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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Étude détaillée du projet de loi
94
La commission des affaires sociales se réunit ce matin afin de
procéder à l'étude article par article du projet de loi
94, Loi sur le Conseil de la famille.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Chevrette
(Joliette) sera remplacé par M. Jolivet (Laviolette); M. Gervais
(L'Assomption) par M. Polak (Sainte-Anne).
Le Président (M. Bélanger): D'accord, merci. M. le
député de Laviolette, oui?
Organisation des travaux
M. Jolivet: S'il vous plaît, avant que vous appeliez
l'article 12, j'aimerais savoir si, depuis notre dernière rencontre en
commission parlementaire, le ministre aurait de nouveaux renseignements
à nous donner pour qu'on puisse savoir de quelle façon nous
allons procéder durant la journée concernant le projet de loi que
nous étudions. Le ministre a sûrement eu l'occasion de
réfléchir sur des articles en suspens, qui pourraient avoir des
effets sur l'ensemble du projet de loi. Le ministre a sûrement eu
l'occasion d'entendre des groupes, des personnes, des individus qui sont venus
lui faire des représentations quant à certaines modalités
qu'ils voudraient voir dans le projet de loi. Je pense à toutes sortes
d'organismes qui, de près ou de loin, suivent attentivement nos travaux
et qui ont comme première demande d'apporter des amendements majeurs au
projet de loi de façon que le conseil consultatif ne soit pas
considéré comme étant créé pour le ministre.
Comme je le disais lors de notre dernière rencontre, nous ne devons
d'aucune façon nous impliquer, par un projet de loi, dans un conseil
consultatif que le ministre voudrait créer pour ses propres fins, dont
il voudrait avoir la direction, la responsabilité de donner les mandats,
de rendre publiques les opinions, que tout cela soit fait par
l'intermédiaire du ministre.
Dans ce sens, le ministre a certainement eu l'occasion, depuis notre
dernière rencontre, d'entendre des groupes et des personnes qui lui ont
fait part des mêmes réticences que celles que nous avons. Dans ce
contexte, j'aimerais savoir si le ministre pourrait, pour que nous puissions
terminer nos travaux le plus rapidement possible, nous dire s'il a des
amendements majeurs à nous proposer qui vont dans le sens de ce qui a
été demandé par l'ensemble des organismes qui s'occupent
de la famille au Québec et qui partagent à la fois les
interrogations et les inquiétudes qui ont été largement
diffusées jusqu'à maintenant aussi bien par notre
intermédiaire que par l'intermédiaire des groupes qui composent
l'ensemble des organismes familiaux.
Dans ce sens, avant de pouvoir aller plus loin, j'aimerais savoir si le
ministre a réfléchi... Je pense qu'il aurait peut-être
intérêt à ce qu'il nous dise aujourd'hui qu'il a
réfléchi à tel point qu'il est prêt à faire
des amendements qui nous permettraient de considérer ce projet de loi
d'un autre oeil. Comme ii l'a si bien dit, j'espère qu'il aura
consulté son épouse pour savoir si elle est d'accord avec le
projet de loi. Et, si j'étais à la place du ministre, je me
permettrais de changer de décision parce qu'il me semble que son
épouse n'est certainement pas d'accord avec l'optique qui a
été déterminée avec le projet de loi.
Et, comme je le disais, le ministre, dans ce dossier, me fait penser -
je le dis d'une façon aussi drue que je le pense, comme j'y suis
habitué, d'ailleurs - un peu à une marionnette entre les mains du
premier ministre qui, lui, a décidé de prendre la plus belle part
du gâteau et de lui laisser un conseil consultatif sans pouvoir autre que
le pouvoir que lui, le ministre, aura de décider à la place et
pour les membres du conseil. Alors, dans ce contexte-là, j'aimerais bien
mieux lui voir jouer un vrai rôle de vrai ministre
délégué à la Famille - ailleurs, on y reviendra
à la fin quand on déterminera qui sera responsable de ce projet
de loi - un vrai ministre délégué qui a les pleins
pouvoirs d'agir et qui permet aussi, par le fait même, à son
conseil d'avoir les pleins pouvoirs d'initiative, de décision, rendre
public, même si c'est en désaccord avec le ministre... Des fois,
ce n'est pas mauvais que des conseils soient en désaccord aussi bien
avec les gens du côté ministériel que les gens de
l'Opposition.
Ce qui est important c'est de faire avancer des débats et c'est
ce qu'ont tenté de faire les organismes familiaux jusqu'à
maintenant. Je dots dire aussi au ministre que, s'il a 400 000 $ à
mettre, il serait mieux, s'il avait l'intention de les mettre dans un conseil
consultatif de ce genre, de réviser sa position et peut-être les
donner aux organismes familiaux qui, eux, auront à continuer le travail
pour qu'on présente vraiment une politique familiale au Québec.
Parce que quand le ministre vient nous dire que la base de sa politique
familiale c'est ce qu'on retrouve dans le projet de loi du ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette...
M. Jolivet: C'est parce que j'essaie de faire le tour. Mais vous
n'étiez pas là, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): ...si vous me
permettez.
M. Jolivet. ...vous ne savez pas ce dont on a discuté la
dernière fois. Vous savez que le ministre avait des décisions
à nous faire connaître aujourd'hui à ce sujet-là.
C'est pour cela que j'essaie de faire le tour du tableau.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette...
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Bélanger): ...écoutez, il y
a eu l'étude article par article. On va revenir aux articles qui sont en
suspens.
Ht. Jolivet: Oui, mais c'est parce que...
Le Président (M. Bélanger): Donc, s'il y en a
eu...
M. Jolivet: II y en a.
Le Président (M. Bélanger): Les discussions qui ont
déjà été faites, il ne faudrait pas les recommencer
ce matin sinon on va tourner en rond tout le temps.
M. Jolivet: Non, je ne veux pas les recommencer.
Le Président (M. Bélanger): On est rendu à
l'article 12. On devrait commencer article par article. S'il n'y a pas de place
pour poser les questions que vous voulez poser, dans les quelque 19
articles...
M. Jolivet: II y a de la place.
Le Président (M. Bélanger): ...à ce
moment-là, laissons-les venir et on les prendra à mesure.
M. Jolivet: Ce n'est pas tout à fait cela. Vous comprenez
mal, M. le Président. Ce que je veux savoir, c'est si le ministre a
réfléchi au point de dire...
Le Président (M. Bélanger): Très
brièvement, s'il vous plaît, pour qu'on puisse commencer.
M. Jolivet: Si le ministre a réfléchi au point de
nous dire aujourd'hui qu'il y a des amendements majeurs, notre discussion va
être différente. C'est dans ce sens-là que je veux le
demander au ministre. Il y a des points en suspens, il y a des choses qu'on a
dites. Je dis simplement que si la base de la politique familiale du ministre
est équivalente à celle qu'H nous a déclarée en
disant que dans la réforme de l'aide sociale qui est, pour moi, une
fausse politique de sécurité du revenu... Qu'il vienne nous dire
que c'est la base de la politique familiale, je vais certainement discuter
autrement ce matin. S'il me dit qu'il s'est trompé, que ce n'est pas ce
qu'il pense et qu'il y a autre chose, ma discussion sera différente ce
matin. Je veux savoir de la part du ministre: Est-ce que, ce matin, on commence
ou on poursuit l'étude de ce projet de loi avec une optique de
changement?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, tout simplement la façon
dont je désire procéder ce matin, c'est de poursuivre
l'étude article par article. Quant à des amendements possibles,
s'il y en a. nous les déposerons au fur et à mesure. La
réflexion que nous avions à faire, nous l'avons faite avant le
dépôt du projet de loi. Donc, elle est faite. Nous verrons, au fur
et à mesure des éléments qui seront
présentés, s'il y a des amendements à faire ou non. C'est
tout, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vous êtes
prêt à procéder?
M. Dutil: Je pense qu'on devrait procéder
immédiatement.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M.
Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Une dernière
question pour qu'on puisse procéder à l'étude article par
article, brièvement, s'il vous plaît!
M. Jolivet: Je ne veux pas qu'on me bouscule. Vous savez que je
n'aime pas cela.
Le Président (M. Bélanger): Je ne veux pas vous
bousculer, mais je ne veux pas qu'on traîne indûment non plus.
M. Jolivet: Je ne traîne pas non plus, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Alors,
brièvement.
M. Jolivet: Ce n'est pas la première fois que je suis ici.
Cela fait longtemps que je suis membre, de part et d'autre de la Chambre. J'ai
été président de commission et, dans ce sens, je fais
simplement mention au ministre que, s'il avait, ce matin, à
déposer des amendements en vrac, cela nous permettrait de prendre un
moment de réflexion rapide et dire: Oui, on regarde le projet de
loi d'un autre oeil. C'est simplement cela. C'est pour accélérer
le travail. Si je fais ce laïus ce matin, c'est pour
accélérer le travail. Le ministre me dit: Au fur et à
mesure. On prendra le temps d'examiner au fur et à mesure. Si on avait
une idée générale des amendements qu'il a l'intention de
proposer en vrac, s'il nous disait qu'il a l'intention de changer en donnant le
droit d'initiative, s'il nous disait que le conseil n'est pas subordonné
au ministre, s'il nous disait que le conseil peut rendre publics, après
tant de jours, les avis qu'il pourra émettre si le ministre ne les rend
pas publics... S'il y a des choses comme celles-là, c'est bien
différent. C'est pour ça que je voulais nous permettre
d'accélérer le travail. Si le ministre me dit ce matin qu'on les
verra au fur et à mesure, on prendra le temps de les examiner, mais il
faudra faire les liens entre ce que le ministre ne veut pas nous dire
immédiatement. S'il me disait aujourd'hui: prenons une demi-heure, je
vais vous donner les articles que je veux amender avec les amendements
possibles, regardez-les, peut-être qu'on accélérerait le
travail ici.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
ministre.
M. Dutil: M. le Président, je pense que notre profond
désaccord avec l'Opposition se situe justement sur le nombre et
l'importance des amendements à faire. Nous croyons que, s'il y a des
amendements, ils ne seront pas de l'ampleur qu'estime l'Opposition et nous
pensons que nous devrions procéder article par article parce que,
justement, il y a peu de modifications en termes de longueur de modifications.
Je ne parle pas en termes d'importance de modifications mais de longueur. Je
pense que ça procéderait beaucoup mieux et beaucoup plus
facilement si nous le faisions article par article.
Institution et organisation
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc
l'article 12 qui se lit comme suit: "Le conseil doit se réunir au moins
huit fois par année. Il peut tenir ses séances à tout
endroit au Québec. Le quorum aux séances du conseil est de cinq
membres, incluant le président."
M. le ministre.
M. Dutil: Une seule remarque là-dessus, M. le
Président. Nous avons porté le nombre de membres du conseil de
neuf à onze. Il s'agirait probablement de porter le quorum de cinq
à six membres pour respecter l'habituelle formule de quorum,
c'est-à-dire d'un peu plus de la moitié des membres.
M. Jolivet: Juste un petit problème ici. Quand on est pris
avec un quorum de six mem- bres, c'est un chiffre pair. On a toujours
l'habitude, pour éviter des problèmes, pour éviter que le
président soit obligé de trancher... Souvent dans des
réunions délibérantes, au Conseil des ministres, le
ministre en est fort conscient, c'est le consensus qui agit. Le
président du Conseil des ministres, qui est le premier ministre, prend
une décision quand il s'aperçoit que la majorité semble
acquise dans un consensus assez fort. Quand on est dans des réunions
délibérantes, le chiffre pair est toujours un chiffre difficile
pour le président qui a toujours à trancher parce qu'il votera
une première fois et, s'il y avait égalité des votes,
possiblement une deuxième fois par vote prépondérant.
C'est dans ce sens-là que je me pose la question à savoir si
ça vaut la peine de changer le chiffre 5. Est-ce parce que ça
devient plus de la moitié? Est-ce que le chiffre 7 serait mieux? C'est
un chiffre assez gros compte tenu du...
Est-ce que le ministre peut me nommer d'autres projets de loi où
le quorum, dans un organisme de onze membres, est l'équivalent de
six?
M. Dutil: Je n'ai pas d'exemple, M. le Président, mais il
faut se rappeler que le quorum, c'est pour le début des réunions
et, en général, il peut arriver que d'autres personnes se
joignent par la suite avec quelques minutes de retard. Je ne pense pas que ce
soit un inconvénient d'avoir un quorum à six membres.
On comprend que, pour le nombre de membres - et, normalement, l'ensemble
des membres devraient participer aux réunions - on le met toujours
impair de façon à éviter le problème que soulevait
le député de Laviolette, mais je ne pense pas que cet
inconvénient pour le quorum soit un inconvénient majeur, et
d'avoir au moins la majorité et un peu plus, parce que c'est un nombre
impair... avec onze, cela veut dire que la moitié serait à cinq
et demi; évidemment, personne ne votera à cinq et demi; on va
aller à l'entier, donc à six personnes. Donc, pour ma part, je
pense que, sans faire un débat en profondeur, sans dire que le quorum
doit absolument être de six membres et en faire une bataille à
finir, c'est raisonnable de l'envisager de cette façon-là.
M. Jolivet: II y a une chose, M. le Président. Le ministre
dit que le quorum doit être au moment où débute la
réunion. J'en conviens avec lui. D'un autre côté, le
ministre sait très bien qu'il est possible qu'il n'y ait pas plus que
six membres et cela peut occasionner certains problèmes de
décision, surtout si on laisse à l'intérieur du projet de
loi la mentalité que c'est le ministre qui ordonne des enquêtes et
rend publiques des opinions s'il le désire. Je dois vous dire que cela
va rendre mal à l'aise certains membres du conseil si c'est le ministre
qui est roi et maître de la situation et que, comme ministre, il a aussi
le droit de vie et de mort sur
les gens qui sont là.
Cela m'inquiète un peu dans la mesure où on devra faire le
partage rapide dans un cas de décision prise par le président qui
sera obligé d'utiliser son vote prépondérant, ou encore ne
pas voter. Mais, s'il ne vote pas et qu'il n'est pas d'accord avec
l'opposition, je ne sais pas comment il va vivre avec cela. C'est dans ce
sens-là que je dis qu'il me semble que le chiffre qu'on retrouve dans
tous les projets de loi est normalement impair pour justement
éviter...
Alors, le ministre ayant suggéré six membres, j'aurais
quasiment une suggestion - puisqu'il faut adopter son amendement et que je sais
bien qu'il sera majoritaire - ou une contre-proposition, ce qui n'existe pas
dans nos règlements. Si je mets sept, cela devient une
contre-proposition, ce n'est pas un amendement ou un sous-amendement. Il me
semblait que sept serait un chiffre mieux choisi.
M. Dutil: Ce n'est pas mon opinion. On devrait, si on ne va pas
à six, s'en tenir à cinq, mais je pense que six est un meilleur
chiffre, quant à nous. Je ne sais pas ce qu'en pensent les autres
membres de la commission, M. le Président.
M. Jolivet: M. le Président, je dois dire que ie ministre
nous a chanté sur tous les tons, nous a dit toutes les
possibilités qu'il y avait, qu'il trouvait que ce conseil était
important, que ce conseil doit avoir une très forte
crédibilité. C'est un conseil qui doit être sûr que
les décisions qu'il prend comme conseil ont une portée
très forte, très crédible. Il me semble qu'on le met dans
des situations difficiles. Je ne sais pas si le ministre en est conscient mais
on a vu dans quelque organisme que ce soit les difficultés que comporte
le fait qu'il n'y ait pas un chiffre impair. Le président est
placé dans des situations assez difficiles, il me semble que si le
ministre veut donner de l'importance à son conseil, eu égard aux
amendements qu'il a l'intention de présenter et que j'espère
être des amendements positifs, à ce moment il devrait accepter
notre proposition. Il me semble que sept est un chiffre qui ne donne pas au
président une trop forte responsabilité dans le contexte
où la décision prise peut être serrée. C'est dans ce
sens qu'il me semblait que cela pourrait être plus plausible.
Le Président (M. Bélanger): Or, comme
député de Laval-des-Rapides, j'aimerais faire une intervention.
Je pense que le ministre a bien précisé que le nombre de membres
de la commission est impair. C'est là qu'est toute l'importance en cas
de vote. En tout cas en général lorsqu'on fait des organisations
comme cela, on doit éviter de mettre le quorum trop haut parce que,
s'ils doivent se réunir huit fois par année, cela veut dire qu'il
va y avoir quelques réunions durant l'hiver. On sait les
problèmes de déplacement. etc. Si le quorum est trop
élevé, à un moment donné on se retrouve en
situation où on ne peut pas siéger. On a de la difficulté
à satisfaire ses obligations.
Donc, règle générale, le quorum n'est jamais
très élevé. Le nombre de membres, qu'il soit pair ou
impair, n'a pas d'importance. Ce qui est important c'est que ce chiffre soit
impair à la commission. Je pense que j'aurais davantage fait la bataille
sur ce point que sur le quorum. Le quorum est une formatlité pour
débuter les réunions. Point.
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Votre remarque me fait
curieux, non pas pour le titre que vous avez comme député mais
pour les fonctions que vous avez déjà occupées comme
administrateur, en fin de compte.
Le Président (M. Bélanger): Absolument. C'est pour
cela que je dis cela. (10 h 30)
Mme Vermette: Effectivement, je ne sais pas si d'après
votre expérience vous convenez que sept devient un chiffre exorbitant
pour représenter un Conseil de la famille. À mon avis, si on veut
donner le sérieux nécessaire à ce Conseil de la famille,
il est important qu'il soit le mieux représenté possible, tout en
tenant compte, évidemment, de l'efficacité de l'action et des
rencontres. Mais, vous savez, les gens qui sont intéressés
à participer à un comité de cette nature qui est le
Conseil de la famille, qui va avoir un rôle majeur à jouer pour
l'ensemble des politiques du Québec en ce qui concerne, justement,
l'avenir des familles ici au Québec, je pense que ces gens vont trouver
le moyen, indépendamment du temps qu'il fait, de se présenter
parce qu'il y va de l'objectiif même pour lequel ce Conseil de la
famille... Ce sont eux-mêmes, l'ensemble des organismes, qui ont
demandé à être présents à ce Conseil de la
famille.
Ils sont très intéressés par la formation d'un
Conseil de la famille, mais un Conseil de la famille qui représente
efficacement... Le nombre sept, à notre avis, en tout cas, n'est pas un
objectif démesuré. Il favoriserait justement, comme on disait, ce
partage quatre-trois qui ne met pas toujours dans une situation assez
malencontreuse un président qui devrait toujours trancher à
l'intérieur des décisions, finalement. Ce n'est pas toujours
facile, vous savez, de prendre partie à l'intérieur d'un conseil
d'administration. D'autant plus qu'on fait appel, on fait
référence à des valeurs, très souvent. Cela peut
devenir très subjectif quand on parle des notions de la famille.
À notre avis, en ce qui me concerne, moi je considère que
sept me semble un chiffre tout à fait approprié, en tout cas,
pour représenter l'ensemble des organismes. Vous savez, il y a tellement
de nouvelles variables à l'intérieur de
la famille. Il faudrait que peut-être toutes ces
différentes variables, ces différentes composantes... Maintenant,
on a les familles élargies, tous les différents modèles;
cela permettrait à plusieurs de participer à ce Conseil de la
famille. Ce serait fort intéressant.
Le Président (M. Bélanger): Madame, comme
député de Laval-des-Rapides, toujours...
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Pourriez-vous demander au député de
Laval-des-Rapides, s'il vous plaît, de ne pas interrompre continuellement
l'Opposition quand elle est à répondre à une question?
Le Président (M. Bélanger): Alors, je parlerai au
député de Laval-des-Rapides, si la chose est pertinente. Je vous
remercie de votre remarque. Comme député de Laval-des-Rapides,
toujours, sur les bases exactement du même raisonnement que vous, sauf
que je n'arrive pas aux mêmes conclusions, moi aussi je présume
que les quorums c'est pour les débuts de séance, au cas où
il y a des gens en retard, etc. Mais je présume et je souhaite ardemment
que les gens soient suffisamment motivés, ceux qui seront nommés
à cette commission, pour être toujours présents, et,
à ce moment, la règle du quorum ne se pose pas. Elle n'est qu'une
formalité administrative. Je ne vois pas pourquoi on en ferait un plat.
Ce qui est important, c'est des règles minimales de fonctionnement. En
supposant que tout le monde serait intéressé, motivé et
présent, on n'aura jamais besoin de les invoquer et de s'en servir.
J'ose espérer qu'on fonctionnera le moins possible à six, qu'on
fonctionnera toujours à onze. M. le ministre, vous aviez une
intervention.
M. Dutil: Oui. C'est seulement pour dire que l'argument de
l'Opposition quant au vote prépondérant du président n'est
pas véritable puisque justement à six présences avec le
président inclus, il y a cinq membres, donc ce ne peut pas être
autrement que trois-deux, d'un côté ou de l'autre. Donc, le
président n'a jamais à voter. Avec six personnes pour le quorum,
incluant le président, il reste donc cinq membres qui votent et le
résultat de chaque vote est toujours de trois-deux, de quatre-un ou de
cinq-zéro.
M. Jolivet: Bien non.
M. Dutil: Bien, évidemment.
M. Jolivet: Non, non.
M. Dutil: Parce que le président n'a pas voté.
À ce moment-là, l'argument du vote prépondérant que
fait valoir l'Opposition ne tiendrait pas.
M. Jolivet: M. le Président, je ne suis pas d'accord sur
cette partie. Le ministre connaît certainement le code Morin. Je l'ai
assez utilisé dans ma vie pour savoir ce que dit le code Morin. Le
président peut... Même dans les commissions scolaires et aux
conseils municipaux, le président peut ne pas voter au premier tour;
c'est au deuxième tour que son vote prépondérant se joue.
Le président peut voter au premier tour et aussi utiliser son vote
prépondérant au deuxième tour parce que le droit de vote
du président, il peut se jouer à deux places, de deux
façons différentes. Ce sont toutes les assemblées
délibérantes. Il me semble qu'on avait déterminé
que c'était eux qui déterminaient la régie interne, mais
jamais vous n'empêcherez une régie interne d'interdire à un
président de voter au premier tour s'il le désire. Cela ne veut
pas dire que le président...
M. Dutil: Évidemment, M. le Président. M.
Jolivet: ...le prend.
M. Dutil: Tout ce que je dis, c'est que le président n'est
pas obligé de voter, qu'il peut éviter ce piège, tout
simplement.
Le Président (M. Bélanger): D'autres commentaires
sur l'article 12? M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Vous pouvez y aller... M. Jolivet: Allez.
M. Blais: M. le Président, je sais que, dans le fond, ce
conseil est institué parce qu'il y a urgence à cause de la
dénatalité. Cela est évident. Nous, de l'Opposition, nous
croyons que l'article 12 ne répond pas à cette urgence.
L'article 12 commence comme ceci: "Le conseil doit se réunir au
moins huit fois par année." À la rigueur, parce que le ministre
veut un conseil pour l'éclairer dans une politique en devenir, qu'ils se
réunissent huit fois par année, c'est dans son libellé
même qu'il y a souffrance. Cela suppose une longévité de ce
conseil si on lui dit qu'il se réunira huit fois par année; cela
veut donc dire que la politique en devenir est très loin. Mais, si la
politique en devenir n'est pas très loin, se réunir huit fois par
année après que la politique est assise et adoptée en
Chambre, c'est trop.
Donc, paf son libellé même, on sent un manque
d'orientation politique sur une loi pour aider la famille. C'est sur ce point
que j'aimerais avoir des éclaircissements du ministre. Pourquoi, dans
une loi, dit-on: Le Conseil de la famille, à cause de l'urgence,
à cause de la dénatalité, on
lui demande de se réunir huit fois par année? C'est donc
qu'on suppose que la politique en devenir est loin dans le temps. Comment
peut-il concilier cette phrase et l'urgence devant la dénatalité
au Québec?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, le député de
Terrebonne conclut rapidement que la seule raison pour laquelle nous faisons
une politique familiale est la dénatalité. Je ne dis pas que ce
n'est pas un problème grave et qu'il ne faut pas s'en préoccuper,
mais la politique familiale n'a pas pour unique but de s'occuper de la
dénatalité. Je pense qu'il faut rectifier cela
immédiatement. La qualité de vie des familles est une chose fort
importante. Quand le député de Terrebonne dit que c'est donc une
politique à long terme, il a raison jusqu'à un certain point.
Quand bien même nous appliquerions bien des mesures immédiatement,
il y aura toujours une évolution constante dans notre
société, comme on en a connu au cours des dernières
décennies, qui nous oblige à être vigilant pour la
protection de la famille.
Si un Conseil de la famille avait existé en 1960, si on avait
prévu tous les problèmes que la réorganisation de notre
société allait créer, sans doute aurions-nous
créé un Conseil de la famille en 1960 pour s'assurer que toutes
les modifications législatives faites à ce moment-là
tenaient compte de la problématique de la famille. C'est ce qu'on veut
faire pour l'avenir. La société est en constante évolution
et, dans l'avenir, il y aura certains organismes, certaines structures, qui se
préoccuperont, d'une façon principale et majeure, des impacts que
peuvent avoir nos mesures et nos lois qui continueront à se faire. Je ne
pense pas que le Parlement arrête de légiférer dans les
prochaines décennies. Ils se préoccuperont donc des impacts de
ces lois et de ces mesures sur la famille.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Quand, dans le texte de
l'article 12, on dit: "II peut tenir ses séances à tout endroit
au Québec", j'aimerais savoir du ministre, quand il dit: "II peut tenir
ses séances", s'il peut les tenir après avoir consulté
à nouveau le ministre ou s'il peut le décider de lui-même.
"De les tenir partout au Québec", est-ce que cela veut dire que, partout
au Québec, à tout endroit au Québec, le ministre
indique... On avait eu une discussion sur son siège social - on s'en
souvient - quant à savoir s'il était à Montréal,
à Québec, dans la Communauté urbaine de Montréal,
dans la Communauté urbaine de Québec. Cela veut dire que
l'organisme peut prévoir, dans ses huit réunions par année
au minimum, si je comprends bien, pouvoir faire une forme de tournée de
consulta- tion par le fait de se réunir et, en même temps, de
rencontrer les organismes familiaux de chacun des milieux, ou si c'est le
conseil d'administration qui est en vase clos parce que, s'ils n'ont pas le
droit de rendre publiques leurs décisions, il y a peut-être des
moments où ils vont avoir des problèmes en ce qui concerne la
confidentialité de leurs débats. Si le but du ministre est de lui
donner une certaine visibilité en disant: Après m'avoir
consulté, je vous permets d'aller à Rimouski, mais dans un
hôtel et c'est fini, vous ne rencontrez personne... Est-ce que c'est dans
ce sens-là que le ministre voit l'article ou si, quand il dit "il peut
tenir", c'est le conseil qui décide de lui-même de tenir ses
séances et là il pourrait se faire un programme pour se faire
voir un peu à travers le Québec comme conseil et profiter de la
venue dans un milieu donné, je donne un exemple comme Rimouski, pour
faire une annonce à la radio, à la télévision, dans
les journaux, par des lettres envoyées aux organismes leur disant: Nous
sommes là pendant deux jours, nous allons tenir nos séances
pendant deux jours et, pendant ces deux jours-là, nous aimerions avoir
un contact pour connaître vos problèmes dans votre milieu, votre
façon de voir les choses par rapport à l'évolution du
dossier?
Est-ce que le ministre peut nous donner plus de détail, eu
égard à ce que je demande?
M. Dutil: Bien sûr, avec plaisir, M le Président. Le
but est tout simplement de permettre à cet organisme-là, quel que
soit l'endroit de son siège social, de pouvoir tenir ses séances
à son gré, selon sa propre décision à lui et non
pas, comme c'est bien écrit, d'ailleurs... Il n'y a rien d'écrit
qui dit qu'ils doivent demander au ministre une permission quelconque pour
tenir leur séance à l'endroit où ils désirent la
tenir. Ils peuvent le faire en toute souplesse, tout simplement.
M. Jolivet: On dit: "Les membres du conseil autres que le
président ne sont pas rémunérés sauf dans les cas,
aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le gouvernement."
Cela est l'article 11. On dit: "Ils ont cependant droit au remboursement des
dépenses faites dans l'exercice de leurs fonctions, aux conditions et
dans la mesure que détermine le gouvernement". Est-ce que le ministre
pourrait me dire dans ce contexte, eu égard à l'article 12 et
à l'article 11, que vous nous avez forcés à adopter parce
que vous étiez majoritaires, que des personnes qui sont des femmes au
foyer, ou des hommes qui travaillent dans différents organismes ou
encore des femmes membres de différents organismes et qui voudraient
participer à ce conseil par la composition dont on a fait mention...
Est-ce que le ministre est en train de nous dire que, dans certaines
circonstances, cela aurait pour effet d'empêcher des personnes de
participer au conseil en disant: Moi, j'ai des enfants à faire garder,
j'ai une famille dont je dois m'occuper?
Si je désire participer au conseil, être membre du conseil,
j'accepte aussi - le terme est peut-être excessif mais on l'emploie
couramment - un "sacrifice" pour la société parce que le ministre
me demande de siéger au conseil mais sans autres frais que ceux
occasionnés par mes voyages (logement, nourriture, etc.) et sans
compensation pour le gardiennage des enfants s'il y a lieu. Est-ce que le
ministre me dit que le fait de tenir ces séances à
différents endroits au Québec n'aurait pas d'effets
désincitatifs pour les personnes désireuses d'être membres
du conseil, alors que le ministre se doit d'avoir le plus grand éventail
de gens qui composent la famille d'aujourd'hui et non seulement ceux qui vivent
dans des familles traditionnelles?
M. Dutil: M. le Président, nous avons longuement
débattu, la dernière fois, de l'article 11 et j'ai
déjà répondu à l'ensemble des questions à ce
sujet. Je ne veux donc pas revenir sur l'article 11. Je maintiens et je
répète que l'article 12 prévoit de la souplesse pour cet
organisme qui devra précisément avoir le plus grand souci de
faciliter la venue de chacun des membres du Conseil de la famille en
choisissant les endroits de ses réunions, en tenant compte de ce
facteur. Le but de l'article est tout simplement que le conseil puisse tenir
compte de la provenance des membres et gérer non seulement son programme
mais le lieu de ses réunions dans cette perspective.
M. Jolivet: Ne trouvez-vous pas, M. le ministre, que ce que je
viens de dire aura des effets sur la décision que peut prendre le
conseil de ne pas aller ailleurs au Québec, compte tenu de ces
contraintes? Ne trouvez-vous pas que cela pourrait avoir des effets
négatifs et désincitatifs?
M. Outil: Non.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Jolivet: Moi, je n'en ai pas d'autres.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il y a un
amendement proposé par le ministre qui se lit comme ceci: Remplacer le
mot "cinq" contenu à l'article 12 par le mot "six". Est-ce qu'il y a
consensus là-dessus?
M. Jolivet: Je demande le vote nominal.
Le Président (M. Bélanger): Vote nominal. Bien.
J'appelle le vote. Je vais me servir de celle-ci.
M. Bélanger (Laval-des-Rapides)? Pour.
M. le député de Terrebonne?
M. Blais: Oui, Laval-des-Rapides.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, c'est
parce que je suis la liste qu'on me donne ici.
M. Blais: Moi aussi, je suis la liste, c'est marqué 5.
C'est quoi?
Le Président (M. Bélanger): Remplacer le mot "cinq"
par le mot "six".
M. Blais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Jolivet?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Polak?
M. Polak: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Joly?
M. Joly: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme Juneau?
Mme Juneau: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Laporte?
M. Laporte: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Latulippe?
M. Latulippe: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Leclerc?
M. Leclerc: Pour (10 h 45)
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault?
Mme Legault: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Thuringer?
M. Thuringer: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Mme Vermette?
Mme Vermette: Contre.
Le Président (M. Bélanger): J'ai un petit
problème. L'Opposition a droit à trois votes et le parti au
pouvoir... Non, mais remarquez que cela ne change rien au résultat.
Mais, côté ministériel, j'ai droit... C'est le nouveau
règlement. Neuf du côté ministériel, on est
corrects. Alors, c'est huit à trois, donc l'amendement est
accepté. J'appelle l'article 12. L'article 12, tel qu'amendé,
est-il adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. Bien. J'appelle l'article 13 qui se lit comme suit: "Le
secrétaire ainsi que les autres membres du personnel du conseil sont
nommés et rémunérés selon la Loi sur la fonction
publique (L.R.Q., chapitre F-3.1.1.). M. le ministre.
M. Dutil: Sans commentaires.
M. Jolivet: C'est déterminé par la Loi sur la
fonction publique, donc ils n'ont pas le choix. Mais est-ce qu'ils sont
nommés? Cela veut dire que des concours seront ouverts...
M. Dutil: Selon la Loi sur la fonction publique.
M. Jolivet: Oui, mais j'aimerais bien que vous expliquiez aux
gens qui ne sont pas habitués à cela ce que vous en pensez. C'est
bien beau de me dire cela comme cela, moi je le sais. Mais je ne suis pas ici
seulement pour moi. Je suis ici pour savoir quand vous allez nommer, qui va les
nommer: vous ou la fonction publique? Est-ce qu'on va ouvrir un concours? Les
gens vont-ils postuler? Y aura-t-il des gens qui vont être
intéressés? Comment allez-vous procéder?
M. Dutil: M. le Président, je ne pense pas qu'on devrait
expliquer l'ensemble du processus de la Loi de la fonction publique ici. Bien
sûr, il y a des concours, bien sûr, il y a du recrutement, bien
sûr, il y a des étapes à franchir, bien sûr, il y a
des ordres de priorités et, bien sûr, il y a des cadres de
rémunération de prévus, mais je ne pense pas que ce soit
le lieu de donner toute cette information. S'il y a des gens dans le public qui
veulent en avoir davantage, il y a des publications à cet effet qui
pourraient leur donner l'ensemble des renseignements requis.
M Jolivet: Je vais poser une question. Le secrétaire qui
n'est là que pour les besoins de prendre des notes et les
résolutions qui sont prises et pour faire les convocations qui
s'imposent, et tous les autres membres du personnel... Le ministre peut-il me
dire aujourd'hui combien il y aura de personnes là? Qui va
déterminer le nombre de personnes? On parle d'un budget de 400 000 $ ou
de 500 000 $ peut-être, je ne sais pas... Combien vont-ils
être?
M. Dutil: M. le Président, on en est à la formation
du Conseil de la famille. Je pense qu'on devrait comprendre, de l'autre
côté, qu'une fois que le Conseil de la famille sera formé
il restera beaucoup de travail à faire. Il faudra déterminer
quels seront les mandats de l'année courante, quel sera le personnel qui
agira. Où se trouveront leurs bureaux? Combien achèteront-ils de
feuilles de papier et de crayons, etc.? Je ne vais pas expliquer ici, en
commission parlemen- taire, ce genre de choses.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président. Je voudrais bien
savoir quelle est l'opinion du ministre. Que le ministre ne vienne pas me dire
qu'il ne sait pas combien il y a aura de personnes dans un engagement quand on
a un budget de 400 000 $ à 500 000 $. Il est membre du Conseil du
trésor. Qu'il ne vienne pas me faire niaiser ici, ce matin! Je pose des
questions bien claires au ministre. Si vous avez 500 0Q0 $ à donner et
que vous allez gouverner le conseil, vous êtes bien mieux de les donner
aux membres des organismes actuels qui vont faire le travail plutôt que
de le faire vous-même. Je veux être clair avec vous. Si vous me
parlez comme cela, j'ai bien hâte de voir les négociations et les
discussions qu'on aura avec le conseil, M. le Président. CeJa n'a pas de
bon sens! Je pose des questions qui sont pertinentes dans le contexte actuel.
Le ministre sait qu'il y a un conseil d'administration formé de onze
personnes, dont le président, le vice-président et de tous les
autres qui suivent. Il sait qu'une personne sera engagée en vertu de la
Loi sur la fonction publique, qui est le secrétaire, qui aura des
responsabilités prévues par la loi. Je sais cela moi aussi.
M. Dutil: M. le Président.
M. Jolivet: Non, non, je n'ai pas fini. L'autre chose, c'est
combien de personnes... Dans le texte, le ministre - un moment donné, on
va arriver dessus - va déterminer comment on va fonctionner d'une
certaine façon parce que c'est sur ses recommandations à lui et
ils ne pourront pas agir sans ses recommandations. Moi, j'aimerais bien savoir
aujourd'hui... Ne pas me réveiller après cela pour me faire dire:
Vous l'avez voté. Je ne suis pas prêt à voter quelque chose
que je ne sais pas. Je veux savoir comment il prévoit dès le
départ, il doit le savoir... Il nous a dit qu'il a travaillé
longuement sur ce projet de loi, c'est son bébé et il veut
l'avoir. Il a dit que ce projet de loi était un projet de loi important
et, aujourd'hui, il ne veut pas me dire le nombre de personnes qu'il
envisage... Je ne veux pas savoir s'il y en aura 46 ou 26, mais un
à-peu-près de ce qu'il a déjà envisagé, pour
que les gens sachent dans quoi ils vont s'embarquer quand ils vont
décider de l'ensemble du budget. C'est dans ce sens-là. Si le
ministre dit, après qu'ils m'auront consulté, je vais leur dire:
Écoutez, messieurs, mesdames, c'est tant de personnes, pas plus, il y a
une méchante différence avec le loisir de déterminer,
à partir du budget qu'ils vont avoir. C'est ce que je veux savoir de la
part du ministre, comment il va agir dans ce dossier.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, que le député
de
Laviolette garde son calme, il n'y a de problème. Je vais lui
expliquer pourquoi on ne peut pas répondre précisément
à ses questions. Il y a diverses façons d'organiser le
fonctionnement d'un conseil, qu'il soit de la famille ou autre. Il peut avoir
beaucoup de mandats de donnés à des équipes de recherche.
Cela vient gruger une partie du budget et ça vient limiter le budget qui
peut être requis à ce moment-là pour engager du
fonctionnement. On peut faire le contraire et dire: On en met davantage, pour
des raisons de discussions qui pourraient avoir lieu autour de la table avec le
Conseil de la famille, on en met davantage sur le fonctionnement. On engage
davantage de personnes. On donne moins de mandats de recherche à
l'extérieur.
Toutes ces choses peuvent jouer dans la dynamique de la discussion qu'il
y aura entre le conseil qui sera établi et le ministre qui s'assoira
avec eux, en disant: Quelle est la meilleure façon de procéder?
Ce n'est pas dans le but de ne pas répondre précisément au
député de Laviolette. Je ne voudrais pas qu'il s'emporte pour une
chose pareille. Je comprends que ma réponse de tout à l'heure a
pu lui sembler être imprécise, mais je pense qu'on doit au respect
du Conseil de la famille lui laisser une certaine latitude quant à
l'organisation qu'il veut avoir et quant à la façon dont il peut
gérer ce budget.
Tout à l'heure, le député de Laviolette nous
reprochait d'être trop directifs, de dire: Le conseil va faire ci, le
conseil va faire ça. C'est le ministre qui mène tout. On leur
laisse la latitude. Je ne réponds pas à cette question justement
pour leur laisser la latitude de nous faire des recommandations sur la
façon de gérer l'enveloppe qu'ils auront. Qu'on ne vienne pas
nous faire ce reproche. C'est contradictoire avec ce qui a été
dit tout à l'heure.
M. Jolivet: Non, ce n'est pas contradictoire, M. le
Président. Le ministre, à ce point de vue, ! faut qu'il
soit bien clair. C'est important. Si le ministre me dit qu'ils vont être
totalement libres, qu'il ne vienne pas me dire aujourd'hui que, si ça ne
fait pas son affaire, il ne prendra pas les dispositions nécessaires
pour l'empêcher; là, il ne me fera pas comprendre ça assez
facilement ce matin. Je connais assez l'organisation ministérielle pour
savoir que le ministre, s'il se donne des pouvoirs dans le contexte qui est
là - lisez le projet de loi - qui empêchent l'initiative au
conseil, qui empêchent au conseil de rendre publiques ses
décisions, il va prendre toutes les précautions
nécessaires pour empêcher que des fuites se fassent.
S'il me dit, demain matin, que les gens vont pouvoir engager, à
partir des budgets qu'ils vont avoir, des gens qui vont faire des recherches et
que ces personnes-là n'auront d'autre lien qu'avec un organisme
indépendant privé, c'est différent que s'il engage du
personnel qui sera rémunéré en vertu de la Loi sur la
fonction publique avec les devoirs de garder le secret professionnel.
M. le Président, je ne pose pas de questions à
l'aveuglette et je ne m'emballe pas. Je veux simplement connaître si le
ministre... La réponse qu'il me donne depuis tout à l'heure,
c'est une réponse que je n'accepte pas. Je ne peux pas accepter
ça. C'est une chose trop importante, connaître quelle est
l'orientation qu'il veut donner. Si on met ça dans un service de
recherche, d'une part, ou si on met ça dans l'engagement de personnel,
c'est différent; c'est un budget global de 400 000 $ ou de 500 000 $.
Là, le ministre va déterminer, lui, à un moment
donné, à une recontre qu'il va avoir avec le nouveau conseil
d'administration qu'il va avoir nommé, avec les gens qui vont être
nommés, ce qu'il a l'intention de leur voir faire, parce que c'est ce
qu'il se donne comme pouvoir à l'intérieur du projet du projet de
loi.
Alors, c'est dans ce sens-là que je posais la question. Il me
semblait que c'était tout à fait logique de connaître
l'orientation du ministre aujourd'hui pour que, quand on arrivera au moment du
vote, on puisse dire oui ou non. Si jamais on disait non, si on se retrouve
plus tard avec des gens qui lui font des réprimandes, on pourra dire
pourquoi on les fait, parce qu'à l'époque on a dit telle
chose.
Si le ministre pense qu'à ce moment-là je n'ai pas le
droit de m'insurger du sujet de la façon dont il m'a répondu tout
à l'heure et de m'insulter un peu, je trouve ma réaction tout
à fait normale comme membre de l'Opposition.
M. Dutil: Quant à la réaction du
député de Laviolette, je ne lui disais cela que pour son
bien-être personnel et sa santé.
M. Jolivet: II n'y a pas de problème, vous savez.
M. Dutil: C'est très dangereux.
Le Président (M. Bélanger): Soyons pertinent.
M. Dutil: Mais ceci dit, M. le Président, je pense avoir
répondu à l'ensemble de la question tout à l'heure et je
n'ai pas l'intention d'y ajouter puisqu'il n'y a pas d'élément
nouveau dans la réplique du député de Laviolette.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Ma question s'adresse au ministre en lui demandant
pourquoi le libellé: Le secrétaire ainsi que les autres membres
du personnel... Pourquoi ne pas avoir écrit: Tous les membres du
personnel du conseil sont nommés et rémunérés?
Est-ce que le secrétaire a une fonction particulière ou est-ce
qu'il doit être choisi par le ministre directement, puisqu'on le met
à part, qu'on ne l'inclut pas dans les autres
membres du personnel?
M. Dutil: II est évident - cela répond à
l'une des interrogations du député de Laviolet-te - qu'il y aura
au moins une personne, qu'il y aura au moins un secrétaire. À ce
point de vue, cela satisfait en partie les désirs du
député de Laviolette, tout à l'heure. Le libellé
est ainsi fait qu'on précise qu'il y a un secrétaire. On aurait
très bien pu écrire: tous les membres du personnel sont
nommés et rémunérés suivant la Loi sur la fonction
publique, effectivement. Mais c'est rédigé ainsi et je ne pense
pas que cela fasse de difficulté.
Mme Vermette: On le met tellement à côté.
On lui donne une fonction qui devient pas mal
prépondérante par rapport aux autres membres du personnel. C'est
pourquoi je me demandais si, de cette façon, le secrétaire avait
un traitement particulier par rapport aux autres membres du personnel.
M. Dutil: M. le Président, on peut s'attendre à ce
que le responsable de cette boîte ait une rémunération
supérieure et des conditions de travail supérieures aux autres
membres, effectivement. Il n'y a rien de machiavélique dans le fait
d'avoir écrit le libellé de cette façon, je puis vous
l'assurer, M. le Président. Et, si vous pouvez le dire aux membres de
l'Opposition et que cela puisse les tranquilliser, je vous prie de leur faire
part que nous n'avions aucune intention machiavélique en écrivant
le libellé de cette façon.
Le Président (M. Bélanger): Vos intentions sont
reçues.
M. Jolivet: M. le Président, que le ministre n'ait pas
l'impression qu'on le prend pour Machiavel. On veut seulement avoir des
réponses à nos questions. C'est dans ce sens que je disais que
l'orientation que le ministre veut donner au conseil, c'est capital. Cette
orientation peut aussi dépendre du nombre de personnes qu'il a
l'intention d'avoir à son conseil et, en ce sens, un budget de 400 000
$, ce n'est pas pour une grosse équipe. Je pourrais poser la question
suivante: Est-ce que ce seraient des gens qui sont actuellement - cela pourrait
arriver - au Conseil des affaires sociales et de la famille et qu'on fasse
juste un petit transfert? Vous savez, cela pourrait arriver. Ces gens iront
quelque part s'ils ne sont plus là. Autrement dit, est-ce que
l'équipe actuelle va être fractionnée, avec le budget
fractionné? Je vous donne seulement l'exemple que j'ai vécu d'un
projet de loi où on a discuté longuement pour s'assurer du
transfert des gens. Dans ce cas-là, ce serait dans la fonction publique,
il n'y aurait pas de problème. Mais, dans le transfert des gens qui
travaillaient au ministère de l'Éducation et qui allaient
travailler à Radio-Québec, les conditions qu'on leur faisait pour
s'assurer qu'ils ne perdaient pas des droits acquis...
Si le ministre veut me dire qu'au fond la partie famille du conseil
actuel, en termes de nombre et de budget, selon les principes habituels du
Conseil du trésor, c'est de dire: Les gens suivent postes et budget...
Si c'est cela que le ministre veut, on va savoir que c'est peut-être
quatre, cinq personnes, plus le secrétaire, plus les membres du conseil
qui sont onze. Cela va former la petite équipe de gens qui seront
à la merci du ministre dans les décisions à venir
bientôt pour les autres articles. Je pense qu'il est important de le
savoir. Et le ministre le sait; je suis sûr qu'il sait quelle intention
il a dans la tête et il ne veut pas le dire, c'est seulement cela. Au
moins, on aura essayé de le lui faire dire. Et on pourra se dire: On
n'est pas d'accord parce que ce n'est pas suffisant. Le budget, ce n'est pas de
400 000 $ à 500 000 $ qu'il devrait être, mais peut-être de
1 000 Û00 $, et le ministre le sait très bien. Et, quand il sourit
comme maintenant, ce n'est pas parce que je lui souris; c'est parce qu'il sait
que j'ai raison. Le ministre sait très bien que l'équipe qui est
là, cela ne lui donnera pas d'importance... Et, quand le ministre dit
qu'il veut ma santé, mon bien-être, il n'a pas à
s'inquiéter pour moi, mon médecin me dit que je suis en
très bonne santé, sauf que je ne peux pas le dire parce que le
gars qui a dit qu'il était dangereusement bien, il est mort le
lendemain!
Mais mon problème n'est pas là, c'est le ministre. Le
ministre veut-il être, dans les années à venir, un ministre
qui a marqué le Québec non pas en termes d'histoire seulement,
mais pour une chose essentielle qui est la politique de la famille? Est-ce
qu'il veut un vrai conseil de la famille, avec les pleins pouvoirs, ou s'il
veut simplement répondre à une commande du premier ministre, ce
social-démocrate de fin de semaine qui, un jour, décide que,
finalement, il y a en cours de route...
Une voix: ...
M. Jolivet: Ce n'est pas antiparlementaire, c'est la
réalité.
M. Dutil: C'est impoli! C'est impoli!
M. Jolivet: Une fin de semaine, il a parlé de la
population, de l'immigration et de la natalité et, une autre fin de
semaine, il a parlé de faire telle chose, de telle sorte qu'à un
moment donné il s'est réveillé: II faudrait bien penser
à cela, les gens sont inquiets, cela vaudrait la peine et on va passer
pour un gouvernement qui a donné quelque chose. Vous savez ce que j'ai
dit. Il y a des gens qui aiment mieux avoir cela que rien parce qu'ils ont peur
de ne pas l'avoir. J'ai dit: C'est peut-être mieux parfois de n'avoir
rien que cela.
(11 heures)
Donc corrigeons-le pour arriver au juste milieu, corrigeons-le pour
permettre à ceux qui veulent avoir cela pour éviter de ne rien
avoir, à ceux qui ne veulent rien plutôt que cela d'avoir quelque
chose de potable qui soit à peu près copié du Conseil du
statut de la femme, avec les pleins pouvoirs.
Dans ce sens, quand je parle des autres membres du personnel, si le
ministre me dit que c'est une petite équipe, qu'elle ne grossira pas et
qu'il n'est pas question qu'elle ait plus de budget, c'est déjà
confiner les gens à un petit pain, à un petit travail. Ce n'est
pas ce que le ministre recherche, j'en suis sûr. C'est ce que je veux lui
permettre d'obtenir. Je suis prêt à faire les pressions avec lui.
Si, au Conseil du trésor, il n'est pas capable de tout obtenir, qu'au
moins, avec l'Opposition, les gens des conseils et le ministre on puisse faire
pression auprès du président du Conseil du trésor et lui
dire: Cela n'a pas de bon sens, ce que tu donnes là. On pourrait en
parler au premier ministre pour lui dire que ce qu'il propose, cela n'a pas de
bon sens et, dans ce sens, obtenir un secrétariat avec du personnel pour
le conseil qui soit plus important que ce qu'on prévoit actuellement,
avec un meilleur budget que celui qu'on a actuellement. On corrigera le reste
en cours de route. Le ministre a dit qu'il y avait des amendements à
venir, qui ne sont peut-être pas aussi nombreux que je l'espérais,
non pas pour moi, mais pour les organismes familiaux. J'aurais aimé que
le ministre me dise aujourd'hui ce qu'il a l'intention d'obtenir.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je pense qu'on s'est
drôlement éloignés de l'article 13. De toute façon,
j'aurai quand même deux remarques à faire. La première,
c'est qu'on nous reproche de vouloir orienter à notre façon le
Conseil de la famille et, ici, on me reproche de ne pas l'orienter assez. Que
veut l'Opposition? Elle voudrait qu'on fige le Conseil de la famille d'avance,
sans avoir nommé les personnes, sans les avoir consultées. On a
l'occasion de créer un Conseil de la famille; pourquoi ne pas prendre
cette occasion et demander au Conseil de la famille de quelle façon il
veut s'organiser? N'est-ce pas un atout supplémentaire de souplesse?
N'est-ce pas formidable d'avoir une première occasion de le faire?
Cette occasion aurait dû probablement venir il y a dix ou douze
ans, alors que le Parti québécois était au pouvoir. Et
qu'on était déjà, puisqu'il considère que la
dénatalité est un si grave problème, en
sous-fécondité. Qu'a-t-il fait pour la famille? On voit que M.
Parizeau fait des virages à 180 degrés. Dernièrement, on
voyait dans les journaux que la famille devenait importante pour le nouveau
chef du Parti québécois. Qu'a-t-il fait quand il était
ministre des
Finances?
Quand on nous accuse d'être des socio-démocrates de fin de
semaine, je dis que le Parti québécois est pour la famille depuis
seulement deux ans, curieusement; pourquoi ne l'a-t-il pas été
depuis dix ans, alors qu'on connaissait des problèmes reliés
à la famille depuis ce temps?
M. Jolivet: M. le Président, quand on veut
démontrer l'importance d'un organisme, on lui donne des moyens d'agir.
Je vous donne juste un exemple: Le Conseil du statut de la femme, qui a environ
80 employés, est un conseil important. Il publie des avis, il a une
capacité d'agir indépendante du ministre responsable. Quand on
regarde sur le plan du fonctionnement du personnel, il y a des salaires
équivalents à 2 194 000 $ et d'autres rémunérations
additionnelles, ce qui totalise 2 500 000 $, en gros. Je pense que cela
démontre l'importance que le gouvernement lui apporte.
Le ministre aura beau vouloir critiquer les actions d'un gouvernement
précédent, je lui rappellerai qu'une décision a
été prise et cette décision, je l'ai toujours
acceptée comme étant celle de la population. On n'a pas à
y revenir, c'est déjà fait, quant à moi. Il pourra le dire
tant qu'il le voudra, cela ne me dérange pas du tout. Il pourra essayer
d'attaquer le chef que nous avons maintenant, il a le droit le faire s'il le
veut, je ne m'en occuperai même pas. Ce n'est pas de cela que je veux
parier aujourd'hui.
Nous ne sommes pas à nous demander ce qui aurait dû
être fait dans le passé, nous sommes à nous demander ce qui
sera fait pour l'avenir, et c'est lui qui prend la décision. C'est cela
qui est important ce matin. Le ministre a une décision importante
à prendre ce matin, nous sommes prêts à l'appuyer, à
l'aider. Je trouve un peu malhabile de sa part de venir mordre la main de celui
qui veut l'aider. Nous sommes ici pour l'aider à obtenir davantage que
ce qu'il a déjà obtenu. S'il n'était pas
gêné, s'il avait quelque chose d'important, il nous dirait le
nombre de gens qu'il a l'intention de nommer, dans son esprit. S'il ne veut pas
nous le dire, c'est parce qu'il est gêné. Il sait qu'il n'a pas
obtenu tout ce qu'il veut.
C'est dans ce sens que je dis que l'importance du nombre des membres du
personnel du conseil, cela veut dire aussi l'équipe majeure que veut se
donner le ministre délégué à la Famille au
Québec. Dans ce sens, il me semblait que le ministre aurait pu nous
répondre. Il ne veut pas nous répondre. On prend donc acte de sa
décision et on lui dira qu'on ne peut pas être contre le fait
qu'il y ait une personne secrétaire et qu'il y ait d'autres membres. On
aurait aimé connaître la teneur et le nombre de ces personnes, pas
en disant il va y en avoir 80 et, demain matin, on va l'obstiner: Aie, ce n'est
pas 80, il y en a juste 78. Ce n'est pas cela. C'est l'importance qu'il veut
donner à son conseil. On s'aperçoit qu'il est un peu
gêné de nous le dire.
Cela veut donc dire que dans ce contexte-là nous allons
voter, parce que c'est un article qui est traditionnel dans les projets de loi
de nommer et de rémunérer en vertu de la Loi sur la fonction
publique, mais nous aurons fait valoir notre point de vue sur l'article 13. Je
ne sais pas s'il y a d'autres personnes...
Le Président (M. Bélanger): Mais je
réitère... Je relis l'article 13: "Le secrétaire ainsi que
les autres membres du personnel du conseil sont nommés et
rémunérés suivant la Loi sur la fonction publique." On ne
parle pas de leur nombre. On parle simplement en vertu de quel principe ou de
quelle loi Hs seront rémunérés. Alors vous...
M. Jolivet: M. le Président, je...
Le Président (M. Bélanger): Cela dit juste
cela.
M. Jolivet: ...je le sais mais vous ne me confinerez pas à
poser mes questions juste sur cela.
Le Président (M. Bélanger): Je ne vous confine
à rien. Je n'ai fait aucune remarque autre que de rappeler l'enjeu de
l'article 13 qui dit que les gens sont nommés et
rémunérés selon la Loi sur la fonction publique.
M. Jolivet: Je comprends tout cela, M. le Président. Ce
que je veux...
Le Président (M. Bélanger): C'est juste cela qu'il
y a à l'article 13 de la loi.
M. Jolivet: M. le Président, je comprends tout cela mais
vous m'ouvrez une porte que vous n'auriez pas dû ouvrir.
Le Président (M. Bélanger): Ah bien,
écoutez...
M. Jolivet: Je vais vous dire pourquoi.
Le Président (M. Bélanger): Vous les prenez toutes
de toute façon, même les fissures.
M. Jolivet: M. le Président, écoutez, si vous
commencez le même stratagème que le précédent, vous
allez voir que ce ne sera pas long avec moi non plus.
Le Président (M. Bélanger): On peut être
malcommode à deux. C'est facile.
M. Jolivet: Ce n'est pas question...
Le Président (M. Bélanger): Mais ce n'est pas
l'objet ce matin. Je vous demanderais juste...
M. Jolivet: Ah bien là, monsieur...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît.
Écoutez, on ne commencera pas... Je pense qu'on est habitués
à travailler ici selon une certaine façon. Cela a toujours
été calme à cette commission-là. On n'a jamais eu
de problème. Je ne voudrais pas qu'on en ait ce matin. Alors, l'objet de
ma remarque est simplement de préciser que l'article 13 dit ceci: "Le
secrétaire ainsi que les autres membres du personnel du conseil sont
nommés et rémunérés suivant la Loi sur la fonction
publique." Et, vous l'avez très bien fait ressortir, c'est un article
courant dans tous les projets de loi.
M. Jolivet: Je veux juste que le ministre et vous compreniez une
chose, M. le Président. Je sais ce que je viens de vous dire. Je ne
cacherai pas que je le sais. Ce que je veux savoir, ce que je veux faire dire
au ministre, c'est l'importance qu'il donne à son conseil. Or, à
quelle place pourrais-je parler de l'ensemble du budget qui va être
donné à ce conseil? À quelle place vais-je pouvoir parier
du nombre de personnes qui vont assister à ce conseil? Il n'y en a pas
M. le Président. C'est la seule place où je peux en parier.
Ce que je fais...
Le Président (M. Bélanger): ...à l'article
18, vous aurez amplement l'occasion, je pense. Regardez l'article 18. Il va
vous ouvrir toutes ces portes-là.
M. Jolivet: Non, non, M. le Président, c'est vous qui
devenez tannant un peu là.
Le Président (M. Bélanger): Regardez-le. Non, non,
regardez l'article.
M. Jolivet: Non, mais écoutez, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): Vous demandez
où. Je vous dis où, écoutez, ce n'est pas
compliqué. Il me semble que c'est simple.
M. Jolivet: Un instant, là.
Le Président (M. Bélanger): L'article 18 vous
permet tout à fait de poser ces questions-là.
M. Jolivet: Non monsieur, non monsieur. Ce sont des
comités, M. le Président. Je m'excuse.
Le Président (M. Bélanger): C'est correct.
M. Jolivet: Écoutez, j'ai étudié le projet
de loi. Je sais ce que j'ai à poser comme question. Écoutez,
quand je regarde l'ensemble des autres budgets qui sont donnés à
d'autres conseils et qu'on regarde juste le Conseil des affaires sociales et de
la famille actuellement, c'est ici
la seule place où je peux poser des questions: Quelle est
l'importance que le ministre veut donner, en termes de nombre de personnes, de
membres du personnel? Je sais que c'est en vertu de la Loi sur la fonction
publique qu'ils sont nommés, qu'ils sont rémunérés.
C'est ce que je vous ai dit. Mais ce n'est pas cela que je veux savoir. Cela je
le sais. C'est automatique dans tous les projets de loi. Ce n'est pas cela ma
question. Ma question est: Quelle est l'importance que le ministre veut donner
au conseil en termes de nombre de personnes et du personnel? Bien, c'est
là que je peux la poser. Je ne peux la poser ailleurs, M. le
Président. Et là vous ne me ferez pas passer pour - ce que dirait
ma mère à un moment donné - un simple. Un instant. J'ai
voulu avoir des réponses. Je ne les ai pas mes réponses. Je sais
que le ministre est gêné de me le dire parce qu'il sait, dans sa
tête, que c'est peu de personnes. Quand je regarde le Conseil des
affaires sociales et de la famille, je vois l'ensemble des traitements qui sont
donnés au personnel permanent et tous les comités qui sont
formés ou tous les groupes qui sont nommés parmi ces gens comme
agents de recherche, soit contractuels ou à plein temps, comme agents
d'information, comme techniciens en documentation, techniciens en
administration, etc. M. le Président, vous allez l'avoir, prenez-le en
note. Ils sont tous là ceux qui forment le secrétariat du
conseil. Donc, dans ce contexte-là, M. le Président,
c'était la place où je pouvais poser mes questions. Je les ai
posées. Je n'ai pas les réponses que je désire mais je
vous dis que je n'ai pas à voter contre le fait que les gens soient
nommés et rémunérés en vertu de la Loi sur la
fonction publique. C'est la logique même.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 13
est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Fonctions et pouvoirs
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 14, Section II, Fonctions et pouvoirs. L'article 14 se lit
comme suit: "Le conseil a principalement pour fonction de conseiller le
ministre sur toute question d'intérêt familial." M. le
ministre.
M. Dutil: Je pense que l'article est très clair en soi. La
fonction du conseil, c'est auprès du ministre sur les questions
familiales, principalement. Il n'y a pas, à mon avis, à
être plus clair que ce l'est là.
M. Jolivet: M. le Président, il faut tenir compte de
l'article 14 en regardant l'ensemble des autres articles qui suivent. On dit
que le conseil peut, à l'article 15, dans l'exercice de ses fonctions,
faire telle ou telle chose. On dit, à l'article 16, que le conseil doit
donner son avis au ministre sur toute question. À l'article 17, on dit
que le conseil peut, avec l'autorisation du ministre, rendre public cet avis.
Donc, il faut le regarder dans l'ensemble du projet de loi et non pas seulement
indépendamment l'un de l'autre. On dit que le conseil a principalement
pour fonction de conseiller le ministre sur toute question
d'intérêt familial.
Vous avez eu l'occasion, M. le Président, au cours des deux
dernières années, de voir la composition de différents
conseils. On ne les a pas appelés conseils; on les a appelés
comités. Ce pouvait être un comité sur la voirie; on l'a
appelé le comité Middlemiss. Il y a eu un conseil de la faune; on
l'a appelé autrement, du nom d'un député qui s'en est
occupé. J'en ai vu un autre l'autre jour sous le nom de Mme
Bélanger. Les ministres, quand ils ont quelques problèmes, quand
ils ont à prendre des décisions, pour retarder la décision
ils nomment des comités qui leur font des suggestions. Et, dans certains
cas, on est même allés jusqu'à demander à des
sous-ministres, comme le sous-ministre Leblond d'en faire un pour la chasse et
la pêche. Après, on a dit ce qu'on voulait et ce qu'il avait
proposé. On a même vu le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche demander à ses fonctionnaires de lui préparer un
document pour consultation et, après, décrier que c'était
une affaire de fonctionnaires. Les fonctionnaires ont dit: On a marché
sur l'ordre du ministre.
Je vous dis simplement ici que vous avez un conseil qui a principalement
pour fonction de conseiller le ministre sur toute question
d'intérêt familial. Il est évident que si on ne regarde pas
tous les pouvoirs que peut avoir le conseil, tous les mandats d'initiative que
peut avoir le conseil, on en arrive à se demander: Est-ce que ce dont le
ministre a besoin, c'est un conseil qui soit à sa merci, qui dit ce
qu'il veut tout simplement pour aller, après, vers la population et dire
aux gens: Regardez, le conseil que j'ai nommé me dit telle ou telle
chose; je suis d'accord avec cela ou je ne suis pas d'accord avec cela? Cela
fait en sorte que, finalement, cette fonction de conseiller le ministre est
tout simplement un moyen d'endormir le monde. C'est cela qui nous
inquiète. D'autres organismes l'ont dit. Je prends à
témoin l'organisme qu'on appelle la COFAQ qui parlait
précisément des limites et des contraintes qui risquent fort de
miner la crédibilité du conseil tout aussi bien auprès des
familles elles-mêmes, des organismes familiaux qu'auprès du
ministre lui-même. Vous savez, si le conseil est considéré
comme étant un conseil à la merci du ministre et qu'en fin de
compte le ministre se retrouve pris à partie par l'ensemble de la
population et des familles, ce n'est pas seulement le conseil qui va en subir
les contrecoups, le ministre aussi.
D'autres organismes ont écrit au ministre, dont copie nous a
été envoyée à titre de membre de la commission. Ils
désirent faire savoir au ministre qu'ils partagent à la fois les
interroga-
tions et les inquiétudes et ils partagent aussi les
recommandations qui sont faites en ce qui a trait à la
représentation des organismes familiaux ainsi qu'aux fonctions et
pouvoirs du conseil. Si on dit: "principalement pour fonction de conseiller le
ministre", je pense que c'est la première fonction que te conseH devrait
avoir et il doit, pour exercer cette fonction, arriver à
différentes propositions. C'est une proposition qui est faite par la
COFAQ. D'autres groupes nous écrivent, qui sont membres de la
fédération de la famille du Québec et qui nous disent
qu'eux aussi ont des préoccupations, des inquiétudes et des
attentes en ce qui concerne les fonctions et pouvoirs du Conseil de la famille,
les critères visant le choix des personnes nommées au le conseil,
etc. (11 h 15)
D'autres groupes, les mouvements couples et familles, de
différents milieux au Québec, il y en a dans mon secteur comme
d'autres, font savoir au ministre qu'ils partagent à la fois les
interrogations, les inquiétudes et les recommandations et ça
tourne toujours autour du même en ce qui a trait à la
représentation des organismes familiaux et aux fonctions et pouvoirs de
la famille. Vous avez d'autres groupes qui ont fait valoir le point de vue,
comme membres du regroupement interorganismes, soit à l'intérieur
de leur groupe ou personnellement, le Cercle des fermières ou autres...
M. Sarrazin nous le disait l'autre jour: Nous sommes une coalition de gens qui
désirons avoir les mêmes buts mais il faut, des fois, en arriver
à des consensus parce qu'on n'a jamais la possibilité de prendre
une décision qui soit autre chose qu'un consensus, ce qui est normal
quand on fait partie d'une coalition. D'autres organismes disent au ministre:
Attention! on est bien conscient que la principale fonction est de conseiller
le ministre mais on voudrait bien qu'il puisse avoir cette fonction-là.
On le verra dans les autres articles. C'est pour ça que je vous dis
qu'on ne peut pas dissocier l'article 14 de l'ensemble des autres articles qui
sont la suite logique de la décision que nous prendrons à
l'article 14.
Donc, H me semble que si la fonction est de conseiller le ministre de
telle sorte que, finalement, le ministre aurait pu se faire donner des conseils
par un organisme qu'il aurait créé lui-même, qui ne soit
pas un organisme mis dans une telle toi... Rien n'aurait pu empêcher le
ministre de le faire. Vous le savez très bien, le ministre aurait pu
former le conseil qu'il veut pour ses propres besoins et décisions de
ministre sans avoir à créer un organisme en vertu de la loi. S'il
désire le faire en vertu de la loi, c'est qu'H a l'intention de lui
donner de vrais pouvoirs, de vraies capacités de décision, de
vrais pouvoirs de rendre publics les avis de ce conseil sans avoir à
demander l'autorisation au ministre, comme on le voit dans les autres lois qui
forment les conseils, justement pour animer le milieu, l'aider à bien
présenter les projets au gouvernement et faire en sorte de faire
évoluer la société vers les besoins des familles au
Québec, quelle que soit la famille qu'on connaît aujourd'hui et
non pas selon les besoins d'un gouvernement quel qu'il soit.
C'est dans ce sens que si le conseil dort conseiller le ministre, il
doit avoir aussi les moyens de le faire sans contrainte. Il peut dire
ouvertement ce qu'il pense à la population et même être
à rencontre des décisions que le ministre aurait voulu voir
prendre par le conseil et à rencontre des orientations que voudrait voir
prendre le Conseil des ministres parce que si un ministre n'est pas assez
pesant, c'est le Conseil des ministres qui décide à sa place ou
le premier ministre. C'est dans ce sens-là que je dis qu'il me semble
qu'on ne peut pas s'empêcher d'accepter, ce serait anormal de le faire,
je pense que ce serait illogique de le penser... Si le ministre a
décidé qu'il aura un conseil en vertu de la loi, que ce conseil
ait comme premier mandat de lui donner le résultat de ses consultations
à travers le Québec, soit, mais que le ministre veuille en faire
sa marionnette, je ne serais pas d'accord.
Donc, nous allons accepter le but recherché. Je l'ai dit, on est
toujours d'accord avec l'optique recherchée, c'est sur les
modalités qu'on utilise qu'on n'est pas d'accord. C'est dans ce
sens-là que j'aurai des questions, quant à moi; mes
collègues ont certainement autre chose à dire, selon leurs vues -
les vôtres aussi, d'ailleurs, ont peut-être des choses à
dire - sur l'article 14.
M. Dutil: J'aurais quelques remarques sur ce que vient de dire le
député de Laviolette. Ce qui est scandaleux à mon avis, et
j'espère qu'il ne répétera pas cela sur la place publique,
ce que le député de Laviolette est en train de dire, c'est qu'il
aurait souhaité qu'on fasse un comité pour conseiller le ministre
plutôt qu'une loi et un Conseil de la famille. C'est un peu vouloir
mettre la famile sous le tapis. D'ailleurs, je pense que c'est le propre du
Parti québécois d'avoir toujours voulu mettre la famille sous le
tapis pendant toutes les années où il a gouverné. Je sais
que le député de Laviolette n'aime pas qu'on lui rappelle cet
épisode un peu pénible de l'histoire du Québec qu'a
été le gouvernement du Parti québécois. D'ailleurs,
il l'avoue lui-même et je lui reconnais que la population a porté
un bon jugement le 2 décembre. Il le disait encore tout à
l'heure...
M. Jolivet: Comme en 1976, d'ailleurs.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je vous
demanderais de vous en tenir à l'article 14, s'il vous plaît!
M. Jolivet: Faites attention, là! Faites attention!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de
Laviolette, s'il vous plaît!
M. Jolivet: Non, mais il devient un peu...
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Jolivet: Ce n'est pas son rôle comme...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, on
revient à l'article 14, s'il vous plaît!
M. Dutil: Je m'excuse de m'être emporté, M. le
Président, mais je dois vous dire que j'ai été
scandalisé de voir que l'Opposition aurait voulu faire du Conseil de la
famille un simple comité pour conseiller le ministre. Cela peut
scandaliser.
On fait une loi. On pense que la famille, c'est très important.
L'objectif, c'est le Conseil de la famille, on l'a dit. C'est bien sûr
que c'est cela. On aurait pu le faire d'une façon différente, le
député de l'Opposition l'a dit, et il semble dire qu'on aurait
dû le faire d'une façon différente, par un simple
comité qui n'a aucune permanence, aucune visibilité et aucune
importance sur le plan public. Bien, non! Le gouvernement a
décidé, lui, de le faire avec toute l'importance que cela a,
c'est-à-dire par processus législatif et en assurant les
familles, les organismes familiaux du Québec qu'ils auront une certaine
permanence, qu'ils auront enfin - depuis très longtemps, ils le
demandent - une voix auprès des organismes gouvernementaux, une voix
qu'ils n'ont jamais eue pendant tout le temps que le Parti
québécois était au pouvoir.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président.
Je trouve un peu difficile d'entendre ce que le ministre vient de dire.
Je pense qu'on s'est toujours occupés... Si on n'a pas été
en mesure de concrétiser le livre blanc qui avait été mis
de l'avant par le Dr Laurin, je ne pense pas que c'est un blâme que le
ministre doit nous adresser. Ce que mon collègue a voulu dire, c'est, je
pense, qu'on n'est pas satisfaits de ce qui est fait jusqu'à maintenant.
On pensait que cela irait plus loin que la formation d'un comité. Il
vient d'expliquer qu'il y a d'autres comités qui existaient et que vous
auriez pu aller plus loin, compte tenu de tous les engagements que vous aviez
pris auprès des conseils de familles et auprès de la population
en général.
Ce que nous aurions souhaité, c'est que cela aille plus loin
qu'un simple comité, consultatif par surcroît, qui n'aura
peut-être pas le droit de s'exprimer de la façon qu'il voudra
parce que c'est vous qui allez les nommer et c'est vous qui allez recevoir
l'ensemble de leurs déductions à la suite de certaines analyses.
Cela fait quinze ans, et peut-être plus, que ces gens attendent d'avoir
une vraie politique de la famille, et cela urge de plus en plus d'en avoir une
vraiment. Je pense que c'est une mauvaise tête que fait le ministre
aujourd'hui. C'est regrettable qu'il pense comme cela parce qu'on est vraiment
là pour travailler, pour poser des gestes concrets envers la famille, et
j'y crois très fortement à. la famille et j'aurais
souhaité, moi aussi, que le ministre aille plus loin qu'il ne l'a
été au moment où l'on se parle. J'espère qu'on
pourra bonifier le projet de loi pour qu'il y ait enfin des choses
concrètes qui se passent, non pas dans quinze autres années, mais
peut-être durant l'année en cours. C'est ce que je voulais dire,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 14? Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, c'est à mon tour, M. le
Président, de considérer que les propos du ministre doivent
sûrement dépasser sa pensée. Je me dis qu'il est ministre
délégué à la Famille et qu'il doit vraiment vouloir
faire la promotion de la meilleure qualité de vie à
l'intérieur de la famille et la meilleure façon, et de laisser
libre expression de ces familles à l'intérieur des
différents organismes et non pas de la façon... Effectivement,
tel qu'on lit l'article 14 et tel qu'il est libellé, c'est sûr que
la fonction du conseil est de conseiller le ministre, mais quand on regarde
l'article. 15, surtout 15. 3°, "après consultation du ministre",
c'est-à-dire que les gens vont le consulter sur la consultation qu'ils
auront faite, ne trouvez-vous pas que cela fait assez particulier? En tout cas,
cela fait assez drôle. Premièrement, ils vont conseiller, mais,
après avoir consulté le ministre, ils vont aller le conseiller.
C'est assez particulier finalement.
Le Président (M. Bélanger): II ne faudrait pas
qu'on discute de l'article 15 tout de suite parce qu'on va y revenir
après.
Mme Vermette: M. le Président, je pense que bon nombre
d'organismes ont dénoncé cette façon de faire. Ils
s'attendaient beaucoup plus à une volonté réelle du
gouvernement de prendre réellement en considération les besoins
des familles, leur philosophie, leurs recommandations et d'aller beaucoup
plus... Quand on parle de conseiller le ministre, ils voulaient jouer
pleinement leur rôle. Ils voulaient qu'on leur laisse aussi la
possibilité d'exprimer réellement ce qui se passe dans la vie,
dans le quotidien des familles québécoises.
C'est à cela qu'on s'attendait quand on parlait d'un projet de
politique familiale. On s'attendait à aller beaucoup plus loin. Au
rythme où on est parti avec le ministre, cela va prendre beaucoup de
temps avant qu'on puisse concrétiser réellement les vrais besoins
de la population québécoise. On va répondre à des
besoins ou des impératifs gouvernementaux. On ne répondra
pas
à des besoins ou à des impératifs de la famille.
C'est cela qui est dangereux. C'est pour cela justement que nous disons:
Écoutez, c'est important qu'on pose les bonnes questions au bon moment
parce qu'après cela il sera trop tard, les structures vont être en
place et les nominations vont se faire. Depuis le début, depuis le 2
décembre 1985, ce sont des promesses, des promesses, des
désenchantements, des désillusions. Les gens sont toujours en
attente parce qu'on leur fait toujours miroiter que le meilleur est à
venir.
Mais pour combien de temps le meilleur sera-t-il à venir? Ce
n'est pas ce que les familles veulent. Les familles sont prêtes. On est
allé les consulter. On leur a demandé. On leur a fait miroiter
qu'elles auraient une place importante à l'intérieur de ce
Conseil de la famille. On leur dit: Oui, on va tout prendre. À un moment
donné, une fois qu'on leur a fait faire les exercices, les devoirs, on
arrive et on leur dit: Écoutez, c'est sûr que vous allez jouer un
rôle-conseil mais un rôle-conseil très limité.
Ce que nous disons, c'est bien beau l'article 14 mais il faut le prendre
dans son contexte, dans l'ensemble de la loi. On ne tient pas compte, on ne
respecte pas l'ensemble des organismes qui représentent les familles
québécoises. Il nous semble beaucoup plus finalement que cela va
favoriser davantage le gouvernement comme tel et surtout aussi ses
impératifs d'ordre économique que favoriser l'ensemble des
familles québécoise.
C'est pourquoi on a beaucoup d'interrogations actuellement. J'aime mieux
me faire dire qu'on n'a rien fait que de me faire dire qu'on fait des choses
mais que par contre on va tout contrôler par en arrière et ne pas
permettre aux gens de s'exprimer comme il faut.
Au moins, on a encouragé les gens à s'exprimer parce que
justement ils avaient leur tribune qui leur appartenait alors que là,
leur tribune va être contrôlée par le ministre. Cela est
beaucoup plus dangereux, plus directif. Cela risque d'apporter beaucoup plus de
conséquences dramatiques pour l'ensemble de l'évolution des
familles québécoises.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de La violette.
M. Jolivet: M. le ministre m'a fait dire des choses que je n'ai
jamais dites. Je pense qu'il a très mal compris et qu'il devrait
corriger sa compréhension. Je n'ai jamais dit que je voulais que le
ministre, au lieu de faire le Conseil de la famille tel que tout le monde le
désire, en fasse un comité à lui. Je lui ai dit: Si le
ministre veut avoir un comité au même titre que les comités
qui ont été formés par d'autres ministres, ou des conseils
- peu importe - ce qu'on appelle conseil c'est un comité formé
pour conseiller quelqu'un...
Si c'est ce que le ministre veut - c'est ce que je lui ai dit - il n'a
pas besoin de faire un projet de loi pour cela. Il peut former les
comités qu'il veut, il peut demander à tous ceux qu'il veut tous
les conseils nécessaires. Il n'a pas besoin d'un projet de loi. Je lui
dis qu'il corrige son projet de loi, qu'il corrige son tir. On dit que ce qu'il
est en train de former c'est un comité qu'il va contrôler et ce
comité qu'il va contrôler il a le droit de le faire. Mais qu'il ne
demande pas de le faire par un projet de loi. Qu'il ne nous demande pas
à nous de lui faire un petit comité à lui pour ses
besoins, pour les besoins de son gouvernement pour le conseiller selon ce qu'il
veut. Il n'a pas besoin d'un projet de loi. C'est cela que j'ai dit. Si c'est
cela qu'il veut.
S'il veut avoir un conseil qui soit capable de prendre ses mandats
d'initiative de lui-même, un conseil qui décide de lui-même
quel mandat d'initiative il va se donner, un conseil qui a lui-même le
pouvoir de rendre publics les avis qu'il fait au ministre. Le conseil
lui-même a le pouvoir de faire telle ou telle chose sans avoir à
toujours passer par le placet du ministre, qui n'a pas besoin de se faire dire:
Je t'ai donné ton tampon... (11 h 30)
C'est un mot latin, M. le ministre. Oui, c'est un beau mot latin. Vous
savez, en bas d'un document, c'est marqué: signé du ministre.
C'est le mandat qui est donné par le ministre. C'est simplement pour
dire que le conseil reçoit du ministre un mandat bien précis.
C'est la volonté du ministre. Il plaît au ministre que vous
fassiez telle chose.
Le ministre sait très bien que, s'il veut avoir ça, il n'a
pas besoin d'un projet de loi. Écoutez, qu'il ne nous demande pas,
à nous autres, de lui donner un conseil qu'il veut pour lui et ses
besoins à lui. Ce n'est pas pour cela. Le conseil, il est là pour
les besoins de la famille au Québec. Il est là pour les besoins
de la famille, je le répète bien.
Maintenant, le ministre pourra revenir au passé. Il a le droit de
le faire et je ne l'en empêcherai jamais. Je ne lui parle pas de cela; ce
n'est pas cela qu'il nous propose ce matin. Il ne nous propose pas
d'écrire le passé pour savoir ce qui s'est passé. Il veut
écrire le futur. Pour le futur, normalement, s'il était un
ministre responsable qui veut absolument avoir quelque chose pour le
bien-être et l'intérêt des familles au Québec, il
serait capable de penser que le conseil ait les pleins pouvoirs.
Dans ce sens, je vous dis que je suis d'accord pour qu'un conseil soit
formé, ayant pour mandat et pour fonction principale "de conseiller le
ministre sur toute question d'intérêt familial", mais on pourrait
ajouter entre parenthèses ou à côté: pour les
besoins de la famille au Québec. Mais pas pour les besoins du ministre,
pas pour les besoins de son gouvernement,
pas pour pouvoir dire au monde: Écoutez, le conseil m'a
suggéré cela, mais en sachant que c'est lui qui leur a dit de
dire cela, qu'il leur a conseillé de faire telle chose, qu'il a
orienté les actions et les recherches de ce conseil. Ce n'est pas cela
qu'on veut. On veut un vrai conseil avec les pleins pouvoirs.
Dans ce sens, nous croyons, sur les articles qui viennent, faire mention
de ce que les organismes ont dit et continuent à dire. Je l'ai
répété au ministre tout à l'heure, en lui disant
que tout le monde lui dit: Les contraintes du projet de loi actuel au Conseil
de la famille risquent de nuire non seulement à la
crédibilité des familles et des organismes familiaux, mais aussi
à la crédibilité du ministre. Quand je dis cela, c'est que
je voudrais bien que le ministre puisse poser une action positive pour la
famille au Québec et même se détacher de son premier
ministre qui, lui, ne jure que par la population.
Le ministre nous a dit: Écoutez, vous faites fausse route en
pensant que c'est juste la natalité. Vous avez raison. Ce n'est pas
vrai. Sauf que, n'oubliez pas, que votre premier ministre, ce n'est que de cela
qu'il parle. Il parle de la dénatalité. Il parle aussi de
l'immigration comme moyen de ramener un taux de natalité ou un taux de
population au Québec qui soit plus fort que celui qu'on a là.
Vous êtes, vous, comme ministre, responsable normalement d'une politique
qui touche non seulement la question de la natalité, mais toute la
question de la sécurité du revenu, toute la question des
garderies, toute la question de changements au Code du travail pour permettre
aux gens de quitter leur emploi avec le choix du congé parental du
côté paternel ou du côté maternel. Tout cela pour
vous dire que votre politique familiale doit être plus qu'une simple
question de natalité. Donc, c'est une question de soutien à la
famille de différentes façons.
Dans ce sens, je vous dis que nous aurons l'occasion de revenir aux
articles, qui font actuellement l'objet, de la part des organismes familiaux,
de contestation.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
commentaires sur l'article 14?
M. Jolivet: Je ne sais pas si cela coûte cher, M. Joly,
député de Fabre, non?
Le Président (M. Bélanger): L'article 14 est-il
adopté? S'il vous plaît. L'article 14 est-il adopté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article 15
qui se lit comme suit: "Dans l'exer- cice de ses fonctions, le conseil peut:
"1° recevoir et entendre les requêtes et les suggestions de personnes
et de groupes sur toute question d'intérêt familial ' et faire
rapport au ministre; "2° saisir le ministre de toute question
d'intérêt familial qui, à son avis, mérite
l'attention ou une action du gouvernement et lui soumettre ses recommandations;
3° après consultation du ministre, effectuer ou faire effectuer les
études et les recherches qu'il juge utiles ou nécessaires
à l'exercice de ses fonctions; 4° fournir de l'information au public
sur toute question d'intérêt familial."
Donc, dans l'exercice de ses fonctions, le conseil peut - disons qu'on
va le prendre morceau par moceau, 1°, 2°, etc. - dans le premier
paragraphe, "recevoir et entendre les requêtes et les suggestions de
personnes et de groupes sur toute question d'intérêt familial et
faire rapport au ministre". Alors, globalement, M. le ministre, sur
l'article.
M. Dutil: Oui, mais avant je voudrais faire quelques remarques
sur la dernière intervention du député de Laviolette pour
dire mon appréciation de sa rétractation sur l'importance du
Conseil de la famille.
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse, mais le ministre
n'a pas le droit de dire que je me suis rétracté. Je ne me suis
jamais compromis. Une rétractation, cela veut dire avoir fait fausse
route. Je pense que le ministre devrait faire attention à ses termes.
C'est fort, cela, rétractation.
Le Président (M. Bélanger): Alors, une mise au
point, M. le ministre.
M. Dutil: Alors, je suis très heureux du retour en
arrière qu'a fait le député de Laviolette sur le sujet. Il
a précisé sa pensée que j'avais peut-être mal
comprise, effectivement.
M. Jolivet: Non, je ne l'ai pas précisée; j'ai dit
la même chose, mais vous avez mieux compris.
M. Dutil: M. le Président, je pense avoir employé
un terme...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, on va laisser parler le ministre et vous
pourrez intervenir à loisir après.
M. Jolivet: Parfait.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Tout ce que je voulais signaler, M. le
Président, c'est que le député de Laviolette a
rementionné l'importance qu'il accordait à une
Ici sur le Conseil de la famille, ce qui est fort important. Il est
revenu également sur certains éléments de la politique
familiale qui étaient contenus dans le discours d'ouverture. Les
éléments dont il a parlé, que ce soit le soutien
économique, le besoin de garderies, le besoin de normes du travail qui
soient adéquates pour que des gens qui ont des responsabilités
parentales puissent les assumer, de même que celles de travailleurs au
niveau de l'habitation, je pense que tout le monde est d'accord avec cela; on
l'a dit dans le discours d'ouverture et M. Bourassa l'a précisé.
Je voulais tout simplement faire une mise au point sur la politique familiale
comme telle. Un des éléments de cette politique familiale, c'est
le Conseil de la famille, mais ce n'est pas le seul. Un des
éléments, c'est la dénatalité, mais M. Bourassa,
dans le discours d'ouverture, a précisé plusieurs mesures
importantes qui vont améliorer la qualité de vie des familles et
qui ne sont pas à incidence uniquement nataliste. Je pense que ce
discours est important, et l'Opposition et le parti ministériel le
comprennent bien. La politique familiale a son importance en soi.
Quant à l'article 15 comme tel, on s'aperçoit ici, dans le
détail des fonctions du conseil, dans les quatre points, que le conseil
peut faire beaucoup dé choses; il peut faire des choses fort
intéressantes et il peut faire avancer drôlement le dossier de la
politique familiale. Si je m'en tiens uniquement au point 1°, je pense
qu'il répond à plusieurs interrogations que soulevait, tout
à l'heure, le député de Laviolette: "recevoir et entendre
les requêtes et les suggestions de personnes ou de groupes sur toute
question d'intérêt familial et faire rapport au ministre." Je
pense que c'est là un point important, un point majeur des pouvoirs et
des fonctions du Conseil de la famille.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre, avant qu'on attaque
l'étude de l'article 15, peut nous dire ce qu'il fait du paragraphe
3° "après consultation du ministre"?
Le Président (M. Bélanger): On peut le prendre
globalement aussi, il n'y a pas de problème.
M. Jolivet: Oui, je le sais, mais j'ai tellement de choses
à dire sur cet article, c'est l'article important.
M. Dutil: Je suggérerais de le prendre globalement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): On va le prendre
globalement, parfait. Alors, allez-y.
M. Dutil: Est-ce que je pourrais terminer mon intervention?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Dutil: Alors, sur le point 3°, on réfère
souvent, de l'autre côté, à divers précédents
qui existent dans d'autres conseils concernant les pouvoirs d'effectuer ou de
faire effectuer des études. Je voudrais faire remarquer à
l'Opposi tion, M. le Président, que cette façon de le libeller
est beaucoup moins contraignante que celle que l'on retrouve dans divers autres
comités. Je pense particulièrement au Conseil du statut de la
femme, auquel on référait tout à l'heure et auquel on
réfère souvent, où le texte se lit: "II peut aussi, avec
l'approbation préalable du ministre - alors, on voit que c'est beaucoup
plus contraignant - entreprendre l'étude de toute question qui
relève du domaine de l'égalité et du respect des droits,
etc." C'est l'article 3, deuxième alinéa du Conseil du statut de
la femme.
Un autre exemple, M. le Président, le Conseil consultatif de la
justice. À l'article 2, deuxième alinéa: "II peut aussi,
avec l'approbation préalable du ministre, entreprendre l'étude de
toute question qui relève du domaine de la justice et effectuer, etc."
Le Conseil de la langue française, article 189, paragraphe b: "Avec
l'assentiment du ministre, entreprendre l'étude de questions se
rattachant à la langue, etc."
Alors, on voit que, quand il s'agit de tenir des études, de faire
des recherches, en général, les précédents qui
existent ailleurs dans d'autres domaines, qu'on nous cite abondamment, qu'on
nous cite fréquemment, qu'on nous ressasse régulièrement,
montrent que les contraintes sont beaucoup plus grandes que la contrainte que
nous demandons, qui est tout simplement de consulter le ministre, que le
ministre soit avisé de l'intention du Conseil de la famille, avant qu'il
le fasse, d'effectuer des études ou des recherches qu'il juge utiles ou
nécessaires à l'exercice de ses fonctions.
Cela n'a pas pour objectif, cela n'a pas pour but, cela n'a pas, non
plus, pour effet d'empêcher le Conseil de la famille de faire quelque
étude et quelque recherche qu'il désire faire. Cela a tout
simplement pour effet de l'obliger à consulter préalablement le
ministre. Je pense que cela aurait pour effet d'améliorer les bonnes
relations qu'il doit y avoir entre le Conseil de la famille et le ministre, de
telle sorte qu'on essaie d'accorder le plus possible les violons sur les
importants sujets d'études à faire, en permettant au Conseil de
la famille, bien sûr, d'avoir toute la latitude nécessaire quant
au choix final des études et des recherches à faire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, si j'ai posé la
question sur le paragraphe 3°, c'est parce que je voulais avoir l'opinion
du ministre pour pouvoir parler de l'ensemble. Une des critiques faites par
l'ensemble des organismes familiaux, c'est, justement, quant à la
troisième partie.
Dans différents documents qui ont été reçus
par le ministre et dont nous avons reçu copie, on a souvent fait mention
du fait que c'est sous la recommandation du ministre ou après
consultation du ministre, peu importe l'appellation qu'on utilise, et le
ministre en fait mention quand il parle du Conseil des affaires sociales et de
la famille actuel, où on dit "avec l'approbation du ministre", comme
dans le cas du Conseil du statut de la femme ou autres. Sauf qu'on peut aussi
regarder des choses plus récentes. Le ministre parle de projets de loi
qui n'ont pas fait l'objet de changements.
Je le ramène à la réalité de 1988, je ne le
ramène pas aux décisions de 1972, ce qui était totalement
différent. Vous vous rappelez la bataille qui a eu lieu pour mettre en
place le Conseil du statut de la femme ou d'autres organismes au Québec.
Ce n'est pas parce que ces projets de loi n'ont pas été
remodelés qu'il faut les garder comme ils sont. Il s'agirait
peut-être de faire les amendements qui s'imposent. Je voudrais lui parler
du Conseil des communautés culturelles et de l'immigration où on
dit: "Dans l'exercice de cette fonction, le conseil peut: "1° conseiller le
ministre dans la planification, la coordination et la mise en oeuvre des
politiques gouvernementales relatives aux communautés culturelles et
à l'immigration; "2° saisir, sous forme d'avis, le ministre de toute
question relative aux communautés culturelles et à l'immigration
qui appelle l'attention ou l'action du gouvernement et lui soumettre ses
recommandations; "3° solliciter des opinions, recevoir et entendre les
requêtes et les suggestions de personnes et de groupes sur les questions
relatives aux communautés culturelles et à l'immigration; "4°
effectuer ou faire effectuer les études et recherches qu'il juge utiles
ou nécessaires à l'exercice de sa fonction."
Je peux lui rappeler les amendements qui ont été
apportés au Conseil supérieur de l'éducation, qui font en
sorte que "le conseil peut: "a) solliciter des opinions, recevoir et entendre
les requêtes et suggestions du public, en matière
d'éducation; "b) soumettre au ministre de l'Éducation ou au
ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie
des recommandations sur toute question de leur compétence concernant
l'éducation; "c) faire effectuer les études et recherches qu'il
juge utiles ou nécessaires à la poursuite de ses fins; "d)
édicter pour sa régie interne des règlements qui sont
soumis à l'approbation du gouvernement."
Vous avez la même chose quand on parle du Conseil permanent de la
jeunesse, qui est tout récent, où on dit: "Dans l'exercice de
cette fonction, le conseil peut: "1° saisir, sous forme d'avis, le ministre
de toute question relative à la jeunesse qui appelle l'attention ou
l'action du gouvernement et lui soumettre ses recommandations; "2°
effectuer ou faire effectuer les études et recherches qu'il juge utiles
ou nécessaires à l'exercice de sa fonction; "3° solliciter
des opinions, recevoir et entendre les requêtes et les suggestions de
personnes, de groupes et d'organismes sur les questions relatives à la
jeunesse; "4" fournir de l'information au public sur toute question relative
aux besoins et aux intérêts de la jeunesse." (11 h 45)
Ce sont des choses neuves, nouvelles. Le ministre a devant lui la
possibilité, justement, de donner cette importance au Conseil de la
famille. Le ministre va-t-il, dans le projet de loi qui est devant nous,
utiliser la formule ancienne du Conseil du statut de la femme qui, à mon
avis, devrait être renouvelée à ce chapitre? Est-ce qu'il
veut utiliser de vieilles lois qui n'ont pas été
remodelées parce qu'on n'y a pas pensé ou parce qu'on ne voyait
pas l'importance de le faire? Est-ce que c'est cela que le ministre veut nous
dire aujourd'hui ou s'il va se rallier aux changements actuels ou aux nouveaux
conseils actuels?
C'est dans ce sens-là qu'on dit: Nous sommes d'accord avec les
organismes familiaux qui indiquent au ministre qu'ils ne veulent pas de
tutelle. Ils aimeraient mieux que le conseil joue son rôle à
plein, fasse son travail sans contrainte. Le ministre pourra m'amener toute
argumentation disant qu'il veut savoir ce que le conseil va faire, qu'il veut
savoir comment l'orienter, justement, ce qu'on lui dit, c'est que ce n'est pas
à lui de l'orienter. Si le conseil est là pour défendre
les intérêts des familles au Québec, il ne doit avoir de
contrainte de personne, ni du gouvernement, ni du ministre. Je ne dis pas qu'il
doit aller à hue et à dia. Je dis que le conseil doit avoir les
capacités d'être un grand garçon ou une grande fille et que
ce n'est pas au ministre de décider à sa place. C'est dans ce
sens-là que je dis: Si le ministre donne un budget de 400 000 $ ou de
500 000 $, bien, ils vont faire des recherches avec le budget qu'ils vont
avoir. Ils vont peut-être faire des recommandations l'année
suivante et dire: Cela n'a pas de bon sens, le budget qu'on a pour fonctionner,
vous devriez l'augmenter et faire les pressions qui s'imposent. Mais cela,
c'est autre chose.
Ce que je dis, c'est que le ministre devrait voir ce que disent les
organismes familiaux. Je me permets de lui en citer quelques-uns. La COFAQ fait
mention qu'elle est très déçue des articles 14 à 19
du projet de loi, articles portant sur les fonctions et pouvoirs du Conseil de
la famille. "Ces fonctions et pouvoirs nous apparaissent très
limités et soumis au contrôle direct du ministre. À la
lecture de ces articles, nous constatons que le conseil prévu n'a pas
mandat de faire rapport sur le développement de la
politique familiale de façon globale ou sur les initiatives de
chacun des ministères ou organismes concernés. Il n'a, tout au
plus, que le droit de faire rapport de ses propres activités. Le conseil
prévu n'a pas, non plus, le pouvoir d'effectuer ou de faire effectuer de
sa propre initiative les études ou recherches nécessaires
à ses propres activités. Il lui faut, d'abord, consulter le
ministre. Le conseil prévu n'a pas le pouvoir de diffuser, de sa propre
initiative, les études, recherches et avis qu'il produira. Ils ne
pourront être rendus publics que sur l'autorisation du ministre,
celui-ci, qui plus est, n'est pas tenu de rendre ces avis publics." Et
là, il termine en disant: "Ce sont là, à notre avis, des
limites et des contraintes qui risquent fort de miner la
crédibilité du conseil tant auprès des familles et
organismes familiaux qu'auprès du ministre lui-même." Et là
ils font des recommandations.
Je vous rappelle que d'autres groupes les ont appuyés et je fais
mention du groupe - j'en prends quelques-uns au hasard - du mouvement Couples
et familles du diocèse de Saint-Hyacinthe, qui indique qu'il
désire, par la présente, vous faire savoir, M. le ministre, qu'il
partage les interrogations, les inquiétudes et les recommandations de la
COFAQ, particulièrement en ce qui a trait à la
représentation des organismes familiaux (l'article 4 dont on avait
discuté) et aux fonctions et pouvoirs du Conseil de la famille, de 14
à 19. Il termine en disant, pour revenir à une question qu'on
avait tout à l'heure: Quant aux ressources humaines et
financières requises pour favoriser l'expression des familles tant au
niveau du Conseil de la famille qu'au niveau des organismes familiaux
chargés de les regrouper et de les représenter, il trouve que ce
n'est pas suffisant et il partage les préoccupations de la COFAQ
à ce niveau.
J'ai, de la part de la Table régionale de la
Fédération de la famille du Québec, des choses
équivalentes où ont dit: "Par la présente, M. le ministre,
nous voulons vous faire connaître nos préoccupations, nos
inquiétudes et nos attentes concernant les fonctions et pouvoirs du
Conseil de la famille."
Je pense que le ministre ne peut pas rester insensible à ces
groupes qui font mention de ces difficultés. Et, eux aussi ils font des
propositions dans le sens que nous acceptons, nous aussi. Un autre groupe, la
Table provinciale de la pastorale familiale, dit: "Les fonctions et pouvoirs du
Conseil de la famille nous semblent très limités et trop soumis
au contrôle du ministre, spécialement lorsqu'il s'agit d'effectuer
les recherches (article 15.3°) et de rendre ces avis publics (article 17).
L'intérêt des familles commande - c'est pesant - que le Conseil de
la famille puisse agir de sa propre initiative et même - ce que je disais
tout à l'heure - en divergence avec le ministre, si tel était le
cas. En ce sens, nous souhaitons voir retirer de l'article 15.3° les mots
"après consultation du ministre" et - on y viendra à l'article 17
- les mots "avec l'autorisation du ministre". Comme organisme-conseil
concernant le développement et l'application de la politique familiale,
le Conseil de la famille doit avoir la responsabilité d'en faire rapport
au gouvernement et à la population On y viendra à l'article 21
qui, à notre avis, devrait mentionner, dit la Table provinciale de la
pastorale familiale, qu'en plus du rapport de ses activités de
l'exercice financier précédent le Conseil de la famille
présente une évolution du développement de la politique
familiale et sa lecture des besoins de la famille.
M. le ministre, vous ne devez pas, à mon avis, rester insensible
à ces recommandations qui sont faites par ceux qui, depuis fort
longtemps, ont demandé la nomination d'un ministre responsable de la
famille et aussi tout ce qui peut être adjoint à cela, tel un
Conseil de la famille Dans ce sens, quand on dit qu'il doit y avoir des
amendements majeurs, c'est la représentation que nous faisons. Je vous
dis ce qu'en pensent les gens qui oeuvrent dans ces organismes. D'abord, la
COFAQ dit que les pouvoirs et les fonctions du conseil, en vertu des
changements qui pourraient être apportés au projet de loi,
devraient se définir comme suit. Premièrement, le conseil
devrait: recevoir - on peut le prendre en parallèle avec le projet de
loi qui est là - et entendre les suggestions et requêtes de
personnes et de groupes sur toute question d'intérêt familial et
faire rapport au ministre. Donc, on a de la COFAQ et c'est la même chose
de la Fédération de la famille du Québec: recevoir et
entendre les requêtes et les suggestions de personnes et de groupes sur
toute question d'intérêt familial et faire rapport au ministre.
Donc, on s'entend que le conseil, à ce niveau, doit avoir ce que le
ministre propose. Cependant, ils ajoutent à cette partie: solliciter des
avis auprès des organismes chargés de représenter les
familles et mener des consultations auprès des organismes et familles.
En deuxième lieu, aussi bien la COFAQ que la Fédération de
la famille disent: solliciter des avis auprès des organismes
chargés de représenter les familles et mener des consultations
auprès des organismes et familles, ce qui est nouveau par rapport au
projet de loi qui est devant nous. En troisième lieu, on dit: De sa
propre initiative - donc, différemment de "après consultation du
ministre" - effectuer ou faire effectuer les études et recherches qu'il
juge utiles ou nécessaires à l'exercice de ses fonctions et au
développement de la politique familiale, dont certaines, à
intervalles réguliers, viseraient à faire le point sur la
situation et les besoins de la famille. C'est la COFAQ qui indique ces choses,
alors que la Fédération de la famille dit: Effectuer ou faire
effectuer les études et les recherches qu'il juge utiles ou
nécessaires à l'exercice de ses fonctions et au
développement de la politique familiale; certaines à intervalles
réguliers viseraient à faire le point sur la situation et les
besoins de la famille. Cela
compose le troisièmement.
Quatrièmement, la COFAQ dit: Soumettre au ministre des avis sur
toutes questions sur lesquelles celui-ci jugera nécessaire de consulter
le conseil, de même que sur tout sujet d'intérêt familial
que le conseil jugera nécessaire de soumettre au ministre.
En cinquième lieu, de la part de la COFAQ, on dit: Produire un
rapport annuel public faisant état d'une évaluation du
développement de la politique familiale, notamment en tenant compte des
rapports annuels des ministères et organismes concernés.
Sixièmement, pour la COFAQ - c'est en même temps le
cinquième pour la Fédération de la famille - c'est:
fournir de l'information au public toute question d'intérêt
familial et réaliser, dans le domaine de la prévention, des
activités qui rejoignent la population. C'était la COFAQ alors
que la fédération dit: Fournir de l'information au public sur
toute question d'intérêt familial et, notamment, un rapport annuel
faisant état de l'application de la politique familiale.
Finalement, j'avais sauté un troisième alinéa du
côté de la Fédération de la famille parce qu'il ne
concordait pas avec la COFAQ, c'était le même qu'on a
actuellement, le deuxième: "saisir le ministre de toute question
d'intérêt familial qui, à son avis, mérite
l'attention ou une action du gouvernement et lui soumettre ses
recommandations", la COFAQ l'ayant intégré à
l'intérieur de ses recommandations.
Donc, il dit que le conseil peut agir de lui-même, de sa propre
initiative, faire les consultations et les recherches qui s'imposent, faire
état publiquement des avis qu'il donne au ministre, faire aussi
état publiquement de l'évolution à la fois de ce qui se
passe à l'intérieur des organismes familiaux et de l'ensemble de
la politique familiale et répondre aux commandes que le ministre
pourrait demander. Rien ne l'en empêche, mais, à ce
moment-là, le conseil pourra évaluer, dans le travail qu'il a
à faire durant toute l'année à venir, la façon dont
il a l'intention de procéder à partir de toutes ces interventions
qui pourraient être faites auprès de lui, alors on dit, dans le
texte actuel, que le conseil doit faire, après consultation du ministre,
les études et les recherches qu'il juge utiles ou nécessaires
à l'exercice de ses fonctions.
Dans ce sens, l'une ou l'autre des propositions, mais on pourrait
prendre celle de la COFAQ comme possibilité, nous semblent plus
répondre aux besoins des organismes familiaux que le projet de loi tel
que présenté actuellement.
On pourrait y aller article par article, faire des propositions et les
étudier l'une après l'autre. C'est globalement que je voulais
aborder l'ensemble de cet article-là et voir les réactions du
ministre avant d'aller plus loin, à moins que d'autres personnes, de
part et d'autre, n'aient des choses à dire.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, oh voit que l'on confond
beaucoup, et c'est un peu difficile dans la discussion à cause de
ça, l'article 15.3° et l'article 17. C'est sur l'article 17, je
pense, qu'il y a le plus de difficultés, le plus de
représentations de la part des organismes et, dès que nous
passerons à l'article 17, nous discuterons à fond de cet aspect
de rendre publics les avis présentés au ministre.
En ce qui concerne les paragraphes de l'article 15, on s'aperçoit
que ce qui est soulevé, comme point majeur de difficulté par les
membres de l'Opposition, c'est l'article 15.3°. Honnêtement, je
diffère d'opinion avec elfe sur la formule présentée
là. Je l'ai dit tout à l'heure et je le répète: Je
suis convaincu que, premièrement, il est important et nécessaire
que le Conseil de la famille et le ministre, avant de se lancer dans des
recherches, se soient parlé: d'où la nécessité,
à mon point de vue, d'avoir "après consultation du ministre".
Je suis convaincu aussi que le Conseil de la famille doit pouvoir avoir
ses initiatives même contre le gré du ministre. C'est pourquoi
c'est écrit "après consultation du ministre", n'enlevant en rien,
je l'ai dit tout à l'heure et je le répète, l'initiative
du Conseil de la famille de faire des recherches même si, après la
consultation qu'il a faite avec le ministre, celui-ci s'est dit en
désaccord avec cet article-là.
Je pense que notre position là-dessus est très claire et
qu'à l'usage les membres du Conseil de la famille se rendront compte que
ce n'est pas là une contrainte, mais que ce n'est qu'une obligation
d'ajustement, de discussion qui peut être enrichissante pour les deux, et
le ministre et le Conseil de la famille, mais, advenant un désaccord, le
Conseil de la famille a toute la latitude que les organismes familiaux jugent
nécessaire qu'il ait. Nous sommes d'accord avec ça et c'est
pourquoi nous ne désirons pas changer ca libellé.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, je viens d'entendre le
ministre. Je veux bien croire à sa parole, mais vous savez que les
écrits ont beaucoup plus de poids que les paroles qu'on peut dire
certaines fois. Si on se rappelle les promesses électorales du 2
décembre, je peux vous dire qu'elles n'ont pas tellement de poids. Donc,
on préférerait que ce soit écrit, justement, noir sur
blanc pour qu'on puisse vraiment le lire, en prendre note et qu'on puisse
vraiment se baser sur un texte. (12 heures)
Actuellement, rien ne nous laisse sentir ou pressentir que les familles,
en tout cas, l'ensemble des organismes, le conseil pourront faire effectuer les
recherches qu'ils jugent à propos
et, même s'ils n'ont pas l'autorisation du ministre, qu'ils
pourront aller selon leurs désirs. Il n'y a absolument aucune garantie,
en tout cas. Je veux bien croire les belles paroles du ministre, mais ce sont
des paroles. Il serait préférable qu'on le dise dans la loi. Vous
savez comment se fait actuellement l'interprétation. On est en train de
tout judiciariser; même on attend encore que les tribunaux se penchent
sur la question de la langue. Vous voyez à quel point c'est important,
finalement, d'avoir des lois parce que le courage politique s'interprète
de plus en plus par les tribunaux.
C'est pourquoi nous demandons que ce soit inscrit dans cette loi et
qu'on ait les garanties. Actuellement, nous n'avons aucune garantie qui
pourrait favoriser l'ensemble des organismes familiaux qui
représenteraient les intérêts des familles. Il se peut fort
bien que les intérêts de la majorité des organismes
familiaux ne soient pas toujours convergents avec les intérêts du
gouvernement parce que leurs priorités ne sont pas tout à fait
les mêmes. Est-ce que les familles veulent avoir des politiques
natalistes? Ce n'est pas nécessairement ce qu'elles recherchent. Dans
l'immédiat, en tout cas, c'est tellement complexe qu'il y a des
priorités qu'il reste à établir et les organismes
familiaux se sont sûrement penchés sur ces priorités et
voudraient emboîter le pas à ces priorités.
À mon avis, des chèques en blanc, vous savez, c'est trop
facile. Nous voulons jouer correctement notre rôle, en fin de compte, en
tant que députés représentant nos commettants dans nos
différents comtés. C'est pourquoi nous demandons au gouvernement
et au ministre d'expliciter davantage sa loi pour en savoir le contenu exact et
ce que devront vivre et subir, une fois que cette loi sera votée,
l'ensemble des organismes familiaux qui, depuis de très nombreuses
années, attendent impatiemment de jouer pleinement leur rôle pour
aider et favoriser l'ensemble des familles québécoises.
M. Jolivet: M. le Président, s'il n'y en a pas
d'autre...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: À moins que le ministre n'ait quelque chose
à dire. Le ministre dit, dans son intervention, qu'on mêle tout.
On ne mêle pas tout. J'ai bien fait mention au départ que je ne
pouvais pas regarder l'article 15 sans regarder les autres...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, je vous rappelle qu'il vous reste trois
minutes sur vos vingt minutes de temps d'intervention.
M. Jolivet: Je pourrais faire un amendement à chaque
article pour avoir vingt minutes chaque fois. Vous êtes peut-être
mieux de me laisser parler sur l'ensemble.
Le Président (M. Bélanger): Si vous faites un
amendement, en vertu du règlement, vous avez un autre droit de
parole.
M. Jolivet: Non, c'est parce que je pensais que c'était
plus large vu que, au lieu de les prendre séparément, je les
prends ensemble.
M. le Président, j'étais en train de dire au ministre
qu'il avait mal compris mon intervention de tout à l'heure. Je lui ai
dit que je ne pouvais pas parler de l'article 15 sans regarder l'ensemble
jusqu'à l'article 19. D'ailleurs, c'est dans ce sens-là que je
les ai regardés.
Ce que j'ai fait comme discussion sur les propositions faites par des
organismes, c'était à l'article 15. À l'article 17 - on y
viendra tout à l'heure - on dit que le conseil a le pouvoir de publier,
de diffuser à sa volonté les études qu'il aurait pu faire,
les recherches et les avis qu'il produira. Quand je prends l'article 15 tel
qu'il est là, je pense que le ministre aurait intérêt
à ce que le conseil soit vraiment considéré comme
indépendant.
Ma collègue a raison quand elle dit que les paroles s'envolent et
que les écrits restent. Quand un juge ou quelqu'un a à intervenir
en vertu d'un projet de loi, il ne vient pas lire le Journal des
débats pour savoir ce que le législateur ou le ministre
avaient dans la tête à l'époque. Il prend le texte de loi
et il dit: Qu'est-ce qu'on veut dire en vertu de la loi? Mais, une fois qu'il a
dit cela, il prend sa décision sur ce qui est le texte de loi. Le reste
fait partie de la discussion qu'on a ce matin, de l'orientation qu'on veut
donner, qu'on peut critiquer immédiatement comme on pourra critiquer
plus tard. Mais ce qui est important, c'est d'obtenir au bout de la course un
projet de loi tellement étanche qu'il donne vraiment au conseil les
pouvoirs que le ministre nous indique.
Le ministre nous dit: "Le conseil peut effectuer ou faire effectuer les
études et les recherches qu'il juge utiles ou nécessaires
à l'exercice de ses fonctions", mais il dit: Avant, il doit me demander
mon avis simplement pour s'ajuster. C'est pour cela qu'on dit: "après
consultation du ministre". Vous savez ce que cela veut dire, "après
consultation du ministre". Le ministre, dans la discussion qu'il a avec les
gens - là, je ne veux pas parler du ministre actuel, cela peut
être n'importe quel ministre; à un moment donné, il va
changer comme tout le monde - pourrait arriver et dire: Écoutez,
messieurs, mesdames, je trouve que vous allez un peu trop loin, vous
dérangez un peu le gouvernement dans l'action que vous menez. Je vous
coupe les vivres, il n'est pas question que vous fassiez cette
étude.
Si les gens le font, cela devient une bataille. On a connu des gens qui
faisaient leur
travail et qui se sont fait rabrouer par la ministre des Affaires
culturelles, vous vous en souvenez, sur la Loi 101, M. le Président.
Vous êtes à même de le savoir vous-même. Vous
étiez membre de ce caucus qui en a fait mention avec la ministre. Je
dois vous dire qu'elle a dit publiquement: Écoutez, c'est comme cela que
vous allez fonctionner. C'est tout.
Je ne veux pas que, parce que c'est écrit "après
consultation du ministre" dans un projet de loi, on en arrive à dire: Le
ministre a fait une bataille avec un groupe et il a dit: C'est bien dommage, on
va vous couper les vivres. Ce n'est pas comme cela que cela fonctionne.
C'est pour cela que je vous dis que même si actuellement c'est la
mode rétro, le ministre n'est pas obligé d'aller prendre des
projets de loi adoptés en 1972 dans les conditions où on
était placé à l'époque, où on dit
effectivement "avec l'approbation du ministre". On a commencé à
corriger cela depuis fort longtemps parce que tout le monde dit: Écoute,
le ministre, c'est une personne qui représente un gouvernement; il a
droit à ses opinions. Mais un conseil, si on veut lui donner...
Le Président (M. Bélanger): Vos vingt minutes sont
écoulés.
M. Jolivet: Bon. À ce moment, si mon temps est
écoulé, je vais faire une recommandation pour changer au
paragraphe 2°: "saisir le ministre de toute question d'intérêt
familial qui, à son avis, mérite l'attention ou une action du
gouvernement et lui soumettre ses recommandations" par "solliciter des avis
auprès des organismes chargés de représenter les familles
et mener des consultations auprès des organismes et familles". Donc, le
paragraphe 2° se lirait de la façon suivante, en remplaçant
celui qui est là par les mots: "solliciter des avis auprès des
organismes chargés de représenter les familles et mener des
consultations auprès des organismes et familles."
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Juste une remarque, M. le Président. C'est que
le député de Laviolette, qui me reproche de référer
au passé, m'y réfère souvent. Je pense que cela
mérite une petite correction de tous les précédents que
j'ai cités tout à l'heure. Il nous parle du Conseil du statut de
la femme et de 1972. Je voudrais lui mentionner que le Conseil de la langue
française, qui dit "avec l'assentiment du ministre", lui, remonte
à 1977 et, que je sache, en 1977, c'est une période où le
Parti québécois était au pouvoir.
M. Jolivet: Je ne nie pas cela. Je dis simplement au ministre
que, actuellement, tous les projets de loi qui ont été
adoptés depuis une couple d'années, trois ans, quatre ans, vont
dans le sens de ce que je dis. C'est simplement cela que je veux dire. Cela ne
veut pas dire que, parce qu'il y en a eu dans le passé qui suivaient la
logique d'autrefois, il n'y avait pas de changements possible. Il y a eu des
changements qui sont venus parce que les gens ont fait des
représentations. C'est simplement cela que je dis.
Donc, ce que je serais prêt à accepter immédiatement
comme premier alinéa - et ce serait réglé pour
celui-là, puisque tout le monde s'entend - c'est: "Le conseil peut
recevoir et entendre les requêtes et les suggestions de personnes et de
groupes sur toute question d'intérêt familial et faire rapport au
ministre." Je n'ai aucune objection là-dessus. C'est la logique
même qui le propose et tout le monde est d'accord avec cela. On pourrait
dire que le premier alinéa est accepté.
Le deuxième alinéa deviendrait donc celui que je propose.
Donc, il aurait, de sa propre initiative, la capacité de solliciter des
avis auprès des organismes chargés de représenter les
familles et aussi, par le fait même, il aurait la capacité de
mener des consultations auprès de ces organismes et des familles. Cela
veut donc dire qu'il n'aurait en aucune façon, à avoir
l'assentiment du ministre. Dans ce contexte, le conseil n'aurait pas à
dire: Qu'est-ce que je peux faire cette année? Lors de ma rencontre avec
le ministre, il faudrait vérifier avec lui ce qu'il veut parce que, si
je ne le fais pas, il va m'empêcher de le faire par d'autres moyens. Dans
ce contexte, je serais peut-être mieux de m'ajus-ter à sa
pensée. Finalement, on voit où ces difficultés de
s'ajuster peuvent mener; cela peut faire en sorte qu'on suive à la
lettre ce que le ministre veut bien que le conseil fasse.
De son côté, le ministre va recevoir ses ordres d'ailleurs,
il va les recevoir du Conseil des ministres. Vous savez, la population qui
rencontre un député dans sa région lui dit:
Écoutez, M. le député, vous savez, ce que le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche est en train de faire avec nos parcs
et réserves n'a pas de bon sens. J'ai assisté à des
consultations populaires. Là, le député fait une pression
sur son ministre puis un deuxième député, un
troisième député, un quatrième
député. Mais lui va recevoir de la pression des gens qui sont en
bas. S'il y a de la pression, à un moment donné, cela va remonter
au Conseil des ministres qui va prendre une décision. Il va dire: On
recule, on n'avance pas; on ne fait pas ceci, on ne fait pas cela. Ils lancent
un ballon pour voir ce que cela donne et ils reculent.
On a une discussion de ce temps-ci, et à vous comme à moi
- partout les députés ont reçu cela - il y a des gens qui
téléphonent sur la question des heures d'affaires. Il y a le
comité Richard qui est formé et qui parle de toutes sortes de
choses, ce qui fait que, finalement, le monde commence à nous appeler.
L'un dit: Je ne veux pas. L'autre m'appelle et dit: Je veux. À un moment
donné, il va se faire une jonction et le Conseil des ministres va
prendre une décision.
C'est dans ce sens que je dis: Le Conseil de
la famille est-il là pour le Conseil des ministres? Est-il
là pour le gouvernement ou est-if là pour les besoins des
familles au Québec? Si c'est cela, donnons-lui les moyens de faire de
lui-même les représentations qui s'imposent. Pour l'aider à
faire ces représentations qui s'imposent auprès du ministre et
auprès du gouvernement de façon publique - on y reviendra tout
à l'heure - il doit aller vérifier si ce qu'il pense est bon ou
pas, donc, solliciter des avis, demander aux organismes: Écoutez, on
voudrait proposer au gouvernement, au ministre telle ou telle affaire,
êtes-vous d'accord?
J'ai été membre avec mon épouse de ce qu'on appelle
les Foyers Notre-Dame, couples et familles, dans ma région dans les
années 1968 à 1974 chez nous. Cela a recommencé plus tard.
Je sais de quoi on parle. On était consulté dans ce
temps-là sur la politique familiale. Je me souviens du curé
responsable à l'évêché de Trois-Rivières. Ce
n'était pas un monseigneur. Pardon? Je cherche son nom. C'était
un curé. Il était bien le "fun". Lui, il venait nous parler de
cela et H venait nous dire qu'il fallait faire des pressions. Je me souviens
d'en avoir fait à cette époque. Tu sais, quand le ministre veut
revenir à des modes rétro, je peux lui parler des pressions qui
ont été faites en 1972 auprès de son gouvernement à
l'époque. Il y en a eu dans notre temps. L'évolution s'est faite.
Il y a eu des changements. Il est arrivé telle affaire. Ce
n'était pas suffisant. Mais il reste, quand même, que les autres
vont avoir la possibilité d'aller le solliciter là. Il va aller
voir les organismes dans le milieu. J'en ai fait mention tout à l'heure,
la Fédération de la famille, la Table provinciale de la pastorale
familiale, les Foyers Notre-Dame, couples et familles. J'en ai dans mon
coin.
Même vous, comme députés, vous avez certainement de
ces organismes qui viennent vous voir pour être financés, pour
être aidés dans votre budget hors normes. J'en ai à
Saint-Tite, j'en ai à Grand-Mère.
Ces gens peuvent donner leur opinion sur ce qu'ils vivent
quotidiennement. S'ils vivent cela quotidiennement, le conseil pourrait aller
solliciter leur avis sur tel et tel article et faire en sorte que ces
organismes qui sont chargés de représenter les familles,
puissent, à ce moment-là, mener toutes les consultations qui
s'imposent aussi. Le conseil en fait auprès des organismes et ceux-ci en
font auprès des familles. Donc, on a une pyramide de la base vers le
conseil qui, lui, après cela, pourra faire valoir ses points de vue au
ministre, au gouvernement et aux membres de l'Opposition, en fait,
publiquement, à toute la population pour montrer où il en est
rendu.
Quand on dit, au paragraphe 1 "recevoir et entendre les requêtes
et les suggestions de personnes et de groupes sur toute question
d'intérêt familial et faire rapport au ministre", il faut qu'il
puisse le faire en sollicitant leur avis. Il faut s'assurer qu'il ne fasse pas
cela en vase clos. Le conseil n'est pas là pour son besoin, à
lui. Il est là pour les besoins de la famille et des organismes qui la
représentent. Dans ce contexte, il faut qu'il puisse aller solliciter
des avis auprès des organismes chargés de représenter la
famille et mener toutes les consultations qu'il juge utiles. Il peut le faire
dans un milieu donné. Il peut faire cette enquête dans tous les
groupes. Il peut le faire par échantillonnage. Il peut le faire de
différentes façons, mais il faut lui laisser le libre choix.
D'ailleurs, en ce qui a trait à la langue, il y en a parmi vous
qui sont pour le libre choix. Ce ne serait pas difficile de le donner dans ce
sens-là pour permettre aux familles d'avoir une importance au
Québec. Il s'agit simplement de transposer leur besoin de libre choix au
niveau de la langue et de faire un autre libre choix qui sera meilleur pour
l'ensemble de la population.
Dans ce sens-là, je dis que le ministre devrait accepter ce
deuxième alinéa.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Alors, vous voyez qu'il n'y avait pas tellement de
rapport entre la proposition d'amendement qui a été faite par le
député et ce qu'il a dit. Je pense que cela lui a permis de finir
ce qu'il voulait finir en prenant davantage de temps. Alors, je n'ai pas de
remarques puisqu'il n'a pas touché à l'amendement avec lequel
nous ne sommes pas d'accord, de toute façon. (12 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Je voudrais ajouter
quelques mots sur l'amendement qu'a présenté mon collègue,
le député de Laviolette. Effectivement, vous savez, il y a
plusieurs modèles de famille; il n'y a pas qu'un seul modèle. Il
y a plusieurs formes, surtout dans une société moderne telle que
la nôtre, à l'heure actuelle, qui est en évolution
constante. En tout cas, on parle tellement d'évolution qu'on en est
même rendu à de nouvelles techniques de reproduction. Donc, c'est
pour vous dire jusqu'à quel point on est rendu. On évolue
très rapidement. On est même prêt, envers et contre tous,
à la maternité et à prendre tous les moyens
nécessaires pour y arriver.
Cela veut dire qu'il y a beaucoup de gens qui ont des opinions sur la
famille. Je pense que le gouvernement se doit de consulter, le plus largement
possible, pour avoir l'ensemble des différentes facettes que peut
prendre la famille. À mon avis, il est très important, à
ce moment-là, qu'une consultation, la plus vaste possible, soit faite
pour tenir compte de ces différentes tendances d'une
société si en évolution, si en ébullition, à
l'heure actuelle.
Ce sont des conseils qu'on donne, actuellement, au ministre pour
l'empêcher d'arriver avec des politiques qui pourraient échapper
certaines
orientations très importantes dans notre
société.
(Vous savez qu'on arrive à la fin d'un siècle et au
début d'un autre, et combien il y a des ajustements importants à
faire. C'est très rapide. Donc, comme c'est très rapide, il faut
consulter et cela demande beaucoup plus de consultations. Vous en savez quelque
chose; des consultations, vous en faites beaucoup, de toute façon. C'est
consultation après consultation.
Là, c'est plus que de la consultation, ce sont des avis qu'on
demande aux différents groupes les plus concernés sur des
politiques très précises auxquelles vous voulez emboîter le
pas et donner une orientation définitive en ce qui concerne la famille.
Actuellement, on dit qu'il y a des gens qui sont prêts, qui
étudient et qui sont en constante recherche; ils sont toujours en
étude parce que les gouvernements n'arrêtent pas de leur demander
d'apporter des rapports ou de donner leur opinion ou leur avis. Donc, ils sont
prêts à fournir leur collaboration, ils sont prêts à
travailler. Je pense que c'est drôlement important, à l'heure
actuelle, qu'on ventille les différents groupes et organismes qui
peuvent exister afin de vraiment tâter le pouls de cette
société, dans le fond, parce que la famille demeure toujours la
base d'une société. À mon avis, c'est la meilleure
façon de vibrer au rythme de révolution moderne et contemporaine.
| Ce que nous demandons au ministre, c'est d'avoir une loi qui est très
contemporaine, qui reflète les réels besoins de notre population,
à l'heure actuelle, avec les tendances. Vous savez, en politique, il
faut être un peu visionnaire et, quand on adopte des lois, il faut que ce
soit des lois qui, en tout cas, aient un peu un effet d'entraînement, si
on veut qu'on ne soit pas tout à fait dépassé et que,
continuellement, on soit obligé de se rasseoir pour refaire et
recréer les mêmes lois.
Donc, c'est un peu le sens de notre inter- ! vention, pour aider le
ministre à bien jouer son rôle. S'il joue bien son rôle et
s'il a un esprit d'ouverture, c'est toute la population et toutes les familles
québécoises qui en bénéficieront parce qu'on aura
des politiques beaucoup plus éclairées qui tiendront davantage
compte des réalités de nos familles québécoises.
C'est pourquoi nous insistons particulièrement à l'heure actuelle
quand nous étudions le projet de loi
I article par article. Voilà ce que j'avais le goût de vous
dire.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Le ministre a dit que ce que j'ai I dit sur
l'amendement que j'ai apporté avait pour but de gagner du temps. Ce
n'est pas vrai, le ministre m'a mal compris. Tout à l'heure, quand vous
avez dit qu'il me restait trois minutes, vous avez dit: On discute de
l'ensemble. Je pensais qu'en posant une question au paragraphe 3°,
c'était pour éclairer l'ensemble de cet article, mais qu'on
prenait les paragraphes un par un. Mes amendements avaient pour but de les
prendre un par un.
Deuxièmement, quand le ministre dit que ce que j'ai dit n'avait
aucunement trait à l'amendement qui était apporté, je
m'excuse. Quand j'ai dit "Solliciter des avis auprès des organismes
chargés de représenter les familles et mener des consultations
auprès des organismes et familles", j'ai fait porter toute mon
argumentation sur le fait qu'on devait accepter cet amendement comme
étant un moyen de donner de vrais pouvoirs à l'organisme que le
ministre veut créer. L'organisme qu'on appelle le Conseil de la famille
doit avoir la possibilité d'aller procéder, soit par
échantillonnage, soit en allant consulter l'ensemble des organismes sur
des questions précises ou sur des sujets plus vastes, solliciter des
avis.
J'ai donné des exemples de ce qui a été fait dans
le passé. J'ai voulu indiquer au ministre que toute la question de la
politique familiale ne date pas d'aujourd'hui. J'ai eu l'occasion - je vous
donne un exemple pour bien situer ma pensée - comme
député, de vivre pendant nombre d'années le débat
sur la politique forestière. J'ai eu le bonheur d'être
nommé ministre délégué aux Forêts à
l'époque, pour mettre sur pied cette politique forestière. J'ai
eu le devoir et l'immense plaisir de présenter un document qui
s'appelait Bâtir une forêt pour l'avenir. Ce document, qui a
été présenté le 11 juin 1985, a fait l'objet d'une
décision en vue de préparer un projet de loi. L'élection
est arrivée et ce projet de loi a, finalement, été
déposé par le ministre actuel, et il a été
adopté. On est très avancé quant à la politique
finale qui entrera en vigueur le 1er avril 1990.
C'est l'exemple que je donne pour vous indiquer que c'est exactement la
même chose qui se produit ici. Beaucoup de pressions ont
été faites dans les années soixante-dix avec
l'arrivée d'un nouveau gouvernement qui a mis en place toute
l'étude qui a amené le livre blanc, la nomination d'un ministre
délégué à la Famille avec des vrais pouvoirs,
comparativement à celui qu'on a actuellement, et avec une politique qui
devait être mise en place. Mais, encore une fois, l'élection
étant arrivée, il y a eu, depuis ce temps, deux autres ministres
responsables de la famille au Québec, la ministre de la Santé et
des Services sociaux et le ministre actuel, pour aboutir à un projet de
loi qui ne correspond pas, comme le disait ma collègue tout à
l'heure, à toute l'idée qu'on a véhiculée de la
part du Parti libéral et à toute cette ampleur qu'on a voulu lui
donner en disant: Enfin, on a quelque chose qui va s'occuper de nous. Je parle
comme les gens qui font partie des organismes familiaux.
Cependant, on s'aperçoit, à la lecture du projet de loi,
que le danger qu'il y a, c'est que ce soit sous la gouverne du ministre. Donc,
quand on dit "Solliciter des avis auprès des organismes chargés
de représenter les familles et
mener des consultations auprès des organismes et familles", cela
veut dire, à ce moment-là, vraiment jouer un rôle de
premier plan comme organisme-conseil qui a comme devoir de s'assurer qu'il ne
répond pas aux diktats, aux volontés du ministre ou du
gouvernement. Parce que, je le répète, il y a souvent des
occasions où le ministre est en infériorité au Conseil des
ministres. Il a beau présenter quelque chose, finalement ce n'est pas
son idée qui passe. Mais il doit, par consensus, l'accepter et continuer
à travailler. Dans ce sens-là, il est soumis à la
volonté du premier ministre et de son conseil. Ce que nous voulons,
c'est que le Conseil de la famille soit soumis aux volontés de la
famille au Québec; pas des organismes, de la famille, des besoins de la
famille au Québec. C'est dans ce sens-là que nous voulons qu'il
sollicite des avis auprès de ces organismes, mais aussi auprès
des familles qui sont consultées.
Donc, dans ce sens-là, M. le Président, nous demandons que
le deuxième alinéa se lise comme on l'a présenté et
non pas comme il est écrit dans le texte actuel du projet de loi. Nous
aurons, lors de la reprise des travaux, à vous proposer d'autres
amendements à cet article 15 pour que les paragraphes 3° et 4°
soient changés.
Le Président (M. Bélanger): Je vous fais juste
remarquer qu'il vous reste quelques minutes encore. Si vous voulez les faire,
il faut les faire globalement parce qu'on ne reviendra pas amendement par
amendement. Je veux dire qu'on amende l'article 15 une fois pour toutes.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président. On a le droit
d'y aller article par article. Je m'excuse.
Le Président (M. Bélanger): Bien, c'est cela. 15,
c'est un article. Alors, on y va une fois.
M. Jolivet: Non, non, alinéa par alinéa. Je
m'excuse.
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais je veux dire
qu'il n'y a pas 20 minutes chaque fois pour les amendements.
M. Jolivet: Oui, oui. Je m'excuse. Écoutez, une
minute.
Le Président (M. Bélanger): Si je suis dans
l'erreur, je vais vous le dire. Cela va, en vertu de l'article 245.
M. Jolivet: J'ai eu peur. Je vous dis que j'aurai d'autres
amendements à apporter parce que nous ne sommes pas d'accord avec les
alinéas tel que présentés. Nous sommes prêts
à voter sur l'amendement, à moins que d'autres personnes n'aient
des choses à dire.
Le Président (M. Bélanger): Au deuxième
alinéa de l'article 15, l'amendement proposé se lit comme suit:
L'article 15 du projet de loi 94 est ainsi modifié par le remplacement -
excusez, c'est écrit à la main et un peu raturé - du
deuxième alinéa par l'alinéa suivant: "solliciter des avis
auprès des organismes chargés de représenter les familles
et mener des consultations auprès des organismes et familles". Cet
amendement est-il adopté?
M. Jolivet: Vote nominal.
Le Président (M. Bélanger): Vote nominal. M. le
député de Laval-des-Rapides? Contre. M. le député
de Sainte-Anne?
M. Polak: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre? Il est absent, excusez. M. le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. M. le
député de Chambly?
M. Latulippe: Contra
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau?
M. Leclerc: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce? Non, il n'est pas là.
M. le ministre?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette?
M Jolivet: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement est
rejeté à 8 contre 2. Si vous n'avez pas objection, compte tenu de
l'heure...
M. Dutil: On ne termine pas à 13 heures?
M. Jolivet: Non, à 12 h 30.
Le Président (M. Bélanger): Non, à 12 h
30.
M. Jolivet: ...parce qu'on a un caucus.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
plutôt que de commencer un autre alinéa et de... Vous êtes
d'accord? On ajourne sine die. Cela dépendra des ordres du
président de la Chambre. Il est possible qu'on reprenne à 15
heures et il est possible qu'on ne reprenne pas.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprisée 16 h 3)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 94, Loi sur le Conseil de la famille.
Nous en étions à l'article 15, à un amendement au
deuxième alinéa qui avait été voté. Il
s'agit de continuer maintenant sur l'article 15. S'il vous plaît, je vous
demanderais de bien suivre, parce que je ne voudrais pas qu'il y ait des
impairs.
Alors, nous avons donc rejeté l'amendement à
l'alinéa 2°. Est-ce que nous sommes prêts à
procéder au vote sur l'article 15?
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Non, puisque j'aurais un amendement qui ferait que
nous passerions dans la proposition que je fais à l'alinéa
3°, qui se lirait comme suit: "de sa propre initia-%e..."
Donc, on disait que les pouvoirs et les fonctions du conseil soient
définis comme suit: Qu'il peut, de sa propre initiative, effectuer ou
faire effectuer les études et recherches qu'il juge utiles ou
nécessaires à l'exercice de ses fonctions et au
développement de la politique familiale, dont certaines, à
intervalles réguliers, viseraient à faire le point sur la
situation et les besoins des familles.
Ce pourquoi on dit d'abord "de sa propre initiative", c'est pour
éviter l'obligation qui est faite actuellement d'être fait
après consultation du ministre, comme on l'a dans les nouvelles lois
où l'organisme peut effectuer ou faire effectuer des études et
recherches. Si le ministre ne veut pas, pour une raison ou pour une autre,
changer "après consultation du ministre" par "de sa propre initiative",
on pourrait tout simplement dire: le pouvoir est donné au conseil
d'effectuer ou de faire effectuer les études. Donc, on ne ferait pas
référence à l'inverse de sa proposition et on dit: les
études et recherches que le Conseil juge utiles ou nécesssaires
à l'exercice de ses fonctions, mais de façon bien précise,
compte tenu que cela s'applique... C'est utile pour les familles du
Québec d'avoir une bonne politique familiale. Donc, effectuer ou faire
effectuer les études et recherches comme on dit, jugées utiles et
nécessaires au développement de la politique familiale, dont
certaines de ces recherches ou études à intervalles
réguliers viseraient à faire le point sur la situation et les
besoins des familles au Québec.
Donc, le but de l'amendement est de bien faire saisir que le conseil
peut, de sa propre initiative, faire ses études et ses recherches. S'il
ne peut pas le faire, parce qu'il n'a pas le personnel suffisant, comme on ne
le sait pas en vertu de l'article 13 on ne sait pas quel sera le personnel et
quel budget il va avoir, à ce moment-là, qu'il puisse le faire
faire par des organismes extérieurs, des services de recherche ou
demander l'aide, dans certains cas, des universités, qui sont toujours
prêtes à faire certaines de ces recherches, à des offices
de pastorale diocésaine, à différents organismes qui
pourraient faire ces études et ces recherches. C'est dans ce
sens-là que nous proposons que le troisième alinéa se lise
comme j'ai l'ai intitulé tout à l'heure, qui permettrait, de
façon assez régulière, de faire le point à la fois
sur la situation des familles au Québec et sur les besoins des familles.
On sait que la famille évolue énormément. On sait que la
situation des familles demande qu'on s'y attarde résolument et qu'on ne
voie pas comme on le voit actuellement, aussi bien dans la politique du
ministre des Affaires municipales en ce qui regarde l'aide à
l'habitation que dans celle du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu quant à toute la politique
supposément appelée politique de sécurité du
revenu... Nous proposons que le conseil puisse vérifier la situation et
les besoins des familles au Québec de façon assez
régulière pour corriger le tir, si nécessaire, sans avoir,
comme obligation de la part du ministre - on peut appeler cela ainsi - des fois
les bois dans les roues qui sont amenés par une décision que le
conseil des ministres pourrait dicter au ministre ou par le désir du
ministre de contrôler son organisme et, dans ce sens, on
empêcherait l'organisme de faire les études ou les recherches qui
peuvent et doivent être jugées utiles et nécessaires.
C'est dans ce sens que j'ai fait cette proposition et j'espère
une réponse affirmative de la part du ministre.
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Je maintiens, et je ne veux pas argumenter de
façon aussi longue que tout à l'heure, parce que nous avons
déjà discuté ce
point-là, je maintiens que la consultation est fort importante
dans les relations entre le conseil et le ministre et que c'est, non pas une
contrainte, mais un atout supplémentaire qui oblige une certaine
concertation sans toutefois enlever quelque possibilité d'initiative au
Conseil de la famille de faire des recherches qu'il désirerait,
même si le ministre n'était pas d'accord après la
consultation qui aurait été faite par le Conseil de la famille.
Donc, je demande à la commission de rejeter l'amendement du
député.
M. Jolivet: M. le Président, avant que ma collègue
intervienne je dois vous dire que je trouve le ministre un peu naïf. Le
ministre ne fait pas le projet de loi pour lui. Le projet de loi c'est pour
longtemps. C'est vrai, et il ne sait pas quel ministre va être à
sa place à un moment donné. Il peut y avoir un remaniement au
mois de juin et H ne serait plus là. D'ailleurs, il le désire, H
aimerait mieux avoir autre chose. Je suis sûr qu'il aimerait avoir un
autre poste que celui-là.
C'est dans ce sens, M. le Président, que le ministre est
naïf. Le ministre est naïf parce qu'il ne sait pas quelle est la
personne qui va être là. Comment peut-il me dire aujourd'hui que
c'est un atout important que ce soit après consultation du ministre au
lieu de sa propre initiative? Le ministre sait très bien qu'il pourrait
arriver au ministère un ministre qui n'aurait pas les mêmes vues
que lui et, encore pire, pas les mêmes vues que le conseil en place, le
jour où il sera installé. Est-ce que le ministre peut me garantir
ad vitam aeternam que le ou la ministre qui sera responsable de la famille ne
viendra pas s'ingérer dans les activités du conseil? Il ne peut
pas nous faire cette promesse-là aujourd'hui. S'il le faisait, je le
trouverais doublement naïf parce que le ministre sait très bien que
le conseil, lui, a, s'il est sous la gouverne du ministre, des pressions qui
peuvent être faites par le ministre, des pressions qui font que le
ministre, n'étant pas satisfait du travail qui est fait, décide,
comme on l'a vu en ce qui concerne certains autres conseils à un moment
donné, de demander la tête de la personne qui est la
présidente et il fait toutes les pressions voulues, refuse de lui parler
et le ministre qui ne veut rien savoir, parce qu'il doit avoir une
consultation, décide de ne plus parler à personne; donc, comme
ils n'ont pas consulté, ils ne peuvent pas agir. Cela peut
scléroser le conseil.
Tous les nouveaux documents qui sont parvenus maintenant sur la table
des législateurs ont justement fait sauter cette partie rétro un
peu qui était celle des autres conseils, parce qu'on s'est aperçu
à la longue que cela pouvait avoir des effets négatifs
plutôt que positifs. Alors, moi, ce que je propose au ministre, c'est une
façon positive d'agir. C'est de permettre au conseil de sa propre
initiative d'effectuer ou de faire effectuer pour les besoins de ce qu'il a
à défendre une politique familiale au Québec, pas pour les
besoins du ministre, du ministère, de la personne qui sera
engagée comme directeur général ou secrétaire
général, peu importe comment on l'appellera, pas pour les besoins
du premier ministre qui d'une certaine façon actuellement veut se garder
la plus grosse part du gâteau par une possibilité de ce qu'on a
appelé ministère de la population et par le fait même de
tout l'ensemble de l'immigration au Québec, de la natalité, etc.
Moi, il me semble que le ministre devrait comprendre que c'est dans son
intérêt à lui et dans l'intérêt de la
crédibilité du conseil qu'on propose ces amendements-là.
Alors, moi, je reviens à la charge en essayant de convaincre le ministre
de l'à-propos de nos propositions.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors, je vais parler
sur l'amendement qui a été présenté. Je trouve que
c'est un amendement très important et j'aurais un conseil à
donner au ministre à l'heure actuelle, c'est qu'y devrait copier un
petit peu l'Opposition. On s'inspire, nous, des recommandations finalement,
qu'ont faites certains organismes et du voeu qu'ils ont exprimé, de la
façon qu'ils aimeraient, en tout cas, que les règles du jeu
s'établissent à l'intérieur du conseil. Ma foi! il n'y a
rien de mieux que de s'inspirer des gens qui doivent vivre quotidiennement des
situations qui font qu'ils peuvent avoir la meilleure expertise des milieux
familiaux, de la famille, de l'évolution sociale de la famille. C'est
à cette recommandation que nous en venons et nous présentons nos
amendements en disant: Écoutez, ce ne sont pas tous les organismes qui
ont tort, j'imagine, parce que cela répond à un grand nombre
d'organismes, ces demandes-là. Donc, je ne ne pense pas que c'est par
caprice que les organismes ont demandé ce genre de règle de jeu,
c'est tout simplement parce qu'ils voulaient avoir des garanties qu'Hs
pourraient honorablement influencer ou infléchir le conseil dans un sens
important pour le devenir et le développement des familles
québécoises.
C'est cela finalement et c'est pour cela qu'on dit qu'on essaie tant de
prendre tous les moyens nécessaires pour faire comprendre au ministre:
Écoutez, M. le ministre, c'est l'ensemble des organismes qui font ces
pressions là et qui font ces demandes-là. Notre rôle
à nous quand on fait une loi en tant que législateurs, c'est
justement de répondre à un besoin réel et non pas fictif
ou d'essayer, en tout cas, de contenir certaines préoccupations
très particulières et très souvent arrêtées
plutôt que de voir ensemble la problématique de l'évolution
de la famille. Au risque de me répéter, cet avant-midi je disais
qu'on vit dans une société en évolution constante et qui
est très rapide. C'est pour cela que c'est important et qu'on n'entend
pas toujours les décisions du ministre qui, ma foi!, voudrait bien,
peut-être, dans certaines circonstances donner son approbation,
mais selon les circonstances, selon l'endroit où on en est rendu dans le
cycle budgétaire ou selon les gouvernements. Ce serait difficile pour
lui de donner son accord, parce qu'il serait dépassé par les
événements d'ordre purement administratif de son gouvernement et
finalement cela fait des délais. Vous savez ce qu'entraînent des
délais, ce sont des mécontentements où finalement on
arrive avec des décisions périmées, décisions qui
sont en retard. Cela n'a pas toujours bon goût, les décisions
périmées, en fin de compte. (16 h 15)
Nous, on dit: C'est cela, il faudrait être d'actualité, il
faudrait permettre justement à ce conseil de jouer pleinement son
rôle, d'arriver avec des avis qui répondent et qui
reflètent la réalité et le profil réel des familles
au moment où il s'est penché là-dessus pour ne pas qu'on
attende toujours. Ce qu'on reproche un petit peu souvent aux lois, c'est
qu'elles sont déjà dépassées une fois qu'on s'est
arrêté dessus parce que cela va très rapidement dans nos
sociétés. C'est très vite à l'heure actuelle dans
nos sociétés modernes. C'est pour cela qu'on dit: Mettons toutes
les chances de notre côté et c'est ce qu'on voudrait qui arrive,
finalement, avec le Conseil de la famille. On dit: Bon, on a là
l'occasion de mettre ensemble les ressources des gens qui se sont
penchés sur le sujet et d'arriver à établir des
règles de fonctionnement qui permettraient justement à tendre
vers cette efficacité, cette efficience et cette qualité de
service pour l'ensemble de la population et des familles
québécoises.
En fin de compte, c'est ta politique de la famille, mais c'est
l'ensemble de la société aussi qui va en bénéficier
quand on aura bien établi une politique de la famille. Vous savez fort
bien aussi que - on parle toujours dans le sens le plus limitatif et restrictif
- la famille, c'est très grand. Cela peut déborder. Cela peut
toucher les grands-parents. Cela peut toucher toute la famille élargie.
Donc, c'est très vaste.
Finalement, c'est pourquoi on dit que c'est important de pouvoir avoir
le plus de références possible pour répondre
réellement aux besoins de nos sociétés modernes, des
sociétés fragmentées, vous allez me dire, bien sûr,
mais la situation sociale à l'heure actuelle, elle est ce qu'elle est et
nous avons de plus en plus de problèmes psycho-sociaux qui sont en
évolution et il faut y faire face. Alors, c'est pourquoi on se dit:
Favorisons un conseil de la famille qui pourra jouer pleinement son rôle
et qui représentera aussi l'ensemble des problématiques que l'on
peut vivre à l'heure actuelle dans une société qui est en
pleine évolution, en plein changement et surtout qui évolue
à un rythme excessivement rapide. Et c'est pourquoi nous disons:
Écoutez, il faut donner de la latitude à ce conseil, lui
permettre d'évoluer à son rythme, parce qu'un conseil a un
rythme, aussi, qu'il établit à force d'expériences.
Donc, il faut faire confiance aux gens, il ne faut pas leur faire
confiance juste au moment du vote, mais aussi dans d'autres; circonstances.
C'est une occasion privilégiée, à mon avis, de
démontrer qu'on considère les citoyens qui composent la
société québécoise comme des gens matures, des gens
capables de prendre des décisions dans le sens le plus profitable pour
les orientations d'un gouvernement ou les orientations qui pourraient converger
pour le bénéfice de l'ensemble des familles
québécoises. En fait, ce sont les mêmes composantes et ce
sont les mêmes personnes à qui l'on s'adresse au moment des
élections et à qui on dit qu'on voudrait bien les
considérer comme étant des partenaires valables. Je pense que, si
c'est bon au niveau d'une élection, c'est bon aussi à d'autres
niveaux et cela pourrait très bien se refléter... Cela fait
partie de la démocratie, des règles de démocratie.
Favoriser la participation, c'est aussi responsabiliser les citoyens. C'est
important cette responsabilisation et cette prise de conscience des citoyens,
des gens qui sont préoccupés par tout l'ensemble de la famille et
qu'ils puissent participer aussi à l'élaboration de politiques ou
émettre des avis qui favoriseraient des politiques. Cela serait vraiment
la façon de répondre le plus aux aspirations ou au devenir des
gens et des membres qui participent à différents organismes
familiaux et de leur donner une reconnaissance pleine et entière.
Ce vers quoi on tend est la maturité. Je pense qu'il est grand
temps qu'on démontre qu'on est capable de faire confiance aux gens et
qu'on arrête d'avoir peur d'être toujours contesté par les
organismes qu'on veut mettre en place ou par les différents conseils
qu'on veut mettre en place, d'ordre quasi judiciaire, judiciaire ou quoi que ce
soit. Il faut faire confiance aux institutions qu'on veut mettre en place. Il
faut faire confiance aux différentes instances qu'on met en place. Il
faut leur laisser la chance de jouer pleinement leur rôle. Je pense que,
comme ministre, vous avez d'autres occasions de faire valoir vos points de vue
et d'émettre vos opinions et c'est toujours la responsabilité
suprême. Un moment donné, vous pouvez prendre ou l'odieux peut
vous revenir de ne pas ou d'accepter une politique, mais, en fin de compte, le
cheminement veut qu'avant qu'on arrive à l'élaboration d'une
politique on laisse pleinement les règles du jeu... Un peu comme les
règles du marché, en fin de compte, où on laisse
établir les règles du marché selon l'offre et la demande.
Donc, finalement, qu'on laisse à l'intérieur de nos»
commissions les gens aller selon les règles qu'ils se sont
imposées justement. Mais, quand arrive le moment des états
financiers, quand on arrive au moment de vraiment voter la loi, que vraiment on
arrive et dise: Écoutez, l'odieux vous revient de ne pas accepter ou,
finalement, vous allez abonder dans ce sens. Mais, comme vous allez être
un bon ministre, vous allez être
tellement près de vos gens, j'ai l'impression que vous allez vous
laisser un petit peu imprégner des avis que le conseil portera à
votre attention et que, sûrement, finalement, vos politiques vont tendre
réellement à se rapprocher de ces avis-là Donc, je pense
que vous n'aurez pas tellement d'inconvénients ou que vous n'aurez pas
à subir cet odieux-là, finalement, au niveau des prises de
décisions très importantes, en ce qui concerne votre
ministère. Et j'espère que vous allez rester là longtemps,
parce que cela va vous permettre, en tout cas...
Une voix: Ca, ce n'est pas sûr.
Mme Vermette: ...de mieux saisir la dimension familiale au
Québec. Mais si, finalement, tel est le cas, parce qu'il y a des rumeurs
qu'au mois de juin H pourrait y avoir un remaniement, alors, bon, selon les
rumeurs tout est possible, tout est à prévoir, alors, comme nous
sommes au gouvernement, nous voulons démontrer que nous sommes
prévoyants et que nous sommes un petit peu aussi... cela fait partie du
propre des gens en politique d'être un peu prévoyant; donc nous
l'Opposition, nous jouons pleinement notre rôle aussi, nous voulons
être prévoyants, nous ne savons pas à qui nous aurons
à faire face comme ministre au niveau de la famille, et vous savez, les
politiques changent souvent selon les ministres qui sont en place, qui sont
titulaires d'un ministère. Donc, nous, on veut avoir les meilleures
garanties de succès pour l'ensemble des familles
québécoises, parce que oui, on trouve que l'ensemble des familles
québécoises méritent qu'on prenne en considération
l'effort soutenu qu'elles veulent démontrer pour faire en sorte qu'on
arrive à l'élaboration de politiques qui répondent le plus
adéquatement aux besoins des familles québécoises modernes
et aussi capables de s'adapter à toute cette évolution rapide de
nos sociétés contemporaines.
Alors, j'appuie entièrement l'amendement qui a été
présenté par mon collègue de Joliette et...
M. Jolivet: ...de Laviolette
Mme Vermette: De Laviolette. Ah, voila! c'est parce que vous
êtes de la même hauteur.
M. Jolivet: C'est vrai.
Mme Vermette: Alors, c'est ce que je voulais ajouter, et j'ose
espérer que le ministre va finalement se rendre compte que tout ce que
nous faisons ici, de notre côté, c'est non pas pour
l'embêter, mais vraiment pour lui faire comprendre à quel point
nous voulons que cette loi ait les meilleures chances de succès et que
le conseil représente vraiment les volontés et reflète, en
tout cas, l'évolution de nos sociétés
québécoises.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Merci, M. le Président. Alors, j'ai pris bonne
note de plusieurs choses qui ont été dites par la
députée de Marie-Victorin; entre autres, j'apprécie
beaucoup qu'elle ait dit que j'étais un bon ministre et qu'elle
souhaitait que je ne change pas de poste. Je dois vous dire, d'ailleurs, qu'au
niveau du Parti libéral on ne change pas très souvent de poste
actuellement, c'est donc une preuve de stabilité, et je pense qu'elle
est en mesure de l'apprécier. Et quant à l'horizon de peu de
changement, parce que le député de Laviolette tout à
l'heure parlait du fait qu'un autre ministre pouvait être là et
que cela pouvait être différent, je tiens à lui mentionner
que, dans notre parti, on a une certaine cohésion, une cohérence,
qui d'ailleurs est très bien reconnue par l'ensemble de la population
actuellement. Il y a beaucoup de dialogues, beaucoup de concertation, ce qui
fait que ce risque-là ne risque pas d'avoir de conséquences
à assez long terme, puisqu'on a déjà, de l'autre
côté, concédé la prochaine élection. Donc,
pour un horizon d'ici à 1995, beaucoup de stabilité au niveau de
la politique familiale. Il faut s'y attendre, beaucoup de stabilité. Et
quant aux budgets, on n'est jamais dépassés par les budgets,
nous, on les contrôle, les budgets, donc, je veux aussi rassurer la
députée de Marie-Victorin là-dessus.
Et, ayant donc rassuré l'Opposition, je réitère, M.
le Président, que, à l'article 15.3, tout est présent pour
favoriser le dialogue entre le ministre et le Conseil de la famille, et tout
est présent aussi pour permettre au Conseil de la famille d'avoir toutes
les initiatives qui lui sont nécessaires, quant à effectuer ou
faire effectuer les études et les recherches. Et, malgré les
arguments apportés par l'Opposition, je pense que nos arguments de
cohérence, de dialogue, de bonne volonté, de bonne entente
priment et on devrait maintenir le "après consultation du ministre"
à cet article-là. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi on devrait
modifier l'article sur les autres points apportés par l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Nous sommes une
équipe d'une vingtaine de personnes dans l'Opposition et c'est avec
plaisir que je viens aider le responsable, M. le député de
Laviolette, dans l'essai, peut-être désespéré
à cause du nombre, d'apporter une certaine amélio ration à
cette loi que nous considérons insuffisante, surtout par ses buts de
créer quelque chose d'efficace pour le soutien de la famille
québécoise.
L'amendement apporté ici se lit comme suit: de sa propre
initiative, effectuer ou faire effectuer les études et recherches qu'il
juge utiles ou nécessaires à l'exercice de ses fonctions
et au développement de la politique familiale, dont certaines,
à intervalles réguliers, viseraient à faire le point sur
la situation et les besoins des familles. M. le Président, je suis
persuadé que vous allez m'écouter avec une attention très
respectueuse, comme d'habitude. J'attire votre attention sur quelques points
d'une importance capitale pour que cet amendement soit considéré
à sa juste valeur par le parti au pouvoir, tout en sachant pertinemment,
comme je le disais au début, que, sous la force du nombre, nous
coulerons, si la volonté d'agir de façon très efficace
dans ce dossier ne fait pas loi au gouvernement actuel.
En fait, je voudrais souligner quelques points qui inviteraient le
ministre actuel à voter en faveur de cet amendement qui donnerait au
conseil ce pouvoir, sur sa propre initiative, de demander que certains rapports
lui soient faits et que le trait d'union se fasse.
Premièrement, supposons que le ministère ne demande pas
des études sur certains points très chauds au Québec et
que ce conseil décide que les 18 à 20 ans qui font encore partie
intégrante de la famille et qui sortent des études, soit qu'ils
demeurent chez leurs parents ou prennent un logement et volent de leurs propres
ailes... Supposons que le ministère déciderait que, pour les 18
à 20 ans, plutôt que de les admettre à l'aide sociale et
par respect pour les êtres humains, il demande au fédéral -
un type qui sort des études à 18 ans, ce n'est pas un
assisté social, c'est un chômeur s'il ne trouve pas d'emploi et la
responsabilité du chômage appartient au gouvernement
fédéral - de changer sa loi sur l'assurance-chômage qu'on
lui a concédé en 1944 - c'était une responsabilité
des provinces, mais, par le gouvernement de M. Godbout, en 1944, nous avons eu
l'ineffable et ignominieuse idée de retourner cela au
fédéral - d'amender sa loi pour permettre que ceux qui sortent
des études, qui sont des gens aptes et préparés à
travailler, soient considérés comme des chômeurs. Car la
loi actuelle ne permet pas des versements d'assurance-chômage aux jeunes
de 18 à 20 ans qui n'ont jamais travaillé auparavant. Si cette
loi était changée, quelqu'un qui sort des études et qui
est prêt à travailler, ce n'est pas un assisté social dans
le sens propre du mot, c'est un chômeur. La loi actuelle du
fédéral ne reconnaît pas cela. On devrait au moins donner
une période de deux ans à un individu pour le soutenir pendant
qu'il se cherche un emploi, s'il n'en trouve pas, en le considérant
comme un chômeur réel. Et, après deux ans que le
gouvernement fédéral les aurait soutenues, les provinces
pourraient dire: À la rigueur, vu que nous avons une part dans la
création d'emplois, nous pourrions les reprendre au bien-être
social dont seulement la moitié est payée par le
fédéral et l'autre moitié par les provinces, à peu
près. Donc, ce serait une revendication à faire. Le conseil
pourrait demander une réunion d'experts pour étudier cette
possibilité. Cela déchargerait d'autant les
responsabilités monétaires de la province. Cela laisserait au
ministre délégué à la Famille des fonds encore plus
grands à mettre à la disposition du mieux-être familial et,
partant, cela favoriserait aussi la natalité. (16 h 30)
Le ministre faisait une allusion dans sa réplique à la
députée de Marie-Victorin, qu'ils administrent bien des budgets,
eux. Mon Dieu, que la suffisance prend donc vite les gens au pouvoir! Que cela
prend donc vite! Vous avez dépassé votre budget, les revenus
surtout, de 450 000 000 $. C'est extraordinaire à cause de l'état
dans lequel se trouvent tous les pays occidentaux. Peut-être à
cause d'une certaine bonne gestion, je le concède, ou une partie de
bonne gestion, premièrement - ne prenez pas que cette phrase, cela va
être encore une manifestation de la suffisance du pouvoir - mais surtout
à cause du contexte nord-américain, on le sait.
Mais ce qui est blâmable lorsqu'on a un surplus de 450 000 000 $,
c'est qu'on en profite pour payer des choses de l'année qui viendrait
plutôt que d'aider justement les familles qui sont dans le besoin,
plutôt que de doubler, tripler ou quadrupler les allocations pour les
enfants à la maison pour donner un mieux-être à la famille.
Vous avez 450 000 000 $. Vous pourriez faire quelque chose avec plutôt
que de ne pas s'occuper, comme vous le faites, des sans-abri et des moins bien
nantis et d'un déchiquetage de familles aussi. Quand on a un surplus
comme cela et qu'on se pète les bretelles d'être de bons
administrateurs et que ce surplus, plutôt que de l'employer pour le
mieux-être des moins bien nantis, on le renvoie à l'année
prochaine pour une année préélectorale pour pouvoir faire
un peu plus de routes et un peu plus d'asphalte, bien, je le dénonce de
façon totale. Ce n'est pas qu'on a à coeur la famille.
Mais si ce conseil pouvait faire des réunions de sa propre
initiative, comme le suggère le responsable du dossier, et qu'on
étudiait un cas comme celui-là - j'y tiens beaucoup aux 18
à 20 ans - et qu'on demandait à Ottawa de les considérer
comme des chômeurs et non comme des assistés sociaux... Ils
sortent des études. Ce sont des travailleurs sans emploi. Il faut au
moins leur laisser la chance et la loi fédérale actuelle ne
permet pas de versement à un vrai chômeur; dès qu'il a
acquis son diplôme, qu'il est prêt à travailler, ce n'est
pas un assisté social. S'il ne trouve pas d'emploi, c'est un
chômeur. La loi au fédéral, sous la pression du
Québec, devrait être changée pour la protection des
familles parce qu'à 18 ou 20 ans on est encore quelqu'un qui
habite...
À l'autre extrémité aussi, avec un surplus de 450
000 000 $ comme vous avez cette année, pourquoi ne pas favoriser par des
allégements fiscaux que les grands-parents, etc., restent à la
maison avec des dégrèvements ou que les personnes
âgées, par des déductions, restent dans leurs maisons
où elles ont vécu toute leur vie en
favorisant les visites à domicile, etc., et l'intégration,
pour que la famille demeure intégrale comme c'était dans le
temps? Il y en a beaucoup qui gardaient leurs grands-parents. Si on donnait des
soulagements fiscaux, supposons, pour ajouter une pièce à la
maison pour faire une chambre à la grand-mère qui est devenue
veuve parce que son mari est mort, on l'emmènerait à la maison.
Cela coûterait beaucoup moins cher à l'État. Mais, quand on
a un surplus, ce sont des politiques comme celles-là qui sont beaucoup
plus sociales et qui rassemblent la famille, des aïeuls jusqu'aux plus
jeunes.
C'est bien sûr que, dans des cas, on est obligé de les
envoyer dans des centres d'accueil, dans d'autres cas, dans des HLM. Mais, si
on avait des mesures incitatives sociales pour protéger la famille de
façon intégrale plutôt que de dire: On va refouler les
paiements des surplus budgétaires que l'on a pour payer l'année
prochaine, l'année préélectorale, pour pouvoir faire plus
d'asphalte. Eh bien là, je m'excuse! Deuxièmement, le surplus
budgétaire que vous avez pour protéger la famille... Nous
manquons d'immobilisation de façon totale dans tous les services sociaux
au Québec. Ce sont les familles qui en souffrent, autant du
côté des institutions scolaires. Au mois de juin 1985, le Conseil
du trésor a approuvé un CT pour une école secondaire dans
mon propre comté. Le gouvernement actuel ne l'a pas encore
respecté. L'école n'est pas commencée encore et il y a un
CT de voté au coût de 18 000 000 $ et elle n'est pas encore
commencée. Quand on a un surplus, on respecte au moins les engagements
de ceux qui nous précédaient parce que le ministre, pour la
continuité, quel que soit le parti, doit respecter ce que les autres ont
engagé.
D'un autre côté, il pourrait y avoir des groupes qui se
rencontrent pour regarder encore une fois de façon précise, de
façon totale les injustices de notre fiscalité pour les familles
monoparentales, les mariés ou les séparés. C'est rendu que
cela coûte moins cher de se séparer que de rester marié.
C'est affreux! Alors, ce sont des choses que l'on devrait permettre au conseil,
le droit par sa propre initiative, comme le suggère le responsable de ce
dossier, de vous rencontrer et de provoquer - et de provoquer - pour le
mieux-être de l'ensemble des Québécois et des familles des
rapports qui seraient donnés à votre ministère. Je suis
persuadé, M. le ministre, que vous en seriez très heureux parce
qu'il y a beaucoup de gens au Québec qui ont de l'initiative, de la
compétence et que ce serait très éclairant pour le bien de
la famille québécoise. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. À
l'article 15, 3e alinéa, on propose l'amendement suivant: De sa propre
initiative, effectuer ou faire effectuer les études et recherches qu'il
juge utiles ou nécessaires à l'exercice de ses fonctions et au
développement de la politique familiale, dont certaines, à
intervalles réguliers, viseront à faire le point sur la situation
et les besoins de la famille. Cet amendement est-il adopté?
M. Jolivet: Je demande le vote.
Le Président (M. Bélanger): Bien. J'appelle le
vote.
M. le député de Sainte-Anne, nous votons sur un
amendement.
M. Polak: Avez-vous déjà voté?
Le Président (M. Bélanger): Je suis contre
M. Polak: Vous êtes contre. Dans ce cas-là, je suis
aussi contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie? Ah, il est sorti.
M. le député de Chambly?
M. Latulippe: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Et M le ministre?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Nicolet?
M. Richard: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour
Le Président (M. Bélanger): Alors, trois pour et
huit contre.
Donc, l'amendement est rejeté.
M. Jolivet: À l'article 15 toujours, en suivant la
même logique jusqu'à maintenant je serais rendu à un
quatrième alinéa qui est le suivant: soumettre au ministre des
avis sur toutes questions sur lesquelles celui-ci jugera nécessaire de
consulter le conseil, de même que sur tout sujet d'intérêt
familial que le conseil jugera nécessaire de soumettre au ministre.
Donc, c'est la proposition que je fais pour le moment.
Le Président (M. Bélanger): Juste pour une question
de compréhension, je ne saisis pas la différence que vous faites
entre ce que vous proposez et l'alinéa 2°. Il me semble dire la
même chose.
M. Jolivet: Expliquez-vous donc pour voir.
Le Président (M. Bélanger): L'alinéa 2°
dit: "saisir le ministre de toute question d'intérêt familial qui,
à son avis, mérite l'attention ou une action du gouvernement et
lui soumettre ses recommandations;" Je ne vois pas, il y a sûrement une
nuance que vous faites, mais je ne la vois pas, je m'excuse.
M. Jolivet: Non, non. Vous n'avez pas compris ce que j'ai dit au
départ, vous ne m'écoutiez pas. J'ai dit que j'avais une
proposition complète à refaire à l'article 15, que je
gardais l'alinéa 1° et que j'aurais d'autres alinéas à
donner. Je ne fais pas référence à l'article 15 tel qu'il
est là. D'ailleurs, vous vous en souvenez, au départ, j'ai
parié des articles 15, 16, 17, 18 jusqu'à 19 en vous disant qu'on
ne pouvait pas les dissocier les uns des autres et que par conséquent
j'avais un article 15 à proposer. La eule chose que je retiens de
l'article 15 tel qu'il est devant nous c'est l'alinéa 1°. C'est le
même. Tout le monde était d'accord. J'ai dit: La COFAQ est
d'accord, la table - non, pas la table, attendez un instant que je vous donne
le titre exact, oui, c'est cela, - la table régionale de la
fédération était dans le même genre et je vous
disais que pour l'alinéa 1°, tout le monde était
d'accord.
Je vous disais que j'aurais d'autres alinéas à vous
proposer, ce qui aura pour effet d'enlever complètement les 2°,
3°, 4° actuels dans le projet de loi et, de les remplacer par ceux qui
suivent: les 2°, 3°, 4°, 5° et 6°. Donc, ce que je vous
propose, c'est que l'article 15 au quatrième alinéa se lise comme
suit: soumettre au ministre des avis sur toutes questions sur lesquelles
celui-ci jugera nécessaire de consulter le conseil, de même que
sur tout sujet d'intérêt familial que le conseil jugera
nécessaire de soumettre au ministre.
Donc, c'était la proposition que je...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que je pourrais
avoir le texte écrit, s'il vous plaît? C'est plus facile de voir
si c'est recevable.
M. Jolivet: Oui. Est-ce que vous comprendriez mieux, M. le
Président, si je vous disais ceci: l'article 15, au complet, est
remplacé par le nouvel article que je vous donne, excepté
l'alinéa 1°, qui se lit de la même façon partout?
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je relis donc
votre proposition d'amendement. L'article 15 du projet de loi 94 est
modifié par le remplacement du quatrième alinéa par le
suivant: 4° soumettre au ministre des avis sur toutes...
M. Jolivet: Non, vous ne comprenez pas.
Le Président (M. Bélanger): Je lis ce qui est
écrit. Écoutez...
M. Jolivet: D'accord, excusez-moi. Excusez-moi.
Le Président (M. Bélanger): Je veux bien qu'on
fasse obstruction et qu'on s'essaie, mais je lis seulement ce qui est
écrit.
M. Jolivet: D'accord, cela va.
Le Président (M. Bélanger): Par vous autres, pas
par moi.
M. Jolivet: Faites attention à vos termes.
Ce que je veux dire, je m'excuse, c'est parce que, lorsqu'on est
arrivé, c'est que nous, on a 1°, 2°, 3° et 4°. Pour
1°, on était d'accord.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Jolivet: Là, on a 2°, 3° et 4°. On aura
jusqu'à 6° comme cela.
Le Président (M. Bélanger): Bon. Votre amendement
au deuxième alinéa a été rejeté. Au
troisième alinéa, votre amendement a été
rejeté.
M. Jolivet: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Nous sommes rendus au
quatrième alinéa.
M. Jolivet: C'est cela. Nous autres, on vous propose un
quatrième alinéa et, après cela, la logique va suivre avec
le cinquième et le sixième, parce que vous n'avez pas de
cinquième et de sixième alinéa.
Le Président (M. Bélanger): Le quatrième
alinéa qui est là, qui est de "fournir de l'information au public
sur toute question d'intérêt familial", vous voulez le remplacer
par celui que je vais lire. C'est bien cela?
M. Jolivet: Non, pour nous autres, c'est le chiffre 4° qui
est changé, si vous voulez comprendre comme il le faut.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Donc il se
lirait comme suit: 4° soumettre au ministre des avis sur toutes questions
sur lesquelles celui-ci jugera nécessaire de consulter le conseil, de
même que sur tout sujet d'intérêt familial que le conseil
jugera nécessaire de soumettre au ministre.
M. Jolivet: C'est cela. Cela va?
Le Président (M. Bélanger): Vous avez la parole, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Donc, ce que l'on dit, c'est que le conseil pourra
soumettre au ministre des avis sur toutes les questions sur lesquelles celui-ci
va juger nécessaire d'être consulté. Quand on dit cela,
c'est qu'on ne veut pas enlever la capacité du ministre de demander des
avis au conseil. Donc, on a toujours deux choses. On a le conseil qui, de sa
propre initiative, peut présenter des avis. On veut aussi que le
ministre ait la capacité de lui en demander. On ne veut pas lui enlever
ce droit-là. C'est normal que le ministre qui veut être
conseillé puisse demander sur certains sujets. Donc, quand le conseil va
se réunir au début de l'année pour prévoir les
réunions de l'année, il va y avoir eue, au préalable,
certainement, une rencontre avec le ministre pour dire: Vous, M. le ministre,
qu'est-ce que vous voyez, dans l'année qui vient, qu'on pourrait faire
comme travail de recherche, comme travail de consultation, comme travail qui
nous permettrait d'avancer dans le dossier de la politique familiale? De
l'autre côté, le conseil va dire: Moi aussi, j'en ai. Après
cela, ils vont faire un conseil d'administration et ils vont déterminer
quel sera le plan de travail pour l'année à venir.
Dans ce contexte-là, que le conseil soumette au ministre des avis
sur toute question que lui veut poser, c'est normal qu'il les soumette au
ministre. On verra plus tard que, une fois qu'il les a soumis au ministre, il
pourra y avoir un délai qui soit jugé acceptable pour le rendre
public, pour laisser le temps au ministre de regarder l'avis qui a
été fait, de faire les discussions avec le conseil et,
finalement, de le rendre public avec, si c'est approprié, les
corrections qui pourront avoir été faites par le conseil. Donc,
on dit: soumettre au ministre des avis sur toutes questions sur lesquelles le
ministre va juger nécessaire d'être consulté. Cela est la
première démarche. Dans la deuxième, on dit: il pourra
soumettre aussi au ministre des avis sur tout sujet d'intérêt
familial que le conseil va, lui, juger nécessaire de soumettre, pour
pouvoir le faire. (16 h 45)
Donc, il y a les deux côtés de la médaille. Il n'y a
pas que le fait que, de sa propre initiative, le conseil va pouvoir
fonctionner. Il va pouvoir aussi, à partir des commandes, des demandes
faites par le ministre qu'il va juger comme l'ensemble de ce qu'ils auront
à décider durant l'année, comme ordre de jour de travail,
comme enquête, comme vérification, comme consultation... Il faut
s'assurer que, à ce moment-là, le ministre et le conseil pourront
faire ensemble un travail qui permettra au bout de la course à ce
conseil de pouvoir donner des avis, ces avis permettant de faire avancer la
cause de la famille au Québec, des avis qui vont porter, non pas sur les
besoins qu'a le ministre ou sur les besoins qu'a le gouvernement de^ faire
avancer sa position sur la famille. Je pense que le ministre a droit à
ses opinions, le gouvernement a droit à ses opinions, mais le conseil
n'est pas là pour faire plaisir à l'un et à l'autre II est
là pour rendre service à l'ensemble des familles au Québec
et faire en sorte qu'on puisse vérifier, en cours de route, les effets
de telle et telle action qui est posée. Je vous donne un exemple. Il
pourrait arriver que le conseil devant une politique... On prend un exemple qui
est devant nous, qui va être étudié ce soir. La commission
des affaires sociales étudie ce soir la question de l'aide sociale, de
ce que le ministre appelle faussement une politique de sécurité
du revenu. Ce conseil pourrait dire: Un instant, nous aussi, quand il y a une
consultation générale, on veut participer, faire valoir nos avis
à cette commission parlementaire et en conséquence il pourrait
juger utile de soumettre des avis au ministre, soit au ministre
délégué à la Famille ou à d'autres ministres
sectoriels, parce que la politique familiale ne s'applique pas simplement
à un seul ministre, elle s'applique horizontalement sur l'ensemble des
ministères et des organismes du gouvernement, pour que le ministre et la
population en général soient bien renseignés sur les
dangers de telle et telle décision qui est prise par un autre
ministère ou un autre organisme du gouvernement en place. Dans ce sens,
il me semble qu'il est logique que le conseil puisse répondre à
des demandes du ministre et en même temps, de sa propre initiative,
proposer au ministre des avis sur tout sujet que le conseil aura
décidé d'étudier en cours d'année. Dans ce sens, il
me semble que le ministre ne devrait pas refuser un tel amendement.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: Nous sommes d'accord avec l'Opposition, à un tel
point que avons écrit, sous une formule différente, exactement ce
qui est écrit là dans l'article 16. Je suggérerais qu'on
vote sur l'article 16 immédiatement, puisqu'on semble d'accord sur le
fait que le conseil doive donner son avis au ministre sur toute question ou
projet qu'il peut communiquer au ministère. Si
on remarque les deux libellés, ils sont sensiblement la
même chose. Je vois que, pour une fois, on semble être parfaitement
d'accord et tout à fait concordant sur un article. Alors, on pourrait
peut-être adopter cet article et revenir par la suite au paragraphe
5° que l'Opposition veut soulever.
M. Blais: Sur ce sujet, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Oui, M. le ministre suggérait, comme il
prétend que le paragraphe 4° que nous voulons placer dans l'article
15 est le correspondant de l'article 16... Je voudrais aussi que de votre
côté vous vous entendiez. Votre président vient juste de
nous dire que c'était la même chose que le paragraphe 2°.
Est-ce que le numéro 2° et 16 sont une répétition?
Est-ce que vous avez un amendement pour annuler l'alinéa 2°?
Le Président (M. Bélanger): Le président
n'est le président de personne, le président a tout simplement
posé une question tout à l'heure pour qu'on lui explique la
différence entre l'alinéa 2° et la proposition que vous
faisiez, parce qu'il n'avait pas le texte écrit de votre proposition en
main. Je voudrais qu'on cite le président comme il faut.
M. Blais: D'accord. J'ai une question à poser à la
présidence. Est-ce que vous comprenez maintenant que notre paragraphe
4° est différent du2°?
Le Président (M. Bélanger): À la lecture on
a accepté l'amendement; s'il était recevable c'est qu'il
était différent.
M. Blais: Je vous remercie, c'est ce que je voulais savoir, M. le
Président.
M. Jolivet: Je veux juste ajouter, pour le ministre, que
l'article 15 tel que nous le présentons fait mention, à
l'alinéa 4° que nous présentons comme amendement, de deux
choses. Il soumet au ministre des avis sur toutes questions sur lesquelles
celui-ci va juger nécessaire de consulter le conseil, mais aussi de
même que sur tout sujet d'intérêt familial que le conseil va
juger nécessaire de soumettre au ministre. Donc, il fait l'amalgame de
l'ensemble. Je vous disais dès le départ que c'était
à regarder ensemble et non pas séparément. C'est pour cela
qu'on vous propose un nouvel article 15 qui répondrait davantage
à l'ensemble des demandes des organismes qui nous ont fait parvenir des
recommandations. Dans ce sens, on a essayé de regarder celles qui
pouvaient mieux schématiser l'ensemble de notre pensée qui est
équivalente à celle de certains groupes familiaux. Dans ce sens,
il me semble que le ministre devrait accepter, à l'inverse de ce qu'il
me dit, l'alinéa 4° tel que proposé et non pas seulement
l'article 16.
M. Dutil: En tout cas, nous différons d'opinion au moins
sur la forme et sur la façon de le faire. Nous le mettons dans un
article différent, parce que dans l'article 15 c'est écrit que le
conseil peut, alors que, dans l'article 16, c'est que le conseil doit donner
son avis au ministre sur demande de celui-ci. Je pense qu'il est bon de
séparer les deux choses et c'est pour cela que nous avons
procédé ainsi et que nous avons libellé la chose de cette
façon-là. Puisque l'Opposition semble admettre qu'effectivement
les deux articles sont les mêmes, moi, je lui demanderais de se rendre
plutôt à notre libellé qui m'apparaît plus clair que
le sien.
M. Jolivet: Moi, je n'ai plus autre chose à dire.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la proposition
d'amendement de l'article 15 par le député de Laviolette se lit
comme ceci: soumettre au ministre des avis sur toutes questions sur lesquelles
celui-ci jugera nécessaire de consulter le conseil, de même que
sur tout sujet d'intérêt familial que le conseil jugera
nécessaire de soumettre au ministre. Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Jolivet: Ce sera le même vote que tout à l'heure
fort probablement, si je me fie à ce que...
Le Président (M. Bélanger): Non. M. Jolivet:
Non. Vous l'acceptez? Le Président (M. Bélanger): Non.
M. Jolivet: Ah!
M. Dutil: Alors qu'on accepte le libellé de l'article
16.
Le Président (M. Bélanger): Alors, rejeté.
M. Jolivet: On y reviendra plus tard. Le Président (M.
Bélanger): Bien. M. Jolivet: Le cinquième...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article
15...
M. Jolivet: Non, justement. Dans ma logique, j'avais dit que j'en
avais jusqu'à six. Alérs, je suis rendu au cinquième et le
cinquième, c'est qu'à l'article 15 du projet de loi on fait un
ajout qui est le suivant, c'est un alinéa 5°:
produire un rapport annuel public faisant état d'une
évaluation du développement de la politique familiale, notamment
en tenant compte des rapports annuels des ministères et des organismes
concernés. Donc, je vais vous le faire parvenir, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, un
cinquième alinéa serait proposé par le
député de Laviolette et qui se lit comme suit: 5° produire un
rapport annuel public faisant état d'une évaluation du
développement de la politique familiale, notamment en tenant compte des
rapports annuels des ministères et des organismes concernés. M.
le député de...
M. Jolivet: M. le Président, le ministre nous a dit dans
son énoncé de politique, il nous l'a dit brièvement,
d'ailleurs, lors du début de l'étude article par article du
projet de loi, il nous l'avait dit lors de l'adoption du principe à
l'Assemblée nationale, quelle importance il donnait au conseil et il
misait à ce moment-là sur l'importance de ce conseil pour faire
valoir la politique familiale au Québec. Ce qu'on lui propose, c'est de
passer de la parole aux actes, d'avoir la foi avec les oeuvres et non pas la
foi sans les oeuvres et de bien donner la chance au conseil de faire un
état de la situation annuellement et d'indiquer à l'ensemble de
la population où en est rendu le développement d'une politique
familiale. On peut bien faire confiance au ministre qui, d'après ce
qu'on a dans les autres articles, rendra public ce qu'il voudra bien rendre
public, alors que nous croyons qu'il devrait en ce qui concerne le conseil
avoir le pouvoir de rendre publiques des choses, surtout dans la mesure
où le rapport permettra d'évaluer comment la politique familiale
se développe au Québec. Il me semble qu'il n'y a rien d'anormal
d'accepter à ce moment-là que le conseil puisse produire un
rapport annuel. On sait comment cela se produit, le conseil fait un rapport
annuel, dépose ce rapport-là dans des délais prévus
impartis en vertu de la loi, fait en sorte que ce rapport, s'il n'y a pas de
session, puisse être déposé dans les plus brefs
délais à l'ouverture de la session à tous les membres de
l'Assemblée nationale pour qu'on en prenne connaissance et qu'ensuite on
fasse toute l'étude la plus attentive possible pour permettre au
ministre de faire rapport à la population de l'état d'avancement
du dossier. Le ministre nous a dit que cela fait nombre d'années, et, je
suis d'accord avec lui, que tout le monde attend cette politique familiale. Je
ne veux pas non plus, en aucune façon, que cette politique familiale
n'arrive point. Au contraire, je suis comme tout le monde, je la souhaite. Je
la souhaite dans les meilleures conditions possible. Mais je ne voudrais pas,
une fois le conseil de la famille adopté, que tout le monde se rendorme,
que finalement, le ministre endorme tout le monde en ne déposant le
rapport qu'après en avoir pris connaissance et surtout, après
avoir fait des changements majeurs à l'intérieur. Il est
important que le conseil puisse faire rapport annuellement de cette
évolution du dossier. D'un autre côté, il doit aussi tenir
compte, comme le ministre le disait, que c'est de façon horizontale que
la politique doit être en action et s'assurer que tous les organismes
fassent chacun leur petit pas.
Je vais juste donner un exemple au ministre et il va me comprendre. Il y
a un organisme qui s'appelle l'Office des personnes handicapées du
Québec, l'OPHQ. On sait ce que cela a produit, et le fait que le
ministre du Conseil du trésor ait décidé de diminuer
l'aide apportée et de transférer au programme PARCQ, progammme
d'aide fédérale-provinciale pour les rénovations de
maisons et qui a remplacé le programme qui était un très
bon programme, soit Loginove et PAREL... C'est pour vous dire que, finalement,
on est dans un programme où les personnes handicapées devraient
avoir normalement un appui sensible de la part de l'Office des personnes
handicapées, qui se retrouve, si vous me permettez l'expression, un peu
handicapé par les décisions prises par le président du
Conseil du trésor. Encore une fois hier, j'avais l'occasion à mon
bureau de comté... Et j'aurai certainement l'occasion d'en faire mention
davantage au ministre parce que ce matin, je suis arrivé vers 9 h 55 et
je n'ai pas eu le temps de donner à ma secrétaire les directives
pour vous faire parvenir un dossier, mais j'ai un dossier qui est justement
dans le même genre que cela. C'est que, lorsque les organismes perdent le
contrôle au profit d'une décision du Conseil du trésor, il
y a quelque chose qui ne va pas quelque part. L'exemple que j'ai devant moi est
celui d'une personne qui se retrouve actuellement avec une personne
handicapée dans la maison et à qui on vient de dire: Compte tenu
des ressources monétaires disponibles nous ne prenons plus aucun nouveau
cas. Compte tenu de tous les cas qui sont en attente, nous ne prenons plus
aucun nouveau cas. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui ait la capacité de
dire ces choses-là.
Quand on a un rapport et que l'office a des responsabilités,
à ce moment-là, il se produit qu'il fait rapport et dit:
Contrairement à ce que le ministre peut penser, voici ce qui se passe
dans mon milieu. Annuellement, il y a eu tant de demandes. On n'a pas pu
répondre à cela pour telle chose, mais ce que j'ai comme
directive... Les gens ont dit: Va voir ton député pour qu'il
fasse des pressions auprès du ministre parce qu'on a dit: II n'y a pas
de nouveaux cas qui sont acceptés. Même la personne avait eu une
première évaluation et elle attendait la personne venant de
l'hôpital Cooke de Trois-Rivières comme ergothérapeute et
la réponse qu'on est venu lui dire en visite à la maison: C'est
la dernière fois que je viens vous visiter parce que votre cas n'est
plus sur la liste. On n'est plus capable de prendre de cas. C'est ce qu'elle
m'a dit hier.
Je vous dis qu'on n'a pas des difficultés comme celles-là
dans un rapport annuel; le Protecteur du citoyen fait son rapport annuel, comme
la Société REXFOR fait son rapport annuel. En fin de compte, on
se retrouve avec un conseil qui va avoir les pieds et les mains liés,
qui ne pourra pas faire autre chose que de répondre aux commandes du
ministre. Quand nous disons: Si ces gens ont la capacité de produire un
rapport annuel qu'ils vont rendre public, bien entendu, nous aurons les
capacités à ce moment-là de pouvoir vérifier le
bien-fondé des plaintes qui auront été portées et
les difficultés que le conseil aura vécues. (17 heures)
Dans ce sens, il me semble que le ministre ne peut pas, en aucune
façon, refuser que le conseil puisse produire un rapport, que ce rapport
soit annuel et public, que ce rapport fasse état de l'évolution
de toute la politique familiale, de quelque gouvernement que ce soit, parce que
là, si on la met en place, ce ne sera pas juste pour le gouvernement du
Parti libéral, mais pour les gouvernements qui suivront. Ces
gouvernements auront à rendre compte à la population, à
partir du rapport public annuel. On pourra vérifier si les organismes et
les ministères appliquent bien la politique qui a été
définie, en arrivent à permettre au public de connaître
l'état d'avancement du dossier, l'état de toute question qui va
relever d'une politique familiale mise en place pour le bien-être de
l'ensemble des familles et non pas pour le bien-être du ministre ou du
président du Conseil du trésor.
Quand je vous donne l'exemple de l'Office des personnes
handicapées, c'est pour vous dire le danger qu'il y a, quand arrivent
des directives comme celle-là, de ligoter littéralement
l'organisme en place, de l'empêcher de faire quelque action que ce soit,
au risque de se voir taper sur les doigts, si je peux me permettre cette
expression bien connue. Il me semble que le ministre ne peut pas refuser une
telle proposition à l'alinéa 5°.
M. Dutil: M. le Président, quant aux remarques concernant
l'OPHQ, je pense que ce n'est pas le lieu pour y venir, c'est un peu hors
sujet. Toutefois, je tiens à mentionner qu'il n'est pas question qu'on
refuse quelque personne que ce soit, quelque demande que ce soit, sous
prétexte qu'il n'y a plus de place. Cela nous fera plaisir de regarder
le cas que va nous soumettre éventuellement le député de
Joliette, comme on regarde d'autres cas qui pourraient être litigieux.
Quoi qu'il en soit, c'est un aparté qui est un peu hors de notre propos
actuellement.
Quant à la modification qui est recommandée par le
député, je veux mentionner deux choses. La première, c'est
que, quant à un rapport annuel, il en existe un, qui est prévu
à l'article 21 et qui se lit comme suit: "Le conseil transmet au
ministre, au plus tard le 30 sep- tembre de chaque année, un rapport de
ses activités de l'exercice financier précédent."
Quant à la deuxième partie de ce qui est demandé,
c'est-à-dire que ce rapport tienne compte, notamment, des rapports
annuels des ministères et du développement de la politique
familiale, rien dans l'article 15.2° - d'ailleurs, on le voit - rien
n'empêche, dans le projet de loi tel qu'il est libellé
actuellement, le Conseil de la famille de faire des avis concernant le
développement de la politique familiale en cours d'année. Je vous
renvoie plus particulièrement à l'article 15.2° qui dit:
"Dans l'exercice de ses fonctions, le conseil peut: saisir le ministre de toute
question d'intérêt familial qui, à son avis, mérite
l'attention ou une action du gouvernement et lui soumettre ses
recommandations."
Donc, M. le Président, pour les mêmes raisons que tout
à l'heure, nous avons choisi un libellé différent, nous
avons choisi de placer le rapport annuel à l'article 21. Nous avons
choisi, dans l'article 15.2°, d'inclure, finalement, implicitement ce qui
est demandé ici par l'alinéa 5°, tel que proposé par
le député de Joliette, et c'est pourquoi je demande à la
commission de rejeter l'amendement proposé par le député
de Laviolette.
Le Président (M. Thuringer): Mme la députée
de...
Mme Vermette: De Marie-Victorin. Voilà, monsieur.
Le Président (M. Thuringer): ...Marie-Victorin.
M. Jolivet: Juste un instant! Vous êtes encore tombé
dans la même difficulté que tout le monde, c'est Laviolette, pas
Joliette. Vous m'avez dit que j'étais le député de
Joliette.
M. Dutil: C'est parce qu'on les met tous les deux,
malheureusement, dans le même groupe.
M. Jolivet: Le député de Joliette et le
député de Laviolette?
M. Dutil: Oui, dans le même groupe. Alors, c'est une chose
qui, je l'espère, sera corrigée à la prochaine
élection.
M. Jolivet: Non, je suis sûr que mon collègue qui
était à la CEQ avec moi mérite, de la part de ses
électeurs, comme moi d'ailleurs, un très bon éloge.
Le Président (M. Thuringer): Mme la
députée.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Quand on regarde la
façon dont nous proposons le libellé à l'article 15 avec
les différents alinéas, c'est parce que c'est une façon
conceptuelle,
beaucoup plus claire en ce qui concerne les pouvoirs et fonctions. Tout
est bien regroupé dans un même article avec les alinéas, ce
qui est très clair et très visible. Les gens peuvent se retrouver
très facilement, alors que là on arrive et la loi est en
pièces, un petit peu plus morcelée. Nous, au lieu de la faire
d'une façon plus étalée ou plus morcelée, nous
disons: Nous allons l'intégrer à l'intérieur de cet
article où tout est clair: pouvoirs et fonctions du conseil.
Encore une fois, cela m'amène à dire que le ministre
aurait eu avantage à lire davantage les mémoires
présentés par l'ensemble des groupes et organismes familiaux
où, pour eux, cela allait de soi que tout soit regroupé à
l'intérieur d'un même article. La preuve, c'est que dans la
plupart des mémoires dont nous avons pu prendre connaissance, ou, en
tout cas, des recommandations, toutes ces choses se regroupaient. Nous nous
sommes rendus à l'évidence et c'est pourquoi nous
présentons ce genre d'amendement précisément à
l'article 15. Effectivement, cette demande est rationnelle et non pas en l'air,
comme on essaie de le prétendre de l'autre côté de la table
à l'heure actuelle. Je suis d'accord aussi parce que c'est très
important. Vous savez très bien que l'information se fait toujours dans
deux sens, il y a un émetteur et un récepteur, et c'est cette
notion que nous avons bien voulu faire reconnaître en apportant cet
amendement. Le ministre ayant un rôle important à jouer parce que
c'est lui qui aura à véhiculer au Conseil des ministres les
différentes décisions et les différentes informations, il
est important que l'information se dirige dans les deux sens, parce qu'H est
l'émetteur et le récepteur en même temps. Au Conseil des
ministres, il va sûrement recevoir des recommandations de l'ensemble de
ses collègues. Il dira: Écoutez, on est rendu là, on s'en
va dans telle direction, ce qui, à ce jour, n'est pas fait. On ne le
voit pas dans les différentes politiques adoptées, c'est
l'incohérence la plus totale. Un ministre arrive avec la
sécurité du revenu. On ne sait pas ce que cela va donner pour les
familles les plus défavorisées comme les familles monoparentales,
et pour les femmes surtout; actuellement, elles se sentent très
pénalisées par la nouvelle politique que le ministre veut mettre
de l'avant.
En ce qui concerne les garderies, on attend. Depuis le mois de
décembre, la ministre doit annoncer ses politiques sur les garderies. On
ne sais pas ce qu'elle va faire. Elle attend que le fédéral se
décide sur ce qu'il va faire. Pourtant, on pourrait se retirer du
programme fédéral sur les garderies et on n'a rien fait. On
attend encore, on est toujours en attente. Bien sûr que je trouve
important que le ministre fasse rapport au conseil en disant: Écoutez,
j'ai de la misère parce que la collaboration de mes collègues...
En tout cas, ils ne comprennent pas tout à fait l'évolution ou
les besoins des familles. Il y a une certaine concordance que je n'arrive pas
à établir entre les différents ministères et, ma
foi, j'aurais besoin de l'aide de mon conseil pour pouvoir mettre de l'avant
des politiques qu'on juge tout à fait essentielles. C'est pourquoi nous
sommes d'accord. Effectivement, cet amendement est très important. Que
les gens puissent avoir un rapport de ce qui se passe à
l'intérieur de ce conseil en ce qui concerne la politique familiale et
qu'ils prennent pleinement connaissance... Vous savez, des gens bien
informés, ce sont des gens qui sont peut-être moins
contestataires, finalement. C'est drôlement important. C'est vrai que ce
n'est pas facile, quand on est au gouvernement, de se faire contester assez
régulièrement et de se faire remettre en cause au chapitre de ses
politiques. Aucun gouvernement n'aime se faire contester. On aimerait beaucoup
mieux être dans le coeur de chaque électeur; évidemment,
c'est plus rentable. Qu'est-ce que vous voulez? On ne peut toujours satisfaire.
Le chausson à point unique n'est pas encore possible pour l'ensemble de
la population. Effectivement, il taut que les gens puissent prendre
connaissance de la situation réelle, du portrait réel de
l'évolution, et qu'ils sachent exactement quelles sommes sont
dépensées et où on s'en va, où cela va permettre
d'aller, vers quelle orientation, ce qui a été retenu, ce qui n'a
pas été retenu et pourquoi cela n'a pas été retenu,
où sont placées les difficultés. Il faut qu'on connaisse
les gens qui composent le conseil, d'où ils viennent et quelle est leur
expérience. C'est drôlement important parce que c'est sur eux que
vont reposer plusieurs décisions. C'est toute cette prise de conscience
et la justesse des renseignements que nous voulons que le public puisse avoir
comme référence. On me dit que c'est vu dans d'autres articles,
mais on s'est dit: Pourquoi ne pas tout mettre cela dans un même
libellé, en fin de compte, dans un article où tout serait clair?
Une idée claire d'une politique, ce serait peut-être un bon
thème pour vous, à un moment donné. Je sais que vous
êtes habitués de nous copier. Alors, sûrement qu'à un
moment donné, tôt ou tard, vous allez aussi copier cette...
Une voix:...
Mme Vermette: Ah! bien, regardez toutes les politiques que vous
mettez actuellement, ce sont des politiques qu'on a faites
antérieurement. Vous les remettez en application, de toute façon.
Quand vous essayez d'en faire de votre cru, bien, là, on est
obligé de les bonifier parce que c'est plein d'erreurs. Donc,
finalement, c'est ce qu'on est en train d'apporter, les modifications et les
amendements nécessaires pour que les lois correspondent le plus aux
aspirations, de l'ensemble de la population québécoise, mais
aussi, au niveau de la législation et du législateur, qu'elles
n'aient pas trop de coquilles vides. C'est ce qu'on essaie, de pallier et c'est
pour cela que nos interventions sont si répétitives, parce que
nous trouvons important à l'heure actuelle de
prendre tous les arguments nécessaires pour faire que cette
politique-là n'ait pas de coquilles vides qui fassent l'objet d'une
contestation. Ce serait malheureux pour l'ensemble des familles, parce qu'on
sait qu'actuellement c'est dramatique la situation de certaines familles, quand
on regarde tout ce qui se passe autour de nous au niveau des différentes
familles, quand on regarde les problèmes des enfants mal aimés,
quand on regarde les problèmes des jeunes de 16, 18 et 20 ans, avec tout
ce qui se passe, la drogue, on s'aperçoit que les familles ont
réellement besoin de soutien, que ce ne sont pas seulement des
politiques natalistes, que cela déborde énormément et que
les parents sont des... On ne vit plus dans une société, les deux
parents travaillent, les rapports à la maison avec les enfants sont
moins fréquents, et, pour tout autre ordre, il arrive que beaucoup de
parents ont besoin de soutien dans l'éducation de leurs enfants. Il faut
faire appel à de nouvelles structures de travail, il faut faire appel
aussi à une augmentation du nombre de places dans les garderies, il faut
faire appel à de nouvelles façons de voir les congés
parentaux, les congés de maladie, les logements, et j'en passe. Vous
savez fort bien que la famille, c'est dans toutes les facettes de la vie
quotidienne et c'est pourquoi on dit qu'il faut prendre tout le temps
nécessaire pour faire en sorte - en tout cas, au moins en commission
parlementaire - pour faire en sorte que cette loi-là, qui a
développé tellement d'attentes chez les groupes familiaux et chez
les famillles, dans l'ensemble de la population, reflète vraiment ces
besoins et réponde réellement aux attentes de ces familles. Il ne
faut pas qu'elles soient déçues plus qu'il ne faut, parce que,
déjà, ce sont des gens dans une situation... Je trouve cela
très courageux aujourd'hui d'entreprendre l'éducation et de
vouloir même entreprendre de bâtir une famille, parce que oui, la
fiscalité, il faudra y revenir un jour, il faudra regarder en profondeur
et scruter la fiscalité. La fiscalité ne répond plus
à la société à l'heure actuelle, à la forme
de famille qu'on a à l'heure actuelle, dans notre société
québécoise. Il faudra tout reprendre le système de
fiscalité, il faudra tout regarder les structures du travail si on veut
considérer les attributs de la femme qui est de plus en plus à
l'intérieur du monde du travail. D'ailleurs, vous avez fait une loi, au
niveau du bien-être social qui demande que la plupart des femmes qui sont
sur le bien-être social retournent sur le marché du travail
dès que leurs enfants ont plus de deux ans.
Donc, je pense qu'il faut être cohérent dans toutes ces
prises de position-là. C'est sûr que la façon de gagner sa
vie n'est plus la même qu'elle était il y a dix ou vingt ans. Nous
sommes dans une société en pleine évolution technologique
et qui demande un apport très différent de ce qu'il a
déjà été. C'est pour ces raisons qu'on dit:
Permettons aux familles de pouvoir escompter sur une politique avec des
éléments clairs et précis, qui leur apportera le soutien
dont elles ont tant besoin si elles veulent continuer à former des
familles et si on veut nous aussi, en tant que membres d'une
société, pouvoir compter sur des générations
futures.
Le Président (M. Thuringer): Merci.
M. Jolivet: M. le Président? À moins que le
ministre n'ait quelque chose à dire?
M. Dutil: Non, il n'y a pas d'éléments nouveaux, M.
le Président, je pense bien, dans la présentation aux fins de
l'article et de la modification proposée. Cela n'a pas fait changer mon
opinion, je ne pense pas que je vais recommander à la commission de
voter en faveur. (17 h 15)
M. Jolivet: Je voudrais juste ajouter deux choses, M. le
Président. D'abord, le ministre m'a dit que ce n'était pas la
place pour parler de l'Office des personnes handicapées. Je dois dire
que, quand j'en ai parlé, c'était comme exemple. C'était
pour donner un exemple. C'était dans ce sens-là. D'ailleurs, je
suis considéré comme quelqu'un qui parle souvent des cas de
comté dans toutes sortes d'occasions. Je profite de cela. C'est la seule
place qu'on a comme membres de l'Opposition de les faire valoir. Des fois, des
cas personnels sans nommer de personnes, on ne peut pas faire cela en question
à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas d'intérêt
public, c'est d'intérêt personnel, c'est un cas de comté.
J'en ai fait mention parce que cela se produit pour d'autres groupes, d'autres
personnes. J'en ai fait état parce qu'on disait: "produire un rapport
annuel public faisant état d'une évaluation du
développement de la politique familiale, notamment en tenant compte des
rapports annuels des ministères et organismes concernés". Il y a
une politique qui est celle de l'aide aux personnes handicapées.
L'exemple qu'on a, c'est que par une décision d'un autre
ministère qu'est le Conseil du trésor, le ministère des
Affaires municipales, par son programme PARCQ, en arrive à changer
complètement l'aide apportée à ces personnes qui
était prévue par l'Office des personnes handicapées. Donc,
on coupe le budget de l'Office des personnes handicapées et on ne lui
donne pas en transferts les sommes d'argent nécessaires pour mettre en
place de l'aide à ces personnes handicapées.
Dans ce contexte-là, on pourrait se poser la question, puis
là je vais prendre le même exemple - le ministre en a
été saisi de ma part à l'époque; ce n'est pas tout
à fait réglé comme on aurait pensé que
c'était pour se régler, mais il a évolué un peu -
c'est l'histoire d'un enfant dans une famille. L'enfant tombe malade, victime
d'une paralysie cérébrale. Avec la nouvelle politique, il n'avait
droit à aucune aide pour faire l'adaptation du domicile et
c'était rendu que dans la famille c'était devenu un drame: la
mère et le père étaient en train de faire des
dépressions nerveuses parce qu'on n'avait plus les moyens de
subvenir aux besoins de l'enfant à cause d'une décision du
Conseil du trésor. Donc, si on avait dans un rapport public
montré des cas comme ceux-là sans donner les noms des personnes,
on aurait pu dire: Cela n'a pas de bon sens ce qui se produit. On aurait pu
interroger comme membres de l'Opposition et le gouvernement aurait pu
s'interroger, puis le ministre responsable des personnes handicapées
aurait pu s'interroger aussi et dire: II y a quelque chose qui ne va pas
quelque part. Mais je vous le dis, en produisant un rapport annuel faisant
état de l'évaluation du développement de la politique
familiale, on pourrait voir évoluer et dire: Cela ne va pas assez vite.
On pourrait même aller jusqu'à dire: Cela va trop vite, les gens
ne suivent plus. Cela pourrait arriver. Dans ce sens-là, regarder tout
cet ensemble et prendre les meilleures décisions, pas pour les besoins
du gouvernement, pas pour les besoins du ministre, mais pour les besoins des
familles au Québec, quelle que soit la forme de la famille. C'est le
premier point que je voulais faire ressortir au ministre, la raison pour
laquelle j'avais utilisé comme exemple l'Office des personnes
handicapées, et cela adonne bien, il en est responsable comme
ministre.
La deuxième chose que je voudrais faire ressortir, c'est que le
ministre dit: Pourquoi amener là ce rapport annuel, alors que vous avez
deux choses qui se produisent? Premièrement, à l'article 21 c'est
déjà prévu, le conseil transmet au ministre, au plus tard
le 30 septembre de chaque année, un rapport de ses activités de
l'exercice financier précédent et, deuxièmement, il nous
dit: À l'article 15.2° du projet tel que présenté
actuellement: "saisir le ministre de toute question d'intérêt
familial qui, à son avis, mérite l'attention ou une action du
gouvernement et lui soumettre ses recommandations", le ministre dit: On
pourrait retrouver en 2° ce que le député voudrait voir
arriver dans l'alinéa 5° de son projet d'amendement. Mais c'est
beaucoup plus que ça que doit produire le rapport annuel public du
conseil. C'est la capacité de faire évoluer le dossier, non
seulement de nous dire où il en est dans son évolution quant aux
changements et au développement de la politique familiale, mais aussi de
faire évoluer le dossier en forçant les députés,
hommes ou femmes, du côté ministériel comme du
côté de l'Opposition, à relire le document et à
faire valoir leurs points de vue, de sorte que ce rapport annuel porte fruit
pour les familles au Québec. Un rapport annuel public n'est jamais
là pour le plaisir de simplement le ranger sur les
étagères des bibliothèques, il est là pour que les
gens le lisent, en fassent la critique. Quand je prends le mot critique, je
peux aussi bien prendre la partie positive que négative. Ce n'est pas
négatif, pour moi, le mot critique, c'est d'analyser l'ensemble du
développement de la politique familiale et de dire: Cela va à
notre goût. D'autres vont dire: Cela va trop vite D'autres vont dire:
Cela ne va pas assez vite. Toute la gamme entre la personne qui trouve que cela
ne va pas assez vite et la personne qui trouve que cela va trop vite se
retrouve dans la société.
Le ministre devrait accepter le libellé présenté
parce que cela implique que le conseil aura à vérifier
auprès des organismes et des ministères s'ils touchent à
la politique familiale et que l'on sente que dans le rapport, comme le dit le
ministre, on pense famille et on agit famille. Mais, quand on regarde ce qui se
passe actuellement et que le ministre vient nous dire que sa politique
familiale est comblée lorsqu'on lui apporte un document comme celui qui
a été présenté par le ministre responsable de
l'aide sociale au Québec, je diverge d'opinion et vous allez comprendre
forcément pourquoi. Quand le ministre ne réagit pas avec
véhémence aux décisions prises au fédéral
par le ministre Wilson, vous me permettrez de me poser des questions. Quand
vous ne voyez pas le ministre réagir à des décisions
antifamiliales qui sont prises par le ministre des Affaires municipales en ce
qui concerne l'habitation sociale, que ce soit dans les offices municipaux
d'habitation, donc dans les loyers à prix modique, que ce soit dans
l'aide aux coopératives, quand on considère que le ministre est
en train de faire tellement changer les barèmes de l'aide dans les
habitations sociales qu'on va se retrouver avec des familles qui vont
être défavorisées, dans ce contexte, il me semble que le
ministre aurait intérêt, aussi bien pour lui que pour les familles
du Québec, à regarder les rapports annuels de tous les
ministères et organismes pour voir si vraiment non seulement ils ont
pensé, mais s'ils ont agi famille pendant l'année qui vient de
s'écouler. S'ils ne l'ont pas fait, qu'il fasse les réprimandes
ou les corrections qui s'imposent. C'est dans ce sens, M. le Président,
que j'ai tout bonnement fait l'amendement qui est devant nous.
Le Président (M. Bélanger): Bien Je m'excuse, j'en
ai perdu un petit bout. Y a-t-il d'autres commentaires sur l'amendement? Bon,
l'amendement. Est-ce que l'amendement qui se lit comme suit: "produire un
rapport annuel public faisant état d'une évaluation du
développement de la politique familiale, notamment en tenant compte des
rapports annuels des ministères et organismes concernés", est-ce
que cet amendement est adopté?
M. Jolivet: Un vote
Le Président (M. Bélanger): Un vote? Bien J'appelle
donc le vote sur cet amendement.
M. le député de Laval-des-Rapides? Contre. M. le
député de Sainte-Anne?
M. Polak: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly?
M. Latulippe: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Deux pour, neuf contre.
L'amendement est rejeté.
M. Jolivet: M. le Président, du fait qu'on est rendu dans
mon texte à la sixième proposition, il faudrait faire
l'amendement suivant: À l'alinéa 4° de l'article 15 actuel
qui se lit comme suit: "fournir de l'information au public sur toute question
d'intérêt familial", j'aimerais faire un amendement qui
était pour moi l'alinéa 6°, mais qui deviendra... Tout
à l'heure, on le verra quand on fera l'adoption, mais je vais vous le
donner en vrac, c'était: "fournir de l'information au public sur toute
question d'intérêt familial". On ajouterait: "et réaliser,
dans le domaine de la prévention, des activités qui rejoignent la
population".
Le Président (M. Bélanger): L'amendement est
recevable, M. le député de Laviolette. Si vous voulez nous le
commenter.
M. Jolivet: Au moins, on va s'entendre sur une partie qui est la
même pour tout le monde, c'est de fournir de l'information au public sur
toute question d'intérêt familial et réaliser dans le
domaine de la prévention des activités qui rejoignent la
population. Il me semble que le conseil ne peut pas ne pas avoir comme
leitmotiv une chose qui est normale à mon avis, soit d'en arriver
à prévenir. Pour ce faire, la prévention telle que
proposée peut se faire par la réalisation d'activités qui
vont rejoindre la population. C'est donc donner à ce conseil la
capacité non seulement de donner de l'information sur ce qui se passe,
mais d'aller plus loin que cela, de dire: Dans ce contexte-là, on
devrait aider la famille, soutenir la famille dans les difficultés
auxquelles elle a à faire face actuellement. Ma collègue disait
que cela va vite et que l'évolution de la société moderne
amène des changements très rapides. Je dois vous dire que j'ai
l'occasion de le vivre assez vivement avec mon épouse, compte tenu du
nombre d'enfants que nous avons. Je pense que d'autres députés
ici dans cette chambre pourraient dire la même chose. L'évolution
entre l'enfant qui a actuellement 23 ans et le bébé qui a quatre
ans, c'est bien différent. Je dois vous dire que les difficultés
qu'éprouve la famille au Québec, avec tout le changement du type
de famille, que ce soit la famille qui éclate, comme on l'a
appelée, la famille nucléaire actuelle... Comme je le disais au
début de nos discussions: Autrefois, les parents avaient beaucoup
d'enfants; aujourd'hui, les enfants ont beaucoup de parents. On le vit tous les
jours et cela amène des tensions.
L'enfant à la clef, le "key children", comme on l'appelle, qui
nous est arrivé des États-Unis à l'époque mais qui
est entré dans nos moeurs, fait qu'on voit partir l'enfant le matin et,
s'il n'y a pas de politique qui permette un soutien à cet
enfant-là, comme on l'a dans les écoles... J'ai eu l'occasion
comme porte-parole de l'Opposition en matière d'éducation au
primaire et au secondaire, au début de 1986, d'aller visiter des
écoles à Montréal où on a mis en place des
garderies en milieu scolaire, ce qu'on a finalement réussi à
mettre en place chez moi à La Tuque, imaginez, dans un coin aussi
éloigné. Les gens ont décidé de se donner dans les
écoles, avec l'aide de la commission scolaire, un soutien à la
famille. On doit par le fait même ouvrir le lieu de garde quand les
parents vont travailler le matin, donc avant que les classes débutent,
et le fermer les classes terminées, donc, un laps de temps qui se situe
normalement entre sept heures et dix-huit heures qui permet aux parents de
venir reconduire l'enfant et de venir le chercher le soir. Durant la
journée, l'enfant participe aux activités de la classe s'il est
en maternelle, s'il est en première année, etc., vous savez
comment cela fonctionne. Cela lui permet d'avoir une vie sociale avec des
jeunes de son âge dans un
encadrement qui lui permet de s'épanouir et non pas un
encadrement qu'on rencontre dans des lieux où il est plus facile, on l'a
vu par des articles de journaux et à la télévision,
d'assister à de la prostitution infantile, juvénile ou, encore,
d'assister à des difficultés en ce qui concerne la drogue ou
autre chose. Je fais allusion souvent à ce qu'on appelle nos arcades
dans nos villes et, quand on arrive dans des centres plus urbanisés que
nos petites villes de chez nous, on le sent davantage, ce qui ne nous
empêche pas de voir chez nous l'effet que cela a chez les jeunes qui
à un moment donné commencent à s'adonner à une
sorte de sport qui n'est pas le sport qu'on recherche et qui est beaucoup plus
de l'amusement, mais qui coûte tellement cher que, finalement, on en
arrive à devenir passeur de drogue ou indicateur pour la prostitution
juvénile. Moi, je pense qu'on doit donc permettre au conseil de faire la
prévention et, s'il le fait par des activités qui rejoignent
l'ensemble de la population et qui permettent de diminuer les coûts
sociaux de ces difficultés que rencontre la jeunesse, c'est la
société qui va être gagnante. (17 h 30)
Donc, il me semble que le conseil ne doit pas être là
simplement pour toujours corriger ou faire valoir des points de vue correctifs.
Il doit être là aussi pour prévenir cela. En
conséquence, il doit faire les corrections avant que la situation ne se
présente et peut-être en arriver à aider des maisons de
jeunes à se mettre en place. Je vous donne l'exemple encore une fois.
J'en suis toujours surpris. On faisait mention du rapport annuel des maisons de
jeunes au Québec. Le développement n'est pas très fort
depuis deux ans. Je dois vous dire que les jeunes doivent bûcher
davantage pour en arriver à se donner des maisons de jeunes au
Québec. Il me semble que, au lieu d'être négatifs et de
considérer ces maisons de jeunes... Comme on l'a vu dans certains
quartiers à travers le Québec, des gens ont dit: Nous autres, on
ne veut rien savoir de cela, c'est un nid à problèmes, alors que
ce n'est aucunement cela. On a vu des municipalités s'intéresser
à ce phénomène d'aide aux jeunes, leur fournir les
terrains et même les bâtisses nécessaires, les aider
à ce que, finalement, il y ait au Québec, dans ces milieux, une
formule de prévention.
Donc, différents moyens mis à la disposition de la
population qu'il vaudrait la peine de faire connaître. Le rapport annuel,
comme on en faisait mention, pourrait être une occasion. Mais il y a
aussi des activités, avec l'aide de la police municipale, avec l'aide
des brigadiers scolaires, avec l'aide des conseils d'école, des conseils
de parents, des comités de parents. Toutes ces personnes ne demandent
pas mieux que de venir en aide à la jeunesse. J'en parle en connaissance
de cause, mon épouse étant membre d'un conseil d'école et
d'un comité de parents dans ma région. Elle participe à
ces activités et la présidente du comité d'écoles
où vont mes jeunes enfants au secondaire est à la fois aussi
responsable de la halte-garderie ou de garderies en milieu familial. Donc, des
gens qui s'occupent à la fois de leurs enfants qui se trouvent à
l'école, mais aussi d'autres enfants à qui les parents donnent
une certaine forme de respon sabilité.
Or, dans ce contexte-là, il me semble que non seulement le
conseil pourrait fournir de l'information, mais qu'il pourrait, par
différentes manifestations, faire de la prévention et, par le
fait même, diminuer les coûts sociaux des malaises que la
société connaît actuellement. Alors, dans ce sens, le
ministre ne devrait pas, cette fois-ci, je l'espère, nous empêcher
d'accepter un tel amendement qui va dans l'esprit qu'il nous décrit
depuis le début, c'est-à-dire permettre au conseil d'agir dans
cela de sa propre initiative. Le ministre ne devrait pas me répondre
qu'il est loisible, en vertu de l'alinéa 2° du projet de loi actuel,
au conseil de le faire. Là, il mettrait tout cela dans un "melting pot".
J'espère qu'il ne me répondra pas cela en argumentation à
l'approche que j'ai développée.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, vous voyez tout de suite que la
dernière partie, que l'amendement suggéré par l'Opposition
est que le Conseil de la famille fasse des activités dans le domaine de
la prévention et des activités qui rejoignent la population. On
admet, nous, que ce sont des activités qui sont nécessaires. Il
est nécessaire que ces activités-là soient faites, mais ce
n'est pas au Conseil de la famille de dispenser des services à la
population. Nous voulons un Conseil de la famille qui étudie, qui fasse
des recommandations au ministre et des évaluations de la politique
familiale. En créant un mandat de services au Conseil de la famille, on
ferait une grave erreur. On disperserait les énergies précieuses
d'un conseil qui a un rôle différent dans un service à
dispenser qui doit être dispensé par les ministères ou
organismes concernés. C'est la raison pour laquelle je recommande
à la commission de rejeter également cet amendement de
l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Madame la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Avant de passer au vote, j'aimerais apporter
certains arguments favorables à cet amendement. Au contraire, moi, je
considère qu'un des rôles très importants d'un conseil,
c'est l'information du public. C'est très important, si on veut que le
public soit très conscient du rôle que doivent jouer les conseils.
Si on ne leur donne pas les outils nécessaires pour leur faire jouer
adéquatement leur rôle, notamment par l'information qui met en
marche certains mécanismes de fonctionnement en ce aui
concerne la prévention, pour faire prendre conscience à la
population des problèmes que peut vivre la société
à l'heure actuelle... On vit des changements de valeur et ces
changements de valeur apportent des comportements différents dans notre
société. Moi, je trouve que c'est rejeter du revers de la main
d'une façon assez facile cet amendement qui fait appel à des
notions très importantes en ce qui concerne le rôle et les
pouvoirs d'un conseil. Moi, pour avoir participé au conseil des services
essentiels, je me souviens très bien que, si nous voulions que les gens
puissent comprendre la nature même et la fonction même du conseil,
un des volets les plus importants était l'information. Il fallait
absolument faire prendre conscience du rôle que devait jouer le conseil
et de l'importance du conseil, si on voulait rapprocher les parties qui
étaient souvent en opposition, arriver à établir un
consensus favorable à l'ensemble de la population et lui donner les
services qui lui étaient dus dans le secteur public et parapublic au
moment d'une grève, parce qu'une grève a toujours ses
inconvénients.
Donc, à mon avis, c'est plus qu'important, surtout parce
qu'actuellement notre société propose des modèles qui ne
sont pas toujours les plus favorables à l'ensemble de nos jeunes et cela
est dans tous les strates d'âge à l'heure actuelle. Je lisais ce
matin en venant dans La Presse qu'aujourd'hui, en ce qui concerne le marketing,
on est rendu à exploiter les enfants de huit à onze ans parce
qu'il y a là un pouvoir d'achat considérable. Quand on est rendu
à ce niveau-là, je pense qu'un conseil de la famille doit
réagir violemment face à de telles situations. C'est de
l'exploitation pure et simple de la naïveté d'enfants qui font des
pressions indues sur des parents qui se sentent coincés et qui ne
peuvent pas toujours répondre à ces attentes. Comment voulez-vous
arriver à contrer ce flot d'informations venant des médias
d'information à l'heure actuelle? C'est incroyable! Il faut une
contrepartie et cette contrepartie-là, je crois que le conseil serait en
mesure de la donner. Cela fait partie des vocations importantes pour qu'on
arrive à maintenir des bases solides à l'intérieur du
conseil et qu'il ait la possibilité d'atteindre ses objectifs. Je ne
suis pas sûre, si on met uniquement des recommandations et qu'on
s'imagine que tout le monde va être au courant que le Conseil de la
famille existe, je ne suis pas très sûre... Il y aura les gens
informés, les gens avisés, les gens qui auront porté
intérêt à la question, oui, j'en suis, mais les autres,
ceux à qui on veut vraiment s'intéresser, ceux à qui on
veut permettre de maintenir des liens familiaux stables dans les circonstances
qu'on connaît dans nos sociétés, c'est eux qu'on veut
rejoindre et qu'on veut atteindre et, pour cela, il faut de l'information, il
faut développer des moyens pour les atteindre si on veut être
efficace, si on veut avoir un conseil efficace et qui ait une
réson-nance dans la population. Cela ne doit pas être quelque
chose pour personnes averties ou tout simplement une chaire pour
s'écouter parler à l'occasion et dire qu'on est content
d'établir certaines politiques. Je ne crois pas que c'est ce que le
conseil vise. Je pense que le conseil veut être actif, efficace, et jouer
un rôle non pas passif dans la société en émettant
des lois parce que, d'une certaine façon, il y a une action, bien
sûr, mais c'est assez passif. Si on veut vraiment toucher les familles
québécoises, la population québécoise, il faut
trouver des formules adaptées à aujourd'hui et l'information fait
partie de notre système très médiatisé auquel il
faut porter intérêt de plus en plus si on veut arriver à
proposer, nous, des modèles intéressants et qui permettent
à nos jeunes, plutôt que de vouloir devenir à dix ou quinze
ans de jeunes adultes très avertis... Il ne faut pas se leurrer. Avec
tout ce qu'on propose aux jeunes actuellement, ce n'est pas tellement facile,
comme parents, de pouvoir apporter notre façon de voir les choses ou
d'apporter des correctifs. Ce n'est pas non plus facile, parce que bon nombre
de parents sont perdus à l'heure actuelle et sont pris dans un chantage
des jeunes. Les jeunes ont appris à vivre et à faire du chantage,
parce que très souvent à l'intérieur d'un divorce, ils ont
deux parents et ils peuvent jouer sur les deux tableaux.
Actuellement, les parents disent très souvent: Moi, mon jeune, je
ne suis plus capable de le supporter. Prenez-le, faites-en ce que vous voulez,
je n'en veux plus. C'est cela la réalité à l'heure
actuelle. Ce sont les gros problèmes que nous vivons. Bien sûr
que, si on fait un conseil de la famille uniquement pour les familles qui
fonctionnent relativement bien et qui ont plus ou moins de problèmes,
où les enfants s'élèvent et où il y a
peut-être un problème financier de taille, mais où, par
contre, cela va relativement bien, il y a cet esprit de solidarité, il y
a ce respect des parents. Je peux vous dire qu'il y a l'ensemble de toutes les
autres familles qui sont encore assez impressionnantes à l'heure
actuelle au Québec, quand on regarde la détérioration.
Encore en fin de semaine, les statistiques: sur 35 000 mariages, 24 000
divorces. Bon sang! Il y a un problème là, il y a une
réalité là et on ne peut pas passer à
côté de cette réalité, à moins que de ne pas
vouloir vraiment prendre de responsabilités. On ne peut plus regarder,
comme on le disait, la famille d'une façon traditionnelle, avec des
concepts traditionnels et en pensant que tout le monde fonctionne dans la vertu
et que tout le monde est bon. Ce n'est pas vrai à l'heure actuelle. Je
regrette, ce n'est pas cela. C'est la pornographie, c'est l'inceste, c'est la
violence. C'est tout cela qui est dénoncé à l'heure
actuelle et c'est sur cela qu'on dit qu'il faut travailler si on veut vraiment
avoir des familles responsables et qui favorisent le développement et
l'épanouissement des enfants; de même en ce qui concerne les
personnes âgées, parce que les grands-parents n'ont plus le
respect qu'ils avaient antérieurement. Les grands-parents sont
une ressource et un enrichissement extraordinaires pour la famille. On n'est
plus capable d'utiliser cette ressource. Je pense que ce sont des valeurs
importantes et essentielles qu'il faut revaloriser.
À mon avis, un conseil de la famille devrait avoir pour
rôle majeur de revaloriser toutes les composantes de la famille, y
compris, que voulez-vous, à l'intérieur, les parents
divorcés avec les nouveaux parents, les grands-parents et toutes ces
variables à l'heure actuelle. Cela est, je pense, un des rôles les
plus fondamentaux si nous voulons que le Conseil de la famille puisse arriver
à un succès favorable dans le développement des
politiques. Si vous voulez, vous, en tant que ministre, vous faire respecter
dans vos politiques, il faut que ce soit fondé. On a toujours dit que
toute action est fondée sur un raisonnement, et le raisonnement et
l'information, à mon avis, font partie d'un "rationnel" qu'il faut
expliquer si on veut que le gens collaborent et participent. C'est un des
volets que moi je considère comme le plus imporant dans les pouvoirs et
les fonctions d'un conseil de la famille. Quand le ministre me dit: On met
ça de côté, je trouve que c'est aller très
rapidement et un petit peu à la légère. C'est pour cela
que je lui disais que j'espère qu'il va être là longtemps,
il va finir par apprendre, par avoir le réflexe. Il a des
réflexes d'efficacité en homme d'affaires, mais j'aimerais qu'il
ait des réflexes d'efficacité en termes de famille maintenant.
C'est ce qui est important et c'est ce qu'on vise à l'heure actuelle. Ce
n'est pas parce qu'on a des enfants qu'on est nécessairement de bons
parents, ce n'est pas une condition sine qua non. Il y a
énormément de parents à l'heure actuelle et il y a
énormément d'enfants en difficulté. Allez voir à la
DPJ la liste d'attente d'enfants qui demandent d'être placés et
qui sont dans des situations vraiment défavorables. Parce qu'on ne peut
pas répondre à leurs appels pressants, ces enfants-là sont
encore sur des listes d'attente dans des milieux, on le sait très bien,
qu'on pourrait même qualifier de pervers. On ne peut pas les sortir parce
qu'on va d'urgence en urgence à l'heure actuelle. Entre deux urgences,
c'est un peu la médecine de guerre du Vietnam où on avait
à choisir entre celui qui était pour mourir ou celui qui avait
une petite chance de s'en sortir. C'est a peu près comme cela
actuellement le travail social chez les jeunes dans le Montréal
métropolitain.
Donc, il y a un problème de taille à l'heure actuelle. Si
on ne veut pas que l'ensemble de notre jeunesse soit mise à part, parce
qu'on n'est pas capable de réagir rapidement et promp-tement, moi, je
pense que la politique familiale passe à côté de sa
véritable vocation. Il faudrait arrêter de prendre la politique
familiale sous l'aspect qu'il y a des familles qui fonctionnent très
bien. C'est comme les règlements, c'est comme les lois. Les lois ne sont
pas faites pour les gens qui respectent les règlements et les fonctions,
les lois sont faites pour les gens qui n'ont pas de conscience sociale ou qui
ont des problèmes et qui ont besoin d'un peu plus d'encadrement. (17 h
45)
C'est pourquoi on dit que, si on veut que le Conseil de la famille joue
véritablement son rôle, donnons-lui donc les fonctions, les
pouvoirs qui lui permettront de répondre aux besoins de l'ensemble des
familles, des familles qui ont des problèmes importants, d'ordre
psychosocial, de même que les familles qui n'ont pas ces problèmes
psychosociaux, mais qui ont d'autres problèmes et qui veulent maintenir
la tradition, qui veulent une formation adéquate pour leurs enfants,
qu'elles puissent aussi avoir un soutien adéquat. C'est dans ce sens, M.
le Président, que mon intervention appuie l'amendement qu'a
apporté mon collègue, parce que je trouve cet amendement
fondamental et important pour un conseil de la famille.
Le Président (M. Bélanger): La proposition est la
suivante...
M. Jolivet: J'aurais d'autres choses à ajouter, parce que
le ministre a dit des choses sur lesquelles je voudrais parler.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, le ministre a dit: Nous ne
pouvons pas donner au conseN trop de choses à faire, parce qu'il va
s'éparpiller. C'est à peu près cela qu'il a voulu dire
quand il a dit: II n'a pas à s'occuper de choses qui sont faites par
d'autres ministères. Là, je ne suis pas d'accord avec lui. S'il y
a une place où on doit s'assurer que des actions de prévention
sont prises, c'est bien dans un conseil de la famille qui s'occupe de
l'ensemble de la famille, du plus jeune au plus vieux. Je dois vous dire que,
quand le ministre dit: Laissons cela à d'autres ministères, cela
m'inquiète. Si le conseil a quelque chose à faire, c'est
justement de s'assurer que les autres ministères ont fait la "job". Sur
ce point, il me semble que les activités qui sont proposées, dans
le domaine de la prévention, si on ne s'assure pas que d'autres les
fassent, donnons-les au conseil pour être sûr que cela va
être fait. Il va avoir ce mandat. Il va répondre devant l'ensemble
de l'Assemblée nationale dans son rapport annuel qu'on aurait voulu
public, avec vérification des rapports annuels des autres
ministères ou organismes.
Ce n'est pas une bonne réponse de la part du ministre que de me
dire: On ne la lui donne pas parce qu'il y en d'autres qui s'en occupent.
J'aimerais bien savoir de sa part qui s'occupe de faire de la
prévention. Qui s'occupe, dans le gouvernement actuel, ministère
ou organisme, de faire des activités qui permettent la
prévention?
J'aimerais qu'il m'en donne et, après, je pourrai argumenter
davantage. Je peux vous dire qu'il y a du monde qui se pose ces questions. Si
le ministre veut me répondre, je vais attendre sa réponse.
M. Dutil: M. le Président, je pense qu'on pourrait donner
plusieurs exemples en ce qui concerne la prévention, que ce soit le
ministère de la Santé et des Services sociaux ou le
ministère de la Justice. Par exemple, sur la violence conjugale, il y a
eu une campagne de publicité. Tout ce que je dis, c'est que ce
rôle n'est pas celui du Conseil de la famille. Pour les fins de la
discussion, pour les fins de l'amendement qui est proposé, je pense
qu'on doit maintenir le texte tel qu'il est libellé.
M. Jolivet: Pourquoi le ministre considère-t-il que ce
n'est pas un rôle à lui donner? C'est cela que je ne comprends
pas. Je vais vous donner un exemple. Le ministre dit: Cela fait partie de la
politique familiale. J'aimerais savoir du ministre touchant la
prévention: II y a des jeunes qui sont dans des familles actuellement et
qui sont laissés à leurs propres décisions, dans des
circonstances où ce n'est pas toujours facile. Quand l'enfant quitte la
classe, que les parents travaillent et que l'enfant se retrouve dans les
arcades, qu'il joue et qu'il a besoin de plus d'argent pour ce jeu, c'est un
candidat à d'autres actions négatives, que cela soit la
prostitution, que ce soit la vente de drogue ou le vol. Il a besoin d'argent et
personne ne s'en occupe. Donc, il faudrait sensibiliser l'ensemble des gens
à ces difficultés qu'ont les jeunes dans des actes posés,
soit à l'école, soit dans le milieu, à la
télévision communautaire, à la radio communautaire, dans
les journaux. Toutes sortes d'activités pourraient être le
rôle du Conseil de la famille. Quand le ministre me dit que ce n'est pas
à lui à faire cela, je comprends mal qu'il me donne une telle
réponse, ne sachant pas quels sont les organismes au ministère
qui ont un mandat précis de faire ces actions de prévention.
M. le Président, je suis complètement en désaccord
avec le ministre. Je pourrais argumenter longuement, mais je m'aperçois
que le ministre s'est bouché les deux oreilles, ne veut rien entendre et
a décidé dans sa tête à lui qu'il ne donnerait pas
raison sur un petit point parmi l'ensemble de ceux qu'on a proposés
aujourd'hui comme Opposition.
J'aurais pensé que le ministre, en terminant cette
journée, aurait eu l'amabilité d'au moins comprendre cette
partie-là et de l'accepter. Cela ne lui enlève rien, cela lui
donne quelque chose de plus à ce conseil, des actions de sa propre
initiative qu'on voulait proposer et que le ministre a refusées. Au
moins celle-là sur la prévention, pourquoi ne l'accepterait-il
pas, pourquoi ne l'honorerait-il pas et ne ferait-il pas un bon geste avant
qu'on se quitte pour une autre rencontre, plus tard, sur cet amendement qu'on
propose?
Le Président (M. Bélanger): Alors, le
quatrième alinéa de l'article 15: "fournir de l'information au
public sur toute question d'intérêt", il y a une motion de
modification qui se lit comme suit: "Ajouter, à la fin, après
"toute question d'intérêt familial", les mots suivants "et
réaliser, dans le domaine de la prévention, les activités
qui rejoignent la population".
Alors, est-ce que cet amendement est adopté?
M. Jolivet: Vote.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc le
vote.
M. le député de Laval-des-Rapides? Contre. M. le
député de Sainte-Anne?
M. Polak: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre? Il s'est retiré.
M. le député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Chambly?
M. Latulippe: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre?
M. Dutil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Et Mme la
députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Contre. Pour, pour, excusez. Une voix: C'est
la fatigue.
M. Jolivet: Contre eux autres. Mme Vermette: Contre eux
autres.
Le Président (M. Bélanger): Alors, l'amendement est
rejeté.
M. Jolivet: C'est cela, la prévention. L'effet
d'entraînement, c'est de la prévention, cela. J'aurais dû
faire...
Le Président (M. Bélanger): Si vous
permettez...
M. Jolivet: ...de la prévention avant, moi. Mme
Vermette: Oui, oui, réellement, là.
Le Président (M. Bélanger): L'article 15,
alinéa 1e, est-il adopté?
M. Dutil: Adopté.
M. Jolivet: Adopté. Oui, oui, celui-là est
adopté.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division?
M. Jolivet: Non, non, il a été adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'alinéa 2°
est il adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): L'alinéa 3°
est-il adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): L'alinéa 4°
est-il adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): L'article 15 est-il
adopté?
M. Jolivet: Dans le contexte dans lequel il nous a
été présenté, M. le Président, cela sera sur
division. Compte tenu de l'heure, on pourra reprendre à l'article
16.
M. Dutil: Mais 16 a déjà été
discuté. Je me demandais si on ne pouvait pas l'adopter.
M. Jolivet: Non, mais il n'a pas été adopté.
On aura l'occasion d'y revenir.
Le Président (M. Bélanger): Belle tentative, M. le
ministre.
Alors, compte tenu de l'heure, la commis sion des affaires sociales
ajourne ses travaux sine die et j'informe l'assemblée que, ce soir, de
20 heures à 22 heures, à la salle du Conseil législatif,
c'est-à-dire en cette même salle, de même que le mercredi 23
mars, de 10 heures à 13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau,
la commission des affaires sociales poursuivra sa consultation sur le document
intitulé "Pour une politique de sécurité du revenu". Je
vous remercie.
(Suspension de la séance à 17 h 54)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Consultation générale sur le document
intitulé "Pour une politique de sécurité du
revenu"
La commission est non partisane et a quorum. Nous regrettons l'absence
du porte-parole de l'Opposition, qui ne nous a donné aucun signe, aucun
avertissement qu'il serait en retard, rien. Nous dérogeons
déjà de quinze minutes sur le programme.
Nous recevons un premier groupe qui est le Mouvement des travailleuses
et des travailleurs chrétiens de la région de Québec, qui
sera représenté par M. Gérard Coulombe, M. Léo
Samson et Mme Marguerite Favreau-Boulanger.
Bonsoir. Vous connaissez nos règles de procédure. Vous
avez 20 minutes fermes pour la présentation de votre mémoire et
il y aura 40 minutes d'échanges avec les parlementaires sur le
mémoire.
Si vous me le permettez, M. le ministre, on va finir avec les
procédures.
Je vous prierais, à chaque fois que vous avez une intervention
à faire, qui que ce soit d'entre vous, lors des périodes
d'échanges, de bien vouloir donner votre nom auparavant pour les fins de
transcription au Journal des débats.
M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président,
simplement dans le but de s'assurer que nos débats comporteront des
échanges sur le plan démocratique, j'aimerais savoir du groupe,
sans vouloir leur indiquer quoi que ce soit, s'ils vont s'en tenir à
leur mémoire écrit. À ce moment-là, on pourrait
peut-être commencer. S'ils ne s'en tiennent pas à leur
mémoire écrit et s'il s'agit d'une présentation verbale...
Voilà, cela règle ma question.
Le Président (M. Bélanger): Donc, je vous prierais
de bien vouloir vous présenter et de présenter vos
collègues et de procéder à la présentation de votre
mémoire.
Mouvement des travailleuses et travailleurs
chrétiens de la région de Québec
M. Samson (Léo): Merci de nous accueillir et de nous
permettre de s'exprimer. Nous vous souhaitons, de votre part, que vous nous
entendiez.
Je suis Léo Samson, membre du Mouvement des travailleurs
chrétiens de la région de Québec. À ma droite,
Gérard Coulombe, président du Mouvement des travailleurs
chrétiens, et, à ma gauche, Marguerite Favreau, qui fait partie
de l'exécutif du Mouvement des travailleurs chrétiens.
Alors, je vous fais la lecture du mémoire du Mouvement des
travailleurs chrétiens sur la réforme de l'aide sociale.
Notre introduction. Nous, du Mouvement des travailleuses et travailleurs
chrétiens, composés d'hommes et de femmes du milieu ouvrier et
populaire, sommes engagés pour l'avènement d'une
société plus juste. Ce mémoire se veut l'expression des
membres du MTC de la région de Québec, qui compte neuf
groupes.
Nous maintenons que, sous la dorure du document présenté
par le ministre Pierre Paradis, "Pour une politique de sécurité
du revenu", se cache le plus désastreux stratagème contre une
partie de la population démunie, sans parole, vivant chaque jour ses
peurs, ses angoisses et maintes fois méprisée.
Le gouvernement du Québec, par son projet de réforme,
essaie de nous persuader qu'il permettra aux personnes, hommes et femmes,
assistés sociaux, assistées sociales, travailleurs et
travailleuses à faible revenu, de trouver un emploi bien
rémunéré qui leur permette de devenir autonomes et de
travailler dans un domaine qui faciliterait leur épanouissement, de
même qu'un revenu plus élevé que le seuil de la
pauvreté. Nous avons rencontré de nombreuses personnes
forcées de travailler sur des projets parrainés par
Travail-Québec. Ces projets étaient plus
générateurs de profits pour les chefs d'entreprises, et le ou la
candidate, après une période de travail, était
remercié de ses services. Les cours suivis et réussis par de
nombreux candidates et candidats ne sont pas une garantie pour un travail
permanent car la possibilité d'emploi n'existe pas.
Pour ce qui concerne la famille, nous maintenons qu'une loi concernant
une approche de la famille actuelle, adaptée à la vie
d'aujourd'hui, est primordiale dans l'ensemble de notre société.
La cellule familiale, ce qu'il en reste, est devenue une cellule
atomisée où les personnes vivent différemment avec des
exigences différentes et des besoins auxquels il faut répondre.
L'adoption de nouvelles lois sur la définition de la famille selon sa
formation, ses besoins et les nécessités de sa composition
devient une urgence à satisfaire le plus rapidement possible.
Concernant la main-d'oeuvre, nous maintenons que tout un nouveau plan de
lois sociales doit être présenté quant aux conditions de
travail: une réforme fiscale pour un plus juste partage des biens de
cette société de consommation; une politique de soutien aux
individus et aux familles définie selon un barème de
sécurité du revenu qui correspond aux normes réelles du
coût de la vie actuel et non à celles d'il y a 20 à 30 ans;
que le travail du parent au foyer soit reconnu à sa juste valeur et
qu'on lui donne les possibilités financières de participer
à des activités hors du foyer.
Concernant le logement, nous maintenons, devant la hausse constante du
coût des loyers, l'importance d'une politique de subvention et
d'éducation aux coopératives d'habitation et la construction de
logements à prix modique. Ces mesures sont d'un grand secours pour les
assistés sociaux et assistées sociales et personnes à
faible revenu. Elles permettent une plus large marge pour les autres besoins
essentiels. Nous demandons que les allocations pour logements à loyer
modique soient aussi accessibles aux moins de 30 ans.
Concernant les moins de 30 ans, nous maintenons que les projets pour les
moins de 30 ans sont inadmissibles, trop complices des doctrines sociales des
années soixante quant aux expériences que ces personnes ont
à affronter. Ces projets ne favorisent nullement l'autonomie et
l'épanouissement du candidat mais justifient les responsables à
amplifier l'écart toujours de plus en plus grand entre riches et
pauvres.
Concernant la fiscalité, nous maintenons que le terme "nouvelle
loi concernant la fiscalité" doit signifier la venue d'une
société juste permettant à la personne de
reconnaître, d'exprimer et de vivre ses droits et ses obligations. Nous
maintenons que ce changement est une direction vers la justice sociale.
Cette réforme ne doit pas se faire sur le dos des démunis,
mais doit chercher l'équilibre et l'équité entre les
individus. Nous nous interrogeons à savoir comment cette réforme
mettra fin aux nombreux abris fiscaux profitant aux mieux nantis de notre
société. Nous proposons donc une réforme s'articulant
autour de cinq grandes révisions. Premièrement, que le revenu
garanti soit fixé selon les besoins actuels tenant compte du nombre
d'enfants et sans discrimination; deuxièmement, la possibilité
par d'autres revenus de travail d'atteindre ce montant du revenu garanti,
compte tenu que le travail est un grand facteur d'épanouissement de la
personne; troisièmement, le respect de la dignité et de la vie
privée de la personne; quatrièmement, des programmes de
développement d'emploi avec salaire convenable et correspondant aux
talents et aux goûts de la personne; cinquièmement, accès
pour toute personne à du travail, ateliers, activités, aptes ou
inaptes au travail, mais selon le respect des droits de la personne inclus dans
les chartes des droits de la personne du pays et de la province.
En terminant, nous voulons exprimer notre
appui au mémoire présenté par le Front commun des
assistés sociaux du Québec concernant le projet de réforme
de l'aide sociale.
Le Mouvement des travailleurs chrétiens de la région de
Québec, Gérard Coulombe, président, Léo Samson.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. J'aimerais remercier le
Mouvement des travailleuses et travailleurs chrétiens de la
région de Québec pour leur mémoire écrit et pour
leur présentation verbale. J'aimerais remercier les gens qui sont les
porte-parole ainsi que souligner la qualité de la présentation
qui nous a été faite par M. Samson.
M. le Président, il s'agit du premier mémoire que nous
entendons au cours de cette journée. Vous me permettrez donc de
commencer en vous traçant un portrait de la clientèle du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
en ce qui a trait à l'assisté social. Les chiffres que je vais
vous donner ainsi que les pourcentages datent de mars 1987. Ils ont
évolué depuis un an, mais à la baisse. Grosso modo, les
pourcentages sont les mêmes et les problèmes demeurent les
mêmes, si je peux utiliser l'expression.
À l'aide sociale, en mars 1987, nous comptions 400 000 chefs de
ménage qui avaient exclusivement les chèques d'aide sociale pour
vivre. Parmi ces 400 000 chefs de ménage, à peu près 100
000 sont considérés incapables de gagner un revenu suffisant et
ce, pour une longue période et ne seraient pas admissibles au programme
de soutien financier, le premier volet de la politique de
sécurité du revenu; donc, 100 000 chefs de ménage, 25 % de
la clientèle. Les 300 000 autres chefs de ménage dits aptes au
travail peuvent-ils prétendre obtenir un emploi demain matin? On sait
que 36 % de ces chefs de ménage dits aptes au travail sont des
analphabètes fonctionnels. Pratiquement parlant, cela veut dire qu'ils
ne peuvent même pas prendre connaissance d'une offre d'emploi
écrite dans un journal. 60 % de ces gens n'ont pas
complété leurs études secondaires. Cela veut dire que,
même si ces gens peuvent prendre connaissance de l'offre d'emploi, on
sait combien d'entreprises, pour avoir la possibilité de postuler un
emploi, exigent de détenir un diplôme de fin d'études
secondaires. 60 % de cette clientèle dite apte au travail ne
détient pas ce diplôme. 40 % de cette clientèle n'a aucune
expérience antérieure de travail. On sait également
combien d'employeurs exigent des expériences antérieures de
travail.
C'est le défi qui se pose au gouvernement. Il a le choix de faire
ce qui s'est fait dans le passé au cours des dernières
années: de poster à tous ces individus un chèque mensuel
en tentant de se donner bonne conscience. L'autre défi que le
gouvernement peut relever, c'est de dire: Je décide, comme gouvernement,
d'investir dans l'amélioration des capacités
d'employabilité de ces gens, de façon a leur donner une chance
d'avoir au moins accès au marché du travail. C'est le défi
qu'on s'est posé ou qu'on se donne comme gouvernement. Pour le
réaliser, on a besoin de la collaboration de la machine gouvernementale,
mais également de groupes communautaires comme le vôtre, du
patronat, des syndicats, de l'ensemble de la population au Québec.
Cela m'amène à vous demander quelques précisions
sur votre organisme et les services que vous rendez à la
communauté où vous oeuvrez. Vous avez mentionné
tantôt que le mouvement compte - je l'ai pris en note - neuf groupes.
J'aimerais en connaître un peu plus long. De quelle façon
fonctionnez-vous et depuis combien de temps? Quel territoire couvrez-vous et
quels services rendez-vous à vos membres ou aux gens qui ont recours
à ces services? Peut-être, M. le Président...
M. Coulombe (Gérard): Nous ne sommes pas un groupe de
services. Il s'agit d'un groupe où il y a déjà des gens
engagés dans différents groupes. C'est un groupe de
réflexion. Et notre but premier est d'appuyer les groupes qui se battent
pour la justice sociale, des choses comme celle-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais lorsque vous dites qu'il est
composé de neuf goupes...
M. Coulombe: On n'a pas de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...est-ce que ce sont des
fédérations? Ces neuf groupes fonctionnent comment? (20 h 30)
M. Samson: Léo Samson. M. le ministre, je vous dirais que
chaque groupement des neuf régions est composé de personnes en
situation difficile. Alors, je vais m'impliquer pour vous dire...
Moi-même, je suis assisté social, mais militant, ayant toujours
milité dans des collectifs, même avant d'être assisté
social. Alors, il y a un fort pourcentage de gens qui militent pour
différentes causes, mais toujours pour la justice sociale. C'est
l'objectif premier. Nous ne sommes pas des groupes de bataille, de bagarreurs
qui vont aller dire: Nous allons faire une parade pour la libération de
ceci ou de cela. Nous sommes des groupes de réflexion. À
l'intérieur on permet à l'individu de s'exprimer - quelquefois il
a vécu seul - de partager. On essaye avec lui de composer de nouveaux
défis. Pour ma part, vous me rejoignez beaucoup quand vous dites que
c'est un projet de société. Je voudrais dire qu'une
société - indépendamment que ce soit vous qui soyez
ministre actuellement - où c'est difficile de trouver du travail pour
les gens, je crois que cette société a un problème majeur.
Tout le monde le sait, mais je dis que, pour
retrouver un équilibre dans cette société, le
départ serait peut-être de créer des emplois. Si on
commence à créer des emplois, après ces gens... Je sais,
je rencontre ce qu'on appelle des démunis, ils sont analphabètes,
des gens qui, par un conditionnement familial ou de génération,
n'arrivent pas à s'exprimer. Je crois que ces gens qui sont
assistés sociaux... J'ai préparé un projet collectif que
j'appelle...
Je crois que procéder par région, au niveau du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
même peut-être aller par paroisse... Les vraies difficultés
des gens... On est plus en mesure d'être près dans un collectif de
paroisse que dans un grand collectif provincial. Je pense que c'est le moyen
pour rencontrer l'individu et lui permettre d'extérioriser. On a tous
des limites, mais à partir de ce qu'il est - s'il est analphabète
- je crois qu'on peut lui trouver quelque chose. On peut lui trouver sa place
en société. Tandis que je rencontre beaucoup d'assistés
sociaux qui sont devant la télévision ou 24 heures chez eux, qui
sont dans des angoisses terribles. Je n'accepte pas cela, alors je dis:
Commençons par créer des emplois. Pour ce qui est de moi,
représentant le mouvement, je suis disponible à rencontrer des
gens de votre ministère pour exprimer un projet qui n'est
peut-être pas réalisable, mais j'ai le goût de l'exprimer,
j'ai le besoin de l'exprimer, parce que je suis un Québécois, je
suis fier.
C'est ce que nous représentons grosso modo.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous en traitez dans votre
mémoire. Est-ce que vous connaissez grosso modo les mesures qui existent
ou qui ont été mises de l'avant depuis 1984 au ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, des mesures du
type rattrapage scolaire, stages en entreprises, travaux communautaires, retour
aux études postsecondaires pour quelqu'un qui est monoparental? Est-ce
que vous connaissez ces programmes? Pouvez-vous nous verbaliser les critiques
soit positives, soit négatives que vous avez à l'endroit de ces
programmes?
M. Samson: J'ai le goût de continuer, merci. Je connais,
oui, pour l'avoir vécu moi-même et je vais m'impliquer davantage
en vous disant qu'il y a trois ans que je suis assisté social. J'ai
cinquante ans. Je ne croyais pas que cela m'ar-riverait. Je suis issu d'une
famille pauvre, mais avec des valeurs. Je travaillais, je faisais des
tâches ménagères. Je faisais de l'entretien ménager.
Je voyais qu'il y avait quand même un marasme au Québec et partout
internationalement, je le voyais. Mais je me disais: J'ai quand même du
"guts". Je voyais que mon travail se terminait et que j'allais avoir à
affronter... Je n'ai pas d'études universitaires, mais je ne suis quand
même pas un analphabète. C'est réglé. J'ai eu des
cours. J'ai été sur des projets Chantier-
Québec, parrainé par un certain milieu - c'est ce que j'ai
le goût de dire - qui a beaucoup de chance avec les gouvernements - que
ce soit le vôtre, ou le fédéral - d'avoir des subventions.
Ce qui s'est passé, dans mon cas, j'étais directeur adjoint d'un
organisme venant en aide aux personnes âgées et aux personnes en
difficultés et la personne qui était directrice m'a
expédié bien poliment par la porte de gauche, si on peut dire, en
me disant qu'ils n'avaient plus de subvention, tandis que la
réalité, ce n'est pas cela et je le maintiens, mais je veux dire
que le ministère n'a pas d'affaire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À quelle période
cela vous est arrivé?
M. Samson: Monsieur, c'est arrivé il y a trois ans, en
1985.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous dites que ce n'est pas
parce qu'ils manquaient d'argent, d'après vous, pourquoi est-ce?
M. Samson: Bien, les montants d'argent ont été
dépensés pour de la paperasse, des meubles ou des trucs comme
ceux-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Plutôt que d'être
versés aux individus qui participaient aux travaux?
M. Samson: Oui. J'ai même été sur un projet
Chantier-Québec et n'eût été de M. Robitaille, qui
travaillait au bureau sur la rue Saint-Jean - il me connaissait et je fais
encore de la recherche active de travail... La personne qui parrainait le
projet nous avait menacés pour rien de nous mettre à la porte sur
un projet de 20 semaines. À cause de moi, peut-être que je suis
capable... Je ne suis pas un bagarreur, mais je suis capable de prendre ma
place, c'est cela qu'on appelle la dignité. J'ai passé au bureau,
j'ai dit: M. Robitaille, il se passe telle chose. Vous venez demain matin et
ils ne nous mettront pas dehors, même pas vous, M. Robitaille - il
était au ministère du Travail assez loin. J'ai dit: Même
pas vous, parce qu'on n'a rien fait et c'est notre droit de travailler; on a
rempli toutes les formalités et on a les capacités. Alors, on est
arrivé, il y avait tout un décorum, la directrice avec ses dames
de Sainte-Anne. Croyant nous faire peur, elle a commencé à
parler; j'ai dit: Non, la réalité, c'est cela. Là, cela
s'est bâclé. On a pu faire le projet; après, je me suis
retrouvé en chômage et, plus tard, assisté social. C'est un
peu mon...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez fait le cycle de projet
pendant 20 semaines, qualifié pour l'assurance-chômage et de
retour sur... Le projet que vous avez fait, est-ce qu'il y avait - je ne sais
pas comment le verbaliser pour qu'on se comprenne bien - un contenu
formation? Est-ce que vous appreniez quelque chose?
M. Samson: Non. Non, par exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'était de la production ou
qu'est-ce que c'était?
M. Samson: Ce n'était pas de la production, c'était
un relevé sociodémographique d'un quartier, avec un questionnaire
qu'on passait dans un secteur donné, soit d'une paroisse...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que c'était
provincial ou fédéral?
M. Samson: C'était provincial.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Provincial?
M. Samson: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. En vertu de la
règle de l'alternance, je vais demander à Mme la
députée de Maisonneuve de vous adresser quelques questions.
Auparavant, tel que je m'y étais engagé - j'aurais
souhaité le faire - j'ai le profil détaillé de la
clientèle de l'aide sociale en septembre 1987, pour répondre
à une des questions que vous nous avez adressées. Au cas
où il y aurait des questions à poser, je vous demanderais votre
consentement, si c'est possible, pour que le ministre
délégué à la Famille, qui est avec nous ce soir,
puisse adresser des questions s'il y a lieu et avoir droit de parole à
cette commission.
Mme Harel: Vous m'en voyez ravie, c'est la première
occasion - vous êtes le 74e groupe - que nous avons, à cette
commission, de recevoir le ministre délégué à la
Famille. Alors, s'il peut ouvrir la bouche pour nous expliquer en quoi le
projet du ministre Paradis correspond à la politique de la famille qu'il
entend mettre en place, vous m'en voyez ravie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous remercie de votre
consentement et j'en profite pour vous indiquer qu'il était
arrivé à 20 heures, ce soir.
Mme Harel: Je vais en profiter pour m'excuser auprès des
membres de la commission et auprès de MM. Coulombe et Samson et de Mme
Favreau-Boulanger. Croyez bien que c'était totalement involontaire;
n'eût été que de moi, c'aurait été
différent. Vous comprenez que, parfois, nos fonctions parlementaires...
Dans l'Opposition, nous sommes un groupe de 20 personnes qui devons assumer une
opposition à tous les niveaux. Je suis chargée de dossiers autres
que ceux de la main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu,
malgré que c'est celui-là dans lequel j'investis presque tout mon
temps.
J'en profite - certainement, M. le ministre, vous faites bien de me le
signaler - pour m'excuser de mon retard. Je vais, d'abord, remercier le
ministre des chiffres qui nous ont été transmis. Je vais avoir
l'occasion de les vérifier. Je ne sais pas si cela peut vous
intéresser, on peut en faire faire des photocopies, il s'agit du profil
de la clientèle à l'aide sociale en septembre 1987.
Je vous rappelle simplement, M le ministre, qu'il a également
été mentionné, au moment de la commission, que vous nous
fourniriez la liste des besoins spéciaux pour les personnes aptes, pour
celles qui sont participantes et celles qui sont non participantes. Il y a
également le tableau des taux marginaux implicites de taxation pour les
programmes APTE et APPORT. Les statistiques sur le nombre de
bénéficiaires de moins de 30 ans, s'agit-il de celles qui me sont
remises aujourd'hui? Également, les statistiques sur la participation
aux mesures d'employabilité, s'agit-il également de celles qui
nous sont déposées?
Une voix: Elles ne sont pas là
Mme Harel: Alors, ces statistiques sur la participation aux
mesures d'employabilité sont évidemment celles qui nous
intéressent. Je crois comprendre avec le mémoire que vous
déposez que ces statistiques pourraient également vous
intéresser, quant au taux de participation pour ces mesures de travaux
communautaires, de rattrapage scolaire, de stages en entreprises qui
étaient offertes aux moins de 30 ans et pour lesquelles ils
bénéficiaient du double de la prestation, si tant est qu'ils
réussissaient à y participer. De nombreux organismes qui vous ont
précédés ont témoigné devant la commission
des difficultés récentes à obtenir des centres
Travail-Québec, un peu partout à travers l'ensemble des
régions du Québec, des programmes pour faire participer des
jeunes.
Alors, je voudrais profiter de votre présence, vous du Mouvement
des travailleurs chrétiens de la région de Québec, entre
autres, pour examiner avec vous la notion de la famille. Cela va donner sans
doute l'occasion au ministre délégué à la Famille
de nous faire connaître sa propre vision des choses. Vous êtes
certainement bien informés pour avoir pris connaissance du document
d'orientation, que toute personne dite apte est jaugée en fonction de sa
non-disponibilité ou sa disponibilité à participer aux
mesures au point où des femmes enceintes de plus de six mois, qui sont
sur le point d'accoucher ou qui viennent d'accoucher ou celles qui ont la garde
d'enfants de moins de deux ans ou des personnes qui sont malades, qui ont 55
ans ou plus pourraient se voir réduire leur allocation du fait de leur
non-disponibilité à la participation aux mesures.
J'écoutais tantôt le ministre, qui signalait que cette
proposition consistait à investir dans
l'amélioration des capacités de l'employabilité. Je
me demandais où étaient les mesures qui s'adressaient aux
personnes en perte d'emploi durant les neuf premiers mois. Le ministre dit
qu'il ne veut plus se donner la bonne conscience des gouvernements
précédents en envoyant un chèque. Il va baisser le
chèque de tout le monde et il dit qu'il va investir dans des mesures
d'employabilité. Il y a beaucoup de groupes qui sont venus
démontrer ici que c'est durant les 52 semaines de chômage que la
personne est la plus susceptible d'être motivée et la plus
mobilisée à vouloir se trouver des alternatives, un emploi ou, en
tout cas, à vouloir se donner une qualification et que c'est durant,
entre autres, ces 52 premières semaines que devraient être
offertes les mesures, avant que la personne tombe sur l'aide sociale et que,
d'une certaine façon, elle commence à se résigner.
Également, où sont les mesures d'employabilité
durant les neuf premiers mois à l'aide sociale puisque c'est durant ce
passage qu'il est possible d'offrir à une personne peut-être une
meilleure qualification professionnelle, peut-être une meilleure
formation? On sait que, dans le document, c'est le grand vide durant ces neuf
premiers mois. Où sont les mesures d'employabilité pour les
personnes qui s'en diront admissibles, mais qui vont végéter,
c'est le cas de le dire, avec une allocation, un chèque mensuel
diminué en attendant qu'il y ait des mesures d'employabilité qui
soient offertes? Si le ministre était sincère et s'il croyait
vraiment à ces mesures, il ferait disparaître \a catégorie
"admissible". La catégorie "admissible", c'est l'antichambre.
Antichambre est au figuré, mais il peut devenir propre. À un
moment donné, il pourrait y avoir bien du monde qui aille faire
antichambre dans son bureau ou antichambre sur son étage de cabinet pour
lui dire qu'ils attendent des mesures, qu'ils sont disponibles, qu'ils sont
admissibles et qu'ils voudraient en profiter, mais qu'il n'y a rien qui leur
est offert. Il y a 18 % de participation pour les jeunes de moins de 30 ans et
le ministre veut étendre cela à 243 000 ménages sans avoir
pris la responsabilité de s'assurer que cela allait être possible.
Je lui ai dit, à un moment donné, pendant la commission, qu'il ne
fallait pas qu'il s'imagine qu'on était à Disney World et qu'il
était un Peter Pan qui, d'un coup de baguette magique pouvait, dans tout
le Québec, étendre des mesures qui n'existaient même pas
pour les moins de 30 ans et qui ne sont même pas disponibles. (20 h
45)
Dans le mémoire que vous nous présentez, je crois
comprendre que vous êtes assez critique, assez sévère sur
la question des mesures comme les travaux communautaires, comme les stages.
Vous savez sans doute que des groupes sont venus témoigner devant la
commission que cela leur a rendu de bons services dans les meilleures des
conditions, qui étaient que ces stages doivent se faire sur une base
volontaire. C'était là une garantie de succès. Et,
à l'inverse, le caractère obligatoire était la garantie de
l'échec. Je ne sais pas si vos critiques viennent de personnes qui ont
participé à des travaux communautaires ou à du rattrapage
scolaire. Est-ce que des jeunes de moins de 30 ans sont actifs au sein du
Mouvement des travailleurs chrétiens de la région de
Québec?
Mme Favreau-Boulanger (Marguerite): Ils sont regroupés
plutôt dans un autre organisme qu'on appelle le RAM ou d'autres
groupes.
Mme Harel: Alors, vous regroupez surtout des personnes de plus de
30 ans?
Mme Favreau-Boulanger: En majeure partie, oui. Tout à
l'heure, M. le ministre demandait: Qui fait partie du Mouvement des
travailleurs chrétiens? Pour la plus grande partie, ce sont des femmes
dont le tiers sont des femmes chefs de famille qui sont au foyer, mats dont le
travail n'est pas reconnu. Avec votre belle loi et vouloir envoyer les femmes
qui ont des enfants de deux ans sur le marché du travail, je pense que
vous êtes en train de priver les femmes qui ont des enfants de la joie de
les voir grandir. Je pense que les femmes qui ont choisi de donner le meilleur
à leurs enfants en les élevant elles-mêmes auraient droit
à une compensation. Au moins, quand arrive le temps de la retraite,
qu'elles puissent vivre une retraite pour se payer un peu de plaisir, ce
qu'elles n'ont pas pu faire la plupart du temps pendant qu'elles
éduquaient leurs enfants. Moi aussi, malheureusement, j'ai vécu
ce que c'est d'être sur l'aide sociale. C'est un événement
malheureux qui m'a sortie de cela; je suis devenue veuve. Je ne suis pas
beaucoup plus riche, mais au moins j'ai la liberté d'action que ces
personnes, que ces femmes n'ont pas. On les guette. Si elles veulent essayer
d'aller chercher ce qu'il leur faut en travaillant en dessous de la table... Le
prix des logements, ce ne sont pas elles qui les fixent la plupart du temps.
Parmi nos membres, on a des gens qui font partie des coop parce que le
logement, c'est devenu un luxe. Quand il faut consacrer plus de 40 % de son
revenu, il faut prendre le crayon pour calculer et pour pouvoir donner une
alimentation saine à ses enfants et des vêtements chauds. La
chaleur, l'hiver, ce n'est du luxe pour personne. Même si on est des gens
à faible revenu, on s'aperçoit que des extravagances se font dans
notre système. Quand on voit que certains médecins vont se
chercher 7 000 000 000 $ en dessous de la table et qu'ils ont
déjà un bon revenu, je pense que c'est de l'argent de moins pour
les jeunes assistés sociaux, c'est de l'argent de moins pour les
familles qui n'ont pas demandé à être sur l'aide sociale.
Pour comprendre ce que ces personnes vivent, il faut quasiment avoir
été sur l'aide sociale.
J'aurais bien des choses à vous dire. Ma
mère, qui a élevé treize enfants, quand mon
père est décédé, s'est retrouvée sur l'aide
sociale. Ses douze enfants - j'étais sur l'aide sociale à ce
moment-là - payaient 50 000 $ d'impôt et il a fallu qu'elle
quête pour retirer de l'aide sociale - s'il vous plaît! - parce que
le commerce de mon père était en faillite. C'est cela
aujourd'hui! Les femmes peuvent bien ne plus vouloir d'enfants; c'est comme si
cela ne valait rien, c'est comme si ce n'était rien. C'est plus que rien
parce que, des hommes et des femmes, ce sont des valeurs. Quand même on a
le porte-monnaie vide, je pense qu'on a quelque chose de grand dans le coeur
aussi.
Mme Harel: Mme Favreau-Boulanger, maintenant que vous êtes
veuve, j'ai cru comprendre que vous considériez avoir, non pas
nécessairement un revenu plus important, mais une autonomie plus
grande.
Mme Favreau-Boulanger: J'ai un revenu un peu plus
élevé parce que j'ai le Régime de rentes et la
Défense nationale, mais il y a encore des arrangements qui se font.
Quand cela nous arrive on est toutes seules, on prend ce qu'ils nous donnent et
des fois on aurait eu droit à plus que cela, mais il faut se
défendre puis, quand on a quatre enfants qui poussent, il faut s'en
occuper. C'est vrai que j'ai une autonomie plus grande. Je me trouve riche par
rapport à eux, même si j'ai peut-être 50 $ de plus ou un peu
plus. Mais je trouve que c'est beaucoup.
Mme Harel: Parce que vous avez l'impression que la
différence c'est quoi exactement? Cela se manifeste comment?
Mme Favreau-Boulanger: La différence c'est qu'on vit dans
un monde où trop de gens apprécient le titre de M. Untel,
l'argent qu'il gagne, les propriétés qu'il a, mais moi je ne suis
pas de celles-là parce que...
Mme Harel: Par rapport aux personnes, j'imagine, que vous cotoyez
au mouvement, qui elles sont assistées sociales, vous vous sentez plus
autonome. C'est cela que je crois comprendre.
Mme Favreau-Boulanger: Ah oui, je me sens plus autonome. Je n'ai
pas de compte à leur rendre, je n'ai pas à avoir peur s'il va
venir un boubou macoute pour voir si j'ai du luxe dans la maison.
Mme Harel: Et vous avez l'impression que ce sentiment de crainte
ou de peur il existe?
Mme Favreau-Boulanger: II existe, puis il paralyse les personnes.
Il peut les rendre même malades.
Mme Harel: Vous dites "peut", est-ce une impression que vous avez
ou vous avez rencontré des personnes qui avaient connu ces peurs?
Mme Favreau-Boulanger: Je connais des personnes que je pourrais
vous nommer qui vivent dans l'inquiétude et
l'insécurité.
Mme Harel: Et selon vous cette inquiétude leur vient du
fait qu'elles transgressent la Loi sur l'aide sociale d'où leur
vient...
Mme Favreau-Boulanger: Non. La peur de perdre leur aide sociale
et d'être dénoncées aussi, de ne pas pouvoir aller chercher
le surplus dont elles ont besoin. Par exemple, dans le domaine de l'habitation,
les coopératives cela aide beaucoup les familles à faible revenu,
mais avec ce que le gouvernement est en train de faire: aller donner au
marché privé un supplément au loyer, cela prive les
coopératives de cet argent.
Je suis dans une coopérative de 30 membres. À un moment
donné on était 15 qui auraient eu besoin de ce supplément
au loyer, mais on a eu droit à 11. Des gens donnaient de leur temps
bénévolement, puis un bonhomme en bas de 30 ans recevait pas loin
de 180 $, il payait la moitié de son revenu pour se loger puis il
donnait son temps bénévolement. Nos maisons on ne les
lèguera pas à nos enfants quand on va mourir. On ne les apportera
pas dans notre tombe non plus. On donne de notre temps pour les entretenir,
mais ce temps-là n'est jamais considéré en signes de
piastres.
Mme Harel: Mme Favreau-Boulanger, ou peut-être M. Coulombe
ou M. Samson, vous avez pris connaissance du projet du ministre qui consiste
à comptabiliser les avantages ou la participation en tant que
coopérant au sein de la coopérative, à comptabiliser cette
participation comme un revenu de travail. Est-ce que vous vous êtes
informée que l'intention ministérielle est de considérer
que la différence entre le loyer au coût du marché qui est
au bail, tel qu'exigé par la Société canadienne
d'hypothèques et de logement, et le loyer réel qui est celui
payé grâce en grande partie aux subventions qui sont
affectées différemment aussi...
Mme Favreau-Boulanger: Oui, mais les subventions on les gagne
aussi.
Mme Harel: Mais êtes-vous au courant que le projet
ministériel consistera à considérer cet avantage
d'être coopérant, parce que présentement dans une coop
comme la vôtre, par exemple, Mme Favreau, celui qui est non membre...
Mme Favreau-Boulanger: On n'en a pas, ce n'est pas le cas.
Mme Harel: En général, si quelqu'un n'est
plus membre, il va payer le loyer inscrit au bail, mais s'il est membre,
par son travail collectif, il va payer plus bas.
Mme Favreau-Boulanger: II a une déduction.
Mme Harel: Le projet du ministre c'est de calculer la
différence entre le loyer inscrit au bail et le loyer payé comme
un avantage.
Mme Favreau-Boulanger: Pour le déduire sur le montant des
assistés sociaux?
Mme Harel: Non, pas nécessairement sur le chèque,
mais pour vous le comptabiliser comme un revenu de travail. Alors, l'exemption
pour gain de travail qui a été augmentée dans sa
générosité, le ministre viendrait l'utiliser pour
comptabiliser les avantages tirés d'être membre d'une
coopérative.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pas, madame, vous induire en
erreur, on aura la chance de revenir.
Mme Harel: Oui. Peut-être qu'on aura aussi l'occasion de
parler de la lettre que M. Nolet a écrite aux coopératives
d'habitation qui vient confirmer - on peut aller la chercher, et on va la
distribuer - cette interprétation que le ministre n'a pas le courage de
rendre publique. Pourtant, il sait très bien que ce sont les
décisions qui se prennent dans les bureaux locaux, dans les bureaux
régionaux et qu'il y a eu des décisions devant la Commission des
affaires sociales, des décisions moitié en faveur, moitié
contre. Rendez-vous compte de ce que cela représente avec les
coûts des avocats d'aide juridique qui vont devant la Commission des
affaires sociales. J'ai le dossier depuis jeudi, depuis que la Commission des
services juridiques est venue devant nous, jeudi matin. Vendredi je yj\s
allée chercher les causes à la Commission des affaires sociales.
J'en ai exactement dix, depuis un an et demi. Le ministre sait très bien
quelle intention il a derrière la tête, mais il n'a pas le courage
de la rendre publique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je ne comprends pas, si
vous me permettez, si vous me dites que vous en avez dix depuis un an et demi,
je vous crois...
Mme Harel: Je viens de les avoir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf que, ce qu'il faut dire aux
gens c'est que c'est le système actuel. Parce qu'il n'y a pas
d'exemption pour gains de travail présentement ils sont
pénalisés et la réforme apporte des exemptions pour gains
de travail qui vont faire en sorte qu'ils ne seront plus
pénalisés. C'est cela la vérité. Vous le savez.
Mme Harel: M. le Président. C'est quasiment honteux. Cela
n'est pas la règle, pas du tout.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dis de mon siège
que c'est cela la vérité.
Mme Harel: Je vous dis aussi de mon siège que cela n'est
pas la règle. Ce n'est que dans la région de la
Montérégie, dans la seule et unique région de la
Montérégie...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De votre siège?
Mme Harel: Ce n'est pas dans la région de Montréal,
sûrement pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous le dites de votre
siège?
Mme Harel: Je dis de mon siège une chose, j'en suis
certaine, c'est que ce n'est pas la règle en vigueur parce qu'il n'y a
aucun bureau de Montréal qui a évalué comme un gain de
travail...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Harel: II n'y a aucun bureau de Montréal qui a
évalué comme un gain de travail le fait d'être
coopérant comme membre d'une coopérative. C'est la
première occasion où le ministre confirme que le fait
d'être membre d'une coopérative sera dorénavant un revenu
de travail. Il n'a pas eu le courage de l'écrire dans son document
d'orientation.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est dommage que votre mouvement
assiste à ce petit débat. Il aurait pu avoir lieu en
présence d'autres groupes, ou on aurait pu l'avoir à la
période des questions à l'Assemblée nationale.
Mme Harel: Ils sont contents de comprendre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qu'on prenne votre temps, je
trouve cela dommage. Mais je vais préciser quelque chose pour que vous
ne vous inquiétiez pas, si c'est le cas. Je pense que vous êtes en
mesure de faire la différence entre les Peter Pan, les contes de
fée de madame, et la réalité. La loi, telle qu'elle est,
n'a pas été changée, ni la réglementation. Ce qui
se produit actuellement, madame le dit, depuis un an et demi elle a des cas,
elle a dû en avoir avant...
Mme Harel: Je n'ai pas dit que j'avais des cas depuis un an et
demi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...quand elle était...
trois ans, cinq ans, j'en ai eu...
Mme Harel: ...que j'avais des cas. J'ai dit que j'ai eu des
dossiers cette semaine.
Le Préskient (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on laisse M. le ministre s'exprimer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'en ai eu quand j'étais
dans l'Opposition. Cette règle existe depuis longtemps. Sauf qu'avec le
système actuel - vous l'avez souligné dans votre mémoire,
vous l'avez souligné verbalement aussi, Mme Boulanger - quelqu'un n'a
pas le droit de gagner plus de 25 $, sinon il est pénalisé. Il
est taxé à 100 %. Ce que la réforme fait, elle vous dit:
Si vous êtes un individu vous avez droit à des exemptions pour
gains de travail jusqu'à 100 $ par mois. Donc, celui qui était
pénalisé, à cause de ses gains de travail qu'il faisait
pour la coopérative ou ailleurs, qui étaient supérieurs
à 25 $, jusqu'à 100 $, il ne sera plus pénalisé
à cause de la réforme. C'est cela la vérité. Je
m'excuse, j'entends Mme la députée de Maison-neuve dire: Non,
non, non. Je vous dis que c'est la vérité. En vertu de la loi
actuelle - c'est compilé - cela va le demeurer. Il n'y a pas de
changement à ce niveau. Ce qui change, c'est présentement
quelqu'un qui a une exemption de gains de travail de 25 $. Cette exemption de
gains de travail va passer à 100 $ en vertu de la réforme.
Vous êtes la nième femme à souligner toute la
question de l'apport familial, Mme Boulanger. Vous avez souligné deux
bouts de la vie de la femme. Le bout de la présence de l'enfant au
foyer, vous avez parlé de la question de deux ans à six ans. Je
vous dirai que à peu près toutes les femmes qui se sont
présentées ont soulevé cette question et que j'ai eu
l'occasion d'indiquer - c'est dommage que Mme la députée de
Maisonneuve ne vous l'ait pas souligné - à ces groupes de femmes
que le gouvernement était pour évaluer très
sérieusement les représentations qui, sur ce sujet, sont quasi
unanimes de la part des femmes qui se sont présentées devant
cette commission. (21 heures)
Le deuxième élément que vous avez souligné,
c'est la question de l'autre bout de la vie, finalement, lorsqu'on arrive
à la retraite, etc. Vous nous avez parlé d'une reconnaissance du
travail au foyer; j'ai cru apparenter cela - je ne sais pas si je l'ai fait par
erreur - à la Régie des rentes pour les femmes au foyer.
Mme Favreau-Boulanger: Pourquoi pas?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dis "pourquoi pas" et il
s'agit d'un engagement de notre formation politique, mais je veux vous indiquer
dans quelle condition on a hérité du dossier. Le gouvernement qui
nous a précédé, juste avant de quitter, avait
décidé qu'il n'en était pas question. Ils ont
publié un livre orange qui était signé par l'actuel chef
de l'Opposition en Chambre et par celle qui m'a précédé
comme ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
On croit que vous avez raison dans votre demande. On en a fait un engagement
électoral et on travaille dans le but de le livrer. Sur les deux points
que vous avez soulevés, vous les avez soulevés - je profite de
l'occasion pour le souligner - à juste titre et à mérite;
H est temps que la société progresse et évolue sur les
deux points que vous avez soulignés.
Maintenant, je veux bien comprendre, c'est bien, pour l'autre bout, une
rente pour la femme au foyer qui a passé sa vie à élever
des enfants, si je peux utiliser l'expression, que vous réclamez. Est-ce
que c'est cela, Mme Boulanger?
Mme Favreau-Boulanger: Oui Même si elle a des enfants
au-dessus de six ans, ce n'est pas fini d'élever un enfant de six ans;
il faut en avoir pour savoir ce que c'est.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon, on va en profiter pour...
Mme Favreau-Boulanger: Cela a une valeur, cela aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...retomber à l'autre bout.
Il y a des femmes qui nous ont indiqué "jusqu'à six ans ou
l'âge préscolaire". Je pense que c'est l'expression qui a
été utilisée.
Vous, est-ce que vous mettez une limite ou vous n'en mettez pas?
Mme Favreau-Boulanger: Non, je n'en mettrais pas, je dirais
même jusqu'à 20 ans.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Jusqu'à 20 ans?
Mme Favreau-Boulanger: Oui, parce que nos jeunes vivent des
moments difficiles, aujourd'hui. Au Québec, on peut se vanter
d'être, je pense que c'est le deuxième pays où les jeunes
se suicident le plus. Cela est grave, une jeunesse qui a perdu l'espoir. Je
pense que nous, les parents et les grands-parents, nous avons à nous
questionner là-dessus.
J'aurais une autre chose à demander...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, allez-y, on est ici pour
cela.
Mme Favreau-Boulanger: ...au gouvernement. Vous allez
peut-être me trouver osée, mais quand vous aurez d'autres
augmentations à vous voter, s'il vous plaît, questionnez-vous pour
voir s'il n'y en aurait pas qui en auraient un peu plus besoin que vous autres!
Bien, quand on voit du monde mal pris, il me semble que c'est normal qu'on
s'ouvre...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît1
Mme Favreau-Boulanger: ...le coeur pour partager.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a un autre
élément - c'est une recommandation que vous adressez par
écrit, cette fois-là, et non verbalement au gouvernement, c'est
l'accès au marché du travail. À la page 4 de votre
mémoire, vous parlez d'accès pour toute personne à du
travail, apte ou inapte au travail, mais selon le respect des droits de la
personne. On parle du droit au travail. Dans le marché du travail, quels
sont les obstacles que vous retrouvez? Dans le passé, il y a des gens
qui nous ont accusés, entre autres avant qu'on modifie la loi dans
l'industrie de la construction, que les jeunes n'avaient pas le droit d'entrer
dans le marché de la construction. Il y a d'autres gens qui nous disent
que les jeunes sont toujours les victimes; en cas de récession ou de
crise économique, ce sont les derniers à rentrer dans
l'entreprise et les premiers à en sortir. Est-ce que c'est ce type de
barrière que vous visez par cette remarque, en page 4 de votre
mémoire? J'adresse ma question à n'importe lequel des
intervenants.
M. Coulombe: Gérard Coulombe. Ce qu'on voudrait, ce n'est
pas ce que M. Samson a mentionné tantôt: travailler 20 semaines,
tu t'en vas sur l'assurance-chômage et après sur le
bien-être social. On dit que ce n'est pas cela, de la création
d'emplois. De la vraie création d'emplois, c'est un travail stable. Moi,
présentement, je suis un monsieur qui travaille, un travail
précaire; je gagne 127,71 $ par quinze jours et on m'a coupé
l'assistance sociale à 264 $ par mois. Je suis un de ceux-là. Il
me semble que j'aimerais mieux avoir "une job" où j'aurais mon salaire
à toutes les semaines et que je n'aurais pas à compter sur le
bien-être. Je pense que l'assisté social, c'est cela qu'il
demande, un travail convenable et qu'il ne soit pas sur le bien-être.
Quand on dit, par exemple, de retrouver la dignité du travail, sa
valorisation, c'est cela. Des fois, cela me choque: 264 $ et ensuite je vais
chercher 127,71 $ à tous les quinze jours.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On vous pénalise parce que
vous travaillez.
M. Coulombe: Je dirais que oui. Il me semble... On dit,
après cela, qu'il y en a qui travaillent en dessous de la table. Il me
semble que le gouvernement incite à travailler en dessous de la table.
C'est une loi qui incite le gars à aller chercher plus d'argent en
dessous de la table.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que, de consentement, on
peut remercier, madame? Mon temps est épuisé.
Mme Harel: Je croirais que M. Coulombe a quelque chose à
ajouter.
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, le
temps est écoulé.
M. Samson: M. Samson. J'aurais quelque chose à rajouter.
Je voudrais que ce soit bien clair pour les membres des deux côtés
de la tribune, si on peut dire. Nous ne pouvons pas, ici, nous ranger d'un
côté ou de l'autre. Nous venons défendre les droits non pas
des assistés sociaux, mais nous venons défendre le droit au
travail parce qu'être assisté social dans une
société, je crois que c'est léser les droits de
l'individu. C'est pour cela que je veux que vous entendiez bien que nous avons
à coeur, à cause de notre engagement, de réussir un projet
de société, c'est-à-dire un projet de création
d'emplois. Quand nous parlons des mots utilisés au cinquième
paragraphe, nous disons: accès pour toute personne à du travail,
ateliers... Cela veut dire que, par le biais du ministère du Travail, il
y a une rencontre de l'individu. On le rencontre sur tous les états de
sa personnalité, sur toutes les facettes et on définit, avec la
personne et avec l'employé du ministère du Travail, les
possibilités, dans cette société, que cette
personne-là retrouve sa dignité.
Le Président (M. Bélanger): Rapidement, s'il vous
plaît, le temps est complètement écoulé.
M. Samson: Par le biais d'ateliers, mais pas les ateliers qui
existent, où on prend des handicapés qui se font exploiter. Pas
par le biais de la récupération par le bénévolat
non plus. La dignité c'est de gagner son travail et être capable
de marcher debout, de ne pas avoir peur que les gens viennent s'introduire,
être capable d'être debout et da s'exprimer. C'est un peu sur cela
que repose le projet que nous avons présenté.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Alors
très brièvement, Mme la députée de
Mai-sonneuve.
Mme Harel: Je vous remercie, M. Coulombe, M. Samson et Mme
Favreau-Boulanger. Je souhaite que vous puissiez rester des nôtres -vous
avez peut-être l'intention de le faire -pour le groupe suivant. Cela vous
permettra peut-être d'avoir plus d'informations encore sur les intentions
du ministre en matière de HLM aussi. Mme Favreau-Boulanger, j'aurais
aimé avoir plus de temps pour vous demander si on vous avait
comptabilisé comme un revenu de travail la participation que vous avez
à votre coopérative. Si c'était vrai que cela existait
depuis toujours, à ce moment-là, j'imagine que vous l'auriez su,
vous et les membres de votre coopérative. De toute façon, je suis
contente que vous ayez eu l'occasion de venir témoigner devant nous pour
les personnes qui ont mis aussi
espoir que des changements profonds puissent survenir dans notre
société. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au Mouvement des travailleuses et
travailleurs chrétiens de la région de Québec, pour un
mémoire que nous comprenons, au gouvernement, comme étant un
plaidoyer en faveur du droit au travail pour l'ensemble des citoyens et
citoyennes de la société, au nom du gouvernement du
Québec, nous vous disons merci.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission
des affaires sociales vous remercie de votre participation et invite à
la table des témoins le groupe des Offices de pastorale familiale et
sociale du diocèse de Québec, qui sera représenté
par Mme Marthe Boudreault, Mme Anne-Marie Larose-Martin et M. René
Théberge.
S'il vous plaît, je demanderais à chacun de bien
vouloir reprendre sa place. Alors, s'il vous plaît, je demanderais
à chacun de reprendre sa place. S'il vous plaît.
Alors pour expliquer nos règles de procédure, avant de
procéder, vous avez 20 minutes fermes pour la présentation de
votre mémoire ou de son résumé et une période de 40
minutes de discussion avec les parlementaires par la suite.
Avant de procéder, je vous prierais d'abord d'identifier votre
porte-parole et les personnes l'accompagnant et, chaque fois que vous aurez
à prendre la parole, de bien vouloir donner votre nom pour les fins de
transcription au Journal des débats.
Alors, je vous en prie, si vous voulez débuter.
Offices de pastorale familiale et sociale du
diocèse de Québec
M. Théberge (René): Merci. Nous sommes tous les
trois porte-parole de l'Office de pastorale familiale et sociale du
diocèse de Québec. Mon nom est René Théberge.
Mme Boudreault (Marthe): Je suis Marthe Boudreault, de l'Office
de pastorale sociale.
Mme Larose (Anne-Marie): Anne-Marie Larose, de l'Office de
pastorale familiale.
M. Théberge: Si je fais une introduction, ce qu'on appelle
les offices sont des services autour de l'évêque au diocèse
de Québec et l'objectif, la mission pour présenter un petit peu
nos groupes, de l'Office de pastorale sociale et de l'Office de pastorale
familiale, c'est d'aider les chrétiens et les chrétiennes
à faire le lien entre leur foi, leurs droits et responsabilités
dans la vie collective et d'essayer de le traduire en engagements - ce que je
dis actuellement, vous ne l'avez pas dans le mémoire. Ces offices visent
à promouvoir une conscience plus vive des valeurs impliquées dans
la vie politique, dans la vie sociale, dans la vie économique et dans la
vie culturelle d'une société. Également, ils travaillent
à promouvoir et à soutenir la famille comme milieu affectif,
comme structure sociale à reconnaître et à soutenir de
toutes les façons possibles. C'est un peu ce qui définit, je
dirais, notre travail et notre mission comme offices dans ces services de
l'Église de Québec.
Les principes et valeurs qui guident notre discours ici ce soir devant
vous... Notre discours, bien sûr, n'est pas neutre. C'est un discours qui
qui est éclairé par un engagement chrétien et par
l'enseignement social de l'Église, tous ces textes que vous voyez
paraître de temps en temps dans les médias, parfois seulement par
la peau des dents, mais enfin qui arrivent. Au nom de cet engagement social et
de notre propre engagement, nous voulons affirmer et rappeler une vision du
développement de l'homme et de la société qui est de
nature à respecter et à promouvoir la personne humaine dans
toutes ses dimensions et l'unité familiale comme entité
privilégiée de ce développement. Également, notre
discours comporte un parti pris pour les plus pauvres et les plus fragiles de
notre société parce qu'on constate qu'à mesure qu'une
tranche de notre société vit plus dans l'aisance, plus à
l'écart, la distance psychologique, une certaine ignorance de la
situation des plus pauvres grandit.
Deux autres valeurs impliquées, ce sont le travail et la
dignité de la personne, deux valeurs majeures que nous affirmons et les
deux vont de pair. Ce n'est pas n'importe quel travail fait dans n'importe
quelle condition qui peut contribuer à la dignité de la
personne.
Un autre principe ou valeur, la solidarité par opposition
à l'individualisme. La solidarité, c'est pour nous une valeur
première. Toute l'expérience chrétienne, la
réalité des plus pauvres aussi nous invitent constamment à
remettre en lumière la solidarité. Par ailleurs, dans la
réforme, la notion de responsabilité individuelle prend beaucoup
de place. On mise beaucoup sur l'individu, on attend beaucoup de lui et,
pourtant, on est en présence d'individus qui souvent ne jouissent
même pas des solidarités minimales qu'est la famille, que sont les
parents, que sont les amis.
Enfin, la justice distributive, une autre valeur, un autre principe, si
vous voulez, qui nous guide, une valeur qui nous interpelle face au partage de
la richesse collective et face à cette réalité.
L'État a une responsabilité première face au défi
que constitue la lutte à la pauvreté.
Voilà quelques énoncés, si vous voulez, en
introduction, énoncés de principe, de valeur, qui nous guident
dans notre engagement et dans les propos qu'on veut vous transmettre ce soir.
Vous
allez remarquer qu'on utilise souvent le mode interrogatif plutôt
qu'affirmatif dans le mémoire, parce que plusieurs énoncés
de la politique de sécurité du revenu nous posent des questions.
Par ailleurs, on n'a pas toutes les réponses, on n'a pas les
réponses concrètes. Aussi, c'est le mode interrogatif qu'on a
pris. (21 h 15)
Par ailleurs, je voudrais dire qu'à travers les questions qu'on
pose, nous rejoignons beaucoup d'autres groupes qui sont venus ici, que vous
avez entendus, et nous nous faisons solidaires des modifications très
concrètes qu'ils ont formulées, comme nous l'avons entendu dans
le moment qui a précédé.
Là-dessus, je laisse la parole à ma collègue,
Marthe, qui va poursuivre, et là vous allez vous retrouver à la
page 3, du mémoire.
Mme Boudreault: Alors, à partir de la page 3 de ladite
politique de sécurité du revenu, on fait référence
à différents points, plutôt qu'aux pages, puisqu'il y a eu
deux façons, qu'il y a eu deux types, c'est-à-dire qu'il y a une
première impression et, la deuxième impression, on ne pouvait pas
faire référence aux pages, parce qu'elles n'étaient pas
les mêmes. Alors on s'est référé aux
numéros.
Si on pense à 1.4, il est important d'avoir comme objectif
l'insertion professionnelle, l'intégration au marché du travail
et l'autonomie, telles qu'énoncées. Toutefois, deux questions
nous viennent à l'esprit: Ne faudrait-il pas penser d'abord à un
réel programme de création d'emplois et ces emplois ne seront-ils
souvent que des emplois précaires? Comme mon collègue vient de le
mentionner, nous sommes conscients et conscientes d'être dans la ligne
d'autres groupes qui sont venus s'exprimer ici avant nous.
Si on se réfère au numéro 2.11, nous reconnaissons
que la structure actuelle est inadéquate, parce qu'elle accorde des
prestations inférieures aux personnes âgées de moins de 30
ans. Pourquoi faut-il que ce soit nos plus pauvres qui paient la note? La
réforme ne tient plus compte des besoins spéciaux. Un couple avec
deux enfants pourra perdre jusqu'à 100 $ par mois avec le nouveau
régime. Pourquoi faut-il que ce soit eux qui paient la note? Pourquoi ne
pas aller chercher cet argent chez les plus nantis de la société?
Aucune catégorie du système actuel n'atteint le seuil de
pauvreté, tel qu'énoncé par le Conseil canadien de
développement social. Pour atteindre le seuil de pauvreté en
1983, ce qui fait déjà cinq ans, une famille de quatre personnes
devait gagner 20 125 $ par an. Nous devons préconiser une
société basée sur une juste répartition des biens
et des responsabilités. Pourquoi faut-il préconiser un
développement économique qui crée la pauvreté, la
marginalisation? Pourquoi faut-il que le développement se fasse à
l'avantage des uns et au détriment des autres?
En 1983, les évêques du Canada publiaient Jalons
d'éthique et réflexions sur la crise économique
actuelle. Voici un extrait de leur réflexion: "Le premier de ces
principes est l'option préférentielle pour le pauvre,
l'affligé et l'opprimé. Dans la lignée des
prophètes, Jésus a consacré tout son ministère
à apporter "la bonne nouvelle aux pauvres" et "la liberté aux
opprimés". Comme chrétiens, nous sommes appelés
aujourd'hui à Le suivre en nous solidarisant avec les victimes
d'injustice, en analysant les racines des attitudes et structures, sources de
souffrance humaine, et en soutenant le pauvre et l'opprimé dans leurs
luttes pour la transformation de la société. Comme II nous l'a
dit : "...dans la mesure où vous avez fait cela à l'un des plus
petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait".
Présentement, aucune personne recevant des prestations d'aide
sociale n'atteint un niveau de vie convenable. Pourquoi faut-il que ce soit
cette catégorie de notre société qui soit
pénalisée pour en donner aux moins de 30 ans? Ne faut-il pas
chercher les réels facteurs qui empêchent une réelle
équité? Aussi proposons-nous que les barèmes actuels de
l'aide sociale ne soient pas diminués et qu'au besoin le salaire minimal
soit révisé à la hausse. "Plusieurs facteurs ralentissent
les efforts de rattrapage pourtant nécessaires à la paix sociale.
Ce sont les demandes des plus riches qui veulent sans cesse voir augmenter leur
pouvoir d'achat, l'augmentation des salaires par pourcentage quasi uniforme,
l'insertion dans le libre-marché nord-américain, le facile
contrôle des salaires et le difficile contrôle des profits." Ceci
est un autre extrait d'une réflexion des évêques du
Québec qui s'intitulait Construire ensemble une société
meilleure.
Une société meilleure demande une justice sociale, un
meilleur équilibre, un moins grand fossé entre riches et pauvres.
"La réaffirmation de la "loi du plus fort" comme principe suprême
de l'économie contribuera vraisemblablement à augmenter la
domination du faible par le fort, tant à l'échelle mondiale que
chez nous. Cette "loi du plus fort" a souvent été utilisée
pour justifier la concentration croissante de la richesse et du pouvoir aux
mains d'une minorité". C'est une façon de prioriser la valeur de
solidarité contre l'individualisme. "Certains nous reprocheront
peut-être de mêler l'économique et le social. Pour nous, les
deux sont interdépendants. Le progrès social doit aller de pair
avec le progrès économique. L'abondance des biens ne prend toute
sa valeur dans le développement d'une société que dans la
mesure où celui-ci amène une juste redistribution des biens. Si
l'économique a ses lois, ses finalités le dépassent; il
est au service de l'homme. Il ne peut s'évaluer uniquement à
partir des critères quantitatifs".
Si je me réfère au point 3.1, le programme Soutien
financier veut répondre aux divers besoins des inaptes au travail.
N'est-il pas
dangereux qu'ils deviennent une catégorie de non-rentables, de
non-efficaces? Ces catégories d'aptes et d'inaptes ne viennent-elles pas
mettre en relief certains de nos préjugés? Mgr Jean-Marie
Fortier, président actuel de l'Assemblée des évêques
du Québec, s'exprimait ainsi. Tous et chacun, nous avons le devoir de
regarder avec un oeil neuf et sympathique notre frère, notre soeur, le
chômeur et l'assisté social. Que de jugements hâtifs,
injustes nous portons souvent sur eux! Qui de nous n'a pas entendu ou
même prononcé des paroles telles que celles-ci: Ce chômeur!
C'est un fainéant, un paresseux. Cet assisté, c'est un
exploiteur. Un grand pas serait fait si l'on interdisait de tels jugements
aussi injustes qu'incontrôlés". Avec la réforme, on n'aura
plus de pauvres. On classera les personnes pour ne voir que des aptes et des
inaptes.
Au point 5, je cite: "Le travail constitue une source
d'épanouissement personnel et un facteur de croissance pour l'ensemble
de la société". Cet énoncé rejoint certes plusieurs
souhaits que nous faisons depuis plusieurs années, à savoir que
nous ayons une politique de plein emploi. Pour que ceci devienne
réalité, ne faudrait-il pas se rappeler quelques conditions
essentielles? La personne humaine pour s'épanouir doit être le
sujet du travail et non l'objet du travail. L'économique ne doit-il pas
demeurer au service de l'homme et de la femme? Aussi, pour que le travail
puisse contribuer à la dignité de la personne, il faut qu'elle
exerce une certaine maîtrise sur celui-ci, qu'elle soit le sujet de son
travail. Ceci exige que le travailleur et la travailleuse puissent avoir leur
mot à dire. Le programme APTE le permettra-t-il, avec ses
barèmes, avec ses classifications, avec ses mesures coercitives? "Le
travail continue à avoir une grande importance pour l'être humain.
Toutes les enquêtes et statistiques le démontrent. Les
chômeurs et les assistés sociaux veulent travailler tout comme les
femmes et les jeunes, mais tous cherchent aussi une certaine satisfaction au
travail. On ne répugne pas au travail manuel, mais on n'accepte pas la
déshumanisation du travail: on refuse d'être diminué - ou
exploité - physiquement, intellectuellement ou socialement par les
conditions dans lesquelles on accomplit son métier*.
Dans une brochure produite par l'Institut national de
productivité, on écrit: "La notion même de travail a
évolué. Alors qu'il le considérait autrefois comme un
devoir et un gagne-pain, le travailleur est devenu plus exigeant
vis-à-vis du travail et il demande désormais à
l'entreprise de tenir compte de sa créativité, de sa santé
et de sa sécurité, de ses aspirations personnelles, etc. Tous ces
éléments humains et sociaux interviennent donc désormais
dans la conception moderne de la productivité". En d'autres mots, il ne
suffit pas d'améliorer l'employabilité; il est important de tenir
compte de l'environnement du travail. Mais est-ce que le programme offrira
toutes ces conditions pour que le travail soit l'objet et la personne le sujet?
N'y a-t-il pas le danger d'offrir des emplois déshumanisants? N'y
aura-t-il pas le danger d'offrir des emplois peu
rémunérés, sans aucune sécurité? Pourra-t-on
rejoindre certaines améliorations suggérées par la
Commission consultative sur le travail et la révision du Code du
travail?
Au point 5.3: "L'État ne peut se substituer - je cite - à
l'initiative personnelle. Le bénéficiaire doit donc assumer la
responsabilité de son intégration au marché du travail".
Il est certain que tout retour ou toute réinsertion au travail demande
beaucoup d'effort de la part de chaque individu. Mais combien pourront y
arriver par eux-mêmes? N'est-ce pas encore la loi de la jungle où
seuls les plus scolarisés et les plus habiles y parviendront? Tout
semble centré sur l'individuel et le collectif est en perte de vitesse.
Est-ce que la responsabilité même de créer de l'emploi doit
reposer sur l'individu plutôt que sur la collectivité, alors que
l'on sait que les deux tiers des bénéficiaires n'ont pas
terminé leur secondaire et qu'un sur deux reçoit de l'aide
sociale depuis deux ans au moins?
Si on va aux points 5.7 et 5.8, en se référant à
ces deux points-là, en regardant le tableau qui est, d'une part,
l'illustration de niveaux de barèmes pour une personne apte et
disponible et, d'autre part, le cheminement d'une personne employable, quelques
questions semblent inévitables: N'y a-t-il qu'une seule voie de
réussite, qu'une seule façon de devenir quelqu'un ou de retourner
sur le marché du travail? La personne employable devra-t-elle
éviter de refuser de participer? Sans cela, elle sera coupable et punie?
Devra-t-on participer à tout prix? Devra-ton participer même au
risque d'atteindre la dignité d'une personne? Aurons-nous des gagnants
et des perdants? Aurons-nous notre groupe de dissidents? En d'autres mots,
à des problèmes d'ordre structurel, on propose des solutions
d'ordre individuel, avec, comme ressort psychologique, la
culpabilité.
Mme La rose: Je poursuis?
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, s'il
vous plaît, madame! Il reste deux minutes.
Mme Larose: Alors, je poursuis. Anne-Marie Larose.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, si vous
permettez!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a consentement pour que vous
preniez plus de deux minutes. Prenez le temps que...
Mme Larose: Loin de nous l'idée de minimiser... L'exercice
d'un emploi rémunérateur est certes un objectif que nous
partageons. Cepen-
dant, une politique de soutien social ne peut s'articuler qu'autour de
cet objectif. La dignité même des personnes interdit de les
considérer uniquement comme une force de travail sur le marché de
l'emploi surtout lorsqu'il s'agit de parents soucieux d'assurer une
présence auprès de leurs enfants d'âge préscolaire.
La volonté du gouvernement actuel de penser et d'agir famille
affirmée dans l'énoncé d'orientation de la politique
familiale qui a été déposé en décembre 1987
est mise à rude épreuve dans son projet "Pour une politique de
sécurité du revenu". L'aide sociale se voulant un programme de
dernier recours, le principe d'incitation au travail, comme si c'était
la seule valeur socio-économique d'une société saine, sans
tenir compte des réalités des personnes travailleuses et
responsables d'enfants n'est-il pas là une non-reconnaissance de
l'apport social de la famille, structure de base de la société?
Je tire certains exemples du document d'orientation de la politique de
sécurité du revenu. Les femmes enceintes à l'emploi ont en
tout 21 semaines pour être mère. Cependant, elles doivent choisir
d'arrêter le travail ou le programme entre la 16e semaine avant la
naissance et la 5e semaine après. Si la santé de la mère
lui permet de fonctionner autrement selon les besoins familiaux, par exemple,
demeurer à la maison après la naissance plutôt que plus
longtemps avant, elles ne le peuvent pas car elles seront
pénalisées.
Comment cette politique de sécurité du revenu
reconnaît-elle la personne qui choisit de demeurer avec un ou plusieurs
enfants d'âge préscolaire? En 1986, dans un rapport du
gouvernement du Québec, on évaluait à 800 000 personnes
celles qui étaient ménagères à temps plein et on y
tentait de leur reconnaître un statut de travail. Comment ne pas
reconnaître l'apport social de personnes qui voudraient être
à temps plein avec leurs enfants d'âge préscolaire? Sont-ce
seulement les familles aisées qui pourront s'offrir de choisir de
demeurer avec leur enfant? (21 h 30)
Tout récemment, en 1987, paraissait une étude
monographique sur la situation des femmes responsables de familles
monoparentales: "Mono-parentalité féminine et aide sociale." Ce
rapport a certes son importance si l'on considère qu'environ 85 % des
familles monoparentales sont sous la conduite d'une femme et que 62 % de ces
dernières vivent sous les seuils de pauvreté établis par
Statistique Canada. La privation, difficulté de retourner au travail,
peu de scolarité, aucune expérience de travail, c'est le
quotidien de ces personnes. De plus, comme elles ne sont qu'un parent
responsable d'enfants, elles n'ont pas beaucoup le choix.
Le Conseil national du bien-être social, en avril 1987, affirmait
qu'en général l'accroissement du taux de pauvreté
engendré par la récession pendant la première
moitié de la présente décennie semble avoir pris fin. On
ne peut que s'en réjouir. Toutefois, il souligne la féminisation
de la pauvreté. Pourquoi cette politique de sécurité du
revenu ne tient-elle pas compte que les femmes sont de plus en plus pauvres?
Plus loin, dans le programme APPORT, il semble que la majorité des
familles à faible revenu demeurera sous les seuils de pauvreté.
On sait que le Conseil national du bien-être social du Canada estime
qu'une famille sur cinq est une famille dite à faible revenu. Ces
familles sont-elles condamnées à demeurer à faible revenu?
Cette politique de sécurité du revenu veut aider, mais
améliorera-t-elie la distribution des biens? Pourquoi ne pas parler de
justice distributive? Est-ce que son titre ne devrait pas être
plutôt: Pour une politique de sécurité du seuil de la
pauvreté?
D'autres exemples concernant les familles. Pour les prestations du
programme APPORT, on accorde une aide financière qui ne tient compte que
d'une partie des frais de garde. Pour le parent responsable de famille
monoparentale avec un enfant de moins de six ans, le coût des frais de
garde peut être déterminant dans sa décision de quitter
l'aide sociale pour entrer sur le marché du travail. L'argent ou
l'enfant: quel support à la famille démunie! Quel choix pour le
parent? Ici encore, une non-reconnaissance par l'État de l'importance de
la fonction et des tâches de parent.
Enfin, un peu plus loin, les parents responsables d'enfants de 18 ans et
plus qui ont à coeur de garder des liens entre eux seront
sollicités au maximum, entre autres, au niveau de la contribution
alimentaire. La plupart des parents se sentent concernés par la
situation économique de leurs jeunes au-delà même de la
majorité légale. Cependant, s'en remettre totalement à eux
pour la subsistance des jeunes adultes équivaut à 'es rendre
responsables de la situation économique et sociale faite aux jeunes.
Pouvons-nous, comme collectivité, faire porter cette charge sociale
devenue trop lourde sur les seules familles plus touchées par la crise?
Est-ce qu'une approche comme celle-ci s'inscrit dans la ligne des objectifs
d'une politique familiale?
À notre avis, tout projet de loi, toute politique doit tenir
compte non seulement de la personne à aider, mais aussi du contexte
familial où elle vit. Les difficultés des familles ne sont pas
d'aujourd'hui et plusieurs solutions ont déjà été
apportées dans différents documents gouvernementaux. Il nous
semble de plus en plus urgent d'harmoniser les différentes mesures d'une
politique d'aide avec un autre programme gouvernemental quand elles touchent
les familles, que ce soit dans le travail, dans l'habitation, dans la
fiscalité et toutes les autres mesures. Nous vous invitons à
beaucoup de cohérence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux remercier l'Office de
pastorale familiale et je note, en débutant, les propos de M.
Théberge qui nous a parlé de la valeur du travail, du mode
interrogatif utilisé tout au long du mémoire. Je
vous remercie d'avoir utilisé ce mode interrogate parce que,
généralement, les propos que vous avez tenus et les exemples que
vous avez donnés étaient exacts. J'en ai retenu un que je
souhaiterais corriger au tout début et, après cela, on l'oublie,
c'est la question des besoins spéciaux. Ce n'est pas vrai que dans le
cas du programme APTE les besoins spéciaux abolis. Ce qu'il y a
d'indiqué, c'est que les besoins spéciaux reliés à
la santé sont maintenus et les autres sont abolis. Donc, tous les
besoins spéciaux qui sont reliés à la santé sont
maintenus.
Maintenant que cette précision est faite, je souhaiterais
entreprendre l'échange immédiatement parce que vous avez
tracé un bon portrait ou bilan de l'assisté social, ses carences
sur le plan de l'employabilité, etc. Je voudrais poser quelques
questions en échange avec la dernière personne qui nous a
adressé la parole, Mme Larose-Martin.
Vous avez parlé de la présence des enfants à la
maison et vous avez indiqué, de vive voix, un seuil; vous avez
utilisé l'expression "âge préscolaire". Je vous pose la
question parce que, comme je l'ai indiqué au groupe
précédent, tous les groupes nous font des représentations
dans ce sens-là, mais tous les groupes n'ont pas la même approche
quant à la durée ou à la période qu'un des
conjoints doit passer à la maison ou sur le critère qui doit
s'appliquer lorsqu'il y a présence d'enfants. Est-ce que, pour vous,
c'est un critère d'âge préscolaire?
Mme Larose: Moi, il me semble que ce sont les familles qui
devraient avoir le choix. Alors, si pour une famille, c'est important de
demeurer à la maison les cinq premières années, d'accord.
Si c'est important pour les deux premières années seulement, je
pense que ce sont elles qui doivent avoir le choix. Comme gouvernement, on doit
leur offrir certaines choses, mais elles doivent choisir elles-mêmes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les choix peuvent être
offerts, mais vous avez mentionné vous-même qu'il s'agit,
lorsqu'on parle d'une politique de sécurité du revenu, d'une
politique de dernier recours. Moi, je vous indiquerai que j'ai analysé
attentivement la situation de la femme qui est sur le marché du travail
et qui oeuvre comme bas-salariée, et ses conditions, sur le plan de la
grossesse et sur le plan du suivi de l'enfant, sont assez
sévères. J'ai également analysé les conditions dans
lesquelles sont placées les femmes qui oeuvrent dans la fonction
publique québécoise et qui sont dotées, me dit-on, sur ce
plan, au moment où l'on se parle, des conditions les meilleures, si on
les compare à d'autres groupes dans la société, et ce que
ces femmes peuvent faire, c'est d'obtenir un congé sans solde du
gouvernement pour une période de deux ans. D'où le critère
de deux ans qui a été retenu, je ne vous ferai pas de
cachette.
Maintenant, nous avons eu plusieurs repré- sentations demandant
de hausser ce critère pour les femmes qui sont
bénéficiaires de l'aide sociale jusqu'à l'âge
préscolaire et nous avons eu des représentations qui allaient
jusqu'à - du groupe précédent, je pense, de Mme Boulanger
- l'âge de 20 ans. Moi, j'aimerais bien avoir l'opinion de votre
mouvement sur une limite d'âge, s'il y a lieu.
Mme Larose: Je me sens très mal placée pour
répondre à une question quand ce sont des personnes qui ont
à choisir. C'est pour cela que je vous dis que, pour moi, c'est
l'âge préscolaire qui peut être intéressant. Cela
dépend des situations de vie des familles et c'est important, je pense,
quand on a à légiférer, de penser dans le contexte
familial. Je ne peux pas vous en dire plus long.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, cela va Vous m'excuserez
d'utiliser moi aussi la forme interrogative parce que, dans ces
domaines-là, c'est à partir des échanges et des formes
interrogatives qu'on peut souhaiter que la lumière puisse jaillir pour
que les meilleures décisions soient prises
Vous avez parlé de deux éléments et je les relie,
mais vous ne les aviez pas reliés. Ce n'est peut-être pas correct
de ma part de les relier, mais je vais quand même tenter de les relier.
Vous avez parlé du plein emploi et de la féminisation de la
pauvreté. Cette politique de sécurité du revenu - vous
avez raison de le mentionner - ne peut être élaborée en
vase clos; cela prend une certaine harmonisation. Sur le plan de la politique
du plein emploi, le gouvernement s'affaire, à travers ses
différents ministères et organismes, depuis deux ans, à
créer des emplois valorisants au Québec et des emplois qui ne
soient pas précaires. Il y a des résultats qui, à cause de
la stabilité politique, à cause du contexte économique et
des mesures mises de l'avant par l'ensemble des ministères et
organismes, ont porté des fruits. De février cette année
à février l'an passé, on dénombrait une
création d'emplois nette, j'ai janvier, mais, en février, je
pense que c'était 104 000 nouveaux emplois dont près de la
totalité étaient des emplois à temps plein. Mais,
phénomène intéressant, et je le relis parce que vous avez
parlé de la féminisation de la pauvreté et que la semaine
passée je prenais connaissance du nombre de femmes qui obtenaient des
diplômes des universités, de la scolarisation qui a fait des
progrès importants chez les femmes, je lisais les statistiques du
ministère du Travail quant à cette création de nouveaux
emplois. On m'indiquait que les femmes sont les grandes gagnantes de cette
progression, puisqu'elles ont accaparé 70 % des nouveaux emplois, une
augmentation des pourcentages. Phénomène intéressant
également, les femmes de 45 à 64 ans ont connu la hausse la plus
spectaculaire avec une croissance de tant, etc.
Moi, surtout sur le plan de la dernière statistique, cela m'a un
peu surpris, comme ministre du Travail, qu'au cours de la dernière
année 70 % des nouveaux emplois créés au Québec
aient été occupés par des femmes, que spécialement
des femmes de 45 à 64 ans aient occupé ou aient eu le pourcentage
d'augmentation le plus important. Comment réagissez-vous devant de
telles données qui changent dans la société aujourd'hui,
qui changent rapidement? La question peut s'adresser... Oui, cela va.
Mme Boudreault: Moi, je serais prête... D'abord, il y a une
question. Je vois que vous avez certaines statistiques. J'ai l'impression
qu'elles vont à rencontre d'un rapport qui vient aussi du gouvernement,
celui qu'on a cité: "Monoparentalité féminine et aide
sociale", où on dit vraiment que les femmes sont de plus en plus
pauvres. C'est de là qu'on a parlé de la féminisation de
la pauvreté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Mme Boudreault:
Alors, moi, je vous dis...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais j'ai...
Mme Boudreault: Parce qu'il y a quand même des chiffres
à l'appui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais j'ai dit que le lien que
je faisais avec le plein emploi n'était peut-être pas correct.
J'ai posé cette réserve, mais pour les femmes monoparentales
bénéficiaires de l'aide sociale comme telles.
Mme Boudreault: Vous mentionniez qu'il y avait de plus en plus de
femmes qui obtenaient, par exemple, des diplômes universitaires. D'abord,
'est très récent. Il faudrait voir le pourcentage de la
société qui accède à l'université. C'est
quand même très minime. C'est un rattrapage, je dirais, du
côté des femmes, mais je n'irais pas jusqu'à dire que c'est
la majorité des femmes. En tout cas, pour moi, il y a toute une
différence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les statistiques que je regardais
la semaine dernière étaient celles de l'Université Laval,
je pense, ici même, à Québec.
Mme Boudreault: Oui, c'est cela. Je les connais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le pour centage de femmes par
rapport aux hommes au premier cycle était de 54 %, alors que le
pourcentage de la population est de 52 %. Donc, le rattrapage a finalement
débuté.
Mme Boudreault: Oui, cela commence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela commence.
Mme Boudreault: C'est minime.
M. Théberge: J'ajouterais de mon côté qu'il y
a du rattrapage qui se fait actuellement dans ce domaine et qui se traduit dans
les chiffres, mais il y a la réalité de la pauvreté
croissante chez les femmes, avec les échecs des couples et des mariages,
surtout les mariages de femmes et d'hommes de 40 à 50 ans, des
échecs beaucoup plus nombreux actuellement où des femmes perdent
à peu près tout, en plus de leur statut social et
économique. Là, il y a une pauvreté croissante qui est
importante.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous touchez là un sujet
extrêmement important. Pour arrondir les chiffres, on retrouve à
peu près 80 000 chefs de famille monoparentale qui, dans la
quasi-totalité, sont des femmes bénéficiaires de l'aide
sociale et qui n'ont d'autre source de revenu que la prestation d'aide sociale.
Maintenant, on a été prévenu par la Commission des
services juridiques. Je pense qu'on avait déjà en filière,
au ministère, des jugements quant à des perceptions de pension
alimentaire.
De quelle façon voyez-vous le rôle du gouvernement à
l'égard de ces femmes qui sont soudainement abandonnées, à
une époque de leur vie, à la responsabilité de
l'ex-conjoint dans ce dossier et a l'intervention du gouvernement, parce qu'on
sait que la femme n'a généralement pas les moyens, ni financiers
ni autres, de réclamer cette fameuse pension alimentaire et d'exercer
ses droits finalement? De quelle façon voyez-vous le rôle du
gouvernement dans ces dossiers-là?
M. Théberge: Pour ajouter un mot à l'analyse, il y
d un volume qui vient de sortir, il y a quelques mois, de l'Institut
québécois la recherche sur la culture qui s'intitulait "Les
nouveaux visages de la pauvreté" et précisément un de ces
nouveaux visages de la pauvreté, c'est la situation dont vous venez de
parler de ces femmes chefs de famille qui le deviennent subitement et surtout
celles qui ont un certain âge et qui n'ont pas la scolarité,
l'expérience. Leur travail, leur expérience a été
l'éducation de leurs enfants à la maison.
Comment répondre à cela? Dans le discours du trône,
je ne sais pas trop s'il y a une intention au sujet des pensions alimentaires
et s'il n'y a pas quelque chose qui doit être corrigé pour que
cela soit possible et plus facile de verser une pension alimentaire
décente. En tout cas, il me semble que, de ce
côté-là, il y aurait quelque chose à faire parce
qu'il y a certainement un vacuum assez remarquable. Cela pose aussi toute la
question de la Régie des rentes.
Pourquoi la femme ne participe-telle pas à la Régie des
rentes? Elle pourrait au moins, si elle approche l'âge de la pension ou,
au moins, 60 ans, en bénéficier, elle comme l'autre. Il y a
certainement d'autres solutions, qui ne me viennent pas en tête comme
cela, mais qui seraient, avec toutes les têtes qu'il y a ici, à
trouver. (21 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On vous remercie de la
spontanéité des réponses. Il me reste peu de temps. Si je
veux en conserver un petit peu en banque pour vous revenir en vertu de la
règle de l'alternance, je céderais mon droit de parole.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je pense qu'à peu
près 18 minutes me sont allouées pour échanger avec
l'Office de pastorale familiale. J'aimerais beaucoup que vous m'indiquiez quand
mes dix premières minutes seront écoulées. Comme cela, on
pourra revenir aux questions du ministre.
Vous parliez à l'instant même, M. Théberge, de la
perception des pensions alimentaires et c'est un projet de perception
automatique qui a été annoncé par le gouvernement.
Cependant, la moyenne des montants qui sont alloués - des jugements de
pension plutôt - sont de l'ordre de 260 $ par mois. Alors, c'est heureux
qu'il puisse y avoir une perception automatique. C'est évident, par
ailleurs, que les montants ne pourront pas être miraculeusement,
augmentés du fait qu'il y a cette perception. Il y a toujours le
problème de la désincitation puisque l'ex-conjoint a l'impression
qu'il rembourse l'État et que cela n'apporte pas un plus quelconque
à la qualité de vie de ses enfants ou de ses dépendants.
Alors, il y a cette question-là puisque l'État percevra, comme
c'est le cas maintenant, en tout cas... Ces perceptions, c'est qu'elles se
remboursent automatiquement. Il n'y a pas un montant supplémentaire.
S'il y a un montant supplémentaire... Si la pension est très
élevée, il y a une réduction à ce moment-là.
Alors, dollars pour dollars, il n'y a pas plus pour la famille.
Je pense que la question que vous posez est fondamentale, c'est celle de
la pauvreté des femmes. C'est intéressant parce que le ministre a
à la fois raison, mais les statistiques ne révèlent pas
tout parce qu'il a raison et tort en même temps au sens où,
même sur le marché du travail, l'écart salarial est
toujours de 40 %. La question qu'il faut se poser est la suivante: Est-ce que
les femmes sont plus engagées parce qu'elles coûtent moins cher ou
bien parce qu'elles vont dans des postes de travail qui sont du secteur des
services? Il n'y a pas un métallo des chantiers navals de la Vickers qui
pourrait se faire engager comme caissier au coin de Sainte-Catherine et Morgan,
à l'épicerie de
Steinberg. Les statistiques ne sont pas innocentes au sens où
elles ne nous permettent pas nécessairement de voir la
réalité qui est notamment que les femmes diplômées,
avec un diplôme universitaire en poche, ont encore un écart de
salaire absolument incompréhensible avec un confrère
diplômé également.
Alors, si on quitte le terrain des contes de fées pour aller du
côté des réalités, je ne reviens pas sur la question
de l'employabilité. Je dis avec toute la sincérité dont je
suis capable que je pense que le gouvernement n'investit pas dans
l'employabilité. Justement, c'est qu'il faudrait investir dans
lemployabilité et on aura l'occasion, parce que ce n'est pas fini, cela
commence, même si vous êtes notre 75e - cela se fête, 75e -
mais cela va durer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va attendre avant de
fêter.
Mme Harel: ...au-delà de la commission et on aura
l'occasion, nous, de proposer au ministre des façons d'investir dans
l'employabilité.
Je reviens avec les questions que vous posez dans votre mémoire.
À la fin, après l'alternance, je voudrais revenir sur la question
des coopératives. Dans votre mémoire, vous nous parlez des
familles et je pense que c'est surtout Mme Larose qui nous en a parlé.
Je ne sais pas si le ministre délégué à la Famille
qui est avec nous va répéter que cette réforme est un
volet de sa politique familiale, comme il l'avait mentionné dans Le
Devoir à Mme Paré, et que vous mettez en doute. J'aimerais
vous questionner sur cela simplement pour qu'on se comprenne bien. Moi, je me
garde bien de présumer que mes choix de vie à moi doivent
être dictés aux autres et autant je pense qu'on peut souhaiter
qu'il n'y ait aucune utilisation des catégories de personnes afin de
diminuer les prestations de subsistance, si on s'entend bien en se disant
qu'à partir du moment où on comble les besoins de subsistance des
personnes, est-ce que pour autant il n'est pas souhaitable que, justement, le
face-à-face d'une mère monoparentale avec un enfant, par exemple,
est-ce qu'il n'est pas souhaitable que des propositions soient faites à
cette personne, je ne dis pas coercitives, je ne dis pas punitives, mais que
des propositions soient faites à cette personne pour lui permettre
d'aérer un peu ce qui peut devenir finalement un face-à-face
assez inquiétant pour notre société? Nous, on n'a quand
même pas été des personnes humaines élevées
seulement avec un adulte. On était socialisé avec d'autres
enfants dès notre plus bas âge, quand ce n'était qu'avec
nos frères et soeurs et nos multiples voisins, n'y a-t-il pas quelque
chose d'inquiétant, justement, à penser, comme vous l'indiquez:
Mon enfant n'a pas de père, il va avoir sa mère jusqu'à ce
qu'il aille à l'école, il a besoin de moi, il a juste moi? Et,
souvent aussi, la mère a juste l'enfant. Est-ce qu'il ne serait pas
souhaitable qu'elle ait aussi
autre chose?
Mme Larose: Oui, je suis de cet avis. Cependant, cela
dépend de la situation de vie de la famille. Moi, je partage cette
opinion-là personnellement, mais je pense que cela dépend des
personnes, de leur type d'éducation. Si c'est cela qu'elles
privilégient, je pense qu'il faut offrir le choix, mais il y a avantage,
je pense, à ce qu'il y ait des alternatives à la famille
monoparentale pour les tout-petits aussi.
Mme Harel: Est-ce que cela revient... Vous m'avertissez, M. le
Président, n'est-ce pas? Vous ne m'oubliez pas? Comment la
concevez-vous, vous, la politique familiale? Je me dis que vous y avez
réfléchi, à l'office de pastorale. Je pense, entre autres,
au fait qu'il pourrait être souhaitable qu'une femme chef de famille
monoparentale, qui pense comme vous l'écrivez et qui se retrouve 24
heures par jour, 7 jours par semaine, 52 semaines par année avec un
enfant, avec une relation, disons, très intime, pour ne pas dire parfpis
étouffante, puisse bénéficier de services de garderie,
quand ce ne serait que pour l'enfant. La socialisation de l'enfant peut passer
par un service de garde. Comment cet enfant va-t-il être
préparé au moment de l'entrée à l'école, par
exemple? D'une certaine façon, le danger, c'est de n'avoir des services
de garde que pour les mères lorsqu'elles défaillent, lorsque la
travailleuse sociale dit: Elle va l'abandonner, donc, je vais signer un papier
disant qu'elle va pouvoir de temps en temps le faire garder. Plutôt que
d'avoir une politique familiale alignée pour que les gens assument leurs
responsabilités, on s'en va vers une politique familiale où
l'État va n'intervenir que quand les gens abdiquent leurs
responsabilités.
Mme Larose: Vous avez tout à fait raison, je partage cet
avis-là; c'est un bout de texte qui a été écrit
avec d'autres personnes. Je pense que c'est important que le travail au foyer
soit reconnu et que les services de garde soient offerts aussi aux personnes
dites seulement au foyer pour un laps de temps. Actuellement, c'est vrai que ce
n'est pas le cas, elles doivent se débrouiller entre elles dans le
quartier pour pouvoir s'entraider sur cet aspect-là. Alors, s'il y a des
possibilités de services de garde, s'il y a plus de places dans les
services, s'il y a des haltes-garderies et tout cela, je pense que là
aussi il faudra déployer des mesures pour offrir les services de garde
en milieu familial. Je pense qu'il y a tout cela dans le décor.
Mme Harel: Je vous remercie. Alors, on va retourner à la
règle de l'alternance et je revipn- drai sur le programme APPORT et sur
les coopératives.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre
délégué à la Famille?
M. Dutil: Mme Larose-Martin, vous avez soulevé un
problème sur la période d'avant et d'après la naissance de
l'enfant. Vous avez soulevé le problème de façon
interrogative. Est-ce que vous avez une solution à proposer de ce
côté-là? Vous avez dit: Les 17 semaines, si on les prend
avant la naissance, il en reste moins après la naissance. Alors,
j'imagine que vous avez pensé à une solution à ce
problème qu'on soulève fréquemment.
Mme Larose: Dans les deux dernières lignes de mon
paragraphe, il me semble qu'il y a une piste de solution. C'est de laisser le
choix à la personne qui est enceinte et qui est à l'emploi,
suivant son état de santé. De la manière que j'ai compris
le texte de la politique de sécurité du revenu, elle doit entrer
dans les 16 semaines avant et les 5 semaines après. Moi, je dis qu'elle
a 21 semaines, pourquoi ne pas lui laisser le choix de travailler dans ce
cadre-là, suivant sa santé et les besoins de la famille?
M. Dutil; Vous ne croyez pas qu'un des problèmes qui se
posent justement, c'est que les femmes attendent à la dernière
minute pour garder davantage de temps à l'autre bout, donc garder les 26
semaines, et qu'elles prennent le risque de travailler jusqu'à la
dernière semaine? Vous ne croyez pas que c'est un des
problèmes?
Mme Larose: Oui.
M. Dutil: Actuellement, il y a 5 semaines avant obligatoires et
16 semaines après dans la proposition?
Mme Larose: Moi, j'ai compris: 16 semaines obligatoires avant
l'accouchement et elle n'ont que 5 semaines après. Je pense que selon
les situations de vie...
Une voix:...
Mme Larose: Ah! j'avais perçu le contraire.
M. Dutil: Bon, parfait, cela va.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne?
M. Polak: Oui,...
Mme Boudreault: De toute façon, moi, je pense que, par
rapport à la question que vous posez, il me semble que demander à
des gens ou à des personnes... Comme ce sont encore beaucoup les femmes
qui portent les enfants, je trouve cela difficile d'arriver avec des chiffres,
des semaines aussi précises que cela. Je vous le dis bien franchement:
Pourquoi insistez-vous beaucoup pour que ce soit, par exemple, 5 semaines avant
et 16 semaines après?
M. Dutil: Parce que...
Mme Boudreault: Si la famille ou même la personne se voyait
mieux ou, selon les conditions ou selon toutes sortes de choses, elle
préférait prendre deux semaines avant, par exemple... En tout
cas, il me semble que c'est vraiment avoir une rigidité pour une
rigidité. J'ai de la difficulté à comprendre. Ou, encore,
si vous tenez à ce que... Si c'est si beau pour la mère, il
faudrait quand même qu'il y ait plus après, de toute façon.
Il y a quelque chose. Si on veut vraiment que ce soit pour le bien et la
santé de la personne, ce que je trouve extraordinaire, je me dis,
à ce moment-là: qu'on donne le choix d'avoir plus de
semaines.
M. Dutil: Évidemment, si on rallonge, cela règle la
question.
Mme Boudreault: Bien, c'est juste cela.
M. Dutil: Pour vous, l'argument de l'obligation de l'arrêt
pour un certain nombre de semaines avant ne tient pas.
Mme Boudreault: Je trouve cela très difficile. Cela
dépend vraiment des conditions. On pourrait faire une espèce
d'enquête auprès de femmes qui sont dans cette situation et je ne
suis pas sûre qu'elles choisiraient et qu'elles diraient: Vous avez la
formule idéale. En tout cas, j'en doute beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je pense, M. le ministre, que dans le mémoire,
l'office de pastorale reprend textuellement la proposition du document
d'orientation, c'est-à-dire que les personnes dites non disponibles
seront les femmes enceintes à compter de la seizième semaine
précédant - donc le septième mois en fait - jusqu'à
la cinquième semaine après l'accouchement. C'est ce que vous avez
dans votre mémoire.
Mme Boudreault: C'est ce qui est dans le texte.
Mme Larose: C'est exactement ce que j'ai dit.
Mme Harel: Oui. Écoutez, vous allez me permettre d'aborder
le programme APPORT; vous en parlez dans votre mémoire très
rapidement. On aura peut-être l'occasion de savoir, puisque le ministre
aura quelques minutes avant la fin de nos travaux, quand il entend rendre
publiques les conditions de participation au programme APPORT, quand il entend
faire connaître les diverses modalités, les critères de
participation au programme APPORT et quand il peut nous assurer que les
formulaires du programme
SUPRET, qui va se terminer, mais qui est quand même admissible
pour la présente année, au moment où les gens font leurs
rapports d'impôt, quand ces formulaires SUPRET vont être
prêts. Mon Dieu! Regardez à quoi joue le ministre. Il me montre le
dépliant, mais il ne voudra pas me le donner.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous n'êtes pas
admissible.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Enfin, si vous me le permettez, vous avez
assisté tantôt à tout ce débat sur la question des
coopératives; je pense qu'il est assez important. J'aimerais beaucoup
d'ailleurs, et je pense que cela va rendre service au ministre d'une certaine
façon, corriger des informations sans doute parcellaires qu'il peut
détenir sur ce dossier. Vous savez que, présentement, il y a
presque 3000 familles assistées sociales qui sont membres de
coopératives - pas tout à fait, mais pas loin. Les
décisions qui ont été rendues par la Commission des
affaires sociales sont des décisions... Je ne voudrais pas les lui
citer, mais je relisais dernièrement les propos que le Protecteur du
citoyen tenait. Il tenait des propos sévères, plus
sévères que ceux que j'aurais pu avoir moi-même ou
même que le Front commun des assistés sociaux et des
assistées sociales aurait pu avoir sur l'état de suspicion
créé par les mesures d'enquête mises en place. Si mon
unique recher-chiste, mais quand même apprécié...
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
il est 22 heures, est-ce qu'on a consentement pour continuer quelques minutes
encore?
Merci.
Mme Harel: Oui Je voudrais simplement lui rappeler ceci: c'est
que, présentement, des bureaux locaux ont décidé de
considérer comme un avantage tiré d'une coopérative Se
lait d'y participer activement. Il y a des décisions de la Commission
des affaires sociales dont une récemment encore, au mois de
février, qui disait que, vraiment, c'était une mauvaise
interprétation. Je vais citer un jugement qui a déjà
été rendu disant ceci. "Une telle conception n'est pas conforme
à l'économie de la Loi (sur l'aide sociale) qui laisse aux
bénéficiaires la liberté d'administrer leur budget
à leur guise, ne compensant pas les déficits au-delà du
barème. Les bénéficiaires aux prises avec un loyer
supérieur à la valeur locative n'étant pas corn
pensés, comment celui qui se trouve dans la situation inverse
pourrait-il logiquement être pénalisé?" (22 heures)
L'idée, c'est que, quand cela vous coûte plus cher, et je
peux vous dire avec les chiffres qu'on nous a cités hier, entre autres,
à Montréal,
mais cela doit être le cas dans les autres centres-villes comme le
centre-ville de Québec, quand cela vous coûte plus cher,
l'État ne vient pas vous donner la différence, mais, si cela vous
coûte moins cher, il viendrait vous l'enlever. La question posée
par la Commission des affaires sociales dans un jugement récent, cela a
été d'être favorable à l'assisté social et
membre de la coopérative en disant qu'il y avait confusion au
ministère entre le loyer au bail et le loyer au contrat de membre et que
les économies que le ministère pense que la personne
réalise sur le coût du logement, ce ne sont pas des
économies, il s'agit de deux niveaux de coût de location. Je lis
textuellement: l'un étant le loyer réel de la coopérative,
c'est-à-dire celui inscrit au contrat de membre correspondant au
remboursement du capital, des intérêts et des autres
dépenses, alors que le second est fixé arbitrairement dont le
seul objectif est de créer une différence entre le membre et le
non-membre. Cela veut dire que, si une famille assistée sociale
était pénalisée au point d'être
considérée comme devant payer le plus haut des deux loyers, celui
inscrit simplement dans les livres, elle serait considérée comme
une non-membre et elle serait considérée comme n'appartenant pas
à la coopérative, comme ne participant pas pleinement aux
activités de la coopérative, donc comme ne contribuant pas, ce
qui est le cas d'un non-membre. Il faut aussi savoir, et je pense que c'est un
élément important parce que dans mon quartier il y a plus de 500
familles qui vivent en coopérative, que chaque coopérative n'est
pas habitée que par des personnes assistées sociales, il y a une
mixité dans la coopérative. La coopérative reçoit
une subvention dont elle peut décider de la ventilation et il y a eu
souvent des décisions, étonnantes peut-être, mais qui
allaient dans le sens d'aider les familles qui étaient à plus
faible revenu de manière que certaines acceptent de payer un loyer un
peu plus élevé pour pouvoir diminuer le loyer des familles
à plus faible revenu, et cela se produit. Je pense qu'il y a des
exemples de solidarité qui sont quand même très stimulants
dans notre société; en tout cas, dans mon quartier tout au
moins.
Cela veut dire que la coopérative serait pénalisée.
Les familles qui ont accepté de hausser leur loyer moyen au
marché pour pouvoir baisser celui des autres membres de la
coopérative qui étaient à faible revenu seraient
pénalisées du fait que le membre qui a un loyer, même s'il
est faible, qui est encore un loyer, considéré comme plus
élevé, serait pénalisé du fait que cela serait
considéré comme un avantage au sens de l'exemption pour gains de
travail. Le ministre doit certainement ne pas décider que la Commission
des affaires sociales aurait penché contre l'assisté social en
faveur de l'administration de son ministère. À la Commission des
affaires sociales, il y a eu des jugements dans les deux sens, mais le ministre
n'est pas du tout obligé de pencher, de basculer dans l'ootion qui sera
la plus pénalisante pour les personnes assistées sociales.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, Mme
Harel.
Mme Harel: En conclusion, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, excusez.
Mme Harel: Je vais juste vous lire ce qui a été
très récemment publié par le Protecteur du citoyen qui a
dit: "Ce vent de contrôle qui a soufflé au ministère a
contribué à instaurer un climat de suspicion qui s'est traduit
par une trop grande sévérité dans l'appréciation de
demandes d'aide. Au moindre doute, la demande était rejetée, ce
qui ne laissait d'autre choix au demandeur que de se pourvoir en
révision et on vient de voir les délais auxquels il pouvait
être exposé avant de recevoir l'aide qui lui était due."
C'est dans le même ordre que cette espèce de
sévérité qui s'est accrue que l'on assiste actuellement
à des comptabilisations du fait d'être membre d'une
coopérative de la part de certains bureaux locaux. Le mouvement de
certains bureaux locaux est heureusement circonscrit, mais si, à partir
de cette réalité, le ministre pense l'amplifier à travers
tout le Québec en considérant l'avantage d'être membre
d'une coopérative comme un revenu de travail, je dois lui dire qu'il
faut qu'il rende cela public immédiatement et qu'il fera l'objet d'une
très forte confrontation du milieu coopératif qui va lui
expliquer ce qu'est la réalité d'être membre d'une
coopérative.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je pense que c'est un sujet
que nous aurons l'occasion de reprendre avec Mme la députée de
Maisonneuve. Je lui indiquerai tout simplement qu'à ma connaissance,
moi, la décision de la Commission des affaires sociales, et je vous le
dis comme ministre responsable, me satisfait. Je ne pense pas, et je l'ai fait
vérifier, que le ministère se soit porté en appel de cette
décision-là. Donc, le ministère est satisfait de la
décision rendue par la Commission des affaires sociales. Mais je le
dis...
Mme Harel: ...celle de février?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...je le dis sous toute
réserve. On est en train de faire les vérifications pour
s'assurer qu'il n'y a pas eu, devant la Cour supérieure,
évocation de ladite décision, et j'espère être en
mesure d'obtenir le renseignement avant la fin de la séance de ce
soir...
Mme Harel: ...faire distribuer une lettre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de façon à
pouvoir vous communiquer l'information adéquate.
Mme Harel: D'accord, parce que le directeur des politiques et des
programmes de sécurité du revenu du ministère, le
directeur par intérim, M. Guy Nolet...
M. Polak: ...minute pour ma question?
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui, on laisse
terminer M. le ministre et c'est à vous.
Mme Harel: ...alors, M. Nolet...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va, moi.
M. Polak: J'attends patiemment.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je m'excuse, M. le
Président. Dans les circonstances et étant donné qu'il a
attendu aussi patiemment, je vais céder mon droit de parole au
député de Sainte-Anne.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Sainte-Anne.
Mme Harel: Oui. M. le Président, vous allez me permettre
de déposer à la commission afin de permettre au ministre
d'en...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'en prendre connaissance.
Mme Harel: ...prendre connaissance la lettre du directeur des
politiques et des programmes de sécurité du revenu de son
ministère qui considère que l'interprétation doit
être faite davantage d'être membre d'une coopérative au sens
des exemptions pour gains de travail.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le document
intitulé... Il n'a pas de titre, mais en provenance de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lettre en date du..., de à
de... C'est cela qu'on dit.
Le Président (M. Bélanger): Lettre du 19 novembre
1987 de Mme Guylaine Couture.
Mme Harel: À madame.
Le Président (M. Bélanger): À Mme Guylaine
Couture, et c'est signé par M. Guy Nolet. Alors, c'est
déposé comme pièce à la commission. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président, M. le ministre.
Rapidement, parce que, savez-vous, il ne reste pas toujours beaucoup de temps
pour les députés ministériels ordinaires. Comme
député d'un comté avec beaucoup de problèmes d'aide
sociale, dans Sainte-Anne, à Montréal, j'ai beaucoup de sympathie
pour le contenu de votre mémoire. Aux pages 7 et 8 de votre
mémoire, vous dites que la notion même de travail a
évolué. Vous dites: "le travailleur est devenu plus exigeant
vis-à-vis du travail et il demande désormais à
l'entreprise de tenir compte de sa créativité", etc. Vous dites:
"N'y aura-t-il pas le danger d'offir des emplois peu
rémunérés, sans aucune sécurité? N'est-ce
pas encore la loi de la jungle où seuls les plus scolarisés et
les plus habiles y parviendront?"
Je mets cela en contradiction avec les Turcs qui font n'importe quoi
pour rester au Canada et au Québec. Moi, je me rappelle, par exemple, le
cas des Tamouls qui sont venus au Canada; vous vous rappelez le bateau avec 90
personnes et, par hasard, le bureau principal se trouvait dans mon
comté, à Pointe-Saint-Charles, rue Centre. En dedans de trois
semaines, tous ces Tamouls travaillaient, sauf qu'ils ont pris des emplois qui
sont peut-être un peu en contradiction avec ce que vous dites aux pages 7
ou 8. Comment pouvez-vous concilier cela?
M. Théberge: Si c'est une politique de survie qu'on veut
proposer, qu'on compare cela aux Tamouls, je veux bien, mais, si c'est une
politique de sécurité minimale, une politique où il y a
moyen de vivre convenablement, là, j'ai de la misère à
comparer cela. J'y vais peut-être un peu en durcissant les
pôles...
M. Polak: Mais est-ce qu'on doit en conclure que le Tamoul, le
Turc est un citoyen d'une classe un peu plus inférieure à une
autre?
M. Théberge: Je crois que les Tamouls sont arrivés
ici dans une situation de survie: en tout cas, c'est comme cela que le
gouvernement fédéral nous les a présentés, une
question de survie, un sauve-qui peut Donc, je ne crois pas que cela rencontre
ce qu'on peut appeler un travail qui respecte la dignité humaine qu'un
gouvernement doit essayer de défendre et de proposer.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Alors, c'est tout le...
Vous aviez un commentaire, madame? Brièvement.
Mme Boudreault: Jaurais une question d'éclaircissement. On
a semblé avoir un petit peu de difficulté tantôt, parce que
même moi, à un moment donné, j'ai fait erreur parce que je
pensais que c'était 16 semaines après la grossesse. La politique
familiale avait l'air de dire cela, on lit dans le texte que c'est 16 semaines
avant et 5 semaines après. Moi, je voudrais savoir où est
l'erreur. Quand on dit chercher l'erreur, j'aimerais savoir si c'est dans le
texte ici et si la politique familiale semblerait opter
pour autre chose. J'aimerais juste savoir si c'est 16 avant ou 16
après. C'est une question d'éclaircissement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Éclaircissement dans
l'intention du rédacteur - je ne sais pas si le texte le traduit tel que
voulu - c'est de laisser le choix à la femme de le prendre dans la
période où elle le souhaite, soit avant, soit après. C'est
le choix qu'a la travailleuse qui travaille suivant les normes du travail.
C'est également le choix qu'a la travailleuse syndiquée ailleurs
dans la société.
Mme Boudreault: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, si vous voulez remercier le groupe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'erreur est peut-être dans
le cahier.
Mme Boudreault:...
Mme Harel: L'erreur est dans le document d'orientation. L'erreur,
c'est le document d'orientation.
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez
brièvement remercier le groupe, Mme la députée.
Mme Harel: Oui. Je n'en profiterai pas, M. le Président.
Je vais les remercier, remercier les Offices de pastorale familiale et sociale
du diocèse de Québec et leur dire que c'est intéressant
d'assister, ici, à cette commission, à l'implication sociale de
groupes activement engagés dans l'Église ici à
Québec, mais aussi à Montréal et un peu partout. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre,
brièvement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens à remercier
l'Office de la pastorale ainsi que ses porte-parole d'avoir pris la peine de
demander les éclaircissements qui s'imposent et d'avoir contribué
par des suggestions positives à ce que commande l'évolution de la
situation, c'est-à-dire une bonification de nos politiques de
sécurité du revenu dans la province de Québec. Merci de
votre collaboration.
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales remercie les Offices de pastorale familiale et sociale du
diocèse de Québec et ajourne ses travaux jusqu'au mercredi 23,
à 10 heures, à la salle Papineau.
(Fin de la séance à 22 h 12)