Journal des débats (Hansard) of the Committee on Agriculture, Fisheries, Energy and Natural Resources
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, January 31, 2023
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Vol. 47 N° 2
Special consultations and public hearings on Bill 2, an Act mainly to cap the indexation rate for Hydro-Québec domestic distribution rate prices and to further regulate the obligation to distribute electricity
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Intervenants par tranches d'heure
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Ciccone, Enrico
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Fitzgibbon, Pierre
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Bernard, Daniel
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Kelley, Gregory
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Bouazzi, Haroun
9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante minutes)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à cette
première séance de la 43ᵉ législature de cette commission et je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 2, Loi visant notamment à plafonner le taux d'indexation
des prix des tarifs domestiques de distribution d'Hydro-Québec et à accroître
l'encadrement de l'obligation de distribuer de l'électricité.
M. le secrétaire, il y a-t-il des remplaçants?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président, Mme Zaga Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi
(Maurice-Richard).
Le Président (M. Ciccone) : Nous
débuterons nos... ce matin, par les remarques préliminaires, puis nous
entendrons, par la suite les organismes suivants : Hydro-Québec, la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et la Fédération des
chambres de commerce du Québec.
Avant de passer la parole à M. le ministre,
j'aimerais vous adresser la parole à l'effet qu'on a porté à mon attention que
le mémoire d'Hydro-Québec s'est retrouvé dans les médias. Vous comprenez qu'on
a un règlement ici, à l'Assemblée nationale, que ces documents sont sous
embargo avant la présentation, alors qu'on reçoit nos invités concernés. Alors,
avis de faire attention pour la prochaine fois. M. le ministre, vous avez la
parole pour six minutes.
M. Fitzgibbon : Alors, merci
beaucoup, M. le Président. Je tiens à saluer tous mes collègues qui assistent
aujourd'hui à ces discussions sur le projet de loi n° 2.
Je souhaite également la bienvenue aux personnes puis aux différents groupes
qui participent à cette commission parlementaire, en commençant par nos
collègues d'Hydro-Québec ici, ce matin, aujourd'hui. Bonjour. Vous êtes déplacés,
et votre présence est très importante.
Lorsque le premier ministre a ajouté le
volet Énergie à mes responsabilités, je savais qu'une énorme tâche m'attendait.
Mon but comme ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, c'est de
favoriser la production et l'utilisation des énergies renouvelables pour créer
de la richesse collective et atteindre nos objectifs de lutte contre les
changements climatiques. On peut décarboner et faire croître l'économie tout en
respectant l'environnement et les normes sociales. C'est un exercice collectif
qui nous permettra d'atteindre nos objectifs de transition énergétique, de
décarbonation de notre économie et de création de richesse. Il n'a jamais été
question de vendre notre électricité à rabais pour attirer les entreprises au
Québec. À terme, on veut que les entreprises paient le juste prix pour obtenir
de l'énergie renouvelable tout en étant soucieux de la compétitivité des
entreprises du Québec.
• (9 h 50) •
Par ailleurs, on veut que le Québec
bénéficie des retombées de l'activité des entreprises qui vont utiliser notre
énergie pour fabriquer des produits verts. Pour y arriver, on doit faire un
usage judicieux de l'électricité, car le Québec est et sera confronté à des
défis importants en matière de demande de puissance et de pointe électriques.
On doit établir nos besoins et les projets souhaitables sur dix ou quinze ans,
puis évaluer ce qu'Hydro-Québec peut faire pour fournir de l'énergie selon son
plan actuel.
Il faut aussi poursuivre et augmenter nos
efforts en efficacité énergétique. On doit prendre les moyens...
M. Fitzgibbon : ...les moyens
nécessaires pour conserver l'énergie disponible pour nos filières stratégiques
et réussir notre la transition énergétique.
Mais, avant de procéder à une réforme en
profondeur, le gouvernement voulait donner suite à un engagement électoral
important et à la demande d'Hydro-Québec, de mieux baliser ce qu'on appelle
l'obligation de desservir. On veut tout d'abord instaurer un plafond aux
mécanismes d'indexation des tarifs résidentiels pour limiter les effets de
l'inflation sur la hausse du prix de ces tarifs. La loi n° 34 était la
bonne loi à faire en 2019. Aujourd'hui, on s'ajuste, on s'ajuste à une nouvelle
conjoncture mondiale. La guerre fait rage en Europe, les chaînes
d'approvisionnement mondiales sont déréglées et nous vivons encore les impacts
de la COVID-19. Qui aurait pu prédire tout ça, et l'inflation qui s'ensuit en
2019? Personne.
Donc, avec ce projet de loi, la hausse
tarifaire ne pourra être supérieure à 3 %, soit le taux supérieur actuel
de la fourchette de maîtrise de l'inflation de la Banque du Canada. Ce
plafonnement allégera les pressions financières sur les citoyens dans le
contexte qu'on connaît. La nouvelle mesure assurera une prévisibilité des
augmentations maximales de la facture d'électricité des clients domestiques.
Cette mesure fait partie des actions ciblées dans le bouclier anti-inflation
que nous avons mis de l'avant pour aider les citoyens à contrer les effets de
l'inflation. Quant aux tarifs commerciaux et industriels de moyenne puissance,
ils seront pleinement indexés à compter du 1er avril 2023. Pour sa part,
le tarif applicable aux consommateurs de grande puissance, le tarif L,
continuera d'être déterminé actuellement, ou annuellement, devrais-je dire, par
la Régie de l'énergie.
Le projet de loi n° 2 apportera aussi
des modifications à la Loi sur la Régie de l'énergie afin d'encadrer davantage
l'obligation d'Hydro-Québec de distribuer l'électricité. C'est un fait, la
demande en électricité augmentera considérablement au cours des prochaines
années. Présentement, Hydro-Québec doit desservir toute demande en dessous de
50 mégawatts. À la demande d'Hydro-Québec, il est donc maintenant prévu
d'accorder au gouvernement le pouvoir de déterminer par règlement le cas et les
conditions pour lesquelles l'obligation de desservir ne s'applique pas. Donc,
Hydro-Québec pourra maintenant refuser certains projets en haut de cinq
mégawatts, de concert avec le gouvernement. La décision de se connecter sera
prise en tenant compte de critères tels les capacités techniques de
raccordement, les impacts économiques et sociaux et les impacts
environnementaux de ces projets.
Actuellement, on vit une situation où les
besoins et les demandes en énergie sont matériellement supérieurs à ceux des
dernières années. Ça met de la pression sur Hydro-Québec, qui doit optimiser
son réseau, gagner en efficience et lancer de nouveaux approvisionnements pour
y répondre. Il faut donc faire une utilisation stratégique de l'électricité
disponible. Il faut être parcimonieux dans l'octroi des mégawatts qu'il nous
reste et choisir judicieusement les projets porteurs qui en bénéficieront.
Finalement, avec le p.l. n° 2, on
vient aussi clarifier l'application de l'article 32 de la Loi sur
Hydro-Québec. Cet article précise que les redevances venant des forces
hydrauliques qu'Hydro-Québec exploite sont versées dans le Fonds des
générations. Avant de conclure, j'aimerais ajouter que je suis sensible aux
enjeux des redistributeurs d'électricité tels que les réseaux municipaux qui
achètent leur électricité à un tarif LG et qui le distribuent à des clients
résidentiels.
En terminant, sachez que c'est avec grand
intérêt que j'entendrai vos commentaires. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle et député de Jacques-Cartier à faire ses remarques préliminaires
pour une durée de 4 min 30 s. La parole est maintenant à vous.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Je veux saluer tous mes collègues du côté du gouvernement et
pareillement des oppositions.
Nous sommes ici aujourd'hui, M. le
Président, pour corriger une erreur historique avec le projet de loi n° 34.
Ce n'est pas juste l'opposition officielle qui est à réclamer que ce projet de
loi n'était pas bon, que ce n'était pas une bonne idée de fixer les tarifs à
l'inflation, c'était toute la société civile. Il y a plein de gens qui a
témoigné devant la commission, qui a présenté les mémoires, qui a avisé le
gouvernement que le projet de loi n° 34 n'était pas une bonne idée.
D'enlever l'indépendance de la Régie de l'énergie, ce n'était pas une bonne
idée. De laisser les tarifs dans les mains des politiciens, ce n'était pas une
bonne idée. Alors, aujourd'hui on est ici pour corriger cette erreur...
M. Kelley : ...et présentement
nous sommes vraiment à une croisée des chemins avec notre avenir énergétique.
Si le gouvernement n'était pas capable de gérer les tarifs pour toi puis moi,
M. le Président, pourquoi on doit donner eux autres la confiance de gérer les
tarifs pour les entreprises? Il y a une raison pourquoi des Québécois ont des
doutes. Parce que présentement j'ai plein de différentes choses qui sont dites
par Hydro-Québec, dans le plan stratégique, par le ministre, que des gens
disent : On est rendus où exactement? Et des gens s'inquiètent. Ils ont
raison de s'inquiéter.
Le contrat avec Churchill Falls vient à
une fin de vie en 2040. Il y a plein d'autres enjeux aussi, qu'on a signé des
contrats avec des Américains pour fournir de l'électricité tout en même temps
de faire une transition vers une économie décarbonisée, mais aussi une société
décarbonisée. On va ajouter plusieurs chars électriques sur nos routes. Les
demandes sont énormes et majeures. Puis présentement ça semble qu'il y a
seulement, seulement une couple de personnes autour d'une table qui prend
toutes les décisions pour les Québécois. Il n'y a aucune vraie consultation ni
discussion nationale sur l'avenir de notre énergie.
• (10 heures) •
Aujourd'hui, on va entendre Hydro-Québec
et plusieurs autres groupes puis on va parler du projet de loi n° 2, mais
c'est sûr que c'est partie d'un plus grand débat national, qu'on commence ici,
mais qu'il faut avoir dans toutes les régions du Québec, avec tous les acteurs
de notre société, pas juste un gouvernement qui, encore, depuis quatre ans, n'a
eu aucune vision, n'a mis en place aucune vision vraiment pour une vraie
transition énergétique. On ne peut pas faire ça juste sur le coin d'une table.
C'est énorme le défi devant nous, je suis d'accord avec le ministre, mais je
demande qu'il y ait une plus grande participation de toute la population et
toute la société dans ce sujet. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Merci. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition et député de Maurice-Richard à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de 1 min 30 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. D'abord, laissez-moi saluer les membres du gouvernement,
l'opposition et puis nos invités ici présents. Je suis très content d'être ici,
surtout que j'ai eu la chance, à plusieurs reprises, d'être assis à votre place
en commission parlementaire. C'est la première fois que je vais avoir la chance
de poser des questions.
Il y a plusieurs remarques préliminaires.
Nous, on a les lentilles et de la transition juste et de la lutte aux
inégalités quand on parle d'énergie. Malheureusement, force est de constater
qu'on manque de plan clair du côté du gouvernement. Force est de constater
aussi que le gouvernement, dans toutes les quatre dernières années, n'a pas
beaucoup apprécié les contre-pouvoirs. La Régie de l'énergie en fait partie,
malheureusement. Clairement, politiser les tarifs d'Hydro-Québec n'était pas
une bonne idée étant donné qu'on se retrouve en fin de compte à corriger cette
situation aujourd'hui. Mais le plus important reste le grand débat de société
qui nous attend, qui entoure la transition énergétique.
Aujourd'hui, on commence un premier pas.
D'ailleurs, le mémoire que j'ai lu attentivement est très intéressant,
d'Hydro-Québec. Il y a des acteurs qui ne vont pas être invités à cette
commission. On parle beaucoup des gens qui vivent dans des passoires
énergétiques et des associations qui accompagnent ces personnes-là dans les
situations difficiles. Et on souligne leur absence. On attend évidemment en
commission, dans un avenir proche, madame Sophie Brochu, pour nous parler du
plan énergétique plus largement. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Oui, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. St-Pierre Plamondon : J'aimerais
demander le consentement de la commission pour que je puisse faire une remarque
préliminaire au nom du Parti Québécois.
Le Président (M. Ciccone) : Y
a-t-il consentement pour entendre le chef du troisième groupe d'opposition?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Ciccone) : Consentement.
Alors, M. le chef d'opposition, vous avez une minute.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
M. le Président, chers collègues, pour ma toute première intervention en tant
que membre de l'Assemblée nationale, je veux réitérer les principes de base qui
vont guider le Parti Québécois dans l'étude de ce projet de loi.
Premièrement, j'aimerais réitérer que,
pour soulager les familles québécoises qui font face à de l'inflation, nous
avons proposé de geler les tarifs d'Hydro-Québec pour le temps de la crise. On
rappelle également que la CAQ avait promis de rembourser la totalité des
trop-perçus d'Hydro-Québec. Or, seulement 500 millions sur 1,5 milliard ont été
remboursés. Nous réitérons notre crainte que nous sommes devant la politisation
d'Hydro-Québec, le joyau... un de nos plus grands joyaux sur le plan
économique. Nous réitérons également que les barrages ne sont pas un substitut
à un plan sérieux en matière de gaz à effet de serre. Et, en terminant, nous
avons plaidé à de nombreuses reprises pour un retour du garde-fou qu'est la
Régie de l'énergie, et le but, donc, est de dépolitiser les tarifs
d'Hydro-Québec pour que ceux-ci ne soient pas fixés selon des intérêts...
10 h (version révisée)
M. St-Pierre Plamondon : ...électoraux
d'une formation politique, mais bien selon l'intérêt des Québécois. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Ciccone) : ...M.
le député. Nous sommes maintenant prêts à débuter les auditions. Je souhaite
donc la bienvenue aux représentants d'Hydro-Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échanges avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter et à commencer votre exposé.
M. Rhéaume (Dave) : Merci, M.
le Président. Hydro-Québec tient à remercier les membres de la Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles pour cette invitation
à participer aux consultations particulières sur le projet de loi n° 2.
Nous sommes ici aujourd'hui au nom d'Hydro-Québec. Je suis Dave Rhéaume,
vice-président planification intégrée des besoins énergétiques et risques. Je
suis accompagné de Julie Boucher, vice-présidente développement durable,
relations avec les communautés et communications, et de Monsieur Marc-Antoine
Pouliot, directeur communications et affaires gouvernementales.
Dans le cadre de l'élaboration de son plan
stratégique 2022-2026, Hydro-Québec a pris la pleine mesure des défis que
présente la transition énergétique. La situation énergétique du Québec s'est
transformée radicalement au cours des dernières années. Après une longue
période pendant laquelle le volume d'énergie disponible était élevé et les
coûts d'approvisionnement des Québécois étaient bas, soit à 0,3 $ le
kilowattheure pour l'électricité patrimoniale, nous entrons dans une ère de
forte demande et nous devrons augmenter la production d'électricité, et ce, à
un coût beaucoup plus élevé, soit approximativement 0,11 $ le
kilowattheure. Selon notre plan stratégique, plus de 100 térawattheures
additionnels d'électricité propre seront requis pour que le Québec atteigne la
carboneutralité en 2050. Avec ces nouveaux paradigmes, nous avons plus que
jamais la responsabilité collective d'allouer l'électricité de manière
stratégique pour en maximiser les retombées tant sur le plan de la réduction
des GES que pour le développement économique. Nous accueillons donc
favorablement la limitation de notre obligation de desservir tous les clients
de grande puissance que prévoit le projet de loi n° 2. Nous détaillerons
cette position dans quelques minutes.
Dans un premier temps, nous préciserons
pourquoi le plafonnement du taux d'indexation des tarifs résidentiels de
distribution d'électricité, l'autre élément important du projet de loi, est
justifié dans le contexte actuel. Donc, en ce qui a trait au plafonnement du
taux d'indexation des prix des tarifs domestiques de distribution d'électricité,
en vertu de la législation en vigueur, les tarifs d'électricité augmentent
annuellement selon l'inflation et sont recalibrés tous les cinq ans par la
Régie de l'énergie en fonction des coûts engagés pour fournir les services. Le
modèle actuel ne prévoit pas de plafond en cas d'inflation très élevée. Or, le
taux d'inflation actuel dépasse largement celui des dernières années.
Hydro-Québec est soucieuse de maintenir ses tarifs à des niveaux abordables,
elle comprend l'intention d'ajuster le modèle qui limitera la hausse des tarifs
résidentiels à 3 %. À cet égard, nous croyons que la référence retenue
pour fixer le taux maximal des hausses, soit la cible de maîtrise de l'inflation
de la Banque du Canada, est pertinente. Une telle hausse se traduirait par les
augmentations mensuelles suivantes pour différentes catégories d'habitations,
donc, pour un appartement de cinq et demi de 68 mètres carrés, 2,23 $
par mois; pour une petite maison de 111 mètres carrés, 4,15 $ par
mois; pour une maison moyenne de 158 mètres carrés, 5,50 $ par mois;
et pour une grande maison de 207 mètres carrés, 6,80 $ par mois. Nous
estimons que, pendant les prochaines années, le plafonnement à 3 % des
hausses de tarifs résidentiels permettra de préserver un équilibre entre le
maintien de tarifs abordables et la capacité d'Hydro-Québec d'assurer la pérennité
et le développement de son réseau, bien que les coûts d'exploitation et de
projet subissent également les effets de l'inflation, pensons par exemple aux
coûts plus élevés des équipements, des matériaux, de la main-d'oeuvre, du
carburant. Hydro-Québec est consciente que le paiement de la facture d'électricité
est un défi pour certaines familles, et ce, peu importe les hausses tarifaires.
Nous souhaitons ainsi réaffirmer notre engagement à faire preuve de flexibilité
et à offrir des mesures de soutien à notre clientèle, comme le gel des frais
administratifs et les ententes de paiement.
En ce qui a trait à l'obligation de
desservir les clients de grandes puissances, la demande en électricité au
Québec est demeurée relativement stable au cours des deux dernières décennies.
En particulier, la demande industrielle a augmenté de seulement 0,1 %
entre 2000 et 2022. Les perspectives changent radicalement au moment où la
transition énergétique se concrétise. En effet, grâce notamment aux nouvelles
politiques gouvernementales, nous projetons un réel essor du transport
électrique ainsi que de la conversion du chauffage résidentiel et des procédés
industriels des entreprises. De plus, nous constatons un engouement sans
précédent pour notre électricité au sein de secteurs émergents, par exemple
ceux des batteries et de l'hydrogène vert. Les entreprises, attirées par la
faible empreinte carbone de notre électricité et la compétitivité de nos
tarifs, ont transmis à Hydro-Québec des demandes d'alimentation équivalant à la
moitié de la puissance installée du parc d'Hydro-Québec. On a plus de quatre...
M. Rhéaume (Dave) : ...80 projets
de plus de 50 mégawatts pour une alimentation totale d'environ
20 000 mégawatts et plus de 150 projets qui se retrouvent entre
5 et 50 mégawatts pour environ 3 000 mégawatts. À titre de
comparaison, l'ensemble des clients de grande puissance du Québec représente
aujourd'hui un peu plus de 9 000 mégawatts de puissance installée.
Pour donner une idée de l'ampleur de ce qui est demandé. Un ajout de
23 000 mégawatts qui équivaudrait à la construction de treize
complexes comme celui de la rivière Romaine.
Bien entendu, un tel scénario est
irréaliste, des contraintes techniques, économiques et sociales font qu'il ne
sera pas possible d'alimenter qu'une fraction des demandes reçues. Il faudra
donc faire des choix pour maximiser les retombées liées à l'utilisation de nos
ressources énergétiques. Par ailleurs, il faut souligner que tout raccordement
impliquant des achats d'électricité supplémentaires aura des impacts tarifaires
qui devront être répartis à travers les différentes clientèles en raison du
coût des nouveaux approvisionnements qui sont plus élevés que les tarifs.
Présentement, la loi indique qu'Hydro-Québec a l'obligation de fournir de
l'électricité aux clients qui souhaitent être accordés. Toutefois, la
réglementation relative aux tarifs d'électricité tempère cette obligation et
fait en sorte qu'Hydro-Québec n'est pas tenue d'accepter toute nouvelle demande
de plus de 50 mégawatts.
• (10 h 10) •
Depuis janvier 2022, des membres du
gouvernement et d'Hydro-Québec appliquent des lignes directrices qui permettent
d'évaluer chaque projet en deux temps. D'abord, Hydro-Québec évalue
l'alimentation électrique du projet et son impact sur l'approvisionnement et le
réseau. Ensuite, le gouvernement analyse les retombées du projet au Québec,
notamment les retombées économiques, sociales et environnementales et
l'adéquation du projet avec ses priorités industrielles afin de sélectionner
les projets qui seront alimentés. Le présent projet de loi formalise ce
processus et est un projet de plus de cinq mégawatts la possibilité de refuser
le service. Nous jugeons nécessaire cette inscription dans la loi et cet
abaissement du seuil afin d'allouer l'électricité disponible aux secteurs les
plus porteurs pour notre société. Nous passons donc d'une formule le premier
arrivé, premier servi à une formule avec laquelle il sera possible de choisir
les meilleurs projets. Cette modification évitera ainsi notamment que des
promoteurs contournent le processus actuel en soumettant une demande juste sous
le seuil des 50 mégawatts, ce qui nuirait à l'utilisation judicieuse de
notre électricité.
Nous notons que le projet de loi prévoit
qu'après une éventuelle adoption, un règlement serait élaboré afin de
déterminer les cas pour lesquels Hydro-Québec ne serait pas tenue d'alimenter
un client et les conditions applicables. À cette phase ultérieure, nous
soumettons pour réflexion qu'il serait opportun de prévoir des dispositions
assurant l'acceptation de projets liés au service public, visant par exemple
des infrastructures municipales ou le transport collectif électrique.
En conclusion, Hydro-Québec accueille
favorablement le projet de loi n° 2 qui assure le
maintien du caractère abordable des tarifs et vise une meilleure allocation de
notre électricité propre. Nous estimons que la limitation de l'obligation de
desservir les clients de grande puissance, dans la mesure où la sélection tient
compte des aspects énergétiques, économiques, sociaux et environnementaux,
ainsi que de la capacité technique d'Hydro-Québec d'alimenter les projets, est
essentielle dans un contexte de transition énergétique. À cet égard, nous avons
pris connaissance du souhait du ministre de déposer prochainement un projet de
loi visant à réformer plus en profondeur le cadre législatif encadrant le
secteur de l'énergie, et ce, afin de l'adapter à la nouvelle réalité de la
transition énergétique. Comme énoncé dans notre plan stratégique, nous sommes
favorables à cette évolution à laquelle nous collaborons activement. On vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour une durée de 16 min 30 s.
M. Fitzgibbon : Mon collègue
tantôt aussi a des questions, mais peut-être la première... Bon, merci
évidemment de votre présence, Mme Boucher, MM. Rhéaume et Pouliot.
L'une des questions qui va revenir, c'est : Selon vous, est-ce que vous
pensez que le seuil d'application de l'obligation de desservir établi à
5 mégawatts est optimal? Pourquoi pas 6, pourquoi pas 2, pourquoi pas
zéro, 50, là, tout? Expliquer un peu d'où le 5 mégawatts. Comment vous voyez
le 5 mégawatts, la pertinence du 5 mégawatts en fait?
M. Rhéaume (Dave) : M. le
Président, on pense que le seuil de 5 mégawatts est le bon seuil pour
diverses raisons. D'abord, il faut trouver un équilibre. Ça doit demeurer
applicable à un point qui tient à une référence dans les tarifs. Or,
5 mégawatts, c'est le point où les clients ont accès au tarif L et au
tarif LG, les deux tarifs les plus abordables pour les clients grande
puissance. Donc, d'emblée, d'un point de vue du traitement des clients, les clients,
souvent, planifient leurs projets en essayant de savoir quel va être le tarif,
puis, lorsque tu te qualifies pour le tarif L ou le tarif LG, c'est le tarif le
plus avantageux, et c'est pour ces spécifiquement pour ces clients-là. De plus,
c'est important de rappeler, certains ont suggéré : Est-ce que le seuil
n'est pas trop bas? Est-ce qu'on va bloquer...
M. Rhéaume (Dave) : ...projets.
Aujourd'hui, au Québec, on n'a pas tout à fait 300 clients qui se
qualifient du tarif L ou LG. Donc, bien qu'on peut avoir l'impression qu'il y a
des... Il y a beaucoup, beaucoup de projets. Actuellement, il y a plusieurs
projets qui regardent du côté du Québec pour investir. Puis, vous l'avez vu, le
23 000 mégawatts de projets. Mais la réalité actuelle, c'est que ça demeure des
cas relativement exceptionnels, des clients qui ont des appels de plus de
5 mégawatts. Donc, on pense que, de ce côté-là, ça frappe l'équilibre avec
le seuil qui a été sélectionné.
M. Fitzgibbon : Merci. Une
autre question. Selon vous, quel sera l'impact du p.l. n° 2 sur la
profitabilité ou les revenus d'Hydro-Québec?
M. Rhéaume (Dave) : Les
tarifs d'Hydro-Québec, historiquement, suivent l'inflation parce que les coûts
d'Hydro-Québec sont reliés à l'inflation. Hydro-Québec, c'est une entreprise
qui a besoin d'avoir une équipe, donc un personnel très important, qui déploie
des infrastructures très importantes puis qui travaille avec des fournisseurs
de partout au Québec, en nombre puis en contrats très importants. Donc, le coût
de services, le coût que ça coûte, offrir le service chez Hydro-Québec, c'est
essentiellement lié à l'inflation.
Donc, d'utiliser l'inflation comme point
d'ancrage pour l'évolution des tarifs, c'est, selon nous, la meilleure
référence. D'avoir l'occasion aux cinq ans de valider le niveau de précision
des tarifs en faisant un examen judicieux et précis des coûts, c'est une bonne
pratique aussi. Lorsqu'on vient imposer un cap, ça implique qu'on impose une
certaine déviation entre l'inflation puis l'évolution finale des coûts. On
pense que, dans ce cas-ci, avec un cap à 3 % limité à une partie seulement
de la clientèle, ça pourrait avoir des impacts sur le bénéfice, mais pas des
impacts plus importants que d'autres variations, par exemple les prix de
l'énergie dans les marchés voisins, qui impactent aussi le bénéfice.
Donc, c'est un ordre de grandeur qui,
selon nous, permet d'assurer la viabilité puis la stabilité du service puis de
se rendre à l'examen de la Régie aux cinq ans pour faire un examen diligent
puis fixer des tarifs précis.
M. Fitzgibbon : Merci. Je
pense que mon collègue... Daniel, tu avais une question? Je peux...
Le Président (M. Ciccone) : Je
vais céder la parole au député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. À vous la
parole. Alors, il reste 13 minutes.
M. Bernard : Merci. Est-ce
que c'est...
Le Président (M. Ciccone) : Oui,
oui.
M. Bernard : C'est la
première fois que je suis dans cette salle-là et... Un retour à l'Assemblée
nationale. Merci, M. le Président. Merci beaucoup d'être là.
Une des questions, moi, qui m'interpelle,
c'est sur une base régionale. On a beaucoup parlé, là, le ministre dans son
introduction, de la capacité technique de raccordement. Un des premiers...
Quand j'ai fait de la consultation, mon premier contrat que j'avais eu, là, en
2000, c'était pour Hydro-Québec sur l'analyse puis les projections de
réalisation de projets miniers. Parce que, dans votre liste, vous dites qu'il y
a 80 projets de 50 mégawatts et plus, 150 projets de 5 à
50 mégawatts. Quand les gens vous présentent des projets, puis dans le
cadre du ministre puis de votre travail, est-ce que vous faites des analyses à
savoir est-ce que le projet a effectivement une chance d'être réalisé ou est
plus sur une base promotionnelle et autres? Parce que ça a des impacts à cet
égard-là. Puis je vais vous revenir avec une sous-question à cet égard-là.
Donc, faites-vous vraiment des études sur les projets qui vous sont présentés?
M. Rhéaume (Dave) : Lorsqu'un
client potentiel nous approche pour développer un projet, la première étape,
c'est d'avoir un échange. Donc, on a des équipes de délégués commerciaux qui
s'assurent de comprendre avec les clients, c'est quoi, l'ampleur du projet,
valider que la charge électrique que le client estime avoir de besoins est
réaliste. Puis, ensuite, on regarde l'échéancier puis on regarde ce que nous,
de notre côté, on est capable de faire. D'abord, il y a le test de la réalité
physique. C'est-à-dire, si vous demandez d'avoir 100 mégawatts demain au
milieu de l'Île de Montréal, ça n'arrivera pas demain. Donc, le type
d'investissement puis le temps de faire les travaux. Donc, on commence par
s'entendre sur un échéancier réaliste.
Mais, à mesure qu'on creuse le projet avec
le client, éventuellement, il y a des coûts qui doivent être assumés par le
client. Un client ne peut pas demander, pendant des années, à Hydro-Québec de
faire faire des plans d'ingénierie puis de planifier des travaux sans assumer
une partie de coûts. Donc, je vais dire, il y a un test de la viabilité du
projet qui se fait lorsqu'on demande aux clients d'assurer des garanties
financières pour que l'on continue à aller de l'avant puis évaluer avec ce
promoteur-là la viabilité du projet.
M. Bernard : Oui, merci. Puis
deuxième sous-question, justement, sur cette base-là. À l'époque, on regardait
en Abitibi-Témiscamingue, entre autres, qui est la région, puis probablement
que les collègues ont peut-être des enjeux similaires, c'était la capacité du
réseau à accueillir ces projets-là. Parce qu'à une certaine époque on parlait
d'ajouts de lignes de distribution de 750 mégawatts en région parce que le
réseau s'en venait plafonner. Est-ce que vous avez des études à cet égard-là
assez récentes, puis sur votre demande des projets? Parce que ce qui... Ce que
je veux m'assurer dans le comté...
M. Bernard : ...de la réforme
qu'on va faire, c'est qu'une région comme l'Abitibi-Témiscamingue ne soit pas
pénalisée parce que le réseau... On va avoir des délais pour ramener des lignes
supplémentaires pour fournir les projets. J'aimerais avoir, à ce moment-là...
Est-ce que vous avez un portrait assez réaliste actuel des besoins par région
pour ne pas... pour... Advenant le cas, qui va décider de la construction d'une
nouvelle ligne pour alimenter ces projets-là?
Mme Boucher (Julie) : Il y a
deux choses dans votre question, l'attribution des mégawatts selon le processus
qui est évoqué dans le projet de loi, c'est une chose, donc l'énergie qui va
circuler sur les lignes, maintenant, une fois que l'énergie est attribuée selon
les critères, la première étape, c'est de vérifier la disponibilité sur le
réseau de transport d'électricité par exemple, donc il y l'attribution des
mégawatts, puis ensuite la capacité technique, la capacité physique de pouvoir
déplacer l'énergie sur le réseau de transport d'électricité. Donc, aujourd'hui,
ce dont on parle dans le projet de loi N° 2, c'est l'attribution des
mégawatts eux-mêmes. Donc, avec un nombre de mégawatts limité, quels sont les
projets qui doivent être priorisés? Jusqu'à maintenant, c'est le principe du
premier arrivé, premier servi. Ce qui est proposé ici, c'est plutôt qu'il y a
une analyse qui soit faite des mégawatts et de l'attribution selon la création
de richesse, la création environnementale et l'aspect social également.
• (10 h 20) •
M. Bernard : O.K., mais sur
une base régionale, par exemple... Comme je vous disais, je veux m'assurer que
des projets en Abitibi-Témiscamingue ne seront pas déplacés ou repoussés dans
le temps parce que la capacité actuelle du réseau ne peut pas les accueillir.
Par exemple, il y a des disponibilités parce qu'il y a des usines de pâte et
papier, comme Résolu à Amos, qui n'opère plus, donc ça donne de la capacité.
Puis si je veux avoir un détail là-dessus, je peux vous contacter pour savoir
l'état de la situation pour notre réseau en Abitibi-Témiscamingue et des
disponibilités futures?
Mme Boucher (Julie) : Bien
sûr.
M. Bernard : Parfait. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Je
recède la parole à M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Moi, j'ai
envie de... parler des particuliers. Dans votre présentation, vous faisiez état
que vous étiez conscient que le paiement de la facture d'électricité est un
défi pour certaines familles vulnérables, peu importe la hausse des tarifs.
Pouvez-vous nous parler un peu peut-être des mesures que vous avez en place
pour... dans le cas où c'est requis, de soutien pour votre clientèle, quand
c'est requis?
Mme Boucher (Julie) : Bon,
depuis le début de la pandémie en avril 2020, l'ensemble des frais
d'administration d'Hydro-Québec ont été suspendus, donc il n'y a pas de frais
si vous prenez plus de temps pour payer votre facture. Il y a des ententes de
paiement assouplies qui ont été aussi proposées de manière générale aux clients.
On invite toujours les clients à nous contacter si vous avez de la difficulté à
payer votre facture. La meilleure chose à faire, c'est de nous contacter, on va
prendre des ententes de paiement, puis on va s'assurer que vous puissiez payer
dans le temps, et on va faire preuve de souplesse. Il y a aussi un moratoire
hivernal qui est en vigueur, donc, du 1er décembre au 31 mars pour
tout ce qui est interruption de service au Québec, donc du 1er décembre au
31 mars. Et il y a différentes mesures d'aide aussi qui ont été
appliquées, donc, pendant l'ensemble de la pandémie. On a maximisé, comme je
vous le disais, là, l'accès aux ententes de paiement et à l'aide d'outils
numériques, par exemple, donc, pour favoriser que ça soit fait de manière
confidentielle, privée. À l'occasion, les gens ne sont pas à l'aise de nous
contacter directement, donc vous pouvez le faire en ligne et directement. Donc,
on a vu qu'il y avait effectivement un impact de ces mesures-là, il y a plus de
soutien qui a été offert à nos clients. Le nombre de clients avec des ententes
de paiement a évolué dans le temps, donc, au 31 décembre 2022, on a
216 000 clients pour une valeur de 955 millions. Alors, que si
on retourne avant la pandémie, en 2019, on avait 236 000 pour une valeur
de 748 millions. Donc, on voit qu'il y a plus d'ententes de paiement qui
contractées avec Hydro-Québec, c'est une bonne pratique. Si vous avez de la
difficulté à payer votre facture, la meilleure chose à faire, je me répète,
c'est de nous contacter.
M. Fitzgibbon : Merci. Moi,
ça couve mes questions. Je regarde mes collègues, là, il reste quelques
minutes, je ne sais pas s'il y a des questions additionnelles que vous voulez
poser.
Le Président (M. Ciccone) : C'est
beau?
M. Fitzgibbon : C'est beau.
Alors, on vous retourne...
Le Président (M. Ciccone) : Bon.
Parfait. Bien, merci beaucoup. Merci beaucoup, M. le ministre. Avant de passer
la parole au député de Jacques-Cartier, je dois absolument demander un
consentement pour donner un temps de parole au chef du troisième groupe
d'opposition parce qu'on va séparer les temps de l'opposition. Alors,
dépendamment du consentement, on va jouer avec les temps. Est-ce qu'on a
consentement pour donner la parole au troisième... Oui, alors consentement.
Alors, on poursuit avec M. le député de Jacques-Cartier avec un temps de parole
de 10 min 44 s.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Est-ce qu'Hydro-Québec a des prévisions qui sont plus longues que
juste 10 ans pour nos besoins électriques? Et est-ce que vous avez les
documents que vous pouvez déposer... aujourd'hui?
M. Rhéaume (Dave) : Donc, il
y a deux formes de prévisions, il y a la prévision sur laquelle on prend des
engagements fermes, c'est-à-dire qu'on bâtit des infrastructures, on prend des
contrats d'approvisionnement, ça, c'est celle qui est de 10 ans qui est
déposée...
M. Rhéaume (Dave) : ...la
Régie de l'énergie a chaque année... bien, une fois aux trois ans, il y a une
une mise à jour à chaque année. Par contre, en parallèle, lorsqu'on essaie de
planifier des ouvrages, que ce soit des lignes de transport à haute tension,
que ce soit des futurs développements éoliens ou si c'était d'éventuels projets
de nouvelle centrale hydroélectrique, c'est des projets qui se font et qui se
planifient sur plus que 10 ans et qui doivent répondre à des besoins
énergétiques sur beaucoup plus que 10 ans.
Donc, c'est certain que, lorsqu'on
réfléchit aux besoins énergétiques à long terme, à la transition énergétique,
lorsqu'on annonce, par exemple, plus de 100 térawattheures, sur l'horizon 2050,
pour assurer la décarbonation, c'est qu'on fait un exercice de scénarisation
assez complexe dans lequel on prend plusieurs scénarios d'évolution de la
demande, plusieurs scénarios énergétiques, par exemple : Comment va
évoluer la performance des bâtiments? Quel va être le rythme d'adoption des
véhicules électriques? Comment va se transformer le transport lourd? Et on
modélise donc, dans une série de scénarios, différentes trajectoires énergétiques.
Puis, à chaque fois qu'on évalue ces nouvelles trajectoires là de demande, on
vient créer une nouvelle trajectoire d'offre.
Comment on serait capable d'équilibrer ces
différents scénarios de demande là sur des horizons, je dirais, plus proches de
2050?
M. Kelley : ...je n'ai pas
beaucoup de temps. Désolé de vous interrompre, mais je veux... Je comprends que
vous n'avez pas des documents pour moi, je vais aller sur la prochaine
question. Le 100 térawattheures que vous parlez, c'est juste pour le Québec :
Oui ou non?
M. Rhéaume (Dave) : 100
térawattheures, c'est pour décarboner le Québec.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Dans votre mémoire, si je regarde la page numéro 4, vous parlez de
«tout raccordement impliquant des achats d'électricité supplémentaires aura des
impacts tarifaires qui devront être répartis à travers des différents clients
en raison des coûts des nouveaux approvisionnements qui sont plus élevés que
les tarifs». Est-ce que je dois comprendre que ça veut dire que chaque
kilowattheure qu'on ajoute, ça va augmenter le prix pour les Québécois?
M. Rhéaume (Dave) : En fait,
je vais essayer d'y répondre le plus rapidement possible.
M. Kelley : C'est parfait.
M. Rhéaume (Dave) : Aujourd'hui,
nos tarifs, ils sont basés sur le coût qu'on appelle moyen, donc tout ce qu'on
a déjà bâti. On a bâti, dans le passé, des infrastructures extraordinaires qui
permettent de produire l'électricité à très faible coût. Mais, lorsqu'on bâtit
des nouveaux approvisionnements, on le bâtit au coût des infrastructures, des
entrepreneurs, des matériaux d'aujourd'hui. Donc, les nouveaux coûts sont plus
élevés que le passé. Forcément, à chaque fois qu'on rentre des nouveaux
approvisionnements, il y a un coût supplémentaire qui doit être assumé, donc
qui pourrait se traduire par des tarifs spéciaux pour ces nouveaux usages là,
ou une augmentation plus généralisée des tarifs, ou une diminution de la
profitabilité d'Hydro-Québec. C'est des vases communicants.
M. Kelley : Parfait! Merci
beaucoup. Je trouve ça intéressant. On parle un petit peu d'ajouter à notre
portfolio qui est très important... qu'il faut faire. Dans le plan stratégique
d'Hydro-Québec sur la page numéro 10, alors on parle un petit peu que
l'efficacité énergétique, la gestion de la demande peut avoir l'effet de
réduire les besoins d'électricité, notamment en période de pointe, sans
diminuer le confort des gens, et tout ça. Alors, ça dit qu'il faut faire des
efforts, mais après ça, je trouve cette partie très intéressante.
Par ailleurs, l'accroissement de la
puissance de notre parc hydroélectrique existant et les recours à des filières
renouvelables, comme l'éolien et le solaire qui pourraient être déployés
rapidement à plusieurs endroits comme source d'énergie complémentaire,
représentent des options intéressantes de combler des besoins additionnels.
Est-ce que d'ajouter ces types d'énergie va coûter des Québécois moins qu'un
gros projet des barrages?
M. Rhéaume (Dave) : Oui.
Actuellement, l'énergie probablement la moins chère, dans le marché, pour des
nouvelles infrastructures, c'est l'énergie éolienne. Le défi de l'éolien, c'est
que, si vous raccordez une maison, un commerce ou une grande industrie, quand
il arrête de venter, cette institution-là a quand même besoin d'énergie. Donc,
il faut investir en parallèle.
Donc, aujourd'hui, on a la chance d'avoir
identifié, sur notre parc hydroélectrique existant, des façons d'accroître sa
puissance, d'accroître sa flexibilité, d'accroître sa capacité d'équilibrage.
Puis ça, c'est la meilleure combinaison à court terme pour accroître de
l'énergie à prix compétitif. Ce n'est pas infini, évidemment, la rivière, elle
a ses limites, les sites ont leurs limites, mais on constate qu'aujourd'hui il
y a une opportunité d'ajouter de l'énergie renouvelable avec, notamment, de
l'éolien combiné avec des investissements sur nos actifs existants. Puis ça,
c'est la solution la plus économique à court terme.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Oh! Excusez-moi. Le premier ministre a souligné qu'il y a un plan B
si les négociations, avec Churchill Falls et Terre-Neuve, ne vont pas bien...
M. Kelley : ...de peut-être
construire cinq à quatre barrages. Juste une question pour vous, madame, est-ce
que vous avez des discussions avec les nations autochtones sur ces quatre ou
cinq projets?
Mme Boucher (Julie) : On
n'est pas à cette étape au moment où on se parle.
M. Kelley : Parfait. Merci...
Mme Boucher (Julie) : On est
à l'étape des études préliminaires.
M. Kelley : Excellent.
Parfait. Merci beaucoup. Je veux aller maintenant sur tous les projets. Je
comprends quand, dans votre mémoire, vous avez souligné qu'il y a
80 projets de 50 mégawatts puis les autres, 5 à 10. Juste de
comprendre, c'est quoi exactement, les critères? Je sais qu'on parle un petit
peu que c'est des projets qui sont bons pour l'économie, qui sont verts, mais
est-ce que vous avez des critères précis pour choisir les projets? Est-ce que
vous êtes partie de ces discussions-là présentement avec le gouvernement?
M. Rhéaume (Dave) : On en
fait partie, mais ce n'est pas Hydro-Québec qui va choisir. Depuis le début,
là-dessus, on est très clairs, Hydro-Québec doit donner l'heure juste sur les
capacités du système. On ne peut pas inventer des électrons, on ne veut pas
inventer des lignes. Donc, il y a une capacité actuelle du système. On peut
travailler à l'accroître, on peut travailler à l'optimiser. Puis ensuite, une
fois qu'on prend en compte les contraintes électriques, donc ajouter un projet
de 50 mégawatts, ça a plus d'impact qu'un projet de cinq mégawatts, une
fois qu'on donne cette information-là, c'est sur la base, après ça, des
critères économiques, sociaux et environnementaux que la décision va pouvoir
être prise, mais pas par Hydro-Québec.
M. Kelley : Parfait. Je vais
juste... reviens un petit peu sur la discussion autour des GES. Juste pour vous
dans le profil que... Quand même, Hydro-Québec a des objectifs pour
décarboniser puis s'assurer qu'on respecte la décarbonisation de notre
économie, mais encore. Pour les GES est-ce que les projets solaires et éoliens
sont les moins... ont moins des impacts sur l'augmentation des GES? Est-ce que
c'est présentement la forme d'électricité qui est la plus simple à faire la
transition énergétique pour le Québec, en termes des GES?
Mme Boucher (Julie) : L'hydroélectricité,
d'un point de vue GES, est une filière qui est comparable à l'éolien, mais qui
émet cinq fois moins que les panneaux solaires. Donc, ce n'est pas souvent
intuitif, mais l'hydroélectricité, surtout l'hydroélectricité au fil de l'eau,
mais même à réservoir, est équivalente à l'éolien, cinq fois moins que les
panneaux solaires.
M. Kelley : Et si on inclut
la construction.
Mme Boucher (Julie) : Également,
c'est le cycle de vie. C'est une analyse qui est faite par... qui inclut
l'ensemble du cycle de vie.
M. Kelley : Parfait, c'est
très bien. Puis, encore, je veux juste dire merci beaucoup pour votre temps
ici, de venir devant nous pour discuter de tous ces enjeux très, très
importants. Pour l'instant, M. le Président, je n'ai pas d'autre question.
Alors, je veux passer la parole à mon collègue de Québec solidaire.
Le Président (M. Ciccone) : ...il
reste du temps pour formuler votre...
M. Kelley : Il y a combien de
temps?
Le Président (M. Ciccone) : ...aussi,
M. le député.
M. Kelley : Ah! oui,
excusez-moi.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard. Vous avez
3 min 55 s.
M. Bouazzi : Excellent. Merci
beaucoup. Je vais commencer peut-être par des questions plus générales et puis
rentrer dans un certain nombre de petits détails qui m'intéressent. Donc, je
commencerais par une question simple : Est-ce que vous pensez que votre
plan stratégique d'Hydro-Québec est bon?
• (10 h 30) •
Des voix : Oui.
M. Bouazzi : Vous avez parlé
d'un certain nombre d'hypothèses qui entourent les projections. Et puis vous
êtes d'accord avec moi, je l'espère, qu'il y a un certain nombre d'hypothèses
qui entourent nos besoins d'énergie dans les objectifs d'atteinte de limitation
de gaz à effet de serre en 2035 et ensuite la carboneutralité... en 2030,
pardon, et la carboneutralité en 2050. Parmi elles, il y a la question
d'efficacité énergétique, de sobriété et puis, évidemment, de nouveaux
développements économiques, etc. Ça fait que ma première question : Pour
faire ces hypothèses, est-ce que vous avez reçu les objectifs d'efficacité
énergétique du gouvernement pour atteindre les objectifs justes de 2035...
2030? N'allons même pas jusqu'à 2050.
M. Rhéaume (Dave) :
La
façon dont la prévision est développée, c'est en utilisant, en effet, les
programmes en vigueur actuellement au Québec, donc différents programmes, par
exemple, pour l'électrification des transports, certains des objectifs qui sont
énoncés mais ainsi que des tendances qu'on voit dans l'industrie. C'est-à-dire
qu'il peut ne pas y avoir un objectif spécifique à la taille des maisons, mais,
si on constate qu'il y a une évolution dans la taille de la maison moyenne, et
donc la consommation moyenne d'une maison, c'est le genre d'information qui est
pris en compte pour tracer la trajectoire et estimer l'évolution de la demande.
M. Bouazzi : Donc, ça, c'est
pour l'efficacité. Vous avez parlé de transports en commun. Pour la sobriété,
est-ce que vous avez reçu des objectifs du gouvernement en matière de sobriété,
pour les citoyens?
Mme Boucher (Julie) : Il y a
ce qui est public dans le Plan pour une économie verte. Il y a aussi des
discussions avec le ministère de...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Boucher (Julie) : ...de la
lutte aux changements climatiques pour qu'effectivement les objectifs nous
soient partagés, qu'on puisse les intégrer dans nos prévisions.
M. Bouazzi : Donc, vous les
avez reçus ou pas? Je n'ai pas compris.
Mme Boucher (Julie) : On est
en discussion avec eux, effectivement, pour qu'ils nous partagent les projets
en question.
M. Bouazzi : Donc, il n'y en
a pas actuellement.
Mme Boucher (Julie) : Je
pourrais vérifier avec les équipes.
M. Bouazzi : Pour l'efficacité,
par curiosité. C'est quoi, l'objectif que vous avez reçu, que vous avez pris en
compte en matière de puissance ou d'énergie?
Mme Boucher (Julie) : On peut
vous parlez, nous, de notre objectif qui est dans le plan stratégique d'Hydro-Québec.
Ça, j'ai les chiffres avec moi. Donc, l'indicateur de performance en termes d'économie
d'énergie dans le plan stratégique d'Hydro-Québec, à l'horizon 2021, on
parlait de 733 gigawattheures. Ça, ce n'est pas l'objectif, évidemment. L'objectif 2025,
c'est 4 000 gigawattheures, et en 2029, 8 200 gigawattheures.
Ce sont les objectifs d'économie d'énergie.
M. Bouazzi : Donc, ça, c'est
fait en collaboration avec le gouvernement ou c'est les vôtres?
Mme Boucher (Julie) : Ça, ce
sont les nôtres mais qui incluent ce qui est connu, ce que nous avons dans nos
chiffres en termes de prévision.
M. Bouazzi : Donc, je
comprends que pour la sobriété, pour les citoyens, il y a... vous n'avez encore
rien reçu du gouvernement. Est-ce que vous avez reçu des objectifs de sobriété
pour les entreprises?
Mme Boucher (Julie) : Les
plans de mise en œuvre du Plan pour une économie verte sont évolutifs. Donc, c'est
une discussion constante que nous avons avec le ministère de l'Environnement
pour mettre à jour les cibles en question.
M. Bouazzi : Donc, je
comprends que vous ne l'avez pas reçu...
Mme Boucher (Julie) : Non, ce
n'est pas ce que je dis.
M. Bouazzi : Je veux dire, on
ne peut pas le chiffrer. Est-ce que vous avez un chiffre d'objectif de sobriété
des entreprises au Québec?
Mme Boucher (Julie) : Je vais
vérifier avec les équipes et vous revenir sur la question.
M. Bouazzi : Mon autre
question, c'est : vous avez parlé, évidemment, en disant que c'est tout à fait
irréaliste de construire 13 barrages pour tous les projets que vous avez
reçus. Si on en autorise la moitié, l'ordre de grandeur du nombre de barrages,
c'est combien?
M. Rhéaume (Dave) : Ce que ce
qu'on a répondu, c'est que de bâtir 13 projets comme celui du... tout le
complexe de la Romaine, ce n'était évidemment pas réaliste.
M. Bouazzi : C'est quatre
barrages fois 13, alors.
M. Rhéaume (Dave) : C'est ça,
exact, mais vous pouvez arriver à la conclusion que, si on en fait la moitié, c'est
donc la moitié, je dirais : On n'a pas une analyse précise d'un scénario à
23 000 mégawatts puis on n'a pas plus un scénario à 11 500 mégawatts.
M. Bouazzi : Mais c'est
plutôt un, ou plutôt sept, plutôt 20 barrages?
M. Rhéaume (Dave) : En fait,
c'est qu'on est en train de faire une adéquation entre le nombre de barrages
puis l'augmentation de la demande industrielle, mais actuellement c'est...
toute la consommation au Québec est en train d'évoluer. Un des plus gros
facteurs de croissance dans la prévision aujourd'hui, c'est les véhicules
électriques. Si la cible de véhicules électriques qui est atteinte, ça prend
plus d'énergie. Si la cible des véhicules électriques n'est pas atteinte, bien,
tout d'un coup, on pourrait déployer moins d'infrastructures.
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
M. Rhéaume (Dave) : C'est la
somme de la demande au Québec.
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant.
M. Bouazzi : Donc, notre
meilleure manière de ne pas avoir à construire ces barrages, c'est de ne pas
atteindre les objectifs à effet de serre?
M. Rhéaume (Dave) : La
meilleure manière de limiter les infrastructures, c'est de limiter... d'avoir
la consommation la plus efficace possible.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. J'ai cru comprendre, Mme Boucher, que vous étiez pour envoyer une
réponse. Je vous demanderais de l'envoyer au secrétariat, s'il vous plaît, de
la commission.
Mme Boucher (Julie) : Si on
est en mesure de vous répondre d'ici la fin de la commission, on le fera.
Sinon, on fera, effectivement, comme vous le proposez, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, très apprécié. À titre d'être transparent, on a rajouté une minute
quinze pour le député de Maurice-Richard parce que M. le député de
Jacques-Cartier n'a pas pris tout son temps. On a rajouté 45 secondes au
troisième chef... le chef du troisième groupe d'opposition. Vous avez la parole
pour deux minutes 57 secondes.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
M. le Président. Deux points. Premièrement, bonjour, merci d'être ici. Je vous
ai écoutés attentivement sur la question du plafonnement du taux d'indexation
des tarifs domestiques. Félicitations pour les mesures d'apaisement en temps d'inflation.
On est d'accord avec vous sur le plan de mesures exceptionnelles en temps
exceptionnel.
Maintenant, ce que je comprends du PL 34
et ensuite du PL 2 aujourd'hui, puis je veux clarifier la position d'Hydro-Québec,
c'est que vous considérez que le retrait de la Régie de l'énergie pour évaluer
quelle devrait être la tarification résidentielle serait une bonne politique
permanente et qu'on devrait utiliser comme seul critère l'inflation pour les
prochaines années pour déterminer la hausse des tarifs. Est-ce que c'est ce que
je comprends de votre intervention?
M. Rhéaume (Dave) : Non, ce
qu'on dit, c'est : ça fonctionne d'utiliser l'inflation entre les années
où on fait un examen, donc ce qu'on appelle le recalibrage complet devant la
Régie de l'énergie. De retourner occasionnellement à la Régie de l'énergie, c'est
absolument essentiel. Le meilleur référent entre ces années-là, c'est l'inflation.
M. St-Pierre Plamondon : Parfait.
Merci de la clarification. Sur la question de la sobriété, laissez-moi aller à
la base, là. Lorsqu'on fait une planification des besoins énergétiques du
Québec et que, par conséquent, on essaie d'évaluer quels projets sont
nécessaires, il y a notre capacité à produire, mais il y a également notre
consommation. Je ne me trompe pas...
M. St-Pierre Plamondon : ...si
j'affirme que l'un va avec l'autre dans le cadre d'une planification globale de
nos besoins énergétiques?
M. Rhéaume (Dave) : C'est
exact.
Mme Boucher (Julie) : ...
M. St-Pierre Plamondon : Est
ce que je comprends que dans l'exercice qui mène au p. l. 2, pour
l'instant, Hydro-Québec n'a pas — puis je m'excuse de l'expression en
anglais, là- scénario planning, là, au MBA, on enseigne la planification par
scénarios — n'a pas de scénario précis ni d'objectifs et de mesures
définis en matière de réduction de la consommation d'énergie dans le cadre des
scénarios qui seront étudiés pour les projets en devenir à travers le p.
l. 2?
• (10 h 40) •
M. Rhéaume (Dave) : Non, je
vous corrige ou je nous corrige là, désolé pour le manque de clarté. Non, non,
on a actuellement une cible très claire 8.2 TWh sur l'horizon 2029.
On a des cibles en puissance aussi par marchés. Dans le scénario ce qu'on va
appeler le jeu de base, ce qu'on reconnaît justement dans le scénario planning,
c'est que cette cible-là, elle est basée sur une série d'hypothèses :
évolution de la demande, matérialisation des projets, développement des...
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
ma question, pour être précis, c'est qu'il y a un scénario avec une cible de
réduction. Est-ce que ça correspond à un document dans le cadre duquel
Hydro-Québec a planifié les changements qui vont permettre l'atteinte de ce
scénario de réduction de consommation énergétique?
Le Président (M. Ciccone) : En
10 secondes, s'il vous plaît.
M. St-Pierre Plamondon : Oui
ou non?
M. Rhéaume (Dave) : Oui, le
plan d'approvisionnement déposé à la Régie de l'énergie prévoit pour les dix
prochaines années qu'est ce qui doit être fait, puis l'efficacité énergétique,
les moyens de gestion, puissance...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Mme Boucher, M. Rhéaume, M. Pouliot, merci beaucoup
votre contribution aux travaux de cette commission. Je vais suspendre les
travaux pour donner le temps au prochain groupe de prendre place. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à10 h 41)
(Reprise à 10 h 45)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite maintenant la
bienvenue aux représentants de la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, puis nous procéderons à la période d'échanges avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter et à nous présenter votre...
et commencer votre exposé. À vous la parole.
M. Vincent (François) : Merci,
M. le Président. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour. Je me
présente, François Vincent, je suis vice-président Québec pour la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, la FCEI. Je suis accompagné, à ma
gauche, de Francis Bérubé, directeur des affaires provinciales, qui est le rédacteur
principal du mémoire qu'on vous a acheminé hier. À ma droite, Antoine Gosselin,
un économiste spécialisé en énergie. Durant la période des questions, vous
pouvez lui poser plein de questions, il est vraiment un expert, il travaille
avec nous pour les dossiers de la régie depuis plusieurs années. Et enfin,
Clémence Joly, analyste des politiques, qui finalise actuellement un rapport de
recherche sur l'impact de l'inflation auprès des PME québécoises.
M. le Président, la FCEI est le plus gros
groupe de PME au Canada, nous regroupons maintenant 97 000 membres,
dont 21 000 au Québec, dans toutes les régions et dans tous les secteurs
d'activité économique. Nous vous remercions de l'opportunité que vous nous
offrez aujourd'hui de présenter nos commentaires dans le cadre des
consultations du projet de loi N° 2. Des consultations comme aujourd'hui,
ça permet aux parlementaires d'améliorer les projets de loi qui sont présentés,
puis je peux vous confirmer, M. le Président, que vous puis les parlementaires
peuvent faire une différence avec ce projet de loi, notamment pour les PME,
pour les citoyens et pour l'économie.
Je ne passerai pas par quatre chemins, on
a été très déçus à la lecture du projet de loi N° 2 parce que, selon nous,
il y avait un énorme recul pour les dirigeants de PME de toutes les régions du
Québec. En effet, ils ont été, elles ont été retirés du projet de loi similaire
qui avait été déposé avant l'élection provinciale, le feu projet de loi n° 43.
La FCEI a été très active l'an passé pour communiquer les impacts de
l'inflation sur les PME encore fragiles, car, oui, l'inflation fait mal à nos
PME, elles sont frappées de tous côtés par les augmentations de coûts, et le
gouvernement ne leur donne pas de répit. Pour illustrer l'impact de l'inflation,
je vais citer le baromètre des affaires de la FCEI, un indicateur économique
reconnu qu'on tient mensuellement depuis 2009. M. le Président, la confiance
des PME est vraiment au plus bas, on a eu sept mois consécutifs de recul de la
confiance à court terme des PME québécoises. L'une des principales raisons de
ça, c'est la pression sur les coûts, puis quand on regarde les détails de la
pression sur les coûts, elle cite en première position, pas en deuxième, pas en
troisième, en première position, les coûts de l'énergie et des carburants. Puis
vous savez, M. le Président, le gouvernement du Québec ne contrôle pas les prix
du carburant sur les marchés mondiaux, mais ils possèdent néanmoins une
capacité d'intervention lorsqu'il est question des tarifs d'électricité et
surtout aujourd'hui avec le projet de loi N° 2.
L'inflation fait mal aux PME. Selon un
sondage qu'on a fait en 2022, pour trois PME sur cinq l'inflation a des
répercussions significativement négatives sur leurs entreprises. Et je peux
vous confirmer que, selon les données préliminaires de notre sondage qu'on est
en train de faire actuellement, les répercussions sont encore très importantes,
voire pires. Pour faire face à l'inflation, 73 % des PME augmentent leurs
prix, donc si on ne les protège pas, le...
M. Vincent (François) : ...le
gouvernement crée de la pression sur l'augmentation des prix pour les citoyens,
et, dans le même temps, on affaiblit nos PME. En effet, l'inflation a comme
impact, pour deux PME sur cinq, de réduire temporairement leurs marges
bénéficiaires, pour 29 %, de réduire leurs investissements, puis
23 %, d'augmenter leur endettement.
Puis rappelons-nous que l'économie du
Québec est composée de petites entreprises. La moitié des entreprises au Québec
a moins de cinq employés, 70 % ont moins de 10 employés. Puis les
entreprises sont frappées de façon inversement proportionnelle à la grosseur de
leur entreprise par l'enjeu de l'inflation. C'est un peu similaire avec la
paperasserie, puis le ministre a déposé un plan d'allégement réglementaire qui
faisait vraiment état de cette situation-là, que ça défavorisait les petites
entreprises. Pour l'inflation, c'est assez clair, là. Les économies d'échelle
pour une petite entreprise sont réduites, voire inexistantes, alors que l'augmentation
des frais fixes, comme la facture d'électricité, frappe directement. L'an
dernier, on a parlé beaucoup de cet enjeu. On a demandé, à maintes reprises,
que les PME soient incluses dans le bouclier anti-inflation du gouvernement
québécois, au premier chef, avec les tarifs d'électricité.
• (10 h 50) •
Puis à l'étude des crédits du
23 mars 2022, on était contents que le ministre précédent réponde à
une question de l'opposition, en disant, et je le cite : «Alors, le geste qu'on
pose pour éventuellement faire face aux hausses tarifaires d'avril 2023,
ça va venir plafonner, à l'intérieur de la loi, la hausse des tarifs, selon,
justement, la fourchette de l'inflation, sous le contrôle de la Banque du
Canada. Naturellement, cette hausse-là va être corrélée pour les entreprises
dans une même mesure.» Fin de la citation. Cet engagement a été concrétisé lors
du dépôt du projet de loi n° 43, avant l'élection, le
8 juin 2022. Malheureusement, cette disposition a disparu six mois
plus tard, lors du dépôt du projet de loi n° 2.
L'ajustement des tarifs d'Hydro-Québec à
l'inflation représentera, en 2023 seulement, une augmentation des coûts de près
de 250 millions de dollars pour les PME du Québec. Je le répète,
250 millions de dollars. Les hausses combinées de 2022 puis de 2023
avoisineront les 9 %, et ça, ça arrive immédiatement après deux ans de
restrictions économiques, qui ont affaibli nos PME. Ces hausses ne pourraient
pas arriver à un pire moment. M. le Président, est-ce qu'une personne ici, dans
la salle, pense que les PME sont complètement rétablies des chocs successifs de
la pandémie? Je peux vous confirmer qu'elles sont encore très fragilisées.
Selon nos données, au Québec, c'est 59 % des PME qui sont encore endettées
en raison de la pandémie, en moyenne, de plus de 100 000 $. Selon un
résultat préliminaire de notre sondage actuel, c'est 92 % des PME
québécoises qui croient que le gouvernement du Québec doit les inclure dans les
mesures pour pallier les effets de l'inflation, dont les tarifs d'électricité.
Vous avez peut-être remarqué, M. le
Président, on communique beaucoup de données de sondages, puis c'est très rare,
mais très, très rare, que nous obtenions des scores staliniens, mais, quand ça
arrive, ça démontre qu'il y a une réelle problématique vécue sur le terrain. Le
gouvernement doit aider les PME, qui sont frappées par l'inflation, puis le
projet de loi est une occasion à saisir. La FCEI demande donc au ministre et
aux parlementaires de réintroduire la disposition qui protégeait les PME du choc
de l'inflation.
Maintenant, M. le Président, on ne peut
pas ignorer l'éléphant qui est dans la pièce. Nous ne serions pas ici
aujourd'hui à parler du projet de loi n° 2 sans l'adoption, au préalable,
du projet de loi n° 34, en décembre 2019, qui a retiré à la Régie de
l'énergie le pouvoir de statuer annuellement sur les tarifs d'électricité.
Disons-le clairement, les PME ne sont pas contre une hausse raisonnable des
tarifs, mais elle désire pouvoir commenter, laisser les experts indépendants
statuer, c'est-à-dire donner ce pouvoir-là à la Régie de l'énergie. En somme,
la régie permet d'éviter qu'Hydro-Québec ne se détourne de sa mission initiale
pour se transformer en outil indirect de taxation gouvernementale. D'ailleurs,
ce sont 85 % des PME qui privilégient un retour annuel à la régie, puis on
a même sondé la population du Québec dans un sondage Léger, puis c'est
67 % des Québécois qui veulent aussi que ça revienne annuellement à la
régie. Ici encore, les parlementaires ont une occasion à saisir pour revenir à
un processus de décision optimal.
Il nous reste combien de temps?
Le Président (M. Ciccone) : 1 min 38 s.
M. Vincent (François) : Il
faut parler d'interfinancement. La FCEI en parle depuis des années. C'est
quoi...
M. Vincent (François) : ...En
gros, l'interfinancement, c'est que les PME paient en moyenne 18 % à
28 % plus cher les coûts encourus pour les desservir. Étant donné que là,
on ne protège plus les PME face à l'inflation, on va accroître l'écart de
l'interfinancement. Puis je ne peux pas vous cacher, M. le Président, que ça
fait une pilule encore plus difficile à avaler.
Enfin, on désire commenter la disposition
qui réduit l'obligation d'Hydro-Québec de desservir de 50 à 5 mégawatts.
Cela ne touche généralement pas les PME, mais affecte les grands projets. On
précise, une production de cinq mégawatts, ça implique une activité
industrielle de grande ampleur. A contrario, si on dessert des projets jusqu'à
50 mégawatts ça peut ultimement augmenter les coûts d'électricité des PME.
Donc, on appuie le gouvernement dans cette
direction, mais on ne veut pas donner un chèque en blanc. On pense que la
limite de cinq est bien puis on ne pense pas qu'on devrait élargir ça pour que
ça puisse, après, avoir des refus sur certains projets de petites et moyennes
entreprises. Donc, on appuie le gouvernement, mais on recommande de retirer les
articles sept et neuf du projet de loi qui ouvrent la porte à aller en deçà du
seuil par voie réglementaire.
Nous vous remercions beaucoup pour votre
écoute, et c'est avec plaisir que nous échangerons avec vous.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour seize minutes
30 secondes.
M. Fitzgibbon : O.K. Je vais
commencer. Je vais demander à mes collègues peut-être de penser à des questions
aussi.
Bien, merci de votre intervention. On sait
que le coût en électricité pour les entreprises au Québec est déjà parmi les
plus bas en Occident. Dans le contexte de la crise énergétique qu'on vit
présentement, on regarde partout dans le monde des hausses qu'on note de
l'ordre de 20, 30 et 40 %, la hausse qui serait projetée au Québec serait,
si ce n'est pas la plus basse, une des plus basses en Occident. Quand on
regarde les statistiques sur le coût d'approvisionnement électrique des
entreprises, c'est très, très, très bas. Alors, j'aimerais juste que vous
puissiez un peu élaborer sur ça. Pour moi, la situation des compagnies québécoises,
quand on compare l'électricité, elle est assez favorable. Alors, j'aimerais
vous entendre, là, pour expliquer encore plus profondément pourquoi on va
mettre les PME dans une situation problématique.
M. Vincent (François) : Bien,
moi, je vous répondrais en regardant l'augmentation qu'elles vont subir là
maintenant. Après deux ans de pandémie, avec 50 %... 59 % des PME qui
ont un endettement de plus de 100 000 $, c'est cette augmentation-là
qu'elles vont subir. Donc, même si on regarde par rapport aux autres, bien,
elles sont établies au Québec, elles ont à faire au Québec. Mais en même temps,
elles vont subir une augmentation de 6.4 % du RRQ, vont subir une
augmentation de salaire minimum de 7 %, des augmentations à
l'assurance-emploi. Les augmentations arrivent de partout. Donc, on ne pense
pas que l'argument de dire : Bon, bien, ça coûte moins cher ailleurs
s'applique dans la situation économique actuelle.
Maintenant, si le gouvernement veut aller
plus loin, bien, vous allez déposer justement un projet de loi plus détaillé.
Puis, si vous passez par la Régie annuellement, il y a peut-être une politique
qui pourrait être intéressante de mettre en place. Mais actuellement, avec deux
ans de pandémie qui ont affaibli nos PME, on ne pense pas que c'est une
décision économique positive que d'affaiblir nos PME qui sont le cœur de notre
économie. Puis on aimerait comprendre quelles ont été les raisons qui vous ont
convaincu, M. le ministre, de changer l'article du défunt projet de loi n° 43.
M. Fitzgibbon : Merci. Est-ce
que mes collègues ont des questions?
Des voix : ...
M. Fitzgibbon : Non? Donc, on
va vous transférer la période, oui.
Le Président (M. Ciccone) : Parfait.
Alors, je cède maintenant la parole au député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. J'ai combien de temps? Ou est-ce que... Je vais laisser vous...
Le Président (M. Ciccone) : Vous
avez quatorze... Laissez-moi voir ici. Dix minutes 44 secondes.
M. Kelley : Alors, vous
n'avez pas reçu une réponse à votre question. Est-ce que vous avez des pensées,
peut-être élaborer sur vos pensées sur pourquoi le gouvernement n'est allé de
l'avant avec les suggestions ou l'engagement, la promesse qui a été faite pour
la 43? Est-ce que vous avez des hypothèses de pourquoi?
M. Vincent (François) : Bien,
il va y avoir l'étude détaillée où vous allez pouvoir faire vos échanges.
Maintenant, il y a peut-être... Nous, on fait part de faits, de l'impact de
l'inflation sur les PME, puis, bon, un projet de loi, c'est perfectible, donc
je suis persuadé qu'il y a une possibilité pour M. le ministre, pour l'ensemble
des députés, de penser à vos PME de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la
région de la Beauce, de la région de la Capitale-Nationale, qui ont mal
actuellement puis qui ont besoin de l'aide puis de l'appui de leur
gouvernement. Donc, moi, je suis persuadé qu'il y a une possibilité d'arriver à
un changement...
M. Vincent (François) :
...pour aider les PME sur l'ensemble des coûts, donc je vais laisser les
parlementaires faire leur travail. Mais l'inflation fait mal, là, puis c'est...
J'ai fait faire sortir hier les données préliminaires de notre sondage actuel,
puis, bien, si vous voulez, je pourrais peut-être vous les déposer, on ne les a
pas sortis encore, là. Mais, admettons, par rapport à 2022 puis 2023, bien,
l'augmentation des coûts gouvernementaux, la pression augmente davantage,
quasiment de dix points de pourcentage pour l'impact important. On voit
également, dans les impacts pour les PME, par rapport à 2023, 2022, sur
qu'est-ce qu'elles font : réduire temporairement leurs marges
bénéficiaires, ça passe de 38 % à 42 %; réduire les investissements,
ça passe de 29 % à 32 %. Donc, ce n'est même pas bon pour l'économie,
si les PME réduisent leurs investissements privés, réduisent leurs marges
bénéficiaires ou s'endettent. Donc, moi, c'est... pour vos réflexions, ça me
ferait plaisir de vous partager le document.
• (11 heures) •
Le Président (M. Ciccone) : M.
Vincent, je vous demanderais d'envoyer le document au secrétariat de la
commission, s'il vous plaît.
M. Vincent (François) :
Parfait.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. M. le député.
M. Kelley : Pendant tout le
processus sur le projet de loi no 34, votre association était très, très
claire, vous avez répété à plusieurs reprises que ce n'était pas un bon projet
de loi, puis vous n'avez pas eu l'écoute du gouvernement. Sur le 43, vous venez
juste de poser une question au ministre : Pourquoi l'engagement pris par
l'ancien ministre n'est pas tenu dans ce projet de loi? Vous n'avez pas eu une
réponse. Est-ce que vous êtes confiant que dans la prochaine ronde des débats
autour des tarifs, que le gouvernement va écouter les priorités... les PME?
M. Vincent (François) : Bien,
moi, personnellement, je suis un éternel optimiste. Ça fait que, jusqu'à preuve
du contraire, je vais espérer le mieux. J'ai foi à cette institution-ci, au
rôle des députés, puis des députés de la partie gouvernementale. Je veux dire,
il y a des caucus des députés aussi, là, les députés peuvent prendre parole,
peuvent parler de l'importance aussi d'aider nos petites entreprises, là. Il
faut penser aux petites, là, je veux dire le petit restaurant du coin, là, qui
voit son huile exploser, qui va voir la consommation des ménages diminuer... La
petite librairie, là, il faut qu'ils en vendent en petit pépère, des livres,
là, pour être capables de payer ses taxes municipales, qui explosent partout,
l'augmentation des salaires qui fait pression, là. D'ailleurs, la pénurie de
main-d'oeuvre augmente de façon significative les salaires, on n'a jamais vu
dans notre baromètre des affaires des augmentations de salaire aussi
importantes. Ça, ça fait pression aussi. Puis, en même temps, bien, le
gouvernement ne prend pas en considération ça en stoppant, d'une certaine
façon, l'augmentation de ses coûts gouvernementaux.
Puis là, il a une super belle opportunité
de le faire avec le projet de loi n° 2 et en même
temps régler pour renvoyer à la régie puis qu'il y ait une décision qui soit
prise sur des faits avec la participation des organismes du milieu, avec les
experts de la régie puis, ensuite de ça, légitimer l'augmentation qui sera
faite. À l'époque, quand on... l'année passée on se faisait dire : Bien,
notre projet de loi est encore mieux, parce qu'on va... les augmentations vont
être moins importantes, etc., puis finalement ça a démontré le contraire, puis
on patche, d'une certaine façon, un mauvais projet de loi avec le projet de loi
no 2 puis on le rend encore pire pour les PME en leur faisant vivre un
choc tarifaire.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. J'ai une autre question qui est un petit peu plus «at large», mais
vous avez entendu sûrement Hydro-Québec, leur présentation puis l'échange avec
le ministre, puis l'opposition officielle, puis les autres deux groupes à
l'opposition. Selon vous, est-ce que vous avez des inquiétudes concernant
l'avenir du secteur de l'énergie? Est-ce que vous trouvez qu'il n'y a pas
vraiment une vision? Comme pour les PME, est-ce que c'est difficile maintenant
de comprendre où ce gouvernement va avec le secteur de l'énergie? Et est-ce que
vous pensez que présentement vous êtes écoutés dans l'ensemble de ce débat?
Est-ce que ça prend une consultation plus large?
M. Vincent (François) : Bien,
ici, on est invités en commission parlementaire, je pense que le gouvernement
est prêt à nous recevoir puis à entendre la critique, on parle régulièrement
avec son cabinet. Maintenant, ils ont des préoccupations puis des orientations
qui sont les leurs. Nous, notre rôle, c'est de faire valoir l'impact que ça a
sur les PME. Puis, je ne le sais pas, là, je n'ai pas regardé les détails du
budget du Québec, mais est-ce que, là, on est revenu dans des surplus comme ça ne
se peut pas? Non. Bien, imaginez la petite PME qui...
11 h (version non révisée)
M. Vincent (François) : ...été
fermé on/off, on/off, on/off, là, tout va bien, elle est frappée par la pénurie
de main-d'oeuvre qui l'empêche de croître, qui oblige le dirigeant d'entreprise
à travailler plus d'heures, qui fait en sorte qu'il doit refuser pour 11 milliards
de contrats l'année passée, en raison de la pénurie de main-d'œuvre. Puis le
deuxième impact de l'inflation, c'est que le dirigeant d'entreprise travaille
plus d'heures aussi pour diminuer ses coûts de main-d'oeuvre. Donc, c'est clair,
selon nous, que pour avoir une politique économique qui fait fleurir les PME,
bien, il faut les aider sur leurs principaux enjeux, puis, actuellement, bien,
les tops deux, c'est inflation, aidez-moi sur l'augmentation des coûts. Là, on
ne parle pas des grosses business, là, là on parle des petites entreprises.
Puis l'autre, bien, c'est aidez-nous à faire en sorte de trouver des talents
parce que, je veux dire, on n'est juste pas capable de fonctionner, on manque
de main-d'oeuvre.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Une question, c'est juste aujourd'hui suite à le p.l. 34, est-ce qu'il
existe toujours des écarts de rendement? Est-ce qu'il y a toujours des trop-perçus
selon vous, tu sais, c'est les petites ou moyennes entreprises?
M. Gosselin (Antoine) : Oui.
En fait, quand on regarde le rapport annuel d'Hydro-Québec 2021, ce qu'on
peut voir, c'est que, dans le secteur de la distribution, Hydro-Québec a réussi
à réaliser un bénéfice net de cinq cents... je pense, c'est 560 millions.
La dernière année où il y a un dossier réglementaire qui a été déposé à la
Régie, où on pouvait observer le bénéfice net, ce que la Régie avait autorisé,
c'était plus aux alentours de 300 millions comme bénéfice net. Alors, si
on tient compte que peut-être les choses ont évoluées un peu depuis 2018, on
évalue, nous, que si... il y a un excédent de rendement par rapport à ce que la
Régie aurait autorisé en 2021 d'à peu près 175 millions. Avant que le p.l.
4 soit adopté, il y avait un mécanisme de retour des excédents de rendement,
donc il y avait un partage des excédents de rendement. Si on était encore dans
le cadre réglementaire précédent, bien, il y aurait une partie de ce 175 millions
qui se serait retournée en 2022 ou en 2023 aux clients. Évidemment, là, on a
moins d'informations qu'on en avait, on n'a pas les dossiers réglementaires qui
nous permettent de prévoir ce qui s'en vient de la même façon qu'on l'avait
avant, mais on estime que c'est très probable que l'excédent de rendement de
175 millions qu'on a observé en 2021 va aller en augmentant pour une
multitude de raisons, notamment la croissance des ventes. Et historiquement,
Hydro-Québec, la croissance des ventes était toujours associée à des bénéfices
additionnels, donc, qui permettaient de réduire les tarifs, aujourd'hui qui
permettent d'augmenter le bénéfice net. Puis tout... quand on regarde les
coûts, les différents postes de coûts principaux d'Hydro-Québec, bien, ce qu'on
peut voir, c'est que la plupart sont appelés à progresser moins vite que l'inflation.
Donc, par exemple, si vous regardez les conventions collectives d'Hydro-Québec,
en 2023, les salaires augmentent de 3,5 % pour à peu près tous les corps d'emplois.
Si vous regardez, par exemple, les coûts de financement, bien, dans le bulletin
trimestriel d'Hydro-Québec pour le troisième trimestre 2022, on voit que
les coûts de financement étaient en baisse, parce qu'il y a une tranche de
dette, là, de, je pense, 3 milliards, qui avait des taux d'intérêt très
élevés, qui a été renouvelée à des taux plus faibles. Puis on peut passer à
travers tout plein de coûts comme ça, dans la structure d'Hydro-Québec, puis se
rendre compte que... (interruption). Bon, je vais essayer de rester pas trop
créatif. Donc, il y a toute une série de coups comme ça qui évolue, mais qui
évoluent moins vite que l'inflation. Et donc comme les tarifs augmentent avec l'inflation,
là, on s'attend aussi à ce que ça contribue à une augmentation des rendements
qui est au-delà de ce que la Régie aurait pu autoriser en 2022, en 2023.
M. Kelley : Parfait. Puis...
Le Président (M. Ciccone) : 10 secondes.
M. Kelley : 10 secondes.
Indépendance, une régie, ça, c'est une bonne façon de fixer les tarifs selon
vous?
M. Gosselin (Antoine) : Je
crois, oui.
M. Kelley : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de
Maurice-Richard pour 3 min 35 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, M.
le Président. Je veux juste être sûr, on vient de... je vais faire du millage,
permettez-moi l'expression...
M. Bouazzi : ...on vient
d'entendre Hydro-Québec nous dire que, bon an mal an, l'augmentation des coûts
était proportionnelle à l'inflation. Est-ce que vous pensez que c'est vrai?
M. Gosselin (Antoine) : Dans
le cadre de l'étude du projet de loi n° 34, la position qu'on défendait,
nous, c'est que ce n'était pas le cas. À long terme, quand on regardait sur une
période de 20 ans, ce qu'on observait, c'est qu'en fait les tarifs qui
avaient été approuvés par la Régie avaient augmenté moins rapidement que
l'inflation. Donc, non, je ne pense pas que l'inflation permet de suivre
l'évolution des coûts nécessairement de façon suffisamment précise, disons,
pour donner les tarifs qui soient équitables pour les consommateurs.
Puis, au-delà de ça, il y a aussi la
question de la stabilité tarifaire. Le projet de loi n° 34 nous avait
vendu que... on nous avait vendu que ça apportait la stabilité tarifaire. Un
des principes d'établissement des tarifs de la Régie, c'est la stabilité
tarifaire. Alors, à chaque fois que la Régie analyse les dossiers tarifaires,
bien, elle a toujours ça en arrière de la tête aussi. Donc, des situations
comme on vit aujourd'hui, elle peut prendre des mesures pour s'assurer que les pas,
s'il doit y avoir augmentation, les pas ne sont pas trop grands.
• (11 h 10) •
M. Vincent (François) : Puis,
si je peux je rajouter, il y a eu aussi un tableau qui avait été soumis par le
gouvernement, là, l'année passée, là, qui démontrait qu'il y a eu beaucoup
d'augmentations de la Régie, qui allaient plus... qui étaient plus hautes que
l'inflation. Vous n'avez pas vu la FCEI ou d'autres groupes déchirer leur
chemise dans les médias à cause de ça. Pourquoi? Parce que c'était fait de
façon raisonnable. Il y a eu une possibilité à nous de faire part de nos
commentaires ou de l'impact sur le secteur, puis ensuite de ça, la Régie
pouvait prendre une décision qui n'était pas nécessairement celle
d'Hydro-Québec.
Mais là, actuellement, là, nos données démontrent
qu'il y a de la marge de manœuvre, puis non seulement ça, c'est que c'est un
choc tarifaire de 6,4 % à un pire moment où les PME sont affaiblies. Là,
au moins, la Régie pourrait statuer en disant : Bon, bien, on va prendre
en considération ce contexte-là et donner notre décision. Donc, nous, on est...
on croit que c'est la meilleure politique publique que de revenir à la Régie.
M. Bouazzi : Le gouvernement
dit que le projet de loi vise, entre autres, à lutter, en tout cas, alléger les
effets de l'inflation sur la population. Par rapport aux augmentations des PME,
quels impacts vous pensez que ça va avoir sur l'inflation?
M. Vincent (François) : Bien,
on affaiblit nos petites entreprises, ça, c'est clair. On fait en sorte
qu'elles vont travailler plus d'heures. On fait en sorte qu'elles vont réduire
leurs marges bénéficiaires pour rester concurrentielles. On fait en sorte
qu'ils réduisent leurs investissements, leurs prévisions de croissance. Puis ça
arrive dans un moment où les consommateurs vont faire des choix puis vont
coûter leurs dépenses. Donc, on n'aide pas notre tissu économique à être
capable de surmonter ce choc-là.
Puis j'invite les parlementaires puis le
gouvernement aussi à écouter les autres groupes, là. J'ai lu une lettre ouverte
du président du Conseil du patronat du Québec qui parlait de ce projet de loi
là puis qui disait : Oh! il faut faire attention avec l'inflation. Il y a
d'autres groupes économiques qui vont passer après nous, également, qui sont
extrêmement crédibles. Donc, si pas mal tout le monde dise qu'il faut réviser
ça, ça serait peut-être une bonne idée de reconsidérer.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au chef du
troisième groupe d'opposition pour un temps de deux minutes douze secondes.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
M. le Président. Le projet de loi deux est l'occasion de réfléchir aux tarifs
l'électricité notamment vis-à-vis les grandes entreprises. Le Québec est considéré
comme un endroit presque paradisiaque pour la grande entreprise. Et ce que
j'entends de votre part en ce qui a trait au secteur des PME, un secteur
important de notre économie, c'est que vos demandes ne sont pas entendues.
Est-ce que vous voyez une iniquité de traitement entre comment on aborde la
grande entreprise versus comment on aborde les PME dans l'approche
gouvernementale que vous constatez?
M. Vincent (François) : Bien,
c'est sûr que, si on va de l'avant, on accroît l'interfinancement, puis ça fait
en sorte que pour... le coût pour le desservir, bien, la PME, ça va leur coûter
plus cher. On a même des tableaux qui démontrent l'impact à long terme s'il y a
une augmentation de 3,5 % ou 4,5 %. Donc, oui, on affaiblit nos PME.
Puis c'est quand même assez spécial, là, je veux dire, il y a un entrepreneur
qui lance son entreprise ici, qui fait croître son entreprise ici, puis :
Bon, bien, regarde, tu paies plus cher tes tarifs d'électricité.
M. St-Pierre Plamondon : Ça
m'amène à mon autre question. Quel est l'impact macroéconomique de mal soutenir
nos PME et d'être peut-être plus généreux vis-à-vis la grande entreprise? À vos
yeux, c'est quoi, là, l'impact macroéconomique?
M. Bérubé (Francis) : Bien,
en fait, essentiellement, les PME, souvent, bien, quand on parle de pouce
entrepreneurial...
M. Bérubé (Francis) : ...la
PME, c'est la grande entreprise de demain. Donc, si on ne donne pas tous les
outils nécessaires à la petite entreprise pour se déployer. Essentiellement, on
vient peut-être de couper de belles grandes entreprises aussi. Donc, c'est
d'offrir le meilleur environnement, autant en termes de coûts pour l'entreprise
pour qu'elle ait toute la latitude pour investir. Donc, évidemment, les tarifs,
c'est un des coûts qui vient limiter les capacités d'investissement, que ce
soit dans la main-d'œuvre ou dans la...
M. St-Pierre Plamondon : Seriez-
vous d'accord avec l'affirmation qu'en termes d'enrichissement du Québec, les
PME sont des entreprises généralement très ancrées, dans le cadre duquel les
profits ou le rendement de ces entreprises-là bénéficient directement à
l'économie québécoise?
M. Vincent (François) : C'est
clair.
Le Président (M. Ciccone) : 10 secondes.
M. Vincent (François) : C'est
clair, et la première chose que les PME font d'une réduction du fardeau fiscal,
c'est d'augmenter les salaires de leurs employés, investir dans leur
automatisation puis la dernière chose qu'ils vont faire, là, c'est à 12 %,
c'est augmenter leurs dividendes. Ce n'est pas des grandes entreprises.
Pour conclure, veux juste dire une
citation pour ramener peut-être une idée vers le changement, là,
Winston Churchill, il disait : «To improve is to change, to be
perfect is to change often». Là, vous avez changé d'idée sur le fait de ne pas
inclure les PME puis le projet de loi n° 34. Donc, on demande deux
changements pour rendre le projet de loi perfectible.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Merci beaucoup à Mme Joly,
M. Gosselin, M. Vincent, M. Bérubé, pour votre contribution aux
travaux de cette commission.
Je vais suspendre les travaux quelques
instants afin de donner la chance au prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 16)
(Reprise à11 h 18)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît!, je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de dix minutes pour être exposé, puis nous
procéderons à la période d'échanges avec les membres de la commission. Je vous
invite donc tous à vous présenter puis commencer votre exposé.
M. Milliard (Charles) : Parfait.
Alors, bonjour à tous et à toutes, Charles Milliard, PDG6 de la Fédération des
chambres de commerce du Québec. Je suis accompagné de Philippe Noël,
vice-président Affaires publiques et économiques. Alors, je débuterais par vous
souhaiter une bonne rentrée parlementaire à tous et à toutes. Tous ceux qui
s'intéressent à la politique savent que ces forums-là sont extrêmement
importants pour le futur du Québec.
Alors, comme vous le savez, la FCCQ est un
organisme...
M. Milliard (Charles) : ...regroupe
123 chambres de commerce et 1200 membres corporatifs. Nous
représentons quand même plus de 45 000 entreprises. Étant un important
représentant des employeurs dans tous les secteurs d'activité, nous avons aussi
la chance de compter sur des yeux et des oreilles dans toutes les régions du
Québec par notre réseau.
À la FCCQ, notre intérêt pour les
questions d'énergie et de ressources naturelles n'est pas une vocation tardive.
Nous nous faisons un devoir d'intervenir sur ces questions depuis longtemps,
dans une perspective de développement économique, mais aussi de façon tout
aussi importante, de développement durable. À titre de contribution utile et
pragmatique au débat, la FCCQ a dévoilé en novembre dernier d'ailleurs un guide
pour la décarbonation des entreprises. Il s'agit d'un outil destiné aux
entreprises québécoises afin qu'elles puissent mettre en œuvre les mesures
concrètes pour décarboner leurs opérations et accroître leur performance
environnementale. Ce guide a été réalisé en collaboration avec la firme
d'experts Dunsky et s'adresse autant aux grandes entreprises et aux PME
québécoises. J'invite tout le monde à le consulter sur notre site Internet.
• (11 h 20) •
Le projet de loi deux à l'étude ces
jours-ci, nous offre un autre visage pragmatique de notre action collective en
matière environnementale, autant au chapitre de la tarification de
l'hydroélectricité que de la distribution d'électricité aux projets
industriels. D'entrée de jeu, la FCCQ comprend l'intention gouvernementale
derrière le projet de loi deux, soit de limiter à 3 % la hausse des tarifs
d'électricité aux particuliers, c'est-à -dire les tarifs domestiques, tarif D,
plus précisément la clientèle résidentielle et les exploitations agricoles.
Celui-ci est présenté dans un contexte particulier, avec l'objectif d'atténuer
les dispositions législatives prévues dans le présent.... dans le précédent
projet de loi n° 34.
Dans un monde normal, tout ceci pourrait
aller de soi sans problème. Mais voilà, et vous le savez tous, la situation
actuelle est tout sauf normale. Si 2020 fut l'année de l'avènement de la
COVID-19, 2022 a sonné le retour de la bête noire des milieux d'affaires,
l'inflation. Ce contexte mondial défavorable n'épargne en rien le Québec et ses
milliers d'entrepreneurs dans le monde. Ainsi, il nous apparaît en ce moment
inacceptable de constater que le projet de loi deux, dans son état actuel,
écarte les entreprises québécoises, notamment la clientèle d'affaires, qui
subiront dès le 1ᵉʳ avril 2023 des hausses tarifaires qui varient de 4.2 à
6.4 %. Soyons clairs sur les chiffres, on l'a mentionné quand même ce
matin mais je le répète, pour les clients industriels au tarif M, on parle de
6.4 % de hausse alors qu'il s'agit de 4.2 % pour les entreprises
bénéficiant du tarif L.
Si seulement c'était la seule hausse à
supporter pour eux, mais nous savons tous que ce n'est pas le cas. À l'instar
des particuliers, les entreprises subissent également de forts contre coups de
l'inflation observés particulièrement dans la dernière année, et ce, sur
plusieurs fronts, je me permets de les nommer : coût des matières
premières, coût de la main-d'oeuvre, coût du transport et des déplacements de
marchandises, coûts de production, coûts des charges sociales comme les hausses
potentielles au Régime des rentes du Québec et j'en passe. Pour plusieurs de
nos membres, malgré des prix plus élevés à la consommation, les marges
bénéficiaires ont diminué, et l'inquiétude, elle, suit la tendance inverse,
elle augmente. Dans une récente étude de la BDC, six PME sur dix ont affirmé en
2022 avoir de la difficulté à faire face à l'inflation.
Pourtant, on croyait le gouvernement
engagé à nos côtés sur la question en mars 2022. Le groupe précédent l'a
mentionné mais à l'occasion de l'étude des crédits provisoires, il parlait
d'inclure les entreprises dans un plafonnement de la hausse des tarifs d'électricité
prévue dès le 1ᵉʳ avril 2023 dans le projet de loi qui est devenu le
projet de loi n° 43 et qui est mort au feuilleton en juin dernier. À
l'article trois de ce texte législatif, il était plutôt question d'inclure
l'ensemble des prix prévus à l'annexe un de la Loi sur Hydro-Québec au taux
supérieur de la fourchette de maîtrise de l'inflation de la Banque du Canada,
fixé, comme on le sait, à 3 %.
Ainsi, dans une perspective d'équité et de
reconnaissance de la situation actuelle du tissu économique québécois, la FCCQ
recommande au gouvernement de respecter tout simplement l'engagement pris en
mars 2022 à l'effet d'inclure dans le projet de loi deux les dispositions
législatives qui permettraient de limiter au 1ᵉʳ avril 2023 la hausse
desdits tarifs d'électricité au taux supérieur de maîtrise de l'inflation de la
Banque du Canada. Alors, concrètement, de remplacer l'article trois du projet
de loi numéro deux par l'article trois du projet de loi n° 43 déposé en
juin 2022.
Dans un autre ordre d'idée, la FCCQ
partage la volonté actuelle du ministre de bien arrimer économie et énergie,
deux termes inséparables pour quiconque s'intéresse au futur de notre nation.
Le Québec bénéficie d'une pluralité énergétique impressionnante sur son
territoire, une source de convoitise extrême qui peut en faire un leader
international en énergie renouvelable. Mais aussi, il s'agit d'un privilège
qu'il nous faut protéger et faire perdurer pour les générations futures.
L'article neuf du présent projet de loi
prévoit que désormais, tout projet de plus de cinq mégawatts se voit dans
l'obligation d'obtenir l'autorisation du ministre pour recevoir une
distribution d'électricité de la part d'Hydro-Québec. Considérant les défis
auxquels Hydro-Québec est confronté pour les prochaines années en matière de
gestion énergétique, on peut très bien, très bien comprendre la...
M. Milliard (Charles) : ...société
d'État de vouloir ne plus être obligés d'aller de l'avant avec tous les projets
de plus de cinq mégawatts qui l'éloigneraient de ses objectifs du plan
stratégique 2022-2026, que plusieurs d'ailleurs ont louangé.
Nous reconnaissons et apprécions la
préoccupation du gouvernement actuel pour le développement économique du
Québec, mais il faut respectueusement reconnaître que, dans la vie, les
gouvernements passent et les lois restent. Alors, il ne faut donc mentionner
ici que, pour plusieurs membres, cet article amène une perception qu'une porte
pourrait être et être ouverte à des interventions politiques, d'une administration
gouvernementale qui aurait peut-être moins dans ses priorités le développement
économique du Québec, en priorisant, par exemple, d'autres critères qui, bien
qu'importants, pourraient mener à des conclusions différentes.
C'est pourquoi, à l'intérieur de notre
mémoire, on demande au gouvernement qu'il précise par voie réglementaire, dès
que possible, les critères d'évaluation ainsi que la pondération qui sera
utilisée par le ministre pour déterminer la proportion entre les retombées
économiques et les critères, par exemple, sociaux et environnementaux, en plus
des capacités techniques du demandeur. Et qu'il accorde aussi une importance
similaire entre les critères de développement économique et les critères
sociaux et environnementaux. Et finalement qu'il précise par la suite le
processus et les étapes qui mèneront à la prise de décision ministérielle.
Pour la communauté d'affaires québécoises,
il serait consternant qu'un pouvoir public ne vienne écarter des projets
porteurs sur le plan économique, principalement en raison d'un désaccord
conceptuel ou en adoptant un positionnement qui serait contraire à la
croissance économique et aux intérêts du Québec. C'est un scénario que nous
souhaitons éviter.
En terminant, j'invite la commission à
faire siennes nos deux principales recommandations, donc reconnaître
l'importance de soutenir nos PME et nos entrepreneurs en choisissant de limiter
le fardeau financier qui repose sur leurs épaules en ce moment et reconnaître
l'avantage compétitif indéniable que constituent nos ressources
hydroélectriques en précisant dès maintenant les critères qui permettront aux
nouveaux projets industriels de plus de cinq mégawatts d'en bénéficier.
Finalement, en guise de conclusion, soyons
fiers de la puissance économique que représente notre potentiel énergétique au
Québec. Bien sûr, discuter de nos tarifs d'électricité ici, en famille, est une
excellente idée et quelque chose de nécessaire, mais assurons-nous de ne pas
transposer nos épanchements politiques sur les marchés internationaux,
demeurons attractifs et solidement engagés dans notre développement économique
commun. Et n'oublions pas que nos compétiteurs sur les marchés mondiaux offrent
des avantages que nous ne sommes pas en mesure d'offrir, une main-d'oeuvre
abondante, une fiscalité parfois dérisoirement plus avantageuse et des
processus d'approbation plus rapides. Notre avantage compétitif à nous, il a la
chance d'être clair, noble, propre et en lien avec nos valeurs. Alors,
continuons de lui accorder toute l'attention qu'il mérite. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons débuter la période d'échange avec M. le
ministre. Vous avez 16 min 30 s.
M. Fitzgibbon : Alors, moi,
j'ai une question, alors je vais demander à mes collègues de voir s'ils y en
ont d'autres. La première, ma question, c'est : Selon vous... merci de vos
commentaires. Selon vous, quels devraient être les critères déterminants pour
permettre à une entreprise d'accéder à l'électricité propre au Québec?
M. Noël
(Philippe) :Absolument. En fait, nous, on
a évalué, en fait, c'était quoi les retombées pour une région pour le Québec,
combien ça demandait en termes d'investissements privés, les emplois qui
étaient générés, est-ce qu'on faisait appel à de l'automatisation, aux
nouvelles technologies, est-ce qu'il y avait un potentiel de commercialisation,
peut-être à l'international aussi, est-ce qu'il y a énormément d'entreprises,
peut-être, en sous-traitance qui pourraient bénéficier de ces projets-là, donc
des contractuels dans les régions qui bénéficieraient, disons, de l'avènement
d'un projet ou d'un investissement privé majeur, est-ce que c'est un créneau
intéressant aussi pour le Québec pour se démarquer à l'international, est-ce
qu'il y a une utilisation aussi de nos sources énergétiques renouvelables.
Donc, il y a un paquet de critères qu'on peut mettre de l'avant, là, pour ce
qui est de l'impact économique d'un projet.
M. Fitzgibbon : Peut-être
dans ma même ligne d'idée, peut-être juste le même thème. Je pense que la
question, c'est qu'on veut évidemment une reprise économique, là, des
post-pandémies, les choses vont relativement bien, mais on peut toujours être
mieux. Selon vous, est-ce qu'il y a des... y a-tu d'autres moyens qu'on peut mettre
en place pour qu'on facilite cette reprise économique là puis de permettre aux
entreprises d'atteindre la carboneutralité, évidemment, dans un contexte où on
a des tarifs électriques compétitifs? Est-ce qu'il y a d'autres choses qu'on a
besoin de regarder pour arriver à ces fins-là?
M. Milliard (Charles) : Bien,
dans le cadre de la reprise économique, c'est certain qu'il faut continuer. On
a eu des mesures très, très larges de soutien, d'ailleurs, on s'en est parlé
plusieurs fois durant la pandémie, c'était très bien. Maintenant, il faut avoir
des mesures spécifiques pour certains secteurs qui ont encore des difficultés.
Mais il ne faut pas nuire aux efforts spécifiques qu'on fait en ayant une
mesure générale qui vient plomber, qui vient plomber la profitabilité puis la
vitalité financière de la plupart des entreprises. Et je vous ai entendu tout à
l'heure mentionner à juste titre que ça demeure un bon...
M. Milliard (Charles) : ...quand
même les tarifs d'électricité au Québec par rapport à ailleurs dans le monde.
Mais les entreprises d'ici n'ont pas contracté des emprunts puis des dettes
ailleurs dans le monde ou ils ne font pas affaire en Suède ou en Russie ou en
Finlande. Ils font affaire ici au Québec. Et on pourrait penser, j'essaie d'être
l'avocat de mon propre diable, on pourrait penser que 4 % ici, ce n'est
pas si mal. Mais il se passe en ce moment un effet de sédimentation dans le
milieu des affaires au Québec, c'est-à-dire qu'on ajoute deux ici, trois là,
quatre, et ça finit par s'additionner et parfois même par se multiplier. Et on
crée donc une sédimentation. Puis on est en train d'enterrer plusieurs
entrepreneurs au Québec. Alors, ce qu'on pense, c'est quand il y a des tarifs
qui relèvent du pouvoir politique, on pourrait faire amende honorable dans le
cas de la situation économique actuelle.
Le Président (M. Ciccone) : Je
donne maintenant la parole au député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
• (11 h 30) •
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Merci pour votre présentation. Puis je vais continuer un peu sur
qu'est-ce que... Les propos du ministre.
Moi, en région,
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, on est frontaliers à l'Ontario, O.K. Puis durant
la campagne électorale, puis depuis que j'ai été élu, j'ai rencontré beaucoup
de PME, parce que, le plaisir de faire une campagne électorale, c'est d'aller
visiter les entreprises, les fermes, et autres. Puis l'enjeu d'énergie qui m'a
été soulevé, moi, a tout le temps été par rapport au carburant, premièrement,
avant l'électricité, et autres. L'autre chose que j'ai pu noter aussi, puis qui
impacte les coûts des entreprises actuellement, le premier avant toute chose
qui leur nuit énormément, c'est la pénurie de main-d'oeuvre. C'est la première.
Nos entreprises refusent des contrats à cet égard-là, certaines qui sont
proches de la frontière de l'Ontario. Puis on sait, vous l'avez nommé, très
bien dit, nos tarifs d'électricité sont inférieurs à l'Ontario, et plusieurs
entreprises venaient s'installer du côté du Québec, à Rouyn-Noranda, et autres,
par cet avantage-là. Mais maintenant, on est rendus à une étape que des
entreprises qui ouvrent des succursales où? Du côté Ontario à cause de la
main-d'oeuvre, parce qu'ils ne sont plus capables. Et là, on perd de l'autre
côté.
Donc, oui, on a un effet peut-être au
niveau des tarifs, qu'est-ce qui est proposé par le gouvernement, qui est
supérieur. Mais, quand je regarde toute la dynamique qu'on a eue actuellement
puis qu'est-ce que mes entreprises demandent, et autres, autant le logement, et
autres, ils demandent d'autres aides différentes à l'innovation.
Advenant à ce moment-là que le projet de
loi reste tel qu'il est actuellement puis qu'est-ce que vous avez proposé, sur
quelles pistes devrions-nous supporter nos PME, à proprement dit, pour
dire : Regardez, moi, en région, là, je veux qu'elles croissent, que nos
restaurants ouvrent, et autres, donc comment et quels seraient les endroits
qu'on devrait vous appuyer encore plus au niveau des PME pour aider nos
entreprises à reprendre leur essor?
M. Noël
(Philippe) :Bien, c'est certain que dans
l'état actuel des choses, avec le projet de loi trois, le fait de créer deux
classes de contribuables, c'est-à-dire les résidentiels versus la clientèle
affaires, ce n'est pas un coup de main pour aider justement les PME. Avec les
coûts qui s'en viennent, les coûts qu'elles ont à absorber en ce moment avec
l'inflation, que ce soit dans les matières premières, que ce soient les coûts
de main-d'oeuvre, que ce soient les coûts énergétiques maintenant, avec une
hausse qui peut atteindre 6,4 %, donc c'est sûr et certain que ça ne vient
pas aider les entreprises, si on hausse à ce point avec l'inflation, les tarifs
d'électricité. Donc, ce qu'on pourrait vous dire à ce moment-ci par rapport à
ça, c'est ça serait important peut-être de les abaisser puis de les plafonner à
3 %.
Vous avez parlé, en fait, de la pénurie de
main-d'oeuvre. Il y en a de la pénurie de main-d'oeuvre autour de nous aussi,
dans les autres juridictions autour. Maintenant, s'il y a une entreprise ou
s'il y a un projet important qui viendrait s'installer dans le nord-est, par
exemple, de l'Amérique du Nord, bien, c'est important que le Québec demeure
attractif. Et un des principaux arguments d'attraction pour le Québec, c'est la
faiblesse des coûts énergétiques grâce à l'hydroélectricité, grâce à
Hydro-Québec. Puis c'est un avantage compétitif qu'il faut autant que possible
maintenir. Alors qu'autour de nous, on offre des congés de taxes, des congés de
fiscalité dans certaines juridictions, que les délais sont beaucoup plus courts
ici, d'approbation pour l'ensemble des permis, on entend des fois que ça prend
un maximum de deux semaines à quelques heures de route du Québec pour obtenir
des approbations, alors qu'ici des fois, ça peut atteindre deux ans, donc c'est
important d'envoyer des bons signaux aussi à cet effet-là, là.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup.
M. Bernard : Ça c'est des
pistes sur lesquelles effectivement les délais, autres, qu'il faut travailler.
Je pense que ça va nous aider. Merci beaucoup de vos réponses.
Le Président (M. Ciccone) : Est
ce qu'il y a d'autres interventions du côté de la partie gouvernementale? Non,
c'est beau? O.K. Je me tourne maintenant vers le député de Jacques-Cartier pour
dix minutes 44 secondes.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour et bienvenu...
11 h 30 (version non révisée)
M. Kelley : ...merci pour
votre mémoire. Je veux continuer de parler un petit peu du débat autour des
critères. Puis, dans la mémoire d'Hydro-Québec, eux autres parlent que, quand
il y a des projets qui sont soumis, puis apparemment plusieurs sur le bureau du
ministre, comme, il y a une évaluation qui est faite par Hydro-Québec sur l'impact
de l'approvisionnement, et ensuite il y a l'analyse des retombées. Puis vous
avez commencé de parler un petit peu, mais est-ce que, selon vous, c'est
important d'avoir les critères qui favorisent aussi en premier temps le
développement des régions, aussi que, pour le ministre, la priorité, c'est les
entreprises d'ici et pas les entreprises qui viennent de l'extérieur. Et est-ce
que les critères doivent tellement être transparents et publics pour vous
autres? Est-ce que vous avez des critères présentement? Vous avez rendu des
discussions avec le ministre tout, quand même, le gouvernement à ce sujet.
M. Milliard (Charles) : On en
a mentionné quelques-uns tout à l'heure, des critères. Il y en a de nature
économique, il y en a de nature environnementale, il y en a de nature
technique. Alors, nous, ce qui est important, si je peux faire une image, on ne
doute pas que le gâteau va goûter bon, on veut connaître les ingrédients. On
veut savoir quels sont les critères et quelles pondérations on va leur donner,
de sorte que ce soit un autre ministre ou un autre élu qui prenne une décision
un jour, bien, la recette sera connue, et on pourra de cette façon-là
dépolitiser au maximum, finalement, ce débat-là.
Parce que c'est normal de le politiser,
parce que c'est la politique énergétique du Québec, c'est un avantage
distinctif, c'est important que les élus s'en mêlent, mais, en même temps, c'est
important que le terrain de jeu soit clair parce qu'il faut que ce soit clair
pour les investisseurs, il faut que ça soit clair pour le milieu d'affaires. Il
faut que ce soit clair, selon nous, qu'un des critères, c'est aussi la valeur
du développement économique régional dans l'octroi de ces autorisations-là.
Alors, nous, à la fédération, je dis
souvent qu'on est basé à Montréal, mais notre focus, notre obsession, c'est le
développement économique régional. Et c'est certain que l'utilisation saine et
efficiente de l'hydroélectricité est un des facteurs de succès dans plusieurs
des régions du Québec. Vous l'avez mentionné, en Abitibi-Témiscamingue, c'est
un exemple parfait, qui a en plus subi la concurrence géographique même de l'Ontario.
C'est vrai dans plein d'autres régions que vous représentez, d'ailleurs, ici.
M. Kelley : Parfait. Puis j'imagine,
si vous êtes capables d'avoir les critères qui existent comme maintenant, tous
les détails, parce que c'est vague, là, de dire que le projet vert, et tout ça.
Ça va être, j'imagine, pour les investisseurs puis tous les différents acteurs
partout au Québec, ça va être une bonne chose?
M. Noël
(Philippe) :Bien, en fait, c'est pour ça
qu'on demande en fait que le projet de règlement, qui va venir préciser ça,
soit déposé le plus rapidement possible justement par souci de transparence
puis pour que nos membres, en fait, soient au courant de ce qui s'en vient. L'idée,
c'est d'éviter autant que possible des choix arbitraires, mais que ce soit fait
sur la base de critères très, très clairement définis de retombées économiques
et de critères sociaux, environnementaux, également.
M. Kelley : Parfait. C'est
sûr que nous sommes ici pour parler des tarifs, oui, plus pour vous et moi.
Mais en général, on a lancé, c'est sûr, une discussion un petit peu plus large
sur l'énergie. C'est quoi, selon vous autres, les défis puis les opportunités
devant nous, avec la situation qu'on trouve présentement, le Québec, où on doit
décarboniser notre économie. On a beaucoup de demandes qui viennent partout.
Comme je dis, c'est un défi, mais il y a des opportunités, alors je veux
juste... Souhaite entendre vous autres, qu'est-ce que vous pensez de ça.
M. Milliard (Charles) : Alors,
on a des défis, on a des devoirs aussi comme milieu d'affaires. Je trouve ça
important de le mentionner ici. C'est-à-dire que c'est bien beau de dire, puis
moi, je suis le premier à le penser, que l'aiguille a bougé sur la question de
la sensibilisation des entrepreneurs du Québec à contribuer à la lutte aux changements
climatiques, alors, une fois qu'on a dit ça, comment? Alors, c'est pour ça d'ailleurs
qu'on propose, entre autres, le guide sur la décarbonation des entreprises.
Donc, ça permet à des petites entreprises, pas les grandes, qui ont déjà plein
de gens qui travaillent là-dessus, de voir comment, dans le cadre de notre
guide en sept étapes faciles, on peut procéder à une diminution tangible des
émissions carbone dans nos PME et nos industries. Alors, ça, pour moi, c'est
crucial. C'est le premier pas.
On a fait aussi des formations l'année
dernière sur l'économie circulaire, on a eu des nombres record de
participation. Alors, la communauté d'affaires s'intéresse à cette question-là,
veut savoir comment concrètement le faire. Et c'est à des organisations comme
nous, je pense, à tracer la voie dans ce sens-là.
M. Kelley : Parfait. Est-ce
que, selon vous autres, c'est nécessaire peut-être pour le gouvernement de
lancer une consultation qui est plus vaste pour discuter l'avenir du secteur de
l'énergie au Québec et pas juste d'avoir un sommet, une vraie consultation avec
tous les acteurs au Québec?
M. Noël
(Philippe) :Bien, chose certaine, nous,
on va être partie prenante de... peu importe la consultation qui sera mise en
œuvre, parce que...
M. Noël (Philippe) :...c'est un dossier extrêmement important pour nos membres,
puis... Tout à l'heure, notre P.D.G. en faisait mention, là, on a un comité
énergie environnement à la FCCQ, on a un comité économie verte dans nos comités
de travail, mais ça va au-delà de ça. Les entrepreneurs, là, sont très
préoccupés, puis ils sont intéressés, vraiment, à contribuer à la lutte aux
changements climatiques, c'est ce qu'on sent beaucoup, puis ils nous demandent,
en fait, comment s'y prendre, puis c'est pour ça qu'on a dévoilé le guide, au
mois de novembre, de décarbonation pour les aider, justement, à poser des
gestes concrets en cette matière-là. Puis on a sorti, en fait, trois
entreprises, dont Bridgestone, dont Lowe's Canada, puis Delivro, qui est une
filiale de Groupe Bernières, qui sont des exemples, qui sont des inspirations
pour les entreprises ayant emboîté le pas vers la décarbonation. Pour
Bridgestone, par exemple, ils ont réutilisé, des fois, l'énergie produite pour
les remettre... en fait, pour utiliser les sources de chaleur. Donc, il n'y a
pas d'énergie perdue parce que la chaleur est reprise, c'est ce qu'on appelle
le concept de productivité énergétique.
• (11 h 40) •
Donc, c'est des modèles qu'on doit mettre
de l'avant, et les programmes gouvernementaux doivent aider les entreprises,
justement, via le Plan pour une économie verte, à pouvoir utiliser les sources
énergétiques et mieux réutiliser et éviter les pertes énergétiques. C'est comme
ça aussi qu'on va réduire la consommation d'énergie, qui est un objectif
d'Hydro-Québec, là, qu'on partage.
M. Kelley : Parfait. Et, sur
cette discussion-là, est-ce que la FCCQ savent combien d'électricité sera
nécessaire pour décarboniser l'ensemble de vos membres?
M. Noël
(Philippe) :Bien, on n'a pas poussé la
réflexion aussi loin de notre côté. Nous, évidemment, quand on entend que les
capacités techniques, disons, d'Hydro-Québec pourraient être limitées dans le
temps si la demande augmente, c'est sûr que c'est une préoccupation.
Maintenant, on a confiance en Hydro-Québec et au gouvernement aussi, qui vont
trouver des solutions pour s'assurer qu'il y ait les bonnes capacités dans
quelques années pour desservir le Québec.
Et évidemment, nous, par des outils comme
le guide de décarbonation, bien, c'est des solutions pour réduire la
consommation énergétique aussi des entreprises, puis utiliser les meilleures solutions,
disons, écoénergétiques, d'efficacité écoénergétique pour... par exemple, via
le bâtiment vert, via de nouveaux procédés, à l'intérieur même d'une PME comme
d'une grande entreprise, pour réduire les coûts d'exploitation énergétique
aussi dans une année et, évidemment, l'empreinte environnementale.
M. Kelley : Parfait. Merci.
Je sais que, dans les autres consultations et dans l'espace public, vous avez
parlé beaucoup de la pénurie de main-d'oeuvre. Est-ce que c'est possible que la
pénurie de main-d'oeuvre va avoir un impact sur notre transition de
décarboniser notre économie?
M. Milliard (Charles) : Bien,
c'est certain. Écoutez, la pénurie de main-d'oeuvre touche toutes les
opérations quotidiennes des organisations. Alors, bien sûr, si on a des
problèmes à combler les postes sur les heures d'ouverture d'un commerce, c'est
probablement ça qui va être la priorité versus travailler sur des projets
davantage à moyen, à long terme, bien malheureusement. Alors, c'est une main
noire qui se promène, là, c'est une main invisible, en fait, qui se promène,
là, la question de la pénurie de main-d'oeuvre. Et elle touche à tout, elle
touche à toutes les opérations quotidiennes et financières, alors d'où
l'importance pour nous de protéger la profitabilité de nos organisations et en
demandant justement une annulation de ce projet de hausse là pour les
entreprises.
M. Kelley : Et, dans une
minute, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, pour être plus efficace pour
plusieurs de vos membres dans leur consommation d'électricité, c'est quoi, le
plus gros défi? Est-ce que c'est de changer les fenêtres? Est-ce que c'est les
technologies qui sont plus efficaces?
M. Noël
(Philippe) :...par cas. Dépendamment, la
petite PME, ça peut être, comme vous dites, changer les fenêtres, peut-être
changer le toit aussi, adopter des façons, en fait, de garder autant que
possible la chaleur en temps hivernal. C'est un bon moment pour en parler, je
pense, cette semaine d'ailleurs. Mais, pour une grande entreprise, ça va être,
comme je le mentionnais pour Bridgestone, ça va être carrément de revoir
comment on peut limiter les pertes énergétiques par différents procédés
d'économie circulaire, entre autres, là.
M. Kelley : ...peut-être
d'ajouter des panneaux solaires sur le toit de Bridgestone peut aussi aider de
créer plus d'électricité pour la société «at large». Parfait.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Et je cède maintenant la parole au député de
Maurice-Richard. Vous avez trois minutes 25 secondes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup d'être venus. J'ai lu votre mémoire avec beaucoup
d'attention.
Ma première question, je comprends que
vous ne faisez pas la différence entre aucune compagnie sur le gel, contrairement
au prédécesseur, qui parlait juste des PME, vous vous êtes pour inclure toutes
les compagnies.
M. Noël
(Philippe) :Oui, en fait, l'objectif,
c'est qu'il y ait une...
M. Noël
(Philippe) :...Dans les annonces de
limitation de hausses tarifaires, autant pour la clientèle résidentielle, on
l'a saluée, là, tant mieux pour la clientèle résidentielle, mais c'est
important aussi d'envoyer les bons signaux, que les entreprises soient aussi
visées par cette limitation-là, étant donné les coûts qu'elles ont à faire face
puis l'inflation puis les nombreux impacts négatifs de l'inflation pour ces
entreprises-là. Puis nous aussi, on souhaitait en fait, dans notre mémoire, là,
réintégrer l'article trois du précédent projet de loi n° 43 qui permettait
justement d'inclure les entreprises d'ailleurs.
M. Bouazzi : Vous parlez
d'équité entre ce qui est incorporé et les êtres humains ou tout à l'heure,
vous avez parlé même de classes, c'est un mot qui est plutôt cher à la gauche
plus qu'à vous. Et j'ai presque envie de vous demander si vous voulez donc, en
taxes, autant les dividendes que les salaires, mais je ne vais pas aller là
parce que je n'ai pas le temps. Ma question, c'est : Quel est l'impact sur
l'inflation des hausses qui vont avoir lieu pour les PME et les compagnies,
d'après vous?
M. Noël
(Philippe) :Oui. En fait, bien, l'impact,
c'est qu'évidemment ça ajoute aux coûts supplémentaires que l'inflation amène
pour les entreprises. En mettant en lumière d'ailleurs l'étude de la BDC, en fait,
qui dévoilait qu'il y a plus de six entrepreneurs sur dix subissaient des coûts
extrêmes et négatifs de l'inflation puis 75 % d'entre eux ont vu vraiment
leur marge bénéficiaire diminuer, leurs revenus diminuer. Et c'est des très
mauvais signaux à envoyer, surtout après deux ans de pandémie et toutes les
conséquences économiques qu'on a vues du côté des entreprises. Donc, pour nous,
là, si on mettait sur le même pied d'égalité, en termes de contribuables, les
entreprises et la clientèle résidentielle, ce serait du moins acceptable pour
ce projet de loi ci.
M. Bouazzi : Et je reviens
quand même sur la différenciation de la taille des compagnies. On a vu un
certain nombre de compagnies faire des revenus absolument faramineux, notamment
dans l'épicerie, ou des choses comme ça, où même on se pose la question, si ce
n'est pas l'inflation qui a permis des revenus tels. Est-ce que, vous, vous
trouvez ça équitable, que la petite PME et cette compagnie-là aient accès
justement au plafonnement de l'électricité?
M. Noël
(Philippe) :Bien, en fait, initialement,
les entreprises étaient également incluses dans la limitation des plafonnements
de hausses tarifaires.
M. Bouazzi : Ce n'est pas ma
question. Ma question, c'est : quand on voit des grosses compagnies qui
font onze, douze, 13 % d'augmentation des chiffres d'affaires et puis des
revenus, quand... Est-ce que vous trouvez ça équitable, que ces compagnies-là,
qui ne sont pas en train de souffrir du tout ni de deux ans de COVID parce qu'on
est tous allés acheter de quoi manger, ni même de l'inflation, parce qu'il y a
eu 11 % d'augmentation dans ces secteurs-là particulièrement, est-ce que
vous trouvez que c'est juste par rapport à l'exemple de la librairie, que
l'association des PME nous donnait..
Le Président (M. Ciccone) : En
dix secondes, s'il vous plaît.
M. Noël
(Philippe) :Ce que j'allais mentionner en
fait, c'est que c'est dur de délimiter, O.K., telle entreprise a fait beaucoup
de profits versus d'autres qui ont subi des pertes. Donc, rendus là, par
rapport à un projet de loi, c'est important de viser l'ensemble des
entreprises...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. M. le chef du troisième groupe d'opposition, vous avez deux minutes
douze secondes.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup. Bonjour. J'ai peu de temps, donc je vais m'intéresser spécifiquement
au guide de décarbonation. En lien avec une question que j'ai posée à
Hydro-Québec un peu plus tôt, vous représentez plusieurs secteurs de l'économie
qui ont des réalités différentes, et se pose la question dans le cadre du
projet de loi deux : quels sont les besoins énergétiques du Québec? Quelle
est notre planification pour la suite des choses? Or, vous avez, avec Dunsky,
qui s'adonne à être la même firme qui a été utilisée par certains partis
politiques ici pour une réflexion sur la réduction de notre empreinte au niveau
des gaz à effet de serre, vous avez pris l'initiative d'un guide pour vos
entreprises. Se pose la question : est-ce que le gouvernement a répondu à
ce guide-là et est-ce que le gouvernement vous a indiqué comment il avait
l'intention de soutenir les entreprises dans cette démarche-là et quelle était
sa planification de la décarbonation en lien avec la discussion qu'on va avoir
ici, à savoir quels sont les besoins énergétiques réels en tenant compte de
cette décarbonation nécessaire.
M. Milliard (Charles) : C'est
une excellente question. Nous, c'est une contribution volontaire, si on veut,
au débat public sur la question. Donc évidemment, on a lancé ce guide-là juste
avant les fêtes. Alors, on a eu l'occasion d'entamer des discussions avec le
gouvernement. Donc, je ne peux pas dire que ces discussions-là ne sont pas
concluantes. Je pense par contre qu'on doit vulgariser le plus possible la
contribution des PME à la lutte aux changements climatiques. On en entend
beaucoup parler, les journaux sont remplis d'articles sur la chose, mais c'est
rarement...
M. Milliard (Charles) : ...concret.
Dans le quotidien, qu'est-ce qu'on fait? Alors, il faut le mettre dans le plan
stratégique, il faut aller chercher un leadership parmi les employés clés, il
faut regarder les options de financement, parce qu'il y en a. Donc, c'est...
M. St-Pierre Plamondon : Oui.
Donc, juste pour être précis. À ce jour, vous n'avez pas reçu d'Hydro-Québec ou
du gouvernement un document comparable de planification par secteur économique
des mesures spécifiques qui seront prises pour réduire les gaz à effet de
serre. Ça, vous n'avez pas reçu ça? Vous n'avez pas ce...
M. Noël
(Philippe) :Non, non, pas du tout. En
fait, l'objectif du billet, c'était de répondre à une demande en fait des
entreprises, puis c'est une initiative pour les entreprises, un peu moins
adressée au gouvernement cette fois-ci.
M. St-Pierre Plamondon : Très
bien. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : M.
Milliard, M. Noël, merci beaucoup pour votre contribution à cette commission.
Je suspends donc cette commission jusqu'à
15 h 30. Merci beaucoup. Et bon lunch.
(Suspension de la séance à 11 h 50)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président (M. Ciccone) :
À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil
électronique, incluant vos laptops, s'il vous plaît. On n'a pas besoin de
savoir que vous avez des courriels. Merci.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 2, Loi visant
notamment à plafonner le taux d'indexation des prix de tarifs domestiques de
distribution d'Hydro-Québec et à accroître l'encadrement de l'obligation de
distribuer de l'électricité.
Cet après-midi, nous entendrons Monsieur
Jean-Pierre Finet et Option Consommateurs par visioconférence. Je souhaite
maintenant la bienvenue à Monsieur Jean-Pierre Finet. Je vous rappelle que vous
disposez de dix minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé.
M. Finet (Jean-Pierre) : Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, Jean-Pierre Finet, je suis analyste pour le
Regroupement des organismes environnementaux en énergie. Je suis accompagné
aujourd'hui de Me Franklin Gertler qui est le procureur du ROEÉ depuis 25 ans
et le ROEÉ, c'est ça, existe depuis 25 ans. Le ROEÉ regroupe huit membres
dont Nature Québec, Fondation Rivières et Écohabitation. Je ne veux pas en
oublier, là, mais Regroupement Vigilance Hydrocarbures, Québec, etc. Vous
pouvez les lire dans l'introduction de notre mémoire.
On a des principes directeurs dont de
favoriser, entre autres, l'efficacité énergétique d'abord et avant tout, et
même avant l'énergie renouvelable. On a préparé un mémoire qu'on vous a
transmis pour cette audition-là aujourd'hui et je vais LE passer brièvement en
revue, brièvement parce qu'on a dix minutes. Pus donc, je ne pourrais pas
passer en détail à travers toutes les choses, mais sentez-vous libre de nous
poser des questions après.
• (10 h 50) •
On est ici puis... aujourd'hui, mais on
était ici aussi il y a trois ans, bien, en septembre 2019, dans le cadre de l'adoption
du projet de loi n° 34. Et d'ailleurs, si on en est ici, c'est à cause un
peu de l'adoption de ce projet de loi là à l'époque, qui prévoyait justement
retirer l'obligation à la Régie de l'énergie de faire une... d'établir de façon
annuelle les tarifs d'électricité, et plutôt de ramener ça aux cinq ans et d'établir
les hausses de tarifs en fonction du taux d'inflation. Le gouvernement, par le
fait même, faisait le pari que, puisque les quinze années précédentes avaient
été... les tarifs avaient suivi l'inflation, puis que l'inflation était environ
à 1 % que... Finalement, c'était un peu une formalité de faire le
processus à la Régie de l'énergie de la révision des tarifs et que finalement,
on pouvait indexer ça en fonction de l'inflation puis que ça ferait la job.
Bien, on s'est rendu compte rapidement que le temps, finalement, a donné tort
au gouvernement en disant que, bien non, là, il y a des taux d'inflation
problématiques. Ça n'a pas suivi.... le passé n'était pas garant du futur, pas
du tout. Et donc c'est ça. Nous, on avait dit à l'époque que ce n'était pas une
bonne idée d'y aller en fonction des tarifs puis que le taux d'inflation n'était
pas représentatif des coûts d'Hydro-Québec pour acquérir et distribuer de l'électricité...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...nous,
on pense que c'est pourtant le fondement de la Régie de l'énergie qui était
établie pour faire une évaluation indépendante et une évaluation indépendante
des revenus requis pour assurer la prestation du service puis, justement,
éviter la politisation et le processus de l'arbitraire dans la fixation des
tarifs.
Moi, je me rappelle, mon père était à
Hydro-Québec dans les années 80 puis, justement, c'était des commissions
parlementaires qui établissaient les tarifs, et c'était, justement, un peu une
mascarade qui était dénoncée un peu partout par le monde, d'ailleurs. Dans
notre mémoire, à l'époque, on soulevait l'enjeu de l'ingérence du gouvernement,
le conflit d'intérêts qui était pour le gouvernement à la fois d'établir les
tarifs puis de percevoir un bénéfice sur les revenus d'Hydro-Québec. Donc, on
disait que ce n'était pas un... Finalement, le processus en commission
parlementaire ne permet pas justement de faire une contre-expertise adéquate.
Et, écoutez, je vais passer un peu plus
vite. On constate que le projet de loi actuel déplaît à l'ensemble des catégories
de clients. On a vu les clients industriels, les clients commerciaux, les
clients résidentiels et même les clients résidentiels qui bénéficient d'un
break avec 3 % de hausse de tarifs, ne sont pas contents justement du
projet de loi. Le projet de loi crée un choc tarifaire pour ces catégories de
clients là que la Régie, pourtant, s'efforçait d'éviter dans le cadre des
audiences tarifaires.
Puis là, je veux vous ramener, ce matin,
vous avez reçu les gens d'Hydro-Québec, dont Dave Rhéaume, entre autres, qui
vous disaient que oui, c'est une bonne idée d'établir les tarifs en fonction de
l'inflation, que c'était pas mal ça que ça a donné les quinze dernières années.
Mais ça, c'est d'oublier que, pendant ces quinze dernières années là, il y a
eu, entre autres des hivers où il a fait très froid, où les gens... les clients
auraient pu avoir un choc tarifaire. Mais non, la régie l'a répartie dans le
temps, cette hausse de tarifs là qui était à avoir. Même chose quand on a forcé
le gouvernement à forcer Hydro-Québec à acheter de l'électricité éolienne qu'on
n'avait pas besoin qui a créé les surplus. Finalement, la régie a été soucieuse
d'étaler justement cet impact-là dans le temps. Et là, vous faites le contraire
en ce moment avec le projet de loi en tant que tel, ici. Puis en plus, je sais
que la FCEI vous a parlé de l'interfinancement que vous avez en plus modifié
avec le tarif. Puis. Donc ce n'est pas vrai, là, quand Hydro-Québec vous
dit : Oui, oui, l'inflation suit les tarifs. Bien, c'est parce qu'elle avait
un gars des vues qui s'est arrangé pour que ça suive les tarifs. Ce n'est pas
arrivé comme ça par pur hasard, là, c'est une baliverne que vous raconte
Hydro-Québec quand elle dit ça.
Quand on est passé aussi ici, puis là,
j'espère qu'en tout cas qu'on ne mangera pas trop de temps. Mais, quand on est
passé aussi ici, on vous a dit c'est important que l'Hydro-Québec ait des
revenus suffisants parce que si les hausses de l'inflation ne donnent pas les
revenus requis suffisants pour Hydro-Québec, bien, il va falloir qu'ils coupent
quelque part et, s'ils coupent quelque part, bien, ça se pourrait qu'ils
coupent dans l'entretien du réseau. Ça, s'adonne que la Vérificatrice générale
va sortir un rapport, il n'y a pas longtemps, qui dénonce le fait que le réseau
d'Hydro-Québec a été négligé. Est-ce qu'il y a eu une relation directe, là?
C'est pas ça qu'on dit là, mais on avait quand même averti le ministre, à
l'époque, que c'était quelque chose qui pouvait arriver.
Donc, nous, selon nous, là, la
décarbonation qui s'en vient va occasionner des manques à gagner considérables,
comme il y a eu avec l'entente Hydro-Québec Énergir, là, il y a eu un manque à
gagner. À chaque fois qu'on va chercher de l'électricité à un coût plus élevé
qu'à celui qu'on a l'avant. On fait en sorte que c'est l'ensemble de la
clientèle qui subventionne les nouveaux usages. Les nouveaux usages, on en a
pour 137 TWh pour décarboner., bien, c'est ce qui devrait consister la
priorité du gouvernement.
Et donc, si le... On a lu dans le communiqué
de presse du gouvernement que le gouvernement veut aider les Québécois à faire
face à l'inflation, mais ce n'est pas par la voie tarifaire que ça va se faire,
mais bien via l'imposition. La redistribution de la richesse ne se fait pas par
les tarifs, mais plutôt par les revenus des personnes, les crédits d'impôt,
puis, etc.
Donc, on vous fait, on vous a fait des
recommandations, vous pouvez les lire, mais finalement, ce qu'on dit, c'est de
ramener ça de façon annuelle, l'établissement des tarifs devant la Régie de
l'énergie. On ne peut pas vous dire, c'est 6,4 %, 4,2 % puis
3 %, c'est correct ou non, on ne sait pas si ça correspond aux revenus
requis d'Hydro-Québec ou non.
En ce qui a trait à l'encadrement de
l'obligation de desservir, bien, on est d'accord avec justement de ramener ça à
5 kW plutôt que 50 kW, considérant que les surplus d'énergie puis de
puissance sont pratiquement disparus, vont disparaître d'ici un an, une couple
d'années. Cependant, en resserrant l'obligation de desservir, l'Assemblée
nationale devrait veiller à ne pas faire ressurgir les maux qu'elle avait
pourtant vocation d'empêcher. On est préoccupé aussi par le...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...en
fait, quand on entend que le ministre dit par exemple qu'il veut délivrer... qu'il
va donner des mégawatts à quiconque au Québec veut créer de la richesse, bien,
on a un problème, là, parce qu'on n'en a pas tant que ça, là. Je ne sais pas si
vous savez, mais 137 térawattheures pour décarboner le Québec, ça représente à
peu près 9 000 éoliennes. Donc, il va falloir les mettre quelque part, ces
éoliennes-là. Si on veut faire en plus du développement économique par-dessus
tout ça, à un moment donné, ça ne marchera pas, là. Il va falloir faire des
choix. Donc, en plus, c'est que, si on alloue des blocs de mégawatts à des
entreprises pour développer de la richesse, bien, on vient aussi accaparer de
la main-d'oeuvre qu'on aurait de besoin pour justement installer des
thermopompes, rénover les bâtiments, de sorte à ce qu'ils ne soient plus des
passoires, puis qu'ils n'aient plus un impact en puissance aussi majeur sur les
besoins d'Hydro-Québec.
Il me reste encore une minute ou deux,
j'imagine?
Le Président (M. Ciccone) : ...
M. Finet (Jean-Pierre) : Ça
va vite. Écoutez, donc, nous, on préfère encadrer davantage justement cette
décision-là d'octroyer des blocs de puissance au-dessus de cinq mégawatts. On
pense que la Régie serait bien placée pour le faire. D'ailleurs, la Régie l'a
fait, entre autres, avec les blocs de cryptomonnaie. La Régie écoute les
décrets de préoccupations du gouvernement et va en conséquence. Et la Régie a
un article 5 qui porte sur les considérations de développement durable.
Enfin, écoutez, il ne reste plus de temps,
j'en suis conscient. Ah! vas-y donc pour les...
M. Gertler (Franklin S.) : Oui,
je vais vous parler...
Le Président (M. Ciccone) : ...
M. Gertler (Franklin S.) : Oui,
c'est parfait. C'est ça que la Cour suprême m'a dit l'autre jour. La redevance
hydraulique et nouveaux barrages. Vous pouvez lire nos représentations à ce
niveau-là. Je voulais juste attirer votre attention sur trois petits points.
D'abord, à la page 12, on parle de... le
paragraphe qui parle de «outre le développement de la filière de l'efficacité»,
je veux juste vous souligner... Excusez-moi, c'est juste en haut de ça. Je
voulais vous souligner qu'Hydro-Québec ne fait pas bonne figure en matière
d'efficacité énergétique. On parle de la réduction de moins de... puis là c'est
une erreur typographique, ça devrait être 0,5 % des ventes annuelles, tandis
que les bonnes pratiques, c'est de 2 % des ventes annuelles, si on...
Le Président (M. Ciccone) : Dix
secondes.
M. Gertler (Franklin S.) : Hein?
Le Président (M. Ciccone) : Dix
secondes.
M. Gertler (Franklin S.) : Oui,
oui, bien, c'est ça. Je voulais aussi vous attirer votre attention sur notre
point que la valeur des droits hydrauliques devrait être examinée par la Régie
de l'énergie...
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
M. Gertler (Franklin S.) : ...et
que les redevances devraient être versées au fonds bleu. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons
maintenant commencer la période d'échange et on débute avec M. le ministre.
Vous avez seize minutes 30 secondes.
M. Fitzgibbon : O.K. Bien,
merci de votre présence. Si j'ai bien compris votre rapport, vous semblez être
défavorables ou pas favorables à l'indexation des droits hydrauliques qu'Hydro-Québec
va verser au Fonds des générations pour les centrales qu'ils exploitent.
J'aimerais juste que vous, peut-être... ou peut-être j'ai mal compris, vous
m'expliquiez quelle autre forme on devrait prendre pour le transfert au Fonds
des générations.
M. Gertler (Franklin S.) : Merci.
Qu'est-ce qu'on dit, c'est simplement que la base... Ça, c'est le... Vous
parlez de numérateur, nous, on parle de dénominateur. Est-ce que le
harnachement des rivières donne lieu à des redevances qui sont vraiment en ligne
avec la valeur de ces droits-là? Ça, on a beau indexer, mais il y a une
question de fond qui se pose. Est-ce que les droits sont suffisamment élevés
pour refléter la vraie valeur? De un.
De deux, l'indexation que vous proposez
dans le projet de loi est aussi arbitraire qu'il est pour les tarifs. Est-ce
que la valeur ou l'augmentation de la valeur de ces droits-là a quelque chose à
voir avec le cours des prix au Canada, au Québec, moins le cannabis, l'alcool
et la cigarette? C'est ça, la question. C'est pour ça qu'on dit : Ça
devrait relever de la Régie de l'énergie.
M. Fitzgibbon : Merci. Moi,
je n'ai pas d'autre question. Mes collègues ont des questions? Oui, vas-y,
vas-y.
Le Président (M. Ciccone) : ...M.
le député de Rouyn-Noranda, à vous la parole.
M. Bernard : Oui, merci, M.
le Président. Merci de votre présence. Bonjour. Je vais commencer au niveau du
harnachement des rivières. Vous représentez des organismes comme Fondation
Rivières, que je connais un peu plus. Puis moi, j'ai des projets, dans mon
secteur, de minicentrales hydroélectriques. Qu'est-ce que vous pensez des
projets de minicentrales hydroélectriques pour justement les... qui peuvent
subvenir et ajouter des mégawatts dans le bilan énergétique du Québec?
M. Finet (Jean-Pierre) : Lors
du premier... Lors de l'appel d'offres de 2021, si je ne m'abuse, je pense
qu'il y avait une centrale électrique qui a soumissionné...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...c'était
la vôtre chez vous pour un mégawatt, puis je pense que c'était une centrale au
fil de l'eau aussi. Je ne me rappelle plus, Onimiki, ça se peut-tu? O.K. J'ai
de la misère avec syllabes, là, mais elles sont dans le bon ordre. Donc, c'est
ça, nous... Bien, en plus, au fil de l'eau, c'est des centrales qui sont moins
dommageables que des centrales qui requièrent des réservoirs. On n'est pas
contre le développement hydroélectrique à tout prix, là. On veut que ça se
fasse de façon logique et ordonnée. Puis on pense qu'il y a d'autres...
d'autres moyens de production à aller chercher avant, là. La centrale que vous
avez, même, je pense, pourraient même être certifiée low impact, Green-e, là,
aux États-Unis, Low Impact Hydropower. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est
un sacrilège, loin de là. C'est juste qu'il faut... C'est ça. Puis quand il y a
une opportunité puis que ça... que ce n'est pas dommageable pour
l'environnement, il n'y a pas de problème. Mais c'est justement là, avant que
M. le ministre suspende les appels d'offres qu'il devait lancer avant Noël,
nous à la Régie de l'énergie, on travaillait justement sur des critères
d'appels d'offres et on suggérait, justement parce qu'il y avait zéro critère
pour les... ni les éoliennes, ni pour les... ni pour les centrales
hydroélectriques. Donc, on proposait au moins, là, d'établir quelques critères
environnementaux, là, avant de se mettre à faire du harnachement de rivière.
M. Bernard : Bon, parfait. Je
suis bien content de vous entendre. J'avais une autre question, s'il vous
plaît, M. le Président. À la page 10, vous parlez de la décarbonation.
Puis donc vous parlez du 137 térawatts que vous avez mentionné. Puis là
vous parlez, justement, du concept des entreprises créatrices de richesse. Puis
dans ce paragraphe-là, au bas, vous dites que la décarbonation n'est pas
compatible avec une politique répondant systématiquement d'une manière
favorable à toutes les demandes de la part de ces entreprises qui sont
créatrices de richesse. C'est très catégorique, ça, ce que vous mettez,
vraiment. Parce que, moi, je regarde maintenant beaucoup de nouveaux projets
qui émergent puis qui sont en développement, ils veulent être carboneutres,
même s'ils sont créateurs de richesse et énergivores. Ça veut dire que, quelque
part, ces projets-là peuvent être compatibles avec la décarbonation.
• (16 heures) •
M. Finet (Jean-Pierre) : Le
problème, c'est que tout le monde est en faveur de la tarte aux pommes. Mais la
tarte aux pommes est juste grosse comme ça. Et puis on n'en aura pas des
pointes pour tout le monde. Et puis, il ne faut pas opposer création de
richesse et décarbonation, là. Dans l'étude qu'on vous a présentée, là, qui a
été faite par le ministère de l'Environnement, où on parle de
137 térawattheures, on dit que si on implantait les mesures d'efficacité
énergétique qui étaient prévues là-dedans, on augmenterait notre PIB de
4 milliards de dollars d'ici 2030. Donc, moi, ce que je vous
encourage plutôt, c'est à focusser sur la décarbonation du Québec, de sorte à
créer de la richesse pour les Québécois en augmentant le pouvoir d'achat, en
augmentant la rentabilité des entreprises et tout ça, là. Mais on ne peut pas
dilapider les ressources à qui mieux mieux comme ça, des ressources qu'on n'a
pas. Là, c'est de vendre la peau de l'ours. On ne peut pas faire ça, là.
M. Bernard : Oui. Mais il y a
beaucoup de projets qui sont en développement quand on regarde actuellement.
Puis c'est ça que j'aime quelque part, un peu, la dichotomie, parce qu'on parle
beaucoup de la filière électrique, que je crois beaucoup, qui s'en vient, donc
on va avoir besoin de nouvelles installations. Il y a des nouvelles mines qui
sont à la base de cette filière-là. Donc, il va falloir faire des choix à un
moment donné à cet égard-là, si on veut créer justement des nouvelles
industries, et autres. Et je crois que ces projets-là s'insèrent dans une
dynamique, qu'on peut combler les deux.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien
oui, mais avec... En priorisant. C'est-à-dire que, par exemple, là je prends
les pires, là, mais, si vous avez un paquet de projets de cryptomonnaies chez
vous, ça ne sera pas la priorité prioritaire, là, on s'entend, là-dessus, là,
même si ça ne prend pas beaucoup de main-d'oeuvre, là.
M. Bernard : Oui. Puis, ça,
bien, je pense qu'on se rejoint sur le... Puis, même, surtout, moi, qu'est-ce
qu'il y a en arrière de la cryptomonnaie, quand on voit actuellement, c'est
très spéculatif, j'ai bien des difficultés personnellement avec ce secteur de
l'économie là.
Un dernier point, tout de même, en
revenant aux redevances hydrauliques. Dans votre paragraphe, là, que, outre le
développement de la filière de l'efficacité, leur... favorise le recours à une
diversité de technologies. Vous en énumérez une série. Mais même si on fait ça,
on ne comblera pas toutes les demandes qu'on va avoir pour le futur, pour
combler la demande énergétique au cours des prochaines années. Il va falloir
trouver d'autres pistes de solutions. Il faut aller vers ça, mais on ne pourra
pas tout combler à cet égard-là.
M. Finet (Jean-Pierre) : Il y
a deux problèmes là-dessus, là. Premièrement, il y a un potentiel
technicoéconomique d'économie d'énergie identifié par Hydro-Québec de
25 térawattheures, là, environ, d'ici 2030. Mais le gouvernement a un
énorme potentiel aussi d'efficacité énergétique qui est inexploité. Le
gouvernement... Je vais juste vous dire, tu sais, dans la politique
énergétique 2030, là, on a créé, entre autres, là, le plan directeur en
transition énergétique, le plan directeur, la cible du plan directeur, c'est
1.2 %. La cible de l'effort du gouvernement...
16 h (version non révisée)
M. Finet (Jean-Pierre) : ...sur
le 1,2 %, ça équivaut à 0,2 %. C'est des graines de pinottes, ce n'est
même pas des pinottes. Donc, c'est... Le gouvernement devrait rehausser les
normes de construction. Le gouvernement devrait favoriser la rénovation des
bâtiments. Le gouvernement devrait adopter un paquet de politiques, entre
autres la cotation énergétique des bâtiments, puis tout ça, mais le
gouvernement semble manquer de courage politique pour aller de l'avant. Et donc
il y a un énorme potentiel d'efficacité énergétique à aller chercher là. Puis c'est
le meilleur moyen, en plus, de protéger la clientèle à faible revenu de ces
hausses de tarifs là qui vont venir de façon successive. Là, comme je vous dis,
ce n'est pas une bonne idée d'établir les tarifs... que le gouvernement
établisse les tarifs, ils vont juste monter et de façon assez impressionnante,
là, au cours des prochaines années. Parce que l'énergie coûte plus cher que le
coût moyen qu'on a.
Donc, il faut... puis l'énergie la moins
chère... Savez-vous comment ça coûte économiser un kilowattheure pour Hydro-Québec?
En 2019, ça coûtait 1,5 cent, c'est-à-dire que la subvention que donne
Hydro-Québec, là, pour acheter... que vous achetiez des diodes
électroluminescentes ou autres, là, basées sur la durée de vie utile des
mesures, là, ça leur revient à peu près 1,5 cent du kilowattheure, mais
Hydro-Québec considère les économies d'énergie comme une perte de revenus, c'est
pour ça qu'ils n'en font pas plus ce qu'il faut.
Puis donc, c'est ça, mais, comme je vous
dis, il y a énormément à aller chercher du côté efficacité puis il faut le
faire de toute façon pour justement diminuer l'impact de l'addition, de l'ajout
de ces approvisionnements-là dans le réseau. Et puis je vous encouragerais
aussi en passant, à justement encourager l'accumulation de chaleur. En ce
moment, on fait de l'effacement des charges en transférant ça au gaz, tandis qu'on
pourrait déplacer les charges en gérant mieux notre électricité, en accumulant
cette chaleur-là et en l'utilisant pendant les pointes, les périodes de pointe,
là, tu sais. Il y a plein à faire sur la gestion de la pointe d'Hydro-Québec qu'Hydro-Québec
ne fait pas, ou, en tout cas, ne fait pas assez.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le Président. Y a-t-il d'autres interventions du côté... oui, M. le
vice-président de la commission, à vous la parole.
M. St-Louis : ...
Le Président (M. Ciccone) : Non,
ça va s'ouvrir automatiquement.
M. St-Louis : Merci, M. le
Président, merci de votre présence. Vous inscrivez dans votre mémoire que la
majorité des gens sont mécontents du projet de loi, même la clientèle
résidentielle. J'aimerais ça vous entendre un peu plus à ce sujet-là. Ça m'étonne
comme... je trouve que c'est une affirmation qui manque peut-être de...
M. Finet (Jean-Pierre) : Le
prochain groupe, c'est Option consommateurs après nous. Bon, mais Option
consommateurs vous le dit, eux autres, déjà dans leur communiqué de presse qu'ils
ont émis en décembre suite à l'annonce du projet de loi, qu'ils ne sont pas
heureux de ça parce qu'ils savent que les clients commerciaux, bien, qui vont
se faire augmenter de 6,4 % vont leur refiler la facture. Donc, ils
savent, ils ne sont pas dupes. Là, ils savent bien qu'ils vont finir par payer
au final. Donc, mais vous les entendrez, là, ils vous en parleront eux-mêmes.
Moi, j'ai fait la revue même, j'ai regardé... puis on réfère à un article de La
Presse où chacune des catégories de clients fait part de son mécontentement par
rapport aux hausses de tarifs. Et tout le monde, je pense, souhaite un retour à
l'établissement de tarifs par la Régie de l'énergie.
M. St-Louis : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Mme
la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Moi, je suis
curieuse de savoir, si vous dites qu'on va refiler l'augmentation, les PME vont
refiler la facture aux consommateurs. Finalement, pourquoi est-ce que ce ne
serait pas la même chose avec les rénovations dont vous parlez, puis des
nouvelles mesures pour les bâtiments puis tout ce qui serait rénovation à
venir?
M. Finet (Jean-Pierre) : Écoutez,
justement, c'est un des débats qu'on a eus à la Ville de Montréal. La Ville de
Montréal veut décarboner ses bâtiments, mais veut le faire sans matraquer la
clientèle à faible revenu, justement. Et une des choses qu'on leur a recommandées,
nous d'ailleurs, c'est d'y aller, entre autres avec des techniques... c'est-à-dire
une décarbonation intelligente et efficace, c'est-à-dire donc de... Puis on a
démontré que le combo, par exemple, accumulateur de chaleur et thermopompe, c'est
ce qui revient au moins cher en termes de coûts d'opération dans le marché.
Donc, si on favorise une décarbonation, mais en plus on favorise... on la
favorise à moindre coût pour les clients, bien, les propriétaires, donc, ne
seront pas portés à refiler la facture aux clients, là, donc à la clientèle à
faible revenu. Ça va être une façon de décarboner sans justement, là, induire
des coûts pour cette clientèle-là. Je ne sais pas si ça répond à votre question,
là.
Le Président (M. Ciccone) :Merci beaucoup. Y a-t-il d'autres interventions du côté de la
partie gouvernementale? Non. Je cède maintenant la parole au député de
Jacques-Cartier pour une durée de douze minutes 23 secondes.
M. Kelley : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci beaucoup pour votre présentation. On parle de l'énergie,
puis vous avez beaucoup d'énergie qui pour nous, vers la fin de la journée, c'est
très, très bien apprécié. Je sais que vous avez écouté ce matin Hydro-Québec...
M. Kelley : ...puis monsieur
Rhéaume a dit que... et on parle des prix pour les gens, que «Forcément — ça,
c'est une citation — à chaque fois qu'on rentre des nouveaux
approvisionnements, il y a un coût supplémentaire qui doit être assumé, donc
qui pourrait se traduire par des tarifs spéciaux pour ces nouveaux usagers là
ou d'une augmentation plus généralisée des tarifs ou une diminution de la
prospérité d'Hydro-Québec.» Sur la page 11, de votre mémoire, je vous
parle un petit peu de quelque chose. Excusez-moi, si j'ai mes pages mélangées
ici, mais dans lez mémoire, vous parlez un petit peu de la même situation, vos
craintes à une augmentation à plus long terme, on parle juste de 2025, mais
chaque fois qu'on ajoute des projets, que ça va avoir un coût. Pour qui? Ce
n'est pas toujours clair, mais c'est possible pour vous et moi.
M. Finet (Jean-Pierre) : Je
ne suis pas sûr de comprendre votre question.
M. Kelley : Oui, c'est juste
plus que chaque fois qu'on ajoute des projets, et excusez-moi, c'était sur la
page 7, j'ai lu la décarbonisation dans... vous avez un paragraphe que
vous citez, qu'à chaque fois qu'il y a un manque à gagner, ils mettront une
pression à la hausse importante sur les tarifs. Alors, Hydro-Québec a pas mal
dit quelque chose... ce matin. Alors... juste élaborer un petit peu vos
craintes à ça.
• (16 h 10) •
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
oui, puis j'étais dans le train, ça a coupait, là, puis ça «bufferait», là,
donc j'en ai perdu des bouts. Mais j'ai entendu justement le représentant
d'Hydro dire que oui, la décarbonation allait mettre une pression à la hausse
sur les tarifs. Et c'est pour ça que, juste la décarbonation va mettre une
pression à la hausse sur les tarifs, là. Si on vient rajouter, en plus du
développement économique qui n'est pas nécessairement pertinent à l'effort
collectif de décarbonation, mais ça va rajouter de façon artificielle.
Voyez-vous, les coûts marginaux vont faire en sorte qui sont plus élevés que
les coûts moyens, et donc finalement, c'est à chaque fois qu'on rajoute un
client sur le réseau, bien, c'est l'ensemble de la clientèle qui subventionne
ce qu'il y a ce client, donc c'est certain.
Comme je référais aussi à l'entente entre
Energir puis à Hydro-Québec, nonobstant la compensation pour les pertes de
revenus, il reste qu'Hydro-Québec doit s'approvisionner en énergie qui coûte
plus cher pour alimenter les clients d'Energir qui se convertissent
partiellement à l'électricité. Donc ça, ça met une pression à la hausse sur les
tarifs d'environ un point quelques %.
M. Kelley : Parfait. Je
reviens sur la tarte aux pommes. Oui, vous n'avez mentionné que des morceaux
pour les cryptomonnaies, ce n'est pas une bonne idée. Mais selon vous, comment
on doit partager cette tarte aux pommes, qui doit avoir priorité à un morceau
de tarte aux pommes?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien
nous, c'est la décarbonation qui est la priorité. Puis on ne fait pas
d'opposition entre décarbonation et développement économique. On dit que
justement la décarbonation ça va dans le même sens là. Sauf que c'est certain.
Que demander à Hydro-Québec pour les 23 000 mégawatts de puissance si on le
vendait au coût marginal plutôt qu'au coût moyen? Si ça demeurait à 23 000? Pas
sûr. Il y a un intérêt parce que oui, notre électricité est verte, mais oui,
aussi parce qu'on la subventionne via le coût moyen.
M. Kelley : Parfait. Une
autre question parce que vous avez mentionné je veux juste revenir un petit peu
sur les critères, parce que vous avez parlé des nouveaux barrages. Alors, c'est
juste encore... Selon vous, c'est quoi les critères comme de mettre en place ou
de quand même lancer les projets de mini centrales, des gros projets, des
moyens, pour vous autres, les critères qui doivent être respectés en termes
environnementaux et quand même peut être le prix des consommateurs devant
aller... excuse-moi, avant d'aller d'avant avec un projet des barrages?
M. Finet (Jean-Pierre) : Nous,
on a toujours réclamé une planification intégrée des ressources. Donc, il faut
avoir une vision globale. Là, en ce moment, le bras gauche ne sait pas ce que
le bras droit fait puis le pied droit non plus, et, etc. Donc, on exporte puis
à peu près après, on dit : Il nous en manque. Bien, on n'a pas de vision
globale, là, de la situation. Donc, ça prend ça d'abord et avant tout, il faut
prioriser l'efficacité énergétique, donc réduire avant de produire. On ne
commence pas par faire une transfusion, on arrête l'hémorragie, hein, en
partant. Ensuite, on regarde le potentiel éolien potentiel éolien au Québec, le
technique, là, c'est 19 000 TWh. C'est 200 fois notre consommation, là, en ce
moment. Ça fait qu'avant de se mettre à harnacher des rivières, on peut-u
exploiter le maximum de potentiel éolien qu'on a? Donc, c'est ça pas mal nos
nos priorités et donc on pense que ça devrait retourner à la Régie de
l'énergie, justement, qui est capable de faire ce discernement-là, puis on l'a
vu d'ailleurs avec le dossier sur les «block chain».
M. Kelley : C'est
intéressant, merci. Et aussi dans le même sens, la question pour les GES, c'est
sûr que pour construire des barrages ou quand même des projets solaires, des
projets d'éoliennes, il y a des GES qu'on va ajouter dans les phases de
construction de mettre en place. Alors, pour vous autres aussi, quand vous
regardez les options déjà dans le portfolio du Québec, mais aussi pour
l'avenir, est-ce qu'il y a une préférence...
M. Kelley : ...une préférence
pour vous pour garder nos GES plus bas que possible?
M. Finet (Jean-Pierre) : Ah!
bien, tout à fait, tout à fait. Puis d'ailleurs c'est pour ça qu'on avait
recommandé un paquet de critères, justement, environnementaux, autant pour les
éoliennes que pour l'hydraulique. Mais ça a été suspendu comme dossier puis...
Ça, ça nous inquiète. D'ailleurs, en passant, selon ce qu'on a pu lire dans
l'éditorial de Monsieur Dutrisac dans Le Devoir, ça ne serait plus Hydro-Québec
Distribution qui ferait les appels d'offres pour les nouveaux besoins, les
nouveaux approvisionnements, mais ce serait pour Hydro-Québec Production. Donc,
je pense qu'on vient d'enlever une autre dent à la Régie de l'énergie de façon
un peu subtile, là. On va voir ce qui va arriver. Il paraît qu'il va y avoir un
appel d'offres de 4 000 mégawatts lancé par Hydro Production. Là, on
attend de voir un peu ce qui va se passer.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Vous avez mentionné juste les contrats d'exportation, est-ce que...
un peu plus tôt, est-ce que c'est le contrat avec New York que vous parlez ou
le portrait le plus global?
M. Finet (Jean-Pierre) : En
général. Là, les exportations d'électricité en général. D'ailleurs, le rapport
dont je vous ai parlé, qui a été fait pour le ministère de l'Environnement, là,
évoque la possibilité de devoir diminuer les exportations éventuellement pour
qu'on puisse compléter la décarbonation du Québec.
M. Kelley : Parfait. Puis on
a parlé aussi un petit peu de l'efficacité... puis les gens à la ma1ison, le...
et tout ça. Sur le week-end, j'ai parlé avec mes parents, ils sont en train de
peut-être changer les fenêtres, puis c'est le projet... quand même un peu eux
autres, juste 10 à 12 fenêtres, ils ont eu quelqu'un qui est venu faire
une analyse, c'est 20 000 $. Ils ont dit : Regarde, à notre âge, est-ce
qu'on va rester ici? Je pense que c'est un défi que beaucoup des Québécois font
face. Maintenant, alors, si on veut garder l'énergie à l'intérieur d'une
maison, de faire une transition, pour vous et moi, c'est coûteux. Alors, des
programmes qui sont en place présentement par le gouvernement du Québec, est-ce
qu'ils sont suffisants pour aider les gens à faire la décarbonisation de leur
propre maison?
M. Finet (Jean-Pierre) : Non,
loin d'être suffisant, il faudrait peut-être ramener les crédits d'impôt. Mais
j'attirerais votre attention sur... parce que vous me donnez un bon exemple,
j'attirerais votre attention sur un mode de financement novateur qui consiste à
financer les rénovations des maisons par les taxes d'améliorations locales
plutôt que par le propriétaire de la maison. Donc, si, par exemple, j'installe,
je change les fenêtres, puis je pense que je vais mourir avant longtemps, ou
que j'installe une système géothermique dans ma maison, bien, si moi, je suis
pour payer 30 000 $ ou 40 000 $, bien, c'est ça, donc c'est parce que j'ai
l'intention de rester longtemps. Donc, ça, ça peut freiner. Par contre, si je
fais financer ça par la taxe d'améliorations locales mais je vends ma maison
dans deux ou trois ans... mais c'est le prochain propriétaire qui va continuer
à payer pour la géothermie mais qui vont continuer de bénéficier des économies.
Donc, c'est une façon innovatrice de financer ces améliorations énergétiques
là. L'Ontario a passé une réglementation pour aller dans ce sens-là. Donc, le
gouvernement qui aime s'inspirer de l'Ontario ici pourrait s'en inspirer aussi
pour ça et favoriser... autoriser les municipalités à faire du financement de
mesures d'efficacité énergétique via les taxes d'améliorations locales.
M. Kelley : Sur les
municipalités, je sais que, dans notre plan stratégique Hydro-Québec, il y a...
Il parle beaucoup d'essayer de donner plus des pouvoirs. Si c'est à des
municipalités ou, quand même, des gens qui veulent ajouter un panneau solaire
sur leur maison, qui n'est présentement pas nécessairement rentable, et très
difficile à faire, est-ce que, dans l'avenir du Québec, pour aider d'ajouter à
notre approvisionnement d'énergie, d'aller dans ce sens-là, de mettre...
promettre des municipalités d'avoir des panneaux solaires sur leurs arénas, des
gens, d'avoir plus d'accès à des «panels» solaires pour leur maison, c'est une
bonne façon d'aider, nous, à faire cette transition et de décarboniser,
c'est-à-dire permettre les gens de devenir un petit peu les producteurs de
l'électricité?
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui,
mais le problème là-dedans, c'est qu'il faudrait... Un réseau à «smart grid»,
là, un réseau électrique intelligent, c'est un réseau communicant. Là, on a
installé des compteurs communicants chez tout le monde, mais on a créé une
filiale, Hilo, qui finalement vend des bidules aux riches puis qui peut
contrôler quelques systèmes comme ça. L'idéal, ce serait qu'Hydro-Québec puisse
contrôler l'entièreté des charges, puisse justement faire... à faire du
stockage de chaleur dans les systèmes d'accumulation de chaleur puis le...
Donc, oui, c'est souhaitable, mais pas de façon désordonnée, parce
qu'Hydro-Québec, par exemple, nous dit qu'ils ne peuvent pas intégrer plus que
5 % d'énergie distribuée sur leur réseau. Ça se peut que ça monte, là,
mais Hydro-Québec est peut-être un peu conservatrice.
Mais, si Hydro-Québec pouvait contrôler
les charges partout, bien, ça irait encore mieux, mais il faudrait pour ça
démocratiser Hilo et pas... On ne pourrait pas prétendre que c'est une filiale
non réglementée, c'est une activité réglementée. C'est le seul achat de
puissance qui échappe... qui n'a pas fait l'objet d'un appel d'offres. C'est la
seule... Savez-vous comment on... la puissance d'Hilo, bien, c'est secret, mais
ce n'est pas normal que ça soit secret, là, tu sais. En tout cas, il n'y a pas.
M. Finet (Jean-Pierre) : ...raison
d'avoir une filiale pour ça non plus. C'est une activité réglementée. Il
faudrait que ça soit démocratisé puis il faudrait que... Comme ça, l'ensemble
de la population pourrait mieux participer à la gestion du réseau.
Il faut améliorer le facteur d'utilisation
du réseau. Là, en ce moment, on a un réseau qui est un peu maniaco-dépressif,
là. Il faudrait améliorer un peu... aplatir cette courbe-là, comme disait un
certain docteur. Et donc, c'est ça, améliorer le facteur d'utilisation du
réseau, donc mieux répartir la consommation dans le temps. Et c'est pour ça
qu'on paie Hydro-Québec et pas pour qu'ils en rajoutent quand il en manque
seulement de façon réflexe.
M. Kelley : Parfait, puis...
Le Président (M. Ciccone) : ...une
minute 30 secondes, M. le député.
• (16 h 20) •
M. Kelley : Une minute 30
secondes. Une dernière question, c'est en lien avec tout ça. J'imagine qu'après
le rapport du VG Hydro-Québec doit vraiment avoir une meilleure idée de
l'efficacité à la fin de la ligne, là, parce que c'était pas mal écrit comme
ça, ils ne savent pas si c'est efficace, et il y a vraiment le réseau... On
parle d'une «smart grid». Présentement, notre «grid» n'est pas très «smart».
M. Finet (Jean-Pierre) : Non.
On a des compteurs communicants, mais ils ne sont pas intelligents. Hein, ils
seront intelligents quand on... Bien, c'est-à-dire on en fera une utilisation
intelligente quand on pourra justement relier un maximum, là, de bâtiments.
M. Kelley : O.K. Parfait.
Bien, c'est tout pour moi, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de
Maurice-Richard. Vous avez quatre minutes huit secondes.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup pour votre présence ici fort instructive.
Peut-être, la première question toucherait à la question de la régie. Je sais
que c'est une question importante, on a déjà entendu plusieurs groupes qui nous
en ont parlé. Et puis je n'étais pas là dans la législature qui a décidé de
l'affaiblir, mais, clairement, on comprend qu'il y avait un certain consensus
dans la société civile pour ne pas faire en sorte qu'on se retrouve,
d'ailleurs, ici aujourd'hui, en commission parlementaire, pour parler de
tarifs. Vous avez parlé, effectivement, des appels d'offres qui émaneraient
possiblement du côté production, donc qui n'est pas régi par la régie aussi. Ça
fait que, dans un monde idéal, je vous dirais de me décrire qu'est-ce que
devrait être la régie pour que ce soit quelque chose de bénéfique à la société
québécoise?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
il faut que je revienne avec la planification intégrée des ressources, il faut
que la régie ait juridiction justement sur la production. Là, comme je dis, la
production, c'est une boîte noire, on ne sait pas ce qui se passe là puis on ne
sait pas s'il y en a assez ou s'il y en a... puis qu'est-ce qu'on peut vendre
ou non. Donc, il faut que la régie... il faut qu'on ait un organisme qui soit
capable d'avoir une vision globale, là, de la situation énergétique au Québec.
Là, en ce moment, on n'a pas ça, c'est décousu, ce n'est pas sain, et c'est ce
qui fait en sorte qu'on peut faire plusieurs erreurs qu'on ne devrait pas
commettre pour l'avenir énergétique.
Une voix : ...vous voulez
rajouter?
M. Gertler (Franklin S.) : Oui,
s'il vous plaît. Juste pour faire un retour. C'est la loi telle qui a été
adoptée en 1996... portait justement sur, entre autres, la production,
transport, la distribution, Hydro-Québec, mais aussi le gaz, mais ça, c'est un
autre dossier, et prévoyait justement la planification intégrée des ressources.
Alors, dans notre mémoire, on fait
référence à la politique de 96 et du rapport du débat public sur... qui était
présidé à l'époque par monsieur Alban D'Amours, qui était plus tard chez
Desjardins. Et c'est vraiment... ça vaut la peine de retourner là-dedans, de
voir l'actualité de qu'est-ce qui est dit là-dedans, mais aussi la rigueur.
Parce que c'est ça qui est dérangeant. On n'est pas des empêcheurs de tourner
de rond... en rond à la régie, on bonifie les propositions, les décisions parce
que les propositions et... La preuve est testée dans un processus qui a de la
rigueur, et transparent, et public.
Et on a sauvé. Des gens disaient
souvent : Bien, ça coûte cher, mais on a sauvé des milliards aux Québécois
en empêchant des mauvaises décisions depuis 25 ans. Mais ça, on en parle
juste : Mais combien ça coûte? Combien ça retarde? Alors, c'est très
important. Puis moi, je dis, bien, en tant que... de Québécois, je trouve ça
inquiétant qu'on s'en va d'un système de la primauté du droit vers un système
arbitraire. On met à risque la réputation internationale du Québec, je vous
soumets, si on a des prix, par exemple, d'énergie qui sont fixés par fiat...
l'exécutif.
Alors, ça, c'est des choses qui sont
dangereuses. Puis, comme dit M. Finet, il y a aussi danger politique d'avoir un
gouvernement qui va porter finalement l'odieux des augmentations qui sont
inévitables. En tout cas, je pense que la régie, telle qu'elle a été conçue,
était...
M. Gertler (Franklin S.) : ...un
très bon modèle, mais on lui enlève des morceaux. Puis je veux souligner une
dernière chose, c'est que...
M. Bouazzi : Vite, s'il vous
plaît, parce que je n'ai pas beaucoup de temps.
M. Gertler (Franklin S.) : Excusez-moi,
je vous gruge de votre temps. Mais la Loi sur la Régie de l'énergie prévoyait
des... certains pouvoirs réglementaires pour le gouvernement puis aussi des
pouvoirs de directives du ministre, mais pas de directives de faire telle,
telle chose dans telle, telle cause, mais de manière générale. Alors, c'était
très équilibré.
Le Président (M. Ciccone) : Dix
secondes, M. le député.
M. Gertler (Franklin S.) : Merci
beaucoup d'être venus, on se parlera après. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Alors,
merci beaucoup, Monsieur Finet, Me Gertler, merci beaucoup de votre présence et
votre contribution aux travaux de la commission. Je suspends maintenant les
travaux quelques instants pour permettre au prochain groupe de prendre place.
Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprise à 16 h 29)
Le Président (M. Ciccone) : Alors,
nous allons reprendre nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants d'Option consommateurs. Je vous rappelle que vous disposez de dix
minutes...
Le Président (M. Ciccone) : ...Pour
votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de
la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre
exposé. Et n'oubliez pas d'ouvrir votre micro.
M. Corbeil (Christian) : Oui.
Bonjour Christian Corbeil, directeur général d'Option consommateurs. M. le
Président, M. le ministre, Mesdames et Messieurs les Députés, je vous remercie
de nous donner l'occasion de vous présenter nos observations aujourd'hui.
Créée en 1983, option consommateurs est
une association à but non lucratif qui a pour mission d'aider les consommateurs
et de défendre leurs droits. Depuis 1997, Option consommateurs intervient
régulièrement auprès de la Régie de l'énergie afin de défendre les intérêts des
consommateurs résidentiels d'électricité du Québec. Et nous sommes aussi bien
au fait des problèmes vécus par les consommateurs puisque nous les aidons
quotidiennement dans le cadre de consultations budgétaires ou lorsqu'ils ont
une mésentente avec un commerçant.
• (16 h 30) •
En 2019, le gouvernement du Québec a
adopté une loi qui, notamment, a retiré à la Régie de l'énergie le pouvoir de
fixer annuellement les tarifs d'Hydro-Québec pour le remplacer par une
indexation des tarifs selon l'inflation. La Régie ne peut maintenant tenir
des... tarifaires qu'aux cinq ans. Cette mesure devait, disait-on, assurer une
plus grande prévisibilité dans l'indexation des tarifs. Déjà en 2019, Option
consommateurs ainsi que la majorité des intervenants s'étaient opposés à cette
modification qui mettait la clientèle d'Hydro-Québec à risque des aléas
économiques qui n'ont rien à voir avec les véritables besoins de la société
d'État. Malgré ces mises en garde, la loi visant à simplifier le processus
d'établissement des tarifs de distribution d'électricité a été adoptée.
Des bouleversements importants sont
survenus après l'adoption de cette loi. La pandémie et le conflit armé en
Ukraine ont chamboulé l'économie mondiale ainsi que celle du Québec. Cela a
entraîné une hausse du taux d'inflation jusqu'à un niveau qu'on n'avait jamais
vu depuis de nombreuses années. C'était dans ce contexte qu'a été déposé le
projet de loi deux étudié aujourd'hui. Cependant, à notre avis, le projet de
loi deux ne permet pas de corriger les erreurs de la loi de 2019. Au contraire,
ce projet de loi présenté par M. le ministre comme étant un bouclier
anti-inflation ne fait que les perpétuer.
Nous saluons la venue d'une consultation
sur l'avenir énergétique du Québec mais soutenons qu'il sera essentiel de
prendre en compte les propositions des intervenants. Il s'agit d'une belle
occasion d'obtenir un consensus qui serait bénéfice pour tous les Québécois.
Saisissons-la.
Je vais laisser ma collègue Sylvie De
Bellefeuille, avocate et conseillère budgétaire et juridique, élaborer plus en
détail notre position. Merci.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Alors, bonjour à tous. Merci pour l'invitation à participer
devant cette commission.
D'abord, comme le mentionnait Monsieur
Corbeil, nous considérons que la loi de 1900... De 2019, pardon, était une
erreur. Mais en quoi exactement est-ce que cette loi pose problème? En indexant
les tarifs d'Hydro-Québec en fonction du taux d'inflation, les tarifs ne
tiennent aucunement compte des besoins réels de la société d'État. Au
contraire, ils deviennent sensibles aux variations des prix des composantes qui
sont loin de la réalité du marché de l'électricité, comme l'essence ou
l'alimentation. Le résultat est marquant. Depuis que les tarifs d'Hydro-Québec
sont indexés en fonction de l'inflation, la société d'État enregistre des
profits record, et ce, même avant que l'inflation s'emballe. Cela démontre que
le mode d'indexation des tarifs ne permet pas... bien, en fait, permet plutôt à
Hydro-Québec de récolter des revenus qui sont largement supérieurs à ce qui lui
est nécessaire pour distribuer l'électricité. En ce qui a trait à la
prévisibilité des tarifs qui était promise, bien, inutile de dire que cet
objectif de la loi n'est clairement pas atteint.
Maintenant, qu'est-ce qu'on propose avec
le projet de loi deux? Bien, certes, c'est un projet de loi qui, à première
vue, peut sembler un remède aux consommateurs résidentiels en cas de hausse
enflammée de l'inflation puisqu'il prévoit de plafonner la hausse des tarifs au
taux supérieur de la fourchette de maîtrise de l'inflation de la Banque du
Canada. Mais il s'agit là d'une solution qui ne règle en rien le problème de
base. En effet, le plafond ne s'applique qu'aux tarifs domestiques. Cela
signifie qu'à compter du 1ᵉʳ avril prochain les entreprises verront leurs
tarifs augmenter de 6.4 %. Nul besoin d'être très fort en économie pour
prévoir que cette hausse, ou du moins une partie de celle-ci va être refilée
aux consommateurs dans le prix des biens et des services qu'ils se procurent.
Le bouclier anti-inflation sera donc de peu d'utilité. Ce remède ne permet
pas... En fait, ne permet pas de régler le vrai...
16 h 30 (version non révisée)
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : ...Qui est qu'il n'y a pas d'adéquation entre le taux d'inflation
et l'indexation des revenus requis par Hydro-Québec. La seule façon de s'assurer
que les tarifs soient équitables, tant pour Hydro-Québec que pour l'ensemble
des consommateurs d'électricité, c'est que les tarifs soient fixés en fonction
des besoins réels d'Hydro-Québec. Et pour ça, bien, il faut simplement s'assurer
que ces besoins-là soient évalués dans le cadre de causes tarifaires devant la
Régie de l'énergie.
Maintenant, on est conscients qu'il est
probablement trop tard cette année pour tenir une cause tarifaire devant la
Régie en vue d'établir les tarifs pour avril prochain. C'est pourquoi nous
proposons que les tarifs soient gelés pour avril 2023, jusqu'à ce qu'on puisse
mettre en place une nouvelle cause tarifaire pour l'établissement des tarifs.
De cette façon, ça va... On va éviter que la hausse provoque un poids
supplémentaire sur le budget des ménages, qui est déjà très largement éprouvé
par l'inflation.
L'autre mesure qui est importante dans le
projet de loi deux est celle qui vise à limiter l'obligation qu'ont
Hydro-Québec et les distributeurs locaux d'électricité de distribuer l'électricité
à toute personne ou entreprise qui en fait la demande. En effet, si le projet
de loi est adopté, il donnerait au gouvernement le pouvoir de déterminer par
règlement les cas et les conditions où cette obligation de distribuer ne s'appliquerait
pas. Dans ces situations, une autorisation du ministre serait requise. Or, ce
pouvoir est très large et ne précise pas sur quelle base le gouvernement doit
appuyer son règlement. De plus, pour autoriser la distribution, le ministre
doit tenir compte, et je cite, «des capacités techniques du titulaire d'un
droit exclusif pour le raccordement ainsi que des retombées économiques et des
impacts sociaux et environnementaux que l'utilisation de l'électricité demandée
». Fin de la citation. Ces critères sont à notre avis très flous. Ils peuvent
être interprétés de façon différente selon le point de vue des gens qui
représentent des intérêts divers, en plus de rendre les décisions importantes sensibles
aux pressions des lobbyistes.
Nous partageons l'avis du gouvernement que
l'énergie est une ressource stratégique d'importance cruciale pour le
développement du Québec. Nous comprenons aussi que le gouvernement veuille
conserver un droit de regard sur l'implantation de projets énergivores qui
pourraient ne pas convenir, ne pas aller... être pour le meilleur intérêt
collectif. Cependant, nous croyons que ce pouvoir réglementaire et ministériel
est trop large et manque de transparence. Une des solutions serait que l'autorisation
puisse être accordée par un organisme neutre comme la Régie de l'énergie sur la
base de critères clairs. Dans le contexte où le gouvernement a annoncé la tenue
d'une consultation sur l'avenir énergétique du Québec et le dépôt d'un projet
de loi très costaud dès l'automne prochain, nous croyons que cette mesure est
prématurée et qu'on aurait avantage à écouter l'opinion des experts qui
participeront à cette consultation. Nous proposons donc que cette mesure soit
mise sur la glace afin de bénéficier des avis qui seront présentés lors de la
consultation à venir.
En somme, nous croyons qu'il faut redonner
à la Régie de l'énergie le pouvoir de rétablir des tarifs d'électricité sur une
base équitable pour tous et, dans l'intervalle, qu'il faut geler les tarifs
pour 2023. Finalement, nous croyons qu'il faudrait attendre les résultats de la
consultation à venir avant d'imposer de façon prématurée des limites à l'obligation
de distribuer l'énergie. Je vous remercie.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange
avec M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Bien, j'aurais
une question. Merci de votre présence. La question que j'ai c'est : Est-ce
que c'est... sur ce que vous venez de dire, est-ce qu'Option consommateurs juge
intéressante la prévisibilité, en fait, qu'on offre aux consommateurs avec le
projet de loi numéro deux?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Merci pour la question. Bien, en fait, je ne pense pas que
ce soit une question de prévisibilité ici qui soit vraiment le problème. Dans
le cas des causes tarifaires à la Régie, ce qu'on fait, c'est qu'on établit de
façon précise quels sont les différents besoins d'Hydro-Québec et on fixe les
tarifs en vertu, en fonction de ça. Quand on regarde de façon générale, c'est
rare qu'il y a eu des écarts très, très élevés. De toute façon, par rapport à l'inflation,
il y en a eu à certains moments, parfois en dessous, souvent en dessous de l'inflation.
Mais l'inflation, et on l'a vu dans les dernières... la dernière année, est
encore plus imprévisible. Donc, on vient mettre un plafond, mais c'est un
plafond qui, selon nous, bien honnêtement, pourrait mettre des gens à risque,
soit...
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : ...Hydro-Québec reçoive trop d'argent. Si les besoins
d'Hydro-Québec seraient qu'on ait une indexation, mettons, de 1 %, bien, on
va payer 2 % de trop. Mais à l'inverse, ça pourrait même être à l'encontre
d'Hydro-Québec. Si, pour une raison ou une autre, Hydro-Québec aurait besoin de
plus de tarifs, bien, à ce moment-là, on ne pourrait pas non plus le faire.
Donc, j'espère que ça a répondu à votre question, M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Oui...
Collègues, est-ce que vous avez des questions?
Le Président (M. Ciccone) : Oui.
M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, à vous la parole.
• (16 h 40) •
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Merci, madame Bellefeuille puis Monsieur Corbeil, de votre
intervention.
Vous avez parlé beaucoup de la hausse des
coûts puis l'impact qu'aurait la... Au niveau des...
Premièrement, je vais commencer à dire
Option consommateurs, c'est un organisme... J'apprécie beaucoup le travail que
vous faites pour éclairer les citoyens. Ça, je tiens à le mentionner. Vous avez
été présents depuis longtemps, comme vous l'avez très bien mentionné. Puis,
souvent, je me fie à vos avis sur un paquet d'interventions que vous faites.
Vous avez parlé de la hausse des coûts que
pourrait engendrer l'impact de la hausse de l'électricité sur les consommateurs
puis sur les biens à l'achat. Quand je regarde qu'est-ce qui s'est passé au
cours des deux dernières années à Rouyn-Noranda puis en Abitibi-Témiscamingue,
entre autres, puis en parlant à des commerçants, et autres, même avant le
projet de loi numéro deux, les coûts ont augmenté énormément pour les
consommateurs puis les distributeurs. Tout simplement les frais de transport,
les gens me contaient, m'expliquaient que le coût de la palette des biens qui
venaient en région, les coûts avaient passé de quelques centaines de dollars à
plus de 1000 $, simplement le transport des palettes. Donc, ils refilent
déjà ça, cette facture-là, à leur clientèle puis aux citoyens de la région.
Alors, quand je regarde dans cette optique-là, même s'il y avait une
augmentation des coûts de l'électricité, je ne pense pas que ça serait un
impact majeur pour les biens de consommation, étant donné tout ce qui... qu'est
ce qui gravite autour de ça.
Une des choses que j'ai aussi la
difficulté, pour avoir été au gouvernement dans des années antérieures où on a
eu à faire beaucoup de rattrapage sur simplement des services de l'État où
est-ce qu'on avait observé des moratoires ou des gels de tarifs pendant de
nombreuses années, et qu'il a fallu réajuster les coûts. Alors, dans cette
optique-là, moi, de voir qu'est-ce qui a été fait antérieurement, d'avoir fixé
la hausse des coûts dans le projet de loi antérieur à l'inflation,
personnellement, je n'ai aucune difficulté avec ça. Et de voir qu'on vient,
dans un contexte très particulier qui j'espère qu'il ne se reproduira pas
ultérieurement, que le gouvernement vienne faire une loi comme le projet deux
pour plafonner ces hausses de coût là pour... Dans un contexte très
particulier, personnellement, je n'ai pas de difficulté avec ça, parce que je
considère, à peu importe quel endroit, que les coûts ou les biens soient
ajustés à l'inflation, dans ma perspective, ça va de soi, tout en tenant compte
de la capacité des personnes à faibles revenus de pouvoir contrebalancer cet
effet-là auprès de ces personnes-là.
Moi, ce que j'aimerais voir avec vous,
puis un des points que vous soulevez par rapport aux bénéfices d'Hydro-Québec,
c'est que vous parlez beaucoup de la distribution. Mais Hydro-Québec,
l'actionnaire majoritaire, c'est les Québécois, et autres. Donc, que même si
les profits augmentent, mais ils reviennent à l'État, je ne vois pas de
difficulté personnellement avec ça. Parce que c'est... Puis on regarde au cours
des prochaines années, Hydro-Québec, puis le ministre l'a mentionné, les
autres, il va y avoir beaucoup d'investissements à faire justement pour rendre
nos barrages beaucoup plus efficaces et éventuellement profiter pour remettre à
jour les installations et peut-être d'autres projets. Alors, quel rôle
voyez-vous à Hydro-Québec dans cette optique-là? Dans un bénéfice du Québec,
même si les hausses augmentent puis ne sont pas nécessairement reliées à
l'inflation, vous voyez ça vraiment comme négatif puis on devrait vraiment
faire un gel de tarifs proprement dit ou pour... au cours des prochaines
années? Moi, j'ai de la difficulté avec ça. Pourquoi faire un gel de tarifs
proposé ou de revenir, attendre, comme vous avez dit, une nouvelle cause
tarifaire auprès de la Régie? Il n'y a pas moyen d'avancer quand même
positivement à cet égard-là pour le bénéfice de l'ensemble des Québécois?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Soyons clairs, Option consommateurs n'est pas pour un gel
des tarifs de façon générale, parce qu'effectivement ça peut poser problème et
ça fait en sorte que, s'il y a un problème plus tard, on peut avoir un
rattrapage à faire et ça va créer un choc tarifaire. Donc, ce n'est pas du tout
ça...
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : ...qui est l'objet de notre présentation. Ce qu'on pense,
c'est que... ce qu'on a vu dans les deux ou trois dernières années, c'est que
l'augmentation des coûts en énergie pour les Québécois ont été trop élevés par
rapport aux besoins de la société d'État. Donc, on a une espèce... ce qu'on
appelait avant un trop-perçu, dans le fond, qu'on ne peut même pas évaluer à ce
moment-ci parce qu'on n'a plus de cause tarifaire. Et... Donc, dans le fond, le
gel, c'est juste une question temporaire. L'idée, c'est juste de ne pas
augmenter... on vous demande de ne pas adopter le projet de loi n° 2,
donc, et de retourner le tout devant la Régie de l'énergie. Donc, le gel, ce
n'est pas pour une période indéfinie, c'est simplement pour qu'on puisse
retourner devant la régie.
Pour ce qui est des profits qui sont
redistribués au gouvernement, je pense qu'il faut être prudent parce que ça
peut devenir une certaine forme de taxation indirecte et qui ne tient pas compte
de la capacité de paiement des gens. Malheureusement, on voit beaucoup de gens
qui ont de la difficulté à payer leurs factures d'électricité, et les plus gros
payeurs ne sont pas toujours ceux qui ont réellement les moyens. Si on veut
renflouer les coffres de l'État, je n'ai aucun problème avec ça, mais
faisons-le à partir des revenus des gens, donc via les pouvoirs d'impôt que
dispose le gouvernement. Il y a d'autres façons de le faire que par une taxe,
entre guillemets, déguisée, là, qui serait les tarifs d'énergie.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Jonquière.
M. Gagnon : Oui. Bonjour.
Merci, merci. Ça va un petit peu dans le même sens que mon collègue, en
fonction de ce que vous mentionnez, des besoins réels et non, peut-être, en
lien de l'inflation, de ce que vous recommandez. Ce matin, on rencontrait, là,
les hauts dirigeants d'Hydro-Québec. Je voulais juste voir un petit peu votre
position par rapport à si on allait de l'avant vers des projets majeurs en
immobilisations, c'est-à-dire avec un gel de l'État. Et on entendait parler
aussi aujourd'hui qu'il pourrait y avoir des investissements majeurs du côté
d'Hydro-Québec pour ne serait ce qu'une mise à jour. Alors, moi, je voyais une petite
inquiétude quand même entre ce que vous proposez et, peut-être, l'état, là, de
votre... dans nos centrales hydroélectriques.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, c'est sûr que, s'il y a des projets d'investissement
plus élevés, ça pourrait avoir un impact tarifaire, ça pourrait être même, à la
limite, dans certaines situations, même bien plus élevées que l'inflation. On
l'a vu il y a quelques années, quand il y avait eu des certains investissements
qui avaient été faits par Hydro-Québec. Mais ce qui est intéressant lorsqu'on
va devant la Régie de l'énergie, c'est que ces projets-là, ils sont évalués. Il
y a des expertises qui sont déposées, il y a des contre-expertises qui sont
déposées, et tout se fait dans un contexte qui est transparent, et on fait la
juste part entre les besoins réels et ce qui est demandé. Puis on a vu des
situations où, parfois, ce qui était demandé par Hydro-Québec, on se rendait
compte que pas que le projet était nécessairement mauvais, mais certaines
ficelles étaient mal attachées et il a fallu peut-être recadrer. Et, pour nous,
on pense que la Régie de l'énergie, bien, c'est justement un cadre qui est
neutre, qui permet de bien cibler ces projets-là puis de s'assurer
qu'Hydro-Québec reçoit ce qu'elle a besoin, ni plus ni moins, tout simplement
de façon équitable, là, à travers les différents consommateurs d'électricité.
M. Gagnon : ...pendant que
j'ai les hauts dirigeants d'Option Consommateurs qui, moi aussi, est une
structure que j'apprécie, leur recommandation. Plus personnel, au niveau de
votre opinion, votre position par rapport à ce qui a été fait en décembre
dernier à l'Assemblée nationale, par rapport au gel des services de l'État, si
on se dirige plus de manière personnelle envers le consommateur et non vers
l'industrie, est-ce que vous étiez favorable?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, je pense qu'il faut distinguer les services de l'État
et Hydro-Québec. Techniquement, Hydro-Québec n'est pas censée être un service
du gouvernement. Donc, il y a cet élément-là. Maintenant, au niveau des besoins
des différents services, ça, je pense que c'est plus la gestion... Ça relève de
la gestion du gouvernement. S'il y a moyen de geler pour pouvoir peut-être
redistribuer, peut-être que certains services ont besoin d'être plus financés
que d'autres, et, par le gel, ça permet des fois de compenser la hausse de l'un
par la perte de l'autre, en fait. Vous comprenez ce que je veux dire?
M. Gagnon : Oui, oui.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Il y a cet élément-là qui peut être fait. Je pense que, là,
à ce niveau-là, ça relève vraiment, là, de la discrétion de l'État dans cette
situation-là.
M. Gagnon : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : C'est
beau, M. le député de Jonquière? C'est terminé? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions du côté de la partie gouvernementale? Non. Alors, je cède
maintenant la parole au député de Jacques-Cartier pour un temps maximum de 12
min 23 s.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour votre présentation et pour votre mémoire très
bien détaillé. Je comprends qu'il y a une inquiétude que les nouveaux projets
énergivores soient choisis de manière arbitraire et que vous soyez en faveur
d'un «organism» neutre comme la...
M. Kelley
: ...de
l'énergie qui détermine les projets, et tout ça. Mais avant, en fonction des
critères objectifs, est-ce que vous pouvez nous donner des exemples de critères
qui pourraient être utiles?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, je pense qu'il faut vraiment voir chaque projet, là.
Je pense qu'il y a des objectifs qui peuvent être à la fois régionaux aussi,
donc ça peut être autant la création d'emplois, mais si, en même temps, on veut
créer des emplois pour un projet qui va polluer... Il va falloir évaluer tout
ça. Donc, je pense qu'il y a une question de balance des avantages et
inconvénients qu'il faudra faire de chacun des projets, tout en tenant compte,
évidemment, aussi, de l'impact d'une demande importante sur le réseau.
Et, je vous dirais, compte tenu de la
proposition d'une grande consultation, je pense que c'est justement ce genre de
discussions là et ce genre de critères... le bel endroit pour pouvoir établir
ces critères-là avec des experts, pour qu'on puisse établir un consensus
là-dessus, sur qu'est-ce qu'on devrait considérer en priorité comme étant des
bons projets pour le Québec tout en respectant l'ensemble des critères.
• (16 h 50) •
M. Kelley
: Je suis
bien d'accord. Une bonne discussion, consultation nationale, je pense que c'est
une très bonne idée puis je souhaite que le gouvernement, peut-être, va
accepter l'idée d'une commission qui va aller partout dans les régions du
Québec pour parler avec les groupes comme vous. Je vais continuer de faire de
la pression.
Je veux... C'est parce que vous autres
représentent des consommateurs, puis, ici, on parle des tarifs puis on a lancé
toute une discussion comment les gens peuvent être plus efficaces, la sobriété,
puis, à un certain moment, le ministre a évoqué que, peut-être, les gens doivent
arriver à la maison, qui doit être plus froide, mais, pour vous autres,
j'imagine, ça, ce n'est pas qu'est-ce que les consommateurs du Québec
souhaitent. C'est d'arriver à la maison puis baisser le chauffage tout le temps
pour sauver un petit peu de l'énergie, et il faut avoir d'autres solutions.
Alors, je veux avoir vos réflexions un petit peu. Comment le gouvernement peut
vraiment aider des gens, faire la transition énergétique, décarboniser
eux-mêmes leur propre maison, comme on dit, puis garder le chauffage à
l'intérieur, et pas juste fermer le chauffage?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : C'est une excellente question. Et qu'on soit clairs, là, il
n'y a pas personne qui est contre la vertu, là. Je pense que l'idée qu'on
consomme mieux l'énergie, qu'on le fasse de façon intelligente, en essayant de
minimiser notre énergie, je pense que c'est une bonne idée. Par contre, je
pense qu'il faut aussi faire attention, en ce sens que ce n'est pas tout le
monde qui est dans la même situation. Il y a certains ménages, par exemple,
certains ménages à faibles revenus qui ont des... qui habitent des logements
qui sont, littéralement, des passoires énergétiques, là, où on chauffe le
dehors, comme on dit bien souvent. Donc, je pense qu'il faut s'assurer d'avoir
des programmes qui vont aider à peut-être mieux isoler les maisons, justement,
là, pouvoir améliorer les bâtis.
C'est une chose de mettre de la pression
pour qu'on consomme moins comme consommateurs résidentiels, mais je pense que
ce n'est pas uniquement les consommateurs résidentiels. On représente seulement
le tiers de la consommation d'énergie, alors je pense que c'est un effort
collectif qu'il va falloir faire. Il y a certainement des mesures qu'on peut
prendre, donc je pense que celle-ci, je l'ai soulignée. Est-ce qu'il faut
revoir la tarification pour certains consommateurs qui consommeraient
énormément d'énergie pour, peut-être, des choses qui seraient moins utiles? Ça,
c'est peut-être une réflexion qu'on peut avoir collectivement aussi. Là aussi,
ça fait partie des choses, je pense, qui pourraient faire partie des
discussions.
M. Kelley
: Parfait,
merci beaucoup, et c'est un petit peu dans le même lien, là, avec les gros
consommateurs de l'énergie. Je sais qu'il y a une idée, qui est dans le livre
de Bill Gates, d'ajouter un tarif vert dans les produits, alors, si on va
produire l'acier, c'est vert, c'est ici, c'est inclus dans le prix. Mais je
pense que ça, c'est une bonne chose pour le Québec de peut-être restructurer
comme le tarif L, dans une façon de mettre le prix directement dans le produit,
augmenter les tarifs d'hydroélectricité puis peut-être trouver une autre façon
pour encourager les entreprises de rester ici.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Je pense que ça peut faire partie, effectivement, des
réflexions, là. Pour ce qui est des tarifs industriels et commerciaux, moi, je
ne suis pas spécialisée tout à fait dans ces tarifs-là, mais je pense que ça
fait partie des discussions qu'on peut avoir collectivement.
M. Kelley
: Puis d'avoir
peut-être des tarifs qui sont ajustés, peut être un petit peu juste pour les
consommateurs, qui, ça semble, sont toujours, au bout de la ligne, obligés de
payer plus, payer plus, payer plus.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Oui, tout à fait, mais en tenant compte qu'il y a aussi des
gens qui sont à faibles revenus et qui n'ont pas toujours, non plus, les moyens
de suivre ces hausses de tarifs là. Donc, l'idée, c'est de trouver une façon
d'aller chercher... peut-être faire payer ceux qui utilisent l'énergie de façon
peut-être immodérée, alors qu'ils pourraient faire mieux, mais ne pas faire
subir la pression à, par exemple...
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : ...Certains ménages qui pourraient habiter dans des régions
où ils habitent des vieilles maisons ancestrales qui sont mal chauffées mais
qui n'ont pas nécessairement les moyens de rénover. Il y a des gens
malheureusement qui sont à faibles revenus et qui se retrouvent dans cette
situation-là. Donc, il faut trouver aussi des façons d'aider ces gens-là à
consommer moins d'énergie, mais à tenir compte également de leurs ressources
limitées.
M. Kelley : Alors, après
qu'on a eu les discussions, le débat, le très long débat sur le projet de loi
n° 34 pour régler le fait que les trop-perçus au Québec, selon vous autres, il
y a toujours les gens qui sont trop perçus puis il y a toujours des enjeux
vraiment pour plusieurs consommateurs, que ce n'est pas juste les prix
nécessairement d'Hydro-Québec, présentement? On n'a pas réglé l'enjeu qu'on a
essayé de régler avec le 34 et on ne va pas régler ça avec le projet de loi
deux?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Non, je ne pense pas parce qu'on ne tient pas compte des
vrais besoins d'Hydro-Québec. Et c'est à ça que sert la Régie de l'énergie,
dans le fond.
M. Kelley : Parfait. On a
parlé d'un petit peu, dans la dernière intervention, je ne sais pas si vous
êtes capables d'entendre ça, mais toutes les discussions au tournant... comme
une «smart grid» puis les produits d'Hydro-Québec comme Hilo, et tout ça, pour
mieux... Pour aider des gens à mieux à consommer l'énergie. Mais selon vous,
est-ce que ces programmes-là marchent bien? Est-ce que, pour les consommateurs
présentement, il y a toujours défis? Je me souviens qu'il y a eu un reportage
de RDI qui... C'était comme pas tout à fait simple de faire ce transfert dans
une maison, une transition dans une maison, d'être plus efficace
énergétiquement.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Je n'ai malheureusement pas pu écouter l'intervention qui
précédait. J'étais dans la salle d'attente virtuelle. Donc, mais je pense qu'il
faut voir en fonction de différents projets. On n'a pas eu beaucoup, nous, de
retours de la part de consommateurs avec ces projets-là, donc je serais un peu
mal placée pour vous dire ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas bien. Je pense
que ça dépend aussi peut-être de l'accès à certaines technologies pour certains
ménages aussi, là, quand on a des principes, des principes de maisons intelligentes,
encore faut-il avoir accès à Internet, être capable de s'en servir. Alors, ce
n'est pas à la portée de tous. Alors, oui, ça peut être des solutions qui
peuvent être intéressantes, mais il faut faire attention de ne pas pénaliser
les gens qui ne peuvent pas accéder à ces produits-là parce que soit ils n'ont
pas accès ou tout simplement ils n'ont pas les moyens de le faire.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Puis je veux continuer un petit peu parce que j'ai utilisé l'exemple,
dans la dernière présentation, comme mes parents sont en train d'évaluer, c'est
nécessaire de changer les fenêtres chez eux, puis, quand même, pour changer 10
à 12 fenêtres, c'est environ 20 000. Il y a quelqu'un qui a fait une
évaluation. C'est beaucoup, quand même. Mes parents disent : Bien, est-ce
qu'on va rester ici pour avoir les retombées qui sont bénéfiques pour nous?
C'est une discussion que c'est plusieurs des familles au Québec sont en train
d'avoir présentement. Puis, oui, mes parents ont les moyens de le faire, mais
il y a beaucoup de familles qui ne sont pas capables de le faire. Alors, est-ce
que les programmes qui existent présentement marchent bien? On a eu le
programme RénoVert qui était en place. Alors, pour vous autres, c'est quoi la
meilleure façon pour aider tous les gens à faire les rénovations vertes, et
tout ça, et comment aussi on peut peut-être aider ces gens qui n'ont vraiment
pas les moyens de changer les fenêtres ou changer une porte ou changer le
système, la pompe thermique, tout ça, faire des changements comme ça?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, je pense, il faut voir différents programmes, parce
que ça dépend aussi si on est propriétaire ou locataire, là. Option
consommateurs, on est situé à Montréal où à peu près 75 % de la population
est locataire. Alors, c'est sûr que comme locataire, je n'ai pas le pouvoir de
changer mes fenêtres. Et malheureusement, certains propriétaires d'immeubles
ont plutôt l'idée de maintenir leurs frais au minimum pour essayer de tirer un
maximum de profit. Donc, il faut trouver une façon d'inciter ces
propriétaires-là à changer leur cadre bâti pour pouvoir aider les locataires.
Donc, c'est peut-être des incitatifs davantage qu'il va falloir mettre en place
pour aller rejoindre ces populations-là.
Pour ce qui est de certains programmes
gouvernementaux d'aide, parfois, le problème aussi vient du fait que la
personne doit avancer l'argent avant d'avoir accès à la subvention. Donc, si je
n'ai pas les liquidités pour aller investir les 20 000 $ pour changer les
fenêtres, pour reprendre l'exemple que M. le député a souligné, ça peut être
compliqué. Et là encore, si j'ai accès à cette subvention-là après coup, bien,
il faudra s'assurer d'une part... le gouvernement va vouloir s'assurer que
l'argent a bel et bien été utilisé tel qu'il était convenu. Mais ça peut
peut-être poser certains risques, s'il y a eu des modifications dans les devis
par la suite, là, pour ne pas que les gens se retrouvent un peu coincés. Parce
que, finalement, l'entrepreneur n'a peut-être pas fait les choses de la façon
qui était prévue par le gouvernement. Donc, il faut, je pense, bien baliser ces
différents programmes là en tenant compte de la réalité de différents types
d'utilisateur d'électricité.
M. Kelley : Parfait. Puis
j'imagine, parce qu'on a parlé, oui, il y a des locataires, mais il y a aussi
des entreprises, les petites et moyennes, qui sont aussi...
M. Kelley : ...une grosse
partie de ça, on pense... le restaurant et tout ça, et ça, c'est un énorme défi
pour eux autres. Je ne sais pas si vous avez des commentaires là-dessus. Je
sais que vous avez déjà mentionné que, pour les petites et moyennes
entreprises, juste qu'avec un tarif qui est lié à l'inflation, ça va
probablement coûter... eux autres ou ajouter des coûts d'environ
250 millions de dollars pour eux juste en 2023. Alors, j'imagine,
c'est une préoccupation pour vous autres et pour l'avenir des choses aussi que
les prix pour les consommateurs vont peut-être continuer d'augmenter avec ce
projet de loi.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Oui. Pour nous, c'est effectivement une préoccupation, et
votre collègue tout à l'heure disait que ce serait peut-être tout simplement
une petite goutte d'eau, mais c'est beaucoup de petites gouttes d'eau qui se
rajoutent dans les augmentations de coûts dont font face plusieurs entreprises.
On n'est pas là, nous, pour défendre les entreprises, je pense qu'elles le font
bien elles-mêmes. Mais la réalité, c'est : quand ça coûte plus cher, veux
veux pas, ça va se retrouver... ça va avoir un impact sur le prix, en bout de
piste, que devront payer les consommateurs.
• (17 heures) •
M. Kelley : Oui. Non,
exactement. Puis il y a des petites gouttes d'eau partout, dans tous les
produits, tout le monde paie plus, puis on va continuer d'essayer de gérer ça
le mieux possible.
Je n'ai pas des autres questions pour
l'instant. Merci beaucoup pour votre présentation puis d'être là aujourd'hui
avec nous.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de
Maurice-Richard pour 4 min 8 s
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup d'être présents ici virtuellement avec nous. Ce
que je comprends, c'est qu'entre autres, ce que vous dites dans votre mémoire,
c'est qu'évidemment il y a la question de la Régie de l'énergie, à laquelle
vous voudriez rendre du pouvoir, mais aussi la question du gel de tarifs. Tant
qu'à avoir un avis sur les tarifs, pourquoi vous pensez que la question de l'inflation
et du tarif sont deux choses qui n'ont rien à voir?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, ce qui arrive, c'est que l'inflation tient compte de
plusieurs éléments. C'est sûr que, parmi les coûts dont doit faire face
Hydro-Québec, certains sont... effectivement aussi un impact sur l'inflation.
Donc, je ne dis pas que c'est totalement séparé. Par contre, ça ne veut pas
nécessairement dire qu'un 5 % d'inflation équivaut à 5 %
d'augmentation de coûts. Donc, je pense qu'il faut faire la part des choses. Dans
l'inflation, on a des éléments qui n'ont rien à voir avec la réalité de
l'économie. Quand on parle du coût de l'épicerie, par exemple, ça, ça n'a rien
à voir avec les coûts d'Hydro-Québec.
Pour ce qui est du gel, bien, c'est... on
ne veut pas un gel à long terme, là. Ce qu'on veut, c'est vraiment seulement...
Présentement, là, si on ne va pas de l'avant avec le projet de loi n° 2, on va se retrouver avec une hausse de tarifs à
6,4 % pour le résidentiel aussi, ce qui n'aurait aucun sens. Alors, c'est
pour ça que, dans ce contexte-là, compte tenu des profits des dernières années,
on pense que le gel serait approprié pour qu'on puisse, dès l'année suivante,
faire une cause tarifaire et fixer les choses. Mais, de façon générale, un gel
des tarifs n'est pas bénéfique à personne. Bon.
M. Bouazzi : Vous parlez
aussi du tarif des compagnies dans votre mémoire. Est-ce qu'il y a une taille
où... à partir de laquelle vous ne voudriez pas, justement, qu'il y ait ce gel?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, on n'a pas vraiment de position par rapport à ça, je
vous dirais, par rapport aux autres entreprises. Nous, notre crainte
présentement, c'est que, si on gèle les tarifs, on les plafonne, là, que ce
soit l'un ou l'autre, pour les résidentiels, mais qu'on ne fait rien pour les
entreprises, on va se retrouver à devoir payer, comme consommateurs, la hausse
des coûts de façon indirecte par une hausse de prix. Donc, c'est un peu ça qui
est notre inquiétude, là.
M. Bouazzi : Vous avez parlé
tout à l'heure de la question de trouver des moyens, possiblement, de faire
payer des personnes qui gaspillent l'énergie tout en protégeant les personnes
qui vivent dans des passoires énergétiques, comme vous avez décrit. Vous avez
aussi parlé du fait qu'il y a une partie de la population qui n'a pas assez
d'argent pour avancer l'argent et avoir droit aux subventions qui pourraient
permettre d'avoir une certaine efficacité énergétique chez elles. Est-ce que
vous avez un avis sur le fait de, par exemple, rajouter un palier qui est
vraiment haut ou conditionner un certain prix peut-être à l'évaluation
municipale, par exemple, pour savoir quel est... si on parle d'une petite
maison qui est mal isolée ou d'un «monster house» qui fait... qui met de la...
du... quelque chose pour réchauffer son pavé extérieur, pour ne pas avoir à
déneiger...
17 h (version non révisée)
Mme De Bellefeuille (Sylvie) :
...je ne suis pas économiste de formation, je suis avocate, donc, au niveau
des chiffres, je suis... un peu plus difficile pour moi de me positionner, mais
qu'on puisse trouver une façon, peut-être, justement, de peut-être ajouter des
paliers. Ça pourrait être quelque chose qui pourrait être évalué pour
justement... je parlais de «monster house». Donc, ce sont des habitations qui
vont peut-être utiliser beaucoup plus d'énergie. Là où ça peut être un peu
difficile, je pense que c'est peut-être dans certaines régions où, justement,
on peut peut-être se retrouver un peu plus en situation où on peut avoir des
propriétaires qui sont à faibles revenus...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît. En terminant, maître, s'il vous plaît.
Mme De Bellefeuille (Sylvie) :
Oui. Donc, je pense que c'est quelque chose qu'il faudrait évaluer et la
future consultation pourrait servir à ça justement.
Le Président (M. Ciccone) : Alors,
maître De Bellefeuille, Monsieur Corbeil, merci beaucoup pour votre
contribution à nos travaux.
La commission ajourne maintenant ses
travaux jusqu'à demain mercredi le 1ᵉʳ février 2023, à 11 h 30.
Bonne soirée, tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 05)