(Quatorze heures)
Le
Président (M. Lemay) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes
présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
Et la commission est maintenant réunie pour
procéder à l'étude du volet Énergie et Ressources naturelles des crédits
budgétaires du portefeuille Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice
financier 2019‑2020.
Une enveloppe de sept heures a été allouée pour
l'étude de ces crédits. Nous allons débuter par un premier bloc de
quatre heures, aujourd'hui, et terminer avec un bloc de trois heures demain.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Ghazal (Mercier)
remplace Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue)
et M. Gaudreault (Jonquière) remplace M. Roy (Bonaventure).
Énergie et Ressources naturelles
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Nous allons donc débuter par les remarques préliminaires, puis nous
allons procéder à une discussion d'ordre
général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et les
réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la toute fin
du temps qui leur est alloué, soit demain, le 16 avril.
Donc, nous avons débuté nos travaux à
14 heures, donc nous allons terminer à 18 heures.
Remarques préliminaires
Alors, nous débutons avec des remarques
préliminaires. Et, M. le ministre, vous disposez de 17 minutes.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Alors, merci, et merci, M. le Président. Chers collègues, je suis heureux de me
trouver ici, parmi vous, pour l'étude des crédits du ministère ainsi que
ceux des organismes relevant de moi.
Avant de commencer, M. le Président, je me
permets de vous présenter les gens qui m'appuient aujourd'hui dans le cadre de nos travaux. Alors, il y a M. Pierre-Yves
Boivin, mon directeur de cabinet; M. Éric Martel, président-directeur
général d'Hydro-Québec; M. David
Murray, chef de l'exploitation et président d'Hydro-Québec Production; M. Éric
Filion, président
d'Hydro-Québec Distribution; M. Jean-Hugues Lafleur, vice-président
exécutif et chef de la direction financière du risque chez Hydro-Québec; Mme Élise Proulx, vice-présidente
Communications, Affaires gouvernementales et autochtones, Hydro-Québec; Mme Julie Boucher, directrice principale
Communiations, Affaires publiques et gouvernementales chez Hydro-Québec;
et Mme Dominique Savoie, sous-ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles.
Le ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles, M. le Président, c'est un vaste
ministère. De plus, j'ai la chance
d'avoir, sous ma responsabilité, trois sociétés d'État qui jouent un rôle
majeur dans l'économie du Québec. On parle d'Hydro-Québec, de Transition
énergétique Québec et de la Société du Plan Nord.
Nous
soulignons, cette année, le 75e anniversaire d'Hydro-Québec. Après trois
quarts de siècle, le rayonnement d'Hydro-Québec
dépasse largement nos frontières. D'ailleurs, j'ai eu la preuve la semaine
dernière, alors que j'étais de passage à Berlin pour le dialogue sur la
transition énergétique, la cinquième édition, un événement qui rassemblait plus
de 2 000 personnes, 90 pays
pour parler de transition énergétique. Et, lors de mon séjour en Europe, M. le
Président, j'ai pu apprécier à quel
point le savoir-faire et l'expertise d'Hydro-Québec sont reconnus à travers le
monde, à quel point le Québec fait effectivement l'envie de nombreuses
nations et que notre société d'État jouit d'une renommée extraordinaire.
Chez nous, Hydro-Québec est aussi et surtout une
formidable source d'enrichissement collectif. Nous n'avons d'ailleurs qu'à prendre, par exemple, les
résultats financiers pour l'exercice terminé le 31 décembre 2018, alors
que le bénéfice net s'est établi à près de 3,2 milliards de
dollars. De plus, l'an dernier, Hydro-Québec a enregistré un volume record d'exportations d'électricité avec 36,1 TWh.
En 2018, Hydro-Québec versera au gouvernement un dividende de
2,4 milliards de dollars, et,
quand on prend toutes les contributions d'Hydro-Québec au gouvernement, ça
s'élève à 4,5 milliards de dollars quand on ajoute, naturellement,
les versements des droits hydrauliques, les taxes et autres contributions.
Un des grands
défis, pour les prochaines années, pour notre gouvernement et pour
Hydro-Québec, sera certainement d'exporter notre électricité à
l'extérieur des frontières du Québec. Parce que tous nos voisins sont aux
prises avec des défis d'approvisionnement en électricité — on
veut réduire les gaz à effet de serre pour lutter contre le changement climatique — le Québec doit être la batterie du nord-est
de l'Amérique. Nous pouvons aider les provinces et les États voisins à
réduire leurs coûts d'approvisionnement tout en leur permettant de remplacer le
charbon, le gaz, le nucléaire par une énergie propre
hydroélectrique. Comme ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, j'ai
la conviction que notre énergie propre doit
aussi devenir un facteur d'attractivité pour les investissements privés ici
même sur notre territoire. Dans un
contexte où nous sommes tous confrontés aux défis des changements climatiques,
l'énergie propre du Québec va devenir un facteur clé dans les décisions
d'investissement ici, chez nous.
Notre passage en Europe nous a aussi donné l'occasion de
faire connaître les attraits du Nord québécois en matière d'infrastructures et de mettre non seulement en valeur le
potentiel minéral, mais également le
potentiel forestier, le potentiel énergétique,
le potentiel culturel et touristique du Québec, tout ceci dans le but ultime,
M. le Président, d'un développement économique fort au Québec.
Transition
énergétique Québec, maintenant, c'est quoi, le mandat? Trois choses :
concevoir et livrer des programmes de
transition énergétique, produire et mettre en oeuvre le plan directeur de la
transition énergétique du Québec et accompagner tous les acteurs et encourager
l'innovation. Le programme de Transition énergétique Québec en efficacité
énergétique et en réduction des
émissions de gaz à effet de serre s'adresse aux différentes clientèles, à
toutes les clientèles consommatrices d'énergie
partout au Québec. Fait à noter : 90 % des sommes remises à
Transition énergétique Québec sont redistribuées en aide financière à sa clientèle. TEQ est donc une grande contributrice
à la réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec par des
programmes dans le secteur des transports, de même qu'auprès des marchés
résidentiel, commercial, institutionnel
et industriel. La vision de notre gouvernement, M. le Président, est de faire
de la transition énergétique un incontournable,
un réflexe, une habitude. Une habitude chez qui? Chez les citoyens et,
naturellement, chez les entreprises. Rappelons, par ailleurs, M. le
Président, que le budget du gouvernement du Québec pour l'année 2019‑2020
prévoit 521,5 millions de dollars pour la poursuite des programmes de TEQ.
On parle de Roulez vert, Technoclimat, Biomasse forestière résiduelle et ÉcoPerformance, entre autres. Il prévoit
également un peu plus de 130 millions de dollars pour de nouvelles mesures touchant, entre autres, de
l'aide pour les grands projets industriels dans la transition énergétique.
Enfin, TEQ sera appelée à jouer un rôle actif pour accompagner des
entreprises dans leur transition énergétique.
La Société du
Plan Nord vient de boucler, pour elle, sa quatrième année d'activité. Oui, nous
avons à coeur le succès du
développement nordique du Québec, et la Société du Plan Nord est assurément
l'acteur essentiel pour nous permettre de
développer ce vaste territoire, 1,2 million de kilomètres carrés, trois
fois la superficie de l'Allemagne, je le rappelais à mes collègues de
l'Allemagne. Donc, on peut le développer de manière durable, de manière
cohérente. L'équipe de la Société du Plan Nord, qui coordonne l'action
gouvernementale au nord du 49e parallèle, a développé, depuis sa création,
une fine connaissance du territoire nordique
et de ses enjeux, de sa population. Elle met en valeur le potentiel économique
du Nord, et ce, tout en soutenant le développement et le mieux-être des
communautés nordiques.
J'ai, aujourd'hui, le plaisir de vous présenter
quelques réalisations concrètes de a Société du Plan Nord. Il y a naturellement Pointe-Noire, Pointe-Noire pour
l'exploitation minière. La Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire
est propriétaire des installations stratégiques qui permettent l'expédition de
minerai à partir de Sept-Îles. La Société du
Plan Nord, qui est l'un des propriétaires, s'assure d'offrir un accès à tous
les usagers potentiels de manière équitable, dans une logique multiusagers. Le service de...
Pointe-Noire sont rendus au meilleur coût possible et sont adaptés aux besoins
des clients. Depuis sa mise en place, plus de 140 emplois ont été créés,
de grande qualité, pour les opérations à Sept-Îles. La société de Pointe-Noire répond aussi aux
besoins d'entreprises minières actives de la Côte-Nord et du Labrador, mais
surtout favorise quoi, M. le Président? Ça
favorise l'opération de nouvelles mines au Nord-du-Québec. Nous avons
d'ailleurs annoncé un investissement majeur pour la société de Pointe-Noire
dans le cadre de notre premier plan budgétaire, le 21 mars dernier : une enveloppe de 50 millions de
dollars servira à accroître la capacité des installations justement pour
pouvoir amener d'autres joueurs et diversifier les multiusagers.
• (14 h 10) •
Il y a un
projet pilote aussi qui me tient à coeur, de serres, à Kuujjuaq. La Société du
Plan Nord a également réalisé, au
cours de la dernière année, la première étape de son projet pilote de
valorisation énergétique de matières résiduelles et de serres commerciales en milieu nordique. On parle
de Kuujjuaq, au Nunavik. En collaboration avec la communauté, la Société
du Plan Nord a participé à la mise en place,
en décembre, d'une serre conteneur. Grâce à une aide financière de
350 000 $ de la Société du Plan Nord, les résidents de Kuujjuaq ont
maintenant accès à des végétaux frais. Cet investissement a permis à la
Société Makivik d'acquérir un système hydroponique composé de serres
conteneurs. Ce projet concret, ce projet d'économie
circulaire mené avec le village nordique de Kuujjuaq se démarque par son côté
novateur. Une première récolte a eu
lieu en février. Les produits de cette première récolte ont été distribués
gratuitement au dépanneur de Kuujjuaq, les végétaux de la production y
sont maintenant vendus alors qu'une partie de la production est distribuée
gratuitement à des organismes locaux tels que des résidences pour aînés.
La Société du Plan Nord gère également le Fonds
d'initiatives du Plan Nord, un autre levier de développement économique et social. Il permet de compléter, en
appui, certains montages financiers et d'assurer de mettre sur les rails des
projets propulsés par la communauté, par le milieu. Pour chaque dollar
provenant de ce fonds, 5 $ sont investis sur le territoire. Donc, c'est un levier qui permet d'accompagner à
l'investissement. En novembre, 39 projets variés ont été autorisés
dans le cadre du Fonds d'initiatives du Plan Nord au bénéfice de la communauté.
Il y a
également... Un des objectifs de la Société du Plan Nord est d'améliorer les
infrastructures de télécommunications au nord du 49e parallèle, un
vaste défi. L'accès aux technologies numériques de pointe est aujourd'hui
essentiel au développement économique et
social du territoire du Nord. Elles peuvent notamment faciliter, entre autres,
l'accès à des services de santé,
l'accès à l'éducation, l'accès à la justice. En effet, plusieurs projets de
télécommunications sur le territoire nordique continuent d'avancer, et
nous nous dirigeons rapidement vers des résultats très concrets. Le
rehaussement de l'ensemble du réseau de la
Basse-Côte-Nord, un projet soutenu financièrement par la Société du Plan Nord,
sera concrétisé d'ici 2021.
23 millions de dollars seront consacrés à ce projet. Le rehaussement des
équipements augmentera de 40 fois, M. le Président, de 40 fois
la capacité de bande passante. Des travaux importants seront réalisés cet été
sur le terrain. Nous
avons également franchi une étape importante pour les communications au Nunavik
alors que 125 millions de dollars seront conjointement investis par
la Société du Plan Nord et le gouvernement fédéral.
Je tiens
aussi à rappeler que le budget déposé par le ministre des Finances consacre
plus de 140 millions de dollars à des mesures touchant directement
la Société du Plan Nord. Dans ce budget, par exemple, une enveloppe de
5 millions de dollars est prévue pour soutenir la formation de la
main-d'oeuvre locale et autochtone en milieu nordique. Ces fonds permettront
notamment d'élaborer les formations répondant à des besoins très particuliers
du Nord-du-Québec et pour favoriser l'intégration des travailleurs autochtones
au marché du travail.
Une autre
mesure annoncée dans le budget du gouvernement du Québec est le projet QcRail,
on en a déjà discuté. En effet, 7,5 millions de dollars sont
réservés afin de soutenir la réalisation d'une étude de faisabilité pour ce
projet. Le projet QcRail, c'est quoi? C'est
une initiative qui émane des représentants locaux de la Côte-Nord, qui vise à
créer un nouveau corridor commercial
combinant le transport ferroviaire et, naturellement, notre plus grande
richesse au Québec, le transport
maritime, pour faciliter les exportations de marchandises en vrac. L'étude de
faisabilité permettra d'évaluer le plein potentiel de ce projet.
Notre budget 2019‑2020
appuie aussi la mise en place d'une logistique de transport pour approvisionner
la Côte-Nord en gaz naturel liquéfié. 25 millions de dollars sur trois ans
y sont réservés. Une autre enveloppe de 45 millions... parce qu'on peut amener le gaz, mais 45 millions de dollars, l'autre enveloppe pour
trois ans, visent à favoriser la conversion au gaz naturel des équipements des grands consommateurs
industriels de la Côte-Nord, qui sont
actuellement alimentés par du mazout.
Juste pour cette conversion, M. le Président, on parle d'une économie de
100 000 tonnes, l'équivalent de 25 véhicules... 25 000
véhicules, excusez-moi. Donc, c'est important.
Vous le savez, j'ai le succès du développement
du Nord québécois à coeur. Notre vision de ce développement se veut une démarche par projets, qui généreront
des résultats concrets et mesurables. Nous souhaitons aller de l'avant avec
une feuille de route claire et des projets porteurs qui feront la différence.
J'ai pu rencontrer de nombreux élus du Nord. Ils
travaillent avec nous, avec la table des partenaires de Mme Manon Cyr
également, pour justement que les actions du Plan Nord soient concrètes
pour les communautés locales.
En matière
d'énergie, et de mines, et de territoire, les employés s'affairent à mettre à
valeur les richesses naturelles du Québec. En plus des talents et des
compétences remarquables que je découvre depuis quelques mois au sein
des équipes, j'ai la chance d'être à la tête
d'un ministère qui gère un bel éventail de ressources naturelles de façon
remarquable.
Bien que nous posions des gestes en matière
d'électrification, nous devons également soutenir le secteur du gaz naturel pendant la période de transition
énergétique. Ainsi, nous continuons à rendre compétitives plusieurs
municipalités du Québec
afin de poursuivre l'extension du réseau de gaz naturel... dans le dernier budget,
47,6 millions de dollars pour réaliser
un projet additionnel d'extension du réseau du gaz naturel à Montmagny. Nous
souhaitons également favoriser une utilisation accrue du gaz
naturel renouvelable, c'est pourquoi on a édicté le règlement sur la quantité
de gaz naturel renouvelable devant être
livrée par les distributeurs, qui a été édicté en mars dernier, 1 %, 100 000 tonnes,
25 000 véhicules, on veut se rendre jusqu'à 5 %.
Nous tournons également notre regard vers de
nouvelles filières : l'hydrogène. C'est pourquoi l'hydrogène est dans notre mire. L'intérêt grandissant pour
l'hydrogène propre partout dans le monde, et, je vous le dis, en Allemagne, on
ne parlait presque uniquement d'hydrogène,
on veut être là également avec notre hydroélectricité. On peut être un joueur
de premier plan au Québec dans la transformation à l'hydrogène.
Pour le
secteur des mines, pour le gouvernement, le lien entre les minéraux et
l'énergie est clair, les bouleversements des modèles d'affaires, l'électrification des mines appliquée au monde
entier illustrent très bien comment le secteur énergétique et minier...
peuvent être complémentaires. Le processus pour les mines, notre grand enjeu,
le processus d'approbation des permis dans le domaine minier nécessite un
allègement. Nous nous sommes engagés, avec les ministères concernés, à
justement faire en sorte que les centaines de permis nécessaires soient faits
de manière plus agile, sans réduire les exigences
réglementaires. Comment on peut les accompagner en maintenant nos exigences
réglementaires très fortes au Québec
pour aller plus vite dans l'investissement? Nous devons également nous
préoccuper de la remise en état des sites en fin de production. Malheureusement, au cours des dernières années,
plusieurs sites n'ont pas été restaurés. On a un plan d'action d'ici
2021 pour accélérer fortement, fortement la mise à niveau et la réhabilitation
des sites miniers.
Je
conclurais, M. le Président; comme vous voyez, le temps file, vous me
mentionnez une minute. Je n'ai pas parlé de tous les projets, on aura l'occasion d'en discuter, mais il y a
plusieurs projets qui ont franchi des étapes importantes au ministère. Les équipes du ministère sont à pied d'oeuvre
afin de poursuivre la mise en valeur durable des ressources naturelles, en respectant les préoccupations des communautés
ainsi que l'acceptabilité sociale. En somme, tous nos efforts convergent
vers un développement économique responsable qui profitera à toutes les régions
du Québec.
Maintenant,
chers collègues, nous répondrons à vos questions avec grand plaisir. Je vous
remercie. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. le ministre. Alors, j'invite
maintenant le porte-parole de l'opposition officielle à faire ses remarques préliminaires pour un
maximum de 11 min 20 s. M. le député de Laval-des-Rapides, la
parole est à vous.
M. Polo :
M. le Président, je décline de faire mes remarques préliminaires, donc je vais
reprendre ce temps-là parmi les questions que je vais poser plus tard.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait, M. le député de Laval-des-Rapides, ce sera fait.
Alors, maintenant, je cède la parole à la
porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour ses remarques préliminaires
pour un maximum de 2 min 50 s. Mme la députée de Mercier, la
parole est à vous.
Mme Ghazal :
Je fais le même choix aussi. Je vais garder ça pour... le peu de minutes que
j'ai pour plus tard, pour les questions.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Mme la députée de Mercier, ce sera fait.
Alors, je
comprends aussi que le troisième groupe d'opposition souhaite reporter son
temps prévu pour ses remarques préliminaires pour son bloc d'échange.
Discussion générale
Alors, nous
allons maintenant poursuivre avec un premier bloc d'échange, et je suis prêt à
reconnaître une première intervention
de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange. M. le député de
Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
M. Polo : Juste me confirmer,
en répartissant le temps, ça donne combien de temps?
Le Président (M. Lemay) : Donc,
ça sera un bloc de 20 minutes, M. le député.
M. Polo : 20 minutes
exactement?
Le Président (M. Lemay) :
Voilà.
• (14 h 20) •
M. Polo :
Parfait. Excellent. Alors, merci beaucoup, mes chers collègues, M. le
Président, M. le ministre, M. le P.D.G. et toute l'équipe du ministère,
Hydro-Québec, salutations à tout le monde.
Écoutez, je
vais... d'entrée de jeu, merci, M. le ministre, là, pour vos remarques
préliminaires, qui ont couvert pas mal
de sujets, là, mais, d'entrée de jeu, j'aimerais couvrir autant avec vous, mais
également avec M. Martel, là, le sujet de l'alliance énergétique. C'est un sujet qui a été longuement, si on peut
dire, dévoilé, présenté en public sur la volonté... en fait, ce n'est
pas juste la volonté du gouvernement, mais la volonté des Québécois...
Je pense que
je tiens à saluer, à vous féliciter, là, de souligner les 75 ans
d'Hydro-Québec, parce que c'est une fierté pour tous les Québécois, et je pense que c'est dans l'intérêt de tous
les Québécois que non seulement
Hydro-Québec aille bien, mais qu'on peut justement,
dans le contexte actuel, qui est encore plus propice aux exportations, si on
peut dire, à cet or bleu qu'on a, au Québec, de le rendre encore plus
disponible, et surtout d'en faire profiter nos voisins...
J'aimerais commencer par M. le P.D.G. Le premier
ministre et le ministre se sont longuement avancés sur les possibilités d'exporter vers l'Ontario, notamment, suite à un voyage et une rencontre avec le premier ministre de l'Ontario. De quelle façon Hydro-Québec a déjà
entamé ces discussions-là? Parce que, on s'entend, c'étaient des discussions politiques,
mais il y a tout un travail de fond
qui est également fait par Hydro-Québec. Quel est ce travail-là qui a été entamé, si
c'est possible, là? Quel est le
travail... Puis j'imagine que ça ne date pas de l'automne, mais ça doit déjà
avoir fait preuve d'un certain travail bien avant ça. En quoi consiste
ce travail de fond qui a été fait pour évaluer ou identifier les opportunités
d'augmenter les exportations vers l'Ontario?
M. Julien : Je vais juste
commencer à répondre, puis M. Martel va pouvoir prendre la suite très rapidement.
Naturellement, l'alliance énergétique, on le mentionne, on le répète, on discute naturellement conjointement avec Hydro-Québec, l'objectif, on le mentionne, c'est nos surplus énergétiques,
au Québec, les surplus hydroélectriques, on veut les exporter. Le Massachusetts s'en vient très bien,
l'entente avec le Maine chemine, et effectivement l'Ontario fait face
actuellement... C'est surtout des centrales nucléaires, en Ontario,
je pense qu'il y en a 18, et plusieurs d'entre elles vont nécessiter, dans les
prochaines années, de faire du maintien d'actif de très, très haut niveau, très,
très coûteux. Alors, à la fois avec nos
voisins de l'Ontario, mais effectivement avec New
York — on a déjà une entente avec l'Ontario, mais qu'on pourrait bonifier — l'objectif,
c'est de discuter avec eux pour bien démontrer les fondements admirables de
l'énergie renouvelable du Québec
dans une transition énergétique. Alors, on a ces objectifs-là, les discussions
avec le sud, avec nos voisins latéraux. Donc, je laisserai M. Martel
poursuivre.
Le Président (M. Lemay) : ...le
consentement, on pourrait laisser la parole à M. Martel. Est-ce qu'on a le
consentement? Consentement. Parfait. Donc,
M. Martel, je vous inviterais à vous nommer, ainsi que votre titre, pour
les fins d'enregistrement, et ensuite la parole est à vous.
M. Martel (Éric) : Merci, M. le
Président. Éric Martel, alors, président-directeur général d'Hydro-Québec.
Je vous
remercie pour votre question au ministre, que je vais supporter dans la réponse, parce
que, tu sais, d'entrée de jeu,
la première chose que je dirais, c'est qu'on est vraiment dans une situation
enviable, le Québec. On a une ressource renouvelable, comme
vous le savez, à plus de 99 %, pour fabriquer notre électricité. C'est,
disons... tous les pays du monde aspirent à ça, hein, pour aider le
grand défi qu'on a, des changements climatiques. Alors, ça nous permet
évidemment, au Québec, d'être dans une
position de choix, parce qu'il y a encore beaucoup de choses qu'on peut
électrifier ici, mais aussi on peut contribuer à décarboniser nos
voisins, entre autres, l'Ontario, entre autres, la Nouvelle-Angleterre, le
Nouveau-Brunswick, l'État de New York, qui
produisent encore beaucoup de leur électricité avec du mazout, et évidemment
pollué.
On est toujours très fiers de dire, chez
Hydro-Québec, que, juste l'an dernier, nos exportations, qui s'élevaient à 36 TWh, c'était l'équivalent de retirer plus de
2 millions de véhicules de la circulation. On utilise toujours, cette
figure-là, parce
que, quand on parle de térawattheures, c'est difficile de rationaliser le tout,
mais, clairement, 2 millions de véhicules, ça, ça parle aux gens beaucoup, c'est presque 40 % des véhicules
qu'on a sur nos routes, au Québec, donc, qui seraient retirés du jour au
lendemain. Alors, déjà, le Québec, on a une contribution importante, hein,
évidemment, à réduire l'effet des changements climatiques, parce qu'on se
substitue, on remplace des sources qui sont polluantes.
Évidemment,
sur le plan économique, c'est extrêmement intéressant pour Hydro-Québec
d'exporter. Je rappelle toujours que
les Québécois ont un contrat, évidemment, privilégié avec Hydro-Québec, hein,
où on paie, puis là je parle du coût
de production avec lequel le producteur... environ à 0,03 $ du
kilowattheure. Quand on le vend à l'exportation, en général, on obtient le double du prix. Alors,
c'est pour ça que l'efficacité énergétique, au Québec, si on est capables de
réduire notre consommation, et de prendre
ces kilowattheures-là, et de les exporter chez nos voisins, collectivement, on
s'enrichit, et c'est la bonne chose à faire.
Alors, vous
souhaitiez que je commente sur nos discussions. Moi, je suis à la barre
d'Hydro-Québec depuis bientôt quatre ans, et, vous le savez, ça a été,
dès le début, une priorité de dire... dans notre plan stratégique, on a
clairement dit... On a construit de la capacité de production, hein? Vous savez
qu'on a mis en opération, depuis 2003, environ une quinzaine de nouveaux barrages, on a encore la Romaine-4 qui est en
construction, et ça, ça a généré de la nouvelle capacité.
En parallèle
avec ça, le Québec est resté au même
niveau de consommation. Alors, c'est pour ça qu'on se ramasse dans une situation de surplus. Je vous rappelle
que, l'été dernier, on a déversé 10 TWh, et ça, pour nous, chez Hydro-Québec,
c'est un sacrilège, de ne pas réussir à
monnayer de l'eau qui passe dans nos turbines. Alors, force est d'admettre que
la cause de ça, c'est qu'on n'a pas
suffisamment d'interconnexions avec nos pays voisins. Alors, c'est pour ça que
la priorité, depuis quatre ans, c'est de construire.
On a
d'ailleurs, avec beaucoup de succès, réussi à remporter un appel d'offres, qui
était, je vous dirais, le plus grand appel d'offres qu'on a jamais gagné il y a
quelques années. Alors, présentement, on en train d'obtenir les permis. Je vous
annonce que, la semaine dernière, on a
obtenu le permis de l'État du Maine, un des permis, qui est très, très, très
important, qui vient du Public
Utilities Commission — c'est un peu le pendant de la Régie de
l'énergie au Québec. Alors, on était très heureux de ça. Ça fait qu'on progresse à, évidemment, mettre une
nouvelle ligne qui va nous permettre d'exporter davantage.
Dans nos
surplus, nous avons environ la capacité de faire une autre grosse ligne comme
ça et peut-être une plus petite,
mais... Alors, sur quoi on travaille présentement, en collaboration avec le gouvernement, si on en a une qui est en train de bien
progresser... et l'autre, on doit la faire avancer, et l'Ontario
pourrait être une possibilité. New York pourrait être une possibilité,
et on pourrait en faire d'autres aussi au Massachusetts.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Puis je vais y aller
avec des questions des fois un peu plus courtes. Puis je pense que vous l'avez
dit, M. Martel puis M. le ministre, pour vous, c'est vos premiers crédits, mais, M. Martel, c'est sûrement
ses quatrièmes crédits. Donc, vous
saurez puis vous apprendrez, M. le
ministre, que, des fois, on va aussi
gérer le temps en fonction de la longueur de la question. On détermine
la longueur de la réponse également.
Parlez-nous
des surplus. On a combien de surplus? Ça représente combien en surplus actuellement? Parce que je vous entends : on a de la capacité de
production, etc., avec La Romaine, etc., qui... On parle de combien de surplus?
Ça représente combien en surplus actuellement?
M. Julien : ...mais, encore une fois, M. Martel va
pouvoir compléter et y aller dans plus de détails. Naturellement, il y a le surplus, en fin de compte, de la distribution
et il y a les surplus, en fin de compte, de la
production, qui sont deux notions assez distinctes en réalité, donc,
quand on dit qu'on a de la capacité, par exemple, qu'on a dit que le projet Apuiat, à titre d'exemple, qu'on aura des
besoins de développement parce
qu'on aura écoulé nos surplus, on pourra aller de l'avant avec du
développement.
Alors, les surplus est une notion, en fin de
compte, assez complexe. Je laisserai M. Martel compléter.
M. Martel
(Éric) : Alors, je vais... Merci, M. le Président. Alors, je vais
tenter de vulgariser ça. On a environ, je vous le disais tantôt, 20 quelques térawattheures
sur lesquels on pourrait s'engager à des contrats long terme. Parce que,
évidemment, la quantité de surplus varie
d'année en année selon l'hydraulicité, selon les pluies et les accumulations de
neige que nous aurons eues pendant l'hiver. Alors, tout ça, évidemment, on a
l'expertise, les experts chez Hydro-Québec vont regarder les quantités. L'an passé, on a, comme je vous disais,
exporté 36 TWh. Nous, on dit : C'est sûr qu'on ne pourrait pas s'engager à 36 dans les contrats fermes, parce
qu'évidemment, on doit prévoir qu'il y a des années qu'il y aura moins d'hydraulicité. Mais, par contre, on est très
confortables à s'engager à 23, 24TWh sur des ententes à long terme.
Déjà, avec celle du Massachusetts, on
en a environ une dizaine, alors c'est pour ça qu'un peu plus tôt, je
disais : On pourrait s'engager pour un autre contrat de cette
taille-là, environ 10, et un plus petit. Et c'est sur ça qu'on travaille.
Alors, tu
sais, l'Ontario, il y a des possibilités aussi à plus court terme. Je vous
rappelle qu'on a signé, quand même, un
contrat avec l'Ontario de 2 TWh il y a quelques années, mais il y aurait
la possibilité... Parce que les centrales nucléaires, il y a un gros investissement qui se prépare en
Ontario, où ils vont devoir faire de la maintenance importante et investir des
sommes colossales. Et, pendant que ces
centrales-là vont être arrêtées pour faire ces grands travaux-là, on pourrait,
nous, se substituer. Et la beauté de
la situation avec l'Ontario, c'est que, pour la grande majorité, on n'a pas
besoin de construire de nouvelles
lignes. Aujourd'hui, hein, on utilise peut-être 30 % environ de la capacité d'interconnexion
qu'on a avec eux. On aimerait bien ça
leur en vendre plus, mais eux-mêmes sont dans une situation de surplus
aujourd'hui. Mais, quand ils vont
arrêter les centrales nucléaires, ça nous permettrait peut-être, et
possiblement, et c'est ça, les discussions qu'on a avec les Ontariens,
de prendre plus d'espace dans cette transition-là.
Et,
l'autre question qui pourrait être sur la table aussi, c'est : s'ils
veulent arrêter complètement les centrales nucléaires et qu'on veut les remplacer, alors là, c'est un
engagement à plus long terme et probablement pour du volume beaucoup plus
costaud.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Oui. Mais, spécifiquement, est-ce vous vous attendiez à avoir une rebuffade
comme vous l'avez eue? Je veux dire,
vous êtes allé voir le premier ministre Doug Ford avec une série de
propositions. La table avait été mise, d'une certaine façon, mais la
réponse que vous avez reçue a été sans équivoque. Est-ce que c'est...
• (14 h 30) •
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Polo : Comment vous
expliquez ça, M. le ministre?
M. Julien :
Écoutez, c'est des discussions qui
vont être de longue haleine. Naturellement, comme on le mentionnait, corrige-moi Éric, mais c'est bien 18 centrales
nucléaires, avec de la maintenance à très haut niveau, qui devront être faites.
Une centrale nucléaire, là, on parle de 3 à
4 TWh, donc le remplacement, le 10 TWh, c'est deux centrales, deux
centrales et demie, à peu de choses près.
Effectivement, on est en début de processus de
discussion, mais, pour nous, force est de constater que l'énergie renouvelable
du Québec va démontrer clairement, clairement à n'importe quelle personne ou
État que c'est une énergie renouvelable et
propre et qu'elle doit être considérée. Alors, ce n'est pas parce qu'on est aux
premiers balbutiements de ce genre de grandes discussions qu'il faut
baisser les bras, bien au contraire.
M. Martel
(Éric) : Je pense qu'il faut aussi comprendre — merci, M. le Président — qu'on a quand même un autre gros contrat qu'on peut aller chercher puis on a
d'autres opportunités. L'Ontario en est une, puis moi, je peux vous dire,
les discussions avec l'Ontario continuent. Alors, on n'est pas au neutre
là-dessus. On a des discussions avec New York et
on a des discussions encore aussi avec la Nouvelle-Angleterrepour possiblement
peut-être faire un autre contrat. Donc, nous avons des options. Et nous, évidemment, bien, tu sais, on veut
contribuer au défi des changements climatiques. Puis, en plus de ça, bien, c'est notre travail, comme
Hydro-Québec, d'aller chercher, pour les Québécois, au bénéfice des Québécois,
le meilleur contrat possible.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Vous parlez, vous
l'avez mentionné aussi dans la revue de presse, on a pu lire que, d'ici 2021,
donc l'achèvement de la Romaine-4, il n'y avait pas de nouveau projet de
construction de nouveau barrage. Ceci dit, le gouvernement
s'est engagé à relancer, là, si on peut dire, la construction éventuelle de
barrages, même en partenariat avec d'autres
États. Est-ce que vous avez déjà des projets, si on peut dire, soit avec votre
équipe, des projets qui sont sur la table, d'éventuels sites,
d'éventuels endroits à considérer pour après 2021?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Oui. Naturellement, l'engagement qu'on prit, puis on l'a réitéré, puis on peut
le réitérer encore régulièrement,
c'est d'exporter nos surplus. Naturellement, pendant ce laps de temps là où on
y travaille, par exemple avec Massachusetts,
Nouvelle-Angleterre, New York, Toronto, l'Ontario, Hydro-Québec n'est pas assis
sur ses mains, là, bien au contraire,
il regarde différents scénarios. Nous, c'est d'être prêts au moment jugé
opportun pour, le cas échéant, si on réussit à exporter nos surplus, et
on compte bien le faire, d'être en avant des coûts pour le développement.
On réitère
que le prochain développement, même s'il n'est pas majeur, ça sera, en fin de
compte, Apuiat avec les 200 MW,
mais, naturellement, Hydro-Québec, et M. Martel pourra poursuivre, est
toujours en analyse de sites potentiels, le cas échéant, puisque ça ne
se bâtit pas sur une journée, bien au contraire, donc on planifie les coûts
d'avance.
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. Alors, écoutez, comme le ministre
vient de dire, c'est quand même une équation
complexe, hein, c'est de la planification à très long terme qui tient compte
évidemment de la demande au Québec. Et
nous, on doit absolument, je vous dirais... puis c'est pour ça que je parle
souvent, là, publiquement de l'année 2021‑2022, qui va être un peu
une année charnière pour nous, parce que, si nous devons entamer des travaux
d'un grand ouvrage hydroélectrique comme la
Romaine, par exemple, ou d'autres qu'on a faits dans le passé, il faut
planifier 17, 18 années parce que, à
partir du moment où on décide de le faire, l'obtention des permis, le
construire, etc., c'est à peu près le temps que ça nous prend.
Et pourquoi
2021‑2022? Parce qu'il n'y a plus grande question à répondre, hein? C'est une
décision, il faut être responsable, le ministre l'a dit. D'abord,
qu'est-ce qu'on va avoir réussi à faire avec nos exportations? C'est une priorité
pour nous, mais... pour adresser les
surplus, parce que, si on est encore en situation de surplus, bien évidemment,
ça risque de repousser cet
échéancier-là, mais, si on a à adresser les surplus, ensuite, il y a des
grandes questions comme : Ça va être quoi, la suite, en 2041, avec le contrat, par exemple, de Churchill
Falls? Qu'est-ce qui arrive, tu sais, à l'industrie manufacturière au Québec, qui consomme
beaucoup d'énergie? Et, nous, en parallèle aussi avec ça, on est en train de
tester d'autres types d'énergie comme le solaire, etc. Alors, ça va
dépendre du type de produit qu'on a de besoin, des besoins du Québec.
Et
un des grands phénomènes qui un peu nouveau qu'on en est train d'assez bien
comprendre chez Hydro-Québec depuis quelques années, c'est toute l'efficacité
énergétique. Avec toute la numérisation, il y a des nouveaux moyens qui peuvent nous aider à baisser notre consommation.
Alors, quand on va avoir balancé tout ça, en 2021‑2022, on devrait avoir
une meilleure compréhension de la suite des choses.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci. Donc, vous... je repose la question... avez-vous... J'imagine, vous avez
déjà identifié d'éventuels sites,
etc. Mais là vous parlez, là, selon les besoins, soit du solaire, etc., soit
Apuiat et compagnie, mais, plus précisément, là, des grands projets, grands barrages. Parce que le premier ministre s'est
avancé, là, à ce niveau-là, le ministre, il dit : Nous, on va relancer les grands projets de ce type-là à
notre arrivée. Il s'était même engagé
il y a plus de deux ans devant ses membres et peut-être même les nouveaux collègues ici, à l'Assemblée nationale. On parle de quoi? Est-ce qu'Hydro-Québec a déjà
un certain travail de fait à ce niveau-là?
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : ...M. le Président. Alors, écoutez, la réponse à ça, le ministre
l'a un peu effleurée tantôt, c'est : Oui, on a toujours des travaux, on regarde toujours
des sources potentielles pour faire des projets hydroélectriques au Québec. On
en a quelques-uns, O.K., qui sont dans nos cartons, sur lesquels on regarde.
Pour des raisons, je vous dirais, de respect, hein, pour les communautés locales avec lesquelles on travaille, on ne
mentionne jamais le nom des rivières sur lesquelles on travaille. La seule qu'on sait publiquement,
parce que ça avait été mentionné à l'époque, qui avait été regardée, c'était
Petit-Mécatina, qui est sur la
Haute-Côte-Nord, mais il y a d'autres projets aussi qui peuvent nous
intéresser, et on regarde. Tu sais,
ça va dépendre un petit peu de, comme je disais tantôt, de qu'est-ce qu'on a de
besoin, en 2020‑2021, pour le long terme.
Est-ce qu'on a besoin d'un projet avec beaucoup d'énergie, un projet avec
beaucoup de puissance? Alors, tout ça, ce sont des facteurs aussi qui
vont peut-être aiguiller notre décision.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le député de Laval-des-Rapides, en vous rappelant qu'il vous reste
trois minutes.
M. Polo :
Trois minutes. Parfait. Merci. Vous avez parlé de différents marchés
d'exportation, que ce soit l'Ontario, la
Nouvelle-Angleterre, le Maine. En question, vous avez fait référence au fait
que l'hydroélectricité est reconnue comme étant une énergie renouvelable
à ce niveau-là. Par contre, dans certaines des réponses qu'on a obtenues, vous
indiquez vous-même, là, à la page 41
sur 64, que certains États américains ne reconnaissent pas l'hydroélectricité
comme étant une énergie renouvelable,
alors que le gouvernement cherche à positionner Hydro-Québec et le Québec,
disons, comme étant la batterie de l'Amérique du Nord. On parle de quels
États? On parle de quels marchés potentiels à ce niveau-là?
Le Président (M. Lemay) :
M.Martel.
M.
Martel (Éric) : Alors, pour être plus précis, c'est surtout l'État de
New York et quelques États de la Nouvelle-Angleterre, mais les États principaux en Nouvelle-Angleterre nous
reconnaissent — entre
autres, le Massachusetts — que nous sommes une énergie renouvelable.
Mais,
tu sais, je dois faire un point, ici : c'est sûr que, quand Hydro-Québec
va compétitionner de l'autre côté de la frontière, hein, on est les
voisins, mais on est quand même des étrangers, on a beaucoup de compétition
locale qui évidemment va faire la promotion
de d'autres sources renouvelables, mais aussi du gaz et aussi de d'autres
sources, qui peuvent être le charbon.
Alors,
nous, on doit évidemment faire nos représentations, hein, puis je pense qu'on a
bien réussi à le faire à l'État du
Massachusetts, parce qu'on les a convaincus que nous avions le meilleur
produit, ce qui a donné place à un changement législatif qui a permis de
faire un appel d'offres que nous avons gagné. Alors, c'est beaucoup de travail.
Mais
il faut qu'on réalise, hein, puis ça me fait plaisir que vous me donniez
l'opportunité... c'est qu'on doit faire du travail, expliquer notre produit,
mais c'est sûr que notre compétition, pour eux, on n'est pas nécessairement le
bienvenu, il faut se dire les vraies choses. Alors, évidemment, ces
compétiteurs-là vont essayer de faire la promotion pour leurs produits, puis nous pour la nôtre, et, comme vous
dites, il y a des endroits qu'il n'y a pas eu des changements législatifs, mais
je peux vous assurer une chose, c'est qu'on y travaille très, très fort.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci. M. Martel, est-ce que vous voyez un danger, parce qu'à la fin
octobre il y a eu une revue de presse, il y a eu un article, Ottawa voyait d'un
bon oeil les ambitions du gouvernement d'exporter encore plus vers les États-Unis, vers les marchés... surtout les
États-Unis, et qu'ils étaient prêts à financer des interconnexions. Est-ce que
vous voyez un danger, surtout compte
tenu, là, de l'administration américaine actuelle, très, très protectionniste,
très, justement, marquée vers «buy America», puis, si on peut dire, le
soutien aux entreprises américaines? Est-ce que vous voyez un danger à ce que
le gouvernement fédéral intervienne dans le financement d'interconnexions et
que ça puisse justement représenter des barrières ou des obstacles à
l'éventuelle exportation vers certains États en question?
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel, je vous suggère de reporter cette réponse dans un prochain
bloc, et on va passer la parole, maintenant, à un bloc du gouvernement, et je
cède la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean.
• (14 h 40) •
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Merci, M. le Président. Écoutez, c'est un plaisir
pour moi d'être présent aujourd'hui en
tant que député et aussi en tant qu'adjoint au ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles. J'aimerais saluer tout d'abord M. le ministre, ainsi que M. Martel, le P.D.G.
d'Hydro-Québec, et aussi l'équipe. Je vois ici Mme la sous-ministre, là,
que j'aimerais saluer, sous-ministre adjointe. Et aussi remercier l'équipe du
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles
pour toute leur expérience qu'ils... partager, leurs connaissances depuis que
je suis adjoint. Donc, c'est très apprécié, alors, merci beaucoup. Et je trouve que c'est une belle occasion aussi
que nous avons, chers collègues parlementaires, de pouvoir discuter avec notre ministre ainsi que M. Martel
sur les enjeux et tout ce qui s'en vient au niveau d'Hydro-Québec. Donc,
ça me fait plaisir.
J'aimerais
aussi, M. le Président, souligner, avant que nous débutions, les 75 ans
d'Hydro-Québec, notre société d'État à nous, et peut-être
vous faire un petit peu d'histoire. Et je sais que vous êtes tout à fait au
courant. C'est le 14 avril 1944 que le ministre
Adélard Godbout a créé la Commission hydroélectrique de Québec, qu'on appelle Hydro-Québec. On peut dire que cette entreprise a fait beaucoup de chemin depuis en
contribuant beaucoup au développement de la province, hein? On a investi dans
nos systèmes d'éducation, de santé aussi, avec cette force d'Hydro-Québec que
nous avons.
En faisant
une petite recherche, j'ai été surpris aussi d'apprendre que c'est d'abord M. Maurice
Duplessis qui avait promis de
nationaliser l'électricité au Québec dans les années 30. Donc, on a eu des gens
qui ont été visionnaires par le passé.
On peut donc dire que ça ne date pas d'hier, cette volonté des Québécois de
faire du développement de la production électrique un projet
national.
Et je vous écoutais tout à l'heure parler
d'exportation, on sait qu'Hydro-Québec... une économie verte, hein? Aujourd'hui, on voit, là, avec les changements climatiques, partout à travers le monde... Donc, on sait
que... moi, j'y crois, qu'Hydro-Québec va décarboniser nos voisins et
aussi, pas juste nos voisins, mais partout ailleurs dans le monde en développant des énergies de transition aussi,
parce qu'on a besoin d'électricité pour faire de l'énergie de transition. Donc,
Hydro-Québec est un leader mondial, et c'est plus que ça : c'est un
patrimoine collectif de tous les Québécois. Donc, il faut en être conscients. Et, tout
à l'heure, j'ai dit que ça nous aide
aussi à continuer d'investir dans nos systèmes de santé, éducation, donc c'est très important.
Et aussi on a été capables de bâtir ça grâce à une richesse inestimable, qui
est notre réseau d'eau. Donc, grâce à
ça, on a pu développer un emblème national. Et moi, je suis convaincu que c'est
un incontournable.
En ce moment,
il y a des discussions, mais je sais que, dans 25 ans, lors de notre 100e anniversaire,
Hydro-Québec fera ce
qu'elle a dit : de l'exportation avec nos provinces voisines et aussi avec
notre voisin, qui est les États-Unis
d'Amérique.
Quand on
pense à Hydro-Québec, on pense, bien sûr, aux grands chantiers de barrages un
peu partout au Québec, mais on oublie
souvent que, pour exploiter ces grands barrages, dont les lieux d'exploitation
étaient parfois situés à des centaines et des centaines de kilomètres
des zones densément peuplées auxquelles le courant devait être acheminé, comme Québécois, il a fallu innover, M. le
Président, pour développer des lignes de transmission à haute tension capables
de transporter toute cette électricité. L'aventure hydroélectrique a été une
réexploration du territoire québécois, des régions
au nord de la province vers celles beaucoup plus au sud, tout au long de la
vallée du Saint-Laurent. Sans le courage, M. le Président, le savoir-faire, la créativité, le génie inventif et la
volonté politique du peuple québécois — ça prenait une volonté — jamais cet actif, qu'on peut considérer
comme le plus grand actif au bilan général de notre nation, n'aurait vu le
jour et aurait pu connaître la formidable expansion qu'il a connue.
On a appris à gérer de grands projets avec ça.
On a innové et on s'est démarqués partout à travers le monde. On a appris là-dedans aussi. Il y a des choses
qu'on ne connaissait pas, qu'on ne savait pas, mais on a osé et on a réussi. On
serait tous naïfs de croire, dans cette salle de commission, que tout est joué.
Bien au contraire, on sait qu'il y a encore beaucoup
de choses à faire. On veut qu'Hydro-Québec continue à engendrer des milliards
pour continuer d'investir dans l'éducation,
dans la santé, c'est important, et de continuer aussi à développer le secteur.
Il nous aide aussi, tous les filets de
social... on est enviés par nos voisins d'Amérique du Nord. On est dans un
marché qui est en constante évolution, et il faut s'y adapter pour
préserver la position envieuse qu'Hydro-Québec y occupe.
Dans le contexte historique du 75e anniversaire
de la société d'État, j'aimerais, aujourd'hui, débuter le débat par ce qu'on
garde normalement pour la fin en vous questionnant, M. Martel et M. le
ministre aussi, sur les perspectives d'avenir
d'Hydro-Québec — vous en
avez parlé tout à l'heure — les actions à entreprendre pour assurer sa pérennité face
aux obstacles du marché actuel.
On entend
aussi, par exemple, souvent parler de la spirale de la mort, à laquelle font
face les grandes entreprises de production
électrique à cause de l'augmentation, d'année en année, de l'autoproduction. On le sait, les gens s'autosuffisent de
plus en plus en partie ou en totalité avec entre autres l'amélioration
technologique de la production d'énergie solaire. À long terme, je suis
convaincu que nous aurons exporté notre savoir-faire partout à travers le Canada
et aux États-Unis, mais il y a une période de transition quand
même, on a des surplus, et tout ça.
Donc, j'aurais trois questions à vous poser à
vous deux. Alors, comment peut-on vous aider à maintenir une compétitivité et
une croissance dans ce marché changeant en ce moment?
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. M.
le ministre, je ne sais pas si vous voulez... O.K. M. Martel, la
parole est à vous.
M. Martel (Éric) : Merci, M. le
Président. Alors, merci pour votre question, M. le député.
Alors,
écoutez, il y a beaucoup de travail présentement qui se fait chez Hydro-Québec pour justement se préparer à cette transition énergétique là. Écoutez, il y a eu un modèle pendant
des décennies qui a été celui de la grande utilité, qu'on appelle, comme Hydro-Québec un peu partout dans le monde, qui produisait de l'électricité et qui
livrait de l'électricité à ses clients, un modèle, donc, très
centralisé.
Évidemment, il y a
de l'évolution technologique qui, aujourd'hui, crée une réalité
différente. Vous avez parlé entre autres
d'autoproduction, hein? C'en est un, facteur, qui est nouveau. Écoutez, il y a
deux ans, on avait à peu près 100 personnes au Québec qui faisaient de la production puis qui la
remettaient sur le réseau, on est rendu à 700. C'est encore minime, O.K.? Et
la raison pour laquelle c'est minime au Québec, c'est que les gens le font par
choix ici, parce qu'il n'y a pas d'avantage économique à le faire. Les tarifs
d'électricité d'Hydro-Québec étant les plus bas, hein, en Amérique du Nord et
même quand on regarde en Europe, les gens
n'ont pas d'incitatif à dire : Je vais produire de l'électricité à
0,30 $ le kilowattheure quand Hydro-Québec peut me le vendre à
0,078 $. Alors, ça ne fait pas de sens.
Mais,
évidemment, les coûts de l'autoproduction baissent année après année, et nous,
on croit — tu sais,
il faut être responsable dans cette
décision-là puis regarder ça avec... Il ne faut pas se mettre la tête dans le
sable puis dire c'est quoi, vraiment, qui s'en vient devant nous — que
les coûts de l'autoproduction vont un jour se rapprocher des nôtres. Alors, on
doit aussi se dire : Il y aura peut-être un moment dans le temps, dans 10 ans,
dans 15 ans, dans 20 ans où il y aura peut-être 500 000 maisons au Québec qui vont produire une
partie de leur électricité. Et là ce que ça change pour nous sur le plan de la gestion, c'est que c'est comme si
j'ai 500 000 petites nouvelles centrales qui viennent de s'ajouter
sur mon réseau et qui vont m'envoyer
de l'électricité à différents moments que je ne connais pas, puis ce n'est pas
nous qui le contrôlons.
Alors, vous
savez, le métier d'Hydro-Québec, c'est un peu un métier d'équilibreur. Là, on
est un peu des équilibristes, je
devrais dire, parce qu'on doit toujours s'assurer que le réseau est bien
balancé. Alors, quand tout ça va revenir sur le réseau, hein, nous, on doit être prêts à l'accueillir. C'est pour ça
qu'on est en train de développer, là, un nouveau système qu'on va implanter dans quelques années qui va
nous permettre d'avoir une relation que je vais appeler bidirectionnelle avec
nos clients. Alors, ça va nous permettre de
leur donner... de leur vendre de l'énergie, mais aussi de reprendre de
l'énergie qu'eux vont produire. C'est pour ça que tantôt, quand on
parlait, hein, tu sais, quand on va vouloir définir qu'est-ce qu'on fait dans le futur de nos grands projets, je
dis : En 2020‑2021, on doit comprendre ça. C'est quoi, l'impact de ça?
Est-ce que ça va nous... Les gens vont-u
produire 2 TWh, 10 TWh? Alors, ça, ça fait partie de l'équation qu'on
a à résoudre, et c'est quand même assez complexe.
Alors, il y a le phénomène de l'autoproduction,
il y a les véhicules électriques, hein? Vous savez qu'on dépense beaucoup présentement, on fait beaucoup d'efforts
à mettre l'infrastructure en place. Donc, ça, ça va avoir l'effet contraire,
ça va rajouter de l'énergie. Alors, ça, on
se prépare à ça. Vous le savez, qu'on a déployé des milliers de bornes
présentement de recharge, on se
prépare à en déployer 1 600 pour faciliter l'utilisation des véhicules
électriques ou hybrides. Alors, ça, c'est important. Mais Hydro-Québec,
on est très conscients que ces changements-là s'en viennent.
Et l'autre
phénomène aussi après l'autoproduction qui a un impact, c'est ce qu'on appelle
la numérisation, alors avoir une maison intelligente qui est capable de
mieux gérer l'énergie. Et là encore, il faut comprendre, hein, c'est un nouveau
phénomène. Est-ce que les gens vont sauver 2 %, 10 % de leur
consommation? Alors, ça peut aussi faire une différence sur le bilan
énergétique du Québec, et ce sont des questions qui sont en train d'être
travaillées.
C'est sûr qu'on est un peu chanceux, parce que
les gens ici l'adaptent moins vite à cause de l'incitatif financier qui n'est pas là. Mais alors ça nous permet
d'apprendre, on regarde de très proche ce qui se passe en Europe. Il y a des
pays comme la France, c'est un
bouleversement. Une compagnie comme EDF perd des milliers de clients à chaque
semaine. En Californie aussi, c'est
important, parce que, quand les gens ont le choix d'en produire à 0,30 $
parce qu'ils paient 0,40 $, bien
là, pour eux, c'est avantageux. Alors, ce changement-là est adapté beaucoup
plus rapidement. Mais, comme je disais un
peu plus tôt, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, on est conscients
qu'ici, au Québec, aussi, c'est des choses, c'est des phénomènes qui
vont exister.
Alors, la
société d'État se prépare à accueillir tous ces changements-là, puis aussi,
bien, on va en faire partie, parce qu'on
est les leaders, au Québec, pour la production d'électricité, alors ce sont des
choses qu'on travaille. Il y en a qui sont en recherche et développement dans notre centre de recherche, il y a des
choses qu'on regarde, comment on va implanter assez rapidement. Alors, tous ces
travaux-là sont en marche.
Le Président (M. Lemay) : Merci,
M. Martel. M. le ministre.
• (14 h 50) •
M. Julien :
Oui. Juste pour faire un petit peu de pouce sur ce que M. Martel
mentionne, alors, j'étais justement,
là, la semaine dernière, là, Munich, Berlin pour des travaux en transition énergétique. Quand on survole, Munich, les panneaux solaires
sur presque... la grande majorité des maisons ont des panneaux solaires, de
production. Il faut bien comprendre qu'on a
du temps, au Québec, avec l'IREQ, avec des projets pilotes pour développer ça. En Allemagne, c'est 27 centimes d'euro le kilowatt. Ici, c'est 0,07 $. Donc,
c'est six fois plus dispendieux. Et, malgré ça, ils ont des défis majeurs. Ils
veulent sortir du nucléaire en 2022,
encore 12 % de la production est
au nucléaire. Ils veulent sortir du charbon rapidement, nous disent-ils,
2038.
Donc, nous
autres, on a... Ici, là, quand on parle de l'énergie au Québec puis on dit que
99,5 % de l'énergie électrique renouvelable
propre... eux, ils ont des objectifs, en 2030, 2040, d'être à 70 % et ils
ne savent pas trop comment y arriver. Donc,
on a quand même une particularité avec des coûts très faibles. Naturellement,
il faut s'y préparer. Ça va venir, mais on se prépare bien justement avec l'IREQ, l'institut de recherche, avec
des projets pilotes, justement, pour faire face à ces situations-là, on
ne sera pas pris au dépourvu.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Juste à titre d'information, M. le Président...
Le
Président (M. Lemay) : Huit minutes.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : ...il me reste combien de temps?
Le Président (M. Lemay) :
Huit minutes.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Huit minutes.
Eh
bien, écoutez, en tout cas, je vous remercie. Vous avez été un peu plus loin,
là, dans vos éléments de réponse, parce
que j'avais quand même trois questions. Vous me parlez que, tu sais...
d'adaptation aux nouvelles technologies, donc vous avez répondu, puis aussi, en même temps, bien, d'attirer aussi des
entreprises qui sont plus énergivores. On sait qu'on peut en prendre, parce qu'on a une ressource qui
est inestimable et même inépuisable. Donc, vous avez bien répondu, là,
quand même, à mes trois questions.
J'arriverais
peut-être, là... Je voudrais retourner un petit peu sur le 75e anniversaire
d'Hydro-Québec. Je voudrais en savoir
un peu plus sur la journée d'hier, sur les activités de célébration qui ont été
organisées dans le cadre des 75 ans d'Hydro-Québec. J'ai vu quelques
photos passer sur les médias sociaux, dont une de cinq premiers ministres du
Québec réunis. Donc, j'ai trouvé ça quand
même très intéressant, tu sais, de voir ces gens-là assis autour d'une table,
de se commémorer. On a vu l'ancien
président, M. André Caillé, tout ça, et on sentait qu'il y avait de la
fierté, on sentait ça. On y a souligné le fait aussi que cette société est le
vaisseau amiral de l'économie québécoise. Aujourd'hui, c'est encore vrai, puis
moi, ça va encore vrai dans 20 ans, puis ça va être encore vrai au
100e anniversaire d'Hydro-Québec.
Lors
du panel de discussion, l'historique de la société a été présenté, et aussi,
l'événement a offert un exercice de mémoire, mais également une vision
du futur. On parle beaucoup, là, de ce qu'on... Vous avez eu quelques
questions... beaucoup de questions. Vous
avez parlé d'exportations, vous en parlez, là, de la vision du futur. C'est
important pour une entreprise, là, de
savoir où est-ce qu'on s'en va, puis je pense qu'Hydro-Québec sait où est-ce
qu'elle s'en va, puis elle est bien positionnée aussi pour le futur.
Alors,
ma question s'adresse aux deux. J'aimerais avoir, suite aux journées d'hier,
les deux, M. le ministre ainsi que M. Martel,
j'aimerais tout d'abord savoir comment vous avez vu et vécu la journée d'hier.
Je sais que, M. le ministre, c'est votre première aussi, donc...
M. Julien :
Honnêtement, là, ça a été...
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, allez-y.
M. Julien : Ça a été une journée fantastique, hein? Écoutez,
là, 75 ans... C'est facile aujourd'hui de regarder dans le passé puis de dire : Aïe, on est bons, mais ça prenait des gens
hypervisionnaires à l'époque, parce
qu'il y a eu des choix qui ont été faits à l'époque, dans des grands
développements, où les gens regardaient ce qu'on fait nos voisins, là, le
nucléaire, l'hydroélectricité. Et, aujourd'hui, on peut constater le résultat
qui est fantastique. Mais ça a pris des gens visionnaires à l'époque, qui ont
défendu cette position-là, et c'était loin d'être évident de défendre cette
position-là.
A
posteriori, on peut constater que c'était visionnaire, mais, effectivement, il
y a eu des grands bâtisseurs au Québec. Et tous les premiers ministres qui se sont succédé ont continué, en fin
de compte, à élargir les capacités de ce fleuron, fleuron québécois, ce
vaisseau amiral. Et, naturellement, on est dans une période, quand même, de
changements importants. Il y a certains
paradigmes qui sont modifiés. Mais je réitère, là : il y avait 90 nations
qui étaient là la semaine dernière, là, tout le monde nous envie au
Québec avec ce qu'on a, ce qu'on détient comme richesse, là.
99,5 %
d'énergie propre renouvelable, quand les cibles à moyen et long terme des
autres pays, c'est 70 %... 50 % de l'énergie totale au Québec
qui est énergie renouvelable, là, quand on prend les véhicules et l'ensemble du
parc... Ailleurs, 50 %, ils se
projettent en 2040 pour y arriver. C'est leur cible pour faire face, en
réalité, à la réduction des GES puis aux changements climatiques. On est
prêts à relever ce défi-là au Québec, on va le faire, mais on a une position tellement
enviable. Et, hier, là, avec l'ensemble des intervenants, tous partis
confondus, ceux, en réalité, qui ont bâti Hydro-Québec... c'est un sentiment de fierté inestimable.
Alors, très belle organisation d'Hydro-Québec, c'était très plaisant, puis ça nous
permet de se dire, justement, là, au 100e anniversaire, on va être encore
plus loin. M. Martel.
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Merci. Écoutez,
il y avait un mot qui était sur toutes les lèvres, hier, c'était «fierté». Je
pense que tous ceux qui ont participé à l'événement, hier, étaient extrêmement
fiers. Et j'aime toujours dire aux gens, à Hydro-Québec : Hydro-Québec a été construite sur deux choses : de
l'audace puis aussi l'innovation technologique.
Puis on en a eu, de l'audace. Tu
sais, quand on a fait... a été les premiers à construire des lignes de
735 000 volts, ça n'avait jamais été fait au monde. On a été
les premiers à faire une ligne de 1 500 kilomètres qui descendait
jusqu'à Boston pour exporter en courant DC.
On a été les premiers à faire une centrale souterraine, Robert-Bourassa, de
cette taille, qui... c'était un projet
extrêmement audacieux, mais l'innovation technologique a toujours fait partie
de notre ADN. Et là je dis souvent : Les défis, probablement, auxquels on va faire face dans le futur sont
différents des défis du passé, mais probablement vont faire encore appel
à ces deux choses-là : l'audace et l'innovation technologique.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. Martel. M. le député de Lac-Saint-Jean, la parole est à vous.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Combien que...
Le
Président (M. Lemay) : Trois minutes.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Trois minutes. Oh! mon Dieu, ça va... Écoutez, je
vais essayer de m'entretenir... au niveau
de l'enfouissement des fils, je vais avoir quand même une question qui va être
un petit peu plus spécifique, puis on sait
qu'elle porte sur l'actualité récente, sur la semaine dernière, quand une
tempête de verglas a causé des bris d'équipements qui ont engendré de nombreuses pannes de courant
dans Laval, les Laurentides et Lanaudière, le lundi soir. Ce sont environ
315 000 abonnés qui ont été privés d'électricité au plus fort de la
tempête et près de 150 000 qui ont dû composer avec une panne de
courant prolongée, ne retrouvant le courant que le mercredi.
J'aimerais
tout de même prendre la peine, quand même, là, je pense, c'est important de le
dire, de féliciter tout le personnel
d'Hydro pour la rapidité avec laquelle les quelque 600 équipes mobilisées
ont réussi à rétablir le courant, surtout quand on considère qu'on a eu droit à une mini tempête de neige tout de
suite après l'épisode du verglas, hein? Et la situation nous rappelle un peu aussi ce qui s'est passé en
1998, on se rappelle de 1998, de la fameuse crise du verglas. Sauf que, cette
fois, on peut dire que les dégâts ont été
contenus beaucoup plus rapidement, on a plus d'expérience aussi, donc on sait
que ça va quand même assez vite. La
grande différence aussi, par rapport à il y a 20 ans, c'est que le réseau de
transport, soit les pylônes, n'a pas
été touché, alors que, là, c'était le réseau de distribution, donc les poteaux,
qui ont subi l'ensemble des dommages.
Je sais qu'il existe
un programme, chez Hydro-Québec, qui s'appelle le programme patrimonial et
culturel à l'intention des municipalités et des MRC, municipalités régionales
de comté. On sait que ce programme fournit aux
municipalités une aide financière pour procéder à l'enfouissement des réseaux
de distribution aériens existant sur des sites d'intérêt patrimonial et
culturel. Je regardais les crédits budgétaires et je sais que la somme
consacrée à l'enfouissement des fils varie à
peu près, bon an, mal an, d'une année à l'autre, autour de 2,2 millions
par an. On sait pour les sites patrimoniaux, les nouveaux développements, tout ça, on sait que ce qui est... On ne
parle pas, là, de l'ensemble du Québec, parce que ce serait quelque
chose presque impensable.
Donc,
ma question pour M. le ministre et M. Martel : Pour éviter la
répétition de telles scènes au Québec, est-ce que l'enfouissement des fils
électriques pourrait éventuellement devenir un chantier important ici? Est-ce
que c'est quelque chose qui est réaliste selon vous, je parle plus, là, des
nouveaux développements, mais réaliste, là, à certains endroits?
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel, en 30 secondes.
M. Martel
(Éric) : Alors, la courte
réponse à ça, c'est qu'évidemment, si on déciderait de tout enfouir, comme vous
l'avez dit, on ne peut pas se payer ça, parce que
les tarifs d'électricité
exploseraient. La deuxième chose, c'est qu'on en fait de plus en plus, mais
c'est toujours les gens qui le demandent qui paient, soit des municipalités ou
des entrepreneurs. Depuis 2000, là, je regardais, on a à peu près
40 % des nouveaux lieux de consommation qui sont alimentés en souterrain,
ce chiffre-là était environ à 9 % en 2000.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup, M. Martel. Donc, le
temps de ce bloc est maintenant écoulé. Je recède la parole au porte-parole de l'opposition
officielle, M. le député de Laval-des-Rapides. Vous aviez une question en
suspens tout à l'heure.
• (15 heures) •
M. Polo :
Oui, oui, en effet, mais j'aimerais remercier le collègue du Lac-Saint-Jean, je
sympathise avec lui, mais effectivement
d'avoir fait référence aux sinistrés, si on peut dire, aux gens touchés par les
pannes de courant de la semaine dernière. Moi-même, j'ai été touché
pendant un peu plus de 30 heures, donc merci d'en faire la mention.
Ceci dit, oui, je
reviens sur l'intérêt d'Ottawa de participer au financement des
interconnexions, et, si le P.D.G. d'Hydro-Québec
ne voit pas là justement un danger face au fait qu'on a un gouvernement
américain qui est frileux, très protectionniste et comment il
entrevoit... C'est une chose, de financer l'interconnexion entre les provinces,
mais c'est une autre chose de financer une
interconnexion auprès d'États ou vers les États-Unis. Est-ce qu'il voit là un danger réel?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
...très rapidement, on voit toujours d'un bon oeil des investissements qui
viendraient sur les infrastructures, en
fin de compte, pour bonifier des investissements sur les infrastructures,
naturellement, spécifiquement sur certains travaux pour Hydro-Québec et
les ententes internationales, commerciales, qu'il faut gérer de manière très,
très pointue pour éviter de nous mettre dans
des positions, en réalité, qui seraient hasardeuses avec nos voisins en termes
de concurrence. Donc, je pense, il y
a certains éléments qui pourraient servir à des investissements, mais il
faudrait voir à la face même de ces investissements-là
pour s'assurer qu'on ne vient pas se mettre en position difficile par rapport à
nos attentes commerciales internationales.
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. Alors, écoutez, c'est extrêmement
important, puis il faut être minutieux dans
ce travail-là. Il est clair que, si on a des lignes de transport qui sont
dédiées pour collaborer entre les provinces, même ici à l'intérieur du
Québec, qui seraient subventionnées ou peu importe le terme qu'on utilise par
le gouvernement fédéral, ça peut être possible. Mais il faut être extrêmement
prudent. Comme le ministre le mentionnait, si on parle d'exportation... Je vous disais, tantôt : On a de la compétition de
l'autre côté de la frontière. Si on donne l'impression ou qu'on donne des arguments à notre compétition de
l'autre côté qu'on est subventionné, c'est sûr et certain que le bureau du
commerce américain va être saisi d'un dossier sur nous. Et ça, ça pourrait nous
nuire énormément, alors on doit être extrêmement prudent dans comment on fait
ça.
Mais, par contre, je vous donne un
exemple sur lequel une subvention ou de l'aide fédérale pourrait être
intéressante, c'est le câble
sous-marin qui s'en va aux Îles-de-la-Madeleine. Parce que, par le câble
sous-marin... On appelle ça une ligne en antenne parce qu'elle termine
aux Îles-de-la-Madeleine. Je ne peux pas mettre de l'énergie puis l'envoyer
vers les États-Unis parce que c'est une
ligne qui dédiée à eux. Alors, à ce moment-là, il n'y aurait pas de problème,
mais il faut être conscient et
vigilant par rapport à ça parce qu'on ne veut pas justement susciter l'intérêt
de nos compétiteurs de l'autre côté de
lever la main puis de dire au bureau du commerce américain : Allez
vérifier Hydro-Québec. Parce que ça pourrait ralentir nos exportations
de façon importante.
Le Président (M. Lemay) :
Très bien. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Écoutez, je pense que... je reviens sur les propos du collègue, là, du
Lac-Saint-Jean par rapport au 75e anniversaire d'Hydro-Québec. Je pense
qu'on ait tous, là, effectivement, le sentiment de fierté. C'est aussi, comme mentionné par le ministre, que c'est le vaisseau
amiral de l'action même du gouvernement grâce aux dividendes, mais aussi
grâce au savoir-faire, l'expertise, la reconnaissance internationale et la
fierté en question.
Ceci
dit, j'aimerais savoir, M. Martel, quand le premier ministre s'est avancé
en allant proposer aux Ontariens de faire
un deal du siècle ou une entente qu'ils ne pourraient refuser, même de proposer
d'être en partenariat et de construire avec des travailleurs ontariens des
nouveaux barrages au Québec, ça ne vient pas remettre en question cette
fierté-là de dire qu'on a un
savoir-faire québécois? Puis là, pour faire un deal absolument, puis j'en
conviens, on veut tous faire des deals,
mais est-ce qu'il faut nécessairement remettre en question, justement, de faire
travailler notre monde de chez nous qui ont cette expertise, qui l'ont
développée à travers des années pour nécessairement faire un deal à tout prix?
Tout d'abord, est-ce que ça vous a pris par
surprise ou vous étiez au courant que le premier ministre s'en allait, avec le
ministre, mettre ça sur la table devant le premier ministre ontarien?
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel, la parole est à vous.
M. Martel
(Éric) : Alors, on en avait parlé préalablement, hein, c'était une
idée. Et évidemment ce qu'il faut comprendre,
c'est que le contexte, en Ontario, aussi, est le suivant. C'est qu'il y a 18,
19 centrales nucléaires en Ontario, et ces centrales nucléaires là créent environ 50 000 emplois
en Ontario directement ou indirectement. Alors, il faut être sensible à ça, pour un gouvernement ontarien, de
dire : Je vais fermer les centrales nucléaires, qu'eux il va y avoir des
répercussions par rapport à l'emploi.
Bon, c'est une idée. Après ça, il faudra voir comment ça, ça peut se
matérialiser. Il y a-tu un intérêt ou
pas de leur côté? Mais c'est correct de mettre des idées sur la table, hein?
Parce qu'il y a plusieurs façons d'approcher un dossier. On veut, des
fois, peut-être, tu sais, rassurer des gens avec qui on discute sur quelque
chose par rapport aux emplois, par exemple.
Alors, moi... tu sais, on en avait préalablement parlé, on était à l'aise à ce
que cette idée-là soit mise sur la
table. C'est une idée à ce moment-ci. Je vous le disais, en 2021‑2022, on va
mieux comprendre des choses, l'Ontario aura
évolué. Qu'est-ce qu'ils veulent faire? Qu'est-ce qu'ils ont pris comme
décision par rapport à leurs centrales nucléaires? Il faudra voir c'est
quoi, la meilleure solution pour tout le monde.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, allez-y.
M. Julien : Oui. Puis pour faire un peu, là, de pouce
là-dessus, tu sais, ce qu'on cherche... puis, comme mentionnait M. Martel, si on dit que le nucléaire, en Ontario,
en fin de compte, n'est pas la bonne solution, dans notre perspective à nous,
là, naturellement, il faut trouver un moyen d'avoir une entente
gagnant-gagnant. Plusieurs emplois sont à la fois pour la maintenance du nucléaire en Ontario
puis après ça pour la production. Mais il faut également comprendre que c'est
une hypothèse. Mais actuellement, comme
mentionnait M. Martel précédemment, on a des capacités en termes de lignes
pour déjà amener, là, beaucoup plus d'énergie sur l'Ontario.
Donc, pour nous, c'est de continuer les discussions, mais, à terme, ces
discussions-là, si on veut qu'elles fleurissent, il va falloir que l'entente
soit gagnant à gagnant, à la fois pour le Québec et pour l'Ontario.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci, M.
le Président. Écoutez, je ne veux pas
interpréter les propos parce que, vous savez, c'est contre le règlement,
de présumer des propos, là, mais, moi, le matin, si je me lève, puis je suis en
train de prendre ma douche, puis j'ai une idée, ça ne veut pas nécessairement
dire qu'en sortant de chez nous, c'est la meilleure idée du siècle non plus, là. Ce n'est pas très convaincant d'entendre
le P.D.G. dire : Oui, c'est une idée. Le nouveau gouvernement est arrivé,
ils nous ont proposé ça, on va l'essayer, on
va la tenter. Pour moi, ça démontre un peu d'improvisation dans... c'est un peu
ce que j'interprète, moi, de mon côté, un
peu d'improvisation dans la démarche, alors qu'on parle d'un enjeu très
sérieux, et surtout — puis
ça, je l'ai répété longuement — une certaine incohérence parce que le
premier ministre se targue, en campagne et
depuis, de vouloir créer des emplois payants. Et on l'a vu sur le dossier du
taxi que, pour le premier ministre et
le gouvernement, des emplois de... et les vies et les familles associées à
cette industrie-là, ce n'étaient pas nécessairement des emplois, selon
lui, assez payants. Mais là on parle d'emplois dans la construction, des
professionnels, une expertise reconnue qui
fait la fierté des Québécois, etc., et, à la première visite que le premier
ministre et le ministre font en Ontario, ils décident de se lever ce matin-là
puis de mettre ça sur la table, de dire : On va essayer, on va essayer de
faire un deal gagnant-gagnant. On ne
le sait pas, ce n'est pas planifié, on l'a préparé sur un coin de table pour
voir si ça va marcher, puis on va voir si le premier ministre de
l'Ontario va tomber dans ce piège-là ou cette idée-là en question. Est-ce que
c'est vraiment ça, la nouvelle façon justement d'essayer de promouvoir ou
d'essayer de faire des deals, M. le ministre?
Le
Président (M. Lemay) : M. le ministre.
M. Julien :
Bien, écoutez, si on ne peut pas faire d'interprétation, je me demande on est
face à quoi. Mais, pour nous, en
réalité, on a des possibilités au Québec, on le réitère. On a un surplus.
Alors, l'idée de génie, là, c'est de partager ce surplus-là avec nos
voisins, de faire amener l'énergie renouvelable propre du Québec vers nos
voisins. C'est pour le bénéfice du
développement économique du Québec, des retombées fantastiques. Le deal avec le
Massachusetts, c'est des retombées
énormes économiquement pour le Québec, c'est de maintenir notre expertise au
Québec, parce qu'on a expertise fantastique dans le domaine de
l'hydroélectricité et des lignes de transmission, et, après ça, c'est d'aller
discuter avec eux pour dire : Je pense
qu'on a une bonne solution pour vous. On a de l'hydroélectricité, vous avez des
défis, en fin de compte, de maintenance importante de vos centrales
nucléaires, je pense qu'on peut travailler ensemble à une entente gagnant-gagnant. Donc, ça, c'est la démarche qu'on
va faire avec tous nos voisins quand on va les approcher, leur démontrer que
c'est gagnant pour nous, gagnant pour eux. Pour eux, c'est de la réduction de
GES, c'est des tarifs raisonnables et c'est un virage vers de l'énergie renouvelable. On veut y contribuer avec eux,
et le Québec va y gagner, et les voisins également.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre, pour votre réponse. M. le député de Laval-des-Rapides.
• (15 h 10) •
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. M. le Président, avoir de la vision, ce n'est
pas basé sur une idée de génie. Avoir de la vision, c'est d'être capable de se
préparer d'avance, de bien évaluer les pour et les contre, et tout ça, et de
ne pas se réveiller un matin avec une idée
de génie puis de dire : Bon, bien, on s'en va à Toronto, on va rencontrer
le premier ministre de l'Ontario puis
on va lui proposer une idée un peu alambiquée, un peu préparée à l'improviste.
Ce que le ministre répond à la fin de sa réponse, je l'interprète
correctement, on est d'accord, il y a tellement d'avantages à exporter l'hydroélectricité qu'on n'a pas besoin, M. le ministre,
de préparer ou de s'improviser une idée de génie avant de partir en Ontario pour remettre en question des emplois
payants — je vais
réutiliser le langage puis les paroles du premier ministre et de vos collègues — des emplois payants, des emplois basés sur
une expertise et sur une reconnaissance internationale qui fait la fierté des Québécois, qui fait que le
Québec est aujourd'hui ce qu'il est, grâce justement aux 75 ans
d'Hydro-Québec. Mais, pour ça, je pense qu'on a suffisamment d'arguments en fonction
de tous les bienfaits de l'hydroélectricité sans avoir à remettre en question de faire travailler des
gens de chez nous avec une expertise et de dire : En plus de ça, bien, on
serait même prêts à discuter de copropriété, de copartenariat sur la construction
de nouveaux barrages.
Est-ce que c'est ça,
vraiment, l'alliance énergétique, cette vision qui est un peu alambiquée, un
peu improvisée à l'improviste pour
dire : Bon, bien, aujourd'hui, on s'en va voir les Ontariens, demain, on
va voir les Américains puis on va se préparer comme ça à la va-vite?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, sur l'alliance énergétique.
M. Julien :
Oui. Dans toutes les négociations en vue d'exporter nos surplus énergétiques,
on aura à avoir les discussions avec, en
fin de compte, les parties prenantes
pour trouver des situations gagnant-gagnant. Je réitère que, pour l'Ontario, les lignes et les interconnexions sont déjà
existantes, là, pour le réseau de l'électricité du Québec
vers l'Ontario, qui permettent
déjà d'augmenter de manière assez considérable les ventes d'électricité, et de
manière importante.
Et,
dans tous les cas de figure, et, si
on était à l'opposé, chers collègues, si on était à l'opposé, celui qui se fait
négocier, on va chercher, au Québec, comme partout ailleurs, une entente
qui est gagnante-gagnante. Nous, quand on observe actuellement la situation de l'Ontario, on observe, je réitère la même
chose, plusieurs centrales nucléaires, des investissements de plusieurs
dizaines de milliards juste pour la maintenance, et nous, on lève la main, on
dit : Écoutez, nous, on a de l'énergie renouvelable, on a de
l'énergie propre, on a des lignes d'interconnexion, on veut travailler avec
vous dans une entente gagnante-gagnante.
Quelle
forme prendra cette entente-là? Dans tous les cas de figure, il va falloir que
l'Ontario y trouve son profit. Dans
tous les cas de figure, ce n'est pas juste le Québec qui va y trouver son
profit. Donc, les négociations visent justement, chers collègues, à
arriver à ces ententes-là.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. Moi, j'en suis, M. le ministre, que le Québec
et l'Ontario doivent y trouver leur compte, j'en suis, mais pas sur le dos des
travailleurs québécois, pas sur le dos de l'expertise bâtie, développée au Québec — aujourd'hui, on est fiers de justement
l'exporter et d'être capables de bâtir des grands barrages aussi à
l'international ou même d'arriver un peu à la rescousse de certains de nos
voisins qui ont de la misère avec certains de leurs projets
hydroélectriques — mais
pas sur le dos de nos travailleurs et travailleuses québécois qui, justement, cherchent à continuer à vivre... à gagner leur
gagne-pain en fonction des projets qui vont se développer dans le futur et pas parce qu'un gouvernement arrive en place et
dit : Bien, en plus des avantages, on va mettre sur la table, on va
dire : Bien, écoutez, comment est-ce qu'on peut aussi vous offrir
notre chemise pour essayer de signer un deal à tout prix?
J'en
suis, de cette volonté d'exporter, et je pense que le contexte est approprié
actuellement, et vous l'avez énuméré, ça,
j'en suis, j'adhère à tout ça, mais ce que j'essaie de dire, c'est qu'une
vision ne se base pas sur des arguments ou des... si on peut dire, des points, comme ça, développés
à la va-vite avant de faire un voyage soit en Ontario ou aux États-Unis.
Et ce que les Québécois s'attendent de vous,
c'est d'avoir une vision, d'être un gouvernement responsable, et surtout un
gouvernement cohérent.
Et,
à ce niveau-là, je le répète aujourd'hui, M. le ministre, la vision n'est pas
claire, la démonstration n'a pas été faite auprès des Québécois et surtout
l'explication n'a pas été présentée de façon bien encadrée pour expliquer
pourquoi il faut, à tout prix, offrir
aux Ontariens ou à quiconque de participer dans la construction et même dans la
propriété de nouveaux barrages éventuels au Québec alors qu'on ne l'a
jamais fait en 75 ans.
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Bien, écoutez, encore là, je vais réitérer, puis M. Martel pourra
compléter, là, Churchill Falls, à Terre-Neuve,
c'est une participation, en fin de compte, à hauteur de 34 % du Québec
chez notre voisin. On appelle ça des partenariats, où chacun y trouve son gain.
Je pense que c'est la démonstration même, Churchill Falls, si quelqu'un pense
que ce n'est pas un bon deal pour le Québec,
et c'était un bon deal pour Terre-Neuve à l'époque, un excellent deal parce
que les risques en capital ont été pris par le Québec.
Maintenant,
si on veut faire des démarches avec nos voisins latéraux ou ceux du sud, c'est
des négociations où les deux parties doivent trouver leur gain. Et, pour nous,
c'est certain que, en absence de projet, ça, ce n'est pas bon pour le Québec. Ça, c'est certain. Alors, j'ai
pleinement confiance, Hydro-Québec, moi, je vois des résultats, je vois la
négociation avec le Massachusetts, je
vois également la négociation actuellement avec le Maine, je pense qu'ils sont
très bien équipés pour faire des
négociations pour permettre au Québec d'être gagnant dans ces négociations-là,
mais ce n'est pas vrai que l'autre partie ne va pas y trouver son gain
également.
Alors, pour
nous, là, ça va de soi. Et, quand vous dites : Ça ne s'est jamais fait,
bien, pourtant Churchill Falls, c'est un
excellent exemple où le Québec a contribué par son expertise, par son
financement, par l'investissement d'actifs, et, aujourd'hui, quelqu'un
qui dirait que c'est une mauvaise entente, ça serait mal éclairé. M. Martel.
M. Martel (Éric) : Si vous
permettez, peut-être juste pour complémenter, je peux vous rassurer sur une
chose, M. le député, c'est qu'Hydro-Québec a une stratégie extrêmement claire
et définie, O.K.?
Je vous
disais tantôt : On a encore un gros contrat à aller chercher, on a eu du
succès pour aller en chercher un, on travaille
fort pour aller chercher le deuxième et on a des options. Alors, évidemment,
à la fin, notre boulot, c'est de travailler pour aller chercher le meilleur contrat possible. Ça mettra peut-être
en compétition des provinces, des États, mais notre boulot, à Hydro-Québec, en collaboration avec le gouvernement, c'est d'aller chercher le meilleur contrat pour
le Québec. Alors, évidemment, toutes les dimensions
du contrat vont être prises en considération : emploi, pas emploi, le
coût, l'impact environnemental, l'aspect acceptabilité sociale. Alors, nous,
on doit balancer tout ça puis d'aller chercher le meilleur contrat.
Je peux dire,
quand on a fait le Massachusetts, là, ce n'est pas de l'improvisation. Mon
équipe était sur le terrain dans les
six premiers mois de 2017, 52 rencontres pour justement
aller vendre notre produit, expliquer notre produit avec des
spécialistes en biologie qui nous questionnaient sur des aspects. Comment on
traitait nos rivières? Comment on travaillait avec les gens des Premières
Nations? Ça fait que ce n'est pas l'improvisation, je peux vous dire qu'on a
une stratégie. Une stratégie, évidemment, des fois, elle doit être ajustée parce qu'il y a des changements, des choses qui
arrivent, mais je peux vous dire que, quand on va rencontrer des
clients, on est toujours extrêmement bien préparés.
Le
Président (M. Lemay) :
Merci, M. Martel. M. le député de Laval-des-Rapides, en vous rappelant
qu'il vous reste trois minutes.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le P.D.G. Je ne doute pas qu'il y a une vision et un travail
de longue haleine qui a été fait par Hydro-Québec.
Mais ce que j'essayais de mettre en évidence,
c'est qu'il y a un nouveau gouvernement qui est arrivé avec ses gros sabots, avec
des belles paroles, et tout, et que, très rapidement, ils se sont avancés à
plusieurs égards, et que, face à l'opinion
publique, face à la population en général, il n'y a pas eu un travail de
pédagogie qui a été fait à ce niveau-là et surtout un travail, comme
vous avez dit, un travail de fond, d'explication pour justement aller chercher
l'acceptabilité sociale. Parce que c'est
très sensible quand on parle d'emplois, de projets au Québec. Et ça, je le
précise, M. le ministre, je parle de
projets au Québec. Churchill Falls, on s'entend, le Québec a... s'est très
bien... a ressorti très bien de ce deal-là. Mais là je parle de projets au Québec. Et je pense que vous savez
exactement à quoi je faisais référence quand je parle de nouveaux
projets.
Ceci dit, je
vais terminer, parce que je pense qu'il reste deux minutes à ma question. Vous
l'avez dit, M. Martel, vous et
votre équipe, vous avez des discussions avec différents partenaires, des
projets dans les cartons, etc. Mais, ceci dit, au niveau du ministre, qui nous fait référence à un
voyage en Allemagne, j'aimerais savoir quelles sont les démarches que
vous avez entreprises, là, avec les
différents partenaires, soit les voisins ontariens, les voisins canadiens, les
voisins américains, justement, dans
cette démarche d'une... et vous l'avez vous-même dit à une réponse que j'ai
posée ici, au salon bleu, que vous ne
baisserez pas, que vous ne lâcherez pas, et tant mieux, on vous souhaite, on
vous accompagne, on vous soutient dans cette démarche-là.
Mais, ceci dit,
dans la page Internet Transparence, on ne voit aucune rencontre, aucune
information divulguée sur les
différentes rencontres ou démarches que vous faites auprès des différents
partenaires pour essayer de démarcher, de faire avancer ces projets-là. Ma question pour vous, c'est : Est-ce
que, parmi l'information gérée par votre équipe au cabinet, au niveau de votre agenda, est-ce que cette
information-là se traduit, est complètement transposée sur le site Transparence
en question?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, en vous rappelant qu'il reste 40 secondes.
M. Julien :
J'espère bien que oui, je crois qu'il y a des délais, là, mais j'espère qu'elle
ait bien divulgué toutes mes rencontres, et ça me fera grand plaisir, en fin de
compte, d'en discuter avec vous quand celles-ci seront divulguées. Je crois qu'il y a des délais, mais on a eu des
très bonnes rencontres en Allemagne et, honnêtement, je ne suis pas gêné de
divulguer qui est-ce qu'on a rencontré, bien
au contraire. C'est des rencontres productives, j'étais accompagné par
quelqu'un d'Hydro-Québec, quelqu'un de Transition énergétique Québec,
quelqu'un de la Société du Plan Nord.
M. Polo :
...les 10, 15 dernières secondes. Ce que je fais référence, ce n'est pas
juste votre plus récent voyage, la semaine
dernière, là. Ça va faire six mois que vous êtes en poste, et on ne voit aucune
information sur vos différentes rencontres ministérielles à ce
niveau-là.
M. Julien :
Je suis très surpris, moi, je pense qu'elles sont là. On va vérifier avec mon
cabinet pour s'assurer qu'elles le soient.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup, M. le ministre. Ceci
conclut ce bloc d'échange. Je cède maintenant la parole à un membre du
gouvernement et je cède la parole à M. le député de Bourget pour un bloc de
20 minutes.
• (15 h 20) •
M. Campeau :
Merci, M. le Président. Bonjour, M. Martel. Bonjour, M. le ministre.
Bienvenue à votre équipe imposante qui est venue avec vous.
Il
y en a plusieurs qui le savent, je suis adjoint parlementaire en environnement
et je vais donc vous parler surtout d'énergie
verte, différente de ce qu'on connaît avec l'hydroélectricité, l'énergie verte
alternative. C'est à la fois un sujet qui m'intéresse maintenant, comme
adjoint parlementaire, mais qui m'intéressait avant.
En
passant, vous parliez d'améliorer le réseau des bornes électriques. J'en ai
trouvé juste avant d'arriver ici, une place à améliorer, parce que,
juste dans le garage à côté, j'ai vu que ma carte de circuit électrique ne
fonctionnait pas. Je suis donc un problème actuellement. Ils avaient
donc de la place pour en installer quelques-unes à côté définitivement.
J'ai eu l'occasion de
voir différentes énergies vertes, comme la biomasse. J'ai eu l'occasion
d'installer, comme ingénieur, un
turbogénérateur à l'usine de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean. Je sais que
demain... Vous parlez d'hydrogène. Demain, on va avoir un congrès qui se
fait à Trois-Rivières avec le CRITUC, où on va vraiment parler essentiellement
d'hydrogène, et je vais avoir l'occasion de faire l'ouverture du congrès.
Je
voudrais parler plus des panneaux solaires. Et on parlait d'un
investissement... les données que j'ai... vous pourrez me corriger si ce n'est pas exactement ça, mais on
parlait d'un projet de 40 millions, 36 000 panneaux solaires qui
sont répartis entre La Prairie
et Varennes. Ça, on parle de 10 MW, ce qui est imposant, mais quand même
relativement petit par rapport à la
capacité totale d'Hydro-Québec, bien sûr, pour alimenter environ, en moyenne,
600 résidences. Pourquoi, alors, que... c'est une énergie connue quand même, le solaire, pourquoi a-t-on besoin
d'un projet cobaye et un cobaye quand même robuste de 10 MW? Est-ce
que vous pourriez commenter là-dessus, M. Martel, s'il vous plaît?
Le Président (M. Lemay) :
Oui, merci beaucoup, M. le député de Bourget. M. Martel, la parole est à
vous.
M. Martel
(Éric) : Certainement. Merci, M. le Président. M. le
député, alors, j'apprécie que vous me
posiez la question. Et Hydro-Québec, on a cette responsabilité, au travers de
notre institut de recherche en électricité du Québec,
de bien comprendre ces nouveaux
phénomènes-là. Je le disais tantôt : Le monde de l'énergie est dans une
transition importante.
On
sait que le coût de la production d'énergie avec du solaire présentement est à la baisse partout dans le monde. Il y a des
contrats qui se sont donnés présentement dans d'autres pays à environ 0,03 $ du
kilowattheure. Alors, ça, 0,03 $ du kilowattheure, c'est très,
très, très bas comme coût. C'est plus bas, évidemment, que si on construisait
un nouveau barrage, parce qu'il n'y avait rien à 0,03 $ du
kilowattheure dans ce qu'on a dans nos cartons. Alors, ça, c'est important.
Ça
fait que, nous, ce qu'on veut montrer, puis ce qui est important qu'on fasse
ces tests-là, c'est que le solaire, c'est connu partout. Mais, dans un endroit comme le Québec, avec les
conditions climatiques auxquelles on fait face, tu sais, les intempéries, etc., c'est différent que d'avoir
des panneaux solaires au Mexique, vous en conviendrez. Alors, nous, on a
cette responsabilité-là, de dire : On
va tester cette technologie-là chez nous pour voir comment ça fonctionne.
Qu'est-ce que ça implique? Puis, en
plus de ça, on est capable de faire, nous, à quel prix? Est-ce qu'on est
capables d'atteindre le 0,03 $? Est-ce que ça va coûter
0,04 $?
Et
ça, ça va nous aider dans la grande décision que je vous parlais qu'on avait à
faire en 2021‑2022, en fonction de plusieurs
autres paramètres, mais entre autres de dire : Si on n'a pas besoin de
puissance — puis
vous êtes ingénieur, alors je sais
que vous faites la différence entre la puissance et l'énergie — qu'on n'a pas besoin de puissance mais qu'on
a besoin seulement d'énergie, alors
il faudrait se poser la question : Est-ce que le solaire, à 0,03 $,
0,035 $ ou 0,04 $ pourrait être une solution, tout comme l'éolien pourrait peut-être en être une? Alors,
c'est important. On comprend bien l'hydroélectricité, hein? Tout le monde est d'accord avec ça. On
comprend quand même assez bien l'éolien aujourd'hui, les coûts de l'éolien
aussi sont rendus très compétitifs et ils
ont baissé. Mais il faut se poser la question : Le solaire, est-ce que
c'est encore mieux au niveau de l'énergie?
Alors,
c'est un peu le rôle d'Hydro-Québec, via notre centre de recherche, d'être
responsable, puis d'être prêt à répondre à ces questions-là quand on fera face
à prendre une décision, puis être capable de dire, oui ou non, c'est
quelque chose qui peut nous convenir.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. Martel. M. le député de Bourget.
M. Campeau :
J'aime bien le contexte qu'on a, parce qu'à la fois on comprend mieux ce qui se
passe, mais il y a un effet pédagogique en arrière, qui est fort
intéressant.
On parle
actuellement de, à ma connaissance 0,06 $ à 0,08 $ du kilowattheure
avec le solaire et on parle de se diriger vers la parité dans quatre,
cinq ans. Si ça a à faire un effet, on va le voir d'ici ces quelques années-là,
bien sûr.
Vous parliez
tantôt, je pense, qu'il y avait 700 autoproducteurs au Québec maintenant.
Si on considère qu'il n'y a pas
longtemps, il y a peut-être cinq à huit ans, il y en avait juste 200, ça veut
dire que ça a triplé et plus. Alors, ça peut monter rapidement. Il y a
aussi la baisse des coûts des panneaux photovoltaïques, qui a donné des idées à
des fournisseurs, comme Boralex, Kruger,
Brookfield, etc. Et on devrait donc voir arriver non seulement quelques autres
autoproducteurs, mais des gros
autoproducteurs. En termes de capacité, la capacité devrait monter d'une façon
significative. Est-ce qu'on a
une idée de l'ampleur de la différence à ce moment-là?
Le Président (M. Lemay) : M. Martel,
allez-y.
M. Martel
(Éric) : M. le Président. Alors, M. le député, c'est clair, puis je l'ai expliqué un peu plus
tôt, hein, c'est un des phénomènes
qu'on est en train de comprendre. Ce qui va être important là-dedans, c'est
qu'évidemment ça va moins vite au Québec,
comme je vous le disais, à cause que nos tarifs d'électricité sont tellement
bas que ça devient difficile de compétitionner. Des fois, les gens le
font par choix tout de même, à dire : Je vais installer. D'ailleurs, comme
vous le mentionniez, ça a passé de 200 à 700
assez rapidement. Mais 700, on s'entend que c'est... sur 4,2 millions de
clients, c'est encore extrêmement petit. Alors, ce que nous, on est en train d'évaluer, puis ça, je vous
ramène à... quand on sera rendus en 2021‑2022,
est-ce que... c'est quoi, l'impact de ça sur la consommation au Québec?
Je vous disais tantôt, et là c'est un chiffre que je mets comme ça sur
la table : S'il y a 500 000 maisons au Québec qui produisent une
partie de leur propre électricité, alors là
ça commence quand même à avoir un certain poids dans l'équation de la
décision de la suite des choses pour
nous. Alors, ça, c'est un des volets, là — je vous disais, il y en a plusieurs — des
choses à évoluer. Puis c'est sûr qu'on est en train de bien comprendre.
Vous le
savez, on fait des travaux aussi dans l'institut de recherche, pour comprendre
c'est quoi, le potentiel de la numérisation, c'est quoi, le potentiel de
l'autoproduction au Québec. Est-ce que ça, ça va avoir un impact de 5, 10,
15 TWh sur notre consommation globale parce que les gens vont en
faire une partie tout seuls?
Et puis il y
a une fonction de ça, comme vous le disiez, qui est en fonction du coût des
panneaux solaires. Alors, aujourd'hui, les panneaux solaires au Québec,
on l'a dit déjà, là, puis c'est connu puis ce n'est pas rentable,
mais les gens le font des fois par
choix. Mais, par contre, avec le fait que ça baisse quand même
assez rapidement, de façon impressionnante en plus, il pourrait y arriver un moment dans le temps, puis nous, on
pense que ça pourrait être plus aux alentours de 2023‑2024, où ça va devenir peut-être pas nécessairement
autant que les tarifs d'électricité, mais ça va commencer à être compétitif
avec nous, et peut-être
que des gens feront le choix d'en installer. On le voit surtout sur les
nouvelles constructions. C'est rare que les gens vont faire une
conversion, mais, sur les nouvelles constructions, on voit souvent des panneaux
solaires. Et, nous, bien, ça a un impact.
Parce qu'une nouvelle construction, habituellement, on a une bonne idée de
qu'est-ce que ça va consommer, et là on voit des consommations à la
baisse justement à cause de cette nouvelle technologie.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. Martel. M. le député de Bourget.
M. Campeau : Si je comprends bien, ça vient jouer, dans le
fond, sur la prévisibilité ou la non-prévisibilité parce que chaque nouvelle maison qui se connecte peut
utiliser le réseau existant ou un autoproducteur peut autoproduire. Alors,
j'imagine que plus il y a de nouvelles maisons qui se créent comme ça, plus
l'imprévisibilité apparaît à Hydro-Québec
à ce moment-là. Donc, ça vient influencer, dans le fond, votre modèle
d'affaires.
On a aussi vu... là, tout le monde a, bien sûr,
entendu parler des déversements qui se font au niveau des barrages justement à cause des surplus de capacité. Est-ce
qu'on doit établir un parallèle entre plus d'énergie solaire... au niveau du
prix, c'est bien beau, mais, au niveau des
déversements, est-ce que c'est aussi beau? Est-ce qu'on se dirige vers
une amélioration ou, au contraire, vers un problème de où va-t-on mettre
toute cette eau-là?
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
• (15 h 30) •
M. Martel (Éric) : Alors, merci
de votre question. Merci, M. le Président. C'est clair que, tout à l'heure,
quand j'expliquais qu'on était en situation
de surplus, c'est un peu ça à quoi on fait face présentement. Alors,
évidemment, quand on regarde devant
nous, hein, on parlait il y a quelques minutes d'autoproduction, on parlait de
numérisation, ça va avoir un impact
sur notre modèle d'affaires. C'est des phénomènes qu'on ne connaissait même pas
et qu'on n'avait pas besoin de tenir
compte dans le passé, mais, maintenant, c'est là et ça existe. Alors, c'est
clair que nous, on doit... de là l'importance d'avoir des lignes à
l'exportation pour s'assurer justement de ne pas déverser.
Et, vous savez, Hydro-Québec fait face à une
situation qu'on n'a jamais vécue dans le passé. Hydro-Québec... si je remonte en 1962, les Québécois consommaient
8 TWh. En 2007, ça avait augmenté à 170. Alors, c'est quand même phénoménal, c'est plus de 20 fois
de plus, et... Alors, le défi d'Hydro-Québec, de 1962 à 2007, ça a été de
construire, construire, construire des
barrages pour justement rencontrer la capacité puis la demande des Québécois.
Mais, depuis 2007, et c'est là que
c'est important, c'est que, depuis 2007, on est exactement au
même niveau. Ça fait quand même 12 ans. On consomme encore 170 aujourd'hui,
et c'est ça qu'on consommait en 2007. Alors, évidemment, le défi... on a
continué, on n'a pas arrêté tout de suite,
on a terminé des grands projets, de là l'importance d'avoir des lignes pour
exporter puis, en même temps,
de tenir compte de ces nouveaux phénomènes là qui vont nous affecter, mais plus
dans le futur.
Puis
ce que je disais... Je prends le mot «affecter» pas négativement nécessairement,
parce que je vous disais plus tôt que, s'il y a de l'énergie que les Québécois...
on est capable de leur sauver de l'énergie à consommer, alors les Québécois
mettent de l'argent dans leurs poches, parce qu'ils consomment moins, et, nous,
collectivement, on est capables de reprendre
ce kilowattheure-là, et de l'exporter, et de réussir à faire plus d'argent
avec ce kilowattheure-là au grand bénéfice de nos voisins aussi. Alors,
c'est gagnant-gagnant.
Fait
que c'est un modèle qui devient de
plus en plus complexe, hein? Veux veux pas, quand on fait nos prévisions sur
25 ans... parce qu'il faut les faire à long terme, il faut tenir
compte de plusieurs facteurs aujourd'hui que nous n'avions pas à tenir pour compte à une certaine époque. Alors, évidemment,
on est un peu en apprentissage dans ça. On se balise beaucoup avec qu'est-ce
qu'il se fait aussi dans d'autres pays qui ont fait face à des phénomènes,
entre autres, d'autoproduction beaucoup
plus rapidement que nous. Mais on a quand même, le Québec, nos particularités,
hein, que ça soit le climat ou d'autres choses. Au Québec, on se chauffe
à l'électricité, versus plein d'autres endroits dans le monde où on se chauffe plutôt au gaz, parce qu'on a de l'énergie
électrique en grande abondance hydroélectrique. Alors, tout ça, c'est clair.
Puis, écoutez, je pense, par nature,
ça rend notre travail beaucoup plus complexe à prévoir le futur, mais
évidemment on travaille là-dessus,
puis on a des chercheurs, on fait des recherches puis on fait nos devoirs de
façon très minutieuse pour être capables de s'assurer de tirer profit au
maximum de notre source énergétique.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. Martel. M. le député de Bourget.
M. Campeau :
J'imagine que, quand on parle de prévisibilité, oui, il y a des gens qui
peuvent vouloir autoproduire au
Québec, mais, en même temps, la même chose peut se faire, mettons, en Ontario.
Alors, ça va aussi avoir un impact qui va rajouter encore plus de
variables, comme si vous n'en aviez pas assez, au modèle d'affaires, j'ai
l'impression. Et j'imagine que, vu le prix plus élevé en Ontario, ça vient
faire un impact, ça aussi, j'imagine.
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Alors, si vous me permettez, vous avez absolument raison.
Évidemment, ça a un impact. Là, je viens d'expliquer un peu les répercussions
chez nous, mais c'est clair que nos voisins aussi peuvent installer plus
d'énergie renouvelable, hein, que ça soit autoproduction, ou du solaire,
ou de l'éolien. Mais la grande différence, c'est qu'Hydro-Québec, versus ces
sources-là, on a une source qui n'est pas intermittente, et...
Mais,
par contre, collectivement... C'est pour ça que vous m'entendez peut-être
souvent parler, puis le ministre en a
parlé aussi, qu'Hydro-Québec peut un peu jouer un rôle de batterie pour le
nord-est, hein, parce que, si on veut faire face au défi des changements
climatiques collectivement, il faut regarder ça par région. Et, évidemment, on
a un grand potentiel hydroélectrique
ici; aussi, nos voisins à Terre-Neuve l'ont aussi, ce potentiel-là. Ça pourrait
vouloir dire que et l'Ontario, par
exemple, et la Nouvelle-Angleterre et New York font beaucoup plus d'énergie
avec des sources intermittentes, comme pour déplacer puis éliminer des sources
fossiles, mais le matin où il n'y a pas de vent ou il n'y a pas de soleil,
nous, on pourrait servir — mais, c'est pour ça, c'est une caricature,
là — mais de
batterie justement pour les fournir en électricité. Et, quand ils n'en ont pas besoin, peut-être qu'il
y a même un modèle où ils nous fournissent. Puis, pendant ce temps-là, nous, on accumule de l'eau dans nos barrages,
parce que c'est nos barrages qui sont les batteries. Alors, ça, c'est un modèle
unique qu'on a, nous, mais qu'on pourrait peut-être évidemment aller chercher
profit pour faire face au défi des changements climatiques de façon plus
régionale.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
...M. Martel, on voit un plafonnement, là, depuis à peu près 12 ans,
là, de la consommation puis, naturellement,
on voit les énergies alternatives intermittentes. Oui, peut-être que nos
voisins vont aller vers là, les pays vont beaucoup vers là. Je donnais encore l'exemple de l'Allemagne.
Excusez-moi, là, mais pourquoi ils ne sortent pas du charbon avant 2038? Bien oui, ils développent énormément
d'éolien dans le nord de l'Allemagne, mais ils ont besoin d'une énergie,
la batterie, en fin de compte, pour la constance.
Également,
le travail d'Hydro-Québec avec l'IREQ, avec son institut de recherche, c'est
d'être prévisible, puis c'est vrai,
là, qu'il y a des changements beaucoup plus importants qu'il y a 20 ans,
là : on voit les énergies éoliennes, le solaire, plein d'énergies,
en fin de compte, qui viennent jouer, puis, naturellement, il y a l'émergence
également des véhicules électriques, on ne
se le cachera pas. On était à 20 000, 40 000 cette année en dedans
d'une année, on prévoit 100 000 d'ici deux ans, 1 million,
d'ici 10 ans, de véhicules électriques.
Donc,
Hydro-Québec doit à la fois jongler avec la demande, avec l'efficacité
énergétique des ménages, avec l'efficacité énergétique des industries, avec la transition énergétique, les grandes industries
qui vont passer du mazout à l'électricité, avec les véhicules
électriques, les bornes de recharge.
Donc,
c'est toutes des nouvelles façons de consommer l'énergie, mais on doit être en
mesure d'évaluer le net, là, comment ça va se déployer. Donc,
effectivement, l'installation qui passe de 200 à 700 résidences, qui
pourrait être augmentée de manière importante,
l'installation autonome solaire, par
exemple, va avoir un effet, mais il
faut considérer tous les effets dans
tout le marché pour être en mesure d'évaluer. Et ça devient de plus en plus
complexe, parce qu'aujourd'hui
on a un éventail, en réalité, beaucoup plus
complexe de sources ou d'utilisation de l'énergie. Et là comment on va se
projeter... Alors, Hydro-Québec, avec son institut de recherche, travaille
là-dessus pour être prévisible.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Bourget, en vous rappelant qu'il vous
reste quatre minutes à ce bloc.
M. Campeau :
Merci. J'aimerais revenir sur les déversements qu'il y a. On parle environ que
40 % de la neige fondue a passé dans
les déversements. Est-ce qu'on doit s'inquiéter de la capacité justement à
laisser passer cette eau-là ou ça va?
Est-ce qu'on a, avec nos barrages actuels, un problème avec les crues printanières
ou les crues telles que prévues par les météorologues?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Avant de laisser la parole à M. Martel, c'est : 40 %, en
réalité, de la neige fondue passe par les barrages hydroélectriques au Québec. Naturellement, là,
c'est... Alors, il faut être en mesure de bien gérer cette situation-là. Alors,
on avait des discussions, M. Martel et
moi, justement sur ces enjeux-là. Il est beaucoup plus éloquent que moi pour en
expliquer la nature.
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : ...alors, écoutez, c'est important de comprendre
qu'hydroélectrique, on a quand même... Hydro-Québec,
on a un rôle important à jouer dans toute la gestion de l'eau au Québec. En fait,
c'est un métier qu'on a chez nous, j'ai des gens qui font ça, des dizaines de
personnes qui font ça tous les jours, des météorologues, parce qu'eux nous aident à prévoir, l'eau va tomber dans la
rivière ou à côté, entre autres, comme exemple, ça fait une différence, et
comment rapidement elle va se rendre à la rivière.
Mais
on gère toujours. Comme, par exemple, présentement, une des choses que mon
équipe est en train de faire, c'est
qu'on baisse au maximum les niveaux de réservoirs dans plusieurs bassins
présentement, soit sur la Saint-Maurice ou dans l'Outaouais, où on est capable de le faire. Et, évidemment, ce que
ça nous permet de faire, à la crue du printemps, c'est de remplir les bassins pour minimiser l'eau qui va
s'écouler dans la rivière puis éviter des débordements. Je pense qu'on disait... Si vous retournez à 2017, qui est
malheureusement une époque où on ne veut pas trop se souvenir, mais on a appris
des choses de là, mais c'est arrivé. On a eu
quand même... Si on n'aurait pas géré l'eau à ce moment-là, on aurait eu probablement, dans la région de l'Outaouais, un
mètre d'eau de plus dans la rivière. Ça fait qu'on ne peut pas se donner
la mission, c'est impossible pour nous, là,
quand dame Nature décide d'en mettre beaucoup plus qu'on est capable d'en
prendre, alors, évidemment, on en
gère une partie mais, à un moment donné, ça devient impossible. Mais on est
quand même capable de minimiser ces impacts-là.
Et ça, je peux vous
assurer qu'à chaque année on se prépare et on fait le maximum qu'on peut faire,
qu'on est capable de faire en baissant les niveaux. Puis, je pense que, dans la
région de Montréal, là, c'était presque... on parlait d'un demi-mètre aussi, je
pense, d'eau de plus qu'on aurait pu avoir. Alors, imaginez, là, un demi-mètre,
là, à Montréal, il y aurait eu beaucoup plus
de gens affectés. Ça fait qu'on n'est pas capable de tout le retenir, mais on
est capable évidemment de gérer ça le mieux possible pour minimiser les
impacts.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup. M. le député de Bourget,
en vous rappelant qu'il vous reste 1 min 15 s.
M. Campeau :
Je vais en avoir une, question, justement pour 1 min 10 s. Merci pour
l'éloquence. Mais j'ai surtout posé
des questions à M. Martel. J'aimerais ça, voir la vision directement du
gouvernement. Entre le solaire et l'hydroélectricité, comment vous vous
situez, M. le ministre?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Merci pour la question. La réalisation d'un projet de parc solaire, là, puis on
aura l'occasion, là, d'en discuter,
mais c'est pour s'adapter et pour voir venir, là. Donc, c'est un peu, là, un
parc solaire un peu expérimental, à assez grand niveau, justement pour
pouvoir constater quels seront ses effets. Puis, comme je le mentionnais
précédemment, Hydro-Québec, avec son
institut de recherche, avec l'ensemble de ses ingénieurs, l'ensemble des
chercheurs... doivent être en mesure de se projeter, dans une période où
les changements sont importants, de se projeter dans le futur pour dire : Aujourd'hui, on a telle réalité. Voici ce qui nous
attend, tant au niveau des véhicules électriques, tant au niveau de la
transition énergétique, tant au
niveau, en fin de compte, de l'avènement de plus en plus important des panneaux
solaires. Donc, c'est expérimental.
Je crois qu'on doit y être justement pour prendre conscience... c'est notre
richesse, au Québec, l'hydroélectricité, l'électricité. On doit y être
pour prévoir justement le futur.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup, M. le ministre. Ce bloc
d'échange est maintenant complété. Je cède maintenant la parole à la porte-parole du deuxième groupe d'opposition,
Mme la députée de Mercier, en vous indiquant que vous avez 18 min 30 s.
• (15 h 40) •
Mme Ghazal :
Ah? Je pensais que j'avais 20 minutes.
Merci, M. le Président, merci, tout
le monde, d'être ici, merci
pour les interventions des collègues.
Je
vais commencer par citer des citoyens. Peut-être que vous les connaissez : «Nous avions un
coin de paradis avec un lac vierge, sans habitation ni embarcation, des
sentiers de randonnée paisibles en forêt. Tout a disparu en moins de six mois : la vue, la tranquillité, les
sentiers, tout est gâché. Nous regrettons d'avoir acheté ici et la valeur de
notre maison vient de chuter de façon importante.»
Un autre citoyen
dit : «Depuis la pose des pylônes en face de notre chalet, la vue est
altérée de façon majeure. Le tracé retenu indiqué sur les documents remis lors
des réunions avec Hydro-Québec laissait penser que les pylônes ne seraient pas
visibles.»
Un
dernier : «La beauté du lac n'avait pas de prix. Maintenant,
c'est une désolation. Nous sommes envahis par ces horribles pylônes directement
devant nos yeux. Impossible de détourner le regard.»
Donc, je
pourrais vous demander qui sont ces citoyens-là et où habitent-ils, mais... Donc, vous
l'aurez deviné, c'est à Saint-Adolphe-d'Howard. Les gens... où la ligne haute
tension Grand-Brûlé passe, dans les Laurentides. Puis il n'est pas exagéré en fait — je vais vous laisser, après ça, répondre — de
dire que ce dossier a été mal géré du début jusqu'à la fin, le début de
l'aventure, depuis six ans, par Hydro-Québec. Que ça soit la destruction des
paysages au détriment de la charte des
paysages des Laurentides... Il y a aussi un règlement, que la municipalité de Saint-Adolphe-d'Howard avait voté, qui est pour la protection des sommets de
montagne. Les pylônes sont beaucoup plus apparents. J'ai des photos... où est-ce qu'il y a eu des simulations qu'Hydro-Québec avait faites et avait présentées, et il y a des pylônes que, maintenant,
on voit, qui n'étaient pas sur les simulations qui avaient été
présentées aux citoyens.
Il y a aussi eu... évidemment, ça, ça a été beaucoup
documenté dans les médias par des articles, les saccages environnementaux importants, des déversements de sédiments qui pourraient continuer.
Les citoyens prenaient des photos, allaient voir et faisaient carrément le travail
des inspecteurs du ministère de
l'Environnement jusqu'à ce que le ministre de l'Environnement réponde enfin
et donne une ordonnance à Hydro-Québec, ce qui est arrivé pour la première fois depuis
au moins 10 ans. Et, selon l'ordonnance,
bien, Hydro-Québec, et c'est ce qu'ils commencent à faire maintenant
et pour une période de trois ans, ils doivent faire de la surveillance
par hélicoptère, par camion, de l'enrochement. Il y a tellement, tellement
de gravier pour éviter qu'il y ait d'autres déversements dans le lac qu'on dirait qu'il y a
une autoroute qui va être
construite.
Ça aussi, probablement que toute cette
surveillance environnementale sur trois ans va occasionner beaucoup, beaucoup
de coûts. Et on est loin — maintenant, le printemps arrive — on est loin d'être certains... en fait, il y
a unanimité, qu'il va quand même, malgré tout ça, continuer à y avoir
des sédiments. Toute l'aventure a coûté beaucoup trop cher : six ans de
consultation, des frais d'avocat à Hydro-Québec, etc.
En fait,
j'avais envie de vous demander combien a coûté tout ça, si vous avez une
évaluation. Mais, avant, j'ai envie de
vous demander... on parlait de fierté tantôt... et la question s'adresse à M. Martel :
Est-ce que vous êtes fier du travail qui a été fait par vos employés
d'Hydro-Québec dans Saint-Adolphe-d'Howard?
Le Président (M. Lemay) :
Alors, merci beaucoup, Mme la députée de Mercier. M. le député de Martel...
M. Martel
(Éric) : Alors, écoutez,
la ligne de Grand-Brûlé—Saint-Sauveur
a fait couler beaucoup d'encre, O.K., et a fait l'objet de plusieurs
reportages. Moi, je dois vous dire, des projets en acceptabilité sociale au
Québec, on en a plus de 400. Et la bonne
nouvelle, c'est qu'on n'en a pas 400 qui sont dans les nouvelles, on a très,
très peu de projets qui le sont. Ce
projet-là, il y a six des... parce qu'on passe par sept municipalités... il y a
quand même dans six des sept municipalités où ce que ça a fait un
consensus.
À Saint-Adolphe, ça a été particulier parce que,
dès mon arrivée, j'ai regardé avec beaucoup d'ouverture ce projet-là, mais malheureusement je suis arrivé à
la conclusion assez rapidement que, peu importe ce qu'on proposait, à part
d'aller passer, ce que la municipalité nous proposait, d'aller passer dans la
cour du voisin, dans l'autre municipalité...
Évidemment,
tu sais, nous, on a un boulot à faire. On doit livrer de l'électricité à tous
les Québécois. Ça fait qu'on a cette
responsabilité-là, puis la réalité, c'est qu'à un moment donné il faut qu'on
passe quelque part. Nous, on
regardait ça en toute objectivité depuis le début, et l'endroit où il y
avait le moins d'impact, O.K., c'était le trajet qu'on a proposé.
Évidemment,
les gens ne souhaitaient pas qu'elle passe chez eux. Ils nous ont proposé... la
première rencontre que j'ai eue avec la mairesse, à l'époque... c'était
d'aller passer chez le voisin. Il y avait beaucoup plus d'impacts. Parce que
nous, on mesure il y a combien de maisons qui vont être à x
kilomètres des pylônes, à x mètres des pylônes, et, c'est clair, on avait beaucoup plus d'expropriations
à faire. On était dans une situation, là, qui était inacceptable. Alors, évidemment,
on a travaillé. Il y a
eu... et là je ferais attention, il y
a eu plus de 100 rencontres avec
les gens du milieu pour expliquer le projet. On a fait des compromis. On a
«redesigné» une nouvelle famille de pylônes juste pour ce projet-là — c'est
vrai qu'on va pouvoir les utiliser ailleurs après — qui
minimisaient l'impact visuel.
Et le grand défi d'Hydro-Québec, vous le savez,
puis, malheureusement, on ne vit pas dans un monde parfait, à chaque fois qu'on fait des projets en
acceptabilité sociale, puis je vous rappelle qu'on en a plus de 400
présentement, puis on en a peut-être
deux ou trois dans les médias, on a eu beaucoup d'adversité dans le milieu. On
a toujours, nous, fait notre travail de la même façon dans tous les 400 projets.
C'est toujours un jeu d'équilibre entre c'est quoi, les impacts
environnementaux, c'est quoi, l'acceptabilité sociale du projet et c'est quoi
aussi, l'impact économique du projet. Puis, malheureusement, c'est toujours une
solution de compromis à la fin. On doit toujours se placer quelque part entre
les trois piliers que je viens de mentionner
et, en général, on essaie d'avoir le maximum de personnes qui vont être
d'accord que c'est la meilleure
solution. Dans ce projet-là, c'est un peu plus difficile au niveau de
l'acceptabilité sociale, mais c'est clair que, sur le plan environnemental, que, sur le plan économique et même
acceptabilité sociale, on a essayé de minimiser. C'était le mieux qu'on
pouvait faire.
On a
«redesigné» les pylônes, on a accepté d'aller passer dans la montagne, dans le
flanc de montagne, pour baisser les pylônes, ce qui nous a compliqué la vie de
façon importante. D'ailleurs, quand on a eu les écoulements, on s'est
fait prendre un peu à l'automne passé. On a
eu des précipitations majeures, qui étaient presque impossibles, mais c'est
arrivé, et là nos bassins de sédimentation ont rempli rapidement. Je vous dis,
là, on a pris des mesures déjà assez majeures, même avant qu'on ait l'avis du ministre de
l'Environnement. On a fait une stabilisation des pentes, on a six kilomètres de
barrières à sédiments, on a 100 bassins de
sédimentation qui sont là, on a six terrains de football de matelas antiérosifs.
On prend de très, très grands moyens pour éviter cette situation-là.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. Martel. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui, merci. Justement,
ces moyens-là coûtent extrêmement cher, et les citoyens, eux, ils étaient très,
très présents. C'est devenu comme des citoyens experts. Ce que je ne sais pas, par
exemple, dans d'autres localités, peut-être qu'ils sont moins présents. Ce qu'on se demande,
quand on regarde pour qu'Hydro-Québec ait une ordonnance, c'est parce que
c'était vraiment très, très grave. Ce n'est pas juste l'acceptabilité sociale,
c'est aussi toute la question environnementale.
Puis moi, ce
que je comprends, ce que vous dites, c'est que vous êtes allés dans des
endroits tellement escarpés pour éviter les pylônes et
l'apparence... Premièrement, ça n'a pas donné de résultat puisqu'ils sont quand
même très, très apparents. Donc, vous étiez
dans un terrain inconnu, vous n'étiez pas certain de ce que vous étiez en train
de faire, vous essayiez d'y aller par
essai et erreur et ça a valu tous ces déversements-là, qui vous ont valu aussi
cette ordonnance du ministère
de l'Environnement puis qui va vous coûter... en tout cas...
Est-ce que vous
avez une idée du coût de toute cette surveillance-là, qui va durer jusqu'en
2022, environnementale, parce que les choses n'ont pas été faites dès le début, parce qu'on... vous trouviez que c'était très,
très... c'était dans un endroit très
difficile, où Hydro-Québec n'est pas habituée de construire des pylônes? Est-ce
qu'on est capable d'estimer les coûts?
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
M. Martel (Éric) : ...avec moi,
puis je sais qu'on a une évaluation totale du projet, là, sur le coût du
projet. Ce projet-là a coûté plus cher, hein, on va se dire les vraies choses,
qu'il n'était supposé coûter au début, parce qu'on a refait, et refait, et refait des trajets pour essayer d'avoir tout le
monde qui acceptait le trajet. On a «redesigné» une famille de pylônes.
Juste ça, ça nous a coûté de l'argent, parce qu'il faut les tester, hein, on
doit faire bien notre travail. Alors, il y a
eu plusieurs coûts qui ont été approchés puis, évidemment, le fait que
l'échéancier, les approbations ont pris beaucoup plus de temps.
Alors, des
projets comme ça, je vous dis, on en a des centaines. Celui-là a été beaucoup
plus complexe et, évidemment, il y a
des millions de dollars de plus que ce projet-là a coûté pour, évidemment,
en arriver avec un résultat qui est celui qu'on a.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Bien, justement, parce que ça a coûté très cher, une des demandes aussi des
citoyens, c'était juste sur un tronçon de 10 kilomètres. On parlait
d'enfouissement, d'enfouir. Ça n'aurait pas valu la peine d'enfouir, vu qu'il y a, dans les endroits où est-ce qu'on
faisait beaucoup d'efforts... que les pylônes ne soient pas apparents? On est
allés dans des endroits où ça a eu
cet impact important pour l'environnement. Ça n'aurait pas été plus simple de
répondre à la demande des citoyens?
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
• (15 h 50) •
M. Martel
(Éric) : ...l'enfouissement de la ligne aurait été beaucoup plus
dommageable sur le plan environnemental, parce que, quand on fait une
ligne aérienne, évidemment, on fait du déboisement. Quand on fait une ligne
souterraine, il faut faire le déboisement
quand même, mais, en plus de ça, on creuse le sol et on va affecter les milieux
humides. Alors, sur le plan
environnemental, s'il y a des gens qui vous disent que ça aurait été mieux de
passer, mis à part la visualisation des pylônes, sur le plan
environnemental, ça aurait été extrêmement difficile. Ça, c'est important.
La deuxième
chose, c'est qu'étant donné qu'on essayait d'aller chercher le maximum d'acceptabilité sociale, au moment
où on a eu des discussions avec les gens, on a affaire à la municipalité, on a dit : Écoutez, il y a plein de monde qui a des beaux chalets ici. Est-ce que vous êtes prêts,
la municipalité, à payer le coût de l'enfouissement, 59 millions? Alors, ça, c'est important, on a offert cette option-là. Et les
gens, évidemment, ont souhaité de ne pas le payer.
Hydro-Québec, on a un pacte social avec les Québécois. On a décidé que tout le monde allait payer
l'électricité le même prix au Québec, tout le monde. Si vous êtes à
Saguenay, que vous soyez en Abitibi, ou à Saint-Adolphe, ou à Montréal,
vous payez 0,078 $ du kilomètre. Et ça, c'est important,
parce que, si on commence à enfouir dans un endroit et qu'on
demande à tout le Québec de payer ça, ça devient complètement irresponsable de
notre part, parce qu'à ce moment-là c'est le
reste du Québec qui paie pour un bout d'enfouissement. Mais, si on commence à
le faire à un endroit, le reste du
Québec va nous le demander, et nos tarifs vont exploser. Alors, c'est pour ça
qu'on a offert à la municipalité de le payer.
On aurait été prêts à le faire, mais je vous signale qu'il y aurait eu des
impacts environnementaux beaucoup plus grands.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée.
Mme Ghazal :
Est-ce qu'il y a une étude qui démontre les impacts environnementaux puis de
comparer les impacts environnementaux réels qui ont eu lieu par rapport
au fait d'avoir enfoui?
M. Martel (Éric) : On n'a pas
besoin d'étudier tellement longtemps, là. Si on creuse, on aurait fait...
Mme Ghazal :
Donc, il n'y a aucune...
M. Martel (Éric) : ...le même
démarchage, mais on aurait creusé le sol.
Mme Ghazal :
Donc, il n'y a aucune condition, rien qui pourrait, un jour dire : Bien, à
tel endroit, on va... Par exemple, je sais qu'il y a eu un projet en
Estrie, là, je ne m'en rappelle pas quand, où est-ce que le gouvernement
libéral a décidé d'enfouir une ligne sur un
tronçon parce que c'était demandé, là. Je ne m'en rappelle pas, du contexte.
Donc, c'est des choses qui sont possibles s'il y a de la volonté. Donc, là, il
y a eu beaucoup, beaucoup de choses qui sont mal allées, qui ont été mal gérées. Et, malgré tout, il n'y a aucune
condition, si je comprends bien, qui ferait que, pour un tronçon, on enfouirait?
Ça, c'est une question.
L'autre
question : Est-ce que vous allez aussi compenser les citoyens? Je sais
qu'ils vont être un peu compensés, mais
une compensation réelle pour tous, en fait, les effets négatifs que ce
projet-là a eus pour eux? Et, d'ailleurs, même pour le Maine, moi, ce que j'ai entendu, c'est que
le... Hydro-Québec, pour le Maine, est prête à compenser jusqu'à
170 millions de dollars pour les
citoyens, pour l'endroit où est-ce que la ligne va passer. Donc, si c'est bon
pour les États-Unis, ça devrait être bon pour les Québécois.
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel... M. le ministre, est-ce que vous vouliez ajouter quelque
chose?
M. Julien : Bien,
spécifiquement pour le Maine, puis, après ça, je vais laisser M. Martel
parler du dossier. Les 170 millions
ici, là, c'est des ententes, en réalité, sur plusieurs années, avec des volets.
Naturellement, on passe chez le voisin pour aller au Massachusetts. Alors, je
pense bien que, si quelqu'un passait au Québec pour aller ailleurs, on aurait
une négociation pour justement faire en
sorte qu'on obtienne, en réalité, un gain, puisque c'est juste une ligne de
transmission qui passe chez nous.
Le
170 millions est quand même cohérent avec la mission d'Hydro-Québec à
plusieurs aspects : créer des bornes électriques pour les véhicules, c'est l'électricité, ça cadre bien avec
notre mission; permettre, en fin de compte, la transition énergétique, c'est cohérent avec notre mission
puisqu'on va aller vers l'électricité; et le troisième volet, le
3,5 millions par année, qui
représente 140 millions sur 170 millions, c'est pour jouer sur la
base tarifaire, pour permettre justement aux résidents du Maine de
bénéficier d'un rabais tarifaire.
Mais la
distinction avec le Québec, c'est : Hydro-Québec, c'est la richesse
collective, on parle d'équité, et ça nous appartient à tous, et c'est
pour ça qu'il y a 3,2 milliards de bénéfice pour l'ensemble des citoyens,
tandis que le Maine, c'est une ligne de
transmission pour aller au Massachusetts, pour donner, en fin de compte, des
revenus fantastiques au Québec avec l'entente qu'on a eue avec le
Massachusetts. Donc, cette distinction-là, quand même, c'est deux choses
complètement distinctes maintenant par rapport à la ligne.
Mme Ghazal : Il faut que je
passe, parce qu'il me reste cinq minutes.
M. Martel
(Éric) : O.K. Juste rapidement, ce qu'il faut... la grande
distinction, dans la ligne que vous appelez... qui descendait au New Hampshire puis qu'on avait accepté d'enfouir 14,
15 kilomètres, de mémoire... la grande différence, c'est que ce n'est pas
les Québécois qui payaient, c'étaient les Américains, c'était mis dans le coût
de l'électricité qu'on allait vendre
aux Américains. Alors, je vous rappelle le pacte social qu'on a avec les
Québécois, c'est de s'assurer que tout le
monde paie le même prix. Et, si j'enfouis une ligne à un endroit, ce sont tous
les Québécois qui vont payer. Alors, si j'enfouis dans un endroit, c'est clair que tout le monde va me demander,
demain matin, d'enfouir. Et là le pacte social ne sera pas respecté, parce que les tarifs
d'électricité vont carrément exploser. Alors, il faut attention quand on prend
ce genre de décisions là.
Mme Ghazal : ...tellement
d'argent avec le...
Le Président (M. Lemay) :
Allez-y.
Mme Ghazal : Oui, excusez-moi, oui, je... Mais, O.K., il
faut que je passe à un autre sujet, parce
que j'ai moins de temps. Pour les projets de petites centrales, on
en a parlé, on a vu ça aujourd'hui. Puis là ma question s'adresse au ministre.
On a parlé aussi qu'on a beaucoup
de surplus énergétiques pour distribution, pour production aussi. Je ne sais
pas si vous pouvez le chiffrer. Puis, par rapport aux centrales
électriques, les minicentrales, il y avait... il y en a trois, en fait, que le gouvernement a dit : O.K., on va de l'avant, alors
que ce ne sont pas des projets qui vont être rentables et profitables. Et
M. Legault disait même en novembre qu'il n'allait pas poursuivre avec ces
minicentrales-là. Pourquoi est-ce que, là, maintenant... alors qu'il était dans l'opposition, et même, il avait fait une sortie avec mon prédécesseur, le député
de Mercier, pour dire que ça n'a pas de bon sens que l'argent
des Québécois aille dans ces minicentrales privées qui sont non
rentables pour le Québec.
Et pourquoi, aujourd'hui, est-ce
qu'on continue? Et pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à résister à notre
complexe du castor de toujours construire des mini... des barrages?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre, en vous rappelant qu'il reste trois minutes.
M. Julien :
Alors, en réalité, c'est plus que trois projets, il y avait une douzaine de
projets en réalité. Mais c'est complètement
différent par rapport à Apuiat, là, le projet qui a été arrêté. Le décret
gouvernemental était pris. Dans le plan, en fin de compte, d'approvisionnement
d'Hydro-Québec, ces éléments-là étaient inscrits, la Régie de l'énergie avait
passé sur ces projets-là, donc il y avait des ententes, là,
contractuelles fortes par rapport à ces éléments-là.
À partir de
ce moment-là, l'engagement du gouvernement, du précédent gouvernement était
ferme, donc il fallait poursuivre sur ces projets-là, contrairement au
projet Apuiat, où on vient dire : On est en surplus, effectivement, ces
projets-là vont procurer encore plus de surplus, on va travailler excessivement
fort avec Hydro-Québec pour s'assurer d'exporter
ces surplus-là. Mais, au-delà de ces projets-là, nous, il n'y a pas de nouvelle
entente de production électrique, que ça soit éolien ou hydroélectrique,
en développement qui vont se faire, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
fait démonstration que nos surplus sont utilisés, et le premier qu'on fera,
c'est Apuiat.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Donc, c'est terminé, là, pour les minicentrales, il n'y en aura pas d'autre
tant et aussi longtemps que vous êtes au pouvoir.
M. Julien :
Toutes celles, en fin de compte, qui sont passées déjà dans le processus, dans
le plan d'approvisionnement, qui sont inscrites, en fin de compte, à la
Régie de l'énergie et qui sont parties prenantes du plan de... excusez-moi, pas
d'approbation...
Une voix : ...
M. Julien :
...plan d'approvisionnement, il y en avait 12, même. Ceux-là, on les continue,
c'est un engagement formel du gouvernement, il n'y en aura pas d'autre.
Mme Ghazal : 12, donc, en plus
des trois...
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
...oui, excusez-moi, je vous... désolée. Outrage au président. O.K. J'ai
combien de temps? Une minute?
Une voix : ...
Mme Ghazal :
O.K. Bien, je vais, donc, aller avec une question un peu plus générale. On a
parlé, là, des passages de lignes
d'Hydro-Québec sous haute tension populaire, même si vous dites que c'est rare
que ça arrive. On parlé aussi des trop-perçus
qui n'ont jamais été retournés dans les poches des Québécois, il y a un
engagement du gouvernement de la CAQ
pour que ça ne se reproduise plus, des rivières harnachées, des barrages
construits, comme la Romaine, alors qu'on est en surplus, même si je sais que le Parti libéral en veut plus, nous,
on pense qu'il faut résister à ce complexe du castor de tout le temps en construire plus, et aussi de
manque de transparence, beaucoup de gens sentent ça, manque de transparence
de la part d'Hydro-Québec dans ses projets.
Ma question, c'est : Comment faire pour que les Québécois, en 2019, dans
ce 75e anniversaire... qu'ils retrouvent leur fierté par rapport à
Hydro-Québec?
Le Président (M. Lemay) : ...en
30 secondes.
M. Martel (Éric) : Écoutez, la
transparence, c'est extrêmement important pour nous, O.K.? Moi, je suis ici aujourd'hui et je suis tellement heureux à chaque
année d'avoir la chance de venir m'adresser aux parlementaires pour être
transparent puis répondre à vos questions. Je trouve que c'est un moment
important. On essaie de le faire, notre équipe donne des milliers d'entrevues à
chaque année pour répondre aux questions, et le modus operandi de mon équipe de
communications, c'est : On n'a rien à
cacher, répondez aux questions. Alors, évidemment, peut-être que les gens
peuvent présumer qu'on ne répond pas aux questions, mais je peux vous
dire qu'on est extrêmement transparent.
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. Martel, pour votre réponse.
Maintenant, je vais céder la parole au député de Dubuc pour un bloc
d'échange de 20 minutes. M. le député de Dubuc, la parole est à vous.
M. Tremblay : Merci, M. le
Président. M. le ministre Julien, bonjour.
Le Président (M. Lemay) : On
appelle une personne par leur titre, s'il vous plaît.
• (16 heures) •
M. Tremblay : Parfait, M. le Président. M. le ministre, chers
collègues députés, parlementaires, j'aimerais saluer le travail aussi spécifiquement de M. Julien
Garon, des équipes de recherche qui font un travail colossal. Le temps file, il
faut être préparé, c'est une responsabilité aussi d'être préparé.
Alors, j'aimerais aussi évidemment saluer la
présence, mais surtout l'engagement des gens d'Hydro-Québec, M. Martel, son équipe. On a fait allusion à
l'histoire, aux 75 années d'histoire. Moi, dans le fond, on parle un peu
de... mon collègue parlait d'improvisation de la part du gouvernement à
certains égards, mais moi, je situe cette démarche-là d'Hydro-Québec dans une réalité de continuité de «know-how» dont parlait
M. Lévesque à l'époque, un «know-how» qui est exportable, mais
aussi dans une réalité responsable et durable.
Et
puis je peux imaginer à quel point il fallait de l'audace à l'époque pour M. Bourassa,
pour M. Lévesque, pour M. Parizeau,
qui allaient négocier au niveau des banques new-yorkaises, l'audace qu'il
fallait aussi pour développer en accéléré,
parce qu'il y avait sans doute des livrables considérables, pour accélérer le
développement de l'hydroélectricité au
Québec dans une réalité de régions aussi où il y a beaucoup d'étalement. On
arrive aujourd'hui, finalement, en 2019, avec un discours de premier
ministre qui martèle cette idée-là d'audace.
On travaille
aussi avec un ministre, qui, à mon sens, a une approche entrepreneuriale
affirmée. On a, je le répète, une
expertise qui est phénoménale. Alors, voilà. Moi, je trouve que, si on a de la
difficulté à croire à des idées ponctuelles qui peuvent faire du chemin, je
pourrai peut-être y aller de façon plus poétique avec Brault, Perrault, qui ont
tourné La suite du monde dans le secteur de L'Isle-aux-Coudres puis qui
auront inventé, sur le terrain, à brûle-pourpoint, le phénomène de caméra à l'épaule. Alors, je pense que les gens de
terrain qui disposent d'une part expertise, jumelée dans un contexte, à mon
sens, de réalité politique historique où on
se retrouve un peu sur les mêmes bases d'effervescence que la Révolution
tranquille, bien, on peut croire que,
au terme de tout ça, on se retrouve devant des idées ponctuelles qui peuvent se
transformer en richesses collectives exportables, mais dont on doit être
fiers. Alors, moi, j'y crois. On parlait même, à la limite, j'ironiserais, on parle de gros sabots, mais mon
collègue député de Marquette pourra convenir qu'on peut faire aussi dans
la belle chaussure de notre côté.
Alors,
écoutez, simplement, avant d'arriver dans un préambule plus précis, j'aimerais
saluer vos actions, vos interventions
au niveau de ce qu'on appelle des villages-relais, les bornes électriques
aussi. Nous, on a inauguré dans Dubuc, très récemment,
L'Anse-Saint-Jean, qui est reconnue pour sa montagne, pour des projets à venir
forts intéressants. Maintenant, on a une
réalité aussi touristique, là on parle de Saint-Fulgence, de l'autre côté.
Nous, on a une réalité, à la fois touristique,
très étalée sur l'ensemble du territoire, puis je parle aussi de la réalité de
mes collègues qui vivent aussi des régions, mais de mon collègue du
Lac-Saint-Jean aussi. On a une offre touristique qui est vraiment
exceptionnelle en nordicité. De pouvoir donner accès... tu sais, il y a une
autre question de stratégie aérienne qu'on souhaitera développer éventuellement, mais, pour l'instant, au niveau de
l'accès au territoire, le fait qu'Hydro-Québec, il aille de l'avant, M.
le ministre, avec ses villages-relais puis
bornes électriques, bien, c'est très apprécié par les régions, puis je nous
invite à continuer en ce sens-là puis d'accélérer, finalement,
l'interconnexion des territoires comme ceux-là.
Je voudrais
aussi saluer les programmes innovants. Récemment, nous, puis je l'avais
communiqué à mon collègue ministre,
entre autres, au ministre de l'Économie et de l'Innovation aussi, la Scierie
Girard inc., dans le secteur de Shipshaw, chez nous, qui, à travers un programme, je crois, d'Hydro-Québec, ont
été en mesure de transposer une alimentation en mazout vers une alimentation en électricité. Puis, au-delà de tout ça,
même, en catimini, je dirais, ils ont mis de l'avant une expertise tout à fait locale en région à ce
niveau-là, et puis je pense qu'ils ont d'autres projets très ambitieux. Ils
sont venus nous rencontrer au bureau de comté, et puis, voilà, à cette
époque-là de la rencontre, tout n'était pas encore conclu. Maintenant, ça s'est
concrétisé, et puis je salue, à ce niveau-là encore, vos interventions.
Maintenant, j'aimerais y aller sur un préambule
plus précis par rapport à des questions qui seront peut-être plus spécifiques
aussi. Il fut question en juin dernier de la vente de 55 % des parts de la
filière d'Hydro-Québec TM4 à l'équipementier
automobile américain Dana, qui devient alors son actionnaire majeur. On parle
d'une transaction chiffrée à près de
170 millions, 130 U.S. Hydro-Québec, évidemment, maintient 45 % de
ses parts au niveau de la coexistence de l'entreprise.
TM4 conçoit,
M. le Président, et fabrique des moteurs électriques, des onduleurs et des
systèmes de commandes de propulsions
électriques, une offre complémentaire à celle de Dana, qui se spécialise dans
les transmissions électriques et technologiques
de régulation technique... thermique, pardon, pour les batteries, les moteurs
et les onduleurs. Cette transaction fait
de Dana le seul fournisseur disposant d'un ensemble complet de ressources pour
la conception, l'ingénierie et la production de systèmes de propulsion électrique, ce qui lui permet d'offrir des
solutions de propulsion électromécanique à ses marchés finaux. Fondée en 1998 par Hydro-Québec, TM4 exploite des installations de développement technologique et de
fabrication de pointe à Boucherville.
L'entreprise s'était fait connaître pour sa proposition alternative de moteur
électrique au fameux moteur-roue de Pierre Couture.
Suite à la
transaction, les installations de Boucherville n'ont vraisemblablement pas
connu de changement drastique avec
l'équipe de direction actuelle de TM4 et ses 130 employés demeurant en
périphérie, ce qui est conforme au modèle d'affaires, évidemment, de Dana, qui prévoit le maintien de ses centres
techniques répartis dans le monde entier. Dana est un leader mondial des
solutions de haute technologie visant à améliorer l'efficience, les
performances et l'écoviabilité des véhicules
et de la machinerie électrique. Son président est enthousiaste de l'acquisition
de TM4, le courant semble passer.
J'aimerais tout de même, M. le Président, avoir
le point de vue des gens d'Hydro-Québec par rapport à la transaction. Je pourrais y aller en bloc avec
d'autres sous-questions ou, si vous préférez qu'on y aille par alternance.
Sinon, j'aimerais connaître aussi, je
vous dirais, les avantages qu'en tire Hydro-Québec au niveau la transaction,
quelle est la vision aussi qui est derrière cette transaction-là.
Le Président (M. Lemay) : Bon,
parfait. Merci beaucoup. Donc, M. Martel, la parole est à vous.
M. Martel
(Éric) : Merci. Alors, merci, M. le député, de me permettre de parler
de TM4, parce que c'est quand même
quelque chose d'important. Puis vous avez souligné... À mon arrivée chez
Hydro-Québec, c'était important, pour moi puis pour mon équipe de
direction, d'être un peu plus entrepreneurs. On s'est dit : Écoutez,
Hydro-Québec — on
comprend que vous avez parlé des régions tantôt — on a une mission
particulière pour les régions, puis le Québec va toujours demeurer notre priorité. Et on a ce grand souci là que... on
est à peu près une des seules grandes entreprises qui est dans toutes les
régions, alors on doit toujours travailler avec les régions, que ce soit sur
les bornes électriques ou sur un paquet d'autres dossiers, et ça, pour
nous, ça va demeurer capital.
Mais,
quand je disais d'avoir de l'ambition, c'est que, exemple, TM4, on avait un
moteur, un joyau dans les mains : l'ondulateur,
le moteur qu'on a fabriqué est reconnu internationalement. Nous, on en
fabrique, puis c'est une compagnie qui nous rapporte peut-être 70,
75 millions de revenus par année.
Mais il est
très, très clair que, si nous souhaitions percer le marché de l'automobile,
hein, des grands constructeurs, il
fallait absolument s'associer avec quelqu'un, et je m'explique. De la façon que
l'industrie automobile fonctionne... ils fonctionnent avec des fournisseurs de tiers un. Alors, jamais
Hydro-Québec n'aurait été capable d'aller vendre à Ford, ou à Toyota, ou à GM son moteur directement parce
qu'eux ne font affaire qu'avec les tiers un, qu'on appelle, pour la simple
raison que la première question qu'ils nous
auraient posée, c'est : Comment faites-vous d'abord pour faire de la
production à haut volume? On n'a pas
cette compétence-là chez Hydro-Québec. Comment vous allez me servir en Europe,
en Amérique du Sud ou en Asie? On n'a pas de réseau pour servir de
réseau de pièces.
Alors, nous,
c'est important d'être capable de savoir dans quoi on est très bons, puis ça,
dans quoi on est très bons, c'est
l'ingénierie, le design de ces moteurs-là, mais on devait, donc, aller
s'associer avec un partenaire qui nous permettait de faire deux choses. Le
partenaire de... Puis ça, c'était une discussion stratégique qu'on avait eue
avec mon équipe. On a dit : Il
faut trouver le partenaire qui va nous permettre d'avoir accès aux grands
constructeurs automobiles et on doit avoir un partenaire qui sait
fabriquer des moteurs en grande quantité, donc qui connaissent le
manufacturier. Tu sais, nous, présentement, on en fait 7 000, 8 000,
9 000 par année, mais, si quelqu'un nous fait une commande demain matin,
puis il faut en faire 2 millions, c'est un autre métier, je vais dire ça
comme ça. Puis ça, il y aurait peut-être d'autres personnes au Québec qui
l'avaient, mais l'accès au marché de l'automobile, ça nous prenait ce
partenaire-là qui nous donnait ces deux choses-là.
Alors, Dana
Corporation, qui a acheté 55 % de l'actionnariat, pour eux, c'était
extrêmement stratégique. Ils ont magasiné
des moteurs partout dans le monde. Ils ont dit : Hydro-Québec, on pense
que vous avez le meilleur produit. On est intéressés de s'associer à vous. Eux,
ils sont dans l'industrie automobile depuis 1904, O.K.? Alors, ils connaissent
ce milieu-là. Donc, pour nous, c'était un
mariage intéressant. On avait, nous, l'aspect technologique qu'on amenait,
O.K., puis une réputation aussi,
notre moteur a une bonne réputation sur le marché, mais eux nous amenaient cet
accès-là puis la capacité de produire à grande échelle.
• (16 h 10) •
Alors,
évidemment, on a eu la discussion, hein, est-ce qu'on peut être 50-50, etc.
Bon, c'est sûr, moi, TM4, c'est important,
mais le bilan d'Hydro-Québec ne sera pas mis à risque. Eux, c'était extrêmement
stratégique. Aujourd'hui, ils font
des essieux pour les voitures, et, quand les voitures électriques vont de plus
en plus prendre forme — puis on sait que les
voitures électriques, il va y en avoir de plus en plus — ce moteur-là vient s'installer sur l'essieu.
Alors, eux, ils disaient : Si
moi, je ne suis pas dans le milieu des moteurs, ma business va disparaître.
Alors, pour eux, c'était extrêmement stratégique d'être là. Alors, ils ont fait l'acquisition, hein? Notre compagnie a
été valorisée à 300 millions de dollars, hein, ils en ont acheté 55 %, donc on a reçu 165 millions.
Nous, on avait un certain chiffre au bilan, on a reconnu, l'an passé, une
valeur ajoutée de 277 millions sur nos résultats financiers.
Donc, c'était, ponctuellement, une excellente transaction, mais c'est...
Fait que ça, c'était la cerise sur le gâteau.
Mais ce qui
était intéressant, c'est surtout le futur. Tu sais, moi, aujourd'hui, on a une compagnie qui fait, comme je vous disais, 60,
70 millions de chiffre d'affaires, mais on pourrait rêver, avec l'essor
des véhicules électriques partout sur la
planète, si on s'est mis en équipe avec le bon joueur, on pourrait avoir une
compagnie qui va faire 1 milliard, peut-être plus, de dollars de revenus. Puis, si on serait restés
tout seuls, probablement que ça aurait été très, très, très difficile, on serait restés un petit joueur. Alors, tu es
mieux d'être propriétaire d'une compagnie qui a 45 % des actions d'une
compagnie de 1 milliard que
d'être propriétaire d'une compagnie de 60 millions puis d'avoir 100 %
des actions. Ça fait que c'est un peu comme ça qu'on l'a dit.
Puis on s'est dit : Ça va être un levier
énorme pour Hydro-Québec, une façon de faire rayonner le génie québécois partout sur la planète en s'associant à
eux, hein? C'est une compagnie qui a des usines dans des dizaines de pays. Ils
sont établis en Chine, ils sont établis en Inde, ils sont établis partout.
Alors, ils ont un réseau énorme et ils ont cette capacité de production là. Alors, nous, cette association-là, elle
devenait une entente extraordinaire qu'on a été contents de faire. C'était le
fun, comme je vous dis, parce qu'on a eu une reconnaissance financière présente
l'an passé. Mais ce qui est intéressant, c'est : Qu'est-ce que
cette compagnie-là va faire dans cinq ans, 10 ans? Alors, on se donne la
chance. Ça a toujours été un défi au Québec d'être dans l'industrie automobile.
Et l'autre
chose que je peux vous rassurer, c'est qu'on a très bien négocié. Même si on
n'a pas 50 %, on a plusieurs
droits de veto dans l'entente des
actionnaires, qui nous rendent ça équivalent à avoir un contrôle de cette
compagnie-là.
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, M. Martel. M. le député de Dubuc.
M. Tremblay : Peut-être des
questions complémentaires. M. le ministre a cité Munich, l'Allemagne, je sais qu'il y a des modèles là-bas qui opèrent au niveau
de réalités mécaniques comparables, de monorail, en tout cas, qui opèrent
depuis 1901. Est-ce que, dans une
transaction comme celle-là, on peut croire dans le fait d'accélérer? Est-ce
qu'on pourrait dire qu'on accuse un certain retard par rapport à
d'autres pays au niveau de cette réalité de transport là? Est-ce que la
transaction va accélérer ce retard-là? Je me pose la question.
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : O.K. Je
vais tenter, là... juste pour clarifier, de quel retard? Un retard par rapport à la technologie du monorail, vous parlez? Ou...
M. Tremblay :
...
M. Martel
(Éric) : O.K.
Mais le moteur de TM4 est vraiment un moteur qui est fait... Aujourd'hui, on a deux versions. On a une
version qui est plus pour l'automobile puis une version qui est plus pour les
bus électriques. D'ailleurs, vous savez qu'on a une usine où c'est qu'on fabrique des moteurs de TM4 en Chine,
et on a livré, l'an passé... on livre entre cinq et 5 000 moteurs
par année. C'est assez impressionnant. En Chine, ils mettent 100 000 autobus
en service par année pour justement aider les problèmes qu'ils ont avec le
climat et essayer de décarboniser. Alors, clairement que, sur le plan technologique, notre technologie est vraiment
de dernier cri, puis c'est d'ailleurs pour ça... l'an passé, d'ailleurs, tu sais,
il y a un eu processus. Dana Corporation a
gagné l'appel d'offres parce qu'ils ont choisi notre moteur. Ils disaient que
c'était le meilleur moteur. Mais il y avait deux autres personnes aussi
qui nous offraient d'acheter des actions de TM4 parce qu'ils reconnaissaient la
valeur technologique de notre produit.
M. Julien : Comme mentionne M. Martel, tu sais, c'est un
mariage de raison ou un mariage stratégique. Tu sais, on en convient tous, là, l'électrification des
transports, là, on est dans un point tournant actuellement. Dans ce
contexte-là, Hydro-Québec avait entrepris une analyse assez rigoureuse, là,
visant à déterminer les conditions gagnantes, là, qui permettaient justement au TM4 de réaliser son
plein potentiel. Ce qui est rassurant également, c'est qu'il n'y a pas eu juste
un joueur qui s'est présenté, là, pour faire, justement, ce mariage de raison
ou stratégique, il y a eu de l'appétit. Et, effectivement,
c'est 45 %, 55 %. Comme mentionnait M. Martel, c'est beaucoup
mieux d'avoir 45 % de quelque
chose qui vaut 1 milliard potentiellement que d'avoir
100 % de quelque chose qui périclite puisqu'on n'a pas accès au marché
et au volume. Donc, Hydro-Québec doit se maintenir, en fin de compte,
dans son expertise, doit se maintenir dans cette réalité-là, mais il ne doit pas s'improviser comme un joueur qui est
autre que son «core business». Alors, ça a été un mariage de raison très,
très intéressant.
Et,
comme mentionnait également M. Martel, Hydro-Québec a quand même
obtenu, là, des engagements fermes, là, de la part des partenaires pour
maintenir le siège social et le centre d'excellence à Boucherville ainsi que
les emplois qui y sont reliés.
Donc, financièrement,
une entente payante. En termes de développement potentiel, stratégique, ça peut
devenir fantastique. Mais une chose est
certaine, toute chose étant égale par ailleurs, Hydro-Québec n'aurait pas pu
être celui qui livre ce potentiel-là à terme. Donc, chacun son métier.
Le
Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. M. le
député de Dubuc,
en vous rappelant qu'il vous reste 3 min 30 s.
M. Tremblay : 3 min 30 s. Par
rapport au projet, on parle souvent
d'essaimage, à la limite, on pourrait dire que le projet, en tout cas,
TM4 pourrait être un essaimage d'Hydro-Québec, un peu dans les réalités qu'on a
chez nous avec l'aluminium, puis des
réalités comme Stas, qui exporte puis qui travaille au niveau
de l'ingénierie internationale. Est-ce que
le projet... la réalité, l'entité de Boucherville amène des perspectives
d'essaimage? Est-ce qu'il y a déjà de l'essaimage qui est palpable sur le
terrain? Je ne sais pas s'il y a moyen d'expliquer un peu à ce niveau-là.
Le
Président (M. Lemay) :
Merci, M. le député de Dubuc. Je crois que, M. Martel, vous
vouliez prendre la parole. Allez-y, M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Oui, certainement. Écoutez, les vues qu'on a sur TM4 sont assez claires,
puis je viens de les expliquer. On a
aussi d'autres technologies sur lesquelles on travaille, tu sais, puis qui
sont potentiellement, je vais appeler ça
commercialisables. Alors,
habituellement, notre modèle
d'opération, c'est qu'on teste les technologies chez nous d'abord et on se pose la question,
maintenant, on se dit : Est-ce qu'on a un produit qui pourrait faire, tu
sais, rayonner le Québec encore plus puis
qui est commercialisable sur la scène internationale ou avec d'autres pays?
Alors, pour nous, ça, c'est toujours
important.
Tu sais, on
collabore, entre autres, avec les Autobus Lion, tu sais, les Autobus Lion, qui
sont à Saint-Jérôme, fabriquent des autobus, ils viennent même de livrer un premier
camion, présentement. D'ailleurs, on regarde, avec Hydro-Québec, si on ne
pourrait pas électrifier notre flotte davantage. On a quand
même électrifié probablement 300 véhicules, jusqu'à maintenant,
mais tous des petits véhicules. Alors, il
y a là un fil conducteur, tu sais.
Nous, on a un moteur électrique, on
collabore. Notre moteur électrique, il est sur les autobus, au Québec,
d'Autobus Lion. Alors là, déjà, il y a un partenariat
de collaboration, puis, même nous, à Hydro-Québec, on peut être un client de ça, parce qu'on a, comme vous le savez, des
milliers de véhicules qui sont en
circulation. Alors, on est... comme je disais tantôt, on aime ça, être entrepreneurs aussi, à Hydro-Québec, on a des moyens financiers de le faire,
on a des technologies puis de la connaissance. Après ça, on regarde ce genre de
projet là, où est-ce qu'on peut collaborer puis faire rayonner le Québec davantage.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. Martel. M. le député de Dubuc, 1 min 15 s.
M. Tremblay : 1 min 15 sec. Bien, en conclusion, en conclusion,
j'aimerais saluer, récemment, l'annonce de la ligne Micoua-Saguenay. Encore
une fois, les gens d'Hydro-Québec se sont déplacés au bureau de comté pour venir nous expliquer, d'une part, les travaux que ça allait
représenter. C'est, encore une fois, des chantiers gargantuesques, mais ça
implique aussi une sensibilité pour les communautés qui sont impactées ou non. Maintenant, on nous a aussi
présenté les retombées pour nos communautés, et puis je crois que ça
devient intéressant, dans la mesure où on a des communautés rurales en périphérie qui nous demandent de mieux
négocier, justement, des retombées comme celles-là, pour développer des
projets d'économie rurale. Alors, on salue des interventions comme celle-là.
Maintenant,
je vous dirais aussi que ça mène, par les courants, des grands projets au
Saguenay, chez nous, et puis je sais que vous avez une collaboration étroite
avec la ville de Saguenay et les différents partenaires pour s'assurer qu'on
puisse non seulement amener les projets, créer des emplois de qualité, mais
assurer des zones d'équilibre aussi.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Dubuc.
M. Tremblay :
Merci.
Le
Président (M. Lemay) : Merci pour votre conclusion, ceci termine
votre bloc. Je cède maintenant la parole à un membre de l'opposition
officielle, et, le député de Marquette, la parole est à vous.
M. Ciccone : Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre, chers collègues, M. Martel...
et bonjour à toutes vos équipes
respectives. C'est vraiment un privilège, pour moi, d'être ici aujourd'hui.
J'ai la même approche que l'équipe de l'Union soviétique en 1972, je
suis ici pour apprendre.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Ciccone : M. le Président, le ministre a dit, un peu plus tôt, puis j'ai
accroché, c'est pour ça que je prends la parole, M. le ministre a dit, un peu plus tôt, qu'il était pour demander
à son équipe, justement, de vérifier le site de transparence.com. À la mi-novembre, il a rencontré le gouverneur de
Massachusetts, M. Charlie Baker. Par la suite, il a rencontré le premier ministre de l'Ontario, puis
ça, ça a été documenté par les médias abondamment. Ceci dit, ça n'apparaît
pas sur le site transparence.com. Il faut
constater que, si ces rencontres n'y sont pas, alors il faut peut-être penser,
M. le Président, qu'il y a d'autres
rencontres qui n'y sont pas également. Je
ne vais pas interpréter, mais force de constater que, si ce n'est pas là, il y
en a peut-être d'autres. Ma question au ministre : Avez-vous fait d'autres
démarches? Et, si vous en avez fait, est-ce que vous pouvez les déposer
ou même les exposer aux citoyens du Québec?
• (16 h 20) •
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le ministre, la parole est à vous, en vous rappelant que, si vous
voulez transmettre de l'information au secrétariat de la commission, c'est
possible de le faire.
M. Julien :
C'est un grand plaisir, mais je n'aurai pas besoin, parce que, depuis le début
de nos discussions qu'on a avec le groupe
d'opposition officielle, il mentionne qu'on s'est déplacé sur l'Ontario.
Malheureusement, je n'y étais pas,
c'était seulement M. Legault qui est allé sur l'Ontario. Donc, je ne suis
pas allé sur l'Ontario, donc je n'ai pas rencontré le premier ministre de l'Ontario, donc ce n'est
pas dans mon agenda. Alors, c'est assez simple, hein, on est allés sur Boston,
vous avez vu, c'est sur Boston.
Et,
après ça, effectivement, je suis allé au PDAC, je crois que ça doit être
inscrit, en réalité, j'espère que c'est inscrit dans mon agenda, sinon... On est allés au PDAC, effectivement, au PDAC,
c'était un développement... c'est la plus grande foire minière au monde, j'étais très fier d'y être, j'espère que c'était
dans mon agenda, parce que, je vous le confirme, j'y étais. Et, lors de
ces rencontres-là, effectivement, on croise M. Sohi, en fin de compte, qui
est mon homologue fédéral, parce qu'il y a
un dépôt d'un plan d'action et, oui, on a une discussion comme ça :
Comment ça va? Très bien, vous-même? Mon anglais n'est quand même pas très, très bon, mais on réussit à se
comprendre, lui et moi, et on discute. Puis, après ça, je peux rencontrer, par exemple, lors de la même occasion,
le ministre Rickford, en fin de compte, de l'Ontario, qui assiste au PDAC lors d'un dîner, donc... Alors, vous allez
probablement voir que je suis au PDAC puis qu'on a un dîner. Après ça,
ce n'est pas des rencontres, là, qui sont prévues à l'agenda, mais je n'ai pas
de gêne à dire : Bien oui, je rencontre mon homologue de l'Ontario puis, entre deux bouchées : Oui, ça va bien?
Vous-même également? Tu sais, c'est quand même convivial.
Mais, pour revenir à
l'Ontario, ça fait trois fois que vous mentionnez que je suis allé sur
l'Ontario, je vous confirme : Je ne
suis pas allé sur l'Ontario, donc ce filon-là devrait arrêter d'être exploité,
malheureusement pour vous. Alors, on
est allés sur Boston et on est allés en Allemagne, et j'espère bien qu'on va
divulguer toutes mes rencontres que j'ai faites en Allemagne, c'est des rencontres hyperintéressantes avec différents
parlementaires. J'ai rencontré le ministre de l'Économie de l'Allemagne,
M. Peter Altmaier, franchement, un homme fantastique, on a pu discuter
ensemble du développement économique du Québec et dans différents volets
sectoriels. Alors, n'hésitez pas, si vous pensez qu'il y a des oublis,
ramenez-moi à l'ordre, mais ici, c'était votre erreur.
M. Ciccone :
Parfait. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, M. le député de Marquette, vous pouvez poursuivre.
M. Ciccone :
Merci beaucoup. M. Martel, on a vu le PDAC, puis vous avez parlé, M. le
ministre... M. Martel, êtes-vous
toujours au courant, justement, des différentes démarches que le ministre ou le
gouvernement s'apprête à faire, justement, dans le but de faire un deal,
pour utiliser leur expression?
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel.
M. Martel (Éric) : Clairement,
de notre côté, on tient toujours le cabinet au courant, hein, de nos démarches à nous, surtout quand on va rencontrer des gens.
Il y a aussi les bureaux de délégués du Québec aussi qui sont un peu basés
partout dans le monde.
Alors, nous, on va toujours collaborer avec les gens et on laisse connaître au
gouvernement, au cabinet, les rencontres qu'on va faire, que ce soit en
Ontario, au Massachusetts ou à l'extérieur.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Marquette, allez-y.
M. Ciccone :
Mais ma question, M. le Président, c'était le contraire : Est-ce que vous
êtes toujours au courant quand le ministre
ou son gouvernement, justement, s'apprête à faire... Non, mais la question est
à vous, M. Martel, si vous êtes
toujours au courant des démarches du gouvernement et sur la faisabilité
également, êtes-vous consulté sur la faisabilité des idées du
gouvernement?
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Je ne peux pas
répondre à cette question-là, parce que je ne peux pas être au courant de quelque chose que je ne suis pas au courant, ça fait que je ne
peux pas vous répondre à ça, vous comprenez. Puis le ministre peut probablement
y répondre.
M. Julien : Je vais certainement
y répondre. D'ailleurs, mon chef de cabinet communique régulièrement avec l'équipe de M. Martel pour toutes les
démarches qu'on entreprend. Vous comprendrez bien qu'on a des intérêts communs,
Hydro-Québec et le gouvernement, en fin de compte, de développement, on est sur la même ligne sur tous nos enjeux, sur toutes nos orientations, sur toutes nos
priorités. Et c'est une discussion, en réalité, entre les équipes du ministère
et les équipes d'Hydro-Québec. Il n'y
a aucun intérêt, de part et d'autre,
en réalité, de faire des parcours, en réalité, qui seraient parallèles, dans l'objectif de quoi? On a le même
objectif commun : développer l'économie du Québec. On a les mêmes
orientations, on a la même fierté d'Hydro-Québec, on l'a bien vu, hier,
au 75e.
Donc, je ne
comprends peut-être pas bien la nature de la question, mais, naturellement, nos
équipes sont en discussion continuelle dans les différentes démarches
qui sont entreprises de part et d'autre. Merci.
Le
Président (M. Lemay) :
Alors, merci, M. le ministre. Donc, M.
le député de Marquette,
la parole est à vous.
M. Ciccone : Merci beaucoup, mais, en même temps, moi, j'aurais aimé avoir justement
la réponse de vous, M. Martel, si vous
êtes au courant. Je comprends que vous travaillez ensemble, puis ça, ça va de
pair, là, c'est clair. Mais, en même
temps, quand on décide de partir,
aller ailleurs dans une autre province, dans un autre État, est-ce que vous
êtes... puis on a une idée de génie,
là, est-ce qu'on consulte, avec vous ou votre équipe, en disant : Est-ce
que c'est faisable pour Hydro-Québec justement?
Le Président (M. Lemay) : Bon.
Alors, M. le ministre, allez-y.
M. Julien : Encore là, je vais répondre à la question, puis
après ça... Quand je m'en va en Allemagne, la semaine dernière, je suis accompagné en réalité de quelqu'un
d'Hydro-Québec qui est au développement européen,
j'étais accompagné de quelqu'un de Transition
énergétique Québec, quelqu'un
de la Société du Plan Nord. Toutes mes rencontres que je fais qui
parlent d'énergie, la personne d'Hydro-Québec est assise à mes côtés, puisque,
techniquement, j'ai mes limites. Alors, on
discute, on donne les orientations, il y a des enjeux en Allemagne qui nous
intéressent. Par exemple, tout le volet éolien en Allemagne se fait au
nord de l'Allemagne, tous les besoins sont au sud de l'Allemagne en termes énergétiques. Ça ressemble un peu à la réalité du
Québec. Donc, pour nous, c'est d'avoir quelqu'un d'Hydro-Québec qui peut discuter avec les gens en Allemagne, pour
dire : On a peut-être des moyens de travailler ensemble pour les lignes de
transmission. Donc, non seulement ils sont au courant, ils nous accompagnent.
Le
Président (M. Lemay) : O.K. Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, M. le député de Marquette, vous pouvez y aller, votre collègue
aussi, qui voudrait avoir la parole.
M. Ciccone : Oui. Je vais céder la parole à mon collègue.
Alors, on a pris quelques minutes, justement, pour avoir cette réponse-là. Mais
ma question initiale, c'était : Est-ce qu'Hydro-Québec est toujours au
courant? Et ça aurait été facile, ça
aurait duré cinq secondes, M. Martel, vous aurez pu répondre oui, tout
simplement. Je cède la parole à mon collègue de Laval-des-Rapides. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. le député de Marquette, en vous
rappelant que c'est la prérogative du ministre de pouvoir répondre. On peut poser une question au fonctionnaire, mais
effectivement le ministre a toujours le droit de répondre en premier.
Maintenant, je vais céder la parole au député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. M. le Président, est-ce qu'on peut citer le
titre d'un article et le montrer en commission? Je sais qu'en Chambre il
faut que ce soit un tableau didactique, mais on peut faire référence à...
Le
Président (M. Lemay) : En autant qu'on ne nomme pas le ministre
par son nom, bien entendu. Puis, si vous voulez en faire le dépôt, à ce
moment-là, vous allez me le soumettre, puis je regarderai si on accepte le
dépôt du document. Allez-y.
M. Polo : Bien, en
fait, ce n'est pas un dépôt. En fait, je veux faire référence à l'article du Journal
de Montréal et Journal de
Québec du 27 février
dernier, qui titrait La CAQ vire-capot, O.K.? Et là vous me voyez venir,
M. le ministre...
Une voix :
Non.
M. Polo :
...et M. le Président, également. Parce que je pense que votre revue de presse
sur les trop-perçus a été abondante
au cours des derniers mois, je devrais dire, en fait, depuis que vous êtes
nommé ministre. Vous avez été nommé ministre, parce que votre position, celle
de votre gouvernement, celle de vos collègues est difficile à suivre. En fait,
je ne parle pas en mon nom, je parle au nom
de beaucoup de Québécois qui se sont exprimés, là, par le biais, notamment,
d'un sondage, autour de ces mêmes dates-là, là, si je ne me trompe pas,
c'était le 19 mars, qui disait que 92 % des Québécois souhaitaient
que les trop-perçus soient versés, soient remboursés aux Québécois.
Et
je vais vous dire, d'entrée de jeu, effectivement, quand mes collègues et moi,
on était au gouvernement, on s'est fait fortement critiquer, et j'en conviens,
parce que ça a été démontré, depuis 2009, que les trop-perçus, le phénomène
des trop-perçus avait été initié, là, ou débuté autour de ces années-là. Et
nous, notre position, à partir de ce moment-là, et aujourd'hui notre chef parlementaire... était le ministre responsable de
l'Énergie à l'époque, nous, notre position n'a pas changé.
Et je tiens ici à
démontrer le contraste et, si on peut dire, un peu l'incohérence de la position
du gouvernement aujourd'hui. Parce que, à
partir de 2016, la première fois que la députée, votre collègue de
Saint-Hyacinthe, s'est levée pour interpeler
le ministre de l'époque, en utilisant notamment une mobilisation citoyenne,
notamment une pétition, qui avait ramassé
tout près de 50 000 signatures, où il était clairement indiqué,
notamment sur la pétition, mais également sur la question formulée à ce
moment-là en Chambre, que, si une organisation chargeait en trop ses clients,
bien, que la seule réponse possible, c'était
de s'excuser et de rembourser, c'était de s'excuser et de rembourser. C'était
l'exemple de la députée de Saint-Hyacinthe, c'étaient les paroles mêmes.
Et, si vous allez sur YouTube, ça va vous prendre cinq secondes pour retrouver le
clip vidéo de la députée de Saint-Hyacinthe, qui, généreusement, le laisse
encore sur Internet.
Ce
qui est difficile pour les Québécois de comprendre, c'est que vous avez fait...
votre formation politique a fait campagne
pas juste à partir du 21 août ou à partir du déclenchement de la campagne
électorale, depuis les deux dernières années,
presque les trois dernières années maintenant, sur cet enjeu-là des
trop-perçus... Comment vous arrivez à expliquer quelle est la position
aujourd'hui?
• (16 h 30) •
Parce que, je vais
vous dire, votre chef, votre premier ministre, là, il s'est confondu en
explications sur ce dossier-là. Au lendemain
de l'élection, il a dit aux Québécois : Ce n'est pas ça que j'ai dit, ce
n'est pas ça que j'ai promis, ce
n'est pas ça que nous avons dit, les Québécois savent très bien qu'est-ce qu'on
leur a promis, puis on ne leur a pas promis un remboursement des trop-perçus. Ça, c'était la première explication.
Après ça, il s'est retourné de bord puis il a dit aux journalistes de faire
leur travail, un peu de façon... un peu... si on peut dire, un peu arrogante,
pour leur dire, pour leur faire la morale en
leur disant : Faites votre travail, puis informez correctement la
population, puis dites-leur exactement ce qu'on leur a dit. Les Québécois ne sont pas fous, ne sont pas dupes. Ils
ont bien compris pendant deux ans que vous avez fait circuler une pétition,
vous avez mobilisé les citoyens, la population, en leur disant : Il faut
que le gouvernement rembourse les trop-perçus, 1,5 milliard de
dollars.
Et
là vous arrivez au pouvoir, puis là, tout d'un coup, vous faites preuve
d'amnésie. Vous avez oublié vos paroles, vous avez dit aux Québécois, par la suite, le premier ministre, il
dit : Bien, en campagne électorale, je n'ai jamais promis le remboursement
des trop-perçus. Bien, voyons donc. Ça fait que tout ce qui a été dit avant la
campagne électorale ne compte pas,
mais... alors que les médias, la population, Internet, les campagnes de
collecte de données à travers la pétition en ligne et tout ça, ça s'est
fait aller allègrement. Mais, là, tout d'un coup, on arrive au pouvoir, puis
là, tout d'un coup, ah! le gouvernement libéral nous a laissé des surplus, mais
excusez-nous, ça ne sera pas sous la forme de remboursement de trop-perçus.
Là, par la suite, on
arrive au mois de février, M. le Président, et le premier ministre, il
dit : Bien, on va mandater la Régie de
l'énergie, ils vont nous recommander un mécanisme de remboursement. On va
mettre ça sur le dos de la Régie de
l'énergie. C'est la Régie de l'énergie qui va prendre la décision. Je sais, je
vois votre visage de surprise, M. le ministre, parce que, nous aussi,
d'une semaine à l'autre, c'était une proposition et ça changeait et, par la
suite, est arrivé les deux semaines de
relâche parlementaire, le sondage de 92 %, j'imagine que, comme moi, vous
êtes retournés vers vos citoyens, vous avez fait votre travail de
circonscription, vos collègues ici également, et vous en avez entendu parler.
Là, je vois certains collègues qui hochent
de la tête, vous en avez entendu parler parce que les Québécois n'ont pas
oublié vos promesses de l'époque.
Et
là, après ça, vous annoncez : Bien là, on va rembourser 100 % des
trop-perçus, ça va être le mécanisme qui va être employé. Là, d'autres manchettes nous parlent d'une baisse des tarifs
d'hydroélectricité. Les Québécois sont confondus, les Québécois ne comprennent pas, les Québécois
n'acceptent pas tout d'un coup que vous arriviez, votre formation politique
arrive au pouvoir, et là, tout d'un coup, décide
de changer son fusil d'épaule, il dit : Bien, le remboursement ou la
diminution des taxes scolaires, bien,
c'est une partie du remboursement des trop-perçus. L'allègement fiscal qu'on
donne aux Québécois, bien, c'est une
partie de cet allègement-là. C'est dans le jeu de mots qui est utilisé par
votre premier ministre, par votre gouvernement qui, justement, ça
retrousse auprès de la population.
Et
ça, M. le ministre, les Québécois sont en droit de savoir : Pourquoi,
comment vous expliquez qu'une journée vous dansez sur une chanson en disant une chose, puis, le lendemain, vous
dites d'autre chose? Expliquez-nous c'est quoi, le mécanisme. Pourquoi vous refusez de rembourser ce
que votre formation politique a promis pendant deux ans, de rembourser
la totalité des trop-perçus, que ça s'élève aujourd'hui à 1,5 milliard de
dollars?
Une voix : M. le Président...
Le Président (M. Lemay) :
Pas de problème. M. le député, alors, merci pour votre question. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Julien :
Oui, merci, cher collègue, pour cette question. Alors, naturellement, ici, on
parle de trop-perçus, il faudrait
utiliser le bon terme, là, pour être précis, c'est des écarts de rendement.
Donc, ce n'est pas une surfacturation, il faut bien comprendre le
principe, puis je suis sûr que vous le comprenez bien, cher collègue.
À chaque année, la
Régie de l'énergie autorise un rendement à Hydro-Québec et, à la fin de
l'exercice, si ce rendement-là n'est pas
exact... par exemple, si le rendement est supérieur au rendement autorisé de
8,2 %, ce qui était autorisé, alors,
si, par exemple, on a 9,2 % de rendement chez Hydro-Québec, ça veut dire
qu'il y a 1 % d'écart parce que la gestion a été très efficiente, réduction des dépenses. Alors, il y a un mécanisme
qui a été voté, qui a été fait par la Régie de l'énergie, qui a été mis
en place en 2014, qui disait : sur le premier 1 % d'écart de
rendement, 50 % est retourné à la clientèle, 50 % est maintenu à la société d'État, et, pour tous les
pourcentages supérieurs d'écart de rendement, 75 % est retourné à la
clientèle, 25 % est maintenu à la
société d'État. Donc, ça, c'est un mécanisme qui a été mis en place, vous le
savez comme moi, en 2014.
Le gouvernement
précédent, malgré la mise en place de ce mécanisme-là, a décidé, durant deux
ans, de ne pas l'appliquer. Alors, des
écarts de rendement importants ont été, en réalité, observés chez Hydro-Québec,
et le gouvernement précédent a
dit : Nous, on ne met même pas en application le mécanisme d'écart de
rendement. Alors, je pense que c'était quelque chose qu'il fallait dire,
qu'il fallait décrier, puis ça a été fait adéquatement.
Nous,
quand on est arrivés, on a dit : Dorénavant, on va appliquer le mécanisme
d'écart de rendement. Puis c'est ça
qu'on avait dit. Parce que vous allez voir que, dans nos engagements
financiers, quoi que vous en pensiez, il n'y avait pas la présence du remboursement de
1,5 milliard des écarts de rendement. Ça s'est passé sur plusieurs années,
et, naturellement, cette somme-là
n'est pas dans un coffre-fort dissimulé, là, à même, en fin de compte, le
sous-sol d'Hydro-Québec ou
ailleurs.
Alors,
on avait pris des engagements de réduction — vous l'avez mentionné vous-même, vous
reconnaissez ces engagements-là — de la taxe scolaire et également de
retourner de l'argent pour le deuxième, le troisième enfant. Et on était prêts
à mettre en application le mécanisme d'écart de rendement, effectivement. Les
citoyens du Québec, la clientèle d'Hydro-Québec
nous ont dit : On n'est pas d'accord avec ça. Ils ont été éloquents. Quand
on est revenus, en fin de compte, de
la période de relâche parlementaire dans nos circonscriptions, on a dit :
On va donner suite, on va donner suite. On est à l'écoute des citoyens, on est à l'écoute de la clientèle. Alors, depuis
déjà plusieurs mois, même avant cette situation-là, on travaille conjointement avec Hydro-Québec, avec
l'équipe du ministère pour trouver la solution qui fera en sorte que,
dorénavant, les citoyens et la clientèle ne seront plus déçus de la situation connue
lors des dernières années.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. M. le député, il vous reste deux minutes.
M. Polo :
M. le Président, en 2014, lors de votre première élection, vous avez eu le
privilège de siéger avec la regrettée députée d'Arthabaska, qui a été la
première critique de votre formation politique à avoir amené cet enjeu-là. Votre ancienne collègue, votre collègue actuelle
de Saint-Hyacinthe l'ont dit et l'ont répété, et c'est ce que votre formation politique a dit à l'ensemble des Québécois. Vous
les avez embarqués dans un bateau en leur faisant croire que vous alliez
rembourser, arrivés au pouvoir, la totalité
des trop-perçus. Et aujourd'hui, vous dites : Bien, on est arrivés... on
est très contents que les libéraux nous aient laissé des surplus. On va
les utiliser autrement.
L'ensemble
des Québécois paient pour des tarifs d'hydroélectricité. Ils ont chacun une
facture d'hydroélectricité. Ce n'est
pas l'ensemble des Québécois qui paient pour des taxes scolaires. Ça, vous le
savez, M. le ministre. Alors, quand on
dit que c'est... on a allégé le fardeau fiscal et on a remboursé... on va
rembourser la taxe scolaire, vous ne faites pas la même équation. Ce n'est pas l'ensemble des
Québécois qui vont bénéficier de ces montants-là. Alors, soyez honnête et
expliquez clairement pourquoi vous avez renoncé à cette promesse de votre
formation politique, maintenant que vous êtes
au pouvoir, de rembourser 1,5 milliard de dollars, un enjeu qui a été
évoqué ici au Parlement pour la première fois par la députée, l'ancienne
députée d'Arthabaska.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, en une minute.
M. Julien :
Oui. Cher collègue, j'entends bien votre question. Soyez assuré qu'on travaille
étroitement avec Hydro-Québec et le
ministère pour les différents scénarios. Ces scénarios-là vous seront divulgués
en temps opportun, et vous jugerez l'arbre à ses fruits, cher collègue.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. 30 secondes. Est-ce que vous voulez rajouter quelque
chose, M. le député?
M. Polo :
Bien, clairement, l'arbre à ses fruits, aujourd'hui, ce qu'il faut reconnaître,
c'est que — et je
l'ai dit en Chambre, M. le
ministre — la
promesse a été brisée. Le gouvernement en place a pris les Québécois pour des
dupes, a dupé les Québécois sur cet
enjeu-là, et, aujourd'hui, ils essaient de fabriquer une nouvelle promesse sur
le dos d'un autre engagement alors
qu'ils ne répondent pas à l'engagement solennel qu'ils ont pris, face aux
Québécois, de demander le remboursement des trop-perçus.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le député de Laval-des-Rapides. Ce bloc est maintenant terminé. Avant
de passer au prochain bloc, je sais que Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice
voudrait prendre la parole.
J'ai
cru comprendre qu'on a une demande d'une pause de cinq minutes, qui sera prise
sur le temps du gouvernement. Consentement? Consentement pour une courte
suspension de cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 39)
(Reprise à 16 h 45)
Le Président (M. Lemay) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, merci beaucoup. Alors, Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice,
en vous rappelant que vous avez maintenant un bloc de 15 minutes, et la
parole est à vous.
Mme Tardif :
M. le Président, merci. Bonjour. Bonjour, bonsoir, on ne le sait plus. M. le
ministre, M. le P.D.G. d'Hydro-Québec,
je vais faire ma jeune malgré mon âge, c'est un honneur pour moi d'être en
votre présence, puis on prendra un petit selfie tantôt parce que,
franchement, c'est bien, hein, pour mettre sur notre Facebook?
Ça paraît bien, c'est tout un honneur d'avoir ces personnalités-là avec
nous aujourd'hui.
Je suis très
heureuse d'être ici aujourd'hui, et vous allez comprendre que je vais parler un
peu plus de ma circonscription et, entre
autres, de la ville de Shawinigan,
qui, vous le savez, est une des premières villes, là, qui s'est bâtie
sur l'hydroélectricité au Canada, en fait, et qui compte beaucoup aussi sur le
secteur de l'énergie pour assurer son développement économique.
Nous avons
une nouvelle entreprise qui s'est installée dans une usine qui était
l'usine d'Alcan, qui a été réaffectée, finalement, et qui est Nemaska Lithium, qui tente de faire
sa place sur le marché de l'hydroxyde de lithium, lequel est utilisé, bien sûr,
là, dans la confection des batteries pour les voitures électriques. Et ce
projet industriel est bien connu et souhaité, là, de la part
des citoyens de mon comté, que je salue, d'ailleurs. Fait moins connu, par
contre, elle n'est pas la seule à s'intéresser à ce marché au sein de la ville
de Shawinigan parce qu'Hydro-Québec y emploie aussi quelques individus à des
fins de recherche, ce qui est très intéressant.
Outre cette
initiative, la société d'État a lancé un projet qui m'intéresse beaucoup,
encore une fois à Shawinigan et encore une fois dans l'optique de
recherche sur le sujet de transition énergétique. Deux maisons du futur, des
maisons intelligentes ont été construites à des fins de tests technologiques.
Ces maisons intelligentes, opérationnelles depuis seulement janvier 2018, sont
partiellement autoproductives en énergie. Elles sont situées d'ailleurs sur le
site, là, du laboratoire des technologies de
l'énergie et sont alimentées par le réseau électrique, mais aussi par des
panneaux solaires. Hydro-Québec a
inséré, dans ces maisons, des capteurs électroniques, des équipements de
contrôle, des appareils domestiques programmables à distance ainsi que
des accumulateurs d'énergie au sous-sol.
Je lisais dans un article sur le sujet que
l'objectif de ces maisons est de moduler la consommation d'énergie strictement en fonction des besoins des habitants,
des consommateurs, et en fonction de la demande, de l'intensité de la demande,
là, du réseau d'Hydro-Québec. Donc, ce serait une avancée technologique très
intéressante, qui permettrait des économies d'énergie aussi très
intéressantes.
Les maisons laboratoires sont conçues pour faire
face à la réalité climatique, donc, du Québec, et une étude d'Hydro-Québec soutient que ce type d'habitation
sera rentable dès 2025 — c'est demain — et que les propriétaires pourraient donc produire jusqu'à
15 % de leur consommation d'énergie.
Ma question serait pour M. Martel. Donc, M.
le P.D.G., pourriez-vous me parler un peu plus de cet intéressant projet, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, Mme la députée. M. Martel, la parole est à vous.
M. Martel
(Éric) : Merci beaucoup. Alors, merci, Mme la députée, de me permettre
de parler de ce magnifique projet. Vous
avez absolument raison de dire que la région de Shawinigan est une région
importante pour nous. C'est un peu le berceau d'Hydro-Québec, hein?
C'est là qu'on a commencé à faire des grands ouvrages hydroélectriques.
D'ailleurs, j'ai eu la chance d'être dans
votre région à quelques occasions. Et puis vous savez aussi qu'on a un centre
de recherche, le LTE, qu'on appelle
chez nous, où on a environ 55 employés chercheurs là-bas, et on a
travaillé, on a décidé de travailler notre centre de recherche à
Shawinigan pour justement le projet des maisons intelligentes.
Alors, un peu ce que je mentionnais tantôt,
c'était important pour nous de mettre nos meilleurs scientifiques à l'oeuvre sur cela pour mieux comprendre, un peu,
tout l'effet que ça aura sur notre plan d'affaires, tu sais, dans le futur.
Alors, je vous le disais, tu sais,
aujourd'hui, on évalue, puis vous mentionniez 15 %, une maison qui serait
complètement automatisée, utiliser le maximum, tu sais, avec la batterie
de la voiture électrique qui fournit peut-être de l'électricité à la maison à
certains moments dans la journée, alors, si ça est très bien coordonné, on
parle d'à peu près, de l'efficacité, de 15 %. Alors, les gens pourraient
réduire leur facture.
• (16 h 50) •
Évidemment,
il y a un coût d'investissement à acheter ces équipements-là, puis là c'est ce
qu'on est en train de comprendre : Les gens vont aller jusqu'où?
Est-ce que ces technologies-là vont être abordables à un certain moment? Puis, vous savez, quand une nouvelle technologie
sort, habituellement, c'est très dispendieux, mais les coûts s'ajustent. Ça
fait que, ça, ça fait partie... c'était extrêmement important pour nous. Parce
que, tantôt, M. le député le mentionnait, tu sais, on parle de 700 maisons
aujourd'hui qui sont en autoproduction. La digitalisation, il y en a... de la
numérisation, excusez-moi, il y en a de plus
en plus, mais, clairement, ce sont tous des phénomènes nouveaux de la
transition énergétique qui est en
train d'arriver partout dans le monde, à différentes vitesses dépendamment des
circonstances. Mais nous, on devait prendre ces travaux
de recherche là et comprendre comment on allait composer avec ça dans le futur.
Ça fait qu'en même temps ça devient une opportunité, hein, c'est pour ça que je
vous disais tantôt : Quand on va comprendre le bilan énergétique du
Québec pour les 25 prochaines années, on ne peut pas se fermer les yeux et
ne pas tenir compte de ça, parce que ça va
faire partie de notre réalité. Et là on est en train d'évaluer justement... on
voulait nous-mêmes s'approprier ces
technologies-là, comprendre qu'est-ce que ça pouvait donner, qu'est-ce qui
était abordable et non abordable pour pouvoir en tenir compte dans notre
bilan énergétique.
Puis, en même temps, bien, tu sais, il y a des intérêts
aussi qui pourraient être commerciaux éventuellement, de dire : Qu'est-ce qu'on voudrait faire avec ça? Est-ce qu'on veut
jouer un rôle dans ça, nous, Hydro-Québec? Ou il y aura peut-être d'autres personnes qui vont réfléchir à
ça. Parce que les gens, dans leur maison, vont pouvoir optimiser l'utilisation
de l'énergie en combinant toutes ces technologies-là. Ça fait qu'on a mis
beaucoup d'efforts dans les deux dernières années à tenir compte de ça pour surtout ces raisons-là
que je viens d'évoquer. Mais on a vraiment besoin de pousser encore nos
recherches. Ça va très, très bien.
Puis on parle
beaucoup du milieu des maisons, mais, après ça, il y a tout le milieu industriel
aussi, s'il y a de l'efficacité énergétique
à aller chercher. Alors, moi, j'aime toujours dire aux Québécois : Chaque
kilowattheure qu'on vous économise, hein,
c'est de l'argent dans nos poches de plus, comme Québécois. Puis, en plus de
ça, ces kilowattheures-là, si on est capables de le vendre à
l'exportation, bien, on s'enrichit collectivement. Alors, c'est un modèle...
C'est pour ça que, des fois, les gens
disent : Bien oui, mais vous avez des surplus, pourquoi vous travaillez
sur l'efficacité énergétique? Bien, c'est un
peu pour ça. Il faut se trouver des moyens, comme le ministre et moi on l'a dit
un peu plus tôt, que... il faut être capable de l'exporter, par contre, parce
que, si on n'a pas assez de lignes de transmission, bien, évidemment, on
va être pris avec puis on va déverser, mais c'est pour ça que ça, ce sont tous
des projets qui sont coordonnés dans notre
plan stratégique pour réussir à tirer le meilleur profit de ce qu'on peut tirer
à Hydro-Québec puis d'en faire bénéficier évidemment les Québécois.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. Martel. Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif :
J'ose faire ma coquine puis vous demander : Est-ce que les citoyens
pourraient aller éventuellement visiter ces maisons-là? Parce que je
rencontrais les gens, la table d'experts en développement durable de la
Mauricie, il y a quelques semaines, et je leur apprenais qu'on avait — j'étais
bien fière, là, hein? — je
leur apprenais qu'on avait deux maisons comme
ça, et ils n'étaient pas au courant. Éventuellement, est-ce que ça pourrait
être quelque chose de pensable, là, qu'on amène des gens voir ces beaux
projets-là?
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Absolument. Alors, vous êtes le bienvenu, puis il s'agira
qu'on prenne contact, puis qu'on puisse vous organiser ça.
Mme Tardif :
Merci. Donc, j'ai le bonheur aussi d'apprendre qu'Hydro-Québec allait
installer, toujours à Shawinigan, une
super station de quatre bornes de recharge rapide. Cette annonce est une bonne
nouvelle, encore là, pour les gens de mon comté, pour les gens, pour les
visiteurs aussi qui viennent avec les voitures électriques, mais aussi,
et je dirais... aussi avec mots majuscules,
là, pour tous ceux qui oeuvrent dans l'entreprise, à l'usine d'AddÉnergie, qui
est à Shawinigan, parce que c'est
cette usine... c'est là que toutes les bornes de l'entreprise québécoise, là,
sont montées, et elle est désormais un chef de file nord-américain en la
matière. Que la transition énergétique puisse se traduire en de belles opportunités de développement économique, c'est
une grande fierté. Puis que ça se passe chez nous, bien, c'est encore plus
plaisant.
Donc, le
progrès du transport vert au Québec, mon gouvernement, on est attentionnés par
rapport à ça. Ça a augmenté considérablement
au cours des dernières années et ça va assurément augmenter au cours des
prochaines années. Avec les mesures que nous avons mises en place dans
le nouveau budget, dans le présent budget, notre gouvernement est très confiant d'atteindre la cible de 100 000 véhicules
électriques et hybrides rechargeables immatriculés d'ici 2020. Nous venons
tout juste d'annoncer la prolongation du programme Roulez vert jusqu'en 2020‑2021,
et notre gouvernement a aussi octroyé un
budget additionnel de 433,8, donc pratiquement 434 millions de dollars,
pour le financement de ce programme en
l'élargissant aux véhicules d'occasion, donnant ainsi suite aux conclusions
favorables du projet pilote qui avait été fait et qui visait à favoriser
l'acquisition de véhicules électriques d'occasion, qui a pris fin, là, le
31 mars 2019.
Le nombre croissant de véhicules électriques et
hybrides rechargeables exerce une pression à la hausse, vous le savez, sur les bornes de recharge rapide. Les
propriétaires de véhicules
électriques qui doivent parfois
attendre qu'une borne se libère ou
attendre aussi des heures pour se recharger... Alors, on se demande, là...
demande que le gouvernement installe des bornes rapides et en installe davantage.
On compte environ 130 bornes rapides en avril 2018. Dans ce contexte,
la multiplication des stations de bornes de recharge rapide est une solution,
nous croyons, incontournable pour assurer le
maintien de la croissance des véhicules
électriques au Québec.
Il faut environ 12 minutes, je pense, pour recharger un véhicule
pour 40 minutes d'autonomie... 40 kilomètres, pardon, 40 kilomètres
d'autonomie sur un véhicule électrique avec
une borne rapide, 400 volts, si on compare avec une borne de 240 volts,
ça va prendre une à trois heures, puis, à la maison, là, si on est sur
une prise 120 volts, ça peut prendre environ huit heures.
Donc, je ne
vous apprends rien, là, mais je parle à mes citoyens et à ceux qui n'en ont
pas, de véhicule électrique, on
voudrait qu'il y ait plus de bornes rapides. Donc, en février 2019,
le Québec comptait, sur ses routes, 41 000 véhicules électriques immatriculés, dont 19 500 environ
véhicules entièrement électriques et 21 500 véhicules hybrides
rechargeables. Et,
depuis tout récemment, c'est très intéressant, mais on a quand même 13 véhicules
à cellule hydrogène. On s'en va vers là aussi. Ces véhicules électriques sont alimentés par un réseau de plus de
3 600 bornes publiques, dont 1 830 font partie du réseau électrique et gérées par Hydro-Québec,
lequel comprend 177. Donc, on dit, sur 1 830, il y a 177 bornes de
recharge rapides. Et vous me voyez
venir, là. Mon préambule est un peu long, mais il me reste du temps, M. le
Président? Excellent.
Le Président (M. Lemay) : ...
Mme Tardif : Donc, l'électrification est sans aucun doute un
élément central de la solution aussi à la décarbonisation des
transports. D'ailleurs, les cibles québécoises de réduction des émissions à
effet de serre, 20 % sous le niveau de 1990
en 2020, et 37,5 % à l'horizon pour 2030, et en... dépendent en
grande partie de la décarbonisation, là, du transport.
Dans ce contexte,
le gouvernement de la CAQ doit démontrer qu'il appuie de manière intensive
l'électrification des véhicules et
qu'il y consacre, donc, des ressources financières nécessaires. En conséquence,
le développement d'un vaste réseau de
bornes de recharge rapide est un élément incontournable. J'appelle donc M. le
ministre à cet effet. M. le ministre, considérant
que les bornes de recharge rapide sont une infrastructure essentielle pour les
longs déplacements, vous le savez, sur
le vaste territoire québécois, comment entendez-vous répondre aux
préoccupations des électromobilistes concernant l'accessibilité aux
bornes de recharge rapide?
Le Président (M. Lemay) : Bien,
parfait. M. le ministre, il vous reste 1 min 15 s.
M. Julien : Parfait. Alors,
merci, M. le Président.
Alors, je
pense que c'est clair. On voit une progression importante du nombre de
véhicules électriques, tout électriques ou électriques rechargeables,
parce qu'on parle qu'il y a 41 000 véhicules, mais il faut comprendre
que, dans la dernière année, c'est plus de
20 000 qui se sont ajoutés. Donc, c'est une croissance exponentielle. Ça
peut paraître faible en nombre, 40 000 sur tout le parc de
véhicules, mais c'est exponentiel. Et, quand on dit qu'on va atteindre la
cible, dans deux ans, de 100 000 véhicules,
c'est certain qu'on va atteindre la cible, dans deux ans, de 100 000 véhicules.
La courbe est conservatrice et, avec
le programme Roulez vert, on va y être. Et on a des objectifs de 1 million
de véhicules, quand même d'ici 10, 12 ans.
Alors, c'est la poule ou l'oeuf, hein? Alors, il
faut déployer, sur le terrain, l'écosystème qui permet, justement, de recevoir
ce nombre de véhicules, grandissant de manière exponentielle. Donc, c'est
1 600 bornes rapides d'ici les 10 prochaines
années qui seront installées sur l'ensemble du territoire, justement pour
desservir cet écosystème grandissant de
véhicules électriques. Donc, il faut faire les deux de manière concomitante.
Alors, le gouvernement est logique, en réalité. C'est : on veut
plus de véhicules électriques, plus de bornes.
• (17 heures) •
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup, M. le ministre. Donc, ceci complète ce bloc. Je cède maintenant la
parole à l'opposition officielle, M. le député de Laval-des-Rapides, pour un bloc d'échange de
15 min 40 s, et vous aurez aussi un autre bloc de 11 min 20 s, votre temps reporté
sur les remarques préliminaires. Donc, pour 15 min 40 s, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Parfait. Merci beaucoup, M. le Président. Je vais revenir sur le sujet des... l'enjeu des trop-perçus. Cette
fois-ci, j'aimerais mieux comprendre,
M. Martel, ou, en fait, M. le
Président, quand le premier ministre fait référence à une baisse spéciale ou un effort spécial de la
part d'Hydro-Québec, c'est un article de Tommy Chouinard le 20 mars, et on
citait le premier ministre qu'il faisait
référence à un effort spécial d'Hydro-Québec : «Pour la prochaine année seulement, il est
probable que l'on assiste à un gel ou à une baisse, d'autant plus que les
hausses des tarifs ont été sous l'inflation depuis
quatre ans, variant de 0,3 % à
0,9 % par année. La Coalition avenir Québec a promis, en campagne
électorale, des augmentations
tarifaires qui n'excéderaient pas l'inflation.» Et ici on fait référence à une
baisse de tarifs spéciale. À quoi on fait référence?
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. Martel, la parole est à vous.
M. Martel (Éric) : Alors,
écoutez, vous le savez, comme vous veniez de le mentionner, on a maintenu notre
engagement depuis quatre ans, hein, à être
en bas de l'inflation de façon quand même assez importante. Si on additionne
les quatre années, on est à peu près à la
moitié de l'inflation qu'on a augmenté les tarifs. Alors, comme le ministre le
disait un peu plus tôt, tu sais, dans le fond, pour Hydro-Québec, comme
le ministre le disait, moi, je n'ai plus ces argents-là de ce que vous appelez les écarts de rendement, là, qui ont... des
dernières années. Cet argent-là, dans le fond, pour moi, c'est de la distribuer. Aujourd'hui, ce qu'on
avait fait dans le passé, c'est qu'on l'a envoyé dans les résultats financiers,
donc au gouvernement du Québec...
C'est ça. Mais, depuis l'an passé et cette année, on en a versé une portion
qu'on a gardée dans les résultats financiers d'Hydro-Québec, et l'autre portion
a été envoyée dans la base tarifaire pour qu'on puisse impacter les
tarifs à la baisse.
Alors, tu sais, dans le fond, c'est une
question... la question qu'on a, c'est : Comment on veut le distribuer? Est-ce qu'on le remet à 100 % au gouvernement
dont tous les Québécois sont actionnaires, ou est-ce qu'on le remet dans
la cause tarifaire, ou est-ce qu'on envoie des chèques à tout le monde? C'est à
peu près ça les options qu'on a.
Alors, quand le PM... et puis, comme on disait
tantôt, on regarde, on réfléchit à des mécanismes, comment on pourrait avoir un impact. Alors, c'est sûr que, si
on... cette année, par exemple, on devrait, là, je donne un exemple, augmenter
à l'inflation nos tarifs pour l'an prochain,
là, parce que, cette année, c'est déjà réglé à 0,9 %, en passant, qui est
en bas de l'inflation, encore une fois, de loin. Si on décidait de dire,
pour l'autre année qui s'en vient, 2020, même si on avait des calculs qui nous disaient qu'on devait donner
l'inflation, qu'on donne un 1 % de plus bas ou 2 % de plus bas,
alors, ça, évidemment, ça va avoir un
impact, évidemment, sur la cause tarifaire. Puis ce qui serait intéressant,
c'est qu'évidemment cet impact-là, il
est récurrent, dans le sens que, si je donne 2 % cette année, bien, il est
encore là l'an prochain, l'an prochain, l'an prochain.
Alors, je pense que
ce que je comprenais, c'est que c'est un peu ça, un mécanisme qui est réfléchi.
Ça pourrait être une façon de faire les choses.
Il y a plusieurs façons d'arriver à réduire les tarifs pour les Québécois, mais
ça, ça pourrait être une façon, peut-être, de dire : On va remettre
à la clientèle ce qu'on appelle les écarts de rendement ou... C'est un mécanisme. Ça fait que, ce que le ministre disait
tantôt, il y a une réflexion présentement qui est en train de prendre place
sur ce mécanisme-là de remboursement.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Très courtement, juste pour compléter. Si, par exemple, la base tarifaire, peu
importe à combien qu'on l'évalue quand on vient la déposer, supposons que c'est
1 %, tout ce qui serait inférieur à 1 % cette année qu'on n'appliquerait pas, par exemple, si on décidait,
bien, ça va être ça en points de base, ça va être 0 % à titre d'exemple,
mais je l'ai perdue cette année en termes de revenu puis je l'ai perdue
à vie plus 100 ans, là, donc, c'est une valeur actualisée de cet écart-là
qu'on doit venir calculer. Mais c'est un des scénarios qu'on regarde, on
regarde plein de scénarios avec Hydro-Québec
pour justement régulariser cette situation-là pour faire en sorte que
l'ensemble de la clientèle d'Hydro-Québec soit confortable avec la
gestion du rendement d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Lemay) :
Merci pour la précision, M. le ministre. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. En 2017, Hydro-Québec avait été mis en demeure
afin de rembourser 1,4 milliard de dollars. Vous vous en rappelez?
Il y a un article de Marie-Ève Dumont, au Journal de Montréal, qui disait : Hydro-Québec mis en demeure de
rembourser 1,4 milliard de dollars. Qu'est-ce qui est advenu de cette
démarche-là? Comment les représentations ont été faites? Comment
Hydro-Québec a répondu à cette mise en demeure?
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le député. Je crois que... M. Martel, allez-y.
M. Martel
(Éric) : Alors, écoutez, c'est... il ne faut pas donner à Hydro-Québec
des pouvoirs que nous n'avons pas, O.K.?
Nous, ce qu'on fait, avec le gouvernement libéral d'avant, avec le parti de la
CAQ qui est au pouvoir présentement... on respecte la loi. Alors, la loi nous a
demandé, à un certain moment, de les conserver, ces trop-perçus-là, ces écarts
de rendement là. À un certain moment,
présentement, on en rembourse une partie. Alors, c'est un recours collectif
auquel vous faites allusion, qui a été déposé en 2017. Nous, notre
réponse, c'est : Écoutez, on a respecté la loi qui était en vigueur. Si les parlementaires souhaitent changer la loi,
c'est de votre prérogative, mais nous, on applique la loi. Alors, je vous
dirais, tout simplement, on va appliquer la loi, puis c'est ce qu'on a
fait depuis toujours.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Merci beaucoup. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
M. le Président, je fais référence à tout ça parce que, dans une lettre ouverte
du 13 avril 2017... la députée de
Saint-Hyacinthe signait une lettre ouverte et, à l'époque, elle était la
porte-parole de la deuxième opposition, là, sur les enjeux de matière...
d'énergie, et elle parlait de transparence, puis elle réclamait... elle
dit : «Ce que nous réclamons, c'est la
simple transparence. Si le gouvernement veut imposer aux québécois une taxe
déguisée, une taxe sournoise, qu'il le fasse
ouvertement, et nous pourrons en débattre.» Ça, c'est les paroles de votre
formation politique, M. le ministre. C'est les paroles de votre collègue
qui parlait au nom de votre formation politique.
Alors, ces
paroles-là, les Québécois ne les ont pas oubliées. Et ce que vous avez proposé
comme solution, et j'écoutais attentivement
les paroles du P.D.G. d'Hydro-Québec, ça semblait plutôt un scénario quand il
faisait référence au remboursement d'une partie des trop-perçus, il
parlait d'un scénario. Mais vous avez été très clair : Libéraux, remboursez, faites preuve de transparence, c'est
une taxe déguisée et sournoise. C'est ces mêmes paroles-là. Et, aujourd'hui,
les Québécois n'ont pas eu réponse à votre
engagement de 1,5 milliard, de rembourser 1,5 milliard, à l'époque,
on parlait de 1,4 milliard de dollars.
Et
vous savez quoi? Moi, j'ai dénoncé et je le dis encore aujourd'hui : Cette
campagne lancée sur Internet, de mobiliser la population, c'était une
campagne pour faire de la collecte de données. Et, aujourd'hui, le DGEQ se
penche justement sur la façon que les partis
politiques utilisent les données des citoyens. Et c'est cette stratégie-là qui
a été utilisée, entre autres, pour
mobiliser la population, mais pour aller chercher des données, aller chercher
le sentiment... les Québécois à travers leur sentiment d'injustice, et, arrivés au pouvoir, vous avez reculé. Et la
pression, vous la sentez toujours, parce que la réponse que vous donnez,
vous la donnez en fonction des trop-perçus à venir et vous essayez de faire
croire aux Québécois : Bien, tout ce qui
est arrivé par le passé, là, on l'oublie. Mais ce n'est pas ça, vos paroles, ce
n'est pas les paroles de votre premier ministre, de votre collègue de
Saint-Hyacinthe, ce n'est pas les paroles reprises ad nauseam par votre
formation politique.
Et, aujourd'hui, vous
avez la capacité, maintenant que vous êtes au pouvoir, non seulement d'action,
mais la capacité financière. Votre collègue
ministre des Finances a félicité notre collègue de Robert-Baldwin pour
l'excellent travail que le gouvernement a fait pour non seulement
rétablir l'équilibre budgétaire, mais aussi au niveau de la dette, puis aujourd'hui le Québec a un ratio per capita
inférieur à l'Ontario, vous avez la capacité financière et vous avez répondu
aux Québécois : Non, ce que vous avez entendu, vous faites fausse
route.
Alors, moi, ce que j'aimerais vous
demander, et j'aimerais reprendre les paroles de votre collègue de
Saint-Hyacinthe, c'est de la transparence, c'est de l'honnêteté, c'est
d'être capable de dire aux Québécois : Bien, vous savez quoi? Merci pour
votre vote, merci pour votre appui, merci pour l'appui majoritaire, le
gouvernement majoritaire qu'on a aujourd'hui, mais, vous savez quoi? On va vous
rembourser ce qui est à venir, mais tout ce qui est passé, tout ce que nous
vous avons promis, oubliez ça, on regarde maintenant vers l'avant, on garde le
cap, mais on regarde vers l'avant, tout ce
qui est arrivé par le passé, on oublie ça. Faites preuve de transparence,
faites preuve d'honnêteté, parlez aux Québécois puis dites-leur
exactement c'est quoi, le fond de la stratégie que vous êtes en train
d'employer auprès des Québécois.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
• (17 h 10) •
M. Julien :
Écoutez, je vais répéter à peu près la même chose que j'ai mentionnée tout à
l'heure, là, je réitère, en fin de compte,
qu'il y avait un mécanisme d'écart de rendement qui était en place depuis 2014,
que le parti... en fin de compte, le
gouvernement antérieur avait décidé de passer outre durant cette période de
rigueur financière. Je pense qu'on devait, en fin de compte, critiquer
et mentionner ces éléments-là.
Maintenant,
ce que je dis à mon collègue,
et je le répète : Nous, on avait pris la décision d'appliquer le mécanisme
d'écarts de rendement, qui est en place depuis 2014. Et on a eu l'occasion d'en
discuter avec les collègues, puis, quand on retournés, en fin de compte aussi, dans nos circonscriptions... puis on a
dit : On veut modifier ce système-là pour le rendre plus équitable à la
satisfaction de la clientèle d'Hydro-Québec. Ce qu'on fait actuellement, depuis
déjà quelques mois... on travaille
étroitement avec Hydro-Québec et avec le ministère pour proposer une
solution qui va arriver justement à cette fin-là.
Alors, je le réitère, on travaille sur la solution. Quand celle-ci sera prête,
on la présentera à l'ensemble de la population
concernée avec grand plaisir.
Alors, on peut bien
spéculer à l'heure actuelle. Nous, on a entendu, en réalité, les Québécois, on
a entendu la clientèle d'Hydro-Québec et on travaille activement
pour trouver la meilleure façon de régulariser ce dossier-là. Et soyez
assuré que, quand on sera prêts, on va le présenter à la satisfaction de la
clientèle.
Le Président
(M. Lemay) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. On va rester plus ou moins sur le même sujet,
là, mais j'aimerais aborder, avec le
président d'Hydro-Québec, l'enjeu de la tarification dynamique, O.K., qui est
un mécanisme volontaire mis sur pied... annoncé... si je ne me trompe
pas, c'était 2017, à peu près, M. Martel?
M. Martel
(Éric) : Par la régie.
M. Polo :
Par la régie.
M. Martel
(Éric) : Oui, qui nous a demandé de regarder le dossier.
M. Polo :
Oui, exactement, exactement. Est-ce que... Bon, actuellement... En fait,
commençons, là, par faire un peu de
pédagogie. Expliquez, disons, à la population, c'est quoi, ce mécanisme-là,
pour les Québécois, qui est fait une base volontaire.
Le Président
(M. Lemay) : Alors, M. Martel, sur la tarification
dynamique.
M. Martel
(Éric) : Alors, sur la tarification dynamique, ce que je peux vous
dire peut-être pour expliquer et vulgariser,
c'est qu'aujourd'hui, au Québec, on paie toujours nos kilowattheures au même
prix, peu importe l'heure de la consommation.
Vous savez que notre réseau est construit évidemment... la robustesse de notre
réseau est construite pour les heures de pointe, hein, comme... c'est
sûr que l'hiver, entre 5 heures et 7 heures, ce sont des grands
moments de consommation, ou le matin, entre
7 heures et 9 heures, ce sont aussi des grands moyens de
consommation. Alors, c'est là qu'on est le plus sollicités.
L'incitatif
de la tarification dynamique, ce serait de dire aux gens : Pour ces
heures-là, vous allez payer un tarif plus élevé. Il y a deux modèles, en fait, là, puis je ne rentrerai pas dans
tous les détails, là, mais ce qu'il est important de comprendre, c'est que les gens pourraient payer, dans ces
heures-là, plus cher pour les inciter à baisser leur consommation, mais moins
cher en dehors de ces heures-là pour les inciter à consommer à
l'extérieur. Donner un exemple, vous pourriez très bien décider, votre lave-vaisselle, ce n'est pas nécessaire de le partir à
l'eau chaude à six heures et demie, vous pourriez attendre à 10 heures le
soir ou même en pleine nuit, parce qu'il pourrait peut-être partir
automatiquement, quand on parle de maisons intelligentes, pour justement
répartir la puissance qui est demandée à Hydro-Québec.
Et ça,
collectivement, ça a une valeur pour nous, les Québécois. Alors, la régie nous
a demandé il n'y a même pas deux ans de
regarder ce dossier-là, ce que nous avons fait. On a évidemment des
investissements et on a un projet pilote qui est mis de l'avant dans les prochains mois, qui va tester... puis je
pense qu'on a 20 000... 18 000 clients qui vont se prévaloir de faire un essai avec nous. Parce qu'on
avait besoin, hein... sur le plan système, il faut gérer ça, vous comprenez.
Les gens consomment, heureusement, on a les compteurs intelligents qui nous
permettent de lire leur consommation. On avait besoin de développer nos systèmes informatiques pour toute la
facturation, parce que ça va modifier des choses. Alors, on fait un projet
pilote, on va l'essayer avec 18 000 clients, et, si ça fonctionne
bien, à ce moment-là, on pourrait l'offrir éventuellement à toute la population. Et c'est un moyen collectif
d'économiser de l'énergie puis d'éviter des investissements non
nécessaires pour renforcer le réseau pour, des fois, une heure ou deux heures
par jour.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. Martel. M. le député, en vous rappelant qu'il vous
reste 1 min 40 s.
M. Polo :
Parfait. Bien, en fait, j'aimerais savoir, M. Martel, si... Tout d'abord,
est-ce que les consommateurs peuvent avoir accès à leurs données de
consommation en temps réel? Tout d'abord. Et, ultimement, si ce projet-là est
porteur, est-ce que vous considérez,
au-delà des personnes ou des consommateurs qui le font sur une base volontaire...
c'est de l'appliquer à l'ensemble de la population.
Le Président
(M. Lemay) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Alors, écoutez, pour réponse à votre question, en temps réel,
pas tout à fait, mais les gens peuvent suivre leur consommation en à peu près
15 minutes, avec un délai de 15 minutes. C'est presque en temps réel.
Alors, ça, c'est intéressant, c'est quelque chose qui est disponible dès maintenant.
Et c'est un peu prématuré, d'ailleurs, pour dire :
On va l'étendre à toute la population, parce
que le projet pilote a justement
comme objectif de voir si c'est quelque chose qu'on veut
étendre à tout le monde. Alors, quand on aura fait le projet pilote, on sera capables, évidemment,
de tirer des conclusions de tout ça et de voir si c'est quelque chose qu'on
veut offrir à toute la population et tous les clients d'Hydro-Québec.
Une voix :
Merci.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Laval-des-Rapides. On peut le reporter au prochain bloc.
M. Polo :
Oui, s'il vous plaît, merci.
Le
Président (M. Lemay) :
Pas de problème. Alors, merci. Ce bloc étant maintenant terminé, je cède la parole à un membre du gouvernement, le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata,
et vous avez 15 minutes.
M. Tardif :
Alors, M. le Président, M. le ministre, M. le président-directeur général, les
invités, mesdames et messieurs, les collègues, personnel politique.
Alors, moi, j'ai
l'immense plaisir d'être un député de région. Je suis du Bas-Saint-Laurent et
je représente la circonscription de Rivière-du-Loup—Témiscouata. J'ai passé une partie de ma vie, également, à travailler pour
la petite, la moyenne et la grande entreprise
dans les stratégies régionales, mais au
niveau du Québec. Alors, vous ne serez pas surpris aujourd'hui que je
vais vous parler de ces deux points d'intérêt là assez rapidement.
Premièrement,
je veux, M. le Président, réitérer, comme citoyen, mais également comme élu, ma
confiance dans Hydro-Québec puis dans son organisation.
Alors,
je désire également prendre un peu de temps pour traiter d'un enjeu spécifique
d'Hydro-Québec, qui concerne une très belle région, qui est les
Îles-de-la-Madeleine, qu'on en profite d'ailleurs pour saluer les Madelinots.
Et je voudrais vous parler de
l'approvisionnement de l'électricité des Îles. Vous avez abordé le sujet, mais,
si vous me permettez, je vais y revenir un petit peu plus longuement
pour avoir plus d'information.
Alors,
on sait que les Îles, aujourd'hui, l'électricité est assurée par une centrale
thermique qui est alimentée par du mazout lourd. Cette centrale,
construite en 1991, ce qu'on me dit, est aussi la plus grande... c'est la plus
grande au Québec, là, à marcher de cette
façon-là : 2014, 100 000 litres de mazout destinés à
approvisionner la centrale ont été déversés. Bon, c'est de l'histoire, mais, quand même, à Cap-aux-Meules. Côté
environnemental, Hydro-Québec, et on est tous d'accord, a décidé qu'il
fallait réanalyser les besoins et de revoir sa façon de faire tout en
instaurant une politique de transition énergétique pour les Îles. Alors, oui, la
société d'État est à la recherche de solutions plus écologiques.
Récemment, une
annonce a été faite à ce sujet, et ça serait un câble, et on revient au fameux
câble sous-marin, d'une capacité de
transport de 80 MW et d'une longueur de 220 kilomètres, qui
permettrait aux Îles d'être approvisionnées d'une énergie verte. Un échéancier — c'est important les échéanciers dans la
vie : 2025. Alors, c'est ce qui a été avancé, après quoi les Îles devraient être alimentées par
un câble en provenance du secteur d'un poste de Percé, qu'on appelle le
Val-d'Espoir, juste derrière Percé.
Alors, Hydro-Québec
indique également, sur son site Internet, qu'elle mettra en place, en
partenariat avec le milieu, un microréseau
qui fera appel à d'autres sources d'énergie renouvelables, à des batteries de
stockage d'énergie et à des outils
permettant de gérer la consommation d'énergie de bâtiments. Il est aussi
mentionné que la centrale thermique sera maintenue comme centrale de relève et pourra servir lors de maintenance
des équipements ou en cas de panne, ce qu'on ne souhaite évidemment pas dans ce secteur, entre autres. Alors,
Hydro-Québec a également pris des engagements en ce qui concerne le
maintien des effectifs en place.
Ma
question, elle est très simple : Pouvez-nous nous rappeler ces engagements
qu'Hydro-Québec a pris vis-à-vis la population des Îles et pour
desservir, s'il vous plaît?
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel.
• (17 h 20) •
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le député. J'ai vu que vous connaissiez bien le
dossier. Alors, je vous ramène... Tu sais, c'est important de comprendre, quand on dit qu'Hydro-Québec produit
l'énergie renouvelable avec de l'eau à 99 %, le petit pour cent qu'il nous manque, là, ce sont les
réseaux éloignés, parce que notre réseau ne se rend pas. Alors, là, on parle
des communautés qui sont dans le Grand,
Grand Nord du Québec. Mais la moitié de ce 1 % là qui nous manque, c'est
les Îles-de-la-Madeleine.
Alors, les Îles-de-la-Madeleine, vous
l'avez dit, on utilise présentement 40 millions de litres de mazout par
année pour alimenter la centrale et
produire l'électricité. Alors, nous, ce qu'on souhaite, c'est d'avoir la moitié
de ça rapidement qui va être éliminé, puis on travaille aussi sur les autres
réseaux autonomes pour réduire évidemment les émissions. On a une obsession à essayer de se rapprocher du plus
proche possible de 100 % de notre production avec de l'hydroélectricité,
ou de l'éolien, ou d'autres ressources non polluantes.
Alors, c'était quand
même un problème complexe, les Îles-de-la-Madeleine, hein, parce que c'est à
peu près à 200 quelques kilomètres des
côtes, alors ça prend un câble sous-marin assez costaud. Alors, le projet qu'on
a mis en place, c'était de dire :
On a une centrale qui est là avec plusieurs employés, on a à peu près... pas à
peu près, exactement 82 employés environ
aux Îles-de-la-Madeleine. La majorité de ces employés-là, je dirais, j'arrondis
un peu, là, environ une soixantaine sont
à la centrale, puis il y en a à peu près une vingtaine qui travaillent à la
distribution puis qui font le service quotidien, hein, que vous voyez
dans les rues un peu partout au Québec.
Alors,
nous, ce qu'on a pris comme engagement, c'était de maintenir le niveau d'emploi
là-bas, O.K.? Puis on a dit... bien, évidemment, les gens, ils ont dit :
Mais, si vous fermez la centrale, les 62 emplois s'en vont. Mais c'est sûr
que la centrale, on va la garder, ça va être une centrale de relève parce que
je ne peux pas avoir les Îles-de-la-Madeleine qui ne sont dépendantes que du câble. S'il arriverait
quelque chose, on veut être capable de repartir la centrale pour, évidemment,
en attendant qu'on répare le câble... S'il
arrive quelque chose. Évidemment, ça n'arrivera peut-être jamais, mais on doit
avoir cette sécurité-là puis offrir cette
sécurité-là aux Madelinots. Alors, c'est clair que la centrale, étant donné
qu'on va devoir la garder, hein, en état de fonctionner, on va maintenir
un certain nombre d'emplois à la centrale.
Et, ce qu'on s'est
engagé aussi, c'est que le petit réseau micro qu'on est en train de mettre en
place aussi, qui produirait de l'énergie
renouvelable sur place avec de l'éolien ou un «microgrid», ça aussi, on va
avoir un certain nombre d'emplois.
Alors, ce qu'on est en train de regarder, puis la transition qu'on prépare,
c'est de s'assurer qu'on va maintenir un certain niveau d'emploi là-bas
et que, quand la centrale va tranquillement ralentir, parce que c'est clair
que, si la centrale, le câble est là, on
n'aura plus besoin de 60 personnes parce qu'on va être moins occupés, mais
il va falloir quand même maintenir les équipements, il va y avoir un
petit nombre, on va remplacer par d'autres types de travaux.
Vous
savez, il y a plein de choses chez Hydro-Québec, on a
20 000 employés. Il y a un paquet de choses qui sont facilement
relocalisables, qui n'ont pas besoin d'être à Montréal, ou à Québec, ou dans
d'autres villes. Je vais donner l'exemple,
là, puis je ne veux pas partir une rumeur, mais un centre d'appels, par
exemple, que les gens répondent au téléphone, on reçoit 10 000, 12 000 appels par jour chez
Hydro-Québec, alors le centre d'appels peut être à peu près n'importe où.
Les clients appellent puis ils parlent à un Québécois, mais il peut assis
n'importe où dans une ville de notre province.
Alors,
pour moi, c'est important ça, ce concept-là de dire : On est capable de
réduire les émissions, hein? Ça fait partie du défi qu'on a en alimentant les
Madelinots avec un câble sous-marin. En même temps, il faut être responsable,
il faut maintenir une centrale de relève,
et, en même temps, ce qu'on a pris comme engagement, c'est d'offrir des
emplois, puis des emplois de qualité
aussi, parce qu'on offre des emplois de qualité. Je me souviens, j'ai été à
quelques reprises aux Îles, les gens disent : Écoute, ce n'est pas simple
aujourd'hui, tu sais, de ramener nos jeunes à la maison une fois qu'ils ont
quitté pour l'université. Nous, on est
capable, tu sais, d'offrir des emplois, des postes d'ingénieurs ou de d'autres
types de postes qui vont peut-être permettre ça.
Ça fait que, je vous
disais tantôt, puis on parle des Îles-de-la-Madeleine, mais c'est un grand
souci qu'on a chez Hydro-Québec de s'assurer, parce qu'on est une des seules
grandes entreprises qui est dans toutes les régions du Québec, d'avoir cette cohésion-là puis cette relation-là avec les
différents milieux puis les différentes régions du Québec, et c'est
l'engagement qu'on a pris aux Îles-de-la-Madeleine. Alors, j'imagine, ça répond
à votre question. Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Merci beaucoup. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M. Tardif : Merci, M. le Président. Juste pour vous souligner rapidement, M. le
ministre, M. le Président, si vous voulez
un centre d'appels, vous cherchez une place, Rivière-du-Loup—Témiscouata, on est prêts à l'accueillir sans
aucun problème, ça va me faire
plaisir de répondre à toutes vos questions. Je suis... écoute, la porte est
ouverte, j'ai mis le pied dedans. Alors...
Des voix :
...
M. Tardif : Alors, écoutez, j'aimerais quand même, M. le Président, revenir sur...
maintenant qu'on a parlé des régions, on va parler un petit peu de
communications brièvement.
Au
milieu du mois de mars, Hydro-Québec a lancé et, hier, vous l'avez souligné,
une nouvelle campagne publicitaire pour le 75e anniversaire, parce qu'on
veut rappeler ce qu'a fait la société d'État puis vers quoi on veut s'en aller,
vers où s'en va. C'est ce qu'on veut
expliquer, je pense, aux Québécois et aux Québécoises. Alors, je suis bien au
fait de l'importance que peut représenter une campagne publicitaire pour
votre compagnie, pour la compagnie et également les investissements que ça peut retomber en termes de notoriété dans le
milieu. Je crois que c'est d'autant plus crucial pour Hydro-Québec... D'ailleurs, je vous félicite de ne
pas vous asseoir... c'est un commentaire, mais souvent, on s'assoit sur... on a
une notoriété. Bravo de continuer de parler aux gens puis de nous expliquer ce
que vous faites. Je pense que c'est important.
Alors, Hydro-Québec veut expliquer
ses produits, veut également montrer aux consommateurs vers où on s'en
va dans le futur. Personne n'a une mémoire infaillible, et il peut être facile
d'en oublier les avantages, je pense qu'on en
a souligné plusieurs. Et on a beaucoup d'avantages, oui, on a, des fois, des petites
problématiques, mais, oui, on a, des fois, il faut se le dire, des très
bons résultats.
Alors, l'image de marque d'Hydro-Québec est importante
personnellement et elle est importante pour mettre l'ensemble de la lumière sur
les dividendes, et on a abordé le sujet, les dividendes économiques, mais les
dividendes sur le
savoir-faire du génie québécois en
matière de technologies puis de développement durable. Il en est souvent question, et nous avons, avec les années, développé un savoir-faire extraordinaire qu'on peut exporter et qu'on peut continuer également de développer sur notre territoire.
Je sais aussi
qu'Hydro-Québec a une responsabilité auprès de ses abonnés, et on veut encourager les
bonnes habitudes de consommation. Je rouvre juste une parenthèse, vous
me permettrez de vous souligner que j'ai, à l'est de Montréal, j'ai eu le plaisir... et je suis toujours
le propriétaire de la première maison LEED platine. Donc, je suis un de vos
fournisseurs indirectement, un des
premiers, même, fournisseurs, ce qui fait que l'habitude de
consommation chez les Québécois, et je suis
d'accord sur le rapport économique, on pourra en
rediscuter, mais effectivement... mais c'est une direction, c'est une des
directions.
Alors, on
peut travailler à être... à vivre de
façon plus efficace et également
travailler à récupérer de l'énergie pour pouvoir évidemment... j'aime tellement ce mot-là, «vendre», il ne faut pas être gêné de
vendre, d'exporter, puis on l'a souligné tantôt, puis je pense
que c'est important si on veut continuer d'avoir des tarifs qui sont quand même
abordables. Parce que, si je me trompe, on doit être la place en Amérique du Nord qui paie le moins cher ses kilowatts, alors... Et c'est par la vente que tout
ça va passer.
Alors, en
tant qu'élu de la Coalition avenir
Québec, je peux vous dire que vous
avez mis le doigt sur quelque chose qui parle aux Québécois et qui nous
parlait également de mettre de l'argent dans notre portefeuille.
J'aimerais
vous rappeler l'importance des communications, je pense, ça fait plusieurs
fois, mais la redondance... la communication, c'est une redondance, c'est une
redondance. Donc, Hydro-Québec doit toujours nous rappeler nos habitudes, nous aider
puis faire valoir la plus-value pour l'ensemble de la société québécoise.
Alors, ma question est très, très simple, encore
une fois : L'objectif qu'Hydro-Québec veut atteindre par cette campagne,
elle coûte combien aux Québécois et qu'est-ce qu'elle vise directement?
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. Martel.
M. Martel (Éric) : Merci.
M. Julien : ...
Le Président (M. Lemay) : Ah! M.
le ministre, allez-y.
M. Julien : Très bonne question,
on a eu ces discussions-là, naturellement. Donc, oui, il y a tout le volet
fierté, 75e anniversaire. Après ça, on
peut s'interroger : Oui, mais de notre côté, on est pas mal tout seul
sur le marché, la publicité, en fin
de compte, cette promotion-là... Mais on voit rapidement que cette
promotion-là est importante pour Hydro-Québec. Et M. Martel
va préciser justement qu'est-ce qu'elle rapporte, combien elle coûte,
mais qu'est-ce qu'elle rapporte potentiellement.
Le Président (M. Lemay) : ...
M. Martel
(Éric) : Merci, M. le Président. Alors, écoutez, je dis toujours, la relation entre Hydro-Québec et les Québécois,
elle est particulière, tous les Québécois sont clients d'Hydro-Québec et tous les Québécois
sont, en quelque sorte, propriétaires d'Hydro-Québec aussi puisque ça appartient à leur gouvernement. Alors, nous, on
a toujours en tête de
s'assurer, tu sais, de rester en contact avec la population. Alors, toute cette
grande transparence-là, informer les gens sur la société
d'État, c'est un devoir qu'on a. Les Québécois doivent être au courant de leur
société d'État, elle leur appartient puis, en plus, ils en sont tous
clients.
Alors, c'est pour ça qu'on a toujours... bien,
évidemment, il y a des campagnes, tu sais, qui sont sur la sécurité puis, etc.,
puis ça, je pense, ça va de soi. Cette campagne-là nous coûte 2 millions
de dollars, O.K., la campagne sur le 75e anniversaire,
ça, c'est le coût d'avoir développé la pub elle-même, mais aussi d'avoir,
évidemment, acheté les droits de télé
pour la diffuser. Bon. Évidemment, 2 millions de dollars, c'est beaucoup
d'argent, mais, considérant Hydro-Québec, c'est très, très peu, c'est
une partie. Et ce que je veux vous rassurer, c'est que notre budget de
publicité n'a pas augmenté à cause de ça, on
a puisé... on a un budget à chaque année où est-ce qu'on fait différents types
de publicité et on maintient ce
budget-là à peu près égal d'année en année. Et ça n'affecte pas, en passant,
les tarifs d'électricité, c'est vraiment sur les profits d'Hydro-Québec
qu'il y aura un impact.
Alors, c'est un choix qu'on fait, on pense que les Québécois
doivent être informés de leur société
d'État, ils doivent savoir ce qu'il
se passe. Il y a beaucoup
d'information qui se divulgue aussi. Des fois, elle est bonne, des fois, elle
n'est pas bonne, et puis on a un devoir de
s'assurer que les Québécois ont la vérité, puis qu'on est transparent, et qu'on
corrige les faits quand ils ne sont
pas corrects. Alors, évidemment, cette publicité-là, elle permet de faire
réfléchir aussi sur la consommation énergétique, et d'avoir cette
réflexion-là au travers de la publicité, parce que c'était une des intentions.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, M. Martel. Ceci termine ce bloc d'échange avec la partie du
gouvernement. Je vais maintenant céder la parole à un membre de l'opposition
officielle et je reconnais le député de Laval-des-Rapides pour un bloc de
11 min 50 s.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. M. Martel, le premier ministre, dans une
allocution au mois de novembre, s'était
avancé sur la possibilité, en lien avec un projet qui a animé et qui anime
encore beaucoup, beaucoup de discussions et de débats ici, à Québec, le projet du troisième
lien... il avait, à ce moment-là, évoqué la possibilité... Comme vous le
savez, un des scénarios évoqués par le
gouvernement, c'est un projet de troisième lien qui passerait par l'île
d'Orléans, et, en lien avec ce
projet-là, il avait évoqué la possibilité, afin de, si on peut dire, de
corriger ou, en fait... avec l'objectif d'éliminer les pylônes de transmission, là, les trois lignes
de pylônes de transmission, là, qui partent de la Rive-Sud jusqu'à l'autre bord
du fleuve Saint-Laurent, il avait évoqué la possibilité d'enfouir ces lignes de
transmission là, quelque chose qui n'a jamais été fait au Québec pour des lignes avec une transmission aussi
puissante, O.K., et pour lesquelles... je ne sais pas s'il est encore à l'emploi d'Hydro-Québec, un certain
Mathieu Bolullo, directeur principal des projets de production chez
Hydro-Québec, en 2014, disait : «Si on voulait faire une ligne de
735...» Précisez-moi, on dit kilowatts?
M. Martel
(Éric) : 735 000 volts, 735 000 volts.
M.
Polo : «...735 000 volts souterrains, cette technologie n'existe
qu'en laboratoire actuellement et donc elle n'a pas été démontrée à grande échelle.» Alors, comment vous expliquez que
le premier ministre du Québec s'avance allégrement pour énoncer ou annoncer la possibilité d'enfouir
trois lignes de cette puissance-là, alors que ça n'a jamais été fait nulle
part ailleurs au Québec? Et est-ce
qu'Hydro-Québec a la technologie aujourd'hui? Là, on parle de cinq ans plus
tard, là, est-ce que cette
technologie-là existe au Québec? Est-ce que ça a été fait quelque part d'autre
ailleurs? Est-ce que vous avez été
consultés ou informés de cette possible annonce que le premier ministre allait
faire publiquement? Parce que ça a pris plusieurs personnes par
surprise, et je me demande même si ça ne vous a pas pris par surprise
également.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Julien :
Oui, très rapidement, là, avant de céder la parole à M. Martel,
naturellement, Hydro-Québec a été précurseure
dans bien des domaines, et justement le 735 000... le 735 kV, au
Québec, ça a été inventé, et, naturellement, c'est un défi de taille, en réalité, de faire ce
projet-là, éventuellement, en souterrain. Et, pour nous, la demande,
c'est : Étudiez, regardez cette
possibilité-là, vous êtes l'expertise, vous êtes l'innovation, chez
Hydro-Québec, analysez cette possibilité-là. Maintenant, je laisserai M. Martel
en discuter plus amplement.
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Alors, comme le ministre l'a dit, on a été les premiers à
faire du 735 000 volts, alors on comprend bien ça. On n'en est
pas à un défi près, vous le savez, on a fait plusieurs premières mondiales.
Alors, la vérité,
c'est ce que Mathieu Bolullo avait dit, il y a quelques années : on est
toujours au même endroit, il n'y a pas de technologie,
aujourd'hui, qui nous permet de le faire, mais on aime ça, relever des défis,
puis le premier ministre nous lancé un défi. Alors, présentement, on est
en train de regarder, est-ce que c'est possible?
Et ce qu'il faut
comprendre aussi, c'est que, si la réponse à ça serait que c'est possible, on
veut s'assurer que ça ne sera pas un problème plus grand que si on y va avec le
modèle actuel. C'est clair que des postes de transformation en souterrain de 735 000 volts, ça
serait quand même assez costaud, mais, comme je vous dis, Hydro-Québec, on a
fait des premières mondiales. Alors,
on est en train de regarder, mais ce qu'il faut comprendre, c'est : Est-ce
qu'on ne créerait pas un nouveau
problème? Est-ce que c'est possible de faire ça? Personne ne le fait,
aujourd'hui, ni nous ni personne d'autre. Alors, on s'est fait lancer un défi, on est en train de le regarder.
Comme je vous dis, on a été les premiers à faire du 735 000 volts,
et je ne suis pas en mesure de vous dire
aujourd'hui si... peut-être qu'on va venir à la conclusion que ce n'est pas
possible, peut-être qu'on va
dire : Oui, c'est possible, mais ça crée un problème plus grand, ou
peut-être qu'on arrivera avec une solution pour dire : Bien,
écoute, on sera les premiers et on a un problème qui est amoindri.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. Est-ce que ce type de filage ou ce type de
connexion pourrait être utilisé ailleurs au Québec ou... Je veux dire, là, le
premier ministre vous lance un défi. En fait, comme bien des personnes, lorsqu'il a lancé le défi, ce n'était pas sous le
ton d'une possibilité, c'était presque : On va le faire de cette façon-là.
C'était presque une affirmation, plus qu'une suggestion, disons-le comme
ça. Beaucoup de gens l'ont entendu comme une affirmation,
comme étant une possibilité qui est connexe au projet du troisième lien,
justement. Mais vous, vous l'avez pris comme une suggestion, comme un
défi, c'est bien ça?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, la parole est à vous.
M. Julien :
Alors, moi, j'y étais. C'est définitivement un défi. On sait que ça...
actuellement, il n'y a pas de précédent. On reconnaît l'expertise et l'innovation d'Hydro-Québec, et, pour nous,
c'est un défi qu'on regarde. Est-ce que c'est possible de relever ce défi-là? Et, naturellement, les
analyses sont actuellement faites chez Hydro-Québec pour répondre à ce défi-là.
Et, comme mentionnait M. Martel, est-ce
que c'est possible, oui ou non? Quels seraient les inconvénients, si c'était
possible? Quels en seraient les
coûts? Quel est le statu quo? Donc, pour nous, c'est un défi, en réalité, qui
mérite réflexion, qui mérite d'être envisagé, et Hydro-Québec a toutes
les compétences pour regarder des défis d'envergure comme celui-là.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Excellent. Ma complémentaire, c'était de savoir, au-delà de ces trois lignes-là
associées à l'île d'Orléans, est-ce
que l'intention, c'est aussi de l'appliquer ou de l'utiliser ailleurs? Notre
collègue ici parlait, là, de l'île d'Orléans, des Îles-de-la-Madeleine,
etc. Est-ce qu'il y a une vision derrière... plus loin, d'aller plus loin avec
cette possibilité-là?
Le Président (M. Lemay) :
Alors, M. Martel.
M. Martel
(Éric) : Bien, on parle de plusieurs choses. D'abord, aux
Îles-de-la-Madeleine, je ne me souviens pas sur quelle tension, mais on
n'a pas besoin d'amener ça à 735 000 volts. Alors, ça se fait
présentement. On est capable de le faire à
315 000 volts, mais à 735 000, on ne l'a jamais fait. Alors, on
a relevé déjà ce défi-là dans le passé. Mais c'est clair que, dans le cas du câble sous-marin vers
les îles, on n'a pas besoin d'avoir du 735 000 volts. C'est des
tensions beaucoup plus basses.
Une voix : C'est du
150 000.
M. Martel (Éric) : Pardon?
Une voix : C'est du
150 000.
M. Martel (Éric) : C'est du
150 000, quand on parle des Îles-de-la-Madeleine, 150 000 volts.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Parfait, merci beaucoup. M. Martel, je vous amène sur un autre sujet, un
enjeu plus de gouvernance. Notre ancien
collègue de Sainte-Rose, lors de la 41e législature, avait fait la
promotion d'un projet de loi privé, qu'on avait adopté, qui était celle
d'inciter les conseils d'administration des sociétés d'État à avoir une plus
grande représentativité, O.K.? Comme vous le
savez, sous l'ancien gouvernement, il y a eu aussi un projet de loi, il y a à
peu près, quoi, une dizaine d'années, qui
était d'avoir des conseils d'administration paritaires, O.K.? Et non seulement
ce projet de loi là a eu beaucoup de succès, c'est qu'aujourd'hui je pense que, sur l'ensemble des conseils
d'administration des sociétés d'État, il y a même plus de femmes que
d'hommes qui siègent sur ces conseils d'administration.
Ma question
pour vous, c'est : Actuellement, confirmez-moi si je me trompe, est-ce
qu'il y a un administrateur de votre conseil d'administration âgé de 35 ans
ou moins?
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
M. Martel
(Éric) : En fait, on a présentement... vous avez absolument raison de
dire qu'on a plus, présentement, de
femmes, sur notre conseil d'administration, que d'hommes. Alors, ça, on s'en
réjouit. D'ailleurs, la présidente du conseil d'administration d'Hydro-Québec, ma collègue Jacynthe Côté, est la
première femme à être présidente du conseil d'administration, alors on
en est très, très fiers. Mais, en termes... Et là je ne me souviens plus
exactement de la loi, mais je sais qu'on a
un membre, présentement, du conseil que, quand il a été nommé, il était plus
jeune, il avait 35 ans, et c'est ce que la loi nous demande. Alors, on a
au moins un membre qui a été nommé à ce moment-là. Ça fait peut-être un an
de ça. C'est M. François Lafortune.
Le
Président (M. Lemay) : Merci pour cette réponse. M. le député de
Laval-des-Rapides, en vous rappelant qu'il vous reste trois minutes
environ.
M. Polo :
Parfait. Bonne réponse. Est-ce que vous comptez... parce que, maintenant, bien
sûr, on avance dans l'âge, là, on... malgré nous, hein? Mais est-ce que vous
comptez justement, dans vos prochaines nominations, faire la recommandation
et respecter, justement, cet engagement d'avoir un membre de 35 ans et
moins, s'il vous plaît?
Le Président (M. Lemay) : M. Martel.
• (17 h 40) •
M. Martel (Éric) : Écoutez, la
première chose que je dois dire, c'est que ce n'est pas le P.D.G. qui nomme les
personnes sur le conseil d'administration.
Ce que je peux dire, par contre, c'est que l'expérience avec M. Lafortune a été extrêmement
heureuse pour nous. Il a une excellente contribution au conseil
d'administration. Alors, il y a des postes vacants
présentement sur le conseil
d'administration, et c'est la
prérogative du gouvernement évidemment de nommer des gens sur le conseil
d'administration d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Laval-des-Rapides.
Une voix : ...
Le Président (M. Lemay) : Oh!
M. Julien : ...de mon collègue
Une voix :
...
M. Julien : On entend bien les
préoccupations de mon collègue, qui sont légitimes.
M. Polo : Excellent. Combien de
temps il nous reste?
Le Président (M. Lemay) :
2 min 12 s.
M. Polo : 2 min 12 s, à peu près, parfait. Vous
avez parlé... ou, brièvement, on a parlé, certains collègues ont évoqué la question de l'énergie solaire ou
l'autoproduction. Je pense que c'est même le ministre qui en a parlé, lorsque
vous êtes allé en Allemagne, O.K.? Par le passé, si je ne me trompe pas, M. Martel,
quand on parlait des réseaux autonomes et d'une certaine autoproduction,
vous avez qualifié de spirale de la mort en parlant de l'impact de
l'autoproduction au Québec. Avez-vous une mesure d'impact réel que cela
pourrait avoir sur l'achat d'électricité pour Hydro-Québec?
M. Martel
(Éric) : Alors, ce qu'il est important de rappeler, c'est que, quand
j'ai expliqué ça, ce n'était pas dans le
contexte du Québec. Aux États-Unis, certains États ont fait face à ce
phénomène-là. Parce que, vous savez, notre base tarifaire... à chaque année, on a un coût pour livrer le service aux
Québécois, et le tarif, c'est divisé par la quantité d'énergie qu'on va livrer. Alors, évidemment, même si les
coûts n'augmentent pas du tout, c'est une infrastructure très statique, qu'on a, hein? Je n'ai pas moins de pylônes parce que
les gens produisent, on a à peu près la même infrastructure, alors les coûts
demeurent à peu près les mêmes. Mais le
dénominateur, qui est la quantité d'énergie, évidemment, s'il diminue, diminue,
diminue, ça peut faire que les tarifs vont
monter de façon importante. C'est arrivé dans certains États aux États-Unis, et
c'est ça que les Américains appellent la
spirale de la mort. Parce que, là, les tarifs montent, et plus les tarifs
montent, bien, plus les gens
disent : Je vais en produire moi-même, et là évidemment ça enlève du
volume à l'unité qui produit, et, évidemment, là, les tarifs montent en
plus. Alors, c'est ça que les Américains ont appelé la spirale.
Nous, je le disais tantôt, on est très loin de
ça au Québec, O.K.? On n'a pas cet enjeu-là, mais il ne faut pas non plus se mettre la tête dans le sable, il faut
rester responsable et dire : Comment je fais pour garder cet atout-là
qu'on a, au Québec, d'avoir des
tarifs très bas? Parce que je pourrais faire face, dans les prochaines années,
à une diminution du volume au Québec.
Comment est-ce qu'on s'organise, hein, puis comment est-ce que je fais pour
m'assurer que ça n'a pas un impact sur
les tarifs, comme ça l'a eu dans certaines juridictions? Alors, c'est un enjeu
qui est arrivé, c'est vrai, O.K., dans certains endroits, mais, évidemment, nos coûts d'électricité ici font que c'est
moins grave, comme enjeu, parce que les gens ne font pas le choix
d'aller sur l'autoproduction, étant donné nos très bas tarifs.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup. Ceci complète ce bloc avec
la partie de l'opposition officielle. Et maintenant je cède la parole au député de Jonquière, porte-parole en
matière d'énergie pour le troisième groupe d'opposition, en vous
rappelant qu'il vous reste 18 minutes à ce bloc.
M. Gaudreault :
Alors, merci, M. le Président. Je veux saluer tous les collègues, je veux vous
saluer, M. le Président, je veux
surtout saluer nos invités, le ministre, les sous-ministres et les gens
d'Hydro-Québec en vous souhaitant bonne fête, pas à vous personnellement,
mais à nous tous. Bien, peut-être à vous, là, je ne sais pas c'est quand, votre
fête, mais... En tout cas, je sais que vous
n'avez pas 75 ans, sinon vous les faites bien. Mais je veux nous
souhaiter, collectivement, un très joyeux anniversaire de la création
d'Hydro-Québec par Adélard Godbout, et qui a pris son envol vraiment dans sa maturité avec la nationalisation de
l'hydroélectricité dans les années 60 avec René Lévesque, et, par la
suite, évidemment, le développement.
Je dis
souvent qu'on a une relation, comme Québécois, une relation tout à fait intime,
une relation d'amour avec Hydro-Québec,
et c'est pour ça qu'on est exigeants envers cette société d'État, comme un
parent est exigeant envers son enfant
parce qu'il veut qu'il réussisse, qu'il fasse la meilleure carrière possible,
que tout aille bien, qu'il performe le plus possible. Alors, c'est la même chose pour nous, comme collectivité, à
l'égard d'Hydro-Québec, et on en est très, très fiers.
Il y a
plusieurs sujets que je souhaite aborder avec vous. Le temps nous est compté.
Première question, c'est l'entente qui
est intervenue, et qu'il reste à finaliser, d'un point de vue légal, avec le
Maine, pour exporter du côté du Massachusetts. Bon, je comprends qu'on a une entente d'autour de 170 millions US
avec le Maine. Sur cette entente... et là où j'ai sursauté, mais j'espère que vous allez pouvoir éclairer ma
lanterne, c'est sur le volet de 10 millions pour le déploiement de la
fibre optique le long de la ligne
électrique. Alors, moi, je suis allé lire l'entente, là, avec Central Maine Power Company signée ou, en
tout cas, intervenue, la stipulation,
en anglais, là, de l'entente du 21 février 2019, dans laquelle on dit
qu'il est prévu une amélioration de l'accès Internet haute...
du réseau Internet à haut débit avec la fibre optique. Et là je vous traduis ce
qui est intervenu dans l'entente : Les parties s'engagent à ce que la
conception finale des lignes de transport inclue les installations et équipements nécessaires pour fournir le déploiement de la
fibre optique sur la ligne de transport principale et des autres lignes de transport alternatives
comprises dans les mises à niveau du réseau dans l'intérêt de l'État du Maine,
et en particulier des communautés d'accueil,
et s'engage, en outre, à construire l'infrastructure de fibre optique
nécessaire pour permettre l'accès à cette capacité de fibre optique aux
principaux carrefours routiers ou à d'autres points d'accès appropriés le long
du tracé du projet, conformément à la convention de soutien.
Alors là,
vous comprenez que je me suis dit : Si Hydro-Québec passe la fibre optique
pour Internet haut débit dans le Maine, pourquoi pas chez nous? Moi, là, dans
ma circonscription, qui est quand même assez urbaine, à Jonquière, là,
il y a la nouvelle ligne Micoua qui va
passer, là, en plein dans ma circonscription. Savez-vous quoi? À 500 mètres
de la ligne, il y a un producteur
agricole qui est venu me voir dans mon bureau de comté parce qu'il n'a pas
Internet haute vitesse puis il veut céder l'avenir de son entreprise à ses
enfants, qui vont avoir des équipements de haute technologie pour calculer la
traite des vaches, etc. Il n'a même pas
Internet haute vitesse. Puis là Hydro-Québec va le fournir au Maine. Est-ce
qu'on ne pourrait pas l'avoir aussi avec nos lignes qui passent partout
à travers le Québec?
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. Martel, la parole est à vous.
M. Martel
(Éric) : Alors, la réponse est oui. O.K., vous savez qu'on a fait une
étude avec le précédent gouvernement il
y a quelques années, il y a peut-être un an et demi de ça, qu'on a remise au
gouvernement. Il y a peut-être, j'y vais de mémoire, là, peut-être 300 000 personnes au Québec qui ont plus ou
moins accès à des réseaux à haute vitesse aujourd'hui parce que la fibre
ne se rend pas ou il y a des enjeux de communication.
Nous, on est
revenus. Évidemment, on ne va pas construire une infrastructure, je ne suis pas
dans la business, il y a Bell qui est
là puis il y a d'autres choses, mais, si notre infrastructure — et qu'on a déjà de la fibre optique — peut servir à aider, on évalue ces chiffres-là. Malheureusement, sur les 300
quelques milles qui n'avaient pas accès, ça donnait peut-être un
15 000 personnes qu'on aurait été... Alors, on est prêts à le faire
au Québec aussi.
Nous, là,
quand on passe de la fibre optique, là, on fait juste mettre un peu plus de
brins, puis ces brins-là, on les dédie, évidemment, à pouvoir servir
puis que ça soit utilisé, après ça, par des réseaux comme Bell, ou Telus, ou
d'autres fournisseurs de services. Alors, je
peux vous réconforter là-dessus, c'est que ce n'est pas une première, ce qu'on
fait au Maine, on est capable de le faire au Québec, on l'a déjà offert.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Mais vous l'avez déjà offert, mais je veux juste bien comprendre pourquoi que
ça ne se fait pas ou que ce n'est pas possible présentement au Québec.
M. Martel
(Éric) : Alors, écoutez, on a soumis ce dossier-là, ça a été regardé,
il y avait des coûts, évidemment, à faire ça parce qu'il fallait ajouter des
brins. On a donné cette information-là, à l'époque, au ministère, sous le
gouvernement libéral, et on n'a pas eu de retour de ça. Alors, nous, c'est une
discussion qu'on est prêts à reprendre. S'il y a des choses qui pourraient être faites puis qu'on peut aider à
améliorer, et que les coûts sont acceptables pour les gens, c'est quelque chose
qu'on pourrait reprendre et réévaluer à ce moment-là.
M. Gaudreault :
Et vous dites que c'est seulement... Ce ne sera pas long, M. le ministre. Vous
dites : C'est seulement 15 000, que vous aviez évalués, sur
300 000? Ça m'étonne.
M. Martel
(Éric) : J'y vais de mémoire, c'est à peu près 15 000 du
300 000 qu'on pouvait avoir. Parce que, tu sais, nous, notre réseau est là à haute tension,
c'est là surtout qu'on a de la fibre optique. Et on ne va pas nécessairement
passer à côté des maisons; au
contraire, souvent, on essaie de se tenir loin le plus possible des
communautés, alors on n'est pas nécessairement...
Puis là on a évalué le nombre de fois qu'on pourrait être à 25 kilomètres
et moins puis ramener peut-être quelque chose, puis ça coûtait quand
même assez cher, mais c'est quelque chose qu'on est ouverts à faire.
Alors, au
Maine, ce qu'on fait, c'est qu'on... On a déjà de la fibre optique puis, nous,
bien, on va utiliser les actifs qui sont en place pour ajouter, mais
c'est surtout notre partenaire CMP qui va faire le boulot.
M. Gaudreault : Je me tourne
vers le ministre...
Le
Président (M. Lemay) : Qu'est-ce que vous vouliez... Attendez. M.
le ministre, vous vouliez rajouter quelque chose?
M. Gaudreault :
Oui, bien, c'est ça, c'est la même chose, là. Bien, si vous me permettez, M. le
Président, moi, je voudrais juste savoir, de la part du ministre... Parce que
ce que je comprends de la part de M. Martel, c'est qu'ils ont fait une
étude qu'ils ont remise au précédent gouvernement. Alors, moi, je veux savoir,
de la part du ministre, s'il entend se saisir de ça pour voir la réalité
de la faisabilité et voir mettre à jour cette étude-là, voir le nombre de
personnes qui pourraient être réellement
collectées et... Puis je comprends que ce n'est pas juste d'aller brancher un
fil sur le pylône puis de l'accrocher après la maison, là, c'est pas mal
plus compliqué que ça. Mais est-ce que le ministre peut nous dire aujourd'hui
s'il va regarder ça attentivement?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Oui, ce dossier-là est regardé actuellement par la Société du Plan Nord avec le
MEI, donc on est en train, justement,
d'actualiser l'analyse. C'est vrai que c'est assez peu en termes de personnes
qui peuvent être rejointes avec des défis économiques en termes
d'investissements assez importants, mais on le regarde avec le MEI et la
Société du Plan Nord actuellement.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : O.K., mais
votre intention, c'est quoi, vous, comme ministre?
• (17 h 50) •
M. Julien :
Encore là, tu sais... Alors, comme dans n'importe quel dossier, c'est de voir
en réalité si on peut rejoindre 15 000 personnes,
quel est le coût. Alors, c'est l'opportunité de le faire ou non qui sera
analysée par le MEI puis la Société du Plan Nord.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député.
M. Gaudreault :
À quel moment on peut s'attendre que vous allez nous donner des réponses
là-dessus? Est-ce que les analyses
actuelles vous permettent de pouvoir nous dire que d'ici, je ne sais pas, moi,
avant la fin de la session parlementaire,
on va pouvoir avoir l'heure un peu plus juste sur la possibilité d'utiliser la
fibre optique d'Hydro... sur les pylônes, je dirais, là, d'Hydro-Québec?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien : ...pas me prononcer
spécifiquement sur l'échéance de cette analyse-là. Elle est en cours.
M. Gaudreault :
O.K. Mais est-ce que... Là, vous ne pouvez pas vous prononcer, mais moi, je
vous demande de vous prononcer. Est-ce que vous pouvez nous dire que ça
va être un petit peu plus vite que prévu, là? Je veux dire, si l'étude avait déjà été déposée au précédent gouvernement,
ça ne doit pas être si long que ça, là. Est-ce que vous pouvez, au
moins, nous mettre à jour, prendre un engagement pour nous dire : On va
vous dire ce qu'il en est prochainement?
M. Julien : ...faire le plus
rapidement possible pour faire l'analyse en question.
M. Gaudreault :
O.K. Est-ce qu'on peut penser qu'on pourrait avoir une idée de l'échéancier
d'ici la fin de la session parlementaire?
M. Julien : On va regarder le
dossier avec le MEI, la Société du Plan Nord, on reviendra avec un échéancier.
M. Gaudreault :
O.K. En tout cas, j'aurais aimé un engagement un peu plus ferme, là, puis
surtout une volonté de regarder ça à
partir des infrastructures déjà existantes d'Hydro-Québec. Parce que, moi, ce
que je comprends, c'est qu'on semble
être capable de l'offrir rapidement au Maine, là. J'aurais aimé sentir, de la
part du gouvernement, un engagement un peu plus ferme là-dessus. Comme
je vous dis...
M. Julien :
Il faut comprendre que c'est quand même dans le déploiement, là. Ce n'est pas,
en réalité, dans celles existantes, naturellement, là.
M. Gaudreault :
Oui, mais, en même temps, il y a du déploiement de nouvelles lignes aussi au
Québec, là. Je vous parle du
doublement de celle de Micoua, là, qui passe au Saguenay, par exemple. Il y en
a d'autres, là, à Ashuapmushuan, etc., qui
sont en construction. Alors, moi, je ne demande même pas d'avoir une réponse
définitive, là. Je veux avoir, au moins, une idée de l'échéancier qui
pourrait nous donner une idée pour... Parce que le gouvernement avait dit, en
campagne électorale : On va brancher
tous les Québécois qui n'ont pas encore Internet haute vitesse dans quatre ans.
Après ça, ça a été reporté à cinq ans. Puis là, dans le dernier budget,
on a appris que, finalement, c'était sur sept ans. Ça fait que, si les infrastructures d'Hydro-Québec peuvent nous
permettre de raccourcir ces délais-là, ne serait-ce que sur
15 000 personnes ou peut-être plus, bien, ça serait le fun de
le savoir.
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Oui, vous avez parfaitement raison qu'on a un investissement additionnel de
400 millions sur sept ans pour
brancher, en fin de compte, l'ensemble des Québécois à la haute vitesse. Là, on
parle spécifiquement d'une opportunité lors
d'un déploiement qui peut rejoindre certains individus, alors une analyse avec
des coûts qui apparaissent, en fin de compte,
être assez dispendieux. Alors, oui, on a l'engagement, 400 millions sur
sept ans, pour brancher les Québécois, et c'est ce qu'on va suivre. Mais on va regarder l'opportunité, elle est
déjà en analyse avec le MEI et la Société du Plan Nord, de profiter du déploiement d'Hydro-Québec pour
voir est-ce qu'on peut agir mieux, plus rapidement sur certains dossiers.
On va regarder ça.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault : O.K. On va
passer au sujet des minicentrales. On a eu un article aujourd'hui, dans LeJournal de Québec, sur la question des minicentrales. Moi, je dois
vous dire que la première chose qui m'interpelle là-dedans, c'est que je sens qu'on a des communautés avec
lesquelles on joue au yoyo, là. Tu sais, l'ancien gouvernement, à l'époque de
M. Charest, bon, avait lancé des
projets de minicentrales. Notre gouvernement, en 2013‑2014, a annoncé qu'on
renonçait à ce projet-là. Je pense
que c'était la chose qui était à faire et que nous avons fait, sauf le petit...
la minicentrale, c'est-à-dire, de
Val-Jalbert. Le gouvernement de M. Couillard est arrivé, a relancé les
projets de minicentrales. Là, on apprend qu'il y en a trois, là, en cours, présentement, dans cet...
avec cet article-là. Et, par ailleurs, parce que l'énergie coûtait trop cher,
que c'était complexe et que c'était une énergie qu'on n'avait pas
besoin, le gouvernement actuel a renoncé au projet éolien d'Apuiat.
Mais, pourtant, on s'aperçoit, en lisant aujourd'hui cet article dans Journal
de Québec, que l'énergie éolienne d'Apuiat était moins chère que l'énergie
produite par les minicentrales.
Alors,
moi, ma question, c'est : Jusqu'où que ça va arrêter? À part ces trois
projets-là, est-ce qu'il y a d'autres projets de minicentrales dans les cartons
d'Hydro-Québec? Bien, on le sait, que c'est des projets qui viennent des
communautés, là, mais il faut qu'il y
ait une entente, évidemment, pour l'achat de l'énergie par Hydro-Québec. À part
ces trois-là, est-ce qu'il y en a
d'autres? Si oui, est-ce que c'est des... lesquels? Est-ce que c'est des
projets qui vont aller de l'avant? Et c'est où qu'on va arrêter? Est-ce que ces trois projets-là vont se réaliser?
Est-ce qu'ils seront les derniers à se réaliser en termes de
minicentrales?
Le Président
(M. Lemay) : Merci. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Julien :
Oui, merci, M. le Président. Ça me donne l'occasion de répéter ce que j'ai
mentionné en début d'étude des crédits puisque cette même question-là
avait été posée, naturellement.
Alors,
il y a trois minicentrales... il y a 12 projets au total, alors trois minicentrales,
deux projets éoliens et six projets, de mémoire, sept projets de
biomasse. Donc, il y a 12 projets en réalité qu'il y a un décret
gouvernemental qui est déjà à même le plan
d'approvisionnement d'Hydro-Québec qui ont été à la régie. Donc, c'étaient des
engagements formels, des engagements
contractuels pris par le précédent gouvernement. Ce qui n'est pas du tout la
même situation qu'Apuiat en réalité.
Donc, effectivement, ces 12 projets-là continuent leur cours, dont les
trois minicentrales, et vont donner une capacité supplémentaire et,
puisqu'on est en surplus, une capacité excédentaire.
Maintenant, pour la suite, on a bien dit qu'il n'y aurait
plus de projet électrique, éolien, hydroélectrique qui serait fait tant et
aussi longtemps qu'on n'aura pas fait démonstration de l'exportation de nos
surplus et que ces surplus-là, en réalité, ont trouvé preneur. Donc, et
le prochain qu'on fera, formellement, le prochain qu'on fera, ça sera Apuiat.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Donc, est-ce que je dois comprendre qu'il n'y aura plus de projet de
minicentrale après ces trois-là? C'est ce que je comprends.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Éventuellement, on va avoir des projets de minicentrales quand on aura écoulé
les surplus et qu'on sera prêt à repartir en développement. Mais, avant
tout projet de minicentrale, le prochain projet électrique au Québec en
développement sera Apuiat.
M. Gaudreault :
Apuiat.
M. Julien :
C'est Apuiat.
M.
Gaudreault : Donc, les autres projets de minicentrales... moi, on me
parle de projets du côté de l'Abitibi, du côté de Grand-Remous, dans la région de Gatineau, sur le long de la
rivière Gatineau, c'est des projets qui ne sont pas dans les cartons
d'Hydro-Québec ou du gouvernement.
Une voix :
M. Martel.
Le Président (M. Lemay) :
M. Martel, la parole est à vous.
M. Martel
(Éric) : Non, pour l'instant, non, parce que ce qu'il faut savoir,
c'est que les 12 projets auxquels on faisait référence, ici, il y a des
projets éoliens, des projets de biomasse, ce sont des projets qui ont été
demandés à Hydro-Québec par décret, un peu
comme l'éolien. On parle de des appels d'offres, là, qu'Hydro-Québec a lancés
en 2009, 2011 surtout. Alors,
évidemment, ça a pris un grand temps. Et là c'est l'entrée en service qui va se
réaliser une fois que les travaux ont été faits, et là on parle de 2019, 2020
et 2021. Alors, on a toutes ces centrales-là à rentrer en service, biomasse,
et petite hydraulique, et parc éolien. Mais,
une fois que ça, c'est fait, nous, on n'a pas aucun décret présentement qui
nous demande d'aller en appel d'offres. Et là on va nous-mêmes en appel
d'offres sans décret si et seulement si on a besoin d'y aller.
M. Gaudreault :
Ce qui est loin d'être le cas...
M. Martel
(Éric) : C'est loin d'être le cas pour l'instant.
M. Gaudreault :
...à l'heure actuelle. Exactement. Donc, je comprends que le gouvernement,
après ces projets-là, les 12 projets incluant la biomasse et les
minicentrales dont on parlait aujourd'hui, le gouvernement n'a pas l'intention,
à court ou moyen terme, de lancer des nouveaux décrets pour des minicentrales.
M. Julien :
Le gouvernement n'a pas l'intention de faire du développement électrique tant
et aussi longtemps qu'on sera en
période de surplus avéré, naturellement, au moment opportun, et on souhaite que
ça soit le plus rapidement possible, on aimerait ça faire du développement, mais ça va
se faire à partir du moment où on aura l'indication claire que nos surplus
sont utilisés, qu'ils sont exportés et que le développement va procurer un
avantage économique pour le Québec et pour l'ensemble des citoyens.
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Jonquière, en vous rappelant qu'il vous reste un peu moins de deux
minutes.
M. Gaudreault : Il me reste
moins de deux minutes?
Le Président (M. Lemay) : Environ
deux minutes.
M. Gaudreault :
O.K. Écoutez, en deux minutes, là, c'est compliqué, alors qu'il reste beaucoup,
beaucoup de sujets. Un mot sur la question des trop-perçus
d'Hydro-Québec. Vous avez annoncé, M. le ministre, qu'il n'y aurait plus de
trop-perçus, il y aurait un remboursement des trop-perçus pour le futur. Je
veux savoir ce que ça demande comme modification
réglementaire, et votre futur, il arrête où, là? C'est-u juste pour la
prochaine année, les deux prochaines années ou est-ce que c'est ad vitam
aeternam, là? Parce que, pour moi, ça, ça n'a jamais été clair.
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Alors, ça me fait également plaisir de reparler de ce dossier-là. Les écarts de
rendement, on a eu des discussions,
on travaille actuellement avec M. Martel et son équipe, avec le ministère,
pour différents scénarios qui visent justement
à solutionner et à faire en sorte que ce qu'on a vécu dans les dernières
années, il y avait un mécanisme d'écart de rendement qui n'a pas été appliqué, après ça, il a été appliqué,
force est de constater que ce n'était pas à la satisfaction de la
clientèle. Donc, on travaille sur différents scénarios avec Hydro-Québec
justement pour régulariser cette situation.
Et, comme je
le mentionnais aux collègues, vous jugerez l'arbre à ses fruits, mais je pense
qu'on a des pistes intéressantes
actuellement en discussion qu'on veut, en réalité, là, explorer le plus
rapidement possible pour arriver à en convenir de la meilleure solution
pour l'ensemble des citoyens.
• (18 heures) •
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le député de Jonquière, en conclusion.
M. Gaudreault : Oui, O.K., mais c'est parce que ces scénarios-là,
c'est comme pour Internet haut débit sur les infrastructures d'Hydro-Québec. On n'a toujours pas de délai assez précis, là. Vous allez les
avoir quand, ces scénarios-là? Puis, encore une fois, est-ce que ça sera
pour un futur proche, ou un futur à long terme, ou juste un an?
Le Président (M. Lemay) : 10
secondes.
M. Julien : Nous souhaitons régulariser la situation
le plus rapidement possible, pour ne pas revivre les événements qu'on
a vécus cette année. Donc, les délais seront conséquents.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup, M. le ministre. Merci, M. Martel. Merci à tous les membres
de la commission.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux jusqu'à mardi le 16 avril,
après les affaires courantes.
(Fin de la séance à 18 h 1)