
un propriétaire qui a dix ambulances. D'accord, vous faites un contrat
avec lui, mais vous n'en avez besoin que de huit. Les deux ambulances qu'il lui
reste, qu'est-ce qu'il fait avec, s'il n'a pas...
M. Dutil: Nous, nous nous engageons - des ambulances, on ne pense
pas qu'il y en ait de trop dans le système - à transformer les
permis en contrat pour l'ensemble de la flotte existante.
M. Claveau: Mais, lorsque vous avez un contrat, si je comprends
bien, avec un propriétaire d'ambulances, c'est sur l'ensemble de sa
flotte, ce ne peut pas être partiel.
M. Dutil: Non, ce ne peut pas être partiel, à moins,
évidemment, qu'il n'y ait un désaccord, et c'est toute la
question de la soumission publique qui vient ultérieurement, qu'il y ait
un désaccord sur le prix. Mais hormis cette exception-là, cette
difficulté-là, sur l'entente et le prix, oui, on s'engage
évidemment à donner à contrat l'ensemble des ambulances
que le propriétaire détient actuellement sous forme de
permis.
M. Claveau: Parce que vous, vous dites à 149. 15... 149.
15 dit: "La corporation peut", ce n'est pas la corporation doit, il n'y a pas
d'obligation de la part de la corporation. À ce moment-là, est-ce
que vous vous engagez aussi, si vous faites disparaître le paragraphe en
question, à ce que ce soit sur l'ensemble de la flotte de chaque
propriétaire, mais aussi pour l'ensemble des propriétaires?
M. Dutil: Exactement, c'est ce qui est négocié,
à l'exception - je tiens à le préciser - de la
difficulté de négociation qui pourrait se produire et de
l'amendement que j'ai présenté que nous discuterons concernant la
possibilité d'aller en soumissions. Vous vous rappelez, dans le projet
de loi, la soumission était obligatoire. Maintenant, avec l'amendement
que nous avons déposé, il y a une négociation de
gré à gré, qui inclut l'ensemble des permis d'ambulance et
qui n'exclut ni propriétaire ni permis. Mais, à la suite de cette
négociation-là, en cas de désaccord, il y a la formule
d'amendement qui est assez longue et qu'on discutera éventuellement.
M. Chevrette: II n'y aura plus d'assise, si vous me permettez, il
n'y aura plus d'assise juridique?
M. Dutil: À?
M. Chevrette: II n'y a rien qui... Il n'y a plus aucune assise
juridique au moment où vous faites sauter cette obligation
législative. Ce n'est que sur votre parole qu'on peut croire que la
notion d'exclusivité sera maintenue. Qu'est-ce qui nous dit que vous ne
changerez pas le contrat? La preuve, M. le ministre, vous vous l'enlevez
à vous-même, à part cela, parce que vous dites que c'est la
nouvelle corporation. Donc, vous ne liez pas, en plus, la corporation sur le
plan juridique.
M. Dutil: Alors, moi, M. le Président, le projet de loi
que nous avons devant nous et les amendements que j'ai apportés
m'apparaissent étanches. Si jamais, dans la discussion que nous aurons,
on s'apercevait qu'il y a un problème d'étanchéité
que nous n'avons pas vu, par hasard, on l'amendera. Parce que l'objectif
très clair, je le dis, ce n'est pas d'aller à l'extérieur
de ceux qui ont des contrats actuellement et d'aller avec un moins grand nombre
d'ambulances que ce qui existe actuellement.
M. Chevrette: Maintenant, M. le Président, tel que
libellé, l'article 1, avec les trois amendements proposés par cet
article, à 18. 3... Est-ce que le ministre ne convient pas qu'à
toutes fins utiles, en adoptant l'article 1 tel qu'il nous le propose, il vient
de disposer, par le fait même, de tout amendement? Indépendamment,
je ne veux pas remettre en question la décision que vous avez prise,
mais il vient de remettre en
question officiellement toute possibilité d'amendement
postérieur qui nous amènerait à changer le système
qu'il propose dans tout son projet de loi, puisqu'il n'y a plus d'assise
juridique.
M. Dutil: Non, pas du tout. Je pense que rien n'empêchera
l'Opposition d'amener d'autres amendements, selon les articles, de vouloir
réintégrer, si elle le pense à propos, si elle croit que
c'est approprié, la notion de permis, plutôt que la notion de
contrat, ailleurs.
Ce que nous faisons ici, particulièrement à
l'alinéa 3, c'est d'enlever quelque chose qui concernait le CRSSS de
Montréal métropolitain et qui sera ultérieurement
rapporté avec certaines modalités différentes; on change
de système, effectivement, avec certaines modalités
différentes quant à la corporation qui est créée.
Maintenant, si cela ne satisfait pas l'Opposition, on est à même
d'apporter des amendements aux autres articles qui concernent la façon
de procéder avec la corporation.
M. Chevrette: Mais, là, vous allez me permettre de
m'adresser d'abord au président. Il a rendu une décision qui dit
qu'on n'a pas le droit de faire cela. Le faire là ou le faire ailleurs,
si je n'ai pas le droit de le faire là, je n'aurai pas le droit de le
faire ailleurs. Je veux dire que... D'autant plus qu'il y a un principe de
droit qui dit que tu ne peux pas faire indirectement ce que tu n'as pas le
courage de faire directement. J'essaie de le faire directement puis, là,
vous venez me répondre que je pourrai le faire indirectement. Il y en a
un des deux qui va me donner une lumière, là.
Le Président (M. Bélanger): Oui, je vais vous
donner cela, M. le député de Joliette. C'est que la proposition
que vous faisiez l'autre jour avait pour effet de changer substantiellement,
puisqu'elle créait la corporation non pas de la façon
prévue dans le projet de loi, mais d'une façon telle qu'on ne
pouvait plus avancer dans le projet de loi sans revenir modifier encore une
fois l'article 1. Alors qu'ici, ce que le ministre nous propose, c'est
d'organiser avec les conseils régionaux, enlever les secteurs qui
doivent aller là et, par la suite, dans l'article 2, i! crée les
modalités selon lesquelles la nouvelle corporation va exister. Et c'est
sur les modalités qu'on va se prononcer et qu'on va le retravailler.
M. Chevrette: Écoutez bien, M. le Président, vous
allez me suivre...
Le Président (M. Bélanger): Allez-y
tranquillement.
M. Chevrette:... dans mon raisonnement.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Je vous ai proposé ceci: de
transférer la notion d'exclusivité à la nouvelle
corporation, je trouvais cela logique parce qu'on crée une nouvelle
corporation, ce n'est plus le CRSSS. Cela, je trouvais cela correct. Or,
j'essaie d'introduire cette notion d'exclusivité et vous m'avez
déclaré antiréglementaire. Le ministre vient de me dire
que je pourrais le faire ailleurs et il m'a même dit que, lui, son
intention, c'était de le faire dans !e contrat. Qu'est-ce qui
était illégal, d'abord, dans ma proposition?
Le Président (M. Bélanger): Bon! C'est que, dans
votre modification de l'autre jour, c'est la notion de détenteur de
permis qui disparaissait, qui disparaît, alors que dans votre
amendement... dans votre amendement de la semaine dernière, de vendredi
dernier, on abolissait, on laissait en vigueur le titulaire d'un permis
d'exploitation, etc., alors au'ici on va créer les nouvelles
modalités de la loi. Autrement dit, on coulait dans le ciment d'une
façon qui n'était pas conforme au projet de loi en faisant juste
une simple modification des titres, là, en changeant "conseil
régional" par "corporation", alors que le ministre nous dit: Cela, cela
n'existe plus et, dans l'article 2, voici maintenant ce qui va exister.
M. le député d'Ungava, oui.
M. Claveau: M. le Président, je veux bien vous croire,
là, mais tout à l'heure, quand on a parlé de la flotte, on
a dit que le ministre allait respecter i'entièreté, la
totalité des flottes au moment de passer les contrats, cela
présuppose qu'il va respecter aussi la propriété du
permis. Je veux dire qu'il y a un permis qui est relié à chaque
véhicule sur chaque flotte; donc, la notion de titulaire de permis ne
disparaît pas, selon l'interprétation que le ministre nous donnait
tout à l'heure de son projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): Je ne peux pas
présumer des intentions du ministre à ce stade-ci. Effectivement,
il nous a laissé entendre qu'il y avait cette ouverture-là qui
serait faite ultérieurement, mais ce n'est pas à moi de
présumer de ce que le ministre va dire ou ne pas dire dans le projet de
loi. À ce stade-ci, je suis à l'article 1 qui enlève un
paragraphe à la loi actuelle, sur les titulaires de permis, et qui
enlève aussi les paragraphes 5° et 5. 1°: déterminer les
conditions d'inscription à la centrale de coordination, puis autoriser
le déplacement d'un bénéficiaire vers un autre
établissement. Donc, on enlève un certain nombre de pouvoirs au
conseil régional dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et on va nous dire maintenant selon quelles modalités
la nouvelle corporation va exercer ses pouvoirs. C'est là qu'est la
nuance. (15 h 45)
M. Claveau: Le troisième alinéa ne touche que la
question des titulaires de permis et l'exclusivité des contrats.
Jusqu'à maintenant,
rien de cela n'est remis en cause, du moins dans les explications du
ministre. Même si nous sommes convaincus, pour notre part, que les
assises légales disparaissent, cela devient une question
d'interprétation, pas seulement une interprétation du ministre,
mais bien plus une interprétation des administrateurs de la nouvelle
corporation d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain. Au moment où l'on se parle, on doit se fier
à l'interprétation que le ministre nous donne. Dans les deux cas
qui correspondent au troisième alinéa, c'est-à-dire la
question des titulaires de permis, la reconnaissance des permis, la
reconnaissance de l'exclusivité, le ministre nous a bien dit tout
à l'heure que ce n'était pas disparu dans les faits, même
s'il l'enlevait légalement. On ne voit pas encore en quoi l'amendement
n'était pas recevable. Si tel est le cas, quand cela va-t-il devenir
recevable? C'était d'ailleurs la question du chef de l'Opposition. Quand
cela va-t-il devenir recevable, si ce ne l'était pas à l'article
1?
Le Président (M. Bélanger): Je ne peux pas me
prononcer sur des hypothèses qui surviendront dans le projet de loi. Le
ministre a dit qu'il y avait des ouvertures ou des possibilités. C'est
la prérogative du ministre de faire des ouvertures à ce stade. Il
est évident que, comme président, je n'ai pas à me mettre
à sa place pour prendre les décisions à sa place et dire
qu'il va faire des ouvertures. Donc, c'est ce qui va se passer. Tout ce que je
constate, c'est qu'à l'article 1 on dit: les conseils régionaux
ne feront plus telle chose dorénavant. Dans le deuxième article,
voici ce que la nouvelle corporation va faire. Je m'en tiens strictement
à ce point. Je ne peux pas aller plus loin.
M. Chevrette: Si, dans l'article 2, je veux introduire ce que la
nouvelle corporation doit faire et j'introduis la notion d'exclusivité,
allez-vous l'accepter, dans votre logique?
Le Président (M. Bélanger): Ce que je peux vous
dire, c'est qu'à ce moment-là, dans la discussion, on
appréciera selon les faits qu'on a ici. Je ne peux présumer d'une
décision...
M. Chevrette: Oui, mais...
Le Président (M. Bélanger): Vous me demandez de
prendre des décisions sur des hypothèses, je ne peux pas le
faire. Je vous en prie, M. le ministre.
M. Dutil: Est-ce qu'on pourrait discuter de l'article 149. 15
immédiatement? Je proposerais un amendement pour ajouter "de
façon exclusive".
Le Président (M. Bélanger): La proposition est de
suspendre...
M. Dutil: Cela nous permettra, après, de disposer
du...
Le Président (M. Bélanger): La proposition du
ministre est de suspendre l'étude de l'article 1, de passer à
l'article 2 et de revenir par la suite à l'article 1, ce qu'on peut
faire, il n'y a aucun problème. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Claveau: C'est une bonne...
La Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain
Le Président (M. Bélanger): II y a consentement.
Bien. M. le ministre, l'article 2 se lit comme suit, Section VI. 1: "Cette loi
est modifiée par l'insertion, après l'article 149, de la section
suivante: Section VI. 1, Transport ambulancier, La Corporation
d'Urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain". Et à 149. 1: "Une corporation à but non
lucratif est constituée sous le nom de Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain. "
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Étant donné que l'article 2 est
extrêmement long, je suggérerais non pas de passer à
l'article 2, mais à un sous-paragraphe de l'article 2. Je ne sais pas si
c'est possible selon les règlements...
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui.
M. Dutil:... de passer directement à la page 8, l'article
149. 15.
Le Président (M. Bélanger): L'article 149. 15,
qu'on retrouve à la page 8 du projet de loi. L'article 149. 15 se lit
comme suit: "La corporation peut conclure avec tout propriétaire
d'ambulances un contrat de location en vertu duquel des ambulances doivent
être disponibles aux points de services et selon les horaires qu'elle
détermine. " M. le ministre, vous avez des explications.
M. Dutil: Après "doivent être disponibles" on
insérerait "de façon exclusive". On conclurait "aux points de
services et selon les horaires qu'elle détermine".
Le Président (M. Bélanger): Je relis l'article tel
qu'amendé: "La corporation peut conclure avec tout propriétaire
d'ambulances un contrat de location en vertu duquel des ambulances doivent
être disponibles de façon exclusive aux points de services et
selon les horaires qu'elle détermine. " C'est bien cela, M. le
ministre?
M. Dutil: Oui.
M. Rochefort: L'excusivité se rapporte à quoi? Aux
points de services ou aux ambulances?
Le Président (M. Bélanger): Non, "en vertu duquel
les ambulances doivent être disponibles de façon exclusive...
"
M. Dutil: C'est cela.
M. Rochefort: M. le Président, n'allez pas trop vite, ce
n'est pas la première fois qu'on commettrait une erreur de langue
française qui donnerait un tout autre sens à ce qu'on veut
faire.
M. Dutil: C'est le même sens que le paragraphe que nous
éliminons à l'article 1.
Le Président (M. Bélanger): J'aimerais entendre le
député de Gouin. Il y a peut-être un problème de
sémantique.
M. Rochefort: C'est de cela que je voulais être certain. M.
le ministre, que voulez-vous qui soit exclusif? Je veux être certain que
ce que vous me dites est bien ce que je lis dans l'amendement que vous
fartes?
M. Dutil: Qu'aucun détenteur de permis ou aucun groupe qui
a des contrats d'ambulances ne puisse opérer un service d'ambulances en
dehors de l'exclusivité qu'il accorde à la corporation.
M. Rochefort: Je ne comprends pas cela, M. le Président,
parce que lorsqu'on dit que "la corporation peut conclure avec tout
propriétaire d'ambulances un contrat de location en vertu duquel des
ambulances doivent être disponibles aux points de services et selon les
horaires", cela ne dit pas du tout que l'exclusivité de sa flotte doit
être consacrée à cela. Je m'excuse, mais je ne comprends
pas cela. D'ailleurs, cela serait peut-être utiie qu'on ait du papier
pour traiter de cela. Cela nous aiderait peut-être à éviter
des erreurs de sémantique.
Une voix: Est-ce que l'amendement avait été
déposé?
Le Président (M. Bélanger): Un instant! M. le
député de Gouin, est-ce que vous pouvez reprendre tranquillement
la formulation que vous proposeriez?
M. Rochefort: Non, je ne propose pas. Ce que je dis, c'est
d'abord qu'on devrait avoir du papier, auquel cas je souhaiterais avoir les
amendements par écrit outre ceux qu'on nous a transmis vendredi et que
j'ai reçus aussi. Deuxièmement, ce que je dis, c'est ceci: quand
je lis que "la corporation peut conclure avec tout propriétaire
d'ambulances un contrat de location en vertu duquel des ambulances doivent
être disponibles" - c'est là qu'on dit qu'on inscrirait "en
exclusivité" - "aux points de services et selon les horaires qu'elle
détermine", pour moi, cela ne veut pas dire que toute la flotte doit
être exclusivement à la disposition de la centrale de la
corporation, au contraire. Cela veut dire qu'il y a des ambulances - pas toutes
- qui devront être disponibles exclusivement aux points de services. Ce
que je comprends en bon français, c'est que les ambulances qui feront
l'objet du contrat de location ne pourront pas être ailleurs que sur les
coins de rue où on dit qu'elles doivent être. Mais cela ne veut
pas dire toutes les ambulances de la flotte de la corporation ou de la
compagnie avec qui on a un contrat.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Rochefort: C'est pour cela que je veux savoir ce qu'on veut
faire.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut l'avoir par écrit?
M. Dutil: Je vais vous organiser cela. Alors, M. le
Président...
M. Chevrette: Entre-temps, on peut toujours vous demander
d'expliquer la différence entre l'article 149. 15 du projet du loi 34
déposé par rapport à l'article 149. 15 du projet de loi 34
toujours, mais amendé par le ministre.
M. Dutil: Alors, la seule chose que nous avons faite dans
l'amendement déposé initialement, c'était de mettre: autre
qu'une municipalité. Ce sont les trois mots qui ont été
ajoutés. C'est pour s'assurer qu'il n'y ait pas de municipalité
qui puisse s'incorporer à cela dans le sens des revendications et des
discussions qu'il y a eues lors de la consultation particulière.
Autrement dit, la corporation ne peut pas conclure avec une
municipalité, elle peut conclure avec tout propriétaire
d'ambulances autre qu'une municipalité ce genre de contrat.
M. Chevrette: Là, c'est rendu qu'elle ne peut plus... !l y
a une affaire que je ne comprends pas. Ici, vous enlevez la possibilité
d'un contrat avec une municipalité et, dans un autre article, vous
permettez aux municipalités de se donner des services plus
chromés. Allez-vous l'enlever ailleurs?
M. Dutil: M. le Président, le projet de loi se tient. Pour
le reste, les municipalités ne peuvent intervenir que lorsqu'il y aurait
insuffisance et c'est une chose qui peut se produire dans certains territoires
qu'il y ait insuffisance, même si on renouvelle tous les contrats de tous
les propriétaires. Il peut arriver qu'il n'y art pas de détenteur
de permis actuel qui désire offrir ses services dans certains
territoires, qu'il n'y en
ait pas suffisamment actuellement pour des raisons de rentabilité
ou des raisons de disponibilité ou quelque raison que ce soit. Il faut,
à ce moment-là, avoir une alternative qui nous apparaît
intéressante pour les municipalités.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, j'aimerais avoir des
explications de la part du ministre parce que ce je crois comprendre, c'est
que, finalement, les municipalités pourraient avoir un contrat
d'exclusivité ou elles pourraient avoir une plus large part, en tout
cas, et, finalement, les propriétaires n'auraient que des ambulances
à des points de services. C'est un peu comme cela parce qu'il n'y a pas
d'explication. On dit: autre qu'une municipalité. C'est en fonction de
ce qui est écrit: "La corporation peut conclure avec tout
propriétaire d'ambulances autre qu'une municipalité". Donc, les
municipalités sont exclues, en fin de compte, de cette
disponibilité-là, soit d'être aux points de services selon
les horaires qu'elle détermine. Les municipalités auraient,
elles, un autre privilège qui n'est pas inclus, finalement, par rapport
à la détermination qu'on fait dans l'article 149. 15.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Vous êtes
d'accord pour qu'on ait la version écrite de l'amendement tel que
proposé par le ministre. Cela va être plus facile de se comprendre
parce que...
M. Rochefort: D'autre part, pouvons-nous prendre un amendement
à la fois, parce que, là, on a deux amendements?
M. Chevrette: On attend l'écrit.
M. Rochefort: On parle d'exclusivité des
municipalités, puis on se promène d'un à l'autre et
j'avoue que...
M. Chevrette: On se promène parce qu'on n'a pas d'autre
texte.
M. Rochefort: Cela risque de faire un drôle de produit
fini.
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais, M. le
député de Gouin, c'est justement en vue d'éviter ce genre
d'imbroglio que j'ai demandé à M. le ministre de faire
rédiger l'amendement pour qu'on puisse le distribuer à tout le
monde, puis regarder...
M. Rochefort: Je comprends qu'il y a deux amendements: un qu'on
nous a transmis vendredi et un autre qui vient de nous être
présenté verbalement et je vous soumets respectueusement qu'on
devrait les traiter distinctement.
M. Chevrette: Oui.
M. Rochefort: Sinon, on va...
Le Président (M. Bélanger): Alors, là, le
seul amendement qu'on aurait en main actuellement, selon ce que M. le
député de Gouin nous mentionne, c'est celui qu'on a à la
page 8, l'article 149. 15: "La corporation peut conclure avec tout
propriétaire d'ambulances un contrat de location...
M. Chevrette: Je ne l'ai pas, moi.
Le Président (M. Bélanger):... en vertu duquel des
ambulances doivent être disponibles de façon exclusive aux points
de services et selon les horaires qu'elle détermine. " On dispose de
celui-là d'abord; ensuite, on aura le deuxième qui est
proposé depuis vendredi qui, lui, rajoute, si j'ai bonne mémoire,
"autre qu'une municipalité", mais il n'est pas encore
présenté comme tel. Alors, on va en recevoir un à la fois,
vous avez tout à fait raison.
M. Rochefort: De façon exclusive, est-ce que le ministre
pourrait réviser son affaire pour que cela soit conforme à ce
qu'il veut faire? Ce n'est pas cela que cela veut dire.
M. Dutil: M. le Président, ce que l'on propose est
conforme à ce que l'on veut faire.
M. Rochefort: Voulez-vous nous redire ce que vous voulez
faire?
M. Dutil: On veut que les services d'ambulances qui seront mis
à la disposition de la corporation le soient de façon exclusive
et qu'ils ne puissent pas sortir du système.
M. Rochefort: Ah! Là, on se comprend bien. Ce que le
ministre est en train de nous dire, c'est qu'il ne veut pas avoir la
totalité d'une flotte en exclusivité. Il veut que les
équipements qu'il retient, eux, soient exclusivement à la
disposition de la nouvelle corporation.
M. Dutil: Mais, M. le Président, je veux nous
référer...
M. Rochefort: Non, c'est parce que, tantôt, c'est un autre
sens qui a été donné. Là, je veux bien qu'on se
comprenne.
M. Dutil: M. le Président, je veux nous
référer à notre discussion. Je ne dis pas...
M. Rochefort:... auquel cas - juste pour compléter - je
reconnais que sur le plan de la sémantique, c'est juste. Je ne suis pas
sûr que ce soit correct, mais c'est juste quant à la
sémantique
M. Dutil: Alors, est-ce que le député de Gouin, M.
le Président, peut comparer le troisième alinéa avec ce
que nous faisons et dire s'il estime qu'il y a une différence?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je vous
entends bien mais je ne vous comprends pas bien, là.
M. Dutil: Regardez, ce que je dis, c'est qu'on essaie de
transposer le troisième alinéa qui fait difficulté dans
l'article 149. 15.
M. Chevrette: II y a une différence. La totalité de
ses ambulances, cela s'adresse à la flotte et non pas à
l'exclusivité du véhicule.
M. Rochefort: Je ne vous suis pas, là. Effectivement, je
suis comme le député de Joliette... Qui doit mettre à la
disposition exclusive de la centrale de coordination la totalité de ses
ambulances, c'est une tout autre chose que celle qui nous est maintenant
proposée. Ce qui nous est proposé, ce n'est justement pas
la totalité, mais toute celle qu'on retient, qu'elle soit exclusivement
à la disposition de...
M. Dutil: Si je comprends bien, ce sont les mots "la
totalité" que vous souhaitez voir rajouter.
Mme Blackburn: Ce serait "ses" plutôt que "des".
M. Rochefort: Non, moi, ce que je veux, c'est un rendement,
d'abord, conforme à ce que vous me dites parce qu'au début vous
m'avez présenté cela comme la totalité. Le sens
d'exclusivité se référait à la totalité et
de la façon qu'il est proposé de le situer dans le texte, il ne
se réfère pas à la totalité de la flotte, mais
à l'exclusivité de tout ce qui est retenu dans le contrat de
location.
M. Dutil: M. le Président, c'est inexact. Ce que j'ai dit,
effectivement, c'est que nous avions l'intention de donner des contrats pour
toutes les ambulances qui ont des permis actuellement. C'est vrai que j'ai dit
cela, mais je n'ai pas dit que la modification que je proposais avait cet
objectif-là. J'ai dit ici que nous voulions transposer ce qui est
à l'alinéa 3, que l'Opposition se dit: On ne veut pas l'enlever
parce que rien ne nous garantit que vous allez accorder la même chose
dans la nouvelle corporation - on se comprend bien - et ce qui est
écrit, c'est de mettre à la disposition exclusive de la centrale,
donc, je transpose bien cette notion-là qui est l'exclusivité en
faveur de la centrale. Ce que le député de Gouin me dit, c'est
que je n'ai pas transposé la totalité des ambulances que l'on
retrouve dans le texte. C'est bien cela?
M. Rochefort: C'est cela.
M. Chevrette: De l'alinéa 3.
M. Dutil: Et si on l'ajoutait "la totalité de ses
ambulances doivent être disponibles, de façon exclusive" cela
réglerait la question?
M. Chevrette: La totalité de ses ambulances que vous avez
louées. Pas la totalité de la flotte.
Une voix: Comment diriez-vous cela?
M. Chevrette: Pas la totalité de la flotte. M. le
ministre, vous ne nous en passerez pas une petite vite. La totalité de
ses ambulances, si vous en avez loué deux et que j'en ai dix...
M. Rochefort: M. le Président, j'ai d'abord une question
à poser au ministre qui va peut-être me permettre de comprendre
quelque chose. Avez-vous l'intention de ne retenir, pour certaines compagnies,
qu'une partie de leur flotte d'équipement motorisé.
M. Dutil: Non.
M. Rochefort: Je dois donc...
M. Dutil: Celles qui détiennent des permis.
M. Rochefort: Puisque je ne veux pas...
M. Dutil: Je m'excuse, M. le Président, entendons-nous
bien. Il y a des corporations qui détiennent des permis d'ambulances.
S'il y avait par hasard - je ne crois pas qu'il y en ait, je n'ai pas
vérifié cela, mais je ne crois pas qu'il y en ait - des gens qui
ont une ambulance sans permis, c'est une autre question. Je ne pense pas qu'il
y ait ce genre de phénomène-là dans la province. Mais ceux
qui ont des permis d'ambulances se verront offrir un contrat pour la
totatlité des permis qu'ils détiennent.
Le Président (M. Bélanger): Des permis. M. Dutil:
Des permis.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a un
permis par véhicule ou quoi? Je mêle peut-être les affaires,
mais...
Non, non, non. Attention! Attention! S'il y a un permis par
véhicule, ce n'est plus du tout la même affaire.
M. Dutil: Regardez, M. le Président, il peut arriver qu'il
y ait plus de véhicules que de permis, parce qu'il arrive des
réparations, il arrive des choses..
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Dutil: Alors, il faut bien se comprendre. Je comprends la
question. C'est la notion de
permis. Ils ne peuvent jamais mettre en place plus que le nombre de
véhicules pour lequel ils détiennent un permis, même s'ils
ont plus de véhicules pour des raisons de réparations. Et,
évidemment, c'est à la notion de permis que je me
réfère.
M. Rochefort: J'espère que vous, quand vous allez signer
un contrat avec une compagnie, vous voulez la totalité de la flotte.
M. Dutil: Oui monsieur.
M. Rochefort: Bon, alors pourquoi ne pas le dire? Pourquoi ne pas
l'écrire?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de...
M. Rochefort: Non, mais, écoutez, on va juste vider les
points. Cela ne me fait rien de faire mon tour à minuit moins cinq.
Quand on prend un point. Mais, M. le Président, on est mieux de le
vider.
Alors, M. le ministre, si c'est ce que vous souhaitez, pourquoi ne
l'inscrit-on pas dans la loi? Parce que, moi, je vous dis que si j'étais
propriétaire d'une compagnie d'ambulances, compte tenu de tout le climat
qui règne autour du projet de loi, si vous refusez de marquer la
totalité, j'aurais peur que vous n'en louiez que deux de mes
véhicules, sur dix-huit, par exemple. Et je me retrouverais avec seize
véhicules qui n'ont pas le droit de faire autre chose, mais pour
lesquels il n'y a qu'un unique locateur possible qui ne veut pas me louer mes
seize véhicules.
M. Dutil: J'en conviens.
M. Rochefort: Or, vous acceptez de l'inscrire, ou quoi?
M. Dutil: Oui, maintenant, il faudrait voir de quelle
façon on le libelle, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors pendant que...
Monsieur, vous retirez votre demande d'intervention? D'accord.
M. Chevrette: Bien, là, on va attendre d'avoir un
amendement d'abord.
M. Dutil: Non regardez, M. le Président. Regardez bien.
L'Opposition nous dit:. N'enlevez pas l'article 1 parce qu'on ne pourra pas le
réintroduire plus tard. Moi, je dis: On peut le réintroduire plus
tard, il n'y a pas de problème, il n'y a aucun problème.
Maintenant, moi, je pense qu'on en était à la discussion
numéro 1. J'ai accepté qu'on aille à l'autre discussion
pour éclaircir ce point-là et en finir avec cela. C'est sûr
que cela apporte un amendement. "La totalité", il faut l'ajouter, et
cela clarifie le dossier, cela fait partie de ce que j'ai dit au début
de la commission. S'il y a des trous, on va les boucher, il n'y a pas de
problème. Cela va impliquer qu'on va faire des amendements,
évidemment.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que la
rédaction est faite. M. le ministre? Est-ce que le texte de...
M. Dutil: C'est pour cela, M. le Président, quant au
texte, qu'il faut le libeller d'une façon correcte. Bon, en tout cas,
moi, je souhaiterais qu'on nous laisse le temps.
Le Président (M. Bélanger): Bon, alors, on va
suspendre les travaux pendant quelques minutes, le temps de finir le
libellé de la proposition, et on revient.
Nous suspendons donc nos travaux pour quelques minutes.
(Suspension des travaux à 16 h 5)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Bélanger): Alors, je demanderais
à chacun de reprendre sa place. Nous allons reprendre nos travaux. M. le
ministre, est-ce que vous pouvez faire circuler la copie de l'amendement?
Merci.
Alors, si vous permettez, pour des fins de compréhension, je vous
suggère de prendre le projet de loi 34, l'article 149. 15, et je vais
vous lire ce qui y est amendé, en attendant qu'on ait l'impression,
parce que cela peut prendre quelques minutes. Au deuxième paragraphe,
l'article 149. 15, introduit par l'article 2 de la Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et d'autres dispositions
législatives, est modifié par l'insertion, dans la
troisième ligne, après le mot "disponibles", des mots "de
façon exclusive".
M. Dutil: Alors, cela, M. le Président, ce n'est
pas...
Le Président (M. Bélanger): Juste un instant, pour
permettre à chacun d'écrire, pour qu'on se comprenne bien. Alors,
cela va? C'est écrit entre guillemets, "disponibles", évidemment,
et les mots "de façon exclusive" entre guillemets.
Alors, M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, pour la deuxième partie
de ce qui était discuté tout à l'heure... C'est ce que le
député de Rouyn veut dire: Où est l'autre bout? L'autre
bout, ce n'est pas là qu'il va - c'est cela la question - l'autre bout
va à 149. 19 qui est numéroté, dans les amendements qu'on
vous a fait parvenir, 149. 16. L'ancien 149. 19 est numéroté 149.
16. Alors, vous avez
le premier paragraphe. Est-ce que vous avez les amendements? À la
fin du premier paragraphe on ajouterait: "Les contrats conclus doivent viser,
pour chaque titulaire, le nombre d'ambulances qui est inscrit à son
permis".
Maintenant, M. le Président, je veux bien qu'on se comprenne, il
y a probablement un peu de raffinement à apporter au libellé.
Moi, je m'engage à déposer un amendement qui reflète ce
que je viens de dire lorsqu'on arrivera à 149. 16. Je ne pense pas qu'on
puisse courir d'un amendement à l'autre continuellement, d'un article
à l'autre.
Le Président (M. Bélanger): On peut y faire
référence, pour des fins de compréhension, mais cela
n'implique pas que l'article est discuté comme tel.
M. Rochefort: Moi, je cherche. Ce que vous me dites, c'est que
dans vos amendements 149. 16 ne se réfère pas à cela et
149. 19...
M. Dutil: L'article 149. 16 se lit comme suit: "La corporation
doit, pour l'ensemble des premiers contrats de location d'ambulances à
être signés, préparer un cahier des charges en y indiquant
le nombre total d'ambulances requis pour son territoire et les conditions qui
sont applicables. Elle remet ce cahier à chaque titulaire de permis
d'exploitation de services d'ambulances qui opère dans son territoire le
(indiquer ici la date de l'entrée en vigueur du présent article).
Celui-ci peut, dans les quinze jours qui suivent, soumettre une proposition
à la corporation, laquelle ne peut viser un nombre d'ambulances
excédant celui inscrit à son permis. " C'est là qu'on
ajouterait: "Les contrats conclus doivent viser, pour chaque titulaire, le
nombre d'ambulances qui est inscrit à son permis". Alors, ni plus ni
moins. C'est le moins que vous vouliez éviter.
Le Président (M. Bélanger): Autrement dit, ce qu'on
discutait à 149. 15, vous nous répondez par 149. 16.
M. Dutil: La deuxième partie.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, mais je veux
être sûr qu'on se comprend bien, écoutez.
M. Dutil: M. le Président, la première partie, qui
est l'exclusivité pour la corporation, c'est 149. 15. La deuxième
partie, qui est de s'assurer qu'ils auront le même nombre de contrats
pour le même nombre d'ambulances qu'il y a de permis c'est 149. 16.
Le Président (M. Bélanger): Cela va. Je me
comprends bien.
M. Dutil: C'est pour cela que je vous dis,
M. le Président, qu'on ferait mieux de disposer des articles un
à un et que l'on retienne que je me suis engagé à ajouter
un amendement, 149. 16, qui va couvrir cette chose-là, selon le
libellé approximatif que je viens de donner.
Le Président (M. Bélanger): Je suis d'accord qu'on
fasse les articles un à un. Je pense qu'il faut quand même avoir
une certaine souplesse. C'est-à-dire que l'Opposition ou le parti
ministériel peut avoir certaines réserves face à un
amendement, mais comme vous connaissez à fond votre projet de loi - et
c'est l'évidence même - vous savez qu'un ou deux articles plus
tard, tel amendement viendra. Pour celui qui discute du premier article et qui
veut s'assurer que cette disposition sera là, on peut se garder cette
marge de manoeuvre qui nous permet d'aller voir plus loin ce qu'il y a
là pour pouvoir continuer avec l'amendement. C'est une question de
souplesse et de bon fonctionnement. Évidemment, on va essayer de s'en
tenir à l'étude article par article, et même paragraphe par
paragraphe s'il le faut.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. Chevrette: Est-ce que vous parlez toujours de l'article 149.
15?
Le Président (M. Bélanger): L'article 149. 15 qu'on
a à la page 8.
M. Chevrette: Ajouter après les mots "être
disponibles'' les mots "de façon exclusive", c'est cela?
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. À
l'article 149. 15, on lirait de la façon suivante: "La corporation peut
conclure avec tout propriétaire d'ambulances un contrat de location en
vertu duquel des ambulances doivent être disponibles de façon
exclusive aux points de services et selon les horaires qu'elle
détermine. "
M. Chevrette: Je demanderais au ministre d'aller à
l'article 149. 5 et j'ai une question à lui poser.
Le Président (M. Bélanger): Vous savez qu'un jour
on va en arriver...
M. Chevrette: Pour les fins de l'article 149. 15. Ce n'est pas un
attrape-nigaud, je veux comprendre. Le troisième point: "Recevoir les
appels des personnes et des établissements qui demandent des services
d'ambulance et, selon les cas, offrir ces services ou répartir ces
demandes parmi les propriétaires d'ambulances qui ont conclu un contrat
de location d'ambulances avec elle. " Le transport entre établissements,
c'est le troisième? Oui.
Le Président (M. Bélanger): Le
cinquième.
M. Chevrette: Par rapport à son amendement, il n'y est
pas. C'est le troisième? "... et des établissements... " Vous
liez donc l'exclusivité des services aux points de services à
l'article 149. 15. Vous avez ajouté les municipalités, là,
vous ajoutez "de façon exclusive": "... doivent être disponibles
de façon exclusive aux points de services... " Alors qu'à
l'article 149. 5 vous avez la notion d'inter-établissements.
M. Dutil: II reste qu'un établissement peut être un
point de services que réclame Urgences-santé, qui dit aux
ambulances qui ont des contrats avec la corporation: Tu t'en vas à tel
établissement faire un transport inter-établisse-ments.
M. Chevrette: Ce n'est pas incompatible.
M. Dutil: Les points de services se déplacent dans une
journée, même s'il n'y a pas de transport. D'ailleurs, ils le font
pour aller couvrir une zone qui est découverte temporairement. C'est la
même chose pour le transport inter-établissements. Si
Urgences-santé estime qu'on doit aller à tel hôpital
effectuer un transport inter-établissements, elle donne l'ordre à
l'ambulance d'y aller.
Le Président (M. Bélanger): J'ai M. le
député de Chambly, M. le député d'Ungava et M. le
député de Gouin. M. le député de Chambly.
M. Latulippe: C'est une question que je voudrais poser à
M. le ministre, à l'article 149. 15, eu égard aux amendements.
"La corporation peut conclure avec tout propriétaire d'ambulances un
contrat de location en vertu duquel des ambulances doivent être
disponibles de façon exclusive aux points de services et selon les
horaires qu'elle détermine. " Il y a deux situations. Les ambulances qui
sont sous contrat doivent être disponibles de façon exclusive. En
d'autres termes, la première situation, celle qui me semble
visée, c'est quand une ambulance est sous contrat, la totalité de
l'ambulance pour la totalité du temps doit être disponible. La
deuxième situation, c'est que ce sont toutes les ambulances qui doivent
être disponibles pour la totalité du temps. Laquelle des deux
situations voulez-vous viser?
M. Dutil: C'est, évidemment, qu'en fonction de la demande
le nombre d'ambulances fluctue aux points de services et selon la
disponibilité. Là, il y a une question de garantie d'heures
à accorder aux diverses ambulances. Il n'y a pas toujours 80 ambulances,
même s'il y a 80 permis en poste à Montréal en même
temps, cela dépend des pointes.
M. Latulippe: Ici, la façon dont je le comprends, c'est
que des ambulances doivent être disponibles de façon exclusive.
À partir du moment où une ambulance est sous contrat, là,
elle est à la disposition, de façon exclusive,
d'Urgences-santé, mais tant qu'elle n'est pas sous contrat elle n'est
pas disponible de façon exclusive. Est-ce que c'est comme cela que
vous...
M. Dutil: Disons qu'actuellement elle est disponible de
façon exclusive parce qu'elle a un permis et que, dans la loi que nous
sommes en train de modifier, c'est la situation.
M. Latulippe: D'après l'amendement que vous apportez -
j'essaie juste de saisir la portée de l'amendement - est-ce que vous
voulez faire en sorte que toutes les ambulances du propriétaire soient
disponibles ou si vous voulez vous assurer que les ambulances du
propriétaire qui sont sous contrat soient disponibles de façon
exclusive? Il y a une distinction entre les deux, là.
M. Dutil: Le deuxième, les ambulances qui sont sous
contrat doivent être disponibles aux points de services et aux horaires
qu'elle détermine, de façon exclusive.
M. Latulippe: D'accord et non pas nécessairement toutes
ses ambulances.
M. Dutil: Évidemment pas, pour des raisons de demande que
je viens d'expliquer, de fluctuation de la demande.
M. Claveau: Une information que je voulais avoir: Est-ce que,
dans le texte tel qu'amendé que vous avez lu, cela comprend tous les
amendements à l'article 149. 15 ou si on va revenir avec d'autres
amendements?
M. Dutil: C'est-à-dire qu'on a établi tout à
l'heure qu'on discutait un amendement à la fois, selon la recommandation
très légitime et très appropriée du
député de Gouin, et qu'on les prend un à la fois.
M. Claveau: Alors, "autre qu'une municipalité", on va le
voir réapparaître.
M. Dutil: Oui.
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Sur cet amendement
proposé par le ministre, est-ce qu'il y a... M. le député
de Gouin, je m'excuse, je vous avais perdu.
M. Rochefort: Ah! ne me perdez pas! M. le Président, c'est
drôle, mais quand je nous écoute tous et toutes tourner autour de
cela avec des références à quatre articles et que je lis
l'article actuel, pourquoi compliquer ce qui est simple? Le titulaire d'un
permis d'exploitation d'un service
d'ambulances de la région de Montréal métropolitain
doit mettre à la disposition exclusive - ce qui, d'ailleurs, se
réfère beaucoup mieux à la notion d'exclusivité que
ce qu'on est en train d'introduire, compte tenu des remarques qui ont
été faites tantôt - de la centrale de coordination la
totalité de ses ambulances, aux points de services et selon les horaires
déterminés avec le conseil. On pourrait changer les mots
"déterminés par la corporation", si tel est le voeu du ministre,
mais c'est un tout qui se tient et qui évite les erreurs qu'on pourrait
faire à partir d'erreurs de sémantique, de français qui
pourraient, à un moment donné, faire en sorte que Pierre, Jean ou
Jacques qui irait devant un tribunal, ou je ne sais trop quoi qui ferait en
sorte qu'on ait des tensions inutiles dans le système. Alors qu'on avait
un article clair, moi, il semble qu'on va se référer à
quatre articles pour dire les mêmes choses.
D'autant plus que je reconnais qu'effectivement je ne suis pas certain
que, pour moi, ce soit un point de services, quand il y a un transfert
inter-établissements. Mais disons que, quand il y a un tranfert
inter-établissements, on sort de l'exclusivité des points de
services, et c'est une bonne chose si on veut faire le transport
inter-établissements. Donc, raison de plus pour dire: Pour quoi
commencer à encarcaner dans quatre articles un paquet de choses
prévisibles ou moins prévisibles? Moi, il me semble, de deux
choses l'une: ou on devrait retenir l'article actuel, avec les adaptations
nécessitées par la réforme proposée par le ministre
si tel est son désir, ou, sinon, on devrait avoir plutôt un
article qui dirait qu'une fois le contrat intervenu entre la corporation et
l'entreprise propriétaire des véhicules, c'est la corporation qui
détermine le lieu, l'heure, et patati et patata, de disponibilité
des véhicules.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, évidemment, le
député de Gouin peut penser qu'on peut libeller le projet de loi
de façon différente et ne pas mettre les points à un
article, les mettre à l'autre plutôt qu'à tel article, et
c'est bien son droit de le faire, mais nous faisons une réforme, nous
présentons un projet de loi, nous faisons certaines corrections qui nous
apparaissent appropriées et, moi, j'ai donné mon opinion. On
discute actuellement de régler par 149. 15 un point qui est
soulevé et par 149. 16 un autre point qui est soulevé. Donc,
c'est dans deux articles et non pas quatre, et je pense qu'on couvre à
ce moment-là l'ensemble du problème.
M. Rochefort: Là-dessus je trouve cela sympathique, mais
je vous dirai que, du fait qu'on explique que des ambulances doivent être
disponibles de façon exclusive aux points de services, cela couvre quand
même le transport inter-établissements, parce que les points de
services bougent sur le territoire...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Rochefort: Moi, ce que je comprends dans le système
d'Urgences-santé actuellement à Montréal, c'est que les
points de services, ce sont des endroits où les véhicules sont
stationnés pour être en mesure d'être plus rapidement
disponibles pour intervenir dans un lieu où on a nécessité
d'un véhicule. Mais je ne comprends pas, M. le Président, que le
centre d'accueuil Gouin-Rosemont soit un point de services quand il s'agit de
prendre un de ses bénéficiaires pour l'amener à
l'hôpital Saint-Luc. Et vous me dites que pour tout le monde à
Urgences-santé, c'est un point de services quand on leur dit d'aller
là. Je suis peut-être prêt à me rallier à
votre affaire, mais je vais vous dire que cela ne me semble pas une
évidence très limpide.
Et je veux bien qu'on veuille changer la loi, mais ne changeons donc pas
ce qui est clair.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je ne sais pas où
vous nous emmenez, mais j'aimerais bien le savoir. Je vous ai fait une
proposition qui comprend les deux éléments du ministre:
l'exclusivité et la totalité de la flotte.
Le ministre dit: On fait une réforme. Mais une réforme,
cela ne veut pas dire de compliquer les choses au point de ne pas se retrouver.
Si vous êtes d'accord avec les deux réformes, avec les deux
dimensions - vous voulez en introduire une à 149. 15 et une autre
à 149. 16 - pourquoi ne pas prendre le libellé que vous avez
jugé, vous, irrecevable, en plus? Le président nous dit que c'est
irrecevable d'un seul bloc; le ministre nous annonce deux amendements qui
étaient irrecevables d'un seul bloc et qui deviennent recevables en deux
blocs. Bon Dieu! Où allez-vous avec vos gros sabots? Moi, je ne
comprends plus rien!
C'est vrai que c'est clair, ce que le député de Gouin dit,
c'est très très clair: Le troisième alinéa qui
était là, on ne change que le CRSSS pour la nouvelle corporation.
Cela ne peut pas être bien bien plus clair, cela n'a pas
créé de problèmes majeurs. Tu retrouves, dans un seul
paragraphe, tous les éléments et tu n'as plus de problème.
C'est quoi? Quel est votre objectif? Quelle est la passe que vous voulez faire?
Je ne comprends pas. Là, c'est rendu que cela va être
légal. Vous venez d'accepter un bout de légalité, vous,
par 149. 15 Puis, là, le ministre parle de 149. 16 et l'autre bout
viendra, prenez ma parole. Je suis bien prêt à prendre cela mais,
si les deux petits bouts ici et là veulent dire exactement ce que ma
motion voulait dire très simplement dans un seul texte, pourriez-vous
m'expliquer la nuance jésuitique que vous faites pour
qu'on puisse comprendre où vous vous en allez? (16 h 30)
M. Dutil: M. le Président, nous avons bâti un projet
de loi qui inclut les éléments dont parle le député
de Joliette. Maintenant, on nous dit et nous, nous croyons que l'expression de
"façon exclusive", nous ne l'avions pas mise parce que c'était
implicite. Maintenant, on nous dit que cela serait peut-être mieux de le
dire parce que le dire plutôt que de ne pas le dire, cela va mieux,
n'est-ce pas? On rajoute donc "de façon exclusive".
M. Chevrette: Si vous êtes d'accord...
M. Dutil: De façon exclusive. Nous estimons que, dans le
projet de loi, l'autre partie va mieux à l'article 149. 16 et c'est
tout, M. le Président. Il n'y a pas de chinoiserie là-dedans. Je
ne pense pas qu'il y ait lieu de faire un long débat là-dessus,
sur la position des textes que nous mettons, pour autant qu'ils couvrent
l'entité au complet.
M. Chevrette: Comment pouvez-vous m'expliquer - c'est là
ma question - que vous, vous ayez le droit de le faire en deux bouts et que,
moi, je n'aie pas le droit de le présenter en une seule motion?
Expliquez-moi donc cela!
M. Dutil: Vous le demandez au président.
Le Président (M. Bélanger): Ce sont les
modalités, et non le fond, qui sont attaquées à ce
moment-là.
M. Chevrette: Quel, quel...
Le Président (M. Bélanger): C'est ce qu'on se
répète à vous dire depuis le début.
M. Chevrette: M. le Président, voulez-vous m'expliquer
quelle est la différence quant au fond. Vous venez de dire que c'est
quant au fond.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, on ne
va pas reprendre...
M. Chevrette: Expliquez-moi la différence, quant au fond,
entre la motion que j'ai faite et les deux annonces d'amendement du
ministre.
Le Président (M. Bélanger): On ne va pas reprendre
la décision de vendredi; elle est rendue.
M. Chevrette: Non, mais expliquez.
Le Président (M. Bélanger): Elle est en place. Je
pense que la distinction qu'il faut faire actuellement, c'est: à
l'article 149. 15, est-ce que l'élément que le ministre rajoute
dans l'article est acceptable ou adopté?
M. Chevrette: Le jugez-vous recevable, son amendement?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Une voix: II change la notion du problème.
M. Chevrette: On a besoin de savoir à ce
moment-là...
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, M. le
député de Joliette, on ne va pas, de façon
détournée, remettre en question une décision qui a
été rendue vendredi soir indéfiniment. Elle est rendue,
elle est définitive et elle s'applique.
M. Chevrette: Je ne la remets pas en question mais vous devez
être en mesure, M. le Président, vous qui rendez des
décisions irrévocables, d'expliquer aux parlementaires comment
une décision irrévocable peut revenir en deux morceaux quand elle
n'a pas été acceptée en un. C'est juste cela. Je pense que
vous êtes capable d'expliquer cela comme un grand garçon.
Le Président (M. Bélanger): Nous sommes
actuellement sur les modalités et, sur les modalités, le ministre
nous propose une façon de faire. Maintenant, si vous n'êtes pas
d'accord avec la modalité que le ministre propose, vous pouvez proposer
un amendement qui le fait autrement. Je parle des modalités à
l'article 2, on ne peut pas le faire à l'article 1 parce qu'on
remettrait, à ce moment-là, le projet de loi complètement
en... On le bloquerait complètement, on ne pourrait plus revenir en
arrière. Il aurait fallu revenir modifier ce qu'on avait fait en premier
constamment. N'oubliez pas... Je pense que M. le député de Gouin,
tout à l'heure, a eu des propos très justes et son
expérience se reflète là-dedans, c'est que
l'économie générale d'une loi doit faire en sorte qu'elle
ne se prête pas à une interprétation autre que ce que le
législateur veut faire. C'est dans ce sens-la qu'il faut être
vigilant et se mettre en garde. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je reviens à la
réponse que nous a faite le ministre il y a quelques minutes. Ce qu'il
nous dit, dans la motion d'amendement qu'il fait à son propre texte,
c'est que la notion d'exclusivité se réfère à un
coin de rue; ce n'est pas à une exclusivité de services mais
à une exclusivité de coin de rue et je ne veux pas qu'au nom
d'une exclusivité de coin de rue a laquelle on voudrait donner un sens
plus large on nous fasse penser que les transports inter-établissements,
c'est couvert par cela. Si le ministre veut que, quand il loue des
véhicules, ils soient à la disposition exclusive de la
corporation qui succède à Urgences-santé, parfait, mais ce
n'est pas là que cela va. Ce n'est pas français, ce n'est
pas ça que cela veut
dire devant quelque interprète qu'on pourra trouver.
Ce que je dis au ministre, c'est ceci: si, quand un véhicule est
retenu par sa corporation, il veut être sûr qu'il ne changera pas
sa localisation dans son corps de travail quant au coin de rue auquel il est
affecté, parfait, c'est bien ce qu'il dit. Ce qu'il dit rend bien ce
qu'il veut dire. S'il veut non pas relier l'exclusivité des services
à un lieu donné, mais plutôt à une
exclusivité de services totale à la corporation, il ne faut pas
l'écrire comme cela. Je veux bien vous suivre, je veux bien moderniser
la loi, faire une réforme, mais je veux être sûr que la loi
va au moins vouloir dire ce qu'on pensait qu'on lui ferait dire.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly.
M. Latulippe: Je pense qu'on va se transformer en juristes
aujourd'hui. Je ne suis pas d'accord avec le député de Gouin. Je
crois que tel que rédigé dans l'article 149. 15,
l'exclusivité s'applique à la totalité des ambulances qui
sont sous contrat. Cela ne s'applique pas à la totalité des
ambulances du propriétaire nécessairement...
M. Rochefort: Cela s'entend.
M. Latulippe:... mais à totalité des ambulances qui
sont sous contrat...
M. Rochefort: On est d'accord avec cela.
M. Latulippe:... peu importent les points de services.
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le député...
M. Latulippe: Si vous lisez le texte lui-même "... en vertu
duquel des ambulances doivent être disponibles de façon
exclusive... "
M. Rochefort: Je souligne à votre attention qu'on ne dit
pas "toutes les ambulances", on dit "des ambulances".
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, on
va laisser le député de Chambly finir son point de vue et on vous
cédera la parole, M. le député de Gouin.
M. Latulippe: Vous n'avez pas à me le souligner, parce que
c'est ce que je dis: "des ambulances doivent être disponibles de
façon exclusive". Donc, les termes "de façon exclusive"
s'appliquent aux ambulances, à des ambulances. Les ambulances qui sont
sous contrat aux points de services, mais pas à chacun des points de
services. Le concept d'exclusivité s'applique aux ambulances qui sont
sous contrat et non pas aux points de services. C'est là la distinction
que je fais.
M. Rochefort: Vous n'avez pas du tout la même opinion que
moi. La meilleure preuve, le ministre, pour rendre conforme son texte aux
transferts entre établissements, nous a dit: Oui, mais pour le transport
entre établissements, les établissements deviennent aussi des
points de services. Il nous a présenté une nouvelle notion qui
est la notion des points de services qui bougent pour la rendre conforme. Je
veux bien, mais c'est la meilleure preuve que cela se réfère
à cela.
Je vous répète ceci: pour éviter le débat
qu'on a, M. le ministre, dites-nous donc que la corporation peut conclure avec
tout propriétaire d'ambulances un contrat de location en vertu duquel
les ambulances doivent être disponibles de façon exclusive. Point.
Là où elles doivent être disponibles et les horaires, c'est
clair que c'est autre chose. Ce n'est pas compliqué et cela va
éviter le débat. Il doit bien y avoir quelque chose de pas clair
si tout le monde discute autour de cela.
M. Dutil: M. le Président, j'espère que la
dernière remarque du député de Gouin est assez claire pour
qu'on comprenne que, si toutes les choses qui sont claires n'étaient pas
débattues, il y aurait beaucoup moins de débats ici. Cela
m'apparaît clair. Cela apparaît clair à plusieurs
députés.
M. Rochefort: C'est clair, ce que vous dites.
Le Président (M. Bélanger): On était
à l'article 149. 15, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que c'est fait formellement, et vous
l'acceptez9 On s'est entendu9
M. Dutil: Oui, la proposition de rajouter "de façon
exclusive" est faite de façon formelle.
Le Président (M. Bélanger): Tel que libellé
ici, oui, c'est recevable.
M. Chevrette: Nous allons avoir un amendement.
Le Président (M. Bélanger): Cela devient un
sous-amendement.
M. Chevrette: Oui. Chose certaine, c'est que tel que
libellé je suis absolument d'accord avec l'interprétation que le
député de Gouin donne. En français, on ne peut pas dire
autre chose. Des ambulances doivent être disponibles aux points de
services. Vous ajoutez votre... Si, pour les contrats, vous parliez
d'exclusité d'ambulances, je pourrais comprendre que vous ne les
rattachiez pas aux points de services. Des contrats d'exclusité, on ne
peut pas se servir de l'ambulance qu'on loue, qu'on cède par contrat,
cela, c'est clair. Mais des contrats d'ambulances dont
la disponibilité est reliée - c'est très clair -
aux points de services, la disponibilité est reliée à
quoi? Si c'était à la corporation, comme disait le
député de Gouin, vous pourriez avoir raison de dire qu'il y a
quelque chose qui ne fonctionne pas là. Mais, "maudine", il me semble
que vous voulez avoir l'exclusivité. C'est vous qui l'offrez mais vous
l'offrez pour et au nom de la corporation. Je ne sais pas pourquoi le ministre
ne veut pas du tout accepter le texte qui était déjà dans
la Loi sur les services de santé et les services sociaux; il
réglait tout cela. Il réglait tout cela, le paragraphe 3,
là. C'était clair que, quand il donnait une ambulance à
Urgences-santé, c'était pour l'exclusivité. Il y avait ces
deux notions dedans, par exemple, il y avait aussi la totalité de la
flotte. Et il réglait, dans un seul texte très limpide, toute
cette question-là. Je ne vois pas pourquoi... Puis, cela ne va pas
à l'encontre de la loi, contrairement à toutes les
prétentions, mais vous êtes en train de nous faire gober cela
à la miette et par petits bouts, puis cela devient légal. Moi, je
suis convaincu que le paragraphe 3 règle exactement ce que le ministre
veut d'une façon très claire et très limpide.
Le Président (M. Bélanger): Si on essaie de
résumer les débats jusqu'à maintenant, je vais essayer de
faire un schéma. M. le ministre, vous me corrigerez si je suis dans
l'erreur, je ne m'y connais absolument pas en ambulance et Dieu me garde d'y
embarquer un jour, je veux rester en santé. Alors, un point de services,
logiquement, cela me semble être un point où des ambulances sont
en attente pour desservir un territoire. À l'intérieur de ce
territoire-là, si j'ai compris 149. 5, la corporation peut favoriser la
concertation, administrer un service préhospitalier d'urgence, recevoir
les appels des personnes des établissements et faire faire le transport,
concevoir et implanter un système d'information pour connaître de
façon quotidienne la situation, autoriser le transport d'une personne
d'un établissement vers un autre établissement, etc.
Donc, vous définissez l'ensemble des fonctions ou des
prérogatives. Mais, le point de services, c'est un endroit où,
stratégiquement, on place nos ambulances, le nombre d'ambulances qui est
déterminé par un permis ou par une négociation avec le
détenteur de permis, pour offrir le service dans le territoire. Alors,
cela me paraît deux notions différentes. Est-ce que j'ai tort ou
raison?
M. Dutil: M. le Président, en tout cas, je ne pense pas
qu'on s'embarque dans la complexité du déplacement des points de
services à Montréal et ailleurs, puisqu'on l'établira
ailleurs. Que ce soit le texte qui existait ou le nouveau texte, ce que disait
le député de Gouin quant à cette
complexité-là tout à l'heure demeure. Qu'est-ce qui est
écrit dans l'article qui existait auparavant, là? On parle des
points de services et des horaires déterminés.
M. Rochefort: Non, non. De façon exclusive de la centrale
de coordination...
M. Dutil: Oui, oui; d'accord, d'accord. Mais, c'est...
M. Rochefort: Oui, oui, mais...
M. Dutil:... parce que, c'est parce que...
M. Rochefort:... il n'y a pas d'ambiguïté
là-dessus.
M. Dutil:... ce que le président soulève,
là, c'est un problème de points de services versus le transport
inter-établissements. Moi, je pense que cela est une discussion qui ne
devrait même pas exister parce que...
M. Rochefort: Bien c'est...
M. Dutil:... l'ancien texte nous permettait de le faire.
M. Rochefort: Bien, M. le Président, moi, je me permets de
dire au ministre...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort:... que je ne serais pas surpris qu'un des
débats qu'a déjà connu Urgences-santé, ce soit ou
ce seront les ambulances louées des compagnies privées. Je ne
serais pas surpris que, si on est obligé de se référer,
chez vos collaborateurs, à cette notion d'exclusivité et de
points de services, c'est peut-être parce que cela correspond à un
vieux problème qui a déjà existé, à savoir.
Oui, oui, je loue les ambulances, mais pourquoi serais-je obligé
d'être à tel coin de rue plutôt qu'à tel autre coin
de rue? Donc, qui va décider du coin de rue, et tout cela.
Peut-être que je me trompe, et je le souhaite, mais je
répète...
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas la
même chose.
M. Rochefort: Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas la
même chose, là.
M. Rochefort: Bien, je ne sais pas sur quoi vous vous basez pour
dire que ce n'est pas la même chose, là. Pourquoi relier
l'exclusivité aux points de services? Je vous le répète,
l'article actuel dit: Le titulaire d'un permis d'exploitation d'un service
d'ambulances de la région de Montréal métropolitain doit
mettre à la disposition exclusive de la centrale de coordination la
totalité de ses ambulances aux points de services et selon les horaires
déterminés... Bon! Alors, là, il n'y a pas
d'interprétation, il n'y a personne
qui peut débattre l'exclusivité dont on parle et il n'y a
personne qui, compte tenu du débat de l'exclusivité, peut nous
expliquer que les points de services se déplacent sur la carte et que
les transports inter-établissements deviennent des points de services,
que les établissements, dans ces cas-là, deviennent des points de
services pour ne pas qu'on soit illégal par rapport au texte de la loi.
Je ne comprends pas l'utilité. Cela fait trois quarts d'heure qu'on
discute de cela, il doit bien y avoir une raison, là, je ne comprends
pas l'utilité de ce débat-là, compte tenu qu'on a un texte
qui, lui, ne prête pas à confusion, ni, comme le disait le
ministre, au débat des points de services.
M. Dutil: Alors, je pense que l'ensemble du débat a
été fait. On privilégie, nous, que cela soit 149. 15. J'ai
un amendement qui est fait, qui est explicite quant à
l'exclusivité. Nous avons dit qu'éventuellement, à 149.
16, il y aurait également un amendement qui était libellé.
Moi, ce que je suggère, M. le Président, c'est qu'on en finisse
avec l'amendement à 149. 15 et que, par la suite, on reprenne le
débat au premier article et qu'on poursuive notre étude article
par article. (16 h 45)
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous avez fait
un amendement, mais M. le député de Joliette avait parlé
d'un sous-amendement.
Est-ce que vous déposez un sous-amendement, M. le
député de Joliette, ou si...
M. Chevrette: Bien, si le ministre est arrêté et
s'il veut voter pour, il vivra avec. Mais, moi, je vous garantis qu'il serait
bien plus simple de dire que lesdits contrats devront prévoir
l'exclusivité des véhicules au service de la corporation. Cela,
cela serait clair, cela ne prête pas à interprétation, puis
je ne vois pas pourquoi il s'entête, quand on a à bonifier un
projet de loi, à défendre un amendement qui complique et qui
déjà, au sein des parlementaires, sert à
l'interprétation. Imaginez-vous ceux qui vont avoir à
l'interpréter! Ils vont venir lire dans les procès-verbaux ce que
le...
Une voix:...
M. Chevrette:... savant Me Dutil a dit concernant
l'interprétation de 149. 15, voyons!
Si on veut que cela soit clair, on peut marquer carrément ici que
les contrats doivent prévoir une clause d'exclusivité pour la
corporation. Cela serait clair. Mais s'il ne le veut pas, s'il veut absolument
que la sienne passe, qu'il nous le dise, on ne la fera même pas. Tient-il
à la sienne au point de garder l'ambiguïté ou s'il
accepte...
M. Dutil: C'est là tout le débat, c'est là
tout le débat, M. le Président. J'estime, de ce
côté-ci, que l'amendement que je préconise est aussi clair
que l'amendement que pourrait préconiser l'Opposition et que, dans le
texte, cela va plus rapidement que de procéder de cette
façon-là. Et je demande aux membres de la commission d'appuyer
cet amendement-là, qu'on en finisse.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: J'ai droit à mes 20 minutes sur l'amendement,
M. le Président.
Une voix: Ah!
M. Claveau: Écoutez! Moi, ce que je comprends de cet
article-là, c'est que, dans le fond, 149. 15 dit fondamentalement qu'on
va signer des contrats qui vont assurer qu'il y aura des ambulances dans les
points de services. C'est ce que cela dit. Cela ne parle pas de la
problématique du contrat comme tel, cela dit qu'on est obligé de
signer des contrats pour s'assurer qu'il y ait des ambulances dans les points
de services.
Là où le ministre a introduit son amendement, là
où il situe son exclusivité, dans le fond, il la situe non pas
relativement au contrat, mais relativement aux points de services. Il la met
dans la deuxième partie de la phrase, là où l'on parle des
points de services alors que, personnellement, je pense qu'il aurait dû
la mettre dans la première partie de la phrase au moment où l'on
parlait du contrat. On dit, dans la première partie de la phrase: "La
corporation peut conclure avec tout propriétaire d'ambulances un contrat
de location". Cela, c'est la première partie de la phrase, c'est le
contrat. Ce contrat de location - la deuxième partie - "en vertu duquel
des ambulances doivent être disponibles aux points de services... " Donc,
là, on n'est plus au niveau du contrat, on est au niveau des points de
services; il introduit son amendement. Donc, dans la deuxième partie,
quand on parle de la localisation, on dit: "... en vertu duquel les ambulances
doivent être disponibles de façon exclusive aux points de
services". Alors que, personnellement, je crois que c'est dans la
première partie de la phrase, où l'on traitait du contrat comme
tel, qu'il aurait dû y avoir amendement. Par exemple, juste à
titre d'hypothèse, on aurait pu lire - et je crois que le ministre va
comprendre très rapidement ce que je veux dire - cette hypothèse:
La corporation peut conclure un contrat exclusif de location avec tout
propriétaire d'ambulances en vertu duquel... ", etc. Là, on
retourne au niveau des points de services. C'est une hypothèse. Mais la
notion d'exclusivité, on doit la retrouver dans la première
partie de la phrase, quand on parle du contrat et non pas quand on parle de la
localisation, dans la deuxième partie de la phrase. C'est ce que je
voulais dire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais savoir si le ministre a bien saisi la
différence et peut-être simplement rappeler que l'exercice qu'on
fait là, c'est simplement pour essayer de rendre la loi un peu plus
claire et lui donner, à l'interprétation, le sens que le ministre
veut lui donner. Je pense que la remarque du député d'Ungava est
juste. On vient lier l'exclusivité non pas au contrat qui vient lier
pour la mise à la disposition de la corporation la flotte d'ambulances,
mais on vient la lier à des points de services. C'est
l'interprétation, je pense bien... Là-dessus, le
député d'Ungava a raison, il serait beaucoup plus propre au sens
de l'interprétation si on liait l'exclusivité au contrat et non
pas aux points de services parce que je pense que c'est ce que le ministre
voulait faire. S'il nous dit qu'il veut la lier aux points de services, on va
comprendre. Mais, peut-être que... À la suite des informations,
est-ce que le ministre révise un peu sa position, sa lecture?
Le Président (M. Bélanger): Là, dans le
fond, on cherche tous la même chose: c'est juste de faire en sorte que la
loi dise exactement ce qu'on veut qu'elle dise. Il y a une question...
Mme Blackburn: Bien, là, je ne sais pas si...
Le Président (M. Bélanger):... de libellé
là, et...
M. Dutil: II y en aurait une façon, M. le
Président, de régler la question, si l'Opposition le veut bien,
c'est de dire: Bon, on accepte l'article 1, avec la modification et, quant au
libellé de 149. 15 et au libellé de 149. 16 s'il y a lieu, on les
retravaillera et on verra si on peut arriver à la satisfaction
générale. Parce que, si on vise le même but et qu'on a une
interprétation différente, il y a sûrement un
libellé qui rejoint les deux interprétations. Je pense que notre
interprétation est correcte. L'Opposition pense que son
interprétation est correcte. Il y a peut-être une formule qui
atteint cet objectif-là. À ce moment-là, M. le
Président, on peut reprendre article par article, au début,
laisser 149. 15 en suspens comme les autres en disant... Mais....
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly.
M. Latulippe: Je veux juste revenir un petit peu en
arrière. M. le ministre, dans la loi telle qu'elle était
auparavant, un propriétaire avait l'obligation d'avoir d'un permis par
ambulance et il avait l'obligation de vouer l'ensemble de ses ambulances, avec
tous ses permis, au service de la corporation. Et c'était la même
chose de la part d'Urgences-santé. Elle avait l'obligation d'envoyer ses
appels au propriétaire, l'exclusivité du service de toutes ses
ambulances. Est-ce que c'est cela?
M. Dutil: C'est-à-dire que, là, je tiens à
préciser qu'il n'y avait pas nécessairement un permis par
ambulance parce qu'il y a des détenteurs de permis qui avaient un peu
plus d'ambulances que le nombre de permis, pour raison de réparations ou
autres. Hormis cette...
M. Latulippe: Hormis cette distinction-là, c'était
l'exclusivité de service de toutes les ambulances et
l'exclusivité des appels. On voulait éviter...
M. Dutil: C'est cela.
M. Latulippe:... qu'il y ait du transport par ambulance "on the
side", excusez l'expression. C'est cela.
M. Dutil: C'est ça.
M. Latulippe: Maintenant, dans le nouveau système, la
nouvelle loi, par quel article va se faire cette double exclusivité de
l'ensemble des appels et de l'ensemble des ambulances pour éviter que
cela se fasse encore "on the side"? Excusez l'expression.
M. Dutil: C'est cela, M. le Président. On avait une
proposition pour modifier une partie de 149. 15 et une partie de 149. 16 afin
d'assurer l'exclusivité à la corporation et d'assurer aussi que
l'on donne un contrat sur tous les permis. Je ne voudrais pas m'écarter
de l'amendement que nous discutons actuellement. Je comprends ce que dit le
député de Chambly mais, étant donné que le
libellé de l'amendement que je propose ne semble pas satisfaire
l'Opposition, mais que nous semblons d'accord tous les deux sur l'objectif
visé, ce que je suggère, c'est d'attendre ce
libellé-là. On va arriver à 149. 15 à un moment
donné. On verra si le libellé peut convenir à tout le
monde et reprenons le texte article par article. Sinon, si l'Opposition ne veut
pas cela, ce que je suggère ici à la commission, c'est de voter
sur l'amendement tel que présenté et qu'on reprenne le
débat au début, comme cela devrait être.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je pense que, si le ministre ne comprend pas
l'Opposition, il devrait comprendre son collègue. Son collègue
lui dit ceci: II lui dit que ce qui existait avant dans les lois,
c'était clair. C'est vrai. C'était tellement clair qu'on le
retrouvait carrément au paragraphe 3 de l'article 18. 3 dans la Loi sur
les services de santé et les services sociaux. Et cela n'a jamais
créé de problème. Donc, pourquoi le ministre a-t-il
proposé à l'article 1 d'enlever le paragraphe
18. 3, le troisième alinéa? C'est qu'il a dit: Oui, mais
ce n'est plus le CRSSS, c'est la nouvelle corporation. Bien sûr. Mais
c'est pour cela que ça serait très clair. Qu'il change le CRSSS
par la nouvelle corporation. Vous avez tout le jus que vous aviez avant. Cela
ne crée pas de problème. Tout le monde était d'accord avec
cela avant. S'il veut que ce soit la nouvelle corporation qui le fasse, eh
bien, bonjour Luc! Je ne vois pas pourquoi le ministre tient à en mettre
un petit bout ici, un petit bout là et diluer son affaire.
C'était très clair dans le troisième alinéa. Cela
réglait tout. Il n'a qu'à changer CRSSS de Montréal
métropolitain par corporation, la nouvelle au sens de la loi 34. Il
vient de régler tout son problème. Là, il veut qu'on
vienne, qu'on s'en retourne, qu'on s'en aille. Je ne sais pas trop quoi.
Maudit, quand c'est clair de même et que cela n'a pas créé
de problème et qu'il ne fait qu'enlever le CRSSS, si cela prend deux ou
trois minutes avec ses avocats pour lui faire comprendre que c'est exactement
ce qu'on veut et que cela correspond au voeu du député de
Chambly, nous ne parlons plus une minute, nous passons à autre chose. Il
a tout dans le même paragraphe. C'est clair, clair. Cela ne vous convient
pas en plus?
M. Dutil: M. le Président, je maintiens ce que je viens de
dire.
M. Chevrette: II est bien mûle!
M. Dutil: Si le libellé ne satisfait pas l'Opposition, la
proposition maximale que je peux faire, c'est de revenir au départ. On
représentera le libellé ultérieurement quand on arrivera
à 149. 15, sinon, qu'on vote sur le libellé.
Le Président (M. Bélanger): Donc, comme on ne
s'entend visiblement pas sur le libellé, vous proposez qu'on prenne le
vote.
M. Claveau: Attendez un peu! On a encore du temps de parole, M.
le Président. Notre temps n'est pas écoulé.
M. Chevrette: S'il ne veut rien comprendre, on va parler.
Le Président (M. Bélanger): Non, dès que le
vote est demandé...
M. Claveau: Notre temps de parole n'est pas écoulé.
On a le droit de parler, selon le règlement.
M. Rochefort: Une minute. Une voix: II est
pressé.
Le Président (M. Bélanger): Je vais vous
prêter le livre des règlements et je vais vous le faire lire.
M. Rochefort: On ne passera pas la semaine ici.
M. Chevrette: On l'a lu.
Le Président (M. Bélanger): II ne dit pas n'importe
quoi, le règlement. M. le député de Gouin,
brièvement.
M. Rochefort: M. le Président, je parle en mon nom, en
tout cas. Si le ministre accepte de faire travailler ses juristes pour en
arriver à une rédaction plus limpide qui éviterait tout
débat d'interprétation, j'avoue que je préférerais
cela à voter sur ce qui ne me semble pas correct.
Une voix: Le ministre n'a pas demandé un vote. Il a
demandé de reporter l'étude.
M. Chevrette: Simplement 30 secondes. Si le ministre demande la
suspension de l'article 149. 15 et de l'article 149. 16, il va aussi suspendre
l'article 1, paragraphe 3, parce que c'est précisément la
référence à la Loi sur les services de santé. Donc,
qu'il suspende les trois articles et qu'il regarde si ce qu'on lui dit, le
député de Chambly et moi-même, ce ne serait pas la formule,
changer juste le CRSSS par la corporation.
M. Dutil: M. le Président, est-ce qu'on se comprend bien?
C'est juste l'alinéa 3 qui fait défaut.
M. Claveau: C'est cela.
M. Dutil: Suspendre l'alinéa 3 de l'article 1.
M. Claveau: C'est cela.
M. Chevrette: Oui.
M. Dutil: C'est bien cela?
M. Chevrette: C'est là-dessus qu'on a apporté un
amendement.
M. Dutil: D'accord. Alors, qu'on adopte l'article 1 moins
l'alinéa 3, qu'on retire les amendements considérant l'article
149. 15 et on va continuer notre travail.
M. Chevrette: Moins l'alinéa 3. Ne bougez pas 30 secondes.
C'est exact.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela.
M. Rochefort: Juste avant cela, M. le Président. J'ai une
brève question à poser au ministre.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez! On va
se retrouver. Est-ce qu'on suspend l'étude de l'amendement
proposé par le ministre? On va se
comprendre. On va éliminer les choses une à une.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Dutil: D'accord.
M. Chevrette: Un instant! Vous l'avez enlevé à 1.
J'ai une question sur 1 avant de vous dire la réponse complète.
Vous aviez avant, à 18. 3, la notion du transport
inter-établissements. Vous l'avez enlevée. Qui aura
l'autorité?
M. Dutil: On n'a pas voté 1 encore.
M. Chevrette: Non, mais je veux savoir avant. Avant de vous
répondre, si je retire seulement le 3°, il faut au moins que j'aie
réponse à 1.
Le Président (M. Bélanger): Je raisonne tout haut
en attendant qu'on cherche et on suspend la procédure une seconde. Ce
qu'on cherche, c'est, par l'exclusivité, de faire en sorte que,
lorsqu'un propriétaire d'ambulances a un contrat pour fournir dix
ambulances - si, pour en fournir dix, il doit en avoir treize, ça c'est
une autre affaire - il doit fournir dix ambulances en service dans les
différents points de services, pour éviter que la corporation
négocie... Même si votre contrat disait que vous deviez nous en
fournir dix, dorénavant, on en veut seulement six. À l'inverse,
quand un propriétaire dit: Moi, j'ai treize ambulances; maintenant, vous
en mettrez treize sur la route.
M. Rochefort: Cela se réfère à la
totalité, M. le Président. Cela ne se réfère pas
à l'exclusivité.
M. Dutil: De toute façon, M. le Président, pour
répondre à la question du chef de l'Opposition, voulez-vous la
reformuler, la répéter? Quel article?
M. Chevrette: M. le ministre, vous m'avez demandé: Est-ce
qu'on peut adopter les points 1 et 2 si c'est seulement le point 3 qui
accroche?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: J'ai dit: Avant de vous donner ma réponse
sur 1 et 2, il faudrait que j'aie une réponse au point 1 qui traite du
transport inter-établissements. Si vous donniez ce pouvoir-là
à l'OSBL, à la nouvelle corporation... D'abord, est-ce que vous
pouvez donner à une corporation dite autonome le pouvoir, la
responsabilité du transport inter-établissements parce que c'est
hors réseau? C'est en dehors du réseau des affaires sociales et
de la santé. Est-ce qu'il pourrait avoir la responsabilité de
l'organiser?
Prenez le point 1 dans l'article 18. 3 anciennement, établir les
critères d'admission, les politiques de transfert des
bénéficiaires dans les établissements publics et les
établissements visés. La nouvelle corporation peut-elle avoir le
pouvoir d'établir une politique de transfert des
bénéficiaires. C'est un organisme sans but lucratif hors
réseau. Est-ce que c'est maintenu, ce pouvoir-là? S'il est
maintenu, où est-il maintenu? Au CRSSS? (17 heures)
M. Dutil: Attendez un petit peu. Il n'est pas... C'est là
où il y a un malentendu. Par le remplacement du premier alinéa et
de ce qui précède le paragraphe 1...
M. Chevrette: II est maintenu au CRSSS.
M. Dutil: Oui, et ce qui précède...
M. Chevrette: Bon d'accord, cela répond...
M. Dutil: Et ce qui précède.... Cela répond,
on suit? Alors, c'est en haut du paragraphe 1.
M. Rochefort: Alors, comment le CRSSS va-t-il assumer cette
responsabilité-là?
M. Chevrette: Sans autorité sur le nouvel OSBL, c'est
cela?
M. Rochefort: Avec quels véhicules, à quelle
heure?
Comment le CRSSS assumera-t-il la responsabilité des transports
inter-établissements, et avec quels véhicules?
M. Dutil: Le CRSSS ne fait que la politique. Il n'assure pas
lui-même le transport. C'est l'OSBL qui va l'assumer.
M. Rochefort: Et vous avez cela à quel endroit, que l'OSBL
va faire du transport interétablissements?
M. Chevrette: Vous ne l'avez pas.
M. Dutil: On recommence, M. le Président, exactement la
même procédure.
M. Chevrette: Vous ne l'avez pas.
M. Rochefort: Non, non, on ne veut pas aller adopter l'article,
mais pour pouvoir adopter 1, on veut au moins voir où est son
équivalent ailleurs, non pas en disposer, mais le voir.
M. Dutil: 149. 5 5° Autoriser le transport d'une personne
vers un autre établissement que celui....
M. Rochefort: Non, non, non. Ce sont des détournements et,
d'ailleurs, j'ai une question là-dessus, M. le Président.
M. Chevrette: C'est seulement dans le cas d'engorgement.
M. Rochefort: J'ai une question là-dessus aussi, mais ce
n'est pas à cela que cela se réfère.
M. Dutil: 149. 5 3°: Recevoir les appels des
établissements...
M. Rochefort: Recevoir les appels...
Le Président (M. Bélanger):... des personnes et des
établissements qui demandent des services d'ambulances. Ah!
d'accord!
M. Dutil: Et des établissements.
M. Rochefort: Ah! d'accord! Parfait! Alors, moi... Cela va?
M. Chevrette: Oui, cela va.
M. Rochefort: Alors, une autre question relative à 1.
Outre troisièmement, on dit à 2°: par la supression des
paragraphes 5°, 5. 1°, et 6° du deuxième alinéa.
À 5°, d'accord, on dit: "Autoriser le déplacement de
bénéficiaires vers un autre établissement lorsque l'un de
ces établissements vit une situation d'engorgement après avoir
appliqué toutes les procédures en vigueur". Ce sont les
responsabilités du CRSSS.
Ce que je comprend dans la transposition qui est faite, c'est qu'on s'en
va à 149. 5, 5°, qui dit: "Autoriser le transport d'une personne
vers un autre établissement que celui Initialement prévu lorsque
ce premier établissement vit une situation d'engorgement, après
avoir appliqué toutes les prodédures en vigueur". Je ne veux pas
faire mon linguiste. D'abord je voudrais comprendre pourquoi on modifie "le
déplacement" par "le transport", et je vous dis que, dans mon esprit, ce
que je comprenais, c'est qu'autoriser le transport, c'est quand tu es dans
l'ambulance, On dit: Tu t'en vas à l'hôpital Fleury; puisque la
salle d'urgence est engorgée, tu t'en vas maintenant à
l'hôpital Santa Cabrini.
M. Dutil: Cela, c'est un détournement.
M. Rochefort: Non, c'est... 149. 5, 5°, j'accepterais cela.
Mais ce que je comprends du texte actuel qui dit non pas autoriser le
transport, mais autoriser le déplacement d'un
bénéficiaire, je comprends que cela couvre aussi la situation
d'un bénéficiaire qui est dans la salle d'urgence de
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et qui, compte tenu de son état
d'engorgement, demande que ce bénéficiaire soit
déplacé vers la salle d'urgence de l'Institut de cardiologie.
Comprenez-vous ce que je veux dire?
M. Dutil: Oui, oui.
M. Rochefort: Alors pourquoi, si ce que je dis est futile, n'est
pas pertinent, pourquoi encore une fois modifier les expressions entre 18. 3 de
la loi actuelle et 149. 5, 5° de la nouvelle loi. Je veux juste une
explication, mais je vous dis que, pour moi, il y a une différence.
M. Dutil: On n'a jamais autorisé de déplacement
d'une personne à ma connaissance, cela a toujours été le
transport, le rôle de l'hôpital, c'est à l'intérieur
de l'hôpital. Ce ne sont pas les techniciens ambulanciers qui font du
déplacement à l'intérieur de l'hôpital. C'est cela
votre question.
M. Rochefort: Non, non, non. Ce n'est pas cela que je dis. Ce que
je comprends de 149. 5, 5°, c'est clair. Il y a un accident de la
circulation au coin de telle rue. Les ambulanciers d'Urgences santé
arrivent, prennent le patient et en route vers l'établissement,
l'hôpital Bellechas-se, ils se font dire par le technicien de la nouvelle
corporation "salle d'urgence de Bellechasse engorgée, vous allez
à Fleury". Pour moi, c'est ce que veut dire "Autoriser le transport
d'une personne vers un autre établissement que celui prévu
initialement lorsque ce premier établissement vit une situation
d'engorgement, après avoir appliqué toutes les procédures
en vigueur". Parfait! Cela va être la nouvelle loi.
Dans la loi actuelle, on dit "autoriser le déplacement", et non
pas "le transport". Donc: "Autoriser le déplacement d'un
bénéficiaire vers un autre établissement lorsque l'un de
ces établissements vit une situation d'engorgement, après avoir
appliqué toutes les procédures en vigueur. " Ce que je dis, c'est
que, dans mon esprit, la loi actuelle pourrait être plus large que la
nouvelle loi en ce sens qu'on pourrait très bien se retrouver avec un
patient qui, sans avoir été admis à Maisonneuve-Rosemont,
se retrouve dans les lieux physiques de la salle d'urgence de
Maisonneuve-Rosemont, mais que le médecin coordonnateur, voyant son
achalandage, l'état d'engorgement - c'est peut-être une personne
qui est arrivée par ses propres moyens - auquel il fait face dise:
Écoutez, madame, moi, je ne pourrai pas vous soigner et vous
requérez des soins, je souhaiterais que vous soyez
déplacée - là, je reviens au texte actuel - vers un autre
établissement. Si tout ce que je viens de dire ne tient pas, pourquoi
modifier les deux expressions d'une loi à l'autre? C'est cela ma
question.
M. Dutil: Ce que je comprends de l'intervention du
député de Gouin, c'est qu'on vient d'apporter une
précision à ce que l'on fait. Effectivement, c'est du transport,
et non pas du déplacement interne. On vient d'apporter une
précision, mais ce que je viens de comprendre, c'est que quand on va
arriver à l'article 149. 5 le député de Gouin va faire un
amendement et va proposer de changer le mot "transport" pour
"déplacement" et on va avoir un long débat,
malheureusement, sur peu de choses. C'est cela que je viens de comprendre.
M. Rochefort: M. le Président, c'est parce que la
dernière fois que le ministre m'a expliqué qu'on aurait un long
débat sur peu de chose, c'était au projet de loi sur le Conseil
de la famille et il a fini par changer. La fois d'après, c'était
il y a à peu près une demi-heure et il a fini au moins par
accepter de suspendre, alors qu'une demi-heure avant il voulait nous imposer
son article. Je me dis qu'on va continuer. Remettre sur le métier, des
fois il y a de l'espoir et des résultats.
M. Dutil: Je suis heureux de...
M. Rochefort: Mais ce que je dis au ministre, M. le
Président, c'est parce qu'il veut nous faire disposer de l'article 1.
Moi, je le veux bien, mais avant d'en disposer je veux savoir ce qu'il va y
avoir à la place et, auquel cas, moi, avant de changer
"déplacement" par "transport", je veux que le ministre me dise pourquoi
on change l'expression.
M. Dutil: C'est ce que j'ai expliqué là.
Premièrement, pour répondre à ce que disait le
député de Gouin tout à l'heure sur le Conseil de la
famille, il m'a dit tout le temps que je n'avais pas accepté
d'amendement, là, il vient de me dire que j'ai été souple
puis que j'ai accepté des amendements.
M. Rochefort: Je n'ai jamais dit cela, je vous défie de
trouver quelque citation que ce soit au Journal des débats.
M. Dutil: Mais, quoi qu'il en soit, je suis en dehors du sujet.
Cela va.
Le Président (M. Bélanger): Le projet de loi
actuel. Si cela ne vous fait rien, on va laisser l'autre de
côté.
M. Dutil: Je m'excuse, M. le Président, d'avoir
été en dehors du sujet. J'ai senti que la remarque avait
suscité un débat, je me suis laissé allé, je ne me
laisserai plus aller.
M. Chevrette: Donc, on pourrait accepter seulement 2,
étant donné que 1 n'est pas clair.
M. Dutil: M. le Président, je pense que 1 est clair. J'ai
donné la différence entre "transport" et "déplacement";
"transport" correspond à ce que l'on fait, ce qu'on a toujours fait et
"déplacement" ne correspond pas à ce que l'on a fait dans le
passé, tout simplement. Si le député de Gouin, à ce
moment-là, trouve cela imprécis et veut faire un amendement, il
le fera.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
là, une couple de secondes, juste en termes de procédure, pour
nettoyer les affaires et savoir où on s'en va parce qu'au Journal des
débats il n'y a plus personne qui va se retrouver là-dedans:
D'abord, est-ce que l'étude de l'amendement et de l'article 149. 15 tel
qu'introduit par l'article 2 du projet de loi est suspendue?
M. Chevrette: Suspendu.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que
l'étude de l'article 2 du projet de loi 34 est suspendue?
M. Chevrette: Suspendu.
Le Président (M. Bélanger): Nous reprenons
maintenant l'étude de l'article 1 que nous avions suspendue
précédemment.
M. Chevrette: C'est cela.
Fonctions du CRSSS-MM (suite)
Le Président (M. Bélanger): Là, on est
revenu à la case de départ. On peut y aller, sur l'article 1. On
s'entend sur ceci: "l'article 18. 3 de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux est modifié: 1°, par le remplacement du
premier alinéa et de ce qui précède le paragraphe 1°
du deuxième alinéa par ce qui suit: 18. 3 Le Conseil de la
santé et des services sociaux de la région de Montréal
métropolitain exerce, dans le but de répartir les cas d'urgence,
les fonctions suivantes: 2° par la suppression des articles 5°, 5.
1° et 6° du deuxième alinéa, 3° par la suppression du
troisième alinéa. "
M. Dutil: Et ce que l'on convient, M. le Président, c'est
de suspendre 3°, "par la suppression du troisième alinéa".
C'est bien cela?
Le Président (M. Bélanger): C'est bien cela. Alors,
vous, vous avez proposé tout à l'heure, si je comprends bien,
qu'on accepte l'article 1...
M. Chevrette: Jacques, demande-lui donc si...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Pour être sûr qu'on... On était prêt à adopter
l'article 1 moins le 3° qui se lisait comme suit: "par la suppression du
troisième alinéa", lequel troisième alinéa, on se
le rappelle, parlait du titulaire d'un permis d'exploitation.
M. Rochefort: M. le Président, je fais une dernière
tentative avant de proposer la suspension de 2°. Est-ce que le ministre
peut nous expliquer, à l'aide de ses collaborateurs, quelle est la
différence entre déplacement et transport? Il a sûrement
une raison pour le modifier. S'il n'y avait pas de changement, il laisserait le
même mot.
M. Dutil: M. le Président.
M. Rochefort: Ce n'est pas vrai qu'il légifère pour
légiférer.
M. Dutil: M. le Président, le mot "transport" correspond
à ce que nous faisons.
M. Rochefort: Bon, alors "déplacement", qu'est-ce que cela
veut dire?
M. Dutil: Le mot "déplacement" pourrait inclure le
déplacement d'une personne hospitalisée à
l'intérieur de l'hôpital, par exemple, ce qui ne correspond
pas...
M. Rochefort: Alors, qui va faire cela quand cela va être
nécessaire?
M. Dutil:... à ce que nous avons l'intention de faire. M.
le Président, ce que je vous dis, c'est que lorsqu'on va discuter des
amendements et articles au fur et à mesure qu'on va les prendre, si le
député de Gouin veut nous demander de suspendre ce
deuxième alinéa, je vais demander à la commission de voter
contre, puisque le débat qu'il veut entreprendre maintenant, on va
l'entreprendre à 149. 5 et je n'ai pas l'intention de refaire ce que
nous venons de faire, de recommencer à discuter un autre
alinéa.
M. Rochefort: Oui, mais, M. le Président... M.
Chevrette:... Attention M. le Président! M. Dutil: Oui,
monsieur. M. Rochefort: M. le Président.
M. Chevrette: Une minute. Un instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le ministre, vous avez le droit de dire ce que
vous voulez, mais vous vous imputerez vos propres torts. C'est vous qui nous
avez amenés à 149. 15.
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: C'est vous qui essayez de trancher la saucisse.
M. Dutil: J'en conviens, monsieur.
M. Chevrette: C'était à vous d'accepter notre
suggestion. Ce serait fini.
M. Rochefort: Sur ce, M. le Président, je veux bien que le
ministre veuille utiliser sa majorité pour aller plus vite, mais je
serais heureux de voter avec lui sur son article, à 2°, mais pour
autant qu'il me donne ma réponse.
M. Dutil: C'est là qu'est tout le débat, M. le
Président.
M. Rochefort: Je veux bien qu'il me fasse faire une profession de
foi en me disant: Quand on arrivera à 149. 5, 3°, le
député de Gouin fera bien l'amendement qu'il voudra et patati et
patata. Mais, là, il faut que je vote sur 2°, pas sur 149. 5,
3°, quatrième ligne. Il faut que je vote sur 2°. Ou vous
m'expliquez pourquoi vous modifiez "déplacement", auquel cas je vous ai
posé une question: Qui va les faire maintenant? Parce que ce n'est pas
tout à l'heure qu'on va voter là-dessus, c'est maintenant.
M. Dutil: C'est ce que j'ai dit, M. le Président. J'ai
répondu à la question.
M. Rochefort: Non, vous n'avez pas dit qui le ferait.
M. Dutil: J'ai répondu. J'ai dit que ce n'est pas
nous.
M. Rochefort: Vous m'avez dit qui ne le ferait plus, mais vous ne
m'avez pas dit qui le ferait.
M. Dutil: Bien, c'est évident que cela se fait à
l'intérieur de l'hôpital.
M. Rochefort: S'il s'en va dans un autre hôpital, cela va
être dur de rester à l'intérieur.
M. Dutil: C'est du transport. Voilà. Alors, quoi qu'il en
soit, M. le Président, c'est un débat qui va venir à 149.
5.
M. Rochefort: Donc, pour vous, "transport" implique tout
déplacement d'un établissement à un autre. C'est cela?
M. Dutil: M. le Président, j'ai répondu. Je pense
qu'on tourne en rond. Si le député de Gouin veut demander la
suspension de l'alinéa 2 pour cette raison, qu'il le fasse et, moi, je
vais demander à la commission de voter contre la suspension de
l'alinéa 2, parce qu'on va en discuter à 149. 5.
M. Rochefort: M. le Président, je veux faire une
intervention, une seule. On n'est pas en train de jouer avec le train
électrique du ministre dans son sous-sol, où les seules
conséquences sont qu'il n'ait pas tout le plaisir qu'il souhaiterait
avoir avec son train électrique. On est en train d'élaborer une
loi qui ne sera pas la loi du ministre, mais la loi de tous les
Québécois et tout le monde autour de la table a le mandat de
faire la meilleure des lois possibles. Vu que
cela va avoir une influence sur la qualité et la quantité
des services de santé dans des situations d'urgence pour les gens, on
voudrait que le ministre réponde aux questions pour lesquelles il nous a
convoqués ici. C'est tout ce qu'on veut faire, mais tout cela qu'on veut
faire.
M. Dutil: M. te Président, avec autant de sérieux
que vient de le faire le député de Gouin, j'ai répondu
tout à l'heure à sa question. Mais, quoi qu'il en soit, le
débat sur cet article va se faire au moment de l'étude de
l'article. Je suis convaincu, s'il pense vraiment ce qu'il disait tout à
l'heure et souhaite avoir un amendement, qu'il le fera à ce
moment-là et on va le faire dans le cadre de la procédure
habituelle, c'est-à-dire amendement, discussion sur l'amendement, vote
sur l'amendement. Cela va être beaucoup plus clair pour nos
procédures. Tout à l'heure, le chef de l'Opposition me disait:
Oui, c'est le ministre qui a proposé d'aller à 149. 15. Je le
reconnais. Je le reconnais, nous convenons maintenant de suspendre deux
alinéas, l'amendement à 149. 15, l'alinéa 3, cela va, on
poursuit nos travaux et le député de Gouin aura tout le loisir de
proposer son amendement, s'il le souhaite, au moment approprié.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, mais, M. le Président, le ministre veut
qu'on vote pour lui. Il veut absolument qu'on vote pour lui pour l'adoption du
2°. Qu'il nous donne les motifs et on va voter tout de suite après.
Les motifs pour lesquels...
M. Dutil: C'est parce que... Oui?
M. Chevrette: Si vous le réglez ici et que les motifs sont
clairs, vous allez gagner du temps là-bas.
M. Dutil: Absolument.
M. Chevrette: Je ne sais pas ce qui vous prend de dire: Je ne
réponds pas tout de suite, vous allez le faire là-bas. Faites-le
tout de suite et vous en aurez moins là-bas.
M. Dutil: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le
Président.
M. Chevrette: Je ne sais pas quel genre de calcul il fait.
M. Dutil: J'ai dit que j'avais répondu. Je ne peux pas
répondre dans le cadre d'un amendement qui est présenté.
C'est le problème. Donc, la discussion est en dehors du sujet. (17 h
15)
M. Chevrette: On va faire la discussion. On va proposer un
amendement, soit de revenir aux mots qui existaient avant. Vous allez le faire
tout de suite. Préparez-le donc, madame. D'abord, si vous voulez
niaiser, on va niaiser à deux. On va vous mettre exactement le texte
antérieur. Vous allez être obligé de nous dire quels
étaient vos motifs. Qu'est-ce que cela change de ne pas être
capable de répondre à une question? Vous nous forcez à
faire un amendement, imaginez-vous, pour aller chercher une information. Je ne
sais pas où vous avez appris le fonctionnement du parlementarisme, mais
vous êtes bien mieux tout de suite de dire les raisons. Vous
évitez les amendements, vous évitez tout. Là, pour
connaître les motifs qui vous ont amené à changer un texte
à l'article 149. 15 et à modifier un terme à l'article 1
vous nous amenez à faire un amendement, imaginez-vous,
immédiatement.
M. Dutil: Je répète, M. le Président...
M. Chevrette: Ce fonctionnement n'a pas de bon sens.
M. Dutil: Je répète, M. le Président, que
j'ai donné la réponse à la question, mais qu'elle ne
satisfait pas le député de Gouin ni le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Mais non...
M. Dutil: J'ai donné la réponse à la
question. Nous changeons le mot "déplacement" pour le mot "transport"
parce que le mot "transport" correspond à ce que nous faisons.
Voilà!
M. Chevrette: Oui, mais si le mot correspond, est-ce que le
ministre peut me dire, à ce moment-là, à quoi correspond
le terme "déplacement" dans sa tête? Qu'est-ce que cela veut dire?
Est-ce que cela peut aller jusqu'à prendre un gars qui est
déjà à une urgence pour l'envoyer à une autre
urgence? C'est ce que le député de Gouin vous a demandé.
Si vous ne le savez pas, faites venir trois ou quatre spécialistes, M.
Langlois, M. Cloutier, et ils vont vous le dire. Ils vont vous le chuchoter
à l'oreille et faites-vous le haut-parleur tout de suite pour qu'on le
sache.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: C'est juste une question d'interprétation. On
estime que le mot "transport" est plus juste que le mot "déplacement".
Je ne pense pas, M. le Président, qu'on y gagne à discuter tout
l'après-midi de cette question.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, peut-être pour mieux
comprendre ce que le ministre essaie vraisemblablement de nous dire, je
voudrais savoir en quoi le terme "déplacement" a déjà
posé problème. S'il nous dit qu'il a déjà eu
des problèmes d'interprétation qui ont finalement amené
à la prestation des services qui n'étaient pas vraiment
prévus à la loi, on va comprendre pourquoi il est en train de
vouloir changer le terme. Là, il nous dit que c'est parce que c'est plus
propre, cela correspond davantage à ce qu'on veut dire. Mais, à
ce moment-là, dans quelle mesure le terme antérieur
était-il impropre? Est-ce qu'il y a eu des cas qui l'amènent
à penser qu'il faut le changer?
M. Dutil: Non, mais...
Mme Blackburn: On comprendrait peut-être mieux.
M. Dutil: Non, M. le Président, il n'y a pas
d'expérience qui nous amène à...
Mme Blackburn: Alors...
M. Dutil:... changer ce mot, sauf qu'on pense que le terme est
plus précis. On profite du fait que la loi est adoptée pour le
modifier.
Mme Blackburn: Alors...
M. Dutil: Je n'ai pas dit, M. le Président, qu'on ferait
une bataille à finir sur cette question lorsqu'on sera rendu à
l'article 149. 5. Ce que j'ai dit, c'est que je pense que le moment
approprié pour en discuter serait à l'article 149. 5.
Mme Blackburn: M. le Président, peut-être juste pour
essayer de mieux comprendre. Si, effectivement, le terme "transporter" pouvait
avoir comme effet de créer certaines obligations à ceux qui sont
en train de faire des déplacements, y compris à
l'intérieur de l'établissement, est-ce qu'il n'est pas
souhaitable que le terme "transporter" demeure, le terme "transporter" qui
inclut autant ce qui se fait...
M. Dutil: Le terme "déplacement".
Mme Blackburn:... à l'intérieur que le terme...
C'est-à-dire "déplacement" à l'intérieur. S'il
pouvait comprendre cela aussi, est-ce que cela n'est pas
préférable au terme "transporter", parce que cela permet d'exiger
certaines choses? Écoutez, on va être là devant les gens
qui ont besoin de services d'urgence. On ne parle pas de n'importe quelle
situation. On ne parle pas de quelqu'un qui est en train de changer d'une
chambre à l'autre parce qu'il veut avoir une chambre à deux lits
plutôt qu'une chambre à quatre lits. Je pense que c'est important.
On parle de services d'urgence. Si le terme, si le mot "déplacement"
couvre mieux cette réalité que le mot "transport", si ce mot
"déplacement" n'a jamais posé de problème
d'interprétation, pourquoi le change-t-on?
M. Dutil: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je voudrais juste
avant...
M. Dutil:... on ne discute pas de l'article 149. 5, on ne discute
pas du cinquième alinéa où, au lieu de
"déplacement", on a écrit "transport", on discute à savoir
si on suspend ou non cet article.
Le Président (M. Bélanger): Bon... M. Dutil:
Vous savez très bien...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
écoutez! Je ne voudrais pas... S'il vous plaît! Je ne voudrais pas
qu'on tombe dans les coquetteries administratives ou les fleurs du tapis. On ne
peut pas tout mettre dans le premier article d'un projet de loi, je pense qu'on
le sait. Un déplacement, pour ceux qui sont dans le réseau, c'est
bien facile. C'est une décision du centre hospitalier, concertée
avec le conseil régional, pour envoyer un patient d'une place à
une autre. Une fois que cela est décidé, cela prend un transport
pour le faire.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Bélanger): L'OSBL va s'occuper du
transport, et non pas du déplacement; il n'a rien à dire
là-dedans, à moins qu'on ne change toute la loi. Il me semble que
cela est simple.
M. Rochefort: M. le Président, maintenant, on a une
deuxième interprétation à ce que veut dire un
déplacement. On est heureux de l'avoir entendue. Deuxièmement, je
veux simplement attirer à votre attention comme à l'attention du
ministre que vous avez beau m'inviter à faire le débat à
l'article 149. 5, cinquième paragraphe, auquel cas c'est là qu'on
libellera le nouvel article, mais actuellement, vous me demandez d'en biffer
un... La décision que je prendrai quant à mon appui ou mon
non-appui a biffer cela n'est pas neutre selon la façon dont on le
remplacera. C'est pour cela qu'on fait le débat maintenant.
Le Président (M. Bélanger): La suggestion que je
peux vous faire, c'est qu'on le biffe là. Gardez-le en note et, s'il ne
revient pas dans le projet de loi, votez contre le projet de loi à la
fin parce que ce n'est pas inclus.
M. Rochefort: M. le Président, quand vous serez assis
autour de la table comme je le suis...
Le Président (M. Bélanger): On ne peut pas faire
tout le projet de loi dans le premier article. Voyons donc!
M. Rochefort: Non. C'est pour cela qu'il y a une autre solution,
M. le Président. Quand vous serez assis à ma place, vous vous
comporterez comme vous le voudrez sur le plan parlementaire et ce sera
sûrement respectable. Pour ma part, ce n'est pas le choix que j'ai
fait.
M. le Président, l'autre solution, c'est que, même s'il
n'existe plus rien et qu'on discute un peu plus tard de ce qui existera
peut-être, évitons donc de créer un vide et passons
pardessus l'article 1 pour ne pas tout jeter par terre avant de savoir ce qu'on
va bâtir et on bâtira. Ensuite, on portera un jugement. C'est que,
compte tenu de ce qu'on a bâti, on peut débâtir ce qui
existait.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Sur le fond de la motion, point 2, étant
donné que cela demeure... Je vais prendre votre interprétation
plutôt que celle du ministre parce que la vraie décision se prend
exactement comme vous l'avez dit. Purement et simplement, la notion de
transport correspond plus à une question de déplacement.
Je m'adresse aux avocats du ministre. Étant donné que vous
voulez amender la Loi sur les services de santé et les services sociaux
et étant donné que ce sont les établissements et le CRSSS
qui décident du déplacement et non du transport qui
relèvera de la nouvelle corporation - je suis toujours votre
raisonnement - pourquoi voulez-vous soustraire, M. le ministre,
l'autorité du CRSSS à son devoir en enlevant l'autorité
qui est donnée dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux d'une responsabilité au CRSSS et aux
établissements? Comment se fait-il que vous vouliez supprimer cette
responsabilité au CRSSS alors que vous dites: N'est-ce pas là une
façon très claire de dire que vous vous êtes fouté
éperdument depuis le début de la question de la qualité
des soins et que tout ce qui vous importait, c'étaient les ambulances
qui roulent avec une cerise sur le toit?
Si ce n'est pas le cas, pourriez-vous m'expliquer comment vous pouvez...
Je ferais appel à Mme Lavoie-Roux qui est ministre de la Santé et
des Services sociaux pour savoir si elle a l'intention d'enlever
l'autorité du CRSSS quant aux déplacements.
M. le Président, je fais appel à vous, enfin, pour la
déclarer illégale. On ne peut pas, par une loi, par une
proposition ici retirer une obligation dévolue à un organisme par
une loi. Vous n'avez pas le droit de faire indirectement ce que vous n'avez pas
le droit de faire directement et vous utiliserez vos chaînes - et
accrochez-y Geoffrion - pour déclarer cet amendement complètement
irrecevable parce que non conforme avec l'esprit de la loi. Ce n'est pas cela
qu'on a adopté. Ce n'était pas pour soustraire le CRSSS.
Trouvez-moi l'endroit dans les notes explicatives où on dit qu'on
voulait soustraire le CRSSS de ses vocations. Absolument pas.
Donc, le transport relève de l'OSBL et le déplacement
relève a la fois du CRSSS et des établissements. C'est
très bien dit par M. le Président. Je voudrais savoir si le
ministre délégué à la Famille, à la
Santé et aux Services sociaux est d'accord avec le fait de diminuer
l'autorité du CRSSS dans ses propres prérogatives. Pas dans la
question du transport, dans ses propres prérogatives du pouvoir de
décision d'un déplacement.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, le CRSSS sera responsable des
politiques et non pas du déplacement.
Le Président (M. Bélanger): Un instant! Est-ce un
vote ou un quorum? Pouvez-vous vérifier, s'il vous plaît? M. le
ministre.
M. Dutil: Le CRSSS n'est pas responsable des déplacements.
Il ne sera pas responsable des déplacements et responsable des
politiques.
M. Chevrette: Je m'excuse. Je vais vous reposer la question, M.
le Président. Vous l'avez expliqué tantôt, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Vous avez expliqué que, quand un homme ou
une femme est hospitalisé, c'est le centre hospitalier, avec le CRSSS,
qui décide du déplacement ou non.
Le Président (M. Bélanger): Selon des normes
établies.
M. Chevrette: Bon. C'est très clair. Ce que le ministre
vient de nous dire, c'est que cela correspond mieux à nous, le
transport. S'il veut régler la question du transport, on n'a pas
d'objection. Mais comment peut-on amender un processus qui ne relève
même pas de l'OSBL en amendant l'article 18, paragraphe 5, puisque vous
dites vous-mêmes que cela relève des CRSSS?
Le Président (M. Bélanger): L'article 5. 1°,
c'est "déterminer les conditions d'inscription à la centrale de
coordination. "
M. Chevrette: Non, le paragraphe 5°, c'est "autoriser le
déplacement". Vous m'avez bien dit que c'était un CRSSS qui avait
le pouvoir, avec les centres hospitaliers?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Bon.
Le Président (M. Bélanger): "Autoriser le
déplacement d'un bénéficiaire vers un autre
établissement lorsque l'un de ces établissements vit une
situation d'engorgement. "
M. Chevrette: Ma question est: Qui va en décider si vous
le faites sauter dans la Loi sur les services de santé et des services
sociaux?
Le Président (M. Bélanger): La question
était posée au ministre, pas à moi.
M. Claveau: C'est vous qui répondez jusqu'à
maintenant.
M. Chevrette: Vous l'avez expliqué très bien.
Le Président (M. Bélanger): J'ai expliqué
comment cela fonctionne actuellement. Mais je ne veux pas me substituer au
ministre. Ce n'est absolument pas mon rôle. Alors, M. le ministre.
M. Dutil: Votre question est: Que fait le CRSSS et que va faire
l'OSBL? L'OSBL sera responsable des transports. Le CRSSS est responsable des
déplacements, des politiques.
M. Chevrette: II autorise le déplacement, le CRSSS. M. le
Président, demandez au ministre de lire un peu ses articles. S'il
autorise, c'est qu'il a le pouvoir.
M. Claveau: II lui enlève ici, c'est bien trop vrai.
M. Chevrette: S'il y a des spécialistes qui peuvent nous
l'expliquer, cela va aller bien plus vite que de se souffler dans les oreilles
de deux ou trois bords. On n'apprend rien là. Qu'on l'autorise à
parler, je n'ai pas d'objection, M. le ministre.
M. Dutil: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Faites une explication,
M. le ministre, et ensuite je ferai une proposition.
M. Dutil: Cela va. On pourrait demander à un
spécialiste d'expliquer le fonctionnement exact...
M. Chevrette: Parfait.
M. Dutil:... si cela peut éclairer la lanterne du chef de
l'Opposition. Je n'ai pas d'objection à cela.
Le Président (M. Bélanger): Absolument.
M. Chevrette: Bon, allez-y.
Une voix: On arrive à la même chose.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous pouvez
vous identifier, s'il vous plaît?
M. Cloutier (Pierre): Pierre Cloutier, du ministère de la
Santé et des Services sociaux.
M. Chevrette: Futur vice-président.
M. Cloutier: La façon dont cela fonctionne, l'autorisation
du déplacement était organisée par le conseil
régional, mais le mot "déplacement", ici, il faut le comprendre
au sens d'autoriser le transport. Le conseil régional n'a aucune
autorité pour autoriser un déplacement. La notion de
déplacement signifie simplement qu'à l'intérieur d'un
hôpital il y a un patient qui doit être déplacé des
soins intensifs au département de psychiatrie, par exemple.
L'autorisation du déplacement, c'est ce que cela veut dire. C'est un
déplacement à l'intérieur des murs de l'hôpital.
Ou, encore, un déplacement se fait entre, par exemple, un centre
hospitalier de courte durée et un centre d'accueil pour personnes
âgées, auquel cas le déplacement doit être fait en
vertu des politiques d'admission et de transfert prévues par le conseil
régional. C'est ce qu'on retrouve au sujet du pouvoir du conseil
régional, qui demeure un pouvoir du conseil régional dans la
nouvelle loi, et non pas un pouvoir de la corporation.
Alors, "autoriser le transport" se fait uniquement dans une
deuxième étape. Le centre hospitalier qui veut voir un patient
déplacer vers un centre d'accueil pour personnes âgées va
appeler Urgences-santé, demander en vertu de l'article 149. 5,
troisième alinéa, un transport pour transporter le patient du
centre hospitalier vers le centre d'accueil pour personnes âgées,
d'une part. (17 h 30)
D'autre part, l'autorisation du déplacement ne peut pas
être faite par une corporation comme celle qui est proposée dans
le projet de loi, puisque cette corporation-là n'a aucune espèce
d'autorité sur le plan des politiques de transfert et d'admission dans
les centres hospitaliers et, ce faisant, elle se substituerait au pouvoir des
établissements du réseau.
Alors, c'est pourquoi la précision d'autoriser le transport
plutôt que le déplacement a été apportée.
M. Chevrette: Mais, autoriser le déplacement... Qui va
avoir l'autorité dorénavant pour autoriser le déplacement
si on l'enlève à l'article 1, 2°? Si vous enlevez cette
autorisation de déplacement au CRSSS - puisque cela disait bien que
c'était le CRSSS qui l'avait - qui va avoir le pouvoir d'autoriser le
déplacement, dorénavant?
M. Cloutier: L'autorisation du déplacement est en vertu de
la politique d'admission et de
transfert qui est prévue à l'article 18. 1 par le conseil
régional. Ce pouvoir reste au conseil régional, d'accord?
M. Chevrette: Je sais que... M. Cloutier:... versus...
M. Chevrette: Mais je vous arrête. M. Cloutier: Oui.
M. Chevrette: Je comprends très bien les politiques
d'admission et de transfert mais, au paragraphe 5, c'était toujours au
CRSSS, cela. Le CRSSS avait, en plus du paragraphe 1, dans la Loi sur les
services de santé et les services sociaux... Vous ne nierez pas que le
paragraphe 1 parle de l'établissement des critères et des
politiques. Le paragraphe 5 autorisait, donc, donnait le pouvoir d'autoriser
des déplacements. Où allez-vous retrouver dorénavant le
pouvoir de décision pour un déplacement?
M. Cloutier: C'est en vertu de la politique de transfert et de la
politique d'admission qui demeurent...
M. Chevrette: Vous présumez...
M. Cloutier:... entre les mains du conseil régional.
M. Chevrette: Vous présumez donc que le point 1 englobait
le point 5.
M. Cloutier: Non, à l'article 18. 1 de la loi, on
voit...
M. Chevrette: Oui, lisez-le, il n'y a rien de changé, il
reste là.
Une voix: Non, c'est l'article 18.
M. Cloutier: L'article 18. 1: "Les centres hospitaliers et les
centres d'accueil doivent soumettre à l'approbation du Conseil de la
santé et des services sociaux de leur région, s'il est
désigné par règlement, leurs critères d'admission
et de sortie ainsi que leurs politiques de transfert de
bénéficiaires. "
Une voix: C'est parce qu'il y a l'article 18. 0. 1.
M. Chevrette: Donc, le conseil régional...
M. Cloutier: II conserve son pouvoir d'établissement des
politiques d'admission et de transfert, d'une part. D'autre part, vu que le
projet de loi prévoit que la corporation amène les pouvoirs quant
au transport... C'est pour cela qu'on divise maintenant les deux fonctions.
Avant cela, c'était le même organisme. Maintenant, la politique de
transport et le transfert demeurent une prérogative du conseil
régional.
M. Chevrette: Quand vous dites, à l'article 18. 1, que ce
sont les centres hospitaliers, les centres d'accueil qui doivent soumettre
à l'approbation du conseil de santé de la région
désignée les critères d'admission, c'est correct?
M. Cloutier: Oui.
M. Chevrette: Et de sortie. À supposer que les
règles d'admission et de sortie soient prévues, exactement comme
cela l'a été - c'était comme cela avant - où est-ce
qu'on va retrouver le rôle du CRSSS dans la décision du
déplacement?
M. Cloutier: Voilà. Il y a une différence dans le
projet de loi, c'est que cette décision, auparavant, appartenait aussi
au conseil régional parce que le conseil régional
possédait Urgences-santé.
À l'intérieur du même organisme, vous aviez un
organisme qui avait les pouvoirs de détermination des politiques et
d'acceptation des politiques soumises par les établissements au conseil
en vertu de l'article 18. 1. Il y avait donc le même pouvoir d'autoriser
ce qui était appelé ici le déplacement, mais qui aurait
dû, de toute façon, s'appeler le transport à
l'époque. Maintenant, tous les pouvoirs demeurent au conseil
régional comme c'était avant. Effectivement, vous avez
raison.
La partie d'autoriser le transport revient entre les mains de la
corporation puisque c'est elle qui a le mandat en vertu de l'article 149. 5,
troisième alinéa. Quand on en arrive à demander le
déplacement, l'établissement du réseau, quel qu'il soit,
appelle la centrale de coordination et demande le transport du
bénéficiaire d'un établissement vers un autre.
M. Chevrette: En d'autres mots, les centres hospitaliers et les
centres d'accueil font adopter une politique par le CRSSS. Le CRSSS l'amende ou
l'adopte. Il y a respect de ces critères ou pas, peu importe, par la
suite. Si tout a été conforme aux critères, c'est la
corporation qui autorise le transfert et non plus le CRSSS.
M. Rochefort: M. le Président, je veux seulement
être sûr qu'on se comprenne bien sur les expressions. Est-ce qu'on
va donner les pouvoirs non pas d'effectuer, mais d'autoriser le transport
à une corporation plutôt qu'à un établissement?
D'après moi, il y a un lapsus quelque part. Vous n'êtes pas en
train de nous dire que l'autorisation de transporter quelqu'un, alors que
l'établissement en a décidé ainsi, conformément aux
politiques acceptées par le CRSSS, la corporation, quant à elle,
pourrait ne pas autoriser un tel déplacement? Moi, j'ai l'impression que
la corporation va devoir effec-
tuer le déplacement, pas être en mesure de l'autoriser ou
pas. Sinon, je vais vous dire une chose, vous ne retirez pas cela du CRSSS,
vous êtes en train de créer un autre CRSSS.
M. Cloutier: Quand vous lisez 149. 5, quand on parle d'autoriser
le transport, si on lit tout le paragraphe, c'est relié au
phénomène des engorgements.
M. Chevrette: Où est couvert, d'abord, le transport
inter-établissements?
M. Cloutier: 149. 5, troisième alinéa.
M. Rochefort: On est en train d'illustrer... Je trouve la
discussion fort pertinente. On est en train d'illustrer un petit peu un
élément qu'on a mis de côté rapidement dans la
discussion. C'est sympathique de dire qu'on retire ce pouvoir-là aux
CRSSS parce que, finalement, les CRSSS ne sont pas là pour dispenser des
services, mais est-ce qu'on est conscient que, maintenant, c'est un organisme
sur lequel les établissements n'ont aucune influence, aucun
contrôle, aucune représentation au conseil d'administration? Bien
oui, à la corporation, un poste, peut-être. Je pense qu'il y a un
siège au conseil? Un siège qui va décider de l'achalandage
des salles d'urgence des établissements. Je vais vous dire, il y a
sûrement bien des établissements à Montréal qui
n'ont pas lu cela et qui n'ont pas pris conscience de cela parce que,
d'après moi, il n'y aurait pas assez de place dans la salle ici pour
accueillir tout le monde qui a le goût de nous parler de cela.
Écoutez, c'est quelque chose de majeur que vous être en
train de nous dire-là. Là, l'organisme n'aura pas la
responsabilité d'effectuer le transport. Il va avoir - vous avez
drôlement raison, M. Cloutier - à 5°, il va autoriser les
transports, donc accepter de les faire ou pas, "lorsque ce premier
établissement vit une situation d'engorgement". Donc, il va avoir une
capacité de refuser ou pas, de limiter l'engorgement ou de
désengorger l'établissement ou de diminuer la pression sur
l'engorgement d'un établissement. Je vois le président me dire
non. Dites-moi donc cela en fonction de 5°, vous, où j'ai fait
erreur.
Le Président (M. Bélanger): 5°, ce sont les
détournements en cas d'engorgement, la centrale avec
Urgences-santé...
M. Rochefort: Bien oui, c'est ce dont je parle.
Le Président (M. Bélanger): Ce qui fonctionne
actuellement, ce qui coordonne et qui fait les détournements, alors que
recevoir...
M. Rochefort: Bien, actuellement, c'est un CRSSS.
Le Président (M. Bélanger): C'est parce que vous
parlez de deux choses.
M. Rochefort: Bien non, je parle d'une seule chose.
Le Président (M. Bélanger): Recevoir les appels des
personnes ou des établissements, si un établissement, qui est
comme un client, dans le fond, dans la situation présente, appelle la
centrale, l'OSBL, je ne sais pas trop, pour dire: écoutez, on a un
transport à faire, j'ai une personne à envoyer...
M. Rochefort: II est tout mêlé! Bien non, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): Là, chez-nous,
on est tel hôpital, et tu viens la chercher et tu le fais.
M. Rochefort: M. le Président, personne ne parle de cela
actuellement. Bien non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): II y a les deux
éléments.
M. Rochefort: Non, non, non. Personne ne parle de cela, on est
tous sur le même terrain, celui que M. Cloutier décrit.
Le Président (M. Bélanger): Non, non.
M. Rochefort: Bien, écoutez, ne me dites pas non.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, je vous ferai
signe quand ce sera...
M. Rochefort: II y a 5°, et il a parfaitement raison. C'est
ce que dit 5°. Ce que je suis en train de dire, moi, et là non plus
à M. Cloutier, mais au ministre, c'est qu'il y a un problème,
là. Cela veut dire qu'il y a quelque chose qui est en dehors du
réseau qui va avoir un rôle stratégique à jouer sur
des centres hospitaliers, et pas dans n'importe quel département des
établissements, mais en salle d'urgence. Je vais vous dire que vous
êtes brave et courageux. Et je ne suis pas sûr que ce soit une
bonne affaire, en plus. J'ai bien dit que ce n'est pas à M. Cloutier que
je m'adresse, c'est au ministre.
Le Président (M. Bélanger): M. Cloutier, je vous en
prie.
M. Cloutier: Vous remarquerez à 149. 5, cinquième
alinéa, qu'on dit: "... après avoir appliqué toutes les
procédures en vigueur". Donc, on fait référence aux
politiques de transfert des établissements.
M. Rochefort: Mais, M. Cloutier, comprenez-moi bien, votre
réponse est juste, mais on ne parle pas du même
bénéficiaire, par exemple. On parle d'un
bénéficiaire qui est sur les étages. On ne parle plus d'un
bénéficiaire qui est en bas, là, quand on parle d'un
transfert interétablissements.
M. Cloutier: Quand on parle d'une situation d'engorgement...
M. Rochefort: Oui, oui.
M. Cloutier:... c'est en fonction de ce qui existe, la situation
dans nos salles d'urgence. Or, par exemple, si, à l'hôpital
Notre-Dame, il y a dix lits prévus aux soins intensifs et qu'il arrive
un cas d'infarctus, que le bénéficiaire demande de se rendre au
centre hospitalier Notre-Dame mais que Notre-Dame a avisé
Urgences-santé que son unité de soins était
complète, donc, engorgée, l'avis en est donné à
Urgences-santé qui gère ainsi la flotte et oriente le
bénéficiaire vers le centre hospitalier le mieux approprié
pour que le bénéficiaire ait les meilleurs soins.
M. Rochefort: Je fais une nuance par rapport à ce que vous
venez de dire, M. Cloutier. Ce que vous dites peut être juste mais ce que
la loi dit, ce n'est pas cela. La loi ne dit pas "et oriente", la loi dit "et
autorise" le transport, donc, la notion d'autoriser implique dire oui ou dire
non, autant. Et c'est cela que je vous dis, moi. Tant qu'ils vont dire oui, je
n'ai pas de problème, mais le jour où une corporation
parallèle au réseau va venir expliquer au médecin
coordonnateur, pour reprendre votre exemple, de Notre-Dame qui va accepter un
onzième cas dans une salle de soins intensifs qui contient dix places et
qui sont toutes occupées, vous venez de revirer un gros morceau du
système bout pour bout, reconnaissez-le. Et puis, là, ce n'est
plus à vous que je dis cela, c'est au ministre.
M. Cloutier: Votre argument, M. Rochefort, est en fonction du
statut de la corporation et, à ce moment-là, je n'ai pas à
répondre là-dessus parce que cela, c'est un choix qui a
été fait.
M. Rochefort: Non, mais c'est cela que je vous dis. J'ai
même évité que vous ayez à me dire cela, je vous ai
dit: Cela, ce n'est pas à vous; cela c'est au ministre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Vous vous interrogez peut-être sur ce que les
hôpitaux pensent; on vient de recevoir une lettre concernant ce qu'ils
pensent et je pourrais vous lire juste un petit paragraphe: En effet, le projet
de loi propose de nouvelles règles en matière de transport
ambulancier sans s'inscrire d'abord et avant tout dans le cadre d'un
système préhospitalier d'urgence. À notre avis, le fait de
se préoccuper d'abord de la gestion du matériel roulant fausse
complètement l'objectif qui devrait être visé, soit
l'accessibilité aux soins de santé en situation d'urgence.
Ils vous en disent, ils vous en garrochent une volée de bois
franc, vous devriez la lire, votre lettre, pour vous montrer que tous les
arguments qu'on a sortis jusqu'à maintenant n'étaient pas non
fondés. On s'en rend compte par l'argumentation qui est
développée présentement. C'est l'AHQ, l'Association des
hôpitaux du Québec, et c'est signé par Charles Chamard, le
président.
M. Rochefort: M. le Président, juste pour s'inscrire
toujours dans la dynamique que voulait proposer la commission au ministre qui
disait: "Disposons de 1, puis quand on sera rendu à l'article 149. 5 on
verra cela", j'ai une question à lui poser pour me permettre, toujours,
d'orienter mon vote sur 2, 18. 3, 2°. Le ministre est-il d'accord pour
maintenir le pouvoir à la corporation d'autoriser le transport ou
serait-il plutôt d'accord pour modifier "autoriser" par "effectuer",
à 5°?
M. Dutil: M. le Président, les politiques doivent
être faites d'une façon claire entre l'organisme sans but lucratif
qui va s'occuper du transport hospitalier, et non seulement du transport
hospitalier... J'en profite pour dire que ce n'est pas que du transport en ce
sens que, quand on parle d'un système préhospitalier d'urgence,
effectivement, on reçoit les appels - ce n'est pas du transport,
recevoir les appels, je pense que tout le monde comprend cela - on achemine les
communications. Ce n'est pas du transport, mais, de toute façon, on va
revenir sur la question du système préhospitalier d'urgence
versus le transport ambulancier. Il faut que les politiques que font les CRSSS
soient claires, évidemment, pour que les décisions qui se
prennent soient conformes à ces politiques-là. Évidemment,
il faut que les décisions se prennent en conformité avec ces
politiques-là, mais de la façon la plus rapide possible.
M. Rochefort: La question précise que je vous pose...
Reprenons l'exemple de M. Cloutier, fort intéressant et bien
éclairant pour la discussion qu'on a. On est à Notre-Dame, il y
a, mettons, dix places à la salle des soins intensifs qui sont toutes
occupées. Le médecin coordonnateur de Notre-Dame dit à
Urgences-santé, qui s'appellera je ne sais trop comment: Écoutez,
ne me l'envoyez pas, là, votre gars qui est en train de faire un
infarctus qui est dans l'ambulance numéro 32 parce que toutes mes places
sont occupées. Est-ce que, dans votre esprit à vous, vous
souhaitez qu'Urgences-santé modifiée puisse quand même
l'envoyer ou qu'elle doive effectuer le déplacement et, donc, être
obligée de ne pas
l'envoyer là? Ce que je veux dire, c'est: Qui va être le
"boss"? Est-ce que c'est le médecin coordonnateur ou
Urgences-santé qui n'est plus dans un établissement du
réseau? C'est cela qui est fondamental.
M. Dutil: Dans mon esprit, l'objectif qui est visé,
justement, c'est de ne pas engorger les urgences...
M. Rochefort: Oui, mais j'ai déjà entendu cela
ailleurs.
M. Dutil:... et d'être en mesure d'effectuer un
déplacement ailleurs qu'initialement prévu et, donc, dans un
endroit où la salle d'urgence est en mesure de le recevoir. (17 h
45)
M. Rochefort: Qui n'est pas engorgée. Mais cela, M. le
ministre, je vous indiquerai pour l'historique que vous souhaitiez faire faire
par le CRSSS l'autre jour, que c'est exactement ce qu'on disait en 1981 quand
on a créé Urgences-santé. Mais, après 1985, le
mandat d'Urgences-santé a été modifié quant
à, justement, les détournements d'ambulances. Vous devriez savoir
cela. Cela a créé une pression additionnelle sur les salles
d'urgence à Montréal. Quand je dis après 1985, je fais
référence à après le 2 décembre.
La question précise que je vous pose - et c'est vérifiable
- est la suivante: Est-ce que vous souhaitez à l'article 149. 5 5°
maintenir le mot "autoriser" ou le modifier par "effectuer", ce qui a pour
différence claire que, de deux choses l'une: ou la corporation pourra
décider d'envoyer, oui ou non, quelqu'un même là où
on dit qu'on n'est pas capable de l'accueillir à partir de ce qu'on a
comme équipement pour sa santé ou sa survie, ou vous maintenez le
droit à cette corporation de prendre une décision? Je le
répète: Va-t-elle devoir respecter...
M. Dutil: Ce n'est pas nécessaire de répéter
trois fois, M. le député.
M. Rochefort: Je voudrais que vous répondiez au moins une
fois.
M. Dutil: M. le Président, le député de
Gouin ne veut pas faire certaines nuances élémentaires qui sont:
Est-ce que les politiques en place sont claires, les politiques qui permettent
à la corporation d'autoriser le déplacement de ce transfert
ailleurs que dans l'hôpital où il était initialement
prévu? Si, à ce moment-là, la réponse est oui -
à ma connaissance, c'est oui - c'est évident que l'objectif de
cela est d'autoriser un transfert ailleurs que dans une salle qui
déborde. C'est l'objectif de cela. Dans ce sens, évidemment, je
suis d'accord que la compagnie qui s'occupe de transport ambulancier et de
système préhospitalier d'urgence soit en mesure de prendre les
décisions à la vitesse qu'il faut les prendre dans les cas
d'urgence et, donc, de se déplacer ailleurs que dans une salle
bondée.
M. Rochefort: Est-ce que cela implique que vous allez accepter un
amendement pour modifier le mot "autoriser" par le mot "effectuer"?
M. Dutil: Justement, M. le Président, je viens de dire non
par la réponse que je viens de donner.
M. Rochefort: Bien non. À ce moment-là...
M. Dutil: Je viens de dire qu'en respectant...
M. Rochefort:... c'est une profession de foi que vous nous
demandez. Vous nous dites: Faites-leur confiance. Mais je vous
répète que le mot "autoriser" donne aussi la permission de dire
non. Reconnaissez-vous cela?
M. Dutil: M. le Président, ce qu'il faut comprendre, c'est
que c'est toute une question de secondes, cette question de transport.
M. Rochefort: Bien oui.
M. Dutil: On ne peut pas passer par dix personnes qui vont devoir
prendre la décision...
M. Rochefort: II n'y a personne qui propose cela.
M. Dutil:... à savoir où quelqu'un doit s'en aller
dans un hôpital. Une communication rapide permet de déterminer
s'il y a vraiment une salle d'urgence qui est bondée et qui ne peut pas
recevoir cet individu. Il faut qu'une décision rapide se prenne. On n'a
pas le temps de faire un comité.
M. Rochefort: Non, mais...
M. Dutil: On n'a pas le temps de se réunir à
dix...
M. Rochefort:... ce n'est pas cela qu'on vous demande.
M. Dutil: On n'a pas le temps de faire une commission
parlementaire pour décider s'il va aller dans un hôpital ou un
autre.
M. Rochefort: Non et on sait que vous n'aimez pas beaucoup cela.
C'est justement. Je vous propose quelque chose encore bien plus simple et bien
plus rapide que ce que vous proposez parce que, dans le mot "autoriser", il
faut prendre la décision d'autoriser ou pas. Si vous acceptez ce que je
vous proposerais et qui est d'effectuer, il n'y a pas de décision
à prendre. Il te dit: Ne viens pas. Tu n' y vas pas.
C'est bien plus rapide que ce que vous décrivez. Mais je vous
dis: Vous avez beau me décrire en toute sincérité et en
toute bonne foi que la logique et l'intelligence minimale qu'auront ces gens
voudra que, lorsqu'on leur dira qu'on n'est pas capable de l'accueillir, ils
vont l'envoyer ailleurs, je vous dis que vous avez modifié les
politiques d'Urgences-santé après le 2 décembre 1985
auxquelles vous avez mis des contraintes. À moins que vous ne vouliez
aller chercher votre ministre de tutelle, cela ne me fait rien, mais vous avez
modifié... Quand je dis vous, c'est votre gouvernement. Ce n'est
peut-être pas vous, mais votre ministre de tutelle actuelle. Dans ce
temps-là, vous privatisiez le poisson - mais vous avez modifié le
mandat d'Urgences-santé après le 2 décembre 1985 en
mettant des contraintes à la notion de détournement, où
cela prenait plus qu'une situation élémentaire et de base
d'engorgement pour le faire. Donc, c'est la meilleure preuve que ce n'est pas
parce que le médecin coordonnateur de Notre-Dame va nous dire:
"Écoutez, ma salle de soins intensifs qui contient dix places est toute
occupée; je ne suis pas capable d'accueillir de façon humaine et
médicalement requise le onzième qui est dans l'ambulance 32 et
qui est en train de faire un infarctus, donc, envoie-le ailleurs", qu'il faut
l'envoyer ailleurs.
C'est pour cela que je vous dis que la meilleure façon de le
faire, c'est d'éliminer "autoriser" et d'y substituer "effectuer" parce
qu'effectuer, tu ne te poses pas la question. C'est automatique. Autoriser,
cela implique qu'il y a quelqu'un qui s'est posé la question quelque
part et qui a pris la décision dans les quelques secondes que vous dites
- souhaitons-le, en tout cas pour la survie du patient - à savoir si,
oui ou non, il va écouter ou ne pas écouter le coordonnateur de
Notre-Dame. Ce que j'ajoute, c'est qu'il y a eu des cas, compte tenu des
modifications au rôle initial d'Urgences-santé que vous avez
apportées après le 2 décembre 1985, où la
décision a été de ne pas détourner malgré la
demande expresse du médecin coordonnateur. Or, c'est compte tenu de cela
que je vous dis: Pourquoi ne pas mettre tout de suite "effectuer"? D'autant
plus qu'on va se retrouver avec quelque chose qui n'est pas un
établissement du réseau, qui n'a pas de comptes à rendre
au réseau et dans lequel le monde du réseau se sent
propriétaire, partenaire de plein droit.
Je ne veux pas faire le débat de fond sur votre corporation, mais
cela va être comme cela. Ce n'est pas un CRSSS que vous créez.
Compte tenu de tout ce que je viens de dire, du passé, de la
rapidité et de la nécessité d'avoir quelque chose de clair
puisqu'on n'a pas quelque chose du réseau, est-ce que vous accepteriez -
pour me permettre, je le répète, de décider comment je
vais voter à l'article 1, 2° - de modifier, quand on sera rendu
à l'article 149. 5, "autoriser" par "effectuer"?
M. Dutil: M. le Président, il est évident que je
n'ai aucun contrôle sur les amendements que veut faire le
député de Gouin et qu'il pourra faire...
M. Rochefort: Vous pouvez au moins contrôler votre vote.
Comment allez-vous voter?
On ne se contera pas d'histoire. Vous détenez la majorité
autour de la table.
M. Dutil: On procède article par article. Ne demandez pas
aux gens comment ils vont voter trois articles plus tard.
M. Rochefort: Voyons donc, M. le Président!
M. Dutil: On va régler l'article 1 et on verra ce que les
gens feront à l'article 3.
M. Rochefort: Non. Moi, je ne suis pas capable de régler
l'article 1 si je ne sais pas ce qu'on va faire après.
M. Dutil: Que voulez-vous que je vous dise? Ne demandez pas aux
gens de revenir...
M. Rochefort: Donc, je reviens à ma proposition, M. le
Président. On va suspendre l'article 1 au complet et on verra ce que
sera la corporation après. Là, M. le Président, ne me
dites pas que cela ne se fait pas. Cela se fait quotidiennement en
commission.
M. Dutil: On l'a fait tout à l'heure. Mais on va
arrêter de tourner en rond, à un moment donné.
M. Rochefort: On le suspendra une fois pour toutes. On reviendra
après quand on aura vu quel sera l'édifice après.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, on peut bien dire qu'on va
discuter cela à tel ou tel article. Tout est lié. C'est une
question de concept, de principe qu'on discute. Vous lirez la lettre de l'AHQ.
Qu'est-ce qu'elle vous dit? C'est exactement dans la lignée de ce que M.
le député de Gouin dit. À l'article 149. 32, qu'est-ce
qu'on vous dit? Vous liez les corporations hospitalières à la
nouvelle corporation d'urgences-santé. Vous les mettez donc
responsables.
Regardez l'article 149. 5, quand vous dites: Maintenant, c'est la
corporation d'urgences-santé qui autorise, reliez-les à l'article
149. 32 où vous liez la corporation hospitalière à la
nouvelle corporation. Demandez-vous donc s'il n'y a pas une crainte
justifiée, s'il y a obligation faite. Si vous parlez de matériel
roulant, si vous parlez de notions de transport exclusivement, ne donnez pas un
pouvoir de décision, donnez tout simplement l'obligation de faire. C'est
très différent du
pouvoir de décider.
Je pense que le ministre pourrait écrire, à l'article 149.
5, "effectue" ou "doit effectuer", peu importe la formule prise. Il ne serait
pas obligé de parler de l'article 149. 32. Il ne serait pas
obligé de donner un pouvoir à une corporation neutre sur un
réseau.
Le président doit savoir ce que cela veut dire, un pouvoir
à une corporation neutre sur un réseau. Cela n'a pas de bon sens.
Il le sait très bien. Je ne comprends pas que la ministre de la
Santé et des Services sociaux n'ait pas vu cela et ne se soit pas
enquise auprès des organismes ou des corporations de son réseau.
Elle serait contre cela.
On enlève le pouvoir que le CRSSS avait. On lie les
hôpitaux à l'autorité d'une corporation sans but lucratif.
Les hôpitaux vont prendre fait et cause pour une corporation qui s'occupe
exclusivement de transport, fait et cause pour le bien du patient. Il peut
arriver n'importe quoi. On ne le souhaite pas, mais cela peut arriver. Regardez
l'article 149. 32. Reliez-le à 5 et au fait qu'à l'article 1 vous
nous proposez d'enlever les pouvoirs du CRSSS sur le réseau.
Regardez cela. Tu enlèves les pouvoirs au réseau dans
l'article 1. À 5, tu transmets le pouvoir d'autoriser le
déplacement à la corporation. Et à l'article 149. 32, tu
lies les hôpitaux qui sont obligés de prendre fait et cause pour
et au nom de la corporation.
Bonne mère! Le ministre peut bien essayer de nous faire discuter
par tranches. Mais, à ce moment-là, on discutera de cela. Quand
on lit un projet de loi, on est obligé de le juger quant à ses
principes, sa globalité, d'abord. Tu dis: Voici quelle est la trame de
fond de l'article 2, en matière d'autorité, quelle est
l'autorité. C'était le CRSSS. Ce n'est plus le CRSSS, c'est la
corporation. La corporation est un organisme neutre de l'extérieur d'un
réseau.
Maintenant, ce n'est plus le CRSSS qui va autoriser le
déplacement, les hôpitaux vont décider d'un
déplacement en fonction d'une politique adoptée par le CRSSS. Je
ne me trompe pas en allant jusque-là. Les hôpitaux, cependant,
n'ont pas le pouvoir de transport. C'est la nouvelle corporation qui a
l'autorité pour décider d'un transport. Mais en vertu de
l'article 149. 32... Une minute! Je vais vous le lire, l'article 149. 32 parce
que, même si on n'est pas là, il y a un lien et il faut le
comprendre.
Lisez ce que dit l'article 149. 32. "Un établissement public ou
un établissement privé visé dans les articles 176 et 177
est lié par une décision prise en matière de transport
ambulancier par la Corporation d'urgences-santé de la région de
Montréal métropolitain... "
Donc vous liez les hôpitaux, les centres d'accueil, les centres
d'accueil privés à une décision. Bien sûr, il faut
que vous les liiez parce qu'à l'article 149. 5, c'est le pouvoir
d'autoriser le déplacement ou le transport qui est transmis à la
corporation. Je comprends que vous les liiez à la corporation. Vous les
sortez du décor, cela n'a pas de bon sens.
Je vous avoue... Vous nagez je ne sais trop dans quoi. Je ne vote pas
pour cela, c'est certain. Cela va conduire à des aberrations
épouvantables.
M. Claveau: Écoutez, M. le Président, je pense
qu'il n'y a pas d'autre façon de s'en sortir pour le ministre.
Effectivement, on peut se référer à tous les paragraphes
de l'article 1 sans limite, quand on discute de l'article 1.
Le problème de l'article 1, c'est que si on le vote il
cristallise tout ce qui se passe dans le reste. Finalement, le ministre pourra
toujours nous dire: Vous l'avez voté à l'article 1. On ne revient
pas là-dessus, vous l'avez voté à l'article 1.
Si le ministre veut vraiment avancer dans son projet de loi et donner
toutes ses explications à mesure, il se devrait de suspendre l'article 1
jusqu'à la fin de l'étude du projet de loi, comme cela se fait
dans la plupart des commissions quand il y a un problème litigieux sur
un article fondamental. On le suspend. On étudie les autres articles qui
en découlent. Après, on revient et on le vote au besoin.
Actuellement, on nous demande de modifier la Loi sur les services de
santé et les services sociaux sans savoir ce qu'on va mettre à la
place. C'est ce qui se passe en adoptant l'article 1 pour commencer. Si le
ministre veut fonctionner, qu'il le retire, qu'il nous le dise, qu'on
étudie ce qui sera mis à la place. Après, on reviendra
à la loi S 5 et on la modifiera en conséquence, en revenant voter
l'article 1 à la fin.
Le Président (M. Bélanger): C'est une proposition.
M. le ministre.
M. Claveau: Moi, je la donne comme opinion. Maintenant, cela peut
devenir une proposition.
M. Dutil: M. le Président, fondamentalement, on ne vote
pas, quand on a voté sur un article, l'ensemble de la loi. Cela va se
voter lorsqu'il y aura adoption à l'Assemblée nationale de
l'ensemble de la loi, avec les modifications qui auront été
faites. Tout à l'heure, parce qu'on discutait de l'article 149. 15, j'ai
dit: Etant donné qu'il est relié au troisième
alinéa, je fais ce compromis puisque nous étions allés
fouiller dans l'autre article. Je ne pense pas qu'on doive concéder cela
et dire qu'on ne règle pas l'article 1.
Maintenant, si mes collègues de la commission
préfèrent procéder de cette façon, libre à
eux. Qu'on s'en aille à l'article 2.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, j'aimerais seulement voir
le ministre réagir aux propos du député de Joliette et
chef de l'Opposition. La lecture qu'il fait me semble tout à fait juste.
Est-ce que c'était cela l'intention du législateur?
M. Dutil: M. le Président.
Mme Blackburn: Si vous nous dites que ce n'est pas cela...
M. Dutil: II est presque 18 heures mais, en terminant, je
pourrais réagir. Oui, d'ailleurs le chef de l'Opposition lisait la
lettre de l'AHQ, mais éliminait évidemment les points positifs
qui y sont mentionnés. Il y a des points... Je parle de l'ensemble de
l'intervention qu'a faite le député de Joliette. La
première partie de son intervention, M. le Président, portait sur
l'AHQ. Vous voulez que je réponde à une seule partie de
l'intervention du député de Joliette. Je suis prêt à
répondre à l'ensemble des interventions qui sont faites. Mais on
va commencer par le début, la lettre de l'AHQ.
Pour motiver son argumentation, le député de Joliette dit:
C'est épouvantable. La lettre de l'AHQ ne dit que des bêtises
à ce projet de loi. C'est faux. On retrouve au troisième
paragraphe "il faut souligner positivement la clarification du rôle des
CRSSS en cette matière qui se voient exclus du champ de la gestion, de
l'organisation et de la dispensation des services ambulanciers. Un autre aspect
intéressant du projet de loi" - troisième paragraphe de la
deuxième page... Il y a des choses négatives, comme dans tous les
mémoires présentés ici, et il y a des choses
positives.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
nous allons suspendre les travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Bélanger): Alors, si vous nous le
permettez, la commission des affaires sociales reprend ses travaux afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 34, c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux et d'autres dispositions
législatives.
Nous en étions à l'article 1, au moment où nous
avons suspendu nos travaux.
À l'article 1, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: J'ai compris, au moment de la suspension de nos
travaux, que le ministre, reconnaissant que cela pourrait peut-être
faciliter l'étude de ce qui reste, était d'accord pour suspendre
l'article 1, compte tenu qu'on lui a démontré par mille et une
questions qu'il était bien difficile pour nous de voter sur la
suppression de 5°, 5. 1° et 6° tant qu'on ne saurait pas ce qu'on
mettrait à la place.
M. Dutil: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai dit.
J'ai dit que j'étais d'accord avec la suspension de la suppression du
troisième alinéa et que, quant à la suspension des autres
parties de l'article 1, si la commission en décidait autrement,
c'était son choix. Mais, pour ma part, je ne crois pas que cela fasse
avancer le dossier et le débat pour les multiples arguments que j'ai
donnés et dont le principal est: Ce n'est pas le fait que l'on supprime
immédiatement cette chose-là qui nous empêche de revenir
avec des amendements aux divers autres articles si l'Opposition le juge
approprié.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, tel que je le disais au
moment où on a suspendu à 18 heures, il reste qu'il nous semble
passablement difficile de pouvoir accepter de continuer dans la mesure
où, en acceptant l'article 1, en partant, on cristallise tout ce qui
risque de se discuter dans le reste du projet de loi. Et, à l'instar du
député de Gouin, je crois qu'il serait préférable,
pour la bonne marche des travaux, que l'on puisse suspendre 1 et que l'on vote,
finalement, que l'on prenne le temps de discuter les articles 2, 3, etc.,
surtout les différents aspects de l'article 2, auxquels on s'est
toujours référé jusqu'à maintenant d'une
façon que j'oserais dire très désordonnée. À
ce moment-là, on serait au courant, on verrait exactement ce que l'on
propose pour remplacer ce qu'on enlève par l'article 1.
Il me semble qu'il est tout à fait normal, dans la
démarche d'une commission qui veut faire un travail honnête, de
commencer par savoir ce qu'on propose comme remplacement avant de faire le vide
complet et d'enlever des éléments de base de la loi. Moi, en tout
cas, je suggère fortement au ministre d'accepter la proposition qui lui
est faite et de suspendre l'article 1, de faire l'étude de l'ensemble du
projet de loi, comme cela se fait normalement dans plusieurs commissions. Quand
il y a des articles litigieux, on les suspend et on continue à la fin,
lorsqu'on s'est entendu sur les différents éléments qui
font litige. À ce moment-là, on revient et on adopte les articles
en question. ll me semble que c'est une démarche tout à fait
normale, une démarche qu'on pourrait très bien faire ici. Cela
nous permettrait peut-être d'avancer un petit peu plus rapidement dans le
projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Viau.
M. Cusano: Seulement une question au député
d'Ungava, s'il me le permet.
Le Président (M. Bélanger): Pouvez-vous vous
approcher de votre micro, s'il vous plaît?
M. Cusano: C'est que la chaise est très basse, M. le
Président. Je voulais seulement savoir du député d'Ungava
si, par la suspension de l'article 1, il a l'intention, en discutant tous les
autres articles, de faire des remarques préliminaires ou d'aller
directement à l'article 2.
M. Claveau: Les remarques préliminaires, M. le
Président, sur le projet de loi, elles sont déjà fartes.
À ce moment-là, je crois qu'en suspendant l'article 1 on pourrait
commencer à l'article 2, 149. 1, 149. 2, etc., y aller en discutant
point par point tout ce qu'on a soulevé cet après-midi.
Après, lorsqu'on aura voté tous ces paragraphes-là,
paragraphe par paragraphe, il sera loisible à nous de revenir à
l'article 1 et de voir si on doit l'adopter tel quel ou bien s'il mérite
quelques amendements pour son adoption, en fonction de ce qu'on aura
discuté dans les articles qui en découlent.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la proposition de M. le
député.
M. Dutil: M. le Président, je pense qu'on peut conclure
qu'il y a une proposition. Là, on en était à la suspension
de l'alinéa 3 comme proposition, mais je pense qu'il y a une proposition
qui est de l'Opposition et qui dit: On suspend l'ensemble de l'article 1. Je
comprends bien cela. Je pense qu'on devrait voter là-dessus, puis que la
commission se sente bien à l'aise.
Le Président (M. Bélanger): La proposition du
député d'Ungava, qui est de suspendre l'étude de l'article
1 pour passer à l'article 2 et aux suivants, est-elle
adoptée?
M. Gendron: Adopté.
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre? Alors, on va
faire un vote nominal.
Une voix: C'est à la majorité...
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais j'ai une
personne qui s'est prononcée. Est-ce qu'il y en a d'autres qui sont pour
ou contre la proposition du député d'Ungava?
M. Gendron: M. le Président, excusez.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: C'est parce que, là, à partir du moment
où le vote nominal est appelé, normalement, vous appelez les
membres de chacune des formations politiques sur la proposition pour savoir
où vous vous en allez.
Le Président (M. Bélanger): C'est qu'on m'avait
dit, d'un côté, adopté et l'autre côté m'avait
dit rejeté. Il n'y avait pas eu de demande de vote nominal mais on va
faire, effectivement, un vote nominal puisque je n'ai pas de position claire.
Je vais donc appeler les gens pour le vote.
M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Claveau
(Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Gendron
(Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme Harel
(Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Laporte
(Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Latulippe
(Chambly)?
M. Latulippe: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Cusano (Viau)?
M. Cusano: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): II y avait trois votes
du côté de la formation de... Effectivement, M. Rochefort (Gouin),
excusez?
M. Rochefort: Pour.
Le Président (M. Bélanger): II y a trois votes dans
la formation de l'Opposition, selon les règles, alors, je ne peux
malheureusement pas aller plus loin.
Donc, quatre pour et six contre. La proposition est rejetée.
Nous revenons à l'article 1. Je suggère que nous
procédions paragraphe par paragraphe. L'article 1, 1°: "L'article
18. 3 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux est
modifié: 1° par le remplacement du premier alinéa et de ce
qui précède le paragraphe 1° du deuxième alinéa
par ce qui suit - à 18. 3 de la loi, chapitre S-5 - 18. 3. Le Conseil de
la santé et des services sociaux de la région de Montréal
métropolitain exerce, dans le but de répartir les cas d'urgence,
les fonctions suivantes. " Est-ce que ce premier élément de
l'article 1 est adopté?
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): C'était la
question. J'attendais la réponse de votre porte-parole.
M. Gendron: Elle veut prendre la parole sur le premier
paragraphe.
Mme Blackburn: M. le Président, je vais essayer de refaire
un peu le tour de la question et rappeler les propos tenus par le
député de Joliette au moment où il s'inquiétait de
voir, dans cet article, disparaître la responsabilité du CRSSS
quant à l'autorisation des déplacements lorsqu'il y a
engorgement, ce que souligne d'ailleurs avec pertinence l'Association des
hôpitaux du Québec.
Ce que je voudrais savoir du ministre - ma question était simple
au moment où on a ajourné tout à l'heure - à la
suite des informations et de la lecture faite par le député de
Joliette et qui dit qu'on vient donner à un organisme
complètement extérieur au réseau...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi, juste pour votre information, nous votons
actuellement sur le premier paragraphe. Vous faites allusion à ce qu'il
y a au deuxième et au troisième paragraphes. Le premier
paragraphe se lit jusqu'à: "Le Conseil de la santé et des
services sociaux de la région de Montréal métropolitain
exerce, dans le but de répartir les cas d'urgence, les fonctions
suivantes: ". Cela va jusque-là? Le reste, on le passera au vote par la
suite. Ce premier paragraphe, est-ce qu'il est adopté ou non?
Mme Blackburn: Dans le fond, M. le Président, si on adopte
cela, j'imagine qu'il va falloir, par voie de conséquence, adopter les
suivants? Si je n'ai pas la réponse du ministre là-dessus, ce qui
engage tout le reste du projet de loi, on l'a expliqué à maintes
reprises... Comment peut-on commencer à disposer de cet article majeur
qui tient l'ensemble du projet de loi sans avoir les réponses aux
questions qu'on a posées juste avant le souper, c'est-à-dire
devant cette lecture qui est faite, des conséquences d'enlever au CRSSS
la responsabilité d'autoriser? Parce qu'en enlevant le point 5, à
l'article 18. 3...
Le Président (M. Bélanger): C'est le
deuxième paragraphe. On va l'adopter après.
Mme Blackburn: Je sais, M. le Président, mais c'est un
ensemble, je présume. Je suis en droit de demander au ministre de nous
indiquer s'il a réfléchi aux conséquences de ce changement
de responsabilité et de l'introduction dans cette organisation d'un
organisme externe.
Je voudrais savoir si le ministre peut me répondre à cela.
Je serais rassurée par rapport au reste. Le ministre n'a pas la
vérité absolue. Ici, la commission sert d'éclairage. Les
lectures sont tellement différentes. Si le ministre répondait
à cela, il me semble qu'on se sentirait plus à l'aise pour
poursuivre l'examen du projet de loi. C'était là ma question, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
ministre.
M. Dutil: Oui, M. le Président. J'ai
réfléchi à cette question. Je demeure convaincu que la
question d'autoriser est très importante. Cela doit être
concentré au niveau de l'OSBL pour des raisons bien pratiques, qui sont
des décisions extrêmement rapides à prendre, dans le cas de
l'article auquel se réfère Mme la députée. Elle me
demande si j'y ai réfléchi. La réponse est positive. Oui,
j'y ai réfléchi et je ne suis pas d'accord avec leur
argumentation.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce que
l'article 1, le premier paragraphe, est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Claveau: J'ai une question sur le premier paragraphe
spécifiquement.
Le Président (M. Bélanger): Adopté? Mme
Vermette: Non, non, non.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, on a
fait quatre heures... Un instant, là!
Mme Vermette: Vous êtes bien pressé, M. Cusano. Il
ne parle pas et il dit toujours qu'il est prêt à tout faire
passer.
Le Président (M. Bélanger): On a fait quatre heures
d'argumentation là-dessus. J'ai
autorisé Mme la députée de Chicoutimi, parce
qu'elle était votre porte-parole, semble-t-il, là-dessus.
Là, nous sommes au moment du vote et, lorsque le vote a commencé,
on ne recommence pas la discussion. On l'a reprendra au deuxième
alinéa, si vous le voulez, au deuxième paragraphe, mais on ne va
pas recommencer tout le temps la même discussion.
Mme Vermette: II n'y a pas de vote, nous ne sommes pas rendus au
vote.
Le Président (M. Bélanger): C'est tout le temps la
même discussion.
M. Claveau: M. le Président, c'est vous qui avez
décidé de demander le vote. Je voudrais vous demander, M. le
Président, combien il me reste de temps à parler sur cet
article-là.
Le Président (M. Bélanger): À l'article 1,
combien reste-t-il de temps? Un instant! Un instant, je vais consulter.
Effectivement, vous aviez raison, c'est l'article 245, temps de parole.
Or, "le temps de parole de vingt minutes dont disposent les membres de la
commission vaut pour chaque article, alinéa ou paragraphe d'un projet de
loi, chaque amendement ou sous-amendement ou chaque article qu'on propose de
modifier ou d'ajouter dans une loi existante. Ce temps de parole peut
être utilisé en une ou plusieurs interventions". C'est qu'on avait
fait. Alors, en le reprenant paragraphe par paragraphe, on recommence la banque
de temps à zéro, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Une petite question rapide, par rapport
spécifiquement au paragraphe 1. Est-ce que je comprends bien en
interprétant le remplacement du premier alinéa par strictement la
disparition de la centrale de coordination? Le but de ce premier
alinéa-là, est-ce que c'est...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: En substance.
M. Claveau: En substance.
M. Dutil: Oui, en substance, c'est cela.
M. Claveau: Alors, le but de ce paragraphe-là ne va pas
au-delà de la disparition de la centrale de coordination, c'est ce que
vous me dites.
M. Dutil: Nous dissocions la centrale Urgences-santé du
CRSSS de Montréal. L'objectif de l'article 1, c'est de faire ce
départage, de - je cherche le terme exact - faire la distinction entre
l'un et l'autre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. En fait, ce que M. le
ministre vient de nous dire, c'est qu'en substance il fait disparaître la
centrale de coordination. Or, cette même centrale de coordination avait
des obligations particulières, d'une part, c'était d'inscrire les
titulaires d'un permis d'exploitation d'un service d'ambulances qui
remplissaient les conditions d'inscription à la centrale de
coordination. C'est bien cela? Donc, qu'est-ce que cela veut dire en substance,
qu'est-ce qui va rester un petit peu, finalement, en suspens, parce qu'en
susbstance cela veut dire en grande partie, mais il y a des choses aussi?
Qu'est-ce que c'est?
M. Dutil: M. le Président, on en a discuté
longuement tout à l'heure. Je ne crois pas que mes arguments, que je
répéterais si je les redisais, convainquent davantage
l'Opposition de ce que j'ai dit. Toutefois, je voudrais quand même
préciser que j'ai accepté - je pense que la commission
était d'accord tout à l'heure - de suspendre le numéro 3,
"par la suppression du troisième alinéa", qui était
rattaché à 149. 15, auquel fait référence la
députée. Je maintiens ma parole de tout à l'heure
là-dessus, évidemment. On en est à parler du paragraphe 1
et on parlera tout à l'heure du paragraphe 2, que je souhaite voir
adopter. Quant au paragraphe 3, ayant accepté tout à l'heure de
le suspendre, il sera suspendu si la commission en décide ainsi. (20 h
30)
Mme Vermette: M. le Président, en acceptant ce
paragraphe-là, il faut avoir les garanties selon lesquelles, le
paragraphe 3 étant suspendu, on aura toujours le loisir de discuter le
paragraphe 2, mais il faudrait avoir certaines garanties qui soient très
explicites dans le premier paragraphe pour qu'on ne soit pas, finalement, vide
de substance en ce qui concerne l'énoncé à l'article 18.
3.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, pas de
commentaire. Mme la députée de Maison-neuve.
Mme Harel: M. le Président, à la lecture de
l'article 1, je comprends que l'article 18. 3 va être modifié de
façon que le CRSSS, le Conseil de la santé et des services
sociaux de la région de Montréal métropolitain, exerce
dans le but de répartir les cas d'urgences. Donc, l'intention, le mandat
est maintenu; ce qui est modifié, c'est la façon de faire,
c'est-à-dire la mise sur pied d'une centrale de coordination, cela,
c'est biffé par l'article 1. Ce qui m'interroge plus, c'est que soit
biffée la formulation à l'alinéa qui suit "de
manière exclusive" pour les fonctions qui sont après
définies. Je comprends que dans l'intention du ministre, il est donc
introduit cet article 1 de façon que soit biffé le premier
paragraphe de l'article 18. 3. Là où, d'une certaine
façon, je
m'interroge, c'est à savoir pourquoi, pour ce qui concerne les
fonctions dévolues au CRSSS qui suivront, il a choisi de faire biffer la
mention "de façon exclusive".
Je prends, par exemple, la fonction telle que définie au
paragraphe 1 de l'article 18. 3. Cette fonction, il faut constater qu'elle
n'est pas modifiée par le projet de loi 34. C'est donc une fonction qui
est toujours dévolue au CRSSS, cette fonction, par exemple, qui consiste
à établir les critères d'admission et les politiques de
transfert des bénéficiaires dans les établissements
publics et les établissements privés visés dans les
articles 176 et 177. J'en fais simplement lecture, M. le Président, pour
demander au ministre pourquoi, puisque c'est là une fonction,
l'établissement des critères d'admission et des politiques de
transfert des bénéficiaires dans les établissements
publics et les établissements privés, fonction dévolue au
CRSSS, avoir biffé la mention "de façon exclusive"?
M. Dutil: M. le Président, est-ce qu'on pourrait demander
à notre juriste, ici, de répondre sur le plan technique à
la question?
Le Président (M. Bélanger): Consentement?
Mme Harel: M. le Président, peut-être avant de
donner mon consentement, je voudrais faire la remarque suivante. Cela me fait
plaisir - je le fais de plein consentement - que, du siège qu'elle
occupe, la juriste qui est personne-ressource pour le ministre puisse
intervenir. Je vous rappelle qu'à cette même commission
parlementaire des affaires sociales, où nous avons siégé
pendant cinq semaines, la députation ministérielle m'a
refusé, à moi, ce privilège, disons-le, d'avoir des
personnes-ressources qui m'assistent dans l'étude, notamment, de la
réforme de l'aide sociale et je l'ai regretté à
l'époque. Je n'ai pas l'intention de servir la même
médecine au ministre, mais je voulais simplement le souligner.
Le Président (M. Bélanger): Je veux juste vous
faire remarquer que, des deux côtés, on a accepté que les
recherchistes, aides ou personnes-ressources puissent être
présentes à la table dans la mesure où il reste des places
à la table.
Mme Harel: En l'occurrence pour ce projet de loi?
Le Président (M. Bélanger): Oui, madame est
là depuis le début.
Mme Harel: Pour le projet de loi 34.
Le Président (M. Bélanger): Oui, elle était
votre voisine de chaise, il n'y a pas de problème.
Une voix: Pas pour intervenir. Elle est assise là, mais
elle ne parle pas.
Mme Harel: Elle ne parle pas, par exemple. Allons-y.
Le Président (M. Bélanger): Non, remarquez qu'on
peut refuser, c'est une prérogative.
Mme Harel: Non, je vous l'ai dit, je donne mon consentement, mais
je souhaite que cela puisse être réciproque à un autre
moment.
M. Dutil: Pour des considérations futures.
Le Président (M. Bélanger): Nous avons le
consentement. Si monsieur veut s'identifier et répondre à la
question.
Une voix: Madame.
M. Dutil: Madame Harvey.
Le Président (M. Bélanger): Madame, excusez, c'est
parce que je croyais que c'était monsieur là-bas.
Mme Harvey (Liette): Liette Harvey. Le fait d'enlever "de
manière exclusive", en fait, ne donne pas la plupart de ces fonctions
à quelqu'un d'autre. C'était peut-être un peu
nécessaire à l'époque, à cause du partage de
chapeau qu'avait Urgences-santé par rapport au CRSSS. C'est notamment
nécessaire à cause du système d'information où les
informations recueillies par les deux - un à un niveau régional
et l'autre à un niveau plus spécifique qui est celui des urgences
- ont de l'interférence. Si on l'avait conservé "de
manière exclusive", on ne permettrait pas à la corporation de
faire son travail.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Faire son travail consiste-t-il à
établir des critères d'admission et des politiques de transfert
des bénéficiaires? En quoi est-ce que la nouvelle corporation
aura à interférer sur la fonction que l'on retrouve au paragraphe
1?
Mme Harvey: Elle n'interfère pas à ce niveau. Je
parle uniquement au plan du système d'information prévu à
4°. Pour les autres, elle n'a que les pouvoirs qu'on lui donne,
étant une corporation créée par la loi. Cela
n'enlève rien au CRSSS pour ce qui est des paragraphes qui demeurent
ici: 1, 2, 3 et 4. C'est à 4 qu'il y a un certain croisement à
cause des données informatiques. Elles vont chercher toutes les deux le
même matériel à un niveau différent.
Mme Harel: Alors, M. le Président, ce qui mérite
d'être dit mérite d'être bien écrit. Si c'est en
regard du paragraphe 4 qu'il y a cette
hypothèse d'interférence, il faudrait introduire, et non
pas biffer les pouvoirs exclusifs pour l'ensemble de l'article, puisque ce sont
là des fonctions qui seront exclusivement réservées au
CRSSS. Je pense qu'il faut le dire.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Ce n'est pas notre opinion, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Je demanderais quand même de souligner pour
le Journal des débats que ce n'est pas exactement l'opinion que
semblaient lui soumettre les gens qui l'entourent. Quand je dis qui
l'entourent, je parle du ministre. Quand il dit: Ce n'est pas notre opinion, je
trouve que c'est un "notre" très singulier.
Mme Harel: Quelle est l'opinion du ministre en regard de la
fonction rédigée au paragraphe 1, cette fonction qui,
jusqu'à maintenant, était de façon exclusive
dévolue au CRSSS, à savoir l'établissement des
critères d'admission et des politiques de transfert des
bénéficiaires dans les établissements publics et
privés? En quoi le ministre - qui considère que ce n'est pas son
opinion que cela doit être réservé de façon
exclusive au CRSSS - pense-t-il que la corporation est concernée?
J'aimerais que ce soit le ministre qui réponde, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, on peut faire un débat
extrêmement long sur chacun des points et des virgules qui sont ici. Nous
avons décidé, nous suggérons respectueusement à la
commission de séparer du CRSSS de Montréal Urgences-santé.
Nous l'avons écrit dans un texte de loi qui nous apparaît clair.
L'objectif de ce texte de loi est fait pour cela. S'il y a des discussions
très techniques à faire, on peut bien les faire jusqu'à
minuit ce soir sur l'article 1. On peut faire cela. Mais mon opinion est que,
de toute évidence, on ne veut pas adopter l'article 1. On ne veut pas
être pour ou contre. Si on veut en parler jusqu'à minuit ce soir,
libre à l'Opposition de le faire. La parole est à elle.
Le Président (M. Bélanger): C'est la
prérogative de l'Opposition de le faire. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je ne suis pas certaine que le ministre se soit
bien exprimé là-dessus, qu'on comprenne et qu'on ait bien saisi
le sens de l'Intervention de la députée de Maisonneuve. Elle dit:
Les fonctions qui restent au CRSSS, pourquoi est-ce qu'on n'enlève que
ces fonctions? Il les exerce de manière exclusive. Est-ce qu'on a
l'intention de laisser d'autres corps intervenir dans les fonctions du CRSSS?
Si on enlève cette phrase: "À cette fin, il exerce de
manière exclusive les fonctions suivantes", est-ce à dire que
dorénavant ces fonctions ne seront pas réservées - celles
qui restent dans la loi - exclusivement au CRSSS? Je ne suis pas certaine que
le ministre ait bien compris le sens de la question. Est-ce qu'il pense que
d'autres intervenants du réseau devraient partager cette
responsabilité avec les CRSSS?
M. Dutil: M. le Président, j'ai très bien compris
le sens de la question. Je pense que c'est l'Opposition qui n'a pas compris le
sens de mon intervention. Le texte nous apparaît clair. On me demande de
réexpliquer depuis cet après-midi, à 15 heures, les
mêmes choses chaque fois. Eh bien! Je me dis que si l'Opposition n'a pas
compris un texte aussi clair, c'est son privilège et si elle veut en
discuter davantage, c'est son privilège, mais je ne vais pas
répéter chaque fois les mêmes choses que l'Opposition, qui
prend son temps de parole, qui nous explique pendant 20 minutes ce qu'on n'a
pas compris de son opinion.
Mme Blackburn: La question est simple et elle est claire. S'il
enlève "exclusif, avec qui le CRSSS va-t-il partager cette
responsabilité? Pourquoi faut-il l'enlever autrement que pour penser que
quelqu'un d'autre, un autre organisme devrait partager cette
responsabilité avec lui. Il me semble que c'est clair. Cela peut
demander une réponse simple: Oui, on pense qu'il y a peut-être
quelqu'un d'autre; oui, on pense qu'il y a d'autres organismes qui devraient le
faire avec eux. C'est la question et une réponse claire, c'est cela.
Est-ce que, oui ou non, en enlevant cette phrase, on doit comprendre que le
CRSSS n'exercera plus exclusivement les responsabilités d'établir
les critères, d'assurer les normes, d'assurer que ces
établissements adoptent, et ainsi de suite. Je passe les paragraphes qui
restent. Si on enlève "exclusivement", est-ce à dire que,
dorénavant, il y aura d'autres organismes qui, avec le CRSSS, auront la
responsabilité d'établir les critères d'admission et ainsi
de suite? La question est simple.
M. Dutil: La réponse est non. M. Rochefort: Pardon?
M. Dutil: On n'a pas l'intention de donner cela à
d'autres.
Mme Blackburn: Alors, à ce moment-là, la question
de la députée de Maisonneuve est exacte, précise et juste:
Pourquoi faut-il l'enlever si ce n'est pas une responsabilité qu'ils
devront partager avec d'autres? Pourquoi faut-il enlever cela?
M. Dutil: M. le Président, je pense qu'on a répondu
à cela tout à l'heure. Je ne vois pas pourquoi je
répéterais deux fois la même chose. Si l'Opposition veut
nous parler de ce sujet-là, qu'elle nous en parle pendant 20
minutes.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. On s'attendrait
à plus d'égards de la part d'un ministre et qu'il puisse un
peu... C'est bien beau de dire que ce sont les prérogatives de
l'Opposition de vouloir poser des questions ou de vouloir un peu voir ces
choses transpirer dans une étude de projet de loi en ce qu'il dit: II y
a des choses admissibles et il y en a d'autres qui sont plus ou moins
admissibles. Je trouve tout à fait normal que nous soyons
éclairés davantage. Comme il a été dit
précédemment, c'est un projet de loi important parce qu'il y va
de la coordination des soins de santé dans les cas d'urgence et qui
favorise une meilleure qualité de vie et de soins pour des gens qui sont
en état d'urgence. On ne peut pas prendre cela à la
légère et je crois que c'est essentiel de vérifier et de
savoir, pour les années qui s'en viennent, comment sera
géré et comment fonctionnera ce système, cette
coordination des soins de santé.
Quant à nous, c'est de savoir exactement comment cela va se
passer. La majorité des groupes qui sont venus ici se faire entendre
nous ont dit: Nous voulons avoir une politique claire. Là, on a une loi
qui n'a pas encore ses politiques et on demande d'avoir des
éclaircissements et d'avoir des points de loi qui sont effectivement
clairs, sans ambiguïté, et qui permettront à tous les gens
qui vont pouvoir faire la lecture des différents articles de savoir
exactement qui fait quoi, avec qui ils le font et de quelle façon on
arrivera aussi à obtenir les résultats sur lesquels on compte par
ce projet de loi. Mais, actuellement, il reste beaucoup de questions qui sont
en suspens et sans réponse. Le ministre joue régulièrement
à un jeu de passe-passe pour ne pas répondre à nos
demandes et ne pas apporter davantage d'éclaircissements qui seraient
utiles non pas uniquement pour l'Opposition, mais pour l'ensemble des gens qui
sont concernés par ce projet de loi, ce qui semble très
important. C'est aussi l'ensemble des Québécois et des
Québécoises qui sont concernés par le projet de loi. Donc,
ce ne sont pas uniquement des récriminations de l'Opposition ou, en tout
cas, des façons de faire de l'Opposition pour le plaisir de
s'écouter parler. Je ne le crois pas. J'aurais apprécié
que le ministre, en tout cas, se montre un peu plus participant et qu'il soit
plus ouvert à nous apporter des réponses qui nous permettraient
de faire un débat convenable. (20 h 45)
Alors, M. le Président, j'aurais aimé savoir et je
demanderais au ministre, justement, pourquoi, à ce moment-là,
s'il n'est pas dans son intention... Depuis le début de ce projet de
loi-là, nous avons toujours entendu le ministre nous dire qu'il n'est
jamais dans ses intentions de faire quelque chose ou d'aller dans un sens
plutôt que dans un autre, mais, plus on le questionne, plus on finit par
découvrir par-ci, par-là, des bribes de réponse. On
s'aperçoit que oui, effectivement, il y a diverses orientations et que,
finalement, il y aurait des partages de juridiction, il y aurait des partages
de coordination. On ne sait réellement pas quelles sont les vraies
réponses. Là, mes deux collègues ont demandé, d'une
façon très claire et sans ambiguïté: Pourquoi enlever
"de manière exclusive", puisque dans la tête du ministre il ne
fait aucun doute, hors de tout doute, qu'il ne veut pas partager ces
responsabilités-là, que le CRSSS ne devra pas partager ces
responsabilités-là?
Vous savez fort bien, comme tout le monde, que c'est important d'avoir
dans des lois des textes clairs, sans ambiguïté, parce que les lois
sont toujours sujettes à interprétation. Je pense que ma
collègue de Maisonneuve avait quelque chose à ajouter en ce sens
aussi, parce que je l'ai vue tantôt manifester le désir de prendre
la parole sur cet article.
Le Président (M. Bélanger): La
députée de Maisonneuve en temps et lieu. Est-ce que vous pouvez
finir votre question? Est-ce que...
Mme Vermette: J'ai posé la question...
Le Président (M. Bélanger):... vous attendez une
réponse?
Mme Vermette:... alors pourquoi le ministre s'obstine-t-il
à ne pas vouloir nous éclairer davantage quand on lui demande -
cela a été fait à deux reprises - pourquoi, justement,
puisque dans sa tête il ne fait aucun cloute qu'il ne veut partager cette
responsabilité-là? Pourquoi, finalement, faire disparaître
dans le nouveau projet de loi ce qui est déjà existant? Quel est
son objectif, finalement, puisque dans les lois, c'est important d'avoir des
lois claires et précises?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Alors, M. le Président, j'ai demandé
à notre juriste tout à l'heure de donner une réponse pour
être bien sûr que, si c'était moi qui m'exprimais mal, enfin
quelqu'un exprime à l'Opposition quelque chose de clair et de
précis, qu'elle comprenne que cela ne change rien de le libeller comme
cela. Mais, de toute évidence, ni l'argument de notre juriste ni le mien
n'ont porté. Alors, je ne vois par pourquoi je répéterais
encore une dixième fois la même chose.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, moi, M. le Président, cela va être
la dernière intervention là-dessus parce que, de toute
évidence, c'est le ministre qui a renoncé à son rôle
de législateur. C'est évident, là, depuis les quelques
minutes que nous avons commencé nos travaux, qu'il a baissé les
bras sur cette responsabilité-là. Je comprends qu'il ne soit pas
juriste mais il devrait être encore plus prudent, du fait de ne pas
être juriste. Il devrait l'être encore plus et bien vérifier
que ce qui est écrit est conforme à ce qu'il prétend
vouloir dire.
M. le Président, je pense que, s'il a compris la question, le
ministre n'a pas compris le sens des responsabilités qui lui incombent
comme législateur. C'est d'autant plus important... J'ai encore eu un
exemple dernièrement, puis le député de Viger, qui a fait
l'étude du projet de loi 42 et qui sait les conséquences...
Une voix: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, question de règlement. M. le
député de Viau, sur quel article s'il vous plaît?
M. Cusano: Bien, l'article du bon sens...
Mme Harel: II n'y a pas de règlement en commission, M. le
Président.
M. Cusano:... M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Cusano: M. le Président, une simple correction, pour la
députée de Maisonneuve...
Mme Harel: II n'y a pas de correction.
M. Cusano:... c'est que je ne représente aucunement le
comté de Viger, c'est le comté de Viau, madame.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Alors, la correction
est entamée, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, le député de Viau, qui a fait
très studieusement l'étude du projet de loi 42, se rappelle les
conséquences que parfois une phrase ou même un mot peut avoir. Je
pense, entre autres, à l'expression "incapable d'exercer son emploi" qui
écarte actuellement de l'application des programmes de
réadaptation des milliers de personnes. Je fais simplement appel
à l'intérêt que le ministre peut avoir, d'ici à la
fin de nos travaux, à bonifier son projet de loi sur le plan de la
législation. Il y a de ses collègues, M. le Président, qui
ne sont pas juristes non plus. Je pense à son collègue des
Transports ou à certains autres qui acceptent, qui ont la
sécurité personnelle de penser être capables de bonifier un
projet de loi et qui acceptent que les députés de la commission
fassent leur travail et lui recommandent des modifications.
Je dis, M. le Président, que la réponse qui nous a
été donnée au motif qui a été invoqué
pour biffer pour l'ensemble des paragraphes les mots "de manière
exclusive" ne permet cette interprétation que pour le paragraphe 4.
Alors, ce que le ministre dit, c'est que cela n'a pas d'importance et il
prolonge, il élargit les propos tenus par la juriste, la légiste.
Il les élargit à l'ensemble de tous les paragraphes, quand il
nous a pourtant été clairement indiqué qu'ils ne pouvaient
s'appliquer qu'au paragraphe 4. Mais le ministre a l'air de lever la jambe
là-dessus puisque, pour lui, le produit final, je pense qu'il oublie que
c'est un produit légal. C'en est au point, M. le Président,
où il semble peut-être l'ignorer, mais tous les mots comptent dans
l'intention du législateur. L'intention du législateur n'est pas
l'intention de la légiste qui est assise à côté du
législateur, c'est l'intention de ceux qui vont avoir à porter la
responsabilité de faire adopter une législation. L'intention du
législateur est de faire biffer les mots "de manière exclusive"
pour tous les paragraphes, pas seulement le paragraphe 4. Donc,
également pour le paragraphe qui dit que le CRSSS a la fonction
d'établir les critères d'admission et les politiques de transfert
des bénéficiaires. Cette intention du législateur est
incompréhensible si le ministre, par ailleurs, prétend qu'il a
quand même l'intention de confier cela de façon exclusive au
CRSSS. Alors, qu'il le dise et qu'il l'écrive. Qu'il l'écrive
aussi clairement qu'il prétend vouloir le dire.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le
député de Laval-des-Rapides, si vous permettez. Là-dessus,
je diffère un peu d'opinion avec vous. Je vais vous expliquer pourquoi.
En 1981, lorsqu'on a établi la centrale de coordination des urgences de
la région de Montréal, on avait mis certaines fonctions ou
accentué certaines fonctions du conseil régional parce qu'il
pouvait être possible que la centrale de coordination entre en conflit
sur certaines choses. Par exemple - c'est particulièrement à
l'article 4 que Mme la juriste l'expliquait tout à l'heure - lorsqu'il
s'agit de compilation de données, on voulait éviter, à ce
moment-là - je me le rappelle très bien - que deux organismes
fassent le même travail. On se disait qu'il se ferait une fois et, pour
ne pas qu'on s'obstine sur les juridictions, on a dit: C'est exclusivement
Untel. Mais il faut se rappeler que les conseils régionaux ont cette
possibilité. Dans la région de Québec, une telle
possibilité peut exister. Ce sont les conseils régionaux
désignés. Mais aucun autre établissement du réseau
ne pourrait se prévaloir de cette
prérogative puisqu'il n'est pas dans la définition de sa
fonction ou de sa mission de faire ce genre de travail. Personne d'autre ne
peut interférer ou ne pourrait s'arroger le droit d'entrer là,
sauf la centrale de coordination à l'époque, pour des questions
d'efficacité. C'est pour cela que cela avait été
conçu à l'époque, en 1981.
Si je relis la loi, à 18. 2 dans le chapitre S-5, vous allez
arriver à exactement ceci: "Un conseil régional
désigné par règlement peut, afin de connaître de
façon quotidienne la situation dans les établissements publics et
les établissements privés visés dans les articles 176 et
177, exiger de ces établissements des informations statistiques sur le
nombre et la nature des inscriptions et des admissions de
bénéficiaires, sur le taux quotidien d'occupation de
l'établissement et sur les transferts et transports en ambulance de
bénéficiaires. " C'était une fonction des conseils
régionaux désignés par règlement à cette
époque, pour justement essayer d'avoir un minimum de coordination,
d'organisation et, dans le système informatique, pour éviter que
deux ou trois organismes ne fassent le même travail, on l'avait mis
exclusif.
Mme Harel: M. le Président, me permettez-vous...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, je vous en prie.
Mme Harel:... d'interroger le ministre concernant le paragraphe
2. Puisque le ministre a repris les propos du légiste et les a
étendus à l'ensemble des paragraphes, si je lis le paragraphe 2,
la fonction qui est dévolue est la suivante: "s'assurer que des normes
de fonctionnement adéquat des services d'urgence soient adoptées
dans ces établissements ou, à défaut, fixer de telles
normes. " Est-ce à dire que le CRSSS partagerait avec la corporation la
fonction qui est définie au paragraphe 2? C'est donc une fonction
exclusive que le ministre entend accorder au CRSSS en ce qui concerne le
paragraphe 2?
M. Dutil: C'est une fonction qui appartient au CRSSS.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée...
Mme Harel: Puisque, M. le Président... Le
Président (M. Bélanger): Excusez-moi.
Mme Harel: M. le Président, puisqu'il y a
interférence possible au paragraphe 4... Est-ce que le ministre
reconnaît qu'il y a interférence possible au paragraphe 4?
Le Président (M. Bélanger): Vous voulez dire au
paragraphe 2?
Mme Harel: Au paragraphe 4.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Mme Harel: C'est-à-dire, puisque le ministre a fait siens
les propos du légiste disant qu'il y avait interférence possible
au paragraphe 4, je demande au ministre: Est-ce que mon interprétation
est la bonne de penser que le ministre considère qu'il peut y avoir
interférence au paragraphe 4?
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Oui?
Mme Harel: Donc, le ministre a dit: II n'y a pas
d'interférence parce que je veux, comme législateur, qu'il y ait
un mandat exclusif au CRSSS, au paragraphe 1, au paragraphe 2. Je n'ai pas
posé la question, mais elle se pose aussi au paragraphe 3. Puisque le
ministre considère qu'il peut y avoir interférence au paragraphe
4, n'y a-t-il pas danger que le fait de biffer "de manière exclusive",
en soutenant qu'il y a possibilité acceptée d'interférence
au paragraphe 4, ne vienne ouvrir la possibilité d'interférence
aux autres paragraphes?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
Mme Harel: Si ce n'est pas clairement exprimé que ce n'est
pas de manière exclusive, pourquoi ne serait-il pas
interprété que cela peut être partagé? Si la lecture
du paragraphe 4 amène le légiste à concevoir que c'est une
fonction qui peut être remplie à la fois par le CRSSS et la
corporation, pourquoi pas les autres? Il faut être logique, M. le
Président.
M. Dutil: M. le Président, ce que dit ce paragraphe, c'est
que nous confions au Conseil de la santé et des services sociaux de la
région de Montréal métropolitain des fonctions. Ces
fonctions sont énumérées. La députée me
demande pourquoi ce ne serait pas fait de façon. exclusive.
Effectivement, concernant le paragraphe 4, on pense qu'il peut y avoir
non-exclusivité, chevauchement.
Évidemment, cela pourrait s'appliquer ailleurs. C'est sûr.
Mais il faudrait qu'il ait une intention, une volonté de dire a
quelqu'un d'autre: Vous appliquez les pouvoirs qui sont là.
Une voix: Pardon?
M. Dutil: II faudrait qu'il ait une volonté dans ce sens.
Ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas notre intention. C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Un instant. Mme la
députée de Maisonneuve, pour finir
l'interaction. Puis, on ira au député d'Abititi-Ouest.
Mme Harel: Rapidement, pour terminer là-dessus, pour dire
au ministre que, quand ce n'est pas notre intention, il faut écrire ce
qu'est notre intention et non l'inverse. Ce n'est pas ce qui n'est pas notre
intention qui s'écrit, c'est ce qu'est notre intention qui se formule.
C'est évident que, s'il y a chevauchement reconnu et voulu par le
ministre au paragraphe 4 et qu'il n'y a pas, pour les autres paragraphes, de
fonction exclusive, le même chevauchement pourra être
interprété pour les autres paragraphes.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, même remarque que tout
à l'heure.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le
Président, que c'est volontaire si je n'ai pas voulu prendre la parole
avant, de faire un petit bout de discussion. Je suis un peu
étonné, même renversé de la réponse du
ministre dans le sens qu'il prétend qu'à certains égards
il n'a pas de commentaire à nous faire. Mais il faudrait qu'il soit
conscient qu'il est en train d'assumer soi-disant ses responsabilités
ministérielles. Comme ministre membre d'un gouvernement, on a un projet
de loi. Dans ce projet de loi, il y a des articles. Jusqu'à maintenant,
je n'ai rien dit de neuf. Mais, par vos réponses, j'ai l'impression que
oui. Je vais essayer de le prouver très succinctement.
L'article 1 à 18. 3, c'est simple pour quelqu'un qui comprend
cela. On dit qu'on va remplacer ce qui est là et ce qui
précède. Ce qui précède, vous savez très
bien ce que cela veut dire. C'est "à cette fin il exerce de
manière exclusive". Ce n'est plus là, cela saute.
Dorénavant, on dirait: Le Conseil de la santé et des services
sociaux de la région de Montréal métropolitain exerce,
dans le but de répartir les cas d'urgence, les fonctions suivantes. " Et
il exerce toutes les fonctions qui sont là moins celles dont on va
discuter dans le deuxième paragraphe, tantôt. Jusqu'à
maintenant, il n'y a personne qui ne comprenne pas cela. (21 heures)
Ma collègue, la députée de Maisonneuve, vous pose
une question fort précise, M. le ministre. J'aimerais avoir votre
attention. Dans le cas du deuxième paragraphe de l'article 18. 3 qui va
rester, parce que vous ne le modifiez pas par le projet de loi 34, elle vous
pose la question précise suivante: S'assurer que des normes de
fonctionnement adéquat des services d'urgence soient adoptées,
qui va faire cela? Vous répondez, vous avez répondu, et je suis
sûr de ce que je dis: Celui qui va faire cela, c'est le CRSSS. Donc, par
déduction, si c'est le CRSSS qui va faire cela, oui, le
législateur, en plus de consacrer le principe que c'est lui qui va avoir
le mandat de faire cela non seulement par voie déductive, il pourrait
vouloir l'inscrire formellement, d'où la raison d'être de la
mention exclusive. C'est pour cela que vous avez écrit que le CRSSS va
faire cela exclusivement. C'est pour éviter le dédoublement, les
difficultés, le chevauchement.
Je dirais que je suis dans les patates, M. le ministre, si tout de suite
après vous aviez dit: Oui, c'est vrai dans le cas du quatrième
paragraphe parce que, quand on regarde votre projet de loi 34, oui, on se rend
compte aux articles subséquents qu'on va regarder un de ces jours,
qu'à l'article 149. 5, quatrième paragraphe, c'est écrit:
"concevoir et implanter un système d'information pour connaître...
" Ah! Cela va être vrai tout autant par la nouvelle corporation que par
le conseil de la santé. Cela signifie donc qu'on dit: À ce
moment, le législateur a une volonté législative et la
traduit par le fait de retirer le mot "exclusif" parce qu il veut qu'il y ait
du chevauchement à des endroits. Donc, on a le droit de déduire
qu'il veut qu'à d'autres endroits i! n'y en ait pas.
Or, si on veut qu'il n'y en ait pas ailleurs, il va falloir qu'il
l'exprime, qu'il le dise. Mais ce n'est pas ce qu'il nous dit. Il nous dit au
deuxième paragraphe, M. le ministre: Je souhaite que ce soit le CRSSS
qui fasse cela. C'est écrit en toutes lettres. Mais ce n'est pas vrai
dans le projet de loi. C'est vrai dans ce que le ministre nous a dit. Mais si
vous enlevez la disposition qui dit "le CRSSS exerce de manière
exclusive", cela signifie que la corporation pourrait interpréter, comme
vous l'avez exprimé dans le quatrième paragraphe, qu'étant
non défini elle a le pouvoir ou le droit de penser que cela peut
être dans son mandat.
Si je voulais faire ce petit laïus, M. le Président, mais
toujours adressé au ministre, ne trouvez-vous pas qu'on est en train
rapidement, indépendamment de ce qu'on dit sur le contenu, de faire la
preuve qu'un législateur, quand il veut qu'on travaille comme du monde,
avant de nous demander d'agréer le mandant, on regarde le mandat parce
que tantôt on a plaidé cela. Vous avez dit: Non, non, cela ne va
pas, je veux voter tout de suite sur 18. 3, l'article 1.
L'article 1 dit: Le Conseil de la santé et des services sociaux
de la région de Montréal métropolitain va
dorénavant exercer des affaires mais, à certains égards,
cela va être différent de ce qu'il exerçait dans la Loi sur
les services de santé et les service sociaux que vous connaissez
probablement mieux que moi.
Si on veut savoir les mandats qu'on veut confier au mandant, il faudrait
absolument commencer d'abord par regarder les différents mandats dont il
va hériter. Et on va s'interroger à savoir si c'est exclusif ou
non. Après qu'on
aura appris cela, il me semble que ce serait logique, M. le ministre, de
dire: Oui, nous sommes d'accord que l'ensemble de ces responsabilités,
dans certains cas non exclusives, dans d'autres exclusives, soit exercé
par le mandataire suivant, parce qu'on aura compris très
précisément les éléments du mandat que vous voulez
confier.
Tantôt, vous avez dit: Non, non, je procède. Bien, si on
procède, ne trouvez-vous pas curieux qu'on revienne et qu'on vous donne
un cas précis, surtout que vous avez vous-même clairement
établi dans votre réponse que le deuxième paragraphe,
c'est effectivement le CRSSS qui va faire cela?
Supposons que j'aie à porter un jugement à la suite d'un
conflit quelconque ou à interpréter le deuxième paragraphe
à partir du moment où la mention "de manière exclusive"
est sautée, sur quoi vais-je me baser sur le plan juridique pour
dégager le consensus, parce que l'interprétation d'une loi n'est
pas sur la base du placotage qu'on a fait en commission parlementaire, qu'il
ait été long ou court, qu'il ait plu au ministre ou non? Ce n'est
pas sur cette base que les lois sont interprétées. C'est sur la
base du libellé intégral du projet de loi.
Alors, dans le libellé, il faut que j'aie l'assurance que si vous
voulez que cette fonction demeure sous la responsabilité du CRSSS et non
pas d'une autre instance... Si on dit "non pas d'une autre instance", cela veut
dire, par défaut, exclusivement.
En conséquence, j'essaie de poser la même question que les
collègues. Je ne trouve pas que c'est de poser des questions pour poser
des questions. C'est vous, tantôt, qui avez répondu que le
deuxième paragraphe, c'est le CRSSS qui allait faire cela. Je vous pose
comme question: Si c'est vous qui dites que c'est le CRSSS qui va mettre en
application le deuxième paragraphe, je vous demande en vertu de quoi, M.
le ministre. Si on enlève "de manière exclusive", en vertu de
quel article du projet de loi, de quel libellé précis un tiers
externe qui lira le projet de loi dans deux ans, six mois ou une semaine,
pourrat-il conclure qu'il a compris que le deuxième paragraphe
s'appliquera au Conseil de la santé et des services sociaux de la
région de Montréal métropolitain? C'est cela, ma question.
Sur quoi quelqu'un qui, demain matin ou dans deux semaines, verrait le projet
de loi avec le retrait de la mention exclusive pourrait-il s'appuyer pour
être capable de dire: Vous avez raison, M. le ministre, le
deuxième alinéa de l'article 18. 3, tout autant dans l'ancienne
loi que dans la nouvelle loi 34, je sais que c'est une responsabilité
qui sera exercée par le conseil de la santé et des services
sociaux? En vertu de quoi?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, on en est toujours au
même point. Il n'y a rien de nouveau dans l'argumentation du
député d'Abitibi-Ouest, c'est la même argumentation. On
nous dit: Pourquoi n'écrit-on pas "de manière exclusive"? Cela
gèlerait cette affaire d'une façon non souple, par contre, d'une
façon claire.
M. Gendron: Si vous me permettez, je pense que le ministre ne
m'en voudra pas. Ce n'est pas ce qu'on dit, on finit notre phrase en disant: Si
le législateur nous a indiqué - c'est vous qui avez dit cela il y
a dix minutes - en réponse à une question de Mme la
députée de Maisonneuve, que cette responsabilité serait
exercée par le CRSSS, il faut au moins ajouter cela pour être
honnête.
M. Dutil: II n'est pas nécessaire, pour qu'une fonction
soit exclusive ou pour une fonction qu'un législateur a l'intention de
confier à un organisme, d'écrire "de façon exclusive". On
n'a pas écrit "de façon non exclusive" non plus pour l'article
4.
M. Gendron: L'article 4 est inscrit autant dans le nouveau projet
de loi 34 que dans l'ancien paragraphe 18. 3.
M. Dutil: Si je peux terminer, on n'a pas écrit "de
façon non exclusive". Je vous dis une chose, M. le Président,
l'Opposition et moi différons d'opinion sur cet aspect. L'Opposition a
le loisir de présenter un amendement, de le débattre, et nous
voterons.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est tout à fait
dans le prolongement de ce que viennent de soulever mes collègues. Le
problème avec quelques ministres - je ne dirais pas tous - c'est que,
souvent, ils ne réalisent pas que la législation n'est pas
seulement pour le mandat du Parti libéral. À un moment
donné, comme cela se produit assez régulièrement au
Québec, il y a des changements de gouvernement. On n'adopte pas un
projet de loi en disant: Moi, ce n'est pas mon intention. Il va passer deux,
trois, quatre, cinq, dix ministres après. Il faut que
l'interprétation soit claire, indépendamment des ministres. Quand
un ministre me dit: Ce n'est pas mon intention, cela ne m'impressionne
absolument pas parce qu'un projet de loi, j'espère que cela a une
durée de vie plus longue que celle d'un ministre. Cela doit avoir la
même interprétation, même quand il y a un changement de
ministre.
Je dis au ministre que si c'est vraiment ce qu'il veut inscrire dans la
loi, si c'est ce qu'il veut que la loi porte, pourquoi est-ce qu'il ne
l'inscrit pas? Ce n'est pas un débat pour faire un débat. Je ne
comprends pas que quelqu'un puisse me dire... On est en train d'adopter une loi
- j'espère qu'on ne revivra pas cela tous les six mois ou tous les deux
ou trois ans - et le
ministre nous dit: Oui, mais je n'ai pas l'intention de. Il n'a pas
l'intention de. Pour qui se prend-il? Il ne sera pas là à vie. Il
y a de bonnes chances que le ministre change, je le rappelle.
Ce qu'on demande dans une loi, c'est qu'elle soit claire, la plus simple
possible et qu'elle prête le moins possible à
interprétation. On sait ce que cela donne, des interprétations:
des poursuites, des négociations, des modifications, des changements,
des tracasseries, également, quand ce ne sont pas des contestations. Ce
qu'on dit au ministre, c'est simple: II se pourrait qu'à l'article 4, ce
soit un peu partagé, il y a des chevauchements. Pourquoi est-ce qu'on ne
l'indique pas de manière que, quand on changera de ministre responsable
de l'application de cette loi, on soit certain que l'interprétation soit
la même. Vous savez, les discussions qu'on a actuellement en commission
parlementaire ne suivront pas la loi et le ministre. Vous le savez mieux que
nous, sûrement: le temps qu'un ministre passe à gérer son
ministère, il n'a pas trop le temps de relire les galées des
commissions parlementaires pour voir exactement le sens et
l'interprétation à donner à une loi.
Ce que je dis, à la suite de mes collègues, c'est ceci: Si
c'est l'intention du ministre, c'est lui qui est le législateur, c'est
lui qui nous présente sa loi. Les conseillers le conseillent mais ne
peuvent pas, à sa place... Et je pense que c'est la
responsabilité du ministre. Il faut que le ministre s'assure que ses
conseillers inscrivent dans la loi ce qu'il veut que sa loi porte. Et s'il veut
que sa loi dise que les responsabilités définies à 1, 2 et
3 sont exclusives au CRSSS, pourquoi ne pas l'indiquer? Je ne comprends pas
pourquoi il s'y refuse. Il peut me dire: Aussi longtemps que je vais être
là, je ne laisserai pas d'empiètement. Quoique si la loi laisse
une porte ouverte, les autres pourront être justifiés aussi
d'empiéter sur ce secteur-là. Mais ce n'est pourtant pas
compliqué. J'imagine qu'avec la gamme de conseillers que vous avez
là ils pourraient rapidement vous rédiger un amendement
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Viau.
M. Cusano: M. le Président, maintenant que j'ai le droit
de parole, je voudrais remercier, d'une façon formelle, la
députée de Maisonneuve pour ses bons mots envers moi pour ce qui
concerne le projet de loi 42. J'aimerais rappeler à la
députée de Maisonneuve, parce qu'elle était
présente à la commission parlementaire lors de l'étude
article par article du projet de loi 42, que sur les quelque 500 articles
l'Opposition d'alors avait présenté au-delà de 350
amendements. On est en train de crier de l'autre côté. Alors, si
vous n'êtes pas satisfaits avec ce qui est écrit dans le projet de
loi, il ne s'agit pas de faire la morale à qui que ce soit, Mme la
députée de Chicoutimi, allez-y d'un amendement. Si votre
amendement est acceptable par les membres de la commission, il sera
adopté comme dans le cas du projet de loi 42. Alors, tout simplement, si
vous avez des amendements à faire, on est prêts à les
débattre et on n'a pas de leçon de morale à recevoir de
qui que ce soit.
Le Président (M. Bélanger): Remarquez que...
Mme Blackburn: M. le Président, étant donné
que je suis prise à partie par le député de Viau, je peux
réagir.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez un
instant, je voudrais quand même qu'on fasse attention. On n'a pas
à se prononcer sur la recevabilité ou non des propos d'un autre
député comme membre de la commission. Je ne vous ai pas
arrêté, mais je voudrais qu'on fasse quand même un petit peu
preuve... Je ne voudrais pas faire ce que je vous dis de ne pas faire, mais je
voudrais qu'on fasse attention dans nos débats pour ne pas imputer des
propos aux autres, pour interpréter ou quoi que ce soit. Je pense qu'il
y a un président qui a cette fonction. On va le laisser se
débattre avec cela. C'est déjà assez problématique.
J'avais reconnu Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, je vous sais gré de
vos commentaires parce que j'y serais allée moi aussi de certains
commentaires au tout début de mon intervention. Mais, je vous ferai
remarquer d'une part... On nous dit de faire des amendements. Vous savez ce qui
arrive certaines fois quand on présente des amendements. Et je trouve
que ce n'est pas actuellement la solution la plus adéquate, étant
donné ce que nous avons vécu précédemment pour ce
qui concerne les amendements, surtout depuis vendredi.
Finalement, je trouve que nous avons apporté ici un argument qui
laisse transpirer notre volonté d'arriver à bonifier ce projet de
loi pour favoriser la plus grande compréhension parmi les
législateurs. C'est cela, finalement, notre objectif
présentement. Depuis tantôt le ministre nous laisse entendre que,
dans certains paragraphes, il y aura exclusivité mais, dans d'autres
paragraphes, il y aura probablement chevauchement. Il est important... Parce
que cela va toucher l'ensemble des organisations des centres hospitaliers.
Quand on regarde le 4°, quand on dit que cela se chevauche... Vous savez
très bien que, quand on fait cette analyse-là, cela touche
directement l'organisation des centres hospitaliers. C'est très
important et vous savez que tout cela est lié à un bon
fonctionnement. Et il ne manque pas grand-chose, des fois, pour que tout cela
soit un charivari. C'est un domaine très explosif. (21 h 15)
Donc, c'est pourquoi... Ce qu'on voudrait
bien savoir c'est que, pour qu'il n'y ait pas de problème, de
mécontement de la part des gens les plus concernés,
c'est-à-dire les gens qui ont à vivre quotidiennement... C'est
dans le quotidien que cela se vit. Cela ne se vivra certainement pas par nous
ici. Ce sont des gens qui vont avoir à vivre cela quotidiennement. Cette
organisation-là, ce contrôle-là, cette dynamique, ce
système d'information, ils devront avoir les bonnes
références au bon moment et avoir le modèle qui s'impose
pour le fonctionnement. Ce sont ces gens qu'il faut aider, à qui il faut
penser apporter des solutions pour ne pas qu'ils soient toujours en train de se
faire demander des interprétations pour savoir jusqu'où ils
peuvent aller, jusqu'à quel point ils peuvent entreprendre des
démarches et de qui relève la juridiction.
Vous savez, cela devient très complexe. Vous savez aussi que la
complexification de nos organismes, de nos institutions va à un rythme
effarant et, très souvent, ce qui arrive avec un paquet de conflits
auxquels on a de la difficulté à trouver de véritables
solutions... Je trouve qu'il serait beaucoup plus simple d'écrire en
noir et blanc dans un projet de loi, écrire tout simplement les mots
qu'il faut aux bons endroits, ce qui fait qu'on n'aura plus de
possibilité de toujours faire des débats qui n'en finissent plus.
Aussi, c'est de l'argent et du temps parce qu'on est toujours obligé de
se référer aux tribunaux pour faire faire de
l'interprétation. Je pense que personne n'a le goût de perdre
autant de temps et d'énergie et ça coûte de l'argent aux
contribuables, lorsqu'on est obligé d'aller devant les tribunaux pour
faire une interprétation du sens véritable des lois.
Vous savez très bien que M. le ministre tantôt a dit... Au
tout début, je me souviens de la journée, quand on a
commencé en commission, il y avait des trous et il était
prêt à apporter une certaine collaboration pour que ces trous
n'existent plus. Il nous assurait de sa collaboration. C'est à cette
collaboration qu'on fait appel. On lui dit: Quant à nous, on
considère qu'il y a un trou à cet endroit justement parce que
c'est trop important pour que "de manière exclusive" n'apparaisse pas
tel que libellé dans cet article de loi. Justement, à cause de
l'ensemble du système et des organisations qui sont concernées
par le projet de loi, il est important que les fonctions soient très
bien définies et que le rôle du CRSSS soit très bien
défini pour qu'enfin on ne soit pas toujours en train de se demander qui
fait quoi, jusqu'où ils peuvent aller et de quelle juridiction cela
retourne. C'est de l'un ou c'est de l'autre.
À un moment donné, vous savez comment cela commence. C'est
assez sournois, insidieux. On commence à s'occuper d'un petit champ de
juridiction et on s'en aperçoit à d'autres niveaux de
gouvernement parfois. On commence d'une façon insidieuse a faire de
l'empiètement à différents niveaux et, à un moment
donné, dans des champs de juridiction qui appartiennent
complètement à des provinces. On se réveille à un
moment donné et cela ne nous appartient plus. Donc, c'est un peu comme
cela aussi que cela pourrait se présenter à d'autres niveaux.
Cela peut se présenter aussi. On commence avec de petites choses et,
à un moment donné, on agrandit notre territoire parce qu'on
considère que ce n'est pas suffisant. On devient boulimique et on en
prend de plus en plus et on veut avoir de plus en plus d'importance.
Donc, nous, on se dit: Non, écoutez, on ne pourra pas se faire
passer des sapins régulièrement et continuellement. On se dit:
Nous voulons avoir la certitude que, lorsque les gens vont lire les articles de
ce projet de loi, ils vont savoir clairement où ils s'en vont, de quoi
cela relève, de qui relève la juridiction et en quoi consistent
ces juridictions. C'est ce à quoi nous faisons appel et ce pourquoi nous
demandons... Nous sommes presque en train d'implorer le ministre - c'est
incroyable - à l'heure actuelle pour lui faire comprendre, en tout cas,
que c'est la logique même, que c'est la compréhension même
des choses qu'on lui demande et que ce dont on a besoin actuellement, c'est
d'apporter des termes qui rendent sans ambiguïté et hors de tout
doute l'interprétation d'un article de loi qui fait que tout le monde va
savoir exactement qui doit faire quoi et jusqu'où vont leur juridiction
et que comporte l'ensemble de la juridiction.
Quant à nous, je pense que nous avons raison de le porter
à l'attention du ministre. En tout cas, ce sont nos demandes. Oui, si on
n'est pas capable, comme M. Cusano, à force de discussion et
d'argumentation - M. le député de Viau, excusez-moi - à
force d'argumentation, si on n'est pas capable de faire valoir notre point de
vue, bien sûr, il faudra y aller d'amendements. On n'est pas à
bout d'amendements parce que, depuis le début, en fin de compte, les
différentes commissions parlementaires, ou depuis que vous êtes au
gouvernement, on a collaboré pour bonifier beaucoup de projets de loi.
Vous n'avez qu'à demander à un de nos collègues, le
député de Jonquière - il est presque devenu ministre de
l'Habitation - parce que c'est lui qui refait à peu près tous les
projets de loi et qui apporte de nombreux amendements.
Oui, c'est vrai, bien sûr, les amendements ne nous font pas peur,
nous sommes capables d'en présenter. Quant à nous, nous nous
disions que nous pourrions, par la foi de nos arguments, faire comprendre le
gros bon sens au ministre et que, finalement, on pourrait arriver à des
ententes, que cela contribuerait à bonifier les projets de loi non pas
pour se faire plaisir mutuellement, mais pour faire en sorte que la
compréhension des textes de loi soit beaucoup moins ardue pour les gens
qui doivent les subir et vivre avec dans leur quotidien et aussi pour les
empêcher de devoir continuellement faire appel aux tribunaux pour faire
l'interprétation des lois. C'est très coûteux et cela fait
perdre énormément de temps.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, très brièvement, M. le
Président, je voudrais tout simplement dire que... Vous voyez dans quel
contexte on est. Au tout début de la discussion sur ce paragraphe, j'ai
demandé au ministre: Est-ce qu'on a bien compris qu'il s'agit
strictement de la disparition des centres de coordination? Le ministre me dit:
Oui, oui, en substance, c'est ce que cela veut dire. Je te lui fais
répéter, il dit la même chose: En substance, c'est
exactement ce que je veux dire, il n'y a pas beaucoup d'autre chose
là-dedans. Je voulais amener le ministre sur la question de la notion
d'exclusivité, en lui demandant si c'était de la substance aussi.
Il me semblait que ce ne l'était pas parce qu'il disait: Les centres de
coordination, c'est là qu'est la substance, le reste, c'est...
Là-dessus, j'ai dû m'absenter pour aller faire une intervention en
Chambre concernant la Loi sur les mines, très intéressante elle
aussi, et je reviens et la discussion est enclenchée sur la question de
la notion d'exclusivité.
Effectivement, M. le Président, de toute évidence, un
problème va se poser et je suis convaincu que le ministre en est de plus
en plus conscient. On crée une structure bicéphale. Cela me fait
penser un peu à la double présidence d'Hydro-Québec, avec
laquelle nous ne sommes pas d'accord non plus, d'ailleurs. On crée des
structures, on les dédouble et on donne, à toutes fins utiles,
des mandats similaires à chacune des parties, ce qui fait en sorte qu'en
fin de compte on ne sait plus qui est qui et qui gère quoi. Comme on l'a
amplement souligné, il y a des possibilités de chevauchement et
de conflits d'intérêts, de conflits d'interprétation, cela
va toujours en augmentant.
Il nous semble, pour ce qui nous concerne, en tout cas, que si on donne
ce que l'on donne comme possibilité d'intervention ou comme
créneau dans lequel devra travailler le conseil régional de la
santé et des services sociaux, à ce moment-là, qu'on le
définisse de façon exclusive dans le cadre de l'application de la
loi, parce que c'est cela qui est son créneau à elle, sur lequel
personne ne va empiéter. À ce moment-là, avec une
structure qu'on va comprendre facilement... C'est la même chose pour la
corporation, on lui donnera aussi un créneau d'intervention et
peut-être, à ce moment-là, qu'en combinant les deux
créneaux bien précis, dans lesquels il y a une notion
d'exclusivité d'intervention, on réussira à mettre en
place quelque chose de fonctionnel, d'opérationnel, une structure dans
laquelle personne ne se pilera sur les pieds et qui n'amènera pas des
débats inutiles.
Je crois que, là-dessus, ce sera tout pour les interventions, et
je pense qu'on va suivre tout de suite en annonçant quelque chose dans
ce sens.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je me
réfère aux propos tenus par le député de Viau qui
faisait état, avec raison, des 350 amendements déposés par
l'Opposition lors de l'étude du projet de loi 42. Je lui rappelle qu'il
y en avait 298 qui l'avaient été par le député
indépendant de Sainte-Marie, Guy Bisaillon, qui avait eu le volume le
plus imposant. Cela avait été une étude sérieuse
d'un projet de loi qui, malgré tout, a encore des problèmes
d'application et doit nous amener à réfléchir sur des
modifications, et je souhaite que ce soit le plus tôt possible.
M. Cusano:... pas le député de Sainte-Marie et pas
le député de Viau.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
qu'on laisse Mme la députée de Maisonneuve s'exprimer.
Mme Harel: M. le Président, en apportant cet amendement,
l'Opposition n'a pas l'intention d'abuser plus longtemps. Simplement, M. le
Président, je crois qu'il est de notre devoir d'introduire un
amendement. J'aurais cru que le ministre l'aurait fait, ou ses légistes
qui, ma foi, m'avaient donné l'impression qu'ils étaient en train
de lui en conseiller un. Comme ce n'est pas le cas, je vais introduire ici un
amendement qui se lirait comme suit: L'article 18. 3 est modifié par
l'insertion, dans la deuxième ligne, après le mot "exerce" des
mots suivants: "de manière exclusive". Alors, M. le Président,
à la lecture même...
Le Président (M. Bélanger): Un instant. Est-ce que
je pourrais avoir le texte écrit, s'il vous plaît?
Une voix: Oui, oui. Vous ne l'avez pas?
Le Président (M. Bélanger): Pas encore. Donc, si
j'ai bien compris, l'article 1, l'article 18. 3, est modifié par
l'insertion, dans la deuxième ligne après le mot "exerce" des
mots "de manière exclusive".
Mme Harel: M. le Président, comme on nous a...
Le Président (M. Bélanger): Un instant! Il y a un
petit problème. Si vous permettez, il y a un problème de forme.
L'amendement va être recevable. Mais, si vous me permettez, je vais le
corriger. Cela ne change pas l'esprit, ça le rend juste conforme. Alors,
l'article 1: L'article 18. 3 tel qu'introduit dans le paragraphe 1° de
l'article 1 du projet de loi 34 est modifié par l'insertion, dans la
deuxième ligne, après le mot "exerce" des mots suivants: "de
manière exclusive". Cela ne change pas le fond, mais c'est sur la
forme.
Êtes-vous d'accord avec cette modification?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors,
l'amendement est recevable. Mme la députée de Maisonneuve, est-ce
que vous voulez intervenir sur votre amendement?
Motion d'amendement de l'Opposition
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Harel: M. le Président, comme je vous le signalais
tantôt, nous allons intervenir en souhaitant... Vraiment, je pense
insister sur le fait que nous pensons inviter le ministre à examiner
attentivement cette question. Il a souhaité, et la commission en a
décidé ainsi, que nous procédions à l'examen des
mandats tels que contenus à l'article 1 qui n'a pas été
suspendu, je vous le rappelle M. le Président, avant que nous examinions
les mandataires. Alors, nous devons travailler dans ce contexte-là qu'il
a lui-même défini. Dans ce contexte-là, nous avons à
définir des mandats qui sont spécifiques au Conseil de la
santé et des services sociaux de la région de Montréal
métropolitain. Nous examinerons, un peu plus loin, à l'article
149. 5 les mandats dévolus à la nouvelle corporation.
Le ministre nous a signalé vouloir... Et je pense que les bonnes
intentions se présument et nous présumons qu'il est de son
intention, comme il nous l'a signalé, de vouloir maintenir
l'exclusivité de certaines fonctions au Conseil de la santé et
des services sociaux de la région de Montréal
métropolitain. Ce que nous lui soumettons, c'est qu'il doit le faire
clairement, sans ambiguïté, et sans s'entêter. Parce que cela
ne serait que de l'obstination si tant est que le ministre ne retenait pas
cette modification qui est faite de bonne foi et qui vient, nous semble-t-il,
clarifier l'intention du législateur. (21 h 30)
Nous pensons que ces fonctions doivent être examinées,
comme l'a signalé le ministre, de façon exclusive par le conseil
régional. Lorsque nous examinerons le paragraphe 4, nous pourrons
envisager la possibilité ou pas d'introduire à ce
moment-là une modification malgré que la lecture du paragraphe 4
de l'article 18. 3 à comparer au paragraphe 4 de l'article 149. 5 nous
laisse à penser qu'il y a quand même là des façons
différentes. Ce sera au paragraphe 4 que nous pourrons l'examiner, si
tant est que ces systèmes d'information, dans les établissements,
pour ce qui concerne le conseil régional, diffèrent du
système d'information des services d'urgence. Cela sera à
vérifier à ce moment au paragraphe 4. Mais disons que, pour la
portée de l'article 18. 3, il serait souhaitable, puisque le
législateur avait déjà introduit l'expression exclusive
pour définir les fonctions allouées au conseil régional et
que cela pourrait être interprété comme étant de
l'intention du législateur de retirer le caractère exclusif des
fonctions... Donc, nous proposons que soit retenu cet amendement que nous
apportons.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur cet amendement? M. le ministre, voulez-vous
intervenir?
M. Dutil: Y a-t-il d'autres intervenants de l'autre
côté?
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
intervenants?
M. Dutil: Je demeure contre cet amendement pour les raisons que
nous avons évoquées antérieurement.
Le Président (M. Bélanger): Bien. L'amendement
proposé par la députée de Maisonneuve se lit comme suit:
Article 1. L'article 18. 3 tel qu'introduit par le paragraphe premier de
l'article 1 du projet de loi 34 est modifié par l'insertion, dans la
deuxième ligne, après le mot exerce des mots "de manière
exclusive". Cet amendement est-il accepté?
M. Dutil: Rejeté.
Mme Harel: Aux voix, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Aux voix. Je rappelle
donc qu'il y a trois voix de ce côté-ci. M. Dutil
(Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. M. Claveau
(Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. Gendron
(Abitibi-Ouest)? Il est absent. Bon. Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Fabre n'est pas
là. M. Laporte (Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. M. Latulippe
(Chambly)?
M. Latulippe: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. M. Rochefort
(Gouin)?
M. Rochefort: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement est
rejeté.
M. Cusano: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Viau.
M. Cusano: Je suis membre de cette commission.
Une voix: Moi aussi.
Le Président (M. Bélanger): C'est que, du
côté de votre formation, en vertu des règlements, il y a
trois votes seulement. Effectivement, M. Cusano (Viau)...
M. Cusano: Oui. Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. Je m'excuse,
j'avais vraiment oublié. C'est parce que dans la liste, avec les
corrections, cela devient compliqué parfois. Donc, l'amendement est
rejeté.
Est-ce que l'article 1, premier paragraphe, est adopté?
Une voix: Adopté. Une voix: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Le
paragraphe 2 se lit comme suit: 2°, par la suppression des paragraphes
5°, 5. 1° et 6° du deuxième alinéa. Ce paragraphe de
l'article 1 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Comment?
Mme Harel: Le paragraphe 2°.
M. Claveau: Le paragraphe 2°. Vous devriez demander...
Le Président (M. Bélanger): C'est le paragraphe
2° qui commence par: 2° par la suppression des paragraphes 5°, 5.
1° et 6° du deuxième alinéa.
M. Claveau: Une question de forme, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: II me semble que, quand un président introduit
un nouveau paragraphe ou un nouvel alinéa, avant de demander s'il est
adopté, il doit demander s'il y a des interventions à se faire
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): C'est une façon
de procéder. Si vous voulez intervenir, il n'y a aucun problème.
Vous n'avez qu'à lever la main et je vous reconnaîtrai sans aucune
difficulté. Y a-t-il des interventions sur ce deuxième
paragraphe?
M. Claveau: Pour ce qui me concerne, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
Reprise de la discussion
M. Claveau: On a passablement discuté, enfin, on a
amené le débat, cet après-midi, sur la notion du transport
et du déplacement. À partir du moment où, si je comprends
bien, on enlève au CRSSS, dont on vient de voter certaines tâches
ou certaines fonctions, la fonction d'autoriser les déplacements, ce qui
n'est pas du tout la même chose que d'autoriser les transports, comme on
va le voir à l'article 149. 5, 5°, à ce moment-là, il
me semble que la question reste entière, malgré tout ce qui a
été dit cet après-midi. Qui aura, dans le système,
le pouvoir d'autoriser les déplacements? On n'a jamais répondu
à cela. Malgré toutes les entourloupettes et toutes les pistes
qu'on a voulu explorer cet après-midi pour obtenir des réponses
à nos questions, il n'y a encore personne, y compris le ministre, qui a
répondu à cela.
L'article 149. 5, 5° parle de transport. C'est vous, M. le
Président, qui avez précisé la différence, dans le
jargon du ministère de la Santé et des Services sociaux, entre
transport et déplacement. On enlève au CRSSS la
responsabilité d'autoriser les déplacements. À ce
moment-là, qui va autoriser les déplacements, dans la mesure
où tout ce qui reste à la corporation, c'est d'autoriser les
transports? C'est d'ailleurs ce sur quoi on devra discuter à un moment
donné, parce qu'on a vu que le terme "autoriser" n'était
probablement pas justifiable
dans les circonstances.
À mon avis, la question reste entière: Qui, à
partir de maintenant ou à partir de l'adoption du projet de loi, aura la
responsabilité d'autoriser les déplacements dans la structure du
transport ambulancier et des relations entre les CRSSS et la corporation?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, sur le 2°, je voudrais vous
rappeler le long débat que nous avons également eu cet
après-midi. Je ne pense pas avoir changé d'opinion depuis ce
temps.
M. Claveau: M. le Président, c'est justement là mon
problème.
Le Président (M. Bélanger): Vous parlez de
l'article 1, deuxième paragraphe. Il faut bien se comprendre.
M. Dutil: Oui, je parle de l'article 1, deuxième
paragraphe. On a parlé de cela cet après-midi, on a parlé
de transport par rapport au déplacement. On a parlé d'effectuer
au lieu d'autoriser, et on a fait un assez long débat là-dessus,
M. le Président. Je ne pense pas qu'on ait à revenir
là-dessus.
M. Claveau: Mon but...
M. Dutil: Mon opinion n'a pas été modifiée
par l'argumentation apportée par l'Opposition.
M. Claveau: Écoutez, mon but n'est pas de retarder
indûment les débats de la commission, quoi qu'en dise le ministre,
c'est très clair, vous pouvez vérifier la transcription des
travaux de cet après-midi, on n'a jamais eu de réponse à
cette question. On a enlevé au Conseil régional de la
santé et des services sociaux de la région de Montréal
métropolitain, on vient de le faire tout à l'heure... On a
précisé que les quatre premiers paragraphes n'étaient pas
sa responsabilité de façon exclusive, maintenant, on
enlève 5°, 5. 1° et 6°. Donc, on enlève la
responsabilité d'autoriser les déplacements.
Je vais même répéter, parce que le ministre ne
semble pas avoir compris. Il y a peu de personnes, dans le cadre de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux, qui ont la
responsabilité d'autoriser les déplacements. On nous dit que la
responsabilité de la corporation sera transférée, par le
biais de l'article 149. 5, au cinquième paragraphe, où on parle
d'autoriser les transports. Le président de la commission, faute de
réponse du ministre, a fini par assumer ses responsabilités et,
comme c'est quelqu'un qui connaît le système, il nous a
expliqué la différence, dans le jargon du ministère, entre
déplacement et transport. Donc, on convient que l'article 149. 5,
5°, traite du problème du transport, après qu'il y a eu
décision d'autoriser un déplacement. Mais qui, à partir de
maintenant - ma question est très claire, on n'a pas encore eu de
réponse - va autoriser les déplacements? Qui est responsable
d'autoriser un déplacement qui va se traduire par une action qui
s'appelle un transport?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Est-ce que c'est l'ambiguïté entre
déplacement et transport qui vous achale encore?
M. Claveau: Je veux juste savoir....
M. Dutil: C'est ce que je ne saisis pas là.
M. Claveau: On a une responsabilité qui va être
ancrée dans la loi, au moment où on l'aura votée, qui va
relever de la corporation qui va s'appeler "autoriser". En tout cas, on
espère que le terme va être changé. Mais autoriser pour le
moment le transport d'une personne vers un autre établissement... On a
dit que le transport, c'est l'action d'effectuer un déplacement. Ce
n'est pas la même chose que de prendre la décision de faire un
déplacement. Mais on enlève... C'est ce que vous nous demandez de
voter. C'est d'enlever la responsabilité d'autoriser un
déplacement aux CRSSS. Or, qui va prendre cette
responsabilité-là, puisque ce que l'on retrouve dans la loi
à 149. 5, c'est le transport qui suit la décision de
déplacement? Ce n'est pas la même opération. Ce n'est pas
la même chose. Cela ne précède pas, suit une
décision qui a été prise de faire un déplacement.
Mais qui? Il nous semble qu'il n'y a plus personne pour autoriser le
déplacement.
M. Dutil: Est-ce que vous souhaitez qu'on refasse l'explication
de tout à l'heure? On pourrait demander à M. Cloutier de vous
dire ce qu'il a déjà dit sur la mécanique, le
fonctionnement.
M. Claveau: Pour autant qu'il nous précise qui. On est
d'accord sur la mécanique. On la comprend. Mais qui va avoir la
responsabilité de donner le mandat à la corporation de
préparer un transport? On ne sait plus cela.
Le Président (M. Bélanger): M. Cloutier.
M. Cloutier: Comme je vous le mentionnais cet
après-midi...
Le Président (M. Bélanger): Excusez.
Mme Harel: Pouvez-vous préciser l'identité
professionnelle de M. Cloutier?
Le Président (M. Bélanger): D'accord, sa fonction.
Si vous pouvez donner aussi votre fonction, M. Cloutier.
M. Cloutier: Je travaille au ministère de la Santé
et des Services sociaux...
Une voix: Le futur vice-président de la commission.
M. Cloutier:... prêté par le Conseil de la
santé et des services sociaux de Montréal métropolitain.
J'étais et je suis encore, de par mon titre et mes fonctions, un cadre
d'Urgences-santé.
Le Président (M. Bélanger): Si vous pouvez
répondre à la question de M. le député
d'Ungava.
M. Cloutier: Quant à l'autorisation du déplacement.
En vertu de la politique de transfert des bénéficiaires et en
vertu de la politique d'admission établie par le conseil
régional, lesquelles politiques sont soumises par les
établissements du réseau au conseil régional en vertu de
l'article 18. 1 selon les pouvoirs du conseil régional qui lui sont
conférés en vertu de l'article 18. 3, c'est
l'établissement lui-même qui autorise le déplacement. Je
vais vous donner un exempte concret de cela. Si, par exemple, un
bénéficiaire est à l'urgence et, compte tenu de son
état, doit être transféré dans un autre
établissement pour des soins spécialisés, entre, par
exemple, un centre hospitalier de soins de courte durée à
caractère général et un centre hospitalier
ultraspécialisé en soins cardiaques, le déplacement est
autorisé par le centre hospitalier, toujours en regard des politiques
que je mentionnais tantôt, vers l'autre établissement. Par
exemple, le centre hospitalier Notre-Dame va prendre entente avec l'Institut de
cardiologie de Montréal pour transférer un patient et, donc,
autoriser le déplacement d'un patient vers l'Institut de cardiologie de
Montréal de l'hôpital Notre-Dame. La notion du déplacement
est une prérogative de l'établissement du réseau qui est
concerné par ledit déplacement. Dans un deuxième temps,
une fois que cette décision-là est prise, il y a un appel qui est
placé à Urgences-santé en vertu de 145. 3.
Urgences-santé reçoit les appels des personnes et des
établissements. Or, Urgences-santé reçoit un appel de
Notre-Dame demandant un transfert inter-établissements vers l'Institut
de cardiologie de Montréal et, là, il y a l'autorisation du
transport. Cela est un exemple de transport inter-établissements. (21 h
45)
M. Claveau: Qu'est-ce qui amène le ministre à faire
cette modification dans le fonctionnement? On a dit: C'est le conseil
régional qui est responsable d'autoriser les déplacements. Il y a
des problèmes particuliers là-dedans, mais pourquoi change-t-on
la responsabilité de l'autorisation du déplacement?
M. Cloutier: La responsabilité du déplacement n'est
pas changée comme telle. C'est un pouvoir qui est
transféré. Cependant, en faisant le transfert, lorsqu'on a refait
le libellé du projet de loi, on devait changer le mot
"déplacement" par le mot "transport" parce que, dans les faits, ce qui
est autorisé n'est pas un déplacement, mais réellement un
transport. C'est une question de concordance, si on peut dire, entre la
réalité de tous les jours qui a été vécue
depuis 1981, et le libellé de l'article 18. 3 tel qu'il existe
actuellement.
M. Claveau: J'aimerais bien qu'on se comprenne parce que cela
devient compliqué. Vous nous avez dit tout à l'heure C'est
l'établissement qui va être responsable d'autoriser le
déplacement. Là, vous me dites: En réalité, ce
n'est pas un déplacement autorisé, c'est un transport. Donc,
c'est l'article 5 et, là, on va parler d'autoriser un transport.
À 5°, c'est la corporation qui va être responsable d'autoriser
le transport. Ce n'est plus l'établissement. Il faudrait qu'on sache
où on s'en va. Est-ce que c'est l'établissement? Est-ce que le
terme "déplacement" dans votre jargon quotidien reste le même pour
autoriser un déplacement d'une institution à une autre, qui va se
traduire par une activité physique qui s'appelle le transport qui, lui,
va être autorisé ou commandé, ou garanti dans son
exécution par la corporation? Il me semble qu'on ne parle pas toujours
de la même chose. Vous m'avez dit, dans un premier temps: C'est la
responsabilité de l'établissement. Après, on a
changé le terme "déplacement" pour "transport" et on le retrouve
à l'article 149. 5, au cinquièmement. Là, c'est la
responsabilité de la corporation, ce n'est plus la responsabilité
de l'établissement.
En contrepartie aussi, en complément, j'ai une autre question
à vous poser. Je vais vous la poser tout de suite. Dans la mesure
où c'est toujours le conseil régional qui par le biais, par les
mandats qui lui sont donnés, les fonctions, il a à
déterminer, en collégialité avec les autres intervenants,
les critères, etc., modalités de transport, ce qui fait qu'une
décision de déplacement est acceptable, doit être faite,
cela relève de la responsabilité du conseil
régional...
Jusqu'à maintenant, le conseil régional était la
même instance qui avait à autoriser le déplacement,
c'est-à-dire que c'était facile, à ce moment, de
comprendre: Est-ce que le déplacement qui est autorisé est
conforme à nos politiques? Tu ne cherches pas de midi à 14
heures. C'est dans la même boîte. On se comprend. On y va tout de
suite. Mais là, dans la mesure où c'est une autre Instance, on ne
sait plus, selon le terme qu'on utilise, déplacement ou transport, si
c'est la responsabilité de l'établissement ou si c'est la
responsabilité de la corporation. Mais il y a une chose qu'on sait: ce
n'est plus la responsabilité du conseil régional. Du moment
où le conseil régional détermine les critères,
d'une part, et que c'est une autre instance qui a à les faire appliquer,
à ce moment, comment sera-t-on certain que les transports vont
être conformes
aux normes ou aux modalités d'application qu'on avait
déterminées au conseil régional? D'autant plus que c'est
vous-même, je crois, ou M. le ministre, qui avez dit cet
après-midi que c'était une question de secondes et que ce
n'était pas le temps de commencer à se téléphoner
pour essayer de se comprendre.
Alors, si quelqu'un, au moment où soit la corporation, soit
l'établissement prend une décision, conteste cette
décision et dit: "C'est bien de valeur, moi, je n'y vais pas parce que
ce n'est pas conforme à la réglementation qui a été
établie par le conseil régional", là, on va commencer
à courir après le conseil régional pour essayer de
comprendre si c'est vraiment cela qu'on voulait dire et, finalement, notre
patient a le temps de trépasser. Alors, j'aimerais bien qu'on se
comprenne précisément sur le détail de l'application, sur
les portées techniques de l'application de cet article.
C'est là-dessus que portent mes préoccupations. Sur la
forme, on pourrait s'obstiner longtemps. Mais, techniquement, je dois dire,
malheureusement, que jusqu'à maintenant M. le ministre a
été plutôt avare de détails techniques, de
considérations techniques. On n'en a pas eu beaucoup qui pourraient nous
garantir que cela risque d'être appliqué dans les meilleures
conditions possibles. Pourrait-on avoir, une fois pour toutes, des informations
sur la démarche technique pour qu'on se sente à l'aise pour voter
là-dessus?
Mme Harvey: L'exemple que je vous ai donné sur le
déplacement fait référence à la politique
prévue par le conseil et l'exemple de déplacement vaut dans un
cas où le patient est d'ores et déjà admis dans un
hôpital.
Le transport. Quand on lit l'article 149. 5, "autoriser le transport"
fait référence non pas à un patient qui est d'ores et
déjà dans un établissement, mais à un patient qui
est dans une ambulance et qui n'est pas encore rendu à destination,
puisque c'est en vertu d'une directive de transport, contre le
phénomène des engorgements qu'on connaît de temps en temps
à Montréal. Il y a une différence assez importante quant
au terme. Le déplacement relève des politiques d'admission du
conseil et des établissements, alors que le transport, dans le cas de
l'article 149. 5, il faut bien comprendre que c'est strictement une question
opérationnelle et que l'autorisation du transport est pour les
transports dans le cas où le patient, le bénéficiaire, est
dans l'ambulance et n'est pas dans un établissement, ce qui est une
différence très importante. Quand on parle d'autoriser le
transport en vertu de l'article 149. 5, c'est dans un cas où le patient
est cueilli - si vous me passez l'expression - au coin de la rue
Sainte-Catherine et de la rue Saint-Laurent, à la suite d'un traumatisme
quelconque et qu'il doit être dirigé vers un centre
hospitalier.
À ce moment-là un certain nombre de critères
prévalent quant à la destination du bénéficiaire.
Il y a, d'une part, le choix du bénéficiaire, qui est un des
critères. D'autre part, il y a la problématique de l'engorgement
spécifique qu'il peut y avoir dans le CH demandé par le
bénéficiaire - exemple, Notre-Dame. Il y a aussi la situation des
salles d'urgence dans l'ensemble du territoire qui fait qu'on dirigera un
patient vers un établissement plutôt que vers un autre et,
finalement, en fonction aussi du genre de traumatisme dont souffre le patient.
L'autorisation du transport est reliée à une question très
opérationnelle lorsqu'un patient, qui est dans l'ambulance, doit
être dirigé vers la meilleure ressource, la plus adaptée
à sa condition et dans les meilleurs délais possible. C'est
essentiellement la principale différence entre autoriser le transport et
le déplacement et on remarque que les pouvoirs de la corporation,
à l'article 149, sont reliés strictement à des questions
opérationnelles et n'ont rien à voir avec des
déterminations de politique ou de planification qui relèvent du
conseil régional.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Je veux bien croire,
mais c'est surtout dans une situation d'urgence qu'il est important d'avoir des
précisions. Si j'ai compris, c'est le transport. Quand on arrive dans un
hôpital et qu'on s'aperçoit que la salle d'urgence... C'est
monnaie courante que les salles d'urgence sont pleines partout, sauf dans le
West Island, dans les hôpitaux anglophones, où les urgences sont
complètement vides. Mais, généralement, dans les urgences
francophones, c'est le matin. Je pourrais vous donner un exemple: seulement
pour la Montérégie, à Charles-LeMoyne, à 11 heures,
c'est déjà plein, il faut déjà détourner des
ambulances. Donc, dans ces cas-là, à un moment donné, vous
avez un patient et vous décidez de le transporter - je ne sais pas, moi
- à un autre hôpital parce que l'urgence est moins
achalandée et que vous pouvez aller à un autre. Mais, à un
moment donné, qui va décider? La personne qui est au volant de
l'ambulance ou les gens qui sont là avec le patient? Elle pourrait
décider qu'elle ne commencera pas à courir d'un hôpital
à l'autre et qu'elle le laisse là; elle n'a pas d'autorisation et
personne ne va l'autoriser à faire quoi que ce soit. Cela va être
de sa propre initiative qu'elle va décider que, oui, elle peut laisser
le patient là et s'en aller. C'est ce qu'on disait. Le coordinateur pour
ce qui est des urgences, il va faire quoi à ce moment-là? Il va
être à la merci des personnes qui vont porter les patients dans
les urgences et qui vont leur dire: Écoutez, on a décidé.
C'est plein ici, mais on sait que l'autre urgence est pleine, on vous laisse le
patient là et on s'en va, merci, bonjour. Nous autres, on a fait notre
job et notre job est de faire du transport.
C'est un problème. C'est un gros problème. Ce qu'on veut
savoir exactement, c'est cela: Qui va prendre cette décision? Qui va,
à un moment donné, autoriser la prise de cette décision?
C'est une question importante. Il va y avoir des conflits. Cela va devenir
conflictuel entre les gens qui sont les coordinateurs pour ce qui est des
urgences de santé dans les différents hôpitaux et vos
brancardiers ou avec les gens qui étaient responsables de cette affaire.
Ils ont dit: Avez-vous prévu un mécanisme quelque part qui fait
que... Là, on l'enlève complètement, parce que si je lis
bien, sur l'autorisation de déplacement, on dit; dans des situations
d'engorgement. Donc, à ce moment-là, je veux savoir: Allez-vous
priver.. Si on enlève cela, qui prend la décision? Qu'est-ce qui
va faire qu'il n'y aura pas de conflit et que les situations et les
décisions ne seront pas prises d'une façon arbitraire par des
gens qui ont plus ou moins des connaissances du réseau ou, en tout cas,
des situations importantes à l'intérieur des centres
hospitaliers? C'est cela la vraie question.
Mme Harvey: La décision est prise, comme je l'ai
mentionné, par la corporation, selon les critères que j'ai
mentionnés tantôt, à la suite de l'expertise
conjuguée du technicien ou des techniciens ambulanciers qui sont
près du patient et des gens à l'interne qui ont la connaissance
de la situation sur l'île de Montréal.
Mme Vermette: Excusez, je n'ai pas compris. Vous pouvez
répéter parce que mon collègue, à
côté, me faisait remarquer quelque chose.
Mme Harvey: J'ai mentionné que la décision sera
prise par la corporation en conjugaison avec l'expertise qui est celle des deux
techniciens ambulanciers qui sont auprès du patient dans l'ambulance,
conjuguée avec l'information que la centrale de coordination
possède quant à la situation des urgences dans la ville de
Montréal. C'est l'ensemble de ces éléments-là qui
fait que la décision est prise et c'est pour cette raison-là que
les mots "autoriser le transport" sont inscrits exactement comme c'est
là.
Mme Vermette: Mais vous venez de mettre une structure de
plus.
Une voix: II n'y a plus de centrale de coordination.
Mme Harvey: C'est exactement la même structure qui existe
actuellement.
Mme Vermette: Mais il n'y en aura plus, la centrale de
coordination n'existera plus.
Mme Harvey: La centrale de coordination et la corporation, c'est
une seule et même chose.
Mme Vermette: D'accord, la centrale s'en va à
l'intérieur de la corporation. Ce sont les gens de la centrale qui vont
faire le partage, finalement, ou l'orientation des patients à
l'intérieur des ambulances en fonction de l'achalandage ou des
engorgements dans les différentes urgences. C'est eux qui vont faire les
détournements. Un peu comme cela se produit actuellement, comme on dit:
À partir de 11 heures, on détourne les ambulances parce
qu'à Charles-LeMoyne, c'est plein et ils ne peuvent plus prendre qui que
ce soit, donc, cela s'en va à Montréal.
Mme Harvey: Vous avez tout à fait raison.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je pense que, d'abord, on
comprend bien que ce n'est pas blanc bonnet, bonnet blanc, la centrale de
coordination avec la nouvelle corporation. Ce n'est pas tout à fait la
même chose, ce n'est pas tout à fait la même structure et
les rapports institutionnels ne sont pas les mêmes. On change
l'économie générale du réseau parce que la nouvelle
corporation est un élément neuf qui vient se greffer à
l'ensemble et qui a un pouvoir réel sur des décisions affectant
des hôpitaux. On est d'accord avec cela? Bien. Parce que ce qui est
enlevé à l'article... Ce qui est prévu au 2°, article
1, "par la suppression des paragraphes 5°, 5. 1° et 6°"... Si on
passe au 5°, le 5° est simplement transféré à
l'article 149. 5, 5°, intégralement, à la différence
que plutôt que de parler de déplacement on parie de transport.
Alors, comme il s'agit d'une décision, parce qu'on n'effectue pas
seulement un transport, on autorise le transport... Je n'ai pas encore bien
compris pourquoi on ne parlait pas de déplacement parce que vous dites:
On ne peut parler de déplacement que lorsqu'ils sont à
l'intérieur de l'institution. Ils se déplacent d'une institution
à une autre ou d'une chambre à une autre. Cela,
évidemment, une chambre à une autre, c'est l'hôpital, mais
d'une institution à une autre vous dites aussi que c'est
l'hôpital, parce qu'Hs exigent des soins plus spécialisés
pour lesquels on n'est pas équipé. Donc, ils autorisent un
déplacement et, là, le transport est assuré par la
corporation. Mais je n'ai toujours pas compris pourquoi on estimait
nécessaire d'inscrire un nouvel intervenant qui touche
profondément l'économie générale de ce
service-là. Quel est l'avantage?
Mme Harvey: C'est le même intervenant, c'est un simple
changement de nom.
Mme Blackburn: Quand vous dites que c'est le même
intervenant, rappelez-moi donc la composition de la centrale, de son conseil
d'administration.
Mme Harvey: Dans ce sens-là, ce n'est pas le même
intervenant. Vous m'avez posé une question quant aux aspects
opérationnels. Je ne peux que vous répondre sur les aspects
opérationnels et, dans ce sens-là, c'est une transposition quant
à l'aspect opérationnel. Je n'ai pas à me prononcer sur
l'aspect organisationnel ou corporatif.
Mme Blackburn: L'impression que cela dégageait
était que c'était la même chose. Ce n'est pas vraiment la
même chose, puisqu'on parle d'une corporation. L'autre, c'était
une centrale qui relevait...
M. Dutil: Si c'était la même chose, on ne ferait pas
de loi, M. le Président. Je peux vous le garantir.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on aurait
objection à une suspension de cinq minutes, pour des raisons sanitaires,
pour tout le monde?
Mme Blackburn: D'hygiène mentale. Pas d'objection.
Le Président (M. Bélanger): On reprendrait à
22 h 05, s'il y a consentement, évidemment. Merci.
(Suspension de la séance à 22 h 1) (Reprise à 22 h
10)
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, la
commission reprend ses travaux après cette légère
suspension.
À l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais à chacun
de reprendre sa place. À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous en étions donc au paragraphe 2 de l'article 1 du projet de
loi 34. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, M. Cloutier va-t-il rejoindre
la commission?
Le Président (M. Bélanger): M. Cloutier, est-ce
qu'on pourrait réclamer vos services encore? Est-ce que M. Cloutier est
dans la salle? On aurait encore besoin de vos bons offices quelques instants,
si vous le voulez bien.
Mme la députée de Maisonneuve, la parole est à
vous.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Nous sommes au
paragraphe 2 qui propose la suppression des paragraphes 5, 5. 1 et 6. M.
Cloutier nous a expliqué que la modification fondamentale était
le fait de remplacer "autoriser le déplacement" par "autoriser le
transport". Et, nous a-t-il dit, les fonctions telles que décrites aux
articles 5, 5. 1 et 6, qui sont retirées du conseil régional,
vont être dévolues à la nouvelle corporation aux articles
149 et suivants. Est-ce que c'est bien le cas?
M. Cloutier: L'article 149.
Mme Harel: L'article 149. 5, plus précisément.
M. Cloutier C'est ça.
Mme Harel: À l'article 149. 5 sont
énumérées une série de fonctions. Doit-on
comprendre que ce sont celles qui sont biffées à l'article 18. 3?
Essentiellement, les trois paragraphes biffés se retrouvent comme
fonctions dévolues à la corporation. C'est bien le cas, M.
Cloutier?
M. Cloutier: Oui, sauf la modification qui a été
apportée au terme "déplacement" versus "transport".
Mme Harel: Donc, sauf pour cette modification, il s'agit des
mêmes fonctions qui sont transférées du conseil
régional à la corporation. C'est bien ça?
M. Cloutier: C'était avant les articles 5, 5. 1 et 6.
Mme Harel: Le dernier alinéa de l'article 149. 5 se lit
comme suit: "Les établissements visés aux paragraphes 4° et
5° du premier alinéa sont les établissements publics et les
établissements privés visés dans les articles 176 et 177.
" Il faut voir que les paragraphes 4° et 5° sont ceux qu'on biffe
à l'article 18. 3 et qu'on transfère à la corporation par
l'article 149. 5, paragraphes 4° et 5°.
J'aimerais savoir, M. Cloutier, quelle est l'opinion que vous avez des
inquiétudes soulevées par l'Association des hôpitaux du
Québec? J'aimerais que nous puissions vérifier auprès de
vous, compte tenu de l'expérience et de l'expertise que vous avez, si
vous considérez comme fondée l'inquiétude qu'elle exprime,
à savoir que les décisions prises en matière de transport
pourraient introduire un énoncé qui serait beaucoup trop
général et qui pourrait avoir des conséquences
importantes. Je me réfère au dernier alinéa de l'article
149. 5 où il est indiqué que les établissements
visés aux paragraphes 4° et 5° sont les établissements
publics et privés. Il faut évidemment se référer,
par concordance, à l'article 149. 32, où on lit que ces
établissements publics ou privés sont liés par une
décision prise en matière de transport ambulancier.
Quelle est votre expertise en cette matière? Est-ce que vous
considérez qu'il peut y avoir une source d'inquiétude
fondée du fait d'un énoncé très
général qui pourrait risquer d'avoir des conséquences,
quant à l'application des services de transport?
M. Cloutier: Vous comprendrez, Mme la députée, que
je n'ai pas à me prononcer sur l'article 149. 32 puisque ce sont des
pouvoirs qui se réfèrent à un organisme qui serait
créé en vertu de 149. 27 et suivants, puisque nous
débattons actuellement un autre article et que vous me demandez une
opinion sur 149. 32. Je me verrais mal discuter de l'à propos, à
ce moment-ci, d'un commentaire ou d'une recommandation de l'Association des
hôpitaux du Québec.
Mme Harel: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. M. le Président, j'avais bien
insisté auprès de M. Cloutier pour bien vérifier
auprès de lui si, par la suppression des paragraphes 5°, 5. 1°
et 6°, nous supprimions mais pour transférer. Il m'a bien
confirmé que c'était le cas. Il n'y a pas qu'abolition de ces
paragraphes, là. Notre travail législatif, pour tout de suite,
cela ne consiste pas à abolir, cela consiste à transférer.
Il n'y a pas de vide. C'est bien le cas, M. Cloutier? Le vide est rempli,
n'est-ce pas?
M. Cloutier: Le vide est rempli.
Mme Harel: Alors, puisque le vide est rempli, ma question est
tout à fait pertinente. Par qui est-il rempli, ce vide? Par la
corporation, n'est-ce pas? Bon! Et la corporation remplissait ces mêmes
fonctions autrefois au conseil régional, c'est bien le cas? Et les
établissements visés sont assujettis aux fonctions
décrites et attribuées à la corporation plutôt qu'au
conseil régional, c'est le cas?
M. Cloutier: C'est cela.
Mme Harel: Alors, je vous pose la question: Est-ce que ces
fonctions, telles que transférées, puisqu'il s'agit maintenant,
comme vous l'avez mentionné, d'une seule modification qui consiste
à remplacer "déplacement" par le mot transport"... C'est bien le
cas? Alors, puisqu'il s'agit de ce transfert en matière de transport,
est-ce que vous pensez que ces inquiétudes de l'Association des
hôpitaux du Québec sont fondées ou non, quant au
libellé trop général qui introduirait la modification qui
est introduite au transport?
M. Cloutier: Je pense que vous demandez une opinion politique a
un fonctionnaire. Je me vois un peu mal placé pour répondre
à votre question, Mme Harel, sauf tout le respect que je vous dois,
évidemment.
Mme Harel: Donc, là, si je comprends bien, M. le
Président, c'est pertinent, mais ce n'est pas à propos. Alors, je
vais poser la question au ministre. C'est sans doute...
Une voix: L'homme tout désigné. Mme
Harel:... l'homme désigné. Une voix: Ha, ha!
Mme Harel: Est-ce que le ministre a réfléchi sur
ces inquiétudes qui lui ont été transmises par
l'Association des hôpitaux du Québec et quel est son point de vue?
Les juge-t-i! fondées ou pas?
M. Dutil: M. le Président, je ne cesse de
réfléchir depuis longtemps sur la réforme du transport
ambulancier et, particulièrement, sur le projet de loi. Je pense que,
malgré certaines inquiétudes que peuvent avoir certains groupes,
le projet de loi bonifie l'ensemble du système et, en particulier, le
point que soulevait Mme la députée.
Mme Harel: M. le Président, alors, certainement, le
ministre ne peut pas se dérober à ce genre de question. S'il
pense se dérober ce soir, il ne peut pas s'y dérober; d'une
certaine façon, qu'il y réponde au meilleur de sa connaissance,
mais sans pour autant penser pouvoir, lui, comme ministre qui a la
responsabilité de répondre à ses questions... Il ne peut
pas, je pense, M. le Président, ne pas avoir un point de vue sur
l'exemple qui était apporté par l'Association des hôpitaux
du Québec. Moi, je ne lui demande pas d'entériner ce point de
vue-là, je lui demande de le confirmer ou de l'infirmer, selon
l'expertise qu'il a pu aller chercher dans le milieu qui est le sien,
maintenant qu'il exerce ses responsabilités ministérielles.
L'association des hôpitaux dit que, si tant est que les modifications
qu'il suggère étaient adoptées, cela pourrait -
disent-ils, à titre d'exemple - amener un refus d'aller chercher des
patients sur les étages. Des dispositions qui sont introduites
pourraient amener un tel refus d'aller chercher des patients sur les
étages ou encore pourraient amener une exigence d'établir des
débarcadères dans les établissements visés, soit
les établissements publics ou privés, tel que mentionné.
Si je comprends bien, M. le Président, à défaut de pouvoir
répondre lui-même, M. Cloutier préfère transmettre
sa réponse au ministre. Si je comprends bien, M, Cloutier, vous avez
aussi des réponses qui sont politiques?
M. Dutil: M. le Président...
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Maisonneuve, je crois que pour l'ensemble des questions et pour information
supplémentaire on demande toujours aux personnes, avec l'autorisation du
ministre, de continuer sur une question. Je crois et je suis persuadé
que votre question s'adressait au ministre et on va laisser le soin au
ministre de répondre à la question et, si besoin est, il
se fera entourer. M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, premièrement, je ne
pense pas que la députée de Maisonneuve ait les oreilles assez
fines pour savoir ce que me disait M. Cloutier. Elle n'a pas à imaginer
ce qui s'est dit entre nous. Deuxièmement, je ne me suis pas
dérobé tout à l'heure; j'ai répondu à la
question. Je suis parti du général et je suis allé
jusqu'à la réponse qu'elle me demandait. Est-ce que l'AHQ,
l'Association des hôpitaux du Québec, a raison de
s'inquiéter? À mon point de vue, elle n'a pas raison de
s'inquiéter.
Le Président (M. Laporte): Mme la
députée.
Mme Harel: Je prends des exemples, M. le Président. C'est
incroyable, le ministre joue à la cachette. Je lui demande: Est-ce que
l'association des hôpitaux a raison de penser que l'interprétation
qui pourrait être donnée à l'énoncé large,
à la formulation très large qu'on retrouve dans le transfert des
fonctions, puisque c'est de transfert qu'il s'agit dans cet article 2,
pourrait, par exemple, amener un refus d'aller chercher les patients sur les
étages ou pourrait amener l'exigence d'installer des
débarcadères dans des établissements publics ou
privés en matière de transport? Est-ce que l'expression "en
matière de transport" qui vise les établissements publics ou
privés peut donner lieu à de telles interprétations?
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je ne crois pas que
l'interprétation que l'AHQ donne est exacte et qu'il y ait lieu de
s'inquiéter. Je le répète pour la troisième
fois.
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, je trouve cela assez
curieux parce que l'Association des hôpitaux de la province de
Québec n'a jamais présenté des avis ou des mémoires
tout simplement pour avoir un peu plus de visibilité. Je crois que c'est
un organisme qui est mandataire de l'ensemble des directions d'hôpitaux
et qui représente l'ensemble des hôpitaux du Québec. C'est
un organisme sérieux et qu'on devrait le considérer aussi avec
sérieux. Lorsqu'il apporte un avis de cet ordre, alors qu'il est habitue
de vivre le quotidien des centres hospitaliers de nos institutions dans le
réseau de la santé, il faudrait regarder cela de beaucoup plus
près et être beaucoup plus sérieux en ce qui concerne les
réponses du ministre et faire le tour de la question ou, du moins,
montrer une opinion convenable qui nous laisse croire que oui, sans aucun
doute, nous pourrons dire a l'Association des hôpitaux de la province:
Vous avez tort de vous en faire, votre interprétation est
erronée, vous avez mal compris le libellé du projet de loi. C'est
tout à fait d'un autre ordre. Il faudrait dorénavant
l'interpréter de telle façon parce que, selon le ministre, il
devrait être interprété de telle autre façon.
Nous considérons que nous n'en sommes pas à
l'interprétation. C'est très beau, l'interprétation, mais
notre rôle n'est pas actuellement d'interpréter les lois. Nous ne
sommes pas du côté judiciaire, mais nous sommes du
côté du législatif et nous devons faire les lois. Notre
rôle ici et notre fonction première, c'est de faire en sorte que
les lois soient claires et bien comprises, sans ambiguïté. Nous
revenons toujours à la charge à cet effet, sans
ambiguïté, parce qu'il est essentiel que les gens puissent se
retrouver quelque part, à un moment donné, sans qu'ils aient
toujours à avoir recours aux tribunaux pour une
interprétation.
Il faudrait peut-être qu'on prenne le temps qu'il faut pour faire
le tour des questions qui sont importantes et qui sont relevées.
À mon avis, quand l'association des hôpitaux de la province de
Québec nous apporte des commentaires de cet ordre-là, je pense
que ce ne sont pas seulement des voeux pieux ou des bonnes intentions qui font
que les propos du ministre vont être interprétés dans la
loi. Je ne le crois pas; c'est beaucoup plus que cela et, à notre avis,
la réponse du ministre n'est pas tellement satisfaisante pour un
organisme de l'ampleur de l'Association des hôpitaux de la province de
Québec. Moi, je ne sais pas, en tout cas, si j'étais eux, je
dirais: Écoutez, c'est bien beau M. le ministre, mais j'aimerais bien
cela que cela soit traduit dans votre projet de loi, puis qu'on ait la
certitude de savoir exactement comment cela va être
interprété, à quoi on va s'en tenir, et les juridictions,
qu'elles soient bien claires, qu'il n'y ait pas chevauchement d'autorité
à un moment où tout le monde va être obligé de se
demander qui a autorité sur qui.
C'est un milieu très particulier. Le monde du réseau de la
santé est très particulier; les gens sont très
chatouilleux de leur juridiction et c'est assez difficile d'arriver à
trouver des consensus ou à faire travailler ces gens-là dans une
même orientation. Encore là, si on leur impose une loi sans tenir
compte de leurs principales demandes, je ne trouve pas qu'on aura de la
collaboration. On aura peut-être acquis, d'un côté, une
certaine paix momentanément mais, d'autre part, il y aura l'ensemble du
reste du réseau qui va éclater aussi et cela, ça me fait
peur, M. le Président, parce que c'est beaucoup de monde, le
réseau des affaires de la santé et des affaires sociales. Je
trouve qu'actuellement on prend à la légère et d'une
façon très inconsidérée, en tout cas, quant aux
principales recommandations qui ont été déposées
ici, à cette commission. Le ministre fait preuve encore une fois de sa
mauvaise volonté de contribuer à nous apporter des arguments
qui
nous feraient laisser croire qu'on peut se reposer hors de tout doute,
qu'il n'y a pas, finalement, d'ambiguïté d'interprétation
à l'intérieur de ce projet de loi.
Bon, on va finir nos argumentations si, finalement, il nous donne des
réponses. Mais si on revient régulièrement à la
charge, c'est parce qu'on n'a pas de réponse, justement. Ce sont des
réponses très insatisfaisantes. Tout ce que le ministre nous dit,
c'est: Croyez en ma bonne foi. Mais on lui a dit, on lui répète:
Votre bonne foi, c'est bien beau, c'est beau dans les discours, mais il faut
qu'à un moment donné on la voit quelque part, que cela soit
écrit et on aimerait mieux finalement, qu'elle soit traduite dans le
projet de loi d'une façon définitive et claire pour que,
justement, on puisse vraiment bonifier ce projet de loi dans le sens de la
majorité. Cela ferait des consensus avec les principaux
concernés. Mais, à l'heure actuelle, le seul consensus qu'on a pu
obtenir par rapport aux principaux consensus, c'est que le projet de loi ne
correspond pas aux attentes, il ne correspond pas du tout aux demandes des
principaux concernés. Il n'y a qu'un groupe, on l'a dit, qui se sentait
très concerné et qui était heureux du projet de loi, mais
l'ensemble des autres a dit. Non, prenez votre temps, allez plus en
profondeur.
Je regardais le journal La Presse d'aujourd'hui; Pierre Vennat
faisait l'éditorial - je n'ai pas l'impression que Pierre Vennat est un
homme qui parle pour ne rien dire, lui aussi - et il disait: Écoutez, le
projet de loi, il arrive avant son temps. C'est trop rapide et, même, on
parle, tout le monde dit qu'actuellement la ministre de la Santé et des
Services sociaux est en grande tournée et que cela influence. Ce projet
de loi arrive vraiment trop tôt parce que la ministre devra faire une
réforme complète pour ce qui concerne les urgences, ici, au
Québec. Alors, on dit: Pourquoi apporter ce projet de loi alors qu'il
faudra harmoniser ou qu'il y ait des concordances avec les nouvelles
réformes que la ministre apportera au moment où elle fera
l'étude du fonctionnement des urgences au Québec.
Alors, nous, on se dit: Écoutez, encore une meilleure raison pour
ne pas précipiter les événements et pour prendre son
temps, pour vraiment arriver à ce que cette loi réponde aux
attentes et qu'on arrête de faire des lois pour les reprendre
après et refaire ses devoirs complètement parce que cela ne
répond pas et que, finalement, on n'a pas atteint son objectif.
Actuellement, on est toujours en train de refaire des projets de loi. On n'a
qu'à penser à la réforme de l'aide sociale. Le ministre,
je ne sais pas combien de fois il a refait ses devoirs parce que cela ne
répondait pas aux vraies attentes des gens, de la population
québécoise. On le dit encore au ministre: Faites attention! Vous
en avez, des recommandations; les gens qui vous font des recommandations ne
sont pas n'importe qui. Ce n'est pas, justement, du côté patronal
qu'on dit: Nous voulons veiller à notre grain et à nos
intérêts. Il y a des organismes aussi importants que l'Association
des hôpitaux de la province de Québec qui n'ont pas
nécessairement parlé pour ne rien dire et qui ont toujours
essayé d'orienter les gouvernements, peu importent les gouvernements,
à prendre les meilleures décisions pour l'ensemble du
réseau des services hospitaliers du Québec. (22 h 30)
C'est simplement cela qu'on dit au ministre; c'est un avertissement,
tout en lui disant: Écoutez, arrêtez donc de mettre de
côté les principales recommandations des principaux
représentants du milieu; tenez-en compte aussi et essayez de faire la
part des choses. C'est ce que nous demandons au ministre. Nous ne voyons pas
cette volonté, à l'heure actuelle, et je trouve cela très
dommage. Nous aurions aimé favoriser l'adoption de ce projet de loi,
mais c'est inacceptable, dans sa forme actuelle, d'autant plus que ce
document-là nous arrive et il parle par lui-même. C'est plein de
mises en garde: II risque d'y avoir d'importantes conséquences et des
problèmes, surtout pour ce qui concerne l'organisation des centres
hospitaliers.
Donc, je pense que les réponses du ministre sont très
insatisfaisantes. Je lui demanderais de prendre en considération les
recommandations d'organismes aussi importants que l'Association des
hôpitaux de la province de Québec.
Le Président (M. Laporte): Merci, Mme la
députée. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Une question
brève et simple pour le ministre. La lettre de l'Association des
hôpitaux du Québec a été adressée au ministre
cet après-midi, soit le 13 juin 1988, à 15 h 9. Ma question est
simple: Est-ce que vous avez demandé à vos spécialistes
d'examiner le commentaire ou la remarque de l'association, plus
particulièrement pour ce qui concerne l'article 149. 32 par rapport aux
effets possibles de ce mandat confié à la nouvelle corporation?
Est-ce que l'exercice a été fait? Est-ce qu'on a vraiment pris au
sérieux la recommandation de cet organisme et ses mises en garde?
M. Dutil: M. le Président, j'ai demandé de regarder
non seulement cette partie de la lettre, mais l'ensemble de la lettre, de bien
la fouiller. Bien que ma réponse de tout à l'heure soit exacte,
à savoir qu'on ne pressent pas de difficulté là-dessus,
j'attends des avis ultérieurs qui pourraient être
légèrement différents. Si c'est le cas, on verra à
l'article 149. 32.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest, est-ce que cela va? Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur le paragraphe 2 de l'article 1? Est-ce que le
paragraphe 2 de l'article 1 est adopté?
M. Outil: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté, sur
division. J'appelle le paragraphe 3 qui se lit comme suit: "3° par la
suppression du troisième alinéa. "
M. Dutil: M. le Président, je voudrais vous rappeler qu'on
a une entente de suspension là-dessus. Alors, je tiens à
respecter l'entente que nous avons prise tout à l'heure...
Le Président (M. Bélanger): Bon! Alors, M. le
député...
M. Dutil:... si l'Opposition est toujours d'accord.
Le Président (M. Bélanger):... d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Je veux tout simplement signaler au ministre
qu'effectivement, quand il a présenté les arguments rationnels et
logiques pour prétendre qu'il serait inopportun, à ce moment-ci,
de faire la discussion de fond, compte tenu de l'impact que cela a sur d'autres
dispositions et articles, parce qu'il s'agit d'éliminer
complètement un alinéa et que cela se reflète sur la
question de l'exclusivité ou pas, nous partageons cette logique, comme
on aurait voulu qu'il la partage pour le reste. Cependant, cela a
été tranché à un autre niveau de discussion. En
conséquence, on est d'accord, pour l'instant en tout cas, de ne pas
faire de discussion sur le troisième alinéa.
La Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain (suite)
Le Président (M. Bélanger): Donc, on reviendra sur
le troisième alinéa en temps jugé opportun par les deux
partis. Alors, j'appelle donc l'article 2 du projet de loi qui se lit comme
suit: "Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article
149, de la section suivante: VI. 1, Transport ambulancier. " Je vous fais
grâce de toute la lecture puisqu'il y en a pour à peu près
cinq pages.
L'article 2, 149. 1: "Une corporation à but non lucratif est
constituée sous le nom de Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain. " Sur cet article,
est-ce qu'il y a des interventions. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je pense qu'enfin on va
pouvoir parler des véritables enjeux de ce projet de loi. On aurait
aimé mieux entrer tout de suite dans les enjeux, mais le ministre nous a
gardés sur les grands thèmes.
Je pense qu'il faut quand même être bien clair dans ce qui
se passe ici, en commission, à l'occasion de l'étude, article par
article, du projet de loi. Il n'a jamais été question, pour ce
qui nous concerne de l'Opposition, de contester la création de cette
nouvelle corporation qu'on appelle la Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain. Je pense qu'il faut
vraiment le préciser, parce qu'il y a des membres de la commission et,
éventuellement, des intervenants du milieu qui pourraient
peut-être intrepréter différemment nos propos. L'Opposition
officielle ne conteste en rien et, au contraire, se réjouit de la
création de cette corporation, de la possibilité donnée
à un certain secteur de fonctionner selon ces nouvelles
modalités.
Ce que nous déplorons, par contre, c'est qu'il s'agit là
d'une corporation ou d'une nouvelle façon de fonctionner dans le domaine
des services ambulanciers qui est strictement réduite à la
région de Montréal. Ce que l'Opposition aurait souhaité,
c'est qu'on ne crée pas deux classes et deux structures de services
ambulanciers au Québec. On aurait aimé voir le ministre prendre
véritablement le problème dans son entier et essayer de trouver
des solutions globales. Certes, dans la région de Montréal, un
certain rapport de forces plus évident, plus structuré
qu'ailleurs fait en sorte que le ministre s'est retrouvé devant une
situation où il pouvait, à certains égards, justifier
l'urgence d'agir et d'intervenir directement pour la réorganisation du
service ambulancier de l'agglomération de Montréal.
Or, il aurait également dû considérer par la
même occasion que, même si ailleurs au Québec, même si
dans certaines régions du Québec les rapports de forces ne sont
pas nécessairement évidents, ils ne sont peut-être pas
aussi structurés, organisés et aussi flamboyants que ce qui peut
être rendu possible dans la région de Montréal où le
nombre y est. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème
ailleurs, en région, et qu'il n'aurait pas été justifiable
d'étendre ce genre de structure d'État, une étatisation de
la structure des services de transport ambulancier à l'ensemble du
Québec.
Donc, nous ne sommes pas contre, loin de là. De toute
façon, c'est même une démarche qui est beaucoup plus
près de la philosophie de notre parti politique qu'elle ne peut
l'être de la philosophie du parti du ministre qui, comme j'ai eu
l'occasion de le dire dans mes remarques, a rarement, pour le moins,
vanté, louangé les bienfaits des sociétés
d'État ou de l'étatisation de certains services. La philosophie
largement véhiculée par le parti politique que représente
le ministre a plutôt tendance a vouloir dilapider les biens de
l'État et on peut le voir à maints égards depuis que le
ministre est au pouvoir. On se retrouve maintenant dans un contexte où
il sent le besoin de revenir à une structure étatisée.
Là-dessus, disons que nous ne pouvons pas être vraiment contre
dans la mesure où cela fait partie même de notre vision ou, enfin,
où c'est beaucoup plus proche, pour le moins, de la vision de notre
parti politique que cela ne peut l'être
de celle du parti du ministre.
Là où il nous semble qu'il y a une démarche
arbitraire, c'est qu'on le fait pour une région donnée du
Québec, alors qu'on laisse le reste du territoire
québécois sous l'enjeu, sous l'emprise de la libre entreprise
avec tout ce que cela peut susciter comme disparités, comme divergences
de services ou différences de niveaux de services d'une région
à l'autre, ce qui est malheureux. Comme je l'ai dit au ministre dans mes
remarques préliminaires, je pense qu'on aura largement l'occasion, au
cours des prochains jours, de plaider en fonction d'une amélioration
substantielle des services ambulanciers dans certaines régions du
Québec.
Nous nous inquiétons, entre autres, de l'apparition, par la
création de cette corporation, de deux sortes d'ambulanciers au
Québec, de deux statuts d'ambulanciers au Québec. Il y a les
ambulanciers qui auront un pouvoir de négociation global beaucoup plus
consolidé, reconnu officiellement par la machine de l'État, dont
les salaires et les conditions de travail devront, comme on le verra plus tard
dans le projet de loi, être approuvés par le ministère et
par le gouvernement. Cela fera alors partie, à toutes fins utiles, de la
structure du secteur parapublic. D'autre part, il y aura aussi le service
ambulancier où les intervenants, les ambulanciers eux-mêmes et le
personnel de soutien relèveront de l'entreprise privée avec tout
ce que cela peut supposer comme petite guerre de pouvoirs dans chaque milieu et
aussi dont les conditions de travail seront directement dépendantes de
la masse salariale qui sera transférée à ces entreprises
pour assurer les services de santé mais qui sera négociée
d'une façon globale, comme cela se fait actuellement sans pour autant
faire une différence dans le coût entre ce qui s'appelle salaire
et l'ensemble de l'administration générale de soutien pour
assurer le service.
Ainsi, on risque de se retrouver devant deux classes d'ambulanciers. On
risque aussi de se retrouver devant un nouveau phénomène qui
pourrait avoir une importance énorme dans les régions. Il s'agit
du fait qu'à partir du moment où les ambulanciers de la
région de Montréal pourront bénéficier
éventuellement - cela va devenir évident avec l'entrée en
vigueur du projet de loi - de conditions salariales, d'avantages sociaux, de
vacances, de fonds de retraite et tout ce que vous voulez, qui seront
passablement alléchants en comparaison avec ce qui se fait actuellement
dans certaines régions, on risque alors de voir les ambulanciers des
régions manifester un intérêt croissant à essayer de
se faufiler ou d'entrer dans la Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain. Ce qui, à la
longue, peut devenir ce que l'on connaît dans plusieurs autres secteurs
de notre activité économique québécoise: les
régions deviennent une espèce de bassin de formation où on
doit toujours recommencer avec des gens nouveaux qui n'ont pas
d'expérience. Dès que cela devient alléchant ou dès
qu'ils peuvent en arriver à un niveau où c'est plus
intéressant à ce moment-là, ils formulent des demandes
d'emploi pour se rapprocher des grands centres avec des conditions salariales
et des avantages sociaux de toutes sortes drôlement plus
intéressants. Les grands centres n'ont pas à défrayer, si
vous voulez, les frais de formation et d'expérience du personnel. Ils
engagent des gens qui sont déjà formés. En région,
par conséquent, on doit toujours recommencer à zéro parce
qu'on n'est jamais capable de donner des conditions similaires ou pour le moins
suffisantes pour intéresser les gens à faire carrière en
région de façon continuelle. Cela fait partie des
problèmes que l'on aura à discuter.
Ceci dit, je tiens à le répéter, il n'a jamais
été dans l'intention de notre formation politique de s'opposer
à la création de la Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain. Tout ce que nous aurions
souhaité, c'est que le ministre ait des visières un peu plus
larges, disons. Qu'il regarde d'une façon moins étroite la
problématique spécifique de la grande région
montréalaise. Qu'il profite de l'occasion qui lui était
donnée par le projet de loi 34 pour régler ou pour établir
une structure unique, similaire sur l'ensemble du territoire
québécois.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Abibiti-Ouest.
M. Gendron: Est-ce que le ministre a des réflexions
sur...
M. Outil: Rapidement, une réflexion. Il existe
actuellement deux classes d'employés et c'est justement ce que l'on veut
régler. D'ailleurs, il y a une table de négociation unique
actuellement. Quel que soit le modèle, qui peut être
différent, je l'ai déjà spécifié, ailleurs
dans la province, nous allons justement rétablir une situation
passée où il y avait deux classes de techniciens ambulanciers
pour en arriver à ce qu'il y ait une certaine uniformité dans les
conditions de travail et, surtout, à stabiliser l'emploi en
région où il y a des problèmes considérables quant
à la rétention de leurs techniciens ambulanciers les plus
qualifiés qui, ne pouvant gagner leur vie en région, s'en vont
dans les grands centres.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Aucune manifestation dans la salle, s'il vous plaît!
M. Claveau: M. le ministre, est-ce que vous pouvez nous
préciser exactement quelles sont les deux classes d'ambulanciers
auxquelles vous faites référence et de quelle façon la
création de la corporation va régler le problème? (22 h
45)
M. Dutil: M. le Président, lorsque le chef
de l'Opposition actuel était ministre de la Santé et des
Services sociaux, il n'a réglé, en 1984, que pour la
région de Montréal, laissant pour compte les autres parties de la
province. C'est la différence avec notre réforme. Maintenant,
j'explique au député d'Ungava que la loi, la réforme, les
décisions du Conseil des ministres et l'ensemble de notre
réforme, cela forme un tout, on ne peut dissocier l'un de l'autre. C'est
d'isoler le projet de loi pour ne pas tenir compte des autres mesures qui ne
sont pas nécessairement contenues dans la loi parce qu'il n'était
pas nécessaire de les contenir dans la loi, mais qui font partie de
notre décision et que la loi permet de mettre en oeuvre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: II serait intéressant que le ministre aille un
peu plus loin pour nous spécifier ou nous préciser quelles sont
ces mesures, à savoir si les mesures qu'il entend prendre peuvent avoir
comme effet d'apaiser nos craintes par rapport à ce que l'on voit et qui
risque de se dessiner en région, à partir du moment où ce
projet de loi sera là.
M. Dutil: Avec plaisir, M. le Président. Formation
rehaussée à 825 heures pour tout le monde, au lieu d'avoir une
différence comme il y a actuellement; stabilisation de l'emploi dans les
régions; centrale de coordination des appels, ce qui n'existe pas
actuellement dans les régions. Voilà en trois mots, M. le
Président, la grande importance que nous accordons aux régions
dans notre réforme.
M. Claveau: Comment le ministre peut-il prétendre que son
projet de loi va stabiliser le niveau de l'emploi en région?
M. Dutil: M. le Président, j'ai déjà
expliqué cette chose-là, je ne pense pas qu'il soit sain que nous
nous éloignions de l'article 149. 1 pour la raison suivante: j'ai eu
l'occasion d'exprimer à plusieurs moments cette chose, y inclus à
cette commission lorsque, précisément, nous avons eu des
consultations particulières. Dans le but d'éviter de
répéter des choses que j'ai déjà dites, je
suggère au député d'Ungava de relire l'ensemble des
galées de la consultation particulière. Il était
peut-être absent à ce moment-là malheureusement. Cela lui
donnera la réponse aux questions qui sont pertinentes,
intéressantes, mais qui ne concernent pas l'article que nous sommes en
train de discuter.
M. Claveau: On y reviendra.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Chambly.
M. Latulippe: Sans vouloir reprendre le débat sur
l'article 149. 1, comment la création de la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain va-t-elle permettre de faire en sorte qu'il n'existe plus
qu'une seule classe d'employés dans tout le Québec? Comment la
création de la corporation va-t-elle permettre cela?
M. Dutil: Évidemment, ce n'est pas le seul fait de la
création de la corporation d'urgences-santé. Ce qui va
éviter qu'il y ait plusieurs classes de techniciens ambulanciers dans la
province de Québec, c'est le fait que nous ayons accepté et que
nous ayons jugé sain d'avoir une table de négociation où
l'ensemble des conditions de travail des techniciens ambulanciers de la
province de Québec sont discutées. Cela permettra donc une
uniformité. On peut s'imaginer que la partie qui représente les
employés va essayer - c'est bien normal et c'est bien évident -
d'avoir des conditions uniformes dans toute la province.
M. Latulippe: Donc, si je comprends bien, ce n'est pas la
création de la corporation elle-même qui va permettre
d'accéder à une classe d'employés, c'est le fait qu'il va
y avoir une négociation provinciale sur l'ensemble des conditions de
travail.
M. Dutil: C'est pour cela, M. le Président, que je disais
que, bien que ce sujet soit intéressant, ce n'est pas à cet
article-là certainement que l'on doit en discuter puisqu'il s'agit ici
de la formation de la corporation.
M. Latulippe: Non, sauf que j'essaie simplement de faire le lien
entre la corporation et le régime de relations du travail qui va
exister. Après cela, la question que je me pose, c'est: Comment va-t-on
faire, pour ces conditions de travail négociées, si c'est une
table provinciale - mais vous avez une multiciplité d'employeurs en
région et à Montréal, actuellement - pour
concrétiser l'uniformité des conditions de travail?
M. Dutil: C'est par le système de contrat-budget que nous
avons l'intention d'installer sur l'ensemble du territoire avec les divers
employeurs, où nous tiendrons compte évidemment, dans le
contrat-budget que nous accorderons aux employeurs, des conditions de travail
qui auront été acceptées pour les employés, bien
sûr.
M. Latulippe: Vous voulez dire que l'uniformisation des
conditions de travail va se faire en fonction du contrat que vous allez
négocier avec chacun des propriétaires d'ambulances dans tout le
Québec.
M. Dutil: C'est-à-dire qu'il faut bien se comprendre: les
propriétaires ont eux aussi un regroupement. Il y a bien des choses qui
peuvent
se négocier de façon regroupée. Bien sûr par
la suite, il faut, dans chaque zone, tenir compte de l'exigence de services
requis. Cela tient compte de la densité de la population et cela tient
compte de divers facteurs locaux. Donc, il y a des aménagements à
faire sur le plan local pour savoir de quelle façon on l'aménage.
Le registre, si je peux m'exprimer ainsi, pour parler en termes musicaux,
l'éventail va de la zone où il n'y a pas du tout de
densité de population - on pense au parc de La Vérendrye -
à la ville de Montréal. Prenons les deux extrêmes pour bien
se comprendre, en se disant que dans le milieu il peut y avoir diverses
modalités. Dans le cas du parc de La Vérendrye, il y a ce qu'on
appelle le régime des parcs, c'est-à-dire qu'il y a une ambulance
de stationnée à un endroit stratégique et les techniciens
ambulanciers qui travaillent là travaillent 40 heures, mais ils sont
disponibles 168 heures, soit toute la semaine. Ils sont situés dans le
parc et ils restent là; la semaine d'ensuite ils sont remplacés
par deux autres techniciens ambulanciers. C'est ce qu'on appelle le
modèle des parcs et cela va à l'autre extrême, le
modèle qui est à Montréal, où les gens travaillent
leurs 40 heures, et c'est tout; ils sont stationnés à un point de
services.
M. Latulippe: Les horaires de travail donc vont pouvoir varier
d'une région à l'autre.
M. Dutil: C'est essentiel.
M. Latulippe: Oui, évidemment à cause de...
Maintenant, pour en revenir...
M. Dutil: Entre autres, dans le parc de La Vérendrye, je
pense que le nombre d'accidents, c'est 32 par année, vous comprenez,
contrairement à Montréal où je pense qu'il y a trois
appels par huit heures de service, en moyenne.
M. Latulippe: Maintenant, est-ce que les salaires vont continuer
d'être assumés directement par les propriétaires ou bien si
cela va l'être par le gouvernement ou par la corporation?
M. Dutil: De dire que les salaires sont assumés par les
propriétaires...
M. Latulippe:... les conditions salariales.
M. Dutil: Oui, les conditions salariales. L'employeur en province
demeurera l'employeur sauf qu'il est nécessaire d'avoir un appariement
entre les conditions de travail consenties et l'argent versé aux
propriétaires. Donc, il y a ce qu'on appelle le fonds salaire, entre
autres choses, qui permettra certainement de payer les conditions de travail
consenties.
M. Latulippe: Les conditions de travail qui seront consenties
lors de négociations provinciales, il va y avoir une garantie que chacun
des employeurs... Ce sont quand même des employeurs multiples. Ce fonds
salaire va leur garantir qu'ils peuvent assumer les conditions salariales
indépendamment de leurs profits.
M. Dutil: C'est cela. En fait, ce qu'il faut bien comprendre
c'est que le système actuel est un système qui fonctionnait en
principe à l'appel, c'est-à-dire que les propriétaires
étaient payés à l'appel, sauf qu'on s'est rapidement rendu
compte depuis quelques années que, dans certaines zones, ceux qui
étaient payés à l'appel n'avaient pas suffisamment de
revenus pour vivre. Donc, on a fait un ajustement qui donnait une garantie
minimale d'équivalence-appel. On se rend compte qu'on chemine
graduellement vers un système qui dit: On a besoin d'ambulances en
disponibilité, peu importe le nombre de transports et pourquoi
n'irions-nous pas vers un contrat à budget, puisque ce que l'on exige
des propriétaires, c'est de la disponibilité et de la
présence à des points de services bien précis,
coordonnés par une centrale?
M. Latulippe: Si je comprends bien, on chemine graduellement vers
le fait qu'on va scinder les salaires, les conditions salariales des autres
frais d'opération à l'intérieur de l'entreprise: une
négociation provinciale avec des conditions de travail identiques, peu
importe l'endroit où vous fonctionnez au Québec. Donc, la
création d'un fonds salaire ou la création d'une provision
relative aux conditions salariales au Québec, peu importe, où que
l'on soit, peu importe quel propriétaire.
M. Dutil: C'est cela, un budget protégé.
M. Latulippe: Donc, on chemine graduellement vers une situation
où à Montréal, c'est la corporation, en région, on
ne sait pas trop qui prendra éventuellement charge - c'est
l'étape suivante - de l'ensemble des employés. Est-ce que je
comprends bien que la création d'un fonds salaire, c'est simplement une
étape vers une étape subséquente qui va être la
prise en charge totale?
M. Dutil: Non, vous ne comprenez pas bien. M. Latulippe:
Bon! expliquez-moi cela!
M. Dutil: C'est très facile à expliquer. Ce que
l'on souhaite, c'est que l'entreprise privée demeure en région et
qu'au lieu d'avoir un service de paiement par appel, qui rend certains gros
ambulanciers de la province très vulnérables sur le plan
financier, même avec la garantie minimale de transport, on leur assure un
minimum de revenus qui n'est pas fonction du nombre de transports, mais qui est
plutôt fonction de l'exigence de disponibilité.
M. Latulippe: Ce que je comprends mal
c'est qu'à partir du moment où on ne négocie plus
les conditions de travail de ces employés, parce que cela se fait
provincialement, à partir du moment où on scinde les conditions
salariales à l'intérieur de l'entreprise, on crée un fonds
salaire. Or, quelle maîtrise demeure-t-il de ces employés? Quelle
maîtrise le propriétaire garde-t-il de ses employés au
moment où il ne négocie plus les conventions collectives et
où on crée un fonds salaire qui s'administre de façon
distincte de l'ensemble de l'entreprise?
M. Dutil: M. le Président, j'ai établi d'une
façon incontestable que le 26 décembre 1984 le chef de
l'Opposition actuel a établi une négociation regroupée
à Montréal et, aujourd'hui, c'est une négociation
regroupée.
M. Latulippe: Une négociation qui est regroupée
partout au Québec, maintenant.
M. Dutil: Oui. M. le Président, je tiens à
préciser que c'est important pour les régions que les techniciens
ambulanciers, de qui on exigera maintenant une formation beaucoup plus
considérable que dans le passé, aient des conditions de travail
qui soient équivalentes à celles des milieux urbains pour une
raison fort simple: si ce n'était pas le cas, à formation
égale, ils iraient travailler dans les milieux urbains. C'est ce qui se
passe actuellement. Le plus gros problème des régions, c'est que
dès que quelqu'un a fait cela au début à temps partiel,
donc sans pouvoir gagner un salaire suffisant pour en vivre, celui qui a
décidé d'aller chercher davantage de formation et de se
perfectionner pour devenir un technicien ambulancier à temps plein et
quitter son autre emploi n'est pas resté dans la région.
Les régions perdent leurs meilleurs techniciens ambulanciers,
parce que ces gens-là peuvent aller chercher de meilleurs revenus s'il
vont dans des centres urbains actuellement. C'est cela qu'il est important de
comprendre et d'annuler comme effet, si on veut avoir un service de même
qualité en région.
M. Latulippe: Au moment où on s'en va vers une
négociation provinciale, on reste avec des conventions collectives par
employeur, si je comprends bien.
M. Dutil: Oui.
M. Latulippe: Mais les concepts, comme l'ancienneté, les
questions de mutation, est-ce que cela va rester dans l'entreprise ou bien si
cela va devenir sectoriel?
M. Dutil: Je ne veux pas m'avancer plus loin. La
négociation est en cours actuellement et, entre autres, ce qui est
négocié de façon centrale et ce qui est
négocié de façon non centrale et jusqu'où on va
là-dedans, c'est en discussion. Je pense qu'il est tout à fait
normal - la commission le comprendra - qu'on ne négocie pas ici autour
de la table. Je pense que c'est bien normal.
M. Latulippe: Non, ce n'est pas parce que je cherche à
négocier. Je cherche seulement à comprendre le concept des
relations du travail qu'on va instaurer finalement, parce que vous comprendrez
que si ce sont seulement des conditions salariales qui sont les mêmes,
c'est une chose. Mais si on élargit, par le biais des
négociations, le concept d'entreprise à l'ensemble du secteur,
c'est autre chose, cela.
M. Dutil: M. le Président, pour ce qui concerne les
horaires, par exemple, il est évident qu'à partir du moment
où vous dites que cela prend une centrale de coordination pour s'assurer
que les zones soient perméables et s'assurer qu'en cas de non-couverture
d'une zone par un transport il y ait une relation de communication entre la
centrale et qu'on puisse déplacer un autre véhicule, que les
horaires deviennent de plus en plus maîtrisés par la centrale.
Mais c'est inévitable. Il faut que la centrale de coordination des
appels puissent coordonner et, donc, par définition, puisse dire: Nous,
on a besoin de véhicules en disponibilité de telle heure à
telle heure et, si on demande un déplacement, on veut que cela se fasse
pour couvrir une zone qui pourrait être découverte temporairement
pour des raisons de déplacement d'inter-établissements ou
autres.
M. Latulippe: D'accord. Si, par exemple, les horaires deviennent
de plus en plus maîtrisés par une centrale, est-ce que cela veut
dire que les remplacements vont pouvoir se faire d'un employeur à un
autre, d'un employé qui provient d'un employeur à un autre
employeur? C'est-à-dire: Est-ce qu'il va y avoir une mobilité
sectorielle des travailleurs ou si cela va rester à chaque
entreprise?
M. Dutil: C'est-à-dire que les employés sont les
employés de l'employeur. S'ils veulent changer de corporation, il faut
qu'ils changent d'employeur. (23 heures)
M. Latulippe: Oui, mais au chapitre de ce qui va être
négocié, en d'autres termes, la mobilité des
employés à l'intérieur du secteur du transport
ambulancier...
M. Dutil: Non, cela reste comme c'était,
c'est-à-dire que les employés sont les employés de
l'employeur. S'ils veulent changer de corporation, ils doivent quitter leur
emploi et s'en aller chez un autre employeur.
M. Latulippe: Voyez-vous, ma crainte - c'est, au fond, la
question que je me pose -c'est ceci: Est-ce que, par le biais de la
négociation de la convention collective et des clauses
qu'on va y négocier, cela ne sera pas une démarche de plus
ou un pas de plus vers la centralisation du service, vers la centralisation
entre les mains d'un employeur, finalement? Est-ce qu'on va se servir de la
convention collective et des clauses qu'on va y négocier pour faire
accélérer cette marche vers la création d'un employeur
unique à Montréal ou dans la province de Québec?
M. Dutil: Ce que soulève le député de
Chambly, c'est toute la question de ce qu'est une entreprise privée par
rapport à une entreprise publique, vous savez. On a constaté
depuis longtemps que la concurrence dans une même zone de deux
entreprises d'ambulances créait des problèmes. Je pense que cela
a été une chose qui, dès 1976, si j'ai bonne
mémoire, a été éliminée. On en est
arrivé à monopoliser la zone de l'entreprise privée, ce
qui est déjà un concept en dehors de l'entreprise privée.
Quand vous monopolisez, vous éliminez la concurrence. Vous venez donc
d'enlever un élément important de ce que l'on appelle
l'entreprise privée. Je ne veux pas embarquer dans tout ce débat,
mais c'est la raison pour laquelle je disais en commission, alors qu'on nous
partait d'étatisation, parce que nous irons éventuellement en
soumissions publiques s'il y a lieu, si nécessaire... C'est devenu
optionnel, avec les amendements que nous avons présentés; la
soumission publique est un élément de l'entreprise privée.
Ce n'est pas un élément de l'entreprise publique.
Or, il est évident, quand vous voulez faire de la coordination ou
que vous voulez avoir des conditions de travail uniformes pour éviter
que les employeurs perdent leurs employés au profit des grands centres,
que vous devez déterminer certaines choses qui, habituellement, parce
que c'est dans d'autres secteurs qui ne concernent pas les problèmes de
santé et d'urgences, sont déjà déterminées
par les employeurs privés totalement.
M. Latulippe: Mais, effectivement, le problème qui se pose
est à savoir si les entreprises ne sont pas en train de perdre un petit
peu leur caractère d'entreprise privée à partir du moment
où, par le biais des négociations des conventions collectives,
elles perdent de plus en plus la direction de leurs propres employés?
Parce que, normalement, dans un concept d'entreprise privée, la
négociation se fait par établissement, par entreprise et,
là, on déplace cela pour le faire au stade d'un secteur ainsi que
dans tout le Québec. Je me demande si ce n'est pas déjà un
pas vers la modification du principe même de l'entreprise privée,
soit le principe même que l'on retrouve dans le Code du travail et par le
biais des négociations de conventions collectives qu'on est en train de
faire. Ceci produit donc un glissement graduel vers le concept de l'employeur
unique.
M. Dutil: Je ne pense pas que cela devienne jamais un employeur
unique parce que le territoire du Québec est tellement vaste qu'il
serait aberrant de se retrouver avec un employeur unique. Il existe plusieurs
formules actuellement dans la province. Je les ai mentionnées et je le
répète. On pense qu'un OSBL à Montréal est un
phénomène unique. Il existe onze organismes sans but lucratif
actuellement dans toute la province - c'est la minorité, bien sûr
- qui fonctionnent d'une façon relativement similaire à celle que
nous proposons pour Montréal, les centrales de coordination à
part, puisque bien que ce soit réclamé depuis un certain temps
par les régions que d'avoir des centrales de coordination, il n'y en a
malheureusement pas encore. La réforme devrait permettre d'en installer
plusieurs rapidement et couvrir ainsi l'ensemble du territoire de la
province.
Quand on veut bonifier ou améliorer un système, il faut
accepter de faire les modifications qui s'imposent pour l'améliorer. La
question qui se pose est: Qui dirigera les centrales de coordination? Est-ce
que ce seront les propriétaires ou un centre hospitalier ou les
établissements? Au fur et à mesure, et la loi le dit, on verra
ces articles lorsque nous y arriverons. Les régions peuvent nous
suggérer des modèles différents. Si la centrale de
coordination n'est pas dirigée par les propriétaires
d'ambulances, il est certain que cela fait un système différent
que s'il était dirigé par les propriétaires d'ambulances.
Mais je ne veux pas m'arrêter sur ce point spécifique.
Est-ce que le système évoluera dans l'avenir vers
davantage ou moins de centralisation? Je ne veux pas et je ne pense pas qu'on
puisse prédire l'avenir là-dessus. Ce que je veux prédire,
ce que je veux que l'on fasse, c'est de s'assurer que les régions, quel
que sort le modèle qu'elles adoptent, aient un service le plus
près possible... Compte tenu de la densité bien sûr, il y a
toujours des difficultés de temps-réponse. Si les maisons sont
distancées de 30 milles l'une de l'autre au lieu d'être à
tous les 100 pieds, ce n'est pas pareil, c'est bien évident. On ne peut
pas avoir une ambulance à toutes les maisons. Cela est très
clair. Mais hormis ce fait de distance et de densité de la population,
l'objectif, c'est d'en arriver à ce que non seulement la formation soit
la même, mais que les techniciens qui ont une bonne formation restent en
région, donc, qu'ils puissent gagner leur vie là-dedans et que
l'on puisse coordonner - c'est très important pour les raisons que j'ai
énumérées tout à l'heure - les déplacements
de telle sorte que l'on minimise le temps-réponse le plus possible, bien
sûr en tenant compte de l'aspect densité de la population.
M. Latulippe: À la table provinciale de
négociation, comme vous l'avez mentionné, de qui les
négociateurs reçoivent-ils leur mandat?
M. Dutil: Du Conseil du trésor.
M. Latulippe: Donc...
M. Dutil: Du gouvernement.
M. Latulippe:... pas des employeurs.
M. Dutil: Non.
M. Latulippe: Si je comprends bien, on a scindé et cela,
dans tout le Québec.
M. Dutil: Oui.
M. Latulippe: On a donc scindé...
M. Dutil:... pour les salaires.
M. Latulippe:... l'établissement des conditions de travail
de l'opération de l'entreprise.
M. Dutil: Pour la question salariale, la question
financière.
M. Latulippe:... uniquement la question financière? Les
clauses normatives...
M. Dutil: Pour être bien sûr de couvrir l'ensemble de
ce qui est discuté à la table centrale, ce sont les clauses
à incidence financière.
M. Latulippe:... à incidence financière? M.
Dutil: Oui.
M. Latulippe: Donc, il y a une partie des clauses normatives qui
sont négociées aussi...
M. Dutil:... celles qui ont des incidences
financières.
M. Latulippe: D'une centralisation de négociation qui
était montréalaise, on s'enligne donc maintenant vers une
centralisation provinciale des négociations.
M. Dutil: C'est déjà enclenché.
M. Latulippe: Donc, c'est de transposer dans tout le
Québec le pattern déjà amorcé à
Montréal?
M. Dutil: Pour les négociations, oui, pour les raisons que
j'ai mentionnées tout à l'heure de stabilité d'emploi;
s'assurer que les gens qui ont une formation équivalente a ceux de
Montréal restent dans les régions à des conditions
similaires.
M. Latulippe: Quelles garanties, à partir de là,
les propriétaires ont-il que le pattern administratif maintenant
structurel de Montréal ne sera pas étendu dans tout le
Québec, comme vous venez de le faire pour le pattern des
négociations des conditions de travail?
M. Dutil: II n'est pas prévu dans la loi que la formule de
Montréal soit celle des régions.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voulais tout simplement, puisqu'on est à
l'article 149. 1, reprendre quelques éléments qui ont
été repris par mon collègue, le député
d'Ungava, et en profiter pour dire que pour ce qui concerne l'Opposition on n'a
jamais été, contrairement à ce qui peut être
véhiculé, des opposants à la création de la
Corporation d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain. On n'a jamais été des opposants à
cela, sauf que, sans qualifier la teneur des questions du député
de Chambly, il est évident - je répète "sans les
qualifier" - qu'il vient d'exposer la problématique de fond. Nous sommes
convaincus, en lisant ce projet de loi, que c'est inexact lorsque vous
prétendez que vous avez eu un souci que j'appellerais égal par
rapport à la problématique des régions versus la
problématique montréalaise. Ce n'est pas le fait de créer
une corporation d'urgences-santé dans la région
métropolitaine et, un peu plus loin, on le verrait en regardant le
projet de loi.
Bien sûr qu'aux pages 11 et suivantes du projet de loi, à
partir des articles 149. 27, 149. 28, 149. 29 et 149. 30, des dispositions
s'appliqueront également dans le projet de loi 34 concernant le
vécu concret de l'organisation des services ambulanciers dans les
régions. Cependant - je ne commencerai pas à traduire la petite
expérience que j'ai des négociations - ce n'est pas parce que je
me fais dire à l'étude article par article qu'il y aura une seule
table de négociation que, par définition, le seul lien d'une
seule table égale un régime égal équivalent dans la
région périphérique du Québec. Ce n'est pas parce
qu'il y a une seule table et que les conditions salariales vont être
discutées à cette seule table que, moi, je peux déduire
par là qu'on va se retrouver avec un régime uniforme concernant
l'entièreté des conditions de ces gens, même si le salarial
est négocié là. Ce sont un peu ces arguments que je
voulais révoquer.
Le plus concret, je pense, c'est l'article 149. 14. Cet article,
à la page 8, est clair: "Le plan d'effectifs de la corporation, les
normes et les barèmes de rémunération ainsi que les autres
conditions de travail des employés de la corporation, autres que le
directeur général, sont établis par règlement du
conseil d'administration... " On parle de quoi? On parle de la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain. Votre propre projet de loi a un nombre
considérable de contradictions qui nous laissent voir noir sur blanc que
ce n'est pas parce que vous allez insister, M. le ministre, sur
la qualité de la formation des techniciens ambulanciers que je
dois en déduire qu'on va se retrouver avec un régime uniforme.
Cela signifie que ce n'est pas vraiment la problématique
générale et globale que vous avez envisagée dans votre
projet de loi. Vous avez créé une corporation, vous avez
l'intention de créer une corporation d'urgences-santé dans la
région métropolitaine et d'appliquer certaines dispositions
salariales, peu importent les modalités que vous allez utiliser en
région, sachant qu'il s'agit d'une tout autre problématique.
Là, je n'en suis pas sur les conditions de travail des
techniciens ambulanciers. Moi, je suis pour cela que les techniciens
ambulanciers dans les régions puissent avoir des conditions de travail
normales, les plus valables possible, et qu'ils puissent avoir également
des conditions de travail qui auront comme résultat de retenir ces gens
pour éviter qu'on soit constamment en remplacement. Mais le lien avec
l'employeur doit demeurer pour l'appréciation du régime plus
spécifique au-delà des conditions de travail, au-delà de
la question de la stabilité et toute la question des temps de battement
et des temps d'attente, etc. Ce sont des questions effectivement qui sont
reliées à ce qu'on appelle les conditions de travail des
employés qui font la "job". Il me semble que, tantôt, mon
collègue d'Ungava a établi d'une façon on ne peut plus
claire que la Corporation d'urgences-santé de la région de
Montréal métropolitain est une chose. Par contre, ce qui arrivera
par la suite par rapport au lien employé-employeur, il y a des zones
grises, il y a des zones obscures et il y en a pour tout le normatif.
Même pour l'aspect salarial, ce n'est pas complètement acquis par
votre projet de loi que les gens pourront assurément avoir exactement
les mêmes conditions salariales. Je ne vois pas quelle disposition vous
permet de conclure cela puisque, comme je l'ai mentionné tantôt,
à l'article 149. 14, toute la question des normes et des barèmes
de rémunération ainsi que les autres conditions et le pian
d'effectif, c'est lié à la Corporation d'urgences-santé de
la région de Montréal métropolitain et non pas à la
régie.
Je ne veux pas être plus long, mais simplement vous signaler que
l'article 149. 1, on n'a jamais été contre. Ce contre lequel on
est, c'est de faire accroire aux gens que, rapidement, on va étatiser
provincialement la situation, d'une part, sans le dire et, d'autre part, sans
compenser les propriétaires ambulanciers qui, actuellement ont un permis
d'exploitation d'un service ambulancier. Ces gens voudraient bien savoir ce qui
va arriver avec la valeur de l'achalandage que peut représenter le
permis. Toutes ces conditions ne sont pas répondues parce que vous me
dites à l'article 149. 1 qu'il y aura une corporation
d'urgences-santé dans la région de Montréal
métropolitain. On verra par la suite que la nouvelle corporation
d'urgences-santé... Enlevez l'expression Urgences-santé. On sait
qu'il y avait un régime d'Urgences-santé dans la région
métropolitaine qui n'avait pas uniquement la préoccupation
d'assurer le transport ambulancier. Il avait également la
préoccupation d'assurer un certain nombre d'éléments
qualitatifs à l'organisation des services ambulanciers. (23 h 15)
Ce sont toutes des questions qu'on va voir un peu plus loin. Mais, moi,
je veux uniquement signaler que le régime qui sera instauré dans
les régions du Québec est différent et doit demeurer
différent. Si vous maintenez le lien employé-employeur, ce n'est
pas en répondant à la question: "Oui, il va y avoir une table de
négociation unique, " qu'on va avoir réglé
l'entièreté des problèmes qui seront posés en
région parce que le système n'est pas le même, les besoins
particuliers ne sont pas les mêmes. Ils sont toujours les mêmes sur
la qualité du service, ils sont toujours les mêmes sur la
qualité de la formation, ils sont toujours probablement les mêmes
sur le taux horaire. Si, pour un technicien ambulancier, cela exige un taux
horaire de 17 $ l'heure, cela devrait être 17 $ l'heure.
Mais on a toutes les questions connexes: les temps de battement, la
fréquence dans la rotation du personnel n'est pas la même en
région que dans la grande région métropolitaine. Il arrive
souvent qu'en région les deux ou trois techniciens en devoir peuvent
effectuer une sortie, alors que ce n'est pas du tout le cas à
Montréal. Toutes ces références par rapport à la
pratique régionale vécue doivent se traduire normalement par un
régime différent, à moins qu'il n'y ait une
étatisation provinciale, une véritable étatisation du
régime et que le ministère de la Santé et des Services
sociaux ne décide d'avoir un seul régime de services ambulanciers
dans tout le Québec avec des dispositions différentes. Mais il y
aura un seul lien d'emploi. Il y aura un employeur, comme il y a une loi qui a
dit que les négociations dans le secteur de la santé et des
services sociaux et dans le secteur de l'éducation sont sous la
responsabilité de l'État québécois par rapport
à telle et telle partie.
On a précisé et déterminé un champ de
négociation provinciale dans le secteur des négociations de
l'éducation et on a laissé certaines dimensions à de la
négociation locale. Mais le régime est encadré, il est
défini dans les projets de loi. On sait où on s'en va. Le lien
d'employeur avec la commission scolaire Abitibi, pour prendre un exemple, est
maintenu, mais il est maintenu eu égard au champ de négociation
precrit par l'État québécois dans un cadre national de
négociation.
Si le ministre avait voulu faire cela dans son projet de loi, là,
on comprendrait. Mais, à ce moment-là, on n'aurait pas une
section ou une tête de chapitre qui commence par "La Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain". À un moment donné, dans le détail
de certains articles, on voit que certains
articles auront potentiellement une application régionale, une
application nationale au sens du Québec, mais différente de ce
qui est appliqué directement à l'article 149. 1.
Donc, je pense que ceux qui prétendent qu'on instaure deux
catégories, deux régimes, je prétends qu'ils ont raison,
M. le ministre. Ce n'est que l'étude article par article plus avant qui
nous permettra de le concrétiser à des étapes bien
précises quand on arrivera à des points aussi particuliers, comme
celui que j'ai mentionné à l'article 149. 14.
Ce sont les propos que je voulais faire à ce moment-ci, M. le
Président, pour témoigner, comme d'autres l'ont fait, qu'il est
inexact de prétendre qu'il s'agit d'un unique et même
régime pour l'ensemble du Québec.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je me réjouis de
la création de la corporation et je me réjouis comme
Montréalaise. Je pense que mes concitoyens montréalais
considèrent le service d'ambulanciers comme faisant partie de leur vie
quotidienne. Je crois que la corporation vient, d'une certaine façon,
mettre fin à ce que je considérais comme un problème qui
était celui du tiraillement entre un double employeur. C'était
sans doute une situation qu'il fallait corriger, puisque, d'une certaine
façon, dans la réalité des choses, Urgences-santé
était devenu un employeur et les propriétaires également.
Ce tiraillement était malsain à tous égards.
L'inquiétude que j'ai - je vous le dis simplement - c'est que,
pour moi, c'est comme si ce projet de loi avait à fois le pied sur le
frein et le pied sur l'accélérateur. C'est comme si on
n'était pas sûr de ce qui allait se produire avec le bolide.
Pourquoi le pied sur le frein et le pied sur l'accélérateur? Je
pense que si le ministre y pense comme il faut, ce qu'on se demande, c'est dans
quelle condition une voiture, où le conducteur a à la fois un
pied sur le frein et un pied sur l'accélérateur, va-t-elle
arriver à bon port?
D'une part, mon collègue d'Abitibi-Ouest l'a signalé,
l'article 149. 14 prévoit des conditions de travail des employés
de la corporation, donc seulement des employés ambulanciers de la
région montréalaise, conditions définies par
règlement du conseil d'administration et soumises à
l'approbation. Certains peuvent penser que l'interprétation viendra
d'une application large, qu'une fois le modèle établi par les
conditions de travail des employés de Montréal il sera plus
facile de les étendre à l'ensemble des autres régions du
Québec. Ce sont ceux qui pensent que le projet de loi a le pied sur
l'accélérateur.
Mais je leur rappellerais qu'avec le régime de soumissions
publiques, amené par le ministre dans le service d'équipements
comme tel, qu'est-ce que cela veut dire soumissions publiques? Cela veut dire
le plus bas soumissionnaire. Parce qu'il est évident que c'est une
règle prescrite et obligatoire qu'un pouvoir public qui va en
soumissions publiques doit retenir les services du plus bas soumissionnaire.
Les services du plus bas soumissionnaire, cela veut donc nécessairement
dire qu'on s'attend qu'il y ait des soumissions à la baisse pour retenir
la soumission du plus bas soumissionnaire. Une soumission à la baisse,
cela veut dire gérer une flotte, l'entretenir à la baisse,
puisqu'il faut avoir des prix ou des tarifs moindres que ceux des concurrents.
Cela veut dire avoir le pied sur le "break", avoir le pied sur le frein. Je me
demande comment un bolide comme ce projet de loi, où il y a à la
fois des dispositions qui ont le pied sur l'accélérateur et
d'autres qui ont le pied sur le frein, dans quel état il va finir par
entrer dans le garage?
Je vous rappelle que jusqu'à maintenant, en matière de
transport, il y avait un consensus dans notre société pour
fonctionner à partir de permis. L'émission des permis
était considérée surtout en matière de transport.
Ma foi, c'est un mode de gestion dans notre société qui est
admis, acquis. Je vous réfère aux permis de transport dans le
taxi, les autobus, les bateaux sur le fleuve et à ces permis de
transport aux ambulances. L'émission des permis était ainsi faite
que, lorsqu'un permis était émis, pour qu'il y en ait un autre
demandé par un concurrent, il fallait que ce dernier arrive à
prouver que l'émission de permis n'allait pas interférer à
la baisse sur la qualité des services et sur l'ensemble d'autres
services dispensés à la population. Ce qui fait que, par exemple,
sur la ligne Montréal-Québec, le nouvel arrivé en
matière de transport par autobus n'a jamais pu obtenir de
déplacer Voyageur. Puisque Voyageur évoquait que si elle perdait
sa ligne payante Montréal-Québec, elle allait devoir, en
conséquence, fermer des lignes moins payantes qui desservaient des
petites localités plus éloignées.
Tout cela pour plaider simplement ceci. Dans la mesure où est
écarté ce mode de gestion qu'est le permis pour amener le mode
des soumissions publiques et dans la mesure où il n'y a plus la
garantie, la protection que donnait le permis de pouvoir administrer une
flotte, comme dans le cas du transport d'écoliers où il y a, de
façon triennale, maintenant des subventions qui sont allouées
pour qu'il puisse y avoir une certaine protection à ceux qui
s'équipent, vous comprendrez que l'introduction de la soumission
publique, mettant de côté ce qui, jusqu'à maintenant,
civilisait les relations, va certainement empêcher à tout jamais
la corporation à Montréal de se doter d'une flotte pour
l'exploiter. Comment pensez-vous que la corporation pourrait exploiter une
flotte au moment où des soumissions publiques à la baisse vont
faire que c'est évidemment par en bas que les tarifs vont se
définir. Cela est évident, oublions cela, que la corporation
exploite une flotte un jour ou l'autre.
Comment penser à l'extérieur de Montréal où
les propriétaires... J'ai pris bonne note et je me réjouis que le
ministre, je crois, en réponse aux questions pertinentes du
député de Chambly, ait confirmé qu'il y aurait - je m'en
réjouis, je le répète - un fonds salaire distinct du fonds
d'administration. C'est bien là le propos que le ministre a tenu. Ce
fonds salaire distinct ne pourra, M. le Président, que concerner le
traitement. Le traitement, c'est une partie; les salaires, c'est aussi les
vacances, les assurances, la retraite et, évidemment, bien d'autres
choses. Comment ces propriétaires qui n'ont pius de permis, mais qui
vont être des soumissionnaires, qui vont voir leurs services retenus
parce qu'ils ont la soumission publique la plus basse... Comment penser que
l'entretien des véhicules va pouvoir se faire avec un traitement, un
tarif qui soit à l'avantage des employés?
Je vous laisse là-dessus. C'étaient simplement quelques
remarques, M. le Président, à ce stade-ci pour vous indiquer que,
tout autant on peut se réjouir de la corporation, tout autant on peut
s'en inquiéter. Je ne pense pas que ce soient des contradictions, je
pense que c'est pire que cela, parce que ce sont essentiellement des
oppositions qu'on retrouve dans ce projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly.
M. Latulippe: Oui. J'aimerais répondre à Mme la
députée de Maisonneuve sur la question du pied sur
l'accélérateur et du pied sur le frein. Elle louangeait le fait
que l'article 149. 1 créait la Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain parce que, avant cela,
les employés étaient tiraillés entre deux situations
à savoir que, d'une part, ils demeuraient les employés des
propriétaires et, d'autre part, ils voyaient leurs conditions de travail
établies d'une autre façon. Je comprends que Mme la
députée de Maisonneuve, en se félicitant de l'application
et de la création de la corporation, présuppose que les
employés seront transférés à la Corporation
d'urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain. Pour se féliciter de cela, elle doit
automatiquement se dire que les employés seront
transférés. Or, si, effectivement, elle a lu - je suis convaincu
qu'elle l'a fait parce qu'elle le fait toujours - l'article 22 et les autres
articles de la loi, elle va se rendre compte que ce n'est pas automatique et
qu'effectivement ce n'est pas une nécessité de transférer
les employés à la corporation d'urgences-santé. Si,
effectivement, les employés étaient transférés
à la corporation d'urgences-santé, de cette façon, cela
briserait l'entreprise elle-même qui comprend à la fois sa
main-d'oeuvre, l'équipement, les concepts de gestion, cela briserait
l'intégrité de l'entreprise. Alors, il n'est pas
nécessairement souhaitable que les entreprises, telles qu'elles sont
actuellement, voient leur intégrité brisée par le
transfert de ces employés à la nouvelle corporation. (23 h
30)
La nouvelle corporation peut, de différentes façons,
assumer la qualité du service. La qualité du service, ce n'est
pas seulement une affaire de relations du travail. C'est une affaire
d'équipement, c'est une affaire de travail dans le champ. Ce n'est pas
une question de conditions de travail, il faut faire une distinction entre la
qualité des services et les conditions de travail
négociées dans une convention collective. Ce n'est pas la
même chose. Il ne faudrait pas confondre cela. On a tendance souvent
à confondre cela, ce qui risque de devenir un débat très
démagogique lorsque l'on confond la négociation des
négociations de travail et la qualité des services. Mais, moi, je
pourrais peut-être dans ce cadre-ci, dans le but d'avoir plus de
clarification pour Mme la députée de Maison-neuve, poser la
question suivante à M. le ministre: M. le ministre, l'article 149. 1
crée la corporation d'urgences-santé; est-ce dans votre intention
de transférer les employés à la corporation
d'urgences-santé?
M. Dutil: Je pense que la clause 22 est claire sur cela. On va en
discuter au moment de la clause 22. C'est pour cela que j'hésite
toujours à répondre, M. le Président, quand une question
m'est posée alors qu'on est à l'étude article par article
sur un autre sujet. Mais, grosso modo, à l'article 22 il est dit qu'il
doit y avoir entente entre le propriétaire et la nouvelle corporation ou
par décision du gouvernement. C'est l'un ou l'autre, ce n'est pas
automatique, pour confirmer ce que disait le député de
Chambly.
M. Latulippe: Pour vous, en créant la corporation, pour
plus de clarification, dans votre esprit, quand vous prenez la décision
de déposer un projet de loi créant la corporation, est-ce l'un de
vos objectifs sous-jacents à la création de cette corporation d'y
transférer les employés?
M. Dutil: M. le Président, à l'article 22 on va
voir à discuter l'ensemble de cette problématique. Moi, je me
dis, M. le Président, que si l'on continue de se promener d'un article
à l'autre, sur le plan des concepts, on n'en sortira jamais. On va y
arriver à l'article 22. S'il faut prendre une heure sur l'article 22
pour donner les intentions, les modifications et les amendements, etc., on va
le faire. Il n'y a pas de problème. Ce que je comprends jusqu'à
maintenant, c'est que tous les Intervenants sont parfaitement d'accord avec
l'article 149. 1.
M. Latulippe: Je veux seulement préciser que vous n'avez
pas d'objectif. Pour vous, en créant la corporation, ce n'est pas
l'objectif de la création de la corporation. En d'autres termes, est-ce
que cet objectif que vous réalisez par
l'article 149. 1, c'est de transférer les employés?
M. Dutil: Je pense honnêtement et sincèrement que,
pour l'amélioration de la qualité des services à
Montréal et un meilleur climat de travail, il serait souhaitable que les
employés relèvent du même employeur.
M. Latulippe: Donc, si je comprends bien, votre objectif est de
transférer les employés à la corporation.
M. Dutil: Si l'on pensait que ce n'était pas une bonne
solution, on ne le mettrait pas dans la loi.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, il y
aurait Mme la députée de Marie-Victorin auparavant.
Mme Harel: Je pensais que j'allais terminer mon intervention.
Le Président (M. Bélanger): Ah! sur le même
sujet, si vous permettez, Mme la députée de Marie-Victorin. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Donc, je remercie le député de Chambly
parce que ces éclaircissements permettent finalement de confirmer que
mon hypothèse était la bonne, à la lecture des
dispositions du projet de loi. C'est donc un transfert d'employés qui se
fait des propriétaires à la nouvelle corporation.
M. Dutil: À l'article 22, de toute évidence, c'est
ce qui est prévu.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Effectivement, on peut
être contre la vertu. La corporation d'urgences-santé, je pense,
elle répond à un voeu de la majorité des gens qui sont
à Montréal et à la problématique du transport
ambulancier, par rapport à ce qu'on a vécu antérieurement
dans ce domaine. Par contre, il y a plein de trous, d'ambiguïtés et
de contradictions dans cette loi. Moi, je trouve que c'est un projet de loi
prématuré parce qu'il y a absence de politique et il y a plein de
choses qui nous restent sans réponse. Le ministre est très
évasif à certaines questions qu'on lui pose. Je crois qu'il
aurait eu avantage a prendre un peu plus de temps pour ce qui concerne la
formation d'un système uniforme. Il essaie de nous faire croire que,
dorénavant, dans les différentes régions s'appliqueront
les mêmes normes de travail et les mêmes obligations, alors qu'on
sait fort bien que, les distances n'étant pas les mêmes, il sera
très difficile d'établir un modèle unique et qu'il y aura
toujours deux formes de salariés. À moins que les intentions du
ministre ne soient plus ou moins d'étatiser le système
ambulancier dans l'ensemble du Québec. Il nous semble que ce ne soit pas
son objectif. Il essaie de nous dire, depuis le début, que ce n'est pas
là un de ses objectifs. Mais, à notre avis, la seule façon
d'unifier le système, c'est de faire que dans l'ensemble de la province
de Québec tout le monde soit pareil, tout le monde soit régi de
la même façon, comme la corporation des gens qui seront à
Urgences-santé.
Nous savons pertinemment que c'est impensable, une telle façon de
faire, sauf que, dans ce projet de loi, il y a plein d'articles qui nous
laissent sous-entendre... C'est vague, c'est imprécis. On ne sait pas
vraiment qui aura juridiction. On ne sait vraiment qui devra faire les frais de
cela. On parle de 825 heures. En fin de compte, on dit que ce sera à
négocier mais, encore là, est-ce qu'il a vraiment de l'argent, le
ministre, pour pouvoir favoriser les employeurs? On ne le sait pas non plus,
les 40 000 000 $ que cela représente, cette formation-là. Est-ce
que le président du Conseil du trésor est prêt à lui
donner ces sommes d'argent? Cela reste entier. Est-ce qu'il va se
dégager d'un problème en le donnant aux employeurs,
c'est-à-dire les propriétaires des ambulances, en leur disant:
Nous, on a un problème. On vous transmet le problème, parce que
j'ai oublié ou, en tout cas, je ne me suis pas... Le président du
Conseil du trésor, en tout cas, il trouve mon projet de loi bien beau;
par contre, il n'est pas prêt à dégager les sommes d'argent
nécessaires pour qu'on puisse l'assumer en tant que gouvernement. Donc,
on refile la facture au propriétaire.
Cela fait partie de nos préoccupations et cela fait partie de la
problématique, à l'heure actuelle, que nous discutons. Il reste
également la formation du conseil d'administration où, encore
là, la formation, c'est quelque chose qui semble inacceptable pour bien
des gens parce que, d'une part, il se crée un certain monopole syndical
représenté par trop de membres du point de vue syndical. À
ce moment-là, il manque des éléments. Les
infirmières, on ne sait plus du tout ce qu'il adviendra des
infirmières. Est-ce que ce sera la liste
présélectionnée? Est-ce que ce seront seulement ces
infirmières qui seront réembauchées? Qu'adviendra-t-il des
autres? Qu'est-ce qu'on fera du triage où il a été
prouvé hors de tout doute que le triage est très important? Il
est même nécessaire. Surtout qu'aux heures de pointe, lorsqu'il
n'y a pas de triage, il y a un manque d'ambulances à des points
stratégiques. Cela a été prouvé; les gens sont
venus nous le dire.
Donc, il y a plein de trous et des vices cachés qui font que
ce... Effectivement, si on est pour la corporation d'urgences-santé, sa
création, il reste qu'il y a plein de manques encore. Il y a plein de
questions qui nous restent sans réponse. Il y a plein de choses. Les
permis d'exploitation peuvent être révoqués au jour de la
prise d'effet des contrats, que le titulaire de ces permis soit
partie ou non d'un de ces contrats.
Il n'y a même pas de garantie pour les propriétaires. Les
propriétaires ne savent même pas ce qu'il deviendra de leurs
services. Ce qui est encore moins acceptable, c'est qu'il n'y a même pas
d'indemnisation prévue. Si on veut vraiment étatiser, qu'on le
dise! Qu'on n'ait pas peur des mots et qu'on le fasse d'une façon
très ouverte, qu'on indemnise ces gens et qu'on le leur dise
clairement!
Tout le projet de loi nous laisse sous-entendre que c'est une question
de temps. À l'usure, ils pourront avoir les propriétaires et
à l'usure il pourront gruger petit à petit dans
différentes flottes. Ils pourraient se monter une flotte personnelle.
Finalement, les propriétaires d'ambulances se retrouveront
vis-à-vis de pas grand-chose et ils se verront imposer des normes qui ne
seront plus de leur gestion ni de leur juridiction, mais ils devront en faire
et subir les frais.
Je ne suis pas plus en faveur des propriétaires que des
syndicats, du personnel ou des personnes. Je pense qu'il y a une question
d'équité. Il y a des règles d'équité qui
doivent être observées dans une société; je pense
que c'est fondamental. Passer à côté de ces règles
d'équité, je ne vois pas pourquoi ce serait uniquement pour des
catégories de personnes. Quand on parle d'équité, il faut
que cela s'adresse à l'ensemble d'une population. C'est finalement cela,
gouverner pour l'ensemble de la population, avec les différentes
factions qui sont représentées dans une société.
À notre avis, il faut en tenir compte.
Là-dessus, II y a des endroits où on n'en tient pas compte
du tout. On apporte des grands changements majeurs qui pourraient avoir des
conséquences dramatiques, à long terme, pour l'ensemble des
propriétaires. On ne voit absolument rien qui nous laisse entendre ou
présager, en tout cas, que le préjudice causé pourrait
être réparé. Il n'y a rien dans le projet de loi qui laisse
sous-entendre cela, en tout cas. Rien ne nous laisse entendre non plus, au
sujet de la composition du conseil d'administration, qu'il y aura la plus
grande représentation des différents intervenants; ce qui nous
permettrait de croire que le conseil d'administration pourrait jouer pleinement
son rôle.
Déjà, il y a un accroc fondamental. On parle d'un p. -d.
g, ce qui n'avait jamais été vu finalement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, les remarques préliminaires sur
le projet de loi ont déjà été faites.
Mme Vermette: Non, c'est pour la corporation...
Le Président (M. Bélanger): Je veux bien qu'on soit
un petit peu large, mais je ne voudrais pas qu'on s'étende
indéfiniment. On discute l'article 149. 1 et j'aimerais que vous vous en
teniez à cet article, puisque nous en sommes à l'étape de
l'étude article par article. Si on remet en question le projet de loi au
complet, cela relève des remarques préliminaires. Je voudrais
qu'on essaie de s'en tenir à ce qui est prévu à l'article
149. 1, s'il vous plaît.
Mme Vermette: En fait, comme c'est une corporation à but
non lucratif, évidemment, elle aura à s'organiser, à se
structurer. Finalement, comme nous le disions, nous sommes d'accord sur le
principe de la corporation d'urgences-santé, mais pour ce qui concerne
d'autres points de vue il reste plein de choses qui sont sans réponse,
qui sont en suspens et dont il y aurait avantage qu'on puisse retrouver d'une
façon plus claire et non équivoque des articles qui correspondent
aux vrais besoins. Alors, oui, nous sommes d'accord sur le principe de la
corporation, mais avec certaines restrictions ou, en tout cas, avec certaines
interrogations qui restent en suspens.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'ai eu l'occasion
d'exprimer ma déception touchant le projet de loi et le fait que le
ministre n'ait pas choisi de régler le problème qui semblait
être le plus criant au Québec, c'est-à-dire le
problème des régions. Je ne m'étendrai pas longuement
là-dessus. Je voudrais juste poursuivre dans le sens que le
député de Chambly l'a fait tout à l'heure et poser un
certain nombre de questions.
Le ministre nous dit: L'objectif du projet de loi est d'assurer une
meilleure formation et, en particulier, pour les techniciens ambulanciers dans
les régions. Je voudrais savoir du ministre - je sais qu'il y a une
provision là-dessus dans le projet de loi - à compter de quand
cette formation devra être dispensée dans les régions?
Le Président (M. Bélanger): Vous avez
terminé?
Mme Blackburn: C'est une question.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, en
réponse à la question de Mme la députée de
Chicoutimi, qui demande à compter de quand doit s'appliquer la mise en
place de la corporation.
Mme Blackburn: La formation destinée aux techniciens.
Parce que le ministre nous a donné une série d'objectifs qu'il
s'est donnés touchant, premièrement, la qualité des
services, la diminution du temps d'attente à la suite d'appels, la
formation et les conditions de travail. Ce sont des objectifs. Dans les
réglons, ces différents objectifs s'appliqueront à compter
de quand? Est-ce que le ministre a les budgets pour le faire?
M. Dutil: L'implantation de l'ensemble de
ces mesures peut varier de maintenant à trois ans pour la plupart
des mesures, sauf pour la formation qui prendra, à notre point de vue,
plus longtemps un peu, c'est-à-dire de cinq à sept ans, puisque
nous estimons difficilement réalisable, pour des gens qui travaillent
déjà, d'augmenter leur formation à une vitesse plus rapide
que 100 heures par année.
Mme Blackburn: Les conditions de travail des techniciens en
région vont être négociées à une table
centrale, c'est bien ce que j'ai entendu tantôt?
M. Dutil: Oui.
(23 h 45)
Mme Blackburn: "Coast to coast". Les petits propriétaires
d'ambulances qui ont deux ambulances pourront-ils être la fois locateurs
de tôle, si vous me passez l'expression, et considérés
comme étant des employés au sens des conventions collectives?
M. Dutil: Évidemment, les petits propriétaires,
comme on le sait, sont souvent des techniciens ambulanciers
eux-mêmes...
Mme Blackburn: Oui.
M. Dutil:... et parfois des membres de leur famille sont des
techniciens ambulanciers eux aussi. Évidemment, ils vont profiter des
mêmes conditions de travail que s'ils n'étaient pas
propriétaires.
Mme Blackburn: Donc, ils pourront être engagés
à la fois à titre de locateurs de véhicules ambulanciers
et, en même temps, à titre d'employés de l'État.
M. Dutil: Non, M. le Président, le régime en
province, c'est que les propriétaires sont propriétaires de leurs
ambulances et sont employeurs de leurs employés.
Mme Blackburn: Oui, mais le propriétaire d'ambulances qui,
lui, sera un technicien ambulancier sera donc à deux titres: il va
négocier...
M. Dutil: II est employé de sa corporation de la
même façon que, vous et moi, madame, sommes employés du
gouvernement...
Mme Blackburn: Pardon?
M. Dutil:... de l'État québécois.
Mme Blackburn: II sera employé syndiqué...
M. Dutil:... par sa corporation. S'il désire être
syndiqué, il l'est, s'il désire ne pas l'être, il ne l'est
pas. Il y a des corporations qui ne sont pas syndiquées,
évidemment, et d'autres le sont.
Mme Blackburn: Donc, ce que vous nous dites, c'est que ce seront
des conditions arrêtées par décret.
M. Dutil: Par négociation.
Mme Blackburn: Par négociation. Alors, si c'est par
négociation, on peut présumer que tous les techniciens seront
syndiqués ou couverts par une négociation.
M. Dutil: Pas du tout. Je ne vois pas la relation, M. le
Président, qu'il y a entre le fait qu'il y ait des conditions de travail
qui soient convenues à une table centrale et le fait que les gens
décident ou non d'être représentés par un
syndicat.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il ne risque pas d'y avoir deux types de
fonctionnaires? C'est-à-dire les fonctionnaires qui vont être
repris et embauchés par la nouvelle corporation dans la grande
région de Montréal et ceux des régions de Québec.
Est-il juste qu'il y aura des fonctionnaires au sens où on l'entend
généralement dans la région de Montréal et qu'on va
retrouver dans le reste du Québec davantage des privés?
M. Dutil: Dans la région de Montréal, les gens
seront éventuellement, le cas échéant, employés
d'une corporation à but non lucratif. C'est exactement la même
chose qui se produit dans onze cas dans la province, puisqu'il existe onze
corporations à but non lucratif dans le transport ambulancier, qui ont
des employés et qui gèrent des services ambulanciers. Ils seront
sous le même régime - et non pas des fonctionnaires - que ces
corporations à but non lucratif qui existent déjà.
Mme Blackburn: Et les corporations à but non lucratif,
est-ce que ce sont ces corporations qui vont prendre en charge le service
ambulancier dans les régions? Ce sont les CRSSS.
M. Dutil: Actuellement, non, non, ce ne sont pas les CRSSS, M. le
Président. J'ai déjà donné l'exemple de ma
région où c'est une corporation pour la plus grande partie du
territoire, une corporation à but non lucratif qui existe d'ailleurs
depuis une dizaine d'années, qui est en activité et qui a
à son conseil d'administration des représentants de centres
hospitaliers, de municipalités parce que les municipalités
participent financièrement à cette corporation depuis dix ou
douze ans maintenant. C'est une formule qui a sa valeur. Je ne conteste pas la
valeur des autres formules, je dis que c'est le choix de notre région,
à ce moment-là, de l'avoir fait de cette façon-là.
Alors, c'est cela. On ne discute pas du choix et du modèle que la
région a pris. Ce que l'on dit, c'est: Le modèle, vous le
choisissez. Nous disons qu'on va s'assurer que
vous puissiez avoir des conditions de travail à
l'intérieur de cette organisation, afin que vous ne perdiez plus vos
meilleurs techniciens ambulanciers au profit des grands centres urbains.
Mme Blackburn: Vous dites qu'il y a actuellement onze
corporations sans but lucratif qui gèrent les services ambulanciers dans
différentes régions du Québec. Est-ce que ces corporations
seront maintenues?
M. Dutil: Bien sûr.
Mme Blackburn: Par le biais de ces corporations, est-ce qu'on
peut à la fois être propriétaire et technicien ambulancier
et négocier les deux conditions?
M. Dutil: Évidemment pas, M. le Président, ce sont
des organismes à but non lucratif. Donc, par définition, sans
propriétaire. Ce n'est pas une entreprise privée.
Mme Blackburn: Est-ce que les employés de cette
corporation seront considérés un peu comme des employés de
la corporation dans Montréal?
M. Dutil: Ils sont des employés de cette corporation
à but non lucratif.
Mme Blackburn:... de cette corporation à but non
lucratif.
M. Dutil: Voilà.
Mme Blackburn: Donc, l'employé, propriétaire
d'ambulances, pourra exister. Il sera employé de la corporation et il va
louer des ambulances à la corporation.
M. Dutil: Cela existe, M. le Président. Cela existe
déjà; ce n'est rien de nouveau, des propriétaires qui sont
employés de leur propre corporation. Cela existe dans le monde entier
et, entre autres, dans le domaine des ambulances au Québec.
Le Président (M. Cusano: ) Y a-t-il d'autres questions,
madame?
Mme Blackburn: Le ministre nous a dit ici, à cette
commission, vendredi si je ne m'abuse, que les raisons pour lesquelles il avait
choisi de commencer par la région de Montréal, c'est que les
pressions y étaient plus grandes. Il s'était choisi un
représentant costaud, capable d'ébranler le gouvernement plus que
ce qu'on a réussi à faire dans nos régions.
M. Dutil: Nous avons choisi de faire une réforme qui
touche l'ensemble de la province de Québec et qui rehausse la
qualité des services surtout en dehors de Montréal, même si
le problème de relations du travail était présent avec
plus d'acuité sur le territoire de Montréal. Alors, c'est
exactement le contraire, ce que nous faisons, et c'est exactement le contraire
de ce que la députée de Chicoutimi vient de dire. Malgré
le fait que les difficultés sur le plan des relations du travail ne
soient moins grandes dans les régions, la réforme bonifie
beaucoup plus, par rapport à la qualité des services, les
régions que Montréal qui avait déjà une
qualité des services excellente.
Mme Blackburn: Alors, les mesures destinées à
améliorer les services de transport ambulancier dans la région de
Montréal entrent en application quand?
M. Dutil: Alors, avec l'entrée en vigueur de la loi la
corporation est formée et met donc en vigueur, entre autres, l'article
22 où il y a négociation entre les propriétaires et la
corporation pour le cas échéant qui est le transfert des
employés.
Mme Blackburn: Très bien. Donc, le ministre
reconnaît que les dispositions touchant l'organisation du service
ambulancier à Montréal entrent en application dès
l'adoption de la loi et que, dans les régions, cela peut prendre
jusqu'à sept ans lorsqu'il s'agit de formation.
M. Dutil: M. le Président, à Montréal, le
rehaussement de la formation va prendre probablement entre cinq et sept ans,
peut-être un peu moins pour une raison que vous allez comprendre
facilement; ils ont déjà une moyenne de formation
supérieure du double à celle de la province, c'est-à-dire
ils ont la formation à Montréal que l'ancien régime
gouvernemental avait établie qui était plus prononcée
qu'en région. Il y avait déjà à ce moment une
différence. Évidemment, puisque nous partons avec une
différence qui existait dans le passé, il est possible qu'en fin
de compte, cela prenne un peu plus de temps en région.
Mme Blackburn: Donc, le ministre reconnaît que les
supposées priorités qu'il donne aux régions, c'est une
illusion.
M. Dutil: Non, pas du tout.
Mme Blackburn: Par le biais on est en train d'essayer de dire: On
règle aussi les régions. Étant donné qu'il y a
déjà onze corporations et que les CRSSS ont tous des plans de
développement des services ambulanciers dans les régions,
qu'est-ce qui aurait empêché le ministre de procéder
dès maintenant dans les régions?
M. Dutil: Si je comprends bien, ce que la députée
de Chicoutimi me dit, c'est qu'on devrait établir des corporations
à but non lucratif sur
l'ensemble du territoire du Québec et, donc, enlever les permis
des propriétaires privés et remettre l'organisation des services
ambulanciers à des corporations à but non lucratif. Est-ce bien
ce que je comprends?
Mme Blackburn: Je n'ai pas dit cela. J'ai dit: Vous m'avez dit
qu'il y avait onze corporations au Québec et qu'elles seraient
maintenues. D'accord?
M. Dutil: Oui, évidemment.
Mme Blackburn: Alors, que ces corporations seraient maintenues,
par ailleurs, le service pourrait être géré soit par un
hôpital, soit par un CRSSS d'après la loi. Simplement...
M. Dutil: Mais il y a confusion, quand on parle d'un
établissement plutôt que d'un hôpital parce que, dans un
amendement, on change "centre hospitalier" pour "établissement". On
parle de la coordination des appels, on ne parle pas de la dispensation du
service d'ambulances. Moi, quand je dis qu'il y a des corporations à but
non lucratif qui font du travail actuellement, ce sont celles qui font du
service ambulancier et non pas de la coordination d'appels. M. le
Président, il n'y a pas de coordination d'appels comme telle. Il y en a
dans certaines régions parce que, de l'initiative de certains
propriétaires, ils se sont regroupés en se rendant compte qu'il y
avait tout intérêt pour le service à la population d'avoir
un minimum de perméabilité de leur zone. Cela existe donc
à certains endroits. Mais ce n'est pas systématisé comme
nous nous proposons de le faire pour un mieux-être de la population du
Québec.
Mme Blackburn: Alors, pourquoi le ministre ne choisit-il pas de
porter ces mesures plus rapidement dans les régions où,
précisément, il reconnaît qu'il y a un problème? Il
le reconnaît ce soir, comme il a reconnu qu'il y avait des
problèmes de qualité des services offerts, de formation et un peu
du contrôle de la coordination. Or, il choisit d'amorcer sa
réforme dans la région de Montréal. Pourquoi ne pouvait-il
pas simultanément mettre en place des mécanismes pour la
réaliser dans des délais raisonnables? Le ministre est un homme
d'une région, je le rappelle avec plaisir, une région qui
ressemble à la mienne, la Beauce. Je suis du Saguenay. C'est dynamique
également, sauf que...
M. Dutil: Sauf que? Vous alliez parler de ma région.
Mme Blackburn: Sauf que j'aurais cru qu'un homme d'une
région aurait eu ce souci. C'est ce que je maintiens. Je ne comprends
pas, premièrement, que les régions soient traitées en
enfants pauvres, encore une fois, et par quelqu'un qui vient d'une
région.
M. Dutil: Alors...
Mme Blackburn: M. le Président, si on réussit un
peu à solutionner le problème dans la grande région de
Montréal, tant mieux! Sauf que cela ne règle en rien le
problème des régions et c'est là que c'est le plus
criant.
M. Dutil: Alors, M. le Président, je suis heureux de voir
enfin quelqu'un de l'Opposition qui nous dit qu'on ne va pas assez vite. Ce que
j'entends depuis le début, c'est qu'on va trop vite. On fait un projet
de loi qui est trop pressé, cela avance trop vite, cela n'a pas de bon
sens et il faut mettre les pieds sur le frein parce que... Enfin quelqu'un de
l'Opposition se rend compte qu'il y a des problèmes dans les
régions et qu'il faut accélérer! Alors, quand je dis trois
ans, M. le Président, c'est un maximum et, croyez-moi, si j'avais les
mains plus libres pour avancer plus vite - je parle de l'Opposition à ce
moment-là - cela irait pas mal plus vite que cela.
Mme Blackburn: Les modifications apportées au service
ambulancier dans la région de Montréal, à combien
estime-t-on les coûts des modifications qui vont y être
apportées?
M. Dutil: L'argent investi, M. le Président,
substantiellement, je ne vais pas révéler de chiffres parce qu'on
est en train de discuter et qu'on est en négociations, mais la plus
grande partie va évidemment en région. Ce qui va à
Montréal plus particulièrement, c'est dans le domaine de la
formation qui, elle, doit monter à Montréal comme ailleurs parce
qu'elle n'est pas suffisante, à notre point de vue.
Mme Blackburn: On estime à combien ce qui va aller en
région et à compter de quand?
M. Dutil: M. le Président, dès que nous aurons fini
de négocier, nous nous ferons un plaisir de donner le calcul total du
montant qui sera injecté en région et de l'annoncer non seulement
à l'Opposition, mais à l'ensemble de la population du
Québec. Soyez assuré de cela.
Mme Blackburn: Qu'est-ce qui se négocie actuellement avec
les régions?
M. Dutil: Entre autres, les conditions de travail, de quelle
façon... Je ne parle pas que des régions, je parle de la table
des négociations.
Mme Blackburn: Non, non. Oui, mais on parle des régions.
Vous dites: Là, ce qu'on va investir et le plus rapidement, c'est dans
les régions. Vous pariez de négociations et vous dites: Quand on
aura négocié, cela me fera plaisir de communiquer les chiffres
à la députée de Chicoutimi. Mais je demande: Actuellement,
sur quelle base et qu'est-ce qui se négocie qui
viendrait favoriser ou améliorer les conditions de travail et la
qualité des services ambulanciers en région?
M. Dutil: M. le Président, la vitesse d'augmentation de la
formation est un facteur important. Plus nous irons vite dans la formation...
Il y a une limite parce qu'il y a une capacité d'acceptation de prendre
des heures de formation qui est malheureusement limitée,
premièrement. Deuxièmement, la stabilisation de l'emploi avec le
système contrat-budget est effectivement fort importante pour les
régions et représente des sommes importantes qui, lorsqu'elles
seront convenues, seront mentionnées. Et, bien sûr, II y a la
coordination des appels, où nous envisageons d'avoir deux projets
pilotes immédiatement, de façon à vérifier
certaines hypothèses et à voir de quelle façon on peut
l'étendre par la suite le plus rapidement possible à l'ensemble
du territoire québécois. Si la population savait le retard qu'on
risque d'avoir parce qu'on a de la difficulté avec ce projet de loi
actuellement, elle serait bien scandalisée de ce qui se déroule
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Cusano): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Les deux mesures touchant les conditions de
travail et la formation sont applicables à compter de quand dans les
régions? 1989, 1990?
M. Dutil: Est-ce qu'il va falloir que je le dise dans une autre
langue, M. le Président, pour être compris? À partir de
tout de suite et le plus rapidement possible à compter de
maintenant.
Le Président (M. Cusano): Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, peut-être seulement en terminant. Il ne
faudrait quand même pas s'énerver avec les dernières
interventions du ministre, quand il nous parle de ce qui se passe à
l'Assemblée nationale et qu'il va falloir qu'il parle, je ne sais pas,
avec un extraterrestre. Ce n'est pas cela qu'on lui demande. On lui demande
qu'il reste là et qu'il se contente de répondre aux questions. Je
ferais remarquer au ministre que, même si cela lui déplaît
énormément, tout ce qui se fait ici est dans le cadre du
règlement de l'Assemblée nationale, cela n'a pas
été contesté, on est même en deçà de
ce que le règlement pourrait nous permettre, à la limite, de
faire. Alors, c'est tout simplement normal comme démarche. Le ministre
doit se plier, selon la loi de l'Assemblée nationale, à cette
démarche et il n'a pas à faire quelque pression et quelque
chantage que ce sort sur le comportement de l'Opposition. Nous ne l'accepterons
pas. Ses deux dernières interventions avaient des nuances et des
connotations un peu bizarres quant au travail des parlementaires. Cela nous
revient de questionner son projet de loi. Nous allons le faire et cela ne veut
pas dire que nous sommes négatifs ou que nous ne voulons rien savoir.
Nous voulons exactement tout savoir. C'est cela notre problème.
M. Dutil: 149. 1 adopté.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
la commission...
M. Dutil: Adoptez 149. 1, avant de terminer.
Le Président (M. Bélanger): II est adopté.
Alors, l'article 149. 1 est adopté. Compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux jusqu'à demain, c'est-à-dire sine
die puisque, demain, on devra attendre l'ordre de la Chambre. Je vous
remercie.
(Fin de la séance à 0 h 1 )