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(Quinze heures treize minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Juste pour prévenir que le porte-parole de
l'Opposition officielle, qui est aussi le chef de l'Opposition, est pris en
Chambre actuellement pour encore une bonne demi-heure. Alors, on va suspendre,
c'est-à-dire qu'on ne va pas suspendre puisqu'on n'a pas commencé
les travaux, mais on va reprendre nos travaux à trois heures moins le
quart, si vous le permettez.
Alors, vous pouvez aller en Chambre, ceux que cela intéresse, nos
visiteurs entre autres. Vous pouvez, avec le service de sécurité,
demander et aller voir les travaux en Chambre ou - il y a des restaurants en
bas - aller prendre un café, mais je vous demanderais d'être dans
la salle à trois heures moins vingt minutes, à quatre heures
moins vingt minutes, excusez-moi, à 15 h 40, pour ne pas qu'on prenne de
retard. On s'excuse du délai, je pense que le chef de l'Opposition, M.
Chevrette, ne pouvait faire autrement. Il a des fonctions de chef aussi, alors
on doit en tenir compte. On s'excuse et on reprendra dans quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 14)
(Reprise à 16 h 15)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Bonjour! La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à des consultations particulières dans le cadre
du projet de loi 34, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et
les services sociaux et d'autres dispositions législatives.
Or, nous avons quorum. Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): II y a des
remplacements. Si vous voulez nous les donner, s'il vous plaît!
La Secrétaire: Oui. M. Blais (Terrebonne) sera
remplacé par M. Filion (Taillon) et Mme Harel (Maisonneuve) par M. Garon
(Lévis).
Le Président (M. Bélanger): Bien, M. le
député de Taillon et M. le député de Lévis
se joindront à nous dans quelques minutes, je présume.
Les répartitions du temps seront les formules standards, il n'y a
pas de problème. Il y aura environ 30 minutes pour les remarques
préliminaires ainsi réparties, soit 15 minutes pour le ministre
et 15 minutes pour le porte-parole de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, avant que vous...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: ...ne donniez la parole au ministre pour faire
dès remarques préliminaires, je voudrais parler de la liste des
intervenants immédiatement...
Le Président (M. Bélanger): Bien sûr.
M. Chevrette: ...parce qu'on a eu des changements aux trois
minutes depuis hier, ce qui m'apparaît un peu aberrant. Je voudrais
savoir quelle est la dernière liste officielle qu'on a devant nous.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, est-ce que vous avez la liste?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, je vais faire la liste des auditions. À 15 h 30, nous
recevrons, ou dans la prochaine heure, le Regroupement des propriétaires
d'ambulances de Montréal; à 20 heures, M. Pierre Lamarche;
à 21 heures, l'Association des cadres intermédiaires des affaires
sociales. Demain, à 11 heures, ce sont les médecins
d'Urgences-santé; à midi, la Confédération des
syndicats nationaux, la CSN; à 16 heures, la Corporation des services
d'ambulances du Québec; à 17 heures, l'Union des employés
de service, le local 298 de la FTQ; à 20 heures, la
Fédération des infirmières et infirmiers du Québec;
à 21 heures, le Regroupement des propriétaires d'ambulances de la
région Laurentides-Lanaudière et, à 22 heures, la
Fédération des médecins omniprati-ciens du
Québec.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais savoir si le CRSSS de
Montréal a refusé? Est-ce qu'il a donné des motifs
puisqu'il est directement redevable au ministre tuteur en ce qui regarde
l'application de la loi d'Urgences-santé? Est-ce qu'on pourrait
m'expliquer comment il se fait qu'un organisme redevable directement au
ministre tuteur lui-même puisse refuser une invitation, alors qu'il est
responsable actuellement de l'application de la loi d'Urgences-santé
à Montréal?
M. Dutil: M. le Président, le CRSSS de Montréal ne
m'a pas donné les motifs de son
refus. Il a signifié qu'il n'avait pas l'intention de se
présenter ici tout simplement.
M. Chevrette: Est-ce que les autorités
d'Urgences-santé, sur le plan administratif, les cadres
supérieurs, tels le d. g. actuel et les directeurs adjoints, ont
donné les motifs de leur refus?
M. Dutil: Non.
Motion proposant d'entendre le Conseil
régional de la santé et des
services
sociaux du Montréal métropolitain
et
son directeur général, ainsi que
le
directeur d'Urgences-santé et le
directeur médical
d'Urgences-santé
M. Chevrette: Or, dans les circonstances, M. le Président,
je voudrais faire la motion suivante: Considérant que la loi sur tes
services ambulanciers à Montréal est de la juridiction du CRSSS
de Montréal, de son d. g. et du d. g. d'Urgences-santé. tant et
aussi longtemps que la loi actuelle ne sera pas votée, je fais donc
motion pour que les deux individus, c'est-à-dire le directeur
général du CRSSS ou son président qui a la
responsabilité, soient formellement avises qu'on aimerait les entendre
et que le directeur général actuel d'Urgences-santé, M.
Lefebvre, et peut-être le Dr Samson soient également
invités à se présenter ici parce qu'on a des questions en
fonction de la bonification du projet de loi. Cela m'apparaît tout
à fait aberrant qu'une commission parlementaire chargée
d'étudier un projet de loi aussi important puisse se passer des services
des individus qui ont à faire appliquer la présente loi. Cela
m'apparaît tout à fait inconcevable que le ministre n'use pas de
son autorité de ministre tuteur pour aviser. Donc, je fais la motion et
j'argumenterai plus à fond ensuite.
Le Président (M. Bélanger): Je veux juste
intervenir sur la recevabilité de votre motion, M. le
député de Joliette. À l'article 170, on dit: "Toute
commission peut aussi, par invitation spéciale, solliciter l'opinion de
personnes ou d'organismes qui ont une connaissance ou une expérience
particulière du domaine qu'elle examine. " Dans les circonstances, je ne
sais pas si on peut obliger un organisme à venir après son
refus.
M. Chevrette: M. le Président, je vous ferai remarquer que
je n'ai pas parlé d'organismes. Le ministre a la responsabilité
de l'application de la loi. Je pense qu'il ne niera pas cela. Je suis convaincu
qu'il n'y a peut-être même pas pensé avant que je
présente la motion, mais est-ce concevable qu'on s'apprête
à étudier une loi et que te d. g. de la corporation qu'est
Urgences-santé, qui relève du CRSSS, sous la tutelle du ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux,
refuse de venir ici? Je peux comprendre cela de la CUM. de la Communauté
urbaine de Montréal, qui dit: Cela ne m'intéresse pas dy aller Je
pourrais comprendre cela, M le Président, également, en terme
d'argumentation sur la question de règlement. Je pourrais comprendre
également qu'un groupe de propriétaires ambulanciers dise: Bien,
moi, je m'en fous de votre loi, je suis sur la Côte-Nord et je ne veux
rien savoir. Mais c'est inconcevable que les d. g. des structures actuelles ne
puissent s'exprimer sur la valeur de la structure actuelle, des
modalités à y apporter, des jugements à apporter, et
même les CRSSS, entre vous et moi, la Conférence des CRSSS, je ne
sais pas si elle est ici, mais son rôle fondamental et premier, et je
vais dire ce que je pense à cette commission - je n'ai pas l'intention
de cacher les mots - est d'être ici pour donner son évaluation de
la planification des services de santé en région. Elle a
refusé, chose que je trouve inacceptable, mais je comprends que, dans
les circonstances, le ministre ne puisse pas la contraindre. Mais dans le cas
précis de M. Lefebvre, de M. Marcoux et de M. Masson, ce sont des cadres
qui oeuvrent au niveau de ta responsabilité
déléguée par le ministre à Urgences-santé et
c'est inconcevable qu'ils décident de ne pas venir. C'est cela que je
demande.
Si le ministre me dit: Je vais faire les appels, je vais m'assurer
qu'ils soient ici, je retirerai ma proposition. Je ne veux pas faire un
débat pour le plaisir de faire un débat. Mais ce n'est pas vrai
qu'on va accepter que des gens en place, qui ont l'expertise, qui ont la
connaissance administrative du milieu, qui oeuvrent depuis le début
à l'application de la loi actuelle qu'on veut transformer, ce n'est pas
vrai qu'on va se passer des services aussi précieux que ces
gens-là pourraient rendre à la commission. On doit faire toute la
lumière, on ne doit pas chercher à cacher quoi que ce soit lors
de l'étude en commission, en particulier au niveau d'individus qui
relèvent de l'autorité même du ministre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, avant de céder la parole à M.
le ministre, deux choses. Votre motion n'est pas faite en vertu du mandat de la
commission, si je comprends bien, mais en vertu des pouvoirs du ministre et de
l'autorité qu'il pourrait avoir sur les structures...
M. Chevrette: Vous me permettez d'abord, M. le Président,
je vous vois venir.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Chevrette: Ayant été leader, je sais ce que vous
allez m'invoquer comme règlement. Écoutez, ce n'est pas une
question de contrainte, c'est une question... On ne peut pas contraindre des
organismes à venir ici, je le comprends, en vertu de l'article 170, je
le connais par cur. Mais ce que je vous dis, c'est que ce sont des
employés d'Urgences-santé qui relèvent de la
responsabilité du ministre. Moi, je suis scandalisé depuis hier
de voir que Gérard Marcoux dise non, que le CRSSS de Montréal
dise non, que Lefebvre dise non, que le Dr Masson dise non, cela n'a pas de bon
sens. Ce sont des employés payés par les deniers de
l'État, spécifiquement engagés en fonction d'assurer le
transport ambulancier à Montréal. Ils sont payés pour cela
et ils refuseraient de venir. Ce ne sont pas des organismes, ce sont des
individus et, au-delà de l'article 170, M. le Président, je vous
rappellerai que toute commission parlementaire, d'un commun accord, peut
prendre les résolutions qui s'imposent. On est le prolongement de
l'Assemblée nationale, on a un mandat et il n'y a rien qui empêche
une commission parlementaire, de part et d'autre, de se donner une règle
de fonctionnement, d'établir qu'il est vrai que des individus doivent
être présents, et il n'est pas question de contrainte au sens de
la loi des organismes en vertu des consultations particulières, mais il
est aberrant, il est anormal, il est inconcevable que des individus
payés par l'État pour accomplir un travail ne soient pas ici pour
témoigner.
Le Président (M. Bélanger): Comme président
de la commission, la Conférence des conseils régionaux, des
CRSSS, m'a informé qu'elle doit d'abord consulter son conseil
d'administration qui se tiendra demain matin et, à cet effet, si vous
avez remarqué l'horaire de travail de demain, il y a un espace
réservé au cas où elle déciderait de venir, mais ce
n'est vraiment que demain qu'on aura la confirmation.
M. Chevrette: Pour la Conférence des CRSSS, je suis
d'accord, je le savais.
Le Président (M. Bélanger): Pour les autres, je
cède la parole à M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, effectivement, au niveau de la
Conférence des CRSSS, il y a un espace qui est prévu et, à
ce qu'on me dit, elle devrait être présente. Donc, cela
réglerait cette première question-là. Quant à la
deuxième interrogation, je n'ai aucune objection à demander au
CRSSS de Montréal d'être présent contre sa volonté.
Il nous a dit qu'il ne voulait pas y être. Moi, je n'ai fait aucune
démarche pour qu'il y soit ou qu'il n'y soit pas. Maintenant, si c'est
le voeu du chef de l'Opposition, cela me fera plaisir de le contacter et,
devant son insistance, de lui dire qu'il serait souhaitable qu'il soit
présent.
M. Chevrette: M. le Président, je n'accepte même pas
l'argumentation du ministre: si cela fait plaisir au chef de l'Opposition. Cela
devrait être de la responsabilité du ministre lui-même de
voir à ce que les autorités qui ont à gérer la loi
actuelle dans le transport ambulancier soient ici. Ce n'est pas une question de
faire plaisir à qui que ce soit. C'est une question d'apporter tout
l'éclairage, toute la lumière qui s'impose. Il y va des
responsabilités mêmes du ministre tuteur. Quand bien même le
CRSSS de Montréal me dirait: Je ne veux pas y aller, je m'excuse, je
ferais une proposition pour l'y contraindre. On a le droit, comme commission,
de faire une proposition de contrainte, de dire à l'individu:
Écoute bien, ta responsabilité, c'est d'aller éclairer les
membres de la commission. C'est vous autres qui appliquez les lois
actuellement. Écoutez, le plaisir n'est pas plus pour moi que pour vous.
Il devrait être pour tous les parlementaires qui veulent voir clair dans
cela. C'est inconcevable. C'est inconcevable même d'accepter. Je vous
avoue que c'est une rebuffade aux parlementaires. C'est inacceptable dans les
faits. Je comprends qu'ils ne seront peut-être pas contents que vous leur
enleviez le bateau, mais ils pourraient peut-être venir nous expliquer ce
qui n'allait pas dans le bateau. On va peut-être trouver des solutions
qui seront mieux que le projet de loi 34 qu'on a devant les yeux. C'est ce que
je veux dire et vous comprenez très bien le sens de mon
intervention.
M. Dutil: Alors, M. le Président, je pense avoir
répondu à ce que demandait le chef de l'Opposition. J'ai dit oui,
je vais contacter ces gens et je vais leur demander avec insistance
d'être présents.
M. Chevrette: M. le Président, une question au
ministre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je m'excuse auprès des intervenants qui
doivent passer. Vous allez avoir le temps, soyez sans crainte, on va vous le
laisser quand même. J'ai d'ailleurs avisé la présidence
que, même si on était en retard, on n'enlèvera pas le temps
aux individus qui ont à témoigner, d'autant plus que, si ma
mémoire est fidèle, il y a seulement trois groupes aujourd'hui et
on a jusqu'à minuit.
Je voudrais reposer la question suivante directement au ministre: Est-ce
que, comme ministre tuteur, vous avez l'intention, oui ou non, d'exiger la
présence du d.g. du CRSSS de Montréal et de son président?
S'il veut venir avec son président, cela ne me dérange pas, mais
qu'il y ait un représentant du CRSSS de Montréal. Est-ce que vous
avez l'intention d'exiger la présence de M. Lefebvre? Est-ce que vous
avez l'intention d'exiger la présence du Dr Masson?
M. Dutil: M. le Président, mon intention est de contacter
le CRSSS et donc probablement le président. Je pense que la personne que
je dois contacter est M. Savard pour lui demander que le CRSSS soit
présent. S'il juge à propos que ce soient ces personnes, je vais
mentionner égale-
ment la volonté du chef de l'Opposition à ce sujet. Il en
jugera lui-même, mais le véritable responsable du CRSSS de
Montréal est le président de son conseil d'administration.
M. Chevrette: Quant au directeur général
d'Urgences-santé, M. Lefebvre?
M. Dutil: Même réponse, M. le Président. Si
le président du conseil d'administration du CRSSS de Montréal
juge à propos que cette personne soit ici, H l'amènera et je vais
lui mentionner que le chef de l'Opposition souhaiterait voir M. Lefebvre, M.
Masson et M. Marcoux.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre tuteur considère que
la présence de ces personnes est importante, voire même
indispensable?
M. Dutil: M. le Président, nous avons décidé
de faire des consultations particulières sur invitation auprès de
divers groupes. Quant au choix des groupes de venir ou de ne pas venir, cela
leur appartient. Je tiens à vous mentionner, M. le Président,
qu'on a fait plusieurs consultations depuis le mois d'octobre et que j'ai eu
l'occasion, pour ma part, de rencontrer ces gens-là à de
multiples occasions et que je connais très bien leur opinion, mais je
comprends très bien le point de vue du chef de l'Opposition qui n'a
peut-être pas eu cette occasion et qui voudrait voir ces personnes ici
présentes. C'est la raison pour laquelle je lui dis: Oui, je vais
appeler la personne responsable du CRSSS de Montréal, qui est M. Savard.
Quant au jugement du président du CRSSS de Montréal, M. Savard,
à savoir qui devrait venir ici, que ce soit M. Masson, M. Lefebvre, M.
Marcoux ou d'autres personnes, c'est à son jugement qu'on doit s'en
remettre.
M. Chevrette: Mais, est-ce que le ministre ne considère
pas tout à fait normal que le d. g. d'Urgences-santé soit ici?
C'est un employé de l'État. C'est un employé payé
par les deniers de l'État. C'est lui qui a vécu les
problèmes internes à l'intérieur d'Urgences-santé.
C'est lui qui peut nous parler du triage, qui peut nous parier du rôle
des infirmières, qui peut nous parier du rôle des
répartiteurs. Est-ce que le ministre ne devrait pas spontanément
dire: C'est même aberrant qu'il ne soit pas arrivé et qu'il ne
soit pas le premier? Est-ce que vous maintenez toujours votre voeu pieux ou si
vous allez purement et simplement téléphoner à M. Savard
et lui dire: Bon, bien, s'ils peuvent venir, envoyez qui vous voulez? Ou ne
doit-il pas insister pour indiquer clairement aux personnes... Quand on a
dressé la liste conjointement, M. le ministre, vous aurez sans doute
l'honnêteté intellectuelle de répéter ici devant
tout le monde que ce sont des personnes précises que je vous ai
demandées?
M. Dutil: M. le Président, je ne vois pas pourquoi le chef
de l'Opposition fait appel à mon honnêteté intellectuelle.
Je n'ai jamais nié ce fait. La liste était de seize groupes bien
connus et qui étaient sur des feuilles très bien
identifiées que tout le monde pouvait lire. C'était bien
écrit M. Lefebvre et M. Masson. Sauf que. ayant décliné
ces offres-là, je pense que mon rôle à moi, c'est de
contacter plutôt les veritables responsables du CRSSS de Montréal.
(16 h 30)
M. le Président, quand on a affaire à un organisme, on va
directement à la tête, et la tête, c'est le
président, ce n'est pas le directeur général.
M. Chevrette: M. le Président, quand on s'entend,
l'Opposition et le pouvoir, sur une liste de noms, une liste d'organismes, on
peut comprendre que des organismes déclinent. Mais, quand un ministre
qui a la responsabilité ultime, la responsabilité
supérieure, s'entend même avec l'Opposition sur des noms de
fonctionnaires d'État, il me semble qu'on est en droit de ne s'attendre
à aucun refus en ce qui concerne les individus qui sont en état
de dépendance face à l'autorité du ministre
lui-même. Je ne comprends pas la réponse du ministre sur cela. Mon
travail est fait. Moi, je les ai fait contacter. Voyons! Je comprendrais cela
pour un organisme qui est autonome et qui ne veut rien savoir. Mais un
organisme d'État, dépendant de l'État, et des individus
payés par les deniers de l'État, est-ce qu'on doit les laisser
libres de même ou si on ne doit pas exiger que leur compétence
soit mise à profit? Ils sont payés pour cela Est ce que le
ministre ne voit pas une distinction entre la convocation d'organismes
autonomes par rapport à des individus fonctionnaires payés par
l'État? Est-ce qu'il accepterait, par exemple, que son sous-ministre ne
soit pas présent quand il lui demande d'y être? C'est la
même chose pour une société d'État qui est sous la
tutelle d'un ministre. Il y a une imputabilité devant les
parlementaires, et vous le savez. On a introduit cette notion de plus en plus
grande de l'imputabilité des hauts fonctionnaires. Est-ce que le
ministre ne devrait pas dire à cette commission: Oui, les cadres
supérieurs seront présents demain?
M. Dutil: M. le Président, comme je le fais
fréquemment, je ne répète pas quatre fois la même
chose. Je pense avoir donné ma réponse au chef de l'Opposition.
Je n'ai rien à ajouter.
M. Chevrette: Donc, je conclus que le ministre n'a pas
l'intention, comme ministre responsable qui a l'autorité ultime,
d'exiger la présence de M. Lefebvre et de M. Masson, deux cadres
supérieurs d'Urgences-santé qui ont vécu tous les
problèmes d'Urgences-santé.
Je conclurai en disant que c'est de l'irresponsabilité et je vais
faire ma motion quand
même après.
Le Président (M. Bélanger): Alors, si je
résume ce que j'ai bien entendu de M. le ministre tout à l'heure,
d'une part, vous réclamez la présence de gens qui avaient
été convoqués et qui ont décliné
l'invitation. D'autre part, M. le ministre s'est engagé à
intervenir de façon insistante auprès des patrons de ces
gens-là pour qu'ils soient présents. Alors, on en est là
dans le débat. Si cela n'est pas satisfaisant... M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, d'abord, je veux m'excuser,
j'étais pris dans un débat à l'Assemblée juste
avant d'arriver ici. J'ai peut-être donc manqué quelques
éléments, mais dans la mesure où le ministre a
donné totalement son accord à la tenue de cette commission
parlementaire, à la composition de la liste des invités, j'ai cru
comprendre qu'implicitement, formellement, il reconnaissait la
nécessité que cela se déroule avant qu'on aille plus loin
dans l'étude du projet de loi. Et s'il est important et
nécessaire d'entendre un certain nombre de personnes avant de
peut-être chambarder totalement Urgences-santé, je pense que c'est
tout aussi nécessaire aujourd'hui, même une fois que ces gens,
pour des raisons que j'ignore et à la suite de discussions que le
ministre pourrait nous rapporter, lui ou ses collaborateurs, ont
décidé de ne pas venir.
Donc, M. le Président, je pense que si le ministre... J'ai
compris cela de sa décision de tenir une commission parlementaire, parce
que c'est sa décision de tenir une commmission parlementaire. Il avait
le loisir et le pouvoir de refuser sans empêcher les autres étapes
de l'adoption de son projet de loi. Deuxièmement, à partir de sa
décision d'inviter un certain nombre de personnes, y compris les groupes
et les personnes dont on parle, je pense, M. le Président, que le
ministre devrait conclure qu'il va suspendre nos travaux pour que ces gens
soient là et qu'on puisse fonctionner, comme lui-même avait
prévu et jugé nécessaire que nous devions le faire. Sinon,
M. le Président, je vais m'inter-roger sur les motivations profondes du
ministre quant à la tenue de cette commission parlementaire et, donc, de
son attitude et du peu de respect qu'il aura à l'endroit de ceux qui
auront bien voulu se présenter, mais je me questionnerai peut-être
aussi sur les raisons qui font que ces gens ne sont pas ici, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre.
M. Dutil: Ce que j'ai reconnu comme opportunité quant
à la liste, c'est celle de faire les invitations. Je n'ai jamais dit que
nous devions forcer les gens à être présents en commission
parlementaire. Devant l'insistance de chef de l'Opposition, j'ai
mentionné que j'in- sisterais pour que ces gens soient présents.
Il était imprévisible, pour ma part, de deviner la pensée
et du chef de l'Opposition et du député de Gouin sur l'effet du
refus de ces gens, que je n'ai pas contactés, à qui je n'ai pas
parlé, à la suite de cette convocation. Je n'ai pas fait cette
convocation de façon intentionnelle. Je pense que c'est aux groupes
eux-mêmes de décider s'ils doivent venir ou non. Devant
l'insistance et du chef de l'Opposition et du député de Gouin,
j'ai mentionné ce que je ferais tout à l'heure pour que ces
gens-là soient présents.
Le Président (M. Bélanger): II faut se rappeler que
le mandat de la commission, que l'ordre de la Chambre est de procéder
à des consultations particulières et à des auditions
publiques sur le principe dudit projet de loi. Donc, il y a des invités
à la commission. Je pense qu'un invité est toujours libre
d'accepter ou de refuser une invitation. Je comprends que le ministre soit
prêt à insister de façon particulière pour que
soient présents ici ceux qu'on aurait aimé voir présents.
Mais, règle générale, le débat qu'on fait ici se
fait en privé, c'est-à-dire au préalable à la
commission. C'est là qu'on fait les ententes sur la liste des
invités et la commission, lorsqu'elle commence à siéger,
n'a pas à prendre position sur les invités ou pas.
M. Rochefort: Juste une seconde! Si le député de
Joliette le permet, M. le Président, je suis d'accord avec
l'interprétation que vous venez de faire, mais je dois vous dire que
pour avoir siégé ici depuis plus de sept ans et avoir
participé activement aux commissions parlementaires, c'est la
première fois que j'assiste à une circulation d'horaires qui sont
modifiés de cinq minutes en cinq minutes, de quinze minutes en quinze
minutes et où on se demande lequel est le bon. Il faut regarder à
quelle minute il a été établi pour savoir devant quel
horaire on va être placé, étant donné
l'évolution des gens qui décident de venir, qui décident
de ne plus venir, qui reviennent sur leur décision et qui tout à
coup décident que oui ils vont être présents. M. le
Président, on est déjà dans quelque chose de bien
particulier.
D'autre part, si vous le permettez, je maintiens, M. le
Président, qu'il ne s'agit pas là d'invités ordinaires. Il
s'agit là, pour un certain nombre de personnes, d'employés de
l'État, indirectement sous la responsabilité du ministre,
puisqu'il est ministre responsable du dossier des urgences, semble-t-il; en
tout cas, des services ambulanciers d'urgence. Donc, ils sont sous sa
responsabilité. Lui qui prétend poser un geste qui mettra de
l'ordre dans le fonctionnement au moins d'une unité d'urgence
médicale, comment pouvons-nous croire et porter foi à son
intention, s'il n'est même pas en mesure de faire en sorte que des gens
qui sont, comme le seront les nouveaux, ses employés ne participent
même pas à une commission parlementaire où ils ont des
éclairages très importants à apporter à
l'ensemble des membres de la commission pour leur permettre de mieux comprendre
ce qu'a mis et ce que n'a pas mis le ministre dans son projet de loi.
Je complète, j'aurai un certain nombre de questions à
poser au ministre. Il nous a dit, dans Une des réponses qu'il vient de
me faire, que lui n'a pas communiqué avec ces gens-là. Est-ce
qu'il pourrait nous dire si ces gens ont eu sur cette question des
communications avec des gens de son cabinet, du cabinet de son ministre de
tutelle, de son ministre de tutelle ou des membres de son ministère?
M. Dutil: Non.
M. Rochefort: Vous dites non à quoi?
M. Dutil: À mon cabinet. Vous aviez mentionné qui
à part mon cabinet?
M. Rochefort: Votre ministre de tutelle, son cabinet et
l'ensemble des fonctionnaires de votre ministère reliés au
dossier ou à d'autres dossiers communs.
M. Dutil: L'ensemble des fonctionnaires... M. Rochefort:
Du ministère.
M. Dutil: Du ministère? Oui, le sous-ministre sans doute;
c'est lui qui a fait les invitations.
M. Rochefort: Ils ont eu des contacts avec le sous-ministre?
M. Dutil: Oui.
M. Rochefort: Pour dire quoi?
M. Dutil: À ce qu'on me dit. Je ne le sais pas, mon cher
ami.
M. Chevrette: Le sous-ministre, est-ce que c'est Réjean
Cantin?
M. Dutil: Oui, M. Cantin est sous-ministre.
M. Chevrette: Le même qui était à la cabane
à sucre avec le RETAQ?
M. Dutil: Oui.
M. Rochefort: Oui à quoi? Oui à la cabane à
sucre?
M. Dutil: Oui à la cabane à sucre.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Je dois quand même...
M. Dutil: Le même d'ailIeurs qui a rencontré
à de multiples occasions également les employeurs et toutes
sortes d'autres intervenants dans le dossier.
Le Président (M. Bélanger): Je tiens quand
même à préciser une chose sur l'intervention du
député de Gouin. La confection des horaires et des invitations,
les refus, les modifications ne sont pas de la responsabilité du
ministre, elles sont de la responsabilité de l'organisation des
commissions et de la présidence de la commission. Étant
donné les délais très courts que nous avons eus, il est
sûr que ces changements se sont produits, comme vous le disiez, à
peu près aux cinq minutes, alors que normalement les convocations se
font peut-être deux ou trois mois à l'avance et,
évidemment, il y a énormément de changements. Je pense
à la dernière commission qu'on a faite. Nous avons eu
peut-être une trentaine de changements. Cela n'avait aucune importance,
on les a faits au fur et à mesure des organismes. Cela fait mieux leur
affaire un jour ou un autre. Bon. Bref, on essaie d'être accommodant,
mais je dois vous dire que la responsabilité de la confection de
l'horaire est cette de la commission.
M. le député de Joliette:
M. Chevrette: M. le Président, moi je voudrais...
M. Rochefort:... de la santé et des services sociaux est
celle du ministre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui. M. le Président. Je voudrais faire une
distinction avec des organismes de l'extérieur. On a invité le
Conseil du patronat. Il a refusé. Si vous avez remarqué, je n'ai
pas dit un mot dans mon argumentation depuis le début, parce que le
Conseil du patronat est un organisme bien automone et qui pouvait avoir une
opinion. Il l'a déjà donnée dans les journaux d'ailleurs
et il a décidé de ne pas venir la répéter ici.
C'est la même chose pour la Chambre de commerce du Québec. Elle
est venue rencontrer tous les députés du Parti
québécois et elle nous a dit qu'elle avait dit au premier
ministre qu'elle était en désaccord profond avec la loi 34 et
elle a décidé de ne pas venir.
Je fais une nette distinction entre un organisme lié par contrat
avec le ministère ou avec le gouvernement et les employés
payés par les deniers publics par rapport aux organismes qui sont
complètement autonomes, qui ne sont pas dépendants de
l'État. Le CRSSS de Montréal a une obligation légale en
vertu d'une loi vis-à-vis du ministre responsable, vis-à-vis du
gouvernement et vis-à-vis du Parlement, et les employés
d'Urgences-santé ont une obligation vis-à-vis de l'ensemble des
citoyens du Québec. Ils ne peuvent pas décider du jour au
lendemain.
Ce n'est pas le Conseil du patronat, là. Je voudrais bien, moi,
avoir un employé qui déciderait de ne pas venir quelque part et
que je paie 80 000 $ ou 85 000 $. Je m'interrogerais en Hérode!
J'espère que votre nouveau p.-d.g. en 1991 ne vous fera pas cela. Vous
allez avoir l'air fou dans votre réforme. Voyons! Voir si... Cela n'a
pas de bon sens de réagir comme cela pour un ministre responsable. Une
structure qui dépend directement de l'État et des empoyés
qui sont payés directement par l'État qui refusent: Cela ne me
tente pas d'y aller, moi. Tu ne t'interroges pas longtemps là-dessus.
C'est la question du gros bon sens. Vous seriez félicité si vous
les mettiez au pas, parce que vous montreriez que vous êtes responsable.
Vous seriez félicité, parce que cela n'a pas de bon sens d'avoir
une réaction comme cela comme ministre responsable. Moi, je suis
inquiet.
Je comprends que vous ayez donné tous vos pouvoirs dans 34 parce
que vous n'en vouliez pas, je comprends plus, mais je vais donner une chance au
ministre jusqu'à demain, on va voir sa force de persuasion. On peut
commencer les remarques préliminaires.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre. M.
Dutil: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Juste auparavant, les
ordres de la Chambre disaient qu'on devait siéger jusqu'à 16 h
30. Est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre au-delà?
M. Chevrette: Ne vous en faites pas, on a dit que les groupes
seraient entendus. De notre part, il n'y aura pas de problème,
Le Président (M. Bélanger): Alors, il y a
consentement?
M. Chevrette: À moins que vous ne vouliez faire autrement?
Nous, nous avons dit que nous respecterions les groupes qui viendraient
ici.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que tout le
monde est désireux de respecter les groupes qui sont ici. Cela explique
notre présence, et depuis fort longtemps.
Remarques préliminaires
Alors, M. le ministre, si vous voulez procéder aux remarques
préliminaires, s'il vous plaît!
M. Robert Dutil
M. Dutil: Alors, je suis très heureux, M. le
Président, d'entreprendre les remarques préliminaires à
cing heures moins le quart cet après-midi. Juste quelques points
importants et qui m'apparaissent majeurs dans l'ensemble des critiques qui ont
été faites, particulièrement lors du débat de
principe hier sur l'acceptation de principe par l'Opposition, par une douzaine
de députés de l'Opposition qui sont intervenus sur le sujet
pendant une vingtaine de minutes chacun et qui ont apporté sensiblement
les mêmes critiques. Je veux en soulever quelques-unes qui m'apparaissent
non fondées et inexactes, et qui, je pense, méritent d'être
rectifiées. Par exemple, l'une des remarques faites était que le
projet de loi ne se préoccupait pas de la qualité, alors
qu'à notre avis, bien qu'il n'inclue pas l'ensemble des modifications
que nous avons l'intention de faire en matière de qualité, les
structures et les points qui nous permettront de mettre en vigueur la
réforme que nous avons annoncée le 2 mars sont bien inclus dans
le projet de loi. Je parie particulièrement des centrales de
coordination. On a un processus qui nous permettra d'implanter graduellement
des centrales de coordination dans l'ensemble du territoire du Québec
sur une période que nous estimons être d'environ trois ans.
Nous parions également de la procédure de contrat-budget
qui nous permettra dans les régions plus particulièrement aussi
d'avoir une formule de rémunération des entreprises plus
adéquate en permettant sans doute, entre autres, de stabiliser l'emploi,
un point majeur dans la réforme que nous avons annoncée: la
stabilisation de l'emploi en région. On sait qu'en région, bien
souvent, le service est accordé pas des gens qui se dévouent
énormément, qui sont en disponibilité et qui ont une
formation, je tiens à le préciser, d'environ 150 heures, ce qui
est déjà bien pour des gens qui n'ont pas un emploi à
temps plein, mais qui est deux fois moindre que celle de Montréal, une
critique sur laquelle je reviendrai d'ailleurs tout à l'heure concernant
la différence entre Montréal et les régions. (16 h 45)
Un troisième point fort important, c'est la détermination
des 825 heures. Ce n'est pas prévu dans le projet de loi;
évidemment, c'est une chose qui se fait à l'extérieur du
projet de loi. Mais on avait des critiques de l'autre côté disant
que ces 825 heures-là seraient sorties d'un chapeau, alors que j'ai
précisé hier dans ma réplique, et je tiens à le
repréciser aujourd'hui, qu'au contraire je pense que la
Conférence des CRSSS qui viendra demain s'exprimer et à qui on
pourra poser la question confirmera qu'une vaste consultation a
été faite à la suite d'ailleurs du mandat qui avait
été accordé par l'ancien ministre de la Santé et
des Services sociaux et chef de l'Opposition actuel, qui confiait au CRSSS des
responsabilités supplémentaires en matière de services
d'ambulances. Eh bien, on a décidé de faire une consultation, une
vaste consultation - je l'ai mentionné en Chambre hier et je ne
répéterai pas l'ensemble des gens consultés à ce
moment-là - une vaste consultation qui a permis d'arriver à la
conclusion que ce qui serait souhaitable et réaliste en
matière
de formation des techniciens ambulanciers sur l'ensemble du territoire -
je dis bien sur l'ensemble du territoire et non seulement à
Montréal - serait de l'ordre de 825 heures.
D'autres remarques ont été faites concernant la
privatisation, l'étatisation et les soumissions publiques, et il y a une
forte confusion, une confusion assez énorme entre ces trois
concepts-là. Il est bien évident que de prévoir un
mécanisme qui aboutirait éventuellement à des soumissions
publiques dans le cas de l'obtention de services d'ambulances n'a rien à
voir avec l'étatisation des services. Ce sont deux concepts
diamétralement opposés, et tout au contraire... Je ne dis pas que
dans le projet de loi il n'y a pas des modalités à
revérifier. Nous entendrons tout à l'heure d'ailleurs des gens
qui vont certainement nous parler de ce concept de soumissions publiques et qui
nous apporteront des critiques qu'ils estiment justifiées à ce
sujet, mais je veux éliminer cette confusion qui est apparue dans la
plupart des discours hier, et qui apparaît, je pense, sur le plan public
d'une façon complète. Il n'y a pas de lien entre
étatisation et soumissions publiques. Tout au contraire, soumissions
publiques veut dire qu'on va dans le secteur privé pour obtenir des
services adéquats, des services dont nous avons besoin pour assumer le
service.
Une autre critique: Deux classes de travailleurs, disait l'Opposition
hier en Chambre. Je pense qu'elle confond les structures organisation-nelles
avec la façon de fonctionner et la qualité du service. Nous
rehaussons la qualité du service avec la réforme que nous avons
annoncée d'une façon substantielle, d'une façon
importante, et particulièrement pour les régions. Mais cela ne
veut pas dire que tout le monde doit absolument travailler dans la même
structure. Je m'explique: il y a en province, à des endroits, des
organismes qui existent, qui ne sont pas des entreprises privées. Ce
sont des organismes à but non lucratif. Il y en a une douzaine environ,
et c'est le modèle que les gens du milieu, bien souvent, ont choisi
à la suite de la réforme de 1976 qui a été
très difficile pour certaines entreprises, qui ont décidé
d'abandonner à ce moment-là le service d'ambulance. Bien
sûr, il y a beaucoup d'entreprises privées, on le sait; il y a
environ 190 entreprises privées actuellement qui opèrent des
services ambulanciers à travers la province. Il y a également une
entreprise qui, existe actuellement et qui est une coopérative
d'employés. À Montréal, la structure sera
différente, puisque les techniciens ambulanciers, le cas
échéant, se retrouveraient employés de la nouvelle
corporation que nous avons.
Ces différentes formules, M. le Président, ne veulent pas
dire du tout que, premièrement, les employés seront
traités d'une façon différente et que,
deuxièmement, les services ne seront pas les mêmes d'une
région à l'autre. Je prends entre autres, comme exemple, la
formation. Je vous disais tout à l'heure que la formation en
région actuellement est de 150 heures, qu'à Montréal elle
est aux alentours de 280 heures et que nous avons l'intention de niveler cette
formation, de l'amener pour tout le monde, partout dans la province, à
825 heures, ce qui est justement le contraire des affirmations qui ont
été faites à l'Assemblée nationale lors de
l'adoption de principe.
Quant à l'aspect indemnisation ou non-indemnisation dans le cas
de Montréal, dont nous entendrons parler tout à l'heure - j'ai lu
rapidement le mémoire présenté par le premier groupe qui
est ici et qui représente les propriétaires de Montréal -
je ne veux pas parler du fond de la question; je veux simplement soulever des
différences de genre. Quand on parle d'une relation entre un client et
son fournisseur, on peut dire que, jusqu'à un certain point, bien que
l'État émette les permis, il est également client. Il paie
90 % de la facture, l'État, et il est client d'un service. Le fait
d'aller en soumissions publiques ne peut pas être considéré
comme une spoliation ou une expropriation. C'est un mécanisme
différent qui peut être critiqué, qu'on peut
revérifier, sur lequel peuvent être apportés des arguments,
mais lorsqu'on parle d'indemnisation par le fait que le client, qui est entre
autres le gouvernement par ses diverses instances et les entreprises, que ce
mécanisme entraînerait automatiquement des indemnisations, il y a
beaucoup de réflexion à faire là-dessus. Ce n'est pas,
comme je l'ai mentionné hier, le genre de transaction qu'on a
retrouvé dans le cas, par exemple, de l'achat d'entreprises
entièrement privées, comme sous l'ancien gouvernement. Cela a
été fait. L'amiante a été un exemple. Ce
n'était pas du tout du domaine public. Il n'y avait pas du tout de
relation entre les deux, l'État ne payait pas de redevances,
n'était pas le client de ces entreprises. À ce moment-là,
bien sûr, si on songeait à nationaliser, c'était sûr
que cela devait se faire avec dédommagement. C'était tout
simplement pour soulever des questions de ce genre-là que je voulais
apporter cette précision.
Une autre précision concerne la dissociation
d'Urgences-santé du CRSSS de Montréal. Certaines personnes ont
interprété que nous pouvions porter, à cause de cette
décision, un jugement négatif sur le CRSSS. Je tiens à
enlever toute ambiguïté à ce sujet. Ce n'est pas du tout le
cas, ce n'est pas du tout la raison. Le CRSSS, depuis le moment où il a
pris Urgences-santé et jusqu'à aujourd'hui, a fait un excellent
travail. Sauf que nous estimons que dans la restructuration que nous faisons et
avec les gestes que nous posons, en faisant grossir cet organisme de
façon considérable, cela devient justement un organisme en soi
qui ne devrait pas relever d'un CRSSS qui a des mandats et des
responsabilités, règle générale, fort
différents et qui concernent plus particulièrement la
planification et la coordination. On a fait des critiques sur le conseil
d'administration. J'imagine qu'on reviendra également là-dessus.
Dans le mémoire
qui nous sera présenté tout à l'heure, j'ai vu
certaines remarques à cet effet.
Ce sera tout pour mes remarques préliminaires. Nous entendrons
les représentants des propriétaires. Je tiens à mentionner
à l'ensemble de ceux qui ont accepté de venir à la
commission parlementaire que nous sommes là pour les écouter, que
nous sommes là pour regarder l'argumentation qu'ils ont à porter
sur le projet de loi 34. Nous sommes là également, s'il y a lieu
et si c'est nécessaire, pour apporter certaines modifications au projet
de loi 34 - et sans doute qu'avec les mémoires qui nous sont
présentés ce sera le cas - si des modifications
s'avéraient nécessaires au projet de loi 34. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
M. le député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Tout d'abord, dans
un premier temps, je vous dirai ma surprise du fait que tout le projet de loi
est axé sur une réforme administrative, mais, quant à la
qualité des soins, au contrôle de la qualité des soins,
à la façon professionnelle dont va se faire le contrôle des
actes posés, le projet de loi est tout à fait muet. Il me semble
que la première responsabilité du gouvernement, c'est d'abord la
qualité des soins avant la qualité du matériel ou la
qualité d'une structure. C'est d'abord de s'assurer qu'il y a
véritablement des services de qualité qui se donnent, qu'il y a
un contrôle sur l'acte professionnel qui se pose. Là-dessus, le
projet de loi est tout à fait muet.
D'ailleurs, M. le Président, vous remarquerez que, dès sa
sortie, cela n'a pas été accueilli avec un enthousiasme
délirant. Les éditorialistes qui se sont prononcés ont
été unanimes à dire: C'est une reddition, c'est une
abdication, c'est de l'à-plat-ventrisme, c'est la négation des
responsabilités, etc. Jusqu'à maintenant, cela a
été clair pour ce qui est de ceux qui se sont exprimés sur
ce projet de loi. Tout le processus de préparation de cette loi est
ambigu, il est drôle et il sent drôle. Vous savez, quand on est
dans un processus de négociation de convention collective - il y a eu
une séance le 19 octobre - et qu'un des préalables avant
d'entamer les négociation est l'adoption d'une loi modifiant
complètement les règles du jeu et les structures, il y a des gens
qui ont raison de s'interroger, moi le premier. Je m'interroge. Ce n'est
normalement pas une façon de procéder. C'est rare qu'une
négociation pose comme exigence des modifications à une loi.
C'est plutôt après une négociation que tu dis: On a
amélioré le régime de retraite, donc il faut modifier
certaines lois. Mais ce n'est pas a priori. Il y a eu une séance de
négociation le 19 octobre et ces préalables étaient
posés. Il n'y a pas eu de négociations depuis. Donc, pourquoi n'y
a-t-il pas eu de négociations? C'est bien simple. C'est que des
revendications ont été présentées par Pierre
Lamarche, à l'époque conseiller spécial du RETAQ, devant
la commission Marois, chargée non pas de négocier la loi, mais
chargée de regarder l'appariement des fonctions. Qu'est-ce qui
était dit par M. Lamarche, à ce moment-là, devant le
commissaire Marois? Voici: "Les travailleurs et travailleuses regroupés
dans le RETAQ ont dû affronter des patrons davantage, sinon
exclusivement, intéressés aux profits qu'ils pouvaient tirer de
leur business "d'outfiting". " Il continuait: "Si les travailleurs techniciens
et techniciennes - j'y arrive, cela ne sera pas long - ambulanciers ont
posé comme objectif l'étatisation - c'est en 1985 - des services
préhospitaliers, c'est qu'ils voulaient briser la logique
inhérente à la propriété privée: le profit.
"
Donc, le message devant le commissaire Marois à l'époque,
le message à la table des négociations le 19, cela nous
amène l'étatisation par le projet de loi 34. C'est une
cohérence totale du conseiller spécial Pierre Lamarche et du
RETAQ pour arriver à obtenir l'étatisation du système. Le
ministre aura beau nier cela, le crier sur tous les toits, personne ne va le
croire parce que n'importe quelle personne avisée va comprendre que
c'est ce qui s'est produit très clairement. On leur a donné gain
de cause à partir de la commission Marois qui était
chargée de l'appariement des fonctions et non pas de la question
d'étatisation ou de privatisation. C'est d'autant plus surprenant que la
philosophie du Parti libéral est une philosophie de privatisation. On
privatise les pêches, on privatise Quebecair, on privatise à peu
près tout et on arrive dans le domaine des ambulances, où
l'entreprise privée seule était détentrice des permis, et
là on étatise. Quelle volte-face! Je ne le sais pas. Je vais
faire la proposition demain d'inviter le ministre délégué
à la Privatisation pour qu'il vienne nous dire ce qu'il pense de cette
philosophie qui est cachée derrière le projet de loi 34 puisque
c'est contraire à tous les rapports du gouvernement libéral qui
était chargé de privatiser à peu près tout ce qui
bougeait. On s'enligne sur une philosophie d'étatisation d'un coup sec.
Pourquoi?
Ce n'est pas surprenant non plus que les gens s'interrogent. Le
sous-ministre Cantin lui-même a annoncé lors d'une soirée
à la cabane à sucre, et, je l'ai dit, une soirée
organisée par le RETAQ, assis entre M. Lamarche et M. Cotton, que les
problèmes vont être réglés très
bientôt. Donc, ce n'est pas trop surprenant de voir la loi 34 telle que
présentée. Cela a été planifié,
programmé, négocié entre le RETAQ et les autorités
administratives du ministre. Je ne sais même pas si le ministre est dans
le décor une fois de temps en temps. Le ministre est le seul à
nier tout cela, par exemple. J'ai rencontré du monde, j'ai parlé
à du monde et tous ceux que
j'ai rencontrés admettent tous cela, sauf le ministre.
Donc, à toutes fins utiles, ce projet de loi
négocié qui est un préalable à toute la
négociation entre les salaries et les propriétaires... Ils
obtiennent gain de cause et changent complètement le rapport de forces.
Mais ce qui est inquiétant, c'est, comme je le disais tantôt, que
le ministre, non seulement abdique devant ses responsabilités, mais il
laisse carrément aller l'ensemble des contrôles en ce qui regarde
la qualité.
Regardons le conseil d'administration. Celui-ci est formé de
trois représentants du RETAQ et de leur principal conseiller
spécial, cela fait quatre. Cela fait quatre sur neuf. Après cela,
c'est un gars de la CUM, un médecin et deux autres. Donc, il n'y a plus
de problème. A quatre sur neuf, c'est le contrôle. Mais qui va
définir les champs d'intervention médicale? Cela va être
une majorité formée, entre vous et moi, du conseiller du RETAQ et
des gens du RETAQ. Quel est le poids qu'auront ces gens pour définir les
champs d'intervention médicale? Qui va définir le rôle et
l'importance des infirmiers et infirmières dans la nouvelle corporation?
Le ministre dit: Je leur assure la sécurité. Ce n'est pas cela
qu'il dit dans son projet de loi. Il faudrait qu'a le relise. Ses
fonctionnaires ne le lui ont pas tout lu. C'est marqué que c'est ceux
qui figureront à liste qui seront transférés. (17
heures)
Cela, il ne le dit pas, le ministre. Il ne dit pas non plus qu'il a
donné des ordres à Urgences-santé de ne plus combler les
postes d'infirmiers et infirmières, depuis un certain temps, puis que
c'est le phénomène d'attrition; cela, il l'a
échappé hier, en voulant dire: Vous allez mourir à petit
feu, vous autres, les infirmières. S'il y en a dans la salle,
préparez-vous, vous allez disparaître à petit feu. Parce
que M. Cotton a décidé qu'il n'y aurait pas de triage. Qui va
nous parler de l'importance du triage quand il y a 1000 appels par jour? Qui va
donner l'information? N'est-il pas exact que déjà, entre 7 heures
et 9 heures le matin, s'il n'y avait pas de triage, il manquerait d'ambulances?
Déjà il en manque certains matins, il y a des délais plus
longs, malgré le triage. Qui va décider cela? Cela n'a pas de bon
sens de laisser faire une affaire de même quand tu es responsable, puis
cela ne veut pas dire que tu es contre des individus qui se défendent.
Bravo pour eux autres s'ils ont su gagner. Mais, nous autres, on n'est pas
là pour applaudir une victoire d'un côté ou de l'autre, on
est là pour essayer d'élaborer quelque chose qui a de l'allure,
qui a du bon sens puis qui correspond à de véritables soins de
transport ambulancier.
Qui va définir le rôle des répartiteurs?
Imaginez-vous, ils sont en chicane complètement avec le RETAQ. Ils ont
osé demander le congédiement de deux techniciens. Il va leur
arriver quoi, eux autres, avec une majorité du RETAQ au conseil? Ils ne
feront pas vieux os, ces enfants-là. Je ne sais pas ce qui va leur
arriver, mais j'ai l'impression que cela va être beau. C'est ce qui m'a
fait dire, d'ailleurs, hier, que le projet de loi, à toutes fins utiles,
était la légalisation d'un comité de relations du travail
Ce n'est pas un conseil d'administration chargé de gérer la
qualité des soins dans le transport ambulancier, c'est de transposer un
comité de relations du travail sur le plan juridique. Cela n'a pas de
bon sens. Le conseil d'administration n'est pas là pour cela. Il est
là pour gérer ta qualité des soins, et que cela
fonctionne. Qu'il y ait des comités de relations professionnelles qui
existent ailleurs. Pourquoi les infirmières ne sont pas à
l'exécutif? Au conseil? Pourquoi il n'y a pas d'usagers au conseil,
conformément à l'esprit des lois dans le domaine de la
santé et des services sociaux? Pourquoi un p. -d. g., une nouvelle
formule dans la santé et les services sociaux? Partout on a des d. g.,
mars qui sont supervisés par un conseil d'administration et un
président autre que le d. g.. Là, on arrive avec un p. -d. g.,
tous les pouvoirs. Où est-ce qu'on s'en va? Qu'est-ce qu'on vise? Ce
sont des questions qu'on se pose comme Opposition puis je pense qu'il est
légitime qu'on se les pose. On vise quoi en allant à l'encontre
des formules du réseau? On nomme un p. -d. g. Un d. g? Non, cela
enlèverait un vote s'il n'était pas président. C'est quoi?
On veut absolument donner tous les pouvoirs vite, puis cela presse.
Y aura-t-il du triage? J'en parlais tantôt. Je ne le sais pas.
J'ai jasé avec Mario Cotton, puis Mario Cotton, lui, il pense que ce
n'est pas une bonne formule; pourtant, à Toronto, ils n'ont pas de
triage puis ils s'acheminent vers un triage parce qu'ils trouvent que cela n'a
pas d'allure C'est vrai qu'on est toujours dix ans en retard, mais est-ce qu'on
pourrait pour une fois ne pas l'être trop, puis être un peu
avant-gardiste? Si ce n'est plus bon à Toronto, ce n'est pas
nécessairement bon pour ici. On pourrait peut-être faire preuve un
petit peu d'imagination, un petit peu d'intelligence collective puis,
peut-être, ne pas prendre ce qui ne va pas ailleurs pour l'adopter ici.
On pourrait peut-être avoir une formule qui a un peu de bon sens et un
peu d'allure.
S'il n'y a pas de triage, comment allez-vous régler l'engorgement
des urgences? Un appel, puis à l'hôpital, à l'urgence! 700,
800 personnes à l'hôpital à Montréal, au lieu de 250
par jour Mère Teresa va s'arracher les cheveux, certain. Elle a de la
misère à régler ses problèmes actuellement, avec ce
qui se passe. Qu'est-ce qu'elle va faire? Qu'est-ce qu'elle va faire avec 500
à 600 de plus? Qui va faire la circulation? Ce n'est toujours pas le
ministre lui-même. l\ peut la confier, peut-être, au RETAQ.
Qui fera le "counseling11 qui se fait présentement par
les infirmières, les informations, les conseils? C'est un rôle
fondamental auprès de la population. Si on reçoit 1000 appels par
jour puis
qu'on réussit à sécuriser des gens, à leur
dire: Bien, ce n'est pas grave, prenez telle chose... On donne des
informations. C'est cela un service qui est humanisé. Ce n'est pas un
appel, puis "shoot" dans l'ambulance, puis va-t-en là-bas.
Qui va contrôler la qualité des actes posés?
Imaginez-vous un ambulancier, parce que tu arrives avec un immigrant, il pense
qu'il est en méditation transcendantale, alors qu'il est dans un
état comateux avancé. Qui va contrôler la qualité
des actes posés? Cela n'a pas de bon sens. Cela prend une
autorité, cela prend une hiérarchie, cela prend
l'établissement dans la loi de la ligne d'autorité. Je trouve que
cela n'a pas de bon sens.
Qui va contrôler l'usage des véhicules? Actuellement, les
locateurs de ferrailles, ceux qui vont venir nous parler, ils ne sauront
même pas qui conduit. Cela va être beau, six transmissions chez
Lépine dans une semaine; allez-vous payer les transmissions dans le prix
de location? Tilden va vous faire des prix. Pour moi, ce ne sera pas long. Qui
va définir la liste des employés transférés? Les
gars qui seront protégés, les filles qui seront
protégées, ce sont ceux qui paraîtront sur la liste. Qui va
juger cela si vous ne le mettez pas spécifiquement que toutes les
catégories sont protégées? Qui va octroyer le processus
d'adjudication des contrats de location quand on sait ce qu'ils ont dit? Je
regardais, par exemple, ce qu'a écrit votre nouveau p.-d.g. sur les
entrepreneurs. Vous avez beau leur donner la priorité, si c'est lui qui
décide, il n'en a pas un Hérode qui va être choisi. Il les
traite de bandits. C'est clair. Ce n'est pas moi qui ai dit cela devant la
commission Marois. Vous lirez le rapport. Je l'ai lu.
Pourquoi traiter les gens de la rive sud différemment des gens de
Laval quand on fait une loi pour améliorer une situation, par exemple?
Pourquoi ne pas avoir eu le courage d'étatiser complètement?
Est-ce que la famille Dutil aimerait cela qu'on dise: Dorénavant, vous
êtes des locateurs de ce que vous êtes et je ne vous indemnise
même pas pour le coût des permis que vous avez eus, je vous
indemnise seulement pour la ferraille? Je vois la famille Dutil, une famille du
monde des affaires, ce qu'ils diraient. C'est comme si on achetait
l'édifice de la CSN et qu'on dirait: Vous êtes locataires
dorénavant et on vous donne tant. Elle vous dirait: Écoute bien
une minute, moi, me relocaliser, cela me coûte de l'argent et, pour
changer de ligne, cela me coûte de l'argent. Quand on n'a pas le courage
d'aller au bout d'une expropriation totale... On l'a fait, imaginez-vous, avec
les pourvoyeurs lorsque j'étais ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche. On disait: On vous donne un permis. Si vous immobilisez et si
je vous enlève votre permis, je vous indemniserai d'une façon
juste et équitable. Il y a des professionnels. Il y a des
évaluateurs.
Le Président (M. Bélanger): Alors, en conclusion,
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: En conclusion... J'étais bien parti parce
que j'en aurais bien long à lui dire encore. C'est un projet de loi qui
n'en est pas un. C'est un compromis pour éviter des négociations
sérieuses réelles.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je n'ai pas
l'intention d'intervenir longuement à ce moment-ci, étant
donné que je suis intervenu en deuxième lecture à
l'Assemblée et que je n'ai pas beaucoup de choses additionnelles
à ajouter.
À l'ouverture des travaux de cette commission, M. le
Président, je voudrais attirer l'attention de ceux et de celles qui
comparaîtront devant nous et deuxièmement,
particulièrement, l'attention du ministre. Quand on regarde la liste des
intervenants qui fond à vue d'oeil, on va de plus en plus se retrouver
à peu près uniquement avec des gens qui viendront - et c'est
légitime de le faire, c'est leur droit et il faut qu'ils le fassent,
c'est d'ailleurs pour cette raison que la commission devait se tenir - nous
parler des conséquences sur eux-mêmes, proches d'eux, de
l'application des dispositions du projet de loi 34. Mais, M. le
Président, autant j'accorde une très grande importance aux
représentations qu'ils nous feront - et je suis tout disponible à
entendre des choses qu'on n'aurait peut-être pas pu voir, à
constater des conséquences de l'application de certaines dispositions de
la loi - autant je souhaite que ces gens profitent de leur présence
parmi nous pour parler aussi des conséquences sur la qualité des
services qui seront dorénavant dispensés aux citoyens qui se
retrouvent dans des situations d'urgence médicale avec l'application du
projet de loi 34.
Je réitère, M. le Président, mon appel au ministre
particulièrement. J'ai soulevé bon nombre de questions dans mon
intervention à l'Assemblée nationale et d'aucune façon, en
aucun moment, le ministre n'a même apporté de commentaires, quels
qu'ils soient, sur les questions relatives à la qualité et
à la quantité des services médicaux d'urgence qui seront
maintenant disponibles avec l'application qu'il fera et qu'il a visiblement
l'intention de faire des dispositions du projet de loi 34. En ce sens, M. le
Président, je suis étonné et encouragé à
maintenir mon orientation d'interventions sur le projet de loi 34 autour de ces
questions, étant donné, justement, que le ministre n'a pas
réagi et a donc refusé jusqu'à maintenant de donner les
garanties que je lui ai demandé de donner à l'Assemblée
nationale au moment de la deuxième lecture de son projet de loi,
à savoir qu'il garantisse législativement le maintien minimal des
budgets des services en quantité et en qualité
qui existent présentement, notamment à
Urgences-santé ou à ce que deviendra Urgences-santé. M. le
Président, le fait que le ministre, non seulement n'ait pas
commenté ni réagi, mais n'ait jamais ouvert la bouche sur cette
garantie que je lui demande suscite chez moi beaucoup d'expectative quant
à ce que le ministre souhaitera faire, d'autant plus - comme je lui ai
dit à l'Assemblée nationale - qu'un des motifs de la
présentation du projet de loi 34 qui l'animent en est un de
rationalisation, nous a-t-il dit, et dans la bouche d'un ministre
libéral, membre du Conseil du trésor, c'est toujours bien louche
quand on parle de rationalisation et cela ne veut sûrement pas dire
accroissement des ressources, bien au contraire. Je vois qu'il a un beau
sourire presque béat quand je dis cela, mais au-delà de son
sourire, H y a du monde, des hommes, des femmes qui attendent une
qualité de services en matière d'urgence et sur laquelle on veut
l'entendre. Ce n'est pas vrai que le projet de loi 34 est un projet de loi
d'organisation, de relations du travail et de location de services
d'équipements ambulanciers. Si tout cela existe, c'est parce qu'il y a
du monde à qui H faut donner des services d'urgence médicale.
C'est de cela qu'on veut entendre parler le ministre. C'est de cela que doit
traiter explicitement le projet de loi 34, quant aux garanties
législatives que je demande sur ces questions qui doivent être
comprises dans cela.
Je réitère aussi, M. le Président, et je conclurai
là-dessus, que, oui, je suis très disponible à être
sensibilisé, encore plus que je ne l'ai été jusqu'à
ce jour, aux conséquences du projet de loi 34 pour la vie
professionnelle et quotidienne des hommes et des femmes qui y travaillent et
des hommes et des femmes qui y oeuvrent par leur implication en tant que
locateurs d'équipements, etc. Étant donné
l'expérience énorme qu'ils ont acquise sur le terrain quant
à la dispensation des services d'urgence, je voudrais qu'ils profitent
de l'occasion qu'ils sont présents devant nous pour nous sensibiliser
aux conséquences qu'ils pourraient voir à l'application de
façon rationalisée de l'ensemble des dispositions du projet de
loi 34 sur la qualité des services à la population. C'est en
fonction de cela particulièrement que j'ai l'intention de suivre les
travaux de notre commission.
Auditions
Le Président (M. Bélanger): Merci. Nous recevons
à la table des témoins le Regroupement des propriétaires
d'ambulances de Montréal, qui sera représenté par Me Guy
Tremblay, qui en sera le porte-parole, et M. Jean-Jacques Desrochers, qui est
propriétaire d'ambulances.
M. Tremblay, M. Desrochers, bienvenue. Selon nos règles de
procédure, il y a une enveloppe d'une heure pour votre
présentation et interrogation. L'enveloppe est divisée de la
façon suivante. Vous avez vingt minutes pour présenter votre
mémoire ou votre point de vue. Il y a par la suite vingt minutes
d'échanges par groupe parlementaire. Je devrais dire qu'il y a une
enveloppe de quarante minutes, parce qu'il y a trois factions parlementaires
représentées ici. Il y a une enveloppe de quarante minutes pour
les échanges avec les parlementaires Je vous prierai donc de nous
présenter votre mémoire et, lorsqu'on vous posera des questions
tout à l'heure, de bien vouloir donner votre nom à chaque fois
pour les fins d'identification au Journal des débats pour nos
transcripteurs Merci
Regroupement des propriétaires d'ambulances de
Montréal
M. Tremblay (Guy): Est-ce que le compteur est en marche?
Le Président (M. Bélanger): Aucun
problème
M. Tremblay (Guy): Si j'ai compris les règles du jeu, j'ai
vingt minutes pour m'expri-mer? D'accord.
Peut-être la seule fleur que j'enverrai au ministre, s'il a lu mon
mémoire, c'est de le remercier de nous avoir permis de nous faire
entendre, le Regroupement des propriétaires d'ambulances de
Montréal. Forcément, dans un délai si court vous
comprendrez que le mémoire peut déceler des coquilles ou encore
des imprécisions. Je suis content d'apprendre qu'on aura l'occasion de
préciser notre pensée si c'était ambigu.
Qui sont les propriétaires d'ambulances du Montréal
métropolitain? C'est un regroupement qui jusqu'à la fin du mois
d'avril était bien informel, regroupement qui comptait toutes les
personnes que vous retrouvez en annexe au projet de loi, sauf Les services
d'urgence CAL. Récemment, ce groupe d'ambulances s'est joint à la
Corporation des services d'ambulances du Québec et regroupe donc 72
permis sur 80, ce qui témoigne de sa représentativité. Les
dirigeants, sans vouloir faire de personnalités,
bénéficient d'un nombre d'années d'expérience dans
le domaine, sont souvent d'anciens ambulanciers eux mêmes, mais
s'impliquent dans la gestion au jour le jour. Leur rôle,
évidemment, est de fournir comme n'importe quel entrepreneur de la
main-d'oeuvre qualifiée, des véhicules répondant aux
standards fixés par la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et la Loi sur la protection de la santé publique Pour
les décrire en un seul trait, ces entreprises sont la vraie PME
québécoise. (17 h 15)
Évidemment, H est très difficile d'exprimer notre point de
vue sans faire un rappel historique, non pas parce que j'y ai été
largement impliqué, mais je trouve que cela conditionne
énormément les gestes qui ont précédé la
présentation du projet de loi. Ce qu'on dit dans notre
mémoire, c'est qu'en 1981 l'apparition d'Urgen-ces-santé a
quand même civilisé certains rapports. Cela a stabilisé
l'industrie et cela a aussi permis, en ayant une exclusivité au point de
vue de la clientèle et une exclusivité au point de vue de la
fourniture d'équipement, de stabiliser financièrement les
entreprises. En novembre 1983, l'avenir semblait prometteur, mais on a eu une
vague de syndicalisation du syndicat qu'on appelle RETAQ et qui est venu
bouleverser un peu les règles du jeu. Il faut comprendre
qu'Ur-gences-santé, en stabilisant, avait uniformisé. Alors, les
salariés, d'une entreprise à l'autre, avaient... En tout cas, les
mêmes standards devaient répondre aux mêmes directives, ce
qui a évidemment facilité des regroupements. En mai 1984, il y a
eu le dépôt d'un projet de convention collective où on
retrouve une demande similaire à celle qu'on a retrouvé dans
toute la province: d'abord une table commune, deuxièmement les
mêmes conditions que celles prévues dans le décret du
réseau des affaires sociales et troisièmement
l'étatisation à moyen terme, purement et simplement. C'est
évident que... Imaginez un groupe de PME face au RETAQ associé
à la CSN, mouvement dont le militantisme est connu. C'est évident
qu'à la première demande on a eu un sérieux écueil.
Il y a eu des moyens de pression en août et septembre 1984.
Évidemment, les droits de grève ou de lock-out, dans la mesure
où ils étaient permis, n'avaient pas toutes les mêmes dates
de tombée. Ce qu'on a décidé de faire à la suite
des... Le syndicat a décidé de recourir à des moyens de
pression. Cela a été toute l'artillerie judiciaire, moyens de
pression, on a eu des injonctions, on a eu des requêtes en outrage au
tribunal. Ce qu'il est bon de noter, dès cette étape,
évidemment le ministère de la Santé et des Services
sociaux et le ministère du Travail avaient exercé des pressions
en disant: Cédez donc, vous ne vous rendrez pas au premier but avec une
telle position. Ce qui a fait qu'on a dû céder aux pressions. On
peut donc, dans les circonstances, considérer que le RETAQ avait d'abord
déjà eu un bon gain.
En octobre 1984, je me souviens de m'être présenté
à la table des négociations avec un projet où on avait
accepté 100 demandes, donc 100 clauses paraphées. Au bout de
trois jours, cela n'a pas été long, ce n'était pas assez,
cela n'allait pas assez vite, on ne répondait pas aux questions de fond.
Alors, le spectacle a continué et on s'est retrouvé encore avec
une série de moyens de pression, requêtes devant le Conseil des
services essentiels. Comme on le dit à la page 5 - c'est peut-être
une observation qui a échappé - étant donné qu'on
est en train d'écrire l'histoire, M. Lamarche avait qualifié le
Conseil des services essentiels de "conseil de guignols" à l'audition du
31 octobre 1984 et avait simplement quitté l'assemblée. On a
été obligé de modifier la loi en décembre 1984 pour
dire que toute personne qui est convoquée à une audition doit y
assister.
C'est évident qu'avec une telle déclaration il ne faut pas
être très malin pour imaginer la suite. On n'a pas obéi
à l'ordonnance des services essentiels, cela a été encore
la pagaille et, évidemment, il y a eu une capitulation - deuxième
victoire - où le ministère de la Santé et des Services
sociaux a délégué un observateur-négociateur, homme
qui fut qualifié d'homme aux multiples chapeaux, qui venait nous
assister, nous les employeurs, dans notre négociation. Il y a eu le 15
décembre. Évidemment, il y a eu des négociations par la
suite, il y a eu des discussions. On a été à la table de
négociations et, évidemment, notre offre globale et finale a
été présentée. Je dois dire qu'entre l'offre
globale et finale du 15 décembre et le décret il n'y avait pas de
modification de fond, à peine avait-on touché à la forme.
Le 20 décembre 1984 c'est évident qu'il y a eu une loi qui a
été adoptée sur la continuité des services
essentiels. Encore une fois, nos amis du RETAQ avaient décidé de
ne pas l'observer. Ce fut la réunion dans l'hôtel dont le ministre
parlait hier, parce que je l'écoutais à la
télévision par un enregistrement magnétoscopique.
Évidemment, ce n'était pas le 24 décembre, M. le ministre,
c'était bien le 26 décembre, dans la nuit du 25 au 26. C'est
évident que M. Chevrette, et je ne veux pas non plus faire de politique,
privilégier un parti par rapport à l'autre, mais étant
donné que vous dites que c'est lui qui est allé négocier
sa loi, je dois vous dire que j'étais présent. On parlait de
l'entente Larose-Chevrette, mais il y avait aussi Tremblay, Guy Tremblay, celui
qui vous parle. J'étais complètement associé à
cette entente où on avait discuté s'il y avait possibilité
de traiter les employés avec plus d'équité. Alors, c'est
comme cela que ça s'était passé. C'était une
entente qui avait été faite pour créer le tribunal Marois.
Alors, c'est évident que, si vous référez à ce qui
a pu se passer le 24 décembre, vous aviez peut-être raison parce
que je n'étais pas là, mais le 26, ce que je vous dis est
effectivement arrivé.
Évidemment, le rapport Marois, et c'est facile d'être pour
la vertu, a mis ce qui nous a touché directement dans le coeur, soit la
garantie de salaire. On disait toujours aux techniciens ambulanciers: Garantir
le salaire, c'est très beau, mais nous, ce qu'on voudrait avoir, c'est
une garantie de revenus. Alors, on voudrait être exactement placés
dans la même position juridique que vous voulez. Évidemment, c'est
un débat qui persiste même encore aujourd'hui dans les
négociations qu'on a pour conduire le système au nouveau
système d'OSBL.
Conclusion avec l'histoire. Tout ce que le RETAQ a entrepris avec ses
moyens de pression illégaux, je suis obligé de lui donner la
quote A+ parce qu'il a réussi... Jamais on n'est arrivé, avec
toutes les entourloupettes qu'on a voulu faire, à être capable de
les contrer. Il y a eu aussi les fameux horaires de novembre 1986. Cela a l'air
de faire une très mauvaise jambe au
gouvernement precedent, mais le 26 novembre il y avait eu les horaires
d'hiver. Je me souviens encore des injonctions et tout ce qui s'était
ensuivi. Mais, de toute façon, on a pour une quatrième occasion
bonifié des gestes qui, pourtant, étaient illégaux.
Sur les difficultés financières, c'est évident que
la poussée qu'avait faite le rapport Marois à l'intérieur
de la tarification... Je vous laisse en annexe une réclamation que je
formulais le 26 août 1986 au conseil régional en lui expliquant,
dans les seize points qui sont là, qu'il y en avait à peu
près quinze qui touchaient le coût accru de la main-d'oeuvre. On
demandait dans les circonstances une ouverture de notre tarification et de nous
permettre d'avoir au moins une équité parce qu'il y avait eu 1,
10 $ qui avait été gonflé, il y avait eu les 2, 20 $ du
rapport Marois, il y avait les échelons additionnels qui avaient
été donnés par le rapport Marois. C'est évident que
cela créait une distorsion de salaire par rapport au coût
communément appelé de la tôle. Évidemment, il y a eu
la réponse du gouvernement qui nous disait toujours, et je me rappelle
la litanie: II y a suffisamment d'argent dans le système pour être
capable d'apaiser toutes vos inquiétudes. On disait: À partir de
quoi? C'était le rapport Tremblay.
Un mot sur le rapport Tremblay qui a été commandé
par le gouvernement. Vous lirez en page 9 et aussi dans l'annexe 3 les
écarts sur l'analyse qu'on en a faite, des écarts de 16 %
à 1800 %. C'est évident qu'on avait des noms. M. Chevrette en a
évoqué. Je ne veux pas les répéter parce que,
probablement, ils s'appliqueraient au propre groupe que je représente,
mais c'est évident que, quand on a un partenaire et qu'on a un
écart de 16 % à 1800 %, on peut se poser toutes sortes de
questions sur son honnêteté. Alors, le rapport Tremblay est,
à notre avis, un rapport irréaliste, peu crédible,
qualifié d'amateur parce que les données sur lesquelles il se
basait n'étaient pas exactes.
Il y a eu aussi le rapport SECOR qui a jalonné ou qui a
précédé le dépôt du projet de loi. C'est
évident qu'on l'a lu. On a été consulté une heure
et quart, le 22 octobre, et on a dit: Si vous avez autre chose, venez, on a
peut-être des choses particulières à vous dire sur le
système de Montréal. On a été invité
à faire des commentaires par M. Cloutier. J'ai aussi mis sa lettre en
annexe pour vous démontrer que l'optique des relations du travail avait
une place assez discrète, même marginale à
l'intérieur de l'invitation pour les remarques qu'on avait à
faire. De toute façon, on s'y est prêté de bonne
grâce et on a proposé un système mixte basé sur des
recommandations du rapport SECOR qui, doit-on le dire, en ce qui a trait
à Montréal... J'ai mis la main sur la lettre d'accompagnement du
rapport. C'était préliminaire et ce n'était qu'un rapport
d'étape et il devait y avoir un suivi. De toute façon, on
maintenait Urgences-santé parce que, évidement, pour filtrer les
appels... Je vous le dis tout de suite, si vous décidez de ne pas
filtrer les appels, les propriétaires de Montréal s'en
réjouiraient parce qu'au lieu d'avoir 80 ambulances il en aurait fallu
peut-être 250, donc des revenus additionnels. C'est évident qu'il
faut filtrer les appels. Ce ne sont pas tous les appels chez
Urgences-santé qui sont urgents. Évidemment, on
récupérait le système de répartition On s'inspirait
de ce qu'il y avait dans le rapport SECOR en divisant la ville de
Montréal en quatre zones et on se disait que, sans garder les structures
actuelles, en rapatriant certaines fonctions, on pourrait donner un service de
qualité. Évidemment, on ne comptait pas qu'on allait
complètement nous évacuer pour mener à terme cette
mission-là. Évidemment, il y avait les relations du travail. Je
ne vous cache pas, d'ailleurs, c'est ce qui est au coeur du projet de loi, et
on s'était dit Oui, il y a des structures On n'est pas obligé de
nationaliser ou encore de céder nos responsabilités à
l'État pour cela J'avais évoqué dans les circonstances que
le Québec avait connu des systèmes par le passé où
il y avait des problèmes de relations du travail. En 1975, dans la
construction, on avait créé une association patronale unique qui
s'appelait l'AECQ. On avait favorisé un regroupement de
propriétaires comme celui-là en disant: On négociera la
convention collective et on en verra l'application. Et d'un coup de plume,
à l'intérieur d'un projet de loi, on aurait pu favoriser une
telle structure. C'est vivable, c'est faisable, cela s'est déjà
vu, cela a déjà été expérimenté.
Évidemment, il y a eu ce qui a suivi. Franchement, je vous dirai,
avec le groupe que je représente, qu'on n'a pas cru un instant qu'on
irait vers une nationalisation, nationalisation comprise par l'application de
l'article 22.
Il y a eu aussi l'étape de notre négociation du contrat de
service qui a fait tant d'écho à Montréal et c'est
là que les masques sont tombés. De 32, 94 $ qu'on retrouvait
à l'intérieur du rapport Tremblay, on avait mis carte sur table
que cela coûtait entre 41 $ et 43 S l'heure. Évidemment, pour
débloquer les fonds, sur une proposition qui avait été
faite par le conseil régional qu'on trouvait insuffisante, on avait
demandé 3 200 000 $ de plus. Or, je lisais une déclaration de M.
Dutil, je ne sais pas au cours de quelle procédure, où on avait
parlé d'une indexation de plus de 2 %. C'était les "boss" qui
venaient réclamer leur part, 3 200 000 $ qu'on trouvait insatisfaisants.
La structure n'est pas venue et le coût des salariés n'est pas
venu Alors, je vous dis que, quand on parlait d'autofinancement possible et
suffisamment d'argent dans le système pour cela, on est certainement
loin de cette réalité-là.
Il y a eu le projet de loi 34. Je vous fais grâce de l'accueil
qu'en ont fait les organismes auxquels on est associé, le Conseil du
patronat, la Chambre de commerce. Il y a eu aussi nos beaux penseurs de notre
société. Je pense à M. Francoeur, "Reddition humiliante".
Il y a eu aussi
M. Gagné. Il y a eu aussi M. Vennat, qui a quand même fait
des propos en disant: Cela ne sert à rien de précipiter une telle
réforme, voyons-y clair et repoussons le projet de loi.
Évidemment, nous nous y opposons autant par sa forme que son contenu et
nous en arrivons à la conclusion, à la lecture du projet de loi,
que ce n'est qu'une capitulation à une menace brandie par le RETA. On a
vécu avec ces gens-là. Je me souviens de l'expression que j'avais
et je leur demandais: Quand allez-vous commencer à jouer du tam-tam? Il
faut dire que j'avais écouté le discours. Il y avait un macaron
du 29 février 1988 et, nous, on savait ce que cela voulait dire. Si on
ne donne pas dans ce sens-là, évidemment on risquera de commencer
à jouer du tam-tam. On comprend que l'engagement qui a été
pris dans le projet de loi, et notamment l'article 22, n'a certainement pas
été dans le sens de nos espérances. Évidemment, il
y a le projet de loi. C'est difficile pour moi et ce n'est pas le mandat que
j'ai de le critiquer dans sa forme parce qu'on trouve que ce qui devrait
être fait, c'est tout simplement de le mettre de côté,
demander au rapport SECOR ou encore continuer cette phase-là qui avait
été faite, parce qu'il s'agit d'un rapport d'étape. Mais,
s'il m'est permis de livrer quelques commentaires, cela me fait sourire. Parce
que, dans le vrai monde, la vraie vie, il va y avoir des personnes, je ne
touche pas à la personnalité de M. Lamarche, mais j'ai eu
à vivre et j'ai eu à transiger avec lui. Quand M. Chevrette
parlait de son plaidoyer syndical, c'est contre moi qu'il a plaidé.
J'étais là le 26 décembre et j'ai fait toutes les
auditions du rapport Marois. C'est évident qu'il véhiculait, et
il s'est même permis de le faire personnellement, le deuxième
extrait que je cite dans le mémoire des propriétaires, ce sont
des observations personnelles de M. Lamarche où, évidemment,
chargé de mépris, il nous parle de "business d'outfit-ting". Il
n'a rien contre les véhicules ambulanciers et les normes - personne
n'est contre la vertu - mais il est contre les compagnies. Or, c'est
évident qu'avec un système comme celui établi à
l'article 149.19, en tout cas, si j'avais une optique comme celle-là
à l'esprit, ce ne serait pas long que les propriétaires
débarqueraient. (17 h 30)
Je soumissionne même à un prix raisonnable, on se retourne
et on dit: Bon, n'importe quel aventurier est prêt à faire des
affaires, est prêt à donner un prix, et on me dit: Es-tu capable
de le faire à ce prix-là? Bien, c'est évident que je vais
dire non, j'ai donné 25 $ ou 24 $ l'heure, je ne peux certainement pas
me retourner et négocier à 19 $ ou 20 $ et bonjour la visite. Et
ce n'est même pas le fait que la corporation décidait
d'elle-même d'administrer un service d'ambulance.
Alors, il y a des gens comme M. Desrochers, qui est le président
de la région 6A, qui a oeuvré là-dedans pendant 20 ans, il
y a la famille Lépine, qui est là-dedans depuis 57 ans, et c'est
fini. C'est quand même une expertise. Ce sont des gens qui connaissent le
métier, des gens qui sont rompus à l'administration. Ils
connaissent les rudiments du métier. Je vous le dis, il ne faut pas une
grande recherche en droit pour se rendre compte de cela, c'est ce qui va
arriver. Surtout quand on connaît celui qui va présider à
l'administration de cette corporation-là, je vous dis qu'en tout cas il
y a la porte ouverte.
On parlait de la composition de la corporation. Si tant est que les
locateurs de tôle, comme on en a parlé, devraient être
partie à cela, comment se fait-il qu'à l'intérieur de la
corporation ils ne sont nullement représentés? Il y a d'autres
commentaires en page 18 et 19, et je parle aussi du scepticisme et de
l'inquiétude qu'ont les propriétaires en voyant Me Pierre
Lamarche présider, surtout avec les idées qu'il a
véhiculées tout au long des quatorze journées qu'a
duré l'audition du tribunal Marois.
Le Président (M. Polak): Dernière minute,
excusez-moi, Me Tremblay.
M. Tremblay (Guy): II me reste une minute. Eh monsieur, je ne
suis pas payé à l'heure. Alors, je continue, le coût de
l'étatisation...
Le Président (M. Polak): Excusez-moi, on vient de me dire
ici, par consentement, oui...
M. Tremblay (Guy): J'achève, d'ailleurs, j'achève.
Je vais essayer de me discipliner. Page 20, les coûts de
l'étatisation. Souvent on entendait dans les corridors du conseil
régional que les "boss" mettent 4 $ l'heure dans leur poche, et qu'avec
400 000 heures, multiplié par 4 $, cela fera 2 000 000 $ et c'est comme
cela qu'on va la financer, la réforme. On vous a montré qu'en
prenant moins on a été à 9 $ pendant une année. Or,
les coûts réels, vérifiés par des firmes de
comptables, Raymond Chabot, démontraient qu'on était à 9 $
l'heure. Alors, ce n'est certainement pas là qu'on va avoir
trouvé la cagnotte.
Sur les coûts d'utilisation, le rapport Tremblay, j'en ai
parlé, mais, dans les circonstances, le coût qu'ils avaient fait
pour l'utilisation d'une ambulance c'était 58 000 $; on a
démontré, avec chiffres à l'appui, que cela doublait. Il y
a aussi le coût de l'OSBL On nous a dit, lors des dernières
négociations qu'on a faites, qu'on nous retranchait 4,03 $ l'heure. Il
va falloir de l'administration pour les locateurs de tôle. Je me demande
où il vont la trouver. Évidemment, le décloisonnement des
compagnies, le temps supplémentaire, mettez encore quelques millions,
vous allez vous rendre compte que vous arrivez allègrement dans les 10
000 000 $ uniquement pour la réforme.
En conclusion, j'en ai déjà parlé, je dis
subsidiairement, si le gouvernement, ou le
ministre, ou peu importe - si j'ai bien saisi les interventions, cela ne
viendra certainement pas de l'Opposition - décidait de donner son aval
au projet de loi, faites donc avec élégance ce que vous avez
commencé, et partez donc avec tout. Ceux qui ne voudront pas jouer vos
règles du jeu, donnez-leur leur billet pour qu'ils sortent. Dans toute
société démocratique civilisée, ce sont des
règles qui s'appliquent. Vous avez une perception très
étroite, en tout cas je vous le souligne, de ce que peut être
l'étatisation. Cela se comprend aussi d'un gouvernement qui change les
règles du jeu. Et, comme je l'ai souvent dit aux intervenants qu'on
avait au conseil régional, le gouvernement du Québec, ce n'est
pas n'importe quelle république de bananes qu'on peut retrouver dans le
sud. Quand il y a des dispositions législatives, cela crée une
stabilité sociale. C'est cela qui permet à des personnes
d'investir, faire comme M. Lépine a fait et quand même investir
avec sa corporation publique et acheter à Montréal. Quand on
vient bouleverser les règles du jeu, cela crée un dommage, parce
qu'on va chercher un bien, on l'exproprie, on prive cette personne-là de
la jouissance de ses biens. Généralement, une
société va indemniser. Ceux qui voudront jouer les règles
du jeu, bravo, ils iront à leurs risques et périls. S'ils pensent
y trouver leur profit et être capables de survivre, ils le feront.
C'est un ordre complètement nouveau par l'application des
articles 22 et 149.19, et je trouve que cela amènerait une juste
compensation. Je ne vous demande pas un demi-million par permis. Je ne suis pas
capable de vous donner de chiffre, mais ce que je vous dis, cela doit valoir
quelque chose. Je termine là-dessus. Je n'irai pas à Toronto,
mais je vais aller en Ontario où ils ont eu à vivre en 1970 les
mêmes dispositions. Je me permets une traduction ad lib. Ils ont
parlé de la valeur de l'ambulance en accord avec les principes de la loi
et de l'équité, nos amis les anglais de la province voisine,
lorsqu'ils avaient à évincer une compagnie ambulancière du
système. Je conclus là-dessus, je ne sais pas si j'ai
respecté les 20 minutes. Je vous remercie de votre patience.
Le Président (M. Polak): Merci, Me Tremblay. La parole est
maintenant à M. le ministre.
M. Dutil: Oui, M. le Président. À l'article 149.19,
plus particulièrement quant à la soumission publique, j'aimerais
que vous élaboriez davantage de quelle façon et quel
mécanisme on pourrait trouver, en faisant abstraction de l'autre aspect
qui est le fait que les techniciens ambulanciers deviendraient des
employés d'un organisme sans but lucratif. Quel est le mécanisme
de détermination des prix qui vous apparaîtrait justifiable?
M. Tremblay (Guy): C'est de l'histoire, M. Dutil. On est
là depuis 1981, je trouve étrange qu'on dise qu'on
s'écorche sur la place publique. Je me demande dans quelle mesure ce
n'est pas maintenu artificiellement. En 1981 on s'est entendus. En 1984 on
passait pour les agneaux du système. Bien sûr, les
propriétaires, c'est de l'acquis. Ce n'était pas
compliqué, on faisait les comptes. Combien pensez-vous que je peux
négocier d'heures sur la valeur d'une ambulance et de ce que je vais
mettre dedans? Je vous dis que ce n'est pas long. On va chez Christin Auto Elle
vaut tant. Est-ce qu'on l'amortit sur 30 mois ou 36 mois? On dit aux gens: Vous
en voulez une avec des pare-chocs en or, cela ne nous dérange pas. Cela
va coûter plus cher. Si on le met plaqué or 22 carats, cela va
coûter encore plus cher. Ce n'est pas compliqué notre histoire. On
s'est toujours entendus.
Si vous voulez des solutions imaginatives, on peut en puiser dans
d'autres lois. Il y a l'arbitrage, il y a des régies qui peuvent
interpréter et appliquer ce que c'est. On n'est pas obligés de
prendre toujours la solution la pire qui va bouleverser l'ordre social des
gens. On s'est toujours entendus. En tout cas, ceux que j'ai vus en 1981, je ne
dis pas que cela n'a pas été théâtral des fois, mais
on s'entend. C'est le but de l'exercice, sans jeter les ambulances en bas du
pont Jacques-Cartier. On s'est entendus en 1984. J'avais fait la
première séance. Je descendais avec Me Matteau du train de
Québec à Montréal. Cela avait été la plus
longue séance. Pour le reste, on s'était rencontrés au
conseil régional et cela avait pris encore deux heures. C'était
cela notre contrat.
M. Dutil: L'aspect de la garantie de salaire qui avait
été accordée par le rapport Marois et, donc, par le
gouvernement à l'époque, et qui n'avait pas été
étendue à la garantie de revenu, j'imagine que vous
référez particulièrement à la clause qui a pour
effet que lorsque les ambulanciers ne sont pas sur place pour un bris
mécanique...
M. Tremblay (Guy): Oui.
M. Dutil: ...ils sont payés par vous...
M. Tremblay (Guy): Oui.
M. Dutil: ...mais ils ne sont pas rémunérés
par l'État.
M. Tremblay (Guy): Oui.
M. Dutil: Est-ce que vous référez à d'autres
aspects que celui-là?
M. Tremblay (Guy): II y a l'annexe 1 que je vous ai
livrée. Il y a les quinze minutes avant, les quinze minutes
après. Il y a aussi les désinfections qui peuvent être
faites lorsqu'il y a le transport d'une personne qui est contagieuse. On est
obligé de désinfecter les ambulanciers.
Lorsqu'on arrive en retard de cinq ou dix minutes, on est coupé.
Lorsque les personnes reviennent de leur repas et que cela prend deux ou trois
minutes de plus, on est encore coupé. Lorsqu'ils décident de ne
pas prendre un appel parce qu'il est 15 h 45, qu'ils finissent à 16
heures, qu'ils vont aller se ramasser à l'autre bout de Ille et qu'ils
décident de dire qu'il y a quelque chose, on est encore coupé. Le
laxisme du système a permis avec sa garantie d'heures de prendre le
temps de réponse de 58 minutes et de l'amener à 65 ou même
70; c'est encore des choses où on a été affecté. Je
me rappelle la nuit des longs couteaux, du grand échange que nous avait
fait M. Lamarche qui était procureur à ce moment-là: On va
vous laisser le cloisonnement des compagnies, donnez-nous les garanties de
salaire. On a dit: Non, c'est la fin du système, parce qu'il y avait
quand même un autocontrôle. La personne qui est dans une ambulance
et qui sait que si elle bûche sur la tôle la tôle va se
ramasser dans le garage et qu'elle ne sera pas payée, elle y pense deux
fois. C'est surtout cela qui nous a fait mal. Alors, j'ai quand même
douze raisons sur la garantie de salaire, à l'annexe 1, où,
évidemment, on n'est pas garanti pour ces personnes. Il faut toujours...
En tout cas, c'est l'entreprise privée. Je vous laisse imaginer tout ce
qu'on peut faire pour être imaginattf, plein d'initiatives pour
être capable de faire en sorte que le système marche.
M. Dutil: Ces douze points viennent tous du rapport Marois ou de
la négociation.
M. Tremblay (Guy): Ou de la négociation ou du rapport
Marois. Le pire, je ne vous le cache pas, c'est la garantie d'heures
payées. Si la personne, par bris mécanique,
désaffectation, absence du partenaire, est privée du temps de
départ... Des appels d'urgence, cela ne s'empile pas. Il faut que
l'ambulance sorte. Alors, à un moment donné, il faut remplacer.
C'est cela qui a créé la distorsion financière dont on
parle.
M. Dutil: Depuis quatre ans, sur tous les aspects que vous venez
de mentionner? Depuis 1984?
M. Tremblay (Guy): Depuis, je dirais, 1985. Dans le fond,
jusqu'au rapport Marois, on trouvait qu'on n'avait pas un si mauvais contrat
que ça. Les modifications du rapport Marois ont change les règles
du jeu. En 1986, on ne m'a pas vu souvent au conseil régional, sauf pour
les injonctions lors de novembre 1986, puis en 1987 vous avez ma
réclamation. On arrivait à la fin du contrat et on disait: On va
respecter notre contrat. Mais on trouvait que cela étirait pas mal.
Alors, surtout l'année 1987, c'est l'année qui a fait
déborder le vase.
M. Dutil: Concernant la composition du conseil d'administration,
vous le critiquez. Vous suggéreriez quoi comme formule?
M. Tremblay (Guy): Je ne me cherche pas un job, M. le
ministre.
M. Dutil: Ce n'était pas la question que je posais.
M. Tremblay (Guy): Je n'ai pas d'observation. Je vous dis que je
trouve cela étrange si on invite - et c'est la déclaration de M.
Groleau quand il est venu nous rencontrer le 4 mars -es propriétaires
à faire encore affaire avec le gouvernement. On sera quand même
des fournisseurs d'équipement. Sans l'ambulance, il n'y a pas grand
transport en ambulance. On trouve étrange qu'on n'ait même pas
été invités à faire partie de ce conseil
d'administration, sous réserve de notre opposition majeure au projet de
loi.
M. Dutil: Alors, votre critique n'est pas que sur la
présence ou non des propriétaires actuels?
M. Tremblay (Guy): C'est cela, puis elle est infime, compte tenu
de l'ensemble.
M. Dutil: Est-ce que vous êtes disposé à
donner les chiffres vérifiés des compagnies d'ambulances pour les
fins de négociations? Est-ce que ça a déjà
été fait dans le passé?
M. Tremblay (Guy): Dans le passé ce n'était pas
nécessaire, chacun s'entendait. On avait des rapports, une très
bonne communication dans les négociations avec Urgences-santé et
on n'était pas obligé d'aller là-dedans, parce que, aller
dans ce système, la négociation monte d'un octave. On l'a fait
parce qu'il y a eu le rapport Tremblay. On avait dit: Si le problème ce
sont les salaires... On a engagé une firme indépendante de toutes
les entreprises, Moquin, Ménard, qui avait déposé des
documents. Evidemment, ils avaient été écartés du
revers de la main par M. Tremblay. Lors des dernières
négociations, des comptables, avec des documents vérifiés
par eux, ont été présents à la table de
négociations pour témoigner que, quand on disait 41 $ à 43
$, ce n'était pas des choses qu'on sortait en l'air. Ce sont des
comptables. Il y a la firme Raymond, Chabot, Martin, Paré. Ce n'est
quand même pas une firme du coin de la rue. Elle nous dit encore, dans
une déclaration que j'ai eue hier du 7 juin, que les coûts de
main-d'oeuvre sont de 41,12 $ et ce, à partir des bilans
vérifiés de l'entreprise.
M. Dutil: Mais ma question est: Est-ce qu'à votre avis vos
propriétaires seraient disposés, pour les fins de
négociations et d'entente de gré à gré, à
déposer et à montrer les bilans vérifiés des
compagnies qu'ils dirigent?
M. Tremblay (Guy): C'est difficile pour moi de répondre
à cette question, parce que vous me
prenez sur deux tableaux. Là j'ai une jambe sur l'ancien contrat
que je suis en train de négocier, parce qu'on m'a demandé
poliment: Amène-nous au moins jusqu'à l'OSBL, et c'est ce que je
suis en train de faire. Les discussions ont progressé. Je sais qu'elles
achoppent sur deux points, et vous me demandez du même souffle:
Êtes-vous prêt à le faire dans le cadre de l'autre chose,
les soumissions publiques? Je ne vois pas ce que des Mans viendraient faire
dans le cadre d'une soumission publique.
M. Dutil: Je ne parle pas dans le cas d'une soumission publique,
je le fais dans le cas hypothétique où on continuerait des
ententes de gré à gré. Advenant le cas où il y
aurait des discussions de négociations de gré à gré
comme cela se faisait dans le passé, est-ce que les entreprises que vous
représentez estimeraient, étant donné que c'est un
système qui, à toutes fins utiles, peut être transparent
comme certains autres domaines - on peut se référer à
d'autres contrats que donne le gouvernement - pouvoir faire connaître
l'ensemble des coûts qui vous concernent et de façon
vérifiée?
M. Tremblay (Guy): Je vais vous répondre, je ne dirai pas
en politicien, mais je ne suis pas contre toute idée qui pourrait faire
progresser la négociation. Toutefois, j'ai des réserves. Dans les
mains de qui cela tomberait? Je sais, parce que j'ai déjà
été fonctionnaire cela fait bien longtemps, qu'il y a toute une
cour derrière vous. Évidemment il y a des personnes, et cela n'a
jamais été caché, qui avaient peut-être, sans dire
le mépris facile... Elles ont véhiculé l'idée qu'on
s'empochait grassement aux dépens de l'État. Je ne dirai pas
qu'une discussion faite de comptables... Il faut quand même qu'un
comptable agréé, surtout d'une firme réputée comme
Raymond, Chabot ou toute autre firme, parce qu'on n'est jamais arrivé
avec des amateurs, trouve dans l'autre personne un interlocuteur valable. (17 h
45)
Je vous dirai une chose. Quand on a négocié avec M. Vanier
dans les dernières heures qui ont précédé notre
fameux ultimatum du 26 avril, je vous jure que la négociation
progressait. C'est un comptable agréé, on a discuté avec
lui, on lui a remis les chiffres, et il a compris le langage, ce que cela
pouvait être. Évidemment, il y a eu des ratés par la suite,
parce que je comprends que dans toute la plomberie gouvernementale on
recommande, il faut approuver cela au Conseil du trésor, puis on n'a
peut-être pas eu le succès escompté. Mais, oui, cela avait
discuté et on était très près, on était
très transparent quant à nos chiffres.
M. Dutil: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M le Président, je voudrais savoir à
combien de reprises vous ave/ à\à consulté sur ce projet
de loi
M. Tremblay (Guy): Moi, c'est bien difficile, parce que je n'ai
pas, peut-être, toujours eu la réputation qu'il aurait fallu.
Même si j'ai laissé beaucoup d'appels téléphoniques,
je voulais quand même savoir ce qui se passait.
M. Chevrette: Non, je parie de consultations formelles,
officielles, comme groupe.
M. Tremblay (Guy): On m'a rencontré le 2 décembre.
J'ai rencontré M le ministre Dutil, le 2 décembre. J'y fais
allusion, dateurs, dans mon rapport, je ne pense pas que vous l'ayez fait
à titre intime, pour ne pas que ce soit répété Mon
Dieu! Est-ce que j'ai été vu par après? Non. On m'a
parié, là, je veux dire dans le cadre de mon contrat de service,
mais venir dire: Bien, on s'enligne de telle façon... On est venu me
voir, oui, le 15 mars, en me disant: On ne sait pas ce qui s'en vient, est-ce
qu'on peut compter sur votre collaboration? Évidemment, on avait eu
droit à un spectacle d'inflation verbale que je ne voudrais pas relater
ici, pour d'autres raisons, mais consultation, on m'a vu une fois.
M. Chevrette: Est-ce que cela a duré un bon bout de temps
et sur des principes précis?
M. Tremblay (Guy): Non, nous, on avait peur, évidemment,
d'être nationalisé, pas être nationalisé, mais on
avait une inquiétude dont on avait fait part au ministre puis on avait
dit exactement ce que je dis aujourd'hui, puis il pourra s'en souvenir. Parce
que devant, je ne dirais pas des problèmes, l'étalement des
problèmes qu'on avait vécu, le ministre m'avait rappelé en
disant: M. Tremblay, vous n'êtes toujours bien pas venu nous demander de
vous nationaliser? J'avais dit non. Puis, souvenez-vous, M. Dutil, j'avais dit
que je remettrais mon mandat s'il fallait que je préconise quelque chose
comme cela. C'est une solution que M. le ministre avait reconnue comme
étant trop facile, puis c'est vrai que c'est trop facile. Alors, c'est
cette seule fois, évidemment. Vous vous souvenez, M. Chevrette, en 1984,
quand on s'est rencontré, j'avais pas mal plus de rouge sur ma cravate
que j'en ai aujourd'hui, puis, venant des milieux où je suis, je pense
que vous devez comprendre cela. Quand on connaît la trame
électorale du Parti Libéral, vraiment, on ne s'attendait pas
à cela et j'en parie aussi dans mon mémoire.
Cela a été une surprise. C'est pour cela que je
rappliquais, j'appelais, qu'est-ce qui se passe? Évidemment, on aurait
souhaité autre chose, mais on est obligé de constater qu'il y a
eu ce qu'H y a eu.
M. Chevrette: Est-ce qu'on vous a déjà
présenté cette hypothèse que vous deveniez des
locateurs le 2 décembre?
M. Tremblay (Guy): Non.
M. Chevrette: Est-ce qu'on vous en a parlé? Avant que vous
preniez connaissance de la loi 34, est-ce qu'on vous avait dit que vous
deviendriez des locateurs de tôle?
M. Tremblay (Guy): Du tout. M. Chevrette: Jamais?
M. Tremblay (Guy): Évidemment, il y avait de la
consultation. Je dois dire que j'ai été rencontré le 12
janvier, dans le rapport SECOR. Il y a le 2 décembre puis il y a une
autre date j'y fais allusion dans mon mémoire, c'est le 12 janvier, mais
de locateurs de tôle, ce n'est certainement pas ce qu'on avait
préconisé parce que la structure à laquelle je fais
référence dans le mémoire, en pages 10 et 11, ce
n'était certainement pas une structure qui favorisait ce que vous dites,
des locateurs de tôle.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez été vu par le
nouveau PDG depuis le 21 mai?
M. Tremblay (Guy): M. Lamarche? Mais non.
M. Chevrette: Est-ce qu'ils vous ont convoqué à une
assemblée quelconque?
M. Tremblay (Guy): Non. Pourtant il me connaît bien, vous
savez.
M. Chevrette: Est-il exact que dans certaines compagnies
présentement il y a énormément de bris
d'équipement, de bris de véhicules?
M. Tremblay (Guy): Oui, je sais à quoi vous faites
allusion et je suis obligé de vous répondre oui. Il s'agit de
l'entreprise que vous avez évoquée tout à l'heure. M.
Lépine est ici, si vous voulez il pourra vous en... Je ne suis pas au
courant de tous ces problèmes de garage, mais oui, effectivement, il y a
des problèmes d'équipement, il y a des problèmes de
véhicules, il y a des problèmes de sorties de véhicules et
cela varie entre un par jour sur 19 quand vous êtes chanceux M.
Lépine, puis cela peut aller à 12, 13.
M. Chevrette: Vos observations, étant donné que
vous connaissez le système, le jour où vous êtes locateurs
au lieu d'être des propriétaires qui désignent les
individus qui vont être responsables des véhicules, je suppose
qu'en vertu de la loi ça ne sera plus vous autres.
Une voix: Non.
M. Chevrette: Vous serez des locateurs, point. Votre
expérience de travail dans le milieu, est-ce que cela va rendre
responsabilisés les techniciens vis-à-vis de l'utilisation des
véhicules? Est-ce que cela risque d'être pareil, d'être
pire, d'être moins bien, je ne sais pas?
M. Tremblay (Guy): Je vais qualifier ma réponse. Tout peut
marcher, cela va coûter une fortune. Ce n'est pas compliqué de
s'en rendre compte. Évidemment, il y a eu des ressentiments à
l'endroit des employeurs. On n'a pas le passé des relations du travail
le plus joli et le plus candide. Imaginez-vous le contexte où M.
Desrochers cède son véhicule le matin. Évidemment, il va
fonctionner dans un cadre comme Tilden ou Avis. Il va y avoir une petite
personne qui va se promener. Il y a trois ou quatre égratignures.
Ramène-la-moi ce soir et j'espère que cela va être dans le
même état. Mais cela se peut que la transmission soit
brisée, qu'il y ait d'autres égratignures, des miroirs tordus. On
a tout vu. Je ne vous rappellerai pas ce qui est arrivé en 1984. En
revenant le soir, est-ce qu'on va nous dire qu'on doit assumer les coûts?
Si c'est cela qu'on a l'esprit, c'est évident que cela ne pourra pas
marcher. On ne se rendra pas au premier but, on va être retiré
à la "plate". Si, par contre, le ministre nous dit, dans les
circonstances: Ne vous inquiétez pas, je vais faire de vous autres les
plus belles entreprises de garage, pas de fournisseurs d'auto, cela sera autre
chose. Vous imaginez la facture dans le contexte. Il faut le raccrocher
à un autre débat. Ou le RETAQ décide que c'est le
véhicule ambulancier KKK standard américain qu'il veut à
88 000 $ pièce... Je sais qu'on a déjà sorti des standards
et à l'heure actuelle on nous met un prix de tant de dollars l'heure
pour des véhicules de telle valeur. Mais je vous dis: On oublie un autre
partenaire et il ne faut quand même pas l'ignorer. Il a toujours
gagné. Toutes les fois qu'il a mis des revendications, il a gagné
à toutes les fois. Or, s'il arrive avec son gros KKK à 88 000 $,
à un moment donné, cela sera un autre genre de véhicule.
Cela va coûter encore plus cher. Dans un contexte comme celui-là,
cela ne pourrait pas fonctionner à moins que le robinet soit ouvert et
qu'on décide de faire des entreprises de garage. Je ne sais pas.
M. Chevrette: Dans le coût horaire évalué par
n'importe qui, SECOR, Tremblay, celui que vous voulez, ou par le
ministère lui-même, est-ce qu'on a tenu compte... Par exemple, M.
Desrochers me vend ses permis, 200 000 $ le permis plus les véhicules,
supposons, ou 100 000 $ le permis...
M. Tremblay (Guy): On peut se parler. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...est-ce que, de par la loi... À 200 000 $
du permis, je sais que vous m'auriez parlé pas mal.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ce que je veux dire, dans la formule du
ministre...
M. Tremblay (Guy): Oui
M. Chevrette:... telle que libellée...
M. Tremblay (Guy): Oui.
M. Chevrette:... est-ce qu'il vous apparaît qu'il ne tient
pas compte des obligations reliées, par exemple, à l'achat d'un
permis dans son chiffre d'affaires? Par exemple, il peut avoir dix ambulances
et cela vaut 30 $ l'heure, supposons. Mais vous, à 30 $, vous ne pouvez
pas arriver si vous avez acheté un permis de 100 000 $, par exemple.
Est-ce que, dans les évaluations de Tremblay ou du ministère, on
a tenu compte des obligations reliées au...
M. Tremblay (Guy): À la valeur de ce que cela valait?
M. Chevrette: Exact.
M. Tremblay (Guy): Du tout. J'écoutais le ministre. Si
vous dites que cela ne vaut rien, cela vaut quelque chose. Le moindrement qu'on
contingente une industrie, qu'on en réglemente l'accès... Un
permis de taxi à Montréal, cela vaut 50 $ à l'hôtel
de ville. Allez vous promener pour en acheter un, il coûte 20 000 $ parce
qu'on s'est dit: Pour venir jouer, quand on en réglemente
l'accès, dans une industrie, évidemment, la capitalisation, c'est
le permis. C'est ce qui vous permet de venir jouer. Il y a des personnes qui
ont déboursé de fortes sommes d'argent. Les contrats sont
publics. Les dernières transactions, celles de Lépine, c'est
connu, c'est près de 2 000 000 $ pour pouvoir venir jouer dans le parc
ambulancier de Montréal. Alors, si on me dit que cela ne vaut rien, que
voulez-vous que je vous dise? Cela vaut quelque chose. Maintenant, est-ce que
cela vaut...
M. Chevrette: Un homme d'affaires.
M. Tremblay (Guy): II y en a qui ont payé plus de 100 000
$. Bon. Ils se sont fait avoir peut-être et il y en a d'autres qui ont
payé moins de 100 000 $. Ce n'était peut-être pas un bon
prix, mais cela doit valoir quelque chose. La proposition que je fais et,
évidemment, j'ai consulté des arrêts de jurisprudence,
c'est que, dès lors qu'on bouleverse les règles du jeu, qu'on
change législativement l'ordre établi, on crée un dommage.
On s'approprie, en tout cas, le capital humain ou, encore, on modifie les
règles à l'intérieur desquelles on est capable de survivre
et cela ouvre la place à la compensation. À moins que le ministre
nous ait dit: C'est peut-être une autre assurance-salaire pour les
avocats.
Alors, c'est autre chose. Peut-être qu'ils en sont bien
satisfaits. Mais c'est évident que cela vaut quelque chose et on a
toujours dit que cela ne valait rien. Vous aviez, je vous écoutais hier,
parce que c'est vous qui, artificiellement... Je vous le dis, j'ai de la
misère à suivre le raisonnement.
M. Chevrette: Est-ce que, selon votre analyse du projet de loi,
vous pensez que cela va contribuer à améliorer la qualité
des soins, cette nouvelle structure?
M. Tremblay (Guy): Je vais parler pour mon groupe. C'est non. On
repousse la neige par en avant. On met la poussière en dessous du tapis.
Ce qu'on a voulu régler comme problèmes de relations du travail.
M. Lamarche et le RETAQ pensent que cela pourrait mieux fonctionner. On se
reparlera dans trois ans. Ce que je vous dis et où le bât blesse,
c'est que si on décide de nous sortir du jeu... Il y a quand même
des personnes qui savent de quoi elles parlent. Cela fait 20 ans que M.
Desrochers est là; Lépine-Cloutier sont là depuis 57 ans;
M. Perimutter, qui n'est pas ici, on en a parlé, il est
légendaire, cela fait quand même dix ans qu'il est là. M.
Perimutter est un "paramedic". Quand on parlait des cours de Dawson, il a le
cours de 1200 heures. Ce n'est quand même pas un deux de pique. Si le but
est d'écarter tout cela, je vous le dis, c'est évident que cela
ne l'améliorera pas. On essaye de détourner, on prêche tous
la vertu, on essaye de démontrer que c'est un problème de
qualité de soins. Tout le monde est pour des soins accrus, tout le monde
est pour la formation accrue, tout le monde qui a un infarctus à un
moment donné au coin de Peel et de Sainte-Catherine à
Montréal voudrait avoir une ambulance, l'agent Glad, arriver en dedans
d'une minute et le sauver. Mais le vrai problème est un problème
de relations du travail. On essaye, je vous le dis, de pelleter la neige par en
avant et de la passer en dessous du tapis. C'est cela le problème. C'est
cela qu'on nous empêche de voir. Quand même on me dirait que ce
n'est pas cela... Évidemment, si dans ma petite tête
j'étais le seul à le penser, je dirais: Tremblay, reste à
Montréal et ne vient pas chagriner tout le monde. Lisez les
éditoriaux, lisez... Vous expliquez le problème à qui que
ce soit et ils se disent: C'est bien évident, c'est un chantage. On
ouvre encore la porte de façon gracieuse au ministre. S'il décide
de nous sortir, payez ce que cela vaut et il y en a qui vont s'en aller. Au
moins, cela va leur fermer le clapet. Mais ne dites pas que cela ne vaut rien
et ne dites pas que c'est un problème de qualité de soins et un
problème de formation de techniciens et un problème de ci et de
ça. Ce n'est pas cela le véritable problème. Je vous dis
une chose: Si on avait eu des relations du travail saines dans un contexte
ordonné, aujourd'hui on ne parierait pas du projet de loi 34. On
parlerait peut-être
de modifications à un projet de loi qui ne feraient certainement
pas l'objet des débats qu'on a ici aujourd'hui. Je vous assure de cela.
Je ne veux pas non plus. Je privilégie votre thèse, M. Chevrette,
je ne cherche pas à faire de politique, mais mon problème, en
tant que représentant d'employeurs qui a été
impliqué dans ce dossier depuis 1983, qui a négocié la
convention collective de 1984, qui a été le procureur des
employeurs au tribunal Marois, qui a suivi au jour le jour l'application des
conventions collectives et du contrat de service, je vous le dis, c'est comme
cela que je le vois. Quand on vient me dire que pour assainir les relations du
travail on va transférer des employés à une date entendue
par la Corporation d'urgences-santé et les personnes visées... Le
ministre m'avait déjà dit: Bien sûr, si vous ne voulez pas,
on ne les prendra pas. Mais, dans un contexte comme celui-là, ce que je
vous dis, c'est que je n'aurai pas le choix. Me faire cela, c'est un cadeau de
Grec. Quand on crée des attentes et des appétits dans le domaine
des relations du travail et qu'on ne les satisfait pas, c'est le tam-tam qui
ressort. Je ferais un pari d'aller interroger le syndicat à l'heure
actuelle et je suis persuadé qu'ils ont tous le 1er juillet en
tête. Le 1er juillet: transfert. Évidemment, pour faire reculer la
vapeur, il va falloir une bonne paire de poignets. Mais qu'on ne vienne pas me
dire que c'est un autre problème qu'on a eu. C'est un problème de
relations du travail et c'est cela qu'on cherche à calmer. Je trouve que
la situation est radicale, car il y en avait d'autres. Il y en avait
d'autres.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si c'est
vrai que le 1er juillet est une date fatidique?
M. Dutil: Pas à ma connaissance.
M. Chevrette: Pas à votre connaissance?
M. Dutil: Non, monsieur.
M. Chevrette: Est-ce que vos porte-parole vous ont dit que
c'était une date importante?
M. Dutil: Non, M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Vous n'avez jamais eu un rapport en ce sens que, si
le 1er juillet n'était respecté pas comme obligation
législative, ce serait un problème de relations du travail
éventuel?
M. Dutil: M. le Président, ce n'est pas la première
fois que le chef de l'Opposition soulève cette question. J'ai...
M. Chevrette: Non, mais c'est pour bien vous le faire dire et le
faire entendre.
M. Dutil: J'ai dit, M. le Président, que nous nous
étions engagés à déposer le projet de loi. Mais je
connais très bien le processus législatif en cette Chambre et je
ne garantis jamais l'aboutissement d'un projet de loi, M. le
Président.
M. Chevrette: Donc, le ministre entend respecter le principe
législatif sans vouloir attribuer à qui que ce soit l'odieux
d'une non-adoption de la loi?
M. Dutil: Ah! M. le Président, il faut s'entendre
là-dessus. Ce que j'ai dit...
M. Chevrette: Ah! voilà le rat qui sort.
M. Dutil: Ce que j'ai dit... M. le Président, je pense que
le chef de l'Opposition devrait retirer ce qu'il vient de dire. Le rat qui
sort, je ne pense pas que ce soit un terme très parlementaire.
M. Chevrette: Cela ne me tente même pas, mais je vais le
faire. Ce n'est pas parlementaire, mais c'est vraiment sincère ce que je
pense là-dessus. Je le retire.
Le Président (M. Bélanger): Alors, n'étant
pas parlementaire, on le considère comme retiré. Je cède
la parole au député de Chambly. (18 heures)
M. Latulippe: M. Tremblay, je vais vous parler aussi des
relations du travail. Depuis 1983-1984, au moment où vous faites un
historique de la situation, on s'aperçoit que c'est le bordel dans les
relations du travail jusqu'à aujourd'hui. On se retrouve devant les
tribunaux du travail, moyens de pression, etc. Pouvez-vous me dire quel effet
cela a eu sur la qualité des services?
M. Tremblay (Guy): Je vous laisse l'imaginer.
Évidemment...
M. Latulippe: Non, je veux que vous m'en parliez.
M. Tremblay (Guy): Mais c'est évident. Je vais vous donner
des exemples. Quand on avait comparu devant le Conseil des services essentiels
le 31 octobre 1984, les techniciens ambulanciers avaient décidé
de saboter le code radio; eux-mêmes reprenaient en charge la
répartition des appels. C'est évident qu'on ne parlait plus d'un
temps de réponse de quatre à six minutes. M. Marcoux, du conseil
régional, avait été à une émission de radio
et il parlait de 28 à 30 minutes. On avait décidé de nous
attaquer financièrement en décidant de retenir les formules
AS-811, et on n'était pas capable de facturer. Or, une compagnie qui n'a
pas d'entrées de fonds, je vous dis que cela ne vaut pas cher à
la banque. On avait décidé de saboter les véhicules. On
brisait des transmissions et ainsi de suite.
On n'avait certainement pas les temps de réponse qu'on voulait.
En soirée, le 26 décembre, à Montréal, alors qu'on
doit avoir 41 ambulances dans le parc ambulancier, il en restait 11. C'est ce
que cela voulait dire en ce qui concerne la qualité des services. Il n'y
en avait pas.
M. Latulippe: Alors, M. Tremblay, pouvez-vous nous dire en
quelques mots de quoi dépend le climat si négatif en ce qui
concerne les relations du travail de 1984 jusqu'à aujourd'hui? Cela
dépend de quoi, d'après vous? Vous l'avez vécu.
M. Tremblay (Guy): Je vais répondre par une comparaison.
Il y a d'autres associations syndicales accréditées en province.
Pourtant, elles ont des relations du travail harmonieuses. Il y a un autre
groupe syndical, je ne veux pas faire de personnalités, qui a d'autres
visées pour le système. Ils veulent nous sortir de là.
C'était clair en 1984. Ils l'ont répété en 1985 et
évidemment ils sont prêts à tout. Ils ne reculent devant
rien pour y arriver. Je suis obligé de dire: Bravo! Ils ont
réussi. Quelqu'un qui atteint sa cible et qui est capable de faire
mouche, c'est exactement ce qui est arrivé.
M. Latulippe: Alors, ma question est la suivante: Est-ce que le
projet de loi, tel qu'il est proposé, est conçu de façon
à améliorer les relations du travail et les
négociations?
M. Tremblay (Guy): C'est pousser la neige par en avant, M.
Latulippe. C'est ce qui va arriver. C'est de mettre la poussière en
dessous du tapis. Cela va faire des montagnes tantôt. Et le
problème que vous pensez avoir réglé, vous ne le
réglerez pas.
M. Latulippe: Pourquoi vous dites que c'est pousser de la neige
en avant? Sur le plan pratique, quelle disposition...
M. Tremblay (Guy): Est-ce qu'ils vont changer demain?
Hypothèse. Hypothèse que le gouvernement dans sa sagesse nous
donne des standards qui ne répondent pas aux standards KKK. Vous
imaginez ce qui va arriver des véhicules? M. Lépine vient d'en
avoir un, un beau véhicule, des beaux "mag wheels", standards KKK, je ne
sais pas si cela va faire dix kilomètres a Montréal. Par chance,
il y a d'autres entreprises en province. Il va peut-être être
capable de le repasser. Mais je vous dis qu'à Montréal je ne
pense pas qu'H fasse une longue vie. Parce qu'on a décidé
d'appliquer, en tout cas, c'était dans le mémoire qui nous a
été soumis, les standards KKK. Or, vous dire que cela va tout
régler, cela va arrêter... Un jour ou l'autre, j'imagine que
l'employeur nouveau, dans l'hypothèse où la corporation verrait
le jour, va dire non. À un moment donné, on va arrêter de
dire oui. Quand on va arrêter de dire oui, bien, c'est là que la
chaise va recommencer, tout le monde danse. C'est le grand "party" et on
recommence.
M. Latulippe: Alors, M. Tremblay, avant le projet de loi, vous,
en fait votre groupe, vous dirigiez un commerce de services d'ambulances
M. Tremblay (Guy): Oui.
M. Latulippe: Après le projet de loi. si l'article 22 est
appliqué, vous dirigez un com merce de location de tôle.
M. Tremblay (Guy): Si notre prix est retenu, M. Latulippe.
M. Latulippe: Si?
M. Tremblay (Guy): Si notre prix est retenu, si on est
là.
M. Latulippe: Oui.
M. Tremblay (Guy): Si on est encore détenteur d'un
permis.
M. Latulippe: Oui, mais je veux dire, d'avant et d'après,
vous passez d'un commerce de services d'ambulance à un commerce de
services de location d'autos.
M. Tremblay (Guy): Si vous voulez, dans votre
hypothèse
M. Latulippe: Oui, dans cette hypothèse-là Est-ce
que, effectivement, il y a eu des discussions pour vous indemniser pour le
changement de la nature de votre entreprise?
M. Tremblay (Guy): Non.
M. Latulippe: Est-ce qu'on vous a fait des offres sur des sommes
précises en rapport avec une indemnisation pour ce changement de la
nature de votre entreprise?
M. Tremblay (Guy): Du tout, pas un cent
M. Latulippe: Est-ce que vous avez fait, vous, des demandes en ce
qui concerne une indemnisation en ce qui a trait au changement de la nature de
votre entreprise? Vous, avez-vous demandé des sommes d'argent?
M. Tremblay (Guy): Les sommes d'argent, ce n'est pas le
représentant des propriétaires, ce soir, qui va être
capable de dire ce que cela vaut, parce que je ne me rendrai pas à
Montréal, je vais avoir des couteaux dans le dos toute la
soirée.
M. Latulippe: Mais j'imagine...
M. Tremblay (Guy): Je ne sais pas ce que... Mais je vous ouvre la
porte à la page 24. C'est évident qu'on le demande. J'ai
écrit au Barreau du Québec pour faire des pressions. C'est un
principe que je ne peux pas comprendre, le principe qui est à
l'article...
M. Latulippe: Alors, est-ce que vous êtes disposé
à déposer devant la commission vos demandes précises en
rapport avec l'indemnisation ou le calcul de l'indemnisation que vous
demanderiez?
M. Tremblay (Guy): Ce que vous me demandez, c'est d'improviser
quelque chose...
M. Latulippe: Pas là, mais...
M. Tremblay (Guy): Mais c'est évident que s'il y avait
cette ouverture - je me permets d'improviser, parce que je traduis la loi de
l'Ontario - ceux qui décideront de ne plus danser dans le nouveau projet
de loi, à un moment donné on va leur remettre leur mise de fonds
et cela sera indemnisé à sa juste valeur marchande, pour ce que
cela vaut. Il y a des firmes qui interprètent cela et, quand on ne
s'entend pas entre des firmes comptables - en tout cas, j'ai déjà
lu les lois, il y a quand même des lois d'expropriation - il y a un
tribunal pour réglementer cela. À un moment donné, on
paie. On paie ce que cela vaut. Je ne vous demande pas le Pérou, je le
demande simplement pour ceux qui ne veulent pas jouer.
M. Latulippe: Ma dernière question: Êtes-vous
disposé à déposer devant cette commission ce que vous
croyez qui devrait être la juste indemnité à laquelle vous
auriez droit, vu le changement de la nature de votre entreprise?
Le Président (M. Bélanger): Ah, il s'agit de
transmettre un document et non de le déposer.
M. Latulippe: De transmettre un document
établissant...
M. Tremblay (Guy): Ce que vous me demandez, c'est encore
être pour la vertu. C'est, comme je disais, être pour (...) en
dehors des heures de bureau. Que voulez-vous que je vous dise? C'est difficile
pour moi de vous répondre. Je pourrais peut-être y répondre
par après. Je ne sais pas le temps que cela peut prendre pour
évaluer ces entreprises-là. Je ne voudrais pas vous dire
n'importe quoi. Je sais qu'il y en a qui valent quelque chose. Il y en d'autres
qui valent un peu moins et d'autres qui valent un peu plus. Je ne sais pas ce
que cela vaut. C'est évident qu'une entreprise qui a deux ambulances et
qui n'a pas peut-être la performance financière que, je ne le sais
pas, M. Desrochers pourrait avoir, M. Perlmutter... Cela prend du temps pour
évaluer cela. Je ne suis pas capable de vous répondre. Dire que
j'ai une objection de principe, difficile à dire, je ne peux pas vous
dire. Je n'ai pas d'objection de principe. Mais ce que je vous dis, tout ce que
je recherche serait le principe de façon subsidiaire, comprenez-moi
bien.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, d'abord deux commentaires
à la suite des questions du ministre et du député de
Chambly. Je vous dirai, M. le Président, que je trouve que c'est une
bien drôle de méthode de négociation quand un ministre,
d'une part, demande publiquement le dépôt des états
financiers vérifiés d'une entreprise privée pour
être en mesure de faire progresser un dossier. J'imagine bien le ministre
dans la position qu'il occupait avant le 2 décembre 1985, se voyant
demander cela par n'importe qui y compris par le président du syndicat
des employés de son entreprise. J'avoue honnêtement que je trouve
cela un peu particulier et doublement de la part de quelqu'un qui se vante de
venir de l'entreprise privée. Moi, qui ne suis pas de ce milieu, qui n'a
jamais eu de rouge sur sa cravate et qui n'en aura pas non plus, j'avoue que
j'ai bien de la difficulté à suivre un tel raisonnement et
j'aimerais qu'un jour vous me l'expliquiez.
Deuxièmement, M. le Président, quant à la demande
du député de Chambly, êtes-vous en train de négocier
l'après-projet de loi? On va au moins débattre du projet de loi,
s'il va être adopté ou pas. Je comprends que vous êtes
majoritaire dans le Parlement, mais on va suivre un certain processus. Moi, je
n'ai pas l'intention, quand vous commencerez ce bout-là, je vous le dis
tout de suite, M. le ministre, moi, je ne participerai pas à la
négociation publique avec tous les partenaires de comment on va
compenser ou pas compenser; il y a des mécanismes qui existent dans
notre société pour faire cela. J'espère que vous ne les
abolirez pas en abolissant d'autres affaires. Alors, j'imagine qu'on se
référera à cela et, donc, on n'aura pas besoin, M. le
Président, d'utiliser votre droit de regard sur le dépôt de
quelque document que ce soit. J'ajoute que je pense, quand on entend ce type de
discussion, qu'on est loin de la qualité des services. Parce que, M. le
Président, j'observe, comme tout citoyen montréalais, comme toute
personne qui s'est beaucoup intéressée aux questions de
santé et de services sociaux, partout au Québec comme à
Montréal, que, oui, il y a un gros problème de relations du
travail mais je pense, M. le Président, que le projet de loi 34 devrait
et doit - j'y avais acccordé plus que cela jusqu'à maintenant -
traiter de plus que le problème des relations du travail.
J'ai deux questions précises à poser à
l'intervenant qui est devant nous. D'une part, à quelques reprises vers
la fin de son intervention ou dans des réponses qu'il a faites à
des ques-
tions qui lui étaient posées, il nous a dit: II y aurait
d'autres solutions. En tout cas, il ouvrait la porte à d'autres
solutions pour régler ce grave problème de relations du travail
qu'on perçoit de plus en plus quant à son ampleur et à
l'impor tance qui est accordée du côté gouvernemental
à l'ampleur de celui-ci. J'aimerais entendre Me Tremblay nous dire ce
qu'est sa solution, mais je vous dis tout de suite: Parlez-moi d'une solution
qui serait applicable...
M. Tremblay (Guy): Oui.
M. Rochefort: ...à court terme dans le contexte de la
présence sur la table d'un projet de loi qui a déjà
franchi le seuil de la deuxième lecture. Je ne veux pas non plus qu'on
se promène d'un bord à l'autre parce que cela ne nous aura pas
beaucoup instruit pour poursuivre dans notre travail de législateur.
M. Tremblay (Guy): La solution viable qu'on avait
proposée... Un peu d'histoire. En 1974-1975, on a eu des
problèmes de relation du travail dans l'industrie de la construction qui
font peut-être pâlir les problèmes de relation du travail
qu'on a pu avoir dans le secteur ambulancier. Entre autres, il y avait une
division du côté patronal parce qu'H y avait six associations
patronales. Je me rappelle que le ministre Cournoyer, dans le temps, a dit: Les
patrons, vous allez faire le ménage chez vous et vous allez créer
une association patronale unique. C'est ce qu'on avait proposé parce
qu'on était divisé. Donc, on a une crédibilité
additionnelle. Lisez le rapport SECOR en pages 52 et 53. manque de
crédibilité. Donc, on restaure notre crédibilité
parce que c'est une association dont les entreprises font partie qui
négocie la convention collective. Et on est allé plus loin que
cela, on a dit aussi: Ils l'appliqueront. Ils seront chargés au jour le
jour des relations du travail. C'est une solution qui est assez imaginative,
qui a déjà été expérimentée, mais au
moins on ne passe pas par la nationalisation pour y arriver. Puis cela contente
tout ce monde-là. C'est cela qu'on avait suggéré.
Autre point, le gouvernement lui-même, l'AEBJ... Je me souviens,
quand on a construit la Baie James, on forçait tout entrepreneur qui
avait un contrat à la Baie James d'appartenir à l'Association des
employeurs de la Baie James, hautement financée, les frais de cotisation
étaient de 50 $ par employeur, mais c'était les relations du
travail des employeurs qui étaient prises en main par cette
association-là. Évidemment, après les troubles qu'on avait
vécus en 1974-1975, cela a été de nature à les
assainir, puis regardez ta phase jusqu'en 1982 ou 1983, cela a quand même
été une réussite. On a dit: Avant de partir avec les
meubles, on pourrait au moins privilégier cette solution-là qui
vient de l'entreprise privée.
M. Rochefort: Quelle a été la réaction des
gens avec qui vous avez discuté devant cette proposition d'alternative
envisageable? Quand je parie des gens, je parle du côté
gouvernemental
M. Tremblay (Guy): Je vais vous dire, dans une consultation
publique je ne me servirai jamais des conversations privilégiées
que j'ai pu avoir où il y avait quatorze personnes qui nous
consultaient. Je me souviens d'un haut fonctionnaire qui nous a dit: C'est bien
beau, M. Tremblay, ce que vous nous proposez, mais qu'est-ce que j'ai à
vendre à M. Cotton là-dedans? C'était cela, la
réaction du gouvernement, et qu'on ne se le cache pas, c'est toujours
cela le problème. Puis c'est de même qu'il faut le voir et, quand
on le voit sous cette lumière-là, on comprend tout. C'est
exactement ce qu'on m'a dit C'est bien beau ton affaire, mais qu'est-ce que je
vais aller vendre à M. Cotton avec ta belle affaire? Bien, je vous dis,
les bras m'ont tombé. J'ai dit: Moi, je lis: Prenez mon annexe 4,
regardez ce qu'on a le 6 janvier et regardez ce qui va faire plaisir à
M. Cotton. Si on m'avait posé rien que cette question-là,
j'aurais répondu en arrière d'un timbre-poste. Vous la savez, la
réponse, c'est cela que je veux dire.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, je
cède la parole au député de Joliette et ensuite au
ministre pour conclusion. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, c'est dommage qu'on n'ait
pas plus de temps. Je pense qu'on aura quand même l'occasion
d'échanger des propos en dehors de cette assemblée pour quelques
informations additionnelles que j'aurais aimé avoir. Je voudrais
rappeler au ministre que dans les cas d'expropriation ou de soustraction d'un
bail - puis je reviens avec l'exemple que j'ai donné tantôt, un
"outfitter", ce qu'on appelle un pourvoyeur, au Québec - même pour
cause, il y a une clause d'indemnité juste, équitable et
raisonnable. Même pour cause et ici. dans la présente loi, on
change les règles du jeu, on leur enlève toute possibilité
puis, quant à aller dans l'étatisation, on n'introduit même
pas un mécanisme de règlement juste et équitable. On sait
qu'il y a des évaluateurs professionnels qui peuvent évaluer ce
que cela vaut; si vous avez de la machinerie délabrée, elle
serait évaluée en fonction de son délabrement, puis, si
elle est bonne, elle est bonne. Et il y a une évaluation qui se fait sur
le coût du fonds de commerce comme tel, la perte du fonds de commerce
comme tel, l'entreprise comme telle; cela se fait. Je vous avoue que c'est
surprenant, comme vous dites, dans la bouche d'un parti qui devait être
de businessmen. Il n'y a pas un businessman, surtout le ministre en cause...
C'est encore d'autant plus surprenant de lui et je ne crois pas que la CSN,
moi... Personnellement, je suis convaincu que la CSN aurait été
d'accord avec
une expropriation totale, une étatisation totale, je suis
convaincu de cela. D'ailleurs, je suis convaincu qu'ils vont me le dire quand
ils viendront. (18 h 15)
Cela ne change rien pour eux autres et, quant à arriver avec une
folie furieuse de droits de priorité dans l'offre d'un contrat mais sans
obligation de te retenir quand t'es en place, cela, je vous avoue, moi, que je
ne comprends pas cette partie-là. Je ne comprends même pas cela.
On n'est même pas allé là, nous autres, avec des
pourvoyeurs quand j'ai fait adopter la loi moi-même parce que je trouvais
qu'un individu qui investissait dans un commerce, mais où on a la
sanction ultime de lui enlever son permis ou pas, on avait le devoir de
l'indemniser correctement. Cela est au moins un... C'est un droit fondamental -
sans être avocat - c'est un droit fondamentalement reconnu en droit que
le ministre devrait savoir ou que son entourage devrait lui souffler à
l'oreille comme étant un principe mondialement reconnu. Je suis surpris
qu'on ne lui conseille pas de ce côté-là au moins cette
nuance-là.
Je voudrais vous remercier de votre mémoire. Quant à nous,
de l'Opposition, c'est évident qu'on va essayer de faire la
lumière d'abord parce qu'il y a une série de questions. Lorsque
d'autres catégories de personnel vont défiler devant nous, on va
essayer d'avoir des réponses. Parce que le projet de loi, tel qu'il est
rédigé présentement, m'apparaît beaucoup plus
vouloir régler une question de structure en fonction d'un
règlement de conflit du travail éventuel qu'une structure en
fonction de l'amélioration de la qualité des soins. Le seul
argument du ministre depuis le début, cela a été le
perfectionnement. Et encore là, sur le perfectionnement, il ne dit pas
comment ce sera pris en compte. Par Urgences-santé, il n'y a pas de
problème, c'est sûr. C'est sûr qu'ils vont payer. Mais, dans
les privés en province, comment cela va-t-il se négocier le
perfectionnement? Sur le temps de qui? Cela fera-t-il partie du taux horaire?
Est-ce que cela fera partie d'un fonds quelconque? On ne sait rien.
J'ai demandé au ministre, en ce qui concerne l'étude des
crédits - je termine sur cela, M. le Président, il ne faut pas
ambitionner, je sais que vous êtes généreux - j'ai
demandé au ministre: Quelles sont vos évaluations, M. le
ministre, dans ces transformations-là? Il n'a pas été
capable de me répondre un seul iota. Il n'a été capable de
me dire aucun chiffre. Il n'a pas été capable du tout de me dire
où il s'en allait avec cela. Il était fier de se bidonner et de
se péter les bretelles et se targuer, par exemple, que le nombre
d'heures était augmenté. On peut tous favoriser cela, le nombre
d'heures est augmenté. N'importe qui est pour le perfectionnement, c'est
évident. Mais, concrètement, il faut savoir: C'est sur le temps
de qui? Cela se chiffrera comment? On ne le sait pas, pas du tout. Moi, en tout
cas, personnellement, je suis votre raisonnement sur un point, c'est, quand on
transige, on doit le faire correctement, franchement, honnêtement et
sincèrement. Si le but était d'étatiser, on
étatise. On a étatisé l'électricité au
Québec, mais on a indemnisé les corporations
hydroélectriques en conséquence. Il y a eu des
étatisations plus ou moins heureuses qui ont été faites,
mais il y a toujours eu des indemnisations. Je pense que le ministre devrait
réviser complètement sa position, parce que je ne comprends
même pas où il veut en venir. Est-ce que c'est Tilden que cela lui
prend? Est-ce que cela lui prend une compagnie de location taillée sur
mesure d'avance? Imaginez-vous... Moi, je vois... Il y a un point où je
vous donne raison aussi. Comment Pierre Lamarche, que j'estime comme bonhomme,
lui qui est allé descendre certains individus, va-t-il donner
priorité aux contrats de certains individus? Il me semble qu'un homme
d'affaires comprend cela immédiatement, bonne mère! C'est
lui-même qui, dans ses remarques personnelles, j'ai lu son rapport...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
chef de l'Opposition.
M. Chevrette: ...c'est vrai que vous avez raison d'être
petit dans vos souliers. Je comprends. S'il y en a un qui devrait être
plus "lousse", c'est le ministre. Il est censé avoir l'autorité,
l'objectivité et la neutralité pour être capable de ne pas
briser des rapports de forces complètement. Cela est sa
responsabilité. J'ai hâte qu'il en fasse preuve, par exemple.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, si vous
voulez remercier nos invités.
M. Dutil: M. le Président, avant de remercier nos
invités, je voudrais dire ce que j'ai dit hier, et que je maintiens, le
chef de l'Opposition est un homme cordial et sympathique en dehors de la
Chambre. Je déplore grandement qu'il affiche un pareil mépris
face au RETAQ et face aux employés en général. Je ne veux
pas dire par là que j'approuve des moyens qui sont pris à
l'occasion par les syndicats. Je les désapprouve quand ils sont
illégaux. Je les désapprouve quand ils risquent de mettre en
danger la qualité du service à la population. Cela est un message
bien clair. Il est important que dans nos remarques on soit capable d'avoir un
dialogue ouvert, un dialogue le plus franc possible et qu'on soit capable de
respecter les employés. Ce n'est pas parce que quelques individus,
à un moment donné, se sont permis des choses inadmissibles qu'il
faut condamner l'ensemble...
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Oui. Je n'ai accusé personne. Je m'excuse.
Il va retirer ce qu'il vient de dire. Je l'ai retiré tout à
l'heure correctement en sachant que ce n'était pas parlementaire.
Trouvez-moi un iota d'une attaque que j'ai fait à un technicien.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement.
M. Chevrette: Trouvez-moi un iota où j'ai attaqué
qui que ce soit ici. J'ai simplement dit qu'il y avait des appréhensions
fondées sur des relations qui sont connues publiquement. Bonne
mère du ciel, le ministre, cela fait 26 mois qu'il est là, il
doit avoir lu les rapports. C'est basé sur des faits. Qu'il me trouve
donc une occasion ou j'ai accusé quelqu'un. S'il n'est pas assez homme
pour le faire, bien là je m'excuse, je vais prendre le ton que je
voudrai bien prendre. J'aime autant un ton agressif, sincère et
honnête et je sais où je vais, qu'un ton mou et guenille et on ne
sait pas où l'on va.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Alors, M. le Président, quant à la
question de règlement, je ne pense pas avoir dit quoi que ce soit qui
attaque la personnalité de M. le chef de l'Opposition. Ce que j'ai dit
c'est que sa façon de s'exprimer au sujet du RETAQ, tout à
l'heure, je trouvais cela inadmissible, pour ma part. Je pense qu'il faut avoir
du respect pour les deux côtés de la table, y compris les
employeurs, y compris les employés, tout en trouvant inadmissibles
certains comportements. C'était la mise au point, simplement, que je
voulais faire.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
ministre.
M. Dutil: En conclusion, je prends acte que le chef de
l'Opposition, également, mentionne qu'il est favorable à une
compensation si on va de l'avant avec le projet de loi; j'espère que, si
un jour c'était le cas, il ne viendrait pas dire qu'il est contre ce
genre de compensation.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît, M. le ministre.
M. Dutil: Je remercie M. Tremblay et M. Desrochers, qui se sont
présentés ici à la table et qui nous ont fait part de
leurs observations. Ils ont vécu, depuis quelques années, des
situations pas faciles, et cela, je pense qu'il faut bien l'admettre, et moi je
peux vous assurer que les mémoires qui sont déposés ici,
le vôtre comme les autres, seront regardés attentivement.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je remercie nos
invités du Regroupement des propriétaires d'ambulances de
Montréal. Avant de suspendre les travaux, je voudrais le consente- ment
des deux côtés de l'assemblée pour que ce soir nous
puissions, à 22 heures, recevoir le Conseil régional de la
santé et des services sociaux du Montréal métropolitain,
soit M. Marcoux, le Dr Pierre Masson et M. Bernard Lefebvre, directeur.
Consentement?
Consentement. Donc, nous siégerons plus tard ce soir.
M. Tremblay (Guy): M. le Président, j'aime rais
déposer une annexe, est-ce que je peux la laisser?
Le Président (M. Bélanger): Bien sûr, oui
(Suspension des travaux à 18 h 22)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Bélanger): À Tordre, s'il
vous plaît!
La commission reprend ses travaux afin de procéder à des
consultations particulières dans le cadre du projet de loi 34,
c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur les services de santé et
les services sociaux et d'autres dispositions législatives
Nous recevons ce soir M. Pierre Lamarche. Alors, j'inviterais M Lamarche
à s'approcher de la table des témoins Vous connaissez nos
règles de procédure. Vous avez 20 minutes ferme pour
présenter votre position ou votre mémoire et il y a 40 minutes
d'interrogations avec les parlementaires. Si vous me le permettez, ce soir, on
va faire une gestion du temps très serrée; sinon, on n'arrivera
pas à finir avec le dernier groupe.
M. Chevrette: On a trois groupes pour quatre heures.
Le Président (M. Bélanger): Cela veut dire 23 h 15
déjà en partant.
M. Chevrette: Bah! On a jusqu'à minuit.
Le Président (M. Bélanger): On va commencer pour
pouvoir finir. M. Lamarche, si vous voulez bien procéder.
M. Pierre Lamarche
M. Lamarche (Pierre): M. le Président, au tout
début, je voudrais remercier les députés
ministériels et les députés de l'Opposition qui me
permettent d'émettre une opinion et de répondre aux questions
qu'ils voudront bien m'adresser. Je vais faire une très courte
intervention de présentation et me réserver du temps pour les
questions.
Je voudrais, d'abord, dire qu'on ne quitte pas un poste qu'on a
occupé pendant seize ans, avec toutes les valorisations d'un travail
que
l'on croit utile, sans y apporter une longue réflexion. Mais, mon
travail m'avait aussi permis, principalement pendant les quatre
dernières années, d'étudier assez profondément le
secteur des soins préhospitaliers et le transport ambulancier, et de m'y
intéresser très vivement. Tant du point de vue de la gestion que
du point de vue des besoins de la population, c'est un secteur
d'activité dans la santé où il y a encore beaucoup
à faire. Ce qu'il y a de constant, après les rapports produits
par des personnes sérieuses qui ont étudié en profondeur
l'un ou l'autre des aspects, c'est que les même thèmes reviennent
à peu près toujours. Je vous rappellerai que Me Pierre Marois
avait présidé un tribunal d'arbitrage et qu'il avait conclu
à la nécessité pour le gouvernement de prendre des mesures
pour augmenter fortement la formation des techniciens ambulanciers. Me Richard
Drouin, qui avait étudié la situation en régions, alors
que Me Marois l'avait étudiée à Montréal, avait dit
dans son rapport qu'il était absolument nécessaire de pourvoir
à une coordination des appels d'urgence et de détresse, et qu'il
était aussi nécessaire de procéder à une
séparation des fonds qui étaient utilisés pour la location
des véhicules et de l'équipement ou pour payer les salaires,
donc, assurer les services à la population. M. Claude Forget, du groupe
SECOR, dans son étude, a également signalé la
nécessité d'une formation plus poussée, d'une
centralisation des appels, d'une séparation de fonds et, nouveau point,
mais essentiel, d'une plus grande intégration du secteur des services
préhospitaliers et de transport ambulancier au réseau de la
santé.
À mon avis, l'annonce gouvernementale du 2 mars et le projet de
loi 34 donnent les moyens de résoudre ces questions qui ont
été mises en évidence telles qu'étudiées par
les experts que j'ai cités.
En régions, il est prévu une séparation des fonds
de salaires, donc la capacité d'assurer que les sommes publiques qui
sont dépensées pour assurer une présence des techniciens
ambulanciers soient effectivement planifiées pour pouvoir assurer cette
présence et, donc, assurer à la population des services.
Une centralisation des appels. Donc, une utilisation augmentée et
presque, dans la mesure où c'est possible, maximale des ressources qui
sont disponibles et la diminution du temps de réponse des appels.
À Montréal, l'intégration des techniciens ambulanciers
à Urgences-santé permettra, si vous me permettez d'utiliser un
terme plus souvent utilisé dans les usines, d'avoir une
continuité dans la ligne de production, d'avoir et de développer
un sentiment d'appartenance à Urgences-santé, de diminuer les
points de tension qui pouvaient exister, tantôt entre la
répartition et les techniciens ambulanciers, tantôt avec d'autres
personnes qui ont des fonctions spécifiques relatives à la
formation, pour pouvoir développer un travail cohérent, un
travail intégré.
À Montréal, également, l'assurance que les trois
principaux intervenants dans le domaine des soins préhospitaliers et du
transport ambulancier, c'est-à-dire la population, le réseau et
les travailleurs, soient représentés au conseil d'administration
permet d'avoir un lieu où peuvent être mesurés les services
qui seront donnés à la population.
Également, le projet de loi 34 donne à l'autorité
publique la capacité d'intervenir non plus seulement lorsque des actes
criminels précis auront été commis, mais également
en vue d'assurer une plus grande qualité de la prestation des services
préhospitaliers d'urgence. Enfin, en conformité avec l'annonce
gouvernementale, une augmentation considérable, partout dans la
province, de la formation à 850 heures. Tous ces éléments
sont des éléments clés pour augmenter
considérablement et améliorer le service.
Je voudrais, enfin, dire que, lorsque des personnes avec qui j'ai eu
à résoudre plusieurs problèmes au cours de ces quatre
années m'ont proposé d'accepter de travailler à la mise
sur pied d'Urgences-santé et d'être un des candidats au poste de
directeur général et de président du conseil
d'administration, elles m'ont rappelé que certaines de mes actions ou de
mes interventions pouvaient être un peu responsables en partie de
discussions qui s'étaient tenues qui avaient amené l'annonce
gouvernementale et le projet de loi 34, et qu'en conséquence j'avais une
certaine responsabilité. J'ai accepté de relever cette
responsabilité et j'ai signé le contrat dont l'Assemblée
nationale a eu copie.
Je dois dire que mon objectif ultime demeure le même depuis quatre
ans et j'ai eu l'occasion de l'affirmer a plusieurs reprises lorsque j'avais
pour fonction de négocier pour les techniciens ambulanciers: c'est de
profession-naliser ce secteur, c'est-à-dire de tenter et de
réussir à le rendre éventuellement au même niveau de
compétence, de dévouement, de qualification et de qualité
qu'on peut généralement observer dans les hôpitaux, les
centres d'accueil, les CSS ou les CLSC du Québec qui constituent un
réseau de santé dynamique et compétent. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Tout à l'heure, avec le premier intervenant, M.
Lamarche, on a parlé de divers points. En particulier, le
représentant des propriétaires, M. Tremblay, a parlé du
triage des appels. Il a soulevé le point de la façon suivante en
disant: Nous croyons que le triage des appels est nécessaire parce que,
s'il n'y avait pas de triage des appels, cela pourrait avoir des
retombées favorables pour les propriétaires parce qu'il y aurait
plus de nécessité de transport ambulancier. J'aimerais
connaître votre point de vue là-dessus, que vous éclairiez
les gens qui sont ici et également les personnes de l'Opposi-
tion sur cet aspect.
M. Lamarche: Le triage des appels, à mon avis, est une
question qui doit être évaluée lorsque la nouvelle
corporation sera constituée. Quand je dis "évaluée", c'est
qu'il y a en termes d'équipement, en termes de statistiques et en termes
d'expérience à l'intérieur d'Urgences-santé, et
elles seront intégrées par la nouvelle corporation, un nombre
considérable de données qui peuvent être
étudiées et qui peuvent permettre de prendre une décision
qui soit éclairée.
Je dois vous dire, M. le ministre, que j'ai prévenu
déjà les infirmières et tous les autres groupes que j'ai
eu l'occasion de rencontrer que j'avais l'intention que le conseil
d'administration et ceux qui auront à prendre les décisions
puissent les consulter non seulement au niveau des responsables des services,
mais au niveau même de ceux qui effectuent le travail.
Ce que je veux dire à propos de fa question du triage des appels,
c'est qu'il y a des avantages et des inconvénients dans la formule du
triage et qu'il y a des avantages et des inconvénients dans un triage
plus léger. Toutes les villes en Amérique du Nord
procèdent à un triage léger. La seule ville, à ma
connaissance, en Amérique du Nord qui procède au type de triage
qui est fait par Urgences-santé, c'est Montréal, ce qui conduit
à un délai moyen avant l'affectation d'une ambulance, donc,
à un délai moyen d'attente interne d'à peu près
quatre minutes et demie, alors que, dans une ville comme Toronto, le
délai d'attente moyen est de une minute et demie. Il y a donc trois
minutes qui peuvent être gagnées en termes d'intervention.
Par ailleurs, ceux qui soutiennent la thèse d'un triage plus
poussé disent: II y a un certain danger du fait que, si on
procède à une affectation plus rapide, on risque de diminuer le
stock d'ambulances disponibles pour la population et de se retrouver dans une
situation où il y aurait manque d'ambulances alors qu'une urgence claire
apparaîtrait. Je dis que ces deux questions peuvent se mesurer. Je dis
que ce n'est pas, non plus, forcément dans le cadre connu actuellement
que peut être résolue cette question. La réforme permet
l'étude d'une certaine sectorisation du territoire, ce qui peut avoir un
effet sur le type d'affectation. Cette modification qui pourrait être
tentée relativement à la sectorisation des ambulances pourrait
avoir aussi une conséquence sur le maintien d'un stock d'ambulances.
Je dis que ces données sont mesurables. Je dis aussi que la loi
actuelle prévoit, de toute façon, qu'on ne peut pas refuser
l'accès d'une ambulance à un citoyen qui en fait la demande.
Ultimement, non seulement à cause de cette obligation légale,
mais aussi à cause du doute dans lequel on se trouve toujours quand on
fait un triage, parce qu'on peut mal identifier ou que la personne qui
s'adresse à l'infirmière qui fait le triage peut mal exprimer son
malaise, on procède, néanmoins, à l'affectation d'une
ambulance, mais toujours avec un délai qui a pu être
augmenté.
Donc la position que j'ai clairement exprimée aux salariés
que j'ai rencontrés jusqu'à maintenant, c'est de dire que ces
questions seront évaluées. Ces questions sont mesurables. Ces
questions seront mesurées. Ils seront consultés et, lorsque nous
prendrons une décision, je voudrais que ce soit la décision la
plus certaine, la plus éclairée, parce que c'est un service
d'urgence et qu'une mauvaise décision peut avoir un effet, parfois
même signifie la vie ou la mort.
M. Dutil: Cela m'amène à vous parler d'Info
Santé. On sait qu'également les infirmières donnent un
suivi sur les appels qu'elles reçoivent et qui n'exigent pas
nécessairement une ambulance. Certains en exigent, mais d'autres appels
ne concernent pas du tout des demandes d'ambulance; ils concernent des demandes
de renseignements et les infirmières les donnent par un système
qui s'appelle, par ailleurs ou à d'autres endroits, Info Santé.
J'aimerais avoir votre opinion sur la continuité de ce service advenant
des changements qui pourraient être apportés à la suite des
études qui seront faites ultérieurement.
M. Lamarche: À mon avis, ces deux services à la
population doivent être maintenus, parce qu'il y aura toujours
l'utilisation du 911, à Montréal, pour une mère de famille
qui voudra savoir à quel CLSC elle doit conduire son enfant qui
présente tel symptôme, telle maladie ou qui a besoin de tel soin.
Il y aura toujours aussi - et c'est une fonction-conseil extrêmement
importante qu'assument les infirmières et aussi parfois les
médecins - la fonction de soutien. C'est-à-dire que, lorsqu'un
citoyen téléphone, qu'il est clair et identifiable qu'il s'agit,
par exemple, d'un infarctus, avant même l'arrivée de l'ambulance,
dont le temps de triage peut être très abrégé, mais
qui peut être d'une minute et demi deux minutes, deux minutes et demie,
peut-être quatre minutes, il y a des choses que les citoyens peuvent
faire, il y a des choses sur lesquelles les citoyens doivent être
conseillés pour tenter de protéger la vie et d'apporter des soins
minimaux temporaires. Cette fonction-conseil est assumée par les
infirmières et parfois référée à un
médecin à la salle de réception des appels. À mon
avis, dans l'une ou l'autre des décisions qui seront prises sur le
triage, ces deux fonctions doivent être maintenues.
M. Dutil: On a également parlé tout à
l'heure des problèmes de relations de travail qui ont existé dans
le passé et qui existent encore à certaines occasions. On parle,
entre autres, d'un usage abusif des véhicules par certains
employés et on parle également de moyens de pression qui risquent
et qui ont, semble-t-il, amené, dans ces situations de tension, une
détérioration du service à la population. Vous
connaissez l'opinion du gouvernement quant aux services de santé
à être accordés à la population, quant à la
continuité et au maintien de ces services de santé en tout temps,
quelles que soient nos relations. En quoi la réforme actuelle vous
permettrait-elle de dire que cela réglera dans l'avenir les tensions
très vives que l'on a connues dans le système ambulancier, de
sorte que dans l'avenir on ne verrait plus ce genre de pressions sur la
population, sur la qualité des services qui, je l'ai mentionné
tout à l'heure, m'apparaissent inacceptables?
M. La marche: Je vais, d'abord, répondre en disant qu'il
me semble que, dans la situation actuelle, le véhicule est une
espèce d'intermédiaire entre le salarié et son employeur.
L'employeur, c'est le propriétaire ambulancier dans le système
actuel et le salarié est un salarié du propriétaire
ambulancier. Dans la réforme telle que proposée, l'employeur
devient Urgences-santé. Le véhicule est un instrument de travail
du salarié, des techniciens ambulanciers et un instrument
extraordinairement précieux parce qu'il est dans l'essence même du
type de services qui doivent être rendus. Il me semble que cet
élément est un des éléments qui peuvent donc
diminuer le type de rapport qu'il peut y avoir entre le propriétaire et
le salarié, qui peut s'exprimer par le biais du véhicule.
Maintenant, je dois aussi vous dire que je ne suis pas actuellement la
personne la mieux placée pour répondre relativement aux
désaffectations de véhicules. La question pourrait être
posée aux actuels responsables d'Urgences-santé. Je pense qu'ils
pourraient vous dire que le contrôle sur le véhicule est aussi
difficile à l'égard des propriétaires dans le
système actuel, c'est-à-dire qu'un superviseur peut fort bien
demander que des pneus soient changés sur tel véhicule et,
à tort ou à raison, ils ont parfois le sentiment que ces pneus
sont effectivement changés sur ce véhicule, mais remis en
circulation parfois sur d'autres véhicules. (20 h 30)
Alors, moi, je ne peux pas en répondre, parce que je n'ai pas
actuellement la fonction de faire cette surveillance, mais je dis que les
rapports avec les propriétaires d'ambulances, à
l'intérieur du cahier de charges qui serait préparé en
vertu du projet de loi et à l'intérieur des contrats qui
résulteraient d'une acceptation du cahier de charges ou d'une
soumission, devraient prendre en compte ces modalités clairement
établies entre Urgences-santé et les propriétaires en vue
d'assurer que le parc d'ambulances et le parc d'automobiles de médecins
soit dans le meilleur état possible. D'ailleurs, s'il ne l'est pas,
c'est dangereux pour les techniciens ambulanciers, d'abord et avant tout,
puisque ce sont eux qui utilisent ces véhicules, parfois à des
vitesses élevées, dans des circonstances de stress. Si ces
véhicules ne sont pas entretenus avec tout le soin nécessaire,
ils risquent d'être les premières victimes d'une mauvaise
utilisation des véhicules.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je vais demander à
M. Lamarche d'être le plus concis possible, parce que j'ai beaucoup de
questions. J'aurais un court préambule. C'est évident que quitter
un travail après seize ans, si on y a cru, si on l'a défendu avec
coeur, cela fait toujours mal. Je suis convaincu qu'il y a des thèses
qu'il a épousées lui-même et je voudrais lui en rappeler
une au départ. C'est la thèse qu'il défendait devant M.
Marois et qui disait: "Si les techniciens et techniciennes ambulanciers ont
posé comme objectif l'étatisation des services
préhospitaliers, c'est qu'ils voulaient briser la logique
inhérente à la propriété privée, au profit".
C'est donc une grande victoire pour vous, à la suite de la plaidoirie
que vous avez faite devant M. Marois, si l'on constate le dépôt de
la loi 34.
Cela dit, vous avez accepté la fonction de p.-d.g., engagé
le 21 mai, ou le 20 mai?
M. Lamarche: Le 20 mai.
M. Chevrette: Est-ce que vous aviez été
impliqué dans le processus du renouvellement de la convention collective
du RETAQ?
M. Lamarche: D'abord, je voudrais préciser clairement - je
pense que vous avez le contrat - que je n'ai pas été
engagé comme p.-d.g.. J'ai été engagé comme
conseiller-cadre en vue d'être un des candidats au poste de p.-d.g. et
comme j'ai assez l'habitude de lire des contrats de travail, je suis sûr
que vous conviendrez avec moi que la seule garantie qui est inscrite dans ce
contrat-là, ce n'est pas celle d'être nommé p.-d.g., mais
celle de ce qui arrive si je ne suis pas nommé p.-d.g. C'est la
dernière disposition et c'est en quelque sorte ma seule protection
négociée à l'intérieur de ce contrat-là.
Maintenant, il est vrai que les techniciens ambulanciers, dès le
départ de la négociation à Montréal, en 1984,
avaient posé comme demande l'étatisation. Ce n'est pas ce que
fait le projet de loi 34. Ce que fait le projet de loi 34, c'est qu'il
intègre les techniciens ambulanciers à Urgences-santé. Il
fait donc d'eux des salariés d'un organisme qui jugera de leur fonction
et de leur travail en fonction des objectifs qui auront été
déterminés par Urgences-santé.
Je pense qu'on peut concevoir que même les étatisations ont
eu certaines limites. Je sais que vous avez été ministre de la
Santé et des Services sociaux et que vous connaissez fort bien ce
secteur-là. Je vous rappellerai que les corporations publiques qui
administrent les hôpitaux, la presque-totalité du temps ne sont
pas proprié-
taires du fonds de terrain. Les hôpitaux peuvent très bien
passer des contrats de location pour avoir des equipments, ou des lits.
Donc...
M. Chevrette: Mais je ne vois pas très bien le lien par
rapport à la question, M. Lamarche. Je sais que vous êtes avocat
et vous pouvez prendre dix minutes pour répondre à une question
précise. J'ai dix minutes pour vous questionner, dans un premier temps
et dix minutes dans un deuxième temps. Donc, je ne vous laisserai pas
aller à votre jeu. Je vais vous arrêter pour vous dire
carrément que la question était fort simple. Je pense que vous
avez compris la question. Ne répondez pas au préambule que j'ai
fait, cela, j'ai le droit à tous les préambules que je veux. A la
question précise que je vous ai posée, queWe réponse
avez-vous à donner?
M. Lamarche: Bien, écoutez, la question que vous avez
posée, elle était assez longue, elle comprenait un
préambule, j'aimerais expliquer toute la situation du préambule.
Maintenant, si vous voulez poser votre question précise, je vais y
répondre précisément.
M. Chevrette: Je vais vous en poser une. M. Lamarche:
Oui.
M. Chevrette: Je vais laisser tomber l'autre parce que là,
c'est un roman-feuilleton, puis un roman-fleuve. Je vais vous en poser une plus
précise. Quand on vous a dit: Vous êtes cadre et,
éventuellement, vous allez devenir p.-d.g., est-ce que cela faisait
partie des conditions d'engagement, le fait d'être p.-d.g.? Si on vous
avait offert la "job" de d.g. seulement, l'auriez-vous acceptée
pareil?
M. Lamarche: Je ne le sais pas. Ce qu'on m'a offert, c'est la
"job" de p.-d.g., comme vous le dites, et j'estime que, dans un organisme sans
but lucratif, qui n'est pas une institution au sens du chapitre 48, il doit y
avoir un lien et un contrôle entre le conseil d'administration et
l'exécution des mandats qui sont confiés au directeur
général et que celui-ci doit être imputable devant le
conseil d'administration. C'est donc un organisme un peu différent de
ceux qu'on connaît dans le réseau, qui peut - et, à mon
avis, à bon escient, il comprend cette responsabilité - expliquer
aux salariés qui ont les mandats à exécuter les positions
du conseil d'administration et doit aussi devant le conseil d'administration
répondre de l'exécution des mandats qui ont été
confiés.
M. Chevrette: Mais, un d.g. de CLSC et un d.g. de CSS, ce sont
des organismes sans but lucratif, puis ce sont des gens qui ont un
président au-dessus d'eux autres et c'est dans le domaine de la
santé, c'est dans le domaine des services de santé. Quelle
différence fondamentale peut-il y avoir entre un transport ambulancier,
en termes de services à la population, pour avoir un conseil
d'administration avec un président et un d.g. de l'organisme et la
nouvelle corporation qu'on crée? Quelle est la nuance jésuitique
que vous pourriez me faire là-dessus?
M. Lamarche: J'espère qu'elle n'est pas jésuitique,
j'espère qu'elle va être légale Mais les CLSC sont
regroupés dans des fédérations de CLSC, les CSS sont
regroupés dans des fédéra tions de CSS, la loi de la
négociation dans lo secteur public prévoit qu'ils ont un
regroupement prévu pour les fins de la loi, leurs employés sont
couverts par le RREGOP, le régime de retraite des employés du
secteur public. Ce sont donc des institutions qui ont un fonctionnement qui est
déterminé et qui leur est propre qui est le même d'une
institution à l'autre, ce qui nest pas le cas de la Corporation
d'urgences santé du Montréal métropolitain.
M. Chevrette: À quel moment avez-vous été
abordé pour être p.-d.g.?
M. Lamarche: Je n'ai pas la mémoire des dates, mais je
dois vous dire que cela doit être quelque part vers la fin d'avril.
M. Chevrette: Avez-vous rencontré les propriétaires
d'ambulances depuis que vous avez été choisi conseiller cadre et
p.-d.g?
M. Lamarche: Non. Pour une raison bien précise qui est
reliée au projet de loi 34 et qui est reliée aussi à la
poursuite du mandat qu'a Urgences-santé. Vous savez sans doute que les
propriétaires sont actuellement en négociation avec le CRSSS de
Montréal pour renouveler leur contrat jusqu'à l'expiration de
leur permis qui doit normalement arriver à échéance le 31
décembre 1988. Je le soupçonne bien et j'imagine que tout le
monde le soupçonne: une telle rencontre aurait certainement porté
sur des éléments relatifs à la négociation. Or,
comme le conseil régional s'acquitte de cette tâche, comme il a un
porte-parole et comme je connais très bien l'effet désastreux que
peut avoir une intervention d'un tiers dans un dossier dans lequel il n'est pas
partie pour l'instant, j'ai préféré ne pas les
rencontrer.
M. Chevrette: Je remarque que vous avez signé votre
contrat le 20 mai.
M. Lamarche: Je voulais aussi juste ajouter que j'ai eu un
télégramme de félicitations d'un propriétaire, mais
je n'ai pas eu, non plus, une invitation à les rencontrer.
M. Chevrette: Non. Le 23 mai, trois jours après votre
nomination, vous assistez à une assemblée générale
spéciale du RETAQ Vous êtes à l'ordre du jour aux points 1,
2, 3, 4, 5,
directeur de l'organisme sans but lucratif OSBL, période de
questions au p.-d.g. Trois jours après, vous avez assisté
à l'assemblée générale?
M. Lamarche: Non. J'ai assisté à une
assemblée générale qui s'est déroulée en
deux temps, à 10 heures et à 16 heures, mais le 1er juin et ce
n'était pas la première rencontre à laquelle j'assistais.
J'avais, premièrement, rencontré M. Marcoux, qui est le directeur
général du CRSSS, pour lui faire part de mon intention de
rencontrer tous les salariés d'Urgences-santé et tous les
salariés qui éventuellement seraient intégrés
à la corporation d'urgences-santé. M. Marcoux m'a demandé
de régler la modalité de cette question avec M. Bernard Lefebvre
qui est le directeur d'Urgences-santé.
Pardon, je vous ai mal répondu tantôt. Ce n'est pas le 1er
juin que j'ai rencontré le RETAQ.
M. Chevrette: C'est le 23 mai.
M. Lamarche: Non, non, c'est le 3 juin.
M. Chevrette: Bien, écoutez, j'ai la convocation devant
moi.
M. Lamarche: Je ne sais pas ce que vous avez comme avis de
convocation, mais je sais la date où j'y suis allé.
M. Chevrette: C'est le 3 juin que vous l'avez rencontré.
Vous avez été convoqué le 23 mai pour le 3 juin.
M. Lamarche: Je n'ai pas été convoqué, je
n'ai pas eu copie de cela.
M. Chevrette: Vous vous êtes invité? M. Lamarche:
Pardon?
M. Chevrette: Si vous n'avez pas été
convoqué, vous vous êtes invité. C'est quoi?
M. Lamarche: Je vais tout vous expliquer. Je réponds
très clairement à chacune de vos questions, en tout cas,
j'espère très clairement.
M. Lefebvre, effectivement, a convenu avec moi que la situation actuelle
permettait que naissent les rumeurs, permettait qu'à cause de
l'inquiétude des gens des salariés soient inquiets effectivement
de ce qui allait leur arriver. Alors, c'est le 1er juin que j'ai donc
rencontré les salariés d'Urgences-santé, le matin à
10 heures et l'après-midi à 16 heures, pour, d'abord, me
présenter, pour leur dire aussi les points de rumeur qu'on avait
entendus, pour confirmer certaines rumeurs ou infirmer d'autres rumeurs et
aussi pour leur dire que ce qui était prévu par le projet de loi
qui n'était pas encore adopté, s'il était adopté,
c'est qu'un protocole serait négocié entre la nouvelle
corporation et Urgences-santé qui existe actuellement et que, tant que
ces étapes n'étaient pas franchies, ils étaient des
salariés d'Urgences-santé et que je leur demandais de continuer
à faire leur travail adéquatement.
J'avais aussi rencontré, le 26 mai, le président...
M. Chevrette: Excusez-moi 30 secondes pour vous permettre de
mieux répondre. Quelle est l'autorité que vous avez sur les
salariés d'Urgences-santé au moment où on se parle, alors
que la loi 34 n'est même pas adoptée?
M. Lamarche: Aucune.
M. Chevrette: Pourquoi aller leur dire: Faites votre travail
comme du monde, puis je m'en viens? C'est quoi?
M. Lamarche: Pour une raison bien précise, M. Chevrette.
Premièrement, ces gens-là avaient entendu parler du fait qu'on
irait à Dominique-Savio, mais ne savaient pas à quel moment.
Dominique-Savio, c'est une institution du réseau dans lequel on
évalue la possibilité de situer les nouveaux locaux
d'Urgences-santé. Deuxièmement, ils avaient entendu parler de la
possibilité de réévaluer la question du triage et ils
avaient l'impression que, préalablement à la constitution de la
nouvelle corporation, les infirmières, en tout cas principalement comme
groupe, perdraient leur travail ou qu'un grand nombre d'entre elles perdraient
leur travail. Ils avaient entendu parler de discussions qui avaient cours entre
le ministère et le réseau 911 de la Communauté urbaine de
Montréal, qui faisaient craindre aux personnes qui sont chargées
de la répartition et de la réception des appels qu'au moment
où les techniciens ambulanciers étaient intégrés
dans Urgences-santé, eux seraient en quelque sorte
désintégrés et conduits dans un autre local. Donc...
M. Chevrette: Je reprends ma question, M. Lamarche.
M. Lamarche: Mais moi, je réponds à vos
questions.
M. Chevrette: Je comprends que c'est très long,
mais...
Le Président (M. Bélanger): Une dernière, M.
le député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, oui, mais écoutez une minute. Tout ce
que je vous demande, c'est: En vertu de quelle autorité pouvez-vous
rencontrer du personnel pour le rassurer sur un projet de loi qui ne fait
même pas l'objet encore de la discussion article par article? Le triage,
vous ne savez pas ce qui va arriver; la loi, vous ne savez pas ce qui va
arriver. Les amendements, vous ne savez pas lesquels on va proposer et lesquels
le
ministre peut accepter. De quelle autorité étiez-vous imbu
à ce moment-là et, en sous-question, comment se fait-il que vous
refusiez de rencontrer les employeurs qui sont en négociation, alors
que, dans le même ordre du jour avec le RETAQ, on voit "rapport des
négociations"? Eux aussi le sont. (20 h 45)
M. Lamarche: Oui, mais j'ai quitté avant qu'on arrive
à cela. J'ai parlé exactement des mêmes choses dont j'ai
parlé aux employés d'Urgences-santé. Vous me posez la
question en termes d'autorité. Je vous dirai que ce n'est pas une
question d'autorité, c'est un accord que nous avons eu, M. Marcoux, M.
Lefebvre et moi, où je demandais la possibilité de pouvoir
informer les salariés sur la situation. Une des premières choses
que je leur ai dites, c'est que j'étais, selon la rumeur, un p.-d.g.,
mais que, si j'étais un p.-d.g., j'étais un p.-d.g. d'un conseil
d'administration qui n'existait pas, qui ne pouvait pas exister tant que la loi
ne serait pas votée. M. Chevrette, je suis sûr que vous comprenez
cela, ce n'est pas parce que la loi n'est pas votée qu'il ne peut pas y
avoir des rumeurs qui naissent et des inquiétudes qui peuvent
apparaître chez des salariés qui n'ont aucun contact, chez qui
aucune information n'est prise. En tous les cas, quand j'en ai discuté
avec MM. Marcoux et Lefebvre, je crois qu'Hs ont pensé que
c'était probablement une bonne chose qu'on puisse situer clairement les
salariés, leur indiquer que leur employeur actuel, et tant que la loi ne
serait pas adoptée, et tant qu'un protocole ne serait pas
négocié, c'était toujours Urgences-santé, qu'il ne
devait pas y avoir de modification dans leur travail tel qu'ils
l'exécutaient.
Si vous voulez je peux revenir à la réponse à la
question que vous m'avez posée...
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, s'il
vous plaît.
M. Lamarche: Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, s'il
vous plaît.
M. Lamarche: Brièvement. J'ai rencontré tous les
présidents de syndicats. J'ai dit à tous les présidents de
syndicats - et j'ai même rencontré Dr Clément Richer que
j'associe pour les fins de cette réponse à un président de
syndicat - l'information que j'avais à ce moment et je me suis
déclaré disponible sauf au Dr Richer chez qui les membres ne sont
pas à proprement parler des salariés d'Urgences-santé.
J'ai dit que j'étais prêt à les rencontrer en
exécutif, en conseil syndical ou en assemblée
générale pour répondre à leurs questions. Moi, j'ai
été informé - puisque vous me parliez du RETAQ - le 31
mai, par le président et le vice-président du RETAQ qu'ils
tenaient une asssem-blée le 3 juin et qu'ils avaient l'intention que je
puisse m'y présenter pour informer les membres du RETAQ de la situation
et répondre à leurs questions. Ce que j'ai fait.
M. Chevrette: Donc, le 23 mai c'était de la fausse
représentation.
M. Lamarche: Je ne le sais pas moi, le 23 mai. Je ne travaille
pas dans une compagnie d'ambulances. Je ne sais où c'était
affiché et je ne sais pas de quelle manière cela a pu être
fait Je vous dis...
M. Chevrette: Non, ce sont les membres du RETAQ.
M. Lamarche: ...qu'on m'en a informé le 31.
M. Chevrette: Ce sont les membres du RETAQ qui nous ont remis
cela et le 23 mai vous étiez convoqués, c'est pour cela que je
dis cela. Je suis malheureusement obligé d'abandonner, mats je vais
proposer quelque chose tantôt.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly.
M. Latulippe: Oui, M. Lamarche, vous n'êtes pas encore
p.-d.g., mais, si je comprends bien, vous êtes disposé à
accepter le poste?
M. Lamarche: Oui.
M. Latulippe: Depuis un certain nombre d'années, si je
comprends bien, vous étiez le procureur syndical du RETAQ.
M. Lamarche: Je n'étais pas procureur syndical du RETAQ,
j'étais adjoint au président de la CSN et ma fonction consistait
à intervenir dans des négociations un peu difficiles. À ce
titre, la négociation des techniciens ambulanciers était parfois
difficile, je suis donc intervenu et dans le RETAQ et sur la rive sud et sur la
rive nord de Montréal et parfois aussi dans d'autres syndicats.
M. Latulippe: Pendant combien d'années êtes-vous
intervenu de cette façon pour aider le RETAQ ou les autres syndicats
reliés aux techniciens ambulanciers?
M. Lamarche: La première fois, je ne me souviens pas si
c'est en juillet, en août ou en septembre 1984. Probablement que mon
confrère Tremblay doit s'en souvenir. Septembre 1984.
M. Latulippe: Mais jusqu'à aujourd'hui?
M. Lamarche: Pour tenter d'obtenir une table unique de
négociations à Montréal.
M. Latulippe: Je veux savoir pendant combien de temps.
M. Lamarche: Quatre ans.
M. Latulippe: Parfait. M. Lamarche, si vous accédez au
poste de p.-d.g. et que la corporation prend vie, fonctionne, que les
employés comme c'est prévu deviennent les employés de la
corporation, est-ce que vous hésiteriez à faire appel au Conseil
des services essentiels s'il se produit des problèmes avec les services
et les soins de santé?
M. Lamarche: Je suis probablement un de ceux qui a fait le plus
souvent appel au Conseil des services essentiels au niveau de la
médiation. J'aurai un autre mandat que celui que j'avais en termes de
conseiller syndical, mais j'ai à l'égard du Conseil des services
essentiels une réticence importante sur le type de fonctionnement. Pour
ce que je dis, je me suis appuyé sur à peu près tous les
auteurs en droit du travail et...
M. Latulippe: Je ne veux pas vous couper et je ne veux pas
recevoir un cours de droit du travail. Je vous demande simplement si vous
hésiteriez à demander une intervention du Conseil des services
essentiels pour prendre une ordonnance pour rétablir des services. C'est
cela. C'est la seule question que je vous pose.
M. Lamarche: Comme p.-d.g., je n'ai pas à hésiter
à prendre une décision semblable.
M. Latulippe: Alors, comment allez-vous vous sentir si vous
n'hésiteriez pas à prendre cette position, alors que vous avez
déclaré, lors des auditions en ce qui concerne le tribunal Marois
et je vous cite: Ce sont des procès farfelus publics montés par
le servile Conseil des services essentiels. Je cite aussi une
déclaration que vous avez faite le 31 octobre 1984, que le Conseil des
services essentiels est un conseil de guignols. Expliquez-moi comment vous
allez vous sentir bien dans votre peau pour faire appel au Conseil des services
essentiels et lui demander une ordonnance.
M. Lamarche: D'accord. C'est vers 1984, c'est vers septembre
1984. La situation était la suivante: Nous avions reçu une
convocation de moins de 24 heures par le Conseil des services essentiels.
M. Chevrette:...
M. Lamarche: Pardon?
M. Chevrette: C'est à peu près le même temps
pour vous faire venir ici aujourd'hui.
M. Lamarche: Oui, mais dans une affaire judiciaire...
M. Chevrette: II ne faudrait...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lamarche: Dans une affaire judiciaire...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Lamarche: Un délai de convocation de moins de 24 heures
au moment même où des discussions étaient entreprises en
vue d'associer le ministère de la Santé et le conseil
régional de Montréal, par Urgences-santé, à une
négociation où ces deux organismes, le ministère et le
conseil régional, avaient des responsabilités qu'ils
exerçaient et des mandats qu'ils allaient chercher au Conseil du
trésor. La réponse qui avait été donnée
alors que nous avions demandé la présence du ministère
était celle de dire qu'il ne pouvait pas être là parce
qu'il n'était pas une partie. La question que nous avons posée
est la suivante, c'est: Alors, que faisait le conseil régional,
puisqu'il n'était pas une partie? Nous n'avons jamais eu de
réponse à cette question. Quand on est arrivé, on tenait
le fait de retenir des formulaires de paiement, des ordonnances de paiement,
comme constituant un geste - et c'est compris dans la décision du
Conseil des services essentiels de l'époque - un geste pire que s'il y
avait eu une grève, alors que nous avions une situation très
difficile entre les mains où, effectivement, certains salariés
voulaient recourir à la grève, où le président du
syndicat et moi-même avions toujours déclaré qu'il ne
pouvait pas être question de services essentiels dans le transport
ambulancier et les services préhospitaliers d'urgence parce que tout est
essentiel dans son essence. On s'est retrouvé avec une décision
rendue par le Conseil des services essentiels qui confirmait la thèse de
ceux qui disaient: Vous voyez? On serait même mieux de faire la
grève.
M. Latulippe: Alors, si je comprends bien, vous maintenez encore
aujourd'hui les deux déclarations que vous avez faites à ce
moment-là. Les deux, parce que c'est à deux périodes
différentes: une devant le tribunal Marois et l'autre en octobre 1984.
Vous les maintenez encore aujourd'hui, M. Lamarche?
M. Lamarche: Je les explique et je pense que je me dois de les
expliquer.
M. Latulippe: Oui, je comprends. Mais est-ce que vous les
maintenez?
M. Lamarche: Je pense que, tant que le Conseil des services
essentiels ne comprendra pas, comme Wheeler l'a dit, comme tous les praticiens
le disent et comme le ministre Chevrette, alors qu'il était ministre des
Affaires sociales, l'avait fait dans un cas d'accréditation chez
Perlmutter, tant qu'il ne sera pas un tribunal ou un quasi tribunal qui
interviendra pour régler la cause et l'effet d'un conflit, il va
être placé dans une situation extraordinairement difficile
parce qu'il ne développera pas chez les salariés une
crédibilité relativement à ses interventions pour
résoudre la crise à la base même. Il risque de se retrouver
dans une situation où il n'est essentiellement et uniquement qu'un
organisme de répression d'une action, ce qui l'associe par effet
d'automatisme au comportement du patron et qui ne tend pas à
résoudre la question. Je dois vous rappeler ce que j'ai dit au tout
début, je suis probablement un de ceux qui ont fait appel le plus
souvent, depuis ce temps, au Conseil des services essentiels pour ce qui est de
la médiation.
M. Latulippe: D'accord.
M. Lamarche: Lorsqu'on intervient dans le domaine de la
médiation, on peut résoudre la cause et l'effet.
M. Latulippe: M. Lamarche...
Le Président (M. Bélanger): Je dois vous
interrompre, M. le député.
M. Latulippe: J'ai une autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement, le
temps est écoulé. Je dois dire... M. le député de
Joliette, il vous reste trois minutes.
M. Chevrette: Étant donné qu'on a trois quarts
d'heure de jeu par rapport aux trois groupes, je propose qu'on prolonge,
d'autant plus qu'il me reste du temps, moi aussi, sur mon enveloppe. Je propose
qu'on laisse parler. C'est normal.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement? Cela veut dire qu'on se rend à minuit. Consentement?
M. Chevrette: Oui, oui, bien sûr.
Le Président (M. Bélanger): J'ai le consentement
d'un bord, est-ce que j'ai le consentement de l'autre bord?
M. Dutil: Bien regardez, M. le Président, il faudrait bien
se comprendre. Moi, je n'ai aucune objection si mes collègues sont
d'accord à aller jusqu'à minuit, mais je pense qu'il faudrait
à ce moment-là répartir l'enveloppe de façon
égale, c'est-à-dire de cesser à neuf heures et quart, ou,
si on désire que M. Lamarche intervienne plus avant, c'est la solution
que je préférerais personnellement, c'est qu'on reçoive
les autres groupes à l'heure dite, et qu'on continue avec M. Lamarche
ultérieurement. L'une ou l'autre formule.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, on n'a pas
de décision de prise. Je veux d'abord savoir de façon claire
comment on fonctionne. On se rend jusqu'à neuf heures et quart...
M. Chevrette: Et on verra après.
Le Président (M. Bélanger): Parfait, alors, donc on
répartira l'enveloppe de temps. M. le député de
Chambly.
M. Latulippe: M. Lamarche, entre 1983 et jusqu'à
maintenant, est-ce que vous êtes au courant qu'il y a eu des actes de
vandalisme qui ont été faits en rapport avec les automobiles et
les instruments de travail des employés?
M. Lamarche: Je sais que c'est une question qui a
été alléguée. Moi, de mon côté je n'ai
pas eu à intervenir du côté syndical dans ces questions. Je
sais donc que c'est allégué, mais je ne suis pas en mesure, et je
n'étais pas en mesure de faire les vérifications. Probablement
qu'Ur-gences-santé est en mesure de voir quelles ont
été.... Mais je sais que cette question-là a
été alléguée fréquemment.
M. Latulippe: Fréquemment entre 1983 et jusqu'à
aujourd'hui. C'est exact? Est-ce que vous savez aussi s'il y aurait eu des
poursuites de nature pénale ou d'autre nature vis-à-vis de
certains des employés, certains des travailleurs, en rapport avec ces
actes de vandalisme? Autant des poursuites en rapport avec le droit du travail
que des poursuites de nature pénale?
M. Lamarche: Bien, pas que je me souvienne. Peut-être que,
si vous me donnez certaines indications, la mémoire va me revenir, mais
pas que je me souvienne.
M. Latulippe: Si vous accédez au poste de
président-directeur général d'Urgences-santé et que
ces actes de vandalisme se poursuivent, j'aimerais savoir quelle sera votre
attitude et quelles mesures vous allez prendre.
M. Lamarche: Écoutez, s'il y avait des actes de vandalisme
qui se faisaient sur les véhicules, il y aurait une réprobation,
même de la part des techniciens ambulanciers.
M. Latulippe: Je parle de vous, qu'est-ce que vous allez
faire?
M. Lamarche: Les techniciens ambulanciers partagent les
mêmes véhicules. Si un véhicule est endommagé ou
rendu dangereux par l'action de l'un, il met en danger successivement la vie de
tous les autres et, règle générale, c'est une chose qui
est réprouvée par les techniciens ambulanciers. Je pense que ce
qu'il faut faire relativement à cette question-là, c'est la
prévoir dans les contrats, prévoir dans les cahiers de charge la
situation parce qur la situation juri-
dique va être très différente. Les techniciens
ambulanciers vont être les préposés
d'Urgences-santé, utilisant des véhicules loués à
des propriétaires.
M. Latulippe: Oui, mais M. Lamarche, que ce soit dans les
contrats ou pas, si vous êtes p.-d.g. et qu'il y a des actes de
vandalisme qui se posent sur les ambulances, qu'est-ce que vous allez faire?
Allez-vous hésiter à prendre des plaintes pénales?
M. Lamarche: Bien, je n'hésiterai pas à prendre des
plaintes pénales, et probablement que les propriétaires non plus
n'hésiteront pas à prendre des plaintes pénales dans la
mesure, mais, M. le député...
M. Latulippe: Mais si vous êtes p.-d.g. je veux savoir ce
que vous allez faire.
M. Lamarche: Oui, mais je suis avocat aussi. Vous me dites: s'il
y a des actes de vandalisme. Par qui? Comment? Est-ce qu'on peut le
démontrer? Et, si on estime qu'effectivement il y a des gens qui
détruisent, soit les biens d'Urgences-santé, soit les biens des
propriétaires, alors il y a des lois au Québec qui doivent
s'appliquer, et il y a des poursuites pénales qui doivent être
prises. Cela, je n'hésiterais pas à le faire.
M. Latulippe: Je veux savoir quelle sera votre attitude comme
p.-d.g. à ce moment-là. C'est la seule question que je vous
pose.
M. Lamarche: Je n'hésiterai pas à le faire.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Latulippe: Une dernière question. M. Lamarche, vous
avez d'ailleurs, de par les écrits, pris position en faveur d'une
nationalisation du système des services d'ambulances, des
systèmes d'ambulance. Je peux vous citer, ici, la page 3 du
mémoire que vous avez fait au tribunal Marois, on est d'accord
là-dessus. (21 heures)
Vous allez avoir comme p.-d.g., si vous accédez au poste, un
choix à faire parce qu'effectivement la loi prévoit que vous
pouvez, à l'article 149.18, lorsque la corporation désire
conclure des contrats de location d'ambulances, aller en soumissions publiques
mais vous n'êtes pas obligés de retenir quelque soumission que ce
soit. Deuxièmement, dans un autre article, la corporation peut
opérer elle-même un système d'ambulances. En même
temps, vous avez aussi déclaré ceci à cette même
occasion devant le tribunal Marois, et vous avez qualifié cela de
commentaires plus personnels, vous avez dit, en parlant des
propriétaires d'ambulances, que leur business, c'était une
business d'"outfitting". Moi, j'aimerais savoir quel choix vous allez
privilégier comme p.-d.g lorsque vous aurez à faire ce
choix-là ou à faire des recommandations quant à
l'opération d'un service d'ambulances. Allez-vous préférer
une opération par la corporation du service d'ambulances ou bien si vous
allez négocier avec les propriétaires?
M. Lamarche: Je voudrais d'abord et préliminairement
revenir sur la question d'utilisation d'"outfitting". C'est un terme peu
élégant qui m'avait été reproché à
l'époque. Ce que je voulais signifier, c'est que c'était, par la
loi, le conseil régional qui avait la responsabilité des services
à la population et qui l'exerçait par le biais
d'Urgences-santé, mais que la main-d'oeuvre et les véhicules
étaient loués à des propriétaires qui
étaient aussi les employeurs. Il y avait donc une rupture du lien entre
Urgences-santé et les techniciens ambulanciers et cela posait des
problèmes. La main-d'oeuvre était aussi en quelque sorte
louée à l'extérieur.
Pour répondre précisément à votre question,
à mon avis, le projet de loi 34, tel que proposé, ne donne pas
cette possibilité de pouvoir choisir l'un ou l'autre. La
mécanique, tel que je la comprends et tel que je pense qu'elle doit
être appliquée, c'est que d'abord il y a un cahier de charges qui
est préparé sur des données objectives et mesurables, qui
est soumis aux propriétaires ou aux détenteurs actuels de permis
qui peuvent y accéder ou le refuser au terme de ce cahier de charges.
Ensuite, s'il y a des permis, si vous me permettez l'utilisation, ou s'il y a
un nombre de véhicules qui n'ont pas fait l'objet d'un accord avec le
cahier de charges, il dort y avoir appel à une soumission publique. Le
projet de loi prévoit que le propriétaire peut se substituer au
meilleur offrant. Donc, là aussi il a une deuxième fois un droit,
un lien de droit, qui est maintenu et qui, lui, provient de l'attribution de
son permis. Ensuite, si l'un et l'autre des mécanismes n'ont pas permis
d'entente avec les propriétaires ou avec un autre soumissionnaire,
là est ouverte la possibilité pour Urgences-santé, la
nouvelle corporation, d'opérer elle-même des véhicules pour
ne pas laisser la population sans véhicules disponibles en nombre
suffisant.
M. Latulippe: Eu égard aux déclarations...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly, là c'est vraiment terminé.
M. Latulippe: Peut-être, une dernière question, si
vous permettez.
Le Président (M. Bélanger): Non, c'était la
dernière tout à l'heure. M. te député de Gouin.
M. Rochefort: Je suis bien prêt à laisser une
question au député de Chambly, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Rochefort: Vous n'y tenez pas, vous. Le Président
(M. Bélanger):...
M. Rochefort: M. le Président, une question bien
précise, bien directe et que je pense importante pour tout le monde, y
compris pour vous. On ne tournera pas autour du pot. La question qui
brûle tout le monde et à laquelle, je pense, si vous voulez
espérer réussir dans le mandat que vous avez accepté, vous
devez répondre ce soir, c'est: En quoi considérez-vous, compte
tenu de tout votre passé, compte tenu du contexte de l'arrivée du
projet de loi 34, compte tenu du débat qui a entouré votre
apparition dans de nouvelles fonctions... Quand je dis apparition, ce n'est pas
à double sens, mais c'est parce que c'est tantôt conseiller cadre,
vous le dites vous-même, c'est venu par des rumeurs, il fallait... Bon,
tout cela, c'est à cela que je fais référence. En quoi
considérez-vous, vous, puisque vous avez accepté, que c'est un
plus, que c'est une bonne chose pour Urgences-santé, pour tous ceux et
toutes celles qui y oeuvrent de près ou de loin et
particulièrement pour la population qui a des besoins en matière
d'urgences médicales, que vous apparaissiez tout à coup aux
fonctions de président-directeur général de ce nouvel
organisme?
M. Lamarche: il y a 1200 personnes à peu près qui
vont oeuvrer à Urgences-santé. Ce n'est pas comme dans une usine
ou, en tous les cas, en termes économiques ce que l'on dit
habituellement, une entreprise qui est "capital intensive", c'est une
entreprise qui est "work intensive". Mais là, même à cela
il ne s'agit pas d'un travail mécanique. Il s'agit d'un travail
extraordinaire-ment personnalisé. Il s'agit d'un travail où
chacun occupe un rôle et une place extraor-dinairement importants pour
assurer l'efficacité du service et le plus grave problème - et
cela, je sais l'avoir dit à plusieurs reprises en parlant de
Montréal, Urgences-santé à Montréal avait
déjà en place des éléments qui permettaient d'avoir
un service d'une haute qualité - c'était la centralisation des
appels, c'était une formation moins grande que celle proposée par
le projet de loi, mais déjà un peu plus grande et une supervision
en fonction du travail.
M. Rochefort: M. Lamarche, permettez-moi... C'est parce que je ne
voudrais pas que le président me dise que j'ai terminé.
Le Président (M. Bélanger): Cela s'en vient.
M. Rochefort: Bon, alors vous voyez? Cela s'en vient bien. M.
Lamarche, je connais très bien Urgences-santé pour avoir
été mêlé de près à sa formation
initialement et j'y suis retourné souvent, contrairement à bien
d'autres autour de la table qui veulent aujourd'hui se mettre le nez dans
cela.
Oui mais, M. le président-directeur général, ce
n'est pas à cela que je fais allusion. On sait comment ceia fonctionne.
On sait que c'est centralisé, que c'est du monde puis que ce n'est pas
une compagnie de production de biens Pas de problème là-dessus.
Mais vous comprenez sûrement, puisque vous êtes sûrement un
homme intelligent, le sens profond de ma question et c'est à ceia que je
voudrais que vous ré pondiez dans les quelques minutes qu'il me
reste
M. Lamarche: C'est exactement là que j'en arrivais. En
seize ans d'expérience, je sais qu'une gestion peut se faire contre des
employés ou avec des employés. Je sais cela et je sais que dans
les compagnies où j'ai été où la gestion se faisait
contre les employés il y avait, règle générale, de
graves problèmes et que, là où elle se faisait avec les
employés, elle se faisait, non pas sans conflits qui pouvaient survenir,
mais avec beaucoup moins de problèmes et une plus haute performance.
À mon avis, j'ai même de la difficulté à la
concevoir parce que, même à l'intérieur de la fonction que
j'exerçais avant, je me suis toujours battu contre cette conception qui
disait que, si on avait représenté des employés, on ne
pouvait pas être un gestionnaire ou que, si on avait été un
gestionnaire, on ne pouvait pas être auprès des salariés ou
avoir des intérêts qui soient concordants avec ceux des
salariés. Je vous ferai juste remarquer que, si un syndicat refusait
d'accepter dans ses rangs comme membre une personne au motif qu'elle
était auparavant un gestionnaire, il y aurait des lois qui lui
interdiraient d'agir ainsi. L'inverse n'est pas vrai, c'est surprenant. Ce que
je veux dire, c'est que, principalement, pour faire fonctionner
Urgences-santé, c'est une question de rapports humains, c'est une
question de coordination, c'est une question d'intérêts communs
partagés avec les salariés qui est possible dans le cadre de
l'intégration de tout le monde, qui n'est pas facile, qui va
certainement être parfois difficile, mais qui est la meilleure chance de
réussir pour pouvoir améliorer le système. C'est ma
réponse à votre question. J'espère qu'elle est
complète.
Le Président (M. Bélanger): M le
député de Joliette.
M. Rochefort: Est-ce que je dois comprendre, M. le
Président, que j'ai terminé?
Le Président (M. Bélanger): En principe, oui. Je
m'excuse de faire une gestion du temps comme cela, sinon, on ne s'en sortira
pas ce soir et on le sait par expérience.
M. Rochefort: Je dirais au député de Fabre que cela
dépend de ce qu'on a et de ce qu'on n'a pas. Moi, je sais ce qu'il n'a
pas.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Vous aviez une dernière question?
M. Rochefort: J'en avais quelques autres, M. le Président.
Écoutez, on verra, là, s'il n'y a pas moyen qu'on...
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. Lamarche, vous, comme ex-conseiller syndical,
comment pouvez-vous concilier le fait qu'on fasse des techniciens ambulanciers
de Montréal des employés d'État, à toutes fins
utiles, puis des employés techniciens en province, de vulgaires
syndiques du secteur privé? Cela n'aurait pas pu demeurer le même
statut?
M. Lamarche: Le projet de loi ne prévoit pas qu'ils
deviennent des employés de l'État, en quelque sorte.
M. Chevrette: Dans le secteur parapublic. Ils sont
intégrés à une formule. Ils n'appartiennent plus à
aucun employeur privé. Ils appartiennent au moins au secteur parapublic,
d'après vous?
M. Lamarche: Non. Le régime de négociations du
secteur public ne s'applique pas; le RREGOP ne s'applique pas. C'est vraiment
une corporation intégrée, mais je comprends le sens de votre
question. Vous me dites dans votre question: à Montréal, ils
seront des employés d'Urgences-santé, en régions ils
continueront à être des employés de chacun des
employeurs.
Il y a un élément fondamental qui est compris dans la
réforme et le projet de loi qui est la séparation des fonds de
salaires et la centrale de coordination. Cela ne fait pas exactement la
même situation qu'à Montréal, mais ce furent les motifs qui
ont été donnés par le ministre lorsqu'il a annoncé
sa réforme. Peut-être faut-il regarder chacune des régions,
parce qu'il n'y a pas le même bassin de population, il n'y a pas le
même réseau possible à l'intérieur de toutes les
régions du Québec et de Montréal. Ces questions-là
devront être évaluées. Mais, fondamentalement, la question
est réglée dans la mesure où le salaire est
administré par une autorité publique qui pourra être un
centre hospitalier, un CRSSS, qui sera vraisemblablement un CRSSS pour les
fonds, pour la centralisation des appels, un CRSSS, un autre organisme, un
hôpital ou différents corps publics. Donc, c'est-à-dire que
les questions... On se retrouvera en régions après le projet de
loi à peu près dans une situation comparable à celle qui
existait à Montréal, mais où, à Montréal, ce
n'était pas par une séparation de fonds, c'était par une
attribution d'heures de travail qui était donnée à chaque
compagnie et l'on pourra...
M. Chevrette: Comment pouvez-vous concilier votre réponse
avec le fait que vous étiez... Vous venez de me dire ceci, M. Lamarche.
J'essaie d'être très cohérent et d'accoler une
cohérence à vos propos. Vous avez plaidé que cela n'avait
pas de maudit bon sens, devant la commission Marois, le fait que du monde
dépende des propriétaires privés, qu'il fallait que ce
soit étatisé. Vous venez me dire qu'en dehors de Montréal
cela va venir à peu près comme c'était à
Montréal. Quelle cohérence voulez-vous que j'accole à vos
propos si vous avez dénoncé cela devant la commission Marois
comme étant quelque chose d'inopérant, si vous avez dit qu'il
fallait démanteler cette incohérence du secteur privé et
cette notion de profit? Comment pouvez-vous vous réjouir qu'en dehors de
Montréal on atteigne exactement les sommets que vous dénonciez
avec force?
M. Lamarche: À partir du moment où on sépare
le fonds de salaire, à partir du moment où, donc, la
disponibilité n'est plus en fonction d'une gestion et d'un type
d'utilisation de la main-d'oeuvre... Parce qu'il faut savoir qu'il y avait des
salariés qui étaient payés à la pelle, d'autres au
pourcentage en régions, des salariés qui étaient
payés un certain nombre d'heures, il y avait des salariés qui
étaient à temps partiel, des salariés à temps
complet. À partir du moment où on soustrait ce type
d'organisation et où on coordonne les appels, sur les services,
effectivement, on assure, premièrement, la disponibilité,
deuxièmement, l'utilisation maximale des ressources disponibles.
M. Chevrette: Mais ils vont relever d'une foule de
propriétaires privés, oui ou non?
M. Lamarche: C'est exact.
M. Chevrette: Cela ne doit pas être long à
répondre.
M. Lamarche: C'est exact, pour l'application des contrats de
travail.
M. Chevrette: C'est exact, bon. S'ils relèvent d'une foule
de propriétaires privés, m'avez-vous bien dit tantôt que
c'était exactement le portrait de Montréal avant? Oui ou non?
C'est exact?
M. Lamarche: Ce n'est pas exactement, mais c'est le portrait
qu'avait Montréal avant.
M. Chevrette: Cela ressemble à ce que vous m'avez
répondu. D'accord?
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Comment pouvez-vous soutenir que vous êtes
d'accord avec ça et que c'est mirobolant, alors que vous-même
aviez dénoncé
cela à tour de bras devant la commission Marois? C'est dans la
cohérence que j'ai de la difficulté à vous capter.
M. Lamarche: En ce qui concerne la cohérence, je voudrais
vous dire que le travail que j'ai accepté de faire, c'est d'être
conseiller cadre en vue de devenir président-directeur
général d'Urgences-santé du Montréal
métropolitain. Donc, quand je vous réponds, je parle de
régions qui ne sont pas sous ma responsabilité. L'autre
élément que je sais, parce que j'étais avec le RETAQ et le
regroupement de tous les techniciens ambulanciers au moment où la
réforme avait été annoncée, met en place des
éléments qui au jugement des syndicats sont des
éléments suffisants maintenant. On pourrait imaginer un
système différent. Je sais que leur position était
différente. On pourrait imaginer un système différent,
mais mettre en place des éléments maintenant suffisants pour
s'assurer que les appels ne seront pas retardés, que l'utilisation des
véhicules sera faite d'une façon maximale et que l'argent qui est
dépensé pour assurer des services sera effectivement versé
pour assurer des services. (21 h 15)
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes au courant que le 1er
juillet est une date importante pour le RETAQ?
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Est-ce qu'ils vous en ont fart part?
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Est-ce qu'ils vous ont dit que c'était
important que vous soyez nommé pour le 1er juillet?
M. Lamarche: Je sais qu'ils sont plus contents que d'autres
intervenants du fait que j'aie accepté cette proposition d'emploi.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes au courant du climat qui
règne présentement, par exemple des intentions du RETAQ face au
mois de juillet?
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Vous n'avez pas été mis au courant,
d'aucune manière?
M. Lamarche: Non. Je vous le dis, j'ai quitté
l'assemblée générale après ma présentation.
Je n'ai pas assisté, je n'ai pas eu de rapport et je pense que vous
allez me comprendre. Ce n'est pas une bonne pratique d'essayer d'avoir des
rapports sur ce qui se dit dans une assemblée générale.
Règle générale, cela envenime des rapports qui devraient
être normaux. Je n'ai pas été informé de cette
situation.
M. Chevrette: Est-ce qu'on vous a dit quand on espérait en
arriver à la fin de cette législation?
M. Lamarche: Pardon?
M. Chevrette: Est-ce que vous avez eu des conversations avec le
ministre disant: Tu seras nommé p.-d.g. le ou vers les 23 juin?
M. Lamarche: Non.
Le Président (M. Bélanger): Une dernière
question, M. le député de Joliette, le temps est
écoulé.
M. Chevrette: Je vais la choisir comme il faut, H m'en reste
40.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous avez parlé de triage
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: ...comme si vous étiez un expert. J'aimerais
que vous me disiez, étant donné que vous avez dit que cela serait
à évaluer, si vous tenez pour acquis que tout le personnel va
donc être transféré en bloc à la nouvelle
corporation et que ce n'est qu'après analyse que vous verrez à
des mises à pied ou autre chose.
M. Lamarche: Oui. C'est ce que prévoit le projet de loi et
c'est ce que j'ai aussi dit et pris comme engagement. C'était une des
questions qui inquiétaient beaucoup le personnel. Je lui ai dit qu'il
était prévu et qu'il était l'intention non pas seulement
de la nouvelle corporation, mais aussi d'Urgences-santé...
M. Chevrette: Mais vous êtes avocat. M. Lamarche:
Oui.
M. Chevrette: Et c'est bien marqué: Seules les personnes
qui figureront sur liste seront transférées.
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Vous plaideriez cela comment, vous, un ancien
conseiller du RETAQ, quand ce sont seulement ceux qui figureront sur la
liste?
M. Lamarche: Non, il y a des postes, M. le député,
à Urgences-santé, qui sont utilisés autant par le CRSSS
que par Urgences-santé. Je pense principalement, entre autres, à
toute la direction et aux postes relatifs à la finance. Il y a aussi des
services, principalement les services
- voyons, comment appelle-t-on un "computer" en français? -
informatiques qui sont des postes conjoints. J'en ai déjà
discuté avec M. Marcoux, j'en ai discuté avec M. Lefebvre et on
en discute dans ce qui est un comité de transition. Notre intention est
claire de part et d'autre. Il n'y a personne qui tombe dans un vide. Un
salarié qui avait un poste conjoint va intégrer
Urgences-santé ou va rester au conseil régional et, dans toute la
mesure du possible, on s'entend là-dessus, on va tenter de respecter
aussi la volonté des salariés.
M. Chevrette: La loi ne dit pas cela. Il faudrait lui faire dire
cela. Je propose, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Chevrette: ...que M. Lamarche soit disponible après les
deux groupes, si on a du temps.
Le Président (M. Bélanger): Proposition retenue. M.
le ministre.
M. Dutil: Si M. Lamarche est disponible, je serais d'accord, pour
autant qu'on finisse à minuit au maximum, comme convenu.
Une voix: On n'a pas le choix. C'est l'ordre de la Chambre.
M. Dutil: Bon, pariait.
Le Président (M. Bélanger): On n'a pas le choix, il
faut arrêter à minuit.
M. Dutil: II n'y a pas de problème de mon
côté. Évidemment, si M. Lamarche est d'accord et on est
à...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous aviez
d'autres contraintes ou d'autres éléments?
M. Lamarche: Non. On a tous des contraintes, toujours...
Le Président (M. Bélanger): Pas d'avion à
prendre?
M. Lamarche: ...mais je sais que vous en avez autant que moi. Je
vais être disponible, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vous allez être
disponible. Alors, la commission vous remercie infiniment.
J'invite le prochain groupe à la table des témoins. Il
s'agit de l'Association des cadres intermédiaires des affaires sociales,
qui sera représentée par M. Roger Gauthier, conseiller cadre; M.
François Feriand, assistant-chef à la répartition et aux
télécommunications; M. Jean-
Marie Baril, chef du service de la supervision, M. Alain Chaput,
président et chef du service central de soutien, et M. Bertrand
Saint-Amour, superviseur.
Bonsoir! Si vous me permettez, vous connaissez nos règles de
procédure, même si elles sont difficiles à suivre ce soir.
Nous avons une enveloppe et des contraintes de temps, si on ne veut pas
repousser des gens à demain. Nous avons vingt minutes fermes au maximum
pour entendre votre exposé. Si cela prend moins de temps, le temps sera
réparti entre les parlementaires pour les questions et l'échange
avec vous sur votre mémoire. Notre enveloppe de temps est d'une heure au
maximum.
Je vous prierais de vous identifier, d'identifier votre porte-parole et
de bien vouloir procéder à la présentation de votre
mémoire.
Association des cadres intermédiaires des
affaires sociales
M. Gauthier (Roger): Mon nom est Roger Gauthier, conseiller en
recherche opérationnelle à Urgences-santé, porte-parole de
l'ACIAS ce soir à cette commission. Vous avez à ma droite
François Feriand, qui est assistant chef au service de la
répartition. Vous avez à ma gauche Bertrand Saint-Amour qui
remplace M. Baril, chef de la supervision, et qui est lui-même
superviseur, et vous avez à mon extrême gauche M. Alain Chaput,
qui est chef du service central de soutien à Urgences-santé.
Étant donné fa convocation relativement soudaine de la
commission pour recevoir notre témoignage, ce que nous avons fait a
été de déclencher une assemblée
générale de nos membres pour que ceux-ci nous donnent le mandat
de venir vous présenter leurs réactions face au projet de loi.
Nous avons élaboré un petit texte que vous avez
déjà probablement sous les yeux et qui essaie de tracer les
points majeurs qui sont ressortis de cette assemblée
générale. Je vais aborder chacun des points dans l'ordre.
En ce qui concerne la refonte du transport ambulancier dans la
région de Montréal, qui est l'objet du projet de loi, les cadres
que nous représentons se sont déclarés en faveur de la
refonte du transport ambulancier dans la région du Montréal
métropolitain. Par contre, ils ont exprimé une dissension assez
importante quant aux motifs de cette réforme. En effet, les motifs qui
nous ont été présentés, et pas
nécessairement ceux qui sont dans le projet de loi, ont tous
tourné autour des relations de travail très pénibles
qu'avait à vivre Urgences-santé avec le personnel ambulancier et
les conflits de travail qui se répétaient.
Nous adhérons, quant à nous, à la refonte
visée par le projet de loi parce que nous croyons que celle-ci constitue
un moyen supplémentaire pour continuer d'offrir et d'améliorer le
service à la population. Pour nous, l'amélioration des relations
de travail constitue en soi un objectif
accessoire à la livraison de services de très haute
qualité.
En ce qui regarde la dissociation du CRSSS de Montréal et la
formation d'une corporation sans but lucratif indépendante, la position
des membres à cet égard est que, si pour offrir la qualité
de service visée le gouvernement préfère que la structure
organisationneile coordonnant le transport ambulancier soit autonome, nous
n'avons pas vraiment d'objection de principe à ce que cet organisme soit
dissocié du conseil régional. Le rapport SECOR a souligné
d'ailleurs la qualité de ce service offert par Urgences-santé et
soutenu par le conseil régional. La nouvelle orientation proposée
présuppose certainement une plus grande autonomie de la pan" de
l'organisme chapeautant les transports ambulanciers, laquelle nécessite
certains des changements qui sont proposés dans le projet de loi.
Les membres ont exprimé certaines interrogations à
l'égard du territoire d'opération de la nouvelle corporation.
Urgences-santé dessert actuellement la population des régions
administratives 06A, que constitue l'Ile de Montréal, et 06E qui est
constituée de l'île de Laval. Ce territoire correspond, de facto,
à ceiui du conseil régional. Le projet de loi, bien qu'il
définisse le Montréal métropolitain comme zone
d'opération, n'identifie pas très clairement les populations
à desservir par la future corporation. Or, plusieurs indications dans le
projet de loi nous portent à croire que ce territoire est appelé
à prendre de l'expansion. La planification opérationnelle et la
mise en place des moyens techniques nécessaires appellent des
précisions, quant à nous, sur l'étendue de ce territoire
visé et sur son plan d'expansion.
En ce qui concerne les mandats qui sont donnés à cette
nouvelle corporation, nos membres s'interrogent sur les mandats, surtout en ce
qui concerne l'article 1 au point 3 qui supprime l'alinéa 3 de l'article
18.3 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, lequel
spécifie que les établissements adoptent et appliquent, en ce qui
concerne l'utilisation et la distribution des lits dans les hôpitaux, des
normes conformes aux exigences d'une répartition adéquate des cas
d'urgence. Il appert, à la lecture du projet de loi, que cette
responsabilité n'a pas été transférée
à un autre organisme. La mécanique opérationnelle
d'Urgences-santé sous-jacente à l'article 149.5 qui parle
d'encombrement des salles d'urgence nous apparaît difficile à
implanter et à coordonner en l'absence d'un décideur de niveau
régional.
En ce qui concerne les autres mandats dévolus à la
corporation, on semble dénoter aussi peu de spécificité
que dans les mandats actuellement confiés au conseil régional. On
peut relever, à titre d'exemple, l'absence de critères de
performance quant à la livraison des services; deuxièmement, que
les moyens mis à la disposition de la future corporation pour
gérer et prévenir les problèmes d'engorgement des salles
d'urgence semblent insuffisants. À notre avis, un système
d'information est certes nécessaire, mais il ne fournit pas les outils
adéquats pour pallier la situation. Malgré la bonne
volonté des inter venants, l'information à elle seule n'agit pas
sur les causes réelles du problème.
En ce qui concerne le conseil d'administration, le projet de loi nous
présente la composition d'un conseil d'administration à neuf
membres. Nos membres y voient certaines lacunes auxquelles il serait facile de
remédier. Premièrement, étant donné le
caractère expansif du territoire, il nous apparaît souhaitable
d'ajouter un membre représentant les municipalités non incluses
dans la CUM et desservies par la corporation. Deuxièmement, nous devons
noter une forte représentation des salariés de la corporation et
l'absence de représentation des cadres intermédiaires. Nous avons
interprété ainsi le libellé dii projet de loi, que nous
constituions, en fait, la différence entre des salariés et des
employés. À cet égard, nous sommes d'avis que l'ajout de
deux membres nommés parmi les cadres intermédiaires, après
consultation de l'association qui les représente, serait un apport
indéniable à ce conseil d'administration.
Troisièmement, force nous est de constater qu'aucun
représentant des bénéficiaires ne figure à la liste
des membres du conseil d'administration. À ce titre, un utilisateur
régulier de nos services de transport apporterait un certain
éclairage aux délibérations du conseil. La participation
des cadres intermédiaires au conseil d'administration nous
apparaît au moins aussi justifiable que celle des salariés,
d'autant plus que le conseil d'administration aura à se doter d'un plan
d'effectif, de normes et de barèmes de rémunération et de
toutes les autres conditions de travail des employés de la corporation.
De plus, les cadres intermédiaires ont toujours fait partie
intégrante du processus décisionnel à
Urgences-santé. Toutefois, l'association des cadres a été
laissée pour compte dans le processus de consultation préalable
au projet de loi, donc n'a peut-être pas bénéficié
de l'apport que les cadres pouvaient apporter à l'énoncé
de cette politique. Le devenir de la corporation, quant à nous, se
dessinera au sein de ce conseil d'ad ministration et il est important que les
cadres intermédiaires en soient partie prenante.
En ce qui concerne le plan d'effectif et de tranfert des
opérations, il nous apparaît important de mentionner que le seul
transfert des effectifs ne permettrait que d'assurer une continuité des
services offerts, mais dans un contexte tout à fait nouveau. Certes,
l'intégration des techniciens ambulanciers est un apport majeur en
termes de personnel. Par contre, il faudrait considérer l'infrastructure
technique et logistique actuellement inadéquate pour accueillir ces
nouveaux partenaires au sein de l'organisation. (21 h 30)
Le gouvernement devra fournir à la nouvelle corporation les
moyens d'actualiser rapidement le projet de répartition assistée
par ordinateur qui a été déposé, l'implantation
d'un système de radiocommunication permanent, un réseau
informatique compatible avec nos opérations et les personnes-ressources
qui s'y rattachent. À titre d'exemple, il faut mentionner
qu'Urgences-santé commande environ 1000 quarts par semaine qui
impliquent 2000 employés, la gestion de ce... Vu que les techniciens
ambulanciers seraient membres de la corporation, cela implique quand même
des extensions à nos structures actuelles.
En ce qui concerne la nouvelle corporation et l'entreprise
privée, les membres nous ont fait remarquer que, depuis les six
dernières années, nous avons été à
même de constater les nombreux problèmes découlant des
contrats de services avec des tiers en ce qui concerne le transport
ambulancier. Nous croyons fortement que la location des équipements de
transport fait perdurer cette situation. Une ressource ambulancière ne
devient vraiment précieuse que dans la mesure où des techniciens
ambulanciers qualifiés peuvent effectuer leur travail à bord d'un
véhicule sécuritaire et conforme aux normes. Par
conséquent, malgré les coûts d'infrastructure,
d'immobilisation et de compensation pour perte d'actif intangible qui peuvent
sembler élevés, nous croyons qu'il serait
préférable et moins onéreux à moyen terme
d'acquérir et de gérer une flotte de véhicules. On peut
citer en exemple les choix stratégiques effectués par le
Metropolitan Toronto Ambulance Service, confronté au même
problème il y a une dizaine d'années.
La nouvelle corporation et le partage des responsabilités avec
les municipalités. À certains endroits dans le projet de loi, on
donne à la nouvelle corporation le pouvoir de déléguer ses
responsabilités à des municipalités. Nos membres
considèrent que l'objectif d'intégration poursuivi par le projet
de loi est contredit par l'article 149.16. En effet, la
délégation des responsabilités vers les
municipalités peut mettre en péril l'exclusivité de
pratique des techniciens ambulanciers et mener à une duplication des
structures de coordination de la corporation. Le monopole du contrôle de
la qualité des activités sur le terrain est essentiel, quant
à nous, pour offrir à la population l'universalité et
l'uniformité des services. Les inégalités dans la
distribution du revenu entre les municipalités entraîneraient,
selon nous, une iniquité dans la livraison des services et seraient
discriminatoires envers la population. Le fait qu'une municipalité
puisse se doter d'un système d'ambulances nous pose, quant à
nous, des problèmes sérieux de coordination qui sont
déjà évidents lorsqu'on considère que plusieurs
intervenants, tels la police, les pompiers et d'autres organismes, peuvent agir
sur des événements ensemble. Pour ces raisons, nous demandons de
reconsidérer les transferts de responsabilité vers les
municipalités et d'imposer à la nouvelle corporation un monopole
exclusif des interventions sur le terrain à l'étendue de son
territoire.
En ce qui concerne un point qui a inquiété le plus nos
membres, le protocole de transfert des employés du conseil
régional à la nouvelle corporation, bien que le protocole de
transfert des employés doive s'opérer entre les deux employeurs
potentiels, c'est-à-dire le conseil régional et la nouvelle
corporation, nos membres demandent qu'une annexe relative au transfert des
cadres intermédiaires soit signée par l'association qui les
représente. De plus, les négociations avec les différentes
catégories d'employés transférés devront être
entreprises pour harmoniser les protocoles de transfert et assurer ainsi le
maintien des acquis spécifiques de chaque groupe.
Enfin, le projet prévoit le transfert des employés du
conseil régional, mais pas l'engagement ultérieur des cadres
à l'intérieur de la nouvelle corporation. Nos membres ont mis de
l'avant des inquiétudes sur ce qui pourrait arriver à la suite
des protocoles de transfert établis entre le conseil régional et
la nouvelle corporation et l'engagement futur de cadres intermédiaires.
Les inquiétudes qui ont été soulevées sont à
l'égard des nouvelles classes d'employés, donc, deux poids deux
mesures pour ce qui est des cadres intermédiaires. Dans ce
sens-là, les protocoles devront le refléter.
C'est en vrac ce que les membres nous ont confié comme mandat de
vous communiquer. Je ne sais pas, on pourrait peut-être
immédiatement passer à la période des questions.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette. Ah! excusez-moi, c'est parce qu'il me
regardait.
Pourtant, je n'ai pas pris un coup.
M. Dutil: Je vous remercie, M. Gauthier, de la
présentation de votre rapport. C'est très clair, c'est
très bien divisé et on se retrouve facilement. C'est
intéressant. Je pense que sur le point que vous avez soulevé
à la première page, les mandats de la nouvelle corporation, il y
a un malentendu. Le paragraphe 3 de l'article 18.3 demeure; c'est le
troisième alinéa de l'article 18.3, qui, lui, prévoyait
les contrats du CRSSS employeur, qui disparaît. Alors, je pense qu'il y
aurait lieu de vérifier cette connotation-là. Vous mentionniez
qu'il y avait disparition d'un mandat qui est celui-ci: "que ces
étblissements adoptent et appliquent, en ce qui concerne l'utilisation
et la distribution des lits, des normes conformes aux exigences d'une
répartition adéquate des cas d'urgence ou, à
défaut, fixer de telles normes." Cela ne disparaît pas. Je tenais
à vous préciser cette chose-là.
Maintenant, vous mentionnez également dans la deuxième
page qu'il y a une absence de critères de performance quant à la
livraison des services. J'aimerais que vous élaboriez davantage
là-dessus.
M. Gauthier: Quand nous parlons d'une absence de critères
de performance quant à la livraison des services, nous entendons par
là que la corporation n'a pas de critères de performance
préétablis pour la livraison de services dans des cas
particuliers. À titre d'exemple, lors d'une réponse prioritaire,
c'est-à-dire un appel où la vie du patient peut être en
danger, il y a des critères qui peuvent être mis de l'avant en
termes de minutage pour se rendre sur les lieux, critères qui sont
utilisés dans la législation américaine où on doit
répondre à 95 % des appels à l'intérieur de 5
minutes et à 100 % des appels à l'intérieur de 10 minutes.
Ces critères-là, aux États-Unis, sont mis dans la loi.
C'est l'Ambulance Act américain qui précise quel est le niveau de
performance qu'on s'attend de l'organisation. Nous pensons que l'absence de
critères de performance ne met pas de pression sur l'organisation pour
qu'elle en arrive au nrveau de performance qui lui est donné par le
législateur. A cet égard, on note cette absence-là. On vit
aussi avec l'absence de ce critère à l'intérieur
d'Urgences-santé actuel, mais on aurait aimé voir dans le projet
de loi des critères de performance mis de l'avant, des choses
précises que l'organisation devra réaliser.
M. Dutil: Vous êtes responsable, vous ou une autre
personne, de la recherche opérationnelle, je pense que c'est vous.
Est-ce que vous croyez qu'au niveau de la recherche opérationnelle il
est possible d'agrandir le territoire tout en assurant des services de
qualité9
M. Gauthier: D'agrandir le territoire? M. Dutil: Oui.
M. Gauthier: Je me trouve assis entre deux chaises comme
représentant de mon association et comme conseiller en recherche
opérationnelle. À titre informatif, je peux vous dire que je
pense qu'il est possible d'agrandir ce territoire-là dans certaines
limites, quitte à réviser les effectifs qui seront
affectés à ce territoire. Tout dépend, en fin de compte,
des contraintes qu'on pose sur le système, c'est-à-dire que, si
on demande un critère de temps-réponse, on agrandit le
territoire, on peut évaluer le nombre d'effectifs nécessaire. Je
ne pense pas qu'il y ait de limites. Il y a certainement des limites. Je pense
qu'on est un système pensé pour oeuvrer dans un milieu urbain,
mais je pense qu'en soi il n'y a pas de contraintes majeures à ce que le
territoire de la corporation soit étendu.
M. Dutil: Une autre question, mais je voudrais que vous soyez
bien à l'aise si vous préférez ne pas répondre,
puisque vous êtes à l'interne et que c'est délicat, mais
concernant le triage, est-ce que vous pourriez, si cela ne vous met pas dans un
embarras tel que cela soit impossible, nous en parier et nous donner votre
vision des choses?
M. Gauthier: Je me trouve dans une situation vraiment
difficile.
M. Dutil: Alors, oubliez cette question.
M. Gauthier: C'est le cadre intermédiaire qui vous parie,
là.
M. Dutil: Est-ce que vous considérez que
l'intégration des techniciens ambulanciers dans la nouvelle corporation,
à votre avis, peut améliorer la situation à
Montréal?
M. Gauthier Les membres qui m'ont mandaté pensent
qu'effectivement l'intégration des techniciens ambulanciers est un moyen
d'arriver à offrir des services de meilleure qualité Lap
partenance de ces techniciens à une organisation ne peut sûrement
pas nuire au niveau de performance qu'ils sont capables de livrer.
M. Dutil: Je vois que vous préconisez d'aller
jusqu'à l'acquisition des véhicules, donc, à une
étatisation complète, à une prise en charge par le public
de l'ensemble du secteur à Montréal C'est bien ce que vous
dites?
M. Gauthier: C'est ce que nos membres nous recommandent, oui.
M. Dutil: Et s'il y avait des zones fixes à
Montréal, est-ce que cela maintiendrait, diminuerait ou
améliorerait la souplesse des opérations? Qu'est-ce que cela
ferait s'il y avait des zones fixes? Supposons, par exemple, que IHe de
Montréal sort divisée en quatre zones
prédéterminées.
M. Gauthier: Vous vous adressez encore au conseiller en recherche
opérationnelle...
M. Dutil: Oui, mais je vous pose la question parce que ce sont
des suggestions qui sont soulevées, ce sont des points qui nous sont
amenés. Je pense que votre expérience et votre expertise
permettraient d'éclairer fa commission là-dessus.
M. Gauthier: À cet égard, la division du territoire
en zones apporte certainement des contraintes quant à la
perméabilité des secteurs qui sont mis sur le territoire,
c'est-à-dire que, si un technicien ambulancier ne peut pas opérer
en dehors de son territoire, il est clair que cela va poser des contraintes
opérationnelles importantes et que cela va probablement demander une
augmentation des effectifs. Tout dépend, en fin de compte, de la
façon dont ces secteurs-là seront mis de l'avant. Mais il est
clair que cela introduit une modification assez importante. En ce moment, les
ambulanciers sont déployés de
façon générale sur le territoire. Ils sont
polyvalents d'un point d'attente à un autre. Il est clair que la
présence de secteurs modifie de façon importante ce
système-là. Il faudrait refaire le système. Cela pose des
contraintes au niveau des effectifs. Cela pose probablement des contraintes en
termes de nombre de véhicules nécessaires pour effectuer
l'opération.
M. Dutil: Et quant au système de radiocommunication
assisté par ordinateur, est-ce qu'à votre avis cela
améliorera la qualité des services, et particulièrement en
temps-réponse?
M. Gauthier: Ce pourquoi nos membres nous recommandent
d'implanter l'infrastructure qui nous permettrait d'accueillir d'abord les
techniciens ambulanciers, c'est que, justement, ces systèmes-là
permettent de raccourcir de façon assez tangible les interventions
puisque l'ensemble des communications dans le système qui était
prévu à l'origine se faisait de façon digitale. Vous savez
comme moi que l'envoi d'un message digital est beaucoup plus rapide que par la
voix humaine. Tout ce temps est sauvé; l'ambulancier n'a pas besoin de
faire répéter l'adresse ou des choses comme cela, donc, il peut
se diriger en ayant sur son écran, à titre d'exemple, l'adresse
du bénéficiaire. Il peut même avoir le trajet pour s'y
rendre, ce qui va impliquer des réductions appréciables pour ce
qui est du temps-réponse auprès du bénéficiaire.
Ces systèmes ont été imaginés et conçus pour
une meilleure qualité du service et non pour faire de Montréal un
"show-case" électronique.
M. Dutil: Vous parlez également des municipalités.
Est-ce que vos remarques s'appliquent essentiellement... J'imagine que vous
l'avez fait essentiellement pour Montréal, que vous ne vous êtes
pas interrogés sur la problématique de l'ensemble du territoire
du Québec. Je vois votre réserve quant aux municipalités,
mais je me demandais si vous aviez réfléchi sur un autre
territoire que le territoire de Montréal que vous desservez
actuellement.
M. Gauthier: Nous avons réfléchi à la
possibilité d'une expansion du territoire que nous desservons
actuellement et sur le partage de ce territoire qui appartient à des
municipalités. Par exemple, un secteur à haute densité
urbaine serait pris en charge par la corporation et les zones beaucoup moins
denses seraient prises en charge par un système municipal. Le
problème que soulève la délégation aux
municipalités est un problème qui, selon nous, touche à la
coordination des ressources, le fait aussi que les services d'ambulances qui
pourraient être mis en place par les municipalités pourraient
être, compte tenu des ressources des municipalités, très
différents en nature. La formation des techniciens ambulanciers à
bord de ces ambulances qui n'appartiennent pas à la corporation nous
apparaît problématique. (21 h 45)
Peut-être qu'à cet égard Bertrand, qui exerce la
fonction de superviseur, pourrait mieux vous répondre sur cette
réticence d'avoir des municipalités adjointes à notre
territoire en leur donnant la permission d'exploiter un système
d'ambulances.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: II n'y a personne qui veut parler sur le temps du
ministre avant que vous me donniez la parole?
Le Président (M. Bélanger): Non, en vertu de la
règle de l'alternance.
M. Dutil: J'ai terminé, M. le Président.
M. Chevrette: Vous ne voulez pas avoir la réponse?
M. Rochefort: Non, non, mais, M. le Président...
M. Dutil: J'ai eu la réponse de M. Gauthier.
M. Chevrette: Cela ne vous intéresse pas de savoir ce que
le gars peut rajouter?
M. Dutil: Mais il peut répondre sur votre temps, M. le
député de Joliette!
M. Chevrette: Cela est brillant, il est ministre responsable.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, un instant!
Il y avait un complément de réponse?
M. Chevrette: C'est brillant.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y!
M. Saint-Amour (Bertrand): Bref, c'est essentiellement une
question de contrôle et d'intervention. À partir du moment
où il y a une multiplicité d'intervenants sur un lieu
d'intervention - on le vit actuellement à Montréal dans
différentes municipalités - à certains égards, cela
crée des problèmes au plan de l'intervention. Il y a des zones
grises qui ne sont pas nécessairement bien définies par rapport
à l'intervention du technicien ambulancier. Où s'arrête
celle-ci? Où commence l'intervention de l'intervenant de la
municipalité? Cela crée des problèmes assez
désagréables.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'ai lu votre
mémoire et votre première phrase m'a fait
sourire. Vous vous déclarez d'accord et en désaccord avec
tous les points. Quand on lit comme il faut votre mémoire, sur chaque
point soulevé dans le projet de loi, vous avez quelque chose à
dire, des amendements à proposer et, au départ, vous vous
déclarez en accord. C'est une façon de voir les choses.
Je voudrais vous entendre parler, dans un premier temps, du triage,
même si vous dites que vous êtes mal à l'aise. Je comprends
que vous puissiez être mal à l'aise par rapport à des
catégories de professionnels, mais, entre l'absence totale de tri et un
triage, qu'est-ce que vous choisissez?
M. Gauthier: L'assemblée générale de nos
membres n'a pas vraiment abordé cette question puisqu'elle touche
vraiment à une des fonctions de base d'Urgences-santé. Dans ce
sens-là, les membres n'ont pas préjugé, à la suite
de l'information qui nous a été communiquée, que cette
fonction serait abolie ou...
M. Chevrette: Avez-vous été consultés
formellement sur le projet de loi?
M. Gauthier: En tant qu'association, non.
M. Chevrette: Vos membres en tant que groupe ont-ils
été consultés?
M. Gauthier: Les seules consultations...
M. Chevrette: Vous êtes quatre groupes
différents.
M. Chaput (Alain): Je peux répondre en tant que
président de la section locale. Effectivement, non, nous n'avons pas
été consultés avant qu'on élabore le projet de loi.
Nous avons été consultés à différents
paliers...
M. Chevrette: Après.
M. Chaput: ...comme cadres, mais pas comme association comme
telle.
M. Chevrette: Est-ce la même chose chez vous?
Une voix: Oui.
M. Chevrette: Pourtant, on nous a dit que vous aviez
été consultés formellement.
M. Chaput: Non. Je pense que - si vous me permettez de
répondre à cela - l'on dit, à la page 3: "Toutefois,
l'Association des cadres intermédiaires a été
laissée pour compte dans le processus de consultation préalable
au projet de loi."
M. Chevrette: Je vous remercie...
M. Chaput: Bienvenue!
M. Chevrette: . c'est cela que je voulais entendre.
M. Chaput: Merci
M. Chevrette: Cela contredit des propos que j'ai entendus
ici.
M. Chaput: À titre d'association, je vous ferai
remarquer.
M. Chevrette: Vous dites que dans la dissociation et la formation
d'une corporation sans but lucratif indépendante, vous ne voyez
là pas trop de problèmes. Cependant, vous con sidérez que
c'est pour de faux motifs qu'on fait une réforme. Ce qui m'a
sauté aux yeux, c'est que vous dites qu'Urgences-santé desservant
en particulier les populations de la région 06A et 06E, que ce projet de
loi définit une zone d'activité normale. Le ministre vous a
posé comme question: Est-ce qu'on pourrait agrandir le territoire?
Qu'est-ce que cela aurait fait s'il avait ajouté: le territoire de la
rive sud9 Est-ce que cela aurait été incompatible avec
votre mission? Est-ce que vous auriez été capables de donner un
service tout autant de qualité?
M. Gauthier: Justement, ce qu'on demande, c'est une
précision à cet égard parce qu'il est clair que le fait
d'annexer d'autres territoires au territoire actuellement desservi par Ugences
santé impliquerait d'autres effectifs.
M. Chevrette: Oui, mais mis à part les effectifs qui
pourraient... C'est bien sûr que, si on vous ajoute du territoire, cela
prend d'autres ambulances et d'autres techniciens. Mais est-ce que cela
crée des problèmes? Par exemple, est-ce que cela créerait
des problèmes concrets si vous aviez les effectifs, si vous aviez les
cadres nécessaires, si vous aviez les ressources humaines et
financières nécessaires, est-ce que cela créerait un
problème en ce qui concerne la qualité des services d'ajouter,
par exemple, la rive sud de Montréal?
M. Gauthier: En sachant jusqu'où va la rive sud, on
pourrait sûrement vous répondre Mais, quant à nous, on
considère que notre expertise en tant que répartiteurs de
ressources ambulancières, donc, de coodonnateurs de ces ressources,
notre expérience, c'est principalement dans la zone urbaine de
Montréal Le fonctionnement à l'extérieur de la ville nous
est moins familier. Il faudrait sûrement faire des ajustements Par
contre, si les objectifs sont clairs, si les ressources sont là - on
parle de ressources techniques, financières et d'effectifs - je ne pense
pas qu'on ait de grands problèmes à absorber un autre
territoire.
M. Chevrette: Pour ce qui est de la composition du conseil
d'administration, vous soulignez que vous en êtes absents et vous vous
taillez deux postes en en ajoutant deux. En le laissant à neuf, mais en
changeant la représentation, est-ce que cela vous dérangerait si
vous y étiez partie et qu'on le laissait à neuf, pour autant que
vous fassiez partie du conseil? Est-ce que le nombre de neuf ou de onze vous
importe, à ce moment-là?
M. Gauthier: À l'égard de la composition du conseil
d'administration, il est clair que le fait de mettre deux membres des cadres
intermédiaires reflète peut-être la composition
actuellement mise de l'avant pour ce conseil d'administration. La
présence de trois représentants des salariés nous
amène à penser qu'il y a quand même une balance du pouvoir
à exercer, c'est-à-dire d'être capables d'informer,
à la fois la partie hiérarchique et la partie conseiller, donc,
de participer à ce conseil d'administration.
Le fait d'y être partie prenante, c'est le fait que ce conseil
d'administration constitue le coeur de la nouvelle corporation d'où vont
partir l'ensemble des décisions qui vont la constituer. Il nous
apparaît très important d'en faire partie.
M. Chevrette: II y a au moins deux principes que je partage
très bien avec vous: l'iniquité des services que peut
créer le fait qu'on laisse ouverture aux municipalités par
rapport à l'égalité des services qui est toujours
prônée dans le domaine de la santé. Je suis d'accord avec
vous. Je suis également d'accord avec votre perception d'un conseil
d'administration plus représentatif où les usagers seraient
également partie prenante. C'est un peu ce qui est conforme à
l'esprit de toute la réforme dans le domaine de la santé qu'on a
connue où les usagers font partie intégrante du pouvoir de
décision et non pas la majorité à un seul groupe. Je
partage votre point de vue.
Est-ce que vous avez l'expertise pour me répondre à la
question suivante: Qu'arriverait-il s'il n'y avait aucun tri et que ce soit une
ambulance à chaque "call"? Est-ce que les urgences s'en trouveraient
perturbées?
M. Gauthier: Je ne pense pas qu'il faut beaucoup d'expertise pour
dire que, s'il y avait à chaque appel un envoi d'ambulance, à
Montréal, on manquerait rapidement d'ambulances. Ce sont beaucoup
d'appels qui sont faits à Urgences-santé. Je veux dire que
beaucoup d'appels sont...
M. Chevrette: Donc, toute position qui ferait fi du triage serait
utopique?
M. Gauthier: Pas nécessairement. Il faudrait
évaluer la question, je pense, en détail. Il est clair
qu'à l'heure actuelle, s'il fallait dire à tous ceux qui
appellent à Urgences-santé: On envoie une ambulance, sans
même leur demander s'ils veulent une ambulance, on aurait probablement un
problème d'effectifs.
M. Chevrette: Est-il exact qu'à certaines périodes
de pointe, si ce n'était du triage, il y aurait effectivement un manque
d'ambulances?
M. Gauthier: Je suis aussi mal à l'aise qu'avec M. le
ministre pour vous répondre.
M. Chevrette: Je comprends que vous soyez mal à l'aise,
mais, parfois, c'est se grandir que de répondre, bien qu'on soit dans
l'eau bouillante!
M. Gauthier: Ce que j'essaie de vous mentionner ici, c'est que je
suis là pour représenter les membres de l'ACIAS et les
réponses à ces questions ne m'ont pas été
données comme mandat.
M. Chevrette: Non, mais je n'ai pas de mandat de qui que ce soit.
J'ai ie mandat de la population pour avoir votre lumière. Je ne voudrais
pas que vous l'éteigniez avant même que j'essaie de l'ouvrir.
M. Gauthier: Bon!
M. Chevrette: Je vous ai posé une question
précise.
M. Gauthier: Oui.
M. Chevrette: Et je veux avoir une réponse. Vous
n'êtes pas venu ici pour dire: Je réponds à celle-ci et je
ne réponds pas à celle-là. Je m'excuse, mais,
malgré toute l'amabilité que vous avez, vous allez
répondre à mes questions.
M. Gauthier: Les périodes de pointe à
Urgences-santé proviennent de deux sources: une première de
l'interétablissement et une deuxième des appels de la population.
Urgences-santé possède, à l'égard de ces deux types
de transport, une certaine marge de manoeuvre. Il y a aussi des marges de
manoeuvre ayant trait aux horaires qui sont prévues en termes de
ressources ambulancières pour s'assurer qu'on puisse répondre aux
périodes de pointe. À cet égard, la réaction de la
population à l'ouverture est assez difficile à évaluer. La
première fois, on aurait probablement un pic d'appels assez
immédiat, mais peut-être que les gens, pour avoir une information,
parce qu'Urgences-santé a traditionnellement donné ces
informations, ou pour qu'on leur envoie une ambulance, il y aurait probablement
des réajustements à faire de la part de la population aussi qui
feraient que peut-être...
M. Chevrette: Mais ce n'était pas ma question, vous le
savez très bien. Vous ne la contournerez pas. Je vous ai posé une
question
directe: Est-il exact qu'actuellement, à certaines
périodes de pointe, si ce n'était d'un triage sérieux qui
se fait, vous manqueriez d'ambulances? C'était la question mot pour mot
quasiment.
M. Gauthier: On pourrait demander à un spécialiste
de la répartition. Je m'occupe des horaires techniques.
M. Ferland (François): Ce que je peux vous dire, c'est
qu'à certaines heures de pointe on va insister auprès des
infirmières pour augmenter le triage. Mais c'est toujours dans des
périodes où on a des problèmes extrêmement
spécifiques comme des conflits de travail avec les techniciens
ambulanciers, comme ceux qu'on vit actuellement dans une des compagnies de
service depuis quelques semaines. Il manque de douze à quinze ambulances
par jour et on doit demander par conséquent aux infirmières de
serrer la vis pour tenter autant que possible de distinguer ce qui est urgent
et ce qui ne l'est pas encore, plus qu'elles ne le font d'habitude. Mais de
façon normale dans le fonctionnement, le roulement des ambulances sur
appel nous permet de nous recouvrir de façon assez normale et
régulière du fait que, suivant la courbe de la demande, l'heure
de pointe, la façon dont les appels sont entrés et le laps de
temps dans lequel ces appels sont entrés, on a, 45 minutes ou une heure
après l'appel, une ambulance de libérée pour chacun de ces
appels. On peut donc presque toujours arriver à se sortir d'une
situation difficile de découverture de territoire. Je ne crois pas que
le triage soit à proprement parler l'élément - en
situation normale, j'entends - qui puisse nous permettre de protéger la
couverture du territoire.
M. Chevrette: Vous êtes répartiteur, vous?
M. Ferland: J'ai été assistant-chef du service de
la répartition. J'agis maintenant à titre de conseiller en
télécommunications.
M. Chevrette: A la lecture du projet de loi, est-ce que cela vous
permet d'espérer une amélioration de la qualité de la
supervision?
M. Ferland: De la supervision des techniciens ambulanciers?
M. Chevrette: Ou des répartiteurs, par exemple, qui ont un
travail concret à faire.
M. Ferland: Je crois que, d'ores et déjà,
Urgences-santé, dans son contexte actuel au conseil régional et
nonobstant les problèmes de relations de travail et de
négociations de conventions collectives qui se déroulent beaucoup
plus haut qu'à notre niveau, mais au chapitre de la supervision directe
des employés de la répartition, on n'a pas de problème
actuellement avec nos employés. Cela fonctionne bien. La coordination
fonctionne bien également. La seule grosse épine qu'on a encore
dans le pied actuellement, c'est le problème d'engorgement des salles
d'urgence, parce que la coordination des salles d'urgence se passe à
notre niveau.
M. Chevrette: Combien avez-vous de plaintes par semaine, par
exemple, ou par mois? Je ne sais si vous avez les statistiques. .
M. Ferland: Je ne pourrais pas vous donner ces...
M. Chevrette: Non, mais attendez que je finisse ma
question...
M. Ferland: Oui.
M. Chevrette: . vous allez peut-être comprendre où
je m'en vais. Combien de plaintes avez-vous par semaine ou par mois, par
exemple, de techniciens qui n'effectuent pas bien leur travail auprès du
patient?
M. Ferland: Je ne pourrais pas répondre à cette
question parce que nous avons un service à la population, qui
relève d'ailleurs du conseil régional et qui n'est pas
directement impliqué dans Urgences-santé, qui répond au
nom du conseil régional à toute demande d'information ou plainte
de la population sur n'importe quel service d'un établissement
situé dans le territoire du conseil régional...
M. Chevrette: M. Marcoux est arrivé, je vais aller le voir
là-dessus tantôt.
M. Ferland: ...y compris Urgences-santé.
M. Chevrette: Mais j'aurais une autre question...
Le Président (M. Laporte): Dans le respect de la
règle de l'alternance.
M. Chevrette: Pourquoi?
Le Président (M. Laporte): Parce qu'on me soulignait
l'entente usuelle sur la moitié du temps pour revenir par la suite,
à moins que vous ne préfériez continuer sur votre temps,
votre enveloppe. (22 heures)
M. Chevrette: Je vais me plier, je vais revenir.
Le Président (M. Laporte): D'accord, merci M.
Chevrette: Ce sera à lui encore. Allez-y!
Le Président (M. Laporte): M le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui, merci, M. le Président. Dans un premier
temps, je m'excuse, votre
mémoire n'est pas paginé, alors vers la fin de votre
mémoire - attendez, cela doit donner la page 3 de votre mémoire -
vous soulignez, et je vous cite: "En ce qui concerne les autres mandats
dévolues à la corporation - on parle de celle prévue au
projet de loi 34 - on semble dénoter aussi peu de
spécificité que dans les mandats actuellement confiés au
CRSSSMM." On peut relever deux choses, à titre d'exemple: la
première qui a été abordée par le ministre, mais
j'ai été surpris qu'il n'aborde pas la deuxième, et moi je
vais l'aborder. Vous soulignez la question des moyens mis à la
disposition de la corporation pour gérer, au fond, et prévenir le
problème d'engorgement des salles d'urgence. J'aimerais que vous
développiez plus ce point-là et que vous nous précisiez
quels sont les moyens qui existent, qui sont maintenant dans les mandats, dans
les responsabilités et à la disposition d'Urgences-santé,
et que vous ne voyez pas dans le projet de loi 34 confiés à la
nouvelle corporation.
M. Gauthier: II est clair que ces mandats ont été
transposés à la nouvelle corporation. Par contre, nous avons dans
le moment des parties du système d'information qui fonctionnent sur ces
éléments. Il ne nous apparaît pas qu'un système
d'information, lorsqu'on doit transporter un bénéficiaire dans un
CH le plus près possible et qui est peut-être engorgé, nous
donne les moyens pour faire vraiment une action qui permette au
bénéficiaire de recevoir le maximum de soins qu'on peut lui
offrir. Il est clair qu'on peut toujours trancher entre deux situations: le
transporter plus loin pour aller dans un centre non engorgé ou forcer la
salle d'urgence qui est engorgée à accepter ce patient compte
tenu de l'urgence. Le fait de constituer un système d'information et
d'envoyer l'information, à la suite de sa compilation sur les
transferts, aux conseils régionaux desquels dépendent ces
établissements ne nous apparaît pas régler une situation
qui nous est problématique. C'est une situation difficile de voir les
centres hospitaliers s'engorger et nous d'être ciblés comme les
responsables de l'engorgement de ce centre hospitalier parce que nous y amenons
des patients dans les salles d'urgence. Nous avons, à cet égard,
de la difficulté à voir un système d'information comme le
moyen de favoriser le désengorgement des hôpitaux et des salles
d'urgence.
Nous pensions aussi que l'alinéa 3 n'était pas
transféré et M. le ministre nous a confirmé
là-dessus qu'il y aura une autorité régionale qui fixera
aux établissements le nombre de patients à accepter à
l'urgence. Donc, on se sent plus sécurisés par rapport à
ce point-là dans le sens où l'engorgement d'une salle d'urgence
est de deux natures: l'une qui provient clairement de chez nous - on apporte
des patients qui ont besoin de soins urgents - et il y a aussi les salles
d'urgence qui sont encombrées par des patients ambulants. Nous n'avons
pas le contrôle de la deuxième partie, c'est-à-dire les
patients ambulants. Donc, le fait que les CH nous rapportent des situations
d'engorgement dont nous ne sommes pas responsables nous place dans des
situations souvent problématiques avec les CH.
M. Chaput: Si je peux terminer, il y a aussi toutes les
ambulances qui arrivent de l'extérieur; par exemple, la région de
Joliette d'où on amène des patients à l'hôpital
Maisonneuve-Rosemont, de Valleyfield vers l'hôpital du
Sacré-Coeur. Il y a tout un...
M. Rochefort: Mais ce sont des données qui vous sont
transmises...
M. Chaput: Qui ne nous sont pas transmises directement. Nous
travaillons avec ce qu'on a comme information. La seule information, c'est que
sur le tableau, dans la région de Montréal...
M. Rochefort: Oui, le fameux tableau.
M. Chaput: ...ce sont les ambulances qu'on contrôle. Je
vous le dis bien, ce sont les ambulances qu'on contrôle. C'est seulement
cela qu'on a. Nous avons des ambulances de Montréal, on ne peut rien
faire avec les ambulances de l'extérieur.
M. Rochefort: Non, d'accord, c'est correct, je comprends ce que
vous développez comme raisonnement et cela me permet peut-être de
mieux saisir ce que vous voulez dire. Mais comprenons-nous bien. Je comprends
que vous possédiez ce que vous envoyez comme, permettez-moi l'anglicisme
- non, je vais le dire en français - intrant, si vous me passez
l'expression, mais vous êtes aussi, par le fait même,
informés de l'état d'achalandage de la salle d'urgence par un
autre système qui, lui, vous provient d'un contact qui est normalement
autour du médecin coordonnateur de la salle d'urgence, auquel cas vous
attrapez les informations qui découlent non pas de gestes qui ont
transité par votre intermédiaire, mais qui influent sur ce qui se
passe en salle d'urgence et auquel cas c'est un élément
d'information que vous possédez et qui vous permet de gérer vos
responsabilités. Oui ou non? Est-ce qu'on se suit?
M. Chaput: Oui, oui, je comprends très bien ce que vous
voulez dire, sauf que le technicien ambulancier ou les deux techniciens
ambulanciers qui sont pris avec un patient à bord et à qui on dit
que l'hôpital est en détournement sont toujours pris avec le
patient à bord. C'est aussi le cadre qui est à l'intérieur
qui essaie de gérer la répartition de tout cela qui vit la
situation. Les mécanismes qui ont été mis en place depuis
des années nous ramènent au même problème de base,
celui de l'engorgement des salles d'urgence, et nous autres nous sommes pris
avec ce problè-
me.
M. Rochefort: Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est
que les salles d'urgence sont toujours engorgées. C'est de valeur qu'il
y ait quelqu'un d'autre bien connu au Québec qui ne soit pas autour de
la table pour entendre cela d'une autre voix que la mienne; peut-être que
cela porterait plus, mais en tout cas!
Une voix: On va le répéter.
M. Rochefort: II y a une deuxième question que je voudrais
poser... J'imagine qu'il y a au moins son collègue et ministre
délégué qui pourra le lui rapporter. Deuxième
question que je voudrais vous poser: Je ne veux pas vous mettre dans une
situation délicate, mais je ne veux pas laisser passer votre
participation à nos travaux sans aborder cette question. Vous occupez
une fonction que je considère - des fonctions, parce que vous n'occupez
pas tous la même fonction - à un niveau très
stratégique de la mission d "Urgences-santé, très bien
située entre le personnel, les travailleurs, les techniciens
ambulanciers, tout cela, et la population. Depuis le début qu'on aborde
le dossier du projet de loi 34, ce qui revient constamment, c'est qu'on veut
régler un vieux problème de plus en plus lancinant et
pénible, comme dirait le message publicitaire, de relations de travail.
On nous dit et on comprend de plus en plus, même si on ne nous l'a pas
beaucoup dit finalement, que c'est essentiellement pour cela que, pour le volet
Montréal du projet de loi 34, on veut poser un certain nombre de gestes.
Je vous le répète, je ne veux pas vous mettre dans une situation
délicate, mais je pense que la position que vous occupez fait de vous
des observateurs privilégiés qui peuvent bien mesurer la
situation. J'aimerais que vous nous décriviez, selon vous, quelles sont
les causes à ce problème de relations de travail qui sort de
partout, semble-t-il, chez vous, à Urgences-santé.
Deuxièmement, quels sont ses effets réels sur les services que
vous avez la responsabilité d'offrir à la population?
M. Gauthier: J'essaierai peut-être de répondre
à votre deuxième question. Il est clair que pour nous - c'est ce
qu'on a mentionné au début de notre intervention - les relations
de travail ne constituent pas l'objectif qu'on vise dans une réforme. On
vise justement à la qualité des services à la population.
Les causes de conflits de travail sont probablement liées au fait
qu'Urgences-santé effectue des tâches qui sont extrêmement
stressantes à plusieurs égards. On ne peut pas rester impassible
devant un patient qui est en petits morceaux dans une voiture où il est
incarcéré. Il est clair que le répartiteur de ces appels
sent des urgences, des priorités. Le système, c'est
essentiellement 24 heures par jour sous tension. Il est clair que des contextes
de relations de travail difficiles peuvent en émaner.
Par contre, je ne suis pas un spécialiste des relations de
travail. Il y a sûrement d'autres causes qui y sont associées,
mais le fait qu'Urgences-santé soit un centre vraiment de prime urgence,
où le temps compte, où les actions posées ont des
conséquences graves, n'est sûrement pas étranger au fait
que les gens soient pris dans des problématiques de relations de travail
pour lesquelles on cherche des solutions locales et pour lesquelles il
semblerait que des solutions plus globales aient été
envisagées.
M. Rochefort: Puisque vous l'abordez sous l'angle, qui est
sûrement pertinent, de dire: Écoutez, en soi, le cadre dans lequel
on a à évoluer et la mission qui est la nôtre font que
c'est, disons, moins reposant qu'ailleurs, que cela peut et que, selon vous,
cela a une influence sur le climat des relations de travail, pensez-vous
vraiment que le nouveau cadre sous l'angle que vous venez d'aborder, et non
sous l'angle spécifique du fonctionnement des relations de travail,
notamment quant au statut des employés...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, je complète, M. le Président,
mais je vous souligne que je n'ai pas fait dix minutes chaque fois comme
normalement j'aurais pu le faire...
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas
cumulatif.
M. Rochefort: M. le Président, ce que je disais, c'est
donc: Est-ce que vous considérez que, sous l'angle du climat qui va
régner - au niveau professionnel, non pas au niveau des relations de
travail - le nouveau cadre du projet de loi 34 est en mesure de rendre le
climat moins stressant, notamment, quand on nous dit également qu'un des
motifs c'est de rationaliser Urgences-santé et qu'on ne nous donne
aucune garantie quant aux budgets qui vont suivre?
M. Gauthier: À cet égard, il est clair que la
situation de stress où sont placés tous les intervenants dans
cette série d'actions, le fait qu'ils n'appartiennent pas, dans le
moment, à une même organisation enlève un peu les
éléments de contrôle qui lui permettraient de
maîtriser ce stress. Le fait qu'on s'adresse, par exemple, dans le cas
d'un répartiteur, à un technicien ambulancier au bout d'une
radio, qu'on n'a probablement jamais vu, qui n'appartient pas à notre
organisation, qui appartient à une compagnie qui est située
ailleurs, dont le contexte de vie est ailleurs complètement, donc,
d'être plusieurs à tirer sur un problème, mais chacun selon
ses tensions, plutôt que d'avoir une tension organisationnelle qui ferait
que la performance au service serait comme un modus pour opérer,
ce qui nous apparaît comme un contexte probablement favorable
à une maîtrise de ce stress pour le transformer en action. C'est
ce que nos membres nous ont transmis. C'est ce pourquoi, en fin de compte,
cette nouvelle corporation, en intégrant les techniciens ambulanciers,
en intégrant la chaîne d'actions qui doit être posée,
permettrait peut-être de résoudre ou de maîtriser ce stress,
donc, de réduire les tensions, puisque cette tension entre une personne
et quelqu'un de l'extérieur est toujours plus grande qu'une relation qui
implique un membre de sa propre organisation.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je reviens à
M. le représentant des répartiteurs.
M. Ferland: Oui, si on veut.
M. Chevrette: Bien, si on veut... Est-ce que c'est cela ou si ce
ne l'est pas?
M. Ferland: Je pense que vous allez avoir l'occasion d'entendre
le représentant des répartiteurs. Mais ayant déjà
travaillé dans ce département, je peux peut-être vous
éclairer à la limite des mandats qui m'ont été
confiés.
M. Chevrette: Ah! S'ils sont pour venir d'une façon
spécifique, j'aime autant m'adresser directement à eux. Je vais
vous poser une autre question, dans ce cas-là. Quand vous parlez de
prolonger sur le territoire de municipalités ou de parties de
municipalité que couvre déjà Urgences-santé, est-ce
que vous pourriez nous donner un exemple?
M. Ferland: Au niveau de la représentativité au
conseil d'administration?
M. Chevrette: Non. À un moment donné, dans votre
mémoire, vous dites qu'il y a des parties couvertes actuellement par
Urgences-santé et que, si on ne va pas au niveau des... Mais ce ne sont
pas nécessairement les municipalités au complet, je suppose? Je
vais vous le trouver et je vais vous le donner.
M. Ferland: Oui.
M. Chevrette: Territoire. Le projet de loi "n'identifie pas
clairement les populations à desservir par la future corporation. Or,
plusieurs indications dans le projet de loi nous portent à croire que ce
territoire est appelé à prendre de l'expansion. La planification
opérationnelle et la mise en place des moyens techniques
nécessaires appellent des précisions sur l'étendue du
territoire visé..." Ce n'est pas à cet endroit, j'ai vu cela
ailleurs. C'est en ce qui concerne les municipalités probablement.
M. Ferland: La dernière page, deuxième
paragraphe.
M. Chevrette: Dernière page. "En effet, la
délégation de responsabilité vers les municipalités
peut mettre en péril l'exclusivité de pratique des techniciens
ambulanciers et mener à une duplication des structures de coordination."
Est-ce que vous faites référence à l'article qui dit
qu'une municipalité peut se donner des services additionnels?
M. Ferland: Exact. M. Chevrette: Exact? M. Ferland:
Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous considérez... Parce que vous
parlez d'équité dans les services. Qu'est-ce que vous entendez
par équité, vous autres, en ce qui concerne les services?
M. Ferland: Ce qu'on entend par équité, c'est le
droit pour tous les citoyens du territoire qu'on dessert d'avoir des services
ambulanciers de qualité égale, en quantité égale,
dans un temps-réponse ou dans une fourchette de temps-réponse qui
soit égale et uniforme dans tout le territoire qu'on dessert. (22 h
15)
M. Chevrette: Prenons un exemple. Si une municipalité du
West Island, qui est assez bien nantie, décidait de se chromer un peu
plus, de se donner un système plus sophistiqué, cela voudrait
donc dire que vous seriez contre cela?
M. Ferland: On serait contre cela si le service offert par cette
municipalité était tellement supérieur à ce qu'on
est capable d'offrir ailleurs sur le territoire, dans le sens où...
M. Chevrette: Concernant le transfert des employés, comme
cadres intermédiaires, est-ce que vous avez des accréditations ou
si ce sont des ententes de bonne foi?
M. Chaput: On n'a pas d'accréditation. On est reconnu
comme une association...
M. Chevrette: Bona fide.
M. Chaput: ...de cadres intermédiaires seulement, on n'a
pas d'accréditation comme un syndicat peut en avoir. C'est pourquoi on
définit employé et salarié. Il y a une distinction dans le
Code du travail.
M. Chevrette: Vous demandez un protocole spécifique?
M. Chaput: On ne demande pas un protocole
spécifique, on demande d'être partie prenante dans le
protocole qui doit être signé entre le conseil régional et
la nouvelle corporation dans le sens qu'on puisse dire: Oui, nous sommes
d'accord avec ce qui va être transféré. Après tout,
ce sont nos emplois, nos conditions de travail que nous avons
négociées. C'est un paquet de choses.
M. Chevrette: Mais, si vous demandez une annexe qui tienne compte
des conditions de travail que vous avez négociées, vous demandez
un protocole spécifique, c'est-à-dire un protocole global qui
parle d'intégration et qui vous intègre avec vos demandes
spécifiques.
M. Chaput: En fait, c'est que nous ne voulons pas nous faire
transférer dans un bloc sans avoir un mot à dire. C'est simple.
Alors, vous pouvez dire spécifique et cela peut être une annexe;
vous pouvez l'entendre comme cela, si vous voulez. On a négocié
dernièrement la rémunération en temps de conflit. C'est
local, c'est spécifique. On tient a cette spécificité.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous venez de me dire? Vous avez
négocié une rémunération en temps de conflit?
M. Chaput: En temps de conflit, quand on fait des journées
de 24 heures d'affilée, on s'est entendus sur des points. On a le droit
de dormir, on a le droit de manger, on a le droit à notre place comme
tout le monde. Rien ne nous garantissait cela.
M. Chevrette: En anticipez-vous?
M. Chaput: Pardon?
M. Chevrette: En anticipez-vous?
M. Chaput: Non, on n'en anticipe pas, mais on tient à le
garder. C'est toujours plus facile d'avoir quelque chose sous la main que de ne
pas l'avoir du tout.
M. Chevrette: Êtes-vous au courant des rumeurs qui
circulent et qui indiquent que le mois de juillet pourrait être
passablement chaud?
M. Chaput: Non. Je l'ai appris en même temps que vous
l'avez annoncé tantôt.
M. Chevrette: Vous ne le saviez pas? M. Chaput: Pas du
tout.
M. Chevrette: À l'intérieur, vous ne saviez pas
cela? Aucun de vous quatre?
Une voix: Vous êtes bien informé. M. Chaput:
Pardon?
M. Chevrette: J'ai été informé par le
président du RETAQ lui-même Je suis bien informé
certain.
Le Président (M. Bélanger): Une dernière
question, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Oui. Je veux remercier purement et simplement les
cadres intermédiaires. Je vais garder mes questions pour le CRSSS de
Montréal, MM. Lefebvre et Masson et les répartiteurs, lorsqu'ils
viendront. On va se parler du Sri Lankais.
Le Président (M. Bélanger): Merci M le
député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à M. Gauthier. Dans votre mémoire, M. Gauthier, je pense que
c'est à la page 2 ou 3 - je ne sais pas de quelle façon vous le
paginez - on parle du territoire des activités de la nouvelle
corporation. Sans pour autant manifester des inquiétudes, vous vous
interrogez, à savoir, si on étendait le territoire, de quelle
façon cela pourrait fonctionner pour garantir une réussite
à cette expansion. Mais, avant de penser à étendre le
territoire, j'aimerais qu'on s'attarde un peu plus sur ce qui se vit
actuellement. On parle de deux régions. On parle de la région 06A
et de la région 06E, Laval. Pour bien vous situer, je suis de la
région 06E, de Laval.
Une voix: ...
M. Joly: Non. Encore, pour le bénéfice de tout le
monde et de ceux qui doivent embarquer dans les situations qu'on
connaît.
M. Gauthier, sur la situation telle qu'on la connaît actuellement
dans la répartition, si vous recevez un appel qui vient de Laval,
où sont situés les ambulances et leurs techniciens au moment
où l'appel est acheminé? En direction de Saint-François ou
de Laval ouest?
M. Ferla nd: Nous avons quatre postes d'attente dans la ville de
Laval: un premier qui est situé au coin du boulevard Labelle et du
boulevard Dagenais, dans le nord-ouest; un au coin du boulevard Labelle et du
boulevard Samson, dans le sud-ouest; un au coin du boulevard des Laurentides et
du boulevard Sainte-Rose, dans le nord-est, et un au coin de la rue Joly et du
boulevard de la Concorde, dans le secteur de Duvernay.
M. Joly: Parfait. Supposons que la zone est à
découvert, à un moment donné, que les quatre ambulances
sont occupées, d'où est-ce que cela peut partir pour donner le
service à Uval?
M. Ferla nd: En principe, lorsque les quatre ambulances initiales
sont occupées, on s'arrange
toujours pour en placer une autre, en déplacer une vers le
territoire de Laval au minimum; une, sinon deux ou trois, selon les
délais que nous avons.
M. Joly: Est-il possible qu'à un moment donné, par
exemple, que l'ambulance puisse partir de Jarry et Chambord pour se diriger
dans la section de Saint-François et que cela prenne de 20 à 25
minutes?
M. Ferland: C'est théoriquement possible, mais je n'ai pas
eu connaissance de tels cas, ce sont des cas exceptionnels. Lorsque le
temps-réponse dépasse dix minutes, normalement, on fait à
l'interne une espèce de mini-enquête pour savoir ce qui s'est
passé, l'état de la couverture, etc.
M. Joly: Donc, vous vous accorderiez à dire que ce sont
des cas d'exception.
M. Ferland: Ce sont des cas d'exception.
M. Joly: J'aimerais que vous reveniez sur le nombre
d'employés que vous avez dit avoir pour répondre aux 1000 appels
par jour et aux 250 transports par jour dans la grande région de
Montréal. Combien y a-t-il d'employés reliés au service
comme tel chez vous?
M. Gauthier: Vous voulez dire Urgences-santé au complet
ou...
M. Joly: Pardon?
M. Gauthier: ...les techniciens sur la route?
M. Joly: Non, j'entends globalement le service comme tel. Pour en
arriver à répondre à 1000 appels par jour et à
effectuer 250 transports par jour, tous ceux qui gravitent autour du
système, autant les techniciens...
M. Ferland: Si on compte les techniciens ambulanciers, cela va se
chiffrer à 1200 environ. Il y a les infirmières, les
médecins, les répartiteurs, le personnel-cadre, les
employés syn-dicables et non syndiqués. Tous ces gens contribuent
à faire tourner la roue à Urgences-santé. Si on ajoute les
quelque 750 techniciens ambulanciers, on arrive à 1000 ou 1200. Il
faudrait voir les chiffres plus précis.
M. Joly: Pour en arriver à respecter 250 transports par
jour...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Fabre.
M. Joly: ...est-ce qu'if y aurait d'autres transports en plus de
cela, comme le transport interhôpitaux?
M. Gauthier: On ne parle pas de 250 transports, on parle
d'environ 700 affectations en période de pointe l'hiver. On parle de
650, par exemple, au printemps. Affectation, cela veut dire déplacement
de ressources. Un répartiteur déplace une ressource, l'envoie
sur... Ce sont des affectations d'ambulances. Par-dessus cela, il y a des
affectations de médecins, de superviseurs. Les intervenants dans le
système d'Ur-gences-santé sont multiples dans certaines
situations. On peut dépêcher une ambulance en support à une
autre ambulance sur un appel où il y a plusieurs blessés,
où il y a des problèmes. Il y a quand même de multiples
interventions qui sont faites. Ce que M. Ferland vous rapportait, c'est que,
pour effectuer cette tâche, on parle d'environ 1200 personnes qui
travaillent activement dans le système.
M. Joly: Votre réponse laisse supposer que cela
comprend...
M. Gauthier: II y a aussi des interétablissements,
oui.
M. Joly: ...les transports inter. Merci, M. Gauthier.
M. Gauthier: Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, en
conclusion.
M. Dutil: Vous avez parlé des affectations qui sont
différentes des transports de blessés. Tout à l'heure, on
mentionnait quelque chose au niveau du triage, il y a eu une confusion
là-dessus, vous avez probablement ces statistiques. Les appels qui sont
reçus, évidemment, ne sont pas tous des demandes d'ambulances, il
y a une bonne partie qui est pour l'Info Santé. Avez-vous la proportion,
sur les 850 appels par jour qui entrent, de ceux qui sont des choses autres
qu'une demande d'ambulance? Approximativement, comme ordre de grandeur.
M. Gauthier: On pourrait dire 30 % de ces appels - c'est un
chiffre assez approximatif - selon les journées. Il y a des
journées où c'est plus occupé, d'autres journées
où c'est moins occupé selon les situations. Par exemple, lors de
la dernière période estivale où il y a eu des vagues de
chaleur, des personnes s'inquiétaient et elles ont été
plus rassurées à ce moment-là. Urgences-santé a
été identifié comme ressource pour avoir de l'information,
à savoir quoi faire, où se rendre selon les
événements.
M. Dutil: Ce que je veux faire ressortir des statistiques que
vous pouvez posséder, c'est que, même s'il n'y avait pas de tri,
hypothèse qui est rejetée, on l'a mentionné tout à
l'heure, il y a le tri léger, le tri lourd, mais même s'il n'y
avait pas de tri, cela ne voudrait pas dire que
les 850 appels seraient des demandes de transport par ambulance. Je
pense que c'est cela la réalité: les 850 appels ne pourraient pas
être, même avec une absence totale de tri, des demandes
d'ambulance. Est-ce que je me trompe en disant cela?
M. Gauthier: Probablement pas.
M. Dutil: Mais vous n'avez pas de statistiques
précises?
M. Gauthier: Pas sous la main, mais je sais que ce ne serait
sûrement pas 850. Cela ne correspondrait pas nécessairement
à un appel à un endroit.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
ministre, si vous voulez remercier nos invités.
M. Dutih Alors, on vous remercie beaucoup de votre
présence. Cela a été bien instructif sur plusieurs
aspects, non seulement sur le mémoire mais sur toutes les questions
techniques qui vous ont été posées. Je pense que la
commission retiendra plusieurs éléments de votre intervention;
cela a contribué à enrichir notre débat. Alors, merci
beaucoup de votre présence.
Le Président (M. Bélanger): La commission vous
remercie de votre présence et j'invite maintenant à la table les
représentants du Conseil régional de la santé et des
services sociaux du Montréal métropolitain. Je m'excuse, M. le
ministre?
M. Outil: Je vais les saluer avant qu'ils partent.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui. Je les invite
à prendre place, en l'occurrence, M. Marcoux, le Dr Masson et M.
Lefebvre. Je m'excuse, j'ai un problème de mémoire des noms. Nous
allons prendre quelques instants. Nous allons suspendre pour une minute.
(Suspension de la séance à 22 h 26)
(Reprise à 22 h 29)
Le Président (M. Bélanger): Nous recevons à
la table des témoins les représentants du Conseil régional
de la santé et des services sociaux du Montréal
métropolitain. Selon nos règles de procédure, vous avez un
maximum de 20 minutes pour faire votre présentation et le reste des 40
minutes est consacré aux échanges avec les parlementaires. Alors,
si vous voulez vous identifier et identifier vos collègues et bien
vouloir procéder, nous vous écoutons. Merci.
Conseil régional de la santé et des
services sociaux du Montréal métropolitain
M. Marcoux (Gérard): M. le Président, je suis
Gérard Marcoux, directeur général. Je suis
accompagné de M. Bernard Lefebvre, à ma droite, directeur
d'Urgences-santé, et du Dr Pierre Masson, directeur médical.
Le premier mot que je voudrais vous dire, M. le Président, et
tous les membres de cette commission, c'est de vous signaler que, si nous avons
dans un premier temps décliné l'invitation de la commission,
c'était loin d'être par manque d'intérêt, mais c'est
que notre conseil d'administration avait jugé que, dans les
circonstances, il était préférable de s'abstenir. Pourquoi
s'abstenir? La raison primordiale de notre absence dans un premier temps
était la suivante: Nous connaissons depuis le 2 mars une nouvelle
orientation gouvernementale précise quant au système d'urgences
préhospitalier à Montréal. Depuis cette annonce
précise du 2 mars, les circonstances nous ont laissé voir, de
même que les faits et gestes posés, que certaines garanties qu'on
avait eu l'occasion comme conseil régional d'avance - on ne peut pas
parier d'exigences, on peut dire certaines garanties - et que nous avons
formulées ont toujours été maintenues et nous n'avions pas
de raison de croire que ces exigences chancelleraient en cours de route dans
les orientations prises. C'est donc le motif pour lequel je suis devant vous,
au nom du conseil d'administration du conseil régional, sans papier,
sans mémoire seulement avec une sincérité et une
intégrité sur la pensée qui a guidé le conseil
régional dans la collaboration qu'il veut donner à un
système, je dirais, de services adéquats pour les citoyens et les
citoyennes du Montréal métropolitain. Sans papier, je peux
cependant vous dire que ces espèces de garanties n'étaient pas
très compliquées. On n'a pas l'habitude, en aucune façon,
non plus, dans les faits et gestes du conseil régional, de se compliquer
la vie.
La première exigence c'est d'essayer de trouver la meilleure
formule possible pour donner des services de qualité, les
améliorer ou tout au moins les maintenir, à la population La
deuxième Nous avons demandé, dès les premières
rencontres avec le ministre responsable du dossier, qu'il y ait une garantie
formelle à ce que le personnel qui a oeuvré et qui oeuvre encore
à tous les niveaux, à Urgences-santé, soit assuré
de la protection de ses droits et privilèges. On nous l'a assuré
puis on l'a formulé avec, peut-être, pas nécessairement la
satisfaction de tout ce qu'on pourrait avoir de raffinement, mais on l'a
formulé dans le texte de loi. La troisième: On a osé faire
une suggestion, mais vous allez comprendre qu'elle ne nous appartient plus, pas
du tout. On a aussi - et je tiens à vous le signaler quand même -
donné un autre commentaire et, cette fois-là, cela devient
seulement un commentaire parce que nous ne sommes pas le gouvernement et nous
ne sommes pas des élus
Nous sommes un organisme parapublic qui dépend des élus et
qui rend compte à des élus. On a suggéré que, dans
le règlement qui ferait le transfert, on agisse aussi avec
équité à l'endroit d'une troisième partie qui n'est
pas les employés, ni le conseil régional, mais les
propriétaires d'ambulances. Cela nous apparaît aussi raisonnable
et sain et je pense que là-dessus il n'y a pas lieu pour nous, dans
notre vocation et dans notre mission, d'être en train de poser des
exigences et on a pensé qu'ils étaient aussi assez grands, assez
solides, pour faire valoir leur propre point de vue. Alors, c'est un point pour
lequel on n'a pas grand-chose à dire à la commission, mais c'est
le troisième élément.
Notre présence, avec la seconde invitation qui s'est faite
insistante, vous indique que, justement, ce n'était pas une absence
d'intérêt, M. le Président. C'est tout ce que j'ai à
vous dire mais, avec mes collègues, nous sommes prêts à
répondre aux questions de M. le ministre, aux questions des autres, du
chef de l'Opposition, du député indépendant, de tous les
députés; on est à votre disposition pour le temps que vous
jugerez opportun.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M.
Marcoux. Alors, M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, de prime abord, je voudrais
préciser ce qui s'est passé auprès de nos invités
pour leur expliquer la situation. C'est que nous avions - et c'était sur
notre liste lorsque nous avons consulté l'Opposition - demandé au
CRSSSMM de venir à la commission s'il le désirait, et vous avez
décliné l'invitation, ce qui était votre privilège
absolu. Maintenant, les membres de l'Opposition souhaitaient avoir votre
présence et ils l'ont fait avec insistance. Pour ma part, ce
n'était pas mon intention de refuser cette présence à
l'Opposition, si elle a des commentaires ou des questions à vous poser.
J'apprécie beaucoup que dans un délai très court vous ayez
accepté de vous déplacer de Montréal et venir à la
commission pour répondre aux questions des deux partis.
Mais avant d'entrer dans les questions, je me rappelle avoir eu une
rencontre où on me mentionnait que l'impression que la décision
du gouvernement avait pu laisser dans la population, c'était que nous
n'étions pas satisfaits du service qu'avait fait le CRSSSMM. J'avais
dit: J'aurai une occasion de rétablir une situation fausse, une
impression fausse. Je pense que c'est le bon moment de rétablir cette
situation fausse. La raison de la dissociation d'Urgences-santé, j'ai eu
l'occasion de l'expliquer dans mon discours hier, j'ai eu l'occasion de
l'expliquer tout à l'heure, n'a rien à voir avec la
qualité du service que le CRSSS de Montréal a accordée. Ce
que je souhaiterais justement c'est qu'on profite de l'occasion pour faire
l'historique du travail, et M. Marcoux le connaît très bien
puisqu'il est là depuis les débuts, que le CRSSS de
Montréal a fait dans le dossier des ambulances jusqu'à ce jour.
Je pense que ce serait une véritable bonne occasion d'exprimer
publiquement le magnifique travail fait par vous dans ce dossier.
M. Chevrette:...
Le Président (M. Bélanger): La parole appartient
à M. le ministre, vous pouvez continuer.
M. Dutil: C'est ma période de questions et
commentaires.
Le Président (M. Bélanger): C'est exact et vous
pouvez en disposer à votre guise, M. le ministre. Alors, allez-y!
M. Dutil: Je vous remercie, M. le Président. Je pense que
ce genre de rétablissement des faits fait partie...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on considère l'incident clos. Je vous demanderais de continuer, M. le
ministre. Je pense qu'il n'y avait pas d'autorisation au député
de Joliette de prendre la parole. Si vous voulez continuer, M. le ministre.
M. Dutil: J'ai terminé.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Joliette, en vertu de la règle de l'alternance,
M. le ministre a...
M. Dutil: J'ai demandé à M. Marcoux s'il
pouvait...
M. Chevrette: Ah! je pensais qu'il avait terminé.
Le Président (M. Bélanger): Moi aussi.
M. Dutil: Non, absolument pas. J'ai demandé à M.
Marcoux de nous faire un bref historique. Je ne parle pas de prendre une partie
importante du temps, M. le Président, mais de faire un bref historique
de ce qui s'est passé et de rétablir une impression fausse qui a
semblé être véhiculée dans la population.
Le Président (M. Bélanger): M. Marcoux.
M. Marcoux: Écoutez, je pense que c'est sûrement
facile de faire un historique rapidement parce que, habituellement, pour des
gestes dont on est fiers la parole vient assez aisément pour traduire
notre fierté sur les gestes qu'on a posés. Le départ des
actions du conseil régional de Montréal dans le système
des urgences date de la naissance même du conseil régional,
à partir de l'année 1973 où les conseils régionaux
se sont fait confier par directive ministérielle une surveillance et une
responsabilité dans le
transport ambulancier. Dès 1979, il y avait une orientation
spéciale pour le Montréal métropolitain avec un
arrêté en conseil demandant de faire des analyses
particulières parce que les problèmes étaient de plus en
plus évidents; il y avait une multitude de compagnies privées sur
le territoire, H n'y avait pas de coordination, il y avait des problèmes
dans les salles d'urgence, il y avait aussi des problèmes très
évidents à cette époque aussi. Imaginez, des
problèmes de relations du travail importants, H y avait aussi des
conditions de travail qui n'étaient pas acceptables. Là, on a
demandé de faire une analyse. On a commencé une analyse et en
même temps que commençait cette analyse - et je pense que c'est un
élément important, M. le ministre, dans l'historique qu'on vous a
dit et que l'historique va nous faire répéter en même temps
que des choses fondamentales qui ont présidé à la
naissance du système - H y avait une absence de contrôle
complète sur la demande. On était en train de vivre dans le
Montréal métropolitain une situation où un appel
correspondait à une ressource. Les ressources se multipliaient et les
appels demeuraient stationnaires mais avec plusieurs ressources. Je veux dire
par là que les médecins travaillaient à l'acte dans le
système d'urgences préhospitalier avec, si ma souvenance est
bonne, sept compagnies de médecins différentes avec des
véhicules, ou six compagnies, et il y avait des ententes entre les
compagnies propriétaires de véhicules de médecins et
d'ambulances et des échanges de bon commerce se faisaient, en même
temps que de bons soins probablement. Je ne peux pas juger de la
qualité. En tout cas, des ressources médicales et
ambulancières étaient disponibles sur appel.
À partir du moment où on nous a demandé de
coordonner toute cette activité, ce qui était fondamental,
c'était de contrôler la demande. Cela a l'air fort de dire cela,
mais il fallait être capable d'évaluer le besoin de la population.
À ce moment-là, le gouvernement nous a demandé de mettre
en place une centrale de coordination pour évaluer les appels et, en
même temps, en ayant en tête qu'il fallait identifier le besoin, le
cerner et expédier, par la suite, la ressource. C'est pour cela que,
dans le fonctionnement d Urgences-santé, dès le point de
départ, cela a commencé avec une négociation qui a
été très importante qui a été l'implication
de la profession médicale dans le système. C'est un
système d'urgences préhospitalier.
La deuxième implication, cela a été d'autres
professionnels et travailleurs de la santé et des infirmières. La
troisième implication a été encore des professionnels de
la santé, mais à d'autres titres, des répartiteurs et des
techniciens ambulanciers et également des gens dans d'autres modules de
soutien à l'intérieur de l'organisation.
C'est comme cela qu'est né le système d'urgences
préhospitaliers et la conception et l'orientation, à ce
moment-là, étaient, dans un premier temps, d'être à
l'écoute de la population, d'évaluer son besoin et de lui envoyer
la ressource qui était concordante avec le besoin identifié.
Alors, le premier matin qu'on a ouvert, on a eu environ le même nombre
d'appels que toutes les compagnies avaient. Mais, déjà, à
partir du nombre d'appels et avec le "screening" que les infirmières
étaient habilitées à faire et les médecins en
"back-up" de service pour donner leurs consultations, les ressources ont
diminué d'environ 50 % dès les premières journées
ou la première semaine.
Par la suite, sur le plan des bénéfices, je vais vous
signaler que, cinq ans après la naissance d'Urgences-santé, le
coût pour les actes médicaux d'urgences à domicile avait
diminué de 50 % en faisant environ le même nombre de visites
à domicile, mais en répondant en priorité absolue aux
extrêmes urgences, plutôt que, d'abord, aux visites de courtoisie
et ensuite aux urgences. Cela, c'est du côté médical.
Quant à l'évaluation par l'infirmière, ce qu'on
appelle le triage, c'est pour nous beaucoup plus un système
d'évaluation du besoin pour identifier correctement si on doit
expédier une ambulance à domicile, envoyer un médecin ou
ne rien envoyer du tout. Mais, dans un système dont, quand même
les coûts doivent être contrôlés, pour nous, il ne
s'agissait pas de penser à faire en sorte qu'il n'y ait pas de
contrôle sur l'évaluation et qu'on envoie des ressources de
façon indéfinie. Quotidiennement, s'il n'y avait pas cette
espèce de balise, cette évaluation par des professionnels
compétents, on pourrait facilement, sans faire des déclarations
à remporte-pièce, multiplier les coûts au moins par deux
très rapidement en envoyant toutes les ressources, telles que les
demandent les citoyens, s'il n'y avait pas eu d'évaluation
professionnelle faite dans le système. (22 h 45)
Tout cela pour vous dire qu'on est fier de ce qui a été
réalisé pour la population de Montréal. Il faut bien vous
dire que c'est de l'ordre qui a été mis dans un système
qui était désorganisé - parce qu'il n'avait jamais
été organisé - et qui était incohérent. Dans
une métropole comme Montréal, avec le nombre de blessés et
d'accidentés de toutes sortes, avec des milliers de personnes qui
arrivent à l'urgence chaque jour, nous pensons, M. le ministre et MM.
les députés, qu'il y a toujours nécessité d'un
système d'urgences préhospitalier adéquat. Pour qu'il sort
efficace et rentable en même temps, sur un plan rationnel, nous croyons
qu'il y a une exigence de l'évaluation de la demande qui est
dirigée au centre par un appel. Ceci, quelle que soit l'administration
qui gérera ce système. Pour la qualité des services,
d'abord et avant tout, le système d'évaluation est essentiel
parce que, si vous répondez à la première demande, vous
n'êtes pas sûr que c'est la plus urgente. Dans 30 secondes, vous
pouvez avoir le vrai cas qui va arriver. C'est pourquoi, dans un système
rodé comme le nôtre actuellement... M.
Lefebvre et M. Masson pourraient vous en parler longuement, ils ont
établi, à l'usure et à la connaissance, des
critères pour expédier des ressources selon les urgences, selon
l'évaluation faite par l'infirmière ou le médecin. Il
n'est pas vrai, indépendamment du respect qu'on a pour toutes les
catégories de personnel, que n'importe qui pourrait faire la même
"job" que fait actuellement l'infirmière qui est la première
à recevoir l'appel. Elle a une formation en salle d'urgence et, en
même temps, elle a une capacité particulière
d'évaluer le besoin de la clientèle qui est là.
C'est donc un système dont on est fier et je pense que je peux
terminer là l'historique en vous disant que les bons coups qui sont
faits dans ce domaine sont d'abord et avant tout pour le
bénéficiaire et la population. Fort malheureusement, on a plus
développé la tendance à faire ressortir les
problèmes particuliers qu'on a eus, les faiblesses du système. On
reconnaît qu'il a été plus facile de faire ressortir cela.
Mais il y a les nombreux cas d'arrêts cardiaques,
particulièrement, de personnes de 45 ans, 50 ans qui ont
été réanimées, sauvées à temps, il y
a des lettres de toutes sortes qu'on pourrait également sortir. Cela n'a
pas la même emphase que la faiblesse ou l'erreur du système qui
peut survenir à un moment donné.
Mais la population bénéficie toujours et continuera de
bénéficier, je l'espère bien, d'un véritable
système d'urgences préhospitalier. Dans notre livre, il ne
s'agissait pas seulement d'un système de transport ambulancier. Pour
nous, un système de transport ambulancier est un des systèmes
à l'intérieur d'un tout qui est le système d'urgences
préhospitalier à Montréal.
Du côté des visites d'urgence et de la présence
médicale sur la route, c'est aussi un acquis extrêmement
important, sérieux et, en même temps, nous voulons vous dire, M.
le ministre et MM. les députés, que ce n'est pas un
système sans contrôle. C'est un système
contrôlé avec des vacations contrôlées et un budget
annuel qui est dirigé pour les actes médicaux qui sont
posés à l'intérieur du système d'urgences
préhospitalier.
Le Président (M. Cusano): Merci, M. Marcoux. M. le chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: Pour avoir travaillé avec les trois
personnes en place, je ne leur demanderai pas de faire un post mortem pour
essayer de les valoriser après les avoir tout simplement mis de
côté. Je vais aller aborder directement le projet de loi 34. C'est
vous qui avez l'expertise. Vous avez géré ce système. Il
est sûr qu'il n'est pas parfait. Il est sûr qu'il y a des lacunes
mais, à mon point de vue, personnellement, je suis plutôt d'accord
avec vous, M. Marcoux, c'est-à-dire qu'il faut peut-être
améliorer le système actuel, plutôt que changer
complètement l'administration avec des conceptions complètement
différentes, et peut-être avoir des partis pris en faveur de vos
positions et, en particulier, sur le triage auquel vous avez fait allusion sans
le dire explicitement. Vous avez semblé démontrer l'importance du
tri, alors qu'on sait qu'il y a des tenants de l'abolition complète du
tri. Pourriez-vous m'expliquer, soit M. Bergeron ou vous-même, comment il
se fait que vous ne combliez plus les postes d'infirmières depuis un
certain temps? Est-ce à la suite d'une directive que vous avez
reçue ou si c'est une décision personnelle que vous avez prise au
conseil?
M. Marcoux: Là-dessus, M. le député, nous
avons décidé de réafficher les postes depuis jeudi
dernier.
M. Chevrette: Ah! Cela ne fait pas longtemps certain parce que
j'ai rencontré une infirmière il y a à peu près une
semaine.
M. Marcoux: Nous avons décidé depuis jeudi dernier
de réafficher les postes. À votre question précise - je ne
prendrai pas d'échappatoire - il est vrai qu'on nous avait
demandé de ne pas afficher de postes...
M. Chevrette: Qui vous avait demandé cela?
M. Marcoux: Des représentants, des officiers du
ministère. Mais, au moment où on nous l'avait demandé, on
nous a dit, par la suite, que leur compréhension c'était de
nouveaux postes qu'ils ne voulaient pas qu'on affiche et non des remplacements.
Nous avions compris que c'étaient pour tous les postes qu'il ne fallait
pas afficher. Alors, on a retiré les affichages de postes, même
pour les remplacements. Après coup, on a remis au tableau d'affichage
les postes qui n'étaient pas comblés.
M. Chevrette: Est-ce qu'on vous avait demandé cela par
écrit?
M. Marcoux: Non, verbalement.
M. Chevrette: Verbalement. Est-ce que c'était une demande
du pouvoir politique ou administratif du ministère?
M. Marcoux: Administratif.
M. Chevrette: Est-ce que c'était le sous-ministre de la
Santé?
M. Marcoux: Non.
M. Chevrette: Merci. Quelle raison avait-il invoquée?
M. Marcoux: Que quelqu'un avait vérifié notre
tableau d'affichage et qu'il y avait de nouveaux postes qui étaient
affichés et qu'il ne fallait pas prendre des engagements à la
place de
la nouvelle corporation sur de nouveaux postes à venir.
M. Chevrette: Actuellement, vous avez toujours la
responsabilité de gérer, jusqu'à preuve du contraire, tant
et aussi longtemps que la nouvelle loi ne sera pas adoptée. Vous
êtes en place, vous êtes en poste, vous avez l'autorité Je
ne vous cacherai pas que j'étais très déçu du fait
que vous n'y soyez pas, je l'ai dit ici et vous me connaissez, je ne passerai
pas par quatre chemins au cas où vous l'apprendriez par d'autres, j'ai
dit que, moi personnellement, si j'avais été ministre de tutelle,
je vous aurais invité formellement à être ici parce que
vous êtes dépendants directement du ministre tuteur; ce n'est pas
comme une corporation dite très autonome comme le Conseil du patronat
qui pouvait s'absenter d'ici, et vous aviez l'expertise pour le faire.
Une question soit à M. Bergeron ou à vous toujours.
Pourriez-vous m'expliquer...
M. Marcoux: Le Dr Masson ou M. Lefebvre, parce qu'il n'y a pas de
M. Bergeron.
M. Chevrette: Excusez. MM. Lefebvre et Masson. Oui, je les
connais tous les trois, j'ai travaillé avec eux et on n'a pas
plié l'échiné devant n'importe qui. Vous pourrez vous
faire raconter cela dans votre historique, comment on a réglé les
cas; cela va peut-être vous renseigner vous aussi. Ma question à
M. Lefebvre, la nouvelle structure au niveau de la composition du conseil
d'administration par rapport a ce qui existe comme administration
présentement, est-ce que cela assure une meilleure
représentativité de la population et est-ce que cela offre des
garanties d'une meilleure qualité de services auprès de la
population?
M. Lefebvre (Bernard): Je ne sais pas si les garanties de
services qu'on accorde à une population dépendent
nécessairement de la composition d'un conseil d'administration, M. le
député de Joliette. J'ai plus l'impression que la qualité
des services offerts à une population va relever de l'expertise des
personnes qui y travaillent et des balises qu'on va mettre à
l'intérieur de ce système sur le plan de la livraison des
services, sur le plan de la vérification des services. Je n'ai pas de
raison de penser que, dans un type de structure différent, si on y
transfère les mêmes activités qu'actuellement, la
qualité des services offerts à la population de Montréal
soient en ce sens-là amoindrie.
M. Chevrette: Le fait qu'il y ait trois membres du RETAQ au
conseil d'administration plus un p-d.g. qui était un conseiller
spécial du RETAQ, selon votre expérience en relations du travail
au niveau de la corporation d'Urgen-ces-santé, est-ce que cela vous
laisse des appréhensions?
M. Lefebvre (Bernard): Vous en savez plus que moi, M. le
ministre, parce que moi, ce que j'ai... Excusez-moi, M. le ministre. Vous
m'excuserez, M. Dutil...
M. Chevrette: Non, vous avez seulement à dire:
l'ex-futur
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Très loin!
Le Président (M. Bélanger): Hors d'ordre, ha, ha,
ha!
M. Lefebvre (Bernard): Dans ma carrière de sept ans
à Urgences-santé, j'ai eu l'occasion de travailler avec sept
ministres différents, vous m'excusez une fois de temps à autre de
me mélanger un peu. De ce que j'ai lu du projet de loi, on dit qu'il
doit y avoir trois représentants des salariés. Je n'ai lu nulle
part, moi, que c'étaient trois représentants du RETAQ. Vous
m'apprenez quelque chose. Dans le projet de loi, c'est trois
représentants des salariés. Ce que je comprends, c'est que le
projet de loi n'est pas adopté encore. Qui vont être les
représentants des salariés? Je n'en ai aucune espèce
d'idée.
M. Chevrette: Mais advenant le cas.. M. Lefebvre (Bernard):
Oui.
M. Chevrette: où ce seraient trois repré sentants
du RETAQ, votre expérience en rela tions du travail à
Urgences-santé...
M. Lefebvre (Bernard): Oui
M. Chevrette: vous laisse présager quoi?
M. Lefebvre (Bernard): Ah mon Dieu! On a - cela existe encore,
quoique les comités sont moins actifs - eu des comités qui ont
été des comités tripartites, compte tenu des ententes
contractuelles que le conseil régional avait avec les transporteurs
ambulanciers, je parle des propriétaires, et compte tenu du
décret qui tient lieu de conditions de travail actuellement pour les
techniciens ambulanciers. Il y a divers comités auxquels siègent
actuellement des représentants des propriétaires, des
représentants du RETAQ et des représentants
d'Urgences-Santé. Ce n'est pas dans un conseil d'administration, mais il
y a des comités sur la santé et la sécurité au
travail, un comité sur la formation, etc.
À Urgences-santé, quand on a pu transiger, compte tenu de
l'état actuel du système, directement avec les divers
interlocuteurs qui sont des acteurs importants, quel que soit le niveau
où ils sont situés dans la structure, de façon
générale, je peux penser à la formation par
exemple, ce sont des choses qui ont été relativement bien.
Je ne vous conterai pas l'histoire parce que vous la connaissez aussi bien que
moi, en ce sens qu'il y a eu un certain nombre de conflits de travail, mais je
pense que cette expérience des comités tripartites a connu plus
de succès que d'échecs. Quant à la représentation
de salariés à un conseil d'administration, que ce soit la
nouvelle corporation, que ce soit un établissement actuel du
réseau où vous retrouvez des représentants du personnel
clinique, des représentants du personnel non clinique, et on voit cela
à des conseils d'administration de CLSC, des conseils d'administration
d'hôpitaux, cela pose les problèmes que la commission Rochon a
identifiés, cela pose des problèmes d'orientation qui doivent
découler de la commission Rochon et des diverses décisions que
prendra Mme Lavoie-Roux quant à la composition des conseils
d'administration dans le réseau. Est-ce que la meilleure façon de
résoudre les problèmes c'est d'emblée de mettre à
un conseil d'administration les intervenants qui, s'ils ne sont pas
présents, vont se confronter ailleurs, de toute façon? Je pense
que c'est une question d'opinion, M. Chevrette. Il y a des thèses
différentes qui disent: On ne devrait avoir aucun représentant
d'aucun établissement à aucun conseil d'administration, ou on
devrait mettre dans un conseil d'administration toutes les parties pour
d'emblée, au point de départ, régler les consensus.
M. Chevrette: M. Marcoux, comme directeur général
d'un CRSSS, vous savez que dans le réseau de la Santé et des
Affaires sociales on retrouve toujours une structure avec un conseil
d'administration et un d.g. en dessous. Dans la présente loi c'est un
p.-d.g. Avec l'expérience que vous connaissez à
Urgences-santé, ne craignez-vous pas qu'un p.-d.g. change un peu les
règles du jeu par rapport à la structure où un
président de conseil a une responsabilité ultime?
M. Marcoux: Cela dépend de deux éléments
extrêmement importants. Cela dépend d'abord de la
personnalité de l'individu, il ou elle, qui est le p.-d.g...
M. Chevrette: ...il, ne vous arrangez pas pour vous enfarger!
M. Marcoux: Deuxièmement, cela dépend des fonctions
qui sont confiées à ce même p.-d.g. Je vous avoue ne pas
avoir analysé en détail le projet de loi. Je l'ai lu, cependant,
et j'ai vu que dans ce même projet de loi il y avait des
prévisions de définition de fonctions et que la description de
ces fonctions serait faite à un très haut niveau, de telle sorte
que ce type de danger va probablement être éliminé parce
qu'il y a îout de même une autorité qui va avoir
défini les fonctions et qui aura probablement surveillé ce genre
de conflit auquel vous pouvez faire allusion, je suppose, mais je ne le sais
pas. (23 heures)
M. Chevrette: Dr Masson...
M. Marcoux: D'autre part, M. Chevrette, je veux seulement vous
dire également qu'on a beaucoup tendance à vouloir adopter les
bons modes et les bonnes méthodes du secteur privé pour
être meilleur et plus efficace dans le management du secteur public, ce
qui est bon et sain en soi. Vous connaissez sûrement beaucoup
d'entreprises extrêmement efficaces, parce qu'elles ont assuré
leur continuité par des p.-d.g. compétents dans des cadres
déterminés. Ils ne les gardent pas nécessairement 50 ans
comme p.-d.g., par exemple, parce que l'entreprise veut que cela roule. C'est
quelque chose qui est intéressant, c'est quelque chose qui peut
être efficace.
M. Chevrette: Dr Masson, quels sont les articles du projet de loi
qui vous assurent une meilleure supervision de la qualité des soins?
M. Masson (Pierre): À cet égard, je pense que le
projet de loi, tel qu'il est libellé actuellement, ne nous permet pas de
déceler à l'intérieur des différents articles des
modalités qui nous garantissent que la nouvelle corporation devra se
doter effectivement d'un mécanisme de contrôle, de surveillance et
d'évaluation de la qualité de l'activité professionnelle
qui va être exercée à l'intérieur de la corporation.
Je pense que quand on regarde tous les systèmes préhospitaliers,
que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe, c'est une des composantes
essentielle et obligatoire de tous ces systèmes que la supervision
médicale ou professionnelle à l'intérieur du
système, parce que c'est essentiellement un système de
dispensation de services de soins.
Je crois que ce que nous avons élaboré au conseil
régional en créant et en concevant Urgences-santé, c'est
un processus où l'organisation médicale est intimement
liée à l'administration et où l'activité
professionnelle est effectivement surveillée. Je pense que n'importe
quelle organisation d'urgences-santé qui remplacerait la présente
organisation devrait se doter d'un système de surveillance et
d'évaluation. Elle devrait également se doter d'un système
de supervision médicale.
Je pense qu'il y a diverses modalités qui peuvent être
utilisées pour actualiser ou pour réaliser cette supervision et
cette évaluation de la qualité de l'acte. Je n'en suis pas
nécessairement au choix que nous avons fait. Il y a d'autres choix
possibles, mais une chose est certaine, c'est que la corporation devra
nécessairement, si elle veut maintenir une crédibilité
minimale, se doter d'un système très clair de surveillance,
d'évaluation et de suivi.
M. Chevrette: Je serai obligé de revenir.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de
Chambly.
M. Latulippe: M. le Président, pouvez-vous nous dire si la
qualité douteuse des relations du travail a eu un effet négatif
sur la qualité des services?
M. Marcoux: C'est une question qui relève d'un jugement de
valeurs, je dirais, parce que, pour la qualité des services, c'est
toujours problématique. Cependant, je vais risquer une réponse.
Je pense que, quand on a vécu des moyens de pressions importants, la
qualité des services en souffrait énormément. La preuve de
cete, c'est que, dans les heures qui suivaient la mise en place des moyens de
pression, on était devant te Conseil des services essentiels pour
argumenter et réclamer la remise en place du système pour veiller
aux intérêts de la population.
M. Latulippe: Est-ce que vous avez été amené
à aller devant le Conseil des services essentiels?
M. Marcoux: Oui, à plusieurs reprises.
M. Latulippe: Pouvez-vous me dire quelles dispositions du projet
de loi - puisque vous l'avez lu - va améliorer la qualité des
relations du travail?
M. Marcoux: Je ne pourrais pas vous dire quel article va
spécifiquement améliorer la qualité des relations du
travail, parce que je ne pense pas que ce soit le projet de loi en soi qui
améliorera cette qualité. Cela va être les personnes qui
vont être en relation les unes avec les autres qui vont pouvoir
améliorer les relations du travail
M. Latulippe: Est-ce que vous croyez que la décision de
choisir un président-directeur général qui a
été conseiller du syndicat, qui était un permanent de la
CSN et qui avait fait certains commentaires négatifs sur le Conseil des
services essentiels, sur les propriétaires - je pourrais vous les citer
- va améliorer la qualité des relations du travail?
M. Marcoux: Je pense que c'est un type de jugement qu'il ne faut
pas porter trop vite à l'endroit d'aucune personne. C'est
peut-être un peu, et je ne veux pas faire une blague en vous disant cela,
mais on a vu dans l'histoire des gens changer de parti politique et être
d'excellents politiciens et devenir plus rapidement ministres en ayant
changé de parti, je ne le sais pas. Je pense que cela répond
à votre question.
M. Latulippe: Vous ne le savez pas?
Une voix: C'est fait pour le député de Gouin,
ça.
M. Latulippe: Cela fait combien de temps, M. Marcoux, que vous
êtes dans l'administration publique?
M. Marcoux: Cela fait exactement 32 ans M. Latulippe:
Trente-deux ans. M. Marcoux: Oui.
M. Latulippe: D'après vous, lorsqu'on a vécu
pendant de nombreuses années, depuis 1983 en fait, un climat de travail
quand même très difficile, que l'on change de structures, vous qui
êtes un expert dans les secteurs public et parapublic, si vous aviez eu
une recommandation à faire quant à la nature d'une personne apte
à devenir président-directeur général, ne
croyez-vous pas, en dehors des personnalités, étant donné
le climat des relations du travafl, que choisir une personne neutre ou n'ayant
aucun antécédent ni d'un bord ni de l'autre serait un gage plus
important de la neutralité, de la qualité des relations du
travail et de la capacité d'être un véritable
médiateur au-delà des personnalités?
M. Marcoux: Là-dessus, je vais vous répondre
sincèrement parce que je pense que votre question est très
honnête. Je vais vous donner une réponse très
honnête, mais je ne vous donnerai pas la réponse de mon
siège, si on peut dire, de mon statut de directeur du conseil
régional, je vais vous la donner comme étant Gérard
Marcoux. Je n'ai jamais eu de préjugé à l'endroit d'aucun
type de statut ou de fonction Sur le plan des relations, dans mon livre, un bon
syndicaliste peut être un bon patron et un bon patron peut être un
bon syndicaliste Mais c'est personnel quand je vous dis cela.
M. Latulippe: Êtes-vous d'accord sur le fait que le ou un
des principaux défis à relever pour améliorer le
réseau d'Urgences-santé est d'améliorer la qualité
des relations du travail?
M. Marcoux: C'est presque La Pal ice qui pourrait dire cela parce
que c'est vrai pour toute organisation. Les relations du travail sont à
la base d'une saine motivation dans toute organisation.
M. Latulippe: Je vous ramène à la
déclaration que vous avez faite il y a un moment dans le sens que le
projet de loi en soi n'améliorait pas la qualité des relations du
travail. Quel est l'avantage du projet de loi?
M. Marcoux: C'est qu'à la lecture du projet de loi j'ai vu
au-delà du projet de loi. Je pense que vous êtes des gens qui sont
habitués en politique et dans l'étude des projets de loi
également. Il faut lire entre les lignes ce qui a
amené le projet de loi. D'ailleurs, je pense, là-dessus,
que je peux aller aussi loin que de vous donner un éclairage qui est
assez précis. Le conseil régional de Montréal n'a pas fait
de manifestation ni de vague ni de houle et il ne fera pas de manifestation
parce qu'à partir du moment où le gouvernement avait
décidé de s'orienter vers l'intégration des techniciens
ambulanciers dans le système public nous avons été
très rapides à comprendre que ce n'était pas conciliable
avec la vocation d'un conseil régional d'intégrer dans ses murs
800 techniciens ambulanciers, que ce n'était pas sa vocation ni sa
mission. C'est pourquoi il n'y a pas eu de vague. Mais, en même temps,
cette intégration possible de l'ensemble des techniciens ambulanciers
apporte le genre de projet de loi que vous êtes en train de discuter et
de bonifier.
M. Latulippe: Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
un peu là où on s'est laissé sur une des réponses
du Dr Masson au député de Joliette, relative aux
conséquences sur la qualité des services que le projet de loi 34
peut créer. J'aimerais qu'on aborde plus largement - je pense que le Dr
Masson l'a abordé comme un point très précis et
très important - le contrôle, l'évaluation de la
qualité du service médical qui est au coeur du service
d'Urgences-santé. J'aimerais que le Dr Masson, M. Marcoux ou M. Lefebvre
nous précise, quant à eux, quand on regarde l'ensemble des
dispositions du projet de loi 34 et, pour reprendre l'expression de M. Marcoux,
ce qu'il y a entre les lignes et derrière les mots et les lignes...
Croyez-vous que ce nouveau cadre, les dispositions qu'on y retrouve avec les
transpositions qui n'ont pas été faites par rapport aux mandats
et aux règles qui vous régissent et tout cela sont de nature
à garantir la même qualité de services?
M. Marcoux: Je peux amorcer le début et mes
collègues vous répondront, M. le député de Gouin,
en ajoutant leur mot. Je vais vous dire qu'on a une opinion favorable. On pense
que, sur le plan du devenir, la qualité des services sera maintenue
parce que la qualité des services, comme l'a dit M. Lefebvre
tantôt, repose sur les intervenants; les équipes d'intervenants
restent en place. C'est ce qu'on nous donne comme garantie dans la loi. Donc,
avec ces mêmes personnes qu'on considère bien compétentes,
pour autant que ces engagements soient respectés et que les
équipes dont on vous a parlé - et dont je vous ai parlé
dans l'historique - sont en place, il n'y a pas de raison qu'on puisse croire
que la qualité sera modifiée.
M. Rochefort: Je vais me faire plus précis.
Je pense que votre réponse est correcte. Si j'étais dans
votre position et compte tenu de la question que je vous ai posée, je
répondrais peut-être la même chose. Au fond, vous me dites:
on n'a pas de raisons de croire que, compte tenu des engagements qui ont
été pris. Mais si nous mettons de côté les
coûts additionnels que générera l'application du projet de
loi 34 quant aux coûts actuels d'Urgences-santé, je
répète, si on met de côté les coûts
additionnels générés par le projet de loi 34 sur vos
coûts actuels, est-il possible de garantir la même qualité
de services avec une rationalisation des budgets actuels?
M. Marcoux: Ma réponse, la réponse du conseil
régional là-dessus: si vous maintenez la même
qualité actuelle, avec les mêmes modules, vous n'aurez pas
d'économies.
M. Rochefort: Donc, il n'y a pas de rationalisation possible en
même temps que...
M. Marcoux: II peut y avoir...
M. Rochefort: ...le maintien de la qualité des
services.
M. Marcoux: II peut y avoir ce qu'on a appelé des
contraintes dans le milieu pendant nombre d'années qui étaient
des freins à la croissance. Il peut y avoir des freins à la
croissance des coûts, mais, si on veut maintenir la même
quantité, la même qualité avec les mêmes modules que
nous avons, on pense qu'il n'y aurait pas d'économie.
M. Rochefort: D'accord. Pour vous permettre de mieux vous situer,
si je fais allusion à cela, c'est parce que l'un des objectifs,
avoué celui-là, du ministre, c'est de rationaliser le
système et je pense qu'il est important d'aborder cela sous l'angle de
la qualité des services qui vont en découler.
La deuxième question que je veux vous poser, qui est très
importante, porte sur la qualité des services actuellement
dispensés jusqu'au jour où le lieutenant-gouverneur mettra sa
signature au bas du projet de loi 34. Croyez-vous qu'il était pertinent
qu'on amorce, avant l'adoption même du projet de loi 34, tout le
processus qui est actuellement amorcé et qui crée des tensions et
de l'instabilité dans le personnel et chez les dispensateurs
d'équipements? Est-il souhaitable...
M. Marcoux: Là-dessus, M. le Président,
malgré toute ma bonne volonté, je suis incapable de
répondre parce que je vois la situation seulement avec les lunettes que
je porte, celles du conseil régional. Je n'ai pas procédé
à la consultation... M. le ministre et ses représentants nous ont
fait part d'une consultation qui a duré plusieurs semaines, avec
plusieurs groupes
incluant aussi des groupes à l'intérieur de notre propre
structure. Nous avons été l'un des groupes à participer
à la consultation, mais je n'ai pas connu... Le résultat,
semble-t-il, de l'ensemble de la consultation orientait vers le type de
décision qui a été prise, à ce qu'on nous a
mentionné, mais je ne suis pas capable de porter un jugement sur cela.
(23 h 15)
M. Rochefort: Et vous n'avez pas été en mesure de
le percevoir, non plus?
M. Marcoux: Comme je vous le dis, percevoir... Autant que faire
se peut, ce que je vous ai dit au tout début et que je peux vous
répéter, c'est que ces espèces de garanties fondamentales
qu'on a voulu demander nous apparaissent assurées et elles continuent de
nous apparaître assurées.
M. Rochefort: M. le Président, une autre question, cette
fois directement au directeur du CRSSS. Comment réagit-on comme
directeur général d'un CRSSS alors que, d'une part,
indépendamment des débats entourant les modalités
d'application, il y a la Commission Rochon qui, comme bien des gens
intéressés aux questions de la santé et des services
sociaux et à l'organisation de ces services, va dans le sens de la
régionalisation - je le répète: indépendamment des
modalités - que, deuxièmement, le projet de loi 34 pour
l'ensemble des régions du Québec, mis à part
Montréal, accroît les responsabilités, les obligations et
les mandats des conseils régionaux, donc, leur rôle et leur
implication dans les services de coordination des urgences médicales et
préhospitalières, et que, en même temps, dans le cas de
Montréal, on a l'impression qu'il y a une mise en tutelle qui s'en va
carrément à Québec? Pas une mise en tutelle, un jugement
sur le CRSSS; vous connaissez mes opinions sur cela. Moi, je n'ai pas attendu
que quiconque soulève la question, j'ai abordé cela directement
dès le départ de mon intervention en deuxième lecture. Je
pense qu'il fallait le faire. Ne croyez-vous pas qu'il y a là une
attitude fort différente pour Montréal - finalement, on en a la
preuve: le p.-d.g. est nommé par Québec, sans concours,
l'organisation est en train de se faire à partir de Québec et
à partir des services centraux du ministère - alors que, partout
ailleurs, cela va être de plus en plus de pouvoirs aux CRSSS, je le
répète, et que partout on dit qu'il va falloir aller de plus en
plus dans le sens d'une régionalisation? Et, à Montréal,
la seule métropole, sauf erreur, qu'il y a au Québec, on va se
retrouver avec un service plutôt relié directement au central.
Vous vivez cela comment comme CRSSS?
M. Marcoux: Cela ne vous surprendra pas parce que je pense vous
avez assisté au déroulement de plusieurs activités qui ont
été de temps en temps régionales et, après cela,
qui ont été centralisées, et qui de temps en temps ont
été décentralisées et vice versa. Dans notre
rôle comme conseH régional, il y a une décision qui a
été prise, à savoir que des mandats de gestion et de
dispensation directe de services ne seraient plus confiés au conseil
régional. À partir du moment où ce type de décision
est prise, même si nous étions les gérants de tout le
système, il ne nous appartient pas de nous octroyer nous-mêmes nos
mandats. On ne saute pas en l'air de joie quand on a créé un
système, mais, comme on l'a dit, le 2 mars, on a souhaité
sincèrement bonne chance en offrant notre collaboration à ceux
qui vont nous succéder parce qu'on pense que le système est
rodé. Il a sept ans, il y a des bonnes choses dedans et, après
cela, on en disposera. Je ne peux pas faire autre chose que vous dire que, bien
honnêtement, on respecte la décision prise en ayant une certaine
nostalgie de dire: Bien, ce système n'a que sept ans II est voué
sûrement à de grands progrès encore, on aurait voulu
continuer d'y participer mais il semble qu'on aura dans la
régionalisation, justement puisque vous y faites allusion, des
rôles très augmentés au plan de la planification et de la
programmation des services de telle sorte qu'on ne chômera pas,
même si nous n'avons pas la gestion du système d'urgences
préhospitalier.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président Je reviens au Dr
Masson. Est-ce que cela ne vous surprend pas que, dans le projet de loi 34, il
n'y ait aucune exigence de standards minimums de qualité de
soins7
M. Masson: Non, ce n'est pas nécessairement surprenant au
sens où je pense que la corporation devra elle-même, comme
première étape, se doter de standards, justement, qui seront les
étalons de comparaison et qui permettront à l'organisation de
savoir jusqu'à quel point les services qu'elle rend à la
population atteignent les objectifs visés. Est-ce que, dans le projet de
loi lui-même, nous devrions préalablement fixer de tels standards
ou autre modalité, demander dans le projet de loi que la corporation se
dote de standards? Je pense que cela pourrait fort bien être une
modalité comme celle-là.
Compte tenu des régions du Québec comme du Montréal
métropolitain, je pense que ces standards devront tenir compte
effectivement des concentrations de populations, des distances, des voies de
communication, etc. Donc, on ne peut pas, par définition, pour
l'ensemble du Québec, prédéterminer un seul et unique
standard. Je faisais allusion, tout à l'heure, à l'obligation
pour la corporation de se doter d'un mécanisme de
surveillance et d'évaluation. Par définition, cela faisait
également référence au fait que, pour être capables
d'évaluer où on en est, on s'est aussi dotés de
standards.
M. Chevrette: Vous avez parlé, sans le dire au
début de votre exposé, du triage. Quelles seraient les
répercussions advenant que le nouveau p.-d.g., par exemple, se rende
à la demande de faire disparaître le triage? Quelles seraient les
conséquences sur les urgences? Quelles seraient les conséquences
également en termes d'effectifs additionnels exigibles tant en
ambulances qu'en personnel?
M. Masson: Quand on parle de triage, je pense qu'on a tendance
à minimiser une bonne partie du travail du service infirmier à
Urgences-santé. Le triage, ce n'est pas strictement et uniquement
décider si, oui ou non, une ambulance sera envoyée. Cela fait
partie de l'activité de triage, mais il y a plus que cela. Il y a
également la détermination de la nature de la ressource qui sera
envoyée. Est-ce que ce sera un médecin, une ambulance ou les
deux? Il y a également la détermination de la rapidité
avec laquelle ces ressources seront envoyées ou, a contrario, le
délai d'intervention sur lequel on peut jouer: quelle est la marge de
manoeuvre en termes de délai d'intervention? Il y a également un
rôle significatif de la part des infirmières, qui est celui des
conseils immédiats à donner aux personnes victimes d'une
situation d'urgence en attendant l'arrivée des ressources, en même
temps qu'un processus de réassurance de ces personnes qui, vivant une
situation d'urgence, sont généralement en situation de panique
également.
Donc, le processus d'évaluation des appels est beaucoup plus
qu'un processus de détermination à savoir si, oui ou non, on
envoie une ressource. C'est un processus de détermination de la nature
du problème, de son importance, de la façon dont on doit y
répondre, de la rapidité avec laquelle on doit y répondre
et des conseils immédiats à donner à ces personnes en
attendant l'arrivée des ressources. Enlever ce service qui est
actuellement à la disposition de la population à
l'intérieur de l'organisation Urgences-santé aura certainement -
je vous le dis de façon empirique - des impacts sur la quantité
des ressources nécessaires pour maintenir la disponibilité
d'ambulances pour répondre à la demande, aura également
des impacts sur la capacité de la répartition à
répondre à toutes les demandes, particulièrement dans les
périodes de pointe.
On a déjà fait allusion, je pense, à ce qui est
devenu une expression opérationnelle à l'intérieur
d'Urgences-santé et qui s'appelle le déficit de flotte. Le
déficit de flotte fait allusion au fait que, de façon
intermittente, non prévisible, le service de répartition n'a pas
suffisamment d'ambulances pour répondre à la demande.
Qu'est-ce qui se passe alors de façon automatique? C'est un
retour à l'étape de la prise d'appels pour contrôler encore
plus la demande. Dans un contexte où il n'y aurait plus de
professionnels capables d'intervenir rétroactivement, pour quelque
raison que ce soit, face à un déficit de flotte, l'organisation
serait littéralement à la merci d'effectifs ambulanciers
permanents et absolument stables, parce que l'organisation ne pourrait pas se
permettre d'agir sur la demande en situation de déficit de flotte.
Donc, je pense que nous avons, depuis le début, implanté
un processus d'évaluation des appels. Nous continuons à croire
que ce processus d'évaluation des appels sur le contrôle de la
demande, sur l'évaluation de la nature même de la demande demeure
un acquis pour Urgences-santé qui est extrêmement souhaitable.
Je ne pourrai pas vous garantir que le processus de triage, tel qu'il
existe actuellement, ne pourrait pas être bonifié. Au contraire,
nous croyons nous-mêmes qu'il serait tout à fait opportun à
ce stade-ci, avant qu'une décision ne soit prise définitivement
sur la notion de triage, qu'une évaluation sérieuse basée
sur une méthodologie scientifiquement validée de la performance
et de l'efficience du triage soit faite.
Nous croyons de façon empirique que le triage est
nécessaire, qu'il est bénéfique, mais il y aurait
sûrement moyen de le démontrer scientifiquement
également.
M. Chevrette: Puis-je continuer?
Le Président (M. Bélanger): Oui, une
dernière question.
M. Chevrette: Sur la présence du personnel infirmier au
conseil d'administration, jugez-vous qu'il serait important que le personnel
infirmier siège au conseil d'administration au même titre, par
exemple, que les techniciens?
M. Marcoux: Quand on regarde le libellé du projet de loi,
il parle de trois représentants des salariés. Je crois, en toute
honnêteté, que cette représentativité des
salariés devrait être équitable et permettre aux divers
intérêts de se manifester et de s'exprimer. On ne peut pas, sur la
foi du projet de loi, préjuger qu'on exclura une catégorie de
salariés au bénéfice d'une autre.
M. Chevrette: Une petite dernière, M. le Président,
à M. Lefebvre probablement ou à M. Marcoux. Étant
donné que vous en êtes à l'une des dernières
présences publiques comme représentants d'Urgences-santé,
fort probablement, je voudrais savoir ce que vous auriez fait si vous aviez eu
à modifier quelque chose de concret dans Urgences-santé, à
court terme, pour améliorer le système, parce que vous en
êtes fiers, dites-vous. On sait que la CSN ne dit pas la même chose
que vous, M. Marcoux, par
exemple. Je viens de lire le communiqué et elle dit:
Gérard Marcoux s'oppose à ce projet parce que c'est une question
de prestige. Vous ne l'avez pas eu? Je vous le passerai, vous pourrez le lire.
C'est peut-être pour cela que le ministre a senti le besoin de vous le
faire relever tantôt. Qu'auriez-vous corrigé à court terme
pour améliorer Urgences-santé et quelles sont les
évaluations de coûts que vous en auriez faites? Supposons que vous
dites: J'ajouterais tel secteur ou un autre module, je fixerais tel standard,
je ne sais pas, peu importe. Aviez-vous des objectifs à court terme pour
modifier certaines lacunes qu'on pouvait observer à
Urgences-santé? Est-ce que c'était prévu et quels sont les
délais?
M. Lefebvre, vous qui avez fait sept ans, qui avez vécu des
problèmes de toutes sortes en relation du travail, je voudrais que vous
me disiez fondamentalement si, dans votre for intérieur, vous êtes
convaincu qu'un tel projet de loi va améliorer les relations du travail
ou s'il ne risque pas de déséquilibrer le rapport de forces d'une
façon encore plus accentuée.
M. Lefebvre (Bernard): Quant aux objectifs d'amélioration
des services, que ce soit par rapport au personnel ou par rapport à la
technologie qu'Urgences-santé doit utiliser, chaque année,
chacune des direction du conseil régional a l'habitude de
présenter ses objectifs et ces objectifs sont adoptés par le
conseil d'administration. Chaque responsable de service qui travaille avec moi
doit me présenter - cela fait partie de l'ensemble des objectifs de
l'organisation - pour le secteur qu'il gère, en consultant son
personnel, les objectifs à atteindre dans l'année. (23 h 30)
On en a eu, des objectifs comme ceux-là qui sont actuellement
intégrés par la loi. Il ne faut pas se le cacher: il y a des
inventions de bien du monde à l'intérieur de la loi, y inclus des
objectifs sur lesquels j'ai personnellement travaillé dans les
dernières années. Ce n'est une cachette pour personne - et je ne
m'en suis jamais caché - que je visais depuis fort longtemps l'obtention
d'un DEC pour les techniciens ambulanciers ou d'une attestation d'études
collégiales. Le contenu de ce qui va être les 825 heures, c'est le
conseil régional et Urgences-santé qui l'ont fait. Alors, cela
fait partie des objectifs. C'est là. On a travaillé à cela
pendant deux ans. Ce sont mes cadres à moi, avec des cadres d'autres
conseils régionaux, qui l'ont bâti en consultation avec tout le
monde. Il a toujours été disponible. Si les gens veulent le
bonifier davantage, ils sont les bienvenus. On a toujours fait nos choses dans
ces intentions.
Ce sont des objectifs qu'on s'est fixés depuis longtemps. La
bonification de la formation des techniciens ambulanciers, dans une
région comme Montréal et dans l'ensemble des régions du
Québec, est quelque chose qui est attendu de ma part et souhaité,
sur lequel j'ai poussé, à quoi j'ai travaillé avec
l'ensemble de mes collègues, à mon conseil régional et
dans d'autres conseils régionaux. Je peux juste me féliciter que
cela arrive. C'est un objectif qu'on s'était fixé sur ce plan. Je
ne me sens pas usurpe du fait qu'on utilise une chose semblable. On l'a fait
pour cela.
Deuxièmement, quant aux autres objectifs qu'on peut fixer, je
pense que, sur le plan de la technologie à Urgences-santé, on a
présenté et déposé des projets au ministère
pour l'amélioration de la radiocommunication qui, à mon sens -
qu'on crée une nouvelle corporation ou non - demeure toujours
d'actualité. Il aurait fallu le faire, que la corporation vienne au
monde ou non. C'est un projet qui, pour les raisons qu'on connaît compte
tenu des orientations qui seront prises, devra, à mon humble avis, se
réaliser sur le plan de la technologie de la radiocommunication. Ce sont
des instruments de travail importants qui auraient contribué à
améliorer les relations de travail en donnant de meilleurs outils de
travail aux gens qui travaillent actuellement à Urgences-santé et
qui sont en lien avec les techniciens ambulanciers.
Donc, il y en a, des projets. Il y en avait en chantier à
Urgences-santé. Je vous en ai mentionné deux. Il y en a plusieurs
autres. Le comité médical, par rapport à ses
médecins, a fixé comme objectif de contrôler davantage par
critères objectifs la qualité des soins qui sont donnés,
ainsi de suite. On peut les retrouver dans l'organisation. Ces documents sont,
à ce que je sache, publics. Il n'y a pas de cachette en arrière
de cela.
Finalement, je pense que j'ai oublié votre...
M. Chevrette: La dernière?
M. Lefebvre (Bernard):... dernière question.
M. Chevrette: C'était la disparition de votre corporation
comme telle au profit de la nouvelle telle que conçue. Étant
donné qu'à l'origine c'étaient les relations de travail
supposément comme cause, dans votre for intérieur, vous qui
êtes en train de faire votre post mortem, et en vous basant sur votre
expérience personnelle, ne croyez-vous pas que le rapport de forces peut
être davantage rompu qu'il ne l'est présentement?
M. Lefebvre (Bernard): Indépendamment du projet de loi,
celui-là ou un autre, il fallait, à un moment donné, par
un moyen ou un autre, dénouer un noeud et intégrer dans un
même système l'ensemble des intervenants qui travaillent
là-dedans. Il y a des problèmes de relations de travail dans ce
système comme il y en a ailleurs. Il y en peut-être des plus
difficiles là-dedans. Mais, moi non plus, je n'ai pas I'habitude-d'y
aller par quatre chemins. Quand vous avez un technicien ambulancier dans une
ambulance et que c'est un répartiteur du conseil régional,
d'Urgences-santé qui lui dit: Tu vas aller à telle place
ou à telle autre place, que l'infirmière va parler au technicien
ambulancier parce qu'il est rendu à domicile et que ce n'est pas tout
à fait comme on l'avait dit et qu'il faut faire une
réévalution, si ces gens ne se parlent pas compte tenu des
opérations qu'ils ont à maintenir ensemble, cela ne peut que
dégénérer en tensions. Il faut donc se doter de moyens
pour faire en sorte que, de façon systématique, ces gens puissent
se parler des problèmes qu'ils vivent les uns vis-à-vis des
autres. Cela va peut-être faciliter les choses que les gens puissent,
dans une même organisation, se parler fort ouvertement puisqu'ils
appartiendront à la même organisation.
Bien sûr, avec les annonces telles qu'elles sont faites, avec les
multiples rumeurs qui peuvent courir à l'intérieur de cela... Et
Dieu sait que le réseau des affaires sociales, de façon
générale, est un des plus mémères que j'aie jamais
connus. Des rumeurs, il s'en part tous les jours et les gens s'amusent à
partir une rumeur par-dessus une autre. J'ai l'habitude de dire à mes
gens. Est-ce qu'on peut traiter les rumeurs à la verticale au lieu de
les traiter à l'horizontale? Celles qu'on peut éteindre, on va
les éteindre le plus rapidement possible et on va essayer de ne pas en
partir d'autres par-dessus celles qui existent déjà.
M. Chevrette, je ne peux pas parler au nom des autres, mais c'est
sûr que c'est une victoire vécue par un certain groupe.
Probablement qu'un certain nombre d'individus voient cela en termes de pouvoirs
nouvellement acquis par rapport à d'autres individus. J'ai toujours
pensé que, dans toute catégorie de travailleurs, de façon
générale, 99,9 % des gens sont corrects et c'est toujours la
petite "gang", peu importe où elle est, qui fait le bordel si vous me
passez l'expression. C'est la même chose dans l'organisation qu'est
Urgences-santé, que vous la preniez en haut et que vous descendiez. Je
pense que, de façon générale, 98 % des ambulanciers font
un excellent travail; ce sont des gens qui aiment leur métier et qui
font bien cela. Il y en a une petite "gang" qui pensent qu'ils vont tout mener
demain matin. Je pense qu'ils vont être surpris. Il y en a chez les
professionnels, il y en a chez les répartiteurs, il y en a chez les
cadres et il y en a un peu partout, de cela.
M. Chevrette: Me permettez-vous une question de
privilège?
M. Lefebvre (Bernard): Moi, je n'ai rien à vous permettre,
M. Chevrette.
M. Chevrette: Vous venez de faire un maudit beau discours! Je me
suis trouvé pris moi-même à vous écouter. Comment
expliquez-vous que, quand vous avez eu l'occasion de congédier des
techniciens ambulanciers à dossier lourd, tel que c'est écrit
dans le rapport des répartiteurs, quand vous avez eu la chance devant
des fautes lourdes de purifier votre système vous ne l'ayez pas
fait?
M. Lefebvre (Bernard): Vous parlez de quel cas, M. Chevrette?
M. Chevrette: Je ne me rappelle plus son nom; je le nommerais si
je me rappelais son nom. C'est dans le cas du Sri Lankais où un
technicien, au dire même des répartiteurs, avait un dossier
très lourd. Le Dr Masson a décrit cela comme étant une
faute très lourde. Le patient était décrit comme
étant dans un état comateux et même plus, dit-il, dans son
mémo. Vous avez eu la chance et vous lui avez donné un mois de
vacances payées, alors que c'était un dossier très
lourd.
M. Lefebvre (Bernard): Je suis bien content que vous me posiez la
question.
M. Chevrette: Je vous dirai ceci, juste pour compléter.
J'ai même su qu'il l'avait considéré comme étant
dans une méditation transcendan-tale. Il y a à peu près
rien que celui qui le raconte qui peut le croire!
M. Lefebvre (Bernard): Vous connaissez la façon dont
Urgences-santé travaille. Sur le plan des relations de travail, il y a
eu un rapport de superviseur sur cet événement, qui est
arrivé aux autorités décisionnelles
d'Urgences-santé. Ce rapport a fait mention, dans sa description des
événements d'un manquement pour les techniciens ambulanciers
à prodiguer un certain nombre d'actes et c'est sur la foi de la non
"prodigation" de ces actes que nous avons agi. Cela veut dire que ce n'est pas
aux techniciens ambulanciers, parce qu'ils n'ont pas la capacité pour le
faire, de déclarer un patient cliniquement mort. C'est le médecin
qui doit faire cela. Donc, le technicien ambulancier doit, en attendant
l'arrivée du médecin, à moins qu'il n'y ait des choses
évidentes, c'est-à-dire que le cadavre ne soit en
décomposition avancée, mais ce n'était pas le cas... Non,
mais il faut faire toutes les nuances qu'il faut. Et cela ne s'est pas produit
dans ce cas-là. Bon.
La suspension d'un mois qui a été faite par le conseil
régional a été signifiée au propriétaire.
Nous ne payons pas, nous, de techniciens ambulanciers. Nous avons écrit
une lettre disant au propriétaire que la suspension devrait être
d'un mois. Ce n'est pas le conseil régional qui lui a payé un
congé sans solde d'un mois. On l'a suspendu un mois. Il relève de
son employeur et son employeur pouvait prendre la décision de l'affecter
à d'autres tâches que celle de technicien ambulancier, parce que
nous ne lui avons pas permis de travailler pendant un mois.
Les policiers ont été appelés lors de
l'événement et ont commencé, à ce moment-là,
une investigation par rapport à ce cas-là. Ils ont
fermé leur investigation. Dans les délibérations
qu'on a eues - je parie bien de cet événement précis et ce
n'est pas le rôle du conseil régional dans ce sens-là de
faire des enquêtes policières - il n'a jamais été
mentionné, il n'a jamais été prouvé par rapport
à l'événement qu'il y avait quelque cause de racisme que
ce soit.
M. Chevrette: Non, oubliez la cause de racisme.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, s'il
vous plaît.
M. Lefebvre (Bernard): Nous avons agi...
M. Chevrette: Je parle précisément de la faute
lourde, telle que qualifiée par le Dr Masson.
M. Lefebvre (Bernard): Oui.
M. Chevrette: Faute lourde, dossier lourd. Ce n'est pas moi qui
l'ai écrit; j'ai vu cela dans vos papiers. Dossier volumineux. Si ce
n'est pas dans votre domaine de juger de la qualité des soins, je suis
surpris.
M. Lefebvre (Bernard): Non, c'est-à-dire...
M. Chevrette: Je pourrais toujours conclure en vous disant: Sur
ce côté-là, vous ne me ferez pas accroire que vous n'aviez
pas une chance d'épurer. Pourriez-vous me dire qui était au
dossier du côté patronal devant l'arbitre, même si cela
s'est réglé hors cour, et qui était au dossier du
côté syndical dans ce cas? Le ministre nous a dit que cela
s'était réglé devant un constat d'arbitre. Pourriez-vous
m'expliquer qui était au dossier du côté patronal et qui
était au dossier du côté syndical?
M. Lefebvre (Bernard): Je ne le sais pas.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous donner l'information
d'ici demain?
M. Marcoux: On peut prendre la question en note, M.
Chevrette.
M. Chevrette: D'accord.
M. Marcoux: Maintenant, avec ce que M. Lefebvre vous a
décrit, il se peut fort bien - et je pense que c'est le cas, d'ailleurs
- que, à l'étape où vous êtes rendu, cela se soit
passé entre l'employeur et les mêmes salariés, sans la
connaissance du conseil régional. Mais, on va le vérifier et on
va vous donner la réponse demain.
M. Chevrette: Mais, votre dossier, on va s'en parler
tantôt.
Le Président (M. Bélanger): La parole est
maintenant à M. le ministre.
M. Dutil: Oui, rapidement, une question qui est très
préoccupante. Vous avez mentionné tout à l'heure, M.
Lefebvre, à juste titre, que l'étude sur la
nécessité d'une formation supérieure et
l'établissement d'un chiffre de 825 heures avaient été
faits par les CRSSS. C'est exact. D'ailleurs, je l'ai mentionné hier
à l'Assemblée nationale. Ce chiffre n'a pas été
sorti d'un chapeau, comme on voulait le laisser croire, mais il a
été sorti après une étude approfondie. Sauf qu'il
existe une certaine confusion entre le rôle des "paramedics", des
médecins et des techniciens ambulanciers, qu'ils aient ou non les 825
heures. Il serait important de faire un peu le tour de cette question pour
éliminer quelques nuages. (23 h 45)
M. Lefebvre (Bernard): Oui. Tel que cela existe dans d'autres
provinces canadiennes ou aux États-Unis, si on parle d'un
véritable paramedic, cela nécessite une formation qui tourne
autour des 2000 heures Originellement, elle pouvait aussi se situer autour de
1200 à 1500 heures, mais qui doit être bonifié à
environ 2000 heures actuellement.
Parmi d'autres systèmes que je connais - j'en connais plusieurs;
j'ai eu l'occasion d'échanger avec des gens dans des systèmes
analogues - à Toronto, si je prends cela comme exemple, ce ne sont pas
tous des employés paramédicaux qui ont 2000 heures. Vous avez
différents niveaux de formation, dans un système comme celui de
Toronto, des gens qui sont à 300 heures, d'autres à 800 heures,
d'autres à 1200 heures et d'autres à 1500 heures.
Par ailleurs, la loi est ainsi faite au Québec, quant aux
employés paramédicaux. Il n'y a pas de délégation
d'actes. Ce sont les médecins qui pourraient... Le Dr Masson me
corrigera là-dessus. Mais c'est par protocole, par entente entre les
organisations professionnelles qu'il peut y avoir des délégations
d'actes entre les différents intervenants. Alors, 825 heures, c'est une
formation qu'on a considérée intéressante et
justifiée, étant donné les ressources qui sont là,
mais je ne pense pas qu'avec 825 heures En tout cas, je veux bien piger votre
question, M. le ministre, mais 825 heures, ce n'est pas un niveau pour des
employés paramédicaux. C'est plus que cela.
M. Dutil: Non, ce n'est pas cela, ma question. Ma question,
c'est: Est-ce que, dans l'étude que vous avez faite, vous avez
envisagé que tous les techniciens ambulanciers pouvaient avoir une
formation paramédicale? Si oui, pourquoi l'avez-vous
écarté?
M. Lefebvre (Bernard): À ma souvenance, par rapport
à Montréal, si j'en parle de façon plus spécifique,
nous n'avons jamais envisagé sérieusement que l'ensemble des
techniciens
ambulanciers aient une formation paramédicale, à
Montréal à tout le moins.
M. Dutil: Et pourquoi?
M. Lefebvre (Bernard): II y a déjà, sur le terrain,
des médecins qui sont formés en urgences, qui ont une formation
spécifique à l'intérieur de cela. On ne voyait pas qu'il
était nécessaire, en plus de cela, d'avoir des employés
paramédicaux.
M. Marcoux: M. le Président, est-ce que je peux
compléter la réponse de M. Lefebvre à M. le ministre?
Le Président (M. Bélanger): Absolument, oui; je
vous en prie.
M. Marcoux: Je pense qu'il y avait deux raisons fondamentales
aussi, et même qu'il y en avait trois. Évidemment, dans le bref
historique que vous nous avez demandé, nous avons indiqué
qu'à la naissance même d'Urgences-santé la première
négociation importante s'est faite avec la Fédération des
médecins pour impliquer la profession médicale dans le
système. Alors, on avait des médecins sur la route à
partir de ce moment-là, mais cela existait déjà, depuis
quelques années, dans les habitudes du milieu et du Montréal
métropolitain.
Mais la deuxième raison qui était majeure, elle est une
raison pratique. C'est que, avant de faire graduer, je dirais, les techniciens
à 1200 heures ou à 2000 heures pour qu'ils aient une formation
paramédicale, il fallait leur donner au moins une formation de base. Ils
n'avaient pas de formation. Cela a pris cinq ans. On sait, techniquement
parlant, que, pour les monter à 825 heures, cela prendra sept ans
à la nouvelle corporation. Alors, on peut penser à des
paramédicaux à long terme, mais dans une décennie. On ne
peut pas avoir des paramédicaux demain.
Il y a une troisième raison, mais, celle-là, elle est plus
votre considération, je pense. C'est que vous y êtes tous, les
ministres et les députés, extrêmement sensibles. Il y a
aussi la notion de coûts. À tous les 100 heures de cours, ce sont
des millions, à tous les 100 heures de cours additionnels, ce sont aussi
des millions.
Alors, je pense que c'étaient trois raisons... Ces trois raisons
existaient et elles vont exister encore à l'avenir.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
ministre.
M. Chevrette: Qu'on prenne cinq minutes chacun avec le CRSSS.
M. Dutil: ...qu'on prenne...
M. Chevrette: Qu'on prenne cinq minutes chacun avec le CRSSS,
parce que j'aurais deux autres questions à lui poser.
M. Dutil: C'est parce qu'on a fait attendre M. Lamarche.
Le Président (M. Bélanger): C'est parce qu'on a
fait attendre M. Lamarche.
M. Chevrette: Je comprends, mais il y a un point très
important qui est le perfectionnement et qui est votre seul argument depuis le
début. Je voulais vous demander...
M. Dutil: Non, je n'ai pas d'objection, M. le Président.
C'est juste qu'on avait mentionné qu'on voulait réentendre...
M. Chevrette: C'est parce qu'eux, ils ont l'expertise; ils sont
là-dedans.
M. Dutil: À minuit, c'est fini. C'est ce que je veux
préciser.
M. Chevrette: Vous n'avez pas d'objection? M. Dutil:
Non.
M. Chevrette: Avez-vous évalué combien cela va
coûter à Urgences-santé, 825 heures...
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez une
seconde, on peut dire à M. Lamarche que...
M. Chevrette: Oui, on peut le libérer.
Le Président (M. Bélanger): On peut vous
libérer maintenant. On s'excuse de le faire aussi tardivement.
Une voix: II peut rester avec nous jusqu'à minuit.
Le Président (M. Bélanger): Ah oui! il a toute
latitude.
M. Dutil: S'il le désire.
M. Chevrette: Est-ce que c'est exact que cela représente
40 000 000 $, le perfectionnement de 825 heures?
M. Lefebvre (Bernard): J'ai l'impression que, si on parle de
l'ensemble des techniciens de la province de Québec que l'on veut
augmenter à 825 heures, il est fort possible que, sur une période
de sept ans, cela puisse représenter une somme comme vous le dites.
Mais, pour l'ensemble de la province de Québec, répartie sur une
période de sept ans.
M. Chevrette: Pour Urgences-santé, c'est combien à
peu près, sur cinq ans comme vous l'aviez évalué?
M. Lefebvre (Bernard): Je regrette, je ne le sais pas.
M. Chevrette: Vous me l'enverrez en même temps que les
personnes qui étaient au dossier.
M. Lefebvre (Bernard): D'emblée comme ça - c'est
une réponse qui est sûrement disponible - je ne suis pas capable
de vous la donner maintenant, je ne le sais pas.
M. Chevrette: D'accord. Combien d'ambulanciers se sont inscrits
aux 350 heures prévues en 1984 et qui ont passé f'examen?
M. Lefebvre (Bernard): C'est-à-dire qu'on était
dans un processus et, à la suite du rapport Marois qui a
décidé que, pour la région de Montréal, la
formation des techniciens ambulanciers devait être de 336 heures, nous
devions amener, à l'intérieur d'un certain délai,
l'ensemble des ambulanciers à ce nombre de 336 heures. Le travail n'est
pas encore fini. Il reste encore du travail. Les gens sont approximativement
rendus - Pierre, t'en souviens-tu? - à 235 heures ou 250 heures ou
quelque chose comme cela.
Une voix: Je ne me souviens pas.
M. Lefebvre (Bernard): Mais, évidemment, compte tenu des
annonces qui sont faites par rapport à cela, le processus de formation
pour atteindre cet objectif est un petit peu mis en veilleuse, étant
donné que la partie de cours qui reste à faire pour atteindre les
336 heures est comprise dans les 850 heures qui vont être données.
Donc, les gens vont non seulement terminer pour se rendre à 336 heures,
mais ils vont continuer à se former.
Si mes souvenirs sont exacts - je vous le donne sous toute
réserve, mais c'est aussi verifiable - on avait passé de 90 %
à 95 % des ambulanciers sur les cours de conduite préventive,
etc., pour les augmenter à 250 heures.
M. Chevrette: Considérez-vous que la réussite aux
examens doit être liée au maintien du poste?
M. Lefebvre (Bernard): II y a sûrement, à
l'intérieur des cours qui sont donnés, des parties de cours
où la réussite de l'examen est nécessaire. Je vais
distinguer des choses. Si, à l'intérieur du cours que l'on donne,
on parle de la gestion du temps, s'il rate cet élément du cours,
cela peut quand même faire un excellent technicien ambulancier. Mais il y
a des éléments sur lesquels il faut passer l'examen.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a obtenu
du Conseil du trésor la certitude qu'il aura l'argent nécessaire
pour le perfectionnement?
M. Outil: Si on a annoncé une réforme de cette
ampleur et qu'on a dit qu'on allait rehausser la formation, je peux assurer le
chef de l'Opposition que l'on trouvera et que l'on aura tout l'argent
nécessaire pour y parvenir.
M. Chevrette: Je vous pose la question: L'avez-vous?
M. Rochefort: Ah! Le ministre dit qu'il l'aura. Donc, il ne l'a
pas.
M. Chevrette: C'est toujours au futur?
M. Rochefort: C'est une profession de foi additionnelle qu'on
nous demande. Il est tard pour nous demander des professions de foi.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez défini
l'échéancier? Est-il de cinq ans ou de sept ans, comme dit M.
Lefebvre?
M. Dutil: Nous avons annoncé cet échéancier
le 2 mars 1988.
M. Chevrette: Sur combien?
M. Dutil: Nous avons déjà dit à ce
moment-là que cela prendrait entre cinq et sept ans pour la formation
alors que nous envisagions comme échéancier que ce seraient trois
ans pour les centrales de coordination et pour les autres mesures que nous
envisageons. Évidemment, c'est plus long pour la formation, pour des
raisons non pas explicites, mais mentionnées. C'est que les techniciens
ambulanciers travaillent en même temps qu'ils améliorent leur
formation.
M. Chevrette: Combien avez-vous de crédits cette
année aux fins du perfectionnement? Combien en argent, cette
année?
M. Dutil: Oui, cette année, nous estimons que cela devrait
tourner autour de 2 000 000 $, si ma mémoire est fidèle.
Une voix: Environ 1 500 000 $.
M. Dutil: On me dit 1 500 000 $.
M. Chevrette: Quand c'est sur le temps de travail, dans le cas
d'Urgences-santé, je comprends que c'est Urgences-santé qui paie,
pourvu qu'on ait un transfert d'employés. Au niveau de la province,
est-ce que le ministre pourrait m'expliquer comment va fonctionner le
perfectionnement sur le temps de travail, pour les employeurs?
M. Dutil: M. le Président, le chef de l'Opposition doit
savoir le problème que nous vivons actuellement puisqu'il a
concédé à l'épo-
que, à Montréal, que la formation se prendrait en payant
les salaires des employés et il ne l'a fait que pour
Montréal.
M. Chevrette: Oui, mais je vous le demande pour la province. La
question doit être claire.
M. Dutil: Est-ce que je peux continuer ma réponse, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre. Le droit de parole- vous appartient.
M. Dutil: Justement, en province, il y a une revendication pour
que ce soit la même chose qu'à Montréal.
M. Chevrette: Alors, quelle est votre réponse?
M. Dutil: Nous sommes actuellement en train de regarder cette
situation qui, effectivement, est extrêmement dispendieuse.
M. Chevrette: Mais, au moment où vous fixez que 850 ou 835
heures seront exigibles, y compris pour les techniciens un peu partout, comment
allez-vous payer l'individu si vous avez payé le propriétaire? Si
vous dites que c'est trop dispendieux, pourquoi le maintenez-vous dans la
loi?
M. Dutil: M. le Président, vous voyez tout l'imbroglio.
Autrement dit, les négociations qu'a menées le chef de
l'Opposition lui-même, à l'époque, lui ont fait faire des
concessions qui...
M. Chevrette: Absolument pas. C'est vous qui proposez un projet
de loi. Expliquez de nouveau, posez une question.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que nous
sommes en commission parlementaire pour interroger nos invités et non
pas pour faire une période de questions.
M. Chevrette: Oui, mais il y a une question de clarification.
Le Président (M. Bélanger): Si vous aviez une
dernière question, M. le député de Joliette, si vous
voulez, avant que votre temps soit écoulé, je vous en prie.
M. Chevrette: Le ministre propose un projet de loi qui exige du
perfectionnement dans tout le Québec. Il me reproche de l'avoir fait
seulement pour Montréal. Pourrait-il m'expliquer, dans son projet de
loi, comment il va payer pour le perfectionnement en dehors de
Montréal?
M. Dutil: M. le Président, nous sommes actuellement en
négociation et une des reven- dications de fa partie syndicale est que
le même système qu'a concédé le chef de l'Opposition
à Montréal soit appliqué dans l'ensemble de la province.
Je ne vais pas lui donner la réponse de la négociation. Par
définition, quand nous sommes en négociation, nous sommes en
négociation. Nous ne ferons pas, ici en commission parlementaire, cette
négociation. Je pense que c'est bien clair et bien évident.
Ce que je dis tout simplement au chef de l'Opposition, c'est qu'il y a
une situation qu'il a créée à Montréal qui
augmente, évidemment, les frais de la formation et dont nous devons
tenir compte actuellement.
M. Chevrette: M. le Président, en conclusion, je voudrais
dire que, si le ministre considère cela parce qu'il est en
négociation, ce n'est donc pas sûr qu'il veuille payer. S'il ne
veut pas payer, cela veut donc dire que ce peuvent être les
propriétaires qui vont payer.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je dois vous interrompre. Il reste trois
minutes. M. le ministre.
M. Dutil: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
relever la dernière remarque du chef de l'Opposition. Je voudrais
remercier les gens du CRSSS de Montréal d'être venus ce soir et de
nous avoir, à brûle-pourpoint, fait le tour de la question. Cela a
été vraiment intéressant. Cela a été
tellement intéressant qu'on doit s'excuser auprès de M. Lamarche
qu'on a retardé. Votre temps a été d'une heure et demie
plutôt que d'une heure, tel qu'il avait été prévu
initialement. J'apprécie beaucoup votre geste et votre voyage. Cela a
été, les deux côtés de la Chambre le
reconnaîtront, très intéressant que d'entendre les gens du
CRSSS.
M. Chevrette: M. le Président, moi aussi, je voudrais
remercier...
Le Président (M. Bélanger): Très
brièvement.
M. Chevrette: Je ne comprends pas, avec la compétence que
vous avez manifestée, qu'on vous ait mis de côté.
Le Président (M. Bélanger): La commission voudrait
remercier d'abord les gens du Conseil régional de Montréal qui
ont été avisés assez tard et qui, ma foi, ont fait preuve
de beaucoup de célérité pour se rendre ici. Probablement
qu'ils sont venus par ambulance. On s'excuse auprès de M. Pierre
Lamarche que nous avons dû faire patienter.
La commission ajourne ses travaux sine die. En principe, nous reprenons
après la période de questions, demain, vers 11 h 15. Merci.
(Fin de la séance à 23 h 59)