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(Dix heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales se réunit pour
procéder à l'étude des crédits du ministère
des Affaires sociales.
Sont membres de cette commission: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), MM. Bissonnet (Jeanne-Mance), Blouin (Rousseau),
Bordeleau (Abitibi-Est), Boucher (Rivière-du-Loup), Champagne
(Saint-Jacques), Gravel (Limoilou), Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), MM. Leduc (Fabre), Martel (Richelieu), Middlemiss (Pontiac),
Paradis (Brome-Missisquoi), Paré (Shefford), Rocheford (Gouin), Sirros
(Laurier).
Je pense qu'à ce moment-ci nous n'avons reçu aucune
demande de remplacement.
La Secrétaire: Mme la Présidente, M. Martel
(Richelieu) est remplacé pour la séance par M. Laplante
(Bourassa).
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci. Est-ce qu'on a
quorum? Je remarque que nous n'avons pas quorum mais nous pouvons quand
même procéder si tout le monde est d'accord, en espérant
que nous aurons bientôt quorum.
Je vais inviter le ministre et, par la suite, le porte-parole de
l'Opposition en matière d'affaires sociales à faire leurs
remarques générales.
Au point de départ, je voudrais simplement signaler que le
règlement accorde à chacun un droit de parole de 20 minutes sur
chaque point soulevé. Je voudrais indiquer que, compte tenu de la
matière incluse dans tout le dossier des affaires sociales - je ne parle
pas des remarques préliminaires mais les autres points - il serait
préférable de part et d'autre, pour donner à tout le monde
la chance d'intervenir, d'être un peu plus bref et ne pas s'en tenir aux
20 minutes parce qu'on pourrait risquer de rester à
l'élément 1 du programme 1.
La parole est à M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Camille
Laurin
M. Laurin: Mme la Présidente, mesdames et messieurs de la
commission, la présentation, à la commission parlementaire des
affaires sociales, des crédits à voter pour l'année
financière 1984-1985 constitue pour moi l'occasion d'exposer les
principales orientations que je privilégie au moment où je prends
charge de ma nouvelle fonction ministérielle.
Ma nomination récente comme ministre des Affaires sociales me
rappelle à la fois mon expérience professionnelle de la pratique
et de l'enseignement de la psychiatrie et, d'autre part, l'importante
réforme législative à laquelle j'ai eu le plaisir de
participer au début des années soixante-dix. C'est donc avec un
plaisir certain que j'ai accepté cette charge nouvelle. Aujourd'hui,
avant de présenter les crédits requis pour les affaires sociales
en 1984-1985, je crois opportun d'exposer les grandes orientations que
j'entends privilégier comme titulaire du ministère des Affaires
sociales.
Les principales préoccupations qui m'animent découlent, en
ligne droite, des pouvoirs que la Loi sur les services de santé et les
services sociaux attribue au ministre. Notamment, je cite le texte de la loi,
"rendre accessible à toute personne, d'une façon continue et
pendant toute sa vie, la gamme complète des services de santé et
des services sociaux, y compris la prévention et la réadaptation,
de façon à répondre aux besoins des individus, des
familles et des groupes aux plans physique, psychique et social", et aussi,
"mieux adapter les services de santé et les services sociaux aux besoins
de la population en tenant compte des particularités régionales
et à répartir entre ces services les ressources humaines et
financières de la façon la plus juste et rationnelle possible."
De ces fonctions centrales attribuées par le législateur au
ministère, je dégage les principaux accents que j'entends
imprégner aux affaires sociales.
Les commentaires qui suivent se regroupent autour de deux grands
pôles. J'insiste d'abord sur les préoccupations axées sur
le citoyen et son milieu, c'est-à-dire l'accessibilité aux
services, l'approche sociosanitaire globale et l'humanisation des services. Le
second pôle autour duquel se développent mes préoccupations
a trait à l'organisation du réseau des services, soit
l'équité dans l'allocation des ressources et la
responsabilisation du réseau.
L'accessibilité. À ce chapitre j'entends poursuivre les
efforts de mes prédécesseurs pour assurer l'accès, dans un
délai
raisonnable, à toute Québécoise et à tout
Québécois requérant des services de santé ou des
services sociaux. À cette fin, j'accorderai une attention
particulière à l'organisation des services d'urgence.
Malgré l'envergure de l'organisation actuelle et l'ampleur des moyens
consacrés à cette fin, il subsiste des besoins auxquels nous nous
attarderons. Je pense ici à la coordination des ressources au plan
régional, particulièrement en milieu urbain, à
l'amélioration des politiques d'admission, à l'information du
public, à l'organisation des urgences à faible débit,
à la répartition des effectifs médicaux sur le territoire,
à la rationalisation des vocations, à l'équilibre et
à la coordination requise entre les urgences, aux soins de courte et de
longue durée et aux services à domicile.
L'urgence, tant sociale que sanitaire, constitue pour le citoyen le
coeur du système et nul effort ne sera ménagé pour
améliorer ce secteur. À ce sujet, on entend sporadiquement
certains propos alarmistes qui comparent les services médicaux à
une véritable médecine de guerre. Outre le caractère
anxiogène d'une telle comparaison, il y aurait lieu de rappeler que la
médecine dite de guerre est elle-même très bien
organisée. Une telle organisation, d'ailleurs, fait appel à une
discipline et même à un autoritarisme qui ne caractérisent
certes pas, heureusement, ni notre société ni notre
système. Ceux qui jettent ainsi les hauts cris en évoquant la
médecine de guerre souhaiteraient-ils une organisation sanitaire
copiée sur le modèle militaire?
L'approche sociosanitaire globale. L'une des spécificités
du système québécois est qu'il intègre, et ce de
plus en plus profondément, l'organisation des services de santé
et celle des services sociaux. Que ce soit au plan national par le
ministère lui-même qui s'appelle ministère des Affaires
sociales, que ce soit au plan régional par les conseils régionaux
qui ont juridiction sur les deux domaines, que ce soit même au plan
local, notamment par les CLSC qui visent les deux types de clientèle,
l'approche québécoise favorise l'intégration et la
coordination des disciplines, des services et des activités afin
d'assurer aux Québécois le service le plus complet et le plus
global possible.
J'entends maintenir et soutenir tous les efforts visant à assurer
le citoyen d'un service qui allie la prévention, les traitements et la
réadaptation, tant au plan social que médical. C'est cette
approche qui justifie l'importance que j'accorderai, conformément
à la lettre et à l'esprit de notre législation, au
parachèvement du réseau des CLSC et au renforcement du rôle
des conseils régionaux.
En outre, comme président du Comité ministériel
permanent du développement social, je favoriserai la plus grande
intégration et harmonisation possible des politiques gouvernementales,
dont celles ayant trait à la famille, à la population, au
logement ou toute autre politique pouvant affecter la santé, les
services sociaux, la qualité de vie ou le tissu social du
Québec.
L'humanisation des services. Les activités dans le domaine de la
santé et des services sociaux affectent directement la personne dans ce
qui lui est le plus précieux. En conséquence, le ministère
se doit de tenir compte de la vulnérabilité des personnes dans le
besoin. Le caractère humanitaire de notre mission saute aux yeux. Encore
faut-il transposer cette préoccupation dans le quotidien, le concret, le
vécu de la population. Nous avons particulièrement
présentes à l'esprit ici les populations les plus
vulnérables, entre autres, les personnes âgées, les jeunes
mésadaptés et les handicapés. Nous avons aussi
présente à l'esprit l'importance primordiale des services de
première ligne. Nous favoriserons toujours ces services. De même,
nous favoriserons au maximum le maintien des personnes dans leur milieu de vie
naturel.
C'est cette philosophie qui sous-tend le plan ministériel
d'amélioration des relations avec les citoyens, les
développements budgétaires 1984-1985, l'orientation vers les
ressources légères et la promotion de l'entraide communautaire
ainsi que notre insistance sur l'accessibilité et l'approche globale.
Aucune recette magique n'assurera l'humanisation des services, mais nous
comptons pour ce faire sur la collaboration, le sens des responsabilités
et la conscience des effectifs du réseau. L'humanisation des services se
concrétisera par les personnes mêmes qui oeuvrent dans ce
réseau. Au-delà de la technologie, de l'organisation et des
crédits, c'est par la conscience de chacun de nous que les
Québécois apprécieront la qualité des services
reçus. D'ailleurs, Rabelais ne disait-il pas déjà, il y a
plusieurs siècles: "Science sans conscience n'est que ruine de
l'âme". (10 h 30)
Le second pôle de mes préoccupations est axé sur
l'organisation des services et plus précisément sur
l'équité et la responsabilisation du réseau.
L'équité dans l'allocation des ressources. Le
bénéficiaire des services dispensés par le réseau
est aussi citoyen et contribuable. Il est, de ce fait, à la fois la
source et le support de l'organisation sociosanitaire et la fin même ou
la raison d'être du système. Il y a donc lieu, pour le
gouvernement, d'équilibrer le développement des ressources avec
la capacité de payer des citoyens, d'équilibrer les besoins et
les priorités avec les ressources disponibles. L'allocation des
ressources et la répartition des budgets entre les régions et
les
établissements sont et demeureront empreintes de cet esprit
d'équité.
Pour mieux réaliser cet objectif, le ministère a
favorisé au cours des dernières années l'approche
régionale dans l'allocation des ressources. De ce fait, les intervenants
régionaux ont accru leur influence sur les décisions
budgétaires et nous entendons accentuer cette orientation.
Quant aux établissements, c'est aussi par souci
d'équité que le ministère a développé une
politique financière intégrée à l'égard des
déficits et des surplus. L'idée de base est tout aussi simple que
juste: récompenser la gestion efficace et sévir à
l'égard des administrations locales inefficaces.
La responsabilisation du réseau. Dans la conjoncture
économique présente, le gouvernement estime que le réseau
des affaires sociales peut encore accroître sa productivité.
À cette fin, il a décidé d'instaurer pour cette
année une compression des dépenses de 17 000 000 $. Cette somme
représente, par rapport aux crédits de 5 647 000 000 $, 1/3%
à répartir entre quelque 850 établissements. Par ailleurs,
d'importants crédits additionnels sont accordés. Ils totalisent
54 000 000 $, soit 27 000 000 $ par année pour les centres d'accueil et
d'hébergement, 10 000 000 $ pour les services et soins à
domicile, 3 200 000 $ pour les organismes bénévoles, 4 400 000 $
pour le développement technologique, 2 000 000 $ en ajustements
budgétaires conséquents à l'arrivée de
médecins en régions éloignées.
Au chapitre des immobilisations, le gouvernement a autorisé des
travaux d'immobilisation de l'ordre de 180 000 000 $. Pour les nouvelles
initiatives, on notera 9 000 000 $ pour des augmentations de capacité,
38 000 000 $ pour des rénovations fonctionnelles et 43 000 000 $ pour
remédier à la vétusté de certains immeubles.
À cela s'ajoutera 7 000 000 $ pour la création de 4000 postes
dans le cadre du programme de soutien communautaire, programme gouvernemental
de relance économique et de création d'emplois. Ces
éléments nouveaux s'inscrivent dans la lignée de l'effort
collectif du Québec qui consacrait aux dépenses de santé,
en 1981, 8,5% de son produit intérieur brut, alors que la moyenne au
Canada était de 7,4%. En bref, le Québec consacrera en 1984-1985,
pour le réseau des affaires sociales, 5 647 000 000 $, dont 313 600 000
$ aux CLSC, 17 700 000 $ aux organismes bénévoles, 3 430 400 000
$ aux centres hospitaliers de courte durée et aux centres
psychiatriques, 284 300 000 $ aux centres de services sociaux, 898 100 000 $
aux centres d'accueil et d'hébergement et aux centres hospitaliers de
longue durée, 563 800 000 $ aux centres de réadaptation, 21 400
000 $ à la recherche, 66 400 000 $ à la coordination
régionale et nationale et 51 100 000 $ à la gestion du
ministère. À cela s'ajoute 1 477 009 000 $ pour les programmes
administrés par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
Un tel effort fourni par les Québécois suppose que
l'ensemble des effectifs professionnels, gestionnaires et autres, continue de
faire preuve d'un sens aigu des responsabilités, non seulement dans la
dispensation des services mais aussi dans l'usage des fonds publics et
l'adaptation constante du réseau aux besoins changeants de notre
société.
Le système sociosanitaire que le Québec a
développé depuis 25 ans l'a été sous le signe de
l'excellence et de la responsabilité. Il fait aujourd'hui l'envie de
bien des pays dans le monde. On en admire, malgré des lacunes qui
continuent d'exister, l'efficacité, la souplesse et
l'originalité.
Je ne puis passer, en terminant, sous silence les menaces que le
gouvernement fédéral fait actuellement planer sur son avenir par
son projet de loi C-3. En imposant des conditions nouvelles sans avoir à
s'impliquer davantage financièrement, le gouvernement
fédéral transforme son pouvoir de dépenser en un pouvoir
de faire dépenser les provinces selon des critères qui seraient
désormais fixés unilatéralement par l'administration
fédérale. Les changements impliquent donc que le gouvernement
fédéral pourrait imposer sa politique au Québec sans
aucune dépense additionnelle de sa part. Par rapport à la
situation actuelle déjà difficile, la nouvelle loi constituerait
un recul majeur qui équivaudrait en quelque sorte à une
municipalisation des gouvernements provinciaux par le gouvernement
fédéral. Le Québec s'est opposé et s'oppose encore
vigoureusement à cette nouvelle tentative d'intrusion
fédérale. Les chefs de file du Québec dans le domaine de
la santé ont fait preuve de solidarité avec le gouvernement
à cette occasion, mais la menace plane toujours. Nous continuerons de
lutter contre cette ingérence dans une juridiction qui nous est pourtant
clairement reconnue.
Mme la Présidente, Mmes et MM. de la commission parlementaire des
affaires sociales, nous pouvons maintenant procéder à l'examen
des crédits 1984-1985. Cet examen nous permettra, je l'espère,
d'expliciter les politiques, les priorités et les perspectives du
ministère des Affaires sociales. Merci.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le ministre. Je
ne sais pas si le ministre a un texte rédigé et s'il accepterait
de le déposer.
M. Laurin: Avec plaisir, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie.
M. le député de Brome-Missisquoi et porte-parole de
l'Opposition.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Mme la Présidente, avant qu'on ne s'engage
dans l'étude détaillée des crédits, j'aurais
quelques remarques préliminaires. Je vous salue d'abord comme
présidente de cette importante commission de l'Assemblée
nationale, je salue l'arrivée de l'ex-ministre de l'Éducation aux
Affaires sociales, je salue le personnel politique de son bureau et les membres
de la fonction publique qui sont ici présents.
On dit souvent du ministère des Affaires sociales qu'il ne s'agit
pas d'un ministère, qu'il s'agit d'un gouvernement. Si on regarde le
nombre de personnes ici présentes ce matin, on comprend un peu pourquoi
et on comprend davantage l'importance de ce ministère dans la
société québécoise et dans le gouvernement
québécois.
Sur le plan de la procédure, vous me permettrez quelques
remarques, Mme la Présidente. On vient d'adopter unanimement ici,
à l'Assemblée nationale, une réforme parlementaire
importante. Dans le cadre de cette réforme parlementaire, les
règles du jeu ont quelque peu été modifiées quant
à l'étude des crédits, mais il y a une application
pratique des anciennes règles et des nouvelles règles qui
continue. Je ne sais pas si cela a été le cas l'an passé
aux Affaires sociales, mais c'était le cas au Travail, où
j'étais le porte-parole de l'Opposition, et c'était le cas dans
les autres commissions parlementaires qui avaient à étudier des
crédits.
Pour l'an prochain - parce que c'est impossible à corriger cette
année - si on veut effectuer un travail sérieux, si on veut
effectuer un travail en profondeur, il va falloir que les parlementaires
reçoivent de l'Exécutif les documents avant le jeudi de la
semaine précédente, ou avant la veille dans le cas des
détails. Comment peut-on passer à travers un budget de plus de 5
000 000 000 $ de façon sérieuse lorsqu'on reçoit le
détail des dépenses gouvernementales la veille de la commission
parlementaire? Cette remarque ne s'adresse pas strictement à la
commission des affaires sociales. J'ai entendu certains de mes collègues
le mentionner dans d'autres commissions.
Quant au droit de parole des parlementaires, le règlement nous
alloue, chaque fois qu'on intervient, 20 minutes. On peut choisir, comme
parlementaires, d'appliquer le règlement dans sa forme la plus
sévère, le ministre répondant aux questions par des
réponses de 20 minutes, les députés posant des questions
qui durent 20 minutes. En autant qu'on est concerné, on va faire l'essai
de se soumettre aux bons voeux que vous avez exprimés au début de
cette commission et tenter d'établir vraiment un dialogue qui va
peut-être, si la procédure est agréée de l'autre
côté, permettre de poser beaucoup plus de questions de la part des
parlementaires des deux côtés de la Chambre et d'avoir beaucoup
plus de réponses. Si on peut instaurer un mode de fonctionnement qui
permette cet exercice, on aura fait un grand pas dans la réforme
parlementaire. Si on en demeure, à chaque fois qu'on pose une question,
à des préambules de 20 minutes, on aura fait un grand pas dans le
statu quo.
Je reviens sur l'importance du ministère des Affaires sociales.
C'est un peu le miroir ou le reflet d'une société et de sa
santé économique comme de sa santé morale, parce que la
clientèle qui est desservie par ce ministère est la
clientèle la plus mal prise ou qui en a le plus besoin dans notre
société. On parle des malades, des personnes âgées,
des handicapés, etc. Parce qu'on parle de gens tellement démunis,
on juge souvent un gouvernement, on juge souvent une société
à la manière dont elle s'occupe de ces personnes et,
également, au niveau des ressources, financières et autres,
qu'elle y consacre.
M. le ministre a parlé des crédits du ministère des
Affaires sociales comme des ressources disponibles en tenant compte de la
capacité de payer des citoyens québécois. C'est un point
contre lequel on ne peut argumenter, mais c'est un point ou un raisonnement
qu'on ne peut arrêter là, Mme la Présidente. Il s'agit
également non pas simplement des ressources disponibles qu'on a dans les
crédits mais des ressources disponibles de l'ensemble du gouvernement.
Il s'agit de voir quelle priorité le gouvernement donne aux affaires
sociales, quel budget il veut consacrer aux malades, aux personnes
âgées et aux handicapés.
Je comprends que le ministre est pris dans le carcan des crédits
qui lui sont alloués par le Trésor, mais il y a des batailles
à livrer pour qu'une plus grande part du budget lui soit
consacrée, surtout dans des périodes de crise parce que c'est
là que cela fait le plus mal aux gens qui sont les plus démunis
dans une société. (10 h 45)
M. le ministre succède, comme ministre des Affaires sociales,
dans l'ordre, au Dr Lazure, député de Bertrand, qui a
apporté une touche très humaine à son administration. Si
on demande des commentaires à tous les gens qui ont eu à
travailler de près ou de loin avec le Dr Lazure, ils vous diront que le
trait qu'ils ont retenu, c'était son aspect humain dans ce
dossier-là. Si on parle aux usagers, ils vous diront également
que le côté un petit peu
négatif - il n'est pas ici pour se défendre, mais je sais
que vous allez lui rapporter mes paroles et qu'il pourra le faire en temps et
lieu - était l'espèce de complexité qu'il a amenée
au réseau dans le domaine de la création de sigles. Pour qu'on se
comprenne bien, M. le ministre, j'appelle cela la soupe aux alphabets du
ministère des Affaires sociales. Il est intéressant de demander
à un usager quelle différence il y a entre un CSS, un CLSC, un
CRSSS, un CHSP, etc. L'usager s'y perd. J'ose croire que cette propension de
l'ex-ministre à tout compliquer par des sigles, où simplement les
spécialistes qui sont ici peuvent se retrouver, mais non pas les
usagers, ne vient pas de la formation de psychiatre qu'avait le Dr Lazure et
que vous ne recontinuerez pas dans ce sens. J'espère que cela vient d'un
autre trait de sa personnalité et que, pour le bénéfice
des usagers, vous saurez rendre le système plus compréhensible,
parce qu'en le rendant plus compréhensible, on le rend plus accessible
à la population. M. Lazure fut suivi à ce ministère, sous
votre gouvernement, par M. Johnson, qui a eu une attitude, selon les gens que
j'ai eu l'occasion de rencontrer depuis que je suis le porte-parole de ma
formation politique dans ce dossier, moins humaine. M. Johnson a eu à
appliquer des compressions et des coupures importantes dans le domaine des
affaires sociales. M. Johnson a réussi, c'est un succès qu'on
doit lui reconnaître, à tenir les couvercles sur les chaudrons
pour que cela n'explose pas pendant qu'il occupait le poste de ministre.
Vers la fin, cela devenait plus compliqué. On a vu les
problèmes avec les ambulances. On a mentionné ceux de la
région de Montréal. On aurait pu mentionner les problèmes
ambulanciers de la ville de Québec et de toutes les régions du
Québec. Vous avez vous-même dit qu'une de vos premières
préoccupations serait les urgences comme telles. On a eu ces
problèmes également et j'ai été content de vous
entendre dire, ce matin, que vous allez vous appliquer, comme nouveau ministre
des Affaires sociales, à vous assurer que les personnes qui se
présentent en état d'urgence dans les salles d'urgence soient
traitées en urgence.
Vous êtes au courant du manque de lits dans les hôpitaux
pour soins aigus. Du manque de lits également dans les CHSP, dans les
centres d'accueil. Ce sont les problèmes qui sont les plus aigus ou les
plus visibles, mais ils en cachent tellement d'autres, M. le ministre. En
même temps que vous nous avez dit que vous vous attaquiez au
problème des urgences, vous avez tenté de nuancer en disant que
les propos qui avaient été tenus dans ce domaine jusqu'ici
étaient des propos alarmistes. M. le ministre, je ne sais pas combien de
lettres vous recevez à votre bureau de gens qui ont eu à
fréquenter les salles d'urgence, de parents qui ont des enfants dans les
salles d'urgence. Mais lorsque vous parlez d'alarmisme vous traitez tous ces
gens d'alarmistes. Vous étiez en Chambre la semaine passée parce
que vous avez répondu à une question du député de
Saint-Jean qui vous parlait de la fermeture de la salle d'urgence de
l'hôpital Saint-Jean-sur-Richelieu. Est-ce que le député de
Saint-Jean est aussi alarmiste?
Si vous prenez l'attitude de traiter d'alarmistes ceux qui
dénoncent des problèmes dans ce domaine, vous allez être
obligé de traiter l'ensemble des députés péquistes,
l'ensemble des députés libéraux et l'ensemble de la
population d'alarmistes. J'aime beaucoup mieux la première approche - je
la préfère - celle que vous avez prise en disant: On va
s'appliquer ou je vais m'appliquer en priorité comme ministre des
Affaires sociales à régler le problème, plutôt
qu'à dénoncer, à tenter de camoufler la situation ou
à tenter d'adopter finalement l'attitude de votre
prédécesseur qui était celle, je le répète,
de tenir les couvercles sur les chaudrons.
Les crédits qu'on s'apprête à étudier en
détail ne sont pas, sauf erreur, vos crédits. Votre nomination
est trop récente. Ce sont des crédits qui ont été
préparés sous une autre administration. Quelle que soit la
conclusion qu'on puisse en tirer, vous ne mériterez ni
félicitations ni condamnation. Si vous savez travailler avec cette
commission pour prendre note des points qui sont soulevés, pour vous
appliquer à apporter les correctifs attendus par la population et qui
sont nécessaires aux crédits de l'année prochaine, vous
mériterez nos félicitations. Si vous agissez dans le sens
inverse, on sera là pour vous condamner. Il faut s'appliquer à
corriger les lacunes aberrantes qui existent présentement. Et cela se
fait. Cela se fait si on a le coeur à l'ouvrage et si on décide
de s'y appliquer. Cela se fait si, sur le plan humain, on peut convaincre; si
on s'aperçoit à la fin de l'étude des crédits qu'on
manque de ressources et qu'on peut créer l'unanimité dans cette
Chambre des deux formations politiques pour consacrer davantage de
crédits dans ce domaine, pour donner une priorité absolue dans
notre société à ceux et à celles qui en ont le plus
besoin.
Je n'avais préparé aucune note, mais vous avez aussi
traité dans vos propos du projet de loi C-3. Je tiens à
résumer la position de notre formation politique à l'égard
de ce projet de loi. Dans le domaine de la santé, nous sommes dans un
domaine carrément, clairement de juridiction provinciale. C'est inscrit
dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867; c'est
appuyé par une jurisprudence constante et, sauf erreur, unanime de la
Cour suprême du Canada.
Nous ne sommes pas dans un domaine
de juridiction de zone grise où des interprétations ont
fluctué d'année en année. C'est pourquoi, dès que
le projet de loi a été déposé à la Chambre
des communes, le Parti libéral a entrepris des pourparlers avec Mme
Bégin. Le chef du Parti libéral, M. Bourassa, Mme Lavoie-Roux,
moi-même et M. Rivest, je pense, avons été en contact avec
elle. On tente par tous les moyens d'assurer le respect de cette juridiction.
On déplore le fait que le dossier ait été utilisé
par votre prédécesseur plus pour de la propagande politique que
pour vraiment défendre les droits et intérêts du
Québec.
Je porte ce jugement parce que, même si cela fait trois ans et
demi que je suis en Chambre, quand un problème constitutionnel
d'importance est survenu et qu'il avait un fondement, on tentait à
l'Assemblée nationale de travailler à la défense des
droits et des intérêts du Québec d'un commun accord. Dans
ce dossier, votre prédécesseur a choisi une autre voie. Il a
choisi la voie de l'ignorance de la formation politique; il a choisi de mettre
de côté ce que peut représenter le poids de
l'Assemblée nationale du Québec dans une telle démarche.
Il est tellement engagé dans cette voie - et il a conservé le
dossier sous cet aspect avec ses nouvelles fonctions - qu'il n'est plus
crédible maintenant, non pas quant à ce qui reste du fond du
dossier, mais quant à la démarche politique qu'il a entreprise.
C'est pourquoi j'affirme que nous nous joindrons à tout combat non
partisan pour la défense des droits du Québec, mais nous
n'hésiterons pas, maintenant que le ministre a choisi cette voie de la
propagande et de la publicité, à dénoncer les lacunes dont
le ministère des Affaires sociales doit porter la
responsabilité.
J'ai résumé ma pensée à un membre de la
presse qui m'interrogeait sur ce projet de loi, au moment chaud de la chicane
Bégin-Johnson, comme suit: M. Johnson parlait strictement à ce
moment-là de l'ingérence du gouvernement fédéral
dans les droits et attributions de la province de Québec et Mme
Bégin, elle, ne parlait que d'accessibilité et
d'universalité des soins, alors que le devoir premier du ministre
Johnson était l'accessibilité et l'universalité et que le
devoir premier de Mme Bégin était de demeurer dans le domaine de
sa juridiction. Si chacun avait parlé et traité de sa
responsabilité avant de parler de la responsabilité de l'autre,
cela aurait fait avancer le dossier d'une façon beaucoup plus rapide,
beaucoup plus sérieuse et avec une conclusion - si conclusion il y a au
moment où on se parle - beaucoup plus claire que celle dont on a pris
connaissance au cours des derniers jours.
En concluant, Mme la Présidente, je réitère aux
parlementaires et au ministre la proposition du début sur le plan de la
procédure. J'invite tout le monde, même si on a reçu les
crédits à la toute dernière heure, à poser toutes
les questions que se posent les gens, les usagers dans leur circonscription
électorale, les questions qui vous sont posées lorsque vous
faites du bureau de comté - pour ceux qui en font -de façon
à ce que le ministre, qui est un nouveau ministre, puisse avoir
l'éclairage le plus complet possible mais également un
éclairage qui vienne non pas simplement des fonctionnaires ou des
attachés politiques qui ont eu le privilège d'avoir son oreille
depuis sa nomination, mais également de l'ensemble de la population qui,
à cause du court laps de temps n'a pas eu cet avantage. On est un peu
les porte-parole de ces usagers et c'est comme tel que j'entends me comporter
au cours de l'étude des crédits. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Camille Laurin (réplique)
M. Laurin: Mme la Présidente, je voudrais remercier le
député de Brome-Missisquoi pour ses remarques marquées au
point de la pondération et du sens des responsabilités. J'en ai
pris bonne note et je voudrais y réagir brièvement, comme il nous
a suggéré de le faire.
Je regrette moi aussi que l'Opposition n'ait pas eu en main assez
tôt la masse de documents qui lui aurait été
nécessaire pour une préparation encore plus adéquate des
positions qu'elle doit défendre lors de cette commission des
crédits. Comme circonstance atténuante, je voudrais cependant
invoquer le fait que les crédits sont présentés plus
tôt cette année par rapport aux années dernières. Il
y a certaines habitudes qui sont prises dans des ministères et qui ont
fait que notre fonction publique a été prise de court.
Habituellement, c'est au mois de mai qu'on présente ces crédits;
le travail de préparation des documents prend toujours un certain temps.
Soyez sûr que pour les années subséquentes le travail
commencera plus tôt, sera accéléré et que vous aurez
en main, beaucoup plus tôt, les documents qui vous sont
nécessaires. Ceci d'autant plus qu'effectivement il s'agit d'un
système très complexe que celui des réseaux de
santé. Vous avez noté vous-même le nombre de fonctionnaires
qui nous assistent pour ces crédits. Je pourrais même vous dire
qu'il y a 160 000 personnes qui travaillent dans le réseau des affaires
sociales. Étant donné la complexité du système, il
est important que le ministère des Affaires sociales fasse parvenir
à l'Opposition beaucoup plus tôt que nous ne l'avons fait cette
année les documents nécessaires qui vous permettent de vous
préparer.
J'accepte aussi l'invitation que vous nous faites d'un dialogue plus
vif, plus acéré, plus alerte, plus court en somme. Vous serez
aidés en cela du fait que je suis nouvellement arrivé à
mes fonctions. Mon ignorance des problèmes me permettra de
répondre beaucoup plus brièvement à vos questions. Je suis
sûr que, de toute façon, c'est là une bonne pratique que
celle d'un dialogue plus alerte, plus vif entre les parties; de réponses
qui devraient aller droit au fait et nous épargner des
considérations par trop idéologiques, dogmatiques ou même
polémiques.
Vous avez posé la question sans y répondre: Le
gouvernement devrait-il ou aurait-il dû contribuer davantage aux
dépenses du réseau des services sociaux et des services de
santé? J'avoue qu'il y a eu de très longues réunions
ministérielles avant que le gouvernement décide de consacrer ces
5 647 000 000 $ aux dépenses de santé. Il y a eu des arbitrages
qui se sont effectués et qui ont été pénibles car
il ne faut jamais oublier le contexte économique extrêmement
pénible et douloureux que nous venons de vivre. J'ai assisté
à la plupart de ces arbitrages, non seulement au Conseil des ministres,
mais au Comité des priorités. Je suis quand même heureux du
résultat puisque nous allons consacrer, cette année, 22% du
budget total du gouvernement à la mission sociale. Si on ajoute la
Régie de l'assurance-maladie, c'est même un pourcentage plus
important puisque nous consacrerons 27,8% à la mission sociale, ce qui,
proportionnellement, est plus élevé que ce que les autres
provinces y consacrent. (11 heures)
Je sais bien - votre question reste pendante - en période de
crise, aurait-il fallu consacrer davantage à cette mission sociale? On
peut en discuter, mais, de toute façon, le gouvernement a quand
même l'impression d'avoir fait un effort maximal cette année
à cet égard.
Je suis bien d'accord avec vous quand vous dénoncez la
multiplication des sigles, particulièrement dans un vaste réseau
comme celui des affaires sociales. Mais je pense que c'est là une
maladie de notre civilisation. Ce n'est pas seulement au niveau des affaires
sociales que nous voyons la multiplication des sigles, nous les voyons
naître un peu partout. Nous en chassons deux et nous en voyons
paraître quatre. On dirait que c'est une sorte de maladie que
secrète tout naturellement une civilisation qui fait droit de plus en
plus aux techno-structures et qui témoigne de la complexité
croissante de notre système.
Je voudrais simplement vous rappeler que, dans le réseau des
affaires sociales, le père des sigles a été celui qui a
mis au point la réforme Castonguay, qu'il avait d'ailleurs
lui-même élaborée et qu'il a commencé à
mettre en pratique. C'est à cette époque que sont apparus les
sigles CRSSS, CSSMM, CLSC, CSS, et ainsi de suite. Mais je prends bonne note de
votre suggestion. J'espère que dans nos documents officiels, au lieu de
donner simplement les sigles, on prendra le temps et la peine d'écrire
le nom au complet de ces organismes en insistant sur les fonctions qu'ils
remplissent auprès des clientèles.
Je suis d'accord avec vous qu'il manque encore des lits au
Québec, que ce soit des lits de courte ou de longue durée ou
même des lits de centres d'accueil, malgré l'effort
extrêmement important que nous avons fait au cours des dernières
années à cet égard. Je vous rappelle, par exemple, que
dans la seule région de Montréal, de 1976 à 1984, nous
avons ajouté 6000 lits d'hébergement. Si je pouvais revoir avec
vous la liste des additions de lits de courte et de longue durée dans
toutes les régions du Québec, vous pourriez voir que, là
aussi, il y a eu augmentation considérable du nombre de lits.
Évidemment, la population, et surtout le vieillissement de la
population, augmente. Ceci nous amène bien sûr à augmenter
le nombre de lits dans une proportion qui n'est pas toujours égale aux
besoins que nous constatons. Il faudrait cependant remarquer, là aussi,
que, dans le passé, nous avons eu peut-être tendance à
apporter une réponse trop univoque aux besoins qui nous étaient
communiqués en ce qui concerne l'augmentation des lits. Depuis quelques
années, nous développons une approche différente qui
consiste à tenter de maintenir le plus possible, par tous les moyens,
les malades, les personnes âgées, les handicapés ou les
victimes de violence dans leur milieu naturel par un accent beaucoup plus
marqué sur les services à domicile, qu'il s'agisse de soins
spécialisés à domicile, d'aide fournie aux gens qui
peuvent demeurer dans leur foyer, sous forme d'habitation également, de
logements adaptés, de centres de jour, qui fournissent, le moment venu,
le coup de pouce qui permet aux personnes de rester dans leur milieu. Par
exemple, alors que le budget des soins à domicile il y a six ou sept ans
était de 20 000 000 $, cette année, il sera de 71 000 000 $, ce
qui veut dire qu'on a plus que triplé les sommes d'argent
consacrées à ces soins à domicile.
Il faut également, conformément à ce que nous
faisons depuis quelques années, mettre l'accent sur des ressources
légères, sur des ressources alternatives, qui font appel à
la responsabilité des individus, des personnes, des groupes, des
organismes communautaires qui, souvent, sont mieux placés pour venir en
aide à ces personnes que les ressources institutionnelles, qui le font
mieux et qui ont surtout ce mérite de pouvoir dispenser dans leur milieu
de vie naturel aux personnes dans le besoin les soins
ou l'assistance dont elles ont besoin, d'où l'importance que nous
avons donnée au subventionneraient de ces organismes communautaires ou
de ces ressources légères. Vous avez noté que nous y
consacrerons cette année près de 17 000 000 $, ce qui est
à peu près dix fois plus qu'il y a quatre ou cinq ans. Vous
remarquerez aussi que nous consacrerons aux ressources légères ou
aux ressources alternatives beaucoup plus d'argent que par le passé,
toujours dans le but de maintenir dans leur milieu de vie naturel le plus
longtemps possible les clientèles en difficulté. Ceci peut
atténuer le besoin que nous avons de lits additionnels qui, pourtant -
je suis d'accord avec vous - demeurent nécessaires. D'ailleurs, dans
notre programme d'immobilisation de 180 000 000 $, que j'ai annoncé, il
y aura la construction de nouveaux établissements ou l'augmentation de
la capacité de plusieurs établissements. J'espère que nous
nous rapprocherons davantage d'un objectif que nous partageons tous les deux
à cet égard.
En ce qui concerne les urgences, je ne voudrais pas y revenir, mais je
sais que nous pourrons y consacrer plus de temps lors de la discussion des
crédits qui concernent la santé. J'espère, à ce
moment-là, engager avec vous un dialogue encore plus structuré,
plus détaillé et plus explicite qui nous permettra d'aller
davantage au fond des choses.
Quant à la loi C-3, je suis heureux que vous ayez établi
la position de votre groupe politique à cet égard. Je pense qu'il
s'agit là d'une menace que nous sentons se profiler de plus en plus car
les accords de 1977 entre le gouvernement fédéral et les
provinces étaient beaucoup moins généreux que tous les
accords antérieurs de 1958, 1959 et 1960. Déjà, il
s'agissait d'une réduction à la suite de laquelle le gouvernement
fédéral, au lieu de financer 50% des coûts,
finançait ces coûts dans une proportion beaucoup moins importante.
Je pense que cela baissait à 41% ou 42%, ce qui était
déjà une grosse réduction, mais maintenant, avec la
présentation du bill C-3, la situation risque d'être beaucoup plus
grave, pour plusieurs raisons. Parce que par ce projet de loi, pour la
première fois, le gouvernement fédéral impose aux
provinces la liste des services assurés que les provinces devront
financer, enserrant ainsi les provinces dans une sorte de camisole de force,
d'une part; qu'il impose aux provinces ses propres priorités, et on sait
que les provinces sont très différentes les unes des autres et
que chaque province, étant plus proche de sa population, est beaucoup
mieux en mesure de fixer ses priorités. Exemple, on veut nous imposer
par cette nouvelle liste des services assurés le paiement de tous les
médicaments dans les services externes, alors que le Québec,
à bon droit, depuis une dizaine d'années, avait
décidé qu'il couvrirait une partie de ces médicaments, par
exemple pour les personnes âgées et pour les
bénéficiaires de l'aide sociale, mais qu'il utiliserait les
"économies" réalisées pour la prestation de services
beaucoup plus prioritaires pour notre population, comme les ambulances et les
urgences. Je pourrais mentionner d'autres priorités que le gouvernement
du Québec a choisi de subventionner plutôt que d'autres.
Une autre menace, c'est qu'on veut nous imposer, d'une façon
unilatérale, des concepts aussi vagues et aussi flous que
l'accessibilité suffisante aux services. Tel que les règlements
peuvent les expliciter, cela peut parfaitement vouloir dire, par exemple, que
certaines normes fédérales, qu'il est très facile
d'édicter puisque le gouvernement fédéral ne les paie
qu'en partie, imposent, par exemple, l'acquisition d'équipement
ultra-spécialisé que les Québécois ne peuvent pas
se procurer à un rythme aussi rapide que le gouvernement
fédéral le voudrait ou le désirerait. Je pense, par
exemple, à la tomographie axiale par ordinateur; je pense à la
scanographie; je pense à l'échographie; je pense à toutes
sortes de nouvelles techniques qui peuvent être considérées
comme bénéfiques, utiles, que nous considérons
bénéfiques et utiles, mais dont le coût est tel qu'on ne
peut les subventionner d'une façon globale et soudaine dans tous les
établissements qui en auraient besoin.
Je pense aussi au paiement des frais médicaux encourus par les
Québécois lorsqu'ils voyagent à l'étranger ou dans
les autres provinces. Par le bill C-3, on nous oblige maintenant au
Québec à payer les frais médicaux aux mêmes taux que
ceux que peuvent établir les autres provinces ou les autres pays. Ce qui
peut entraîner des centaines de millions de dollars additionnels aux
sommes que nous dépensons à l'heure actuelle.
Je pense aussi à ce qu'on veut nous imposer comme
rémunération raisonnable pour les professionnels de la
santé. Raisonnable, au sens fédéral, cela peut
parfaitement vouloir dire, par exemple, la moyenne des honoraires
professionnels dispensés aux professionnels dans toutes les autres
provinces. Comme on sait que le Québec, en raison d'efforts menés
par tous les gouvernements depuis quelques années, a réussi
à limiter ces honoraires professionnels d'une façon plus
marquée que d'autres provinces, s'il nous fallait arriver à cette
rémunération moyenne, cela impliquerait aussi de la part de la
Régie de l'assurance-maladie le paiement d'honoraires professionnels
extrêmement élevés qui pourraient très bien ne pas
correspondre à notre capacité de payer. Non seulement il s'agit
de frais additionnels, mais le fédéral, par cette loi, nous
impose également une autre façon de procéder tout à
fait contraire
à ce que nous avons fait depuis une dizaine d'années,
c'est-à-dire la négociation des tarifs envisagés avec les
professionnels. Négociation quasi permanente qui a eu d'excellents
résultats jusqu'ici au Québec. Là, on introduit, par le
bill C-3, un nouveau mécanisme qui est celui de la procédure
d'arbitrage, un arbitrage obligatoire auquel les professionnels pourraient
recourir en s'adressant au fédéral cette fois, ce qui est une
autre intrusion dans les juridictions provinciales. Deuxièmement, c'est
un mécanisme très dangereux qui enlèverait au
Québec le pouvoir qu'il a sur la capacité de payer dans le
domaine de la mission sociale en ce qui a trait aux honoraires
professionnels.
Je ne parle même pas de ces réglementations
extrêmement tatillonnes qu'on veut également nous imposer et qui
obligeront les provinces, et le Québec en particulier, à fournir
constamment des tonnes et des tonnes de renseignements au
fédéral, qui serviront à la bureaucratie
fédérale à établir encore davantage son
contrôle sur des dépenses qui, au fond, relèvent de la
juridiction des provinces.
Il y a là toute une série de menaces telles que, cette
fois, non seulement le Québec était là pour protester,
mais tous les autres ministres de la Santé ou des Affaires sociales du
Canada se sont joints au Québec pour protester contre ces intrusions,
contre ces envahissements de juridictions et aussi contre ce pouvoir de faire
dépenser aux provinces sans qu'il en coûte un cent de plus au
fédéral.
J'espère que la lutte qui a été amorcée va
se continuer. Je salue avec plaisir l'attitude du Parti libéral à
cet égard. Je voudrais, moi aussi, en faire une bataille non partisane,
mais une bataille québécoise pour défendre ce qui nous
appartient et surtout pour défendre le caractère rationnel,
adéquat, collé à nos réalités que le
Québec a établi au fil des années en matière
d'affaires sociales, de soins de santé et de services sociaux.
J'espère que cette position unanime des parlementaires
québécois, que je salue encore avec plaisir ce matin, sera
reprise par la ministre fédérale de la Santé, qu'elle en
tiendra compte, même à cette heure tardive, pour apporter à
son projet de loi des amendements qui pourront convaincre tous les
Québécois que nous vivons véritablement en régime
fédéral et que la partie centrale de ce gouvernement
fédéral respecte les juridictions, les compétences des
provinces, établies par la constitution, et que ce respect se traduira
par une meilleure adéquation des services aux besoins de la
population.
Une dernière remarque, Mme la Présidente. Il est vrai que
je ne mériterai cette année ni félicitations ni reproche,
mais ceci est susceptible de provoquer chez moi une attitude d'écoute,
une attitude de dégagement, d'impartialité qui me permettra,
comme le suggère le député de Brome-Missisquoi, de prendre
note de toutes les remarques qui seront faites afin d'améliorer le plus
possible tous et chacun des éléments de notre système de
santé et de services sociaux. (11 h 15)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le
ministre.
Il va falloir qu'on s'habitue au fait que le président ou la
présidente des commissions a un droit de parole plus large que celui
qu'on lui reconnaissait jusqu'à maintenant.
J'ai pris bonne note des résolutions du ministre quant à
la présentation des cahiers des crédits à une
époque plus hâtive qu'on ne l'a fait cette année. Je ne
mets aucunement en doute la parole du ministre. Je voudrais simplement lui
souligner, parce qu'il n'est pas au courant, que ce même problème
avait été souligné l'an dernier et l'année
précédente. J'assiste à l'étude des crédits
des Affaires sociales depuis... - je n'ose même pas dire le nombre
d'années - et je dois vous dire que c'est un problème chronique.
Alors, l'an prochain... Enfin, on va garder l'espoir que ce sera
corrigé.
Avant d'aborder l'étude des crédits programme par
programme, il y a une coutume qui veut que des députés, d'un
côté ou de l'autre, puissent adresser des questions d'ordre
général. Je ne sais pas si un député, d'un
côté ou de l'autre, souhaiterait prendre la parole pour adresser
au ministre des questions d'ordre général.
M. le député de Shefford.
Discussion générale
M. Paré: Très rapidement, Mme la Présidente,
et dans le même sens de la discussion - je ne m'attarderai pas sur les
chiffres - moi aussi, je trouve que cela nous arrive à la
dernière minute. Mais, comme le disait le député de
Brome-Missisquoi, il sera possible de faire du bon boulot à cette
commission parce que les questions qu'on va poser, étant donné la
nouvelle réforme parlementaire, la nouvelle présidente, le
nouveau vice-président, le nouveau ministre et le nouveau
représentant de l'Opposition -il n'est quand même pas là
depuis très longtemps - vont nous permettre une discussion sur des
problèmes quotidiens, sur le vécu de nos concitoyens, sur ce
qu'ils nous rapportent à nos bureaux de comté. Je pense qu'on
pourra avoir une bonne discussion là-dessus. Ce qui se dégage de
la discussion de ce matin, c'est que la réforme parlementaire est
faisable, réalisable et qu'on peut l'appliquer comme il le faut.
Seulement deux petits points avant d'entreprendre l'étude des
crédits et de
parler de sous. Pour ce qui est des sigles, étant donné
qu'on s'est habitué à vivre depuis une douzaine d'années
avec l'ensemble des sigles connus et que ces sigles sont plus souvent
utilisés à l'intérieur du réseau que par les
citoyens eux-mêmes, il faudrait faire attention de ne pas trop les
changer. Je ne suis pas de ceux qui veulent les changer parce que le
problème, ce n'est pas de s'habituer à vivre avec des sigles,
c'est de s'habituer aux changements fréquents. Un exemple qui touche la
population est celui des CLSC. Les CLSC ont été proposés
par la population, après discussion et consultation. Chez nous, en tout
cas, on retrouve une grande implication des bénévoles et de la
population dans les CLSC. Ils les ont, il ne faut pas les leur enlever. Les
gens aiment leurs CLSC, ils les connaissent et même s'ils ne peuvent
définir ce que veulent dire les lettres du sigle - CLSC, centre local de
services sociaux - ils savent que les CLSC sont là pour répondre
à leurs besoins et il ne faudrait pas changer le sigle.
Une dernière chose importante et vraie: les places, les lits
réservés aux personnes âgées. Il en manque, c'est
sûr. On doit en ajouter, tant mieux, on ne peut être contre cela.
Il y a une multitude de services qui touchent ces personnes, il ne faudrait pas
l'oublier. Cela va même jusqu'à l'habitation, les HLM, où
on réserve de l'espace pour des personnes âgées. Il y en a
beaucoup. Il y en a même à l'intérieur du ministère:
les centres d'acceuil, les centres hospitaliers de soins prolongés, les
foyers d'accueil, les centres d'hébergement conventionnés, les
centres d'hébergement autonomes, qui doivent se financer. J'aimerais
savoir quelle est l'orientation qu'on envisage. On parle beaucoup de
l'entreprise privée, on dit aussi qu'il coûte très cher de
construire des centres d'accueil. Cela coûte cher pour les bâtir et
cela coûte cher ensuite pour les faire fonctionner. On a des centres
d'accueil conventionnés, mais ils sont conventionnés parce qu'ils
étaient reconnus au moment où on a décidé qu'on
mettait un moratoire là-dessus.
Quelle sera l'orientation du ministère concernant l'entreprise
privée, les centres d'hébergement privés? Est-ce qu'il est
question de conventionner davantage? Est-ce qu'il est question
d'autofinancement, de donner une plus grande ouverture de ce
côté-là ou de construire davantage de centres d'accueil
publics?
M. Laurin: La situation est assez complexe. En fait, il y a une
question d'héritage là-dedans. Quand le gouvernement du
Québec a pris la relève, en 1960, des soins dispensés dans
les centres hospitaliers ou dans les centres d'accueil, nous faisions face
à une situation où la majeure partie des établissements
étaient possédés par des communautés religieuses.
Il en va dans les affaires sociales comme dans le réseau de
l'éducation et graduellement, au fil de ces 25 dernières
années, la partie de ces établissements qui est passée au
secteur public n'a cessé de croître.
Je ne pourrais pas vous dire la proportion actuelle de ce qui demeure
encore la propriété des institutions privées. Celle des
communautés religieuses est presque disparue, particulièrement
dans le domaine des hôpitaux. Il y a cependant encore un certain nombre
de centres hospitaliers de soins prolongés et de centres d'accueil qui
sont propriété privée, mais cette tendance n'a pas
tendance à augmenter au fil des anées. Elle a plutôt
tendance encore à diminuer, souvent pour des raisons circonstancielles.
La politique du gouvernement a toujours été de les
reconnaître jusqu'à un certain point. Beaucoup de ces organismes,
particulièrement les centres d'accueil et les CHSP, demandaient un
financement au gouvernement. Souvent le gouvernement conventionnait - selon le
jargon consacré -un certain nombre de lits pour lesquels il apportait
une contribution. Un certain nombre d'autres lits n'étaient pas
conventionnés et les clients payaient la pleine pension ou le plein prix
de journée. Il arrivait assez souvent que, malgré ces
conventionnements, la situation financière des centres d'accueil ou des
CHSP se détériorait et ces centres demandaient à passer au
secteur public. Cette tendance, bien que s'amenuisant au fil des années,
continue de se manifester à l'heure actuelle.
Quand nous arriverons aux crédits, je vous donnerai le montant
exact que le gouvernement dépense pour les établissements
privés, surtout les centres d'accueil et les centres hospitaliers de
soins prolongés. Je pense que cela va chercher dans les quelque 220 000
000 $.
Encore une fois, nous acceptons la situation telle qu'elle se
présente. Lorsqu'une initiative est prise par certains groupes ou
certaines personnes dans le milieu, nous la jugeons avec nos critères
d'agrément pour assurer la sécurité et qualité de
soins nécessaires. Lorsque cet agrément est consenti, des
ententes de conventionnement sont passées. Je ne peux pas dire cependant
qu'il y ait une tendance à multiplier les institutions privées
parce qu'on dirait que la mentalité a changé. C'est maintenant
presque considéré comme acquis par tout le monde qu'il appartient
au pouvoir public de financer aussi bien les soins que les activités,
que les établissements.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Y a- t-il d'autres
questions d'ordre général? M. le député de
Brome-Missisquoi.
Recount au fonds de suppléance
M. Paradis: Mme la Présidente, étant donné
que je ne crois pas que cela soit soumis à un élément de
programme ou à un programme comme tel, j'aimerais poser rapidement
quelques questions au ministre concernant le fonds de suppléance du
ministre des Finances quant aux utilisations budgétaires pour les
affaires sociales.
Le 12 avril 1983, le ministère des Affaires sociales a requis 800
000 $ pour les organismes de promotion et de services. Est-ce qu'on pourrait
savoir à quelles fins, à qui les sommes d'argent ont
été accordées?
M. Laurin: Je peux prendre note de votre question pour y apporter
une réponse quand on touchera le programme 2. Je pense que ce sont les
organismes communautaires. Je pourrai vous dire à quoi ces 100 000 $ ont
servi.
M. Paradis: II apparaît au document qui nous vient du fonds
de suppléance du ministre des Finances que ce ne serait pas pris dans
les crédits du ministère comme tels, mais dans le fonds de
suppléance du ministre des Finances, qui au départ était
de 72 000 000 $. C'est un budget supplémentaire de 1983-1984. C'est pour
cela que je pose des questions immédiatement parce que cela n'entre pas
dans le cadre des crédits qu'on aura à étudier. J'aimerais
avoir la liste des organismes de promotion et de services, savoir à
quelles fins ces sommes d'argent ont été
dépensées.
M. Laurin: Je pense que je pourrais demander à mon
sous-ministre, M. Lamonde, de nous apporter une réponse
préliminaire et, plus tard, je vous apporterai la liste des organismes
qui en ont bénéficié. M. Lamonde.
M. Lamonde (Jacques): Au moment des crédits de 1983-1984,
de la formation des budgets de 1983-1984, les discussions sur l'ensemble des
priorités gouvernementales n'étaient pas terminées. Elles
se sont terminées, dans certains cas, à la toute dernière
minute, ce qui a signifié que, pour pouvoir produire le livre des
crédits techniquement, pour simplifier le problème, il a fallu
inscrire des développements dans un seul endroit qui était le
fonds de suppléance. Au niveau des priorités 1983-1984 au
ministère des Affaires sociales, il y avait, entre autres, 800 000 $
pour des organismes bénévoles. Cela a donc été
budgétisé au fonds de suppléance et, en cours d'exercice,
on est allé rechercher l'argent par un appel au fonds de
suppléance de façon à pouvoir financer certains organismes
bénévoles. Au moment du programme 2, je pense qu'on pourra vous
dire quels sont les organismes bénévoles qui ont
été subventionnés.
M. Paradis: J'aimerais avoir la liste des organismes
bénévoles subventionnés à même ces 800 000 $,
si c'est possible. Maintenant, le 22 novembre 1983, dans le même budget
de suppléance, Affaires sociales, financement de campagne de
coordination et de concertation des CRSSS, planning familial, 93 000 $. Qui a
bénéficié de cette somme et, s'il y a des
résultats, quelles sont les résultats des études, de
l'utilisation de ces 93 000 $?
M. Laurin: Nous allons vérifier. Nous apporterons la
réponse.
M. Paradis: Le 22 mars 1984, Affaires sociales, plan d'action de
fin d'année, 13 000 000 $. Quel était ce plan d'action? Le
détail de l'utilisation des 13 000 000 $?
M. Laurin: Là aussi, nous vous apporterons la
réponse.
M. Paradis: Le 7 février 1984, Affaires sociales, pour
donner suite aux dispositions convenues lors de la préparation du budget
supplémentaire 1983-1984: 2 251 200 $?
M. Laurin: Nous vous fournirons le relevé.
M. Paradis: C'est peut-être une réponse que vous
avez parce que je crois que c'est récent. Le 20 mars 1984, Affaires
sociales, indexation des cadres au 1er juillet 1984: 15 786 800 $. De quel
pourcentage d'augmentation du traitement des cadres s'agit-il? Le motif de
prévoir dans le fonds de suppléance 1983-1984 une indexation des
cadres au 1er juillet 1984 qui devra apparaître normalement dans les
crédits que nous allons utiliser, est-ce que c'était là la
priorité du ministère, s'il restait de l'argent?
M. Lamonde: Sur le taux d'augmentation, je peux vous dire que
c'est 5,1%.
M. Paradis: Qu'ils vont obtenir en juillet 1984. (11 h 30)
M. Lamonde: Ah! juillet 1984?
M. Paradis: Ce qu'on a comme note explicative fournie par le
fonds de suppléance, c'est: Indexation des cadres au 1er juillet
1984.
M. Lamonde: Vous faites référence à un CT du
20 mars 1984?
M. Paradis: J'ai strictement... Oui, la date, c'est le 20 mars et
le numéro du CT, c'est 760425.
M. Lamonde: D'accord. C'est pour l'augmentation des cadres en
juillet 1983. C'est une augmentation qui a été versée au
1er juillet 1983 pour l'ensemble des cadres du réseau des affaires
sociales qui n'était pas "provisionnée" dans notre budget, mais
qui était "provisionnée" au fonds de suppléance du
ministère des Finances. Donc, pour effectuer cette contribution aux
établissements qui, eux, devaient payer leurs cadres, on est allé
chercher l'argent au fonds de suppléance du ministère des
Finances de façon à verser cette somme à nos
établissements. Mais c'était rétroactivement pour le
paiement du 1er juillet 1983.
M. Paradis: Et l'augmentation est de 5,7%?
M. Lamonde: Elle est de 5,1%. M. Paradis: Elle est de
5,1%.
M. Lamonde: Ce qui est l'augmentation...
M. Paradis: Est-ce que les cadres ont touché cet argent le
1er juillet l'an dernier?
M. Lamonde: Oui.
M. Paradis: Et le financement a été absorbé
par les institutions dans le réseau?
M. Lamonde: Non, à même ce CT que vous mentionnez on
est allé chercher des crédits au ministère des Finances
pour ensuite les verser aux établissements.
M. Paradis: Oui, mais le CT porte quand même la date du 20
mars 1984.
M. Lamonde: C'est exact.
M. Paradis: Vous me dites que les gens ont été
payés depuis le 1er juillet...
M. Lamonde: Ils l'ont financé... Excusez-moi.
M. Paradis: Allez-y.
M. Lamonde: Ils l'ont financé temporairement, sauf qu'on a
couvert ce financement, dans les cas où cela était
nécessaire, où les établissements nous le demandaient, par
des autorisations d'emprunt. Donc, les établissements n'ont eu à
souffrir d'aucune façon de ce délai dans le versement des
crédits.
M. Paradis: Qui a financé les intérêts?
M. Lamonde: C'est nous.
M. Paradis: À même les 15 000 000 $?
M. Lamonde: C'est-à-dire qu'on a des budgets pour financer
les intérêts sur emprunts, qui sont dans nos crédits,
normalement.
M. Paradis: Et cela n'affecte pas le budget de
fonctionnement...
M. Lamonde: Des établissements.
M. Paradis: ...de l'établissement comme tel et c'est pris
à même ces 15 000 000 $?
M. Lamonde: Non. C'est pris à même les budgets qu'on
a chez nous.
M. Paradis: De fonctionnement?
M. Lamonde: C'est exact. Vous allez voir dans l'étude des
crédits, dans les documents qu'on vous a remis, certains postes
budgétaires qui portent sur des intérêts sur emprunts.
M. Paradis: Est-ce que cette augmentation de
rémunération était uniforme dans le réseau?
M. Lamonde: Le taux de 5,1% était une décision
gouvernementale qui s'appliquait non seulement au réseau des affaires
sociales, mais à l'ensemble des secteurs public et parapublic.
M. Paradis: Donc tous les cadres - en tout cas ceux des affaires
sociales - ont bénéficié d'une augmentation de revenu de
5,1% au 1er juillet 1984?
M. Lamonde: C'est-à-dire que...
M. Deschênes (Jean-Claude): II s'agit d'une augmentation
moyenne de 5,1%, parce que nous avons, pour les 12 000 cadres du secteur des
affaires sociales, une rémunération qui comporte une partie au
mérite. Alors, il s'agit d'un taux moyen de 5,1%. Je crois que le
minimum est de 3,5% et le reste varie selon l'évaluation faite
localement par la direction de l'établissement. En fait, il y a une
confusion, un certain chevauchement entre... À partir d'un CT, on se
trouve un peu à faire une discussion comme dans une commission des
engagements, c'est-à-dire que c'est une dépense
déjà faite mais pour laquelle nous avions déjà
avisé le réseau au mois de janvier et sur laquelle nous avons eu
aussi des discussions en octobre et novembre avec toutes les associations du
réseau. Cela semble apparaître avec un CT du mois de mars comme le
règlement final sur la façon de financer, mais dans
l'établissement, l'avis a été donné en janvier et,
en octobre et novembre, nous avons discuté de cette question avec le
réseau. On pourrait aller
plus loin, si on était en commission des engagements financiers,
sur le mode de calcul et tout ce qu'il enclenche, mais je veux seulement
souligner le fait que discuter une telle question a partir d'un CT nous
réfère à une commission des engagements financiers. Et
alors, j'aurais le goût d'ajouter toutes les explications du mois
d'octobre et de la circulaire de janvier qui a été envoyée
formellement à tout le réseau. Comme il s'agit en plus de
crédits inscrits dans un autre ministère, nous n'avons pas un
dossier formellement constitué et je parle de mémoire.
M. Paradis: J'aurais une dernière question sur ce
document. Est-ce que vous prévoyez, à part les crédits qui
sont devant nous et qu'on va étudier dans quelques instants, avoir
recours à ce fonds de suppléance? Est-ce que vous avez
déjà des prévisions pour l'an prochain?
M. Lamonde: C'est-à-dire que...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je m'excuse de vous
enlever la parole. Pour les fins de l'enregistrement, est-ce que vous pourriez
donner votre nom et votre fonction, parce qu'il faut qu'on devine en bas?
M. Lamonde: Jacques Lamonde, sous-ministre adjoint aux Affaires
sociales. Il y a de mémoire un cas qui est prévu: c'est le
financement des arrérages dans le réseau des affaires sociales.
Il faudrait que je vérifie dans le livre des crédits, mais il
doit y avoir au fonds de suppléance, programme 4, élément
4, une certaine somme d'argent pour assumer les arrérages dans les
réseaux des affaires sociales et de l'éducation. Je pense
que...
M. Paradis: Le montant est de combien?
M. Lamonde: II faudrait que je vérifie.
M. Paradis: Est-ce que vous pouvez vérifier - on pourra
revenir sur le sujet -tout ce qui est prévu comme recours au fonds de
suppléance pour nous donner une meilleure idée de l'ensemble? Si
on fonctionne strictement avec le budget du ministère des Affaires
sociales et qu'on s'aperçoit qu'il y a des sommes importantes qui
viennent du fonds de suppléance, on n'a pas le casse-tête au
complet.
Quelques questions sur les contractuels engagés l'an passé
dans le réseau: Jean Baillargeon, 9200 $. Dans les documents qui nous
ont été transmis, il est simplement dit: Contractuel au 2 avril
1984. On ne sait pas à quelles fins, quel est le but de l'étude;
on ne sait pas qui est M. Baillargeon, s'il avait un curriculum vitae.
M. Laurin: C'est un membre...
M. Paradis: Si vous pouvez nous le présenter.
M. Laurin: Non, il n'est pas ici. C'est un membre du cabinet
politique qui a été engagé après que j'eus pris la
charge du ministère des Affaires sociales. Il a une fonction
précise qui est d'aller inventorier les besoins des maisons de jeunes,
en particulier, soit les groupes qui ont fondé des maisons de jeunes ou
qui veulent fonder des maisons de jeunes. C'est une sorte d'inventaire des
besoins, des aspirations, des problématiques. Il doit me faire rapport
quand ce travail sera terminé afin d'orienter des actions possibles.
M. Paradis: Christine Beauregard... M. Laurin: La
même chose.
M. Paradis: Même question, même... Ce sont
également les maisons de jeunes?
M. Laurin: Même réponse.
M. Paradis: Laurent Martineau, 50 516 $. Cela ne semble pas
être pour les maisons de jeunes.
M. Laurin: C'est un membre du cabinet qui a une fonction
précise. C'est celui qui reçoit tout le courrier, qui voit
à lui apporter les réponses appropriées dans les plus
brefs délais au nom d'une meilleure efficacité des services
à la clientèle.
M. Paradis: II y a eu trois contrats -que j'ai pu retrouver -
accordés dans le cadre de l'action menée par le ministère
quant au projet de loi C-3. Un premier contrat à Caron et Paré,
graphistes, pour 580 $; à Mark McKenzie pour la traduction des projets
de loi 909 et 60 - à Ottawa, il ne font pas cela en anglais et en
français? -à Alison McCain pour la traduction des projets de loi
909 et 60. Est-ce qu'Ottawa ne fait pas ces projets dans les deux langues? De
quelle façon a-t-on sélectionné ces individus?
M. Laurin: Je demanderais à M. Deschênes de
répondre à cette question.
M. Deschênes: II s'agit de travaux faits d'urgence dans le
cadre du projet de loi C-3 avant d'aller déposer à la Chambre des
communes les documents qui commentaient la position du Québec. Deux
documents ont été déposés, soit le mémoire
intégral avec une couverture particulière et un dossier
additionnel sur toute la question de la surfacturation ou des frais
modérateurs, qui avait été tellement évoquée
dans les médias.
C'est cette documentation et l'urgence... Je pense que cela a
été imprimé de nuit pour arriver à temps, compte
tenu des délais qui nous étaient impartis.
M. Paradis: De quelle façon a-t-on trouvé ces gens
dans la situation d'urgence?
M. Deschênes: II faudrait que je vérifie avec la
Direction des communications. Je pourrais revenir sur cette question
particulière; pour le moment, je l'ignore.
M. Paradis: La question qui demeure est le mode de
sélection.
M. Deschênes: Je comprends. J'ai répondu à la
première question et la deuxième réponse est à
venir.
M. Paradis: Quant à la traduction des documents, ce sont
les documents du Québec qui avaient été
rédigés en français et qu'on a traduits en anglais pour
aller là-bas?
Une voix: Oui, c'est cela.
M. Paradis: Contrat du 20 mars 1984 à Mme Dominique
Fournier: Problématique de la femme en situation de gestion, 1385 $. En
quoi cette recherche consiste-t-elle et dans quel but l'a-t-on
commandée? Si elle est terminée, quelles sont les mesures qu'on
s'apprête à appliquer?
M. Laurin: Nous allons vérifier et nous vous apporterons
la réponse.
M. Paradis: De même que le CV de Mme Dominique
Fournier.
M. Laurin: Mme Fournier?
Une voix: Mme Dominique Fournier.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce tout, M. le
député de Brome-Missisquoi? Y a-t-il d'autres questions d'ordre
général? Si on me le permet, j'aimerais poser deux questions. La
première: À la page 8 de la présentation du ministre, on
fait état qu'en 1981 le Québec consacrait 8,5% de son produit
intérieur brut aux dépenses de santé. Peut-on nous dire,
en 1984, quel est le pourcentage qu'il y consacre?
M. Laurin: C'est difficile à dire pour 1984 parce qu'il
faut...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): En 1983 alors?
M. Laurin: ...un certain temps pour compiler. Je ne sais pas la
dernière date à laquelle nous l'avons. Je pourrais demander
à M. Deschênes de...
M. Deschênes: II s'agissait, Mme Lavoie-Roux, de la
dernière compilation complète fournie par Statistique Canada, car
cela doit venir de Statistique Canada pour faire la comparaison totale et
interprovinciale. Nous faisons toujours des projections, des évaluations
et des appréciations, mais nous attendons les confirmations de
Statistique Canada avant d'affirmer des chiffres précis comme
ceux-là. C'est la dernière disponible.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui. Si vous prenez
uniquement le pourcentage pour le Québec sans comparaison avec le reste
du Canada...
M. Deschênes: Oui. M. Lamonde va répondre à
cette question.
M. Lamonde: Le problème - pour répondre à la
question - est le suivant. Il existe présentement au Canada plusieurs
définitions financières de ce qu'est la santé. Il y a
même eu, pour régler cela, la formation d'un comité
technique pancanadien pour essayer de s'entendre dans tout le Canada, entre les
provinces et le fédéral, sur une définition de la
santé et trouver quelles étaient les dépenses de
santé dans chacune des provinces. Même si cela existe, les
données utilisées par Santé et Bien-Être Canada, qui
permettent de trouver les chiffres dont on vient de parler, n'utilisent
même pas les résultats du comité canadien sur la
santé. Donc, Santé et Bien-Être Canada utilise une
définition de la santé et compare ces dépenses en
santé, que ce soit celles du Québec ou celles d'autres provinces,
avec les produits intérieurs bruts. Le problème qu'on a, c'est
qu'on pourrait prendre nos propres dépenses de santé d'ici,
telles qu'on les définit, et les comparer, sauf que les 8,5% ne
tiendraient plus. Il faudrait refaire toute une série de comparaisons.
Le dernier chiffre publié par Santé et Bien-Être Canada
remonte à 1981. On n'est pas sur une base comparative...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): L'interprétation
que je fais de votre réponse, c'est que même ce chiffre qui est
introduit à la page 8, il faut le prendre avec une certaine
réserve...
M. Lamonde: Oui, c'est-à-dire...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...puisqu'il semble qu'il
n'y ait pas... Enfin, on interprète les choses différemment d'une
province à l'autre...
M. Lamonde: C'est exact. En valeur absolue, il faut le prendre
avec une certaine réserve. Si on prenait une autre définition de
la santé, ce ne serait peut-être pas 8,5%,
mais peut-être un autre chiffre, et la même chose
s'appliquerait aussi pour les 7,4% du Canada. Donc, en valeur absolue, il faut
prendre cela avec un grain de sel, mais en valeur relative, quelle que soit la
définition de la santé qu'on prenne, l'effort collectif au
Québec est supérieur, et de loin, à la moyenne canadienne.
Mais le montant absolu dépend de la définition de la santé
qu'on utilise, vous avez raison.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon.
M. Deschênes: Excusez-moi, Mme la Présidente. Je
voudrais juste rappeler que l'important dans ce message, c'est que l'effort
collectif est plus grand, en matière de santé et par rapport au
produit intérieur brut, que la moyenne canadienne. Les débats
techniques sont sans fin... Est-ce que cela serait 8,6%, 8,7% ou 8,2%? Il
faudrait aussi se poser la même question. Est-ce que c'est 6,9%, 7,1% ou
environ 7%? Il faut comprendre que l'effort consacré à la
santé, par rapport au produit intérieur brut, est sensiblement
plus élevé parce qu'il s'agit de la différence entre les
deux taux. Passer de 7,1% à 8,5%, c'est un effort appréciable;
c'est quelque chose comme 20% de plus, comme effort, par rapport au produit
intérieur brut. C'est cela le message dans cette statistique.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors il faudrait
s'interroger à savoir pourquoi le produit intérieur brut du
Québec est peut-être plus bas que...
M. Deschênes: Là aussi, ce sont encore des
débats sur lesquels les statisticiens peuvent, à la limite, tenir
des colloques internationaux. (11 h 45)
Compressions budgétaires
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je voulais simplement
signaler au ministre que j'ai été surprise de voir qu'il y avait
une diminution ou une nouvelle compression budgétaire imposée aux
établissements de santé et de services sociaux, même si
c'est 1/3% réparti entre 850 établissements. Je pense que ceux de
mes collègues du côté ministériel ou de l'Opposition
qui ont été présents à l'étude des
crédits dans les deux ou trois dernières années... Il y
avait eu quand même des engagements à deux reprises, l'an dernier
et l'année précédente, de la part du ministre des Affaires
sociales dans le sens que les établissements de santé et de
services sociaux avaient vraiment absorbé - qu'on les appelle
redressements budgétaires ou coupures budgétaires, etc. -tout ce
qu'il pouvait faire et qu'il n'en avait pas prévu, il y a deux ans. Il
n'en prévoyait pas l'an dernier et il y en a encore eu. Cette
année, il ne devait pas y en avoir et on en a encore. Je pense que ceci
explique peut-être la réaction aussi des centres régionaux
de services de santé et de services sociaux qui, à ma grande
surprise, pour la première fois, élèvent la voix pour
protester contre des coupures supplémentaires. Tout à l'heure, le
ministre parlait de l'humanisation du réseau. Le bon fonctionnement
dépend des 160 000 personnes qui y oeuvrent, on est tout à fait
d'accord avec lui, mais le fait de continuer d'imposer ces coupures aux
établissements, je pense, n'a pas comme résultat de motiver les
gens du réseau parce que, finalement, c'est dans la vie quotidienne d'un
infirmier, d'une infirmière auxiliaire ou de quelqu'un qui vit le
quotidien qu'on fait face aux coupures. Pour nous, c'est beaucoup plus
théorique quand on examine cela ici, à l'Assemblée
nationale, mais je pense que cela devient un facteur démotivant.
Même si vous nous parlez de 50 000 000 $ de développement, c'est
dans d'autres domaines. C'est pour les établissements de santé et
probablement les centres d'accueil, une petite portion, mais, ce sont encore
des coupures qui s'appliquent. Je tiens à le signaler, parce que c'est
assez surprenant après des engagements dont, je pense, le sous-ministre
Deschênes a été témoin lors de l'étude des
crédits, antérieurement. Peut-être que le ministre voudra
commenter brièvement là-dessus.
La deuxième question, on pourra la reprendre au moment où
on examinera l'étude des centres de services sociaux, mais vous faites
allusion dans vos priorités, à la page 5, à "une plus
grande intégration et harmonisation des politiques gouvernementales dont
celles ayant trait à la famille et à la population". Ces deux
points importants touchant le développement social pris dans son sens le
plus large, je ne sais pas si le ministre préfère faire quelques
commentaires ici ou si on pourrait greffer cela quand on abordera les services
rendus par les centres de services sociaux en général à la
famille.
M. Laurin: Sur le premier point, Mme la Présidente, je
voudrais rappeler brièvement qu'en 1983-1984 les crédits
affectés aux nouveaux développements équivalaient aux
compressions effectuées. Cette année, les compressions de 17 000
000 $ sont amplement compensées par un développement de 54 000
000 $ qui ne porte pas que sur le soutien aux organismes communautaires ou aux
centres d'accueil pour l'alourdissement de leur clientèle, mais qui
comporte aussi beaucoup d'autres aspects. Je pense qu'il faudrait aussi
rappeler tout l'engagement de mon prédécesseur qui avait dit
qu'on pouvait maintenant envisager une époque où des compressions
n'auraient plus à être
effectuées, mais, cependant, dans la limite où les efforts
qui avaient été demandés au réseau pour augmenter
sa productivité et pour redresser ses équilibres financiers
auraient vraiment porté fruit. Il avait même ajouté
à cet égard que là où il acquerrait la conviction
que les établissements n'avaient pas atteint les objectifs qui leur
avaient été fixés, il y aurait des efforts faits par le
ministère pour que ces efforts se continuent, ce qui se solde par des
compressions ciblées qui affectent les établissements qui n'ont
pas atteint ces objectifs. C'est ce que nous faisons cette année par ces
compressions et par les efforts que nous continuerons de faire pour que les
objectifs de redressement d'équilibre soient véritablement
atteints.
Je pense aussi que l'engagement de mon prédécesseur
portait sur la nécessité qu'il y avait quand même de
rationaliser encore davantage et d'augmenter encore la productivité dans
certains secteurs. Nous avons la conviction, au ministère des Affaires
sociales, qu'il y a encore des efforts qui s'imposent à cet égard
et qui sont également possibles. Ceux-ci peuvent se traduire par des
économies substantielles. Je ne veux pas entrer dans les détails
mais je peux donner certains exemples.
Le fait de regrouper les achats - on l'a vu - peut non seulement
accélérer la croissance industrielle ou économique du
Québec, mais peut aussi se solder par des économies. Un effort
soutenu a été fait à cet égard au cours des
dernières années. Je pense que, cette année, nous avons
atteint les 200 000 000 $ en achats regroupés. Par hypothèse, si
nous augmentions de 100 000 000 $ le montant des biens et services
achetés en commun, je suis convaincu que cela se solderait par des
économies appréciables, que nous envisageons d'une façon
implicite dans les compressions de 17 000 000 $.
Il en va de même pour l'effort que fait le Québec dans le
réseau des affaires sociales, comme dans les autres, pour recourir
à des formes d'énergie moins coûteuses que celle
qu'utilisent les établissements à l'heure actuelle. Comme vous le
savez, depuis l'introduction du gaz naturel comme combustible, d'une
façon beaucoup plus marquée au cours des dernières
années, nous avons pu effectuer des économies substantielles dans
le réseau. Cet effort se poursuit et se poursuivra cette année.
II ne fait aucun doute qu'il se soldera également par des
économies.
Je ne prends que ces deux exemples pour montrer qu'au chapitre des
économies d'énergie, des achats en commun, il y a encore moyen de
faire des économies. On pourrait aussi mentionner l'effort que fait le
réseau pour s'approvisionner davantage en biens et services au niveau
des établissements québécois, même si cela veut dire
la création de nouvelles entreprises qui pourraient, à meilleur
compte, fournir ces biens et services à nos établissements. Il y
a quelques initiatives qui sont actuellement en marche. On a annoncé, la
semaine dernière, la création d'une nouvelle entreprise qui se
chargera de fabriquer des seringues jetables. Je pense qu'à long terme
cela peut entraîner, d'une part, des économies et, d'autre part,
un développement pour l'économie québécoise.
Je pense donc que, à plusieurs égards, il y a encore lieu
d'envisager des compressions au titre d'une meilleure utilisation de nos
ressources, d'une meilleure productivité. J'aurais pu mentionner aussi
les appareils téléphoniques de plus en plus sophistiqués
auxquels nous pouvons recourir et qui sont moins coûteux que les anciens
systèmes. Je pense donc que cette compression de 17 000 000 $ est tout
à fait à la mesure d'objectifs rationnels que nous pouvons
continuer à nous fixer.
J'aimerais aussi ajouter un dernier mot. Des enquêtes et des
études qui ont été faites ont montré que notre taux
d'encadrement est encore plus élevé que les
réalités ne semblent le justifier. Ces études ont
montré, par exemple, que nous pourrions diminuer, dans certains secteurs
en particulier, le taux d'encadrement. Vous avez sûrement entendu parler
de l'étude Mineau-Allard, mais il y a eu aussi d'autres études
qui nous amènent aux mêmes conclusions et qui montrent qu'il est
possible pour ne pas dire souhaitable de diminuer le taux d'encadrement en
n'affectant en aucune façon la qualité des services.
C'est en raison de ces objectifs que nous continuons de poursuivre qu'il
a paru justifié et important de demander à nos réseaux et
à nos CRSSS, qui sont plus spécialement chargés de la
planification et de la programmation, de voir à ce que s'effectuent ces
compressions. Ces compressions se diviseront en deux parties: une partie sera
affectée à la diminution du taux d'encadrement et une partie,
à peu près 50%, sera affectée à l'augmentation de
la productivité. Nous sommes convaincus que cela peut s'effectuer sans
que la qualité des soins, des services et des activités en soit
le moindrement diminuée.
Quant à l'argument qui veut qu'il y a en plus une compression
cachée de 16 000 000 $, qui serait due à une variation
imprévue du taux d'indexation, je pense qu'il faut dire ici que lorsque
nous avons prévu ce taux d'indexation l'an dernier, c'était en
fonction des indicateurs qui nous avaient été transmis par les
organismes fédéraux; les établissements, les CRSSS
savaient très bien que ce taux d'indexation demandait à
être vérifié par la pratique.
Or, il s'est avéré que le taux d'indexation qui avait
été prévu l'an dernier,
et qui était de 6,71%, en réalité, a
été ramené, en vertu de facteurs économiques dont
je ne veux pas discuter, à 4,59%. Il y a donc eu un surfinancement du
réseau à cet égard et il était bien clair pour les
établissements et pour le réseau que le gouvernement,
après vérification, pourrait aller chercher l'excédent,
c'est-à-dire l'écart entre 6,71% et 4,59%. C'est
précisément cet écart qui totalise les 16 000 000 $ dont
on a parlé récemment dans les journaux.
Il est tout à fait normal que le gouvernement impose maintenant
aux établissements et au réseau cet écart d'indexation.
Ceci est d'autant plus évident que si l'inverse s'était produit,
par exemple, si le taux d'inflation avait été supérieur
aux provisions fournies aux établissements, la correction à la
hausse de cet écart aurait été automatique. Aucune
question n'aurait été posée, nous aurions eu recours au
fonds de suppléance, comme d'habitude, et le fonds de suppléance
aurait fourni la différence entre le taux d'indexation plus
élevé et ce qui avait été prévu aux
crédits.
Pourquoi cette année, quand l'écart favorise plutôt
le gouvernement à cet égard, le faire payer aux
établissements? La question se pose. Est-ce que les
établissements auraient dû mettre de côté des
provisions pour tenir compte d'une variation possible de cet écart? On
peut se le demander. Est-ce que, dans les faits, les établissements ou
les réseaux, pensant que l'inflation dépasserait les provisions
offertes par le ministère, les ont dépensées, soit pour
des développements, soit pour d'autres fins? Cela est possible, il nous
reste à le vérifier. Mais sur le principe, l'attitude du
gouvernement, du ministère des Affaires sociales est absolument logique:
c'est celle que toutes les entreprises utilisent dans le secteur privé,
c'est celle que nous recommandent tous les traités de gestion et c'est
ce que nous faisons. En l'occurrence, je pense qu'il ne faut pas faire
paraître sous le titre "compressions" ce retour d'une
surévaluation de l'indice à la consommation. (12 heures)
Quant à la deuxième question que vous me posiez,
effectivement, les travaux qui ont cours, et qui sont en marche depuis quelques
années, sur la population et la famille arrivent maintenant à
leur point d'achèvement. Je pense que je pourrai rendre publique dans
les prochains jours l'étude fouillée qui a été
faite sur la démographie du Québec avec tout ce que cela peut
nous suggérer de commentaires - parfois négatifs - de questions,
de suggestions, de politiques à mettre en place pour corriger, contrer
les tendances inquiétantes que révèle cette
étude.
Je pense que la population se rendra compte des faits troublants que la
conjoncture des dernières années nous apporte. Je suis convaincu
que sur la base de ces faits il nous faudra établir des politiques qui
toucheront non seulement les affaires sociales mais qui devront toucher
d'autres secteurs également de la mission collective.
En ce qui concerne la famille, nous arrivons également à
la dernière phase de nos travaux. Un travail intense a été
fait, aussi bien de la part des organismes familiaux que de la part du
gouvernement, beaucoup de recherches ont été également
effectuées. Ce que nous avons l'intention de rendre public d'ici
quelques semaines, c'est non pas une politique de la famille, mais des
hypothèses de politique de la famille sur lesquelles nous demanderons
l'avis non seulement des regroupements d'organismes familiaux, mais de tous les
groupes de citoyens car nous continuons à penser que la famille
constitue encore le noyau social primordial d'une société et
qu'il importe d'apporter à chacun des éléments qui la
composent ou qui influent sur elle toute l'importance désirable.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le
ministre.
Je ne reviens pas sur la deuxième question, je voudrais juste une
petite précision sur la première. Est-ce que je dois comprendre
que la compression de 17 000 000 $ va surtout être imposée aux
établissements qui n'ont pas satisfait aux exigences budgétaires
des années antérieures? Je ne nommerai pas d'institutions
à ce moment-ci, mais est-ce cela?
M. Laurin: Je demanderai à M. Deschênes de vous
apporter plus de détails.
M. Deschênes: Je pense qu'il y a lieu de distinguer, dans
la compression des 17 000 000 $, les deux éléments. Quant au
premier élément de 8 000 000 $, j'aurai un commentaire
additionnel sur cette question des cadres. D'abord il faut se rappeler que ce
sont des activités d'établissement l'encadrement - qui ne sont
pas des services directs à la population.
Deuxièmement, il faut rappeler que ceci est fait sur une base
sélective. C'est environ 200 cadres sur 12 000 qui existent dans le
secteur des affaires sociales et c'est fait sur une base sélective,
c'est-à-dire en comparant des établissements similaires par
rapport à leur taux d'encadrement. Ce sont donc des cibles
particulières qui ne sont pas appliquées dans tous les secteurs
mais dans ceux où il y a des taux d'encadrement plus
élevés.
En outre, ce qui est très important, et ce n'est
évidemment pas véhiculé beaucoup, c'est que cela ne
représente en rien une réelle compression locale sur
l'établissement. Il s'agit d'un exercice comptable, parce que les cadres
bénéficient d'un mécanisme de
stabilité d'emploi. Pour l'établissement qui met à
pied, à la limite, un agent de relations extérieures qui est
classé cadre -cela existe dans les grands établissements -il y a
un mécanisme par lequel, pour une durée X, selon son
ancienneté, cet employé est protégé et
l'établissement est remboursé du coût de cette
stabilité d'emploi. Les 8 000 000 $ constituent en réalité
un mécanisme comptable pour lequel chaque établissement est
remboursé des conséquences des gestes qu'il a posés. C'est
donc une approche sélective pour les établissements,
appliquée à l'encadrement et non aux services directs et,
deuxièmement, cela constitue pour beaucoup, effectivement, un exercice
comptable.
La réelle compression est donc de 9 000 000 $. C'est ce dont il
s'agit. Là-dessus, la compression de 9 000 000 $ est répartie sur
850 établissements, je le rappelle. Cela équivaut à un
sixième pour cent. Nous tenons compte dans cette application des
performances lors de la budgétisation. Celle-ci inclut beaucoup
d'éléments, dont la performance. Donc, la performance, le taux
d'encadrement, la situation financière, le rôle particulier des
établissements sont autant de considérations que l'on prend en
compte avant de finaliser non seulement la compression, mais le budget de
l'établissement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Les établissements
ne souffrent d'aucune compression.
M. Deschênes: De celle-ci, oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. Merci, M. le
sous-ministre. Je pense que s'il n'y a pas d'autres questions, on peut entamer
d'une façon plus ordonnée... Je m'excuse. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Vous avez ouvert une porte que je ne voudrais pas
qu'on laisse fermée sans avoir quelques éclaircissements
additionnels de la part du ministre ou des personnalités qui
l'entourent. Vous avez indirectement, dans les propos que vous avez tenus,
d'une voix très rassurante, fait allusion, je dis bien indirectement,
à un message des CRSSS qui a été lancé à
toute la population du Québec et qui était reproduit dans le
journal Le Devoir de ce matin. Vous avez également dit que vous
utiliseriez les CRSSS pour appliquer ces compressions. À la lecture de
l'article, qui s'intitule: Les CRSSS craignent que toute nouvelle
réduction de leurs budgets n'affecte les services, on voit les
énoncés de fait et les conclusions suivantes auxquelles en
arrivent ces gens: "Les onze membres de la conférence des conseils
régionaux de la santé et des services sociaux s'opposent
unanimement à toute nouvelle compression budgétaire dans le
réseau des établissements de services sociaux et de santé.
Toute nouvelle compression devient inadmissible affirme la CRSSS. "Pour la
première fois, le gouvernement touche aux services et cela va se
refléter dans toutes les régions, a déclaré hier,
en conférence de presse, Me André Bélanger,
président de la CRSSS. Toute nouvelle compression budgétaire met
en péril la qualité et la quantité des services à
la population, surtout aux clientèles prioritaires qui sont les
personnes âgées, les jeunes en difficulté, les personnes
handicapées ainsi que les malades de courte durée." Je vais
seulement situer qui est Me Bélanger dans ce débat. On ne l'a pas
entendu souvent au cours des dernières années. Il ne s'agit pas
d'un libéral qui tente de faire de la politique. Sauf erreur, Me
Bélanger était l'organisateur du député de Bourassa
dans son comté à l'occasion, au moins, des dernières
élections générales. Il s'agit donc de quelqu'un de bien
connu dans le milieu péquiste. Ce sont les péquistes qui
commencent à dénoncer cet aspect. On continue en disant: "Ces
compressions ont eu pour effet, dans certains milieux, d'alourdir la
clientèle, de réduire la durée de séjour à
l'hôpital et, en conséquence, d'engorger les urgences, d'augmenter
les listes d'attente, etc." La conclusion se lit ainsi: "Partenaires du
ministère des Affaires sociales, les conseils régionaux ont
à plusieurs reprises manifesté leur désir d'être
associés au processus de budgétisation, d'être
consultés. Cela n'a pas été fait. Tout a été
concocté au Québec sans tenir compte des réalités
régionales et des clientèles prioritaires, a
déploré Me Bélanger." Est-ce que le ministre peut nous
confirmer ou nous infirmer cette déclaration de Me Bélanger
à savoir que tout a été concocté à
Québec sans tenir compte des réalités régionales et
des clientèles prioritaires?
M. Laurin: Je pense qu'on a très bien expliqué
l'origine, les raisons d'être de cette compression de 17 000 000 $. La
première partie étant affectée à la diminution du
taux d'encadrement, on vient de le dire, ceci ne se traduira par aucune perte
de revenus pour les établissements puisque le gouvernement finance la
stabilité d'emploi. Il reste 9 000 000 $. Ce montant de 9 000 000 $
visera surtout des gains de productivité. J'ai donné quelques
exemples. J'aurais pu en donner d'autres. Le gouvernement a cru
justifié, après de longues discussions et analyses, d'imposer ce
taux de compression de 9 000 000 $. J'ai rencontré, la semaine
dernière, les Conseils régionaux de la santé et des
services sociaux et j'ai exposé, à cet égard, la politique
du gouvernement, ses justifications, sa raison d'être. Ce que je leur ai
dit aussi, c'est que, quant à la façon
de procéder pour affecter ces compressions à tel ou tel
établissement, j'avais besoin de leur avis. Il me fallait donc les
consulter à titre de partenaires essentiels, privilégiés,
du ministère des Affaires sociales. Cette consultation est en cours
à l'heure actuelle. Mon sous-ministre, M. Deschênes, rencontrera
à quelques reprises, j'en suis sûr, au cours des prochaines
semaines, les présidents de conseils d'administration et les directeurs
généraux des centres régionaux de santé et de
services sociaux et il procédera avec eux à une analyse
détaillée d'opérationalisation quant aux cibles qu'il
faudrait privilégier et quant aux établissements qui pourraient
être affectés. Sur ce point, j'ai été très
clair et je continue de l'être. On ne peut arriver au budget final qui
inclura ces compressions avant que cette phase de consultation ait
véritablement eu lieu et qu'elle ait produit ses résultats. Il
s'écoulera donc encore quelques semaines avant que le ministère
ne fasse parvenir aux établissements le budget final qui leur sera
affecté, c'est-à-dire après que cette phase
d'échanges et de consultation aura eu lieu, phase de consultation qui
pourrait sûrement amener des changements quant aux hypothèses de
départ que nous avions, que nous leur avons soumises et qui seront
sûrement discutées lors des échanges que nous aurons avec
eux.
Au terme du processus, il deviendra très clair que cette
compression de 9 000 000 $ n'affectera pas les services, ni quantitativement,
ni qualitativement.
D'ailleurs, je pense qu'il faut remarquer que ces 9 000 000 $, sur un
budget total de fonctionnement qui dépasse les 5 000 000 000 $, ne
pourraient certes pas produire des résultats catastrophiques. Surtout
quand on met en parallèle, encore une fois, les 54 000 000 $ qui seront
affectés à des développements, et à des
développement prioritaires, puisque j'ai dit à quel point il
était important pour nous, au ministère des Affaires sociales, de
mettre l'accent sur l'alourdissement des clientèles, clientèles
qui sont en institution à l'heure actuelle. Cela va se solder, par
exemple, par l'addition de personnel infirmier, de personnel
spécialisé, ce qui, incidemment, créera des emplois et
qui, en même temps, améliorera la qualité des services
dispensés en centres d'accueil et d'hébergement pour les A-3, A-4
et aussi pour certains CHSP.
D'autres clientèles prioritaires aussi seront affectées -
et je pense bien que les CRSSS sont tout à fait d'accord
là-dessus. Si on en juge par le résultat de leurs études
et de leurs efforts des dernières années - toute la concertation
entre le réseau institutionnel et le réseau non institutionnel,
une meilleure coordination, une meilleure concertation dans les critères
et les mécanismes de placement en institution, une meilleure affectation
de crédits aux organismes communautaires, aux organismes de maintien
à domicile, par exemple, qui contribuent à diminuer le nombre de
places en institution dans la mesure où on augmente le nombre de
personnes qui peuvent demeurer à domicile; si on en juge aussi par une
autre de nos priorités qui est l'instauration dans la plupart des
centres hospitaliers de courte durée d'unités de gériatrie
qui amèneront les hôpitaux à traiter plus rapidement et
d'une façon plus efficace un certain nombre de personnes
âgées qui, autrement, occuperaient plus longtemps, trop longtemps
des lits de courte durée dans des centres hospitaliers, je pense qu'il
est incorrect de dire que ces développements ne seront pas
affectés à des clientèles prioritaires. En conclusion, je
pense que les développements nouveaux compensent, et amplement, pour les
quelques compressions que nous nous sentons obligés de faire en raison
des études qui ont été effectuées et des efforts
que nous faisons depuis quelques années. (12 h 15)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je prends note que le ministre a rencontré la
semaine passée des représentants des CRSSS. Je présume
qu'il leur a sans doute livré le même discours rassurant qu'il
nous livre ce matin, dans sa substance tout au moins. Ces gens-là disent
quand même que les compressions budgétaires mettent en
péril la qualité et la quantité des services à la
population, surtout aux clientèles prioritaires qui sont les personnes
âgées, les jeunes en difficulté, les personnes
handicapées ainsi que les malades de courte durée. Ces
gens-là nous disent également, maintiennent que tout a
été concocté à Québec sans tenir compte des
réalités régionales et des clientèles
prioritaires.
Est-ce que le ministre n'est pas d'accord que c'est là
procéder, en matière de santé et de services sociaux, en
plaçant la charrue devant les boeufs, complètement à
l'envers? Est-il vrai que cela a été concocté à
Québec sans tenir compte des besoins de ces gens-là - un peu
comme Mme la Présidente le disait tantôt - sur le terrain,
à chaque jour? Une fois les décisions budgétaires prises,
on leur demande de les appliquer en leur disant: Arrangez-vous pour que cela
fasse le moins mal possible. Ces gens répondent qu'ils sont rendus
à un point, après tant d'années de coupures, où ils
ne peuvent plus éviter que cela fasse mal. Est-ce que vous ne vous
retrouvez pas comme gouvernement un peu comme le père de famille ou les
parents dans une famille qui diraient: J'applique des compressions au budget
alloué à la santé de mes enfants? Cette année, je
vais les soigner ou les faire soigner à 85%. N'est-ce pas
procéder, lorsqu'on établit des crédits sans la
collaboration de ces gens-là, complètement à
l'envers? Le processus dont vous parlez - je pense qu'il est souhaité
par tout le monde -ne devrait-il pas s'effectuer au moment de
l'élaboration pour associer ces gens-là dès le
début plutôt que de leur imposer un carcan et de leur demander de
fonctionner à l'intérieur de ce carcan? Surtout lorsque ce carcan
veut dire encore des compressions cette année.
Est-ce qu'on a vérifié si le seuil de ce qu'on appelle la
"tolérabilité", le seuil humain, le seuil sur lequel on est
jugé comme gouvernement ou comme population, a été
atteint? Est-ce que ces vérifications ont été faites? Je
comprends que vous, personnellement, n'avez pas eu le temps de les effectuer
depuis votre nomination. Est-ce que cela ne vous inquiète pas au moins,
même si vous semblez très rassurant?
M. Laurin: À la première affirmation des CRSSS que
vous semblez reprendre à votre compte, selon laquelle ces compressions
mettent en danger les clientèles prioritaires que sont les personnes
âgées, les handicapés et d'autres groupes, je pense que
j'ai déjà répondu. Comme diraient les Anglais, "I beg to
differ". Évidemment, il est possible que les CRSSS continuent à
prétendre que cette compression de 9 000 000 $, un sixième pour
cent, puisse mettre en danger les clientèles prioritaires, mais je suis
convaincu du contraire. D'abord, à cause de la faible réduction
des services qu'une compression de 9 000 000 $ peut entraîner. Encore une
fois, c'est plutôt au niveau de la productivité que se situent nos
objectifs. Deuxièmement, encore une fois, l'ampleur des
développements sera affectée d'une façon primordiable
à ces ressources prioritaires. Je rappelle, par exemple, que les 14 000
000 $ qui sont prévus pour l'alourdissement des clientèles seront
affectés à 100% à des personnes âgées qui,
actuellement, sont en centres d'accueil; 14 000 000 $, c'est une somme
extrêmement importante. Si nous ajoutons à cela les unités
de gériaterie, si nous ajoutons les 10 000 000 $ additionnels pour le
maintien et le développement des services à domicile qui, en
grande partie, s'adressent aux personnes âgées, il est bien
évident que ces clientèles se verront avantagées par
rapport à la situation qui prévaut en 1983-1984. Je peux donc
dire que, sur ce point, je ne partage pas l'avis des CRSSS.
Quant à la deuxième affirmation, que cela aurait
été concocté à Québec, on aurait pu utiliser
un meilleur verbe, moins péjoratif que "concocter", d'une part;
deuxièmement, ce verbe, quel qu'il soit, ne correspond pas à la
réalité. La budgétisation des établissements est un
processus continu qui ne s'arrête jamais. Une fois qu'un budget est
alloué à une institution - cela sera fait d'ici quelques semaines
- il y a, par la suite, des rapports constants qui sont faits par chaque
établissement au ministère. Nous suivons de près
l'évolution des budgets. En cours de route, si des besoins
imprévus apparaissent, ils font aussi l'objet de discussions entre les
établissements, les agents de liaison et le ministère; parfois,
des correctifs sont apportés en cours de route.
J'ai même déjà eu l'occasion, depuis trois semaines,
d'apporter un correctif, que ce soit au sujet de l'hôpital de Dolbeau ou
au sujet de l'hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu, ce qui montre bien que
nous surveillons constamment l'évolution des budgets et que nous sommes
assez souples pour y apporter parfois les correctifs à la hausse que
l'augmentation des besoins ou une mauvaise évaluation des besoins
peuvent nous suggérer. Lorsque arrive la fin de la période
où il faut préparer les budgets pour l'année qui vient,
là aussi il y a des rencontres, des échanges, des discussions
entre les établissements et les officiels du ministère
préposés à cette fonction. Quand nous en arrivons, en bout
de course, à proposer pour tel établissement tel budget, on peut
dire que c'est la résultante d'un effort et d'échanges soutenus
et continuels. On ne peut donc pas dire que tout a été
concocté à Québec puisque cela a été fait,
la plupart du temps, conjointement. Le résultat peut évidemment
ne pas plaire à certains établissements ou à certaines
régions. C'est la raison pour laquelle, lorque j'ai rencontré les
CRSSS, je leur ai dit qu'il convenait de procéder à une
dernière période de consultation où, avec le
sous-ministre, ils procéderaient à l'étude ou à la
discussion de chacun des éléments de ces budgets ainsi qu'aux
arbitrages nécessaires. C'est ce processus qui est actuellement en cours
et qui se terminera d'ici quelques semaines, avant que le ministère soit
en état de faire parvenir à tous les établissements leur
budget définitif pour l'année 1984-1985. Ce n'est peut-être
jamais parfait, mais je pense que cette attitude, au contraire, est
marquée au coin du respect que le ministère entretient et doit
continuer d'entretenir à l'endroit aussi bien des CRSSS que des
établissements. Pour des détails plus techniques, M.
Deschênes aurait quelques mots à ajouter.
M. Deschênes: M. le Président, dans la phrase que
rapporte M. Paradis, on dit que tout a été concocté sans
tenir compte des réalités régionales et des
clientèles prioritaires. Il a cité à ce moment-là
Me Bélanger. Trois éléments. Je ne reviens pas sur le mot
"concocté", parce que tout le long de l'année, effectivement,
nous avons des rapports avec les conseils régionaux et, parmi les
demandes qui ont été faites, nous avons toujours tenu compte des
demandes
particulières provenant des régions. C'est ce qui a
donné lieu au développement de 54 000 000 $ auquel on a fait
allusion tantôt. Quant à la répartition
interrégionale que l'on évoque, il faut bien savoir trois choses.
D'une part, lorsqu'on fait une répartition interrégionale,
peut-être que vous vous imaginez que les régions ne s'entendent
pas sur la façon. Effectivement, nous assistons habituellement à
un clivage entre la métropole par rapport à la capitale et la
métropole et la capitale par rapport aux régions
éloignées. Nous n'avons pas de méthodologie qui soit
totalement objective dans une telle question de répartition des
ressources sociosanitaires entre les régions. Il n'y a pas d'accord
entre les régions sur une telle question. Nous n'avons pas non plus une
méthodologie objective qui nous permette d'être satisfaits et
d'allouer des crédits sur une base strictement régionale. Les
établissements sont là où ils sont. Les populations sont
là où elles sont, et les indicateurs de santé ou de
difficultés sociales ne sont pas assez sûrs pour qu'on puisse
tabler là-dessus uniquement. Nous nous sommes entendus avec les conseils
régionaux justement à ce sujet et nous travaillons avec eux
à une méthodologie pour répartir les budgets
éventuellement en fonction des régions. C'est un travail
d'études en cours, conjointement avec les conseils régionaux.
Quant à la répartition interrégionale, bien sûr, il
n'y a pas satisfaction. Nous non plus, nous ne sommes pas satisfaits des
méthodes dont on dispose pour pouvoir faire avec le maximum de justice
la répartition des budgets entre les régions. Nous travaillons
avec eux sur cette question. Quant à tenir compte des clientèles,
je pense que constater que le nouvel argent est attribué aux personnes
âgées, aux handicapés, aux jeunes mésadaptés
sociaux et aux problèmes de santé mentale, c'est
reconnaître qu'effectivement le nouvel argent est véritablement
accordé aux clientèles prioritaires qui sont les mêmes
à nos yeux et aux yeux des conseils régionaux.
Le véritable problème, que l'on n'aborde pas ici, est
celui des déficits. Il est évident que, si vous avez dans des
hôpitaux... Ici, il faut distinguer immédiatement les quelque 600
établissements de services sociaux qui sont globalement en
équilibre budgétaire, à quelques exceptions près,
mais qui ne représentent même pas 2 000 000 $ comme
problème au total. Donc, 1 500 000 000 $ de crédits dans le
secteur social ne créent pas de problème d'équilibre
budgétaire, grosso modo, sauf quelques exceptions. Il faut donc se
concentrer sur les 3 500 000 000 $ à la santé. C'est là,
effectivement, qu'il y a un équilibre budgétaire non
réalisé au cours de l'année 1983-1984, qui constitue le
vrai problème dont on ne parle pas. Car si un hôpital est en
déficit et qu'il identifie une compression, parle de la compression
comme étant l'ensemble du déficit et de la compression, c'est un
discours sans fin. Il faut appeler les choses par leur nom. Là, il y a
un problème d'équilibre budgétaire concentré dans
le secteur d'un certain nombre d'établissements hospitaliers.
Que faisons-nous face au déficit d'un secteur hospitalier? Il
faut se rappeler la nécessité de tenir compte de la performance,
qu'on évoquait tantôt, et de l'équilibre budgétaire.
Si on laisse aller des déficits, qu'arrivera-t-il de ceux qui ont
travaillé et qui ont réalisé l'équilibre
budgétaire, y compris dans le secteur social? On ne peut pas être
neutre face au problème de l'équilibre budgétaire parce
qu'il faut considérer à la fois ceux qui sont performants et ceux
qui ne le sont pas, ceux qui respectent l'équilibre budgétaire et
ceux qui ne le respectent pas. Il y a différentes causes qui contribuent
à un déficit. On pourrait en parler longuement lorsqu'on
étudiera le programme 3 qui traite des centres hospitaliers. Ceci est
prévu pour mardi prochain. Je pense qu'il y a lieu de distinguer ici
toute la discussion portant sur la compression et de voir que, peut-être,
derrière cette pointe de l'iceberg, la réalité qu'on
n'aborde pas de front est celle des déficits, c'est-à-dire
l'équilibre budgétaire non réalisé en 1983-1984
dans un secteur de la santé et se situant dans un certain nombre de
centres hospitaliers.
M. Paradis: Trois remarques, une question, Mme la
Présidente. Voici ma première remarque. Cela m'inquiète
lorsque j'entends le ministre dire: On va aux urgences, finalement. J'ai
réglé le cas de Dolbeau. J'ai réglé le cas de
l'hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu. La rapidité avec laquelle
ces cas sont soulevés m'inquiète drôlement comme membre de
cette Assemblée nationale. Je ne sais pas si c'est la fonction que veut
s'arroger le ministre de devenir le pompier qui va éteindre des
incendies qui ont occasionné des dommages chez les usagers. Est-ce la
façon d'administrer du gouvernement en place?
Deuxième élément. Le ministre nous parle de
certains établissements dans certaines régions. Les onze membres
de la conférence des conseils régionaux de la santé et des
services sociaux sont unanimes. Si on veut distinguer cette unanimité,
on pourrait changer le vocabulaire du ministre, soit "certains
établissements dans certaines régions" par "beaucoup
d'établissements dans plusieurs régions". Je pense que ce serait
plus exact, si on veut répondre à ce qu'affirment les gens de la
conférence.
Le troisième élément touche l'équilibre
budgétaire dont vient de nous parler fort à propos le
sous-ministre. L'équilibre
budgétaire, sur papier, ça va bien, mais qu'est-ce qu'on
fait lorsqu'on a un budget et que les patients continuent à arriver
à l'urgence ou qu'on a plus d'opérations à faire qu'il en
était prévu dans le budget? Cela va bien pour un sous-ministre ou
pour quelqu'un d'autre à Québec, mais qu'est-ce qui arrive des
gens du milieu?
Autre élément. Lorsqu'on a commencé les
compressions, si j'ai bien compris le dossier, on n'a pas tenu compte de la
performance des établissements et on a compressé autant chez ceux
qui réussissaient très bien que chez ceux - comparativement,
lorsque cela pouvait être comparé - qui ne réussissaient
pas bien. Cela cause également des situations très
pénibles.
La question, maintenant. Je reviens aux cadres et aux compressions chez
les cadres. On nous a parlé de coupures chez les cadres, on nous a
parlé des modalités ou des modes de calcul utilisés, etc.
On nous a également souligné qu'en coupant chez les cadres on
maintient quand même les services, car ce ne sont pas des gens qui ont un
contact direct avec la population. Est-ce qu'on a tenu compte, dans les
coupures qu'on se propose de faire chez les cadres, du critère de
performance de l'hôpital? Dans ce qui pouvait être comparé,
un hôpital qui avait plus ou moins de cadres et qui avait une meilleure
performance au niveau du coût par lit, etc., est-ce qu'on a tenu compte
de l'équilibre budgétaire atteint et, dans certains cas, de
l'affectation ou de la non-affectation, de la qualité des services?
Est-ce qu'on a tenu compte de ce critère de performance avant de dire
qu'on coupait tant de cadres là-bas pour se ramasser peut-être
avec d'autres problèmes? Je ne le sais pas.
Sur le plan administratif, je comprends ces décisions.
Habituellement, on a comme premier critère la performance et, lorsqu'on
est en matière d'affaires sociales, la qualité du service
à l'usager est importante; lorsqu'on combine cela, c'est en fonction de
ces deux éléments qu'on prend la décision. (12 h 30)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le ministre, je
m'excuse, mais il est 12 h 30 et, normalement, nous devrions suspendre nos
travaux. Si vous avez une réponse brève, on vous accordera le
temps voulu et on reviendra sur l'ordre de l'Assemblée.
M. Laurin: Mme la Présidente, j'ai donné les
exemples de Dolbeau et de Saint-Jean-sur-Richelieu pour montrer que le
ministère savait s'ajuster à certains problèmes qui lui
étaient soumis. Je ne les ai pas cités pour prouver que le
ministre était là pour éteindre des feux, mais surtout
pour prouver qu'on savait s'ajuster en cours de route. Pour ces deux
problèmes qui sont venus sur la place publique, il y en a 40 ou 50
autres que nous étudions constamment, qui ne viennent jamais sur la
place publique et qui font l'objet de réajustements en cours de route.
J'ai donc voulu parler de ces deux exemples pour montrer de quelle façon
nous procédions.
Deuxièmement, encore une fois, même si les CRSSS paraissent
unanimes, quand on lit très bien les déclarations, on voit quand
même qu'il y a plus de nuances apportées que cette conclusion
globale à laquelle on peut être forcé d'en arriver quand on
donne une conférence de presse. Les déclarations des CRSSS -
quand on lit entre les lignes -montrent qu'il y a quand même des nuances
à apporter et que leur insatisfaction n'est peut-être pas aussi
générale ni aussi prononcée qu'on veut bien le dire. A
part cela, je pense qu'on peut toujours dire qu'il y a encore place pour des
différences d'opinions entre des intervenants qui ne se situent pas
à la même place sur l'échiquier. Il y a donc des
échanges parfois assez fermes mais chacun a le droit de soutenir ses
opinions à la place où il se situe.
Quant aux budgets, il est vrai qu'un des éléments
importants pour l'attribution des budgets consiste dans les études
constantes que nous faisons sur la performance des hôpitaux, des
établissements. Ceci est vrai en tenant compte de toute une série
d'indicateurs, encore une fois, dont les uns portent sur le personnel, d'autres
sur les activités, d'autres sur les services, d'autres sur les salaires,
d'autres sur la fourniture de biens et services. En particulier, lorsqu'il
s'agit des cadres et que nous disons que nous ne voulons pas procéder
à des réductions générales, aveugles, c'est
précisément parce que nous voulons tenir compte de la situation
particulière de chacune des régions mais encore plus de chacun
des établissements. C'est précisément en fonction des
connaissances accumulées au ministère sur chacun des
établissements que nous avons proposé des cibles que nous
discuterons, d'ailleurs, au cours des prochaines semaines avec les CRSSS, et
j'espère qu'on en arrivera à des conclusions qui feront
l'agrément de toutes les parties concernées. M. Deschênes
voudrait ajouter un petit mot et ce sera le dernier.
M. Deschênes: Pour répondre clairement à la
question: Est-ce qu'on tient compte de la performance? oui, nous en tenons
compte dans l'examen des cadres et des décisions à ce sujet. Le
premier élément, c'est l'état des ressources,
excédents-économies, c'est notre vocabulaire. Cela veut dire la
performance. Deuxième élément, la relation cadres par
rapport au total des employés, c'est-à-dire le taux d'encadrement
par rapport à l'ensemble des employés. Troisièmement,
l'écart par rapport à des hôpitaux semblables. Il y a une
échelle pour graduer cela. Un hôpital qui est performant
et qui a un taux d'encadrement inférieur n'a pas de compressions
au chapitre des cadres. À l'inverse, celui qui n'est pas performant et
qui a un pourcentage d'encadrement très supérieur a le maximum de
la compression localisée. Il y a quatre groupes, à
l'intérieur des hôpitaux, qui vont de zéro - pas de
compression de cadres - jusqu'à 4%, ce qui est transmis ensuite en masse
salariale selon la performance ou la non-performance. C'est extrêmement
gradué. Il y a aussi des exceptions. Pour les centres d'accueil ou les
établissements qui ont moins de 50 lits, il n'y en a pas à cause
du taux d'encadrement d'un tel établissement, comme pour les
établissements qui sont en développement. On ne va pas couper des
cadres et en ajouter six mois ou un an après. Il y a quelques exceptions
comme cela, mais c'est la règle générale de la performance
et la comparaison entre établissements similaires qui sont la base de la
décision que l'on prend, plus l'avis du conseil régional sur
cette question spécifique. Certains conseils régionaux,
nonobstant l'application de cette grille, nous ont demandé de faire
quelques modifications et dans les régions 01, 07, 08, 09, de
mémoire, nous avons pris telle quelle la position du conseil
régional sur cette question.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le
sous-ministre. Le député de Rivière-du-Loup m'avait
demandé la parole, mais, compte tenu de l'heure, la commission va
ajourner ses travaux sine die et nous donnerons la parole au
député de Rivière-du-Loup, s'il le souhaite encore quand
nous reviendrons. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 36)
(Reprise de la séance à 15 h 30)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La commission des
affaires sociales poursuit ses travaux touchant l'étude des
crédits du ministère des Affaires sociales.
Les membres de la commission sont: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Blouin (Rousseau),
M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Champagne
(Saint-Jacques), M. Gravel (Limoilou), M. Lavigne (Beauharnois), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Beaumier (Nicolet), M. Martel (Richelieu), M.
Middlemiss (Pontiac), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Paré (Shefford),
M. Rochefort (Gouin), M. Sirros (Laurier).
Y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente, pour cette
séance, M. Leduc (Fabre) est remplacé par M. Beaumier
(Nicolet).
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci. Lorsque nous avons
suspendu nos travaux ce matin, le député de
Rivière-du-Loup avait demandé la parole.
M. Laurin: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Laurin: ...avant que mon collègue pose sa question,
nous avions laissé quatre ou cinq questions en suspens. Durant l'heure
du midi, nous nous sommes employés à trouver les réponses
et peut-être préféreriez-vous que nous répondions
aux questions du député de Brome-Missisquoi avant que nous
n'abordions autre chose.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Le député
de Rivière-du-Loup m'indique qu'il est d'accord; alors, je pense qu'on
peut procéder.
M. Laurin: Je donnerai donc la parole à M. Lamonde, mon
sous-ministre, et à Mme Vaillant, sous-ministre adjointe aux Affaires
sociales.
Mme Vaillant (Jeanne-d'Arc): Concernant la question sur les 93
000 $ qui viennent, de façon non récurrente, de
développements du ministère canadien de la Santé, cette
somme sera utilisée pour permettre à chacun des conseils
régionaux de coordonner les ressources et les interventions en planning
familial qui sont faites soit par les CLSC, soit, dans certains cas, par les
CSS et les centres hospitaliers. Donc, ces 93 000 $ sont vraiment
destinés à faire de la concertation et de la coordination. Ce
montant n'est pas réparti actuellement, nous l'avons dans nos
crédits et il doit être, avec les conseils régionaux,
distribué à l'ensemble des CRSSS. En planning, nous recevons
depuis quelques années des fonds qui nous viennent du gouvernement
fédéral et qui ont permis d'organiser un programme en planning
familial. J'ai le détail de tout cela, c'est actuellement
disponible.
M. Paradis: Une question, Mme la Présidente. Avez-vous le
détail des 93 000 $ ou si vous avez le détail des autres
éléments du fonds de suppléance?
Mme Vaillant: J'ai le détail des 93 000 $.
M. Paradis: Et vous me dites que le montant n'est pas encore
dépensé, qu'il sera alloué et qu'il est quelque part dans
les crédits qu'on s'apprête à étudier.
Mme Vaillant: II n'est pas réparti dans les régions
actuellement.
M. Paradis: Mais est-ce qu'on le
retrouve dans les crédits qu'on aura à étudier?
Mme Vaillant: Oui, il est en fiducie, actuellement.
M. Paradis: J'aimerais comprendre le mécanisme. On a un
fonds de suppléance du ministre des Finances, on a un CT qui approuve 93
000 $ pour le financement de la campagne de coordination et de concertation des
CRSSS (pour le planning familial). Est-ce qu'on peut à la fois retrouver
ce montant pour l'année 1983-1984 et dans les crédits du
ministère pour l'année 1984-1985?
M. Deschênes: Les 93 000 $ en question, M. le
député, c'est une somme qui n'a pas été
dépensée en 1983-1984; conséquemment, elle a
été mise en fiducie pour terminer la répartition entre les
régions. L'origine du fonds a été décrite,
l'orientation du fonds a aussi été décrite par Mme
Vaillant. Quant à sa situation actuelle, il est en fiducie, la
répartition n'étant pas terminée quant à la
discussion avec les conseils régionaux.
M. Paradis: Qui est le fiduciaire?
M. Deschênes: C'est la conférence ou un des conseils
régionaux.
Mme Vaillant: C'est un des conseils régionaux.
M. Deschênes: Un des conseils régionaux, en
l'occurrence. Lorsqu'il y a des difficultés de répartition, nous
mettons le montant en fiducie le temps de terminer les discussions; peu importe
quel conseil régional l'a en fiducie puisqu'il ne peut pas
dépenser avant la décision ce montant en particulier. Je ne peux
pas vous dire lequel, on pourrait...
M. Paradis: Pourquoi est-on allé le chercher?
M. Deschênes: Depuis environ dix ans, annuellement, il y a
une somme à peu près équivalente qui provient d'un fonds
fédéral en matière de planification des naissances, et, je
pense, Mme la Présidente pourrait s'en souvenir, à ma
connaissance, depuis 1978, chaque année, il y a un montant de cet ordre
de grandeur, qui vient d'une source extérieure en quelque sorte, mais
dont on surveille l'utilisation pour qu'elle soit bien intégrée
au réseau, soit au niveau d'un CLSC. Cette année, il a
été mis en fiducie avant de décider, avec les conseils
régionaux, de quelle façon on le répartirait et on
l'allouerait.
M. Paradis: Je comprends tout cela.
M. Deschênes: Mais la source est d'environ dix ans.
M. Paradis: Pourquoi, en 1983-1984, est-on allé dans le
fonds de suppléance chercher ce montant-là au niveau du ministre
des Finances? Pourquoi ne l'a-t-on pas dépensé? Cela doit
être urgent vu qu'on a décidé de faire de la coordination
et de la concertation. Autrement dit, on a l'argent et on ne bouge pas?
M. Lamonde: Je peux répondre du motif pour lequel on est
allé le chercher au fonds de suppléance. Il s'agit d'une
contribution fédérale qui n'est pas versée directement,
mais qui est versée au ministre des Finances. Étant donné
qu'il n'y avait de certitude à aucune des années que cet argent
vienne, il n'a jamais été mis comme tel dans les crédits
initiaux. Donc, on va le chercher au fonds de suppléance lorsqu'il a
été versé.
Quant au deuxième volet de la question...
M. Paradis: Est-ce que...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Excusez-moi, M. le
député de Brome-Missisquoi, mais je voudrais dire, pour le
journal des Débats, que c'est M. Lamonde, sous-ministre, qui vient de
répondre.
M. Paradis: Très bien, Mme la Présidente. Est-ce
qu'on prévoit dans les crédits de cette année une somme
identique?
Mme Vaillant: On va utiliser ce montant de 93 000 $ pour de la
concertation et de la coordination. C'est un élément qui fait
partie d'un programme qu'on est à implanter depuis au moins quatre ou
cinq ans en planning familial. C'est une somme de 93 000 $ pour l'ensemble des
conseils régionaux. On n'ajoutera pas d'autres sommes cette année
pour de la concertation ou de la coordination. Pourquoi cela a-t-il pris un peu
de temps? Justement parce qu'il y a eu des rencontres avec la conférence
des CRSSS pour mettre au point les modalités de répartition et le
mode d'organisation et échanger sur ces sujets.
M. Paradis: On a décidé de ne pas concocter dans ce
cas-là.
Mme Vaillant: Je n'ai...
M. Deschênes: Ce sont les difficultés de
répartition, M. le député.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Y a- t-il d'autres
réponses que le ministère désirerait donner?
M. Laurin: Pas là-dessus. Il faudrait
passer à la deuxième.
Mme Vaillant: L'autre question concernait les 800 000 $ pour les
organismes communautaires. Ces 800 000 $ font partie d'un budget de
développement de 1 700 000 $ qui, en 1983-1984, ont été
donnés pour les organismes bénévoles. Ils se
répartissent comme suit: 225 000 $ ont été donnés
en développement pour les organismes communautaires. Ils ont permis de
subventionner 43 nouveaux organismes. On a prévu 575 000 $ pour les
femmes en difficulté, ce qui a permis de subventionner une dizaine de
maisons de femmes en plus de celles qui étaient déjà
subventionnées. On a donné 900 000 $ en développement aux
ressources-jeunesse, maisons de jeunes, organismes de jeunesse, ce qui a permis
de subventionner 41 ressources.
Nous pouvons vous produire, pour chacun des organismes communautaires de
promotion et de service et pour les femmes en difficulté, la liste de
ceux qui ont été nouvellement subventionnés en 1983-1984.
Je peux vous produire cette liste pour les trois types: le communautaire, les
femmes et les ressources-jeunesse.
M. Paradis: Est-ce que vous pourriez en même temps nous
indiquer, lorsque vous produirez cette liste, à partir de quel
critère les sommes ont été allouées?
Mme Vaillant: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Y a- t-il d'autres
réponses qu'on désirerait apporter?
M. Laurin: Je pense qu'il y avait d'autres questions sur des
contrats.
M. Lamonde: D'abord, en regard de la loi C-3, il y a un
graphiste, les modalités de choix, de même que les services de
deux traducteurs. Le graphiste, c'est le premier disponible dans les
délais, c'est-à-dire qu'il fallait travailler la nuit et la fin
de semaine. Deuxièmement, en ce qui concerne les deux traducteurs,
c'était selon une liste fournie par le ministère des
Communications pour des pigistes. Voilà en ce qui concerne le graphiste
et les deux traducteurs pour la loi C-3. En ce qui concerne le fonds de
suppléance, il y avait le CT du 7 février 1984; c'est un fonds de
suppléance de 2 251 200 $ pour donner suite au budget
supplémentaire. Les explications sont les suivantes: dans un contexte de
réallocation des ressources, de façon à permettre
d'ajouter au développement des CLSC en 1983 et 1984, on a fait une
réallocation de ressources de 2 000 000 $ à l'intérieur de
nos différents programmes budgétaires. La technique, qui est
connue, est la suivante, c'est-à-dire qu'on fait des gels de
crédits dans certains programmes qui sont, par ailleurs,
compensés par des appels au fonds de suppléance
équivalents. Il y en a eu pour 2 000 000 $.
L'autre partie, 251 200 $, c'étaient des sommes
nécessaires pour compléter le financement des coûts de
sécurité d'emploi qu'on a encourus en 1983-1984. En ce qui
concerne le CT du 22 mars 1984, un fonds de suppléance de 13 000 000 $,
il s'agit d'une technicité comptable, c'est-à-dire qu'au niveau
du programme 3 du ministère des Affaires sociales, celui de la
santé, il y a ce qu'on appelle le fonds des services de santé. Il
était prévu à 711 500 000 $. Nous n'intervenons d'aucune
façon là-dedans. Le ministre des Finances a estimé que la
rentrée de fonds à ce titre était inférieure
à 711 500 000 $, qu'elle était de 698 500 000 $.
Conséquemment, pour se comprendre, c'est comme si, au ministère
des Affaires sociales, on devenait en défaut d'avoir un revenu de 13 000
000 $ pour financer nos dépenses.
Techniquement, pour combler cela, il faut faire appel au fonds de
suppléance d'un équivalent de 13 000 000 $ chez nous, sauf
qu'étant donné qu'on a déjà effectué une
dépense, qu'on avait déjà des crédits pour cette
dépense, les 13 000 000 $ deviennent automatiquement
périmés. C'est simplement un truc comptable pour plaire au
contrôleur des finances. L'autre partie était de savoir s'il y
avait pour 1984-1985 des crédits au fonds de suppléance du
ministre des Finances pour le ministère des Affaires sociales.
L'information qu'on a c'est que, pour la sécurité d'emploi, il y
aurait une provision d'environ 10 000 000 $ pour le ministère des
Affaires sociales. En ce qui concerne les arrérages du réseau des
Affaires sociales, il y aurait deux montants au fonds de suppléance, un
premier de 10 000 000 $ et un second d'environ 28 000 000 $. J'explique les
deux montants.
On va procéder dans un avenir prochain, c'est une question de
mois, au refinancement des déficits des années 1980-1981,
1981-1982 et, en attendant ce refinancement, c'est supporté à la
banque à court terme. Il y a des intérêts là-dessus
et les 10 000 000 $ servent à couvrir ces intérêts. Les 28
000 000 $ serviront à payer la tranche 1984-1985 des refinancements qui
se feront pour les déficits des exercices 1980-1981 et 1981-1982. Il y a
un cas pour lequel je n'ai malheureusement pas encore eu la réponse
complète. C'est le cas de Dominique Fournier. Ce que j'ai eu comme
information jusqu'ici, c'est que c'était un conseiller ou une
conseillère en formation mais je n'ai toujours pas eu le curriculum
vitae. Dès que je l'aurai, on pourra compléter la réponse.
(15 h 45)
M. Paradis: Mme la Présidente, à la suite de ces
réponses, quelques questions additionnelles. Quant au premier contrat
à Caron et Paré, graphistes, dans le cadre du projet de loi C-3,
on nous indique qu'il s'agissait d'une situation d'urgence et qu'ils
étaient les premiers disponibles dans le délai. La question est
bien simple, est-ce qu'on a fait des vérifications pour savoir s'il y en
avait d'autres qui étaient disponibles dans les mêmes situations
ou bien si on est allé en voir un et qu'on a dit: il est correct,
viens-t'en?
M. Deschênes: M. le député, on n'a pas dit
que c'était le premier qui était disponible. Les critères
de sélection voulaient d'abord qu'il soit disponible dans la nuit du
dimanche au lundi pour faire la traduction. Je ne pense pas que ce soit le
premier. Pour cela, il faudrait savoir qui a fait le téléphone;
est-ce que c'était le troisième rejoint qui était
disponible ou bien le premier? Je l'ignore et je ne pense pas que M. Lamonde,
qui est aux budgets, sache cela. Ce serait au niveau des communications, dans
la nuit du dimanche au lundi. Le critère n'était pas le premier -
il n'y a pas de premier - c'était d'être disponible; ceci s'est
fait avec le ministère des Communications qui a une liste - comme
Rosalie, que vous connaissez, dans d'autres domaines - de traducteurs; il y a
une séquence... Il faudrait qu'on s'informe au ministère des
Communications pour savoir comment la réponse a été
donnée ce jour-là pour que le choix fait soit
celui-là.
M. Paradis: Le but de ma question -vous allez peut-être
pouvoir m'apporter une réponse plus précise si vous le connaissez
-est de s'assurer que, dans ces contrats dits d'urgence, une chance
égale soit donnée à tous les gens qui sont disponibles
pour faire le travail et ce, au même prix ou à meilleur
coût. C'est ce que je tente de vérifier; je ne tente pas de
vérifier autre chose. Est-ce que, dans les cas d'urgence, c'est Caron et
Paré qu'on appelle? Est-ce qu'on a des instructions à ce
sujet-là? Est-ce que, sur la liste, on met une étoile à
côté de Caron et Paré et qu'on dit: vous appelez Caron et
Paré ou s'il y a une chance égale donnée à tous les
coureurs?
Même chose en ce qui concerne les listes fournies par le
ministère des Communications en ce qui concerne Mark Mc Kenzie et Alison
McGain. Tout ce qu'on veut vérifier, c'est cela; vous nous dites qu'il y
a une liste et que vous y allez par alternance, on les emploie les uns
après les autres. On fonctionne comme le ministère des Travaux
publics et de l'Approvisionnement fonctionnait avec Rosalie, cela va. Si ce
n'est pas cela, on aura d'autres questions.
M. Lamonde: On va demander précisément de quelle
façon cela fonctionne au ministère des Communications. Nous avons
exprimé notre besoin au ministère des Communications; nous avons
obtenu cette réponse. Nous reviendrons avec plus de précision
quant aux mécanismes du ministère des Communications pour dresser
de telles listes.
M. Paradis: Votre utilisation de la liste, si vous comprenez
bien...
M. Lamonde: Notre utilisation de la liste et, si possible,
l'heure et le nom de la personne qui a fait le téléphone.
M. Paradis: Une question additionnelle sur les 11 000 000 $ du
plan d'action de fin d'année. Je vais vous avouer bien franchement que
votre réponse était peut-être complète, mais je n'ai
pas compris. J'ai surtout retenu qu'on m'a dit qu'il s'agissait d'un truc
comptable. Quand on me dit qu'il s'agit d'un truc comptable et que je vois 13
000 000 $ de l'État dans un truc comptable, cela éveille ma
curiosité. Est-ce que vous auriez l'obligeance de le détailler
pour qu'on - j'imagine que je n'ai peut-être pas été le
seul à ne pas comprendre le truc comptable - comprenne bien qu'il ne
s'agit pas d'une truc pour cacher des déficits mais qu'il s'agit d'une
utilisation ou d'une procédure comptable qui permet au ministre des
Finances de boucler ses livres sans ajouter ou soustraire aux
bénéficiaires du réseau?
M. Lamonde: Pour aider à la clarté de la
réponse, si vous prenez le livre des crédits 1984-1985 à
la page 5-4, en bas de la page, on trouve en caractères gras Transfert,
10 et on y voit trois postes: transfert, permanents, fonds des services de
santé. Quand on regarde à droite, pour la colonne 1983-1984, on
trouve, à transfert, 2 380 891 400 $, à la catégorie des
permanents, 196 152 300 $ et à celle du fonds des services de
santé, 711 500 000 $. Ce qu'on voit est un mode de financement des
crédits que le ministère des Affaires sociales va dépenser
au titre de ce programme-là en 1983-1984. Les prévisions
voulaient que le fameux fonds des services de santé produise une tranche
imputée au ministère des Affaires sociales, au programme 3, parce
qu'il y en a une autre partie imputée aux crédits de la RAMQ - la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, pour éviter les
sigles, je m'excuse. Donc, la prévision qui était faite en
1983-1984 au ministère des Affaires sociales était de 711 500 000
$ comme source de financement de l'ensemble des dépenses qu'on
effectuerait à ce programme.
Vous savez que le...
M. Paradis: Si je peux écourter le débat, je viens
de comprendre que l'argent n'est pas entré au niveau où on
s'attendait et qu'on a complété avec le fonds de
suppléance.
M. Lamonde: C'est cela.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors...
M. Paradis: Mme la Présidente, j'ai d'autres
questions.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord.
M. Paradis: Pour les 2 251 200 $ qu'on retrouve là,
où on dit: "Pour donner suite aux dispositions convenues lors de la
préparation du budget supplémentaire 1983-1984", les 251 200 $,
cela va? Les 2 000 000 $, l'explication qu'on en a eu c'était de
permettre d'ajouter au développement des CLSC. Il s'agit d'une somme de
2 000 000 $. Est-ce qu'on peut avoir la liste des CLSC à qui cet argent
a été octroyé et à quelles fins?
Mme Vaillant: Oui, vous pouvez avoir la liste et le montant. Il
s'agit de 15 CLSC qui ont été implantés au cours de
l'année 1983-1984 et je peux vous donner le nom et le budget. Je peux
vous donner cela verbalement et je peux vous donner les autres par la suite. Le
CLSC de La Baie a eu 140 000 $ pour son implantation; Lorette/Val-Bélair
dans la région de Québec, 220 000 $; Saint-Anselme, 260 000 $;
dans l'Estrie: Fleurimont et Lennoxville, 290 000 $; Lac-Mégantic, 240
000 $; dans la région de Montréal: Lafontaine, 520 000 $, Ville
Émard, 260 000 $; dans la région Laurentides-Lanaudière:
Montcalm, 230 000 $; dans la région de la Montérégie, au
sud de Montréal: Beloeil, 290 000 $, Sorel, 150 000 $, Saint-Hyacinthe,
140 000 $, Saint-Jean, 150 000 $; dans la région du Nord-Ouest
québécois: La Sarre, 182 142 $; Rouyn, 224 142 $; sur la
Côte-Nord: Baie-Comeau, 160 000 $. Donc, ce sont les budgets et il y a un
montant qui venait de la Santé. Cela fait un total de 3 456 284 $, dont
une partie englobe le montant de 2 000 000 $ qui vient d'être
identifié et le solde de 1 000 000 $ est venu des programmes
sociaux.
M. Paradis: Mme la Présidente, pour qu'on se comprenne
bien, j'ai retenu dans la liste un nom au hasard: Lac-Mégantic, 240 000
$. Étant assis à côté de la députée de
Mégantic-Compton, je lui ai demandé: Est-ce que cela fonctionne?
Qu'est-ce qui se passe là? Elle me dit que rien ne fonctionne. Si on
comprend bien, 240 000 $ - on ne peut pas faire fonctionner un CLSC avec cela -
c'est pour le comité provisoire?
Mme Vaillant: C'est le montant qu'on donne pour l'implantation du
CLSC. Maintenant, il y a tout un processus pour l'implantation: il faut
l'émission des lettres patentes et le CLSC est formé à
partir de ressources qui viennent à la fois des CHDC, des
ressources-santé et de ressources d'auxiliaires familiales qui viennent
des CSS. Donc, on a, si on prend le cas de Mégantic, identifié un
budget de 417 000 $ qui doit être transféré. Il y a eu un
travail fait par le conseil régional de Sherbrooke et il y a toute une
équipe, d'une dizaine de postes qui vont permettre de donner des
services de base. Ce qu'on ajoute en donnant le montant de 240 000 $, ce sont
les ressources qui manquent dans certains secteurs. On les ajoute et le
cheminement, à partir du moment où un CLSC est annoncé, la
deuxième étape, c'est l'émission des lettres patentes. Si
je regarde où on en est rendu pour le comté de
Mégantic-Compton, les requêtes ont été transmises,
mais les lettres patentes ne sont pas encore émises. Dans le cas de
Mégantic, pour le CLSC Marie-Thibault, de Mégantic, les
requêtes ont été transmises en février, donc les
lettres patentes devraient sortir dans les semaines qui viennent. C'est pour
cela qu'il n'y a rien de fait. Dès que les lettres patentes sont
émises, alors on procède. Le CLSC existe alors juridiquement et
on procède au choix du DG, du conseil d'administration et cela suit le
processus d'implantation.
M. Paradis: Cela va, je comprends tout cela: les demandes des
lettres patentes, les institutions financières procèdent. Il y a
un CLSC qui est créé comme tel, mais les 240 000 $ - j'isole
celui-là, j'aurais pu en isoler un autre, à titre d'exemple -
servent à payer quoi? Celui qui rédige les lettres patentes ou
des services à la population?
Mme Vaillant: C'est un budget de démarrage. Cela sert, par
exemple, à embaucher un directeur général ou une
directrice générale; cela permet aussi d'embaucher du personnel
administratif, de secrétariat. Dans les équipes, s'il n'y a pas
de travailleurs sociaux, s'il n'y a pas suffisamment d'infirmières ou
s'il manque un poste de nutritionniste, cela permet d'en embaucher. Si vous
prenez les quinze CLSC qu'on a implantés, les montants ne sont pas
uniformes, ils varient. Ce qu'on fait, c'est qu'on a un profil de CLSC, en
termes des services de base requis. On regarde, avec les ressources à
transférer, le plan de réallocation qui vient du conseil
régional; si, dans ce CLSC, il manque un poste d'infirmière, un
poste de nutritionniste ou un poste en organisation communautaire, on
inclut ces postes dans le budget d'implantation.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le - j'allais dire M.
le Président - député de Brome-Missiquoi, à la
suite des questions, on est rendu à étudier certains
éléments des programmes qui vont suivre. On avait permis les
réponses. Je ne veux pas vous enlever votre droit de parole, vous aurez
l'occasion d'y revenir, mais on a quand même passablement de programmes
à adopter, ou du moins à discuter cet après-midi. Le
député de Rivière-du-Loup avait déjà
demandé la parole ce matin. Je vous prierais d'être un peu rapide
pour terminer ce contre-interrogatoire par rapport aux questions que vous avez
posées ce matin.
M. Paradis Mme la Présidente, une dernière question
rapidement. Dans le cas de Lac-Mégantic, on a 240 000 $, pourriez-vous,
pour le bénéfice de la commission, nous ventiler ces 240 000 $?
À quoi ce montant sert-il? Je sais que cela semble un petit montant dans
un gros budget, mais ces 240 000 $ se répètent par un montant de
140 000 $ à La Baie, de 290 000 $ à Lennoxville, etc. Dans ce cas
précis, voulez-vous nous dire que vous avez pris 240 000 $ dans le fonds
de suppléance et préciser ce que vous avez fait avec pour le
bénéfice de la population de Lac-Mégantic?
Mme Vaillant: Actuellement, c'est une enveloppe globale qui sera
donnée au CLSC en implantation.
M. Paradis: ...c'est ce que je veux savoir...
Mme Vaillant: De façon précise, combien de postes
seront remplis? Je ne peux pas vous le dire présentement. Pour
évaluer les besoins de façon globale, nous avons regardé
les ressources à transférer. On a dit que, globalement, pour
implanter ce CLSC, on a besoin d'une enveloppe d'environ 240 000 $ et que la
ventilation en détail sera faite par le comité de promotion avec
le conseil régional.
M. Paradis: Pour qu'on se comprenne bien, vous avez donné
240 000 $ aux gens de cette région et vous ne savez pas combien de
postes ils vont créer, à quoi cela sert, et vous avez
approuvé des montants différents de CLSC en CLSC. Je n'arrive pas
à comprendre, comme parlementaire, votre méthode ou votre base de
calcul. C'est pour cela que j'aimerais savoir ce qui arrive avec ces 240 000 $.
Mme la députée de Mégantic-Compton me dit qu'il n'y a pas
de CLSC et il y a 240 000 $ de dépensés.
Mme Vaillant: Les 240 000 $ ne sont pas dépensés
actuellement.
M. Paradis Ah' D'accord: (16 heures)
Mme Vaillant: Ce sont actuellement en gros les sommes
versées aux CLSC. En gros, si c'était un cas type, on suppose,
pour les services administratifs, qu'il faut au moins un poste de directeur
général ou de directrice générale qui coûte,
grosso modo, par exemple, 50 000 $. Il faut aussi grosso modo un poste de
secrétariat. Donc, on peut mettre, pour les frais de secrétariat
et de direction générale, à peu près 80 000 $. Si
on prend le secteur social, il faut un minimum de postes, un travailleur
social, et en organisation communautaire, il faut au moins un poste de
travailleur communautaire. Si vous mettez 35 000 $ à 40 000 $ par poste,
vous êtes rendus à 80 000 $. Il faut, parce qu'il y a une douzaine
de postes d'infirmières qui vont être transférés, un
coordonnateur ou une coordonnatrice des soins de santé et vous mettez
encore là 40 000 $ ou 45 000 $. Pour ce secteur, il faut aussi du
secrétariat. Vous êtes rendus à environ 75 000 $ ou 80 000
$ et vous arrivez à vos 240 000 $.
M. Paradis Merci.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Mme la Présidente, je vais essayer
d'être moins long que le député de
Mégantic-Compton.
M. Paradis II n'y a rien là!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi!
M. Boucher: Ma question a trait à la compression de 17 000
000 $ dont on a parlé ce matin, où on a dit qu'il y avait lieu de
réduire les postes de cadres. Ma question serait pour savoir si le
ministère entend poursuivre ou même accélérer sa
politique de fusion administrative de petits établissements, de
façon à épargner au niveau du personnel administratif et
à aider les petits établissements à combler leur
déficit budgétaire sans être obligés d'aller couper
des postes de soutien pour les services à la clientèle. Si on
prend, par exemple, un petit foyer de 40 lits qui est situé à
quelques milles d'un foyer de 70 à 80 lits, il y aurait
possibilité de fusionner l'administration de ces deux foyers de
façon à épargner au niveau des cadres administratifs, ce
qui permettrait, à ces foyers-là - surtout au petit foyer qui a
la plupart du temps des déficits budgétaires -de les combler sans
avoir à réduire le personnel de soutien et les services à
la
clientèle du foyer.
M. Laurin: Mme la Présidente, c'est un modèle
d'augmentation de la productivité que nous avons suivi à
plusieurs exemplaires, au cours des années dernières et avec
grand succès. Par exemple, j'avais l'occasion de me rendre
récemment dans la région de Laval et j'ai constaté que le
même conseil d'administration gérait trois centres d'accueil, ce
qui a permis d'éliminer deux postes de directeur général,
un poste de directeur financier et ainsi de suite, sans, encore une fois, que
la qualité des services en souffre.
Dans cette compression de 9 000 000 $ dont nous avons parlé ce
matin, il y a, bien sûr, plusieurs hypothèses de ce genre que nous
avons envisagés et qui se réaliseront, j'en suis sûr,
effectivement au cours de l'année qui vient. Le détail n'en est
pas encore fixé, ce que nous avons fixé, c'est le montant global,
mais ce montant, nous le discuterons maintenant avec les CRSSS, région
par région, et il reviendra aux CRSSS de nous suggérer les
endroits et les modalités, selon lesquels ces compressions pourraient
être réalisés, il pourrait justement s'avérer qu'une
des méthodes privilégiées soit précisément
la gestion de deux ou trois centres par un même conseil d'administration,
ce qui augmenterait la productivité, ce qui permettrait aussi à
cette région d'atteindre l'objectif qui lui a été
fixé.
M. Lamonde: Mme la Présidente, j'ajouterais une approche
qui est très répandue dans l'ensemble des régions. Lorsque
particulièrement un directeur général quitte son poste et
que le poste devient vacant, comme il y a des comités de
sélection où il y a un représentant du conseil
régional, de façon vraiment très systématique, le
conseil régional discute avec l'établissement concerné
pour voir s'il n'y a pas là un moyen de passer un contrat de gestion
avec un autre établissement et voir ainsi si c'est aussi efficace. De
façon très générale, les conseils régionaux
surveillent les postes vacants de cadres de façon universelle dans le
cas des directeurs généraux pour voir s'il n'y a pas là
une occasion de jumelage, de gestion intégrée, etc.
Parfois, il y a des nombreuses formules. Par exemple, on a un cas comme
à Amqui, où trois conseils d'administration existent, chacun
voulant conserver son entité corporative et voir aux objectifs que
suppose la corporation d'un centre hospitalier ou d'un CLSC. Les trois conseils
d'administration d'Amqui subsistent avec un directeur général
pour gérer l'ensemble d'un complexe mais où il y a trois
conseils. Les formules sont très nombreuses. Ce sont autant de formules
inventées, réalisées depuis quelques années et
auxquelles le réseau, de façon générale, a
recours.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci. Une petite
question du député de Brome-Missisquoi dans les questions d'ordre
général. À moins qu'il y ait quelqu'un du
côté ministériel qui désire poser une question, cela
devrait être la dernière.
M. Paradis: Ma question concerne, M. le ministre, les tentatives
d'agencement qu'on a cru déceler sur le terrain de la part du
ministère des Affaires sociales et de ses différents
établissements, avec la planification établie par le
ministère des Affaires municipales au niveau des MRC. Est-ce une
politique bien arrêtée chez vous que tout votre réseau va
être établi ou modifié en fonction des municipalités
régionales de comté?
M. Laurin: Je demanderais à M. Deschênes de
répondre.
M. Deschênes: II y a d'abord un travail sur ce plan quant
au découpage territorial. Effectivement, nous avons pris garde que les
districts de CLSC et les conseils régionaux soient au maximum
alignés sur les territoires établis pour les MRC de sorte qu'il y
ait facilité de coordination, de rapports ensuite entre l'instance
municipale des MRC et l'instance santé et services sociaux qu'est le
conseil régional.
Disons que nous avons harmonisé au maximum, mais il y a encore
des discussions dans quelques coins, notamment dans l'Estrie, je crois, et dans
le cas de la Montérégie, où il y a quelques
désaccords qui subsistent. Mais nous tentons d'aligner tout cela au
maximum. C'est un but pour nous que les lignes de territorialité du
secteur des affaires municipales coïncident avec celles des affaires
sociales pour faciliter les rapports.
Outre cette question, qui est parfois un peu politique dans tel ou tel
territoire, mais aussi technique, il existe déjà actuellement des
rapports entre les conseils régionaux existants et les MRC quant aux
schémas d'aménagement. Nous-mêmes avons des rapports
réguliers avec des conseils régionaux sur cette question, de
sorte que les avis que le ministère a quant à ses futurs projets
sont communiqués non seulement aux MRC, mais le conseil régional
en est saisi et, inversement, le conseil régional, qui transmet de la
documentation aux MRC, en vue d'une planification et d'un aménagement
éventuels, avise aussi le ministère de son opinion sur
l'aménagement de certains secteurs. C'est une collaboration constante
entre les MRC et les conseils régionaux. Le ministère travaille
aussi sur cette question avec les conseils
régionaux.
M. Paradis: Est-ce qu'il est question à court, moyen ou
long terme, pour le ministère de confier certaines des
responsabilités qu'il détient présentement aux
municipalités régionales de comté?
M. Deschênes: C'est une question qui s'adresserait au
législateur et à l'intention législative, M. le
député.
M. Paradis: Est-ce que vous avez des travaux...
M. Deschênes: Quant à l'exécutif, nous avons
pu avoir toutes sortes d'hypothèses. Il y a des gens qui en ont. Mais
nous n'avons pas de travail sérieux qui vise une telle intention. Il y a
des gens qui ont évoqué cela dans le réseau à
l'occasion. C'est une chose qui n'existe pas aux Affaires sociales comme projet
définitif.
M. Paradis: J'ai noté que vous avez dit qu'il n'y avait
pas de travail sérieux fait dans ce sens-là. Est-ce qu'il y a
d'autres travaux qui sont faits dans ce sens-là?
M. Deschênes: Non. Nous ne faisons que des travaux
sérieux, M. le député.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Merci, Mme la Présidente. Sur le même
sujet dont a parlé le député de Brome-Missisquoi, quant au
découpage des CLSC par rapport au territoire des MRC, M. le
sous-ministre nous dit qu'il y a une collaboration avec les CRSSS, mais comment
se fait-il que, dans certains cas, à partir du moment où il y a
justement une entente entre tous les intervenants d'un milieu, d'une
région, avec le CRSSS, on n'arrive pas à modifier les limites
d'un CLSC? Ils sont encore en implantation; ils ne sont même pas
implantés, au fond. Autrement dit, en suivant la limite des MRC, je ne
sais pas si vous me suivez, chez nous, par exemple, il y a un CLSC qui est
à cheval sur trois MRC, c'est-à-dire que ce CLSC va devoir faire
affaire avec trois MRC différentes. II me semble que, si tous les
intervenants régionaux s'entendent, dont le CRSSS, au ministère,
on ne devrait pas se limiter essentiellement ou tout le temps au
découpage des MRC. Si vous voulez que je sois plus spécifique, il
s'agit du CLSC de Senneterre ou Vallée-de-l'Or, donc Cadillac et
Grand-Lac-Victoria.
M. Deschênes: J'ai bien dit que l'on travaillait à
définir ces questions. Il se peut qu'il y ait des désaccords qui
subsistent; vous en mentionnez un et je ne le nie pas. Je ne sais pas si Mme
Vaillant est à même de parler des dernières discussions
qu'il a pu y avoir sur cette question. Les choses sont en cours sans doute dans
ce domaine. Je ne sais pas si, dans le dossier du CLSC-Senneterre, on peut
donner une réponse immédiate sur l'état des discussions
concernant la territorialité.
Mme Vaillant: C'est toute la question de la territorialité
et de l'implantation des 166 CLSC. Dans certains cas, il y a les ajustements
territoriaux auxquels on travaille avec chacun des conseils régionaux,
il va y avoir des regroupements de CLSC dans certaines régions. Dans
d'autres, comme dans le cas du Nord-Ouest québécois, j'ai
déjà eu des rencontres avec le conseil régional du
Nord-Ouest pour pouvoir, lors de l'implantation de deux nouveaux CLSC, La Sarre
et Rouyn, regarder avec eux - on est en phase d'implantation - les ajustements
territoriaux. Il y a évidemment le dossier de Senneterre et de la
Vallée-de-l'Or où il y a eu des discussions avec le conseil
régional.
Maintenant, il reste, dans le Nord-Ouest québécois, un
autre CLSC à implanter, ce qui va nous permettre, dans le cas du
réseau de première ligne ou des CLSC du Nord-Ouest
québécois et les centres de santé, d'ajuster leur
territoire. Je sais qu'il y a des difficultés, pour avoir
rencontré les gens des comités promoteurs, pour avoir
rencontré également le président et la présidente
du CLSC avec le directeur général. Ce sont des discussions en
cours, nous savons qu'il y a des difficultés à ce niveau; tout
n'est pas réglé actuellement, il reste, dans le cas des CLSC du
Nord-Ouest, un CLSC à implanter au moment où je vous parle et il
y a des ajustements de territoire à faire.
M. Bordeleau: Donc, il n'est pas exact de dire qu'il faut
toujours se référer à la limite de la MRC, il y a d'autres
possibilités. Au moment où on a implanté ou agrandi le
territoire du CLSC de Senneterre, de la Vallée-de-1'Or, ce qu'on nous a
répondu, au ministère, c'est qu'il y avait une politique
générale qui voulait que ce soit la MRC, point. Là, on est
poigné pour faire des ententes avec d'éventuels CLSC et cela
complique un peu les choses qu'on ne puisse faire passer la limite d'un CLSC
à côté de la limite d'une MRC.
Mme Vaillant: Effectivement, il y a une règle
générale à l'effet de faire correspondre le territoire du
CLSC à la MRC, c'est le principe général. Faire le
découpage territorial des 166 CLSC à travers le Québec a
demandé beaucoup de consultations - à peu près deux ans -
avant d'en arriver à un résultat. Il reste des arbitrages
à faire, il reste des ajustements territoriaux et on regarde cela avec
chacun des conseils
régionaux afin de trouver la meilleure solution.
M. Bordeleau: Merci.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense que nous pouvons
maintenant aborder l'étude des crédits programme par programme.
Il y a eu une discussion avec les représentants du ministère afin
de partager le temps en deux, c'est-à-dire que nous étudierons
deux secteurs. Aujourd'hui, nous aborderons celui qui touche les services
sociaux. J'en ai discuté avec mon collègue de Brome-Missisquoi
qui est également d'accord. Cet après-midi, durant le peu de
temps qu'il nous reste, nous examinerons les programmes 1, 2, 4, 5 et 6. Est-ce
que vous êtes d'accord, M. le ministre? Bon! (16 h 15)
Nous abordons donc le programme 1: Services des centres locaux de
services communautaires. Est-ce qu'on préfère discuter des trois
éléments à la fois ou prendre les éléments
séparément?
Comme il y a souvent du chevauchement de 1 à 2, on peut
peut-être prendre le programme 1 au lieu de s'arrêter à
chacun des éléments. Est-ce que vous avez une
préférence?
Services des centres locaux de services
communautaires
M. Paradis: Étant donné la camisole de temps dans
laquelle nous sommes forcés de fonctionner, Mme la Présidente, on
serait d'accord à procéder par numéro
d'élément. On prend les services des centres locaux de services
communautaires et on le vide le plus rapidement possible.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Globalement, et on les
adoptera ensuite élément par élément. D'accord.
M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques?
M. Laurin: Non, je n'ai pas de remarque, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Quelqu'un a-t-il des
questions?
M. Laurin: Sauf peut-être pour dire qu'il y a actuellement
124 CLSC implantés; même si un certain nombre n'ont pas encore
leurs lettres patentes, au moins des crédits sont votés et seront
mis à leur disposition dès que lesdites lettres patentes seront
acceptées. Notre objectif est d'atteindre 166 CLSC le plus rapidement
possible. Il en manquerait donc encore 42.
Il y a des demandes qui nous viennent évidemment de plusieurs
régions. Il y a des comités promoteurs à l'oeuvre dans les
régions du Québec qui n'ont pas encore de CLSC. La demande est de
plus en plus pressante et vive pour que nous complétions, que nous
parachevions le réseau. Je pense qu'il serait possible d'en implanter
une quinzaine d'autres cette année, c'est-à-dire au cours de
l'exercice 1984-1985, ce qui en porterait le total à 149 et il en
manquerait encore 17.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pourriez-vous nous dire
dans quelle mesure ceux qui sont prévus sur l'île de
Montréal sont complétés?
M. Laurin: Mme Vaillant.
Mme Vaillant: Sur l'île de Montréal, il y a
actuellement 21 CLSC et il nous en reste 18 à implanter dans la
région de Montréal, pour un total de 39.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): L'implantation de combien
de CLSC est complétée? Parce que, si vous avez des
embryons...
Mme Vaillant: 19...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): 19.
Mme Vaillant: ...parce qu'il y en a deux qu'on a implantés
cette année, Villeray-Nord et Lafontaine. On en a mis deux en 1983-1984.
Les 19 autres fonctionnent depuis un certain nombre d'années. Je pense
à Rivière-des-Prairies, aux CLSC Métro, Parc Extension,
etc.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Dans ce cas-là,
qu'en est-il des CLSC de Saint-Laurent et d'Ahuntsic? Ils sont à peine
commencés et on ne peut pas parler d'une implantation complète
à ce moment-là?
Mme Vaillant: Ce qui se passe dans la région de
Montréal, c'est que le Conseil régional de Montréal a une
planification. Il prévoit la mise sur pied d'équipes
multidisciplinaires dans les districts de CLSC. Donc, il est en train de
regrouper les ressources de santé qui viennent des CHCD, les
infirmières, le programme des services à domicile. Il y a
déjà dans plusieurs des 18 CLSC - territoires non dotés -
des équipes multidisciplinaires qui sont regroupées et qui
fonctionnent. Il y en a, à ma connaissance, au moins une dizaine en voie
de s'organiser. C'est la première étape, ce qui nous permettra,
avec un budget d'implantation -c'est ce qu'on a fait à Villeray, par
exemple - de les mettre sur pied.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vais poser une
question. Comme personne n'en avait pris l'initiative et que le temps
court, j'ai pensé poser une question. L'an dernier, j'avais
soulevé le problème des locaux pour les CLSC. Dans quelle mesure?
Ceci s'applique autant à Montréal qu'à l'extérieur
de Montréal. On sait que, dans le passé, sous l'effet de
pressions politiques, il y a des CLSC qui ont été construits, qui
auraient pu être localisés dans d'autres endroits que dans des
édifices nouveaux. Je voudrais savoir quelle est présentement la
politique du ministère eu égard à l'hébergement, si
on peut dire, ou de ces nouveaux CLSC.
Mme Vaillant: Notre politique, actuellement, c'est qu'on ne
construit pas pour les nouveaux CLSC, au moins pour les trois ou quatre
premières années, le temps qu'ils puissent s'organiser et le
temps qu'ils puissent compléter les équipes; donc, il n'y a pas
de construction prévue pour de nouveaux CLSC. C'est une des politiques
que nous avons actuellement. La deuxième, c'est qu'à partir du
moment où il y a une décision, où il y a
nécessité de construire ou d'aménager pour les CLSC qui
ont maintenant quatre ans et plus de fonctionnement, on va privilégier
des écoles. On a plusieurs rénovations d'écoles,
l'utilisation d'édifices publics qui sont désaffectés,
c'est notre deuxième élément. J'ai la liste des
immobilisations, on a plusieurs CLSC qui vont aménager dans des
écoles. Ce sont nos grandes orientations de base.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): J'y reviendrai. M. le
député.
M. Laurin: En attendant qu'une prochaine question soit
posée, brièvement, les critères, les principes directeurs
qui ont guidé l'implantation des quinze CLSC annoncés au cours de
l'année 1983-1984, sont les suivants: d'abord, compléter les
régions où il ne reste que peu de CLSC à implanter; par
exemple les régions 6C, 8, 9; deuxièmement, considérer les
régions les plus défavorisées, par exemple, les
régions 8 et 9; troisièmement, considérer les
priorités régionales soumises par les conseils régionaux
de la santé et des services sociaux; quatrièmement,
considérer les ressources humaines, matérielles et
financières déjà disponibles et transférables dans
les futurs centres locaux de services communautaires; enfin,
cinquièmement, collaborer avec les conseils régionaux de la
santé et des services sociaux au plan local avec les comités
promoteurs pour l'implantation des centres locaux de services communautaires.
Ce sont les cinq principes de base qui guident les décisions du
ministère.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Shefford.
M. Paré: On parle de 35 CLSC qui devraient être
établis sur le territoire de Montréal. Est-ce que la même
politique peut s'appliquer à Montréal que celle qui s'applique en
région, c'est-à-dire un CLSC par territoire avec des points de
services? À Montréal, on le sait, c'est un CLSC sans point de
services, mais chacun complet avec son conseil d'administration.
M. Laurin: C'est la politique générale qui a
été suivie jusqu'ici. Je pense qu'aux 124 CLSC qui existent, il
faut ajouter 105 points de services qui existent actuellement. Je ne sais pas
si le chiffre est exact, mais c'est à peu près cela. Donc, il est
sûr que cette politique est plus justifiée en région
rurale, en raison des distances à couvrir, mais il est certaines zones
urbaines où quand même les distances peuvent se
révéler assez grandes. À ce moment, il n'est pas du tout
interdit de penser également que la même politique puisse
s'appliquer.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mme la Présidente, on a déjà eu
l'occasion de soulever, non pas en commission de crédits, mais en cette
Chambre, la question du dossier des CLSC par rapport aux CSS. À ce
moment, on avait demandé une commission parlementaire ou, à tout
le moins, s'il existait un bilan au ministère des Affaires sociales sur
le fonctionnement des CLSC actuels, bilan qui permettait de prendre une
décision comme de se lancer dans la construction, la location ou
l'établissement d'autres CLSC. Est-ce qu'un tel bilan a
été effectué et, si oui, est-ce que les membres de cette
Chambre pourraient en prendre connaissance?
M. Laurin: Je pense qu'il y a un bilan en cours de route qui se
fait. Évidemment, les CLSC n'ont pas tous le même âge et, au
fur et à mesure qu'ils mûrissent, ils peuvent se
développer, avoir des développements "inattendus", entre
guillemets, au sens que c'est la clientèle qui nous dicte nos besoins.
Un bilan actualisé est fait chaque année; je ne sais pas si cela
répond vraiment à votre question. Quand vous parlez de bilan,
pensez-vous à certaines fonctions ou à des développements
quantitatifs? De quel bilan au juste voulez-vous parler?
M. Paradis: Au Québec, avant de penser à
l'établissement de CLSC ou même au réaménagement de
CSS, on a procédé à une commission, à
l'époque la commission Castonguay-Nepveu. On a dressé un bilan de
l'état du dossier avant de décider d'une orientation, quelle
qu'elle soit. Est-ce que, dans le cas qui nous occupe, le ministère,
avant de décider - il semble bien que le
ministère ait décidé une telle orientation - a
procédé à un bilan, à une évaluation des
services offerts par les CSS, par les CLSC au niveau de la productivité,
pour utiliser des termes qui ont été répétés
à maintes reprises, au niveau des services aux
bénéficiaires, de la qualité des services offerts, ou
bien, a-t-on pris une décision politique en décidant qu'on
s'occupait des CLSC?
M. Deschênes: Je pense que le bilan auquel vous faites
référence, il faut faire un brin d'histoire pour se...
M. Paradis: Je ne sais s'il y a un bilan.
M. Deschênes: En vertu même de ce que vous dites, le
bilan a été fait par la commission Castonguay-Nepveu de
réorganiser le secteur de la santé et des services sociaux. C'est
issu de cette commission, de ce bilan et de la loi qui a été
faite, qu'est né le CLSC, le CLSC est né très
progressivement mais, dans la loi, il est très clair qu'un service de
première ligne intégrant santé et services sociaux doit
exister. C'est le CLSC qui est né au moment de la loi. L'historique de
créer je dirais physiquement les CLSC a été beaucoup plus
lent. Il était entendu - de nombreuses circulaires ont été
faites dans l'histoire du ministère - que, de façon
supplétive et temporaire, dans le domaine de la santé et les
départements de santé communautaire, les centres hospitaliers
donc, et dans le domaine social, les centres de services sociaux assumaient
certaines fonctions qui étaient des fonctions, de première ligne,
sociales, de santé ou communautaires, mais que c'était en
l'absence d'existence de CLSC de façon concrète.
M. Paradis: Quelles sont ces fonctions?
M. Deschênes: Je vais sortir la loi. En bref, sans lire le
texte de loi, le CLSC est l'organisme qui dispense les services à la
fois préventifs, curatifs et de réadaptation aussi bien dans le
domaine de la santé que dans le domaine social en tenant compte de
l'ensemble ou de la globalité des besoins d'une personne. Le CLSC n'est
pas - comme on l'a véhiculé - l'organisme qui s'occupe de la
prévention et du communautaire et le curatif du côté social
- si on me permet l'expression - serait le cas d'un autre type
d'établissement. La caractéristique du CLSC est d'intégrer
les volets individuels: santé ou social et communautaire dans un service
de première ligne. On en a d'ailleurs souvent parlé dans les
premiers temps comme de la porte d'entrée au système de
santé. C'était un vocabulaire évoqué et par la
commission et par le ministre Castonguay, lorsque la loi a été
adoptée en 1970.
C'est donc un historique très lent à réaliser sur
le plan concret. L'établissement des CLSC est né au moment
même de la loi et est issu d'un bilan, d'un constat qui a
été fait qu'il devait exister des structures
légères, intégrant santé et social et qui
constituerait en quelque sorte la plaque tournante du système, la porte
d'entrée du système, et qui est aussi une originalité. Ce
bilan est d'ailleurs confirmé par une commission d'enquête - on
peut faire référence ailleurs - de Grande-Bretagne qu'on appelle
le rapport Barclay et qui a parlé de la réforme des services
sociaux et qui mettait en évidence le besoin de tenir compte de toute
l'organisation communautaire pour dispenser et adapter les services sociaux au
temps actuel.
M. Paradis: Est-ce que, dix ans après la commission
Castonguay-Nepveu, on a fait un bilan des expériences? Est-ce qu'on a
consulté la population? Je pense que je ne révélerai de
secret à personne en disant qu'on a reçu de la part des CSS
beaucoup de correspondance sur le sujet. Ces gens-là s'opposent... On a
reçu également, plus spécifiquement dans le cas du CSS
Ville-Marie, quelque chose qui nous semble être profond dans la
communauté et qui nous dit que ces gens-là tiennent à
cette structure plutôt qu'à la structure des CLSC. Est-ce que ce
travail de consultation avant une réforme - parce qu'il s'agit d'une
réforme... Est-ce qu'on a dressé un bilan dix ans après ou
si on a décidé de continuer sans dresser de bilan? Est-ce qu'on
est allé voir les gens dans le milieu pour leur demander si
c'était vraiment ce qu'ils souhaitaient? C'est cela ma question. (16 h
30)
M. Deschênes: Nous avons eu de longues discussions sur la
réalisation des CLSC, et que ce soit les CSS, les conseils
régionaux ou les centres hospitaliers ayant un département de
santé communautaire, l'ensemble du réseau a reçu, en
juillet 1982, une circulaire allant dans le sens du transfert des ressources et
de l'organisation concrète des CLSC. Du côté de la
santé, cela s'est bien concrétisé et, pour les transferts
des DSC vers les CLSC, effectivement, il s'est créé un consensus
et 70% des effectifs des départements de santé communautaire sont
transférés vers les CLSC, ce qui représente quelque 2000
employés. Du côté des CSS, il y a eu des
difficultés. Les conseils régionaux, qui avaient le mandat de
voir à l'implantation des CLSC, nous ont demandé de
préciser quelles seraient les fonctions respectives des CLSC et des CSS.
Il y a eu des documents élaborés et des dates précises de
consultation avec les CSS. Les conseils régionaux pourraient être
précisés; je pourrais en faire faire la liste. Il y a eu des
consultations. Il
y a un mandat qui n'est pas neuf; en juillet 1982, le mandat
était confié. On nous a demandé de préciser les
rôles et les documents ont été faits à cet effet,
transmis aux CSS, discutés avec les CSS au cours de l'année
1983.
M. Paradis: Mais je ne fais que vous...
M. Deschênes: Alors, si vous parlez de consultation
auprès des CSS, oui, il y a eu des discussions et je pourrais demander
à Mme Vaillant de donner plus de précisions sur les dates et les
moments de la consultation des CSS.
M. Paradis: On nous dit que le document servant de cadre de
référence n'a été connu par les organismes comme
les CSS ou les DSC qu'en décembre 1983. On nous parle de consultation
tout au long de l'année. Si j'exclus votre bulletin d'information du
milieu de l'été, le document, le cadre de référence
- pour utiliser le jargon que tout le monde comprend bien ici - n'aurait
été rendu public ou porté à la connaissance de ces
gens-là qu'en décembre 1983. Est-ce que c'est exact? Si c'est
exact, comment peut-on prétendre à une consultation?
M. Deschênes: Alors, je demanderais -puisqu'on fait
état de la consultation et du processus qui a été suivi -
à Mme Vaillant de faire état des rencontres, des dates et des
documents qui appartiennent à ce contexte.
Mme Vaillant: D'accord. Disons que, concernant le partage des
services sociaux entre les CSLC et les CSS, il y a eu d'abord, à la fin
de 1981 et au début de 1982, à la demande du ministère,
deux rencontres interassociations, l'Association des CSS, la
Fédération des CLSC et l'Association des centres d'accueil, pour
discuter d'un partage éventuel au niveau des services sociaux. Donc,
c'était à la demande de mon prédécesseur, M. Luc
Malo, qui souhaitait que les trois associations en discutent et soumettent des
commentaires ou fassent part de leurs recommandations. En juillet 1982, il y a
eu la directive du ministère sur les transferts sous la signature du
sous-ministre en titre. À l'automne 1982, il y a eu une demande de la
conférence des CRSSS. En décembre 1982, l'Association des CSS a
déposé au ministre des Affaires sociales, M. Johnson, sa vision
du partage des services sociaux entre les CSS et les CLSC. En janvier 1983, la
Fédération des CLSC faisait la même chose, et, au cours de
février et mars 1983, j'ai moi-même, avec des responsables des CSS
au ministère, rencontré les directeurs généraux des
CSS pour échanger sur toute cette question, qui est une question
majeure. Il y a eu des échanges aussi à la conférence des
CRSSS à ce moment-là. Nous avons des comités conjoints
fédération-établissements-ministère, et nous en
avons discuté aussi à ces comités conjoints. En octobre et
en novembre 1983, j'ai eu, avec les responsables au niveau du ministère,
des rencontres de travail sur un projet de partage de services sociaux entre
les CSS et les CLSC avec les quatorze directeurs généraux des
CSS. J'ai rencontré également les DPJ, les directeurs de la
protection de la jeunesse, et j'ai aussi rencontré avec l'équipe
les directeurs généraux des CRSSS pour discuter - nous avions
alors un document de travail - du document de travail et pour obtenir des
commentaires et des réactions.
Les directeurs généraux des CSS nous ont
délégué quatre des leurs - parce qu'à quatorze,
cela travaille un peu plus difficilement - pour nous rencontrer, pour discuter
plus en détail de la proposition de partage. Cela s'est fait au
ministère avec l'équipe ministérielle des CSS. J'ai
participé aussi à cette discussion. Cela se situe en octobre et
en novembre 1983. Nous fonctionnions avec des documents de travail. Nous
devions reprendre toute une journée de rencontres avec les quatorze DG
de CSS en novembre. Finalement, les DG de CSS ont refusé cette
rencontre. Le document de travail des différentes hypothèses que
nous avions a été terminé et c'est en décembre
qu'on a déposé un document pour consultation auprès de
toutes les associations, dont l'association des CSS. Les rencontres ont eu lieu
les 20 et 21 décembre. Par la suite, il y a eu une recontre au mois de
février 1984 avec l'Association des CSS, le ministre des Affaires
sociales de l'époque, M. Johnson, M. Deschênes et moi-même
pour rediscuter du cadre de partage, regrouper les présidents des CSS -
il y avait une délégation des présidents des CSS - pour
discuter des propositions de partage. Donc, vous avez avec précision
l'ensemble des démarches qui ont été entreprises pour les
fins de la consultation.
M. Paradis: Je vous remercie de la liste...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi, j'aimerais revenir sur ce point pour
l'éclaircir un peu plus avec le député de
Rivière-du-Loup. Mme la sous-ministre fait grand état de la
consultation et dit que cela remonte en 1982. On sait fort bien que cette
question du nouveau partage des pouvoirs entre les CSS et les CLSC remonte
à fort longtemps, relativement longtemps. Je sais qu'en février
1983, le ministre des Affaires sociales, M. Johnson, a rencontré des
représentants des CSS, à la suite des énormes pressions
faites sur l'opinion publique sous forme de
représentations qui avaient été faites par les CSS.
On peut peut-être l'ajouter dans la consultation, mais cela a
été, en bout de piste, parce qu'il fallait sauver les
meubles.
Quand on parle d'une consultation avec les quatorze directeurs
généraux des CSS, peut-on nous dire s'ils avaient entre les mains
le cadre de référence ou s'il s'agit de la session où on a
remis - ce n'est peut-être même pas aux directeurs
généraux des CSS, mais ceux des CRSSS, vous me corrigerez si je
me trompe - un cadre de référence pour le leur enlever aussi
rapidement qu'on leur avait donné. Même si vous partez de 1982 et
que vous faites un long historique, c'est évidemment, en fait, à
la phase finale, quand on dépose le cadre de référence,
qui est le produit de ce cheminement dont vous nous avez parlé, que la
consultation devient le plus importante parce que c'est là que se
décide finalement comment se fera le partage. J'aimerais vous demander,
dans le cas de votre rencontre - vous avez dit en octobre ou novembre - avec
les quatorze directeurs généraux, s'il agissait des directeurs
généraux des CSS et si vous leur avez remis le cadre de
référence? Est-ce alors que vous leur avez retiré
immédiatement le cadre de référence ou les documents que
vous leur aviez remis?
Mme Vaillant: II s'agit d'une rencontre avec les deux groupes. Il
y a eu une rencontre avec les directeurs généraux de la
conférence des CRSSS. On y a discuté en détail d'une
hypothèse que nous avions. À la conférence des CRSSS,
comme ce n'était qu'un document préliminaire qu'on voulait
valider, les directeurs généraux des CRSSS nous ont donné
leur avis et nous nous sommes engagés à tenir compte de leurs
recommandations. On en a effectivement tenu compte pour modifier...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je m'excuse de vous
interrompre, pour qu'on ne prenne pas trop de temps... Celle avec les
directeurs généraux des CRSSS ou celle avec les directeurs
généraux des CSS?
Mme Vaillant: C'est à peu près en même
temps.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Laquelle a
précédé l'autre?
Mme Vaillant: Je pense que c'est la rencontre avec les directeurs
généraux des CRSSS qui a précédé. J'ai
rencontré subséquemment les directeurs généraux des
CSS et, là encore, on a travaillé avec un document,
l'hypothèse que nous avions à ce moment-là, et on a
procédé avec les directeurs généraux des CSS de la
même façon qu'avec les directeurs généraux des
CRSSS. Ce n'était qu'un document préliminaire. On ne l'a pas
envoyé en circulation dans le réseau. D'ailleurs, ce document
préliminaire a été complètement refait à la
suite des consultations qui ont eu lieu avec la conférence des CRSSS et
également avec les CSS. Nous n'avions pas les mêmes
critères. C'était vraiment un document de base et c'est pour
cette raison qu'on ne l'a pas laissé en circulation. Nous avons eu le
même comportement envers les directeurs généraux des CRSSS
que celui que nous avons eu envers les directeurs généraux des
CSS.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): J'aimerais poser ma
question à Mme la sous-ministre. On est rendu au mois d'octobre et au
mois de novembre, vous parlez de consultation avec des groupes
extrêmement fermés à qui on ne laisse pas les documents
pour faire, au fond, une refonte importante quant à la distribution des
services sociaux. Là, je ne veux pas discuter sur le fond, à
savoir s'il faut qu'il en soit transféré ou non.
Là-dessus, j'ai un point de vue que j'ai d'ailleurs exprimé l'an
dernier à l'étude des crédits, mais je pense qu'on se
leurre quand on parle d'une consultation véritable, alors que c'est
d'abord une consultation avec les CRSSS, avec un document qu'on leur
enlève par la suite - je comprends que c'est un document de travail,
mais des documents de travail, il y en a qui circulent aussi - une autre avec
les CSS et encore, d'une façon, à mon point de vue, très
cachottière puisqu'on retire encore les documents et on parle de
consultation avec les professionnels qui oeuvrent dans le domaine des services
sociaux. J'ai de la difficulté à être d'accord avec la
sous-ministre qui dit qu'il y a eu une réelle consultation. Elle le dira
au mois de février, cela a abouti à une consultation avec le
ministre, mais on sait les pressions que ceci a demandées.
La question que je vais maintenant poser au ministre, parce que cela
m'apparaît que c'est peut-être à lui de prendre la
responsabilité finale, est la suivante: Peut-on parler de discussion
véritable avec des gens qui ont quand même dans le réseau
une expérience de X années, alors qu'on a vu un peu le
modèle selon lequel cela s'est déroulé et qu'il n'y a pas
eu de consultation? C'est vrai, et je rejoins les remarques du sous-ministre
Deschênes à savoir que le rapport Castonguay parlait de
réseau CLSC et de réseau CSS, mais je pense que si on avait
traité n'importe quel groupe professionnel de la façon dont on a
traité ceux qui ont quand même assumé - je pense que
là-dessus, le ministre le reconnaîtra - à peu près
les cas les plus difficiles de la société depuis, en tout cas, -
historiquement, cela remonte plus loin - l'avènement ou la mise en
application du rapport Castonguay, j'aimerais demander au ministre à ce
moment-ci, avant qu'il ne
prenne une décison finale, à savoir... Comme je le dis, je
ne discute pas sur le fond. Je pense qu'il y a une redistribution à
faire, si vous voulez mon point de vue là-dessus, mais je pense que, sur
la façon dont elle doit se faire, on devrait au moins faire une
consultation un peu plus large d'une part avec les CLSC et d'autre part, les
CSS, comme vous l'entendrez, mais cela me semble traiter bien
cavalièrement des gens qui, professionnellement, en tout cas, pour la
majorité comme dans un grand nombre d'autres professions, ont
essayé de s'acquitter de leurs obligations de façon
responsable.
M. Laurin: J'ai tenté de suivre le plus attentivement
possible le récit des événements qui vient d'être
donné. On me l'avait d'ailleurs déjà donné, mais
j'ai écouté à nouveau, espérant toujours apprendre
davantage. Je constate cependant, à la suite de tout ce qui a
été dit, qu'un document dans sa forme finale a été
rendu public au mois de décembre 1983, qu'il a été
communiqué officiellement aux diverses instances
intéressées, que les CRSSS ont pris position, que la
Fédération des centres locaux de services communautaires a pris
position, que l'Association des centres de services sociaux a aussi pris
position et qu'en plus, plusieurs articles de journaux ont été
publiés sur le sujet. Comme Mme la présidente le sait, je suis un
lecteur invétéré et, depuis les quatre semaines que j'ai
assumé mes fonctions, j'ai pris le temps, en plus du temps que me
prenaient mes autres activités, de lire tout ce qui a été
écrit sur le sujet, d'abord, le cadre de référence
lui-même ainsi que les travaux préliminaires qui l'avaient
précédé ainsi que toutes les réactions auxquelles
ce document a donné lieu. (16 h 45)
Même si, dans certains quartiers, on voulait me presser de prendre
une décision, je ne l'ai pas prise immédiatement, attendant que
toutes ces réflexions cheminent à l'intérieur de
moi-même, attendant qu'il s'effectue une certaine décantation qui
est en train de s'effectuer d'ailleurs; j'avoue que j'attendais aussi cette
commission parlementaire afin de me faire éclairer davantage par des
experts tel que vous sur la ligne de conduite que je pourrais prendre ou sur
les hypothèses additionnelles que je pourrais envisager. Donc, je n'ai
pas pris de décision encore à cet égard, mais il me semble
que la consultation est lancée, du moins, formellement maintenant depuis
quatre mois, que c'est quand même une assez longue période,
faut-il l'allonger. Faut-il l'accentuer? Faut-il procéder à
d'autres rencontres? J'attends vos avis là-dessus, mais je vous serais
très reconnaissant de me faire connaître votre véritable
pensée à cet égard, vos suggestions, vos
hypothèses, et j'en tiendrai sûrement compte.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie, M. le
ministre. J'y reviendrai. Le député de Rivière-du-Loup
voulait parler, je pense, sur le même sujet. J'y reviendrai ensuite.
M. Boucher: Justement, je pense, Mme la Présidente, qu'on
a un peu touché à la question que je voulais poser et c'est le
député de Brome-Missisquoi qui l'avait posée. Je retiens
donc mes propos.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Pour répondre à l'aimable invitation du
ministre, moi aussi j'ai écouté attentivement le récit.
J'en tire des conclusions sur le plan de la consultation. Vous attendez des
suggestions? Il est clair et net que la première que je vais faire est
que cette consultation, étant donné son importance se doit
être ouverte. J'ai toujours peur des consultations en cabinet
privé, en cabinet de ministre, qu'il soit du Parti libéral, de
l'Union nationale ou du Parti québécois au pouvoir. Ce genre de
consultation en catimini me laisse toujours supposer, peut-être de
façon erronée, qu'il y a anguille sous roche, qu'on a des choses
à dissimuler.
Si le ministre veut retenir ma suggestion, c'est que, si on veut une
consultation réelle, il faut que ce soit une consultation à
laquelle l'oeil du public a accès, autant les usagers et les
bénéficiaires que les gens qui oeuvrent dans le milieu, que les
parlementaires, qui ont à voter sur des sommes importantes, pour le
prolongement ou la continuité du réseau. Aujourd'hui, on nous
demande de voter les crédits alors qu'on a un embryon de consultation en
catimini. C'est très pénible pour un parlementaire qui tente de
s'assurer que ces montants sont dépensés dans le meilleur
intérêt des usagers, de se prononcer sur ces crédits. On ne
peut voter ni pour ni contre, finalement, parce que cette consultation a
été tenue à l'intérieur des officines du bureau du
ministre. Ce sont mes remarques préliminaires sur ce sujet.
Maintenant, pour en revenir aux montants comme tels des crédits
qu'on aura à voter, l'an dernier, le réseau des services des
centres locaux de services communautaires disposait d'environ 291 000 000 $.
Cette année, selon les crédits qui sont proposés ou qui
seront proposés à l'Assemblée, on nous parle de 314 000
000 $; une augmentation d'environ 23 000 000 $ ou de 7,9%. Ma question plus
précise sur le plan des chiffres est à savoir quel est le
pourcentage de cette augmentation qui sera affecté aux ressources
présentement en opération. Quel est le pourcentage ou le
montant d'argent qui sera affecté, si le ministre prend la
décision de poursuivre l'établissement de nouveaux CLSC. Dans les
crédits, on voit un montant de 23 000 000 $. On parle d'ajouter
plusieurs CLSC pendant l'année courante. Est-ce que les crédits
sont vraiment disponibles?
M. Laurin: Je pense que le calcul est assez facile à
faire. On vient de parler d'une quinzaine de nouveaux CLSC dont les uns sont
déjà effectivement implantés, dont les autres sont
implantés en principe et dont l'actualisation ne s'effectuera qu'une
fois les lettres patentes octroyées. Si vous multipliez par quinze les
frais de démarrage, on pourrait parler d'un montant moyen de 300 000 $.
Donc, on pourrait défalquer des 23 000 000 $ quinze fois 300 000 $; il
resterait, pour l'augmentation des budgets de fonctionnement... D'année
en année, le budget de fonctionnement des 109 CLSC en fonction augmente
aussi parce que les services s'accroissent et que les salaires s'accroissent
également.
M. Paradis: Si vous me le permettez, M. le ministre, j'aimerais
qu'on procède dans le sens de ma question. On a déjà des
ressources en place qui nous commandent des augmentations pour les maintenir;
j'aimerais qu'on voie ce qui nous reste une fois qu'on aura assuré le
maintien de ce qui est en place. En procédant en sens inverse, on peut
arriver à la diminution de ce qui est en place dans les services
déjà existants.
M. Laurin: Je demanderai à Mme Vaillant de répondre
à cette question.
Mme Vaillant: II y a 15 000 000 $ sur les 23 000 000 $ qui vont
aux ressources en place, c'est le taux d'accroissement pour faire face aux
augmentations des conventions collectives et autres. Il y a 8 000 000 $ pour le
développement et 5 000 000 $ pour les services à domicile. Cela
s'en va directement à la clientèle, dont 3 000 000 $ pour la
clientèle des personnes âgées et 2 000 000 $ pour la
clientèle des personnes handicapées. Il y a 3 000 000 $ pour
l'implantation de nouveaux CLSC.
M. Paradis: Quant à l'orientation des CLSC actuels et des
nouveaux CLSC, on sait que cela varie d'un endroit à l'autre, il y en a
qui sont plus orientés vers la médecine curative ou la
médecine préventive alors que d'autres sont plus orientés
vers le domaine social. On voit même des annonces dans les journaux:
cours de danse aérobique, etc. Est-ce que le ministère
privilégie certaines activités ou a un plan directeur, quitte
à laisser une certaine flexibilité aux conseils d'administration
régionaux? Est-ce que des dépenses doivent être
assumées à même ces crédits et qu'est-ce qu'on
privilégie?
M. Laurin: Ce que nous privilégions, ce sont des services
de première ligne sur le plan de la santé, sur le plan des
services sociaux et sur le plan communautaire, c'est-à-dire visant une
prise en charge par le milieu de ses intérêts. Mais nous ne
pouvons cheminer que d'une façon variable selon les secteurs pour
certaines raisons qui ressortent des explications déjà
données. Exemple: actuellement, 70% du personnel des CLSC est
affecté aux services de santé et 26% ou 27% seulement aux
services sociaux; le reste est pour les services communautaires.
Pourquoi y a-t-il une telle proportion accordée à la
santé? En vertu de la démarche qui a été faite en
1982 - 1972 ou 1982? 1982 - alors que les DSC ont commencé à
transférer vers les CLSC la plus grande partie de leurs personnels
affectés aux services de première ligne en vue d'une mission de
suppléance que le DSC avait assumée étant donné que
les CLSC ne l'avaient pas assumée. C'est à la suite de ce
transfert massif de "personnel médical", entre guillemets, des DSC vers
les CLSC que la proportion des personnels médicaux a augmenté
d'une façon considérable et que les CLSC ont commencé
à assumer véritablement cette mission de services de
première ligne dans les soins de santé.
C'est en vertu du même processus maintenant que nous voudrions
privilégier l'action en service social et nous ne pourrons le faire que
s'il y a un transfert d'une partie des effectifs des CSS qui assument
actuellement les services de première ligne vers les CLSC qui devraient,
selon la loi et selon les principes qui avaient présidé à
l'adoption de cette loi, assumer des services de première ligne. Je
pense qu'après dix ans, maintenant qu'il est possible d'implanter les
CLSC, il est temps que cette mission de suppléance, qui avait
été assumée jusqu'ici par les CSS, pour autant que les
services de première ligne sont concernés, soit maintenant
assumée par les CLSC.
On verra alors la proportion de personnel en service social augmenter
d'une façon graduelle et les CLSC assumer en conséquence
davantage cette fonction de première ligne.
Je pense que ceci s'impose parce qu'il y a actuellement chevauchement.
Par exemple, il y a 124 CLSC avec 110 points de services mais les CSS, de leur
côté, ont 135 points de services installés dans des
localités très près de la clientèle, parfois dans
des locaux qui jouxtent, qui avoisinent les locaux mêmes des CLSC et qui
rendent des services identiques à peu près à ceux que
rendent les CLSC. Il y a donc là nécessité d'une
rationalisation, nécessité de faire disparaître ce
chevauchement nécessité
d'assurer la vocation propre des CLSC et des CSS en ce qui concerne la
fourniture des services sociaux.
C'est une des raisons d'ailleurs qui a présidé,
après dix années d'implantation des CLSC, à ce cadre de
référence qui permettra, à l'instar de ce qui s'est fait
dans les services de santé, les transferts des personnels des CSS vers
les CLSC. Ce sont donc là les pôles que nous envisageons pour les
années à venir.
M. Paradis: Je pense qu'une clarification des rôles entre
les centres locaux de services communautaires et les centres de services
sociaux s'impose et que tout le monde la souhaite. C'est pour cela...
M. Laurin: Les échanges qui se poursuivent depuis dix ans
nous ont permis de plus en plus de clarifier ces rôles. Il appartient aux
CLSC de dispenser ce qu'on appelle des services de première ligne, des
services courants, non spécialisés, à une clientèle
qui s'adresse directement aux CLSC et des services sociaux non
hyperpro-fessionnalisés, non hyperspécialisés comme cela
peut être la tendance des CSS en vertu même de la façon dont
ils sont structurés.
Dans une approche que je qualifiais ce matin de globale,
c'est-à-dire multidisciplinaire, par exemple un client peut se
présenter à un médecin au sein d'un CLSC et le
médecin peut se rendre compte très rapidement que, pour la
réussite même du traitement médical, il y a
nécessité d'une approche sociale: problèmes
socio-économiques; problèmes familiaux; problèmes
conjugaux, donc, sur les lieux mêmes, le médecin peut
référer le client ou le patient à un travailleur social
qui fait le bilan psychosocial. Ceci peut amener très facilement le
travailleur social à prendre contact avec la famille, avec les pairs,
avec les amis, avec le milieu, afin de solliciter leur aide, leur support, leur
secours pour régler ou atténuer les problèmes sociaux que
présente ce patient. Le travailleur social peut même aller plus
loin, connaissant les ressources, les aspirations de la communauté, les
groupes qui oeuvrent au sein de la communauté, et mobiliser le support,
l'action de groupes communautaires qui peuvent aider aussi à
l'assistance requise en pareil cas, avec toujours le même objectif,
régler à ce palier même le problème qui se
présente en utilisant toutes les ressources de la communauté,
avec l'objectif de maintenir dans le milieu naturel le client en question,
qu'il s'agisse du traitement médical, qu'il s'agisse du traitement
social ou qu'il s'agisse du support communautaire dont tel patient ou tel
client peut avoir besoin. (17 heures)
C'est ce que nous entendons par approche globale, multidisciplinaire,
ayant comme objectif le traitement en milieu naturel et le maintien de la
personne dans son milieu naturel le plus longtemps possible avec le plus
d'efficacité possible. C'est une philosophie qui a été
amplement débattue depuis que la Loi sur les services sociaux a
été adoptée à la suite du dépôt du
rapport Castonguay. Cette philosophie n'a jamais été
véritablement contestée. Les mérites en sont apparus
graduellement et avec de plus en plus d'évidence au fil des
années. Même pour revenir au sujet qui nous occupait tout à
l'heure, s'il y a lieu de mener une dernière fois une consultation
formelle, cela ne veut pas dire que les échanges, les discussions qui se
sont multipliés au cours des années, n'ont pas porté fruit
et ne nous ont pas permis d'aboutir aux conclusions qui forment maintenant,
sinon un consensus, du moins un courant d'idées
généralement admis et accepté.
M. Paradis: Le ministre nous parle de l'établissement de
quinze nouveaux CLSC avec un budget d'à peu près 8 000 000 $.
Est-ce qu'on peut vraiment parler d'établissement des CLSC qui rendent
des services à la population? Est-ce qu'avant de s'embarquer dans toute
cette structurite, que je qualifierais de faite en fonction non pas de
l'usager, mais du système en place, il n'y aurait pas lieu, justement,
à l'occasion de cette consultation qu'on veut ouverte, de dresser un
bilan, de faire un bilan? Est-ce qu'il n'y aura pas lieu, à l'occasion
de ce bilan, de voir de quelle façon les CLSC qu'on a déjà
en place fonctionnent? Moi comme député, j'ai reçu dans
mon comté une lettre du chef de police de la municipalité de
Bedford qui me raconte le cas pénible d'un jeune de sept ans qui s'est
présenté au CLSC où on veut offrir des services de
première ligne, mais où il n'y avait aucun service de
première ligne, et le jeune est décédé. On a des
cas comme cela. Est-ce qu'il ne vaudrait pas la peine de faire ce genre de
bilan avant de voter 8 000 000 $ pour l'émission de lettres patentes,
l'engagement d'un directeur général, etc.? On est dans une
période où la population - parce qu'on est en crise - a besoin
davantage de services et vous nous avez dit, ce matin, que les services ou les
budgets qu'on avait devant nous, les crédits qu'on avait à voter
ne correspondaient pas nécessairement aux besoins, mais à la
capacité de payer de la population?
Est-ce qu'il n'y a pas lieu véritablement, à l'occasion de
ces crises, parce que c'est une période de crises, d'effectuer ces
bilans? Moi, lorsqu'on me parle d'en établir et d'établir des
CLSC oui, mais pour faire quoi? Si mon CLSC privilégie le travailleur
communautaire présentement, et je ne le dénigre pas, au
détriment d'une médecine de première ligne, quelle est
ma
priorité comme parlementaire, quelle est votre priorité
comme gouvernement? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de s'assurer que ce qui
est en place fonctionne, d'en dresser le bilan et d'apporter les corrections
où il y a des lacunes majeures avant de se lancer dans des
émissions de lettres patentes un peu partout? Je sais que, sur le plan
politique, c'est peut-être plus souhaitable d'émettre des lettres
patentes à gauche et à droite, de faire voter 8 000 000 $ de
crédits à cet effet. Mais, quel est le résultat net pour
le bénéficiaire dans toutes les régions du Québec,
M. le ministre?
M. Laurin: II est toujours dangereux de tirer des conclusions
trop générales d'un seul cas particulier qui gagnerait,
d'ailleurs, à être évalué d'une façon
scientifique...
M. Paradis: Pour que le ministre puisse l'évaluer, je vous
remets la copie de la lettre que j'ai.
M. Laurin: Je pense que ça gagne à être
évalué. Ce cas particulier doit être mis en relief avec
tous les autres cas dont l'expérience des services sanitaires de
santé des CLSC peut faire état. Je rappelle ici les fonctions
sanitaires qu'exerce un CLSC. D'abord, des fonctions de prévention,
entendues au sens très large d'information, mais aussi d'actions qui
peuvent être prises au niveau, par exemple, du dépistage de
certaines maladies, au niveau de l'action préventive amenée
auprès de certaines clientèles, soit les enfants, la santé
dentaire, la santé maternelle, la morbidité
générale, la santé au travail, il y a là tout un
domaine que les DSC on mené jusqu'ici et maintenant, est assumé
avec de plus en plus de succès par les CLSC. Il y a aussi les soins
courants, que ce soit les urgences mineures, que ce soit les services à
domicile. Dieu sait que, dans cette nouvelle période que nous
traversons, où les médecins se déplacent de moins en
moins, il est utile d'avoir une ressource semblable; au fur et à mesure
qu'elle sera plus connue, les citoyens apprendront à se diriger. Ce sont
des services médicaux dont l'utilité, la nécessité
a été prouvée aussi bien sur le plan de la
prévention, sur le plan des traitements que sur le plan de la
réadaptation.
Je ne pense pas qu'un cas particulier puisse aller à l'encontre
de tout ce que je viens de citer. Là aussi l'erreur est humaine; il est
possible que certains CLSC n'aient pas mis la main sur le personnel
adéquat ou qu'il y ait eu des erreurs de gestion qui font qu'un cas
n'ait pas reçu toute l'attention qu'il mérite. On ne peut pas
dévaluer tout un système en montant en épingle un cas
particulier qui, encore une fois, mériterait d'être
étudié.
Je pense que rien ne vient à l'encontre de cette donnée
fondamentale qui est incluse dans la commission Castonguay, incluse dans le
projet de loi et dans l'expérience des CLSC qui s'est poursuivie au fil
des années et dont tout le monde - je ne parle pas seulement du
Québec - les autres provinces, les autres pays reconnaissent
l'utilité, la nécessité et le bien-fondé.
D'ailleurs, je ferais remarquer à M. le député que, dans
les régions qui ne possèdent pas encore de CLSC, il s'est
formé, parfois depuis plusieurs années, des groupes promoteurs
composés des couches les plus sensibles et les plus responsables de la
société, qui sont très actifs et qui demandent
l'instauration, l'implantation, le plus rapidement possible, de CLSC là
où il n'en existe pas encore.
M. Paradis: N'avez-vous pas suscité des demandes dans des
régions?
M. Laurin: Je sais que ces groupes de promotion existent et
qu'ils n'ont pas été suscités par le ministère. Au
contraire, ils sont nés spontanément de la conscience de plus en
plus vive des besoins ressentis dans certains milieux, d'une part et,
deuxièmement, des succès remportés par les CLSC dans les
régions où ils existent déjà. C'est sous cette
double poussée que les comités de promotion se sont
créés et demandent à cor et à cri qu'on
accélère les procédures qui permettront l'instauration,
l'implantation réelle la plus rapide possible de CLSC, là
où il n'en existe pas encore.
Je demeure convaincu, pour ma part, qu'il y a lieu de mettre à la
disposition de la population ces services de première ligne, que ce soit
en matière de santé, en matière de services sociaux, en
matière de réadaptation, en matière d'action
communautaire, qui amènent cette responsabilisation progressive d'un
milieu autour de ses problèmes de santé, ses problèmes de
mieux-être et qui permettent à des équipes plus près
des besoins du milieu de mettre à leur disposition des ressources
spécialisées, des ressources professionnelles qu'appellent les
besoins qu'on leur soumet.
M. Paradis: M. le ministre, je regarde les éléments
et le programme. Aux loyers, équipement et rénovations, on parle
de quinze nouveaux CLSC; je passe d'un budget en 1983-1984 de 12 862 500 $
à un budget de 12 937 300 $. Quand vous parlez de mettre à la
disposition de la population tout cela, je ne retrouve rien, sinon que je
soupçonne une certaine augmentation de certains baux déjà
signés. Je parle plutôt d'une opération strictement
politique; je ne parle pas d'une opération mettant des services à
la disposition de la population. Si, dans les chiffres, on retrouvait
l'application pratique des belles paroles que vous venez de formuler, cela
serait peut-être intéressant,
mais je ne retrouve pas cela au poste loyers, équipement et
rénovations; il en coûte 12 862 500 $ avec la structure existante
et quinze nouveaux coûteront 12 937 300 $?
M. Laurin: C'est peut-être parce que les CLSC visent
à payer des locations qui sont les plus basses possible afin de pouvoir
consacrer aux services la plus grande partie des subventions qu'ils
reçoivent. Sur un plan plus technique, j'aimerais demander à Mme
Vaillant de commenter votre affirmation, ou M. Lamonde.
M. Lamonde: La réponse au commentaire qui a
été fait se retrouve à la page 34 du document des
crédits qu'on a fourni et où on a constaté
qu'effectivement il y a un écart de 74 800 $ au titre invoqué.
Mais l'explication est en bas de page: on constate qu'au titre de
l'activité des loyers comme telle, il y a une augmentation de 1 300 000
$; au renouvellement de l'équipement, il y a aussi une augmentation.
Mais si, au total, il n'y a pas d'augmentation évidente qui
apparaît, c'est en raison d'une activité qui est l'activité
de la troisième catégorie pour l'achat, la construction, la
rénovation de bâtiments pour des travaux de 250 000 $ à 1
000 000 $ qui sont simplement changés d'éléments de
programmes et qui font que, dans le comparatif, la croissance est très
différente. S'il n'y avait pas cet écart, la croissance serait de
l'ordre de 1 500 000 $. Au niveau des loyers, il y a des équipements et
les augmentations sont entièrement suffisantes.
M. Paradis: C'est beaucoup mieux sur le plan technique que la
réponse que le ministre m'avait fournie rapidement et gratuitement.
Mais, quand c'est gratuit, on ne peut pas s'en plaindre. M. le ministre, un
montant de 1 500 000 $, est-ce vraiment suffisant pour mettre sur pied les
services de qualité que vous venez de nous décrire? C'est ma
question, finalement. Moi, je suis inquiet parce que je vois 8 000 000 $ au
total et on me parle de quinze CLSC. On m'a donné des chiffres
tantôt pour le directeur général, pour le
secrétariat, pour toutes ces choses. On arrivait à peu
près à 300 000 $ pour un CLSC avec des lettres patentes, mais pas
de services à la population. On s'en va-t-on vraiment?
M. Laurin: M. Deschênes.
M. Deschênes: Le premier point que j'aimerais signaler,
c'est que, des 8 000 000 $ dont on parle, il y a 5 000 000 $ pour lesquels il
s'agit de services et de soins à domicile. Dans les 8 000 000 $ que vous
évoquez, ce ne sont pas des lettres patentes. Il y a d'abord 5 000 000 $
en services et soins à domicile dispensés par le réseau,
en partant. C'est donc de 3 000 000 $ additionnels qu'il s'agit. Il s'agit de 3
000 000 $ pour une quinzaine de CLSC. Est-ce que ce sera quatorze, quinze ou
dix-sept tantôt? Ce sont des projets; il y a une masse de 3 000 000 $
pour développer une quinzaine de CLSC. Et quand on parle de ces CLSC, il
s'agit d'un regroupement de ressources existantes - santé, aspect social
et autres -plus un ajout en fonction de ce dont on estime manquer dans le
secteur. Bien sûr qu'il peut y avoir un directeur général,
s'il y a une structure, mais il y a aussi - on l'a dit tantôt - une
infirmière en santé scolaire ou un travailleur social qui
s'ajoute. Donc, je veux seulement ramener l'image... Ce n'est pas 8 000 000 $
pour des lettres patentes, etc. C'est 5 000 000 $ en services à
domicile, 3 000 000 $ pour une quinzaine de CLSC dans lesquels, en enveloppes
de base, outre le directeur général - souvent lui-même, ce
peut être le transfert d'un groupe déjà existant - il y a
aussi des services en fonction de ce qu'on estime être la priorité
ou l'insuffisance de tel district de CLSC. Je veux seulement rétablir
les faits. Cela ne coûte pas 9 000 000 $ pour avoir 15 ou 30 lettres
patentes.
M. Paradis: On pourrait peut-être avoir un chiffre juste si
vous nous donniez... Il y a des CLSC qui coûtent plus cher à faire
fonctionner et d'autres moins, selon les services offerts. Si vous prenez le
coût moyen d'un CLSC qui fonctionne, vous arrivez approximativement
à quels chiffres?
M. Deschênes: Écoutez, on en a 124... Il faudrait
diviser les crédits qui sont là par...
Mme Vaillant: C'est 1 000 000 $. M. Deschênes:
...une centaine.
Mme Vaillant: C'est 1 000 000 $ ou 1 200 000 $ comme budget de
fonctionnement.
M. Deschênes: Pour le CLSC type. Mme Vaillant: Pour
le CLSC type.
M. Paradis: On parle d'un CLSC type avec 1 000 000 $ ou 1 500 000
$. On parle d'établir quinze nouveaux CLSC cette année avec 8 000
000 $. C'est cela? Cela est selon la qualité de services que vient de
nous décrire le ministre?
M. Laurin: C'est 1 200 000 $ quand le CLSC a atteint sa vitesse
de croisière. Évidemment, quand il est en implantation, le
coût est beaucoup moindre. Nous nous
avançons au fil des années, après quatre ou cinq
ans peut-être, vers ce budget moyen de 1 200 000 $, mais pas au
début.
M. Paradis: Lorsque vous l'établissez, quel est maintenant
le premier service que vous visez à donner à la population?
M. Laurin: Quand il est possible de donner les trois, nous
donnons les trois. Mais, selon les contraintes qui sont les nôtres,
comme, par exemple, dans les services sociaux, après toutes les
explications que nous vous avons données, vous voyez que c'est plus
difficile que pour les services de santé puisque les DSC ont pu
transférer beaucoup plus de ressources que les CSS pour le moment. Mme
Vaillant pourrait compléter ma réponse. (17 h 15)
Mme Vaillant: On a parlé tantôt de transferts
d'effectifs des CHCD vers les CLSC. Les premiers services qu'un qui s'implante
donnera sont ceux de la santé maternelle et infantile. Dans toute la
question de la vaccination, toute la question de la santé scolaire,
toute la question des services à domicile, auxiliaires familiaux et
infirmières qui vont à domicile, il ne faut pas oublier que
l'implantation de CLSC se fait par réallocation de ressources. On a
parlé d'un transfert d'environ 60 000 000 $ des CHDC vers les CLSC. Il y
a donc dans chacun des CLSC - nous l'avons pour chaque CLSC qu'on implante -
une équipe qui donne des services de santé de base et
également des auxiliaires familiaux puisqu'il y a deux ans, les CSS ont
transféré les auxiliaires familiaux des CSS aux CLSC. Donc, il y
a déjà un noyau de base, les transferts se font et à
partir de cela, il y a un budget d'implantation dont on a parlé
tantôt. Il y a également un budget dont on a parlé
tantôt pour les locations d'espace, les loyers et les équipements.
C'est comme cela que cela fonctionne.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Le ministre disait tout
à l'heure: Faites-nous donc des suggestions, j'attends vos suggestions.
Je retourne sur le sujet antérieur, parce qu'on ne l'a vraiment pas
vidé, et je ne pense pas qu'on puisse le faire cet après-midi. Je
dois d'abord dire que je suis heureuse que le ministre soit encore en
réflexion sur une question qui a quand même des
conséquences importantes. Je voudrais dire, pour qu'il n'y ait pas de
confusion -j'ai eu l'occasion de le dire aux prédécesseurs du
ministre actuel, mais je pense qu'il est bon de le dire ici - que les CLSC ont
une vocation importante. Leurs résultats sont inégaux selon les
milieux. Il y a des endroits où on ne se passerait pas du CLSC; il y en
a d'autres où il est moins utile, enfin, je ne veux pas me perdre dans
les détails.
Quant à la distribution des services entre les CSS et les CLSC,
ou plutôt la redistribution des effectifs, je pense qu'il ne faut pas en
faire une bataille de structures, mais il faut, dans cette redistribution,
s'assurer que les effectifs sont au bon endroit et qu'ils auront le meilleur
rendement possible. C'est dans cette perspective qu'il faut examiner toute
cette question. Je ne donnerai qu'un exemple - je ne demande même pas de
réponse au ministre là-dessus - sur la question du critère
qu'on avait retenu - je ne sais pas s'il est encore le même - du milieu
pour déterminer, par exemple, si ce sont les CSS qui s'occuperaient d'un
cas ou les CLSC selon que l'enfant ou la personne est ou non en institution.
Ceci occasionnait des transferts de services de professionnels où la
clientèle serait obligée souvent de faire affaires avec un milieu
plutôt que l'autre. En tous les cas, c'est un exemple précis.
Le ministre demandait une suggestion; s'il est encore ouvert à la
réflexion comme il nous l'a dit - et je n'ai pas de raison d'en douter -
j'ai l'intention d'en soulever une avec les membres de cette commission
parlementaire. Je le fais très ouvertement. Si le ministre était
prêt à y souscrire, je ne lui demande pas de réponse
sur-le-champ non plus, je me dis peut-être qu'on pourrait, dans une seule
journée, entendre les associations principales des CRSSS, des CLSC et
des CSS. Il ne s'agit pas d'entendre tous les CSS et les CLSC, pour que chacun
vienne présenter son point de vue et qu'à ce moment-là,
à la fois, la commission puisse - je pense qu'elle peut le faire
maintenant - faire une recommandation au mieux de sa connaissance au ministre
et, pour le ministre aussi, d'obtenir les dernières lumières ou
terminer sa réflexion. Je pense que c'est une suggestion qui,
maintenant, nous est possible dans le nouveau contexte de la réforme
parlementaire. C'est une possibilité. De toute façon, je voudrais
- et on n'a pas le temps de poursuivre ici cette discussion - quand même
qu'on trouve un moyen de la poursuivre, un forum, petit ou grand, pas
nécessairement très grand, mais un forum quelconque pour qu'on
puisse continuer cette discussion. Ce qu'il ne faut oublier, c'est qu'elle a
des répercussions importantes sur la qualité des services qu'on
donne à la clientèle. Je pense que c'est la seule chose qui
devrait nous guider, à savoir que A s'en va à B ou que B retourne
à A et ainsi de suite. Je pense que c'est vraiment la
préoccupation fondamentale. Ce sont les réflexions que je voulais
faire, parce que je ne voulais pas que le ministre pense que je posais
simplement une question pour le plaisir de la poser. Je pense qu'il faut y
trouver une solution.
J'aimerais dire, un peu dans la même
ligne que mon collègue de Brome-Missisquoi: Avez-vous
évalué - il n'a pas utilisé ce terme - la
rentabilité des CLSC? Moi, je me la pose dans un domaine particulier
qui, je pense, en tout cas, est un problème extrêmement important,
c'est celui des services à domicile. Il est vrai - j'oublie les
chiffres; à un moment donné, je les savais tous - que les
subventions prévues pour les services à domicile sont
montées en flèche depuis 1973. Cela a commencé en 1973, un
peu inégalement d'une année à l'autre, mais il y a eu
beaucoup d'efforts du côté des services à domicile. Y
a-t-il eu une évaluation? Je l'avais demandé, non pas au
prédécesseur immédiat, mais au prédécesseur
antérieur du ministre. A-t-on quantifié, par exemple, avec
l'argent qu'on donne aux services à domicile, les services qu'on rend?
D'une façon très concrète, on a souvent des
réflexions, des remarques ou des représentations qui nous sont
faites dans le sens que c'est bien beau, les services à domicile. Tout
le monde est d'accord avec cela, mais un service à domicile qui est
tellement restreint dans le temps en quantité, finalement, cela
n'atteint pas le but que tout le monde ici - j'en suis certaine - veut
atteindre, à savoir de garder les gens dans leur milieu naturel le plus
longtemps possible. Chaque fois qu'on ajoute 10 000 000 $ - cette année,
on ajoute, je pense, 10 000 000 $ aux services à domicile en
général - que va-t-on chercher en quantité de services? Y
a-t-il une possibilité de quantifier ce que chaque million additionnel
ajoute du point de vue des personnes qui sont vues, quant au nombre de fois
qu'elles sont vues, et de la durée du temps qu'elles sont vues?
Quelqu'un pourrait, je pense, faire une description ou examiner tous ces
éléments d'une façon beaucoup plus précise que je
ne saurais le faire ou seulement élaborer cela. C'est la deuxième
réflexion ou question que je veux poser au ministre avant
peut-être de passer à autre chose, s'il n'y a pas d'autre
question.
M. Laurin: Effectivement, c'est une question très
pertinente. Je pense qu'à toutes les fois que nous procédons
à l'instauration d'un nouveau service, d'un nouveau programme ou d'une
nouvelle politique, il est logique, pour ne pas dire indispensable, de
procéder, après quelques années, à une
évaluation de ces services, soit pour nous prouver que nous avons eu
raison ou pour prouver que nous avons eu tort, ou pour amener des correctifs ou
des améliorations aux services. Nous tentons actuellement de
procéder à cette révision globale de notre programme de
soins à domicile, mais ce n'est pas facile à mener pour bien des
raisons; d'abord, parce qu'une bonne partie de ces services sont
dispensés par des organismes bénévoles qui n'ont pas
toujours l'appui ou l'appareil administratif requis pour procéder
à la cueillette de données ou de statistiques sur le travail
qu'ils font. Je pense que si on voulait le leur imposer, ils seraient
peut-être les premiers à protester en disant qu'il ne faut pas
utiliser à des fins d'évaluation des sommes qui sont requises par
les services mêmes à la clientèle. Il y a là, en
tout cas, une contrainte qu'il n'est pas facile de lever. Il y a aussi le fait
que la gamme des services à domicile ne cesse de s'accroître. Au
début, nous parlions, par exemple, d'infirmières qui allaient
faire des soins postopératoires ou des traitements ambulants qui
dispensaient aux patients qui avaient de la difficulté à se
déplacer et à venir à la clinique externe, des pansements
ou des injections. Par la suite, la gamme s'est sans cesse accrue. Il y a eu le
programme d'aides familiales à domicile où on demandait à
ces personnes de procéder à des travaux ménagers qui
dépassaient capacités de convalescents, de personnes
âgées, pour quelques heures par semaine. Il y a eu ensuite les
grands ménages que ces personnes ne pouvaient pas effectuer mais pour
lesquels on pouvait les aider. Il y a eu la préparation de repas chauds.
Puis on s'est aperçu qu'un bon nombre de ces personnes, souvent
isolées, n'avaient pas la motivation, le goût ou la
capacité de s'alimenter d'une façon convenable et, en
particulier, à l'aide de repas chauds, d'où l'instauration d'un
programme de "popotes roulantes", ou, quel que soit le nom dont on l'appelle,
qui mettait à la disposition, au moins quelques fois par semaine, des
patients clients une alimentation plus appropriée. En somme, la gamme
des services ne cesse de s'étendre et elle s'étend encore, quand
je pense surtout à ce que nécessite le maintien à domicile
de handicapés locomoteurs, polyvalents pour lesquels des soins
polyvalents et complexes sont requis.
Nous procédons quand même actuellement à cette
étude aussi bien quantitative que qualitative. Nous n'avons pas pu
encore l'amener d'une façon aussi rigoureuse et aussi scientifique que
nous l'aurions voulu, mais cette révision est en cours. J'espère
bien qu'elle donnera au cours de l'année qui vient les renseignements
que nous en escomptons.
Cependant, il y a d'autres évaluations moins scientifiques, moins
rigoureuses mais qui nous en apprennent quand même beaucoup sur
l'utilité de ces services. Ce sont les témoignages des
bénéficiaires eux-mêmes qui nous parviennent par centaines
ou à l'occasion de sondages ou d'études qui sont menés
soit par des travailleurs spécialisés ou des gens qui font des
thèses, des études ou des enquêtes
épidémiologiques; même si elles sont moins rigoureuses,
nous recueillons quand même des renseignements qui, d'une façon
générale, nous indiquent que la
direction suivie jusqu'ici est quand même la bonne, tout en
admettant qu'il y a, encore une fois, des lacunes qu'il importerait de
corriger.
Nous procédons donc à cette évaluation actuellement
et j'espère qu'elle nous amènera à accorder une aide qui
sera plus rentable en ce sens qu'elle s'adressera davantage aux besoins
réels des gens et qu'elle sera appliquée de la façon la
plus économique en même temps que la plus efficace possible. M.
Deschênes voudrait ajouter quelques mots.
M. Deschênes: Je voudrais illustrer l'énorme
difficulté qui existe dans ce domaine et qui n'est pas le fait du
Québec. C'est le fait général lorsqu'on cherche des
comparaisons. Comment évaluer les services à domicile? Est-ce que
l'on doit distinguer, par exemple, un service de moins de trente minutes par
rapport à un service de plus de trente minutes? On peut bien faire dix
visites d'une heure dans une journée - je caricature et je simplifie -
par rapport à une visite exigeant dix heures de travail auprès
d'un handicapé dans une maison. Donc, si on veut avoir des statistiques
qui veulent dire quelque chose, il faut une telle distinction dans ce domaine
que cela bureaucratiserait complètement tout le processus.
Est-ce qu'on va demander à des bénévoles dans les
CLSC, à des auxiliaires familiales, à des infirmières de
cocher constamment le type de services qu'ils donnent à qui ils les
donnent, les caractéristiques, la durée de ces soins et à
quels moments ils les dispensent? Donner des services le vendredi soir à
un handicapé est peut-être plus important que d'en donner le lundi
après-midi. Quand il arrive qu'on évalue l'évolution de ce
qui a été fait en services à domicile, nous avons ce genre
de problème où, d'une part, nous avons besoin de l'évaluer
et, d'autre part, nous voulons éviter la bureaucratisation d'un service
qui, par définition, est léger et doit le demeurer.
Une fois qu'on aurait obtenu théoriquement toutes ces
données, comment les valider? Est-ce qu'on doit les vérifier ou
si on doit tenir cela pour acquis? C'est le genre de problèmes un peu
cosmiques auquel nous faisons face. Avec qui comparer et avec quoi? Puisqu'il y
avait peu de données, il y a cinq ou dix ans, on ne sait pas exactement
combien se donnaient de services à domicile ni à combien de
personnes. Comparer dans le temps devient une chose périlleuse. Comparer
avec d'autres pays ou États, nous avons aussi des difficultés
importantes. Il reste que, malgré ces difficultés, nous nous
penchons sur la politique à suivre. Nous voulons l'examiner. Nous avons
des estimations. Nous discutons avec les dirigeants d'établissements et
des organismes comme les conseils régionaux pour essayer
d'évaluer l'impact ou le bien- fondé finalement de tout ce que
l'on a fait dans ce domaine. (17 h 30)
Je voudrais en même temps faire une comparaison avec un tout autre
domaine. Il est évident qu'on continue à se poser des questions
semblables dans le contexte d'évaluer ce que l'on fait et de revoir
notre politique; d'autre part, dans le domaine de la santé et des
services sociaux, nous faisons confiance et nous nous basons sur beaucoup de
jugements qui sont le fait de professionnels et de gestionnaires du
réseau.
Remarquez qu'on n'a pas d'évaluation sur le bien-fondé du
nombre d'appendicectomies faites il y a trois ans au Québec ou -M. le
ministre me le permettra - sur le nombre de séances de
psychothérapie qui ont pu se faire à Montréal, dans une
région donnée. Ne perdons pas cela de vue, ne soyons pas plus
sévères dans le domaine des services à domicile qu'on ne
l'est dans l'ensemble des activités que nous gérons car, à
la base, il y a des jugements et des mandats confiés à des
professionnels et à des gestionnaires du réseau.
C'est le médecin, par exemple, qui décide de l'admission
d'un patient, de son traitement. C'est l'une des caractéristiques de
notre réseau de fonctionner dans un régime de confiance envers
des professionnels articulés, préparés et à
l'intérieur d'un réseau. Je veux simplement étaler cette
toile de fond sans d'aucune façon minimiser le besoin de procéder
à une évaluation mais pour situer, d'une part, le type de
difficultés rencontrées et, d'autre part, les
caractéristiques d'un régime qui repose sur la confiance en des
professionnels et au réseau pour l'ensemble de ces activités.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le ministre, je suis
d'accord pour dire que ce n'est pas une évaluation facile et je pense
qu'on peut évaluer les bénévoles et savoir le montant
alloué aux bénévoles comparativement au montant
accordé aux CLSC. Si on sortait les bénévoles, ce serait
déjà beaucoup et cela compliquerait moins.
Il reste quand même des comparaisons possibles entre non seulement
la population desservie, mais aussi le nombre de personnes qui font appel aux
services. Combien de fois sont-elles servies par semaine dans un CLSC et dans
un autre? Cela nous paraît aujourd'hui la seule solution aux
problèmes des personnes âgées; on en est rendu au point de
ne plus pouvoir faire face aux responsabilités. Il ne faut pas non plus
ajouter et ajouter sans vraiment s'assurer dans une mesure convenable d'une
plus grande rentabilité.
Je suis heureuse de voir que le sous-ministre est très scrupuleux
de l'autonomie des professionnels, mais il ne faudrait quand même pas
oublier qu'il n'y a pas si
longtemps, on a fait faire dans les hôpitaux des études
très sévères de rentabilité ou de
productivité des infirmiers et des infirmières. Les actes
étaient minutés et vous savez qu'il y a eu des plans de ce genre
dans les hôpitaux. On l'a fait dans ce domaine, il ne s'agit pas de jouer
à la police avec ces gens, il ne s'agit que de s'assurer que, chaque
fois qu'on ajoute 10 000 000 $, on obtienne certains résultats. Sans
cela, on...
M. Deschênes: C'est exact, Mme la Présidente. Vous
vous référez à ce que le milieu hospitalier a
appelé le PRN.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est cela, j'avais
oublié.
M. Deschênes: Je voulais justement dire que le PRN est
quelque chose qui dérive de l'initiative des professionnels et des
gestionnaires eux-mêmes. Cette évaluation est reliée
à la façon d'organiser le mieux les ressources dont on dispose en
tenant compte des variations quotidiennes de soins dans un hôpital. Ce
sont justement des outils mis au point et utilisés par les
professionnels et les gestionnaires.
Je ne voudrais pas laisser l'impression que nous ne savons rien dans ce
domaine. Comme indicateur, dans un contexte d'évaluation, je voudrais
vous rappeler que les auxiliaires familiales en CLSC au cours de la
dernière année ont rendu, en ordre de grandeur, quelque 250 000
visites à domicile; les infirmières ont rendu 325 000 visites.
Voilà des ordres de grandeur et on nous dit que ces chiffres sont
conservateurs; nous essayons de les préciser et ce sont des ordres de
grandeur avec lesquels nous travaillons. Je ne voudrais d'aucune façon
laisser l'impression que nous ne nous attardons pas à développer
une méthode plus rigoureuse d'évaluation de ce domaine, nous le
situons sur l'ensemble de ce que l'on fait en matière
d'évaluation.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Une dernière
question. Pourriez-vous me dire combien de CLSC fonctionnent maintenant 24
heures par jour et sept jours par semaine? L'an dernier, je pense que
c'était 21. Si on veut éviter des problèmes comme celui
que le député de Brome-Missisquoi soulevait, il faut... C'est un
autre objectif à atteindre. C'est évident qu'on peut parler de
124 CLSC, mais, s'il y en a 26 qui fonctionnent 24 heures par jour sept jours
par semaine, c'est difficile de créer l'habitude chez la population
d'aller au CLSC, elle va continuer à aller dans les centres
hospitaliers.
M. Laurin: Mme Vaillant.
Mme Vaillant: J'ai tout un tableau sur les heures d'ouverture. On
a 23 CLSC qui donnent des services actuellement, entre 151 et 168 heures par
semaine, c'est quasi sept jours par semaine, 24 heures par jour.
M. Deschênes: En fait, 168 heures, c'est le nombre d'heures
d'une semaine. Donc, c'est sept jours et 24 heures.
Mme Vaillant: On a 27 CLSC dans la catégorie entre 50 et
150 heures. Entre 35 et 50 heures, on a 56 CLSC qui fonctionnent. On a les
chiffres pour chacune des régions.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Oui.
M. Laurin: Je voudrais ajouter une note ici sur la contribution
qu'apportent aux services de maintien à domicile les programmes
communautaires tels que Chantier-Québec ou les programmes de jeunes
volontaires ou de travaux communautaires. Je pense qu'il y a là des
statistiques intéressantes aussi. En ce qui concerne le ministère
des Affaires sociales, c'est là que ces programmes ont le mieux
fonctionné jusqu'ici. Ils ont tous été orientés
justement vers cette amélioration quantitative et qualitative des
services à domicile. Je n'ai pas les statistiques sur ce que cela a
donné pour Chantier-Québec, mais je sais cependant que, pour le
programme de travaux communautaires qui a commencé le 1er avril, nous
prévoyons que 4000 jeunes s'ajouteront à ceux qui travaillent
actuellement à maintenir et à améliorer les services
à domicile et que les 7 000 000 $ que nous y consacrerons seront
très bien utilisés, non seulement pour les fins que poursuit le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
mais également pour les fins que nous poursuivons aux Affaires sociales
pour l'amélioration quantitative et qualitative des soins à
domicile.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Y a- t-il d'autres
questions? Est-ce que le programme 1, élément 1, est
adopté?
M. Paradis: Sur division.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté sur
division. Est-ce que l'élément 2 est adopté?
M. Paradis: Sur division.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté sur
division. Est-ce que l'élément 3 est adopté?
M. Paradis: Sur division.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Adopté sur division. Le programme 1 est donc adopté au
complet sur division.
Programme 2: Soutien des organismes bénévoles. M. le
député d'Abitibi-Est.
Soutien des organismes bénévoles
M. Bordeleau: Merci, Mme la Présidente. J'aurais une
question concernant justement les organismes bénévoles. Bien
sûr, il existe déjà des enveloppes comportant des
augmentations importantes dans le budget qu'on regarde pour l'année qui
vient. Par contre, dans les régions excentriques, dont l'une est
l'Abitibi-Témiscamingue - il y a trois ou quatre régions
excentriques - où il y a beaucoup de demandes qui viennent directement
aux CRSSS des régions, en Abitibi-Témiscamingue en particulier,
le CRSSS demande dans une lettre récente qu'il vous adressait, M. le
ministre, si, dans le cadre d'une plus grande décentralisation des
régions et d'une réponse peut-être plus rapide par rapport
à la structure du ministère, qui est quand même assez
lourde, une enveloppe supplémentaire serait disponible pour les CRSSS
qui pourraient éventuellement la distribuer à certains organismes
bénévoles, peut-être pas d'ampleur nationale mais qui sont
installés dans différents milieux régionaux ou locaux et
qui font un bon travail auprès de clientèles souvent
oubliées, mal pourvues ou dans le besoin.
Est-ce qu'il y a déjà une orientation en vue pour que,
cette année ou dans les prochaines années, on puisse accorder aux
CRSSS des régions des budgets, une certaine enveloppe globale que le
CRSSS pourrait distribuer à ces organismes bénévoles dans
les régions?
M. Laurin: Non, il n'y a pas d'orientation prise autre que celle
que nous avons toujours eue jusqu'ici. Ce sujet a cependant fait et fait encore
l'objet de discussions entre le ministère et les CRSSS. Les discussions
se poursuivent actuellement. Nous avons gardé au ministère cet
élément budgétaire jusqu'ici pour fins de souplesse. C'est
presque toujours au ministère que ces demandes sont adressées. Du
fait que nous avons un point de vue global sur la situation des services de
santé et des services sociaux, nous surveillons de près
l'émergence des nouveaux groupes communautaires qui prennent des
initiatives de plus en plus variées. Il a été jugé
préférable jusqu'ici de répartir ces sommes au niveau
central. Encore une fois, le sujet a été abordé depuis
quelques mois avec les CRSSS et nous continuons les discussions pour le
moment.
M. Bordeleau: Toujours dans la même question, un
commentaire. Je comprends peut-être certaines réticences du
ministère à donner des enveloppes à tous les CRSSS. Il
faudrait peut-être en considérer un certain nombre, en tout cas
les quelque CRSSS de régions plus éloignées comme
étant dans une situation peut-être plus particulière et
où tous les transferts ou le fait que les organismes
bénévoles locaux doivent passer d'abord par les CRSSS et
s'acheminent jusqu'au ministère, cela cause certains délais.
À ce moment, on pourrait peut-être considérer le cas de
quelques CRSSS qui sont dans des situations plus difficiles, plus
éloignées, et leur donner un minimum d'autonomie pour
régler un certain nombre de petits problèmes locaux sans faire
référence continuellement au ministère central, comme on
dit dans les régions.
M. Laurin: Remarquez que, même si la décision
demeure centrale pour le moment, les CRSSS ont pris l'habitude de faire leurs
recommandations. Je dois dire que, dans la grande majorité des cas, ces
recommandations que nous font les CRSSS non seulement sont prises en
sérieuse considération, mais sont suivies également.
Encore une fois, les discussions se poursuivent quant à
l'opportunité d'aller plus loin à cet égard.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: On remarque que le soutien des organismes
bénévoles pouvait bénéficier approximativement
d'une somme de 13 000 000 $ l'an passé. Cette année, c'est
quasiment 18 000 000 $, presque une augmentation de 5 000 000 $. On voit qu'il
s'agit d'un poste qu'a privilégié le ministère pour
l'année qui s'en vient. C'est un peu dans le sens des
préoccupations du député qui m'a
précédé. Quels sont les critères d'allocation de
ces sommes?
M. Laurin: C'est un domaine où il n'est pas facile de
fixer des critères parce que le nombre d'organismes ne cesse d'augmenter
chaque année et la gamme des besoins qu'il couvre est extrêmement
diverse et variée. C'est un peu comme lorsqu'il y a 100 ans les
communautés religieuses faisaient l'inventaire des besoins d'une
communauté et faisaient naître les services pour y
répondre. De plus en plus, depuis une dizaine d'années, nous
voyons une prolifération croissante d'organismes communautaires tous
orientés vers le même objectif, c'est-à-dire la prise en
charge par le milieu de leurs propres besoins. Par exemple, je pense que le
nombre d'organismes communautaires dans le secteur des affaires sociales a
crû de plusieurs centaines, juste au cours de l'année qui vient de
s'écouler. Les initiatives prises par ces organismes sont
extrêmement diverses.
Nous tentons, malgré tout, malgré cette
efflorescence très variée, de distribuer de la
façon la plus équitable, la plus juste possible, les subventions
en s'assurant non seulement de la diligence, du zèle des organismes en
question, mais également de la qualité des objectifs qu'ils
poursuivent. Nous avons quand même établi une liste
préliminaire de critères putatifs de subventions et nous pourrons
vous faire parvenir cette liste de critères que nous appliquons
actuellement, encore une fois en notant qu'ils sont évolutifs en raison
même de la variété des services à couvrir. (17 h
45)
M. Paradis: Est-ce qu'on peut retenir de votre réponse
qu'en fin de compte il s'agit d'une discrétion ministérielle? Si
vous me permettez une question additionnelle, est-ce que vous visez à
soutenir financièrement les organismes bénévoles qui
épargnent des dépenses à votre ministère ou si vous
visez prioritairement à répondre à de nouveaux besoins sur
le marché?
M. Laurin: Je suis très certain que, si le
ministère devait assumer lui-même les services que dispensent
à la population ces quelque 700 organismes bénévoles, il
faudrait augmenter de beaucoup la proportion du produit intérieur brut -
pour reprendre le langage de ce matin - qu'il faudrait affecter à la
mission sociale. Malgré les 17 000 000 $ que nous consacrerons à
ce poste budgétaire cette année, je considère que, pour la
collectivité québécoise, c'est une très grande
économie que nous faisons.
M. Paradis: J'endosse vos propos, mais je répète
les deux questions. Est-ce qu'en fin de compte il s'agit d'une
discrétion ministérielle? Est-ce que, parmi les critères
qui vous guident, vous privilégiez les organismes dont les orientations
visent à épargner directement des services déjà
offerts par le ministère ou à occuper des champs
inoccupés?
M. Laurin: Bien sûr. Le premier critère qui nous
guide est la pertinence des projets soumis par les organismes par rapport aux
priorités du ministère - par exemple, les problèmes
d'inadaptation des jeunes, les problèmes de délinquance, les
problèmes de femmes en difficulté, les problèmes de
maintien à domicile. C'est le premier critère qui nous sert. Il y
a aussi celui de la complémentarité avec les ressources
institutionnelles existantes, en particulier les services sociaux. Il y a
l'intérêt à accorder à l'action
bénévole dans la réalisation des activités de
l'organisme. Il y a la créativité des projets soumis. Il y a
l'importance accordée à la mise sur pied de services concrets
pour la communauté; il y a le dynamisme de l'organisme; il y a l'impact
de ses activités dans le milieu. Il y a l'effort déployé
par l'organisme dans l'obtention de ressources financières
diversifiées autres que celles du ministère.
Nous tentons donc d'établir les meilleurs critères
possible, mais, encore une fois, ces critères sont évolutifs,
parce qu'ils ne sauraient jamais couvrir la totalité de la
créativité et de la conscience sociale des individus et des
groupes.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Rivière-du-Loup.
M. Boucher: M. le ministre, est-ce que, pour l'année
1983-1984, il y a eu des crédits périmés au programme 2
concernant les organismes...
M. Laurin: Aucun, M. le député. M. Boucher:
Aucun. Merci.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Cela va? Une
dernière question... Excusez-moi. M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Rapidement, et pour ne pas faire perdre de temps
à la commission, est-ce que le ministre pourrait nous communiquer la
liste des organismes bénévoles qui ont
bénéficié de subventions l'an dernier et nous dire quels
en sont les montants?
M. Laurin: Nous l'envoyons chaque année dès qu'elle
est arrêtée et nous vous la ferons parvenir dès que
possible.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Une dernière
question. Quelle est l'importance que le ministère accorde aux
organismes bénévoles qui offrent des services de soutien, de
réadaptation aux malades mentaux? Pour ne pas allonger, je vais vous
dire pourquoi je vous pose cette question précise. D'ailleurs, ce n'est
pas la première année que je la pose. Le ministre est
peut-être ou n'est peut-être pas familier avec l'Atelier
d'artisanat du centre-ville, qui est un atelier qui fonctionne depuis plusieurs
années et qui reçoit des ex-patients psychiatriques. C'est assez
connu, je pense. Peut-être que votre prédécesseur est
allé visiter cet endroit. Selon les critères qui ont
été adoptés - et cela rejoint la préoccupation du
député d'Abitibi-Est - par le Conseil de la santé des
services sociaux de la région de Montréal, on lui a refusé
une subvention pour l'année à venir, c'est-à-dire qu'on a
même refusé de présenter sa demande au ministère des
Affaires sociales. Je pense que le ministre est très au courant que les
ressources pour ce type de personnes sont tellement restreintes que... Le CRSSS
lui a écrit une très belle lettre - je ne le dis pas d'une
façon ironique - pour essayer d'expliquer les
critères et la rationalisation. Mais le résultat est
qu'une des rares ressources... On trouve qu'elle n'entre pas dans les fameux
critères. C'est là que je rejoins à la fois la
préoccupation du député de Brome-Missisquoi et du
député d'Abitibi-Est. Quels sont les critères en fin de
compte pour une ressource comme celle-là? Quelle priorité
accordez-vous aux ressources pour les personnes...
M. Laurin: ...je dirais. Je vais commencer par vous donner la
liste des organismes bénévoles subventionnés en 1983-1984
et qui touchent les ex-patients psychiatriques: Atelier d'artisanat du
centre-ville, 10 000 $; Centre social de la Croix blanche à
Québec, 74 000 $; Centre social de la Croix blanche à
Montréal, 88 000 $; Maison Les étapes ou "Forward House", 88 000
$; le projet PAL, 10 000 $; le Coin des bricoleurs handicapés de
l'Outaouais, 22 000 $. Il me fait plaisir aussi d'ajouter que, pour
l'année 1984-1985, nous avons obtenu comme crédits de
développement, en ressources alternatives touchant la santé
mentale, un montant additionnel de 3 000 000 $.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Comment expliquez-vous le
refus d'envoyer cette demande de l'atelier d'artisanat auquel vous avez fait
référence et auquel on avait accordé 10 000 $ apparemment
en 1983-1984 pour...
M. Laurin: Excusez-moi, je ne pourrais pas me risquer à
faire des hypothèses, mais peut-être que nous pourrions, en ce
début de nouvelle année, réexaminer la demande. Car l'une
des hypothèses, c'est peut-être que la demande est arrivée
en fin d'année, que les fonds étaient épuisés,
c'est peut-être simplement cela. Mais il y aurait intérêt
à ce que cette demande nous soit resoumise et nous l'examinerons.
Peut-être qu'avec les crédits additionnels que nous avons
reçus, nous pourrons la satisfaire.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux); Une dernière
question, c'est celle des centres d'hébergement pour les femmes battues.
On me dira qu'on en a donné à dix autres, etc., on a entendu cela
ce matin, mais qu'advient-il de la politique du ministère qui est
promise maintenant depuis fort longtemps et dans le cadre de laquelle on
reçoit tous les deux ou trois mois, et à juste titre, des
représentations de ces maisons puisque la politique n'est pas encore
connue et que les gens ont l'impression de fonctionner un peu trop au jour le
jour.
M. Laurin: Cette politique a été
élaborée - j'ai pris un très grand plaisir à la
parcourir car elle me semble très bien faite, rationnelle, rigoureuse -
et elle a été soumise pour consultation à tous les groupes
intéressés durant les derniers jours de mars. Je pense que si
elle avait été non satisfaisante, le grand public le saurait
déjà, car, après toutes ces longues années de
difficultés, de frustrations et de demandes légitimes, si la
politique n'avait pas correspondu aux besoins réels, je pense que nous
en aurions entendu parler. L'on peut donc dire que nous aurons très
bientôt une politique pour les femmes victimes d'agression et que nous
pourrons, dès cette année budgétaire, procéder
à l'implantation de cette politique dans tous ses aspects. Qu'il
s'agisse de la création de nouvelles maisons pour les femmes victimes
d'agression, qu'il s'agisse de subventions de démarrage plus
élaborées, qu'il s'agisse de crédits de fonctionnement
plus substantiels, qu'il s'agisse de formation plus adéquate
d'intervenantes et d'intervenants, qu'il s'agisse de programmes de
sensibilisation plus axés sur les véritables besoins de ces
personnes, en somme, je pense que la politique rejoint presque toutes les
recommandations qui nous avaient été faites. Les unes
coûteront cher, les autres vont surtout demander des efforts sur le plan
de l'éducation et de la sensibilisation, mais je pense que nous avons
pris la bonne direction et que cette année verra les
développements que la population attend depuis longtemps.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Y a- t-il
possibilité d'avoir une copie de cette politique?
M. Laurin: Oui, avec grand plaisir.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous la déposez?
Parfait! Y a-t-il d'autres questions sur les organismes
bénévoles? Le programme 2, élément 1, est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): L'élément 2
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté. Le
programme 2 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté. Nous
abordons maintenant le programme 4.
Une voix: Le programme 3?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, le programme 3
viendra la semaine prochaine, parce que cela touche les centres hospitaliers. Y
a-t-il des questions? M. le
député de Brome-Missisquoi.
Services des centres de services sociaux
M. Paradis: Oui. L'an dernier, normalement, le budget
affecté ou alloué aux services des centres de services sociaux
était de quelque 273 000 000 $. Cette année, il est de 284 000
000 $, une augmentation de 12 000 000 $ ou de 4,4%. S'agit-il d'un ratio
d'augmentation pour conserver les effectifs en place ou d'un ratio
d'augmentation qui tient compte des politiques de déversement
d'effectifs dans d'autres services?
M. Laurin: Comme on l'a noté tout à l'heure, il y a
quand même eu des transferts d'effectifs, mais, malgré cela, il y
a eu une augmentation des dépenses à d'autres titres. Je
demanderais à Mme Vaillant d'expliciter davantage ce sujet.
Mme Vaillant: Donc, pour ce qui du développement dans les
crédits, c'est 1 000 000 $ pour la santé mentale et les
ressources alternatives. Dans le budget des familles d'accueil, il y a eu 2 000
000 $ de développement d'accordés.
M. Paradis: À l'élément 3: Loyers,
équipement et rénovations, on avait, en 1983-1984, 9 500 000 $.
On se retrouve, en 1984-1985, avec 8 500 000 $. Y a-t-il des fermetures et
quelles sont-elles?
Mme Vaillant: II y a eu de la rationalisation au niveau des
rotations d'espace, surtout à Montréal, où on est en train
d'organiser ce qu'on appelle les BSS ou les bureaux de services sociaux. Ce
réaménagement a apporté des réductions au titre des
loyers. Par exemple, on a abandonné les locaux au BSS au centre-ville,
pour habiter une construction financée par la SCHQ. Il y a eu, à
ce moment-là, une rationalisation surtout pour Montréal. C'est ce
qui explique la différence.
M. Paradis: Dans quelle partie de Montréal y a-t-il
rationalisation? Quelle fermeture cela implique-t-il?
Mme Vaillant: Disons que c'est plus précisément au
centre-ville. Je n'ai pas présentement les détails, mais je peux
me les procurer. Je ne le sais pas par coeur et je n'ai pas les détails.
C'est toute une rationalisation qu'on est en train de faire avec le CSSMM
surtout. Je pourrai vous les procurer mais je ne les ai pas actuellement en
main. On me dit que ce sont le BSS du centre-ville et le BSS de l'Est.
M. Paradis: D'accord. Est-ce qu'ils seraient fermés? Ou
est-ce qu'ils seraient rationalisés?
Mme Vaillant: Ils sont relocalisés et
réaménagés.
M. Paradis: Ils sont relocalisés.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Y a- t-il d'autres
questions? J'aimerais simplement demander au ministre quelle priorité il
accorde dans le contexte d'une politique "familiale" ou, enfin, s'il entend
accorder une priorité à la famille dans les ressources qui
peuvent être affectées à la famille.
On sait que, en période de crise économique, dans un
contexte où le nombre de familles monoparentales va en augmentant, et on
pourrait ajouter à la liste d'autres problèmes qui affectent
d'une façon de plus en plus aiguë les familles, que les ressources
directement à la disposition des familles sont assez rares. Je ne veux
pas revenir à la discussion sur la distribution des effectifs, mais
est-ce que le ministre a une orientation eu égard aux services de
soutien qui doivent être accordés aux familles en
difficulté et, peut-être particulièrement aux jeunes
familles qui, au point de départ, traversent des situations d'adaptation
plus difficiles et ont des enfants qui, souvent, ont des problèmes de
comportement entre autres? (18 heures)
M. Laurin: Je pense effectivement qu'il s'agit là d'une
priorité qu'il ne faudra jamais assez favoriser car c'est un
élément de cohésion du tissu social absolument cardinal.
Il faudra y consacrer non seulement les ressources nécessaires, mais
aussi les politiques nécessaires. Même si le ministère des
Affaires sociales peut faire beaucoup par ses politiques sociales, l'importance
s'étend également à d'autres secteurs: politique
d'habitation, politique de revenu, politique fiscale, politique de garderie. Ce
sont tous ces éléments que reprendra le livre vert sur la famille
qui, encore une fois, sera lancé avant la fin de cette session
parlementaire et nous verrons qu'il s'agit d'un effort global auquel doit
consentir notre société.
En ce qui concerne le ministère des Affaires sociales, il n'y a
aucun doute qu'il nous faudra non seulement consolider, mais développer
ses services.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je ne sais pas si le
ministre est au courant, il l'est sûrement, dans les dernières
années, en raison d'autres priorités qui ont été
établies la protection de la jeunesse ou des personnes
âgées, ce sont des priorités réelles aussi -
finalement, on a, petit à petit, coupé les ressources de soutien
aux familles. Je pense que cela se résumerait peut-être à
pas grand-chose, si on en faisait un bilan, et ce
au moment même où les problèmes familiaux deviennent
plus complexes et plus nombreux.
M. Laurin: Nous nous sommes occupés de politique familiale
par pièces détachées: l'allocation de disponibilité
est un élément important, l'amélioration de notre
programme de garderie aussi était un élément important, de
même que la politique de la jeunesse et la politique des femmes
violentées. Le moment est maintenant venu de rassembler tous ces
éléments et de faire une politique générale qui
intégrera tous ces aspects; je pense que nous sommes arrivés
à ce moment.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): S'il n'y a pas d'autre
question - je pense qu'on a touché à tous les problèmes
des centres de services sociaux - est-ce que ce programme est adopté?
Vous avez d'autres questions? Je m'excuse, M. le député de
Brome-Missisquoi. Je voudrais cependant vous faire remarquer qu'il est 18 h 2.
Vous en auriez pour combien de temps? Y aurait-il consentement pour finir ce
programme?
M. Paradis: Comme aujourd'hui les questions sont toujours
courtes, mais les réponses parfois plus longues, si les réponses
sont de la longueur des questions, cela ne sera pas tellement long. Avec une
augmentation de 4,4%, y a-t-il des coupures aux services offerts par les CSS
à la population?
M. Laurin: Non, il n'y a pas de coupures de services. Tout ce
à quoi nous procéderons, ce seront ces compressions dont j'ai
parlé au début, par exemple en ce qui concerne la
réduction du taux d'encadrement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Avez-vous d'autres
questions, M. le député de Brome-Missisquoi?
Le programme 4, élément 1, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): L'élément 2
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): L'élément 3
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): L'ensemble du programme 4
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Malheureusement, nous
n'avons pas terminé le menu que nous nous étions donné. Je
dois dire qu'il était considérable pour à peine deux
heures.
La commission des affaires sociales ajourne ses travaux au mercredi 11
avril 1984, à 10 heures, à la salle 80 de l'Hôtel du
Parlement. À ces date et heure, la commission procédera à
l'étude des crédits du ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
(Fin de la séance à 18 h 5)