Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de la Santé et des Services sociaux pour
l'année financière 1988-1989. Référence:
gouvernement du Québec, budget 1988-1989 et crédits pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1989. C'est un ordre
de l'Assemblée du 30 mars 1988.
Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Legault
(Deux-Montagnes) sera remplacée par M. Hamel (Sherbrooke).
Le Président (M. Bélanger): Bien. Il n'y a pas
d'autres remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
M. Chevrette: M. le Président, il y a des
députés qui ont manifesté le désir de venir
discuter sur certains dossiers de leur région. Je pense qu'on peut
prendre pour acquis que la commission acceptera, de part et d'autre...
Le Président (M. Bélanger): Absolument, M. le
député de Joliette. Il n'y a aucun problème. Ils sont les
bienvenus.
J'appelle donc... Peut-être rappeler un petit peu la
procédure. On sait que chaque membre dispose d'un temps de parole de 20
minutes pour chaque élément d'un programme, temps qu'il peut
utiliser en une ou plusieurs interventions. À la commission on a des
habitudes de souplesse aussi. Je pense qu'on permettra à chacun de
s'exprimer au besoin et selon le dossier. Le député non-membre
dispose également de 20 minutes pour chaque élément d'un
programme, temps qu'il peut utiliser lui aussi en une ou plusieurs
interventions. Et le ministre qui répond des crédits de son
ministère peut intervenir aussi souvent qu'il le désire. Il ne
peut cependant parler que 20 minutes par intervention. Il y a
possibilité de déroger au règlement, évidemment,
s'il y a consentement unanime des deux partis ici présents.
Alors, à moins d'ententes à l'effet contraire, la
commission étudie les programmes dans l'ordre établi au livre du
budget 1988-1989, à moins qu'on ne s'entende pour faire des
modifications en cours de route. Selon l'entente intervenue entre les leaders,
la commission dispose de treize heures pour procéder à
l'étude des crédits de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec et du ministère qui relève de la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Il est à remarquer que la
commission ne peut excéder le temps imparti pour l'étude des
crédits de ce ministère. Alors, j'invite donc Mme la ministre, le
porte-parole et les membres de la commission intéressés à
faire les remarques préliminaires. Mme la ministre.
Remarques préliminaires Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. M. le chef de
l'Opposition, mes collègues, de part et d'autre, vous me permettrez,
avant de débuter mes remarques, de présenter l'équipe
sous-ministérielle du ministère de la Santé et des
Services sociaux. À ma gauche, M. Cantin, sous-ministre; à ma
droite, M. D'Astous, ministre adjoint au budget et à
l'administration...
Une voix: Sous-ministre.
Mme Lavoie-Roux: Sous-ministre; il a déjà une
promotion. M. Légaré, sous-ministre aux relations du travail et
ressources humaines; M. Lamarche, sous-ministre à la planification et
l'évaluation; M. Vu, sous-ministre a la réadaptation et aux
services de longue durée; Mme Laberge, sous-ministre à la
prévention et aux services communautaires; M. Groleau, sous-ministre aux
équipements et services; et le Dr Carignan, sous-ministre au
recouvrement de la santé.
M. le Président, il me fait plaisir d'entreprendre avec vous
aujourd'hui l'étude des crédits budgétaires du
ministère de la Santé et des Services sociaux pour l'année
financière 1988-1989. Au cours de ces deux dernières
années, j'ai été à même d'apprécier la
qualité du système québécois de sanlé et des
services sociaux que nous nous sommes donné il y a plus de quinze ans.
Bien que la configuration de ce système ait bien changé depuis le
moment où il a été implanté, plusieurs acquis de la
réforme des années soixante-dix doivent être
protégés et certains objectifs demeurent toujours fort
actuels.
J'ai aussi été à même de constater les
faiblesses de notre réseau, faiblesses qui freinent, dans une certaine
mesure, l'atteinte des objectifs poursuivis. Les actions posées
jusqu'à maintenant par mon ministère ont été
réalisées en tenant compte des grands objectifs gouvernementaux
en matière de santé et de services sociaux et des moyens pour
contrer ces faiblesses.
La situation budgétaire en 1988-1989. Je voudrais, en premier
lieu, effectuer avec vous un tour d'horizon de la situation budgétaire
1988-1989 en matière de santé et de services sociaux. Le budget
accordé cette année pour les services de santé et les
services sociaux atteint 9 600 000 000 $, ce qui représente 30,1 %
des
crédits totaux du gouvernement du Québec. Ceci comprend
une somme de 7 600 000 000 $ pour le ministère et son réseau et 1
900 000 000 $ pour les programmes administrés par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
La proportion du budget gouvernemental consentie à mon
ministère pour le fonctionnement de son réseau est passée
de 21,9 % en 1985-1986 à 23,8 % en 1988-1989, soit un gain
appréciable de près de 2 %.
Malgré des contraintes budgétaires sérieuses, le
gouvernement a octroyé, au cours des deux dernières
années, 389 300 000 $ en argent neuf pour développer de nouveaux
services ou pour consolider les services existants. Rappelons que ces
crédits additionnels excluent les crédits d'immobilisations, les
crédits alloués au paiement des déficits accumulés
par les centres hospitaliers de 1982 à 1986, les coûts
reliés aux conventions collectives; ils excluent également
l'indexation des autres dépenses et, évidemment, l'augmentation
des contributions au régime d'assurance-maladie du Québec. Cette
année, plus de 130 000 000 $ en crédits additionnels seront
versés aux établissements.
Les gestes posés par le gouvernement en 1987-1988 ont
contribué à l'atteinte des objectifs que les
Québécois et les Québécoises se sont donnés
il y a plus d'une décennie. Dans cette optique, le ministère
s'est efforcé d'améliorer l'organisation du réseau des
services, d'orienter spécifiquement son action vers des
clientèles cibles et s'est doté d'outils de travail
indispensables à la réalisation de sa mission. En 1988-1989, le
budget de mon ministère pour le fonctionnement du réseau, y
incluant la réserve au fonds de suppléance pour les conventions
collectives de 63 000 000 $, s'accroîtra de près de 500 000 000 $,
soit 491 225 000 $. Cet accroissement d'environ 7 % est presque aussi
élevé que l'accroissement du produit intérieur brut du
Québec, qui se situe à 7,5 %, et beaucoup plus
élevé que l'indice de l'augmentation des prix à la
consommation pour 1988-1989.
Au début des années quatre-vingt, le réseau de la
santé et des services sociaux a subi de nombreuses compressions
financières. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement
actuel s'est employé à n'imposer aucune coupure budgétaire
aux établissements du réseau afin de maintenir une prestation de
services de qualité à la population. Les établissements
recevront donc encore cette année la pleine indexation de leur budget.
Seuls le ministère et les conseils régionaux devront fonctionner
avec un budget réduit au total de 2 600 000 $, compression qui s'inscrit
dans un contexte d'une plus grande rationalisation administrative.
L'accessibilité des services. Pour maintenir la qualité
des services offerts par les établissements du réseau hospitalier
et s'assurer que ces services demeurent accessibles, le gouvernement a
ajouté, depuis 1986-1987, 70 300 000 $ au budget de fonctionnement de
ces établissements au titre du coût de système. Cette
année, un nouvel ajout de crédits permettra aux
établissements de faire face au développement de la technologie
et à l'augmentation de la demande de services. Ainsi, mon
ministère versera un montant additionnel de 42 000 000 $ au chapitre du
coût de système aux différents établissements de ce
réseau, ce qui totalise un montant de 112 300 000 $ sur trois ans, au
titre du coût de système.
L'amélioration de l'accessibilité des salles d'urgence de
plusieurs centres hospitaliers montre que le plan d'action triennal
amorcé en 1986 donne déjà des résultats positifs.
À Québec, par exemple, le nombre de patients en attente dans les
salles d'urgence pour plus de 48 heures est passé de 501 en
février 1986 à 179 en février 1988 Dans les hôpitaux
montréalais, malgré un achalandage plus important dans les salles
d'urgence, ces derniers ont quand même pu diminuer le nombre de patients
en attente de plus de 48 heures. Les situations d'engorgement, de dramatiques
et constantes qu'elles étaient, sont devenues presque inexistantes dans
certains centres hospitaliers comme Maisonneuve-Rose-mont, Cité de la
santé à Laval, Royal Victoria, l'Hôpital
Général de Montréal. Elles sont aussi mieux
contrôlées dans d'autres établissements Par ailleurs,
là où subsistent encore des difficultés, ces
problèmes sont également reliés à l'organisation
physique des lieux et aussi encore à un fonctionnement non
adéquat de l'urgence elle-même.
C'est d'ailleurs au printemps 1989 que le Groupe interdisciplinaire en
santé déposera un rapport présentant une évaluation
de l'amélioration globale de la situation - au moins pour les deux
premières années du fonctionnement des plans d'urgence puisque la
troisième année ne pourra être évaluée que
plus tardivement - une évaluation de l'impact des différentes
mesures sur le désengorgement des urgences ainsi qu'une analyse
économique des mesures mises en place.
Même si l'on constate des progrès, nous devons encore
suivre de près l'évolution de l'accessibilité des salles
d'urgence. C'est pourquoi ce dossier retient encore l'attention du gouvernement
en 1988-1989. Le budget consenti à cette fin atteindra cette
année 105 000 000 $. Ce montant comprend d'abord la récurrence de
89 000 000 $ pour des projets déjà en place en 1987-1988, un
montant de 10 000 000 $ pour des mesures contingentes au plan initial et,
enfin, une somme de 6 000 000 $ qui vient s'ajouter cette année.
Selon les données que nous possédons au ministère,
la clientèle des personnes âgées demeure celle qui est la
plus difficile à diriger à la suite de la prestation de soins
à l'urgence ou dans un autre département du centre hospitalier.
L'apport financier sera donc consacré à cette clientèle et
se concentrera dans les régions où il subsiste encore des
difficultés. À cet égard, je
voudrais mentionner que la région de la
Monté-régie, même s'il y a des améliorations, se
trouve encore dans une situation difficile sur laquelle nous nous attardons ou
à laquelle nous apportons beaucoup d'attention.
Du côté de la région 6B, c'est-à-dire la
région Laurentides-Lanaudière, ce sont davantage deux
hôpitaux, soit l'hôpital de Saint-Eustache, pour lesquels des
projets de réaménagement très importants, actuellement
à l'état de planification, sont déjà
acceptés, et, évidemment, l'hôpital de
Saint-Jérôme, où les travaux sont déjà en
cours.
L'augmentation de 16 000 000 $ par rapport au budget de l'an dernier
permettra, d'une part, la mise en place de mesures transitoires à la
réalisation des projets d'immobilisation prévus initialement par
le plan, mais non complétés, et, d'autre part, l'ajout de
nouvelles ressources.
Ainsi, en 1988-1989, 309 lits de soins de longue durée et 16 lits
de centres d'accueil seront rendus disponibles à la clientèle des
personnes âgées. Nous convertirons également 162 lits de
centres d'accueil en lits de soins de longue durée. Le problème
de l'engorgement des urgences demeure un phénomène complexe qui
nécessite l'agencement et l'organisation d'une batterie de mesures aussi
bien administratives que financières. Je puis assurer les membres de
cette commission que mon ministère suit de près révolution
de la situation dans les salles d'urgence et met tout en oeuvre pour qu'on ne
connaisse plus de situations telles qu'il en prévalait à mon
arrivée à mon ministère.
En terminant ce chapitre sur le réseau hospitalier, j'aimerais
discuter de l'aspect technologique. L'an dernier, nous avions consacré
20 000 000 $ supplémentaires au renouvellement des équipements
médicaux. L'injection de ces crédits a permis de combler une
partie du retard accumulé au cours des dernières années.
Nous tenterons de poursuivre, cette année, un plan triennal,
possiblement.
Enfin, de façon plus large, les problèmes posés par
la gestion des technologies dans notre système de soins, la
complexité de ces technologies et la nécessité de les
rationaliser m'ont amenée à créer en janvier dernier le
Conseil d'évaluation des technologies de la santé. Ce conseil
consultatif apportera un éclairage supplémentaire en regard de
l'introduction, de la diffusion et de l'utilisation des technologies de la
santé. C'était, d'ailleurs, une recommandation que la commission
Rochon a reprise à la suite de l'adoption par le Conseil des ministres
de la création de ce conseil d'évaluation.
Parachèvement du réseau des CLSC. Pour faire suite aux
principales recommandations du rapport Brunet, eu égard au réseau
des CLSC, le ministère procédait en 1987-1988 au
parachèvement du réseau des services de première ligne en
autorisant l'implantation de quatre nouvelles corporations de CLSC et en
modifiant la mission de huit établissements d'autres catégories
déjà existants pour leur permettre d'offrir des ser- vices
habituellement dispensés dans les CLSC. À cette fin, nous avons
consacré en 1987-1988 une somme de 1 800 000 $ pour assurer le
fonctionnement et l'équipement des établissements en cause.
L'annualisation de ces crédits en 1988-1989 représente une somme
de 3 500 000 $ à laquelle s'ajoutent des crédits de quelque 3 000
000 $ pour les dépenses de location d'espace reliées a ce
parachèvement.
Cette année, le ministère entend préciser le tronc
commun des services que tous les CLSC devraient dispenser, à savoir les
services courants de santé et psychosociaux destinés à
toute la population et des services s'adressant aux familles à risque,
aux jeunes en difficulté et aux groupes identifiés comme
prioritaires au plan local.
Les organismes communautaires, pour leur part, jouent un rôle
important dans notre système de santé et de services sociaux,
puis-qu'en plus de répondre à des besoins de façon
complémentaire avec le réseau public ils abordent
différemment les problématiques vécues par les citoyens et
les citoyennes et favorisent la création d'une solidarité et
d'une responsabilité collective. À cet égard, il
m'apparaît important de reconnaître l'action essentielle et la
contribution des organismes communautaires à une meilleure
adéquation et à une moins grande rigidité des services
pour les clientèles cibles. Il est urgent de leur assurer un financement
plus stable et adéquat, mais certaines questions demeurent quant aux
critères de reconnaissance et de financement de ces organismes ou quant
à leur complémentarité avec les autres ressources. Lors de
la consultation provinciale que j'entreprendrai eu égard aux
recommandations formulées par la commission Rochon, j'espère
obtenir un éclairage sur le partage des responsabilités entre les
organismes communautaires et le réseau public, débat d'ailleurs
qui a commencé au moment de la commission parlementaire sur la
santé mentale. Elle permettra aussi d'apporter plus de lumière
sur la difficile conciliation entre le financement public et l'autonomie
réclamée par les organismes communautaires.
Actions auprès de certaines clientèles cibles. Dans un
premier temps, auprès des personnes alcooliques et toxicomanes, devant
le manque de ressources et l'insuffisance de services pour les personnes ayant
des problèmes d'alcoolisme et autres toxicomanies, le gouvernement a
injecté, l'an dernier, des crédits additionnels de l'ordre de 2
600 000 $ visant à accroître le réseau des services
externes et internes, à mettre sur pied des mesures préventives
et à promouvoir la recherche et l'évaluation des programmes
existants. L'annualisation de ces crédits, au montant de 3 900 000 $ en
1988-1989, permettra de poursuivre l'implantation de ces différentes
mesures. De plus, cette année, j'entends publier des orientations et un
plan d'action qui nous permettent de poursuivre des gestes posés en
1987-1988 pour prévenir l'ai-
coolisme et aLrtres toxicomanies, venir en aide aux personnes ayant de
telles difficultés et consolider le développement des services
dans ce secteur.
Dans le domaine de la promotion de la santé, le gouvernement du
Québec, le 24 août dernier, lançait une campagne
d'information sur les maladies transmises sexuellement et le SIDA et
créait un groupe de travail chargé de fournir au ministère
les éléments nécessaires à l'établissement
d'une politique québécoise de prévention, de prise en
charge et de contrôle de l'épidémie du SIDA. Le
gouvernement a également pris des mesures concrètes en attendant
les recommandations du groupe de travail qui doit remettre son rapport à
l'été. J'espère que ce sera le début de
l'été. Ainsi, en 1987-1988, face à l'urgence de la
situation, mon ministère injectait 4 800 000 $ afin de mettre en place
différents projets pour prévenir ces maladies et venir en aide
aux personnes atteintes. Certaines des mesures prises en 1987-1988 se
poursuivront en 1988-1989. C'est le cas notamment de la consolidation des trois
équipes de prévention et de dépistage qui viennent
d'être mises en place à Montréal et à Québec.
Ces équipes sont chargées d'assurer prioritairement
l'information, la formation, la surveillance de dépistage et le soutien
aux malades ambulants. Il faut noter que huit laboratoires ont
été établis au Québec pour procéder aux
examens de dépistage et de diagnostic.
Nous sommes également préoccupés par la condition
psychologique et sociale des personnes atteintes du SIDA. C'est pourquoi nous
maintiendrons notre soutien aux organismes communautaires qui contribuent de
façon intensive au soutien des personnes atteintes et, souvent,
ostracisées. Enfin, nous avons l'intention de poursuivre cette
année le programme de sensibilisation sur les maladies transmises
sexuellement et le SIDA en diffusant une nouvelle série de messages
publicitaires.
Les femmes violentées, de toute évidence, doivent
également retenir l'attention du ministère. La violence faite aux
femmes touche un nombre fort important de femmes au Québec. En juin
dernier, j'ai annoncé un plan triennal visant à consolider le
financement des maisons d'hébergement pour les femmes victimes de
violence et à développer de nouvelles ressources. Cette mesure
s'est concrétisée en 1987-1988 par l'ajout de 3 000 000 $ au
budget des maisons d'hébergement auquel s'ajouteront trois autres
millions de dollars pour l'année 1988-1989. Au terme de ce plan triennal
le gouvernement aura accru le budget de ses ressources de quelque 117 %. De
plus, notre ministère a participé à la campagne de
sensibilisation sur la violence faite aux femmes.
Les jeunes en besoin de protection. Depuis l'entrée en vigueur de
la Loi sur la protection de la jeunesse, le nombre de signalements a
considérablement augmenté d'année en année. Au
cours de la dernière année, on rapporte une augmentation de 16,5
% de signalements reçus. La problématique vécue par les
jeunes en besoin de protection s'est également alourdie au cours des
années. Les abus sexuels ou physiques envers des personnes mineures se
sont accrus de 29 % au cours de la dernière année. Le nombre de
signalements qui ont dû être judiciarisés a lui aussi
augmenté. Il est était en effet de 28,6 % en 1985, H atteint
maintenant 40,8 %. Cette nouvelle situation de la clientèle requiert un
volume accru de services.
Pour contrer le phénomène des listes d'attente, le
gouvernement a autorisé...
Présence de cameramen et de
journalistes
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez un
instant, Mme la ministre, je demanderais aux cameramen de se retirer, je pense.
Il y a une entente ici comme quoi on tolère les cinq premières
minutes de débat pour filmer un peu, mais on ne tolère pas la
prise complète des travaux de la commission Je pense que c'est une
règle établie depuis toujours au Parlement. Je demanderais donc
aux cameramen de se retirer, s'il vous plaît. Si vous voulez continuer,
Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Pour contrer le phénomène des
listes d'attente, le gouvernement autorisait l'an dernier l'injection d'un
montant de 1 700 000 $ annualisé à 2 500 000 $. Bien que ces
crédits ont permis de résorber 81 % de l'ancienne liste
d'attente...
Le Président (M. Bélanger): Madame, si vous
permettez... Je demanderais aux cameramen de bien vouloir se retirer, s'il vous
plaît. Nous suspendons les travaux jusqu'à ce que les
caméras soient retirées. M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Qui a décidé cela?
Le Président (M. Bélanger): En vertu du
règlement qui est le même pour toutes les commissions. Je peux
vous donner l'article précis. Et il y a une jurisprudence à cet
effet.
M. Chevrette: Non, mais quand cela ne dérange pas la
ministre et que cela ne dérange pas l'Opposition, ne pourriez-vous pas
les laisser aller?
Le Président (M. Bélanger): Je sais mais on m'a
donné des ordres stricts. On avait eu le même problème
à la commission de la main-d'oeuvre et de la sécurité du
revenu...
M. Chevrette: Ce n'est pas le président de
l'Assemblée nationale qui est là, c'est vous!
Le Président (M. Bélanger): Ha, ha, ha! Mais je
suis soumis au même règlement, par
exemple. Il est permis de prendre des extraits des travaux, mais il
n'est pas permis de filmer tous les travaux. Je pense que l'article est formel
là-dessus. Je vous donne ici toute la jurisprudence à cet
égard, si vous voulez.
M. Chevrette: Si la personne qui parle l'autorise...
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement...
M. Chevrette: Supposons que cela me tente de me faire filmer, moi
là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Si cela vous tente...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ce n'est toujours pas vous que cela dérange,
c'est moi qui parle.
Le Président (M. Bélanger): Je vais faire un "deal"
avec vous, vous irez dans le corridor et ils vous filmeront autant que vous le
voudrez. Malheureusement... Je suis dans l'obligation...
Mme Lavoie-Roux: On peut en laisser faire un petit bout au chef
de l'Opposition, M. le Président, et je reprendrai...
M. Chevrette: Cela va faire un "maudit" beau reportage, les deux
en parallèle.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez,
je...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est vous qui
décidez.
Le Président (M. Bélanger): ...dois appliquer le
règlement. Alors, je demanderais aux cameramen de se retirer avant qu'on
ne reprenne les travaux, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 10 h 33)
(Reprise à 10 h 35)
Le Président (M. Bélanger): Alors, MM. les
journalistes, je demande votre collaboration, s'il vous plaît. Il y a ici
des règles à appliquer. Je dois les appliquer et je vous demande
de vous retirer, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, un consentement unanime
pourrait...
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement, lors
des auditions de la commission de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu sur la réforme de l'aide sociale, nous
avions établi ce consensus. Nous avions même, pendant deux jours,
accepté la présence des caméras, mais, devant l'insistance
et du président et des autres présidents de commission, et de
l'ensemble du Parlement finalement, nous avons dû revenir à
l'application du règlement. Je n'ai pas eu le choix. Ma volonté
à moi, cela serait que je n'ai aucune objection à ce qu'on soit
présents. Maintenant, le règlement m'indique que je dois le
faire. Je n'ai pas le choix.
M. Chevrette: Si votre volonté n'est pas la même, je
dois vous avouer que j'ai lu dans les règlements que l'Assemblée
est maîtresse de ses propres procédures, de son fonctionnement, de
tout ce qu'elle veut bien décider. Le seul ordre qu'on ne peut se
donner, c'est d'aller à rencontre d'une directive de l'Assemblée
nationale. Une fois que nous sommes en réunion, on pourrait
écourter nos travaux comme on le voudrait, on pourrait décider de
ne pas suivre programme par programme, on pourrait décider qu'il y ait
des "kodaks" tout le tour de nous. Je suis convaincu que vous semblez vouloir
appliquer quelque chose de très artificiel et surtout que vous ajoutez
que ce n'est pas votre volonté. Donc, la volonté... Pour que la
commission se prononce, je propose formellement qu'on continue comme on avait
commencé.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
M. le député de Joliette, je vais juste vérifier une
jurisprudence. Il semblerait qu'il y ait un précédent quelque
part. Si je peux m'appuyer dessus, je vous garantis qu'on vous donnera
satisfaction.
M. Chevrette:...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît, je veux juste vérifier une chose avant.
J'ai ici une décision qui n'est peut-être pas une
jurisprudence, mais, en tout cas, on pourrait la regarder au mérite.
Lors des auditions sur le projet du lac Meech, évidemment la même
directive s'appliquait. Il avait été à peu près
décidé ceci: que, premièrement, ce serait de permettre aux
médias de prendre des extraits de nos travaux avec sonorisation;
deuxièmement, que ces prises de vues et ces prises de son soient faites
au début de nos travaux ou au début des témoignages des
intervenants; troisièmement, que ce soit sans que les témoins ou
les membres de la commission soient incommodés.
L'idée qui est derrière ce que je suggère comme
étant la directive pour nos travaux est la suivante. D'une part, vous
savez qu'on a un Journal des débats qui est chargé de
transcrire nos travaux. On a également un service de radio et de
télédiffusion de nos débats qui, dans certains cas, peut
être appelé à reproduire nos travaux à la
télévision. La deuxième idée derrière cela,
c'est qu'il ne faut pas incommoder les
gens qui se présentent devant nous - ce n'est pas le cas ce matin
- et il ne faut pas non plus incommoder les membres de la commission en leur
mettant cinq ou six micros devant la bouche lorsqu'ils veulent intervenir en
commission. Donc, il faut que les interventions puissent se faire dans la plus
parfaite liberté en ce sens avec votre consentement et, encore une fois,
sans créer de précédent. Mais, pour les fins de nos
travaux, nous permettrions aux médias de prendre des extraits
vidéo et des extraits sonorisés de nos travaux. Ces extraits
pourraient être pris au début de nos travaux ou au début
des témoignages ou des interventions et ce, sans que les témoins
ou les membres de la commission ne soient incommodés, et que cette
directive ait le consentement des membres. Le président demanderait
à ce moment-là si cette directive recevrait l'assentiment des
membres de la commission. Il semble qu'on était, en partie,
d'accord.
On peut donc, dans cette perspective, et c'est la seule concession qu'on
fait, en s'appuyant sur cette jurisprudence ou cette décision, permettre
que l'on prenne des extraits d'interventions, des débuts
d'interventions. Je pense qu'on peut accepter aussi que la réplique du
chef de l'Opposition soit, elle aussi, prise, puisqu'on a permis, on a
toléré en tout cas, en grande partie, celle de Mme la ministre.
Mais je ne peux permettre l'intégralité des travaux pour les
raisons qui sont celles des règlements de la Chambre. Je ne peux pas
aller à rencontre de ces règlements. Je suis prêt à
exercer une certaine tolérance si MM. les journalistes et MM. les
cameramen veulent être coopératifs et si les membres y consentent,
évidemment. Si je n'ai pas ce consentement, vous devrez vous retirer.
Est-ce que j'ai le consentement, M. le député de Joliette?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...j'ai indiqué mon consentement en
suggérant la possibilité du consentement unanime qui est
généralement la règle de fonctionnement de nos travaux. Je
pense qu'ils m'ont assez filmée. S'ils veulent prendre un extrait du
chef de l'Opposition... Je pense que les choses se déroulent dans un bon
climat. Je pense que cela peut être intéressant. C'est un domaine
qui touche énormément la population, tout le domaine de la
santé et des services sociaux. En tout cas, je me soumets à votre
décision, mais j'irais certainement dans le sens de la plus grande
flexibilité possible.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la ministre.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: J'en fais une question de règlement. Je
voudrais savoir, M. le Président, concernant nos règlements,
lorsqu'il y a consentement unanime, si vous avez besoin de jurisprudence. Oui
ou non? J'aimerais avoir la réponse à cette question avant de
proposer ce que j'ai à proposer.
Le Président (M. Bélanger): Quand H y a
consentement, règle générale on peut fonctionner. En cette
matière, on crée un précédent qui est fort
embarrassant, semble-t-il, en tout cas que plusieurs présidents de
commission, des deux formations, d'ailleurs, m'avaient fait remarquer avec
pertinence et avec force, la dernière fois où l'on a
exercé cette tolérance.
M. Chevrette: M. le Président, le précédent
dont vous pariez, c'est quand il y a un témoin. Il a souvent
été dit - et je me souviens, je suis ici depuis douze ans - que,
quand un témoin vient témoigner en commission parlementaire et
qu'il n'y est pas habitué, on demande de le filmer avant qu'il commence
son témoignage pour ne pas qu'H soit intimidé. Dans le cas de
commissions parlementaires où les députés échangent
des propos entre eux, il n'y a pas cette même jurisprudence, que je
sache. D'autant plus qu'à certaines commissions, de consentement, on
diffuse même en direct des commissions parlementaires complètes.
Cela a été le cas pour la Baie James, pendant, je ne sais pas, un
mois de temps, et ce n'était pas toujours beau de nous voir aller, les
parlementaires. Si c'est là-dessus qu'on veut arguer pour baser une
décision, ça faisait dur, trop tard, passe-moi la moppe, vous
connaissez tous l'expression.
Personnellement, je pense que vous vous servez d'un cas de jurisprudence
basé sur le témoignage de témoins de l'extérieur
qui viennent et qui risquent d'être intimidés, surtout s'ils ne
savent pas au départ que c'est télévisé, si ce
n'est pas une commission parlementaire télévisée en
direct. C'était la coutume de s'entendre pour que la presse puisse
identifier chaque groupe et, le soir, faire des reportages en disant: Les
infirmières sont passées, les médecins sont passés,
les groupes communautaires sont passés, et on avait une prise de vue de
chacun au début. Mais, quand ce sont les ministres et les parlementaires
et qu'il y a consentement unanime, je ne vois pas quelle sorte de
précédent vous recherchez. Si on crée des
précédents, on est là pour faire évoluer la
société et non pas pour s'asseoir sur le passé; sinon, on
n'évoluerait pas. Je propose qu'on continue comme c'était parti;
cela allait bien jusqu'à ce que vous vous en mêliez, M. le
Président, avec toute la déférence que j'ai pour vous.
C'est là que cela a accroché.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: J'aimerais dire deux choses, M. le
Président.
Premièrement, sur le contenu des travaux de la commission, je
pense que personne parmi les parlementaires n'aurait objection à ce que
les caméras filment, regardent et enregistrent tout ça. De toute
façon, tout est enregistré comme tel. La seule chose qui
manquerait, ce seraient des images. Les journalistes des médias
électroniques se sentent peut-être un peu discriminés par
rapport aux médias radiophoniques - je ne connais pas le fond de
l'histoire, M. le Président. Donc, sur le contenu des travaux de la
commission, je pense qu'il n'y aurait pas d'objection de personne.
Par contre, il y a quelque chose qui m'inquiète et qui me
préoccupe un peu, c'est la façon dont tout cela est amené
ici. C'est quand même un peu en dehors de l'ordinaire et peut-être
même en dehors de la façon dont la société devrait
évoluer. Il faudrait quand même que la société
évolue non seulement avec une certaine flexibilité, mais que ce
soit "smooth", pour utiliser un mot, pour éviter de très brusques
revirements. Quand des journalistes décident d'insister en dépit
des demandes ou des directives du président de l'Assemblée
nationale quant à la possibilité de rester pour filmer tous les
travaux de la commission, je pense qu'ils devraient peut-être d'abord en
saisir le président et en discuter avec le Bureau de l'Assemblée
nationale par les canaux normaux plutôt que de venir ici mettre la
commission dans l'embarras. (10 h 45)
Dans ce sens-là, je dis aux journalistes que - et je le
répète - quant au contenu des travaux de la commission et toute
l'étude des crédits, il est clair qu'il n'y a personne qui veut
expulser ou empêcher les médias de suivre cela. Par contre, je
pense que, comme parlementaires, nous devrions insister un peu sur certaines
règles qu'on devrait suivre pour changer effectivement, s'il y a lieu de
changer, la procédure. J'inviterais peut-être les journalistes
à discuter avec le président sur cette question.
M. Chevrette: Mais, M. le Président, je la pose sur une
question de règlement. Quand le règlement dit... C'est
sérieux. Ne le prenez pas à la légère. Le
règlement dit: S'il y a consentement unanime, cela suspend toutes les
règles. À supposer qu'à la suggestion de Mme la ministre
et à la mienne on soit unanimes, qu'est-ce qui vous lie maintenant?
Le Président (M. Bélanger): Je pense qu'on va
s'arrêter là parce qu'on peut discuter tout l'avant-midi
là-dessus. Je vous parlais de jurisprudence tout à l'heure, je
parlais de règlement. La dernière fois qu'on a fait cette entente
avec les journalistes, j'avais même permis, enfin exercé une
certaine tolérance en fixant avec eux au préalable des
règles de fonctionnement et des règles de jeu qui étaient
claires. Les cameramen s'étaient organisés dans un endroit
où ils ne dérangeaient pas les travaux.
Pour vous donner un exemple, tout à l'heure il y en avait un en
plein milieu ici. On ne voyait plus Mme la ministre, on ne voyait plus
personne. Je trouve cela carrément inacceptable. Je veux bien admettre
que la presse ait des droits mais il ne faut quand même pas
empêcher les parlementaires de faire leur travail dans un décorum
qui soit valable et avec des facilités.
Il existe ici au Parlement une tradition qui veut que, lorsqu'on veut
qu'une commission parlementaire soit filmée, on en fait la demande.
L'équipement, l'organisation du Parlement fait le film qui peut
être utilisé pour la télévision comme il en est
ainsi pour le son et ces audiences sont publiques. Je pense qu'il n'est pas du
tout dans l'intérêt de personne d'empêcher les journalistes
d'exercer leur travail et de fournir aux téléspectateurs,
puisqu'il s'agit d'images ici, le moyen de suivre les travaux des
commissions.
Cependant, je vous ai expliqué tout à l'heure qu'il existe
des règles. Il existe aussi - on m'avait expliqué à
l'époque un problème beaucoup plus complexe puisqu'il y a des
ententes d'exclusivité sur la télévision ou les films des
débats. Je pense que ce sont les équipes du Parlement qui doivent
les faire à ce moment. Il y a toute une série d'ententes. Je ne
veux donc pas créer des précédents ou des mesures qui vont
entraîner des conséquences importantes.
À cet effet, ma décision est la suivante: On a permis de
filmer le début de l'intervention de Mme la ministre. Je permettrai donc
tout à l'heure de filmer une partie de l'intervention du chef de
l'Opposition. Je pense que là-dessus on aura l'essentiel pour faire la
nouvelle ce soir. C'est la position la plus souple que je peux adopter.
Je peux aussi vous dire que demande a été faite à
la commission de l'Assemblée nationale de se réunir sur le sujet
et de prendre position une fois pour toutes sur la possibilité de filmer
les travaux. J'ai fait cette demande par écrit. Une lettre a
été transmise au président de l'Assemblée nationale
à cette effet. On attend des développements là-dessus. Je
ne peux pas aller plus loin que ce que le règlement me permet de faire.
Je pense que je me sentirais fautif d'aller à rencontre du
règlement qui a toujours été utilisé en ce
Parlement, même si j'ai été le premier à exercer une
trop grande tolérance déjà dans le passé, ce qui a
peut-être créé certains précédents puisque ce
matin on pousse la limite encore plus loin et on me force la main pour prendre
une décision qui soit autre.
Je ne peux pas aller plus loin que cette limite. Alors, je permettrai
tout à l'heure qu'on filme une partie de l'intervention du chef de
l'Opposition mais je ne peux pas en permettre plus et je n'en permettrai pas
plus.
Si les cameramen sont d'accord avec cela et veulent le respecter, nous
reprendrons nos travaux dans les meilleurs délais parce qu'il y a
beaucoup de travail à faire et je pense que c'est un travail
très important. Ce n'est pas une négociation, c'est un avis.
Mme la ministre, je m'excuse de vous avoir interrompue dans votre
intervention. Si vous voulez bien continuer.
Remarques préliminaires (suite) Mme
Thérèse Lavoie-Roux (suite)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je disais que l'an
dernier il y avait eu injection d'un montant de 1 700 000 $ annualisé
à 2 500 000 $. Bien que ces crédits avaient permis de
résorber 81 % de l'ancienne liste d'attente, une nouvelle liste
d'attente devait se reconstituer.
Une telle situation impliquant des enfants en besoin de protection est
inacceptable. C'est pourquoi mon ministère a décidé
d'aborder les problèmes qui confrontent les services aux jeunes dans
leurs perspectives et leur dynamique d'ensemble afin d'inscrire ces actions
dans la recherche de solutions globales. D'une part, nous voulons agir sur le
plan administratif en élaborant un cadre de références
commun aux trois catégories d'établissements impliqués:
les CSS, les CLSC et les centres d'accueil de réadaptation, et au
ministère lui-même, en articulant les services aux jeunes, en
réalisant une étude approfondie des activités de
réception, de traitement et d'évaluation et en bâtissant un
programme de services de première ligne pour les jeunes de zéro
à douze ans.
D'autre part, nous croyons qu'il est aussi essentiel d'ajouter des
crédits additionnels pour solutionner le problème des listes
d'attente. Un montant de 3 000 000 $ sera donc ajouté aux crédits
déjà consentis afin de résoudre les difficultés que
nous avons connues au niveau du traitement des signalements et à la
prise en charge des mineurs. Quant aux personnes âgées, le rapport
ayant pour objet les abus exercés à leur endroit, il doit
m'être remis au mois de mai prochain. Le manque d'information sur ce
phénomène nouvellement reconnu au Québec a amené le
comité à effectuer une importante cueillette de renseignements
sur le sujet auprès de groupes oeuvrant avec les personnes
âgées. J'ai la conviction que les conclusions de ce rapport
éclaireront nos démarches futures dans l'aide à apporter
à nos aînés. Je dois vous dire qu'actuellement ils
complètent leurs travaux en se penchant d'une façon toute
particulière sur le problème des foyers clandestins ou
illicites.
Les personnes âgées, quant à elles, de 65 ans et
plus, de 569 335 qu'elles étaient en 1981, soit 8 % de la population
totale, passeront à 914 000 en l'an 2001, soit 13 % de la population.
Les personnes de 80 ans et plus, pour leur part, auront en l'an 2001 plus que
doublé comparativement à leur nombre en 1981. Le vieillissement
de la population, aussi bien en termes absolus qu'en termes de
longévité, a une incidence directe sur la quantité et la
qualité des services requis par ces personnes. De ce fait, nous
assistons à une modification progressive du profil de la
clientèle hébergée en centre d'accueil.
Les bénéficiaires admis dans ces établissements
demandent de plus en plus de surveillance, de soins d'assistance et de services
de réadaptation pour conserver leur potentiel résiduel. Ce
vieillissement de la population, conjugué au changement d'orientation au
niveau de la philosophie d'intervention auprès des citoyens de notre
société, amène le gouvernement à se pencher
davantage sur le problème d'alourdissement des clientèles. Depuis
1986-1987, nous avons versé 14 000 000 $ à ce chapitre. La mise
à jour de l'évaluation de la clientèle nous indique,
cependant, que des efforts restent à faire. C'est pourquoi le
gouvernement consentira 70 000 000 $ d'argent nouveau dans ce secteur sur une
période de trois ans. Dès cette année, 7 300 000 $ seront
disponibles pour mettre en place des services à domicile et 16 000 000 $
seront répartis entre les centres d'accueil.
Les personnes atteintes d'une déficience intellectuelle. Depuis
environ quinze ans, le Québec s'est orienté dans un processus de
réintégration sociale des personnes présentant une
déficience intellectuelle et de non-institutionnalisation des nouveaux
individus présentant ce type de déficience. La philosophie
d'intervention où l'on vise l'intégration, l'adaptation et le
maintien des personnes handicapées intellectuelles dans la
société, tout en leur procurant les services dont elles ont
besoin, est désormais acceptée de tous, même si les mesures
mises en place à cette fin sont demeurées déficitaires. En
juin 1986, je m'engageais à prendre les actions nécessaires afin
que ce processus d'intégration et de réintégration sociale
des personnes présentant une déficience intellectuelle se
réalise dans l'harmonie.
Pour réaliser cet objectif, il nous a semblé
nécessaire d'adopter un plan d'action duquel deux orientations majeures
se dégagent: la valorisation des rôles sociaux et
l'intégration sociale de ces personnes. Le soutien adéquat de ce
plan d'action requiert de nouvelles sommes d'argent dans ce secteur qui n'a
malheureusement pas connu de développement budgétaire depuis dix
ans. Je suis donc heureuse d'annoncer que des nouveaux crédits
budgétaires d'environ 7 000 000 $ seront consacrés au
développement des services pour nos concitoyens et concitoyennes
présentant une déficience intellectuelle. À cet
égard, l'accès au marché du travail demeure pour les
adultes l'une des voies prévilégiées de
l'intégration sociale.
Cette année, nous entendons permettre à plus de 400
adultes handicapés intellectuellement, la plupart vivant dans la
communauté, d'avoir accès aux services d'apprentissage, aux
habitudes de travail et aux stages en entreprise. Pour ce faire, mon
ministère dispose de 2 500 000 $ en 1988-1989. Je suis également
consciente que
l'atteinte des objectifs d'intégration sociale des personnes
déficientes intellectuelles doit obligatoirement passer par la mise en
place d'un réseau de services externes et de soutien au milieu. Par
exemple, le maintien des enfants au sein de leur famille exige une contribution
considérable de la part des parents, compte tenu des besoins
particuliers de ces enfants. Je crois qu'il est essentiel de soutenir et
d'encourager le travail accompli par les parents d'enfants handicapés
intellectuellement. À cette fin, nous instaurerons des services de
répit et de dépannage, des programmes de sensibilisation et
d'information auprès des parents, des services de stimulation
précoce et d'assistance éducative pour les enfants de zéro
à quatre ans.
Nous sommes bien conscients qu'un montant de 4 500 000 $ ne permettra
pas de répondre à tous les besoins que nous pouvons observer
vis-à-vis de cette clientèle particulière, mais, au moins,
ce sera un pas important dans la bonne direction. Nous accroîtrons aussi
le degré d'intervention auprès des jeunes de 5 à 21 ans et
de leur famille en ce qui a trait aux services d'adaptation et de
développement, aux services d'assistance éducative, aux services
d'intervention à domicile lors des situations de crise. Pour
réaliser l'ensemble de ces mesures, le gouvernement a accordé un
budget de 4 500 000 $.
Depuis quelques années, les centrés d'accueil pour les
personnes ayant une déficience physique voient leur volume
d'activités et le coût de services s'accroître de plus en
plus. La recherche et le développement dans le domaine médical
réussissent à maintenir en vie des personnes qui seraient
autrefois décédées et ont amené la mise en place de
nouveaux services. Par ailleurs, le nombre de personnes accidentées de
la route avec blessures graves et accidentées du travail ne cesse
d'augmenter. Les services offerts par les centres d'accueil de
réadaptation sont donc de plus en plus sollicités. Pour maintenir
ces services de qualité et répondre plus adéquatement aux
besoins des personnes handicapées physiquement, un montant additionnel
de 1 000 000 $ est ajouté pour les centres d'accueil de
réadaptation.
Finalement, faisant suite aux consultations générales qui
se sont tenues sur le projet de politique en santé mentale
préparé par le comité Harnois et rendu public le 30
septembre 1987, mon ministère est à préparer,
présentement, une politique en santé mentale qui,
j'espère, pourra être présentée au Conseil des
ministres d'ici peu. Toutefois, compte tenu des besoins urgents dans ce domaine
en raison du phénomène de désinsti-tutionnalisation, mais
surtout en raison de la tendance à vouloir maintenir le
bénéficiaire dans son milieu naturel, notre gouvernement a
consenti, avant même l'adoption de la politique, un budget de 8 000 000
$. Cette somme, répartie de la façon la plus équitable
possible entre les régions, nous permettra d'amorcer, de façon
significative, la mise en place de la politique.
Les secteurs principalement visés dans cette première
étape sont, entre autres, l'implantation d'un programme de mesures de
répit aux familles et aux proches, le soutien financier des groupes
d'entraide, la mise sur pied d'une campagne d'information et de sensibilisation
et un effort additionnel dans le domaine de la recherche.
Quelques mots sur les plans d'effectifs médicaux. En 1986,
l'Assemblée nationale votait le projet de loi 75 qui visait la mise en
place de plans d'effectifs médicaux afin de mieux répartir ces
derniers dans les régions. Jusqu'à présent, à
l'exception de la région de Montréal, nous avons reçu les
plans d'effectifs pour la majorité des autres régions du
Québec. Cet objectif d'accessibilité des soins en régions
me tient particulièrement à coeur et j'ose espérer la
collaboration de tous dans son atteinte. À cette fin, je m'apprête
à approuver, prochainement, les plans des effectifs médicaux de
la Côte-Nord, de l'Outaouais, de la Montérégie et de
Laurentides-Lanaudière.
Un examen rétrospectif du processus d'allocation des ressources
utilisé par le ministère à ce jour permet de constater que
ce processus a été principalement centré sur les besoins
particuliers des établissements en place sans tenir compte de la
richesse relative des régions. Cette façon de procéder
à créé des inéquités dans
l'accessibilité des différents types de ressources dans chaque
région du Québec. Le ministère a la responsabilité
de s'assurer que l'allocation des ressources financières se fasse de
façon équitable aux plans interrégional et
interétablissement. Cette année, nous avons mis davantage
l'accent sur une méthodologie d'allocation des ressources permettant
d'apporter des correctifs à l'un ou l'autre de ces paliers. Cette
méthode est d'ailleurs utilisée pour répartir la plupart
des crédits de développement, dont ceux de l'alourdissement de la
clientèle et du maintien à domicile; le même principe sera
mis en vigueur pour l'allocation des ressources dans les autres domaines que
j'ai énumérés, qu'il s'agisse de la déficience
mentale ou de la santé mentale.
La recherche dans le domaine de la santé et de services sociaux
constitue l'une des activités fondamentales pour améliorer la
qualité des services offerts à la population. En 1987-1988, ce
secteur d'activité a reçu une attention particulière de la
part du gouvernement. Nous avons, en effet, consolidé les organismes
subventionnâmes. Le Conseil québécois de la recherche
sociale et le Fonds de recherche en santé du Québec ont vu leur
budget augmenté, soit respectivement de près de 72 % et de 18,1
%. Nous désirons aussi développer, de plus en plus, la recherche
dans certains secteurs spécifiques correspondant aux priorités du
ministère. Déjà, nos différents projets de
développement comportent un volet axé sur la recherche. Nous
avons ainsi subventionné la recherche sur le SIDA, la recherche en
santé mentale et la recherche sur la toxicomanie.
(11 heures)
L'évaluation continuera de constituer une priorité pour
mon ministère. C'est ainsi que j'ai autorisé, avec tout
développement important de programmes, des sommes spécifiques aux
fins d'évaluation. Le financement de l'évaluation des mesures de
désengorgement des urgences est un exemple de cette orientation.
L'affectation d'une somme de 400 000 $ pour procéder à
l'évaluation de l'impact du développement du programme
d'alcoolisme et de toxicomanie en est un autre. Il en va de même pour les
nouvelles mesures prévues en santé mentale et pour la
déficience intellectuelle qui seront également
évaluées.
La réforme du système de santé et des services
sociaux. Le 11 février dernier, la commission d'enquête sur les
services de santé et les services sociaux, la commission Rochon,
déposait son rapport. Ce dernier marque une étape à
l'occasion de laquelle la société québécoise est
appelée à jeter un coup d'oeil global sur les actions
passées et les orientations pour le futur. Avant de proposer à la
population québécoise un projet de réforme du
système, il m'apparaît nécessaire d'entreprendre une
tournée de consultation afin de prendre connaissance de la portée
concrète de certaines recommandations proposées par la commission
auprès des principaux groupes intéressés et, s'il y a
lieu, me voir soumettre des solutions de rechange qui pourraient contribuer
à court et à moyen terme à améliorer
concrètement le fonctionnement et le financement de notre système
de santé et de services sociaux. Cette tournée d'une durée
de 30 jours s'échelonnera du début de mai à la fin de
juin. Je devrais, au début de l'automne, être en mesure de
proposer au gouvernement des orientations qui correspondront, je
l'espère, aux attentes et aux besoins de la population.
Si notre système de santé et de services sociaux a atteint
un degré élevé de maturité, il demeure en constante
évolution. Il a été, au cours des ans,
façonné par la complexité des interactions entre ses
différents intervenants et adapté en fonction des
réalités nouvelles. Cette évolution, qui fait sa force,
nous indique également que des faiblesses subsistent et que des pas
restent à franchir. Les crédits budgétaires de mon
ministère pour 1988-1989 tels qu'évoqués aujourd'hui
réaffirment la place prioritaire qu'occupe le secteur de la santé
et des services sociaux dans les choix gouvernementaux. Malgré le
contexte budgétaire actuel, nous avons choisi collectivement de
protéger le caractère universel de notre système, de
mettre l'accent sur les services plutôt que les structures et de
"prioriser" la qualité de vie des concitoyens et des concitoyennes. Je
me suis efforcée, au cours de 28 derniers mois, de travailler à
l'atteinte de nos objectifs communs et j'entends poursuivre dans la même
voie pour 1988-1989.
M. le Président, nous aurons l'occasion durant les deux prochains
jours d'examiner plus en profondeur les actions qui retiendront de façon
particulière l'attention de mon ministère cette année. Il
me fera plaisir de répondre aux interrogations des membres de cette
commission. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
ministre.
Nous avons pris 31 minutes. Si vous me permettez, j'accorderai le
même temps au critique de l'Opposition officielle, le
député de Joliette. M. le député de Joliette, la
parole est à vous.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. À lire ces 30
pages et à écouter la ministre, cela confirme à peu
près tout le diagnostic de la commission Rochon, à savoir que le
ministère de la Santé et des Services sociaux est
littéralement dans un cul-de-sac sans décision politique et une
volonté politique sans équivoque. Depuis deux ans - c'est un
bilan bien triste - deux ans et quatre mois, 28 mois plus
précisément, on met des cataplasmes sur les bobos. C'est un
avenir bien sombre parce qu'on pellette en avant depuis deux ans. On commence
au fond de la cour à ramasser la neige mais on la pellette jusqu'au
bord. À un moment donné, le paquet devient trop gros et on sait
ce qui arrive. Depuis deux ans, il y a une incapacité chronique à
percevoir, à préparer des solutions, à aborder les
problèmes globalement et, bien sûr, à les régler
d'une façon globale. On gagne du temps; de toute évidence, ce
gouvernement dans toutes ses prises de position, et en particulier au
ministère de la Santé et des Services sociaux, refuse de prendre
le taureau par les cornes et veut gagner du temps. Pourtant, rappelez-vous en
1984-1985, ces gens avaient les solutions à tous les problèmes.
On parlait pratiquement de mesures de médecine de guerre, on comparait
le Québec au Liban. On disait qu'avec la venue du Parti libéral
tous les problèmes en santé et en services sociaux seraient
réglés. Ce matin, au moment où je vous parle,
l'hôpital Sainte-Justine est occupé. Pourquoi? Parce qu'on ferme
20 lits. La ministre parle d'ouverture de lits. Elle dit qu'il n'y a pas de
coupures dans le domaine de la santé mais elle dit aux centres
hospitaliers: Si vous voulez boucler, fermez vos lits. Comme mesures,
imaginez-vous si c'est brillant. On dit aux gens: Si vous voulez vous financer,
je ne vous couperai pas, mais financez-vous avec ce que je vous donne, de sorte
que si vous voulez bouder fermez vos lits. Au moment où je vous parle,
le 15 avril 1988, uniquement dans la région de Montréal, il y
avait encore 270 lits de courte durée de fermés. Au 3 mars, il y
en avait 519. Donc, la fameuse annonce d'il y a à peu près trois
semaines, on les a pris à même les lits fermés, les trois
quarts pour des fins d'équilibre budgétaire. On vient essayer de
nous faire croire encore une fois que tout est rose et que tout
fonctionne.
Je regardais le bilan, M. le Président, de la création des
lits après 28 mois comparativement au bilan du gouvernement
précédent, ce n'est nullement comparable! Les lits qu'on ouvre
à tour de bras: 700, une fois, 400, l'autre fois, sont des lits que le
réseau lui-même a fermés. Ce ne sont pas des constructions
neuves, des ajouts... Ce sont les lits qui ont été fermés
pour toutes sortes de raisons, mais en particulier, pour les fins
d'équilibre budgétaire, et on essaie de faire accroire à
la population en général qu'on ouvre des lits et qu'on est
très généreux envers la population. Cela est
inacceptable.
Quand je dis qu'on pellette en avant, chaque fois qu'il y a un petit
problème complexe - pourtant, on avait les solutions en 1985 - on
commande un rapport: le rapport Harnois en santé mentale, le rapport
Brunet dans les CLSC, le rapport Cadieux qui n'a pas été
commandé par elle, mais que la ministre a sur son bureau depuis janvier
1986. Rien n'a été fait après deux ans. Le rapport
Prudhomme. Et je pourrais continuer, la commission Rochon. Quel a
été le premier geste de la ministre, elle qui pourtant avait
réclamé une commission d'enquête pendant deux ans dans
l'Opposition? Elle recommandait une commission d'enquête, qui a
été créée, mise sur pied. Dès sa sortie,
elle a fait les manchettes en disant qu'elle s'assoyait sur le rapport,
à toutes fins utiles.
Et non contente, M. le Président, de ne pas l'appliquer, elle
nous annonce une tournée pour aller tester les recommandations d'un
rapport où 6000 personnes ont déjà été
consultées et qui ont dit à la commission Rochon ce qu'ils en
pensaient. Là, elle s'en va revoir le milieu pour voir ce qu'ils en
pensent. Vous savez qu'il est question de gagner du temps, maintenir
l'inéquité dans les services de santé et les services
sociaux, parce que la commission Rochon m'ap-paraît, M. le
Président, mettre le doigt sur les vrais bobos. Je pense, entre autres,
à la décentralisation. Les gens de l'Abitibi, les gens de la
région de Laurentides-Lanaudière, de la Montéré-gie
ont droit à des services de santé et à des services
sociaux de qualité tout autant comparable à la grande
métropole de Montréal ou Québec. Les gens de la
Basse-Côte-Nord, les gens de la Gaspésie ont aussi droit à
une enveloppe budgétaire qui leur permette d'avoir des soins de
santé et des services sociaux de qualité comparable. En cela,
aucune volonté politique manifeste; au contraire, on repart en
tournée. On va vous dire en Abitibi: On manque de médecins,
madame; donnez-nous l'enveloppe budgétaire régionale, on va aller
chercher les médecins parce qu'ils devront sortir de la ville,
nécessairement. Que vont-ils vous dire aux Îles-de-la-Madeleine et
en Gaspésie? La même chose! En Abitibi? La même chose! On
n'a pas besoin de retourner voir des gens pour leur demander: Êtes-vous
d'accord ou pas avec la décentralisation? Il est évident que tout
le monde la récla- me, seulement les personnes des corps médicaux
vont s'opposer à cela, c'est évident, parce que, pour aller
gagner une piastre, ils vont être obligés de sortir de
Montréal et de Québec. Il faut dire la vérité et
appeler les choses par leur nom! C'est une façon extrêmement
correcte, basée sur le principe d'équité dans les services
qu'on décentralise. Cela devrait faire l'assentiment et l'objet d'une
volonté politique non équivoque de la ministre et du gouvernement
Bourassa.
M. le Président, je regardais, entre autres, les rapports qui
sont sortis depuis fort longtemps, on ne sait pas ce qui s'en vient! Le rapport
sur les services infirmiers, qu'est-ce qu'on en fait? Entre-temps, les agences
autant de l'Ontario que de la Suisse - imaginez-vous! - ou des
États-Unis viennent recruter du personnel infirmier au Québec et
puis, nous autres, on consulte plutôt que de se décider et de
régler un problème concret.
Les infirmiers et les infirmières sont obligés de venir
manifester devant le parlement. Cela ne devait plus exister, on était
censés avoir des relations du travail extraordinaires. Ils ont acquis 15
000 000 $ lors de la dernière convention et ils ne sont même pas
capables de les voir attribuer à l'échelle salariale. Non, ce
n'était pas censé se produire! Comment se fait-il que vous pouvez
tenter de présenter encore à la population un bilan tout
aromatisé alors qu'on sait que les vrais problèmes pourrissent et
sont reportés par la création de toutes sortes de comités,
par des pseudo-tournées de consultation alors qu'on a des documents, des
équipes complètes, professionnelles, qui ont fait des
diagnostics, qui ont touché du doigt les vrais problèmes, qui
vous proposent des vraies solutions? La volonté politique devrait se
manifester non pas par une tournée, Mme la ministre, mais elle devrait
se manifester par la mise sur pied d'équipes de travail qui auraient
pour mandat d'bpération-naliser ies recommandations du rapport Rochon
pour qu'on puisse les appliquer dans les plus brefs délais.
M. le Président, les effectifs médicaux. La ministre en a
passé une petite vite à l'intérieur d'une loi 97 qui
était chargée des conflits d'intérêts. Elle en a
passé une petite vite aux résidents et internes du Québec.
Qu'est-ce que cela a réglé à court terme? Qu'est-ce que
cela va donner à très, très court terme? Elle sait
très bien que la seule façon de le régler, ou bien c'est
par la décentralisation des enveloppes tel que promis par Rochon, ou
bien c'est d'asseoir les gens, si elle ne veut pas utiliser cette formule, et
dire que cela lui prend une solution à l'intérieur d'un
délai X. Arrêtez de faire croire à la population qu'il y a
un travail gigantesque là-dessus. Ce n'est pas par des petites
vîtes sur le plan législatif dans des projets de loi qui ne
cadrent même pas avec le sujet principal de la loi qu'on va régler
ce problème d'effectif médical. C'est, de toute évidence,
un manque de
courage politique à régler le problème. *
L'alourdissement des clientèles. Je vous donne un exemple de
l'alourdissement des clientèles. La ministre se targue d'accorder 70 000
000 $ pour trois ans. Elle transforme des lits de centres d'accueil en lits de
soins de longue durée et elle transforme des lits de soins de courte
durée en lits de soins de longue durée. Elle déplace
purement et simplement les problèmes. Où iront les personnes
âgées qui sont en attente si on diminue le nombre de lits en
centres d'accueil d'hébergement? Que feront les gens qui sont sur les
listes d'opérations, pour des lits de soins de courte durée, si
on réduit le nombre de lits de soins de courte durée? On
règle un problème et on en crée deux.
Si au moins on injectait des sommes mirobolantes dans le maintien
à domicile, cela serait peut-être intéressant. Mais quand
on ajoute à peu près une personne par CLSC, comme moyenne... On
vient d'enlever, d'une claque, dans la région de Saint-Eustache, quatre
ou cinq centres d'accueil. Ils ont été transformés en
soins de longue durée. Où iront les personnes de ces
régions qui sont suffisamment malades pour entrer en centre d'accueil?
On a à peu près converti tous les centres d'accueil en soins
hospitaliers de longue durée. C'est de la poudre aux yeux. On
déplace les problèmes. On ne perçoit pas globalement
comment régler ces problèmes-là. Et, tantôt, on va
leur donner l'impression qu'on a amélioré les services à
domicile d'une façon extraordinaire alors que, si vous prenez la somme
injectée divisée par le nombre de CLSC, cela suppose à peu
près une ressource humaine par CLSC pour s'occuper des personnes et les
maintenir le plus longuement possible à domicile.
Et, encore là, est-ce qu'on prévoit déjà ce
qui arrivera à supposer que la ministre, au lieu de mettre 6 000 000 $
à 7 000 000 $, ait mis 50 000 000 $, 75 000 000 $ ou 100 000 000 $ dans
les soins à domicile? Quand on administre, il faut déjà
prévoir l'issue de cela. À un moment donné, ce sera
directement l'hôpital pour malades chroniques, si on met les services
pour les soins à domicile. Il faut déjà, au départ,
quand on prend une mesure, pressentir les aboutissements et se préparer
en conséquence. Pas essayer de jeter de la poudre aux yeux et tenter de
faire croire à la population qu'on a réglé les
problèmes. Pour les régler, il faut les comprendre.
M. le Président, les listes d'attente pour les personnes
âgées s'allongent énormément. C'est inestimable le
nombre de comités sur les abus à l'endroit des personnes
âgées. De plus en plus de maisons clandestines s'ouvrent et le
ministère est conscient de cela. Il n'y a plus d'agrément. Le
service d'agrément est disparu depuis deux ans et quatre mois de votre
ministère. Il n'y a plus de direction. Il n'y a plus d'employés.
A la connaissance du ministère, à part cela, Mme la ministre,
à la connaissance de vos fonctionnaires s'ouvrent toutes sortes de
maisons qui n'ont pas de permis, qui n'ont pas le droit de donner des soins.
Mais cela fait l'affaire parce que les gens qui s'en vont là sont des
gens de moins sur les listes. On va se ramasser dans un cul-de-sac monumental,
dans des réseaux clandestins de centres d'accueil qui n'ont pas
l'autorité de donner des soins de santé aux personnes
âgées. Vous savez que cela se fait présentement. Il n'y a
rien qui arrête cela. On ne demande même plus d'agrément. Je
comprends. Cela n'existe plus. Et cela est extrêmement dangereux pour
l'avenir de nos personnes âgées. On se réveillera dans
quatre, cinq, six ans avec des foyers clandestins qui donneront des soins
très primaires à des personnes âgées, des soins qui
seront donnés dans des maisons pour lesquelles il n'y aura aucun permis,
aucun contrôle. On aura abusé des personnes âgées. On
aura fait de l'argent sur le dos des personnes âgées en leur
donnant des soins insignifiants, purement et simplement parce que le
ministère a décidé d'enlever tout le service
d'agrément et de permis. Et vous savez que cela se fait à
Montréal avec le titre ronflant de résidences pour personnes
âgées. Mais là aussi les clientèles s'alourdissent.
Il n'y a pas de permis et il y a des soins qui se donnent; ce n'est pas correct
et vous le savez. (11 h 15)
Dans les CLSC, on a parachevé le réseau. Bravo! On parle
de vocation de santé et de services à la communauté. Il y
a environ 40 CLSC qui ont des services médicaux ou de soins de
santé. Quel est le coup de barre donné aux CLSC pour leur
permettre de jouer les deux vocations, pour leur permettre
précisément de changer les mentalités et de faire en sorte
qu'on s'enlève de la tête le sentiment de
désinstitu-tionnalisation et qu'on aille véritablement dans cette
cellule de base qui est proche du monde? Absolument rien. Une ressource pour
services à domicile; cela va faire des CLSC forts, ça. Ils vont
s'interroger, à savoir sur quoi ils doivent mettre leur priorité.
Ce ne sont pas les propos que vous teniez lorsque vous étiez dans
l'Opposition. Je me souviens d'avoir discuté avec plusieurs
députés libéraux à ce moment-là. Tout le
monde voulait avoir son CLSC, mais Ns voulaient avoir un CLSC consolidé
qui a les ressources financières pour pouvoir précisément
diminuer la tâche dans les salles d'urgence et dans les centres
d'accueil. Non. On les crée, mais on ne donne aucune ressource. Donc, on
ne crée pas de solution en faisant cela. On fait rêver du monde.
On donne des budgets d'administration, mais on ne donne pas les ressources
humaines pour qu'elles remplissent leur travail et, automatiquement, on ne
règle rien en régions. Si on veut décongestionner les
urgences et les cliniques externes des centres hospitaliers, qu'on donne les
ressources aux CLSC. La personne, c'est dans son milieu, c'est proche d'elle,
cette structure-là. Il faut donc lui donner les moyens d'oeuvrer
correctement.
Les urgences. On sait qu'on a essayé de
régler Québec et Montréal, mais on n'a pas
réglé grand-chose ailleurs. Il n'y a qu'à Montréal
et à Québec que les urgences sont encombrées. Si vous
voulez désemcombrer Montréal, réglez donc aussi le
problème de la périphérie. Je vais vous donner un exemple
- et je sais que ce ne sera plus le cas à Joliette - quand on est
obligé d'envoyer X patients par jour au scanner à
Montréal, qu'on est obligé d'envoyer des
hémo-dialysés à Montréal et qu'on est obligé
d'envoyer passer les examens de médecine nucléaire à
Montréal, c'est bien évident qu'on crée un achalandage
artificiel dans la région de Montréal. On se doit
d'équiper nos régions. Au moins un centre hospitalier
régional par région devrait avoir les équipements de
scanner, de médecine nucléaire, d'hémodialyse et
même de cardiologie. Ce devrait être un minimum dans nos
régions si on veut véritablement rendre service à nos
populations régionales, avoir les 17 ou 18 spécialistes de base
qui doivent répondre... Je ne parle pas de
l'ultraspécialisé; loin de là. Je sais que
l'ultraspécialisé devra être réservé à
certaines grandes villes, mais dans certaines spécialisations il est
anormal que nos régions oeuvrent encore avec de l'équipement
désuet. Vous allez me dire: Oui, c'est vrai; on en a fait un bon bout,
en pleine crise économique, mais on traverse présentement une
période de prospérité économique. Votre ministre
des Finances se pète les bretelles en disant que ce sont des
années de vaches grasses, 400 000 000 $, pour payer des dépenses
de l'an prochain. C'eût été une excellente occasion de
donner un coup de barre dans le domaine de la santé et des services
sociaux et d'équiper nos régions avec cet argent. Avec 400 000
000 $, je peux vous dire qu'on pourrait facilement doter toutes les
régions du Québec d'équipements de médecine
nucléaire, de scanner, d'hémodialyse également.
Très facilement on aurait pu le faire, mais on ne l'a pas fart. Qu'on
essaie pas de nous dire que cela a été mirobolant.
Concernant les scandales du réseau, M. le Président, je
passerai outre. Je prétends que la ministre a dévalué le
secteur de la santé et des services sociaux d'une façon
fantastique. Elle s'est prêtée à un petit jeu qu'elle
n'aurait jamais dû jouer. Une loi contre les conflits
d'intérêts dans un secteur où c'est aussi norme que la
santé et les services sociaux... Cela aurait dû être l'objet
d'une loi de portée générale pour l'ensemble du
gouvernement. C'est comme s'il y avait seulement dans le secteur de la
santé et des services sociaux au Québec qu'il y a des cadres qui
ont des conflits d'intérêts. Qu'on pense à la SGF, à
la SDI, à Hydro-Québec, aux sociétés d'État
qui manipulent des centaines de millions et qui octroient des subventions par
coups de 100 000 000 $. Ils sont en beaucoup plus grande possibilité de
conflit d'intérêts que dans le domaine de la santé. Mais
non, c'est le domaine de la santé qui a écopé d'une loi
spéciale, à toutes fins utiles, une loi contre les conflits
d'intérêts, alors que c'est à peu près le secteur le
moins vulnérable de toute la fonction publique
québécoise.
M. le Président, j'en arrive à vous parler du virage
social du présent gouvernement. C'est un virage social de 24 heures
durant une fin de semaine. Ce sont les sociaux-démocrates de fin de
semaine en congrès. Mme la ministre se targuait du communautaire
tantôt, ce qu'elle fait avec les maisons de jeunes, ce qu'elle fait avec
les organismes de jeunes et les organismes communautaires; elle dit: il n'y a
pas de coupure. Cela fait deux ans que les trois quarts sont gelés, pour
votre information, et vous le savez, alors qu'il y a eu au moins trois budgets
depuis et qu'ils n'ont même pas eu d'indexation à leur subvention.
Donc, pour la plupart, les maisons de jeunes sont mal prises.
Les groupes communautaires ont été gelés ou
même coupés dans certains cas. On parle de budgets reconduits
d'année en année; on n'indexe même pas les subventions.
C'est une honte pour notre société quand on pense, par exemple,
à ce qu'on fait à la protection de la jeunesse, des listes
d'attente de 3000 au moment où on se parle à la protection de la
jeunesse, une situation tout à fait aberrante et inacceptable dans une
société. Mais ce n'est pas grave, on traverse des années
de vaches grasses et on ne se préoccupe pas du monde. Cela n'a pas de
bon sens, cela n'a pas d'allure.
L'adoption internationale, c'est de votre ressort et vous n'en avez pas
parlé. Il se fait moins d'adoptions que jamais au moment où on se
parle. Aucune entente de plus n'est signée avec les pays
étrangers. Il n'y a rien de réglé, même avec votre
loi 21, et vous le savez. Il y a eu moins d'adoptions en 1987 qu'en 1986. Ce ne
sont pas des farces. On ne règle rien; on pellette en avant; on fait du
maquillage. Cela fait deux ans que vous avez le rapport du Mouvement
Retrouvailles sur votre bureau; qu'arrive-t-il du rapport Cadieux? Qu'est-ce
que vous avez décidé de faire? Avez-vous préparé
des amendements législatifs? Voilà autant de questions qu'il
faudra poser, pour ne pas leur donner... Cela s'en vient, cela s'en vient et,
quand s'est pour aboutir, on s'en sort avec la création d'un autre
comité et avec une tournée. Ce n'est pas bien bien rapide.
Je pourrais continuer longuement, M. le Président, mais je vais
m'arrêter là et je vais résumer mon intervention de la
façon suivante. On assiste présentement à une
bouillabaisse de petites mesures qui laisse présager un avenir
très sombre à cause d'une incapacité chronique à
percevoir et à aborder les problèmes et à y trouver les
solutions appropriées globalement. Il faudrait que le gouvernement et,
en particulier, la ministre de la Santé et des Services sociaux,
comprennent qu'on ne peut reporter indéfiniment les règlements et
les échéances au règlement des problèmes, cela n'a
pas de bon sens. Il me semble qu'après 28 mois on devrait cesser de
vouloir gagner du temps, et on devrait afficher
une volonté politique pour véritablement régler en
profondeur les vrais problèmes des services de santé et des
services sociaux, M. le Président. Là-dessus, je suis prêt
à commencer à poser des questions.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien. Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais répliquer
très brièvement...
M. Chevrette: ...répliquer.
Le Président (M. Bélanger): Un instant! Est-ce
qu'on a consentement pour un droit de réplique ou est-ce une question de
règlement? Est-ce une réplique que vous voulez faire?
Mme Lavoie-Roux: Je peux toujours intervenir après une
intervention de quelqu'un? Non? J'ai un droit de réplique, non?
M. Chevrette: ...déclarations préliminaires.
Le Président (M. Bélanger): On est aux
déclarations préliminaires. Vous avez droit de réplique
après chaque intervention lorsque nous étudions les
crédits comme tels. Dans les interventions préliminaires, ce
n'est pas prévu.
Maintenant, si j'ai le consentement, il n'y a pas de problème
quant à moi. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Chevrette: Si elle y va, j'y vais après.
Le Président (M. Bélanger): On demandera le
même consentement.
M. Chevrette: Excusez, M. le Président, vous ne demanderez
pas un consentement aux libéraux pour que je riposte à une
réplique. Si je lui donne mon consentement, il faut que je sache
d'avance que j'en aurai le droit.
Le Président (M. Bélanger): On dit la même
chose, M. le député. Il s'agit seulement d'y aller
tranquillement.
Est-ce qu'on a le consentement pour qu'il y ait des
répliques?
M. Chevrette: Oui, il y a consentement à la condition que
j'en aie une.
Une voix: Oui, oui. Pas de problème.
Le Président (M. Bélanger): Consentement. Mme la
ministre, allez-y.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je...
M. Sirros: ...parlementaires, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Absolument pas.
Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux pas prendre
beaucoup de temps pour la réplique. Je pense qu'il est important que
nous passions aux questions. D'ailleurs, toutes les questions
énoncées par le chef de l'Opposition reviendront probablement au
cours de l'étude programme par programme du budget du
ministère.
Mais je voudrais quand même faire certaines mises au point. Je
comprends que c'est le rôle de l'Opposition de dire qu'il ne s'est rien
fait en santé, etc. Je vais vous donner seulement un petit exemple
concernant la résorption des déficits. Quand nous sommes
arrivés, nous avons trouvé des déficits accumulés
dans les hôpitaux de l'ordre de 284 000 000 $. Non seulement les
avons-nous résorbés, parce que le gouvernement
antécédent avait la même chose en 1982, mais nous avons
redressé les bases budgétaires, nous avons introduit le
coût de système qui, comme je le disais tout à l'heure,
durant les trois dernières années est évalué
à 112 000 000 $ de plus. À part cela, nous avions redressé
les bases budgétaires. Je pense qu'il n'y a pas de commune mesure entre
les gestes posés par l'ancien gouvernement quand il avait la
responsabilité de la santé et des services sociaux et ceux que
nous posons.
L'argent qui a été investi dans les urgences, cette
année, strictement en opération, nous sommes rendus à 105
000 000 $ et nous dépasserons même ce qui avait été
annoncé en 1986 au moment de l'annonce du plan de désengorgement
des urgences. Je pense qu'on ne parle pas de la même chose, M. le
Président.
Le député dit: Vous allez juste dans des études,
des rapports, etc. Au moins, ce sont des études et des rapports qui
débouchent sur quelque chose. Si vous regardez la santé mentale,
déjà des gestes sont posés. La politique sera fort
probablement adoptée au début de l'été et
accompagnée d'un plan d'action. Du côté de la
déficience mentale, ce ne sont pas des miettes, M. le Président.
Il faut entendre ce que les parents disent, ce que la population dit
vis-à-vis des déficients intellectuels. Pourtant, même en
dépit du fait qu'on ne le institutionnalise plus, on les laisse trop
souvent pour compte, particulièrement leur famille. Je pense que le
montant de 7 000 000 $ que nous y mettons n'est pas insignifiant parce qu'il
permettra à des handicapés intellectuels, à la fois de
pouvoir aller en centre ou en atelier de travail et les familles pourront avoir
un début de soutien qui leur est essentiel pour prendre les
responsabilités qu'ils doivent avoir. Jamais un geste n'avait
été posé dans ce sens depuis dix ans.
Si on prend l'alcoolisme et la toxicomanie, une domaine totalement
oublié depuis au moins dix ans, sinon douze ans, cette année,
nous
faisons des efforts dans ce sens. Le chef de l'Opposition a dit: Vous
devriez régler tous les problèmes, il n'y aurait plus de
problème. Il sait bien que c'est un excès de langage. Il sait
fort bien que dans la santé et les services sociaux c'est absolument
impossible de penser qu'un jour il n'y aura plus de problèmes ni dans la
santé ni dans les services sociaux. Je ne crois pas, M. le
Président, que la personne qui vous parle ait jamais pris ce type
d'engagement. Je mettrais le chef de l'Opposition au défi de prouver que
j'ai pris ce type d'engagement voulant qu'il n'y aurait plus jamais de
problèmes en santé et services sociaux si nous arrivions au
gouvernement.
M. le Président, on dit: Vous avez fait 400 000 000 $. C'est le
discours que la députée de Johnson a tenu l'autre jour à
l'Assemblée nationale. Vous avez 400 000 000 $, versez-le donc un peu
partout. Je vous ferai d'abord remarquer que la santé et les services
sociaux vont encore chercher cette année 130 000 000 $ de plus en argent
neuf. Je pense que c'est déjà considérable.
Deuxièmement, nous sommes arrivés au gouvernement et y avons
trouvé un déficit de 4 000 000 000 $. Un objectif du gouvernement
était de réduire ce déficit parce qu'il crée des
obligations que ceux qui nous suivent devront remplir. Quand on arrive dans une
situation beaucoup trop serrée, comme cela a été le cas au
moment de la récession économique de 1982-1983, on a dû
prendre des mesures comme, par exemple, couper de 20 % tous les salaires des
employés. J'espère que, même si on devait rencontrer de
nouveau des difficultés sur le plan économique, nous ne serons
pas obligés d'avoir recours à des mesures comme celle-là.
Gouverner, M. le Président, c'est aussi prévoir. Gouverner, c'est
aussi prévoir pour ceux qui vont nous suivre et non pas leur laisser des
déficits qui s'accumulaient année après année, de 3
000 000 000 $à4 000 000 000 $ par année.
M. le Président, si c'est comme cela qu'on doit gouverner, je
suis heureuse de faire partie de ce gouvernement qui a un souci, d'une part,
d'améliorer la qualité des services à la population et,
d'autre part, d'être responsable vis-à-vis de l'administration des
fonds publics et, troisièmement, de tenter aussi de responsabiliser les
gens qui, dans les différents milieux, assument les
responsabilités directes auprès de la population.
Je pense que les gestes que nous avons posés auprès des
hôpitaux indiquent justement que les gens sont prêts à
fonctionner dans cette dynamique de responsabilisation. (11 h 30)
Un dernier mot sur l'iniquité interrégionale. Je pense que
c'est le bouquet, M. le Président. On sait fort bien que jusqu'en 1986,
et je l'ai indiqué tout à l'heure, on répondait davantage
aux demandes d'un établissement ou de l'autre alors qu'aujourd'hui,
depuis que nous sommes là, nous faisons des efforts très grands
justement pour que la répartition des sommes ne se fasse à la
suite de pressions ou à la suite de ce qu'on voudra, mais vraiment
à partir d'une analyse des besoins réels dans les diverses
régions. Vous irez leur parler dans les régions. Ils vont vous
indiquer qu'il y a un net progrès dans cette recherche
d'équité interrégionale qui n'a jamais été -
à ma connaissance et peut-être à la vôtre aussi, vous
n'avez pas été assez longtemps - le souci de votre gouvernement
quand vous étiez au pouvoir.
Nous l'avons fait pour l'alourdissement des clientèles, pour les
soins à domicile. Nous le ferons pour la protection de la jeunesse. Nous
le ferons pour la santé mentale, etc. Je pense que c'est cela
administrer en fonction des véritables besoins de la population. Nous
reviendrons tout à l'heure sur les effectifs médicaux, etc.
J'arrête ici mes propos, M. le Président, et je pense que je suis
prête à passer à l'étude des programmes.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci. Tout d'abord, je dirai à la ministre
qu'elle s'attribue des choses qu'elle n'a même pas commencées, qui
ont été commencées par celui qui vous parle. Je pense que
la révision des bases budgétaires dans les hôpitaux, c'est
celui qui vous parle qui a aboli la fameuse formule antérieure qui
existait. Il y a au moins un M. Carignan et un M. O'Astous qui peuvent vous
dire cela à côté de vous. C'est moi qui l'ai aboli
justement, qui a créé un comité pour essayer de rectifier
les bases budgétaires dans les hôpitaux, pour reconnaître
véritablement non seulement les imperfections, mais les
pénalités que créait cette fameuse formule. Je suis
surpris, après 28 mois, qu'on ne vous ait pas indiqué que ce
travail était commencé, non pas par vous, mais par celui qui vous
parle. Deuxièmement... Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Vous n'y avez jamais mis un sou.
M. Chevrette: Écoutez, la correction... C'est le
contraire. On le savait. Encore là, on ne vous a pas renseignée,
madame. Il y a au moins un directeur financier assis à votre droite qui
aurait dû vous dire qu'on avait jusqu'à 100 000 000 $ de
correctifs à apporter. Si on ne l'a pas fait, ce n'est pas ma faute.
C'était entendu avec le Trésor. M. D'Astous m'accompagnait au
Trésor, pour votre information, cette fois-là. M. Carignan
également, si ma mémoire est fidèle. Il y avait un
sous-ministre qui s'appelait Lefrançois, qui était là
également. Il y en avait un autre, Germain Halley, qui était
là en plus. Je me rappelle même les gens qui m'accompagnaient. Je
vous dis jusqu'à quel point on avait une marge de manoeuvre entre 50 000
000 $ et
100 000 000 $ et qu'on espérait solder, s'ils se le rappellent,
aux alentours de quelque 60 000 000 $ pour la première année. Moi
je me rappelle très bien ce que je fais. Je peux vous donner les jours,
les heures et les dates où c'est arrivé.
Deuxièmement, je vous dirai, M. le Président, que la
ministre se targue, par exemple, de dire qu'elle a toujours été
réaliste et qu'elle n'avait jamais posé des questions
irréalistes dans le domaine de la santé. Quand j'ai reçu
le rapport Spitzer à 11 heures, le matin, à 14 heures dans
l'après-midi Mme la ministre m'interrogeait pour me demander quand je
l'appliquerais. Relevez le Journal des débats: madame, si vous ne
vous souvenez pas de ce que vous avez fait, moi je me le rappelle. Je recevais
de vous et de M. Paradis des questions me demandant: Quant est-ce que vous
allez mettre le rapport Spitzer en application? Je l'avais reçu à
11 heures, bon Dieu. Il fallait que je le lise un peu pour l'appliquer. Cela
fait trois ou quatre mois que vous avez le rapport Rochon dans les mains et
vous entreprenez une tournée. Il n'y a encore personne qui vous a
demandé, de notre côté, quand vous l'appliqueriez. De toute
évidence, vous n'êtes pas pressée.
Pour ce qui est du déficit dont la ministre a fait mention
tantôt, avec les nouvelles formules comptables on peut se rendre compte
que c'est 110 000 000 $ de plus de déficit parce qu'il y a 500 000 000 $
de déficit camouflé dans votre histoire. Ce sont uniquement les
formules comptables qui peuvent vous faire parler d'amélioration du
déficit budgétaire.
Je voudrais vous demander, je vais le faire sous forme de question,
qu'avez-vous annoncé de neuf en immobilisation dans les centres
hospitaliers depuis deux ans, à part ressasser les projets d'il y a
trois ans? Je pense à Saint-Jérôme, je pense à
Deux-Montagnes qui avait l'autorisation au moins d'un étage, je pense au
Pontiac, je pense au Brome-Missisquoi, je pense à un joyeux paquet. Vous
ne faites que rendre publics les dossiers sur lesquels il y a eu
piétinement depuis deux, trois ans. Il n'y a absolument rien de neuf. Je
pense à l'alcoolisme. Les gens de la Montéré-gie - vous
donnez à une place et vous enlevez à l'autre - vont venir vous en
parler sur place. Cela va être intéressant d'apprendre tout
cela.
Moi aussi j'ai hâte d'interroger. Je pourrais pendant quinze
heures, si vous voulez, sur chacun des sujets avoir une prise de bec et je vous
démontrerais qu'H n'y a pas grand-chose de neuf qui a été
conçu si ce n'est que mettre des petits diachylons sur des petits
bobos.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, j'appelle
donc le programme 1, Services communautaires.
M. Chevrette: Est-ce qu'on ne s'est pas entendus pour que ce soit
le programme 3 d'abord?
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse.
M. Chevrette: C'est parce qu'H y a eu une entente, il faudrait
peut-être le dire à la présidence.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: II y a eu une entente entre les attachés
politiques pour procéder par programme afin de permettre à
certains groupes de députés de venir à un moment
précis...
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M.
Chevrette: ...pour poser leurs questions Le Président (M.
Bélanger): Excellent.
M. Chevrette: Si notre mémoire est fidèle, c'est le
programme 3.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on pourrait
me donner la séquence pour qu'on puisse suivre? Quelqu'un doit avoir
cela d'écrit quelque part ou qu'on me le mette sous forme de mémo
afin que je puisse suivre.
M. Chevrette: Mme Martine Bernier...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous
pourriez me donner la séquence de l'entente pour appeler les
programmes?
Services des centres hospitaliers de courte
durée
J'appelle donc le programme 3, Services des centres hospitaliers de
courte durée. Alors, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des questions sur
le programme 3?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Au moment où on se parle,
M. le Président, j'aimerais connaître le décompte
des lits fermés pour fins d'équilibre budgétaire dans tout
le Québec et par région, si possible.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...au moment où nous nous parlons, il y a
240 lits de fermés au Québec. Je vais indiquer - parce que vous
avez le tableau, M. le chef de l'Opposition - le 15-04-88, page 386 dans votre
gros cahier...
M. Chevrette: Ce sont 240 lits au Québec,
dans tout le Québec?
Mme Lavoie-Roux: II y a seulement à Montréal qu'il
y a des lits de fermés. Il y en a 240 et je vais vous dire pourquoi la
correction est apportée aux 270. Dans le cas de St. Mary's, ce n'est pas
41, mais bien 11 lits qui sont fermés. Il y a également, dans le
cas des deux hôpitaux pour enfants, 50 et 49; c'est pour une
rationalisation des services et ce n'est pas nécessairement relié
à l'équilibre budgétaire. J'aimerais répondre,
puisque, tout à l'heure, vous aviez indiqué que, dans le cas de
Sainte-Justine, c'était occupé ce matin. Vous vous souviendrez
qu'il avait été décidé, avec l'accord de tous,
c'est-à-dire avec les intervenants de l'hôpital, qu'ils
fermeraient certains lits en neurologie, de janvier à la fin de mars ou
de février à mars. Ces lits pourraient être rouverts
strictement d'un point de vue budgétaire, mais, par décision de
l'hôpital, du Conseil des médecins et dentistes et des
différents intervenants, ils ont jugé qu'après un examen
des trois mois où les lits avaient été fermés, ils
avaient pu répondre à tous les besoins de la même
façon et que cela ne causait pas de préjudice. C'est pour cela
qu'ils ont décidé d'étendre la mesure jusqu'au mois de
septembre pensant réaffecter une partie des montants à la
néonatalogie. Il s'agit véritablement d'une décision de
régie interne de l'hôpital Sainte-Justine.
M. Chevrette: M. Richard L'Écuyer, c'est le directeur
général de l'établissement, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: II dit que c'est strictement d'ordre
administratif.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, c'est une raison administrative.
M. Chevrette: Et il dit que même c'est...
Mme Lavoie-Roux: C'est la rationalisation administrative de
l'utilisation de leurs lits. Il ne faut pas oublier que dans le cas des
hôpitaux pédiatriques il y a tout de même une modification
de l'utilisation des lits dans ce secteur. D'abord, il y a moins
d'hospitalisations prolongées, il y a beaucoup plus de
fréquentation des cliniques externes. La pratique dans les milieux
pédiatriques s'est modifiée au cours des années. Ils se
disent au plan administratif: Si des montants qui ne sont pas
nécessaires peuvent être utilisés ailleurs pour
répondre à des besoins qui seront développés comme,
par exemple, la néonatalogie dont on entendait beaucoup moins parler il
y a cinq ou dix ans... C'est dans le sens où il faut prendre le mot
"administratif". Je ne vous dis pas que, de janvier à mars, ils n'ont
pas été fermés pour des raisons budgétaires, mais
au moment où nous nous parlons ces lits pourraient être rouverts
strictement au plan budgétaire.
M. Chevrette: On anticipe même de fermer 23 lits de plus
que l'été dernier à Sainte-Justine. Est-ce que vous
trouvez concevable que dans quasiment le seul centre hospitalier francophone
pour enfants au Québec, on procède à des fermetures aussi
d'envergure que cela, alors que tous les personnels à l'intérieur
nous disent que cela n'a plus de bon sens? Comment vous justifiez cela, comme
ministre de la Santé et des Services sociaux, si l'ensemble des
personnels nous disent que cela n'a plus d'allure, s'ils prennent la peine de
communiquer et de poser des gestes publics? Les médecins mêmes de
l'hôpital ne sont pas d'accord avec ce qui se passe. On anticipe la
fermeture de 91 lits encore cet été, soit 23 de plus que l'an
dernier. Est-ce que vous trouvez cela concevable?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le chef de
l'Opposition insiste beaucoup et avec raison pour qu'on laisse les
administrations locales responsables de leurs décisions. Je vous ferai
remarquer que, dans le cas de Sainte-Justine dont il est question, les lits
sont occupés à 70 % et qu'on tente d'avoir une utilisation plus
rationnelle des lits compte tenu qu'il y en a qui sont tenus ouverts et que
l'ensemble des occupations est à 70 %. Je vous ferai aussi remarquer que
les demandes d'admission depuis janvier n'ont pas augmenté et que cela
demeure une décision interne de l'hôpital. Ce n'est pas nouveau
que les hôpitaux dans l'organisation de leurs services peuvent
décider de mettre l'accent sur un service plutôt que sur un autre,
de faire ce type de rationalisation. Je pense que c'est souhaitable qu'ils le
fassent pour autant que la population ne soit pas pénalisée. Et,
malgré la fermeture d'une quarantaine de lits dans certains services, il
n'y a pas eu d'augmentation de demandes d'admission. Les lits de
l'hôpital ne sont pas encore occupés au-delà de 70 %. C'est
peut-être maintenant un peu plus avec cette fermeture mais certainement
pas au-delà de 80 %.
Décentralisation
M. Chevrette: Votre orientation par rapport à la
commission Rochon, dans le domaine hospitalier, qui vous demande par exemple de
mieux définir la vocation de chaque centre hospitalier. Quelle est votre
perception vis-à-vis de cette recommandation précise du rapport
Rochon?
Mme Lavoie-Roux: Je parie en mon nom personnel puisqu'à ce
moment-ci je m'en vais en tournée. Je vais avoir le pouls des gens sur
ce type de recommandation et je voudrais revenir sur une remarque du chef de
l'Opposition tout à l'heure, qu'on retourne consulter. Il faudrait que
le chef de l'Opposition se souvienne des réactions au rapport de la
commission Rochon, non
pas des miennes, on va les exclure, mais en général.
M. Chevrette: Vous en avez eu deux en deux jours.
Mme La voie-Roux: Non, je n'en ai pas eu deux en deux jours. J'ai
toujours eu la même, toujours la même. Regardez mes
déclarations et regardez... (11 h 45)
M. Chevrette: La première ayant été mal
perçue, vous avez senti le besoin d'en faire une deuxième.
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'en ai jamais fait de deuxième.
En tout cas, de toute façon, ce n'est pas l'objet du débat. Mais
je serais prête à argumenter sur cela un peu plus longtemps.
Je dis que ce pourquoi nous retournons dans les régions... Ah!
oui. Quand la commission Rochon est sortie, il y a eu énormément
de voix discordantes, ceux qui étaient pour, ceux qui étaient
contre, ceux qui l'ont simplement jetée par-dessus bord, etc. Je pense
qu'il faut recréer une cohésion. Dans le fond, les
réactions à la commission Rochon dépeignaient, à
mon point de vue, assez bien le diagnostic de la commission Rochon en disant:
II y a à l'intérieur du réseau des groupes
d'intérêt qui font que le réseau devient ingouvernable.
C'est ce qu'elle avait dit. Je pense que la réaction des gens à
la commission Rochon est allée dans le même sens que ce diagnostic
parce qu'on s'est trouvé devant une divergence d'opinions pour ou
contre. Généralement, si on faisait le calcul total ou si on
équilibrait les livres, on aurait probablement davantage de contre que
de pour. Alors c'est pour cela que je retourne en régions pour consulter
sur toutes ces choses-là. Maintenant, pour répondre
à...
M. Chevrette:... à la question spécifique.
Mme Lavoie-Roux:... - oui - à votre question
spécifique. Si on voit la définition des hôpitaux,
c'est-à-dire pour préciser davantage leur vocation, comme un
effort de rationalisation des ressources qui a déjà
été fait au Québec depuis plusieurs années quand on
a commencé à rationaliser, par exemple, que ce soit
l'obstétrique, que ce soit différentes spécialité,
je pense que, dans ce sens-là, cette question - commission Rochon ou pas
- doit continuellement être examinée pour avoir la plus grande
rationalisation possible de l'utilisation des centres hospitaliers et des
lits.
M. Chevrette: La décentralisation proposée par la
commission Rochon, considérez-vous que c'est là une formule
à "operationaliser" dans les plus brefs délais?
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, c'est certainement une formule
qui mérite d'être explorée plus loin puisque je vais
consulter les gens là-dessus. Je comprends que le chef de l'Opposition
ait dit: Vous laissez dormir le rapport. Je lui ferai remarquer que le rapport
a été déposé le 10 ou 12 février, si ma
mémoire est bonne.
M. Chevrette: Vous l'avez eu le 18 décembre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il n'était quand même pas
public.
M. Chevrette: On était au courant.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il n'était quand même pas
public. Il a été déposé officiellement le 12
février. Cela fait deux mois. Je pars en consultation dans quinze jours.
Pour une ministre qui se traîne les pieds, je trouve que c'est quand
même assez rapide, n'est-ce-pas?
M. Chevrette: Aller se faire dire qu'ils sont d'accord avec la
décentralisation à l'exception des médecins ou
peut-être de certains CH, bien sûr, parce qu'il est sûr que
les CH universitaires ne seront sans doute pas trop d'accord avec la
décentralisaton.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Chevrette: Mais, en règle générale la
perception que vous avez, est-ce que ce n'est pas... Est-ce que la
décentralisation proposée par la commission Rochon... je vais
être plus précis dans mes questions, d'abord. Est-il exact que
cela règle votre problème d'effectifs médicaux,
madame?
Mme Lavoie-Roux: Je reviendrai sur la deuxième. Sur la
première, je voudrais seulement faire une précision. D'une part,
je vais voir ce que les gens disent sur la décentralisation, si c'est
une bonne ou une mauvaise chose, s'il faut aller de l'avant. Mais ce qui
m'intéresse encore davantage, ce sont les modalités de cette
décentralisation, ce que le rapport Rochon n'a pas beaucoup aborde - il
faut bien en convenir - et ce n'était peut-être pas sa fonction.
Parce que, vous savez, on peut bien demain matin, prendre le paquet et dire
à la région A: Prenez-le. Mais je pense qu'on risque aussi
d'avoir un échec. D'ailleurs, même le Dr Rochon a dit dans ses
propos: C'est un cheminement qui doit commencer et, ensuite, franchir
différentes étapes. Mais les mécanismes eux-mêmes,
c'est là-dessus que je vais consulter.
Votre deuxième question: Est-ce que je pense que, si on
décentralise, cela va réduire la question des effectifs
médicaux?
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais préciser...
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement.
M. Chevrette: ...ma question? Vous dites: pas
nécessairement, mais est-ce que vous n'avez pas là la chance
de... Par exemple, s'il y a une enveloppe budgétaire per capita, il est
bien évident que, si vous avez une enveloppe per capita et que les
médecins veulent rester en ville, ils vont au moins avoir un
gâteau réduit à se partager. Cela ne devient pas un
incitatif majeur au règlement des effectifs médicaux?
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas convaincue que de strictement
prendre un montant d'argent... Supposons qu'on dirait: dans la région
6B, pour prendre la vôtre, on a droit à 20 000 000 $ pour ses
médecins. Si on prend les 20 000 000 $ et qu'on dit à la
région B: Vous avez 20 000 000 $ pour vos médecins ou vos
services médicaux, utilisez-les, je pense qu'il y a un tout autre
cheminement qui doit être fait. Parce que, même si on faisait cela
et qu'on ne prenait pas d'autres mesures, vous avez déjà des
sommes engagées dans d'autres régions qui sont peut-être
trop considérables pour ce qu'elles ont. Je pense qu'il y a tout un
processus beaucoup plus complexe que simplement prendre un montant et dire: Ce
sont 20 000 000 $ et arrangez-vous avec cela. Je pense qu'il y a toute une
mentalité à créer. Il y a toute une motivation à
créer. Est-ce que les deux ensemble, la loi 75 et cette mesure de
décentralisation des budgets, pourraient...
M. Chevrette: Mais est-ce que vous êtes...
Mme Lavoie-Roux:...se compléter l'une, l'autre? Je ne le
sais pas, mais cela doit être examiné de plus près. Ce
n'est pas strictement de dire: On décentralise les budgets et cela
règle le problème de l'effectif médical.
M. Chevrette: Mais vous êtes consciente, Mme la ministre,
qu'il y a une disproportion et une iniquité entre les
régions.
Mme Lavoie-Roux: Et comment!
M. Chevrette: Bon. À partir du fait que vous êtes
consciente de cela - et vous dites que vous êtes d'accord avec une
décentralisation - sans discuter sur les modalités,
êtes-vous d'accord pour qu'on décrète au moins un moratoire
en termes de développement dans les régions favorisées, si
on veut, au moins à moyen terme? On ne peut pas penser à du long
terme. Au pire, il faut viser le moyen terme dans les correctifs des
iniquités régionales. Est-ce que vous êtes prête,
à ce moment-là, à vous engager, comme ministre de la
Santé et des Services sociaux, à décréter un
moratoire en termes de développement dans les régions dites
favorisées?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, au moment où nous
nous parlons, je ne suis pas prête à décréter un
moratoire. Je pense qu'on a mis en place toute une opération avec la
table de concertation où on a invité chacun des partenaires, en
partant des universités et en allant jusqu'aux fédérations
de médecins; enfin, je ne sais pas qui d'autres, mais ils sont au moins
dix représentants de diverses organisations autour de cette
table-là. Nous avons adopté la loi 75. Nous cheminons avec la loi
75. Et je pense que vous discutez à ce moment-ci de l'effectif
médical. On pourrait peut-être passer le paquet pendant que j'y
suis, si vous voulez.
M. Chevrette: Je n'ai pas compris ce que vous avez dit.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous voulez qu'on discute la
questions de l'effectif médical plus à fond à ce
moment-ci?
M. Chevrette: Non, je...
Mme Lavoie-Roux: Parce que je vous ferais part des
difficultés qu'on rencontre aussi.
M. Chevrette: J'en suis bien conscient, mais on va y revenir.
J'aimerais mieux qu'on s'en tienne au rapport Rochon.
Mme Lavoie-Roux: Bon d'accord. Je ne suis pas prête
à ce moment-ci, alors que je n'ai pas toutes les données en main,
par exemple, précisément quant à la région 6A,
parce que c'est elle qui nous vient à l'esprit quand on pense à
une région qui serait dite favorisée: encore faut-il que j'aie
toutes les données pour toutes les spécialités et je pense
que c'est simplement avec ces outils-là, avec le plan que normalement la
région 6A devrait nous présenter, qu'à ce moment-là
on sera en mesure de prendre les actions qui vont enclencher ce processus d'une
meilleure distribution des médecins.
M. Chevrette: Si vous êtes déjà consciente
des iniquités - et votre réponse a été très
spontanée, je vous observais, vous avez dit:
Dieu sait que oui! - la minute où vous ne décrétez
pas de moratoire quant au développement, êtes-vous consciente, Mme
la ministre, que vous risquez d'accroître le fossé entre les moins
bien nantis et les mieux nantis?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas dit... C'est parce que vous me
demandez si je suis prête à décréter un moratoire
sur-le-champ. J'ai dit que, quand j'aurai toutes les données... Parce
que les premières données qu'on a eues sont que, en tout cas dans
un bon nombre de spécialités, on serait en surplus dans la
région 6A. Alors, à ce moment-là, le résultat de la
loi 75 serait certainement à l'égard de certaines
spécialités...
M. Chevrette: Je vous donne un exemple.
Vous semblez répondre en fonction de l'effectif médical
uniquement. Je vous donne un exemple. Il y a peut-être huit ou dix
scanners à Montréal. D'accord? Il n'y en a peut-être pas un
maudit dans la Montérégie. Si vous en autorisez un autre à
Montréal, sur le territoire de Montréal, et que vous n'en
octroyez pas un dans la Montérégie, automatiquement le
fossé est encore agrandi entre les services donnés à la
clientèle montréalaise par rapport à la
Montérégie qui a un manque à gagner, qui est la
dernière en termes de ressources, vous le savez. La région de
Laurentides-Lanaudière est l'avant-dernière. Ce que je veux dire,
c'est: Est-ce que vos priorités de développement - quand je dis
développement c'est au sens large, ce n'est pas seulement l'effectif
médical, c'est l'équipement, c'est l'ajout de lits - iront
d'abord et avant tout pour une forme de rattrapage et que vous
décréterez à toutes fins utiles un moratoire dans les
régions dites suréquipées ou en tout cas mieux
nanties?
Mme Lavoie-Roux: Ce que je peux dire au chef de l'Opposition
à ce moment-ci c'est que, d'abord, toutes les régions du
Québec sauf la région de la Basse-Côte-Nord ont maintenant
à leur disposition la tomographie axiale. C'est évident qu'H y a
quand même une norme, si on peut l'appeler ainsi, qui va probablement
être modifiée avec la multiplication de la tomographie axiale;
c'était une tomographie axiale par 150 000 habitants. J'ai l'impression
qu'on s'en va vers un nombre plus restreint, non pas de tomographies, mais on
l'accordera à une population plus restreinte et, dans ce sens-là,
c'est évident que les priorités vont dans des réglons
où il n'y en a pas. Il faut bien comprendre que, dans la région
de Montréal, ceux qui ont eu leur premier scanner, pour parler le
langage courant, je pense que cela remonte en 1972 ou 1973, et leur scanner est
devenu un scanner de quatrième et peut-être même de
cinquième génération.
Une voix: Quatrième.
Mme Lavoie-Roux: Quatrième génération, et,
depuis, il y a eu un perfectionnement considérable et ce sont des gens
qui l'ont depuis douze ou quinze ans. Il y a aussi une question de remplacement
dans certains hôpitaux de Montréal, mais je pense qu'en termes de
scanners eux-mêmes il y en a probablement suffisamment dans la
région de Montréal - je n'ai pas l'information précise -
c'est-à-dire dans la région 6A. Les décisions que j'ai
prises l'ont été vis-à-vis des régions
éloignées durant les deux dernières années, d'une
façon générale.
Délégation d'actes
M. Chevrette: Toujours sur le rapport Rochon. Quelle est votre
réaction à la recommandation d'abolition de la
délégation d'actes?
Mme Lavoie-Roux: Ma réaction est encore celle que j'ai
exprimée la journée même, à savoir qu'il s'agissait
d'un sujet délicat, mais que je n'ai pas mis de côté comme
sujet de consultation lors de la tournée. Ce n'est pas quelque chose que
j'ai écarté en disant que ça, on n'en parle pas. Mais cela
demeure un sujet délicat ou difficile.
M. Chevrette: Est-ce que vous endossez cette recommandation,
individuellement? Comme ministre, est-ce que vous l'endossez, à supposer
que le Conseil des ministres ne l'a pas entérinée? Est-ce que,
comme ministre, vous acceptez cette notion d'abolition de
délégation d'actes? Vous avez vécu dans le réseau
au moins 28 mois et vous étiez dans le domaine des services sociaux
avant. On en avait entendu parler; ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle de
délégation d'actes. Qu'est-ce qui se passe avec la frustration de
tous les professionnels qui vivent cette délégation d'actes?
Est-ce que cela ne vous a pas convaincue d'adhérer spontanément
à cette recommandation du rapport Rochon?
Mme Lavoie-Roux: Non, pas spontanément, pour la bonne
raison qu'il y a aussi une question de responsabilités que
différentes personnes doivent assumer. D'une part, ce serait souhaitable
parce qu'on dirait: II n'y aurait plus d'obstacles à personne et chacun
ne pourrait pas faire... Il y a quand même encore les corporations
professionnelles qui sont les gardiennes des actes posés par les
professionnels, mais je pense qu'il faut mesurer différents
éléments dans toute cette question de la délégation
d'actes. Je ne crois pas avoir tous les éléments en main pour
dire: Je suis absolument pour ou je suis absolument contre. C'est pour cela que
je veux avoir plus d'éclairage sur cette question-là.
M. Chevrette: Prenons l'exemple d'une infirmière sur la
Basse-Côte-Nord, où il n'y a pas de médecin pour lui dire:
Donnez-lui une piqûre contre le tétanos. Elle la donne. Il ne peut
pas y avoir de délégation d'actes; il n'y a pas de docteur.
Est-ce qu'on ne se complexifie pas toute la vie parce qu'on base toute notre
approche à partir de ce qui se passe dans les grands centres
plutôt que de regarder la délégation d'actes, les impacts
négatifs autant financièrement, Je suis convaincu que,
financièrement... Ne croyez-vous que c'est une clé dans le
rapport Rochon également pour diminuer le coût astronomique
financier que provoque la délégation d'actes? (12 heures)
Mme Lavoie-Roux: Vous avez peut-être raison, vous avez
certainement raison que, dans les régions très
éloignées, par exemple ce sont des sages-femmes ou des
infirmières qui accouchent les femmes, traditionnellement ou
historiquement, alors qu'à Montréal, ou même à
Québec, on ne semble pas aussi aussi prêts à dire: Les
sages-femmes ou les infirmières peuvent accoucher les femmes. Sur
ce point-là, vous avez raison. Que cela pourrait se traduire par une
diminution des coûts, je n'ai pas de chiffres à cet effet. En tout
cas, c'est une hypothèse que je ne rejette pas, mais, encore une fois,
je reviens à toute la question de la responsabilité du ministre
de la Santé, avant d'ouvrir une écluse - d'abord, la question de
la responsabilité, je l'ai mentionnée tout à l'heure - de
bien s'assurer de la meilleure qualité possible des actes. Je pense que
ce sont des questions très larges.
M. Chevrette: Si l'on conçoit que la formation par rapport
aux corporations professionnelles permet de poser jusqu'à tel geste - et
c'est dans leurs propres programmes de formation et c'est contrôlé
par l'Office des professions - comment se fait-il qu'on subordonne la
possibilité d'un professionnel a une décision d'un autre, quand
on le forme en fonction de poser tel geste? C'est tout ça qu'est le
discours et c'est la question que je vous pose. Si vous étiez
infirmière demain matin, concevriez-vous que vous auriez le droit de
poser tous les gestes qu'on vous a montré à poser et que vous
avez le droit de poser en vertu de votre profession ou trouveriez-vous
concevable, et j'y vais par un exemple pour bien me faire comprendre, que vous
soyez subordonnée à l'O.K. d'un autre, alors que vous avez la
capacité professionnelle de le faire?
Mme Lavoie-Roux: Je ne crois pas, lorsque vous parlez des
infirmières, qu'elles ne soient pas autorisées à poser les
gestes pour lesquels elles ont été formées. Je pense qu'il
y a des gestes qu'elles doivent poser sous la surveillance directe ou un peu
moins directe des médecins. Cela concerne toute la question de la
délégation des actes dans le domaine médical qui a
été revue, si ma mémoire est bonne, en 1982 par le
ministre du temps, Jacques-Yvan Morin, et qui avait donné lieu à
un très long débat, et ce sont finalement les conclusions
auxquelles les gens en étaient arrivés. Je ne refuse pas de
réexaminer cela, mais je suis incapable de vous dire aujourd'hui si
c'est cette direction-ci ou cette autre direction-là.
M. Chevrette: Oui, mais si une commission royale d'enquête
formée de professionnels ayant fait des études poussées en
arrive à la conclusion que ce serait un bienfait pour le système
de santé lui-même, est-ce à dire que vous doutez donc de la
justesse de la commission Rochon, dans son jugement, quant à cette
recommandation?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le chef de l'Opposition
le sait fort bien, il a certainement reçu des recommandations fort
importantes, que ce soit dans la santé ou dans un autre ministère
au moment où il occupait d'autres fonctions, des recommandations qui, en
soi, peuvent être correctes. Mais il y a aussi la capacité du
législateur ou de celui qui décide de pouvoir appliquer toutes
les recommandations qui lui sont transmises. Un autre élément qui
m'ap-paraît important, c'est que, d'une part, tout en tentant de faire
respecter le mieux possible les prérogatives d'un professionnel quel
qu'il soit, d'autre part, je pense aussi qu'il faille s'assurer du
fonctionnement harmonieux et d'une certaine cohésion, d'une certaine
cohérence et d'un certain consensus entre toutes ces choses. Sinon on
peut créer plus de problèmes qu'on ne veut en corriger.
M. Chevrette: Mme la ministre, je vais vous poser ma question
différemment, d'abord.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: Vous m'avez déjà dit, en pleine
commission parlementaire sur l'étude des crédits, je pense,
durant la première année où vous étiez ministre de
la Santé, que vous étiez d'accord avec les sages-femmes.
Mme Lavoie-Roux: Et je le suis encore.
M. Chevrette: Bon. Prenons ce cas concret. Donc,
là-dessus, on est sur la même longueur d'ondes et je suis
d'accord. Vous savez qui sera contre (es sages-femmes. Ce ne sont pas les
infirmières; elles vont dire: Qu'elles aient une formation de premier
cycle universitaire ou à peu près. Elles peuvent exiger
ça.
Cela dit, qui aurez-vous contre? Le lobby médical. À un
moment donné, quelqu'un devra trancher. Si la ministre de la
Santé dit: Moi, je suis pour les sages-femmes et je veux que cela
s'instaure immédiatement et que cela commence-Vous savez que certains
gynécologues ne veulent pas faire d'accouchements à cause de la
prime d'assurances et qu'il y a des omnipraticiens qui ne veulent plus en
faire. Est-ce qu'on va attendre qu'il n'y en ait plus un maudit qui veuille en
faire et est-ce que, sous prétexte de ne pas passer, nous autres, parce
que le lobby médical est trop fort et que c'est du corporatisme, on
n'agira pas ou est-ce qu'on dit aux médecins: Je comprends que vous
vouliez garder le gâteau le plus large possible, mais on a une
responsabilité collective et une vision sociale différente de la
vôtre et on agit? Dans le cas des sages-femmes, quel geste
êtes-vous prêts à poser demain matin?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais avoir le
même - comment dirais-je? - jugement absolu que le chef de l'Opposition
eu égard au consensus qui existerait présentement à
l'endroit de toute la question des sages-femmes, en disant: II y a uniquement
les corporations médicales qui sont contre.
M. Chevrette: Les infirmières se sont
prononcées pour. Donc, il ne reste plus grand-chose à part
les médecins en haut de cela.
Mme Lavoie-Roux: Les infirmières se sont prononcées
pour, avec des réticences. Il y a encore des objections de la part de
plusieurs groupes, à savoir, le niveau de formation, là où
cela devrait s'exercer et d'autres variables. Je dis que c'est un dossier que
l'on doit poursuivre. Je pense qu'il faut le faire de telle façon que
les résultats qu'on veut atteindre puissent l'être.
M. Chevrette: Êtes-vous consciente que dans un sondage
scientifique il y a 72 % de
Québécois qui reconnaîtraient le statut des
sages-femmes? A-t-on porté cela à votre attention?
Mme Lavoie-Roux: Je pense l'avoir vu, en tous les cas.
M. Chevrette: Êtes-vous au courant que le Conseil des
affaires sociales et de la famille a recommandé la reconnaissance de la
profession des sages-femmes?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: La Fédération des infirmiers et
Infirmières propose également de les reconnaître. Plusieurs
groupes de femmes, presque la totalité des groupes des CLSC nous ont
écrit et nous ont donné des appuis. Vous devez avoir reçu
tout cela autant que nous. Le seul groupe qui, publiquement, a eu non seulement
des réticences, mais s'est prononcé contre, c'est le groupe de la
corporation à part cela, c'est Augustin Roy et son groupe.
Pour le ministère, est-ce que ce dossier est une priorité
ou si c'est quelque chose qui va encore prendre la formation d'un
comité?
Mme Lavoie-Roux: Non. Je voudrais simplement revenir sur le fait
que c'est d'ailleurs une question qui a été discutée au
moins pendant dix ans sous l'ancien gouvernement. Ah oui! Dix ans. Ils ont
dû manquer de courage quelque part, eux aussi. C'est ce que vous semblez
me dire.
Je vous dis que sur le principe même les gens sont assez d'accord.
Mais, sur les modalités ou les mécanismes, on est moins loin
qu'on ne l'était. Je dois dire qu'on est pas mal moins loin d'un accord
qu'on ne l'était, dans ce sens que même du côté de la
profession médicale on sent déjà beaucoup plus d'ouverture
qu'on n'en sentait il y a quelques années, du côté des
obstétriciens, du côté des gynécologues.
M. Chevrette: On n'a pas le même discours d'Augustin, vous
et moi, d'abord.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, on ira voir Augustin ensemble. Je
m'excuse auprès du Dr Roy.
M. Chevrette: A ce moment, il nous tiendra le même
discours.
Mme Lavoie-Roux: Je veux juste vous donner un autre exemple quand
vous dites que les infirmières sont d'accord. La
Fédération des infirmières est d'accord, l'Ordre des
infirmières n'est pas d'accord sur les modalités disant qu'elles
devraient être membres de la profession d'infirmière et la
fédération et d'autres groupes disent que ce ne serait pas
nécessaire d'être infirmière pour être sage-femme. Il
y a toutes ces modalités. Je dois vous dire que ce n'est pas un dossier
relégué aux oubliettes.
M. Chevrette: Quant à la formation, escomptez-vous aller
dans le sens où les gens allaient il y a deux ou trois ans, au moins au
premier cycle universitaire?
Mme Lavoie-Roux: Là encore, il y a différents
points de vue là-dessus.
M. Chevrette: Et votre opinion?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je prendrai mes décisions
quand j'aurai tous les...
M. Chevrette: Mais est-ce que vous avez des idées
là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai rien à exprimer ce matin
là-dessus.
M. Chevrette: Votre idée n'est pas faite. Vous êtes
comme votre chef. Vous avez une idée et vous la ferez connaître
plus tard.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense que c'est sage parfois
de ne pas toujours se lancer la tête la première, surtout à
la suite de pressions comme le fait le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: II ne faut pas attendre qu'il y ait 50 000
personnes dans la rue pour faire connaître son idée.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: À 25 000, cela devrait déjà
commencer à faire réfléchir.
Cela dit, est-ce que votre politique en périnatalité est
à la veille d'être connue? Il contrôle plusieurs politiques,
celui-là, il se court depuis tantôt. Il contrôle plusieurs
politiques et il court à chaque fois que je vous pose une question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II est aussi bien... par là.
Mme Lavoie-Roux: À la suite de 85, il y avait aussi six
aspects du dossier qui deman-
daient un éclairage plus approfondi et les six groupes de travail
qui ont été chargés d'approfondir ces différents
aspects viennent de remettre leur rapport. On est à faire
l'intégration des différentes recommandations connues au rapport
et normalement en septembre cela devrait être terminé.
M. Chevrette: Est-ce que les sages-femmes feront partie de la
politique de la périnatal it é.
Mme Lavoie-Roux: C'est un des six.
M. Chevrette: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: C'est un des six.
M. Chevrette: Un des six points. Au moment où on se parle,
y a-t-il des documents disponibles ou si c'est tout ultra-secret?
Mme Lavoie-Roux: On procède à l'impression des
rapports des six groupes de travail pour leur diffusion.
M. Chevrette: Des six groupes? Donc, l'Opposition serait sur la
liste.
Mme Lavoie-Roux: Si cela vous fait plaisir, cela nous fait
plaisir.
M. Chevrette: On ne sera pas exclu comme pour votre
tournée. Ce n'est pas moi qui l'ai annoncé, c'est vous.
Mme Lavoie-Roux: Ha, ha, hal Les règles du jeu sont
claires.
M. Chevrette: Pensez-vous qu'on n'aurait pas d'idée
à vous donner? Je pourrais vous amener dans la région
Lanaudière-Laurentides, on aurait peut-être autant d'idées
dans l'Opposition que vous pouvez en avoir au pouvoir dans cette région.
N'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Sans aucun doute. Il n'y a rien qui vous
empêche de me donner vos idées.
M. Chevrette: On va se présenter à vos
assemblées.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Chevrette: On va se présenter à vos
assemblées, sauf qu'on sera dans la salle, d'après ce que j'ai
compris. Vous serez accompagnée d'Albert et de Gervais.
Mme Lavoie-Roux: Nommez-moi donc un ministre du temps du
gouvernement du Parti québécois qui est allé consulter la
population et qui a amené des députés libéraux avec
lui. Vous n'acceptiez même pas qu'on soit à vos sommets
socio-économiques et à tous vos grands sommets.
M. Chevrette: C'est faux. Albert Houde a été assis
à ma gauche durant tout le sommet, madame. Faites attention à ce
que vous dites. Vérifiez.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui. Moi, je me souviens d'avoir
été exclue, en tout cas.
M. Chevrette: Albert Houde assis à ma gauche, madame. Ce
n'était pas un cadeau de l'endurer trois jours!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Lavoie-Roux: Cela n'est pas gentil.
M. Chevrette: C'est une farce. Si vous vous permettez d'en faire
une de temps en temps, je peux bien me le permettre. Pour les actions
maintenant, je suppose que vous êtes présidente du comité
interministériel des affaires sociales.
Mme Lavoie-Roux: C'est COMPACS, le comité pour le
développement culturel et social. C'est le ministre de
l'Éducation qui est...
M. Chevrette: M. Ryan. Les actions de votre ministère pour
la mise en place d'une politique familiale sont-elles déjà
élaborées et rendues à ce comité?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous devez rencontrer le ministre
délégué responsable de...
M. Chevrette: On le rencontre sur les ambulances, lui, sur les
cerises rouges. On ne le rencontre pas...
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Après cela, il y a six heures
avec lui pour discuter du dossier des personnes handicapées et de la
politique familiale. Je pense que je vais laisser mon collègue
répondre.
M. Chevrette: Vous étiez à l'origine du
dossier?
Mme Lavoie-Roux: II a été transféré
au mois d'août.
M. Chevrette: Bon. Avant le mois d'août quelles
étaient les actions posées par Mme la ministre de la Santé
et des Services sociaux? (12 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous dire qu'il y a des actions du
ministère comme tel qui avaient été transmises même
au moment où j'avais la responsabilité du dossier; elles ont
peut-être été développées davantage depuis ce
temps-là. Il y avait déjà des actions du ministère
touchant...
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a de la docu-
mentation qui date de votre temps et qui pourrait être fournie aux
membres de la commission?
Mme La voie-Roux: Non, je pense que... Vous le demanderez au
ministre responsable, s'H veut vous la transmettre.
M. Chevrette: Vous n'avez pas d'objection à cela?
Mme La voie-Roux: Vous demanderez au ministre responsable.
Nouvelles technologies de reproduction humaine
M. Chevrette: Le comité qui travaille - parce qu'il y a
beaucoup de comités chez vous, on en a listé pas mal -
présentement aux nouvelles technologies de reproduction humaine a-t-il
déposé son rapport?
Mme Lavoie-Roux: Non. Je ne l'ai pas reçu.
M. Chevrette: Est-ce que vous pensez que ce dossier devra
être traité d'une façon assez parallèle ou
peut-être même d'une façon intégrée avec le
rapport Cadieux?
Mme Lavoie-Roux: Le rapport Cadieux, c'est sur l'adoption,
c'est-à-dire les retrouvailles.
M. Chevrette: Les retrouvailles. Mme Lavoie-Roux:
L'inverse.
M. Chevrette: Est-ce que vous ne vivrez pas les mêmes
problèmes dans le rapport sur la reproduction humaine que ce qu'on peut
revivre, par exemple, en ce qui concerne les difficultés de la
connaissance des faits?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, ce que je vais vous dire, c'est
que je vais recevoir le rapport. Il y a peut-être là-dedans un
élément qui pourrait avoir des répercussions sur les
recommandations du rapport Cadieux. Il faudra voir si on peut isoler cet
élément et l'introduire; sans cela, il va falloir
considérer le rapport dans son ensemble et voir le type de
recommandations qu'on me fait. Est-ce qu'il y a, par hypothèse, la
possibilité qu'un élément qui, sans doute, pourrait
rejoindre les préoccupations relatives aux retrouvailles, à ce
moment-là puisse être isolé... Encore une fois, je vous
parle sans avoir vu l'ensemble des recommandations.
M. Chevrette: Mais les journaux titrent - je ne sais pas si c'est
aujourd'hui...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas eu le temps de les regarder.
M. Chevrette: ...que le Conseil du statut de la femme serait
quasiment mis en tutelle parce que Mme Mckenzie est contre l'anonymat et vous,
vous seriez pour l'anonymat. Qu'est-ce que c'est, exactement? Quelle est votre
position face à cela?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas à être pour ou contre
l'anonymat, j'attends les recommandations...
M. Chevrette: Elle est pour l'anonymat, c'est cela que j'ai
dit.
Mme Lavoie-Roux: ...du rapport.
M. Chevrette: Je me suis peut-être trompé dans mon
expression. Mme Mckenzie n'est pas sur la même longueur d'ondes, nous
disent les journaux, que vous.
Mme Lavoie-Roux: Je ne pense pas que les journaux aient dit cela.
Elle n'est pas sur la même longueur d'ondes que les autres membres du
comité qui a étudié les techniques de reproduction. Pour
le moment, je ne peux pas être ni pour ni contre, j'examinerai l'ensemble
des recommandations
M. Chevrette: Vous devez être à la veille de l'avoir
en mosus puisque hier, le 18 avril, H y a eu un Telbec, qu'on a entre les
mains, et on y dit ceci: Dans une lettre qu'elle a fait parvenir aujourd'hui
à Mme Thérèse Lavoie-Roux - c'était hier - ministre
de la Santé et des Services sociaux, Francine Mckenzie, membre du
comité de travail sur les nouvelles technologies de reproduction,
informe la ministre de son refus de signer le rapport de ce comité,
étant donné que ce comité a refusé d'inclure dans
le rapport l'opinion synthèse que j'avais déposée et
qu'elle a procédé au... - je ne sais pas trop - par les
dissidences et les commentaires. Il serait absurde - écrit la
présidente du Conseil du statut de la femme - que j'entérine la
censure dont je suis l'objet. Elle n'est pas d'accord avec le comité. On
ne vous a pas encore donné le rapport du comité...
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on vient de me dire, c'est qu'on est
à la toute fin de la dactylographie ou de l'impression du rapport qui
doit être de nouveau, m'informe-t-on, soumis aux membres du comité
pour leur approbation avant qu'il ne me soit transmis. Je ne l'ai vraiment pas,
ni même le brouillon.
M. Chevrette: Est-ce que ce rapport sera rendu public?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, encore une fois, je verrai le
rapport et je prendrai ma décision après. Normalement, je pense
que c'est un sujet qui intéresse tout le monde.
M. Chevrette: Mais si c'est un sujet aussi...
Mme La voie-Roux: Peut-être pas tout le monde, mais il
intéresse beaucoup de gens.
M. Chevrette: Si c'est un sujet aussi controversé, est-ce
qu'on pourrait compter également sur la publication des dissidences? Je
comprends que cela peut être controversé comme sujet, je le
reconnais, j'ai travaillé un an à la question de...
Mme Lavoie-Roux: Moi, je vais vous dire sur cette question de
dissidence, M. le chef de l'Opposition, ce qu'il faudrait savoir, et cela, je
ne le sais pas. C'est: Est-ce qu'on a vraiment empêché d'annexer
ou d'introduire dans le rapport lui-même... Une dissidence, cela fait
partie d'un rapport aussi, j'ai déjà fait partie aussi d'un
comité assez important et ma dissidence a été
annexée au rapport. Il n'y a rien qui va s'opposer à ce qu'une
dissidence soit annexée à un rapport mais, s'il s'agit de faire
un autre rapport, là c'est une autre chose.
M. Chevrette: Ce que je veux dire, Mme la ministre, c'est ceci:
À supposer que le comité refuse d'introduire la dissidence dans
le rapport, c'est ce que je demande, est-ce qu'on pourra, en tout cas comme
membres de l'Assemblée nationale, connaître à la fois le
rapport et les dissidences, peut-être, dans les annexes qu'on pourra nous
imprimer? Je ne sais pas là. M... ne semble pas être d'accord pour
introduire les dissidences, me dit-on, ou des parties de la dissidence de Mme
McKenzie.
Mme Lavoie-Roux: Ce dont j'ai été informé,
c'est que le groupe - je le mets au conditionnel, je n'ai pas
vérifié directement avec les personnes - aurait accepté
que des dissidences soient incluses après chaque chapitre du rapport. Je
pense que c'est au comité lui-même de décider de la
présentation des dissidences possibles. Je ne pense pas qu'un
comité puisse s'opposer à ce que des dissidences trouvent place
à l'intérieur d'un rapport.
M. Chevrette: La partie du rapport Rochon traitant de l'approche
par programme, comment la ministre de la Santé et des Services sociaux
reçoit-elle cela?
Mme Lavoie-Roux: On la reçoit d'une façon positive
parce que c'est de la façon dont nous tentons de fonctionner de plus en
plus à l'intérieur du ministère. Cela nous apparaît
comme une approche logique pour, d'une part, ne pas morceler des actions qui
pourraient être trop parallèles de différents intervenants
qui peuvent travailler auprès d'une même clientèle, par
exemple. Alors, c'est déjà quelque chose qui est introduit au
ministère depuis un an et demi ou deux ans avec la réorganisation
du ministère.
Privatisation
M. Chevrette: J'ai été informé que le
président du Conseil du trésor fait une tournée
présentement dans les centres d'accueil. J'ai entendu cela à la
télévision. Il est allé voir ce qui se passait dans les
centres d'accueil du Québec. Je suis surpris de cela. Je croyais que la
ministre de la Santé et des Services sociaux, c'était vous. Je
voudrais savoir quelle est votre perception des dimensions de privatisation
prônées par M. Gobeil de créer des coopératives
autofinancées dans le domaine de la santé. Quelle est votre
réaction à la dimension de la privatisation des soins de
santé?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, évidemment, j'ai
répondu au député de Gouin sur ce sujet assez longuement,
il y a deux ans.
M. Chevrette: Oui, mais le rapport Rochon a parlé d'un
système de santé public. Il a même réagi dans les
tournées régionales. Vous devez sans doute être au courant
de ce qui se dit quand la commission Rochon fait les tournées
régionales. J'y ai assisté à un endroit et même la
commission Rochon décrit les HMO, au sujet desquels vous sembliez un peu
plus sensible; à plus forte raison, on dirait que cela frémit
quand on entend parler le président du Conseil du trésor de
privatisation. Je voudrais savoir, premièrement, ce que vous pensez de
la privatisation des soins de santé. Je ne parle pas de certains
services qui peuvent être connexes ou rattachés à la
santé, je parle des soins de santé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais d'abord
répondre à une première remarque du chef de l'Opposition,
à savoir que le président du Conseil du trésor serait
allé dans deux ou trois centres d'accueil. Je sais qu'il y a des
fonctionnaires du Conseil du trésor qui y sont allés et je dois
vous dire que j'en étais très très heureuse. Je pense
qu'il est bon que d'autres gens aillent se rendre compte sur place pour voir
comment les choses se passent.
M. Chevrette: Pour avoir été au Conseil du
trésor, madame, pour les sensibiliser, je suis bien d'accord avec vous.
Ce n'est pas cela.
Mme Lavoie-Roux: Alors...
M. Chevrette: Le président, je pariais du
président.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Chevrette: Vous avez même un sous-ministre qui vient du
Conseil du trésor.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il y en a plusieurs, me dit-on.
M. Chevrette: Ah! Il y en a au moins deux, oui c'est vrai.
Mme Lavoie-Roux: Bon. En ce qui touche la question de la... Il y
en a trois!
M. Chevrette: Là, je pense que vous en avez assez!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Lavoie-Roux: II y en avait même quatre et il y en a un
qui est parti, celui des relations du travail. Voyez comme le ministère
est attirant, n'est-ce pas?
M. Chevrette: C'est parce qu'ils adorent les défis
même!
Mme Lavoie-Roux: Sur toute la question de la privatisation, je
pense, M. le Président, qu'H faudrait demander au président du
Conseil du trésor le fond de sa pensée.
M. Chevrette: Je veux avoir la vôtre.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'ai indiqué clairement que,
dans toute la question... Je regarde la réalité telle qu'elle est
pour toute la question des soins et encore faudrait-il faire attention. Il y a
les soins dans les centres d'accueil et il y a les soins dans les
hôpitaux. Je pense que, dans les hôpitaux, il n'est nullement
question de privatiser quoi que ce soit. Du côté des centres
d'accueil et des hôpitaux de longue durée, où il y a aussi
des soins - forcément, que voulez-vous - la réalité est
qu'on en a du privé. Je ne suis pas pour vous dire qu'il n'y en aura
pas, H y a du privé, et je pense que c'est la réalité avec
laquelle on doit vivre. Il y a au moins une centaine de centres d'accueil et
d'hôpitaux de soins prolongés qui sont privés.
M. Chevrette: Je sais que vous pourriez faire la distinction
entre l'autofinancé et le conventionné, mais là n'est
pas... Dans les conventionnés, vous savez qu'à toutes fins
utiles, Mme la ministre, c'est du public. Si on regarde la qualité du
contrôle qui s'effectue, je comprends cela. Mais ce que je veux dire...
La question de base qu'on vous pose, c'est: Entendez-vous privatiser... Cela ne
veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir le mixte, qu'H ne faut pas continuer
par rapport à la situation actuelle ou de temps à autre avoir la
reconnaissance d'un privé conventionné ou, de temps à
autre, H peut y avoir un permis d'émis à un autofinancé.
Mais la question est la suivante: Êtes-vous favorable à
l'élargissement de la privatisation dans le domaine des soins de
santé?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que je n'ai
donné aucune indication dans ce sens dans toutes les positions que j'ai
prises depuis que je suis à la direction du ministère.
M. Chevrette: Vous n'avez pas l'intention d'élargir la
privatisation, d'accroître la privatisation?
Mme Lavoie-Roux: À moins que je n'aie des indications,
mais je n'en ai pas dans le moment.
M. Chevrette: Vous n'en avez pas? Mme Lavoie-Roux:
Non.
M. Chevrette: Est-ce que vous considérez que les soins
comme tels, la dispensation des soins de santé relève
exclusivement du rôle de l'État, de la responsabilité de
l'État?
Mme Lavoie-Roux: Je vous l'ai dit tout à l'heure. Si je
vous disais que c'est cela exclusivement, il faudrait les transformer.
M. Chevrette: Non. On peut... C'est quand même votre
ministère qui paie dans les centres d'accueil conventionnés.
C'est quand même la RAMQ qui paie pour les actes médicaux à
l'intérieur des centres autofinancés. Ce n'est pas l'individu qui
paie de sa poche. En d'autres mots, êtes-vous pour des institutions de
santé complètement a la solde du privé? C'est cela, ma
question.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il faut...
M. Chevrette: Privatiser, ce n'est pas... En d'autres mots, je
m'appelle Jos. Bleau ou Simard de Sorel et j'ai de l'argent...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que...
M. Chevrette: ...je peux aller dans un centre d'accueil
privé. Est-ce clair? Êtes-vous d'accord avec cela?
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. C'est parce que j'ai eu une
distraction. Voulez-vous répéter la dernière?
M. Chevrette: Ce sont les SS qui l'ont. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Chevrette: Est-ce vous laisseriez s'instituer au Québec
un centre d'accueil complètement privé qui donnerait des soins de
santé à une clientèle riche?
Mme Lavoie-Roux: II y en a présentement. Je pense... Je ne
pourrai pas vous donner le nom exact, mais il y en a quelques-uns.
C'est-à-dire que probablement les médecins sont toujours
payés par la RAMQ parce que vous avez... Il faudrait que ce soient des
médecins désengagés.
Mais même ceux où c'est financé pour de la
clientèle non autonome, je pense à quelque chose dans le coin de
Sainte-Geneviève, je ne suis pas capable de vous dire le nom -
écoutez, c'est aussi privé qu'on puisse connaître au
Québec, le plus privé possible, si on veut - ils sont encore
payés par la RAMQ et, dans ce sens-là, pour reprendre votre
explication, ils ne sont pas totalement privés non plus. Est-ce qu'on
peut aller au-delà de cela? Déjà, ceux-là ont des
difficultés quand il s'agit de donner des soins. Ils ont des
difficultés à avoir une clientèle suffisante pour les
alimenter. Je doute fort qu'on s'en aille dans une direction où
même ceci, qui n'est déjà pas tout à fait
privé, selon vos références, pourrait le devenir encore
davantage sur une échelle qui risquerait de mettre en parallèle
la médecine privée et la médecine publique, comme on
connaît en Angleterre, par exemple.
M. Chevrette: Quand vous faisiez référence à
la venue éventuelle de HMO, pour vous, dans votre tête, est-ce que
ce n'était pas se substituer aux CLSC existants?
Mme Lavoie-Roux: Non, pas du tout. Un HMO, ce dont on a
parlé, il faudrait peut-être changer son nom. Si jamais on
arrivait à faire quelque chose, il faudrait changer son nom parce que
cela crée une confusion. C'est véritablement adapté au
Québec dans le contexte public du Québec et, à
l'intérieur d'un HMO, on pourrait avoir un CLSC qui dispense des
services. Je ne pense pas que c'est exclusif, absolument pas.
M. Chevrette: Quand vous faites référence à
un HMO, vous pensez en fonction d'un édifice, mais vous pouvez avoir un
HMO éclaté autant qu'un HMO bâtisse, contruction?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est évident.
M. Chevrette: C'est pour cela, quand vous parlez d'un HMO
éclaté, que cela peut ressembler étrangement à un
CLSC, a du service à domicile, à un suivi permanent. Si vous
parliez des HMO style accueil et hébergement, je pourrais comprendre,
mais quand vous parlez de HMO style éclaté, je ne vois pas
pourquoi vous importeriez ici une formule alors qu'on a déjà une
structure existante qui n'est malheureusement pas consolidée, mais qui
pourrait donner tous les services de prévention et tout le suivi
adéquat. Je n'ai pas compris votre approche.
Mme Lavoie-Roux: Le HMO peut comprendre un ensemble de
ressources. Il peut autant comprendre un CLSC qu'un centre d'accueil ou qu'un
hôpital. Et vous pouvez retrouver toutes ces choses - et peut-être
autre chose - à l'intérieur d'un HMO. Ce n'est pas exclusivement
un CLSC ou exclusivement un hôpital. De fait, cela ne l'est pas parce
qu'ils réussissent - évi- demment, c'est dans un système
payant - à développer d'autres ressources à même un
mode de fonctionnement qui est différent. Je ne suis pas une
spécialiste d'un HMO dans tous ses mécanismes, mais je pense
qu'on doit regarder tout ce qui permet, à l'intérieur de notre
système public, en assurant l'universalité,
l'accessibilité, etc., d'améliorer notre système.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
nous devons suspendre nos travaux sine die. Maintenant, je vous informe que nos
travaux reprendront quand même après la période des
affaires courantes où nous aurons l'avis du leader en Chambre.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 35)
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
la commission des affaires sociales va reprendre ses travaux. Nous
étions à l'étude des crédits du programme 3. Est-ce
qu'il y avait d'autres interventions sur le programme 3?
Personnel infirmier auxiliaire
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Moi, j'aimerais poser
quelques questions à Mme la ministre en particulier sur le sort des
infirmiers et infirmières auxiliaires, comment elle le voit comme
ministre. On sait que ces personnes, qui ont suivi des cours, qui sont
diplômées, ont vu leur nombre réduit d'environ 30 000
à 15 000 ou 17 000, me dit-on. Je ne voudrais pas faire d'erreur dans
les chiffres. Je n'en donne pas de précis pour ne pas que l'on se
contredise sur les chiffres. On sait que plusieurs institutions
hospitalitères veulent subsituter aux infirmiers et infirmières
auxiliaires des infirmiers et infirmières tout court, des
professionnels, et cela crée un joyeux problème auprès de
toute cette clientèle à qui on dit, à toutes fins
pratiques: Recyclez-vous et la paix.
On sait très bien que, dans le domaine de la santé et des
services sociaux, l'argent pour le perfectionnement, pour les bourses de
perfectionnement, ce n'est pas mirobolant comme cela l'est dans d'autres
secteurs, entre autres, l'éducation. On le déplore depuis
quelques années. À partir de ce fait-là, est-ce que vous
avez l'intention d'émettre certaines directives administratives
permettant à ce personnel qualifié de jouer un rôle dans le
domaine de la santé et des services sociaux?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis heureuse de la
question du chef de l'Opposition parce que je pense que c'est un fait assez
connu, que j'estime très importante toute cette question des infirmiers
et infirmières auxiliaires. Je vous dirai que ma motivation
première, quand j'ai
demandé de mettre sur pied un comité qui étudie
tous les besoins en main-d'oeuvre infirmière, le comité qu'on a
appelé le comité Munn, ma préoccupation première
était partie des infirmières auxiliaires, qui, comme on le sait
depuis - on peut mettre dix ans, si on veut, on peut mettre douze, peu importe
- qui, depuis un certain nombre d'années, se voient, disons,
coincées par deux facteurs principaux. Le premier est relié
à la question d'une plus grande spécialisation, entre guillemets,
requise par la nature des problèmes qui sont maintenant traités
dans les hôpitaux où l'avènement de la technologie
soit-disant a amené une plus grande complexité des tâches.
Le deuxième facteur, c'est celui que j'estime avoir été
présent - je peux me tromper - et qui continue dans les faits, c'est
qu'au moment où cela a été plus dur du point de vue des
coupures ou des compressions budgétaires, les
réaménagements se sont faits, peut-être à partir du
premier principe que j'ai évoqué et aussi - je ne sais pas si
c'est un principe - mais à partir de la nature des choses qui fait que
ceux qui ont été refoulés le plus facilement ont
été les infirmières auxiliaires. Je suis fort consciente
qu'il y en a, ... Là, on peut s'obstiner. Dans le temps, il y en avait
22 000, là on dit qu'il y en a 17 000, mais, qu'H y en ait 17 000 ou 20
000, c'est un nombre très important. Pour les avoir vus à
l'oeuvre avant même que j'occupe ce poste-ci, je me dis que c'est quand
même une main-d'oeuvre très précieuse, dont les gens, je
pense, d'une façon générale, sont toujours satisfaits -
enfin, il peut y avoir des cas comme dans n'importe quel groupe - mais dont la
population en général est satisfaite. Si bien que, lors des
dernières conventions collectives qui ont été
signées, ce premier gain qu'ils ont fait, sans vouloir me donner des
mérites que je n'ai peut-être pas complètement, cela a
été d'empêcher la déqualification de ces
gens-là. Moi, je trouvais injuste que quelqu'un qui avait
travaillé dix ou quinze ans dans un hôpital devienne
complètement exclu des services infirmiers. Certains passaient à
toutes sortes d'autres occupations, de réceptionniste à d'autres
tâches qui sont aussi nécessaires dans les hôpitaux, mais
qui n'étaient pas vraiment en relation avec la formation qu'ils avaient
eue.
Alors, je dois vous dire qu'aujourd'hui, et on y reviendra
peut-être tout à l'heure en réponse à des questions
que vous poserez, on a depuis la fin de février le rapport final, parce
qu'il y a eu une consultation sur le rapport préliminaire de ce
comité d'études sur les soins infirmiers. Nous l'avons en main et
je dois dire que la place qui a été faite aux infirmiers et
infirmières auxiliaires n'est pas très grande. Ce que je peux
réitérer au moment où on se parle, c'est que les
infirmiers et infirmières auxiliaires doivent faire partie de
l'équipe de soins. Il reste que des mesures administratives... Il est
encore trop tôt pour en parler d'une façon très
concrète, mais... Pas des mesures administratives, mais des orientations
qu'il nous serait permis de donner aux hôpitaux sans toucher aux
conventions collectives, mais reliées à l'organisation des soins
infirmiers pour que les infirmiers et infirmières auxiliaires soient
aussi partie à cette préoccupation-là.
Il reste tout le problème de la formation. Il y en a qui sont
enclins à dire, comme vous le mentionniez: Qu'on leur donne des cours de
recyclage, puis on va en faire des infirmières. Il y a un certain nombre
qui sont allés dans cette direction, ce qui est probablement la cause en
partie de la diminution du nombre, disons, de 22 000 à 17 000, mais je
pense que ces 18 000 personnes, c'est une main-d'oeuvre trop importante pour
penser qu'on puisse toute la recycler et je suis loin d'être sûre
que cela soit souhaitable qu'elle soit toute recyclée dans le sens de
s'en aller vers la profession d'infirmière.
On en est là dans nos réflexions, mais je veux vous
assurer que ce ne sont pas des personnes que j'ai l'intention de laisser
disparaître par le courant des choses ou le cours de la vie. Je pense
qu'elles doivent faire partie de l'équipe des soins infirmiers et toute
la question... Si elles ont besoin d'être... Moi, je parlerais
d'être perfectionnées plutôt que recyclées. S'il y en
a qui veulent se recycler, libre à elles, il n'y a pas de
problèmes, mais je ne sais pas dans quelle mesure c'est réaliste
de demander à des personnes qui peuvent avoir quelque part entre, je ne
sais pas, 45 et 55 ans, ou même 40 et 55 ans, et qui ont travaillé
X années, de penser qu'elles vont se recycler comme
infirmières.
C'est un petit peu le tour de la question et je pense que,
jusqu'à maintenant, j'ai démontré mon intérêt
pour elles et je pense qu'ils et elles - ce sont surtout des femmes - le
savent. On a un problème. Le but de ce comité d'études,
c'était d'examiner nos besoins en soins infirmiers, pas tellement en
nombre, si on veut, mais en termes de qualification que ces personnes doivent
avoir. Pour moi, une équipe de soins infirmiers, et peut-être y
a-t-il, si on prend les hôpitaux, des... Déjà, elles sont
exclues de certaines unités, qu'on prenne les soins intensifs ou
l'urgence. Du moins, je pense qu'on ne les retrouve pas là, les
auxiliaires infirmières, on les retrouve dans les unités de
soins. C'est un peu dans cette perspective qu'il faut poser des gestes qui
soient significatifs pour elles.
M. Chevrette: Le rapport devrait être rendu public
quand?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il a été rendu public
le rapport sur la main-d'oeuvre infirmière.
M. Chevrette: Mais vous dites que vous êtes en train de
refaire une consultation.
Mme Lavole-Roux: Non. Elle est terminée et
on m'a fait des recommandations sur le rapport de la consultation. Cela
n'a peut-être pas été rendu public?
Une voix: Non, cela n'a pas été rendu public. C'est
à finaliser dans le cadre des discussions et il y a quatre avenues,
quatre comités qui sont formés pour finaliser les choses.
Mme La voie-Roux: Vous avez compris? M. Chevrette:
Oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela va. Il faudrait vous identifier. (15 h
45)
M. Cantin (Réjean): Réjean Cantin. Le rapport comme
tel, comme le disait Mme la ministre, a fait l'objet de consultations. À
la suite, on a analysé l'ensemble des commentaires qui ont
été formulés. On a déjà tiré
certaines trames de fond. Il y a des points en particulier qui doivent
être regardés: l'infirmière à l'intérieur de
l'unité de soins, l'infirmière et l'administration de
l'établissement, l'infirmière et la convention collective -
j'oublie un des quatre éléments - et la formation, je crois. Une
fois que ce sera terminé, des recommandations seront remises à
Mme Lavoie-Roux et cela devrait se faire d'ici à peu près un
mois, un mois et demi.
Personnel infirmier clinicien
M. Chevrette: Est-ce que le rapport et les recommandations
touchent les infirmières et infirmiers cliniciens? On sait qu'il y a
beaucoup d'infirmiers et d'infirmières qui se qualifient davantage, qui
peuvent aller chercher jusqu'à deux ans de scolarité
additionnelle et qui sont toujours pris à l'échelon 12.
Contrairement aux gens de l'éducation où la scolarité est
reconnue aux fins de la rémunération, ce personnel se
perfectionne constamment dans bien des cas et est toujours plafonné
à l'échelon 12. Dans le rapport, est-ce qu'on a tenu compte de
cette dimension et est-ce qu'on s'apprête à faire des
modifications? Cela peut être très motivant pour un réseau,
surtout le réseau de la santé, que son personnel infirmier qui se
perfectionne se voie apprécié sur le plan de la
rémunération.
Mme Lavoie-Roux: C'est toute la question du niveau de formation,
tant des infirmiers et infirmières que des auxiliaires infirmiers et
infirmières, qui a quand même été abordée
dans l'étude sur la main-d'oeuvre en soins infirmiers.
Évidemment, tout le monde n'est pas d'accord là-dessus. Alors que
l'Ordre des infirmières et infirmiers dit: Cela devrait être de
niveau universitaire, les fédérations d'infirmiers et
d'infirmières disent que, de préférence, cela devrait
rester au niveau collégial. Tant pour eux que pour les auxiliaires
infirmiers et infirmières, toute la question du niveau de formation se
pose à ce moment-ci. Je pense que des consultations ont
déjà été faites avec le ministère de
l'Éducation à ce sujet. Je sais que, lors de la dernière
négociation - on me corrigera si je me trompe - la CSN avait beaucoup
insisté pour qu'il y ait une reconnaissance particulière, sur le
plan de la rémunération, de ceux qui étaient
détenteurs d'un bac. Sauf pour une association d'infirmiers et
d'infirmières - j'oublie laquelle, la FIIQ, je pense - les autres
n'avaient pas fait cette réclamation d'une rémunération
particulière au niveau du bac et de la maîtrise, quoique pour la
maîtrise, en général, il s'agit de postes administratifs.
Maintenant, est-ce qu'on voudrait, avec une formation de cégep, donner
le même type de rémunération selon les années de
scolarité? On sait que, dans le domaine de l'éducation, les gens
sont rémunérés selon le niveau ou les années de
scolarité. Ce sont des questions sur lesquelles la réflexion
n'est pas terminée, compte tenu - on va peut-être retomber dans
une crise de la classification - du fait que la majorité des infirmiers
et infirmières, dans le moment, ont un cégep et - je ne sais pas
dans quelle proportion - de 10 % à 15 % ont un bac ou des études
supérieures. Ce sont des questions qui sont examinées, mais sur
lesquelles on n'est pas prêt à se prononcer.
M. Chevrette: Où en est rendu le dossier des 15 700 000 $
de la dernière négociation? D'après ce que M. Gobeil a
dit, il paraît que les infirmiers et infirmières nous passaient de
chaque bord des oreilles, 51 000, au Québec, et les hôpitaux nous
disent qu'ils en manquent. Est-ce qu'on pourrait au moins savoir où en
est rendu ce dossier?
Mme Lavoie-Roux: Vous comprendrez qu'ils sont en pleine
négociation sur cette question de l'affectation du montant de 15 200 000
$ qui, les deux premières années, était un montant
forfaitaire, mais pour lequel il était prévu que, pour cette
dernière année, on négocie une autre distribution de ce
montant. Je dois vous dire qu'à l'heure actuelle on discute de la
possibilité d'une autre forme de distribution qu'un montant forfaitaire.
Je ne peux pas aller plus loin parce qu'on est en pleine négociation
là-dessus, mais je pense qu'il n'y a pas de...
M. Chevrette: Je comprends que vous ne vouliez pas en parier,
mais les infirmiers et infirmières du Québec se plaignent qu'ils
ont un rattrapage à faire d'environ 10 000 $ par rapport à leurs
confrères et consoeurs de l'Ontario. Les discussions devraient
être assez simples: Est-ce intégré ou non à
l'échelle? La question se pose assez vite quand on sait qu'un montant
forfaitaire, l'année d'ensuite, tu ne pars pas du montant que tu as eu
réellement, tu pars du montant qui était à
l'échelle. Si on ne l'intègre pas à l'échelle, le
décalage ou le fossé entre... Le rattrapage à faire par
rapport aux comparai-
sons établies avec l'Ontario serait encore plus majeur, si on
parle de rattrapage à l'échelle.
Mme Lavoie-Roux: Tout ce que je peux dire à ce moment-ci,
c'est qu'il y a des discussions dans le sens d'une distribution dans
l'échelle, mais sans pouvoir aller plus loin, je pense que c'est un des
points qui est à la table.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez fait des recommandations comme
ministre au Conseil du trésor?
Mme Lavoie-Roux: Oui, ils connaissent bien mon point de vue.
M. Chevrette: Connaissant votre point de vue et sachant que vous
étiez sympathique à la cause des infirmières, est-ce qu'H
serait osé de dire que vous les appuyez?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je leur ai indiqué, au
moment où je les ai rencontrées avec le président du
Conseil du trésor, que je comprenais les représentations qu'elles
venaient de nous faire, que, pour elles, c'était important de trouver
une distribution différente du montant de 15 000 000 $ par rapport
à un montant forfaitaire.
M. Chevrette: J'en conclus donc que, si jamais elles n'obtenaient
pas 15 000 000 $ à l'échelle, vous n'auriez pas gagné
devant le trésor.
Mme Lavoie-Roux: Je serais obligée de
démissionner?
M. Chevrette: Donc, vous avez...
Mme Lavoie-Roux: Je dis cela à la blague.
M. Chevrette: Vous avez donc... Non, non, je ne suis pas rendu
à la démission.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je ne suis pas rendu à...
Mme Lavoie-Roux: C'est dans le Journal des débats,
il faut quand même que je sois prudente. Vous allez me servir cela en
Chambre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Oui, mais je ne suis pas encore rendu à la
démission, moi. Je suis juste rendu au fait que, si vous ne gagnez pas
devant le trésor, sachant que vous avez été sympathique,
que vous avez défendu leur cause, vous auriez été au moins
perdante devant le trésor.
Mme Lavoie-Roux: Ah! bien, écoutez, des fois, cela
m'arrive, n'est-ce pas? Je ne gagne pas toujours devant le trésor. Mais,
en général, je suis assez chanceuse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Donc, on regardera si vous avez vaincu ou
perdu.
Une autre question: la gestion participative du rapport...
M. Rochefort:
Le Président (M. Bélanger): ...le
député de Gouin
Puéricultrices
M. Rochefort: J'aurais une question sur les effectifs
infirmiers...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: ...plus précisément sur les
puéricultrices. Qu'est-ce que vous envisagez pour elles?
Mme Lavoie-Roux: Ah! Vous avez dû connaître le
problème quand vous étiez adjoint parlementaire du...
M. Rochefort: Non, je l'ai surtout connu lorsque j'étais
votre vis-à-vis pour l'Opposition, mais cela n'est pas grave.
Mme Lavoie-Roux: Alors, écoutez, sur la question des
puéricultrices, si on se réfère encore une fois au rapport
sur la main-d'oeuvre infirmière, il faut bien reconnaître que, si
elles ne sont pas absentes, il n'y a pas beaucoup de place. Je pense qu'elles
sont absentes du rapport, mais je n'en suis pas certaine.
Évidemment, du côté de l'éducation en
particulier, depuis des années, on n'a pas poursuivi, je dirais, la
formation des puéricultrices. À ce moment-ci, à moins
qu'il n'y ait des éléments nouveaux qui surviennent, je pense
qu'H faut leur assurer, celles qui sont en place, de pouvoir travailler dans
des conditions convenables et respecter les... Mais je ne vois pas, et je vais
être très honnête avec vous, un développement dans la
direction de la puériculture.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, est-ce que, au fond -
on parle des puéricultrices, on parle des effectifs infirmiers; hier, il
y avait le cas, j'imagine que vous en avez discuté ce matin, de
Sainte-Justine; je me rappelle le cas de l'Hôpital de Montréal
pour enfants au département de neurologie aussi - finalement, est-ce
qu'on n'est pas en train de faire en sorte que, mis à part les
spécialités médicales, quand on tombe au niveau des
effectifs infirmiers, n'importe qui va pouvoir travailler dans n'importe
lequel département et s'occuper de n'importe lequel genre de cas?
Cela aura pour conséquence, ce qu'évoquait hier un médecin
de Sainte-Justine, du département qui est l'objet du contentieux actuel,
et qui est pour moi du même ordre au niveau des puéricultrices, on
va se retrouver, finalement, avec des infirmiers et des infirmières qui
pourront nous parler en général de l'état habituel et du
comportement des patients, de leur réaction à un soluté et
des choses comme cela, mais, dès qu'on atteindra un certain degré
de spécialisation en fonction d'un type de cas précis, qui n'est
pas unique, compte tenu qu'il n'y a plus une certaine
"spécialité", si vous acceptez l'expression entre guillements, je
pense que c'est un mauvais service à se rendre et à rendre aux
bénéficiaires et un mauvais support à la famille qui,
elle, utilisait habituellement le type d'information et de renseignements que
fournissait ce personnel infirmier pour mieux soutenir le patient.
Pour rester sur cet exemple des puéricultrices, ce n'est pas vrai
que c'est banal en soi de s'occuper d'une pouponnière dans un
établissement hospitalier; encore moins quand on est dans une
pouponnière d'un service de soins intensifs en périnatalogie. Par
conséquent, c'est une mauvaise orientation, indépendamment de ses
racines, que de banaliser et uniformiser les responsabilités
infirmières.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas une spécialiste des
sciences infirmières. Il revient à l'Ordre des infirmières
et infirmiers mais surtout aux facultés de nursing qui forment les gens
qui éduquent les infirmiers et les infirmières de décider
exactement quel type de formation un infirmier et une infirmière doivent
avoir. La tendance est présentement - je demanderai au sous-ministre
à la santé de me corriger tout à fait librement,
sentez-vous bien à l'aise - mais la perception que j'ai dans le
moment...
Une voix:...
Mme Lavoie-Roux: Je ne m'offusque pas de ces choses-là. La
perception que j'ai dans le moment de la formation des infirmiers et
infirmières, ou ce que l'on recherche, c'est justement une
infirmière qui soit plus polyvalente, qui touche à plus de
secteurs, ce qui n'exclut pas la possibilité d'une
spécialisation.
Pour revenir à votre exemple des infirmières qui
travaillent en neurologie, parce que vous l'avez apporté, il ne faudrait
pas confondre deux problèmes - je ne sais pas si ce sont des
problèmes mais deux réalités - le fait qu'au plan
administratif on dit: On peut servir nos enfants qui ont besoin d'intervention
en neurologie ou de spécialistes en neurologie. Que ce soit du
côté des médecins ou du côté des
infirmières, il ne faut pas confondre ceci avec des lits qui, au plan
administratif, sont transformés ou déplacés dans
l'hôpital. Les infirmières dont on parle, celles en neurologie,
pourront continuer d'agir si vraiment elles sont spécialisées en
neurologie. Il y aura toujours des cas, j'imagine, de neurologie, qui iront
à l'hôpital Sainte-Justine. Elles vont pouvoir continuer de le
faire, mais ce qu'elles contestent ou du moins ce que j'ai cru qu'elles
contestaient, c'est le fait que leur unité comme telle n'existera plus,
mais que les enfants, un peu comme cela s'est passé au Children's,
seront dispersés dans certaines unités de soins. Cela ne veut pas
dire qu'elles /ne pourront pas continuer de s'intéresser, compte tenu de
leur entraînement, aux enfants qui ont ce type de problème. Pour
revenir à vos puéricultrices...
M. Rochefort: Aux miennes et aux vôtres.
Mme Lavoie-Roux: À nos puéricultrices, si vous
voulez, à l'heure actuelle, la démonstration qui a
été faite depuis plusieurs années, c'est que ce qui est
requis - par exemple, vous parliez des unités de néonatalogie -
semblerait-il que cela prend une infirmière dans ces cas particuliers
qui soit quand même très spécialisée dans ce type de
soins. Peut-être que le docteur qui est à ma gauche peut corriger
cela, ajouter, soustraire. M. le sous-ministre, voulez-vous ajouter quelque
chose?
Une voix: Je veux juste corroborer ce que vous avez dit, Mme la
ministre.
M. Rochefort: M. le Président, je vais quand même
poursuivre... Je reconnais avec vous et je suis favorable à cette
orientation d'une formation du personnel infirmier lui permettant d'être
plus polyvalent. Ce n'est pas opposé et incompatible avec en même
temps un personnel qui, ne serait-ce qu'au fil de sa pratique, finit par
développer une certaine spécialisation de connaissances acquises
sur le terrain du type de problèmes que rencontre un patient atteint de
telle pathologie plutôt que de telle autre et comment il réagit
à des soins particuliers à ses problèmes de santé.
En ce sens-là, je vous dis que c'est un mauvais service qu'on se rend
tous dans l'organisation de nos services en éliminant cette dimension.
C'est ce qu'on fait chez les puéricultrices et, par exemple, en ce qui
concerne la neurologie. (16 heures)
Je vois que vous nous répétez les mêmes arguments
pour l'hôpital Sainte-Justine que ceux que vous nous avez donnés
à l'époque pour l'Hôpital de Montréal pour enfants
et je maintiens qu'il ne s'agit pas de la même chose. C'est
évident qu'on ne les envoie pas en Afrique du Nord pour s'occuper du
problème de la pousse des cheveux. Donc, ils vont continuer d'être
des infirmiers et des infirmières dans le même
établissement, et le même établissement risque d'accueillir
encore, comme c'est le cas aujourd'hui, des patients qui sont atteints et qui
doivent être traités en neurologie. Mais on ne
retrouvera plus, compte tenu de l'inexistence d'un département
spécifique, une concentration d'infirmières dont le profil de
pratique à partir du département où elles oeuvraient a
fait en sorte qu'elles ont développé des connaissances
particulières quant aux problèmes, au comportement et au soutien
qu'on doit apporter à ce genre de bénéficiaires
plutôt qu'à un autre. C'est là que je pense qu'on ne peut
pas parler du même genre de services.
Hier, encore une fois, c'est un des médecins du
département, de l'ex-département, puisque le département
est fermé maintenant, qui soulignait exactement ce genre de situation,
ce genre de conséquence à la situation qui est
dénoncée par ceux et celles qui ont manifesté hier. Je
pense que c'est une évolution qui, quand on nous dit... Je pense qu'au
fond c'est l'illustration que, lorsqu'on parle d'une formation qui mène
à plus de polyvalence, on l'oppose à une spécialisation
qui se développe au fur et à mesure de la pratique. En ce sens,
si polyvalence veut dire s'opposer à développer une connaissance
particulière, dans un secteur d'activité d'un
établissement, d'un type de maladie, je pense que c'est une erreur et
c'est un mauvais service qu'on rend à tout le monde, au médecin
traitant, au patient et à la famille.
M. Carignan (Raymond): M. le Président, Raymond Carignan.
Je pense que vous avez raison de signifier l'importance de ne pas mettre tout
l'accent uniquement sur la polyvalence aux dépens d'une certaine
formation plus concentrée. On a peut-être développé
dans le passé, puisque vous avez fait référence au
côté médical, une grande spécialisation et cela
continue ainsi parfois dans tous les chapitres. Je pense que la partie
médicale, souventefois, réclame que les personnes qui travaillent
avec eux dans leur spécialité soient aussi
développées techniquement, je dirais, qu'eux peuvent l'être
dans leur champ respectif. Quand on se retrouve dans une unité de
soins... C'est ainsi que dans les soins intensifs coronariens, il devient
évident qu'il y a une concentration d'habiletés auxquelles on est
en droit de s'attendre. Quand on se retrouve à des unités de
soins dont il a été question dans les deux centres hospitaliers
pédiatriques auxquels vous avez fait référence, H faut
savoir qu'un patient, même s'H a été en neurologie ou dans
tout autre secteur, dans ces 24 heures, présente beaucoup de
problèmes qui ne sont pas uniquement spécifiques à la
neurologie. D'où il est encouragé d'avoir des infirmières
qui peuvent avoir à la fois une polyvalence et une préparation,
une habileté dans les secteurs qui sont peut-être un peu plus
concentrés, telle la neurologie, en l'occurrence. En d'autres mots, il
peut arriver qu'une administration - et je pense que c'est ainsi qu'il est
encouragé de plus en plus parce qu'un patient dans une unité de
soins, à la fois, a une spécificité humaine et, aussi, des
problèmes d'ordre général - que des infirmières
aient vraiment cette formation polyvalente avec une préparation
adéquate, donc une formation sur place en cours d'emploi qui leur
permette de faire face à des spécificités telle la
neurologie. Donc, la polyvalence uniquement, vous avez raison, ne serait pas
suffisante. Mais entre cela et ne former que des infirmières
spécialisées dans tel ou tel secteur, je ne suis pas certain que
cela puisse être avantageux pour le patient qui, dans un temps
donné, sur 24 heures, présente plusieurs
problématiques
M. Rochefort: Je conclus là-dessus, M. le
Président. Je suis d'accord avec la présentation que vous faites
de la formation de polyvalence par rapport à la formation trop
spécialisée. Je pense que ce qu'on avait acquis au fil des
années était le développement d'une certaine
spécialisation au fil de la pratique plutôt que pendant la
formation. Je pense que c'était quelque chose qui faisait le pont entre
les deux. Ce que j'observe dans les modifications qui sont faites du
côté des effectifs infirmiers, c'est qu'on est en train de perdre
cet aspect finalement. Je pense que ce n'est pas souhaitable. Cela fait partie
des choses qu'on devrait réaligner par rapport à ce qu'on a cru
bon de faire à une époque, quand on regarde l'aboutissement de
tout ce processus.
Le Président (M. Bélanger): Oui. M. le
député de Joliette.
Avantages accordés à certains
professionnels de la santé
M. Chevrette: Merci. Mme la ministre, je voudrais savoir ce que
vous avez pris comme moyens dans les hôpitaux pour mettre fin aux dessous
de table, au "gravy" qu'on donne à certains professionnels de la
santé.
Mme Lavoie-Roux: D'abord, je pense qu'il y a eu la loi 97,
première des choses. On a également envoyé certaines
directives. Je pense que le sous-ministre a envoyé une circulaire assez
claire là-dessus. Incessamment - M. D'Astous pourrait vous le dire -
certaines - je vais les appeler directives faute de mieux - doivent être
envoyées certaines directives relatives à la vérification,
au rôle que les vérificateurs externes vont devoir jouer
relativement à certains points qui devront être
vérifiés, en rapport avec la question que vous posez.
M. Chevrette: Vous savez que, dans certaines régions, on
affirme à qui mieux mieux qu'N y a eu 25 000 $ donnés à
chaque spécialiste qui était venu s'établir, par exemple.
On me dit que, dans une région comme la nôtre, certains
médecins sont venus avec des avantages bien spécifiques. Est-ce
que vous avez pu vérifier ces allégations, qui vont sans doute
aux oreilles du ministère? Si on l'apprend, c'est que le
ministère lésait.
Mme Lavoie-Roux: Oui. J'ai un peu confondu votre première
question.
M. Chevrette: Je m'en venais avec la deuxième.
Mme Lavoie-Roux: Je répète, il y a eu cette
circulaire du sous-ministre. Il y eu également un contact
d'établi avec la Fédération des médecins
spécialistes - cela touchait surtout les spécialistes - pour
qu'on puisse - on est à examiner cela présentement - à
l'intérieur de l'entente, éloigner cette possibilité ou
rendre un peu plus étanches ces paiements en dessous de la table, comme
on dit. Il y a une troisième chose qui a été faite
aussi.
Une voix:...
M. Chevrette: L'Hôtel-Dieu de Sorel vous a fait savoir
qu'il allait obtempérer à votre directive. Qu'est-ce qu'il va
arriver?
Mme Lavoie-Roux: Dans d'autres cas - et je pense à
l'hôpital de La Sarre en particulier - lorsque les choses ont
été portées a notre attention... Dans ce cas-là, on
s'en est rendu compte par l'examen de l'équilibre budgétaire de
rétablissement - je vous donne un chiffre, c'est à peu
près cela - c'était presque de l'ordre de 600 000 $ qui
étaient payés...
M. Chevrette: En dessous de la RAMQ.
Mme Lavoie-Roux: Oui, en-dessous de la RAMQ pour attirer ou
retenir des spécialistes. Je pense qu'ils étaient sept ou huit,
si ma mémoire est bonne. On sait comment cela a fini. On a
demandé à l'hôpital de se conformer. On a abouti avec une
tutelle. Je pense que la situation est rétablie. Je dois vous dire
qu'à la suite de la réception de la circulaire du sous-ministre,
on a eu quelques autres cas qui, d'eux-mêmes, ont porté leur
situation à notre attention. Dans ces cas-là comme dans d'autres,
il y a aussi un certain jugement à exercer. Je vous donne un exemple, je
ne sais pas si c'est cela qui s'est passé. Si, dans un hôpital
donné, la présence de l'anesthésiste est liée a 25
000 $ - je pense que c'était le cas de Sorel - versés en dessous
de la table, on essaie de trouver des formules de rechange. On a eu un autre
cas dans un autre centre hospitalier, un centre hospitalier en région
à qui on a demandé, comme il y avait eu de nouvelles dispositions
dans l'entente qui permettaient une forme de rémunération
différente, d'aller dans cette direction-là. On leur a
donné quelques mois parce qu'il y a aussi la possibilité qu'ils
puissent attirer quelqu'un d'autre comme anesthésiste. Ce qui est
important, c'est de les connaître et, à ce moment-là, on
voit quelle formule de rechange on peut trouver parce qu'il y a une
réalité aussi. On ne peut pas empêcher un hôpital de
retenir quelqu'un ou d'attirer quelqu'un... On priverait l'hôpital ou la
population d'un spécialiste essentiel si on ne cherchait pas, non pas
à faire des accommodements, mais il nous faut temporiser certaines
situations qui pourraient être très difficiles pour la population,
en d'autres termes. Mais nous les suivons de très près. Il y en a
quelques-uns qui ont été portés à notre attention
après la circulaire, justement, et on a essayé de trouver des
solutions qui puissent rallier ou concilier les problèmes.
Primes de séparation
M. Chevrette: Toujours en parlant de dessous de table, au sujet
des ententes qui se concluent en ce qui concerne les primes de
séparation avec certains cadres du réseau, est-ce que vous
êtes en mesure de m'affirmer que la directive émise dans La
Gazette officielle - je ne me souviens plus quelle année
précisément - à savoir x mois de salaires pour x
années de services, a toujours été respectée?
Mme Lavoie-Roux: Moi, je peux vous dire qu'à la suite de
certains problèmes qu'on a connus, qui sont venus davantage à
notre attention, il y a à peu près six ou huit mois, et de
certaines vérifications qu'on a faites, on a pu constater - j'ai une
liste même ici - qu'il y en avait sept ou huit qui avaient conclu des
ententes, si on veut, qui n'étaient pas conformes à cette
directive-là.
M. Chevrette: Qu'arrive-t-il dans ces cas-là? On me dit,
par exemple... Je vous donne l'exemple de Le Gardeur. On me dit qu'il y a un
cadre qui, à peine après avoir fait trois mois, a eu une prime de
séparation d'un an.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de Le Gardeur, à la suite de
la question que vous m'aviez posée à l'Assemblée
nationale...
M. Chevrette: C'est parce qu'on n'avait pas eu l'occasion
officiellement d'avoir...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est cela. D'ailleurs, je ne vous ai pas
donné la réponse. Vous m'aviez dit: Vous me la donnerez à
l'étude des crédits. On a fait une vérification et, dans
ce cas-là, c'est son salaire qui lui a été versé,
mais il est prêté à d'autres institutions. Il ne s'agit pas
de quelqu'un qui a été remercié dans ce cas-là, il
faut bien se comprendre, ou de quelqu'un qui aurait été
congédié pour cause. Cela a été tout un...
Pardon?
M. Chevrette: Vous me permettrez d'essayer de comprendre. Si je
ne fais pas l'affaire ou si, pour des raisons x, je ne suis pas à fa
bonne place, je voudrais savoir ce gars-là, s'il a été
prêté, par qui il a été payé.
Mme Lavoie-Roux: Par le centre hospitalier.
M. Chevrette: À ce moment-là, c'est une prime...
Écoutez, c'est parce qu'il ne faisait pas l'affaire qu'il a levé
le "fly". Cela peut être pour toutes sortes de bonnes raisons de
santé, je ne veux pas attaquer les motifs. Je veux bien me faire
comprendre. Ce que je veux vous dire, c'est que, quand vous prêtez
quelqu'un, si le gars gagnait 60 000 $, que vous le prêtez à une
institution et que vous continuez à le payer, c'est une prime de
séparation du centre hospitalier, de toute façon,
déguisée, en l'occurrence. À mon point de vue, c'est une
façon détournée de régler un problème. Ou il
y aurait remboursement par l'institution au centre hospitalier... Dites-moi
donc si dans le cas de Le Gardeur il y a eu remboursement par l'institution
à qui vous l'avez prêté au centre hospitalier?
Mme La voie-Roux: Non.
M. Chevrette: Comment pouvez-vous justifier d'abord une position
du genre? Je vais vous en poser une bien plus directe. Réjean Cantin,
votre sous-ministre, est prêté par Giffard au ministère. Le
ministère va rembourser Giffard, d'accord? Cela est normal. Je
conçois que c'est normal. Un prêt de service, le ministère
le fait de temps en temps. Mais une institution de santé qui ne
fonctionne pas avec un cadre a-t-elle le droit de prêter les services de
ce même cadre et de lui payer la totalité du salaire? Comment
appelez-vous cela? Cela peut être un technicien qui réponde. Je ne
vous blâme pas de ne pas avoir toutes les données, mais je veux
les avoir. (16 h 15)
M. Cantin: Réjean Cantin. Le directeur
général de Le Gardeur n'a pas été
congédié. C'est une entente qui est intervenue entre le conseil
d'administration et le directeur général. Il y a eu effectivement
des problèmes, des problèmes multiples et de toute nature.
Lorsque le cas a été étudié, on avait affaire
à un individu qui avait passé sa vie dans le réseau
hospitalier et sa performance avait toujours été assez bonne. On
peut dire qu'un des joyaux en soins prolongés au Québec, c'est
l'hôpital d'Youville de Sherbrooke et M en avait été le
directeur général pour une période de dix ans. Donc, ce
sont de multiples raisons, extérieures et intérieures, qui ont
fait que tant d'un côté que de l'autre, il était sage qu'on
prenne la décision d'une séparation.
M. Chevrette: Où est-il allé?
M. Cantin: II a été prêté pour trois
mois au conseil régional de la région 6-B, si ma mémoire
est fidèle, cinq mois ou quatre mois à Maisonneuve-Rosemont et II
est actuellement à la Cité de la santé, à Laval,
où il doit rester un mois ou deux.
M. Chevrette: Qui le paie présentement?
M. Cantin: Toujours l'hôpital Le Gardeur. Il retire...
M. Chevrette: Est-ce qu'il est remboursé par le
ministère?
M. Cantin: il n'est pas remboursé par le ministère.
Excusez-moi, c'est-à-dire que c'est dans le budget de l'hôpital Le
Gardeur.
M. Chevrette: Mais vous considérez comme admissible la
partie de ce salaire à des fins de suventions.
Mme Lavoie-Roux: II est toujours un employé de...
M. Cantin: II est toujours employé, il est toujours
affecté dans le réseau.
M. Chevrette: Oui, mais j'aimerais bien connaître la
politique qui.. Je comprends qu'il n'est pas congédié.
M. Cantin: Oui.
M. Chevrette: Le ministère pourrait, pour toutes sortes de
raisons, dire: II n'est pas congédié, on le rapatrie et on va
faire des prêts aux CRSSS; vous pouvez avoir besoin de personnel
occasionnel. Est-ce une pratique nouvelle? Un centre hospitalier
prêterait un employé à toutes sortes d'institutions - c'est
rendu à la quatrième dans son cas - pour deux ou trois mois et
c'est lui qui paierait?
M. Cantin: Ce n'est pas une pratique nouvelle; c'est une pratique
qui existe depuis plusieurs années. Il arrive à
différentes occasions que des gens des établissements soient
prêtés à d'autres établissements dans le cadre d'une
entente entre deux établissements en vertu de laquelle un
établissement continue à payer la rémunération,
même si la personne est prêtée pour une période de
trois ou quatre mois. Ces ententes existaient et je pense qu'elles doivent
être interprétées différemment des
congédiements des directeurs généraux où, à
ce moment-là, je puis vous assurer que le libellé intégral
du règlement est respecté.
M. Chevrette: M. Cantin, je ne veux pas vous harceler, mais quand
il se produit une incompatibilité totale de caractère entre un
directeur général et un conseil d'administration, cela peut
être la faute des deux, je le reconnais. Je ne dis pas que c'est la faute
d'un seul côté. J'ai fait assez de relations de travail pour
savoir qu'il peut y avoir de la faute des deux, mais cela me semble une formule
complètement nouvelle. Il y a une différence entre un
employé de l'État qui peut être prêté à
un établissement et un
employé d'établissement qui peut être
prêté à une structure d'État. Des employés
qui quitteraient un centre hospitalier pour être prêtés un
peu partout dans une région, ou même hors région dans le
cas de Laval, payés par un centre de santé, je n'en ai pas
trouvé beaucoup au ministère. J'aimerais que vous me disiez que
c'est courant. Cela n'aurait pas d'allure, il me semble.
M. Cantin: Je pense qu'on peut faire un relevé, mais
à mon sens, ce n'est pas une première. Il y a eu d'autres
exemples. On pourrait vérifier, mais je pense qu'il y a eu d'autres
exemples.
M. Chevrette: Est-ce que je peux savoir pendant combien de temps
il sera payé?
M. Cantin: L'entente, si ma mémoire est fidèle, est
d'une année.
M. Chevrette: Au bout de l'année, qu'ar-rive-t-il?
M. Cantin: C'est terminé.
M. Chevrette: Donc, c'est une prime de séparation, et ce
n'est pas cela la règle dans la Gazette officielle du Québec.
S'il y a eu une entente pour adoucir son départ, vous me confirmez
par votre dernière réponse que c'est vraiment une fin de contrat.
Mais il a travaillé trois mois, si ma mémoire est fidèle
et il a une prime de séparation, d'une certaine façon, d'un an.
Je vous avoue... Que le ministère lui ait trouvé une fonction
ailleurs, j'aurais trouvé cela normal, mais, sur le plan de la gestion
des effectifs, je trouve cela tout à fait anormal, aberrant. J'aimerais
bien que vous me fassiez un relevé, si cela n'est pas trop
onéreux de le demander. Mais si c'était une pratique courante au
ministère, je serais inquiet. Cela voudrait dire que chaque conseil
d'administration, qui se dit autonome, soit dit en passant, en vertu des
lois... Vous en savez quelque chose, Mme la ministre, vous savez comme on peut
avoir de la difficulté à faire changer même la vocation
d'une institution, on l'a vu dans le Reddy Memorial, dans Sainte-Jeanne-d'Arc
et d'autres. Les conseils d'administration disent: On est autonomes, notre DG
ne fait pas l'affaire, bonjour Luc! Il ne fait pas l'affaire? H a une prime de
séparation en vertu de telle directive émise dans La Gazette
officielle de 1985, je pense, ou de 1984. Dans ce cas précis, le DG
ne fait pas l'affaire? Cela ne fait que trois mois et il a une prime de
séparation d'un an, d'une certaine façon.
Je vous avoue que c'est le genre de précédent avec lequel
on se retrouve après avoir été dans l'obligation de
légiférer dans une loi comme la loi 97, vous savez, où on
paie, d'une façon déguisée, par les fondations. Des
formules du genre m'apparaissent extrêmement dangereuses.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que toute cette question des primes de
séparation, il y a lieu de l'examiner, mais ce qu'il faut
peut-être réaliser, dans le cas qui nous occupe, c'est que ce
monsieur avait signé un contrat avec l'hôpital Le Gardeur. Il
devait avoir un contrat avec l'hôpital, qui devait être un contrat
normal de directeur général, de trois ou quatre ans, peu
importe.
M. Chevrette: La jurisprudence devant les tribunaux civils pour
les bris de contrat, pour un cadre, le maximum est de trois mois. Le
gouvernement a voulu être plus généreux dans les primes de
séparation, il y allait d'un mois par tant d'années
jusqu'à concurrence de six mois. Je l'ai vérifié comme il
faut avant. Il existe une coutume. Les cadres, en général, devant
les tribunaux civils, pour faire respecter un contrat, ce qu'ils vont chercher,
la jurisprudence l'établit à peu près à trois mois.
On pourra fouiller n'importe quelle jurisprudence.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui s'est probablement passé, c'est
que, de part et d'autre, comme l'a indiqué le sous-ministre, pour une
foule de circonstances qui peuvent avoir deux côtés dans ce cas
particulier, je pense qu'il aurait été très difficile pour
l'établissement d'avoir gain de cause dans une poursuite. À ce
moment, il aurait probablement dû réintégrer son directeur
général, avec toutes les complications que cela crée. Je
pense que cela a été une entente mutuelle. C'est bien
différent du cas de certaines personnes qui sont parties avec des primes
de séparation et qui n'ont pas occupé d'emploi.
M. Chevrette: Moi, personnellement, madame, pour connaître
le dossier, je dois avouer que la réponse ne me satisfait pas. Je vais
vous expliquer pourquoi. J'aurais préféré que vous me
disiez tout - pas vous nécessairement, parce que vous n'êtes pas
obligée de connaître chaque dossier de chaque membre de la
fonction publique - mais qu'on ait tenu compte d'autres choses. Pour en arriver
à une entente du genre, qui constitue une dérogation et un
précédent, c'est qu'il y avait des éléments
additionnels au dossier. Il y avait le comportement de quelqu'un au conseil
d'administration qui ne cadrait pas dans la normalité des choses. C'est
une raison comme celle-là qui m'aurait convaincu que vous aviez fait une
bonne chose. Mais, tant et aussi longtemps que je n'ai que la version
officielle de ce que vous dites, cela constitue à mon point de vue une
dérogation incorrecte. Si, pour des raisons humaines et pour des raisons
de faute de part et d'autre, vous avez tenu à conclure une entente
différente, qui ne constitue pas un précédent, j'aurais
peut-être accepté la réponse. Mais, en l'occurrence, je
n'accepte pas la réponse puisque je connais le dossier.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous connaissez tous les autres
éléments du dossier.
M. Chevrette: Les connaissant, j'aurais aimé au moins que
vous les justifiiez. De la façon que vous me répondez, cela veut
dire que les directives administratives, quand un cadre supérieur est
renvoyé par un conseil d'administration, cela veut donc dire que le
gouvernement pourrait... Par exemple, je suis chum avec le sous-ministre
D'Astous. Je suis directeur du CHRDL. Après quatre mois, je suis
congédié. Il vient intervenir pour moi et conclut une entente
pour me promener dans le réseau et je suis payé.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez bien dit: Je suis
congédié.
M. Chevrette: Je suis remercié de mes services.
Écoutez, au bout d'un an, qu'est-ce qui arrive? Ne jouons pas sur les
mots. Qu'arrivait-il si vous ne lui trouviez pas un nid ailleurs? Je vais poser
la question au sous-ministre. Est-ce que c'était dehors, oui ou non?
M. Cantin: Nous avions échangé avec
l'établissement. Le congédiement aurait certainement amené
de multiples difficultés.
M. Chevrette: Oui, mais est-ce qu'il aurait été
congédié?
M. Cantin: S'il avait été congédié,
le congédiement aurait pu être contesté, traîner ad
vitam aetemam, encourir des frais. On jugeait que le dossier était aussi
mauvais d'un côté que de l'autre.
M. Chevrette: Comment se fait-il... Dans ces
situations-là, pourquoi le ministère n'établit-il pas
publiquement les responsabilités de chacun au lieu de risquer de
créer un précédent extrêmement dangereux sur le plan
de la gestion? C'est, à toutes fins utiles, pas une tutelle, mais vous
avez pris une décision à la place du conseil d'administration
dans le présent cas.
M. Cantin: Ce n'est pas le ministère qui a pris la
décision. Le conseil d'administration est venu nous voir pour nous
demander si le ministère accepterait une entente de cette nature.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez recommandé autre chose
au conseil d'administration de Le Gardeur?
M. Cantin: On a recommandé, pour le moment, de ne pas
rouvrir un concours de directeur général et de nommer, pour une
période de deux ans, un directeur général
intérimaire puisque c'était le cinquième directeur
général qui passait dans cette boîte en six ans.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez évalué les
causes?
M. Cantin: Je n'ai pas analysé les causes du départ
de chacun des directeurs généraux.
M. Chevrette: Est-ce que vous connaissiez les causes pour le
dernier directeur général qui était sur le point
d'être congédié?
M. Cantin: Certaines causes, oui. Ces causes peuvent être
multiples: des approches avec le personnel, des problèmes avec des
membres du conseil d'administration, je pense qu'il y avait toutes sortes
de...
M. Chevrette: Mais, puisque vous dites l'avoir connu et qu'il a
donné des services inouïs à Sherbrooke pendant dix ans,
est-ce que vous considérez que l'approche avec le personnel était
fondée?
M. Cantin: L'approche avec le personnel? Le conseil
d'administration - je n'ai pas analysé l'ensemble des documents - avait
en main des protestations provenant de cadres, d'autres infirmières, de
médecins également
M. Chevrette: Est-il exact que c'était un conflit ouvert
entre le président du conseil d'administration et lui?
M. Cantin: Non, pas uniquement entre le président et
lui.
M. Chevrette: Donc, il avait des motifs suffisants de renvoi, si
cela ne marchait pas du tout dans la boîte.
M. Cantin: Ce n'est pas parce que votre approche peut être
critiquée par le personnel infirmier comme tel que vous pouvez
être qualifié pour autant de mauvais administrateur.
M. Chevrette: Tu peux être bon comptable sans avoir le tour
de parler au monde
M. Cantin: Oui, mais, lorsque tu as réussi à le
faire pendant dix ans et qu'en analysant le dossier on ne retrouve pas de
problème majeur...
M. Chevrette: Est-ce que, Mme la ministre, vous pouvez nous
donner la liste des cas qui ont été relevés, s'il vous
plaît?
Mme Lavoie-Roux: Oui, on a environ sept ou huit cas.
M. Chevrette: Cela ne me dérangerait pas que ce soit le
document...
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous que je les nomme?
M. Chevrette: C'est comme vous voulez. (16 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Le CLSC du Marigot,
l'Institut des sourds de Charlesbourg, le Centre de jeunesse Shawbridge,
la résidence Maison-neuve et le centre d'accueil Chevalier De Lori-mier,
le centre d'accueil Marie-Rollet, le centre hospitalier Laurentien,
l'hôpital de Chibougamau, le Centre hospitalier de l'Archipel et
l'hôpital la Providence de Magog. Dans ces cas-là, en
général - peut-être en totalité, mais je ne les ai
pas tous lus les uns après les autres - c'est souvent, par exemple, que
l'indemnité a été versée en un seul montant au lieu
d'être versée mensuellement, comme le demande le
règlement.
M. Chevrette: S'il se retrouve un autre emploi dans le
réseau, je suppose que vous avez de la difficulté à propos
de la récupération?
Mme La voie-Roux: En tout cas, c'est...
M. Chevrette: Est-ce cela?
M. Cantin: II faudrait que je les regarde...
Mme Lavoie-Roux: Voyez-vous, ici, centre de jeunesse Shawbridge,
le quantum de l'indemnité est conforme, mais les deux tiers de cette
indemnité ont été versés sous forme de montant
forfaitaire à une fiducie. La résidence Maison-neuve...
M. Rochefort: Je m'excuse de vous interrompre sur cela. Quelles
sont les procédures qui ont été prises par le
ministère pour régulariser cette situation, parce qu'il y a
là au moins un problème fiscal?
Mme Lavoie-Roux: Dans un cas, l'indemnité a
été trop considérable.
M. Rochefort: Non, mais sur le cas dont j'ai parlé, le cas
dont les deux tiers de l'indemnité ont été versés
à une fiducie, quels sont les gestes qui ont été
posés par votre ministère et par le Procureur
général pour régulariser la situation, ne serait-ce qu'au
point de vue fiscal?
M. Chevrette: Entre-temps, j'aurais une autre question. Par
exemple, quand vous versez une indemnité de six mois en trois
versements, je ne sais pas, au bout de deux mois l'individu est
relocalisé dans le réseau, c'est seulement ses deux mois qu'il
reçoit. S'il a touché ses six mois, quelles sont les poursuites
que vous entamez, quelles sont les procédures que vous faites pour
récupérer les quatre mois? Cela arrive.
M. Cantin: Concernant les cas spécifiques, ce qui est
fait, c'est qu'il y a une lettre qui est adressée à
l'établissement, lui indiquant que le règlement est intervenu
avec son directeur général ne rencontre pas les cadres
établis. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres actions qui sont prises
par les établissements? Vous savez, on est dans la situation... Est-ce
qu'au moment où se pose un geste semblable on va mettre un
établissement en tutelle? Alors, je pense - et cela a été
un travail qui a été fait au cours des douze derniers mois -
actuellement même on demande, avant qu'interviennent ces
règlements-là, qu'ils soient validés par le
ministère. Je pense que c'est la meilleure prévention qu'on
pouvait faire dans les circonstances, au moment où on a constaté
qu'il y avait des écarts dans les règlements qui intervenaient.
On doit vous dire qu'en certains cas on n'en était même pas
informé. On apprenait, à un moment donné, qu'il y avait eu
une entente et qu'elle était en dehors des paramètres
établis. Alors, je pense que l'action des douze derniers mois nous a
servi à apporter la véritable réponse, c'est que
dorénavant de telles ententes ne peuvent être bâclées
ou acceptées par le conseil d'administration avant qu'elles soient
entérinées par le ministère.
M. Chevrette: On va lui donner une chance de reprendre l'autre
bout.
M. Cantin: Aujourd'hui, il y a une clause particulière,
advenant qu'il y ait une entente et qu'un individu bénéficie par
l'entente de six mois, si, au bout de deux mois, il se trouve un travail, alors
il y a une clause particulière disant que, si c'est à un salaire
correspondant, cela s'arrête et, si c'est à un salaire
inférieur, le conseil d'administration continue à ne donner que
l'écart par rapport au poste qu'il occupait.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a eu des procédures de
récupération de ces sommes?
M. Cantin: Non, non. À ma connaissance, écoutez, je
ne peux pas vous dire s'il y a eu des procédures de
récupération si les conseils d'administration payaient au point
de départ six mois, et que les gens se sont trouvés des fonctions
deux mois après. S'il y en a un dans les dix, les huit ou les neuf que
Mme Lavoie-Roux a mentionnés, il faudrait regarder cela et voir ce qui a
été fait par le conseil d'administration.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire qu'il y a un cas, au centre
hospitalier de l'Archipel, où des tentatives ont été
entreprises pour régulariser la situation. La personne n'avait droit
à aucune indemnité de départ et on lui a versé une
somme à titre de compensation pour frais de déménagement,
perte sur la vente de sa maison, etc. Des tentatives ont été
entreprises pour régulariser la situation et je ne sais pas quels ont
été les résultats.
M. Chevrette: Vous pouvez y aller.
M. Rochefort: Dans le cas de la résidence Maisonneuve,
quelle est l'irrégularité?
Mme Lavoie-Roux: L'établissement a versé au cadre
une indemnité de départ de douze mois - il avait travaillé
assez longtemps pour avoir douze mois, je pense qu'il n'y a pas de
problème - dont six ont été versés sous forme de
forfaitaire et six sur une période de six mois.
M. Rochefort: Si je comprends bien, le ministère n'avait
pas été informé de cela au moment de la conclusion de
l'entente avec le cadre?
Une voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: On ne les entérine jamais quand on est au
courant.
M. Rochefort: Je ne parle pas d'entérinement.
M. Cantin: À la résidence Maisonneuve, il y a eu
des rencontres avec le conseil d'administration sur la situation, telle qu'elle
se présentait. Par la suite, le conseil d'administration s'est
retourné de bord en l'espace de quelques jours et nous a remis une
entente qui est intervenue.
M. Rochefort: Si je comprends bien, votre rôle s'est
limité à amener le conseil d'administration à prendre une
décision. Et, une fois la décision prise, vous n'avez pas pris
soin de regarder quelles seraient les modalités d'application de la
décision.
M. Cantin: On avait indiqué au conseil d'administration
qu'avant qu'intervienne une entente il devait entrer en communication avec la
direction des cadres du ministère. Sauf qu'avant d'entrer en
communication avec la direction des cadres du ministère, il a
passé cette entente. Elle déroge dans le sens que six mois
d'indemnité lui ont été remis en un seul montant.
Enquête administrative à l'Hôpital
de Sept-îles
M. Chevrette: La raison pour laquelle j'insiste tellement, Mme la
ministre, sur ce genre de cas depuis, quand même, une bonne demi-heure,
c'est qu'il se produit des choses que même le ministre, j'en suis
convaincu, ignore peut-être. Je vous donne un cas précis.
Êtes-vous au courant du type d'enquête qui a été fait
à l'hôpital de Sept-îles, par exemple? Est-ce que vous
pourriez nous dire...
M. Cantin: Vous parlez de la vérification faite par le
ministère?
M. Chevrette: Oui. À la suite de cette
vérification, une directrice du nursing est congédiée ou
quitte pour des raisons qu'on ne connaît pas parce qu'on ne connaît
pas les résultats de l'enquête. On ne sait pas quelle prime de
séparation elle a eue. On ne sait pas comment il se fait que le DG est
en congé de maladie pour deux, trois mois. On ne sait pas une
série de choses. On laisse donc accréditer toutes sortes de
choses dans le public. Est-ce qu'on pourrait avoir un résultat
réaliste de ce qui s'est passé à l'hôpital de
Sept-îles, par exemple?
M. Cantin: M. Chevrette, à l'hôpital de
Sept-îles, j'ai rencontré, il y a six ou sept semaines, je crois,
le président et le DG. J'ai discuté avec eux de différents
points J'ai demandé au président de me fournir des informations
sur quatre ou cinq points, je crois. J'ai demandé au directeur
général de clarifier trois points, je crois, entre autres, si je
me souviens bien, ses frais de représentation, des questions
d'informatique, une firme informatique, la question d'un voyage, une maison
avec un médecin. J'en oublie, mais, si ma mémoire est
fidèle, il y avait au moins sept points.
M. Chevrette: Est-ce que votre enquête est reliée au
fait que la directrice du nursing a quitté, par exemple?
M. Cantin: Non, non.
M. Chevrette: Est-ce que vous savez si elle a eu une prime de
séparation?
M. Cantin: Moi, je suis pas au fait si elle a eu une prime de
séparation
M. Chevrette: N'y aurait-il pas lieu, sur le plan administratif,
qu'il y ait avis au ministère dès qu'une prime de
séparation est payée?
M. Cantin: Actuellement, nous demandons aux
établissements, avant d'arrêter des règlements concernant
les cadres, de signifier au ministère la proposition d'entente
formulée.
M. Perron: Est-ce que dans le cas de l'hôpital de
Sept-îles...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je pourrais juste...
M. Perron: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...ajouter un mot? Votre préoccupation au
sujet des primes de séparation - parce qu'il y avait des choses qui,
enfin, ne nous paraissaient pas tout à fait correctes - c'est une des
choses qu'on veut demander au vérificateur externe que, dans tous les
cas de prime de séparation, enfin, ce soit conforme à la
directive gouvernementale, parce qu'il semble que, si des fois on peut
l'éviter ou, en tout cas, la torturer un petit peu, on le fait.
Il est également question que soit créée au
sein du ministère une unité administrative, je dirais,
permanente légère - ce n'est pas moi qui peux vous dire combien
il y aura de gens - de quatre, cinq ou six personnes qui, constamment, iront
rencontrer des institutions pour, justement, ajouter au processus de
vérification et vérifier pas nécessairement l'ensemble,
mais des points particuliers qui ont fait souffrance dans les dernières
années, car on voudrait éviter que cela ne se
répète.
M. Cantin: Le dossier de Sept-lles, pour autant que je suis
concerné, n'est pas terminé. Parce que je viens de recevoir,
quoi, il y a dix jours, un document du président du conseil
d'administration, qui doit avoir à peu près un demi-pouce
d'épaisseur, mais que, je vous l'avoue honnêtement, je n'ai pas
étudié encore.
M. Perron: Dans le cas, M. Cantin, du départ de Mme
Lévesque, la directrice générale du nursing, est-ce que
vous aviez été avisé à l'effet que madame recevrait
une prime de séparation?
M. Cantin: Non.
M. Perron: Donc il n'y a aucun avis qui vous a
été...
M. Cantin: Non, non. D'aucune façon. M. Perron:
D'aucune façon.
M. Cantin: Non, puis la direction des cadres me confirme qu'elle
n'en a pas été saisie, non plus.
M. Perron: Mais qu'est-ce qui arrive dans des cas comme
ceux-là si le conseil d'administration du centre de santé
décide de dire oui, par exemple, à une certaine prime de
séparation à un membre du personnel-cadre, que la personne
elle-même a une date fixe pour le départ et qu'on doit lui verser
le montant? Est-ce que c'est le centre de santé qui le verse, puis,
après cela, il s'organise avec vous autres ou quoi?
M. Cantin: II y a des primes de séparation qui
s'échelonnent entre tant de mois et tant de mois, des primes de
séparation qui vont jusqu'à une période de douze mois,
comme tels. Si cela entre dans ce cadre-là, alors, c'est à
travers les choses qui sont acceptées puisque, oui, c'est possible qu'il
y ait des primes de séparation. Alors, le ministère n'ajoute pas
au budget de l'établissement pour renflouer cette prime-là, mais
elle doit être puisée à l'intérieur du budget de
l'établissement.
M. Perron: Maintenant, ai-je bien compris que le départ de
cette dame Lévesque n'était pas relié du tout à une
certaine enquête administrative qui a été effectuée
à l'hôpital de Sept-lles au cours des dernières
années?
M. Cantin: Moi, M. le député de Duplessis, je ne
sais pas quand cette séparation-là est intervenue. Est-ce que
c'est au cours des deux dernières semaines, des deux derniers mois? Je
ne sais pas quand elle est intervenue et je ne sais pas, d'aucune façon,
si elle est reliée à la vérification du ministère.
Sauf que, si elle est antérieure à il y a six mois, donc elle
n'est pas reliée à la vérification du ministère
puisque cette vérification-là a dû se faire dans les trois
ou quatre derniers mois.
M. Perron: Ce serait peut-être bon que le ministère
vérifie ce cas spécifique quant à la prime de
séparation, parce que, selon les informations que j'ai, cette prime
aurait déjà été décidée par le
conseil d'administration et, deuxièmement, ce cas-là est
arrivé dans les trois ou quatre derniers mois. Donc, c'est durant la
période où l'enquête aurait été
effectuée au niveau administratif.
Maintenant, est-ce que le DG, actuellement, est revenu au travail parce
qu'il a été en période de maladie pour un bout de
temps?
Mme Lavoie-Roux: Selon les informations que nous avons, ^ non. Il
faut bien dire qu'à l'hôpital de Sept-îles il y a deux types
de malaises: il y a un malaise relié à toute la question de la
vérification administrative, au plan administratif; il y a aussi un
malaise au plan médico-administratif, entre je ne sais pas si c'est un
ou certains médecins et l'administration. (16 h 45)
Alors, c'est un hôpital sur lequel nous nous penchons sur ces deux
angles-là en particulier et, comme le disait le sous-ministre tout
à l'heure, les décisions finales ne sont pas prises à leur
endroit, mais l'information que vous nous transmettez, on va certainement la
vérifier.
M. Perron: Une autre question, puisque, Mme la ministre, vous
avez soulevé la question de la mésentente qui pourrait exister
entre certains membres du conseil d'administration et certains médecins.
Il est très connu qu'au cours des dernières années la
population de Sept-îles et les populations environnantes ont
demandé, puisque c'est un hôpital à caractère quasi
régional, que des services professionnels soient donnés
directement sur place plutôt que de voir les gens se déplacer
à partir de Fermont jusqu'à Québec ou ailleurs, ou encore
de Sept-lles jusqu'à Québec ou à Montréal. Est-ce
que l'enquête aurait porté sur le fait que, par exemple, il y
aurait certains spécialistes, qui sont actuellement en poste à
Sept-îles depuis plusieurs années, qui s'opposeraient
auprès du conseil d'administration à la venue de
spécialistes en gynécologie, au point que ce gynécologue
ou cette gynécoloque qui s'en vient à Sept-îles soit
découragé totalement en le traitant d'une façon...
Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'actuellement il y a une
gynécologue qui vient d'arriver il n'y a pas tellement longtemps et elle
a déjà des problèmes avec certains médecins qui ne
seraient pas très satisfaits de l'avoir sur place.
Mme Lavoie-Roux: Votre interprétation, M. le
député, a certainement un fondement sérieux. Certains
d'entre nous sont familiers avec ce type de - je ne sais pas comment on peut
appeler cela - concurrence, de compétition ou d'exclusion entre -
là, je ne voudrais pas mettre tous les vieux médecins de
Sept-îles dans le même plat - certains médecins. Je l'ai vu
aussi...
M. Perron: J'ai bien dit certains médecins, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais. Moi aussi, je fais attention pour
ne pas avoir l'air de généraliser. On l'a vu à
Baie-Comeau, il y a eu une chicane du même ordre entre Baie-Comeau et je
ne sais quel autre coin où on a écarté un
gynécologue de la même façon. Finalement, il est
allé s'établir ailleurs, parce que les gens en place ne
reçoivent pas toujours à bras ouverts ceux qui seraient
prêts à venir s'y établir. Je ne sais pas si mon
sous-ministre, le Dr Carignan, voudrait ajouter un peu plus de détails
là-dessus, parce que c'est lui qui suit cette partie-là de plus
près.
M. Carignan: M. le Président, nous avons rencontré
l'établissement parce que nous avions entendu à peu près
la même chose que ce que M le député nous raconte. Il y a
effectivement deux philosophies dans cette boîte: un groupe de
médecins qui ont tendance à concentrer la pratique
médicale sur place et un groupe de médecins qui seraient
prêts à donner des services dans les régions qui sont
autour de cet hôpital jusqu'à Blanc-Sablon même.
Voilà deux approches tout à fait différentes. Le
député fait référence aussi à un dossier de
planification stratégique que l'établissement a demandé,
dans lequel il a été recommandé que l'établissement
tente d'extrapoler ses services aux régions périphériques,
ce à quoi il y a une certaine résistance à
l'intérieur.
Donc, nous sommes conscients de cela. On a encouragé ces
instances décisionnelles de l'établissement, à tenter
d'être à l'écoute des besoins de la région. Il
reste, quand même, comme vous le savez, que ce sont des individus qui ont
à prendre les décisions. Mais nous sommes assurés que le
président du conseil d'administration est très informé de
cela et qu'H va essayer, malgré la résistance de certains
médecins, de s'ouvrir à la recommandation que la planification
stratégique faisait, à savoir d'être un peu plus accessible
aux réglons périphériques de l'hôpital.
M. Perron: Je remercie le sous-ministre de sa réponse.
Maintenant, une autre question se rapportant au rapport qui a été
remis par M. Charles Langlois, président du conseil d'administration du
centre hospitalier de Sept-îles. Dans le rapport qui vous a
été remis, M Cantin, est-ce que le directeur
général a aussi, à même ce rapport, soumis ses
impressions quant aux questions que vous lui avez posées?
M. Cantin: J'avais posé des questions différentes
à l'un et à l'autre. J'avais demandé au président
du conseil d'administration de m'apporter des clarifications, je crois, sur
quatre dossiers.
M. Perron: C'est fait9
M. Cantin: II me les envoie au fur et à mesure. Je ne sais
pas si les quatre sont entrés. J'avais demandé au directeur
général d'apporter des clarifications à trois dossiers.
À ce que je sache, on a reçu également au cours des
dernières semaines un document assez volumineux venant du directeur
général concernant ses frais de représentation pour les 24
ou 26 derniers mois.
M. Perron: Est-ce que, sur les points qui étaient en
litige face aux questions que vous avez posées à l'un et à
l'autre concernant l'administration de l'hôpital de Sept-îles, une
des questions posées touchant la façon dont le conseil
d'administration procédait pour l'émission de contrats?
M. Cantin: Non
M. Perron: Est-ce que, dans l'enquête qui a eu lieu, on a
regardé cet aspect?
M. Cantin: Écoutez, ce sont des enquêtes, des
vérifications qui ne permettent pas de scruter à la loupe
l'ensemble du fonctionnement d'un établissement. Or, les gens allaient
valider certains points spécifiques et, il y avait analyse des
procès-verbaux des conseils d'administration. Si, durant la
période, on y décelait des octrois de contrats, on regardait si
les contrats avaient été octroyés suivant les
règles et procédures du ministère. Dans ce cas, M. le
député de Duples-sis, je crois que rien de tel ne m'a
été souligné, sauf que cela a été
regardé pour une période donnée. / M. Perron: Une
dernière question sur les services médicaux en régions
puisqu'on en a parlé tout à l'heure. Est-ce que, Mme la ministre,
vous pouvez nous dire combien actuellement coûtent aux fonds publics les
frais de transport pour les personnes qui doivent se déplacer à
partir de la Côte-Nord, par exemple, vers les grands centres parce qu'on
ne peut pas donner de services professionnels dans les milieux? Par exemple,
à Fermont, les services ne sont donnés que par des
médecins omnipraticiens II n'y a
aucun spécialiste sur place. Ces gens doivent se déplacer,
soit à Labrador City, qui est dans le Labrador terre-neuvien, ou encore
vers Sept-îles ou vers Québec ou Montréal. La même
chose se passe pour Havre-Saint-Pierre, la même chose se passe pour
Sept-îles, malgré que c'est à Sept-îles et à
Baie-Comeau que se trouve actuellement la grande majorité des
spécialistes en régions. On n'a pas une panoplie de
spécialistes dans différents secteurs d'activité, je peux
vous le dire. Ce n'est pas d'hier que cela dure. Cela fait des années,
des années et des années que cela dure. Je crois que c'est une
des régions où...
Mme Lavoie-Roux: Pour répondre à votre
question...
M. Perron: ...les coûts sont les plus élevés
par rapport à l'ensemble du Québec, sauf peut-être l'Ungava
où ce serait un peu plus élevé à cause des frais
inhérents au transport aérien.
Mme Lavoie-Roux: Les chiffres que nous avons ici pour les
dépenses reliées au transport ambulancier pour la région
09 sont, pour 1987-1988, 3 428 000 $ et, pour 1988-1989, 3 820 000 $.
Maintenant, il ne faut pas, non plus, sursimplifier. Peut-être qu'un
certain nombre de ces personnes pourraient être
référées à Sept-îles, mais il faut bien
penser aussi que, pour assurer la qualité des services, il faut un
minimum d'actes. Alors, il y a peut-être une partie de cela qui pourrait
être réduite possiblement, mais je pense qu'il resterait aussi une
part importante de transport qui devrait être effectuée entre
cette région et les grands centres. Ces 3 428 000 $ comprennent aussi
les transports interétablissements et non uniquememt des transports
d'une localité à une autre, d'un centre à un autre.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais vous demander une petite
faveur au nom de mon collègue? Étant donné qu'il doit
quitter à l'heure du souper et qu'il ne sera pas de retour avant jeudi,
est-ce qu'il pourrait énumérer ses questions purement et
simplement? On pourra y répondre lorsqu'on passera au programme et on
lui transmettra les réponses a ce moment-là. Cela va?
Mme Lavoie-Roux: S'il a une autre question à poser, il a
beau y aller.
M. Chevrette: II y a une entente pour qu'à 17 heures ce
soit votre collègue...
Le Président (M. Bélanger): Sur les services
ambulanciers.
M. Chevrette: ...sur les services ambulanciers qui vienne. Il
aurait une question sur le CLSC, il y aurait une question sur autre chose.
Je sais que ce n'est pas le programme, mais, si les questions
étaient formulées, on y répondrait quand on arriverait au
programme.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. J'étais même prête
à lui répondre sur le CLSC de Fermont. C'est pour cela que...
M. Chevrette: Si vous allez vite comme cela, allez-y.
Le CLSC de Fermont
M. Perron: Ma chère madame, j'allais, justement, vous
poser exactement la question. Cela représente le dixième du
dossier que j'ai sur le CLSC de Fermont. Je pense que tout le monde comprend
pourquoi je n'ai pas apporté le reste avec moi.
Est-ce que la ministre pourrait faire le point sur la situation actuelle
de la décision gouvernementale se rapportant au CLSC de Fermont? On sait
que, en 1987, il y a eu beaucoup de division entre le ministère et le
conseil d'administration qui avait démissionné. Il y avait
quelqu'un du bureau de Mme la ministre qui m'avait contacté. Il y avait
eu un arrangement à savoir qu'il n'y aurait pas de démission du
conseil d'administration, puisque que vous alliez regarder ce dossier à
nouveau pour faire le point sur la situation avec le directeur
général. Des décisions ont été prises par la
suite.
Tout à coup, le ministère est arrivé en disant: II
n'y a pas assez d'espace, c'est vrai. Il n'est pas juste que la population
francophone de Fermont, qui, à 90 % ne parle que le français,
aille recevoir des services à Labrador City où la grande
majorité des gens du centre hospitalier ne parle pas un mot de
français. C'est, donc, insécuritaire et, en plus, c'est
très dangereux pour les services qu'on reçoit et pour la personne
elle-même. Le ministère avait décidé d'aller faire
une étude sur l'hôtel qui existe à Fermont. C'est un syndic
qui en a la direction. La Banque Nationale, qui se trouve être perdante
dans cela, aurait fait des pressions auprès du ministère pour
que, au lieu de construire un hôpital ou d'agrandir le CLSC actuel pour
ajouter cinq ou dix lits, on en arrive à faire quelque chose de concret.
On avait décidé de s'aligner avec cela.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux vous répondre, M. le
député?
M. Perron: Est-ce que je peux avoir la réponse
là-dessus? Est-ce qu'on s'en va dans l'hôtel ou est-ce qu'on
agrandit à l'intérieur? Ou est-ce qu'on va à
l'extérieur en construisant?
Mme Lavoie-Roux: J'allais vous dire: Ni l'un, ni l'autre, selon
les dernières propositions que j'ai eues, si j'ai bien compris vos
remarques. Je suis d'accord avec vous, M. le député, que
c'est un problème qui traîne en longueur depuis des
années. Je pense que mes fonctionnaires vous diraient facilement que je
m'en enquiers souvent. Je concevais que j'avais pris un engagement moral,
finalement, à la suite de toute la question de la démission, dont
vous avez parlé, du conseil d'administration. Je tiens bien à
respecter mes engagements moraux le plus possible.
La dernière solution qui est mise sur la table et à
laquelle, selon les informations que j'ai, le conseil d'administration
agréerait, c'est l'utilisation des locaux de la commission scolaire,
qui, évidemment, nécessiteraient un réaménagement.
Elle serait prête à mettre des locaux à la disposition du
CLSC pour la réalisation de quelques lits et des autres services qui
seraient requis. C'est là où nous en sommes. C'est cette
dernière proposition qui est surtout examinée. C'est la
réponse pour le moment. Espérons que ce sera la réponse
pour demain aussi d'une façon plus finale.
M. Perron: D'accord. Je voudrais savoir aussi, dans la
réponse que la ministre va donner éventuellement, à quel
moment, à peu près, ce dossier va être acheminé avec
recommandation au Conseil du trésor. Il en est de même pour le
CLSC de Sept-îles; depuis l'acquisition par la corporation
d'hébergement, il y a des demandes faites par le conseil
d'administration pour rénover le CLSC de Sept-îles. (17
heures)
L'autre dossier sur lequel je voudrais que vous fassiez le point avec
mon collègue ce soir ou demain, ce serait l'évolution du dossier
du centre de santé de Port-Cartier, puisque la population est
actuellement ascendante à cause de la réouverture de ce qu'on
appelait anciennement ITT Rayonier et de la présence de Papier Cascades
et il y a beaucoup de services qui sont actuellement donnés à
l'extérieur de Port-Cartier. En fait, ce sont les trois dossiers
majeurs.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je vous ai répondu pour le CLSC de
Fermont, parce qu'on savait que cela urgeait. Vous savez qu'ils étaient
déjà allés une fois au Conseil du trésor,
peut-être avant qu'on arrive au gouvernement aussi; cela fait plusieurs
années qu'ils se promènent...
M. Perron: 1979.
Mme Lavoie-Roux: 1979. ils vont fêter leur dixième
anniversaire l'an prochain. Espérons qu'ils fêteront d'une
façon...
M. Perron: On ira à l'ouverture officielle ensemble, Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. J'ai bien aimé cela lorsque
je suis allée à Sept-îles la dernière fois.
Écoutez, on me dit que, dans le cas de la présentation au Conseil
du trésor, ce serait dans un avenir très rapproché. Dans
les deux autres cas, je transmettrai les réponses au chef de
l'Opposition.
M. Perron: Ah, ma dernière question qui est très
importante, je l'avais oubliée, celle-là: Où en est le
plan d'immobilisations en Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent?
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Vous voulez parler de...
M. Perron: Vous avez déjà pris certaines
décisions, mais il vous en reste encore à prendre par rapport
à certaines immobilisations.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que, ce matin, votre
collègue de Joliette me disait qu'on n'avait pas pris de
décisions depuis qu'on était là, mais une des
décisions dont je suis bien fière, c'est celle de la
réalisation du centre de santé - je ne le sais pas, on l'appelle
peut-être le centre hospitalier - de la Basse-Côte-Nord. Je dois
vous dire que les choses suivent leur cours. Au moment où nous nous
parlons - je vous dis cela de mémoire - il semble que, du point de vue
de l'évaluation des coûts, il y avait peut-être quelque
chose qui accrochait. Il y avait trois projets de centres hospitaliers:
celui-là, celui de Pontiac et celui des Îles-de-la-Madeleine et on
les suit de très près. On doit examiner cela de plus près
pour que les choses se poursuivent.
M. Perron: Si je comprends bien, au niveau de la
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent, la ministre a déjà
pris la décision de dire: Oui, on va de l'avant avec le plan
d'immobilisations qui nous a été soumis. C'est un plan de cinq
ans, mais il n'y a pas vraiment de décision prise pour que les travaux
se fassent sur le terrain à cause d'une mésentente sur...
Mme Lavoie-Roux: Sur le coût. M. Perron:... la
question des coûts.
Mme Lavoie-Roux: Oui Je ne l'ai pas devant moi, mais je sais
qu'il y avait un échéancier que j'ai vu pas plus tard que
vendredi dernier, parce que je faisais le tour des immobilisations. J'essaierai
de retrouver l'échéancier de la réalisation des travaux et
de vous le donner plus exactement.
M. Perron: D'accord, cela va. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Duplessis.
M. Chevrette: Mme la ministre, normalement, c'est à cinq
heures... Je pourrais peut-être poser quelques questions. Il me reste
deux ou trois questions sur les effectifs et une couple de questions sur la
santé mentale.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
Médecins immigrants
M. Chevrette: Je pense qu'on pourrait terminer et faire le tour
des questions que j'avais à poser. Combien avez-vous autorisé de
postes de médecins immigrants cette année?
Mme Lavoie-Roux: Nous en avons autorisé 30.
M. Chevrette: Combien y a-t-il de spécialistes
là-dedans?
Mme Lavoie-Roux: Aucun. Cela n'a pas de rapport. C'étaient
vraiment les médecins immigrants en attente d'internat rotatoire.
M. Chevrette: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je viens de vous affirmer 30 de façon
absolue. Je pense qu'il en restait peut-être 25 cette année, au
lieu de 30. On en avait prévu 90 sur trois ans; je pense qu'il en
restait 25 parce qu'il y en qui... Peu importe comment cela s'est fait, c'est
peut-être 25 plutôt que 30.
M. Chevrette: C'est 25? Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: D'accord. Où en sont rendus les travaux de
la table de concertation en ce qui regarde la répartition des effectifs
médicaux?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander au sous-ministre à la
programmation et à l'évaluation de vous répondre.
M. Chevrette: L'homme à tout faire!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lamarche (Paul): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous êtes
M. Lamarche?
M. Lamarche: Merci. Excusez-moi, j'aurais dû me nommer.
Effectivement, les travaux de la table de concertation progressent assez
rondement. Sept projets d'études ont été entrepris
l'automne dernier pour tenter de déterminer quel était l'impact
de l'évolution des facteurs de production sur l'évolution de la
demande de main-d'oeuvre médicale au Québec. Ces travaux sont
presque tous terminés, à l'exception d'un seul qu'on doit
effectivement fouiller davantage. La rencontre aura lieu le 29 avril.
Actuellement, on en est à l'étape d'intégrer les
résultats de ces sept projets pour tenter de simuler cela en termes de
planification de la main-d'uvre. On espère, tel qu'initialement
prévu, que l'ensemble des travaux pourra être
terminé pour novembre 1988, de telle sorte qu'ils puissent être
intégrés à l'intérieur d'une politique triennale
concernant les postes de résidents.
M. Chevrette: Est-ce à dire que les universités
sont dans le coup?
M. Lamarche: M. le Président, les université "?
font partie de la table de concertation et les rapports de chacun de ces
travaux-là leur sont soumis. Et, d'ailleurs, elles seront
informées, le 29, justement, qui est vendredi prochain, de
l'intégration de tout cela.
M. Chevrette: Je vous comprends bien, mais, quand je dis qu'elles
sont dans le coup, je ne me contenterai pas de savoir qu'elles sont
informées, parce que j'ai occupé le poste de madame. Je veux
savoir si elles partagent le point de vue des autres groupes?
M. Lamarche: M. le Président il est peut-être un
petit peu prématuré de dire si effectivement les doyens sont
d'accord ou non avec les conclusions, dans la mesure où les conclusions
ne sont pas formellement connues. Ce que je peux vous dire, par exemple, c'est
que les doyens étaient d'accord avec tout le programme de travail qu'on
s'est donné, pour les sept études, pour tenter de
déterminer cela.
M. Chevrette: Je suis convaincu de cela.
M. Lamarche: Dans le fond, c'est à la rencontre du 29
qu'effectivement les doyens vont être informés de
l'intégration des résultats.
Mme Lavoie-Roux: Bon, évidemment, moi, j'ajouterai que
cela n'apparaît pas facile pour les deux universités de
Montréal, McGill et Montréal, mais il reste, quand même,
qu'on a poursuivi ces travaux-là dans une perspective de collaboration
et on veut la poursuivre jusqu'au bout, en espérant que les
difficultés qui semblent se dessiner à l'horizon se
résorberont.
M. Chevrette: Je reviens sur les médecins immigrants. Ils
ont occupé votre bureau dernièrement.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Chevrette: Pourquoi?
Mme Lavoie-Roux: Ah bien, écoutez, vous devez vous douter
pourquoi ils ont occupé mon bureau.
M. Chevrette: Je m'en doute un peu, mais je voudrais l'entendre
de votre bouche.
Mme Lavoie-Roux: écoutez, vous vous souvevez que nous
avions pris un engagement électoral, compte tenu de tous les facteurs de
discrimination dont les médecins immigrants avaient fait état,
à l'endroit des immigrants qui avaient été accueillis,
disons, quelque part entre 1975 et 1985. Des étudiants immigrants
avaient obtenu des postes d'internat rotatoire, mais on prétendait que
cela se faisait un petit peu selon des règles assez floues. Alors, nous
avions décidé, à ce moment-là, de régler ce
problème des immigrants, qui étaient là avant janvier
1985. Vous vous souviendrez, on a eu une commission parlementaire au mois de
mai ou de juin 1985. Nous avions, à ce moment-là, discuté
avec le ministère de l'Immigration, même au moment où vous
étiez là, et nous en avons rediscuté par la suite. Vu
qu'il semblait que les politiques des ministères de l'Immigration, que
ce soit canadien ou québécois, ne précisaient pas
suffisamment que la possibilité de pratique, pour un médecin
immigrant en milieu québécois, était extrêmement
restreinte, la directive a été faite d'une façon un peu
plus serrée, en disant à ceux qui étaient médecins,
que leurs chances de pouvoir pratiquer la médecine étaient
à peu près inexistantes. Mais est-ce le résultat du fait
que nous avons permis l'intégration des 90, toujours est-il que s'est
reconstituée, à partir de janvier 1985, une liste, certains
disent qu'elle est encore de 90, d'autres disent qu'elle est de 130, mais, en
tout cas, à toutes fins pratiques, cela n'a pas d'importance...
M. Chevrette: Eux parlaient de 150.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, en tout cas, peu importe, pour les
fins de la discussion. Certains d'entre eux nous disent cela; d'autres nous
disent que c'est moins. Alors, présentement, nous sommes à
travailler à des chiffres, car, enfin, un certain nombre de postes
pourraient être annuellement réservés pour eux. Mais il ne
faut pas oublier, d'un autre côté, qu'il faut concilier cela aussi
- et il faudra le concilier d'une façon plus définitive;
peut-être que cette année on peut arriver avec un certain nombre -
avec ce que sont véritablement les besoins en main-d'oeuvre
médicale au Québec, qui nous seront connus probablement, comme le
disait le sous-ministre, à l'automne. Alors, ce sera une première
conciliation qu'il y aura à faire.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez beaucoup de cas, Mme la
ministre, de médecins non immigrants, de médecins
québécois qui se plaignent dans certains centres hospitaliers,
par exemple, de certains médecins immigrants qui ont un tuteur, à
toutes fins pratiques, pour superviser l'acte professionnel? On me dit que,
dans certains centres hospitaliers, il y a des chicanes assez profondes, assez
graves et que cela se situe, en particulier, au niveau du fait qu'il y a un
manque d'éthique professionnelle. Qu'arrive-t- il dans les cas où
il y a un retrait de tuteur? Lorsque l'homme ou la femme qui avait
accepté le tutorat d'un médecin immigrant se retire, qu'est-ce
qu'il arrive?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que la situation que vous me
présentez, heureusement, n'est certainement pas
généralisée. Il s'agit, peut-être, de cas
très particuliers. Je ne peux pas vous dire ce qui est arrrvé
dans le cas précis que vous avez à l'esprit où il y a eu
disparition du médecin tuteur. Je ne sais pas si mon sous-ministre est
capable de vous éclairer davantage sur la solution qui a
été trouvée. Non, pas davantage?
Une voix: Insistez-vous, M. le député? Mme
Lavoie-Roux: Le député n'insiste pas
M. Chevrette: Non. Ma préoccupation était de savoir
si c'était généralisé.
Mme Lavoie-Roux: Non. Ce n'est pas
généralisé.
M. Carignan: M. le Président, H peut apparaître que
le droit de pratique est relié, effectivement, à une supervision
médicale dans ce permis restrictif qui est donné. En l'absence
d'un médecin désigné, H y a certainement une
responsabilité du Conseil des médecins et dentistes d'assurer
l'évaluation ou, en tous cas. la supervision des actes du médecin
en question
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le manque d'éthique venait du
médecin tuteur ou du médecin immigrant?
M. Chevrette: Naturellement, selon cette version, c'est du
médecin immigrant. Mais les versions sont tellement contradictoires dans
ces affaires-là que je me demandais si cela se vivait à plusieurs
endroits.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas à ma connaissance.
M. Chevrette: Bon. D'accord. J'aurais voulu vous parler de
gestion participative, mais je pourrai vous en parler à n'importe quel
niveau dans les autres programmes.
Le Président (M. Bélanger): C'est de la
philosophie.
M. Chevrette: Non, absolument pas. C'est une approche de gestion
qui serait peut-être indispensable dans le réseau de la
santé et des services sociaux, M. le Président. Vous qui avez
été au CSS, à part de cela, vous n'êtes
sûrement pas en mesure de nous dire que c'est de la philosophie.
Le Président (M. Bélanger): Vous vous le
rappelez?
Ventilation des 8 000 000 $ en santé
mentale
M. Chevrette: Bien sûr. La ventilation du montant de 8 000
000 $ en santé mentale, pourriez-vous me la faire, s'il vous
plaît?
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas vous la faire à ce
moment-ci parce que les paramètres que nous devons utiliser ne sont pas
encore tous définis. Est-ce que vous voulez parler de la distribution
interrégionale?
M. Chevrette: Par exemple, entre ressources
intermédiaires, ressources alternatives, etc.
Mme Lavoie-Roux: Elle n'est pas arrêtée à ce
moment-ci.
M. Chevrette: Votre politique de santé mentale, elle,
n'est pas arrêtée, non plus?
Mme Lavoie-Roux: Elle avance et, comme je l'ai dit ce matin
dans...
M. Chevrette: Oui, mais avancer, ce n'est pas arrêter,
cela. Si elle avance, elle n'est pas arrêtée, justement.
Mme Lavoie-Roux: Non. Elle est en progression.
M. Chevrette: Pardon?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Elle est en hibernation?
Mme Lavoie-Roux: En progression.
M. Chevrette: En progression. Est-ce que le plan d'action avance
en parallèle?
Mme Lavoie-Roux: Oui, normalement. Il y a déjà des
documents préparés sur certains aspects où l'accent
devrait être mis, mais tout cela se finalisera, je pense, ensemble au
mois de juin par la présentation au Conseil des ministres à la
fois de la politique et du plan d'action qui devrait l'accompagner.
M. Chevrette: Est-ce qu'on y verra la définition du
rôle des intervenants et du rôle des institutions?
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement, parce que je pense
qu'on voudrait, peut-être, une approche qui soit assez souple pour ne pas
"encarcaner" les gens dans un rôle absolument précis ou encore des
établissements, quoiqu'il y a quand même...
(17 h 15)
M. Chevrette: Vous vous souvenez qu'à peu près 90 %
des gens, face au rapport Harnois, sont venus vous dire et nous dire qu'ils
voulaient absolument, dans le cadre d'une politique et d'un plan d'action,
connaître le rôle à la fois des institutions et des
intervenants.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense que c'était naturel qu'ils
nous le demandent. Je ne dis pas qu'il n'y aura pas de référence
aux types d'établissements et aux fonctions de chacun. Mais,
personnellement, au moment où je vous parie, j'hésiterais
à ce qu'on renforce le modèle de fonction à tout prix
rattachée à une profession et de fonction absolument intouchable
à un établissement. Je pense qu'on est encore dans le...
M. Chevrette: Est-ce que ce que vous allez proposer pourrait
s'apparenter à ce qu'on fait dans l'Outaouais?
Mme Lavoie-Roux: L'Outaouais est un modèle
intéressant. Il faudrait encore l'évaluer. Évidemment,
quand on est venu nous en parler, les choses allaient bien, les gens
étaient heureux. On avait eu la flexibilité nécessaire
pour se rattacher à différents types d'établissements.
Écoutez, tout cela se situe dans un contexte de
décentralisation. Je pense que ce n'est pas écarté. Comme
je vous le dis, les choses ne sont pas arrêtées
définitivement à cet égard.
M. Chevrette: Est-ce que, dans les 8 000 000 $, il y aura un
programme de mesures de répit pour les familles?
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai annoncé ce matin. C'était
long, ma lecture. Je comprends que...
M. Chevrette: On a été coupé deux ou trois
fois.
Mme Lavoie-Roux: On a eu des problèmes. M. Chevrette:
Je ne suivais pas vos pages.
Mme Lavoie-Roux: De la même façon qu'à
l'endroit de la déficience intellectuelle, il m'apparaît que des
mesures de répit sont nécessaires. Je pense qu'à l'endroit
de la santé mentale des mesures de répit sont...
M. Chevrette: Quelle portion du budget cela va-t-il chercher?
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Chevrette: Quelle portion de vos 8 000 000 $ cela va-t-il
chercher?
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas capable...
Ce n'est pas arrêté à ce moment-ci. C'est la
première question que vous m'avez posée. J'avais dit que ce
n'était pas encore arrêté, la façon dont seraient
distribués les 8 000 000 $.
M. Chevrette: J'aurais pu vous en faire échapper un bout
en vous questionnant de façon différente. Avez-vous un plan de
réinsertion sociale, particulièrement dans les régions
où les plans de désinstitutionnalisation sont
complétés?
Mme Lavoie-Roux: On en a déjà vis-à-vis de
quelques institutions. Je pense que 8 000 000 $, cela ne s'étire pas
indéfiniment, non plus, on le sait. Est-ce qu'on sera capable daller
plus loin? Ou, à partir de certaines mesures qu'on mettra dans la
communauté, est-ce qu'on pourra aider sans avoir un plan absolument
analogue à ceux qu'on a eus pour certaines institutions? Je pense que
des plans de plus grande envergure vont devoir venir avec l'adoption de la
politique et un plan d'action général relié à la
désinstitutionnalisation.
M. Chevrette: À toutes fins pratiques, vos 8 000 000 $ de
cette année sont pour la mise en place de la politique? Rendu au mois de
septembre, H n'y en aura plus une grosse partie pour...
Mme Lavoie-Roux: Si on peut, au moins, déterminer les
points forts de ce que devrait être la politique et commencer à y
toucher cette année, ce serait déjà un bon point de
départ.
M. Chevrette: J'ai appris par telbec qu'il y avait une
négociation qui se faisait... Je pense que c'est en date du 12. Je ne me
souviens pas de la date, peu importe. Il y a eu une négociation - je
suppose que c'était avec la FAS, je ne le sais pas - en ce qui regarde
la définition de toutes les dimensions de la santé mentale. Il ne
semble pas que la négo va tellement bien. Est-ce que je pourrais en
entendre parier?
Mme Lavoie-Roux: C'est exact. Il avait été
prévu, au moment de la dernière négociation, que le
contexte de désinstitutionnalisation ferait l'objet de
négociations permanentes pour arriver à établir des
paramètres qui réconcilient à la fois les travailleurs et
les politiques du ministère.
Nous sommes dans le creux de la négociation là-dessus.
Encore une fois, ce n'est pas que je ne veuille pas en parier, mais nos gens y
travaillent très fort et j'aimerais mieux que la négociation
continue sans une intervention ministérielle à ce moment-ci. Cela
ne se fait pas facilement. Je peux vous dire cela.
M. Chevrette: Mais est-il exact que la partie patronale veut
limiter la négociation à la sortie des
bénéficiaires et non à l'ensemble de la
réorganisation des services, autant à l'interne qu'à
l'externe?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que l'ensemble du dossier est
discuté. Quant à la participation des travailleurs et des
travailleuses ou à leur rôle exact à chacune des
étapes, que ce soit à l'interne ou à l'externe, les
positions ne sont pas... on n'a pas de conclusion à ce moment-ci.
M. Chevrette: Seriez-vous d'accord, vous, pour négocier
l'évaluation des besoins des bénéficiaires7
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez, là, je ne m'avance
pas sur ce terrain, on est en pleine négociation, M. le
député.
M. Chevrette: Je ne parle pas des modalités, je parle du
champ de négociation.
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez, si vous me demandez s'il
faut que l'évaluation des besoins des bénéficiaires se
fasse avant qu'ils sortent, je suis totalement d'accord Mais de quelle
façon cela devrait être fait, par qui et qui devrait être
participant, c'est une autre question à laquelle je n'ai pas de
réponse à donner
M. Chevrette: D'après vous, est-ce que cela se
négocie, l'évaluation des besoins des
bénéficiaires, la façon dont elle va se faire? Cela
peut-il se négocier?
Mme Lavoie-Roux: J'aime mieux laisser la négociation
suivre son cours.
M. Chevrette: Oui, mais je ne vous demande pas de négocier
les modalités, ce n'est pas cela que je vous demande. Comme ministre,
vous devez avoir des idées sur le cadre de négociation. Vous
êtes sans doute d'accord - vous avez dit que vous étiez d'accord
en commission parlementaire - avec le fait que cela se fasse en
multidisciplinarité, bon. La question que je vous pose: Est-ce que les
employés peuvent participer à l'évaluation des besoins des
bénéficiaires? Est-ce que cela peut faire l'objet d'une
négociation? Sans entrer dans les modalités et nous dire comment
cela se fera sur le principe, est-ce que vous pensez que cela peut se
faire?
Mme Lavoie-Roux: Peut-être qu'il s'en est fait, je ne le
sais pas. Moi, je pense qu'H ne devrait pas se faire de
désinstitutionnalisation sans qu'on en discute, au moins, avec les
personnes qui en ont la responsabilité quotidienne. Cette
responsabilité quotidienne est assumée aussi par plusieurs types
d'intervenants.
M. Chevrette: Vous n'excluez pas la possibilité pour un
syndicat, par exemple, d'être un agent négociateur?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, quand on
négocie les besoins des gens...
M. Chevrette: L'évaluation des besoins des
bénéficiaires.
Mme Lavoie-Roux: ...cela commence à être...
M. Chevrette: L'évaluation des besoins, vous n'êtes
pas d'accord avec cela?
Mme Lavoie-Roux: Je préfère ne pas me prononcer
à ce moment-ci sur cette question-là. C'est, justement, un des
points difficiles, je pense, ou chauds, si on veut, de la négociation
qui est présentement en cours et je pense qu'il faut laisser à la
négociation le soin de suivre son cours.
M. Chevrette: Êtes-vous d'accord avec les programmes
d'encadrement des bénéficiaires dans le cas de la
désinstitutionnalisation?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce qu'on a discuté en
commission parlementaire sur la santé mentale, c'est que tout
bénéficiaire qui quitterait une institution... Moi, je dois vous
dire qu'il faut aussi penser aux bénéficiaires qui n'entrent plus
dans les institutions et qui, a ce moment-ci, m'apparaissent encore plus
nombreux que ceux qu'on veut désinstitutionnaliser. On a dit que,
dépendamment de l'autonomie ou des problèmes que
présentait un bénéficiaire, il avait besoin d'un
encadrement qui peut prendre différentes formes selon le niveau de
fonctionnement d'un bénéficiaire.
M. Chevrette: Mais, Mme la ministre, je vais peut-être y
aller plus directement dans ma question, parce que je m'aperçois que le
temps file. J'aurais aimé vous l'arracher par bouts, cela avait l'air
intéressant et douloureux. Je voudrais que vous soyez très
spontanée.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II y a des gens qui travaillent dans les centres
psychiatriques depuis dix, quinze ou vingt ans. S'ils ne participent pas
à la définition des besoins des bénéficiaires, vous
pourriez tout aussi bien décider qu'il n'y a pas d'encadrement, pas une
maudite minute, et l'alternative pour ces gens-là devient très
limitée comme champ d'action. Moi, en tout cas, je comprends le dossier
de la négociation et je ne veux pas entrer dans les modalités.
Est-ce par ancienneté que cela se fait? Y a-t-il du "bumping"? Je ne
veux pas entrer dans ces détails-là; cela se fait aux tables de
négociations. Mais la définition, par exemple, des programmes
peut conditionner tout un champ d'action, la possibilité de
relocalisation de ces employés-là qui sont là depuis cinq,
dix, quinze, vingt ans. Si on ne leur donne pas la voix au chapitre, à
toutes fins utiles, moi, je prétends qu'on vient de manquer le bateau.
C'est cela qui me surprend parce qu'ils affirment eux - ce n'est pas moi qui le
dis - noir sur blanc que cela leur est fermé complètement.
Il y a des catégories de personnel dont on peut avoir besoin et
qu'on pourrait reconnaître selon qu'on ait un pouvoir de participation
à la définition des besoins. Si elles ne sont même pas
là pour se faire valoir, qu'est-ce qui va arriver? C'est purement
l'aspect médical qui peut triompher dans rétablissement d'une
politique. Je ne veux pas taxer les médecins plus qu'il ne le faut, ils
le sont déjà assez.
Mme Lavoie-Roux: Vous vous en occupez bien.
M. Chevrette: Je trouve que je m'en occupe pas mal.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: D'ailleurs, plusieurs me l'ont dit, madame, mais
cela ne me dérange pas. Je demeure convaincu de la
véracité de plusieurs de mes propos. Cela dit, comment se fait-il
qu'on exclurait les premiers impliqués dans une
désinstitutionnalisation après le bénéficiaire? Les
premières victimes peuvent être les travailleurs, pour bien me
faire comprendre.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous soulevez deux
problèmes. Vous avez soulevé, d'une part...
M. Chevrette: J'essayais de vous faire dire qu'ils pouvaient
participer à la définition des programmes à partir des
besoins identifiés pour qu'ils puissent peut-être influencer...
Ils peuvent peut-être vous suggérer que les programmes
d'encadrement puissent fonctionner, à partir du personnel, sur une base
volontaire. Je ne connais pas les modalités ensuite. Mais s'ils ne
définissent rien, si vous décidez, vous, que c'est de
l'institution à la famille d'accueil, point... Cela pourrait être
cela que vous décidiez, par votre politique. On pourrait être en
désaccord avec votre politique, mais ce pourrait être cela. Si on
ne permet pas de négocier des programmes à partir des besoins
identifiés par les différentes clientèles, je pense que
vous pouvez rétrécir énormément leur champ de
possibilités de se relocaliser dans le système.
Mme Lavoie-Roux: Mais là, vous sortez des besoins des
bénéficiaires. Je pense que vous avez deux
préoccupations.
M. Chevrette: Non, je vais vous répéter ce que j'ai
dit, parce que j'ai le telbec: II y a refus de négocier
l'évaluation des besoins des bénéficiaires. Je sais
pourquoi ils écrivent cela. C'est bien évident, ils vont vous
dire que ces personnes ne peuvent pas être lâchées dans la
rue
demain matin, seules. Présentez-vous donc à une patiente
qui, depuis 20 ans, est à Louis-H.-Lafontaine et envoyez-la au
théâtre Saint-Denis. Vous ne savez pas ce qui va arriver? Elle va
rentrer à l'institution et elle n'en sortira plus, elle va avoir assez
peur. C'est parce qu'ils ne l'auront pas progressivement habituée
à réinsérer le monde, c'est clair. Voyons! On le sait
tous, cela. Mais, si on n'est pas capable de s'exprimer sur les besoins
mêmes... Je prétends que vous rétrécissez leur champ
de négociation pour des fins de relocalisation et de
réaffectation de la main-d'oeuvre.
Je comprends pourquoi ils sont inquiets en maudit! Là, ce sera le
d.g. qui décidera des programmes. C'est quoi?
Mme Lavoie-Roux: Je pense bien que je ne réussirai pas
à satisfaire le chef de l'Opposition quant à la nature des
questions qu'il me pose. Mais je peux lui dire que j'ai deux
préoccupations. Je pense que les gens doivent être
désins-titutionnalisés, c'est-à-dire que la forme de
désinstitutionnalisation ou le soutien qu'ils doivent avoir par la suite
doit être établi en fonction des besoins du
bénéficiaire. D'autre part, je comprends aussi
l'inquiétude des travailleurs qui se disent: Nous, qu'est-ce nous qui
arrive là-dedans? Puisqu'on ne travaille plus en institution, il va
falloir aller en dehors de l'institution, à quel titre et de quelle
façon? Cette préoccupation, je la reconnais. Mais, si j'ai bien
compris les préoccupations reliées aux besoins des
bénéficiaires, je ne voudrais pas non plus que la
définition de ces besoins soit conditionnée par des désirs
bien légitimes d'être recyclés de telle façon ou
d'occuper tel poste. Il ne faut pas rendre les désirs légitimes
des travailleurs conditionnels à une évaluation des besoins.
M. Chevrette: Je comprends, mais vous savez très bien
qu'avec 8 000 000 $, madame, on ne va pas loin, pour être très
poli. Donc, avec 8 000 000 $, il y aura nécessairement une priorisation
dans les programmes que vous allez mettre sur pied. Quand bien même vous
diriez le contraire...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas dit le contraire.
M. Chevrette: ...je sais que ce serait utopique. Donc, vous ne le
direz pas. À partir du fait que vous ne direz pas cela, entre vous et
moi, s'il y a unanimité sur la définition des besoins, à
ce moment-là, ne doit-il pas y avoir une certaine forme de
négociation pour prioriser certains programmes qui sont bien en fonction
du bénéficiaire, mais qui pourraient, à court terme,
faciliter l'intégration des différents personnels? Et c'est cela
que je ressens dans la position de laCSN.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux vous dire, c'est qu'on ne
travaille pas a ce que les deux soient irréconciliables. Au contraire,
je pense que, si on peut réconcilier les deux, c'est ce que tout le
monde vise. Mais je pense qu'il faudrait faire une différence entre
l'implication des travailleurs, par exemple, dans l'évaluation d'un
individu, à titre individuel de travailleur attaché à tel
ou tel bénéficiaire, et d'autres représentations ou
d'autres évaluations qui seraient, elles, conditionnelles à des
ententes de nature syndicale ou de relation du travail. Je pense qu'il faut
faire la distinction entre les deux.
Mais moi, je verrais mal le directeur général qui, de
lui-même, alors qu'il ne voit peut-être pas les
bénéficiaires plus que, je ne sais pas, une fois par semaine, une
fois par quinze jours, peut-être une fois par mois dépen-damment
de la grosseur de l'institution, décide: Celui-là va en famille
d'accueil, puis celui-là va ailleurs, et que les gens qui, justement,
travaillent avec eux jour après jour ne soient pas impliqués dans
le type de services qui sont le mieux adaptés à la
personne...
M. Chevrette: Mais, Mme Lavoie-Roux. J'ai bien dit "Mme
Lavoie-Roux", cela ne me dérange pas, il va me le permettre.
Des voix: Ha! ha! ha!
M. Chevrette: Vous le savez pertinemment, vous avez très
bien entendu avec moi toute la kyrielle corporatiste qui pouvait exister au
Québec, vous l'avez vue défiler devant nous. Chaque corporation
voyait son affaire à partir de l'acte à poser. Moi, je comprends
que, si j'étais simple salarié, j'aurais une maudite trouille,
parce que les "lobbies" sont puissants. C'est tout ce que j'ai à dire.
Je vous remercie pour tout de suite; on se reverra après le souper.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Sur le programme 3,
est-ce qu'il y a d'autres questions? Est-ce que le programme 3 est
adopté?
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut le suspendre au cas où
j'aurais une ou deux questions?
On va tous les appuyer, soyez sans crainte.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
On remet l'acceptation du programme 3 à plus tard, j'appelle le
programme 8, élément 1: le transport ambulancier.
Alors, on va suspendre quelques secondes pour permettre au nouveau
ministre de s'installer.
(Suspension de la séance à 17 h 32)
(Reprise de la séance à 17 h 36)
Le Président (M. Polak): Avec la permission de tout le
monde, nos travaux continuent. Donc, je dois comprendre que nous allons traiter
le dossier du transport ambulancier. Le ministre est ici et je lui donne la
parole pour ses remarques préliminaires, je présume?
Transport ambulancier
>.
M. Dutil: Au niveau des remarques préliminaires,
très rapidement, M. le Président, je pense que l'Opposition est
bien au courant qu'on a annoncé qu'on allait mettre en place une
réforme dont les principaux éléments seront le
rehaussement de la formation, la stabilisation de l'emploi et les centrales de
coordination. Je pense que plusieurs questions vont porter sur ces divers
sujets. Je suis disposé à répondre aux questions de
l'Opposition... de la commission.
M. Chevrette: II y a 34 900 000 $, n'est-ce pas?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: C'est de l'argent neuf?
M. Dutil: C'est, à toutes fins pratiques, le budget de
l'année dernière rehaussé légèrement.
M. Chevrette: II est indexé à combien? À 4?
À3?À2?
M. Dutil: Je n'ai pas le pourcentage comme tel, mais je peux vous
dire, à l'oeil, que cela donne à peu près 2 %.
M. Chevrette: Donc, la réforme annoncée coûte
2 % de plus.
M. Dutil: Non, la réforme annoncée va coûter
probablement, lorsque tout sera en place, d'ici à trois ans au maximum,
aux alentours de 25 000 000 $. Je parle en dollars d'aujourd'hui,
évidemment. S'il y a beaucoup d'inflation, cela peut influencer.
Cette année, en fonction de la vitesse de mise en place des
choses, on s'attend que cela coûte moins cher, mais, bien sûr, nous
sommes en négociation sur plusieurs aspects de la réforme.
M. Chevrette: Donc, cette année, il n'y a pas de sou neuf.
La réforme ne peut être mise en place cette année.
M. Dutil: Pas du tout. Il y a actuellement une révision de
la tarification qui est faite auprès de nos divers partenaires. Entre
autres sont impliquées là-dedans la Régie de l'assurance
automobile du Québec, la CSST, la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Il y a des choses qui sont regardées
également au niveau de l'aide sociale.
M. Chevrette: Vous venez d'affirmer que tout sera mis en place
d'ici à trois ans. Pourquoi avez-vous annoncé que
l'échéancier était entre trois et sept ans?
M. Dutil: Ce qui sera mis en place d'ici à trois ans, ce
sont les centrales de coordination et la stabilisation de l'emploi. Au niveau
de la formation, on s'attend que cela puisse être un peu plus long parce
qu'on ne croit pas - à moins que, dans la négociation, on ne
s'aperçoive qu'il y a des possibilités - qu'on puisse rehausser
la formation beaucoup plus vite que de 100 heures par année pour les
techniciens qui sont déjà à l'emploi du système et
qui doivent également continuer à faire leur métier.
Alors, 100 heures par année représentent deux heures par semaine.
Probablement que ce sera trois heures par semaine sur une certaine
période avec une relâche.
M. Chevrette: Quand prévoyez-vous la dissolution
d'urgences-santé?
M. Dutil: On ne prévoit pas comme tel...
M. Chevrette: Pour la convertir en corporation à but non
lucratif.
M. Dutil: Le transfert, à notre avis, devrait se faire de
façon imminente, c'est-à-dire que d'ici au mois de juin ou
juillet il devrait y avoir transfert. Il est possible que ce soit un peu plus
rapide. On regarde cela de près actuellement.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes obligé d'avoir
des amendements législatifs?
M. Dutil: II y a des amendements législatifs qui sont
à prévoir et qui seront déposés prochainement.
M. Chevrette: Ils seront donc déposés avant le 15
mai?
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Votre réforme prévoit
l'étatisation des techniciens ambulanciers à Montréal.
M. Dutil: Vous pouvez l'appeler comme vous le désirez. On
parle d'intégration des techniciens ambulanciers à l'organisme,
l'OSBL qui sera formé.
M. Chevrette: Mais, à toutes fins pratiques, ils
deviennent des employés de l'État.
M. Dutil: Ils deviennent des employés de cet organisme
parapublic.
M. Chevrette: Et non plus des employés de chacun des
propriétaires.
M. Dutil: À Montréal, effectivement, c'est le
cas.
M. Chevrette: Pourquoi seulement à Montréal?
M. Dutil: Vous connaissez aussi bien que moi révolution
des relations du travail à Montréal, premièrement.
Deuxièmement, l'organisation du système à Montréal
est bien différente d'en région. À Montréal, depuis
quelques années on fonctionne au moyen d'une centrale de coordination
depuis quelques années, par la gestion, finalement, des ambulances - de
leurs déplacements, du moins - de façon centralisée.
À la suite de bien des discussions que nous avons eues avec les divers
intervenants du milieu, nous avons estimé qu'en matière de
relations du travail ce serait la formule adéquate pour tout le monde, y
compris les propriétaires.
M. Chevrette: Est-ce que les propriétaires ont
été longuement consultés ou si vous avez fait vos
discussions surtout avec le RETAQ?
M. Dutil: Des discussions ont été faites avec
l'ensemble des partenaires, M. le Président. Il est important de
préciser cela. Lorsque le rapport SECOR a été
déposé, le dernier rapport en liste de tous les rapports qui ont
concerné le transport ambulancier et on sait qu'il y en a eu
plusieurs... Je pense que le député de Joliette est bien au
courant de plusieurs d'entre eux puisqu'il a été amené
à y participer lui-même avec toutes les difficultés
vécues à ce momment-là. Alors, à la suite de ce
rapport, nous avons fait une consultation auprès d'une vingtaine
d'organismes. Le RETAQ a été consulté, les associations
patronales, les propriétaires ont été consultés,
entre autres, deux parmi vingt groupes ont été consultés.
C'est à la suite de cela que j'ai bâti les recommandations pour le
Conseil du trésor et le Conseil des ministres.
M. Chevrette: Est-ce que vous prévoyez faire une
commission parlementaire sur la réforme?
M. Dutil: Non.
M. Chevrette: Aucune?
M. Dutil: Non.
M. Chevrette: Eh bien! Il ne vous est pas apparu important que
Québec soit organisé un peu comme Montréal?
M. Dutil: Mon point de vue là-dessus, c'est que ce n'est
pas tant sur le mode d'organisation qu'il faut arrêter les choses. Il
peut y avoir des modes d'organisation diversifiés. On sait que dans la
province, actuellement, il y a non seulement l'organisation de Montréal,
mais qu'il existe déjà des OSBL, une quinzaine à travers
la province. Il existe de même maintenant, depuis quelque temps, une
coopérative d'employés qui sont propriétaires et qui
opèrent une compagnie d'ambulances. C'est dans le sud de
Montréal, dans la périphérie de Montréal-sud.
Évidemment, if existe des propriétaires privés.
Alors, ce qui nous préoccupe le plus, c'est la qualité du
service, c'est le rehaussement de la formation, c'est la stabilisation de
l'emploi. Quant au modèle d'organisation, il peut être très
différent d'un endroit à l'autre.
M. Chevrette: Mais, comme vous recherchez l'équité
dans les services, pouvez-vous m'expli-quer pourquoi l'ensemble du personnel
ambulancier au Québec ne serait pas employé au même titre
qu'à Montréal...
M. Dutil: Le fait que...
M. Chevrette: ...avec tous les avantages?
M. Dutil: ...l'ensemble des employés de la province de
Québec ne soit pas sous la même coupole, sous le même
organisme ne veut pas dire qu'ils ne bénéficieront pas des
mêmes avantages quant aux conditions de travail. Évidemment, il
faut bien distinguer les régions des centres urbains qui ne peuvent pas
être organisées exactement de la même façon. On a des
exemples de fonctionnement. On parle souvent du système des parcs. Si on
se réfère au parc de La Vérendrye, on a établi, je
pense, une structure de fonctionnement des horaires qui est bien
différente de celle de Montréal, M. le Président. C'est
bien normal. Il n'y a pas beaucoup de transporteurs qui font l'affaire et qui
donnent des services d'une façon adéquate pour les gens de la
région.
M. Chevrette: Le ministre prévoit-il la présence
des médecins dans sa réforme?
M. Dutil: Nous sommes à préparer d'une façon
définitive le projet de loi que nous déposerons. Entre autres,
dans ce projet de loi, il y a un conseil d'administration qui est prévu
dans les OSBL. Je pense que l'Opposition verra de quelle façon nous
entendons composer ce conseil d'administration pour assurer que les diverses
parties intéressées au transport ambulancier puissent avoir leur
mot à dire.
M. Chevrette: Je reprends ma question parce que vous n'avez pas
répondu. Vous avez valsé de côté et vos patins ne
coupaient pas du tout. Dans votre réforme, dans le système de
soins préhospitaliers d'urgence, est-ce que vous prévoyez
explicitement la présence des médecins?
M. Dutil: M. le Président, nous n'avons pas encore
arrêté complètement ce que sera la formation du conseil
d'administration.
M. Chevrette: Pas du conseil.
M. Dutil: Lorsque nous aurons arrêté cette forme, H
y aura ou il n'y aura pas de médecins, il y aura ou il n'y aura pas
d'autres représentants de divers organismes, l'Opposition sera en mesure
d'en juger.
M. Chevrette: Mais vous parlez de Montréal avec son
organisme à but non lucratif. À travers le Québec,
prévoyez-vous la possibilité d'introduire les médecins
dans le système, dans votre réforme?
M. Dutil: C'est-à-dire qu'on estime qu'il doit y avoir des
protocoles d'entente avec les hôpitaux, évidemment, protocoles qui
font justement qu'il y a une jonction beaucoup plus solide entre les
transporteurs ambulanciers et les divers centres hospitaliers dans la province.
Si c'est ce qu'entend le chef de l'Opposition par sa question, à ce
moment-là, évidemment, le secteur hospitalier serait
impliqué, donc, par voie de conséquence, les médecins qui
reçoivent les blessés (17 h 45)
M. Chevrette: Vous ne croyez pas que la présence des
médecins hors Montréal, où on compte beaucoup moins de
centres hospitaliers et où on est beaucoup moins près des centres
hospitaliers, vous ne croyez pas que les médecins sont encore plus
importants qu'à l'intérieur de Montréal, alors que vous me
dites qu'il va y avoir des soins préhospitaliers à
Montréal?
M. Dutil: Ce que je crois, M. le Président, c'est que
chaque région est en mesure de nous donner son pouls ou la façon
dont elle estime que l'organisation peut se faire pour le mieux-être de
la région. Il peut y avoir diverses formules. Il y en a plusieurs qui
ont été expérimentées à ce jour. Je pense
que l'opinion des régions là-dessus sera très
importante.
M. Chevrette: Vous ne faites pas de commission parlementaire pour
qu'elles puissent s'exprimer? Où vont-elles pouvoir faire leurs
revendications?
M. Dutil: Les conseils régionaux nous donnent leur opinion
là-dessus, ils consultent leurs gens là-dessus,
premièrement. Deuxièmement, on veut faire deux projets pilotes
d'implantation globale, c'est-à-dire centrales de coordination et
stabilisation de la main-d'oeuvre, évidemment avec formation.
M. Chevrette: Est-ce que les endroits sont définis pour
les projets pilotes?
M. Dutil: Non. Pas encore. Une voix:... M. Chevrette:
Pardon? Une voix: ...Joliette?
M. Chevrette: Cela se pourrait. Pourriez-vous me dire en quoi va
consister la révision de la gestion des transports
interétablissements?
M. Dutil: Plusieurs questions se posent quant aux transports
interétablissements. Une des questions qui se pose est la suivante:
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que le transport dit d'urgence et le transport
interétablissements, qui en général est moins d'urgence,
soit fait d'une façon différenciée. Mais ce sont des
sujets qui sont en discussion avec nos divers partenaires, entre autres, les
syndicats, et sur lesquels nous cheminons tous les deux. Le résultat de
ces négociations sera connu ultérieurement. Il y a là des
questions à se poser pour le mieux-être du fonctionnement du
service ambulancier.
M. Chevrette: J'aimerais vous entendre parler de la formation.
Vous parlez d'un nombre d'heures de 825, si ma mémoire est
fidèle.
M. Dutil: La formation. On n'a pas le détail des cours
ici, mais je voudrais vous mentionner, au sujet de la formation, je pense que
c'est vous-même qui aviez demandé aux CRSSS de s'occuper davantage
du secteur ambulancier. À la suite de ce que vous avez fait, lorsque
vous étiez ministre... Je ne sais pas si c'était vous ou M.
Johnson? Quoi qu'il en soit, c'était je pense, en septembre 1985. Les
CRSSS se sont penchés sur un des problèmes qu'ils estimaient fort
important et urgent et qui était la formation. Alors Ils ont
formé un comité et ce comité a étudié, a
consulté, a vérifié quelle serait la formation
adéquate pour les techniciens ambulanciers. Il semble qu'on soit
arrivé à un consensus: 825 heures semblait être la
formation convenant pas mal à tous les intervenants qui étaient
là et que l'on trouvait raisonnable. Il y a de la formation en
techniques de base, en technique de réanimation, évidemment.
C'est une formation que plusieurs techniciens ambulanciers ont
déjà. La formation actuelle en région est autour de 150
heures, mais, à Montréal, elle est de 280 heures, 300 heures
environ. Il y a évidemment beaucoup d'acquis déjà chez les
techniciens ambulanciers, particulièrement ceux de Montréal, mais
il reste diverses choses qui devront être approfondies, qui concernent,
souvent, moins des cas d'urgence, moins le transport ambulancier - c'est
peut-être la minorité des transports ambulanciers - que les cas
où la situation risque d'être le plus critique pour le patient.
À la suite de cette consultation qui a été faite à
travers toute
la province, avec tous les intervenants, nous avons estimé qu'il
était important de rehausser la formation et d'écouter les gens
qui s'étaient penchés sérieusement sur la question quant
au nombre d'heures et donc, de le porter à 825 heures. Certaines
personnes m'ont dit que cela pouvait être trop élevé. Pour
ma part, je pense qu'il vaut mieux 200 heures de trop que 200 heures pas assez.
C'est la recommandation que j'ai faite et c'est celle qui a été
acceptée.
M. Chevrette: Est-ce que des pourparlers sont déjà
entrepris pour savoir où vont se donner ces cours?
M. Dutil: Oui, il y a déjà un comité.
M. Chevrette: C'est dans le cadre de quel degré
scolaire?
M. Dutil: On pourrait dire que c'est l'équivalent d'une
année de cégep, ou à peu près. Mais cela n'exclut
pas ceux qui n'auraient pas la formation complète du secondaire et qui
sont déjà à l'emploi des propriétaires
d'ambulances. Évidemment, on a toute une période de transition
à faire, qui est bien importante, c'est-à-dire que tous les
techniciens ambulanciers qui sont déjà en poste doivent suivre
cette formation-là, doivent donc ramasser les prérequis qu'ils
ont, doivent s'ajuster. Oui, un comité est déjà à
l'oeuvre actuellement avec des cégeps qui - je pense que c'est Ahuntsic
- se préparent à donner le cours et on pense à des
équipes volantes. Évidemment, l'ensemble des techniciens
ambulanciers sont répartis sur le territoire et il sera important, pour
la période de transition au moins, de s'assurer qu'on pourra donner ces
cours-là sur une étendue de territoire suffisamment grande pour
ne pas causer d'inconvénients de transport aux techniciens ambulanciers
qui doivent, on le rappellera, en même temps gagner leur vie et
travailler.
M. Chevrette: II y a un vide juridique depuis le 31 mars entre
les propriétaires ambulanciers et les employés. Qu'arrtve-t-il de
leur menace du 20 avril de congédier leurs employés?
M. Dutil: II y a des discussions actuellement avec les
propriétaires et, moi, je pense qu'au niveau de Montréal on peut
dire que ces discussions-là sont assez bonnes. J'ai l'impression qu'on
pourra régler avant qu'ils mettent leur menace à
exécution. Quoi qu'il en soit, nous nous préparons au pire et
nous pouvons assurer la population que, quels que soient les gestes que
pourront poser les propriétaires d'ambulances, le service leur sera
accordé de la même façon, avec la même qualité
qu'il l'est actuellement.
M. Chevrette: Mais prenons les propriétaires de
Montréal. Ils deviennent des locateurs d'am- bulances? Ils deviennent
quoi?
M. Dutil: Ils ont diverses fonctions, entre autres, de fournir le
matériel et les équipements.
M. Chevrette: Oui, mais à part cela?
M. Dutil: Les équipements, le... Oui, essentiellement.
M. Chevrette: Ils deviennent des locateurs d'ambulances. Quel est
l'avantage pour le gouvernement, qui a ses flottes d'automobiles, ses flottes
de camions, quel est l'avantage pour le gouvernement de ne pas avoir tout
étatisé à ce compte-là?
M. Dutil: Je pense que gérer une flotte, c'est aussi un
métier. Je ne crois pas que nous puissions le faire avec des avantages
supplémentaires par rapport aux propriétaires privés Nous
verrons de quelle façon cela se passera au cours des prochaines
années.
M. Chevrette: Mais quel est l'avantage pour l'État?
M. Dutil: Pour l'État? Nous n'avons pas à nous
occuper de la gestion de la flotte, de la gestion de la tôle.
M. Chevrette: Mais vous avez la responsabilité
professionnelle de ceux qui travaillent à l'intérieur de ces
ambulances-là
M. Dutil: Est-ce que vous nous suggérez ...
M. Chevrette: Le propriétaire qui a un véhicule -
je prends un exemple - a un employé attitré. Comme ce n'est pas
le propriétaire qui l'a attitré, il y a une difficulté
d'identification d'abord du salarié vis-à-vis de la
responsabilité dans un cadre horaire. Le propriétaire ne
définit plus les horaires, il ne sait donc pas qui fait quoi à
tel moment précis. Prenons un acte de vandalisme. Qui est responsable?
Qui va identifier le coupable? Qui va avoir la responsabilité de poser
des gestes?
M. Dutil: Ce sont toutes des choses qui sont à
définir dans un protocole d'entente ou un contrat à
établir avec les propriétaires d'ambulances. Si je comprends bien
la question du député de Joliette, du chef de l'Opposition,
est-ce qu'il est en train de nous recommander d'étatiser la tôle
également?
M. Chevrette: Non, non, je vous demande quel est l'avantage de
garder une flotte, un locateur de flotte d'ambulances au moment où on
étatise, quels sont les avantages pour l'État. Vous avez sans
doute, avant de prendre cette grave décision d'étatiser, parce
que c'est contraire à votre polrtique gouvernementale qui est
de privatiser... Comment avez-vous pu en arriver à changer de cap
sur votre politique de privatisation, aller vers l'étatisation, sans
regarder les avantages concrets pour l'État?
M. Dutil: Pour revenir à la question initiale, il faut
bien se rendre compte que le domaine des ambulances est bien difficile à
comparer avec d'autres domaines, particulièrement au niveau de la
concurrence. Notre gouvernement a toujours préconisé la
privatisation dans des secteurs concurrentiels. On voit très mal, et
c'est une chose qui est disparue au fil des années un peu partout dans
le monde, deux ambulances arriver sur le même accident, commencer
à négocier avec le blessé les tarifs, la vitesse de leur
travail, leur sourire, leur compétence, etc. Alors, on a
éliminé graduellemennt du secteur ambulancier la concurrence, un
des éléments fort importants dans un système de libre
entreprise.
M. Chevrette: M. le ministre, vous auriez pu définir les
zones. Ne venez pas me dire... Cela ne tient pas debout ce que vous dites, cela
peut faire rire.
M. Dutil: Est-ce que je peux... M. Chevrette: Voyons!
M. Dutil: Est-ce que je peux terminer, M. le
Président...
M. Chevrette: Tu définis les zones puis tu as une seule
ambulance qui arrive là, voyons!
M. Dutil: Je croyais avoir la parole, M. le Président.
Le Président (M. Polak): Vous pouvez lui donner votre
réponse, ensuite...
M. Dutil: Je ne pense pas avoir terminé ma réponse.
C'est que le chef de l'Opposition parlait de notre désir de privatiser
les choses. Nous n'avons jamais fait un dogme de la privatisation dans les
secteurs où il n'y avait pas de concurrence, M. le Président,
c'est tout ce que je voulais soulever. Le chef de l'Opposition essaie de faire
croire que, à tout crin, nous voulons absolument seulement et uniquement
envisager des privatisations. Cela n'a jamais été le cas et je
voulais tout simplement rétablir cela avant d'aller plus loin dans la
réponse que je voulais lui donner.
M. Chevrette: Le président du Conseil du trésor
parle de privatisation des services de santé. Mme la ministre de la
Santé parle de HMO, qui est une forme de privatisation des soins de
santé. Vous arrivez avec une étatisation des soins ambulanciers.
Est-ce qu'il vous était possible de définir des zones d'une
façon plus serrée pour éviter les problèmes dont
vous pariiez: la concurrence vis-à-vis du blessé? M. Dutil:
Je pense que...
M. Chevrette: Au cas où vous ne le sauriez pas, c'est fait
depuis quelques années.
M. Dutil: Oui, des zones existent, mais je pense que le
député de Joliette n'a pas compris mon intervention. Ce que je
dis, c'est qu'il n'y a pas de concurrence permanente. Il peut y avoir, dans
d'autres secteurs, de la concurrence permanente. Le client a le choix de
l'endroit où il va se servir de certains biens et de certains services.
Bon! Est-ce que cela peut se faire dans le domaine de la santé? Cela
n'est pas mon affaire, c'est l'affaire de l'autre ministre, mais il peut y
avoir de la concurrence. Tandis que, dans le transport ambulancier où ce
sont presque toujours des appels d'urgence, la concurrence quotidienne, au jour
le jour, elle ne peut pas exister. Évidemment, il peut y avoir une
concurrence lors d'un appel d'offres. On dit: Vous aurez le contrat pour les
cinq prochaines années si vous êtes celui qui nous offrez les
meilleurs services au meilleur prix. Oui, mais, moi, ce dont je pariais,
c'était de la concurrence quotidienne.
Alors, c'était pour terminer mon explication au sujet de ce que
le chef de l'Opposition pense être un dogme dans le gouvernement actuel.
Ce n'est pas un dogme, c'est un souhait, lorsque l'entreprise privée,
lorsqu'il y a de la concurrence, peut opérer elle-même les
services à la population. Cela ne peut pas s'appliquer partout et en
tout temps.
Maintenant, quel est l'avantage - parce que c'était la question
initiale avant que le député de Joliette ne bifurque vers le
dogme de la privatisation, ce qui n'est pas le cas - de garder les
propriétaires ambulanciers propriétaires de la tôle. Nous
estimons que c'est une formule qui a pour avantage de permettre la gestion
d'une flotte, puis gérer une flotte, ce n'est pas toujours quelque chose
de si simple que cela, il y a une foule d'aspects à considérer
dans une flotte de ce genre-là. Nous pensons que cela peut nous rendre
un certain service. Les années futures nous montreront si nous avons
tort ou raison de ce côté-là.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut convenir... Il me reste deux ou
trois questions au maximum, à moins qu'on ne veuille revenir à 20
heures, cela ne me dérange pas...
Le Président (M. Polak): Non, je pense...
M. Dutil: On ne peut pas revenir à 20 heures, M. le
Président...
Le Président (M. Polak): Non, si je comprends la
secrétaire, on devrait continuer quelques minutes après 18
heures. D'ailleurs, ce matin, apparemment que la commission a com-
mencé un peu plus tard.
M. Chevrette: Quinze minutes en retard.
Le Président (M. Polak): Donc, est-ce qu'on peut fixer des
délais? On dirait, M. le chef de l'Opposition...
M. Chevrette: Bon! Cinq ou dix minutes.
Le Président (M. Polak): Dix minutes, vous dites?
M. Chevrette: Cinq ou dix.
Le Président (M. Polak): Ah! Cinq ou dix. Alors, on va
dire: 18 h 5 ou 18 h 10, suivant où...
M. Chevrette: Parfait.
Le Président (M. Polak): ...on est rendu.
M. Dutil: Nous avons une réunion tout à
l'heure.
Une voix: ...trois minutes.
M. Chevrette: Puis cela commence toujours en retard, là
aussi.
Ma question est la suivante: Les contrats, c'est pour combien de temps
dans les régions pour les ambulanciers régionaux qui, eux, auront
des employés qui ne seront pas syndiqués? Par exemple, dans la
région de Lanaudière, est-ce que vous allez signer des contrats
de cinq ans, trois ans, quatre ans avec les propriétaires
ambulanciers?
M. Dutil: Ah! Il faut négocier avec les divers
propriétaires ambulanciers. Il est évident, M. le
Président, qu'on ne peut pas donner des contrats de seulement un an.
Parce quelqu'un qui va s'équiper...
M. Chevrette: Je comprends.
M. Dutil: ...d'ambulances, il faut qu'il les
déprécie sur un certain nombre d'années...
M. Chevrette: Mais H risquerait, au bout de cinq ans...
M. Dutil: ...sinon on n'aurait pas...
M. Chevrette: ...de faire face à la concurrence.
M. Dutil: ...on n'aurait pas d'économie d'échelle
et, à ce moment-là, on serait aussi bien d'opérer
nous-mêmes.
M. Chevrette: Est-ce que cela se fera par soumissions
publiques?
M. Dutil: Pour terminer la réponse à la
première question, on envisage quelque chose qui serait entre trois et
cinq ans. Cela pourrait aussi être différent selon les
négociations.
M. Chevrette: Est-ce parce qu'on va aller en soumissions
publiques?
M. Dutil: Cela pourrait aller jusque-là, M. le
Président, jusqu'aux soumissions publiques. Mais, évidemment, il
y a des propriétaires dans le champ actuellement et puis il faut voir de
quelle façon on fait la période de transition. (18 heures)
M. Chevrette: Si cela pouvait aller jusqu'à la soumission
publique, cela voudrait dire que, dans une région, un entrepreneur
pourrait venir s'installer après l'expiration du contrat de l'autre, un
nouveau propriétaire.
M. Dutil: S'il obtenait la soumission la plus basse C'est une
hypothèse. Cela ne veut pas dire que ce sera cette hypothèse,
mais je voudrais aussi dire qu'il y a des régions où ce sont des
organismes sans but lucratif qui opèrent et qui sont très
fortement ou très liés soit avec les municipalités, soit
avec les centres hospitaliers, et qu'il y a probablement plusieurs
modèles qui encore là pourront s'appliquer.
M. Chevrette: Mais est-ce que vous reconnaissez que, si cela
pouvait aller jusque-là, les employés de Montréal auraient
une sécurité d'emploi? Les employés en région
seraient liés à une sécurité d'emploi relative
exclusivement à la durée de leur contrat?
M. Dutil: Toutes ces choses-là sont à discuter dans
le cadre de nos négociations, M. le Président. Je ne pense pas
qu'on soit en mesure et qu'il soit opportun de donner ici des réponses
à ces questions. Il va certainement être question dans la
négociation de sécurité d'emploi.
M. Chevrette: C'est une réforme. Si vous avez pris la
décision de réformer, vous devez savoir un peu ce qu'il y a
dedans. Cela doit se poser comme question. C'est opportun de poser des
questions.
M. Dutil: Ce que je veux dire, c'est qu'il y a plusieurs avenues
de réponse. Il y a quelque chose...
M. Chevrette: Vous pouvez me répondre qu'il y a plusieurs
avenues de réponse, mais que la question était opportune.
M. Dutil: Je n'ai pas dit que la question n'était pas
opportune, M. le Président.
M. Chevrette: Vous avez dit que vos réponses
étaient inopportunes.
M. Dutil: J'ai dit que ce n'était pas opportun de
répondre avec précision à la question, puisque plusieurs
avenues s'ouvraient devant nous et que nous sommes actuellement en
négociations. C'est tout ce que j'ai dit. Je ne voudrais pas que le
député pense que je l'ai insulté. Je n'ai pas du tout
parlé de l'opportunité de sa question; j'ai parlé de
l'opportunité de ma réponse. Il y a un malentendu.
M. Chevrette: J'ai bien compris que vous n'aviez pas de
réponse...
Le Président (M. Polak): Jusqu'à maintenant, cela
allait bien. On va continuer.
M. Chevrette: ...opportune à me donner. Ceci dit, je vais
vous poser une question sur la stabilisation de la main-d'oeuvre en
région. Pouvez-vous me dire comment cela va se faire?
M. Dutil: Ce sont également des choses discutées
avec chacune des régions. On attend d'avoir les rapports des divers
CRSSS pour voir de quelle façon ifs le préconisent, mais je vous
ai mentionné tout à l'heure qu'une des avenues, surtout dans les
endroits où il y a un seul véhicule, mais là où il
y a le plus de problèmes actuellement, ce sont les endroits où il
y a juste un véhicule dans la région et où il y a le moins
de densité de population. Dans ce cas-là, ce que l'on envisage,
le modèle qui est regardé de très près parce qu'il
fonctionne relativement bien, quoiqu'il soit dispendieux - on pourrait regarder
les avenues un peu moins dispendieuses - mais c'est le modèle des parcs,
c'est-à-dire 40 heures de présence, 168 heures de
disponibilité.
M. Chevrette: La stabilité de la main-d'oeuvre, cela ne
veut pas dire plus que cela?
M. Dutil: La stabilité de la main-d'oeuvre, ce que cela
veut dire en pratique, quels que soient les modèles qu'il puisse y
avoir, cela veut dire que des gens qui ont une formation de 825 heures, ce qui
correspond à environ une année de collégial, et qui
s'attendent de gagner leur vie dans ce domaine-là puissent la gagner
n'importe où en province au lieu de faire ce qui se passe actuellement.
Plus les gens prennent de formation dans les techniques ambulancières,
moins ils restent en région, parce qu'en région ils ne peuvent
pas gagner leur vie, c'est un travail à temps partiel.
Alors, ceux qui ont ce que j'appellerais, entre guillemets, la vocation,
parce que faire du transport ambulancier, c'est une vocation, c'est un
métier en soi, ceux qui prennent donc le goût à ce
métier et qui prennent la formation, on se rend compte qu'ils s'en vont
dans les centres urbains pour se trouver un emploi parce qu'actuellement c'est
le seul endroit où ils peuvent trouver un emploi à temps plein.
Ce que l'on veut permettre, c'est que les régions par des formules -
j'en ai mentionné une tout à l'heure - qui peuvent être
très diverses - il faudra les regarder l'une après l'autre -
c'est de leur permettre de gagner leur vie adéquatement en
région.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous répondez à ceux
qui disent que vous avez acheté la paix avec le RETAQ?
M. Dutil: Je réponds que lorsque je travaille dans un
dossier, je me préoccupe des relations du travail et des relations
humaines, et je pense que c'est normal. Cela fait partie des discussions que
l'on a. Notre politique en tant que gouvernement, on le sait, est fondée
sur deux piliers fort importants: le respect des employés d'abord. On
trouve que c'est important de respecter, puis de négocier de bonne foi
avec eux. On a un autre pilier que j'aime bien rappeler parce qu'il est aussi
important et on l'a démontré au cours des deux dernières
années, c'est le respect de la population. Il y a des services à
accorder à la population. On ne peut pas interrompre des services aussi
cruciaux que ceux-là. Il y a des services essentiels. Les transports
ambulanciers en font partie. Alors, entre ces deux piliers, M. le
Président, qui sont fort importants et que nous respectons et dont nous
tenons compte, nous essayons de régler les problèmes de
qualité des services, de rehaussement des services en fonction des
techniques modernes dans le transport ambulancier.
M. Chevrette: Comme vous considérez l'humain, est-ce que
vous pouvez considérer aussi que l'équité des services
doit faire partie des préoccupations d'un ministre, qu'il existe des
gens à l'extérieur de Montréal et que les travailleurs
à l'extérieur de Montréal sont aussi respectables que les
travailleurs de Montréal et qu'ils ont le droit aux mêmes
avantages, aux mêmes services et à la même reconnaissance
qu'à Montréal, et que l'équité des services se
transpose à l'extérieur de Montréal? Quand on parle des
médecins à Montréal, on sait qu'ils sont à
proximité des centres hospitaliers trois fois comme dans n'importe
quelle région du Québec et vous n'êtes même pas
capable avec votre réforme de nous assurer dans l'équité
des services que les médecins seront dans les ambulances à
l'extérieur de Montréal. Quand on sait que les travailleurs
à l'extérieur de Montréal n'auront pas de
sécurité d'emploi, que les travailleurs à Montréal
ne seront pas nécessairement assujettis aux mêmes conditions de
travail - c'est un voeu que vous faites, mais il n'y a pas d'assurance - est-ce
que c'est une réforme pour Montréal et le RETAQ ou si c'est une
réforme pour tout le Québec, pour doter de services ambulanciers
toutes les régions du Québec avec une équité comme
premier souci de réforme?
M. Dutil: M. le Président, que je suis heureux d'entendre
le député de Joliette dire ceci! C'est la première fois
qu'une réforme, depuis de nombreuses années, est faite et qu'elle
tient compte des régions. Jamais dans le passé, surtout pas du
temps du Parti québécois, on n'a tenu compte des régions
quand...
M. Chevrette: Vous vous informerez dans votre dossier parce que
c'est moi qui ai ouvert les salaires le premier.
M. Dutil: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Polak): Oui, oui, continuez votre
réponse.
M. Chevrette: II ne connaît même pas ses
dossiers.
M. Dutil: Moi, j'écoute les questions du
député de Joliette et chaque fois que je viens pour
répondre...
M. Chevrette: Oui, mais vous répondez à d'autres.
Répondez donc à la question qu'on vous pose.
M. Dutil: ...je n'ai pas la possibilité de m'exprimer de
la façon que lui s'exprime. Alors, moi je veux bien...
Le Président (M. Polak): ...la réponse, ensuite,
j'imagine, une dernière petite question pour l'Opposition, une et
demie.
M. Dutil: M. le Président, je ne voudrais pas rappeler de
mauvais souvenirs au député de Joliette sur les
négociations qu'il a lui-même faites un certain 24 décembre
ou 25 décembre avec le RETAQ dans un certain hôtel à
Montréal où il a fallu qu'il fasse des concessions majeures pour
régler ses problèmes de relations du travail alors qu'il pensait
les avoir réglés par une loi. Je voudrais seulement lui rappeler
que cela n'a réglé que les problèmes de Montréal et
que cela n'a jamais réglé les problèmes des
régions. La stabilisation de l'emploi et la formation en région,
cela fait longtemps qu'on en parle, mais cela n'a jamais été fait
sous l'ancien régime. Cela va se faire sous ce régime-ci et la
qualité des services en région sera là. Il y aura de la
formation pour les techniciens ambulanciers d'une façon
rehaussée, adéquate et égale à celle qui est
accordée à Montréal. C'est la moitié actuellement:
150 heures en région, 300 heures à Montréal. Pourquoi
c'était comme cela historiquement? Pourquoi, M. le Président? Je
la pose la question. On a hérité d'un dossier où il y
avait déjà une divergence de formation du simple au double. Nous
avons dit dans notre réforme: La formation en région, elle sera
la même qu'à Montréal. Il n'y a pas de raison qu'en
région on ait de moins bons services ambulanciers qu'à
Montréal, premièrement. Deuxièmement, la stabilisation de
l'emploi, cela fait longtemps qu'on en parle en région et le
problème, c'est que les gens formés vont à
Montréal, vont à Québec et que ce qu'on retrouve, ce sont
des gens, qui sont de bien bonne foi, de bien bonne volonté, mais qui
font du "part time" avec les ambulances et n'ont pas la formation qu'il faut
lorsque les situations sont véritablement critiques. Oui, sans doute que
dans 80 % des cas, cela a réglé le problème, mais, nous,
on voulait aller en région a plus de 80 % des cas. On voulait aller
à 100 % des cas. C'est pour cela qu'on va offrir la stabilisation de
l'emploi, M. le Président. Est-ce que le député de
Joliette est capable de comprendre que la réforme pour une fois touche
l'ensemble des régions du Québec? Je viens d'une région,
M. le Président. Je le connais le problème des ambulances en
région, ne vous en faites pas, je le connais depuis longtemps. En 1976,
j'étais à la corporation ambulancière de notre
région parce que les propriétaires privés avaient
décidé d'abandonner à la suite de la première
réforme qui avait été faite où on avait
distingué les ambulances pour transporter les morts et les ambulances
pour transporter les vivants. J'ai tout vécu ces problèmes des
régions. Alors, je n'ai pas de leçon à recevoir sur le
service qu'on va accorder en région qui sera bien meilleur que le
service que n'a jamais accordé le Parti québécois, pendant
qu'il gouvernait, en région pour les services d'urgence et
d'ambulance.
M. Chevrette: Après s'être congratulé, est-ce
que le ministre peut m'assurer avec autant d'assurance qu'il va donner les
mêmes traitements, la même sécurité d'emploi aux
travailleurs hors Montréal? Est-ce que le ministre est capable de
m'assurer qu'il va y avoir une qualité de service dans les ambulances,
la même qualité qu'on va retrouver à Montréal? Vous
avez parlé de formation dans votre réponse, dans votre
envolée. Répondez-moi à ces deux aspects bien
précis: Les salariés seront-ils traités sur un pied
d'égalité dans votre réforme? Seront-ils des
fonctionnaires de l'État?
M. Dutil: M. le Président, pour la première fois,
il va y avoir une table de négociation où tous les
problèmes de l'ensemble de la province vont se régler. Je pense
que c'est une première garantie qu'on a l'intention d'avoir un
traitement équitable. Quant à la sécurité d'emploi,
c'est un sujet qui sera discuté également à cette table et
la discussion va concerner l'ensemble des techniciens ambulanciers de la
province.
Le Président (M. Polak): Maintenant, on a pris onze
minutes sur les dix allouées. Donc, cela termine nos travaux pour
maintenant et on se réunira à huit heures? À 20 heures, me
dit-on, pas à huit heures. Merci. M. le chef de l'Opposi-
tion, est-ce qu'on devrait accepter le programme du ministre ou si ce
n'est pas nécessaire, non?
(Suspension de la séance à 18 h 10)
(Reprise à 20 h 7)
Dossiers régionaux
Le Président (M. Hamel): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales reprend ses travaux. Ce soir,
nous avons l'étude plus particulière des dossiers
régionaux. Alors, sans plus tarder, je reconnais Mme la
députée de Chicoutimi.
M. Chevrette: Mme la ministre, trente secondes.
Le Président (M. Hamel): Certainement, M. le chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: Ce serait convenu à peu près ainsi
dans l'ordre ce soir: la députée de Chicoutimi, le
député d'Abitibi-Ouest, le député de Laviolette et
le député de Jonquière avant la députée de
Maisonneuve. Tel que convenu, on ne vous fera pas la vie dure, on va seulement
exiger de vous des réponses sérieuses, franches et sans
ambiguïté.
Une voix:....
M. Chevrette: C'est pas mal.
Le Président (M. Hamel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. À cette
même commission parlementaire l'an passé, j'avais soulevé
les questions touchant le développement des centres d'accueil
d'hébergement pour les personnes âgées. À ce
moment-là, j'avais parlé d'un certain nombre de questions
touchant l'état de sous-développement et la longueur des listes
d'attente dans la région, mais plus particulièrement dans le
comté de Chicoutimi. À ce moment-là, la ministre m'avait
dit que cela n'entrait pas dans son plan de développement cette
année d'ajouter de nouvelles places, de nouveaux espaces dans le
comté et, finalement, il semblait qu'on n'était pas pire
qu'ailleurs. Depuis, cela ne s'est pas arrangé parce que la population
est comme chez nous vieillissante à la différence que dans la
région du Saguenay, le vieillissement s'est fait un peu plus tard que
dans le reste du Québec, mais cela s'est fait de façon plus
accélérée.
J'avais souligné le fait que, dans la région, il y avait
absence totale de pavillons. Les pavillons, ce sont, me dit-on, les
unités d'accueil qui reçoivent des personnes qui exigent des
soins plus légers, donc, qui ont moins besoin de soutien.
L'évaluation qui a été faite par le CRSSS pour Alma-La
Baie, ce serait pour quelque 20 places chacun, c'est-à-dire 40 places au
total, Chicoutimi-Jonquière, ce sont 30 places. Alors, au total on
aurait besoin à Chicoutimi d'une trentaine de places et, si je parte
pour la région, d'une centaine de places en pavillons. Les personnes qui
actuellement pourraient très bien se satisfaire d'une place en pavillons
occupent des places dans des centres d'accueil. Il faut savoir que les centres
d'accueil coûtent plus cher à gérer que les pavillons, je
pense bien que ce n'est pas à vous que je vais apprendre cela, ce qui
fait qu'il y a un déplacement des ressources qui coûte beaucoup
plus cher et qui ne favorise pas, évidemment, la qualité des
services.
Par ailleurs, au plan des places de dépannage dans les centres
d'accueil, dans toute la région, on a quatre places de dépannage
et elles sont situées à Chicoutimi, au centre d'accueil
Beaumanoir. Le CRSSS estime à quelque 30 places les besoins, ne
serait-ce que pour, c'est vraiment minimum, soutenir les efforts des familles
qui gardent des parents âgés chez elles, que cela soit le mari,
l'épouse ou encore les parents. Au total, à Chicoutimi, je vous
dis, je vous le rappelle, on a quatre places. Et ce qui arrive, c'est que le
centre d'accueil Beaumanoir est obligé, à l'occasion, de prendre
des places prévues pour l'accueil pour en faire des places de
dépannage.
Il y a également et je le passerai sous silence - le besoin de
consolidation dans les centres de jour.
Il s'est présenté un cas particulièrement
pathétique à Chicoutimi, tout de suite après les
fêtes. Une vieille dame qui va avoir 94 ans en mai prochain, qui a tenu
maison jusqu'à 93 ans, au mois d'octobre a eu un problème de
santé, elle a été hospitalisée puis, finalement,
elle se remettait mal de son séjour à l'hôpital. Elle
n'avait personne - il faut comprendre qu'à 94 ans ses enfants avaient
commencé à vieillir aussi - alors, elle n'avait personne pour la
recevoir dans sa famille. Le centre Beaumanoir l'a accueillie dans une place de
dépannage. Bien, quatre semaines après, ils ont dit: Quittez, on
n'a plus de place. Alors, le cas a été rapporté au bureau.
Finalement, concours de circonstances comme il en arrive à l'occasion
dans les foyers, évidemment, il y a une place qui s'est
libérée parce qu'un pensionnaire est décédé.
Et là on a passé par-dessus la liste d'attente pour accueillir
cette madame. Mais, entretemps, elle a été perturbée, elle
a eu besoin de soins. Écoutez, je pense qu'à 93 ans elle
méritait bien, à un moment donné, un peu de repos.
À Chicoutimi seulement, et là je ne parle pas pour le
reste de la région, il y a entre 150 et 175 personnes qui se qualifient
pour être accueillies dans des centres d'accueil. Ce ne sont pas celles
qui en auront besoin dans six mois ou dans un an, celles qui,
immédiatement, s'U y avait une place, cela serait justifié qu'on
les
accueille.
Alors, ce que je voudrais savoir de la ministre, et j'ai eu l'occasion
d'en parler un peu avec ses fonctionnaires, c'est: Est-ce qu'il y a de l'argent
de prévu pour développer les places en centres d'accueil et, plus
particulièrement, les places de dépannage, et est-ce qu'on songe
éventuellement à investir dans des places en pavillons? Les
places en pavillons, bien que cela soit généralement
administré, ces établissements-là, par le privé, il
faut qu'il y ait une autorisation de la ministre parce qu'il y a une partie des
coûts qui sont assumés par le ministère. Par ailleurs, le
centre Beaumanoir qui a 81 permis pour 97 lits a 16 lits, 16 places de lits
qu'il ne peut utiliser parce qu'il n'en a pas le permis. Alors qu'on sait qu'il
manque de place en hébergement temporaire, il y a, dans ce centre
d'accueil, 16 lits qui ne servent pas, faute d'avoir un permis.
Deux questions. La première: Est-ce qu'on envisage de
développer des pavillons dans la région, plus
particulièrement dans le comté de Chicoutimi? Et est-ce qu'on
songe à autoriser, à augmenter le permis du foyer Beaumanoir pour
porter sa capacité d'accueil à 97 lits, pour ajouter les 16 lits
qui sont actuellement inutilisés faute d'avoir le permis pour le
faire?
Mme Lavoie-Roux: Première des choses: je voudrais dire
à la députée de Chicoutimi que les priorités pour
des places en centres d'accueil ou en soins prolongés se situent, si on
tient compte de l'autosuffisance des régions à ce moment-ci, en
Montérégie, dans la région B, dans la région de
Québec et la région de Montréal. Et, si je regarde les
statistiques... Je comprends que la députée de Chicoutimi les a
posées en fonction de Chicoutimi - lui-même ou elle-même? -
de la ville de Chicoutimi elle-même. Pardon?
Mme Blackburn: Du Saguenay - Lac-Saint-Jean également. (20
h 15)
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je dois vous dire que les chiffres que j'ai
pour la région 02 sont les suivants: il y a actuellement 1570 lits
disponibles en CAH et en CHLD dans cette région, alors que les places
requises que l'on prévoit pour 1991 sont de 1178, ce qui voudrait dire
un surplus de lits, en tout cas, de 392; dans les régions 6B et 6C, il y
a un déficit, dans lune et l'autre, de 515 lits et de 420 lits. Vous
comprendrez que les priorités iraient inévitablement à ces
régions qui sont véritablement en besoin de ressources, du moins,
d'ici 1991. Comme on le sait, de toute façon, il y en a de
planifiées pour ces régions et ce sont les régions
à qui on accorderait la priorité. C'est la première
réponse que je veux vous donner.
Maintenant, vous dites: Le conseil régional estime qu'il
manquerait... J'oublie votre chiffre, mais H me semble que c'était 79.
Vous avez parlé de deux chiffres.
Mme Blackburn: Le conseil régional de la santé et
des services sociaux pour la région 02 estime environ à 100 les
besoins en pavillons.
Mme Lavoie-Roux: En pavillons.
Mme Blackburn: On n'a pas de pavillons et, actuellement, à
Chicoutimi, la liste d'attente varie entre 150 et 175 personnes qui se
qualifieraient, qui ont vraiment des besoins réels pour être
accueillies en centres d'accueil. Je ne parle pas de pavillons, je parle de
centres d'accueil. Quand vous me dites qu'il y a un surplus de 392 lits dans la
région, j'aimerais savoir si ces surplus sont - je ne le sais pas -
à Mistassini ou à Chibougamau-Chapais. Je vois difficilement
qu'on puisse prendre ces personnes et les expatrier quelque part dans des
régions à 90, 135 ou 140 milles de Chicoutimi. Je veux bien que
cela se fasse pour les prisonniers, mais pas pour les personnes
âgées.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, là-dessus, vous avez
raison. La planification de la construction des centres d'accueil dont
plusieurs remontent à bien des années... Je pense qu'on ne peut
pas refaire l'histoire. Peut-être ont-ils été mal
distribués dans la région. Quand on regarde l'ensemble de la
région, on peut se demander si les 150 personnes jugées en
attente pour les centres d'accueil d'hébergement... J'ai visité
un centre d'accueil dans la région. Je ne peux pas vous dire si
c'était à Jonquière ou à Chicoutimi, c'était
peut-être entre les deux, j'oublie. Il y avait là,
évidemment, des personnes qui auraient pu être ailleurs que dans
un centre d'accueil et qui étaient passablement autonomes, je peux vous
dire cela. À ce moment-là, évidemment, tout cela est
relié à la petite histoire des premières personnes qui ont
été accueillies en centre d'accueil. On sait qu'il y a un certain
pourcentage de personnes en centres d'accueil, on estimait à peu
près à 30 %, ces dernières années - est-ce qu'il a
un peu diminué? - le nombre de personnes en centres d'accueil
d'hébergement qui, normalement, ne devraient pas être là.
Évidemment, cela aussi peut dépendre des coins de la
région où le centre d'accueil se trouve.
Pour répondre directement à votre question, à ce
moment-ci, il n'y a pas, dans ma planification actuelle, de ressources
additionnelles de prévues pour la région du Saguenay. Il ne faut
pas oublier non plus qu'on essaie davantage de mettre l'accent sur l'aide
à domicile. Pour la région du Saguenay - Lac-Saint-Jean, la somme
qui a été consentie en 1987-1988 est de 4 602 000 $ auxquels,
cette année, viendront s'ajouter 262 600 $ pour les services à
domicile. Nous ne croyons pas qu'on puisse indéfiniment en ajouter,
particulièrement dans une région où on nous dit qu'il y a
déjà un surplus de places en centres d'accueil.
Vous soulevez la question du dépannage. On peut être
prêt à examiner cette question, il se peut que ce soit un
problème réel. C'est une mesure d'appui, dans le fond, aux
services à domicile. Il n'y a pas de doute là-dessus. On peut
l'examiner, peut-être pas pour donner 30 places demain. Est-ce qu'on peut
donner quelques places? C'est la réponse que je peux vous donner
aujourd'hui.
Mme Blackburn: Je reconnais avec la ministre qu'il y a des gens
qui ne se trouvent pas au bon endroit. Ce que je disais tout à l'heure,
c'est que, faute d'avoir des pavillons, on retrouve dans les centres d'accueil
des personnes qui pourraient très bien se satisfaire d'une place en
pavillon où elles ont moins besoin de soins professionnels. On le
reconnaît, comme on reconnaît que, dans les hôpitaux de
chroniques, on retrouve au moins 30 % de la population qui pourrait très
bien vivre avec d'excellents services en centre d'accueil et qui occupent des
lits dans des hôpitaux, ce qui coûte très cher, la ministre
le sait certainement mieux que moi, c'est son ministère. Ce qu'on dit,
c'est que, faute d'avoir des pavillons où on pourrait accueillir des
clientèles qui ont besoin de soins moins lourds qu'en centres d'accueil,
on les retrouve et on les garde dans les centres d'accueil, alors que ceux qui
se qualifieraient pour y être sont sur une liste d'attente six mois, un
an, deux ans. Et il se produit des cas comme celui de la dame de 93 ans.
Ce qu'on dit, c'est qu'il faudrait réaménager les
ressources. La seule façon de réaménager, à la fois
pour soulager le département des chroniques de l'hôpital, à
la fois pour soulager les centres d'accueil, pour faire de la place à
ceux qui ont besoin d'y être, cela prendrait des places de
dépannage, et cela prendrait des pavillons. Ce sont ces deux ressources
que le CRSSS demande déjà depuis un bon moment. Même si
vous me dites qu'il y a des places disponibles - 392, me dit-on en surplus - je
veux bien vous croire parce que je n'irai pas faire moi-même
l'inventaire, mais si ces places se retrouvent à Chibougamau-Chapais,
à Saint-Félicien ou à Normandin, cela accueille assez mal.
Il est difficile d'envoyer les gens de La Baie, de Chicoutimi et même de
Jonquière à 150 milles de chez eux. Pour quelqu'un qui ne
connaît pas bien la région, entre Chibougamau et Chicoutimi il y a
une trotte. C'est quasiment aussi loin que de Chicoutimi à
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Je connais assez bien la région.
Mme Blackburn: Vous savez donc que Chibougamau, c'est quelque
chose comme 120 milles en haut...
Mme Lavoie-Roux: On n'est pas sûr que les places en surplus
soient à Chibougamau, de toute façon. Dans ce nombre de places
occupées par la clientèle qui ne devrait pas y être et qui
à ce moment-là... Il reste que ce transfert de clientèle
va se faire, comme il a commencé à se faire, progressivement. On
ne peut pas créer de nouvelles places à cause d'une mauvaise
utilisation - en tout cas partielle - des ressources pour ajouter des
ressources nouvelles. À ce moment-là, on va se trouver avec un
surplus encore plus considérable. Tout ce que je peux dire à la
députée de Chicoutimi, c'est que je suis prête à
demander qu'on examine de plus près la question des besoins en places de
dépannage. Pour ce qui est de la question des pavillons, je n'ai pas de
place de développement en pavillons cette année, sauf dans des
projets de desinstitutionnalisation où il faudrait qu'il y ait des
pavillons créés comme ressource plus légère ou
intermédiaire. Devant les chiffres que j'ai, je ne peux pas aller plus
loin cette année.
Mme Blackburn: Je comprends: Aucun développement
prévu pour Chicoutimi, si ce ne sont, peut-être, quelques places
de dépannage.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Blackburn: Donc, en ce qui concerne...
Mme Lavoie-Roux: II y a des développements en maintien
à domicile, il y a du développement en alourdissement de la
clientèle qui vont dans cette région-là, mais pas pour
créer de nouvelles places.
Mme Blackburn: Je voudrais faire une mise au point. Il ne
sagissait pas pour moi de penser à la création de nouvelles
places en centres d'accueil. Je pense que ce qu'on nous dit, c'est que cela
pourrait être suffisant à condition d'avoir des pavillons.
Sur la question de Beaumanoir, est-ce que le permis va être
modifié? J'ai communiqué avec vos fonctionnaires et on m'a dit
qu'on aurait là-dessus un retour d'appel. Cela ne s'est pas fait, je
n'ai pas eu vraiment la réponse à ce sujet-là. Je rappelle
la situation. Il y a 81 permis pour 97 lits dont 4 en dépannage. Il y en
a donc 16 pour lesquels il n'y a pas de permis.
Mme Lavoie-Roux: On me transmet l'opinion du CRSSS de la
région, évidemment, sur les seize places qui sont libres. De
l'avis du CRSSS, on dit que l'établissement devrait plutôt
profiter de l'occasion qui lui est offerte pour améliorer les conditions
de vie des bénéficiaires actuels qui sont très à
l'étroit dans les lits qu'ils occupent, apparemment, ou dans l'espace
qu'ils occupent.
Mme Blackburn: C'est juste, Mme la ministre, sauf que cela prend
de l'argent pour faire cela. A notre connaissance, et à la connaissance
du CRSSS, il n'y en a pas non plus pour faire des réaménagements
intérieurs qui permettraient,
par exemple, d'agrandir certaines chambres ou de les équiper de
salles de toilette.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, cela dépend de quel
ordre serait ce réaménagement, mais le conseil régional a
quand même de l'argent à sa disposition pour des
réaménagements dont l'ordre de grandeur se situe en bas de 250
000 $. Alors, cela pourrait être un choix de la région, aussi.
M. Chevrette: Avez-vous un budget de réfection
fonctionnelle?
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Chevrette: Un budget de
vétusté-sécurité ou encore le budget pour
améliorer la fonctionnalité des lieux. Avez-vous un budget
là-dessus? Il y a trois types de budgets d'immobilisation.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Chevrette: Correct. Un, c'est l'immobilisation pour
créer et ajouter, vous avez rénovations fonctionnelles et vous
avez vétusté-sécurité. Vous avez trois budgets.
Est-ce que vous avez l'intention d'en donner un peu, un peu partout?
Mme Lavoie-Roux: Les ressources sont données en fonction
des besoins. L'an dernier, si on prend le budget des immobilisations qui touche
soit la vétusté-sécurité ou, encore, des
rénovations majeures qui se situent au-delà de 250 000 $, nous
avons dépensé ou engagé 235 000 000 $ et l'année
précédente, tout près de, 265 000 000 $. Cela va
être du même ordre cette année. C'est évident que,
là-dedans, il y a des priorités à établir et que
celle-là n'a pas été retenue comme étant une
priorité.
M. Chevrette: Est-ce à dire que vos budgets
d'immobilisation pour les trois volets que j'ai mentionnés sont
déjà affectés pour 1988-1989?
Mme Lavoie-Roux: Dans le plan triennal, oui. Il reste
peut-être une marge de manoeuvre, mais encore une fois, même dans
cette marge de manoeuvre, il va falloir... On est à finir
d'établir des priorités pour ce plan triennal.
M. Chevrette: Quelle est la proportion entre l'immobilisation
pour fins d'ajout par rapport au budget d'immobilisation pour
vétusté-sécurité et rénovations
fonctionnelles?
Mme Lavoie-Roux: Je peux simplement vous le donner pour
1987-1988, étant donné que celui de 1988-1989 est
présentement au Conseil du trésor et qu'il n'a pas encore
été approuvé.
M. Chevrette: Je l'ai pour l'an passé. Mme Lavoie-Roux:
Vous avez celui-là?
M. Chevrette: Mais promettez-vous de nous l'envoyer quand il sera
accepté au Conseil du trésor?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. On peut vous l'envover.
M. Chevrette: Parfait.
Le Président (M. Hamel): Merci. Je reconnais maintenant M.
le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Compte tenu du temps, Mme la ministre, je vais
être obligé d'être très court sur les
félicitations et peut-être un peu plus long sur d'autres
commentaires. Mais je tenais quand même à vous dire merci comme
ministre de la Santé et des Services sociaux d'avoir enfin réussi
à obtenir les crédits requis pour une réfection urgente au
centre hospitalier Hôtel-Dieu d'Amos. J'apprenais la bonne nouvelle le
14. avril même si, des fois, il faut y aller par des moyens un peu
difficiles pour avoir l'information, même si je suis député
du comté. J'aurais aimé l'avoir au moment où l'annonce a
été faite. Mais, à tout événement, 6 500 000
$ pour l'Hôtel-Dieu d'Amos, bravo et merci. Enfin, dossier presque
réglé en décembre 1985 et là, en 1988, on a la
décision finale. C'est vrai. L'autorisation était acceptée
au Conseil du trésor et tout, mais écoutez, la preuve, c'est que
c'était un dossier de 3 200 000 $ qui est monté à 4 800
000 $ et 5 000 000 $ et quelque, et, compte tenu des lenteurs et de toutes
sortes de difficultés, on a fini par aboutir à 6 500 000 $.
Une voix:...
M. Chevrette: Voyons, vous n'avez pas compris cela. On expliquera
cela après. Ce serait trop long. (20 h 30)
M. Gendron: Sérieusement, Mme la ministre, je vous
remercie beaucoup. Enfin, la décision est rendue pour ce qui est du
centre hospitalier d'Amos parce que c'est un centre hospitalier, comme vous le
reconnaissiez vous-même dans votre communiqué, qui a grandi, qui a
de plus en plus de responsabilités régionales, entre autres au
niveau de la radiologie, l'urgence, la physiothérapie et
l'inhalothérapie. Et dans ce sens-ià les réparations
étaient devenues urgentes.
J'ai trois dossiers sur lesquels, Mme la ministre, je voudrais attirer
votre attention. Le premier, j'ai eu l'occasion de vous en glisser quelques
mots. Après s'être échangé de la correspondance
très tôt en décembre pour vous indiquer de corriger le
sous-financement concernant les clientèles dans les centres d'accueil,
ce qu'on appelle communément l'alourdissement, on apprenait enfin
l'heureuse nouvelle que le ministère de la Santé et des Services
sociaux avait dégagé 16 000 000 $ à l'échelle du
Québec
pour corriger ces lacunes que vous reconnaissez. En passant, je tiens
à vous indiquer que j'aimerais donc cela, pas aujourd'hui parce que ce
n'est pas le moment, mais j'aimerais vous entendre à un moment
donné sur un excellent document du CRSSS, produit au milieu de mars 1988
- et c'est normal, cela fait seulement un mois qu'on n'ait pas eu de retour
là-dessus -qui faisait la preuve noir sur blanc que le besoin uniquement
pour être au minimum correct... Et je ne commencerai pas à vous
lire là qu'ils ont un bain par semaine au lieu de trois, même
s'ils en auraient besoin de trois pour des problèmes qu'eux
évaluent sur le plan médical. Pour des raisons d'arthrite et
ainsi de suite, les gens devraient avoir plus souvent des traitements. Je vous
donne l'exemple, je lis là: Les résidents ont un bain par semaine
seulement même si ce serait requis de donner deux à trois bains
à cause de problèmes d'arthrite, de circulation et
d'incontinence, et ainsi de suite.
Tout cela pour vous dire que les besoins pour les centres d'accueil, il
y en a sept en Abitibi, j'en ai trois dans mon comté, étaient
évalués au minimum à 1 600 000 $ pour pallier aux
urgences. Imaginez que, dans 16 000 000 $ on a eu à se partager 43 000
$.
Une voix: Dans la région?
M. Gendron: Oui, pour l'alourdissement des clientèles.
J'aimerais cela, Mme la ministre, avoir votre attention, si c'est possible: 43
000 $ pour l'Abitibi-Témiscamingue sur un budget de 16 000 000 $. Alors,
pas besoin de vous dire que là-dessus je ne peux pas vous
féliciter, et pas plus votre gouvernement, parce que, si l'on compte
vite, 16 000 000 $, on est 3 % de la population, en gros, on s'attendait
à avoir 500 000 $ pour nos centres d'accueil, et là je
répète, on a eu 43 000 $. Donc c'est une farce. Et ce n'est pas
pour rien que récemment vous receviez des lettres, quand même
assez acidulées de J.O.R. Rochon, président du centre d'accueil
Foyer Harricana inc. qui vous disait: C'est avec une très grande
surprise et une énorme déception qu'on a appris, par le conseil
régional de la santé et des services sociaux de l'Abitibi, le
budget d'alourdissement consenti à notre région pour
l'année 1988-1989, soit un total de 43 300 $. Même chose, un
télégramme de Jean-Marc Royer, président du Foyer Mgr
Halde à Palmarolle, parce que je vous ai dit que je vous parlerais
surtout des miens, et lui, il disait à peu près ceci: Nous
soulignons notre désaccord total pour la répartition des
crédits de 43 000 $ à la région 8 pour l'alourdissement
des clientèles, préparé par M. Paul Lamarche pour
1988-1989, surtout le fait qu'aucun montant n'est accordé à La
Sarre et à Palmarolle, bien que la population soit plus vieille à
ces endroits et compte tenu du nombre de lits inférieur aux autres
centres de la région qui n'a pas été
considéré par l'indice petite taille.
Tout cela pour vous dire, Mme la ministre, que...
Une voix: L'homme à tout faire.
M. Gendron: ... oui, quand on a des fois à regarder des
dossiers concrets, et là je ne veux pas faire une séance de
lecture, je pourrais ajouter que Daniel Bergeron, président de la
tutelle d'accueil et Marcelin Chaumont, président du CRSSS...
Évidemment, ils ont travaillé à votre grille d'analyse,
là, la grille miracle, et je pense qu'elle a un nom extraordinaire.
J'avais trouvé cela flamboyant comme nom, ce n'est pas cela que vous
appelez revaluation plaisir". Est-ce que c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Non, I' Évaluation plaisir", c'est le
besoin de satisfaction, n'est-ce pas?
M. Gendron: D'accord, c'est une autre chose. Je n'en revenais
pas.
Mme Lavoie-Roux: La satisfaction des besoins.
M. Gendron: Moi, je ne trouverais pas cela trop plaisant, Mme la
ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Le plaisir c'est de se contenter dans les coupures.
Mme Lavoie-Roux: Et il y a Éros, à part de
cela.
M. Gendron: L'équipe Éros, oui. Une voix:
Éros, le dieu de l'amour.
M. Gendron: Là, quand même, M. le Président,
là-dessus je conclus, très sérieusement, Mme la ministre,
pour vous dire que pour ce qui est du centre d'accueil Mgr Halde et du centre
d'accueil de La Sarre, c'est clair que les crédits obtenus ne
correspondent pas du tout à une évaluation très
serrée, qui a été produite dans un document par le conseil
régional de la santé et des services sociaux, et en particulier
lorsqu'on se fait dire depuis des années par le ministère des
Affaires sociales: Elles sont trop petites, vos bébelles. Ce sont deux
petits centres d'accueil qui ont beaucoup de difficulté à obtenir
un taux de viabilité. Je le reconnais, mais c'est cela qu'on a, c'est ce
que nous avons. Le centre d'accueil le Foyer de l'âge d'or de La Sarre a
39 lits, le Foyer Mgr Halde 32 lits. Je prétends que ce n'est pas parce
qu'ils sont petits que les besoins ne sont pas là. Je conclus en disant
que, pour ce qui est de la question de l'alourdissement des clientèles,
cela ne se peut pas que vous ne soyez pas en mesure de revoir cela, et de
faire un petit effort additionnel, soit à l'intérieur des
16 000 000 $ qui ne sont peut-être pas complètement
répartis, je n'en sais rien, ou à l'intérieur d'autres
budgets, mais, à tout le moins, pour qu'on ait une meilleure
répartition, une meilleure ventilation en termes d'équilibre de
ce montant.
Je répète qu'on constitue 3 % de la population,
l'Abitibi-Témiscamingue. Et on aurait dû avoir à tout le
moins alentour de 500 000 $. Je vous garantis qu'avec 43 000 $ pour corriger
les problèmes d'alourdissement de la clientèle, quand on sait
qu'N y en a huit centres d'accueil en Abitibi-Témiscamingue, je ne sais
pas ce que vous allez faire, sérieusement. Divisez vos 43 000 $ par 8, 5
fois 8 donne 40.
M. Chevrette: Cela ne paie même pas une demi-journée
de travail, 6000 $.
M. Gendron: Cela ne paiera pas une couple de bons cafés
additionnels. C'était pour vous dire que nous, on ne vous a pas
trouvée performante à ce niveau, en tout cas, en
Abitibi-Témiscamingue, pour ce qui est des centres d'accueil et, en
particulier, pour les deux miens. Vous pouvez réagir. Mais
c'était plus un commentaire parce que je sais que ce n'est pas ce soir
que vous allez me donner un chèque. D'habitude, vous êtes
gentille, vous m'en laissez de temps en temps dans votre "hors normes". Ce
n'est pas ce soir que vous allez me laisser un petit montant pour corriger.
M. Chevrette: Tu es chanceux. En deux ans, elle ne m'a rien
donné, moi. Ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Hamel): Mme la ministre. M. Gendron:
Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Vous en aviez trop, probablement. M. le
Président, je veux remercier le député
d'Abitibi-Ouest...
M. Gendron: Ce n'est pas parce qu'il n'y en a pas en Abitibi-Est
que c'est de ma faute. C'est la population qui a décidé cela.
C'est votre collègue, M. Savoie, en Abitibi-Est.
Mme Lavoie-Roux: ...pour ses remerciements un peu mitigés.
Je voudrais lui dire que, quand je suis arrivée au ministère,
l'hôpital d'Amos était loin d'être dans le sac. C'est en
août 1984 qu'il y avait eu un décret de conception, mais là
s'arrêtaient les autres étapes qui, normalement.
M. Chevrette: On vous a caché le décret du Conseil
du trésor de décembre 1985?
Mme Lavoie-Roux: Décembre 1985, vous avez dû le
passer la journée de l'élection?
M. Chevrette: Novembre 1985 ou décembre 1985?
M. Gendron: Je pourrais déposer, effectivement, une
pièce du Conseil du trésor, d'abord pour y avoir
siégé à la fin de novembre, vers le 18 novembre 1985,
l'autorisation de 3 600 000 $. C'est le conseil d'administration et le CRSSS
qui n'étaient pas tout à fait d'accord pour le prendre parce que
cela ne correspondait pas à la totalité de la demande qui
était évaluée à ce moment à 4 000 000 $ et
quelque. Au lieu d'entreprendre ce que j'appellerais une phase moins gourmande,
même si le besoin était là, ils ont dit: On va travailler
cela pour s'assurer qu'on ait la totalité des réparations qui
sont requises. Évidemment, vous savez ce qui s'est passé
après. On n'en a pas entendu parler avant longtemps
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, vous avez 6 000 000 $ et
quelque aujourd'hui.
M. Gendron: Je suis très heureux. Un peu de retard,
mais...
Mme Lavoie-Roux: On peut toujours l'envoyer à Chicoutimi,
vous savez.
M. Gendron: Écoutez, il est chez nous maintenant. Vous
avez signé.
M. Chevrette: C'est l'indexation du "cash". M. Gendron: Ne faites
pas cette erreur là
Mme Lavoie-Roux: Pour revenir à votre question, je
demanderai tout à l'heure au sous-ministre de vous dire les
critères selon lesquels nous avons fait la distribution de l'argent
consacré à l'alourdissement des clientèles. Comme je l'ai
expliqué - vous n'y étiez pas ce matin, je ne vous en fais pas
reproche, d'ailleurs - nous essayons, à partir d'une grille, quel que
sort son nom, de viser une équité interrégionale.
Dans le cas de l'alourdissement des clientèles, on sait, par
exemple, que la région 6C et la région 6B ont reçu des
sommes plus importantes, compte tenu de leur relative pauvreté ou de
leur relative richesse, en tout cas, peu importe. On m'informe, que dans le cas
du centre d'accueil de Palmarolle, de tous les centres d'accueil - et il faudra
qu'on aille le visiter ensemble, M. le député d'Abitibi-Ouest -
de votre région, c'est celui où la satisfaction des besoins est
la plus grande, c'est-à-dire que c'est le centre d'accueil qui, par
rapport à une moyenne du nombre d'heures requis dans ces centres
d'accueil, se situe bien au-delà de la moyenne. On parle d'un
pourcentage de satisfaction de 122 %. Alors, vous posez des questions quant
à ce qui pourrait être une relative objectivité, une
objectivité peut-être pas tout à fait correcte dans
l'attribution des fonds. J'aimerais demander au sous-ministre qu'il vous
explique les critères
selon lesquels il a établi ce partage des ressources pour
l'alourdissement des clientèles. Alors, je vais demander à M.
Lamarche de vous expliquer.
Le Président (M. Hamel): M. Lamarche.
M. Lamarche: Merci, M. le Président.
Il y a eu effectivement quatre critères qui ont été
utilisés pour le partage des enveloppes budgétaires. Le premier
critère, c'est l'argent qui est actuellement dans le système dans
la région de l'Abitibi-Témiscamingue. À ce chapitre, vous
avez des masses monétaires de 26 953 000 $ environ qui sont actuellement
consenties aux fins de l'hébergement pour les personnes
âgées. Donc, c'est le premier critère. Le deuxième
critère, c'est qu'on a mis ces masses monétaires en tenant compte
de la population que vous desservez. Donc, on a dit: Effectivement, votre
région a une population de 155 000 personnes environ. Cela donne donc un
per capita, c'est-à-dire une richesse que vous avez actuellement, de
167,50 $ par habitant dans votre région. Situés par rapport
à la moyenne provinciale, vous avez, actuellement, une richesse qui est
en dessous de la moyenne provinciale. Si la moyenne est à 100, seulement
sur la barre des dépenses et des per capita des individus, vous vous
situez environ à 83 % de la moyenne provinciale. Le problème,
c'est qu'il y a le troisième critère qui entre en ligne de
compte, qui n'est effectivement pas uniquement la population, mais les
caractéristiques de la population âgée. Vous êtes la
deuxième région la plus Jeune du Québec. Donc, même
si vous avez une richesse de 83 %...
M. Gendron: Pas dans les foyers, je parlais des centres
d'accueil. En tout cas.
M. Lamarche: Non, non. Je parle de l'ensemble.
M. Gendron: Je le sais bien, mais...
M. Lamarche: Écoutez. Vous avez donc une richesse
d'environ 83 % en ce qui concerne la moyenne provinciale, mais vous avez une
population âgée, en termes de besoins, de 70 % de la moyenne
provinciale. Donc, vous avez une richesse de 83 % et un besoin de 70 %, ce qui
vous donne, dans le fond, un surplus relatif, compte tenu des populations que
vous avez à desservir, d'environ 17 %.
M. Gendron: M. le Président, je ne veux pas être
désobligeant.
M. Lamarche: Non, je vous en prie.
M. Gendron: Non, je ne le serai pas, dans le sens où ce
que vous venez de me dire, c'est justement ce que M. Chaumont m'a
expliqué longuement. Autrement dit, pour l'instant, c'est
peut-être pour le bénéfice des collègues, mais moi
cela ne m'apporte rien et je voudrais seulement conclure là-dessus pour
des raisons de temps. C'est cela qu'on voudrait débattre.
Premièrement, quand vous dites que nous avons un budget de 26 000
000 $, vous avez raison. Êtes-vous au courant que le centre hospitalier
de Macamic, sur 26 000 000 $, en prend 10 000 000 $? Dans vos grilles de fou,
comme je les appelle, êtes-vous au courant qu'il en a 10 000 000 $ sur 26
000 000 $? Non, mais écoutez, Macamic, savez-vous ce que c'est? C'est un
centre hospitalier de longue durée, où il y a de tout. Au centre
hospitalier de Macamic, il y a de tout. Il y a de la physiothérapie, de
l'ergothérapie, c'est un hôpital général, il y a des
gens qui sont en centre d'accueil, il y a des chroniques prolongés. Pour
vrai! Qu'est-ce que cela vient faire dans les chiffres, parce qu'il y a 15 ou
25 lits de centre d'accueil au centre hospitalier Saint-Jean de Macamic, qui
viennent tous fausser la problématique régionale!
Quand on regarde ici aux crédits, c'est pour parler de situations
concrètes. Là, vous m'avez répondu ce que je savais, qu'il
y avait quatre critères et que la population de
l'Abitibi-Témiscamingue est plus jeune que dans d'autres régions.
Je comprends, il y a une paroisse qui va fêter son 70e anniversaire. Je
n'ai pas besoin de statistiques pour savoir cela. C'est évident que la
population de l'Abitibi est plus jeune que celle d'autres régions. Mais
je parle des gens qui sont en foyers de centre d'accueil. C'est de cela que je
parlais, de l'alourdissement de la clientèle. Je ne crois pas... (20 h
45)
Je veux seulement conclure, Mme la ministre, et, tout en vous
respectant, je dis: Les régionaux vous ont fait valoir que votre grille
nationale ne permettra jamais de tenir compte de nos particularités. La
ministre disait: Oui, mais voyez Mgr Halde, ils sont bien là, c'est
l'endroit où les gens trouvent qu'ils ont la meilleure qualité de
service. Je ne nie pas cela, mais ce n'est pas moi qui m'appelle Jean-Marc
Royer, président du foyer Mgr Halde. Pourtant, c'est lui qui vous a
envoyé un télégramme et il disait que 43 000 $ pour
l'alourdissement de la clientèle, cela vaut zéro, cela ne
règle aucun problème. Sur cet aspect-là, je conclurais
pour des raisons de temps, mais j'aimerais que Mme la ministre reprenne sur la
base du long document qu'on vous a envoyé du CRSSS où on explique
pourquoi, nous, avec la grille, on ne pourra pas véritablement
prétendre qu'on corrige le problème de l'alourdissement de nos
clientèles. C'était surtout de cela que je voulais vous saisir,
Mme la ministre, lors des crédits, même si M. Lamarche m'a
expliqué très correctement ce qu'on a appris en Abitibi, ce sur
quoi on a réagi et on prétend que cela ne nous rend pas justice.
Me faire expliquer à nouveau les quatre critères, je ne suis pas
plus avancé. Je les ai appris il y a trois semaines, on en a
discuté et on prétend que cela ne nous rend pas justice.
L'autre dossier, Mme la ministre, rapidement...
M. Chevrette: Trente secondes, si vous me le permettez.
Le Président (M. Hamel): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Sur cette formule, je trouve cela tellement con que
je suis obligé de réagir. Je trouve cela con, c-o-n. La formule
que vous nous expliquez, cela veut dire qu'un milieu qui aurait X lits
supposément en trop à cause de la richesse collective dont vous
parlez, selon le calcul savant que vous faites, cela veut dire qu'un centre
d'accueil qui s'alourdirait à mort sous prétexte qu'il y a des
ressources dans le milieu, vous le laisseriez s'alourdir à mort sans
aucune ressource. Cela ne tient pas debout. Est-ce ce que vous nous dites?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, une minute, là!
M. Chevrette: Au moins, ayez le courage politique de le dire: Si
vous avez 10 lits de trop qui font augmenter la richesse collective, on n'est
toujours pas pour pénaliser un centre d'accueil de 32 lits
supposément parce qu'une région compte 10 lits de trop. C'est le
raisonnement qu'on nous fait. Cela n'a pas de bon sens. Vous allez avoir des
A5, des chroniques dans un centre d'accueil qui vont avoir des ressources de
A2; voyons!
Le Président (M. Hamel): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que je veux dire au
député de Joliette et au député d'Abitibi-Ouest,
évidemment, on a eu un montant d'argent qui nous a été
donné ou qui nous a été accordé, 16 000 000 $. Il
s'agit de le répartir en tenant compte de la satisfaction relative des
besoins de la population qui se trouve en centre d'accueil. Vous dites: Vous
l'avez mal évalué, vous avez mal évalué le taux de
satisfaction. Moi, je vous dis et j'ai ici les, un, deux, trois, quatre - je ne
sais pas combien il y en a - centres d'accueil de la région d'Abitibi
où les taux de satisfaction, en commençant par le foyer de Val
d'Or, vont de 63 % à 121 % dans le cas de Mgr Halde et je vous ai
donné cela tout à l'heure pour l'autre, à Palmarolle.
C'est évident qu'on avait dans le Québec des centres
d'accueil où le taux de satisfaction était aussi bas et
même en bas de 50 %, si je ne m'abuse, on en avait dans les 40 %. C'est
évident que ces foyers doivent voir leurs besoins satisfaits plus
rapidement que d'autres, compte tenu des ressources que nous avons en main.
Vous dites: Votre grille n'est pas bonne. Bon, moi, je suis bien prête
à ce qu'on l'examine, mais je n'ai pas encore d'indication très
sérieuse qu'elle n'est pas bonne.
Par contre, si vous regardez, de la même façon qu'on a
essayé de faire une distribution équitable, par exemple, des
services à domicile, cette année, nous avons ajouté une
variable qui est celle de la distance à parcourir qui n'existait pas
l'an dernier dans la grille que nous avions mise de l'avant et qui, à ce
moment-là, favorise davantage l'Abitibi quant au montant qu'elle pensait
recevoir. Elle en reçoit davantage parce qu'on a fait entrer cette
variable. S'il y a une autre variable qui n'apparaît pas correcte, moi,
je n'ai pas d'objection à ce qu'on l'examine à nouveau mais il
faut bien vous dire que vous avez un gâteau à partager et qu'on
essaie de le partager de la façon la plus équitable possible en
tenant d'abord compte de la façon dont les besoins sont satisfaits dans
chacun des centres d'accueil du Québec.
M. Gendron: Merci. Deuxième sujet, Mme la ministre. Il y a
une volonté chez nous de doter le bassin lasarrois d'un pavillon de 29
places pour personnes âgées. Vous avez reçu le projet
depuis plusieurs mois. Vous m'avez répondu à une lettre le 17
février en disant que vous aviez reçu mes affaires. Le 17
février, vous dites: Ce projet fera l'objet d'un examen minutieux de la
part de mes officiers responsables. Cependant, à partir de cette phrase,
je suis inquiet parce que vous me dites un paquet de choses qui laissent voir
que cela ne se peut pas qu'il reçoive un examen minutieux parce que vous
me donnez trop d'indications que cela ne vous tente pas beaucoup. Alors, vous
dites... Bien, écoutez, aussi bien se parler franchement comme je suis
habitué de voir des lettres de ministres. Vous dites, et cela, c'est
dès le deuxième paragraphe et il en reste huit autres dans votre
lettre: Je tiens toutefois à vous faire remarquer que ce territoire de
CLSC possède déjà un surplus théorique assez
important. Là, j'ai arrêté de lire parce que je savais ce
qui s'en venait. Ce n'est pas vrai, je l'ai lue au complet, mais c'est pour
vous expliquer qu'à chaque fois qu'on part sur cette voie-là il
faut toujours une raison, Mme la ministre, toujours la même raison.
La Sarre, vous devez vous rappeler cela, c'est à peu près
à douze ou treize milles de Macamic. On a le malheur d'être
à douze ou treize milles d'une grosse boîte qui a sept ou huit
étages qui étaient non utilisés. On est venu à bout
de faire un hôpital, parce que c'est un centre hospitalier, mais
varié, l'ancien sanatorium Saint-Jean de Macamic, qu'on aime parce qu'il
rend de fiers services. Il y a un beau bassin thérapeutique, il y a de
la physio, il y a des chroniques, je l'ai dit tantôt, j'arrête
là.
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez fait une bonne description tout
à l'heure.
M. Gendron: Oui, mais je vous dis que cela nous fait mal à
chaque fois qu'on demande quelque chose parce qu'on est venu à bout,
nous,
avec des réserves accumulées - je ne devrais pas dire
cela, le directeur général ne m'aimera pas, mais je le sais, ils
ont un bon fonds d'accumulé grâce à la
générosité de la population du coin -on a
réutilisé le 5e puis le 4e qui étaient fermés bien
dur. Puis, un moment donné, on a organisé cela avec un peu d'aide
du ministère dans le temps pour faire, si ma mémoire est bonne,
il me semble que c'est 25 places pour personnes âgées.
Mais je répète, les listes d'attente à Palmarolle
et à La Sarre, au-delà de vos chiffres théoriques, elles
sont longues et il n'y a personne qui ne reconnaît pas la
nécessité de l'implantation d'un pavillon de 29 places à
La Sarre. Il y a un privé qui veut le faire. La formule du pavillon,
vous la connaissez mieux que moi, c'est vous qui êtes ministre,
coûte moins cher, rendrait de fiers services et moi, je veux vous dire ce
soir que cela n'a pas de bon sens, encore là pour des "cristi" de
chiffres théoriques, qu'on soit toujours pris dans un carcan qui ne
répond pas à un besoin quand le milieu veut le faire puis le
donner.
Moi, c'est un appel au secours quasiment, pour vous dire: Voulez-vous
voir le dossier puis la lettre et surtout corriger les trois ou quatre derniers
paragraphes qui disent. "Bien que les pavillons soient situés dans la
gamme de services dits alternatifs, il importe de planifier les
développements en tenant compte des budgets de chaque direction." Cela,
je le sais. "Récemment, le Conseil du trésor nous informait que
le ministère avait dépassé le nombre de places
autorisées en pavillons." Est-ce que cela règle mon
problème en Abitibi, quand bien même le Conseil du trésor
vous dirait qu'on a dépassé le nombre de places en pavillons dans
le Québec? On n'en a aucun, on n'a aucun pavillon, Mme la ministre, en
Abitibi Témiscamingue, pour personnes âgées. Moi, j'en veux
un.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je comprends. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Gendron: J'en veux un pour ma population. Je suis dans le
comté de M. Leclerc, puis il n'en a pas besoin. Il y en a deux ou trois
à côté de chez nous, ici, dans ma résidence de
Québec. Non, non, du sérieux. Quand je dis cela, madame, ce n'est
pas... J'en veux un pour la population d'Abitibi-Ouest. Écoutez,
j'espère que je ne me ramasserai pas au pavillon dans une semaine ou
deux.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu des places de prévues en
pavillons dans l'Abitibi. Vous dites qu'il n'y en a pas un seul dans
l'Abitibi-Témis-camingue. C'est cela que vous venez de me dire?
M. Gendron: Sous formule de pavillon, non, je le
connaîtrais.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire qu'on a eu une recommandation
du CRSSS de la région d'en établir un, mais qu'il recommanderait
en priorité, j'allais dire favoriserait, 20 places additionnelles
à Rouyn-Noranda, à la Maison Pie XII.
M. Gendron: ...avec le CRSSS, cela ne changerait peut-être
bien pas vos décisions, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Dernière chose, pour des raisons de temps.
Une voix: Cela se comprend bien.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même revenir, je pense
que vous le faisiez peut-être pas à la blague ou un petit peu
à la blague, sur la question des places théoriques et des places
réelles, etc. Il reste que la planification du ministère se fait
quand même à partir de certains "rationnels". Il faut quand
même établir si on en a besoin ou si on n'en a pas besoin. Je
pense que c'est important qu'on les ait et on les révise. On est
présentement à les réviser quant aux besoins dans les
différentes régions et à faire l'évaluation de
toutes les clientèles qu'on a dans toutes les ressources existantes pour
essayer de faire la meilleure planification étant donné le
vieillissement et l'alourdissement. Je pense qu'on peut, peut-être,
s'amuser sur les places théoriques et réelles, mais qu'il faut
quand même calculer à partir de choses vraies.
M. Gendron: Mme la ministre, la dernière chose, c'est
juste pour vous dire qu'au centre hospitalier Saint-François-d'Assise,
il y a un projet d'unité interne de psychiatrie et puisque vous avez
fini en disant que vous pensez, vous, que c'est Rouyn qui a peut-être
besoin de places additionnelles, je tiens à vous dire...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas moi qui ai décidé
cela.
M. Gendron: Mais vous avez répondu cela tantôt.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas moi, je vous ai dit que
c'était la recommandation du CRSSS.
M. Gendron: Je le sais. Vous avez dit que c'était le
CRSSS. On l'a même enregistré, et je m'en servirai. Ce que je veux
dire, c'est que le nombre - je ne sais pas si je vais avoir la bonne
terminologie - même en psychiatrie je pense qu'ils fonctionnent avec
l'unité-lit, un certain nombre de lits de psychiatrie qu'on devrait
avoir au centre hospitalier et nos treize ou quinze sont à Rouyn, comme
par hasard. On voudrait ramener cela chez nous. Vous avez reçu
récem-
ment un projet d'unité interne de psychiatrie au centre
hospitalier Saint-François-d'Assise de La Sarre. Ici, on a quand
même l'occasion d'avoir plus d'oreilles qu'uniquement les vôtres.
C'est pour vous dire que, si jamais cela atterrit chez vous, parce que c'est
rendu là, j'aimerais que vous soyez très à l'écoute
de cette demande du centre hospitalier qui est devenue prioritaire. Le
directeur des services professionnels, M. Constant, souhaiterait que, dans les
meilleurs délais, on puisse avoir une indication de la ministre
concernant ce projet de rapatrier nos douze ou quinze - je peux faire erreur de
trois - lits en psychiatrie dans une unité de soins psychiatriques au
centre hospitalier Saint-François-d'As-sise. C'est ma conclusion, on
commence enfin à avoir un centre hospitalier qui ressemble à
centre hospitalier ouvert. On voudrait qu'il reste ouvert. Dans ce sens, il
serait intéressant pour le bassin de population de 30 000 personnes de
La Sarre d'avoir quelques unités-lits en psychiatrie, parce que, nous
aussi, on a de telles incidences de santé. Merci.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, M. le Président, tout
ce que je peux dire, c'est que cela va être examiné. Est-ce que
cela fait longtemps que c'est rendu au ministère?
M. Gendron: Trop.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Gendron: C'est un "preview".
Mme Lavoie-Roux: C'est pour me sensibiliser, comme on dit.
M. Gendron: Oui.
M. Chevrette: Comme on ne peut pas vous accompagner dans la
tournée, on ne pourra pas vous dire cela. On est obligé de vous
le dire ici.
Mme Lavoie-Roux: J'espère que vous êtes aussi au
courant des quatre lits de soins intensifs qu'on vient d'ouvrir à La
Sarre.
M. Gendron: Oui. J'étais là.
Mme Lavoie-Roux: II se fait des bonnes choses, n'est-ce pas?
M. Gendron: J'étais là lors de l'ouverture.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que vous dites que cela devient
comme un hôpital.
M. Gendron: Oui, sérieusement, le centre hospitalier
Saint-François-d'Assise, qui avec les libéraux jusqu'en 1976 est
presque complètement fermé, s'est rouvert graduellement avec le
Parti québécois, a ressemblé de plus en plus à un
hôpital. Sérieusement, vous avez contribué à le
garder ouvert cette fois, la deuxième fois depuis votre arrivée
au pouvoir. Là, vous allez probablement laisser le centre hospitalier de
La Sarre ouvert. Merci.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus que cela puisqu'on le
développe.
M. Gendron: C'est cela, il va rester ouvert, avec le
développement que vous faites.
Mme Lavoie-Roux: C'est une chose de le laisser ouvert et une
autre de le développer.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Laviblette, vous qui attendiez impatiemment.
M. Jolivet: Oui, Mme la ministre, je vais commencer par le nord
de mon comté, je vais descendre dans le centre et arriver dans les
comtés voisins, parce que certains dossiers sont régionaux et
comme, dans certains cas, on me considère le porte-parole de certains
dossiers réaionaux, je me ferai leur porte-parole.
Au CLSC du Haut-Saint-Maurice, vous avez trois problèmes qui sont
d'abord le moratoire sur les CLSC qui fait qu'on est à la veille de
demander à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail d'aller voir les locaux du CLSC à La
Tuque, parce qu'il y a des fameux problèmes où on retrouve des
gens dans une même salle sans aération adéquate, sans
suffisamment de pieds carrés, parce qu'il n'y a pas d'ouverture vers
l'expansion ou le changement de locaux.
Deuxièmement, les deux autres dossiers, ce sont Clova et Parent.
Vous avez certainement vu L'Actuel, programme à la
télévision, qui nous a montré ce qui se passe à
Clova, et vous savez qu'à Parent la compagnie qui avait un contrat dans
le transfert entre le département de santé communautaire et les
organismes du CSS à l'époque avait transféré cela
au CLSC. On se retrouve avec un contrat qui, en vertu de la CSST, ne sera pas
reconduit de la part de la compagnie Howard-Bienvenu qui enlèvera une
personne. Finalement, on se retrouve avec des locaux, à la fois les
dispensaires à Clova et Parent, les locaux de CLSC du coin principal qui
est La Tuque et le problème des infirmiers et infirmières qui
n'est pas réglé pour autant quant à leur habitation. C'est
très difficile d'avoir du personnel si on n'a pas les locaux
adéquats pour les loger lorsqu'ils sont à Parent et à
Clova. J'aimerais seulement vous entendre dire quelles sont vos
décisions dans ce dossier, puisque vous m'avez répondu en disant
que vous regardiez avec attention l'ensemble des demandes.
Le Président (M. Hamel): Nous suspendons
quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 58)
(Reprise à 21 heures)
Le Président (M. Hamel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous avons eu des
recommandations du CRSSS de la région 04, que nous avons fait acheminer
pour les inscrire au plan triennal d'immobilisations 1988-1991, qui se
traduiraient, dans le cas de Parent, par une construction de trois
résidences, pour un montant de 355 000 $: dans le cas de Clova, la
construction d'une résidence pour le personnel et d'un local pour y
loger le point de service, au montant de 280 000 $. Et également...
M. Jolivet: ...base principale à La Tuque.
Mme Lavoie-Roux: ...la rénovation du point de service pour
50 000 $ - je ne sais pas si on parle de la même chose - : location
d'espace à Parent, rénovation du point...
M. Jolivet: ...point de service à Parent.
Mme Lavoie-Roux: ...oui, à Parent, 50 000 $. Et aussi
prévoir du personnel...
M. Jolivet: C'est parce qu'à Parent il y a deux
problèmes: il y a le dispensaire lui-même et les bâtisses
pour les individus, mais aussi le fait que la compagnie Howard-Bienvenu ne
reconduit pas le contrat avec la CSST, de telle sorte qu'il va manquer un
membre du personnel qui fait aussi la jonction avec Clova.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce qu'on me dit c'est que, du point de
vue du personnel aussi, il faut prévoir...
M. Jolivet: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...le personnel qui serait requis. Apparemment
c'est la personne dont vous parlez ou est-ce que c'est plus d'une personne? Je
ne le sais pas.
M. Jolivet: En fait, peu importe le nom de la personne...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Jolivet: ...ce qui est important c'est le nombre.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, pas son nom, mais le nombre de
personnes, je voulais dire.
M. Jolivet: Oui. Et dans le cas de la ville de La Tuque
elle-même, là c'est le gros dossier, c'est que le local
lui-même n'est plus adéquat; dans une même salle
multidisciplinaire, si on peut dire, les gens n'ont même pas la
capacité d'être tranquilles avec la personne qui vient au CLSC. On
se retrouve...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Jolivet: ...dans un local vraiment désuet, dans les
locaux de la commission scolaire du Haut-Saint-Maurice. Et là il y a une
demande expresse parce que là cela urge aussi.
Mme Lavoie-Roux: Bon, écoutez, je vais voir s'il y a des
renseignements sur La Tuque. Ma première réaction, comme je n'ai
pas les détails, c'est que, dans le cas du problème que vous
soulevez - c'est peut-être pire à La Tuque qu'ailleurs, là,
je ne saurais le dire...
Une voix: II est en attente d'autorisation.
Mme Lavoie-Roux: ...il est en attente d'autorisation...
M. Jolivet: La bâtisse principale à La Tuque?
C'est parce que ce qui va se produire, Mme la ministre, tout simplement
pour vous donner quelques détails, si la CSST rentre dedans, là,
cela va vous rentrer dans le corps. Vous allez voir que cela n'a pas de bon
sens de travailler dans des conditions comme celles-là.
Mme Lavoie-Roux: ...n'a pas été retenu pour cette
année.
M. Jolivet: C'était le moratoire, cela, hein? C'est le
moratoire qui empêche la construction...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, ce n'est pas le moratoire. D'une
certaine façon, ce sont les ressources qui sont mises à notre
disposition. Comme je l'ai indiqué ce matin, dans le cas des
parachèvements des CLSC, je pense que c'est 3 000 000 $ et quelque qu'on
a eus et dans le cas...
M. Jolivet: Écoutez...
Mme Lavoie-Roux: ...et, un instant, dans le cas de ceux qui
auraient pu être touchés par le moratoire, si on veut, il y a un
montant de 4 000 000 $ qui a été mis à notre disposition
et nous avons établi des priorités parmi...
M. Jolivet: En tout cas, moi je vais...
Mme Lavoie-Roux: ...ces demandes qui nous avaient
été adressées.
M. Jolivet: Parce que moi je vais vous dire, à un moment
donné, quand j'ai eu un problème
avec une commission scolaire, dans le temps que j'étais au
syndicat, j'ai fait venir la Commission de la santé et de la
sécurité du travail puis je vous dis que cela n'a pas
été long; ils l'ont fait. Cela n'a pas de bon sens, je vous le
dis, cela n'a pas de bon sens de travailler dans des conditions pareilles, vous
n'y travailleriez pas, vous.
En tout cas, les photos qu'on a de ce qui se passe là-bas,
là, la visite qu'on a du milieu, cela indique que cela n'a plus de bon
sens. On a rapatrié les gens du département de santé
communautaire, puis des gens du CSS, puis on les a mis dans des locaux
où il y avait juste autrefois un petit département de
santé communautaire. Je vous dis que cela n'a pas de bon sens.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ferais remarquer que ce n'est pas moi
qui les ai rapatriés, hein!
M. Jolivet: Non, non, mais le CLSC... Non, mais...
Mme Lavoie-Roux: Et on a créé des tas de
problèmes aussi.
M. Jolivet: Non, non. Mais ce qu'il y avait, il y avait des
décisions, Mme la ministre, qui étaient prises, et ce qui est
arrivé, le moratoire, je vous le dis, au moment où l'on se parle,
cela fait trois ans maintenant, ils n'ont rien eu de plus pour les locaux.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Cela fait trois ans du moment du
rapatriement jusqu'à aujourd'hui.
M. Jolivet: Oui, je vous le dis. Mais...
Mme Lavoie-Roux: Mais, quand on a rapatrié les gens, on
n'a pas prévu d'argent non plus.
M. Jolivet: Mais il était prévu que les gens, quand
ils étaient pour être là, auraient à long terme tous
les moyens nécessaires; c'est cela qu'ils n'ont pas.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Jolivet: Mais vous ne l'avez pas. Vous me dites que cela ne
sera pas encore pour 1989.
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas l'argent pour 1988-1989. Mais
je vais...
M. Jolivet: On prend cela en note.
Mme Lavoie-Roux: ...le réexaminer pour...
M. Jolivet: O.K.
Mme Lavoie-Roux: ...être bien sûre que... Parce qu'on
en a d'autres qui nous font des demandes, mais je pense que ce n'est pas tout
égal. Il y en a d'autres que j'ai dû aussi retarder pour une autre
année, compte tenu de l'argent que j'avais à ma disposition.
M. Jolivet: Dans le cas de Parent-Clova, est-ce que je crois
comprendre que des montants d'argent seront débloqués cette
année ou si c'est simplement dans le plan de 1988-1991?
Mme Lavoie-Roux: On me dit qu'il est inscrit pour 1988 en attente
d'autorisation pour le plan triennal. J'ai signalé tout à l'heure
que cela n'avait pas encore été adopté par le Conseil du
trésor. Il est présentement au Conseil du trésor.
M. Jolivet: Toujours concernant les CLSC, pour rester sur ce
sujet. Au Cap-de-la-Madeleine, la décision que vous avez rendue à
savoir qu'ils seraient rapatriés par le centre d'accueil, les gens ne
l'acceptent pas. On ne comprend pas votre décision là-dessus. On
ne comprend pas pourquoi il n'y a pas capacité de donner l'autonomie
à Cap-de-la-Madeleine, le seul qui resterait dans le milieu, ce qui
devrait être fait, et qui, maintenant, est associé à un
centre d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, le cas du Cap-de-la-Madeleine se
situe dans la même veine que tous les autres CLSC qui ont
été parachevés. Pour ce qui est d'à peu près
tous les autres, sauf certains où, pour des raisons de population ou
pour d'autres raisons, ce n'était pas possible, ils ont
été rattachés, fusionnés ou amalgamés, si
l'on veut, en deux CLSC. J'avais proposé qu'on le fasse avec Des Chenaux
et on m'a fait de fortes protestations parce qu'on ne voulait pas Des Cheneaux,
compte tenu des populations différentes, rurale et urbaine ou, en tout
cas, semi-urbaine. J'ai agi dans ce cas-là, comme je l'ai fait dans les
autres cas de parachèvement des CLSC et je dois vous dire que ma
décision est prise et qu'elle est finale; je la leur ai fait
connaître, d'ailleurs.
M. Jolivet: Oui, mais cela ne veut pas dire que les gens
l'acceptent. Ils continuent leurs pressions jusqu'au bureau du premier
ministre. Ils ne comprennent pas pourquoi vous l'avez mis avec un centre
d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Dans le passé, on avait plusieurs CLSC
qui avaient fusionné avec leurs propres établissements, des
centres d'accueil. Aujourd'hui, la situation est renversée dans quelques
cas parce que le centre d'accueil existait avant le CLSC comme corporation
autonome. Des CLSC avec des centres d'accueil, c'est loin d'être une
chose nouvelle, cela existe depuis plusieurs années.
M. Jolivet: Dans notre coin, je vous le dis, cela va
continuer.
Le centre hospitalier de Sainte-Thérèse.
Une enquête a été demandée à la suite
des
pressions qui ont été faites. Vous n'êtes pas sans
savoir aussi que, d'après les renseignements qu'on a, une enquête
aurait été faite, dans cette bâtisse, par la GRC, sur
certains points. Une rumeur circule qu'une personne serait peut-être
choisie comme tête de turc - excusez l'expression, mais c'est une
expression qu'on connaît - dans le contexte du centre hospitalier de
Sainte-Thérèse, pour empêcher que cela aille plus loin, en
termes de retombées; cette personne serait sacrifiée au profit de
tout le monde. Est-ce que cette rumeur est fondée? Est-ce que le rapport
sera public? Est-ce que le rapport sera rendu public au moment où vous
allez le recevoir, après examen de votre part? De quelle façon
les gens seront-ils mis au courant de ce qui s'est passé dans ce centre
hospitalier?
Mme Lavoie-Roux: J'espère que ce n'est pas dans nos
habitudes de trouver des têtes de turc pour payer les faiblesses de
plusieurs autres personnes. En tout cas, je n'ai jamais eu aucune rumeur dans
ce sens. Ensuite, je n'ai pas de raison de remettre en question
l'impartialité de l'enquêteur qui a été nommé
pour faire ce travail. Est-ce que le rapport sera rendu public? Je vais
commencer par le recevoir et, à moins qu'il y ait des indications
contraires à l'intérêt public, je pense qu'à ce
moment-là il pourra être rendu public. Mais, encore une fois, il
faut que je l'aie entre les mains avant de prendre cette décision.
M. Jolivet: Dans le contexte où j'avais fait plusieurs
recommandations lors de la commission parlementaire sur la santé mentale
et en vous disant que des choses se passaient là-bas, selon les rumeurs
qu'on avait, je pense qu'il valait la peine de faire une enquête plus
approfondie, autre chose que la vérification des livres, simplement. Il
y a tellement de rumeurs qui ont circulé que, pour le bien-être de
l'ensemble des bénéficiaires qui sont là et de tous ceux
qui gravitent autour, il faut que la lumière soit faite. Des
démissions, des mises en demeure, des poursuites, toutes sortes de
choses se sont produites dans ce dossier. Je pense que pour
l'intérêt des personnes visées, il devra y avoir un
résultat et le plus probant possible quant aux actions qui devront
être prises, quitte à ce qu'une enquête plus approfondie
soit faite. Quand je dis que des rumeurs ont circulé, je veux dire que
je ne suis pas sûr de cela. Mais c'est tellement présent dans le
milieu. Il y a même eu des enquêtes de la GRC; je ne connais pas le
résultat de cela, mais il y a eu quelque chose. Dans ce sens, pour le
bien-être de la population, je pense qu'il serait bon que ce soit
connu.
Mme Lavoie-Roux: Tout ce que je peux vous dire, c'est vous faire
lecture du décret qui avait été adopté et sur quoi
portait l'enquête, soit sur les relations et conditions de travail des
cadres supérieurs et intermédiaires et le direc- teur
général de l'établissement, les relations entre les cadres
supérieurs et intermédiaires, le directeur général
et le conseil d'administration, la gestion financière et le
contrôle budgétaire, la vérification des livres de comptes,
de tout fonds administré par l'établissement incluant les comptes
en fidéicommis, la perception des revenus, l'admissibilité des
dépenses, l'octroi de contrats de services d'approvisionnement, les
dépenses de fonction des cadres supérieurs, du directeur
général et des membres du conseil d'administration, les relations
et les transactions entre l'établissement et les effectifs
médicaux, les relations et les transactions entre l'établissement
et la Fondation de l'hôpital Sainte-Thérèse, l'étude
et l'application du plan d'organisation de rétablissement. Je pense
qu'on a couvert... Il y a assez de...
M. Jolivet: C'est simplement pour vous dire en plus qu'il y a
deux personnes dont un curé qui était directeur du
Séminaire Sainte-Marie et qui est au Séminaire de
Trois-Rivières. Il a démissionné parce qu'il ne voulait
pas être complice de quoi que ce soit. Il y a une dame aussi qui
était présidente et qui a fait la même chose. Je vous dis
que pour la population il serait malsain que, si une enquête que vous
avez faite indique des choses, il n'y ait pas des suites à cela pour au
moins éviter qu'il y ait au nom de l'ensemble de la population et de
l'hôpital lui-même des gens qui soient sacrifiés pour
apaiser tout le monde. C'est donc le message que je vous laisse.
Pour rester dans le même dossier, la Maison Diane Boucher de
Saint-Stanislas - j'en ai longuement parlé - qui a reçu
finalement de votre part une aide pour terminer la saison de cette
année, jusqu'au 31 mars, et qui se voit encore en suspens pour l'an
prochain. Quelles sont vos intentions vis-à-vis de cette maison?
Mme Lavoie-Roux: J'ai finalement consenti, comme vous le
mentionnez, qu'une subvention lui soit accordée d'ici la fin de
l'année budgétaire. Mais, évidemment, je dois vous dire
que comme nous avions reçu des témoignages divergents sur, pas
nécessairement la qualité du travail qui s'y faisait, mais
finalement, c'était peut-être la direction de la maison...
M. Jolivet: À la suite des demandes que vous avez faites,
il y a eu des changements.
Mme Lavoie-Roux: Oui. La direction de la maison... Je pense
qu'avant de renouveler ou de continuer, nous allons réévaluer la
situation. Si rien ne s'y oppose ou s'il n'y a pas d'indication contraire, on
devrait procéder au renouvellement. Ce qu'on me dit, c'est qu'on a
autorisé un budget d'opération pour deux mois - on est rendu en
avril, parce que sans cela elle serait fermée - pour ne pas causer de
préjudice dans l'hypothèse où la maison continuerait de
fonc-
tionner.
M. Jolivet: En tout cas, je dois dire qu'à la suite des
vérifications qui ont été faites il y a des changements
qui ont eu lieu dans le conseil d'administration, des gens quand même
importants dans te milieu qui s'occupent de ces personnes. C'est une maison
qui, en ce qui concerne le centre hospitalier Sainte-Marie, est
considérée comme étant intéressante pour la
psychiatrie. Dans ce sens, je vous dis qu'il ne faudrait pas la laisser tomber
si vraiment elle mérite, comme je le pense, d'être
appuyée.
Mme Lavoie-Roux: On est prêt à travailler dans ce
sens, mais tout en s'assurant que tout est correct.
M. Jolivet: En tout cas, je suivrai le dossier.
La Maison Mélaric inc. qui avait fait l'objet d'une offre...
Mélaric, qui est de Pointe-du-Lac et qui avait fait l'objet d'une aide
l'an passé de 10 000 $, donc avait reçu 2500 $ au départ.
Maintenant, cela avait monté à 20 000 $. Après cela,
à la suite de l'étude du dossier, cela avait monté de 25
000 $. Donc, au total, c'était 45 000 $. Cette année, elle
demande 65 000 $, mais, comme ils ont reçu 2500 $, ils ont eu peur. Ils
ont dit: Est-ce que les 2500 $, c'est toujours les 10 000 $ et il faut
recommencer encore nos batailles? Donc, ils voudraient avoir de votre part
l'assurance que cette maison sera soutenue. La demande qu'ils font est de 65
000 $.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas décidé des montants qui
seraient accordés. Mais dans le cas de tous les organismes
bénévoles ou communautaires pour lesquels il n'y a pas de
contre-indication à renouveler la subvention - je ne parle pas de
l'augmenter de 45 000 $ à 65 000 $ - et c'est un premier versement
pour...
M. Jolivet: Ils ont eu 2500 $. Comme la dernière fois
qu'ils ont eu 2500 $, c'était l'équivalent de 10 000 $, ils ont
dit: Cette année, est-ce qu'on retombe encore à 10 000 $? Est-ce
qu'il va falloir recommencer pour revenir à 45 000 $? Comme ils
demandent 65 000 $, je pense qu'entre 45 000 $ et 65 000 $ vous avez à
décider, d'après moi.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on ne peut pas préjuger
à partir des 2500 $, quel sera le montant de la subvention. (21 h
15)
M. Jolivet: D'accord.
La dernière question parce que mes collègues ont aussi des
questions à poser. Je comprends et je donnerai comme réponse que
leur demande entre 45 000 $ et 65 000 $ est étudiée dans la
mesure où ils ont rempli les conditions l'an passé pour pouvoir
l'avoir encore cette année, mais que les 2500 $ ne sont pas là
pour indiquer qu'ils vont avoir juste 10 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Je ne m'engage pas à
répéter la subvention de 45 000 $ parce que je crois comprendre
qu'il y a eu un premier montant de 20 000 $. L'autre montant de 25 000 $ leur a
été accordé...
M. Jolivet: C'est après des pressions qui ont
été faites ensuite par le chef de l'Opposition, à
l'époque.
Mme Lavoie-Roux: II va falloir que je regarde l'ensemble.
M. Jolivet: Je vous le dis, avec les témoignages qu'on a
de cette maison, les reportages qu'il y a eu un peu partout, même
à Radio-Canada, sur cette maison indiquent qu'ils méritent
amplement l'aide qu'ils ont eue l'an passé et plus, si possible.
La dernière question que j'ai à vous poser avant de
laisser la parole à mes collègues, le centre d'accueil de
Sainte-Thècle. Ils sont encore sur la planche de travail, m'a-t-on dit.
Je voudrais savoir à quelle place ils sont rendus sur la planche de
travail. Sont-ils rendus à la phase d'acceptation?
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas été retenu dans mes
priorités pour 1988.
M. Jolivet: Ils vont être déçus. M. Groleau
va être déçu.
Mme Lavoie-Roux: Les études, apparemment, ne sont pas
encore terminées.
M. Jolivet: Les études ne sont pas terminées? Il
était question de faire un troisième étage ou un
agrandissement. On suggérait plutôt un troisième
étage qu'un agrandissement, dans la mesure où ils n'avaient pas
à exproprier une maison à côté. Cela n'a pas de bon
sens.
La structure supporterait le troisième étage. Ils
attendaient vos décisions pour agir. Ils ont fait une proposition. Le
CRSSS l'appuie. C'est retenu. Sauf que, comme ils n'ont pas l'accord pour
avancer, ils n'avancent pas. Ce n'est que cela.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas retenu dans mes priorités
pour cette année.
M. Jolivet: On va continuer nos pressions. Merci
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le
député. Merci, Mme la ministre. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Merci, M. le Président. Je voudrais au
départ soulever un dossier qui, depuis avril 1984, est au
ministère de la Santé et
des Services sociaux. C'est le Foyer des années d'or de
Kénogami; 68 lits sur neuf étages. Il a été
accepté par la direction régionale. Il a été
présenté au ministère. Je ne donnerai pas toutes les
dates, mais si vous le voulez, je pourrai les donner.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous me redonner le nom, s'il vous
plaît?
M. Dufour: Le Foyer des années d'or de
Kénogami.
Mme Lavoie-Roux: Des années d'or?
M. Dufour: Oui. Le 24 septembre 1986, il y a eu une lettre
adressée à Pierre Dumas concernant l'agrandissement et le
réaménagement, lettre envoyée à M. Claude
Piché, directeur général, après rencontre avec le
comité et M. Dumas. Le 17 février 1987, j'ai rappelé
l'engagement au ministère. Le 4 novembre, je l'ai rappelé
à la ministre. Le 9 décembre, j'ai reçu une lettre de la
ministre pour dire que ce dossier reçoit présentement toute
l'attention de la Direction de la réadaptation et du service de longue
durée. Le 17 décembre, je l'ai rappelé à la
ministre par lettre. Depuis ce temps, on attend. Et cela, c'est un
réaménagement et une demande d'agrandissement.
Mme Lavoie-Roux: La lettre que vous avez adressée à
Pierre Dumas, c'est en quelle année?
M. Dufour: La lettre a été adressée à
M. Dumas le 24 septembre 1986. Elle a été adressée
à M. Claude Piché. C'est-à-dire que M. Claude Piché
a adressé une lettre à M. Dumas pour lui rappeler qu'il y avait
eu une rencontre et qu'il y avait eu un certain nombre de propositions faites
à ce moment-là.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je peux vous dire, M. le
député de Jonquière, c'est un projet qui a
été envoyé qui, évidemment, n'a pas
été retenu parmi les priorités du ministère. Moi,
je vous ai fait un accusé de réception en novembre 1987, vous
disiez, ou fin de 1987, je pense?
M. Dufour: C'est le 9 décembre.
Mme Lavoie-Roux: Le 9 décembre 1987.
M. Dufour: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, tout ce que je peux vous dire,
M. le député, c'est qu'on examine là où c'est
rendu... Vous dites qu'il y a une recommandation du CRSSS, mais je vous ferai
remarquer que les CRSSS semblent recommander tous les projets aussi. Alors,
forcément, doivent s'établir certains choix mais il reste, je
pense, que l'information que je vous donne à ce moment-ci n'est pas
suffisante en termes d'accepta- tion ou de non-acceptation. Je suis prête
à demander qu'on examine de plus près de quoi il en retourne et
vous donner une réponse plus définitive, qu'elle soit affirmative
ou non ou qu'elle soit prévue dans un échéancier plus
long, mais, à ce moment-ci, je n'ai pas d'autre information à
vous donner.
M. Dufour: À l'exception que je vais seulement vous
rappeler qu'en 1985 il y avait une députée de votre parti
à ce moment-là, qui était dans l'Opposition, qui
s'était engagée... Effectivement, moi, je pense que cela n'a pas
de bon sens. C'est sur neuf étages, il y a 68 lits, ce sont des cas
lourds, la moyenne d'âge est au-dessus de 80 ans. Moi, je ne vous
souhaite pas et je ne souhaite pas non plus à notre population qu'il
arrive un malheur. Cela fait à peu près trois ans qu'ils ont un
moteur d'urgence pour l'ascenseur. Je vous dis, en tout cas, qu'ils sont dans
des conditions extrêmes, cela n'a pas d'allure. Le personnel est
surchargé. J'y suis allé, on a trois centres d'accueil, il y en a
deux, celui de Jonquière a certains problèmes, en tout cas, je ne
défendrai pas celui-là, Sainte-Marie... Je vais accepter qu'il y
aurait peut-être des améliorations à apporter mais la
priorité, à mes yeux, c'est le Foyer des années d'or de
Kénogami. En fait, c'est un motel. Ce n'est pas compliqué, c'est
un huit étages de 68 lits, cela veut dire huit ou neuf lits par
étage. Donc, il y a eu des déplacements, il y a des étages
qui ont été vidés. La direction est dans le milieu, en
tout cas, cela n'a ni rime ni bon sens.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le député de
Jonquière, je dois vous dire que je n'ai pas le dossier à
l'esprit. La description que vous en faites, je pense qu'il nous faut
l'examiner et je vais demander à nos services qu'on examine la
précarité, en tout cas; cela semble un petit peu incongru qu'on
ait à peu près huit patients par étage. Donc, c'est 68
divisé par neuf; neuf fois huit font 72.
M. Dufour: Peut-être huit, cela n'a pas d'allure.
Mme Lavoie-Roux: Neuf et demi.
M. Dufour: Ce n'est pas plus que 1,14 % pour les naissances ou
1,64 %. Cela arrive à peu près comme cela.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, cela ne doit pas être
très fonctionnel et, selon votre description, c'est très
vétusté comme édifice aussi? Est-ce qu'on avait
estimé les coûts?
M. Dufour: Oui. On parlait à ce moment-là de 1 450
000 $ pour l'adapter.
Mme Lavoie-Roux: En 1984?
M. Dufour: Non, ce sont des chiffres mis à jour en
1987.
Mme Lavoie-Roux: On se demande même que pour 68 lits, faire
un réaménagement de neuf étages... En tout cas, on va
l'examiner sous...
M. Dufour: II y avait une possibilité d'agrandissement
aussi. Il y a une autre avenue qu'un directeur m'avait donnée mais je
n'ose pas parce que, si on se penche sur le dossier pour l'étudier
encore quatre ans, cela veut dire qu'on va faire tout notre règne, vous
et moi, et il n'y aura rien de fait. Quelqu'un disait: Plutôt de
l'améliorer, on devrait peut-être en bâtir un autre pour
qu'il soit vraiment adapté à des gens qui sont des cas lourds.
Actuellement, ce que je constate dans Jonquière comme tel, les maisons
pour personnes âgées pullulent actuellement. Les gens vont tous
là, ils ne veulent pas aller au Lac-Saint-Jean. Je comprends, c'est
peut-être 70, 80 ou 100 kilomètres. Ils s'éloignent trop de
leur famille, cela n'a pas d'allure. Ces gens vont dans des foyers
privés. Ils paient 900 $ et plus par mois, cela veut dire d'autres
coûts supplémentaires. Peut-être que c'est correct mais je
commence à croire que des gens de 84 ou 85 ans qui n'ont jamais rien
retiré de l'État, je ne dis pas qu'ils doivent obligatoirement en
retirer des choses, mais ils auraient peut-être leur place dans des
centres d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: On va l'examiner en fonction de la description
que vous nous avez faite parce que cela m'apparaît un petit peu...
M. Dufour: Est-ce que vous allez me donner quelqu'un que je
puisse appeler de temps en temps pour le lui rappeler? Souvent pour un suivi,
il n'y a rien comme les personnes concernées.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je vous assure qu'on va vous rappeler sur
cela. Je vous donne ma réponse en commission parlementaire.
M. Dufour: Je vous remercie, madame.
Il y a un deuxième dossier que je veux soulever. Cela concerne
une maison pour femmes violentées: La Chambrée. Cela fait
déjà quelques années, depuis 1985, que cette maison est
sur pied. J'ai l'impression qu'ils ont fait leur effort, que le milieu a fait
son effort et que ce serait peut-être le temps...
Mme Lavoie-Roux: Bon, écoutez, j'espère que je ne
m'étire pas le cou, parce qu'on n'a vraiment pas finalisé toute
la distribution de l'argent pour nos organismes bénévoles en
général et même pour nos maisons d'hébergement,
même si c'est là qu'il y a 3 000 000 $ de plus. Mais je pense que
c'est correct de vous dire que, cette année, elle est recommandée
pour une première année de financement. La raison pour laquelle
on ne vous l'avait pas accordé l'an dernier était pour tenir
compte du nombre de places par région, vous vous en souviendrez.
M. Dufour: Je vous remercie. Si vous êtes comme cela...
Savez-vous, j'avais presque envie de dire que vous étiez insensible.
Mais là vous me semblez sensible. C'est peut-être le temps de
sortir un autre dossier.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Lavoie-Roux: Quand j'ai des sous, c'est plus facile.
M. Dufour: Oui, mais cela ne paraît pas. Je ne sais pas si
vous êtes au courant mais, à Jonquière, actuellement, ils
ont eu une acceptation de la part du ministre responsable de l'Habitation
concernant la possibilité de mettre sur pied une maison pour toxicomanes
et alcooliques, maison qui servirait en postcure et en précure. Cela va?
Mes mots sont corrects? Au sujet de cette maison, par exemple, il y a un hic:
II n'y a aucun financement de prévu de la part du gouvernement et,
actuellement, ils mettent sur pied une campagne de financement de 500 000 $
pour trois ans. Je dois dire que cela m'énerve quelque peu. On parle
d'une maison à caractère régional; il n'y a pas une maison
comme cela qui existe dans tout le Saguenay-Lac-Saint-Jean, ni Chibougamau.
Donc, cette maison, qu'ils veulent ouvrir, ils l'appellent la Maison
Roch-Saint-Gelais et elle aurait un reflet sur l'ensemble de la région
de Chibougamau, Chapais, Saguenay-Lac-Saint-Jean. À mes yeux, 500 000 $,
c'est un effort qui me semble au dessus de la capacité de la
région. Pourquoi 500 000 $? Il n'y a rien de prévu de la part du
gouvernement et de la part des ministères pour payer pour ces
gens-là qui seront en foyer d'accueil et en foyer de protection. Selon
les informations qu'on a, ils ne veulent pas avoir les cas lourds où il
n'y a presque plus rien à faire. Par exemple, les gens qui ont suivi 20
cures de désintoxication, on ne peut pas s'attendre à les sauver
ou c'est très difficile. Ils veulent prendre les gens à leurs
débuts. J'ai un dossier que je pourrais peut-être vous laisser. Je
ne suis pas sûr, j'espère qu'ils vous l'ont
présenté, mais je ne mettrais pas ma main dans le feu.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous pouvez nous le remettre. Je ne sais
pas si on l'a. On ne l'a probablement pas. Non, c'est un nouveau projet. Nous
avons eu, l'an dernier et annualisé cette année, un montant de
l'ordre de 4 500 000 $, de mémoire, pour l'alcoolisme et la toxicomanie.
Je dois vous dire qu'il y a sans doute une partie de ce montant-là qui a
été accordé à la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais nous avons demandé aux CRSSS des
différentes régions de faire des recommandations quant aux
maisons qui devraient être financées. Moi, ce que je vous
recommanderais - je pense qu'on peut le regarder - c'est d'abord de
faire des démarches auprès du CRSSS, parce que c'est vraiment la
première fois qu'on en entend parler. Je dois vous dire de
peut-être faire une démarche de ce côté-là. De
toute façon, la maison n'est pas encore en activité, j'imagine.
Est-ce qu'il faut la construire?
M. Dufour: C'est-à-dire que c'est une maison
existante.
Mme Lavoie-Roux: Qu'ils réaménageraient?
M. Dufour: C'est un réaménagement, ils ont
déjà le BRICH, le groupe de ressources techniques, qui travaille
là-dedans pour le réaménagement. Ils ont des montants
d'argent d'engagés et la campagne est lancée. Il y a un ancien
juge de la protection de la jeunesse qui est dans le dossier. Il y a des gens
qui me semblent sérieux. À l'exception que je trouve que 500 000
$, je ne sais pas comment ils vont s'en sortir. (21 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux vous dire, M. le
député, c'est qu'il y a un nombre X d'initiatives privées
qui ont été prises dans le domaine de l'alcoolisme et de la
toxicomanie. Évidemment, chacune de ces ressources privées, qui,
je pense pour l'ensemble et peut-être la totalité sont
d'excellentes ressources, demande d'être reconnue pour du financement.
Alors, c'est évident qu'on ne peut pas toutes les financer. Nous en
avons cette année financé quelques-unes à même le
budget dont je viens de vous parler. Dans le cas du Saguenay--Lac-Saint-Jean,
ce qu'on me dit, il y a eu 100 000 $ de donnés à la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont 50 000 $ sont pour une personne qui doit faire
la coordination des services, d'abord l'évaluation des services
existants, la coordination de ceux qui existent et la planification, et,
directement, comme subvention à être accordée à un
groupe ou l'autre, c'est un montant de 53 000 $. Moi, je ne dis pas que... Je
peux vous dire que cette année il n'y aurait pas d'argent pour cette
maison-là, cela je peux vous le dire tout de suite. Maintenant, est-ce
que dans le futur il pourrait y en avoir? Un instant, combien a-t-on de maisons
privées? Il y en a une quarantaine qui existent au Québec et on a
accordé du financement à combien? On en finance à peu
près cinq sur une quarantaine qui existent au Québec.
Je pense que le député de Jonquière reconnaît
qu'il y a un centre pour l'alcoolisme et la toxicomanie dans la région,
mais cette maison-là est pour la précure et la postcure. Surtout
la postcure.
M. Dufour: Dans le petit dossier que je vous ai remis -
sûrement quelqu'un pourra l'examiner - on dit, au Québec, pour une
population d'environ 6 000 000, il y a un budget de 17 000 000 $,
approximativement 2,30 $ per capita; en Ontario, 8 000 000 $, pour 31 478 571
$, 4 $ per capita; en Alberta, 2 000 000 $, pour un budget de 28 914 000 $,
donc alentour de 29 000 000 $, pour un per capita de 14 $.
Il y a sûrement des compagnies, des syndicats qui ont une
responsabilité dans tout cela, les employeurs, qu'on parle de l'Alcan,
qu'on parle de Cascades, qu'on parle de Domtar. Il y a déjà 19 ou
20 compagnies et syndicats importants qui se sont engagés dans cette
démarche-là. Mais, moi, je ne pense pas qu'ils vont passer au
travers quand même, à cause des sommes énormes. C'est
évident que si vous nous dites que, la première année, il
faut que la population fasse un effort, c'est peut-être possible, mais
sur trois ans... La première année, 170 000 $ à 200 000 $,
cela va, mais le multiplier par trois, cela devient trop, parce qu'il faut
penser qu'aujourd'hui, et je ne vous nommerai pas les organismes qui font appel
à la charité publique, que cela s'appelle Centraide, que cela
s'appelle les fondations des hôpitaux, il n'y a pas un hôpital qui
n'a pas sa fondation, et tout le monde va au public... Mais, à un moment
donné, cela devient des taxes déguisées
différemment. Ce n'est pas parce qu'on le donne volontairement que cela
ne coûte rien. C'est que les mieux nantis en donnent un peu plus, mais
dans le fond les efforts sont peut-être moins répartis sur
l'ensemble de la population. Je pense qu'il y aura toujours de la place pour
des fondations, mais, moi, cela m'énerve un peu, parce que l'information
que j'ai, c'est que cela n'existe nulle part dans la région, c'est la
seule qui existerait, et les gens qui sont dedans me semblent des gens
intéressants, et des gens, pas il me semble, je suis convaincu que ce
sont des gens sérieux et intéressants... On parle du juge
Boudreault dans la région, et il a travaillé au Tribunal de la
jeunesse, il sait ce que cela fait, les ravages de l'alcool sur la famille, et
tous ces problèmes, les maladies de notre société, avec
tous ses défauts et ses problèmes. Donc, c'est un peu l'avenue
que je voulais explorer ce soir, au moins vous sensibiliser.
Deuxièmement, est-ce qu'il y a possibilité, à court
terme, de savoir s'il y a des choses pour cela? Moi, je vous le dis, j'ai de la
difficulté au départ à m'engager avec eux dans le sens que
moi, quand ce n'est pas possible, ce n'est pas possible.
Mme Lavoie-Roux: M. le député, ce n'est pas sur le
mérite de l'organisme. Je pense qu'il faut apprécier à
leur juste valeur les efforts que ces gens font, mais cette année, c'est
3 900 000 $, pour être très exacte. J'ai dit tout à l'heure
4 500 000 $, mais c'était vraiment involontaire. Sauf l'indexation
habituelle qui avait été accordée depuis une dizaine
d'années, au montant déjà consenti, dans le domaine de
l'alcoolisme et de la toxicomanie, il n'y avait pas eu d'argent neuf
ajouté dans ce domaine depuis
au-delà de dix ans. On a fait un effort particulier parce qu'on
considère que c'est quand même une problématique
très importante, compte tenu de tout ce que vous avez décrit.
Vous dites: Si, la première année, ils y allaient, est-ce que, la
deuxième année, ce serait comme on fait pour des organismes
bénévoles qui requièrent de plus petits montants - vous
allez peut-être dire qu'ils pourraient en requérir davantage -
mais auxquels on accorde de plus petits montants qui, parfois, peuvent varier
entre 5000 $ et 30 000 $, 35 000 $? Dans le cas dont vous nous parlez, il
s'agit... Si on parle de quelqu'un qui part avec un budget de 170 000 $ ou
même de 150 000 $ la première année, cela voudrait dire,
j'imagine, une contribution assez importante. Au moment où je vous
parle, j'aime autant être honnête avec vous, je ne me vois pas dans
une position où je peux dire: Oui, prenez un engagement parce que, la
deuxième année, on va vous donner 50 000 $. Je ne suis pas
capable de faire cela à ce moment-ci.
M. Dufour: Je veux juste reconnaître que, pour l'organisme
Domrémy qui existe chez nous, la ville de Jonquière paie le
coordonnateur à plein temps, à plein montant, à
l'année. En même temps, en ce qui concerne la maison, il y a
déjà une garantie que le chauffage et l'électricité
seront payés par la municipalité. Donc, il y a déjà
un engagement pour l'ensemble de la population dans ce domaine, plus l'apport
des autres. Mais je me dis que, selon l'effort qui sera fait, j'ai l'impression
que, tôt ou tard, il va y avoir une réponse. Les gens vont
commencer leur campagne. S'il y avait un succès important,
déjà, je vous le dis, je pense que je vais revenir à la
charge parce que cela voudra dire quelque chose. En tout cas, on pourra
peut-être évaluer la situation et on pourra l'évaluer au
mérite puisqu'il y aura eu un effort sensible de la part du milieu et
que cela répondra à un besoin. En plus, c'est une maison à
caractère régional, et cela, je pense que c'est à
retenir.
Mme Lavoie-Roux: En terminant, M. le député, je
voudrais juste vous signaler qu'on me donne les chiffres des dépenses
consenties aux différentes religions, non pas religions, mais
régions - Ha, ha, ha! Ce sont peut-être des religions aussi - en
réadaptation, alcoolisme et toxicomanie. Je vais laisser de
côté les régions 6A, 6B et 6C qui sont de grandes
régions. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut faire une
comparaison. J'ai 01, 02, 04, 07, 08 et 09, sauf 04, qui est plus populeuse que
la vôtre, elle a 4 000 000 $. Dans les autres, 01, 02, 07, 08 et 09, vous
êtes la région où il se dépense - je ne vous dis pas
que c'est suffisant, mais c'est ce que j'essaie de plaider - fe plus d'argent,
soit 2 523 000 $, reliés de façon générale à
des services en milieu hospitalier où se trouvent des cliniques de
désintoxication ou encore... C'est la région parmi
celles-là, en excluant les régions plus populeuses...
M. Dufour: Je suis peut-être tenté de vous
l'expliquer en disant que c'est une région pas mal industrielle. Vous
savez que l'industrie a du bon, mais qu'elle traîne aussi ses petites
misères.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Dufour: II y a les grandeurs et les misères de
l'industrie.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, on pourra s'en reparler, M. le
député.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le député
de Jonquière.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Dufour: II y avait peut-être l'Ambulance Saint-Jean,
mais je laisse cela à votre bon jugement. Je vous remercie.
Le Président (M. Hamel): Je reconnais maintenant Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je remercie mes
collègues de me laisser un peu de temps pour parler d'une saga; je
l'appelle la saga de Notre-Dame-du-Rosaire, du centre d'accueil
Notre-Dame-du-Rosaire. Je veux également vous parler ce soir de
Notre-Dame-de-Lourdes: c'est un centre hospitalier de soins prolongés,
sur le boulevard Pie-IX, que j'ai eu l'occasion de visiter avec votre adjoint,
le député de Laurier, d'autres députés et
vous-même, Mme la ministre, puissiez constater dans quelles conditions -
je parle de Notre-Dame-de-Lourdes - on héberge des personnes. Ce ne sont
en fait que des femmes. Notre-Dame-de-Lourdes est un centre
conventionné, c'est un centre hospitalier de soins prolongés
conventionné où sont hébergées des femmes dans des
salles de groupe, on ne parle pas de chambres de une ou deux personnes, on
parle de salles, où je pense même - et je vous ai écrit
à ce sujet-là - que la sécurité des personnes peut
être mise en question. À certains étages il y a des salles
qui ne sont attenantes à aucune sortie autre que d'autres salles pour
avoir accès à des sorties. Ce sont des cas très lourds. Le
personnel et la direction m'ont dit que près de la moitié des
bénéficiaires, qui sont des femmes âgées, sont
victimes de la maladie d'Alzheimer. J'avais espéré, l'an
passé, que ce centre d'accueil puisse être parmi les
établissements prioritaires qui reçoivent une attention
particulière pour des raisons, non seulement fonctionnelles, mais des
raisons de sécurité. J'avais réussi, avec le gouvernement
précédent, bien que ce n'était pas nécessairement
dans les meilleures conditions, à faire obtenir une phase 1 de
modernisation du centre Notre-Dame-de-Lourdes. C'est de la phase 2 qu'il est
maintenant question. J'aimerais avoir de votre part le plus
d'information possible sur l'état de ce dossier.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais dire à la
députée de Maisonneuve que, quand j'ai essayé de deviner
un peu les questions qui nous seraient posées par les invités de
ce soir, la première qui m'est venue à l'esprit cela a
été Notre-Dame-de-lourdes, qui est un centre privé
conventionné et qui n'est pas membre de l'ACHAP. Je vous dirai quelle
relation les deux ont ensemble. Je dois vous dire qu'il y a eu une rencontre
avec les autorités du centre hospitalier de longue durée il y a
environ un mois. Justement, la directrice - je ne sais pas si c'est la
directrice?
Une voix: La présidente.
Mme Lavoie-Roux: La présidente, que j'ai eu l'occasion de
rencontrer hier, m'en a touché mot en disant: II semble qu'il y a
peut-être des choses qui pourraient avancer. Le coût de la
rénovation...
Mme Harel: II augmente d'année en année.
Mme Lavoie-Roux: Pas seulement qu'il augmente d'année en
année, mais il serait de l'ordre de 8 000 000 $ à 9 000 000 $,
mais on serait obligé de diminuer le nombre de lits. Ces coûts
sont à l'étude présentement. Il y a des discussions avec
le Conseil du trésor. D'ici environ quatre semaines, on devrait
être mieux situé sur l'état de la question et savoir si on
va de l'avant. L'an dernier, j'ai obtenu, pour la rénovation de centres
d'accueil privés conventionnés, 20 000 000 $ qui ont
été obtenus à partir de négociations qui avaient eu
lieu avec l'ACHAP, à l'intérieur de l'ACHAP - eux n'en sont pas
membres - et l'argent que nous avions eu devait être utilisé
à l'intérieur de ce contexte. Vous savez que je suis fort
sensible à la sécurité d'un bon nombre de ces centres
d'accueil privés conventionnés qui n'ont eu aucun appui depuis...
C'était le premier qu'ils avaient depuis dix, douze ans. Ils n'ont rien
eu, je regrette, madame la députée de Maisonneuve...
Mme Harel: Est-ce qu'on parie de Notre-Dame-de-Lourdes, Mme la
ministre?
Mme Lavoie-Roux: Non, de tous les centres d'accueil privés
dont la sécurité était dans un état lamentable.
Notre-Dame-de-Lourdes en est un autre, quoique je pense que les religieuses ont
tout fait, malgré une situation très difficile, de...
Mme Harel: Elles ont quand même obtenu, par décret
du Conseil du trésor, l'autorisation et les liquidités pour
procéder à la phase 1 de leur modernisation. Il y a quand
même eu du gouvernement précédent, en l'occurrence pour un
centre d'accueil privé conventionné, un geste de posé qui
était assez substantiel.
(21 h 45)
Mme Lavoie-Roux: On me dit que cela n'a jamais été
exécuté mais de toute façon...
Mme Harel: Mais voyons donc! Mme la ministre, je ne sais pas qui
vous informe mais je peux vous dire que non seulement les travaux ont
été réalisés mais, plus encore, il y a eu une
fête qui a permis, d'ailleurs, d'inaugurer les nouvelles installations.
C'est au printemps 1984, exactement au printemps 1984 que les autorisations ont
permis le début des travaux et c'est en 1986, donc complètement
après que soit terminée la première phase des travaux,
qu'on a pu inaugurer. Je me demande si vous n'étiez pas là
d'ailleurs?
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'y étais pas.
Mme Harel: Non, je crois que c'est le député de
Laurier qui y était.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être. Ce qu'on m'a dit, c'est
qu'à ce moment-là ce sont...
Mme Harel: Notre-Dame-de-Lourdes.
Mme Lavoie-Roux: ...les ascenseurs et de la machinerie qui
devaient être remis un peu à jour.
Mme Harel: Alors, cela me fait plaisir de vous dire qu'il
s'agissait de travaux qui permettaient notamment à chaque étage
l'ajout de salles communes pour les bénéficiaires. Je suis
voisine de cet hôpital, alors vous comprenez que je le visite et que je
le connais très bien. Cela a permis aussi non seulement des salles
communes mais des terrasses ensoleillées où ces personnes, qui
sont dans un état qu'on imagine puisque la majorité d'entre elles
sont en totale perte d'autonomie, peuvent profiter d'un climat meilleur. Alors,
j'inviterais les personnes qui pensent connaître le dossier à
peut-être en faire à nouveau lecture.
Mme Lavoie-Roux: Bon, alors, d'accord. Mais la remarque que
j'avais faite, c'était vis-à-vis de l'ensemble des centres
d'accueil privés conventionnés où on a un rattrapage
considérable à faire et où, évidemment, on doit
tenir compte de la vétusté, enfin, de "prioriser" la
vétusté des ' établissements. En résumé, la
situation est celle que je viens de vous dire.
Mme Harel: D'accprd. Écoutez, je vais immédiatement
aborder ce que j'appelle la saga de Notre-Dame-du-Rosaire. En ce qui concerne
Notre-Dame-de-Lourdes, vous allez me permettre de vous transmettre à
nouveau le dossier. On m'a dit qu'il n'y avait pas eu d'accusé de
réception en ce qui concenait Notre-Dame-de-Lourdes dans quelques-unes
des correspondances qui vous avaient été transmises. En tout cas,
je peux vous dire, Mme la ministre, en ce qui concerne Notre-
Dame-du-Rosaire, je n'ai pas eu de retour, d'accusé de
réception aux lettres que je vous ai fait parvenir, notamment une lettre
le 12 novembre 1987 dans laquelle je vous faisais part de ma consternation mais
je dirais plus encore la consternation d'une bonne partie de la population de
l'est de Montréal.
Je vous rappelle très rapidement les faits. Un terrain sur la rue
Pierre-de-Coubertin, en face du Stade olympique, était acheté par
la Corporation d'hébergement du Québec pour y loger un centre
d'accueil appelé Notre-Dame-du-Rosaire, auparavant installé sur
la rue Notre-Dame près de Viau, et fermé, à mon
instigation, en 1982, à la suite d'un rapport dont j'avais eu
connaissance et qui concluait à la vétusté de ce centre
d'accueil et à son caractère impropre à
l'hébergement de personnes très âgées. J'avais
plaidé auprès du ministre de la santé, qui était le
député d'Anjou de l'époque. À la fermeture de ce
centre d'accueil, la majorité des bénéficiaires avaient
été transférés à Henri-Dunant, qui ouvrait
à ce moment-là en juin 1982 ou 1983, je pense. Le
ministère avait acquis un terrain à l'extrémité est
de Montréal, près du centre d'accueil Louis-Hippolyte-Lafontaine
pour loger des bénéficiaires qui pour la plupart
considèrent leur quartier comme étant leur village natal. Je me
rappelle avoir plaidé avec un certain nombre de gens, dont ceux du
service de la dotation de l'espace qui plaidaient que le meilleur service
qu'ils pouvaient rendre aux gens âgés de mon quartier était
de leur permettre d'aller mourir ailleurs. C'est après une plaidoirie
assez vive que j'avais pu obtenir qu'un terrain soit acheté dans le
quartier afin d'y loger des personnes qui, souvent, n'ont, comme visite, que
leurs pairs du même âge qui peuvent se déplacer. Finalement,
ce terrain avait été acquis par la corporation
d'hébergement. L'ancienne administration de la ville de Montréal,
à l'époque, avait offert toute sa collaboration. Il n'est pas
toujours facile, je le constate, de trouver un terrain adéquat dans un
milieu densément urbanisé depuis plus d'un siècle.
Finalement, cela avait été propice puisque la ville avait pu
faire céder au YMCA un bail emphytéotique et avait
décidé de construire, adjacente au centre d'accueil, une
résidence pour personnes âgées. Cette résidence est
maintenant ouverte. Elle héberge maintenant 106 ménages de
personnes âgées et elle devait être attenante à ce
centre d'accueil.
Lorsque vous rendiez public le plan de désengorgement des
urgences, vous mentionniez à ce moment-là - je crois que c'est
à l'annexe F - un certain nombre de mesures devant être
appliquées, notamment celle consistant à la construction de ce
centre d'accueil dont l'ouverture était prévue pour septembre
1987, si tant est que les autorisations étaient lancées.
L'été dernier, Inquiète de ce qui se passait, après
vous avoir écrit, vous me répondiez, non pas qu'il y avait eu
décision - je souhaite toujours qu'il n'y ait pas eu de décision
de ne pas construi- re - mais que, compte tenu d'un surplus théorique de
lits, vous transfériez les unités ailleurs.
J'appelle cela ma saga parce que je me suis mise à la recherche
de ce surplus théorique de lits. Je dois vous dire que j'ai
contacté tous les établissements, le CRSSS et le CSS
évidemment, mais aussi l'ensemble des autres établissements, sans
exception. Je me suis rendu compte d'une réalité qu'il m'importe
beaucoup de vous transmettre parce qu'encore au mois de février, dans
les services du ministère, on faisait écho à ce surplus de
lits, surplus théorique que l'on retrouvait effectivement dans un
document du CRSSS intitulé "Analyse et recommandations quant au
développement de ressources institutionnelles dans la région de
Montréal métropolitain 1987-1988". Ce surplus théorique,
pour le département de santé communautaire Maison-neuve-Rosemont
ne repose que sur la mesure annoncée, à savoir la construction
des unités de Notre-Dame-du-Rosaire, qui ne le sont pas. En d'autres
termes, dans tous les tableaux et dans l'ensemble du rationnel qui est
utilisé, on utilise un rationnel d'un surplus de 29 lits, disons, dans
le département de santé communautaire, mais du fait que la mesure
annoncée de 1986-1987 aurait été construite,
c'est-à-dire 190... On nous assure de 190. Alors, je lis: Tableau 2,
besoins en ressources d'hébergement et soins de longue durée,
territoires prioritaires - on définit les territoires. Je lis à
Maisonneuve-Rosemont: Mesure annoncée, 190, surplus, 29. C'est à
partir finalement... J'ai vraiment vérifié autant qu'il est
possible de vérifier, non seulement cela n'existe pas mais ce qui est le
plus invraisemblable, c'est que ce prétendu surplus repose sur une
mesure annoncée de 160 lits qui a été abandonnée et
sur la relocalisation de 30 autres lits qui n'est même pas encore
confirmée. Donc, je voulais vous en parler aujourd'hui parce que, si
quelqu'un prétend qu'il y a un surplus théorique, alors là
vraiment il va falloir qu'il mette sur la table les unités qui n'ont pas
été... Finalement, cela repose sur des unités qui ont
été abandonnées.
L'autre aspect dont je veux vous parler, c'est qu'il m'a semblé
dans la recherche que j'ai faite parce que tout cela n'est pas
nécessairement simple à Montréal, que tout cela ne prend
pas en considération les conditions du vieillissement qui peuvent
être très différentes d'un département de
santé communautaire à un autre. Les constatations que j'ai pu
faire, c'est que finalement ce rationnel repose sur des normes
ministérielles qui prennent en considération le vieillissement de
la population mais qui ne prennent pas en considération, je crois, pour
des lits de longue durée, les considérations
socio-économiques. Dans un secteur comme celui que je représente,
le vieillissement de la population est de neuf années inférieur
à la longévité à Montréal. Par exemple, les
derniers, les plus récents chiffres de janvier confirment que même
là, si on veut prendre en considération la
longévité en bonne santé, en pleine activité, c'est
quatorze
années de moins dans le secteur de Maisonneuve-Rosemont et
centre-sud, en regard, par exemple, du secteur du Lakeshore ou de Westmount.
Et, d'autre part, il faudrait aussi prendre en considération, non
seulement l'espérance de vie de neuf années inférieure,
mais les conditions d'habitation, et là j'ai pu vérifier
auprès du CLSC, qui, je le sais, a un programme de maintien à
domicile qui est certainement le plus important sur le territoire du
Québec. Parce que, évidemment, la population actuellement
âgée de plus de soixante ans fait seize pour cent de la population
du quartier, ce qui est le double de la moyenne montréalaise, et, d'ici
trois ans, toutes les études prévoient que la population
âgée atteindra vingt pour cent de la population du quartier du bas
de la ville de Montréal.
Les conditions d'habitation sont à ce point
vétustés que le maintien à domicile se fait parfois dans
des conditions qui sont totalement inadéquates. Non pas qu'il n'y a pas
une volonté de maintien à domicile, mais ce sont des personnes
qui habitent souvent des logements difficilement accessibles par des escaliers
extérieurs, au troisième étage, où il n'y a pas
souvent de bain, il y a simplement des douches, et où il y a tellement
des pièces exiguës qu'il est même difficile de faire du
maintien à domicile. Et je ne pense pas qu'on prenne en
considération les conditions socio-économiques quand on
établit comme cela des besoins en ressources d'hébergement.
Mme Lavoie-Roux: Je remercie la députée de
Maisonneuve pour son étude poussée. On va l'envoyer à la
planification, mais...
Mme Harel: C'est plutôt vous que j'aimerais convaincre,
parce que je ne suis pas certaine que sans volonté politique les choses
peuvent changer.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une question de volonté
politique, je pense qu'on a fait la démonstration, ou j'ai fait la
démonstration d'essayer de servir tout le monde le plus
équi-tabiement possible.
Mme Harel: Mais quand on traite tout le monde de la même
façon, vous savez, il y en a qui sont plus égaux que d'autres,
dans notre société. Et on ne part pas du même pied
d'égalité.
Mme Lavoie-Roux: Mais je connais les problèmes de
Maisonneuve. J'ai oeuvré longtemps dans ce coin-là, ce n'est pas
un quartier qui m'est inconnu dans la ville de Montréal. Mais tout ceci
étant dit, j'ai devant moi les chiffres du surplus de lits dans le CLSC
Hochelaga-Maisonneuve, ou enfin dans le DSC Maisonneuve-Rosemont, et c'est un
surplus de 552 lits.
Mme Harel: Vous me pariez des lits d'hé- bergement et des
soins de longue durée?
Mme Lavoie-Roux: Oui, en CAH et en CHSP. C'est un surplus de 252
lits. Maintenant..
Mme Harel: 252?
Mme Lavoie-Roux: Pardon, 552 lits, et même si on
soustrayait votre I90, dont vous me parlez, et là je ne peux pas vous
dire s'ils y étaient ou s'ils n'y étaient pas, on resterait
encore avec un surplus...
Mme Harel: Vous me dites qu'il y a un surplus de 552 lits
d'hébergement et soins de longue durée?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Harel: Dans le territoire du département de
santé communautaire Maisonneuve-Rosemont?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Harel: Vous me dites cela sérieusement?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez.
Mme Harel: Avec les listes d'attente que nous avons?
Mme Lavoie-Roux: Je vous ferai remarquer là-dessus, Mme la
députée de Maisonneuve, que même de l'aveu - pas de l'aveu,
il n'y avait pas d'aveu à faire - même selon les
observations...
Mme Harel: Cela ne se peut pas.
Mme Lavoie-Roux: ...d'un de mes prédécesseurs, qui
était député d'Anjou dans le temps, il reconnaissait qu'on
institutionnalisait davantage dans l'est de Montréal que dans l'ouest.
Vous allez peut-être dire que ce sont les conditions
socio-économiques mais tout l'est de Montréal n'est pas
défavorisé non plus. Dans le coin de Maisonneuve, d'accord, je
pense qu'on parle de...
Mme Harel: Mais, Mme la ministre, comment faire...
Mme Lavoie-Roux: Laissez-moi finir. Vous avez fait une longue
proposition... (22 heures) '
Mme Harel: Comment passer de 29 à 552? On parlait de 29,
le surplus théorique l'an passé, puis là on en aurait 552.
Par quel tour de baguette magique on passerait à 552?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous voulez me laisser vous
répondre? Je vous ai écoutée, je pense.
Le Président (M. Hamel): Je m'excuse, s'il vous
plaît! Il est 22 heures. Selon nos règles de procédure, je
dois avoir absolument le consentement du côté ministériel
pour poursuivre quelques minutes supplémentaires. Étant
donné que nous avons commencé à 20 h 10, est-ce que vous
seriez d'accord pour aller jusqu'à 22 h 10 précises?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Hamel): D'accord.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Hamel): Merci.
Mme Lavoie-Roux: Mais je voudrais quand même que la
députée de Maisonneuve me permette de lui répondre parce
que je pense que je l'ai écoutée au moins - d'ailleurs, elle le
fait avec beaucoup de conviction et je pense qu'elle a raison de le faire - au
moins pendant un quart d'heure.
Ce que je veux lui dire, c'est que de toute évidence, nos
chiffres ne coïncident pas. Moi, les chiffres que j'ai... On me dit qu'ils
seraient peut-être conservateurs. Mais, enfin, on va oublier cela pour le
moment. Je voudrais qu'on les réexamine, de part et d'autre, pour en
arriver à établir quels sont les besoins réels. Je pense
que ce sont les chiffres du ministère et on les a justement
revérifiés, non en fonction de votre demande mais en fonction de
la planification générale de l'île de Montréal. On a
commencé à les réviser. Ce n'est pas tout à fait
définitif. Cela irait peut-être, comme je le disais, même
au-deçà de ces chiffres. Il faut aussi tenir compte que dans
d'autres parties de I'île on était véritablement en
déficit de lits de centres d'accueil et de soins de longue
durée.
Ce que je proposerais à la députée de Maisonneuve,
c'est que mes services se penchent sur des chiffres - je pense qu'elle a tout
cela en détail, de la façon qu'elle nous l'a
présenté - qu'on les réexamine en fonction des
nôtres et qu'on essaie de se convaincre mutuellement qu'il y a quelque
part des chiffres qui peuvent être les plus justes possible.
Mme Harel: Quand vous parlez des 552... Vraiment, je
l'apprécierais beaucoup. Parce que, voyez-vous, tantôt quand vous
me transmettiez des informations sur Notre-Dame-de-Lourdes, ayant pu les
vérifier au point où j'ai presque quotidiennement - sans avoir
accès, mais de toute façon - une présence je suis en
mesure de vous dire que les informations qui vous étaient transmises
n'étaient pas totalement exactes.
Mme Lavoie-Roux: On s'est mal comprises. Quand j'ai parlé
des fonds qui n'avaient pas été investis dans les centres
d'accueil privés, je ne référais pas à
Notre-Dame-de-Lourdes en par- ticulier mais à l'ensemble des centres
d'accueil qui venaient sous le chapeau de l'ACHAP. Je pense que c'est à
ce moment que vous êtes partie. Mais je dois vous dire que les
détails des 4 500 000 $, on me l'avait peut-être
déjà dit, mais ou je ne m'en souvenais pas, ou on ne me l'avait
pas dit. Là-dessus, vous avez raison.
Mme Harel: D'accord. En ce qui concerne ce surplus, j'aimerais
avoir dès ce soir, si c'est possible, Mme la ministre, le nom d'une
personne qui serait l'interlocuteur avec lequel je devrais communiquer et qui
serait habilité à me transmettre les informations.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez transmettre vos informations
à un attaché politique de mon cabinet, elles seront remises
à qui de droit pour qu'on fasse l'étude de ce dont il est
question.
Mme Harel: Quand vous me parlez de 552, pouvez-vous me le
ventiler? Sur quel territoire exactement?
Mme Lavoie-Roux: J'en ai quelques-uns ici. On a toutes les
ressources du territoire, le centre d'accueil Champlain, Marie-Victorin, Villa
Marie-Andrée... Je peux vous donner tous les chiffres, si vous
voulez.
Mme Harel: Est-ce possible d'avoir une photocopie de ce dont vous
faites lecture?
Mme Lavoie-Roux: On me dit que celui que j'ai dans les mains
présentement est encore à l'état de projet. On est dans le
processus de confirmer d'une façon plus définitive la
révision de tous les chiffres pour I'île de Montréal.
Mme Harel: Quel territoire géographique est-ce que cela
couvre?
Mme Lavoie-Roux: C'est écrit en haut "DSC
Maisonneuve-Rosemont".
Mme Harel: Est-ce que vos services vont confronter avec le CRSSS
l'état réel de la situation?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
Mme Harel: Avez-vous idée comment tout cela peut
apparaître totalement invraisemblable? Le CRSSS, en ce qui concerne
Maisonneuve-Rosemont, évalue à 29 le surplus théorique de
lits en 1987-1988. Le CRSSS m'a confirmé que ce surplus ne reposait que
sur la construction d'une mesure annoncée qui a été
abandonnée. Vous, ce soir, vous me dites qu'il y a 552 lits en
surplus.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est peut-être conservateur
aussi.
Mme Harel: Alors, est-ce que vous vous rendez compte combien il y
a, comme d'un coup de baguette magique, des lits qui seraient apparus en
surplus, que le CRSSS n'évalue pas et en plus les établissements
du milieu conviennent que ce surplus ne leur est pas accessible parce que tous,
sans exception, m'ont bien confirmé avoir des listes d'attente?
Mme Lavoie-Roux: Mme la députée, ce à quoi
je peux m'engager - évidemment ils vont contacter le CRSSS - c'est qu'on
vous envoie les listes comparatives avec les noms des établissements et
le nombre de lits par établissement pour que vous puissiez juger
vous-même des résultats obtenus. Je pense qu'il faut faire une
vérification. Si vous avez raison, vous aurez raison; si nos chiffres
sont les chiffres qui sont exacts, on décidera en
conséquence.
Mme Harel: Vous êtes d'accord que cela n'a pas de bon sens.
Des écarts comme ceux-là, cela n'a vraiment pas de bon sens. Ceci
est quand même un document officiel adopté par le conseil
d'administration du conseil régional le 14 mai 1987. Il n'y a pas
là une éternité, c'était...
Mme Lavoie-Roux: Mme la députée, on va l'obtenir,
je ne sais pas si on a ce document du
CRSSS. On en a un du CRSSS, on ne sait pas si c'est le même.
Mme Harel: En tout cas. Mme La voie-Roux: Est-if
daté...
Mme Harel: Celui-là n'est pas compliqué, il est
daté d'avril 1987; il s'intitule "Analyse et recommandations quant au
développement de ressources institutionnelles dans la région de
Montréal métropolitain, 1987-1988" et c'est signé par Luc
Bordeleau, secteur des services d'hébergement et de soins
prolongés, Direction de la programmation. C'est à partir de ces
chiffres que j'ai contacté, à quelques reprises, le CRSSS. Ils
ont eux-mêmes convenu que le fameux prétendu surplus reposait sur
une mesure abandonnée, donc nous étions en déficit, qu'ils
concevaient que nous puissions l'être de 160 lits. Ce soir, vous
m'arrivez en me disant qu'il y aurait un surplus conservateur de 552 lits.
Là, je vous avoue... J'ai contacté et rencontré toutes les
directions d'établissement. Quand je vais rentrer, la semaine prochaine,
et que je vais leur dire, eux qui se pensent en déficit, qu'ils sont en
surplus, vraiment il y aura comme un choc, une injection d'adrénaline,
c'est certain. Ou bien le ministère est totalement
déconnecté ou le CRSSS l'est, mais il y en a un des deux qui
l'est, cola est évident.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est pour cela, Mme la
députée, que je vous offre qu'on fasse une étude
rigoureuse et qu'on compare des données qui soient les mêmes. On
verra le résultat. Je pense que c'est la seule attitude à prendre
pour le moment.
Mme Harel: La dernière chose, les critères... Je
vous parlais tantôt des critères...
Mme Lavoie-Roux: Socio-économiques.
Mme Harel: Est-ce que les critères
socio-économiques sont considérés en ce qui concerne les
ressources d'hébergement et de longue durée? Je crois que c'est
simplement pour le maintien à domicile que les critères
socio-économiques... Sauf pour le maintien à domicile, où
on prend en considération les critères socio-économiques,
le CRSSS m'a dit qu'ils ne sont pas retenus par le ministère aux fins de
définir les besoins d'hébergement et de longue durée.
Mme Lavoie-Roux: Non. On tient compte strictement de la
population, eu égard au recensement de 1986.
Mme Harel: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Comme je vous le dis, on est dans le processus
de faire une révision et non...
Mme Harel: Vous vous rendez compte quelle différence... Je
veux seulement vous dire que mes parents habitent Rivière-des-Prairies,
à l'ouest. Ils sont âgés, mais ils sont en très
grande forme; ils l'ont toujours été. Tous les gens avec qui ils
habitent dans la résidence sont en très grande forme. Quand je
leur dis qu'ils augmentent les statistiques de personnes âgées
dans l'ouest, ce n'est pas tout à fait la même vieillesse que pour
ceux que je représente dans l'est. Je vous assure qu'il y a là
une différence qui est considérable. On a l'impression qu'on
n'est pas dans le même pays.
Le Président (M. Hamel): Je vous remercie, Mme la
députée de Maisonneuve, Mme la ministre, merci. Nous ajournons
à demain matin, 10 heures, dans la même salle.
(Fin de la séance à 22 h 10)