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(Quinze heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa
place afin que nous puissions procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 94, Loi sur le Conseil de la famille.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne) remplace...
Le Président (M. Bélanger): ...M. Laporte
(Sainte-Marie). Bien.
La Secrétaire: ...et M. Chevrette (Joliette) remplace Mme
Vermette (Marie-Victorin).
Le Président (M. Bélanger): M. Chevrette est membre
de la commission.
La Secrétaire: Ah oui! Excusez-moi. M. Jolivet:
C'est moi qui remplace...
La Secrétaire: C'est M. Jolivet (Laviolette) qui
remplace...
Le Président (M. Bélanger): M. Jolivet (Laviolette)
remplace Mme...
M. Jolivet: Joliette avec Laviolette, vous savez, M. le
Président, avec la difficulté qu'on a à se comprendre...
Les gens m'appellent le député de Joliette. Alors, il est ici
aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le
député de...
La Secrétaire: Laviolette
Le Président (M. Bélanger): ...Laviolette remplace
Mme la députée de Marie-Victorin. Bien. Donc, la séance
est ouverte et nous abordons l'étude détaillée du projet
de loi 94, soit la Loi sur le Conseil de la famille. Nous avions terminé
nos travaux la dernière fois à l'article 16. J'appelle donc
l'article 16 qui se lit comme suit...
M. Jolivet: Avant de lire l'article 16, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui. J'aimerais savoir de ia part du ministre si,
aujourd'hui, il est mieux disposé et s'il a l'intention de
procéder rapidement aux articles qu'il nous reste pour faire l'adoption
qui s'impose de ce projet de loi article par article.
Est-ce qu'il pourrait me dire si, cet après-midi, il a
l'intention de déposer des amendements aux articles principaux que j'ai
mentionnés depuis le début? Si oui, cela nous permettrait de
prendre quelques instants, de les regarder, peut-être
d'accélérer notre travail et de régler le projet de loi
d'ici 18 heures, s'il le faut, pour ne pas avoir à revenir ce soir
à 20 heures. J'aimerais connaître les intentions du ministre
actuellement.
M. Dutil: M. le Président, je suis aussi bien
disposé que la dernière fois pour passer à travers ce
projet de loi. J'espère que nous aurons toute la collaboration de
l'Opposition à cet effet. J'ai effectivement un amendement à
déposer à l'article 17. Je souhaitais le déposer à
l'article 17, alors nous y sommes presque. D'ailleurs, l'article 16 a
été abondamment discuté la dernière fois. Vous vous
rappelez, j'avais dit que ce qui avait été suggéré
comme modification par le député de Laviolette, à
l'article 15, était contenu dans l'article 16. J'avais demandé
à la commission de rejeter l'amendement justement parce que
c'était contenu dans l'article 16 et que c'était formulé
d'une façon très adéquate dans cet article. Ou nous
passons à l'article 16 immédiatement, ou je peux déposer
mon projet d'amendement à l'article 17...
M. Jolivet: Je pourrais aller plus loin et demander si le
ministre a aussi d'autres amendements ou si c'est le seul qu'il aura, s'il n'en
a pas à l'article 21 concernant le rapport annuel.
M. Dutil: Je n'ai pas d'autres amendements à
déposer. Évidemment, la commission peut déposer tous les
amendements qu'elle désire et nous en discuterons.
Le Président (M. Bélanger): D'autres
commentaires?
M. Jolivet: Pas pour le moment, quant à moi, dans la
mesure où le ministre nous dit qu'il aura un amendement à
l'article 17. On aura donc l'occasion d'y revenir. Il y a eu toute la
discussion sur l'article 16 et si le ministre a maintenant des choses à
nous dire sur l'article 16, tel que présenté, ce serait le
temps.
Fonctions et pouvoirs (suite)
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc
l'article 16 qui se lit commme suit: "Le conseil doit donner son avis au
ministre sur toute question ou projet d'intérêt familial que
celui-ci lui soumet. "Il peut communiquer au ministre les constatations qu'il a
faites et les conclusions auxquelles il arrive et faire les recommandations
qu'il juge appropriées."
Sur l'article 16, M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je rappelle l'amendement
qu'avait proposé l'Opposition, qui était l'amendement 15.4°
à l'article 15 et qui se lisait comme suit: "soumettre au ministre des
avis sur toutes questions sur lesquelles celui-ci jugera nécessaire de
consulter le conseil de même que sur tout sujet d'intérêt
familial que le conseil jugera nécessaire de soumettre au ministre".
On remarquera que la formulation de l'article 16, qui est
légèrement différente, veut dire, à toutes fins
utiles, la même chose. Donc, je pense, étant donné que
l'amendement qui avait été proposé l'avait
été par l'Opposition, qu'elle devrait donner son accord sur
l'article 16 tel que libellé.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Quand le ministre mentionne que l'article 16 est
l'équivalent de ce qu'on avait proposé, soit: "soumettre au
ministre des avis sur toutes questions sur lesquelles celui-ci jugera
nécessaire de consulter un conseil de même que sur tout sujet
d'intérêt familial que le conseil jugera nécessaire de
soumettre au ministre", j'aimerais connaître, du ministre, la relation
qu'il fait entre le texte qui est là et qui dit: "Le conseil doit donner
son avis sur toute question ou projet d'intérêt familial" et ce
qu'on proposait comme amendement, qui, lui, était à
l'intérieur des fonctions. La proposition que nous faisions était
directement liée aux fonctions que le conseil peut avoir. Le ministre,
à l'article 16, vient nous dire que: "Le conseil doit donner son avis au
ministre sur toute question ou projet d'intérêt familial que
celui-ci lui soumet".
Si je lis bien le texte, c'est sur ce que le ministre lui soumet. Donc,
quand on parle de la possibilité pour le conseil de prendre des
initiatives, il y a une différence avec dire: Vous allez agir
d'après les représentations du ministre sur toute chose que le
ministre voudra lui soumettre. Le conseil peut-il, en vertu du projet - c'est
ce que je veux savoir - en vertu de l'article 16, le conseil peut-il, de sa
propre initiative, faire initier des choses, présenter des avis, sans
avoir besoin de recevoir des mandats du ministre? Est-ce qu'il y a une
initiative que peut prendre le conseil?
M. Outil: ...la dernière fois. Si on remarque la
façon dont est construit le projet de loi, à la section II qui
s'appelle Fonctions et pouvoirs, nous avons distingué, à
l'article 14, le rôle principal du conseil, à l'article 15, les
fonctions du conseil et, à l'article 16, l'obligation faite au conseil
de donner des avis au ministre. Cela aurait pu, bien sûr, être
construit d'une façon différente. On pourrait faire des choses
bien différemment, mais, dans l'esprit et dans la rédaction de
cet article que nous avons appelé 16 à des fins de clarté,
parce que c'est une obligation et non un pouvoir du conseil, si le ministre
demande des avis, le conseil doit lui donner un avis sur ce qu'il demande. Nous
avons placé cela à l'article 16, mais cela reste dans la section
II, Fonctions et pouvoirs du conseil.
M. Jolivet: Oui, mais il y a une grande différence entre
les deux. À l'article 16, on dit: "Le conseil doit donner son avis au
ministre sur toute question ou projet d'intérêt familial que
celui-ci lui soumet". Si je comprends bien mon français, c'est le
ministre qui le lui soumet. D'accord? Sur toute question ou projet
d'intérêt familial que lui soumet le ministre, il doit donner son
avis. Dans le cas que nous présentions, il y avait deux choses. On
disait: "soumettre au ministre des avis sur toutes questions sur lesquelles
celui-ci - le ministre - jugera nécessaire de consulter le conseil de
même que sur tout sujet d'intérêt familial que le conseil
jugera..." C'est ce sur quoi je veux bien attirer l'attention du ministre. Il
dit que c'est la même chose, mais il me semble qu'il y a une grande
différence.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette d'abord et, par la suite, j'aurai une
intervention.
M. Chevrette: Je pense qu'il y a une nuance fondamentale entre
les deux. Ce que le ministre veut conserver comme impact, c'est tout simplement
de dire: Tu feras ce que je te demanderai de faire, mais ne prends pas
d'initiative parce que, si je ne te l'ai pas demandé, tu n'en a pas le
pouvoir. C'est exactement ce que dit l'article 16. Si le conseil voulait donner
des avis qui concernent des problèmes touchant la famille, s'il n'en a
pas reçu le mandat, le ministre pourrait fort bien dire: Je ne t'ai rien
demandé, je ne veux rien savoir de toi. Il me semble que ce n'est pas
l'esprit d'ouverture que doit démontrer un ministre
délégué à la Famille. Il devrait dire tout
simplement: Oui, j'espère qu'ils sont là d'abord pour
répondre à mes commandes - c'est normal - mais je ne veux surtout
pas étouffer toute initiative qu'il pourrait y avoir. En cela, notre
texte était beaucoup plus clair que le vôtre.
Le Président (M. Bélanger): Je me permettrais ici
un commentaire simplement pour éclairer les membres de la commission. Il
y a quand même quinze jours qui se sont écoulés entre les
deux séances. À l'article 15.2°, on disait: "saisir le
ministre de toute question d'intérêt familial qui, à son
avis, mérite l'attention ou une action du gouvernement et lui soumettre
ses recommandations". Je ne sais pas si cela répond avec satisfaction
à ce que vous apportez. J'amène cela seulement à des fins
d'éclaircissement.
M. Dutil: M. le Président, vous m'enlevez les mots de la
bouche. J'apprécie votre perception de la chose. J'allais justement dire
que l'article 15.2° couvre les parties où le conseil peut et doit
avoir l'initiative, comme tout l'article 15 couvre là où le
conseil peut avoir des initiatives. Pour l'information des gens qui sont ici,
l'article 15.2° se lit comme suit: "saisir le ministre de toute question
d'intérêt familial qui, à son avis - c'est l'avis du
conseil - mérite l'attention ou une action du gouvernement et lui
soumettre ses recommandations". Alors, l'initiative du conseil, c'est à
l'article 15 qu'elle est et particulièrement, en ce qui concerne
l'intervention de l'Opposition, à l'article 15.2°. L'initiative du
ministre est à l'article 16. Le ministre, bien sûr, peut, lui
aussi, demander des avis sur des sujets qu'il estime être importants pour
la famille.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je pense que, dans
le cadre de la mise en place d'un conseil de la famille, il est important que
la loi qui le met au monde soit une loi claire et qui ne porte pas à
interprétation, à discussion, à analyse de textes comme on
est en train de le faire pour savoir ce qu'il peut faire, ce qu'il ne peut pas
faire, ce qui est souhaité qu'il fasse, ce qui n'est pas vraiment
souhaité qu'il fasse. Je pense, M. le Président, que la
discussion qu'on a est une bonne illustration que cela n'est pas clair et que
ce n'est pas susceptible de permettre au conseil de donner toute sa pleine
mesure et, j'imagine, de répondre aux souhaits du ministre qui est le
parrain du projet de loi. En conséquence, M. le Président, si
tout ce qu'on entend est vrai, et je ne doute pas de la parole du ministre,
pourquoi pas une nouvelle rédaction de l'article 16?
Je ne suis pas le ministre quand il nous dit que l'article 15 concerne
les pouvoirs du conseil et qu'à l'article 16 ce sont les pouvoirs du
ministre, parce qu'au deuxième paragraphe de l'article 16, on ne parie
pas du ministre, on dit: II - c'est le conseil - peut communiquer, etc. Son
argumentation s'arrête avant cela et, donc, ne couvre pas tout l'article
16. Pourquoi ne pas rédiger un article 16 dans le sens... Je ne veux pas
m'amuser, je n'ai pas pris le temps de rédiger cela, mais, le conseil
doit aussi donner son avis au ministre sur toute question ou projet
d'intérêt familial que celui-ci lui soumet... Je ne sais pas, mais
il faut vraiment que ce soit clair. Mettez-vous dans la peau des premiers
membres du conseil que vous allez sûrement rigoureusement
sélectionner. Est-ce qu'ils vont devoir faire un exercice comme celui
auquel on se livre aujourd'hui pour savoir s'ils ont le droit ou pas? Il y en a
un qui va dire: À mon avis, l'article 16 est restrictif. Un autre
à qui peut-être le ministre aura parlé va nous dire: Oui,
mais, à l'article 15.2°, on a des pouvoirs qui ne sont pas
opposés les uns... D'autant plus, M. le ministre, que quand on lit les
articles 17 et 18, il faut s'assurer que le conseil aura plutôt des ailes
qu'une camisole de force.
M. Dutil: Quant à l'article 17, c'est pourquoi j'ai tenu
à le préciser tout de suite, il y a un amendement qui sera
déposé. Je pense qu'on pourra argumenter sur cet article tout
à l'heure. Quant à moi, c'est très bien
démarqué entre les articles 15 et 16 concernant les pouvoirs de
chacun des intervenants, c'est-à-dire le conseil et le ministre. D'un
côté, le conseil a toute initiative à l'article 15 et peut
donner ses avis au ministre et autres mandats qui sont spécifiés
et dont nous avons abondamment discuté la dernière fois, M. le
Président, n'est-ce pas? L'article 16 correspond, je le maitiens,
à ce que l'Opposition proposait la dernière fois comme amendement
à l'article 15, mais nous avons préféré en refusant
cet amendement à la commission ici maintenir cela à l'article 16
pour des raisons de clarté.
Je ne partage pas l'opinion du député de Gouin, ni du
député de Joliette, ni du député de Laviolette
quant à la clarté du texte. Je trouve notre texte beaucoup plus
clair et je demande à la commission d'appuyer ce texte et d'adopter
l'article 16 tel que rédigé.
Le Président (M. Bélanger): Avant de céder
la parole au député de Gouin, ce que vous dites, ce n'est pas une
proposition, mais une suggestion de lire l'article 16 ainsi: Le conseil doit
aussi donner son avis au ministre sur toute question ou projet
d'intérêt familial que celui-ci lui soumet. Alors, est-ce une
suggestion ou une proposition? Ce n'est pas un amendement? Bien. Alors, vous
avez la parole, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Ce n'est pas un amendement que je faisais au
ministre, mais je reviens, M. le Président, à son intervention
qui tente toujours de distinguer l'article 15, les pouvoirs du conseil, par
rapport à l'article 16, les pouvoirs du ministre.
M. le Président, j'ajoute un nouvel argument, mais dans le
même sens de ce que j'ai dit tantôt: il y a une nette distinction
entre un avis, ce dont on parle à l'article 16, qui peut être
commandé par le ministre, et saisir le ministre de toute question
d'intérêt familial qui, à son avis - mais là, on ne
parle pas d'un avis, on parle d'une opinion - mérite l'attention ou une
action du gouvernement et lui soumettre des recommandations. Il y a une
distinction très précise, très claire, au sens juridique,
au sens de la pratique des conseils "aviseurs" dans l'État
québécois entre des avis formels et attirer l'attention et
soumettre des recommandations à un ministre.
M. le Président, j'espère que le ministre a
pris le temps de faire la distinction qu'il y a entre les deux et, je le
répète, si les propos qu'il nous tient sont justes, pourquoi deux
vocabulaires? Quand c'est le conseil qui nous dit quelque chose, c'est attirer
l'attention, soumettre des recommandations et, quand c'est le ministre qui
demande des choses, ce sont des avis formels. Je ne comprends pas.
M. Dutil: M. le Président, je comprends que ce sont des
avis formels que peut remettre le Conseil de la famille au ministre. C'est
très clair dans l'article 15.2°.
M. Rochefort: Lisez-moi cela.
M. Dutil: Saisir le ministre de toute question
d'intérêt familial qui, à son avis, mérite...
M. Rochefort: Excusez, mais "à son avis", dites-moi pas
que cela veut dire la même chose que "doit donner son avis".
M. Dutil: Oui, je vous dis cela.
M. Rochefort: Écoutez, sortez un dictionnaire et appelez
des linguistes. Voyons donc!
M. Dutil: Avis veut dire avis.
M. Rochefort: Mais non! On ne fera pas dire à la langue
française ce qu'elle ne dit pas. Je veux bien que le ministre ait ces
Intentions, mais il faudrait au moins que la rédaction soit conforme:
"qui, à son avis, mérite l'attention", on ne parle pas d'un avis
formel. Un avis, c'est un document qui dit: Le gouvernement devrait faire ceci
et cela. Quand on dit à l'article 15: "à son avis", selon son
opinion, il pense qu'il faut attirer l'attention. Ce n'est pas la même
chose.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que je peux y aller
d'une petite question?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Selon vous, dans le jargon juridique - vous
êtes avocat - est-ce qu'un avis formel demandé a la même
signification qu'un avis que peut donner un conseil comme bon lui semble?
M. Dutil: Je voudrais rectifier les dires du député
de Joliette: je ne suis pas avocat. Je n'ai jamais fait d'études en
droit.
M. Chevrette: Ah! bien, je viens de comprendre.
M. Dutil: Je sais que, traditionnellement, on a toujours
pensé dans le passé que seuls les avocats devaient avoir
accès à l'Assemblée nationale, mais je crois que la
représentation dans une Assemblée nationale et dans un Conseil
des ministres est enrichie du fart que les gens qui sont là ne sont pas
tous juristes ou avocats.
M. Rochefort: M. le Président, pour suivre la logique du
ministre, j'imagine que notre commission est très enrichie parce que,
sauf erreur, il n'y a aucun avocat à cette table.
M. Dutil: Non, vous vous trompez. J'ai l'impression que le
député de Joliette est avocat.
M. Chevrette: Non, non, non.
M. Dutil: Excusez-moi, M. le député.
M. Chevrette: Ne m'insultez pas cet après-midi!
M. Dutil: Alors, là, je comprends les opinions qui sont
émises par l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Lavidette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. D'une façon ou
d'une autre, je me reporte à toute la discussion qu'on a eue sur
l'article 15 et sur l'article 16, puisqu'on faisait référence
à ces deux articles. Il est évident que ce qui va suivre à
l'article 17, c'est: "Le conseil peut - on y reviendra tout à l'heure -
avec l'autorisation du ministre, rendre publics ses avis". Ces avis, il va
falloir les déterminer. Est-ce que ce sont des avis que le ministre lui
demande purement et simplement? Il va falloir que les gens discutent de cela.
Est-ce que ce sont des avis qu'il peut de lui-même émettre en
vertu de l'article 15? La clarification qu'on voulait apporter ces
dernières semaines, c'était justement pour en arriver à
bien clarifier le travail que chacun devait faire et pour le conseil ne pas
être subordonné à l'action ou aux décisions du
ministre Dans ce sens, nous croyons que les articles 15, 16 et 17 suivants sont
les articles qui vont subordonner à la décision du ministre les
gens du conseil qui vont devoir se poser des questions lorsqu'ils seront en
poste et se dire: Écoutez, est-ce qu'on a le droit de faire tel et tel
geste? Il va se produire, au bout du compte, vu les discussions qui seront
soulevées au conseH nouvellement nommé, des difficultés.
Ils vont faire de l'interprétation et on va se retrouver avec des
imbroglios, mais qui seraient facilement réglables si on avait
accepté ces articles tels que proposés voilà trois
semaines. Mais si le ministre est en train de faire son lit, tant mieux, tant
qu'on va pouvoir l'empêcher de le faire comme H le fait là, mais
on ne pourra plus l'en empêcher le jour où il prendra le vote
majoritaire pour l'imposer, mais au moins on aura dit notre opinion sur la
question.
M. Dutil: M. le Président, bien qu'on discute l'article
16, je serais prêt à un compromis, parce que mon but est
d'être très clair; peut-être qu'on pourrait l'être
davantage bien que cela le soit de façon suffisante. On pourrait
l'être encore plus en disant: saisir sous forme d'avis. À ce
moment-là, je pense que cela devient très clair; c'est un avis
formel. À 15.2°: "saisir sous forme d'avis le ministre de toute
question d'intérêt familial qui mérite l'attention ou une
action du gouvernement et lui soumettre ses recommandations". Alors, on
élimine "à son avis", on met "sous forme d'avis". À ce
moment-là, on pourrait répondre à la demande de
clarification de l'Opposition. Je le fais à titre de suggestion, bien
qu'on discute de l'article 16, pour voir si cela rejoint la
préoccupation que mentionne l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin auparavant, M. le député de
Joliette par la suite.
M. Rochefort: Moi, M. le Président, je serais parfaitement
à l'aise avec ce que le ministre vient de proposer. Je pense que, pour
bien fermer la boucle, on devrait, rédiger 16 dans le sens de ce que je
disais tantôt: "Le conseil doit aussi...". Et là, on sent bien
qu'il y a une "completion", un double volet entre 15.2° et 16. Le conseil
doit aussi donner son avis au ministre sur toute question ou projet
d'intérêt familial que celui-ci lui soumet, ce qui élimine
toute "restrictivité" et constitue un tout avec 15.2° et 16.
Le Président (M. Bélanger): Alors, à cette
étape-ci, puisque l'article 16 nous semble tributaire de 17 et que cela
nous permettrait de mieux comprendre, est-ce qu'on ne pourrait pas... J'en fais
la proposition, elle sera retenue ou pas, c'est juste pour faciliter les
travaux. Est-ce qu'on ne pourrait pas suspendre l'étude de l'article 16,
aller à 17, regarder l'amendement, puis revenir adopter 16 par la
suite?
M. Dutil: Pas de problème.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que cette
formulation vous conviendrait?
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, cela
vous convient.
M. Dutil: C'est la commission qui décide, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Si la commission est
d'accord, oui. Alors, est-ce que je peux vous soumettre l'article 17 qui se lit
comme suit actuellement: "Le conseil peut, avec l'autorisation du ministre,
rendre publics ses avis."
Vous aviez une proposition de changement qui se lirait comme ceci, si
vous permettez, l'article 17 au complet serait remplacé par le suivant:
'Tous les avis du conseil sont transmis au ministre qui doit les rendre
publics."
Alors, on revient à 16?
M. Jolivet: Non, non, on est mieux de ... Une voix:
...restera 17.
Le Président (M. Bélanger): Alors, j'ai des copies
pour tout le monde. Vous pouvez les distribuer à tous les membres de la
commission, s'il vous plaît? Est-ce que quelqu'un pourrait fermer la
toile en haut, parce que je suis ébloui? Non pas par mes
collègues de gauche, mais par le soleil. Est-ce que quelqu'un pourrait
fermer cela? C'est effrayant, je ne vois rien.
M. le député de Laviolette, oui.
M. Jolivet: C'est une formulation qui est intéressante,
mais qui ne comble pas l'ensemble de nos demandes, parce qu'on disait: que le
conseil ait le pouvoir de publier et de diffuser - parce que la publication
peut aussi amener une certaine forme de diffusion selon ce qu'il
décidera. Cela fait référence, les articles 15 et 16, aux
études, aux recherches et aux avis. Quand on disait que le conseil
devait avoir une certaine forme d'autonomie, cette forme d'autonomie doit lui
permettre de lui-même, comme conseil, de vérifier les choses qu'il
pense, selon les consultations qu'il a faites, devoir être
vérifiées, soit par des recherches ou des études et
même par des avis demandés par le ministre. Là, c'est la
partie formelle à l'égard de laquelle le ministre s'engage
à dire: L'avis que je recevrai, je serai obligé de le rendre
public. Cette partie est intéressante, mais l'autre partie n'existe pas.
Donc, c'est un peu la difficulté que j'ai à dire: Oui, il est
mieux que ce qu'il était, mais il n'est peut-être pas complet,
parce qu'il manque l'autre partie qui est celle pour le conseil de pouvoir agir
de sa propre initiative en matière d'études, de recherches et de
toute consultation qu'il jugera approprié de faire, pour une raison ou
pour une autre, en regard de toute politique familiale dont on attend le
début de la part du gouvernement, pas nécessairement de la part
du ministre délégué à la Famille, mais de la part
de l'ensemble de tous les autres ministères qui ont une
responsabilité familiale. (15 h 45)
II faut que de la parole on passe aux gestes. C'est bien beau de penser
famille, mais il va falloir qu'en plus de penser famille, on agisse en
conséquence dans les ministères et les organismes
appropriés du gouvernement.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Je veux d'abord rectifier une chose qui a
été reconnue, je pense, par l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale au sujet des gestes que le gouvernement a
posés depuis deux ans et demi concernant la famille. Le
député de Laviolette vient de dire qu'il faudra que le
gouvernement commence à mettre de l'avant des mesures, alors que la
résolution que nous avons adoptée unanimement disait bien qu'on
demande au gouvernement de continuer à mettre de l'avant des politiques.
Cela illustrait, je pense, la reconnaissance qu'avait l'Opposition des gestes
qui avaient déjà été posés. Cette
résolution illustrait aussi - on se le rappellera - le bien-fondé
de la demande initiale de l'Opposition d'en faire davantage qu'il n'en avait
été fait. Alors, je pense que l'Assemblée nationale a
adopté à ce moment-là une résolution qui n'a pas
été unanime pour rien puisqu'elle correspondait au voeu de
l'ensemble de l'Assemblée.
Le député de Laviolette a parlé de l'article 17. Je
voudrais seulement lui mentionner que nous ne parlons pas de la question de
l'initiative et de la question de l'avis et des recherches dont nous avons
discuté abondamment à l'article 15. Ce qui était en
discussion à l'article 17, c'était la possibilité,
l'obligation de rendre publics ses avis, et uniquement cela. Â la suite
de l'argumentation qui a été apportée par l'Opposition et
surtout par les organismes familiaux à cet effet, nous nous rendons
à cette argumentation et c'est la raison pour laquelle nous proposons le
présent amendement qui permet de rendre publics - c'était la
volonté des organismes familiaux surtout - les avis qui sont
émis. Je pense que le point majeur, le point important, c'était
qu'on n'ait pas besoin de l'autorisation du ministre qui aurait pu bloquer la
possibilité de rendre un avis public. Maintenant, ce n'est plus
possible. Les avis sont transmis au ministre, puisque c'est vers lui qu'ils
sont d'abord dirigés et que c'est le rôle primordial du conseil.
Je pense qu'il est tout à fait normal qu'on le fasse dans ce
sens-là, M. le Président. Mais le ministre, quant à lui,
est obligé de rendre ces avis publics, il ne peut pas les garder pour
lui seul. Donc, je pense que cela rejoint toutes les discussions que nous avons
eues dans le passé à ce sujet.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Une question, M. le Président, suivie d'une
intervention. Dois-je comprendre que le ministre considère que les avis
dont il est question à l'article 17 ne sont que les avis dont il est
question à l'article 17 ne sont que les avis de l'article 16 ou ce sont
aussi les avis de l'article 15, tel qu'il le modifierait à la suite de
sa proposition de tantôt?
M. Dutil: Évidemment, M. le Président, ce sont tous
les avis que le conseil...
M. Rochefort: Parfait! C'est ce que je comprenais. M. le
Président. Je ne sais pas, mais j'ai l'impression qu'il y a une attitude
craintive, maladive, qui sera néfaste aux politiques familiales
québécoises à essayer d'encarcaner à ce point le
Conseil de la famille.
Il faut aller plus loin que de nous assurer que les avis seront rendus
publics. Rendre l'avis d'un autre public, c'est une chose. Cela peut être
simplement émettre un communiqué de presse de trois lignes qui
dise: Le ministre délégué à la Famille est heureux
de vous rendre public l'avis 9802 du Conseil de la famille que vous trouverez
ci-joint. Point! Mais, dans la pratique actuelle de tous les conseils
"aviseurs" de l'État québécois, ceux-ci rendent
eux-mêmes publics leurs propres avis. C'est donc à l'occasion
d'une conférence de presse où l'on diffuse l'information,
où l'on fait partager toutes les connaissances qui ont été
accumulées au cours de l'étude qui a mené à la
production de cet avis-là et, là, on permet à toutes ces
données, à toutes ces informations, à tous ces
éléments de réflexion, de cheminer dans la
société québécoise, non pas à l'usage
exclusif du ministre, mais vraiment de faire un bout de chemin dans la
société québécoise, ce qui est d'abord un
élément d'information. On n'est plus à une époque
où l'on souhaitait qu'il y ait seulement 27 personnes d'informées
au Québec, mais où l'on veut bien s'assurer que tout le monde
soit en mesure de connaître l'ensemble des questions et que par ce
mécanisme on fasse évoluer les mentalités et la
connaissance des individus et des groupes en regard de questions aussi
importantes que celle-là. En ce sens-là, M. le Président,
la question n'est pas seulement de savoir si l'avis doit être public ou
pas, c'est que, s'il doit être public, et il doit l'être, c'est au
conseil de le rendre public.
Qu'il y ait un délai, que le conseil doive attendre quinze jours
avant de rendre l'avis public, après l'avoir transmis au ministre, je
suis prêt à faire cette concession, même si je la trouve
inutile. Un conseil, ce n'est pas dangereux, cela ne mange pas les ministres de
haut en bas, mais ce que je dis, M. le Président, c'est: ou bien on
donne du poids, de la valeur, de la mesure au Conseil de la famille - et c'est
ce que je souhaite, qu'on lui donne la marge de manoeuvre nécessaire -
ou bien on l'encarcane à n'en plus finir.
D'autre part, je dirai deux choses sur cette question. Au minimum, ce
avec quoi je suis en total désaccord, c'est que si on devait en rester
à la proposition d'amendement du ministre, il faudrait mettre un
délai pour que les avis soient rendus publics. Vous pourriez attendre
dix ans avant de les rendre publics. Deuxièmement, je vous soulignerai
juste un fâcheux exemple qu'ont connu récemment des commissaires
qui ont remis à un ministre, tôt, un rapport. Ils ont attendu
d'avoir suivi la stratégie de communication de ce ministre et du
gouvernement avant que le rapport soit diffusé. On a vu comment il a eu
un enterrement de première classe, et je fais allusion au rapport
Rochon.
M. le Président, c'est malsain que des organismes de l'importance
du Conseil de la famille - celui dont on parle - soient à ce point
contraints par le gouvernement dans leur marge de manoeuvre quant à la
divulgation des rapports qu'ils ont préparés. Je ne vois pas
quels sont les dangers auxquels sont confrontés les ministres quand ils
ont des conseils "aviseurs" qui peuvent rendre eux-mêmes publics les avis
qu'ils ont produits à la demande du ministre ou de leur propre
initiative. Je cherche les dangers qui guettent un ministre qu'un organisme
puisse procéder de la sorte.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je réfère la
commission ici à la rédaction de la loi C-57, Loi sur le Conseil
des affaires sociales et de la famille, où il est écrit, à
l'article 4, deuxième paragraphe: "Le ministre qui reçoit les
études du conseil est tenu de les rendre publiques." La façon
pour le ministre de les rendre publiques peut très bien être, et
cela a été le cas - je pense qu'on peut citer un exemple - de
dire au conseil: Eh bien, il n'y a pas de problème, rendez-le public
vous-mêmes, avec la diffusion que vous souhaitez avoir. D'ailleurs, le
Conseil des affaires sociales et de la famille a rendu public,
dernièrement, un document sur le problème de la natalité
et les solutions qu'il préconise. Il a rendu public, le 5 avril, un
document en conférence de presse, de lui-même. Pourtant, la loi
qui les régit dit bien: "Le ministre qui reçoit les études
du conseil est tenu de les rendre publiques." C'est ce qui s'est passé.
Le Conseil des affaires sociales et de la famille est venu me rencontrer. Il a
déposé l'étude et m'a donné ses commentaires. Je
lui ai donné mes commentaires. Il m'a dit: Nous aurions l'intention de
le rendre public nous-mêmes. J'ai dit: II n'y a pas de problème,
allez-y, rendez-le public vous-mêmes. C'est ma prérogative.
Maintenant, ce qui est important, ce qui est le plus important, c'est que
l'avis soit rendu public. Pour aller dans le sens du député de
Gouin, il s'agirait peut-être d'envisager, oui, un délai maximum.
Je pense qu'il y a des exemples qu'on retrouve dans d'autres conseils.
L'intention du ministre n'est certainement pas de retarder indûment, de
noyer ou d'oublier les avis du Conseil de la famille sur une tablette.
«
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: J'achète cela, pour autant que vous mettiez
un délai, parce qu'on pourrait fort bien arriver avec des
stratégies. Un bon avis, à la fin de mars, pourrait dormir trois
mois pour éviter qu'il ne sorte avant le budget, par exemple. Sous
prétexte que l'avis est bien 'lapé" et qu'on demande des
correctifs soit dans le domaine des garderies, soit dans le domaine des
déductions d'impôt... Des études qui feraient partie de cet
avis pourraient être tenues secrètes jusqu'après le budget.
Je pense qu'on ne crée pas des conseils pour le plaisir d'en
créer. On les crée précisément pour influencer le
système lui-même. Moi, si vous ajoutiez un délai, dans les
quinze jours de la réception ou dans les sept jours de la
réception... Dans les sept jours, vous avez ordinairement le temps de
les lire. Du moins, il y a des attachés politiques qui les ont lus. Cela
est clair.
M. Jolivet: À moins d'erreurs des chefs de cabinet.
M. Chevrette: Je dirais un maximum de quinze jours.
M. Dutil: M. le Président, entre sept jours et dix ans,
comme le suggérait le député de
Gouin, il y a certainement un juste milieu. On regarde s'il y a un
précédent ici.
M. Chevrette: Ne vous arrêtez pas à cinq ans, c'est
plus que le mandat que vous allez remplir.
M. Dutil: Je disais cela en boutade, M. le Président. Je
regarde s'il y a des précédents.
M. Chevrette: J'espère!
M. Dutil: Oui, je sais que le sens de l'humour de l'Opposition
est un peu érodé de ce temps-ci.
M. Chevrette: C'est un peu erroné. Vos farces sont trop
plates, on n'a pas le goût de rire, c'est tout.
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Simplement, j'aimerais rappeler quelque chose, parce
que je fais toujours référence aux articles 15, 16 et 17 - on est
dans la discussion. Quand on regarde un peu la façon dont cela se
produit avec d'autres conseils, je disais au ministre la dernière fois
qu'il ne fallait pas revenir en arrière non plus, prendre d'anciens
projets de loi et des lois actuelles et dire qu'on les met exactement comme
cela. Il faut évoluer. Donc, la proposition que je faisais au ministre
est une évolution par rapport à ce qu'on a connu et à
d'autres conseils aussi, le Conseil de la jeunesse ou d'autres conseils qui ont
été mis en place depuis ce temps-là et à qui on
donne des pouvoirs différents.
Deuxièmement, je disais au ministre qu'il ne
sera pas là éternellement. On en a connu plusieurs
à son poste et ce n'est pas sûr qu'à la fin de juin il soit
encore là. Je vous le souhaite, mais je n'en suis pas sûr.
À partir de cela, ce n'est pas ce que vous allez me dire aujourd'hui qui
m'importe, c'est ce qui va être écrit, parce que, quand on va
arriver au bout de la course, lorsqu'il y aura une autre personne à
votre poste, cette personne-là agira peut-être autrement. Donc,
s'il n'y a pas de délai d'inscrit, s'il n'y a pas de façon de
procéder d'inscrite dans la loi, il y aura toujours les disputes que
l'on a connues dernièrement dans d'autres dossiers.
Je fais juste référence à ce que le Conseil du
statut de la femme nous donne comme possibilité et sur lequel je disais
au ministre qu'on devrait peut-être calquer nos propos. C'est: Le conseil
peut fournir de l'information publique sur toute question individuelle ou
collective concernant l'égalité et le respect des droits et du
statut de la femme. Ensuite, on disait: Le conseil doit communiquer au ministre
les constatations qu'il a faites et les conclusions auxquelles il arrive et lui
faire les recommandations qu'il juge appropriées, et s'assurer qu'on y
donne suite. Je pense que c'est important, s'il donne des avis, qu'il y ait une
suite aux avis qu'il aura donnés.
On donne une panoplie de moyens qui sont différents de ceux qu'on
donne actuellement dans le projet de loi et c'est pour cela qu'on dit, nous
autres, qu'on devrait aller plus loin et que le ministre ne devrait pas
craindre que le conseil puisse avoir la capacité, de son propre chef, de
rendre les avis publics et de s'assurer qu'une suite y soit donnée. Il
ne faut pas que cela dorme sur les tablettes. En conséquence, s'il a
donné des avis, c'est parce qu'il juge approprié, dans les
circonstances, que, dans les plus brefs délais ces avis aient des
conclusions heureuses, et c'est dans ce sens-là qu'on faisait nos
recommandations à 15, 16 et 17.
M. Dutil: Quant au suivi des avis, si je prends le dernier
argument du député de Lavio-lette, je pense que l'on se doit de
dire que, même si un avis a été émis, il n'est pas
sûr que le ministre partage nécessairement l'ensemble de la
position d'un avis du conseil. L'avis du conseil fait partie de l'alimentation
du ministre pour prendre ses positions. C'est un élément fort
important et la preuve, c'est qu'on désire avoir un Conseil de la
famille qui émette des avis. Si on pensait que cela n'avait pas
d'importance, on ne créerait pas un Conseil de la famille.
Donc, on pense que c'est important et on pense que, effectivement, il
doit avoir une écoute présentative sur ces avis-là. Cela
ne veut quand même pas dire que le ministre est lié par l'avis. Il
y a d'autres positions qui peuvent être présentées par les
gens qui travaillent dans la fonction publique; il y a d'autres opinions
qui peuvent être présentées par l'Opposition, qui, elle
aussi, peut être d'un avis contraire à l'avis émis au
ministre. C'est cet ensemble de choses-là qui peut faire évoluer
les choses et amener un gouvernement à prendre des positions qui soient
une espèce de suivi, non seulement de l'avis, mais également des
positions diverses présentées dans des débats qui,
parfois, sont étendus, très larges sur le plan public moins
larges, selon les circonstances. On me dit qu'un autre conseil a un
délai de 60 jours; c'est quelque chose qui m'apparaîtrait
raisonnable, M. le Président. Je pense qu'un délai de 60 jours,
c'est beaucoup moins qu'un délai de 10 ans, comme le craignait le
député de Gouin, et encore moins qu'un délai de 5 ans,
comme le craignait le député de...
M. Chevrette: Franchement, j'espère que vous ne vous
prenez pas au sérieux quand vous faites...
M. Rochefort: À quel conseil, M. le Président, le
ministre fait allusion pour 60 jours?
M. Dutil: C'est celui de l'environnement.
M. Chevrette: Le Conseil supérieur de l'éducation a
combien de jours?
M. Dutil: La Loi sur le conseil de la conservation et de
l'environnement. (16 heures)
M. Chevrette: Ce n'est pas la flore ni la faune. On joue avec les
humains dans la famille.
M. Dutil: M. le Président, j'espère que.. Je peux
vous lire le paragraphe concerné dans la Loi sur le Conseil de la
conservation et l'environnement: "Le conseil peut rendre publics les avis qu'il
formule en application du paragraphe 2° de l'article 12 60 jours
après les avoir transmis au ministre." Je tiendrais à mentionner,
étant donné que j'ai encore la parole, M. le Président,
que l'article 12.2° ne concerne que les avis qui sont de la propre
initiative puisque cela se lit comme suit: "...le conseil peut: de sa propre
initiative ou à la demande de personnes, d'organismes ou d'associations
formuler un avis sur toute question relative aux lois qui sont sous la
responsabilité du ministre et dont il a la charge". Donc, cela ne
concerne même pas les avis demandés par le ministre et je suis
plus large dans l'amendement que je propose, c'est-à-dire que ce
seraient tous les avis, y compris ceux demandés par le ministre...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président...
M. Dutil: ...qui seraient rendus publics dans les 60 jours.
M. Rochefort: Puisque le ministre semble avoir jeté son
dévolu sur cet organisme, pourquoi ne pas calquer totalement l'article
et, donc, faire en sorte que ce soit le conseil lui-même c'est ce qu'il
vient de nous lire - qui rende public son avis dans les 60 jours? Pourquoi deux
régimes puisqu'il semble que ce soit un organisme auquel on peut se
référer pour choisir le délai?
M. Chevrette: C'est ce qu'on appelle se faire avoir en essayant
de se faire aider. Ha, ha, ha!
M. Dutil: Est-ce que le député de Joliette a la
parole ou si c'est moi qui ai la parole?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre,
allez-y.
M. Chevrette: Non, non, c'est une constatation que j'ai
faite.
M. Dutil: M. le Président, pour en revenir au
délai, je pense qu'on sait, de l'autre côté, que les 60
jours sont un délai raisonnable. Pour ma part, je maintiens que la
façon de le rendre public est une chose qui appartient au ministre et je
pense qu'on l'a fait dans le passé d'une façon qui est plus
qu'acceptable et raisonnable. La meilleure preuve s'est déroulée
le 5 avril: cela ne fait pas longtemps, 7 jours, M, le Président. Cela
fait 7 jours, M. le Président, que le Conseil des affaires sociales et
de la famille a rendu public un avis après m'avoir rencontré une
semaine plus tôt, pas...
M. Rochefort: Une semaine ce n'est pas 60 jours.
M. Dutil: Dans ce cas, cela a été moins de 60
jours. C'est un délai maximum, M. le Président. Il faut bien se
rappeler que c'est un délai maximum. C'est un délai de 60 jours
maximum. Je pense que c'est raisonnable. On ne parle pas d'un minimum. Comme
preuve, je cite que cela a pris 7 jours, la dernière fois, et je pense
que c'est tout à fait raisonnable.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Le ministre pourrait-il - il a des services plus
importants que les miens -nous dire dans le cas, par exemple, du Conseil
supérieur de l'éducation, quel est le délai pour rendre
l'avis public?
M. Dutil: Je suggère que, tout en faisant la recherche, on
continue la discussion, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre.
M. Dutil: On va vous donner l'information.
M. Chevrette: Profitez-en donc pour demander ce qu'il en est du
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre.
M. Dutil: Même remarque, M. le Président. On
pourrait continuer la discussion tout en faisant ces recherches.
Le Président (M. Bélanger): On a aussi
cherché celle de la Commission des affaires sociales au cas où,
et celle de la commission consultative.
M. Rochefort: Vous parlez du conseil ou de la commission? La
commission est un tribunal.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, du
conseil.
M. Rochefort: Oui. J'ai fait venir la loi. On va essayer de lire
cela un peu.
Le Président (M. Bélanger): Oui, excusez-moi. Vous
avez tout à fait raison, c'est le conseil.
M. Rochefort: M. le Président, si le ministre veut
continuer la discussion, je maintiens que le conseil devrait avoir pleine
autonomie quant à la divulgation de ses avis, que ce soit à la
suite d'un dépôt auprès du ministre. Je suis d'accord avec
cela, mais je pense que c'est le conseil lui-même, automatiquement, qui
devrait rendre publics ses avis, selon une procédure qui pourrait
être d'en avoir transmis une copie au ministre dans un délai
minimum de 15 jours, quelque chose comme cela. Je pense que cela devrait
être à un organisme. Il faut bien qu'on se comprenne. On ne parle
pas d'un organisme qui va toujours faire plaisir au ministre. Parfois, il va
lui mettre de la pression sur les épaules et j'espère qu'il va le
faire. Je pense qu'il faut lui donner de la marge de manoeuvre pour qu'il joue
pleinement son rôle. Je répète que je ne vois pas les
inquiétudes que peut avoir un ministre de voir un conseil, après
que celui-ci lui a remis un avis, s'en aller en conférence de presse
dans les semaines qui suivent et présenter tous ses tableaux, ses
réflexions, les résultats de ses analyses et les fondements des
avis qu'il fait au gouvernement. Je ne vois pas vraiment le danger auquel un
ministre peut être confronté dans une telle procédure.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Rochefort: J'aimerais que le ministre m'explique un peu les
motifs. Il a beau nous dire: Voilà ma position, il doit y avoir un
fondement à sa position. Quels sont les motifs de retirer au conseil le
pouvoir d'agir de façon parfaitement
autonome quant à la divulgation de ses avis?
M. Dutil: M. le Président, je pense que les élus de
la population, ce sont les députés et les ministres. Je pense que
c'est à eux de rendre publiques les études qui sont payées
par le gouvernement. Pour ma part, c'est une question de principe assez
fondamentale. Maintenant, si le ministre décide, lui, qu'il est d'accord
que ce soit le conseil qui rende lui-même son avis public, bien, il a le
choix. Il a la latitude de le faire et c'est ce que j'ai fait la semaine
dernière. Alors, nonobstant cette question de principe que je viens de
mentionner - c'est la raison pour laquelle je tiens à ce que ce soit
maintenu dans la loi - il arrivera certainement que des ministres accepteront
que les avis soient rendus publics d'une façon différente, d'une
façon qui correspond sans doute à celle que préconise le
député de Gouin. Mais, finalement, la responsabilité des
politiques et la responsabilité de l'avancement, que ce soit de la
politique familiale ou des autres politiques, est celle du gouvernement et du
ministre responsable de ce dossier.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Si je veux suivre le raisonnement du ministre, il
dit que c'est de l'autorité du gouvernement de rendre des avis publics.
Il vient de nous donner exemple à partir de la loi de base du
ministère de l'Environnement, le comité de l'environnement. C'est
l'organisme qui le rend public après 60 jours. Donc, qu'il ne vienne pas
me dire que c'est un principe généralement reconnu. Au contraire,
les trois quarts des conseils consultatifs qui existent au gouvernement ont le
droit de rendre leurs avis publics personnellement. Ce n'est qu'après un
délai cependant qu'ils ont... Il faut que le ministre en soit saisi au
préalable, cela est vrai, mais après qu'il en est saisi, si le
ministre décide de ne pas le rendre public... Qu'est-ce que cela
donnerait d'avoir un conseil qui est là pour sensibiliser à la
fois la population, faire de la recherche, sensibiliser le monde et l'informer,
si le ministre décide de s'asseoir sur un rapport ou sur un avis
quelconque? Cela donnerait quoi? Je ne sais pas quelle trouille vous pouvez
avoir. Avez-vous peur que les parents ou que les couples nommés à
ces conseils-là nous pondent des aberrations? Du même coup, vous
dites qu'ils connaissent les vrais problèmes et qu'ils vont trouver des
solutions aux vrais problèmes et on n'est pas capable de leur donner la
latitude dans une loi, de pouvoir rendre public le fruit de leur cogitation?
Moi, je ne comprends pas cela. Ce n'est pas un motif de dire: Je suis ministre,
il faut que je sois le premier averti. Oui, on vous donne cela. Je suis
ministre et je veux être le seul à le savoir, je ne suis pas
sûr de cela. La population qui paie en général pour ces
conseils consultatifs est en droit d'avoir le fruit des
délibérations de ces conseils-là et je ne vois pas
pourquoi ce ne devrait pas être automatique dans nos lois. D'autant plus
que, dans le message inaugural du 15 décembre 1985, M. le ministre doit
se le rappeler, vous deviez administrer avec beaucoup de transparence, nous
disiez-vous à l'époque. Depuis lors, on n'a jamais vu autant de
resserrement législatif pour tout cacher et pour camoufler.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, en ce qui concerne le Conseil
supérieur de l'éducation, après vérification, il
n'y a aucune mention de faite sur la diffusion des avis.
M. Rochefort: Vous parlez seulement du délai, M. le
ministre? Je veux seulement...
M. Dutil: Oui, aucune mention sur la diffusion des avis.
M. Rochefort: Je m'excuse, on ne parle pas des mêmes...
M. Dutil: II n'y a pas de délai, il n'y a pas de mention
de la diffusion des avis.
M. Rochefort: Vous parlez de diffusion? M. Dutil: Oui, de
rendre publics les avis.
M. Rochefort: II n'y a aucune mention, d'aucune nature?
M. Dutil: Aucune mention quant au fait de rendre publics les avis
ni d'ailleurs au conseil consultatif de la main-d'oeuvre. Quant au cas du
Conseil supérieur de l'éducation... C'est une loi qui a
été adoptée en quelle année? Quoi qu'y en soit, je
vous donne - 1964 - les années d'adoption de la Loi sur le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre: 1er janvier 1983, et sur la Loi
sur les affaires sociales et de la famille - ce n'est pas si loin que cela: 1er
septembre 1985. Pour citer une autre chose qui peut être
intéressante... Cela a été adopté le 1er mars 1985?
C'est la date de parution ou la date d'adoption? Il faut tenir compte d'une
d'une chose, il y a des lois qui...
M. Dutil: J'ai encore la parole. M. le Président, je
pense?
Le Président (M. Bélanger): Oui. M. Dutil:
Si vous me le permettez. M. Jolivet: Excusez-moi.
M. Dutil: Ce ne sera pas bien long, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Parfait.
M. Dutil: Alors, adoptée en 1982, la loi sur
l'accès aux documents des organismes publics, à l'article 38, se
lit comme suit: "Un organisme public peut refuser de communiquer un avis ou une
recommandation que lui a fait un organisme qui en relève ou qu'il a fait
à un autre organisme public, jusqu'à ce que la décision
finale sur la matière faisant l'objet de l'avis ou de la recommandation
ait été rendue publique par l'autorité compétente."
Je tiens à rappeler, M. le Président, que c'est une loi dont
s'est vanté grandement le Parti québécois lorsqu'il l'a
mise en vigueur et qui s'appelait la loi sur l'accès à
l'information.
M. Chevrette: C'est la loi de l'accès à
l'information que vous citez. Ne mêlez pas tout. Vous êtes en train
de mêler les carottes avec les prunes et d'en faire une bouillabaisse
épouvantable. M. le Président, je demande la parole.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: II y a toujours des limites!
Le ministre va essayer de nous citer des articles que son juriste ou que
son conseiller lui passe.
C'est la loi sur l'accès à l'information et sur la
confidentialité des documents.
Une voix: C'est bien différent.
M. Chevrette: Écoutez une minute! On est à traiter,
au cas où vous ne le sauriez pas, M. le ministre, d'un conseil
consultatif de la famille. C'est un groupe de parents qui vont être
désignés par le Parti libéral actuel pour travailler
à des politiques de la famille et qui vont vous donner des avis.
Pourquoi cacheriez-vous ces avis de personnes responsables et
compétentes, chargées de donner des conseils au gouvernement? On
ne parle pas des documents confidentiels du Conseil des ministres qui sont
soumis à la loi de l'accès sur l'information. Faut le faire en
maudit! Quand un ministre est rendu à se servir de la loi sur
l'accès à l'information, imaginez-vous, pour essayer de justifier
qu'il puisse garder certains avis... De grâce!
Les conseils consultatifs sont créés par loi. Est-ce
clair? On leur donne les pouvoirs qu'on veut bien leur donner et les droits
qu'on veut bien leur donner. Vous avez décidé de donner des
droits plus ou moins larges, c'est votre droit. Vous allez nous battre par le
nombre. Il reste qu'on a le droit d'avoir notre perception d'un les conseil de
la famille qui, à notre avis, devrait avoir le pouvoir de rendre les
avis publics, mais après les avoir fournis au ministre. Sur cela, on est
d'accord. Après avoir avisé le ministre, lui avoir donné
quinze jours, le temps de se préparer une bonne réplique, si
jamais ce n'est pas trop bon pour lui... Après quinze jours, s'il ne
s'en est pas trouvée, ce n'est pas leur faute, ils changeront de
ministre, mais, pour le moment, je pense qu'on doit au moins permettre au
public de connaître ces données.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, on tourne en rond. J'ai
présenté toute mon argumentation sur le sujet et je pense que ce
qui se fait actuellement, c'est de la répétition. Pour ma part,
je n'ai rien à ajouter et je maintiens ma position de tout à
l'heure.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Juste à
des fins de compréhension, M. le député de Laviolette,
l'amendement du ministre à l'article 17 serait le suivant: Tous les avis
du conseil sont transmis au ministre qui doit les rendre publics dans un
délai qui sera d'au plus 60 jours." C'était l'amendement du
ministre. On s'entend qu'il doit y avoir un délai de fixé pour
rendre publics les documents et les avis du Conseil de la famille. Alors, M. le
député de Laviolette,...
M. Chevrette: Me permettez-vous de poser une question au
ministre?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Chevrette: Seriez-vous prêt à accepter, en
addition à cela, que le conseil puisse rendre ses avis publics
après ce délai?
M. Dutil: M. le Président, je ne pense pas que le ministre
se jette volontairement dans l'illégalité. Si on dit dans une loi
qu'on a l'intention de rendre publics les avis dans les 60 jours, ils vont
être rendus publics dans les 60 jours, M. le Président; sinon, on
ne le dirait pas dans le projet de loi. On plaide de l'autre côté
que la majorité va l'emporter sur la minorité. Je pense que c'est
un point dans notre démocratie qui est véritable et valable. Si
on faisait voter une loi et qu'on écrivait dans cette loi de bonne foi -
je l'ajoute séance tenante -qu'on va rendre nos avis publics dans les 60
jours... parce que ce n'était pas notre intention de ne pas les rendre
publics dans un délai raisonnable. L'Opposition argumente sur un
délai raisonnable. Un délai raisonnable, c'est quoi? Bon, on
s'entend sur 60 jours. Notre intention, c'est de les rendre publics dans les 60
jours, c'est bien évident.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: En fait, tout le quiproquo de l'ensemble de la
discussion qu'on a depuis
nombre de semaines a trait, à deux choses. Il y a un avis et il y
a des études. Il y a aussi des recherches qui peuvent être faites.
(16 h 15)
Si je prends l'exemple que donne le ministre sur la qualité de
l'environnement, étant donné les besoins de la population sur le
plan de l'environnement - à l'époque on s'en souviendra - de
pouvoir donner la diffusion la plus large possible à tout ce qui se
passe. Il y a deux choses: On dit: que le ministre doit rendre public le
rapport, cela, c'est une première chose, et il y a aussi de rendre
publics les avis, parce qu'on dit que le ministre a soixante jours pour le
faire. Mais il faut aussi dire que le conseil peut rendre public tout avis
formulé, donc que le conseil en a la capacité, comme on le dit
à l'article 8: "II peut aussi, de sa propre initiative ou à la
demande de personnes ou de groupes, formuler un avis sur les politiques en
matière d'environnement". Donc, quand on prend l'ensemble, il y a ce que
lui-même peut décider, ce que des gens lui demandent de faire et
ce que le ministre lui demande de faire. Et là, il y a un rapport qui
doit être rendu public et il y a des avis qui doivent être rendus
publics. Parfois il y aura des avis qui seront rendus publics dans le rapport,
parfois ils le seront séparément, mais il y a toujours un pouvoir
qu'a le Conseil d'y aller de sa propre initiative et, par le fait même,
de rendre public, lui-même, de sa propre initiative, l'ensemble des
documents qu'il juge approprié dans les circonstances. Cela, ça
donne un débat public intéressant et non pas formulé sous
l'empire d'une décision selon laquelle le ministre peut, pour certaines
raisons qui lui appartenaient à l'époque, empêcher la
diffusion à tel ou tel moment. Même s'il met un délai de
soixante jours, c'est un acquis additionnel, mais quand même une chose
qui peut se jouer dans des laps de temps où l'avis arrivera
peut-être en retard, par rapport à la possibilité que la
population a, par l'intermédiaire de ses élus de prendre des
décisions.
En tout cas, je vous dis simplement que nous allons nous opposer
à la façon. Nous allons comprendre qu'il y a des
améliorations; elles ne sont pas suffisantes, mais on va laisser le
gouvernement faire son lit sur la question.
Le Président (M. Bélanger): Alors je rappelle que
dans les notes explicatives du projet de loi, on dit que ce projet de loi
institue un organisme, le Conseil de la famille, qui aura pour fonction de
conseiller le ministre sur toute question d'intérêt familial et
qu'à l'article 17, on dit que tous les avis du Conseil sont transmis au
ministre qui doit les rendre publics, et vous ajoutez, "dans les soixante
jours".
M. Jolivet: Cela se sont les avis. Vous avez oublié une
chose. C'est pour cela que je vous dis que si le conseil peut de sa propre
initiative faire des recherches, des études, produire des avis à
la demande d'autres personnes que le ministre, il ne peut pas le faire. Il
pourrait le faire s'il avait le pouvoir dans la loi. La seule chose qu'il va
être capable de faire, avec les amendements qu'on amène, ce sont
les avis au ministre. Tout le reste, il n'a pas le droit de le rendre public.
Il ne faut pas oublier cela, parce qu'on n'a pas d'autre pouvoir habilitant
à l'intérieur. Ce sont les avis et, à ma connaissance, le
mot "avis" jusqu'à maintenant.. Là, le ministre nous apporte un
amendement à l'article 15 en disant: "saisir le ministre sous forme
d'avis". C'est toujours un avis au ministre, ce n'est pas un avis à la
population, ni aux organismes consultatifs ou aux organismes familiaux, c'est
toujours au ministre. Donc, ce qu'il va avoir la capacité de rendre
public, ce sont seulement les avis envoyés au ministre. Tout le reste,
études, recherches, sous sa propre initiative ou à la demande
d'organismes, cela, il n'en a pas le droit. En tout cas..
Le Président (M. Bélanger): C'est parce que...
M. Jolivet: C'est quoi un avis, en vertu de la loi?
Le Président (M. Bélanger): C'est une question de
cohérence dans le loi. Honnêtement j'ai de la difficulté
à me situer.
M. Chevrette: Par rapport aux notes explicatives?
M. Rochefort: Qui a écrit cela?
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est un conseil
consultatif. Alors, si j'ai un conseil consultatif, je lui demande des avis,
mais il travaille à ce que je lui demande.
M. Jolivet: Un instant!
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas un un
organisme autonome.
M. Jolivet: D'accord. Prenez l'exemple que j'ai, celui du Conseil
consultatif de l'environnement. Le ministre lui donne des pouvoirs. Donc, le
pouvoir dicte les devoirs du conseil: "Le conseil doit donner son avis au
ministre sur toute question que celui-ci lui soumet relativement aux sujets
visés par la présente loi. II peut aussi, de sa propre initiative
ou à la demande de personnes ou de groupes, formuler un avis sur les
politiques en matière d'environnement. Il peut, à ces fins,
entreprendre les études nécessaires. " Il y a donc deux choses,
trois dans le fond. Le ministre, des organismes ou des personnes peuvent lui en
demander, et le conseil lui-même peut formuler des avis. On dit, à
ce
moment-là à l'article 9: "Le Conseil doit communiquer au
ministre les constatations qu'il a faites et les conclusions auxquelles il
arrive et lui faire les recommandations qu'il juge appropriées. Le
conseil peut rendre public tout avis formulé en vertu du deuxième
alinéa de l'article 8 et toute étude afférente, soixante
jours après l'avoir transmis au ministre."
Donc, le conseil a la capacité, dans une loi qui est aussi la
même chose, si vous allez voir les notes explicatives du Conseil
consultatif de l'environnement... Cela dépend de la capacité que
veut donner le ministre au conseil d'agir ou de ne pas agir. Ce qu'on dit,
c'est qu'il a affaire dans la décision selon seulement ce que lui veut
et non pas sur ce que le conseil pourrait faire. C'est simplement cela qu'on
dit depuis le début.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, toujours concernant l'article
17, je pense qu'on rejoint l'ensemble de l'argumentation qui a
été faite sur l'importance de rendre publics les avis. C'est une
question de forme à laquelle l'Opposition ne veut pas se rendre, mais je
maintiens et je demande à la commission d'appuyer le libellé
proposé par l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, serait-il possible
maintenant de passer article par article dans l'ordre? Avant d'adopter
l'article 17, pour savoir ce que veut dire un avis, il faudrait peut-être
qu'on modifie l'article 15, 2°.
Le Président (M. Bélanger): L'article 15 a
été adopté.
M. Rochefort: Non, le ministre nous a proposé un
amendement tantôt...
M. Dutil: M. le Président, j'ai fait une suggestion de
clarification tout à l'heure.
M. Rochefort: ...qui permet de donner à l'avis un sens
différent de celui qu'il a dans le texte juridique devant nous.
Le Président (M. Bélanger): On reviendrait à
l'article 15, si j'ai bien compris?
M. Rochefort: À l'article 16 et ensuite à l'article
17.
M. Dutil: Je voudrais bien qu'on se comprenne. À l'article
15, j'ai fait une suggestion de rouvrir un article qui était
déjà adopté pour autant que cet amendement ne fasse pas
l'objet d'un nouveau débat interminable comme on en a connu un la
dernière fois.
Le Président (M. Bélanger): La proposition
d'amendement serait quoi, M. le ministre?
M. Dutil: Ce serait...
M. Rochefort: Excusez, M. le Président, je veux bien. Si
on ouvre l'article 15, c'est pour l'amendement, en tout cas en ce qui me
concerne.
M. Dutil: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est que,
parce que j'accepterais de rouvrir l'article 15, ce soit compris par
l'Opposition comme étant la possibilité de refaire de nouveaux
amendements à l'article 15, de refaire de nouveaux sous-amendements
à l'article 15 et de reprendre le débat où on l'a pris.
C'est simplement ce que je veux mentionner.
M. Rochefort: M. le Président, l'objectif de rouvrir
l'article 15 est de mieux préciser le sens du mot "avis" à
2°.
M. Dutil: Ceci est clair. Je propose...
Le Président (M. Bélanger): On s'entend
là-dessus?
M. Rochefort: En ce qui me concerne.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Alors, M. le
ministre.
M. Dutil: Je propose de modifier l'article 15.2° qui se
lirait comme suit: saisir le ministre, sous forme d'avis - c'est ce qu'on
ajoute - de toute question d'intérêt familial qui là, on
biffe "à son avis" puisqu'on vient de l'inclure. Quant au reste de la
phrase, il demeure le même. Alors, on a ajouté "sous forme d'avis"
et on a enlevé "à son avis", retirant l'ambiguïté que
soulevait l'Opposition tout à l'heure sur la signification du mot "avis"
tel qu'il était libellé.
Le Président (M. Bélanger): Alors, l'article
15.2° se lirait comme ceci: "saisir le ministre sous forme d'avis de toute
question d'intérêt familial qui mérite l'attention ou une
action du gouvernement et lui soumettre ses recommandations;". Est-ce conforme,
M. le ministre? Est-ce que l'article 15.2° tel que reformulé est
adopté?
M. Jolivet: On continue toujours à dire sur division, dans
la mesure où l'on connaît le reste.
Le Président (M. Bélanger): Bien. L'amendement
à l'article 15.2° est adopté sur division. Je reviens donc
à l'article 16, si on se comprend bien.
À l'article 16, on lisait l'article comme ceci à la suite
d'une recommandation de M. le ministre: Le conseil doit saisir sous forme
d'avis, le ministre sur toute question ou projet d'intérêt
familial que celui-ci lui soumet.
M. Rochefort: M. le Président. M. Jolivet: II n'y a
pas ça.
Le Président (M. Bélanger): C'est ce que le
ministre avait proposé.
M. Jolivet: C'est à l'article 15. 2°.
Le Président (M. Bélanger): Mais vous aviez dit
à l'article 16 aussi tout à l'heure. Je m'excuse, j'avais
ça en note. II y a erreur, je m'excuse. Je reviens donc à
l'article 16. On efface et on recommence. Il se lisait comme ceci, si vous le
permettez, M. le député de Gouin. "Le conseil doit donner son
avis au ministre sur toute question ou projet d'intérêt familial
que celui-ci lui soumet. "
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: J'avais fait une demande au ministre pour donner
toute la completion aux deux volets, à 15 et à 16: rôle du
conseil, demande du ministre. Je proposerais comme amendement qu'on dise: Le
conseil doit aussi donner son avis au ministre. Ce qui complète ce qu'on
vient de faire à l'article 15. 2°. C'est du bon français,
c'est clair qu'il y a deux poids, deux situations qui se complètent
l'une l'autre, qui ne s'opposent pas. Il n'y en a pas une qui est restrictive
par rapport à l'autre et tout le monde sera content.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, sur la
proposition du député de Gouin de lire: Le conseil doit aussi
donner son avis au ministre sur toute question ou projet d'intérêt
familial que celui-ci lui soumet.
M. Dutil: M. le Président, les bras m'en tombent. Cela me
semble tellement évident que le projet de loi est un tout et que chaque
article est relié aux autres articles qu'il n'est pas nécessaire
de faire ce genre de liaison. Je serais porté à première
vue à recommander à la commission de refuser d'ajouter ce
mot-là. Je n'en ferai pas un plat si les membres de la commission
disent: On ajoute aussi. Pensant que la liaison musicale est meilleure, on va
l'ajouter.
M. Jolivet: M. le Président, il y a une chose que j'ai
apprise, lorsque je présidais à votre place, d'avocats et de
notaires qui m'entouraient à ma droite et à ma gauche lors de
certaines commissions parlementaires. Je dois vous dire que le principe, c'est
trop fort ne casse pas et, dans ce sens-là, il est évident que le
mot "aussi" fait une liaison importante entre l'article 15 et l'article 16.
Dans ce sens-là, nous serions prêts à accepter le mot
"aussi".
M. Chevrette: Des avis qui émanent, on pourrait bien
expliquer...
M. Dutil: II y a une opinion, M. le Président. Je pense
que nous ne devrions pas débattre cela longtemps. J'ai tout simplement
dit que je ne m'y opposerais pas, mais que je trouvais cela inutile. Si
l'Opposition trouve cela utile, si les membres de la commission trouvent cela
utile, il y a une proposition sur la table. Qu'on fasse un vote
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): Je le relis et je
voudrais qu'on le regarde strictement au point de vue sémantique, parce
qu'un projet de loi a l'air fou quand cela est mal rédigé. On en
est responsable.
M. Rochefort: Je suis d'accord avec vous.
Le Président (M. Bélanger): Je veux dire dans... Je
parle de la sémantique, je ne parle pas du contenu ici. "Le conseil doit
aussi donner son avis au ministre sur toute question ou projet
d'intérêt familial que celui-ci lui soumet. " Si c'est lui qui lui
soumet, c'est bien évident qu'il doit lui donner. Je ne vois pas le
"aussi"...
M. Chevrette: Non? Bien, on va vous l'expliquer quand
même.
M. Rochefort: Non, M. le Président. Le "aussi" fait
allusion à deux types d'avis. À l'article 15: "Dans l'exercice de
ses fonctions, le conseil peut: 2° saisir le ministre sous forme d'avis de
toute question, etc. À l'article 16, on dit: "Le conseil doit aussi
donner son avis au ministre sur toute question ou projet d'intérêt
familial que celui-ci lui soumet. " Il y a deux types d'avis. Il y a ceux qu'il
émet de sa propre initiative, sous forme d'avis, à l'article 15
2°, et il y a ceux qu'il fournit au ministre, à sa demande. C'est du
bon français.
Le Président (M. Bélanger): Bien, alors...
M. Rochefort: Vous avez raison, il n'y a rien de pire qu'une loi
mal rédigée.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Alors, vous en
faites une proposition.
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que la
proposition du député de Gouin d'ajouter le mot "aussi"
après "Le conseil doit... " est adoptée? Adoptée? Donc,
l'article 16...
M. Chevrette: Sur la forme d'avis, j'ai une question à
l'article 16.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: "...doit aussi donner son avis au ministre..."
Nécessairement, si vous dites que tous les avis sont divulgués
dans les soixante jours, il faudra au moins spécifier que ce sont tous
des avis écrits, parce que des avis peuvent être verbaux aussi. Si
on veut légiférer d'une façon correcte, ce sont des avis
formels ou écrits.
Le Président (M. Bélanger): Mais en mettant "avis
écrit", est-ce qu'on ne le limite pas? Ce n'est simplement pas...
M. Chevrette: Bien, comment va-t-il rendre public un avis oral?
Il va seulement dire: II m'a dit cela.
M. Dutil: Justement, M. le Président, je pense que,
là, l'initiative est au conseil. Si, à la suite de la demande
d'un avis, puisque le conseil peut prendre l'initiative de ses avis, il le fait
sous forme d'avis à ce moment-là, il n'y a pas de
problème. Mais, à la demande du ministre, on laisse la latitude
au conseil de lui donner un avis verbal si c'est pour savoir quelle serrure de
porte ouvrir ou, si ce sont des choses plus importantes, de décider s'il
désire le faire sous la forme d'un avis formel. C'est à ce
moment-là le conseil qui, tout simplement, prend la décision sur
la forme qu'il donnera à cela, selon qu'il désire que cela soit
rendu public ou non et selon l'importance qu'il estime être celle de
l'avis.
M. Chevrette: Si on met "avis écrit"?
Le Président (M. Bélanger): Vous proposez, M. le
député de Joliette?
M. Chevrette: On écrit "avis écrit".
Le Président (M. Bélanger): Alors: Le conseil doit
aussi donner son avis écrit...
M. Chevrette: Je vais vous expliquer pourquoi. Dans la
cohérence de ce qu'on discute depuis les articles 15, 16 et 17, on se
rend bien compte que tout cela est relié au pouvoir de transmettre un
avis et à la publication dudit avis. Si on gardait le mot "avis" tel
quel, dans le sens où le ministre en a parlé, cela pourrait
être une opinion. Ce n'est pas de cela qu'on discute aux articles 15, 16
et 17. c'est vraiment des initiatives prises par le conseil de préparer
des avis ou bien des réponses à une demande d'avis du ministre.
Comme on a dit que le tout serait rendu public dans les soixante jours, si on
ne spécifiait pas cela là, je pense qu'on manquerait le
bateau.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Je ne partage pas tout à fait la position de
l'Opposition. Je veux juste mention- ner une question de fond, M. le
Président. On avait adopté l'article 16 et on l'ouvre à
nouveau, si je comprends bien?
M. Jolivet: II n'est pas adopté encore.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, l'article 16
n'était pas adopté. L'article 15 était adopté. Il a
été réouvert et adopté à nouveau.
M. Rochefort: C'est l'amendement qui a été
adopté à l'article 16.
M. Dutil: Alors moi, personnellement, je ne pense pas qu'en
encarcanant, justement dans la forme écrite, obligatoirement les avis
que le conseil doit donner au ministre on améliore la situation de
souplesse nécessaire. Sincèrement, je ne pense pas qu'on
l'améliore, d'autant plus que, je le mentionne, le choix de la forme
appartient au conseil. C'est lui qui décidera s'il juge approprié
de faire un avis sous forme formelle ou sous forme non formelle, sous forme
verbale. (16 h 30)
Donc, puisqu'on plaide pour le pouvoir du conseil, je plaide aussi pour
la souplesse que le conseil doit avoir et c'est dans ce sens-là que je
ne partage pas l'opinion du député de Joliette et que je demande
à la commission de ne pas retenir sa proposition.
Le Président (M. Bélanger): Alors, question de
procédure, je relis l'amendement tel que proposé et on le mettra
aux voix par la suite, puisqu'il y a une proposition formelle sur la table.
Alors: "Le conseil doit aussi donner son avis écrit - c'est le
mot qui est ajouté - au ministre sur toute question ou projet
d'intérêt familial que celui-ci lui soumet".
Est-ce que le mot "écrit" dans la proposition... M. le
député de Joliette...
M. Chevrette: Droit de parole.
Le Président (M. Bélanger): ...auparavant, oui.
M. Chevrette: Droit de parole, oui.
Bon! Moi, j'insiste beaucoup parce que, si le ministre demande un avis
au conseil, les trois quarts du temps il va le faire par écrit d'abord
lui-même. Si c'est une discussion informelle qu'il veut avoir, il va
aller rencontrer le conseil pendant deux heures. Cela ne doit toujours pas le
brimer, le fait qu'il puisse discuter très ouvertement avec son conseil.
Qu'il aille les voir plus souvent, les membres de son conseil à part de
cela, au lieu d'être un ministre tuteur qui ne leur parle pas. Moi, je
considère que cela n'enlève rien, cela.
Dès que c'est le ministre qui demande un avis sur un point bien
précis, qu'est-ce qu'il va faire? Il va écrire une lettre en
bonne et due
forme demandant au conseil que le président puisse saisir les
membres de son conseil d'un avis que veut avoir le ministre
délégué. Automatiquement, tu as, dans le paysage une
lettre de demande d'avis écrit, puis tu ne sais pas comment cela a
tourné. Et là, c'est tout le climat d'insécurité et
de méfiance qui peut s'instaurer entre les membres du conseil. Le
ministre a demandé un avis et il vient de déclarer qu'il en a
reçu un, mais on ne sait pas de qui. Quand tu demandes, tu formalises
les avis. Cela n'empêche pas le dialogue pour les demandes d'opinion.
Pour une demande d'opinion, si vous voulez avoir l'opinion du président
du conseil, vous l'appelez et vous lui demandez son opinion. Une demande
d'avis, quand on formalise et qu'on fait des délais, on accole cela
à des délais précis; moi, je pense qu'on ne rit pas de
cela.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
M. Chevrette: Avant de demander de rejeter trop vite une telle
chose, on devrait regarder le texte lui-même.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Donc, je reviens
à la proposition d'amendement du député de Joliette: "Le
conseil doit aussi donner son avis - et le mot "écrit" serait
ajouté ici, donc - écrit au ministre sur toute question ou projet
d'intérêt familial que celui-ci lui soumet."
M. Rochefort: M. le Président, si vous permettez.
Le Président (M. Bélanger): Une dernière
intervention.
M. Rochefort: Je ne suis pas linguiste de formation, mais si
c'est ce qu'on veut mettre, il faut marquer "par écrit".
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: Ce n'est pas un avis écrit, c'est un avis
par écrit.
Le Président (M. Bélanger): Toujours fidèle
au bon français.
Une voix: Par écrit.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez tout à
fait raison.
M. Chevrette: C'est vrai.
Le Président (M. Bélanger): Alors: "donner son avis
par écrit - je vous remercie de la correction - au ministre sur toute
question ou projet d'intérêt familial que celui-ci lui
soumet."
Est-ce que cette proposition est adoptée?
M. Jolivet: Certainement. M. Chevrette: Adopté.
M. Dutil: Certainement pas, M. le Président. Quant
à moi, la commission décide ce qu'elle veut, bien sûr, je
pense et je maintiens la recommandation de ne pas encarcaner, de ne pas enlever
un peu de souplesse, d'autant plus que l'initiative...
Le Président (M. Bélanger): Bon! M. Dutil:
...vient de...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous
demandez le vote, M. le ministre?
M. Chevrette: N'oubliez pas que ce sont à vos demandes.
C'est à votre demande.
M. Dutil: Oui.
M. Chevrette: Avez-vous lu l'article 16 comme il faut?
M. Dutil: M. le Président, j'ai très bien lu
l'article 16, j'ai très bien compris l'article 16, j'ai très bien
argumenté sur l'article 16. J'ai écouté l'argumentation de
l'Opposition. Je ne partage pas son opinion. Je recommande à la
commission de ne pas accepter cet amendement-là et que la commission en
décide.
M. Jolivet: Vote.
Le Président (M. Bélanger): Alors, on demande le
vote. Bien. J'ai la feuille ici. M. le député de Fabre?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne? Il est absent.
M. le député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de
Laviolette?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Et M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Abstention.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Alors, j'ai 4
contre, 2 pour et une abstention. Donc, la proposition d'amendement est
rejetée.
L'article 16 se lit maintenant comme suit: "Le conseil doit aussi donner
son avis au ministre sur toute question ou projet d'intérêt
familial que celui-ci lui soumet. "Il peut communiquer au ministre les
constatations qu'il a faites et les conclusions auxquelles il arrive et lui
faire les recommandations qu'il juge appropriées."
Sur l'article 16, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Jolivet: En tout cas, quant à moi, j'ai
terminé.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
M. Jolivet: Cela sera adopté...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article
16...
M. Chevrette: J'aurais le goût, moi.
Le Président (M. Bélanger): ...est adopté
tel qu'amendé?
M. Chevrette: Moi, j'aurais le goût de faire au moins une
remarque.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je vous en prie.
M. Chevrette: Si à l'article 16, dans le premier
paragraphe, on dit qu'il y a obligation de donner avis, qu'obligation est faite
au conseil de donner avis à la demande du ministre, et si dans le
deuxième paragraphe, il peut communiquer au ministre les constatations
qu'il a faites et les conclusions auxquelles... je ne comprends pas pourquoi le
ministre ajoute cela dans ce cas-là, si toute son argumentation en vertu
de l'article 15.2° lui donnait tous ces pouvoirs. J'aimerais avoir au moins
avoir réponse à cela avant de voter pour cela.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Ce sur quoi le deuxième paragraphe de l'article
16 porte, à la suite du premier paragraphe, c'est qu'il peut communiquer
au ministre les constatations qu'il a faites pour les avis que demande le
ministre, les conclusions auxquelles il est arrivé pour les avis que lui
demande le ministre et les recommandations qu'il juge appropriées pour
l'avis que demande le ministre. On a rattaché le deuxième
paragraphe de l'article 16, évidemment, au premier paragraphe. Cela n'a
pas de rapport avec l'article 15.2°.
Le Président (M. Bélanger): Juste une question de
compréhension, M. le ministre. "Il peut communiquer" cela veut dire que,
s'il ne le veut pas, il ne communique pas?
M. Dutil: Non, c'est juste...
Le Président (M. Bélanger): Je pose juste la
question. Elle est peut-être stupide, mais...
M. Dutil: Ce que cela veut dire, c'est que, dans les formes que
cela peut prendre, il peut communiquer l'ensemble des choses, par les
constatations, les conclusions ou les recommandations qu'il juge
appropriées.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Or, l'article
16, tel qu'amendé avec le mot "aussi", est-il adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division.
J'appelle l'article 17: L'article 17 actuel, puisque nous en avons
discuté tout à l'heure, mais que nous ne l'avons pas
adopté, c'est: "Le conseil peut, avec l'autorisation du ministre, rendre
publics ses avis." M. le ministre nous a déposé un amendement qui
se lit comme ceci: Tous les avis du conseil sont transmis au ministre qui doit
les rendre publics dans les 60 jours.
M. Dutil: M. le Président, c'est: "dans un délai
d'au plus 60 jours" tel que le suggérait le député de
Gouin. C'est une proposition qui a tellement de bon sens que je voudrais, s'il
me le permet, la faire mienne. Maintenant, s'il désire que ce soit un
amendement qu'il apporte à ma proposition elle-même...
M. Jolivet: Non, non.
M. Dutil: ...et en avoir le mérite, évidemment, je
ne voudrais pas le lui enlever.
Le Président (M. Bélanger): C'est au Journal des
débats, de toute façon.
M. Rochefort: M. le Président, je travaille aux
résultats.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, c'est à votre honneur.
Or, l'article 17, tel qu'amendé...
M. Jolivet: M. le Président, comme il ne répond pas
à l'ensemble des questions qu'on s'est posées depuis le
début, ce sera sur division, bien entendu, malgré l'amendement
qui est meilleur que l'article 17 déjà existant, mais cela ne
comble pas l'ensemble de nos attentes.
Le Président (M. Bélanger): D'accord Adopté
sur division.
M. Chevrette: Moi, je ne sais pas. Il a donné son opinion,
je voulais donner la mienne.
Le Président (M. Bélanger): Vous êtes le chef
de son parti.
M. Jolivet: Non, non...
M. Chevrette: Non, non, c'est parce que je donne mon opinion dans
la discussion. Il dit:
Voici, je n'ai pas discuté... Mais moi, j'ai l'intention de
parler.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, la coutume
veut que, lorsque le critique officiel nous donne une position, c'est celle qui
est adoptée, mais je...
M. Chevrette: Ah! J'ai le goût de parler jusqu'à 18
heures sur cet article.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Joliette. Vous avez tous vos droits et on les
respecte.
M. Chevrette: Qu'arrive-t-il avec les rapports? La question
s'adresse au ministre. Qu'arrive-t-il avec les rapports qui sont donnés
par le conseil au ministre? Comment peut-on y avoir accès?
M. Dutil: Pardon? Vous voulez dire les rapports verbaux?
M. Chevrette: Non, non, les rapports écrits qui se font
à l'intérieur. Comment peut-on y avoir accès?
M. Dutil: La loi sur l'accès à l'information est
assez claire là-dessus: "La présente loi s'applique aux documents
détenus par un organisme public dans l'exercice de ses fonctions, que
leur conservation soit assurée par l'organisme ou par un tiers. Elle
s'applique quelle que soit la forme de ces documents: écrite, graphique,
sonore, visuelle, informatisée ou autre." Je pense que c'est par la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels que vous pouvez y avoir accès.
M. Chevrette: Pour les recherches, est-ce la même
chose?
M. Dutil: Je pense que l'ensemble des documents et des autres
supports est couvert Je pense que cela est très large. Je vous le
répète Ce sont des documents écrits, graphiques, sonores,
visuels, informatisés ou autres.
M. Chevrette: Comment justifiez-vous que vous soumettiez à
la loi sur l'accès à l'information l'ensemble des études
d'un conseil consultatif qui est d'ordre public, alors que d'habitude, dans les
conseils, on se fend en quatre pour publiciser les recherches, pubJiciser les
études? Comment se fait-il que vous subordonniez cela à la loi
sur l'accès à l'information plutôt que de dire que tout est
public?
M. Dutil: M. le Président, je ne dis pas que c'est soumis
à la loi sur l'accès. Ce que l'Opposition me dit, c'est
qu'advenant...
M. Chevrette: Bien, cela fait quatre fois, cet après-midi,
que comme seule réponse vous me lisez cet article.
M. Dutil: Est-ce que j'ai la parole, M le Président?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre
M. Dutil: Merci. Ce que je dis. À ce que le
député de Joliette me demande, c'est comment peut-on être
sûr que, contre la mauvaise volonté que pourrait avoir
éventuellement un ministre qui, pourtant, il vient de le dire, n'aurait
pas intérêt à cacher ces choses-là puisqu'on veut
diffuser le plus largement possible tout ce qui concerne la famille... Mais il
me dit: Si jamais un ministre...
M. Chevrette: Je n'ai pas dit si jamais.
M. Dutil: ...était entêté à ce point
que, lui, décide qu'il refuse l'accès, à ce
moment-là, il y a un recours qui existe, une loi qui a été
adoptée il y a quelques années, et qui s'appelle Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. Cela est le recours ultime Mais, évidemment,
il n'y a aucun intérêt pour un ministre à cacher des
renseignements qui doivent être diffusés le plus largement
possible dans le meilleur intérêt des familles du Québec
Alors, puisqu'il ne veut pas prendre ma bonne volonté et ma parole comme
étant suffisantes, je lui dis qu'il y a un autre moyen ultime qui existe
Mais je peux l'assurer que ma bonne volonté et ma parole sont aussi
quelque chose de très valable.
M. Chevrette: Bien oui, je voudrais en tenir compte, mais vous
m'avez dit depuis tantôt que vous vouliez simplifier les choses, que ce
soit
simple, que ce soit clair. Là, vous compliquez la vie en disant:
Tu te serviras de la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels si tu veux avoir des
documents. Je ne sais pas...
M. Dutil: Je ne dis pas cela, je dis: si le député
de Joliette n'est pas satisfait et pense qu'il n'a pas obtenu tous les
documents. Cela ne veut pas dire qu'ils ne seront pas transmis.
Le Président (M. Bélanger): Donc, l'article 17 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Dutil: Adopté.
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division, merci.
J'appelle l'article...
M. Chevrette: Un instant! J'aurais pu donner mon opinion.
Le Président (M. Bélanger): Pardon?
M. Chevrette: On va vous lire un passage avant d'adopter
la...
M. Jolivet: En fait, voici ce qui arrive, c'est que je rappelle
toujours qu'il y a autre chose. Pour le Conseil du statut de la femme comme
celui sur l'environnement dont je faisais mention tout à l'heure, on
dit: Le conseil peut fournir de l'information au public sur toute question...
C'est le cas du Conseil du statut de la femme. Dans le cas du Conseil
consultatif sur l'environnement, on dit: "Le conseil peut rendre public tout
avis formulé en vertu du deuxième alinéa et toute
étude afférente... Donc, toute étude afférente,
c'est tout ce qu'il a pu faire comme études, comme recherches,
après qu'il l'a transmis au ministre, mais dans les 60 jours
après la transmission au ministre.
Ce que je voulais dire tout à l'heure, c'est que la discussion
avait été faite, quant à moi. On aura beau argumenter et
argumenter, le ministre ne veut rien savoir. Alors, qu'il vive avec sa loi.
C'est dans ce sens-là que je disais qu'on va l'adopter sur division. On
va arrêter la discussion. Le ministre nous dit: Ne faites pas de
répétition. J'ai un malheur dans ma vie, je suis enseignant de
carrière. Un enseignant... On m'a toujours appris en
psychopédagogie que, pour essayer de faire comprendre quelque chose
à quelqu'un, il fallait le lui répéter tellement souvent,
alors, c'est ce que je fais. Maintenant que j'ai compris que le ministre s'est
entêté pour autre chose et comme il a le droit de faire son lit
comme il le veut, qu'il vive avec. À ce moment-là, moi, je dis
qu'on va l'adopter sur division.
M. Chevrette: Leur as-tu dit que, comme enseignant, tu avais
rencontré toutes sortes de quotients?
M. Jolivet: Ah oui!
Le Président (M. Bélanger): Venant d'un autre
enseignant...
M. Chevrette: Un à zéro.
Le Président (M. Bélanger): Alors, l'article 17
est-il adopté tel qu'amendé?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division, merci.
J'appelle l'article 18. L'article 18 se lit comme suit: "Le conseil peut former
des comités pour l'étude de questions particulières et
déterminer leurs attributions. "Ces comités peuvent être
totalement ou partiellement formés de personnes qui ne sont pas membres
du conseil. "Les membres de ces comités ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. Ils ont cependant droit au
remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs fonctions,
aux conditions et dans la mesure que détermine le gouvernement."
M. le ministre d'abord et M. le député de Laviolette.
M. Dutil: Alors, je voudrais remercier le député de
Laviolette d'avoir cessé de répéter la même chose,
puisqu'il a compris que j'avais d'abord compris son argumentation, que,
finalement, je n'étais pas d'accord avec son argumentation, non pas que
je n'avais pas compris son argumentation, mais que je souhaitais que la
discussion finisse sur cela et qu'on adopte l'article 17. Quant à
l'article 18, M. le Président, il ressemble fort à celui qu'on
retrouve dans la Loi sur le Conseil des affaires sociales et de la famille.
Comme on le voit, cela dit au Conseil de la famille toute la latitude qu'il
peut avoir pour étudier les questions qui concernent la famille.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Laviolette. (16 h 45)
M. Jolivet: M. le Président, pourquoi j'ai
arrêté de répéter, c'est parce que j'ai compris une
chose, le ministre veut vivre avec quelque chose qui va être imparfait.
Il va faire en sorte qu'à la fin c'est l'ensemble des familles au
Québec qui va en subir les contrecoups; on verra cela en temps et
lieu.
D'un autre côté, j'aurais une petite question à
poser au ministre, quand il dit: "Le conseil peut former des comités
pour l'étude de questions particulières et déterminer
leurs attributions." Est-ce que le ministre peut me dire - et là, qu'il
ne me réfère pas à d'autres projets de
loi en me disant que cela existe comme tel, je lui pose une question. -
ici, si cela pourrait aller jusqu'à dire que le conseil peut permettre
aux comités qui vont être formés de pouvoir rendre publics
leurs avis, leurs recherches ou leurs études?
M. Dutil: Evidemment, les recherches sont faites...
M. Jolivet: C'est parce que, écoutez, c'est marqué:
"...et déterminer leurs attributions." Leurs attributions, est-ce que
cela permet aux comités de pouvoir rendre publiques des choses ou est-ce
que les comités sont subordonnés à la même directive
que le conseil?
M. Dutil: II est évident que les comités sont
subordonnés au conseil. Les comités rendront leurs avis au
conseil qui, lui, les rendra au ministre.
M. Jolivet: La deuxième partie de ma question concerne la
rémunération. Je pourrais longuement argumenter encore une fois,
je l'ai fait à plusieurs occasions au début de la commission,
quant à la nomination des membres du conseil lui-même. Je ne
reprendrai pas la même argumentation parce que ce sera toujours la
même. C'est que le gouvernement a décidé, par une
décision du président du Conseil du trésor dans un fameux
rapport, de ne plus rémunérer personne pour toutes sortes de
raisons mais, par la bande, de leur permettre d'avoir, peut-être, de la
rémunération différemment. C'est là qu'on dit: "Les
membres de ces comités ne sont pas rémunérés sauf
dans les cas où, aux conditions", etc. Donc, c'est en vertu du
décret qui décide cela et fart que des gens de commissions
reçoivent des rémunérations, que des gens de
comités n'en reçoivent pas, que des gens de conseils en
reçoivent et que d'autres n'en reçoivent pas, selon la
décision du ministre.
Le ministre doit savoir que les gens qui vont participer à ces
comités sont des personnes qui n'ont pas la même capacité
qu'un fonctionnaire ou qu'une personne travaillant dans une institution ou dans
un organisme gouvernemental et qu'en conséquence il va devoir
réviser la décision qui a été prise de ne rien
verser à ces gens, comme une personne qui est dans sa famille et qui
vient rendre service à la population, à l'ensemble de la
collectivité. En conséquence, il devrait être de ceux qui
demandent au président du Conseil du trésor, étant
lui-même aussi au Conseil du trésor, de changer sa décision
pour permettre qu'on ait un éventail de gens venant de différents
milieux et qui peuvent participer à ces comités, ces commissions
et ces conseils.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je réfère le
député de Laviolette à l'ensemble de la discussion que
nous avons eue sur l'article 11. Ce sont les mêmes arguments,
substantiellement, que je livrerais si j'acceptais de me répéter
continuellement. Mais, étant donné que je pense que
l'intelligence du député de Laviolette est suffisamment forte
pour pouvoir prendre les galées et relire mon argumentation, il
comprendra que ce n'est pas nécessaire de revenir sur l'ensemble de
cette argumentation et que je n'ai pas changé d'opinion depuis ce
temps.
M. Jolivet: C'est ce que je trouve malheureux.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Je veux simplement faire un commentaire, M. le
Président, justement sur cette question, quand le ministre nous
présente l'article 18 comme étant toute la possibilité de
pleine marge de manoeuvre et d'autonomie au conseil. En ce qui me concerne, la
différence qui existe entre l'article 12 de la Loi sur le Conseil des
affaires sociales et de la famille et l'article 18 de son projet de loi, quant
à la rémunération et l'allocation de présence, est,
justement, une limitation de l'autonomie et de la pleine marge de manoeuvre
dont peut et doit jouir un conseil de cette nature. Il faut bien comprendre,
quand on dit: " Les membres de ces comités ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut le déterminer le gouvernement", qu'on va donc se
retrouver dans des situations, lorsque le conseil créera des
comités qui, pour des raisons X,Y,Z, font l'affaire du ministre,
où il risque d'y avoir droit de rémunération. Mais, dans
la mesure où, pour des raisons X, Y, Z, ils ne font pas l'affaire du
ministre ou ce ne sont pas des comités que souhaiterait le ministre, il
y aura donc un moyen d'intervention direct et concret de la part du
gouvernement, de la part du ministre, sur la composition, la constitution et
l'initiation d'un certain nombre de comités de la part du conseil. Cela,
en ce sens, ne correspond pas au laïus que le ministre nous a fait dans
l'introduction de l'article 18, c'est absolument le contraire, c'est une
limitation de l'autonomie du conseil et il faut l'avouer telle qu'elle est.
M. Dutil: Je pense que le député de Gouin nous
prête des intentions malveillantes et qui ne sont pas fondées
à la lecture de l'article Si le gouvernement a décidé de
former un Conseil de la famille, c'est parce qu'il jugeait important d'avoir un
Conseil de la famille et l'article 18 vient ajouter et amplifier ce que peut
faire le Conseil de la famille et le préciser davantage, de façon
qu'on n'ait pas à se poser éternellement des questions
là-dessus. Je ne suis pas du tout du même avis que le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je suis sympathique aux
émissions d'opinion, aux perceptions, aux sensibilités et
à tout cela, mais je m'excuse, le ministre nous présente
l'article 18 en relation avec l'article 12 de la Loi sur le Conseil des
affaires sociales et de la famille et il y a un retrait d'autonomie par rapport
à ce qu'on retrouve comme dispositions à l'article 12 du Conseil
des affaires sociales et de la famille. Le ministre pourra nous tenir le
discours qu'il voudra quant à ses intentions, ses perceptions, ses
souhaits ou ses voeux, mais il y a la une distinction à la baisse,
restrictive, quant à ce qui existe dans la loi actuelle du Conseil des
affaires sociales et de la famille. Sinon, M. le Président, juste pour
compléter mon raisonnement, pourquoi le ministre aurait-il le pouvoir de
rémunérer certains membres, des membres de certains
comités, et de choisir de ne pas rémunérer des membres
d'autres comités, donc de faire une sélection, une discrimination
entre différents types de comités créés par le
conseil?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, simplement pour rappeler à tout le monde,
cependant - le ministre ne s'en souvient peut-être pas - mais qu'il y a
une décision qui a été rendue par le Conseil du
trésor et qui vient limiter l'application de l'article 12 du Conseil des
affaires sociales et de la famille dans le même sens que la proposition
qui est faite immédiatement dans l'article 18. Mais le ministre
connaît aussi, parce qu'il est membre du Conseil du trésor, la
discussion qui a eu lieu l'an passé, au Conseil des collèges,
avec les commissions, les comités et autres. On s'est aperçus de
l'aberration qui existe dans les décisions qui ont été
prises par le président du Conseil du trésor, donc, dans un
décret spécial, et qui enlève, dans tous les projets de
loi, la partie de la rémunération, mais qui laisse au ministre la
capacité de faire des représentations au Conseil du trésor
et qui fait qu'actuellement, par la bande, on est en train de
réintroduire, pour certaines catégories de personnes, des
rémunérations, alors qu'à ceux qui en ont peut-être
le plus besoin on les enlève, en mettant cela déjà dans
les projets de loi, pour simplement dire que, en fin de compte, on respecte ce
que l'on avait décidé de prendre comme décision, soit de
ne pas rémunérer les gens des conseils consultatifs. Mais, quand
on regarde des gens qui sont payés à fort prix - et on a des
exemples typiques actuellement avec des firmes qui sont payées pour
faire des recommandations aux ministres, alors que, dans certains cas, ce sont
des conseils qui devraient le faire - on s'aperçoit qu'il y a deux
catégories de personnes, que le gouvernement actuel
rémunère ceux qui font son affaire et ceux qui ne font pas son
affaire... C'est le danger que l'on voit ici.
Le Président (M. Bélanger): Alors, l'article
18...
M. Chevrette: Cela ne vous ébranle pas en rien, M. le
ministre?
M. Jolivet: Non, il ne veut rien savoir.
M. Chevrette: C'est intouchable, cela? Deux poids, deux mesures:
les "chums" peut-être; vous, les fous de bénévoles, non.
C'est ce que cela veut dire.
M. Dutil: M. le Président, le député de
Joliette n'était pas là lors de nos dernières
séances, c'est pour cela que j'ai...
M. Chevrette: Pas besoin d'être là pour constater
que vous ne comprenez rien.
M. Dutil: Quand j'ai la parole, M. le Président, est-ce
que j'ai le droit...
Le Président (M. Bélanger): On respecte votre droit
de parole, M. le ministre.
M. Dutil: Je ne sens pas cela, cela fait plusieurs fois que le
député de Joliette m'interrompt alors que je viens de prendre la
parole.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
je dois m'occuper de la procédure, je vous prierais de faire votre
intervention.
M. Dutil: Alors, vous comprenez que j'ai la politesse, en
général, de ne pas parler en même temps que quelqu'un
d'autre et, quand le député de Joliette m'interrompt, cela
m'interrompt. Je ne pense pas que ce soit dans la procédure normale et
je pense bien avoir le droit de faire un rappel au règlement.
Le Président (M. Bélanger): Oui, M. le ministre. Je
vous remercie. Alors, si vous voulez présenter votre argumentation.
M. Dutil: Ceci dit, on a longuement argumenté, à
l'article 12, sur ces mêmes considérations. J'ai
présenté l'ensemble de mon argumentation, et je
référerais le député de Joliette à cette
argumentation-là qui est en long et en large, sur plusieurs pages. Je
vais lui dire exactement le fond de ma pensée. Alors, quand il dit que
cela ne nous ébranle pas, c'est parce que cette discussion-là a
été faite, que j'avais mentionné que, honnêtement et
sincèrement, je ne partageais pas l'opinion de l'Opposition
là-dessus et que j'étais en désaccord avec les amendements
qu'elle proposait à ce moment-là.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je trouve que le ministre est plus loquace sur les
leçons de politesse que sur le fond des choses.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on s'en tient aux...
M. Chevrette: Ceci dit, M. le Président, pas besoin
d'être assis toujours à la table ici pour comprendre le ministre,
on a des instruments branchés directement sur les commissions et pour
entendre exactement ce qui se dit ici, pour son information, et
deuxièmement, ce ne sont sûrement pas ses discours ou ses
réponses aux arguments et aux propositions faites par l'Opposition qui
ont été très éloquents.
C'est clair et net, on lui donne noir sur blanc des exemples qui peuvent
se produire avec des textes législatifs qui peuvent amener, purement et
simplement, des pouvoirs discrétionnaires dans le traitement des
personnes. Et, en particulier, celui de personnes qui, bien souvent, ont fait
quinze ou vingt ans de bénévolat, qui vont accepter d'aller
travailler deux, trois ou quatre jours à Québec à un
sous-comité de travail et qui n'auront pas un traître cent parce
qu'elles sont impliquées et tout le kit. Quand arrivera le temps
où c'est un "chum", vous allez lui en donner par de petites pressions
par la bande. On vous connaît, vous agissez de même depuis deux ans
et trois mois. Par la bande, un petit "chum", qui a besoin d'un sous-contrat de
consultant, là, vous pourrez dégager les fonds pour le payer. On
vous dit que ce n'est pas de cette façon que cela devrait se faire. Cela
devrait se faire par l'autonomie du conseil. C'est clair. Il me semble que cela
devrait être assez précis et que cela doit demander une
réponse intelligente et non pas un sourire.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 18? Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
L'article 18 est adopté sur division. J'appelle l'article 19. "Le
conseil peut pourvoir à sa régie interne". M. le ministre.
M. Dutil: Sans commentaires, M. le Président.
M. Chevrette: On lui a donné le pouvoir,
imaginez-vous!
Le Président (M. Bélanger): Pas de commentaires.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Non? Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. M.
Jolivet: Vous n'avez pas lu le contraire. Rapport
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article 20
qui se lit comme suit: "L'exercice financier du conseil se termine le 31 mars
de chaque année. " Est-ce que l'article 20 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 21? "Le
conseil transmet au ministre, au plus tard le 30 septembre de chaque
année, un rapport de ses activités de l'exercice financier
précédent Est-ce qu'il y a des commentaires à l'article
21?
M. Jolivet: Oui, M. le Président, à moins que le
ministre n'ait des choses à dire avant.
Le Président (M. Bélanger): M le ministre.
M. Dutil: Je n'ai pas de commentaires. M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Nous allons reprendre un amendement que nous avions
présenté dans l'hypothèse d'un article 15 amendé et
qui a été refusé. Ici, le ministre va peut-être
l'accepter étant donné qu'on arrive à l'article 21. On
dit: "Le conseil doit produire un rapport annuel public faisant état
d'une évaluation du développement de la politique familiale,
notamment en tenant compte des rapports annuels des ministères et des
organismes concernés. " Donc, il me semble qu'il devrait y avoir plus
que simplement un rapport des activités. Il devrait y avoir l'ensemble
de ce qu'il constate, comme organisme, de l'évolution de toute la
politique familiale pour qu'on sache, à l'intérieur des
organismes et ministères, ce qui se passe.
Le ministre a dit: Enfin, le gouvernement doit, dans ses organismes et
ministères, penser famille. Je voudrais bien voir un exemple de ce qu'on
appelle le passage de la parole aux actes J'ai entendu un autre ministre de ce
gouvernement nous dire qu'ils avaient fait un changement, et je donne cela
comme exemple, en matière d'environnement: ils ont décidé
de prendre un virage environnementaliste. Pendant ce temps, dans ma propre
région, on fait des demandes pour passer de la parole aux actes en
disant: II y a du bois qui descend la rivière Saint-Maurice; vous
devriez donc décider de passer des paroles aux actes.
C'est la même chose ici. On dit au ministre: II y a des
organismes, des ministères qui devront penser famille, on devra le
sentir. Quelle per-
sonne serait la plus apte à nous rendre compte de
l'évolution des mentalités pour le bien-être de l'ensemble
des familles au Québec? C'est le conseil consultatif. Nous pensons que
le ministre, dans les décisions qu'il a à rendre comme actuel
président du Conseil du trésor ou comme ministre à
l'intérieur du Conseil des ministres, devra défendre ses
collègues dans certaines circonstances et, en conséquence, nous
croyons qu'il serait, pour les besoins d'une réelle politique familiale
au Québec, nécessaire que le conseil rende publique toute la
façon dont il voit l'évolution de cette politique familiale au
Québec, dans son développement, dans ses agissements, en fait,
dans toute la capacité qu'a le conseil de regarder ce qui se fait
annuellement et pour que la population en soit avertie. (17 heures)
C'est dans ce sens-là, il me semble, quand on dit: "Le conseil
transmet au ministre, au plus tard le 30 septembre de chaque année, un
rapport de ses activités de l'exercice financier
précédent", qu'on devrait, à ce moment-là, indiquer
que c'est un rapport qui fait état de l'évolution du
développement de la politique familiale et, de façon plus
précise, qui nous permet de regarder l'ensemble des rapports annuels des
ministères et des organismes concernés par la politique familiale
au Québec. Or, il me semble que le ministre devrait accepter qu'un
amendement soit proposé dans ce sens-là.
Le Président (M. Bélanger): La proposition
d'amendement, vous la formulez comment?
M. Jolivet: Le conseil transmet au ministre au plus tard le 30
septembre de chaque année un rapport annuel public faisant état
d'une évaluation du développement de la politique familiale,
notamment en tenant compte des rapports annuels des ministères et
organismes concernés et rend public un rapport de ses activités
de l'exercice financier précédent.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Je ne crois pas que modifier l'article 21 dans le sens
que le demande le député de Laviolette soit correct. Il faut voir
que, dans le cas du Conseil supérieur de l'éducation et du
Conseil des collèges, où il y a un pouvoir qui s'apparente
à celui proposé ici, le contexte est bien différent du
nôtre, c'est-à-dire que c'est dans le contexte d'une politique
sectorielle, d'une politique verticale et non pas d'une politique qui est comme
celle de la politique familiale, multisectorielle et horizontale, où on
demande à l'organisme d'évaluer dans des secteurs
d'activité définis la réalisation du ministère dont
le ministre responsable de l'organisme est titulaire. C'est le cas de
l'Éducation.
Dans notre cas il en va bien différemment puisque ce n'est pas
sur des activités qui ne relèvent pas de l'autorité du
ministre responsable que le Conseil de la famille aurait à se prononcer,
mais plutôt sur des activités relevant de l'autorité
d'autres ministres sectoriels. Il s'agit donc d'un contexte différent
qui se prête moins bien à ce genre d'exercice. D'ailleurs, je
tiens à préciser que rien dans la loi, telle que
rédigée actuellement, ne paraît pouvoir empêcher le
Conseil de la famille qui voudrait se prononcer sur le développement de
la politique familiale d'en faire une évaluation s'il le désire
ou s'il le juge à propos, ou encore de faire rapport sur ce qu'il
considère être les besoins de la famille. Si le conseil
décidait de le faire, il pourrait le faire. C'est un pouvoir qu'il
possède en vertu de la loi et qu'on retrouve à l'article
15.2° particulièrement.
M. Jolivet: Pour la compréhension du texte, M. le
Président, on pourrait prendre le texte qui est là: "Le conseil
transmet au ministre, au plus tard le 30 septembre de chaque année, un
rapport de ses activités de l'exercice financier
précédent". De plus, il peut produire un rapport annuel faisant
état... Ce que je disais. On va vous le produire. Mais, même si
vous le produisiez, le ministre semble dire non dès le
départ.
Le Président (M. Bélanger): La proposition
d'amendement du député de Laviolette se lit comme suit:
"L'article 21 du projet de loi 94 est modifié par l'ajout de la phrase
suivante". Je lis l'article 21 et j'ajouterai la phrase: "Le conseil transmet
au ministre, au plus tard le 30 septembre de chaque année, un rapport de
ses activités de l'exercice financier précédent." La
proposition du député de Laviolette commence ici: De plus, le
conseil doit produire un rapport annuel public faisant état d'une
évaluation et du développement de la politique familiale,
notamment en tenant compte des rapports annuels des ministères et
organismes concernés.
M. Jolivet: Vous faites une erreur de retranscription, c'est:
évaluation "du" développement. Vous avez dit "et". Est-ce qu'on a
écrit "er"?
Le Président (M. Bélanger): Évaluation du
développement. Excusez-moi. C'est: ..."faisant état d'une
évaluation du développement de la politique familiale..." C'est
moi qui ai mal lu, je m'excuse.
Alors, l'amendement proposé par le député de
Laviolette à l'article 21 est-il adopté?
M. Jolivet: Je demande le vote.
Le Président (M. Bélanger): Vous demandez le vote?
C'est bien. J'appelle le vote. M. le député de Fabre?
M. Joly: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle le vote sur
l'amendement proposé par le député de
Laviolette à l'article 21. M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne? Il est absent. M. le député
de Taschereau?
M. Leclerc: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sinros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Nous avons cinq contre
et deux pour. L'amendement est donc rejeté. Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. J'appelle l'article 22 qui se lit comme suit: "Le ministre
dépose ce rapport à l'Assemblée nationale dans les 30
jours de sa réception si l'Assemblée nationale est en session ou,
si elle ne siège pas, dans les 30 jours de l'ouverture de la session
suivante ou de la reprise des travaux".
Est-ce que l'article 22 est adopté?
M. Jolivet: M. le Président, la seule chose qu'on veut
dire, c'est une formulation habituelle dans les projets de loi. La seule chose,
c'est l'utilisation qu'on en fait souvent et qui nous a amenés à
avoir des rapports qui sont retardés, simplement, pour ne pas avoir
à les déposer à telle date. On a vu cela,
dernièrement, sur certains rapports de certains ministres à
l'Assemblée nationale. Nous ne pouvons pas être contre la
formulation comme telle. Ce sur quoi on peut être contre, c'est
l'utilisation qu'on en fait.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, l'article
22 est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
M. Dutil: Adopté.
Dispositions diverses et finales
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article 23:
"Le titre de la Loi sur le Conseil des affaires sociales et de la famille
(L.R.Q., chapitre C-57) est remplacé par le suivant: "Loi sur le Conseil
des affaires sociales" " C'était la loi qui s'appelait auparavant Loi
sur le Conseil des affaires sociales et de la famille. On enlève donc
les mots "et de la famille" puisqu'il y a une loi particulière pour la
famille.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je veux faire une
intervention à ce moment-ci sur ce qui est en train de se produire au
Conseil des affaires sociales et de la famille, qui va se retrouver dans une
situation où, à tout bout de champ, on tente de lui enlever des
responsabilités, de réduire son champ d'action. On se rappellera
le projet de loi qui, je pense, n'a pas été appelé
finalement, qui était 40 ou 42, qui avait été
déposé par l'actuel ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu où, dans la constitution de son
conseil, du réaménagement de son conseil consultatif, il retirait
là aussi des responsabilités au Conseil des affaires sociales et
de la famille.
Dans le cas qui nous occupe, on va retirer le volet famille au Conseil
des affaires sociales et de la famille. On sait que le ministre est un ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux.
Il connaît mieux que moi les intentions du ministère de la
Santé et des Services sociaux quant à l'avenir du Conseil des
affaires sociales et de la famille qui sont, à toutes fins utiles, de
l'abolir pour en faire un service du ministère. Je trouve cela une
erreur que, M. le Président, dans un gouvernement, dans un État -
ce n'est pas une affaire gouvernementale, c'est une affaire de l'État
québécois - on élimine des organismes de l'importance et
de l'utilité du Conseil des affaires sociales et de la famille en tant
qu'en tité complète qui constitue un tout. Je pense, M le
Président, qu'il peut être parfaitement cohérent de
constituer l'actuel Conseil de la famille, ce avec quoi je suis d'accord, mais
de garder au Conseil des affaires sociales et de la famille ses
responsabilités actuelles.
Ce n'est pas possible. Je comprends, M. le Président, il y a un
comptable devant nous, et lui, trois moins deux, il est content que cela fasse
un; cela est sa seule préoccupation M le Président, s'il avait un
peu de sensibilité sociale et s'il avait enclenché le virage
social auquel le président de son parti l'invitait il n'y a pas si
longtemps, il comprendrait qu'il est absolument important que le Conseil
des affaires sociales et de la famille garde toute son entité, toutes
ses responsabilités, tous ses mandats. M. le Président, les
questions de sécurité de revenu, les questions de santé,
les questions de services sociaux et les questions de famille sont très
souvent intimement liées. De faire en sorte qu'il n'y ait plus
d'organisme qui puisse regarder l'ensemble des relations qui existent entre ces
différentes questions, c'est se rendre un mauvais service comme
société. Je pense qu'en ce sens il s'agit là d'une
décision malheureuse, qu'à chaque occasion on vise à
affaiblir, à réduire, pour finir par mettre la clé dans la
porte du Conseil des affaires sociales et de la famille.
Je maintiens, M. le Président, qu'on pourrait très bien
avoir un conseil dont la responsabilité exclusive serait de s'occuper de
questions familiales, ce qui nous occupe dans le projet de loi 94, mais aussi
de continuer à avoir un conseil plus large qui s'occupe de questions
sociales, de questions de sécurité du revenu, de questions de
santé, de questions de services sociaux et de questions familiales
intégrées les unes aux autres parce qu'il y a là une
dimension fort importante. Dans la mesure, M. le Président, où le
ministre refuse l'amendement que lui proposait le député de
Laviolette tantôt, où le Conseil de la famille aurait eu au moins
la responsabilité, dans son rapport, de regarder ce qui se fait ailleurs
dans les autres ministères pour essayer de voir si, pour la famille en
tant que telle, il n'y a pas des choses qui posent des problèmes, je
pense qu'au minimum la cohérence serait de maintenir au Conseil des
affaires sociales et de la famille ses mandats actuels, tout en donnant tous
les mandats qu'on vient de donner au Conseil de la famille. Avec un peu
d'ouverture d'esprit et un peu d'esprit progressiste et de sensibilité
sociale, le ministre va comprendre que cela se concilie, l'existence des deux,
contrairement à la réaction spontanée qu'il a
manifestée que trois moins deux font un et il faut que cela reste
là.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Alors, M. le Président, pour ce qui est de
savoir compter, effectivement, je reçois le compliment et je
l'apprécie. D'ailleurs, je pense qu'on devrait le donner à
l'ensemble des députés de la formation ministérielle qui
est habituée de tenir compte des deniers publics que l'on
dépense.
Et je pense que je dois rendre un certain hommage au
député de Gouin ici. Ce n'est pas mon habitude de le faire dans
le cas des députés de l'Opposition, mais il y a lieu de le faire
ici. Il s'est abstenu de voter lors du vote sur le recensement inutile qui
coûtera 13 000 000 $ à l'État et que nous devons faire,
puisque la majorité des partis devait s'y opposer pour qu'il ne se
tienne pas. Cela nous aurait permis d'économiser 13 000 000 $ qui sont
dépensés inutilement. La prochaine fois il votera peut-être
pour nous.
M. Jolivet: Pour mettre cela au Conseil de la famille?
M. Dutil: II y a du progrès de fait, M. le
Président, si vous me permettez de continuer et si j'ai toujours la
parole. Il y a du progrès de fait de la part du député de
Gouin, puis je pense que cela mérite d'être mentionné.
Ceci dit, il y a encore du progrès à faire de la part du
député de Gouin. Il est évident que, si on forme un
Conseil de la famille, c'est pour lui donner la responsabilité de la
famille et qu'il n'est pas de son intérêt d'avoir plusieurs
organismes qui s'occupent du même dossier. Cela n'exclut pas, pour le
Conseil des affaires sociales, de s'occuper des choses qui concernent les
affaires sociales et, par incidence, il peut très bien arriver, comme
dans d'autres conseils qui existent, que cela touche indirectement la famille.
La raison pour laquelle la famille est un dossier horizontal, c'est que cela
touche, incidemment, une douzaine de ministères.
Alors, c'est évident qu'on ne retire pas, par exemple, du
ministère du Travail, les normes du travail parce qu'il y a des choses
là-dedans qui concernent la famille. On ne le fait pas. Mais on
n'appelle pas le ministère du Travail, le ministère du Travail et
de la Famille, parce que dans certaines normes de travail cela concerne la
famille.
Et ce que l'on fait ici, c'est un ajustement qui m'apparaît
élémentaire. On dit: on forme un Conseil de la famille, puis on
enlève le mandat de la famille au Conseil des affaires sociales et de la
famille. Et cela va de soi, je ne pense pas avoir davantage d'argumentation
devant quelque chose d'aussi évident.
Le Président (M. Bélanger): Alors, l'article 23?
;
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, je veux quand
même souligner que je n'ai pas souligné au ministre que
j'étais fier et que je lui rendais hommage parce qu'il savait
compter.
Je pense qu'il ne sait pas compter. Alors, je ne peux pas
prétendre cela. Ce que j'ai dit, c'est que sa seule
préoccupation, c'était de faire des calculs comptables. Je pense
qu'il devrait faire la différence entre les deux. Voila encore une fois
une réaction de comptable. Pas les mots, mais essayer de ramasser juste
une affaire vite pour faire une équation, une règle de trois, un
peu trop rapide.
M. le Président, je maintiens, quand on regarde les
responsabilités sociales, intégrées, pour les plus
démunis de notre société, que vous devriez vous pencher un
peu sur cette question-là. Si vous voulez qu'il y ait un organisme
quelque part, dans l'État québécois, qui puisse
assumer pleinement une responsabilité à l'endroit des
problèmes sociaux les plus graves dans notre société, on
ne doit pas le charcuter de différentes fonctions. On doit le laisser
dans une entité pleine et entière. Et cela ne nie d'aucune
façon la pertinence pleine et tout aussi entière de créer
un conseil exclusivement responsable des questions familiales.
Voilà mon point de vue.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 23?
M. Jolivet: Moi, j'en ai tellement fait, des commentaires, mais
le ministre ne veut rien savoir.
Le Préskient (M. Bélanger): Est-ce que l'article 23
est adopté?
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
L'article 24, qui est un article de concordance, fait donc que l'article
1 de cette loi est modifié par la suppression à la fin des mots
"et de la famille".
C'est une question de concordance. Alors, adopté sur
division.
L'article 25, qui se lit comme suit: "L'article 2 de cette loi est
modifié par la suppression, dans la quatrième ligne, des mots "et
à la famille". Alors, c'est toujours dans une ligne de concordance.
Adopté sur division.
L'article 26: "L'article 7 de cette loi est modifié par la
suppression du paragraphe 5."
Une voix: Juste un instant, M. le Président.
M. Jolivet: La question que je voulais poser au président,
c'est de lire... Justement, je peux vous le lire, pour les besoins des
députés libéraux qui écoutent: Deux personnes
choisies parmi celles qui sont recommandées par les associations
familiales.
M. Rochefort: M. le Président. M. Jolivet: Tu vois,
hein!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin. (17 h 15)
M. Rochefort: Voilà ne pas savoir compter.
Est-ce que cela n'est pas utile que, là où dans
l'État québécois on réfléchit aux
problèmes sociaux, il y ait deux personnes recommandées par les
organismes familiaux?
C'est inutile. On va dire à tout le monde qui s'intéresse
aux questions familiales au Québec: Allez tous vous parquer en liste
d'at- tente au Conseil de la famille, parce qu'il n'y a aucun autre endroit au
Québec où on va réfléchir à des
problèmes auxquels est confrontée la famille
québécoise. Est-ce que c'est nuisible? Prenons-le comme cela.
Vous écrivez dans un projet de loi... Vous avez fait un mémoire
au Conseil des ministres, vous avez transmis cela au Conseil des ministres, au
Comité de législation, au Conseil du trésor et, ici,
à l'Assemblée nationale, vous prenez la peine de faire biffer
quelque chose. Vous devez bien avoir un objectif. Trouvez-vous cela nuisible
qu'au Conseil des affaires sociales - puisqu'il va s'appeler comme cela
maintenant - il n'y ait personne qui représente les associations
familiales, là où on discute des problèmes de lait
maternisé, là où on discute des problèmes des
enfants qui subissent les effets de la malnutrition et des questions comme
celles-là? Ce n'est pas utile qu'il y ait des gens qui proviennent et
qui soient recommandés par les associations familiales? Expliquez-moi
cette logique. Ils vous nuisent? Vous avez peur qu'ils fassent du mal?
M. Dutil: Non, M. le Président Alors, devant
l'argumentation très brillante du député de Gouin, nous
nous rendons et nous souhaite rions biffer l'article 26 et laisser les deux
personnes.
M. Jolivet: On a gagné.
M. Rochefort: Je pense qu'il commence à savoir
compter.
Le Président (M. Bélanger): L'article 26 est
retiré. Il faudra refaire la numérotation des articles suivants.
Donc, l'article suivant. qui devrait être l'article 27, devient l'article
26 On les adoptera à la fin et on fonctionne avec les mêmes
chiffres pour ne pas se tromper L'article 27: "Dans tout règlement,
décret, arrêté en conseil, proclamation, contrat ou autre
document, les mots "Conseil des affaires sociales et de la famille" sont
remplacés par les mots "Conseil des affaires sociales"." C'est une
question de concordance. Adopté9
M. Rochefort: Sur division toujours M. Jolivet: de la
concordance
Le Président (M. Bélanger): Sur division
L'article 28: "Le gouvernement désigne le mi nistre responsable
de l'application de la présente loi."
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je ne vois pas comment
cela pourrait être autrement
M. Jolivet: Ah! Mais c'est justement
M. Rochefort: On pourrait innover.
M. Jolivet: Pas plus qu'on ne pourrait innover, je pense qu'il y
a une garantie que les gens veulent avoir, et c'est normal. On dit: "Le
gouvernement désigne le ministre responsable de l'application de la
présente loi." C'est la façon qui permet au Conseil des
ministres, par l'intermédiaire du premier ministre, d'être
responsable de la nomination de la personne. Il est évident que je
n'irai pas jusqu'à l'aberration de dire que le ministre de
l'Environnement va être nommé responsable de l'application de la
présente loi, ce qui ne serait pas anormal dans certaines circonstances.
Il aurait un pouvoir légal du Conseil exécutif. Il y a des gens
qui disent: À ce moment-là, pourquoi ne pas le dire
nommément que la personne qui va être responsable, cela va
être le ministre délégué à la Famille.
Je reviens à mon argumentation du départ que le ministre
délégué à la Famille, nommé en vertu du
décret qui a nommé le ministre actuel... Ce n'est pas la
même nomination que lorsque mon collègue, le député
de Nicolet, avait été nommé ministre
délégué à la Famille. C'est l'exemple que je
donnais à l'actuel ministre délégué aux
Forêts qui est nommé en vertu d'une décision. Ce n'est pas
la même sorte de ministre délégué que j'étais
lorsque j'ai été nommé par le premier ministre, M.
Lévesque, avec pleins pouvoirs, relié directement à
l'Exécutif, et non pas sous la domination, la tutelle d'un ministre
responsable. On le sait, le ministre actuel est sous la responsabilité
du ministre de la Santé et des Services sociaux. Il est n'est pas
relié directement à l'Exécutif et il n'a pas les pleins
pouvoirs d'agir. Le ministre pourra dire que dans les discussions qu'il a avec
sa collègue, avec les autres collègues, il a des pouvoirs qui lui
permettent de faire valoir son droit de parole, ses points de vue, mais on se
souviendra - je donne un exemple que j'employais souvent parce qu'on l'a vu -
que, lorsqu'il était temps d'annoncer de bonnes nouvelles dans la
forêt, c'était le ministre de l'Énergie et des Ressources
qui allait devant les micros, la télévision, la radio, et, quand
c'était le temps d'annoncer les mauvaises nouvelles, il envoyait le
ministre délégué aux Forêts. Or, je pense qu'on
devrait ici relier directement le ministre au Conseil exécutif et en
même temps le nommer dans le projet de loi en disant: Le gouvernement
désigne le ministre délégué à la Famille
comme responsable de l'application de la présente loi. Il me semble que
cet amendement donnerait la garantie que le gouvernement n'a pas d'autre choix
que de nommer le ministre délégué à la Famille.
Alors, ma proposition est que le gouvernement désigne le ministre
délégué à la Famille comme responsable de
l'application de la présente loi.
M. Dutil: Alors, M. le Président, deux commentaires. Le
premier: si on soulève les procès-verbaux de nos dernières
réunions, on verra que le député de Laviolette, dans les
questions qu'il avait posées à ce moment-là aux organismes
qui étaient venus, avait d'abord dit, comme introduction, que
c'était la façon normale, dans un projet de loi, d'écrire
qui sera responsable de la loi en se référant à l'article
28. Je vois que, de ce côté-là, son opinion a
évolué dans un sens différent. Moi, je pense qu'il va de
soi que le gouvernement désigne, comme ministre responsable de
l'application de la présente loi, le ministre
délégué à la Famille. Toutefois, ce n'est pas
nécessaire de faire... Il pourrait arriver que ce nom-là change,
qu'on fasse un ajout ou qu'il puisse arriver diverses choses. La règle
suivie en matière de rédaction législative et la pratique
établie dans ce domaine-là veulent que, comme le prévoit
l'article 28 actuel, ce soit le gouvernement qui désigne le ministre
responsable de l'application de la présente loi. Je ne pense pas qu'il y
ait lieu de modifier cette chose-là et je ne pense pas qu'il y ait des
craintes à y avoir du côté des organismes familiaux
à cet effet.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je reconnais qu'au
début, dans mon allocution, je ne m'en cache pas, j'ai dit que
c'était la façon normale, que je n'en ferais pas une bataille de
principes. Je le dis, je le répète. Je dis simplement aussi,
comme le ministre en fait mention, que j'ai eu des discussions avec des
organismes qui, eux, veulent avoir des garanties. Et c'est ici mon travail,
comme membre de l'Opposition, de faire valoir ces points de vue. Ils peuvent
être à rencontre de la façon que je le vois, mais cela ne
m'empêche pas de le présenter pour que le ministre soit saisi de
la proposition qui est faite par les organismes.
Les organismes disent: Nous voulons avoir une garantie qui n'est pas une
garantie de changement selon la volonté du premier ministre. Et
là, je faisais mention, le ministre s'en souviendra, je l'ai
appelé le ministre un peu en tutelle, d'une certaine façon. On
lui dit: Tu t'amuses avec un conseil pendant que moi je vais m'occuper de
l'autre partie. Et l'autre partie, c'est toute la question de la
démographie, de la population, de l'ensemble de l'immigration.
Donc, la crainte des gens, c'est que, selon sa volonté, le
premier ministre, le gouvernement - puisque l'on sait comment les ministres
sont nommés; ce n'est pas le Cconseil des ministres qui décide,
c'est le premier ministre qui prend cette décision-là - un peu
selon les circonstances et les aléas de la vie politique qu'on
connaît, pour des décisions qui lui appartiennent dans certaines
circonstances, décide que ce n'est pas le ministre
délégué à la Famille et qu'il fasse
disparaître le poste. Ce que les gens nous ont dit, c'est que si, dans la
loi, il est nommément inscrit que c'est le ministre
délégué
à la Famille, cela veut dire que le premier ministre s'engage,
par le fait même, à ce que cela soit toujours le ministre
délégué à la Famille; deuxièmement, qu'il
relèvera directement de l'Exécutif et non pas d'un ministre de
tutelle. Dans ce sens-là, je me suis rendu à l'argumentation et
c'est pour cela que je fais la recommandation et que je demande au ministre de
reconsidérer aussi à sa façon sa position. Il me semble
qu'il n'est pas illogique de dire que le gouvernement désigne le
ministre délégué à la Famille responsable de
l'application de la présente loi. Il me semble que cela serait tout
à fait logique qu'il change d'idée.
M. Dutil: Alors, M. le Président, si le gouvernement
n'avait pas la volonté de s'occuper de politique familiale comme il a la
volonté de le faire, comme il le fera avec beaucoup de force et de
vigueur, ce n'est pas le fait d'avoir dans une loi qu'il y a un ministre qui
existe et dont le titre, entre autres, est délégué
à la Famille" qui y changera quoi que ce soit. Je pense que c'est le
libellé habituel des lois et je maintiens qu'on doit maintenir ce
libellé-là et qu'il n'y a aucun rapport entre ceci et la
volonté d'un gouvernement de maintenir ou de ne pas maintenir, d'avoir
ou de ne pas avoir une politique familiale.
Le gouvernement actuel a dit: Nous désirons qu'il y ait une
politique familiale. Pour ce faire, nous nommons un ministre qui est
délégué à la Famille et nous faisons un
énoncé de principe que nous avons présenté cet
automne, et nous prendrons des mesures de plus en plus vigoureuses en ce
sens-là. Si un gouvernement, comme c'était le cas sous le Parti
québécois, décidait de ne pas s'occuper de la famille,
parce que cela ne l'intéresse pas, ce n'est pas parce qu'il y aurait
quelqu'un qui porterait le titre de délégué à la
Famille qu'il s'en occuperait. Il faut que la volonté politique soit
là. Elle est là dans notre gouvernement. Elle est là bien
davantage, on le sait, qu'elle ne l'était sous l'ancien gouvernement.
Notre intention ferme, c'est de le maintenir et je ne crois pas que ce
changement d'article y change quoi que ce soit.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. Jolivet:
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, une
dernière intervention.
M. Jolivet: Je ne sais pas pourquoi vous me dites: une
dernière intervention.
Le Président (M. Bélanger): Bien,
écoutez...
M. Jolivet: Non, mais je veux dire...
Le Président (M. Bélanger): On ne va pas passer une
journée sur un article qui est dans toutes les lois et qui est fait de
même.
M. Jolivet: Ah! bien, je m'excuse!
Le Président (M. Bélanger): On ne changera pas le
Parlement ici aujourd'hui.
M. Jolivet: Non mais vous n'avez pas le droit de me dire
cela...
Le Président (M. Bélanger): II ne faut pas
exagérer non plus.
M. Jolivet: Cela, M. le Président, ce n'est pas
vous...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
procédez.
M. Jolivet: ...qui déterminerez le nombre d'interventions
que je vais faire. Vous allez admettre au moins cela.
Le Président (M. Bélanger): Je suis tout à
fait d'accord avec vous.
M. Jolivet: Je veux rappeler au ministre que le Conseil des
affaires sociales et de la famille indique qu'à son article 18,
application de la loi: "Le ministre de la Santé et des Services sociaux
est chargé de l'application de la présente loi." Donc, ce n'est
pas anormal. Le deuxième, c'est le Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre. On dit à l'article 16: "Le ministre du Travail est
chargé de l'application de la présente loi." Il y a en fort
probablement d'autres que je n'ai pas le temps de vérifier à
nouveau, mais je vous dis, M. le Président, qu'il existe des projets de
loi. Ce que j'ai dit, je le répète, la commune habitude qu'ont
les gouvernements, nous y compris, à l'époque - je le dis bien
convenablement, à la suite des recommandations qui nous ont
été faites par les juristes - était de ne pas nommer la
personne responsable dans le projet de loi et de dire: Le gouvernement nommera
la personne responsable.
Or, après consultation, les organismes nous ont dit: On aimerait
mieux, ce n'est pas qu'on n'ait pas confiance, mais on aimerait mieux nous
assurer, par rapport à ce qu'on a vécu dans le passé comme
organismes familiaux, que dans le projet de loi ce soit le ministre
délégué à la Famille. Pourquoi veulent-ils avoir
cette formulation? Parce qu'ils disent: On a trop connu dans le passé,
à différentes époques, des changements de telle sorte que,
finalement, il y a différentes personnes qui se sont occupées de
la politique, mais, des fois, comme deuxième travail, ayant d'autres
choses plus importantes à faire, et ils ont négligé. Ils
se disent: Pourquoi le ministre, dans le contexte qui est celui qu'il nous
indique, donc de passer de la parole au geste, pourquoi
ne veut-il pas l'inscrire? Est-ce que c'est parce qu'il est impossible
pour lui de le faire, compte tenu des discussions qu'il a eues au Conseil des
ministres, ce qui fait que, finalement, il s'est engagé à avoir
cette désignation? Je ne le pense pas.
Le ministre est capable aujourd'hui de faire la recommandation qui
s'imposerait et l'amendement que demandent les organismes familiaux pour plus
de sécurité. C'est dans ce sens que je fais tout simplement appel
au ministre. Si le ministre est prêt à me donner la réponse
aujourd'hui, tant mieux, on fera l'amendement immédiatement et on pourra
prendre la même formulation qui est dans d'autres lois en disant: Le
ministre délégué à la Famille est chargé de
l'application de la présente loi, si je prends l'article 18 du Conseil
des affaires sociales et de la famille qui dit: "Le ministre de la Santé
et des Services sociaux est chargé de l'application de la
présente loi". Si le ministre dit: Je veux avoir plus de temps de
réflexion, je serais prêt à ceci: S'il n'est pas prêt
à me le donner immédiatement et a l'inscrire dans la loi, il
pourrait, et on l'accepterait volontiers, faire un amendement dans la
présentation du rapport à l'Assemblée nationale où,
entre-temps, il aura le temps de consulter ses collègues, le service
juridique, tous les gens qui l'aident à préparer les projets de
loi, et nous arriver avec un amendement à la prise en
considération du rapport.
M. Dutil: M. le Président, quand il n'y a pas de
ministère, et c'est le cas de tous les ministres qui ont un dossier
horizontal - je pense à la condition féminine - en
général, la formulation qui est faite est celle que l'on retrouve
ici. Quand le député de Laviolette nous parle du ministre de la
Santé et des Services sociaux qui est responsable de l'application de la
loi, il existe un ministère de la Santé et des Services sociaux
et la formulation est faite comme cela. Maintenant, j'accepterais l'idée
de faire la prise en considération sur la formulation. Je ne pense pas
qu'on pourra y changer quelque chose. Mais, à supposer que le
député de Laviolette puisse avoir raison sur la formulation
juridique qui, à mon avis, ne change pas le fond de la question, je
pense qu'on devrait faire une prise en considération lors du
débat en troisième lecture, lors du dépôt.
M. Jolivet: Je veux simplement rappeler que, dans le texte
concernant le Conseil du statut de la femme, après l'article 19, on dit:
"La ministre déléguée à la Condition
féminine est responsable de l'application de la présente loi".
Elle ne fait pas partie...
M. Dutil: Étant donné qu'il s'agit d'une question
de forme, M. le député de Laviolette, je suis d'accord avec la
prise en considération. Je pense que cela réglerait la
question.
Le Président (M. Bélanger): Tout simplement, je
pense qu'il y a des précédents qui existent à ce sujet.
C'est qu'en troisième lecture, vous pouvez proposer un amendement...
M. Jolivet: À la prise en considération.
Le Président (M. Bélanger): ...et modifier.
D'accord?
M. Jolivet: M. le Président, j'aimerais mieux que
l'amendement soit apporté, s'il est apporté après
discussion, lors de la prise en considération du rapport.
Le Président (M. Bélanger): J'aimerais mieux que
l'article soit adopté, quitte à ce que le ministre amène
un amendement en troisième lecture; sinon, on bloque le projet de loi.
(17 h 30)
M. Jolivet: Je comprends ce que vous dites. Je suis d'accord. On
aura l'adoption de cet article aujourd'hui. Ce que je dis au ministre, c'est
que ce n'est pas en troisième lecture qu'il faut faire l'amendement. Il
faut faire l'amendement à la prise en considération.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Oui, à
la prise en considération du rapport, d'accord.
M. Dutil: Mais, évidemment, on ne bloque pas le rapport
vers la...
M. Jolivet: Non, non.
Le Président (M. Bélanger): Non, on ne le bloque
pas; sinon, on bloque le projet de loi. L'article 28 est adopté, je
dirais avec les réserves émises et l'entente conclue de part et
d'autre. Excellent!
L'article 29. "Le conseil doit, au plus tard le 1er novembre 1992, et,
par la suite, tous les cinq ans, faire au gouvernement un rapport sur la mise
en oeuvre de la présente loi, sur l'opportunité de la maintenir
en vigueur et, le cas échéant, de la modifier."
M. le ministre.
M. Dutil: Je pense que le deuxième paragraphe peut
être discuté en même temps, puisque... Bon, s'il s'agit
juste de dire...
Le Président (M. Bélanger): Ah oui, excusez-moi:
"Ce rapport est déposé dans les quinze jours suivants devant
l'Assemblée nationale si elle siège ou, si elle ne siège
pas, auprès de son président."
M. Dutil: Je pense que, à tous les cinq ans il y a lieu
d'envisager de revoir les gestes qui ont été posés et de
moderniser, si nécessaire, les lois que nous adoptons, entre autres,
celles sur la formation de ces conseils. C'est le but de
cet article.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Ce sont de nouvelles formulations. On a le Conseil
permanent de la jeunesse, je ne suis pas sûr, mais il me semble qu'il y a
quelque chose dans ce sens-là. Ce sur quoi j'ai eu une discussion
cependant, comme porte-parole de l'Opposition, c'est avec le ministre de
l'Agriculture sur un dossier concernant les taux imposés pour... Je
cherche le... C'était le projet de loi 49 où on ne s'entendait
pas. Le ministre a dit: D'ici cinq ans, d'ici 1992, il y aura révision
à la baisse - parce qu'à la hausse c'est automatique - si
nécessaire ou maintien du taux actuel dans les assurances. C'est la
première fois que je vois cette formulation. J'ai posé la
question parce que je ne suis pas sûr.
Le Président (M. Bélanger): Dans la loi sur
l'accès à l'information, on me dit qu'il y a cette même
clause qu'on appelle "the sunset clause", une clause crépusculaire, je
ne sais trop.
M. Jolivet: D'accord. Le lever du soleil.
Ma question s'adresse au ministre. On dit que le conseil, au plus tard
le 1er novembre 1992 et tous les cinq ans... Est-ce que cela fait en sorte de
savoir si le Conseil de la famille doit exister encore ou non? Cela veut dire
que, tous les cinq ans, on aura une révision pour dire que le
conseil...
M. Dutil: Oui, tous les cinq ans. On le voit à l'article
30: "La commission de l'Assemblée nationale désigne, dans les
meilleurs délais, la commission qui fera l'étude du rapport sur
la mise en oeuvre de l'étude de la présente loi. "Dans
l'année qui suit le dépôt du rapport à
l'Assemblée nationale, la commission désignée doit
étudier l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas
échéant, de modifier la présente loi et entendre à
ce sujet les représentations des personnes et des organismes
intéressés." C'est évidemment en vue de
reconsidérer le bien-fondé d'avoir cette loi, de la modifier s'il
y a lieu ou, à la suite du rapport...
Le Président (M. Bélanger): Ou de la bonifier,
j'espère.
M. Dutil: De la bonifier ou de voir s'il y a lieu de la maintenir
en vigueur. Effectivement, c'est une formulation que l'on retrouve dans la Loi
d'accès aux documents des organismes publics qui est
rédigée à peu près de la même façon.
Donc, en 1992, date extrêmement lointaine, il y aura une
reconsidération faite par le gouvernement du temps, de ce
moment-là.
Le Président (M. Bélanger): D'autres questions,
d'autres commentaires? Alors, l'article 29 est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
M. Rochefort: L'article 29, excusez-moi? Oui, cela va.
Le Président (M. Bélanger): Cela va, M le
député de Gouin?
M. Rochefort: L'article 29, vous dites? Oui
Le Président (M. Bélanger): L'article 29, oui.
C'est parce que j'avais refait la numérotation.
M. Rochefort: Cela va.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. L'article 30:
"La commission de l'Assemblée nationale désigne, dans les
meilleurs délais, la commission qui fera l'étude du rapport sur
la mise en oeuvre de la présente loi. "Dans l'année qui suit le
dépôt du rapport à l'Assemblée nationale, la
commission désignée doit étudier l'opportunité de
maintenir en vigueur ou, le cas échéant, de modifier la
présente loi et entendre à ce sujet les représentations
des personnes et des organismes intéressés."
M. Dutil: Sans commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Cela va? Adopté?
Adopté. "La présente loi entrera en vigueur à la date
fixée par le gouvernement." M. le ministre, est-ce que...
M. Jolivet: Est-ce que vous avez l'intention de
recommander...
M. Dutil: M. le Président?
M. Jolivet: Laissez-moi finir. Est-ce que vous avez l'intention
de recommander, parce qu'on dit: le gouvernement, est-ce que vous avez
déjà dans votre esprit une date de fixée?
M. Dutil: M. le Président, j'allais poser la même
question à l'Opposition: Quand nous permettra-t-elle de mettre en oeuvre
cette loi-là? Pour nous, c'est le plus tôt possible.
M. Rochefort: On peut faire cela facilement,
M. le Président, en apportant l'amendement suivant: La
présente loi entrera en vigueur à la date de sa sanction.
Le Président (M. Bélanger): Oui, cela peut
être...
M. Rochefort: Ce sera plus rapide. M. Jolivet: Les deux
sont bons.
Le Président (M. Bélanger): Les deux formules sont
acceptables.
M. Rochefort: Non, non, la sanction est plus rapide.
M. Dutil: C'est pris en considération parce que c'est une
question de forme et non une question de fond. Si vous pensez qu'on n'a pas
l'intention de mettre cette loi en application le plus rapidement possible,
détrompez-vous.
M. Rochefort: II n'y a pas de doute là-dessus. Notre
crainte, c'est que vous ne fassiez que cela.
M. Dutil: Nous aurions voulu que cette loi soit adoptée
avant Noël.
M. Jolivet: Vous n'avez pas pris les moyens pour le faire. Vous
l'avez déposée en retard. Il a fallu notre assentiment parce
qu'elle a été déposée après le 15 novembre.
Faites attention à ce que vous dites! Ne mettez pas la faute sur
l'Opposition quand vous avez mal fait votre travail.
M. Dutil: Quelle interprétation!
M. Jolivet: Ce n'est pas une interprétation. Les projets
de loi, pour être adoptés avant les fêtes, doivent
être déposés avant le 15 novembre. Cela, vous le savez.
M. Dutil: M. le Président, je n'ai accusé
personne.
Le Président (M. Bélanger): Les fêtes sont
passées. On vient juste de passer Pâques. Est-ce qu'on peut
s'entendre sur une formulation qui nous permettra d'adopter ce projet de loi le
plus vite possible?
M. Jolivet: Vous avez le droit, M. le Président, mais le
ministre dit dans le fond, sans faire autre chose, qu'il aurait aimé que
ce soit adopté avant les fêtes. Je lui dis:
Hypothétique-ment, s'il l'avait déposé le 15 mai
passé, en 1987, peut-être qu'il aurait été
adopté avant Noël. Il n'est pas possible - alors que cela a pris
l'accord de l'Opposition au mois de décembre, parce que la date limite
est le 15 novembre - de nous demander d'adopter cela dans le chaos qu'on a
connu dans le temps de Noël.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Jolivet: Dans ce sens-là, M. le Président, le
ministre doit bien être conscient que c'est lui-même, par sa
turpitude, qui est responsable du fait qu'aujourd'hui on est rendu
là.
Le Président (M. Bélanger): Nous reconnaissons la
turpitude du ministre.
Des voix: Oh! Oh!
Le Président (M. Bélanger): Si cela fait plaisir,
je suis prêt à tout. Est-ce que l'article 31 est
adopté?
M. Rochefort: Pas la turpitude, l'article.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, l'article. La
turpitude était une farce.
M. Jolivet: Elle est consignée par le Journal des
débats, cependant.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Juste avant,
est-ce que la renumérotation des articles après 25,
c'est-à-dire que l'article 27 devient l'article 26, l'article 28 devient
27, l'article 29 devient 28, l'article 30 devient 29, l'article 31 devient 30,
est adoptée?
M. Jolivet: Adopté. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les titres
des sections: section I, Institution et organisation, section II, Fonctions et
pouvoirs, section III, Rapport, et section IV, Dispositions diverses et
finales, sont adoptés?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le...
M. Jolivet: Est-ce que les notes explicatives...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le projet de loi est adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division.
M. Jolivet: On est toujours d'accord, M. le Président,
avec le principe, mais malheureusement en désaccord avec les
modalités.
M. Dutil: M. le Président, pour revenir sur la turpitude,
maintenant que tout est adopté...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, mes
plates excuses, c'était un élan enflammé.
M. Jolivet: Non, non, ce qui est dit est dit.
M. Dutil: Oui. Je pense qu'aux galées il faudrait
peut-être qu'on reconnaisse que c'étaient des paroles qui ont
échappé de la bouche du député de Laviolette et du
président, sans doute.
M. Jolivet: La turpitude? Non, non, moi, cela n'a pas
été échappé, cela a été dit.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Alors, de ma
part,...
M. Dutil: M. le Président, j'aurai le plaisir en
troisième lecture de me reprendre.
Le Président (M. Bélanger): De la part du
président, c'est retiré avec toutes les excuses possibles.
C'était dans le feu de l'action.
M. Dutil: Je savais que le président était
raisonnable.
Le Président (M. Bélanger): S'il avait
été raisonnalWe, il n'aurait même pas fait cette
erreur.
Un instant! L'article 31 n'a pas été amendé? On l'a
maintenu tel quel ou si on mettait le jour de la sanction? Tel quel. Ce
n'était pas amendé.
M. Jolivet: On aurait aimé la sanction, mais le ministre
ne veut pas.
Le Président (M. Bélanger): La commission ayant
accompli son mandat, suspend ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 39)