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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre s'il
vous plaît! Je demande à chacun de prendre sa place. La commission
se réunit afin d'étudier les crédits budgétaires du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
pour l'année financière 1988-1989. Référence:
gouvernement du Québec, budget 1988-1989, crédits pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1989. Est-ce qu'il y a
des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Legault
(Deux-Montagnes) sera remplacée par M. Polak (Sainte-Anne).
Le Président (M. Bélanger): Bien. Il y a des
déclarations préliminaires à faire. Je cède la
parole à M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous remercie, M. le
Président. Je salue les membres de la commission, qui se connaissent
tous et toutes bien, pour avoir passé six semaines ensemble
récemment.
Je vais vous présenter les gens qui m'accompagnent, bien qu'elles
et eux aussi sont bien connus, pour avoir assisté à ces travaux
de la commission parlementaire sur la politique de sécurité du
revenu. À ma droite, le sous-ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, M. Jean Pronovost. À sa droite, qui
occupe généralement la chaise, Denis Jean, qui est
l'attaché politique de mon cabinet, responsable des travaux
parlementaires et, à ma gauche, Me Nicole Dussault, qui est
l'attachée politique responsable de la sécurité du revenu
au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu. Je suis également accompagné de hauts fonctionnaires du
ministère, dans les autres volets, qui sont ici pour m'aider à
répondre le plus précisément possible aux questions des
parlementaires des deux côtés de la table ainsi qu'à vos
questions, M. le Président.
En étant convoqué pour procéder à
l'étude des crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, je profiterai de l'occasion qui m'est
offerte, pour tracer, comme je l'ai fait en pareilles circonstances les deux
dernières années, un bref bilan de ce qui s'est fait au sein de
ce ministère. J'aborderai également les projets que nous
entendons mettre de l'avant, dans un avenir plus ou moins rapproché.
Avant d'entreprendre un tel exercice, il m'ap-paraît important de vous
rappeler les trois objectifs que je m'étais fixés, lors de ma
nomi- nation comme ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu, savoir assurer une saine gestion financière du
ministère, orienter nos actions de façon à réaliser
des engagements électoraux relatifs à la réforme de l'aide
sociale et à l'abolition de la discrimination basée sur
l'âge et, enfin, accentuer notre support aux efforts qui doivent
être fournis en matière de formation et de développement de
l'employabilité, afin d'aider particulièrement les plus
démunis de notre société et de favoriser leur
intégration ou leur réintégration au marché du
travail.
Vous serez donc à même, M. le Président, de
constater que ces objectifs ont guidé jusqu'à présent la
plupart de mes décisions et de mes gestes. Quant à l'avenir,
j'entends faire que ces trois objectifs s'inscrivent toujours dans la
continuité de mes actions.
Quant à l'aide sociale, que de chemin parcouru, que de travail
accompli depuis décembre 1985, en ce qui a trait à l'aide
sociale. Vous vous rappellerez sans doute que, dès mon arrivée au
ministère, mes objectifs, précédemment mentionnés,
m'avaient incité à poser des gestes dans deux dossiers majeurs,
soit de rétablir une saine gestion des fonds publics et d'entreprendre
la réforme de l'actuel système d'aide sociale.
Brossons, si vous me le permettez, un bilan de chacun de ces deux points
majeurs, pour l'année financière qui vient de s'écouler.
En avril 1987, on dénombrait 387 141 ménages qui vivaient des
prestations de l'aide sociale. Le gouvernement du Québec
déboursait pour ce mois 187 000 000 $ en prestations. Aujourd'hui, un an
plus tard, les données préliminaires d'avril 1988, indiquent que
358 000 ménages reçoivent des prestations d'aide sociale qui
totalisent une somme d'environ 182 000 000 $. Cela signifie environ 30 000
ménages de moins que l'année passée et 51 300 adultes et
enfants qui, au Québec, ne dépendent plus des prestations de
l'aide sociale par rapport à avril 1987.
D'une façon plus globale, je vous informe que depuis
l'arrivée du gouvernement libéral au pouvoir, en décembre
1985, 53 700 ménages ou familles ne dépendent plus de l'aide
sociale, ce qui correspond à près de 92 000 personnes. Ces
données, au chapitre de l'aide sociale, conjuguées à la
chute importante du nombre de bénéficiaires de
l'assurance-chômage, nous confirment que les efforts de notre
gouvernement pour relancer l'économie ont commencé et continuent
toujours à porter des fruits. D'ailleurs, tout comme je l'avais
indiqué l'an dernier, nous avons toujours attribué cette baisse
de la clientèle de l'aide sociale à trois facteurs: La reprise
économique et la création d'emplois, certaines mesures de
contrôle que nous avons mises en application ou continué à
appliquer et, enfin, les effets d'entraînement qu'a pu avoir la
revitalisation des visites à domicile.
Je vais donc, à ce moment, vous résumer pour le dernier
exercice financier, les résultats des visites à domicile, mesure
qui, est-il nécessaire de le rappeler, a déjà reçu
l'assentiment le plus total du chef du Parti québécois. Ainsi,
pour la période du 1er avril 1987 au 31 mars 1988, soit au cours de
l'exercice financier 1987-1988, il y a eu 125 154 dossiers où une
décision a été rendue, à la suite des visites
à domicile. Les résultats sont les suivants: annulations: 11 486
dossiers ou 9,2 %; refus, 5217 dossiers ou 4,2 %; modifications à la
baisse, 3397 dossiers ou 2,7 %; modifications à la hausse, 1208, 1 %,
soit un total de 21 308 dossiers qui ont subi des mod if i-catbns. En d'autres
termes, toutes les visites effectuées auront permis à 125 154
chefs de famille qui reçoivent de l'aide sociale d'avoir la certitude
que leur dossier est conforme à la loi et aux règlements actuels.
Parmi ceux-ci, il aura été nécessaire d'apporter des
modifications dans une proportion de 17 %. Je peux donc affirmer que l'objectif
d'assurer une saine gestion des fonds publics au sein du ministère est
en voie de réalisation puisque de jour en jour, des
bénéficiaires de l'aide sociale se voient assurés de la
conformité de leur dossier, eu égard à la loi
actuelle.
Par ailleurs, quant à l'atteinte de l'objectif qui consiste
à réaliser des engagements relatifs à la réforme de
l'aide sociale et à l'abolition de la discrimination basée sur
l'âge, encore là, beaucoup de chemin a été parcouru.
L'année dernière, à pareille époque, le Conseil des
ministres mandatait mon collègue le ministre des Finances et
moi-même pour élaborer une politique de sécurité du
revenu qui englobe la réforme de l'aide sociale. Le document
d'orientation Pour une politique de sécurité du revenu a
été rendu public le 10 décembre dernier. Tel que le
premier ministre et celui qui vous parle s'y étaient engagés, une
vaste consultation publique a été tenue en février et mars
1988. En effet, la commission parlementaire des affaires sociales a entendu pas
moins de 115 organismes ou individus. Sur un nombre aussi impressionnant,
mentionnons que moins de 20 organismes rejettent du revers de la main le projet
gouvernemental et, malheureusement, parfois sans nous éclairer davantage
sur les raisons de leur rejet ou sur des propositions alternatives. Cependant,
il est à noter que la majorité, voire la presque totalité
des mémoires constatent et insistent sur la nécessité
d'une réforme de l'actuel système. Cet exercice
démocratique a renforcé mes convictions quant à la
nécessité de remplacer l'actuel système. J'ai
indiqué publiquement, aux termes de cette commission parlementaire, que
j'apporterais certaines modifications qu'il me fera plaisir d'annoncer en temps
opportun.
Quant à la formation professionnelle de la main-d'oeuvre et au
développement de l'emploi, c'est à ce chapitre que nous
déployons nos efforts pour atteindre le troisième objectif que je
m'étais fixé lors de mon arrivée comme ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, à savoir
d'accentuer notre soutien aux efforts qui doivent être fournis en
matière de formation et de développement de
l'employabilité. Les modifications constantes de la structure du
marché du travail, via les changements technologiques et maintenant
l'accord sur le libre-échange nous confirment que nous devons
intensifier notre action dans le but d'aider à améliorer la
capacité d'adaptation des entreprises et celle de la main-d'oeuvre en
emploi.
D'autre part, il faut favoriser par notre action le relèvement de
l'employabilité des personnes qui restent en marge du marché du
travail Ainsi, pour l'exercice financier 1988-1989, vous constaterez, par
rapport à celui de 1987-1988, une augmentation de l'ordre de 12 500 000
$ au programme de formation professionnelle de la main-d'oeuvre, le budget
total de ce programme étant maintenant de l'ordre d'environ 157 000 000
$. À titre d'exemple, et pour témoigner des actions
concrètes que le gouvernement libéral entend prendre pour relever
les défis identifiés plus haut, qu'il me soit permis de
mentionner les 2 000 000 $ supplémentaires que nous injecterons au
programme Soutien à la formation en entreprises, qui deviendra
vraisemblablement une clé d'entrée privilégiée pour
les commissions de formation professionnelle dans les entreprises.
D'autre part, nous avons prévu, cette année encore, des
sommes importantes qui seront octroyées sur la base des mêmes
principes que ceux qui ont servi pour le plan de formation de l'usine Hyundai
qui, avons-nous besoin de le rappeler, permettra à un nombre important
de bénéficiaires d'aide sociale désireux de
réintégrer le marché du travail d'y occuper un emploi.
Voilà un précédent important qui servira de guide, je
l'espère, pour toute action future.
Quant à la protection et au développement de l'emploi,
dans le cadre maintenant du programme Protection et développement de
l'emploi, les comités de reclassement, de protection d'emploi et
d'adaptation de la main-d'oeuvre verront le budget total augmenté de
près d'un demi-million de dollars. En effet, il est impératif de
consacrer plus de 3 000 000 $ à cette activité, afin d'aider les
entreprises et les travailleurs à faire face, entre autres, au contexte
du libre-échange en leur fournissant les moyens de profiter au maximum
des possibilités réelles de développement et de s'adapter
dans les secteurs de i'économie qui subiront des modifications. Le
dossier de l'est de Montréal est d'ailleurs un autre exemple de notre
volonté ferme de permettre une chance égale à tous
d'obtenir un emploi. Nous consacrerons, en effet, au cours des trois prochaines
années et tel qu'annoncé, une somme de 12 000 000 $
supplémentaires pour le développement de l'employabilité
dans ce secteur de la ville de Montréal.
Également, le sud-ouest de Montréal et plusieurs autres
régions du Québec, de même que
certains secteurs économiques comme celui de l'industrie du
vêtement, font partie de nos préoccupations immédiates. Le
développement de I employabilité des bénéficiaires
d'aide sociale, et ce n'est une surprise pour personne, fait également
partie de mes priorités. Cette affirmation est donc
reflétée par les sommes consacrées à ce chapitre,
qui sont de l'ordre de 95 000 000 $ répartis dans les différents
programmes actuels offerts par le ministère. Également, et tel
que j'ai eu l'occasion de l'annoncer en commission parlementaire, nous avons
réussi à obtenir du gouvernement fédéral un
engagement ferme à dépenser davantage pour le
développement de l'employabilité des bénéficiaires
d'aide sociale, et ce à l'intérieur des programmes
fédéraux. Il y a là un fonds additionnel de 62 000 000
$.
Enfin, je terminerai ce point en vous rappelant que l'adaptation de la
main-d'oeuvre est plus que jamais l'une des priorités du gouvernement du
Québec, dans le contexte du traité du libre-échange. A cet
effet, des gens du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu sont à étudier, avec
différents intervenants gouvernementaux et du secteur privé, les
différents programmes de formation de la main-d'oeuvre, afin qu'ils
puissent répondre adéquatement aux besoins des entreprises et des
travailleurs. Il ne faudrait pas passer sous silence les gestes qui ont
été posés ou qui devront être posés au niveau
des organismes gouvernementaux qui sont sous ma responsabilité. Ainsi,
sans vouloir les citer par ordre d'importance, je vous ferai donc part des
gestes que nous avons posés, ainsi que des grandes lignes directrices
qui guideront nos actions dans les prochains mois.
À la Commission des affaires sociales, à la suite des
nombreuses mesures que nous avons prises afin d'en arriver au
désengorgement du rôle de la commission, l'année 1987-1988
aura connu pour la première fois depuis 1981 des résultats
concrets et encourageants. Effectivement, pour la première fois depuis
sept ans, le nombre d'appels logés est inférieur, et de beaucoup,
au nombre de causes entendues. En 1987-1988, le nombre d'appels logés
à la Commission des affaires sociales fut d'environ 1800 en ce qui
concerne les accidents du travail et la commission en a entendu 3200. Donc,
nous pouvons espérer d'ici peu un désengorgement de cette
division à la Commission des affaires sociales.
En assurance automobile, le même phénomène s'est
produit à la suite des mesures mises en place. Le temps d'attente pour
obtenir une audition a chuté de 18 à environ 12 mois en moyenne
au Québec. Dans les deux autres divisions, assurance sociale et rentes
du Québec, il n'y a plus aucun délai causé par des
accumulations de dossiers.
Lors de mon arrivée, j'ai dû faire mettre en force des
mesures correctives afin de pallier la déplorable situation dont j'avais
hérité à cause du manque d'intérêt de
l'ancien gouverne- ment. Ces mesures ont apporté le résultat
escompté bien qu'il y ait toujours place à amélioration.
(10 h 30)
D'autre part et pour tenir compte des situations qui requièrent
une attention urgente, la Commission des affaires sociales entend, en
priorité, les parties qui peuvent justifier, par écrit, l'urgence
d'être entendues par préférence. Le suivi des mesures
administratives s'inscrit dans un processus visant essentiellement à
assurer un meilleur traitement à notre clientèle.
Le conseil d'arbitrage. Le conseil d'arbitrage a entrepris les
démarches nécessaires à l'implantation d'un système
informatique, ce qui permettra de diminuer les délais de traitement des
dossiers et de mieux répondre aux attentes de la clientèle. Au
total, 1715 décisions ont été rendues relativement au
règlement pour la formation et la qualification professionnelles de la
main-d'oeuvre de l'industrie de la construction, soit une augmentation de
près de 10 % par rapport à l'année
précédente. Dans ce sens, le conseil d'arbitrage a
procédé à la préparation d'un rôle des
auditions, ce qui a de beaucoup diminué les remises de causes et
facilité la fixation des auditions.
Quant à la Régie des rentes du Québec, au cours de
la dernière année, elle a, en collabora- . tion avec les gens du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
ainsi que ceux du ministère des Finances et du Secrétariat
à la Condition féminine continué de travailler sur un
dossier important et fort complexe, soit celui de la rente pour le conjoint au
foyer. Comme nous l'avions évalué au départ, trouver une
solution simple et apte à répondre à la diversité
des besoins exprimés par les divers groupes sur cette question est une
entreprise fort complexe. D'ailleurs, comme je vous l'avais souligné
l'an dernier, un groupe de travail s'est également penché sur
cette question au niveau fédéral-provincial. Une foule de
solutions ont été répertoriées et passées
à la loupe, mais aucune n'a encore été retenue. L'automne
dernier, la Régie des rentes du Québec déposait l'analyse
actuarielle du Régime de rentes du Québec. Les principales
conclusions qui ressortent de cette analyse ont trait au financement du
régime. Celles-ci mettent en lumière la nécessité
de poursuivre l'augmentation du taux de cotisation amorcés l'an dernier
au-delà de la période prévue par la loi, soit après
1991.
En effet, compte tenu du mode de financement du régime, le taux
de cotisation doit suivre l'évolution des déboursés du
régime et le rôle de la réserve se limite à
atténuer l'effet des fluctuations de l'économie et de la
démographie sur le financement. La situation du Régime de
pensions du Canada, à cet égard, n'est pas différente. Des
discussions devraient s'amorcer dès l'an prochain, au niveau
fédéral-provincial, dans le but d'en arriver à
déterminer le taux de cotisation qui sera exigé par la
Régime de
pensions du Canada et, possiblement, par la Régie des rentes pour
la période de 1992 à 1996.
Enfin, nous avons assisté, au cours des derniers mois, à
la mise en place dans plusieurs provinces de nouvelles lois concernant les
régimes privés de retraite. Ces lois sont devenues beaucoup plus
complexes que les lois antérieures, compte tenu des pressions et des
conflits qui ont eu cours au cours des dernières années sur des
questions comme la propriété et la distribution des surplus
accumulés.
Tout récemment, le ministère fédéral des
Finances déposait également un projet de réforme visant
l'épargne-retraite qui alourdira sensiblement l'administration de
nombreux régimes privés de retraite. Signalons enfin les
nouvelles règles adoptées par l'Institut canadien des comptables
agréés touchant la préparation des états financiers
dans les entreprises offrant des régimes de retraite. On constate que le
domaine de la retraite est devenu de plus en plus complexe, les travailleurs
comprennent mal leur régime et les employeurs sont placés face
à des contraintes administratives très importantes et fort
onéreuses. Il importe donc de prendre les moyens nécessaires pour
simplifier les règles actuelles si l'on veut vraiment que les
régimes de retraite jouent pleinement leur rôle comme outil
essentiel de remplacement du revenu à la retraite. J'ai donc
demandé à la Régie des rentes de préparer des
propositions pour rencontrer cet objectif de simplification. Je suis tout
à fait conscient des enjeux en cause dans le contexte
démographique actuel et futur du Québec.
Quant à l'Office de la sécurité du revenu des
chasseurs et piégeurs cris, depuis plusieurs années, le Cris de
la Baie-James, signataires de la Convention de la Baie-James et du Nord
québécois, demandaient au gouvernement d'apporter des
modifications au programme de la sécurité du revenu des chasseurs
et piégeurs cris. Douze ans après l'implantation de ce programme,
l'Office de la sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris est fier des résultats obtenus. Toutefois, comme
les résidents de la Baie-James, le gouvernement considère comme
essentiel de voir à ce que ce programme demeure dynamique et
adapté à la réalité du milieu. C'est pour ces
raisons que le ministère de !a Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, à ma demande, a convenu, l'an dernier,
de former un groupe de travail composé des représentants du
ministère et des représentants de l'administration
régionale crie. Ce comité bipartite avait pour objectif
d'étudier les demandes de la population crie et les recommandations de
l'office et de faire des propositions pour améliorer ie programme.
Après plusieurs mois de pourparlers, les parties sont parvenues à
un accord de principe. Je résumerai cette entente en vous faisant part
de deux points qui m'apparaissent des plus innovateurs. Le premier point, la
création de comités locaux facilitant l'admission aux programmes
de personnes qui pratiquent comme mode de vie les activités
traditionnelles de la chasse et du piégeage. Deuxièmement,
l'octroi de prestations de maternité pour les femmes inscrites au
programme.
Pour donner suite à ces modifications, le groupe de travail est
à rédiger un projet de convention complémentaire à
la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Celle-ci
devrait être ratifiée officiellement au cours des prochains mois.
Par la suite, c'est-à-dire lors d'une prochaine session parlementaire,
nous déposerons le projet de loi modifiant la Loi sur la
sécurité du revenu des chasseurs et des piégeurs cris.
Quant à la Commission des normes du travail, elle est l'organisme
responsable de la Loi sur les normes du travail. Au cours de la dernière
année, la commission a poursuivi ses efforts pour se rendre accessible
à la population en rencontrant des groupes directement
intéressés par la loi, en participant à divers colloques,
salons spécialisés, expositions régionales,
émissions d'information publiques. Par l'ensemble de ses services, elle
a répondu à au-delà de 450 000 demandes de renseignements
téléphoniques, sans frais pour le client.
Parallèlement à ce travail effectué par la
Commission des normes du travail, le gouvernement a continué de prendre
ses responsabilités en matière de salaire minimum. En octobre
1987, le salaire minimum est passé de 4,35 $ à 4,55 $ l'heure.
Pour la deuxième fois en deux ans, nous tentions d'améliorer la
situation des travailleurs et travailleuses à faible revenu, tout en
ayant à l'esprit la position concurrentielle du Québec.
Finalement, je vous informe que j'ai l'intention de proposer à
l'Assemblée nationale, lors d'une prochaine session, un projet de loi
visant à modifier la Loi sur les normes du travail en tenant compte des
attentes des salariés et des employeurs en général et des
nombreuses demandes et recommandations reçues depuis l'adoption de cette
loi.
En conclusion, M. le Président, je dois avouer que je suis
particulièrement heureux de constater que les trois objectifs que Je
m'étais fixés à mon arrivée m'ont
véritablement servi de toile de fond pour l'ensemble des
décisions que j'ai prises et des gestes que j'ai posés. Je peux
assurer tous ceux qui croient, tout comme moi, que l'on doit continuer de
favoriser la justice et l'équité sociales, que, dans les semaines
et les mois à venir, j'aurai à l'esprit la poursuite et
l'atteinte de ces trois objectifs: assurer une saine gestion financière,
réaliser les engagements électoraux relatifs à la
réforme de l'aide sociale et à l'abolition de la discrimination
basée sur l'âge pour les prestataires de l'akje sociale et,
finalement, accentuer nos efforts en matière de formation et de
développement de l'employabilité. Je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. J'ai rarement
l'occasion de souligner, d'abord, les personnes qui accompagnent le ministre et
le ministre lui-même, et les membres de cette commission... J'ai rarement
l'occasion d'envier le ministre, sauf quand il fait lecture d'un discours parce
que je me dis qu'il a cette chance d'être entouré d'une
équipe assez considérable. Je me rendais compte, d'ailleurs,
à la lecture des crédits, que cette équipe a beaucoup
grossi, en regard des critiques que l'on faisait au gouvernement
précédent, il y a à peine trois ans maintenant, quand on
prétendait que les équipes ministérielles dans les
cabinets étaient imposantes. J'ai cru remarquer dans les crédits
qu'il y avait maintenant 25 personnes - je suppose que c'est pour les deux
cabinets - et qu'il y avait une augmentation, en chiffres absolus, sur le plan
de ia masse salariale, entre 1985-1986 et le présent exercice financier,
qui dépasse largement la simple hausse de l'indice des prix à la
Consommation. Le ministre aura l'occasion de me répondre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, il s'agit
d'éléments de programme. Si on est pour entrer dans les
éléments de programme, je peux démontrer à Mme la
députée de Maisonneuve qu'on a considérablement...
Mme Harel: On va revenir.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, on aura
l'occasion de revenir sur cela pendant de nombreuses heures.
Mme Harel: On va y revenir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Je prierais Mme la
députée de Maisonneuve de terminer son exposé, s'il vous
plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'y reviendrai en réplique,
M. le Président.
Mme Harel: Oui, je vous remercie, M. le Président. Je vois
que cela commence bien, mais on aura peu de temps, finalement, parce qu'on n'a
que six heures à notre disposition. Je souhaiterais que la commission
puisse s'entendre pour pouvoir récupérer les quelque quinze
minutes qu'on a perdues au début de nos travaux.
Je vois que le ministre est heureux. Il termine son discours en nous
mentionnant - j'en suis fort aise - qu'il considère être un
ministre heureux. C'est un incorrigible optimiste puisqu'il est sans doute un
des seuls à être heureux, compte tenu des inquiétudes
très vives qui ont été manifestées dans bien des
milieux au cours de la présente année, et je ne parle pas que des
bénéficiaires de l'aide sociale. On aura l'occasion de revenir
sur cette question.
J'ai cru comprendre également que le ministre non seulement
était heureux, mais qu'il se félicitait et qu'à
l'ouverture de son discours, il se donnait même des bonnes notes
considérant que les grandes lignes qu'il entend nous tracer sont
très satisfaisantes. Alors, je vais lui dire qu'en faisant lecture des
crédits de l'année dernière, en date du 26 mai 1987, j'ai
cru comprendre qu'il affichait, à cette époque-là, le
même optimisme et que, d'une certaine façon, il
répétait cette année presque intégralement,
à peu de choses près, les propos qu'il tenait devant la
commission l'an dernier. L'an passé, il lui était encore possible
de soutenir ces propos parce qu'il n'avait pas déposé un projet,
projet qui non seulement va à l'encontre de l'engagement de son
gouvernement en regard de la parité pour les moins de 30 ans, mais qui
suscite de l'indignation dans bien des milieux quant aux mesures odieuses
à l'égard des familles qui y sont contenues et, également,
des protestations très vives du fait de l'abandon d'un barème,
nonobstant les causes, pour compenser l'absence de ressources et pour
simplement permettre de survivre à un très grand nombre de nos
concitoyens.
Quand le ministre prétend que c'est simplement une vingtaine de
mémoires - à ce qu'il dit dans son texte - qui rejetaient du
revers de (a main le projet du gouvernement et qu'il prétend que les
mémoires incitaient à une réforme, oui, la très
grande majorité, mais non pas sa réforme, une vraie
réforme. Et s'il y en a une vingtaine qui le rejetaient du revers de ia
main, il y en a 75 autres qui le rejetaient du revers de l'autre main. Parce
que c'est très majoritairement, au-delà de 92 mémoires,
qui demandaient au ministre de retirer totalement le projet consistant à
décréter des barèmes différents selon les
catégories de prestataires, ce qui est le fondement de la réforme
déposée par le ministre.
M. le Président, nous allons avoir l'occasion d'examiner
programme par programme et je rappelle un des objectifs pour lequel le ministre
prétend avoir déployé des efforts considérables,
celui de la formation professionnelle de la main-d'oeuvre et du
développement de l'emploi. Nous allons insister particulièrement
sur cette question au cours de nos travaux.
Je vais faire intégralement lecture de ce que le ministre disait,
l'an passé, à cet effet. "Quant aux objectifs, - disait-il l'an
dernier - nous nous sommes fixé la protection et le développement
de l'emploi ainsi que la formation professionnelle, ayant injecté une
somme additionnelle de 42 000 000 $ à des programmes. Le
ministère que je dirige déboursera donc 275 000 000 $ à ce
chapitre pour l'exercice financier 1987-1988." C'était donc là
l'enveloppe globale dont il discutait, l'an passée, devant cette
commission. Qu'en a-t-il été, M. le
Président? À la lecture de la comparaison, fournie par le
ministère, des crédits prévus au programme, Formation
professionnelle et développement de l'emploi, on se rend compte que,
cette année, l'enveloppe globale qui serait allouée pour
l'année 1988-1989 à ces objectifs pour lesquels le ministre
prétend déployer des efforts à nul autre pareil est de 266
000 299 $.
M. le Président, la lecture attentive des crédits nous
permet de saisir la contre-performance du ministère à
l'égard des mesures d'employabilité. Je m'attendais, ce matin,
à ce que le ministre dépose devant la commission la recherche sur
les mesures d'employabilité qui nous avaient été promises
pour le 15 avril et qui se révèlent d'autant plus importantes
quand on constate une réduction de la participation dans les mesures
d'employabilité au présent exercice par rapport au
précédent, et quand on constate également un taux
d'abandon de l'ordre de 42 % à 45 %, dépendamment des mesures.
Évidemment, j'exclus le retour aux études post-collégiales
qui est une des mesures qui "performent" et on reviendra, par ailleurs, sur les
difficultés qu'il pose pour un très grand nombre de
bénéficiaires, et j'aurai des dossiers à apporter au
ministre sur les zones grises entre l'Education et la Main-d'Oeuvre et
Sécurité du revenu en regard des chefs de famille monoparentale
qui participent au programme. (10 h 45)
II faut donc se rendre compte, en ce qui concerne les mesures
d'employabilité et le développement, de l'emploi dans les
crédits supplémentaires, si on reprend simplement le nombre de
participants de 1986-1987 en regard de 1987-1988, c'est une diminution de 7913
participants dans ces mesures. Si on constate le taux d'abandon de ceux qui ont
participé, au-delà de 9997 personnes ont abandonné en
cours de route; en ce qui concerne !e rattrapage scolaire, c'est un taux
d'abandon de presque 45 %; les stages en entreprises, un taux d'abandon de 42 %
et, quant aux travaux communautaires, le taux d'abandon est relativement plus
bas, sort 35 %. Pourtant ce programme était censé performer.
M. le Président, il faut aussi examiner de très
très près l'effectif dont le ministère dispose en
matière d'employabilité. Je me suis intéressée,
pour les prévisions de l'année qui vient, à tenter de voir
comment se conjuguaient ces efforts du ministère en matière
d'employabilité en regard de l'effectif. Évidemment, je parle de
celui qui sera alloué pour la gestion des programmes
d'employa-bilrté. Ce dont on se rend compte, c'est qu'il y a une
diminution assez substantielle de l'effectif. Même si on prend en
considération le nombre d'agents qui seront ajoutés aux Centres
Travail-Québec, il faut prendre en considération le nombre de
ceux qui seront réduits des commissions de formation professionnelle.
Tout compte fait, on assiste donc non seulement à une diminution de
l'effectif, mais si, en plus, on alloue à chacun le nombre de dossiers
sur le plan du développement de l'employabilité pour 1988-1989
qui est censé être une amélioration, c'est-à-dire
475 dossiers que je reprends dans l'étude des crédits 1988-1989,
M. le ministre, l'effectif des centres Travail-Québec, selon les
chiffres fournis par votre ministère, on se rend compte qu'il y a 475
dossiers quant au développement de i'employabilité par agent.
À 35 heures-semaine, en considérant le temps des vacances et des
congés, c'est 33 dossiers par jour travaillé que chaque agent
doit gérer - je parle des dossiers d'employabilité, non pas des
dossiers d'aide financière. Si on fait simplement le calcul commun du
nombre d'heures travaillées par jour au nombre de dossiers
affectés, c'est vraiment généreux de penser qu'un agent
pourra consacrer trois quarts d'heure par dossier d'employabilité. Et
là, cela suppose qu'a commence à 9 heures, qu'il convoque des
bénéficiaires le vendredi, à 16 heures, et qu'il ne va pas
aux toilettes, ne prend pas de café et n'a pas de réunion. Cela
veut dire 45 minutes par dossier d'employabilité. Alors, je ne parle
même pas des données factuelles requises pour l'aide
financière; ce sont d'autres agents qui vont gérer ces dossiers.
Je parle de ce dossier supposé être une relation d'aide en vue
d'une réinsertion sur le marché du travail.
Vous comprendrez que nous mettons sérieusement en doute la
prétention du ministre à savoir qu'il entend déployer des
efforts particuliers en matière de développement de l'emploi et
en matière de formation professionnelle. On y reviendra, M. le
Président.
Quant au nombre d'effectifs à l'aide sociale, j'aimerais bien
interroger le ministre sur cette information qui circule actuellement à
Montréal voulant que le nombre de bénéficiaires d'aide
sociale aurait augmenté sur le territoire du Montréal
métropolitain durant le précédent exercice financier.
M. le Président, quand on pense que cela a été une
année de croissance à la fois économique et de l'emploi,
quand on pense que les indicateurs récents, et je cite le document
intitulé "L'emploi au Québec", communiqué mensuel de la
direction de la recherche du ministère qui fait état pour mars
1988 en regard de mars 1987 d'une création de 79 000 emplois, ce qu'on
sait être à peine suffisant pour absorber la main-d'oeuvre qui
soit accède pour une première fois au marché de l'emploi
ou soit qu'il y retourne. Quand on sait que c'est massivement la
catégorie des femmes de 44 ans et plus qui, actuellement, retournent sur
le marché de l'emploi, on peut voir qu'en regard de février le
ministre va devoir constater lui-même qu'on assiste à un
déclin, une réduction qui était prévue d'ailleurs
par l'ensemble des observateurs qui nous annoncent un ralentissement en
matière de création d'emplois et qui nous signalent ce que tout
le monde sait, que l'emploi est cyclique et la croissance économique
tout autant.
Quand le ministre prétend que tout allait
bien avec à peu près 10 % de chômage, qu'est-ce que
cela va être quand le ralentissement va se faire sentir et quand on sait
qu'on commence évidemment, comme c'était d'ailleurs prévu,
à connaître ce ralentissement?
Je rappelle au ministre ce que disait le vice-président de la
FTQ, Fernand Daoust, lorsqu'il se présentait en commission parlementaire
sur l'urgence d'une politique de plein emploi. Je cite textuellement le
vice-président de la FTQ qui disait au gouvernement et au ministre tout
récemment, il y a à peine un mois: "Depuis son élection,
votre gouvernement n'a rien fait pour rétablir la situation de l'emploi.
Bien au contraire, il a démantelé la table nationale de l'emploi,
il a adopté des politiques budgétaires restrictives, s'est
retiré graduellement de l'économie par des mesures de
privatisation et de déréglementation." Le vice-président
de la FTQ appelait la responsabilité du ministre en matière de
mise en place d'une véritable politique d'emploi au Québec et non
pas d'une déresponsabilisation sur les épaules de l'entreprise
privée qui a des responsabilités en matière de croissance
de ses profits mais qui n'en a pas en matière de développement de
l'emploi. Il rappelait au ministre qu'avec un taux de 9,8 % en situation
prétendument idyllique en termes de croissance d'emploi les lendemains
pourraient déchanter si tant est que le Québec connaissait un
ralentissement prévisible pour les sociétés
industrielles.
M. le Président, nous allons avoir l'occasion de revenir sur
chacun des dossiers et, particulièrement, j'annonce au ministre que nous
aimerions examiner de plus près toute la question des 6500
chèques qui, lors d'une conférence de presse en juillet dernier,
au dire du ministre, avaient été un peu abusivement émis
et que nous aimerions connaître l'état actuel de la situation et
également examiner toute la question de la présomption de vie
maritale en regard des visites à domicile, profiter aussi de la
présence de la Commission des affaires sociales pour examiner de plus
près ce que le ministre prétend être un
désengorgement. Il faut constater que le Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre ne semble pas partager ces...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La CALP.
Mme Harel: Oui, en regard des cas de révision des
accidents de travail. C'est sûr qu'il y a une division différente
mais on y reviendra de toute façon. Le ministre va avoir l'occasion de
mieux nous informer sur cette question.
Également, nous allons examiner les recommandations de la
Commission d'accès à l'information qui, dans un rapport annuel
récent, se déclarait assez insatisfaite de la collaboration du
ministère en regard de ce dossier des renseignements; examiner aussi
comment a pu se produire la vente de renseignements des dossiers des
bénéficiaires d'aide sociale à Montréal; examiner
également les dossiers qui sont devant la Commission des droits de la
personne en regard de la discrimination fondée sur l'âge. Ce sont
là deux dossiers qui sont actuellement devant la Commission des droits
de la personne.
Nous aimerions peut-être libérer le président de la
régie pour examiner ce soir toute la question de la rente,
l'accès des femmes à la Régie des rentes, de l'état
du dossier et interroger le ministre sur les différents scénarios
qui auraient été complétés pour qu'il puisse faire
état devant cette commission. Également, examiner l'état
des relations fédérales-provinciales en regard de la
réforme. De toute façon, je vais sans doute avoir l'occasion,
lors de l'étude programme par programme, malgré que je vous
proposerais, M. le Président, que nous puissions, selon les dossiers,
examiner les programmes pour en disposer plutôt globalement à la
fin de nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): Pas de problème,
madame.
Mme Harel: Alors, je vais peut-être inviter le ministre,
dès le début de nos travaux, à nous clarifier aussi le
calendrier des consultations qui seront faites sur son projet de
réforme. Le cabinet du ministre avait informé les médias
que la séquence serait à peu près la suivante:
dépôt avant l'ajournement, consultations particulières ou
consultation générale en commission parlementaire sur le projet
de loi à l'automne et discussion du projet de loi en octobre. En
début de nos travaux, j'aimerais savoir du ministre si c'est là
un échéancier qui est prévisible. Également, par la
suite, examiner de plus près toute la question du programme SUPRET et du
programme APPORT. Notamment - et je termine là-dessus, M. le
Président - le programme SUPRET avait été institué
par une loi adoptée en 1979 et il est toujours en vigueur.
Les formulaires distribués ne l'ont été que pour
les ménages sans enfant, étant entendu que des ménages
avec enfant bénéficieraient du programme APPORT. Mais il se
révèle qu'une portion non négligeable de ménages
avec enfant pourrait, compte tenu des conditions différentes, ne pas
avoir accès au programme APPORT et ne se trouverait pas non plus
à pouvoir réclamer le SUPRET. D'autre part, les formulaires ont
été envoyés par la poste aux personnes qui avaient fait
une demande antérieure seulement le lundi qui a suivi Pâques.
D'autre part, les réclamations nouvelles, récentes ne sont
possibles qu'avec un formulaire mis à la disposition des contribuables
il y a à peine quinze jours. Je crois comprendre que le ministère
entend prolonger jusqu'au 30 juin et je voudrais faire confirmer cela, M. le
ministre, et vous interroger sur une décision qui n'est quand même
pas annoncée, qui n'est pas rendue publique encore. Je n'ai pas vu tout
au moins de communiqué du cabinet ou du ministère à savoir
qu'il y avait prolongation de la
réclamation du programme SUPRET.
Pourquoi ne pas prolonger, comme cela a été le cas dans
les années précédentes, au moins jusqu'au 30
décembre, et d'autre part, comment peut-on justifier que le programme
SUPRET qui est encore en vigueur ne puisse pas s'appliquer pour l'exercice
financier 1988 aux personnes qui, l'an prochain, auraient eu droit dans leur
rapport d'impôt d'en faire la demande. Il y a là une question
juridique qui va certainement exiger des réponses claires, parce que ce
sont vraiment des appels répétés et nombreux que nous
recevons de personnes qui considèrent que c'est un droit et que le
ministère, en légiférant ultérieurement, parce que
la question c'est de savoir quand le ministre entend légiférer
pour abolir le programme SUPRET et introduire le programme APPORT. Mais,
à ce moment-là, ce serait une législation
rétroactive qui abolirait un droit puisque, depuis le 1er janvier 1988,
en fonction du SUPRET, dans la prochaine déclaration d'impôt, les
travailleurs à faible revenu pourraient avoir le droit de le
réclamer. Donc, M. le Président, on n'en est pas à une
clarté évidente dans ce dossier. Alors je vais demander au
ministre d'être le plus clair possible sur ces échéanciers
de programme. (11 heures)
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Excusez, M. le Président, je voudrais tout
simplement comprendre la députée de Maisonneuve, comment elle
fonctionne, parce qu'on voudrait bien suivre, de ce côté-ci. Je
n'ai pas d'objection à ce qu'on adopte les programmes à la toute
fin, mais si je comprends bien, on ne suit pas la liste de la table des
matières de notre document.
Mme Harel: Ce qu'on vous suggère, ce serait, M. le
Président, de commencer avec le programme 4, je pense, non,
attendez...
Une voix: Non, 4 c'est ce soir. Une voix: C'est...
Mme Harel: C'est cela. Le programme concernant la formation
professionnelle et les mesures d'employabilité...
Une voix: 10.
Mme Harel: ...10
Le Président (M. Bélanger): Programme 10.
Mme Harel: Mais, est-ce qu'il y a des... Parce que vous aviez
l'intention...
M. Leclerc: Oui, en fait si vous avez...
Mme Harel: ...de participer aux travaux mais de...
M. Leclerc: Oui, oui.
Mme Harel: ...nous quitter à un certain moment.
M. Leclerc: Non, mais si vous avez une liste...
Mme Harel: ...moi, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Bélanger): ...des sujets dans
l'ordre, peut-être que vous pouvez nous la transmettre. Moi je n'ai pas
d'objection à ce que vous gériez l'ordre des sujets sauf qu'on
aimerait avoir une idée de ce qui va se passer aujourd'hui...
Mme Harel: Alors, normalement, on pourrait examiner les
programmes sur les rentes et les allocations familiales ce soir, ce matin, 10
et 11, et cet après-midi tous les autres.
Le Président (M. Bélanger): Cela va. Merci. Une
voix: Gros après-midi.
Le Président (M. Bélanger): Alors, pas d'autres
commentaires? M. le ministre.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, brièvement, M. le
Président, je ne peux pas laisser passer certains commentaires sans
apporter certains éclaircissements...
Le Président (M. Bélanger): Je vous préviens
que si je vous donne un droit de réplique, je devrai en donner un
à Mme la députée de Maisonneuve.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je n'ai pas d'objection, je
pense qu'on retrouve...
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...on se retrouve un peu comme on
s'était quitté. Moi j'aurais espéré, compte tenu de
certains événements, qu'on se retrouve en ayant diminué
nos défauts et améliorer nos qualités. Il y en a qui ont
vécu, ne serait-ce que sur le plan physique, un certain vieillissement:
Mme la députée de Maisonneuve, bon anniversaire pour vendredi
passé.
Mme Harel: Ha! ha! ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aurais souhaité que cela
nous amène à aborder les problèmes un petit peu
différemment, mais toute la question que je ne peux laisser passer,
la
première soulevée par Mme la députée de
Maisonneuve, et je comprends l'imbroglio. Lorsque j'ai été
assermenté ministre, j'ai hérité, finalement, de trois
ministères au complet et de 50 % d'un autre ministère, ce qui
faisait en sorte que j'héritais, strictement sur le plan physique, et le
reste en découle, de sept suites ministérielles, etc. J'en ai
fermé cinq, par saine gestion administrative et parce que je ne pouvais
pas me promener dans sept suites ministérielles.
Sur le plan des masses salariales, également, il y a eu une
diminution très importante. J'ai demandé à mon cabinet de
vous communiquer les chiffres. Elle est substantielle, la diminution qu'il y a
eu, par rapport au cabinet antérieur, avec les mêmes
responsabilités, et cela va dans l'esprit de saine gestion que nous
demandons au ministère d'appliquer et que nous nous sommes
imposée au cabinet.
Où l'imbroglio peut survenir? C'est que je crois que toute la
masse salariale et tous les bureaux des autres cabinets ont été
introduits dans les ministères de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et qu'il n'y en aurait pas dans les autres
ministères. À ce moment-là, cela pourrait expliquer le
motif de votre intervention sur ce sujet-là. Je ne peux pas voir
d'autres raisons qui auraient pu le soulever.
Quant à votre insistance sur la formation professionnelle et les
mesures de développement de l'employabilité, je pense qu'il
s'agit là d'un débat que nous avons entrepris en commission
parlementaire sur la sécurité du revenu et que nous nous devons
de poursuivre. Il y a eu des commentaires intéressants et
d'actualité, même, qui ont été émis hier et
nous pourrons y donner suite.
En ce qui concerne le nombre de dossiers par agent. Vous avez
également touché là un point important. Je vous indique
que les crédits que vous avez devant vous ne tiennent pas compte des
ajouts défectifs que commanderait l'adoption d'une politique de
sécurité du revenu. Mais je vous indiquerai également que,
depuis la première année où nous sommes arrivés, le
nombre de dossiers par agent a baissé de plus de 100, a diminué
de plus de 100. Nous avons hérité du dossier dans une situation
qui n'était pas tellement facile. Je considère cette diminution
de 100 dossiers par agent comme étant significative et importante, mais
pas suffisante.
En ce qui concerne l'augmentation et la diminution de la
clientèle dans la région du grand Montréal, je vais tenter
de vous obtenir les chiffres. Les chiffres que je vous ai donnés pour la
diminution de clientèle pour l'ensemble de la province allaient d'avril
1987 à avril 1988. Je tente d'obtenir la même chose pour la grande
région de Montréal, d'avril 1987 à avril 1988 pour vous
dire exactement quelle était la clientèle en avril 1987
comparativement à celle d'avril 1988. Je les ai de janvier à
janvier, mais j'aime autant vous donner d'avril à avril, parce que cela
se compare mieux que les chiffres que je vous ai donnés. Mais si vous
voulez les chiffres de janvier à janvier, je les ai ici.
En ce qui concerne les sujets que vous voulez traiter, je vous
préviens immédiatement quant à la Commission des affaires
sociales que la sortie du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
visait un organisme qui relève de l'autorité du ministre de la
Justice qui est la CALP et non pas la Commission des affaires sociales. Donc,
si vous voulez que je réponde, je pourrai le faire, mais il faudra me
permettre de m'enquérir auprès de mon collègue des
réponses à vous donner. Sur ce, je suis prêt à
procéder en voyant chaque élément de programme, ou comme
la commission conviendra de procéder. Je suis ici à votre
disposition et à votre service.
Ventilation des dépenses et crédits
périmés
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais simplement
vérifier les chiffres du ministre. Dans les demandes de renseignements
supplémentaires de J'Opposition, vous retrouvez au no 4, Dépenses
du cabinet, et au numéro 3, Personnel de cabinet, Ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, cabinet du ministre,
ventilation par catégories et cela semble évident, en tout cas
à la lecture, que cela ne concerne que le cabinet du ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. En regard de
l'exercice financier 1984-1985, au ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, il s'agissait de 670 000 $ et les
dépenses au 31 mars 1988 sont de 949 000 $. Évidemment, si on
reprend simplement la masse salariale autorisée par le Conseil du
trésor, on peut voir qu'à la fin de décembre 1985, il
s'agissait de 623 000 $ et qu'à la fin de décembre 1988, il
s'agira de 914 000 $ pour une augmentation qui est quand même de l'ordre
d'à peu près 300 000 $. On peut croire raisonnable qu'il y ait eu
peut-être le tiers, l'indice des prix à la consommation, mais il y
a un montant de 200 000 $ qui ne s'explique pas, ou en tout cas, que vous
pourrez peut-être expliquer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais fournir les chiffres, mais
l'explication que je vous donne verbalement est que les autres
ministères sont imputés, ce qui n'était pas le cas en
1985-1986, vous le comprendrez aisément, puisque le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu avait sa propre
masse salariale, que le ministère du Travail avait sa propre masse
salariale, que le ministère de l'Emploi et de la Concertation avait sa
propre masse salariale, que le ministère de l'Habitation avait sa propre
masse salariale.
Mme Harel: Alors, vous nous dites que cela comprendrait trois
masses salariales. Évidemment, l'Habitation...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la
première interprétation que j'en donne, parce qu'on avait
tellement dénoncé le laxisme du gouvernement
précédent dans ce domaine que j'ai toujours exigé, lors de
l'évaluation des masses salariales, que l'on m'apporte ia comparaison de
mes prédécesseurs de façon à toujours demeurer dans
une marge très sûre face à mes
prédécesseurs.
Mme Harel: Alors, M. le ministre, vous allez nous aider à
le vérifier en nous déposant cet après-midi les
crédits autorisés par le Conseil du trésor pour la masse
salariale au ministère du Travail...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui Mme Harel:... et
à l'autre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a étudié les
crédits la semaine dernière et je n'ai pas eu de questions
là-dessus. J'imagine...
Mme Harel:... et à l'Habitation, dites-vous, enfin, c'est
une partie...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est à peu près 50
%. Vous avez eu par décret le transfert des responsabilités de
l'ex-ministère de l'Habitation pour environ 50 % au ministère du
Travail et pour environ 50 % au ministère des Affaires municipales et,
en ce qui concerne le ministère de l'Emploi et de la Concertation,
l'ensemble au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, également transfert par
décret.
Mme Harel: Quant à la liste des crédits
périmés, ces données ne nous ont pas été
transmises à ce moment-ci. Alors, les données concernant les
crédits périmés nous permettent, entre autres, en faisant
des regroupements, de nous rendre compte que, notamment en matière de
développement de l'employabilité il y aurait eu pour près
de 20 000 000 $ en crédits périmés. Ce sont des chiffres
qui découlent de nos calculs, mais nous n'avons pas la liste des
crédits périmés.
Vous comprendrez que 20 000 000 $...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vérifier...
Mme Harel:... pour le développement de
l'employabilité, si tant est que nos calculs se révèlent
exacts, c'est considérable. Alors, il semble qu'au
ministère...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je...
Mme Harel:... il y aurait presque 250 000 000 $ de crédits
périmés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... trouve la question très
importante parce que si vous n'avez pas cette donnée, vous ne pouvez pas
avoir ce qu'on a réellement dépensé. Je trouve cette
information très importante. Je vais vérifier pour savoir quand
on pourra vous la communiquer.
Le Président (M. Bélanger): Pour votre information,
M. le ministre, dans le document qu'on nous a remis, c'est marqué: 5.
Liste des crédits périmés. Les données seront
transmises ultérieurement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vérifie pour savoir
quand cela pourra être transmis parce que pour un parlementaire...
Mme Harel: Disons que cela aurait dû l'être pour la
commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... il y a le vote des
crédits qui est important; on sait quelles sont les intentions de
dépenses, à ce moment-là. Si on veut avoir le
résultat de ces intentions, si la donnée "crédits
périmés" n'existe pas, c'est plus difficile à
vérifier.
Le Président (M. Bélanger): Exact.
Mme Harel: Pour la bonne raison que nos regroupements, cela n'a
pas été simple, M. le Président...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je les ai. Mme Harel:
Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que je peux vous
remettre cela. Je peux immédiatement vous donner le total des
crédits périmés, pour un montant de 74 720 300 $. Je vais
vous les donner par programme: programme de sécurité du revenu,
46 200 000 $; programme de protection et de développement de l'emploi,
12 852 400 $; formation professionnelle de la main-d'oeuvre, 9 552 200 $;
économie administrative, 7 415 700 $. Ce qui va vous donner un total de
76 020 300 $, moins certains dépassements de fin d'année, pour un
montant de 1 300 000 $, le solde 74 720 300 $. Maintenant, je n'ai pas
d'hésitation à communiquer le document pour que vous l'ayez de
façon ventilée à la commission.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je demanderais que cela
nous soit peut-être déposé. Vous comprendrez,
immédiatement, que cela modifie les augmentations supposées
à ce chapitre...
Une voix: Cela les augmente.
Mme Harel:... étant donné qu'il y a eu une
diminution. On va revenir sur cette question. Je voudrais seulement terminer,
M. le Président, avant qu'on...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela augmente, (es
augmentations.
Développement de l'emploi
Mme Harel: ...aborde chacun des programmes. Je voudrais
simplement rappeler au ministre que dans les crédits
supplémentaires qui nous ont été fournis, le nombre
d'effectifs consacrés au programme du développement de l'emploi,
on se rend compte qu'il y a là une diminution, en regard de
l'année 1987-1988, de 70 agents. On voit dans le réseau
Travail-Québec une augmentation de 234, en 1988-1989, mais dans le
réseau de la Commission de formation professionnelle, une diminution de
304. Il s'agissait quand même d'effectifs à la Commission de
formation professionnelle qui s'occupaient de stages en milieu de travail.
C'est, au total, 70 agents en moins, si on prend en considération la
réduction de l'effectif dans le programme du développement de
l'employabilité à la Commission de formation professionnelle.
C'est là donc, parmi les chiffres qui nous ont été
fournis, l'effectif consacré au développement de
l'employabilité.
Les chiffres que j'ai concernent l'augmentation des
bénéficiaires à Montréal, qui seraient
passés de 78 000 ménages en 1986-1987 à 85 000 en
1987-1988.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Voulez-vous seulement nous donner
le mois, c'est pour des fins de...
Mme Harel: C'est pour l'ensemble de l'année, des
comparaisons de l'exercice financier 1986-1987 à celui de 1987-1988.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, de mars à mars ou
d'avril à avril? Cela ne doit pas apporter une si grande
différence que cela, mais seulement pour qu'on compare ce qui est
comparable.
Mme Harel: Oui. En fait, j'aimerais bien avoir ce degré
d'information, je n'en suis pas là encore.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tout cas, on regardera les
deux. (11 h 15)
Mme Harel: C'est quand même une donnée de base
importante parce qu'on a assisté à une diminution importante du
chômage à Montréal, en regard des autres régions. On
a assisté à une croissance de l'emploi, mais,
parallèlement, on a assisté à une croissance du nombre de
ménages sur l'aide sociale à Montréal. On y reviendra,
mais il faut remarquer, que c'est particulièrement la classe des moins
de 30 ans dont les effectifs ont diminué sur l'aide sociale. C'est
majeur, c'est presque dans une proportion de un sur quatre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les chiffres que j'ai
présentement sont, pour la grande région de Montréal,
d'avril 1987 comparé aux données préliminaires d'avril
1988 - cela concorde avec le discours et les chiffres que j'ai donnés
sur les augmentations et diminutions de clientèle - Quant au nombre de
ménages à l'aide sociale dans la grande région de
Montréal, en avril 1987-1988, il y avait 90 382 ménages qui
dépendaient de l'aide sociale, ce qui correspondait à peu
près à 137 820 personnes. En avril 1988, nos données
préliminaires indiquent 84 669 ménages pour 129 689
bénéficiaires.
Mme Harel: C'est sans doute la délimitation de nos
comparaisons qui explique ces écarts. Quand vous parlez de
Montréal, vous parlez de l'ensemble de I Ile. Incluez-vous
également Laval?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour qu'on s'entente bien, non pas
seulement sur les mois et les chiffres, mais également sur le territoire
couvert, les chiffres qu'on vous indique sont pour la ville de Montréal.
C'est d'autant plus facile pour le ministère de sortir ces chiffres, que
c'est la ville de Montréal qui administre l'aide sociale dans sa ville,
alors que le gouvernement du Québec l'administre sur l'île de
Montréal, à Laval, sur la rive sud ainsi qu'ailleurs dans
l'ensemble de la province de Québec. Les chiffres que je vous ai
communiqués sont pour la ville de Montréal. Maintenant, si vous
désirez en avoir pour la grande agglomération de Montréal,
on peut vous en obtenir également.
Mme Harel: Cela nous permet, à partir des chiffres de la
ville de Montréal, de nous rendre compte que la diminution a
été beaucoup moins importante que celle enregistrée en
régions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'ailleurs, ce n'est pas la
première fois...
Mme Harel: Pourtant, le chômage a diminué plus
à Montréal que dans les autres régiops. Est-ce que le
ministère a pu faire des études sur les corrélations entre
la diminution du chômage avec la diminution plus ou moins importante du
nombre de bénéficiaires? À première vue, il semble
difficile d'expliquer que la diminution du chômage ait été
plus sensible à Montréal, et pourtant, il n'y a pas eu une
diminution conséquente des bénéficiaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison de poser la
question. Je crois que même votre prédécesseur, le
député de Verchères, nous l'avait posée l'an
dernier. On s'est rendu compte, au ministère, que les diminutions de
clientèle étaient beaucoup plus sensibles à
l'extérieur de la ville de Montréal que dans la ville de
Montréal comme telle. Nous avons cherché les
éléments qui pouvaient apporter une réponse au moins
plausible à cette question parce
que c'est la deuxième année que nous constatons le
phénomène. La ville de Montréal n'a jamais interrompu ses
visites à domicile, ses systèmes de contrôle sur le plan
administratif, alors que le gouvernement du Québec l'a fait. Cela nous
semble donner... Même dans les résultats de nos visites à
domicile, lorsque nous analysons le reste de la province face à la ville
de Montréal, il y a toujours une différence assez marquée
et assez substantielle. Je pense que cela se comprend, les visites à
domicile ayant toujours été effectuées, !a marge d'erreur
dans les dossiers était plus grande lorsque les dossiers relevaient de
l'administration provinciale que lorsque les dossiers relevaient de
l'administration municipale. Toutes choses étant égales et
normales sur le plan de la statistique et les visites à domicile se
poursuivant, ce phénomène devrait, sinon disparaître avec
le temps, du moins s'atténuer considérablement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, d'une certaine façon,
il y a une confusion dans les propos du ministre parce qu'il confond visites
à domicile à Montréal avec enquêtes à
domicile. Dans le cas de Montréal, les visites à domicile ont
toujours été poursuivies - il a raison de le mentionner - par des
agents d'aide qui, dans le fond, venaient une fois la demande acheminée
par téléphone. Plutôt que de faire déplacer le
bénéficiaire, enfin, le ménage ou la personne qui
réclamait, l'agent se rendait sur place. Il y a eu 48 000 visites, je
pense, cette année. Je crois qu'il y en a peut-être eu plus que
cela même. Mais c'est parce que c'était plus en termes d'agents
visiteurs qui allaient répondre à une demande et non pas des
enquêteurs spéciaux. Et II faut quand même distinguer les
enquêteurs spéciaux. On y reviendra. Je ne pense pas, M. le
Président, qu'il faille tout de suite... On va revenir programme par
programme. Mais il va falloir vérifier combien il y a actuellement
d'enquêteurs spéciaux et quel est leur mandat, compte tenu des
nombreuses plaintes. Et je pense, entre autres, au rapport du Protecteur du
citoyen sur ces questions. Mais je pense qu'il faut vraiment distinguer pour
Montréal les visites à domicile faites par des agents et des
enquêteurs spéciaux qui n'ont pas du tout la même
préparation... Les agents n'étaient pas préparés
à faire de la récupération. Ce ne sont pas des
quasi-policiers comme le sont les enquêteurs. C'est vraiment
différent. La visite à domicile constitue une relation d'aide. Ce
n'est pas du tout une enquête.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on me dit c'est que cette
distinction a été faite dans la réponse que je vous ai
apportée. On distingue très bien au ministère ceux et
celles que l'on appelle les agents d'aide socio-économique finalement et
les agents d'investigation auxquels vous référez. Mais ce dont il
faut être conscient, c'est que la pratique des agents d'investigation a
toujours - et toujours est un grand mot - existé depuis au moins une
décennie, autant à ta ville de Montréal qu'ailleurs dans
toute la province. Maintenant, quant à la question des agents d'aide
socio-économique comme tels, alors que Montréal les utilisait de
façon régulière, le gouvernement du Québec a
tenté des expériences pilotes au cours des années
quatre-vingt. En 1984, sous votre mandat, elles ont été
interrompues et, lorsque nous sommes arrivés au gouvernement nous avons
revitalisé les visites de ces agents d'aide socio-économique.
Donc, la différence que l'on peut encore une fois cerner quant à
l'administration du programme ou à la gestion du programme en ce qui
regarde ce mode de vérification, c'est que Montréal l'a toujours,
encore une fois entre guillemets, exercée en ce qui concerne les agents
d'aide socio-économique, mais que le reste de la province ne l'a pas
exercé. Mais partout au Québec il y a toujours, encore une fois
entre guillemets, eu des vérifications par l'équipe de
vérificateurs auxquels vous avez fart allusion. Et il est important que
l'on comprenne bien la distinction entre ces deux équipes de travail,
leur rôle, leur mandat, etc.
Mme Harel: M. le Président, on va immédiatement
examiner ce programme, si vous voulez, le programme d'aide sociale.
Prestations d'aide sociale
Le Président (M. Thuringer): Donc, j'appelle le programme
6.
Mme Harel: Alors, j'inviterais les membres de la commission
à, examiner notamment les statistiques sur le programme d'aide sociale
qui nous ont été fournies dans les crédits
supplémentaires. Ce dont on se rend compte c'est que le nombre de
bénéficiaires a diminué chez les moins de 30 ans.
C'est-à-dire qu'entre 1987 et 1988, si on prend les chiffres qui nous
ont été fournis pour décembre 1987-1988 en regard de
1986-1987, il s'agirait de 38 000 bénéficiaires en moins chez les
moins de 30 ans et 10 000 chez les 30 ans et plus. C'est donc un rapport de
presque un à quatre chez les moins de 30 ans en regard des plus de 30
ans. Sur un total d'à peu près 48 000, c'est certainement
au-delà de 80 % de réduction chez les moins de 30 ans. Et on se
rend compte également que c'est particulièrement chez les hommes
que la réduction a été plus sensible. Parce que quand on
regarde, toujours dans le même état de la situation, la
réduction chez les hommes est de 18 000 pour les 30 ans et plus et de
9000 pour les 30 ans et plus chez les femmes.
D'ailleurs, quand on examine les chiffres fournis par le
ministère, si on prend le nombre
de bénéficiaires il y a une réduction de 10 000
chez les moins de 30 ans...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la députée de
Maisonneuve, si vous le permettez, encore une fois, juste pour qu'on soit
certain de parler des mêmes nombres et des mêmes chiffres, est-ce
qu'on parle de décembre 1987 par rapport à décembre
1988?
Mme Harel: C'est ça, les chiffres fournis par le
ministère dans nos demandes de renseignements.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on regarde la même
feuille, pour qu'on se comprenne bien, j'ai décembre 1986 versus
décembre 1987.
Mme Harel: C'est ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas 1987 versus 1988. D'accord,
cela va.
Mme Harel: Alors vous avez les mêmes chiffres que ceux qui
m'ont été fournis par le ministère? Donc, chez les moins
de 30 ans, diminution de 38 000 bénéficiaires et, chez les 30 ans
et plus, diminution de 10 000.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: Donc, ce n'est pas tout à fait 80 % de
diminution chez les moins de 30 ans, mais presque.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les trois quarts.
Le Président (M. Thuringer): Excusez-moi, Mme la
députée, de quel tableau s'agit-il?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): État de la situation du
programme d'aide sociale 1986-1987 et 1987-1988. C'est son titre.
Le Président (M. Thuringer): Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Décembre 1986 versus
décembre 1987 et tous les détails.
Mme Harel: Et, en fonction du sexe, les hommes ont une
réduction qui est le double de celle des femmes, au total,
indépendamment de l'âge. Par ailleurs, par rapport aux
enquêtes à domicile - et je ne parle pas simplement des visites,
mais des enquêtes proprement dites, celles qui sont conduites
après des délations et pour lesquelles des dossiers sont ouverts
par des enquêteurs...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le service des enquêtes.
Mme Harel: ...le service des enquêtes - on se rend compte
que celles qui conduisent à des dossiers devant les tribunaux, et je ne
parle pas de la commission des affaires sociales, mais des autres poursuites
soit au pénal ou au criminel, le sont pour presque la moitié,
soit 152 dossiers, pour vie maritale. J'aimerais savoir si le ministre a des
chiffres concernant les dossiers d'annulation. Dans son discours, il nous a
parlé d'un certain nombre de dossiers d'annulation...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: ...de l'aide. Combien le sont pour le motif de vie
maritale?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais reprendre, dans un premier
temps, si vous me le permettez, Mme la députée de Maisonneuve.
Vos informations à partir des tableaux sont exactes. On va
peut-être facilement s'entendre pour dire que 75 % de la diminution a
lieu chez les moins de 30 ans. Ce phénomène ne m'étonne
pas plus qu'il ne le faut et il est conforme aux statistiques que l'on retrouve
dans le chômage: la baisse la plus importante de chômage et la
création d'emploi la plus importante se retrouvent également chez
les jeunes de moins de 30 ans.
Un phénomène que vous soulignez avec raison et qui
contredit les statistiques de création d'emplois et est toute la
question du nombre d'hommes ou de femmes. On retrouve un
phénomène inverse en ce qui concerne la création
d'emplois. On a eu l'occasion de se le dire au cours de la commission
parlementaire: 70 % des nouveaux emplois créés l'an passé
sont allés à des femmes, alors qu'au chapitre de l'aide sociale,
ceux - c'est le cas de le dire - qui s'en sortent le plus facilement, sont des
hommes, alors que les femmes demeurent beaucoup plus longtemps dans ce qu'on
peut appeler la trappe de l'aide sociale et il y a là un
phénomène important sur lequel vous insistez avec raison.
On sait que parmi les barrières qui empêchent les gens
d'avoir accès au marché du travail, outre les barrières
sur lesquelles on a discuté à plusieurs reprises et qui sont les
niveaux d'alphabétisation ou de non-alphabétisation, de
scolarisation ou d'expérience antérieure de travail, il y a toute
la question de la présence d'enfants dans le ménage. Est-ce que
cette présence d'enfants dans le ménage fait en sorte que la
femme est prisonnière de l'aide sociale beaucoup plus longtemps que
l'homme et qu'elle a beaucoup plus de difficulté à s'en sortir?
Je pense que vous soulevez là une question excessivement importante.
^______
(11 h 30)
Quant aux services d'enquêtes ou des annulations de dossiers, je
veux bien comprendre votre question. Les chiffres que nous vous avons
donnés c'est qu'à la suite de visites à domicile, il y
avait eu, au cours de la dernière année, 11 486 annulations, soit
9,2 %. Vous voulez connaître quels sont les motifs qui ont conduit
à
ces annulations et, par pourcentage, les catégories les plus
importantes. Est-ce bien là votre question?
Mme Harel: Oui, notamment dans les propos que vous teniez
à l'ouverture de nos travaux, vous disiez qu'il y avait eu 11 486
annulations. Peut-on également connaître le nombre de
révisions en regard de ces décisions d'annulation puisqu'il a
dû y avoir, dans certains cas, des demandes de révision devant le
bureau local?
M Paradis (Brome-Missisquoi): Quel pourcentage de cas
d'annulation sont allés en révision?
Mme Harel: Oui. L'annulation nous dit peu de chose parce que
c'est le premier geste posé. Par la suite, il y a une demande de
révision. Finalement, combien ont vu leur aide rétablie
après une révision? Ensuite, combien sont allés devant la
commission des affaires sociales et ont vu leur aide rétablie devant la
commission des affaires sociales? Là, cela nous donne le chiffre
réel des annulations à la suite de visites à domicile.
Ensuite, ce qu'on aimerait savoir c'est, lorsqu'il y a
véritablement eu annulation, après le processus de
révision et d'appel, combien de cas ont été maintenus
évidemment et combien l'ont été pour des motifs de vie
maritale? Pour la bonne raison, la démonstration c'est qu'on se rend
compte que la réduction s'est faite sensiblement chez les hommes de
moins de 30 ans. Ce sont essentiellement les femmes qui ont été
l'objet des visites à domicile. Cela représente presque la
moitié des dossiers qui ont été ouverts pour des motifs de
vie maritale. Donc, dans la réduction globale d'aide sociale du budget
des crédits, il serait difficilement possible d'associer les visites
à domicile souvent faites, pour un cas sur deux, pour des motifs de vie
maritale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que là où
vous voulez en venir est peut-être le raisonnement suivant. Il y a eu
diminution à l'aide sociale. Est-ce que cette diminution n'est pas
liée, directement ou indirectement, à la notion de vie maritale
telle qu'elle apparaît dans la loi actuelle? Je pense que c'est...
Mme Harel: C'est ce que beaucoup de gens ont pensé
jusqu'à ce que les chiffres que nous avons maintenant sortent où
nous nous rendons compte que ce sont essentiellement des hommes qui ont
quitté l'aide sociale et essentiellement des hommes jeunes, et qui l'ont
sans doute fait pour des raisons de réinsertion sur le marché du
travail et donc, la question de fraude qui avait été
associée à la réduction des coûts de l'aide sociale.
C'est comme cela que c'est compris dans l'opinion publique. Cela coûte
moins cher parce qu'il y a eu des enquêtes et que les fraudeurs ont
été mis de côté. On se rend compte que cela
coûte moins cher parce que plusieurs sont retournés au
travail...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aussi. Mme Harel:
...essentiellement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Plusieurs facteurs entrent en
ligne de compte, Mme la députée de Maisonneuve. L'an
passé, le taux d'erreurs dans les dossiers du ministère
était de 18 %. Cette année, il est de 17 %. On est encore en
train de corriger un taux qui est important. Les chiffres que j'ai
donnés ce matin et qui sont reliés à des annulations, des
refus, des modifications à la baisse et même des modifications
à la hausse, sont considérés comme des erreurs, au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
La correction de ces erreurs fait épargner de l'argent.
Maintenant, on vous a remis une partie des explications aux questions
que vous soulevez. La question 9 dans le cahier de l'Opposition, à la
page 2. On vous mentionne que pour ce qui est des raisons d'infraction, une
étude réalisée sur une période de deux mois
relativement aux annulations a permis de mesurer que ces annulations
étaient principalement reliées aux raisons qui se
répartissent comme suit: 26,7 % pour des mauvaises adresses, 21,3 % pour
des situations de vie commune et je pense que cela rejoint peut-être,
dans certains cas, l'expression "maritale" utilisée en commission et 19
% pour des revenus de travail. Cela répond en partie.
Je n'ai pas d'objection. Je pense que le député de
Verchères avait posé la même question. Il s'agit, et vous
avez raison de le mentionner, d'une première décision. Combien de
personnes non satisfaites de cette première décision se
prévalent de ce qu'on appelle la révision administrative au
ministère, et avec quel taux de succès? Combien de personnes non
satisfaites de la révision administrative se prévalent de leur
recours devant la commission des affaires sociales et avec quel taux de
succès?
Mme Harel: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux peut-être vous
donner - sans vous donner les chiffres précis, mais on va vous les
donner - un aperçu des proportions ou des dimensions en vous livrant les
chiffres des demandes de révision, entre avril et décembre 1987.
Ce sont les chiffres que j'ai sous la main présentement. En ce qui
concerne les cas qui ont été amenés en révision
depuis avril 1987, le total enregistré jusqu'au mois de décembre
1987, dernier mois disponible, est de 935 finalisés, dont 292 ont
été acceptés, sur cette période de neuf mois. On
m'indique que ceci indique une légère diminution du nombre de cas
soulevés en révision puisqu'au cours des huit mois pour lesquels
les données ont
été enregistrées en 1986-1987, soit pour les mois
d'août 1986 à mars 1987, le nombre total de révisions
enregistré était de 931 dossiers finalisés, dont 276
avaient été acceptés. Légère diminution sur
le plan de la révision administrative. Cela ne répond pas, en
partie, à la commission des affaires sociales.
Mme Harel: M. le ministre, votre ministère nous a transmis
des chiffres concernant les données reliées aux visites à
domicile et à l'appel à la commission des affaires sociales. Vous
les avez dans le chapitre Statistiques... Oui, cela aurait été
utile de paginer. Cela nous aurait permis de nous retrouver plus
rapidement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison.
Mme Harel: C'est dans le chapitre 8, Statistiques sur le
programme d'aide sociale. Notre question était: Quel est le nombre de
révisions et d'appels pour 1986-1987, 1987-1988 en fonction des motifs
et des décisions?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela. Je l'ai.
Mme Harel: Là vous avez les visites à domicile
essentiellement. Vous vous rendez compte, par exemple, que quant aux
données reliées aux visites à domicile, 250 demandes ont
été acceptées sur 834 dossiers finalisés. À
peu près le même ordre, demandes acceptées 331, c'est en
révision, j'imagine. Ce n'est pas indiqué, mais on imagine que
c'est en révision, en regard de 1048 dossiers finalisés.
Contrairement à ce que vous venez de signaler, cela indique une
augmentation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour 1986-1987, on vous indique
sur 834 dossiers finalisés, 254 acceptés. Pour 1987-1988, on vous
indique sur 1048 dossiers finalisés, 331 demandes acceptées. Sur
l'ensemble des visites effectuées, il s'agit d'un pourcentage qui se
maintient depuis le début de l'opération et qui - je peux vous le
faire en statistiques - représente le pourcentage de gens qui voient
leurs dossiers révisés ou le pourcentage des personnes qui ont
une visite à domicile, non satisfaites de la décision, qui se
pourvoient soit en révision - il y en a un peu plus - soit en appel - il
y en a un peu moins - mais ce n'est pas, pour le moment, et c'est la même
réponse que l'an passé, un phénomène qui nous
apparaît alarmant ou inquiétant. Il nous apparaît même
raisonnable, dans les proportions qu'il prend présentement, et tout
à fait justifié.
Les gens sont justifiés de se prévaloir, sur le plan
administratif, d'un mécanisme mis à leur disposition et du droit
également de se faire entendre par la Commission des affaires sociales
avec l'aide des services juridiques lorsque c'est requis, etc. Mais le
phénomène n'a pas une ampleur, ni sur le plan des inscriptions
aux deux niveaux, ni sur le plan des décisions aux deux niveaux, qui me
paraît, comme ministre, aiarmante, au moment où nous nous parlons,
pas plus qu'il ne l'a été au cours des deux dernières
années. Et je sais qu'il s'agit là d'une question d'opinion. Mais
je vous la livre le plus honnêtement possible.
Mme Harel: L'an dernier, la même question vous avait
été posée puis, avec mon prédécesseur, vous
en étiez arrivés à un chiffre de 25 % à peu
près des dossiers qui, en révision, sont finalement
entérinés...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: ...où l'aide est rétablie. Cela revient
à peu près à ce pourcentage de 25 %, plus ou moins 25
%.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais il s'agit aussi de
considérer, je vous le soumets pour les fins de la discussion, que nous
avons également le pourcentage de gens qui, à la suite d'une
visite à domicile, se prévalent de la révision. Là
il faut regarder, parmi les personnes qui se prévalent de la
révision, combien le font en ayant gain de cause à ce
niveau-là et de suivre le dossier lorsqu'il y a lieu, jusqu'à la
Commission des affaires sociales et combien obtiennent gain de cause à
la Commission des affaires sociales.
C'est toujours en proportion - et il faut toujours l'avoir en tête
- et de la clientèle, du nombre de clientèle que l'on dessert, et
des visites, du nombre de visites qui sont effectuées et qui peuvent
susciter, par des changements administratifs au dossier, des motifs pour la
personne de se prévaloir de ses droits de révision ou
d'appel.
Mme Harel: Oui, mais il demeure qu'en regardant les chiffres que
vous nous avez fournis, sur un total de 12 046 dossiers finalisés, ce
sont donc des dossiers où il y a eu demande de révision, il y en
avait, en 1986-1987, 2864 acceptés, puis il y en a eu, en 1987-1988,
2542, un peu moins. Avec un nombre aussi moindre de dossiers en
révision...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
Mme Harel: ...Alors cela reste des proportions qui sont de
l'ordre d'à peu près 25 %, plus ou moins. 25 % en
révision, qui sont acceptés. Ce sont les chiffres qu'on peut
avoir. Puis en appel, on se rend compte qu'il y a au total, mais c'est
difficile, évidemment, parce qu'on ne peut pas additionner
nécessairement parce qu'il peut y avoir des refus de révision qui
vont en appel...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des pertes
en cours de route, là.
Mme Harel: ...oui, mais disons que c'est plus ou moins 25 %. Cela
est très prudent de dire que c'est au moins 25 %. Et ce qu'on pourrait
souhaiter c'est, contrairement à cette année puis à
l'année passée également, que pour la prochaine
année, lorsque vous signalez les cas d'annulation et tous les autres
cas, que vous preniez en considération - ce qui ne me semble pas
être le fait - le rétablissement, une fois la visite à
domicile effectuée et une fois la décision d'annuler prise. Quand
il y a eu des rétablissements, il conviendrait que vous les preniez en
considération dans la formulation de vos statistiques. Sinon, on a
l'impression que c'est un nombre beaucoup plus élevé que ce ne
l'est en réalité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La question que vous me posez,
pour être très direct, est: est-ce que les chiffres que vous
rendez publics concernant soit les annulations, soit les refus, soit les
hausses ou diminutions de prestations à la suite d'une visite à
domicile, est-ce que ces chiffres tiennent en considération...
Mme Harel: La révision et l'appel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...les correctifs qui ont pu
être apportés soit par le bureau de révision
administrative, soit par la Commission des affaires sociales.
Mme Harel: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous indiquer...
Mme Harel: ...mais le député de Taschereau a
peut-être sur cette question-là...
M. Leclerc: Non, bien enfin.
Mme Harel: ...puisque je pense qu'il y a un dossier qui est en
révision, M. le député de Taschereau...
M. Leclerc: Commission des affaires... Mme Harel: ...ou en
appel...
M. Leclerc: Commission des affaires sociales.
Mme Harel: ...et devant fa Commission dés affaires
sociales.
M. Leclerc: On va en parler cet après-midi.
J'aurais deux questions. La première, je pense que la
députée de Maisonneuve a posé quelques questions sur les
chiffres, et peut-être qu'en cherchant les siens on pourra trouver les
miens. J'aimerais savoir combien de bénéficiaires de l'aide
sociale ont dix-huit, dix-neuf ou vingt ans? Parce qu'il me paraît
important qu'on puisse chiffrer la quantité de gens qui, selon la
position que soutient encore M. Parizeau, contrairement à ce que semble
dire la députée de Maisonneuve, combien de jeunes
bénéficiaires d'aide sociale cela toucherait.
Une voix: 35 000, 30 000.
Une voix: Enfin...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De mémoire, au moment de la
commission parlementaire, cela se situe entre 30 000 et 35 000. C'est plus
près de 35 000 mais cela se situe entre 30 000 et 35 000, sans avoir le
chiffre exact, précis. De mémoire, 34 000 quelque chose, mais
pour être prudent, entre 30 000 et 35 000.
M. Leclerc: Alors cela, c'est le total. Il faudrait donc en
soustraire les inaptes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aptes et inaptes.
M. Leclerc: D'accord. Parfait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils sont inclus. (11 h 45)
M. Leclerc: D'accord. Parfait! L'autre question a trait aux
comptes recevables du ministère. On sait bien que c'est à raison
de 25 $ par mois que les bénéficiaires remboursent - enfin,
remboursent! - que le ministère se rembourse à même les
chèques des assistés sociaux. Bon, cela me paraît une
pratique comptable raisonnable, sauf que, dans certains cas, et j'en ai vus, le
taux d'intérêt, compte tenu du montant total qui est dû, est
plus fort que les 25 $ remboursés chaque mois, de sorte qu'on a une
espèce de spirale qui fait qu'inévitablement, mois après
mois et ce, malgré les versements de 25 $, la dette augmente. Si on
extrapole sur 10, 15 ou 20 ans, on va arriver à des chiffres faramineux
qui sont, à mon sens, une mauvaise créance. Cela me semble des
mesures administratives un peu inutiles puisqu'on sait qu'à 99,9 %, on
ne récupérera pas cet argent. Je n'ai pas la solution, je
comprends qu'il faille faire un suivi sérieux des comptes à
recevoir, mais je ne suis pas sûr qu'on ait la bonne méthode.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous soulevez là, M. ie
député de Taschereau, une question extrêmement importante.
Je vais partir de loin en disant que, chaque année, comme sous l'ancien
gouvernement, le Vérificateur général adresse un
paragraphe de remarques à l'intention du ministère et, sans
doute, du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu quant aux comptes à recevoir. Il est certain que plus
vous suivez vos dossiers de près, plus votre administration est
stricte, plus vos comptes à recevoir dans un dossier comme
celui-là vont aller en augmentant, parce qu'à la suite de
vérifications, vous découvrez des trop-perçus, etc., et il
y a une augmentation des comptes à recevoir. Je cherche le chiffre total
pour le ministère, il est impressionnant: au 29 février 1988, les
comptes à recevoir du ministère s'établissaient à
234 433 926,24 $, dont l'aide sociale versée en trop - le chiffre que je
vous ai donné inclut l'ensemble du ministère - est de 231 904
163,24 $...
M. Leclerc: Sauf que dans ces montants, il y a quand même
de l'intérêt capitalisé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a de l'intérêt
capitalisé dans ce montant et j'arrive à la question de
l'intérêt. Le taux d'intérêt exigé est
habituellement celui du ministère du Revenu.
M. Leclerc: C'est celui du ministère du Revenu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le taux légal que le
ministère exige pour l'ensemble des comptes à percevoir. Mais je
vous indique que, dès que la personne paie ou dès qu'on retient
25 $ par mois sur le chèque de la personne, il n'y a plus
d'intérêt qui s'ajoute. On arrête de comptabiliser
l'intérêt...
M. Leclerc: Sur ces 25 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, sur l'ensemble de la somme
qui est due, M. le député de Taschereau. Je ne vous dis pas que
vous n'avez pas vu de dossiers où il pourrait y avoir des erreurs
administratives. C'est possible chez nous comme ailleurs, mais la politique du
ministère est que, dès qu'il y a remboursement par la personne
à la suite d'une entente prise ou d'une retenue, les
intérêts ne s'ajoutent pas, ils arrêtent de s'accumuler, non
seulement sur les 25 $, mais sur l'ensemble de la somme due.
L'élément qui m'inquiète dans un tel dossier, et vous
comprendrez que beaucoup d'individus sont visés...
M. Leclerc: Non, écoutez, si vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...c'est que la personne qui a une
somme trop importante à rembourser au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu à la suite d'un
trop-perçu d'aide sociale est fortement désincitée, si je
peux utiliser l'expression, à occuper un emploi régulier dans la
société.
M. Leclerc: Oui, cela, c'est clair.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et c'est un
phénomène auquel nous n'avons pas de solution miraculeuse ou
magique. Imaginez un assisté social qui se retrouve avec un compte
à payer au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu de 10 000 $, pour faire un cas bien moyen, et
il y en a beaucoup. Comment peut-on s'imaginer qu'on peut inciter cette
personne à occuper un emploi régulier sur le marché du
travail alors qu'elle sait que les premiers 10 000 $ qu'elle gagnera, c'est le
ministère qui va les accaparer. S'il y a des députés qui
ont des suggestions intéressantes, positives et construc-tives, je suis
tout ouïe, je suis encore à la recherche de cette solution.
M. Leclerc: Dans ce cas, à quel rythme le ministère
se sert-il? Quel est le pourcentage retenu par le ministère à
l'endroit d'un bénéficiaire de l'aide sociale qui lui doit de
l'argent et qui se trouve un emploi? Ce sera sûrement plus de 25 $ par
mois à ce moment-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais on procède,
à ce moment-là, par une entente négociée avec la
personne.
M. Leclerc: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Strictement du point de vue
psychologique, la personne qui est à l'aide sociale et qui a devant elle
un compte à payer de 10 000 $ se dit: Ma seule façon de m'en
sortir, c'est de le payer à 25 $ par mois, à peu près. Si
je m'en vais occuper un emploi, je vais être obligé de
négocier une entente avec le ministère qui ne se contentera pas,
dans ce cas-là, de 25 $; il va faire en sorte que le peu d'incitation
qui demeure entre la prestation de l'aide sociale et le salaire minimum soit
réduit, encore une fois, par ce montant.
M. Leclerc: C'est effectivement un problème, mais...
Disons que si vous dites que l'intérêt n'est plus
calculé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais, parfois, on va
l'accepter...
M. Leclerc: ...à partir du moment où on commence
à verser, je dois comprendre que l'intérêt n'est à
peu près jamais calculé puisque forcément les
bénéficiaires d'aide sociale se font couper 25 $ sur leur
chèque. Alors, il y a donc peu de gens qui ont des comptes payables
inactifs chez vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a tous les
bénéficiaires qui ont déjà été
bénéficiaires...
M. Leclerc: Et qui sont sur le marché du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et qui se retrouvent ailleurs
dans la société, pour qui on cumule les intérêts au
même titre que le
ministère du Revenu. Mais, la personne qui est une personne
assistée sociale et à qui on retient les 25 $, à ce
moment-là, les intérêts cessent de s'ajouter et de se
cumuler.
M. Leclerc: En tout cas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a plus
d'intérêt d'imputé à partir du moment où les
paiements sont effectués.
M. Leclerc: Cela répond à ma question parce que
s'il n'y a pas d'intérêt de cumulé, par conséquent,
l'assisté social peut voir au moins son compte baisser, ce qui ne serait
pas le cas... Je vais faire une vérification parce que je vous avoue que
c'est un peu nouveau pour moi; je pensais que les intérêts
étaient calculés quand même, même s'il y avait des
paiements de faits.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah non! Là, ce serait
absolument.. Sur le plan de nos comptes à recevoir, on en serait encore
à une somme beaucoup plus élevée, mais qui vaudrait encore
un petit peu moins que ce qu'elle vaut réellement dans la
réalité, aujourd'hui.
M. Leclerc: Merci.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Alors, sur un sujet qui est connexe, M. le
Président, il peut y avoir aussi des cas où la personne est en
révision devant la Commission des affaires sociales. Lorsqu'elle
réclame un droit, à ce moment-là, il y a comptabilisation
de l'intérêt durant cette période si elle n'est pas
rétablie une fois la décision prise.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Mais, à ce
moment-là, j'hésite à vous donner une réponse parce
que... Lorsque cela va en révision administrative, je pourrais le faire,
mais lorsque cela va devant la Commission des affaires sociales, celle-ci tient
compte, dans sa décision, de l'ensemble des éléments du
dossier et de l'ensemble de ces gestes administratifs. La Commission des
affaires sociales a juridiction pour soustraire des intérêts et du
capital sur le montant. C'est une instance quasi judiciaire qui rend sa
décision en tenant compte de l'ensemble du dossier. S'il y avait des cas
où il y aurait eu imputation d'intérêts sans raison de la
part du ministère, je suis d'avis que la Commission des affaires
sociales devrait, si elle fonctionne normalement, en tenir compte dans la
décision qu'elle rend.
Mme Harel: Vous parliez de 234 000 000 $; c'est pour un total de
combien de bénéficiaires concernés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Les 234 000 000 $, Mme la
députée de Maisonneuve, incluent l'ensemble du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, donc l'ensemble
des programmes. Quant à l'aide sociale versée en trop
spécifiquement, c'est la majeure partie de la composante; arrondissez le
chiffre à 232 000 000 $ et vous allez être très près
de la vérité.
Mme Harel: Combien de bénéficiaires cela
concerne-t-il?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut l'obtenir et tenter
d'établir une moyenne, c'est intéressant comme information.
Mme Harel: M. le Président, toujours sur le programme, je
voudrais peut-être rappeler une des recommandations que faisait la
Commission des affaires sociales dans son rapport annuel, à moins que le
ministre n'ait une information à me communiquer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans l'avoir aussi
spécifiquement, je pense que je peux quand même vous mettre sur la
bonne piste. Au 29 février 1988, au total, il y avait 123 362 comptes
à recevoir supérieurs à 1 $ - parce qu'il y en a
déjà eu qui étaient inférieurs à 1 $,
à une certaine époque - impliquant 231 900 000 $. Au 31 mars
1987, on dénombrait 121 292... Cela joue aux environs de 120 000 comptes
à recevoir.
Mme Harel: Alors, merci, M. le Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le soldé moyen pour
l'année 1987-1988 est de 1875 $.
Mme Harel: Présentement, il y a un problème qui est
assez important et qui est celui - puisqu'on est dans les cas de
révision ou d'appel devant la Commission des affaires sociales -
où, dans les cas de révision, au moment où la demande de
révision a été examinée, il n'y a pas
rétablissement de l'aide, ou bien ce rétablissement se fait
lorsqu'il y a utilisation de l'article 65 du règlement. Dans son
rapport, le Protecteur du citoyen mentionnait toutes les difficultés que
pose actuellement l'application de l'article 65 en disant que plus de la
moitié des décisions rendues en révision le sont
au-delà de la période réglementaire, et les prestations ne
sont rétablies que si la demande en est faite. La demande,
généralement, ne l'est pas puisque les personnes ne sont pas
mises en situation de faire cette demande, n'étant pas informées
de leurs droits.
Est-ce que le ministre entend changer cette pratique et amener les
agents à transmettre l'information réglementaire concernant les
droits des bénéficiaires lorsqu'il y a annulation de l'aide?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de vous
répondre un peu plus globalement, en revenant plus
précisément à votre question. Parmi les cas de bureaux de
comté où on a à faire face à un tel fonctionnement
de la machine gouvernementale, vous évoquez à raison les dossiers
d'aide sociale et vous pourriez également évoquer à raison
les dossiers de l'assurance automobile. Vous pourriez également
évoquer à raison les dossiers de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail. Lorsque, dans l'ensemble de ces
dossiers, une première décision est rendue sur le plan
administratif, justement, et qu'elle affecte négativement le citoyen, on
arrête généralement de verser les prestations, et pendant
toute la période que dure la révision, autant à l'aide
sociale que dans les deux autres programmes que je viens de mentionner, la
personne se retrouve devant un système un peu sans ressources et
également, dans la période où elle fait appel à la
Commission des affaires sociales.
Je vous dirais que c'est la motivation première qui m'a
amené, au niveau de la Commission des affaires sociales, à
m'attaquer à la question des délais. Plus longs sont les
délais, plus le phénomène que vous mentionnez avec raison
perdure et fait souffrir, dans certains cas, la personne qui se retrouve
à l'autre bout du système. Il n'y a pas de réponse magique
pour l'ensemble des dossiers. Lorsqu'il s'agit d'un accidenté du travail
ou d'une personne qui réclame des prestations de la Régie de
l'assurance automobile du Québec, dans certains cas, ces personnes sont
référées à l'aide sociale et l'aide sociale accorde
ce qu'on appelle une aide conditionnelle. C'est-à-dire que si la
personne gagne, l'aide sociale est remboursée et si elfe n'a pas gain de
cause, étant donné qu'elle est dans un état de
dénuement total, elle devient admissible à l'aide sociale, et
elle l'a toujours été.
En ce qui concerne l'aide sociale comme' telle, en plus de raccourcir
les délais sur les plans de l'administration et de la Commission des
affaires sociales, je suis d'accord avec vous, nous avons l'obligation de nous
assurer que les décisions soient respectées et appliquées
le plus rapidement possible et que les bénéficiaires soient
informés de leurs droits et de la décision qui a
été rendue.
Mme Harel: Le règlement prévoit déjà
que l'aide doit être établie si la demande en révision
n'est pas intervenue dans les dix jours ouvrables de la demande. Justement, le
Protecteur du citoyen mentionnait que, d'une part, dans la grande
majorité des cas, l'aide ne l'est pas, et, d'autre part, que les
personnes qui voient leur demande refusée ou annulée, très
souvent, ne connaissent pas leur droit d'obtenir l'aide conditionnelle ou de se
prévaloir de l'article 22 qui parle du dénuement total. Le
Protecteur du citoyen disait qu'un vent de contrôle avait soufflé
au ministère de façon telle qu'il y avait une espèce de
climat de suspicion qui avait aggravé cette situation. Je lis
exactement: "Cependant, ce vent de contrôle qui a soufflé au
ministère a contribué à instaurer un climat de suspicion
qui s'est traduit par une trop grande sévérité dans
l'appréciation des demandes d'aide." (12 heures)
Au moindre doute, la demande était rejetée. Il insiste sur
le fait que durant les congés estivaux, entre autres, il y a des
problèmes assez graves parce qu'il ne faut pas oublier que c'est une
aide de dernier recours et qu'il y a des délais qui augmentent d'autant
à ces périodes-là et que les personnes dont la demande
d'aide est rejetée ou annulée se retrouvent souvent dans un
dénuement total, tout à fait ignorantes du fait que leur
situation de dénuement pourrait les amener à faire une demande
d'aide et aussi ignorantes du fait qu'elles peuvent être rétablies
si le bureau de révision allonge indûment les délais de
plus de dix jours.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que l'on m'indique, et vous
avez raison de le souligner et vous avez raison de dire que le rapport en fait
mention, en ce qui touche les délais occasionnés par les vacances
des fonctionnaires, entre autres, que vous retrouvez à la page 37 du
mémoire, on dit: "Personne ne songe à contester le droit des
fonctionnaires à des vacances annuelles, mais l'administration doit
veiller à ce que les vacances de son personnel n'entraînent pas
des délais indus dans le. traitement des demandes d'aide sociale. C'est
pourtant la réponse qu'on nous a trop longtemps fournie quand nous nous
étonnions, au cours de l'été 1985, du long retard que le
ministère accusait dans le traitement des demandes." Ce que le
ministère m'indique c'est que, contrairement à ce qui est
mentionné au rapport précité, une analyse des
délais de traitement d'une nouvelle demande d'aide sociale pour les
périodes estivales 1985, 1986 et 1987 nous révèle un
respect constant du délai de six jours ouvrables à compter du
dépôt des pièces justificatives sans lesquelles le dossier
ne peut être traité. La moyenne de conformité
observée est de 99 % et ce, de façon constante, sur les trois
périodes couvertes. Mais, le sous-ministre m'indique également
qu'en ce qui a trait à la fourniture des pièces justificatives,
il y a là souvent un problème qui a pu inciter le Protecteur du
citoyen à faire les commentaires qu'il a faits.
Mme Harel: Parce que là vous mettez en cause les propos du
Protecteur du citoyen dans son rapport annuel...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, moi ce que...
Mme Harel: ...qui dit que plus de la moitié
des decisions sont rendues au-delà de la période
réglementaire, que ce soit en période estivale ou en
période annuelle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne parle pas de la même
chose, Mme la députée de Maisonneuve...
Mme Harel: Oui, d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...Je parle de la demande...
Mme Harel: La première demande...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...initiale et vous...
Mme Harel:... demande initiale...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...vous parlez de la demande en
révision.
Mme Harel: En révision. D'accord. Mais, quant à la
demande en révision, le problème soulevé est donc
réel. Plus de la moitié des demandes en révision se font
au-delà de la période réglementaire de dix jours. La
personne peut se trouver totalement privée de toute aide durant ce laps
de temps. C'est d'autant plus aggravé avec l'opération des
visites à domicile puisque les annulations, comme on l'a vu, dans 25 %
des cas sont rétablies. Alors, pendant cette période-là,
il n'y a aucune aide qui est accordée très souvent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne tente pas de minimiser le
problème que vous soulevez. On traite d'un programme ou d'une aide de
dernier recours et, dans ces cas-là, il n'y a plus d'autres filets
où retomber. Ce qu'on me dit c'est que le délai de dix jours que
vous mentionnez sur le plan des révisions, s'applique dans les cas
d'annulation d'aide sociale ou de réduction de plus de 50 % de l'aide
sociale, mais que dans les autres cas il s'agit d'un délai de 30
jours.
Maintenant, la personne demeure dans la même situation lorsque la
décision administrative en révision est maintenue et replonge
dans un autre délai, en attente de la décision de la Commission
des affaires sociales. C'est pourquoi je vous redis que nous nous sommes
attaqués à ce problème des délais et nous avons
réussi à les raccourcir substantiellement. Si vous me demandez si
je suis satisfait du délai de la première décision
administrative à la réponse donnée finalement par la
Commission des affaires sociales, non, les délais sont encore beaucoup
trop longs, Mme la députée de Maisonneuve, et il y a une
expression qui est utilisée plus souvent en anglais qu'en
français et que je peux vous citer: "Justice delayed is justice denied";
lorsqu'on prend trop de temps à rendre la justice on ne peut plus rendre
justice à cette personne.
Et nous continuerons, au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu à nous attaquer à raccourcir les
délais aux trois instances décisionnelles, soit la
décision administrative de premier niveau, la décision
administrative en révision et au niveau de la Commission des affaires
sociales, tout en respectant le principe de la division des pouvoirs sur le
plan des règles de pratique du fonctionnement de la commission. Je
continue, chaque fois que j'en ai l'occasion, d'insister auprès du
président de la commission, le juge Poirier, pour que les règles
de pratique soient encore améliorées de façon à
encore diminuer les délais.
Mme Harel: M. le Président, je prends bonne note des
intentions du ministre. Mais, il y a peut-être d'abord à
reconnaître que ce sont là des délais qui auront toujours
une certaine durée attendu que, devant la Commission des affaires
sociales, il y a des preuves à établir, des témoins, des
auditions et qu'il faut certainement avoir en tête de raccourcir
définitivement les délais, mais également de donner suite
à l'une des recommandations du Protecteur du citoyen, à savoir
mettre en place un fonds spécial.
Le Protecteur du citoyen dit que des citoyens se retrouvent dans des
situations extrêmement pénibles sans que les divers programmes
puissent actuellement leur offrir quelque secours que ce soit, et là il
donne un certain nombre d'exemples; si une bénéficiaire
égare ou se fait voler le montant de son chèque qu'elle vient
d'encaisser, si c'est une mère de famille qui doit procurer des
vêtements spéciaux à son enfant handicapé etc. Je
pense que c'est une situation extrêmement pénible d'être
dans l'attente d'une décision de la révision qui, dans 25 %, vous
rétablit dans...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 1 %, c'est assez.
Mme Harel: ...votre aide, mais que, pendant ce temps, vous n'avez
droit à aucune aide, à aucun secours. Comme le dit le Protecteur
du citoyen, il ne faut pas perdre de vue que l'aide sociale est souvent, pour
ne pas dire toujours, l'ultime recours pour satisfaire les exigences
fondamentales de la vie quotidienne, il s'agit ici de pain et de beurre et tout
retard, hormis en cas de force majeure, doit être
évité.
C'est certainement louable de s'attaquer aux délais, mais c'est
insuffisant puisque, d'une part, il y aura des délais, quand ce ne
serait que le délai de dix jours prévu et réglementaire
dans la loi, mais dix jours ouvrables, c'est deux semaines et deux semaines
sans épicerie, cela a l'air de rien, mais c'est quand même
beaucoup. 30 jours pour une réduction, vous allez me dire qu'à ce
moment-là, il y a quand même un montant d'aide qui est
alloué lorsque la réduction est inférieure à 50 %,
cela reste quand même des délais
réglementaires de 30 jours. Il y a aussi tous les autres cas de
force majeure, comme ceux mentionnés par le Protecteur du citoyen.
Est-ce que vous avez envisagé cette création d'un fonds
spécial pour venir en aide aux plus démunis des démunis
qui seraient, de toute façon, à laisser à la
décision des bureaux locaux? Évidemment, vous savez que cela
existe déjà à la ville de Montréal et que c'est en
partie constitué par la ville de Montréal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons, dans les centres
Travail-Québec ce que nous appelons les caisses de dépannage,
partout. Depuis que je suis ministre, j'ai reçu deux plaintes de
fonctionnement des caisses de dépannage; une dans la région de
Sherbrooke - si ma mémoire est fidèle - et le ministère a
apporté les correctifs nécessaires pour que cela fonctionne bien
dans la région de Sherbrooke. La deuxième est venue au moment de
la commission parlementaire. Si ma mémoire est fidèle,
c'était la région de Nicolet où il y avait
également un problème de fonctionnement de ce qu'on appelle la
caisse de dépannage, qui est là techniquement pour tenir compte
des cas que vous avez soulevés, Mme la députée de
Maison-neuve: la personne qui perd son chèque, etc. Il s'agit là
de l'objectif de ces caisses de dépannage.
Malgré cela, vous avez encore dans le système des
délais qui, bien que ces caisses existent et bien qu'on ait des
prévisions pour le dénuement total et des prévisions
à la loi pour l'aide conditionnelle, demeurent beaucoup trop longs avant
d'obtenir des décisions finales. Il reste du travail à faire
quant à l'application des règles de pratique à la
Commission des affaires sociales et quant à une gestion un peu plus
serrée des dossiers. Soit dit en passant, je ne dis pas cela pour
accuser la Commission des affaires sociales ou pour la déprécier;
de l'avis des experts du monde quasi juridique, il s'agit du tribunal
administratif québécois qui serait en toute tête de liste
quant à son fonctionnement. Mais, malgré cela, je suis convaincu
qu'un meilleur agencement des délibérés des commissaires
et que l'application de la règle de pratique mise en vigueur quant aux
remises de causes par les avocats devant la commission des affaires sociales
ont contribué à améliorer sensiblement, et qu'il y a
là encore place à amélioration. La mise à la
disposition pour la clientèle d'un rôle d'urgence, lorsqu'il y a
urgence motivée par écrit, a également contribué
à corriger encore plus d'injustices que les délais occasionnaient
auparavant. Comme ministre, je ne suis pas complètement satisfait et je
le serai seulement lorsque je serai convaincu qu'il n'y a plus de place
à amélioration, ce qui n'est pas le cas au moment où l'on
se parle.
Mme Harel: M. le ministre, il ne faudrait pas confondre la
révision devant les bureaux de révision et tous les délais
dont parle le Protecteur du citoyen en regard des révisions dans les
bureaux des centres Travail-Québec avec les délais à la
Commission des affaires sociales. On reviendra cet après-midi à
la Commission des affaires sociales. Il y a la caisse de dépannage.
J'aimerais que, dans vos crédits, vous nous indiquiez quel est le
montant alloué à la caisse de dépannage et que vous nous
indiquiez également à quel programme, parce que j'ai l'intention
de voter pour celui-là, étant donné que j'avais
l'intention de voter sur division quant aux autres programmes. Pour
celui-là, vous me verrez soutenir tout à fait votre effort
là-dessus.
Où peut-on retrouver cela, parce que je n'ai rien vu à
l'étude des crédits. Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un peu normal. On ne peut
pas détailler jusqu'à ce point. C'est légitime de poser la
question. Il s'agit de sommes incluses dans l'élément du
programme de l'aide sociale. Sur le plan administratif, on a à s'assurer
que cette caisse est continuellement maintenue à flot.
Mme Harel: C'est une caisse de quel ordre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle varie de région en
région. Je vais tenter de vous donner une moyenne.
Mme Harel: Voyez-vous, il y a deux semaines, pour le cas d'un
bénéficiaire dont on reparlera cet après-midi, le
recherchiste qui travaille avec moi a communiqué avec le Centre
Travail-Québec sis sur le boulevard Charest. On a mentionné qu'il
n'y avait pas de caisse de dépannage.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que la somme
provinciale en liquidité dans la caisse de dépannage
s'élève à 100 000 $ et que, physiquement, elle se retrouve
dans tous les bureaux régionaux et que tous les centres
Travail-Québec y ont accès.
Mme Harel: Combien y a-t-il déjà de bureaux
régionaux et de centres Travail-Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a 111 centres
Travail-Québec.
Mme Harel: 111? Cela donne à peu près un...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a 13 bureaux régionaux
et 111...
Mme Harel: Cela donne un gros montant de 800 $ par année
pour la caisse de dépannage.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais elle est tout le temps remise
à flot, c'est-à-dire que si
dans une région donnée vous avez une demande de 3000 $ ou
4000 $ pour un mois, ce montant est constamment remis à flot.
On m'indique que c'est même plus rapide qu'au mois. La
région est remboursée aussitôt le compte reçu.
Mme Harel: Alors, II va falloir informer les agents. On vous
donnera le nom de l'agent qui nous a Indiqué qu'il n'y avait pas de
caisse de dépannage, en regard du cas dont on parlera cet
après-midi. Je pense qu'il y aurait là une information à
transmettre aux agents eux-mêmes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il s'agit là
d'un des buts de la commission, que vous nous souleviez les cas.
En cours d'année, lorsque j'ai appris - j'utilise l'exemple de
Sherbrooke, c'est la propre région où mon comté est
situé - que la caisse de dépannage ne fonctionnait pas, c'est
parce que... Je pense que c'est quelqu'un du mouvement RAJ, que vous devez sans
doute connaître, qui m'avait alerté. Aussitôt alerté,
j'ai demandé au sous-ministre de faire les vérifications dans la
machine et, effectivement, pendant une courte période, il y avait eu un
manque de disponibilité à Sherbrooke et on a
"resensibilisé" les agents. Depuis ce temps, je les suscite, je n'ai pas
eu de plainte de cette région. Si vous avez des cas, nous les prendrons
en note et s'il y a des correctifs administratifs à apporter, de
façon que les gens aient droit à un service qui existe en vertu
de la loi et de la réglementation, nous les apporterons.
Mme Harel: M. le ministre, je crois qu'il serait certainement
utile, dans le sens que vous le mentionnez, que nous puissions obtenir, sans
avoir évidemment les noms des bénéficiaires, le type de
dépannage qui a été possible avec cette caisse. Le
ministère tient certainement des données à jour sur le
type de dépannage. Pour les fins de l'information du réseau et
des bénéficiaires, nous aimerions pouvoir obtenir les motifs pour
lesquels il y a eu dépannage. Est-ce qu'il y a eu des crédits
périmés? Non, il n'y a pas eu de crédits
périmés dans les dépannages étant donné...
Est-ce qu'on vote des crédits? Dans quel point on va... (12 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, dans aide sociale. Le budget
de l'aide sociale, on le prend dans l'enveloppe de l'aide sociale. Il s'agit
strictement, administrativement, de prendre l'argent qui est voté dans
les crédits aide sociale. C'est une façon de verser l'aide
sociale administrativement.
Mme Harel: C'est quand même peu connu. Le Protecteur du
citoyen l'ignorait certainement, comme les agents et comme bien des gens, parce
qu'il recommandait au ministère dans son rapport de décembre
dernier de mettre sur pied un fonds spécial de manière
à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la députée de
Maisonneuve, je ne peux pas croire que vous vous l'ignoriez. Moi, je fais
du...
Mme Harel: À Montréal, il y a toujours eu un fonds
spécial...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et moi, je suis à Bedford,
je fais du bureau de comté...
Mme Harel:... au Champ-de-Mars, mais c'est la ville de
Montréal qui a mis à la disposition des bureaux d'aide sociale de
la ville, depuis 1975, un fonds spécial. La ville contribue à ce
fonds spécial.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, on s'excuse, c'est l'aide
sociale, je veux bien rendre à la ville de Montréal ce qui
revient à la ville de Montréal, je ne vous dis pas que la ville
ne contribue pas et qu'elle n'administre pas le système d'aide sociale,
mais je vous dirai, pour le bénéfice de votre information et pour
l'information de la population, que l'argent vient des crédits que nous
votons ici aujourd'hui. Vous allez en avoir le mérite plutôt que
la ville de Montréal lorsque vous les aurez votés.
Mme Harel: Là, on parle bien d'un dépannage qui
n'est pas associé aux besoins spéciaux en cas de sinistre etc.,
parce que là évidemment...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous donner le cas
typique. Dans votre bureau de comté, vous arrive un samedi ou un lundi
quelqu'un - vous l'avez donné tantôt - qui vous dit: Moi, mon
chèque d'aide sociale je ne l'ai pas reçu ce mois-ci. Je ne
comprends pas. Je ne sais pas où il est. Je n'ai plus rien pour vivre.
Plus rien. C'est à cela que cela sert.
Mme Harel: Oui, M. le député de Tas-chereau.
Le Président (M. Bélanger): Oui, M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Un peu dans le
même ordre d'idées. Dans le cas de nouveau dossier d'une personne,
on se rend compte que quand un bénéficiaire quitte l'aide sociale
parce qu'il s'est trouvé un travail ou qu'il a décroché un
contrat d'un mois ou trois semaines ou deux semaines, son dossier est
complètement fermé de sorte qu'après deux semaines, quatre
semaines, ce bénéficiaire se représente à l'aide
sociale et il faut lui ouvrir un nouveau dossier à partir de zéro
avec toutes les pièces justificatives, avec les délais de dix
jours ouvrables. Évidemment, je pense que cela a deux effets bien
clairs. Le premier effet, c'est
que cela désincite le bénéficiaire à se
trouver un travail qui, peut-être pour lui donner un montant
supplémentaire de 100 $ ou 200 $, va lui causer tellement de
problèmes qu'il va peut-être préférer ne pas
accepter ce contrat temporaire.
Donc, je pense que si on trouvait une façon technique de garder
opérationnel le dossier d'un travailleur qui est à
l'extérieur de l'aide sociale pour depuis peu de temps, on aurait moins
de nouveaux dossiers à ouvrir. Par conséquent, on pourrait
probablement raccourcir la période de traitement des nouveaux dossiers.
En tout cas, il y a sûrement des raisons techniques et administratives
qui vous poussent à faire cela, mais je ne suis pas sûr qu'il
faudrait regarder d'autres solutions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Taschereau, vous avez raison, mais vous avez d'autant plus raison dans des
secteurs d'activité économique particuliers. J'étais dans
le comté de Saint-Jean-lberville vendredi dernier et, encore une fois,
et les médias et des représentants de la population sont revenus
à la charge avec le problème que vous mentionnez dans le domaine,
entre autres, de la transformation des produits agricoles qui s'effectue sur
une base très saisonnière et de toute la question des
récoltes. D'ailleurs, je le dis pour l'information des membres de la
commission, vous avez un editorial dans Le Richelieu agricole du 27 mars
1988 qui est signé de Gilles Lévesque et qui pose le
problème un peu comme vous l'avez fait et qui nous dit: On s'accorde
aussi pour dire que le pire ennemi des producteurs à la recherche de la
main-d'oeuvre est le bien-être social, etc. C'est à cause des
tracas administratifs que vous soulevez. Vous vous placez dans les souliers
d'un assisté social qui veut aller travailler à une
récolte. Son aide sociale, dans le système actuel, va
admi-nistrativement lui être coupée.
Par la suite, il aura à subir tout le processus de
réinscription, etc., ce qui fait en sorte que, ou bien l'assisté
social est incité à ne pas prendre l'emploi, ou bien il est
incité à le prendre sans nécessairement le déclarer
dans sa totalité. C'est l'effet pervers du système actuel et ce
que nous préconisons dans la politique de sécurité du
revenu, ce sont des correctifs administratifs qui vont faire en sorte qu'au
lieu d'être découragés de participer à une telle
forme d'activité économique, ils soient encouragés, tant
sur le plan financier qu'administratif.
Mme Harel: ...d'accord, allez-y, parce qu'il y a aussi le
problème des travailleurs autonomes, pas seulement du travail
occasionnel et saisonnier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez... D'accord. Mme la
députée de Maisonneuve, on me dit que la situation, bien
qu'existant pour le travailleur autonome, est moins déterminante quant
à l'option qu'il prend, parce que, au niveau de l'administration de son
dossier, on fait un étalement de ses revenus sur une base annuelle. Ce
qui n'est pas le cas des travailleurs qui oeuvrent dans l'industrie de la
transformation des produits agricoles ou qui récoltent des produits
agricoles.
Mme Harel: ...idyllique quand on entend des réponses comme
celles-là, mais il y a des cas...
Une voix: Idyllique! Une voix: Ha! ha!
Mme Harel: ...un cas, récemment encore illustré
dans les journaux, dans Le Soleil, je ne sais pas si vous vous rappelez,
une dame Lalanne du comté du député de Taschereau, une
dame qui était venue devant la commission parlementaire présenter
de façon très imagée le mémoire de son organisme et
qui a fait écho dans les médias... Alors ce n'est pas, c'est rien
d'anonyme. C'est le cas d'une personne qui est un travailleur autonome et qui
s'est vue privée, finalement, de toute aide parce qu'elle avait eu un
revenu de travail pendant trois semaines. Alors l'étalement, c'est comme
le fonds de dépannage, ce ne sont pas tous les agents ni tous les
bureaux qui l'appliquent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Madame, j'ai vu, en vertu du
système actuel d'aide sociale, encore une fois à Saint-Jean, sans
mentionner de nom, vendredi dernier, une personne handicapée
physiquement et assez lourdement handicapée physiquement, qui avait
obtenu un emploi trois jours par semaine et il m'a montré son
chèque d'aide sociale, son ancien montant moins le fameux 25 $, les
revenus de travail et ce qu'il lui restait. Je pense qu'il lui reste, au moment
où l'on se parte, à peu près 41 $ d'aide sociale
plutôt que 400 $ et quelque d'aide sociale.
Je pense qu'il y a unanimité des parlementaires pour que ces
aspects "désincitatrfs" au travail disparaissent de l'aide sociale au
maximum.
Maintenant, il y a une limite, et je vais vous livrer la conversation
que j'ai eue avec lui. Je lui ai demandé à quel niveau l'on
devrait complètement cesser de lui envoyer de l'aide sociale, parce
qu'il m'apparaissait en telle voie sur le chemin de l'autonomie qu'il va avoir
des gains, dans une période de temps relativement proche, qui vont
être soit égaux, soit supérieurs au salaire minimum. Et
j'ai eu une intéressante discussion avec cet individu qui, au tout
début de la conversation, souhaitait en même temps conserver et
tout son chèque d'aide sociale et tous ses revenus de travail, ce qui
l'aurait amené à un niveau de revenu, non pas égal au
salaire minimum, mais de loin supérieur au salaire minimum. Et je pense
qu'à la suite de la discussion, pour la première fois de sa vie,
il voyait la possibilité de quitter l'aide sociale. Il
ne lui restait pas tellement de chemin à accomplir pour ne plus
être dépendant de l'aide sociale. Maintenant, dans son cas, il y
avait également toute la question des besoins spéciaux. Et,
à ce niveau-là, c'est lui qui a attiré l'attention du
ministre sur la nécessité de maintenir en tout cas ses besoins
spéciaux, même s'il devenait un travailleur à faible
revenu.
Mme Harel: Est-ce que le député de Taschereau veut
terminer sur son dossier?
Fonds de dépannage
M. Leclerc: Bien oui, j'ai terminé là-dessus. Je
voudrais, cependant, parler pendant une seconde des fonds de dépannage
et, notamment, également du dénuement total.
Moi je dois dire - et c'est un appui très circonstanciel à
la députée de Maisonneuve...
Une voix: Ha! ha! ha!
M. Leclerc: ...je dois dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle en a eu un hier aussi,
très circonstanciel.
Des voix: Ha! ha! ha!
M. Leclerc: Je dois dire que dans la région de
Québec, en fait dans les bureaux de Travail-Québec de la ville de
Québec, l'expérience de deux ans et quelques mois me
démontre que cela fonctionne relativement laborieusement. Ce n'est pas
un blâme que je porte au centre Travail-Québec, parce que,
peut-être n'ont-ils pas tous les moyens à leur disposition pour
faire le travail, mais souvent j'ai eu des cas de dénuement total
où la décision était vraiment longue à venir. Quant
à la caisse de dépannage, je vous avoue que j'attends, moi aussi,
des éclaircissements là-dessus, parce que je n'ai pas senti qu'il
y en avait une - peut-être y en a-t-il une - et c'est pour cela que je
vous dis que ce que la députée de Maisonneuve vous dit, moi, dans
la région de Québec, je le vis personnellement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le point que vous
soulevez, M. le député de Taschereau, est cette information
absolument nécessaire que doit détenir l'agent de bureau. Moi,
j'ai appris l'existence de la caisse de dépannage avant d'être
ministre, parce que j'ai peut-être eu de la chance. Lorsque j'ai
référé un premier cas, un samedi, parce que j'avais le
numéro de téléphone de la personne chez elle, on m'a
immédiatement indiqué qu'il y avait cette possibilité. Si
on ne l'indique pas au bénéficiaire, si on ne l'indique pas aux
députés, c'est peut-être, comme vous le dites, parce qu'on
ne le sait pas lorsqu'on est agent d'aide sociale. C'est là, sur le plan
de la formation et de l'information de notre personnel, une lacune qui est
dénoncée de façon circonstancielle, des deux
côtés de la table. C'est une lacune importante, parce qu'elle
porte vraiment préjudice à ceux et à celles qui sont au
plus bas de l'échelle, sans aucun moyen de s'en sortir. Je vais
vérifier administratrvement de quelle façon on peut s'assurer que
les agents en place reçoivent l'information pour qu'ils puissent la
transmettre aux bénéficiaires et aux députés
concernés, de même qu'aux groupes communautaires qui
réfèrent des gens.
Mme Harel: M. le Président, je pense bien que, pour
corriger cette lacune, l'une des premières mesures qui pourrait
être adoptée, c'est précisément de ventiler la
caisse de dépannage pour qu'elle apparaisse comme une catégorie
dans les crédits, de manière que son existence soit
confirmée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, je n'ai pas...
Mme Harel: Là, cela se fait par ouï-dire, mais dans
la mesure où on n'existe pas, même dans les écrits qu'on
adopte ici à l'Assemblée, c'est difficile à un
député, même s'il est membre de cette commission, d'en
connaître l'existence à la lecture de l'ensemble des documents du
ministère. L'une des façons de corriger cette lacune pour que
cela soit bien compris, bien connu, puisque, de toute façon, l'ensemble
de ce qui est dépensé est ventilé par le ministère,
c'est de faire paraître une catégorie qui s'appelle "caisse de
dépannage".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me demandez de ventiler
plus de 2 000 000 000 $ d'aide sociale en catégories, jusqu'à un
minimum de 100 000 $, si vous voulez avoir du papier, je vais vous envoyer du
papier. Mais vous conviendrez qu'il s'agirait peut-être d'une
façon de ne pas rendre l'information accessible. Lorsqu'on en donne
trop, finalement, on noie les gens dans l'information. Il y a 2 000 000 000 $
de crédits à l'aide sociale comme telle. Moi, je n'ai pas
d'objection à répondre à toutes vos questions, mais en
faisant apparaître au livre des crédits des éléments
de programme de 100 000 $ et plus dans le programme d'aide sociale, on peut se
retrouver l'an prochain avec un cahier des crédits qui va être
déposé par un président du Conseil du trésor qui
devra avoir de bons biceps pour le mettre sur la table. Je ne crois pas qu'H
s'agisse là de la meilleure façon de faire connaître
à la fois aux bénéficiaires de l'aide sociale, aux groupes
communautaires et aux autres intervenants de la société
l'existence et le fonctionnement d'une telle caisse de dépannage. Je
pense que nous l'avons dit ici, aujourd'hui. J'ai pris l'engagement de le faire
connaître, parce que je suis conscient qu'il y a probablement des agents
dans les bureaux qui n'ont peut-être pas reçu cette information.
On va vérifier
et, de toute façon, on ne prendra pas de chance. On va leur
acheminer une note a savoir que cela existe et que c'est là pour
dépanner dans les circonstances prévues par la loi et on en
enverra un exemplaire à l'Opposition. S'il y a plus de publicité
qui mérite d'être faite, on le fera. Mais, sérieusement, je
ne pense pas que le fait d'ajouter dans le cahier des crédits du
gouvernement, qui est distribué à je ne sais combien
d'exemplaires, la rubrique "caisse de dépannage", nous fasse atteindre
l'objectif que nous visons tous, soit de faire en sorte que personne ne se
retrouve devant rien.
Mme Harel: M. le Président, sur cette question, en
conclusion, si nous pouvons obtenir, comme c'est le cas dans le livre des
crédits pour le coût des piles pour appareils auditifs ou le
coût des prothèses mammaires, etc., le moins qu'on ait,
précisément...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas dans le livre des
crédits, c'est dans les renseignements.
Mme Harel: ...l'enveloppe qui va être allouée
à la caisse de dépannage, cela me semble simplement pouvoir
confirmer dans la réalité de chaque année, pour voir si la
caisse de dépannage d'une année est conforme à celle qui
est dépensée l'année suivante ou, si c'est moins, si la
demande est plus grande ou plus forte. Cela m'apparait tout à fait
légitime.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va me permettre de
répondre oui, si c'est dans le cahier de renseignements. Ce que je ne
voulais pas, c'était de faire des catégories dans le livre des
crédits qui est déposé à l'Assemblée
nationale. Dans le cahier de renseignements, je pense que c'est tout à
fait justifié que ce soit indiqué.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, compte
tenu de l'heure, nous ajournons nos travaux sine die, mais, je vous rappelle
que, après la période des affaires courantes, nous reprendrons
nos travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 31)
Le Président (M. Thuringer): À l'ordre, s'il vous
plaît!
On va reprendre les travaux de l'étude des crédits du
programme 6: main-d'oeuvre et sécurité du revenu et les
prestations d'aide sociale.
Mme la députée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
peut-être pour régler le litige-
Une voix: II n'y a pas de litige.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...j'aurais une information
à une question qui a été posée à la toute
fin par Mme la députée de Maisonneuve et qui concernait les cas
d'utilisation de caisses de dépannage régional. Si vous m'y
autorisez.
Le Président (M. Thuringer): Cela va. Allez- y-
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique qu'il y aurait
présentement 18 motifs qui auraient servi au versement de prestations.
Le premier est dans le cas des itinérants. Ils ont recours à la
caisse de dépannage; 2°, le cas des rapatriés, les gens qui
reviennent au Québec après avoir été à
l'extérieur; 3°, on en conviendra aisément, le cas des
sinistrés; 4°, le cas des libérés de prison; 5°,
dans le cas de fins d'hospitalisation d'une personne seule; 6°, disparition
de l'adulte qui pourvoit aux besoins de la famille, que ce soit par abandon ou
par mortalité; 7°, éviction subite du foyer; 8°,
transport pour fins de traitement médical pour fins d'emploi; 9°,
annulation erronée d'un chèque d'aide sociale; 10°,
intervention de plus de 48 heures ouvrables des services informatiques - on me
dit que ce n'est jamais arrivé, mais que c'est prévu, en cas
d'accident, qu'on puisse procéder de cette façon-là;
11°, suspension d'une décision faisant l'objet d'un appel - il
s'agit de l'application de l'article 22 de la Commission des affaires sociales
en cas d'urgence; 12°, frais de transport et séjour pour faire
valoir une créance alimentaire; 13°, impossibilité de
remplacer un chèque perdu, détruit ou volé; 14°,
remplacement d'un chèque encaissé par erreur, selon la
procédure de transfert automatique - les avances; 15°, urgences en
attente d'assurance-chômage; 16°, avance et impossibilité
d'attendre le premier chèque d'aide sociale; 17°, stagiaire en
milieu de travail en attente d'une indemnité de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail; et 18°,
remplacement d'un chèque déjà émis par une
prestation identique, mais fractionnée; deux ou trois chèques. Ce
sont les exemples qu'on donne.
Mme Harel: Alors, M. le Président, pourrait-on souhaiter
que cela soit déposé à la commission parlementaire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je l'ai en manuscrit. Je peux vous
le déposer manuscrit ou prendre la peine de le faire dactylographier. Je
n'ai pas d'objection.
Mme Harel: Voilà, oui c'est cela. Ce serait
préférable de le déposer quand ce sera
complété. Il faut comprendre que ce sont là les uniques
cas où la caisse de dépannage intervient, ou si la caisse
de dépannage intervient aussi en cas de
besoin évalué par le bureau?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce sont les expériences
vécues et prévisibles. Maintenant, l'objet de la caisse de
dépannage, conformément à la loi, est de prendre ou
d'intervenir dans les cas où il y a nécessité
d'intervention et qu'il n'y a pas d'autre moyen d'intervention suffisamment
rapide pour que la personne voie à combler ses besoins de base
essentiels.
Mme Harel: M. le Président, je crois que je
député de Taschereau voudrait terminer sur une question qui a
été abordée ce, matin. Par la suite, je vais
suggérer que l'on puisse procéder, peut-être, à
clarifier des questions qui ont été soulevées ce matin et
qui sont restées un peu en suspens, et qu'on le fasse assez rapidement
parce que le temps file extrêmement rapidement.
Le Président (M. Thuringer): D'accord. M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Après vérification, je dois admettre
que M. le ministre avait raison de nous dire que lorsque un
bénéficiaire payait 25 $ par mois, il n'y avait pas
d'intérêts de facturés. Dans le cas qui m'occupe, la
personne est passée de 64 ans à 65 ans. Par conséquent,
elle est passée d'assistée sociale à la pension de
vieillesse. Par conséquent, à partir du moment où elle fut
pensionnée, les intérêts ont commencé à
être chargés à 115, 61 $ par mois.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je peux ajouter, c'est
qu'il n'y a pas eu d'entente de prise immédiatement avec le
ministère, parce que même dans ce cas, lorsqu'une entente de
remboursement est prise, les intérêts ne se cumulent pas.
M. Leclerc: Oui et effectivement, il n'y a sûrement pas eu
d'entente puisqu'il n'y a pas de paiement depuis que la dame a 65 ans. Sauf
que, selon le taux d'intérêt, on a des intérêts
mensuels de 126, 12 $ ou de 115, 61 $. On aura beau faire payer 25 $ ou 50 $
par mois, on n'en sortira jamais. Je me dis que le fond du problème
reste le même. C'est que chaque mois, cette dame reçoit un
état de compte qui lui démontre qu'elle doit 115 $ ou 120 $ de
plus et on ne s'en sortira jamais. C'est la spirale que je vous expliquais. Je
me dis: Bon, c'est sûrement très bien fait administrativement,
vous suivez très bien vos comptes, mais je me dis: Est-ce que c'est
vraiment utile de lui envoyer cela à chaque mois et de lui charger 115 $
par mois sachant qu'elle est rendue à 13 569 $, que cela ne cesse de
monter et qu'elle ne pourra jamais en venir à bout?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, vous
soulevez une question importante, mais il y a des règles à
l'administration publique, qui sont là pour assurer qu'il n'y a pas de
cas de favoritisme, si je puis utiliser l'expression, dans la remise des
comptes, et qui ne nous rendent pas, comme administrateurs publics, la vie
particulièrement simple. Mais je peux vous dire que, de façon
périodique et régulière, on achemine sur mon bureau une
série en liasse de pardons de dettes dans des cas exceptionnels qui ont,
antérieurement à leur acheminement sur mon bureau,
été véhiculés au ministère des Finances, au
contrôleur des finances, au Conseil du trésor. Il y a une douzaine
de signatures qui apparaissent avant qu'on puisse remettre une dette. En dehors
de ces cas qui sont expressément prévus dans les règles
d'administration publique, il est impossible pour le ministère ou le
ministre de remettre à quiconque une dette qui est due à l'aide
sociale.
M. Lecierc: Est-ce que l'âge est un critère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il nous faudrait, si nous
voulions prendre en considération un critère d'âge, inclure
ce critère par voie législative, soit dans la Loi sur l'aide
sociale, soit dans la Loi sur l'administration publique. Il n'y en a pas
présentement et il n'y en a pas non plus de proposé.
M. Leclerc: II y a sûrement un certain nombre de
critères qui peuvent être soulevés pour obtenir un pardon,
puisqu'il y en a qui l'obtiennent?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les critères qui me
reviennent à la mémoire et qui sont invoqués le plus
souvent sont des critères d'insolvabilité, de faillite, de
décès, de débiteur introuvable etc. Mais, en ce qui
concerne la majorité de la clientèle, il est clair que ces
critères ne s'appliquent pas.
M. Leclerc: Merci.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Nous avons relativement peu de temps pour l'ensemble
des programmes que nous avons à examiner. Soyez bien assuré que
je ferai des représentations pour que, l'an prochain, on puisse ajouter
quelques heures de plus à la couverture qui nous est allouée. Ce
n'est évidemment ni de la responsabilité du ministre, ni de la
mienne.
Les cas en litige
M. le Président, je crois que cet après-midi, je voudrais,
en tout début de nos travaux, qu'on clarifie un certain nombre de
choses. J'ai l'impression qu'on joue un peu à la cachette avec
un certain nombre de questions. Je compte sur la collaboration du
ministre pour nous donner l'heure juste, notamment sur
l'échéancier de la réforme. Ce midi, il y avait au
bulletin de nouvelles de CKCV une nouvelle qui semblait très
sérieuse. En tout cas, ils l'ont présentée en
quatrième position. Comme vous le savez, M. le ministre, en
général, dans le palmarès, cela indique que c'est une
primeur. Cela disait: "M. Pierre Paradis déposera son projet de
réforme de son projet initial de l'aide sociale cette semaine. Depuis un
an, 11 500...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Je savais que le ministre voulait nous amener au monde
merveilleux de la réforme de la sécurité du revenu, mais
avoir une baguette magique à ce point-là... Je me demandais ce
qu'il en était exactement. Je veux attirer son attention sur le
deuxième aspect de ce qui était dit sur les ondes. Ce n'est pas
une nouvelle, mais il va voir l'interprétation qui est faite des
chiffres qui étaient contenus notamment dans le discours d'ouverture de
ce matin. Je lis la nouvelle: "Depuis un an 11 500 bénéficiaires
de l'aide sociale ont été coupés, suite à la visite
des boubous macoutes. En avril dernier, on dénombrait 358 000
bénéficiaires de l'aide sociale... " Donc, première
nouvelle: Le projet de réforme est déposé cette semaine.
La deuxième, c'est une utilisation qui est abusive. Ce matin on voyait
que les 11 400 cas, donc les 11 500, pour les fins des nouvelles - on ne peut
pas les chicaner de résumer - sont associés aux coupures à
la suite de la visite des boubous macoutes, c'est-à-dire à des
cas de fraude. Ce matin on était ici informés qu'au moins 25 % de
ces annulations vont en révision. C'est-à-dire que au-delà
de 25 % vont en révision.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, non.
Mme Harel: 25 % des 11 500. Les 11 500, il ne faut absolument pas
conclure qu'il y a annulation, mais il peut y avoir tout le processus de
révision et d'appel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour ne pas...
Mme Harel: D'abord, la première nouvelle. Qu'en est-il de
l'échéancier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les deux nouvelles sont
importantes. Quant à l'échéancier, je m'en remets à
l'échéancier que je vous ai communiqué à la toute
fin de la commission parlementaire. Je crois avoir indiqué,
qu'après des consultations internes et externes d'usage, j'avais comme
premier objectif, une fois qu'ils auront été approuvés, de
rendre public ou de faire connaître les amendements qui seront
apportés aux trois programmes de la politique de sécurité
du revenu et que, dans l'échéancier, ces amendements n'ayant pas
été rendus publics, je ne compte pas inverser le scénario
dont je vous avais parlé.
Quant au deuxième élément rendu public, il
s'agissait de 11 486 dossiers qui avaient connu des annulations. Il n'est pas
exact de dire, comme vous le dites, que 25 % de ces 11 486 sont allés en
révision. Je pourrais vous communiquer un tableau que j'ai devant moi,
daté du 28 août 1987, qui indique les proportions de visites
à domicile, de révision, sur le plan administratif et devant la
Commission des affaires sociales. Ce n'est qu'un pourcentage infime, je pensais
l'avoir indiqué très clairement, de personnes qui contestent la
révision de la décision administrative prise suite à la
visite à domicile. Il y a un pourcentage encore plus infime en ce qui
concerne la Commission des affaires sociales sur les vistes à domicile
entre septembre 1986 - pour vous donner une idée des proportions dont on
parle - et mars 1987. Il y a eu quelque 96 664 visites à domicile
effectuées. Il y a eu des cas de diminution, d'annulation ou de refus
dans 13 859 dossiers pour la même période. Dans les
révisions, il y a eu 809 dossiers qui ont été
révisés. Les décisions locales maintenues dans le cas de
576 desdits dossiers et des décisions locales renversées en
révision dans le cas de 233 desdits dossiers. Pour poursuivre, dans le
cas de la Commission des affaires sociales, il y a eu 104 appels logés,
42 appels ont été entendus. Il y a eu 30 décisions rendues
par la Commission des affaires sociales; 19 ont maintenu la décision du
comité de révision et 11 l'ont rejetée. Donc, les
pourcentages sont très minimes. Maintenant, je peux vous communiquer ce
tableau pour que vous en ayez un aperçu. Je vais tenter de le mettre
à jour, de l'actualiser, même. Mais c'est toujours dans les
mêmes proportions depuis deux ans et demi. (15 h 45)
Mme Harel: Oui, M. le Président, parce que les
données que nous avons dans les notes supplémentaires font
état de 1302 dossiers en 1986 et de 1211 en 1987, devant la Commission
des affaires sociales, de 834 révisions en 1986 et de 1048 en 1987.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais ce ne sont pas seulement
des cas de visites à domicile.
Mme Harel: Ce ne sont pas seulement des cas de visites à
domicile, c'est cela. Pour avoir le tableau complet, cela suppose
évidemment que vous nous fournissiez les chiffres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: Non seulement il est intéressant d'avoir le
tableau des révisions à la suite des visites à domicile,
mais selon les motifs, soit
d'annulation, de réduction ou autres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qui serait le plus clair, Mme
la députée de Maisonneu-ve - je ne sais pas si c'est faisable sur
le plan de la statistique tant que les dossiers ne sont pas
complétés - ce serait de faire une comparaison, pour l'an
passé peut-être, si on ne peut pas le faire pour cette
année, d'avril à avril, en fonction des décisions qui ont
été rendues jusqu'à la toute fin. Présentement, les
décisions attendent peut-être d'être plaidées et je
ne pourrais pas vous donner les statistiques exactes. On m'indique que ce sont
les mêmes proportions qui se maintiennent. Il s'agit de proportions
minimes qui font en sorte que les messages livrés sont basés sur
la réalité.
Mme Harel: Parfait. M. le Président, une seconde question
de clarification. Évidemment, le projet de loi modifiant la Loi sur les
impôts et les autres dispositions législatives d'ordre fiscal a
été sanctionné le 31 mars et introduit les amendements au
programme SUPRET, mais quant au programme APPORT, quand le ministre a-t-il
l'intention de légiférer en matière d'application?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les intentions sont les
mêmes qu'en ce qui concerne le programme Soutien financier et le
programme APTE. Il s'agit d'une loi sur la sécurité du revenu qui
comprend les trois volets.
Mme Harel: Concernant les sondages... M. Paradis
(Brome-Missisquoi): Lesquels?
Sondages sur la nouvelle politique de
sécurité du revenu
Mme Harel: Ha, ha! Dans les notes supplémentaires, on
retrouve non seulement le sondage effectué par SORECOM sur
l'implantation de la nouvelle politique de sécurité du revenu,
pour un montant de 23 950 $, mais également un sondage effectué
en août et septembre 1987, concernant l'implantation de la politique de
sécurité du revenu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: ...celui-là, pour un montant de 23 950 $. Il y
a donc eu deux sondages: un en février et mars, dont on a eu le
résultat et que le ministre a rendu public en commission parlementaire
et en Chambre et un en août et septembre 1987, à peu près
pour des montants de même importance. Le ministre entend-il
également rendre publics les résultats de ce sondage?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela date un peu. Je m'interroge
si je n'en avais pas remis une copie au député de
Verchères à l'occasion de la vérification des engagements
financiers. Je ne l'affirme pas, je vais vérifier. Si j'en avais remis
une copie au député de Verchères, je ne vois pas de
problème majeur. Dans le cas contraire, je vais retourner au sondage et
voir si les questions posées et les réponses, etc. sont
d'intérêt public et, s'il y a lieu, je le rendrai public, il a
été payé avec des fonds publics.
Mme Harel: Ce serait vraiment surprenant. Il a été
réalisé en août et septembre, selon les données que
vous nous transmettez, et mon prédécesseur devenait porte-parole
en matière d'environnement en août. S'il a été
transmis, ce serait surprenant. De toute façon, vous faites la
vérification. Et, comme il porte exactement sur le même sujet que
celui rendu public - les questions ne sont peut-être pas les mêmes
- mais, dans vos notes supplémentaires, pour justifier la
dépense, le titre que porte l'étude est exactement le même
que celui du sondage de février et mars...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que j'avais remis au
député de Verchères était les comptes rendus des
groupes cibles qui avait été mis en place de façon
à être consultés sur la question de la réforme.
J'avais même remis les cassettes d'enregistrement des groupes cibles.
Mme Harel: C'est une autre dépense qu'on retrouve à
divers contrats de services reliés à l'administration. Ce serait
la cueillette des données dans le cadre d'une recherche sur les mesures
de relance. Cela aurait été fait par Cossette
Communication-Marketing pour un montant de 7200 $. Vous le retrouvez dans
les...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas cela.
Mme Harel: Vous retrouvez dans les notes supplémentaires:
Liste des contrats de moins de 25 000 $. Qu'est-ce que c'est cette étude
de Cossette Communication-Marketing? J'ai toujours pensé que
c'était ce que vous aviez remis à mon
prédécesseur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Ce qui avait
été remis a votre prédécesseur était issu
d'un contrat avec la firme Bazin Sormany qui a possiblement donné des
sous-contrats.
Mme Harel: Cela s'intitule... L'avez-vous retrouvée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je l'ai. La maison Cossette
Communication, pour le compte des fonctionnaires au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu qui ont effectué
l'étude sur le taux de réussite des programmes
d'employabilité, a contribué à mettre sur pied pour le
bénéfice de ces fonctionnaires
chercheurs le questionnaire dont ils se sont servis et dont nous
pourrons vous communiquer les résultats cet après-midi, vu qu'ils
m'ont été communiqués sur l'heure du midi.
Mme Harel: II faut donc comprendre que vous déposerez
l'étude que vous aviez mentionnée en commission
parlementaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux le faire
immédiatement, si vous le souhaitez.
Mme Harel: Oui, ce serait sans doute souhaitable. Donc,
c'était dans le cadre de l'étude. S'agit-il de la même
étude que celle qui est décrite dans l'évaluation des
programmes publics au Québec, Actes du colloque, avril 1987,
équipe de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, du
service de l'évaluation des programmes, composée de Mme
Tremblay-Lamarre, M. Campeau, M. Lavigne et M. Léonard?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je demande immédiatement au
sous-ministre s'il s'agit de la même étude. Il ne s'agit pas des
auteurs.
L'étude qu'on vient de vous remettre a été
réalisée par Jean-Guy Darveau, Josette Tremblay-Lamarre et Claude
Moisan. Elle porte la date du 22 avril 1988.
Mme Harel: Lors du colloque organisé par le centre de
développement de la productivité dans le secteur public, le
service d'évaluation du programme du ministère présentait
une très intéressante...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous le permettez, la
distinction entre les deux études, celle que vous avez mentionnée
et celle que je viens de vous remettre, c'est que la première
s'adressait à nos agents, à l'intérieur des centres
Travail-Québec et qui sont en contact avec la clientèle, tandis
que la seconde s'adressait à la clientèle de l'aide sociale, bien
qu'elle ne le soit plus aujourd'hui, dans certains cas; elle est sur le
marché du travail. L'argent sur lequel vous nous questionnez a servi
pour les fins de la deuxième étude et non de la
première.
Mme Harel: Donc, c'est la dépense effectuée avec
Cossette Communication.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour les fins de l'étude
que je viens de déposer et non celle à laquelle vous faites
référence.
Mme Harel: Alors, quand on retrouvait dans cette
troisième... Il s'agirait soit d'une troisième étude, ou
du moins, d'une évaluation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en a plusieurs.
Mme Harel: Cela s'intitule "Évaluation des programmes de
développement de l'employabilité des jeunes
bénéficiaires de l'aide sociale". Lors du colloque qui
était soutenu par le Conseil du trésor, durant lequel le service
d'évaluation des programmes a déposé finalement toute sa
méthodologie, on identifiait diverses phases d'évaluation: cadres
d'évaluation, évaluation de la participation au programme,
évaluation des motifs de sortie, évaluation des résultats
et de l'impact des programmes et il y avait les délais
d'exécution, par exemple, mai 1987 à décembre 1987,
sondage auprès des bénéficiaires; il y avait le nom de
firmes privées, etc. Est-ce qu'il faut voir que cette
méthodologie telle que décrite résulte finalement dans
cette étude que vous nous transmettez cet après-midi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais de façon à
être plus prudent dans ma réponse, je sais que la
méthodologie apparaît au volume que je vous ai
déposé et pour être certain que nous parlons bien de la
même chose effectuée de la même façon, de la
même manière, la méthodologie est décrite en annexe
à l'étude que je vous ai déposée et pour fins de
certitude, si on se réfère au même document, on n'aura pas
d'imbroglio quant à la méthodologie utilisée.
Mme Harel: Alors on examinera cela pendant l'intermission,
après nos travaux de 18 heures et s'il y a quoi que ce soit, on se
réserve la possibilité de revenir sur les questions en
début de soirée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. On me dit qu'au
ministère, à cette direction, on poursuit encore les
études et que c'est un processus continuel.
Mme Harel: Alors on revient à la question du sondage
effectué en août et septembre par la maison de sondage
SORECOM.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): SORECOM.
Mme Harel: Peut-on espérer avoir les renseignements
concernant les résultats du sondage ce soir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez espérer, s'il y
a des questions et des réponses qui ne sont que d'intérêt
public, que les résultats soient communiqués aux membres de la
commission.
Les 6500 chèques non
réclamés
Mme Harel: M. le Président, un autre aspect rapidement
abordé ce matin, la question des 6500 chèques. Où en est
cette question au ministère actuellement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La question n'est plus au
ministère. La question a été
référée
au Vérificateur général qui est chargé du
dossier et il ne m'a pas encore fait rapport sur ce dossier.
Mme Harel: Les 6500 chèques sont toujours émis aux
bénéficiaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas le cas. Il y
avait eu annulation d'un certain nombre de chèques. Ensuite il y avait
eu réémission d'un certain nombre de chèques. La situation
comme ministre responsable m'a paru pour le moins incertaine, possiblement
embrouillée. De façon à être très certain
qu'il n'y avait pas eu de préjudice causé à qui que ce
soit dans cette opération et que tout s'était
déroulé conformément aux règles de l'administration
publique, j'ai demandé au Vérificateur général, qui
est l'individu par excellence sur le plan de l'administration, jouit de la
confiance de l'Assemblée nationale et fait toujours preuve d'une saine
neutralité, de façon à rassurer l'ensemble de la
population, les bénéficiaires de l'aide sociale et les
fonctionnaires au dossier de me produire un rapport complet sur cet
incident.
Ce qu'on me dit, c'est que le Vérificateur général
est en cours de travail sur ce dossier présentement, mais qu'il n'a pas
encore terminé son travail.
Mme Harel: Au moment où l'on se parle, est-ce que le
ministère continue d'émettre aux 6563 bénéficiaires
dont le ministre indiquait que l'aide avait été annulée?
Ces bénéficiaires sont connus. Le ministre parlait de 6563
bénéficiaires exactement qui avaient vu leur aide sociale
annulée et leurs destinataires perdront leur droit à l'aide
sociale. C'étaient là les propos mêmes de la
conférence de juillet. Est-ce que ces bénéficiaires, ces
destinataires ont vu leur aide sociale rétablie? Le Vérificateur
général nous dira quels étaient les motifs, mais est-ce
qu'actuellement ces 6563 bénéficiaires sont rétablis dans
l'aide accordée par le ministère? (16 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ceux et celles qui, au moment
où nous nous parlons, connaissent une situation de fait, qui fait en
sorte qu'ils ou qu'elles ont droit à l'aide sociale, reçoivent
l'aide sociale sur le plan administratif; les autres ne la reçoivent
pas. On peut aisément présumer que certaines de ces personnes ont
quitté l'aide sociale et qu'elles sont aujourd'hui sur le marché
du travail. La situation en est une qui est vécue individu par individu
et on tente le plus sainement possible d'appliquer la situation de l'individu
face à l'aide sociale et de prendre les décisions administratives
qui s'imposent dans chacun des cas. Nous attendons, pour ce qui a trait
à l'incident de la grève postale, le rapport du
Vérificateur généra! qui devrait faire la lumière
sur ce qui s'est produit à ce moment-là sur le plan
administratif.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre nous
laisse entendre qu'il ne peut pas faire des vérifications dans son
ministère pour être informé du nombre parmi ces 6563
bénéficiaires qui le sont toujours, et du nombre qui ne le sont
plus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre est toujours
très prudent, peut-être trop, mais je dirai très prudent,
lorsqu'il s'agit d'identifier des cas, des dossiers, etc. L'aspect nominatif
des dossiers est à ce point de caractère confidentiel que je
préfère personnellement ne pas connaître l'état des
dossiers des individus. J'ai eu à vérifier certains cas
personnellement, mais à chaque fois les administrateurs du
ministère ont rayé du document qui m'était transmis les
données nominales qui m'auraient permis, comme ministre, d'identifier
Ses individus. C'est une pratique que je respecte et je crois même qui
est saine en ce qui a trait à ia confidentialité des dossiers au
ministère.
Mme Harel: C'est une réserve qui honore le ministre, mais
il aurait dû certainement s'en prévaloir avant de faire sa
conférence de presse pour laisser entendre que ces personnes,
assistées sociales, qui n'avaient pas eu leur chèque du mois de
juillet, étaient finalement associées à des personnes qui
fraudaient. Tous les articles... Il faut seulement faire une revue de presse
pour voir et je vous lis textuellement: M. Paradis voit la preuve que la fraude
à l'aide sociale est encore plus répandue que ne l'avaient
d'abord révélé les visites. C'est peut-être tardif,
il n'est jamais trop tard pour avoir cette sorte de réserve, mais elle
est un peu tardive. Le ministre aurait dû, dès l'été
dernier, se faire le devoir justement de ne pas associer nécessairement
à de la fraude ce qu'il avait fait, ce qu'il a fait au dire de tous les
médias. Peut-être que c'est eux qui se sont trompés et que
le ministre avait raison. Mais en générai, quand on est toujours
mal cité par tout le monde, c'est peut-être parce qu'on a
été confus dans ses propos.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Faux problème.
Mme Harel: Alors, je suis vraiment surprise que ie ministre - je
ne lui demande pas un compte rendu du dossier de chacun des
bénéficiaires au moment où l'on se parle - ne sache pas
l'état général du dossier. C'était quand même
6563 chèques non réclamés. Cela a valu une
conférence de presse au début du mois d'août, le 5
août exactement. Cela a paru dans tous les journaux le 6 août.
Alors, ie ministre avait pensé que c'était là un sujet
d'importance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas eu de
conférence de presse. Je pense qu'on va replacer Mme la
députée dans le contexte. Je
tiens à dire qu'il n'y a pas eu de conférence de presse.
Je ne nie pas avoir été interrogé par les journalistes
comme cela se fait habituellement lorsqu'il y a un sujet d'actualité qui
est chaud. Je vous dirai que l'aide sociale est un système de dernier
recours et il a été maintes fois démontré, devant
la commission parlementaire sur la politique de sécurité du
revenu qui vient de se terminer que, dans certains cas, les gens avaient de la
difficulté à terminer le mois avant de recevoir le chèque
suivant ou prochain. Après un certain nombre de jours - je ne me
rappelle pas, je pense que les vérifications sont faites après
dix ou douze jours - pour les chèques qui ne sont pas
réclamés, je crois qu'il est du devoir de celui ou de ceux qui
sont en charge de l'administration d'un tel système de s'interroger de
la raison pour laquelle ces chèques n'ont pas été
réclamés, comment la personne a réussi à subsister
dans un programme de dernier recours qui, nous dit-on, ne réussit
même pas à les amener jusqu'au chèque suivant dans certains
cas, etc. Je pense qu'il s'agit là de questions qui sont
légitimes. Quand, sur le plan administratif, on cherche la
réponse la plus totale et la plus complète à ces
questions, je ne crois pas que l'on puisse être blâmé
d'avoir recours aux services du Vérificateur général
à moins que quelqu'un ne mette en doute la qualité des services
et l'impartialité du poste et de la personne qui occupe le poste de
Vérificateur général.
Mme Harel: Bien au contraire, M. le Président, mais nous
pensons que le ministère devrait pouvoir fournir publiquement des
raisons plausibles et explicables de cette situation. Que le
Vérificateur général dans son rapport puisse, à la
suite de sa vérification, nous donner l'état de la situation,
n'empêche absolument pas le ministère d'avoir conduit sa propre
enquête interne. !
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous échappez
là un élément important. À chaque année nous
n'avons aucune garantie que dans les rapports du Vérificateur
général un tel élément sera vérifié
par le Vérificateur général à moins qu'on ne lui
adresse une demande expresse à cet effet, ce qui a été
fait dans le présent cas.
Mme Harel: C'est juste. Là-dessus vous avez tout à
fait raison, mais le Vérificateur général peut conduire
son enquête sans que cela contrevienne à la continuité
d'une enquête interne du ministère. Je ne peux pas comprendre que
le ministère n'ait pas lui-même procédé à des
vérifications pour se donner des motifs explicables à cette
situation. Le ministère n'a quand même pas tout confié
cela, en s'en lavant les mains, au Vérificateur
général.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme vous l'avez vous-même
mentionné dans des cas qui font la manchette, qui touchent tellement de
personnes et qui mettent en cause le fonctionnement interne du
ministère, oui, vous avez raison, on a les choix d'intervention. On peut
choisir d'intervenir au niveau interne d'un ministère, on peut choisir
une autre forme d'enquête. La forme d'enquête que nous avons voulu
choisir est une enquête d'ordre administratif. Il n'y a personne qui est
inculpé de quoi que ce soit. On vérifie sur le plan du processus
administratif si tout s'est déroulé conformément. Et on le
fait par le biais de l'institution et d'un individu qui ont la confiance des
parlementaires. On pense que la réponse qui pourra ainsi être
apportée, favorable ou défavorable au ministère, jouira
d'un haut degré de crédibilité. Et c'est ce qui nous
intéresse de façon à pouvoir rassurer et les
parlementaires et la population sur ce qui s'est vraiment passé. Je
demande à Mme la députée - je comprends son impatience -
de faire comme le ministre et de se montrer patiente. Moi aussi, je
souhaiterais avoir les résultats dans les meilleurs délais, mais
je laisse au Vérificateur général toute la marge de
manoeuvre, toute la latitude pour qu'il fasse bien son travail et qu'il nous
produise son rapport.
Mme Harel: M. le Président, je n'ai pas vraiment
l'intention de lui consacrer plus de temps, malgré l'importance de cette
question parce qu'elle a quand même alimenté la campagne de
préjugés contre les assistés sociaux. Je dois
reconnaître que ce n'était pas à l'occasion d'une
conférence de presse, mais cela a été tellement
traité à la une dans tous les médias qu'il semblait
finalement que le ministre les avait tous rencontrés à une
occasion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la sortie du Conseil des
ministres, cela doit être l'endroit où ils m'ont tous
accroché.
Mme Harel: Que le Vérificateur général doive
avoir toute la latitude en matière de vérification, il en va de
soi, et cela vaut pour n'importe quel dossier, mais ce raisonnement
n'empêche pas du tout le ministère de conduire ses propres
investigations. Le ministère aussi a la latitude et je dois dire que vos
hauts fonctionnaires jouissent d'une confiance qui permettrait aussi aux
parlementaires de rendre plausibles les explications qu'ils pourraient donner
sur le sujet.
Des explications ont été avancées à l'effet
que comme tout cela s'était produit durant le mois de juillet et que la
moitié des chèques non réclamés l'ont
été dans la grande région de Montréal qui
connaît un taux de déménagement que l'on sait
extrêmement élevé chaque année, de façon
aussi régulière que l'on puisse le constater chaque année,
il s'agissait, pour un bon nombre de bénéficiaires, de gens qui
avaient, pour une raison ou une autre, déménagé. Alors,
est-ce que
c'est là une explication plausible? J'imagine que
déjà des vérifications ont dû être faites au
ministère.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que l'on m'indique, c'est qu'il
y a pleine et entière collaboration entre le ministère et le
Vérificateur général.
Mme Harel: Très bien. M. le Président, on va passer
à autre chose. Oui?
M. / Leclerc: Une petite minute, s'il vous plaît!
Mme Harel: Oui.
Coupures de prestations
M. Leclerc: Merci. J'aimerais discuter quelques instants avec le
ministre des coupures de prestations à la suite de la possession
d'actifs par certains bénéficiaires. Évidemment, je ne
peux pas être contre le principe puisque ce serait impensable de demander
à des contribuables qui ne possèdent pas d'actifs du tout de
payer l'aide sociale de personnes qui ont beaucoup plus d'actifs qu'eux. Je
pense que c'est une notion avec laquelle il faut vivre. Cependant, cela nous
amène à des cas qui sont, je dois dire, tristes et je voudrais en
citer deux au ministre, non pas pour les cas eux-mêmes, mais pour lui
donner une idée des problèmes que cela crée.
Le premier problème, et cela a été le cas dans
plusieurs villes du Québec, c'est le cas des évaluations
municîpales où on a vu le dépôt de nouveaux
rôles. J'ai dans mon comte une personne notamment, qui demeurait dans une
maison évaluée à peu près à 23 000 $ ou 24
000 $, qui, du jour au lendemain, avec le dépôt du nouveau
rôle est passée à 53 000 $ ou 54 000 $, donc sujette
à la franchise de 50 000 $. Évidemment, je sais que le ministre
n'a pas de contrôle sur les évaluations municipales, mais ce que
je veux lui faire comprendre, c'est qu'il est étrange que l'on puisse
couper un bénéficiaire qui demeure dans la même maison,
laquelle, du jour au lendemain, double de valeur. J'avais déjà
saisi le ministre de ce problème. Je sais que ce n'est pas de son
ressort, mais comme l'aide sociale est de son ressort je voulais le faire.
L'autre problème, c'est lorsqu'une personne possède
certains actifs, mais n'en a pas le contrôle. Et j'ai dans mon
comté, le cas d'une personne en instance de divorce qui vient de
l'extérieur de la région de Québec, et qui par
conséquent ne peut vendre la maison familiale, puisque son mari y
réside encore. Elle est déménagée à
Québec, et cette résidence-là est considérée
comme résidence familiale, cela prend l'accord des deux. Par
conséquent le ministère comptabilise dans ses actifs la
moitié de la valeur de la maison, bien qu'elle, elle soit parfaitement
d'accord pour la vendre, mais qu'elle n'en ait pas la possiblité puisque
son mari réside dedans et qu'ils sont en instance de divorce. Cette dame
est allée en révision et la révision maintient la
décision. Et ce que je trouve le plus étrange, c'est qu'elle ne
donne qu'une franchise de 1500 $ qui, je pense est pour l'argent liquide
d'habitude, et si elle permettait à cette dame-là d'avoir soit 50
000 $ de franchise comme résidence familiale ou la moitié de 50
000 $, soit 25 000 $, cette personne-là n'aurait pas de coupure d'aide
sociale. Mais il faut bien comprendre que la personne, à cause de la
coupure de 239 $ a seulement 258 $ par mois pour vivre, avec un ioyer de 210 $,
ce qui lui donne exactement 48 $ par mois. Elle se retrouve donc à
PAuberivière, la Maison revivre, etc. Par conséquent, cela
m'apparaft un cas relativement grave de préjudice causé par des
motifs très nobles, qui sont de tenir compte des actifs que peuvent
avoir certaines personnes. Mais j'estime que lorsque ces actifs-là ne
sont pas en contrôle direct par le bénéficiaire - la
bénéficiaire, je l'ai rencontrée personnellement, elle est
prête à vendre sa maison demain matin, aucun problème, mais
son mari est dedans. Comment voulez-vous qu'elle la vende. Ce n'est pas
réglé, le divorce, avec son mari.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas, dans le cas de la
deuxième question que vous m'avez posée, me substituer aux
instances qui auront à décider, mais on m'indique que lorsqu'il y
a obstacle légal - et c'est que ce vous semblez m'indiquer - à la
disposition de l'actif de la résidence principale, que cet actif,
suivant la réglementation actuellement en vigueur, ne devrait pas
être compilé. Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas erreur
administrative, ou quoi que ce soit, mais c'est l'interprétation de la
réglementation que mes conseillers en font.
Quant aux...
M. Leclerc: Je veux juste vous lire un petit paragraphe de la
décision de la révision. "Dans le cas présent vous avez
des biens propres, vous êtes copropriétaire - je pense qu'ils
assimilent cela au principe, au concept de résidence familiale - de la
résidence Aux Escoumins, nous sommes d'opinion que du seul fait que
votre exépoux l'habite, cela n'est pas un empêchement en droit
d'en disposer. Ce dernier est copropriétaire aussi. Votre cas ne peut
être assimilé, selon nous, au cas de communauté de biens,
sauf pour les autres biens qui peuvent faire partie de la société
d'acquêts et que nous ne comptabilisons pas avant la dissolution du
régime". Alors, eux prétendent qu'elle est capable de vendre,
elle prétend qu'elle n'est pas capable de vendre, moi je ne suis pas
sûr.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Je ne veux pas donner de
conseils légaux gratuits à personne, bien que je sois encore
membre du
Barreau et autorisé à le faire, mais nui n'est
obligé de demeurer dans l'indivision. Cela veut dire que si elle veut
liquider, d'après la décision - je n'ai pas tous les faits au
dossier que vous venez de me lire - il n'y a pas d'obstacle légal
à la vente de sa propriété..
M. Leclerc: Mais si la maison est enregistrée comme
résidence familiale et que le divorce n'est pas reconnu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pourra regarder le cas de plus
près, mais ce que je vous ai répondu, c'est que lorsqu'il y a
obstable légal à la vente... (16 h 15)
M. Leclerc: C'est ce que le procureur a plaidé,
effectivement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais la décision est
aussi importante que les arguments des deux procureurs.
M. Leclerc: Je comprends!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un procureur plaide qu'il y en a,
l'autre plaide qu'il n'y en a pas et il y a quelqu'un qui tranche à un
moment donné. Mais, lorsqu'il n'y a pas d'obstacle légal à
la vente, on doit "computer" les montants. Lorsqu'il y a obstacle légal
à la vente, les montants ne doivent pas être "computes". C'est la
règle de base. Maintenant, ne demandez pas au ministre de se transformer
en Commission des affaires sociales et d'être à la fois le
côté politique, le côté législatif, le
côté exécutif et le côté judiciaire, parce que
vous allez tantôt regretter les pouvoirs totalitaires que vous
réclamez de celui qui vous parle. Jusqu'à preuve du contraire,
dans les cas qui sont litigieux, qu'un procureur plaide d'un côté,
que l'autre plaide de l'autre et que la Commission des affaires sociales rende
une décision, ce que je vous dis, c'est que, si la Commission des
affaires sociales en arrive à la décision ou si le
ministère en arrive à la décision qu'il n'y a pas
d'obstacle légal à la vente, la personne peut procéder
à la vente et n'a donc pas de problème de ce
côté-là. S'il y a obstacle légal, on ne doit pas
"computer" la proportion supérieure à la valeur nette de 50 000
$.
Maintenant, en ce qui concerne votre première question, qui
touchait les dossiers d'évaluation municipale, vous, comme
député, ainsi que plusieurs autres députés de
l'Assemblée nationale, avez porté à mon attention au cours
des derniers mois ce facteur de l'évaluation municipale selon quoi,
lorsque la maison d'une personne a une valeur nette d'après son
évaluation municipale supérieure à 50 000 $, on soustrait
de 2 % la valeur excédentaire des 50 000 $. Il s'agit d'une
décision que le ou les gouvernements prennent, à un moment
donné, de poser des seuils pour les biens que les gens doivent ou
peuvent posséder. Une maison, aujourd'hui, dans un programme de dernier
recours, dont la valeur nette est de 50 000 $ selon l'évaluation
municipale, peut être une maison de 50 000 $ au minimum. Elle peut
également être une maison de 70 000 $ avec une hypothèque
de 20 000 $. On est dans le cadre d'un programme pour les plus démunis,
on n'est même pas dans un programme d'habitation pour les classes
moyennes ou de coopératives. Le rôle du programme d'aide sociale
est de faire en sorte que, pour les gens qui n'ont pas de biens, d'argent ou
une combinaison des deux pour subvenir à leurs besoins de base,
l'ensemble des contribuables paie, pour ces gens-là. Maintenant, si vous
pensez qu'il serait socialement, économiquement, politiquement,
moralement sain d'autoriser les gens à posséder des maisons
jusqu'à 75 000 $ ou jusqu'à 100 000 $, on peut ouvrir la
discussion ici ou ailleurs. Je n'ai pas d'objection à ce qu'elle soit
ouverte.
M. Leclerc: J'ai dit tout à l'heure que j'étais
d'accord avec le principe. Le problème, c'est que la personne demeure
dans la même maison et que cette maison passe de 23 000 $ ou 24 000 $
à 52 000 $ ou 53 000 $ d'une journée à l'autre. C'est
là le problème. C'est que, en dedans d'une journée, la
maison prend plus que le double de sa valeur. Ce n'est pas le seuil. J'admets
avec vous qu'il faut le fixer quelque part, mais cela va toujours toucher des
gens qui sont à la limite du seuil. Dans le cas où il y a un
changement brusque et inattendu de valeur, je vous soumets que cela pose des
problèmes à certains bénéficiaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous nous avez déjà
transmis et vous nous transmettez encore les dossiers-problèmes. Il y a
des cas où il y a eu des erreurs administratives. Je pense que dans un
des dossiers que vous nous avez confiés, entre autres, on a
décelé une erreur administrative.
M. Leclerc: On avait pris la valeur brute au lieu de la valeur
nette.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et celle-ci a été
corrigée. Je n'exclus pas et je ne veux pas décourager les
députés de nous acheminer les dossiers où, possiblement,
il y a des erreurs. Je pense que nous sommes là pour tenter de rendre
service. Lorsque les erreurs sont apparentes à la face même du
dossier, il n'est pas nécessaire que la personne attende une
décision finale de la Commission des affaires sociales. Je vous dirai
que le problème que vous soulevez cause également, avec un peu
plus d'acuité, des problèmes en région rurale aux gens qui
avaient des fermes de dimensions quand même assez importantes et qui,
à cause de l'âge ou d'autres phénomènes, ne
cultivent plus, etc. Alors, ils se retrouvent propriétaires d'actifs
dont la valeur
marchande et l'évaluation municipale sont nettement
supérieures à 50 000 $, ils n'ont pas d'autres revenus et se
retrouvent dans une situation où ils sont obligés de se
départir de leur ferme et, avec toutes les implications de la question
du zonage agricole, ils ne peuvent pas morceler, etc. Ce qui nous amène
sur notre table des dossiers dont la complexité est grande. On est
souvent porté à intervenir en faveur du
bénéficiaire. C'est toujours l'attitude que je demande aux gens
du ministère, mais il faut également garder un juste
équilibre face aux paramètres qui sont fixés dans la loi
et dans la réglementation de façon que le contribuable ne paie
pas pour quelqu'un qui a un actif de plus de 100 000 $ et qui réclame
des prestations à l'aide sociale. Cet équilibre est souvent
fragile. Il est important que, comme députés, vous continuiez
à nous acheminer ces cas-là de façon que nous en
demeurions conscients.
M. Leclerc: Je vous remercie de vos réponses, sauf que,
dans le cas de la dame où on peut interpréter le fait qu'elle
puisse ou ne puisse pas avoir contrôle sur l'actif qu'est sa
résidence familiale, ce que je comprends moins et où il y a moins
d'interprétation, c'est que la franchise qui lui est remise est
seulement de 1500 $, comme si c'était de l'argent liquide, alors que, si
on décide qu'elle a contrôle sur la résidence familiale,
elle devrait avoir la franchise qui va avec le contrôle et avec la
résidence familiale, soit les 50 000 $, ou, si on veut être
rigoureux, avoir la moitié des 50 000 $ comme franchise, de sorte
que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur l'application de ce
règlement, les 50 000 $ s'appliquent lorsque c'est une résidence
que vous occupez comme bénéficiaire. Autrement, vous vous
imaginez...
M. Leclerc: Vous comprendrez ici qu'elle ne peut pas l'habiter,
mais qu'elle est débitée parce qu'elle la possède. Je
comprends qu'elle ne puisse pas aller l'habiter avec son époux, elle est
en instance de divorce.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je vous écoute, je suis
obligé d'aller écouter le procureur qui a plaidé le
contraire, parce que vous reprenez les arguments de madame. Je vous comprends
de le faire, mais vous me demandez de rendre une décision dans un cas
qui n'apparaît pas... La loi ne me donne pas l'autorité de rendre
cette décision. La décision que je rendrais serait de type quasi
judiciaire. Vous me placez devant - je comprends que vous fassiez votre travail
de député en le faisant - l'impossibilité de vous donner
raison et je dois vous dire, si la dame se trouve dans un cas urgent, que ce
que vous pouvez lui conseiller de faire, c'est de se prévaloir de cette
nouvelle disposition devant la Commission des affaires sociales et de motiver
par écrit son urgence, de façon à être entendue sur
le rôle d'urgence et qu'au niveau des autorités quasi judiciaires
on statue de façon définitive sur son cas.
M. Leclerc: C'est ce que je vais lui transmettre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, à ce moment-là,
on peut peut-être inviter le ministre à jouer pleinement son
rôle de législateur et à introduire les suggestions faites
par la Commission des affaires sociales dans son rapport annuel à
l'effet de hausser les seuils. Notamment - c'est là, je pense la
recommandation de la Commission des affaires sociales en regard des
travailleurs autonomes et également des propriétaires de fermes
ou des cultivateurs - je crois que c'est spécifiquement en regard de ces
situations que joue la recommandation de la Commission des affaires
sociales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous iriez jusqu'à quelle
valeur?
Mme Harel: J'allais vous dire tantôt: II y a deux, trois
éléments importants. Le premier élément, c'est que
le seuil doit être indexé. Ce qui est d'une certaine façon
injuste, c'est de fixer un seuil en ne tenant pas compte que
l'évaluation foncière progresse, au moins selon l'indice des prix
à la consommation, mais pas toujours. J'imagine qu'à
Schefferville, ce n'est pas le cas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ni à
Thetford-Mines.
Mme Harel: De façon générale, on peut,
très facilement, à la table Québec-municipalités
sur la fiscalité mise en place par le ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation, examiner une mesure quelconque pour que ce
seuil progresse. Il devient absurde d'imaginer que le seuil des 50 000 $
actuellement en vigueur pourrait encore, dans dix ans, être de ce
montant, sachant très bien que cela ne correspondra plus même
à un studio sans chambre à coucher.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous répondre tout
de suite, entre autres, dans un domaine que je connais très bien: la
question des fermes agricoles, sur la valeur des fermes dans une des
régions les plus prospères du Québec, la région de
Saint-Hyacinthe. Elle est approximativement, au moment où nous nous
parlons, au même prix à l'acre qu'il y a à peu près
dix ans, parce que la valeur des terrains fluctue suivant
le prix des récoltes qui fluctue suivant la question de l'offre
et de la demande sur le marché mondial. Cela dépend même
des récoltes en Russie ou en Chine. Je n'ai pas de formule magique.
Mme Harel: C'est pour cela, M. le ministre, qu'il faut bien se
comprendre. Il faut traiter la question des fermes agricoles de façon
distincte et spécifique. C'était le propos en rappelant les
recommandations de la Commission des affaires sociales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
Mme Harel: Mais, il faut certainement traiter distinctement aussi
la question des seuils de propriété. Il est évident que
des personnes habitant de vieux quartiers populaires qui sont tout à
coup l'objet de spéculation, se trouvent totalement et certainement
injustement coupées des allocations de première
nécessité, parce que comme cela, d'une façon
inattendue...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'actif augmente.
Mme Harel: ...et sans contrôle, les prix augmentent. La
question est la suivante. Quel seuil faudrait-il au minimum, puisque vous avez
doublé de 1 % à 2 % les montants...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les tests d'actifs.
Mme Harel: C'est cela, le pourcentage. Il faudrait au moins voir
à ce que le seuil, lui aussi, soit augmenté. Quel serait le
mécanisme pour le faire? Je crois que cela peut s'étudier. Mais,
comme législateurs, c'est une responsabilité qu'on peut
certainement vous donner. D'autre part...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la députée, on
l'a, comme législateurs, la responsabilité de fixer le seuil.
Présentement, le seuil est fixé à 50 000 $ en valeur nette
dans le cas de l'immeuble que l'on occupe. Au moment où nous nous
parlons, cela me semble une position qui, sur la place publique, est
défendable, autant face à l'assisté social qu'au
contribuable. Ce que ce test d'actifs veut dire, c'est ce que la personne a
selon l'évaluation municipale qui est, règle
générale, soit inférieure ou égale à la
valeur sur le marché... Il est très rare qu'on ait une
évaluation municipale supérieure à la valeur sur le
marché et, si c'est le cas, on peut aller au Bureau de révision
de l'évaluation foncière. Vous détenez là un actif
qui vous appartient et qui vaut 50 000 $ et, dans ces conditions, vous dites:
Même si mes valeurs immobilières s'établissent à 50
000$, je demande à l'ensemble des contribuables de subvenir à mes
besoins. C'est une question importante.
Mme Harel: II est certainement, parfois, plus souhaitable, comme
objectif d'une société, que les personnes soient maintenues dans
les lieux, notamment une famille, plutôt que d'être
déracinées et obligées, pour des motifs
d'équité qui sont totalement inadéquats, à vendre
leur résidence, à épuiser leurs ressources, pour aller
dans des loyers qui, parfois, ne leur offriront certainement pas la même
qualité de vie, surtout si c'est une famille.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pariez surtout du partage du
logement chez les personnes qui sont en processus de
désinstitu-tionnalisation ou qui en ont vécu un, ou qui ne
peuvent vivre seules à cause de certaines carences physiques ou
mentales?
Mme Harel: Ou encore au moment d'une séparation ou d'un
divorce, ou encore au moment d'un veuvage. Enfin, quel que soit le motif, je
pense qu'il joue en faveur du maintien dans les lieux et que les 50 000 $ d'il
y a cinq ans n'équivalent plus aux 50 000 $ de maintenant. Pour revenir
à l'exemple du député de Tas-chereau, une
déclaration de résidence, ce n'est pas une déclaration de
propriété.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
Mme Harel: C'est simplement une déclaration qui joue
à l'encontre de la vente de la propriété sans le
consentement, mais cela ne permet pas de vendre la propriété. Une
déclaration de résidence, cela ne donne pas droit à la
chose...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le droit de
propriété.
Mme Harel: D'autre part, II y a un problème qui est
d'autant plus grand, il me semble, que c'est considéré comme un
bien et non pas, vous le mentionniez, comme la résidence. Mais, dans le
programme...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la députée de
Maisonneuve, je suis mal à l'aise, je dois vous le dire, de discuter du
cas qu'a soumis - je ne lui en tiens pas rigueur - le député de
Taschereau. Je ne suis pas et je ne peux pas me substituer à la
Commission des affaires sociales dans un dossier qui m'apparaît, à
première vue, un dossier où il y a des prétentions d'un
côté, des prétentions de l'autre et qui doivent être
tranchées. S'il y a injustice pour la personne concernée, je
pense que j'ai indiqué au député de Taschereau la
façon de faire trancher le litige le plus rapidement possible. Comme
procureur, je pourrais possiblement me trouver à plaider d'un
côté et de l'autre et je pourrais découvrir des arguments
d'un côté ou de l'autre. Mais, si on ne veut pas tomber dans ce
qu'on appelle strictement
l'arbitraire absolu, et je pense qu'il faut l'éviter dans le
régime de l'aide sociale, il nous faut quand même préserver
cette marge de manoeuvre pour les bureaux de révision et surtout pour la
Commission des affaires sociales.
Mme Harel: Alors, il faudrait peut-être harmoniser à
ce moment-là, justement. Quand on constate que, dans le programme
APPORT, vous entendez permettre à une famille qui va en
bénéficier de posséder jusqu'à 90 000 $ en valeurs
sur sa résidence et sur d'autres biens, je crois...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et des autres biens. (16 h 30)
Mme Harel: Le total des biens, c'est quand même un total de
90 000 $. C'est donc qu'il y a un ajustement à la réalité
des faits. Et, puisque ces 90 000 $ semblent équitables pour les
travailleurs à très très faible revenu, il faudrait
s'interroger s'ils ne le seraient pas aussi, d'une certaine façon...
Vous savez, la marge entre travailleurs à faible revenu et aide sociale
est assez mince et les uns et les autres, se retrouvent successivement
parfois...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais ce n'est pas... Les 50
000 $...
Mme Harel: ...dans les mêmes programmes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne voudrais pas qu'on compare
les 50 000 $ avec les 90 000 $.
Mme Harel: Les 90 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les 90 000 $, cela inclut
l'ensemble des biens et, aux 50 000 $ en valeur nette sur la résidence,
à l'aide sociale, il faut ajouter les 1500 $ en avoir liquide et pour
l'automobile, 4000 $. Il faut également ajouter ce que l'on
considère également dans le programme APPORT, l'ensemble du
mobilier, des effets personnels, etc. Ce qu'on me dit, l'harmonisation c'est
que, si on prend la valeur moyenne pour les familles à faible revenu des
biens possédés, on n'est pas loin de cette harmonisation et, dans
le cas du programme APPORT, il y a en plus et au surplus une partie du revenu
de l'individu qui est due à des gains de travail.
Mme Harel: Oui. Mais, M. le ministre, si on est proche de
l'harmonisation, pourquoi ne pas introduire une harmonisation qui serait
souhaitable dans la mesure où les travailleurs à faible revenu
sont parfois amenés à faire appel au programme de l'aide sociale
et retournent par la suite... Dans la mesure où l'on amène
quelqu'un à épuiser complètement ses ressources, comment
est-il possible ensuite de l'inciter à retrouver, d'une certaine
façon, le niveau de motivation et, finalement, le niveau de biens qu'il
avait auparavant?
Lorsque les éditorialistes disent qu'entre le programme d'aide
sociale et les autres programmes, c'est comme une échelle dont le
premier barreau serait bien trop éloigné de l'autre, d'une
certaine façon, si on n'harmonise pas suffisamment. Eh bien, tomber sur
l'aide sociale cela ne permet pas de s'en relever. Et c'est cela, le
problème.
M. le Président?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Également et je tiens
à le souligner, dans le même ordre d'idées que ce que vous
mentionnez, vous devez et les députés doivent recevoir à
leur bureau de comté, régulièrement, soit des personnes,
soit de la famille proche de personnes qui viennent les voir et qui leur
disent: Si mon père, ma mère, mon oncle, ma tante est
hébergée dans un centre d'accueil, il faut qu'elle épuise,
si elle veut avoir droit, etc. Elle a consacré toute sa vie à
accumuler 5000 $, 10 000 $... Il ne s'agit jamais de sommes importantes. Ce
phénomène-là nous a été
dénoncé à l'occasion de la commission parlementaire.
Finalement, ce que les gens nous disent, c'est que, comme gouvernement, nous
pénalisons les gens qui ont choisi d'épargner plutôt que de
dépenser. C'est à peu près le message que je
perçois...
Mme Harel: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de ces gens-là. Sauf que
le dilemme, et vous en conviendrez, si vous avez une réponse magique je
vous prierais de me la suggérer, lorsque l'on traite de programmes de
dernier recours, c'est: on commence où et on arrête où? Et
cela, il s'agit de choix qui sont, dans chacun des cas, des choix
difficiles.
Mme Harel: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parce qu'il ne s'agit pas de
programmes universels. On n'est pas dans l'impôt négatif ni
positif encore.
Mme Harel: Mais à ce moment-là, c'est
évident, M. le ministre, qu'il faut introduire des seuils qui permettent
que ce programme de dernier recours soit utilisé le moins longtemps
possible, parce qu'il n'oblige pas à épuiser tous ses recours
avant d'y avoir droit et à ne plus être capable d'en sortir
après coup, et cela dans la mesure où ce sont justement des
familles qui utilisent les résidences familiales, parce qu'en
général, je n'ai pas les chiffres en main, mais il faut imaginer
que c'est dans les cas de séparation, que c'est dans des cas de conflits
familiaux ou conjugaux.
Il y a un dernier aspect - le temps passe
tellement vite - il y a cette question que je ne voudrais pas ignorer,
qui est la question de l'avoir liquide excédentaire. La Commission des
services juridiques, lors de la présentation de son mémoire,
avait illustré cette sorte de disproportion de l'avoir liquide
excédentaire mensuel qui est exigé pour chacun des mois pour
lequel le bénéficiaire a reçu de l'aide sociale. En termes
pratiques, le remboursement réclamé pour un avoir liquide
excédentaire de 300 $, par exemple, va l'être pour chacun des mois
pour lequel il y a eu l'avoir liquide. Alors, au bout de l'année, c'est
3 600 $ qui sont réclamés au bénéficiaire pour un
avoir liquide excédentaire de 300 $. Ce sont toujours les mêmes
300 $, mais les mêmes 300 $ à chaque mois finissent par faire 3600
$ au bout de l'année. Si vous multipliez cela pendant trois ans, cela
devient faramineux...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'a pas d'affaire à
être à l'aide sociale.
Mme Harel: ...et évidemment illogique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez, je ne peux pas
m'empêcher de reprendre l'exemple que vous venez de donner. Sur le plan
théorique, vous avez raison. S'il fallait qu'une personne, tout en
étant pénalisée à chaque mois, conserve tout le
temps son avoir liquide excédentaire, c'est qu'elle serait capable de
vivre avec une diminution d'aide sociale lourdement hypothéquée
ou diminuée. Il y aurait donc quelque chose qui accrocherait quelque
part. Ce qui arrive de façon pratique, c'est que la personne qui a un
avoir liquide excédentaire pour un mois qui est supérieur
à 1500 $, si son chèque est coupé parce qu'elle a cet
avoir liquide excédentaire, elle se retrouve avec l'obligation pratique
d'utiliser une partie ou l'excédent au complet pour subvenir à
ses besoins de base. Donc, le mois d'après ou cela peut prendre... Cela
dépend de l'importance de la somme. J'ai vu des avoirs liquides
excédentaires dans des cas qui m'ont été soumis de 12 000
$ à 15 000 $. Mais encore une fois, un avoir liquide excédentaire
da 15 000 $, quand on réclame de l'aide sociale, à quel endroit
met-on la limite? On m'a dit qu'on gardait cet argent pour les plus vieux
jours, etc., mais en attendant, on demande à l'ensemble des
contribuables de payer la note.
Mme Harel: L'avoir liquide excédentaire - on va bien
s'entendre, ce n'est pas une question théorique que je vous pose - est
au-delà de 2500 $ pour une famille et de 1500 $ pour une personne seule.
On peut s'interroger sur la suffisance d'un montant semblable. Je pense
qu'actuellement, dans le cadre du RAPC, les provinces sont capables de doubler
ces sommes. Le RAPC prévoit que l'avoir liquide peut aller
jusqu'à 5000 $ pour une famille et 2500 $ pour une personne seule. Je
pense que certaines provinces voisines, si ma mémoire est bonne,
l'Ontario, je crois, permettent, à ce moment-là, aux
bénéficiaires de garder un avoir liquide supérieur. Cela
joue pour le même raisonnement que je tenais tantôt. Si on veut que
quelqu'un s'en sorte, il vaut mieux qu'il ne soit pas totalement démuni,
quand on cherche à ce que la durée à l'aide sociale soit
la moins longue possible. Mais qu'il y ait un seuil, c'est évident.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux revenir là-dessus.
Vous avez raison de souligner que le Québec pourrait disposer d'une
marge de manoeuvre qui a déjà été utilisée
par d'autres juridictions provinciales dans le cadre d'une négociation
avec le RAPC. On me dit que les maximums connus sont 5000 $ pour une famille et
2500 $ pour une personne seule. Mais il faut toujours être prudent
lorsqu'on tire un élément d'un programme de dernier recours ou
d'aide sociale, il faut le mettre en comparaison avec l'ensemble du
système. Si votre exemple vient de la Colombie britannique, entre
autres, je ne sais pas si c'est le cas, je pense qu'il y a d'autres
éléments dans le système que vous ne souhaiteriez pas voir
incorporés.
Mme Harel: Je considère que c'est évident que ces
éléments doivent s'interpénétrer dans le cadre de
notre système ici même au Québec, c'est évident
lorsqu'on examine la situation des personnes de 65 ans et plus qui peuvent
bénéficier d'un supplément à la pension de
vieillesse tout en ayant un avoir liquide qui est supérieur. On constate
actuellement dans toutes les études sur la pauvreté que les
personnes âgées formaient le contingent des personnes pauvres au
Québec il y a 20 ans - cela vaut pour le Canada aussi - mais que cette
catégorie, d'une certaine façon, a eu une vitesse de
développement telle qu'elle leur permet, contrairement aux familles et
aux familles monoparentales avec femme chef de famille et aux personnes seules,
de ne plus être classées parmi les catégories des grands
pauvres dans notre société.
M. Paradis (Brome-Missisquoi); Selon ce qu'on m'indique et je
pense que vous partagez la même information, il y a eu déplacement
de la pauvreté aiguë des plus âgés vers les plus
jeunes à la suite de la crise économique - ce sont les
indications que nous avons - sans que les plus âgés se retrouvent
dans une situation qui soit facile.
Mme Harel: Ce n'est pas nécessairement la situation
idéale, mais à tous égards, il semble que ce soit une
situation qui porte moins des conditions de grande pauvreté. Quand on
reprend la question de l'avoir liquide excédentaire, c'est d'autant plus
important parce que actuellement, ce que la Commission des services juridiques
recommandait, c'était un mécanisme d'épuisement
mensuel. Dans la mesure où il y a, par exemple, un montant
supérieur de 300 $ en avoir liquide - il est en excédent, il n'a
pas été déclaré - et qu'on le réclame,
pendant un an, à ce moment-là, les mêmes 300 $ sont
réclamés pour 12 mois. Ce sont 3600 $ qui sont
réclamés présentement, non pas 300 $. Au moment où
la personne va rembourser, elle n'a pas 3600 $ en avoir liquide
excédentaire. Elle a 300 $ peut-être de plus que le 1500 $, si
elle est une personne seule, en banque.
Je crois comprendre que la réclamation est pour chacun des mois
où elle a eu l'avoir liquide excédentaire. C'est toujours le
même montant. Pendant ce temps, il ne s'est pas multiplié par
douze, dans le bas de laine ou à la caisse populaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je pense que, sur le niveau
même de l'avoir liquide, il y a place à des prises de
décisions politiques avec lesquelles nous devons vivre. Il y a des
effets négatifs ou positifs, selon que l'on est trop haut ou trop bas.
On cherche le chiffre le plus en équilibre possible.
Mais toute la question d'échelonner sur douze mois en est une que
l'on n'évacue pas automatiquement au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu mais qui provoque
certaines réticences. Pour autant que l'objectif est de permettre
à la personne qui est à l'aide sociale d'en sortir le plus
rapidement possible, on évite, si vous me permettez la caricature
verbale, les plans de carrière à l'aide sociale. On vise à
les en sortir le plus rapidement possible. On est conscient que plus les
obligations sont échelonnées sur une longue période, plus
on va à l'inverse de ce que l'on souhaite faire finalement, permettre
à la personne de réintégrer le marché du
travail.
Quant aux 1500 $ et aux 2500 $, il y a longtemps que ces seuils n'ont
pas été ajustés.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais simplement
rappeler au ministre qu'il y a ce niveau de problème, mais il y a aussi
toute la question du remboursement réclamé pour chacun des mois
pour l'avoir liquide excédentaire. Cela pourrait donner lieu à
une modification, à une bonification immédiate de la part du
ministre de manière que les agents ne calculent pas le montant
excédentaire, qui est toujours le même montant pour chacun des
mois. Ce n'est pas mon problème qui est théorique. C'est le
calcul de l'agent dans le bureau local, qui calcule par rapport à cet
avoir de 300 $ qui est toujours le même, si tant est que c'est
après dix ou douze mois, que le montant de réclamation va
être multiplié par dix ou douze.
J'invite simplement le ministre à donner suite à la
recommandation de la Commission des services juridiques afin de prévoir
un mécanisme d'épuisement mensuel de manière que le
montant de 300 $, en regard de la situation actuelle qu'il serait souhaitable
de modifier, mais en regard du seuil en avoir liquide, soit
réclamé pour le mois pour lequel il l'est, mais non pas,
théoriquement, multiplié par le nombre de mois pour lesquels il a
existé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous conviendrez avec moi que la
difficulté ne se pose pas lorsque l'avoir est déclaré
immédiatement. La difficulté se pose lorsqu'il n'y a pas
déclaration de l'excédent par le bénéficiaire.
Mais, on peut également le placer dans une situation impossible sur le
plan administratif...
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais si vous le
permettez qu'on examine immédiatement les crédits
périmés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être une information
sur le plan de la gestion du ministère. On me dit que, lorsque le cas
que vous soumettez va jusqu'à la Commission des affaires sociales, la
commission l'applique de la façon que vous venez de nous décrire.
Je pense que cela explique un peu que cela nous soit amené par
l'organisme qu'il l'a amené. Au niveau administratif, au
ministère, on ne l'appliquerait, lorsqu'il n'y a pas de décision
de la Commission des affaires sociales, que pour le mois concerné.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut considérer que, pour
réduire les défais devant la Commission des affaires sociales, il
serait souhaitable de diminuer le nombre de dossiers? Que ce soit une
décision administrative qui soit connue dans les 130 centres
Travail-Québec que l'interprétation en est une
d'épuisement mensuel et non pas de... (16 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est dans le manuel de directives
dont dispose l'agent d'aide socio-économique. Quant aux décisions
de la commission, je suis aussi mal placé que vous pour intervenir.
Mme Harel: Je dirais presque que c'est tant mieux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui? Je souscris.
Crédits périmés
Mme Harel: Oui, je crois bien que le ministre va être
d'accord. M. le Président, je pense qu'une des façons
d'accélérer nos travaux pour passer un peu à travers tous
nos programmes ce serait peut-être d'examiner les crédits
périmés pour chacun des programmes de l'exercice financier
1987-1988. Ce que le ministre nous a transmis ce matin nous permettrait de
mieux comprendre les priorités du ministère l'an
passé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour ajouter
une information rapide additionnelle, encore une fois, qui touche
à ce qu'on appelle la caisse de dépannage, la petite caisse: Sur
une période de onze mois, d'avril 1987 à février 1988, la
caisse de dépannage a été utilisée sur le plan de
la province 7992 fois pour un montant de 990 209,16 $.
Mme Harel: Oui.
M. Leclerc: Sur le même sujet et après
vérification à la suite des motifs qui permettent à un
centre Travail-Québec d'utiliser la caisse de dépannage, je dois
retirer de mes paroles de ce matin, selon lesquelles je n'aurais jamais vu
l'utilisation de la caisse dans mon comté. Oui, je l'ai vue une fois.
Donc, j'enlève les mots "jamais vu", mais je dois quand même dire
que le cas que j'ai vu a été laborieux. Donc, je vais garder le
terme "laborieux".
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: M. le Président, on pourrait tout de suite
passer à travers. Cela nous permettra d'interroger le ministre sur tous
les programmes. Il s'agit des prévisions des crédits
périmés pour l'exercice 1987-1988.
Le Président (M. Latulippe): Mme la députée
de Maisonneuve, je comprends bien qu'en passant aux crédits
périmés, par exemple, au programme 1, vous allez en même
temps discuter du programme auquel les crédits périmés
sont rattachés?
Mme Harel: Oui, on va essayer de le faire, malgré tous les
autres dossiers que l'on veut aussi discuter cet après-midi. Alors, en
accélérant, on se rend compte que le ministère nous
transmet un total de crédits périmés nets de 74 720 000 $.
Faut-il ajouter les 60 000 000 $ de crédits périmés au
programme de prestations d'aide sociale qui ont été
utilisés pour l'imputation des prestations d'avril 1988, étant
donné que ces 180 000 000 $ étaient décomposés en
120 000 000 $ de budget supplémentaire et 60 000 000 $ de crédits
périmés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que vous devez comprendre, vous
faites allusion à ce paiement anticipé que nous avons fait
à l'occasion de Pâques pour faire en sorte que les
bénéficiaires puissent toucher leur chèque d'aide sociale.
Il y avait une fermeture de banque pour trois ou quatre jours à
Pâques. Nous avons pris les mesures administratives nécessaires
pour que les gens aient leur chèque et ne subissent pas ce délai
additionnel, étant donné qu'il s'agit d'un programme de dernier
recours. Ces sommes d'argent sont imputées, pour autant que le
ministère est concerné, à notre budget ou à
l'exercice financier qui s'est terminé le 31 mars, étant
donné que les sommes d'argent ont été
déboursées par le ministère avant le 31 mars. Donc,
Si...
Mme Harel: Je vous invite simplement à prendre
connaissance de la note à la page 7, le programme 6, Prestations d'aide
sociale, où on fait état de l'imputation de ces 180 000 000 $,
mais décomposés en 120 000 000 $ de budget supplémentaire
et 60 000 000 $ de crédits périmés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De budget supplémentaire,
le fonds de suppléance.
Mme Harel: Oui, et 60 000 000 $ de crédits
périmés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que votre question est
à l'effet...
Mme Harel: Ma question est: Faut-il ajouter les 60 000 000 $ aux
74 000 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Nous aurions
périmé 60 000 000 $ additionnels, n'eût été
de la paie qui a été effectuée avant la fin de l'exercice
financier.
Mme Harel: Donc, pour les fins de notre compréhension
à tous, c'est 134 720 000 $ de crédits périmés
nets, 74 000 000 $, tel qu'établi ici, plus 60 000 000 $ imputés
à l'exercice financier antérieur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais, là, on est dans
le conditionnel, vous comprenez bien. Si nous n'avions pas émis la paie
de l'aide sociale dans l'exercice financier 1987-1988, vous auriez raison.
Mais, considérant que nous l'avons émis dans l'exercice financier
1987-1988, vous avez tort.
Mme Harel: M. le ministre, comment... À ce
moment-là, les 60 000 000 $ de crédits périmés au
programme 6, Prestations d'aide sociale, l'étaient indépendamment
de l'imputation du mois d'avril au mois de mars.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les 60 000 000 $... Prenons le cas
théorique où nous n'aurions pas émis la paie de l'aide
sociale dans l'exercice financier que nous venons de terminer, vous
retrouveriez des crédits périmés additionnels de 60 000
000 $ en ce qui concerne l'aide sociale, dans ce cas théorique.
Mme Harel: Oui. Alors, donc, à ce moment-là, c'est
un total de crédits périmés net de 74 000 000 $ plus les
60 000 000 $ qui ont été utilisés pour le paiement
anticipé du mois d'avril. Mais pour l'exercice...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais, là, on va avoir
des difficultés de comparaison tantôt
si on part sur cette ligne de pensée parce que les 60 000 000 $
qui ont été dépensés dans l'exercice financier de
l'année antérieure n'apparaissent pas, par conséquent,
dans l'exercice financier de l'année courante.
Mme Harel: Mais nous examinons les crédits
périmés pour l'exercice 1987-1988, donc, antérieurs...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exactement.
Mme Harel: Pour bien se comprendre, il y a eu 74 000 000 $ de
crédits périmés plus 60 000 000 $ dans l'exercice
1987-1988.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ma compréhension, c'est que
nous analysons les crédits que nous avons déposés à
l'Assemblée pour l'année courante.
Mme Harel: Oui, mais immédiatement, ce que nous faisons,
c'est l'analyse des crédits périmés pour l'exercice
1987-1988...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exactement.
Mme Harel: ...qui se décomposent en 74 720 000 $ plus les
60 000 000 $ pour 1987-1988.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
Mme Harel: Je pense que M. Pronovost est d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien, si... Mme Harel: Non!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut à la fois les
dépenser et les périmer. Je vais utiliser cette expression pour
qu'on se comprenne bien.
Mme Harel: Ah, oui, si vous le voulez, bon, d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Considérant que nous les
avons dépensés, nous n'avons pu les périmer.
Mme Harel: Bon, d'accord. Ils étaient
périmés et ils sont devenus dépensés. Bon. De toute
façon, je veux surtout vous interroger sur la préemption des
crédits au programme de protection et développement de l'emploi
et de formation professionnelle de la main-d'oeuvre. Alors, si on reprend le
programme 3 du réseau Travail-Québec, qu'en est-il de la demande
du ministère au Conseil du trésor pour convertir des postes
occasionnels en postes permanents?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous n'avons pas encore obtenu de
réponse definitive du Conseil du trésor.
Mme Harel: Actuellement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et nous demeurons en demande.
Mme Harel: Avez-vous besoin d'aide?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Toute aide, même
circonstancielle, est appréciée.
Mme Harel: Les employés occasionnels ont reçu en
mars un avis de départ pour le mois de juin. Peut-on avoir une
idée exacte de la situation des départs, le nombre total
d'employés occasionnels, non pas de postes mais d'employés
occasionnels à qui le ministère va envoyer une lettre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Malgré cette lettre, nous
avons réussi à garder à l'emploi du ministère ces
employés occasionnels de façon à permettre au Conseil du
trésor de prendre le temps nécessaire pour rendre la
réponse appropriée.
Mme Harel: Donc, l'avis de mars a été reconduit
jusqu'en juin...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: ...et c'est en août, d'une façon... Je
pense qu'il y a un autre groupe...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une autre échelle.
Mme Harel: ...qui serait avisé d'un départ au mois
d'août. Cela fait un total de combien?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprendrez que nous tentons
d'effectuer le calcul parce qu'il y en a qui ont été
replacés dans le programme APPORT, entre autres, etc. On tente de vous
donner le nombre de personnes qui pourraient être affectés
maintenant au moment où nous nous parlons, compte tenu de la
décision que pourrait rendre le Conseil du trésor, soit
positivement, soit négativement.
Mme Harel: Les chiffres publiés dans les journaux parlent
de 540 personnes concernées
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les chiffres qui me sont fournis
et que je vais tenter de vous donner ne sont pas tellement loin de ce
chiffre-là. Selon la directive actuelle limitée à trois
ans, qui est une directive émise sous l'ancien gouvernement, la
durée des contrats des occasionnels, ce sont 423 employés
fonctionnaires
qui devraient être remplacés d'ici le 15 août 1988 au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
- je vais compléter, vu que nous sommes en demande sur l'ensemble du
dossier - et 213 de plus entre août 1988 et août 1989. Donc, les
chiffres qui sont mentionnés sont généralement des
chiffres qui donnent des bonnes dimensions sur le plan du nombre d'individus
concernés.
Mme Harel: II s'agissait essentiellement des occasionnels
embauchés pour gérer les programmes d'employabilité.
Une voix: Pas nécessairement
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais là, ce ne sont
pas tous des gens qui sont dans ce type de programme. Je tentais d'avoir les
pourcentages de gens qui étaient dans les programmes
d'employabilité. Ce sont toutes les catégories de poste au
ministère qui sont occupés par des occasionnels, du poste que
vous avez mentionné au poste de téléphoniste.
Mme Harel: II y avait également, évidemment,
l'ensemble des agents qui se trouvaient dans les commissions de formation
professionnelle. La situation est différente à Montréal,
en regard de la situation dans les centres Travail-Québec à
l'extérieur. Je connais mieux la situation à Montréal,
suffisamment pour savoir que les occasionnels seraient
récupérés par la ville de Montréal. Entre autres,
aussi, la convention collective de la ville de Montréal prévoit
que les occasionnels peuvent postuler des postes permanents et accumulent, je
pense, leur ancienneté une fois choisis comme occasionnels. Est-ce que
vous avez la garantie que l'ensemble du personnel occasionnel va être
intégré par la ville de Montréal?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au moment où nous nous
parions, sans détenir la garantie formelle à laquelle vous faites
allusion, il s'agit là de la proposition que nous avons faite aux
autorités de la ville de Montréal et nous avons bon espoir que la
ville accède à cette proposition.
Mme Harel: Cette proposition est surtout assortie aussi d'une
augmentation d'effectif?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: Une augmentation assez substantielle pour
Montréal d'une partie de l'effectif qui vient des centres
Travail-Québec et qui consolide aussi le volet aide financière,
qui n'est pas simplement affecté au volet employabi-lité. Il y a
aussi l'effectif qui serait alloué en supplément à
Montréal pour compenser ce qu'ils considèrent être un
déficit au chapitre de l'aide financière, je pense.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit, lorsqu'on parie de ces
éléments, de transferts ou d'éléments de postes, et
non d'éléments de personnes, ce qui n'est pas la même
chose.
Mme Harel: Donc, au total, 423 personnes, est-ce que cela
comprend aussi des occasionnels qui étaient dans - comment est-ce qu'ils
appellent cela - le DOMO?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le total des gens qui
pourraient être affectés ou qui le seront soit positivement, soit
négativement, à la suite de la décision.
Mme Harel: Est-ce qu'il faut comprendre que c'est
l'équivalent des postes permanents que vous avez demandés au
Conseil du trésor?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Il s'agit d'une des solutions
que nous pourrions envisager. Nous avons envisagé, avec le Conseil du
trésor, plusieurs solutions. Celle dont nous avons discuté ici
aujourd'hui en constitue une. Nous souhaitons qu'elle soit retenue. Maintenant,
il pourrait y avoir d'autres solutions qui seraient à envisager.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a des informations
supplémentaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, pas pour le moment. (17
heures)
Mme Harel: À quelle date pensez-vous effectuer le
transfert de dossiers à la ville de Montréal?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les négociations
n'étant pas terminées avec les instances décisionnelles de
la ville de Montréal, nous possédons un calendrier interne, mais
pour la bonne conduite des négociations il ne serait pas absolument
nécessaire d'en faire part publiquement. Si les négociations vont
bien, le plus rapidement possible, vous comprendrez que cet
échéancier est lié à l'état de la
négociation et à son parachèvement.
Mme Harel: II n'en demeure pas moins, que pour les
bénéficiaires, il y aura nécessairement une période
de transition entre la date de fermeture du bureau et le moment où ils
peuvent se présenter pour demander des travaux, ou des promoteurs qui
voudraient avoir des travaux communautaires, ou un bénéficiaire
qui voudrait avoir un bon d'emploi plus. Il y aura une période de
transition, parce que la gestion du dossier prend quand même un certain
temps. Par exemple, un promoteur qui demanderait des travaux
communautaires dans un centre Travail-Québec à Montréal le
vendredi, ce n'est pas le lundi suivant que la ville de Montréal lui
répondrait. Est-ce qu'il y a une période de transition
prévue?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut assurer la commission et
les bénéficiaires qu'il n'y aura pas ce qu'on appelle des trous
entre les deux programmes. Pour le bénéficiaire, cela ne peut,
pratiquement parlant, ne représenter qu'un avantage, puisque, au lieu de
se présenter à deux bureaux comme il le fait présentement,
il n'aura qu'un seul bureau à fréquenter. Il y a donc là,
une simplification dans ses démarches, ne serait-ce que sur le plan
physique.
Programmes d'employabilité
Mme Harel: Évidemment, dans la mesure où le
personnel qui jusqu'à maintenant ne faisait que gérer l'aide
financière, dans la mesure où ce personnel est suffisamment
formé pour pouvoir également gérer toutes les mesures
d'employabilité et les mesures de relance, jusqu'à maintenant la
ville, je pense, n'administrait que le programme Retour aux études. On
reviendra sur ce programme, mais le taux d'échec, à
Montréal comme ailleurs - remarquez que ce n'est pas particulier
à Montréal - doit certainement inquiéter beaucoup au
ministère. Je ne sais pas si vous poursuivez des conversations avec le
ministère de l'Éducation, mais il y a certainement un
problème. C'est un programme qui révèle presque un taux
d'échec d'une personne sur deux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous allez pouvoir prendre
connaissance, sur l'heure du souper, des résultats des
évaluations qui ont été faites concernant les divers
programmes. Vous verrez que c'est difficile de parler de succès totaf ou
d'échec total. Si une personne est aux études, qu'elle poursuit
jusqu'à son diplôme final, est-ce que l'on appelle cela un
succès total, si, un an après, elle ne s'est pas trouvée
d'emploi? Est-ce que pour la même personne, si elle quitte ses
études parce qu'elle a une offre d'emploi dans un domaine qui
l'intéresse - c'est ce qu'elle veut faire - et qu'un an après,
elle est encore en emploi, est-ce qu'on appelle le programme un succès?
Je pense qu'il faut être prudent dans l'utilisation des chiffres du
vocabulaire et des expressions.
On a eu, en commission parlementaire, des gens qui sont venus, sur les
mêmes types de programme, nous dénoncer le fonctionnement et les
résultats dans certains cas et nous louanger, dans le même
programme, dans certains autres cas, et les résultats et le
fonctionnement. Donc, if faut retenir les aspects positifs et tenter de
corriger ou d'éliminer, si possible, les aspects négatifs. Je
prends bonne note de votre remarque sur le plan scolaire. Je pense que cela a
été souligné. Retourner quelqu'un dans un milieu où
la personne a décroché, pour des motifs qui lui étaient
propres, milieu identique ou semblable, comporte des risques importants.
Doit-on retourner cette personne dans ce même milieu, sans apporter
certains changements ou certains palliatifs? Cela m'apparail une question des
plus valables.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly.
M. Latulippe: M. le ministre* pour faire suite aux questions de
Mme la députée de Maisonneuve, justement, en rapport avec les
mesures d'employabilité, j'ai eu l'occasion de prendre rapidement
connaissance du sondage que vous avez déposé et il dénote
deux points importants: premièrement, plus la durée moyenne de
présence à l'aide sociale s'allonge, plus les mesures
d'employabilité sont inefficaces; deuxièmement, s'il y a des
enfants à charge, cela donne des problèmes et plus les mesures
d'employabilité sont inefficaces. Or, dans la réforme de l'aide
sociale, vous allez étendre les mesures d'employabilité aux
personnes de plus de 30 ans, évidemment. Or, on le sait, et vous y
faites même référence dans votre document,
premièrement, pour ces personnes, la durée de présence
à l'aide sociale s'allonge et, deuxièmement, ce sont les
personnes les plus susceptibles d'avoir des enfants à charge. On en
arrive donc à l'équation suivante: Votre sondage dit que, pour
ces personnes, les mesures d'employabilité sont plus inefficaces et on
propose d'étendre ces mesures à cette clientèle. Comment
pouvez-vous nous dire que les mesures d'employabilité prévues
à la réforme de l'aide sociale vont être efficaces?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous savez, lorsqu'on parle des
mesures d'employabilité, on peut retrouver, sur la place publique, des
gens qui les ont connues et qui nous disent: Les mesures d'employabilité
qui existent sont l'élément le plus moderne, le plus
avant-gardiste de réinsertion sociale. Vous pouvez également
retrouver des personnes qui vous disent: Prenez ces mesures et jetez-les
à la poubelle. Et vous pouvez même retrouver, dans le même
parti politique, des gens qui utilisent ce double vocabulaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai, M. le
député de Chambly, que le document que nous avons rendu public
ainsi que ses conclusions, nous révèlent que, dans des cas, les
mesures portent plus à succès, dans le sens le plus conventionnel
du mot, c'est-à-dire sortir de l'aide sociale et obtenir un emploi. Par
ordre d'importance, on se rend compte que les stages en milieu de travail sont
très profitables et que le taux de succès est
élevé. En ce qui concerne le programme de travaux communautaires,
il vient au deuxième rang et, le rattrapage scolaire vient au
troisième rang, si on le mesure suivant la méthode
utilisée ici.
Lorsqu'on compare les gens qui participent
aux gens qui ne participent pas, on se rend compte que, dans certains
cas, la participation amène un plus haut pourcentage de gens à
sortir de l'aide sociale, tandis que dans le cas d'autres mesures, on assiste
à l'effet contraire. Et là, il faut tomber dans la
méthodologie. C'est pourquoi j'insistais tantôt, pour que Mme la
députée de Maisonneuve prenne connaissance de la
méthodologie à l'heure du souper.
On sait qu'il y a 40 % des bénéficiaires de l'aide sociale
qui sortent de l'aide sociale pendant les neuf premiers mois, sans aucune
mesure. Pour ces gens, s'ils sont compilés et je pense qu'ils le sont
dans une certaine proportion pour les sept premiers mois dans
l'échantillonnage, cela affecte le pourcentage de réussite des
non-participants. 40 % sortent de l'aide sociale au cours des neuf premiers
mois. Mais on se rend compte que les gens qui demeurent longtemps à
l'aide sociale, pour des longues durées, ont des carences. Elles sont
généralement plus importantes, sur le plan de la formation
académique et des qualités individuelles, que pour les gens qui
sortent plus rapidement de l'aide sociale. Leur niveau de scolarisation est
plus faible. Leur taux d'analphabétisation est plus élevé.
Leur expérience antérieure de travail est plus inexistante.
Donc, ces carences nous amènent à penser que, par le biais
de ces programmes et d'autres dont nous avons eu l'occasion de nous entretenir
lors de la commission parlementaire, il est possible de travailler sur ces
lacunes. Mais il est certain que si vous travaillez sur un individu qui est
plus longtemps qu'un autre à l'aide sociale, vous avez plus de
difficulté à le réintégrer au marché du
travail. On a parlé de ses carences, on pourrait parler de la culture du
travail qu'il a peut-être oubliée et de la culture du non-travail
qu'il a développée comme individu. Lors de la commission
parlementaire, on a parlé de mesures de préemployabilité
pour ces gens. Souvent, ils ne sont même pas prêts à entrer
dans des programmes d'employabilité, qu'il s'agisse de stage en
entreprise, de rattrapage scolaire ou de travaux communautaires. Il faudra
procéder par des mesures de préemployabilité.
Donc, ce que nous vous disons, c'est que les diverses mesures ont connu
des succès qui sont relatifs mais qui sont certains, dans certains cas,
et nous ne vous disons pas que les programmes, tels qu'ils existent
présentement, sont parfaits. Même les programmes qui existent
doivent être modifiés pour viser une perfection accrue, et il faut
ajouter des mesures aux programmes qui, traditionnellement, ont
été connus. Nous avons déjà indiqué à
la commission parlementaire notre intention d'ajouter des programmes, soit en
préemployabilité, soit même en matière linguistique,
ou d'arriver avec de nouveaux concepts du type "grant diversion", etc.
M. Latulippe: Mais cela me ramène quand même
à la question de savoir que, comme on s'apprête à
étendre à une clientèle plus lourde, entre guillemets, au
sens où...
Une voix: Pas nécessairement.
M. Latulippe: ...vous, c'est-à-dire à une
clientèle qui est plus susceptible de contenir une
caractéristique, où les mesures d'employabilité sont les
moins efficaces, c'est-à-dire, comme vous le dites, avoir des enfants ou
toute cette question de la durée de l'aide sociale... D'ailleurs, quand
je vous réfère à la page 19 de votre document, au profil
de clientèle non employable, c'est déjà une
clientèle plus âgée.
Comment allez-vous faire, dans les mesures d'employabilité que
vous proposez, pour éviter ce risque-là où, en
étendant les mesures d'employabilité à cette
clientèle au-dessus de 30 ans, le taux de succès ne soit pas
encore inférieur à ce qu'il est actuellement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que, si vous prenez
strictement le critère de durée à l'aide sociale comme
critère d'intervention, on a déjà dit que 40 % s'en
sortent tout seuls, au cours des neuf premiers mois. Plus vous prenez quelqu'un
qui est à l'aide sociale depuis longtemps, plus votre défi
d'obtenir l'objectif final est grand et plus vous vous devez d'investir dans
les carences de cet individu. Vous répondre que l'application de l'une
des trois mesures, telles que conçues actuellement, telles
qu'appliquées actuellement aux moins de 30 ans, s'applique sans
changement aux plus de 30 ans, ce n'est pas la réponse que nous
souhaitons vous apporter. Nous avons dit que les programmes comme tels,
nécessitent des modifications qu'on doit ajouter aux programmes actuels.
Je vous répète que plus une personne est longtemps à
l'aide sociale, plus elle aura besoin de programmes de
pré-employabilité.
M. Latulippe: À cela, pouvez-vous nous dire quelles sont
les principales modifications que vous allez apporter aux principaux programmes
de mesures d'employabilité, c'est-à-dire travaux communautaires,
rattrapage scolaire et stage en milieu de travail, avec l'extension de ces
programmes à la clientèle de plus de 30 ans?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'avant de parler des
modifications que nous avons eu l'occasion de traiter, moi, je vous
référerais à la page 62 du document que je vous ai remis,
à la question, entre autres, de l'impact du programme chez les gens plus
âgés ou moins âgés, ou la présence plus longue
ou moins longue. "Durée de présence à l'aide sociale avant
la participation dans le cas des...
M. Latulippe: Excusez, quelle page?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 62. Dans le
blanc.
Si vous prenez le premier tableau, l'avant-dernier
élément: "...répondants en emploi, ayant une
présence à l'aide sociale de 13 mois ou plus". Donc on parle des
gens qui sont pour une durée moyenne ou longue à l'aide sociale.
"Stage en milieu de travail: 51 %". Les non-participants: 16 % qui se sont
trouvé un emploi. Il y a une différence de 35 %. On voit donc que
chez ces gens-là, c'est encore plus essentiel, cette mesure-là,
lorsqu'on parle de celle de stage en milieu de travail.
M. Latulippe: Votre... Ce que vous dites est exact pour ce qui
est des stages en milieu de travail mais ne l'est pas pour ce qui est des
travaux communautaires et du rattrapage scolaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit, je pense, d'ajuster ou
d'appliquer la mesure. J'ai indiqué, tantôt, que le programme qui
a connu le plus de succès - et succès veut dire terminer le
programme et se trouver un emploi - est le programme de stage en entreprise. Le
deuxième, en ordre d'importance: travaux communautaires. Le
troisième, en ordre d'importance: rattrapage scolaire. Il est certain,
que si vous avez une personne qui est à l'aide sociale depuis cinq ans
ou plus, pour vous donner un exemple, qui n'a pas terminé son secondaire
et que vous décidez de lui faire terminer son secondaire par une mesure,
ce n'est peut-être pas la mesure la plus appropriée pour cette
personne. Le choix des mesures devient très important à ce
moment-là. (17 h 15)
M. Latulippe: J'aurais d'autres questions, mais je ne veux pas
prendre le temps de Mme la députée. Si vous me le permettez,
j'aurais une autre question, cette fois, sur les bons d'emploi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez, est-ce qu'on peut
revenir? Parce que votre question est importante.
M. Latulippe: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En ce qui concerne les travaux
communautaires, vous retrouvez les résultats à la page 61.
M. Latulippe: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le même tableau, le
même phénomène.
M. Latulippe: Sauf qu'à la page 75, vous dites: "Les
résultats du programme apparaissent moins intéressants, en ce qui
concerne l'intégration au marché du travail". C'est pour ce qui
est des travaux communautaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Par rapport aux stages en
entreprise?
M. Latulippe: Par rapport aux travaux communautaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Travaux communautaires par rapport
à stages en entreprise. Ils sont moins intéressants, parce que
les stages en entreprise ont un succès plus élevé.
M. Latulippe: Oui, c'est sûr.
Une voix: M. le député de Taschereau, si vous
permettez...
M. Latulippe: C'est parce qu'on ne m'a pas laissé poser la
dernière question, si vous le permettez.
Une voix: Oui.
M. Latulippe: Sur les bons d'emploi plus, vous avez
périmé 6 000 000 $ et, quand on regarde vos crédits pour
l'année qui vient, pour les bons d'emploi plus, vous passez de 24 000
000 $ à 15 000 000 $, soit une réduction. Vous mentionnez,
à la page 70, que l'écart négatif s'explique
essentiellement par une budgétisation qui est basée sur la
réalité du niveau d'activité en 1987-1988. Or, vous avez
justement périmé ces crédits en 1987-1988. Donc, est-ce
à dire que le bon d'emploi plus n'a pas le succès
espéré?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, cela ne veut pas dire qu'il
n'a pas le succès espéré. Nous délivrons des bons
d'emploi et nous honorons les bons d'emploi qui fonctionnent. Les estimations
du ministère, l'an dernier, ont fait en sorte que nous avons mis
à la disposition de la clientèle suffisamment d'argent pour que
tous les détenteurs de bons puissent les honorer sans qu'il y ait manque
d'argent au ministère. Notre expérience de l'an passé nous
indique que, dans nos prévisions budgétaires, en prévoyant
un montant inférieur de 6 000 000 $, nous devrions avoir les ressources
financières suffisantes.
M. Latulippe: En d'autres termes, c'est-à-dire que vous
auriez pu avoir une clientèle plus importante. Vous avez eu moins de
demandes de bons d'emploi que prévu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas quant au nombre,
c'est quant à la durée moyenne que l'erreur a été
commise sur le plan du calcul. Quant au nombre, c'était à peu
près dans les prévisions que le ministère avait
calculées. Mais quant à la durée moyenne, elle
était plus courte dans ce pourcentage.
M. Latulippe: Cela veut dire que les bons d'emploi ont
été donnés pour une durée inférieure.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Que la durée moyenne
originalement prévue, oui. Ils ont été utilisés
pour une durée inférieure.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
Employés occasionnels et
assurance-chômage
M. Leclerc: Merci. Je voudrais poser une question au ministre, en
ce qui a trait aux occasionnels. Je ne parlerai pas des occasionnels dont a
parlé la députée de Maisonneuve qui sont ceux qui ont
travaillé ou qui vont travailler au moins trois ans, mais je voudrais
parler des occasionnels qui ne peuvent retirer l'assurance-chômage
après leurs semaines parce que justement, ils n'ont pas fait assez de
semaines. Évidemment, le ministre ne sera pas surpris de ma question
parce que je lui en ai parié très souvent. D'abord, pour des
raisons économiques, c'est clair qu'il est souvent
préférable de faire payer le fédéral plutôt
que, nous, de continuer à payer l'aide sociale. Mais ce n'est pas la
raison majeure. La raison majeure, c'est que c'est beaucoup moins
dévalorisant pour un individu d'être sur l'assurance-chômage
que d'être sur l'aide sociale. Ce que je voudrais savoir, c'est si le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu est
d'accord avec le ministre du Travail, considérant qu'il y a des
organismes...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Leclerc: ...sous la responsabilité du ministre du
Travail qui embauchent des occasionnels cycliques pendant treize semaines par
an depuis quatre ans. On a là un exemple patent de quelqu'un qui
travaille treize semaines, tombe sur l'aide sociale le reste de l'année,
travaille encore treize semaines et tombe sur l'aide sociale et, cela depuis
quatre ans. Je pense qu'il faudrait peut-être, sûrement même,
engager moins d'occasionnels, mais s'assurer qu'ils puissent faire le minimum
de semaines dont ils ont besoin pour être admissibles à
l'assurance-chômage.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous soulevez là un
problème qui a des dimensions non seulement économiques .
importantes, mais également humaines. Je sais que dans le passé,
le ministère du Revenu avait une telle pratique. Je ne sais pas s'il l'a
discontinuée.
M. Leclerc: J'ai écrit au ministre du
Revenu, avant le début de l'embauche des occasionnels, pour le
sensibiliser. J'espère que j'ai réussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sais présentement que
c'est le rôle de personnes qui travaillent à proximité des
députés de l'Assemblée nationale. Cela arrive souvent aux
pages pe l'Assemblée nationale qui font de longues heures pendant des
périodes de semaines très réduites et qui ne peuvent se
qualifier. Il y a eu des interventions de faites à ce niveau.
Maintenant, lorsque vous me parlez des organismes qui dépendent...
M. Leclerc: Des normes du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des normes du travail? Je vais
regarder la situation attentivement. Les organismes ont quand même, sur
le plan administratif, une liberté d'action...
M. Leclerc: J'en conviens, mais ils devraient suivre l'exemple de
leur ministre titulaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...qui est importante mais vous
avez raison de le souligner, lorsqu'il ne manque que quelques jours.
M. Leclerc: Dans ce cas, c'est quelques semaines, parce que ma
prétention, c'est qu'on est mieux d'en engager moins, mais de leur faire
faire leurs semaines.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Que de les engager et de les
retourner sur l'aide sociale et de leur faire faire le cycle?
M. Leclerc: Bien, treize semaines par année, depuis quatre
ans!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aux normes du travail, vous me
dites. C'est noté.
M. Leclerc: Merci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais en parler à M. le
président des normes.
M. Leclerc: Très bien. Mon autre question, c'est...
Mme Harel: J'apprécie beaucoup l'intérêt du
député de Taschereau. Il va falloir qu'il me laisse un peu de
temps ici. Mais... Allez-y.
Travailleurs bénévoles
M. Leclerc: On a parlé de travaux communautaires, de
stages en entreprises. Je voudrais vous sensibiliser à un
problème dans les travaux communautaires. En fait, ce n'est pas vraiment
les travaux communautaires, mais c'est un endroit où cela devrait
s'appliquer. Je ne vous en tiens pas rigueur, puisque vous avez
hérité du système actuel et que cette injustice
relève du système actuel. C'est que, dans mon comté, comme
dans bon nombre de comtés au Québec, il y a des refuges pour
sans-abri ou pour personnes mal prises, hommes ou femmes. La plupart de
ces maisons travaillent avec des bénévoles mais aussi avec des
sans-abri ou des bénéficiaires d'aide
sociale qui s'impliquent en faisant du ménage, en
épluchant les patates, etc.
L'injustice, c'est la suivante. Les gens qui s'impliquent davantage dans
ces maisons, dans mon comté - et j'ai au moins dix si ce n'est pas
quinze cas - se font couper 85 $ par mois puisqu'ils sont réputés
résider là en permanence, alors que ceux qui restent dans la
grande salle commune, à écouter la télévision,
n'ont aucune coupure parce que... bon, ils peuvent coucher là presque
toute l'année, mais du fait qu'ils n'ont pas de place attitrée et
qu'ils entrent et sortent chaque jour, ils ne se font pas couper de 85 $. On a
donc un cas où une personne se rendant utile, travaillant 7, 8 ou 10
heures par jour, se fait couper 85 $ par mois et ceux qui ne participent pas
aux travaux, ont, eux, le plein montant. Je sais que c'est le système
actuel qui le veut ainsi sauf que, d'une part, il faudrait s'assurer de le
corriger dans la réforme et, si c'était possible, le corriger
avant, puisque la réforme complète et finale, c'est encore dans
un an et demi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a quand même une
distinction, vous me permettrez, M. le député de Taschereau,
entre la personne qui est chambreur dans une institution, qui est là
tout le temps, et l'itinérant. Vous me décrivez un peu
l'itinérant, je ne dirais même pas sur une base hebdomadaire ni
mensuelle, sur une base annuelle. Il ne devient plus itinérant à
partir de ce moment. Il devient, lui aussi, chambreur. Ce n'est pas facile de
tirer cette ligne. Cette personne peut être présente là un
soir, le lendemain soir être ailleurs. Les programmes ont
été faits de façon à ne pas pénaliser les
itinérants. Mais lorsque la notion de chambreur entre en ligne de
compte, le montant de 85 $ de partage du logement s'applique aujourd'hui comme
il s'appliquait hier, comme il s'appliquait en 1985. Il n'y a pas eu de
changement. Est-ce que vous suggéreriez...
M. Leclerc: Comme je vous l'ai dit, je ne vous en tiens pas
rigueur. C'est le régime actuel dont vous avez hérité qui
le veut ainsi. Sauf que ce que je vous dis, c'est que ces gens sont
réputés partager le logement, du fait qu'ils sont toujours
là et qu'ils y travaillent, tandis que ceux qui y séjournent 360
jours sur 365 ne sont pas réputés demeurer là, parce
qu'ils entrent et sortent chaque jour. Ils finissent toujours par revenir, mais
ils ne perdent pas leur montant de 85 $ par mois.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'un est réputé
nomade, l'autre sédentaire. Finalement, c'est la différence de
statut qui fait que la notion du montant de 85 $ s'applique ou pas. Mais on
connaît les difficultés, sur le plan de la vie à tous les
niveaux, que connaissent les gens qui sont itinérants, tandis que la
personne qui demeure toujours au même endroit finit par connaître
ce qu'on appelle une certaine sécurité émotionnelle. Avoir
un toit à tous les soirs et savoir qu'on l'a, cela fait partie de la
sécurité de base.
M. Leclerc: Oui, j'en conviens, mais n'y aurait-il pas lieu de
régler ce problème-là, en reconnaissant de fait ces
établissements comme donnant des travaux communautaires, de sorte que
les cinq ou dix bénéficiaires qui travaillent là plusieurs
heures par jour pourraient avoir un supplément d'une façon ou de
l'autre. Alors cela compenserait au moins pour les 85 $ qu'ils perdent par
mois.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a beaucoup
d'expériences pilotes qui . sont tentées dans diverses
régions du Québec. Sur le plan de l'expérience, vous nous
ouvrez là une avenue qui mérite d'être
expérimentée. On pourrait...
M. Leclerc: Alors, si vous permettez, je vais vous soumettre le
cas en question, et on pourra..
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On espère pouvoir vous
donner une réponse aussi positive dans ce cas-là que dans
d'autres cas récents.
M. Leclerc: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, alors, M. le Président, j'espère
qu'avec tout l'intérêt qu'il manifeste, le député de
Taschereau proposera à son caucus un comité sur la
sécurité du revenu, qui pourrait...
M. Leclerc: On attend votre position.
Mme Harel: ...justement se réunir au moment où on
rendra publique notre position, mais qui pourrait également questionner
le ministre sur toutes ces questions qui sont fondamentales. Sur la question de
l'employabilité, des mesures d'employabilité, le ministre sait
très bien la position de la formation politique à laquelle
j'appartiens, qui est d'abord de rappeler que c'est le gouvernement
précédent qui a mis sur pied ces mesures d'employabilité,
parce qu'il y croit, il y croyait, et il y croit dans la mesure où elles
maintiennent le caractère volontaire. Et ce caractère volontaire
est d'ailleurs une des conditions de succès de ces mesures.
Alors, M. le Président, il reste relativement peu de temps, en
regard de l'exercice que l'on doit faire, par rapport à l'ensemble des
programmes. J'avais interrogé le ministre sur la situation quant
à l'effectif, quant au gel de l'effectif. Avant de compléter, je
veux lui demander quand il s'attend à recevoir une réponse du
Conseil du trésor?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II nous
faudra, sur le plan administratif, obtenir une réponse du Conseil
du Trésor, dans le mois qui vient. Mais cette réponse peut
être comme dans certains autres dossiers, je pense que c'est
l'expérience qui nous l'enseigne, ni un oui, ni un non, peut se situer
entre les deux, question d'obtenir la réponse finale un jour.
Mme Harel: Alors, dans le programme 1, monsieur....
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez, Mme la
députée, il y a également, dépendant des avenues de
solution qui peuvent paraître plus intéressantes pour le Conseil
du Trésor, des éléments qui doivent également et
obligatoirement faire l'objet de négociations avec le syndicat dans ce
domaine-là, et cela aussi, c'est un élément important du
dossier, qui requiert un certain temps.
Direction générale des ressources
informationnelles
Mme Harel: En regard du programme 1, on va passer rapidement,
mais j'aimerais avoir une explication quant à la Direction
générale des ressources informationnelles. Dans le texte des
crédits, dans le cahier explicatif des crédits, on nous fait part
d'une Direction du développement continuité et d'une Direction du
développement refonte. Alors, de quoi s'agit-il?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela signifie un peu... Vous le
détectez à l'étymologie des expressions utilisées;
en ce qui concerne la continuité, cela consiste à
améliorer et conserver le système dont on a besoin pour
gérer le système de l'aide sociale tel qu'on le connaît
actuellement. En ce qui concerne l'autre élément, ce sont des
éléments d'informatique, qui doivent obligatoirement être
mis en place pour l'administration de la réforme, dont
particulièrement le programme APPORT, qui est en vigueur. (17 h 30)
Formation professionnelle et protection des
emplois
Mme Harel: M. le Président, si vous le permettez, on va
revenir sur la question des programmes 9, 10 et 11, Formation professionnelle
de la main-d'oeuvre, Protection et développement de l'emploi, en fait,
11 c'était le numéro d'appellation du programme Protection et
développement de l'emploi, l'an passé, je crois. J'aimerais
examiner avec le ministre le nombre de participants en 1987-1988 en regard du
nombre de participants en 1986-1987 pour les mesures de rattrapage scolaire,
travaux communautaires, stages en entreprise et retour aux études. Les
chiffres qui nous ont été fournis nous permettent de constater
une diminution de 4992 participants au programme Rattrapage scolaire, en
1987-1988; une augmentation de 506 dans le programme Travaux communautaires;
une diminution de 3149 dans le programme de Stages en entreprise et une
diminution de 278 dans le programme Retour aux études. Compte tenu des
résultats du sondage dont parlait le ministre tantôt en ce qui
concerne les stages en entreprise - il ne s'agit pas d'abandons, mais du nombre
de participants inscrits à ces mesures - comment explique-t-il la
diminution du nombre de participants dans le programme Stages en entreprise et
Rattrapage scolaire pour l'année qui vient de s'écouler?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprendrez que lorsqu'on
compare les chiffres à l'aide sociale et lorsqu'on compare les budgets,
il nous faut être prudents et tenir compte de l'importante diminution de
la clientèle au cours des deux dernières années, tant en
nombre de ménages qu'en nombre d'individus. C'est la première
mise en garde que je voudrais faire. De 715 000 à un sommet à un
moment donné, on se retrouve à moins de 600 000. Il y a donc 100
000 personnes de moins qui peuvent participer aux mesures parce qu'elles sont
ailleurs dans le système, pas à l'aide sociale. Et je pense que
tout le monde s'en réjouit.
Quant à l'explication programme par programme des diminutions que
vous indiquez, on m'indique que la comparaison que vous faites est plus que
boiteuse. Vous comparez une année complète avec une partie
d'année. Et lorsqu'on fait une telle comparaison il est rare qu'on
arrive à des additions.
Mme Harel: II manque deux mois. C'est cela? Février et
mars? C'est au 31 janvier 1988. Il manquerait deux mois. Mais on peut
peut-être ne pas se chicaner...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas.
Mme Harel:... en disant qu'il y a une diminution de 7913 et que
si on répartit cela sur les deux mois, il demeure une diminution. Elle
sera peut-être de 5000 plutôt que de 8000.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II va y avoir diminution. Vous
avez raison...
Mme Harel: II y aura une diminution qui sera importante
malgré tout.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... de le souligner. Il va y avoir
diminution dans certains programmes. Mais nous préférons, pour
les fins de comparaison et pour tenter de fournir les explications,
connaître les dimensions. Parce que l'explication n'est pas la même
selon les dimensions.
Mme Harel: Alors, M. le ministre, il y avait
quand même une diminution de 8000 en regard des chiffres qui nous
ont été transmis. 7919 c'est proche du 8000. Cela peut être
un peu moins. Mais ce sera quand même une diminution qu'il faut examiner,
surtout...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je...
Mme Harel: ...quand on voit qu'il y a eu des crédits
périmés de 4 604 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'à la suite de
la commission parlementaire que nous avons eue, si vous me demandez si tous les
programmes étaient disponibles partout au Québec en même
temps, je vous répondrai que nous avons eu des cas où on nous a
indiqué qu'il y avait des difficultés dans le processus
administratif selon les régions, etc. Et cela peut expliquer en partie
ce que j'ai toujours prétendu: que les crédits votés par
l'Assemblée nationale pour ces postes-là n'ont
théoriquement, exclues les lacunes administratives, jamais fait
défaut.
Mme Harel: Les crédits périmés l'ont
été pour les fins d'allocation aux promoteurs ou participants
à des travaux communautaires. C'est ce qu'on peut lire dans le document
que vous nous avez remis sur les crédits périmés.
Également aux fins d'allocation dans le cadre du programme Stages en
milieu de travail, aux fins d'allocation de l'employeur aux stagiaires qui
effectuent leur stage au gouvernement. C'est donc 4 604 000 $ de crédits
périmés. Compte tenu de cette situation, M. le ministre,
avez-vous envisagé la possibilité d'indexer, de profiter d'une
certaine façon de la diminution du nombre de participants pour, non pas
retourner ces sommes au fonds consolidé, mais pour indexer les
allocations qui ne l'ont pas été depuis bientôt trois ans,
tant pour les promoteurs que pour les participants.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant à la question des
sommes que vous mentionnez, d'autres problèmes ont également
été soulevés en commission parlementaire concernant
d'autres dimensions du dossier et nous avons pris bonne note des commentaires
des intervenants. S'il devait y avoir des annonces de modification de
modalités quant aux programmes existants, elles devraient normalement
avoir lieu lorsque la réflexion sur la commission parlementaire sera
terminée et que les modifications seront annoncées.
Mme Harel: Mais ne serait-il pas souhaitable d'envisager, par
exemple, d'offrir aux plus de 30 ans, sur une base volontaire, les mesures de
rattrapage scolaire, travaux communautaires, stages en entreprise, et de faire
l'expérience, pour l'année qui vient, en ouvrant ces programmes
à partir d'une participation qui ne serait pas nécessairement
sollicitée par les agents, mais qui serait simplement laissée
à l'initiative des plus de 30 ans?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce pourrait être quelque
chose à envisager, mais ce que j'ai cru comprendre des divers
intervenants qui sont venus nous livrer des messages en commission
parlementaire, c'est qu'avant d'ouvrir, il y aurait peut-être lieu, dans
certains cas, d'apporter des modifications.
Mme Harel: Vous parlez entre autres, j'imagine, d'abolir la
distinction entre les 25 ans et moins ou plus concernant le secondaire
complété en regard de l'allocation pour la participation aux
mesures.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je me retiens, au moment où
nous nous parlons, d'être plus spécifique en vous
référant aux demandes qui nous ont été
adressées par les groupes qui ont connu des expériences, qui nous
ont fait part des aspects positifs et des aspects négatifs des
expériences qu'ils ont connues et qui nous ont invités à
corriger les aspects négatifs.
Mme Harel: Pourquoi ne pas à la fois bonifier pour les
moins de 30 ans, mais ne pas ouvrir aux plus de 30 ans?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La bonification est
anticipée dans un premier temps et l'ouverture aux plus de 30 ans est
anticipée dans un deuxième temps. C'est l'un des objectifs du
programme APTE.
Mme Harel: Ce n'est pas une ouverture, c'est une obligation.
Avant d'élargir... Ah! Vous voulez parier de votre réforme
réformée!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Attendez qu'elle soit
déposée.
Mme Harel: En fait, dans le programme Protection et
développement de l'emploi, programme 11, c'est une augmentation moindre
que l'augmentation de l'indice des coûts à la consommation qui est
prévue. Quand on regarde les crédits comparatifs au programme 11
élément 3 qui sont de 73 722 000 $ et les crédits de
1988-1989 de 74 781 000 $, c'est à peine 1,5 % d'augmentation. Cela ne
fait pas de gros efforts déployés dans le secteur du
développement de l'employabilité; cela ne fait pas des mesures
qu'on souhaite nécessairement élargir à beaucoup puisque
ce sont les mêmes crédits ou presque - en tout cas, 1,5 % de
différence - qui sont alloués en 1988-1989. Je
réfère à la page 67 du cahier explicatif.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce matin, vous aviez tellement
raison d'insister pour que l'on vous indique les périmés. Mais
vous constaterez que, si l'on compare à ce plan, l'an
passé les programmes de protection et de développement de
l'emploi, il y avait 12 000 000 $ de périmés. Donc, il faut
comparer les augmentations d'argent réellement dépensé
avec les crédits qu'on vous demande d'adopter. À ce
moment-là, le pourcentage d'augmentation est beaucoup plus
important.
Mme Harel: C'est d'autant plus difficile de suivre que je me
rends compte que, sur le document des périmés que vous nous avez
remis, il nous manque en plus une page qui concerne... Je ne vous en accuse
pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux blâmer ni le
ministère ni le secrétariat de la commission, mais c'est
certainement entre les deux.
Mme Harel: Non, c'est le programme 11, Protection et
développement de l'emploi. Vous nous dites donc 12 000 000 $ de
crédits périmés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous l'avez en première
page du document que nous vous avons remis ce matin.
Mme Harel: 12 852 000 $? Voilà. Ce que nous avons c'est le
programme 1, 913 000 $, 02, 7 695 000 $ et 03, 4 604 000 $ pour services
externes de la main-d'oeuvre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous référais
à la première page sous l'élément Détail des
crédits non utilisés, au Programme de protection et
développement de l'emploi, en première page. Et vous, vous me
référez au programme 3 à la page...
Mme Harel: Élément 3 plutôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Élément 3.
Mme Harel: Oui. C'est toujours le programme 10. C'est vraiment
compliqué de se retrouver, n'est-ce pas, cette année? Les
numéros de programme ont changé, les numéros
d'élément ont changé. C'est le Petit Poucet qui se
promène dans tout ce dédale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais vous comprendrez que si
on conserve toujours les anciens numéros, lorsque de nouveaux programmes
interviennent, et qu'on additionne les nouveaux on en vient à des
séries de programmes et à des éléments de programme
qui sont indescriptibles.
Maintenant, si, sur le plan de la bonne compréhension, on peut
vous être d'une quelconque utilité, les fonctionnaires sont
également à votre disposition. Cela n'a pas été
fait dans le but de priver la commission de quelque source de renseignement que
ce soit. Je tiens à vous dire que quiconque se retrouvera à nos
places l'an prochain, si la réforme est adoptée, il y aura
également des modifications sur le plan de la comptabilité.
Mme Harel: Est-ce qu'il faut comprendre que le montant de 4 604
000 $ est le seul montant périmé en regard des mesures
d'em-ployabilité, de rattrapage scolaire, de travaux communautaires, de
stages en entreprise et de retour aux études?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous insistez pour une
réponse tranchée, je vais vous demander un instant pour
vérifier si nous n'en retrouvons pas ailleurs, étant donné
les changements intervenus.
Mme Harel: D'autre part, le député de
Chambly a fait état d'un montant périmé de 6 225
000 $ au bon d'emploi plus qui est distinct, qui est différent. C'est
l'élément 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour obtenir une réponse
complète - et j'en profite pour répondre plus complètement
encore au député de Chambly qui a soulevé une question
tantôt - vous devez ajouter à votre montant de 4 650 600 $ les 7
695 900 $ que l'on retrouve à l'élément 2,
Développement de l'employabilité. Il s'agit des bons d'emploi.
C'est immédiatement au bas de la page précédente.
Mme Harel: Mais à la page suivante, vous allez retrouver
à bon d'emploi plus, 6 225 200 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est l'explication du montant de
7 695 900 $. Si vous l'additionnez avec les chiffres que vous retrouvez en bas,
elle est complète.
Mme Harel: En fait, si on veut simplifier les choses, il y a un
montant de 4 500 000 $ pour les programmes - c'est près de la
vérité - et 6 225 000 $ pour les bons d'emploi. Malgré
qu'il y ait une augmentation du nombre de participants, on peut le voir en
1987-1988, pour le bon d'emploi comparativement à 1986-1987, il y a
quand même une augmentation de participants, mais vous invoquez qu'il y a
une diminution de durée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
Mme Harel: Pour quelle raison, pour quel motif? J'ai vu dans vos
nombreux documents que vous aviez fait... Je vous lis un sondage sur
l'attraction du programme Bon d'emploi plus auprès des employeurs
participants dans la liste des recherches et des monographies
réalisées au cours de l'année. Est-ce que ce sondage est
disponible?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est terminé et
disponible.
Mme Harel: II est terminé et disponible. Alors, si c'est
possible, nous aimerions en avoir copie par l'intermédiaire de la
commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant à la question de la
durée, II s'agissait de modifications des normes qui ont
été apportées pour le programme. Le ministère a
tenté d'évaluer son impact quant au nombre et du temps. Quant au
nombre, les estimations du ministère ont été dans la
cible. Quant à la durée dans le temps, il s'agissait de nouvelles
normes. On était un peu plus loin du milieu de la cible. (17 h 45)
Mme Harel: Et la durée moyenne s'est soldée par
combien de mois?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'objectif...
Mme Harel: II serait quand même important de savoir
pourquoi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'objectif qui était
visé était entre dix et dix-huit mois. On peut vous communiquer
les résultats obtenus.
Mme Harel: D'autre part, est-ce que vous pouvez nous ventiler,
par mesure d'employabilité, es 174 780 000 $ de crédits
prévus en 1988-1989, an regard des travaux communautaires? Combien de
crédits sont prévus en matière de stages en milieu de
travail, de rattrapage scolaire et de retour aux études?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pourrait le faire à
partir de scénarios internes. Il s'agit quand même de vases
communicants. On ne le fait pas pour des raisons administratives. Entre autres,
cela nous empêche de retourner au Conseil du trésor. Si un
programme, pour une raison donnée fonctionne mieux qu'un autre, cela
nous donne plus de souplesse dans nos interventions. Si vous insistez, on peut
vous donner nos prévisions. Nos prévisions, un peu comme la
météo, sont sujettes à des changements en cours
d'année. Vous aviez raison de mentionner ce matin qu'en période
de croissance économique, il y avait des types de programme qui
pouvaient fonctionner mieux que d'autres. En période décroissante
ces programmes doivent être modifiés en cours de route etc. Mais,
si vous le souhaitez, nous pourrions, à partir des expériences
passées, tenter une ventilation qui soit la plus juste et la plus
honnête possible.
Mme Harel: De toute façon, pour tout de suite, c'est le
nombre de participants qui reste quand même...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le chiffre...
Mme Harel:... le chiffre le plus représentatif, puisque
les allocations sont... Non, malgré tout elles ne sont pas
égales. Cela s'adresse à des personnes. C'est le nombre de
participants qui, dans le fond, est le plus révélateur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Suivant la durée au stage.
Je pense que pour se faire une image du fonctionnement, il faut regarder plus
que l'inscription au programme. L'inscription au programme peut nous donner,
comme élément, combien de personnes nous avons réussi
à intéresser à s'inscrire. Mais de là à
juger du fonctionnement d'un programme par le nombre d'inscriptions, cela
pourrait être dangereux si le lendemain de l'inscription personne ne se
présentait. Je pense qu'il faut suivre l'évolution et ce à
quoi conduit le programme. Est-ce que le programme conduit à l'obtention
d'un diplôme, d'une expérience reconnue et à l'obtention
d'un emploi? Je pense que tous ces éléments doivent être
considérés et c'est peut-être un des attributs du document
que je vous ai remis cet après-midi. Il fait allusion aux
différentes étapes en mentionnant les taux de succès
là où il y a des taux de succès, et les taux
d'échec là où il y a des échecs.
Mme Harel: Puisque le temps file, si on examinait le programme 09
sur la formation professionnelle de la main-d'oeuvre?
Le président (M. BéLanger): Excusez, M. le
député de Chambly avait une question sur...
M. Latulippe: C'est sur les stages en milieu de travail. Vous
avez identifié les stages comme la mesure d'employabilité qui
avait le plus de succès. La première question que je me pose est
la suivante: En 1987-1988, il y a eu 5988 participants et 2478 abandons, soit
40 %; pourquoi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le cas des abandons, la
raison peut varier. Est-ce qu'il s'agit d'un abandon qui fait en sorte que la
personne revient à l'aide sociale sans participer à aucune autre
mesure? Est-ce que le stage en milieu de travail a éveillé
l'individu à des carences académiques? Est-ce que, en cours de
stage, un autre employeur a offert un emploi, hors stage, régulier, etc.
Ce sont tous des motifs. Tout ce que nous avons comme information c'est: est-ce
que l'individu après son stage, est redevenu un prestataire de l'aide
sociale? À ce moment-là, s'il ne l'a pas complété,
on considère le résultat comme étant un échec. S'il
a complété son stage et obtenu un emploi, on considère
cela non pas comme un échec, mais comme une réussite sur le plan
des pourcentages qui sont publiés.
M. Latulippe: La deuxième question est la suivante, et
c'est la dernière là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Plus
précisément, on a quatre raisons d'invoquées en ce
qui concerne les stages en milieu de travail: a trouvé un emploi ou une
autre occupation, dans le cas d'abandon, les statistiques sont 12.69 %.
M. Latulippe: Qui ont trouvé un emploi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qui ont quitté le programme
parce qu'ils ont trouvé un emploi.
M. Latulippe: Sur le nombre total d'abandons.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le nombre total d'abandons.
Des raisons de santé, 6,34 %; ont commencé à suivre des
cours, 1,87 %; enceintes, 1,49 %; fermeture de l'entreprise, 3,36 %; manque de
travail, 7,84 %.
M. Latulippe: Le nombre d'abandons est élevé, 40 %.
Ma question, la deuxième, est la suivante: Dans le sondage que vous avez
fait, vous évaluez à près de 60 %, grosso modo, le taux de
succès des stages en milieu de travail; est-ce que c'est 60 % sur le
nombre de participants qui ont terminé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a deux niveaux de
réussite en ce qui concerne le stage en milieu de travail. Lorsque le
stage est reconnu, il y a la réussite du stage, c'est-à-dire que
la personne n'a pas abandonné, elle a complété son stage
au complet et il y a l'autre niveau de réussite où, après
le stage, la personne ne bénéficie plus de l'aide sociale parce
qu'elle travaille, elle oeuvre dans la société.
M. Latulippe: Oui, je réfère à la page 62 de
votre document de sondage où vous avez des statistiques en rapport avec
les répondants en emploi. Vous avez des chiffres variant de 51 %
à 68 %, ce qui veut dire à peu près 60 %. Mais est-ce que
c'est 60 % de ceux qui sont participants et qui ont terminé? Parce que
selon que vous incluez les abandons ou vous ne les incluez pas, le taux de
succès est tout à fait différent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le pourcentage de succès
est calculé sur le total des participants.
M. Latulippe: Incluant ceux qui ont abandonné?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien oui, parce qu'ils ont
participé.
M. Latulippe: Ce qui veut dire que... Il y en a 40 % qui ont
abandonné et 60 % qui ont terminé, suivant les statistiques que
vous nous donnez pour 1987-1988. Si vous recoupez le sondage avec le nombre de
participants, cela veut dire que 100 % des participants qui n'ont pas
abandonné se sont trouvé un emploi. Ce n'est pas logique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les pourcentages que vous...
Mme Harel: Ce que je veux vous proposer, sur ces questions, ce
serait peut-être qu'on revienne ce soir. Il y a une centaine de pages. On
n'a pas pu réellement en prendre connaissance. Comment peut-on
échanger...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai un avantage que vous n'avez
peut-être pas, j'ai des gens qui ont conçu...
Mme Harel: Oui, vous, vous avez dû en prendre
connaissance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, le document m'a
été remis ce matin, Mme la députée de Maisonneuve.
J'en ai pris connaissance, j'ai été en commission parlementaire,
à la période de questions; j'ai eu le même agenda que vous
à peu près aujourd'hui, plus quelques petits problèmes
particuliers sur l'heure du midi.
Mme Harel: II a dû vous être remis relié ce
matin, mais vous avez dû avoir écho des grandes orientations du
document auparavant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on m'avait donné,
c'est ce que j'ai indiqué en commission parlementaire lorsque vous
m'avez posé la question. J'avais eu un résumé d'un rapport
préliminaire qui m'avait été communiqué au moment
de la commission parlementaire. J'ai eu ce document qui m'a été
communiqué ce matin. Mais quand je vous dis que je jouis d'un certain
avantage, c'est que je peux compter, pour me souffler certaines
réponses, sur la collaboration des gens qui ont corrigé le
document et qui l'ont bâti, ce qui me permet de vous fournir plus
d'éclaircissement.
M. Latulippe: ...ce document cet après-midi moi aussi.
Mme Harel: Oui, mais il faut que j'interroge le ministre sur
d'autres aspects de ses crédits. Allez-y.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux
compléter la réponse?
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Seulement pour compléter la
réponse au député de Chambly. Vous ne pouvez pas
additionner des pourcentages comme vous les avez additionnés, parce que
je vous ai déjà indiqué, que parmi les 40 % de ceux ou de
celles qui ont abandonné le programme, un
certain pourcentage s'était trouvé un emploi. Donc, en
additionnant, comme vous l'avez fait, vous avez à un moment donné
bifurqué de la ligne de l'addition logique.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Alors, il faut quand même constater que le
document que le ministre a cru bon de nous remettre seulement cet
après-midi, en fait, à ma demande, aurait sans doute pu nous
être distribué auparavant, parce qu'il y a un communiqué de
presse pour diffusion immédiate qui accompagnait le document. Encore
a-t-il fallu que son cabinet, les gens qui l'entourent et le ministère
approuvent totalement la publication de ce document pour pouvoir mandater
quelqu'un pour rédiger un communiqué. Quand je dis: Je joue
à la cachette, je ne suis pas loin de la réalité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vais
être obligé d'intervenir. Mme la députée de
Maisonneuve fait des allusions. Moi, je vous dis que le document m'a
été remis aujourd'hui. Je vous dirai que j'ai pris connaissance
du communiqué à l'heure du midi et qu'en tout début de
commission parlementaire, cet après-midi je vous ai transmis le
communiqué et l'étude comme telle, et c'était la
première occasion que j'avais de le faire.
Mme Harel: Le programme de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre connaît un périmé de 9 500 000 $ pour
l'exercice financier qui se termine que vous expliquez par la mise en place
tardive de la formation sur mesure en établissement - j'aimerais vous
entendre là-dessus - et également par la mise en place tardive du
plan de formation des employés de Hyundai. J'aimerais savoir en quoi va
consister le plan de formation des employés de Hyundai et quelles sont
les autres entreprises qui sont actuellement identifiées pour
bénéficier de ce programme de soutien à la formation en
entreprise. J'aimerais avoir la liste des entreprises que le ministère a
déjà identifiées. Il y a également un montant
périmé qui m'étonne quant au programme de formation
professionnelle à temps plein. Comment peut-on expliquer, d'une part,
que dans une sous-scolarisation comme celle que connaissent bon nombre de
bénéficiaires, on ait un montant périmé au
programme de formation professionnelle à temps plein? D'autre part,
j'aimerais vous entendre sur les développements du volet BASF puisqu'il
sera dorénavant financé par le gouvernement fédéral
et qu'il s'adressera à des promoteurs qui engageront pour six mois des
bénéficiaires de l'aide sociale. Allez-y!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que la question de Mme la
députée de Maisonneuve mérite d'être replacée
dans un certain cadre, si on veut bien comprendre, entre autres - la question
est fort pertinente - pourquoi périmer 9 500 000 $ au plan où
elle le mentionne. Les négociations avec le gouvernement
fédéral, en matière de formation professionnelle, ont
débuté sous celle qui m'a précédé comme
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, avec,
à l'époque, comme interlocutrice, Mme Mac-Donald, au niveau
fédéral. J'ai repris le flambeau là où on me l'a
laissé. Dans un premier temps, j'ai accentué les
négociations avec Mme MacDonald. Bien que sur le plan des
modalités il y ait eu avec Mme MacDonald une évolution qui
était très intéressante, sur le plan de la juridiction
québécoise en matière de formation, on avait des
difficultés à bien s'entendre, au niveau
fédéral.
Au fédéral, il y a eu remaniement ministériel et
les négociations se sont poursuivies avec le successeur de Mme
MacDonald, Benoit Bouchard. Là aussi, il a fallu reprendre avec un
certain recul les négociations qui ont finalement abouti à des
gains, tant sur le plan financier que sur le plan de la juridiction en
matière de formation, pour la province de Québec. Vous
comprendrez que les négociations, ayant été
affectées par des remaniements ministériels au provincial et au
fédéral, ont pris plus de temps que prévu. Cela a fait en
sorte que l'entente est intervenue plus tardivement que prévu et en
plein milieu d'une session scolaire. C'est pourquoi nous nous sommes
retrouvés dans l'impossibilité pratique de dépenser tous
les montants qui étaient mis à la disposition du Québec
à l'intérieur de ce programme, dans le cadre de cette
entente.
Mme Harel: Je comprends que ces explications valent pour le
programme de formation sur mesure en établissement. C'est cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: Le Québec voulait s'assurer que les
critères de sélection des établissements allaient
être reconnus par le fédéral avant de lancer son programme.
C'est ce que j'ai cru comprendre. C'est cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est exact. Quant à la
liste des entreprises que nous avons en banque présentement, je pense
que pour le moment nous préférerions ne pas la rendre publique
tant que les négociations ne seront pas terminées avec les
diverses entreprises. Il pourrait y avoir des cas... On peut vous la donner par
secteur d'activité, mais de là à identifier les
entreprises, tant que les contrats ne sont pas signés, nous ne croyons
pas qu'il s'agisse là d'une question d'intérêt public.
Mme Harel: La question est de savoir s'il y
aura des retards dans la signature des contrats; est-ce qu'il y aura des
crédits périmés la prochaine année? Le ministre
nous explique que la mise en place n'ayant pas pu se présenter...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous parlez de formation
d'entreprise?
Mme Harel: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de retard.
Mme Harel: Le calendrier est prévu pour quand? Est-ce
qu'il y a présentement des bénéficiaires de l'aide sociale
qui sont intégrés dans ces programmes, formation
d'entreprise?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous changez de programmation.
Mme Harel: Formation sur mesure en établissement. Vous me
dites: "II y a eu des crédits périmés, mais cela s'est
réglé, et avec la nouvelle entente on peut penser que tout cela
va pouvoir se lancer". Mais il y a un autre programme qui s'appelle Soutien
à la formation en entreprise, ce n'est pas la même chose que la
Formation sur mesure en établissement.
Le Président (M. Bélanger): Alors, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à vingt heures.
Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Si vous le permettez, la commission des affaires sociales reprend ses
travaux sur l'étude des crédits du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je souhaiterais qu'on puisse
reprendre là où on a laissé nos travaux à 18
heures. Mme la sous-ministre adjointe allait nous expliquer les trois
différents programmes. On sait déjà que le programme des
mesures en établissement, n'a pas eu la vitesse de croisière mais
qu'il devrait l'obtenir. Il y a les deux autres programmes. Il semblait y avoir
une confusion entre ces deux autres programmes et celui sur les mesures en
établissement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a confusion.
Mme Harel: Expliquez-nous cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Que voulez-vous savoir exactement?
Nous avons expliqué pourquoi il y avait eu des crédits
périmés dans la formation sur mesure. Est-ce que nos explications
satisfont Mme la députée de Maisonneuve, ou si elle a besoin
d'explications supplémentaires sur le pourquoi des crédits
périmés dans le cadre dudit programme?
Mme Harel: II s'agissait, dans le fond, d'examiner les deux
autres programmes de formation...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
Mme Harel: ...de ce volet.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous allez...
Mme Harel: Vous allez nous expliquer, en quoi le programme,
soutien à la formation en entreprise, qui a aussi connu des
crédits périmés de 2 000 000 $, diffère du
crédit périmé de la formation sur mesure en
établissement, pour lequel il y a eu des explications...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est strictement
québécois. Donc, les crédits périmés ne
peuvent être reliés à des négociations
fédérales. Des crédits périmés de l'ordre de
2 000 000 $... On me dit que ce sont des contrats qui sont entrés
à la toute fin de l'année, ce qui expliquerait les crédits
périmés de 2 000 000 $, en ce qui concerne le PSFE.
Mme Harel: Voulez-vous reprendre, s'il vous plaît?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que ce sont des
questions de fin d'année financière qui expliquent que l'on a
périmé 2 000 000 $. On m'indique qu'il y a des reports de 4 000
000 $ sur l'autre année. C'est une question strictement de fin
d'année civile et d'ajustement. Il ne manquait pas de projets ni
d'argent.
Mme Harel: M. le Président, je vais vous demander
d'interrompre pour que je vérifie les documents qui sont restés
dans les casiers.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Puisqu'on est sur les divers programmes
d'employabilité, j'aimerais vous poser une question sur le retour aux
études. J'aimerais savoir si le matériel pédagogique,
didactique relève des crédits de votre ministère ou de
celui du ministre de l'Éducation parce que je vous avoue que, pour
être allé rencontrer sur place 200 étudiants qui sont sur
ce programme, j'ai eu énormément de plaintes sur le
matériel pédagogique qui ne serait pas en quantité
suffisante, de
mauvaise qualité, des photocopies illisibles, etc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Strictement pour préciser,
M. le député de Taschereau, est-ce que vous nous parlez de
rattrapage scolaire ou de retour aux études?
M. Leclerc: Oui, de rattrapage scolaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De rattrapage scolaire.
M. Leclerc: II y a aussi des retours aux études pour les
femmes monoparentales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Chefs de familles
monoparentales.
M. Leclerc: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parce que les budgets et les
normes sont différents. Je pense que les plaintes, si je me fie à
la commission parlementaire, sont surtout venues dans le programme Rattrapage
scolaire, et elles ont surtout porté sur les fameux 35 $ qui sont
alloués en début d'année scolaire. Nous avions
déjà indiqué que ce montant nous apparaissait nettement
insuffisant. Nous avons poursuivi les discussions avec le ministère de
l'Éducation et, toutes choses étant égaies, les
ajustements requis devraient être en place pour la rentrée
scolaire de l'automne prochain.
M. Leclerc: Sous réserve, j'avais cru comprendre de leurs
revendications que c'était le matériel devant être fourni
par l'école: cahiers, livres, etc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous, nous payons. Sur le plan de
la qualité du matériel, disons que...
M. Leclerc: Au-delà de ce que les étudiants doivent
débourser de leur poche, il y a un certain nombre de livres ou de
manuels qui leur sont fournis par l'école ou la commission scolaire.
Est-ce que votre ministère paie les commissions pour cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le matériel qui est
obligatoire? Oui, jusqu'à concurrence de 500 $.
M. Leclerc: 500 $par?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Par année, par
étudiant.
M. Leclerc: Donc, il n'y a pas de raison que le matériel
soit illisible avec 500 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. La photocopieuse à
l'école est peut-être en état...
M. Leclerc: La photocopieuse, oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais avec 500 $, s'il s'agit du
matériel qui est obligatoire, il ne devrait pas, normalement, y avoir de
problème. Là où cela pose un problème, c'est sur
les fameux 35 $ de début d'année.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais demander,
étant donné le peu de temps qui est à la disposition de
l'Opposition en ce qui concerne l'étude des crédits, l'exercice
que nous faisons, compte tenu du temps qui a été alloué
à mes collègues de la formation ministérielle, je vais
vous demander de faire respecter le temps qui est imparti à l'Opposition
et je voudrais reprendre...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, une
correction à faire. Il n'y a pas de temps imparti à l'Opposition
plus qu'au pouvoir. Il y a l'étude des crédits par les
parlementaires et tous les parlementaires ont le même temps de parole
reconnu. C'est comme cela que nous avons toujours fonctionné à la
commission...
Mme Harel: M. le Président, vous savez très bien
qu'il y a une entente entre les leaders.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, madame,
connaissant vos positions là-dessus, j'ai vérifié avant la
commission.
M. Joly: Est-ce qu'on pourrait avoir une idée du temps
qu'on a eu par la dame en arrière, qui a chronométré les
temps...
Mme Harel: Je ne voudrais pas qu'on perde du temps, M. le
Président. L'étude des crédits est un exercice
démocratique, que l'on sait confié à l'Opposition dans un
Parlement. Vous n'allez pas me faire accroire que c'est aux ministériels
à faire cet exercice de l'étude des crédits.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, Mme la
députée de Maisonneuve, mais nulle part dans les
règlements ni dans l'esprit des règlements cela n'est
précisé. Je vous ai simplement dit...
Mme Harel: Vous savez très bien que cela a
été discuté devant la commission de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Bélanger): Non.
Mme Harel: M. le Président, c'est bien évident,
voyons-donc, que cela a été discuté... Je connais
très bien le règlement. J'ai été présidente
de commission pendant des années et je sais très bien ce qui en
est.
Le Président (M. Bélanger): Madame, je le suis,
actuellement, depuis deux ans et demi. C'est toujours le règlement que
j'ai appliqué et je vais continuer à l'appliquer.
Mme Harel: Alors, je vous demanderais de me donner la parole, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger): On vous a largement
prrviligiée jusqu'à maintenant...
Mme Harel: Largement!
Le Président (M. Bélanger): Je vais
reconnaître tout autre député qui demandera la parole,
soyez-en assurée. Mme la députée de Maisonneuve, vous avez
la parole.
Mme Harel: M. le ministre, j'aimerais qu'oni termine sur la
question des programmes assez rapidement, étant donné que je
voulais vous interroger sur la fermeture de l'école Saint-Patrick
à Québec, où, actuellement, 413 étudiants qui sont
accueillis dans cette école vont devoir la quitter, étant
donné que la fermeture de ce centre a été annoncée.
Je voudrais savoir, quelles sont les représentations que vous allez
faire.
Revenons aux programmes des périmés à la formation
professionnelle de la main-d'oeuvre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
m'excuse, parce que Mme la députée de Maisonneuve vient de
soulever une question qui est relativement importante. Sauf erreur, il
s'agirait d'une fermeture d'école dans le cadre des cours pour adultes,
d'éducation pour les adultes.
Mme Harel: Le centre de l'école Saint-Patrick, qui
recevait 413 étudiants dans trois programmes, y compris un programme de
formation générale présecondaire, secondaire, un programme
d'intégration à la vie communautaire, alphabétisation,
rattrapage scolaire, également. Cette école était
constituée, pour 50 %, de prestataires d'aide sociale. C'est une
école qui utilisait 19 000 heures-groupe en comptabilisant la
participation du programme Vie communautaire également. Et, quand on
considère qu'il y a actuellement 2200 bénéficiaires de
l'aide sociale dans les quartiers Saint-Jean-Baptiste et Montcalm, il faut
s'étonner de l'annonce de la fermeture du centre Saint-Patrick.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprendrez qu'en ce qui
concerne nos relations avec le ministère de l'Éducation, nous
sommes, ce que nous pouvons appeler, des clients. Nous payons pour des cours en
matière de rattrapage scolaire et nous transférons en
matière de formation des sommes importantes du ministère de
l'Éducation. Mais autant en ce qui concerne la fermeture que l'ouverture
d'institutions d'enseignement, l'autorité quant à la prise de
décision relève complètement du ministère de
l'Éducation. Nous tentons d'utiliser au maximum les outils dont il
dispose comme client, mais lorsqu'il y a ouverture ou fermeture, ces analyses
sont effectuées par le ministère de l'Éducation.
Possiblement qu'aux crédits du ministère de l'Éducation,
votre collègue, Mme la députée de Chicoutimi, pourra
obtenir les renseignements voulus.
Mme Harel: Avez-vous l'intention de faire des
représentations? Devant cette situation qui va quand même avoir
des répercussions sur les bénéficiaires d'aide sociale qui
en sont les utilisateurs, avez-vous l'intention de faire des
représentantions, étant donné que le ministère a
quand même à représenter les intérêts de sa
clientèle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si nous constatons que les cours
qui sont requis ou la formation qui est requise par notre clientèle ne
peuvent plus être dispensés à cause de la fermeture ou si
nous constatons que les inconvénients de transport qui pourraient
être causés à notre clientèle sont tels qu'ils
peuvent la détourner de participer aux programmes, les
représentations seront effectuées auprès du ministre de
l'Éducation.
Mme Harel: Les informations que nous avons en ce moment nous
amènent à penser qu'un certain nombre serait invité
à suivre des cours le soir, étant donné que le centre de
jour sera fermé. Cela peut quand même, pour des personnes qui ont
charge d'enfants, etc, occasionner des problèmes, étant
donné aussi les résultats de l'étude que nous avons
examinées et qui révèle que le rattrapage scolaire est
très majoritairement utilisé par des femmes dans une proportion
de 2 pour 1 et majoritairement aussi par des personnes qui ont charge
d'enfants. Alors, cela peut avoir d'autant plus de conséquences,
étant donné la composition de la clientèle des rattrapages
scolaires.
Sur la question de la formation professionnelle, rapidement, j'aimerais
que vous expliquiez plus le volet BAS. C'est un total de 1500
bénéficiaires de l'aide sociale qui vont être rejoints?
Est-ce que ce chiffre est conforme à l'objectif qui est poursuivi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant aux sommes d'argent qui sont
dévolues pour ou à l'intention des bénéficiaires de
l'aide sociale à l'intérieur de ce programme, il s'agit d'une
somme de 15 000 000 $. Le chiffre de 1500 bénéficiaires rejoints
n'apparaît pas déraisonnable, mais nous ne pouvons le faire
nôtre. Par contre, il n'apparaît pas déraisonnable.
Mme Harel: Et ce volet est entièrement
financé par le fédéral. Est-ce qu'il faut
comprendre que... Évidemment, cela fait partie de l'entente
auxiliaire Québec-Canada?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: Dans le cadre de la main-d'oeuvre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela devient une des composantes
de l'accord sur la formation en établissement.
Mme Harel: Une des composantes... Et il s'agit essentiellement
d'un nouveau programme?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: Le ministère à Québec n'en
finance pas 50 %. C'est à 100 % financé par...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. C'est 100 % de financement
par le gouvernement fédéral.
Mme Harel: Et c'est administré par? Qui fera
l'administration?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est nous au provincial qui
faisons l'administration, bien que ce soit financé par Ottawa.
Mme Harel: Dans les centres Travail-Québec ou dans les
commissions de formation professionnelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les gens vont être
référés au CFP soit par le centre Travail-Québec
soit par le bureau d'emploi du Canada.
Mme Harel: Et il va s'agir d'emplois communautaires? C'est une
sorte de PDE, de programme de développement de l'emploi du
fédéral? Quelle est la nature de ce qui est offert?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Il s'agit de programmes de
formation comme tels, non pas de programmes de service.
Mme Harel: De formation académique?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. De formation
professionnelle.
Mme Harel: En entreprise?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, en établissement.
Mme Harel: En établissement scolaire. Il peut s'agir
autant d'alphabétisation que de formation générale? Non,
formation professionnelle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, parce que la formation
professionnelle ne rejoint pas le niveau de l'analphabète, si je peux
utiliser cette expression. On n'exclut pas de la formation d'appoint en
matière linguistique, mathématique ou autre.
Adaptation de la main-d'oeuvre
Mme Harel: Je pense qu'il nous faut certainement ce soir examiner
la question de la rente et je sais que le président, je pense, de la
Régie des rentes est avec nous. Je vais remercier Mme Jean. Je regrette
infiniment qu'on n'ait pas eu plus de temps pour examiner ce qui est un volet
majeur. Est-ce que l'adaptation relève de sa responsabilité, le
service d'adaptation de la main-d'oeuvre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
Mme Harel: Non. Cela relève de quelle direction?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Du ministère
lui-même.
Mme Harel: Directement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: II y a une légère augmentation à
ce poste-là cette année. Une progression?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour apporter peut-être une
précision sur le nombre de 1500 qui a été avancé
tantôt relativement à un budget de 15 000 000 $, ce qu'on
m'indique, c'est que 1500 c'est une évaluation très conservatrice
du nombre, en ce sens que les cours devraient être très
coûteux pour qu'on n'en rejoigne que 1500. Cela peut varier entre 1500 $
et 6000 $, selon le coût de la formation par individu, par
bénéficiaire de l'aide sociale.
Mme Harel: Cela sera le type de formation qui est offert, par
exemple, aux prestataires d'assurance-chômage?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, exactement.
Mme Harel: C'est-à-dire que dorénavant...
M. Paradis (Brome-Missisquoi)-' Mais le budget est
réservé pour les assistés sociaux.
Mme Harel: En ce qui concerne les mesures d'employabilité,
une simple lecture de l'étude qui a été
déposée nous apparaît d'abord assez intéressante. Il
faut voir que, si on considère que les mesures sont relativement
positives, il y a évidemment l'exception du rattrapage scolaire
qui, à bien des égards, si on pense simplement au facteur
d'estime de soi, a des effets plutôt négatifs en regard des
non-participants, il faut se demander si le sentiment d'échec n'a pas
été plus développé par la participation à
cette mesure de rattrapage scolaire que s'il y avait eu non participation
à toute mesure. Le réinsertion sur le marché de l'emploi
est finalement plus faible pour les participants au rattrapage scolaire. D'une
certaine façon, c'est peut-être un peu caricatural, mais c'est
comme si le rattrapage scolaire avait été un handicap pour
retourner sur le marché de l'emploi en comparaison avec les
non-participants.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je m'excuse, je me dois
d'intervenir, parce qu'on ne partage pas au ministère cette conclusion.
Quand vous parlez des non-participants généralement, vous
comparez des gens qui, dans une plus importante proportion en ce qui concerne
le rattrapage scolaire, ont un séjour beaucoup plus bref à l'aide
sociale que ceux que l'on compare et qui ont participé au programme de
rattrapage scolaire. Lorsqu'on sait que le taux de réinsertion sur le
marché est tellement important dans les neuf premiers mois, à ce
moment-là, on compare un petit peu des pommes et des oranges.
Maintenant, vous avez raison de souligner la question de l'estime de soi quant
au rattrapage scolaire et nous recoupons là - c'est intéressant
de le souligner - les témoignages qui ont été rendus en
commission parlementaire, qui nous disaient et nous prévenaient: Faites
attention de ne pas retourner dans le même milieu, dans le même
système la personne qui a décroché, parce que vous risquez
non seulement de connaître un deuxième décrochage, mais de
faire subir à l'individu un deuxième échec qui affectera
sans doute l'estime qu'il a de lui-même quant à ses chances de
succès ou de réussite.
Mme Harel: II faut voir. Il faut peut-être distinguer,
c'est l'objet de mon intervention, le taux de participation aux mesures,
l'appréciation que les participants font des mesures et le
résultat concret. C'est peut-être une conclusion un peu
brève, mais on peut constater qu'il y a un degré
d'appréciation assez élevé de la part des participants
quant aux mesures de stages en entreprise et de travaux communautaires et qu'il
y a, relativement à la réintégration sur le marché
de l'emploi, un plus fort pourcentage d'insertion à l'emploi chez les
participants des travaux communautaires et des stages en entreprise en regard
des non-participants. Est-ce parce que leur situation personnelle, eu
égard à la charge d'enfants...
On sait qu'il y a deux facteurs qui ont l'air d'être plus
importants que quoi que ce soit et qui sont déterminants: la charge
d'enfants et la durée à l'aide sociale. Il est certain qu'il faut
être prudent, parce qu'il faut évaluer les non-participants en
comparaison avec les participants à chacune des mesures en regard de ces
deux critères: la charge d'enfants et la durée. Mais disons, en
tout cas, qu'il y a une tendance assez positive en ce qui a trait aux travaux
communautaires et aux stages en entreprise. Tout est bien relatif, mais on peut
quand même dégager une sorte de tendance positive, ce qui n'est
pas le cas, semble-t-il, tout au moins, peut-être en regard d'une
clientèle... On dit qu'il y a deux femmes pour un homme qui retournent
en rattrapage scolaire, avec charge d'enfants. La durée est
peut-être plus longue aussi. C'est peut-être cela aussi qui joue
plus que la mesure elle-même. Mais ce qui reste important, c'est le taux
de participation en tant que tel.
Ce matin, le ministre me mettait en garde d'évaluer cela comme
une diminution trop importante, étant donné le fait que les mois
de février et de mars n'avaient pas été
comptabilisés pour l'exercice financier 1987-1988, en comparaison avec
1986-1987. Prenons en considération, de toute façon, qu'ils le
sont...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux ajouter un
deuxième facteur...
Mme Harel: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... pour les fins de la discussion,
strictement? Par rapport aux chiffres de diminution de clientèle que
j'ai cités ce matin, quelques instants après, vous avez
insisté sur le fait que les trois quarts de cette diminution
étaient chez les moins de 30 ans et que ce sont les moins de 30 ans
également qui étaient admissibles à nos programmes.
Mme Harel: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux juste que vous en teniez
compte dans l'analyse.
Mme Harel: Oui, mais ce ne sont pas les chiffres absolus qui sont
intéressants, ce sont les pourcentages. Les pourcentages, eux, sont
restés stationnaires. Ce ne sont pas les chiffres absolus qui sont
intéressants. Les chiffres absolus peuvent varier d'une année
à l'autre, selon le nombre de ménages qui sont
bénéficiaires ou non. Mais les pourcentages sont
intéressants, parce qu'ils illustrent mieux cela d'une certaine
façon. Il faut reconnaître que le pourcentage de participation
semble être resté stationnaire, même en tenant compte des
mois de février et de mars, en regard de 1986 où le taux de
participation était de 34 % - je parle d'avant les abandons, les
suspensions ou quoi que ce soit. L'inscription, comme telle, était
à plus ou moins 34 %, si l'on considère la clientèle
totale des actes à laquelle ceux-ci étaient destinés. Et,
même en prenant en considération la diminution des
bénéficiaires et la diminution des participants, c'est
relativement à peu près le même pourcentage, plus ou moins,
à moins que vous
n'ayiez des chiffres plus sophistiqués que les miens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, jusque-là, cela va.
J'ajouterai qu'au fur et à mesure où il y a reprise de
l'économie et diminution de la clientèle à l'aide sociale,
surtout de celle de moins de 30 ans, au moment où nous nous parlons, qui
est donc eligible aux programmes, on touche à un moment donné les
cas les plus difficiles, c'est-à-dire les cas où on va retrouver
- et je pense qu'on n'aura pas de difficulté à s'entendre sur les
critères - une plus longue durée à l'aide sociale et,
également, la présence d'enfants. Il y a une question qui me
vient automatiquement à la suite de ce rapport. Combien de familles
monoparentales? On pourrait peut-être tenter de tirer des conclusions de
nos programmes dirigés vers les chefs de familles monoparentales qui
sont, dans 98 % et plus des cas, des femmes. Combien de ces femmes sont
sorties? Pourquoi ces femmes ne sont-elles pas sorties? Est-ce que la
présence d'enfants constitue à ce point une barrière
qu'elle est insurmontable et que nous n'avons pas encore, ni l'ancien
gouvernement, ni l'actuel gouvernement, mis en place les mécanismes
nécessaires qui leur permettent de surmonter cette barrière? Et
le problème me semble être cerné davantage. (20 h 30)
Mme Harel: Évidemment, la question à poser aussi,
c'est qu'arrive-t-il avec la clientèle qui est de moins en moins
employable, étant entendu que la durée peut être aussi un
critère pour permettre de cerner les difficultés d'une
clientèle qui est peut-être plus difficilement employable que
celle qui, à la suite de la crise de l'année 1982, a pu plus
rapidement retourner sur le marché du travail. Mais, mon propos est que
le taux de participation est resté plus ou moins stationnaire. C'est ce
que les chiffres semblent nous indiquer. À ce moment-là, quels
efforts le ministère va-t-il consacrer pour augmenter le taux de
participation? C'est la principale question. Je pense qu'on ne peut pas
terminer l'étude de cette année sans se le demander, puisque les
crédits dans les mesures sont à peu près
équivalents à ceux de l'exercice financier
précédent, 74 000 000 $ par rapport à 73 000 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais il ne faut pas oublier
de compiler. N'apparaissent pas aux crédits du gouvernement du
Québec les résultats des négociations avec le gouvernement
fédéral qui s'est engagé à prendre, dans le cadre
de ses programmes un nouveau montant additionnel de 62 000 000 $ pour des
programmes de formation. Ils ne peuvent pas apparaître dans les
crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Ifs apparaissent sans doute dans les
crédits du ministère de la Santé nationale et du
Bien-être social à Ottawa, s'ils sont sous le RAPC. À ce
moment-là, ce sont 62 000 000 $ additionnels. Excusez-moi, je vous ai
donné une fausse indication. On m'indique qu'ils ne sont pas sous le
RAPC. Ils sont sous le CEIC.
Mme Harel: Ils sont sous le CEIC.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Emploi et Immigration Canada.
Mme Harel: C'est un investissement de 124 000 000 $. Ce que j'ai,
en fait, c'est un tableau préparé par le ministère sur les
principaux éléments des quatre ententes du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu avec le gouvernement
fédéral. On y dit: Investissement, 124 000 000 $ dans les
programmes respectifs. Le gouvernement fédéral met 62 000 000 $
exclusivement pour les bénéficiaires de l'aide sociale. Puis, on
les décrit. Donc, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu va mettre aussi ses 62 000 000 $ ou les 62 000
000 $ font partie des 74 000 000 $? Non? Où retrouve-t-on les 62 000 000
$?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les 62 000 000 $ sont dans les
crédits de cette année en matière
d'employabilité.
Mme Harel: A quel volet?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne les retrouverez pas
totalement au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, parce que ces ententes touchent à
l'horizontale d'autres ministères. Des exemples, qui peuvent me venir
à l'esprit rapidement, au ministère de l'Industrie et du
Commerce, Jeunes promoteurs, au ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, Jeunes volontaires, entre autres. Ces montants apparaissent
à ce moment-là aux crédits des ministères
concernés. Donc, cette conciliation des 62 000 000 $ du gouvernement
fédéral tient compte des crédits de plus d'un
ministère pour ce qui est du gouvernement du Québec.
Mme Harel: Pour terminer sur les mesures, juste avant
l'ajournement, vous avez cité les motifs de sortie des mesures
d'employabilité en regard, je crois, de l'abandon des stages en
entreprise. Vous avez cité des motifs: 12 % pour
réintégration sur le marché de l'emploi, 3 % parce que
l'usine a fermé, etc. C'est donc qu'il y a une étude sur les
motifs de sortie. Cette étude sur les motifs de sortie, il en
était d'ailleurs question dans la présentation du service de la
recherche lors du colloque sur les programmes publics. Il serait souhaitable
que cette étude sur les motifs de sortie, à moins qu'elle...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La date m'inquiète un peu,
on m'indique qu'elle serait de
novembre 1985.
Mme Harel: 1985.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Celle qui est publiée.
Mme Harel: II n'y a donc rien de nouveau qui ait
été mis à jour sur les motifs. Par exemple, pourquoi il y
a plus d'abandons maintenant en regard du rattrapage scolaire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les études se poursuivent.
Mais, si vous demandez s'il y a publication...
Mme Harel: C'est donc toujours l'étude de 1985.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour cette question, c'est
toujours l'étude de 1985 qui est le document officiel.
Mme Harel: L'étude de l'évaluation des
résultats ne nous donne en rien les motifs de l'abandon. Cela reste
stratégiquement extrêmement important de savoir pourquoi les gens
quittent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: Si les stages en entreprise ont eu des effets
positifs, selon l'appréciation qu'en font les participants, pourquoi le
quittent-ils à 45 %? Ce serait quand même important d'aller
vérifier tout cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'après ce que l'on me dit,
c'est que les études, la poursuite des études, indiquent que les
motifs demeurent sensiblement les mêmes, dans à peu près
les mêmes proportions.
Mme Harel: Alors, dans la liste des recherches que vous nous avez
transmise, dans les notes supplémentaires, il était question de
l'évaluation des résultats des programmes de développement
de l'employabilité. On comprend que c'est celle-ci. Il était
question d'une évaluation de la pertinence des interventions de
développement de l'employabilité auprès des clients
à l'aide sociale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est celle que vous avez
citée, je ne me souviens plus...
Mme Harel: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...si c'est cet avant-midi ou cet
après-midi, mais auprès des agents d'aide
socio-économique.
Mme Harel: C'est cela.
Alors, donc, pour conclure sur la question du taux de participation aux
mesures, il faut quand même considérer, dans les notes
supplémentaires que vous nous avez transmises, que la mesure la plus
fréquemment utilisée est la mesure de rattrapage scolaire, avec
10 395 participants cette année. C'est presque, évidemment...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En janvier.
Mme Harel: Cela date de janvier. C'est peut-être un peu
plus maintenant mais c'est à peu près la moitié, de toute
façon proportionnellement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: ...de l'ensemble des mesures, et c'est celle qui
connaît finalement, le plus haut taux d'échec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est peut-être celle qui,
dans plusieurs cas, est la plus loin ou la plus éloignée du
marché du travail et qui demande un processus qui, pour l'individu, est
le plus long également dans sa démarche. Donc, l'objectif
à atteindre paraît plus éloigné pour l'individu. Et
deuxièmement, il y a toutes les questions, et j'insiste
là-dessus, qui ont été soulevées à la
commission parlementaire, quant à replonger un individu dans un
système identique à celui où il a connu autrefois un
échec.
Mme Harel: Actuellement, est-il étudié au
ministère diverses interventions qui pourraient permettre de donner des
prérequis aux personnes qui, disons, participent à une mesure de
manière à leur permettre de mieux s'orienter avant qu'elles
soient inscrites à la mesure proprement dite?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La notion à laquelle vous
faites apppel est également la notion qui a été
soulevée en commission parlementaire et que l'on a qualifiée, je
pense, d'un côté commme de l'autre de la table, de mesure de
préemployabilité, que les gens sachent mieux à quoi
s'attendre et y soient davantage préparés lorsque c'est
nécessaire. On voit qu'il y a des cas finalement qui sortent de l'aide
sociale, des personnes qui sortent d'elles-mêmes. Il y a d'autres cas
où des mesures légères suffisent. Il y a des cas où
on a offert des programmes qui étaient relativement très
structurés et exigeants pour la personne, et on a peut-être
passé une étape à un moment donné face à
certains individus. Face à d'autres, cela a bien fonctionné, mais
face à certains, les taux d'échec nous indiquent ou nous
commandent un examen de conscience quant à la préparation de
l'individu à qui on propose une mesure.
Mme Harel: II y a évidemment, des zones
grises. On n'a pas parlé du retour aux études
collégiales pour les femmes chefs de famille. J'avais un cas qui
illustrait vraiment les difficultés qui se présentent. C'est une
femme chef de famille avec un enfant de trois ans, qui est retournée en
septembre 1986, cela va faire deux ans et demi, aux études
universitaires, ici, à l'université, et qui a été
subventionnée pour son programme d'études, en 1986, jusqu'en
avril 1987 et de septembre 1987 à décembre 1987, en
décembre, le programme s'est arrêté. Elle a fait une
demande de prêt-bourse au ministère de l'Enseignement
supérieur pour de janvier à mai et, en mars dernier, il y a un
mois, elle a renouvelé sa demande pour terminer ses études de
baccalauréat en service social. Elle voulait, comme c'est le cas souvent
des chefs de famille, progresser et avancer plus vite. Alors, elle s'est
inscrite pour la période d'été qui vient, en 1988, pour
une période de douze semaines et elle s'est informée de ce
qu'elle recevrait pour cette période de mai à septembre. On lui a
dit: Rien, rien du tout. Au service des prêts et bourses, on ne la
considère pas comme étudiante à temps plein, parce qu'elle
va faire douze crédits en huit semaines au lieu de treize semaines. Ce
n'est pas seulement le nombre de crédits, mais en plus, il faut que ce
soit en treize semaines. Elle, elle veut aller plus vite et les faire en huit
semaines et, pour cela, elle n'est pas considérée comme
étudiante à temps plein. Donc, elle n'a pas droit aux prêts
ni aux bourses et tout cela, parce qu'elle veut beaucoup. C'est un
système où quand on veut beaucoup, on a bien du "trouble".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous nous avez amené au
problème et je suis conscient qu'il existe des difficultés
d'arrimage, au moment où nous nous parlons, entre l'aide sociale et le
ministère de l'Éducation. Vous parlez de la commission
parlementaire. Moi, je me souviens d'une dame également chef de famille
monoparentale qui était venue témoigner devant la commission et
qui nous avait dévoilé son cas. Je vous dis qu'il y a quelques
difficultés d'arrimage, mais ma question porte sur janvier à
mars. Est-ce que cela a fonctionné sur le plan des...
Mme Harel: C'est pour mars qui vient.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour la période de
l'été...
Mme Harel: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...que son statut devient un
statut d'étudiant à temps partiel non eligible aux prêts et
bourses aux étudiants...
Mme Harel: Parce qu'elle progresse plus vite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et, en ce qui concerne l'aide
sociale, non eligible parce que les normes du programme de retour aux
études postsecondaires pour les chefs de familles monoparentales ont
été épuisées. Il y a là un trou qui
abandonne ces gens qui veulent compléter leur scolarisation.
Mme Harel: On lui a proposé une aide conditionnelle, mais
vous conviendrez que l'aide conditionnelle, quand vous êtes chef de
famille, etc., cela est vraiment très lourd à porter, ne sachant
pas si un emploi sera vraiment immédiatement possible.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si l'aide conditionnelle est
équivalente à ce qu'elle obtiendrait sous forme de prêt, il
n'y a pas à ce moment-là comparativement aux autres
étudiants ou étudiantes dans la même situation de
pénalité ou de désavantage.
Mme Harel: Sauf qu'elle aurait dans son cas droit à une
bourse qu'elle n'obtiendra pas. Dans ce sens-là, c'est vraiment
inéquitable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La bourse, cela c'est
différent.
Mme Harel: Mais c'est aussi que cela sert beaucoup de symbole.
Quand on sait que des cas comme ceux-là s'ébruitent rapidement et
servent justement à démontrer que c'est difficile, qu'il y a des
handicaps et qu'il faut franchir des murs de résistance, cela ne donne
pas une incitation à propager finalement une mesure comme
celle-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me le permettez, moi, je
vous poserais une autre question sur ce cas-là.
Mme Harel: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En ce qui concerne les frais de
gardiennage ou de garderie couverts par les prêts et bourses aux
étudiants, est-ce que, lorsqu'elle a été eligible aux
prêts et bourses, elle était satisfaite sur ce plan-là?
Mme Harel: Ce serait une bonne question à lui poser.
D'ailleurs, elle est de Québec. Je pense que je vais l'envoyer voir le
député de Tas-chereau.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Leclerc: Je la connais peut-être déjà.
Mme Harel: On a à peu près les mêmes cas,
vous voyez.
M. Lecierc: Je l'ai, ce cas-là. Mme Harel: Oui.
M. Leclerc: Mme la députée de Maisonneuve ne veut
pas que je prenne trop de temps, vous comprenez, je suis obligé d'en
passer.
Mme Harel: De toute façon, je le fais pour vous.
M. Leclerc: J'ai écrit au ministre de l'Éducation
sur cela le 25 avril.
Mme Harel: C'est intéressant, parce qu'il y a des
représentations à faire pour harmoniser ce programme-là.
Il y a une sorte de rumeur qui se répand comme quoi il faut vraiment
être bien décidé, parce que les difficultés se
multiplient. Donc, le taux de participation, pour terminer sur cela, est-ce que
le ministère entend poursuivre des travaux sur les correctifs à
apporter quant aux mesures, je pense, entre autres, au rattrapage scolaire,
pour permettre par rapport à un programme comme celui-là de
diminuer le taux d'abandon ou tout au moins en connaître mieux les
motifs? Donc, savoir quels sont les correctifs qu'il faut apporter et,
également, entendez-vous augmenter la participation aux mesures chez les
bénéficiaires de moins de 30 ans et entendez-vous examiner
dès cette année la possibilité de l'offrir volontairement
chez les plus de 30 ans?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, lorsque nous
traitons quelque programme que ce soit au ministère, nous apportons de
façon régulière des modifications au fonctionnement des
programmes. Davantage lorsqu'une commission parlementaire, même celle-ci,
une étude des crédits, mais davantage lorsqu'une commission
parlementaire comme celle de six semaines que nous avons connue ensemble nous
démontre qu'il y a sur le plan administratif, des lacunes qui sont
relativement faciles à corriger mais qui causent des embêtements
importants aux bénéficiaires, nous apportons les correctifs
appropriés. (20 h 45)
Au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu - je pense que c'était le cas avant que j'y arrive comme
titulaire, comme ce sera le cas lorsque je le quitterai - ce sont des dossiers
qui sont en constante évolution et les études ne cessent jamais
sur le plan des évaluations. De plus, les contextes économiques
dans lesquels ces mesures sont appliquées varient et ces contextes
économiques commandent de la part des gestionnaires comme des
décideurs politiques que des modifications soient apportées pour
répondre aux modifications connues dans le système
économique. Ce sont des programmes qui sont en constante
évolution.
Pour des programmes qui ont vu le jour il y a à peine quatre ans,
le taux de succès ou d'échecs n'est pas un taux qui, dans un sens
ou dans un autre, doit nous inciter à jubiler où à
pleurer. Je crois que, compte tenu de la jeunesse relative des mesures mises de
l'avant, du contexte dans lequel elles ont été mises de l'avant,
le résultat des études nous incite à apporter des
correctifs importants et à compléter les mesures, soit en amont
ou en aval, de façon que les taux de succès continuent,
augmentent et que les taux d'échecs soient diminués au maximum,
tenant compte du contexte économique dans lequel nous
évoluons.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais terminer sur la
question de l'aide sociale.
Le Président (M. Bélanger): M. te
député de Sainte-Anne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être une
dernière parole, on m'indique que les échecs c'est
également relatif. Dans le système régulier de
l'éducation, on mentionnait dernièrement un taux d'échecs
au niveau secondaire de près de 30 %.
Mme Harel: II n'est pas de l'ordre de 45 %. Je représente
un des quartiers où il y a un des plus hauts taux d'échecs et
c'est de 14 %.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On parle de 30 % dans le
système régulier. Donc...
Mme Harel: Au secondaire c'est 14 % dans les quartiers scolaires
défavorisés où il y a un très fort taux de
décrochage: 14 %.
M. le Président, je veux simplement...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne. Je reconnais le député de
Sainte-Anne.
Mme Harel: Question de règlement, M. le Président.
Je veux vous dire qu'avec ma formation politique, il est convenu que si nous
n'avons pas le temps requis, compte tenu de la pratique habituelle qui est de
répartir au moins 80-20, nous avons...
Le Président (M. Bélanger): Vous dépassez
80-20 actuellement.
Mme Harel: Alors nous allons utiliser du temps qui reste dans
l'enveloppe globale pour continuer à examiner ces crédits que
nous n'aurons pas pu examiner comme Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Je vous ferai remarquer
que vous dépassez les 80 % du temps utilisé jusqu'à
maintenant.
M. le député de Sainte-Anne. Je viens juste de le
comptabiliser.
Mme Harel: Faites-le moi remarquer. C'est combien, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Vous avez 110
minutes et 40 secondes contre 26 et 55.
Mme Harel: C'est quoi le pourcentage?
Le Président (M. Bélanger): Cela donne plus de 80
%.
Mme Harel: Cela donne 81,19: 80 et demi et 20. Vraiment!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
Mme Harel: On va revenir une heure et demie.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le député de Sainte-Anne.
Mme Harel: Cela m'est égal, on va reprendre du temps
ailleurs. On va revenir en commission.
Le Président (M. Bélanger): Je regrette. Un
instant, on va mettre les choses au clair. La commission est prévue pour
siéger jusqu'à 21 heures ce soir. Comme on a 15 minutes de
retard, je vous avais demandé... 16 minutes, madame.
Mme Harel: M. le Président, vous calculez les minutes, je
vais les calculer moi aussi.
Le Président (M. Bélanger): Madame, 16 minutes ou
17 si vous voulez, cela ne me fait rien. À 21 h 17 si vous voulez, on a
un ordre de la Chambre qui dit qu'on termine l'étude des crédits
et ils seront adoptés tel qu'on l'avait prévu à ce
moment-là. Envers et contre tous, c'est la règle
établie.
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, avant de poser ma question,
j'ai besoin de la coopération de la députée de
Maisonneuve, parce que ce matin, j'ai oublié de m'enregistrer comme
remplaçant pour Mme la députée de Deux-Montagnes.
Lé Président (M. Bélanger): C'est fait, M.
le dérjute de Sainte-Anne.
Travaux communautaires
M. Polak: C'est fait, merci, au cas où. J'ai juste une
question, M. le Président. On a reçu cet après-midi le
document "Étude de l'évaluation des résultats des
programmes de développement jté l'employabilité." Je n'ai
qu'une question à poser au ministre concernant le programme Travaux
communautaires. Là, M. le ministre, je yais vous parler du vécu
dans mon comté.
J'ai plusieurs personnes qui font partie du programme Travaux
communautaires, des jeunes qui sont allés travailler dans un centre
d'accueil dans mon comté. Je lis dans votre document - en tout cas c'est
l'évaluation de vos employés - à la page 23: "Le programme
Travaux communautaires a été conçu avec l'optique pour
permettre aux bénéficiaires d'aide sociale de prendre part
à la vie active." Je suis tout à fait d'accord avec cela. Au
dernier paragraphe en page 23 on dit: "C'est pourquoi nous considérons,
pour les fins de l'analyse, qu'un participant a réussi le programme
lorsque le nombre de mois passés dans la mesure est équivalent ou
supérieur à ce qui était prévu au point de
départ."
Dans mon comté, il y a six mois, ces gens sont venus à mon
bureau - ils étaient enthousiastes - pour me dire: Nous sommes
engagés pour travailler dans un centre d'accueil comme aide-assistante,
aide-infirmière et tout le reste. On n'a jamais dit: Madame,
mademoiselle ou monsieur, si vous faites les six mois, vous êtes un grand
succès pour nous. Ils ont dit: Vous allez... Oui, mais je vous cite
votre page 23 parce que, selon l'évaluation de vos fonctionnaires, c'est
déjà une grande réussite quand on a fait le nombre de mois
passés, c'est fantastique, on vous félicite et on vous donne un
gros bec. Mes gens m'ont dit: On n'était pas engagés pour cela.
On était engagés pour y aller six mois. Après six mois, on
voulait avoir presque la certitude d'avoir un autre emploi ou d'être
réengagés. Ce qui est arrivé, dans le cas actuel, ils sont
ailés travailler là, ils étaient très bons,
très actifs - je vous le mentionne. J'ai une jeune fille de 22 ans de
mon comté qui y est allée, après six mois le centre
d'accueil voulait la réengager. Ils ont dit: Madame, ce n'est pas
permis. Après six mois, il faut quitter parce qu'on va en engager une
autre. Cette fille n'était pas capable de trouver un autre emploi parce
que c'était défendu d'être réengagée. On lui
avait dit. Parce que maintenant, cela prend l'ouverture pour une autre qui est
dans la même situation que vous.
On est venu au point qu'on a créé de l'espoir pour cette
fille. Cela a bien été. Elle est sortie de l'aide sociale
après un certain nombre d'années. C'était vraiment
quelqu'un qui venait d'une famille où c'était presque devenu un
état permanent, à Pointe-Saint-Charles. On a créé
une sorte d'espoir et après, il n'y avait plus rien.
Je me demande, premièrement parce que j'ai regardé dans
votre document et je n'ai trouvé aucune réponse, quelles sont les
statistiques qui disent de ces gradués de travaux communautaires qui ont
fait six mois ou douze mois, ont eu un remerciement parce qu'ils ont bien fait
tous leurs mois, ce qui leur arrive après? Avez-vous des statistiques
qui démontrent combien se sont rembarques après dans de vrais
emplois ailleurs, premièrement? Je pense que le pourcentage est
très minime. Est-ce que ces statistiques existent?
Deuxièmement, est-ce qu'il n'y a pas moyen de reconduire cette
personne qui a très bien fait dans un autre stage à la même
institution? Sans vous attaquer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le député de
Sainte-Anne. La réponse à votre première question se
trouve à la page 12 du document, mais dans les feuilles bleues et non
pas dans les feuilles blanches. En ce qui concerne les travaux communautaires,
les personnes qui étaient en emploi au moment du sondage et qui avaient
participé à Travaux communautaires: 39 % des personnes. Le
pourcentage des répondants au moment du sondage qui avaient passé
la moitié ou plus de leur temps en emploi depuis la fin de leur
participation pour une période équivalente pour les
non-participants: 40 %. Donc, on parie de 39 %ou40 % de ces gens.
Quant à la durée comme telle des programmes Travaux
communautaires est prévu pour un maximum de douze mois dans les normes
actuelles, sauf lorsqu'il y a une durée déterminée, comme
dans le cas que vous nous indiquez, lorsque la période de six mois est
terminée. Actuellement, la période de six mois est
terminée. Nous proposerons des modifications à ces
périodes.
M. Polak: Pour revenir à la première question, page
12. On dit: En emploi au moment du sondage: Travaux communautaires; 39 %. Donc,
parce que je n'ai pas lu tout le document, on l'a eu ce matin ou cet
après-midi, combien de gradués de ce programme, en pourcentage,
ont réussi à se trouver un emploi permanent après? Pour
moi, les 40 %, je n'y crois pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, je n'ai pas le choix d'y
croire ou de ne pas y croire. Il s'agit - la méthode
d'échantillonnage est décrite en annexe - de l'équivalent,
si vous me permettez l'expression, d'un sondage avec des marges d'erreur qui
sont indiquées. On vous indique que c'est aux alentours de 40 %.
Quant aux non-participants, c'est aux alentours de 31 %. Il faut
être conscient que la clientèle de l'aide sociale évolue
rapidement. Les gens ont généralement la perception qu'un
bénéficiaire de l'aide sociale entre à l'aide sociale et y
demeure pour une très longue partie de sa vie. Ce n'est pas la
règle générale, loin de là. La majorité de
la clientèle se sort rapidement de l'aide sociale. On a
déjà indiqué que dans les neuf premiers mois, 49 % des
nouveaux arrivants ont déjà quitté l'aide sociale.
M. Polak: Je veux juste revenir sur la première
catégorie. Ils ont terminé leurs travaux communautaires. Six mois
plus tard, après avoir bien réussi à passer ces six mois,
et là le document dit à la page 12, 40 %. Usons donc ce que cela
veut dire exactement. Pourcentage de répondants au moment du sondage qui
avaient passé la moitié ou plus de leur temps en emploi depuis la
fin de la participation ou période actuelle. Il ne faut pas jouer sur
les mots. Je veux savoir, les gradués de ce programme qui ont
travaillé pendant six mois aux travaux communautaires, quel est le
pourcentage de ces gradués qui ont trouvé un emploi? Pas la
moitié du temps ou de temps en temps, ici et là. Ceux qui ont
vraiment trouvé un emploi stable, qui sont sortis de l'aide sociale pour
toujours. Quel est le pourcentage?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les emplois ne sont pas
qualifiés. Tout ce que l'on peut dire à la suite de ce que cette
étude révèle, c'est que lorsque la cueillette des
données a été effectuée, il y avait 39 % des gens
qui avaient eu une expérience de participation aux travaux
communautaires qui, au moment où la cueillette des données a
été effectuée étaient en emploi régulier et
40 % qui répondent à la définition que vous venez de lire,
c'est-à-dire, pourcentage de répondants, au moment du sondage qui
avaient passé la moitié ou plus de leur temps en emploi depuis la
fin de leur participation ou pour une période équivalente pour
les non-participants. Le but de l'étude ou de la recherche était
de mesurer l'efficacité des mesures. Est-ce que les non-participants
trouvent des emplois aussi facilement que les participants? Est-ce que le fait
d'améliorer le niveau d'employabBité est un atout, etc. ?
C'était ce que visait l'étude.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve. Je m'excuse, la régie de
l'alternance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez. Peut-être une
information additionnelle pour le député de Sainte-Anne. C'est
difficile de définir un emploi permanent dans la société.
Souvent, le meilleur critère c'est de demander à la personne. 61
% des gens qui avaient trouvé un emploi estimaient que leur emploi
était un emploi permanent. C'était l'évaluation qu'ils en
faisaient.
M. Polak: J'accepte cela.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Nous aurons le plaisir
de poursuivre à un autre moment également, puisque ma formation
politique va m'offrir le temps qui nous reste dans l'enveloppe pour qu'on
puisse examiner plus attentivement tous ces programmes.
Je crois que le ministre aurait aussi intérêt à
vérifier, en regard de l'étude qui nous a été
distribuée, quelle jonction il faut faire entre la réinsertion
sur le marché de l'emploi en regard de l'abandon des programmes. Cet
après-midi, il a répondu au député de Chambly que
la réinsertion s'appliquait dans le cas de l'ensemble des participants
inscrits au programme, indépen-
damment du taux d'abandon. En effet, quand on regarde les chiffres plus
attentivement, c'est quasiment de l'ordre de l'impossible qu'il y ait eu cette
réinsertion sans prendre en considération le taux d'abandon,
puisque les participants qui sont évalués dans l'étude
sont ceux qui ont connu un succès dans les mesures. C'est-à-dire,
au départ, ce sont ceux qui ont fait deux mois consécutifs. Par
ailleurs, la réinsertion s'appiique-t-elle pour ces participants qui ont
simplement fait deux mois consécutifs?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Deux mois consécutifs
à l'aide sociale, pas de mesure.
Mme Harel: Deux mois consécutifs...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Deux mois consécutifs de
présence à l'aide sociale.
Mme Harel: Et la réinsertion pour les participants. Par
exemple, dans les stages en entreprise, qui est quand même une
réinsertion très élevée, ou pour les travaux
communautaires, la réinsertion en regard des participants prend-elle en
considération ceux des participants qui ont abandonné la mesure
en cours de route?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. On m'indique que oui.
Autrement dit, le taux de réussite est basé sur le nombre de
personnes au départ, à l'inscription. Non pas inscription
à l'aide sociale, mais à la mesure.
Mme Harel: À la mesure. Les stages en milieu de travail,
par exemple, 61 % de l'intégration à l'emploi, c'est par rapport
à l'inscription à la mesure. Il n'y a pas prise en
considération de l'abandon de la mesure et simplement les participants
qui auraient complété seraient ceux qui seraient
évalués dans ce chiffre d'intégration à
l'emploi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les gens qui ont abandonné
sont dans le lot et ont été interrogés. Ils font partie de
la statistique.
Mme Harel: En tant que participants aux mesures et non pas comme
participants à l'aide sociale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tant que participants à
la mesure.
Mme Harel: La simple inscription rangeait dans la
catégorie de participant, indépendamment...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avec deux mois de présence
à l'aide sociale et deux mois de participation à la mesure.
Mme Harel: Deux mois de participation à la mesure c'est le
critère pour définir un par- ticipant, c'est cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Vente de renseignements
Mme Harel: Indépendamment du fait qu'il ait
complété ou qu'il ait abandonné. C'est sûr qu'il
faut regarder cela aussi en fonction des non-participants et de leur
intégration sur le marché de l'emploi. (21 heures)
Une question qui ne peut pas ne pas être traitée c'est la
question de la vente de renseignements sur les bénéficiaires de
l'aide sociale. Le ministre peut-il nous dire où en est rendue
l'enquête sur cette question de vente de renseignements? Parce que
j'aimerais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que le sous-ministre
m'indique, c'est que le dossier est encore entre les mains de la
Sûreté du Québec.
Comme ministre, je n'ai pas eu de rapport sur l'enquête en
cours.
Mme Harel: Est-ce que le ministre peut expliquer pourquoi le
ministère, selon la présidente par intérim de la
Commission d'accès à l'information, n'a pas collaboré
comme le souhaitait, je pense, la Commission d'accès à
l'information sur les renseignements transférés par le
ministère à d'autres personnes ou à des organismes? Vous
avez sûrement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne voudrais pas qu'on
mélange les dossiers. Dans le cas du dossier que vous venez
d'évoquer, s'il y avait eu absence de collaboration, c'est la
première fois que j'en entends parler. Dans le cas du dossier que l'on
vient d'évoquer et qui est présentement sous enquête, je ne
nie pas cette possibilité, mais je tiens pour acquis la bonne foi du
ministère et je la présume. Je n'ai pas été
informé d'un manque de collaboration du ministère avec
l'enquête qui est menée par la Sûreté du
Québec.
Mme Harel: Non, je pense bien qui faut distinguer...
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
car il est 21 heures et l'ordre de la Chambre nous disait jusqu'à 21
heures, est-ce qu'on peut prolonger de 16 minutes pour reprendre le temps que
nous avons perdu ce matin? Est-ce que j'ai consentement?
Mme Harel: Consentement.
Le Président (M. Bélanger): Consentement. Vous
pouvez continuer, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Il faut distinguer certaine-
ment l'enquête du Solliciteur sur la vente des renseignements de
la question des dossiers d'information. Et, je rappelle au ministre que, dans
son rapport annuel, fa Commission d'accès à l'information du
Québec considérait n'avoir pas obtenu les renseignements qu'elle
souhaitait du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, quant aux renseignements
transférés par le ministère à d'autres personnes ou
organismes. D'ailleurs, je pense que la présidente a simplement
insisté sur ie fait que, pour l'année qui vient, le
ministère serait une priorité pour la Commission d'accès
à l'information. En regard de ce dossier, est-ce qu'il y a des
changements d'attitude au ministère qui sont à
prévoir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Je ne sais pas si on peut
parier de changements d'attitude, mais on peut certainement parier de
précisions qui ont été apportées par le responsable
de l'accès à l'information au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Vous savez que dans
chaque ministère, II y a un fonctionnaire qui est responsable. Au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
il s'agit de Michel Stewart, qui est secrétaire du ministère et
en même temps responsable de la Loi sur l'accès à
l'Information.
Le 22 avril dernier, M. Stewart adressait à Mme
Thérèse Giroux, la présidente par intérim de la
Commission d'accès à l'information, la lettre suivante: "La
présente fait suite aux articles et reportages récents rendus
dans divers médias d'information à l'occasion de la publication
du Répertoire 1987 des fichiers des ministères et organismes du
gouvernement du Québec par la Commission d'accès à
l'information. Ces reportages font dire à la Commission d'accès
à l'information que le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu a refusé et ce, malgré plusieurs
demandes en ce sens, d'identifier les organismes ou ministères avec
lesquels II effectuait des transferts de renseignements personnels. Cette
assertion nous a énormément surpris et pour nous, du moins, est
absolument sans fondement. "En effet, le ministère n'a jamais
caché d'informations à cet égard et nous nous sommes
toujours appliqués à répondre aux demandes
formulées par la commission. En outre, M. Jean Pronovost, sous-ministre
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, a
rencontré à l'automne 1987 M. Marcel Pépin,
président de la commission, pour lui présenter la
problématique des échanges de renseignements nominatifs au
ministère, lui donner la liste des organismes et ministères avec
lesquels le ministère échangeait ou comptait échanger des
renseignements nominatifs, lui indiquer les priorités du
ministère à cet égard et le calendrier global de
conclusions des ententes requises par la loi. M. Clarence White et
moi-même avons assisté à cette rencontre fort constructive
et empreinte d'un aimable climat de collaboration. M. Jean
Pronovost, auquel d'ailleurs j'en ai parlé, serait prêt
à vous rencontrer, Mme la présidente, pour reprendre à
votre intention ce tour d'horizon si vous en sentez le besoin. "Enfin, ie
ministère a transmis à la commission pour avis quatre projets
d'entente d'échanges de renseignements nominatifs avec la Régie
de l'assurance automobile du Québec, la Commission de l'emploi et de
l'immigration Canada et le ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Science, deux ententes. L'analyse de ces projets a
nécessité des rencontres de travail entre des
représentants de la commission et du ministère. Le
ministère a satisfait à cet égard toutes les demandes
d'information de la commission. "Les propos rapportés par les
médias d'information nous semblent d'autant plus regrettables qu'ils
sont survenus deux jours à peine avant la visite au ministère des
enquêteurs de la commission dans le cadre de son nouveau programme de
vérification. La commission aurait pu ajouter au mandat de ces
enquêteurs les questions particulières pour lesquelles des
éclaircissements lui apparaissaient nécessaires. "Si je me
permets de vous signaler tout cela, c'est d'abord parce que le ministère
tient à sa bonne réputation et ensuite, qu'il considère la
question de la protection des échanges de renseignements personnels
particulièrement névralgique, et enfin, qu'il a fait des efforts
significatifs ces dernières années pour mettre en place les
attitudes, habitudes et mécanismes qui lui sont nécessaires pour
respecter intégralement la Loi sur l'accès à
l'information. "Je termine en vous réitérant l'assurance de la
collaboration du ministère et en vous priant d'agréer, Mme la
Présidente, l'expression de mes sentiments les meilleurs."
C'est l'état du dossier. C'est signé Michel Stewart...
Est-ce que vous voulez que je communique à la commission...
Mme Harel: Est-ce qu'il y a eu une réponse de la
présidente par intérim?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas encore. Sans doute qu'elle va
être suscitée par nos travaux.
Mme Harel: Parce que évidemment, le communiqué,
enfin, c'était même un communiqué que je retrouvais, un
communiqué du Conseil de l'accès à l'information qui,
nommément, parlait du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu en disant ceci: "Jusqu'à maintenant, la
commission n'a pu obtenir de précisions sur les transferts de la part du
ministère." Je vois que la communication est en vole d'être
rétablie, si je comprends bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que l'on m'indique au niveau du
ministère, c'est que non
seulement la communication est en voie d'être établie mais
également les faits rétablis.
Conseil des affaires sociales et de la famille
Mme Harel: Cela m'amène peut-être tout de suite
à vous parler d'un autre conseil qui est celui des affaires sociales et
de la famille.
Le Conseil des affaires sociales et de la famille, jusqu'à
maintenant, avait un triple volet d'interventions: les affaires sociales, la
famille et la sécurité du revenu. Il semble que le Conseil des
affaires sociales et de la famille perdrait sa responsabilité
d'études et d'analyses en matière de sécurité du
revenu, ce qui serait, évidemment, éminemment regrettable
étant donné l'expertise du conseil en ces matières. On a
pu le voir lorsque le conseil est venu présenter un mémoire.
Étant donné l'importance de la sécurité du revenu
quant aux conséquences que cela peut avoir sur la vie des familles, je
me demande si ie ministère ou le ministre entendent faire des
représentations pour que le Conseil des affaires sociale puisse
maintenir sa responsabilité, son expertise en matière de
sécurité du revenu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais exprimer dans un autre
cadre une opinion qui soit plus globale sur le conseil. Je vous dirai qu'il
m'apparait important, autant comme ministre du Travail que comme ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, d'avoir recours
à des conseils consultatifs qui peuvent nous apporter un
éclairage et une expertise qui, dans plusieurs cas, sont indispensables
quant aux décisions que nous avons à prendre. Je vous indiquerai
qu'il y a présentement au feuilleton devant l'Assemblée
nationale, un projet de loi qui porte sur la création de la loi sur le
Conseil consultatif sur l'emploi et la sécurité du revenu et de
cet important volet qu'est la sécurité du revenu. Je vous
réfère aux échanges que nous avons eu l'occasion d'avoir
en commission parlementaire il y a encore quelques semaines, lors du passage du
vice-président de la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec, M. Daoust, alors que l'on mentionnait cette
nécessaire interrelation entre les gens qui doivent nous aviser en
matière de travail, de main-d'oeuvre et de sécurité du
revenu. Tant que le projet de loi n'a pas subi les étapes requises
à l'Assemblée nationale, je ne peux présumer qu'il sera
adopté sans amendement ou même adopté. Mais si ce projet de
loi est adopté, i! y aura tout un volet de sécurité du
revenu qui sera incorporé à ce conseil et qui interagira
davantage. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de lien entre la
sécurité du revenu, la question de la famille et la question de
la santé mais II y a également un lien qui nous apparaît
très important entre !e marché du travail, la formation et la
sécurité du revenu.
Mme Harel: C'est vraiment une question de choix aussi,
stratégiquement Importante. C'est de déplacer, de la question
sociale à, disons, toute la question de la sécurité du
revenu dans le cadre d'une orientation plutôt sociale vers une approche
qui soit plus économique parce que le conseil...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan de la structure
gouvernementale telle qu'elle existe présentement - et je n'ai pas eu
vent qu'elle serait modifiée - le tout continue de relever du
comité Interministériel des affaires sociales et culturelles et
il n'y a pas d'intention de déménager vers le comité
interministériel du développement économique ou du
développement régional.
Mme Harel: Vous parlez du Conseil du travail et de la
main-d'oeuvre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi)-' Oui.
Mme Harel:... qui relève du comité
ministériel de développement social?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Selon ses fonctions et des
avis qui seront requis, lorsque l'avis sera requis dans un domaine relatif aux
fonctions du ministre du Travail, il est sous l'autorité du ministre du
Travail; lorsqu'il donne des avis qui sont relatifs à la main-d'oeuvre
et à la sécurité du revenu, il sera placé sous
l'autorité du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Harel: Mais, à ce moment-là, c'est beaucoup
plus le comité ministériel de développement
économique qui va...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aucun des ministres, si je peux
utiliser l'expression, qu'il s'agisse du ministre du Travail ou du ministre de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, ne fait partie du
comité interministériel du développement économique
ou du développement régional. Les deux ministres, entre
guillemets, font partie du comité Interministériel de
développement social et culturel. Ils vont aux autres sur invitation,
naturellement.
M. Latulippe: Je demanderais la parole avant que le temps soit
écoulé. Je sais que ma collègue et députée
de Maisonneuve aura d'autres périodes de temps. J'aurais une ou deux
questions à poser avant que cela se termine.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je voudrais
compléter sur cette question.
M. Latulippe: J'aimerais bien que M. le Président se
prononce.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser Mme la
députée de Maisonneuve finir sa série de
questions et on vous cédera la parole.
Mme Harel: En conclusion sur cette question-là, je crois
qu'on peut s'interroger non pas tant sur la pertinence que le Conseil du
travail et de la main-d'oeuvre puisse ajouter un volet de
sécurité du revenu, mais sur le fait qu'il ne soit pas pertinent
de le maintenir tout autant aux affaires sociales et à la famille. Il
n'est pas impossible, en ces matières qui sont fort complexes et qui
s'interpénétrent, qu'il puisse y avoir des points de vue qui
viennent, finalement, plus du milieu de travail ou, à l'inverse, de
là ou se trouvent les familles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais, vous me permettrez... Dans
les informations qui m'ont été transmises, on m'a indiqué
que, compte tenu de l'importance de l'aspect santé et services sociaux
et même de l'aspect familial, les actions, les gestes posés ou les
réflexions du comité ont été beaucoup plus
abondants au cours des dernières années dans le domaine de la
santé et des services sociaux. Je pense que cela se comprend, compte
tenu de l'importance du dossier, autant en matière de famille qu'en
matière de sécurité du revenu. Sauf erreur, ce sont les
informations qui m'ont été communiquées.
Mme Harel: Je dois vous dire que je ne connais pas toutes les
publications du Conseil des affaires sociales, mais, celles que je connais
traitent bien plus de sécurité du revenu. Je pense, entre autres,
aux études faites en regard de la fiscalité pour les
familles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
Mme Harel: Je crois qu'il y a une insistance très
particulière sur les aspects fiscaux qui sont injustes pour les
familles, surtout la question des allocations. J'ai l'impression que c'est plus
en matière de sécurité du revenu qu'en matière de
santé et de services sociaux. Mais, c'est peut-être relatif, c'est
peut-être cyclique aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, cela dépend des
dossiers qui prennent de l'importance suivant l'actualité.
Présentement, le dossier de la famille, pour ne mentionner qu'un
exemple, prend une importance qu'H n'a pas connu par le passé. À
ce moment-là, les conseHs sont d'autant plus
appréciés.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Bélanger): C'est malheureusement
tout le temps que nous avions à notre disposition. Il faut garder
quelques minutes pour l'adoption des crédits, enfin toute la partie de
procédures. Pour le bénéfice de tous...
Mme Harel: M. le Président, je dois tout de suite vous
interrompre parce que, comme on va continuer nos travaux, on ne va pas
procéder à l'adoption des crédits.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, Mme la
députée de Maisonneuve, ce sont les leaders qui nous ont
donné un ordre. Il y a un ordre de la Chambre ici et je ne peux pas
outrepasser cet ordre. S'il y a une nouvelle entente entre les leaders et que
nous devions revenir, nous regarderons ce qui n'a pas été fait.
Mais, actuellement, l'ordre de la Chambre dit qu'il y avait six heures de
dévolues, que cela se terminait à 21 heures et que les
crédits doivent être adoptés. C'est formellement
écrit dans le règlement, alors j'applique le règlement.
S'il y a modification et sous réserve des modifications que les leaders
peuvent apporter, à ce moment-là on recevra un nouvel ordre de la
Chambre et nous reviendrons s'il y a lieu.
Adoption des crédits
Alors, est-ce que le programme 1, Direction et gestion des
crédits de la main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu,
est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division.
Est-ce que le programme 2, Administration déléguée
de programmes en sécurité du revenu, est adopté?
Mme Harel: Sur division, M. le Président.
Le Présidant (M. Bélanger): Adopté sur
division.
Mme Harel: Je vous suggère de faire comme le
président de l'Assemblée nationale fait, c'est-à-dire que
la commission accepte que l'ensemble des programmes soit adopté sur
division.
Le Président (M. Bélanger): Bon. Est-ce que
l'ensemble des programmes est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): En tenant compte aussi,
avant de conclure, de la remarque de Mme la députée de
Maisonneuve, que son leader, le leader de son parti, fera une demande pour
qu'il y ait du temps supplémentaire d'alloué pour étudier,
regarder et analyser les crédits qui n'ont pas été
faits.
Sur ce, la commission....
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan pratique, moi, je suis
strictement l'invité de la commission, je comparais devant la
commission, je demeure...
Le Président (M. Bélanger): Oui, je dois attendre
les nouveaux ordres du leader et de la Chambre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais, sur le plan du
fonctionnement pratique du ministère, est-ce que les crédits du
ministère sont adoptés?
Le Président (M. Bélanger): Oui, sur
division...
Mme Harel: Sous réserve.
Le Président (M. Bélanger):... et sous
réserve, s'il y a modification à l'entente sur le temps,
là je ne peux pas m'avancer plus que cela. Moi, en ce qui me concerne,
et selon le mandat que nous avons aujourd'hui, les crédits sont adoptes
sur division.
Alors, la commission ayant terminé son mandat, ajourne ses
travaux à demain dix heures, à la salle du Conseil
législatif, pour les crédits de la condition féminine.
Alors demain, dix heures. Merci.
(Fin de la séance à 21 h 16)