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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais à
chacun de bien vouloir prendre sa place afin que les membres de la commission
des affaires sociales se réunissent pour procéder à
l'étude des crédits budgétaires du Conseil
exécutif, affectés à la Condition féminine,
c'est-à-dire le programme 3, et de ceux des organismes relevant de la
ministre déléguée à la Condition féminine
pour l'année financière 1988-1989. C'est par
référence au document du gouvernement du Québec: Budget
1988-1989, crédits pour l'année financière se terminant le
31 mars 1989. Est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): II n'y en a aucun
d'annoncé, très bien. Il y a les présentations
préliminaires. Mme la ministre, si vous voulez bien commencer.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président, j'ai le plaisir
à titre de ministre déléguée à la Condition
féminine d'amorcer la discussion sur les crédits dévolus
au Conseil du statut de la femme, à l'Office des services de garde
à l'enfance et au Secrétariat à la condition
féminine pour l'année 1988-1989. Je voudrais d'abord souligner la
présence de Mme Nicole Brodeur, secrétaire générale
associée à la Condition féminine, de Mme Nicole Marcotte,
présidente de l'Office des services de garde à l'enfance, et de
Mme Jocelyne Olivier, secrétaire générale du Conseil du
statut de la femme en remplacement de Mme McKenzie qui est alitée
présentement. Il y a aussi quelques-unes et quelques-uns de leurs
collaboratrices et collaborateurs qui pourront nous aider à
répondre à certaines questions un peu plus techniques. Est-ce
qu'on commence immédiatement?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Déclarations d'ouverture Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Alors, je vais vous faire un peu le
résumé de ce qui s'est passé au cours de l'année en
matière de condition féminine. Dès son arrivée,
notre gouvernement s'est donné des objectifs d'égalité et,
de justice sociale, et pour la première fois au Québec, ces
objectifs se traduisent par des orientations triennales, 1987-1990, qu'on
retrouve regroupées dans le plan d'action gouvernemental en
matière de condition féminine, que j'ai dévoilé le
17 septembre dernier. Ces orientations manifestent la volonté du Conseil
des ministres d'assurer une pleine et entière égalité
entre les femmes et les hommes.
L'évolution des mentalités, les ajustements sur le plan
législatif et la volonté des femmes d'apporter leur contribution
à la vie sociale et économique n'ont pas encore
éliminé tous les obstacles à une entière
égalité des femmes et des hommes. C'est pourquoi le gouvernement
a jugé bon d'inscrire son action dans une perspective à moyen
terme pour que l'on puisse juger des résultats en regard des buts
poursuivis.
Ma priorité a toujours été d'assurer
l'égalité économique des femmes et de favoriser leur
autonomie financière. Afin que soit réalisée une
véritable égalité économique entre les sexes, les
femmes et les hommes doivent avoir accès aux mêmes
possibilités d'emploi et de formation, aux mômes perspectives de
promotion, à un salaire égal pour un travail d'égale
valeur ainsi qu'à une même protection garantie par le
régime de sécurité du revenu. La conciliation de la vie
familiale et professionnelle doit aussi être prise en compte.
Je vous présenterai donc les principales réalisations
gouvernementales de la dernière année pour favoriser l'atteinte
de ces objectifs d'égalité. En matière
d'égalité des conjoints, des mesures importantes ont
été entreprises en 1987-1988, lesquelles confirment l'engagement
pris par le gouvernement de corriger les situations d'inéquité
entre les époux. À cet égard, le dossier concernant le
partage des droits économiques des conjoints me tient
particulièrement à coeur. C'est une question fort complexe qui
comporte de nombreux aspects avec lesquels il faut composer, mais le
gouvernement est déjà à l'oeuvre. Tel qu'annoncé
lors du discours d'ouverture, nous entendons donner suite rapidement aux
travaux accomplis par le comité interministériel sur le sujet.
Par l'intermédiaire du ministre de la Justice, le gouvernement
déposera à l'Assemblée nationale, dans un proche avenir,
un avant-projet de loi dont l'objectif est de protéger le conjoint
économiquement faible en cas de dissolution du mariage, que ce soit
à la suite d'un divorce ou d'un décès.
Le 1er janvier 1988 entrait en vigueur la Loi modifiant le Code civil en
matière d'indexation des pensions alimentaires. Cette loi prévoit
l'indexation automatique des pensions alimentaires ordonnées par
jugement, suivant l'indice annuel des rentes, à moins que le tribunal,
dans l'exercice de sa discrétion, n'en décide autrement. Par
ailleurs, les résultats de l'enquête du ministère de la
Justice sur l'attribution et la perception des pensions alimentaires ont
confirmé l'à-propos de certaines revendications des groupes de
femmes pour que des améliorations soient apportées au
système de perception. Mon collègue de la Justice, celui de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et moi-même
rendrons
publiques, au cours des prochaines semaines, les mesures que le
gouvernement entend privilégier pour faciliter la perception automatique
des pensions alimentaires.
Pour les femmes collaboratrices, afin d'assurer une meilleure
reconnaissance du travail de la conjointe collaboratrice non salariée ni
propriétaire au sein de l'entreprise, le gouvernement entend revoir le
mécanisme de la prestation compensatoire, par le biais de lavant-projet
de loi sur les droits économiques des conjoints auquel je faisais
référence tout à l'heure. Quant à la situation de
la collaboratrice salariée, on peut affirmer sans ambages qu'elle s'est
améliorée. Depuis un peu plus d'un an maintenant, elle a le droit
d'être payée pour ses heures supplémentaires et de
bénéficier de vacances annuelles à la suite de l'adoption
de la Loi modifiant diverses lois en regard de la Charte des droits et
libertés de la personne.
En ce qui concerne les mesures visant à favoriser l'accès
à la propriété, le comité de travail sur les
aspects fiscaux du transfert de propriété entre conjoints me
transmettra son rapport au cours des prochaines semaines. Par ailleurs, le
programme Nouveaux entrepreneurs du ministère de l'Industrie et du
Commerce a été modifié en octobre dernier afin de
faciliter la participation financière des femmes collaboratrices dans
l'entreprise. Enfin une brochure d'information au sujet des divers cadres
juridiques possibles pour le conjoint collaborateur sera préparée
ce printemps par le Secrétariat à la condition féminine,
avec la collaboration de la Chambre des notaires.
Dans le domaine de l'éducation, deux priorités d'action
ont été dégagées en 1987-1988: la
désexisation du matériel et des pratiques ainsi que l'orientation
des filles. En matière de formation professionnelle, ce sont surtout la
mise en oeuvre de l'accord Canada-Québec et le développement
d'outils en reconnaissance des acquis qui ont retenu l'attention.
Après avoir consacré les premiers efforts à
l'identification des stéréotypes sexistes et des modèles
susceptibles de modifier le rapport entre les femmes et les hommes, le MEQ a
produit des outils qui habilitent tant les concepteurs et conceptrices de
matériel et de programmes que le personnel enseignant à contrer
le sexisme. Ce sont un guide d'activités pédagogiques
conçu pour le personnel scolaire de 2e cycle du primaire afin de
développer l'esprit critique des élèves face au sexisme
dans leur vie quotidienne - la version finale sera terminée au printemps
1988 et elle pourra être utilisée dans les écoles
dès l'automne 1988 - et un guide portant sur les solutions de rechange
au sexisme destiné aux spécialistes en conception de programmes
et de matériel pédagogique. La version finale du guide a
été terminée en décembre 1987 et sa publication est
prévue pour avril 1988.
Dans le but de mieux connaître les motivations des filles dans
leurs choix professionnels, une recherche a été
réalisée et diffusée sur les facteurs qui limitent
l'orientation des filles vers les programmes de formation non
traditionnels.
Quant à la formation professionnelle, de plus en plus de femmes
retournent aux études. La majorité d'entre elles le font dans la
perspective d'intégrer ou de réintégrer le marché
du travail ou encore dans celle de s'y maintenir et d'y progresser. Il importe
donc pour les femmes d'avoir accès à une formation qualifiante.
Pour beaucoup d'entre elles, la formation qualifiante passe d'abord par
l'acquisition de la formation générale nécessaire pour
accéder et réussir une formation professionnelle.
Au cours de l'année 1987-1988, la mise en oeuvre de l'accord
Canada-Québec sur la formation professionnelle a permis au Québec
d'offrir, sur une base plus permanente, plusieurs des programmes jusqu'ici
offerts sur une base expérimentale. Pour les femmes en particulier,
cette entente signifie un accès facilité aux quatre programmes de
recyclage conçus pour elles, soit Transition-travail, Accès
à la formation professionnelle, Accès aux carrières
technologiques et Formation en alternance dans les métiers non
traditionnels. L'investissement du gouvernement du Québec en 1987-1988
à ce chapitre a été de 2 321 900 $.
La démarche de reconnaissance des acquis expérientiels
comporte deux volets, le premier étant l'instrumentation du personnel
scolaire en vue d'une évaluation équitable des acquis scolaires,
des équivalences de scolarité et des apprentissages
expérientiels. C'est dans le but de développer des instruments
d'évaluation qu'un comité interministériel a mis au point
un plan d'action gouvernemental dont le suivi sera assuré par chacun des
ministères concernés. Le second volet est d'habiliter les femmes
à procéder à la reconnaissance de leurs acquis et à
s'orienter soit vers des études, soit vers le marché du travail.
C'est dans cette optique que l'on a mis cette année l'emphase sur
l'implantation généralisée, dans les commissions
scolaires, du guide Point tournant. La production et la diffusion
d'affiches et de dépliants faisant la promotion de ce guide devraient
permettre de rejoindre la clientèle visée.
Pour assurer la prise en compte des besoins particuliers des femmes des
communautés culturelles dans les dossiers de formation, le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration a
été actif à plusieurs titres, notamment en ce qui regarde
l'aide financière et technique pour la dispensation de cours de
français adaptés aux clientèles suivantes:
infirmières, travailleuses domestiques, analphabètes, femmes
d'immigration traditionnelle, femmes qui revendiquent le statut de
réfugié. (10 h 15)
L'égalité dans le travail et la sécurité du
revenu. En ce qui concerne l'action majeure, soit les programmes d'accès
à l'égalité, l'effort gouvernemental amorcé en
1986-1987 pour
favoriser la mise sur pied de programmes d'accès à
l'égalité dans les secteurs privé, parapublic et
municipal, s'est poursuivi cette année. Ainsi, aux 25 projets pilotes
entrepris l'an dernier, 34 autres se sont ajoutés, ce qui fait un total
de 59 programmes. Dans le secteur privé, sept nouvelles entreprises se
sont associées récemment au Secrétariat à la
condition féminine afin d'implanter un programme d'accès à
l'égalité en emploi pour les femmes. Au total, 19 entreprises
participent au programme du secrétariat. En effet, aux 17
déjà annoncées, deux autres s'ajouteront très
prochainement pour lesquelles l'accent sera mis de façon plus
particulière sur les femmes des communautés culturelles.
Quantitativement, je puis dire mission accomplie. En termes qualitatifs,
je constate que ces entreprises ont accompli un travail considérable en
quelques mois. Plusieurs nous ont remis leur rapport diagnostique qui dresse un
portrait de la situation des femmes au sein de leur organisation et qui
repère les politiques et pratiques de gestion qui pourraient avoir un
impact négatif sur les femmes et d'autres groupes cibles. Je suis
très satisfaite de la démarche rigoureuse que ces dix entreprises
ont adoptée ainsi que de l'enthousiasme et de l'énergie avec
lesquelles elles ont mené cette première étape.
Déjà leur expérience profite aux nouvelles entreprises. Le
défi qui les attend maintenant et auquel elles consacreront leurs
énergies est de bâtir un programme d'intervention qui pallie les
problèmes identifiés tant en matière de politiques et
pratiques de gestion qu'au sujet de la représentation des femmes.
Avec les 6 500 000 $ sur trois ans que le gouvernement consacre au
démarrage de programmes d'accès à l'égalité
dans le secteur public, dans le réseau de l'éducation, dans le
réseau de la santé et des services sociaux, dans les
municipalités et dans les entreprises, c'est plus de 70 organisations
comptant quelque 100 000 travailleurs et travailleuses qui marcheront au rythme
de l'accès à l'égalité.
Dans le but d'assurer l'implantation de programmes d'accès
à l'égalité dans les sociétés d'État,
le ministère de la Justice travaillera avec le Conseil du trésor,
en 1988-1989, afin de définir un mécanisme juridique permettant
d'atteindre cet objectif. Deux aspects seront étudiés:
l'implantation des programmes d'accès à l'égalité
dans les sociétés d'État et, dans la foulée de
l'obligation contractuelle, l'obligation pour les contractants avec les
sociétés d'État d'implanter un programme d'accès
à l'égalité.
Quant à l'obligation contractuelle, vous vous souviendrez que, le
30 septembre 1987, le gouvernement annonçait sa décision de
mettre en oeuvre une politique d'obligation contractuelle. Première
province canadienne à implanter une telle politique, le Québec
affirme ainsi sa volonté de s'assurer que les entreprises transigeant
avec le gouvernement respectent l'accès à l'égalité
en emploi pour les femmes, les minorités visibles et les autochtones et,
dans les faits, élaborent et implantent des programmes d'accès
à l'égalité.
La mesure qui sera opérationnelle en 1988-1989 consiste à
exiger que les entreprises contractantes et sous-contractantes qui emploient
100 personnes ou plus et qui obtiennent un contrat de biens ou de services ou
une subvention de 100 000 $ ou plus du gouvernement s'engagent à
implanter un programme d'accès à l'égalité. Mais,
du principe à la mise en opération, il y a parfois de grands pas
à franchir. Des inquiétudes persistaient quant au délai de
mise en oeuvre. C'est donc avec une légitime fierté que j'ai pris
connaissance de l'annonce jeudi dernier, par le ministre des Approvisionnements
et Services, d'un nouveau règlement sur l'octroi des conditions de
services. Sur le plan des services, nous avons donc travaillé vite et
bien. Les préparatifs en ce qui concerne l'octroi des contrats de biens
et des subventions vont bon train, et les modalités de mise en oeuvre
devraient être arrêtées prochainement. Par ailleurs, un
comité se penche sur l'opportunité de soumettre l'octroi des
contrats de construction à une mesure semblable et son rapport devrait
être remis sous peu aux ministres concernés. À l'instar des
États-Unis et du gouvernement fédéral, l'obligation
contractuelle sera donc bientôt une réalité au
Québec.
Le 1er octobre 1987, le salaire minimum a été
haussé à 4,50 $ l'heure. Pour leur part, les travailleurs et
travailleuses au pourboire reçoivent depuis un taux horaire de 3,83 $ et
le salaire hebdomadaire minimum pour les domestiques résidant chez leur
employeur est de 161 $. On sait que nombre de travailleuses sont
particulièrement touchées par cette mesure.
On a souvent parlé de la conciliation de la vie professionnelle
et de la vie familiale. Les services de garde sont au centre d'une meilleure
conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale. Malgré
les restrictions budgétaires imposées à l'ensemble des
ministères et organismes publics, l'Office des services de garde
à l'enfance a vu son budget augmenter de 8 000 000 $, passant de 82 187
500 $ à 90 187 500 $ pour 1987-1988. Ce budget additionnel visait le
développement de nouveaux services et la consolidation des services
existants. Entre le 1er avril 1987 et le 31 mars 1988, 5995 nouvelles places
ont été créées, dont 1146 en garderies sans but
lucratif, 1000 en services de garde en milieu familial, 1252 en garderies
à but lucratif et 2597 en milieu scolaire. Au total, à l'heure
actuelle, il y a 64 742 places en services de garde au Québec, incluant
la garde en milieu scolaire. De plus, le ministère de l'Éducation
a créé 3430 places pour des enfants qui fréquentent
sporadiquement les services de garde en milieu scolaire.
D'autre part, la subvention de fonctionnement des garderies
subventionnées est passée de 4 $ à 4,50 $ par place par
jour et celle des agences de services de garde en milieu familial
de 2,50 $ à 2,75 $. De même, le plafond de la subvention de
logement accordée par l'État aux garderies sans but lucratif a
été haussé de 1000 $ pour s'établir à 9000
$. De plus, pour l'année d'imposition 1987, la déduction pour
frais de garde a été augmentée, passant de 3510 $ à
3640 $ pour tout enfant de moins de six ans et de 1755 $ à 1820 $ pour
les enfants de six ans à douze ans. D'autre part, l'office a
consacré des efforts pour favoriser des services de garde plus
variés. À cet effet, deux projets pilotes ont été
mis sur pied. Le premier vise l'exoérimentation d'un centre
intégré à Daveluyville tandis que le second consiste en
l'implantation d'une halte-garderie au CLSC Centre-Sud de Montréal.
Lorsque je jette un regard sur les deux années et demie
passées à titre de ministre responsable des services de garde
à l'enfance, je crois tout à fait Justifié d'affirmer que
le bilan de développement présente des résulats positifs.
Cette assertion se trouve solidement confirmée lorsque l'on constate la
progression du budget de l'Office des services de garde à l'enfance
depuis notre arrivée au pouvoir. De 72 000 000 $ qu'il était en
1985-1986, celui-ci est maintenant passé à 98 000 000 $ en
1988-1989, soit une augmentation de 26 000 000 $ en trois ans excluant le
fonctionnement des services de garde en milieu scolaire.
Si l'on prend en considération que des crédits
additionnels de 2 000 000 $ viendront s'ajouter en 1988-1989 aux sommes
allouées en 1987-1988 aux services de garde en milieu scolaire, ce sont
plus de 13 000 000 $ qui auront été versés dans ce secteur
au terme de la présente année budgétaire. L'effort
financier combiné de l'Office des services de garde à l'enfance
et du ministère de l'Éducation pour le développement et la
consolidation des services de garde atteindra donc, sur une période de
trois ans, de 1986-1987 à 1988-1989, un montant total de 39 000 000 $.
C'est du récurrent, M. le Président.
Malgré les efforts financiers importants consacrés par le
gouvernement, je suis consciente que beaucoup reste à faire pour
compléter le développement du réseau et permettre aux
enfants et à leurs parents d'avoir accès à des services de
garde de qualité, partout au Québec. Les 495 nouveaux dossiers de
groupes promoteurs inscrits à l'office durant l'année 1987-1988
témoignent avec acuité de cette réalité.
Tel que prévu, le rapport du comité consultatif sur les
services de garde à l'enfance, qu'on appelle rapport Presser,
était déposé le 29 juin 1987. Une première
étape venait d'être franchie dans le processus
d'établissement d'une politique adaptée aux besoins des
Québécoises et Québécois. Les recommandations du
comité consultatif constituaient ainsi des outils de tavail pour
l'élaboration d'un énoncé dotant le Québec d'une
véritable politique des services de garde à l'enfance. Les
grandes lignes de cette politique sont maintenant arrêtées et
elles font l'objet de discussions intenses au Conseil du trésor de
même qu'au ministère des Finances.
La politique à venir doit aussi tenir compte de la
stratégie nationale sur la garde des enfants, présentée
par le gouvernement fédéral le 3 décembre 1987.
Les provinces poursuivent toujours les pourparlers avec le
fédéral afin d'en arriver à une entente respectant les
pouvoirs des provinces et la volonté du gouvernement
fédéral de financer les services de garde au Canada. Le
Québec entend exercer toute la vigilance nécessaire dans ce
dossier.
La réforme de la sécurité du revenu ainsi que la
révision de la politique fiscale sont deux questions qui ont
particulièrement retenu l'attention en 1987-1988.
C'est avec grand intérêt que j'ai assisté, au cours
des dernières semaines, aux travaux de la commission des affaires
sociales sur la réforme de la sécurité du revenu. La
consultation des différents mémoires et les discussions avec les
groupes de femmes m'ont permis de constater que la réforme
proposée soulevait certaines inquiétudes.
Les nombreuses réserves exprimées par ces groupes, de
même qu'une récente rencontre avec la coalition des groupes de
femmes opposés à la réforme Paradis, m'ont amenée
à suggérer à mon collègue, le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, certaines
modifications au projet de réforme, et ce, afin d'éviter que des
catégories de bénéficiaires, en particulier les femmes
chefs de famille monoparentale, ne connaissent une plus grande
détérioration de leur situation financière.
Il nous faudra également évaluer avec soin les
éventuelles modalités d'application d'une telle politique,
modalités sur lesquelles les précisions manquent
actuellement.
Profitant du fait que le gouvernement fédéral a entrepris
une reforme de la fiscalité qui entraînera d'éventuels
ajustements de la politique fiscale québécoise, j'ai
organisé la rencontre annuelle entre le gouvernement et les groupes de
femmes sous le thème "Les femmes et la fiscalité". À cette
occasion, une vingtaine de représentantes de groupes de femmes ont fait
valoir leurs préoccupations devant les ministres les plus
concernés par cette thématique.
Concernant les services adaptés à la réalité
féminine, parmi lesquels on retrouve le dossier de la santé
mentale, un document important a été publié à
l'automne 1987, soit le rapport Harnois sur la santé mentale, domaine
où la prise en compte de la problématique des femmes est
essentielle. La commission parlementaire qui a suivi la publication de ce
rapport a suscité une très forte participation. Le
ministère de la Santé et des Services sociaux travaille depuis
à l'élaboration du projet de politique qui devrait être
rendu public au cours de la prochaine année.
Dans le cadre de la préparation d'une politique en matière
de périnatalité, j'ai saisi ma
collègue de la santé et des services sociaux de la
pertinence de reconnaître la politique autonome des sages-femmes et de
procéder à la mise en oeuvre de projets pilotes.
Dans l'optique du développement d'un cadre juridique et
administratif pour régir les nouvelles technologies de la reproduction,
un comité du ministère de la Santé et des Services
sociaux, où siège la présidente du Conseil du statut de la
femme, déposera bientôt son rapport. Des consultations publiques
auront lieu, où les groupes de femmes, notamment, seront invités
à faire connaître leurs commentaires.
Par ailleurs, les nouvelles technologies de reproduction ont grandement
alimenté l'actualité québécoise cette année,
entre autres en raison du forum international organisé par le Conseil du
statut de la femme, lequel réunissait une quarantaine de
spécialistes internationaux des différentes disciplines
reliées aux nouvelles technologies de reproduction et 500 participants
et participantes de tous les milieux. Les actes de ce colloque ont
été produits et distribués rapidement sous le titre
"Sortir la maternité du laboratoire". Cette publication constitue un
outil essentiel à la poursuite du débat sur la reproduction
artificielle, et je me permets d'ajouter qu'elle est actuellement vendue
à l'étranger.
La tenue de ce forum a permis de faire avancer la réflexion sur
ce sujet de grande portée sociale. Les participantes ont aussi
manifesté un intérêt certain à contribuer,
individuellement et collectivement, à la recherche de moyens pour
freiner la technologie dans la mesure où elle se fait sans respecter
l'intégrité physique et morale des femmes.
Le débat au sujet des nouvelles technologies de reproduction
démarre à peine. Il est maintenant assuré que la vigueur
et la profondeur des interventions faites dans le cadre de ce forum donneront
le ton à la réflexion collective. Il faut reconnaître que
la contribution de la présidente du Conseil du statut de la femme
à l'avancement de ce débat est immense.
Il y a quelques années déjà, au moment où
personne ou presque ne se préoccupait sérieusement de cette
question au Québec et même au Canada, Francine McKenzie a saisi
que les enjeux en cause étaient particulièrement cruciaux et
lourds de sens. On se rend bien compte aujourd'hui de la justesse du choix
effectué par Mme McKenzie, que lui dictaient alors son sens des
priorités et son esprit visionnaire.
Permettez-moi d'exprimer ma gratitude aux membres du conseil et à
sa présidente, Mme Francine McKenzie, pour le leadership et le courage
dont elles ont fait preuve. Leur travail de pionnières était
essentiel pour que l'important dossier des nouvelles technologies de
reproduction déborde les officines et les laboratoires pour être
projeté dans l'opinion publique.
Des actions relatives à la prévention des maladies
transmises sexuellement ont été menées au cours de
l'année. Outre la diffusion de vidéos, dépliants et
messages publicitaires, la campagne d'information amorcée inclut
également la mise en place d'un service d'information
téléphonique sur les maladies transmises sexuellement. Cette
campagne s'insère dans un programme global qui comprend des mesures de
sensibilisation, de dépistage, de traitement et de recherche, et
prévoit la collaboration du réseau de la santé et des
services sociaux et du réseau de ('éducation. Devant le besoin
d'interventions particulières dans le cas du SIDA, le gouvernement a
préparé un plan d'action pour la lutte contre cette maladie et a
octroyé un budget de 2 000 000 $ pour sa réalisation.
La disponibilité de services adaptés aux besoins des
victimes de violence, une formation adéquate de tous les intervenants et
intervenantes concernés, une intervention concertée auprès
des victimes et une sensibilisation du public au phénomène de la
violence et à ses conséquences constituent les principaux axes de
l'intervention gouvernementale en matière de lutte contre la violence
faite aux femmes.
Trois grandes réalisations ont marqué l'année
1987-1988: l'adoption d'un plan triennal de financement pour les maisons
d'hébergement, l'instauration d'une permanence
téléphonique pour diriger les victimes de violence et le
lancement d'une vaste campagne de sensibilisation de la population sur le
thème de la violence conjugale. Le plan triennal de financement des
maisons d'hébergement du ministère de la Santé et des
Services sociaux permettra de doubler d'ici trois ans le budget consenti
à ces ressources du milieu. En effet, de 6 300 000 $ qu'il était
en 1986-1987, le budget s'établira en 1989-1990 à 13 700 000 $.
(10 h 30)
Briser l'isolement et obtenir de l'aide sont deux
nécessités pour les personnes victimes de violence. À
cette fin, le ministère de la Justice a accordé une aide
financière de 55 000 $ au Regroupement des maisons d'hébergement
afin qu'il mette en place une permanence téléphonique pour
diriger les victimes de violence, où qu'elles soient au Québec,
vers les services d'aide dont elles ont besoin. Mis en opération en
octobre 1987, ce service répond à un besoin énorme,
puisque de décembre 1987 à mars 1988, soit sur une période
de quatre mois, 2500 personnes ont sollicité de l'aide.
Enfin, en février 1988, les ministères de la Justice, de
la Santé et des Services sociaux et du Solliciteur général
lançaient à travers le Québec une vaste campagne de
sensibilisation sur la violence conjuguais. D'un coût
évalué à quelque 600 000 $, la campagne s'est poursuivie
à la télévision, à la radio et dans les
médias écrits jusqu'à la fin de mars.
La violence recoupe aussi d'autres réalités qui
requièrent de l'État qu'il assure protection et soutien aux
personnes qui en sont victimes. Dans cet optique, le ministère de la
Justice a réalisé une tournée de consultation à
travers le Québec
pour prendre le pouls de la population sur les améliorations
à apporter à la Loi sur l'indemnisation des victimes d'actes
criminels. À la suite de cette consultation, le ministère a
préparé un projet de loi pour définir les droits de ces
personnes. Cette Loi sur l'aide aux victimes d'actes criminels doit être
déposée à l'Assemblée nationale à la session
du printemps 1988.
Au cours de la première année de mise en oeuvre de ses
orientations triennales en matière de condition féminine, le
gouvernement n'a manqué aucune occasion pour concrétiser sa
volonté de promouvoir la réalité féminine dans un
éventail important de dossiers.
En raison du temps qu'il m'est imparti, je me limiterai ici à
indiquer que les initiatives gouvernementales relatives à la promotion
de la réalité féminine touchent aux femmes sans abri, aux
femmes en milieu carcéral, aux femmes autochtones, à la
représentation des femmes dans les médias, à la
participation des femmes dans des comités de travail, aux femmes et aux
loisirs, aux activités à caractère international de
même qu'à l'accès au crédit.
En guise de conclusion, M. ie Président, le bilan que je viens de
dresser de l'action gouvernementale en matière de condition
féminine est forcément sommaire et ne rend certes pas Justice aux
efforts déployés par le personnel du Conseil du statut de la
femme, de l'Office des services de garde à l'enfance et du
Secrétariat à la condition féminine dans la poursuite des
objectifs qui nous sont communs.
En terminant, je réitère, comme ministre
déléguée à la Condition féminine que les
préoccupations évoquées dans la présente
déclaration d'ouverture guident mon action et que j'entends continuer
à m'assurer que toutes les mesures sont prises pour que les femmes
occupent toute la place qui leur revient. Le gouvernement du Québec a
pris des engagements fermes en faveur de l'égalité, et il nous
faut faire en sorte que les femmes participent pleinement au
développement économique et social du Québec. Notre
société toute entière ne saurait se passer de leurs
talents, de leur dynamisme et de leur créativité.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir,
Mme la ministre déléguée à la Condition
féminine de prendre connaissance de vos notes de déclaration
d'ouverture relatives à l'étude des crédits à
laquelle nous allons procéder cet avant-midi et une partie de cet
après-midi. Je vois à la lecture de ces notes que cela traduit
votre volonté de défendre très fortement la place que
doivent occuper les femmes au sein de la société
québécoise et tout particulièrement à
l'intérieur des préocupations de votre gouvernement. La meilleure
façon de vérifier si les faits sont réellement mis en
application, c'est toujours à la lecture des budgets et c'est toujours
aux sommes qui sont versées que l'on peut voir les bonnes intentions des
gouvernements. Lorsqu'on regarde cette année en ce qui concerne les
augmentations des budgets, on peut s'apercevoir, nous allons voir cela plus en
détail, que, ma foi, ce n'est pas avec ce qui est écrit dans les
différents budgets, dans la ventilation des crédits, que nous
pouvons compter sur des apports substantiels de la part du gouvernement. Il y a
beaucoup d'intentions, soit, mais en fait c'est toujours les sommes d'argent
qui se font attendre.
Je comprends, Mme la ministre, que le rôle de la ministre
déléguée à la Condition féminine n'est pas
de tout repos. C'est peut-être l'une des fonctions les plus difficiles au
sein d'un cabinet de ministres parce que très souvent on n'a pas
toujours l'oreille attentive des différents collègues et
très souvent aussi les préoccupations d'ordre économique
se font toujours plus importantes et imposantes à l'endroit de
l'ensemble des collègues que la part de la condition féminine
dans notre société. Souvent quand on parle dans notre jargon
politique, on dit que la ministre occupe surtout un poste horizontal Cela veut
dire que cela l'oblige à être en constante relation avec ses
collègues des autres ministères pour faire valoir les
revendications des femmes et pour que ses collègues puissent bien
comprendre quelles sont ces revendications.
La ministre déléguée à la Condition
féminine, à cause de son titre particulier, doit faire preuve de
beaucoup d'initiative. Même si on en parle, même si on en donne
l'impression - on a fait un grand pas, bien sûr - la place des femmes
dans la société n'est pas encore ancrée dans les
mentalités. Même si on parle de progrès constants,
l'égalité n'est pas encore tout à fait acquise. C'est
pourquoi la ministre doit faire preuve de beaucoup d'initiative, si elle veut
que ses collègues puissent prêter attention aux revendications des
femmes. Elle doit surtout être tenace et ne jamais hésiter
à dire tout haut son opinion lorsqu'une décision de son
gouvernement affecte l'opinion et les conditions des femmes du
Québec.
Dernièrement, la ministre aurait eu l'occasion de prendre parti
publiquement et de défendre les intérêts d'un groupe de
femmes qui se sont manifestées dans une campagne de visibilité.
Alors que, récemment, le R des centres de femmes était en
campagne de visibilité, la ministre s'est faite très
discrète. Elle a choisi de ne pas rendre public son appui aux centres de
femmes. Pourtant, nous savons que la ministre a collaboré à cette
campagne en versant 2000 $ et en mettant un attaché politique à
la disposition des centres de femmes.
Il est déplorable que la ministre n'affirme pas tout haut ses
convictions. Je pense que la
ministre préfère travailler dans l'ombre, mais je ne pense
pas que c'est de cette façon que nous ferons avancer rapidement et
substantiellement les groupes de femmes. Depuis fort longtemps, la plupart des
groupes de femmes réclament du gouvernement une politique claire de
financement, pour leur permettre une stabilité et une continuité
dans leurs exercices et dans les services qu'ils peuvent donner aux femmes qui
sont en attente et qui ont des besoins pressants.
La ministre va-t-elle réellement faire les pressions
nécessaires auprès de sa collègue, la ministre de la
Santé et des Services sociaux? Tout ce qu'on sait, c'est qu'il y aura
une étude, une prise en considération au cours de l'année,
qu'il y aura une possibilité de politique, mais il n'y a rien de
sûr encore. Tout semble dire que, quant à l'aide financière
et à une politique claire de financement, les établissements qui
s'occupent des groupes de femmes devront attendre encore pendant au moins un an
avant de pouvoir compter sur une stabilité financière pour leurs
activités, ce qui met à l'épreuve de nombreuses personnes
qui oeuvrent dans ces centres de femmes, dans différents groupes ou
maisons d'hébergement, notamment les CALACS, le R des centres de femmes
et les centres d'hébergement. Quelques-uns disparaissent, quelques
autres survivent et quelques autres tentent désespérément
à se maintenir, par des efforts démesurés, dans certains
cas, puisque ce sont une permanente et quelques bénévoles qui
assurent la survie de ces regroupements et de ces centres de femmes.
Lors de la commission parlementaire sur la réforme de l'aide
sociale, quoi qu'elle en dise dans son énoncé, la ministre est
restée passablement muette. Nous ne l'avons pas entendue, une autre
fois, sur la place publique défendre les intérêts des
femmes, car ce sont elles qui devront payer la note et faire les frais de cette
réforme. Nous avons vu qu'un grand nombre de femmes chefs de famille
monoparentale seront directement pénalisées par cette
réforme et que toutes ces jeunes femmes qui ont de la difficulté
à cause de la précarité des emplois, qu'on leur offre plus
souvent qu'autrement, seront prises à partie. Ce sont elles, encore une
fois, qui auront de la difficulté à faire face à cette
égalité, à cette intégrité à
l'intérieur de notre société.
J'ose espérer que la ministre divulguera les recommandations
qu'elle a dû faire au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, puisque celui-ci s'apprête à
vouloir mettre sa réforme en application. Il serait fort
intéressant que nous le sachions parce que, pendant tout le temps de la
commission parlementaire, la ministre a été plutôt
attentive à ce que les femmes ont dit. Elle en a pris bonne note, mais
nous ne savons pas jusqu'où, justement, elle a porté ses
commentaires et jusqu'où elle a porté ses recommandations
à son collègue, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Un autre sujet, où il aurait été intéressant
d'entendre publiquement la ministre prendre partie ou se compromettre, est ce
qui concerne le Régime de rentes du Québec pour les femmes. Parce
que le Régime de rentes du Québec fait partie des promesses du
gouvernement du Parti libéral et les femmes exigent que les
travailleuses au foyer puissent enfin avoir accès au Régime de
rentes du Québec. Je sais que la ministre déléguée
à la Condition féminine mentionnait qu'une rencontre devait avoir
lieu avec le premier ministre à cet effet, au mois d'avril. J'aimerais
bien qu'on puisse savoir si cette rencontre a eu lieu, quels résultats
en sont ressortis et quand il y aura un énoncé, un projet de
politique ou un avant-projet de politique qui favoriserait et permettrait
justement à l'ensemble des travailleuses au foyer d'avoir accès
au Régime de rentes du Québec.
Il semble, de plus, évident que le gouvernement sera incapable de
tenir ses promesses électorales. Il reste à savoir si les membres
du cabinet auront l'honnêteté de l'annoncer aux femmes du
Québec ou s'ils repousseront l'échéance déjà
dépassée. L'intérêt de la ministre dans ce dossier
est incertain. Ce ne sont pas seulement des intentions dont les femmes ont
besoin. Ce sont réellement des faits concrets, vraiment, comme on dit,
des poignées qui leur permettront d'avancer et de pouvoir vraiment
compter sur des réalisations qui leur permettront de penser et
d'espérer qu'elles aussi pourront avoir accès au Régime de
rentes du Québec.
J'espère, Mme la ministre, que vous allez vous manifester
très bientôt et que vous pourrez nous annoncer, vous par rapport
à votre gouvernement, vos objectifs et les moyens que vous entendez
mettre de l'avant pour que votre gouvernement puisse enfin réaliser un
avant-projet de loi qui permettra aux femmes et à l'ensemble des
travailleuses au foyer l'accès au Régime de rentes du
Québec
En ce qui concerne les programmes d'accès à
l'égalité, le gouvernement du Parti libéral fait
état à profusion des programmes d'accès à
l'égalité en l'emploi destinés à réduire les
injustices créées à l'égard de certains groupes de
la société. Dans les discours qu'il tient, le gouvernement semble
avoir décidé de céder aux femmes la place qui leur
revient. Pourtant, à l'analyse des faits, une foule de contradictions
surgissent. Au moment même où le gouvernement parle de
l'implantation des programmes d'accès à l'égalité
à tous les niveaux de la société, il n'a engagé que
22 femmes à des postes de cadres supérieurs sur un total de 135
postes à combler. La préférence n'est allée aux
femmes que dans 16 % des cas. Comment le gouvernement espère-t-ii
atteindre cet objectif? Cela est très inquiétant.
Nous pourrions donner, en exemple et en modèle, deux groupes
très particuliers où la ministre pourrait, là aussi,
démontrer ses intentions et sa volonté réelle, favoriser
et donner un cas type et un modèle à l'ensemble des groupes
qui revend iquement un programme d'accès à
l'égalité. Il s'agit de deux groupes d'employés du
gouvernement même qui mènent actuellement une lutte pour obtenir
des conditions de travail plus équitables. Il s'agit des
secrétaires représentées par le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec ainsi qu'un groupe de femmes
représentant six catégories de professsions. Ces dernières
fonctionnent au sein du Syndicat de professionnelles et professionnels du
gouvernement du Québec. Il m'apparaît tout à fait
incohérent que, d'un côté, le gouvernement manifeste son
désir d'implanter des programmes d'accès à
l'égalité et que, de l'autre, il laisse traîner en longueur
des conflits qui pénalisent les femmes victimes de discrimination. La
collaboration de la ministre est nécessaire dans ce dossier. Elle doit
être vigilante et veiller à ce que les programmes du gouvernement
soient respectés et que la règle d'équité soit
appliquée partout au sein de la fonction publique. Le gouvernement doit
assurer son rôle de leadership dans cette affaire et créer un
effet d'entraînement qui serait sans doute bénéfique pour
l'amélioration de la condition féminine en général
au Québec. (10 h 45)
Quant aux nouvelles techniques de reproduction, j'ai bien vu à
quel point la ministre faisait grand état des efforts de Mme McKenzie
pour, justement, permettre le débat et, aussi, l'orienter sur ces
nouvelles techniques de reproduction qui sont difficilement mesurables quant
à leur impact social et à l'éthique dans nos
sociétés modernes.
Nous avons eu vent récemment du fait que la présidente du
Conseil du statut de la femme avait été victime d'une
procédure de censure injustifiable et intolérable dans le cadre
des discussions sur la question des nouvelles techniques de reproduction.
Il est impensable que la pensée de la présidente d'un
organisme public représentant les groupes de femmes soit
censurée. Comme les femmes attendent les résultats du
comité chargé d'étudier cette question depuis
décembre 1987, j'espère que l'étude sera
dévoilée très bientôt et qu'elle inclura l'opinion
de Mme Francine McKenzie. Le comité, s'il se respecte, publiera
l'opinion de cette dame qui est soucieuse de l'avancement de la condition des
femmes du Québec. Il est nécessaire que toute la lumière
soit faite sur les raisons qui ont incité le comité à
laisser pour compte l'opinion de la présidente du Conseil du statut de
la femme.
Quant aux garderies, nous avons de nombreuses questions pour la ministre
déléguée à la Condition féminine. Les
crédits présentés sèment l'inquiétude chez
les parents, les regroupements et les associations des services de garde.
À la veille du dépôt d'une politique des services de garde
et du dépôt d'une politique familiale, on se serait attendu
à des efforts considérables de la part du gouvernement et
à des actions significatives pour soutenir les familles
québécoises.
Or, selon les crédits prévus pour 1988-1989, le
développement du nombre de places sera moindre cette année par
rapport à l'an dernier. C'est une coupure de 2 200 000 $ en subventions
pour le soutien aux garderies pour les enfants handicapés, le maintien
des pouponnières, l'implantation et le logement. Il s'agit d'un net
recul, et nous nous Interrogerons sérieusement sur la volonté et
la capacité de la ministre à défendre ce dossier
auprès de ses collègues.
Il y a évidemment un tas d'autres dossiers pour lesquels nous
pouvons aussi souligner la nécessité de l'implication de la
ministre et avoir davantage d'éclaircissements sur ces dossiers.
Au sujet de la perception des pensions alimentaires, cela devait avoir
lieu à l'automne 1987, mais nous avons appris récemment que ce ne
sera que pour l'année qui est présentement en cours. En ce qui
concerne la nouvelle politique d'obligation contractuelle du gouvernement, il
reste beaucoup de choses encore en suspens, sur lesquelles nous voudrions en
savoir davantage. Au sujet de l'équité économique entre
les conjoints, en fait, un projet de loi devait être
préparé à l'automne 1987.
Quant à la reconduction du projet de loi 58 relatif aux
régimes complémentaires de retraite, le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu devait prendre une
décision à cet effet au cours de 1987-1988. Et il y a les
effectifs de Consult-Action.
En conclusion, M. le Président, cette année sera
l'année de la femme nous disait la ministre
déléguée à la Condition féminine. Afin que
ce souhait devienne réalité, le gouvernement devra être
plus attentif aux demandes des femmes et donner de meilleures réponses
aux groupes de femmes aux prises avec de graves difficultés
financières.
Je pense, entre autres, aux CALACS et aux 80 centres de femmes du
Québec qui, pour survivre, ont besoin d'un politique claire de
financement. La présence active de la ministre dans ce dossier, comme
dans tous les autres, est absolument nécessaire. La ministre a le
pouvoir d'intervenir auprès de ses collègues ministres. J'ose
espérer qu'elle utilisera ce droit aussi souvent que ce sera
nécessaire pour faire avancer la cause des femmes, car nous pouvons nous
apercevoir que les gains acquis dans la cause des femmes sont dus à la
ténacité des femmes et à leur détermination
à faire en sorte qu'on puisse répondre à leurs besoins.
Ces femmes ont justement besoin, dans le milieu politique plus qu'ailleurs, que
les responsables du dossier de la condition féminine prennent la parole
et soient capables, auprès de leurs collègues, d'influencer et
d'indiquer des mesures concrètes pour faire en sorte que les
réformes nécessaires pour changer les mentalités
transparaissent dans nos lois le plus promptement et le plus efficacement, et
qu'elles se traduisent surtout dans les crédits budgétaires par
des sommes d'argent importantes qui permettront une
action concrète dans toutes les différentes orientations
favorisant, d'une part, le mieux-être et l'égalité des
femmes, leur égalité sur le plan économique et sur le plan
de l'intégration sociale, et surtout une reconnaissance des femmes qui
sont des personnes pleines et entières dans notre société
et qui doivent y jouer un rôle important et
prépondérant.
C'est tout un défi, M. le Président, et j'en suis
très consciente, mais, si nous sommes élues et si nous avons
cette responsabilité du dossier de la condition féminine, nous
devons malheureusement le faire quelquefois en dehors des lignes de parti et
nous devons nous positionner par rapport à l'avancement de la cause des
femmes plutôt que par une ligne de parti. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Thuringer): Mme la ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay (réplique)
Mme Gagnon-Tremblay: Heureusement, M. le Président, qu'on
a l'étude des crédits pour pouvoir rectifier certains faits ou
pour éclairer, parce que je me rends compte que, bien souvent, on n'est
pas vraiment au courant de tous les budgets, de toutes les sommes ou de tout le
travail consacrés à la condition féminine.
Comme le mentionnait la députée de Marie-Victorin, c'est
vrai que la condition féminine est un dossier de coordination, alors
que, lorsqu'on parle de budget, il est sûr que, quand on regarde, par
exemple, le budget du Secrétariat à la condition féminine
qui est de 2 189 400 $ et celui du Conseil du statut de la femme qui est de 3
825 800 $, à ce moment-là, on est porté à croire
que, oui, les budgets sont quand même minimes comparativement à
d'autres ressources. Sauf qu'il faut vous dire que, dans chacun des autres
ministères, par contre, on retrouve des budgets alloués à
la condition féminine. J'aurai l'occasion tout à l'heure de vous
faire rapport plus en détail de toutes ces sommes allouées dans
beaucoup d'autres ministères, mais qui, finalement, ne figurent pas au
Secrétariat à la condition féminine.
Je voudrais parler, entre autres, des centres de femmes. On semble
m'accuser de ne pas avoir pris position et de ne pas avoir suffisamment
été sur la place publique pour défendre les centres de
femmes. Vous savez, M. le Président, il s'agit d'un style de gestion
peut-être très différent de celui qu'on avait connu
auparavant. J'avoue que je ne suis pas une femme de spectacle, une femme qui va
sur la place publique toutes les semaines ou régulièrement pour
donner les bons coups. Je pense que ce qui est important, c'est l'action, les
réalisations, et c'est sur cela qu'on sera en mesure de définir
si j'ai bien joué mon rôle ou non.
Quant aux centres de femmes, on a mentionné que j'ai
alloué les services d'une attachée politique pour les aider, et
je dois vous dire que j'ai été la première à
suggérer aux centres de femmes de se donner un véritable cadre de
référence et de se faire connaître dans tout le
Québec, pour éliminer certains préjugés que la
population pouvait parfois avoir et faire connaître davantage le travail
fait par les femmes dans les centres de femmes. J'ai assisté, entre
autres, à la conférence de presse tenue à Montréal
par les centres de femmes, lors du lancement de leur campagne de
visibilité. J'ai assisté encore la semaine dernière
à la rencontre du caucus des députés avec le groupe des
centres de femmes, j'ai organisé différentes rencontres avec les
ministres concernés, je leur ai donné certaines stratégies
d'action et elles ont obtenu la semaine dernière une rencontre avec la
ministre dans le but d'augmenter leur budget.
Vous savez que l'année dernière avait été,
quant au financement, l'année des centres d'hébergement pour
femmes violentées. Nous avons également les CALACS, les centres
de femmes. Il y a aussi le rapport de la commission Rochon sur les organismes
communautaires qui a été déposé. Mme Lavoie-Roux
entend donner suite à ce rapport aussi. Finalement, le dossier des
centres de femmes est étudié en rapport avec cela quant à
une politique de financement. On m'a mentionné qu'à la suite de
la rencontre que le R des centres de femmes avait obtenu avec la ministre, Mme
Lavoie-Roux, on était très satisfait de cette rencontre et qu'on
avait tout lieu de croire que, cette année, on pourrait quand même
augmenter les sommes prévues pour les centres de femmes.
Maintenant, quant au financement des groupes de femmes, tout simplement
pour vous donner un léger aperçu des subventions qu'on accorde
actuellement, vous avez les maisons d'hébergement, les regroupements. Il
y a 67 maisons d'hébergement pour femmes violentées excluant le
"per diem", parce qu'en plus de cela, vous savez, ils ont un "per diem".
Maintenant, en 1987-1988, les subventions étaient d'environ 9 183 182 $.
Il y a également un montant de 195 000 $ qui a été
ajouté pour sept ressources pour conjoints violents. À
l'intérieur aussi de cette année, dans le cadre de l'Année
internationale du logement des sans-abri, douze maisons d'hébergement
pour femmes se sont vu accorder des subventions totalisant 3 650 000 $ pour
créer des unités de logement. Parmi celles-ci, on retrouve six
maisons d'hébergement pour femmes violentées pour un total de 1
823 000 $ qui s'ajoutent également aux 9 000 000 $. On est porté
parfois à différencier ces sommes, et, finalement, cela,
s'adresse quand même à la même clientèle.
Grâce au fonds de soutien de la Société d'habitation
du Québec, aussi constitué pour l'Année internationale du
logement des sans-abri, 55 maisons d'hébergement pour femmes ont
reçu 724 000 $ pour de l'équipement, de l'ameublement ou des
projets spéciaux. Parmi celles-ci, on
retrouve 42 maisons d'hébergement pour femmes violentées,
577 542 $. Vous avez les CALACS et regroupements: 17 centres pour victimes se
sont partagés 739 000 $. Les centres de femmes, ils étaient au
nombre de 44 subventionnés l'année dernière pour un
montant de 568 400 $. Les quatre centres de santé pour femmes ont
été subventionnés également pour un montant de 106
000 $. Ce qui fait un total de 10 791 000 $, à part les 3 650 000 $ et
en même temps des 724 000 $ qui ont été reçus dans
le cadre de l'Année internationale du logement des sans-abri.
Il y a d'autres sommes qui se sont ajoutées aussi. C'est certain
que, quand on parle de financement, M. le Président, et qu'on touche la
clientèle des femmes, clientèle qui est démunie, on a
toujours l'impression qu'on n'en a jamais suffisamment. Mais il y a des efforts
quand même incroyables qui ont été faits depuis les
dernières années. C'était la première fois qu'on
accordait aux centres d'hébergement pour femmes violentées un
financement de trois ans. Maintenant, les centres d'hébergement pour
femmes violentées sont en mesure de planifier leur financement puisqu'on
leur a enfin donné un montant sur une période de trois ans. Il
faut dire que la différence des montants, la variation, entre 1986-1987
et 1987-1988 est de tout près de 44 % d'augmentation: 2 811 294 $ ont
été ajoutés entre les deux années, ce qui signifie
quand même 44 % d'augmentation. Je pense que l'effort est
considérable. Mais, comme je vous le mentionnais, compte tenu des
besoins dans ces secteurs, c'est sûr qu'on doit encore être
très vigilants et faire en sorte qu'on puisse aller chercher davantage.
Mais je pense que notre volonté d'agir dans ce sens est drôlement
démontrée.
On a parlé du Régime de rentes du Québec. Oui, il y
a eu une rencontre avec l'AFEAS, entre autres, qui avait demandé cette
rencontre avec le premier ministre. Elle a eu lieu, si ma mémoire est
fidèle, en février. À ce moment-là, je
m'étais engagée envers le groupe à les rencontrer en avril
dans le but de leur faire part des différents scénarios qui
avaient été élaborés par le ministère des
Finances et des études qui avaient été menées tout
au cours de la dernière année concernant la participation au
Régime de rentes du Québec. (11 heures)
Vous comprenez qu'actuellement je travaille avec vigueur sur la
politique des services de garde, alors, cette rencontre aura lieu possiblement
au début de mai. Je pense que les contacts sont déjà faits
avec l'AFEAS dans le but de les rencontrer le plus rapidement possible.
Actuellement, mes énergies sont vraiment concentrées sur la
politique des services de garde, mais j'espère rencontrer ces groupes le
plus rapidement possible. Il faut vous dire que, depuis l'élaboration
des différents scénarios, nous sommes à travailler
à d'autres possibilités et qu'il y a quand même des mesures
qui font en sorte qu'on puisse reconnaître le travaS de la travailleuse
au foyer dans le cadre du projet de partage des droits économiques qui
sera connu, je l'espère, bientôt.
Quant aux programmes d'accès à l'égalité, on
disait qu'ils comportaient certaines contradictions, mais, moi, je suis
très flère des programmes d'accès à
l'égalité. Nous avons décidé d'aller dans ce sens
parce que nous croyons que c'est la meilleure façon de faire des gains
et que c'est quand même important d'expérimenter à fond
cette façon de procéder. Je vous parlais des entreprises
privées tout à l'heure. Il y a déjà 17 entreprises
privées qui ont signé des ententes-cadres avec le
gouvernement.
Mme Vermette: M. le Président, je voudrais juste poser une
question. Nous allons procéder dossier par dossier. Donc, nous allons
prendre tous ces points les uns à la suite des autres.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah bon, d'accord. Le Président (M.
Thuringer): D'accord.
Mme Vermette: Alors, on pourrait peut-être commencer
à procéder par éléments.
Mme Gagnon-Tremblay: Parfait! D'accord.
Étude des crédits
Le Président (M. Thuringer): D'accord, merci. Je pense
qu'il y a eu entente pour étudier les crédits. Ce matin, on va
commencer avec le programme du Conseil exécutif qui touche la promotion
des droits des femmes. Ensuite, on verra le programme 1, Conseil du statut de
la femme. Cet après-midi, on étudiera le programme 2: Office des
services de garde à l'enfance. Est-ce que cela vous va?
Mme Vermette: Oui, ça va.
Secrétariat à la condition
féminine
Le Président (M. Thuringer): On va donc commencer avec le
programme 3. Est-ce qu'il y a des questions?
Promotion des droits des femmes Variation des
crédits
Mme Vermette: Oui. M. le Président. En ce qui concerne les
éléments de programme 3 sur la promotion des droits des femmes,
j'aimerais avoir beaucoup plus de détails, parce que, comme c'est
là, on voit une variation de 23,2 %, mais cette variation s'explique
à cause des crédits périmés de l'année
dernière. J'aimerais connaître le montant des crédits
périmés dans le budget de 1987-1988.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que, au programme 3, vous parlez du
Secrétariat à la condition féminine et du...
Mme Vermette: Du Conseil exécutif sur la promotion des
droits des femmes qui est le Secrétariat à la condition
féminine.
Mme Gagnon-Tremblay: Le montant qui a été
périmé pour le Secrétariat à la condition
féminine, y compris les éléments 1 et 2, est de 164 000
$.
Mme Vermette: C'est tel que vous...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela, tel qu'il vous a
été fourni dans la liste que vous avez demandée.
Mme Vermette: Bon, voilà! Quelles sont les dépenses
estimées au 31 mars 1988? Est-ce que ce sont exactement les 2250 $,
comme il apparaît dans les dépenses?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, forcément, c'est la
différence.
Mme Vermette: Dans ce que vous nous avez envoyé dans le
cahier, c'est ce que j'aurais aimé comprendre dans la ventilation. Ce
qu'on a reçu, c'est que les dépenses estimées au 31 mars
1988 totalisaient 1 956 600 $. Ici, on arrive à 2 250 000 $. Je voudrais
vérifier où est la différence.
Mme Gagnon-Tremblay: Je demanderais à Mme Brodeur...
Mme Vermette: C'est dans...
Mme Gagnon-Tremblay: ...de répondre à cette
question.
Mme Vermette: ...le cahier bleu des annexes...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Vermette: ...que nous avons reçu, section 2, annexe
A.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela...
Mme Brodeur (Nicole): Je pourrais répondre...
Le Président (M. Thuringer): Mme Brodeur, oui.
Mme Brodeur: ...à Mme la députée. Je suis
Nicole Brodeur. Si on additionne les dépenses estimées pour
l'élément 01, qui sont de 619 700 $, et celles de
l'élément 02, qui sont de 1 946 500 $, on se retrouve à 2
567 200 $ - en calculant rapidement - plus les crédits
périmés de 164 000 $, soit, à ce moment-là, 2 730
000 $. Je pense que cela couvre le budget en entier.
Mme Vermette: Cela va. Donc, si je comprends bien la
stratégie qui a été déployée sur le plan des
crédits, c'est que, l'année passée, on avait fait des
prévisions budgétaires très élevées et qu'on
n'a pas utilisé toutes ces sommes d'argent, de sorte que, lorsqu'on
compare les dépenses probables avec les crédits, c'est ce qui
fait une augmentation de 23 % mais, en réalité, cela ne donne pas
réellement ces sommes d'argent. Une augmentation de 23,2 % n'est pas
réelle, puisqu'il y a eu énormément de crédits
périmés, c'est-à-dire 164 000 $. Tout compte fait, cette
année, on ne peut pas dire qu'il y a eu de l'argent neuf d'investi dans
le programme 3: Promotion des droits des femmes.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, c'est quand même un
élément... C'est du fonctionnement. Il n'y a pas de
stratégie là-dedans. Je pense qu'à un moment donné,
on évalue et on fait un budget, et, en cours de route, il peut arriver
des choses. Vous avez du personnel. Le secrétariat est composé
majoritairement d'un personnel féminin, alors, vous avez des
congés de maternité, toute la question de fonctionnement du
personnel. Il peut très bien arriver qu'il y ait une
légère différence entre le budget présenté
et les crédits qu'on a à périmer, ce qui arrive dans tous
les ministères d'ailleurs. Je ne vois pas de stratégie pour faire
en sorte qu'on puisse périmer, à la fin de l'année, des
sommes ou qu'on surestime en début d'année. Je pense que cela se
fait comme cela à l'intérieur de tous les autres
ministères.
Mme Vermette: Non, mais c'est parce que, lorsqu'on regarde comme
cela, à la lecture, on a l'impression qu'il y a une augmentation
très substantielle relativement aux sommes d'argent qui seront
versées à l'intérieur des différents programmes. On
s'aperçoit que, tout compte fait, à la lecture de la ventilation,
il n'y a absolument pas d'augmentation. Il n'y a pas d'argent neuf, tout compte
fait. Qu'est-ce qui est arrivé des crédits périmés,
puisqu'il y en a eu pour 164 000 $? Donc, où cet argent a-t-il
été dépensé?
Programmes d'accès à
l'égalité
Mme Gagnon-Tremblay: II y a quand même eu... Entre le
montant... Est-ce que tu peux...
Mme Brodeur: Alors, pour répondre à Mme la
députée, dans les 164 000 $ de crédits
périmés, il y a eu 100 000 $ qui provenaient des budgets de
transfert aux entreprises privées pour les programmes d'accès
à l'égalité. D'autre part, il y a eu 64 000 $ qui
provenaient, en partie, du budget du secrétariat et, en partie aussi,
d'un
budget qui avait été transféré de l'Office
des services de garde à l'enfance au Secrétariat à la
condition féminine pour la gestion des budgets du comité
consultatif, mis en place par la ministre déléguée
à la Condition féminine l'an dernier, sur les services de garde
à l'enfance.
Alors, le montant de 100 000 $ qui provenait des budgets de transfert
destinés aux entreprises pour les programmes d'accès à
l'égalité, c'est un budget qu'on a accepté de
périmer parce que, dans la planification, en tout cas, dans le
déroulement du recrutement des entreprises, on n'avait pas réussi
à retrouver, dans les délais prévus pour coïncider
avec l'année financière, les entreprises en question. Par contre,
le Conseil du trésor nous a garanti que les 1 000 000 $ qui avaient
été prévus en budgets de transfert pour la mise en place
des programmes d'accès à l'égalité dans les
entreprises privées nous seraient autorisés. Alors, plutôt
que d'avoir le budget sur deux ans, on se trouve à l'avoir sur trois
ans.
Mme Vermette: Cela veut dire que, l'année dernière,
ce qui a été dépensé relativement aux programmes
d'accès à l'égalité, c'est 400 000 $.
Mme Brodeur: Je vais vérifier cela, je vais vous dire cela
dans une seconde, si vous me le permettez. Voilà, je m'y retrouve.
Effectivement, Mme la députée, ce qui a été
dépensé en 1987-1988, c'est 410 000 $.
Mme Vermette: Est-ce que cela veut dire que les 100 000 $ qui ont
été périmés se retrouveront pour l'exercice
financier 1988-1989, ce qui fait que cette année, cela demeure toujours
500 000 $. On n'a pas augmenté à 600 000 $.
Mme Brodeur: Non, non.
Mme Vermette: On a maintenu finalement.
Mme Brodeur: Oui. Si vous me le permettez, M. le
Président, ce que je dois préciser à Mme la
députée, c'est que ce qui avait été autorisé
en budgets de transfert au total était de 1 000 000 $. Alors, on nous
avait autorisé ce montant sur deux ans, sauf que, la mise en place du
programme se déroulant plus lentement que prévu, on va obtenir ce
montant de 1 000 000 $ sur trois ans plutôt que sur deux ans. Le Conseil
du trésor va quand même nous donner encore 500 000 $ l'an
prochain.
Mme Vermette: Tantôt vous m'avez dit: C'est parce que nous
n'avons pas pu rencontrer dans des délais suffisants le nombre
d'entreprises qu'on s'était donné comme objectif. Donc, est-ce
que cela veut dire que cela représente les 50 000 $ donnés aux 17
entreprises qui ont voulu se prévaloir d'un programme d'accès
à l'égalité?
Mme Brodeur: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous nous étions fixé un
objectif de 20. La première année nous avons signé dix
ententes-cadre avec les entreprises. Nous venons de signer tout
récemment avec sept autres entreprises. Nous sommes à la
recherche de deux autres entreprises qui touchent davantage les
communautés culturelles.
Mme Vermette: Bon, cela va. Donc, ce qui veut dire que vous allez
dépenser ces 1 000 000 $ sur une période de trois ans
plutôt que sur une période de deux ans, mais que, cette
année, il n'y a pas d'argent neuf finalement.
Mme Gagnon-Tremblay: Parce que cela a pris un peu plus de temps
pour recruter les entreprises.
Mme Vermette: Mon Dieu, ce n'est pas facile de demander des
programmes d'accès à l'égalité.
Mme Gagnon-Tremblay: Comme finalement on accorde une partie de la
subvention au tout début et qu'on accorde le reste de la subvention
seulement lorsqu'ils déposent leurs analyses, à ce
moment-là, il peut arriver aussi qu'on joue sur deux années
financières selon le dépôt de leurs analyses.
Mme Vermette: De toute façon, on ira un peu plus loin
à un moment donné dans ces programmes. Il y a plusieurs questions
sur cela...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est très complexe d'ailleurs.
Mme Vermette: ...parce que le volet le plus important en ce qui
concerne ce programme d'accès à l'égalité, c'est sa
création finalement. En ce qui a trait à votre cabinet, Mme la
ministre, ce sont aussi les mêmes transferts. Il n'y a pas eu
d'augmentation, c'est 50 000 $; 50 000 $ pour l'année dernière et
50 000 $ pour cette année. Est-ce que là aussi il y a eu des
crédits périmés?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous parlez du budget discrétionnaire
de 50 000 $.
Mme Vermette: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, on a tout dépensé.
Mme Vermette: Vous avez tout dépensé?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, avec plaisir. J'aimerais même
changer de colonne; avoir la colonne 2 à la place de la colonne 1.
Mme Vermette: Oui, je pense que les demandes ne manquent pas dans
ce sens, finale-
ment, quand on regarde l'ensemble des groupes. C'est indicatif de
quelque chose. Cela veut dire que notre système a des failles à
des places, s'il faut qu'on ait tous des systèmes parallèles.
Mme Gagnon-Tremblay: Remarquez qu'il y a peut-être beaucoup
d'autres subventions qui sont accordées dans d'autres ministères,
sauf que j'imagine que cela va avec les budgets.
Mme Vermette: Oui. Si un jour on arrive à faire tout le
ménage de tout ce qui se passe, peut-être qu'on arrivera à
trouver. La prévention est une chose très importante. Très
souvent, la plupart de ces groupes font de la prévention. C'est une
question de priorité finalement.
Dans les programmes d'accès à l'égalité en
emploi dans le réseau public et parapublic, si je me fie... Votre
objectif, lorsque vous avez mis de l'avant votre programme en mai 1986,
était d'atteindre d'ici trois ans 36 commissions scolaires, 30
collèges, 12 universités, 30 établissements du secteur des
services de santé et des services sociaux, et une vingtaine de
municipalités. En fait, cela faisait partie de vos objectifs lors de la
mise en place du programme qui fait partie de votre plan d'action. On est
presque rendu aux deux tiers du programme, puisqu'il y a déjà
deux ans de faits, un peu plus de deux ans, mais disons deux ans bien faits.
(11 h 15)
Si je regarde, toujours dans le livre bleu, à l'heure actuelle,
dans les commissions scolaires, on s'aperçoit que cela progresse
très lentement, tout compte fait. Dans le milieu scolaire, quand on fait
tout le calcul des commissions scolaires relativement à l'objectif - 36,
20 plus 12, ce qui représente 68 - ce qui fait comme moyenne qu'il y a,
à l'heure actuelle, 24 établissements sur 68 dans le milieu
scolaire et universitaire qui ont emboîté le pas dans un programme
d'accès à l'égalité, ce qui ne représente,
tout compte fait, que 32,5 % des organismes dans les réseaux des
commissions scolaires et des universités. C'est très lent comme
rythme et comme statistiques, et je me demande, s'ils vont prendre les
bouchées plus que doubles, d'ici trois ans, pour atteindre votre
objectif fixé pour 1989, puisqu'on est rendus à près des
deux tiers du programme dans les commissions scolaires et qu'on n'a que 32,5 %.
Ce n'est pas beaucoup, tout compte fait.
Pour ce qui est des établissements du secteur des services de
santé, il n'y en a que 5 sur 30 établissements, ce qui
représente un sixième. Dans les municipalités, il n'y en a
que 8 sur 20. Je trouve qu'on y va très lentement. Est-ce qu'on
piétine sur place? Est-ce que ce sont les études qui prennent du
temps à arriver? Est-ce une difficulté de compréhension ou
un changement de mentalité qui tarde à venir dans ces
différents endroits? Ce qui m'étonne, c'est que dans le milieu
scolaire, ce sont majoritairement des femmes, dans le secteur de la
santé et des services sociaux, il y a beaucoup de femmes aussi, et dans
les municipalités, il commence à y en avoir un peu plus, mais H y
a quand même beaucoup de personnel féminin.
Quand je vous parlais de manifester votre volonté, je pense que
c'est une forme de manifestation de votre volonté pour établir un
rythme de croisière ou de développement dans ces
différents programmes. Parce que si on laisse les choses aller
d'elles-mêmes, on s'aperçoit que c'est lent. Pour atteindre votre
objectif, donc, je pense qu'on aurait besoin de directives plus fermes, de
façon qu'on puisse accéder à un rythme plus visible
relativement aux objectifs.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais essayer de faire un
résumé. Dans le secteur de l'éducation, on avait
prévu élaborer et implanter un programme d'accès à
l'égalité dans 36 commissions scolaires. Actuellement, 13
commissions scolaires participent au projet pilote. On en a eu en 1986-1987,
1987-1988, et on prétend qu'en 1988-1989, on pourra entreprendre six
nouveaux projets. Au terme de l'intervention de trois ans, 19 commissions
scolaires au lieu de 36, prétend-on, recevront un soutien financier et
technique. L'écart entre les deux résulte, finalement, du choix
du ministère de l'Éducation de disposer de moins de projets, mais
de s'assurer d'une meilleure qualité. C'est dans cette optique que le
soutien financier initialement prévu de 30 000 $ par
établissement a été haussé à 50 000 $.
On rencontre actuellement certaines difficultés. Je pense, entre
autres, à la question d'argent. On se rend compte que pour chacun des
projets, les analyses demandées à chaque établissement
sont beaucoup plus coûteuses que ce qu'on avait prévu. Le
ministère de l'Éducation a donc décidé qu'il serait
probablement préférable d'avoir moins de commissions scolaires
pour expérimenter et de leur donner plus d'argent, pour être en
mesure de faire une étude ou des études de qualité.
Maintenant, on se bute parfois aussi à certains comités
paritaires. Il faut dire qu'on travaille avec le patronat et avec les
syndicats. Alors, cela aussi peut parfois apporter des délais qui
n'avaient pas été prévus. Il y a la qualité des
projets aussi. Parce que ce n'est pas tout d'avoir et d'expérimenter une
quantité de projets, mais leur qualité est tout à fait
importante dans le cadre d'une expérimentation. Et aussi, pour nous, il
y a la question de développer des modèles. Or, c'est cela qui est
important, si par la suite on veut vraiment songer à étendre le
programme sur une plus longue période. On songera peut-être
à étendre davantage des programmes sur une quatrième
année plutôt que sur trois ans parce qu'on se rend compte que,
compte tenu des études et des analyses qui sont entrées, le temps
est court. Trois ans, c'est quand même court.
J'ai parlé tout à l'heure des commissions scolaires, des
collèges et des universités. Il y a douze projets qui sont en
cours, actuellement,
dans les universités. Dans le milieu municipal, il y a
déjà huit municipalités, mais j'entendais justement des
représentants de la ville de Sherbrooke tout récemment qui
mentionnaient qu'il y avait un délai. Ils accumulent un délai
également à cause des analyses. Alors, on se rend compte que
toute la démarche, finalement, prend plus de temps qu'on ne l'avait
estimé, compte tenu de la qualité des recherches et des analyses,
et des demandes dont on a besoin pour vraiment avoir un modèle qui
pourra nous permettre, par la suite, de continuer à l'étendre
à d'autres municipalités.
Je pense à la santé et aux services sociaux, où il
y a quand même cinq projets pilotes qui ont entrepris leurs
activités en 1987-1988.
Et, naturellement, il y a l'éducation, la santé et les
services sociaux, le monde municipal et le secteur privé. Dans le
secteur privé, je vous disais qu'il y avait 17 entreprises. Il y en a
dix qui ont déjà travaillé à différentes
analyses dans le courant de l'année et qui ont produit leur analyse en
mars. Il y en a sept nouvelles qui viennent d'être recrutées, et
nous sommes à la recherche de deux autres entreprises pour terminer,
pour avoir un bloc suffisant qui nous permettra d'avoir un portrait assez
réel de l'entreprise privée.
Mme Vermette: M. le Président, juste une précision
pour Mme la ministre. J'aimerais qu'on puisse faire, d'une part, les secteurs
public et parapublic, les municipalités, secteur privé, secteur
public. On pourrait le faire par secteur, par tranche...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. Thuringer): J'aimerais reconnaître
le député de Chambly.
M. Latulippe: Mme la ministre, je vois dans votre étude,
toujours en rapport avec le Conseil exécutif, que vous avez
commandé un sondage SORECOM en février 1988 en rapport avec les
préférences des parents quant au mode de garde des enfants.
Pouvez-vous me dire quel était l'objectif de ce sondage-là et
qu'est-ce qui y était contenu?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est parce qu'on m'avait dit qu'on...
M. Latulippe: Mais c'est toujours dans le même...
Mme Gagnon-Tremblay: ...attendait pour les services de garde et
qu'on en discuterait cet après-midi. Alors, c'est pour cela...
M. Latulippe: C'est parce que c'était dans les
crédits du Conseil exécutif. C'est pour cela que je pose la
question maintenant.
Mme Gagnon-Tremblay: Une petite minute.
Mme Vermette: ...le programme 3. Cela fart l'objet d'un autre
programme.
Le Président (M. Thuringer): M. le député,
est-ce qu'on peut garder cette question pour cet après-midi?
M. Latulippe: Oui, oui, je vais la garder.
Le Président (M. Thuringer): On y reviendra. >
M. Latulippe: Mais j'aurais peut-être une autre question -
j'espère que je ne serai pas hors du sujet cette fois-ci - sur le
Secrétariat à la condition féminine. Vous avez un budget
pour les communications dans l'élément Fonctionnement et autres
dépenses. Toujours pour la question du droit des femmes, quels sont les
efforts que vous faites quant à la communication et quel type d'efforts
en particulier faites-vous auprès de la clientèle des femmes
défavorisées, des femmes assistées sociales, par exemple?
Parce qu'on sait que ce sont elles qui ont souvent le plus de problèmes
autant à faire valoir leurs droits qu'à réintégrer
le marché du travail. D'ailleurs le sondage qui a été
rendu public hier par le ministre Paradis est assez éloquent à ce
point de vue là. Il est assez troublant même. Il démontre
comment les femmes assistées sociales, surtout celles qui ont des
enfants, sont celles qui ont le plus de problèmes dans notre
société. Quels sont les efforts que vous faites quant à la
communication?
Mme Gagnon-Tremblay: II faut dire qu'en ce qui a trait aux
communications, ce n'est pas le service pour lequel on a le plus de sous. C'est
que les communications se font quand même à l'intérieur de
chacun des différents ministères quand il y a un programme
spécifique qui touche les femmes. Je pense entre autres à la
violence. On retrouve à ce sujet toute la question des communications
davantage au ministère de la Justice, au ministère de la
Santé et des Services sociaux et même au Solliciteur
général. Les communications sont, pour nous, davantage
liées à la documentation qu'on fait imprimer. Je pense, par
exemple, à la pochette "Vers l'égalité", le plan d'action
qu'on a élaboré; je pense aussi à différentes
petites brochures, entre autres "Les femmes et le crédit" que le
secrétariat vient de plubier tout récemment. On en a fait
l'annonce hier. Il y a aussi le bulletin "à la une", qui est
publié tous les deux mois et qui est envoyé à tous les
groupes de femmes de même qu'à ceux qui en font la demande. Il y a
aussi certaines affiches qui sont faites; on en a fait une tout
récemment sur la violence, pour les femmes autochtones. Pour nous,
finalement, cela se résume davantage à de la documentation ou
à des brochures, des affiches; c'est beaucoup plus
comme cela pour la communication, mais on fait rarement de
publicité payée à la radio ou à la
télévision. C'est beaucoup plus pour les autres
ministères.
M. Latulippe: Donc, il n'y a pas d'efforts spécifiques qui
sont faits vis-à-vis de la clientèle des femmes assistées
sociales.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu qui a à faire ce
genre de communications.
M. Latulippe: Compte tenu de la réforme de l'aide sociale
proposée par le ministre, M. Paradis, au sujet de laquelle vous avez
émis vous-même certaines réserves tout à l'heure et
pour laquelle j'ai beaucoup de réserves, quelle est votre opinion sur
les efforts qui devraient être faits quant aux liens à faire avec
les femmes assistées sociales compte tenu de la réforme, vu que
cette réforme aura aussi un impact sur ces femmes et puisque ce sont
elles qui ont le plus de problèmes à se réintégrer
dans la société?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qu'on a fait, c'est qu'on a permis aux
femmes de venir s'exprimer. Je pense que c'était quelque chose
d'important. Lors de la commission parlementaire, quantité de groupes de
femmes sont venus faire valoir leur point de vue en soumettant des
mémoires. C'était finalement l'un des meilleurs objectifs qu'on
pouvait avoir pour permettre à ces femmes-là de se faire
entendre. Finalement, on présume que ces femmes sont quand même
représentées par le milieu d'où elles proviennent.
M. Latulippe: Mais pour ce qui est de votre ministère,
pour l'avenir, au sujet de la réforme?
Mme Gagnon-Tremblay: II faut dire qu'on n'a pas de crédits
pour faire de la publicité ou quoi que ce soit pour ce genre de
clientèle. Comme je vous mentionne, on a quand même un budget
d'environ 2 000 000 $, alors, vous comprenez qu'on ne peut pas, sur une large
échelle, faire de publicité pour quelque groupe de femmes que ce
soit. On essaie davantage de garder ces sommes pour qu'elles servent à
des brochures, à de la documentation ou à des choses comme
cela.
M. Latulippe: Merci.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: J'ai été heureuse des questions que
le député a posées parce que cela faisait partie de mon
allocution, savoir en fin de compte - vous avez bien écouté, je
sais que vous avez l'oreille très attentive, mais on s'attend à
plus que cela - les recommandations auprès de votre collègue,
pour en tout cas empêcher...
J'abonde un peu dans ce sens-là.
Pour revenir à nos programmes d'accès à
l'égalité, Mme la ministre, je voudrais avoir plus de
précisions en ce qui concerne vos objectifs. Vous êtes à la
baisse maintenant parce que vous faites une relation qualité-coût.
Alors, en ce qui concerne les commissions scolaires, j'aimerais savoir si vous
êtes aussi à la baisse avec les collèges, les
universités, les municipalités et les établissements du
secteur santé. Vous m'avez dit que, maintenant, au lieu d'être sur
trois ans, ce sera sur quatre ans, est-ce que c'est comme cela pour l'ensemble
des municipalités dans le parapu- blic? Envisagez-vous de diminuer aussi
votre quota pour ces différents groupes?
Mme Gagnon-Tremblay: II est important de dire que nous ne sommes
pas à la baisse, mais que nous sommes en expérimentation. Nous
expérimentons une formule qui est toute nouvelle au Québec. Dans
ce cadre-là, il est important, pour nous, d'aller chercher les
meilleures analyses, d'aller chercher la meilleure expérience que
peuvent avoir soit les commissions scolaires, soit les gens du secteur de la
santé et des services sociaux ou les municipalités. C'est la
qualité qui est importante. Quand je dis que, peut-être, on aura
à reporter sur une autre année ou à penser à une
quatrième année, encore là, il faudra voir au cours de
l'année. (11 h 30)
Un comité consultatif est formé et il doit me faire des
recommandations bientôt, à mi-chemin; il est là aussi pour
faire des recommandations à la toute fin des trois années. Au fur
et à mesure, on doit s'adapter, et, si, par contre, en cours de route,
on rencontre des difficultés, on doit essayer de les surmonter, et c'est
parfois la raison pour laquelle on doit changer certaines méthodes,
parce qu'on est vraiment à l'état expérimental.
Mme Vermette: Ce qui m'amène à une autre question,
M. le Président. Vous savez que la qualité peut se circonscrire
dans le temps pour autant qu'on ait des objectifs très clairs et
très précis à atteindre. Je le sais fort bien, car, dans
les entreprises privées, cela fait très souvent partie de leurs
plans d'organisation, et elles ont toujours un échéancier, des
délais, et quand ily a une rentabilité à obtenir,
cela ne leur prend pas de temps pour trouver la qualité et le temps. On
fait toujours preuve de beaucoup de parcimonie en ce qui concerne les
critères pour arriver à dire qu'on veut, à un moment
précis, les voir mis en application ou du moins avoir des
résultats. Vous semblez dire qu'on est presque à mi-chemin du
programme et que le comité doit faire rapport. Mais, après la
mise en application d'un programme, pour faire leur diagnostic, tous ces
comités devaient vous faire rapport après neuf mois. Vous devez
sûrement avoir des résultats à l'heure actuelle.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais il ne faut pas mélanger les
comités, le rapport des différentes institutions, par exemple, et
le rapport du comité consultatif que j'ai formé et qui est
composé de douze membres, dont quatre représentants des groupes
de femmes, quatre représentants du patronat et quatre
représentants du monde syndical, qui est présidé par Mme
McNeil. C'est un comité complètement à part, qui est
là pour surveiller la mise en place des programmes d'accès
à l'égalité et, en même temps, pour faire des
recommandations sur l'évolution du dossier.
Finalement, dans le règlement sur les programmes d'accès
à l'égalité, les principaux éléments qui
doivent être inclus dans les programmes sont quand même
définis. Je pense aux objectifs et aux mesures nécessaires pour
corriger les effets de la situation de discrimination constatée,
à la question de l'échéancier et des mécanismes de
contrôle. Une fois qu'on aura défini les principaux
éléments, il faudra préciser les analyses
préalables à l'établissement des objectifs et des mesures.
On retrouve donc l'analyse d'effectifs qui présente la proportion des
employés du groupe cible par rapport à l'ensemble des
employés par groupe ou type d'emploi; on retrouve l'analyse de
disponibilité qui indique la proportion de membres des groupes cibles
disponibles pour occuper un groupe ou un type d'emploi, l'analyse du
système d'emploi qui vise à identifier toute règle,
directive, politique, décision ou pratique de gestion de l'entreprise
qui pourrait avoir, par exemple, un effet discriminatoire à
l'égard des groupes cibles. Mais, lorsqu'on a à faire ces
différentes analyses, il peut arriver, à un moment donné,
qu'on se bute sur des difficultés. Et je pense, entre autres, que si on
n'a pas une collaboration entre le patronat et les syndicats, i! peut arriver
que ce soit beaucoup plus difficile d'arriver à établir une
analyse du système d'emploi. Alors je pense qu'il faut que l'ensemble
collabore aux différentes étapes d'analyse pour être en
mesure d'implanter un programme d'accès à
l'égalité. C'est pour cela que chaque entreprise y va à
son rythme.
Je dois vous dire quant aux ententes-cadres qu'on avait signées
avec dix entreprises privées l'année dernière, que ces
entreprises nous ont fait rapport en mars. Nous avons déjà des
rapports de ces dix entreprises. Cette année est vraiment l'année
d'implantation des programmes d'accès à l'égalité
et nous travaillons donc avec les entreprises privées pour les implanter
cette année. Les sept autres qui viennent de signer l'entente-cadre
auront à faire la même démarche que les autres, et, autant
que possible, Comme on a eu l'expérience de ces dix, on essaiera
d'éviter les problèmes qu'ont pu encourir les dix
premières entreprises.
Mme Vermette: Ce que vous venez de dire est intéressant,
Mme la ministre, mais j'aimerais revenir au parapublic et aux
municipalités. Est-ce qu'il y a des objectifs précis? Vous avez
parlé d'objectifs, donc quels sont, d'une part, les objectifs
précis et, d'autre part, à quelle étape en sont rendus ces
différents organismes qui ont voulu participer à ces programmes?
Si je regarde, entre autres, un cégep qui est très avancé,
le cégep Édouard-Monîpetit, ils ont fait, il me semble, un
assez bon diagnostic, et on doit être en train de rédiger un plan
d'action, j'imagine. Avez-vous considéré que le cégep
Édouard-Montpetit pourrait être un modèle pour l'ensemble
des autres cégeps du réseau?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprenez que je n'ai pas en
détail les rapports de chacune des commissions scolaires ou de chacun
des cégeps. C'est sûr que le cégep Édouard-Montpetit
ayant déjà déposé ces études, cela va
permettre de servir de modèle à d'autres.
Pour revenir, entre autres, au municipal, on pourrait peut-être
les passer un à un, pour finalement ne pas avoir à revenir sur
chacun, parce que là on se promène de l'éducation au
secteur privé, au municipal. Peut-être qu'on pourrait
vérifier les municipalités, et je vous donnerais l'état du
dossier, l'état de la situation.
Mme Vermette: C'est le deuxième volet de ma question. Mais
le premier volet était en regard des objectifs. Quels sont les
objectifs?
Vous avez dit qu'il fallait avoir des objectjfs précis, alors je
vous ai demandé quels sont les objectifs précis?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous voulez dire les objectifs poursuivis
par les programmes d'accès à l'égalité?
Mme Vermette: Non, ce qui est prévu en fin de compte par
les programmes d'accès à l'égalité. Quels sont
lés objectifs précis que vous vous êtes donnés
à atteindre?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, c'est que mes objectifs
précis sur les programmes d'accès à
l'égalité sont les mêmes que ceux définis dans le
règlement. Ce n'est pas à mol de définir les objectifs. Le
règlement définit les principaux éléments qui
doivent être inclus dans les programmes. À partir de cela, les
objectifs poursuivis quant à l'amélioration de leur
présentation des membres des groupes cibles, sont exprimés en
nombre et en pourcentage pour chaque catégorie, secteur ou service
visé dans une entreprise. Vous avez les mesures nécessaires pour
corriger les effets de la situation de la discrimination qu'on constate. On a
prévu l'échéancier pour l'atteinte des objectifs et
l'implantation des mesures prévues et les mécanismes de
contrôle pour évaluer les progrès et déterminer les
ajustements nécessaires. Tout cela, ce sont des éléments
qui sont déjà prévus dans le règlement concernant
les programmes d'accès à l'égalité.
Maintenant, ce qui est important, c'est de faire nos analyses pour
répondre à ces principaux
éléments, ces objectifs prévus, dans le but
justement d'implanter nos programmes d'accès à
l'égalité, et les résultats on les connaîtra...
Remarquez que cela fait 20 ans qu'existent les programmes d'accès
à l'égalité aux États-Unis. On commence à en
voir lés résultats. Ce ne sont pas des résultats qu'on va
quand même pouvoir voir sur la place publique demain matin.
Mme Vermette: Finalement, ce que vous avez dit tantôt,
c'est que vous respectiez le rythme des différents organismes. Il n'y a
pas d'objectif quant à un nombre arrêté par votre
ministère à l'heure actuelle?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire qu'on avait certains
objectifs selon le secteur, le secteur municipal, le secteur de
l'éducation. Mais comme je vous le mentionnais, on s'est rendu compte en
ce qui concerne l'éducation, entre autres, que les analyses
étaient plus coûteuses que prévues. Les commissions
scolaires, les cégeps avaient de la difficulté parce que ces
analyses leur demandaient beaucoup plus d'efforts en termes d'argent. Donc,
nous avons plutôt décidé d'expérimenter moins de
projets, mais de le faire d'une meilleure façon en leur accordant
davantage d'argent. Ce qui veut dire que les sommes qui avaient
été prévues pour le milieu scolaire, dans le secteur de
l'éducation, sur les trois années pour un total de 1 368 000 $,
seront partagées par un plus petit nombre, mais que ces institutions
recevront 50 000 $ au lieu de 30 000 $ tel que prévu au tout
début.
Mme Vermette: De toute façon, ce qu'on dit, c'est que vous
n'avez pas vraiment d'objectifs. Maintenant les objectifs que vous vous
étiez donnés au point de départ en ce qui concerne le
nombre d'organismes à atteindre peuvent être changés. Tout
dépend de la qualité et tout dépend de la capacité
à coordonner les différentes activités avec les
différentes parties en présence. C'est cela. Ça va.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est toujours en tant qu'expérience
pilote. Ce sont des expériences pilotes et, naturellement, on a à
discuter de ces expériences aussi avec les centrales syndicales.
Comparativement, au terme de l'intervention de trois ans, il nous
apparaît que 19 commissions scolaires, entre autres, au lieu de 36 auront
reçu l'aide financière et technique. Comme je le mentionnais,
l'écart est dû au fait qu'on a préféré donner
plus d'argent à moins de commissions scolaires pour assurer une
meilleure qualité à l'expérience pilote.
Mme Vermette: J>i on prend l'autre volet dans %
secteur_jarjyé en novembre 1987, il y avait dëfar
T7^entreprises qui participaient aux programmes d'accès à
l'égalité en emploi. En mars 1987, il y a toujours 17
entreprises, et vous êtes toujours à la recherche de deux
entreprises qui donneraient des postes aux femmes des communautés
culturelles. Est-ce que vous entrevoyez prochainement l'annonce de ces deux
entreprises manquantes à votre liste, qui favoriseraient les
différents groupes ethniques et culturels?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous ai mentionné que les dix
entreprises qui ont signé l'avaient fait l'année dernière
et que les sept autres venaient tout juste de signer. Nous avons fait une
rencontre de presse en février ou mars. Alors, les sept autres viennent
tout juste de signer l'entente-cadre dans le secteur privé. Quant aux
deux autres, nous sommes encore à la recherche, comme je vous le
mentionnais, d'une entreprise où il y aurait davantage de membres des
communautés culturelles. Cela n'a pas été tellement facile
de trouver ces 17 entreprises, parce qu'on pensait aux régions, on
pensait aussi au nombre d'employés, on essayait de trouver une
représentation de main-d'oeuvre davantage féminine. On a
essayé de retracer des entreprises qui pourraient nous donner un
portrait assez complet de l'ensemble de la main-d'oeuvre au Québec pour
nous permettre d'expérimenter véritablement. On me dit que, quant
aux entreprises favorisant les communautés culturelles, d'ici la fin de
l'été, on devrait être en mesure de signer une
entente-cadre avec ces deux autres entreprises.
Mme Vermette: Mme la ministre, de quelle façon te
secrétariat peut-il contrôler les sommes d'argent qui sont
investies dans les entreprises? Combien de personnes avez-vous au
secrétariat dont la principale fonction est le contrôle?
Mme Gagnon-Tremblay: II faut dire que, depuis que ces
démarches ont été entreprises, il y a eu des sessions de
formation. Cinq sessions de formation ont été données aux
entreprises sur les différentes étapes de la phase diagnostique
d'un programme d'accès à l'égalité par la
Commission des droits de la personne et par le Secrétariat à la
condition féminine, parce qu'il faut dire qu'on travaille aussi en
collaboration avec la Commission des droits de la personne. De façon
régulière, les chargés de dossiers du Secrétariat
à la condition féminine ont rencontré les responsables
dans les entreprises pilotes pour assurer un suivi, fournir des conseils,
discuter de la démarche et répondre à leurs questions. On
a développé des outils et un aide-mémoire, entre autres,
qui a été conçu par le Secrétariat à la
condition féminine et distribué aux entreprises. Avec cet outil,
on poursuit trois objectifs qui sont la compilation de renseignements et
commentaires à des fins d'évaluation, la description
détaillée des différents éléments
réalisés pour compléter chacune des étapes, et
c'est un outil de suivi pour les chargés de dossiers au
Secrétariat à la condition féminine. On a distribué
de la documentation sur les lois et règlements relatifs
aux programmes d'accès à l'égalité au
Québec, au Canada, en France et aux États-Unis. On a
également distribué des documents sur des programmes
d'accès à l'égalité implantés dans des
entreprises canadiennes...
Mme Vermette: M. le Président, je trouve
intéressant ce que dit la ministre, mais ma question n'était pas
tout à fait dans ce sens. Je sais que vous avez fait beaucoup
d'information, mais c'était en regard du contrôle que j'ai
posé une question...
Mme Gagnon-Tremblay: Bien, il faut commencer...
Mme Vermette:... pour savoir comment se faisait le
contrôle. Vous avez investi 50 000 $ dans les entreprises.
Êtes-vous sûre que ces 50 000 $ que vous avez donnés aux
entreprises ont été réellement appliqués à
des programmes d'accès à l'égalité qui ont
favorisé la recherche et le diagnostic? Vous donniez 50 000 $ à
la condition que les entreprises triplent la mise. Combien d'entreprises ont
triplé la mise à l'heure actuelle?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr qu'il y a eu un
contrôle. Premièrement, pas une seule entreprise n'a reçu
la somme sans avoir signé un protocole d'entente. Le coût relatif
au démarrage et à la mise en oeuvre d'un programme d'accès
à l'égalité est évalué à environ 67
000 $. La subvention est d'au maximum 50 000 $, ce qui représente
environ 75 % de ce coût, et, pour beaucoup d'entreprises, cela s'est
élevé à 100 000 $. Je pense, entre autres, à !a FTQ
qui me disait récemment qu'elle avait largement dépassé la
subvention qui avait été accordée. (11 h 45)
La subvention était versée en deux tranches, et c'est
là que le contrôle est effectué. La première tranche
est versée pour la réalisation du diagnostic et seulement une
fois que le protocole d'entente est signé par les entreprises. Pour
qu'il y ait signature du protocole d'entente, il faut, au départ, que
les entreprises acceptent de travailler dans le cadre prévu et aussi
contrôlé par le secrétariat. Donc, une fois que la
réalisation du diagnostic a été déposée,
c'est seulement à ce moment-là qu'on verse la deuxième
tranche pour l'Implantation du programme d'accès à
l'égalité. Ce qui veut dire que le secrétariat a à
contrôler toutes les études diagnostiques avant de remettre les
sommes aux entreprises.
Mme Vermette: J'imagine que le diagnostic a été
fait, vous m'avez dit, dans dix entreprises?
Est-ce que c'est possible d'avoir le dépôt de ces documents
pour qu'on puisse en prendre connaissance?
Mme Gagnon-Tremblay: Non. Vous comprenez qu'il s'agit de
systèmes d'emplois, donc des données confidentielles qu'on ne
peut - d'ailleurs, c'était quand même l'inquiétude des
entreprises - divulguer à moins d'obtenir le consentement de
l'entreprise.
Mme Vermette: Tantôt, vous sembliez dire que certaines
entreprises avaient même dû dépasser largement les 50 000 $;
elles avaient investi jusqu'à 100 000 $. D'après les protocoles
d'entente, elles doivent tripler. Donc, les 100 000 $, ce n'est pas
exorbitant...
Mme Gagnon-Tremblay: Non, non.
Mme Vermette:... c'est tout simplement selon les ententes.
Non?
Mme Gagnon-Tremblay: Dans le protocole d'entente, il est
prévu que l'entreprise doit... La subvention représente 75 %; le
quart doit être...
Mme Vermette: C'est 75 % des 50 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: Des 50 000 $, c'est cela.
Mme Vermette: Ah bon! Elles ne doivent pas tripler,
finalement...
Mme Gagnon-Tremblay: Non, non. Mme Vermette:... les sommes
investies.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a plusieurs entreprises qui ont
dépassé, naturellement, parce qu'en cours de route, elles se sont
rendu compte que c'était beaucoup plus dispendieux. Mais elles ont
continué quand même, elles ont accepté de continuer
l'expérience. Elles ne sont pas revenues pour autant nous demander une
somme supplémentaire. Comme c'était prévu que
c'était 50 000 $ dont une tranche de 30 000 $ allouée pour la
réalisation du diagnostic et une deuxième tranche de 20 000 $
pour la mise en oeuvre du programme d'accès a l'égalité,
c'est sûr qu'il n'était pas prévu qu'on ajoute quelque
somme que ce soit.
Mme Vermette: De toute façon, c'est rentable,
jusqu'à un certain point, pour les entreprises. Cela leur permet de
revoir leurs normes en ce qui concerne les définitions d'emplois, tout
simplement.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce sont des avantages pour les
employeurs...
Mme Vermette: C'est cela.
Mme Gagnon-Tremblay:... et pour les employés.
Mme Vermette: C'est cela. Cela permet de
dépoussiérer certaines choses, finalement.
Mme Gagnon-Tremblay: Exactement.
Mme Vermette: Toujours dans le même programme, mais
à un élément différent, c'est-à-dire les
programmes d'accès à l'égalité en emploi dans la
fonction publique, où je pense on peut avoir de fortes surprises.
À mon avis, c'est assez interrogatif. En fin de compte, je pense que
c'est là qu'on devrait donner le ton et c'est là qu'il tarde le
plus à venir des programmes d'égalité en emploi ou la
reconnaissance, du moins, de l'existence des programmes. Là plus
qu'ailleurs, je pense que c'est très lent, actuellement, pour atteindre
l'égalité.
Le 10 septembre 1987, il y avait une mise en oeuvre des programmes
d'accès à l'égalité dans la fonction publique.
L'objectif au 31 mars 1990, c'est 12 % de femmes cadres supérieurs; dans
le personnel enseignant et professionnel, c'est 27, 5 %. Pour ce qui est du
personnel de bureau et des techniciens assimilés, il y a 59, 3 % de
femmes. Est-ce que le gouvernement entend, par des mesures d'accès
à l'égalité, favoriser ou réaliser une analyse en
collaboration avec le ministère et les organismes et faire en sorte
qu'un bon nombre de femmes puisse accéder à des métiers
non traditionnels?
Mme Gagnon-Tremblay: Comme vous le mentionniez, le programme du
Conseil du trésor, qui a été rendu public en septembre
1987 en matière d'accès a l'égalité pour la
fonction publique, a quand même une durée de trois ans. Alors,
contrairement au programme d'accès à l'égalité,
dans la fonction publique, nous nous sommes donné des objectifs
quantitatifs pour des catégories d'emplois comme les cadres
supérieurs, les professionnels, les ouvriers et les agents de la paix.
Naturellement, c'est depuis septembre 1987. C'est sûr qu'on ne peut pas
en voir les effets immédiatement. Chaque ministère a quand
même l'obligation de se donner ses objectifs quantitatifs. Il faut quand
même laisser un peu de temps, une période, avant qu'on puisse
véritablement en voir les effets.
Mme Vermette: Mme la ministre, l'an dernier il y avait 135 postes
de cadres supérieurs qui ont été comblés par voie
de promotion ou par l'embauche de nouveaux venus. On a choisi 113 hommes et
seulement 22 femmes, ce qui représente 16 %. C'est un rapport de
l'Office des ressources humaines du ministère gouvernemental. Ce qui
semble vouloir dire qu'actuellement, les postes pour les femmes ne sont pas
comblés aussi rapidement aux postes de cadres supérieurs.
J'aimerais savoir de la part de votre ministère combien il y a de postes
qui étaient occupés par des femmes qui ont été
comblés en emploi supérieur, ont été aussi
comblés par d'autres femmes ou combien d'autres postes qui
étaient occupés par des femmes ont été
comblés par des femmes? Il semble y avoir une tendance à l'heure
actuelle à une diminution des postes des femmes dans la fonction
publique.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais répondre à la
première partie et on pourra compléter ma réponse. C'est
toujours très difficile d'évaluer, de faire des comparaisons.
Souvent c'est aussi selon le nombre d'emplois qu'on a créés.
Actuellement, dans les secteurs public et parapublic, il faut dire que le
rythme d'embauché et de remplacement n'est pas ce qu'il était
autrefois. Si je prends, par exemple, depuis 1985, la proportion des femmes
à l'emploi qu'on mentionne comme administrateurs et en emplois
supérieurs semble s'être accrue de 21 %. La dernière
année 1987-1988, c'est 4, 3 % de femmes de plus qui se sont
ajoutées, alors que le nombre total d'emplois dans cette
catégorie a diminué de 2, 6 %. Il faut faire attention et il faut
aussi prendre en compte la diminution d'une catégorie d'emploi. Dans la
sous-catégorie des administrateurs, la croissance du nombre de femmes
est de 30 % de 1985 à 1988, alors que le nombre total d'emplois dans
cette catégorie a diminué de 1 % dans la même
période. Dans l'année 1987, 10 % du nombre de femmes s'est
ajouté. Je pense à la catégorie des sous-ministres et des
sous-ministres adjoints. Cette catégorie connaissait une
décroissance de 1985 à 1987, et on a vu le nombre de femmes dans
ces emplois augmenter de 57 %; il est passé de sept à quatorze.
Dans les organismes gouvernementaux, le nombre des dirigeantes à temps
complet s'est accru de 100 %, de sept à quatorze depuis 1985 alors que
le nombre total des dirigeants d'organismes a diminué de 51 %. Dans la
seule année 1987, on note une progression de 90 % de plus à ces
postes, alors que le nombre total a diminué de 1 %. Si on prend en
compte la progression du nombre de postes par rapport à la diminution
dans chacun des postes, les femmes sont gagnantes à bien des
égards. C'est sûr que c'est toujours lent, ça
l'était en 1985. Je vois ici des coupures de presse de février
1985, par exemple, où on dit: Les femmes n'ont fait aucun réel
progrès depuis un an. Les femmes ont conquis bien peu de postes de
commande sous le gouvernement du Parti québécois. C'est sûr
que cela ne bouge pas à notre goût au cours des années,
cela ne bouge pas assez rapidement, mais il y a des efforts qui sont faits dans
ce sens. J'ose espérer qu'avec le programme d'accès à
l'égalité qu'on s'est donné dans la fonction publique et
qui est un programme en rapport avec la quantité, ce qui est très
différent des autres secteurs, on pourra quand même avec tous ces
efforts voir une évolution de la représentation féminine
dans les différentes catégories.
Mme Vermette: Mme la ministre, vous êtes en poste à
l'heure actuelle. C'est fort heureux pour les femmes, elles vont avoir des
programmes tellement substantiels. Or, vous avez une chance
actuellement dans un dossier très particulier qui est celui des
agents de secrétariat, le nouveau corps d'emploi, le
classement-moquette. Est-ce que vous allez accepter la sentence et allez faire
des pressions auprès de votre gouvernement pour qu'il accepte la
sentence du juge Jacques Viens, de la Cour supérieure, et que ce
jugement soit mis en application, ce qui voudrait dire une amélioration
de 1000 $ pour chaque agent de secrétariat dans la fonction
publique.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprendrez que ce n'est pas un dossier
récent. Finalement, on a réussi...
Mme Vermette: Non, mais c'est vous qui êtes en place
présentement, donc c'est vous qui devriez voir à le
régler.
Mme Gagnon-Tremblay: Je suis sûre que je peux intervenir en
tant que ministre déléguée à la Condition
féminine, mais vous comprendrez que ce n'est pas moi qui traite ce
dossier. En abolissant le classement-moquette, on a quand même franchi un
pas important puisque, maintenant, les secrétaires sont classées
selon les tâches qu'elles ont à accomplir et non selon le niveau
hiérarchique de leur supérieur. C'est un dossier qui comporte
plusieurs facettes. On a pu prendre connaissance d'une de ces facettes par la
voie des journaux, entre autres celle du Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec. Il s'agit d'une problématique
accumulée depuis quatre ans. C'est une décision très
récente, sur un dossier qui a quatre ans d'histoire. Le Conseil du
trésor analyse sérieusement le dossier et je reste en contact
avec le président du Conseil du trésor. Vous comprendrez qu'il y
a beaucoup d'intervenants dans ce dossier.
Mme Vermette: Vous comprendrez, Mme la ministre, que c'est une
occasion privilégiée pour votre gouvernement, qui veut que cette
année soit l'année de la femme, de faire en sorte, justement,
qu'on respecte le jugement et qu'on n'aille pas devant les tribunaux
supérieurs.
En ce qui concerne la discrimination systémique, les femmes sont
quatre fois plus nombreuses que les hommes dans six catégories de
professionnels au gouvernement: les agents culturels, les agents d'information,
les bibliothécaires, les traducteurs, les travailleurs sociaux et les
diététistes. Or, ces six catégories de travailleurs sont
moins rémunérées que les autres catégories
équivalentes de professionnels, bien que les études requises pour
accéder à ces postes soient aussi longues que pour les autres
postes.
J'aimerais savoir si vous ferez en sorte que l'équité
salariale pourra s'appliquer dans ces cas et si vous profiterez de l'occasion
pour favoriser l'équité salariale entre les hommes et les femmes
en cette année 1988-1989 que vous avez décrétée
année des femmes.
Mme Gagnon-Tremblay: Le concept d'équité salariale,
ce n'est pas nouveau, est couvert par l'article 19 de la Charte des droits et
libertés de la personne depuis très longtemps. Il faut dire que
le syndicat des professionnels accepte l'offre du gouvernement de prolonger les
conventions collectives pour pouvoir approfondir davantage le dossier de
l'équité salariale. Actuellement, 1 y a effectivement un
écart salarial dans les secteurs public et parapublic. Le salaire des
femmes représente 84 % du salaire des hommes, sort un écart de 16
%, mais cet écart est quand même beaucoup moindre que dans le
secteur privé, grâce à de nombreuses négociations
collectives qui ont eu lieu au cours des 20 dernières années.
Actuellement, nous avons privilégié les programmes
d'accès à l'égalité contrairement au gouvernement
ontarien, par exemple, qui a décidé d'aller de l'avant avec
l'équité salariale. Comme je vous le dis, nous avons
déjà ce concept d'équité salariale à
l'article 19 de la Charte des droits et libertés de la personne. Nous
croyons qu'avec nos programmes d'accès à l'égalité,
nous pourrons obtenir les résultats escomptés, nous pourrons
faire progresser le dossier de ces travailleuses. Actuellement, vous savez que
nous avons fait des offres à l'ensemble des syndicats. Les syndicats ont
fait valoir leur point de vue et comptent en faire un cheval de bataille dans
le cadre des prochaines négociations. À ce moment-là, nous
verrons. (12 heures)
Mme Vermette: Dans le cas des bibliothécaires,
l'écart entre les échelles de salaire peut aller jusqu'à
11 % entre les hommes et les femmes. Une bonne partie des
bibliothécaires sont engagés par l'Assemblée nationale. Je
pense qu'on pourrait peut-être faire preuve d'un peu plus... En tout cas,
face à ce groupe d'employés professionnels, nous devrions
démontrer une plus grande ouverture d'esprit, à mon avis, et on
le pourrait aussi. Déjà en 1979, le gouvernement du Parti
québécois avait reconnu un petit peu sa faute dans ce
dossier-là et avait accordé un montant forfaitaire de 1000 $ pour
ce groupe de travailleuses. Et, ma foi, peut-être que vous pourriez aussi
dire cela au cabinet des ministres et faire les pressions nécessaires
pour qu'ils soient aussi généreux que l'a été le
gouvernement du Parti québécois en 1979 vis-à-vis de ce
corps d'emploi.
Mme la ministre, en ce qui concerne l'obligation contractuelle, je sais
que vous vous réjouissez énormément de l'annonce que vous
avez faite le 21 avril et qui... Et je me souviens très bien, pour avoir
assisté au dîner qu'avait offert la Fédération des
femmes du Québec, où on s'attendait à ce que le premier
ministre annonce quelque chose de vraiment faramineux pour les groupes de
femmes, que c'est la noirceur qui nous est apparue. Et ce n'est que quelques
jours plus tard que le ministre des Approvisionnements et Services a
annoncé une politique d'obligation contractuelle qui sera mise
de l'avant par votre gouvernement, de sorte que l'ensemble des
entreprises qu! ont 100 employés et plus et qui ont des contrats de 100
000 $ de sous-traitance ou de tout ordre avec le gouvernement devront avoir un
programme d'accès à l'égalité.
C'est bien beau cette annonce, mais maintenant, concrètement, de
quelle façon cela va-t-il se réaliser? À partir de quand
le règlement sera-t-il mis en application? Est-ce que les
différentes entreprises ont déjà eu des rencontres avec
des représentants de la Commission des droits de la personne pour mettre
ces programmes en application? Finalement, on a fait une belle annonce mais que
comporte cette annonce en réalité, concrètement? Quand le
règlement sera-t-il mis en application?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez, justement, le ministre des
Approvisionnements et Services a fait l'annonce de l'application du
règlement. Il a annoncé que le règlement sera
modifié. Finalement, nous prétendons que cette année les
modalités d'opérationalisation de l'obligation contractuelle en
ce qui concerne les contrats de biens et de services seront bientôt
arrêtées. Au départ, vous avez les biens et services et
vous avez les subventions. Quant aux biens et services, je pense que c'est
arrêté maintenant, on en a fait l'annonce. Quant à la
question des subventions, il s'agit maintenant de s'entendre avec l'ensemble
des ministères parce que les subventions sont données, non pas
à partir du ministère des Approvisionnements et Services, mais
à partir de l'ensemble des autres ministères. On retrouve des
subventions dans tous les autres ministères. On avait formé un
comité en ce qui concerne les contrats de construction parce qu'il y
avait quand même certains problèmes du fait que, dans la
construction, il y a beaucoup plus de mobilité et que, pour
l'application, c'était un petit peu plus difficile. Ce comité a
remis son rapport au ministre récemment, à la fin de mars, et on
doit prendre une décision sur la question de la construction.
Maintenant, je ne sais pas, j'ai peut-être oublié votre
première question.
Mme Vermette: C'est très important en tout cas, pour les
femmes qui pourront en bénéficier. À partir de quand sera
mise en vigueur cette politique?
Mme Gagnon-Tremblay: À mon avis, on devrait être en
mesure à l'automne 1988. On devrait...
Mme Vermette: Vous devriez être en mesure, mais il n'y a
pas de certitude?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, ce qui arrive, c'est que
tout est prêt, tout est quand même prévu. Il y a beaucoup de
paperasse à organiser, beaucoup de documents qu'il faut être en
mesure de produire aux entreprises. Actuellement, le ministère des
Approvisionnements et Services est à jour. Il n'y a pas eu de retard.
Comme je vous l'ai dit, il y a certains problèmes quant aux subventions
parce qu'on touche l'ensemble de tous les autres ministères. Il faut une
certaine harmonisation et une certaine coordination entre tout cela.
Jusqu'à maintenant, il ne semble pas y avoir eu de retard. Le tout
devrait être en application à l'automne 1988.
Mme Vermette: Depuis le temps, Mme la ministre, qu'on parle de la
politique d'obligation contractuelle...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, on l'a annoncée l'automne
dernier.
Mme Vermette: ...cela faisait partie de vos promesses. Je trouve
que... J'aurais pensé qu'on aurait avancé plus vite...
Mme Gagnon-Tremblay: On l'a annoncée l'automne
dernier.
Mme Vermette: ...plus rapidement et que, déjà, tout
aurait été mis en place et qu'on aurait pu procéder. Mais
avez-vous déjà au moins fait la répartition des
entreprises de 100 employés, qui ont des contrats de 100 000 $ et plus?
Déjà, y a-t-il un répertoire? Avez-vous une
évaluation?
Mme Gagnon-Tremblay: Le ministère des
Approvisionnements et Services a déjà fait un inventaire
de toutes les entreprises de 100 employés et plus et qui auront
à...
Mme Vermette: Combien cela représente-t-il...
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, pour donner le...
Mme Vermette: ...d'entreprises environ?
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas le nombre exact. Il est
sûr qu'on serait davantage en mesure de vous répondre dans
d'autres ministères. Mais, si ma mémoire est fidèle,
lorsqu'on avait décidé d'affecter l'obligation contractuelle aux
entreprises de 100 employés et plus, c'était parce qu'on avait
quand même un nombre approximatif et on se disait qu'il faut quand
même essayer d'affecter le plus d'entreprises possible. Je pense que cela
peut jouer entre 150 et 175 environ. Mais je ne pourrais pas vous donner le
nombre exact.
Mme Vermette: Vous estimez que vous allez toucher environ combien
d'entreprises?
Mme Gagnon-Tremblay: Environ 175, peut-être de 150, 175
à 200, mais c'est très
difficile à dire, je ne peux pas vous donner le nombre
exact...
Mme Vermette: Et ces entreprises devront implanter un
programme...
Mme Gagnon-Tremblay: ...des entreprises qui ont 100
employés et plus.
Mme Vermette: ...d'accès à
l'égalité.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, qui font affaire avec le
gouvernement.
Mme Vermette: Par qui sera contrôlé ce
programme?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce programme sera contôlé par
le ministère des Approvisionnements et Services et la Commission des
droits de la personne.
Mme Vermette: Et par la Commission des droits de la personne. Les
groupes de femmes ont demandé que soit créé un office
autonome de surveillance, comme Action-travail femme.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, pour apporter peut-être un ajout
à la réponse que je vous ai donnée tout à l'heure,
on semble me dire que si on ajoute les subventions - parce que les 175
entreprises sont pour les biens et services - et la construction,
peut-être qu'on toucherait environ 300 entreprises.
Mme Vermette: Les subventions font-elles partie de l'annonce?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Vermette: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Également.
Mme Vermette: Ce sont les gens qui ont des contrats plus les gens
qui ont des subventions.
Mme Gagnon-Tremblay: Les gens qui ont 100 employés et plus
et qui reçoivent des subventions de 100 000 $ et plus.
Mme Vermette: Cela va. Merci.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, pour revenir à votre question,
madame...
Mme Vermette: Oui, la possibilité de créer un
office autonome de surveillance, comme l'a demandé l'Action-travail
femme.
Mme Gagnon-Tremblay: On ne met pas de côté cette
possibilité. Lorsque je me suis rendue aux États-Unis, je me suis
rendu compte de la nécessité ou de l'importance d'un tel
comité. Actuellement, au fur et à mesure, je pense, de
l'expérience qu'on aura de l'obligation contractuelle ou des programmes
d'accès à l'égalité, on verra s'il est
nécessaire de créer un tel organisme. Mais pour le moment, je
pense, comme on est à l'état expérimental, on ne l'exclut
pas, mais on n'a pas pris de décision encore, cela ne fait pas partie
d'une décision.
Mme Vermette: Cela veut dire, en fait, que le ministère
des Approvisionnements et Services peut être, à un moment
donné, pris à partie, puisque si, dans certains cas, il y a
nécessité d'avoir un contrat absolument et que la compagnie ou
l'Industrie n'est pas capable de mettre en application un programme, il y aura
des problèmes à ce moment-là.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Vermette: Qu'est-ce qui va primer?
Mme Gagnon-Tremblay: II faut dire quand même qu'une
directive administrative sera donnée par le ministère des
Approvisionnements et Services. Nous entendons aussi travailler avec la
Commission des droits de ia personne pour s'assurer que, effectivement, on
donnera suite, c'est-à-dire qu'on respectera l'obligation contractuelle.
Comme je vous l'ai mentionné, ce n'est pas exclu, c'est ce qu'on verra
avec l'expérience. Si, à un moment donné,
l'expérience nous dit qu'on a de la difficulté à
fonctionner dans un cadre comme celui qu'on se donne actuellement, à ce
moment-là, on pourra voir à y remédier.
Mme Vermette: Allez-vous fonctionner par étapes? À
partir de telle date, toutes les entreprises qui ont des contrats devront avoir
un programme d'accès à l'égalité ou s'il y aura des
étapes?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que, premièrement, elles
devront commencer par nous faire la démonstration qu'il n'y a pas de
discrimination. Finalement, on a quand même fait l'effort de certaines
analyses à l'intérieur parce que cela ne veut pas dire que toutes
les compagnies devront se donner des programmes d'accès à
l'égalité, selon les études qui nous seront remises par
chacune des entreprises. On est en droit d'exiger certaines analyses, certaines
études, et c'est à partir de cela qu'on verra si l'entreprise a
déjà... Parce qu'il peut arriver qu'H y ait déjà
des entreprises qui ont des programmes d'accès à
l'égalité aussi; à la suite de l'obligation contractuelle
du gouvernement fédéral, plusieurs entreprises s'y sont
conformées. Il faut dire qu'il y a quand même une petite
différence dans les montants, mais je pense que, à ce
moment-là, quantité d'entreprises se sont déjà
conformées, alors il faut voir comment on le mettra en application.
Mme Vermette: Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, avez-vous une question?
M. Thuringer: Oui, M. le Président. Dans vos remarques
d'ouverture, vous avez abordé, Mme la ministre, la question des projets
et l'accent a été mis plus particulièrement sur les femmes
des communautés culturelles. Pouvez-vous décrire un peu le
programme que vous préconisez?
Mme Gagnon-Tremblay: Pour les programmes d'accès à
l'égalité pour les communautés culturelles?
M. Thuringer: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Quand on parle de programmes d'accès
à l'égalité ou aussi bien d'obligation contractuelle, cela
touche également toutes les minorités visibles, les
communautés culturelles, les handicapés et les femmes. Cela fait
déjà partie de la réglementation.
Lorsqu'on parle d'analyse au sein d'une entreprise, ce n'est pas
uniquement pour les femmes, mais aussi pour ces communautés-là.
L'analyse est faite en fonction de ces différentes catégories
d'employés. Quant au secteur privé, je mentionnais que nous
sommes à la recherche de deux entreprises qui embauchent davantage une
main-d'oeuvre venant des communautés culturelles pour faire
l'expérimentation des programmes d'accès à
l'égalité dans le secteur privé. Cela va les toucher
véritablement, et cela va nous permettre de connaître davantage
les difficultés que peut rencontrer cette catégorie
d'employés.
M. Thuringer: Est-ce un problème que vivent tous les
secteurs de la société? Je parle des grandes entreprises.
Sont-elles vraiment prêtes à embarquer dans ce domaine?
Mme Gagnon-Tremblay: Lorsqu'on parle des 17 entreprises qui ont
déjà signé, ce sont des entreprises d'une taille beaucoup
plus considérable. On a essayé, autant que possible, d'aller
chercher des entreprises variées et aussi dans des régions un peu
différentes. C'est sûr que, comme je vous le mentionnais, soit par
l'entremise du secteur privé, soit par l'entremise de l'obligation
contractuelle pour les entreprises qui contractent avec le gouvernement,
tôt ou tard, cela aura sûrement un impact quand même
très positif pour la main-d'oeuvre féminine dans ces
entreprises.
M. Thuringer: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Participation au Régime de rentes du
Québec
Mme Vermette: Mme la ministre, il y a un aspect que vous avez
vraiment passé sous silence dans votre déclaration, c'est la
participation des femmes au Régime de rentes du Québec. Je ne
pense pas que vous puissiez vraiment vous targuer de cette réalisation.
Elle faisait partie de vos promesses, mais on n'en entend pas parler.
Un autre volet en fait aussi partie. Je fais toujours
référence, et je ne voudrais pas me tromper, à votre plan
d'action. Je voudrais surtout ne pas me tromper et le suivre à la trace
aussi bien que vous en êtes capable. Dans votre plan d'action, il y avait
le régime complémentaire de retraite que vous mentionniez ou, en
tout cas, que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu mentionnait et qui devait être atteint au cours de 1987-1988. A
l'heure actuelle, c'est très important lorsqu'on sait ce qui se passe.
Vous aviez aussi mentionné, en campagne électorale, l'ouverture
du supplément des pensions de retraite pour les femmes de 60 ans et
plus, et on n'entend plus parler de ça non plus. Pourtant, ce sont ces
groupes cibles de femmes, qui sont les plus défavorisés ou
démunis, et ce sont ces femmes qui devront avoir un support
privilégié de votre gouvernement. On parlait même de la
création d'un ministère pour les personnes du troisième
âge, mais je pense que cela aussi faisait partie des promesses. On ne
vous a pas entendue là-dessus et je n'ai absolument rien vu dans votre
discours. Est-ce une omission volontaire? Est-ce que ce sera pour les prochains
crédits ou pour une prochaine campagne électorale? C'est un autre
volet, le régime complémentaire de retraite. Le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, comme vous vous pariez
beaucoup et que vous êtes en contact constant au Conseil des ministres -
et c'est inscrit dans votre plan d'action - devait se prononcer, au cours de
l'année 1987-1988. Ce projet de loi 58 avait été
présenté par Mme Pauline Marois, lis avaient accepté de le
mettre de l'avant, mais, malheureusement, ils n'ont pas pu passer à
l'action, finalement. (12 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: il faut dire que non. Je n'ai pas fait
exprès pour passer cela sous silence. Je pense que je n'ai jamais craint
de parler de la participation au Régime de rentes du Québec de la
travailleuse au foyer. Mais vous vous souviendrez qu'on a été
élus pour une période de quatre ans. Que je sache, nous sommes
encore à mi-mandat. C'est un dossier fort complexe, je dois vous
l'avouer. Je vous mentionnais tout à l'heure qu'il y a eu une rencontre
d'organisée avec l'AFEAS, le groupe le plus concerné par la
participation au Régime de rentes de la travailleuse au foyer. Une
rencontre a eu lieu avec le premier ministre, à laquelle j'assistais, et
nous avons convenu de nous rencontrer à la fin d'avril. Finalement,
comme je
vous le mentionnais, avec le travail que J'effectue actuellement sur la
politique des services de garde, j'ai demandé à l'AFEAS un
rendez-vous au début de mal. On devrait se rencontrer incessamment pour
discuter des différents scénarios qui ont été
élaborés par les Finances, concernant la participation au
Régime de rentes.
Je vous mentionnais également que Je travaillais à un
autre dossier, celui du partage des drotts économiques des conjoints,
dossier qui renferme également des éléments de
réponse au groupe de l'AFEAS sur la participation et la reconnaissance
sociale du travail de la travailleuse au foyer. Alors, tout cela, c'est un
dossier qui évolue, c'est un dossier qui chemine. Naturellement, je
devrai rencontrer le groupe prochainement. Nous continuons à travailler
aussi à d'autres possibilités. Normalement, c'est un dossier qui
devrait débloquer dans le courant de l'année.
Mme Vermette: Mme la ministre, c'est parce que vous avez fait
mention, dans vos notes de déclaration, que vous suiviez à la
trace votre plan d'action. Dans votre plan d'action, cela faisait partie des
réalisations qui devaient être inscrites pour l'année
financière 1987-1988 et vous en êtes encore à des
rencontres pour établir des scénarios. On est très
très loin...
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, la quantité
d'engagements qu'on retrouve dans le plan d'action, je peux dire qu'à ce
moment-ci, nous avons respecte tout près de 80 % ou 85 % de ces
engagements. Je pense que les efforts sont considérables et que la
volonté est là quand même. Vous savez très bien
comme moi que, dans une machine administrative gouvernementale, on ne peut pas
toujours arriver au moment où on voudrait et on ne peut pas toujours
faire les annonces qu'on voudrait au moment où on voudrait le faire. Je
pense que les efforts sont consentis quand je regarde le pourcentage, et
j'aurai finalement à faire état de ce pourcentage très
prochainement parce que, lorsque j'aurai à produire le prochain plan
d'action pour l'année 1988-1989, on sera en mesure de constater que la
majeure partie des engagements a été respectée.
Mme Vermette: Votre plan d'action pour 1988-1989 n'est pas
établi?
Mme Gagnon-Tremblay: Pardon?
Mme Vermette: Votre plan d'action 1988-1989 n'est pas
établi? Les dernières paroles que vous venez de dire c'est que,
lorsque vous aurez établi votre plan d'action 1988-1989, vous en
ferez...
Mme Gagnon-Tremblay: Non, mais c'est-à-dire que je
dévoile le suivi, comme chaque année. L'année
dernière, nous avons dévoilé les orienta- tions
triennales, mais ces orientations étaient quand même
accompagnées d'un pian annuel, et, ce plan annuel, tel qu'on l'a fait
pour les années antérieures, sera dévoilé dans le
courant du mois de juin. Aussi, c'est que, lorsque je regarde dans mon plan
d'action, à la page 37, sur la sécurité de la retraite, il
faut bien mentionner qu'on disait que, pour les travailleuses au foyer, une
décision interministérielle serait prise sur les modalités
de leur participation. Cela ne veut pas dire que c'était en place
immédiatement. On sait quand même tout le travail que cela
comporte avant d'en arriver à une décision finale. Comme je vous
le mentionnais, c'est qu'on a encore un an et quelques mois avant d'en arriver
à notre quatrième année de mandat. Soyez assurée
que je m'efforce de continuer à travailler à ce dossier. Je ne
pense pas que cela fasse l'objet d'un nouvel engagement lors d'une prochaine
campagne électorale.
Mme Vermette: J'ose l'espérer. Probablement qu'à ce
moment, nous aurons une ministre à la Condition féminine qui
s'appellera peut-être Pauline Marois, qui pourrait mettre à profit
ces programmes. On ne sait jamais, vous savez.
Mme Gagnon-Tremblay: Elle aurait peut-être pu le mettre
à profit au moment où elle était là, ce qu'elle n'a
pas réussi à faire, au contraire.
Mme Vermette: Non parce que sont arrivées les
élections. Mais le programme était déjà en
place.
Une voix: II y aura d'autres élections.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Je pense, de notre côté,
quand on change...
Mme Vermette: Bien, voilà. C'est pour cela que j'ai
laissé la situation.
Mme Gagnon-Tremblay: Quand on change cinq ministres à la
Condition féminine dans l'espace d'un an, je pense qu'il y a bien des
dossiers, entre autres le dossier des services de garde... Je ne pense pas que
cela ait fait évoluer le dossier pour autant.
Mme Vermette: J'ai bien hâte. Nous allons parier longuement
des services de garde cet après-midi...
Mme Gagnon-Tremblay: Cela me fera plaisir.
Mme Vermette: ...et je pense que nous allons pouvoir faire la
lumière là-dessus.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela me fera plaisir. C'est drôle,
c'est quand même un dossier majeur et on va en parler durant seulement
une heure. C'est dommage.
Mme Vermette: Mais vous savez qu'il y a beaucoup de groupes de
femmes au Québec et que l'ensemble du dossier de la condition
féminine est tout aussi important, parce que c'est intimement
lié, autant que l'autre... Je pense que, comme on s'attend à
beaucoup de promesses de votre part en ce qui concerne les services de garde,
on tient pour acquis que votre politique est déjà établie
et que cela va aller très vite pour la lire et que nous n'aurons que de
bons résultats.
En ce qui concerne les femmes au foyer, il faut donc attendre un certain
temps avant d'arriver à obtenir un avant-projet de politique ou
même à avoir une politique qui pourra répondre aux 800 000
travailleuses québécoises au foyer qui attendent et qui ont fait
confiance au gouvernement pour avoir droit à la participation au
Régime de rentes du Québec. En ce sens, il ne semble pas qu'il y
aura quelque chose. Il faut attendre encore, on a un an et demi à
attendre encore. Alors, c'est...
Il nous reste, Mme la ministre, les crédits importants du Conseil
du statut de la femme. Le temps presse et cela va...
Le Président (M. Bélanger): Avant de passer
à un autre programme, est-ce que les crédits du programme 3,
Promotion des droits des femmes, sont adoptés?
Mme Vermette: M. le Président, j'aimerais... Le temps nous
presse, mais je voudrais passer dix minutes, vers la fin, à parler des
différents groupes et organismes s'occupant de la violence faite aux
femmes qui font l'objet de ce programme, la publicité... On pourrait
peut-être, vers la fin, réserver dix minutes pour ce volet, mais
on pourrait les accepter et revenir sur ce...
Le Président (M. Bélanger): II n'y aucun
problème. On peut tous les adopter à la fin aussi. C'est comme
vous préférez.
Mme Vermette: Cela va.
Le Président (M. Bélanger): Cela ne change
rien.
Mme Vermette: Parfait! Je vous remercie. Donc, au Conseil du
statut de la femme.
Conseil du statut de la femme
Le Président (M. Bélanger): C'est le programme 1
des organismes, à la page 22-2 du document des crédits du
budget.
Mme Vermette: Oui, c'est cela. Alors, à la lecture des
crédits, nous nous apercevons qu'il y a une hausse de 16,4 %, mais
là où il y a une majoration importante, c'est au chapitre des
communications où il y a une augmentation de 200 000 $. Est-ce la
nouvelle politique du gouvernement qui impute toutes les dépenses de
téléphonie à l'intérieur des différents
organismes?
Mme Gagnon-Tremblay: Excusez-moi, oui, je suis à la
recherche des documents du Conseil du statut de la femme. Il y a tellement...
Naturellement, on touche le Secrétariat à la condition
féminine, l'Office des services de garde à l'enfance et le
Conseil du statut de la femme. Bon, voici! Alors, voulez-vous
répéter votre question, Mme la députée, s'il vous
plaît?
Mme Vermette: Oui. A la ventilation des crédits, on note
une augmentation très substantielle de 200 000 $ au chapitre des
communications. Ma question est de savoir si c'est la nouvelle politique du
gouvernement d'imputer les dépenses de téléphonie à
cet élément?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais demander à Mme Olivier de
répondre, si elle le veut bien.
Mme Olivier (Jocelyne): Effectivement, l'essentiel des
augmentations cette année concerne les transferts qui
représentent 189 000 $ pour la téléphonie et 44 000 $ pour
les fonds en informatique. C'est la même chose pour l'ensemble des
organismes, c'est la responsabilisation des organismes en matière de
télécommunications.
Mme Vermette: Cela va. L'autre volet de 200 000 $ est au chapitre
du personnel et des salaires. C'est un peu plus que l'indexation, à mon
avis.
Mme Olivier: Oui, en fait, le conseil, cette année, a fait
des représentations au Conseil du trésor au moment de la revue
des programmes pour avoir un réajustement. Cela touchait, notamment, la
partie des traitements. Pour répondre à des compressions qui
avaient été appliquées au cours des années
antérieures, on repartissait au niveau de notre fonctionnement la marge
de manoeuvre qu'on pouvait exercer au sujet de certains congés. Cette
année, cela devenait plus difficile au terme de la gestion. Alors, dans
le cadre de la revue des programmes, bien que cela ne soit pas la
procédure, la présidente a rencontré des gens au Conseil
du trésor pour les sensibiliser aux problèmes qu'on vivait au
Conseil du statut de la femme et pour avoir un réajustement de notre
masse de traitement.
Mme Vermette: Cela veut dire que, sur le plan des services, cela
ne vous favorise pas ou cela ne vous permet pas de développer de
nouveaux services ou d'en donner plus.
Mme Olivier: Non. Les évaluations budgétaires des
dernières années... On maintient notre budget de
fonctionnement.
Mme Vermette: Donc, c'est le statu quo. Mme Olivier: C'est
cela.
Mme Vermette: Comment peut-on expliquer qu'actuellement,
lorsqu'on regarde la ventilation des crédits, il y a une baisse pour les
services? De quels services peut-il s'agir, à ce moment-là? Vous
nous parlez de statu quo quant à l'ensemble, mais je vous parle de la
ventilation. Lorsqu'on en arrive aux services, l'élément 4, il y
a une baisse: c'était 192 800 $ pour 1987-1988 et, pour 1988-1989, c'est
175 100 $.
Mme Olivier: C'est qu'il peut y avoir des répartitions
budgétaires par les directions, compte tenu des budgets de
fonctionnement qu'on a. Les directrices de chacun des services font une
répartition de leur budget. Par exemple, en ce qui concerne La
Gazette des femmes, quand on parle de services professionnels, on fait
appel à des contractuels. Alors, on peut avoir des modifications pour
combler des coûts additionnels en matière d'impression; on peut
diminuer le recours à des contractuels et utiliser davantage nos
ressources internes. C'est ce qui peut expliquer, par exemple, les variations
des budgets des services professionnels; on peut avoir moins recours à
des employés contractuels. Je pense à la Gazette, par
exemple, parce que c'est un des services où on a le plus recours
à des contrats de professionnels externes, par exemple à des
pigistes, etc. Et on le fait pour fonctionner à l'intérieur des
budgets qui nous sont alloués.
Mme Vermette: Finalement, cela balance. Vous avez pris cela pour
balancer à l'autre niveau, tout simplement.
Mme Olivier: C'est cela.
Mme Vermette: C'est ce que je comprends un petit peu. Il y a une
question qui est très d'actualité et vous avez sûrement
dû recevoir de nombreuses lettres, Mme la ministre, en ce qui concerne
Consult-Action et les effectifs du Conseil du statut de la femme. Est-ce qu'on
pourrait m'énumérer le nombre d'effectifs qui sont en poste au
Conseil du statut de la femme?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous pariez de... Mme Vermette:
Consult-Action. Mme Gagnon-Tremblay:... Consult-Action. Mme
Vermette: Oui.
Mme Olivier: II y a actuellement 27 employées à
Consult-Action, qui se répartissent comme suit: une directrice du
service, quatorze professionnelles et douze agentes de bureau.
Mme Vermette: Est-ce que c'est exactement la même
représentation que l'an dernier?
Mme Olivier: Non. L'année dernière, il y avait 28
employées.
Mme Vermette: L'année passée, il y en avait 28. Le
poste qui a été coupé se trouve à quel endroit?
Mme Gagnon-Tremblay: Dans la région de
Montréal.
Mme Vermette: C'est bien le poste de Mme
Marie-Hélène Côté?
Mme Olivier: C'était le poste occupé par
Mme Côté, oui.
Mme Vermette: Puisqu'il y a eu beaucoup de
représentations, surtout de la part du Syndicat de professionnelles et
professionnels du gouvernement du Québec, auprès de la ministre
pour savoir ce qui va arriver de ce poste, est-ce qu'on peut s'attendre
à ce que ce poste soit comblé ou que cette personne soit
remplacée?
Mme Gagnon-Tremblay: Au départ, je pense qu'il s'agit
d'une décision de régie interne du Conseil du statut de la femme
pour répondre à des normes de compression de postes faites par le
Conseil du trésor, comme, d'ailleurs, on l'a fait pour l'ensemble des
ministères et organismes du gouvernement. Je pense qu'il est très
difficile, même s'il s'agit du Conseil du statut de la femme, de s'y
soustraire. Étant donné que cette personne avait remis sa
démission - si je me souviens bien, oui? - le poste était
à combler. On a tout simplement préféré de ne pas
combler ce poste, croyant que, dans la région de Montréal, on
avait quand même deux autres postes et que, pour cette région, les
groupes étaient quand même suffisamment nombreux. Ce qu'il
était important de protéger surtout, c'étaient les postes
en régions beaucoup plus éloignées. Il faut dire que le
tiers du budget global du Conseil du statut de la femme est affecté
à la Direction de Consult-Action, c'est-à-dire que 1 036 000 $
sont affectés à la direction de Consult-Action, soit 40 % de la
masse salariale. Alors, voici. La décision a été prise par
le Conseil du statut de la femme de ne pas combler ce poste pour les raisons
que je vous ai mentionnées, finalement que c'était
peut-être le poste qui ferait le moins de problèmes, étant
donné qu'il est situé dans une région où on
retrouve beaucoup plus de ressources en condition féminine que dans les
régions beaucoup plus éloignées. (12 h 30)
Mme Vermette: Vous semblez dire que le fait de ne pas avoir
comblé le poste n'a pas crée de problèmes ou ne
crée pas de problèmes, mais, par contre, lorsqu'on regarde le
nombre de manifestations et le nombre de lettres qui ont été
acheminées, on s'aperçoit que, effectivement,
I on trouve que le fait de ne pas combler le poste ' cela crée un
problème et que le fait de ne pas avoir de personnes-ressources à
ce niveau, bien ma foi, pénalise un bon nombre de groupes de femmes. Ce
qui m'amène à vous poser une question. Est-ce que la politique
dorénavant sera que, chaque fois que quelqu'un donnera sa
démission, on ne comblera pas le poste et, d'une certaine façon,
d'arriver à combler justement les écarts qui se sont produits
antérieurement?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne dis pas que le fait de ne pas combler
ce poste n'a pas créer de problèmes. Moi-même, j'ai eu des
recommandations et des personnes sont intervenues. Je vous dis finalement que
Consult-Action représente tout de même 40 % de la masse salariale.
Il y a actuellement au Conseil du statut de la femme le budget du Conseil du
statut de la femme. Je pense que, de cela, il faut en être conscientes.
En 1988-1989, le budget du Conseil du statut de la femme est de 3 800 000 $. Si
on se compare, par exemple, au budget du conseil canadien du statut de la femme
qui est de 3 160 000 $, à l'Ontario qui a un budget de 430 000 $, je
pense qu'au Conseil du statut de la femme ici, on est tout de même
très chanceux d'avoir un budget de 3 800 000 $ si on se compare à
d'autres conseils qui aimeraient bien avoir une quote-part de cela. Il faut
dire aussi que les objectifs et les buts visés d'un conseil consultatif
sont finalement de donner des conseils, donner des avis au gouvernement,
à la ministre qui représente la condition féminine. Dans
cet esprit, c'est sûr que cela fait toujours problème, mais, comme
on devait aussi donner suite à une demande de compression de la part du
Conseil du trésor, qui était demandée, non seulement au
Conseil du statut de la femme, mais également à l'ensemble des
ministères, if apparaissait au Conseil du statut de la femme que
c'était le poste qui faisait le moins de problèmes ou qui
créait le moins de dommages, étant donné les nombreuses
ressources en condition féminine dans la région de
Montréal et étant donné qu'il existe tout de même
encore des personnes qui sont en poste à Montréal et dans sa
région.
Mme Vermette: En fait, le discours que vous venez de tenir me
surprend énormément et m'étonne. D'une part, vous dites,
bon, que juste parce que cela représente déjà 40 %, c'est
déjà pas mal. D'autre part, vous dites qu'on est
déjà bien chanceuses d'avoir ce qu'on a au Québec.
Ailleurs, il ne se passe pas grand-chose, donc, satisfaisons-nous de ce que
nous avons. D'autre part, vous semblez dire que, finalement, cela ne
crée pas plus de problèmes qu'il faut puisqu'il y a tellement
d'autres organismes. Vous savez que chaque fois, qu'on a un discours de cette
façon, c'est l'ensemble de groupes de femmes qui en prend pour son rhume
parce que c'est une vision du rôle des femmes dans la
société qu'on donne et qu'on interprète aussi en
même temps. Lors- qu'on trouve \ que ce qu'on a, c'est suffisant et c'est
encore bien mieux par rapport à ce qui se passe ailleurs, je pense que
ce n'est pas de cette façon ou avec cette philosophie qu'on va arriver
à développer la cause des femmes. Malgré le nombre de
représentations, il n'en demeure pas moins que le rôle de
Consult-Action à l'intérieur du Conseil du statut de la femme
donne un service directement aux femmes et que c'est un organisme très
reconnu ce conseil. Je pense que plus nous allons avancer dans le temps, plus
les femmes devront demander des informations pour arriver à cette
égalité parce que, de plus en plus, la formation, l'information
et les communications favorisent justement cette égalité de la
femme et favorisent la place qu'elle veut occuper à l'intérieur
de la société. Donc, elle doit se retourner vers des ressources
et notamment des ressources aussi connues que le Conseil du statut de la femme
qui a réellement un statut plus particulier parce qu'il est directement
relié à votre ministère et aussi parce qu'il prête
probablement une oreille plus attentive à certains groupes de femmes,
lorsqu'on veut avoir un renseignement ou une information beaucoup plus
privilégiée. À mon avis, Montréal est une grande
région où il y a différentes facettes et différents
problèmes dans les groupes de femmes, et, à mon avis, un endroit
de consertation et de coordination est très important. C'est un peu le
rôle que jouait Consult-Action. On leur enlève parce qu'on
considère qu'il y a trop d'autres choses à travers... Je trouve
cela un peu pénalisant pour les femmes et je trouve cela dommage que la
ministre déléguée à la Condition féminine
ait cette vision des choses à l'endroit des organismes ou des sommes
d'argent dépensées, notamment pour un Conseil du statut de la
femme, qui est très important.
Je suis tout à fait d'accord avec vous, Mme la ministre, quand
vous dites que c'est le Québec qui est le plus progressif en ce qui
concerne la cause des femmes. Vos paroles ne sont pas rassurantes parce que, si
vous pensez comme cela, on va prendre du recul. Si on se trouve trop
progressifs par rapport au reste du Canada, j'ai l'impression qu'on va
maintenir le statu quo longtemps parce qu'on va essayer d'être à
égalité avec le reste du Canada. J'espère qu'on va prendre
et toujours maintenir notre avance et notre spécificité par
rapport au reste du Canada en ce qui concerne l'évolution du dossier de
la condition des femmes.
Mme Gagnon-Tremblay: II ne faut quand même pas charrier, il
faut être conscient de ce qu'est un conseil consultatif. Un conseil
consultatif est là pour donner des avis, pour conseiller. Il ne faut pas
trop s'étendre sur l'objectif premier d'un conseil. C'est sûr que
si on pouvait avoir toutes les sommes nécessaires pour ne jamais y
toucher, j'en serais très heureuse. Je vous ai quand même fait
prendre conscience du budget qu'on a. C'est quand même un budget
considérable comparativement aux autres conseils, comparativement
au conseil canadien du statut de la femme. Ce n'est pas parce que je veux qu'on
injecte moins d'argent dans le secteur, mais est-ce que c'est là qu'on
doit l'injecter ou si c'est au Secrétariat à la condition
féminine qui n'a qu'un petit budget de quelque 2 000 000 $? Est-ce que
c'est à d'autres endroits, considérant la quantité de
demandes de financement des groupes de femmes? Est-ce que ce n'est pas
directement aux groupes? Il y a quantité de questions qu'on doit se
poser. Quand on doit faire des choix, malheureusement, on doit le faire comme
on le fait dans les autres ministères, et on essaie de le faire de
manière à affecter le moins possible la clientèle. C'est
ce qu'a fait le Conseil du statut de la femme.
Mme Vermette: Toujours concernant le Conseil du statut de la
femme, un autre impact a fait les manchettes, il s'agit de la présidente
du Conseil du statut de la femme, concernant le document qui a
été présenté sur les nouvelles techniques de
reproduction.
Le Président (M. Bélanger): Auparavant, sur le
même sujet, le député de Chambly avait une question, si
vous permettez.
M. Latulippe: ...que je pourrais poser maintenant ou un peu plus
tard. Je serai absent cet après-midi, j'aurais une ou deux questions
à poser à Mme la ministre sur les services de garde. J'aurais
aimé pouvoir le faire tout de suite parce que je serai absent cet
après-midi. Cela va durer cinq minutes.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
s'entendre pour donner l'occasion au député de Chambly de poser
ses questions dans les dix dernières minutes? Vous êtes
d'accord?
Mme Vermette: D'accord, si Mme la ministre y consent, il n'y a
aucun problème.
En ce qui concerne Mme Francine McKenzie et les nouvelles techniques de
reproduction, un comité ad hoc avait été chargé de
conseiller la ministre face aux nouvelles technologies de reproduction. Ce
comité devait présenter son rapport en décembre 1987, si
ma mémoire est bonne. La présidente du Conseil du statut de la
femme, Mme McKenzie, a affirmé la semaine dernière qu'elle avait
été censurée par le ministère de la Santé et
des Services sociaux parce qu'elle était dissidente de l'avis
général exprimé par le comité. Vous avez fait grand
état de l'apport de Mme McKenzie dans ce dossier dans plusieurs pages.
Je pense que vous connaissez réellement les qualités de Mme
McKenzie.
Il est étonnant que Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux, au moment où nous l'avons interrogée, ait tout
simplement rétorqué que c'était une dissidence comme
n'importe quelle autre dissidence, qu'on en prendrait note et qu'on
l'inscrirait dans le rapport du comité. Mais, à notre avis,
l'opinion et la pensée de Mme McKenzie dépassent largement cette
dissidence-là, puisqu'elle est l'instigatrice de cette initiative qui a
favorisé le débat sur les nouvelles techniques de reproduction.
Il aurait été fort important de savoir pourquoi Mme McKenzie
était dissidente, sur quoi reposait sa dissidence et de rendre publique
cette dissidence.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que la dissidence de Mme McKenzie a
effectivement été rendue publique. Mme McKenzie a
rencontré la presse et lui a fait connaître sa dissidence.
Maintenant, je voudrais rectifier certains faits. Ce n'est pas le
ministère qui a censuré Mme McKenzie, mais bien le comité
dont elle faisait partie. Alors, soyez assurée que j'étais
très malheureuse, moi aussi, de voir qu'on avait finalement
décidé de ne pas tenir compte des remarques de Mme McKenzie, mais
on me dit qu'apparemment, le comité avait décidé de
certaines modalités de censure lorsque ses membres se sont réunis
pour le former. Finalement, comme la décision était prise, les
membres du comité n'ont pas voulu revenir, à la suite de cela,
sur une demande qui aurait pu être autre de la part de Mme McKenzie. Sa
lettre a été acheminée à la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Je suis moi-même intervenue
auprès de la ministre pour qu'on prenne en considération les
recommandations de Mme McKenzie, parce que je crois - je l'ai cru et je le
crois encore - qu'elle a quand même une expertise tout à fait
exceptionnelle dans le dossier des nouvelles technologies de reproduction.
Maintenant, elle a pu de cette façon-là faire connaître sa
position, et je pense qu'elle est très bien connue du public.
Mme Vermette: Est-ce que... Oui, je sais qu'elle a fait une
conférence de presse pour dénoncer le fait que le comité
censurait la pensée de la présidente du Conseil du statut de la
femme. Mais ma question allait beaucoup plus loin que cela en fin de compte.
Est-ce que, dans le rapport de ce comité, sa dissidence sera rendue
publique? Est-ce qu'on pourra prendre connaissance, à l'intérieur
du rapport de ce comité, de la dissidence et des motifs qui ont
incité...
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne fais pas partie du comité. Je
ne peux pas contrôler le comité ni la ministre de la Santé
et des Services sociaux. La ministre n'a aucun contrôle sur le
comité qu'elle a formé. Le comité s'était entendu
sur la façon de faire ses recommandations. Est-ce qu'ils incluront les
recommandations de Mme McKenzie? Je ne peux pas répondre au nom du
comité. J'aurais souhaité, justement, qu'on tienne compte de sa
dissidence. Maintenant, malheureusement,
je ne peux pas répondre au nom du comité. Je souhaite que
le comité tienne compte de ses recommandations.
Mme Vermette: Est-ce que vous pouvez me donner la liste des
membres qui composent ce comité?
Mme Gagnon-Tremblay: On pourra vous la faire parvenir.
Mme Vermette: Oui. Vous en prenez note.
Mme Olivier: Je ne les ai pas de mémoire. Il y a certaines
personnes... Je ne l'ai pas sous la main. Je n'ai pas pensé ce matin
qu'on pouvait être interrogé là-dessus. On pourra vous
transmettre copie du communiqué de la semaine dernière de Mme
McKenzie, qui contient le nom des personnes qui étaient membres du
comité et auquel était annexée aussi l'opinion
synthèse que Mme McKenzie aurait souhaité voir apparaître
dans le rapport du comité. Alors, il y a certaines de ses dissidences -
je pense que c'est important de le préciser - qui apparaissent dans le
rapport alors que certaines autres n'ont pas été retenues, comme
Mme la ministre l'a expliqué, en raison des modalités que les
membres du comité s'étaient données quant à la
production du rapport. Et l'intervention de Mme McKenzie la semaine
dernière avait cela pour effet. Je pense que les ministres
concernés avaient été informés, d'une part, de
l'opinion synthèse et des dissidences de Mme McKenzie, et elle en a
finalement saisi la presse. Et l'opinion synthèse qu'elle aurait
souhaité voir apparaître au rapport était jointe au
communiqué. Alors, si vous n'en avez pas, on pourra se charger de vous
en envoyer une copie cet après-midi.
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut savoir quand sera publié
le rapport de ce comité?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, encore là, je ne peux
pas répondre au nom du comité, mais on m'a dit que, normalement,
le rapport devrait être connu incessamment. C'est une question de jours,
je pense.
Mme Vermette: Je sais que vous en avez pris bonne note et que
vous ne pouvez pas infléchir la décision du comité, parce
qu'il conserve son autonomie, mais, vous, en tant que ministre
déléguée à la Condition féminine, allez-vous
vous assurer que l'opinion de Mme McKenzie sera rendue publique? (12 h 45)
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense qu'elle est rendue publique
actuellement. Elle s'est assurée elle-même...
Mme Vermette: Officiellement?
Mme Gagnon-Tremblay: Elle s'est assurée elle-même,
justement, que son opinion serait rendue publique, et je pense que son opinion
est très bien connue de l'ensemble des intervenants dans le dossier des
nouvelles techonologies de reproduction.
Mme Vermette: Oui, mais c'est à partir des
démarches que Mme McKenzie a faites elle-même. Je vous demande si,
en tant que ministre déléguée à la Condition
féminine, vous allez vous assurer que, officiellement, l'opinion de Mme^
McKenzie sera rendue publique?
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, je ne sais pas ce que je
peux faire de plus à part intervenir et répéter ce qui a
été dit par la personne concernée elle-même.
J'espère que les gens le prendront en considération et qu'ils
vgnt-~'S'in-former de cette opinion.
Mme Vermette: Avant de terminer, j'aurais dans le dossier sur le
Conseil du statut de la femme, une liste de documents de recherches et
d'études que vous avez faites au cours de l'année et qu'il serait
peut-être intéressant d'obtenir, notamment l'état de la
situation dans le dossier de la perception des pensions alimentaires,
l'étude sur l'efficacité des mécanismes d'application du
principe d'équité salariale au Québec et la
réflexion sur la proposition de la réforme fiscale du
gouvernement canadien.
Avant de terminer, dans l'ensemble, sur l'état de chaque dossier
et de la recherche qui a été faite, pourrait-on avoir un sommaire
des grandes lignes de ces trois dossiers?
Mme Olivier: Pour tout de suite, je pourrais vous dire, en
matière d'équité salariale, ce que le conseil a fait
jusqu'à maintenant. Cela a été un inventaire de
l'état de la législation ou de la situation qui existe ailleurs
au Canada ou aux États-Unis. C'est un dossier que le conseil a
abordé cette année et sur lequel on compte aussi mettre beaucoup
d'énergie. On n'est pas très avancés, on va poursuivre la
réflexion du conseil sur ce qui pourrait être, en évaluant
finalement ce qui s'est fait à l'extérieur, des mesures
intéressantes et sur des recommandations que nous pourrions faire au
gouvernement. Ce qu'on a essentiellement fait jusqu'à maintenant, c'est
davantage un état de la situation des lois étrangères.
Alors que notre réflexion s'amorce cette année, on entend aussi
produire un document audiovisuel d'information et de vulgarisation sur la
question. On est conscients que c'est un dossier compliqué et complexe,
qui doit aussi faire l'objet de beaucoup d'information, même
auprès des groupes de femmes dans l'ensemble. Pour ce qui est de la
réforme fiscale, vous me pardonnerez de ne pas être aussi
essentiellement... C'est une analyse du projet de la réforme fiscale
fédérale, et, grosso modo, je pourrais vous donner quelques
précisions qui ont été préparées par la
Direction de la recherche, mais
c'est davantage l'introduction de crédits d'impôt. En tout
cas, je pense que la principale recommandation ou la réflexion à
laquelle le conseil en est venu, c'est davantage l'introduction d'une formule
de crédits d'impôt au lieu des formules traditionnelles de
déductions.
En ce qui a trait à l'état de la perception, si vous
voulez plus d'information, Mme Micheline Bolvin, directrice de la recherche,
pourrait peut-être vous en donner sur chacun des dossiers.
Mme Vermette: Si Mme la ministre le permet. Seulement les grandes
lignes.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela ne me dérange pas, sauf que je
vois le temps filer. Mais cela ne me dérange pas.
Le Préskient (M. Bélanger): Dans la mesure
où on garde au moins cinq ou dix minutes pour la question du
député de Chambly, il n'y a pas de problème.
Mme Gagnon-Tremblay: il y a le dossier de la violence aussi que
vous vouliez aborder.
Mme Vermette: Oui.
Mme Boivin (Micheline): Très rapidement,
l'équité salariale est le troisième volet d'une
étude en trois documents, le premier étant l'exposé de la
situation des salaires comparée aux hommes et aux femmes. Le
deuxième document est une analyse des études existantes sur les
explications pouvant justifier cet écart de salaire. Et le
troisième est l'analyse des mécanismes qui existent en
matière d'équité salariale au Québec, de même
que les lois qui existent ailleurs au Canada et aux États-Unis. C'est un
examen critique de ce que prévoit !a charte et de ce que le
système de plaintes prévu par la charte en matière
d'équité salariale a concrètement donné au
Québec, de môme que l'examen critique aussi des
législations canadiennes et américaines en la matière.
Mme Vermette: Je tiens pour acquis que ces documents ont
été présentés à la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, oui. Quand c'est rendu public...
Mme Olivier: On a fait le bilan, sauf en ce qui a trait à
l'état des perceptions des pensions alimentaires, c'est d'ailleurs
là où je veux en venir, on n'a pas tout à fait
terminé nos corrections et II n'a pas encore été transmis,
mais on va le transmettre et H sera rendu public par la suite.
Mme Vermette: Ah, bon! D'accord. En ce qui concerne le Conseil du
statut de la femme, j'ai terminé, mais on peut revenir sur les autres
crédits...
Le Président (M. Bélanger): Oui. Est-ce qu'on peut
permettre au député de Chambly de poser une question?
Mme Vermette: Je pensais qu'il la poserait à la toute
dernière minute, lorsqu'on aura les... Cela concerne un tout autre
dossier. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, M. le Président,
on pourrait peut-être passer à ses questions après.
Le Président (M. Bélanger): C'était une
suggestion que je faisais. Je vous en prie.
Mme Vermette: On lui donnera peut-être plus de temps
à ce moment-là puisqu'il aura les dernières minutes pour
lui.
M. Latulippe: Pour autant que vous me donniez cinq à dix
minutes.
Mme Vermette: Excusez-moi. Concernant l'entente, je pensais qu'on
allait jusqu'à une heure avec mes crédits et qu'on lui donnait
cinq minutes additionnelles.
Le Président (M. Bélanger): Non, non. Il faut finir
à une heure.
Mme Vermette: Ah bon!
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, cela ne me fart rien de
terminer à 13 h 15. On aura quinze minutes de moins cet
après-midi.
Le Président (M. Bélanger): II va falloir couper
ailleurs. On ne sera pas plus avantagés.
Violence faite aux femmes
Mme Vermette: Alors, ça va. En fin de compte, il y a
plusieurs dossiers. En ce qui concerne un des dossiers Importants, le dossier
de la violence faite aux femmes, vous disiez, Mme la ministre, que, pour la
première fols, il y avait une politique de financement pour les maisons
d'hébergement. À mon grand étonnement, Mme la ministre, je
ne sais pas encore, après près d'un an d'application, comment
cette politique est appliquée, puisqu'elle l'est d'une façon
très arbitraire et que, quelquefois, l'ensemble des maisons n'ont pas
les montants car ils ne sont pas respectés. Mais ce ne sont pas 60 000
$, 130 000 $ et 175 000 $. Très souvent, et j'ai la liste des
différents groupes avec moi, je pourrais vous le démontrer, on ne
sait pas trop comment a été appliquée cette politique et
quels ont été ses critères d'application. Qui peut avoir
60 000 $ - qui, on le sait, est un montant de base - 130 000 $, après
deux ans et 175 000 $, après trois ans? Est-ce que c'est après
trois ans de votre programme ou si c'est après trois ans d'existence de
toutes les maisons
d'hébergement, trois ans de financement de votre
ministère?
Mme Gagnon-Tremblay: Malheureusement, je n'ai pas la politique de
Mme Lavoie-Roux en main. Je dois vous avouer par contre que je suis un peu
étonnée de voir qu'on semble ne pas bien la connaître parce
que, finalement, le Regroupement des centres d'hébergement pour femmes
violentées a travaillé justement à l'élaboration de
cette politique et la connaît très bien...
Mme Vermette: Ils la connaissent, mais elle n'est pas
appliquée.
Mme Gagnon-Tremblay: ...et, malheureusement, je ne suis pas en
mesure de vous dire à ce moment-ci, je pourrais quand même vous
faire parvenir le document de la politique qui mentionne si c'est au bout de la
première ou de la deuxième... Je sais qu'il y avait des maisons
qui n'étaient pas subventionnées. On a décidé d'en
subventionner quelques-unes parmi celles qui ne l'étaient pas.
Je sais aussi que le montant maximum est de 180 000 $. Malheureusement,
je n'ai pas le détail, mais je pourrais vous le faire parvenir, je n'ai
pas le détail exact du ministère de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Vermette: En fait, encore là, malgré la
politique de financement et malgré les sommes d'argent qui ont
été attribuées pour les maisons d'hébergement, il y
a encore toujours un profond malaise de subsistance pour ces maisons
d'hébergement. D'autant plus que c'est vraiment à cause de la
publicité, qui était essentielle et importante à mon avis.
Il fallait sortir ces femmes de l'isolement et il fallait arrêter de les
considérer comme des victimes. D'autre part, c'est dû aussi
à la ligne téléphonique de 24 heures qui doit
répondre et qui doit prendre les appels de toutes ces femmes qui sont
victimes d'agression et de violence.
Madame, vous êtes sans doute très au courant que les
demandes augmentent et que, de plus en plus, les gens ont besoin de place dans
des maisons d'hébergement pour répondre justement à cette
violence qui est décriée et qui, actuellement, fait l'objet de
dénonciations tel qu'il était fait antérieurement.
Allez-vous augmenter d'une façon très substantielle, encore une
fois, les budgets pour les maisons d'hébergement parce qu'on sait
qu'actuellement, on ne répond qu'à 37 % de l'ensemble des besoins
réels de ces maisons d'hébergement et que, très souvent,
beaucoup de maisons partent avec une année hypothéquée
parce qu'elles ont dû emprunter sur l'année financière qui
s'en vient pour r essayer de maintenir un équilibre. jj
À mon avis, aller dans ce sens, c'est un I peu des mesures de
prévention, parce que, si on ne les trouve pas là, on va les
trouver aux portes des urgences. En tout cas, elles feront l'objet d'autres
choses, dans le réseau des affaires de la santé sûrement,
parce que très souvent elles ont des problèmes de santé
mentale aussi.
Mme Gagnon-Tremblay: II n'est pas dans l'intention du
gouvernement d'augmenter le budget de financement qui a été
prévu pour trois ans concernant les centres d'hébergement pour
femmes violentées. L'an prochain, ce budget totalisera tout près
de 14 000 000 $, ce qui avait été demandé au tout
début par les représentantes. Maintenant, je vous ai fait mention
qu'on est quand même allé chercher des sommes
supplémentaires dans le cadre de l'Année internationale de la
femme. On a permis à plusieurs centres d'hébergement pour femmes
violentées de renouveler de l'équipement, entre autres du
matériel, mais aussi pour le logement.
Il est certain que, compte tenu de la campagne de sensibilisation,
compte tenu également des nombreux cas - on le dénonce
heureusement plus facilement - cela demande des ressources. Il ne faut pas non
plus, je pense, agir uniquement au chapitre des ressources financières,
mais il faut bien travailler en concertation avec chaque intervenant et chaque
intervenante du milieu et il faut être en mesure de se donner des plans
d'action, non seulement pour prévenir la violence, mais pour être
en mesure de la contrer et aussi d'agir rapidement. Je sais que certaines
régions... Je pense, entre autres, à la région de l'Estrie
où le CRSSS s'est déjà donné un plan d'intervention
avec l'ensemble des intervenants et intervenantes du milieu. Les policiers et
les policières ont été sensibilisés, les
substituts, les procureurs de la couronne ont eu une formation pertinente. Il y
a eu quantité de gens qui se sont réunis, je pense à tous
ceux qui travaillent en matière de santé et des services sociaux.
Maintenant ces cas sont traités de façon très
confidentielle et avec une certaine rapidité dans les centres
hospitaliers. Mais encore là, faut-il que ces intervenants agissent en
concertation et en collaboration pour pouvoir prévenir la violence. J'ai
parlé du financement, j'ai parlé de la campagne de
sensibilisation, j'ai parlé de la ligne directe du service
téléphonique bilingue qui fonctionne 24 heures par jour, 7 jours
par semaine, qui a été mis en place tout récemment. Je
pense qu'au sujet de la violence, on a quand même fait beaucoup. C'est
sûr que, compte tenu de la problématique, nous n'injecterons
jamais assez, nous sommes tout à fait conscients de cela. Nous avons
injecté des sommes aussi pour le traitement des maris violents. {
Mme Vermette: Sans injecter beaucoup d'argent, Mme la ministre,
en ce qui concerne la campagne de publicité, les groupes de femmes ont
demandé qu'à l'automne, on change un peu la formule des messages
publicitaires. Est-ce que vous allez répondre à leur demande,
parce qu'on
semble, plus souvent qu'autrement, déresponsabiliser le conjoint
violent de son comportement, et c'est toujours à la femme qu'incombe le
comportement...
Mme Gagnon-Tremblay: II faut dire...
M. Latulippe: Compte tenu que Mme la députée
continue, est-ce qu'on peut s'entendre pour prolonger d'une dizaine de minutes,
parce que le député de Laporte... En fait, on avait dit qu'on
irait jusqu'à et quart, auparavant...
Le Président (M. Bélanger): C'est qu'on agrandit
l'enveloppe de temps qui est allouée à l'étude des
crédits...
M. Latulippe: Je comprends, mais il était entendu...
Le Président (M. Bélanger): ...aux ordres de la
Chambre. Cependant, je pourrais faire une petite nuance sur la chose suivante.
Considérant que, ce matin, on a commencé avec environ six minutes
de retard, on pourrait peut-être, si j'ai le consentement, prolonger de
six minutes, et, à midi juste, je vous céderai la parole pour
votre question.
M. Latulippe: À une heure.
Le Président (M. Bélanger): À une heure,
excusez-moi. Midi fait appel au dîner.
Mme Gagnon-Tremblay: Je reviens à la campagne de
sensibilisation. On me dit que cette campagne avait quand même
été prétestée par le Regroupement des centres
d'hébergemenî. Il y a eu une déception qu'on m'a fait
connaître. J'ai eu des répliques un peu différentes. Il
faut dire que ces gens-là proviennent d'un milieu très
spécialisé et on ne le perçoit pas, parfois, de la
même façon que la clientèle, que M. et Mme Tout-le-Monde,
par exemple, au niveau de la population. (13 heures)
On me dit que la campagne a aussi eu, par contre, pour effet de
sensibiliser davantage M. et Mme Tout-le-Monde. C'est sûr que
c'était peut-être choc, c'était peut-être violent au
niveau du texte qui était connu des médias, mais, pour certaines
catégories, cela a semblé quand même sensibiliser
davantage. Mais, comme je vous le dis, les maisons ou les personnes qui
travaillent au regroupement des maisons sont des personnes beaucoup plus
spécialisées et voyaient cette campagne-là centrée
davantage sur la violence, non pas uniquement la violence physique, mais la
violence sous toutes ses formes. Alors, je pense qu'H y a des points qui
méritent considération dans le cadre d'une nouvelle campagne de
sensibilisation. Je pense qu'on pourra prendre en considération les
points et les recommandations des différents groupes. Mais les commen-
taires que j'ai eus auprès de certaines maisons d'hébergement...
Elles m'ont dit que, finalement la campagne était une campagne choc.
Cela a quand même produit des effets puisque, dans les semaines qui ont
suivi, Bs ont vu des personnes frapper aux portes des centres
d'hébergement ou des maisons de femmes, entre autres, pour avoir du
secours, avoir de l'aide, comparativement à ce qui existait avant la
campagne.
Mme Vermette: C'est vraiment terminé? Une voix:
Oui.
Le Président (M. Bélanger): Alors M le
député de Chambly.
Mme Vermette: Mme la ministre, quand vous me disiez qu'on mettait
beaucoup trop de temps, en tout cas, en ce qui concerne le dossier de la
condition avant de passer au service des garderies. J'aurais autant de
questions à vous poser que ce que je viens de vous poser à
l'heure actuelle. Alors, c'est pour vous dire que le dossier est très
volumineux en ce qui concerne le dossier des femmes et en ce qui concerne les
garderies tout autant.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un dossier qu'on retrouve dans tous
les ministères, vous comprenez qu'il est, effectivement, très
volumineux.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly.
Mme Gagnon-Tremblay: II faut être généraliste
pour y répondre aussi.
M. Latulippe: Mme la ministre, je voulais d'abord rendre hommage
à votre conscience sociale, parce que je sais que vous êtes une
des ministres au cabinet qui avez une des consciences sociales les plus
développées, et aussi à l'effort que vous faites pour
défendre, évidemment avec beaucoup de succès, la cause des
femmes. Et je voudrais vous faire part de plusieurs de mes
préoccupations majeures en rapport avec la réforme de l'aide
sociale.
Hier, le ministre Paradis a rendu publique une étude sur les
mesures d'emptoyabilité et, voyez-vous, dans ces mesures-là, il
s'avère que...
Une voix: ...sur les garderies.
Réforme de l'aide sociale et garderies
M. Latulippe: ...ces mesures - oui, c'est cela, j'arrive aux
garderies - ont un impact négatif et que leur taux d'insuccès est
fort dès que les personnes ont des enfants à charge. Et quand on
regarde chacune des mesures, je vais vous donner un exemple au sujet des
travaux communautaires. Quand on a des enfants, le taux
de succès est de 23 %; quand on n'en a pas, il monte à 44
%. Qu'est-ce que vous allez faire, vu qu'on va étendre ces mesures
d'employabilité, avec la réforme de l'aide sociale, à
toute la clientèle des personnes de plus de 30 ans, donc celles qui sont
le plus susceptibles d'avoir des enfants à charge? Deuxièmement,
quand vous regardez cette clientèle-là, 22 % des personnes aptes
au travail sont des familles monoparentales. Qu'est-ce que vous allez faire
pour assurer les femmes du Québec, chefs de famille monoparentale,
surtout celles qui ont des enfants à charge, qu'elles ne seront pas les
laissées-pour-compte de la réforme de l'aide sociale?
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire que l'une des
recommandations que j'ai faites, justement, au ministre Paradis, concerne toute
la question des critères de non-disponibilité temporaire qui
peuvent être restrictifs, dans certains cas, pour les
bénéficiaires dont les enfants sont d'âge
préscolaire et qui choisissent d'être disponibles ou non. Alors,
cela fait partie d'une des recommandations que j'ai faites récemment au
ministre Paradis. En plus de cela, oui, moi aussi, cela m'inquiète un
peu de voir que vous avez quand même quantité de femmes qui ont la
charge d'enfants d'âge préscolaire. Naturellement, chaque cas est
un cas d'espèce. Autant, par contre, on prône l'autonomie
financière et on voudrait que ces femmes puissent quand même
être admissibles à une certaine formation tout en ayant la charge
d'enfants, autant on ne peut pas le leur imposer. Ce sont quand même des
cas très individuels, selon le nombre d'enfants et selon aussi,
finalement, le dossier de la personne. On peut sortir tout simplement d'un
divorce et on peut avoir subi quand même certains préjudices ou
certaines inéquités qui font qu'on n'est pas apte à
travailler. Or, c'est une des recommandations que j'ai faites au ministre, de
prendre en charge cette catégorie de personnes, et, d'autre part aussi,
c'est que je dois vous dire que, dans le cadre de l'élaboration de la
politique des services de garde, je dois aussi harmoniser cette politique avec
la politique de la sécurité du revenu et prendre en
considération qu'il y aura un surplus de besoins, donc, qu'il faudra
créer davantage de places pour répondre à cette
clientèle qui serait employable.
M. Latulippe: Évidemment. Là-dessus, Mme la
ministre, j'ai fait un petit calcul rapide. D'après les chiffres de M.
le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, en
1987, il y avait 390 000 ménages qui étaient à l'aide
sociale. Si on étend les mesures d'employabilité, compte tenu que
22 % de ces ménages sont des familles monoparentales, cela veut dire
qu'on étendrait ces mesures d'employabilité à près
de 54 000 ménages. Avez-vous les moyens, en ce qui concerne les services
de garde, pour suffir à cet apport épouvantable, tout d'un coup,
de mesures d'employabilité à cette
clientèle-là?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr qu'actuellement on ne peut
pas répondre à cette demande, quand on sait au rythme qu'on
développe actuellement, et même si on développait davantage
dans une année, même si on veut développer aussi, cela
prend quand même un certain temps avant que les projets puissent
démarrer. On sait quand même qu'il s'agit de la construction
d'édifices, il faut trouver le terrain propice, le secteur, le bon
endroit aussi pour toucher cette clientèle. C'est sûr que, demain
matin, je ne peux pas répondre. Sauf que je le prends en
considération et mol, je présume que pour être en mesure de
répondre, compte tenu des calculs qu'on m'a donnés, cela nous
prendrait environ 15 000 nouvelles places.
M. Latulippe: Mais ce sont 54 000 ménages, Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: 54 000 ménages, mais il y a quand
même des... Compte tenu des personnes, elles n'ont pas toutes trois,
quatre ou cinq enfants d'âge préscolaire. Il semblerait que c'est
environ 15 000 nouvelles places, si mes calculs sont exacts.
M. Latulippe: J'ai une autre question, c'est la dernière,
qui me préoccupe. D'après la réforme de l'aide sociale,
telle qu'elle est proposée, une femme qui est à la tête
d'une famille monoparentale avec un enfant, aujourd'hui, reçoit 684 $;
demain, elle va recevoir 585 $ dans les neuf premiers mois. Trouvez-vous cela
normal?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que vous êtes bien
placé pour plaider la cause. Si je me souviens bien, vous faites partie
de la commission. Alors, à ce moment-là, ce sont des
recommandations que vous devez faire au ministre concerné. Quant
à moi, je dois m'assurer justement que les femmes ont tous les besoins,
c'est-à-dire que leurs besoins essentiels sont pris en
considération, qu'elles n'ont pas à subir une diminution et
qu'elles ne se retrouvent pas avec des difficultés qui n'étaient
pas connues. Alors, je pense que nous sommes à la fin de la commission
parlementaire, la commission parlementaire a pris fin tout récemment.
Nous sommes à étudier les différents
éléments qui pourraient faire problème. Ce sont des
recommandations que vous vous devez de faire au ministre concerné. Tous
ensemble, je pense qu'on pourrait essayer d'améliorer le projet de
réforme.
M. Latulippe: Donc, on peut compter sur vous pour
défendre, à votre corps défendant, au Conseil dès
ministres, ce qui est inacceptable dans la réforme.
Mme Gagnon-Tremblay: Moi, je suis là pour défendre
tout ce qui touche principalement les femmes.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, compte
tenu de l'heure, la commission des affaires sociales ajourne ses travaux sine
die. Je vous rappelle qu'à 16 h 30, on revient, il y aura des ordres du
leader en Chambre à ce moment.
(Suspension de la séance à 13 h 9)
(Reprise à 16 h 35)
La Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales se réunit aux fins de procéder à
l'étude des crédits du Conseil exécutif. Nous entendons
Mme la ministre déléguée à la Condition
féminine.
Office des services de garde à
l'enfance
Mm* Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. Ce matin j'ai
fart état justement du budget de l'office. J'ai parié en gros du
budget et un peu des places qu'on avait développées au cours de
l'année dernière. Je serais prête à procéder
immédiatement aux questions de l'Opposition si l'Opposition a des
questions, je pourrais répondre.
Mme Vermette: Oui, c'est parfait. De toute façon, les
notes préliminaires ont été faites ce matin.
Mme Gagnon-Tremblay: On a seulement une heure sur ce dossier qui
est très important.
Donc, c'est préférable de démarrer
immédiatement.
Mme Vermette: Mme la ministre, en ce qui concerne les
crédits pour l'année 1988-1989, il nous reste certaines
explications. Pour l'année qui s'en vient et pour l'année qui
s'est terminée, 1987-1988, H y a eu des crédits
périmés de l'ordre de 1 859 700 $. Est-ce qu'on pourrait savoir
ce qui est arrivé avec ces crédits périmés? Est-ce
qu'ils ont été inclus dans le nouveau budget 1988-1989?
Mme Gagnon-Tremblay: Au départ, dans le budget 1987-1988,
nous avions des crédits de 82 000 000 $. Il y a une somme de 8 000 000 $
qui a été ajoutée en cours de route. Ce qui veut dire que
le budget est passé de 82 000 000 $ à 90 000 000 $. Or, nous nous
sommes rendu compte que dans le courant de l'année il y aurait
probablement un dépassement concernant l'exonération
financière parce qu'il faut dire qu'il y a un certain problème.
Concernant l'exonération financière, pour les parents on a un
budget fermé, mais un programme ouvert, c'est-à-dire que tous les
parents admissibles peuvent en cours d'année s'inscrire au programme
d'exonération financière. Ce qui a fait que nous avions
prévu une somme de 3 000 000 $ à ajouter aux 90 000 000 $ qui
nous avaient été alloués. On avait prévu 3 000 000
$ au fonds de suppléance parce qu'on croyait à un
véritable dépassement. À la toute fin, on s'est rendu
compte que, sur ces 3 000 000 $, on pouvait périmer 1 800 000 $. On
n'avait pas à se servir des 3 000 000 $ complètement, ce qui a
fait qu'on a périmé les 1 800 000 $. Mais déjà
c'était dans une enveloppe. C'était à partir des 3 000 000
$ qu'on nous avait donnés d'une façon supplémentaire dans
le fonds de suppléance. Ce qui veut dire qu'au lieu d'avoir 90 000 000
$, on était rendus à 93 000 000 $.
Mme Vermette: Alors, ces crédits de 1 859 000 $, qui sont
tout de môme beaucoup d'argent, n'ont pas été
utilisés à d'autres fins au cours de l'année
financière, parce qu'ils étaient dans un budget
protégé en fin de compte.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela, ils étaient prévus
pour l'exonération financière.
Mme Vermette: Voilà. Cette année est-ce que ces
crédits seront incorporés dans le nouveau budget?
Mme Gagnon-Tremblay: Si on part des 93 000 000 $, par exemple, on
y a ajouté 5 000 000 $. Par contre, si on prend les 90 000 000 $, parce
que le budget de l'année dernière était de 90 000 000 $,
je vous expliquais qu'en cours de route on avait augmenté de 3 000 000 $
dont 1 800 000 $ avaient été périmés. Finalement,
si on parle de 90 000 000 $, cela veut dire que cette année on a un
budget de 98 000 000 $, c'est-à-dire une somme supplémentaire de
8 000 000 $. Donc dans ce montant de 8 000 000 $, on prend en
considération l'augmentation qui pourrait survenir quant au programme
d'exonération financière pour les parents.
Mme Vermette: C'est-à-dire que vous gardez toujours une
marge de manoeuvre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Vermette: Ce qui veut dire qu'y y aurait des crédits
périmés encore une fois qui se retrouveraient à cet
endroit?
Mme Gagnon-Tremblay: On ne peut jamais prévoir en cours de
route combien de personnes seront admissibles. Il peut arriver, compte tenu de
certaines augmentations de salaires, que des personnes puissent sortir du
programme, comme il peut arriver que d'autres personnes y entrent. Alors, on
essaie quand même d'avoir un montant assez juste pour ne pas avoir
à périmer, sauf que, il peut arriver que nous soyons à
court de fonds comme il peut arriver qu'on ait à périmer certains
montants.
Supposons qu'on ait un dépassement, à ce moment-là
on sera obligé d'aller dans le fonds de suppléance.
Mme Vermette: En fait, cela veut dire que c'est de l'argent neuf
qui est investi; c'est 3 000 000 $ moins les crédits de l'année
passée périmés.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, ce n'est pas cela. C'est 5 000 000 $
plus les crédits de l'année dernière. Nous passons de 90
000 000 $ à 98 000 000 $ cette année, c'est-à-dire 8 000
000 $ supplémentaires.
Mme Vermette: Est-ce qu'on pourrait avoir la ventilation de ces
98 000 000 $ et la part pour l'indexation des budgets?
Mme Gagnon-Tremblay: Je demanderais à Mme Marcotte, la
présidente de l'office, de vous faire part de cette ventilation du
budget de 98 000 000 $ prévu. Mme Marcotte.
Mme Marcotte (Nicole): Pour l'année 1988-1989, c'est
cela?
Mme Vermette: Oui, c'est cela.
Mme Marcotte: Dans les budgets de transfert, on a 94 178 000 $.
Pour le, fonctionnement de l'office, donc le personnel et les traitements, il y
a 3 082 000 $. En ce qui concerne le fonctionnement - autres dépenses -
je ne sais pas si vous voulez le détail de chacune des catégories
- il y a 1 460 000 $. Pour ce qui est du capital - autres dépenses, il y
a 44 000 $. Pour les prêts, placements et avances, il y a 18 000 $, pour
un total de 98 782 000 $. Maintenant, je sais qu'on vous a quand même
remis la ventilation des crédits pour les années 1985-1986,
1986-1987 et 1987-1988; c'est dans le cahier, à la page 75.
Mme Vermette: Cela va. C'était déjà dans le
livre, mais je voulais bien vérifier parce que je voyais qu'il y avait
94 178 200 $ au point de départ.
Mme Marcotte: J'aimerais peut-être ajouter qu'en ce qui
concerne les crédits périmés, c'est quand même un
peu comme un inventaire. Cela se produit chaque année.
Mme Vermette: Oui.
Mme Morcotte: II est assez normal que cela représente de 1
% à 2 %. Soit qu'on était en déficit ou à cause du
type de budget, on a assumé la gestion. Parfois, on surévalue la
situation et, d'autres fois, on la sous-évalue, selon le comportement et
le contexte économique. Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en ligne
de compte.
Mme Vermette: Est-ce que vous pourriez nous donner maintenant la
ventilation de l'augmentation de 8 000 000 $ prévue pour 1988-1989?
Mme Marcotte: À ce moment-là, il faudrait faire la
comparaison du budget de 1987-1988 avec celui de 1988-1989. Autrement, il est
difficile de faire la ventilation. Je ne sais pas si j'ai toute l'information
ici. Entre autres, au chapitre du fonctionnement pour le personnel, les
traitements et les autres rémunérations, pour l'année
1987-1988, on avait 2 893 000 $ et on a 3 082 400 $. C'est l'indexation
normale, il n'y a pas eu de postes d'ajoutés. Au fonctionnement - autres
dépenses, en 1987-1988, c'était 1 380 000 $, et on a 1 460 200 $.
Dans les autres dépenses, on avait 56 800 $ et, en 1988-1989, on a 44
000 $. Maintenant, je crois que, s'il y a eu des changements de
catégories dans les autres dépenses, c'est de
l'équipement. Dans les dépenses de transfert, on avait un total
de 82 000 000 $ avec un nouveau total, en 1988-1989, de 94 000 000 $.
Placements et avances, c'est le même montant, 18 000 $. Donc, pour faire
une comparaison, c'est de 86 000 000 $ à 98 000 000 $.
Mme Vermette: En termes de crédits nouveaux pour les
services, quel ordre de grandeur cela représente-t-il? (16 h 45)
Mme Marcotte: Actuellement, en ce qui concerne les services?
Mme Vermette: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Développement ou services...
Mme Vermette: Pour les dépenses, dans le fonctionnement,
la ventilation à l'élément 4.
Mme Gagnon-Tremblay: Quand vous parlez de services, voulez-vous
dire développement en termes de nouveaux...
Mme Vermette: Non, ce sont les services professionnels.
Mme Marcotte: Je ne suis pas certaine de bien comprendre votre
question.
Mme Vermette: D'accord. Oui, c'est l'aide financière aux
parents pour les frais de garde.
Mme Marcotte: Aide financière aux parents. C'est
passé de 39 000 000 $ à 49 000 000 $.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est 10 000 000 $ seulement pour
l'exonération financière.
Mme Marcotte: En 1987-1988, il y avait 39 000 000 $. C'est
à ce chapitre qu'on avait un dépassement l'an passé. On a
été obligé de recourir au fonds de suppléance. Mais
l'écart
cette année, en 1988-1989, l'exonération financière
est à 49 000 000 $.
Mme Vermette: Cela veut dire que l'ajustement est fait sur une
période de douze mois plutôt que de neuf mois comme l'année
dernière où c'était seulement sur une période de
neuf mois. Mais, il y a eu un ajustement. C'est passé de 4 $ à
4,50 $.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, cela était prévu. Cela
avait été prévu dans les 4 500 000 $. L'année
dernière, sur les 8 000 000 $, on avait - ce n'était pas 4 500
000 $ - 3 800 000 $ qui avaient été prévus pour du
développement et de la consolidation.
Mme Marcotte: Oui, c'est cela.
Mme Gagnon-Tremblay: II y avait 3 200 000 $ qui avaient
été prévus... Attendez une minute. Je m'excuse, c'est que,
dans les 3 200 000 $, il y avait de la consolidation. Alors, dans les 8 000 000
$, on retrouvait du développement et de la consolidation. C'est à
ce moment-là qu'on est passé de 4 $ par place à 4,50 $ et
qu'on est passé également, en ce qui regarde les agences en
milieu familial, de 2,50 $ à 2,75 $, et que nous sommes passés
pour la subvention de logement de 8000 $ à 9000 $, c'est-à-dire
qu'on a augmenté de 1000 $ la subvention de logement. C'était
inclus dans les 8 000 000 $ qu'on avait eus dans le fonds de suppléance
l'année dernière dans le budget, dont une portion dans le fonds
de suppléance et l'autre portion pour du développement.
Mme Vermette: L'année dernière, lorsque vous aviez
budgétisé, est-ce que vous l'aviez fait sur une période de
douze mois ou sur une période de huit mois?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, cela avait été fait sur
une période de douze mois.
Mme Vermette: Sur douze mois.
Mme Gagnon-Tremblay: Sur douze mois, sauf qu'en cours de route,
comme je vous le dis, on s'est rendu compte que, même si l'année
n'était pas terminée, il y avait effectivement un
dépassement. Les finances ont dû en tenir compte
immédiatement dans le fonds de suppléance, sachant très
bien qu'il y aurait un dépassement pour l'exonération
financière. Ce dépassement est 'dû aussi en bonne partie
à une chose, j'avais mentionné: que l'année
dernière on devait contingenter les garderies à but lucratif.
Vous vous souvenez, je l'avais revendiqué l'année passée,
lors de l'étude des crédits. Je disais que, lorsqu'une garderie
à but lucratif demandait un permis, nous étions obligés de
lui remettre le permis si la demande était conforme à la
réglementation, contrairement aux garderies sans but lucratif que je
peux contingenter selon les budgets que j'ai. Donc, l'année
dernière, on s'était dit: Nous allons contingenter les garderies,
à but lucratif à 500 pour ne pas dépasser
l'exonération financière, soit notre budget qui était
prévu pour cela, sauf qu'au moment où on a fait l'annonce du
contingentement à 500 pour les buts lucratifs, quantité de
projets étaient déjà enregistrés à l'Office
des services de garde, c'est-à-dire qu'il y avait 1000 projets et plus,
1000 demandes et plus. On a dû donner suite à ces places
supplémentaires. Donc, il y a eu un dépassement dans
l'exonération financière des parents. En plus de cela, je n'ai
pas de contrôle quant aux garderies en milieu scolaire parce qu'il faut
dire qu'en milieu scolaire, le tout relève du ministère de
l'Éducation qui peut développer quantité de places. C'est
toujours un programme ouvert. Par contre, l'office doit accorder
l'exonération financière aux parents. Donc, c'est un certain
problème qui existe en cours de route parce qu'à un moment
donné, on se rend compte, comme je vous le mentionnais qu'avec un budget
fermé et un programme ouvert, si on développe trop au
ministère de l'Éducation, cela a quand même un effet sur le
programme d'exonération financière et la même chose pour
les garderies à but lucratif.
Mme Vermette: C'est comme un jeu de dominos, finalement.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un peu cela. Vous comprenez que...
Mme Vermette: Si vous touchez à un, c'est l'autre qui est
pénalisé ou, en tout cas, il y a un impact...
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprenez que je suis un peu...
Mme Vermette: ...directement de l'un par rapport à
l'autre.
Mme Gagnon-Tremblay: ...prise dans un étau parce que comme
je vous le mentionnais, c'est un budget fermé avec un programme ouvert.
C'est comme si demain matin, par exemple, on disait que le budget des
allocations familiales ou des allocations de disponibilité était
défoncé, donc on n'accordait plus ces allocations aux parents. Je
serais obligée d'accorder quand même les allocations, sauf que ce
ne serait pas prévu dans le budget.
Mme Vermette: Est-ce que cette année, par contre, la
planification tient compte des problèmes auxquels vous avez eu à
faire face l'année dernière?
Mme Gagnon-Tremblay: On essaie d'en tenir compte, comme je vous
dis, il y a une augmentation de 10 000 000 $ à ce chapitre, d'autant
plus
que cette année, on peut vraiment mettre en application la
formule de contingentement qu'on a raté un peu l'année
dernière, compte tenu des projets qui étaient déjà
inscrits.
Mme Vermette: Cela veut dire que votre formule de contingentement
se situe où? Cela touche qui?
Mme Gagnon-Tremblay: Cela se situe au niveau des garderies
à but lucratif. C'est là finalement qu'est...
Mme Vermette: D'accord. Je voyais, dans les statistiques ici,
qu'on avait tendance à avoir plus de garderies sans but lucratif.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ce qui est arrivé
l'année dernière, comme je vous l'ai mentionné, parce que
je n'ai pas pu contingenter, bien qu'on ait décidé de
contingenter. Les demandes étaient déjà
engeristrées à l'office et on a dû y donner suite.
Mme Vermette: Cette année, quel est l'ordre de grandeur?
Vous les limitez à combien?
Mme Gagnon-Tremblay: Cette année, on a quand même
prévu de développer sensiblement la même chose que
l'année dernière. Quant à savoir si on développe
plus dans un secteur que dans d'autres, je suis un petit peu en attente. Comme
vous le savez, on est en négociations avec le gouvernement
fédéral. Le gouvernement fédéral avait dit qu'il
était prêt à en subventionner l'implantation jusqu'à
concurrence de 75 %, si le Québec y ajoutait 25 %. Je voudrais bien que
nos garderies puissent en profiter, si jamais on en arrive à cette
entente avec le fédéral. C'est pour cela qu'on attend un peu pour
ventiler les places. On sait qu'on développera le même nombre de
places, sauf qu'on est encore à déterminer si ce sera en milieu
familial, en milieu scolaire, des garderies à but lucratif, des
garderies sans but lucratif. On a quand même une idée, mais on
attend encore un peu avant de déterminer exactement où on va
développer.
Mme Vermette: Mme la ministre, j'ai l'impression que, si on
attend qu'une politique du gouvernement fédéral réponde
aux attentes et aux véritables besoins du gouvernement provincial, on
risque d'attendre très longtemps. Vous avez vu dernièrement -
lundi, qui n'est pas tellement loin - une manifestation. Des gens sont
descendus dans la rue parce qu'ils démontraient leur
mécontentement vis-à-vis des politiques fédérales
qui ne répondent réellement pas aux véritables besoins ici
au Québec. Ils ont même redonné à plusieurs
ministres qui étaient sur place la politique fédérale. Ma
question est de savoir: Est-ce qu'on risque d'attendre longtemps encore ou
est-ce que vous allez vous prévaloir de votre droit de retrait et faire
un programme propre au Québec, étant donné que nous sommes
déjà très avancés dans nos programmes de
développement en matière de garderies.
Mme Gagnon-Tremblay: Lorsque je parle de la ventilation des
places, remarquez que je voudrais, autant que possible, que l'implantation des
garderies sans but lucratif puissent en bénéficier. Je dois vous
dire que je suis loin d'être à la remorque du gouvernement
fédéral. Comme vous le mentionnez si bien, je pense que le
gouvernement du Québec a fait sa marque quant aux services de garde. Je
réitère que le développement aussi bien que les
priorités quant aux services de garde relèvent de la juridiction
du gouvernement provincial. Nous sommes quand même à
élaborer notre politique, disons que c'est très avancé,
toujours en prenant en considération que ce qui a été
annoncé par le gouvernement fédéral sera respecté,
et on essaie d'aller le plus rapidement possible. Cette année,
malgré cette politique, malgré également la politique qui
sera connue du gouvernement provincial, nous sommes allés chercher 8 000
000 $ supplémentaires dans le but de continuer à
développer sensiblement la même chose qu'on avait
développé l'année dernière. Actuellement, nous
sommes en train de faire la ventilation du développement, à
savoir où on devrait développer, dans quel secteur on devrait
développer le plus. C'est sûr que c'est déjà connu
en ce qui touche les garderies en milieu scolaire, puisque le ministère
de l'Éducation est allé chercher 2 000 000 $
supplémentaires au budget qu'il avait accordé l'année
dernière aux garderies en milieu scolaire. Il est allé chercher 2
000 000 $ supplémentaires, en plus des 8 000 000 $ qui sont
déjà alloués pour l'Office des services de garde.
Mme Vermette: Pour arriver à faire votre ventilation, en
termes de places, en ce qui concerne vos orientations pour le
développement du réseau - il me semble que vous n'avez pas encore
arrêté de décision, que vous êtes toujours à
la recherche de solution - sur quoi vont se baser vos priorités? Est-ce
que vous avez des secteurs à privilégier? Est-ce que vous avez
des groupes cibles que vous allez privilégier? Est-ce qu'il y a
déjà des études de faites, et, s'il y en a, est-ce qu'on
pourrait en avoir connaissance?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr que l'office a
déjà quantité d'études de faisabilité. Au
fur et à mesure que les projets sont inscrits, ils sont
étudiés à leur mérite et, à ce
moment-là, on prend en considération les besoins, les besoins de
la population d'un secteur quelconque, et aussi du genre de garderie. Autant
que possible, on essaie d'être équitables. Vous avez des agences
en milieu familial qui requièrent des places supplémentaires
aussi, qui demandent carrément d'être reconnues et d'obtenir un
permis. Vous avez des garderies à but lucratif, il
y en a sans but lucratif, alors on essaie autant que possible
d'être équitables. L'année dernière, nous avons
développé 1100 places en garderies sans but lucratif
subventionnées, 1000 places en agence c'est-à-dire en milieu
familial, et nous avons développé en tout 5679 places, dont 2597
en milieu scolaire. Il y a quand même des places qui ont
été reportées, comme H y en a chaque année, ce qui
veut dire que cette année on développera sensiblement la
même chose, peut-être une couple de cents places en moins.
Mme Vermette: Par rapport à l'année
dernière, tout en tenant compte du milieu scolaire?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, cette année pour le milieu
scolaire, cela a déjà été annoncé.
Mme Marcotte: En tenant compte des deux années du milieu
scolaire.
Mme Gagnon-Tremblay: En en tenant compte, oui. Cette
année, en milieu scolaire, on devrait normalement développer
environ 2600 nouvelles places. Mais, comme je vous dis, c'est qu'en milieu
scolaire, finalement, ils ont vraiment un budget ouvert, c'est-à-dire
que selon les demandes des commissions scolaires, le budget du ministère
de l'Éducation reste ouvert jusqu'à la fin de décembre et
parfois jusqu'au début de janvier. Alors, il peut arriver qu'on
développe plus, selon les demandes; il peut arriver qu'on
développe plus que 2600, mais, dans le budget actuel,
l'exonération financière qu'on a prévu accorder aux
parents pour des places en milieu scolaire est pour un nombre de 2600.
Mme Vermette: Advenant l'annonce de votre politique dans les
garderies, est-ce que vous auriez des argents additionnels pour mettre en
application votre mise en politique? Parce que je viens d'entendre que votre
planification pour l'année 1988-1989 est de 5000 quelques places, cent
de moins que l'année dernière, donc cela ne répond pas
à un besoin de poMqije. En tout cas, H n'y a pas de budget correspondant
qui pourrait favoriser le développement d'une politique de garderies. Et
est-ce que vous avez prévu, parce que vous devriez annoncer, si ma
mémoire est bonne, une politique au mois de juin si je me rapporte
à ce que vous m'aviez dit à l'Assemblée nationale...
Mme Gagnon-Tremblay: Moi aussi, J'ai très hâte de
pouvoir en faire l'annonce. Vous comprendrez que, pour la politique des
services de garde comme je le mentionnais, j'avais un premier document en main
en janvier, mais il fallait quand même s'assurer du contenu, être
en mesure de prouver. Et U faut dire que j'ai été un petit peu
dérangée par certaines politiques, entre autres la politique de
la sécurité du revenu. Cela a quand même un impact majeur,
sur la politique des services de garde, alors j'ai dû la prendre en
considération et essayé de m harmoniser. Il y a le programme
APPORT qui est entré, presque au même moment, et, là aussi,
cela a quand même des répercussions sur les services de garde.
Alors, j'ai dû refaire un peu les chiffres de la politique que j'avais
déjà conçue, et il y a aussi toute la question de la
politique du gouvernement fédéral. Actuellement on tient pour
acquis qu'avec l'annonce qui a été faite par le
fédéral, on ne coupera pas et on aura quand même exactement
les mêmes montants, sauf que vous comprenez que tant que je n'aurai pas
une entente signée avec le gouvernement fédérai, je serai
toujours quand même un petit peu aux aguets.
Alors, compte tenu de tout cela, c'est sûr que, même si
j'annonce la politique, et j'espère l'annoncer le plus rapidement
possible, elle ne pourra pas être en vigueur pour l'année 1988,
d'autant plus que j'ai fait mention à un moment donné qu'à
la suite de cette annonce, je devrais consulter quand même le milieu. Je
n'ai pas l'intention de faire une consultation partout au Québec et de
retarder la mise en application de la politique Je pense que je me dois au
moins de faire une consultation restreinte, mais une consultation qui
permettrait aux groupes de faire connaître leur position sur cette
politique. Tout cela pour vous dire que j'ose espérer qu'en ayant tout
cela, on pourra faire en sorte de prévoir dans les différents
programmes, l'automne prochain, ce dont on aura besoin pour la mise en
application de la politique pour l'année dans le prochain budget qui
sera pour 1989-1990. (17 heures)
Mme Vermette: Parce qu'il y a plusieurs politiques qui sont en
cours qui touchent directement le service de garderies. D'une part, vous en
avez relevé une. Vous en avez oublié une deuxième qui,
à mon avis, est très importante, c'est la politique familiale. Je
pense que cela doit vous préoccuper grandement et largement.
Revenons à la politique de la sécurité du revenu
qui touche bon nombre de couples. Justement, votre collègue ce matin
faisait référence à 54 familles. J'avais des statistiques
de Statistique Canada qui démontraient qu'il y avait, en 1981, 991 000
femmes qui étaient chefs de famille et qui avaient des enfants de plus
de deux ans. D'une part, il y a donc une très forte clientèle qui
déjà, avec les statistiques, peuvent nous montrer les besoins
hors de tout doute. D'autre part, votre collègue, le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu veut mettre de l'avant,
on l'a appris ce matin par la radio, son projet de réforme. Ce matin
aussi, si j'ai bien compris, vous avez dit que vous aviez fait une
évaluation et que cela demanderait environ 15 000 places, ce projet de
réforme-là. Alors, je me dis que tout va arriver presque en
même temps. Il n'y a pas d'étapes, il n'y a pas de politiques.
Vous vous attendez de faire une politique d'emblée, mais vous savez
combien cela
va prendre de recul. Avant que cela ne soit mis en application, je ne
pense pas que, demain matin, on puisse faire bâtir des garderies un peu
partout comme des champignons. Et je ne vois aucun projet d'étapes ou
aucune planification par étapes pour le développement,
l'accroissement. Et si ma mémoire est bonne, c'est un peu ce que
l'Office des services de garde demandait. C'était une planification
progressive des places, mais non pas le statu quo ou le maintien des places qui
sont là présentement. Je m'explique mal, étant
donné les politiques qui sont en cours à l'heure actuelle chez
votre gouvernement...
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprenez que, dans le cadre de la
politique, la planification on doit la faire. C'est prévu. Remarquez
qu'on ne peut pas lancer une politique comme cela sur la place publique sans
faire une véritable planification, et voir, justement, où on s'en
va, où on doit développer et de quelle façon.
Quant à la demande supplémentaire qui nous parviendra
finalement ou qui sera suscitée par la mise en application de la
politique sur la sécurité du revenu, il faut dire que cette
politique sur la sécurité du revenu ne sera pas mise en
application comme cela, d'un bloc, non plus. Je pense qu'elle va être
mise en application par étapes et que cela va nous permettre de
s'ajuster. C'est sûr qu'il faut que cela soit cohérent. Si, d'un
côté, vous avez une politique qui entre en vigueur demain matin et
que, nous, on n'est pas en mesure de suivre immédiatement, je pense
qu'il doit y avoir une certaine cohérence entre les deux.
D'autre part, ce matin, vous m'avez sûrement entendu dire, en
réponse à mon collègue, que je souhaitais finalement qu'on
porte une attention particulière aux femmes, entre autres celles qui
avaient charge d'enfants d'âge préscolaire. C'est sûr que
si, par exemple, le ministre Paradis changeait cette partie de sa
réforme, cela supposerait quand même moins de places en garderie
puisque les femmes pourraient demeurer à la maison pour garder leurs
propres enfants. Il y a cela aussi qu'il faut prendre en considération,
mais je dois vous avouer que, effectivement, cela va demander des places
supplémentaires et que les deux politiques devront s'harmoniser.
Mme Vermette: Parce que c'est très complexe, on est tous
d'accord. D'une part, effectivement, on aimerait bien que les femmes puissent
rester à la maison pour s'occuper de leurs enfants, mais, d'autre part,
on vit dans un système qui, actuellement, revalorise
énormément le travail et surtout l'autonomie et
l'indépendance financière de le femme. On s'est aperçu au
cours des études qui ont été faites que nombre de femmes
occupaient des postes précaires et des emplois précaires.
Même si les femmes voulaient utiliser les services de garderie,
très souvent les prix sont à la hausse de plus en plus,
l'exonéra- tion ne comble pas les besoins qui sont de plus en plus
pressants pour ces femmes, et elles ont des problèmes d'argent. De sorte
que le nombre de places développées ou le nombre de places
actuellement ne correspond pas aux vrais besoins parce que, justement, il y a
plein de femmes qui ne peuvent pas actuellement se permettre, malgré
l'exonération, les services de garde, ce qui développe un
réseau parallèle, c'est-à-dire le travail au noir. Je
pense que les gouvernements n'aiment pas tellement le travail au noir puisqu'il
y a là une source de revenus qui coule entre les doigts.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprenez qu'il va falloir se brancher.
À un moment donné, on dit qu'on doit permettre à ces
femmes qui ont charge d'enfants d'âge préscolaire de demeurer
à la maison. D'autre part, et cela a toujours été mon
discours aussi, l'on prône l'autonomie financière. Ce n'est pas en
demeurant à la maison qu'on va pouvoir accéder... Je pense qu'il
faut aussi permettre une certaine formation ou intégration sur le
marché du travail. Par contre, on ne veut pas forcer cette
catégorie. Il va falloir prendre position pour savoir si on laisse la
politique de la sécurité du revenu, telle quelle,
c'est-à-dire si on permet la formation et tout cela, et qu'on donne en
conséquence les services de garde, ou bien si on laisse le choix
à ces femmes de demeurer à la maison et d'avoir la garde de leurs
enfants.
Je pense qu'il y a là place à discussion quand même.
Mais, d'une part, il y a une demande et, d'autre part, il y a une
réaction aussi. Alors, je pense qu'il va falloir se brancher pour savoir
ce qui est le mieux pour (es femmes. Une fois qu'on aura pris position, je
pense qu'on devra répondre à fa demande. C'est certain qu'on est
loin de répondre à la demande. On en est très conscients
compte tenu des besoins et quand on sait, entre autres, qu'en 1993, il y aura
huit femmes sur dix qui seront sur le marché du travail. Ce sont des
femmes âgées de 25 à 44 ans. Donc, c'est le meilleur
âge de procréation. Il va falloir être en mesure de
concilier vie familiale et vie professionnelle.
Finalement, les services de garde sont quand même un bloc
important d'une politique familiale et d'une politique qui permet la
conciliation des deux vies.
Mme Vermette: Oui, justement. Par contre, ce qui me fait un peu
peur, une chance qu'à la fin vous l'avez dit, il faut faire
l'harmonisation entre les politiques familiales et les gens qui sont sur la
sécurité du revenu, parce qu'il peut se trouver, autant dans une
catégorie que dans l'autre, des gens qui sont restés à la
maison ou des gens, en tout cas, qui préfèrent travailler sur le
marché du travail. J'ai plutôt l'impression, il me semble, qu'une
fois encore, par les mesures que l'on vise, on risque de pénaliser une
clientele au détriment d'une autre. Le véritable
problème, en ce qui concerne la clientèle des plus
défavorisés, ne serait pas plutôt de permettre justement
des emplois avec des revenus décents, qui leur permettrait de pouvoir
survivre à leurs propres besoins et non pas de trouver comme moyen et
comme seul avantage de rester à la maison.
Je pense que le problème est très important. Si les femmes
doivent travailler, elles ont besoin de garderies. Si comme le
révèlent les études, c'est parce qu'elles n'ont pas des
emplois très rémunérés, c'est que, justement, elles
n'ont pas assez d'études. Donc, elles doivent retourner aux
études. Dans un cas comme dans l'autre, en fait, elles ont besoin de
garderies.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. C'est comme je vous le mentionnais,
c'est qu'on tient deux discours. Il va falloir être cohérent avec
nos discours. D'une part, moi, quand j'ai assisté à la commission
parlementaire, on nous disait: Laissez les femmes à la maison, les
femmes qui ont des enfants d'âge préscolaire, de zéro
à six ans, laissez-les à la maison. Bon! Alors, moi, je me
disais: D'accord, je pense qu'on doit laisser le choix. Sauf que j'avais une
certaine inquiétude. Je me disais: Là-dedans, vous avez
quantité de femmes qui auraient avantage à poursuivre leur
formation pour intégrer le marché du travail pour un jour sortir
de l'aide sociale. Je pense que c'est le voeu de toutes les femmes. Il n'y a
pas une femme qui désire passer sa vie à l'aide sociale. Mais,
par contre, là, c'est qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on les laisse
à la maison lorsqu'elles ont des enfants ou bien si on leur trouve du
travail? C'est sûr que ce serait souhaitable de trouver un travail
rémunérateur. Mais, à ce moment, qu'est-ce qu'on fait?
Est-ce que, par contre, on leur laisse le choix de rester à la maison
lorsqu'elles ont des enfants d'âge préscolaire. Je pense que le
débat est quand même lancé depuis la commission
parlementaire. On devra se brancher pour savoir exactement ce qu'on veut.
Mme Vermette: J'ai l'impression qu'on mêle un peu parce que
cela peut relever de la fiscalité et que cela ne touche pas le nombre de
places. L'important, ce que les femmes demandent, c'est un nombre de places qui
leur permettent l'accessibilité c'est un réseau de garderie
accessible et universel. Là, il y a un problème de taille.
Finalement, l'autre problème, on peut le toucher par les crédits
d'impôt, la fiscalité.
Mme Gagnon-Tremblay: Là, je pense... C'est sûr,
qu'à ce moment-là, si on parle des places en demande, ce que la
population demande, c'est un réseau diversifié accessible.
À ce moment-là, c'est pour l'ensemble, pas seulement pour les
femmes, parce que je n'aime pas tellement qu'on considère les services
de garde comme des besoins qui sont pour les femmes seulement. Je Dense que ce
sont pour les parents. Les services de garde ne concernent pas uniquement les
femmes. Cela concerne bien les parents. C'est une responsabilité
parentale et gouvernementale. Maintenant, qu'on puisse diversifier, qu'on
puisse ouvrir des places supplémentaires, je pense que je n'ai jamais
nié le fait que nous avons besoin de places supplémentaires en
garderie. C'est pour cela qu'il m'apparaissait important d'annoncer une
politique qui serait énergique, pour pouvoir, non seulement
développer, mais aussi consolider. Parce qu'on a aussi un réseau
qui a besoin de consolidation.
Mme Vermette: Oui, alors, est-ce que vous allez
privilégier, pour les années à venir, tant que la
politique du fédéral ne sera pas arrêtée ou que les
ententes ne seront pas signées avec le fédéral, une
politique de consolidation du réseau plutôt qu'une politique de
développement?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense qu'il faut agir dans les deux sens
et, comme je vous le dis, je ne me sens pas à la remorque du
fédéral. Indépendamment de ce que le fédéral
fera, c'est que, nous, nous devons agir, et notre politique sera dans ce sens.
Maintenant, ma politique est basée sur les offres et sur la politique du
gouvernement fédéral, qu'on connaît déjà. Si
on change d'idée, à ce moment-là, bien écoutez, je
pense qu'ils en paieront le prix. Mais il faut dire que, moi, je ne suis pas
à leur remorque. Je sais exactement ce dont le Québec a besoin,
et il faut agir en conséquence.
Mme Vermette: Donc, est-ce que vous savez exactement quelles sont
les propositions qui ont été faites par le gouvernement
fédéral à l'heure actuelle et quels seront les avantages
ou ce dont le Québec pourra bénéficier de ces ententes
avec le fédéral?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, si vous vous souvenez, lorsque le
gouvernement fédéral a annoncé sa politique, il a
annoncé un programme de 5 400 000 000 $ réparti sur une
période de sept ans. Ce qui voulait dire, un accroissement des
allégements fiscaux pour un montant de 2 300 000 000 $. Vous avez, sur
les 5 400 000 000 $, 2 300 000 000 $ qui vont directement aux
allégements fiscaux, c'est-à-dire déductions fiscales.
Il y avait, également, la création d'une caisse d'aide
fédérale qui est dotée d'un fonds de 100 000 000 $, qui
vise à financer des projets spéciaux en matière de garde
d'enfants. Il y a la mise en place à compter de 1988-1989, d'un
programme fédéral-provincial de 3 000 000 000 $, visant à
créer 200 000 nouvelles places dans tout le Canada. Et, finalement,
à la fin de la période de lancement de sept ans, l'engagement
continu du gouvernement fédéral envers la stratégie
nationale sera d'environ 1 000 000 000 $ par année.
Alors c'est, en gros, la politique du gouver-
nement fédéral, c'est-à-dire celle qui a
été annoncée le 3 décembre 1987.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: On parle de besoins de garde de l'enfance, mais
j'aimerais poser quelques questions sur la qualité des services,
l'inspection et les plaintes.
Pouvez-vous nous dire combien de plaintes vous avez eues dans
l'année qui se termine?
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, voici...
M. Thuringer: Et quel genre de plaintes sont les plus nombreuses,
si vous voulez, parmi les plaintes que vous avez reçues?
Mme Gagnon-Tremblay: Voici, il faut quand même faire
très attention au nombre de plaintes. Il ne faut pas, je pense, se baser
sur les plaintes pour définir la qualité comme telle. Il faut
être très parcimonieux dans notre définition des plaintes.
Il faut dire qu'il y a des plaintes contre les services avec permis. Il y a eu
157 plaintes contre des services de garde avec permis et il y a eu 103 plaintes
contre des services de garde sans permis. Ce qui veut dire un total de 260.
Sauf qu'il peut s'agir de plaintes bien mineures, comme, dans d'autres cas, il
peut s'agir de plaintes majeures. Alors maintenant, quant à faire la
proportion, je pense que la plus forte proportion de plaintes provient
davantage au sujet de l'hygiène, de la sécurité et de la
salubrité. Mais, comme je vous le mentionne, c'est que vous avez,
là-dedans aussi, des plaintes qui proviennent des garderies qui n'ont
pas de permis, c'est-à-dire des garderies clandestines.
M. Thuringer: Et les plaintes contre les garderies clandestines,
quelles sont-elles, en gros, quel genre de plaintes y a-t-il?
Mme Gagnon-Tremblay: Cela peut toucher à peu près
tout. Comme je vous le mentionnais, cela touche, davantage l'hygiène, la
sécurité, la salubrité. Cela peut toucher le rationnel
aussi, le ratio. Parce qu'il faut dire que, si une garderie dépasse neuf
enfants, si vous avez plus que neuf enfants, à ce moment-là, vous
n'êtes hors norme. Dès qu'il y a plus de neuf enfants, l'office
peut faire fermer la garderie en n'importe quel temps. Il s'agit d'une garderie
qui est clandestine. On ne peut pas avoir plus de neuf enfants dans un local ou
dans une garderie.
M. Thuringer: Dans le domaine des inspections, combien
d'inspections avez-vous faites au cours de cette année qui se termine?
(17 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, dans les garderies avec permis, il y a
eu 390 inspections complètes. Dans les services de garde sans permis, on
a effectué 89 inspections pour un total de 479 inspections pour
l'année 1987-1988.
M. Thuringer: Ce nombre d'Inspections couvre quel champ, combien
de garderies au total?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, cela couvre les garderies de
toutes les régions du Québec. En moyenne, l'office inspecte
systématiquement le réseau régulièrement. Comme je
vous disais, cela couvre à peu près toutes les régions du
Québec.
M. Thuringer: Est-ce que ce sont des "spot checks" ou est-ce que
c'est systématique, ou...
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais demander à la
présidente de répondre plus particulièrement à
votre...
Mme Marcotte: Cela dépend. S'il s'agit d'une plainte
formulée, à ce moment-là, c'est une inspection qui est
faite à la suite d'une plainte reçue. De façon
générale, on peut dire que, oui, c'est sous forme de "spot
check". Si on ne reçoit pas de plainte formelle, les garderies sont
visitées à peu près tous les deux ans. Donc, il s'agit de
visites au hasard qui permettent de constater la situation complète des
lieux, c'est-à-dire le ratio les normes, la sécurité,
l'hygiène, la nourriture, l'ensemble du fonctionnement de la
garderie.
M. Thuringer: En terminant, M. le Président, j'aimerais
poser une autre question. Est-ce que les ressources humaines et les ressources
financières sont suffisantes pour faire l'inspection, selon vous?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est certain...
Mme Vermette: Est-ce qu'il fonctionne d'une façon
systématique ou d'une façon sporadique?
Mme Gagnon-Tremblay: il est certain qu'on pourrait mettre une
quantité de policiers sur la route demain matin, qu'on pourrait doubler
les policiers et qu'on n'en aurait jamais assez. Là, ce n'est pas le
genre de policiers? Mais il est sûr qu'on retrouve de plus en plus de
services de garde. Si on compare depuis les dernières années, il
y a eu une augmentation considérable d'ouvertures de nouvelles garderies
ou de nouveaux services. Étant donné les inspections qui sont
faites, il est sûr qu'il serait souhaitable qu'il se fasse une inspection
au moins une fois l'an, peut-être même... On essaie de
répondre dès qu'il y a une plainte ou une demande quelconque. On
essaie d'y remédier le plus rapidement possible. Quant aux autres, on va
voir comment on pourrait améliorer... C'est le travail de la
présidente de l'Office des services de garde.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président, j'aurais une question
à demander à Mme la ministre. Tantôt elle me disait: II
faut faire des choix. Ce serait pour que les femmes restent à la maison
avec les enfants qui ont de zéro à deux ans, ou six mois, en tout
cas. Est-ce que c'est pour cela que vous avez coupé le budget de 2 200
000 $? Est-ce que vous avez déjà arrêté votre
décision ou est-ce que c'est parce que cela touche les personnes
handicapées, cela touche...
Mme Gagnon-Tremblay: Je suis très heureuse que vous me
posiez cette question, parce qu'on véhicule quelque chose qui est faux
depuis un certain temps. Je me souviens, à l'Assemblée nationale,
vous m'avez posé la question. Je ne me souviens pas dans quel cadre
c'était. Je n'y ai pas répondu. Je me suis rendue compte
après que j'aurais eu avantage à y répondre. Je me suis
dis: Qu'est-ce qui se passe? On semble...
Ce qui arrive c'est qu'il n'a pas été question de couper.
Au contraire, on a ajouté tout près de 1 000 000 $ dans ce
secteur. On a décidé tout simplement, par un remaniement
comptable, de modifier le regroupement des éléments. On a fait
certaines modifications, ce qui a fait que ces éléments se sont
retrouvés dans un autre regroupement. Et cela n'a pas eu pour effet de
couper, au contraire, mais d'ajouter près de 1 000 000 $. Pour vous
donner exactement le rationnel technique, je vais demander à la
présidente qu'elle i'explique, parce que je pense qu'elle est plus en
mesure que moi de l'expliquer. C'est très technique.
Mme Marcotte: C'est simplement une ventilation, une
décision administrative de ventiler les crédits autrement. L'an
dernier, entre autres, le budget de fonctionnement des agences était
inclus dans cette catégorie, alors que cette année il a
été inclus dans la catégorie des subventions de
fonctionnement. De sorte que, dans les faits, il n'y a pas un passage de 11 000
000 $ à 9 000 000 $ pour la subvention aux pouponnières. C'est
simplement dans la ventilation des crédits. Si on soustrait le montant
de 3 519 600 $ qui a été accordé pour les agences et qui
est inscrit ailleurs dans le budget de cette année, on s'aperçoit
qu'au contraire cette subvention est l'équivalent sinon plus d'environ 1
000 000 $. Cela n'a pas pour effet de diminuer dans l'autre catégorie
qui a été incluse, dans le fonctionnement des garderies. Elle est
quand même augmentée de 1 000 000 $. Donc, c'est simplement pour
les réaménagements des ventilations des crédits où
cela n'a pas été inscrit de la même façon cette
année.
Mme Vermette: En fait, si je comprends bien, vous dites que ce
sont des écritures comptables tout simplement. C'est un jeu
d'écri- tures comptables. Donc il n'y a pas d'argent neuf, il n'y a rien
là-dedans. C'est de l'argent qui...
Mme Gagnon-Tremblay: Non, mais il y aurait 1 000 000 $ quand
même d'ajouté.
Mme Vermette: C'est ce que j'essaie de comprendre, si des
transferts...
Mme Marcotte: On laisse entendre ici, quand on voit, 1987-1988,
11 000 000 $, et, 1988-1989, 9 000 000 $ pour les subventions de soutien aux
garderies pour les enfants handicapés, maintien aux pouponnières,
qu'il y a une réduction du budget. Mais dans les faits, l'an
passé il y avait dans cette catégorie des subventions de
fonctionnement, la garde en milieu familial qui n'y est plus.
Mme Vermette: Oui, mais l'argent va quelque part de toute
façon.
Mme Marcotte: Oui, oui.
Mme Vermette: Donc, il peut y avoir 1 000 000 $ de plus, mais, en
réalité, il y en a moins ailleurs, puisqu'on part de 11 000 000 $
à 9 000 000 $, à moins qu'il y en ait plus ailleurs.
Mme Marcotte: Non. Si on regarde dans les subventions de soutien
aux garderies, on retrouve les subventions de fonctionnement en garderies pour
lequel le montant aurait été de 32 000 000 $. Donc il y a aussi
une augmentation qui se chiffrerait à près de 1 000 000 $. Si on
retourne à l'autre catégorie, si je peux la retrouver, les
subventions aux garderies, il n'y a pas de réduction, c'est
simplement...
Mme Vermette: II n'y a pas de réduction, mais il n'y a pas
d'argent neuf non plus.
Mme Marcotte: Non, ce n'est pas...
Mme Vermette: C'est ce que je veux vous dire, qu'il faut que
ça s'équilibre.
Mme Marcotte: C'est cela.
Mme Vermette: Si c'est un jeu d'écriture comptable, il
faut que ça s'équilibre.
Mme Marcotte: C'est exact.
Mme Vermette: C'est ce que je veux dire, il n'y a pas d'argent
neuf finalement.
Mme Gagnon-Tremblay: On a eu l'impression justement qu'on avait
coupé, et, comme je vous le dis, cette information a été
véhiculée un peu parce qu'on n'a pas pu rétablir les
faits.
Mme Vermette: Je voulais l'entendre.
Mme Marcotte: Ce n'était pas voulu.
Mme Vermette: Non, c'est parce que Mme la ministre disait: Oui,
au contraire, il y a 1 000 000 $ de plus, mais, finalement, il peut y avoir 1
000 000 $ de plus, mais par...
Mme Marcotte: II peut y avoir 1 000 000 $ de plus, mais pas par
une subvention additionnelle, par un équilibre.
Mme Vermette: Pas par de l'argent, c'est tout simplement par
l'écriture comptable. Je voulais que ce soit très clair. C'est
très différent.
Mme Marcotte: Les subventions aux pouponnières n'ont pas
été augmentées.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, non.
Mme Vermette: Cela peut être très différent
à ce moment-là et l'impact pourrait être...
Mme Gagnon-Tremblay: Par contre, c'est mieux que de l'avoir
coupé de 2 000 000 $ ou 3 000 000 $.
Mme Vermette: Vous n'auriez jamais fait cela pour les garderies.
Votre gouvernement était en pleine politique familiale. Voyons donc, ce
n'est pas possible.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est pour cela que je suis très
heureuse de pouvoir vous l'expliquer parce qu'on l'avait véhiculé
et que j'étais un petit peu déçue.
Mme Vermette: Vous êtes en train de me dire que c'est
encore beau qu'on ait le statu quo.
II y a un autre dossier, parce que je vois que le temps file très
rapidement...
Le Président (M. Bélanger): Avant de passer
à un autre dossier, si vous me le permettez, le député de
Fabre aurait une question à poser.
M. Joly: On vous a laissé beaucoup de temps, Mme la
députée de Marie-Victorin. On a été bien
raisonnables.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Fabre, procédez.
M. Joly: Merci, M. le Président. Mme la ministre,
j'aimerais quand même vous souligner que, lors de votre allocution
d'ouverture, vous avez réussi à aiguiser ma curiosité
à un moment donné quand vous avez parlé de deux projets
pilotes. En fait, on retrouve ici un petit paragraphe qui parle de deux projets
pilotes et il y en a un qui m'intéresserait plus
particulièrement, c'est la halte-garderie au CLSC Centre-Sud dg Mont-
réal. On me dit que c'est une expérimentation d'une formule de
centre intégré. J'aimerais que vous donniez plus de
détails sur cela et les raisons qui ont motivé cette nouvelle
expérience ou ce projet pilote.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez que, dans la Loi sur les services
de gardes à l'enfance, on retrouve certains articles concernant les
haltes-garderies et les jardins d'enfants, qui ne sont pas promulgués.
Alors, dans le but de promulguer ces articles, il nous semblait important
d'expérimenter un projet quelconque de halte-garderie, entre autres dans
le CLSC
Centre-Sud où il y a une clientèle un peu
particulière. C'est pourquoi nous avons demandé ce projet pilote,
plus spécifiquement, qui vise à déterminer la pertinence
de la mise sur pied d'une halte-garderie, planifier théoriquement la
mise sur pied d'un tel service, en déterminer les modalités
d'opération et examiner la collaboration possible entre le CLSC et
l'office auprès des haltes-garderies. Il y a une subvention de 30 000 $
de prévue et qui sera versée au CLSC en deux montants
égaux, c'est-à-dire un premier montant de 15 000 $ au
début et un solde de 15 000 $ après la réalisation du
projet. Elle servira à payer le coût de 800 heures de travail, les
frais d'aménagement de la halte-garderie et l'achat d'équipement.
Le paiement sera conditionnel à la réalisation de travaux
satisfaisant aux exigences de l'office.
M. Joly: Si cela fonctionnait selon vos attentes - du moins,
j'imagine que vous avez donné des objectifs bien précis - est-ce
que vous avez l'intention de multiplier ce genre de projet?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que, quand on parle de diversifier
des services, il est certain qu'il y a des besoins pour des halte-garderies et
des jardins d'enfants au Québec. Je pense qu'on se doit de promulguer
les articles. Effectivement, il y a une demande et des besoins dans ce sens.
Maintenant, on ne peut pas aller un peu par ci par là. Je pense qu'il
faut quand même expérimenter certains projets. Ce projet va nous
permettre de nous donner une bonne idée d'une formule qui pourrait
être développée davantage.
M. Joly: Merci. Cela répond à cette question. Si
Mme la députée voulait me permettre, je parlerais peut-être
aussi des garderies en milieu de travail. Je pense qu'actuellement, on ressent;
chez les employeurs autant que chez les employés, une forme
d'intérêt qui voudrait peut-être encourager ce genre de
garderie. Est-ce qu'il y a des études de faites concernant les avantages
et aussi peut-être les inconvénients qui peuvent se rattacher
à tout cela?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, il y a eu des
études qui ont été faites par l'Office des services
de garde sur les avantages et les inconvénients qu'on pourrait retrouver
du côté des employeurs et du côté des employés
également. Il faut dire que, jusqu'à maintenant, l'office a assez
bien répondu aux demandes du milieu. Il n'a pas eu à refuser des
demandes en milieu de travail, par exemple. Par contre, les garderies qu'on
retrouve en milieu de travail se situent davantage dans les cégeps et
les centres hospitaliers, c'est-à-dire au niveau gouvernemental. Si ma
mémoire est fidèle, je pense qu'on retrouve seize ou dix-sept
garderies qu'on appelle véritablement des garderies dans le secteur
privé du milieu de travail. Dans ce sens, II est sûr qu'en ce qui
a trait aux avantages pour les employés, il y a toute la question de la
réduction du temps de transport. Il y a aussi le fait qu'on puisse
visiter l'enfant durant les heures du dîner, parfois. On se rend compte
aussi que le taux d'absentéisme est beaucoup moindre dans les
enterprises qui ont une garderie en milieu de travail. Je pense qu'il y a quand
même des avantages que l'on doit prendre en considération. Comme
je vous le mentionnais, jusqu'à maintenant, les garderies en milieu de
travail se sont développées davantage dans les secteurs de
l'éducation, dans les cégeps et dans les centres
hospitaliers.
M. Joly: Merci beaucoup, j'aurais aimé vous entendre nous
en dire davantage.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Vous vous trouvez gentil, M. le
député. C'est bien. Il y a des questions qui viendront et qui
sont tout de même assez ' importantes aussi. Vous le savez très
bien, cela touche la CSN et l'Office des services de garde concernant la
formation des travailleuses. C'est très difficile pour les
travailleuses; elles réclament actuellement une reconnaissance salariale
plus élevée que celle qu'elles ont à l'heure actuelle.
Elles demandent aussi qu'on leur reconnaissent des congés de maladie et
elles veulent participer à un régime collectif d'assurance. Je
pense que cela fait un petit bout de temps que leurs demandes sont sur la table
et qu'elles attendent des réponses. Justement, est-ce qu'elles auront
cette reconnaissance qui est importante si on veut avoir un service de garde de
qualité, basé sur la compétence des gens qui auront la
charge de la formation des enfants? Cela fait aussi partie de la stimulation
précoce et cela touche des valeurs assez importantes dans le
développement psychomoteur de l'enfant.
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous rappeler au départ que
les garderies au Québec sont des garderies privées,
c'est-à-dire que le gouvernement n'est pas l'employeur de ces garderies.
Le conseil d'administration de chacune des ces garderies doit négocier
les conditions de travail des employés de chaque garderie, mais ce n'est
pas au gouvernement de négocier les conditions de travail. Une entente
est intervenue entre le gouvernement et la CSN. Je dois vous avouer qu'il y a
une divergence majeure quant à l'interprétation d'une lettre
d'entente. On a véhiculé un peu n'importe quoi. On a dit qu'il
s'agissait d'une table provinciale de négociations. Écoutez, je
ne sais pas si le milieu a été bien renseigné concernant
cela, mais je peux vous dire qu'on a accepté un lieu de
discussion concernant la formation. Le règlement, concernant la
formation et aussi les ratios qui avaient été prévus
depuis déjà cinq ans, doit entrer en vigueur à l'automne
1988. (17 h 30)
Quant au régime collectif d'assurance de même qu'aux
congés de maternité, nous nous sommes engagés à
embaucher une firme privée pour pouvoir faire, selon un cahier des
charges, des études pour savoir combien il pourrait en coûter pour
un régime qui serait quand même appréciable dans le
réseau. Cette étude sera finalement remise à l'ensemble du
réseau des garderies pour voir, par exemple, si on y adhère, je
ne sais pas, à 50 %, à 75 % ou à 100 % si les coûts
sont moindres. Mais après cela, c'est sûr que ce sont les
garderies qui auront à décider si elles y adhérent ou non,
et non pas le gouvernement, puisque, je le répète, chaque
garderie est véritablement autonome et que ce n'est pas au gouvernement
de négocier les conditions de travail de ces personnes. Maintenant, il y
a beaucoup d'inquiétudes au niveau de la formation.
Mme Vermette: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a énormément
d'inquiétudes en ce qui concerne la formation puisque le
règlement entrera en vigueur à l'automne. Maintenant, je sais
qu'y y a des personnes qui ont cru ou ont pensé, la semaine
dernière, qu'on mettrait à la porte quantité
d'éducatrices et d'éducateurs qui n'ont pas la formation requise
et que ces personnes perdraient leur emploi. Je voudrais vous avouer qu'il
n'est pas question de faire perdre les emplois à qui que ce soit. Je
pense que le règlement doit entrer en vigueur effectivement. On est en
train de discuter actuellement de mesures transitoires qui permettraient
à ces personnes de poursuivre leur formation, puisque dans certaines
régions, entre autres, elles n'ont pas eu les mêmes
possibilités que dans d'autres régions, puisqu'elles
étaient dans des régions plus éloignées et que,
souvent, cette formation n'est pas donnée comme on le souhaiterait.
Alors, pour différentes raisons, je pense qu'on est à
prévoir...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay:... différentes mesures transitoires
pour permettre la mise en
vigueur de ce règlement.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, compte tenu de l'heure, avant d'ajourner...
Mme Vermette: M. le Président, j'aurais en guise de
conclusion...
Le Président (M. Bélanger): Un bref
commentaire.
Mme Vermette: ...finalement pour boucler la boucle tout
simplement...
Le Président (M. Bélanger): Oui, je vous en
prie.
Mme Vermette: Cela ne prendra pas vraiment de temps. Je laisserai
finalement, si vous voulez, la réplique à Mme la ministre...
Le Président (M. Bélanger): Le temps ne nous le
permettra pas, madame.
Mme Vermette: Le temps ne nous le permettra pas. Alors,
permettez-moi, en guise de conclusion, de vous demander Mme la ministre... Vous
avez parlé d'une consultation. J'aimerais savoir les dates où
aura lieu cette consultation. Quelle nature prendra cette consultation? Est-ce
qu'elle sera faite en commission parlementaire ou si ce sera une commission
itinérante? Est-ce que vous allez permettre à l'ensemble des
groupes de se faire entendre là-dessus?
Une voix: Pas une commission parlementaire.
Mme Vermette: Cela demeure... Cela fait partie de ma conclusion
parce que je reste sur des interrogations. Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Je peux vous répondre
immédiatement.
Mme Vermette: Je le savais qu'elle me répondrait. Je le
savais.
Mme Gagnon-Tremblay: D'une part, avant de parier de consultation,
je vais commencer par dévoiler la politique. Deuxièmement, c'est
sûr que je n'ai aucune idée quant à savoir si cela sera
sous forme de commission parlementaire ou si ce sera sous forme de
consultation. Tout ce qui m'importe, c'est que ce sera une consultation qui va
permettre ia mise en application de la politique le plus rapidement possible,
mais qui n'aura pas pour effet de la retarder.
Adoption des crédits
Le Président (M. Bélanger): Bien, compte tenu de
l'heure, est-ce que le programme 3 du
Conseil exécutif est adopté? Mme Vermette:
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
1, Conseil du statut de la femme, c'est-à-dire Organismes relevant de la
ministre déléguée à ia Condition féminine,
est adopté?
Mme Vermette: Le programme 1, c'est...
Le Président (M. Bélanger): C'est le Conseil du
statut de la femme.
Mme Vermette: Le Conseil du statut... Oui, adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le programme 2, Office des services de garde à l'enfance, Organismes
relevant de la ministre déléguée à la Condition
féminine, est adopté?
Mme Vermette: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division.
Mme Vermette: On aurait aimé davantage d'argent.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits relevant de la ministre déléguée à
la Condition féminine sont adoptés?
Mme Vermette: Ils sont adoptés, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Merci.
La commission, s'étant acquittée de son mandat, ajourne ses
travaux jusqu'à demain 9 h 30 à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine. C'est cela. Nous siégerons alors sur les
crédits de la politique du ministre délégué
à la Famille.
(Fin de la séance à 17 h 34)