(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M.
Lemay) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles ouverte.
Et
aujourd'hui nous sommes réunis pour procéder à l'étude des crédits budgétaires
du portefeuille Agriculture, Pêcheries
et Alimentation pour l'exercice financier 2022‑2023. À cet effet, une
enveloppe de 2 h 45 min a été allouée pour l'étude de ces
crédits.
Alors, Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Campeau (Bourget) est
remplacé par M. Provençal (Beauce-Nord); Mme Grondin (Argenteuil) est
remplacée par Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac); Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques)
est remplacée par Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue);
et M. Gaudreault (Jonquière) est remplacé par Mme Perry Mélançon
(Gaspé).
Discussion générale
Le Président (M.
Lemay) : Alors, bienvenue à tous à cette commission. Alors, nous
allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ
20 minutes, qui incluent les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du
temps qui est alloué, soit vers 12 h 30. Donc, nous avons débuté à
l'heure, nous devrons terminer à l'heure.
Alors, je suis
maintenant prêt à reconnaître une première intervention. Et, de ce pas, je cède
la parole à la députée de l'opposition officielle, Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
la parole est à vous.
Mme
Robitaille : Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour à tous. Bonjour,
chers collègues, chers collègues des oppositions, M. le ministre et les
fonctionnaires du MAPAQ. Bonjour, tout le monde.
Juste d'entrée de
jeu, j'aimerais... J'ai juste une petite pensée en ce moment pour Guy Lafleur,
où... il y a, en ce moment, les funérailles
de Guy Lafleur à Montréal. Une pensée pour lui qui était vraiment une
institution, un homme qui a meublé toute mon... toute ma jeunesse, et on
a une pensée pour lui aujourd'hui, c'était un grand Québécois.
On vit vraiment des
temps troubles, en ce moment, au Québec, au Canada, dans le monde. La géopolitique
a changé d'une façon brutale, le
24 février dernier, quand les troupes russes ont envahi l'Ukraine. La
Russie, l'Ukraine, des greniers importants pour toute la planète, des
joueurs majeurs en agriculture, qui se font la guerre, et ça a des conséquences,
évidemment, sur tout le monde puis ça a des conséquences au Québec, ça a des
conséquences sur les citoyens québécois, sur
nos agriculteurs en particulier. Et il y a cette guerre en Ukraine là qui fait
augmenter les coûts de production, et
qui fait augmenter, par le fait même, les coûts des denrées, et qui nourrit une
inflation qui était déjà là avant.
On
a été affectés par la pandémie, une pandémie qui a aussi... qui a eu des
ravages partout, vous le savez, M. le ministre,
une pandémie qui a fragilisé les plus vulnérables, qui a aussi fait gonfler les
lignes devant les banques alimentaires. Et là il n'y a rien qui... En
fait, en ce moment, il y a l'inflation qui montrait son vilain museau, si je
puis dire, puis il y a la guerre en Ukraine qui a nourri ça encore plus.
Et
le panier d'épicerie, là, je voyais, inflation record, 966 $ de plus pour
les familles, durant la prochaine année, c'est ce qu'on annonce, une inflation de 7 %. Tout ça pour dire
que, pour quelqu'un qui vit sur la corde raide, qui gagne un salaire minimum ou qui, des fois, gagne moins
que le salaire minimum, un prestataire d'aide sociale, c'est extrêmement difficile
et c'est extrêmement difficile de se nourrir. Moi, je représente un comté qui
s'appelle Bourassa-Sauvé, c'est Montréal-Nord. Nos banques alimentaires n'en
peuvent plus, c'est extrêmement difficile pour elles. Ça coûte cher, et les
banques alimentaires du Québec appellent à l'aide.
• (9 h 50) •
En décembre dernier,
vous avez annoncé 3 millions pour les banques alimentaires, je lisais, et
très bien, mais, quand je regarde le détail,
je vois que les montants étaient dépensés à l'extérieur de la région
montréalaise où il y a un grand
nombre de personnes qui sont défavorisées. Donc, il y a ça, mais, avant d'aller
dans le détail, il y a eu un budget, hein,
en mars, il y a eu un budget et il y a eu une réaction à ce budget-là par le
directeur des Banques alimentaires, et qui nous disait, justement, qu'il était
très déçu du budget. Le premier ministre parlait de 500 $ par personne, par
famille... bien, par personne pour
répondre à l'inflation, mais les banques alimentaires, elles, sont déçues. Ils
auraient voulu avoir des mesures spécifiques pour lutter contre
l'insécurité alimentaire, plus d'argent pour les banques alimentaires.
Qu'est-ce
que vous leur répondez? Est-ce que vous avez l'intention durant les... Est-ce
que vous avez l'intention de vous réajuster? Parce qu'on sait que le budget,
bon, a été annoncé, là, quelques mois... quelques semaines après le
début de la guerre en Ukraine. Il y a bien des choses qui ont changé. Est-ce
que, durant les prochains mois, durant la prochaine année, vous tentez de...
vous allez rajuster le tir puis en mettre un peu plus pour les banques
alimentaires?
M. Lamontagne :
Bien, écoutez, il y a beaucoup de sujets que vous avez abordés, ma
collègue, il y a des sujets... bien, en
réalité, la majorité des sujets que vous avez abordés relèvent davantage de mon
collègue qui est ministre des
Finances, mais, sans vouloir me substituer à lui, il y a quand même des
éléments de réponse que je peux vous donner.
Je peux commencer par toute la question des
troubles géopolitiques, l'impact que ça peut avoir, je vais parler
d'agriculture, sur notre industrie agricole, nos producteurs, nos
transformateurs. Ce qui est important, c'est d'avoir la... Un, première des
choses, il y a des sanctions, des sanctions qui viennent de la part du
gouvernement canadien, que le Québec endosse à 100 %. Puis ces
sanctions-là, bien, sont envers un pays, la Russie, qui est un agresseur innomé de l'Ukraine. Puis ici on s'entendra tous
pour dire que ce qui se passe, présentement, ça dépasse l'entendement.
Mais une fois qu'on a... il y a ces
sanctions-là, il peut y avoir des impacts pour nos entreprises ici. Il y a
l'impact de ce qui se passe là-bas puis il y a l'impact aussi des décisions
qu'on prend ici. Puis ce qui est important, c'est de faire en sorte que, d'une
façon unifiée, coordonnée... qu'au Canada l'ensemble, l'espace canadien, là, on
travaille vraiment étroitement pour venir
faire en sorte qu'on puisse mitiger au maximum l'impact de ces sanctions-là, mais
aussi l'impact de ce qui se passe là-bas. Puis je peux juste vous dire,
d'entrée de jeu, là, hier, j'étais justement à Ottawa, on avait une conférence des ministres de l'Agriculture, de tous
les ministres de l'Agriculture, puis Mme Bibeau était présente,
puis on a passé une partie de notre rencontre à discuter des enjeux causés par
l'Ukraine. Puis je peux vous assurer que tout ce qui est possible d'être fait
pour venir mitiger l'impact, autant des producteurs que nos transformateurs, c'est mis en oeuvre, puis c'est
mis en oeuvre d'une façon vraiment, vraiment collaborative, là, de l'Ouest, là, jusque dans les provinces maritimes, puis
qu'on cherche tous ensemble à partager l'impact de ce qui se passe là-bas.
Ceci étant
dit, au niveau du coût des denrées, bien, on assiste, dans la foulée, un peu,
de la... du début de sortie de la COVID, on a vu comment la... toute la chaîne
d'approvisionnement... pas seulement dans le secteur alimentaire, mais dans tous les secteurs, comment la chaîne
d'approvisionnement a été perturbée. Parce que, ce n'est pas compliqué, on a une économie mondiale qui fonctionnait à
plein régime puis, en l'espace de deux semaines, à peu près partout dans
le monde, on a mis l'économie sur les freins
d'une façon très, très importante. Ça fait qu'on a comme brisé, si on veut, l'espèce
d'essor qu'il y avait à travers toute la chaîne d'approvisionnement sur la
planète. Puis, à un moment donné, c'est reparti.
Puis, pendant ce temps-là, bien, on a des
consommateurs qui étaient confinés chez eux puis qui ont accumulé des
économies, entre guillemets, parce qu'en bout de ligne il y a quand même eu
beaucoup d'argent qui s'est passé. Puis, on le sait, le taux d'épargne des
Québécois, exemple, qui est situé à peu près à 7 %, 8 %, bien,
pendant la pandémie, je pense, c'est monté à 26 %, ou 27 %, ou
28 %. Puis, parallèlement à ça, les gens se sont dit : Bien, écoute,
on ne fait pas de voyage, on ne fait pas ci, on ne fait pas ça, bien, on va
rénover nos maisons, on va s'acheter des vélos, on va s'acheter toutes sortes
de choses. Ça fait qu'il s'est mis à y avoir, subitement, une grande demande
sur le système d'approvisionnement, mais aussi une demande qui était différenciée
par rapport à ce qui se faisait avant. Ça fait qu'encore là, bien, on se
ramasse où on a des pénuries à une place, on a des... Le monde veulent
10 vélos, il y en a trois à vendre, ça fait qu'à un moment donné les vélos
se vendent plus cher.
Alors, tout ça, mais tout ça pour dire qu'au
niveau des denrées alimentaires, bien, on n'échappe pas à la pression que ça a
apportée. On a vu, que ce soit au mois de novembre, le soutien que le ministre
des Finances est venu apporter, qui était
effectif à partir de janvier, là, que ça pouvait monter jusqu'à, dans le cas
des personnes âgées, là, 700 $ par personne, 1 400 $ par
couple. On est venu réindexer de façon importante les crédits pour les
personnes qui sont en difficulté, et tout ça.
Puis, dans le budget de mars, encore là, à 6,4 millions de Québécois, une
mesure... 3,3 milliards de dollars, on est venu remettre
500 $. Puis, le 500 $, je rappellerais à ma collègue que c'est un
calcul d'un panier de biens de
25 000 $, où on vient combler l'écart entre l'indexation naturelle, à
2,5 %, et puis, mettons, le 5 % d'inflation. Alors, ça vient couvrir
le 2,5 %. Alors, il y a des mesures. Le premier ministre a mentionné que,
s'il y avait d'autres mesures à faire dans le futur, on allait prendre acte de
la situation puis être en accompagnement pour les Québécois.
Pour ce qui touche les banques alimentaires, à
l'intérieur de mes visites que je fais partout sur le terrain, Mme la députée,
une chose qui est apparue, c'est à quel point il y avait un déficit en termes
d'infrastructures. Puis, à leur demande, les
banques alimentaires nous ont soumis un programme d'à peu près
25 millions de dollars en infrastructures. Puis on est venu
les accompagner, parce que le 3 millions de dollars qu'on leur a
versé, c'est... tous les projets, c'est eux-mêmes,
c'est les banques alimentaires du Québec qui nous ont soumis leurs projets. Ils
sont allés en appel d'offres, puis ce
3 millions-là a des... a entraîné 26 millions de dollars. Ça
fait que là, là, présentement, il y a 26 millions d'investissement qui se fait dans différentes
banques alimentaires, au Québec, pour aider au point de vue de
l'approvisionnement. Alors, ça, c'est certainement une bonne nouvelle. Puis
naturellement on entend que, s'ils veulent avoir des investissements
additionnels, bien, on va voir comment ça va être possible de les accompagner,
là.
Mme Robitaille : Bien, très
brièvement, là, pour les banques alimentaires, avez-vous... Là, le directeur
général des Banques alimentaires du Québec est très déçu. Considérant les
changements, là, durant les derniers mois, est-ce que vous avez l'intention...
Il n'y avait rien dans le dernier budget, avez-vous l'intention d'en remettre
dans... pour les banques alimentaires durant la prochaine année?
M.
Lamontagne : Bien, écoutez, le directeur général, honnêtement, là, je
l'ai rencontré pas mal de fois, dans les derniers mois, puis, moi, ce qu'il
m'expliquait, c'est qu'il était pas mal de bonne humeur du travail qu'on
faisait ensemble. Puis, en même temps, bien,
c'est de s'entendre sur la suite des choses. Parce que ce qu'on vient, là... le
MAPAQ, ce qu'on vient faire, c'est le... on vient les aider au niveau de
leurs infrastructures. Ça fait que, là, c'est à eux de planifier quelle serait une seconde ronde, si on veut,
d'infrastructures, mais, en termes d'aide aux banques alimentaires, je rappellerai que, l'année 2021, ça a été une année,
en termes d'argent sonnant qui a été donné dans les banques alimentaires, là, c'est... ça a été une année
record, entre guillemets. Et puis le soutien est venu, que ce soit du ministère
de l'Éducation, que ce soit du ministère de
la Santé, que ce soit de la Société des alcools, que ce soit de Loto-Québec, que ce soit du ministère... le ministre... c'est ça, le
ministère de la Santé. Alors, le soutien qu'on a apporté aux banques
alimentaires, je veux dire, c'est un soutien qui a été très, très présent puis
très apprécié, là.
Mme
Robitaille : Donc, si je comprends bien, considérant tout ce qui se
passe puis la déception, là, parce que, le 22 mars, il était déçu, le
directeur général des Banques alimentaires, le MAPAQ ne donnera pas d'argent de
plus pour les banques alimentaires durant... en 2022.
M. Lamontagne :
Bien, ce qu'il faut comprendre... ce qu'il faut comprendre, là, puis vous
avez dû consulter, naturellement, les crédits, là, dans la mission première du
ministère, on n'a pas la responsabilité, là, des banques alimentaires. Par
contre, ce qu'on a fait, c'est qu'au dernier budget, le budget de 2021‑2022,
suite aux discussions... Parce que, pendant la pandémie, c'est... mon équipe
puis moi-même, on s'est ramassés à développer une relation très étroite avec
Les Banques alimentaires puis avec les Cuisines Solidaires, parce qu'un
programme qu'on aidait, La Tablée des chefs, finalement, Jean-François
Archambault, qui est responsable, nous a demandé si on voulait embarquer dans
son projet de Cuisines Solidaires. Puis, dans le contexte de ce qui se passait,
bien, le MAPAQ a accepté de prendre des fonds qui allaient à une place puis de
les rediriger, si on veut, vers les Cuisines Solidaires. Puis ça, ça a fait
qu'on s'est impliqués avec les banques alimentaires.
Puis honnêtement
le... ce qu'on a mis dans nos budgets, que vous avez vus, 2021‑2022, là, puis
qu'on est en train de concrétiser, que j'ai fait des annonces dans les derniers
temps, bien, c'est à la demande des Banques alimentaires,
suite au plan d'infrastructures qu'ils nous avaient soumis. Puis là, bien, ce
qu'on a convenu, avec M. Munger, qui est le directeur général, bien,
c'est que, s'ils ont d'autres demandes à faire par rapport aux infrastructures,
bien, on va les analyser, on va les regarder, là.
• (10 heures) •
Mme
Robitaille : C'est entendu. Les coûts de production de nos producteurs
agricoles ont explosé. Les intrants, bien, vous... on en a parlé, tout à
l'heure, les engrais venant de Russie, l'azote, tout ça, les... voyons, la taxe
d'entrée, tout ça a augmenté d'une façon faramineuse. Nos agriculteurs sont
très, très inquiets. Puis, de ce côté-là, encore
une fois, quand on lit, quand on regarde le budget... Puis je comprends, là,
les choses se sont bousculées, depuis le...
les deux derniers mois, mais, dans le budget, il n'y avait rien pour venir en
aide, puis les coûts de production avaient commencé à augmenter avant,
là. On pense au diesel, par exemple, et tout ça.
Je parlais à Martin
Caron, de l'UPA, qui me disait hier : Oui, mais La Financière agricole,
elle n'a pas assez d'agilité, on... Elle
peut donner jusqu'à 1 million, là, pour aider un agriculteur qui a besoin
de financement, mais, au-delà de 1 million, il faut retourner au
Conseil du trésor. Et là il disait : Est-ce qu'on ne pourrait pas être
plus agile? Est-ce que La Financière agricole ne pourrait pas donner jusqu'à
5 millions, par exemple, à un producteur agricole qui est mal pris, qui a besoin de financement? De votre
côté, à la lumière de tout ce qui se passe, là, considérant l'inquiétude des
agriculteurs — il
n'y a rien dans le budget par rapport à ça non plus, pour venir en soutien aux
agriculteurs — qu'est-ce
que vous leur dites?
M.
Lamontagne : Bien, vous savez qu'au Québec, on a la très, très, très
grande majorité des productions agricoles, que ce soit la gestion de l'offre,
qui compte pour près de 30 % de notre agriculture ou... toutes nos autres
productions sont couvertes par un régime de soutien de revenu qui est,
justement, chaque année, modifié en fonction de la variation des coûts de
production. Parce que l'objectif de la majorité des programmes de soutien aux
entreprises qu'on a sont en fonction de leurs coûts de production. Alors, ce
qu'on vit aujourd'hui, la hausse des coûts de production, pour une très grande
majorité des agriculteurs qu'on a, des producteurs et des productrices, bien,
ça va se refléter dans nos systèmes de soutien agricole, au point de vue de
l'amélioration ou l'augmentation au niveau des coûts de production à couvrir.
Puis l'autre chose
aussi qu'il faut rappeler, c'est que, dans plusieurs productions, aujourd'hui,
on a quand même, dans le marché... Puis, un, première des choses, là, il faut
reconnaître que c'est très stressant, ce qui se passe là, là, ça fait que, tu sais,
je peux comprendre nos agriculteurs. Puis il y a un enjeu aussi, eux autres,
c'est de... Les coûts, c'est une chose, parce que, je vous dis, il y a un bout
que c'est recouvert par nos systèmes de soutien de revenu, mais, à un moment
donné, c'est la disponibilité des ressources. Puis des rencontres comme on en a
eu hier, à Ottawa, là, c'est de s'assurer que les ressources puis les intrants
vont être disponibles.
Mme
Robitaille : Oui, mais, concrètement, M. le ministre.
M.
Lamontagne : Mais, ceci étant dit, ce qu'on observe aussi, par contre,
c'est qu'on a... pour un nombre très important de denrées, on a des prix
records sur les marchés. Parce que, oui, il y a une augmentation au niveau des
intrants, mais, en même temps, si vous parlez, admettons, à nos producteurs de
grains, toutes les céréales, tous les grains, et tout ça, bien, c'est les prix
les plus élevés depuis... presque de mémoire d'homme, si on veut, là. Alors, il
y a une... Encore là, ça serait mieux qu'il n'y ait pas de stress pour
personne, mais, d'un côté, on a... on peut avoir des augmentations de coût des
intrants, puis, pour une partie très importante de nos producteurs, de nos
productrices, c'est couvert, les augmentations sont couvertes par nos
programmes de soutien de revenu, puis, d'un autre côté, on a d'autres
agriculteurs, agricultrices, des producteurs qui sont dans un marché où ce
qu'ils font, ce qu'ils produisent, ils obtiennent un prix qu'ils n'ont jamais
obtenu depuis des années, et des années, et des années.
Ça fait que, si on prend tout ça
ensemble, là, à travers tout le stress qu'on vit, il y a quand même un
équilibre qui est là, mais on s'entend, Mme la députée, là, idéalement, ce
serait qu'il n'y aurait pas de guerre en Europe, qu'on ne serait pas après la COVID, puis que tout le monde ferait sa
petite affaire à chaque jour, puis ça ne serait pas stressant pour personne.
Mme
Robitaille : Oui, mais, au-delà de ça, là, je comprends que les prix
augmentent, mais, quand on parle aux agriculteurs, là, ils sont extrêmement
fragilisés, ils sont extrêmement inquiets. Je veux dire, c'est... les engrais,
et tout ça, c'est des augmentations qu'ils n'avaient pas vues venir, là. Et
donc le gouvernement ne prévoit aucune mesure précise. Est-ce que c'est normal?
Est-ce que... Qu'est-ce que vous faites pour...
M.
Lamontagne : Bien, comme je vous dis, il y a une partie très
importante de notre soutien qu'on n'a pas besoin de le prévoir, c'est bâti dans
le soutien, c'est dans les programmes d'assurance revenu. On a un organisme qui
s'appelle le... pour le... voyons...
Mme
Robitaille : Non, mais...
M.
Lamontagne : Le CECPA, là...
Une voix : ...
M.
Lamontagne : Le CECPA, mais le...
Une voix : Le
centre...
M.
Lamontagne : C'est ça, le centre d'études des coûts de production
agricole, dont le rôle est toujours, pour chacune des filières, de s'assurer
que les coûts de production qui sont tenus en compte dans nos systèmes de soutien de revenu, bien, ils sont en ligne avec la
réalité. Ça fait que le CECPA, ils sont tout le temps en train de remettre
à jour, puis La Financière agricole fait la même chose.
Mme
Robitaille : Mais ce qu'on dit, c'est que La Financière agricole n'est
pas assez agile parce qu'elle a une limite, un plafond, et puis ce serait du
côté du ministère de la rendre un petit peu plus agile. On pense à la grippe aviaire, là, il y a des... Les Canards du Lac
Brome, une industrie qui a été extrêmement touchée, là, durant les dernières
semaines, ils ont perdu toute leur production. Je veux dire, qu'est-ce qu'on...
Il faut absolument avoir plus d'agilité, venir... pouvoir venir prêter main
forte à un plus gros coût aux...
M.
Lamontagne : Bien, en réalité, et en tout respect, le commentaire de
M. Caron... parce que j'entends souvent M. Caron, puis aussi on
discute ensemble, l'agilité dont il parle, c'est... il voudrait que La
Financière puisse créer des nouveaux
programmes ou imaginer de nouvelles initiatives sans avoir, mettons, à demander
quand c'est en haut de 1 million de dollars. Mais versus ce qu'on
vit là, si on parle d'agilité, je vous dirais, pendant la COVID-là, quand ça a
été le temps d'être en soutien à toutes nos productions, qui, du jour au
lendemain, se sont ramassées vraiment un peu dans les limbes, là, bien, je peux
vous dire, La Financière agricole, tout ce qu'elle a déboursé, tout ce qu'elle
a mis en place, le soutien, les avances de
fonds qu'elle avait... elle s'est revirée sur un 10 cents. On parle
d'agilité, on vient de faire le programme de rétribution des agriculteurs. En
même pas 24 heures, on a enregistré 8 834 producteurs
pour souscrire à notre nouvelle mesure. Ça fait que je peux vous dire, en
termes d'agilité...
Le Président (M.
Lemay) : ...M. le ministre, c'est tout le temps qu'on avait pour ce
bloc d'échange. On aura l'occasion de revenir. Et, sur ce, je vais maintenant
céder la parole à la deuxième opposition. Et, Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
la parole est à vous.
Mme
Lessard-Therrien : Merci, M. le Président. Bonjour aux collègues.
Bonjour à vous, M. le ministre. J'ai peu
de... Ah! j'ai 19 minutes, ici, c'est bien. J'ai 12 dans d'autres
commissions. J'aimerais revenir avec vous, M. le ministre, sur cette
nouvelle qui a quand même choqué beaucoup de gens au mois d'avril dernier
lorsque vous avez... votre ministère a versé 3 millions de dollars à
l'usine de croustilles Lay's, ici, à Lévis. J'aimerais y aller juste d'une
petite question : Est-ce que vous savez, M. le ministre, c'est quoi, le
chiffre d'affaires de Pepsi?
M. Lamontagne :
Honnêtement, Pepsi, là, c'est des
milliards, des milliards. Je n'ai pas le chiffre d'affaires exact, là, mais
c'est une grande multinationale qui est à la grandeur de la planète, là, ça
doit être 100, 150, 200, 300 milliards, je ne le sais pas, mais
c'est des milliards.
Mme
Lessard-Therrien : Chiffre d'affaires qui dépasse les
15 milliards de dollars.
M.
Lamontagne : 15 milliards, bon.
Mme Lessard-Therrien :
Moi, j'aimerais savoir, est-ce que c'est vraiment la meilleure façon de
dépenser l'argent des Québécois de donner une subvention de
3 millions de dollars à cette multinationale-là, vous l'avez dit, qui
est implantée partout dans le monde, étrangère, qui fait plus de
15 milliards de profit?
M. Lamontagne : Bien,
je vous dirais, honnêtement, ma... un, salutations, mais, honnêtement, je pense
que c'est vraiment un bon investissement,
qu'on a fait. D'abord, ce qu'il faut savoir, c'est que l'usine de Lay's...
Première des choses, le plus gros
acheteur de pommes de terre au Québec, là, c'est cette entreprise-là, ou, si ce
n'est pas le plus gros, c'est... c'est le numéro un, O.K.? Deuxième des choses,
eux autres, ils ont une usine à Lévis qui a 350 employés, puis, après ça, ils ont quelques centres de
distribution au Québec. Puis cette usine-là, bien, ses compétiteurs immédiats,
bien, c'est une usine de la même entreprise qui est en Ontario, puis il y en a
une autre aussi dans le Massachusetts. Puis les deux autres usines, en termes
d'avancement, puis en termes d'à quel point elles sont aux normes, puis leurs
capacités sont beaucoup plus avancées que ce qu'on a au Québec. Autrement dit,
l'usine du Québec, tranquillement, pas vite, s'en va dans la désuétude.
Puis
l'entreprise Frito-Lay nous est arrivée avec un projet où ils étaient prêts,
eux, à investir 130 millions de dollars. Puis, sur 130 millions de dollars, il y
a 90 millions qui venaient pour moderniser cette usine-là,
puis la pérenniser, puis améliorer sa capacité de production, puis il y
a un autre 40 millions qui venait pour bâtir un site d'entreposage qui
allait être complètement robotisé, qui allait devenir un modèle en Amérique du
Nord. Ça fait que, d'un côté, on venait sécuriser 350 emplois, de l'autre
côté, on venait créer 50 nouveaux emplois avec cet entrepôt-là, à hauteur
de 40 millions, qui est complètement robotisé. Puis, après ça, on venait
sécuriser pour des années à venir des millions puis des millions de kilos de
pommes de terre qui sont produites par des producteurs un peu partout au
Québec. Puis on est arrivé, puis c'était
130 millions, que l'entreprise mettait, puis, en bout de ligne, ça a fini
qu'on leur a donné un soutien non remboursable de
3 millions de dollars pour qu'on puisse faire tous ces projets-là,
dans un contexte où on avait d'autres usines qui étaient compétitives. Bien, je
vous dirais, honnêtement, là, si on regarde pour l'emploi, si on regarde nos producteurs agricoles, si on regarde
pour la pérennité de cette entreprise-là au Québec, honnêtement, il n'y a
pas... moi, je suis très, très, très heureux, là, qu'on ait réussi à conclure
cette entente-là avec eux, versus si on n'avait pas réussi à s'entendre avec eux. Je n'aurais pas été heureux tellement
de la suite des choses, là, pour les emplois puis nos producteurs de
pommes de terre, là.
Mme Lessard-Therrien : Vous avez
donné cet argent-là dans le cadre d'un programme pour favoriser l'autonomie
alimentaire du Québec. On parle de croustilles. Moi, j'ai plus l'impression que
vous venez répondre à un enjeu de
compétitivité d'une entreprise plutôt qu'à un problème d'autonomie alimentaire.
Moi, j'aimerais ça, savoir c'est quoi, votre définition de l'autonomie
alimentaire au Québec?
• (10 h 10) •
M. Lamontagne : Bien, d'une façon
très, très, très large, là, puis au risque, peut-être, là, de... pas de vous
choquer, mais de vous interpeller, là, moi, je vous dirais que tout ce qu'on
mange au Québec, plus on est en mesure de le
produire ici, de le fabriquer ici, de le transformer ici pour faire en sorte
que, quand vous prenez 1 $ de votre poche, là, ou 2 $ puis vous achetez quelque chose, bien, qu'il y ait le
plus d'argent possible qui reste au Québec plutôt que s'en aller à l'extérieur
du Québec... bien, je vous dirais que ça contribue à l'autonomie alimentaire du
Québec. Alors, si on a le choix entre acheter un fromage qui vient de
l'extérieur puis un fromage qui est produit ici, bien, on va prendre le fromage
qui est produit ici. Si j'ai le choix d'acheter... Quoi que vous mettiez dans
votre panier, O.K., je ne veux pas rentrer dans votre vie personnelle, mais ce
que vous consommez, ce que vous achetez... bien, plus on a de chances... plus on a de pourcentage qui est fait au Québec ou
qu'il y a des emplois au Québec qui sont associés à ce que vous mangez,
bien, je vous dirais que ça contribue à notre autonomie alimentaire.
Mme Lessard-Therrien : Bien, je
pense qu'on n'a pas tout à fait la même conception de l'autonomie alimentaire,
surtout quand il vient le temps de faire du soutien. Puis, tu sais, l'argent,
ce n'est pas infini, puis, quand on gouverne, on a des décisions à prendre puis
des choix à faire. Puis cette annonce-là, du 3 millions à Pepsi pour une
usine de croustilles, ça a quand même fait beaucoup réagir puis beaucoup réagir
chez les agriculteurs qui, eux, veulent
développer des marchés de proximité, veulent diversifier leurs activités à la
ferme. Puis c'est eux qui nourrissent les
communautés de proximité. Puis qu'ils ne voient pas le même soutien de la part
de l'État dans leurs... pour leurs organisations, c'est extrêmement
frustrant.
Comment vous pouvez justifier ce soutien-là à
Pepsi au regard de toutes ces petites entreprises là qui se démènent pour
nourrir les communautés locales, avec des produits bons pour la santé, par
ailleurs? Puis c'est des petites entreprises qui sont beaucoup plus
structurantes qu'une grosse usine comme celle de Pepsi, ici, à Lévis, pour
l'occupation de notre territoire, pour l'accessibilité aux denrées
alimentaires. Comment vous pouvez justifier ça?
M. Lamontagne : Bien,
honnêtement, je suis content de vous entendre dire... que vous dites que
l'argent, ce n'est pas illimité. Ça fait que ça va être intéressant de voir
comment vous allez nous suggérer de financer certaines initiatives que vous
mettez de l'avant. Ça, en tout cas, c'est une bonne nouvelle, mais, en même
temps, ce n'est pas en opposition, parce que vous savez très bien, Mme la
députée, que, depuis qu'on est en poste, il n'y a jamais eu un soutien comme il y a présentement pour
l'agriculture de proximité, pour les circuits courts, pour la plus petite
agriculture. D'ailleurs, au cours des deux dernières années, il s'est créé plus
de 600 nouvelles fermes en Abitibi-Témiscamingue. Vous le savez,
les deux dernières années... C'est la première fois, de mémoire, probablement,
depuis que vous et moi, là, on s'intéresse un petit peu à ça, là, qu'il y a une
croissance de fermes au lieu d'une décroissance.
Quand on est arrivés en poste, en 2018, pendant
l'année, il y a eu le soutien aux petites entreprises. C'est 130 entreprises qui ont été soutenues; en
2019, c'est 240; en 2020, c'est 500, et puis, en 2021, c'est plus de
600 entreprises qui ont été soutenues. Je suis allé chercher des
crédits additionnels. Écoutez, c'est... le soutien, qui était à hauteur de peut-être 1,5 million de dollars,
aujourd'hui, c'est 9 millions de dollars. Tous nos programmes d'aide
au développement de l'agriculture puis de
l'agroalimentaire en région, qui vient aider, encore là, toutes les petites
communautés, on est passé de 2 millions
à 8,5 millions de dollars de soutien. Les programmes que j'ai... Dans le
cadre de notre annonce pour notre stratégie d'accroître l'autonomie
alimentaire, on a mis une emphase particulière sur les entreprises émergentes, les petites entreprises. C'est 9 millions,
que La Financière a eus à sa disposition pour venir aider les plus petits
projets. Le 100 millions — c'est
un gros chiffre — le
plan d'investissement croissance de La Financière agricole encore, il y a
une partie importante, le volet 4, c'était pour la relève, c'était pour
des nouveaux projets. Ça fait que, juste pour vous dire qu'il y a eu
3 millions de dollars pour préserver 350 emplois, en créer
50 nouveaux puis préserver aussi des dizaines de millions de kilos
d'approvisionnement en pommes de terre, mais, depuis qu'on est en poste, c'est
une aide inégalée pour l'agriculture de
proximité, de circuits courts, puis ça se traduit par une augmentation, qu'on
n'a pas vue depuis des années, des années, des années, des fermes sur le
territoire du Québec.
Mme Lessard-Therrien : Bien, il
reste que je suis embêtée quand même sur votre réponse. Moi, je regarde, tu
sais, les montants qui ont été investis dans ma région avec le fonds de l'appui
au développement de l'agriculture et agroalimentaire dans la dernière année
pour les régions. Dans ma région, c'est 30 000 $, c'est
30 000 $ qui a été investi pour aider nos entreprises locales. Je
pense qu'on est loin de la coupe aux lèvres.
Quand vous parlez d'autonomie alimentaire, tu
sais, il y a de sérieux enjeux structurels pour développer notre autonomie
alimentaire au Québec. Parlons des infrastructures de transformation dans les
régions. Les régions souffrent grandement de ces infrastructures de transformation
là, que ce soient des abattoirs... Vous le savez, chez nous, il n'y en a pas, d'abattoir. C'est extrêmement compliqué, puis ça
a quoi, comme impact? On n'est pas capable de consommer notre viande
locale, ça fait des gens qui abandonnent la production. Moins de production
animale dans une région, c'est des défis
supplémentaires pour développer l'agriculture biologique. Des gens qui quittent
l'industrie laitière, on en connaît tous. Encore la semaine passée, moi,
la première ferme laitière... la première ferme où j'ai travaillé dans ma vie,
c'est une ferme laitière, ils viennent de vendre le troupeau laitier. Je veux
dire, vous dressez un portrait bien rose de la situation, mais, en même temps,
moi, dans ma région, les gens trouvent ça très difficile en ce moment. Puis nos
infrastructures de transformation qui nous permettraient d'accroître notre
autonomie alimentaire, elles sont
déficientes. Toute l'orge de brasserie qui est produite en
Abitibi-Témiscamingue est envoyée à Montréal, chez Canada Maltage, pour être
maltée. On n'a pas de meunerie, on n'a aucune infrastructure pour transformer
le grain, rien pour la viande non plus. C'est extrêmement problématique,
puis on ne voit pas la lumière au bout du tunnel pour développer ces
infrastructures de transformation là.
Donc, moi, je me pose la question, tu sais, ce
3 millions là, pourquoi n'est-il pas mis à contribution pour réparer les
iniquités entre les régions? Parce qu'à l'heure actuelle il y en a, des
iniquités entre les régions, et, même au niveau de l'agriculture, c'est... je
veux dire, ça nous saute aux yeux, là, comment chaque région ne tire pas son
épingle du jeu de la même façon pour développer son agriculture, parce que les
programmes sont trop homogènes puis sont...
puis ne tiennent pas assez... ne prennent pas en considération les différentes
spécificités des régions. Ça fait que pourquoi ne pas avoir choisi
d'investir ce 3 millions là dans des vraies initiatives structurantes pour
réparer ces iniquités-là?
M.
Lamontagne : Bien, honnêtement, première des choses, je ne dis
pas que la situation est rose pour l'agriculture, au Québec, je ne dis pas que la situation est
rose. Ce que je dis, par contre, c'est qu'aujourd'hui l'effervescence, autant
dans le milieu agricole que dans le milieu
de la transformation alimentaire, c'est sans précédent. Ça, par contre, je peux
dire ça.
Quand vous me parlez de transformation, je veux
dire, si on peut faire atterrir un projet d'abattoir, vous le savez, à quel
point on a ça à coeur, à quel point ce dossier-là est suivi. Vous avez un
dossier, par chez vous, le dossier d'abattoir, on est tout en soutien. C'est
sûr que le gouvernement lui-même, là, ne part pas puis... on n'ouvre pas un
abattoir, parce que ça nous prend des promoteurs, des promoteurs qu'on va
appuyer puis qu'on va appuyer à hauteur...
des montants considérables, dans le contexte d'un plan d'affaires puis d'une
possibilité que cette opération-là soit pérenne.
Alors, toutes les initiatives qui sont mises en
place, que le milieu... qui émergent du milieu, puis qui veulent avoir de l'accompagnement, puis qui touchent la
transformation alimentaire... je peux vous dire une chose, c'est qu'on est
toute oreille. J'ai une équipe, au ministère, à plein temps, qui reçoit des
projets qui touchent la transformation alimentaire. Puis, quand je parle
des projets, là, ce n'est pas seulement des grosses entreprises, là, des
petites, des moyennes, des grandes entreprises où on vient accompagner les
projets.
On a créé ce qu'on appelle l'équipe économique
bioalimentaire Québec, pour s'assurer, là, qu'il n'y a pas un projet qui
tomberait entre les mailles. La Financière agricole, le ministère de
l'Agriculture, le ministère de l'Économie puis Investissement Québec, on
travaille ensemble comme ça, puis tous les projets, qu'ils soient dans les
programmes ou qu'ils sortent un peu du cadre des programmes, sont analysés,
sont contemplés, sont regardés puis sont accompagnés. C'est sûr que ça prend
des promoteurs pour pouvoir le faire. Ça, c'est certain.
Mme Lessard-Therrien : Il me reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Lemay) : Environ
sept minutes.
Mme Lessard-Therrien : Merci. Dans
ces iniquités régionales dont je vous parlais... J'aimerais vous lire un
extrait de notre petit bulletin de l'UPA Abitibi-Témiscamingue, les nouvelles
fraîches concernant votre programme pour la rétribution
des bonnes pratiques environnementales. Je cite : «Malgré les avancées
qu'amène ce programme, il y a de nombreuses incohérences et ce sont les
producteurs des régions éloignées encore qui sont désavantagés par rapport aux
régions du sud du Québec. Les taux de rémunération à l'hectare ne sont pas les
mêmes selon la région où l'on se trouve. Ils
ont été établis selon un principe compliqué de monétarisation qui tient compte
du coût d'opportunité de la région, de la perception du potentiel de
pertes et de la priorisation des zones dégradées. En conséquence, un producteur
de l'Abitibi-Témiscamingue qui fait du désherbage mécanique pour réduire
l'usage de pesticides reçoit environ quatre fois moins que son collègue du sud
qui fait le même travail. Pourtant, c'est le même tracteur, la même essence, le
même temps et le même avantage sur l'environnement. Idem pour les rotations de
culture ou l'installation d'une haie brise-vent.»
Pourquoi est-ce qu'on y est allé d'une approche
comme ça, qui désavantage comme ça les gens dans les régions éloignées?
• (10 h 20) •
M. Lamontagne : Bien, en réalité, je
vous dirais, je le mettrais... c'est : Pourquoi vous avez mis en place une
mesure qui vient avantager puis accompagner les producteurs, qui va améliorer
leurs façons de faire? Puis pour s'assurer
qu'on ferait ça de la bonne façon, on a demandé au centre d'études des coûts de
production agricole d'établir le modèle qu'on devrait utiliser pour
venir accompagner cette quête-là de changement de façons de faire au niveau de
nos producteurs et nos productrices. Puis le centre d'études de coûts de
production agricole, bien, je veux dire, ils ont regardé ce qui se faisait
ailleurs, après ça, ils ont établi, ils ont regardé les zones climatiques au
Québec, ils ont regardé le taux d'activité, ils ont regardé les unités
thermiques des terres.
Puis, quand vous parlez du coût d'opportunité,
bien, si vous êtes dans une zone au Québec où, mettons, vos cultures vous
rapportent, je vais dire un chiffre, 500 $ à l'hectare, exemple, puis vous
êtes dans un endroit où vos cultures vous rapportent 1 500 $ à
l'hectare, puis je vous demande de sacrifier un hectare, exemple, pour essayer
une nouvelle pratique, alors... puis vous, vous êtes dans votre coin, puis,
mettons, le revenu à l'hectare, c'est 500 $, puis j'ai un autre... quelqu'un qui est en Montérégie, que son revenu à
l'hectare, c'est 1 500 $, alors moi, je vais vous dire :
Bien, écoute, je veux que tu embarques avec moi, là, puis je vais te donner
500 $ à l'hectare pour que tu essaies cette nouvelle pratique là. Si je vais
voir la même personne, qui, elle, a un revenu de 1 500 $ à l'hectare,
dans une autre région du Québec, puis je lui dis : Bien, je vais te donner
500 $ pour que tu acceptes de sacrifier 1 000 $ de revenus, bien là, il va me dire : Bien non, moi, je
veux bien embarquer dans ton affaire puis t'aider, mais essaie de m'accompagner
un petit peu mieux comme ça.
Ça fait que, nous, ce qu'on a fait, c'est que le
centre d'études des coûts de production agricole a vraiment étudié quatre grandes régions au Québec, avec les
unités thermiques, la valeur de production des sols, puis ils sont arrivés
avec des mesures puis, dans l'ensemble, ils ont dit : Bien, écoute, dans
telle région, quand on demande aux gens de sacrifier une partie de leurs
cultures, d'installer des haies brise-vent, les bandes riveraines, quand on
vient dire : Bien, écoute, là, on va
faire de la rotation de cultures puis, au lieu d'avoir un produit qui va te
rapporter tant à l'hectare, bien, tu vas
accepter, pour les trois prochaines années, d'avoir un produit qui va te
rapporter relativement moins, bien, ce qu'on fait, c'est qu'on vient
accompagner. Ça fait qu'au départ les gens n'ont pas ces revenus-là, puis là ce
qu'on leur dit... si vous acceptez de faire des changements, bien, on
vient vous accompagner en fonction de vos réalités.
C'est pour ça que ça a été défini comme ça, mais
le premier objectif, que ça soit chez vous... bien, c'est de venir accompagner
les gens, puis on vient, certainement, très bien les accompagner. Tous ceux qui
ont souscrit au programme dans votre région, on vient, certainement, très bien
les accompagner.
Mme Lessard-Therrien : Bien, ce
n'est pas sans créer de la grogne. Puis moi, je la comprends, cette grogne-là,
parce que vous devriez peut-être regarder aussi la colonne des dépenses. Puis,
si, dans le sud du Québec, on est capable de
tirer de meilleurs revenus, bien, c'est parce qu'il y a un climat qui est plus
favorable. Nous, on part déjà avec
une prise au bâton, avec une durée... tu sais, une période de croissance ou une
période d'activité agricole qui est plus restreinte qu'ailleurs.
Ça fait qu'en tout cas je vais aller quand même
sur un autre sujet parce que je voulais vous parler d'autre chose, et le temps
file. Vous parlez des abeilles, M. le ministre. Il y a un taux de mortalité
record cette année, de 50 à 95 %. Dans certaines entreprises, on parle de
perte totale. Il y a des ruches entières qui sont détruites un peu partout au Québec. Il y a des cultures de petits fruits
qui sont compromises. Moi, quand je regarde ça, je trouve ça très angoissant,
là. Je veux dire, pas d'abeille,
c'est : «pas de bleuet», c'est «pas de canneberge», c'est «pas de
pommier». Ça vient vraiment hypothéquer, en fait, notre souveraineté
alimentaire. La situation est critique, les apiculteurs crient à l'aide. Est-ce
que vous allez mettre en place une aide spéciale pour aider les apiculteurs à
traverser la crise?
M. Lamontagne : Bien,
le point des abeilles que vous amenez, là, c'est vraiment une situation qui est
préoccupante. Puis je vous dirais,
première des choses, là, c'est qu'il y a un travail très étroit qui se fait, au
Québec, auquel le MAPAQ participe aussi, mais entre les pollinisateurs
puis entre aussi les producteurs de petits fruits.
Puis ce qui se passe aussi puis qui n'est pas
venu aider, O.K., c'est qu'on a... au Québec, on doit compter sur l'importation
de certaines juridictions, là, d'une qualité d'abeilles qui est conforme
avec... qui va être aidante pour développer notre entreprise de pollinisation
au Québec, parce qu'il y a différentes juridictions dans le monde que la
qualité n'est pas pareille, si on veut, là, mais avec la pandémie, avec les
changements au point de vue de la... pas de la
réglementation, mais les choix que les transporteurs font, bien, on s'est
ramassé, en l'espace de deux ans et demi, là, avec un changement
important de la dynamique, au point de vue d'avoir accès aux reines puis avoir
accès aussi à ces peuplements de... ultimement, qui va devenir des abeilles
chez nous, si on veut, là. Ça fait que, un, ça, c'est un enjeu.
L'autre
chose aussi qu'on se rend compte, O.K., c'est qu'il semblerait que le
réchauffement qu'on observe a un impact important sur la maladie, le varroa,
qu'ils appellent, là. Par le fait que, maintenant, ça commence plus tôt puis que la saison est plus longue, que les
chaleurs sont là plus longtemps, bien, ça fait en sorte... ça viendrait, là,
moi, je ne suis pas un scientifique,
là, mais c'est les premières analyses, là, qu'on nous soumet, ça pourrait être
un impact aussi qui vient affecter, justement, la vie ou qui vient
augmenter la mortalité, là, des abeilles.
Mme Lessard-Therrien : Oui,
c'est ça. Il reste 10 secondes. Moi, je veux savoir, est-ce qu'il va y
avoir de l'aide, oui ou non?
M. Lamontagne :
Bien, présentement, on a, avec La Financière agricole, un programme de
soutien avec les producteurs d'abeilles. On
a... avec notre programme d'initiative Productivité végétale, on a un programme
particulier pour les producteurs d'abeilles, pour notre programme aussi,
au niveau des petites entreprises. On a un volet aussi particulier pour les
producteurs d'abeilles puis on est en discussion avec les représentants, là,
pour leur donner le meilleur soutien possible.
Le Président
(M. Lemay) : Merci, M. le ministre. C'est ce qui complète cette
période d'échange avec le deuxième groupe d'opposition. Et je cède maintenant
la parole au député de Bonaventure pour son bloc d'échange.
M. Roy :
Merci, M. le Président. Bien,
salutations, M. le ministre. Salutations à votre cabinet, aux membres, bon, du gouvernement ainsi qu'aux gens du ministère. M.
le ministre, cette année, là, pas de poster, on va rester tranquille, on
va faire ça comme il faut, hein? Quoique, je faisais mon travail l'année passée
aussi.
Comme disait Hannah
Arendt : «La culture, c'est prendre soin de son âme, et l'agriculture,
c'est prendre soin de sa terre.» Et je tiens à souligner le bon coup que vous
avez fait avec les terres des Soeurs de la Charité. Bravo! Puis ça me rappelle
une pétition que j'ai déposée en 2021 sur ce dossier-là, j'étais déjà... À un
moment donné, j'ai été virer sur le terrain,
puis on nous a comme mis à la porte, là, on n'avait pas d'affaire là. Donc,
c'était un autre contexte, mais, ceci étant dit, là, bravo!
J'espère qu'on va y
voir s'opérationnaliser des recommandations du rapport sur les pesticides. J'ai
cru comprendre que ça allait être un lieu d'innovation, d'expérimentation, bon,
que les ficelles ne sont pas attachées sur ce que ça va être, mais admettons,
là, que... On jase, là. Dans 10 ans, qu'est-ce que vous voyez là, vous?
Parce que je sais que vous avez à coeur les dossiers que vous menez, vraiment,
là, je le souligne, mais, dans 10 ans, qu'est-ce que ça pourrait être?
Puis deux minutes, M. le ministre, parce que je n'ai pas beaucoup de temps.
M. Lamontagne :
Sylvain... M. le député, deux minutes, je ne peux pas vous conter ça. Je
l'ai rêvé depuis que je suis en poste, comme ministre, ce moment-là qui est
arrivé la semaine passée, ça fait qu'en deux minutes, de vous dire ça... Un, je
veux saluer mes collègues, là, au début, parce que je sais qu'on n'a pas de mot
d'ouverture, rien, puis je voulais prendre le moins de temps possible, pour
vous laisser... J'aurais aimé ça, parler de Guy Lafleur, tout ça, mais je veux
saluer mes collègues, là. Merci d'être là. Puis c'est tous des gens, là, qui
viennent de comtés qui ont beaucoup, beaucoup d'agriculture, ça fait qu'ils
s'intéressent vraiment à ce qui se passe ici. Ça fait que, merci de votre
intérêt, merci, toute l'équipe du ministère qui est avec nous aujourd'hui, puis
salutations à vous, mes collègues.
Bien, écoutez, puis
c'est ce qu'on a expliqué la semaine passée, M. le député, l'objectif, un,
première des choses, c'est de conserver la
pérennité de tout ce patrimoine historique là, agricole, nourricier. Parce
qu'il y a 350 ans, là... Si on
prend Portneuf, dans le coin de Neuville, ces places-là, ça a été vraiment les
premières terres, mais ces terres-là, dont on parle, là, ça remonte à peu
près à 350 ans, là, de culture.
Ça fait que le
premier objectif, c'est de faire en sorte, là, que ça conserve cette vocation
nourricière là. Puis là ce que j'ai fait, ce qu'on a fait, c'est vraiment... on
va avoir un comité qui est mis en place, Secrétariat à la Capitale-Nationale,
la ville de Québec et puis le MAPAQ. Puis là on commence, dès maintenant, là,
des rencontres avec différents groupes d'experts. On va voir aussi ailleurs
dans le monde qu'est-ce qui se fait.
Puis, quand la
transaction va être complétée, probablement vers la fin août, parce qu'il y a
toute une kyrielle de gestes qui doivent être posés, c'est sûr que ça va se
réaliser, mais c'est des choses techniques, si on veut, là, après ça, on va
faire une grande consultation, là, citoyenne, si on veut, là. Le format que ça
va prendre, et tout ça, c'est à définir. Puis, suite à ça, on va pouvoir dire
qu'on va être capable de conceptualiser vraiment ce qu'il va y avoir là, mais
ce qu'on veut... on veut que ça soit une vitrine, parce qu'aujourd'hui,
peut-être, encore, on ne réalise pas, là, mais, dans 50 ans d'ici, les
enfants de nos enfants, là, quand ils vont venir à Québec puis ils vont voir
ces terres patrimoniales là qui vont être encore nourricières puis qui vont
être une vitrine sur l'agriculture du Québec, bien, ils vont voir à quel point
on a été visionnaires, aujourd'hui, tous ensemble, d'embarquer dans ce
projet-là. Mais où on va le mener, quel
format il va prendre, je vous dirais, ça serait... pour moi, ça serait
prétentieux de vous dire, aujourd'hui, qu'est-ce que ça va être, mais
une chose qui est sûre... C'est sûr que ça va être préservé, c'est sûr qu'on va
vouloir innover, c'est sûr qu'on va vouloir contribuer au commerce alimentaire
de la grande région de Québec, mais je ne vous en dirai pas plus que ça parce
que ça va vraiment être dans les mains des experts, là, puis des citoyens et
citoyennes, là.
M. Roy :
On va rêver avec vous, hein? Bien, il n'y a de grandes réussites que des
grands projets, hein? Mais je reviens à la question, l'opérationnalisation des
recommandations du rapport sur les pesticides. Méchant terrain de jeu pour le
faire. Est-ce que vous êtes ouvert à ça?
• (10 h 30) •
M. Lamontagne :
Bien, c'est parce que, là, il y avait beaucoup de recommandations.
C'était-tu 32 recommandations qu'il y avait, je pense, le rapport sur les
pesticides, là? Il y avait beaucoup de recommandations. On est, aujourd'hui, en train de s'occuper... Il y en a 19 qui
relevaient directement du ministère, puis il y en a d'autres qui relevaient de l'Environnement, puis d'autres
du ministère de la Santé, mais je peux vous dire qu'on est certainement
à pied d'oeuvre, là, pour — 39,
excusez-moi — on
est certainement à pied d'oeuvre, là, pour opérationnaliser, si on veut, là,
les recommandations de la commission, là, sur les pesticides... la réduction de
l'utilisation des pesticides au Québec, là.
M. Roy : Donc, dans le projet
de développement, vous allez avoir une sensibilité à mettre en oeuvre les
recommandations?
M. Lamontagne : Bien, dans tous
les gestes qu'on pose, je vous dirais qu'on a une sensibilité, là, pour faire
en sorte que demain, on est encore meilleurs qu'aujourd'hui au point de vue de
notre bilan environnemental en agriculture, là.
M. Roy : O.K. Bien, en parlant
de pesticides, c'est intéressant de voir, puis ce n'est pas votre terrain de
jeu, là, que... la CNESST, actuellement, faire de la promotion sur la prévention
dans l'utilisation des pesticides. Ce qui est une bonne idée. Sauf que, bon, on
est... nous sommes sortis, récemment, pour demander l'aide à quelqu'un qui a
fait de l'épandage de pesticides sur les terrains de la CNESST et qui n'a...
dont le diagnostic de maladie de Parkinson était fait avant la sanction de la
loi. Donc, je tiens juste, puis je sais que ce n'est pas votre terrain de jeu,
mais... à souligner qu'on échappe beaucoup de monde. Que la CNESST fasse de la
prévention pour les agriculteurs, très bonne
idée, mais je suis... au nom des gens qui ont été échappés puis qui n'auront
pas de soutien financier, entre autres des agriculteurs, bien, en tout
cas, s'il peut y avoir quelque chose à faire, ce serait important.
M. Lamontagne : Bien, juste,
juste pour vous rassurer, première des choses, on a tout le temps été dans la
même équipe par rapport à ces enjeux-là, M. le député. Puis c'est sûr qu'il y a
une loi qui a été adoptée, qui est une très bonne chose, et puis il y a un
encadrement encore plus spécifique qui va être fait, chaque fois qu'il y a des
cas qui sont soulevés, des fois, où, tu
sais, qu'est-ce qui peut être fait pour essayer d'être... Il y a toujours... On
peut toujours chercher à essayer d'aider, mais en bout de ligne, c'est
ça, il y a une loi qui a été adoptée, ce n'est pas tellement dans nos mains, là. Mais on va voir pour la suite, là,
mais dans le meilleur du possible, c'est de venir en soutien, là, aux gens qui
sont pris avec une maladie qui aurait pu être développée au contact, là, avec
l'utilisation des pesticides.
M. Roy : C'est
une question de date, M. le ministre, vous savez. La personne qui a été
diagnostiquée six mois avant la sanction de la loi, lui, il est sur la
paille.
Bon, l'agriculture durable, vous avez un très
beau plan à ce niveau-là, votre gouvernement parle beaucoup de déconcentration,
décentralisation, de développement des régions. Et chez nous, en Gaspésie, je
ne vous parle pas juste pour ma... je parle
pour la Gaspésie, il y a quand même un dossier important, là, qui a été soumis
à votre ministère mais qui est tombé
comme entre les craques du plancher, qui vise l'implantation d'une école
innovante en agriculture à Val-d'Espoir,
à Percé, O.K. Une des premières écoles d'agriculture au Québec, là, a été
implantée à Percé. Et c'était... Il y avait des gens de partout au
Québec, du Nouveau-Brunswick, qui allaient se faire former là, un microclimat,
etc., donc une école de permaculture avec de
l'innovation. Ça a été fait par Gaétan Lelièvre, ancien ministre du Développement
des régions. Et là, bien, c'est un dossier sur lequel je suis intervenu à
plusieurs occasions chez nous. Et moi, en tout cas, je ne le sais pas, vous ne l'avez sûrement pas en
main, là, j'en ai une copie pour vous. En plus, bien, ce
serait intéressant, dans un... que vous y portiez une attention, parce
que ça a été comme mis de côté un petit peu, donc une école d'agriculture à
Percé, qui vise la permaculture, qui veut faire de l'innovation, offrir une
formation. Parce qu'il y a un engouement, il y a une acceptabilité
sociale : les gens de la région le veulent, la mairie le veut, tout le
monde la veut, il y a même une levée de fonds qui se fait.
Sauf que, le seul acteur qui actuellement ne
semble pas en accord, c'est le ministère de l'Agriculture. Donc, est-ce que vous seriez ouvert? Je le sais que...
Je sais très bien le contexte politique dans lequel nous sommes. Nous sommes
à l'aube d'une élection, là, ça fait que c'est sûr que là, il y a toutes sortes
de choses qui se ralentissent. Puis il y a une campagne électorale, c'est tout
à fait normal, c'est comme ça que ça marche, mais je tenais à le dire ici, on a
une belle occasion de développer de l'innovation en agriculture en Gaspésie,
tous les acteurs politiques sont mobilisés par l'enjeu. Il n'y a pas de
problème en nulle part. La population le veut. Et je vous demande votre avis
là-dessus : Est-ce que vous seriez
ouvert à réfléchir, à soumettre au ministère le soutien à l'implantation d'une
école d'agriculture? Le premier ministre est venu, récemment, annoncer de la
formation universitaire en Gaspésie. Très bonne chose, parce qu'à un moment donné envoyer nos enfants puis notre
argent dans les villes... On dit souvent que les régions vivent au détriment
des villes. C'est souvent le contraire. Donc, j'aimerais avoir votre point de
vue là-dessus.
M. Lamontagne : Puis
vous checkerez les nouvelles, je pense qu'il va y avoir d'autres bonnes nouvelles
bientôt, là, pour... un petit peu plus loin, le long de la 20, là, au
point de vue de l'agriculture, et tout ça, là.
Bien, écoutez, un, honnêtement, de loin, là,
j'ai connaissance du dossier de Val-d'Espoir, mais c'est vraiment de loin. Je
vous dirais seulement que deux choses. C'est sûr que, tu sais, le ministère,
bien, vous le savez, on avait, tu sais, une
école qui s'appelait l'Institut de technologie agroalimentaire, qui,
maintenant, aujourd'hui s'appelle l'Institut de technologie
agroalimentaire du Québec. Elle relève du MAPAQ, mais, en réalité, c'est rendu
maintenant quelque chose qui est... Bon. Ça fait que
c'est certain que le MAPAQ n'est pas dans une activité aujourd'hui, là, pour
repartir d'autres écoles. Ça, on s'entend là-dessus.
Une chose qu'on a
faite, par contre, depuis plusieurs années, c'est d'être en soutien, par le
biais de projets qui nous sont présentés,
d'être en soutien pour des initiatives sur le territoire qui ont comme
connotation de la formation, de fédérer de la formation, de l'éducation.
Et puis on a toujours une oreille qui est disponible, qui est ouverte, là,
pour... qui est à l'écoute pour venir voir s'il y a une possibilité
d'accompagner des projets, mais je prends bonne note de votre question. Je vais demander aux gens du ministère, là, de
m'informer plus en détail de ce projet-là, puis je peux vous assurer,
dans un premier temps, que je vais prendre connaissance du projet avec
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'intérêt, et puis, après ça, de voir qu'est-ce
qui est possible de faire avec ce projet-là, là, dans un contexte où il y a une mobilisation du milieu. Ça, je ne peux pas
vous donner de réponse, mais ça va être fait en... avec beaucoup d'intérêt,
beaucoup d'ouverture, là, sur ce que je vais
prendre note puis de la façon que je vais prendre connaissance du dossier, là.
M. Roy : Je
peux vous donner mes notes aussi. Non, mais écoutez, moi, je pense que c'est
gagnant pour tout le monde. Puis on peut avoir des chercheurs de qualité qui
s'implantent là en collaboration avec les terres des Soeurs de la Charité puis tous les instituts. Ce n'est
pas pour enlever de l'expertise, bon, à d'autres institutions, puis peut-être
même que le ministère de l'Éducation pourra avoir un rôle à jouer là-dedans
aussi, avec le cégep de la Gaspésie et des Îles, qui pourrait y voir un
intérêt.
Autre
dossier gaspésien, hein, les pêcheurs de hareng, récemment, se sont fait dire
par le fédéral : Vous n'embarquez plus
sur l'eau, vous n'avez plus le droit de gagner votre vie, c'est fini, merci,
bonsoir, sans consultation, sans avertissement, rien. On a des gens qui nous ont interpelés, là, presque en dépression — le
gars qui hypothèque sa maison pour s'acheter un bateau, des gens qui
sont en train de perdre leur chemise, là — et ils ont zéro dédommagement
du gouvernement fédéral, M. le ministre. Ça fait que moi, je trouve ça un peu
cavalier, là, cette méthode-là. Puis, bien, tu sais... puis je les connais, les... je connais ces gens-là, là. Ce
n'est pas des gens qui vivent très riches, puis qui... Ils en arrachent, là.
Puis, si la ressource n'est pas là, bien là, ils viennent de perdre leur
gagne-pain, ils sont endettés.
Est-ce que... Je sais
que je suis intervenu auprès de votre cabinet, là, mais est-ce que vous avez
fait des démarches auprès du fédéral? Puis je ne vous tire pas la balle à vous,
là, mais je vous demande, en tant que ministre du Québec, bien, de faire pression sur le fédéral pour qu'il y ait un
dédommagement pour ces gens-là. Est-ce que... Où on en est dans ces
discussions-là, s'il y a lieu?
M.
Lamontagne : Bien, un, on s'entend que la décision du gouvernement
fédéral, c'est en fonction d'une question de disponibilité de ressources. Puis
c'est le fédéral qui est à même d'évaluer, tu sais, la masse critique des
ressources puis quand on peut la pêcher ou pas. Mais, à partir du moment où ils
ont décidé qu'il y avait un frein à être mis à la... à cette pêche-là, bien,
effectivement, ça vient affecter, là, de façon frontale... je pense, c'est une dizaine de pêcheurs qu'on a au Québec, là. Alors,
on est en... Un, j'ai communiqué verbalement les préoccupations qu'on a
puis aussi le fait qu'on veut que ces gens-là soient accompagnés puis soient
accompagnés financièrement, et puis je suis
dans le processus, là, d'écrire à ma collègue pour que ce soit d'une façon
officielle, au-delà des mots, là, qu'il y ait des écrits, là, qui
aillent dans le sens de ce que vous avancez là, M. le député, là.
M. Roy : O.K.
Est-ce que... Si le fédéral ne supporte pas financièrement ces gens-là, est-ce
que vous êtes en mesure de leur donner de l'aide de quelque nature que ce soit?
Je sais que ce n'est pas de votre faute, mais on a quand même, vous dites, une
dizaine de familles, pour moi, puis, en Gaspésie, bien, 10 familles qui se
sont endettées, bon... Est-ce que vous pourriez — puis je ne veux pas
que... je suis au conditionnel — évaluer une aide potentielle pour ces
gens-là si le fédéral ne veut rien savoir?
M.
Lamontagne : Bien, écoute, je ne présumerai pas, là, de la réaction ou
de la réponse du gouvernement fédéral. Je veux dire, le gouvernement fédéral
est certainement conscient que le geste qu'il a posé a un impact, là, sur un
certain nombre de pêcheurs. Puis on va faire les représentations, là, pour
faire en sorte, là, que ces pêcheurs-là soient accompagnés, puis on verra, là,
comment le fédéral va réagir par rapport à ça, là.
• (10 h 40) •
M. Roy : Moi aussi, je vais regarder comment le fédéral va
réagir par rapport à ça. Écoutez, j'avais 19 minutes, il me reste
quelques minutes, mais je ne veux pas étirer le temps, si je n'ai pas d'autres
dossiers. En conclusion...
M.
Lamontagne : Je peux t'en parler, d'une couple de dossiers, moi.
M. Roy :
Bien, si vous voulez me parler de développement en Gaspésie, de l'agriculture,
avec les changements climatiques, moi, je n'ai pas de problème.
Avez-vous d'autres beaux dossiers pour la Gaspésie?
M.
Lamontagne : Bien, puis même temps c'est une réponse pour ma collègue
de... tu sais, de... voyons, Rouyn-Noranda—Témiscamingue, parce qu'on parle,
justement, de l'agriculture en région. Puis, quand on parle de réchauffement de
la planète aussi, bien, il y a quand même un réchauffement qui se fait dans les
régions. Puis, dans la stratégie d'autonomie
alimentaire que j'ai présentée en novembre 2020, il y a toute une approche puis
des montants aussi qui viennent pour développer des nouvelles cultures,
des cultures émergentes puis qu'on voit déjà, là. Il y a des projets en Abitibi, il y a des projets au Saguenay—Lac-Saint-Jean, il y a des projets au Bas-Saint-Laurent, des projets vers la Gaspésie pour venir
faire en sorte qu'on puisse aujourd'hui cultiver des choses qui ne se
cultivaient pas avant, après ça, pouvoir les transformer, beaucoup dans le blé
panifiable, des nouvelles cultures.
Ça fait que je veux juste vous dire,
là, que c'est plus qu'embryonnaire parce qu'il y a vraiment une mobilisation
autour de ça puis aussi il y a des... il y a une équipe au ministère qui
travaille avec le milieu, mais déjà, là, dans certaines récoltes, là, on voit des beaux projets, puis qu'à terme, là,
je pense, pour les agriculteurs de la région de ma collègue députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
mes gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean, les gens de Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, là, à terme, là, il y a des
bases avancées qui vont faire en sorte que les gens vont être capables de
cultiver des choses qui vont leur apporter
davantage que ce qu'ils peuvent avoir aujourd'hui, là, quand ils cultivent
leurs terres. Ça fait que ça, c'est certainement des bonnes nouvelles,
ça, M. le député.
M. Roy : Bien
oui. Puis prenons les plateaux de la Matapédia, où on a des Acadiens qui ont
été... qui se sont sauvé puis ils ont développé des terres, à l'époque, c'était
moins propice à l'agriculture, mais aujourd'hui, oui, ça l'est, les gens le
voient, il y a une transformation du climat qui amène une augmentation de
productivité, entre autres dans la Baie-des-Chaleurs, donc le prochain eldorado
de l'agriculture au Québec puis en Amérique du Nord. Avec une belle école
d'agriculture à Percé, on aurait un beau projet de développement et
d'implantation de gens qui n'arrivent plus à s'acheter des maisons dans les
villes parce que ce n'est plus achetable. Ça fait qu'il y a des beaux... il y a
un beau potentiel de développement pour la Gaspésie.
M.
Lamontagne : Bien, on va être très, très éveillés puis allumés par
rapport à ça, M. le député, là. Vous pouvez être assuré.
M. Roy : C'est
bon. Donc, sur ces mots, merci beaucoup, M. le ministre. Ça a été un honneur de
travailler avec vous au cours de ces années. Si je quitte la politique, puis je
dis bien «si», bien, on aura eu du plaisir à défendre certains enjeux. Voilà.
M. Lamontagne :
Est-ce qu'il me reste 30 secondes? Bien, pour la postérité, là, M. le
député, ça a été vraiment un plaisir de travailler avec vous, parce que ça fait
quand même plusieurs années qu'on se côtoie puis on a eu toutes sortes
d'échanges sur toutes sortes de sujets. Vous êtes un homme de coeur. Vous êtes
un homme qui est près des gens, qui êtes branché sur les enjeux, sur
l'essentiel. Puis vous avez été toujours très, très respectueux dans vos
approches, dans vos demandes, quelqu'un de pondéré, quelqu'un de pragmatique,
mais en même temps, vous savez ce que vous recherchez, vous savez pourquoi vous
vous battez. Ça fait que, pour moi, de travailler avec vous, toutes ces
années-là, comme... moi, je vous considère toujours comme un collègue. Ça a été
vraiment un plaisir, là, puis il va rester une belle amitié de tout ça, là,
pour très longtemps. Merci, M. le député.
M. Roy : Merci
infiniment, M. le ministre.
Le
Président (M. Lemay) : Très
bien. Merci à vous deux. Et, sur ce, je cède maintenant la parole à la députée
de Bourassa-Sauvé pour un nouveau bloc d'échange.
Mme
Robitaille : Merci, M. le Président. J'espère que vous allez avoir des
paroles aussi élogieuses pour la députée de Bourassa-Sauvé, mais je salue mon
collègue de Bonaventure.
Donc, si je comprends
bien, là, pour ce qui est des apiculteurs, considérant la tragédie, là, qu'ils
vivent en ce moment, le gouvernement du Québec ne va pas prêter main-forte puis
mettre en place un plan spécial de sauvetage pour les apiculteurs au Québec.
M. Lamontagne :
Bien, c'est-à-dire, il y a deux
choses : il y a l'accompagnement, les apiculteurs, puis, après ça,
il y a essayer de sauver les abeilles.
La question des
abeilles, encore là, hier, ça a été discuté à notre rencontre, là, des
ministres de l'Agriculture, c'est un
problème, aujourd'hui, qu'on a, qui est à la grandeur du Canada. Puis, la
solution facile, ce serait de chercher à essayer d'aller chercher les
abeilles un peu n'importe où dans le monde, là, pour pouvoir les amener chez
nous, mais, en bout de ligne, ça peut être porteur de davantage de
problématiques.
Alors, c'est comment
on peut faire pour repartir ou faire en sorte de venir solidifier puis que ça
puisse tonifier, là, la culture d'abeilles.
Écoutez, la réponse n'est pas simple, dans le contexte qu'on vit, mais la
mobilisation, elle est canadienne. Nous, on est en discussion avec les autres
provinces à ce niveau-là, et puis ici, il y a vraiment un travail de concertation
entre les pollinisateurs puis les producteurs de petits fruits. Mais c'est un
enjeu, là, qui est certainement préoccupant, là. D'un côté financier, bien,
encore là, La Financière agricole a toute la marge de manoeuvre, là, pour
venir en soutien avec... au secteur. Puis, je vous dirais, dans... parce que,
tantôt, vous faisiez mention, là, des
argents disponibles à La Financière, dans le cadre de ses programmes, qui sont
normés, qui sont connus, de soutien de revenu, et tout ça, La Financière
a des capacités limitées en termes de ce qu'elle est autorisée à engager puis à
dépenser pour venir en soutien aux différents groupes, aux différents secteurs,
là.
Le Président (M. Lemay) : ...un consentement à vous
demander. Est-ce qu'il y a consentement pour réputer la dernière minute
du député de Bonaventure comme étant écoulée?
M.
Lamontagne : Excuse-moi?
Mme Robitaille : Bien, on pourrait,
oui.
Le Président (M.
Lemay) : Il y a consentement?
M. Lamontagne : Qu'est-ce... Tu
voulais faire quoi?
Le
Président (M. Lemay) : La dernière minute du député de Bonaventure est...
elle est écoulée. Consentement?
M. Lamontagne : O.K. Oui, oui, oui,
tout à fait.
Le Président (M. Lemay) : Très bien.
Poursuivons. Madame la...
M.
Lamontagne : Je pensais que tu voulais couper sa dernière
minute. J'étais, là... Ça, je n'avais pas de consentement, par contre.
Mme Robitaille : Bien, on peut la
récupérer, nous autres, la dernière minute, certainement. Bien oui.
Le Président (M. Lemay) : Bien là on
en discute. Est-ce que vous voulez qu'elle soit partagée?
Mme Robitaille : On peut la
partager, bien sûr, O.K.
Le Président (M. Lemay) : D'accord.
Donc consentement pour qu'elle soit partagée?
Mme Robitaille : Bien oui.
Consentement.
Le Président (M. Lemay) : Merci. Mme
la députée de Bourassa-Sauvé, veuillez poursuivre.
Mme Robitaille : Parce que je dois
dire que, écoutez, même sur un terrain urbain, il y a des apiculteurs. Dans mon
comté, il y a des apiculteurs qui ont perdu toutes leurs abeilles. J'ai ma
responsable du bureau qui est là puis qui le
sait très bien, on a perdu toutes nos abeilles, et évidemment, c'est
extrêmement catastrophique. Je comprends qu'il y a La Financière agricole et il y a l'ASRA, et tout ça, mais je ne
comprends pas pourquoi le gouvernement ne peut pas mettre en place,
justement, certains montants, en tout cas mettre en place un programme qui
pourrait, justement, permettre aux apiculteurs de se relancer, parce que c'est
vraiment problématique et c'est vraiment particulier aussi.
M. Lamontagne : Bien, honnêtement,
il n'y a pas de... il n'y a rien qui n'est pas considéré, à savoir, dans un
premier temps, c'est de venir les soutenir. C'est sûr qu'il y a... Tu sais, si
c'est avec La Financière agricole, puis, bien, les gens, ça doit être des
producteurs qui sont... des entreprises qui sont enregistrées, si on veut, qui
ont des... qui sont enregistrées au ministère puis qui sont des producteurs
attitrés pour pouvoir, après ça, souscrire puis bénéficier des services de La Financière
agricole, mais tout ce qui touche le secteur apicole, honnêtement, Mme la
députée, c'est très préoccupant. On a des équipes, au ministère, qui sont
mobilisées là-dessus puis pour les mois puis les années à venir parce qu'on
s'entend que c'est une problématique, là, qui... ce n'est pas une affaire qui
se règle en quelques mois, là. Mais il y a énormément d'efforts qui vont être
investis, puis on va devoir faire preuve de créativité. Puis, après ça, l'idée,
c'est d'être en accompagnement de la filière parce qu'elle est essentielle.
Alors, à savoir la forme que cet accompagnement-là va prendre, au fil des mois
puis des années qui s'en viennent, en fonction des défis qu'ils ont, on ne peut
pas vous la définir aujourd'hui, mais c'est certain, que ce soit La Financière
ou le ministère, on est mobilisés, là, pour être en accompagnement de cette
filière-là, là.
Mme
Robitaille : Bien, à mon tour de féliciter votre décision, là,
d'acquérir les terres des Soeurs de la Charité.
M. Lamontagne : Je vais attendre le
pot, là.
Mme Robitaille : Il va s'en venir
mais c'est correct. Mais il faut quand même souligner...
M. Lamontagne : Je me méfie.
Mme Robitaille : Il faut quand même
souligner les bons coups, et ça, c'en est un. Et je pense que c'est apprécié de tout le monde. Et il y aura,
évidemment... il y a 1 million de projets qui sont... qui font rêver, et
on va suivre ça de près.
Donc, ceci étant, on sait que la... ailleurs,
par contre, nos terres agricoles sont menacées. Elles rétrécissent comme peau
de chagrin comme on dit. On a eu des bonnes discussions là-dessus lors de
l'étude détaillée du projet de loi n° 103, le
fameux article sur le morcellement des terres agricoles. En fait, ce
chapitre-là, qui a été amené dans le projet
de loi n° 103, chapitre sur la protection des terres agricoles, dans un
projet de loi qui était mené par le ministère de l'Économie, nous, on aurait aimé, vous le savez, M. le ministre, on l'a
dit à plusieurs reprises et on ne perd pas espoir, d'avoir une réforme de la
fameuse loi sur la protection des terres et des activités agricoles pour
justement mettre en contexte les choses.
• (10 h 50) •
Et évidemment on n'est pas
contre le morcellement mais je pense qu'il faut qu'il soit bien encadré. Et là
on a fait ça un peu à la va-vite. Et, bien, en tout cas, il faut... il va
falloir mettre de la chair sur l'os et bien, bien encadrer ça et suivre aussi
de près ce qui se passe, suivre les demandes de morcellement qui sont faites à
la CPTAQ.
Moi, j'ai une question. J'aimerais savoir — je ne
sais pas si les fonctionnaires peuvent nous donner cette information ou... je vois le président de la CPTAQ
qui est parmi nous aujourd'hui — est-ce
qu'il y a plus de demandes de morcellement depuis novembre 2021 qu'avant
l'adoption de la loi.
M. Lamontagne : Bien, première des
choses, je vous dirais, ce qu'on a adopté ensemble, là, c'est en voie d'être
opérationnalisé, là. Mais il n'y a pas...
Mme Robitaille : Oui, mais il n'est
pas encore en place, donc on ne voit pas encore les...
M. Lamontagne : C'est ça, c'est en
train de se mettre en place, O.K., mais les... Un, aussi, bien, on peut refaire
le débat sur le projet de loi n° 103, mais je pense que je vois votre
collègue qui dit : On va passer à un autre appel parce qu'on a quand même
passé beaucoup de temps là-dessus, là. Mais je veux juste vous assurer, là, que
ce qui a été fait, ce qui a été mis en place, un, c'est... en bout de ligne, il
y a un bout, c'est en accompagnement, puis à la demande de la Commission de la
protection du territoire agricole, pour lui permettre de faire encore mieux son
travail en fonction de l'évolution de notre agriculture, mais chaque projet,
c'est un par un, tout le temps, puis c'est le décompte : une demande est
faite, c'est une analyse, c'est une particularité en fonction d'un projet.
Soyez assurée, là, que c'est à la goutte, là, chacun des projets, là. C'est
qu'on a donné à la commission, l'an passé, des ressources pour mieux comprendre
la réalité territoriale puis aussi les nouveaux modèles agricoles, puis on lui
a donné maintenant des outils d'apprécier différemment les projets qui sont,
là, de... qui lui sont présentés. Mais soyez assurée, là, de... chaque projet, c'est un projet à la fois qui est
analysé, là, puis qui est... Puis c'est toujours dans un contexte de l'équilibre
entre la protection du territoire agricole.
Puis, en même temps, ce qui est important... puis on l'a mentionné, l'important
aussi, c'est de favoriser les activités
agricoles. Il faut favoriser le dynamisme agricole sur nos terres, sinon nos
terres vont mourir, là.
Mme Robitaille : Est-ce qu'on a...
Donc, les dispositions ne sont pas encore... bien, les dispositions sont en
vigueur en ce moment. Non?
M. Lamontagne : Bien, il y a... Dans
l'article 80, on a apporté un certain nombre de modifications qui venaient
toucher, là... permettre davantage au point de vue principalement de la
transformation, au point de vue de l'agrotourisme. Là, il y a un projet de
règlement, là, qui va être adopté incessamment, qui va venir mettre ça en
vigueur. On peut demander, M. le Président, là, au point de vue des changements
de libellé dans les articles qu'on a mis en
place, dont le fait d'introduire les particularités régionales, le fait
d'introduire la diversité de modèles, où on en est, là, par rapport à la
tenue en compte par les commissaires, et tout ça, là, de ces nouvelles
dispositions législatives là, là, M. le Président, demander au président de la
CPTAQ, là.
Le Président (M. Lemay) : Alors,
simplement vous nommer, puisque c'est votre première parole. Et vous pouvez y
aller après ça avec l'élément de réponse.
M. Labrie
(Stéphane) : Stéphane Labrie, président de la Commission de
protection du territoire agricole, M. le Président.
On n'a pas de données comparatives de la période
de cette année depuis le 9 décembre par rapport à la même période l'année
dernière, mais on a des données sur ce qui a été rendu comme décisions sur le
morcellement en date de la semaine dernière,
depuis le 9 décembre dernier. Il y a 24 décisions qui ont été
autorisées. Ça, c'est un échantillon pour
des demandes de morcellement de 40 hectares et moins, parce qu'à
40 hectares et plus c'est visé par le règlement d'aliénation entre
agriculteurs, alors on trouvait ça moins significatif d'avoir ces données-là.
Il y a eu 24 décisions rendues sur des demandes de morcellement en date de
la semaine dernière, depuis le 9 décembre, 12 qui ont autorisé le
morcellement.
Mme Robitaille : Donc la moitié.
M. Labrie (Stéphane) : Tous les
dossiers ont fait état de l'approche économique, ont abordé l'approche
économique comme le demande maintenant le paragraphe 62.8. De ces
12 décisions là, il y en a cinq qui avaient fait l'objet d'une orientation
préliminaire négative qui a fait l'objet d'un avis de changement après la
rencontre publique au cours de laquelle les
demandeurs ont fait une démonstration du projet économique et ont fait une
démonstration qui a été jugée viable par les commissaires au dossier.
Donc là, on voit tranquillement cette tendance qui se manifeste de façon plus
régulière, en fait, dans tous les dossiers de demande de morcellement où on
fait à la fois l'analyse de l'approche
territoriale, comme on le faisait généralement auparavant, mais aussi de
l'approche économique. Mais il y a 12 dossiers où la démonstration d'un
projet économique viable était absente ou insatisfaisante aux yeux des
commissaires formant le BAPE. Donc, ça ne crée pas une révolution, jusqu'à
maintenant, sur le nombre de morcellements autorisés, ça favorise le
morcellement pour des dossiers où il y a un projet économique viable. Mais la
préoccupation qu'on a pu entendre de temps à autre durant l'étude du projet de
loi n° 103 à l'effet qu'il y aurait du morcellement mur à mur et qu'on augmenterait les petites superficies, ce n'est pas ce
qu'on constate jusqu'à maintenant. Lorsqu'il y a un projet économique, un
projet agricole viable, là c'est considéré souvent, l'approche économique.
Mme Robitaille : Mais est-ce qu'il y a un
comparatif? Est-ce que... Est-ce qu'on peut comparer à l'an dernier par
exemple? Est-ce qu'on peut constater une augmentation, pas du tout?
M. Labrie
(Stéphane) : Je vous dirais qu'on peut penser que les cinq dossiers
qui ont fait l'objet d'un avis de changement n'auraient pas tous fait l'objet
d'un avis de changement sans la modification 62.8. Mais c'est difficile à
établir, parce l'approche économique, elle existait avant. Certains
commissaires l'utilisaient, d'autres pas. Ce que le législateur a demandé à la commission, avec la
modification 62.8, c'est de la considérer également dans tous les cas tout
comme on considère l'approche territoriale. C'est difficile d'établir une
tendance après si peu de temps et c'est difficile pour moi de vous dire qu'est-ce
qu'avait à l'esprit chaque commissaire en étudiant chaque dossier, mais je peux vous dire que les 24 dossiers dont je
vous parle, je les ai lues, les décisions, et je vois une tendance à
l'application de l'approche
économique. Et, dans les cinq dossiers dont je vous parle, là on a vu un virage
où, là, on a pris en considération davantage
l'approche économique sur la démonstration qui a été faite par les demandants,
et ça a donné une autorisation.
Mme
Robitaille : Approche économique qui vise, là, pour le rappeler à tout
le monde, que c'est un projet agricole viable. Parce qu'il y a beaucoup
d'inquiétude relativement au fait qu'on va peut-être justement morceler des
terres qui, ultimement, ne seront pas... vont perdre leur vocation agricole, alors...
M. Labrie (Stéphane) : Ce qui est intéressant de
constater, avec la lecture de plusieurs de ces 24 décisions là, c'est que les commissaires ont une préoccupation
sur la destination de la parcelle visée par le morcellement qui fait l'objet
d'un projet agricole annoncé comme étant viable, mais aussi la préoccupation
des commissaires pour la superficie résiduelle après le morcellement. Prenons
un exemple. Une superficie de 45 hectares qui fait l'objet d'une demande
de morcellement pour huit hectares, on va analyser le huit hectares, mais on va
analyser le 37 aussi, après, qu'est-ce qui... Et l'exemple que je vous donne
n'est pas le meilleur. Prenons l'inverse. On a un 45 hectares où on a un
37 hectares qui s'en irait, visé par un projet agricole. Le huit hectares,
c'est quoi, le projet? Est-ce que là ça devient un domaine où il y a un projet
agricole pour le huit hectares? Et j'ai vu des dossiers où il y avait un
excellent projet, en apparence à tout le moins, à la lecture des décisions,
pour la grande superficie visée par le morcellement, mais il n'y avait pas de projet pour le huit hectares
restant. Et ça a été refusé, parce que justement, la préoccupation que tout le
monde a de ne pas voir multiplier des
domaines résidentiels non agricoles, bien, les commissaires l'ont à l'esprit
aussi.
Mme
Robitaille : C'est rassurant. Mais il y a des... quand même beaucoup
de gens qui sont, malgré tout, inquiets et qui suivent ça de près. Il y a
l'UPA, qui, sur un autre ordre d'idées un peu, mais dans le même esprit, a envoyé une mise en demeure à la CPTAQ relativement
à une manière rétroactive, là, de considérer les demandes pour une deuxième
résidence. Et, encore une fois, l'UPA, qui avait des inquiétudes, dit :
Bien, est-ce que, justement... est-ce que la CPTAQ ne perd pas un peu sa nature
première, qui était de protéger les terres agricoles, et maintenant elle fait
du développement économique? De là la... Et là, il y a cette mise en demeure
là, parce que la CPTAQ change sa vocation,
permet par exemple une deuxième résidence sur les terres. Et ça, bien,
évidemment, ça crée de l'inquiétude. Je ne sais pas si... j'aimerais
avoir vos commentaires là-dessus.
• (11 heures) •
Le Président (M.
Lemay) : ...
M. Labrie
(Stéphane) : M. le Président, j'ai pris connaissance... effectivement,
on a reçu une mise en demeure dont j'ai pris
connaissance. La mise en demeure réfère à un communiqué que la commission a
émis à l'intention de ses clientèles au mois de juin 2021, qui est joint
à la mise en demeure. Les questions soulevées par l'UPA, dans sa mise en demeure, sont des questions juridiques
importantes. Ces mêmes questions juridiques sont soulevées par l'UPA
dans le contexte d'une procédure judiciaire que l'UPA a instituée en Mauricie
contre la MRC de Maskinongé, qui a entrepris
de modifier son schéma pour permettre à ces municipalités locales de modifier
la réglementation municipale, permettant ainsi, en vertu de leur
réglementation municipale, la construction d'une deuxième résidence dans une
aire de droits acquis.
Puis je suis un peu
mal à l'aise d'avancer beaucoup d'explications en lien avec ce communiqué-là et
de sa mise en demeure, compte tenu du fait que les questions soulevées dans la
procédure judiciaire sont les mêmes que dans la mise en demeure qui a été
acheminée à la commission. Puis, par respect par le... pour le processus
judiciaire en cours, je ne peux pas aller beaucoup plus loin. Ce que je peux
vous dire, c'est que les questions soulevées par l'UPA sont importantes. Les questions juridiques que s'est posées la
commission, avant d'émettre ce communiqué-là, sont consécutives à des
décisions de tribunaux judiciaires, à des décisions du TAQ qui ont précédé ces
décisions judiciaires. Ça s'est rendu jusqu'en Cour suprême.
Et je peux vous
assurer que la commission n'abdique pas ses responsabilités en matière de protection
du territoire agricole. La commission a pris
acte, un, d'une décision de la Cour suprême qui a mis fin à un débat judiciaire
qui a duré 10 ans, et qui a fait, en
2002, une décision de la commission, des décisions... deux décisions du TAQ,
décision de la Cour du Québec, une décision de la Cour supérieure, une décision de la Cour
d'appel et, ultimement, un refus
de la Cour suprême d'entendre l'appel de la Cour d'appel. On a pris acte de ces
décisions-là.
Deuxième
chose, la commission a pris acte d'une décision de l'Assemblée nationale, dans
son projet de loi n° 122, en 2017, d'abroger 59.4, qui
était une disposition qui prévoyait qu'une décision à portée collective n'entre
en vigueur qu'à compter du moment où les
conditions posées par la commission sont mises en oeuvre par les municipalités
locales de la MRC concernée, ce qu'on dit dans notre communiqué. Puis je ne
pourrai pas aller plus loin que ça ce matin. C'est que la commission a
pris acte de la décision de la Cour suprême, a pris acte de l'abrogation de
59.4, et la commission considère qu'elle n'avait pas et elle n'a pas les
assises juridiques nécessaires pour poursuivre de la façon qu'elle fonctionnait
dans ses décisions à portée collective. Il y aura un débat intéressant en droit
à faire, devant les tribunaux, si la
poursuite se poursuit, parce qu'il faut comprendre que, dans la procédure
judiciaire dans Mauricie, la commission est mise en cause. Alors, on
aura l'occasion de faire valoir nos... notre point de vue au tribunal.
Mme Robitaille : Merci. Pendant ce
temps-là, les terres agricoles... en tout cas, la valeur des terres continue
d'augmenter, hein, d'une façon faramineuse, et malgré tout... et ces terres
agricoles là rétrécissent. Moi, je pense à la relève agricole, ils ont... Le
morcellement, bon, ce n'est pas vraiment une... On en a parlé au projet de loi
n° 103, le prix des terres agricoles continue à augmenter. Est-ce que le
ministre prévoit, parce qu'il n'y avait rien, encore une fois, dans le budget,
une aide soutenue à la relève agricole pour acheter... pour l'aider à acheter
des terres, qui, même si elles sont peut-être plus petites, vont coûter
extrêmement cher?
Le Président (M. Lemay) : En
20 secondes.
Mme Robitaille : On va continuer
tantôt.
M. Lamontagne : Bien oui, tout à
fait. Je vous dirais, on a... dans l'année qui a suivi mon arrivée, on a
modifié le Fonds d'investissement pour la relève agricole à La Financière. On
est venu changer la façon dont le système pouvait fonctionner pour permettre
aux jeunes de louer une terre agricole, mais, avec chaque mensualité, elle se
trouvait à mettre de côté une équité pour faire en sorte qu'au bout de cinq
ans, 10 ans, 15 ans, elle pouvait faire une demande pour pouvoir
faire l'acquisition de cette terre-là, puis dans un contexte où elle se serait
bâti une équité, puis après ça que La Financière pourrait venir en soutien.
Mais on pourrait avoir des échanges
additionnels, parce que c'est certain que le défi de l'augmentation de la
valeur des terres il est omniprésent. Il est omniprésent pour les agriculteurs
québécois, il est omniprésent les agriculteurs canadiens. Parce que ce qu'on a
vu, c'est que l'augmentation de la valeur des terres, là, au Québec, elle se
situe dans la moyenne, si on veut, là, mais il reste que c'est considérable
puis ça représente un défi. Puis on a différents organismes sur le territoire,
on a des fiducies qu'on vient aider pour les aider à faire l'acquisition de
terres, mettre ça à la disposition des
jeunes, remettre des terres en friche pour augmenter le nombre de terres qui
sont disponibles. Il y a d'autres initiatives, là, qu'on va chercher à
mettre en place, là.
Le Président (M. Lemay) : Merci, M.
le ministre. Nous allons maintenant céder la parole au bloc du gouvernement.
Et, M. le député de Lac-Saint-Jean, la parole est à vous.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Merci, M. le Président. Tout d'abord,
permettez-moi de vous saluer, M. le ministre, ainsi que l'équipe du
MAPAQ. J'ai aussi l'équipe de La Financière agricole, qui est un élément majeur
aussi dans le développement de l'agriculture, La Financière agricole, j'aurai
peut-être quelques petites questions, là, pour eux. J'ai le monsieur aussi de
la CPTAQ, c'est un plaisir de vous rencontrer.
Quel beau sujet, hein, l'agriculture, quel sujet
passionnant. Il y a tellement de choses en agriculture, il y a des belles
choses qui se réalisent, il y a des enjeux, il y a toutes sortes d'innovations,
beaucoup de défis, vous en avez fait part, tout à l'heure, avec ma collègue de
l'opposition.
Et moi, j'aimerais un peu vous entretenir sur la
Politique bioalimentaire. On a quand même travaillé, on a travaillé fort, tous
ensemble, justement, pour augmenter le budget au niveau de l'agriculture. Oui,
c'est vrai, il faut le dire, parce que, par le passé, ça avait été quand même
beaucoup diminué. Et je peux vous dire que les producteurs le mentionnent et le
soulignent, et c'est très apprécié. Oui, il reste encore beaucoup de choses à
faire, je sais que vous en êtes très, très conscient.
Puis j'aimerais ça un peu que vous me
mentionniez, vous me parliez des initiatives qu'on a faites suite à la
Politique bioalimentaire, entre autres, au niveau de la rétribution des bonnes
pratiques agricoles. On a aussi des mesures
pour l'adaptation des entreprises, toute la question de la rareté de la
main-d'oeuvre, M. le ministre, on a aussi des programmes avec la FADQ,
justement, le PIC, Programme d'investissement croissance, et aussi la
capitalisation de La Financière agricole, il y a eu déjà des projets. Donc,
j'aimerais ça peut-être un peu que vous me les décliniez un petit peu. J'aurai
peut-être quelques petites questions : Ça sert à quoi? C'est quoi, les montants?
Puis, si les gens de La Financière veulent répondre aussi, ça va me faire
plaisir de les entendre. Alors...
M. Lamontagne : Parfait. Bien,
écoutez, première des choses, bien, merci beaucoup, cher collègue. Puis la Politique bioalimentaire, là, première des choses,
puis ça, je le dis au bénéfice de ma collègue, moi, quand je suis arrivé
en poste en octobre 2018, la politique qui avait été adoptée sous l'ancien
gouvernement, là, au printemps 2018... Puis la Politique bioalimentaire,
ce n'est pas rien. Je vous dirais que c'est un travail de coconstruction, là,
de tout le secteur, toute l'industrie. C'est des dizaines et des dizaines de
partenaires qui, pendant 18 mois, se sont assis puis ont convenu de cette
espèce de boussole là qu'on veut avoir pour le développement de notre
agriculture.
Puis, au coeur de la
Politique bioalimentaire, bien, ce qu'on a, c'est le consommateur, hein, c'est
les besoins du consommateur. Si on retourne à la commission sur l'avenir de
l'agriculture puis de l'agroalimentaire du Québec, le fameux rapport Pronovost, hein, de 2010, qu'est-ce qu'il y avait au
coeur de ça? C'était le consommateur, c'étaient les besoins du
consommateur. À la base, là, ce qu'il disait, c'est que c'est fini, le temps de
faire de l'agriculture où on pousse quelque chose puis qu'on dit que les gens
vont l'acheter. Maintenant, notre agriculture est pensée en fonction des
besoins des consommateurs. Qu'est-ce que les consommateurs ont besoin? Puis on
va leur fournir ce qu'ils ont besoin. Ça a
été tout un changement. Puis maintenant notre agriculture est orientée en
fonction, un, des besoins des consommateurs et, deuxièmement, très
important, avoir des entreprises qui sont prospères, mais qui sont non seulement prospères, mais aussi qui sont durables.
Alors là, ça, là, c'est le coeur, si on veut, de la Politique bioalimentaire.
Puis, nous, ce qu'on a fait, quand on est
arrivés, toute notre équipe ensemble, nous autres, on a dit : Écoutez, il
y a pas mal de monde intelligent qui ont créé ça, cette politique-là, ça fait
qu'on ne jouera pas au plus smatte puis on ne repartira pas les consultations,
qu'on a pu voir dans le passé, ce qu'on a fait, c'est qu'on a pris acte. Ça,
c'était le fruit d'une grande concertation, puis beaucoup de sagesse, puis
d'expérience, d'expertise, mais, nous autres, ce qu'on s'est dit, fidèles à
notre ADN à la CAQ : Nous autres, c'est l'action.
Alors, moi, ce que j'ai fait, j'ai entrepris une
grande... écoutez, des rencontres avec toutes les filières puis avec les... le
secrétariat à la politique au ministère. Et puis ce qu'on a dit, c'est :
Ça nous prend un plan d'action sur lequel, après ça... Quand on a notre
politique, de notre politique, il y a une vision, de notre vision, il y a un
plan d'action, puis, après ça, on vient mesurer, mais on a tous les ingrédients
que ça prend pour savoir, à chaque jour, ce qu'on fait, puis pourquoi qu'on le
fait, puis que, si, à un moment donné, on s'aperçoit qu'on ne le fait pas bien,
de s'amender puis de le faire autrement.
• (11 h 10) •
Alors, aujourd'hui, ça fait deux fois, on a
déposé un premier plan de... un plan d'action pour la Politique bioalimentaire,
à la fin de l'été 2019, et on a amendé, en 2021, parce qu'à chaque année
on fait un travail avec les filières. On a amendé, en 2021, encore là, ce
plan-là. Mais c'est un plan, aujourd'hui, qui couvre tout le territoire du Québec, qui couvre toutes les filières, tous les
organismes, même des organismes gouvernementaux, des ministères. On a
1 300 actions, à la grandeur du territoire, entre, comme je vous dis,
les différentes filières, les municipalités, les territoires.
Puis tout ça, c'est tout coordonné puis c'est
tout cohérent ensemble. Puis ça a un objectif, c'est de satisfaire les besoins
des consommateurs. Puis après ça c'est de développer un territoire agricole où
on va avoir des entreprises qui sont prospères puis qui sont durables. Puis,
quand on dit «durable», bien, durable, c'est sûr que le premier critère, la durabilité, là, bien, il faut que tu puisses
payer tes comptes. Ça fait qu'économiquement il faut que tu sois prospère,
mais, après ça, on est dans un environnement où tout le secteur agricole a une
empreinte environnementale. Puis aujourd'hui, un des grands défis qu'on a, dans
tous les secteurs de production, peu importe que ce soient les métaux,
l'agriculture, la santé, bien, on mesure un peu l'empreinte environnementale
puis on a comme impératif de venir diminuer cette empreinte-là. Alors, pour que
nos entreprises, elles soient prospères, il faut qu'elles soient durables,
aussi, durables, mais il faut que ce qui se passe, bien, ça fasse en sorte que,
sur... à terme, la planète puisse absorber ça puis la planète puisse s'en
sortir en santé.
Puis l'autre aspect, aussi, c'est toute la
question d'acceptabilité sociale. On le sait aujourd'hui comment les pratiques, comment les exigences des consommateurs
changent, bien, les entreprises qui vont être... économiquement, qui
vont réussir, mais qu'en bout de ligne elles vont avoir des pratiques
environnementales qui vont être discutables, puis qui vont avoir des pratiques
qui vont plus ou moins rencontrer l'acceptabilité sociale, bien, elles n'auront
pas le succès très, très, très longtemps. Oui, mon collègue.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Oui, bien, je trouve ça intéressant, M. le
ministre, quand vous m'amenez là-dessus, sur les pratiques écoresponsables. Puis on a fait le mandat d'initiative
sur les pesticides, puis je trouve que ça découle. Vous avez été
chercher des choses, des recommandations de là, puis ce qui a fait en sorte
qu'on... que vous... qu'on a les bonnes pratiques agroenvironnementales. Puis
on ne voulait pas... on voulait y aller sur des rétributions, tu sais, à
encourager, accompagner les producteurs et productrices qui voulaient avancer,
qui voulaient aller de l'avant.
Puis, entre autres, justement, on a... vous en
avez parlé tout à l'heure, mais ma collègue en parlait, dans les régions, mais
il y a des régions... entre autres, si on prend dans ma région, Saguenay—Lac-Saint-Jean,
Nutrinor qui, justement, est en train d'accompagner, là, les producteurs à ce
niveau-là, dont le ministère a accompagné puis a soutenu, bien, c'est des
projets qui viennent du milieu, qui sont apportés au ministère, et là le ministère
les soutient avec des programmes adaptés. Donc, c'est intéressant, mais, au
niveau des pratiques agroenvironnementales, là, la... notre fameuse... Au
niveau des producteurs, pouvez-vous me dire c'est combien qu'un producteur peut
aller chercher d'aide maximale?
M. Lamontagne : Bien, écoute,
d'abord, ce qui est important, là... puis aussi je sais que ma collègue a bien
suivi le déploiement du Plan d'agriculture durable, là, mais de rappeler ce
qu'on a fait, là. Puis honnêtement c'est tout le Québec qui sort gagnant de
tout ça, là. Je ne veux même pas le dire d'une façon partisane, là, mais ce
qu'on a mis en place, là, c'est... on vient
accompagner financièrement les producteurs et les productrices pour qu'ils
changent leurs pratiques, qu'ils améliorent leurs pratiques culturales,
avec cinq objectifs en tête : diminuer l'utilisation des pesticides,
diminuer l'utilisation des fertilisants de synthèse, améliorer la santé des
sols, améliorer la qualité de l'eau puis augmenter la biodiversité sur nos terres.
Ça fait qu'on a en place un premier aspect de
notre Plan d'agriculture durable, là, c'est venir... le système de rétribution.
Ça fait qu'on a... on dit aux agriculteurs, aux agricultrices : Venez
changer vos pratiques, modernisez vos pratiques en
fonction des critères qui vont nous permettre de rencontrer les objectifs, puis
on va vous accompagner financièrement. Mais ce qu'on a mis en place, c'est un
accompagnement sur trois ans. Ceux qui ne font à peu près rien, on vient les
accompagner à la hauteur de 1 500 $, mais ceux qui checkent pas mal
toutes les cases de la liste, bien, ça peut être jusqu'à 50 000 $,
puis il y a déjà 40 % qui leur a déjà été versé en début de programme.
Puis ça, je le rappelle puis je le dis à ma collègue de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
ce programme-là, il a été mis en place, là... Ce n'est pas le MAPAQ qui a
décidé comment ils feraient ça, là, on a confié ça au centre d'études des coûts
de producteurs agricoles, qui ont fait leurs devoirs puis qui on dit :
Écoute, la meilleure façon de venir accompagner aujourd'hui, c'est de cette
façon-là.
Ça fait qu'au moment où on se parle on a mis
en... on a ouvert ce programme-là le 7 mars, puis ça devait être jusqu'au
30 avril. Puis, écoutez, moi, j'étais en vacances, puis il est 11 heures
du matin, puis je reçois un courriel, puis il dit : Écoutez, M. le
ministre, là, ça va vite, là, ça s'inscrit vraiment beaucoup. Puis, à
4 heures de l'après-midi, j'ai M. Desrosiers, le président de La
Financière, qui m'envoie un message : C'est fermé, 56 millions
d'attribués, 1 834 entreprises qui ont souscrit. Ça veut dire quoi?
Nos producteurs, nos productrices, là, ils ont faim de ça. Bien, on s'est revirés de bord, puis, dans le dernier
budget, c'est 29 millions additionnels qu'on est allés chercher. Ça fait
que, cet automne, on va annoncer une nouvelle cohorte puis on s'attend à
être capables d'accompagner peut-être 1 000 à 1 100 producteurs,
productrices, à la grandeur du Québec, pour venir changer leurs pratiques.
Mais, en même temps, ce qu'on a fait, c'est...
on a créé un plan de mise en oeuvre. Puis le plan de mise en oeuvre, là, il y a
49 plans associés à différentes filières qui viennent accompagner, aux
quatre coins du Québec, tous les producteurs et les productrices. Puis après ça
on a 13 plans régionaux, principalement par le biais des fédérations de L'Union
des producteurs agricoles, qui viennent aussi accompagner les producteurs et
les productrices. Puis on a mis un budget de
25 millions de dollars en accompagnement pour le transfert de
connaissances, la formation continue. Puis ultimement on veut venir
accompagner chacun des producteurs et productrices, là, pas : on
accompagne tous les producteurs du Saguenay—Lac-Saint-Jean, on accompagne
chaque producteur du Saguenay—Lac-Saint-Jean
qui s'inscrit au plan de rétribution. C'est ça qui fait qu'on est confiants que
ça va donner des résultats.
Puis, pour accompagner tout ça, ce qu'on a
créé... Parce que, vous le savez, vous avez participé à la commission sur les
pesticides, toute la question de la recherche, au Québec, là, il se fait
énormément de choses au Québec, un, ça ne se
sait pas, mais après ça il y a beaucoup de cette recherche-là qu'une main
gauche ne sait pas ce que la main droite fait. Bien, ce qu'on a fait,
là, avec le Fonds de recherche du Québec, avec le Scientifique en chef, on a
créé un nouveau pôle de recherche au Fonds de recherche du Québec, Nature et
technologies, un pôle en agriculture durable,
où, sous l'égide du Scientifique en chef, on vient fédérer aujourd'hui ce qu'on
appelle le Réseau québécois de recherche en agriculture durable, où on a
plus de 200 partenaires, sous la direction de l'Université Laval, l'Université
McGill, des centres de recherche, des centres collégiaux de transfert
technologique, des chercheurs. On en a plus de 200 qui sont orientés en
fonction de l'agriculture durable, dans un contexte de changements climatiques,
réduction des pesticides, amélioration de la santé des sols, qualité de l'eau,
biodiversité.
Ça fait que, là, d'un côté, on la rétribution,
on dit aux gens : On vous accompagne financièrement pour améliorer vos
façons de faire. D'un autre côté, on a de l'accompagnement, puis du transfert
de connaissances, puis de la formation. Puis, d'un autre côté, on a mis en
place un écosystème de recherche, qui n'existe pas au Canada puis qui ne doit
pas exister à bien, bien des places dans le monde, où on vient fédérer, sous
l'égide du Scientifique en chef, tous les efforts pour venir, un, découvrir,
rechercher tout ce qui peut toucher à l'agriculture durable, mais, après ça, le plus rapidement possible... Parce que la
clé, ce n'est pas juste faire de la recherche, il faut opérationnaliser sur le
terrain, il faut être capable de mettre... de transférer les connaissances.
Ça fait qu'on a rétribution, recherche,
accompagnement, transfert de connaissances, tout ça, ultimement, au niveau de chacun des individus. Parce que chacun a
son contrat avec La Financière agricole, dans le cadre du programme de
rétribution, et s'est engagé : Moi, en fonction de mon type de culture,
moi, en fonction d'où je suis au Québec, moi, en fonction de ma terre,
je m'engage à faire ça, puis à faire ça, puis à faire ça. Parfait, bien, si tu
fais ça, bien, on va te donner 22 000 $. Moi, je m'engage à faire ça.
Parfait, toi, ça va être 49 000 $. Toi, par contre, tu vas avoir
3 300 $. Tu sais, c'est l'accompagnement qu'on fait.
Ça fait que les trois ensemble, je vous dirais,
là, tu sais, pour notre gouvernement, pour d'autres gouvernements qui
pourraient être à venir, les assises qu'on vient de mettre en place pour
accélérer la transition écologique, là, de l'agriculture, là, sont
exceptionnelles, là.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Non,
mais c'est très bien. Puis, en plus, ce qu'on entend aussi sur le terrain, c'est qu'on a fait quelque chose qui est
facilitant aussi pour les producteurs et productrices agricoles, tu sais, qui
n'est pas un fardeau administratif, et, ça, c'était important de le
mentionner, c'est apprécié aussi.
M. Lamontagne : Bien,
honnêtement, c'était une consigne qu'on a donnée, j'ai dit : Arrivez-nous
pas avec une affaire que ça leur prend trois semaines à remplir ça, là. Bien,
ils m'avaient dit que ce serait trois, quatre clics puis que ce serait fait. Bien, je vais te dire : Trois, quatre
clics, puis, deux semaines après, l'argent était dans le compte de
banque. Ça fait que bravo, président de La Financière agricole.
Le
Président (M. Lemay) : Très bien. Donc, ceci termine ce bloc d'échange.
Et nous allons maintenant revenir à la députée de Bourassa-Sauvé pour un
nouveau bloc d'échange.
Mme Robitaille :
Merci, M. le Président. Oui, on parlait, tout à l'heure, quand on s'est
laissés, de relève agricole, on parlait des... du coût des terres qui était
faramineux, là, les... On veut s'acheter une terre, ça coûte extrêmement cher. Je regardais, en Estrie,
30 % d'augmentation en un an seulement, au Saguenay aussi, partout, en
fait.
Et, bon, on parlait du morcellement aussi tout à
l'heure. Le morcellement, et je parle à plusieurs personnes, ils me
disent : Ce n'est pas... ce n'est pas la solution à tout, là, pour un
jeune agriculteur, c'est une partie de la solution,
si elle est bien appuyée, et si on fait les bonnes analyses aussi, et si,
finalement, le projet agricole viable, il va de l'avant. Mais le problème,
c'est vraiment un soutien financier au démarrage. Et ça, à la lumière de l'augmentation
des coûts des terres, qui... il n'y a pas de... Les jeunes paniquent, en fait,
ils se disent : Mais comment je vais faire? Même louer une terre, ça coûte
une fortune.
• (11 h 20) •
Et, encore une fois, je lisais, ils me disaient,
puis on se disait : Dans le dernier budget, il n'y a rien de spécifique pour la relève agricole pour venir les
accompagner, les soutenir. Puis on le sait que nos écoles en agriculture sont
pleines, il y a un intérêt fantastique, très bien, on veut l'encourager, mais
notre relève sort et veut partir quelque chose, et ils n'ont pas le
soutien financier. Vous disiez, tout à l'heure : Oui, il y a des
programmes, ici et là, mais un soutien
majeur, considérant, là, la situation dans... de l'accessibilité des terres,
bien, il n'y en pas. Ce n'est pas suffisant. Est-ce que vous allez penser
à, justement, un programme spécifique, là, pour accompagner nos jeunes
agriculteurs, pour, justement, aller les soutenir pour qu'ils puissent démarrer
puis qu'ils soient solides aussi?
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais, là, penser, là, tous les gens du ministère qui sont ici, je peux vous
dire une chose, là, ils ne font rien que ça, penser. On est tout le temps en
mode pour être aidant puis accompagnant pour résoudre les défis qu'on a. Puis,
je vous dirais, le défi de l'accessibilité aux terres agricoles, il est
considérable, puis il est considérable aussi
dans un environnement... Puis là, je dis ça... tu sais, on a certains de...
certaines de nos productions qui... de par leur nature, de par qu'elles
sont en gestion de l'offre, exemple, bien, il y a tout un système financier qui
est en arrière de ça, c'est qu'il leur donne des capacités puis des
possibilités qui ne sont pas les mêmes que d'autres peuvent avoir dans d'autres
types de production. Tu sais, quand...
Mme Robitaille : Bon, bien, juste
acheter un quota, là, c'est presque impossible, là, pour un jeune qui ne part
de rien, c'est... Acheter des quotas...
M. Lamontagne : Bien... Bien non,
c'est-à-dire, ce qu'il faut comprendre, c'est que, justement, dans les cas de quotas ou de terres, on s'entend que ça peut
prendre des... ça peut être des sommes qui sont très, très, très importantes.
En même temps, bien, les institutions financières qui viennent financer, bien,
la garantie qu'accorde le quota, je veux dire, pour eux, c'est une protection
qui fait en sorte qu'ils peuvent aller très loin dans l'accompagnement du
producteur ou de la productrice. Mais, quand on sort de ces environnements-là,
où il n'y a pas cet écosystème-là, un peu de garanties... oui, les entreprises
et les institutions financières peuvent toujours prendre la terre en garantie,
là, mais que l'activité économique agricole n'est pas encadrée, si on veut,
comme dans les cas de gestion de l'offre, si on veut, bien, à ce moment-là, le
fait que, des fois, les terres soient très dispendieuses, puis on n'a pas cette
espèce de garantie additionnelle systémique, si on veut, là, de revenus qui est
là, bien, ça, ça peut poser des enjeux.
Ça fait que la première chose qu'on s'est assuré
de faire, c'est ça, c'est avec... Le Fonds d'investissement relève agricole
existe depuis plusieurs années, mais ce qu'on a mis en place, en 2019, c'est
vraiment de faire en sorte que le jeune ou la jeune peut louer la terre, puis
qu'à chaque fois qu'elle fait son paiement il y a une équité qui se met de
côté, puis, au bout d'un certain nombre d'années, bien, elle peut demander
d'acheter la terre, puis... Ça fait que ça, c'est certainement un véhicule qui
est là.
Une autre chose qu'on a faite aussi, on a mis en
place le prêt «levier», qu'on appelle. Le prêt levier, là, c'est... On le sait,
comment les institutions financières demandent tout le temps des garanties, et
tout ça, bien, on a un montant de
100 000 $. Quelqu'un qui a un bon mentor, qui a un bon projet, bien,
La Financière, sans garantie aucune, va aller prêter jusqu'à
100 000 $.
On a un organisme qui est né, puis qu'on
soutient, puis qu'on encourage, l'organisme ARTERRE, qu'il s'appelle, qui vise
à faire en sorte, sur le territoire québécois, de venir jumeler, si on veut,
des gens qui ont des terres agricoles, des gens qui veulent passer leurs terres
puis qui n'ont pas de relève immédiate, pouvoir les jumeler avec des gens qui
ont des projets agricoles.
On a la fiducie Fondaction UPA qui a été mise en
place, auquel on a souscrit, là, l'an passé, 3,4... 3,6 millions, puis là
on vient de souscrire un autre 2,8 millions dont l'objectif est d'acheter des
terres, de pouvoir fournir des terres à des jeunes, à la relève, à remettre des
terres en friche... les remettre en culture.
Ça fait que je vous dirais que le... de
comprendre le pourquoi de ces augmentations des terres là... Mais, en réalité, c'est que ce n'est pas un phénomène qui
est unique au Québec, on s'entend, là, c'est un phénomène qui est... qu'on
retrouve partout, mais, après ça, de... C'est sûr que le gouvernement ne peut
pas se mettre à acheter des terres pour fournir des terres à des jeunes
ou à... Puis on ne peut pas être dans ce commerce-là, là, mais ce qu'on peut
faire pour venir accompagner... Écoutez, on
cherche puis on est... Encore, j'ai demandé au ministère, récemment, là, de...
comment on peut penser en dehors de la boîte, tu sais, pour permettre,
pour faciliter puis accompagner.
Puis tantôt vous parliez encore... le
morcellement. Le morcellement, l'idée, là, ce n'est pas de rendre plus accessibles des terres parce qu'elles vont être
plus petites. Le morcellement, l'idée en arrière de ça, c'est qu'aujourd'hui
on a des projets agricoles qui n'ont pas
besoin de 40 hectares, que huit hectares, six hectares, 12 hectares
sont capables de faire vivre une famille, deux familles. Aujourd'hui, on
a les méthodes. Bien, si les gens sont capables de démontrer ça,
l'idée en arrière de ce qu'on a permis, c'est de faire en sorte qu'il puisse y
avoir davantage de projets agricoles. Ce n'est pas un... C'est sûr que ça peut
dire... ça peut aider à l'accès à la terre, mais l'idée, c'est que, pour
pratiquer ce type d'agriculture là, tu as besoin de 20 hectares, tu n'en
as pas besoin de 40, bien, de permettre que ça puisse arriver, là, tu sais.
Mme Robitaille : Mais, même ça,
mais, même ça, M. le ministre, ce n'est pas évident. Et puis ces jeunes
agriculteurs là ou, en tout cas, ceux qui veulent faire de l'agriculture de
proximité et qui ont des pluriproductions, en tout
cas, qui ne rentrent pas dans le cadre, ils sont pris, et c'est extrêmement
difficile. Donc, de là un soutien financier qui est à la hauteur.
Par contre, il y a quelque chose qui pourrait
peut-être aider. La Financière agricole accorde des subventions à la relève, hein, mais des subventions qui
diffèrent si on est à temps plein ou si on est à temps partiel. Et il y a beaucoup
de grogne au sein des jeunes agriculteurs, parce qu'ils se disent : Bien,
moi, je commence, je commence en affaires, je commence mon entreprise, pour que
ma terre, pour que mon entreprise agricole fonctionne, pendant un bout de temps, je suis obligé de travailler ailleurs, et
donc je suis à temps partiel dans les... d'un point de vue de facto, peut-être,
mais, je veux dire, moi, ultimement, je
veux être à temps plein, mais je travaille à l'extérieur de ma ferme, pour
financer ma ferme, puis je vais être pénalisé parce que je fais ça.
Alors, est-ce qu'il n'y a pas moyen — puis on
compte sur vous durant la prochaine année — pour, justement, qu'il n'y ait pas de différence, que, finalement, la
subvention à la relève à temps plein puis celle à temps partiel, bien,
en tout cas, que ce ne soit pas — comment je pourrais dire? — que
ce ne soit pas typiquement bureaucratique, que, finalement, on regarde ça avec
des critères autres et que le jeune ou, en tout cas, la relève qui travaille à
temps partiel ne soit pas pénalisé.
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
d'abord, je vous dirais, là... Puis, un, il y a une très grande coopération
entre les gens qui représentent la relève, là, la Fédération de la relève, La
Financière agricole, puis le MAPAQ. On a un
comité ensemble où on cherche toujours à voir comment on peut mieux les
accompagner, mais, dans un contexte où, je vous dirais, Mme la députée... Puis aussi, je partage la même chose,
quand je suis avec les gens de la relève, là, de toutes les juridictions
au Canada, là, l'endroit où il y a le meilleur arrimage possible entre les
ressources gouvernementales et puis les
besoins de la relève, là, c'est au Québec que ça se passe. Ça ne veut pas dire
qu'on ne peut pas faire mieux, mais,
au Québec, là, comment on est organisés en soutien à la relève, par le biais de
tous les programmes qu'on a, quand on se compare, on fait un très, très,
très bon travail.
L'idée d'avoir une différenciation, tu sais,
quand on est à temps plein, quand on est à temps partiel, et tout ça, au départ, là, si on remonte des études qui
ont été faites dans le passé sur l'importance de la professionnalisation du
métier d'agriculteur... Puis ça, ça remonte à longtemps, l'importance de
professionnaliser le métier d'agriculteur. Et puis,
quand... encore là, quand il y a eu la commission sur l'avenir de l'agriculture
puis de l'agroalimentaire du Québec, le fameux rapport Pronovost parlait
de l'importance de professionnaliser le métier d'agriculteur puis, ultimement,
de quasiment forcer la professionnalisation du métier d'agriculteur. Puis, à un
moment donné, d'avoir une disparité quand on est à temps plein, quand on est à
temps partiel, quand c'est en fonction du type de formation qu'on a eue, les métiers qu'on va chercher... Encore là, La
Financière vient récemment de venir amender les métiers qu'on couvre.
Comment on vient les accompagner, il y a toute une recette qu'on cherche à
maintenir puis à mettre en place, dont l'objectif est de faire en sorte que,
quand on a des gens qui s'investissent dans les champs, bien, ultimement,
qu'ils soient le plus qualifié possible.
Puis c'est dans ce contexte-là, à un moment donné, qu'on a une disparité. Si,
les gens, on est à temps partiel versus on est à temps plein, moi...
Mme Robitaille : Non, mais la
question est simple, là, M. le ministre : Est-ce que vous allez abolir
cette espèce de différence, de gouffre entre ces subventions-là pour le monde
qui sont à temps plein puis ceux qui sont à temps
partiel, parce que... puis aller un petit peu plus loin que... dans l'analyse
pour ne pas pénaliser ceux qui travaillent et qui se fendent en quatre
pour, justement, financer leur entreprise agricole, et qui sont pénalisés,
ultimement?
• (11 h 30) •
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
honnêtement, on n'entend pas... on n'entend pas apporter de changement drastique à cette façon-là d'accompagner la
formation de nos agriculteurs puis comment nos agriculteurs s'investissent
dans leurs pratiques. Après ça, le soutien qu'on leur donne, quand on parle de
la relève agricole... À peu près tous les programmes de La Financière agricole,
quand on fait partie de la relève, il y a un accompagnement additionnel qui est là, il y a une bonification additionnelle qui
est là. Juste dans la dernière année, là, c'est, je pense, 560 jeunes
qu'on a accompagnés, je pense, c'est à hauteur... tout près de
13 millions ou 12 millions de dollars qu'on est venus en
soutien. Puis ça, c'est sans compter, après ça, le soutien qu'on vient donner
aux entreprises que les jeunes démarrent. Mais
on a... Dépendamment des types de formation, dépendamment de l'engagement du
jeune dans son opération agricole, effectivement, il y a une
différenciation qui est faite au point de vue du soutien, puis il n'est pas
prévu, à court terme, de changer l'esprit de cette différenciation-là, là.
Mme Robitaille : Merci. Il y a un
article qui a... qui m'a interpelée beaucoup, le 24 décembre dernier, un
article, un éditorial, en fait, de Robert Dutrisac du Devoir et qui
parlait d'un règlement qui avait été proposé par un organisme lié à L'Union des
producteurs agricoles relativement... bien, les producteurs d'oeufs
d'incubation du Québec, qui... à limiter à
15 femelles et à cinq membres le nombre de bêtes qu'un éleveur peut
posséder, et à moins de 500 le nombre d'oeufs d'incubation qu'il peut produire
dans une année sans détenir de quotas et de production... de quotas
de production. En fait, vous me voyez venir, cette espèce de tension entre
l'agriculture industrielle et puis les petites fermes. Et je sais que vous êtes
très conscients de ça et vous êtes très sensibles à ça, mais est-ce que...
Et il y a énormément
de frustration aussi. Puis il y a vraiment une... des fois, des situations très
surréalistes, très absurdes. Je lis Robert
Dutrisac, qui dit : «Cet imbroglio», puis là on pense à... parce qu'il y a
eu un contentieux, hein, entre les grands producteurs d'oeufs
d'incubation du Québec et les petits producteurs d'oeufs artisanaux. Il
dit : «Cet imbroglio montre bien les
difficultés qu'éprouve l'agriculture de grand volume à s'adapter à l'émergence
de nouvelles formes d'agriculture. Il faut également souligner que les
pratiques agricoles élaborées au siècle dernier — ça, c'est il y a
20 ans — pour
accroître considérablement volumes et rendements doivent évoluer afin de
devenir véritablement durables.»
Et moi, je me
demandais, dans ce sens-là, les petits producteurs, ceux qui produisent, par
exemple, des oeufs avec des poules, des
poules qui ne sont pas commercialisées, comment vous entendez, dans cet
exemple-là, par exemple, venir
soutenir ces petits agriculteurs là, et en... et puis apaiser les tensions
entre les deux, puis apaiser aussi les frustrations de plusieurs de ces
nouveaux agriculteurs là qui font de l'agriculture de proximité?
M.
Lamontagne : Bien, je vous dirais, sans entrer dans le... parce qu'il
y une décision, là, de la Régie des marchés agricoles qui va être rendue
bientôt, là. Un, le sujet que vous abordez, ça semble simple à... quand on le
regarde à vue de nez, comme ça, là, mais c'est très technique, c'est assez complexe,
honnêtement. Et puis pour résoudre ce qui semblait être un enjeu en fonction
d'un règlement qui a été émis par la fédération des producteurs d'oeufs
d'incubation du Québec, là, puis qui a déclenché un peu ce brouhaha-là, bien là
il y a eu des représentations qui ont été
faites devant la Régie des marchés agricoles. Et puis les gens qui représentent
les agriculteurs de proximité, qui se sentaient interpelés par cette
modification-là, réglementaire, ont fait, pendant plusieurs journées, toutes
sortes de représentations devant la régie. Et puis on va voir la décision qui
va être rendue par la Régie des marchés.
Ceci étant dit, ce
qui est important, au Québec, là, puis ça a été un peu, depuis que je suis en
poste, un peu notre doctrine, si on veut, là, c'est : n'importe qui au
Québec, là, qui veut mettre son talent, sa passion pour pratiquer l'agriculture
puis ultimement au bénéfice de l'occupation de notre territoire, là, bien, il
faut qu'il puisse pratiquer son métier puis être capable de gagner sa vie
honorablement, bon, puis moi, depuis que je suis en poste, je vous dirais qu'il
y a un certain nombre de freins que je voyais, que je me disais : Bien,
ça, ce n'est pas optimal pour permettre aux personnes de gagner leur vie
honorablement. Bien, on a fait un nombre d'interventions, que ce soit en
soutien financier, que ce soit en soutien
réglementaire, puis vous allez voir encore... très bientôt, il va y avoir la
publication d'un règlement, là, qui
va venir, dans le cadre des changements qu'on a apportés ensemble à la loi par
le biais de la loi n° 103, là, où on va permettre au niveau de
l'agrotourisme, au niveau de la transformation, au niveau des petites
productions, on va pouvoir mettre encore davantage... on va donner de l'air, si
on veut, pour qu'ils puissent davantage s'exprimer. Bien, je vous dirais, ce dossier-là, qui est très technique,
honnêtement, bien, comme pour d'autres dossiers, on va attendre de voir
comment la régie va avoir accueilli les représentations de tous les groupes
puis, ultimement, où tout ça, ça va atterrir. Puis après ça, bien, on prendra
acte d'où ça va atterrir. Puis après ça, s'il y a des consultations à faire,
s'il y a du travail à faire pour faire en sorte qu'il y a des gens que c'est...
il y a des difficultés additionnelles qui leur sont causées puis il y a-tu des
façons qu'on pourrait intervenir pour les aider, bien, on va voir.
Mais là, pour tout de
suite, comme je dirais, tout l'espace a été laissé pour que tout le monde
puisse s'exprimer puis bien faire valoir leur position. Alors, voyons, là,
comment ça va être interprété par la régie. Mais, dans un contexte où, je vous
dis, je pense, depuis qu'on est en poste, on a démontré à quel point on est
mobilisés pour faire en sorte que
l'agriculture de proximité ou... comme je dis, les gens qui veulent s'investir
en agriculture, il faut leur
faciliter la vie. Puis vous l'avez vu, là, on vient d'annoncer, justement, le
projet pilote, les abattoirs de proximité. Encore là, vous voyez comment
ça... pas «de proximité», mais l'abattoir à la ferme, encore là, comment ça
s'inscrit dans cette volonté-là. On va avoir aussi bientôt un autre projet
pilote qu'on va annoncer.
Mme
Robitaille : Oui, justement, est-ce que vous pouvez nous donner une
primeur? C'est quoi, le prochain projet pilote que vous allez annoncer?
M.
Lamontagne : Bien, on en avait parlé pendant l'étude, là, c'est
l'utilisation du lait cru autre que du lait de vache à la ferme pour la
transformation, les tables champêtres, être capable de vendre sur les lieux des
produits qui vont être issus de la transformation alimentaire, là, de lait de
chèvre, ou de bufflon, ou...
Mme
Robitaille : Est-ce que... J'ai ouï dire qu'il y aurait peut-être un
projet de loi en préparation qui modifierait la cotisation syndicale, qui
permettrait d'exempter les petits producteurs, un projet de loi qui modifierait
la fameuse Loi sur les producteurs agricoles.
Le Président (M.
Lemay) : M. le ministre, vous aurez la chance de répondre à cette
question au prochain bloc avec l'opposition officielle.
Mme
Robitaille : Alors, pensez-y comme il faut, c'est important.
Le Président (M.
Lemay) : Mais, de ce pas, nous allons maintenant céder à la parole au
troisième groupe d'opposition. Mme la députée de Gaspé, la parole est à vous.
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. Bonjour, M. le ministre.
Salutations à toutes vos équipes. Je vois des visages connus derrière.
Je vais, en fait, emprunter, pour commencer, le
chapeau de mon collègue porte-parole en matière de pêche, parce que c'est un
peu dommage que le bloc ne soit pas scindé, là, que la pêche n'ait pas son
propre moment pour en discuter, mais c'est important qu'on puisse poser ces
questions-là. Je ne suis pas porte-parole en pêche, mais, bon, je connais assez
bien le secteur, pour être de la Gaspésie et être en contact direct avec cette
industrie-là, qui est très importante pour
la région de la Gaspésie, mais pour tout le Québec. Ça, je pense qu'on s'entend
là-dessus, le ministre et... Je connais ses valeurs, donc je sais que,
pour lui aussi, c'est important de reconnaître ce milieu-là.
Est-ce qu'en fait, comme première question, je
pourrais connaître la proportion du budget global du MAPAQ qui est dédiée,
destinée au secteur des pêches? Est-ce qu'on connaît ces données-là?
M.
Lamontagne : Bien, je dirais, le budget pour les pêches, c'est
13 millions de dollars. 13 millions de dollars pour le
personnel puis après ça pour la mise en oeuvre de certains programmes.
Mme Perry Mélançon : Ça, c'est au
sein du ministère?
M. Lamontagne : Oui.
Mme Perry
Mélançon : Puis est-ce
qu'il y a... Puis c'est combien, les
programmes, donc? Combien on investit, finalement, dans le secteur des
pêches par rapport au budget total?
M. Lamontagne : Bien, je dirais, le
budget total du ministère de l'Agriculture, Financière, et tout ça, c'est
au-dessus de 1 milliard de dollars, là.
Mme Perry Mélançon : Puis le secteur
des pêches?
M. Lamontagne : C'est
13 millions.
Mme Perry Mélançon : 13 millions?
M. Lamontagne : Oui.
Mme Perry Mélançon : Puis combien on
a d'employés dans le secteur des pêches présentement?
M. Lamontagne : À peu près
4 000.
Mme Perry Mélançon : 4 000.
M. Lamontagne : 4 000, oui,
4 000 employés.
Mme Perry Mélançon : 4 000
employés pour 13 millions de budget.
M. Lamontagne : Ah! vous voulez dire
d'employés... Non, non. Excusez-moi.
Mme Perry Mélançon : Non, non, non.
Ça... c'est ça, 4 000...
M. Lamontagne : Vous voulez dire des
employés qui travaillent, je veux dire, des pêcheurs, et tout ça?
Mme Perry Mélançon : Oui, dans
l'industrie de la pêche.
M. Lamontagne : Excusez-moi, mais,
Mme la députée, c'est 8 000 employés. Excusez-moi.
Mme Perry Mélançon : 8 000
employés. Vous aviez oublié les Îles-de-la-Madeleine.
M. Lamontagne : Parmi toutes nos
régions côtières, c'est ça, c'est 8 000, incluant la transformation, et
les pêcheurs, et tout ça, la récolte puis la transformation.
Mme Perry Mélançon : O.K. Puis vous,
comme ministre, est-ce que vous considérez qu'on appuie suffisamment, le
gouvernement, là, l'industrie des pêches dans la façon que c'est inclus, là,
dans le MAPAQ comme tel, que les relations
avec l'industrie, et tout ça, on accorde suffisamment, là, d'attention au
secteur des pêches puis à son développement, là, à son potentiel?
• (11 h 40) •
M. Lamontagne : Bien, honnêtement,
oui, honnêtement, là, je veux dire, le secteur des pêches au ministère, un, que
ce soit nos équipes qui sont aux Îles-de-la-Madeleine, nos équipes qui sont en
Gaspésie, nos équipes qui sont sur la Côte-Nord, comment
ils sont mobilisés, comment ils sont en contact tout le temps avec le milieu,
les gens au ministère. À côté de moi, j'ai
le sous-ministre qui en poste depuis des années puis que... c'est
M. Pêche, au Québec, là. Puis, je vous dirais, on a différents
programmes au ministère, puis, depuis que je suis en poste, là, bien, surtout
aussi avec notre volonté d'accroître
l'autonomie alimentaire, je vous dirais, entre autres par le biais du programme
des pêches, où on a, à la disposition des pêcheurs puis des entreprises,
là, 42 millions de dollars, là, pour investir, susciter des projets. On est sur toutes les tribunes pour
accompagner le plus de projets possible. On accompagne la transformation
des bateaux de pêche pour les nouvelles pêches qui s'en viennent. Tous les
pêcheurs au Québec, là, qui ont un projet de bateau, d'équipement, je vous
dirais, on est... le guichet est ouvert, là, tout le temps. Puis venez-vous-en,
venez nous voir.
Mme Perry Mélançon : Sauf pour la
grue portique.
M. Lamontagne : Pardon?
Mme Perry Mélançon : Sauf pour la
grue portique, que le fédéral a décidé que ça ne passait pas.
M. Lamontagne : Bien, ça, c'est un
dossier plus compliqué. Mais, encore là, je suis sur toutes les tribunes pour
faire en sorte qu'on trouve les bonnes résolutions à ces enjeux-là, là.
Mme Perry Mélançon : Ah! d'ailleurs,
est-ce qu'on a... est-ce qu'on a du nouveau, sur toutes les tribunes?
M. Lamontagne : Non, on n'a pas de
nouveau encore à ce niveau-là. Mais, juste pour vous rassurer, parce que, tu sais, on peut penser... on dit :
13 millions, ce n'est pas beaucoup, mais, je vous dirais, 13 millions, au
départ, on a... Cette année, les revenus qui sont... qui ont été tirés
de la pêche, là, ça a été le plus élevé jamais. Le débarquement sur les quais
du Québec, là, je pense que c'est 430 millions de dollars. C'est la
première fois, je pense, que ça passait en haut de 400 millions de
dollars.
Mais, quand
on prend 400 millions de dollars, c'est sûr, les revenus agricoles au
Québec, c'est 11,2 milliards, ça fait qu'on va dire
400 millions, mais, 400 millions dans des petites communautés comme
nos communautés côtières, c'est considérable.
Mme Perry Mélançon : C'est ça.
M. Lamontagne : Ça fait que je peux
vous dire, vous assurer, là, que le soutien, que ça soit au niveau des bateaux,
que ça soit au niveau des transformateurs, ce qu'on a en place, là, c'est
facilitant pour avoir le plus de projets possibles pour les... On ne peut pas
aller pêcher à leur place. Ça, c'est sûr.
Mme Perry
Mélançon : Bien non. Puis je pourrai parler d'un deuxième
dossier, justement. Mais avant d'y aller, la création du Fonds des
pêches, là, depuis... je pense que c'est 2018, là, on était justement rentrés
en poste, puis vous étiez venu l'annoncer, ça a bénéficié à combien
d'entreprises présentement, puis pour un montant total sur le 40 millions?
M. Lamontagne : Où on est rendus,
honnêtement, il y a 147 demandes qui ont été déposées. Il y a
85 projets qui ont été approuvés pour
12 millions de dollars. Puis il y a 18 autres projets... 10
autres projets qui sont en processus d'approbation,
huit qui sont en cours d'analyse, puis 16 autres qu'on attend des
annonces... des nouvelles des bénéficiaires. Puis, au total, les
investissements que les 85 projets approuvés, là, ont générés, c'est
31 millions de dollars. Puis je vous
dirais que, dans ce dossier-là aussi, la mise en oeuvre du programme, ça a été
un peu laborieux. Puis après ça on a eu la COVID qui n'est pas venue
aider, là, mais, dans la dernière année, là, si on veut, les derniers
12 mois, il y a 60 % de ces projets-là. Ça fait que je peux dire que
l'erre d'aller du programme, là, est vraiment prise.
Mme Perry Mélançon : Ça commence.
M. Lamontagne : Puis après ça on
avait un enjeu aussi avec le fédéral sur la question de la définition de
l'interprétation de la norme d'innovation. Puis je vous dirais que juste au
niveau des équipes de fonctionnaires, ces différences-là
ont été résolues. Alors, comme je dis, là, depuis la dernière année, là, on
voit, là, qu'il y a vraiment une effervescence pour le programme, là.
Mme Perry Mélançon : Puis, bien,
comment ça va, justement... Vous m'ouvrez la porte sur les liens avec le
fédéral. Là, vous vous êtes entendus sur les normes d'innovation, tout ça, dans
le programme. Mais, de façon plus générale, c'est quoi, sur une base régulière,
vos liens avec la ministre des Pêches?
M.
Lamontagne : Bien, je vous dirais que, première des choses,
moi, depuis que je suis ministre de l'Agriculture puis des Pêches, ça
fait trois ministres des Pêches fédéraux que je passe...
Mme Perry Mélançon : Jamais un
Québécois?
M.
Lamontagne : ...que je passe, puis, par contre, depuis que
Mme Murray est en poste, là, ça fait trois fois que j'ai des échanges avec
elle, et puis elle est bien au fait des besoins qu'on nomme. Entre autres, les
enjeux par rapport au Fonds des pêches, pour moi, c'était très, très important
parce qu'ultimement c'est de l'argent qui est disponible pour nos
transformateurs puis nos pêcheurs. Puis je veux qu'on dépense cet argent-là,
puis je veux qu'on accepte des projets. Et, c'est sûr, il faut que ça cadre
avec l'objectif des programmes, là, mais faisons preuve d'un peu de créativité,
là, pour que ça fonctionne. Mais, honnêtement, la relation avec le gouvernement
fédéral, on fait des représentations. Toute
la question de la pêche du sébaste — vous
devez vous intéresser à ça — bientôt,
là, il va y avoir la reprise de la pêche du sébaste, les quotas qui vont
revenir au Québec. Après ça, nous, de notre côté, tout de suite on accompagne
pour faire les transformations dans les usines, les bateaux, pour être
capables, dans la mesure de bien être synchronisés avec l'arrivée de la pêche.
Mais, honnêtement, les échanges sont cordiaux. Il y a des enjeux, là, mais
c'est des enjeux qu'on cherche à résoudre.
Mme Perry
Mélançon : Oui, bien, ça, je peux déjà vous saluer pour votre
intervention pour qu'on démarre la saison plus tôt, là, quand les glaces
étaient déjà disparues en Gaspésie. Donc, ça, ça a été salué par les acteurs.
Il y a un dossier qui
est plus litigieux présentement, puis je veux qu'on prenne le temps d'en parler
parce que je sais que c'est une décision du MPO, mais ça coûte très cher à nos
pêcheurs pélagiques. Donc, vous êtes au courant que la fermeture de la pêche au
maquereau et au hareng s'est fait la veille du départ de nos pêcheurs. Il y a
une trentaine de pêcheurs qui se retrouvent le bec à l'eau, comme on peut dire,
qui avaient investi des grosses sommes, des centaines de milles, là, pour de
l'équipement pour partir, et là on parle d'une fermeture. Définitive ou non, on
ne le sait pas trop. Ce n'est pas un moratoire non plus qui a été annoncé, donc
pas de compensation ni rien, vraiment, on est comme dans vraiment un trou noir,
là, puis même financièrement, là.
Donc, ces
pêcheurs-là, je me suis entretenue avec eux. Puis, tu sais, ça revient souvent,
quand même, dans les discussions que les pêcheurs au Québec, là, ne sont pas
considérés vraiment par le fédéral, là, c'est comme s'ils n'existaient pas du
tout. On leur enlève complètement leur gagne-pain du jour au lendemain, puis il
n'y a absolument rien qui est fait, là, pour les aider. Eux autres, ils veulent
pêcher, mais, en même temps, ils sont conscients que, si on n'est pas capables
d'ouvrir pour, bon, aller chercher un petit quota ou une autre ressource, bref
une certaine forme de compensation... Et je sais que vous avez aussi été
interpelé là-dessus. Donc, pour faire un peu le suivi, je voudrais
savoir : Est-ce que vous aviez été averti, d'abord, par la ministre
fédérale de cette fermeture-là avant les pêcheurs, avant le moment fatidique?
Comment ça s'est passé?
M. Lamontagne :
Bien, je vous dirais, il y a des discussions, si on veut, ou des échanges
d'informations entre les fonctionnaires, et tout ça, mais, de façon formelle, à
savoir : La semaine prochaine, je ferme ça, non, je n'ai pas eu un appel de la ministre qui m'a dit ça. Par
contre, je vous dirais... Un, juste pour spécifier, moi, ce qu'on dit, là,
c'est à peu près une dizaine de pêcheurs, là, que ça affecte directement, là.
Mme Perry
Mélançon : On m'a parlé de 32, moi.
M.
Lamontagne : Puis la première
représentation qu'on fait au gouvernement fédéral, c'est d'être en accompagnement
avec ces gens-là, là, que leurs pratiques sont vraiment bouleversées.
Ça fait que, moi,
c'est les premières représentations que j'ai faites, là, avec Mme Murray.
Puis d'ailleurs j'ai une lettre, si elle n'est pas partie, elle sur la veille
d'être mise à la poste.
Mme Perry
Mélançon : Qu'est-ce qui est demandé dans cette lettre-là? Qu'est-ce
qu'on appuie comme demandes des pêcheurs pélagiques, l'association? Moi, on parlait
plutôt de 30 quelques pêcheurs ou, en tout cas, emplois directs qui sont concernés, là, par le trou noir. En plus, c'est
ça, ils n'auront pas été qualifiés pour l'assurance chômage. Donc,
j'aimerais savoir, oui, qu'est-ce qu'on appuie, finalement, de la partie
Québec?
M. Lamontagne :
Bien, dans un premier temps, là, les gens qui avaient des quotas, si on
veut, ou qui étaient autorisés à faire cette pêche-là, qu'ils ne puissent plus
la pratiquer du jour au lendemain puis qui n'ont pas eu comme l'opportunité de
se revirer sur un dix cents, si on veut, là, bien, le premier, c'est le
soutien, c'est la demande que ces gens-là
soient compensés puis qu'ils soient accompagnés. Si, après ça, parce que
je n'ai pas le détail, là, Mme la députée, mais, s'il y a des gens qui
se ramassent puis qui sont sans revenu, subitement, du jour au lendemain, puis
vous parlez des autres soutiens à l'emploi,
et tout ça, puis qu'il y a des choses à faire pour chercher à... bien, à être
créatif, encore là, pour venir atténuer
l'impact, là, c'est certainement des représentations qu'on va faire, comme on
l'a fait... Quand on est arrivés avec
la COVID, si on veut, écoutez, ça a tout bouleversé. Puis
finalement, bien, écoute, il y a des amendements à certaines pratiques
qui ont été faites, puis on a réussi à accompagner les gens. Mais, la première
des choses, c'est les gens qui détiennent ce droit de pêche là puis qui,
subitement, bien... ils peuvent bien détruire leur pêche, mais ils ne peuvent
plus pêcher. Bien là, tu sais, d'avoir un soutien pour ces gens-là, là...
• (11 h 50) •
Mme Perry
Mélançon : Oui, c'est ça. Parce qu'on se rappelle quand, le homard, ça
allait beaucoup moins bien que c'est le cas
présentement, là. Là, ils sont chanceux, c'est eux qui connaissent le meilleur
succès, là, présentement. Quoique la météo n'a pas été favorable
dernièrement, mais bon. Il y avait des quotas de crabe qui leur ont été donnés,
puis je pense qu'ils en bénéficient encore. M. Aziz pourra en témoigner.
Et c'est ça, en fait, ma question, bien,
c'est : Est-ce qu'il y a potentiellement une façon de compenser avec
d'autres ressources? Ça, ça doit être, encore une fois, au fédéral que ça se
discute. Mais même... Tu sais, c'est parce qu'on se
faisait la réflexion avec les acteurs de la pêche : dans le monde
agricole, quand la météo ou un facteur externe
vient chambouler leur saison, on va les compenser, il existe des programmes
pour les aider rapidement. Puis ça, c'est le Québec. Donc, qu'est-ce
qu'on envisage pour... Parce que la ressource, elle bouge beaucoup dans
l'océan. On sait qu'il y aura des fermetures temporaires de zones. Puis je
pense que l'industrie a beaucoup été présente pour aider les ministères à bien
connaître les données. On fait déjà beaucoup de travail là-dessus. Donc,
comment on fait pour, nous, les aider en cas de problème majeur?
M. Lamontagne : Bien, un, ce
que le sous-ministre me dit, c'est qu'il y a certaines personnes qui ont ces
quotas-là, mais aussi qui sont pêcheurs de homards, hein? Ça fait qu'ils doivent
être en mesure, un peu, de se compenser.
Mais ultimement, ce que je vous dis, c'est que, s'il y a des gens, de par cette
décision-là, qui se ramassent qu'ils n'ont pas de revenus, qui sont
privés de leur gagne-pain, là, bien, dans un premier temps, on a interpelé le
gouvernement fédéral, qui a pris cette décision-là, pour voir quelle sorte de
soutien il pouvait... quelle sorte d'écoute puis quelle sorte de soutien qu'il
pouvait leur donner. Puis après ça on va prendre acte, là, de ce qui se passe avec
le gouvernement fédéral à ce niveau-là, là.
Mme Perry Mélançon : Puis
est-ce qu'on pourra avoir peut-être un suivi...
M. Lamontagne : Tout à fait.
Mme Perry Mélançon : ...de la
lettre qui sera envoyée, tout ça, les transcriptions?
M. Lamontagne : Ça, je vous
invite à être en contact avec mon cabinet, là, avec Jean-Bernard Marchand, là,
qui est notre M. Pêche au point de vue du cabinet, là.
Mme Perry Mélançon : On en a
chacun un, hein, un M. Pêche, dans nos bureaux?
M. Lamontagne : C'est ça.
Mme Perry Mélançon : Oui, je connais
bien M. Marchand.
M. Lamontagne : Mais
n'hésitez pas à communiquer avec Jean-Bernard, là, pour... Il va vous donner
l'heure juste, là, sur tous les dossiers qu'on a à s'occuper, là.
Mme Perry Mélançon : Oui. Bien,
je voulais prendre le temps parce que je me suis engagée à le faire auprès des pêcheurs pélagiques. Puis ce n'est pas
la réalité de tout le monde, d'avoir d'autres quotas, là. Il y en a qui...
pour qui... Ils vivent de ça, puis c'est
vraiment eux qu'on tente d'aider là-dedans. Parce que je trouve que c'est
inhumain, là, de faire ça, dans... peu importe le secteur économique,
là, de fermer comme ça, sans préavis, puis de ne même pas compenser. Je veux
dire, c'est inimaginable, là, dans quel monde qu'on est présentement. C'est le
monde du fédéral, c'est le monde du Canada. Mais, ça, on doit vivre avec puis
on a besoin d'un ministre des Pêches qui se tient debout pour le Québec parce
que c'est vraiment une industrie, pour nous, qui est hyperimportante puis qui a
besoin d'avoir toute l'attention requise. Puis ça fait que c'est pour ça que je
veux m'assurer que toutes les communications soient faites puis qu'on trouve
une issue, là.
M. Lamontagne : Tout à fait.
Puis, je vous dirais, c'est un enjeu qui est important. En même temps, ce qu'on vit présentement, il y a quand même une
belle effervescence dans tout ce secteur des pêches, là. En Gaspésie, les
Îles-de-la-Madeleine, sur la Côte-Nord, là, la ressource est disponible. Puis,
comme je vous dis, les débarquements, même,
il y a beaucoup d'investissements au niveau des transformateurs. Mais il y a
des défis, il y a des enjeux, là, qui sont importants, là.
Mme Perry Mélançon : Bien,
j'aimerais peut-être en connaître davantage sur la question des données. Je
sais que le Québec doit peser à quai, faire... tu sais, donner ses prises, tout
déclarer de façon très, très rigoureuse, puis on m'informe que ce n'est pas le
cas partout ailleurs, et que, souvent, on a été comme défavorisés de ça parce
que, là, bien, c'est avec ces données-là, finalement, que le MPO prend des
décisions comme ça, de fermer la pêche au hareng et au maquereau. Puis on
dit : Bien, quand les données seront meilleures, vous pourrez... on
rouvrira le secteur de la pêche. Mais qui leur apportera ces données-là? On
dirait...
Je ne comprends pas encore pourquoi, en 2022, le
système de données... Est-ce qu'on peut... Tu sais, c'est des experts, puis je ne veux pas... les
scientifiques, tout ça, je ne veux pas contredire leurs données puis dire
qu'ils n'ont pas pris la bonne décision, mais est-ce qu'on peut vraiment
s'assurer que, quand on fait des prises de données dans un secteur, que ce n'est pas juste que la ressource est allée un peu
ailleurs puis que, là, on ferme? Tu sais... Est-ce qu'on a des
informations à nous transmettre par rapport à ça?
M. Lamontagne : Bien,
tu sais, je dois vous dire que... exemple, à partir du moment, quand la
ressource est... La disponibilité de la ressource, là, c'est sous
juridiction fédérale. C'est vraiment les scientifiques du gouvernement fédéral,
là, du ministère des Pêches, là, qui évaluent. Ils sont en constante évaluation
des différentes ressources qu'on a dans tous les plans
d'eau sous juridiction fédérale où il y a ces pêches-là. Après ça, quand la
ressource est amenée à quai, quand la ressource est pesée à quai, encore là,
c'est de ressource fédérale, c'est de juridiction fédérale. Ça fait que c'est toute la pesée, le suivi des espèces,
c'est vraiment sous juridiction, là, du gouvernement fédéral puis du ministère
des Pêches, là.
Mme Perry Mélançon : Les
provinces maritimes sont assujetties aux mêmes exigences?
M. Lamontagne : Oui, oui, oui,
tout à fait.
Mme Perry
Mélançon : O.K. Donc, ils doivent aussi assurer de rendre
toute l'information sur les prises, puis la quantité, puis le poids, et
tout ça.
M. Lamontagne : Tout à fait,
tout à fait, oui.
Mme Perry Mélançon : O.K. Ça,
je vais m'informer de mon côté parce que ce n'est pas l'information qu'on m'a transmise. Et c'est un peu aussi toute cette
question-là que les Québécois, les pêcheurs québécois se sentent un peu
brimés, par moment, parce qu'ils en font beaucoup pour peu de rendement ou peu
d'accompagnement.
M. Lamontagne : Et la question de la ressource, tantôt, vous avez
dit : Ça se promène. Ça se promène vraiment, la ressource, hein?
Mme Perry Mélançon : Oui.
M. Lamontagne : Puis, si vous
parleriez peut-être aux pêcheurs de homard du Maine, bien, ils commencent à
regarder, puis, à cause des changements dans les températures d'eau, bien, on
commence à avoir plus de homards au Québec, qui s'en vient chez nous. Puis
même, si vous regardez ce qui se passe chez nous, sur la Côte-Nord, maintenant,
ils veulent avoir des quotas de pêche au homard parce que, écoute, c'est rendu
que les homards sautent quasiment. Mais il y a vraiment un déplacement des
ressources, si on veut, là. Ça fait que c'est... d'un point de vue
scientifique, si on veut, là, c'est un défi qu'ils ont de faire un suivi, après
ça, de la capacité des ressources, parce que, nous, on fait une ponction chaque
année — quand
je dis «nous», nos pêcheurs — on va récolter ces ressources-là, mais,
encore là, dans un contexte de durabilité, là.
On se souvient ce qui s'était passé avec la
morue en 1992, quand il y a eu officiellement le...
Mme Perry Mélançon : Le moratoire.
M.
Lamontagne : ...le
moratoire, là. À l'époque, ça avait créé une grande crise. Mais, ce n'est pas
compliqué, il n'y en avait plus. Tu sais, on avait vraiment asséché les
fonds. Ça fait que c'est...
Mme Perry Mélançon : Mais la
conclusion, M. le ministre, c'est que le fédéral prend toutes les décisions
pour le Québec en ce qui concerne la gestion de la ressource puis des zones de
pêche. Donc, on ne nous avise pas non plus, au niveau du Québec, dans ces
décisions-là, qui ont un gros impact pour l'industrie chez nous.
On se sent comment dans tout ça? Comment on
règle ce problème-là pour que ça n'arrive plus? Comment on peut s'assurer que
le Québec ait une plus grande emprise?
M. Lamontagne : Bien,
je vous dirais, d'abord, la question des pêches, là, essentiellement, c'est de
juridiction fédérale, tu sais, la pêche commerciale.
Mme Perry Mélançon : Devrait-on
ramener ça au Québec?
M. Lamontagne : Bien
là, c'est un grand contentieux, là, parce que les eaux, la navigation. On sait
quand c'est...
Mme Perry Mélançon : Mais vous,
aimeriez-vous ça?
M. Lamontagne : ...quand c'est
sur les lacs...
Mme Perry Mélançon : Vous, là,
seriez-vous en faveur de rapatrier la pêche ici, au Québec?
M. Lamontagne : Bien, moi, ce que
je suis en faveur de faire, c'est de faire le meilleur accompagnement possible
à ceux-là qui décident que, dans leur vie, la façon qu'ils veulent gagner leur
vie puis nourrir leur famille, bien, c'est
par la pêche puis par la transformation des produits de la pêche. Ça fait que,
moi, mon travail... puis les gens du ministère sont investis à faire en
sorte de leur donner le meilleur accompagnement possible.
Mme Perry
Mélançon : Bien, je veux
saluer, justement, ces équipes-là, avec qui la collaboration se fait bien,
autant mon bureau qu'avec les gens de l'industrie. Puis, bien, on espère
vraiment pouvoir trouver des solutions à ces problèmes-là qui reviennent, c'est récurrent. Donc,
merci d'être là. Puis je passerai le message. Les gens seront contents, déjà,
de l'entretien.
M. Lamontagne :
Merci, Mme la députée.
Le Président (M. Lemay) : Alors,
merci beaucoup, Mme la députée de Gaspé. Ceci complète votre bloc d'échange.
Et je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé pour son dernier
bloc d'échange.
Mme Robitaille :
Oui. Alors, on s'était laissés, M. le ministre, sur une rumeur. Est-ce que
vous pouvez...
M. Lamontagne :
Sur quoi? Excusez-moi.
Mme Robitaille :
Sur une rumeur.
M. Lamontagne :
Ah! la rumeur.
Mme Robitaille :
Parce qu'il y avait la rumeur que, justement, il y avait un projet de loi
qui se préparait, un projet de loi qui voulait modifier la cotisation syndicale
qui permettrait d'exempter les petits producteurs au détriment de... en tout cas, en fait, que la cotisation syndicale ne
serait pas un prix fixe, mais qu'elle serait... qu'elle se... bien, en tout cas, on la penserait, et il y aurait
un projet de loi dans ce sens-là. On pense à la fameuse Loi sur les producteurs
agricoles. Alors, votre réponse, c'est quoi?
M. Lamontagne :
Bien, en réalité, pour être plus spécifique, là, toute la question de la
cotisation, la forme des cotisations, là, des
gens qui sont membres de L'Union des
producteurs agricoles... puis c'est
vraiment une réglementation de L'Union des producteurs agricoles. Par
contre, dans la...
Mme Robitaille :
Puis c'est né de la Loi sur les producteurs agricoles, hein?
M. Lamontagne :
Tout à fait. C'est né de la Loi sur les producteurs agricoles.
Mme Robitaille :
Donc, qui n'a pas été amendée depuis très, très, longtemps donc.
M. Lamontagne :
Puis L'Union des producteurs agricoles fait des représentations depuis
quelques années pour que le gouvernement amende... je pense que c'est
l'article 31 de la Loi sur les producteurs agricoles, pour leur permettre de procéder à une modernisation, si on
veut, là, de leur façon de cotiser leurs membres, à savoir exactement,
là, concrètement, ça va se traduire comment parmi leurs membres, les
modifications qu'ils veulent faire.
Moi,
à l'époque, quand ils m'en ont parlé la première fois, bien, j'ai dit :
Assurez-vous, dans un premier temps, un, de faire en sorte que vous avez
l'adhésion de la totalité de vos membres, si vous êtes pour changer votre mode de
cotisation. Moi, le ministre, là, ce n'est pas moi qui vais prendre parti, là,
puis décider : Oui, oui, correct, faites ça, puis après ça je vais commencer à recevoir des téléphones puis que... Tu
sais, moi, ma business, c'est d'être en accompagnement du secteur
agricole, ce n'est pas de faire de la job syndicale, tu sais.
Mme Robitaille :
Non, je comprends.
• (12 heures) •
M. Lamontagne :
Ça fait que, là, ce que je leur ai demandé de faire, c'est vraiment de
faire leurs devoirs, à savoir de s'assurer que ce qu'ils vont présenter...
Parce qu'ultimement ils vont présenter cette modernisation-là pour approbation
à la Régie des marchés agricoles. Ça va devoir avoir l'assentiment de la Régie
des marchés agricoles. Puis la Régie des marchés agricoles peut arriver puis
leur dire : Bien, écoutez, ça, non; plutôt, on vous suggère des choses
comme ça, bon.
Ça fait que, là, moi,
ce que je comprends, là, lors de leur dernière assemblée générale, ils ont
adopté une résolution dans laquelle... Je pense qu'ils ont adopté ce qui
devrait être leur nouveau mode de cotisation ou un peu les orientations de leur nouveau mode de cotisation. Puis, suite à ça,
ils ont fait... ils ont adopté une résolution qui demandait au
gouvernement d'aller... venir modifier la loi. J'ai rencontré la direction de
l'UPA il y a quatre ou cinq semaines peut-être.
On en a parlé. Il est prévu, là, d'ici les semaines ou mois qui s'en viennent,
là, qu'ils vont me présenter... Parce que
je veux comprendre ce qu'ils veulent faire avant de voir s'il y aurait lieu
pour le gouvernement, de les accompagner là-dedans, là. Mais on...
jusqu'à maintenant, il semblerait qu'ils ont fait une bonne partie de leurs
devoirs là, ça fait qu'on va continuer à les accompagner, là.
17
841
Mme Robitaille : Donc,
vous êtes à pondre un projet de loi?
15
401
M. Lamontagne : Pardon?
17
841
Mme Robitaille : Vous
êtes à pondre un projet de loi, qui... Non?
15
401
M. Lamontagne : Non,
pas du tout. Non, non, là, je ne suis pas à pondre rien, là, honnêtement.
17
841
Mme
Robitaille : En parlant d'agriculture.
15
401
M. Lamontagne : Je
ne suis pas du tout dans la ponte, mais on a une demande de venir faciliter des
modifications qu'ils veulent faire, puis on avait des questions, on a eu des
réponses. Puis il y a encore des échanges à avoir
à ce niveau-là, là, mais c'est à suivre. On est bien au fait, là, de ce qu'ils
apprécieraient qu'on puisse faire avec eux là.
17
841
Mme Robitaille : Merci.
Le Plan d'agriculture durable, donc, mes collègues en ont parlé tout à l'heure.
Je voudrais avoir des précisions. Donc,
125 millions en cinq ans. En fait, le plan est pour 10 ans, mais
c'est 125 millions pour cinq ans. Pourquoi pas un... pourquoi pas
une planification, en termes de sous aussi, pour 10 ans?
15
401
M. Lamontagne : Bien,
au départ, là, vous remarquerez, quand il y a des initiatives qui sont
financées par le gouvernement, à chaque fois que le gouvernement présente un
budget, ce qu'il faut regarder là, c'est tout le temps pour un maximum de cinq
ans. Alors, le gouvernement ne prendra pas d'engagement ou le ministre des
Finances ne prendra pas d'engagement... Je vais lui dire : Finance-moi ça
pour les 10 prochaines années, mais, en réalité, ils vont financer ça pour
cinq ans. Puis, après ça, bien, on a des demandes à faire, en fonction, aussi,
de l'évolution de... du dossier. Le plus bel exemple, c'est, à l'époque, la
Politique bioalimentaire avait été financée pour cinq ans, puis moi, je me ramassais, là, que... cette année, je pense
que c'est 133 millions de dollars que je me ramassais que je n'avais
plus de financement à partir de la
prochaine année. Puis on a vu, là, que, finalement, bien, on a reconduit toutes
les initiatives de la politique, puis
une flexibilité dans les budgets, à la hauteur d'au-dessus de
500 millions de dollars, là, pour les années qui s'en
viennent.
Alors, le Plan
d'agriculture durable, c'est le même principe. C'est un budget qu'on a eu pour
cinq ans, pour 125 millions de dollars, puis j'ai expliqué un petit
peu, tantôt, qu'est-ce qui en était. Puis, après ça, bien là, on vient d'avoir
déjà, vous voyez, un 29 millions additionnels, qu'on est allés chercher
pour l'an prochain.
17
841
Mme Robitaille : Mais
29 millions, on s'entend, c'est pour cinq ans aussi ou c'est juste pour un
an, ça? 29 millions, moi, ce que je comprenais, c'est que c'était pour
cinq ans. Donc, c'est... ça fait un peu... ça fait à peu près 5,8 millions
par année.
15
401
M.
Lamontagne : Oui, bien, c'est pour venir en accompagnement, là,
avec à peu près... on a 1 000 producteurs qu'on va venir
accompagner, là, en fonction du système de rétribution de ces 29 millions
pour...
17
841
Mme Robitaille : Pour
cinq ans?
15
401
M. Lamontagne : Bien,
en réalité, je pense, ça s'étend sur quatre ans, là, entre le premier paiement
puis le dernier paiement, là. C'est sur le
nombre d'années financières du gouvernement, si on veut, là, mais ça donne, je
pense, à peu près 6 point quelques
millions de dollars par année, ou 7 millions de dollars par année,
quelque chose comme ça.
17
841
Mme Robitaille : Donc,
le fameux programme de rétribution, là, qui s'est envolé comme des petits pains
chauds, là, au mois d'avril, bon, ça,
c'était... ça, c'était 14 millions pour l'année. En fait, 70 millions
sur cinq ans, 14 millions par année. Là, tout à l'heure, je vous ai
entendu parler d'une nouvelle cohorte en septembre. Donc, la tranche, là, en
avril, c'était 14 millions qui a été...
15
401
M. Lamontagne : Oui,
oui, qui a été... la caisse a été vidée.
17
841
Mme Robitaille : Oui?
Donc, la caisse a été vidée. Bien, on en reparlera, parce que, oui, c'est vrai
qu'il y a un appétit, mais il faudrait en avoir plus.
15
401
M. Lamontagne : C'est
pour ça qu'on en rajoute 29.
17
841
Mme
Robitaille : Oui, mais là le 14 millions de plus... Donc,
il y aura un 14 millions qui sera dépensé à l'automne?
15
401
M. Lamontagne : Bien,
c'est-à-dire, 14 millions par année, pour les prochaines années, qui va se
dépenser.
17
841
Mme Robitaille : Non,
mais là vous avez déjà dépensé 14 millions...
15
401
M. Lamontagne : Pour
1 834 producteurs, puis là ils sont engagés pour plusieurs années,
parce qu'eux autres on va les payer chaque année. Là, on vient de leur donner
40 %... Mettons que, vous, vous avez souscrit, là, puis vous avez pogné
toutes les coches... les cases, puis c'est 50 000 $. Bien, on vous a
envoyé un chèque, déjà, de 20 000 $.
40 % du 50 000 $, on vous l'a déjà payé. Puis, après ça, vous
avez vos engagements, puis, à chaque saison... en fin de saison, à
l'automne, vous allez faire une reddition de comptes, puis, après ça, on va
venir vous repayer pour l'année en cours, le résiduel. Puis ça, c'est pendant
trois ans, puis ça s'étend sur quatre années financières, si on veut.
17
841
Mme Robitaille : Donc
le total, si je comprends bien, là, donc, c'est qu'il va être récurrent, le
14... Bien, il...
15
401
M. Lamontagne : Ceux
qui se sont inscrits cette année, ils vont se faire payer chaque année, là,
pour les prochaines années. Puis le 29 millions, c'est qu'on va en avoir
1 000 ou 1 100 nouveaux, qui vont s'inscrire, probablement, à
l'automne, ça va commencer avec la saison prochaine. Eux autres, on va leur
envoyer une avance aussi. Ça fait que ce 29 millions-là aussi va être
dépensé au cours des prochaines années, pour venir accompagner 1 000 ou 1 100 nouveaux
producteurs, productrices qui vont souscrire à l'activité de rétribution
agroenvironnementale.
• (12 h 10) •
17
841
Mme Robitaille : O.K.,
mais... C'est ça. Parce qu'il y a, évidemment, un appétit, un appétit qui n'est
pas pour rien, parce que ça coûte cher, aussi, s'arrimer, et il y en a qui
disent : 14 millions... Puis même si on ajoute un 5,8 millions par année, ce n'est pas suffisant,
en fait, c'est très... C'est O.K., mais, je veux dire, ce n'est pas beaucoup,
considérant tout l'arrimage qu'il faut mettre en place pour justement, être
plus verts. Donc, est-ce que... donc, ça s'arrête là, 29 millions sur cinq
ans? Vous n'avez pas...
M. Lamontagne : Bien, en réalité, en réalité, ce n'est pas 29,
c'est 125... Quand on parle d'arrimage, là, il y a la rétribution, il y
a la recherche, il y a le transfert de connaissances, il y a la formation, il y
a l'accompagnement, les plans de mise en oeuvre. Ça fait que, quand on met tout
ça ensemble, là, on investit 125 millions pour faire ça. Puis,
aujourd'hui, on a une mobilisation sans précédent sur le territoire, qui
converge vers une direction, c'est rencontrer les
objectifs du Plan d'agriculture durable, qui est de réduire les pesticides,
réduire les fertilisants de synthèse, améliorer la santé des sols, la
qualité de l'eau, puis augmenter la biodiversité sur les fermes.
Mme Robitaille : Mais
comment vous voyez le montage financier par la suite, là, considérant cet
engagement-là? Je veux dire...
M. Lamontagne : Bien, moi, ce
que je vois, honnêtement, là, c'est que, un, je vais être un petit peu chauvin,
là, mais c'est vraiment un bon plan, puis, s'il est bon, ce plan-là, ce n'est
pas nécessairement... Oui, honnêtement, on a des gens fantastiques, au
ministère, qui ont vraiment fait un bon travail, mais où c'est un bon plan,
c'est comment... c'est tout le milieu qui est mobilisé. On a 40 plans
individuels, là, différents groupes, partout sur le territoire, on a
13 plans régionaux, puis tous ces gens-là, là, travaillent en synergie.
C'est ça, la beauté. C'est que non seulement on a réussi à mobiliser les gens,
mais, maintenant, ils sont organisés, puis ils sont coordonnés, puis il y a un
processus, aussi, de reddition de comptes vers l'atteinte des cibles.
Puis ça, ce
plan-là, honnêtement... Vous le savez aussi bien que moi que la pression de
toute la question environnementale, les changements climatiques, les
pesticides, la santé des sols, ce n'est pas quelque chose qui va aller en diminuant, c'est quelque chose qui va
aller en augmentant. Alors, moi, dans un contexte où mon gouvernement ou
un gouvernement futur est organisé comme ça, puis mobilisé comme ça, sur le
terrain, pour améliorer le bilan agroenvironnemental du secteur agricole,
agroalimentaire, bien, je pense qu'il va toujours y avoir une oreille attentive
du ministre des Finances de quelque gouvernement que ce soit pour venir donner
les ressources que ça prend pour rencontrer les objectifs, quand c'est bien
organisé comme ça, là, que ce n'est pas des pensées magiques, en l'air, là, mais que c'est concret, sur le
terrain, des cibles, des mobilisations, des groupes, des plans. Tu sais, c'est
très, très concret, là, l'effort qui est coordonné sur le terrain
présentement, là.
Mme Robitaille : Mais ça, ça
cible surtout tous ceux qui sont dans le domaine du grain, les propriétaires terriens, là, les producteurs maraîchers, mais les
producteurs qui sont plus dans le monde animal, là, les producteurs de
bovins, et tout ça, ne peuvent pas bénéficier de...
M. Lamontagne : Oui, oui.
Mme Robitaille : Ils peuvent
bénéficier de ça aussi?
M. Lamontagne : Bien, ils
peuvent en bénéficier... Je n'ai pas le chiffre exact avec moi, là, je l'ai
donné quand je suis allé devant les
producteurs... les producteurs bovins. Mais, naturellement, le plan
d'accompagnement, c'est pour ceux-là qui ont des pratiques culturales.
Alors, si tu as un élevage, mais, en même temps, tu as des pratiques culturales, bien, on vient t'accompagner si tu en
fais la demande, si tu as de l'intérêt pour être accompagné par rapport
à tes pratiques. Parce que l'objectif, c'est
de changer des comportements de cultures. Alors, si tu n'as pas ces
cultures-là, bien, c'est sûr qu'on ne
t'accompagnera pas, mais, aussitôt que tu as des cultures puis qu'il y a des
activités, dans tes cultures, qui sont couvertes par le plan de
rétribution, bien, il y a possibilité de les accompagner.
Sur la totalité des 1 834, là, il y a
40 % que c'est des producteurs de grandes cultures, des producteurs de
grain. Ça veut dire qu'il y a 60 %... c'est des producteurs laitiers,
c'est du producteur bovin, c'est des gens qui sont dans le maraîcher, c'est des
gens qui sont dans toutes les autres productions, mais qui ont des activités.
Parce qu'on veut améliorer la santé des sols, bien, c'est la couverture de
sols, matières organiques. On veut... tu sais, c'est ciblé, ce qu'on veut
faire. Alors, ce qu'on dit : Si tu changes ta façon de faire par rapport à
ça, là, on va te donner des sous. Bien, il y a 40 % des gens qui se sont
embarqués. Il y a 74 producteurs bovins... 79 qui sont... qui ont souscrit
au programme puis qui sont bénéficiaires d'une entente avec La Financière, de
rétribution, au moment où on se parle.
Mme Robitaille : C'est quoi,
vos cibles? Est-ce qu'on peut penser que l'année prochaine, il va y avoir
encore plus? Ce ne sera pas 29 millions, ça va être encore plus? C'est
quoi vos cibles?
M. Lamontagne : Bien, honnêtement, l'an prochain... parce que...
Écoutez, c'est sûr que ça s'est fait tellement vite cette année, là, il
y a du monde qui sont restés sur leur appétit, qui auraient voulu participer
puis qui ont dit...
Mme
Robitaille : Bien oui, il y a beaucoup de monde qui...
M.
Lamontagne : ...ils ont dit : Tiens, je vais faire ça demain. On
leur avait donné jusqu'au 30 avril, puis c'était le 7 mars, mais, le
7 au soir, c'était fini. Ça fait que, là, là, on est allés chercher des sous
pour en avoir 1 000 ou 1 100. Si on regarde la moyenne, je pense que
la moyenne, là, c'est 27 000 $ ou 28 000 $ de rétribution,
là, pour l'ensemble des gens. Ça fait que, sur cette base-là, bien, on se dit
qu'avec 29 millions on va être capables d'en traiter, là, un autre, à peu
près, 1 100. Puis là, on va voir... tout de suite, à l'automne, on va lancer l'appel, ça fait qu'on va voir la sorte de réponse
qu'on va avoir là. Mais, déjà, c'est une réponse qui est exceptionnelle,
là, on est très heureux de cette réponse-là.
Mme
Robitaille : Bien, c'est ça. Mais les gens n'ont pas le choix, dans le
sens que tout le monde, on veut aller vers... on veut prendre un virage vert,
de toute façon.
Il y a... On m'a
parlé de... Bon, il y a une taxe carbone que nos producteurs, nos agriculteurs
doivent payer au Québec, et... mais, pourtant, dans le reste du Canada, ils
sont... les agriculteurs, les producteurs agricoles sont exemptés de cette
taxe-là. Nous, on paie cette taxe-là, qui va dans un... qui donne un
50 millions et qui est, ensuite, amené dans le Fonds vert. Et donc ils
paient cette taxe. Là, vous nous dites : Bon, là, il y a le
14 millions, et tout ça, où on
subventionne des agriculteurs, mais il y a beaucoup de frustration, parce
qu'ils doivent être... ailleurs au Canada, ils sont exemptés. Et pour ce
qui est de la compétitivité, bien, évidemment que ça fait mal. Déjà que ça joue
dur. Aux États-Unis, évidemment, ils sont encore plus favorisés. Est-ce que les
agriculteurs pourraient voir, ultimement, une exemption de la taxe carbone pour
eux, ici, au Québec?
M.
Lamontagne : Bien, un, je vous inviterais... parce que vous semblez
avoir des sources, là, par rapport à... au sujet que vous amenez, mais je vous
inviterais à lire l'étude de Forest Lavoie qu'on a fait faire sur la
compétitivité du secteur des grains. Ça pourrait, bien, en tout cas, accroître
votre compréhension, là, si on veut, là, des enjeux du secteur. C'est très intéressant, on a fait ça en collaboration avec les
producteurs de grains, cette étude-là. S'il est prévu qu'on... qu'il n'y
ait pas de taxe de... carbone ou liée au réchauffement climatique, honnêtement,
je vais répondre à votre question, mais je suis surpris... Tu sais, Dieu sait
quels sont les enjeux qu'on a, Dieu sait que...
Mme
Robitaille : ...en fait, ce questionnement-là des gens à qui j'ai
parlé, là.
M.
Lamontagne : Oui, oui. Bien, écoutez, non, je vais vous donner la même
réponse que je leur donne : C'est sûr que non.
Mme
Robitaille : Est-ce qu'ils pourraient être plus subventionnés si...
C'est ça.
M.
Lamontagne : C'est sûr, c'est sûr qu'on n'enlèvera pas ces taxes-là.
Ce qui est important, c'est qu'il y a effectivement, des montants qui sont
associés à la lutte aux changements climatiques, qui sont des ponctions sur, principalement, les carburants, si on veut, des
différents producteurs, qui s'en vont dans le Fonds vert. Il y a une partie,
un certain nombre de millions par année qui sont retournés dans
l'agriculture.
C'est
sûr que moi, les représentations que je fais, c'est de faire en sorte qu'on
puisse avoir d'autres programmes ou d'autres façons de soutenir les
producteurs pour améliorer leurs pratiques, puis toujours dans un principe que
c'est... Si on est pour redonner des sous, c'est pour améliorer des pratiques.
Ce n'est pas juste dire : Bien, écoute, on va t'en redonner, dans le fond, parce que tu en payais trop. Parce que
la course pour réduire à 37,5 %, là, notre cible par rapport à
1990, là, d'ici 2030, elle est... elle bat son plein. Ça fait que l'objectif de
faire en sorte, le plus possible... Si les gens, ultimement, ils paient
50 millions... le chiffre que vous me dites, c'est qu'ultimement ça
contribue à hauteur de 50 millions par
année, bien, il faudrait, par le biais de différents programmes, bien, qu'on
puisse ultimement, retourner 50 millions, si on voulait faire un
échange, là, pour les aider à améliorer leurs pratiques, et tout ça, là.
Mme
Robitaille : Parce qu'ils...
M.
Lamontagne : Mais il y a une
partie de cet argent-là qui va dans des initiatives, aussi, financées par le
ministère, qui vont aussi venir aider
les producteurs, là. Mais c'est sûr que l'objectif, ce serait si on peut être
capables d'en avoir davantage, qui est réinvesti directement.
Puis toute la
question de la captation du carbone, on fait des travaux, au ministère, à ce
niveau-là. Bien, au moment où on se parle, on est en train de faire la
conversion, vraiment, de toutes les initiatives du Plan d'agriculture durable
en gaz à effet de serre, en mégatonnes, pour voir à combien ça contribue de
diminution. Mais, après ça, on est en train de faire un travail équivalent au
niveau du captage du carbone, pour, après ça... Ça, ça pourrait avoir un impact
intéressant, si on pouvait arriver avec des modèles, là, que, concrètement, ça
peut être utilisé, utilisable, mesuré. Bien ça, certainement, il y aurait un
enjeu, là, qui serait positif pour les producteurs de grains, puis tout ça, de
qui vous parlez, là.
Mme Robitaille : Combien
de minutes, M. le Président? Deux minutes? On parlait... Très, très rapidement,
le projet de loi n° 99, là, vous l'avez mis en place, tout ça, on parlait
que ça allait amener plus d'inspecteurs, probablement, plus de travail pour les
inspecteurs. On disait aussi qu'il y avait beaucoup d'inspecteurs au MAPAQ qui
allaient prendre leur retraite. Est-ce qu'on a une idée, est-ce qu'on a une
idée, là, des postes vacants au ministère, au MAPAQ en ce moment, en termes d'inspecteurs?
M. Lamontagne : Bien, je pense qu'au
moment où on se parle...
Mme Robitaille : Est-ce qu'on a une
pénurie de main-d'oeuvre en termes d'inspecteurs?
M. Lamontagne : Bien, je pense qu'il
y a... au moment où on se parle je pense que... c'est... qu'on a... je pense
qu'il y a une dizaine de postes qui sont en dotation
présentement. Mais par rapport au projet de loi n° 99, une chose qui est
importante, puis qui venait en vigueur tout de suite, c'est les protections
qu'on donne à nos inspecteurs. Parce qu'on le sait, aujourd'hui... on en a
parlé pendant la commission, il y a... des fois, il y a des inspecteurs qui se
ramassent que... je ne dirais pas que leur vie est en danger, là, mais qu'il y
a de l'intimidation.
Mme Robitaille : Oui. On en avait
parlé, oui.
M. Lamontagne : On en avait parlé.
Bien, les dispositions du projet de loi, là, qui visent à accompagner puis à
donner une protection additionnelle à tout notre personnel, là, qui est notre
personnel à nous, tout ça, là, qui s'en vont sur le terrain pour faire leur
travail, bien, les dispositions de la loi aujourd'hui, là, sont en vigueur. Ça
fait que ça, c'est certainement positif, mais les processus de dotation, comme
je vous dis, je pense que c'est une dizaine de postes qui sont en dotation. Il
y a eu une augmentation au niveau des inspecteurs au cours des dernières
années, mais comme la sous-ministre vous
avait fait part, tu sais, l'adéquation, là... si on peut combler ces postes-là,
parce qu'il y a des enjeux de rareté de main-d'oeuvre là...
Mme Robitaille : Parce qu'on
disait aussi qu'il allait y avoir beaucoup de monde qui allait partir à la
retraite, donc il y avait eu une inquiétude,
à ce niveau-là, de ne pas avoir assez d'inspecteurs pour soutenir la nouvelle
demande.
M. Lamontagne : Bien, en
réalité, honnêtement, il y a tout le temps du recrutement qui est en place. Je
sais qu'on a une dizaine de postes qui sont
en dotation mais on a... C'est des défis qu'on a, mais, honnêtement, je ne vois
pas pourquoi qu'on ne rencontrerait pas ces défis-là, là. Travailler au
MAPAQ, c'est à peu près le plus beau ministère qu'on peut travailler au Québec,
là.
Le Président (M. Lemay) : Alors,
merci beaucoup, ceci complète ce bloc d'échange. Et je cède maintenant la parole
au député de Lac-Saint-Jean pour un dernier bloc d'échange avec la partie
gouvernementale.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Merci,
M. le Président. Combien de temps nous disposons?
Le Président (M. Lemay) : 13 min 30 s
environ.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : 13 min 30 s?
Le Président (M. Lemay) : Oui.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Bien,
j'aimerais ça que, peut-être, lorsqu'il restera un trois, quatre minutes, là, de
me le rappeler, parce que je voudrais partager un peu de mon temps avec
d'autres collègues.
Le Président (M. Lemay) : Parfait.
Allez-y, M. le député.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Moi, je reviens encore... parce que je suis resté
sur ma... j'avais d'autres questions concernant la Politique
bioalimentaire. J'avais parlé, entre autres, des mesures d'atténuation
concernant la rareté de la main-d'oeuvre, mais, aussi, j'avais parlé de La
Financière agricole. Je trouve ça le fun d'avoir les gens avec nous, puis c'est un beau moment, aussi, qu'on peut...
qu'on peut leur poser des questions pour avoir certaines informations. On sait
que La Financière agricole s'occupe de tous les programmes à soutien, sécurité
du revenu, les Agris, l'assurance stabilisation, l'assurance récolte, le
financement, qui est important. Mais dans nos politiques bioalimentaires, j'ai
vu qu'il y avait... on avait mis deux
programmes, entre autres, on parle du Programme d'Investissement Croissance,
qui est le PIC — c'était
un 50 millions sur deux ans — et aussi, la capitalisation, la Capital
Financière agricole, 10 millions. Puis, en toute honnêteté, sérieusement, je
ne sais pas à quoi ça sert, puis qu'est-ce que ça représente, puis c'est quels
types d'entreprises qui sont touchés par ça. Et je pense aussi qu'on a... on
est capables d'avoir peut-être un nombre d'entreprises qui ont pu bénéficier
d'un certain programme, M. le ministre, si je...
M. Lamontagne : Bien,
M. le député — ça
va me faire plaisir, là — je
vais inviter le président de La Financière agricole, M. Desrosiers... Chaque année, il vient ici, là, puis
qu'il est prêt... il est disponible à intervenir. Puis je ne suis pas tout le temps généreux, là, en lui demandant de venir
m'accompagner, mais là je vais lui demander de... Mais juste signaler, le plan d'Investissement Croissance, en réalité, là,
c'est un véhicule, qu'on a mis en place au printemps 2020, qui est venu... Tu sais, on voulait innover, on
voulait de l'agilité, on voulait une prise de risque contrôlée, là, accentuée. Bien,
La Financière a frappé dans le mille, vraiment, avec ce programme-là, parce que
c'est un premier 100 millions qu'on avait mis, il y a plus que... je pense
que c'est 5 000 quelques interventions qu'on a faites. De toute façon, M.
le Président va vous en parler, là. Puis cette année, bien, c'est un
50 millions additionnels qu'on est venus mettre, là.
Le Président (M. Lemay) : Alors,
M. Desrosiers, simplement vous nommer, avec votre titre, et vous pouvez y
aller avec la réponse.
• (12 h 20) •
M. Desrosiers (Ernest) : Alors,
bonjour, tout le monde. Mon nom est Ernest Desrosiers, je suis président de La
Financière agricole.
Écoutez,
comme M. le ministre l'a indiqué, on a eu plusieurs interventions par le
Programme d'Investissement Croissance. C'est un programme qui a connu
beaucoup de succès auprès des agriculteurs. On a eu plus que 6 000...
bien, environ 6 000 interventions de faites depuis la création du
programme en avril 2020, et, vraiment, on a dépensé à peu près 90 millions
d'engagés sur les 100 millions qui ont été autorisés. Et le dernier
budget, finalement, a autorisé encore des
sommes supplémentaires pour venir extensionner la durée du programme, parce
qu'il y a beaucoup de réceptivité de la part des agriculteurs.
Il y avait différents volets, puis comme on l'a
mentionné, un volet qui a aidé beaucoup les jeunes en agriculture parce que, on
en parlait tantôt, c'était le volet 4, où on a permis des interventions
pour plusieurs jeunes, des gens qui avaient moins de 40 ans. On a presque
700 projets qui ont été traités par ce volet-là, et puis ça a été une
contribution pour 18,2 millions d'aide pour ce volet spécifique là. Bref,
c'est plus que 20 % des sommes qui ont été attribuées qui ont servi à
aider des jeunes à démarrer des projets dans le cadre de la relève, puis ça,
c'est au-delà, finalement, des autres programmes d'aide financière pour la
relève agricole qui sont déjà en place. Ça fait que, ça, c'est le Programme
d'Investissement Croissance. C'est une activité qui se continue, puis pour
lequel, finalement, on supporte beaucoup les gens qui présentent des projets
actuellement.
Évidemment, l'autre volet de la question... je
ne sais pas si je dois le prendre tout de suite, mais...
Le Président (M. Lemay) : Bien,
peut-être, M. le député de Lac-Saint-Jean, allez-y, parlez de...
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Oui,
excusez-moi.
Le Président (M. Lemay) : Je
comprends que ça fait spécial, mais allez-y.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Juste
peut-être une petite précision. Bien, je trouve ça intéressant, là, d'avoir ces
informations-là, parce qu'on vient en aide à de la relève agricole, c'est ce
que je comprends bien. Puis c'est sous forme... Est-ce que c'est sous forme de
garanties de prêts ou plus d'aide... de subventions?
M. Desrosiers (Ernest) : C'est
les deux. C'est : quelqu'un nous présente un projet, on garantit le prêt
puis, ensuite, on donne une subvention qui
contribue à atténuer les frais de financement du projet, et, finalement, il y a
différents volets aussi là-dedans. On a parlé du prêt levier, où on
intervient, par le biais de 100 000 $, quelqu'un qui n'aurait aucune
garantie à offrir.
Puis on a mis en place ce qu'on a appelé le prêt
développement, c'est-à-dire que, lorsque quelqu'un avait une forme d'équité, il
avait un projet existant, on peut aussi aider ou intervenir en prêt subordonné,
c'est-à-dire derrière les créanciers
réguliers, pour supporter, finalement, des gens qui ont des projets puis pour
lesquels ils n'auraient pas le niveau
d'équité nécessaire pour, normalement, financer ce projet-là. Et puis on a eu
d'autorisés, finalement, 99 dossiers en prêts développement,
c'est-à-dire des gens qui, si on n'avait pas été là par cette forme
d'intervention là, n'auraient pas été en mesure de concrétiser leur projet. Ça
fait qu'il y a eu une déclinaison des produits, mais ça se traduit par des
garanties de prêts, puis ça se traduit aussi par des subventions pour ceux qui
réalisent le projet.
Évidemment, il y a des investissements
admissibles, puis les investissements sont en... je dirais, sont alignés avec les objectifs d'améliorer la productivité
puis aussi favoriser ce qu'on appelle, nous, de l'investissement responsable,
c'est-à-dire que ça doit prendre en compte
les réalités environnementales, par exemple. Tout ce qui contribue à produire
de façon à respecter davantage les règles environnementales, c'est bonifié,
c'est supporté par nos interventions. Ça fait que ça fait le tour, je
pense, pas mal de ce programme-là.
Je peux peut-être répondre à votre deuxième
volet, qui est Capital Financière. Finalement, vous savez, c'est une filiale de
La Financière qui a pour objectif de supporter des petites entreprises de
transformation alimentaire. Vous savez que,
la transformation alimentaire, c'est un monde de quelques grandes entreprises
puis une masse de très petites entreprises. Nous, on est dans le créneau
des très petites entreprises. Les grandes entreprises, c'est le créneau, plus, d'Investissement
Québec. Et nos interventions ont pour
objectif d'aider des entreprises, souvent, à prendre racine, puis à
pouvoir se lancer.
Tantôt, on a
parlé d'orge brassicole, mais, récemment — je le dis parce que c'était public — on
est intervenus dans une entreprise qui va, finalement, utiliser de
l'orge brassicole, puis qui a pour objectif de développer une filière d'orge
brassicole, puis aussi produire du houblon au Québec. Bien, nous, finalement,
on est là-dedans en capital de risque,
c'est-à-dire qu'on a souscrit 1 million dans cette entreprise-là via cette
filiale-là, puis notre objectif, c'est d'aider des entreprises en région qui, finalement, peuvent
permettre de transformer des produits agricoles, puis leur permettre de
se lancer. Puis on les accompagne aussi. C'est... Nous, on veut que nos
interventions, ce soit plus qu'une intervention financière, puis c'est la
philosophie de La Financière, c'est une philosophie d'accompagnement. On veut
aider les agriculteurs à réussir.
Ça fait que notre perspective, c'est :
quand il y a une possibilité de réussite, on est toujours là. Finalement, quand il n'y a pas de perspective, on a une
discussion pour essayer de bonifier les projets, pour les rendre à terme, puis
essayer qu'il y ait une possibilité de réussir. Ça fait que notre
accompagnement s'inscrit dans cette philosophie-là.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Combien
de temps me reste-t-il?
M. Lamontagne : Juste...
Le Président (M. Lemay) : ...
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : ...cinq
minutes? Je trouve ça intéressant...
M. Lamontagne : Je veux juste
rajouter... C'est parce que... Ce que le président a dit, il a dit :
Écoute, quand il n'y a pas de possibilité...
C'est sûr qu'on n'appuie pas des projets là, qui ne fonctionnent pas, là. Mais
qu'est-ce que vous pouvez faire pour les bonifier, pour les accompagner?
Parce qu'honnêtement, là, nous autres, on veut que ça marche. Puis avec tout ce
qu'on a présenté puis ce qu'on a fait depuis qu'on est en poste, l'investissement
dans le secteur agroalimentaire, production, transformation, là, la moyenne
d'investissements annuels, c'était 1,5 milliard, 2016, 2017, 2018. 2019,
2020, 2021, c'est 2,5 milliards, 1,5 milliard... 1 milliard de
plus de projets par année. Puis, au moment où on se parle, là, moi, j'ai
120 projets sur mon bureau, pour 2,9 milliards.
L'objectif, là, c'est qu'on soit en
accompagnement, là. Puis, tu sais, j'ai parlé quand on avait mis en place
l'équipe économique Bioalimentaire Québec, là, puis, honnêtement, Mme la
députée, encore là, c'est une bonne chose qui a été faite, au bénéfice de tout
le secteur, là, tu sais, qu'on a vraiment coordonné La Financière, le MEI, le
MAPAQ, Investissement Québec, chacun dans ses compétences, dans son... Tu sais,
La Financière, c'est davantage dans tout ce qui est vivant, mais avec la
Capital Financière, woup! là, ils sont dans la transformation puis ils viennent
investir dans les petites entreprises. Investissement Québec vient de créer un fonds pour la transformation
alimentaire, ils ont créé une division pour le secteur agroalimentaire,
puis on fait tout travailler ça ensemble. Puis quand on dit... Des
investissements, c'est sûr que c'est juste des chiffres, mais ça se traduit par
des emplois sur le territoire, ça se traduit par de la vitalité sur le
territoire. La transformation alimentaire, c'est partout dans les régions du
Québec.
Le Président (M. Lemay) : En vous
rappelant, M. le député, qu'il reste quatre minutes.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Je
trouve ça intéressant, parce que ça démontre que La Financière, on le sait que
c'est un acteur important, puis elle adapte aussi ses programmes. Puis la
capitale de risque, ça n'existait pas, je pense, auparavant, donc c'est
intéressant. Je sais... Je ne voulais plus prendre de temps, parce que j'avais
un collègue que je pense qu'il avait une question. Mais merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) : Parfait,
donc... Alors, M. le député d'Orford, il vous reste quatre minutes.
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. D'entrée de jeu, je veux saluer le travail de collaboration du
ministre et de son ministère dans le dossier
de déploiement d'Internet haute vitesse. Ça a été une collaboration très, très
positive. Par contre, j'ai une question, puis ce n'est pas du tout un
reproche, c'est plutôt une question, c'est une curiosité. Comme on doit
déployer la fibre un peu partout — on en déploie
70 000 kilomètres, de fibre — et on considère de plus en
plus Internet comme étant un service essentiel, on a parfois des... certains...
certaines difficultés, où ce n'est pas insurmontable, mais... lorsqu'on passe
en territoire agricole... Donc, ma question s'adresse peut-être plus au
représentant du CPTAQ : Comment on peut permettre de considérer la fibre
et Internet, la connectivité au Québec, comme un service essentiel, autant que
l'électricité? Et quels seraient les moyens à mettre en place pour faciliter le
passage dans ces territoires-là, agricoles, puis ne pas attendre... ne pas
retarder, justement, la connectivité pour ces citoyens-là, qui sont déménagés
en région puis qui veulent être capables de travailler puis de contribuer à la
société?
Le Président (M. Lemay) : Alors, M.
Labrie, vous avez 2 min 40 s.
M. Lamontagne : ...dire merci.
M. Labrie
(Stéphane) : Oui, ce sera court. Il y a un règlement qui
prévoit que des services publics peuvent être dispensés... installés en zone
agricole sans autorisation et sous réserve du respect des conditions prévues au
règlement. Et la commission est d'avis que l'implantation de l'Internet haute
vitesse est un service public, donc, si les promoteurs qui veulent
installer l'Internet haute vitesse, dans la mesure où ils se qualifient, et
qu'ils respectent les critères prévus au règlement c'est dispensé
d'autorisation de la commission.
M. Bélanger : Merci pour la réponse.
Le
Président (M. Lemay) : Très bien. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Bien,
écoutez, on aurait pu parler des initiatives au niveau de l'achat local. Je
sais que ça aurait été un sujet intéressant...
M.
Lamontagne : L'année prochaine.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : ...notre fameux 12 $, puis comment que ça peut
contribuer. Mais, écoutez, moi, je n'ai pas
nécessairement d'autres questions. Je vais peut-être laisser le... je
laisserais le mot de la fin à M. le ministre.
M.
Lamontagne : Combien de temps?
Le Président (M.
Lemay) : M. le ministre, vous avez 1 min 30 s.
M.
Lamontagne : Bien, écoutez, un gros merci, puis c'est sûr
qu'honnêtement... Bien, un merci à ma collègue
de Bourassa-Sauvé. Puis tous les deux, dans nos fonctions, là, ce qu'on veut,
c'est que notre secteur agricole, tu sais, performe, puis que les gens
soient heureux, puis qu'ils puissent gagner leur vie honorablement. Ça fait que
j'honore votre engagement, puis ça me fait plaisir d'être aidant, quand je peux
l'être, avec vous.
Je veux remercier — moi,
ça fait quatre ans, là, c'est ma dernière étude de crédits, là — Bernard
Verret, le sous-ministre, Christine Barthe,
sous-ministre, Yvon Doyle, qui est sous-ministre adjoint, Aziz, Anne Boucher,
sous-ministre adjointe, Marie-Odile, qui est secrétaire générale du
ministère, Geneviève Masse, qui est sous-ministre adjointe, mais toutes les
équipes du ministère, mon équipe au cabinet, Sébastien Bénédict,
Jean-Bernard... Le travail colossal qui s'est fait depuis quatre ans, honnêtement,
puis c'est au bénéfice, c'est ça, du secteur, parce que le secteur agricole,
c'est notre joyau au Québec, tu sais, c'est notre joyau. C'est des milliers de
personnes qui se lèvent chaque matin puis
qui veulent donner le meilleur d'eux autres. Ça fait que, quand on donne le
meilleur de nous autres pour les aider, bien, ça donne... Présentement, il y a
une belle effervescence dans le milieu agricole, le secteur agroalimentaire,
puis c'est à leur bénéfice qu'on s'investit. Ça fait que je veux remercier tout
le monde.
Puis, M. le
Président, vous avez été un président hors pair. On a fait des commissions, des
projets de loi ensemble, et tout ça, mais, honnêtement, je vous salue, je vous
remercie de votre intérêt pour le secteur. Puis merci, tout le monde, puis bon
succès pour le futur.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Lemay) : Alors, merci, M. le
ministre. Maintenant, je vais demander aux membres de la commission de rester
avec moi encore une minute, là, s'il vous plaît, parce qu'on doit juste voter certaines
actions ensemble.
Alors,
le temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Pêcheries et
Alimentation étant écoulé, nous allons maintenant procéder
à la mise aux voix des crédits. Alors, le...
Mme
Robitaille : Sur division, hein, sur division.
Le Président
(M. Lemay) : Pas de problème, mais on va... La question arrive
très bientôt, Mme la députée.
Mme
Robitaille : Je voulais être sûre. On m'a dit...
Le Président (M.
Lemay) : Alors, vous allez pouvoir répondre à cette question-là dans
quelques secondes.
Adoption des crédits
Le
programme 1, intitulé Développement des entreprises bioalimentaires et
qualité des aliments, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président
(M. Lemay) : Sur division. D'accord.
Le
programme 2... Mme la députée, suivez-moi, là, on n'a pas terminé. Le
programme 2, intitulé Organismes d'État, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président
(M. Lemay) : Adopté sur division.
Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Agriculture, Pêcheries et
Alimentation pour l'exercice financier 2022-2023 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
Le Président (M. Lemay) : Il est
adopté sur division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 h 30, environ, où elle entreprendra
l'étude des crédits budgétaires du volet Hydro-Québec du portefeuille Énergie
et Ressources naturelles. Merci à tous et à toutes pour votre collaboration.
(Fin de la séance à 12 h 32)